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Ml
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L'UNIVERS
ISRAÉLITE
Journal des Principes Conservateurs du Judaïsme
FONDÉ PAR
s. BLOGH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.;
tf«MW«MMW^tfS^r>
Cinquante-dôtudeme année
DEUXIÈME TOME (numéro 27 à 52)
PARIS
V^ Hixe de IVavai^iii, T
1897
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].. T^ud 3^y-.^^fC-^5';'0.
HARVARD
[UNIVERSITY]
LIBRAR.Y
Grande Imprimerie Centrale — Bruaux, io, faubourg Montmartre, Paris.
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TABLE DES MATIÈRES
PAR OBDilQ ALPHABÉTIQUE
AotuaUtés
Antisémitisme (!') au Sénat, page 9.
Antisémites (les) algériens devant la justice, 110.
Antisémites et Boulangistes, par B.-M., 165.
Antisémitisme (P) et le journal le Temps, par B.-M., 197,
Antisémitisme (P) dans la rue, par San-Gil, 654.
Antisémites (les) devant la justice, 397. 431, 550.
Antisémites (les) à Vienne, 688.
A propos dé la Catastrophe du Bazar de la Charité, par B.-M., 230,
Argent catholique, par San-Gil, 274.
Après les troubles d'Oran, par B.-M., 462.
Au Palais, par M. Lazard, 497.
-A Oran, 531 .
A Alger, 558.
Bagarre (la) de Mosuganem, 309.
Circulaire (une) administrative, 17.
Conférence (une) de l'Union scolaire, par M. L., 53.
Conférence à l'Union scolaire, par L. L., 86.
Congrès (le) de Pâques, par B.-M., 139.
Coups d'encensoir, par San-Gil, 245.
Conséquences (les) de l'antisémitisme en Russie, par G. de Molinar
366.
Cri (Ui) de la fin, 468.
Carrières (les) libérales, par B.-M., 677.
Congrès (le) sioniste, par B.-M., 741.
Congrès (le) de Bâle, 746.
Congrès (le) sioniste, 776, 810.
Désordres (les) de Vienne, 46.
Déchéance, par Gibrac, 79.
Discours de M. le grand rabbin de France au service funèbre pour les
a Charité, 261 .
M. Lazard, 362.
T., 389.
e, 588.
par B.-M., 5.
mite, 76.
A., 324.
es, par San-Gil, 370.
04.
>96.
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IV TABLE DES MATIÈRES
France et Autriche, par B.-M., 100.
France (la) Israélite, 784.
Geste (le) des Preux du Bazar de la Charité, par L. L., 271.
Haine (la), par M. Lazard, 239.
Israélites (les) algériens à M. Camfcon, 272.
Israélites de Perse, 532, B52.
Juifs (les) de Galicie, 400, 438.
Jubilé (le) de la reine d'Angleterre et les juifs, 469.
Juifs (les) d'Algérie et le gouvernement général, par B.-M. 709.
Judaïsme (le) national, par R. T., 805.
Liberté (la) de la Presse, par M. Lazare, 690.
Mores et le Gouvernement, 72.
Meeting (le) antisémite au Cirque d'Hiver, par L. L. 503.
Morale (la) antisémite, 717. " >
Méline (M.) et les Juifs, 107.
Origine de l'antisémitisme en Algérie, par Y. C, 392.
Prochaines (les) élections législatives, par B.-M., 421, 485, 549.
Parti (le) agraire, par M. Lazard, 557.
Prochaines (les) Elections législatives, par B.M., 613.
Pape (le) et le Sionisme, par M. Lazard, 808.
Question (une) indiscrète, par San-Gil, 59.».
Responsabilités (les), 364.
Royalistes et juifs, 525.
Scrutin (le) du 28 mars, par B.-M., 37.
Service funèbre en l'honneur des victimes du Bazar de la Charité, par
L. L., 233.
Troubles (les) d'Algérie, par B.-M., 293; Lettre de M. Zadoc Kahn,
grand rabbin de France, 298.
Troubles (les) de la province d'Oran, 301.
Troubles (les) d'Algérie, 331.
Troubles (les) algériens et la Presse, 332.
Troubles (les) d'Oran, 429.
Théorie (la) sioniste, par R. T., 773.
Tolérance (la) religieuse, par B.-M., 69.
Tour (le) du Pape, par M. Lazard, 72.
Troubles (les) de Schpola, 112»
Véritable (le) grief, par B.-M., 69.
Religion & Sciences religieuses
Agneau (T) pascal, par Louis Lévy, page, 104.
Culte (le) des morts chez les Hébreux, par Louis Lévy, 18.
Circoncision (la), par Louis Lévy, 394.
Caractère (le) universel de la doctrine du salut dans le mosaïsme, par
Louis Lévy, 443.
Etat de la civilisation israélite sous les juifs, 534.
Femmes (les) et nos traditions religieuses, par Jules Bauer, rabbin
d'Avignon, 170.
Fonctions (les) rabbiniques, par R. T., 517.
Formation (la) du judaïsme, par Louis Lévy, 553.
Histoire et situation juridique des juifs, par Louis Lévy, 641.
Immortalité de Tàme chez les philosophes jiiifs du moyen-àge, par
Louis Lévy, 753. • ' ' * .
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TABLE DES" MATIÈRES V
Initiation (!') religieuse au temple de la rue de la Victoire, parL.L., 406.
Lois (les) civiles et les lois religieuses, parR. T., 645.
Mot (le) 4c Apiphior » comme désignatit le pape, par E. L.,^628.
Origines et évolutions du rabbinat, par Louis Lévy,489.
Religion pratique, par R. T.^ 39.
Scène (la) du Sinaï, par Louis Lévy, 330.
Sur l'origine de la Communauté israélite de Mulhouse, par Moock,
rabbin, 401,. 526.
Vocabulaire de Tangélologie, par Louis Lévy, 115.
Culte, Iiistniotion, Bienfaisance
9 ■
Assistance (F) privée et publique, d'après la Bible et le Talmud, par
M. L., page 335.
Assemblée générale de l'Union scolaire, 343.
A propos d'un lycée juif, par Salomon Lubetzki, 685.
Caisse (la) des pauvres étrangers de la Communauté de'Belfort, par
L.L., 214.
Chaire (la) israélite, 564, 589.
Charité (la), 407.
Cité (une) des juifs, 245.
Colonies (les) juives, « Société Yeschoub Erètz Israël », par W., 51.
Communauté de Belfort, par L.L, 214.
Comité de Bienfaisance israélite de Paris (legs Adolphe Reitlinger),215.
Comité (le) de Bienfaisance israélite, 494.
Congrès (un) de rabbins, par R. T., 204.
Distribution (la) des prix du c Refuge de Plessis-Piquet )>,parL.L.,436.
Distribution des prix aux Elèves des Ecoles primaires israélites de
Paris, 629.
Distribution des prix de l'Ecole de Travail, par L.L.,241.
Ecole (F) de Travail, par L. L., 82.
Heureuse (une) initiative, 176.
Hazzanim (les), par R. T., 299.
Lycée juif (un), par R. T., 581.
Révélation (la) prophétique, par Louis Lévy, 146.
Revenus (les) des Synagogues, par R. T., 453.
Séminaire israélite de France, 108.
Temple (le) Pprtugais, 408.
Tolérance (la) religieuse, par R. T., 143.
Voyage (un) en Palestine, 662.
Variétés
Académie des* inscriptions et belles-lettres, page 723.
A propos de mariages, par M.-B., 10.
Ce que FEurope doit aux juifs, 594.
Concours général, 630.
Conférence (une) à Mulhouse, 374.
Conversion (la) des juifs au Christianisme, 603.
Israélites (les) de Rhodes, par Pariente, 725, 789, 819.
Israélites (les) et l'agriculture dans la Haute-Alsace, 659.
Juifs (les) devant l'Eglise et devant Fhistoire, par Fabbé Casabianca,749.
Médecin (un) juif, 13 ■ -
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VI TABLE DES MATIÈRES
Amorale (la) dans le Théâtre de Molière et la morale juive, par L. L.,
310.
Péril (le) judéo-maçonnique, par Louis Léty, 521.
Poète (le) Joseph Kiss, par Ida Goldberger, 150.
Point (un) d'histoire, par M. Lazare, 721.
Salonique, par Victor Bérard, 172.
Salons de 1807, par Edouard André, 275.
Soldat (le) juif (Conférence de Max Nordeau), par L. L.^ 204.
Souvenir (le) français, sermon de Mi le grand rabbin Dreyfuss, 424.
Sutistique instructive, par B., 338.
Vertus (les) militaires des juifs, par Maurice Bloch, 621.
Villégiature, par Jules Bauer, rabbin d'Avignon, 428.
Visite (une) à la ferme-école de Djedeïa, par C. R;, 625.
Vues de Paris, 340.
Néorologpie
Albert Lévi Alvarès, page 824.
Elie Schwab de Vesoul, 442, 473, 506.
Lazare Wogue, par Mayer Lambert, 132.
Londres, 59; Vienne, 60; P. M. Oppenheim, 180; M. S., Mayer, 181;
Alsace, 120; Haguenau, 156.
Mme Porgès, 248.
Mme Israël Stora, 597.
Obsèques de Mme Oulry de Neuilly, 248,
Service en mémoire du baron de Hirsch, par L.L., 235.
Bibliographie
Baron (le) Sinaï de Gyp., par Louis Lévy, page 681.
Bibliographie, 61.
Huet hébraïsant, par Louis Lévy, 692, 718, 759, 786 ; par Isaac Lévy,
grand rabbin de Bordeaux, 84; par L. L., 178, 246, 316, 317.
Juive (la) errante de Léon Cladel, par Louis Lévy, 498.
Juifs (les) devant l'Eglise et l'histoire, par Louis Lévy, 584.
« Moi * (le) dans les Psaumes, par L. L., 817.
Personnage (le) de Schlellmann dans « Les deux Rêves » de Fernand
Vandérem, par Louis Lévy, 456.
Pathologie (la) de l'Islam de Kimon, par Louis Lévy, 655.
Roi (le) David, par Louis Lévy, 206,
Nouvelles diverses
Pages 23, 58, 90, 119, 153, 184,217, 248,283, 314, 346, 377, 4H, 441, 472,
505, 538, 571,601, 632, 664, 697, 729, 762, 792, 823.
Correspondance
Antisémitisme (V) en province, par S. F., page 55.
Au rédacteur en chef, par le docteur Klein, 341, 569.
Au rédacteur en chef, par Léon Blum, 475, 282.
Au rédacteur en chef, par Alphonse Pereyra, 536.
Au rédacteur en chef, par Tobie Haas, 238.
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TABLE DES MATIÈRES TIl
Au Rédacteur en chef, par Franck Puaux, 22.
Correspondance, par un abonné, 88.
Correspondance, par Jules Wogue, 182.
Correspondance de Bayonne, 185, 186*
Communauté (la) de Mulhouse, par Scheid, 622.
Communauté (la) de Mulhouse, par le docteur M.Ginsburger,rabbin,
691.
Congrès (un) de rabbins, correspondance par le docteur Klein, 237.
En Algérie, 758.
Juifs et Arméniens, 625.
La Doctrine de l'expiation, par Simon Lévy, rabbin, 461.
Les colonies juives, par Scheid, 242.
Lettre de Turquie, par Mercado J. Covo, 281.
Lettre de Constantinople, par V. L., 312.
Lettre de Salonique, par Damy, 371 .
Lettre de Palestine, par X., 567.
Lettre (une) du Père Hyacinthe Loyson, 592.
Lettre d'Alger, par Ben Meïr, 616.
Lettre de Roumanie, par S., 13, 618, 781.
Lettre à M. le Directeur, par R. Cohen, 822.
Lettre d'Alger, 658.
Lettre de Nancy, par R. Stamm, 47.
Pourim (un) bien fêté, par B. Carcassonne, 54.
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52' Année N* 27 26 Mars 1897
LTINIVErS
ISRAÉLITE
Journal des Prineipes Oonservatears du Judaïsme
FONDÉ PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
SOMiUAIRE
Calendrier de la Semaine.
L'Election consistoriale.
L'Antisémitisme au Sénat, '^r .
A PROPOS DE Mariages. •*:: '."r
Un Médecin juif. •-j* : i r -
Lettre de Roumanie. * -^ft='ir •'
Une Circulaire ADMiNisTRÀifeik V
Le Culte des Morts chez les Uébrki;x.
Correspondance. ' "' ' . * '"
Dons en faveur des œ'j^es de la Communauté de Paris.
Nol-velles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Hue - de IVavarîn, T', I*ai:*is
Jl
"Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 bis, rue Lafayette.
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27
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6, rue Laferriôre, à Paris
D1RI6BB PAR
MM. ENGELMANN, ZIEGEL ET PRAX
Médaille d'argent à l'Exposition universelle de i88g
Placé entre une grande cour et un vaste jardin, dans un des
Quartiers les plus sains de Paris, Thôtel occupé par l'Institution
epuis avril 1896 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent, les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géograpliic, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, l'instruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
bacccdauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2« section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège RoUin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rhétorique et de pîiilosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candiclats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
A LA PLACE S^-GEORGES
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
aralenïrrt^r J^raéïife îïe la Sematrte
Mars. Veadar.
27 Samedi (Fin du sabbathàT h. 10) 23
28 ' Dimanche 24
29 Lundi 25
30 Mardi 26
31 Mercredi 27
Avril.
1 Jeudi 2S
2 Vendredi 29
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 heures.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 h. 1/2; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 h. 1/2; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Service solennel de Min ha (Samedi)
Rue de la Victoire : A 4 heures ; rue des Tournelles : A 2 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Belmann (Alfi-ed), 44, avenue Henri-Martin.
Heumann (Albert), 9, pue Soufflot.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Ach (Marcel), 65, rue Turbigo.
Lévy (Gaston), 41, rue des Francs-Bourgeois.
Rosenberger (Alberl), 64, rue d'Hauteville.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Bloch (Sylvain), 7, rue Camille-Desmoulins.
Oppenheim (Gustave), 31, rue Simon-le-Franc.
Samuel (Henri), 12 bis, rue St-Maur.
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Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA. RUE NOTRE-DAME-DE-NAZA.RETH
Dimanche, 28 mars, à 2 heures. — M. Althau^en (David), négociant, 189,
rue Lafayette, et M"«Ulaao (Emma-Caroline), 2, bd Magenta.
— M. Ulmo (Gaston-Charles) employé de commerce, S. bou-
levard Magenta, et M"e Hisser (Esther), 48, rue des Marais.
— M. Ulmo (Georges Abraham), employé de commerce, 2,
bd Magenta, et M"e Laurier (Rachel), 16, bd de Clichy.
— à 2 h. 1/2. — M. Van Dantzig (Edouard), voyageur, 3,
rue Daubenton, et M**® Loevv (Pauline), 24, rue Chapon.
Lundi, 29 mars, à 2 heures. — M. Vi'inski (Albert-Abraham), docteur en mé-
decine, à Rully (Oise), et M»» Flateau (Rachel), 18, rue des
Capucines. *
Décès
18 mars. Lang (Lazare), 78 ans, bd Ornano, 72.
— Levy-Willard (Cei-f), 79 ans, bd Haussmann, 34. •
21 — Novochelski(Léon), 86 ans, rue des Francs- Bourgeois, 15.
— Mme Yve Michel (Joseph), née Kauffmann (Jeannette), 75 ans, rue
Montorgueil. *il.
— Bervitz (Henri), 10 ans, rue Picpus, 70.
— Lévy (Jules), 48 ans.
22 — Mme Veil (Joseph), née Aron (CélesUne). 49 ans.
23 — Bernheim (Edmond), 41 ans, rue Picpus, 76.
— Mm« Kahn, née Lévy (Zoé), 42 ans, fbg du Temple, 79.
24 — Kahn (Léopold). 56 ans.
25 — Mme la baronne Alexandre de Gunzburg, née Ettinger (Rosalie),
66 ans, avenue Bugeaud, 50.
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Librairie E. FLAMMARION, 26, rue Racine, Paris.
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l'univers ISRAÉLITE 5 ,
L'Élection consistoriale
A l'heure où nous sommes arrivés, le scrutin du
28 mars ne saurait appeler de bien longues réflexions.
Après les explications si complètes et si précises qui ont
été échangées à la réunion de la cité Rougemont entre
l'assemblée et le candidat choisi par elle, après les déclara-
tions formulées par ce candidat lui-même dans sa profes-
sion de foi et, s'il nous est permis de rappeler nos propres
efforts, après tout ce que nous avons écrit ici-même sur la
situation où se trouve le judaïsme français et sur les devoirs
qu'elle lui impose, on peut dire aujourd'hui que l'élection
qui va avoir lieu aura une signification parfaitement claire.
Rompre avec de déplorables habitudes d'inertie et d'eflace-
ment, opposer aux entreprises de l'antisémitisme une.
résistance vigoureuse et soutenue, défendre par tous les
moyens que la loi autorise les droits, l'honneur et la
dignité du judaïsme, telle est la pensée qui anime les élec-
teurs consistoriaux de la circonscription de Paris, et tel est
aussi le mandat nettement défini qu'ils entendent conférer
à leur représentant au Consistoire central.
Ce mandat, qui est l'œuvre des événements plus encore
que celle des hommes et qui, précisément parce qu'il répond
aux besoins les plus pressants du moment, rallie tous nos
coreligionnaires, a été résolument accepté par l'honorable
M. Aron, dont la réunion a adopté la candidature.
« Pénétré, a-t-il écrit, des responsabilités qu'imposent
les moments diftîciles que nous traversons, je suis ferme-
ment décidé, si vous m'accordez vos suffrages, à ne rien
négliger pour fortifier l'union entre tous nos coreligion-
naires, pour faire triompher la cause de la raison et de la
justice, enfin pour tenir tête aux outrages et aux passions
haineuses qui ne tendent rien moins qu'à remettre en ques-
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6 l'univers ISRAÉLITE
tion la plus précieuse des conqu<^tes de la Révolution fran-
çaise. »
Et M. Aron a accentué encore ce ferme langage dans
les déclarations verbales qu'il a faites devant la réunion
préparatoire. Tout en se refusant, en honnête homme qu'il
est, à prendre en vue d'éventualités encore inconnues
des engagements qu'il n'aurait pas été certain de pouvoir
tenir, il s est prononcé sans ambages et sans réticences pour
l'action et la lutte, et les applaudissements de la réunion ont
montré qu'il se trouvait en parfaite communion d'idées et
de sentiments avec le corps électoral . Elle a été admirable
d'ailleurs, cette réunion, non seulement par l'esprit d'en-
tente qui y a présidé, par l'énergie qui s'y est fait jour, mais
surtout par le calme et la sagesse qui n'ont cessé d'y régner.
Les sentiments de l'assemblée n'étaient assurément pas
douteux; un véritable frémissement de colère s'emparait
d'elle toutes les fois qu'un orateur faisait allusion aux
outrages dont on abreuve les juifs et aux menaces
qu'on leur prodigue. Elle a eu cependant assez d'empire
sur elle-même pour éviter les récriminations stériles et pour
s'abstenir vis-à-vis du Consistoire central de toute motion
de regret ou de blâme. Elle a compris qu'elle était sans
qualité pour juger un corps qui relève des électeurs Israé-
lites delà France entière, et négligeant le passé, écartant ce
qui pouvait irriter et diviser, elle s'est contentée de confier
à son candidat la mission de réclamer pour l'avenir plus de
décision et plus de vigilance.
Il convient d'ajoulel* que la réunion préparatoire a mar-
qué, parla discussion qui a précédé son vote unanime,
qu'elle ne demande pas aux mandataires du judaïsme d'in- .
tervenir à tout propos et hors de propos et de se livrer
sans choix ni mesure à des démarches ou à des dé-
monstrations qui, lorsqu'elles ne sont pas opportunes,
deviennent aisément dangereuses. Mais, entre l'abstention
absolue et systématique telle qu'on la pratique depuis
quinze ans et l'action irréfléchie et désordonnée il y a place
pour les efforts mûrement délibérés et appropriés aux cir-
constances. Pour rappeler un exemple qui a été cité au
cours même de la réunion, personne ne regrette que rien
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l'univers ISRAÉLITE 7
n'ait été tenté pour mettre obstacle aux délibérations du^
Congrès de Lyon ; une tentative de ce genre eût nécessai-
rement avorté, et, d'autre part, les israélites, qui se récla-
ment de la liberté, doivent respecter la liberté chez autri^i,
même lorsqu'il en est fait un aussi détestable usage. Mais
n'y a-t-il pas une foule d'autres cas où une intervention
légitime peut devenir efficace? M. Aron a raconté lui-môme
aux membres de l'assemblée que parcourant récemment un
recueil administratif concernant le culte Israélite, il y
avait constaté, avec une surprise mêlée de quelque honte,
que le Consistoire central d'autrefois ne craignait pas,
lorsque les droits ouïes intérêts du judaïsme étaient lésés,
de faire appel à la justice des pouvoirs publics, et que des
ministres dont le libéralisme n'avait rien de farouche, des
ministres qui s'appelaient Fortoul, Baroche ou de Fourtou,
n'avaient pas hésité, pour sauvegarder la liberté des con-
sciences, à prendre des mesures qui pourraient être à juste
titre proposées comme modèle aux ministres actuels de la
République.
Pour en venir à des événements plus récents, n'est-il
pas étrange que, devant les manifestations les plus graves
et les plus menaçantes, le Consistoire central ait gardé un
silence obstiné, alors que les représentants du protestan-
tisme ont su, en présence dincidents d'une moindre portée,
prendre publiquement la défense de leurs coreligionnaires?
Est-il admissible qu'il se soit tu lors de Tintcrpellation
Denis qui mettait en jeu l'égalité des citoyens devant la
loi et qu'il n'ait pas opposé une protestation indignée aux
suspicions ignominieuses dont l'affaire Dreyfus a été le
prétexte contre le patriotisme de tous les israélites français?
Que dire aussi de l'abandon où sont laissés les malheureux
israélites d'Algérie, dont les droits les plus certains sont
journellement foulés aux pieds, au mépris de lois formelles ?
Et si demain les antisémites donnent suite au dessein
qu'ils ont conçu d'élever une statue au marquis de Mores,
le Consistoire central ne trahira-t il pas ses devoirs s'il ne
demande pas au gouvernement de s'opposer à l'exhibition
de cet emblème séditieux et provocateur, comme il s'est
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8 l'univers ISRAÉLITE
opposé récemment à Térection de la statue du général
Cathelineau ?
Ces exemples définissent bien, ce nous semble, la
sphère où Tactivité de nos représentants officiels pourra
s'exercer sans témérité ni excès de pouvoir. Espérons que
l'élection de l'honorable M. Aron inaugurera cette action
prudente et vigoureuse qui est dans le vœu de tous, et c'est
précisément parce qu'elle aura cette signification qu'elle
constituera une manifestation réconfortante et salutaire.
B.-M.
1
L'article qui précède était déjà écrit quand nous avons eu
connaissance dune autre candidature, celle de M. le docteur
Metzger, qui avait déjà brigué il y a quatre ans le mandat de
membre du Consistoire de Paris. Cette candidature n'a été
proposée par aucun groupe et n'a été discutée dans aucune
réunion ; c'est une simple tentative individuelle. La très
longue circulaire que M. Metzger a adressée aux électeurs
consistoriaux contient, en môme temps que quelques apprécia-
tions sensées, des idées fort contestables : mais elle a surtout le
tort de s'inspirer de préoccupations personnelles et môme de
rancunes où l'intérêt général du judaïsme n'a rien à voir et
auxquelles les électeurs n'ont aucune raison de s'associer. 11
convient d'ailleurs de faire remarquer que, bien que tous les
candidats aient été publiquement invités à se présenter devant
la réunion préparatoire de la cité Rougemont, M. Metzger ne
s'est pas soucié de venir s'expliquer devant ses coreligion-
naires. Il a préféré faire ses confidences à la Libre Parole, qui
les a enregistrées avec une visible satisfaction. Dans ces condi-
tions, la candidature de M. Metzger est, pour ne pas employer
un mot plus sévère, une œuvre de division qui a tous les droits
possibles au suffrage de M. Drumont, mais qui ne saurait
prétendre à ceux des électeurs israélites. — B.-M.
Un grand nombre de nos coreligionnaires parisiens ont adressé
aux électeurs consistoriaux un appel dont nous extrayons le pas-
sage suivant :
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l'univers ISRAÉLITE ^ 9
A Tépoque que nous traversons, une élection au Consistoire
central constitue un acte important pour le judaïsme français.
Elle doit aboutir au premier tour, et chacun sait qu*alors môme
que le candidat obtiendrait la majorité absolue à ce scrutin, il
ne pourrait être proclamé élu. qu'autant que le tiers des élec-
teurs inscrits y aurait pris part.
Aussi, nous permettons-nous de faire un pressant appel
auprès de vous, Monsieur, pour vous prier de remplir votre
devoir d'électeur.
L'Antisémitisme au Sénat
Les israélites algériens ont eu, cette semaine, les honneurs
de la tribune du Sénat. M. Alcide Treille, ancien opportuniste,
récemment élu sénateur comme antisémite de fraîche ûate par
les radicaux-socialistes de Constantine, a cru devoir accorder
une satisfaction aux sous-Drumont coloniaux qui ont patronné
son élection, en débitant devant la haute assemblée quelques-
unes des rengaines qui ont cours dans les milieux judéophobes.
A propos de la discussion du budget de la justice en Algérie,
M. Treille s'est plaint qu'on eût nommé un juif d'origine
roumaine, naturalisé français d'ailleurs, et licencié en droit, aux
importantes fonctions de. ..suppléant de juge de paix en Algérie.
Quoique le garde des sceaux actuel ne soit pas l'auteur de cette
nomination, qui remonte à quelques années, M. Treille ne lui
a pas moins reproché ce qu'il appelle *' un scandale " et Ta
' supplié de ne pas produire un scandale encore plus grave en
appelant le môme magistrat à siéger dans un tribunal de
première instance. Ces récriminations, qui ont tout naturel-
lement fourni à l'orateur un prétexte pour s'élever contre le
" néfaste " décret Crémieux, n'ont pas beaucoup ému le Sénat,
et il n'y aurait pas lieu de s'y arrêter si elles n'avaient provoqué
de la part de M. le garde des sceaux des déclarations précieuses
et qu'il importe de retenir.
« Les observations de M. Treille, a dit tout d'abord M. Dar-
lan, ont paru au Sénat, comme elles m'ont paru à moi-môme,
reposer non sur des faits établis, mais sur des hypothèses, sur
27.
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lO l'univers ISRAÉLITE
des cancans, sur des commérages. » M. le garde des sceaux a
admirablement caractérisé par ces paroles non seulement le
discours de M. Treille, mais d'une manière générale les pro-
cédés de discussion des antisémites. Hypothèses, cancans et
commérages, c'est en effet le fond de toutes leurs polémiques.
M. le gai*de des sceaux a ajouté :
M. Treille ne s*en est pas tenu là; il a critiqué d'une manière
générale la nomination de magistrats appartenant à la religion
Israélite, et, d'une manière spéciale, la nomination de quelques
magistrats faite par moi dans un décret du 5 février dernier. Mais,
messieurs, la religion d'un homme ne peut pas, que je sache, être
invoquée contre lui comme un motif d'exclusion de la magistra-
ture. . . (Très bien ! très bien! — Applaudissements à gcuicJie et au
centre» — Légères rumeurs à droite,)
Ce sont là d'excellentes paroles et que nous enregistrons
ayec une vive satisfaction. Nous sommes d'ailleurs convaincu
que M. le garde des sceaux ne se contente pas de proclamer à
la tribune les sentiments d'égalité et de tolérance dont il s'est
fait l'éloquent interprète, mais qu'en dépit des menaces et des
sommations qui mettent si souvent son libéralisme et sa fer-
meté à l'épreuve il sait aussi s'en inspirer dans la pratique
administrative de chaque jour.
■ir*<VuP* 'S cw»».
A PROPOS DE MARIAGES
Celui qui connaîtrait l'historique de certaines familles juives
de notre Communauté parisienne ferait une étude bien intéres- ""
santé du judaïsme français. Non seulement les documents qu'on
y puiserait serviraient à l'histoire des juifs de France, mais ils
seraient encore la meilleure réponse à faire à Fantisémitisme.
Car il est nombre de familles où les traditions de patriotisme
et de dévouement se sont léguées comme un pieux héritage et
méritent d'être rappelées comme exemples.
Cette réflexion m'est venue à propos de deux mariages
célébrés à quinze jours de distance rue de la Victoire. Le
premier est celui de Mlle Francfort. — M. Francfort,qui mariait
sa fille à un capitaine français, est lui-même lieutenant-colonel.
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l'univers ISRAÉLITE II
Il est le gendre du D"" Worms, membre de TAcadémie de
médecine, ancien médecin militaire, dont on n'a pas oublié le
dévouement à Champigny. Le père du D** Worms est un vieux
soldat de Napoléon h^, un soldat doublé d'un savant. Il
commence par être canonnier au corps impérial d'artillerie,
premier corps de la Grande Armée ; plus tard il occupe ses
loisirs à enseigner les mathématiques à la jeunesse qui se
destine à Fart militaire. — Ne confondons pas le D"" Jules
Worms, membre du Consistoire central, avec son oncle,
médecin militaire également, et qui fut commandeur de la
légion d'honneur ; il fit ses preuves en Algérie et surtout dans
la fameuse retraite de Constantine. — Dans son histoire de
Tarmée du Nord,le général Faidherbe cite le capitaine Halphen
pour sa vaillante conduite à Bapaume. Le capitaine Halphen,
décoré à vingt-six ans sur le champ de bataille, nommé à
quarante-deux ans membre de TAcadémie des Sciences, est le
cousin du D*" Worms. — Dans Tarmée des Vosges, je trouve
encore un Worms, engagé volontaire, qui se fait tuer pour son
pays. Voilà toute une généalogie qui sera consultée avec intérêt,
il me semble, par ceux qui demandent a la France aux
Français «.Ils me sauront gré,je Tespère, de leur signaler toute
une série de patriotes et de bons citoyens.
Le second mariage auquel je faisais allusion est celui de
Mlle Alcan, la fille de l'éditeur bien connu, le normalien
Félix Alcan. Mlle Alcan appartient, par sa mère, à cette famille
Sée qui a donné à là France nombre de vaillants ofliciers, y
compris un général de division, grand-oflicier de la Légion
d'honneur (i). Ce dernier, je le trouve déjà au Moniteur
de i855, porté pour sa première décoration avec cette mention
(c brave officier ». C était à Sébastopol.
La prise de Sébastopol a été chantée en beaux vers par le
poète patriote Moyse Alcan. Voici une strophe d'une fière
allure :
Tressaille, France bien aimée ! -
Comme aux jours de la Grande Armée
L*aigle puissant reprend son vol.
La victoire aujourd'hui te donne
Un nouveau nom pour la colonne :
Sébastopol !
(1) Et bien d'autres hommes distingués. Je me contenterai de rappeler le
D»" Grermain Sée qui fut membre de l'Académie de Médecine.
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12 l'univers ISRAÉLITE
Dans son Histoire médicale du siège de Metz (1870), le
médecin en chef des ambulances, le D^ Grellois, a nommé
quelques-unes des vaillantes collaboratrices qu'il a eues pour
soigner les blessés. J'y vois Mme Moyse Alcan. Elle ouvrit
même une ambulance à ses frais. — C'était un Alcan, cet olïicier
signalé par son intrépidité en 1870, décoré sur le champ de
bataille de Ba une-la-Rolande, promu capitaine à Villersexel ;
sur le point d'être fait prisonnier, il s'échappe, détail curieux !
grâce à un ecclésiastique qui lui passe sa propre soutane dans
une église, et il revient mettre son épée au service du pays. —
Dans cette même guerre de 1870, je relève le nom d'un patriote
chargé de couper les communications télégraphiques à l'ennemi ;
il s'acquitte avec bonheur d'ime mission périlleuse, que l'en-
vahisseur a tout intérêt k empêcher : j'ai nommé un gendre de
Moyse Alcan, le sous-inspecteur Fribourg, devenu plus tard
directeur du personnel et inspecteur général. M. Steenackers
lui a consacré de belles pages dans le livre si intéressant où
il expose le rôle joué par les postes et télégraphes pendant
la guerre de 1870.
J'ai parlé ailleurs des efforts faits par les juifs émancipés
pour se rendre dignes de cette société française qui venait de
s'ouvrir à eux. A qui doit-on la première école israélite en
France ? Qui fut un des premiers à pousser la jeunesse juive
dans les carrières libérales et professionnelles, et à leur ensei-
gner les devoirs envers la patrie ? C'est Gerson Lévy, de Metz,
le beau-père de Moyse Alcan. Que de souvenirs ! Que de droits
à notre reconnaissance !
Combien d'autres familles pourrais-je nommer qui figurent
partout ailleurs qu'au bulletin financier, et dont la devise est :
« Science et dévouement ! » Combien auraient droit de répondre
à l'antisémitisme : « Nous ne comprenons pas. Comme vous,
nous avons versé notre sang sur les champs de bataille ; comme
vous, nous nous sommes associés aux gloires et aux douleurs
nationales. Et peut-être mieux que vous. . . »
Mais je ne veux pas récriminer. J'aime mieux finir en
offrant mes vœux aux jeunes mariés. Puissent-ils imiter les
vertus de leurs aînés et les enseigner à leurs enfants ! Puissent-
ils donner à la France et au judaïsme d'utiles serviteurs comme
ceux dont j'ai rappelé le souvenir ! M. B.
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l'univers ISRAÉLITE l3
UN MÉDECIN JUIF
Dans un éloquent article publié par le Journal des Débats
à propos d'un procès criminel où sont impliqués deux médecins
parisiens, M. le docteur Daremberg rappelle le souvenir de
notre coreligionnaire le professeur Straus, mort récemment, et
il lui consacre les lignes suivantes, que la Libre Parole se gar-
dera bien de reproduire, mais que nous sommes heureux de
faire connaître à nos lecteurs :
« Il faut sans cesse méditer sur la vie des médecins qui sont
l'honneur de notre profession. Nous conseillons à nos jeunes
confrères d'évoquer souvent la mémoire d'un médecin éminent
dont nous déplorons la perte récente, le professeur Straus. 11 fut
un maître affable pour tous, bienveillant aux timides, bienfaisant
pour les humbles, scrupuleusement honnête. La dignité de sa
vie, la grandeur de son abnégation, sa puissante ardeur au
travail, son désintéressement, sa probité consciencieuse sont
des modèles que l'on peut sans crainte proposer aux jeunes
générations médicales. Nous conserverons son* souvenir dans
notre cœur comme celui d'un de nos saints laïques que nous
devons implorer dans les tristes moments où le courage nous
manque et dans les sinistres instants où la tentation du mal
vient traverser notre esprit comme un éclair traverse le ciel. »
Lettre de Roumanie
Depuis de longues années déjà mes coreligionnaires et com-
patriotes se plaignent par l'organe de la presse Israélite fran-
çaise, anglaise, allemande, autrichienne, etc., que, en Rouma-
nie, il n'existe pas de justice pour eux ; qu'ils sont mis hors
des lois ; qu'enfin leurs biens, leur honneur, leur vie, dépen-
dent des caprices des puissants du jour et des personnes in-
fluentes auprès des autorités administratives et judiciaires.
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l4 l'univers ISRAÉLITE
A diverses occasions plusieurs cas ont été précisés ; des
noms propres ont été cités, des victimes ont été signalées. Tout
a été en vain.Rien n'a ému nos ennemis qui, cependant, tiennent
à passer pour justes, pour tolérants et, surtout, pour gens civi-
lisés. Si quelques amis étrangers bien pensants leur ont fait quel-
quefois des reproches amicaux, ou si quelques feuilles libérales
des pays étrangers ont blâmé ces procédés (i), nos diplomates
ont, tout simplement nié les faits, malgré leur évidence, et
qualifié les juifs de calomniateurs et d'ennemis de la patrie rou-
maine. C'est ce qu'ils font aujourd'hui encore, si les juifs osent
réclamer les droits des hommes.
Mais voilà qu'un magistrat chrétien, M. Darascu, juge
d'instruction auprès du Tribunal d'Ilfov (Bucarest), vient divul-
guer par la presse les pressions que deux ministres de la justice
ont faites sur lui pour qu'il condamne une juive innocente. L'his-
toire est fort longue. Je vous la raconterai en abrégé, afin que
vos lecteurs la comprennent. Je vous prie de la publier, cai*
c'est un document précieux pour notre sainte cause, malgré la
faute de la juive.
Au mois d'août de l'année dernière, une juive, veuve, jeune,
belle et riche, qui entretenait des relations intimes avec un
chrétien, M. M , et qui, à cause de cela, avait été abandon-
née par toutes ses coreligionnaires, môme par ses plus proches
parentes, a mis au monde un enfant mâle. Afin de cacher sa
faute, la nxère a confié le nouveau-né à une nourrice chrétienne
qui l'a fait baptiser. Il parait que l'enfant s'est refroidi, car on
Fa ramené mort chez la mère. Comme on avait omis d'annon-
cer la naissance à l'officier d'état civil, le médecin communal a
refusé la permission d'enterrement et, au contraire, il a dé-
noncé au Parquet l'assassinat de l'enfant qui a été envoyé à la
Morgue. A l'autopsie, les médecins experts ont trouvé des in-
dices de suffocation. De là, accusation formelle d'assassinat
contre la nourrice, contre la sage-femme et conti^e la mère,
cette dernière comme auteur intellectuel du crime. M. Darascu
a été chargé de l'instruction de l'affaire. Sur la demande des
prévenues, une nouvelle expertise a été ordonnée. Cette exper-
(1) Il y a eu un temps où la presse libérale européenne criliqaail les
persécutions auxquelles nous sommes en butte. Mais à présent
(N. du G.).
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l'univers ISRAÉLITE l5
tise, par son procès- verbal, a mis en doute les opinions des
médecins de la première heure. Après plusieurs interrogatoires
sérieux et l'aveu du prêtre et autres témoins,coinme quoi Tenfant
était très gravement malade au moment où il a été baptisé, et
après de longues et scrupuleuses auditions de nombreux té-
moins, le juge d'instruction, M. Darascu, émet une ordonnance
de non-lieu qui déclare non coupables les trois prévenues. Le
procureur général fait appel contre cette ordonnance et la Cham-
bre des mises en accusation de la Cour d'appel de Bucarest en-
voie les accusées devant les assises. Les inculpées forment un
recours en cassation. La haute Cour de cassation casse l'arrêt
de la Chambre des mises en accusation et renvoie l'affaire de-
vant la Cour d'appel de Craio va. Celle-ci acquitte les prévenues,
mais le procureur général de cette Cour se pourvoit à son tour
en cassation. Enfin, la Cour de cassation a repoussé le recours
da procureur général de Craiova, et l'ordonnance de non-lieu
du juge d'instruction, M. Darascu, a été ainsi définitivement
validée.
Durant ses investigations, M. Darascu a été incité par ses
chefs supérieurs à inculper Mme Steiner (c'est le nom de la
mère juive); mais M. Darascu, un jeune homme intègre et cons-
ciencieux, a refusé de se soumettre aux injonctions injustes de
ses chefs. Aussi, a-t-il dû permuter en province et être dégradé aus-
sitôt que la Chambre des mises en accusation de la Cour d'ap-
pel de Bucarest, influencée à son tour par de hauts personnages,
eut infirmé l'ordonnance de non lieu du juge d'instruction
(M. Darascu).
Atteint dans sa dignité et dans son amour -propre, M. Da-
rascu a démissionné et brisé sa carrière et a attendu jusqu'à ce
que les plus hautes instances judiciaires se fussent prononcées
sur cette triste affaire, à laquelle on a donné une si grande im-
portance, uniquement parce qu'une juive riche était en cause (i);
et, lorsque la Cour d'appel de Craiova et la Cour de cassation
eurent déclaré par des sentences formelles que son ordonnance
de non-lieu était juste et légale et que, par conséquence, elles
(l) Le but des gouvernanls était non seulement de frapper une juive,
mais aussi de se servir de cet exemple pour accuser tous les juifs d'im-
moralité et de cruauté et les dénigrer aux yeux de l'opinion publique
d^ pays civilisés le jour où cette opinion se prononcerait en notre fa-
veur dans la question des juifs roumains (X. du G ).
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l6 l'univers ISRAÉLITE
lui donnèrent une éclatante satisfaction, il a adressé aux jour-
naux de la capitale une lettre par laquelle il explique les agisse-
ments de deux ministres de la justice, M. G. Paladi, par inté-
rim, et M. Eugène Statescu, ministre titulaire. Cette lettre est très
intéressante pour les étrangers qui sont incapables;, de croire k
tant de basses intrigues et de perfidie, mais elle est trop longue
pour être traduite en entier et reproduite par votre estimable
recueil. Elle a été publiée par le Romanulu, par le Tinipul, par
le Constitutionalul, par VEpoca, par VAdeçerul, par la Drep-
tatea, par le Hesboiul, par la Pressa et autres journaux quoti-
diens de l'opposition et indépendants. Voici d'après ï Indépen-
dance Roumaine, b? 6o% du 20 février/4 mars 1897, un résumé
de la lettre de M. Darascu :
« De la lettre de M. Darascu il résulte, dit Torgane conser-
vateur : 1° Que M. G. Paladi, en qualité de ministre de la jus-
tice par intérim, a exigé du juge d'instruction de ne rien cons-
tater de ce qui serait en faveur de Mme Steiner ; a** Que le
môme ministre a dit au magistrat instructeur qu'il ne devrait
pas avoir des scrupules pour une juive ; 3^ Que le procureur
général a fait connaître au juge que le ministre de la justice ti-
tulaire avait ordonné la mise en jugement de Mme Steiner;
4** Que le juge d'instruction a soumis à la connaissance du mi-
nistre tout* ce qui précède dans une lettre recommandée;
5<» Qu'à la suite de Tinfirmation par la Cbambre des mises en
accusation de l'ordonnance de non-lieu rendue par M. Darascu,
celui-ci a été puni par son transfert à un autre tribunal avec un
grade inférieur. »
Les journaux précités, qui ont publié la lettre de M. Da-
rascu, l'ont tous accompagnée de commentaires très désobli-
geants pour les ministres nommés et honteux pour le pays .
Vous demander de les reproduire tels quels, c'est vous deman-
der de nous sacrifier un numéro entier de votre précieux Uni-
vers. C'est pourquoi je me limite à traduire quelques extraits
des comme Qtaires du Resboiul, n^ G6o5 du ai février/5 mars
courant :
« Nous ne croyons pas qu'on puisse trouver dans un autre
pays, avec un commencement de civilisation, un exemple ana-
logue d'immixtion du pouvoir exécutif dans le fonctionnement
de la justice. C'est monstrueux, si monstreux qu'on reste ahuri
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l'univers ISRAÉLITE I7
quand on lit qu'à la fin du xix* siècle un ministre, dans un
Etat constitutionnel, puisse ordonner directement à un magis-
trat instructeur d'être partial contre un prévenu. Il est mons-
trueux et bai'bare qu'à la fin du xix« siècle le môme ministre
dise à un juge d'instruction quil ne doit pas a^oir des scru-
pules pour une juive. Un conseiller du trône qui se baisse jus-
qu'à faire des distinctions de religions et à inspirer ces idées,
dignes du moyen-àge, à un jeune magistrat qui ne fait que son
devoir, mérite le mépris des hommes d'honneur.
« Faut-il nous étonner qu*on sache d'avance le sort de tel et
tel pix>cès ? Faut-il nous étonner des chantages et des affaires
scandaleuses dont on a tant chuchoté et dont on chuchote
encore?...
« Les faits relatés par M . Darascu Jans sa lettre constituent
une page des plus noires dans l'histoire du régime libéral. Sous
tout autre régime qui aurait une étincelle de dignité, de tels
faits auraient provoqué un orage au sein du Parlement. Chez
nous, sous les libéraux, nous sommes sûrs qu'ils passeront
inobservés ».
Le Resboiul a eu raison. Personne au Parlement n'a soufilé
un mot sur cette honteuse affaire.
S.
UKE CIRCULAIRE ADMINISTRATIVE
On lit dans le Temps :
Cette circulaire a été motivée par une demande de rensei-
gnements adressée, par le sieur Sapin à un certain nombre de
maires en vue de la publication de V Indicateur israélite, dont
nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs. Après le juge-
ment rendu par le tribunal de Lyon, la circulaire ministérielle
ne saurait plus avoir d'effet pratique ; nous n'en devons pas moins
savoir gré au ministre d'avoir rappelé aux maires qu'ils doivent
ignorer toute distinction fondée sur les opinions religieuses.
M. Barthou vient d'adresser aux préfets une excellente cir-
culaire. Plusieurs secrétaires de mairie ont reçu les sollicita-
tions des éditeurs de certains annuaires, qui classent les
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l8 l'univers ISRAÉLITE
citoyens d'après leurs origines confessionnelles. Ces éditeurs
désireraient puiser leur documentation à des sources sûres.
Mais qui ne voit que ces classifications n'auraient d'autre résul-
tat que de fournir un aliment aux passions sectaires, et qu'elles
sont directement contraires à l'esprit de la Révolution qui a
voulu abolir toute distinction fondée sur la différence des opi-
ilions religieuses ? Le ministre de l'intérieur a donc été très
bien inspii^é en invitant les préfets à rappeler aux maires et
aux secrétaires de mairie qu'ils ne doivent fournir aucun ren-
seignemeut sur les cultes professés par les citoyens.
LE CULTE DES MORTS CHEZ LES HÉBREUX ''
M. André étudie la religion hébraïque à ses débuts. Le peu-
ple hébreu à son origine a professé des croyances aussi gros-
sières que les autres hommes primitifs. Il a pratiqué le culte
des morts, comme il a pratiqué celui des arbres, des sources,
des astres, etc. Ce sont les patriarches et les prophètes qui,
concevant le plus haut idéal de religion et de morale, ont porté
tous leurs efforts contre ces superstitions et ces coutumes et
introduit dans le monde la notion vivante et intense de la
Divinité.
Comme la Bible ne fournit que des renseignements rares et
disséminés sur notre question, M. André a recours à l'analogie :
il prend souvent pour fondement de ses hypothèses les croyan-
ces des autres peuples, surtout des peuples sémitiques. C'est
dire qu'il ne faut pas prendre pour absolument démontrées,
mais seulement pour probables, bon nombre de ses asser-
tions.
La néphech (s::) ne désigne pas Y âme, mais le souffle vital,
ce que les Grecs appellent « pneùma ». Elle disparaît avec le
sang où elle réside (Gen. IX, IV; Lév. XVII, XI, XIV; Deut,
XII, XXIII). On localise la conscience, l'intelligence, les affec-
tions et les émotions dans certains organes, dans le cœur, dans
les reins, dans les entrailles. Ici, l'auteur ajoute de son chef des
{!) Par Léonce André, chez Chastanior, NIraea, XIV -f 49 pages.
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L^UNITERS ISRAÉLITE I9
affînnaticms que n'autorisent nullement les textes qu'il cite. U
dit : « Aucune de ces fonctions ne dépasse le cadre de l'exis-
tence terrestre ; la vie en est la condition immédiate, toutes dis-
paraissent avec la cessation de la vie. » Il n'y a pas un mot,
dans les versets que M. André met en note, qui justifie pareille
assertion. Nous aussi, philosophes de la fin du xrx® siècle, nous
parlons d'un cerveau organe de la pensée et d'un cœur siège des
sentiments : cela nous empêche-t-il de croire à l'immatérialité
de l'âme? Platon admettait trois âmes, et Aristote, à côté de
l'entendement actif, seul immortel, croyait à un entendement
passif et à un « pneûma » périssables.
Les croyances des Hébreux sur la mort et la vie d'outre-
tombe découlent de leur conception de l'âme.
Ils se figuraient qu'après la mort il restait une forme vague
du corps qui pouvait être reconnue, quand la personne était
évoquée ou apparaissait spontanément. Ils donnaient à ce
double le nom de raphâ. Cette forme menait une vie sourde
dans le Cheôl, empira des défunts. Le Cheôl est profondéme^t
situé sous la terre (Job,, XI,8); il s'étend sous les mers (/6.,
XXVI, 5); là on cesse de chanter Dieu (Ps., VI, 6 LXXXVIII,
11-14, Isaie XXXVIII, 18); c'est un lieu d'obscurité et de ténè-
bres {Job, X, 21). Cependant « rElernel fait mourir et revivre,
descendre dans le Cheùl et en remonter, dit Samuel » (I, 2, 6).
Le cadavre jeté dans le sépulcre d'Elisée ressuscite au contact
des os du prophète (^ Rois, XIII, 21).
Les Hébreux entouraient leurs morts d'une grande sollicitude,
et c'était un des devoirs fondamentaux que d'assurer la sé-
pulture aux défunts. Ainsi, quand Moïse meurt sur le mont
Nébo, Dieu prend soin de Tenterrer. Kohélet préfère le sort de
l'avorton à celui de l'homme rassasié de jours qui ne repose pas
dans une tombe (j^ccZ., VI, 3).
On tenait à dormir son dernier sommeil au milieu des siens.
Ainsi Jacob exprime la volonté qu'on l'enterre avec ses pères
{Gen,, XLIX,29); Josèphe adjure les enfants d'Israël d'emporter
ses ossements en Terre Sainte [Gen,, L, *iS) ; David reprend les
restes de Saùl et de Jonathan et les inhume dans le caveau de
Kisch (a Sam.XXL, 12-14).
On regardait comihe une malédiction de ne pas reposer
dans la terre natale. Jérémie prédit à Paschekour qu'il mourra
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20 l'univers ISRAÉLItB
et sera enterré à Babel {Jér., XX, 6). Ne pas recevoir de sépul-
ture passait pour un châtiment terrible (7s., XIV, 19 ; XVIII,
67; j^s., XXIX, 5 ; XXXIX, ao). C'est la peine que subirent la
plupart des rois d'Israël pour leur impiété. Ceux qui auront
suivi les faux prophètes éprouveront le même sort (Jér,, XIV,
i5, 16). On redoutait par-dessus tout la violation des tombes ;
aussi le prophète ne croit-il pas pouvoir lancer sur Jérusalem
de plus edrayante menace que la suivante : « En ce temps-là,
on retirera de leurs tombes les ossements des rois de Juda et
les ossements iie ses chefs, etc »
Les parents et les amis du défunt manifestaient leur douleur
par toutes sortes de démonstrations. Ils se rasaient la barbe et
les cheveux (i) (ZeV., XXI, 5 ; Jér,^ XL VIII, 37) ; ils déchiraient
leurs vêtements, se couvraient d'un cilice, répandaient de la
cendre et de la poussière sur leur tête, etc. On louait des joueu-
ses de flûtes et des pleureuses (/e>., XXII, 18; XXXIV, 5.)
L'Hébreu enterrait ses morts sous le sol de sa tente ou à
proximité. Samuel et Joab sont ensevelis dans leur demeure
(i Sam., XXV, i; i Rois, II, 34), Manassé dans son jardin
(a Rois XXI. 18). On creusait aussi des sortes de fours à cer-
cueil dans la paroi des rochers et on constituait des caveaux de
famille, témoin la grotte de Machpélàh acquise par Abraham.
C'était un honneur pour le mort que de reposer dans un sépulcre
vénéré. Le prêtre Joad est enterré « avec les rois, pour avoir
fait du bien à Israël, envers Dieu et sa maison »(î2 Chron,,
XXIV, iG) ; Ezéchias est placé dans le caveau de David (7ô.
XXXII, 33). Parfois on s'occupait durant sa vie de choisir l'em-
placement où Ton voulait être porté ; c'est ce que lit Absalon
(2 5rtm.,XVIIl, 18).
Quand on ne mettait pas le mort dans un caveau et qu'on le
confiait à la terre, on élevait sur l'endroit un monceau de
pierres (2 Sam., XVIII, 17) ou l'on dressait une dalle (t<) qui
portait le nom du mort (12 Sam. XVIU, 18: Is. LVI, i5.)
On déposait des aromates dans les cercueils ou on en brû-
lait dans des vases, (a Chron. XVL i4; Jér., XXXIV, 5.)
Les Hébreux, à l'origine, croyaient au spiritisme ; ils évo-
quaient les morts, à qui ils attribuaient une connaissance et une
(l) Mol'sc appliqua scs oft'orts à déraciner les usages qui allaient à
mutiler le corps [Lét\, XXI, 5, XIX, 28.)
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l'univers ISRAÉLITE 0.1
puissance plus grandes qu'à Thomme. C'étaient pour eux des
élohim (i Sam,, XXVIII, i3). Les prophètes appliquèrent toute
leur énergie à ruiner ces superstitions et édictèrent les peines
les plus sévères contre ceux qui les pratiqueraient. (Léi>. XIX,
3i:XX, ^'j;Deut,\YlU,ïi.)
Les magiciens de toutes espèces abondaient en Israël
(i Sam. XXVIII, 3, 9). On les consultait au sujet des résolutions
qu'on devait prendre et de l'issue de ses entreprises. Les
magiciens possédés par l'esprit du mort proféraient des paroles
incohérentes dans une sorte de sifflement et de chuchotement
(/s. VIIL 19; XXIX, 4).
Souvent^ au lieu de recourir aux évocateurs, on s'adressait
«
aux ^era/)A/m, statuettes qui rappelaient l'image des ancêtres.
Là encore, les prophètes portèrent des coups violents pour
élever leur peuple à leur conception du Dieu un et unique
(Zach,,X, 2), et ils exigèrent la destruction de toute représen-
tation matérielle de la divinité (Deut, VII, 5 ; XII, 3).
Tels furent les débuts de ce peuple, conclut M. André (i), de-
ce peuple qui devait réaliser dans l'antiquité le type de cette vie
religieuse accomplie dont les nations se réclament encore. »
... « Il est vrai que la pauvreté de ces débuts disparut peu
à peu sous la brillante inspiration des prophètes. Les pâles et
incertaines aspirations des origines s'épurent et se précisent...
Cette intensité de vie ne devait pas rester enfermée dans son
sein. Il a infusé au monde moderne le sang de ses veines, il l'a
réchauffé, régénéré. C'est là son plus beau titre de gloire... »
Louis Lkvy.
(1) M. André, généralement bien informé, est parfois téméraire dans ses
inductions. Ainsi il explique le peu do fréquence du suicide chez les Hé-
breux par rhorreuf du Cheôl. Il y a dix explicitions plus vraisemblables. A
la même page (11) notre autour dit que le rapha « dormira éternellement
dans les bas-fonds ». Etei'neîlcvienl est faux, puisque les rephaïm appa-
raissent quand on les évoque et même recouvrent la parole. « Pourquoi
m'as-tu troublé, en me faisant monter? » dit Samuel à Saïil (1. Sam.
XXVIIIj 15.) Enfin, chose curieuse, M. André qui cite par ci par là le Talmud
ne lire rioa de Joséphe, qui cependant aurait pu lui fournir maint rensei-
gnement. ,
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32 l'univers ISRAÉLITE
CORRESPONDANCE
M. Franck Puaux, directeur de la Remw chrétienne, nons adresse
la lettre suivante, que nous nous empressons d'insérer :
Paris, le 23 mars 1897.
Monsieur le Directeur,
Vous avez bien voulu reproduire quelques lignes de la
Revue chrétienne où était condamnée la campagne contre les
juifs, mais en ajoutant « que ce ferme langage aurait plus de
droits à votre gratitude s'il eut été tenu à une époque où les
protestants n'avaient pas encore été mis en cause. »
Vous me permettrez de vous dire que, dès la première
heure, la Revue Chrétienne a nettement pris position, et voici
les déclarations qu'elle publiait en 1892, au lendemain de la
TOort du capitaine Mayer : « Nous avons à rougir, comme
Français, de devoir être les témoins de ce débordement de
haines indignes de notre vieille réputation de générosité. Car,
de là, k la proscription, si on le pouvait, il n'y aurait qu'un
pas ; aujourd'hui les juifs, demain les protestants, plus tard les
incrédules, car, avec impudeur, cette guerre se voile du zèle
religieux. Qu'on lise la Libre Parole et le doute s'évanouira,
lorsque, par une entente commune, l'armée ayant été tenue à
l'écart des luttes politiques, chacun avait compris que, par
piété pour la patrie et dans le souci de sa grandeur, nous
devions sauvegarder, au prix de tous les sacrifices, cette gprande
force morale. Ces hommes ont brisé le pacte et, en attaquant ù
cause de leur religion les ofiicîers juifs, ils ont commis une
faute qui les condamne aux yeux de ceux qui mettent la France
au-dessus des partis. »
Jamais la Revue Chrétienne n'a manqué à ce grand devoir
de défendre la cause sacrée de la liberté de conscience et vous
voudrez bien comprendre que je tienne à relever le fait en
vous priant d'insérer ces lignes qui en donnent la preuve.
Veuillez croire à mes sentiments les plus distingués,
Franck Puaux.
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l'UNIVSRS ISBAÉLITB
ai
DONS
BN FAYBUR DBS ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 1 8 au 20 mars
MM. Hecht (Etienne) l.COO
Reilling^r 1 Alfred) 1 . 000
M"»« Lazard (Elie) 500
M . Saiût-Paal (Robert) 500
M. et M™« Popgès (Théodore). 500
M . Halphen (Georges) 200
M°»« Oppenheim (David) 50
Anonyme 20
MM. Bernheim (Léon) 20
Sée (Armand) 20
Godchaux(D.) 10
Gugenheim (E.) 10
Kron (Marcel) 10
Lévy (Isaac), 134, faub.
Sl-Martin 10
Moch (Henri) 10
MM. Schwartz, 11, rue de l'En-
trepôt 10
Bernheim (M.), 205, rue
StrAntoine 5
Haardt (Charlea) 5
Isrnël 5
Lehmann (Erne.-t) 5
Lévy (A.), 15, rue des
Juifs 5
Lévy (A.)f à Luné ville... 5
Paquin (Oser), 5
Schérer 5
Steinrouller 5
UImo 5
Wiraphen (Alfred) 5
iraJiM^B^
Nouvelles diverses
AVIS
Les électeurs eonsistoriaux de la Circonscription de Paris
seront appelés le dimanche 28 mars à élire un membre au
Consistoire central, en remplacement de M. Femand Crémieux,
démissionnaire .
Deux sections de vote seront établies : Tune 44» ^*^^ de la
Victoire, et l'autre 14, place des Vosges. Les cartes électorales,
envoyées à domicile, donneront à cet égard les indications
nécessaires.
Le scrutin sera ouvert à neuf heures du matin et clos à cinq
heures du soir.
»*«
Paris. — Samedi dernier, 20 mars, l'Association des étudiants
russes Israélites a donné son bal annuel à l'occasion de Pourim.
Cette soirée musicale, littéraire et chorégraphique, organisée dans
les salons Corazza, an Palais-Royal, a été très brillante et pleine
d'animation .
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24 l'univers ISRAÉLITE
A ce propos, M. Raphaël Viau rapporte, dans la Libre Parole,
que son entrée « a causé un certain émoi ». Nous n'avons rien
remarqué de cet « émoi ». A telles enseignes, qu'a^'ant demandé
aux principaux organisateurs de nous désigner les illustrations pré-
sentes, aucun d'entre eux n'a songé à nou» citer M. Viau.
M. Viau, qui semble à son journal taire fonctions d'Elncyclopédie
judaïque, se trompe quand il soutient qu'à Pourim « l'on ne doit
se livrer à aucune manifestation profane ». C'est tout le contraire :
c'est un devoir de s'amuser et de danser ce jour-là, en souvenir de
la victoire remportée par nos pères sur le grand antisémite Aman.
Et nous ne demandons pas mieux que d'établir des fêtes du même
genre, chaque fois qu'un des émules d'Amalec ou d'Aman sera
pendu haut et court, et d'inviter ses collaborateurs à participer à
nos réjouissances. L. L.
**«
-^ Sur le rapport de M. Forni, la Chambre des députés a refusé
à M. Hadamard l'autorisation d'exercer des poursuites contre
M. Castelin, député de TAisne, à raison de la publication par la
Revue antisémite, sous forme d'article, d'un discours prononcé par
ledit M. Castelin à la tribune et où M. Hadamard était gravement
diffamé. A l'appui de cette décision, M. Forni a fait valoir dans son
rapport que M. Castelin était resté étranger à la reproduction de son
discours dans la Revue antisémite -/û a d'ailleurs eu soin de réserver
les droits de M. Hadamard. a Le plaignant, a-t il dit, aura toujours
après la session terminée, — s'il persiste encore à ce moment à
poursuivre — le droit de s'adresser au tribunal correctionnel sans
qu'on puisse, aux termes de la jurisprudence, lui opposer utilement
la prescription spéciale de trois mois édictée par l'article 65 de la loi
sur la presse ; son droit ne sera pas éteint; l'exercice seulement en
sera suspendu. »
11 n'y a rien à reprendre à ces conclusions, qui sont rigoureu-
sement juridiques. Mais il est permis de regretter qu'il ne se soit
trouvé personne à la Chambre pour rappeler que M. Castelin, après
avoir fièrement revendiqué à la tribune la responsabilité de ses
allégations, s'est attaché ensuite à esquiver toute responsabilité. On
peut aussi s'étonner, à juste titre, que M. Castelin lui-même n'ait
pas compris que c'était pour lui un devoir de probité élémentaire
de mettre à profit la mise à Tordre du jour du rapport de M. Forni,
pour rétracter des imputations dont la fausseté est aujourd'hui
reconnue, et pour accorder à un bonnette homme odieusement
calomnié la réparation à laquelle il a légitimement droit.
B.-M.
Paris. — Le Comité de bienfaisance Israélite de Paris vient
d'adresser à nos coreligionnaires un appel en vue de réunir les
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l'univers ISRAÉLITE 25
ressources nécessaires à la distribution des Pains azynies aux
pauvres de la Communauté. Le Comité fait remarquer que les
dépenses qui résultent de cette distribution ont considérablement
augmenté depuis qu'un grand nombre de nos coreligionnaires étran-
gers sont venus chercher à Paris un refuge contre les persécutions
dont ils étaient victimes dans leur pays d'origine; ces dépenses qui
étaient autrefois de 5 à 6.000 s'élèvent aujourd'hui à plus de 20.000
francs et pèsent lourdement sur le budget du Comité de bienfai-
sance. Nous espérons que la générosité des Israélites parisiens
permettra au Comité de réaliser cette année encore le traditionnel
adage : bs"»*? "^n^ "pEzi -3
— Une carte de la Palestine, — - Le P. Paul de Saint- Aignan, de
Jérusalem, annonce à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
renvoi de la copie d'une carte de la Palestine et des lieux saints
relevée dans une mosaïque ancienne découverte il y a treize ans
environ à Madeba.
Bordeaux. — M. Edgard Marx, docteur en droit, président de
la Société de la Jeunesse Israélite de Bordeaux, a fait récemment,
dans cette ville, une très intéressante conférence. Il avait pris pour
sujet : Jacoh Rodrigues Péreire ; Réponse aux antisémites. Faisant
la biographie de l'illustre professeur des sourds-muets, qui a ouvert
la voie à l'abbé de TEpée, il a prouvé par cet exemple que les
Israélites ne sont pas les vils parasites qu'on dépeint, qu'ils sont
capables d'initiative et d'idées généreuses. Il a réfuté les calomnies
de nos adversaires avec beaucoup, de bonheur. Son sujet était
d'autant mieux choisi qu'il parlait devant un public bordelais,
et que Bordeaux peut être considéré comme la patrie d'adoption de
Jacob Rodrigues-Péreire, qui est venu s'y établir .après avoir quitté
TEspagne.
*
Saint-Etienne. — M. le rabbin Sèches a fait sa dernière
conférence d'hiver le dimanche 14 janvier. 11 avait pris pour sujet :
Que faut-il penser des aptitudes des juifs pour le commerce y de leur
prétendu amour du lucre ? De l'usure chez les Israélites du moyen-
dge. L'orateur a établi que nos ancêtres ont été tour à tour agricul-
teurs, ouvriers, guerriers, etc.; que leur principale préoccupation a
toujours été l'adoration de la Divinité et son culte ; qu'ils n'avaient
jamais révélé de goût pour le conimerce. C'est la persécution qui,
en leur fermant toutes les carrières, les a condamnés au négoce, où
l'ingéniosité qu'ils devaient montrer pour échapper au lise, pour
éviter toutes sortes de risques, leur esprit de persévérance enfin les
ont fait réussir. C'est la persécution aussi qui les a jetés dans le
prêt à intérêt, où ils avaient d'ailleurs trouvé des maîtres — chrétiens
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Î26 l'univers ISRAÉLITE
authentiqaes — dans les Florentins, leâ Caorsins, les Lombards, etc.
Il a terminé en montrant avec quelle ardeur les Israélites mo-
dernes se sont précipités dans les carrières libérales — - souvent peu
lucratives —• aussitôt qu'elles leur ont été ouvertes. Sans se laisser
décourager par des attaqnes injustes, ils continueront à donner des
preuves de leur désintéressement.
**«
Tlemcen. — Le typographe Joseph Cohen, prote à Timprimerie
du Courrier de Tlemcen, s'est vn décerner, ces jours derniers, par
le Ministre de l'Intérieur, une médaille d'honneur en récompense
des bons et loyaux services qu'il a rendus, pendant vingt années
consécutives, à cette maison.
**«
Tunis. — M. Pariente, le très distingué directeur de l'école des
garçons de Tunis, a été nommé officier de l'Instruction publique.
#**
Alsace. — On lit dans le Journal d'Alsace :
« Une assemblée antisémitique organisée par une Société qui se
donne le nom de Deutsch sozialer Reformverein fur Strasburg &
UmgebunffjSieu. lieu samedi soir (6 mars) dans la Nouvelle salle, au
Neudorf (Strasbourg). Un monsieur Bindewald, député au Reich-
stag, de Berlin, a fe.it une conférence sur « la lutte du parti antisé-
mitique contre la démocratie sociale et le judaïsme ». L'orateur s'est
livré aux attaques habituelles contre les Israélites ; u» autre orateur
du nom de Reuter de Carlsnihe, a encore amplilîé ce thème ; tous
les deux se sont également livrés à des attaques contre la presse
qu'ils ont prétendue être vendue aux Israélites. Il est peu probable
qu'avec les lieux communs dont ils ont rebattu les oreilles de leur
auditoire, composé en grande partie d'employés de chemin de fer et
de quelques curieux, les deux agitateurs aient recruté de nouveaux
adhérents à leur triste cause ».
**«
— A propos de la réunion antisémitique qui a eu lieu samedi au
Neudorf, le Journal d* Alsace a reçu de M. le Président du Consistoire
Israélite de Strasbourg, docteur G. Lévy, la lettre suivante :
« Monsieur le directeur, il est de mon devoir de vous remercier
publiquement, au nom du Consistoire Israélite de la Basse-Alsace,
des réflexions pleines de sagesse que vous ont inspirées les attaques
dirigées contre les Israélites dans l'assemblée du Neudorf de
samedi dernier. Obéissant à un noble sentiment de tolérance et de
justice, vous avez infligé à l'odieuse doctrine, repoussée d'ailleurs
par le bons sens et l'honnêteté de nos concitoyens, la flétrissure
qu'elle mérite ; vous vous êtes acquis en même temps des droits
nouveaux à la gratitude de nos coreligionnaires.
» Veuillez agréer, etc.
» Dr G. LÉVY, Président du Consistoire, »
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l'univers ISRAÉLITE ^7
Alsace-Lorraine. — - De 1890 à 1894, î^ y a eu 11 conversions
de juifs au protestantisme et 3 conversions de protestants au
judaïsme.
***
Berlin. — A Strelitz est mort la semaine dernière le professeur
docteur Sanders, auteur connu du Dictionnaire de la langue
allemande.
*
:1c if-
— Vers le même temps, le judaïsme allemand faisait une grande
perte dans la personne du docteur Seligmann Baer, célèbre pour
ses travaux critiques sur la Bible et le Rituel.
— De 1890 à 1894, il y a eu en Prusse i568 conversions d'israé-
iitesau protestantisme et 44 conversions de protestants au judaïsme.
Vienne. — Sur 41 places d'instituteur et 24 places d'institutrice
le conseil municipal a refusé d*en attribuer aucune aux postulants
de confession mosaïque.
— On cite la spirituelle réponse du baron Banffy à Tempereur,
qui lui demandait pourquoi le libéralisme hongrois ne gagnait pas
l'Autriche, alors que l'antisémitisme se propage dans la monarchie :
« C'est que, répondit le président du Conseil, la santé n'est pas con-
tagieuse ; il n'y a que les maladies qui le soient. »
**#
Russie. — La ville de Schpola, dans la province de Kief, vient
d'être dévastée par une foule de paysans qui, ayant pris parti pour
l'un d'entre eux dans une querelle avec un forgeron Israélite, sacca-
gèrent de fond en comble une centaine de maisons, d'entrepôts et
de magasins Israélites d'où leurs femmes et leurs enfants ont
emporté tout ce dont ils ont pu s'emparer.Le pillage a duré plusieurs
heures.
**«
Budapest. — Un rabbin vingtième siècle, — Nous croyons pou-
voir désigner ainsi le rabbin Lichlenstein qui dans une brochure
écrit ce qui suit : ... « Quittez vos préjugés, dégagez votre raison,
et quand vous aurez purifié votre sentiment religieux, l'Ancien et le
Nouveau Testament vous apprendront et vous convaincront irrésis-
tiblement que le Christ est notre seul espoir, notre sauveur et
notre messie, que c'est lui et nul autre qui nous conduira à Sion,
dans la maison de notre Dieu. » Pendez-vous, rabbins d'Amérique,
vous voilà dépassés !
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aS l'univers Israélite
Saint-Pétersbourg. — La loi sur le monopole de Talcool est
entrée dans la période d'application. On se demande avec terreur
ce que vont devenir les 38,ooo familles juives qui vivaient du com-
merce d^ Talcool. "
Gzernieyow. — Les paysans excités par les antisémites se sont
précipités sur les juifs, pour les empêcher d'exercer leurs droits
d'électeurs.
»%
Spola (gouvernement de KiewJ. — La population s*est livrée à
toutes sortes d'excès sur les juifs. Elle a pillé de nombreux maga-
sins juifs et causé des dégâts considérables. Les juifs, qui n'étaient
pas en force, ont passé plus de quarante-huit heures dans les caves,
et beaucoup seraient morts de faim sans Tintervention du gouver-
neur à la tête d'une compagnie de Cosaques.
**♦
Turquie. — On écrit de Smyrne :
« Mme la baronne de Hirsch, qui a mis il y a quelque temps à la
disposition de la communauté israélite de Smyrne une somme de
5o,(xx) francs pour la construction d'une école primaire, vient de
décider la création, aux environs de Smyrne, de tout un faubourg
qui, sur la proposition et le désir des Israélites smyrniotes, devra
porter le nom de « quartier Clara de Hirsch ». Ce quartier servira
d'habitation aux Israélites de Russie réfugiés dans cette ville depuis
trois ans. Ces familles sont au nombre de cent cinquante. A part la
somme importante qu'exige la construction de ces habitations, la
donatrice s'est offerte à fournir des instruments aratoires et des
capitaux à tous les membres de cette petite colonie. Une école et
une synagogue seront bâties au centre dudit quartier. >>
***
Constantinople. — Dans le projet élaboré par les puissances
en vue des réformes à introduire en Turquie, il est question d'un
Conseil d'Etat où tous les plus hauts dignitaires de chaque reli-
gion auraient leur place et auraient droit à des sentinelles.
* *
Sofia. — Une députation de notables juifs s'est rendue auprès
du patriarche de Bulgarie, pour lui demander d'intervenir au sujet
de Taccusation de meurtre rituel, dont les juifs ont été plusieurs
fois l'objet dans ces derniers temps. Le patriarche a invité les juifs
à envoyer une pétition au synode bulgare et les a assurés de son
plus entier appui, vu l'ineptie de l'accusation.
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L'UNiyERS ISRAÉLITE 29
La Crète. — Cette île, qui en ce moment occupe tous les esprits,
a une population juive de '3,2oo individus. Les savants disputent si
Kaphtor de la Bible désigne oui ou non la Crète. Nous savons par
Philon et Josèphe que des juifs ont habité Tîle, du temps où elle
devint province romaine. Au moyen-âge il y fleurit dlmportantes
communautés, entre autres celle de Candie. Les juifs jusqu'à ces
derniers temps vivaient en bonne intelligence tant avec l'élément
musulman qu'avec l'élément chrétien. Plusieurs d'entre eux occu-
pent des situations distinguées; c'est ainsi que M. Franco, inter-
prèle du consulat français, et M. Segré, consul d'Italie, sont
israélites.
{Allgem. Zeit, des Jiiden,)
* *
Les juifs de la Canée et de toutes les villes environnantes ont
abandonné leurs demeures et ont trouvé un abri temporaire à
Smyme, Salonique et Alexandrie. La plupart d'entre eux sont dans
«ne situation très critique et font un appel pressant à la sympathie
de leurs coreligionnaires. Toutes les synagogues des grandes villes
sont fermées et, bien que presque toute la population juive de la
Canée ait fui, le grand rabbfn, Haham Eblagon, est resté à son
poste.
Le Coosistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéraly 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
Pension de vieillards. — Vie de famille simple et confor-
table. — Grand jardin. — Dirigée par Mme Velle, ;22, rue
Rigault, à Nanterre, à i8 minutes de Paris. — Prix modérés. —
Chambres meublées ou non. — Références : M. le rabbin Weill.
JOSEPH LÉVY
Ancien élève de l'Ecole de Travail de V Alliance israèlite
RÉPARATIONS DE MEUBLES EN TOUS GENRES
14, Rue Ste-Croin^-de-ia-Bretcinnerie, 14
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ê
3o l'univers isbaelitb
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MAISON RENE HAUSER
6i, Ruç de V Arcade, 6i (en face la Gare St-Lazare)
Spécialité de Kougelopfs. — Cuisine sur commande. — Se charge
des repas des Berith-Milah, Bar-Mi tzwah, Mariages, etc. -
Pâtisserie de Pâque, Matzoth.
TÉLÉPHONE
LA DYSPEPSIE (Maladies d'estomac)
se guérit sûrement, promptement et radicalement par la Bucasbline
(extrcdt concentré des plantes du Brésil), une des plus merveilleuses
découvertes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots ses principaux symptômes : Troubles
de la digestion, avec ou sans perto d'appétit, après les repas ;
lourdeur, crampes, brûlures à Testomac, renvois, vomissements,
constipation. Douleurs de tête, vertiges, inaptitude au travail,
amaigrissement, faiblesse générale. — Qu'a-t-on fait jusqu'à pré-
sent pour guérir ces malades? On les a bourrés de médicaments
chimiques qui abîment Festomac, au grand détriment de leur appétit,
de leurs forces et de leur état général.
La Ducasbline, médicament végétal absolument inoffensif, est
cependant d'une eflîcacité telle qu'au bout de quelques jours on
sent déjà une amélioration sensible, et la guérison radicale est
obtenue au bout de quelques semaines.
La maladie guérie ne revient plus, et les forces se maintiennent
par l'usage de la Ducasbline,
Des centaines d'attestations prouvei;it la supériorité et l'infailli-
bilité de cette méthode, appliquée exclusivement et avec le plus
grand succès à l'Institut Médical rationnel, 19, rue de Clichy, à
Paris, qui guérit, avec le môme succès, par la série des Ducasbline,
la goutte, le rhumatisme, le diabète, l'albuminurie, les bronchites
et les tuberculoses.
Consultations de 3 à 5 heures et par correspondance, 5 francs.
— Visites à domicile. — Brochure avec traitement contre bon de
poste de un franc .
D"^ André de Marcilhac.
Prix du flacon de Ducasbline W* i, spécial pour la dyspepsie :
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pharmacies.
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Herausgeber : Dr. Louis Neusladl in Breslau
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schau, Zeitungsschau, Verlïigangen und Entscheidungen von Be-
hœrden. 8u*Dograph. Berichte wichtiger Parlaments-Verhandlungcn.
Urlheile bcrûhmler Maînner ûber Juden und Judenthum, Ciemeinde-
Schul- und Vereinsleben, Sliftungen, Personalien, Siemmtliche ausge-
schriebene Stellen mit statist. Angaben, Stellenannahmc fur ver-
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52* Année N* 28 2 Avril 1897
l INIVEI IS
ISRAÉLITE
Journal des Prineipes Conservatears dn Judaïsme
POMDâ PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, ^5.;
somuiaire
Calendrier de la Semaine.
Le Scrutin du 28 Mars.
Religion et Pratique.
Les Désordres de Vibinne.
Lettre de Nancy.
Les Colonies juives:
Une Conj^^rence a l' « Union scolaire ».
Un PoirRiM BIEN fêté.
L'Antisémitisme en Province.
Dons en faveur des œ'Jvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 hU, rue Lafayette.
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28
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Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, l'mstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le progranune de la i'" section comprend
l'étude des sciences conunerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a» section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Gondorcet et du
Collège RoUin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895- 189e, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
(£rakxùfxxtt Mtaélitz îre la Semaine
Avril.
3
4
Samedi (Fin du sabbath à 7 h. 2^)
Dimanche
Nissan.
1
.. .. 2
5
Lundi ,
3
6
Mardi
4
"^
Mercredi
5
8
Jeudi
6
9
Vendredi
7
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 heures .
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 h. 1/2; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 h. 1/2; ae-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Serçice solennel de Min ha (Samedi)
Rue de la Victoire : A 4 heures; rue des Tournelles : A 2 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Kann (André), 58, avenue du Bois-de-Boulogne.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Quelles (Jacob), .38, rue des Roïsiers.
Margolis (Philippe), 53, rue des Fr»ncs-Boargeois.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Mardi, 6 avril, à 2 h. 1/2. — M. Simon (Maurice), négociant, 23, rue Saint -
Lazare, et M"« Olivetti (Ernestine), 53, blv. Beanséjettr;
Jeudi, 8 avril, à 2 h. 1/2. — M. Lévy (Marx), négociant, 12, rue de^^J^phi-
quier, et M"« Rothschild (Alice), 13, rue desSaints-Péres. ^
Jeudi> 9 avril, à 3 h. 1/2 — M. Streep (Hartc^l, lapidaire, 192,*^ f^:^g5^Sai ut-
Martin, et M"« Amsel (Agiithe), 21, rue Jean-Robeirt.
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TEllPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETB
Jeudi, 8 avril, à 2 heures. — M. Kahn (Georges), négociant, 331, rue Saini-
Martin, et M"« Bauor (Lucie), 57, rue Moslay.
Jeudi, 8 avril, à 2 h. 1/2. — M. Lévi (Léon), vernisseur sur cuirs, à Saint-
Denis, ot M"e Klein (Berthe), employée de commerce, 112, bou-
levard Belleville.
Décès
25 mars. Aschkinasi (Abraham), 2 ans, rue Picpus. 76.
26 — Alexandre (Armand), 55 ans, rue Guy-Patin, 5.
— Oppenheim (Godehaux], 79 ans, blv. Bonne-Nouvelle, 26.
i^ — Bloch (Moïse), 24 ans, rue des Archives, 6.
— Papp Anna), 3 ans, rue du Poteau, 23.
— Sèches (Marcel -Jacob), 47 ans, rue Geoffroy-Marie, 9 bis.
— M™« Vve Lion, née Salomon (Magdeleine), 81 ans, rue Saint- Maur, U.
29 — Nordemann (Louis), 58 ans, rue Picpus, 76.
— Ratzkowski (Jacob), 58 ans, rue Saint-Paul, 13.
30 — Lévy (Charles), 45 ans, rue Picpus, 76.
— M°™<î Vve Schiller (Charles), née Manuel (Fanny), 77 ans, rue
. Montholon, 3.
31 — Aboucaya (David), 75 ans, rue Monceau, 40.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général, Î7 , rue Saint- Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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La Prédication israélite en France; prix : i fr. 5o.
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l'univers ISRAÉLITE 87
lie Scputin da 28 JWaPs
Ainsi qu'on le verra plus loin, M. Henri Aron a été,
dimanche dernier, élu membre du Consistoire central, pour
la circonscription de Paris, par un nombre de suffrages
qui touche de bien près à l'unanimité.
Ce résultat était assurénpient prévu. Trop de sympathies
s'étaient groupées autour de M. Aron, et ses déclarations si
nettes répondaient trop bien au sentiment général de nos
coreligionnaires pour que son élection put être douteuse.
Mais ce qui n'était pas prévu et ce qui ne pouvait l'être,
c'est que cette élection s'accomplit dès le premier tour de
scrutin. Les précédents ne permettaient pas de l'espérer,
car, jusqu'ici,, faute d'un nombre suffisant de votants, le
premier tour était rarement décisif. Les Israélites parisiens
ne se passionnaient guère, en effet, pour les élections de
cette nature dont ils n'apercevaient pas l'intérêt^et la portée ;
ils ne se croyaient pas tenus de s'imposer des dérangements,
qui, à Paris, vu le très petit nombre des salles de vote, sont
souvent considérables, pour participer à la formation d'une
assemblée dont le rôle leur échappait, dont les travaux
leur étaient inconnus et qui semblait planer dans quel-
que région inaccessible. Ils ne se rendaient d'ailleurs pas
compte qu'un corps élu est toujours l'image du corps élec-
toral qui le nomme et que si le Consistoire central n'avait
ni initiative, ni énergie, c'était parce que ses mandants
eux-mêmes étaient sans ressortet sans ardeur. Mais la leçon
des événements a fini par s'imposer aux plus indifférents.
Devant le péril toujours croissant de l'antisémitisme, les
électeurs consistoriaux ont enfin secoué leur torpeur et ils
sont accourus en foule au scrutin. C'est là précisément ce
qui caractérise l'élection de dimanche dernier. Elle marque
chez nos coreligionnaires un véritable réveil.
Nous avons d'ailleurs la confiance que cette renaissance
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38 l'univers ISILAÉLITE
à la vie sera fertile en heureux résultats. Il est impossible
que le souffle vivifiant qui a passé sur le corps électoral
ne pénètre pas également dans le sein du Consistoire cen-
tral et ne le tire à son tour du sommeil léthargique où il est
plongé. Ce qui nous rassure pleinement à cet égard, ce sont
les conditions mêmes où la nomination de M. Aron a eu
lieu et qui ne permettent pas de la considérer comme
un simple témoignage de sympathies personnelles. Le
Consistoire central n'ignore certainement pas les explica-
tions et les déclarations qui l'ont précédée et il connaît le
sens très précis qui s'y attache. Il sait que les électeurs
veulent désormais être défendus. Et ce vœu s'imposera
à son attention avec une autorité d^autant plus impérieuse
qu'il émane d'une circonscription qui représente à elle
seule plus de la moitié du judaïsme français.
Maintenant, il convient de ne pas se dissimuler que la
tàehe à accomplir, qui est complexe et difficile, qui récla-
mera d'autant plus d'efforts qu'elle a été plus longtemps
négligée, ne saurait incomber uniquement au Consistoire
centrai. Il ne faut pas que les électeurs s'imaginent que,
parce qu'ils ont choisi un délégué plein de zèle et de
dévouement et qu'ils lui ont confié un mandat bien déter-
miné, ils ont fait tout ce qu'ils avaient à faire et n'ont plus,
pour sauvegarder leurs droits menacés, qu'à se reposer sur
la vigilance et la fermeté de leurs représentants officiels.
Non! si le Consistoire central a des devoirs et s'il n'est pas
inutile de Les lui avoir rappelés., les électeurs ont aussi les
leurs, et l'œuvre si louable qu'ils ont accomplie dimanche
dei^er serait absolument vaine si elle devait, rester sans
lendemain. Il importe donc que nos coreligionnaires de la.
circonscription parisienne continuent^ après comme avant
l'élection, à serrer les rangs et à se sentir les coudes. A la
réunion préparatoire qui a été tenue le i6 mars dernier
cité Rougemont, les présidents des Sociétés de secours
mutuels à qui revient le mérite de l'avoir oi^anisée. ont
annoncé qu'ils ne s'en tiendront pas là et qu'ils se propo-
sent de convoquer, même en dehors des périodes électo-
rales, d'autres réunions qui puissent permettre à nos core-
ligionnaires de débattre leurs intérêts et de se concerter en
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l'univers ISRAÉLITE 39
vue d'nne action commane. C'est là une idée heureuse et
qui peut devenir féconde. Nous espérons qu'elle ne tar-
dera pas à se réaliser.
B.-M.
M. Henri Aron, élu dimanche dernier memhre du Consis-
toire central pour la circonscription de- Paris, adresse aux
électeurs consistoriaux la lettre suivante :
Mes chers cordigionnaires.
Votre empressement à prendre part aa scrutin du
aS mars et le nombre important de su£Prages que vous avez
bien voulu m'accorder attestent votre confiance dans la
sincérité de mes déclarations.
Je vous en remercie et vous en suis profondément
reconnaissant.
Vous pouvez compter sur moi : mes actes seront con-
formes à mes promesses.
Veuillez agréer, mes chers coreligionnaires, la nouvelle
assurance de mon entier dévouement.
Henri Aron.
Paria, le 30 mars 1897.
Religion et Pratique
Les lecteurs de ce journal doivent trouver que le tournoi que
nous avons engagé, mes antagonistes et moi, dure trop
longtemps, et ils verraient sans doute avec plaisir VUnwers
israélite passer à d'autres exercices.Qu'ils veuillent bien prendre
patience encore cette fois. 11 est à espérer que la discussion
sera close, non pas que je nie flatte de convaincre mes contra-
dicteurs, mais les positions seront nettement établies, et les
lecteurs pourront eux-mêmes tirer de ces débats leurs conclu-
M. J. W. et M. DelvaiUe me reprochent tous deux d'avoir
traité dédaigneusement les dogmes ; seulement M. W. attaque
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4o l'univers ISRAÉLITE
en détail mes arguments, tandis que M. Delvaille m'oppose sa
conception personnelle du judaïsme. Je me vois obligé, par
conséquent, de répondre séparément à mes deux adversaires,
et je regrette de devoir allonger mon plaidoyer.
Je reprendrai d'abord une à une les objections de M. J. W.,
et, pour que la brièveté de mon exposé ne nuise pas à la clarté,
je mettrai entre deux guillemets les opinions que me prête
M. W. et entre^simples guillemets les pensées de M. W. lui-
même.
Commençons par rappeler exactement la thèse que j'ai
défendue. M'adressant à des Israélites qui ne croient pas à
l'origine surnaturelle de la religion, je leur disais : Croyez au
moins que vous avez, en vertu de votre naissance, des devoirs
de solidarité envers vos ancêtres et envers le judaïsme. Les lois
religieuses existent, quelle qu'en soit l'origine, et sont obliga-
toires pour nous tant qu'elles ne sont pas abrogées.
Voyons maintenant ce que M. W. me fait dire : « « Etre né
juif, telle est la condition fondamentale pour qu'on soit juif et
pour qu'on soit tenu de faire acte de judaïsme. » » Ceci est
tellement évident que je ne crois pas l'avoir dit. M. W. ne
pense certainement pas que le judaïsme soit obligatoire pour
les non-juifs. Le judaïsme n'est pas une religion catholique,
c'est-à-dire universelle. Si l'on n'est pas né juif, on n'a aucun
devoir envers le judaïsme. « « Cette condition sudit pour nous
imposer tous nos devoirs de juif. » » Je n*ai pas examiné la
question de savoir si c'étaient toutes les pratiques, la moitié ou
le quart que nous devions observer. J'ai parlé du principe, non
de l'application.
« « D'où vient à la religion cette autorité souveraine que
ma seule naissance me force d'accepter sans révolte ? C'est une
question que je puis me poser si je veux ; la solution n'entraî-
nera aucune conséquence pratique. » » Plus loin, M. W. déclare
que, d'après moi, la question de l'autorité de la religion est
indifférente. M. W. m'attribue une confusion qui n'existe que
dans son esprit. J'ai dit que l'autorité et l'origine de la religion
étaient deux choses distinctes et qu'une religion pouvait être
obligatoire quelle que soit l'origine qu'on lui assigne. Toutefois,
je n'ai pas prétendu que le problème de Torigine des religions
fût chose indifférente.
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l'univers ISRAÉLITE 4^
« a C'est une yaine curiosité que de se demander si les lois
qui ordonnent les pratiques sont d'origine divine ou si c'est la
crédulité de nos ancêtres qui les a perpétuées jusqu'à nous. » »
M. J. W. substitue le mot divine au mot surnaturelle dont je
me suis servi dans le cours de mes articles. Si M. J. W. admet
que ces deux termes sont identiques, qu'il le dise et le prouve,
mais c'est ce qu'il ne fait pas. Et l'ensemble de sa phrase n'a
rien de commun avec les idées que j'ai exprimées. Je n'ai pas
parlé de vaine curiosité, encore bien moins de la crédulité de
nos ancêtres. Je n'appartiens pas à l'école de Voltaire, qui
voyait dans tous les législateurs des imposteurs et dans tous
les gens religieux des dupes. M. W. devrait aussi savoir que les
modernes qui nient l'origine surnaturelle des lois croient ces
lois antérieures aux recueils qui les contiennent. Ce n'est donc
pas la crédulité qui aurait fait accepter les lois et les aurait
perpétuées .
M. J. W. me reproche ensuite d'invoquer tantôt la naissance,
tantôt la solidarité, sans recourir à aucune- idée morale. Ce
reproche n'est pas sérieux. D'abord la solidarité est toujours
une idée morale : autrement elle n'aurait aucun sens. Ensuite
toute solidarité est fondée sur la naissance, car la religion
juive comme la nationalité sont héréditaires. Ce qui n'est pas
évident, c'es^t que le hasard qui nous fait naître français ou juifs
nous impose des obligations envers la France et envers le
judaïsme. Pour accepter ces obligations, il faut un acte de foi.
La foi est donc nécessaire pour fonder les devoirs de solidarité
sur la naisscmce.
Quant à la différence que M. W. veut établir entre la soli-
darité religieuse et la solidarité patriotique, je ne la saisis pas.
M. W. me semble avoir embrouillé sa démonstration. « La
solidarité tout élémentaire fondée sur la naissance peut seule-
ment, dit M. W., convaincre un juif qu'il est obligé de rester
juif de nom, mais rien de plus. » Ce n'est guère, en effet; autant
dire rien du tout. « Pour la patrie, la naissance suffit à fonder
l'amour de la patrie.... De même il y a un patriotisme moral
qui fait qu'on est tenu d'aimer la religion où l'on est né. »
M. W. me parait ici se contredire : aimer la religion et rester
juif de nom, cela ne revient pas au même. « Mais, si du fait que
l'on naît français je vois bien qu'on est instinctivement porté à
28.
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4^ l'univers ISRAÉLITE
aimer la France, ^e ne vois pas du tout en revanche qu'à côté du
respect de la loi et de la constitution en vigueur dans notre
pays il n'y ait pas de plaee pour Tesprit d'indépendance qui fait
juger à de très bons Français que les codes sont surannés et que
l'édifice de la législation est caduc. » M. W. veut parler de
quelques lois particulières, car, à part les anarchistes, personne
n'a eu l'idée de supprimer les codes et de raser Tédiûce de la
législation. « En vain, M. R. T. dirait que les firondeurs en
politique eux-mêmes se soumettent aux lois et que de même les
juifs les plus indépendants doivent obéir au Schulchan Arouch;
je ne sache pas que ce soit par respect pour la loi que le com-
mun des Français paye par exemple ses contributions. Et l'on
ne peut pourtant pas forcer manu militari des gens qui sont
d'ailleurs pleins d'estime pour le judaïsme à aller au temple ou
à porter des phylactères. » J'avoue que je ne comprends pas,
parce que la masse des Français ne paye ses impôts que
contrainte et forcée, qu'il en résulte que Ton ne peut comparer
les devoirs religieux aux devoirs patriotiques. Il y a d'autres
obligations envers le pays que le paiement des impôts. Ensuite
M. W. admet-il qu'on fraude TEtat, quand il n'y a aucun danger
à le faire f Si oui, il peut se dispenser aussi des devoirs reli-
gieux. Ensuite qu'est-ce que la force militaire a à voir dans des
obligations morales ? Enfin, que sont ces gens pleins d'estime
pour le judaïsme qui ne vont même pas à la synagogue ?
« Non, cette solidarité d'humble origine n'aura jamais toute
la vertu que lui prête M. R. T. Et cela est si vrai que, pour rendre
sa thèse acceptable, M. R. T. est obligé de parler de la force
morale du judaïsme et de la noblesse des doctrines qu'il a fait
connaître au monde. » J'avais écrit « que nos coreligionnaires
réfléchissent bien qu'en se retirant du judaïsme pratiquant ils
se privent eux-mêmes et privent surtout leurs descendants d'une
force morale qui ne se remplace pas, qu'ils considèrent aussi
ee qu'ils doivent à leurs ancêtres, ce qu'ils doivent au judaïsme
àofàX ils sont issus. » M. W. confond la force morale que donne
la pratique d'une religion avec la valeur morale de la
religion et ajoute de son propre cru les doctrines du
judaïsme dont je n'ai pas parlé. Il est bien clair que si
la religion ne devait pas améliorer l'homme et le moraliser elle
serait parfaitement inutile, et ce ne serait pas la peine de
démontrer qu'elle est obligatoire.
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l'univers ISRAÉLITE 0
M. W. me demande comment je concilie mon admiration
sincère des fécondes vérités du judaïsme avec mon dédain non
dissimulé du côté purement dogpïiâtique de la religion. On
verra plus loin le rôle que j'assigne aux dogmes dans la reli-
gion, mais je n'ai rien dit des vérités du judaïsme, n'ayant pas
rhabîtti^ d'eiwployer des termes aussi vs^es.
La solidarité, d'après M. \V., est fondée sur la religion et
ne la fonde pas. Je répondrai qu'il ne s'agit pas de fonder la
religion, mais de la maintenir. Ensuite rien n'empêche d'ad-
mettre que la solidarité fait obéir à la religion et que la reli-
gion fortifie la solidarité. L'une et l'autre se tiennent. M. W.
me concède que la solidarité peut à défaut d^une foi ardente
créer une sorte de piété, de déférence, qui est celle de beaucoup
de bons juifs. Voilà du coup ma thèse qui a gain de cause, car
ces bons juifs valent les croyants ardents. « Mais M. R. T. — et
c'est là, je crois, la source de son erreur — vise expressément
ceux qui sont détachés du judaïsme, et alors son remède me
parait tout à fait chimérique. Comment veut-on que des gens
qui ne pratiquent plus depuis une ou deux générations, et ils
sont légion, aillent s'imposer une sujétion fort pénible, etc. *
J'en demande pardon à M. W. , mais j'ai visé les gens qui se
détachent volontairement du Judaïsme, non pas ceux qui en
sont détachés depuis des générations. J'ai pensé aussi aux
parents, qui, pieux eux-mêmes, laissent leurs enfants en user à
leur guise avec l* religion. Quant à ceux qui ont cessé depuis
longtemps d'être juifs, ils ne pourront être raihenés au judaïsme
q«ie par l'exemple d'autres Israélites.
M. W. termine en m' attribuant l'idée que les pratiques
auraient pour source la superstition, l'imagination fantaisiste
des docteurs et des textes hébreux qui n'ont rien de sacré.M. W.
voudrait-il indiquer où j'ai écrit quelque chose de semblable ?
Qnand on attaque quelqu'un^ il ne faut pas dénaturer sa pensée.
M. W. trouvera peut-être que cette réplique à son essai de
réfutation ressemble un peu à la correction d*un devoir d'élève.
C'est qull m'a fallu arracher un à im les anneaux de la chaîne
que M. W. croyait avoir si solidement forgée. Je pense avoir
montré que mon contradicteur est constamment resté à côté de
mes thèses et de mes arguments.
Passons^ à M. Delvaille. Lui et moi avons des conceptions
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44 l'univers ISRAÉLITE
très différentes des religions en général et du judaïsme en par-
ticulier. Cette divergence va si loin que ce qui, aux yeux de
M. Delvaille, est une cause de faiblesse pour le catholicisme, me
parait être la force du judaïsme, et que ce qui est un avantage,
d'après M. Delvaille, pour le judaïsme, me paraità moi être le
défaut du christianisme. D'après M. Delvaille on ne peut sépa-
rer, dans la religion catholique, les dogmes des pratiques,
tandis qu'on peut le faire dans le judaïsme. Il cite Pascal qui
conseille aux catholiques de is'abêtir, de plier la machine, aûn
d'arriver à croire. Notons en passant que s'abêtir, dans la lan-
gue de Pascal, ne veut pas dire s'abrutir. Pascal engage les
chrétiens à pratiquer afin d'obtenir la foi. Pour lui la foi est
doiic le principal, et si les gens pouvaient croire sans prati-
quer, ce serait parfait. La pratique est seulement un moyen
pour devenir croyant. C'est en plaçant la foi au-dessus des
œuvres que saint Paul a séparé du judaïsme le christianisme,
qui n'était jusqu'alors qu'une secte juive. Il est vrai qu'après
lui la pratique s'est peu à peu réformée dans la religion chré-
tienne, mais elle a toujours été considérée comme inférieure à
la dogmatique.
Si l'apôtre et ceux qui l'ont suivi ont donné une telle impor-
tance aux dogmes, c'est qu'ils vivaient sous l'influence de la
philosophie grecque et qu'il fallait à tout prix que la religion
supplantât la philosophie. Tandis que le judaïsme était pure-
ment une religion d'action, le christianisme a voulu devenir
une science, et il est le produit bâtard de la religion antique et
de la philosophie. La théologie a pris alors une importance
capitale et a fini par envahir le judaïsme lui-môme, qui jusque-
là n'avait eu que les croyances pratiques, si l'on peut s'expri-
mer ainsi. Croire en Dieu Un, c'était croire à une morale uni-
que. Admettre le messianisme et la résurrection des morts,
c'était affirmer que Dieu récompensera les bons et punira les
méchants. Mais de la théologie pour de la théologie, nos an-
cêtres aux temps bibliques et talmudiques n'en faisaient pas.
C'est au moyen-âge que nos théologistes, qui étaient des philo-
sophes, ont essayé de concilier nos traditions religieuses avec
les idées scientifiques du temps. Ils y ont réussi plutôt mal que
bien.
Pour ma part, je crois qu'on devrait revenir à l'ancienne
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l'univers ISRAÉLITE . 4^
manière de comprendre la religion et ne pas traîner le
judaïsme à la remorque du christianisme.
Remarquons aussi qu on fait tort à la religion quand on
oppose la foi aux pratiques, en prenant la foi dans le sens le
plus large et le? pratiques dans le sens le plus étroit ; les prati-
ques comprennent la morale, dont la religion proprement dite
forme la haie protectrice, tandis que les dogmes sont l'explication
de la morale. Cette explication peut ôtre jugée nécessaire, elle
Test certainement,mais elle est subordonnée aux opinions indi-
viduelles dès qu'elle sort des idées les plus générales et les plus
indémontrables : l'idée de Dieu, du libre-ai'bitre, de la rémuné-
ration. Et ici je réponds de nouveau à M. Delvaille qu'on ne
peut mettre la révélation au même rang que ces dogmes, parce
que c'est un fait historique, qui tombe sous l'appréciation des
historiens et des savants. Qu'on y croie, c'est très bien, mais
que devons-nous faire de ceux qui n'y croient pas ? Les aban-
donner? Je ne puis m'y résoudre, et je crois que si l'on n'avait
pas, à l'instar du christianisme, attribué aux dogmes une trop
grande valeur, bien des bons esprits n'auraient pas faussé
compagnie au judaïsme. Les pratiques peuvent se modifier,
qcland elles sont devenues impraticables. Les dogmes, une fois
déclarés obligatoires, prétendent imposer à la raison humaine
des limites étroites. Or, la raison a toujours)le dernier mot, et,
si l'on fait dépendre la religion de théorèmes philosophiques,
on risque de la perdre.
Je répète que je ne dédaigne pas les dogmes, car l'esprit de
rhomme se demande toujours et partout le pourquoi des choses,
la raison des lois morales et physiques, et il lui faut une
réponse quelconque. Mais on ne saurait placer l'explication
au-dessus de la chose à expliquer et se contenter de croire en
Dieu sans observer ses lois. Nos treize articles de foi ne sont
pas le fond du judaïsme ; ils en sont la philosophie, et la philo-
sophie, comme toutes les sciences, est soumise aux fluctuations
de la pensée humaine.
R. T.
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46 l'univers ISRAÉLITE
LES DÉSORDRES DE VIENNE
Les Débats ont reçu de 4ear correspaBdafit de Vienne la lettre
suivante :
Les excès et les désordres dans le 2« arrondissement de
Vienne ne peuvent surprendre ceux qui ont suivi d'un œil
désintéressé et attentif l'agitation démagogique des antisé-
mites, tolérée avec tant de complaisance depuis des années par
les autorités. Ce qui est arrivé devait arriver de toute nécessité
et arrivera encore dans des proportions plus fortes ; on n'excite
pas gratuitement la populace par des discours incendiaires où
Ton répète impunément qu'il faut chasser les juifs, qu'il faut les
pendre, sans qu'à la fin cette populace passe des paroles aux
actes et se mette sérieusement au travail, en démolissant,
pillant et dévastant les maisons et les boutiques des juifs, et en
menaçant ceux-ci même dans leur sûreté personnelle .
Le 2« arrondissement, la Leopoldstadt, était auti*efois le
ghetto de Vienne; les juifs y demeuraient et y demeurent
encore en masses compactes, quoique le faubourg n'ait plus
rien d'un ghetto. Bien au contraire, c'est un des quartiers les plus
élégants de Vienne et le Coi*so par où Ion arrive au Prater. Or,
c'était précisément ce quartier des juifs que Lueger, le chef des
antisémites, avait choisi, par une iix)nie cruelle, pour s'y faire
élire député à la Diète ; et il y réussit grâce au terrorisme
exercé par ses partisans et grâce aussi à la poltronnerie des
libéraux.
Aux dernières élections parlementaires une réaction s'y fit
sentir ; Lueger lui-même n'avait pas daigné accepter le mandat
du Il« arrondissement : il s'était réservé celui de la V« curie,
au VI* arrondissement, et avait désigné, comme candidat des
antisémites, l'abbé Dittrich, un de ces vicaires acharnés à
prêcher la croisade contre les juifs. Aux élections du 9 mars,
grâce à la division qui régnait entre les libéraux, il y eut
ballottage, et les électeurs furent de nouveau appelés aux urnes
le 22 mars. La victoire resta définitivement aux libéraux ; leur
candidat, un juif, le conseiller aulique docteur Kareïs,
l'emporta.
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l'uNIYS&S ISRAÉLITE fy]
Quoi d'étoxmant que la foule antisémite, déçue dans son
espoir de voir tous les députés de Vienne se rang^er sous les
ordres de Lueger, excitée de plus par des libations copieuses
de toute la joumée,en vînt à des excès déplorables ? Elle se rua
sur les cafés, sur les magasins appartenant à des juifs. On ne
démolissait pas seulement, on volait et pillait aussi, et, chemin
faisant, on rouait de coup les juifs qu'on rencontrait ; un d'eux
a même reçu un coup de couteau dans le dos. Et la police
n'intervint mallieureusement que trop tard, lorsque la dévas-
tation avait déjà accompli son œuvre,que, sur les cris d'alarme,
les propriétaires des magasins dans les rues menacées avaient
déjà fermé leurs boutiques. D'ailleurs, les démolisseurs n'oppo-
saient nulle part de résistance ; après avoir bombardé les
fenêtres, les étalages, ils se sauvaient au plus vite pour
recommencer plus loin.
Le comble, c'est que maintenant les feuilles antisémites
disent que les désordres sont l'œuvre d'agents provocateurs
payés par les juifs. Les socialistes vont employer, comme arme
politique, le boycottage, imitant en cela l'exemple des anjtisé-
mites ; de même que ces derniers vont crier partout : « N'achetez
pas chez les juifs! », de même les socialistes se mettent à
boycotter les industriels antisémitiques, en ne fréquentant
plus des établissements dont les propriétaires se sont déclarés
contre eux et n'achetant plus rien chez les épiciers ou marchands
antisémitiques. Les haines politiques influent vraiment trop
sur les relations sociales dans ce pays.
LETTRE DE NANCY
Une conférence sur Henri Heine, — Discours de M. le
grand rabbin de Nancj^
Monsieur le Rédacteur en chef,
La date fiiLée pour FAssemblée générale de la Société de confé-
rence et de lecture, et qui était le ii mars, coïncidait avec la qua-
trième conférence de Fhiver i896-i897, faite par M. Geismar, bour-
sier d'agrégation et ayant pour sujet Henri Heine.
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48 l'univers ISRAÉLITE
M. Geismar avait déjà caractérisé Phiver dernier la part prise
par le judaïsme dans la Uttéralure allemande ; mais, n'ayant pu en
une seule causerie épuiser un si vaste sujet, il avait dû réserver une
grande partie de la question.
Heine possède au suprême degré les trois caractères distinctifs
du génie juif, ou, du moins, pour mieux dire, de ce génie particulier
que l'intolérance et la compression développèrent chez les juifs et
qui est en train de disparaître avec tant d'autres qualités intellec-
tuelles et morales. 11 a la philosophie, le lyrisme, l'esprit de saUlie.
Il est Français par son esprit et par son cœur.
M. Geismar a divisé sa conférence en deux parties. Dans la pre-
mière, il retrace la vie de Heine ; dans la seconde, il apprécie ses
œuvres et son génie tout personnel.
M. Geis'mar fait ressortir l'influence qu'eut sur Heine le milieu fait
de douceur, de bienveillance, d'indulgence, oix il passa les premières
années de sa jeunesse, l'amitié dont il se prit pour le tambour Le-
grand, qu'il a immortalisé, son amour malheureux pour sa cousine
Amélie, le profond désenchantement qui en résulta pour lui et qui
contribua à donner à sa poésie un cachet tout personnel. Après
avoir infructueusement cherché à entrer dans diverses carrières, ce
qui l'avait même conduit à se convertir, il se consacra exclusive-
ment aux lettres.
Dans l'âme de Heine existent côte à côte deux sentiments dont
l'association paraît d'abord impossible, <c deux fleurs étranges
mêlant leur parfum. » Aucun poète dans aucune littérature ne pro-
duit une impression aussi étrange. Tantôt c'est le poète généreujp
qui s'enthousiasme pour les nobles causes, ou qui plaint les souf-
frances de ses coreligionnaires. Tantôt c'est le philosophe sceptique
qui éclate d'un rire amer et se moque de ce Heine qui rêve et qui
pleure.
Vers la fin de sa vie, il regretta sa conversion et revint à la foi,
ou, du moins, à l'inspiration juive.
Heine est certainement l'égal des plus grands poètes lyriques. Il
est impossible de se rendre compte de son génie, si l'oû oublie
qu'il est juif. Sous son rire railleur, on devine cette douleur qui
semble l'écho dix-huit fois séculaire des souffrances d'un peuple qui
n'eut d'autre vengeance que cette âpre ironie des prophètes de la
Bible transportée dans les sombres demeures du ghetto.
Immédiatement après la conférence de M. Geismar, accueillie
avec une faveur marquée, l'Assemblée générale de la Société eut
lieu sous la présidence de M. le grand rabbin Bloch.
M. le président fait part des excuses de MM. Charleville, Ray-
mond, Caen, Alfred Lang, membres du comité, empêchés d'assister à
la séance.
M. le grand rabbin fait remarquer ensuite que, bien que cette
première assemblée générale soit en elle-même un fait minime, elle
marque peut-être une date dans l'histoire de la Communauté de
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l'univers ISRAÉLITE 49
Nancy el même du judaïsme français. Celui-ci, dit-il, est en voie
de transformation, on ne peut pas le contester. La Révolution, en
l'émancipant, Ta projeté hors de ses voies traditionnelles, et depuis
lors il ressemble à un torrent débordé qui a quitté son lit et qui ne
sait pas où s'arrêter. Où va-t-il ? Sûrement au but glorieux que
Dieu lui a assigné et qui est le bonheur de Thumanité. Par quels
chemins mystérieux et détournés ? Nul ne le sait, si ce n'est celui
qui est le maître du temps et de l'espace, qui a placé la lumière près
des ténèbres, le Sinaî non loin de l'Egypte. Autrefois isolé du monde
extérieur, il se nourrissait de piété, de foi,de vie de famille, des
mille cérémonies touchantes du culte public et privé. Aujourd'hui
fusionné avec la société ambiante qui le sollicite par tous les besoins
et par tous les plaisirs, qui le prend dans son engrenage et menace
de le dévorer, il n'a plus rien de ce qui défendait l'intégrité de son
Ame, il n'a plus ces fojiers qui Talimen talent de pensées et de senti-
ments, ces sources où il retrempait sa vitalité, son éternelle jeu-
nesse. 11 faut donc que, semblable aux serviteurs de patriarches, il
s'en aille dans le désert creuser des puits nouveaux en remplace-
ment de ceux que les Philistins ont comblés.
Un des plus efflcaces moyens d'édiflcation et de sanctification
était naguère encore les réunions pieuses que les confréries, les
hébroths organisaient chaque samedi, et où des savants renommés
ne dédaignaient pas de venir glorifier la religion, vulgariser
la science, ouvrir à la foule avide de s'instruire les trésors
de l'histoire et de la morale. Une faute a pour conséquence une
autre faute : la violation du sabbat a été la ruine de cet enseigne-
ment populaire, qui répandait dans les masses des connaissances
sérieuses et surtout y entretenait, y réchauffait le sentiment israélite
avec toutes les vertus domestiques et sociales qui lui font cortège.
La perte était grave, il fallait la réparer au plus vite. C'est ainsi que
Péminent grand rabbin de France, qui comprend si bien les besoins
de son temps et de son pays, fut amené à préconiser, comme un
remède au mal, l'œuvre des conférences. L'exemple avait déjà été
donné à l'étranger, les résultats avaient été satisfaisants. L'idée,
lancée dans notre Communauté, y rencontra une faveur inattendue.
Des collaborateurs vinrent des points les plus opposés de l'horizon.
De leur entente sortit notre Société, qui est sur le point de terminer
le deuxième cycle de ses conférences et qui s'honore d'avoir été la
première dans son genre à fonctionner en France.
Ce qu'il y a d'original et particulièrement intéressant dans cette
création, c'est qu'elle ressuscite en notre siècle de civilisation raf-
finée un spectacle des temps primitifs, de ces temps héroïques où la
Palestine subjuguée vibrait de foi et d'enthousiasme el se préparait
à mourir pour sauver son idéal religieux. La parole vivante était
alors la base du culte comme l'âme de l'enseignement, et ceux qui
la portaient devant le- peuple, ce n'étaient pas, le plus souvent, des
orateurs attitrés, des professionnels, mais le premier venu dans
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5o L'UNïVEaS ISRAÉLITE
rassemblée, celai que soa cœur poussait, les hommes qui se distia-
gualeat par leur science, par leur piété, ou tout simplement par leur
amour de la vérité et de la justice.
On s'instruisait les uns les autres, et il n*y avait personne dont
on' dédaignât d'apprendre quelque chose. C'est exactement Fespirit
de notre Société. Nous sommes heureux de venir écouter tour à tour
ceux qui veulent bien nous apporter le fruit de leurs méditations
ou de leurs travaux, non sans une prédilection marquée pour les
plus jeunes, parce qu'ils attirent comme llnconnu et qu'ils séduisent
comme l'espérance. La jeunesse, c'est une promesse qui se lève ; la
jeunesse, c'est l'avenir qui s'avance ; et il est doux de constater que
dans toutes les directions où ses études la conduisent, elle n'oublie
pas que, par-dessus tous les devoirs qui lui incombent, par-dessus
tous les services qu'^e est appelée à rendre, par-dessus
toutes les gloires qui l'attendent, il est pour elle une gloire unique,
un devoir inéluctable, une belle cause à servir, celle d'cdmer, de
respecter, d'honorer le judaïsme, de se serrer autour de son dra-
peau séculaire, de faire front à ses ennemis, de prouver par une
courageuse fidélité que s'il n'a en ce moment ni le nombre, ni la
puissance, ni la faveur, ni le repos, il a mieux que tout cela : il a la
force des choses divines et impérissables, la force qui est dans la
vérité, dans le droit, dans le progrès, la force d'exciter l'enthousiasme
de nobles âmes et d'inspirer les grands et sublimes dévouements.
La bibliothèque a eu moins de succès que les conférences. Les
emprunteurs de livres ont été rares, les lecteurs sur place encore
davantage. Je ne fais pas difliculté de convenir que la faute en est
peut-être au Comité, qui a cru devoir commencer par garnir ses
rayons d'ouvrages de science et d'érudition. Ceux d'un genre plus
léger auront leur tour, et j'ai le plaisir de vous annoncer que les
dernières acquisitions sont de nature à satisfaire les goûts les plus
variés et que nous aurons soin, désormais, de nous tenir au courant
de toutes les publications récréatives qui intéressent le judaïsme de
près ou de loin.]
lEnattendant, contentons-nous de ce qui a été fait. Le résultat
est déjà appréciable. Il est dû d'abord à nos éloquents conféren-
ciers, dont le talent a attiré les auditeurs, puis aux membres de
notre Comité, qui ont rivalisé de zèle et de savoir-fidre. Que nos
chaleureux remerciements aillent aux uns et aux autres. Je signale
spécialement à votre reconnaissance M. le Dr Netter, un véritable
maître Jacques du dévouement, tour à tour conférencier, organislL-
teur de la bibliothèque, administrateur ; M. Lambert, un trésorier
à qui un trésor vide aurait fait une sinécure si sa sollicitude ne
s'étendait à maint autre objet ; M. Ruef, le secrétaire, qui représente
dans notre sein l'élément jeune et qui le représente avec «a sérieux
au-dessus de son âge. En dehors du Comité, nous avons des obliga-
tions particulières à M. Beyersdorf, qui a bien voulu accepter le^
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fimctîottft aride» de bîbUolhécaire et q«i les r^ooplit avec le tact et
r«mabilité 4iiii le caraciériseat. . . .
^ Après ce dkcoiurs très applaudi, M. &uef, secrétaire, donne
lecture du «ou^te rendu moral ; M. Lambert, trésorier, du compte
rendtt iiaaiMâer.
11 est procédé ensuite au tirage au sort des ukeiabres sortants du
Comité, qui sont au nombre de 5.
Le sort désigne MM. Léopold Lambert, Raymond Caen, Henry
CharleviUe, Alfred Lang, Léon Hatzôeld. Ils sont tous réélus par
acclanaaiiocL, sauf M. Lang, qui avait «écrit pour décliner toute
nouvelle candidature. M. Beyersdorf est élu à sa place.
R. Stamm.
Les Colonies juives
SOCIÉTÉ « JISCHOUB ERETZ ISRAËL
Conférence faite par M. Braguine, administrateur de la
Colonie de Beer^Tabiat
Nos lecteurs nous sauront gré, sans doute, de les entretenir,
quoiqu'un peu tardivement, d'une confér^ice foite le samedi 4 mars,
an local de la Société palestinienne, par M.BragBine,sur les progrès
actuels de la colonisation en Terre-Sainte.
Aucun de nous, en effet, ne peut rester indifférent' devant ce
mouvement de colonisation, qui est en train de prendre un dévelop-
pement des plus importants , et qui est appelé peut-être, dans un
avenir assez rapprodié, à modifier sensiblement les conditions
d'existence de la race juive, et dans un sens des plus heureux.
Aussi est-ce avec un véritable sentiment de satisfaction et
d'orgueil que nous avons assisté à la conférence si documentée faite
par M. Braguine, qui venait nous faire c<mstater les résultats
obtenus par Tœuvre de colonisation, résultats qui dépassent les
espérances des plus optimistes. M. Braguine n'^t pas un simple
toonste ; c'est un homme ^' du métier " à tous les points de vue,
qni, agriculteur diplômé, a fait ses preuves en matière de coloni-
8ation« Parti de Jaffa pour se rendre à la colonie de Beer-Tabiat,
dont il venait d'être noomié administrateur, il suit la chaussée qui
conduit à Jérusalem, entre les montagnes de la Judée à gauche,
couvertes d'une sorte de fumée bleuâtre qui semble formée des
Ames des héros, et les dunes sablonneuses de la Méditerranée ^
droite.
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5a l'univers Israélite
Et ce sont, à chaque étape de son voyage, des descriptions
intéressantes et des aperçus pleins de sagacité et de poésie sur les
nombreuses colonies juives qu'il rencontre sur son chemin. — C'est
d'abord Rischon-el-Zion et ses grandes caves en pleine activité ;
puis c'est Vaad-el-Hanin, autre colonie viticole de moindre impor-
tance, mais aussi florissante. C'est encore Rehobot, puis Ekron,
vaste jardin d'arbres fruitiers; enfln Yderah où les voyageurs
descendent et sont accueillis à bras ouverts par les colons. — Et
sur tout ce tableau d'activité et de travail plane le parfum pénétrant
des orangers, tandis que de toutes parts la claire verdure des
mûriers vient égayer le paysage.
Quelques villages arabes, tristes, secs, mal cultivés et gris font
tache sur le clair et joyeux paysage qui les entoure.
Après quelques heures de voiture, les voyageurs arrivent à
Beer-Tabiat, but de leur voyage. — La colonie, qui n'a que six mois
d'existence, a été établie sur un monticule dominant,à perte de vue,
la vaste plaine qui s'étend, d'un côté jusqu'à la mer, et de Vautre
jusqu'aux montagnes d'Ephraïni. Là, pour la première fois en
Palestine^ on a fait l'essai d'un établissement purement agricole. Le
terrain est de très bonne qualité, très propre à la culture des
céréales. Il a été partagé en trois grands lots, et chacune des
dix-sept familles, qui composent actuellement la colonie, a reçu une
part de terrain prise dans Fun de ces lots, avec deux chevaux, deux
ou quatre bœufs, et autant de vaches. Cent cinq personnes vivent
en ce moment sur le territoire de Beer-Tabiat, dans des maison-
nettes confortables, pourvues avec abondance de tout ce qui est
nécessaire pour le travail de la terre. Déjà les champs sont défrichés
et ensemencés ; déjà les moissonneuses, les faucheuses et les
batteuses mécaniques attendent dans leur hangar le moment d'entrer
en mouvement. Les hommes travaillent dans les champs,les femmes
s'occupent des travaux du ménage, et les enfants mènent,'en jouant,
les bestiaux aux abreuvoirs. — Dans cette colonie de Beer-Tabiat,
qui a été fondée (on ne saurait trop le dire) grâce à des cotisations
infimes, fournies par des gens pauvres mais pleins de dévouement,
rien n'a été négligé pour parvenir à la réussite. — Les colons se
préparent à remercier Dieu de ses bienfaits, dans une superbe
synagogue due à la générosité de M. Grinberg, du Howeneh-Zion
de Russie.
En terminant sa conférence. Monsieur Braguine a fait un chaleu-
reux appel à toutes les bonnes volontés en faveur de Tœuvre de colo-
nisation palestinienne. Il ne manque pas, a-t-il dit, malgré l'erreur
généralement répandue, de colons et d'ouvriers juifs. Dans les
colonies actuellement existantes il s'est formé, petit à petit, un
noyau d'ouvriers expérimentés, propres à aller en pionniers fonder
plus loin d'autres colonies, qui serviront elles-mêmes à former de
nouveaux colons. Autour de ces noyaux primitifs se grouperont les
colons d'origjne plus récente. Et c'est ainsi que ce mouvement si
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l'univers ISRAÉLITE 53
bienfaisant pour la race juive pourrait se propager de proche en
proche sur la Terre-Sainte, et rapidement, si les ressources pécu-
niaires n'étaient pas aussi limitées qu'elles le sont actuellement.
Monsieur Braguine a fort bien fait de nous parler des colonies
juives. Montrer en effet qu'une telle entreprise est bonne et mora-
lisatrice, qu'elle possède tous les éléments de vitalité et de prospé-
rité, c'est lui attirer d'une façon certaine le concours de tous ceux,
et ils sont nombreux, qu'intéressent le sort de nos frères malheureux
et l'avenir mt^me d'Israël. W.
Une Conférence à F « Union scolaire v>
L'Union scolaire a inauguré le 24 niars la série de ses confé-
rences, par une causerie de M. Maurice Bloch, le sympathique
directeur de l'école Bischoffsheim. Le sujet choisi par l'orateur était
« Franklin», Franklin brave homme et moraliste. Les salons étaient
bondés d'auditeurs et d'auditrices qui ont fêté de leurs applaudisse-
ments le spirituel et amusant conférencier.
M. Bloch a insisté tout d'abord sur la force de volonté extraor-
dinaire que Franklin montra dès son enfance pour acquérir de
rinstruclion et pour apprendre le métier d'imprimeur qu'il voulait
exercer. Il n'avait pas d'argent pour acheter des livres ; il économise
sur les quelques sous qu'il recevait pour ses repas. Il était placé
chez son frère qui avait une imprimerie, mais il n'y faisait chez lui
que des courses. Franklin le quitte et va à pied à Boston. Après
avoir travaillé dans cette ville, il part pour Londres, où l'on impri-
mait bien mieux qu'en Amérique, il se perfectionne dans son métier.
Revenu en Amérique, il fonde une société où les membres ne pou^
vaient être admis qu'en jurant de ne faire aucune distinction entre
les adeptes des dift'érentes religions. Ceci, un demi-siècle avant la
Révolution française. Par les livres qu'il publia, et principalement
par un almanach, Franklin, qui était un savant et un moraliste,
acquit une grande autorité sur Tesprit de ses concitoyens. Il fut
choisi pour négocier avec l'Angleterre la liberté des Américains
et, lorsque l'obstination des Anglais rendit une guerre inévitable,
c'est lui encore qui fut chargé d'aller en France, pour gagner notre
pays à la cause de l'indépendance des Etats-Unis. 11 était alors
octogénaire. Les Etats-Unis furent le premier pays qui proclama
l'égalité de tous les cultes. Une colonne de marbre fut érigée par les
juifs américains 4 l'occasion du traité qui mit fin à la domination
anglaise, et elle portait une inscription rappelant le principe* de la
tolérance religieuse. On a pu voir cette colonne lors de l'exposition
qui fut ouverte pour fêter le centenaire «de l'indépendance américaine,
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54 jJvwmsÊm im^Léun.
et ua Aiiflaîs, eaithollque et royaliste, disait qa'à «Me 9««lc elle
Y9âsM la peine qu'on se déraaogeàt pour aller max Etats-Unis.
Franklin ftiC éoi» un de eemx qui ent le plus fût po«r la Mberlé
rdigieitse, et nous juifs, qui avons souffert de llntoléranec, devons
honorer la înémoire du patriote américaki. M. Bloeh, dans sa eon^
févcwee spirituelle et inetroetive, lui a rendu un honuaftag^ mérité.
Fuissent les eonlérenees servantes être anssi justement applau-
dies que edie 4e M. Blodi !
M. L.
Un Pourim bien fêté
Nous recevons d'AvigJion La lettre suivante :
Je tiens à vous signaler une œuvre qui vient de se créer à
Avignon. A la suite d'un très éloquent discours sur la femme juive
prononcé par M. Baner, rabbin d'Avignon, les dames de notre
Communauté, sur llnitiative de Mme Bauer, se sont réunies le jour
de Pourim et ont formé une Société ayant pour titre Société de
Bienfaisance des dames Israélites et pour but de propager la religion
israélite parmi ses membres et de les unir par un lien d'amitié et de
charité en venant en aide à tous les malheureux, quel que soit le lieu
de leur résidence. Ces dames ont pris pour devise : Religion,
Charité^ Amitié.
Les sociétaires ont promis de suivre régulièrement les oflices du
Sabbat et 'des fêtes et de venir en aide à tous les malheureux.
La Société reçoit des membres de toutes les villes ; il suffît, pour
être admis, de verser une cotisation de la francs par an« Cette
création a été si bien accueillie que toutes les dames d'Avignon ont
tenu à la soutenir et que, à la suite d'une démarche de notre rabbin,
la grande majorité des dames de Carpentras a suivi leur exemple.
La Société fonctionne dès aujourd'hui et vient en aide à un
grand nombre de malheureux, car notre ville, placée sur la grande
ligne, est le passage de nombreux pauvres qui, jusqu'à présent,
avaient ruiné notre modeste budget.
J'ai jngé utile, Monsieur le directeur, de vous faire connaître eette
ceuvre intéressante, pensant que l'initiative des dames de notre ville
pourrait servir d'exemple à d'auËpesComamnantés etquelarelîgioa,
si attaquée par Tindifférenee g^énérale, aurait besoin pour se relever
(eonnae éa temps dTEstiker) dn dévowemenf de no» femmes jntves-.
J'ai pensé aussi qne panni les membremm lectenrs dJè votre journal
il se kMNiTerait des personnes qw Tondraient M ténmgner lenr
sympattUe*
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L UNIVERS ISRAÉLITE 55
La présidente derœtnrre, Madame Baner (femme de notre rabfahi),
et la trésorière, Madame Roger Valabrèguc, recevront les moindres
dons avec une vive reconnaissance. * .
Veuillez agréer, etc.
Le Président de la Communauté
B. Carcassonive.
L'Antisémitisme en Province
On noos écrit de Bordeaux :
Ces jours derniers, M. Hirsehler, un de nos ministres offi-
ciants, se rendit chez M. Maille, facteur d'orgues, à l'effet de
solliciter de cet industriel une annonce pour le Calendrier
Israélite que M. Hirschler publie chaque année. Il faut dire que
M. Maille, catholique et constructeur de plusieurs orgues des
églises à Bordeaux, a également construit, en i88q, celui de
notre nouvelle synagogue. M. Maille accueillit fort poliment
M. Hirschler et lui dit qu'à son grand regret il ne pouvait lui
confier d'annonce dans son recueil, parce qu'il craignait
« d'avoir de graves difficultés avec le clergé ». Il y a quelques
aimées, il avait fait mettre sur ses cartes et factures : Four-
nisseur du Consistoire israélite, et un avis de l'Archevêché Itii
intima l'ordre d'avoir à supprimer cette mention.
Voilà une chose édifiante, en vérité !
Nous autres, juifs, nous avons la bénévole confiance de faire
travailler un chrétien, et on le force à rougir de celte confiance
et de ce travail î Que ne Fa-t-on empêché aussi de toucher
l'argent maudit de ces pestiférés ? Et l'architecte et les ouvriers
qui ont édifié le temple, ils ont donc commis aussi une œuvre
infâme ? Et cela se passe à Bordeaux, dans une grande ville de
360,000 habitants où, disons-le bien vite, on colle toutes les
nuits sur les murs des petits placards ainsi conçus :
Bordelais, n'achetez pas aux jtdfis I
Je pourrais, Monsieur le Directeur, multiplier les exemples
pour vous montrer combien l'antisémitisme provoque chez
nous de basses rancunes et de sourdes menées ; mais je serais,
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56
l'univers ISRAÉLITE
dans ce cas, trop justement accusé de parler pro domo mea, et
je préfère m'en tenir là. Aussi bien le sujet est profondément
triste. Nous voyons souvent des Parisiens nous affirmer qu'à
Paris personne ne fait attention aux grognemeats des antisé-
mites (i) et que les juifs y travaillent assez librement. J'ai
simplement voulu vous dire qu'il est loin d'en être de môme à
Bordeaux .
Veuillez agréer, etc. ^ S. F.
DONS
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 20 mars aU /«^ avril
M"»« Edouard Kohn (Ecoles, 1,500; Hôpital de Jérusalem, l.OOO) 2.500
MmesLéon (Alexandre) 250
Schuster (Nathan) 200
MM. Belroann (Albert) 100
Blura (Albert) 100
Saint-Paul (Georges).... 100
Goldschmidt (E.) 200
Halphen (Georges) 200
Ach (Moïse et son fils
Marcel) 70
Lévy (Salles) 50
le Di" Moch, a Haguenau 50
M . et M«« Nathan, 28, avenue
Bugeaud 30
M"»" Franck (Jules), 19. rue
Bergère 25
Mayer (Eugène) 25
MM. Meyer (Joseph) 25
Dreyfus (Narcisse) 20
le lieutenant-colonel Heu-
mann et son fils Albert 20
Lévy (Henri). 11, boule-
vard Strasbourg 20
MM. May (Nathan) 20
Roos, à Bruxelles.. 20
Samuel (Emile) 20
Alexandre (Alfred), à
Bourg-la-Reine 10
Baur, bd des Italiens... 10
Bing 10
Cahen (Salomon) 10
Lévy (Cerf), 43, rue du
Temple 10
Rosenberger 10
Schnerb (Jules) 10
Baer (Salomon), 11, fbg
St-Honoré 5
Benhas 5
Blocb, 3, rue Turbigo. . . 5
Eschwège 5
Kabn, 4:$, rue des Francs-
Bourgeois 5
Lévy (Jacob). 14. rue du
Temple 5
(1) Ces Parisiens-là sont bien mal renseignés.
(Note de la Rédaction.)
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L UNIVERS ISRAELITE
57
Quête pour distribution des Azj'ines
MM. de Roth.-child (baron Ed-
MM. Lehmann (Simon)
20
mond)
400
Lévy (N^pbtali)
20
de Rothschild (baron (Al-
ph' nse)
de Rothschild (bar. Gus-
Levy (Maurice)
90
350
Mantoux frères
•?o
Moyse (Maurice)
23
tave
350
Neymarck (Alfred)
20
M«»e de Rothschild (baronne
. Oppenheim (P. -M.)
20
Nathani-I)
200
Ran (Louis)
20
MM. Rardac (Noël)
100
M"« Seligmann
MM. Salomon lAdam)
20
Ephrnssi (Michel)
100
20
Hirsch (Joseph)
100
Stem (Moïse)
20
Cornely (Ma*)
60
Schulmann
2Ô
Cerf (Hippolyte)
Mme HilJel...
50
r)0
Tédesco frères
•?»»
Wertheim (L.)
9Ç\
MM. Lange .-t Teuuch
50
Weill (Emile)
20
M«»e Katz (Joseph)
MM. Lazard (Alexandre)
50
Winter (David)
20
Cohen (Herraann)
15
Rikoff (Martin)
50
Masse (David)
15
M™* de Koënigswarter (ba-
M<ne Samuel, 46, rue de Pro-
ronne Maximilien)
40
vence
!0
M. Oppenheira (Alexandre),.
Mme ^orms (Hippolyte)
40
MM. Aron (Léopold)
11.»
40
Aron (Marchand)
10
MM.Taub (Loois)
40
Baumann
.0
Briibl (David)
30
Bàumgarten
Bénédict (Salomon)
l(r
Oulif (Eiiile)
30
10
Asscher . ...
25
Bloche (Arthur)
10
M««*Brûhl, 69, rue de Cour-
Brunschwig iSimon)....
10
celles
25
Boas
10
Delavigne
'^
Brisac
10
Gompertz
Halphen (Auguste)
25
Braun (Isidore)
10
25
Cahen «Isidore)
10
Lazard (Elie)
Léon (Alexandre)
25
Cahen ( Mayer)
10
25
M"« Cahn (Heimann)
10
MM. Lévy (Salles)
20
MM. Cohen (D.)
10
Levot (Léoni
20
20
Dann et
10
Lyon (le Colonel) •
M"»* Dreyfous (Ferdinand)
10
Mayrargues (Alfred)
20
MM. Emàen
10
Lehmann (Mathias)
25
Flaschfeld
10
Alberti
20
Fribourg (Gerson)
Gradwohl
Houlmann
10
Akar
20
20
10
M™« Anspach, 83, rue Monceau
10
MM. Aron (Jacques)
20
MmesHecht
10
Béer (Jules)
20
Held
10
Bickart-Sée (Simon)
20
MM. Hermann ( Joëli
10
Bloch (David) \
20
Hirsch (Jules)
ÎO
Brunschwig
20
Jacob (Edouard)
10
Béer, 13, r. Poissonnière
20
Kahn «Jacques)
10
Denner\' (Léon)
Daltrofr( Julien)
20
Kayser «Henri)
10
20
Kraemer ( Euf-ène et
Dreyfus (Achille)
20
Alfred.
10
M«« Dreyfus (Emile)
20
M"" Kahn, de Neuilly
10
MM. Dreyfus (Gustave)
20
MM. Kahn (Salomon)
10
Peist
20
Kléberg
10
Fould
2«»
Keim (Eugène)
Docteur Leven
10
Goldschmidt (Alexandre
10
„cle)
ço
Leven (Narcisse)
10
Heymann (Alfred)
Hirschmann (Raphaël)..
20
Lëvy (Alcan)
10
20
Les fllsde Lévy(Abraham)
10
Hadamard (David)
20
Mayer (M.)
10
Koch
20
Mayer, 4, rue Marbeuf..
10
Zadoc Kahn, grand rab-
bin de France
Marx (Charles)
10
20
Meyer (D.)
10
Laieunesse (Jules)
Lehmann (Joseph»
20
La Société « Mission d'Is-
25
raël »>
10
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58
L'uinVBHS ISKAÉLITB
MM. May (Jacques)
10
Mantoux (Adrien)
10
Nathan
10
Oberndoerffer (Hugo) . . .
10
Oppenheimer
10
ai»« Oulry
10
MM. Picard. ,
10
Revel...
!0
Rodrigues (famille)
10
»»ne Rheims (Mayer)
10
M . Rheims (Isidore»
10
fi^e Hatisbonne (Achille)
10
MM. Samuel (Joseph)
10
Vanderheym
10
Worms, 6, rue des Jeû-
neurs
10
W?n"Weil (Ignace)
10
Werlheimberg
10
M. Worms, 6 bia. rue (Uià-
teaudun
10
Mrae Aron (Isaac)
5
MM. Aronsohn
5
Aron (Eugène)
o
Aron (Arnold)
5
MM. Bacharach
Bernheim
Bignard (Abraham)
Brunschwig (Aron)
Boliack (Henri)
Dannhauser
M"e Deutz
MM. Edinger (Edouard)
Falkenberger
Gaffrê (Arthur)
Lévy (Einile)
Goldschmidtj:^ rue Bau*
din
Lyon (Raphaël)
May
Mayer (Salomon)
Olivetti
Reblaub
Rodrigue.^
Rothschild
Van Lée
Weill( Alexandre)
Weill (D.)
Wisner
Wol'ff (Emmanuel)
(La fin au prochain numéro,)
Nouvelles diverses
ELECTION AU CONSISTOIRE CENTRAL
Circonscription de Paris
Scrutin du 28 Mars 1897
Paris.
Inscrits 33i2
Dont le 1/3 est de.. —
Votants II2I
Bulletins nuls —
Suffrages exprimés.. — -
M, Henri Aron ^
M. le Df Metzger. ... —
Divers —
•ovince.
Total.
4^7
3789
^-
1263
256
1377
—
aa
—
i3S5
— .
i3o9 Élu.
—
39
—
7
**«
Nous recevons de M. le docteur Metzger une lettre où, contrai-
rement à son droit, il met des tiers en cause et que, pour cette
raison, nous ne pouvons publier.
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l'uNIVJSRS ISRAJéUTE 5^
Paris. — Une Conférence à la Sorhonne. — Samedi denûer,
30 mars, M. Léon Rosenthal, ancien élève de l'Ecole normale supé-
rîeure, professeur ajB^régé d'histoire au lycée de Dijon, donnait à la
Sorbonne^ pour la Société des Etudes italiennes, une conférence
sur Sandro BotticeUi et sa réputation à V heure présente.
Notre jeune coreligionnaire était préparé à traiter un sujet aussi
délicat par de longues études et par des voyages artistiques
accomplie en Angleterre et en Italie. Il a su intéresser au vieux
maître italien un auditoire nombreux et choisi qui ne lui a pas
ménagé les marques de sympathie.
Dans une causerie élégante et vivante, il a nK)ntré ce qull y
avait de conventionnel et de faux dans la vogue dont jouît Botti-
ceUi; il a rappelé, en termes concis, l'histoire de la peinture italienne
et de son influence sur la France.
M. Rosenthal a su donner à son sujet une portée large et géné-
rale, et les hautes leçons qu'il en a tirées ont reçu un accueil cha-
leux. Brillant début et qui fera plaisir à tous les amis du sympa-
thique conférencier et de son honorable famille. A. C .
**»
Nancy. — Le mariage de M"» Bloch, belle-fille de M. Kinsbourg,
conseiller de préfecture, avec M. Worms, juge d'instruction à
Auxerre, a été célébré mardi à Nancy.
Après la cérémonie, de nombreux invités ont été reçus par la
famille au Grand-HcVtel.
La bénédiction nuptiale a été donnée par M. le grand rabbin
Bloch, qui a prononcé un éloquent discours.
On remarquait dan» le cortège M. le préfet Stéhélin et sa famille,
M. Fould, président du Consistoire, ainsi que M™» et M"* Fould;
dans l'assistance, M. Sadoul, premier président, M. Teutsch, tréso-
rier-payeur-général et une foule d'autres notabilités.
***
Ljon. — M. Marc-Lévy, professeur d'allemand à la Société de
l'enseignement professionnel do Rhône et à l'école supérieure de
Commerce de Lyon, vient d'être nommé ofRcier de l'Instruction
publique. Cette distinction a donné lieu à une manifestation des plus
flatteuses pour l'honorable professeur. Les élèves des quatre cours
de renseignement professionnel, qui sont presque tous des employés
de commerce, des ouvriers et dont un grand nombre sont de fer^
vents catholiques, lui ont offert, à titre de souvenir, des palmes en
oT garnies de brillants et lui ont exprimé en même temps, dcms une
adresse couverte de signatures, leur affectueuse gratitude.
*•♦
Ijondres. — La science et le judaïsme viennent de faire une perte
cemsidérable : John James Sylvester, un des plus célèbres mathéma-
tictens de ce siècle, vient de mourir dans sa quatre-vingt-troisième
année.
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6o l'univers ISRAÉLITE
Vienne. — Le fameux écrivain Israélite, Edouard Kulke, est
mort le 20 mars à Vienne dans sa soixante-sixième année. Né le
:28 mai 1831 à Nikolsburg d'une famille qui comptait t>eaucoup de
rabbins dans son sein, Kulke s'acquit dès sa jeunesse un renomr
comme auteur de nouvelles.
il s'est attaché surtout à la description des mœurs juives, et,
à rinstar de Léopold Kompert, il a peint les scènes du Ghetto. Kulke
était juif dans Tàme et était demeuré iidèle à son culte.
Il s'exerça aussi dans Fart dramatique, écrivit des tragédies :
« Dom Ferez» et « Korah », une comédie, etc. Il s'occupa également
de questions esthétiques ; son plus remarquable ouvrage dans cet
ordre d'études est « l'évolution des opinions ». Dans ces dernières
années, Kulke s'appliquait de préférence à la philosophie et exposait
les résultats de ses recherches dans des conférences.
Gœttingue. — Le professeur Lexis a calculé qu'il y a 7,4o3,ooo
juifs sur la terre. Sur 10,000 habitants il y a 794 juifs en Roumanie,
478 en Autriche, 4i8 en Hongrie, 817 en Russie, 216 dans les Pays-
Bas, 143 en Turquie, 112 en Allemagne, 76 en Bulgarie et Roumélie
orientale, 16 en France, i3 en Italie et 12 en Angleterre.
Nowgorod. — Lors des derniers débats des Zemstwos sur la
création d'un institut médical pour les femmes, M. Kwoschinski,
un des membres les plus éminents de l'assemblée, s'est élevé
contre Texclusion des juives. « Dans notre district, a-t-il dit, nous
avons une femme-médecin qui s'est concilié la sympathie de tout le
monde. Or, cette dam^ est juive, ce qui aurait pu lui valoir des
difûcultés de la part de la population. Mais elle est très aimée, à
tel point qu'elle est appelée jusque dans les couvents, où régnent les
règles les plus sévères. Donc je vous demande de voter l'abolition
de l'article qui interdit l'accès de l'institut aux femmes juives. »
Ce vœu a été adopté à l'unanimité.
Spola. — Nous avons annoncé dans notre dernier numéro les
excès dont nos coreligionnaires avaient été victimes. Nous pouvons
donner des renseignements plus précis sur ces faits : tout le quar-
tier juif est en ruines, 552 maisons et 324 magasins ont été détruits
de fond en comble et la plupart des juifs réduits à la mendicité. Des
personnes qui possédaient une fortune de 100,000 roubles n'ont pas
seulement à l'heure qu'il est un copeck pour acheter du pain. Les
synagogues n'ont pas été épargnées. La furie des paysans s'est
exercée depuis trois heures de l'après-midi du 2 mars jusqu'à midi
du jour smvant. On croit que ce mauvais coup se préparait depuis
fort longtemps. La misère est épouvantable !
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l'uNIVKRS ISRAÉLITE 6l
Le Caire. — M. le professeur Schechter, le savant hébraïsant de
Cambridge, qui fait un voyage en Palestine, aurait acquis de pré-
cieux manuscrits juifs.
#**
Grèce. — L'armée grecque compte un nombre assez considéra-
ble de soldats Israélites. Nos coreligionnaires n'ont d'ailleurs qu'à se
louer du gouvernement bellénique qui leur accorde l'égalité civile et
leur permet Je plein exercice de leur culte.
Nouvelle littéraire. — Le grand rabbin Flaminio Servi, direc-
teur du Vessilo israelitico vient de publier une courte, mais intéres-
sante étude sur La donna israelita nella societa, chez Pane, à Gasale.
L'ALBUMINURIE
se guérit sûrement, promptement et radicalement par la Ducasbline
(extrait concentré des plantes du Brésil), une des plus merveilleuses
découvertes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots ses principaux symptômes : Faiblesse
générale, troubles de la digestion, variété des urines qui sont mous-
seuses, douleurs dans la régj^n des reins, enflure des chevilles et
des jambes; le soir, bouflissure de la face ; le matin, troubles de» la
vue^ palpitations, diflicultés de la respiration et flnalement, tendance
aux congestions (cérébrcdes ou pulmonaires).
La Ducasblinej médicament végétal absolument inoflensif, est
cependant d'une efficacité telle qu'au bout de quelques jours on
sent déjà une amélioration sensible, et la guérison radicale est
obtenue au bout de quelques semaines.
La maladie guérie ne revient plus, et les forces se maintiennent
par l'usage de la Ducasbline.
Des centaines d'attestations prouvent la supériorité et l'infailli-
bilité de cette méthode, appliquée exclusivement et avec le plus
grand succès à l'Institut Médical rationnel, 19, rue de Clichy, à
Paris, qui guérit, avec le même succès, par la série des Ducasbline,
la goutte, le rhumatisme, l'anémie, le diabète, les bronchites et les
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Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
rétude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de renseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2« section comprend Tétude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du ly«îée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rhétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, Tlnstitution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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Lundi
10
13
MardL
11
14
Mercredi
12
15
Jeudi
13
16
Vendredi (Veille de Pessbh)
14
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h.
1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 h. 1/2; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), .8 h. 1/2; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
'Serçice solennel de Minha (Samedi)
Rue de la Victoire : A 4 heures ; rue des Tournelles : A 2 heures.
-
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Michel (Raymond), 11 bis, rue Edouard Détaille.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Dimanche 11 avril à 2 heures, — M. Hartmann (Fernand), négociant, 81, rue
Sa int- Lazare, et M"« Salomou (Isabelle), 11, rue Saint-Lazare.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Dimanche 11 avril à 2 heures. — M. Loèb (Gaston), négociant, 13, rue Vi-
vienne, et W^* Lévy (Lucie), 9, ruo Meslay.
Dimanche 11 avril à 2 h. 1/2. — M. Bos (Aher), bijoutier, 13, ruo du Colisée,
et M^c Lévy (Lucie), 9, ruo Mazagran.
Dimanche 11 avril a 3 heures. — M. Schleicr (Croertz^, dentiste, 67, rue de
Provence, et M"« Rosonthal (Ida), 31, faubourg Saint-Martin.
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Dimanche 11 avril à 3 h. 1/4. — M. Meyor (Théophile), 101, rue d' Al lemagno,
et M"« Dreyfus (Fanny), employée, 5'i, iivonuo d'Orléans.
Lundi 12 avril à 2 heures. —M. Grunfeld (Henri-Salomon), monteur on
bronze, 62, rue de Saintonge, et W^ Notter ( Alice] ^ 132, rue de la
Roquette.
Mardi 13 avril à 2 heures. — M. Dreyfus (Adolphe), dessinateur, 5, rue Sécré-
ta n, et M"« Haas (Irma), maroquiniero, 12, Impasse Montforrat.
Jeudi 15 avril à 2 heures. —M. Lévy (Emile), ropré-sentant de commerce,
150, rue du Temple, et M*'* Wel (Diane), 23, rue de Dunkerquo.
Décès
31 mars. M"»* Franck (David), née Cahen (Thérèse), 90 ans, rue Aumaire, 30.
— Frankel (Meyer), 70 ans, blv. de la VilleHe, 13.
l^»" avril. Lévy (Isaac), 44 ans, rue do Maubcuge, 24.
— M"™» Lévi (Morse), née Kahn (Clémence), 61 ans, rue de Sain-
tonge, 59.
— Carcassonne (Albert), 40 ans, rue do Mai*scille.
2 ~ Braunschweig (Aron», 48 ans, rue Picpus, 76.
^ M"»« Vve Idzkowski (Michel), née Nowmarck (Françoise), rue de
Dunkerque, 34 bis.
— . Isaac (Bénédict), 77 ans, blv. Voltaire, 56.
4 — M™« Vvo Susman, née Samson (Louise), 60 ans, rue de îlocroy, l'i .
— Lévy (Gustave), 58 ans, rue Turbigo, 19.
/ — M«n« Vve. Coblentz, née Lévy (Rosette), 88 ans, boulevard de la
Villette, 21.
— M™« Siegel, née Laurier (Charlotte), 67 ans, rue Poussin, 3,
— Crémieux (Jacques), 17 jours, fbg Saint-Honoré, 221.
— Sée (Fernand), 41 ans, rue de Colmir, 6.
5 •— Brunswick (Georgette), 2 ans, rue de Naples, 19.
— Feitlin^er (Ernest), 53 ans, rue Picpus, 76.
— Suares (Abraham- Jules), 65 ans, ù Enghien.
— M"c Vve Cahen, née Weill (Delphine), à Epernay. *
— M'"« Friche (Israël), née Protchanski (Sara), 2 î ans, 7, rue des
Deux-Ponts.
6 — Levie (Henri), 65 ans, 76, rue Picpus.
7 — Lévy (Léon), 43 ans, rue de Chine.
Le Consistoire a rhonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général ^ 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'univers ISRAELITE 69
La Tolérance religieuse
Il y a des religions qui sont facilement conciliantes
pour les autres cultes ; il y en a d'autres qui ne sont tolé-
rantes que par contrainte. Le judaïsme, heureusement pour
nous, fait partie des prepiières. Il est tolérant, parce que,
tout en croyant avoir une mission humanitaire, il ne cherche
pas à s'imposer à rhumanilé. Il ne se déclare obligatoire
que pour ceux qui sont nés juifs : il repousse les conver-
sions forcées. Dans toute notre histoire, c'est à peine si
Ton pourrait citer un seul exemple de prosélytisme par la
force : celui de Jean Hyrcan qui obligea les Iduméens à se
convertir. Mais ce fut une mesure politique — ou plutôt
impolitique — qui fut blâmée par nos docteurs, et cet acte
isolé du prince hasmonéen n'aurait pu être justifié par
aucun texte de loi. Je ne parle pas des massacres des
Cananéens qui auraient eu lieu au temps de Moïse et de
Josué, car, si ces massacres ont réellement eu lieu,
ils n'ont pas eu de cause religieuse. La Bible ordonne
aux Israélites d'aimer les étrangers établis parmi eux,
défend de les molester ; elle permet à ces étrangers,
sous certaines conditions, de prendre part aux cérémonies
du culte, mais ne les y contraint pas. L'idée de forcer un
un non-israélite à se soumettre aux lois religieuses des
Israélites n'aurait pu venir à nos ancêtres. Encore bien
moins se fussent ils avisés d'imposer leurs croyances aux
autres. Ils n'eussent pas compris comment on peut croire
malgré soi.
Les religions idolàtriques étaient tolérantes à leur ma-
nière, car elles admettaient, à rencontre du judaïsme, que
chaque peuple pouvait avoir son Dieu. Pour changer de
religion, il eût fallu changer de nationalité. Cependant,
cette théorie finit par amener des persécutions religieuses
dont nos pères furent les victimes, car Antiochus Epi-
phane crut qu'en empochant les juifs d'observer leur
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70 L UNIVERS ISRAELITE
religion il supprimerait chez eux toute velléité d'indépen-
dance. Mais les mesures qu'il prit produisirent un effet
tout contraire à celui qu'il en attendaiL Les juifs avaient
supporté depuis longtemps la domination étrangère, parce
qu'elle avait respecté leur religion. Ils se révoltèrent quand
on prétendit violenter leurs consciences. Les Machabées
finirent par se débarrasser du joug syrien et obtinrent la
liberté nationale avec la liberté religieuse pour laquelle ils
avaient pris les armes.
La religion romaine supporta toutes les autres religions
à côté d elle, et, si l'empereur Adrien renouvela les persé-
cutions d'Antiochus Epiphane, ce fut pour les mêmes
motifs. Il redoutait une insurrection des juifs, et il la fit
éclater en croyant y mettre obstacle. Il voulait tuer le
patriotisme des juifs en détruisant leur religion, mais s'il
parvint à ruiner leurs espérances nationales il ne réussit
pas à abolir leur religion.
Le christianisme fut la première religion vraiment into-
lérante, parce qu'il fut catholique, c'est-à-dire qu'il voulut
être reconnu dans le monde entier. U voulut, comme les
Romains, arriver à la domination universelle. D'un autre
côté, imbus de Tesprit philosophique des Grecs, les Pères
de l'Église se crurent obligés de faire de la religion ub^
science : or, une science, par sa nature même, doit s'imposer
à tous les esprits. Un théorème ne peut être vrai dans un
endroit et faux dans tel autre. Enfin, ne suffisait-il pas de
croire pour sauver son âme ? Il eût été criminel de la part
des chrétiens de laisser les hommes se perdre par ignorance
de la foi : il fallait leur épargner la damnation éternelle,
fût-ce malgré eux. Les inquisiteurs espagnols ont tiré de
cette idée toutes les conséquences avec une logique impla-
cable. Ils brûlaient les corps pour sauver les âmes.
Le catholicisme moderne s'est beaucoup adouci, d'abord
parce que le christianisme s'est scindé et que les catholiques
ont trouvé en face d eux des adversaires chrétiens. Ensuite,
en dépit des théories traditionnelles, les idées de liberté et
de tolérance ont fait du chemin. U semble que le catholi-
cisme tolérant soit une chose contradictoire, et cependant
maintenant le catholicisme est bien distinct du cléricalisme.
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l'univers ISRAÉLITE JI
qui veut écraser les juifs et les protestants pour asservir
ensuite les catholiques eux-mêmes. Il est heureux que tous
les catholiques ne soient pas cléricaux et que la raison soit
plus forte que la logique.
Enfin, depuis la Révolution française, l'Eglise a à
compter avec la notion de TElat laïque, notion que l'anti-
quité ne possédait pas. Il n'existait pas de peuples où les
religions fussent mises sur un pied d'égalité. Jusqu'en 1789,
il y a eu des pays où les dissidents étaient libres ; il n'y
en avait pas où ils fussent citoyens dans toute la force du
terme. La monarchie française a lutté avec l'Église, mais
elle ne s'en est pas détachée. Après la Révolution, l'Eglise
est devenue tolérante malgré elle, parce qu'elle n'était plus
la maîtresse. Toutefois, elle a lutté pour reconquérir sa
suprématie, et l'antisémitisme est un épisode de cette lutte.
Le judaïsme, lui, s'adapte merveilleusement à l'idée de
l'Etat laïque, parce qu'il est habitué de longue date à sé-
parer la rehgion de la politique. Tour à tour soumis aux
Egyptiens, aux Assyriens, aux Babyloniens, aux Perses,
aux Grecs, aux Romains, les Israélites ont conservé leur
foi, tout en renonçant à former une nation indépendante.
Bien plus, ils ont toujours soutenu les légitimes possesseurs
des pays où ils vivaient. Ils ont combattu pour les Perses
contre les Macédoniens et pour la Pologne contre les
Russes. Leur idéal politique était qu'on les traitât comme
tout le monde, et c'est cet idéal que la Révolution française
a réalisé. On a pu accuser les juifs de se lancer avec ardeur
dans la politique ; ils n'ont cependant jamais rêvé d'exclure
les chrétiens des fonctions publiques.
Supposons que l'utopie d'un Etat indépendant, où la
majorité des habitants soient, juifs, se réalise. Non seule-
ment les Israélites de cet Etat ne menaceraient la liberté
de conscience de personne, mais encore ils ne mettraient
pas le gouvernement aux pieds de leur clergé et n'accepte-
raient pas le pouvoir théocratique. Bien que les lois civiles
et les lois religieuses aient été, à l'origine, confondues, ce
nouvel Etat ne pourrait faire autrement que de les distin-
guer, en déclarant les lois religieuses obligatoires pour les
seuls juifs.
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72 l'univers ISRAÉLITE
Mais si le judaïsme doit être absolument tolérant vis-
à-vis des autres confessions, quelle attitude doit-il avoir à
regard des juifs eux-mêmes, c'est ce que nous examinerons
une prochaine fois. R; T.
Mores et le GouYernement
Les journaux antisémites de France et d'Algérie sont fort en
colère contre Thonorable M. Barthou, ministre de l'Intérieur.
Certains habitants de Mokta-Douz (Algérie) ayant demandé
que le nom du marquis de Mores fût donné à ce village,
M. Barthou a refusé de déférer k ce vœu fantaisiste. Les antisé-
mites n'en reviennent pas,et ils adressent au ministre qui a osé
leur résister leurs plus grossières invectives. Nous ne pouvons,
quant à nous, que le féliciter d'avoir compris que, gardien de
la paix publique, il avait le devoir de couper court à des tenta-
tives qui constituent de véritables défis à une partie de la
population française. Nous espérons d'ailleurs que le gouver-
nement saura montrer la môme fermeté lorsqu'on lui demandera
de laisser élever audit marquis de Mores une statue qui, en
présence du rôle joué par le fameux agitateur dans nos querelles
intérieures et des attentats auxquels il s'est livré contre la
République elle-même, ne serait autre chose que le symbole de
l'esprit de sédition et l'emblème de la guerre civile.
»ooSc
JuE TOUR DU PAPE
Un beau jour, à la vive surprise du monde catholique, le
cardinal Lavigerie, plus connu jusqu'alors par son intransi-
geance religieuse que par ses opinions républicaines, faisait
exécuter publiquement la Marseillaise par ses Pères blancs.
Cette voile-face d'un grand dignitaire de l'Église n'était pas
une trahison : Rome avait parlé, et toute la milice sacerdotale
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l'univers ISRAÉLITE j3
obéissait. La République française avait cessé d*être Tennemie ;
il fallait s'y rallier. C'est depuis ce moment qu'on voit le clergé
s'occuper ouvertement de politique, comme on l'a cx>nstaté lors
de l'élection de Brest au sujet de laquelle la Chambre a ordonné
une enquête. M. le sénateur Joseph Fabre, que nos lecteurs
connaissent déjà par son interpellation sur les menées du
fameux abbé Garnier,dont nous avons rendu compte, a saisi de
nouveau la haute assemblée d'une interpellation portant cette
fois sur les conséquences des nouvelles instructions du Père de
tous les fidèles à tous ses fils de France. Les développements
de son discours l'ont amené à dépeindre les attitudes variées et
appropriées aux besoins de sa vaste clientèle, que sait prendre
le Saint-Père selon les circonstances et selon les puissances
auxquelles il s'adresse. Le morceau vaut la peine d'être tiré des
catacombes de V Officiel et soumis au jugement de nos lec-
teurs :
Aujourd'hui, c'est presque un péché d'être pour la monarchie et
de n'être pas pour la République.
M. le comte de Blois. — Oh ! un péché véniel î
M.Joseph Fabre. — Demain peut-être ce sera un péché d'être pour
la République et de n'être pas pour la monarchie, à supposer que,
demain, la monarchie puisse devenir possible.
Pour juger celte action du pape, pour voir le danger qu'elle
comporte, il n'y a qu'à envisager l'œuvre que Léon Xlll accomplit.
Léon XUI est un pape g^and par l'intelligence, graud par les
visées politiques, grand par le caractère, grand par les vertus ;
mais vous me permettrez de dire que, pour ce qui est de la doctrine
et de la fidélité à ce que j'appellerai Vorthodoxie pure de rultramon-
tanisme, il est un autre Pie IX, avec un formalisme plus autoritaire
encore.
Seulement, tandis que Pie IX av«aît quelque chose de rude, lui,
avant tout, «st conciliant. Mais son but quel est-il? Son but — je
vais le montrer — est d'asseoir la primauté de l'Eglise romaine et de
l'asseoir au. bénéfice des idées qui sont l'essence delà contre-révolu-
tion.
Tout d'abord, il a un souci : c'est, de se mettre bien avec les
diverses puissances. Remarquez comment il a conquis les sympa-
thies de ralliance. Il y a là une leçon pour ceux qui s'accommodent
des directions pontificcdes.
En Allemagne, la question se posait de savoir s'il conviendrait
d'accroître les effectifs en vue d'une revanche possible de la France
qu'on redoutait. M. de Bismarck avait besoin de gagner le centre
catholique pour obtenir que l'armée allemande fût consolidée /pour
29.
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74 l'univers ISRAÉLITE
une période de sept ans, afin d^ nons intiibider ou de nous
battre.
A qui s*adressa-t-ii ? Il s'adressa au souverain pontife. Et le
pape, étant donné qu'on lui faisait espérer quelques adoucissements
des lois ecclésiastiques, le pape, cet excellent ami de la France,
envoya secrètement aux membres du centre des recommandations
expresses qui avaient pour but d'obtenir d'eux qu'ils votassent
l'accroissement des effectifs allemands ; de telle sorte qu'en cette
circonstance le pape a dit aux Alsaciens-Lorrains : « Vous avez des
espérances qu'il vous plaît de caresser et dont la satisfaction serait
la joie de votre cœur ; ces espérances, moi souverain pontife, à
"^^ettUl^^ias intérêts religieux dont j'ai la garde, je vais travailler à
en empéchei' ou retarder la réalisation. »
Et il disait aux Français : « Vous caressez peut-être, à cette heure,
comme le dît Bismark, une grave pensée qui est le plus grand souci
de vos âmes ; je vais la contrecarrer ;yet par Faide morale que je don-
nerai à votre ennemi héréditaire, je lui assurerai le surcroît de forces
dont il déclare avoir besoin pour vous contenir ou vous vaincre. ï>
Voilà ce qu'a fait le pape.
J'aurais beau jeu à parler du rôle du pape dans d'autres pays ;
telle est par exemple sa conduite avec l'Angleterre protestante et la
Russie orthodoxe, qu'on serait tenté de le surnommer le pape des
hérétiques.
Pour ce qui est de l'Irlande, il a osé écrire au clergé et aux ca-
tholiques de ce pays — toujours secrètement, bien entendu ; seule-
ment les choses que l'on croit devoir être secrètes finissent toujours
par se savoir — il a osé leur écrire ceci : vous devez renoncer au
parti pris que vous avez de mettre au ban de la nation les proprié-
taires qui ont chassé leurs fermiers ; Vous devez renoncer à amas-
ser des sommes d'argent qui serviront à remplir la caisse payant
les frais du procès de votre grand agitateur.
Et pourquoi procédait-il ainsi ? Pour se concilier les bonnes
grâces de sa gracieuse Majesté la reine d'Angleterre.
En Russie, il se montre complaisant pour le tzarjpersécuteur du
clergé et des catholiques de la Pologne qu'il voudrait russifier, à tel
point qu'un ministre italien a pu dire : a Le pape, pour avoir l'amitié
du tzar, sacrifierait dix Polognes. »
Je sais que nous n'avons pas à apprécier les droits des Irlandais
-ni les droits de la Pologne, à l'heure actuelle ; seulement, je crois
^ue nous avons à apprécier ce qu'est l'honune dont on prétend que
la France devrait avec reconnaissance accepter les directions et
dont en fait, à l'heure actuelle,une grande partie des Français subit
la consigne, y voyant le mol d'ordre qui doit diriger les élections et
' la politique de demain. Cet homme-là, je le respecte de toute mon
âme ; mais je me permets de dire que vous vous abusez si vous
croj-ez qu'iiis^«Lgit d'un pape libéral, d'un pape ami des peuples, d'un
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L UNIVERS ISRABLITB 7»
pape rompant avec cette charte de la contre-révolution qui fut le
Syllabus, vous vous abusez d'une façon complète.
Ce pape, par exemple, quand il s'est agi des Etats-Unis, quand
il s'est agi de la Hongrie , quand il s'est agi de la Belgique, comment
l'avez- vous vu procéder ?
Ah î pour les Etats-Unis, il a été très large : il en est venu, avec Mgr
Ireland^ jusqu'à s'accommoder des écoles neutres que vous appelez
des écoles sans Dieu. Pourquoi ? Parce qu'il pressent le schisme qui
doit, tôt ou tard, s'accomplir aux Etats-Unis, et il veut le retarder
le plus possible, et il est très conciliant. Mais, en revanche, conmient
a-t-il opéré en Autriche-Hojigrie ? Oh î là, par exemple, il est demeuré
l'homme du passé, il s'est insurgé contre l'admission des magistrats
laïques dans la gérance de l'Etat civil. Il est donc là-bas contre les
mariages mixtes.
De même en Belgique, il a admis qu'on fit de l'entrée à l'école
neutre un gros cas de conscience, un péché mortel autorisant le
refus de l'absolution.
Entin, s'agit-il de donner un Concordat à la République de Colom-
bie, il lui en donne un qui est l'équivalent de celui que son prédé -
cesseur octroya à la République de l'Equateur. Pas de liberté des
cultes, une religion nationale, des tribunaux spéciaux en faveur du
clergé, et le bras séculier mis au service des décisions des tribunaux
ecclésiastiques. Voilà quelques articles du Concordat réformé, celui
sans doute dont l'élu de Brest parlait dans son programme.
M. Halgan. — Nous allons faire le tour du monde .
A gauche, — Le tour du monde catholique.
M. Joseph Fabre. — Je ne fais pas le tour du monde : je fais le
tour du pape,
La discussion de rinterpellation a occupé deux séances.
L'honorable M. Darlan, ministre de la justice et des cultes,
secondé par M. le président du conseil, n*a pas eu de peine à
faire accepter par le Sénat un ordre du jour de confiance dans
la vigilance du gouvernement. L'interpellation ne visait pas au
renversement du ministère.
Il ressort de ces débats que les conquêtes de la Révolution
peuvent être remises en question et que l'ultramontanisme
venant à triompher à notre époque, la France descendrait au
niveau de l'Espagne. Ce danger n'est pas imminent. Il n'est pas
inutile de l'envisager et de prendre des précautions pour y
échapper. M. Joseph Fabre a rendu service à la liberté de
conscience.
M. Lazard.
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76 l'univers ISRAÉLITE
Encore l'Indicateur antisémite
Dans notre numéro du 8 janvier dernier, nous avons repro-
duit le jugement rendu par le tribunal de Lyon, statuant provi-
soirement et en état de référé, dans l'instance engagée par un
certain nombre de coreligionnaires contre les nommés Sapin,
éditeur de V Annuaire antisémite, et Grégoire, imprimeur du
même ouvrage. On lira également avec intérêt le jugement
définitif qui est intervenu dans cette affaire le 6 mai*s dernier
et que nous publions ci-dessous :
Attendu que les demandeurs \\'eill, Salomon et Deutsch ont, par
exploit de Marin, huissier à Lyon, du 3o juillet i896, assigné Gré-
goire fils aux fins d*ouïr dire qu'il sera fait défense à ce dernier d'in-
sérer leurs noms et de les publier d'une manière quelconque dans
tout indicateur ou annuaire « dlsraélites » dont il annonçait la
publication ;
Attendu que considérée à cette date du 3o juillet i896, cette
demande devait être accueillie sans difficulté ; que les demandeurs,
en effet,' devaient être écoutés quand ils soutenaient qu'aucune
publicité indiscrète ne devait pénétrer dans leur vie intime et trahir
le secret de leurs croyances religieuses ; qu'ils ajoutaient encore avec
raison que cette publicité donnée à leur qualité « d'Israélites » pou-
vait dans certains milieux susciter contre eux des animosités qui
porteraient un sérieux préjudice à leurs intérêts professionnels et
pécuniaires ; qu'enfin, ayant la propriété de leurs noms, ils étaient
fondés à empêcher qu'on en fit un usage contraire à leur volonté et
à leur intérêt ;
Attendu que le tribunal s'est inspiré de ces raisons en rendant le
jugement du 23 décembre 1896, qui a mis fin à une instance devant
le juge des référés de Lyon, intentée à Grégoire fils et au sieur
Sapin par un sieur Dreyfus et dans laquelle les trois demandeurs
au procès actuel ont figuré comme intervenants;
Attendu que dans le jugement précité le tribunal a prescrit contre
Grégoire et Sapin des mesures provisoires et urgentes, tendant no-
tamment à protéger ces parties demanderesses et intervenantes
contre la publication qui paraissait imminente et qui était annoncée;
Attendu que maintenant la situation n'est plus la même, exté-
rieurement du moins ; que Grégoire a déclaré à plusieurs reprises
que s'il avait d'abord, il est vrai, songé à publier un annuaire israé-
Ute, il y avait définitivement renoncé ; qu'aujourd'hui même, dans
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l'univers ISRAÉLITE 77
ses conclusions, il demande qu'il lui soit donné acte de cette renon-
ciation ;
Attendu d'autre part qu'interpellé le 17 février dernier au nom
des trois demandeurs par Jeantet, huissier à Lyon, sur le sens qu'il
attachait à sa renonciation, Grégoire a répondu « qu'il a prié Sapin
<f de trouver un autre imprimeur, mais que celui-ci, n'en a^'ant pas
(( trouvé, l'a supplié de terminer sa publication, prenant, lui Sapin,
« le tilre d'imprimeur de V Indicateur Israélite; mais qu'il ne peut
« dénier, lui Grégoire, que c'est sur ses presses que cette publica-
« tion s'est continuée jusque vers le 18 janvier 1897, ^^^^ ^ laquelle
« elle a été achevée, le sieur Sapin n'étant pas imprimeur et n'ayant
a pas d'imprimerie à lui ; qu'à ce moment le sieur Sapin a pris
« livraison de toute l'édition, qui paraîtra sous son nom et dont Grè-
ce goire ne possède plus rien ; »
Attendu que dans ces circonstances de fait il convient de consi-
dérer comme apparentes plutôt que réelles les prétendues renoncia-
tions de Grégoire et de le considérer lui- môme comme co-auteur de
la publication que doit faire Sapin et qai est, paraît-il, imminente ;
Que le fait que le nom de Sapin seul figurera sur V Indicateur
Israélite et comme auteur et comme imprimeur pourrait avoir son
importance au point de vue répressif si des poursuites étaient jamais
exercées contre cette publication, mais est insignifiant dans le procès
actuel, où il n'est question que d'un dommage civil contre lequel
les demandeurs cherchent à se prémunir ;
Que c'est le cas, en un mot, de rendre définitives les mesures
provisoires ordonnées contre Grégoire par le jugement rendu en
état de référé le 23 décembre i896 ; que vainement ce dernier oppose
ces deux objections : 1° que les trois demandeurs n'ayant encore
éprouvé aucun dommage ne sauraient obtenir une condamnation ;
20 que la saisie préventive de la publication dont s'agit est foniielle-
ment défendue par l'article 49 ^^ ^^ ^^^ sur la presse du 29 juil-
let 1881 ;
Sur la première objection : attendu que Grégoire est mal venu
à faire cette objection après avoir avoué dans l'interpellation du
17 février dernier que l'édition de V Indicateur était achevée et que
Sapin allait la faire paraître; qu'il a toujours été admis par une
jarisprudence constante et conforme au plus élémentaire bon sens
que des mesures préventives pouvaient être ordonnées par les tri-
bunaux en vue d'empêcher un dommage imminent ;
Sur la seconde objection : attendu que les demandeurs au procès
poursuivent Grégoire en vertu du principe général, posé dans
l'article iSSa du Code civil, que toute personne qui cause un dom-
mage est tenue de le réparer, et non en vertu de la loi pénale et
répressive de la loi du 29 juillet 1881, qui n'a dérogé aucunement à
l'article i382 sus-énoncé; que s'il aparu convenable au législateur
de i88i que, en cas de poursuites de presse, la saisie de l'écrit incri-
miné ne fût pas préventive et ne fût que la sanction et la consé-
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78 l'univers ISRAÉLITE
«{oence de la condamnation, le domaine civil de Tarticle i38a est
demeuré intact; qu'il suit que les tribunaux peuvent librement
s'y mouvoir pour prescrire toutes mesures propres à sauvegarder
les intérêts des citoyens ;
Sur l'exécution provisoire : attendu qu'il est inutile d'examiner
si le cas du procès actuel est ou n'est pas prévu dans l'énumération
limitative de l'article i35 du Code de Procédure civile, que les
demandeurs trouveront satisfaction sur ce point par l'effet du juge-
ment susénoncé rendu en état de référé, jugement exécutoire par
provision par sa nature même jusqu'à ce que le présent jugement
ait acquis l'autorité de la chose jugée ;
Par ces motifs :
Le tribunal, parties ouïes, ensemble M. Maillefaud, Juge sup-
pléant, faisant fonctions de substitut de M. le Procureur de la Répu-
blique en ses conclusions jugeant en premier ressort, matière ordi
naire :
Dit qu'il est fait défense à Grégoire fils d'insérer les noms des
trois demandeurs Weill, Salomon et Deutsch, et de les indiquer
d'une manière quelconque dans tout annuaire ou indicateur Israélites,
notamment dans celui dont il a reconnu le 17 février 1897. que ^^
publication était imminente, et dont il doit être considéré comme le
co-auteur avec Sapin, ayant prêté ses presses pour qu'il fût imprimé,
et, dans le cas où il serait passé outre à la dite défense, ordonne la
saisie de toute publication contraire aux injonctions de justice,
notamment de V Indicateur israélite dont la publication serait immi-
nente, entre les mains de tous dépositaires et vendeurs, et dit que
par les mains de l'huissier saisissant les noms des trois demandeurs
seront biffés à l'encre ou effacés par tout autre moyen ;
Dit n'y avoir lieu de prononcer l'exécution provisoire, mais
maintient en tant que de besoin l'effet du jugement rendu en état
de référé le 23 décembre i896 jusqu'à ce que le présent jugement
soit passé en force de chose jugée ;
Condamne Grégoire fils aux dépens, y compris ceux de référé.
En dépit de la décision qu'on vient de lire, le sieur Sapin
n'en a pas moins publié son « Indicateur ». Mais ne pouvant le
mettre en vente chez les libraires où il risquerait d'être saisi, il
le débite clandestinement. Il n'en est pas encore réduit, que
nous sachions, à se poster au coin des rues et à l'offrir discrè-
tement aux passants en se cachant devant la police ; mais il le
vend chez lui de la main à la main ou l'envoie par la poste,
sous pli fermé, à ceux qui le lui demandent contre espèces.
Voici, en effet, ce qu'il dit lui-même dans un prospectus im-
primé en marge du papier à lettres dont il se sert pour sa
correspondance et dont nous avons un spécimen sous les yeux :
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l'univers israéutb 79
En raison du jugement de saisie rendu contre cet ouvrage, on
ne le trouve que chez Fauteur,- qui est traqué de tous côtés par les
huissiers des juifs qui ont déjà réussi à lui saisir une partie de son
édition en violant le domicile de Ton de ses amis, où il en avait mis
en dépôt ; encore une trahison (sic!) comme celle-là, et tout ce tra-
vail considérable sera devenu la proie des juifs. ^
On voit, par ces lignée pleines de mélancolie, que le sieur
Sapin n'est pas très satisfait d'avoir été gêné dans sa petite
industrie. Avoir tant travaillé poui* aboatir à un si piteux
résultat, c'est en effet fort triste. Pour le consoler un peu, nous
emprunterons encore à son prospectus, à titre de réclame, la
phrase suivante :
Les antisémites qui désireraient im exemplaire de cet intéressant
oovrage feront bien de se hâter avant qu'il ne soit devenu introu-
vable.
Qu'on se le dise ! Pourvu maintenant que les huissiers des
juifs, comme ils en ont peut-être le droit, n'aillent pas pousser
la cruauté jusqu'à pratiquer une saisie chez le sieur Sapin
lui-même !
33EOH:EA.ISrOE
Sous ce titre, le journal le Signal consacre à la comtesse de
Martel, connue en littérature sous le nom de Gyp et qui est devenue
un des rédacteurs ordinaires de la Uhre Parole^ un article aussi
juste que spirituel et que nos lecteurs nous sauront gré de repro-
duire :
Peut-être fus-je parmi les premiers qui découvrirent Gyp,
qui signalèrent à l'attention du public cet écrivain plein de
, malignité et d'espièglerie, dont la plume fixait d'un trait défi-
nitif les caractères d'une classe sociale, et dont l'ironie gamine
tout ensemble et aiguë dénonçait les mœurs de tout un temps ;
et j'allai, dans mon zèle peut-être excessif, jusqu'à ranger
l'anteur de Autour du Mariage et de Petit Bob dans la descen-
dance de La Bruyère. Ne vous récriez pas trop ! C'est bien,
dans les premiers de ses livres, tous les travers d'une époque
qu'elle nous a notés ; et. nul mieux qu'elle ne nous a fait péné-
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8o l'univers ISRAÉLITE
trer dans Tintiniité de ce monde complexe qui, en ethnographie
sociale, est situé entre l'aristocratie à laquelle, par un certain
nombre de ses membres, il est apparenté, dont il a quelques-uns
des goûts et des façons, — et la haute bourgeoisie qui lui envoie
ses enfants prodigues, ceux qui sont las de^a vie de labeur et
de dignité'. Ce monde composite du Tout-Paris, où se mêlent
des gens qui tombent et des gens qui croient s'élever, où Ton
rencontre des vieux noms déclassés et des noms nouveaux à
peine décrassés, où écu et écus fraternisent dans une existence
d'oisiveté et de plaisir, — cq « contesté », dis-je, Gyp nous Ta
décrit excellemment; et cette peinture lui avait valu une noto-
riété de bon aloi, dont elle eût dû se contenter. Elle aurait
gai'dé des amis sincères, des admirateurs passionnés.
Le malheur est que, soit que le sujet lui ait paru épuisé, soit
qu'il y ait eu chez elle dépravation du goût par certains con-
tacts, elle s'est littérairement dévoyée. Sa distinction native
s'est altérée, elle est tombée au rang de nos plus vulgaires po-
lémistes. Hier, son esprit avait une grâce patricienne, même
dans ses libertés, et c'était son charme suprême. Elle était
vraiment de la race des grandes dames du siècle dernier, qui
s'émancipaient parfois et ne s'encanaillaient jamais; elle nous
rappelait, par plus d'un trait, cette duchesse du Maine dont
Mme de Staal-Delaunay nous a fait un si curieux portrait.
Aujourd'hui, on la voit qui se commet dans des compagnies
fâcheuses, où elle perd jusqu'à cette délicatesse aristocratique
qui l'éloignait jadis de toute vulgarité. Ce n'est plus la comtesse
de Martel, nièce de Mirabeau ; c'est un rédacteur de La Libre
Parole ou de V Intransigeant, C'est, si l'on préfère, l'Olympe
de Gouges de notre temps. Et je ne peux m'empôchcr de me
rappeler, ici, sa réponse à Francisque Sarcey, qui la mettait
en garde contre certaines licences : a Si vous saviez comme j'ai
été mal élevée ! » De cette éducation négligée, jusqu'ici nous
n'avions connu que les beaux côtés. L'allure garçonnière de Gyp
n'était pas pour nous déplaire, en efl'et, ni son humeur éveillée
et malicieuse, ni son esprit dégagé de maints préjugés; mais ce
qui était qualité, tout au moins littéraire, est devenu défaut, et
nous nous trouvons devant un simple bas-bleu aigri, voué aux
basses besognes de la politique î
L'on avait pu lui pardonner sa participation au boulan-
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l'univers ISRAÉLITE 8l
gisme. C'était un mal général, dont nous aurions pu mourir,
certes, mais dont presque tout le monde était frappé. Lorsque
l'égarement atteint une partie de la nation, nul ne peut être
déclaré particulièrement responsable ; il n'y a pas môme à
blâ,mer, il n'y a qu'à plaindre. Mais la voici qui s'associe à la
campagne criminelle menée, dans un but évident de lucre, par
Drumont contre les Juifs ; qui désigne une catégorie d'hommes
au mépris public ; qui excite des citoyens les uns contre les
autres ! Soit, je laisse de côté la questioi;i sociale, quoiqu'il soit
profondément affligeant, le spectacle d'une femme qui s'attèle
à cette besogne de haine, surtout si l'on considère que cette
femme est du sang de Mirabeau, dont la gi*ande àme était si
noblement éprise de justice ; oui, quoique l'on puisse dire que
Gyp manque à la charité de son sexe et aux traditions de sa
race , je reste sur le terrain littéraire, et je fais remarquer
qu'en se mettant au service d'une dégradante industrie sa
plume a perdu toute élégance, toute finesse, toute dignité, et
qu'elle ne trace plus que de grossières plaisanteries, dignes
tout au plus d'un Monniot ou d'un Gaston Méry. J'ai sous les
yeux le numéro de la Libre Parole de ce jour. Tous les juifs
font métier de trahir la patrie, de spolier le prochain; il n'est
point d'ignominie dont ils ne soient capables, et qu'ils ne com-
mettent avec une sorte d'inconscience ; bref, ils sont bons à
pendre. Mais on nous l'avait si souvent répété, et sur tous les
tons, on nous l'avait corné aux oreilles avec tant d'insistance,
que nous ne pouvions l'ignorer à moins d'extrôme mauvaise
volonté, d'un parti pris véritablement coupable. C'était donc
chose entendue, et point n'était besoin que Gyp vint appuyer
sur la chanterelle. Je dois reconnaître qu'elle s'est appliquée à
mettre des paroles nouvelles sur cet air déjà ancien. Oui, nou-
velles. Jugez-en : les juifs de Gyp ont tous l'accent allemand;
ils ne prononcent pas « vous » mais bien a fus », et au lieu de
« comtesse », c'est « gomdesse » qu'ils disent. On nous dit que
voilà une trouvaille ; et qui ne s'esclafl'e pas, paraît-il, a incon-
testablement le muscle zygomatique atrophié. Le mien l'est;
car ce jargon tudesque, je l'avoue avec humilité, ne provoque
chez moi qu'une immense pitié.
C'est dommage. La gaieté de Gyp était de vraie veine fran-
çaise. Encore une fois, elle était dans la bonne tradition de
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8a l'univers ISRAÉLITE
notre race, avec une note personnelle, une pointe de gaAiinerie
qui seyait parfaitement ; elle était de la lignée de nos grands
satiristes, qui sont aossi des moralistes, — de celle qui com-
mence à Montaigne, et qui se continue avec La Rochefoucauld,
La Bruyère et Beaumarchais. — Et elle s'en va bras dessus
bras dessous avec Papillaudet Jean Drault. La chute est lourde,
et vifs nos regrets !
GlBRAC.
L'ÉCOLE DE TRAVAIL
. On nous communique le compte rendu de V Ecole de Travail
pour les années 1894, 1895 et 1896. Nous croyons intéressant
d*en rapporter les principales données.
Le nombre des élèves s*est élevé à io3. Ces jeunes gens sont
de Paris pour la plupart, quelques-uns viennent de province,
beaucoup d'Alsace. Sur ces io3, 21 ont terminé l'apprentissage.
Les vides se comblent rapidement ; plus de candidats se
présentent qu on n'en peut admettre. Comment opère- t-on la
sélection ? Le Comité d'admission permanent se renseigne sur
la situation matérielle des familles, leurs charges d*enfants ; il
donne la préférence aux familles nombreuses ou aux enfants
abandonnés. Le candidat passe une sorte de conseil de revision
pour qu on juge de ses aptitudes physiques. Il doit présenter
aussi un certificat d'initiation religieuse, enfin on^ l'interroge
sur les matières enseignées à l'école primaire.
C'est ainsi que VEcole de Travail vient au secours des
familles malheureuses, leur prend un et quelquefois deux de
leurs enfants, fait leur éducation et leur met en main un métier
qui leur permettra de vivre.
Le Comité tient à souci de développer les bons sentiments
et les saines idées dans l'esprit et le cœur des élèves. Aussi
a-t-il créé un cours de religion et de morale professé tous les
samedis matin par M. le rabbin Jacques Kahn, des conférences
sur les sujets les plus divers : M. George Vidal a traité de la
question ouvrière, M. Maurice Bloch de l'économie sociale telle
qu'elle est enseignée dans les Fables de La Fontaine, etc.
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l'uNIVBRS I8RAÉUTB ^ 83
La plus grande diversité continue à se rencontrer dans le
choix des proférions. Un relevé qui porte sur loo apprentis
indique qu'ils fournissent :
a marqueteurs ; 6 tapissiers ; i5 tailleurs ; 5 chemisiers ; 4 méca-
niciens ; 3 mécaniciens de précision ; 3 mécaniciens dentistes ;
9 bijoutiers ; 3 sertisseurs ; 3 tourneurs :^4 piqueurs de tiges ; a four-
reurs ; 7 lithographes ; 5 graveurs ; 6 typographes ; 5 horlogers ;
I opticien; 3 serruriers; a orfèvres; i ciseleur; 3 monteurs en
bronze.
U Ecole se trouve dans une situation matérielle florissante ;
grâce à de nouvelles libéralités Y Ecole a pu porter dé 56 à 65
le nombre de ses internes.
Le tableau qui suit donnera une idée du mouvement des
élèves dans ces trois dernières années :
Nombre des Apprentis en 1894
Placés à FEcole de Travail
au i«r janvier 1894 62 internes, 4' externes = io3 ^ ^ '
Admis pendant Tannée 1894 11 — 4 — =i5n
Ayant Ani leur apprentis-
sage pendant Tannée 1894 18 — 7 — = Q^
Restant en apprentissage le i«*" janvier i895 93
Nombre des Apprentis en 1895
Placés à TEcole de Travail
au le^ janvier 1896 55 internes, 38 externes = 93 ^
Admis pendant Tannée 1895 16 — 3 — = 19 <
Ayant fini leur apprentis-
sage pendant Tannée 1895 17 — 5 — = 22
Restant en apprentissage le i«r janvier 1896 90
Nombre des Apprentis en 1896
Placés à TEcole de Travail
au v^ janvier 1896 54 internes, 36 externes = 90 ^
Admis pendant Tannée 1896 27 — 10 — = 37 > "^
Ayant fini leur apprentis-
sage pendant Tannée 1896 21 — i5 — = 36
Restant en apprentissage le i'^ janvier 1897 91
Voilà une œuvre de bon et vrai socialisme, et, comme le
disait le président de V Ecole de Travail, le docteur M. Leven,
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84 l'univers ISRAÉLITE
« nous sommes des socialistes, mais des socialistes qui ne veu-
lent pas de Tinterveution de FEtat. Nous comptons sur le cœur
religieux et compatissant de nos souscripteurs. Notre socialisme
puise son principe dans un sentiment religieux et non dans
un sentiment de jalousie et de haine ; nous ne prétendons
abaisser personne ; nous voulons, au contraire, élever ceux
qui sont en bas de Téchellê sociale. »
Il y a trente ans que cette excellente institution existe ; des
centaines de jeunes gens lui doivent de gagner honorablement
leur vie. Nous formons des vœux pour que les dons et les legs
affluent à cette œuvre d'intelligente charité et qlie VEcole
prenne chaque année une extension plus grande.
L. L,
REVUE LITTERAIRE
1
Die Freude in den Schriften des alten Bandes^ par le doc-
teur Aug. Wunsehe(i).
Y a-t-il dans TAncien Testament des expressions pour dési-
gner la joie ? On ne le dirait pas si on ne consultait que les
dictionnaires bibliques de Viner et de Riehm.
Ces expressions, M. Wiinsche les a cherchées dans les
divers livres bibliques où elles se trouvent disséminées, il les a
réunies et il les explique.
Dans TAncien Testament, nous dit-il, nous voyons d'abord
Dieu qui se réjouit d'avoir créé le monde, qui manifeste aussi
sa joie d'avoir délivré Israël de l'esclavage et d'en avoir fait un
peuple libre. Nous voyons aussi Israël qui se réjouit de connaî-
tre l'Eternel, Créateur et Providence du monde, le Dieu juste
et bon qui châtie les oppresseurs et affranchit les opprimés.
Israël est heureux aussi de pouvoir mettre sa confiance en
Dieu qui a été dans le passé et qui sera dans l'avenir son appui
et son protecteur. Mais ce ne sont pas seulement des joies reli-
(1) Weimar, Verlag von Emil Telben. 1 brochure in S», 1 m.
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l'univers ISRAÉLITE 85
gîeuses que ressent Israël. Il ne lui est pas ordonné par sa foi de
dédaigner, de fuir les biens terrestres ; il peut en prendre sa
part. Le travail et les résultats féconds d'un labeur béni inspi-
rent aux descendants de Jacob des sentiments joyeux dont
l'expression se rencontre fréquemment dans la Bible.
L'intéressante monographie du D^ Wùnsche vient s'ajouter
dignement aux nombreux et savants ouvrages que cet illustre
professeur a consacrés à la littérature juive. ,
II
Entwickeliingsgeschichte des Reiches Gottes iinter dem alten
und neuen Bande, par H. J. Bestmann, pasteur (i).
M. Bestmann s'efforce de montrer que les promesses messia-
niques forment le fond de tous les écrits bibliques. C'est à ce
point de vue qu'il étudie les divers livres dont l'ensemble forme
l'Ecriture Sainte et qu'il groupe les passages dont se compose
chaque livre. Il cherche aussi à réfuter, en passant, les opinions
de WelhauscA et de son école.
Le livre de M. Bestmann dénote une étude approfondie de
la Bible et une connaissance exacte de la critique biblique. Mais
il y a des réserves à faire sur beaucoup de ses vues.
En supposant mOme que les promesses messianiques soient
contenues partout où les voit M. Bestmann. rien ne prouve
qu'elles se rapportent nécessairement à l'établissement de la
religion nouvelle sortie du judaïsme et la discussion sur ce
point est encore ouverte.
III
Festpredigten, par le D^ Steckelmacher (a) ,
rabbin à Manheim,
M. le D*^ Steckelmacher est un prédicateur heureux. Beau-
coup de ses auditeurs lui ont demandé de publier en un volume
les sermons qu'il leur avait fait entendre. Ils désiraient relire
dans le silence du cabinet les discours qui les avaient intéressés
et impressionnés quand ils leur furent adressés du haut de la
chaire.
(1) Berlin, Wiegandt und Grieben, 1 fort vol. in-8o.
(2) Manheim, Bensheimer. 1 fort vol. grand in-8<».
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86 l'uNTVBRS ISaAÉLITB
M. Steckelmacher a eu raison de se rendre au désir qui lui
a été exprimé, d'abord parce que ses sermons méritaient les
honneurs de l'impression, et parce qu'il a fourni ainsi non seule-
ment aux membres de sa communauté, mais à tous ceux qui
aiment le judaïsme, l'occasion de s^édifier en lisant des sermons
dans lesquels se fait jour un amour ardent et profond pour la
religion que nos ancêtres nous ont conservée au prix de tant de
luttes et de souffrances et qu'il nous ont transmise comme un
dépôt précieux sur lequel nous devons veiller soigneusement
et que nous devons léguer à notre tour à ceux qui viendront
après nous.
Mais ce n'est pas d'un attachement instinctif, irraisonné, que
M. Steckelmacher fait preuve et ce n'est pas unpareil attachement
qu'il réclame de nous. Il met en lumière les hautes qualités du
judaïsme, nous fait connaître les raisons pour lesquelles notre
religion adroit à notre respect et à notre affection, et repousse
vigoureusement les attaques injustes dont nos doctrines sont
l'objet.
Il ne se contente pas de faire l'apologie de notre foi, il
indique les devoirs qu'elle prescrit et exhorte chaleureusement
ses auditeurs à les accomplir.
La situation d'Israël est changée, de nouvelles obligations
qu'on ne prêchait pas à nos ancêtres s'imposent à nous» l'ora-
teur n'a garde de les oublier. Le langage de M. Steckelmacher
quoique simple est toujours élégant et élevé. Ses citations sont
habilement choisies; il les emprunte non seulement à l'Ecriture
Sainte, mais au Talmud et au Midrasch, et montre ainsi qu'il
est familiarisé avec les écrits de nos docteurs.
M. Steckelmacher en publiant ses recueils de sermons a
contribué à faire mieux connaître et à faire aimer davantage la
religion dont il est le ministre.
ISAAG Lévy,
grand rabbin de Bordeaux.
Conférenee à F ^ Union scolaire ^
Mardi dernier, M. Henri Deloncle, avocat à la Cour d'appel,
frère du député, nous a fait une conférence sur le Mysticisme con-
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L UNIVERS ISRABLITK 87
temporain. Cette conférence a duré une heure et demie, mais per-
sonne ne s'en est plaint, tant le sujet était palpitant d'intérêt et tant
le conférencier manie la parole avec une aisée et rare éloquence :
M. Deloncle est un orateur d'un puissant tempérament.
Après avoir déOni le mysticisme la recherche d'une fusion intime
entre la créature 'et le créateur, M. Deloncle fait Thistorique de cet
esprit, de ses manifestations et de ses excès chez les peuples de
rOrient. U établit que la religion juive devaijt en demeurer indemne,
parce qu'elle n'est pas encombrée d'équivoques, qu'elle repose sur
une révélation simple et unique, qui^impose des devoirs déterminés.
L'orateur a examiné ensuite les origines et l'évolution du mysti-
cisme contemporain. Il a parlé de l'évocation des morts, des tables
tournantes, du spiritisme, et montré que ces aberrations nous vien-
nent d'Amérique et qu'elles sont le mysticisme réfracté à travers
des cerveaux grossiers. Cet esprit avait disparu en France devant
le triomphe des sciences positives, mais il a commencé à renaître
vers 1880. On a alors raffiné sur le mysticisme : Barbey d'Aurevilly,
Villiers de l'Isle-Adam, Verlaine ont remis le catholicisme àla/node;
nous avons été envahis par Tolstoï et Dostoïewsky, par les Préra-
phaélites et Botticellistes. Vers le même temps, le Sar Péladan fon-
dait la Rose-Croix et se jetait sous les pieds du pape, et la hiagie,
cette recherche du mal et de la négation de Dieu, se mettait à re-
fleurir.
Toutes ces manifestations mystiques,a dit en terminant l'orateur,
toutes ces réactions, sont le fait du catholicisme. C'est le catholi-
cisme toujours tendu vers la sécpiestration des consciences, qui, pour
assurer sa domination sur le monde, a favorisé le développement
de toutes ces conceptions nocives. Il n'y a point à s'y tromper,quand
on voit des prêtres affirmer la présence de la Vierge à Tilly-sur-
Seulles et qu'on voit Tévêque de Bayeux recourir à Rome pour
savoir quelle attitude prendre ; il n'y a pas à s'y tromper, quand on
voit un Brunetière proclamer la banqueroute de la science et un
Vogué essayer de traîner la jeunesse à la remorque de l'Église. On
voudrait nous ramener aux beaux jours de l'intolérance au profit
du seul catholicisme, obscurcir la pensée pour la mieux asservir :
voilà le fond du mysticisme. Eh bien, non, nous ne nous laisserons
pas leurrer par ces fantasmagories morbides, nous garderons notre
esprit dans sa santé et sa droiture, et nous combattrons les deux
pires ennemis de la société : Thypocrisie et la misère.
Inutile d'ajouter que des tonnerres d'applaudissements ont
couvert les paroles du conférencier.
L. L.
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88
l'univers ISRAÉLITE
CORRESPONDANCE
Monsieur le Rédacteur,
Je me fais l'interprète de plusieurs fidèles du Temple de la
rue de la Victoire pour protester contre un fait contraire
à tous nos usages qui a eu lieu samedi dernier audit temple.
A l'occasion d'une Bar-Mitzvah, on a autorisé 7 ou 8 dames
à assister à l'office aux places réservées aux hommes.
Je ne crois pas que cette innovation ait été bien opportune
après l'échec éclatant de la candidature Metzger aux dernières
Élections consistoriales.
Veuillez agréer, etc.
Un de vos ABONNÉS.
■^■^a-.g=g~a->"
DONS
EN FAVEUR DES OEUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 2 au ê a^ril
MM. Seligmann (Henri) 500
Ouhf (Emile) r^OO
Blad (Arthur) 100
Bloch (Raoul), 7, rue
d'Anjou 50
M™« Janic ^0
MM. Paraf, 3, rue des Mathu-
rinb 50
Weill (Arthur), 17, rue
Drouot 50
Lévy (Raphaël), 4, rue
de l'Echiquier 30
Ca&sel 25
Poppert 25
Beroard (Léopold) 10
Hayem, 72, rue Roche-
chouart 10
Mme Lévy 10
M. Lévy (Edmond), 52, rue
Prony 10
MM. Lévy (Gilbert) 10
Salornon (Hector) 10
Sa lomon (Jules) 10
Ulmer 10
Bernheim (C). 9, rue
Réaumur 5
Bloch, 3. rue de Turbigo ' 5
Brunswig, 10, rue de
Marseille 5
Dreyfus (Jules), 23, bou-
levard Voltaire 5
Grurabac (Isidore) 5
Kornreich ( A . ) 5
Lévy-Lang 5
Mayer (le rabbin) 5
Picard (Gustave) 5
Weill (S.), 10, rue de
Birague 5
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l'univers ISRAÉLITE
89
Quête pour distribution des Azymes (fin)
MM. Bollack, 7, rue da Louvre 40
Chan (Bernaid) 40
Lévy (Hermanos) 30
Hirsch (Louis) ... 25
M»»«Tarbé 25
M. Feldstein 20
M»* Blocli (Louis) 2«)
M . Lévy (Jacques) 20
Mme Lévy (Léopold) 20
MM. le' Général Lévi-Alvarè». 20
Marx frères 20
Mm« Helbronner (Horace) 20
MM. Theumann IH
Fribourg 10
Lyon (Camille) 20
Mme Lyon (Salvador) 20
MM.AdIer (J.) 20
Mayer (Krnest) 10
Schnerb 10
Schuhl 10
Spielmano 10
Brisac(Max) 20
Cahn (S.) - .^0
M-« Gerson 20
MM. Hipsch (Albert) 20
Kulp 20
Mayer (Gaston) 20
Wassermann (Melville).. 2-»
M"e Lévy lier (Eugène) 20
MM. Grimberg 20
Splîzer (Jacques) >0
Engelroann (Moïse) lu
Goldschmidf, 38 . rue
Croix-d. -Petits-Champs 10
Grumbach 10
EUe lu
Haua^T 10
Keim (Nephtalie) 10
Lévy (Henri), 30 rue Tur-
bigo 10
Lévy (L**oni, 40, rue des
Petites-Ecuries 10
Meyer (Daniel) 10
Brisac (le Générai) 2o
Weill 5, rue Mazagran. . 2C
Schloss (Philippe) 20
• oewenstein frères 50
Kann (R.) 40
Lajeunesse (Cerf) 10
Lickmann 10
Levea frères et fils 50
Dreyfus (Alphonse) 50
Dukas 20
Heller 20
Marx (Jules. ) 20
M™« Wichel-Lévy (Auguste).. 20
MM. Paquin (Ferdinand) 20
Schorestene frères 20
Geigenmacher 25
Philippi (Léon) 2i»
Bloch (Léon) 50
Einhorn 20
Stem (Michel) 50
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
Mannheim (Charles) 20
Oppenheimer (Abraham). 20
Halphen (Eugène) 20
Munck 5
Weill (Raphaël) 10
L'inir( Emile) 10
Weill Albert) 10
Haas jeuDC 20
Sussfeld 10
Soring^r... 10
Samson 10
Seligraann, 44, rue Ri-
cher 10
Sommer (Samuel) 10
Michel 50
Goldschmidt (S. H.) 100
Klein (docteur} * 20
Nerson (A.) 20
Ochvé (Albert) 20
Bloch (L.), 80, rue Mon-
ceau 10
Brunschw'g, 19, rue Pro-
vence 10
Crernnitz 10
Haas (Otio) 10
Halimbour^ 10
Hermann (J.) 10
Hirsch (Alphonse) 10
Hirsch (Jacques) 10
Kiéfé (Max) 10
Lévy (Lucien), 42, rue
Ktienne-Marcel. 10
Lévy (Nathan). 19, boule-
vard Male-herbes 10
Séligmann-Lui 10
Bargas 5
Bergmann 5
Moyse (Anselme) 10
Blum (Joseph) 5
Bloch (Marx) 5
Cahn (Léon), docteur 5
Cohen (Jules) 5
Halévy (J.) 5
Dreyfous (Médéric) 5
Dreyfus (Théodore) 5
Lambert (Mayer) 5
Lesser 5
Lévy (Isaac) 5
Lévy (Arm«nd)
Lévy (Louis) Zu, rue Ro-
croi 5
Lévy-Lang 5
Lion (Moïse) 10
l yon (Maurice) 5
Mund( Bernard) 5
Mund (Lucien) 5
Patto 5
Sarrassin 5
Schneider (David) 5
Silberberg'. 5
Simon (Eugène) 5
Worms (i>alomon) 5
Kautfann (Georges) 20
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^
l'univers ISRAÉLITE
MM. Salomon (Ouda)
20
20
20
50
200
20
20
10
10
10
10
10
5
5
5
100
20
20
10
10
10
10
10
10
10
5
5
5
5
.5
5
5
20
20
10
10
5
10
5 1
M°»« la baronne Léonino (Jo-
seph)
MM. Blumenthal (W.)
Cardozo.
Levi-David (docteur)
May ( Jawiques) ... .'
100
100
Le^Tnann (Albert)
Stem (Edgard)
50
Loëb(BJ
.10
Kleinberger
Dreyfus-Stern
Bloch (Albert) . .
Lièvre (Adrien)
Spitzer (Jacques)
Trêves (Georges)
Worm (D.)
Mme Bernard
Grunthal
de Goldâchmidt (baroo
Louis)
Wimpheimer (Samuel)..
Mme Wright (F. W.)
MM. Hauser (Alphonse)
Wolflf (Max)
Rosenfeld (P»ul)
Rosenfeld (Henri) '.
Ottensooser
Lévy (D.),82,rue de Dun-
kerque
5
50
5
50
10
15
10
Lang (J.)
10
Sopher
Cohen (Alexandre)
Kahn (Morel)
20
8
Lévy (S.), 34,rfiodes'Ar.
chives
Alexandre (Simon)
' Dreyfus, 162, fbg St- Mar-
tin
Haas et Aron
Bollack (Charles)'..'
Worms (Emile)
Godchaux (Daniel)
Rothemberg
Hertz (J.)
Hertz (Emile)
5
10
10
5
10
10
Gugenheim (E.)
Kisch (Isidore)
Lévy ( Joseph).. <
Schuhl
Franck (Jules)
Sinay (M.)
Hirsch (Albert)
10
10
Lévy (E.)
Salmon (Emil )
Anspach (Eliezer)
Bernard
W'eill (A.). 33, rue du
Cherche-Midi
Waller(Otto)
Mme Mayer (Moyse)
MM. Hir>chberR
Israël (Alphonse)
Pascal et Delma
10
10
100
Campos
Dreyfus (Adolphe)
Kaufmann (S.)
Rosenfeld (Jules)
Bruhl (A.), 47, blv. Ma-
le»herbes
Hirsch (Salomon)
Cahen (Marx)
20
10
5
10
10
20
5
May (Nathan)
Lévv (Cerf)
B**rnheim ( J . )
3
Mme Cahen Ascoli
Bloch (Edmond)
Marx, 105,r. Montmartre.
Schwab (Moïse)
Oppenheimer (Joseph H.).
5
Ries(B. M.) ....:.
M™® Benoit- Lévy
MM. Lang Hayem
Levi (Raphaël)
5
10
20
Nouvelles diverses
Paris. — Nous apprenons que le Consistoire central a désigné
M. Bloch, rabbin à Remireniont, comme grand rabbin d'Alger^ en
remplacement de M. Weill, démissionnaire.
**«
— l*ar tiépt^che en date des 18 et 29 mars, MM. les minis-
tres de la marine et de la guerre ont annoncé au Consistoire central
qu'ils venaient d'envoyer aux chefs de corps des eirculaires pour
leur faire connaître que les fêtes de la Pâque israélite ont lieu cette
année du lO avril matin au 2.5 avril matin et pour les inviter à
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 9I
donner anx militaires Israélites les facilités de célébrer ces fêtes.
(Rappel par le ministre de la guerre de la circulaire ministérielle du
10 décembre 1888.)
*
— Pour perpétuer le souvenir de la baronne Emmanuel Léonino,
née Juliette de Rothschild, M. le baron Emmanuel Léonino vient
dlnstituer un prix qui portera le nom de Prix Juliette Léonino et
sera décerné tous les ans, à partir de Tannée 1898, par les soins du
Comité des écoles, à l'élève Israélite des Ecoles consistoriales de
lilles qui se sera le plus distinguée au cours de ses études primaires
par son travail, ses progrès, sa conduite, tant à l'Ecole que dans sa
famille.
La lauréate recevra à la distribution solennelle des prix un
diplôme d'honneur auquel sera jointe la somme de cent franc^. Le
surplus du montant du prix sera placé et sera productif d'intérêts
qui viendront s'ajouter à ce prix. La somme ainsi produite sera
remise à la bénéliciaire au moment de son mariage ou de son éta-
blissement.
Londres. -- Dans sa dernière assemblée générale, la Royal
Society of sciences, la plus haute autorité scientifique d'Angleterj^,
a élu membre le célèbre botaniste Ferdinand Cohn de Breslau.
Allemagne. — Le S0rment confessionnel. — Le Reichstag a
adopté après un vif débat la proposition du parti des socialistes
réformistes, demandant, pour les serments prêtés devant la justice,
le rétabUssement de la formule confessionnelle. Le débat a mis en
lumière la tendance antisémitique de la proposition .
Les conservateurs, le parti de l'empire, le parti des socialistes
réformistes et le Centre ont voté pour la motion ; les socialistes, les
deux partis libéraux et les libéraux-nationaux ont voté contre.
Le prince de Hohenlohe a également voté contre, en dehors de
tout groupe.
#**
Berlin. — Ahlwardt va créer sous peu une association de femmes
antisémites : nos sœurs d'Allemagne n'ont qu'à se bien tenir !
Hambourg. — Lors du service en mémoire de l'empereur Guil-
laume I***^, le comte de Waldersee s'est rendu à la synagogue et il y
est demeuré tout le temps qu'a duré la cérémonie. Cette attitude du
comte de Waldersee a été remarquée, d'autant qu'il passait pour
avoir de fortes accointances avec l'antisémitisme.
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92 l'univers ISRAÉLITE
Vienne.' — Le dictateur de Vienne, M. Lueger, s'entend à mer-
veille à la mise en scène. On se souvient que, il n'y a pas dix-huit
mois, le comte Badeni s'opposait à ce que la sanction impériale fût
donnée à l'élection de Lueger comme premier bourgmestre de Vienne,
et Lueger lui faisait alors la concession de faire élire bourgmestre
l'innocent Strohbach, ancien commis libraire ; il se contentait d'exer-
cer le pouvoir sous le modeste titre de vice-bourgmestre. Depuis les
élections du 9 mars, où les antisémites ont triomphé sur toute la
ligne, on savait que Lueger réclamerait le prix de sa concession, et
c'est pourquoi, ces jours-cf, il donna l'ordre à son homme de paille
d'avoir à donner sa démission. Celui-ci, docile, s'empressa d'obtem-
pérer à la volonté de son seigneur et maître : il résigna ses fonc-
tions. Donc, on élira M. Lueger premier bourgmestre de Vienne,
M. Strohbach sera premier vice-bourgmestre et la sanction impé-
riale ne se fera pas attendre cette fois-ci.
On dit, d'ailleurs, que Lueger veut, de son côté, résigner son man-
dat de député, ce qui serait encore un coup fort habile, car de cette
façon il se dégage de la position fort embarrassante où il se trouve
par suite de ses invectives contre les Hongrois. Il lui eût été impos-
sible de voter le compromis avec la Hongrie, tandis que le parti
antisémite n'a d'autre ambition que de faire cause commune avec le
gouvernement et la majorité cléricale ; en cessant d'être député, il
évite le danger de se démentir et reste tout de même le chef du
parti antisémite. (Journal des Débats).
— Le parti antisémite compte ii 3 députés : 28 membres du parti
socialiste-chrétien (Lueger); 39 du parti démocrate -allemand ; 4'
du parti démocrate-clérical ; i5 du parti Schoenerer.
***
Autriche-Hongrie. — Une députation de la Communauté juive
de Czegled s'est présentée devant le ministre des cultes hongrois
pour solliciter une subvention. Elle avait à sa télé Francis Kossuth,
fils aîné du grand patriote hongrois, un non-israélite,* et la de-
mande a été prise en considération.
Galicie. — Troubles, — Des troubles graves ont eu lieu hier et
avant-hier dans la petite ville de Chodorof, en Galicie.
Ces troubles, qui étaient dirigés contre les Israélites, avaient
pour auteurs des ouvriers mazoures travaillant au chemin de fer.
Des deux côtés il y a eu des blessés ; les dégâts matériels sont
iniportants. Un escadron de dragons et une compagnie d'infanterie
sont arrivés à Clwdorof.
Les autorités judiciaires sont également sur les lieux.
Hier soir et ce matin l'ordre n'a pas été troublé.
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l'univers ISRAELITE ^S
Aujourd'hui, M. Eugène Abrahawowicz, député polonais, a inter-
pellé le gouvernement au sujet dé ces événements.
AmsteiFdam. — Lors de la grève des ouvriers en diamants, le
grand rabbin Dunner a élé choisi comme arbitre.
*♦*
Russie. — M. Léon Brodsky offrit dernièrement à la municipalité
de Kief la somme de cent vingt mille roubles pour la fondation d'une
banque populaire qui permettrait aux artisans et aux petits commer- .
çants de faire des emprunts à un intérêt minime. Le Conseil muni-
cipal décida qu'aucun juif ne pourrait faire partie de l'administration
de cette banque et que les Israélites ne seraient admis à contracter
des emprunts que dans une proportion très limitée. Dans ces condi-
tions, M. Brodsky retira son offre et déclara qu'il attendrait des
jours meilleurs.
«%
— Une question très intéressante vient d'être discutée devcmt la
Haute-Cour de Kief. Un israélilc, muni des diplômes universitaires,
fit l'acquisition d'une propriété dans la ville. Le greflier du tribunal
.de simple police refusa de signer l'acte de vente, alléguant que,
d'après la loi en vigueur, aucun juif ne pouvait acquérir de biens.
L'israélile en question en appela à la Haute-Cour ; celle-ci déclara
que, puisque les juifs possédant des degrés universitaires peuvent
résider dans toutes les parties de l'Empire, ils peuvent ahssi devenir
propriétaires.
Cette interprétation fut vigoureusement contestée par les juges
du tribunal local, mais la Haute-Cour maintint son jugement en
faveur de notre coreligionnaire.
■ *** .
Odessa. —, Le nombre des élèves admis à l'école con^merciale
«st déterminé par la quotité des impôts. Toutefois, les aspirants
Israélites étaient jusqu'ici soumis à des réglementations spéciales et
l'accès de l'école leur a été très mesuré. Sur l'ordre de l'empereur,
le ministre des finances vient de signifier au directeur qu'il ait doré-
navant à dépasser les liiuites*iixées pour l'admission des juifs, à
proportion des places disponibles.
*
Bbukovina. — Ce pays jouit du rare privilège de n'être pas
infecté par l'antisémitisme : juifs et chrétiens vivent en parfaite
intelligence. Lors des récentes élections législatives, le D' Benno
Straucher a été élu à une très forte majorité.
Bucarest. — Dans plusieurs localités, les maires ont rendu des
ordonnances tendant à interdire la Schechitah.
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94 l'univers ISRAÉLITE
BRONCHITES ET TUBERCULOSE
se guérissent sûrement et promptement par la DuCasbline (extrait
concentré des plantes du Brésil), une des nias merveille uses décou-
vertes de ce* siècle.
Rappelons en quelques mots les principaux symptômes de la
tuberculose, qui peut être engendrée par une bronchite mal soignée :
toux avec ou sans expectoration, quelquefois crachement de sang,
enrouement, oppression, palpitations de cœur, sueurs nocturnes,
faiblesse générale, amaigrissement, perte d'appétit, troubles de la
digestion, lièvre vers quatre à cinq heure^ consomption, diarrhée.
La Ducasbline, médicament végétal absolument inoffensif, est
cependant d'une efficacité telle qu'au bout de quelques jours on
sent déjà une amélioration sensible, et la guérison radîcale est
obtenue après quelques mois de traitement.
La maladie guérie ne revient plus, et les forces se mcdndennent
par l'usage de la Ducasbline,
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Jiidisches Volksblàtt
Herausgeber : Dr. Louis Neustadt in Breslau
Inhalt : Leitartikel, wissehsch. Artikel, Erzœhlungen, Bûcher-
schau, Zeilungsschau, Verfûgungerw und Entscheidungen von Be-
hœrden, Slenograph. Berichte wichtiger Parlaments- Verhandlungen.
Urtheile berûhmler Maenner.ûber Juden und Judenthum, Gemeinde-
Schul- und Vereinsleben, Sliftungen, Personalien, sœmmtliche ausge-
schriebene Stellen mit statist. Angaben, Stellenannahme fur ver-
schiedene Berufsarten, Auskunft uncntgeltlich durch die Expé-
dition.
Abonnement pro Quartal i Mk. 35 Pf. bei der Post (Deiitsche
Postzeitungsliste Nr. 3oi2), fur das Ausland i Mk 5o Pf., auch durch
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L UNIVERS ISRAELITE
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52' Anaée ' N» 30 16 Avril 18Ô7
l II IVEI iS
ISRAÉLITE
Journal des Prineipes Conserrateurs dn Judaïsme
PONDâ PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
SOMUIAIRE
Calendrier de la Semaine.
France et Autriche.
L'Agneau pascal.
M. Méline et les Juifs.
Séminaire israti:lite de France.
Les Antisémites Algériens devant la Justice.
Les Troubles de Schpola.
Vocabulaire de l'Angèlologie.
Dons en faveur des œ'jvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 hi$, rue Lafayette.
PRIX^E L'ABONNEMENT :
Franco, Algérie, Alsaoe-Ll^rraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 tr. — Six mois, 14 fr.
Prix du' nnméro : BO centimes
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Quartiers les plus sains de Paris, l'hôtel occupé par l'Institution
aepuis avril 1B95 se trouve dans les meilleures conditions d'hyg^iène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section conmierciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la çéographie, les
sciences mathématiques, physiques et natureUes, Tuistruction reli-
gieuse, le dessin et fa gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i»^' section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux-
baccalauréats de l'enseijg^nement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2** section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lyo^e Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccsuauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'Institution a présenté aux
examen j de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçu^ et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
(EraUn^xitx MxàiliU îre la Semaine
Avril. Nissan.
17 Samedi (Fin du sabbath à 7 h. 45) l»»* j. de Pessah 15
18 Dimanche 2« — 16
19 Lundi 3^ — 17
20 Mardi 4» — 18
21 Mercredi 5e _ 19
22 Jeudi 6* — 20
23 Vendredi 7« — 21
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 h. 1/2; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 h. \\%\ se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Serçice solennel de Min ha (Samedi)
Rue de la Victoire : A 4 heures ; rue des Tournelles : A 2 heures.
Décès
8 avril. Rigler (Charles), 2 ans 1/2, ruo Malart, 25.
y — Mayer (Louis), 58 ans, à Ch.itilion.
— Haymann [Léon], 57 ans, rue Pic pus, 76.
^- Mp^c Léman (Elie), née Jonas (lléloise), 37 ans.
— - Drej'fus (Rachel -Marie) 19 mois, rue do la Roquotte, 39.
— M"« Zimmern (Bellu), 80 ans, ruo do la Pompo, 120.
il — - M™« Vve Simon (Simon), née Cahn (Jeîinnelte), 76 ans, rue do
Murillo, 8.
— Baer (Jacques), 73 ans, blv. Montparnasse, 49.
— M™e Vvo Lêvy (Félix), née Lang (Jeannette), 61 ans, rue Dus-
soubs, 15.
— Lévy (Ce i-f- Mayer), 78 ans, à Neuilly.
— Wail (Eugène), 33 ans, rue Gooffroy-Lasnier, iO.
— M'ncBollack. née Lévy, rue Saint- Antoine, 139.
12 — Kagna (Salomon), 7 ans 12, rue Picpus, 76.
— Schlofs (Rachel) 2 ans 12, rue Daubigny, 6.
13 — Boas (Moïse), 79 ans, rue Lafayctte, 15.
— Mostickcr (Isidore), 61 ans, avenue Bugeaud, 13.
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lOO L UNIVERS ISRAELITB
France et 7\utriche
On connaît les importants succès remportés par les
antisémites dans les différentes élections qui ont eu lieu
depuis un an dans Tempire d'Autriche. Après être resté
longtemps, comme chez nous, à l'état de secte irrégulière
que ses exagérations et ses violences rendaient suspecte
aux autorités et à laquelle ses allures indisciplinées sem-
blaient interdire toute prétention à une influence politique,
l'antisémitisme autrichien a fini par devenir un parti con-
sidérable et menace de mettre la main sur les pouvoirs
publics du pays. Il a pu ainsi se rendre maître de la diète
de la Basse- Autriche , s'emparer de la municipalité de
Vienne et disposer dans le Reichsrath d'une minorité
assez nombreuse pour imposer ses exigences aux autres
partis et au gouvernement lui- môme. Ce qui a achevé
son triomphe et en accentue encore la portée , c'est que
son chef, le docteur Lueger, qui, devant une volonté supé-
rieure, avait dû abandonner à un obscur comparse la direc-
tion de la municipalité viennoise, a forcé cette volonté à
s'eflacer et vient de s'installer en maître dans les hautes
fonctions de bourgmestre de la capitale.
Bien que ces événements se passent loin de nous,
qu'ils ne nous touchent pas directement et ne nous mena-
cent ni dans nos intérêts, ni dans nos droits, ils ne sau-
raient nous laisser indifférents. Ce qui les rend dignes de
notre attention, ce n'est pas seulement le devoir de la
solidarité confessionnelle et la légitime compassion que
nous pouvons éprouver pour des coreligionnaires exposés
désormais aux avanies, aux injustices et môme aux persé-
cutions. Non ! la principale raison pour laquelle nous,
Israélites français, nous ne pouvons nous désintéresser des
élections autrichiennes, c'est qu'elles doivent nous amener
à faire un retour sur nous-mêmes, à examiner notre propre
situation et à envisager notre propre avenir. Assurément,
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L UNIVERS ISRAELITE lOI
l'antisémitisme n'a pas atteint chez nous le degré d'inten-
sité et de virnlence où il es^ parvenu en Autriche ; mais il
y fait chaque jour des progrès, et ne devons-nous pas nous
demander si le moment ne viendra pas où, ne se contentant
plus de se manifester par l'outrage, la menace et la suspi-
cion, il tendra à entreprendre en France également la con-
quête des pouvoirs publics ? Ne devons-nous pas surtout
nous dire que la période des élections législatives ne tar-
dera pas à venir aussi pour nous, qu'une année seulement
nous en sépare et qu'en présence de ce qui s'est passé en
Autriche il serait peut-être sage de s'en préoccuper et de
s'y préparer ? Telle est la question qu'il convient de nous
poser, si nous avons à cœur d'éviter de pénibles surprises
et de prévenir l'explosion au grand jour des mauvaises
passions qui grondent dans certaines parties de la popu-
lation française. Et cette question, il importe de l'agiter,
non pas dans des conversations sans portée ou dans des
conciliabules sans lendemain, mais publiquement et de
manière à tenir en haleine la vigilance de tous. Trop
longtemps , nous nous sommes laissé devancer par les
événements ; trop longtemps nous avons cru que nous
échapperions au danger en feignant de ne pas le voir. Mais
l'insouciance et le dédain ne sont plus de saison, et le
spectacle que nous donne l'Autriche nous enseigne que
nous ne sauvegarderons notre repos et notre sécurité qu'à
force de virilité et surtout de prévoyance.
Nous ne voulons rien exagérer, et nous n'entendons pas
établir entre la France et l'Autriche une assimilation qui
pourrait être, à bon droit, considérée comme superficielle.
Nous ne méconnaissons pas les différences profondes qui
séparent, au point de vue des institutions, des traditions,
des mœurs, des idées, et môme des préjugés, la France
républicaine et démocratique de la monarchie catholique
et presqi^e féodale des Habsbourg. D'autre part,nous n'igno-
rons pas les faits quelque peu rassurants qui, dans ces
derniers temps, sont venus marquer un recul de l'antisé-
mitisme en France ou indiquer du moins qu'il se heurtera
désormais à quelque résistance. Ces faits, nous les avons
enregistrés nous-mêmes avec soin, ne fiit-ce que pour
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loa l'univers Israélite
rompre la monotonie de nos habituelles doléances et pour
donner un peu de réconfort à ceux de nos coreligionnaires
qui nous lisent. Nous n'avons donc oublié ni les confé-
rences de M. Leroy-Beaulieu, ni l'enquête ordonnée par la
Chambre sur l'élection de Tabbé Gayraud, ni les revendi-
cations des protestants en faveur de la liberté de conscience,
ni même les actes, trop rares encore et trop isolés, par
lesquels le Gouvernement semble avoir révélé le dessein
de se montrer désormais moins docile que par le passé aux
injonctions de l'antisémitisme et moins timide devant ses
menaces. Nous reconnaissons aussi qu'après avoir long-
temps assisté avec une entière impassibilité à la campagne
menée contre les 5 uifs, les différents partis qui s'abritent
dans notre pays sous le drapeau de la Révolution ont fini
par comprendre que c'était ce drapeau même qui était visé
et qu'à abandonner les juifs ils risquaient de préparer leur
propre défaite. C'est avec une véritable satisfaction que
nous lisions récemment dans un journal radical, peu bien-
veillant jusqu'ici pour nos coreligionnaires, ces lignes où
se trahit une salutaire frayeur, mais où éclatent aussi le
repentir et la contrition :
Prenons bien garde, vous dis-je. Si vous lisez les Croix, vous
verrez d*où est née celte campagne antijuive dans laquelle certains
d'entre nous ont coupéj sans comprendre qu'elle faisait partie du
plan clérical. Le catholicisme voudrait tuer quiconque n'est pas de
son bord et serait fort aise que nous aidions à le débarrasser de
ceux qui n'ont pas reçu le saint baptême. Les deux haines du
clergé, c'est le Juif et le Franc-maçon. Ces deux termes sont sans
cesse accouplés.
Et le journal ajoutait comme conclusion :
Il est temps que nous imposions silence à ces Tartufes qui
veulent envahir la maison.
Encore une fois, voyons le danger et sachons y faire face.
Ces symptômes ont certes leur importance et nous ne
comptons pas comme le moins heureux de tous le réveil
qui s'est manifesté parmi nos coreligionnaires et qui de-
viendra la meilleure des sauvegardes pour peu qu'une
impulsion vigoureuse et soutenue vienne le maintenir et
le stimuler. Il ne faudrait pourtant pas se rassurer trop
vite; car, après tout, si tant de gens qui, jusqu'ici, ont nié
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l'univers ISRAÉLITE Io3
le péril ou l'ont dédaigné, se sont enfin décidés à le recon-
naitre et à le combattre, cela ne signifie pas apparemment
qa'il ait disparu ; cela indique simplement qu'il s'est aggravé
et étendu au point de frapper les yeux de tous. C'est beau-
coup sans doute que nous n'ayons plus seuls à supporter
le choc de l'ennemi ; mais parce que nous avons trouvé
des alliés, ce n'est pas une raison de croire que l'adver-
saire ait déposé les armes et que nous n'ayons plus de
bataille à livrer.
Tout annonce au contraire que la lutte sera rude. Pour
s'en rendre compte, il ne faut pas s'en tenir aux appa-
rences qui résultent de l'état actuel des choses. Il importe
peu en somme que les intentions du gouvernement soient
fermes et que les vues du Parlement soient libérales,
puisque gouvernement et Chambre sont issus des élections
d'il y a trois ans et qu'ils reflètent un état d'opinion qui a
pu subir des transformations profondes. Ce qu'il est
important d'observer, c'est le mouvement des esprits du
pays à l'heure où nous sommes. Or, depuis trois ans, on
n'a cessé de se livrer contre les juifs, sur tous les points du
territoire, à une propagande acharnée et continuelle dont le
mensonge et la calomnie ont été les armes et qui a eu à
son service les innombrables hordes de l'armée cléricale.
Depuis trois ans on a vu se fonder cette multitude de feuilles
qui, sous le nom de Croix, pénétrent dans les hameaux les
plus reculés et y soufflent les plus détestables passions.
On est arrivé ainsi à accréditer contre nos coreligionnaires
les plus odieuses légendes. Non seulement, on a mis leur
patriotisme en suspicion, mais on les a rendus respon-
sables de tous les malheurs qui sont venus affliger ce pays.
Si Tentreprise du Panama a croulé, c'est la faute des juifs ;
si le commerce languît et si l'agriculture souffre, c'est aux
juifs encore qu'il faut s'en prendre. Eh bien ! ne faut-il pas
prévoir que ces excitations constamment renouvelées pro-
duiront également leurs funestes effets lors de la prochaine
période électorale? Telle est la question sur laquelle, à la
suite des événements d'Aulriclie, nous appelons les ré-
flexions de nos coreligionnaires en nous contentant aujour-
d'hui d'en poser les termes et en nous réservant d'y
revenir avec plus de précision. B.-M.
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I04 l'univers ISRAÉLITE
L'AGNEAU PASCAL
La Pàque juive est essentiellement la fùte de la liberté, la
commémoration de Tavénement d'Israël à la dignité de peuple
et du point de départ de ce peuple vers ses destinées morales
et religieuses. Alors Israël prend conscience de lui-même et,
devenu capable, par la délivrance de l'oppression égyptienne
et la conquête de Tautonomie, de servir FEternel, il commence
son histoire et son initiation au devoir. De là l'obligation de
rappeler, lors du sabbat, jour spécialement consacré au Sei-
gneur, la sortie d'Egypte, sans laquelle Israël n'aurait pu
accomplir ses prescriptions religieuses, ni par conséquent
s'élever à la sainteté, ni donc jouir de la béatitude éternelle,
dont le sabbat est l'image et dont il offre comme l'avcint-goùt.
« Tu te souviendras, est-il dit au Deiitéronome, V, i5, que tu as
été esclave en Egypte et que l'Eternel t'en a tiré d'une main
forte et d'un bras étendu; c'est pourquoi l'Eternel, ton Dieu, t'a
ordonné d'instituer le sabbat. »
Tel est le sens de la Pàque juive. Nous n'insisterons pas
davantage sur des choses que tous connaissent; nous nous atta-
cherons à dégager la signification et le rôle de l'agneau pascal.
Les enfants d'Israël, dans les premiers temps de leur séjour
en Egypte, n'eurent pas trop à souffrir. Mais, après l'expulsion
des Hyksos, les rois égyptiens cherchèrent de plus en plus à
faire des Israélites leurs esclaves pour les empêcher de s'allier
avec les autres peuplades hémitiques. Jusqu'alors, Israël avait
pu conserver les pratiques qui lui venaient des patriarches.
Mais par suite des vexations dont les israélites devenaient
l'objet, par suite du développement qu'ils prenaient (i), par
suite des éléments étrangers (2) qui se mêlaient à eux, ils
risquaient d'oublier leur communauté d'origine et d'embrasser
les superstitions les plus grossières.
Le moment était venu de rassembler en un tout ces individus
(l) * VA les enfants d'I'^raël s'étaient multipliés et développés d'une ma-
nière extrême, et ils remplissaient le pays, n Ex. I, 7.
i2) « Il V avait aussi un ramassis de peuple qui monta avec eux... »
K.r. XI L'^.
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l'univers ISRAÉLITE * lo5
sur le point de se perdre et de se confondre avec les Egyptiens,
de rendre aux descendants de Jacob la notion qu'ils formaient
un peuple particulier et d'épurer Tidée du Dieu-Un qui s'était
obscurcie dans les consciences.
Ce fut Moïse qui reçut la mission de tirer les enfants d'Israël
de la misère matérielle et morale où Us étaient plongés.
Quel moyen employa-t-il pour rattachey les i^^raélites à
Dieu et les uns aux autres ? Il institua l'agneau pascal.
Par cette institution, le législateur des Hébreux ne faisait
d'ailleurs que renouer avec le passé, attendu que les Israélites,
lors de la fête du printemps, avaient coutume d'offrir les
prémices des fruits et les premiers-nés des animaux à l'Eternel.
Moïse mit cet usage à profit, mais lui communiqua un caractère
nouveau. En entrant dans le détail des prescriptions relatives à
l'agneau pascal, nous saisirons sur le vif les intentions de
Moïse, qui étaient, comme nous l'avons dit, de donner aux
israélites le sentiment de leur parenté nationale et de leur rOle
sacerdotal.
L'agneau pascal (ncB nrî) était de la classe des c^^irc, des
sacrifices que l'on consommait en famille. Pour la Pàque, c'était
bx^u*^ mr zr.p 52, toute la communauté qui devait accomplir
l'immolation, asperger le sang et consommer la victime. De la
sorte, ce qui était l'ofïice propre des prêtres, à savoir l'asper-
sion du sang, devenait, dans le cas particulier de l'agneau
pascal, l'office de chaque israélite. Et, dès lors, le peuple
s'élevait à l'idée qu'il devait former « une république de prê-
tres ». Philon (De Vita Mosis) fait ressortir qu'à Pûque chaque
israélite est prêtre. De là vient qu'on n'apportait pas le sang
sur l'autel, mais qu'on en badigeonnait les portes. Or, la porte,
pour l'oriental, c'est la ville et c'est la maison (i). La cérémonie
pascale érigeait donc le foyer en un sanctuaire, et, comme
l'agneau devait rappeler la sauvegarde particulière dont les
premiers-nés israélites avaient été l'objet, alors que ceux des
Egyptiens avaient été frappés à mort, les premiers-nés revê-
taient le caractère de chefs de famille, chargés de maintenir le
culte de l'Eternel. Le sang dont on teignait les linteaux
t
(1) On sait que la Po>'/e dèsigno lo palais du Sultan, cl, par extension,
le gouvernement ottoman.
30.
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Io6 l'univers ISRAÉLITE
marquait la faveur doat les premiers-nés Israélites avaient
joui, car, « le sang c'est la vie » (Léif, XVII, ii).
D'autre part, l'agneau pascal avait pour but de resserrer les
liens entre les enfants de Jacob et de leur imprimer le senti-
ment de la fraternité. L'agneau devait être consommé entière-
ment ; aussi, quand une famille n'était pas assez nombreuse,
devait-on inviter des voisins à partager le repas . Cette céré-
monie avait encore pour effet de séparer l'israélite du païen,
car seuls pouvaient y participer ceux qui portaient le signe de
TAlliance. On devait expliquer aux enfants la haute significa-
tion de ce repas (Ex. XII, 26, 37 et XIII, 8) et entretenir par
là la solidarité entre les générations.
Les Israélites reçurent,à la sortie d'Egypte, l'ordre de manger
l'agneau « les reins ceints, les sandales aux pieds, le bâton à
la main, en précipitation»; ils devaient « le rôtir et non pas le
faire bouillir dans l'eau» (Ex. XII, i^, 11). C'est-à-dire quils
devaient se considérer comme « les soldats de l'Etemel »
(n n"xz:5 Ex. XII, ^i) ; ils cessaient d'être les esclaves du roi
d'Egypte; ils entraient, si j'osp le dire, dans la période des
grandes manœuvres religieuses, et commençaient leur entraîne-
ment par la dure existence du désert, où ils devaient se purifier
des superstitions contractées parmi les païens, recevoir la
charte morale de l'humanité et, pendant ^o années d'épreuves
et de préparations, se mûrir pour la conquête de la Terre pro-
mise (i).
Louis Lévy.
(l) Nous n'avons parlé dans cet article que de la Pâque telle qu'elle se
pratiqua lors do la sortie d'Egypte. Dans la suite, la cérémonie do l'îigneau
pascal se modifia, et la Synagogue distinguo on effet le u^^'JL'Z rCE du
r")'-ib 's. Quand les isniélites se furent établis en Palestine, ils no sacrifièrent
plus dans leurs maisons l'agneau pascal , mais au Temple de Jérusalem
[Deul. XVI, 5). Parla, la Communauté devenait plus étroite encore entre
les membres de la nation.
Rappelons aussi qu'un Israélite empêché de faire la Pàque en nissân par
impureté ou par éloigncment de son pays était obligé de célébrer ia Pàque
le second mois à la même date. C'était le ■'3:: nCB [Nombres IX, 10).
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l'univers ISRAÉLITE IO7
M. MÉLINE ET LES JUIFS
La Libre Parole reproduit, d*après Y Industriel Vosgien, la
lettre suivante adressée par M. Méline au directeur de VAntisé-
mitique :
MINISTÈRE
DE L'AGRICULTURE
CABINET DU MINISTRE
Monsieur A. Vrécourt, directeur de V Antisémitique ,
On s'est présenté, en votre nom, h. mon domicile particulier,
84, boulevard Saint-Germain, en présentant à ma concierge une
quittance d'abonnement à votre journal, en lui affirmant que j'étais
un de vos abonnés.
La concierge, sollicitée à deux reprises, a Uni par céder et a
versé 10 fr. 5o, dont elle vient de m'envoyer la quittance.
Comme je ne suis pas votre abonné et ne veux pas l'être, je vous
somme de me renvoyer la somme que votre agent s'est appropriée
de cette façon et de rayer mon nom de la liste des abonnés. Autre-
ment, je serais forcé de saisir la justice.
Recevez, monsieur, mes civilités.
J. Mkline.
La Libre Parole^ qui trouve sans doute très naturelle
la tentative d'escroquerie commise par le directeur de V Anti-
sémitique^ est fort irritée de la lettre de M. Méline, qu'elle
couvre à cette occasion des plus grossières injures. Allié des
juifs, malfaisant, hypocrite, complice des accapareurs y auteur
responsable de la ruine de Vagriculture, telles sont les amé-
nités qu'elle adresse à l'honorable président du Conseil. Mais
le piquant de la chose, c'est que cette colère a pour cause un
anachronisme et qu'elle retarde de treize ans. La lettre de
M. Méline n'a pas été écrite dans ces derniers temps, comme le
croit la Libre Parole, mais en 1884, quand il était ministre de
de l'agriculture, dans le cabinet de M. Jules Ferry.
Quant à V Antisémitique , auquel elle était destinée et que l'or-
gane de M. Drumont prend pour une feuille de province actuel-
lement en cours de publication, c'était un journal hebdomadaire,
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Io8 l'univers ISRAÉLITE
fort obscur d'ailleurs, qui se publiait à Paris et qui a disparu
depuis bien des années. On voit que la Libre Parole ne con-
naît même pas Thistoire de son propre parti. Quoi qu'il en soit,
il ne nous déplaît pas que la lettre de M. Méline ait été exhu-
mée, car rien ne nous autorise à supposer que les sentiments
que les procédés peu scrupuleux des antisémites inspiraient
jadis à rhonorable ministre n'aient pas gardé aujourd'hui toute
leur vivacité.
Séminaire Israélite de France
Nous recevons la communication suivante :
EXAMENS DE FIN D'ANNÉE
Le Séminaire Israélite de France compte i5 élèves, dont
6 étrangers appartenant aux nationalités suivantes :
I Tunisien, i Russe, i Bulgare, i Roumain, 9. Turcs.
Les examens ont eu lieu du 6 au 9 avril, sous la présidence
de M. le grand rabbin du Consistoire central.
Talmud. — Professeur : M. le grand rabbin Lehmann,
directeur.
Erreurs judiciaires ; Révision des jugements: Responsabi-
lité des juges, — Textes de Sanhédrin, Bckhorot, Baba Kama,
Alfaci, Maïmonide, Tour, Sch'ourhanAroukh et commentaires.
Cours d introduction au Talniud. — Introduction au Traité
Sch'ebiit (fin) ; Introduction au Traité Teroumot.
Histoire et littérature juives. — Professeur : M. le rabbin
Israël Lévi, professeur à FEcole des Hautes Etudes; Histoire et
littérature juives, de la clôture de la Bible au règne de Jean
Hyrcan.
Rible, Exégèse, langue hébraïque, — Professeur honoraire :
M. le grand rabbin Wogue; Professeur : M. le rabbin Lambert;
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L UNIVERS ISRAELITE IO9
Ci^tique du texte massoré tique ; Division de la Bible, noms des
livres ; Canonicité ; Explication de Jérémie.
Arabe et Syriaque, — Professeur honoraire : M. Hartwig
Derenbourg; Professeur : M. Lambert; Texte arabe d'Emounot
Vadeoth de Saadya ; Chrestomathie arabe de Derenbourg.
Théologie. — Professeur honoraire : M. le grand rabbin
Wogue; chargé du cours: M. Jacques Kahn, rabbin; Ibn
Gabirol, ses œuvres philosophiques et religieuses ; Etude cri-
tique sur Spinoza ; Explication du texte du livre des principes
du judaïsme (Iqqarim) d'Albo.
Philosophie, — M. Dauriac, professeur à la Faculté des lettres
de Montpellier, chargé de cours à la Sorbonne, chargé du cours ;
Aristote : Analytiques ; Organum ; Topiques.
Littérature ancienne. — Professeur : M. Salomon, profes-
seur de rhétorique au lycée Lakanal ; Œdipe à Golone ;
Virgile.
Littérature moderne. - Professeur : M. Albert Gahen, pro-
fesseur de rhétorique supérieure à Louis-le-Grand ; Poètes et
prosateurs français des XYI^ et XVII<^ siècles; Sermons de
Bossuet ; Don Sanche de Gorneille ; Montaigne.
TALMUD TORA
Le Talmud Tora compte trente-trois élèves dont quatorze
externes. Les élèves sont répartis en trois divisions. .
Les examens ont eu lieu du i^^ au 7 avril.
enseignement classique. — T'^ division : M. Salomon, pro-
fesseur au lycée Lakanal et au Séminaire ; M. Bloch, agrégé des
lettres, directeur de l'Ecole BischolTsheim.
2® DIVISION' : M. Bloch ; M. Lazard, élève diplômé de l'Ecole
des Ghartes.
3^ DIVISION : M. Lazard.
Histoire. — M. Lemoine, professeur d'histoire au lycée
Louis-le-Grand.
Allemand. — M. Stein, professeur'au collège Ghaptal.
Sciences. — M. Ernst, professeur à l'Ecole Turgot.
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IIO l'univers ISRAÉLITE
t
Talmud. — i"* diaision : M. le grand rabbin Gahen, dinec-
teur-adjoint : Soukka (3* chap.) avec Raschi et Tosafot.
2* DIVISION : M. le rabbin Debré : 'Houlin, 8* chapitre.
3* DIVISION : — Mischna de Sanhédrin.
Hébreu, — M. Jacques Kahn, professeur au Séminaire.
i"* et 2* DIVISION : Prophètes et Psaumes (traduction et exer-
cices de mémoire) ; Pentateuque avec Raschi.
3* DIVISION : Genèse; Exercices grammaticaux.
Histoire jim^e, — M. Jacques Kahn.
1 ^A_Tr^ r-||
Les Antisémites Algériens deyant la Justice
On sait que l'Algérie possède une presse antisémite d'une
violence auprès de laquelle les diatribes les plus acerbes de la
Libre Parole paraîtraient fades et insipides. Il n'y a pas un
numéro de ces feuilles de scandale où les juifs d'Algérie ne
soient diflTamés ou invectives de la façon la plus grossière.
Mais les juifs algériens, moins endurants que leurs coreligion-
naires du continent, ne paraissent pas disposés à se laisser
ainsi couvrir de boue, et un grand nombre d'entre eux se sont
décidés à demander protection à la justice, et ils n'ont eu qu'à
s'en féliciter. C'est ainsi que M. Isaac Parienti fils, principal clerc
d'avoué à Bône et agent principal d'assurances, a, le 2 mars
dernier, fait condamner par le tribunal de Bône le journal
antisémite le Réçeil Bônois à deux cents francs de dommages-
intérêts et à l'insertion du jugement dans trois journaux du
département de Constantine., Ce jugement est fondé sur ces
motifs que « dans l'article visé par l'assignation, Parienti est
représenté comme un agent d'affaires indigne de faire valoir
les prétentions des justiciables à la barre de la justice de paix :
que l'on tend à faire suspecter son honorabilité et à insinuer
que c'est un malhonnête homme ; qu'en outre il est traité de
j^oiitre et àejyoupin, expressions qui, dans l'intention de l'au-
teur, sont incontestablement injurieuses : attendu que ces allé-
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l'uXIYERS ISRABILITB III
gâtions et expressions sont certainement de nature à nuire au
demandeur en portant ^itteinte à sa considération ; que de
semblables attaques ont déjà eu lieu contre lui, de la part du
même Journal et à plusieurs reprises ; qu'il en éprouve un
préjudice dont réparation lui est due ; que le tribunal possède
les éléments voulus pour évaluer le dommage, et enfin que la
malveillance ressort des termes mêmes employés dans l'article
sus-visé ; »
Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer à ce propos que
le tribunal de Bône considère les expressions de Youtre et de
Youpin comme délictueuses. Avis à tous ceux de nos coreligion-
naires auxquels de semblables qualifications viendraient à
être appliquées par la presse antisémite.
La condamnation que nous venons de rapporter n'est pas
d'ailleurs la seule mésaventure qui soit arrivée au sieur Rastoil
ou Raspoil, dit Rasteil ou Rastell, directeur et propriétaire
dudit Réveil Bônois. Trente autres procès lui ont été intentés
par des algériens Israélites et autres et se sont terminés par
des condamnations à mille francs de dommages-intérêts cha-
cune. Tant d'infortunes ont ému la Libre Parole, qui a cru
devoir verser un pleur sur le sort de son congénère de Bône.
<« Le malheureux Rasteil, géhiit-elle, était et est eincore sur le
point de se trouver un beau Jour avec une dette de trente-cinq
mille francs sur les bras, sans appel possible ! » C'est affreux,
en vérité, et nous espérons pour ce pauvre Rasteil que la Libre
Parole ne l'abandonnera pas et trouvera dans sa caisse les
fonds nécessaires pour l'arracher aux griffes de ses persécu-
teurs.
Un confrère de Rastoil, le sieur Bidaine (ces antisémites
d'Algérie ont tous des noms fort suggestifs), directeur du Petit
Africain, d'Oran, a lui aussi, devant la Justice, des difficultés
fort gênantes quoique d'un autre ordre. On ne lui demande pas
de dommages-intérêts, mais de féroces créanciers, qui ne peu-
vent être que des Juifs, réclament sa mise en faillite. L'affaire
est actuellement pendante devant la Cour d'Alger. Nous dirons
ultérieurement à nos lecteurs ce qu'il en sera advenu.
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lia l'ubiivers Israélite
Les Troiibles de Schpola
Nous avons déjà annoncé qu'au commencement du mois de
mars des troubles graves avaient éclaté à Schpola, une bour-
gade du gouvernement de Kiew, que les paysans avaient pillé
les boutiques appartenant aux israélites et que des centaines
de familles se trouvaient ruinées par cette explosion de vio-
lences. Nous empruntons de nouveaux détails sur ces déplo-
rables événements à des lettres que publie le Bulletin de
V Alliance : ^
Commencés le mardi 18 février, jour de marché, les désordres
n'ont pris lin que le mercredi à 10 heures du soir, à l'arrivée des
autorités et de la troupe . Quelques jours auparavant, les juifs du
village de Marianofka avaient prévenu leurs coreligionnaires de
Schpola que les paysans de Marianofka et des environs préparaient
un coup de main. Les juifs de Schpola avertirent aussitôt le
commissaire de police qui ne tint nul compte de leur démarche.
L'émeute éclata le jour du marché. Le commissaire de l'arrondis-
* sèment de Schpola, informé par le télégraphe, arriva le mercredi
matin, avec quatre agents de police ! Ils assistèrent en spectateurs
à ces ravages qui ont pris lin vers 10 heures du soir. Schpola
comptait 4»ooo familles juives ; leur industrie était principaleuient le
tissage, les produits alimentaires et coloniaux, le sucre, les produits
agricoles et métallurgiques. Les soieries, lainages^ étoffes de toules
sortes gisaient déchirés, baignés dans une mare de pétrole ; les
tonneaux défoncés versaient leur contenu dans les ruisseaux î
meubles, glaces, lits, tout est brisé, jeté par les fenêtres. Les rues
présentent un aspect eftrayant de dévastation. C'est un péle-niôle
inouï ; les ordres, les prières du prêtre russe,qui tente de s'interposer,
ne sont pas entendus, la foule le force de rentrer dans son église.
Les juifs qui essaient de se défendre sont frappés; les femmes et
les enfants juifs, terrifiés, se rèfugient dans les caves, quelques
femmes en couches sont mortes de frayeur. On a transporté au
milieu de la rue le coflre-fort d'un négociant juif, et là, après l'avoir
défoncé, les pillards se sont partagé 6,0(M) roubles en espèces,
7,000 roubles en titres, de l'argenterie et un nombre considérable
d'effets de commerce : on ouvrait les magasins à l'aide de fausses
clefs forgées d'avance. A 10 heures du soir seulement, les Cosaques
arrivèrent et chassèrent les paysans; des centaines d'entre ces
derniers ont été immédiatement appréhendés, soumis à la baslon-
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l'univers ISRAÉLITE Il3
nade, mis aux fers et dirigés sur la prison. Tout tend à établir que
réraeute avait été préparée de longue date.
Extrait d'une autre lettre :
De minuit jusqu'au matin, 'fles voitures transportaient Sans
interruption le bien volé. Les demeures des juifs sont en ruine ; les
synagogues ne sont plus que monceaux de pierres et de cendres ;
de tous côtés on voit des paysans les bras chargés de butin, de
pièces de velours et de soie, revêtus de pelisses et de fourrures
dérobées; les femmes, assemblées dans les carrefours, supputent
fiévreusement ce que leurs maris, leurs frères et leurs fils ont
« gagné » en cette journée sioistre. Les juifs, impuissants à résister
à ce (lot d'envahisseurs, encombrent les deux gares ; les trains en
partance sont pris d'assaut ; les paysans, debout sur les quais, les
insultent et leur lancent des pierres.
En 1881, Schpola avait déjà été le théâtre de graves désordres,
insigniliants si on les compare à ceux d'aujourd'hui.
Les autorités évaluent les dégâts à plus d'un million de roubles ;
ce chiffre est au-dessous de la vérité. Il suffit, pour s'en rendre
compte, de dire que, outre le pillage absolu des magasins, dépôts,
boutiques et habitations particulières, les édifices publics (synago-
gues, écoles, talmud-tora, hôpital, etc.) ont été livrés aux flammes.
En estimant à deux millions et demi de roubles (c'est-à-dire environ
six millions de francs) les pertes subies, on est près de la vérité.
Des milliers de juifs sont partis ; des milliers restent sans ressources,
sans pain, sans feu, sans abri.
Enfin, voici une lettre très importante parrue dans le
Woskhod du 16/28 mars :
Depuis les malheureux événements des 18 et 19 février, nous
sommes toujours anxieux, et bien que Tinstruction judiciaire soit
menée avec fermeté, bien que les Cosaques occupent encore Schpola,
nous continuons néanmoins à vivre dans des conditions extrême-
ment fâcheuses. Ce qui aggrave nos inquiétudes,c'est que les paysans
d'alentour menacent de se venger de la bastonnade qu'ils ont subie
et de l'emprisonnement des leurs en mettant le feu à la bourgade.
Ces menaces ont déjà eu un commencement d'exécution, heureuse-
ment réprimé à temps. Dun autre côté, les juifs restés sur place
n osent pas s'aventurer hors la bourgade. Toute la population rurale
de notre contrée est en ébullition contre les juifs. Et ce ne sont pas
les juifs seuls de Schpola qui sont maltraités : de partout, on annonce
une levée générale des paysans, qui veulent donner la chasse aux
juifs et réclament le partage de leurs biens. Dans la nuit des 5/17
et 6, 18 mars, les juifs de Schpola croyaient déjà leur fin venue ; les
paysans des environs ont cru que les autorités, voyant le calme
revenu, avaient décidé de faire partir les Cosaques de Schpola ;
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Il4 l'univers ISRAÉLITE
aussî,de nouveaux pillards sontrils venus envahir la bourgade. Mais,
repoussés par les Cosaques, ils se sont enfuis.
Comme les autorités avaient laissé durer pendant trente-six
heures le pillage de Schpola sans s'iémouvoir des dépêches des juifs,
nous n'avions plus confiance en leurs déclarations, de sorte que la
moitié de la population juive a dénnitivement abandonné la bour-
gade de Schpola et est partie sans esprit de retour.
Les perquisitions opérées dans les villages environnants ont fait
retrouver une masse de marchandises volées à Schpola. Dans
d'autres villages, les paysans se débarrassent des marchandises
volées en les jetant dans les prairies, sur les routes, dans les puits,
dans les cimetières.
De partout les secours affluent, de toutes les villes du territoire
des subsides en espèces et en nature arrivent. Les juifs russes, en
cette douloureuse ch*constance, ont affirmé une fois de plus leurs
sentiments de fraternelle solidarité.
A un point de vue plus général, il est bien regrettable que le
désastre de Schpola arrive juste au moment où le pouvoir central
exprimait le désir de reviser la loi du 3 mai 1882 et d'accorder à
certaines catégories de juifs le libre séjour dans les localités subur-
baines. Ne prendra- t-on pas prétexte de ces violences pour soutenir
que la loi de 1882 non seulement ne doit pas être revisée dans un sens
favorable aux juifs, mais qu'il faudrait plutôt la renforcer par des
dispositions encore plus graves et obliger tous les juifs à demeurer
dans les villes où ils ne seraient pas exposés aux entreprises des
pillards ?
Ces questions et beaucoup d'autres du même ordre, qui ne sau-
raient manquer d'être soulevées à ce propos , transforment la
terrible affaire de Schpola en une catastrophe générale pour les
juifs. Nous ne sommes pas loin de croire que nos voisins ont été
l'humble instrument de meneurs plus haut placés; aussi partageons-
nous avec les familles des paysans arrêtés les secours en espèces
et les \ivres qui nous parviennent. Nous plaignons ces paysans
devenus pillards, en même temps que nous déplorons nos malheurs.
Les autorités supérieures de Kiew ont finalement consenti à nous
permettre de former un comité pour la réception et la répartition des
secours. Cela n'était pas facile à obtenir. On désire à tout prix
étouffer l'affaire de Schpola et ne lui donner ni publicité ni impor-
tance. On veut réduire à néant ce désastre considérable et nous
contraindre à souffrir en silence des maux que nous n'avons pas
mérités.
Ce désastre a provoque une douloureuse émotion dans le
monde Israélite. Le fait que les désordres se sont prolongés
pendant trente-six heures sans une intervention efficace des
autorités, bien que Schpola soit reliée à Kiew par le télégraphe
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l'univers ISRAÉLITE * 1X5
et le téléphone et possède deux lignes de chemin de fer, est de
nature à entretenir l'inquiétude dans les esprits et justifie les
craintes qui se font jour dans la presse juive de Russie.
Aussitôt que le Comité central eut connaissance de ce désas-
tre, il envoya un premier secours de 5,ooo francs ; depuis,
grâce au concours généreux de Mme la baronne de Hirsch et de
MM. de Rothschild, il a pu faire parvenir de nouveaux subsides
aux malheureux sinistrés.
L'ensemble des sommes envoyées par V Alliance à ce jour se
monte à 19,000 francs.
Vocabulaire de l'Angélologie ''^
Le savant M. Moïse Schwab vient de mériter une fois de
plus de la science judaïque en publiant ce Vocabulaire, dont le
besoin se faisait sentir depuis si longtemps. C'est là un travail
de longue patience et de dur effort intellectuel. M. Schwab a
dû approfondir la littérature kabbalistique, dépouiller 11 3 ma-
nuscrits hébreux de la Bibliothèque nationale, une trentaine de
monuments épigraphiques ou des mé(f ailles et antiques et plu-
sieurs coupes en terre cuite avec inscriptions chaldéennes.
L'auteur fait précéder son dictionnaire de préliminaires que
nous résumons dans leurs lignes principales.
Moïse était opposé à toute pratique de sorcellerie : « Il n'y
a point de magie en Jacob ni de sortilège en Israël.;) (Nombres,
XXIII, 123.) Toute espèce de nécromancie et de spiritisme est
interdite {Deut. XVIII, 10-12). Le Talmud à son tour réprouve
les superstitions astrologiques (Schabb^ i56 a). Cependant, à
côté de ces hauts et purs enseignements, les superstitions
vivaient et d'une vie luxuriante, comme elles vivent encore et
vivront toujours dans la grande masse des esprits .
De là la croyance aux anges et aux démons, qui se donne
plein champ dans les ouvrages kabbalistiques, littérature extra-
ordinaire où des intuitions de génie se trouvent perdues dans
des fantasmagories de fumeur d'opium.
(1) D'après les manuscrits hébroox de la Bibliothèque nationale, par
Moïse Schwab, 318 pages, Imprimerie nationale.
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Il6 * l'univers ISRAÉLITE
Les forces et les phénomènes de la nature sont représentés
sous tonne d'anges et de démons. Ainsi que les anges, les
démons forment lo degrés ; puis viennent les sept parvis
(ri-D-",-!), où chaque passion, personnifiée dans un démon, de-
, vient le bourreau de ceux qu'elle a égarés dans ce monde. Les
diables siègent de préférence dans les marais ou surgissent du
terrain putride des cimetières.
Il y a des myriades d'anges ; le Sépher Raziel va jusqu'à
compter 365,ooo esprits commaqdés par Kokhabiel. A la pro-
mulgation de la Torah, Dieu était accompagné de 60 myriades
d'anges, dit le Pirké R, Eliézer, sans parler des 12,000 mauvais
esprits commandés par Quemouël et des 90,000 démons présents
à Texode d'Egypte.
Il existe des rapports étroits entre la Kabbale et Tinfluence
des astres. Aujourd'hui encore, on dit qu'un tel est né sous une
bonne étoile. De même on évite les allusions au mal, et, quand
on est contraint d'en parler, on s'efforce d'en prévenir les elTets
par des fornmles d'incantation. Est-il question d'une maladie,
on s'écrie : zz-^v X2 (que Dieu vous en garde !) (i)
Pour écarter le mauvais œil ou rendre vains les vœux démo-
niaques, on se servait de formules anti-magiques qu'on iûscri-
vait parfois sur des coupes, sur les anses des ustensiles, et
jusque sur les pieds des lits. L'écriture fixée sur ces vases se
dissolvait dans l'eau qu'on buvait soit pour se guérir de
maladies, soit pour se préserver des sortilèges. Les juifs rappor-
tèrent nombre de ces superstitions de la Babylonie, terre clas-
sique de l'astrologie et de la magie.
On devait invoquer tels et tels anges pour qu'ils intercédas-
sent auprès de Dieu. Le moyen le plus assuré de ruiner les
maléfices, c'est de démasquer les démons par leurs noms.
Suivant une légende rabbinique, Elie, rencontrant Lilith avec
tout un cortège de démons, obtint d'elle, sous menace de la
pétrifier, le secret grâce auquel les nouveaux-nés échappent k
ses coups : c'est d'articuler nettement les noms de la magi-
cienne.
D'un autre cùté, par un sentiment d'extrî^me respect, on
ne devait pas prononcer le nom inefi'able de Dieu, ni les dérivés
[V En Alsace on dit : Im Stans gsagt = im stein ist's gesagt (c'est dit à la
picrro). •
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l'univers ISRAÉLITE 11^
de ce nom. On eut alors recours à toutes sortes de subterfuges
pour tourner cette difliculté ; on inventa d'incroyables conibi-
naisoBS,des acrostiches et des calculs de lettres. On employa le
Noiariquon, qui . décompose un mot en plusieurs, ainsi :
o-îx =: m'::î3 nn mx, ou n-ir: zn ^ejs, etc.; la Guematria^qm sup-
putera valeur numérique des lettres d'un mot pour en tirer des
indications : ainsi le mot ^^"! (Gen. XLII, 12) = 210, durée de
l'esclavage égyptien ; enfin la Temonrah, permutation alpha-
bétique, consistant à remplacer les lettres par d'autres suivant
certains systèmes.
Nous faisons grâce au lecteur des mille artifices se compli-
quant les uns des autres et s'enchev^trant à l'infini , où se sont
complu les imaginations mystiques. Parfois on se trouve en
face de noms divins appelés les noms de 3î2, de 4^, de 45, ou
même de 72 lettres !
Maïmonide admet que le nom de 4^ lettres se partageait en
plusieurs mots, dont chacun exprimait un attribut de Dieu et
dont la réunion exprimait la définition* pleine et entière de
l'essence divine . Ce que le Talmud appelle la connaissance des
noms de Dieu n'est donc en réalité que la science même de
Dieu ou théologie rationnelle.
Au XII® siècle, la France était le principal foyer de la vieille
mystique juive, représentée par Jacob Nazir k Lunel ; par
Abraham, chef du tribunal religieux à Montpellier ; par
Abraham David et R. Isaac l'aveugle, à Beaucaire. C'est de
la France que ces idées se sont répandues en Italie. S'il faut en
croire Schem Tob, le rabbin Queschischa, venu de Sora en
Apulie, apprit la kabbale de R. Juda Iléhâssid, rabbin français
de Corbeil.
Louis Lévv.
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 8 au i5 avril
MM. Oppenheim (Joseph-H.). . 500
Séligmann (Henri) 500
M . et Mn»e Wallerstein 500
M""® Bloch (Alphonse) et ses
enfanJs 300
M. Reillinger (Sigismond). . 300
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ii8
l'univers ISRAÉLITE
MM. Adler (J ) 100
Lévy (Emile), 7, rue des
Ecuries-d'Artois £0
Nathan. 4t), avenue Tru-
daine 50
Belmann (Albert) 40
Meyer, 46, rue de l'Echi-
quier 30
Grad wohl (Achille) 20
Gradwohl (M.) 20
Bollack (Henri), bd Sé-
bastopol, 131 10
Depré (Isidore) 10
Dreyfus (M.). 8, r. d'Abou-
kir 10
Franck, 88, bd Sébas-
topol 10
Lambert, 40, fbg Pois-
sonnière 10
MM. Lévy, 19, rue Brunel...
Lévy, 87, bd Sébastopol.
Schneider, 15, rue d'Uzès
Schulmann
Sinquès (Salomon)
Vandenboig
Anonyme
Berck
Caen (Léopold)
Dejough
Franck, 7, rue Pasteur.
Hirsch, 29, fbg Poisson-
nière
Hirsch, 34, r. Maubeuge
Lazard (Albert)
Salomon, 66, Chaussée-
dAntin
Weisbach
Wolff, 27, rue Dunkerque
Quête pour distribution des Azymes (fin)
Mme de Rothschild (baronne
Jaroefi) 50
MM. Aron Adolphe » . 20
Anonyme 10
David Coblentz 10
Anonyme (S. A.) 2«î
Brull (Achille) 10
Mme Franck (Jules), 19, rue
Bergère f>
MM. Zo iocks 10
Hauser (Alphonse) 10
M«« Fuld<L.) 100
MM. Wolff Albert) 5
W.ill (Raphaël) 20
Joseph (A.) 5
Salomon (Hector) 5
Stern (Louisj 200
Sauphir (Lucien) 25
Oougenheim 5
Mme wvii (Nathan) 5
MM. Arpels (Léon) 5
Biquart Borach • . 5
Bloch (Achille) 50
M"»« Bloch 5
M. Bliiro (Maurice) 5
M^ïc Cahen (Alphonse), 2, fbg
Poissonnière 10
MM. Cahen (Henri) 5
Chimène ( Auguste) 5
Crombac (L*»on) 10
Mme Dennery (Sylvain) 10
MM. Dreyfus frères 40
Biiron de Goldschmidt
(Louis) 20
Hirtz (Nephtali) 5
HapTuenauer (Salomon)..
Halphen (Eugène)
Kahn (L.),3 bis^rue Bleue
Kauffmann (Jules)
Lehmana (Rodolphe)....
Lehmanii (Samuel)
Leven (Staniïilas)
Lévy (Adolphe)
Lévy (David), Docteur..
Lévy (Isaac)
Lévy-Soheid (Albert). . . :
Lyon (Raphaël)
M™e Mayer (Emile)
MM. Meyer (Ferdinand).. . , . .
Meyer (Martin)
Meye - t Maurice)
Oury (Fernand)
Parâf (Emile)
Prévost (Achille)
Schneider (Théophile). . .
Sée 'Fernand)
Simon (Victor) et Hirsdi
Weill
La Société la Bienfai-
sante Israélite.'
Stettiner (Henri)
Tréfousse (L.)
Vorms
Willard
M™« Franck (Maurice)
M. Heller
Anonyme par l'intermé-
diaire de M. Georges
Saint-Paul
10
10
10
10
10
10
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
5
10
5
5
5
10
50
10
10
10
5
5
10
10
10
10
5
10
60
10
10
20
100
20
10
10
5
10
10
50
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l'univers israélitb 119
Nouvelles diverses
Paris. — La Société de secours mutuels dite iVElie a tenu
récemment son assemblée générale. Elle a réélu à l'unanimité pré-
sident M. J. Wolf, vice-président M. Worms et trésorier M. J.
Strauss. A l'unanimité également, elle a, sur la proposition de son
président, voté une médaille d'honneur à son secrétaire, M. Max
Hirsch, pour reconnaître les services dévoués qu'il ne ce.sse de
rendre à la Société depuis plus de dix ans. ^
Du compte rendu financier qui a été présenté à l'assemblée pour
Tannée i^^, il résulte que pendant cet exercice les dépenses se sont
élevées à la somme de 3077 fr., les recettes è. celle de 2972 fr, ; que
l'avoir de la Société était au i*"" janvier 1897 de i5.375 fr. 80 en
augmentation de 73o fr. sur Tannée précédente et enûn que le nombre
de sociétaires qui était de 91 au début de Tannée 1896 était à la lin
de cette année de 88.
* *
La Société des Enfants de Japhet a tenu son assemblée générale,
le 8 avril dernier, sous la présidence de son président, M. L. Simon ^
Elle a confirmé pour trois ans dans leurs fonctions M. A. Dreyfus,
\^ vice-président et M. Léon Baur, secrétaire-adjoint et a nommé
assesseurs pour la même période MM. Coblenze, A. Weill, G.
Brunswick, H. Hirsch et E. Bine. Elle a entendu le compte financier
présenté par M. Worms, trésorier, pour Texercice 1896 et qui se
solde par un boni de 9.618 fr. 85 sur le bilan de Tannée précédente.
M. Isidore Lévy, secrétaire général, a lu ensuite un rapport très
documenté sur la situation morale et financière de la Société. Nous
détachons de ce document les indications suivantes :
Le nombre des sociétaires actifs qui, au i*r janvier i896, était de
6o3, est descendu, à la lin de Tannée, à celui de 097. Les membres
honoraires sont au nombre de ii4> Les frais nécessités au cours de
Tannée par les décès se sont élevés à la somme considérable de
23.769 fr. 70, en augmentation de près de 8,000 fr. sur Tannée précé-
dente. Cette dépense considérable a été consacrée à l'achat de
concessions perpétuelles et à la construction de caveaux. Les frais
de maladie et de médicaments ont au contraire diminué : de 2,4^1
francs 5o, ils se sont abaissés à 2,289 fr. 5o. Les indemnités de
maladie ont occasionné une dépense de 1,188 fr. représentant 594
journées de maladies.
En résumé, les données qui résultent des rapports soumis à
TAssemblée accusent une situation très prospère ; pendant une
période de six ans, la fortune de la Société a presque doublé.
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I20 L*UNIVERS ISRAÉLITE
Lille. — M. Adolphe Oran, colonel d'artillerie à la direction de
Lille, a été promu au grade de commandeur de la Légion d'hon-
neur : 42 ans de services, 7 campagnes, i citation. Officier du
3o décembre 1890.
* *
Alsace. — On écrit au Journal (V Alsace :
« Notre population tout entière, sans distinction de culte, a rendu
hier les derniers honneurs à un des plus notables citoyens de notre
ville, M. Salomon Meyer, décédé àTâge de 7O ans, après une longue
et douloureuse maladie. M. Meyer, un des fondateurs de la maison
de banque Meyer frères, avait exercé pendant de longues années les
fonctions de président de la Communauté Israélite et fait partie de
notre Conseil municipal, ainsi que du Conseil d'administration des
verreries de Goetzenbrilk. C'était un des hommes les plus juste-
ment estimés de la contrée, où sa mort a causé d'unanimes regrets.
» M. Meyer était en outre un excellent Israélite, un homme d'une
piété profonde et éclairée, un fervent protecteur des fonctionnaires
du culte, un homme de bien dans toute la force du terme. » — S. L.
*
* *
Strasbourg. — M. le Dr Ernest Lévy, privatdocent de bactério-
logie, vient d'être nommé professeur extraordinaire à l'Université.
***
Vienne. — U élection de M. Lueger. — Par 93 voix contre i32,
M. Lueger a été élu bourgmestre de \'ienne pour la cinquième fois.
La première fois, le 29 mai 1895, M. Lueger eut, au quatrième tour
de scrutin, 70 voix, et il refusa les honneurs. A l'élection du
29 octobre i895, il eut 93 voix. La conséquence en fut la dissolution
du Conseil communal. A l'élection du Ti novembre 1895, il obtint
92 voix ; le Conseil communal fut dissous et un commissaire impé-
rial géra pendant une année les affaires de la capitale. Ënlin, le
18 avril 1896, M. Lueger fut élu bourgmestre pour la quatrième
fois ; après la fameuse audience chez l'empereur, il résigna encore
une fois sa fonction. Le voici maintenant élu pour la cinquième
fois, et, celte fois-ci, il atteint son but et remplit ses ambitions. On
est vraiment écœuré quand on entend cet ancien démocrate pro-
noncer un discours qui ressemble, à s'y méprendre, à un sermon ;
il fait intervenir dans ses affaires Dieu et la Providence, implore la
protection du ciel pour le soutenir dans sa lourde tâche de défendre
le christianisme contre ses puissants adversaires; il finit par dire
que le mot u haine » est rayé de son dictionnaire. Nous verrons
bien ; mais il y a tout lieu de croire que le premier magistrat de
Vienne est resté l'agitateur sans scrupule que l'on sait et que
comme changement il y a seulement le nom de Lueger au lieu de
celui de son homme de paille, Slrobach, au bas des décrets de la
commune.
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L UNIVERS ISRAELITE 121
— Le nouveau Reîchsrath compte i3 députés Israélites. Sept
d'entre eux appartiennent au club polonais : MM. Byk (Brody),
Kolischer (Przemysl), Piepes (Lemberg), Rappoport (Cracovie),
Rosenstock (Brody), Trachtenberg (Colomna), Weîser (Tarnopol);
quatre au parti libéral allemand : Auspitz (Brunn), Kareis (Vienne),
Straucher ( Czernowitz), Tiltinger (Czernowilz) ; un au parti socialiste :
Verkauf (Eger) ; un au parti italien : Basevi (ïrieste). ,
* *
— Un fait bien curieux s'est produit récemment à Vienne:
Mittermayer, antisémite nouvellement élu au Reichsrath, avait
introduit une action judiciaire contre le chef du parti socialiste qui
l'avait accusé d'avoir commis un vol^ étant garçon dans un hôtel de
Vienne. Au cours de l'instruction, des lettres furent produites dans
lesquelles Mittermayer confessait lui-même son crime. Le juge,
devant l'évidence des faits, au lieu de condamner le chef du parti
socialiste, renvoya devant la Cour criminelle le député Mittermayer
sous rinculpation de vol qualifié.
***
— La Pesterr-Wochéns cite les passages d'une lettre qu'Alphonse
Daudet aurait adressée au Dr Herzl .(«... Je n'ai pas oublié, écrit
l'illustre romancier, nos conversations, et dès que j'ai reçu votre
« Etat juif », je me suis empressé de le lire. (Suit une appréciation
très élogieuse de ce livre). Quand l'Etat juif sera fondé et si je me
porte encore sur mes jambes, je m'y rendrai et vous y ferai des
conférences. Cependant la PAque approche et je vais manger des
azymes, qoi ont été une des friandises de ma jeunesse vi qui sont
connus dans le midi sous le nom de covdole. »
*
Munich. — Les sionistes organisent ici un congrès international
pour les 25, 26 et 2I août 189?. Parmi les orateurs inscrits nous
citerons le philosophe Max Nordau, qui traitera « de la situation
économique, sociale et politique des juifs dans les différents pays »,
et le Dr Herzl qui parlera sur « la question juive et le prochain
congrès diplomatique des grandes puissances ».
Hambourg. — On ignore généralement que cette ville, la seule
entre toutes les communautés d'Allemagne, possède une Commu-
nauté portugaise. On signale leur présence pour la première fois 'en
i6o3. On leur défendit d'abord d'avoir des synagogues et de tenir
en secret des réunions religieuses ; cependant, en 1627, ils obtinrent
l'autorisation de construire un temple. Comme en 1O97 on leur
imposa des charges trop fortes et on leur fit des misères ; beaucoup
d'entre eux s'établirent à Altona. Depuis, la Communauté portu-
gaise de Hambourg s'est considérablement réduite, mais ceux qui
survivent pratiquent leur culte selon l'ancien rite.
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122 l'univers ISRAÉLITE
Stuttgart. — D'après le dernier recensement, la population se
partage de la façon suivante au point de vue des confessions : le
Wurtennberg compte i,44ï»2.'40 protestants, 620,4^4 catholiques et
118,807 israélites.
#**
Salzbourg. — Si parmi les membres du clergé il y en a beau-
coup qui favorisent Fantisémitisme, il en est d^autres aussi et des
plus élevés qui réprouvent ce mouvement. T'est ainsi que le car-
dinal-archevêque Haller, répondant au rabbin qui lui venait pré-
senter ses hommages, dit qu'il fallait mépriser les agitateurs, que
l'antisémitisme n*était qu'un courant momentané, lequel aurait
bientôt fait de passer.
**»
Finlande. — D'après la loi de i858, les juifs demeurant en
Finlande n'ont pas de droits définitifs à la résidence, mais n'obtien-
nent qu'une autorisation de séjour temporaire ; grâce cependant à
l'application bienveillante de cette loi par les autorités finnoises, il
existe une population juive native. Mais sa situation n'en est pas
moins très précaire et embarrassée par des lois sévères, comme,
par exemple,celle qui leur interdit le mariage sous peine d'expulsion.
Les autorités civiles, justement émues de l'iniquité de ces lois
restrictives, viennent de présenter à TEmpereur une pétition à l'effet
d'obtenir que les juifs nés et domiciliés en Finlande jouissent des
mêmes droits que les autres citoyens.
* *
Bessarabie. — Le rapport officiel sur l'école d'agriculture de
Kokorozine renferme le passage suivant : « Le district contient un
nombre important de planteurs de tabac. Ce sont les juifs qui ont
introduit cette industrie dans le pays, et ils sont presque seuls à la
pratiquer : ils y réussissent parfaitement. »
#**
Lemberg. — Une assemblée composée pour une grande part
d'ecclésiastiques polonais a émis plusieurs vœux au sujet des juifs :
que les catholiques ne doivent rien acheter, ni prêter aux juifs, ni
les servir, ni travailler pour eux, que les catholiques n'aient pas à
prêter le serment devant des juges israélites, que les juifs ne puis-
sent se marier avant Tûge de vingt-quatre ans, que les Communautés
soient l'objet d'une étroite surveillance pour empêcher qu'elles
s'occupent de politique, que les fournitures de Tarmée et des éta-
blissements publics soient adjugées exclusivement à des chrétiens.
L'évêque Lobos a répandu ses bénédictions sur l'assemblée et sur
ses résolutions.
***
Suède. — Plusieurs de nos coreligionnaires occupent dans ce
pays des fonctions éminentes et un rang élevé dans les sciences, les
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l'univers ISRAÉLITE Iq3
lettres, les arts et rindustrie Au Sénat, nous voyons MM. Fraenkel,
de Stockholm; Philipsohn, de Norrkoeping; Lehmann, de Goten-
burg. Le professeur Warburg, le plus grand critique d'art et histo-
rien de Suède, est recteur de l'Académie de Gotenburg. Mentionnons
aussi le compositeur Walentin et le poète Lewerlin. En Suède, il y
a deux rabbins : l'un à Gotenburg, M. Wolf, l'autre à Stockholm,
M. Klein; jusqu'à l'année dernière, il y avait un rabbin à Norr-
koeping, M. Isaac Lévy, sorti du Séminaire de Paris, qui a quitté
son poste pour des raisons personnelles.
***
Stockholm. — L'Université d'Upsal vient de conférer le titre de
professeur au rabbin G. Klein.
*
* *
Grèce. — La Communauté de Coribu a dû s'occuper d'assurer
pour les prochaines fêtes la subsistance de trente familles israélltes
qui ont été forcées de quitter Arta. Les juifs de Corfou souffrent
d'autant plus de l'état de choses actuel qu'il y a parmi eux plus de
3,c)oo pauvres et très peu d'habitants aisés. Les conscrits israélites
se sont empressés de rejoindre le drapeau, tout prêts à verser leur
sang pour la défense de la patrie, mais ils ont laissé dans le besoin
dix familles dont ils étaient le seul soutien. Ces familles ont grossi
le nombre des nécessiteux et la Communauté, ne pouvant secourir
efficacement tous ces malheureux, fait appel aux cœurs bienfai-
sants.
Smyrne. — Il se fonde aux environs de Smyrne une colonie
agricole comprenant 120 familles venues de Russie. I^ colonie por-
tera le nom de Clara de Hirsch ; la baronne de Hirsch fait cons-
truire à ses frais maisons, école et synagogue, et assure les fonds
nécessaires pour se procurer tous les outils et ressources premières.
Palestine. — Une Compagnie anglaise étudie en ce moment le
projet d'un chemin de fer de Port-Saïd au Mont Sinaï a travers
l'Arabie. Cette ligne abrégerait considérablement le voyage
d'Alexandrie à Bombay.
***
Inde. — On sait qu'un certain nombre de nos coreligionnaires
habitent cette contrée depuis des temps fort anciens. Ils se sont
établis principalement dans la province de Bombay et sur la côte de
Malabar. Les premiers s'appellent Bné Israël, les autres juifs. Ils
forment ensemble une population de 17,000 individus, dont la majo-
rité est composée de juifs noirs.
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124
L UNIVERS ISRAELITE
MM. les Abonnés recevront, en même temps que le présent
numéro, le Titre et la Table des matières du premier
semestre de Pannée en cours de publication.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général j i7 , rue Saint- Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom p-u Secrétariat
général.
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République Française
COLONIE DE MADAGASCAR
Conversion de l'Emprunt 6 OfO et
Emission ds 40,000 oblig. 2 12 0/0 de 500 fr.
garanties par le gouvernement de la Rêpablique Trançûisc
Intérêt annuel : 12.50
Coupons 1'' Mai. l»' Novembre. — Amortissement en CO ads
Les impôts métropolitains actuellement dus
par ces titres sont a la charge de la Colonie <3
Madagascar
de
Les d**mande«> de remboursement d'obligations 6 0 O de
Madagascar devront i^tro présentées du 12 au 22 avril.
Le remboursemfnt aura lien à partir du 30 avril ti raison de
500 fr. plus 56 fr. 25 pour initnHs.
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seront converties en obligations 2 1,2 0 0.
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Payables : en souscrivant, 100 fr.; à la n»partiiion (du
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La Souscription sera ouverte le Jeudi 22 nrril ISU/.
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Paris, â la Société Générale p. fav. le dév. du Goram.
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Voir le Prospectus pour Us détails.
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l'univers ISRAÉLITE 125
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QU'EST-CE QUE LA DUCASBLIKE
dont tout le monde parle en ce moment?
La Ducasbline, ou plutôt les Ducasbiines, extraits concentrés des
plantes du Brésil, une des plus merveilleuses découvertes de ce
siècle, n'a pas la prétention d'être une panacée universelle. Le nom
de Ducasbline s'applique surtout à une nouvelle méthode de traite-
ment. Il y a plusieurs sortes de Ducasbiines, mais les principales
sont les numéros i et 2. Le3 Ducasbiines agissent toutes sur le sang
qu'elles régénèrent et purifient. La Ducasbline no i guérit prompte-
ment et radicalement toutes les maladies provenant de la pauvreté
ou d'un vice du sang, telles que ; anémie, diabète, albuminurie, etc.
La Ducasbline n<> 2, réussit admirablement dans les cas où le
sang est envahi par des éléments étrangers, organiques ou miné-
raux (microbes, bactéries, bacilles, sels), causes premières de la
tuberculose, des fièvres, de la goutte, rhumatismes, etc.
Les Ducasbiines, médicaments végétaux, absolument inolTensifs
et cependant d*une efficacité merveilleuse, loin de dégrader l'esto-
mac comme le font les médicaments chimiques, sont d'un goût très
agréable, excitent l'appétit, fortifient les voies digestivcs et, tout en
agissant, selon le numéro, sur la cause première des maladies,
donnent aux malades la force nécessaire pour triompher de leurs
affections.
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pa.|Mi-i sera reTétu d* Uur signature; il poriara la uoin
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SOMMAIRE
Calendrier de la Semaine.
M. Lazare Wogue.
Le Congé de Pâques.
La Tolérance religieuse.
La Révélation prophétique.
Le Poète Joseph Kiss.
Dons en paveur des œuvres de la Ck)MMUNAUTÉ de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 hi$t rue Lafayette.
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Franoe, Algérie, Alsaoe-Lorraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
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31
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Placé entre une grande cour et un vaste jardin, dans un des
ouartiers les plus sams de Paris, Thôtel occupé par l'Institution
aepnis avril 1896 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, aUemande et anglaise, Thistoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la v^ sectioji comprend
Télude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2* section comprend Tétude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège RoUin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 189.5-1896, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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AvrU.
2è
25
26
Samedi (Fin du sabbath à 7 h. 55) 8« j. de Pessah
Dimanche
Lundi
Nissan.
22
23
24
27
MardL
25
28
29
Mercredi
Jeodi
26
27
30
Vendredi.
28
Heures des OJfices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 h. 1/2; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 h. 1/2; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tourneiles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Bar Mitziçah
TBMPLE DE LA SUE DE LA TICTOIRB
Michel (Raymond), 11 bis, rue Edouard Détaille.
^TEWfUZ DE LA RUE DES TOURNELLES
OfTentbal (Adolphe), 11, rue des Francs -Bourgeois.
Wingrod (Samuel), 40, rue Popincourt.
Mariages de la Semaine
TEBIPLE DE LA RUE NOTBE-DAME-DE-NAZARETH
Dimanche, 25 ayriî, à 2 heures. — M. Wallerstein (Michel), horloger, 149^
rue Saint-Martin, et Mlle Wahl (Jeanne), couturière, 52,
rue des Rosiers.
Mercredi, 28 avril, à 2 heures. — M. Lévy-Lajounessc (Gastonf, employé de
commerce, 11, passage Pecquai, et Mlle Haguenauer
(Juliette), 12, rue Belzunce.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Mardi, 27 avril, à 2 heures. — M. Lajounesse (Abraham-Paul), représen-
tant de commerce, 71, rue Vieille-du-Temple, et Mlle
Gradvvohl (Adelarde-Bcrtha), 21 bis, rue des Tourneiles.
Décès
15 avril. Weissmann (Marguerite), 6 ans, ruo desLioms, 12.
16 — M™* Tivoly (Azemaj, née Rodrigues (Henriques), 67 ans, fbg
Montmartre, 61.
■— Wogue (Lazare), 79 ans, rue do Trévise 35.
Rosenfeld (Samuel), 82 ans, rue de l'Echiquier, 30.
— Thiébault (Michel), 28 ans.
— Sommer (René), 6 mois, a Chauvine (Seine-et-Marne).
19 — Gerstel (Alfred). 44 ans, rue Oudinot. 19.
21 — Alimayer (Abraham), 58 ans, ruede Miromesnil, 88.
— M"® Charogradski (Moiso), née Choukh-Buzelin, 2 (Sara), 59 ans,
rue Stern (Edmond), 43 any, rue Saint-Antoine, î)8.
— Perles (Vital), 43 ans. Gare de Lyon.
— Mayor (Justin), 31 ans. blv. Maleshorbes, 68.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
M. LAZARE WOGUE
En M. Lazare Wogue, V Univers Israélite perd celui qui
fut pendant de longues années sa lumière et son orgueil.
D'autres vanteront la science exégétique et théologique de
réminent défunt ; nous rappellerons ici cette plume agile,
alerte, spirituelle, au service d'une pensée tantôt fine, tantôt
profonde, toujours lumineuse, capable de pénétrer les sujets
les plus divers, d'analyser et de résoudre les questions les
plus compliquées et les plus difficiles, d'embrasser toute
la hiérarchie des genres littéraires et des idées infinies
qu'ils comportent. M. Wogue était un journaliste dans
toute l'acception du terme, alliant aux qualités de correc-
tion et de tenue laisance et l'humour ; pendant des années
et des anhées il s'est dépensé en articles et dissertations ;
chaque jour était pour lui l'occasion d'une nouvelle idée à
répandre, d'un nouveau problème à poser ou à éclaircir,
d'une nouvelle lutte à soutenir contre l'ignorance et la
malveillance. Toute sa vie il a été sur la brèche et il a
soutenu le bon combat : il ne laissait passer aucune mé-
chanceté contre le judaïsme sans essayer aussitôt de la con-
fondre et d'en ruiner les eflets, et d'un autre côté il saisis-
sait avec empressement toute circonstance qui s'ofl^rait à
lui pour faire connaître l'esprit, les usages et toutes les
beautés de la religion à laquelle il appartenait corps et
àme. Si dans les derniers temps il avait dû se retirer
d'entre les militants, ce n'était pas que l'ardeur s'éteignit
en lui, mais c'est que 1 \ vue s'aflaiblissait de plus en plus
et exigeait des ménagements et du repos.
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L*UPnVBRS TSRAÉLITB l33
Nous donnons ci-après quelques notes biographiques sur
cette existence si bien remplie, et nos lecteurs trouveront
également une appréciation de son enseignement due à la
plume de notre collaborateur M. Mayer Lambert, qui lui a
succédé dans sa chaire au Séminaire Israélite.
M. le grand rabbin Lazare Wogue, qui a quitté ce monde le
i4 avril 1879, était né le 22 juillet 1817 à Fontainebleau. Orphe-
lin de père à l'âge de sept ans, il part à onze ans pour Metz, où
il est élève au collège, en attendant l'ouverture de FEcole
centrale rabbinique. Une fois bachelier, il entre dans cette
école comme boursier de la circonscription de Paris ; il se
signale aussitôt comme un esprit des plus brillants ; Grémieux,
alors vice-président du Consistoire central, au cours d'une
inspection de l'Ecole rabbinique ,^ lui décerne un prix spécial
en témoignage de satisfaction.
Il quitte l'école avec le diplôme de grand rabbin, après des
examens remarquables.
En i85i, il est rappelé à Metz pour enseignera l'Ecole
rabbinique la théologie et l'allemand, prononce un discours
d'introduction qui forme un résumé des plus intéressants de la
théologie juive et de son histoire. Pendant plus de quarante
ans, M. Wogue a occupé ces deux chaires avec Tautorité des
grands maîtres. En 1868, il est nommé directeur du Talmud
Torah et reste quelques années à la tète de cet établissement,
tout en continuant son enseignement au Séminaire. Il prit sa
retraite en 1894, à Tâge de soixante-dix-sept ans.
Le 14 juillet 1895, le gouvernement de la République, tenant
à récompenser une vie tout entière consacrée à la science,
l'avait nommé chevalier de la Légion d'honneur.
L'activité littéraire de M. Wogue a été considérable. Il a
collaboré à une foule d'ouvrages d'intérêt israélite et même
d'ordre profane ; citons la Semaine israélite et le Rituel de
Créhange, \e Manuel d'instruction re^/^/^w.se de Sauphar, la
traduction du Machzor de Durlacher, la traduction de V Histoire
des Juifs de Graetz, le Dictionnaire français-hébreu malheu-
reusement inachevé, etc. En même temps, il donnait des ai'ticles
à tous les journaux et périodiques juifs, à la Paix, à V Union
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l34 l'univers ISRAÉLITE
isra^U/e. Enfin, nos lecteurs n'ont pas oublié qu'il a été pen-
dant dix-sept ans rédacteiu* en chef de VUnwers israélite : nous
avons dit plus haut avec quel talent et quel dévouement il a
servi dans ce journal la cause du judaïsme.
Les nécessités toujours renaissantes de la polémique quoti-
dienne ne Tempêchèrent pas de publier d'importantes œuvres
d'érudition ou de piété. C'est ainsi qu'il fit paraître en 1867 le
Guide du croyant israélile, irsiité complet sous forme de prières
du judaïsme théorique et pratique. Son œuvre capitale, celle
qui a marqué sa place dans la science exégétique, c'est sa tra-
duction du Pentateuque, à laquelle il consacra douze années de
sa vie (1857-1869), aussi remarquable par la fidélité de l'inter-
prétation que par l'élégante précision du style.Cette traduction
est accompagnée d'un commentaire qui est une véritable mine
de renseignements intéressants et de remarques ingénieuses.
En 1881, il publia une Histoire de la Bible et de V exégèse bi-
blique, qui fut imprimée à rimprimerie nationale et qui con-
tient la substance de son cours d'exégèse au Séminaire. Il fit pa-
raître également une partie de son cours de théologie, sous le
nom de Esquisse de théologie. Au moment où la mort est ve-
nue le frapper, il préparait l'édition complète de ce cours et il
présidait à la publication d'une traduction de la Bible qui a
été entreprise par le rabbinat français. Cette dernière œuvre
heureusement ne sera pas abandonnée.
M. WOGUE professeur
Comme élève, M. Wogue avait montré les plus remarquables
dispositions. Doué d'une mémoire prodigieuse, il retenait tout
ce qu'il apprenait et se l'assimilait avec intelligence. Il accu-
mula ainsi des connaissances très étendues et très variées.
M. Wogue n'était pas Thommme unins libri. Tout l'intéressait,
lettres, sciences et arts. Une fois entré à l'école rabbinique, il
s'adonna spécialement aux études sacrées, mais il possédait
également les littératures française, latine et grecque. Il avait
appris l'allemand et se trouva capable de l'enseigner. Les
élèves du Séminaire se rappellent avec quelle sûreté et quel
goût il interprétait Herder et Mendelssohn. Il est à peine néces-
saire d'ajouter qu'il lisait l'anglais, l'italien, l'espagnol.
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l'univers ISRAÉLITE l35
M. Wogue avait un esprit exact et précis, dont on retrouve
la marque dans ses traductions. Qu'on lise par exemple dans
son Pentateuque la construction du Tabernacle. On peut être
sûr que lorsque M. Wogue emploie un terme, c'est celui-là
qu'il fallait et pas un autre. M. Wogue ne se trompait jamais
sur la signification exacte des mots. Lui, professeur d'hébreu,
était, au Séminaire, l'oracle pour les questions de la langue
française. Et lorsqu'il émettait un avis sur les écrits des autres,
il eût pu être appelé Boileau ou Aristarque, si Boileau et Aris-
tarque eussent été plus bienveillants. M. Wogue avait, en
outre, le sentiment poétique très développé. Plusieurs de ses
compositions comme celle qu'il mit en tête du Pentateuque,
comme la traduction en vers de la deuxième Sionide, sont de
petits chefs-d'œuvre.
Les trésors de savoir que M. Wogue avait amassés, il les
répandit à pleines mains dans son enseignement. Dès le début
de sa carrière M. Wogue avait montré toute sa valeur. Il resta
toujours lui-même pendant le demi-siècle qu'il exerça ce qu'on
pourrait appeler son sacerdoce. Il avait appris tant de choses
sur les bancs de l'école et dans ses livres qu'il éprouva à peine
le besoin de se renouveler pendant ces cinquante années. Il créa
à Metz le cours de théologie, et lorsque l'Ecole rabbinique fut
transférée à Paris il devint professeur d'exégèse et d'hébreu,
succédant au savant Louis Morhange, qui avait lui-même rem-
placé le vénéré grand rabbin Lambert, dont M. Wogue était le
dernier élève.
M. Wogue maintint la tradition de ses prédécesseurs et de
nos anciens exégètes. Il avait comme eux le don d'observation
et la clarté. Il apercevait toutes les difticultés des textes. S'il
rejetait, de parti pris, les solutions des critiques modernes, il
avait trop de conscience pour dissimuler les obscurités et les
contradictions de la Bible, et sans prétendre en apporter tou-
jours la solution il y apportait souvent des lumières inatten-
dues.
En M, Wogue, il y avait, à côté du professeur érudit, le
causeur spirituel. Il avait une facilité de parole extraordinaire
sur laquelle il plaisantait lui-même, et sa mémoire lui fournis-
ait un fonds inépuisable de souvenirs et d'anecdotes. Il
^maillait ses leçons de bons mots et de digressions, qui faisaient
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l36 l'univers ISRAÉLITE
quelquefois tort au cours lui-même, qui étaient intéressantes,
amusantes et souvent très instructives. Tous les élèyes de
M. Wogue garderoht le souvenir des bonnes heures passées
auprès de lui ; ils lui seront reconnaissants et de la science
qu'il leur a prodiguée et de la gaité dont il couvrait Faridité de
la science.
Il y a.quelques jours, M. Wogue assistait comme professeur
honoraire aux examens annuels du Séminaire. Il montra une
fois de plus sa bonne humeur et son ardeur pour les études
dont il avait fait le but de sa vie. Cinq jours après il tombait
pour ne plus se relever.
Maykr Lambert.
Obsèques de M. WOGUE
Les obsèques de M. Wogue ont eu lieu le i6 avril, à 4rois heures,
au milieu d'une affluence considérable. Tout ce que le judaïsme pari-
sien compte de personnalités s'était fait un devoir d'apporter à rémi-
nent professeur un dernier témoignage de regret. On remarquait no-
tamment dans l'assistance tout le corps du rabbinat parisien, ayant à
sa tête M. le grand rabbin Zadoc, Kahn, plusieurs membres du
Consistoire central et du Consistoire de Paris, le directeur, les pro-
fesseurs et les élèves du séminaire et duTalmud-Torah, les rédacteurs
de r Univers Israélite^ les représentants des administrations du culte,
etc. Un piquet d'infanterie de marine a rendu les derniers honneurs
au défunt, qui était chevalier de notre ordre national. Le deuil était
conduit par les trois fils de M. Wogue.
Au cimetière du Père-Lachaise, où l'inhumation a eu lieu, des
discours ont été prononcés par M. Zadoc Kahn, grand rabbin de
France, et par M. Lehmann, directeur du séminaire.
M. le grand rabbin de France a commencé par rappeler que
M. Wogue a été le maître de tous nos grands rabbins et rabbins
actuellement en exercice. Pas im qui ne tienne du regretté savant
ce qu'il possède de théologie et d'exégèse. Après avoir rendu un
éloquent hommage au professeur, \r. Zadoc Kahn a parlé de l'écri-
vain, de ses traductions et de ses œuvres originales. Faut-il
rappeler ici lllistoire de Graëtz mise en français, « le Guide des
Croyants » et le <« Pentateuque », ouvrage pour ainsi dire populaire?
Mais M. Wogue n'était pas seulement un habile professeur, un
écrivain érudit. C'était encore un brillant polémiste : on sait avec
quel succès il a dirigé pendant de longues années V Univers israélite.
M. Zadoc Kahn n'a eu garde d'oublier cette partie — non la moins
importante — delà carrière de M. Wogue, et il ajustement apprécié
les services que l'ancien directeur de V Univers a rendus au
judaïsme.
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l'univers ISRAÉLITE 187
Relire da professorat et du journalisme, M. Wogue consacrait
les loisirs de sa retraite à un vaste travail : il avait entrepris une
nouvelle édition de la Bible. — Détail touchant raconté par M. Za-
doc Kahn ! Il y a huit jours, M. Wogue assistait aux examens du
Séminaire; il était plein de verve et d*entrain et il promettait de hâ-
ter la publication de son travail. — C'eût été un véritable monu-
ment. Ce monument sera édifié un jour, et ceux qui y mettront la
dernière main ne manqueront pas d'y associer le souvenir de
M. Wogue. •
M. le grand rabbin de France a terminé son éloquent discours
par un touchant adieu au nom de la famille du défunt, au nom du
rabbinat, au nom du judaïsme.
Puis, M. Lehmann, directeur du Sémini^e Israélite, a prononcé,
au nom de cet établissement où M. Wogue a exercé de si longues
années, rallocution suivante :
c Messieurs,
> M. le grand rabbin du Consistoire central a dit adieu à Monsieur
le professeur Wogue au nom du rabbinat et du judaïsme fraliçais
dont il est le chef vénéré et respecté; au nom de la science juive
dont il est en France le pins éminent représentant et dont il y a
quelques jours il cultivait, à côté de lui, le champ sacré ; au nom
des anciens élèves de M. Wogue, parmi lesquels il occupe le rang
le plus élevé ; au nom du Séminaire Israélite de France dont il a en
main l'administration et la haute direction. Je viens dire adieu à
notre cher maître et déposer sur son cercueil le triste et douloureux •
hommage de nos regrets au nom de ceux qui, naguère encore,
suivaient ses leçons, au nom de ceux qui ont eu rhonneur — hon-
neur insigne pour ses anciens disciples — d'tHre ses collègues, et
parmi les»quels il a tenu à compter jusqu'au dernier jour de sa vie.
Hier encore (il y a huit jours) il était venu assister, présider à nos
examens, et vous avez vu avec quel intérêt vivace, avec quelle
sympathie et quelle bienveillance, avec quelle étonnante, quelle
infailiible mémoire, il écoutait maîtres et élèves redisant devant lui
les enseignements qu'il leur avait donnés, pouvant lui dire, les uns
comme les autres, comme au mattre antique n-'.'^-r '^:n -■"^''■a'; '.ix ~'>-'^':-;n:
€ Nous* sommes tes disciples et nous nous abreuvons aux eaux
» vivifiantes que tu as puisées pour nous. »
» Il s'était senti vraiment heureux de se retrouver dans le cercle des
études auxquelles il avait consacré sa vie, de nous voir suivre le
sillon lumineux qu'il nous avait tracé, et, plein de gratitude pour le
profond respect que nous nous empressions de lui témoigner et que
nous lui devions à tant de titres, il nous avait promis de revenir
encore, de revenir souvent suivre, parmi nous, le progrès des études
dont il avait été le glorieux initiateur I Au moment de la suprême
séparation, dans le douloureux eflarementoù nous a jetés cette mort
à laquelle, en dépit de l'âge de* notre maître, nous n'étions pas pré-
31.
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i38 l'univers israéute
paréfi, il ne naus est pas possible de vous dUré 4{tteUe fut Tœavre à
laquelle il a donaé sa vie ! Vous Tavez vue relrAcée eu tenBes émus
par la voix la plus avlorisée du judaïsme françaÙL L'heure est sainte
d'ailleurs, et il ue nous est pas permis, eu ce moment, de vous retenir
À notre tonr dans ce séjour des regrets et des larmes, mais nous
avons le devoir de voas dire — la Beligion nous le permet et nous
l'ordoniie — que jamais nous n^ouhMerons ni l'euseignement qull
nous a donné, ni l'exemple qu'il nous a légué.
» Bien jeune — il y a bientôt un demi-siècle — il fut appelé à ensei-
gner la théologie A l'Ecole centrale rabbiniq^ie de Metz par deux
maîtres dont le choix déjà était un éloge, deux illustrations du
judaïsme dont la France se glorifie, Munk et Frank. M. Wogue ne
se contenta pas d'expliquer les livres de nos anciens théologiens,
mais, dégageant les dodtrines de textes souvent obscurs, les coor-
donnant, les comparant les uns aux autres, les jugeant parfois de
haut avec une indépendance parfaite et une autorité qu'il puisait
dans l'étude patiente et approfondie qu'il avait faite du judaïsme, il
créa un enseignement pour lequel il n*était pas de modèle ni en
France ni ailleurs et qui eut bientôt un éclat incomparable grâce à
la méthode la plus lucide et la plus judicieuse, aux ressources d'une
immense érudition qui n'était jamais en défaut^ à la critique la plus
exacte, la plus rigoureuse, la plus impartiale, et à une clarté extrême
dans l'exposition, le style et les conclusions. Après que l'Ecole cen-
trale rabbinique transf^ée à Paris fut devenue le Séminaire Israélite
de France, à cet enseignement si fécond dont il avait fait ^on œuvre
propre il joignit celui de l'hébreu, de la Bible, de l'Exégèse. Les Uvres
qu'il a laissés, qui formaient la matière même de ses cours et dont il
a pu dire, avec un légitime orgueil, de même que le poète : exegi
monumentum œre perenniuSy attestent sufiLisamment son autorité
incontestable et son éclatante supériorité.
» Le point de vue de la science se modifie sans cesse, qu'il
s'agisse de l'étude des éternels problèmes de la foi ou des monu-
ments que la tradition de nos pères nous a légués et que nous
devons pieusement conserver ; chaque génération envisage à sa
façon les questions qu'elle a, à son tour, le devoir de résoudre.
Mais, quelle que soit la forme que notre enseignement doit revêtir
pour mettre nos futurs pasteurs à môme de remplir leur mission,
vous nous avez appris, cher Maître, à aimer la vérité de toute notre
âme, à la rechercher avec ardeur, à exprimer avec sincérité, loyauté
et dévouement « ces vérités qui sont notre force, notre espérance,
» et notre salut, vous nous avez donné la connaissance, la science,
» la crainte de Dieu,héritage précieux»; nous le conserverons précieu-
sement "."Cî'X ûc->n 'n rx-"' rr-îi r^zn r"^"iu;i "jcrn -inr r2iaî< n%-n
et nous bénirons votre mémoire ! »
Après le discours de M. Lehmann, M. le rabbin Uaguenau a dit
les dernières prières.
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l'univers ISRAÉLITE l39
r
Le Congé de Pâques
On sait que tous les ans le Conastoirc central des
Israélites de France fait connaître au ministre de la guerre
et de la marine la date à laquelle ont lieu les fêtes de la
Pàque israélite et qu'à la suite de cette indication des
instructions sont données par Tautorité supérieure aux chefs
de corps, pour les inviter à accorder aux militaires de
confession israélite des facilités en vue de la célébration de
ces fêtes. Cett.e pratique, qui est fort ancienne et qui a été
réglementée en dernier lieu par une circulaire ministérielle
du lo décembre 1888, est d'une légitimité si évidente et
répond si hgen aux principes de la liberté de conscience et
de l'égalité de tous les cultes devant la loi qu'elle n'avait,
à aucune époque et sous aucun régime, soulevé la moindre
protestation ; elle pouvait d'autant moins donner lieu à des
plaintes que les chefs de corps ont toujours été libres d'y
apporter toutes les dérogations imposées par les nécessités
du service. Mais la haine des antisémites est arrivée à un
tel point d'aveuglement et leurs prétentions à un tel degré
d'audace qu'ils en sont venus à s'irriter des mesures les
plus simples et les plus équitables, lorsque ce sont des
Juifs qui sont appelés à en profiter. Nous les avons donc
vus cette année se livrer à des déclamations furieuses,
parce que les Israélites qui sont sous les drapeaux ont, en
vertu des instructions ministérielles, obtenu des congés
leur permettant de .passer en famille la semaine des
Azymes.
Ecoutez à ce sujet M. Drumont :
4 égalent-ils 10 ? C'est ce qu'il faudrait démontrer pour nous
prouver que nous sommes dans Terreur en affirmant que les juifs
jouissent de- privilèges exceptionnels dans un pays où la religion
catholique est la religion de la majorité des Français.
Les journaux qui déclarent que nous sommes des fanatiques et
des énergumènes ont une excellente occasion de nous confondre.
C'est une question de chilTres.
Ordre a été donné d'accorder des permissions de dix jours aux
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l4o l'univers ISRAÉLITE
militaires israéiites pour leur permettre de célébrer les fêtes de
Pâques.
Des permissions de quatre jours seulement sont accordées aux
militaires chrétiens.
M. Drumont reconnaît là « la puissance occulte dont
dispose Israël x> ;* il proclame que a décidément le Grand
Orient est vainqueur et que la Synagogue est reine », et il
ajoute :
Cette égalité mensongère, dont on fait tant de bruit, n'est qu'une
blague ajoutée à tant d'autres , et les persécutés d'hier , qui
réclamaient uniquement le droit commun, sont devenus des privi-
légiés.
Il revendique en conséquence « le droit pour les Fran-
çais à ne pas être traités comme des parias dans leur propre
pays ». Il est à peine besoin d'ajouter qu'il ne ménage pas
les injures à M. le ministre de la guerre, et que pour lui
l'honorable général Billot, qui pourtant n'a pas innové et n'a
fait qu'appliquer les précédents créés par ses prédécesseurs,
n'est que « le très humble domestique des juifs et des
francs-maçons ».
On connaît le mot prononcé par une grande dame du
XVIIP siècle à propos d'un diner gras auquel avaient
assisté le jour du Vendredi-Saint de célèbres philosophes
et qui avait provoqué de la part de la gent dévote de
l'époque une tempête de protestations, de dénonciations
et d'appels au bras séculier : « Voilà bien du bruit pour
aine omelette au lard. » Nous serions presque tenté de dire
à notre tour : « Voilà de bien gros mots pour des pains
azymes ».
En vérité, ces indignations de commande, ces colères
à froid, cette rhétorique d'une outrance voulue ne résistent
pas à la plus simple réflexion. Vous paraissez vous étonner
que l'autorité militaire ait accordé aux soldats Israélites
des permissions de dix jours et aux soldats chrétiens des
congés de quatre jours seulement. Mais vous n'ignorez
assurément pas que les Pâques chrétiennes ne durent que
deux jours, tandis que la Pàque juive se prolonge pendant
une semaine entière. Or, puisque le congé n'a d'autre but
que de permettre aux uns et aux autres l'accomplissement
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l'univers israelitb i4i
de leurs devoirs religieux, il faut bien que la durée en soit
proportionnée à celle des fêtes qu'il doit les mettre à
même de célébrer. Si, sous le prétexte d'une égalité men-
songère et pour placer tous les cultes sur le même pied, on
réduisait le congé des militaires Israélites, on ferait
violence à leur foi -et on les troublerait dans lexercice de
leur culte. C'est là, sans doute, ce que veut M. Drumont.
Mais alors il faut être logique et retirer également aux
soldats musulmans les facilités plus considérables encore
dont ils jouissent en Algérie pour leurs fêtes particu-
lières.
Qui ne sait d'ailleurs qu il n'y a guère que le nom de
commun entre les Pâques chrétiennes et la Pàque juive ?
Quand le militaire catholique a communié, il a satisfait à
tous ses devoirs religieux. Ces devoirs, il pourrait s'en
acquitter dans sa ville de garnison, même s'il n'obtenait
aucun congé. Mais le soldat juif, pendant les huit|ours de
Pesach, est soumis, notamment en ce qui concerne l'alimen-
tation, à des prescriptions spéciales qu'il lui est impos-
sible d'observer au régiment. D'où la nécessité pour lui de
célébrer ces fêtes dans sa famille.
Il serait superflu d'insister davantage sur ces raisons
qui sont évidentes et que M. Drumont, s'il a jamais lu la
Bible, connaît aussi bien que nous. Le soldat juif jouit si
peu d'un privilège qu'il ne peut pratiquer son culte qu'à
titre exceptionnel et qu'à des intervalles fort éloignés. Le
privilégié, s'il y en a un, c'est le soldat chrétien qui peut,
pendant tout le cours de l'année, concilier ses obligations
militaires avec ses obligations confessionnelles. Confor-
mément aux instructions fréquemment renouvelées du
ministère de la guerre et qui ont été rappelées récemment
encore, il doit chaque dimanche être laissé libre de bonne
heure dé manière à pouvoir se livrer sans entrave à tous les
exercices spirituels que sa religion lui prescrit ; il lui est
donc facile d'assister à toutes les cérémonies, de célébrer
toute» les fêtes et de chômer tous les saints. Le soldat
Israélite, au contraire, doit, une fois arrivé au régiment,
oublier qu'il est juif; la vie religieuse s'y trouve en quelcjne
sorte suspendue pour lui. Pendant les trois années qu'il
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l^a l'univers ISRAÉLITE
passe sous les drapeaax, il ne peut ni observer le repos
du sabbat, ni manger kacher, ni accomplir aucune pres-
cription rituelle. Ces violations permanentes de la loi
religieuse ne lui causent, il est vrai, aucun trouble de
conscience ; il -sait qu'elles ont été autorisées par le grand
Sanhédrin de 1808 qui, pour permettre aux Israélites
français raccoraplissemenl de leurs devoirs patriotiques,
les a, suivant la vieille règle de nos docteurs (x:"^-! io'^b'sn 8c-*7)
dispensés, pendant tout le tempâ de leur présence sous les
drapeaux,de toute pratique religieuse incompatible avec le
service militaire. Mais si, pour rompre ainsi subitement avec
tout son passéjl n'a pas de scrupules à vaincre, il n'en a
pas moins à triompher des répugnances bien naturelles
et souvent pénibles qu'ont développées en lui l'éducation
et l'habitude. On peut doncdiredu soldat juif qu'il sacrifie à
son pays, non seulement son sang, comme ses autres conci-
toyens, mais ce que le croyant place au-dessus même de
son existence matérielle, son être moral et religieux. Est-il
dès lors excessif, est-il contraire à la justice et à Tégalité
que de loin en loin, à l'époque, par exemple, de fêtes par-
ticulièrement solennelles, il ait la faculté de se retremper
aux sources où s'est abreuvée sa jeunesse, de renouer
les traditions momentanément rompues par une nécessité
supérieure et de retrouver, au sein de sa famille, les sou-
venirs, les enseignements et les rites qui constituent la vie
religieuse ?
Voilà, il nous semble, la véritable question engagée
dans ce débat. Ce serait le dénaturer étrangement que de
la ramener à une vulgaire opération d'arithmétique. Il ne
s'agit pas de comparer entre elles, au point de vue de la
durée, les permissions accordées aux juifs et aux catho-
liques. II s*agit de savoir si les juifs, môme soldats, sont
tenus d'abandonner entièrement leur foi. Quant à soutenir
que les juifs possèdent à l'armée une situation privilégiée et
y jouissent de faveurs exceptionnelles, ce serait une asser-
tion risible si elle ne procédait pas surtout d'une pensée
odieuse. Ce qu'on veut, c'est jeter dans l'armée les ferments
d'envie et de suspicion qu'on a si bien réussi à répandre
dans la société civile. Mais c'est précisément parce qu'elle
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l'univers ISRAéLITB 143-
s'adresse à Farinée qu'une pareille tentative devient vérita-
Mement criminelle et qa'elle mérite d'être ^trie par les bons
dloyens, non seulement parce qu'elle est contraire à toute
équité^ mais par<^ qu'elle porte atteinte à l'unité mcN^ale de
la patrie française.
B.-M.
LA TOLÉRANCE REUGIEUSE
(Deuxième article)
Chez les juifs, comme chez tous les peuples anciens, les
lois religieuses faisaient partie du Code que les autorités
judiciaires devaient faire respecter. Ceux qui transgres-
saient les prescriptions religieuses étaient donc passibles de
peines comme ceux qui enfreignaient les préceptes de la
morale et de la justice. Il ne pouvait donc guère être ques-
tion de tolérance au sein même du judaïsme. Cependant,
déjà dans la Bible on voit percer une différence entre la
répression des transgressions religieuses et celle des autres
fautes. C'est la peine de Karêth qui s'appliquait aux pre-
mières, c'est-à-dire que Dieu lui-même devait punir ceux
qui, par exemple, ne jeûnaient pas au jour de Kippour.
Celte punition de Karêth est, d'après le Talmud, une mort
prématurée. En tout cas, la main des hommes n'intervient
pas. Deux seuls crimes contre la religion sont punis, selon
la Mischna de Sanhédrin, par la lapidation : l'idolâtrie et
la violation publique du Sabbat. D'ailleurs, au temps de la
Mischna, les tribunaux juifs ne pouvaient plus prononcer
de peines capitales. Et il faut croire que les docteurs
étaient plus tolérants en pratique qu'en théorie, puisqu'on
nous rapporte l'entretien que Rabbi Méir eut avec son
maître l'apostat Elischa ben Abouya, alors que celui-ci était
monté à cheval un jour de sabbat.
H répugnait aux rabbins de faire appel au bras séculier
daRS des questions religieuses. Il restait l'arme du hérem,
l'excommunication, cjui finit, elle aussi, par tomber en dé-
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l44 L*UNIVBR8 ISaAJÉLITB
suélade. On m'a raconté qu'un de mes aïeux , rabbin d'une
grande communauté, fut prié de sévir contre un boucher qui
ouvrait le samedi. Il répondit : « C'est inutile. Cet bonotme
ne continuera pas longtemps son commerce ! » Le boucher
mourut l'année même. Cette histoire me parait quelque peu
légendaire, et elle trouve son pendant dans maint récit bi-
blique et talmudique ; mais elle est significative.
Quoi qu'il en soit, depuis la Révolution française, les
chefs religieux ne se servent plus, dans nos pays, de mesures
coercitives pour imposer l'obéissance à la religion. Ils ne
peuvent employer que la persuasion pour ramener les
brebis égarées au bercail. C'est sur leur seule éloquence
qu'ils doivent compter pour ranimer la piété.
Encore nos pasteurs peuvent-ils adopter une attitude plus
ou moins sévère vis-à-vis des ouailles indociles. Dernière-
ment un rabbin, prêchant sur la tolérance, conseillait aux
pères de fomille de ne pas se fâcher si leurs enfants ne sont
pas aussi pieux qu'eux et ne suivent pas leur exemple.
Voilà la liberté religieuse poussée à ses dernières limites.
Les parents qui eux-mêmes seraient pratiquants ne
devraient plus faire d'observations à leurs enfants, s'ils les
voyaient négliger leurs devoirs religieux. Les parents, sans
doute, feraient instruire leurs enfants dans la religion,
mais les enfants seraient les maitres d'en prendre et d'en
laisser : de même qu'on peut leur faire donner des leçons
de peinture ou de musique, mais qu'on ne peut pas les
forcer à devenir des artistes. Notre rabbin ne s'exprimait
pas en termes aussi clairs, mais je crois que tel était le fond
de sa pensée.
Il est à peine nécessaire de réfuter cette théorie. La reli-
gion est obligatoire ou elle n'est pas, et si elle l'est pour le
père de famille elle Test pour ses enfants , dont il doit
surveiller l'éducation. Il ne peut leur imposer ses goûts
artistiques, s'il en a, mais il ne devrait pas admettre que ses
enfants agissent autrement que lui-même en matière reli-
gieuse et morale.
Je dis morale, car il ne faut pas s'y tromper. Si les enfants
ne sont pas tenus de suivre l'exemple de leurs parents
pour le culte qu'ils professent, il est à craindre qu'ils éten-
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l'univers ISRAÉLITE 1^5
dent plus loin la permission d'agir selon leur bon plaisir
onlenr intérêt. Si les parents ne sont pas sûrs d'être dans
le vrai en ce qui concerne la religion qu'ils observent, les
enfants pourront aussi émettre des doutes sur la valeur
des principes de morale qu'on veut leur inculquer. L'édu-
cation en quelque sorte * contradictoire qu'ils recevront
manquera de solidité. De plus, la pratique de la'%*eligion
habitue les hommes aux actions désintéressées , et c'est
ainsi surtout qu'elle les protège contre leurs passions.
Mais si nous avons le devoir de diriger nos enfants dans
la voie que nous suivons nous-mêmes, comment devons-
nous nous comporter à l'égard de ceux qui ne dépendent
pas de nous ? Nous ne pouvons pas nous arroger le droit de
les morigéner s'ils ne pratiquent pas comme nous et
autant que nous. Le soin appartient aux rabbin^, dont le
métier est de secouer leurs auditeurs plutôt que de leur
ftilre des compliments. On dit bien qu'on ne prend pas les
mouches avec du vinaigre, mais la chaire n'est pas un
attrape-mouches. Nous-mêmes, si nous n'avons pas à nous
disputer avec des coreligionnaires plus tièdes que nous,
n'avons-nous pas non plus à les approuver. Nous ne devons
pas nous séparer ^'eux, car ce serait juste le moyen de perdre
toute influence sur leur esprit; et il faut se réjouir de ce
qu'à Paris il n'y ait pas de scission comme en certaines villes
d'iillemagne. Nous voyons ici les plus orthodoxes et les
moins pieux se coudoyer dans les réunions de charité,
sinon à la Synagogue; et c'est très heureux. Mais cela ne
doit pas nous empêcher d'élever de temps en temps la voix
et d'avoir le courage de déclarer à ceux qui abandonnent
leur religion qu'ils ont tort. « Tu feras des reproches à ton
frère, dît la Bible, et tu ne le haïras pas dans ton
cœur. » Non certes, ceux qui pratiquent la religion ne
doivent pas détester leurs frères, mais ils peuvent leur dire
hautement leur pensée, de même que ceux qui blâment
l'hyperorthodoxie ont le droit et le devoir de le dire.
Voilà comment je comprends la tolérance entre core-
ligionnaires. Pas de haine, pas de querelles, mais non
plus, pas de concessions fâcheuses . L'amour de la paix est
une belle chose, mais il faut quelquefois avoir le courage
de faire des mécontents.
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l46 l'univers ISRAÉLITE
Mais vous-même, me dira-t-on, ne faites-vous pas de
concessions ? Vous demandez qu'on permette de travailler
le second jour de fête. Oui, mais je n'appronve pas qu'on
se le permette à soi-même, tant que Fînterdîction n'est pas
abrogée et quand on n'y est pas absolument forcé. Que
les rabbins réunis en Congrès prennent les décisions qui
leur paraîtront servii' la religion, mais qu'ils n'accordent
pas d'indulgences !
R. T.
LA RÉVÉLATION PROPHÉTIQUE <*>
L'ouvrage de M. Schwartzkopff est une étude à la fois his-
torique et psychologique du prophétisme dans sa nature, son
contenu et ses limites. Ce livre est doublement intéressant et
parce qu'il résume les plus récents travaux de la critique
biblique en Allemagne et parce qu'il présente une théorie psy-
chologique de l'esprit prophétique. Sur cette théorie, nous
passerons rapidement à cause de son caractère trop spécial et
à cause des nombreuses et vives controverses qu'elle soulève :
nous nous attacherons à dégager l'idée que l'ouvrage nous offre
des propliètes, de leur rôle et de leur inspiration.
Les Nebi'un annoncent à Israël les volontés de EHeu et im-
plorent Dieu pour qu'il accorde son secours à Israël. Ils sont
les prédicateurs de la parole divine et s'efforcent d'arracher
leur peuple au péché, en l'exhortant au repentir : ils sont les
directeurs de la conscience nationale. Ils se reconnaissent eux-
mêmes comme les « gardiens » de la maison d'Israël (Ezéch,,
XXXIIL 7), ayant pour mission de détourner leurs frères du
mal où ils se perdent {Jér., XXllI, îas). Et s'ils se rendent
compte qu'ils ne pourront pas convertir les peuples sur-le-
champ, ils poursuivent la conversion universelle comme l'idéal
d'un futur empire où régnera la perfection. Les prophéties sont
donc tantôt des prédictions de calamités, et des objurgations,
aussi longtemps qu'Israël persévérera dons l'oubli de ses
(l I>ie prophetiache Offenhdrung. pnr P. S<*hwartzkoptT. chez Ri>k<»r,
à (Tics,sen, 109 pa^es, \ francs.
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l'univers ISRAÉLITE l47
devoirs, tantôt des descriptions du monde final et de ses féli-
cités» qnand Fadoration pore de TEtemel sera devenue géné-
rale.
Tels sont les grands sujets de la prophétie ; les circons-
tances en modifient le détail et l'application. CTest ainsi que les
discours des Isaïe, Jérémie, etc., prédisent la destruction de la
Judée et de ses capitales et la captivité de ses habitfoits ; d'autre
part, elles annoncent le retour des exilés et la restauration du
royaume de Dieu.
Les menaces n'avaient d'ailleurs rien d'absolu ; si le peuple
venait à résipiscence, le châtiment pourrait ôtre adouci, suspendu
et même écarté {Joël^ II). Mais lorsque l'impiété était devenue
trop profonde, il n'y avait plus place pour l'espoir, et le châti-
ment devait s'exercer en toute rigueur.
Cependant la peine ne pouvait durer toujours, car Dieu
aurait trahi la promesse qu'il avait faite à son peuple de le
choisir pour répandre ses doctrines parmi les nations, et tôt ou
tard Israël devait rentrer en grâce et contracter une nouvelle
alliance avec le Seigneur (/^r., XXXI, 3i-33; Ezéch,, XXXVII,
Une première fois la parole prophétique trouva son accom-
plissement dans la captivité assyrienne et babylonienne. A
partir de ce moment, c'est-à-dire vers 72a, les prédictions
portent sur le retour de l'exil. Les israélites rentrés dans leur
pays, les prophètes appliquent tous leurs efforts à réaliser dans
sa splendeur le royaume de Dieu, et la prédication messianique
se donne pleine carrière. Mais leurs efforts échouèrent devant
les péchés où s'abîmait le peuple, car le règne messianique sup-
pose l'entier attachement d'Israël à Dieu (/.s., LXIV, 3 6 ; Ezcch.,
XXXVI, a2-2B; XXXVII, 24-28).
De ce que le prophète était le directeur de conscience de sa
nation, il résulte qu'il était en même temps un homme poli-
tique. En eftet, pour prédire l'avenir et pour contribuer à le
réaliser dans un sens déterminé, il faut connaître le présent ;
pour produire un effet sur les consciences, il faut les avoir étu-
diées ; pour remédier aux maux, il faut en savoir la nature et
l'étendue. Le prophète devait donc avoir de l'homme d'îltat et
les connaissances historiques et la clairvoyance, et le patrio-
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1^9 l'univers ISRAÉLITE
tisme (i). L'Ecriture est là ponr montrer le rôle politique que
remplissaient les prophètes : ils sacraient les rois (I Sam., X,
i; XVI, iîi-i3; I Rois.l, 34, etc.), révélaient aux princes la
volonté de TEternel, s'établissaient en justiciers, témoin Elie
qui fit massacrer 400 prêtres de Baal et fit périr les messagers du
roi Ahasya (I Rois, XVIII, 40 ; II Rois, I, 9-i5), et dictaient aux
rois leur attitude à l'égard des autres peuples (/s., VII ; 3oet 3i).
Mais où le prophète prenait-il Faudace et l'affirmation de
ses prédictions, où prenait-il l'audace de ce que j'appellerai sa
dictature morale ? Pour affronter ainsi les rois et les peuples,
il fallait une impulsion qui vint d'une puissante certitude et
une certitude qui tint à une révélation divine, il fallait que le
nàbi perçût dans son cœur la voix de l'Etemel. De là les
expressions : a Ainsi parle l'Eternel », « La parole du
Seigneur se communiqua au prophète », « Parole de l'Eter-
nel», etc. La vocation prophétique se manifeste par la con-
trante où l'homme choisi est d'accepter sa mission {Ex., III 11 ;
IV i-i3; Jér., I 6 ; Amos, Vil i5, etc) ; il a beau résister, une
force supérieure le pousse et l'emporte, il faut qu'il parle, car
dans sa poitrine il brûle comme un feu qui cherche une issue
(Jér., XX, 9). Ezéchial s'écrie que « la main de TEternel se pose
sur lui » (Ezéch.y III 14, 22). C'est dans le sentiment de cette
contrainte que le prophète puise la certitude qu'il n'est pas la
dupe de sa propre imagination, mais qu'il est l'organe de
Dieu.
Il est bien entendu que cette révélation n'est pas extérieure
ni sensible, que le prophète ne perçoit pas physiquement la
parole de Dieu ; ce serait donner dans un grossier anthropo-
morphisme que de le croire. La révélation est tout intérieure,
et il ne faudrait pas se laisser abuser par les images et les
métaphores dont se servent les prophètes. D'ailleurs ils nous le
font entendre eux-mêmes. « L'esprit de l'Etemel parla en
moi...» (II iSam., XXllI, 12). «Je le remplis de l'esprit de
Dieu... ï>(E.x., XXXI, 3). Dans le royaume futur tous prophé-
tiseront. « Et alors, dit Joël (III, i), je répandrai mon esprit sur
toute chair, et vos fils et vos filles seront prophètes... »
Mais cette révélation du divin dans l'homme n'a pas lieu
(1) On peut comparer le rôlo politique des prophètes à celui des orateurs
en Grèce.
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l'univers ISRAÉLITE l49
d'une façon continue, elle exige une disposition particulière de
Tâme; cette disposition s'obtient surtout par la prière, qui est
le commerce du cœur avec Dieu. La prière, quand elle est fer-
vente, exalte en nous le sentiment moral et le sentiment reli-
gieux, nous nous purgeons de nos passions et de notre égoisme
et nous devenons capables d'entrer en communion avec l'Eter-
nel. C'est dans cet état que le prpphète prend conscience des
avertissements qu'il doit donner à son peuple et c'est dans cet
état qu'il se plonge pour solliciter la grâce du Seigneur en
faveur d'Israël.
Après avoir examiné sous quelles conditions naît et se
développe l'esprit prophétique, il faut dire la forme qu'il revêt
pour s'exprimer. Le prophète est poète (i) ; sa pensée se traduit
en comparaisons et en métaphores. Il veut frapper les imagi-
nations pour déterminer les volontés. Enflammé de zèle pouv
son Dieu et d'amour pour son peuple, embrasé d'une ardeur
religieuse et patriotique intense, soulevé vers l'idéal de mora-
lité qu'il contemple, son esprit, son cœur et feon imagination
s'échauffent, l'inspiration s'épanche en des torrents d'images,
il devient tour à tour lyrique, épique et dramatique.
Nous avqns déterminé la nature, le contenu et la forme des
prophéties ; reste à en marquer les limites. Qu'il y ait des
degrés dans la prophétie, c'est ce que l'Ecriture établit elle-
même, quand elle proclame Moïse le plus grand d'entre les
Nebiim. Pour que Dieu se communique à lui, il faut que le
prophète soit dans un état de grande pureté morale. Or, comme
l'homme, par cela même qu'il est homme, ne peut jamais
atteindre la perfection, aucun prophète n'aura de révélation
complète, aucun prophète ne sera infaillible. D'autre part, les
prédictions se fondent nécessairement sur les considérations
du présent ; or, la connaissance exacte des situations politi-
ques implique une pénétration d'esprit qui varie avec les
individus. D'un autre côté encore, il pouvait arriver que le
nâbi prit pour un dessein de Dieu ce qui n'était qu'une concep-
tion de sa propre intelligence. Enfin, le retour au bien de ceux
qui avaient péché pouvait rendre nulles et non avenues les
(1) La réciproque est vraie jusqu'à un certain point ; les poètes et les
grands génies on général ont passe, en tous temps et tous lieux, pour être
quoique peu devins; se rappeler le lîrt^es des Romains et aussi qu'Apollon
était à la foi lo dieu de la poésie et des prédictions.
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i5o . l'univers ibrajêlitb ^
menaces prédites. Autant de raisons qui expliquent comment
les prophètes, quoique des hommes de Dieu, ont pu commettre
des erreurs.
Ainsi le nâhi était Thomme qui, dans la certitude d'une
invincible vocation, s'arrogeait par droit divin la direction
morale d'Israël ; c'était un homme de génie jouant le rôle de
prédicateur et d'orateur politique, s'etibr^^ant de pénétrer la
société dont il faisait partie des sublimes idées qu'il avait
conçues au contact de TËternel et travaillant ainsi à convertir
les peuples au culte de la vérité et de la justice.
Louis Lévy.
LE POÈTE JOSEPH KISS
Monsieur le Directeur,
Veuillez me permettre de vous présenter un autre poème de
notre poète Joseph Kiss (i). Cette ballade-ci n'est pas du tout tra-
gique, mais elle est charmante à mon avis.
LA FILLE DU RICHE LAZARE
Comment fut rebâtie la petite maison de la çeuçe Salomon
La veuve Salomon taquine son ûls, un. garçon beau comme
le jour, svelte et souple comme un jeune peuplier.
« Qu'as-tu, mon enfant ? Tes fraîches couleurs disparaissent,
tu languis et tes soupirs me percent le cœur. Mon enfant, mon
seul bonheur, soleil de ma vie, surmonte ta douleur pour
Tamour de ta mère ! »
Et le jeime homme relève sa belle tète inclinée et dit triste-
ment : « Mère bicn-aimée, ne me refuse pas ce que je te
demande. La iiUe du riche Lazare est malade, bien malade ; si
elle meurt, je mourrai après elle. Vas-y, apporte- moi de ses
nouvelles ; ce sera du baume, ma mère, pour mon pauvre cœur
endolori ! »
La mère s'écrie : « Grand Dieuî qu'est-ce que j'entends ? Tu
aimes la fille du riche, de l'orgueilleux Lazare î De Lazare qui
(1) Voir le numéro du 27 novembre dernier.
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l'univers israélits l3i
n'a pas de cœur, qui méprise les pauvres gens, qui lâcke ses
chiens sur les laaiheureux ! Mais on Va jeté un sort ! i>
Pourtant la pauvre mère, pour T amour de son enfant, s'en
va au château de Lazare, à son corps défendant, grelottant
comme si elle avait la fièvre. L*y voilà î elle entre en tremblant,
trébuchant sur des tapis où son pied s'enfonce, frôlant les
portières, éblouie comme dans un rêve. Elle marche en avant,
franchissant une salle après Tautre. Mais voici que dans une
chambre, là, sur un lit blaivî comme la neige, elle voit la jeune
fille qu'adore son enfant. Et d'une voix émue elle la salue
humblement : a Que Dieu vous donne le bonjour ! »
La malade lui sourit : « Soyez la bienvenue ! Dites-moi :
votre rosier fleurit-il toujours? Je n'ai été qu'une fois dans
votre petit jardin, et, depuis ce temps-là, mon. cœur m'en
parlait toujours. Oh ! si j'avais une bonne mère comme vous, je
ne voudrais pas quitter sitôt cette terre !
» J'ai une prière à vous adresser : voilà une petite bague
que j'ai toujours portée ; souftrez que je vous la donne. Portez-la
en souvenir de moi, et, si quelqu'un qui vous aime vous baise
la main, il embrassera aussi ma bague. »
Des pas traînants se font entendre, la malade ferme ses
paupières brûlantes. Le vieux Lazare entre courroucé et s'écrie :
« Hors d'ici, mendiante ! qui t'a laissée entrer ? Quelle imperti-
nence ! Venir m'obséder ! Votre pitié, je n'en ai que faire ; le
vieux Lazare sait porter tout seul sa douleur ! »
Le fils de la veuve implore de nouveau sa mère : « Chez le
riche Lazare, je vois accourir le monde. Une foule s'y presse,
c'est de mauvais augure. Vas-y, ma mère, elle se meurt peut-
être. Pieure-la à ma place, mère chérie ; je veux cacher mes
larmes et ma douleur brûlante. »
Chez le riche Lazare, on marche sur la pointe des pieds. Sa
fille unique est malade et près d'expirer. Les médecins vont,
viennent et se bousculent ; dans le corridor, on distribue de
l'argent aux pauvres. Au temple, les rabbins récitent des
psaumes, des prières; mais le ciel reste sourd au grand déses-
poir du père.
Et Lazare le riche s'agite comme une âme damnée. « Il n'y a
qu'un sacrifice qui puisse la sauver. Je le ferai ; — faites
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iSa l'univbrs israélitb
appeler les vieux rabbin», tous! » Les vieillards arrivent,
interprètes de la sainte Loi. Dans la grande salle assombrie, ils
s'assoient en rond. Lazare entre dans le cercle et se frappe là
poitrine. — « Me voilà humble devant la colère de Dieu. S*il
me prend en miséricorde et qu'if me rende ma fille, je fais
serment de remplir le vœu que je prononce devant vous. » Et
Lazare dit son vœu, et les vieillards* l'approuvent en hochant la
tête. — « Jurez-vous,Lazare,de tenir ce que vous avez promis? »
— « Je le jure par le nom de Dieu»! — Eh bien, que Sa grâce
vous soit en aide ! >»
La fille du riche Lazare est ressuscitée. Son père l'appelle :
« — Mon enfant, mon Esther, j'ai à te faire une communication
importante. Mais auparavant habille-toi de soie brillante,
pare-toi d'or et de diamants , et souris à ton père qui
t'adore. »
Esther revient parée de soie, d'or et de diamants, mais ses
yeux sont tristes, sa bouche n'a pas de sourire.
« — Mon enfant, dit le père, un banquier riche à millions
te demande en mariage. Il a un palais de marbre, une voiture
à quatre chevaux ; que lui répondrons-nous, ma fille chérie ? »
« — Tu m'as appris à t'obéir mon père, je me soumettrai à
tes ordres. »
Le riche Lazare pousse un soupir douloureux : « Ah î ma
fille, il faudra renoncer à toute cette magnificence. Ton mari ne
te bâtira pas de palais de marbre, il ne viendra pas te prendre
dans une calèche à quatre chevaux. Tu n'auras pas un titre de
noblesse; — non jamais, et c'est par ma faute : car, lorsque tu
étais mourante, j'ai tenté Dieu. Désespéré et fou, je me suis
laissé induire par eux (car tous ces gens-là sont mes ennemis),
à prononcer un vœu insensé. J'ai juré de te marier au plus
gueux des jeunes gens, au plus orgueilleux des pauvres à la
ronde, — au fils de la pauvre veuve Salomon. »
Et la jeune fille ravie tombe dans les bras de son père, et
d'un bonheur sans égal son cœur se serre.
Et c'est ainsi que fut rebâtie la petite maison de la veuve
Salomon. Que Dieu l'ait en sa sainte garde.
C'est ce que je vous souhaite aussi, Monsieur le Directeur, en
vous priant d'agréer, etc. Ida (toldberger.
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l'UNIVBRS ISRAÉLITE
lOO
DONS
BN PAVEUR DES* ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du i5 au 23 açril
MM. Lazard (Simon) 1 .500
Deutsch (Hemi et Emile) 1.000
Mme Worms de Romilly (A.). . « 00
MM. Hirsch (Joseph) 300
Aron (Henri) 300
Dreyfus (Léopold Louis). 200
Dreyfus (René) 200
Albert! (Léopold) 100
Bloch (Henri). 13, rue de
Phalsbourg 100
Heimann (René)...* 100
Katz (Achille) 100
Waller 100
Cahen (Henri) 50
Goudchaux (Germain)... 50
Reiss (Achille) 50
May (Nathan) 40
Theumann •. 40
Lévy (Alkert), 11. blv.
de Sébastopol 40
Gugenheim (Samuel) 30
Anonyme 20
Bloch (D.), 196, rue Saint-
Martin 20
M"» Bédarrides 20
M.M.Fribourg 20
Hirsch (Alphonse). 20
Kahn (J.). 62, blv. Ma-
genta 20
La2ard,126,rue de Rivoli. 20
Lévy (Léopold) 20
MM. Lévy (Sylvain) 20
Stein, lOe, blv. Hauss-
mann .- 20
Valentio 20
Wellhoff, 40,rue Laffitte 20
Bénédic (Bernard) 10
Dennery (M.) 10
Dukas 10
Halbronn 10
Keller (Daniel) 10
Schwob 10
Weil (Benjamin) 10
Wormser 10
Kahn, 130. blv. Voltaire 10
Lehman n (Maurice) à
Vincennes 10
Lévy (Raphaël), rabbin.. 10
Lévy (Cerf), 43, rue du
Temple 10
M"e* Kahn (Louise, Cécile et
Aline) 8
Klein (J.).' 5
MM.Lehraann (Alexandre), à
Vincennes 5
Lévy (Auguste). 24, place
des Vosges " 5
Mayer (rabbin) 5
Nissensohn 5
Reberg. 5
Franck (A.) 5
Bernheim (M.) 5
Nouvelles diverses
Paris. — A roccasion des fêtes de Pâque, une assistance nom-
breuse — plus nombreuse encore que d'habitude — s'est rendue
aux offices de samedi et dimanche derniers dans les temples. 11
semble en effet que nos coreligionnaires sentent comme un besoin de
protester, par Taccomplissement plus strict de leurs devoirs reli-
gieux, contre les attaques injustifiables dont ils sont l'objet de la part
des gens intéressés à semer la haine et le désordre. Ce résultat n'est
pas pour nous déplaire.
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l54 l'uni VERS IS&AÉUTE
Dans tous les temples, nos rabbins ont, comme de coutume, fait
entendre la parole sacrée. Rue des ïoumelles, rue Notre-Dame-de-
Nazareth, rue BuiTault, on a écouté avec un plaisir recueilli les ser-
mons prononcés par M.M. les rabbins Mayer, Haguenan, Weill et
Raphaël Lévy . M . le rabbin Israël Lévi a été particulièrement goûté
à l'oratoire du Gros-Caillou, où il a prêché dimanche matin ; an
Séminaire, M. Julien Weill, un des élèves les plus distingués de cet
établissement, a eu également beaucoup de succès.
Les ûdèles du temple de la rue de la Victoire ont été gfttés. Sa-
medi matin, M. le grand rabbin de Paris y a prononcé un sermon
écrit en une langue élégante. Il a défendu les antiques commémo-
rations religieuses de notre culte contre les novateurs qui seraient
tentés de leur substituer des anniversaires plus récents mais qui
touchent profondément aussi les cœurs Israélites,
M . le grand rabbin de France, que nous entendons trop rare-
ment aujourd'hui, a pris à son tour la parole dimanche matin. Pre-
nant texte du bien que, dès les premiers jours de notre histoire, la
femme juive a accompli au foyer, de son dévouement, de son éner-
gie et de son abnégation, il a flétri, en des termes d'une haute en-
volée, les désertions et les lâches abandons. Nous ne craignons pas
de dire que ce sermon comptera parmi les plus beaux de M. Zadoc
Kahn. Il a produit sur les fidèles une impression profonde.
Il est à souhaiter que cette belle improvisation, née du sentiment
de juste indignation qu'ont provoqué de récentes conversions con-
nues de tous aujourd'hui, soit fixée, imprimée et répandue dans
toute la Communauté. Ce discours serait pour les uns un salutaire
avertissement, pour les autres une grande satisfaction, et pour tous
l'interprète éloquent et ûdèle de la conscience publique.
Paris. — Ont satisfait, en 1897, ^^x examens d'admission à
l'Ecole supérieure de guerre :
MM. Spire, lieutenant au 2* régiment de zouaves, et Ulmo, lieu-
tenant au i8e régiment d'artillerie.
— Par décret rendu sur le rapport du ministre de la marine,
M. Auscher (Jules), sous-ingénieur de i*^* classe dans le corps du
génie maritime, a été, au choix, promu au grade d'ingénieur de
2* classe.
***
— M. Wt'ill, juge au tribunal de la Seine, président de section,
a été nommé vice-président du même tribunal.
***
— M. Halfon (Salomon), banquier à Paris, administrateur dé-
légué de la Compagnie générale transatlantique, meiubre du jury à
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l'univers israjêlitb i55
l'Exposition de Rouen, a été nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur.
***
— Au (Congrès des Sociétés savantes qui s'est réuni cette
semaine à' la Sorbonne, M. Schwab, délégué de la Société clés
Etudes juives, a traité la vingtième question posée par le Congrès
à la section d archéologie : « Rechercher les épitaphes, inscriptions
de synagogues, grapliites en langue et en écriture hébraïque, qui
n*ont pas encore été signalés, ou imparfaitement publiés jusqu'à
présent. Dans son mémoire, M. Schwab publie et explique quelques
inscriptions inédites, contenant des noms languedociens, parfois
corroborés par des manuscrits de la Bibliothèque nationale.De plus,il
reprend des inscriptions déjà publiées par d'autres hébraïsants,
soit pour rectifier certaines lectures, soit pour reconstituer les dates
de ces textes. Leur total, qui, en i85i, ne dépassait guère le nombre
de sept inscriptions connues, chiffre porté à 5o par M. de Lon^érier
en 1874» s'élève maintenant au nombre rond de 140, que le susdit
délégué a signalé rapidement.
* *
Association des Etudiants Israélites russes à Paris, — Vendredi
soir, le i(> avril, une quarantaine de jeunes gens se sont réunis pour
célébrer le premier « seder » de la Pâque juive. Cette réunion a été
convoquée, comme l'aûnée dernière, par le Comité de l'Association
des Etudiants israéiistes russes. La cérémonie a été présidée par
M. Raskine, Un dîner dont le menu était composé de tous les mets
traditionnels a été servi sur plusieurs tables. Le dîner a été pré-
cédé d'un discours du président. M. Raskine a particulièrement
insisté sur le caractère national de la fùte; il a dit que tous les
juifs, sans distinction de convictions, doivent réfléchir sur ces paroles
de la « Agada » : « cette année nous sommes esclaves, Tannée pro-
chaine nous serons libres 1». Ce «iiscours a été accueilli par des
applaudissements chaleureux. Après le dîner, de nombreux orateurs
ont prononcé des toasts en levant des coupes remplies de \4n juif
de Palestine. Les invités ne se sont séparés qu'à deux heures du
matin en emportant, comme l'année dernière, une excellente impres-
sion de cette belle soirée.
Qn a constaté avec regret que samedi dernier, au Temple de la
rue de la Victoire, on ait omis la commémoration des morts de la
semaine. Cet oubli est d'autant plus fûcheux que, parmi les morts
dont il y avait lieu de rappeler le souvenir, figurait M. le grand
rabbin Wogue, auquel il aurait été convenable de rendre un hom-
mage public dans la principale de nos Synagogues.
**«
L'Œuvre de l'Orphelinat de l'enseignement primaire a tenu
récemment sa réunion annuelle sous la présidence de M. Mézières,
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l56 l'univers ISRAÉLITE
de r Académie française, et en présence de M. Rarabaud, ministre
de l'instruction publique. Au cours de l'allocution qu'il a prononcée,
M. Mézières a rendu un témoignage de reconnaissance aux person-
nes qui ont favorisé le développement de l'Œuvre, et, parmi elles,
il a cité notamment M. et Mme Alexandre Weill, qui lui ont fait des
dons importants.
«•«
Hagûenau. — De notre correspondant d'Alsace :
La communauté Israélite de Haguenau est en deuil« Elle a perdu
son ministre officiant, si capable, si pieux, si charitable. Le chazan
M. Lévy est mort après une maladie de quelques jours, à l'âge de
soixante- six ans, après avoir fonctionné quarante-un ans dans
cetjte belle communauté de Haguenau qui l'aimait et le respectait
pour son beau talent et son noble caractère. Une foule immense
accompagnait le pauvre délunt à sa dernière demeure. Trois
discouFs ont été prononcés sur la tombe, deux par les rabbins
Marc Lévy de Wissembourg et Simon Lévy de Scherrhofen, et l'un
par M. Arthur Moch, membre du Consistoire israélite de Strasbourg.
L'émotion et les marques de sympathie furent générales. Puisse la
famille éplorée de feu Lévy y trouver un soulagement à sa vive
douleur! Le souvenir de leur père vivra éternellement dans la
mémoire reconnaissante des israélites de Haguenau.'
* *
Vienne. — L'empereur a confirmé l'élection de M. Lneger au
poste de bourgmestre de Vienne.
***
— Grâce au libéralisme de François-Joseph, les israélites peu-
vent occuper tous les rangs dans l'armée autrichienne-hongroise.
Aussi y a-t-il bon nombre d'officiers juifs ; parmi les plus élevés en
grade, nous citerons le D>" Waldstein, qui est médecin-inspecteur,
ce qui lui donne rang de général.
***
Francfort-sur-Mein. — Depuis plusieurs semaines il circule ici
des cartes postales antisémites qui contiennent les injures les plus
grossières à l'égard des juifs. Un de nos coreligionnaires a envoyé
une plainte à la direction des postes qui a promis d'y mettre bon
ordre.
***
— On nous communique le compte rendu de Técole israélite
(Religionsschule) pour Tannée i89(>-i897. Le nombre des élèves s'est
élevé à 4^; la situation matérielle de l'école est très prospère. Le
compte rendu proprement dit est précédé d'un article de M. le
rabbin Horovitz sur le Synode rahhinique de Francfort en i6o3^
que nous analyserons peut-être ultérieurement.
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- X.'UNIVBR8 ISRAÉLITE iSj
Budapest. — Le rabbin Samuel Loeb Brill, connu pour sa
science talmudique, vient de mourir à l*àge de 8-2 ans.
*
Londres. — Lors de la dernière assemblée de V Anglo-Iewish-
Association^ M. Schiff, de New-York, a appelé Tadenlion sur le
danger qu'il y aurait à encourager Timmigration des juifs pauvres
en Amérique. La population de nos coreligionnaires nécessiteux
prend des proportions considérables, et une catastrophe est à
redouter si on n'emp<^che les gros afflux.,
* «
Rome. — Lors des dernières élections législatives, la de
nos coreligionnaires ont été élus. Voici les noms des députés
Israélites :
Louis Luzzattî ; Ernest Modigliani ; Léon Wollemberg : Léopold
Franche tti ; Elle Morpurgo ; Elie Melli; Attilio Luzzatto; Léon
Romanin Jacur ; Weil Weiss ; Barzilai ; Riccardo Luzzatto ; Angelo
Pavia.
Saint-Pétersbourg. — Il est interdit aux Juifs de faire du com-
merce dans les villages. Un de nos coreligionnaires établi depuis
plusieurs années à Zagorze (Pologne) ayant mis quelque retard à
plier bagages, un huissier se présenta avec plusieurs paysans, et on
jeta toutes les marchandises dans la rue. Comme le pauvre com-
merçant n'était pas en mesure de transporter sur-le-champ ses
marchandises dans un endroit plus sûr, les paysans s'emparèrent
de tous les objçts et évitèrent au jdif l'embarras de les caser
ailleurs.
Palestine. — A l'Ecole d'agriculture de V Alliance, à JafTa, on
s'occupe activement d'agrandir les bâtiments devenus insuflisants
pour le grand nombre d'élèves à admettre. 11 y a quelque temps, le
directeur, M. Niégo, fut surpris par l'arrivée à son établissement
d'une douzaine de familles juives arabes qui offrirent leurs services
comme ouvriers agricoles. Ces individus sont des descendants de
familles qui ont habité de temps immémorial à Ur, en Chaldée, où
ils vivaient de la vie des paysans arabes, cultivant les champs et
paissant les troupeaux. M. Niégo leur promit, avec l'assentiment de
VAUiance, d'utiliser leurs remarquables capacités au service des
fermes.
New-York. — Le général Frédéric Salomon, qui s'était dis-
tingué dans la guerre de Sécession, vient de mourir à Salt-Lake-
Cily.
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i58
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L*UNIVERS ISRAÉLITE l59
LE RHUMATISME ET LA GOUTTE
sont guéris sûrement , fH^omptement . ©t radicalement par la
Ducaabline (extrait concentré des plantes da Brésil), une des plus
merveilleuses découvertes scientifiques de ce siècle. La Ducasbline
n'agit point, comme la plupart des médicaments employés jusqu'à
ce jour, en soulageant momentanément la douleur, au risque de
déplacer le mal et de le transporter au cerveau ou au cœur (de là
des morts subites) , et de dé^ader Festomac pour le restant de la vie.
La Ducasbline, médicament végétal absolument inoffensif, est
cependant d'une efficacité merveilleuse, n'abîme pas l'estomac et ne
déplace pas le mal : elle agit sur la cause même du rhumatisme et
de la goutte, en régénérant le sang et en en modiûant la constitu-
tution même.
La maladie guérie ne revient plus, et les forces se maintiennent
par l'usage de la Ducasbline.
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bilité de cette méthode, appliquée exclusivement et avec le plus
grand succès à l'Institut Médical rationnel, 19, rtie de Clichy,
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et toutes les pharmacies.
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Paris.»
Jiidisclies Volksblatt
Herausgeber : Dr. Louis Neusladt in Breslau
Inhalt : Leitartikel, wissensch. Artikel, Erzaîhlungen, Bûcher-
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hœrden, Stenograph. BerichtewichtigerParlaments-Verhandlungen.
Urtheile berûhmler Mœnner ûber Juden und Judenthum, Gemeinde-
Schul-und Vereinsleben, Stiftungen, Perso nalien^sieninitliche ausge-
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schiedene Berufsarlen, Auskunft unentgeltlich durch die Expé-
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Abonnement pro Quartal 1 Mk. 25 Pf. bei der Post (Deutsche
Postzeitungsliste Nr. 3oi2), fur das Ausland i Mk 5o Pf., auch durch
jede Buchhandlung und die Expédition in Breslau, Sonnenslr. 17.
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Une Heureuse initiative.
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Franoe, Algérie, Alsaoe-Lorraine : Un an^ 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 tr. — Six mois, 14 fr.
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32
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dopais avril 1896 se trouve dans les meiUe«res conditioiis d'hygiène
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Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, Umstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i'« section comprend
l'élude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de renseignement moderne et aux gprandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service'
militaire ;
Celui de la 2*» section comprend i*étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
bacc£dauréats de rhétorique et de philosophie.
Pondant Tannée scolaire 1895-1896, Tlnstitution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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CalBtttïrât MvatlxU tft la Semaine
Mai. Nissan.
1 Samedi (Fia du sabbath à 8 h. 05) 29
2 Dimanche (!•' jour de Rosch-Hodesch) 30
lyar.
3 Lundi.... <2« - — ) 1
4 UMtûL 2
5 Mercredi 3
6 Jeudi 4
7 Vendredi 5
Heures des Offices
Soir ^semaine et vendredi) : 6 b. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Toumelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Bamberger (Fernand), 89, biv. Sébastopol.
Pohl (Lucien), 41, ruo d'Enghien.
Weinberg (Maurice), fbg Poissonnière.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Cahcn (Maurice), à Orléans. .
Mariages de la Semaine %
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Dimanche, 2 mai, à 3 heures. — M. Friedmann (Georges), négociant, 3S,
rue d'Hauteville, et Mlle Kayser (Florence-Eugénie), 3.
rue Bergère.
Lundi, 3 mai, à 2 heures, M. Weill, (tJavid), banquier, 34 bis. av. du
Bois-de Boulogne, et Mlle Raphaël (Clara), 25, av. Kléber.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Dimanche, 2 mai, à 2 heures, M. Picard (Jules), voyageur de commerce, 38,
rue Greneta, et Mlle Mcycr (Marguerite), employée do
commerce, I, rue de la Michodiere.
— à 2 h. 1/2, M. Salomon (Fernand Emile) fabricant d'ensei-
gnes, 29, rue du Mail, et Mlle Bloch(Berthe), a Hochfelden
(Alsace-Lorraine).
— a 2 h. 3, 4, M. Lambert (Gaston), voyageur de commerce,
2, rue Commines) et Mlle Meyer (Sara), employée de com-
merce, 29, rue Fontainc-au-Roi.
— à 3 heures, M. Gumpel (Marcel), employé de banque, 98,
blv. Rochochouart, et Mlle Bacri (Rachol), négociant, 28,
place du Marché -Saint -Honoré.
— à 3 h. l|^, M. Rodiné (Lipe), ébéniste, 23, rue Emile
Lepeu et Mlle Lerncr (Sara), couturière, 23, rue Emile
Lepeu.
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Lundi, 3 mai, à 2 heures, M. Bernheim (Léon), négociant, 33, av. d'Or-
léans, et Mlle Hauser (Marie-Lucie), à Belfort.
— à 2 h. 1/2, M. Yoret (Henri), employé d'administration, 82,
fbg du Temple, et Mlle Rueff (Céline), couturière, 29, rue
Bellefond.
à 2 h. 3/4, M. Picard (Gustave), boucher, 61, rue Chariot,
et Mlle Nctter (Sara), marchande, 29, rue du Mail.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Dimanche, 2 mai, à 1 h. 1/2, M. Klober (Maurice), négociant, rue Montholout
et Mlle Kahn (Rachol) passage Charlomagne, 102, rue
Saint-Antoine.
— à 2 heures, M. Lallemand (Jacques), employé do com-
merce, 14, rue Delàtre, et Mlle Alexandre (Alice), coutu-
rière, 13, rue Saint-Paul.
— à 2 h. 1/2, M. Worms (Paul -Daniel), représentant de com-
merce, 23, rue Albouy, et Mlle Wimphen (Alice), 143, rue
Saint-Antoine.
Décès
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
22 avril. Rosenthal (Maurice), 59 ans,
— M™« Vve Hauser (Eugénie), née Hulmann (Rosalie), 64 ans, rue
des Marais, 33.
— M™« Vve Picard (Adolphe), née Ulmann (Esther), 62 ans, boule-
vard Voltaire, 108.
23 — M^« Bernard (Frédériquc), 73 ans, rue Picpus, 76.
— Espir (Sophie), 3 ans, Bois-Colombes.
- _ M"« Vve Weill (Simon), née Levy (Flore), 76 ans, boulevard
Richard-Lenoir, 130.
25 — Zivy (André), 9 mois.
— M™« Abraham (Morse), née Daltroff (Henriette), 53 ans, rue de
Dunkerque, 69.
— Abensour (Ruben), 62 ans, fbg St-Denis, 200.
— Oppenheim (Paul-Moyae), 53 ans. rue de Tilsitt, 11.
— Alcan (Emmanuel), 67 ans, blv Voltaire, 45.
— >lmo Lehmann ^Charles),, née Hauser (Sophie), 37 ans, rue de
Flandre, 49.
— M™c Levy (Salomon), née Neltor (Rachel), à Moux.
26 — Mayjfcraël), 83 ans, blv. Voltaire, 156.
— M™« Bolmann (Fcrdmand), née Wcrnur (Pauline), 59 ans, rue dos
Ecuries-d' Artois, 7.
~ M»c Mayer (Emile), née Blura (Reine), 32 ans.
— Rosenblum (Hélène), 6 ans, rue Turenne, 56.
— Brunswick (Germnine), 8 an.s, rue de Naples, 19.
— Riche (Albert), 8 mois, rue Letort, 28.
27 — M"»' Drevfus (Sigismond), née Bioch (Zoé), 6S ans, rue Etienne -
Marcel, 30.
— Mitendal (Jacob), 18 ans, rue des Jardins, 7.
— Miller (Alexandre), 3 mois, rue des Récollets, 13.
— Blum (Sylvain], 7 mois, rue des Rosiers, 29.
— Schneid (Bertne), 9 ans, rue de Picpus, 76.
— Muller (Charles), 18 ans, à Montreuil.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéraly il yrueSaint-ùeorges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
Antisémites & Boulangistes
La Libre Parole a célébré récemment, dans un plan-
tuteux banquet, son cinquième anniversaire.
Il n'y a pas moins de cinq ans, en effet, qu'a commencé
dans un journal français cette honteuse campagne, déjà
entamée antérieurement par un livre retentissant, qui tend
à atteindre, dans ses droits et dans ses intérêts, une partie
de la population du pays. Depuis cinq ans déjà des écrivains
s'acharnent à exciter contre une minorité les passions les
plus violentes, la convoitise du prolétaire comme le fana-
tisme du dévot, et leur fureur n'est pas assouvie encore.
Depuis cinq ans, nous les voyons tous les matins, sans un
jour de répit, invectiver, suspecter, et dénoncer ii la haine
publique non seulement les juifs que la fortune a comblés de
ses dons, mais ceux dont l'existence est laborieuse et difficile
et ceux-là mêmes qui, par leurs talents et leurs services, ont
honoré leur patrie. Et cette besogne de diffamation systé-
matique et de perpétuel dénigrement a pu se poursuivre
sans résistance et s'accomplir sans risque ; car, depuis cinq
ans aussi, les victimes font preuve d'une rare mansuétude
et acceptent les vexations et les outrages avec une parfaite
résignation. On conçoit donc que les antisémites ayant
vaincu sans péril aient voulu triompher avec gloire et que
fiers de leurs exploits ils aient tenu à célébrer avec éclat
un mémorable anniversaire.
C'est dans an somptueux restaurant des Champs-Elysées,
hanté d'ordinaire par des hôtes moins farouches, que le
Aanquet a eu lieu. Les organisateurs avaient eu, il est vrai^
une ambition plus haute.** Nous ne célébrons pas encore nos
fêtes,a dit mélancoliquement l'un d'eux, sous les lambris
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l66 l'univers ISRAÉLITE
dorés da château de Ferrières." I^e château de Ferrière8,iio8
lecteurs le savent, mais Ils le savent moins bien que les
rédacteurs de la Libre Parole, appartient à la famille de
Rothschild. Cette allusion délicate aux spoliations qu'on
médite et au pillage qu'on rêve ne laisse pas que d'être
significative ; mais, après boire, on donne aisément cours
aux propos imprudents : in nno çeritas. Quant au menu du
banquet, il était, parait-il, fort succulent, et l'un des invités
a constaté avec satisfaction que ce menu '* n'avait rien
d'antisémite ". Cet invité, qui est un antisémite de fraîche
date, quelque peu récalcitrant et dégoûté, a avoué lui-
même qu'il ne s'était rendu à la réunion qu'avec une
certaine hésitation. ** Je me disais tout d'abord, a-t-il
déclaré, qu'entre rédacteurs de la Libre Parole on devait
manger beaucoup de juif, ce qui ne me souriait guère. " Il
faut convenir que les craintes de M. le député Marcel
Habert, car c'est de lui qu'il s'agit, étaient fort naturelles.
Il devait croire que certains antisémites céderaient volon-
tiers à la tentation de manger du juif, dans la certitude où
ils étaient que les juifs, retenus par des scrupules religieux,
ne pourraient, vis-à-vis d'eux, user de représailles.
Il n'y aurait guère lieu de s'occuper de cette bruyante
manifestation inter pocula, si elle avait eu lieu uniquement
entre antisémites proprement dits. On y a entendu succes-
sivement le directeur de la Libre Parole, les rédacteurs de
la Libre Parole et même les avocats de la Libre Parole.
Les discours qu'ils ont prononcés n'ont été que la répéti-
tion des articles qu'on peut lire chaque jour dans leur
feuille et il nous paraît saperilu de nous arrêter à des élu-
cubrations dont la violence cesse d'être répugnante à force
d'être banale. Ce qui mérite, au coiitraire, d'attirer notre
attention et d'éveiller notre intérêt, c'est la place qu'à côté
des antisémites de la première heure les coryphées du bou-
langisme ont occupée dans ces agapes de l'intolérance et
le rôle prépondérant qu'ils y ont joué. Pour la première
fois peut-être, on a vu le boulangisme et l'antisémitisme
se réunir sous la même bannière et confondre publique-
ment leur programme. Les deux sectes ont opéré leur
jonction : tel est le fait que le banquet a mis en pleine
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l'univers ISRAÉUTB 167
évidence» et, qui, s'il ne faut pas s'en exagérer la portée, n'en
doit pas moina être sérieusement envisagé, non seulement
par nos coreligionnaires, mais par tous les amis des liber-
tés publiques.
Rien de surprenant d'ailleurs dans cette alliance, qui est
née de la force même des choses. Entre l'antisémitisme et
le boulangisme il y a des ^affinités tellement étroites que
Fun devait, tôt ou tard, absorber Tautre. L'un et Fautre
sont les effets de la môme cause ; ce sont les signes exté-
rieurs par oîi s'est manifesté le même mal social ; et, si nous
pouvons parler ainsi, les ulcères qui ont révélé la même
gangrène. Ils exploitent d'ailleurs les mêmes mécontente-
ments et les mêmes convoitises, comme ils font étalage du
même patriotisme outré et frelaté. Ils professent Fun et
Fautre le culte de la force et le mépris des droits indivi-
duels. Ils devaient donc nécessairement se rencontrer dans
une action commune.
Les principaux meneurs du boulangisme sont donc
venus au banquet de la Libre Parole se ranger sous
Fétendard de Drumont. M. Andrieux, il est vrai, n'y était
pas ; mais il a écrit qu'il était de cœur avec lesantisémites,
qui peuvent compter sur sa fidélité bien connue ; on n'y a
pas vu non plus MM. Delahaye et Turquet, qui étaient
malades, ni MM. Saint-Martin et Planteau, qui étaient
retenus pour d'autres causes. Mais on y a entendu M. Julien
Dumas, député , qui a déclaré qu'il aimait surtout
M. Drumont parce qu* « il avait célébré le culte de FIdéal
et en avait réveillé la conception dans la génération
actuelle ». M. Dumas a dit cela sans rire. Singulier idéal,
en vérité, que celui dont la confiscation et la proscription
sont l'objet et qui doit célébrer son triomphe définitif
« sous les lambris dorés de Ferrières » !
Ensuite est venu le tour de M. Millevoye. Cet ancien
député a commencé par faire le bon apôtre :
n n'est pas vrai, s'est-il écrié, comme on nous en accuse, que
nous ayons jamais eu l'intention de prononcer l'ostracisme ou
Tanathème contre une race ou contre une religion. Nous n'avons
pas la prétention de scruter ni surtout de juger la conscience de
personne, et nous ne voulons écarter personne du soleil de la
liberté.
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l68 , l'univers ISRAÉLITE
Voilà, certes, un langage digne de toute approbation.
Mais écoutez la lîn. S'adressant à ce qu'il appelle « certaines
influences politiques et financières », Torateur a proféré
les menaces qu'on va lire :
Prenez garde, messieurs, vous jouez gros jeu. Sous l'ancienne
monarchie, le crime de haute trahison faisait tomber les têtes des
Biron et des Montmorency. Les vôtres sont assurément moins nobles
et moins hautes. Le peuple n'a pas encore le pouvoir de punir : ne
lui donnez pas la tentation de le prendre.
On serait tenté, au premier abord, de s'indigner de ces
provocations à peine déguisées au meurtre. Mais quand on
sait que l'bomme qui s'y est froidement livré est par
alliance le parent très rapproché d'un financier juif, on cesse
de s'indigner et on se contente de sourire.
Nous laisserons de côté le discours d'un autre boulan-
giste de marque, le député Marcel Habert, qui, tout en se
défendant de tout fanatisme religieux, a tenu, lui aussi, par
haine du régime parlementaire, à revêtir les couleurs de
l'antisémitisme, et nous arrivons immédiatement à la
barangne qiy a donné au banquet son véritable caractère,
celle de M. (îeorge Thiébaud.
M. Thiébaud, par vocation et par goût, aime, on le sait,
jouer le rôle de courtier entre les partis qui conspirent.
C'est lui qui, jadis, rapprocha Boulanger du prince
Napoléon ; c'est lui encore qui, après d'autres prouesses
tout aussi glorieuses, greffa naguère sur l'antisémitisme la
question protestante. Il était donc tout indiqué pour servir
de trait-d'union entre boulangistes et antisémites, et pour
organiser la campagne qui se prépare en vue des futures
élections législatives, contre les institutions du pays. Il a,
en conséquence, parcouru la province ; il s'est rendu
compte de l'état des esprits et ses observations lui ont
inspiré un plan dont il a fait part à ses auditeurs.
Ecoutons-le à notre tour :
J'ai vu, dans maints endroits, plusieurs Comités antisémites...
Je crois que ces Comités se développeront assez vite pour avoir
déjà une inlhience aux élections générales prochaines. Et peut-être,
à ce moment, faudra-t-il qu'ils élargissent leur point de vue, qu'ils
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 169
prennent conscience de ce que la France, pour se mouvoir aisément,
a besoin d'une idée plus positive et moins circonscrite que ne le
parait le pur antisémitisme. Il faudra que ces Comités ainsi formés
sur ridée régnante actuellement soient Tembryon et le foyer d'agré-
gats plus vastes encore, qui s'appelleront du seul nom qui définisse
nos efforts, dans leur variété apparente, c'est-à-dire des Comités
nationalistes.
Au fond, c'est ce grand mouvement nationaliste de 1888 que
nous cherchons à reconstituer.
. Ainsi, il ne faut pas s'y méprendre. C'est bien le mou-
vement bonlangiste qu'il s'agît de renouveler sous le dra-
peau de rantisémitisme. Et M. Thiébaud a précisé encore
sa pensée en ces termes :
Je ne pense pas qu*il soit maintenant nécessaire de créer, pour
l'effort spécial auquel je me consacre en ce moment, c'est-à-dire
pour rétude de la domination protestante dans notre pays, des
Comités particuliers. Les Comités antisémites, lorsqu'ils élargiront
leur forme primitive pour devenir nationalistes, absorberont natu-
rellement les divers courants qui se seront formés pour résister aux
divers genres d'attaques dont notre nationalité est l'objet.
Nous voilà donc bien avertis . On ne nous dissimule ni
les projets qu'on préparé, ni les moyens qu'on veut
employer, ni l'organisation à laquelle oni veut avoir recours.
Nous allons donc voir se reproduire l'agitation de 1888, sous
un nom nouveau, il est vrai, mais avec les mêmes hommes,
le môme but et les mômes procédés, et avec cette diffé-
rence seulement que le levain qui devra susciter la fermen-
tation des masses populaires, ce ne sera plus la popu-
larité d'un homme, mais un élément plus puissant peut-être,
la passion religieuse. Nos lecteurs savent que les révéla-
tions de M. Thiébaud ne sont pas faites pour nous
surprendre. Récemment encore, à propos des élections
autrichiennes, nous émettions la prévision qu'il faudrait
aux élections prochaines compter sérieusement avec l'anti-
sémitisme. Nous nous réjouissons presque que le banquet
de la Libre Parole ait apporté à ces prédictions une confir-
mation si rapide et si précise. Peut-être, en effet, nos
coreligionnaires comprendront-ils qu'en présence de la
redoutable coalition qui les menace il serait temps pour
eux aussi de se préparer au combat .
B. M.
32.
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l'univers ISRAÉLITE
La Femme & nos Traditions reli^enses
L'éloquent discours prononcé par M. le grand rabbin de
France, et que nous ne connaissons que par le trop court résumé
de V Univers israéllte, montre, une fois de plus, combien est
important le rôle de la femme dans notre histoire et combien
elle a contribué à la conservation de nos traditions. C'est donc
son concours aussi qu'il faut nous assurer avant tout pour
triompher dans la lutte entreprise contre l'incrédulité et Tin-
différence religieuse.Par la femme seule, le judaïsme redeviendra
populaire dans nos foyers, s'infiltrera doucement dans nos coeurs
remplis de doute et regagnera la place autrefois occupée.
Grâce à elle, la génération grandissante sera une génération de
foi et de fidélité au passé.
Mais comment obtiendrons-nous ce concours précieux ,
conmient stimulerons-nous le zèle naturel de la femme juive
pour notre religion, comment lui donnerons-nous les moyens
pour combattre avec autorité et succès le mal qui nous
ravage ?
L'union fait la force, dit un vieux proverbe. Groupons donc
nos femmes en une vaste Association religieuse qui, à l'exem-
ple des Femmes de France ou d'autres Sociétés analogues,
aurait des ramifications dans toutes nos Communautés. Chaque
membre, en y entrant, prendrait l'engagement de maintenir
dans son foyer les principales traditions de notre passé, de se
conformer, au moins dans une certaine mesure, aux prescrip-
tions de notre culte, d'enseigner le judaïsme à ses enfants et de
le leur faire pratiquer.
Cha([ue sociétaire verserait une petite cotisation annuelle
destinée à créer des bibliothèques juives dans toutes les Com-
munautés, à répandre dans les familles les joui'naux et les ouvra-
ges propres à faire connaître notre histoire et à inspirer l'amour
de la religion, à encourager par des prix et des récompenses
l'étude et la pratique de notre loi, à procurer l'enseignement
religieux aux enfants Israélites des villes où il n'existe point de
Communauté.
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l'univers ISRAÉLITE IJI
En outre, dans chaque agglomération juive, la Société insti-
tuerait des réunions où Ton ferait des conférences religieuses sur
les questions à l'ordre du jour. Là, se créeraient, entre les
membres, les liens de solidarité nécessaires dans une minorité
confessionnelle ; là la foi et le zèle de quelques-uns mettraient
fin aux hésitations des autres, les bonnes résolutions trouve-
raient des encouragements, la piété serait remise en honneur
et peu à peu la Société entière serait animée d'un môme dévoue-
ment pour la cause de la religion. Et ainsi, grâce au savoir
puisé dans ces entretiens et dans ces discussions et dans la
lecture de nos meilleurs ouvrages, la femme juive comprendrait
la beauté de notre croyance et remplirait dans le foyer sa
mission traditionnelle avec une énergie et une autorité d'au-
tant plus grande qu'elle se sentirait soutenue dans sa tâche
par toutes ses sœurs en religion.
Et que Ton ne crie point à l'utopie. Car il existe déjà de
semblables Sociétés dans les pays d'outre-mer où elles rendent
d'inappréciables services. En France môme, nos concitoyens
protestants en ont formé quelques-imes et je tiens de source
certaine que leur influence est des plus salutaii^s. Enfin, nos
fenunes israélites d'Avignon viennent de se constituer à leur
tour en une Société de propagande religieuse, qui, malgré sa
courte existence, fait déjà présager les meilleurs résultats.
Mais, pour être réellement puissant, il faudrait le groupe-
ment de toutes les forces féminines israélites de notre pays.
Ainsi seulement, on trouverait les ressources matérielles et
morales pour barrer la route à l'incrédulité envahissante, et
pour restaurer notre foi menacée.
Un tel but est digne du passé glorieux de la femme juive.
Une fois de plus, elle se serait acquis des droits à la recon-
naissance du judaïsme. A l'œuvre donc ! Formons une ligue de
femmes juives pour la défense et le maintien de nos tradi-
tions . . .
Et la postérité dans un mouvement de gratitude s'écriera à
son tour :
« C'est aux femmes juives que nous devons notre salut. »
Jules Baueu,
Rabbin d'Avignon.
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172 l'univers ISRAÉLITE
SALONiaUE ^'^
Salonique est juive. La persécution espagnole au XVP siècle
jeta sur cette côte des milliers d'émigrants, et, depuis trois
siècles, ils ont pullulé : ils sont aujourd'hui près de soixante-
dix mille. Encore, dans ce nombre, ne sont pas compris une
diz&ine de milliers, pour le moins, de juifs authentiques, mais
convertis à Tlslam et qui, sous le nom de maminSy occupent ici
et dans toute la Macédoine une situation prépondérante. Et ce
nombre augmente sans cesse. Le juif se marie très jeune et se
remarie, en cas de veuvage, jusqu'à la mort : à soixante-dix
ans il convole encore, et à quatre- vingts ans il a des enfants.
Près de sept mille petits juifs fréquentent les écoles israélites,
et près de trois mille autres, faute de place ou de secours,
trottent dans les rues, sur le quai, au bazar, cirent les souliers,
allument les cigarettes, et poussent au grand air, au hasard du
soleil et de la pluie.
En môme temps que leur nombre, l'influence et la richesse
des juifs grandissent : aujourd'hui, haut et bas commerce, port
et bazar, caravanes et chemins de fer, usines et boutiques, .
industrie et culture, administration et commerce, ils tiennent
toute la fortune et toute l'existence de Salonique dans leurs
mains. Ils ont débordé le Grec sous le flot de -leur progéniture.
, Mais ils l'ont écrasé, bien plus encore, sous le poids de leur
entente et de leur cohésion. En face de la communauté grecque
toujours désimie, la Communauté israélite, fortement organisée,
s'administre sagement pour le plus grand profit des individus
et de la masse. Le pouvoir officiel est entre les mains du grand
rabbin, seule autorité établie ou reconnue parles firmans de la
Porte. Le pouvoir réel est entre les mains d'un conseil élu de
douze membres et, surtout, d'une commission de finances,
prise au sein de ce conseil, et qui dresse le budget, lève les
impôts, nomme les fonctionnaires et administre les biens,
fondations, écoles et synagogues de la Communauté.
(1) Extrait de la Rei^7ie de Parts, du 15 avril 1897.
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l'univers ISRAÉLITE I^S
La situation générale de la nation juive à Salonique serait
assez prospère, car la Communauté a des sources abondantes
de revenus, et l'argent rentre assez bien. Deux sortes dlmpôts
alimentent la caisse. L'un, la />e^cAa, impôt direct, est une sorte
de taxe Sur le revenu, qui ne porte guère que sur les riches et
qui,lixéepar le conseil, peut être réduite en cas de réclamation,
sur un simple serment de l'intéressé déclarant un revenu
moindre : ces réclamations se produisent rarement, et, bien que
le maximum de la petcha soit fixé par la coutume à deux mille
francs par tête, on voit, les nécessités du moment étant plus
fortes, telle famille, composée de trois frères, payer sans se
plaindre les neuf mille francs de petcha que lui réclame le
conseil. Les autres impôts, indirects ceux-là, sont des taxes sur
la viande et le vin. Celle-ci ne va pas sans difliculté et sans
contrebande, la Communauté n ayant ni moyen de contrôle sur
les chiffres de vente déclarés par les débitants ni moyen de
contrainte sur les mauvais payeurs. Pour la viande, le conseil
tient les bouchers par Toctroi ou le refus du couteau à égorge-
ment rituel, et par la mise à l'index de leurs boucheries que
peut notifier au peuple l'autorité religieuse. Soixante-dix mille
francs de petcha, soixante-dix mille francs de taxe sur la
viande, une vingtaine de mille francs sur le vin, bon an mal
an, avec de tels revenus, la Communauté pourrait équilibrer
son budget. •
Mais, outre les écoles et les synagogues, les prêtres et les
professeurs, auxquels elle voudrait consacrer la majeure partie
de ses ressources, elle a d'énormes charges. L'autorité turque,
d'abord, la tient responsable de la taxe militaire, du bedel
askerié, que tout sujet ottoman non musulman doit payer
annuellement,et dont bien des juifs trop misérables ne peuvent
s'acquitter : bon an, mal an, c'est plus de 4o,ooo fr. qui passent
de la caisse de la Communauté aux mains du Turc. Ajoutez les
pourboires, qui évitent les tracasseries et les procès, qui
obtiennent la concession ou qui empêchent la fermeture des
écoles : du gouverneur au dernier gendarme tout le Konak a
la main tendue ; annuellement il faut mettre deux mille francs
au moins pour ce chapitre. Mais c'est l'assistance publique
surtout qui renverse l'équilibre du budget. Quelques familles
juives de Salonique sont arrivées à de colossales fortunes. Le
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174 l'univers ISRAÉLITE
monopole des banques, — ils ont ruiné ou expulsé de la place
tous les banquiers grecs, — le commerce des blés et l'exploi-
tation de grands tchijlicks (fermes) valent à quelques-uns
d'énormes revenus : les plus belles maisons, dans la ville et
dans le faubourg, toutes les minoteries et toutes lès usines
appairtiennent à des juifs. Mais, au-dessous de ces notables,
grouille dans la misère tout un peuple affamé, qui fait tous les
métiers de la ville et tout le travail du port, bateliers, porte-
faix, jardiniers, boutiquiers. Mais le port et le commerce de
Salonique ont chômé durant ces années dernières ; cette année,
une récolte abondante dans les plaines dé l'intérieur et des
chargements de blés que les Anglais sont venus accaparer pour
leurs affamés de l'Inde ont valu au port de Salonique un petit
regain de vie. Mais la populace juive n'a pas pu, comme l'aris-
tocratie, établir son monopole : se reposant le samedi, le jour
môme d'arrivée ou de départ pour les paquebots à service
régulier, elle n a pu évincer les bateliers chrétiens ou musul-
mans, qui travaillent seuls ce jour-là et qui lui font concur-
rence le reste de la semaine. De même pour les cochers, conduc-
teurs de tramways, hommes de peine, etc.; la profession de
cocher, en particulier, a été accaparée, durant ces années
dernières, par les mohadjirs^ les émigrés musulmans, venus
de Bosnie, de Serbie ou de Grèce : Salonique n'a plus un
arabadgi (cocher) juif. De môme encore pour les professions
de coiffeur, d'hôtelier, de cafetier, etc. Réduite par la concur-
rence grecque et musulmane à de maigres ressources, la popu-
lace juive ne peut soutenir ses vieillards, ses malades et ses
orphelins, qui tombent à la charge de la Communauté.
Les notables, pour remédier à cet état de choses, ont essayé
de tourner le peuple vers l'agriculture. Ici, le juif, sous Fin-
(luence du milieu, a pris des habitudes que nous ne lui con-
naissions guère. Au contact de l'Albanais, il a appris à jouer
du couteau, et les rixes sont fréquentes dans les ruelles de
Salonique. Au contact du Slave, il prendra peut-ôtre lliabitude
de la charrue. C'est du moins ce que les notables espèrent, et
c'est dans cet espoir qu'ils viennent de fonder, en Chalcidique,
une ferme modèle et une école d'agriculture. L'école n'étant
ouverte que depuis deux ans, on n'en peut apprécier encore les
résultats. Il ne semble pas pourtimt que cette conversion du
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l'univers ISRAÉLITE 176
peuple puisse se faire, rapidement du moins. Le juif, aux
portes de la ville, s'adonne volontiers au jardinage et à la cul-
ture maraîchère ; mais il ne montre aucune inclination à
pousser la charrue vers les alluvions de la plaine. Il est vrai
que la nécessité est une grande maîtresse et, par elle, il ne
serait pas impossible que ce peuple, ballotté des bazars du
Caire ou d'Alexandrie aux bazars de Tanger ou de Grenade,
transporté dans les bagages des armées arabes, implanté en
terre espagnole, rejeté enfin en territoire turc, revînt un jour
aux occupations agricoles et à la vie pastorale de ses pères.
En attendant, la Communauté juive de Salonique doit faire
appel à ses coreligionnaires de l'étranger. C'est grâce à leurs
secours qu'elle a pu se relever du grand incendie de 1890 : près
d'un million lui vint alors d'Allemagne et de France ; le seul
baron Hirsch envoya cent dix mille francs. C'est aussi grâce
à eux qu elle peut entretenir ses écoles dans un état tout à
fait digne d'éloges. Ecoles de garçons, écoles de filles, salles
d'asile, depuis vingt ans, chaque année a marqué un nouveau
progrès ; en 1890, après l'incendie, ce fut un changement pres-
que radical. Ces juifs espagnols ont gardé l'usage d'un espagnol
défiguré, mélangé de turc, d'hébreu et de sabir ; c'est leur
langue maternelle, la langue qu'ils parlent entre eux au bazar
et dans leurs familles. Mais, pour leurs relations avec le dehors,
ils se servaient surtout de l'italien ; sur le quai de Salonique,
grâce à eux, l'italien était la langue courante ; ils apprenaient
l'italien dans leurs écoles ; on peut voir encore dans leur
quartier des affiches italiennes en lettres hébraïques. Depuis
1890, le français a remplacé l'italien dans toutes leurs écoles,
et le français, formant aujourd'hui le fond de leur enseigne-
ment, est devenu, grâce à eux, la langue de Salonique. Sur le
quai, les cafés juifs ont une double enseigne française, en
caractères latins et en lettres hébraïques, et ce n'est pas une
médiocre surprise que de lire, en hébreu carré : Café de la
Tour-Eiffel
De toutes les Echelles du Levant, Salonique est peut-être
la seule où, depuis dix ans, l'influence de notre langue ait
grandi.
Victor Bkraud.
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176 l'univers ISRAÉLITE
UNE HEUREUSE INITIATIVE
S'inspirant à leur tour de cet esprit de solidarité sociale
dont récemment il a été parlé ici-môme à propos de V Ecole
de Travail de Paris, un certain nombre de notables israélites
de Nancy viennent d'adresser à leurs coreligionnaires de cette
ville l'appel suivant :
Monsieur et cher Coreligionnaire,
Permettez-nous de solliciter voire appui pour une tentative qui
ne vient rivaliser, nous tenons à le dire tout d'abord, avec aucune
des œuvres d'assistance que compte notre communauté. Nous nous
proposons de fonder, à Nancy, un patronage pour les apprentis
israélites.
S'il est vrai que nos coreligionnaires, depuis leur émancipation,
s'empressent vers les carrières qui leur sont libéralement ouvertes,
et où ils ont marqué leur place avec honneur, il ne semble pas que
les professions ii^anuelles ou la vie agricole les aient jusqu'ici
attirés au même degré.
il faut accuser de cette abstention, non leur défaut d'énergie ou
d'aptitude, mais les fatalités historiques, qui, durant des siècles, les
ont exclus des corporations d'artisans comme de la propriété ou
de l'exploitation du sol.
Ils n*en ont pas moins encouru la suspicion de préférer à la
main-d'œuvre industrielle et à la culture les besognes, en appa-
rence moins pénibles, mais plus humbles et précaires, auxquelles
les plus dénués d'entre eux paraissent voués par tradition (et où ifs
n'ont trouvé d'ailleurs ni la considération ni même toujours le
gagne- pain).
Pour avoir raison de ce grief, dont on fait une arme contre les
juifs, nous estimons salutaire d'éveiller chez les enfants delà classe
nécessiteuse, si nombreuse parmi nous, le goût du métier manuel ;
de les mêler davantage au monde du travail, de les associer, par
ime fonction plus noble et plus féconde, à l'activité nationale ; d'en
faire des producteurs, dans le sens qu'on attache aujourd'hui à ce
mot.
Sans renoncer à des espérances plus lointaines, et, peut-être
plus ambitieuses, — l'exemple de l'Kcole de Travail de Strasbourg
et de quelques autres fondations analogues est là pour nous
encourager, — nous voulons limiter notre effort. 11 nous suffit, pour
l'heure, de savoir où le diriger.
A cet effet, la question a été mûrement examinée par une com-
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l'univers ISRAÉLITE* I77
mission d'initiative et d'étude composée de ceux que leur situation
désignait; parmi ceux-ci, les présidents ou représentants des
Sociétés de bienfaisance, nos coopérateurs naturels et nécessaires.
— Un comité choisi dans cette commission, et où figuraient les
promoteurs de notre entreprise, a élaboré des statuts dont le dispo-
sitif a été approuvé, après un minutieux débat. — Dès que notre
Société aura recruté ses adhérents, ce projet leur sera soumis en
une assemblée générale, seule qualiliée pour le discuter et le voter,
s'il y a lieu. Ce document dont nous vous engageons à prendre
connaissance, et dont vous trouverez un extrait ci-contre, a été
conçu dans un esprit qui, sans amoindrir l'autorité ni la responsa-
bilité du père de famille, permettra d'exercer le patronage dans sa
plénitude, en surveillant l'éducation à la fois professionnelle, reli-
gieuse et morale des jeunes protégés, de façon à former au pays,
qui en a besoin, de bons ouvriers et de bons citoyens.
Pour modeste que puisse paraître ce résultat, il n'est pas à
dédaigner. Aidez-nous, Monsieur et cher coreligionnaire, à le con-
quérir; aidez-nous à mener à bien cet essai qui prépare au prolé-
tariat juif un avenir plus digne et plus prospère, en même temps
qu'il sert un intérêt social et patriotique.
Dites- vous que, si votre budget de la charité menace encore de
s'accroître, les obligations matérielles et morales du judaïsme, aux
temps que nous traversons, ne cessent de grandir.
Cet appel est signé de M. le grand rabbin Isaac Bloeh, des
membres du Consistoire, des membres de la Commission admi-
nistrative du Temple, et des représentants des Sociétés de
bienfaisance et de la Société des conférences, et il est accom-
pagné de l'extrait de statuts que voici :
Article premier. — La Société de patronage des apprentis
Israélites de Nancy a pour objet de propager l'exercice des pro-
fessions manuelles et de l'agriculture parmi les jeunes garçons
Israélites, en facilitant leur apprentissage, sous une surveillance
bienveillante, par un système de subventions et de récompenses.
Art. 2. — Elle se propose encore, si les circonstances le lui per-
mettent, de suivre et de soutenir ses patronnés devenus ouvriers,
et même, s'il y avait lieu, par la suite, de créer une école de travail.
Art. 7. — Le Comité assure le choix des ateliers et le placement
des apprentis, en tenant compte de leurs aptitudes et de leurs
préférences. Il surveille leur tenue et leur conduite, et facilite leur
éducation religieuse et morale; il prend enfin toutes les mesures qui
tendent à former d'utiles ouvriers et de bons citoyens.
Art. 9. — Les apprentis seront tenus de suivre les cours qui leur
seront indiqués par le Comité.
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i^ 'L'univers Israélite
Art. i5. — La Société se compose de membres souscripteurs,
qui payent une cotisation annuelle d'au moins six francs, et de
membres fondateurs qui versent, en outre de cette cotisation, une
somme de cent francs, au moins une fois donnée.
Nous souhaitons vivement que l'œuvre que veut créer le
Comité de Nancy puisse être menée k bonne fin. Il ne saurait
en être, à cette heure, de plus utile, de plus .salutaire. On sait
qu'un des griefs qu'on articule le plus fréquemment contre les
juifs, consiste à leur reprocher leur répugnance pour les
besognes pénibles et leur aversion pour les professions ma-
nuelles. C'est précisément parce que cette accusation emprunte
une apparence de fondement à ce que la circulaire du Comité
de Nancy appelle les fatalités historiques qu'il importe de la
combattre, non par de vaines dissertations, mais par des actes
et des œuvres. Depuis longtemps, d'ailleurs, les Israélites fran-
çais se sont préoccupés de faciliter au prolétariat juif l'entrée
dans les carrières manuelles. On connaît les services considé-
rables qu'ont rendus, à ce point de vue, depuis plus d'un demi-
siècle, les Ecoles de travail de Strasbourg, de Mulhouse et de
Paris. L'entreprise du Comité de Nancy, pour être plus modeste
à ses débuts, n'en est pas moins méritoire, et nous espérons
qu'elle sera tout aussi féconde en heureux résultats.
^^^£3:^5^
BIBLIOGhl^AFIIIE
Les Juifs on tant que soldats (i)
Le Comité Berlinois pour la défense contre V antisémitisme
poursuit son œuvre d'apologie juive par des publications de la
plus haute valeur. C'est ainsi qu'il vient de faire paraître un
ouvrage sur « les juifs en tant que soldats ». Cet ouvrage
constitue une réponse d'une rigueur mathématique à une des
accusations dont les antisémites aiment à nous accabler, à
savoir que les juifs sont rétractaires au service militaire et
incapables des vertus que l'état guerrier réclame. Le livre en
(1) T)ie Jiiden (ils Soldatcn, Berlin, chez Sigfried Crombach, X -f-
167 pages.
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l'univers ISRAÉLITE I79
question donne le nombre et le nom des soldats Israélites qui
se sont distingués dans les campagnes les plus importantes de
ce siècle, en Europe et aux Etats-Unis, cite les documents où
les ministres et les générwix ont mis en lumière la valeur des
soldats Israélites et fait connaître ceux de nos coreligionnaires
qui occupent le rang d'oâiciers dans les pays où ce rang leur
est accessible.
Les Juifs (i)
Le D"" Ludwig Ernst, dont nous avons parlé à différentes
reprises, vient d'écrire une nouvelle brochure où il essaie de
réduire à néant les préjugés que l'ignorance et la malveillance
répandent contre les juifs, et où il demande avec une pressante
insistance que nous nous organisions en de compactes associa-
tions pour lutter contre l'ennemi.
Nous ferons quelques extraits d'une lettre que la célèbre
baronne Ebner-Eschenbach a écrite à l'auteur :
... « Les juifs ne sauraient suivre l'exemple des ouvriers.
Les ou\Tiers ont pour conquérir leurs droits un moyen
puissant à leur disposition, c'est la grève. Vous voulez que les
juifs forment des associations, dénoncent les injustices, récla-
ment l'intervention des Etats, mais est-ce là une action véritable,
est-ce là une défense de soi-môme par soi-même ?
— Les antisémites sont des gens abominables, mais les
juifs ont aussi leurs défauts, et je crois qu'il est un reproche
qu'on leur fait ajuste titre, à savoir qu'ils se soustraient aux
travaux pénibles. Que répondra votre meilleur ami à cette
question : Pourquoi y aurait-il parmi nous une race qui ne
partage pas notre labeur? Pourquoi n'y a-t-il pas quelques
centaines de juifs parmi les mineurs, les journaliers, etc. ? « Tu
gagneras ta vie à la sueur de ton front », cette loi vaut pour
tous. Si le progrès n'est pas un mot, tous obéiront un jour à
cette loi ; c'est du moins ma conviction ».
Telle est la lettre de Marie Ebner-Eschenbach, écrivain
brillant de l'Autriche. On voit combien les têtes les plus
intelligentes ont de difliculté à se défendre du préjugé.
L. L.
(1) Die Juden, die i^erjndefeu Christ lichsocialen, etc., par le
D' L. Ernst, Leipzig, Literarische Anstnlt.
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l8o l'uNIVBRS ISRAÉLITE
NÉCROLOGIE
P. M. Oppenheim
M. Paul Oppenheim, mort subitement dans la rue, le 21 de
ce mois, à Tâge de cinquante-neuf ans, était une des person-
nalités les plus distinguées de la Communauté de Paris. Sa
droiture de caractère, son intelligence nette et pénétrante, sa
forte culture, son esprit de charité, sa piété sincère et éclairée
le rendaient cher à tous ceux qui l'approchaient. Mais, fils
d'un homme qui s'est dévoué toute sa vie aux intérêts de ses
coreligionnaires, — il fut, de longues années, président du
Consistoire de Belgique — d'une sainte femme qui a toujours
trouvé sa joie et qui depuis des années trouve sa consolation
dans la pratique journalière d'une charité infatigable, il avait
le sentiment de ses devoirs envers ses frères et il n'a jamais
marchandé son concours aux tBUvres les plus utiles de notre
Comnmnauté. Membre depuis longtemps du Comité des Ecoles,
il était un des fidèles les plus assidus des réunions de ce con-
seil, prenant une part active aux discussions, y faisant admirer
la précision de son espnt, son savoir étendu, la chaleur de ses
convictions : il était de toutes les commissions où l'on tra-
vaille, et nos maîtres et nos élèves le connaissaient bien pour
le voir souvent parmi eux. A l'Alliance Israélite, l'autorité de
son expérience et de sa haute raison s'était tout de suite affir-
mée, il était devenu un des collaborateurs les plr-^ zélés de
cette œuvre d'humanité et de progrès. Au conseil de la Maison
de retraite des Vieillards, à celui de l'Hôpital, il apportait un
concours non moins précieux.
En ces dernières années , il ne se projetait aucune fonda-
tion, aucune tentative sérieuse n'était faite en vue des intérêts
supérieurs du judaïsme sans la coopération de Paul Oppen-
heim, et cette coopération fut toujours empressée et féconde. Il
était de ceux qui ne gaspillent pas leur charité pour échapper
à l'opportunité, mais qui, mettant d'accord leur cœur avec
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l'univers ISRAÉLITE l8l
leur raison, aiment à la faire servir aux grandes choses et à
Télevei* à la hauteur des besoins. Bienfaisance publique et
bienfaisance privée étaient conduites selon les mêmes prin-
cipes, et elles furent Tune et l'autre digpnes de tous les éloges et
de tous les respects.
Homme de devoir, israélite excellent, Paul Oppenheirn ne
pouvait manquer de se distinguer également par ses vertus
domestiques.
Aucun fils n'a vénéré ses parents avec plus de tendresse et
d*ardeur ; sa maison était Timage de la maison juive ; son
ménage fnéritait d'être proposé en exemple à tous ; inutile
d'ajouter qu'il fut un frère excellent-
En un temps où la fortune ne semble rechercher que les
frivolités et les satisfactions mondaines, où ceux qui se ran-
gent dans une sorte d'aristocratie n'ont que dédain pour le
judaïsme, qu'ilis ignorent, Paul Oppenheim a montré qu'on
mérite au moins autant l'estime des gens de bien par le sérieux
de sa vie, par la dignité de ses mœurs, par une haute concep-
tion de ses devoirs, piar son dévouement à ses frères, et par son
attachement au judaïsme.
A ce titre aussi, Paul Oppenheim a droit à notre reconnais-
sance.
Ses obsèques ont été célébrées au milieu d'une foule très
nombreuse et très recueillie. A la maison mortuaire, MM. les
grands rabbins Zadoc Kahn et Dreyfuss ont retracé en termes
émus la vie du défunt ; au cimetière, après les dernières
pHères, récitées par M. le rabbin Israël Lévi, un membre du
Conseil de la Compagnie du Gaz de Bordeaux a rendu hom-
mage aux qualités déployées par Paul Oppenheim dans cette
Société corame dans tant d'autres.
M. J. Mayer
Jeudi Q2 avHl ont été célébrées les obsèques de M. Justin
Mayer, secrétaire général de la Société espagnole de dynamite,
fils du rabbin Michel Mayer, emporté dans sa trente-tçoisième
année par une mort presque subite. Il avait ressenti, il y a
quelque temps déjà, une assez vive fatigue ; mais c'est à peine
si depuis quelques jours la neurasthénie dont il souffrait s'était
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i83 l'univbrs israéutb
révélée plus aiguë, lorsque mardi dernier, pris d*un vertige
soudain, il ût, du haut de son appartement, une chule à la
suite de laquelle il ne tarda pas à succomber.
Le grand concours de parents et d'amis réunis pour lui
rendre un dernier hommage a prouvé assez éloquemment
quelle estime et quelle aflection lui avaient values la sûreté de
ses relations dans les affaires industrielles dont il avait la
charge et ses nombreuses qualités d'esprit et de caractère. Nos
chefs religieux, nous croyons le savoir, auraient été désireux
d'apporter à sa veuve, à ses parents, à tous les siens, le témoi-
gnage public des profonds regrets éveillés par sa. brusque
disparition, s*ils n avaient cru devoir, pour répondre au désir
mOme de leur collègue si cruellement frappé, se conformer
scrupuleusement k la tradition qui ne permet pas, pendant la
durée de nos fêtes, de rien ajouter dans la cérémonie funèbre
aux prières d'usage.
Qu'il nous soit permis du moins par ces quelques lignes de
nous faire l'interprète de ces sentiments unanimes de doulem'
et de sympathie.
CORRESPONDANCE
Paris, le 6 avril 1897, <
Nous recevons de M. Jules Wogue communication de la
lettre suivante qu'il a adressée au directeur des Arckwes :
Monsieur le Directeur des Archives Israélites, Paris.
Monsieur,
L'article nécrologique que vous avez publié sur mon vénéré père
contient quelques restrictions dont l'une, au moins, mérite d*être
relevée, ce qui ne veut pas dire que je souscris aux autres. Vous
imputez à sa mémoire le reproche d'ingratitude faisant ainsi
allusion à de très anciennes polémiques dont le souvenir est depuis
longtemps éteint et qu'il eût mieux valu sans doute ne pas rappeler.
Je laisse à vos lecteurs le soin de décider si cette observation était
opportune aujourd'hui que le grand rabbin Wogue n'est plus là
pour se défendre.
Je compte, Monsieur le Directeur, que vous voudrez bien insérer
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l'univers ISRAÉLITE
l83
cette courte lettre dans le prochain numéro des ArcItiveSy et vous
envoie Tassurance de ma considération distinguée.
Jules Wogue,
Professeur au lycée Michelet.
La lettre qu on vient de lire a été motivée par une notice
nécrologique publiée dans le dernier numéro des Archives sut
feu M. le grand rabhin Wogue et qui contenait la phrase sui-
vante : « Il avait donné, il y a cinquante ans, de nombreux
articles aux Archwes, alors dirigées par S. Cahen, qu'il ne
paya pas toujours de reconnaissance ».
On remarquera que les Archives n'ont pas songé à critiquer
l'œuvre littéraire et théologique de M. L. Wogue; si elles
Tavaient fait, elles auraient usé d'un droit légitime et personne
n'y aurait trouvé à redire. Mais cette insinuation négligemment
jetée à la fin d'une phrase contre le caractère de M. Wogue, à
propos de faits très anciens qui sont sans intérêt pour le public,
et sans qu'aucune aiïirmation précise n'en permît la réfutation
était souverainement déplacée et on comprend fort bien que la
famille de M. Wogue s'en soit émue. Nous croyons accomplir
un devoir envers la mémoire de notre ancien rédacteur en chef
en insérant la lettre si digne et si mesurée de M. Julien Wogue
et en joignant notre protestation à la sienne.
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 2 2 au 2Ç} avril
Mae Kann (Saki) 200
MM.Minil 150
Cahen (Mayer) 100
Kahu (Arthur) 100
Lang (Ernest) 100
L^^^n (Louis) 100
Lévy, 53, rue Vivienne.. 100
Spieiraann 100
M. et M°»e Weill (Vite) 100
MM. Berheim, 49, rue Taitbout £0
Kahn (Zadoc), grand rab-
bin de France 50
Suasfeld 50
MM. Michel et son fils Ray-
mond 40
Kahn (Jacg[ues, 96, fbg
Poissonnière 30
Goldsch noidt (Elle). 20
Lévy (Auguste), 45, Wv.
de Magenta 20
Lévy (Henri), 11, blv. de
Sebastopol 20
Lewis (E.) 20
jyirae Moyse (D.), 30, avenue
Henri-Martin 20
M. Perlstein 20
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i84
l'univers ISRAÉLITE
MM. Picard (Georges) 20
Picard (Léopold) :«)
Salomon (Alexis) 20
Wiidenstein .* 20
Anonyme 10
Anonyme 10
Berr. 171, rue St-Martin. 10
Ettingrer 10
^ Feichtwanger JO
Gerschel 10
Gugeoheim 10
Hau»er, 1, rue Edmond
Abour. 10
Kahn (Anselme) 10
Lévy,àSt-Dié 10
Lévy (Raymond) 10
Maver (M.) à St.-Mandé. 10
Meyer (B.), 4t4, biv. Vol-
taire 10
Métropolitanski (D.) iO
MM. Mever (E.), UO, rue
ViejlIe-du-Trmple 10
Nerson (A.) 10
Nasenhoff 10
Paquin (Oser) lo
Simonson . 10
Weil (Emile).... 10
Armand 5
Caen (M« ï#e)^ f»
Debas 5
Gradwohl 5
Franck (Isaac) 5
Kornreicli 5
Kinsburg 5
Lazard (Minil) 5
Lévy (Seligmann ,ri«bbia 5
Mayer JAron ) 5
Hothenberg 5
Mme Wellhoff 5
- i^iTir- ^^
Nouvelles diverses
Paris. — Dans l'impossiblUté de répondre individuellement aux
nombreuses personnes qui lui ont témoigné leur sympathie à
Toccasion de son deuil récent, la famille de M. le grand rabbin
Wogue nous prie de les remercier toutes en son nom et de leur
exprimer sa vive gratitude.
— Les fêtes à Paris. — Vendredi dernier, M. Israël Lévi a prêché
au Temple de la rue de la Victoire. L'orateur a parlé des idées
symbolisées par Tagneau pascal, les azymes et les herbes amères.
Les juifs sont encore aujourd'hui les victimes de la persécution.
Leurs ennemis n'ont pas désarmé, et il est à craindre que leurs
calomnies répétées ne finissent à la longue par entamer le bon sens
de nos concitoyens. Nous devons mettre à profit les attaques de
nos adversaires, en nous surveillant et en nous conduisant d'une
manière irrréprochable. Mais nous devons aussi résister à ceux qui
. voudraient ressusciter les haines religieuses et détruire l'égalité et
la liberté des hommes. L'éloquence élevée et châtiée de M. Israël
Lévi, la précision de sa pensée ont fait une excellente impression
sur l'esprit des fidèles.
**#
— Le tirage de la Loterie de Bienfaisance aura lieu, le mardi
1 1 mai , à midi, rue Lafayette, No i8.
On peut se procurer des billets chez les dames patronnesses,
!)igitizedby Google
l'univers ISRAÉLITE l8^
Mesdames :
La baronne Edmond de Rothschild, présidente, 4^» faubourg
Saint-Honoré ; J.-H. Dreyfuss, 12, rue de la Victoire ; Gustave
Dupont, II, rue de Tilsitt ; Jules Ephrussi, 2, place des Etats-Unis ;
Arthur Kahn, a3, avenue du Bois-de-Boulogne ; Théodore Klein,
94, rue d'Hauteville '^ Jules Kœnigswarter, 22, rue Galilée ; André
Lyon, 8, rue de Berlin ; E.-L. Montefiore, 36. avenue Henri-Martin ;
Emile Neumann, 02, rue de Clichy ; Théodore Porgès, 17, avenue
Friedland ; Edmond Rolh. 19, avenue Gourgaud ; Meyer Sassoon,
21, avenue de TAlma ; Edgard Stem, 20, avenue Montaigne ;
Michel Stern, 92, rue de Miromesnil ; M. -S. Sulzbach, 52 bis, avenue
dléna.
*%
— Nous sommes heureux d'annoncer les fiançailles de notre
collaborateur et ami Jules Delvaille, professeur agrégé de phi-
losophie au lycée d'Angoulême, avec M"»* Alice BFoch-Sée, nièce
de feu Germain Sée.
*•*
Enghien. -^ M. Waishof, ministre officiant d'Enghien, vient
d'avoir Theùreuse idée de composer un tableau illustré des Yahrzeit,
qui donne les dates du calendrier grégorien en correspondance avec
celles du calendrier Israélite pour une durée de cinquante années.
M. Waishof se charge d'établir ce parallélisme pour toute personne
qui lui en fera la demande.
*
Bayonne. — On nous écrit de Rayonne :
L'Association des études juives de Bayonne a donné ces jours-ci
sa sixième et dernière conférence de cet exercice.
C'est M. le docteur RuetT, médecin militaire en retraite, qui, sous
le titre «A travers la Bible »,a initié son auditoire aux beautés de ce
livre par excellence. Très familiarisé avec les littératures anciennes
et raodernes,le docteur Rueff était qualifié pour comparer les chefs-
d'œuvre de la poésie hébraïque avec ceux de la poésie grecque et
française.
Dans la première partie de sa conférence, il nous a parlé du
rôle joué par les poètes et les prophètes juifs; ces derniers, qu'on
peut appeler hommes d'opposition, rompaient hardiment en visière
avec les rois et le peuple. M. Rueft" nous a conté l'admonestation du
prophète Nathan à David à l'occasion de la mort d'Urie, premier
mari de Betsabée — et, à ce propos, on pourra lire l'intéressante
étude consacrée à ce roi par M. Dieulafoy. — Quant à la seconde
partie de sa conférence, consacrée aux femmes d'Israël, M. Rueff a
fait, en termes pratiques, le portrait de Debora, de Ilana, mère de
Samuel, et en termes vigoureux celui de la vaillante mère des
Macchabées.
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i86 l'univers isbaélftb
Ce dernier portrait, pour le dire en passant, a été repris dans
le sermon prononcé le premier jour de Pâque par M. le grand
rabbin Emile Lévy et ayant pour texte : la Famille chez les juifs.
D'excellents conseils découlaient de cette peinture imagée et
éloquente. Puisse-t-elle porter d^heureux fruits ! On sait bien,et tous
les écrivains non juifs le reconnaissent, que la vie de famille est
une des grandes forces d'Israël.
**#
— D'un autre correspondant de Bayonne : — La fête de Pâque
— Une conversion ait Judaïsme, — La fête de Pâque a été célébrée
dans notre Communauté avec la solennité accoutumée. Notice chœur
s'est, comme d'habitude, distingué par le zèle de son directeur et de
ses membres et par la beauté de ses chants. M. le grand rabbin
Emile Lévy a prononcé un éloquent sermon sur la vie de £amille
Israélite. Mais l'événement principal de cette période solennelle
c'est l'arrivée à Bayonne d'une jeune Espagnole appartenant à ane
famille d'origine juive et venue d'Andalousie pour embrasser le
judaïsme. Depuis quelque temps déjà, elle était en correspondance
avec notre pasteur à qui elle exprimait, dans des lettres vibrantes
de foi, son admiration pour la religion de ses ancêtres et son désir
ardent de faire partie de la communion d'Israël.
Après s'être initiée à nos croyances et à nos coutumes par la
lecture et rétudtî d'ouvrages d'instruction religieuse, elle est venue
passer la fête de Pâque à Bayonne et dans une cérémonie intime et
touchante qui eut lieu à la Synagogue sous la présidence de M. le
grand rabbin, elle a professé ouvertement et formellement la foi
juive. La néophyte qui est une personne instruite et distinguée a
édilié tout le monde par sa profonde ferveur et l'ardeur de ses
convictions.
Des retours de ce genre ont eu \ieu autrefois, il y a plus d'un
siècle, à Bayoune et pourront se reproduii'e lorsque les milliers de
familles de descendance Israélite auront sur le judaïsme et ses
adhérents des notions différentes de celles qui leur sont inculquées
par leurs directeurs de conscience.
Le couronnement de nos solennités de Pâque a été une fôte de
charité organisée et dirigée, le dimanche 25 avril, par la femme de
notre grand rabbin. Le programme très varié comportait des mor-
ceaux de musique joués au piano, au violon et au violoncelle, des
monologues, des chants et une comédie exécutés par des artistes
amateurs et bénévoles de notre Communauté, avec un remarquable
talent.
Cette charmante soirée, qui a réuni une assistance nombreuse
et choisie, a été bonne pour tous : pour les spectateurs qu'elle a très
agréablement divertis, pour les pauvres qui en ont recueilli le
bénéfice et pour les membres de notre Communauté dont elle a
resserré les liens de fraternelle solidarité. Nous adressons nos plus
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l'uNIYEBS ISHAÉLITB 187
vifs remerdements et nos chaleureuses félicitatioas à Madame Emile
Lévy et à ses vaillants collaborateurs et collaboratrices, et nous
avoDs tout lieu d'espérer que cette fête n'est qu'un début dans
notre Kehila renfermant tant de talents et de bonnes volontés.
**# •
Marseille. — Le dimanche 11 avril 1897 à 10 heures du matin
a eu lieu dans la salle du Consistoire à Marseille Tinstallation
officielle de MM. Eugène Lattes, Adrien Valabrègue et Samuel
Bellaîs, élus le n octobre 1896, membres du Consistoire.
M. Crémieox, Conseiller de préfecture des Bouches-du-Rhône,
délégué par M. le Préfet, présidait la séance. A côté de lui siégeaient
MM. Vidal-Naquet, président du Consistoire, Alexandre Abram,
lice-président, Jonas Weyl,grand rabbin,Lattès, Adrien Valabrègue,
Joseph Morpurgo et Samuel Bellaïs, membres du Consistoire.
Une assistance nombreuse assistait à cette cérémonie.
La séance publique ayant pris lin, les membres du Consistoire
se sont ensuite réunis pour procéder^ conformément à la loi, à la
constitution du bureau.
M. Vidal-Naquet a été élu Président ; M. Alexandre Abram,
vice-président, et M. Morpurgo, trésorier de la Commuauté Consis-
toriale.
Berîin. — Le prêtre antisémite Iskraut a avalé un joli poisson
d'avril. Le !«*• de ce mois un télégramme avisait Iskraut qu'une
réunion du parti réformateur socialiste allemand avait lieu à Duren
et qu'on l'attendait pour une conférence. Notre brave antisémite,
tout à son devoir, s'empressa de se rendre à Duren ; mais il eut beau
chercher, il n'y découvrit pas trace de réunion, pour la bonne raison
qu'il n'existe aucun parti de ce genre dans la localité. Et il s'en
retourna ruminant son poisson accommodé à la sauce scharf.
Hanovre. — Léopold Fischer est le premier Israélite de Hanovre
qui ait été élu membre de la Diète pour cette province. Depuis lors,
le Conseil municipal l'a nommé sénateur, titre qui n'avait jamais
été porté par aucun Israélite hanovrien.
Londres. — On a dit que le baron Ferdinand de Rothschild
serait probablement élevé à la dignité de pair d'Angleterre à
l'occasion du Jubilé de la Reine. Le baron, pressenti à ce sujet, a
déclaré qu'il n'avait aucunement le désir d'être admis à la Chambre
des Lords. Dans une récente réunion de ses électeurs, il a dit en
substance que, quelles que soient les offres qui lui seraient faites,
il les déclinerait et resterait à la Chambre des Communes où il
pouvait remplir plus eflicacement les devoirs qui lui incombent.
" Membre des Communes je suis, dit-il, et veux rester. "
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l8B l'univers ISRAÉLITE
Saint-Pétersbourg. — L'Orphelinat Israélite de Saint-Péters-
bourg a célébré, le mois dernier, son vingt-cinquièvne anniversaire ;
à cette occasion, le baron H. de Gunsburg a offert une souscription
annuelle de 5,ooo roubles. Cet établissement est le plus vaste de
cette espèce dans une ville où le droit de résidence des juifs est
limité.
***
Odessa. — On parle d'une assemblée générale de la Société
colonisatrice du baron de Hirsch, qui doit avoir lieu prochainement
à Paris. On y agitera la question de savoir s*il faut continuer la
colonisation en Argentine ou la remplacer par une colonisation en
Russie môme.
**•
Varsovie. — Dans le « Kuryer Codzienay » le romancier polo-
nais Boieslas l^rus décrit la misère qui règne parmi les juifs de cette
ville. « Sur aoo.tnx) israélites, dit-il, qui habitent Varsovie, il y en
3.000 qui paient l'impôt communal ; restent donc 197.000 individus
qui sont dans la situation la plus précaire. 11 y a une certaine mai-
son qui ne devait contenir que 7O2 personnes, mais qui en réalité
en renferme 1.235, dont 811 juifs, de sorte que cinq personnes res-
pirent dans une chambre à une fenêtre. J*ai vu mieux que cela, j'ai
vu une chambre n'ayant qu'une fenêtre donner ThospiCalité à
i() personnes ». Kt l'on va, criant partout, que les juifs détiennent
tout l'or du monde et se meurent de luxe î
Betschouana. — Le 6 avril, le lieutenant Marc Harris de Man-
chester, fils du directeur de l'école Israélite de cette ville, est mort
dans un combat contre les indigènes. Il était âgé de 28 ans.
— Appel à la charité. — Les 2, 3 et 4 mars, Spola fgouverne-
ment de Kiew) a été le théâtre de terribles excès contre nos coreli-
gionnaires. 552 maisons et 342 magasins ont été détruits de fond en
comble. Les dommages dépassent d'après les données officielles un
million de roubles.
La misère la plus épouvantable règne parmi les victimes de ces
persécutions. Près de 6,(xx) individus sont privés de tout avoir, sans
abri, sans pain, livrés aux intempéries et aux souffrances de toutes
espèces. Cet état réclame un secours prompt et efficace.
Nous nous adressons aux sentiments d'humanité et de frater-
nité de nos coreligionnaires pour que ces maux puissent être
adoucis. '
Nous ferons parvenir au Comité de Secours les dons qu'on
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ou sept litres, faiblesse générale (quoique le malade mange beau-
coup au début), impuissance, troubles des facultés intellectuelles,
inaptitude au travail, présence du sucre dans les urines, qui sont
paresseuses.
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mortelles.
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52' Année N* 33 7 Mai 1897
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ISRAÉLITE
Journal des Principes Conservateurs du Judaïsme
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Paraissant tous les Vendredis
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somuiaire
Calendrier de la Semaine.
L'Antisémitisme et le Journal « le Temps »
Un Congrès de Rabbins.
Le Soldat juif.
Le Roi David.
La. Caisse des pauvres étrangers de la Communauté de Belfort.
Comités de Bienfaisance Israélite de Paris — Legs Adolphe
Heitunger.
Dons en faveur des œuvres db la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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Vente au numéro, à la Ulj^airie Dorlaeher, 83 bU, rue Lafayette.
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33
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Suartiers les plus sains de Paris, l'hôtel occupé par l'Institution
epuis avril 1895 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour l'enseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique. ,
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, alleiiiande et anglaise, Thistoirç et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i**^ section comprend
l'étude des sciences, commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a^ section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lyiîée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1806, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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Mai. lyar.
8 Samedi (Fin du sabbatfa à 8 h. 20) 6
9 Dimanche * 7
10 Lundi 8
11 Mardi 9
12 Mercredi 10
13 Jeudi , 11
14 Vendredi 12
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, S heures; semaine, 8 heures
Temple de la rue Notre-Darae-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Toornelles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE DE LA YICTOIKB
Ambrun (Jules), 27, rue de Ricbelien.
Franck (Bernard), à Ermont (Seine-et-Oiae).
Meyer (Henri), 49, avenue d'Antin.
TEMPLE DE LA BUE MOTRE-DAMB-DB-NAZARETH
Félinski (Edouard), 1 bis, rue du Figuier.
TEMPLE DE LA RUE DBS TOUENELLES
fiaer (Salomon), 23, rue Charlemagne.
Lauwitz (Bernard), 26, rue des Rosiers.
Décès
28 avril. M^^^ Vve Salomon (At»>aham), née Corf (Sophie), 5â ant», rue de la
Santé.
29 — M«»e Vve Heoht (Joseph), aée Hachenburger (Babette), 79 ans, rue
de Chabrol, 34.
— de Miranda (Hélène), 9 ans, rue Saint -Ambroise, 8.
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30 avril. M"« Becquié de Peyrevillo, née Dreyfus (Rose), 'JO ans^ ruo
Picpus
— M™« Lévy fGustavc), née Félix (Adricnno), 43 ans, blv. Hauss-
mann, 27.
— Francfort (Jules), 39 ans, à Bellevue.
— Kahn (Marx), 56 ans, rue Tiquotonne, 62.
— Bloch (Joseph-Théodore), 87 ans, rue Picpus, 76.
— M™« Floischmann (Maurice), née Glauber (Rosalie), 22 ans, rue
de Cléry, 58.
2 mai. Sachs (Rosa), 7 ans, impasse Guéménée, 4.
— M«« Lévy (Alexandre), née Rothkopf (Esther), 55 ans, blv. Mont-
morency, 61.
— Alsot (Leiba Abel), 38 ans, blv. Edgard-Quiaet, 33.
— Salomon (Auguste), 57 ans, à Lyon.
— M"»« Vve Oulry (Godehaux), née Simon (Pauline), 82 ans, à
Neuilly.
— Joseph (Suzanne), 14 mois.
— Israël (Oscar), 29 ans.
— Emmanuel (Jacques), 69 ans.
4 — Brunschwig (Salomon), 63 ans.
— Kahn (Betheanie), Vve Brunschwig (Samuel). 69 ans, rue de
— Lancry, 54 bis.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles neuvent
s'adresser au Secrétariat général^ 17 ^rrie Saint-(xeorges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées** par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
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L UNIVERS ISRAELITE I97
L'Antisémitisme
LE JOURNAL " LE TEMPS "
A propos des paroles qui ont été échangées, an cours du
récent voyage de M. le Président de la République, entre
M. Félix Faure et le président du Consistoire protestant
de La Rochelle, le journal le Temps a publié un article qui
nous paraît mériter quelques réflexions.
Mais rappelons d'abord les faits :
Présenté agi chef de TEtat avec les autorités civiles et
religieuses de la ville, le président du Consistoire dont il
s'agit, l'honorable pasteur Devisme, ne crut pas devoir se
borner aux congratulations banales qui sont d'usage en
pareille occurrence. L'occasion lui parut, au contraire,
bonne pour flétrir, devant la plus haute autorité de la
République, la malfaisante campagne menée par des
sectaires sans scrupule contre les droits de la conscience
et qui, longtemps dirigée contre les juifs seuls, menace
aujourd'hui les protestants. Déjà, il y a quelques mois,
dans une circonstance analogue, M. Auscher, grand rabbin
de Besançon,ay.ant à haranguer M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, avait protesté hautement contre les menées
de l'antisémitisme, et cette manifestation opportune — on
pourrait l'appeler courageuse, tant les exemples en sont
rares parmi nos coreligionnaires — avait amené l'honorable
M. Rambaud à déclarer publiquement que l'antisémitisme
ne méritait que le mépris. M. le pasteur Devisme, obéissant
à une pensée non moins heureuse que celle qui avait
inspiré M. Auscher, a adressé à M. le Président de la
République l'allocution suivante :
Il y a deux siècles et demi, dit-il, dans cette même ville de La
Rochelle,le pouvoir se trouvait également en face des protestants,
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198 l'univers ISRAÉLITE
mais en ennemi, pour bâillonner les consciences ou les exterminer.
De très grands progrès, grâce à Dieu, se sont accomplis depuis
lors, et vous nous apparaissez aussi, Monsieur le Président, comme
un pouvoir ami, à Tombre duquel bous sommes heureux dans la
mesure de nos forces de travailler au bien et à la prospérité de la
patrie.
Et les nuages, cependant, ne sont pas dissipés de notre ciel. Des
bas-fonds de l'antisémitisme et du boulangisme on entend encore
tous les jours monter d'odieuses calomnies qui voudraient, si elles
le pouvaient, déchaîner à nouveau contre nous la haine et la persé-
cution .
Forts de notre conscience et confiants dans la clairvoyance et
réquité du gouvernement, nous ne nous laissons pas émouvoir par
ces clameurs dignes d'un autre âge ; nous abandonnons la politique
de Finjure et de la haine à ceux à qui peut plaire encore ce vilain
métier qui n'est qu'un métier de vilains, et nous nous efforçons,
quant à nous, quel que soit le vent qui souf[le,de pratiquer toujours
la justice, qui seule fait grandir les nations.
Monsieur le Président, puisse notre France, sous votre prési-
dence, être toujours plus grande de cette grandeur- là !
M. le Président de la République a répondu en ces
termes à M. Devisme :
Vous êtes trop homme de jugement pour qu'il soit nécessaire
d'afïirmer une fois de plus que la République, que vous avez
contribué à fonder, est un gouvernement de liberté. Sous ce gouver-
nement de liberté et de justice, vous pouvez être rassuré.
Quoique nous ne soyons pas, pour notre part, complè-
tement rassuré, nous nous réjouissons de ces dignes et
fermes paroles, dont la sincérité est évidente. Peut-être
même, si ses hautes fonctions ne le condamnaient pas à une
réserve extrême de langage, M. le Président de la Républi-
que aurait-il volontiers ajouté que les bas-fonds de l'an-
tisémitisme et du boulangisme, il les connaît, lui aussi,
pour avoir respiré les vapeurs pestilentielles qui s'en dé-
gagent!
C'est l'incident que nous venons de rapporter qui a été,
dans le journal le Temps, l'objet des appréciations sui-
vantes :
Le représentant du Consistoire de La Rochelle n'a pu se tenir de
faire allusion à la campag^ne menée, en ce moment, contre les mino-
rités religiei»es. Il a dit que cette campagne était née des bas-fonds
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l'univers ISRAÉLITE I99
da boalangisme ; il a paru éprouver le besoin de s'entendre pro^
mettre que la cause de la tolérance religieuse ne serait pas aban-
donnée par la France du vingtième siècle.
N*est-il pas extraordinaire, et même un peu humiliant, que de
pareilles déclarations semblent aujourd'hui désirables et nécessai-
res ? Je ne reproche, certes, ni au chef de l'Etat de les avoir faites,
ni à son interlocuteur de les avoir sollicitées. Je reproche au temps
présent d'être tel que celui-ci se soit cru fondé à les solliciter, et
celui-là obligé de les faire.
D'autres époques ont connu des formes de l'intolérance religieuse,
qui, pour être odieuses, n'en avaient pas moins quelque chose
d'explicable. Une majorité, profondément convaincue, se croyait
fondée à violenter les dissidents. L'intolérance nouvelle offre ceci
de pire, qu'elle n'est pas le fait d'une majorité, et encore moins
l'explosion d'une foi intraitable. Ceux qui voudraient aujourd'hui
dénier à d'autres le droit de croire coremie il leur plaît ou de ne pas
croire sont en général des hommes qui ne croient eux-mêmes à rien.
Ils appartiennent à des groupes très nombreux, quand ils ne sont
pas, comme il arrive, des isolés. Mais ils excellent à manier les
armes les plus redoutables. Ils intimident, ils terrifient. Ils créent,
dans un milieu profondément aveuli et Indifférent, de fausses
pudeurs, un faux respect humain.
Le péril ne vient pas de ces hommes, que chacun juge , mais de
l'aveulissement môme et de l'inertie du milieu. Il ne les rejette pas,
comme il ferait sûrement, s'il était sain. Il les tolère, il s'en amuse.
Et c'est grande pitié.
Toutes ces observations sont justes, et le Temps fait de
répoque où nous vivons une exacte peinture. Oui, il est
extraordinaire qu'à la veille du vingtième siècle la cause
de la tolérance religieuse puisse paraître menacée. Oui, il
est vrai que l'explosion de fanatisme auquel nous assistons
n'est pas due à une foi farouche et que ceux qui dénient
aux autres le droit de croire comme il leur plaît sont des
hommes qui ne croient à rien. Oui, il est incontestable
encore que> par la calomnie et la suspicion, ces hommes
sont arrivés à répandre la terreur et à créer ainsi un milieu
où de fausses pudeurs et un faux respect humain se sont
substitués aux convictions et aux principes. Enfin le Temps
a cent fois raison de dire que le péril vient précisément des
défaillances de l'opinion publique, qui n'a plus assez d'éner-
gie et de vitalité pour éliminer les éléments morbides qui
entretiennent dans son sein le trouble et le malaise. Mais
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aoo l'univers Israélite
si les reproches que le Temps adresse à notre époque n*ont
rien de trop sévère, il est permis peut-être de se demander
si ces reproches, il ne les a pas lui-même encourus et si»
dans cette prostration des caractères et cet affaissement des
esprits qui provoquent aujourd'hui son véhément réquisi-
toire, ii n'a pas lui-même une sérieuse part de responsa-
bilité.
Il y a bien des années déjà que les juifs sont en butte
dans ce pays à une guerre aussi déloyale que violente, sans
que jamais le Temps ait songé à prendre en mains leur
cause, qui se confondait pourtant avec la cause de la
liberté de conscience. Les accusations les plus révoltantes
comme les plus odieuses menaces ne parvenaient pas à lui
arracher la plus faible protestation, quand c'étaient nos
coreligionnaires qui en étaient les victimes. 11 est resté
impassible et muet même devant l'incroyable programme
qui a été adopté au Congrès de Lyon et qui ne tendait
à rien moins qu'à remettre en question tout le patrimoine
de la Révolution. Pourquoi donc a-t-il ainsi déserté pendant
longtemps la défense de ses propres principes, alors que,
par un honorable contraste, le Journal des Débats n'a
•jamais hésité à élever la voix en faveur des droits de la
conscience méconnus ou outragés ? Pourquoi a-t-il attendu
pour s'émouvoir que les juifs ne fussent plus seuls en cause
et que les attaques des sectaires se fussent étendues aux
protestants ? Aujourd'hui encore, dans l'article même dont
nous nous occupons, il a bien soin de ne parler que de
l'intolérance en général sans faire aucune allusion à la
campagne dirigée spécialement contre les juifs. Il affecte
en quelque sorte d'ignorer l'antisémitisme, et, ce qui est
caractéristique à cet égard, c'est que, rappelant la phrase
de M. le pasteur Devisme sur les « bas-fonds de l'anti-
sémitisme et du boulangisme», il a cru nécessaire d'y
supprimer le mot « antisémitisme ». En vérité, ces finesses
et ces réticences trahissent une pusillanimité bien étrange.
On serait presque en droit de dire au Temps que, lorsqu'il
dénonce les « fausses pudeurs » et le « faux respect humain »,
c'est sa propre attitude qu'il stigmatise. N'est-ce pas en
effet la peur de Drumont et le désir d'échapper soi-même au
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l'univers ISRAÉLITE aoi
soupçon et au scandale qui ont détourné de ses devoirs le
principal organe de Topinion libérale et Font mis dans cet
état d'indifférence inerte qui, suivant sa propre expression,
est k comble de l'aveulissement ?
B.-M.
Un Congrès de Rabbins
On a contesté parfois Tutilité des Congrès politiques,
religieux ou autres, en disant qu'il en sort trop de paroles
et pas assez d'actes. Les membres de ces Congrès viennent
plutôt pour s'entendre parler que pour écouter les autres.
Mais cet inconvénient n'est à craindre que dans des réunions
composées de gens appartenant à des milieux différents et
visant à en imposer à ceux qui ne les connaissent pas. Il
en est tout autrement quand les membres du Congrès font
partie d'un même corps, ont reçu la même éducation et ont
les mêmes préoccupations. Alors on peut faire d'utile
besogne , pourvu que le Congrès soit organisé d'une
manière pratique et que les questions à agiter soient
posées d'avance sous une forme précise.
Une assemblée de nos rabbins français se trouverait dans
d'excellentes conditions pour travailler et agir, car tous nos
pasteurs ont été élevés dans la même école et tous com-
prennent les dangers qui menacent le judaïsme. Sans doute,
si le Congrès comprenait des rabbins de tous les pays, il
aurait plus d'autorité et pourrait se considérer comme
l'héritier du grand Sanhédrin de Jérusalem. Mais ce synode
serait bien difficile à organiser, et il n'est pas certain qu'il
aboutirait à des décisions pratiques. On ne doit pas se
dissimuler que les bjssoins du judaïsme français ne sont
pas ceux du judaïsme polonais ou marocain. Notre disper-
sion est un fait qui empêche que l'unité du judaïsme soit
absolue, et ce serait une entreprise chimérique que de
vouloir la réaliser. Un Congrès international risquerait fort
de ne donner aucun résultat, car les idées et les soucis des
33.
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203 L CTNIVBBS ISRAELITE
membres de la réanion seraient trop différents. Enfin, les
assemblées nambrcnses font rarement œnvrc ntîle, nos Parie-
ments en sont la preuve. II est donc plus avantageux que
les Congrès de rabbins soient nationaux, et Ton n*a qu'à
suivre l'exemple que donnent les rabbins allemands.
Ce ne sont pas les problèmes à résoudre qui manque-
raient au rabbinat français, s'il se réunissait. Nous avons
déjà dit quels sont, en dehors de ta question anttsémiti-
que, les points principaux qui devraient attirer l'attention
de nos pasteurs : i» Comment peut-on concilier la pratique
de la religion avec les exigences de la vie? 2<* Comment
peut-on concilier la doctrine religieuse avec les principes
de la science ? Chacun de ces deux points comprend un
grand nombre de questions de détail qui pourraient occuper
plusieurs Congrès.
On fera au projet de réunion d'un synode toutes sortes
d'objections, mais plus spécieuses que fondées. Si vous
ne modifiez pas la religion, nous dira-t-on, à quoi servira
votre Congrès? Si vous la modifiez, un changement en
amènera beaucoup d'autres, et vous finirez par détruire
le Mosaïsme en cherchant à le sauver. La réponse à ces
critiques n'est pas difficile à trouver. D'abord, sans modifier
en rien le judaïsme, on peut prendre d'utiles résolutions.
L'instruction religieuse est trop peu répandue , les
programmes de la Bar-Mitsva et de l'initiation sont trop
exigus: Il n'y a pas de conférences pour les adultes. Les
rabbins prêchent trop rarement. Ne peut-on pas remédier à
cette situation? M. Jules Bauer, rabbin d'Avignon, a proposé
de créer des associations de femmes juives, tendant à main-
tenir et à fortifier les traditions religieuses. Cette .proposi-
tion mérite tout au moins d'être examinée. Il est certain
que, si les femmes juives étaient plus instruites de leurs
devoirs religieux, elles pourraient à leur tour inculquer la
piété à leurs enfants. Elles ont plus de temps à elles que
leurs maris.
Admettons maintenant que le Congrès modifie certaines
lois religieuses. Cela sera beaucoup moins dangereux que
le laisser aller actuel. C'est dans Tétat de choses présent
qu'une infraction à la loi en entraine beaucoup d'autres
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l'univers ISRAÉLITE 2o3
mais si les rabbins déterminaient les cas où il est permis
d'enfreindre les lois religieuses, s'ils supprimaient les
interdictions trop difficiles à observer, on ne se trouverait
pas autorisé par là à se donner à soi-même de nouvelles
permissions. Les modifications faites par les législateurs
n'enlèvent rien au respect de la loi.
a Mais, s'écriera sans doute M. le docteur Klein, les
rabbins ne sont pas des législateurs ! Ce ne sont que les
interprètes de la loi. » Nous avons lu ses articles sur les
pouvoirs rabbiniques, qui se terminent ainsi : ^ En résumé,
le corps rabbinique d'aujourd'hui n'a le droit de modifier
ni la loi mosaïque, écrite et orale, ni les lois votées par les
grands conseils successifs de Jérusalem, ni les lois adop-
tées par la majorité d'Israël. Pour ces dernières cependant,
l'abolition serait légale, si elle était faite par une majorité
équivalente (?) à celle qui les a adoptées. » Mais M. Klein
sait bien que des lois ont été modifiées, par exemple la loi
sur la Schemitta. Tous les érouvin ne sont-ils pas des allé-
gements aux anciennes défenses du sabbat? Un de nos
meilleurs talmudistes me citait récemment un exemple de
cette désuétude où tombent certaines règles. Le Talmud
défend d'éteindre un incendie le samedi. Cela n'empêche
pas les casuistes du moyen-àge de dire que de notre temps
c'est permis. M. Klein reconnaît que le Sanhédrin n'avait pas
le droit d'imposer une loi trop onéreuse. Mais si la loi,
après avoir été patricable au moment où elle a été établie,
devient, par suite des circonstances, très difficile à observer,
que nous reste-t-il à faire ? Dernièrement, un lecteur de
r Univers demandait si les rabbins admettaient encore le
lévirat recommandé par la Bible. M. Klein a répondu
qu'ils peuvent le faire. 11 n'en est pas moins vrai que
l'opinion talmndique qui donne la préférence à la Halitza
est contraire à l'esprit, sinon à la lettre de la loi biblique.
Prétendre que la Bible laisse le choix absolu, ce serait
altéreF le sens du passage du Deutéronome.
Mais, encore une fois, le Congrès des rabbins aurait
assez à faire, même sans modifier les lois religieuses. En
tout cas, il servirait à mettre les membres du rabbinat en
présence les uns des autres, leur fournirait les moyens de
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îio4 l'UNIVEBS ISRAÉLITE
se voir et de se connaître. Les rabbins de province n'ont
presque aucune relation entre eux. Combien les efforts
qu'ils font pour le bien du judaïsme seraient plus féconds,
si le rabbinat entier s'inspirait d'une même pensée et
s'appuyait sur des résolutions prises en commué ! L'œuvre
de nos pasteurs y gagnerait en unité, en eflîcacité et en
autorité.
R. T.
LE SOLDAT JUIF
{Conférence de M. Max Nordau)
Samedi dernier, M. Max Nordau, l'écrivain bien connu pour
ses ouvrages de psychologie sociale, a fait une conférence sur
le Soldat juif dans la salle consistoriale de la rue de la
Victoire. Inutile de dire que la salle était comble et que les
étudiants russes, organisateurs de cette réunion, se pressaient
en rangs serrés. Mais il n'y avait pas qu'eux, et nous avons
aperçu dans l'assistance MM. les grands rabbins Zadoc Kahn
et Abraham Cahen, M. Narcisse Leven, MM. les rabbins Weill
et Haguenau et d'autres personnalités du monde israélite.
Chose remarquable, M. Nordau, qui est un écrivain alle-
mand de premier ordre, a fait sa conférence en français, et en
un français qu'envierait plus d'un Français de France. Ajoutons
que M. Nordau a tout ce qu'il faut pour être éloquent : et
Torgane chaud et la parole vigoureusement €ui;iculée et le
mouvement de la pensée et la persuasion qui s'impose.
Comme se l'était déjà proposé M. Maurice Bloch dans une
conférence antérieure dont nous avons rendu compte, M. Nordau
a eu pour objet de récuser Taccusation d'inaptitude guer-
rière et de lâcheté dont les antisémites aiment à couvrir les
juifs. Il a montré que le juif sait être soldat et bon soldat, qu'il
est capable du plus fier et du plus entier courage ; toutefois son
courage ne réside pas dans llmpulsion brutale, mais dans une
détermination réfléchie : le soldat juif n'est pas un massa-
creur ; toujours il a devant lui Fldée pour laquelle il combat.
M. Nordau emprunte à l'histoire des exemples qui établis-
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l'uNIYERS ISRAÉLITE 905
sent la valeur militaire des juifs. Gédéon ne garde avec lui que
5oo hommes, qui après une journée de marche sous un soleil
torride ne s'arrêtent même pas pour boire et s'en vont contre
Fennemi. Qja'on se rappelle le siège de Jérusalem et celui de
Massada, où les vieux légionnaires romains, endurcis à tous
les spectacles, se mirent à frémir devant les hommes, les
femmes et les enfants qui tous sans exception gisaient sur les
murs la gorge ouverte. Un siècle et demi' plus tard, Bar Cochba
pendant des années tient la campagne contre Rome, estimant
que pour un peuple mieux valait périr que de perdre l'indé-
pendance ; et la tranquillité ne s'établit que sur 58o,ooo cadavres !
Aussi les auteurs romains, qui ont vu les juifs à l'œuvre, ueïeur
reprochent-ils jamais leiïr lâcheté.
L'empereur Othon II, fuyant devant l'adversaire, se voyait
abandonné de tous ses preux aryens nobles, indomptables,
fidèles jusqu'à la mort ! Seul un juif reste avec lui pour le
consoler et le défendre.
Après le X« siècle, les juifs, ne pouvant plus porter les armes
sous peine d'avoir la main coupée, ne sont plus soldats. C'est à
ce moment qu'a pris naissance l'accusation de lâcheté. Qu'ils
étaient lâches, ces pauvres juifs qui n'avaient pas d'épée, qui
ne pouvaient provoquer ni ne pouvaient être provoqués
en duel !
Et cependant, durant tout le moyen-âge, ils ont donné
l'exemple du plus haut et du plus constant héroïsme par la
fermeté avec laquelle ils allaient au supplic-e. Rien n'eût été
plus facile aux juifs que d'éviter le bûcher ; il leur suffisait de
recevoir le baptême. Et alors le juif, ce paria, le dernier des
derniers, sans feu ni lieu, sans droit ni loi, passait gentilhomme
et pouvait avoir le roi pour parrain. Eh bien ! le juif préférait
la mort ! . '
Le conférencier en vient aux temps modernes, où les israé-
lites ont pu reprendre du service, et il les montre accourant
partout sous les drapeaux, en Amérique et dans tous les pays
d'Europe, et se signalant partout parleur endurance et leur bra-
voure.
Puis M. Nordau indique les transformations que ces qua-
lités juives, de ténacité et de froid courage, ont dû subir par
suite des contraintes extérieures où leur déploiement naturel
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Îip6 L'uNIVEKS ISRAi:LlfE
s'est heurté. De là sont nés les juifs qui partirent avec les
conquistadores et tous les grands aventuriers, les escrimeurs,
les pugilistes, les aci'obates juifs, dont, au dire de M. Nordau,
les cirques seraient peuplés. Le spéculateur est encore un juif
dont le courage a dévié. La ohoutzpah, cette froide audace qui
ne craint pas les regards, qu'est-ce sinon encore une forme du
courage ?
Ainsi, dit en terminant le conférencier, le courage du juif
n*est pas celui de la brute ou de Tindividu en délire qui ne se
possède plus.
Bien quiil soit plus nerveux et partant plus sensible, le
juif domine ses nerfs et sa douleur par sa volonté ; il a le cou-
rage froid et réfléchi qui maîtrise les tremblements et les affo-
lements de la carcasse. Chez tous les peuples le héros est un
géant plus violent, plus fort et plus grand que les autres ;
chez nous c'est David, un petit être grêle, un gringalet avec
une fronde, en face de Goliath, croquemi laine bardé de fer et
brandissant une massue. Et c'est le gringalet qui abat le
géant.
On a dit qu'un peuple pour vivre a besoin ense et aratro^
de Fépée et de la charrue. Pour Tépée, les juifs ont montré qu'ils
savaient la manier; qu'on leur laisse maintenant tenir la
charrue !
Cette conférence n'a été qu'un long succès pour M. Max
Nordau, et une triplevsalve d'applaudissements a couvert ses
dernières paroles.
L. L.
LE HOI I3A.VII3 y^^
David, comme toutes les hautes personnalités de l'histoire,
a eu le don d'exercer les imaginations, et il s'est formé de nom-
breuses légendes autour de son nom. Le Talmud,les Midra-
schim et la littérature juive du moyen-àge se sont complu à
décrire et à embellir la physionomie du grand roi d'Israël. Les
(1 Le Roi David, par Marcel Dieulafby, membre de Tlnstitut, chez
Ilachotte. 3^ pages.
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l'univers ISBAÉLITB 2K>^
historiens modernes de leur côté ont présenté de David des por-
traits qui ne se ressemblent guère ; on possède des David français,
allemands et anglais, des David juiis^catholiques et protestants,
et Renan en donnait naguère une figure peu flattée, qui ftdsait
de David un condottiere et un bandit. M. Dieulalby, le célèbre
explorateur, a voulu « rétablir le héros de l'épopée biblique
dans son temps et dans son milieu ». Il a pensé pouvoir se
rapprocher de la vérité par sa longue habitude de l'Orient, car
« la Bible est un livre que les tribus écrivent encore ». Et nous
estimons, en eflet, que M. Dieulafoy est plus près de la réalité
que bon nombre de critiques qui se croient obligés de rapetisser
tous les personnages de la Bible. L'ouvrage de M. pieulafoy a
le mérite d'être écrit en dehors de tout parti pris d'école, et si,
sur certains points, nous ne saurions être d'accord avec lui,
toujours est-il qu'il nous paraît dans l'ensemble avoir touché
juste. Nous lui sommes paiiiculièrement reconnaissant d'avoir
vengé David du rôle petit et odieux que Renan, par pui* plaisir
d'acrobatie intellectuelle, lui fait jouer dans son Histoire, et
d'avoir défendu les titres du roi psalmiste à notre estime et à
notre admiration.
Après le partage de la Terre promise, Juda, qui pendant
longtemps ne brille d'aucun éclat,grandit et étend son héritage.
Encore quelques années, « et Juda représentera l'universalité
du peuple de Dieu, et son nom se substituera dans le langage
des hommes à celui d'Israël ». L'auteur trace alors le tableau de
la civilisation israélite sous les juges. Nous nous permettons
d'y relever deux erreurs. M. Dieulafoy écrit à la page a4 :
« Peut-être le sanctuaire de Silo comprenait-il deux ou trois
pièces. Elles étaient au moins d'une simplicité austère, car les
Hébreux, faisant de leur ignorance et de la barbarie çerUis,
tenaient pour un acte coupable de donner aux autels de sacrifice
un aspect imposant, de tailler la pierre, etc. » Or, nous ne
voyons pas qu'il y ait dans cette simplicité et dans l'inter-
diction de tailler la pierre ignorance et barbarie^ d'autant
que le texte indique la raison de cette interdiction.
« Employer le fer à la construction de l'autel serait profaner
l'autel, * dit la Bible (i), parce que le fer sert à s'entre-détruire
et qi^e l'autel est le symbole de la vie, de la paix et de la com-
(1) Ex. 20, 25.
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îlo8 l'univers ISRAÉLITE
munion des hommes en Dieu. Aussi, raconte le Talmud, quand
Salomon entreprit de construire le Temple, se garda-t-il de
recourir au ciseau ; il se procura le schàmir, ver qui avait la
propriété de fendre la pierre (i). k
Pour ce qui est de la simplicité de ces autels, elle n'était pas
davantage le fait de l'ignorance et de la barbarie, mais comme
l'auteur l'explique lui-môme quelques pages plus loin : « Les
Hébreux concevaient un créateur tellement pur, tellement
spiritualisé, tellement é^vé au-dessus des dieux des peuples
voisins, qu'ils eussent craint de ravaler son culte en l'adorant
sous une forme matérielle. »
M. Dieulafoy se trompe encore quand il dénie aux israélites
toute habileté dans les arts plastiques. Certes le culte n'était
pas pour développer la peinture et la sculpture dans les pro-
portions où elles ont fleuri chez d'autres peuples. Mais a-t-on
le droit de dire que « les israélites étaient incapables de
travailler le bois, la pierre, et les métaux », quand nous savons
qu'en Egypte ils avaient été astreints aux travaux et aux cons-
tructions les plus diverses, quand nous pouvons supposer que
les plus intelligents d'entre eux avaient dû s'initier à tous les
progrès de la civilisation égyptienne, et quand nous voyons la
Bible proclamer le génie artistique de Betzalél, d'Oholiâb.
et de leurs collaborateurs (Ex. 3i, 2-6, 35, 3o-35)?
Sous les derniers juges,les israélites vont s'afTaiblissant dans
un état de dispersion et d'anarchie. Alors ils se prennent à
rêver d'un souverain qui apaiserait les dissensions intérieures,
m€a*cherait à leur tôte et leur assurerait la tranquillité. A ce
moment parait Samuel,élevé près de l'arche sacrée. Désespérés
par les victoires des Philistins, les Hébreux demandent au
prophète de désigner un roi. L'homme de Dieu emploie tous ses
efforts à leur faire exécrer le régime monarchique, mais les
tribus persistent dans leur résolution. Samuel fixe son choix
sur Saûl, fils de Cis.
D'abord le succès sourit au jeune roi. Mais sorti de
Benjamin, tribu essentiellement militaire, Saùl ne pouvait
ôtre et ne fut que soldat, et il abandonna les voies de l'Éternel.
Dès lors Samuel lui chercha un successeur. H se convainquit
(l) Nous avons publié nous-mêmes cotte légende sous forme de nouvelle
dans r Univers du 21 août 1896 et suivants.
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l'univers ISRAÉLITE QOg
que Juda seul était capable de fournir un prince qui s'imposât
à tout te peuple, et il sut qu'à Bethléem grandissait un enfant
prédestiné. « Tout jeune, il paissait les troupeaux de son père,
et quand un lion, un ours emportait un bélier, il courait après
eux, les attaquait, leur arrachait la proie d'entre les dents et,
lorsqu'ils se jetaient sur lui, les prenait à la gorge, les étran-
glait et les tuait.Puis,dans les longues journées passées derrière
ses brebis à la recherche des herbes rares du désert, il compo-
sait des chants que ses doigts habiles accompagnaient sur la
cithare. Outre les qualités de l'âme, la nature prodigue lui avait
donné une stature noble, des membres délicats, une beauté* de
vierge, des cheveux tombant sur les épaules en boucles soyeuses
et une carnation blanche et vermeille que l'effet du hâle ne
pouvait ternir. »
Samuel arrive chez Isa!e,il voit les sept fils aînés et demande
au père s'il n'a pas d'autres enfants. Isaïe fait chercher le plus
jeune, David. Immédiatement Samuel reconnaît en lui l'oint
du Seigneur et lui verse l'huile bénite sur le front.
Cependant Saûl devenait sujet à des crises de fureur. Pour
calmer ces accès, on manda David à la cour. Le jeune poète
était un charmeur ; il gagna l'affection du roi et se lia d'une
amitié inaltérable avec Jonathan, le fils aîné de Saûl. A quelque
temps de là, David abat le géant Goliath et tout Israël va
publiant les louanges du héros. On sait le retentissement de
cette gloire naissante dans l'âme malade de Salilet les dangers
que David courut. Il dut fuir à Ramatha ; comme il ne se sen-
tait pas suffisamment à l'abri, il se réfugie d'abord chez le
cohen Achimélech, puis^chez Achis, roi de Geth, et enfin dans
la caverne d'OdoUam. Là, pour mieux défendre sa vie, il s'en-
toure de parents, d'amis, de mécontents. Les prophètes et les
prêtres se joignent à lui, et il dispose bientôt d'une petite
armée. Et Renan traite David de scélérat, de bandit, de clé-
rical, pour avoir essayé de se garer des mauvais coups de Saûl !
La suite montrera combien il est faux de faire de David un
révolté par ambition personnelle et combien sa conduite fut
généreuse à l'égard du roi. Saûl poursuit David, « résolu d'aller
le chercher jusque sur les sommets les plus escarpés, fût-il
au-dessus des cimes habitées par les chamois » ( I Sam. XXIV,
3). On se rappelle l'histoire de la caverne où Saûl vint se
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3IO l'univers ismaélite
reposer et où David le tint à sa merci, et où il défendit à ses
compagnons de se jeter sm* le roi. Cependant celui^i ne laisse
pas de poursuivre son ancien favori, qui demande de nouveau
asile à Achis. Mais les difEcultés s'ajoutent aux difficultés, au
point que les compagnons de David veulent lapider leur chef.
« Cette période de sa vie, dit M. Dieulafoy, dénote une des
intelligences les plus hautes, une des consciences les plus droites
qui aient honoré rhumanité, ... Il s'avance la tête haute, l'atti-
tude iière, se jouant des obstacles, déployant tour à tour des
, qualités qui semblent exclusives Tune de Tauti'e £n vain on
chercherait à relever un compromis de conscience, une défail-
lance, une faute de conduite ; il abordera sans tache et sans
remords le trône où il est destiné. »
En fin de compte, Saùl, vaincu par les Philistins près du
mont Gelboë, se jeta sur la pointe de son épée.
Vient un chapitre sur le prophétisme, que nous avons repro-
duit et apprécié lors de la lecture qu'en fit Tauteur à la séance
des cinq classes de Tlnstitut. (V. Unwers Israélite^ numéro
du 3o octobre 1896).
Saiil laissait un fils, Isboseth. Ephraïm et Manassé restaient
en majorité favorables à l'héritier de Saùl, tandis qu'Hébron
et les villes du Sud inclinaient vers David. Abner, le sarsaba,
le généralissisme des troupes de Saiïl, ramena ou mit sous
l'autorité d'Isboseth les tribus du Centre et du Nord. Cet état
d'hostilité sourde dura deux ans environ, jusqu'au jour où le
fils de Saùl décourageant le dévouement d'Abner, celui-ci s'en
vint faire des ouvertures au roi des Judaîtes. Isboseth a^'ant
été assassiné, il n'y avait plus de raison pour que la lutte durât
plus longtemps. « Enfin Theure marquée par l'Eternel était
venue. Aucun scrupule n'arrêtait plus David. Samuel l'avait
désigné, Juda l'avait acclamé, le reste d'Israël n*avait qu'un
cœur pour proclamer sa souveraineté : Dieu exauçait son voeu
le plus cher d'être appelé au trône par la volonté formelle et du
plein gré des Hébreux. »
Près de Bethléem s'élevait un promontoire rocheux, cou-
ronné par un nid d'aigle fortifié. C'était Sion, c'était Jérusalem,
citadelle des Jébusites, qui avait défié tous les efforts. C'est là
que David résolut de fixer sa résidence. Il créerait ainsi un
centre politique au sujet duquel les jalousies des tribus n'au-
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l'uni VSaS ISRAJÉLITB âll
raient pas lieu de s'exercer et fonderait « une capitale qui
symboliserait Thomogénéité du peuple ». David mit donc le
siège devant cette forteresse, que les habitants se vantaient de
défendr;e avec une garnison d'aveugles et de boiteux. « Jusque-
là, dit notre auteur, les Hébreux n'avaient jamais pris une
ville fortifiée que par surprise ou par trahison... Le siège de
Jérusalem marqua les débuts d'une ère nouvelle... Désormais,
les ingénieurs israélites ne le céderont à ceux d'aucun autre
peuple. »
Ainsi la nation se trouvait constituée avec une capitale et un
souverain. Le roi, pour étendre ses relations, envoie des am-
bassadeurs aux princes voisirts. Seuls les Philistins refusent
de traiter avec lui , mais Dieu les chasse devant David
« comme un fleuve qui a rompu ses digues » (U Sam. V. 20).
Ils reviennent plus menaçants, décidés à tenter un effort
suprême. Alors se livre, sur le plateau de Réphaïm, une bataille
où, selon M. Dieulafoy, David s'aiïirme l'égal des plus grands
capitaines. Il exécute, pour la première fois peut-être dans la haute
antiquité, « un mouvement tournant et enveloppant, c'est-à-dire
une opération de guerre réputée audacieuse, savante et dilïicile
entre toutes». Cette victoire avait une portée capitale, puisqu'elle
marqua le déclin des Philistins ; durant des siècles, ils avaient
soumis les Hébreux à la servitude du tribut; maintenant c'est leur
tour d'implorer la pitié et la paix. M. Dieulafoy a le mérite
d'avoir mis en lumière l'importance militaire et historique de
cette campagne et les qualités stratégiques de David, qu'on
avait négligé jusqu'alors de signaler. Du même coup, .notre
écrivain établit la valeur des passages bibliques. «La version de
la bataille de Réphaïm ne peut être que l'analyse ou la trans-
cription de documents authentiques à l'époque de David.
Aucun annaliste n'eût été en état d'inventer et de décrire d'une
manière aussi précise une opération militaire de cet ordre», (i).
Malgré tous ces succès, David restait attaché à l'Eternel et
écoutait humblement les leçons des Prophètes. 11 allait
s'efforcer d'entretenir dans le peuple la foi au Dieu-Un, unifier
le clergé, rétablir le culte public. L'arche, après avoir été prise
par les Philistins à la bataille d'Aphec et conduite dans le
(1) Ce chapitre est le sujet d'une conférence faite l'an dernier par
M. Dieulafoy à la Société des Etudes juives.
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Hm l'univers ISRAÉLITE
temple de Dagon, fat Vamenée sept mois plus .tard sur le terri-
toire israélite auprès d'Abin^dabe de Cariathiarim. David,,fer-
memeut décidé à restaurer le culte, vient chercher Tarche qu'il
installe à Jérusalem au milieu d'une grande pompe, de chants,
de danses et de sacrifices. De la sorte il érige Jérusalem en
capitale religieuse ayant son autel et son sacerdoce, et opère
comme la concentration sur un point unique de toutes les âmes
d'Israël.
David avait créé une armée et restauré le culte. Mais l'en-
tretien du culte et de l'armée nécessitaient des finances prospè-
res, lesquelles supposent une administration bien réglée.
David en établit les principaux rouages.
Aux tribus, dont l'autonomie l'inquiète, il donne un chef
militaire, des juges et un préfet royal, chargés du recrutement
et du coiomandement de la milice, du règlement des contesta-
tions civiles, de la perception de l'impôt en nature, de la
répression des crimes et de la surveillance de l'esprit public. A
Jérusalem réside le préfet des préfets Aduram. Les autres
dignitaires sont : le sarsaha ou généralissime, Joab ; le sar ou
commandant des Guibborin (garde), Abisaï; le chef de la garde
Cretoise, Bcnaïah ; le sôpher ou chef des secrétaires, Seraïah ;
le mazkir ou grand chancelier, Josaphat ; les précepteurs des
princes, les prêtres Sadoc et Abiathar, et l'aumônier particulier
de David, Ira le Jaïrite. La plupart d'entre eux forment le
conseil du roi, qui se complète iavec Achitophel. A côté de ce
conseil, il y a tout un personnel comprenant le trésorier, l'in-
tendant des greniers, des magasins et des chameaux, le chef des
cultures et des étables, le directeur des haras de baudets et
des jumenteries d'ànesses (i).
De grands travaux sont entrepris : on taille dans le roc un
escalier qui, de la vallée du Cédron, conduira à la ville haute ;
on agrandit l'enceinte fortifiée^ on achève la citadelle, on, y
construit un arsenal, on termine le palais.
Jusqu'alors, David avait soutenu des guerres nécessaires ;
(1) Oq ne volt pas encore paraître les chevaux. David lui-même, dans
l'énorme civaleno qu'il prend à Adèrazer, n'en choisit que pour atteler
cent chars et fait tuer les autres, faute do pouvoir les utiliser. Il faut atteindre
le règne de Salomon pour que les Hébreux se décident à élever des chevaux
et à s'en servir. {Noie de Vauteur.)
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l'univers ISRAÉLITE ai3
mais une fois solidement installé dans sa ville et dans sa
royauté, l'ambition le saisit et il conçoit le dessein de s'agrandir
aux dépens des ennemis d'Israël, et tour à tour il soumet les
Moabites, les Araméeûs de Damas, les Edomites et les Ammo-
nites.
C'est au cours de cette dernière campagne que périt Urie le
Hittite, dont la mort a fait l'objet de vives controverses.
M. Dieulafoy examine la part que David eut dans la prépara-
tion et la conduite des événements qui précédèrent la mort de
cet officier, s'il fut l'instigateur ou le complice du crime ou un
instrupient aux mains de sa maltresse, Bethsabée, femme
d'Urie. Notre auteur consacre un long chapitre à Texamen de
cette question et conclut que la véritable coupable fut Bethsabée,
« femme violente, ambitieuse, passionnée, un des tempéra-
ments le plus fortement marqués de cette époque, ûature supé-
rieure qui ne s'embarrassait d'aucun scrupule, comédienne de
- race, tragédienne consommée ». Elle rêve d'être reine, déploie
toute son intelligence et toute sa coquetterie à conquérir le
cœur de David, et le pousse au crime. A force d'ingéniosité et
d'intrigue, elle obtient que son fils Salomon monte sur le trône
royal, David, comprenant que ses jours touchaient à leur un,
appelle Salomon, l'exhorte à marcher dans le chemin du Sei-
gneur et lui donne Tordre de bâtir le Temple. « Puis il entra
dans la voie de toute la terre et s'endormit avec ses aïeux. Il
était âgé de 70 ans et avait régné plus de 7 ans à Hébron et
33 à Jérusalem. »
Ainsi David à l'anarchie qui épuisait les tribus d'Israël fit
succéder l'ordre, à la misère la prospérité, à l'état de servitude
la grandeur politique. Et partout, depuis Dieu jusqu'à Barséba,
le peuple était nombreux comme le sable sur les rivages de la
raçr et chacun habitait en pleine quiétude sous sa treille et sous
ses figuiers.
^ « Chef de guerre, dit en terminant M. Dieulafoy, diplomate,
poète, administrateur, David réalise le type accompli du
monarque, il est sans conteste le plus grand génie du monde
biblique (i). Du reste son avènement tient du prodige, et ce fut
un long miracle de constituer un Etat avec des éléments aussi
(1) Cette afftrmnîtion nous semble téméraire en face du rôle que Moïse a
joué dans l'histoire du peuple israélite.
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!ii4 l'uniyebs isilajêlitb
hostiles, aassi autonomes qne les tribus, de gouverner ce
peuple enclin à Fanarchie, impatient du frein, toujours prêt à
la révolte. » (i).
Louis Lévy.
LA CAISSE
des pauvres étrangers de la CommonanCé de Beifort
Persuadés que nos lecteurs portent Tintérèt le plus vif aux
diverses institutions d'assistance et de travail établies dans nos
Communaut^és, nous avons à maintes reprises rendu compte de
rétat de quelques-unes de ces institutions et nous nous réservons
d'appeler tour à tour l'attention s^r celles dont nous n'avons pas
encore parlé.
Aujourd'hui on nous communique le eompte rendu de la Caisse
des pcui^res étrangers^ qui fonctionne à Beifort.
Cette œuvre, qui existe depuis 1882, est due à l'initiative de
M. le rabbin Metzger. Deux idées ont présidé à la création de cette
Caisse : la dignité de la Communauté et celle des pauvres. On a
pensé € que c'était une grave atteinte au nom Israélite que nous
avons tant le devoir de faire respecter, que de voir des hommes et
des femmes qui portent ce nom errer, souvent par bandes à travers
toute la ville, interrogeant les passants, pointant les demeures
juives, entrant parfois dans celles qui ne le sont pas, et traînant
ainsi par toutes les rues le judaïsme en haillons ». D'autre part, on
a voulu éviter ce qu'il y a d^humîliant pour la dignité personnelle à
mendier de porte en porte.
Quatre classes ont été établies dont les cotisuàtions varient de 40 à
12 francs par an. Des classes ont été également instituées entre les
pauvres selon le sexe, l'âge et le mérite ; de la sorte à la charité on
unit la justice.
Le rabbin reçoit les pauvres trois fois par jour pendant tout le
cours de l'année ; le matin après Toflice, de i à 2 heures de l'après-
midi et le soir après l'office. Ainsi, à quelque moment de la journée
qu'ils arrivent, ils peuvent repartir aussitôt sans s'arrêter, sauf,
bien entendu, le samedi et les fêtes; 2« Tous reçoivent quelque
chose sans exception aucune, mais selon qu'ils sont intéressants ;
> 11 n'est fait aucune di2»tinction de nationalité. On refàse toute
(i) M. Dieulafoy a fait suivre soq étude sur David de notes ires nourries
sur différentes questions spéciales, telles que la Iriàu de Lévi. Jéhovah
et Eloïm. Véphod fatidique^ etc.
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l'univers ISRAÉLITE ai5
amnône à domicile, afin de désbabltiier les pauvres d'aller dans les
maisons.
Dans Tespace de treize ans, le chiffre des indigents est descendu
de 706 à 435, et celui des dépenses de 3,ii4 francs à 2,229. En i896,
on a secouru 368 hommes et 67 femmes, dont la nationalité se
répartit comme suit : 142 Alsaciens-Lorrains, i3o Polonais Russes,
86 Aâemands Autrichiens, 4^ Français et 3â autres.
L'habitude d'aller dans les maisons a entièrement disparu, sauf
le vendredi soir et le samedi à midi, où les pauvres reçoivent des
bons de repos.
L. L.
Comité de Bienfaisance israélite de Paris
LEGS ADOLPHE RETTLINGER
Par son testament , en date du 14 juin ^^9^^ ^- Adolphe
Reitlinger, décédé le 2 octobre 18 go {14 Tischri 5656), a
fait au Comité de Bienfaisance un legs de Quatre mille francs
de Rente dans les termes sui{?ants :
Désirant venir en aide à des familles israélites qui, sans
faire partie de la classe des indigents proprement dits, peuvent
se trouver momentanément dans la gêne, et k qui un petit
capital permettrait de se relever en commençant un modeste
commerce ou en donnant une plus grande extension à «ne
affaire déjà en cours.
Je lègue au Comité de Bienfaisance israélite de Paris une
rente annuelle de Quatre mille francs (4,ooo fr.), aux clauses et
conditions ci -après stipulées :
I. Tous les ans, ao jour anniversaire de mon décès, il sera
distribué Quatre prix de mille francs chacun à des familles
israélites jouissant d'une bonne réputation et particulièrement
méritantes par les soins qu'elles auront donnés à l'éducation
religieuse et morale de leurs enfants.
I I . Deux de ces prix pourront être attribués à des veuves
ayant charge d'enfants et ayant dignement rempli leurs devoirs
de mère de famille.
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^
!ll6
l'univers ISRAÉLITE
III. Les deux autres prix seront obligatoirement attribués
à des pères de famille remplissant les conditions énoncées à
l'article i.
Ils devront, en outre, s'engager, avant l'attribution du prix,
à réciter, à mon intention, un Kaddisch au jour anniversaire
de mon décès, conformément aux habitudes du culte israélite.
Les familles qui voudraient participer au 'bénéfice de ce
legs sont incitées à faire valoir, dès maintenant, leurs titres à
V obtention de Vun de ces prix.
Les demandes devront être adressées, avec pièces à Vappui,
jusqu'au 3o juin inclusivement^ au Secrétariat général du
Consistoire israélite de Paris, i y, rue Saint-Georges,
Passé ce délai, aucune candidature ne sera admise.
Pour le Comité de Bienfaisance israélite de Paris :
Le Président,
Baron Edmond de Rothschild.
DONS
BN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
. Du 2 g avril au 6 mai
M«« Kahn (Léopold) 300
MM. Nathan (Louis) 300
. ' Hirsch (Alphonse) 200
Blum (S.), 12, rue d'JJzès 100
Lowenstein aîné loO
Pohl et son âls Lucien. . 100
Marx aîné, 103, rue Mi-
rosmesnil 40
Waller (Otte) 40
Franck (Jules) 25
Aron (Eugène) 20
Bambei^r 20
Cahen (Maurice) 20
Cahen (Julien), 174, rue
Lafayette 20
Léopold, 9, rue Château-
dun 20
Saupbar (Alexandre) 20
Wolf, :5, bd St-Martin. 20
Bamberger (Fernand). . . 10
MM. Béer (Jules), 155, rue
Montmartre 10
Bloch (Eugène) 10
Gumpel - 10
Weinberg 10
Alexandre 5
Aronsohn, à Nancy 5
Bloch (Alfred) 5
Blum (J.), 7, bd Beau-
marchais. 5
Cerf, 62, fbg Poissonnière 5
Heymann (David) 5
Israël, à Cîolraar 5
Jonas (L.) 5
Lambert (Gaston) 5
Lehmann (Léonard) 5
Lévy (Sylvain) 5
Mayer, rabbin. 5
Meyer (Daniel) 5
Picard, 108, bd Voltaire. 5
Rotter 4
Rueff 5
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l'uNIATBRS ISRAÉLITE 21 J
Nouvelles diverses
Paris. — Nos lecteurs auront sans doute appris par les journaux
quotidiens Thorrible sinistre qui s'est produit au Bazar delà Charité
de la rue Jean-Goujon. Nous sommes assuré que les israélites, fran-
çais auront été douloureusement émus d'une catastrophe qui frappe
si cruellement tant de familles et qu'ils prendront leur part d'un
deuil auquel s'associera le pays tout entier, sans distinction de
caste, de parti ou de religion.
Parmi les personnes qui sont mortes dans l'incendie du Bazar
de la Charité, les journaux citent les noms de Mme Kann et de
Mme Porgès, née Weissweiller.
*
* if
— Initiation religieuse, — Les examens pour l'Initiation religieuse
ont été Oxés comme il suit :
Jeunes flUes des Lycées, Pensions et Familles
Lundi 17 mai. — Lettres A. -F., à 2 heures ;
Mardi 18 Aiai. — Lettres G.-O., à 2 heures ;
Mercredi 19 mai. — Lettres P.-Z., à 2 heures.
Garçons des Lycées, Pensions et Familles
Jeudi 20 mai, à 9 heures 1/2 du matin.
Ces examens auront lieu dans la salle consistoriale, 44» """^ ^® ^^
Victoire, aux heures ci-dessus indiquées.
— Hôpital fondation de Rothschild, — Nous avons sous les yeux
le rapport présenté par le conseil d'administration à l'assemblée
générale du 26 janvier 1897.
Celte année comme Tannée dernière, les recettes présentent une
certaine plus-value. Tandis que les dépenses se sont élevées à
253,5i6 francs, les recettes ont été de 275,960 francs.
Le service des malades a reçu, en i896, mille cinq individus dont
l'âge varie de i jour à 80 ans, et qui ont accompli à l'hôpital un
séjour s'élevant à 34,767 journées. Sur ce nombre de malades, 875
personnes ont été traitées une fois dans l'année ; 49» deux fois ; 8,
trois fois ; et 2, quatre fois. Des non-israélites ont reçu également
les soins de l'établissement : 16 hommes et 4^ femmes. Dans
Tensemble l'élément français est compris pour 55 0/0.
A la Maison de Retraite, le nombre des vieillards présents au
ler janvier 1897 ^taît de 84 ; au Service des Incurables, 68 lits étaient
occupés au i*"" janvier 1897 .
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2l8 l'univers ISRAIÉLITE
Paris. — L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a accordé
une somme de 8,000 francs sur le prix de fondation Garnier à
M. Sylvain Lévi, professeur au Collège de France, pour lui per-
mettre de continuer ses recherches sur le bouddhisme dans les
régions subhimalayelines.
***
— Un maricLg^, — C'est lundi dernier, 3 mai, <|u'a eu lieu le ma-
riage de M. David Weill , fils de M. Alexandre WeiU , avec
Mlle Raphaël. Dans la nef et les bas-côtés du temple de la rue de la
Victoire se pressait une assemblée choisie. M. Gréard, recteur de
l'Académie de Paris; Ravaisson , membre de l'Institut; Perrot,
directeur de l'Ecole normale supérieure ; Rabier, directeur de l'en-
seignement secondaire ; les plus hautes personnalités du monde
universitaire, des sciences, des lettres et des arts, de Tarmée, de
l'industrie et du commerce, assistaient à celte cérémonie, voulant
apporter leurs témoignages de sympathie aux deux familles, dont
tout Paris connaît la large bienfaisance. C'est M. le grand rabbin
Zadoc Kahn qui a donné la bénédiction aux jeunes mariés, et, à
cette occasion» il a prononcé une allocution qui a été une philosophie
en raccourci du mariage et où, en terminant,* il a célébré les hautes
vertus de bonté et de charité qui sont comme un patrimoine que
les deux familles se transmettent d'une génération à l'autre.
*%
Neuilly. — Obsèques de Mme Ouïr}-, — Dimanche dernier a été
reconduite à sa dernière demeure Mme Vve Godchaux Oulry, de
Neuilly. Une foule compacte et recueillie se pressait autour du
cercueil pour donner un dernier témoignaige de respect et de sympa-
thie à la mémoire de cette digne femme dont la piété et la charité
étaient de notoriété publique. A Paris comme à Neuilly, le chemin
de sa maison était connu de tous ceux qui s'intéressent aux œuvres
de bienfaisance, et ils s'appellent légion tous les malheureux dont
elle était la providence. A Neuilly, notamment, c'était un deuil pour
la Communauté Israélite au milieu de laquelle M. et Mme Oulry ont,
près d'un demi-siècle, donné libre carrière à leurs sentiments reli-
gieux et à leur générosité naturelle. Le coquet petit Temple est en
grande partie leur œuvre, la Communauté aujourd'hui très prospère
est leur création. M. le rabbin Debré a su rendre hommage à cette
vie si vertueuse et si remplie de Mme Oulry, et son allocution où on
sentait vibrer une douleur sincère a produit une vive émotion.
Mme Oulry a parcouru une carrière de 82 ans, et on ne peut s'empê-
cher de se demander pourquoi de telles vies doivent finir. Cette
pieuse et digne lemme ne laisse pas d'enfants. Mais on peut à son
sujet répéter avec Elkana : que l'aiTection respectueuse qu'elle a
inspirée à ceux qui l'ont connue et qui lui survivra vaut peut-être
mieux qu'une nombreuse lignée.
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l'uNIV£RS ISRAlàLITE HJQ
Alsace. — On nous écrit de Strasbourg :
Heureux les peuples, heureuses les institutions qui n*ont pas
d'histoire. La maison de santé Israélite de Strasbourg ne jouit pas
en ce moment de ce précieux bonheur ; elle a des histoires à reven-
dre, chaque journal politique de Strasbourg apporte la sienne ; il
se publie du vrai et du faux, il se fait entendre des plaintes fondées
et des calomnies. Ce qui est certain, c'est que quatre médecins dis-
tingués, quatre bienfaiteurs de TŒuvre, se sont retirés, ont donné
leur démission ; ce sont : MM. les docteurs Gaston Levy, président
du Consistoire ; Stelling, le célèbre oculiste; Bœkel, le grand chirur-
gien^ et Bauér. On pa^le aussi du renvoi de gai*des-malades célèbres
pour leur dévouement ; on a parlé, ce que je ne peux croire, de
négligence, ou d'amoindrissement de la sollicitude pour les mala-
des. Il est à désirer que ces racontars, ces mauvaisbruits. ces scanda-
leux cancans cessent. Il est à souhaiter que les hommes de bien qui
ont jusqu'à ce jour protégé la maison et lui ont procuré un renom
brillant hii rapportent leur dévouement si généreux. Tout froisse-
ment d'amour-propre, tout dissentiment doit se taire pour Toeuvrc
de Kidusch haschen à accomplir en cette circonstance.
P.-S. — MM. Bauër et L. Schwarz, membres du Consistoire,
sont restés sur la broche pour diriger la maison. Leur exemple
sera suivi, nous Tespérons, nous en sommes certains.
Qerlin. — L'Impératrice Augusta Victoria vient de faire don
d'une somme de 10,000 marks à l'hospice d'incurables fondé par
M. Moritz Manheimer ; c'est la première fois qu'une donation a été
faite par l'Impératrice en faveur d'une œuvre Israélite.
in
* *
Vienne. — La seniaine dernière il s'est réuni un Congrès de mé-
decins.
Parmi les propositions mises à l'ordre du jour, en tigurait une,
signée de 3a5 médecins « chrétiens », c'est-à-dire antisémites, ayant
pour but d'accorder à la Chambre des Médecins le droit d'inter-
dire l'exercice de la médecine à tout médecin qui déplairait, a Nous
avons assez de bons et habiles médecins, a dit l'un des 325 ; que
Messieurs les juifs s'en retournent en Hongrie et en Galicie d'où ils
soot venus. »
Heureusement cette motion a été rejetée.
* *
— L'Empereur d'Autriche a conféré la dignité de chevalier de l'ordre
de François-Joseph au grand rabbin de Vienne, docteur Moritz
Gudemann.
**#
Budapest. — A Zsadany, on a accusé les juifs de meurtre rituel.
Une jeune fille ayant disparu la veille de Pâques, aussitôt les têtes
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aaO L UNIVERS ISRAELITE
travaillèrent et on allait criant partout que l^s juifs avcdent égorgé
la jeune fille dans la synagogue. Mais Fadministration ayant
ordonné une enquête^ Ton apprit que la jeune fille était partie avec
un galant dans un village éloigné ; on la ramena et les préjugés
retombèrent au sommeil.
***
Bruxelles. — Wilhelm Herzberg, Fauteur bien connu des
« lûdische Familienpapiere », vient de mourir à Tâge de 70 ans.
*
* *.
Hollande. — Le Consistoire Israélite de Hollande jouit près du
gouvernement d'une situation officielle qui est peut-être unique. 11
y a quelques semaines, la grande-duchesse de Saxe-Weimar,
sœur de feu le roi de Hollande, mourut. La reine-régente chargea
le ministre de la justice de notiOer officiellement ce décès au
Consistoire, qui transmit à Sa Majesté une adresse de condo-
léance.
•♦*
Saint-Pétersbourg. —Le ministre de l'agriculture a promis
une subvention à l'école agricole de lekaterinoslaw comme il a déjà
fait pour celle de Cherson.
— Le tsar vient de choisir pour médecin particulier le docteur
Bernardowitsch.
* *
Janina. — Cette ville compte 6000 Israélites qui pour la plupart
appartiennent à la classe ouvrière. Ils parlent tous grec et se servent
du grec dans la liturgie et pour la lecture de la loi.
***
Thessalie. — En Thessalie, il y a plus de 9000 juifs, dont la
majeure partie habite Larissa. Ils y forment une Communauté avec
un rabbin et deux chachamim, possèdent 2 synagogues et un
Talmud-Thora. Il y a encore des juifs à Tornavos et à Trikalla.
Corfou. — De nombreuses familles juives chassées par la guerre
sont venues chercher un asile dans l'ilc de Corfou.
***
— Le pressant appel fait par la Communauté de Corfou en faveur
des réfugiés Israélites a été entendu. Le maire de la ville a mis à
leur disposition un vieux fort anglais connu sous le nom des « Trois
Puits ». Lord Rothschild a envoyé 5oo francs; M. H. Besso, de
Manchester, a ouvert une souscription et s'est inscrit le premier
pour une somme importante. La détresse est d'autant plus grande
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, . l'univers ISRAÉLITE. 2*21
qae tous les israélites valides ont rejoint le drapeau ; il tae reste
dans la ville que des vieillards, des femmes et des enfants.
**•
Smyrne. — Par suite de la guerre gréco-turque, une foule de nos
coreligionnaires de l'Ue de Crète se sont réfugiés dans notre ville.
***
Tibériade. — On a Fintention d'élever un hôpital juif à Tibé-
riade.
On nous communique la lettre suivante :
Une personne désireuse de favoriser le développement de la
science juive a institué deux prix pour les meilleurs travaux sur
les deux questions qui suivent :
i. Histoire des juifs en Babylonie — insister principalement sur
rhistoire de la civilisation et de la littérature — jusqu'à la clôture
du Talmud. Des mémoires qui ne traiteraient qu'une portion de
cette histoire ne sont pas exclus du concours.
A côté de Tesprit scientifique, on tiendra compte de la composi-
tion et du style. Le prix est de 2,5oo marks.
II. La doctrine juive du pardon et de ses conditions, fondée sur
l'étude de la Bible, du Talmud et des Mtidraschim, en appuyant sur
le principe de l'initiative morale.
Pour montrer la continuité qui existe dans cette doctrine, on
aura recours aussi aux meilleurs théologiens juifs du moyen âge.
On devra poursuivre une œuvre de vulgarisation scientifique.
Le prix est de i,ooo marks.
Les mémoires doivent être rédigés en allemand et remis avant
le i«' juillet i899 à la commission de la Zunzstiftung. L'auteur
mettra une épigraphe à son mémoire et son nom sous une enve-
loppe cachetée qui portera la môme épigraphe.
Berlin^ le 9 mars 1897.
Le Curatorium der Zunzstiftung
Dr S. Neumann, D' Abraham,
Président. Secrétaire.
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Mme Vve E. Lé vis 9 autrefois 8 bis^ place de la Mairie, à Saint-
Mandé» a rhonneur d'informer le public que, pour répondre aux
nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
sa maison 8 , avenue Victor-Hugo, dans un local plus spacieux et
également à proximité du bois. M"® Lévis rappelle.qu'elle prend
des pensionnaires Israélites, hommes et femmes, particulièrement
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver chez elle une
vie de famille modeste mais confortable.
Références : MM. les grands rabbins et rabbins.
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l'uNIVBRS ISRAELITE 2!23
QU'EST-CE QUE LA DUCASBLIKE
dont tout le monde parle en ce moment ?
La Ducasbiine, ou plutôt les Dacasblines, extraits coHcentrés des
plantes du Brésil, une des plus merveilleuses découvertes de ce
siècle, n'a pas la prétention d'être une panacée universelle. Le nom
de Ducasbiine s'applique surtout à une nouvelle méthode de traite-
ment. II y a plusieurs sorteh de Ducasblines, mais les principales
sont les numéros i et 3. Les Dueasblines agissent toutes sur le sang
qu'elles régénèrent et purifient. La Ducasbiine hp i guérit prompte-
ment et radicalement toutes les maladies provenant de la pauvreté
ou d'un vice du sang, telles que : anémie, diabète, albuminurie, etc.
La Ducasbiine n^ 2 réussit admirablement dans les cas où le
sang est envahi par des éléments étrangers, organiques ou miné-
raux (microbes, bactéries, bacilles, sels), causes premières de la
tuberculose,iies. fièvres, de la goutte, rhumatismes, etc.
Les Dueasblines, médicaments végétaux, absolument inoffensifs
et cependant d'une efficacité merveilleuse, loin de dégrader l'esto-
mac comme le font les médicaments chimiques, sont d'un goût très
agréable, excitent l'appétit, fortifient les voies digestives et, tout en
agissant, selon le numéro, sur la cause première des maladies,
donnent aux malades la force nécessaire pour triompher de leurs
affections.
D' André de Margilhac.
La méthode de traitement par les Dueasblines est appliquée
exclusivement et avec le plus grand succès à l'Institut Médical
rationnel, 19, rue de Clichy, à Paris, où de nombreux malades
atteints de goutte, rhumatisme, anémie, diabète, brpnchites et
tuberculoses, dyspepsies, etc., ont été guéris, comme le prouvent
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52* Année N* 34 14 Mai 1897
L'IINIIERS
ISRAÉLITE
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Calendrier de la Semaine.
A PROPOS de la Catastrophe du Bazar de la Charité.
Services et Réunions juives.
Un Congrès de Rabbins.
La Haine.
La Distribution des prix de l'Ecole de Travail.
Les Colonies juives.
Coups d'encensoir.
Une Cité dE Juifs.
Bulletin bibliographique.
Dons en paveur des œuvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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34
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epuis avrit 1895 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
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Pour l'enseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, Thistoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, Umslruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i»^« section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lyiîée Gondorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnélorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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Mai. ,
15
16
Sjunedi (Fin du aabbath à 8 h. 30)
PimftAfîhe , ... r . x .... - . . . . .
lyar.
13
14
17
LuDdl ....
..... 15
18
Mardi.
16
19
Mercredi
17
20
Jeudi (Lag-Beomer).
, 18
21
Vendredi
. ... 19
Heures des Ojffices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h, 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, S heurts; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-derNazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
7 h. 1/2 ; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA. RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Bernheim (Robert), ^^ bd Richard-Lenoir.
De Jongh (Gaston), lî, rue Martel.
Emmerique (Raoul), 8, bd Magenta.
Lévy (Fwnand), 29, bd Sébastopol.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Lévy (Gaston), 131, fbg St-Antoine.
Mariages de la Semaine
TEMPLE i>E LA RUE DE LA VICTOIRE
Jeudi, 20 mai, à 1 h. 1/2. — M. Haas (Lucien), associé d'agent de change,
au Grand-Hôtel, et Mlle Schwartz (Andrée), 155, boulevard
Hanssmann.
— à 3 h. 1/2. — M. Wittgenstein (Alfred), antiquaire à Nice, et
Mlle Dreyfus (Henriette -Sophie), 22, rue des Martyrs.
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TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Jeudi, 20 mai, à 2 heures. — M. Lajeunesse (Léon), voyageur, rue Meslay,
28, et Mlle Hertz (Rachel- Marie- Alice), avenue Bosquet, 42,
— à 3 heures. — M. Van Dantzig (Michaël), voyageur, 3, rue
Daubenton, et Mlle Lévy (Rachel), blv. Saint-Marcel, 19.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNBLLES
Jeudi, 20 mai, à 2 heures. — M. Javescowski (Nathan), mécanicien, rue des
Lions-Saint-Paul, et Mlle Gribinski (Rachel), couturière, à
Chalons-sur- Marne.
Décès
5 mai M™« Risser (Charles), née Notter (Sara), 43 ans, ruo Louis-Blanc, 60.
— Lang (Hayem-Abraham), 22 ans, rue Auber, 4.
6 Honigsberg (Gustave). 3 ans, rue dos Francs- Bourgeois, 33.
— M™» Vve Othon (Auguste), née Lévy (Gertrude), 63 ans, blv. Saint-
Marcel, 19.
7 — M^c Porgès (Théodore), àée do Woiswciller (Mathilde), 44 ans,
avenue Friedland, 11
~ M™« Kann (Louis), née Sticbel (Emilie), 47 ans, rue Bassano, 29.
__ Mme Heymann (Charles), née Gougenheim (Emilie), 36 ans, rue
de La Tour-d'Auvergne, 29.
— Caen (Alfred), 50 ans.
10 — M.">e Lévy (Ernest), née Israël (Hortense), 52 ans, rue du Fbg-
du-Temple, 21.
— M°»« Daltroflf (Paul), née Daltroflf (Adélaïde), 47 ans, rue Turbigo, 79.
11 — - Léopard (Ferdinand), 78 ans, Parc Saint-Maur.
— Jàcobowits (Sara), 7 ans, ruo des Solitaires, 1.
~ Moyse (Théodore), 58 ans, à Malakoff.
— M"» Placet, née Léon (Judith), 36 ans.
Le Consistoire a l'honneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général^ 17 ^rue Saint-Georges ^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
Ministre -Officiant, Opérateur de la Circoncision
L, iruo do lA TT^otolire
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l'univers ISRAÉLITE aaQ
'Ftor>os
DE LA
Catastrophe du Bazar de la Charité
Il est difficile aujourd'hui de parler d'autre chose que
de refîroyable catastrophe de la rue Jean-Goujon. Bien que
des juifs se soient trouvés parmi les victimes et que des
juifs aient contribué à réparer, dans les conséquences du
désastre,celles que la mort n'avait pas rendues irréparables,
on ne peut pas dire que ce soit là un événement juif, car
le milieu où il s'est produit n'est pas le nôtre, et les œuvres
charitables qui en ont été l'occasion n'étaient pas destinées
à secourir nos coreligionnaires. Mais aucun de nous
n'aurait voulu, en présence d'un pareil sinistre, se souvenir
de distinctions de caste que le malheur lui-même semble
avoir effacées. Les Israélites français se sont donc associés
à la douleur de leurs concitoyens et ont pris leur part d'un
deuil qui était devenu le deuil de la patrie française. Un
grand nombre d'entre eux ne se sont pas contentés de vaines
démonstrations; ils ont voulu montrer par des actes
comment ils entendent et pratiquent les devoirs de la
solidarité sociale.
Mais s'il faut se féliciter d'avoir vu les juifs de France
observer, dans ces lamentables conjonctures, une attitude
susceptible de dissiper bien des préventions, il ne faudrait
pourtant pas que le désir de manifester l'esprit de généreuse
tolérance qui les anime les amenât à dépasser le but en
cessant d'être eu?C-mêmes, en faisant abnégation de toutes
leurs idées et de toutes leurs traditions et surtout en
contractant des obligations que rien ne saurait équitable-
ment leur imposer. Au milieu de l'explosion de tristesse
à laquelle nous venons d'assister, il s'est mêlé à beaucoup
d'accents sincèrement émus bien des doléances hypocrites;
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aSo l'univers ISRAÉLITE
il serait fôcheux que, pour échapper à raccusation d'indiffé-
rence, nous fussions tenus à nous laisser émouvoir sans
discernement par les unes comme par les autres. Parmi les
œuvres charitables auxquelles le Bazar de la rue Jean-
Goujon devait procurer des ressources, il en est assuré-
ment qui méritaient l'intérêt de tous les gens de cœur, sans
distinction de croyances ; mais il en est aussi dont le
principe même répugne à toute conscience juive, et il en
est d'autres qui ne sont que des instruments de combat
contre le gouvernement de la République. Eh bien ! l'israé-
lite et le républicain doivent-ils prêter leuj* concours
à celles-ci comme à celles-là, sous peine de passer pour
d'étroits sectaires ? Nous ne le pensons pas pour notre
part, et nous croyons, au contraire, qu'une telle condes-
cendance serait à la fois une duperie et une trahison. Nous
estimons aussi que, quelle que soit notre commisération
pour les victimes de llncendie du Bazar, rien ne saurait
nous obliger à accepter comme l'expression de la vérité
pure toutes les glorifications dithyrambiques qu'on s'est
plu à leur prodiguer. On a dit qu'elles étaient tombées sur
le champ de bataille de la charité ; on les a proclamées des
héros et des martyrs. Bien que ce ne soit pas toujours la
piété envers les morts qui ait inspiré ces qualifications
excessives, il conviendrait peut-être de ne pas les relever,
si elles n'avaient pas le grave inconvénient de, pervertir
l'idéal moral des masses et de fausser chez elles la notion
du dévouement et du sacrifice. Comme le mal, en effet, le
bien a ses degrés, qu'on ne peut pas toujours impunément
confondre. Ne craignons pas de dire bien haut que le
champ de bataille de la charité n'est pas dans les réunions
mondaines, que ît^érj^ïsme ne saurait naître de l'incon-
science du danger et que te'martyre suppose essentiellement
l'immolation volontaire de soi-mêhiicà fm devoir supérieur.
S'il y a eu des héros à l'incendie de la xue Jean-Goujon,
ce sont les humbles travailleurs qui ont sciemment
exposé leur vie pour arracher à la mort des existences
humaines.
Loin de nous la pensée de contester l'utilité de ces
fôtes mondaines qu'on appelle des ventes de charité. Nous
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l'univbbs israéutb aSi
demandons seulement à ne pas mêler dans une même
admiration et dans une même gratitude la charité qui est
un prétexte à divertissements et celle qui se fonde sur un
renoncement véritable. Ce que nous tenons surtout à faire
ressortir, c'est que cette façon de faire le bien qui consiste
à exploiter au profit des malheureux la frivolité et la vanité
des hommes n'est pas d'origine juive et est contraire à l'es-
prit juif. La charité juive, la npns, n'est, comme son nom
l'indique, qu'une des formas de la justice, elle est la jus-
tice elle-même dans ce qu'elle a de plus élevé, car elle doit
tendre surtout à atténuer les inégalités du sort et à rép^er
les iniquités de l'aveugle fortune. Elle est naturellement
austère, parce qu'elle suppose avant tout un effort per-
sonnel.
Est-il besoin de dire que la charité juive n'est pas celle
qui s'exerce en faveur des seuls juifs? Elle a au con-
traire ce caractère de n'être subordonnée à aucune consi-
dération confessionnelle et de ne faire aucune distinction
entre les misères humaines. Nous vénérons la mémoire de
Mme Heine-Furtado, non pas parce que sa sollicitude s'est
manifestée en faveur de ses coreligionnaires, mais au con-
traire parce que les œuvres qu'elle a laissées intéressent
toute l'humanité souffrante. Nous la vénérons surtout,
cette mémoire, parce qu'elle symbolise précisément la
générosité rendue plus féconde par le discernement. De
même, nous saluons respectueusement l'acte de la noble
femme, heureusement encore vivante, qui, en dotant magni-
fiquement rinstitut Pasteur, l'a mis à même de lutter contre
des fléaux dont aucune fraction de l'espèce humaine n'est
préservée. Mais si nous nous inclinons devant ces témoi-
gnages d'une munificence éclairée qui sont en même temps
les preuves d'une grande largeur d'esprit, si nous les consi-
dérons même comme de nature à honorer le nom d'Israël,
nous avouons que nous ne sommes touchés en aucune
façon par les libéralités qu'un assez grand nombre d'Israé-
lites parisiens ont cru devoir prodiguer indistinctement à
toutes les œuvres patronnées par le Bazar de la rue Jean-
Goujon. Nous craignons qu'il faille moins les attribuer aux
élans spontanés de l'àme compatissante qu'aux suggestions
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23î2 l'univers ISRAÉLITE .
d'un genre de snobisme papticalier à une certaine catégorie
de nos coreligionnaires.
11 nous semble difficile, en effet, d'admettre qu'il y ait
des juifs, si indifférents qu'on puisse les supposer à Tégard
du judaïsme, qui s'intéressent sérieusement au noviciat des
Dominicains ou aux cercles catholiques d'ouvriers, ou à l'œu-
vre de Sainte-Clotilde, ou à l'œuvre de Sainte-Rosalie, ou aux
Ecoles libres de la paroisse de Saint-Louis-en-l'Isle, ou
enfin à l'œuvre de Saint-Micbel pour la propagation des
bons livres (parmi lesquels bons livres il faut sans doute
ranger la « France juive » de ]V^. Drumont). Car toutes les
institutions que nous venons de citer étaient affiliées au
Bazar de la Charité et vont profiter de l'abondante manne
tombée des mains d'enfants d'Israël. Mais si ce n'est pas
la sympathie qui a inspiré ces prodigalités étranges, dites-
nous de grâce quel est le sentiment qui a pu les provoquer?
Si elles étaient dues par hasard à un calcul, il faudrait con-
venir que ce calcul aurait été bien maladroit. Ecoutez ce
que dit M. de Cassagnac :
Grâce aux Juifs, on a fait grand, il faut le reconnaître.
Plus de quatre cent mille francs en deux listes, c'est beau, je
Tavoue.
11 est fâcheux seulement que, pour des œuvres exclusivement
chrétiennes, ce soient les juifs qui aient fourni la moitié de la sonune.
Il y a là des souscriptions formidables auprès desquelles les
souscriptions catholiques font maigre (îgure.
A côté de ces chiffres énormes, ceux des souscriptions catho-
liques, je le répète, et les plus considérables, ont l'air de vulgaires
pourboires.
C'est très malin de la part des juifs d'avoir submergé les œuvres
chrétiennes sous l'argent d'Israël.
Ils nous aplatissent et nous écrasent avec un morceau de Veau
d'or.
Pourtant, j'ai idée que leur empressement et leur générosité de
commande ont dépassé le but.
Ils abusent de leur richesse et sans discrétion.
Et le gros public, en voj'ant tant d'argent donné par eux, pensera
surtout, et malgré lui, à tout celui qu'ils gardent.
Devons-nous nous indigner de ce violent et haineux
langage ? Non ! nous préférons reconnaître en toute sincé-
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l'uNIVEÈS ISRAÉLITE 233
rite qu'en dépit de ses exagérations il ne heurte ni la
vérité ni le bon sens, et c'est pourquoi nous l'enregistrons,
non sans satisfaction, comme un avertissement éminemment
opportun et nécessaire.
Nous espérons que la leçon ne sera pas perdue pour
nos coreligionnaires. Peut-être comprendront-ils que la
générosité ne doit jamais dégénérer en défection et que
certaines compromissions, loin de désarmer Tadversaire,
fournissent un nouvel aliment à sa malveillance. Peut-être
aussi reconnaîtront-ils que même la charité ne doit pas se
pratiquer aveuglément et que si la participation des juifs
aux œuvres d'assistance générale est honorable et méritoire,
aucun devoir de solidarité ne les oblige à encourager des
entreprises qui sont la négation même de toutes leurs
croyances, de toutes leurs affections, de toutes leurs espé-
rances. Et, en vérité, c'est une pitié de penser que, lorsque
tant de juifs souffrent dans le monde de la misère ou de
l'oppression, lorsque tant d'institutions juives ne peuvent
se développer faute de ressources, l'argent juif soit employé
à soudoyer les noviciats de Saint-Dominique.
B.-M.
SERVICES & REUNIONS JUIVES
Service funèbre en Phonneur des victimes
du Bazar de la Charité
C'est lundi à trois heures qu'a eu lieu ce service à la syna-
gogue de la rue de la Victoire. Le porche, les galeries de la nef
et le sanctuaire étaient tendus de draperies noires semées
d'étoiles d'argent. Une foule énorme se pressait au pied de la
chaire, où avait pris place tout le rabbinat de Paris. Le gou-
vernement était représenté par M. le commandant Humbert,
délégué du Président de la République, par M. Darlan, garde
des sceaux, et par M. Dumay, directeur des cultes.
Après les prières de Minha et la récitation du Yoscheb
becéther éliôn, M. le grand rabbin de France a pris la parole :
34.
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a34 l'univkes Israélite
Il £Eiudrait un Jérémie, a-t-il dit en substance, pour parler
de cette catastrophe et de répouvante qu'elle a répandue. Notre
émotion se renouvelle tous les jours de cette lugubre semaine,
où nous ne pouvons traverser la rue sans rencontrer des
cercueils qui conduisent à leur dernière demeure un homme,
une femme, un enfant^ morts dans cet horrible accident. Le
deuil de Paris s'est communiqué à. la France entière et le deuil
de la France à tous les pays.
Nous avons été personnellement frappés par la perte de
Mme Porgès et de Mme Kann, femmes aimées, heureuses, qui
donnaient leur concoui^s aux œuvres de la Communauté et aux
institutions d'intérêt général. Mais nous ne bornons pas là les
sentiments de notre sympathie et nous embrassons dans notre
profonde compassion tontes les familles que le malheur est venu
accabler. Et n'eussions-nous perdu aucun des nôtres que nous
aurions néanmoins célébré cette cérémonie, car, quand la France
est en demi, nous sommes en deuil avec elle et nous partageons
sa douleur. Comme naguère, nous nous sommes associés- aux
joies et au triomphe d'une alliance glorieuse, nous pleurons
aujourd'hui avec tous ceux qui pleurent.
Toutefois, il ne convient pas de pleurer seulement : nous
devons tirer de ces événements les. leçons qu'ils renferment.
Cette catastrophe nous rappelle le peu que nous sommes.
Quand nous voyons une étincelle suffire pour emporter des
centaines d'existences, la mort nous adresse elle-même ce
conseil : « Puisque votre vie tient à un rien et qu'un souffle a
raison de votre être, laissez ce qui passe, quittez les passions,
les rancunes et les haines, aimez-vous les uns les autres. » D'un
autre côté, si la vie est fragile, elle est aussi précieuse, et il ne
nous est pas permis de jouer avec elle et encore moins avec
celle des autres. C'est un des caractères du judaïsme de réprou-
ver Tiraprudence et la légèreté qui nous font exposer notre vie
inutilement. Il veut que nous ne donnions notre vie que pour
sauver nos semblables en péril de mort, et, autant il condamne
la négligence où nous risquons de compromettre nos jours,
autant il exalte l'homme qui tire son prochain du danger. Une
autre leçon ressort encore de cet accident : c'est l'égalité qui
existe entre les créatures devant la mort qui enveloppe dans
un même linceul riches et pauvres, grands et petits.
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LUNTVERB ISRAÉLITE ll35
Pourquoi donc nous barodker et nous déchirer ? La famille
française a été yiol^aament atteinte ; n'est-ce pas le moment de
nous doiimer la main dans une fraternelle étreinte ? Déjà Félan
de charité, qui a épanoui tous les cœurs et ouvert toutes les
mains, est comme une bénédiction qui sort de ce malheur.
Faisons le bi^i qu'auraient voulu faii^ nos morts et unissons-
nous dans un dévouement commun k tout ce qui souffire de
misère et de douleur (i).
Le ministre-officiant, M. Baer, et les chœurè ont récité le
Min Hainaaqumi, puis M. le grand rabbin Dreyfuss a dit une
touchante prière pour le repos de l'âme de tous ceux qui ont
péri dans la catastrophe de la rue Jean-Goujon.
A risque de la cérémonie comme morative, M. Alphonse de
Rothschild, président du Consistoire de France, M. Gustave
de Rotsehild, président du Consistoire de Paris, sont allés
avec M. le grand rabbin remercier le garde des sceaux et le
commandant Humbert, représentant le président de la Répu-
blique, d'avoir assisté au service funèbre.
L. L.
Service en mémoire du baron de Hirsch
Le dimanche 9 mai, à dix heures du matin, on a célébré un
service en mémoire du baron Maurice de Hirsch au Temple de
la rue de la Victoire.
Après l'office et après la récitation du Yôcheb Becéther
Eliôn (Psaume 91), M. le grand rabbin Zadoc Kahn a prononcé
une allocution émue et vibrante, dont nous reproduisons les
lignes essentielles.
Quand la nouvelle de la mort du baron de Hirsch se répandit,
a dit l'éniinent prédicateur, la consternation fut générale. On
pouvait se demander ce qu'allaient devenir toutes les œuvres
auxquelles il avcdt attaché son nom. Grâce à Dieu, rien n'a
périclité : jamais cette parole « que les hommes de bien parais-
sent plus grands dans la mort que durant leur vie » ne s*est
montrée plus vraie. Les institutions fondées par le généreux
donateur ont décelé tout ce qu'elles renfermaient en elles de
grand et d'efficace. Derrière eux le baron de Hirsch n'a pas
(1) Nous espérons pouvoir publier dans notre prochain numéro le texte
de réloquent discours que nous venons de résumer.
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236 l'univers ISRAÉLITE
laissé seulement une œuvre d'une fécondité immense, mais
aussi un cœur fidèle qui a recueilli son héritage moral : le nom
de Hirsch a grandi encore par les efforts incessants de sa
compagne qui occupe tous ses jours à secourir le malheur et à
soutenir toutes les institutions charitables, sans distinction de
culte, de pai'ti et de pays. Le nom de Hirsch irp s'illuminant
de plus en plus, et il deviendra un de ces modèles où l'imagi-
nation se complaît à voir le type de la pleine bonté.
L'Eternel ^semblait avoir marqué' du sceau de l'élection le
baron de Hirsch, en le plaçant juste à l'époque où la fureur
antisémitique s'embrasait, d'une nouvelle ardeur. M. de Hirsch
a vu les injustices et les oppressions dont on poursuivait ses
coreligionnaires, et blessé dans son cœur et déconcerté dans sa
raison, il s'est écrié : « Les israélites qui portent le poids de
souffrances séculaires, je les prends sous ma protection, » et il
a multiplié les établissements de travail et d'assistance, il a
fourni de larges subsides à V Alliance israélite et il a créé la
Société pour la colonisation juiçe.
Mais, ce faisant, le baron de Hirsch n'a pas seulement se-
couru ses coreligionnaires, mais encore servi les pays où il
tirait une classe entière de la population de la misère maté-
rielle et de l'abaissement moral.
Les grands inventeurs et les artistes ont l'admiration des
hommes, mais ceux qui ont le cœur et la tendresse de l'I^uma-
nité, ce sont ceux qui ont répandu les bienfaits. Le judaïsme
n'a pas l'habitude d'élever des statues, mais il a le culte du
souvenir. Autrefois on inscrivait le nom des hommes remar-
quables par leur science et leur dévouement dans des livres de
piété et, aux grandes fêtes, on rappelait ces noms. Le nom de
Hirsch a été inscrit dans les livres de toutes les Communautés
juives, et toujours nous le relirons et nous le redirons ; en
môme temps et par là-même, le baron de Hirsch continuera son
œuvre de bienfaisance, puisqu'il nous portera à envisager nos
propres devoirs envers nos frères malheureux et à imiter sa
générosité.
Ce discours a été suivi d'un solo, puis M. le grand rabbin
Dreyfuss a récité une prière de commémoration en hébreu et
en français.
L. L.
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE îiSj
UN CONGRÈS DE RABBINS
Nous avons reçu les lettres suivantes :
Monsieur le directeur de VUnwers Israélite,
Depuis quelque temps, je ne puis adresser que des éloges à
votre collaborateur R. T. et je constate, avec le plus vif plaisir,
que nous sommes bien près de nous mettre d'accord.
Je n'ai même rien à redire à sa proposition d'une nouvelle
conférence des rabbins français. Cette conférence aurait déjà
sa très grande utilité en constatant les résultats obtenus par la
conférence grand-rabbinique de i856. — Voir le néant des
espérances qu'on avait fondées sur certaines réformes et
chercher à mettre en œuvre celles qui, votées à l'unanimité,
sont restées lettre morte, ce serait déjà un programme bien
étendu.
Quant à des modifications à faire subir à nos prescriptions
religieuses, je crois bien que votre collaborateur n'a pas très
attentivement étudié la question.
La loi écrite ainsi que la loi orale ont établi très jUettement
et d'une manière absolument immuable les conditions dans
lesquelles les modifications peuvent y être apportées. Ces
conditions elles-mêmes ne peuvent pas être changées saHs sortir
de la loi mosaïque.
Les exemples des lois mosaïques modifiées par les rabbins
n'existent pas. — L'institution de l'acte appelé Prosbol par le
grand Sanhédrin sous la présidence de Hillel n'est pas une
modiûcation des prescriptions concernant la Schemittak. C'est,
au contraire, un moyen de ne pas enfreindre une loi mosaïque.
Les Erouçin sont des amendements faits par le Grand San-
hédrin à des prescriptions provenant de la même autorité.
Quant à la désuétude, elle n'existe pas dans la législation
juive, et l'exemple cité par un de nos meilleures talmudisies
n'est pas plus probant que ne l'est la suppression des sacrifices
après la destruction du Temple. La permission d'éteindre un
incendie le sabbat a toujours existé à l'égard de gens dont la
vie devait être ménagée, et le casuiste qui inscrit cette autori-
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338 L'umVBRS HMAJÉLITB
sation dans notre code en indique le motif dans la loi mosaïque.
Le Sanhédrin ne pouvait jamais imposeF an public une loi
trop onéreuse ; mais une loi acceptée par le public ne pouvait
pas être abrogée, après coup, sous prétexte qu'elle devenait
trop onéreuse.
Il arrive souvent que le Grand Sanhédrin, dépositaire de la
loi orale, donne à certains passages de la loi écrite un sens
qui parait contraire à la lettre. Le Grand Sanhédrin avait ce
droit que personne antre ne peut avoir. Pour la Halitzah, le
fait n*est pas douteux puisque, comme je Tai déjà dit, la loi
écrite déclare que les anciens doivent décider la qiiestion. Et,
notez bien les paroles dn texte : « Les anciens . de sa ville le
convoqueront et Ini parleront, et il se le vera et dira : je ne veux
pas Tépouser. » Ne semble-t-il pas que le texte même prévoit le
refus d'épouser comme conséquence naturelle de la recom-
mandation des anciens ?
Yoici, du reste, deux exemples nets d'nne interprétation
mosaïque traditionnelle contraire au sens littéral du texte :
La nomination d'un roi paraît facultative et simplement
autorisée par la loi mosaïque (Deut., XVII, i5); elle parait
déconseillée comme une faute par Samuel (r Samuel , \U1), e%
cependant la loi orale et tous ses interprètes en font un com-
mandement positif.
Plus remarquable encore est la prescription concernant
l'autel. D'après le texte il serait ordonné de faire un autel de
terre, et l'autel de pierres non taillées serait purement
autorisé (Exode XX, a4 ^^ ^^) î or la loi orale exige exclusive-
ment un autel de pierres.
n est donc évident que nous ne pouvons diriger notre
conduite que d'après les prescriptions de la loi orale, seule
interprétation authentique de la loi écrite et pour l'étude de
laquelle Moïse a passé quarante jours el nuits sur le mont'
Sinaï.
Veuillez agréer, etc. D*" Klein.
Monsieur le Rédacteur en chef de V Univers inraéliie.
Permettez à un Israélite pratiquant de répondre brièvement
à l'article publié dans le dernier numéro de V Univers Israélite
par M. R. T,
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i
L'UTflVBBS IBRAÉLITB o3q
Gomment peut-il dire qu'on a réformé la loi de la Sche^
mUta ? Cette loi existe encore et personne ne Ta supprimée.
Au contraire, Hillel Ta fortiâée en décrétant que le créancier qui
ne remet pas ses billets au tribunal pendant la sixième année
ne peut plu» rien réclamer, et la dette est perdue.
Il en est de même pour lès Erouvin ; ils ont tous été faits
pour qu'on n*oublie pas la sanctification du sabbat et ne sont
pas des allégements.
Quant au lé virât, je m'écarterai quelque peu de ce qu'a dit
le savant D"" Klein. Aucun rabbin orthodoxe ne permettra, en
effet, le mariage par lévirat. Et, d'ailleurs, il a déjà été défendu
par un Congrès de rabbins de Spire, Worms et Mayence.
Veuillez agréer, etc.
ToBiE Haas.
LA HAINE
Il fallait s'y attendre, car la haine ne désarme jamais :
voilà que sournoisement Tinquisiteur contemporain insinue que
si tant d'innocentes victimes ont péri dans la plus imprévue
des catastrophes, nous avons à en supporter une part de res-
ponsabilité, et ce parce que les organisateurs du Bazar de la
Charité ont été fort mal inspirés en demandant à un juif (qui a
d'ailleurs cessé de l'être) de leur prêter un emplacement pour y
vendre des crucifix et des objets de piété. Ainsi le prétendu
culte du propriétaire du terrain sur lequel reposaient les cons-
tructions légères d'un établissement improvisé pour une durée
de quelques jours a pu déterminer le sinistre. La colère
céleste du Dieu des catholiques de la Libre Parole peut s'aban-
donner à des accès de folie furieuse aussi mal justifiés. Félici-
tons-nous grandement alors qu'aucun des nôtres ne se soit
trouvé préposé au maniement du cinématographe dont la
flamme a déterminé ce fatal incendie. Quelles clameurs, quelles
malédictions, quels appels à toutes les violences aurions-nous
entendus si un Lévy ou un Jacob avait été chargé de
montrer cette lanterne magique aux invités de l'aristocratie
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I^O l'univers ISRAÉLITE
parisienne ! C'est le droit canon qui doit nous régir désor-
mais. Ce droit canon a des exigences auxquels les vrais
catholiques selon saint Dominique ne peuvent se sous-
traire sans s'exposer aux plus effroyables dangers. Il inter-
dit aux chrétiens de recourir aux services des médecins
juifs, d'employer des médicaments préparés par des mains
juives, d'habiter dans la même maison ou dans la môme famille
que les juifs, d'assister à leurs mariages, de prendre part à
leurs fêtes, de les inviter à diner ou d'accepter leurs invita-
tions, etc. Un mur, un mur épais comme celui du ghetto doit
empêcher toute commimication entre les descendants de Jacob
et les adorateurs du fils de Marie. Nous devons nous incliner
devant ces prescriptions rigoureuses du droit canon parce que
Drumont les a trouvées dans l'ouvrage d'un saint évêque
d'Olmutz, descendant de juifs convertis, qui, à ce titre, ne peut
pas nous être suspect de fanatisme. Et c'est à l'heure où tout
Paris, ministres, président de la République, ambassadeurs
étrangers, envoyés spéciaux, se rendaient à Notre-Dame pour
donner aux nombreuses familles de la société parisienne, si
douloureusement frappées dans leurs plus chères affections, im
témoignage de sympathie, qu'un journaliste qui se pose en
penseur avait le triste courage d'invoquer contre une mino-
rité inoffensive comme la nôtre le retour à une législation féroce
dont nous n'avons que trop longtemps souffert î Pour pousser
son système jusqu'à ses dernières conséquences, M. Edouard
Torquemada aurait dû sommer l'archevêque de Paris de fermer
les portes de la Cathédrale devant sir Faudell Philippe, lord-
maire de la cité de Londres, juif avéré et pratiquant, parent
d'une des nôtres morte aussi avec ses amies du Bazar de la
Charité. A quelles insanités peut conduire ce réveil du fana-
tisme !
M. Lazare.
La Distribution des prix de l'École de Travail
Dimanche dernier avait lieu à la salle des fêtes de la mairie du
1V« arrondissement la distribution des prix de V Ecole de Travail,
M. le I)r Manuel Leven présidait la réunion. Il a commencé par
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l'univers ISRAÉLITB fà^I
lire une lettre adressée par le directeur de l'école au Figaro et où
les élèves annoncent qu'ils ont prélevé sur leurs livrets la somme de
100 francs en vue de contribuer à la souscription publique. Cet acte
de solidarité a vivement touché les assistants, et ils ont accueilli la
lecture de la lettre par de longs applaudissements. M. Leven
a tracé rapidement les progrès accomplis par Y Ecole depuis sa
fondation. Il a insisté sur l'allure artistique que l'industrie contem-
poraine tend à prendre de plus en plus et il a montré que V Ecole
de Travail, ne voulant pas demeurer en arrière, allait porter ses
efforts de ce côté, et qu'on avait décidé d'augmenter les heures de
dessin.
Après le président, M. le grand rabbin Dreyfuss a pris la parole.
La catastrophe qui a coûté la vie à tant de précieuses existences, a
dit le vénéré pasteur, répand sur la solennité qui nous réunit une
mélancolie qui est vivement ressentie par votre délicatesse d'enfants.
Je veux vous rendre attentifs à une leçon qui découle de ce terrible
événement. On vous a raconté les actes de dévouement que cette
calamité a inspirés. C'est cela surtout qu'il faut recueillir. Soyez
bons, soyez dévoués à vos semblables, vous qui serez bientôt aux
prises avec l'existence et en contact avec les homme». Rappelez-
vous toujours que vous êtes les adeptes de la religion qui la
première entre toutes a posé ce commandement : « Tu aimeras ton
prochain comme toi-même. »
Enfin M. Maurice Bloch, directeur de l'Ecole Bischoffsheim, s'est
levé pour donner lecture de son rapport. Il a rappelé la part que
M. Leven et ses collègues ont prise au développement de l'insti-
tution, puis il a examiné la situation Unancière. Le budget de cette
année est en déficit de 10.264 fi*ancs, mais ce trou ne tardera pas à
être comblé. L'établissement compte actuellement 92 élèves, 62
internes et 3o externes. Parmi les métiers choisis, c'est l'ameuble-
ment qui domine, tandis que le nombre des typographes est en
baisse au point qu'il n'y a plus qu'un élève pratiquant ce métier.
Ce qui fait l'éloge de l'école, c'est que les 7/8 des patrons qui
s'adressent à l'école pour avoir des apprentis sont des non-israélites.
Quant aux élèves sortis de l'établissement, ils gagnent leur vie et
celle de leur famille ; beaucoup se sont établis comme patrons ; il y
en a môme un qui vit retiré des affaires ; c'était un ouvrier ferblan-
tier; et dire, comme le remarquait le rapporteur, qu'il n'y a pas seu-
lement un ferblantier à l'école en ce moment î M. Bloch a terminé
par une exhortation bien sentie au travail et au plaisir de satisfaire
les parents et les maîtres.
Puis la distribution des prix a eu lieu et la matinée s'est terminée
par des auditions musicales.
L. L.
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!l4^ L'UNIVBaS ISRAÉUTB
LES COLONIES JUIVES
Nous recevons de l'honorable M. Scheid la lettre suivante :
Riachon-le-Zion, Ie28 avril 1897
Monsieur le Rédactcfir en chef de V Univers Israélite, à Paris,
Je viens d'arriver de ma tournée d'inspection dans les colonies
du Nord et du Djoian et je trouve à Rischon-le-Zion votre estim£d)le
journal du 2 courant. Je tombe naturellement sur l'article consacré,
page 5i, aux colonies juives, et je m'empresse de lire le compte
rendu de la conférence faite par M. Braguine à la Société « lischoub
Eretz Israél ».
J'y relève quelques inexactitudes, qull est de mon devoir de
relever, afin de montrer les services que rendent à la colonisation
en général les employés qui sont sous mes ordres et que certaines
gens, avec un sans-gêne incompréhensible, ont l'air de vouloir, à
dessein, passer sous silence.
M. Braguine dit que Beer-Tabia (Custinié) existe depuis six mois
et que cette colonie a été fondée g'râce à des cotisations infimes.
Nos divers directeurs, MM. Ossovetzki, Bloch, Hazan, depuis
une dizaine d'années, se sont occupé de Beer-Tabiat, et, tout récem-
ment encore, M. Hazan, l'administrateur actuel de Rischon-le-Zion,
a eu occasion de tirer une fameuse épine du pied de M. Braguine ;
sans cela, il n'aurait pas eu la faculté de faire une conférence à
Paris.* Le docteur Masié, depuis 1888, y a soigné les malades jus-
qu'à cette année, et nos différents jardiniers qui s'y sont succédé,
comme Lustgarten, Grayevski, Horovitz et Papo (ce dernier y est
encore pour quelque temps) y ont fait, de suite après la création en
1888, ime pépinière d'où sont sortis tous les arbres qui, depuis des
années, ornent les allées de Beer-Tabiat, ainsi qu'une partie de ceux
qui font aujourd'hui l'admiration des visiteurs de Maskéreth-
Bethya.
Et parmi les colons qui y ont été installés, il y en a au moins
deux qui y demeurent depuis dix ans.
Il y a deux ans, j'ai écrit l'historique des colonies agricoles de la
Palestine. Mon chef ne m'a pas donné l'autorisation de le faire pa-
raître ; sans cela, ce bon public y aurait vu une assez longue mono-
graphie consacrée à Custinié ou Beer-Tabiat.
Donc, pour compléter la conférence de M. Braguine, je vais vous
donner tous les détails de cette création.
En 188 jj trente familles delà Bessfirabie voulurent venir fonder
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L'fTNTVKRS ISRArâUTS ^4^
nae eàioBàe en Palestine. Le» HK^ens leur manquaient. Cependaiit,
le Naâll>, sur lenr» promesse» d'cuH^epter tontes les conditions, con-
sealit à foire acheter un terrain pour enx. M. Ossovetzki , alors
administrateur à Ris€iioiif4e-ZkNEi, fut chargé de cette acquisition, et
il eut la chance de trouver, pour ce» gens, Custinié qui appartenait
à un Monsieur Arié; de Jérusalem.
Main le tout n'est pas d'avoir du terrain. Il faut encore pouvoir
y loger les travailleurs. Or, il n'est pas posail>le d'obtenir la per-
mission de créer un nouveau village sans un firman du Sultcm. Il
est inutile d'entrer ici dans tous les détails, pour expliquer le mal
que se sont donné nos administrat^irs pour arriver au but désiré.
fl» parvinrent à y faire construire une trentaine de maisons, une
grande écurie, et à y faire creuser un puits. Nous y mîmes un jardi-
nier sous la direction de Fadministrateur de Rischon-le-Zion et
sous la surveillance des sous-administrateurs Ettinger, Weinzweig,
Delpoorgo, ^oi demeurèrent à Custinié même, dans la maison de
l'administration.
Au bout de quelque temps, les Besaarabiens voulurent absolu-
ment oublier les promesses qu'ils avaient faites ; ils furent
rapatriés chez eux,, sanf trois familles qui restèrent à la colonie.
Nous remplaçâmes les partants par des ouvriers -israélites qui y
Qrent constamment la grande culture. C'était donc, en tous points,
une exploitation agricole, comme du reste toutes les autres colonies.
Et je suis à me demander ce que le conférencier entend par son
« premier essai fait, à Custinié, par les Hoveveï-Zion, d'un établis-
» sèment purement agricole ».
Un jour, au sein du Comité Palestinien à Paris, il fut question de
faire quelque chose pour les ouvriers Israélites en Palestine. On
était indécis sur le meilleur mode d'arriver à une solution, quand je
dis à mes collègues du Comité que je me faisais fort d'obtenir du
Nadîb tout ce qu'il possédait à Custinié pour rétablissement d'une
colonie exclusivement formée d'ouvriers , à des conditions très
douces. Et, en effet, mon chef consentit à céder aux Hoveveï-Zion
le terrain au-dessous du prix d'achat et les constructions à un peu
moins de la moitié du prix de revient.
Naturellement, comme les Hoveveï-Zion n'avaient pas les fonds
nécessaires pour faire Tinstallation projetée, le Nadib consentit à
recevoir le payement de ce qui lui était dû par acomptes dont le pre-
mier n'arrive pas au quart du montant de la dette. C'est ainsi que
s'écrit rhisfoire.
Certes, on pourrait créer des colonies « avec d'infimes cotisa-
» tiens » et faire li de cette « fée enchanteresse que les autres ont
» trouvée à leur berceau », si ces cotisations étaient plus nombreu-
ses. Et, à ce sujet, je me permets une petite observation . Il y a
tant de juifs en Russie ! Si chacun d'eux donnait seulement un franc
par an, on pourrait établir chaque année des centaines de colons ;
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^44 l'univers ISRAÉLITE
et on n'aurait plus besoin de courir loin pour en trouver. On aurait
d abord tous ceux qui travaillent à la journée dans nos colonies, et,
ensuite, les villes mêmes de la Palestine comme Jérusalem, JaiTa,
Tibériade et Safed fourniraient tel contingent qu'on voudrait.
Il y a même un fait remarquable qui se présente. Il y a quatorze
ans, un jeune jérusalémite serait mort de faim plutôt que de venir
gagner sa vie en travaillant la terre. La Halouka lui sufQsait.
Aujourd'hui, ce môme jeune homme a honte de ne pas avoir d'oc-
cupation et vient supplier qu'on l'emploie comme terrassier. Ce
sont des sentiments dont les Hoveveï-Zion doivent tenir compte. Il
y a mieux. Un cordonnier et un tailleur ont de la peine à trouver une
femme et ont encore plus de difïîcullés à marier leurs enfants, tandis
que les jeunes filles se font un honneur d'épouser un ouvrier des
champs. Et je sais tel artisan qui a cessé son métier pour se faire
apprenti colon, afin de faciliter ainsi le mariage à sa progéniture.
Une fois que le Comité Palestinien eut du temps pour payer et à
sa disposition un village tout formé, il n'eut que l'embarras du choix
pour prendre, dans nos colonies, des ouvriers qui s'y étaient distin-
gués par leur zèle et leurs aptitudes . Il profita de l'occasion — et
il fit bien -— et j'espère que la réussite sera complète.
Il est évident que tous nos employés se tiennent à la disposition
constamment des Hoveveï-Zion pour leur faciliter leur tâche. Ces*
ainsi que, récemment, nous leur avons procuré la permis.*»ion de
construire à Hédérah et que nous continuerons tous à servir
TŒuvre de la Colonisation, sans nous demander si c'est le Nadib,
un Comité quelconque, ou des Hoveveï-Zion, qui sont à la tète de
telle ou telle Colonie. Nos ordres sont stricts là-dessus, et pour
récompense nos employés ne demandent que le plaisir d'avoir
rendu service.
A Metoulé, qui a été créée il y a un an, les colons (d'anciens
ouvriers au nombre de soixante) font admirablement la grande
culture et se nourriront déjà, à partir de la moisson, du fruit de
leurs diverses récoltes.
Du reste, je n'ai jamais douté de cet élément hors pair. C'est
seulement dommage que beaucoup de Colonies n'aient pas été
fondées sur ce modèle. L'exemple a bien été suivi par les Hoveveï.
Zion pour Beer-Tabiat.Mais qu'est-ce que c'est qu'une seule Colonie
de dix-sept familles, quand il y aurait tant à faire ? Cependant je ne
désespère pas de l'avenir.
Veuillez agréer, etc.
SCHEID.
-«r-^i^^v's.
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L*tJNlVERS ISRAÉLITE ^45
COUPS D'ENCENSOIR
I^ journal le Signal consacre à la rédaction de la Libre
Parole la spirituelle boutade que voici :
J'ai peur des qualificatifs, et je n*y recours qu'avec hésitation.
Ils m'apparaissent comme des instruments de précision qu'un rien
peut fausser. Je les soupèse avant de m'en servir, surtout s'ils sont
Mhdatifs ; et je prends le plus faible, le plus discret. C'est un tort.
Je suis certain que j'aurais plus d'amis si je maniais l'encensoir à
tour de bras, si je* semais l'éloge à la volée, comme un cultivateur
fait de son blé. Mais c'est plus fort que moi ; je craindrais, d'ailleurs,
que mon admiration ne parût intéressée, ne le fût, et que, si je
disais à un camarade : «Vous êtes un écrivain de première force ! »
ce fût pour qu'il me répondît : « Vous en êtes un autre I » Ne croyez
pas à de la modestie, ni que le compliment me semblât excessif;
mais la joie fait peur ! — 11 est un journal par exemple, et c'est là
que j'en voulais arriver, — il est un journal, dis-je, où Ton ne se
gène pas pour se brûler sous le nez, réciproquement, tous les
parfums de Saba. La rédaction y passe son temps, tous les jours
que Dieu fait, à se renvoyer les compliments comme avec une
raquette : c'est de la Libre Parole que je veux parler. Si bien que,
chaque matin, en ouvrant ce journal, je m'attends aux adjectifs les
plus hyperboliques, et mon attente n'est jamais trompée. C'est
d'abord Drumont qui distribue la manne avec la meifleure grâce du
monde, mêlée de condescendance. Quant à lui, il est bien entendu
qu'il ne peut être que génial. Il n'est pas un maître'; il est le Maître.
Ses disciples se traitent familièrement de « distingués », dV émi-
nents », d' « incomparables » ; c'est émouvant ; les larmes me
montent aux yeux. Le mieux partagé, c'est Papillaud; lui, il est
illustte î Vous souriez ; c'est une force, pourtant, cela. Pour les
lecteurs naïfs, c'est arrivé ; ils croient que Cravoisier, Monniot,
Drault, Vernier, Gaston Méry, — j'en passe quelques-uns, et ils me
le pardonneront ! — sont la fine fleur de la pensée et de la littérature
françaises. Et Saint-Auban donc? Drumont écrit ce matin ; « Le
magistral article de Saint-Auban... » On se découvre, quoi ! On
se met à genoux 1 — San-Gil.
UNE CITE DE JUIFS
Sous ce titre : Une Cité de juifs, M. W. Stevens fait dans
le « Daily Mail » une description de Salonique. Il remarque
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246 l'ukiyb&s jamàJkurm
d'abord que dans cette ville plus de la moitié de la population
est composée de juifs bannifi d'Espagne il y a 4«> ^^^ environ
et qui ont été reçus par les Turcs sii;ion avec efTusiosu du moins
sans animosité. Et depuis, ils sont restés à Salonique, cocifier-
vant leurs rites et parlant la langue de leurs ancêtres; lewt
espagnol est même plus pur, étant plus ancien, que Tidiome
conteuàporain. Leur cité est le plus grand et surtout le plus
romantique ghetto du monde. A côté de ees jatfe espagnols,
Salonique possède aussi une vaste colonie de juifs musulmans,
qui, à l'origine, furent les adeptes d'un faux Messie, Sabbatai
Zevi. Mais ils le rejetèrent bientôt, et il se convertit à l'Isla-
misme avec ses adeptes. Les Turcs reçurent ces convertis tout
en les méprisant ; ni eux ni les juifs fidèles ne veulent s'unir à
eux par des mariages.
Ces juifs espagnols ont les traits plus fins que ceux d'ori-
gine orientale ; ils ont le front haut, la barbe soyeuse et souvent
blonde, le nez droit et fin. Us marchent avec dignité, et, bien
que leur physicmoioie porte l'empreinte des tristesses de leur
histoire, on y discerne cependant quelque chose de hautain.
Leurs vêtements, sauf le fez, ont fort peu changé depuis que
leurs pères ont été arrachés des rives du Guadalquivir. Leurs
épouses sont très belles et sont aussi mieux élevées et plus
instruites que les autres femmes de Salonique. Ces juifs sont
très actifs; un g^and nombre d'entre eux sont bateliers et quit-
tent rarement la mer ; ils s'occupent à charger <;t à décharger
les grands vaisseaux marchands qui, ne pouvant aborder les
quais, reçoivent leur cargaison par les canots.
SULLniR BIBLIOGRAPHrOOE
/
Notre collaboraleur, M. Maurice Bloch, vient de publier à la
librairie Durlacher la conférence qu'il a faite le 3o janvier dernier
sur les vertus militaires des juifs.
Le Transvaalet la Chartered(i). — Dans cet intéressant ouvrage
sur la Révolution de Johannesburg et les mines d'or, M. Mermeix
montre aussi la part que nos coreligionnaires, les Lionels Philipps,
(1) Par Mermeix, chez OUendorff, 368 pages, 3 £r. 50.
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L* UNIVERS ISRAÉLITE
a47
les Ecksteîn, les Barnato, les Ochs, les Neumann, etc., ont prise au
développement commercial et politique de ce nouveau pays.
A la page 33i, l'auteur rapporte une hypothèse sur Torigine des
mines de la Rhodesia qui mérite d*ôtre connue :
« On retrouve dans plusieurs parties du Matabeleland et du
Mashonaland des traces d'une antique exploitation minière super-
ficielle. . . Qui étaient ces mineurs ? D'où venaient-ils? A toutes ces
questions on ne répond que par des conjectures. Gomme la reine de
Saba, qui fut si aimable pour le roi Salomon, venait d'un pays
situé au sud de l'Egypte, et comme un cours d'eau du Mozambique
porte encore le nom de Sabi, on a prétendu — et M. Cecil Rhodes
est de cet avis — que la Rhodesia actuelle et les territoires voisins
composaient le royaume de cette reine légendaire et que les richesses
qu'elle partageait si généreusement avec Salomon étaient tirées des
mines dont la Charlered veut recommencer l'exploitation. »
i M^i^it i
DONS
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 6 au i3 mai
MM. Weill (Alexandre et Ra-
phaël) (E. N.) 2500
Fould (Anlré) £00
M»« Sciama, 77, blv. Haoss-
mano 300
Les enfants de feu Mme
Hecht (Joseph) 200
MM. Belmann (Ferdinand)... 200
Kayser et Pi iedmann. . . . 200
M™e Léon (Alexandre) 150
MM. Meyer et son fils Henri,
49, avenue d'Antin 100
Blum (G.), 50, biv. de
Courcelles 60
Aron (Alphonse) 50
Lévy (Albert), 33, rue
Montholon 50
Sulzbach (N. J.) 50
M. et M"» Péraire 40
M. Aron (Jules) 25
Franck et «on fils Bernard 20
MM. Gompel (Adolphe) 20
Gompel (Alfred) 20
le docteur Metzger 20
Meyer (Maurice) 20
Samuel, 2, rue Fléchier.. 20
Ambrun et son flis Ed~
mond 10
Bader 10
Bernard, 8, rue Riche-
lieu 10
BoUack (G.), 56, rue des
Petites-Ecuries........ 10
May (Léiopold) 10
Nathan, 40, rue Amelot. 10
WeiU (A.), 25, avenue
Kléber 10
Feiss(D.) 5
Laoowitz (Bernard) 5
Reblaub 5
WeiU, à Fontenay-sous-
Bois 5
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2^8 l'univers israélitb
Nouvelles diverses
Paris. — Le Figaro a ouvert en faveur des œuvres rattachées
au Bazar de la Charité une souscription publique qui a produit des
sommes très élevées et à laquelle, comme on Ta vu dans Farticle
qui figure en tête de ce journal, nos coreligionnaires ont participé
dans une très large mesure. De son côté, le Rappel a ouvert au pro-
fit des sauveteurs une souscription dont les résultats ont été beau-
coup plus modestes, mais à laquelle nos israélites ne sont pas' non
plus restés étrangers. Nous relevons dans les listes du Rappel les
noms de MM. de Rothschild, Deutsch, Reitlenger, Lazard frères et
Cie, Daltroff, etc. Si nous n*avons pas pu approuver Tempresse-
ment irrélléchi avec lequel nos coreligionnaires ont ouvert leur
bourse pour des œuvres auxquelles ils n'ont aucune raison de s'in-
téresser, nous tenons par contre à féliciter sans réserves ceux
d'entre eux qui se sont associés à l'heureuse initiative du Rappel en
faveur des citoyens dévoués auxquels un grand nombre d'existences
humaines ont dû le salut.
*%
— Le baron Henri de Rothschild, qui est interne des hôpitaux, a
écrit au directeur du Figaro pour lui demander de consacrer une
partie de la souscription à la cï^ation, au lieu môme du sinistre,
d'un poste de secours aux blessés. Il donne comme raison l'insuffi-
sance constatée, dans ces douloureuses circonstances, du service
dit « de prompt secours ». Il à constaté que la première voiture
d'ambulance n'est arrivée sur le théâtre de la catastrophe qu'à cinq
heures quarante. Il n'existe à Paris qu'un seul poste d'ambulances
attelées, avec service médical. Depuis trois ans, la Société des
ambulances urbaines a remis à la ville de Paris tout son service,
avec un capital de plus de ioo,(k>o francs, destiné à la création d'un
nouveau poste qui n'existe point encore.
M. Henri de Rothschild se propose, en sa qualité de futu méde-
cin, de s'occuper de l'organisation de cette nouvelle œuvre philan-
thropique, et il s'inscrit pour la somme de 3,ooo francs en vue de
cette fondation.
***
— Mme Porgès. — Les obsèques de Mme Théodore Porgès
ont eu lieu lundi à dix heures, ii, avenue de Friedland. Au
moment de la levée du corps, M. Zadoc Kahn, grand rabbin de
France, a célébré un service religieux et a prononcé quelques
paroles qui ont vivement ému l'assistance.
Le deuil était conduit par M. Théodore Porgès et les fils de la
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L UNIVERS ISRAÉLITE ^49
défunte, MM. Edmond et Robert Porgês. Venaient ensuite
MM. Ignace Ephrussi, Max-Théodore et SchifT André Capron.
Un char de fleurs à quatre chevaux, conduit par des piqueurs,
précédait le corbillard, qui était suivi de MM. les barons Alphonse,
Gustave et Edmond de Rothschild ; MM. le baron Charles Wess-
weiller, Henri de Rothschild; MM. Deutsch, Georges Kohn, etc., etc.
L'inhumation a eu lieu au Père-Lachàise où un service religieux
a été célébré par M. Dreyfuss, grand rabbin de Paris, et M. Raphaël
Levi, rabbin.
**»
— Si nous avons à déplorer la mort de deux dames Israélites
dans le sinistre de la rue Jean-Goujon, nous avons d'autre part la
satisfaction d'apprendre que d'autres personnes appartenant à notre
culte et qui se trouvaient présentes au Bazar au moment de la
catastrophe ont pu heureusement en réchapper. Parmi ces dernières,
nous citerons ^me Strauss, femme de l'avocat bien connu et fille de
feu M. Fromental Ilalévy, les deux filles de M. Chéri Halbronn,
directeur de l'établissement Chéri, et la cousine de ces dernières,
Mlle Anna Lyon, fille de M. Prosper Lyon, chef de service à la
Compagnie Générale Transatlantique.
Samedi dernier, les fainilles Chéri et Lyon se trouvaient au
temple de la rue Buft'ault, au moment de !a célébration du culte, ce
qui a inspiré à M. le rabbin flmmanuel Weill l'idée d'improviser une
prière pour remercier Dieu de la protection dont elles avaient été
l'objet. M. Weill a su trouver des paroles si touchantes qu'une
véritable émotion s'est emparée de toute l'assistance qtie le spec-
tacle des trois jeunes filles miraculeusement sauvées avait déjà
vivement impressionnée.
***
— M. Anatole Leroy-Beaulieu vient de publier en brochure la
conférence qu'il avait faite à l'Institut catholique sur l'antisémi-
tisme (i).Nous avons déjà parlé de cet éloquent plaidoyer en faveur
de la liberté de conscience, mais nous aurons plus d'une fois
l'occasion d'y revenir.
* *
Marseille. — Samedi matin, au temple Israélite, pendant le
principal office, M. le grand rabbin VVeyl a appelé les faveurs
célestes « sur les frères et sœurs tombés au champ d'honneur dans
le noble exercice de la charité ». Il a, par son allocution si touchante,
ému l'assistance jusqu'aux larmes en même temps qu'il a prodigué
ses consolations à ceux que la catastrophe a plongés dans le deuil.
Il a fini en citant les paroles qui lui avaient servi de texte : La vertu
ne meurt point. « Ils entrent dans l'immortalité, tous ceux qui ont
péri en soulageant les déshérités, qui succombent au service de la
patrie, de Thumanité. »
(1) Chez Calmann-Lévy, éditeur.
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a5o l'tJKIVBRS ISRAÉLITE
Toulouse. — M. Paraf, docteur es sciences, maître de conférences
de mathématiques à la faculté des sciences de runlTersité de Tou-
louse, est nommé professeur adjoint à ladite faculté.
***
Tunis. — La population de Tunis se compose d'environ
100,000 Arabes, 3o,ooo israélites et 3o,ooo Européens . En 1^8, sur
une mortalité de i,645 varioleux, on compte i,384 Arabes, loi Israé-
lites, 160 Européens ; en i8î>4, sur une mortalité de 870 varioleux,
on compte 712 Musulmans, 'io israélites, 128 Européens.Les israélites
sont presque toujours vaccinés, et, dès qu'on ouvre un établissement
de vaccination, ils s'y précipitent en foule. {Revue scientifique du 24
avril.)
Strasbourg. — A l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de
la fondation de l'Université, le professeur Michaôiis a prononcé les
paroles suivantes qui méritent d'être signalées. «LXJniversité de
Strasbourg, a-l-il dit, a su se garder de l'antisémitisme. Un nombre
assez considérable de professeurs sont israélites ; ils étudient et
enseignent leur science avec le même zèle, la même autorité, le
même succès que leurs collègues chrétiens, et ils jouissent de la
môme estime que ces derniers. Les étudiants, de leur côté, ne se
sont pas laissé entamer par cette aberration; du moins il ne semble
pas, car ils ne marquent aucune des grossièretés de mœurs et de
langage que l'antisémitisme emporte avec lui. »
Vienne. — L'Autriche vient de fonder, à l'instar de l'Allemagne,
une Ligue des communautés israélites (gemeindebund) . Le 8 avril on
a établi les statuts, dont nous donnons ci-après quelques dispositions.
L'association a pour but : i*» de développer tout ce qui concerne
l'administration, la culture et l'assistance dans Tes communautés
juives ; 2° de centraliser et de faire connaître les progrès accom-
plis dans la gestion des aflaires de la communauté ; 3" de réunir et
d'élaborer des données statistiques, de;favoriser l'étude de Thistoire
juive et la diffusion des connaissances juives; ^'^ de répandre
l'instruction religieuse; ,> d'améliorer le sort des nécessiteux et des
malades ; (>** d'assurer des retraites aux fonctionnaires vieillis dans
les services ; 7** de relever et ruiner les attaques contre le judaïsme ;
8** d'examiner les lois touchant à l'organisation des communautés et
d'adresser des pétitions, le cas échéant, aux autorités et au pouvoir
législatif, etc.
* *
— Le fameux joueur d'échecs Steinitz prépare un ouvrage
sur « le Judaïsme en échec », où il approfondit la question
antisémite. Il a l'intention de soumettre son ouvrage au tsar, afin
d'appeler son attention sur la situation qui est faite aux juifs de
Russie.
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l'univers ISRAÉLITE oSl
— Les députés antisémites ont déposé une proposition de loi
tendant à interdire à des juifs étrangers d'élire domicile en
Autriche.
BerHn. — Le comte de Mirbach, grand chambellan de Timpéra-
trice, écrit dans le rapport de la Société des églises évangéliques :
tt Croit-on rendre meilleur un homme ou une classe d'hommes par
des attaquas et des vexations continuelles ? Et combien d'innocents
sont atteints et rebutés, surtout quand c'est le clergé qui mène le
branle î . . . Il y a peu de temps un juif nous a adressé un don consi-
dérable destiné aux hospices et orphelinats de toute confession. De
tels actes méritent Testime universelle et il est de mon devoir de
les rappeler avec gratitude ...» ^^oilà des paroles qui vont faire
faire la grimace aux antisémites.
#**
Miskolcz. — A la suite d'antisémitisme un duel a eu lieu entre
le président de la Communauté Israélite, le Dr Gencsi, et le nommé
Erdelyi. Les deux adversaires ont été grièvement blessés.
«*»
Russie. — Les israélites de Minsk viennent de supporter de
cruels traitements de la part d'une bande de soldats conduits par
un ofOcier et il y a eu malheureusement mort d'hommes. Ces miséra-
bles se répandirent dans leur quartier en criant : Tuez les juifs ! Le
chef de la police, ne se sentant pas de force à empêcher les excès,
ordonna aux habitants de fermer leurs boutiques et de se barricader î
mais les assaillants enfoncèrent les portes, pillèrent et saccagèrent
tout, ceux qui leur résistèrent lurent blessés et trois d'entre eux
furent frappés à mort. Ces forcenés, après s'être acharnés pendant
cinq heures aprè:- ces malheureux, ne se retirèrent que lorsque le
chef de police les eut menacés de télégraphier à Saint-Pétersbourg
pour demander des troupes. Après leur départ, on trouva un certain
nombre d'enfants étranglés.
Turquie. — Pamd les juifs qui occupent un rang supérieur dans
Tannée ottomane, nous citerons le maréchal Mahmoud Hamdi Pacha,
commandant le deuxième corps d'armée à Andrinople. De son vrai
nom le maréchal s'appelle Freund. L'armée turque compte surtout
un grand nombre de médecins et de pharmaciens israélites.
***
— On raconte qu'au moment où les Turcs, s'avançant vers
Larissa, allaient traverser le pont de pierre, un vieillard Israélite
cria à leur chef : « Prends garde, pacha, le pont n'est pas sûr I »
GrumbkofT Pacha envoya ses soldats plus bas à un endroit où se
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23a L UNIVERS ISRAELITE
trouvait un pont de bois qu'ils passèrent. Lorsqu'on examina le
premier pont, on se convainquit qu'il était en effet rainé, et trois
boites de dynamite furent trouvées dans la rivière. A ce moment,
un insurge grec tira sur le vieillard et le tua sous les yeux des
Turcs. Leur chef fit saisir le meurtrier et l'aurait fusillé sur place
si ses soldats n'eussent protesté, demandant à ce qu'il fût jugé par
une cour martiale.
Athènes. — La capitale de la Grèce a une population juive de
*35o individus qui s'y sont établis il y a 5o ans. Nos coreligionnaires
d'Athènes vivent dans les meilleurs rapports avec leurs compa-
triotes des autres cultes.
***
Ghalcis (iled'Eubée). — Cette ville compte 5o familles juives du
rite portugais. Ils parlent le néo-grec mêlé de mots hébreux ; ils
habitent dans le même quartier et sont loin de vivre dans l'aisance.
Le rabbin, M. Moïse Askenesi, remplit en même temps les fonctions
de schochet, de ministre-officiant et d'instituteur.
*»*
Jérusalem. — Les autorités turques ayant décidé d'expulser
tous les sujets grecs, environ cinquante familles juives, la plupart
indigentes, devront quitter le pays. Cependant ils seront autorisés
à y séjourner s'ils consentent à adopter la nationalité des maîtres
du pays.
Asie-Mineure. — Voici quelle est la population juive des diffé-
rents vilayels: Smyrne compte 22.5i6 juifs; Brousse, 3225; Angora
478; Konia, 600; Alep, 20,od[); Trébizonde, 4oo; Erzeroum, 60 ; Diar-
bekir, i.oiyg; Van, 5,ooo;Mossoul, 6,000 ; Bagdad, 53,ooo ; Bassorah,
45(X3 ; Biga, 20G2 ; Ismit, 2,>oo ; l'ensemble est d'environ 120,000 juifs.
***
New- York. — L^année dernière l'Amérique a reçu 27,06.5
émigrés juifs, dont 17,898 venus de Russie.
**♦
— La Revue d*exégèse mythologique a essayé d'établir que la
légende de la défaite de Vritra et de Namoutchi par Indra dans le
Mahâbhârata a été copiée sur le récit biblique touchant la sortie
d'Egypte et la victoire de Moïse sur Pharaon.
La même revue a entrepris de montrer que les Aryens sont
d'origine israélite.Enfin elle a rapproché le septième chant de Tlliade
des récits des deux livres de Samuel sur Saûl, David et Goliath.
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Mandé^ a l'honneur d'informer le public que, pour répondre aux
nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
sa maison 8 , avenue \ ictor-Ilugo, dans un local plus spacieux et
également à proximité du bois. M"»® Lévis rappelle qu'elle prend
des pensionnaires israélites, honmies et femmes, particulièrement
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver chez elle une
vie de famille modeste mais confortable.
Références : MM. les grands rabbins et rabbins.
L'ANÉMIE
se guérit sûrement, promptement et radicalement sans régime spé-
cial par la Ducasbline (extrait concentré des plantes du Brésil), une
des plus merveilleuses découvertes scicnlinques de ce siècle.
Rappelons en quelques mots ses principaux symptômes : Pâleur
et même décoloration des tissus, faiblesse générale, palpitations,
perle ou dépravation de Tappélit, troubles de la digestion, névralgies,
irrégularité des époques, hémorrhagies, enflure des jambes et de la
figure, essoufflements, troubles intellectuels.
La Ducasbline, médicament végétal absolument inofTensif, est
cependant d'une eflicacité telle qu'au bout de quelques jours on
sent déjà une amélioration notable, et la guérison radicale est
obtenue au bout de quelques semaines.
La maladie guérie ne revient plus, et les forces se maintiennent
par l'usage de la Ducasbline.
Des centaines d'attestations prouvent la supériorité et l'infailli-
bilité de cette méthode, appliquée exclusivement et avec le plus
grand succès à l'Institut Médical rationnel, 19, rue de Clichy,
à Paris, qui guérit avec le même succès, par la série des Ducas-
blines, la goutte, le rhumatisme, lo diabète, l'albuminurie, les
bronchites et tuberculoses, les dyspepsies, etc.
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da pluB en plus pompeux at aveo U nraiien de Ppcula
purifiée, undis que le plus soiiTcnt ce ne sont que des
prodaiis inférieurs, blanchis an chlore ou à IVida, qui
■a conviennent qa'b l'usage industriel; leur bas prix en est
Ma prauf a «artMia. Ces prMkMis sont trèa-nuiaiMaa à la
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Toiir mettre ftn k une confusion q«l pourrait leur d«Ta-
nir préjudiciable, MM. BLOCH préviennent le public que
la FcL-iile sortaut de Iturê uainM sera vendue dorénavant
sons la dénomination de Fëcule Blooh, et que cbaqaa
paquet sera revéïu de Umr tigmmtMrw; il p«rUra la naoi
de Blooh danë U marqn* d« fabriqu*.
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52* Année N* 35 21 Mai 1897
riNIVEIlS
ISRAÉLITE
Journal des Prineipes CJonservatears da Jadalsme
FOMOâ PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23,)
SOMMAIRE
Calendrier de la Semaine.
Discours de M. le Grand Rabbin de France.
Un Congrès de Rabbins.
Le Geste des preux du Bazar de la Charité.
Les Israélites algériens et M. Cambon.
Argent catholique.
Salons de 1897.
Lettre de Turquie.
Correspondance.
Dons en paveur des œ'jvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 bU, rue Lafayette.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Franoe, Algérie, Alsaoe-Lorraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 tr. — Six mois, 14 fr.
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35
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ouartiers les plus sains de Paris, Thôtel occupé par Tlnstitution
o^in» aTrii 1896 se troaire dans les meilleure» cootiutiûiiâ d'hygiène
et de confort.
Pour Tenseigneratent, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deu^i sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, Umstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matière», le programme de la i'**' section comprend
Télude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2« section eemprendl Tétude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du ly«:ée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rhétorique et de philosophie.
Pendant Tannée scolaire 1895-1896, FlnâtiCiitSoii* a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sar lesquels cinq ont été
rlipus et trois admissibles.
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(Ealenïirto MxàilxU ht I4 3tmaxnt
Mai. lyar.
2i SaiiKdi(Fî»^ sabbalhàS k.45)..., 20
83 Dimanche. 21
24 Lundi 22
25 Mardi 23
26 Mercredi 24
27 Jeudi 25
28 Vendredi 26
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
MatÎB (eamedi) : Tempk de la rue de la Victoire» 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi raatin)^ 8 heures; se-
maine^ 7 h. 1/2, Temple de la' rue des Tournelles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLB DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Salomon (Robert-Isaac), 28^ rue des Elcuries-d* Artois.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Lazard (Marcel), 137, boulevard Sébastopol.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Roussak. (Charles), 4, rue des Juifs.
Mariages de la Semaine
TBltPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Dimanefie, 23 moi, à 2 heures. — M. Friedbergor (Nathan), négociant» 43^
boulevard Malesherbes, et Mlle Bloch (Eugénie-Sarah)^
15, rueRrcher.
Mardi, 25 mai, à 2 h. 1/2. — M. Feinberg (Bernard), statuaire, 4, rue
Aumont-Thiéville, et Mlle Lambert (Berthe), 59, rue
Condorcet.
Mercredi, 26 mai, à 2 h. 1/2. — M. Frânckel (Caxi), négociant, 6, rue
Hippolyte-Lebas, et Mlle Vanderhoym (Marthe), 17, rue
Maubeuge.
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TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Dimanche, 23 mai, à 2 heures. — M. Weill (Louis), boucher, 4, rue Mau-
beugo, et Mlle Jacobson (Julie), 61, rue Saintonge.
— à 2 h. 1/2. — M. Hauser (Isaae), marchand, 12. passage
Thiercée, et M™« Veuve Chauveau Auguste, née Lévy-
Fanny, 60, rue Saint-Sabin.
Jeudi, 27 mai, à 2 heures. -— M. Lewin (Sigion-Michel), négociant à
Cap Town au Cap, et Mlle Alexandre (Marguerite), 104,
faubourg Poissonnière.
— à 2 heures. — M. Lewin (Jacques-Lazard), négociant, à
Cap Town au Cap, et Mlle Alexandre (Alice), 104, Fbg
Poissonnière.
— a 2 h. 1/2. — Herzog (Jacob), négociant, 2, rue Demours,
et Mlle Fleur (Berthe), 64, boulevard Voltaire.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNBLLSS
Dimanche, 23 mai, à 2 heures. — M. Schwab (Léon-Moîsc), représentant de
commerce, 14, rue dos Juifs, et Mlle Lévi (Jeanne), 11,
rue des Juifs.
Décès
12 mai. M. Bernheim (Léon), f9ans, à Sceaux.
— M«»« Soffer. née Weill, 87 ans, rue des Ecouffes, 5.
— Lang (Jonas), 39 uns, à Villejuif.
14 — Speyer (Marins), 9 mois, Hôpital Saint-Antoine.
16 — M»»® Bouruot-Aubertot, née Lévy (Catherine), ^ ans, rue de
rUniversilè, 188.
— M»"« Bloch (Jules), née Hermann (Brunette), 73 ans. Square de
Maubeugc, 3.
— M"« Moïse (Delphine), 29 ans, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 7.
17 — M"« Vve Morhange, née Ulmo (Pauline), 69 ans. à Lyon.
18 — M">« Vve Henry (Jean), née Wolfsohn (Babette), 75 ans, rue
Saint-Lazare, 50.
— M™« Alphen (Sèiigman), née La nzenberg (Rosine), 86 ans, boulevard
Magenta, 90.
— M"« Jacobsohn (Charlotte), 56 ars, à Jory.
— . Mayer (Sassel;, 58 ans, a Manneville.
19 — Strauss (Rosalie). 2 ans, boulevard de Grenelle, 63.
— M""* Vve Gich (Maurice), née Terkel (Brana), 65 ans, boulevard
du Temple, 12.
— Lévi (Bernard). 82 ans, rue Oberkampf, 5.
20 — W^"^ Lévy, née Robles (Abigaïi), 76 ans, impasse Cœur-de-Vey, 4.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéraly 17 ^rtce Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'uniybrs israblitb a6i
DISCOURS
DE
M. le Grand Rabbin de France
Voici le texte du discours prononcé par M. le grand rabbin
Zadoc Kahn au service funèbre qui a été célébré le lo mai au temple
de la rue de la Victoire, pour les victimes du Bazar de la Charité :
ib bbi5 nos -izxsïa S'^xra O"^ DX "îx-n v^'^zn
« Examinez et voyez s'il est une doaleur
« comparable à ma douleur à moi,
« qui vient do m'être infligée. » (Jéré-
mie 1, 12.)
Mes Frères,
J'emprunte ces paroles à Jérémie, au peintre le plus
déchirant des grandes douleurs humaines, au prophète
dont la tendresse de cœur s'est répandue en accents dignes
des calamités qu'il eut mission de prédire sans pouvoir les
détourner, et qui sut, dans un mouvement de sublime élo-
quence, évoquer du fond de sa tombe la plaintive Rachel
« pleurant sur ses enfants et refusant d'être consolée parce
qu'ils ne sont plus (i). » Un Jérémie seul serait capable de
rendre l'épouvante de ce jour néfaste qui marquera, comme
une date inoubliable, dans les annales de la charité fran-
çaise^ les horreurs de la nuit qui a suivi, l'obsession de ce
rêve affreux qui ne cesse de nous poursuivre, et enfin
cette- émotion renouvelée qui étreint nos cœurs lorsque,
traversant les rues, nous rencontrons un de ces cortèges
funèbres qui se succèdent si souvent, hélas ! depuis quel-
ques jours au milieu du silence religieux et de la cons-
ternation des passants.
Quant à nous, pauvres porte-paroles qui devons nous
faire les interprètes de ce que chacun sent et pense, nous
aurions beau enfler la voix, nous ne parviendrions pas à
(1) Jérémie, XXXI, 15.
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96â L'UNIYfiAB tSBAÉUTE
atteindre la tristesse tragique du malheur qui s'est abattu,
comme un coup de foudre, sur notre cité et sur nos fanûlles.
Ceux même qui n'ont pas été atteints personnellement
dans leurs affections ou dans leurs amitiés ont été remués
jusqu'au plus profond de leur âme. Le deuil de Paris s'est
étendu sur la France ; il s'est communiqué à tous les pays,
à toutes les nations. Les témoignaj^es de sympathie les
plus touchants nous sont arrivés de toutes parts, et une
fois de plus la France a pu constater qu elle compte de par
le monde bien des amis pour compatir à ses peines, et que
les coups qui la meortrisseot provoquent un puissant édiio
au <lehors. Quiconque tient battre dans sa poitrine un
cœur humain pouvait-il faire «autrement que de frémir à la
pensée de tant de précieuses existences détruites en un
clin d'oeil? Quelle imagination ne s'est pas représenté avec
effroi cet atroce spectacle, ces petits enfants presque au
début de la vie, ces jeunes filles, charmantes de grâce et
de pureté, ces femmes, épouses, mères de famille, pour
qui l'existence n'avait que des sourires et des fleurs, et
qui occupaient noblement leur place dans leur demeure
et dans la Société, toutes parties de chez elles, joyeuses et
parées^ .pour accomplir une œuvre de charité, pour s'associer
à une fête de bienfaisance dont elles ne devaient plus
revenir, alors que les maris, les pères, les frères et les
sœurs attendaient vainement le retour des êtres mmés au
foyer devenu tout d'un coup solitaire et dévasté ?
nnr nia*' k3 "^d "^nh -.22 ira a Ah ! pleurez sur ceux qui sont
partis et qui ne sont pas retournés ! )>
Mes frères, nous-mêmes avons été cruellement éprouvés,
notre Communanté partstennc a eu sa part dans le désastre
commun, et nous ne pouvons nous rappeler sftns larmes
les pertes que nous avons subies. Pauvre Mme Théodore
Porgès ! Pauvre Mme Louis Kann ! Elles étaient en posses-
sion de tous les avantages de la vie, elles étaient aimiées
et honorées, heureuses comme épouses, heureuses oomme
n^res ; des enfants nombreux et chéris s'appuyaient sur
leurciBur. Elles s'oocapaîent avec passion des œuvres de
charité de notre Communauté, mais eUes doimaient amssi
leur concours dévoué aux œuvres d'intérêt générai : elles
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«e Font que idpop prcmvé, piôsquie la tïmxcI les a sakies dans
l'exercice de leur mlaistère d'hnanaffiité, {xnisqa'elles ont
partagé le «ort lamentable de tant de martyrs de la bomté et
de la ctiarité. L'autre joar, au milieu d'un grand concours
•de psËPeats et d'amis et avec une émotion indeecriptibie,
ttCHifi avotts ^M)iiâuit oes nobles fenunes à leur dernière
âeiikein*e et remdu hommage à leur mémoire. Il nous est
4oux, en ce »K)meiLt, de leur envoyer de ce sanctuaire
•de la prière un pieux souv^iir, comme aussi d'adresser
à leurs familles présentes ou absentes l'expression de iDOire
profonde sympathie ; mais en même temps nous nous
permettons de saluer d'une parole de regret, de respect
et de reconnaissance, les autres victimes du devoir qui ont
succombé avec elles, et d'affirmer à toutes les familles en
deuil que nous partageons leur douleur et confondons nos
larnies avec leurs larmes.
Il est à peine besoin de dire, laes frères, que si, par une
faveur spéciale de la Providence, notre Communauté
avait été complètement épargnée, si nous n'avions pas à
déplorer ces pertes qui nous ont été au cœur, cette céré-
monie aurait eu lieu quand même. Elle se serait imposée
à nous cooimc un devoir impérieux et comme un besoin
irrésistible; car, quand la France est en deuil, nous
smnmes en deuil avec elle. Ses intérdts, ses gloires,
ses espérances, ses joies et ses tristesses sont les nôtres .
Nagoère nous avons fêté, dans cette même enceinte, le
jour radieux où ane visite auguste est venue mettre le
sceau à une alliance qui est chère à notre pays. Aujour-
d'hui nous BOUS serrons autour de la France affligée,
comme on se groupe autour d'une mère qui pleure,
pour pleurer avec elle et l'assurer avec plus d'effusion
encore de notre amour et de notre dévouement.
Mais pleurer, mes frères, se répandre en plaintes et
«n lamentations ne suffit pas. Nous sommes des êtres
raisonnables et réfléchis, qui devons demander aux évé-
nements heureux ou malheureux les leçons morales qu'Us
«comportent. Si la catastrophe qui nous a consternés est
grosse de larmes, cille est grosse aussi d'enseignements.
Lorsque Dieu, dans sa sagesse insondable, permet qu'il se
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a64 l'univers israélitb
produise un de ces grands malheurs qui déconcertent la
raison et troublent la conscience, il veut assurément que
nous en tirions quelque profit pour la bonne direction
de notre vie . Oh ! ce ne sont pas des leçons rares et
profondes que je viens vous apporter à la sinistre lueur
projetée par ce désastre sans nom, mais des leçons simples,
banales, accessibles aux esprits les plus humbles. Seulement,
ce sont celles-là qui paraissent le plus nécessaires pour
nous enchaîner à la sainte loi du devoir, de la justice, de
l'amour et du dévouement, qui est notre véritable raison
d'être dans le monde et le secret de notre dignité morale.
Mes frères, s'il est utile que nous ne perdions pas de vue
la fragilité de notre vie et le peu de fond que nous pou-
vons faire sur l'avenir, x-^n ma •^c' mn'ï -«^jp 'n isj-^mn, quelle
formidable leçon d'humilité et de contrition vient de nous
être administrée ! Sans doute., et nous le savons bien, la
mort nous guette et nous menace de tout côté ; à chaque
instant nous voyons des compagnons de route tomber
près de nous ; chaque pas que nous faisons dans la rue
nous avertit que nous sommes une proie désignée à la
mort ; les lieux sacrés où nous allons pieusement visiter la
tombe de ceux que nous avons aimés étalent, au milieu du
mouvement brujant de la vie, les témoignages irrécusables
de notre condition passagère . Cependant la fréquence même
de ces spectacles funèbres en affaiblit l'impression, et
nous vivons trop souvent comme si notre vie ne devait
jamais avoir un terme. Mais survienne, par une de ces
fatalités contre lesquelles les prévisions humaines ne
peuvent* rien, un cataclysme qui multiplie les ruines et les
morts, oh ! alors, nous sommes bien obligés de reconnaître,
de proclamer que notre vie est peu de chose, que nous
sommes à la discrétion d'une étincelle qui jaillit, d'une
toiture qui s'écroule, et que notre heure suprême peut
sonner alors que nous nous y attendons le moins. Qu'est-ce
à dire, mes frères ? Ne convient-il pas, en tout temps,
que la pensée de la mort soit présente à notre esprit, non
pour nous décourager et nous accabler, mais pour nous
redresser et nous élever ? Etres d'un jour, nous ne sommes
pas faits pour cette terre, notre destinée s'achève ailleurs,
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l'univers ISRAÉLITE a65
nous çn avons pour gage l'instinct profond de notre nature
et la promesse sacrée du Dieu vivant. Sachons donc mettre
les biens véritables là où ils sont réellement^ attachons-
nous avec force aux choses durables, permanentes, éter-
nelles, et non à celles qui n'ont qu'une durée éphémère ;
bannissons de notre cœur les désira frivoles, les ambitions
malsaines, les sentiments étroits et haineux, soyons pas-
sionnés pour le bien, pour la vérité, pour la justice^ pour
la charité, de façon à ce que notre vie, même si elle ne
doit compter que peu de jours, soit bien remplie, et que
nous soyons constamment prêts à répondre à l'appel de'
Dieu par cette simple et confiante parole que nos patriarches
avaient sans cesse à la bouche : ■'Mn « Me voici ! »
Mais si la vie est fragile, mes frères, elle est le bien le
plus précieux que nous tenions de la munificence divine,
elle est un dépôt sacré confié à notre garde. Notre premier
devoir est de veiller à sa conservation . Comment oserions-
nous briser volontairement ce qui est l'instrument de
notre perfectionnement moral, éteindre la flamme que Dieu
a allumée en nous ? Aussi jouer avec sa vie ou avec la
vie de ses semblables, c'est se rendre coupable devant
l'humanité, coupable devant Dieu. Assurément, il est des
circonstances où se dévouer jusqu'au sacrifice de soi-
même est non seulement un droit mais une sainte obli-
gation. Lorsque l'homme de science s'immole sans hésiter
aux intérêts suprêmes de la vérité; lorsque le voyageur
intrépide va explorer, au péril de sa vie, des contrées
inconnues et sauvages, afin d'agrandir le patrimoine de
son pays; lorsque le missionnaire s'expose bravement
à tous les dangers pour porter à des peuples encore dans
l'enfance ce qu'il considère comme la vérité ; lorsque sur-
tout Iç soldat, humble héros du devoir, monte la garde
à la frontière pour veiller à la sécurité de la patrie ou
verse son sang sur des plages lointaines pour défendre
l'honneur du drapeau, nous admirons ajuste titre et nous
nous inclinons avec respect. Mais exposer sa vie par
bravade, par indolence ou par imprudence, c'est, suivant
la forte expression du judaïsme, commettre un crime sur
sa propre personne, iiaBaa n'^'^nna m ■«'nn. Nos livres sacrés
33.
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a^ l'uKIVEKS ISRAÉLITE
sont sévères poar ceux qai déjoueat de la sorte les dessems
de la Pjx)vidence qui les a placés sur la terœ en vue d'une
œuvre à accomplir ; ils flétrissent énergiquemeiàt quîoon(^fte
se jette inutilement dans le danger. Courir sans inotif «u
devant d'une nrrc « d'un risque de mort )» est pour eux
un péché digne de réprobation. Mais, en revanche, ils
prodiguent les éloges au dévouement héroïque qui s'expose
au péril pour sauver une existence menacée: rs: zn^p-cn
Kbia ch'v a-iip 1*5X3 z^rtzn ^-hy nbr^ rra^^ € arracher à la oèort
une seule créature humaine, c'est sauver l'humanité eo-
tière », car tout homme porte en quelque sorte en lui les
destinées de l'humanité et un reflet de la divinité. Mes
frères, n'est-ce pas k cette louable et haute inspiration
qu'a obéi le Gouvernement de notre pays, qaand il a pris
à tâche de rechercher, de découvrir, pour les récompenser
dignement, ces braves et modestes serviteurs du devoir qui,
à force de courage, d'intelligence et d'heureuse initiative,
ont arraché aux flammes de chères ,et précieuses existences ?
Enfin, mes frères, car il n'est pas possible de tout dire,
le triste événement qui nous a assemblés ici parle avec
une éloquence saisissante de l'égalité des hommes devant
la mort, et c'est là une leçon à retenir. On parfc sans
cesse de la paternité de Dieu, de la fraternité des bommies,
qui doit faire d'eux une seule famille. Mais hâbs !
avec quelle facilité nous oublions, dans la pratique î<wr-
nalière, ces hautes vérités, dont les rdations humaines se
trouveraient si bien ! Il est d'ailleurs, et cela est triste à
dire, trop de familles divisées contre elles-mêmes et où
l'on chercherait vainement le triomphe de l'amour, de la
confiance et de l'union. La mort, elle, au contraire, parle
avec une autorité souveraine, et Dieu semble en avoir ùAl
la loi de l'humanité pour lui apprendre que riches et pau-
vres, grands et petits, sont égaux devant la nature et
devant son auteur, que dès lors ils somt dans Tobligation
absolue de s'aimer, de se soutenir, au lieu de se haïr «C de
se faire souffrir. Pourquoi donc ces haines inexorable
qui sont un attentat à l'humanité ? Pourquoi ces barrières
artificielles dont Dieu ne veut pas, que la nature ne ooonnt
pas ? La mort eit les fléaux redoutables qui l'apportent dans
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fefire flfiii^ distmgaeQt-îls «ntre oeoK-ci «t ooiiix4à? Le
peuple, la fooie, aTee se^ iastiacte sapérîears, dans eoa
e<Biir droit et frandftemeAt boa, le c(Miipreiid à merreiUe.
U sakie avec une énkotiooi égalemenC i?espectiiea9e le œr-
eneil de la grande dame et oel«t de l'homMe religieuse qui
ont succombé. Tune et Faulre, pour le service de la
charité. Quelques voix discordantes, il est vrai, se sont
fait entendre, hélas! dans ces tristes journées ; mais nous
ne vonkms pas connaître ceux qui ont pu avoir à la
bouche au'te^e diose que des paroles de pitié, de sympathie
et de respect. Nous savons que la conscience publique,
rème populaire désavouent ces tristes passions , plus
factices que sincères, qui ne désarment même pas devant
la mort.
Mes frères, quand une famille est frappée d'un de ces
coups qui causent, dans ses rangs, un vide douloureux, les
survivants éprouvent le besoin de s'unir plus étroitement.
Il y a comme une influence mystérieuse et douce qui les
rapproche. Les mains se serrent d'une étreinte plus cliaude,
on se jette avec plus de confiance et d'élan dans les bras
l'un de l'autre, oubliant les malentendus, les rancunes et
les causes de mésintèUîgence que le passé a pu accumuler.
La mort a une grande puissance d'apaisement, elle amollit
les cœurs les plus durs et en fait jaillir des sources ignorées
de bonté et de tendresse, comme le bâton magique de
Moïse, frappant le roc aride, en tirait une eau limpide et
vivifiante. La famille française aussi vient d'être cruelle-
ment frappée. N'est-il pas juste que tous les enfants de
France, renonçant aux divisions inutiles et aux haines
gratuites, se témoignent mutuellement une affection plus
vive et plus profonde, et mettent en connnun, avec une
égale ardeur, kurs forces, leur activité et leur dévouement
pour le plus grand bien du pays ?
Pleurer les morts me j»a£(it pas : on les honore mieux en
s'inspiramt de leur exemple poar accomplir le biea. Et
quel dew^oir plus noble et plus élevé que celui de consoler
la patrie en pleurs par un jpedoublement de co*urage,
d'esprit de sacrifice et de eoncorde ? L'admirable élan de
charité qui se produit depuis quelques jours^ qui montre
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a68 ^l'univers isràélitk
tous les cœurs ouverts à la pitié, toutes les mains s'ouvrant
pour donner, est la preuve que pe devoir est compris. Il
ne s'agit que de persévérer dans cette voie, et le profit
moral qui en résultera pour la France sera la récompense
de ceux qui se sont sacrifiés et la consolation de ceux qui
les pleurent. Amen!
Seigneur, qui t'appelles toi-même notre Père et qui,
parfois aussi, nous apparais comme un juge rigoureux
dont les décrets sont un mystère indéchiffrable pour notre
faible raison, je t'invoque, d'un cœur ému, en faveur des
victimes trop nombreuses qui ont trouvé la mort en voulant
faire une œuvre de vie; je t'invoque aussi pour leurs
familles, frappées dans leurs plus chères affections, et qui
ont tant besoin de ton appui pour supporter l'épreuve que
tu leur as envoyée. En môme temps, je te rends grâce,
ô mon Dieu, au nom de ceux qui, exposés au danger, qnt
été sauvés comme par miracle. Ils te remercient par ma
voix et te rendent grâce avec une pieuse reconnaissance !
Vivants et morts se confient à ta paternelle protection.
Bénis-les, les uns et les autres, dans ton amour infini.
Bénis notre cité si éprouvée, notre pays en deuil, et
répands sur nous tous tes célestes faveurs !
Amen! 'isi •]-ioir"»i 'n -^sn::^.
UN CONGRÈS DE RABBINS
M. le docteur Klein reconnaît avec moi qu'une confé-
rence rabbinique pourrait avoir son utilité. Mais il n'admet
pas qu'on puisse dans un congrès proposer des modifica-
tions aux lois religieuses et essaie de montrer que les
exemples de réformes anciennes que j'ai cités n'ont pas
de valeur. Il me semble que les arguments de M. Klein
prouvent plutôt en faveur de ma thèse que de la sienne.
Ainsi, pour le prozbol, M. Klein dit que c'est un moyen
de ne pas enfreindre une loi mosaïque (celle qui ordonne
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l'univers tSRAÉUTB 269
de prêter de l'argent aux nécessiteux). Cette loi de charité
a paru à Hiilel et à ses collègues plus importante que la
kri de la Schemitta, et il a été décidé que les créances
remises entre les mains des tribunaux ne seraient pas
annulées par la Schemitta. C'est bien une modiûcation à
la loi du Pentateuque, car le Pentateuque ne fait pas de
distinction entre les diverses créances. Or, quand j'ai
demandé qu'on déclarât permis de travaillejp le second jour
de fête, cette réforme, dans ma pensée, devait avoir
surtout pour but de renforcer l'observation du premier
jour. La loi qui ordonne de chômer les véritables jours de
fête est beaucoup plus importante que Yusage de chômer
les lendemains de fête. Cet usage a, il est vrai, reçu force
de loi ; cependant les deux jours de repos ne peuvent pas
être mis sur le môriie pied, et, en fait, il est des cas où Ton
peut faire le deuxième jour ce qui est interdit le premier.
Il s'agirait donc de modifier un usage dans l'intérêt d'une
^i biblique.
Les Erounn seraient, d'après M. Klein, non des modi-
fications à la loi du Sabbat, mais des amendements à cette
loi, c'est-à-dire,' si j'ai bien compris , que les Erouvin
seraient aussi anciens que les repos du Sabbat lui-même.
C'est une opinion que je me permets de ne pas partager. Je
continue à croire que, la loi du Sabbat ayant paru trop
rigoureuse, on l'a allégée au moyen d'un certain nombre de
cérémonies. M. Klein cite lui-même des cas où la loi orale
contredit le sens apparent de la loi écrite, et en conclut,
avec raison, à la nécessité d'une loi orale. 11 est certain
que les Caraïtes, en rejetant le Talmud, se sont soumis à
des interdictions beaucoup plus rigoureuses que celles des
Rabbanites. Mais il est difficile de penser que la loi orale,
dans toutes ses parties, remonte à la même antiquité que la
loi écrite. Sans doute, Maïmonide a mis dans ses articles
de foi que la loi religieuse tant orale qu'écrite est la même
qui a été donnée à Moïse. Cela prouverait que le credo de
Maïmonide laisse à désirer. Personne ne nie, en effet,
qu'il y ait eu des décisions postérieures au temps de
Moïse ."
M. Klein explique la permission donnée parles casuis-
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970 iJrrsvnaes^ kra^utb
tes dTétetndre «a iiMseBdie le samedi, en disant ^'on a
tou(^o«irft le ^droU et méBager la yie h«maiibe. Mais le danger
B'élait41 pas le môme aa tempe du Tainand qii'a«a nsioyes
âge ? La vraie vaisQii dm efaangemeiit d'opènicMi. eat éo&aée
par ees mots du Reirum : a Mainfienaiilt que nous vivons
ao mtlieo des étran^ef ». 9 II serait es effiiit impossible de
laissée les chrétiens prendre part aa sauvetage des biens
des isvaéltites et de se croiser les bras.
Enfin M. Kleim admet qiue s'il est défendis d'imposer
nne loi trop ooéreiKie au publie^ il est, par contre, impos-
sible de changer isne lai que les circoostauces postérienres
ont rendmc diffîietle à observer. lii encore, je rae permets
d'avoir un avis di£Eérent, surtout quand il s'agit d'empêcher
la transgression d'une loi plus importante.
lin ce qui concerne le lévirat, M. Klein irait jusqu'à
croire que , d'après le Deuléronome, tes notables de la
ville devaient dissnader le frère du défunt d'épouser sa
belle-sœur. Il ressort, au contraire, du contexte que les
anciens devaient l'engager au lévirat, et les mots vea mad
çeamar, etc., doivent signitier : « Mais si (le beau-^rère)
persiste à dire : je ne veux pas épouser ma belle-soeur. »
D'après le Talmod, les anciens devaient conseiUer aubean-
frère le parti le plus convenable. Le Talmud a eu , sans
doute, de bonnes raisons d'interpréter ainsi le passage,
mais c'est une interprétation halaehiqme, qui ne donne pas
le sens naturel du passage, et qmv en tout eas^ est posté-
rieure au texte biblique.
Je laisse à MM. les rabbins de décider si oui ou non
le lévirat est permis dans nos pays, comme le soutient
M. Klein^ ou interdit, comme le prétend M. Tobias» Il est
certain que le lévirat se pratique couramment en Orient.
La réponse à la lettre de M. Klein s'applique égale-
ment à celle de M. Tobias,. qui semble confondre le moi
réforme avec le mot suppression.
En résumé, je crois que ce serait perdre son temps que
de batailler contre la possibilité de .modifier les lois reli-
gieuses. Les changements proposés sont-ils bons ou
mauvais ? Voilà la vraie question à étudier .
R. T.
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l'TTIOTKKS ISRAiLITB 97!
LE GESTE DES PREQX DU BÂZâR DE LÀ CBARITÉ
Je ne suis pas proptiète, je n'ai pas non plus Thabitude
de consulter MUeCouesdon, la confidente de Fange Gabriel,
et je vais vaticiner : j'affirme en toute certitude que ni
cette année-ci, ni Tannée prochaine, ni dans dix ans, ni
dan» cent, TAcadémie française ne mettra au concours de
poésie le sujet suivant : Le Geste des preux du Bazar de
la Charité,
Ah ! ils ne sont pas fiers, les arrière-neveux des croisés
et des chevaliers du Saint-Graal! Ils étaient là une centaine,
la raie dans le dos, la moustache en brosse, mi gardénia à
la boalonnière, à faire la roue auprès des dames, à gras-
seyer les plus fades fadaises et à protester de leur dévoue-
ment. Le fen éclate, et toiîs ces braves assènent des coups
de canne à droite et à gauche, piétinent sur celles aux pieds
desquelles ils se seraient roulés ufte minute auparavant,
arrachent des fenêtres les femmes et les jeunes filles et se
font de tous ces corps autant de marchepieds. — Et pour-
tant ces lâches, ce n'étaient pas des juifs \
}} y avait les organisateurs de la fête, le fin du fin, le
dessus du panier, la distinction même des traits, des
manières et du langage, la crème de la gentilhommerie :
rétîncelle jaillit et la crème s'évapore, ni vu ni connu,
. passez moseade ! Ils n'ont pas eu seulement un poil de
barbe roussi, ces fils de preux, et Ton cite l'un d'entre eux,
et non des moindres, pour la violence avec laquelle il a
sauvé «on épiderme. Eh bien ! ces organisateurs, ce n'étaient
pas des sales sémites, c'étaient de ces Aryens pur sang,
chers à la Libre Parole t
Il y avait aussi un prêtre, qui aurait du s'estimer
beurenx de pouvoir donner sa vie pour tant de vies chré-
tiennes ! Quelle plus belle mort pour un ministre de Dieu !
Il a trouvé plus prudent, ce prêtre, de jouer du poing ; il
élalt sans doute du même avis que le R. P. OUivier, il
estimait qu'il fallait au etel des victimes, et il frappait
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373 l'UNIYBRS ISRAÉLITE
ferme, de manière à remplir les volontés de son Dieu. On
devrait demander la pom^ve cardinalice pour un religieux
qui marque tant de zèle et qui refoule dans son cœur ses
instincts de charité pour se faire Tinstrument de la colère
divine. — Et il n'était pas juif, ce curé, je le jure !
Où sont les preux d'antan ?
L. L.
— pj-Bffii
Les Israélites algériens et M. Cambon
On nous écrit d'Alger :
La semaine dernière, au Théâtre municipal, gracieusement
offert par le maire d'Alger, a eu lieu une réunion organisée par
MM. Samary, député antijuif, et Viviani, le great young man
du parti socialiste. Près de deux mille personnes avaient
répondu à l'invitation des deux honorables champions du parti
antijuif.
On s'attendait bien, à cette réunion, à les voir prendre à
partie les membres actuels du Gouvernement et répéter les
rengaines qui font les délices des antisémites algériens, mais
certainement personne ne se serait imaginé que M. Samary,
après avoir déblatéré contre le Sénat, conspué le Cabinet
Méline,et houspillé l'Administration continentale, la diplomatie ,
la presse, etc., etc., entreprendrait le panégyrique du gouver-
nement général civil de l'Algérie et du gouverneur, M. Cambon.
A quel propos ? Oh ! à propos d'i^ne question futile en
apparence, celle des radiations des juifs des listes électorales
algériennes.
Nous n'ignorons pas que ces demandes en radiation avaient
été formulées par plusieurs votes de la Ligue anti juive, qu'elles
avaient été soutenues devant les juges de paix par les
Pryade, Martin, Saint-Léon et Di-Matiâ, président, vice-prési-
dents et secrétaire de la Ligue antijuive.
Nous n'ignorions pas non plus que M.Berseville avait tenu
à surveiller lui-même l'exécution des mesures édictées contre
les juifs, et c'est pourquoi on pouvait constater sa présence aux
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l'univers ISRAÉLITE îijS
aadiences, près du juge de paix ; qu'à ces audiences tous les
juifs en général devaient faire la preuve de leur qualité de
citoyen français, expliquer leur ascendance, décrire leur arbre
généalogique, démontrer que leurs aïeux habitaient l'Algérie à
une époque déterminée.
Nous n'ignorions pas enfin que le gouvernement algérien,
pour reconnaître les services rendus à la Ligue antijuive par
M. Di-Matià, avait attaché ce dernier en qualité de sbire au
cabinet du gouverneur général.
Nous avions bien connaissance de la déconvenue de l'huis-
sier du gouvernement général, se trompant de personne et
remettant à M. X. .. les mille francs constituant la subvention
destinée à M. Mazon, ancien président de la Ligue antijuive,
ancien rédacteur en chef du Radical algérien, ancien directeur
de VEtoils africaine^ deux journaux antijuifs.
Nous n'ignorions pas tout cela et bien d'autres particu-
larités encore ; mais nonobstant toutes ces preuves, nonobstant
la triste réalité des faits, nous voulions douter de la partici-
pation de M. Cambon au mouvement antisémite qui est le
déshonneur de l'Algérie et la négation des principes de la
Révolution française.
Nous vénérions et vénérons encore les grands mots de
« liberté, égalité, fraternité'» inscrits au frontispice des monu-
ments et nous chassions toute pensée pouvant nous laisser
croire que l'antisémitisme avait des attaches officielles et rece-
vait son mot d^ordre des hautes sphères gouvernementales, de
la source d'où émanent l'autorité et d'où devraient émaner
aussi la justice et l'impartialité.
Il a fallu la maladresse de M. Samary pour nous dessiller les
yeux ; il nous a fallu entendre ce député affirmer « qu'un grand
pas a été fait dans l'œuvre d'assainissement (1 î !) de l'Algérie
par le gouvernement général » pour admettre que M. Cambon
ait pu renier ses principes, son parti et tout son passé nu
point de s'approprier le programme de la ligue antijuive et de
prêter l'appui de son influence à une œuvre dirigée contre les
partiscms les plus fidèles et les plus dévoués des institutions
républicaines.
Nous retenons cet aveu et nous reviendrons bientôt sur cette
question des radiations juives dont ne devraient s'honorer
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2FJ4 I.'tlA'fTJBRS 1SBAÉUTB
m cens qm Vont snseîtée, ni ceux dont elle a serrî les iMérëîs
ou les ambitions, ni cevx enfin, et ils sont nombreux, ti-op
nofnbrenx même, q«i, pouTant enrayer le mal ou le circonscrire,
se sonj; eompl». dasns leur inertie et ont aidé, par leur silenee, à
l'accomplissement d'une véritable iniquité.
i cffiH n ■
ARGENT CATHOUQUE
On lit dans le Signal :
Et s'ils n'avaient rien donné, ou qu'Us n'eussent donné que des
sommes dérisoires ? J'aurais voulu voir le train que Ton eût mené
dans cette presse particulière, — j'ai nommé la Lil>Fe Parole et
VAntorité^ — où l'on houspille aujourd'hui les Israélites qui ont
largement souscrit. Ces mêmes journaux leur auraient, avec queUe
acrimonie ! avec quelle grêle d'injures ! reproché de tenir trop serrés
les cordons de leur bourse. Cassagnac et Drumont auraient tiré
leurs étrivières des grands jours, et gare là-dessous ! Car, aux
yeux de ces deux gaillards dont vous savea la rectitude de eonduite,
et qu'ils ne s'exposèrent jamais au reproche d'incoBséquenee, —
oui, quoi qu'ils fassent, les juifs font toujours mal. S'ils se montrent,
c'est de l'impudence. S'eflacent-ils, ils ont honte et peur. Que
diantre î il en est des bourses, j'imagine, comme des portes : il faut
qu'elles soient ouvertes ou fermées. — D'ailleurs, les israéiitcs
généreux ont de quoi se consoler ; ils ne sont pas plus mal traités,
en somme, que la donatrice des neuf cent et quelques mille franirs.
La Libre Parole, qui la nomme en toutes lettres, lui dit nettement
que ce n'est pas un acte de générosité qu'elle vient d'accomplir,
mais bien une restitution. Elle ne lui mâche pas les termes : « Votre
mari fut un véritable détrcmsseur, — puisque la Libre Pmroie le
qualifle de cette fftçoi^ il n'y a pas de raison, n'est-ce pas, pour
qu'il ne mérite pas une épithète plus dure encore, — votre mari
fut un voleur, et comme son argent vous brûle les doigts vous
FolTrez en expiation aux œuvres de charité. Seulement, c est cent
millions qui ont été extorqués par celui dont vous portez le nom, il
ne ikut pas vous mutiner qac nous nous contenterons de voire
obole. > Tel est, à peu près, le langage que La Libre Parole ttent à
la donatrice. . . anonyme ; il est vrai qu'aussitôt après elle se réjouit
que cet argent soit de l'argent catholique. De l'argent qui appartient
à une religion ! . . . — San-Gil.
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SALONS DE 1S97
Le Salon du Palais de llnduslrie
« 11 n'y a pas do science (la Boau*^ il ne peut y avoùf
qu'une critique du Beau. » Kant.
Paraû les mille et quelques centaiiies de tailes qui forment
le SaloB de la Société des Artistes fran^ais^ il existe une extrao]>
diiMÔre floradsoa de taUetuix dont les sujets sont empruntés à
la Bible ou à FËvaii^ile. On aurait pu supposer que les pro-
grès incessants des sciences et la vie moderne d^ans son infinie
variété tenteraient presque exclusivement des pinceaux illus-
tres : nous aurions assisté à une évolution rappelant par plu-
sieurs ct^tés réclosion de cette littérature dénommée de manière
si pédante littérature documentaire. MM. Jean Béraud et
RafaëUi restent les maîtres incontestés du genre , mais les
tableaux les plus récents dénotent de préférence un essor vers
le rêve ou même vers les pieuses légendes des temps passés.
Des talents de genres divers, des disciples de maîtres rivaux
s'appliquent à nous retracer, ciiacun avec son tempérament
personne^ les principales scènes de FAncien et du Nouveau
Testament.
L'impossibilité de passer en revue tant de peintures d'une
originalité variable et d'un etfbrt sincère nous forcera, sauf
une ou deux exceptions imposées par la notoriété de l'artiste,
à nous restreindre aux tableaux empreints d'un caractère reli-
gieux et à citer quelques toiles qui viennent encore aflirmer le
goût et les aptitudes exceptionnelles pour les Beaux- Arts qu'on
rencontre chez certains de nos coreligionnaires.
»*♦
D*mne promenade à travers le Palais de l'Industrie se dégage
xme impression indécise : beauccmp de bonnes toiles, mais
combien d'œuvres au sens exact du mot ?. . . L'idée de la
Beauté étant chose éminemment subjective, il serait hasardeux
de se livrera des appréciations trop hâtives envers des artistes
qm ont pu croire réaliser des morceaux de valeur.
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* fl'jQ l'univers ISRAÉLITE
Voici, par exemple, les Lilas de Mme Deschiens- Astruc (5i5,
salle I). C'est une étude de fleurs directement inspirée des pro-
cédés de Mme Madeleine Lemaire. Le contraste entre les deux
sortes de lilas, blancs et lie-de-vin, manque de précision.
Cependant, Tensemble, encore qu un peu empâté, offre une
harmonie légère.
Dans la même salle I, M. P. Abram expose un portrait de
Vieux marin (4) au visage hâlé et plein de résolution, travail
appliqué et convenable.
En revanche, la Voiture (4o4)» de MUeCahen, est un tableau
de genre, d'un agrément exquis. Nous sommes dans un inté-
rieur pauvre. En attendant qu'on l'habille, une fillette, pieds et
jambes nus, s'est assise sur une chaise-pliante d'enfant et,
comme elle l'a vu faire, sans doute, par son frère, a attaché au
dossier d'une chaise deux bouts de ficelle en guise de
' guides. Le visage est animé ; les yeux — de beaux yeux bleus
— brillent d'une joie espiègle. Dessin et coloris d'une justesse
remarquable.
M. Rieder, sous le titre de le Tombeau (i434i salle IV), nous
retrace un délicieux et frais paysage antique. Des jeunes filles
d'un maintien chaste, et adorables d'expression, s'apprêtent à
orner de roses un mausolée. L'auteur est évidemment hanté
par des souvenirs de M. Puvis de Cha vannes. M. Rieder aurait
pu choisir un plus mauvais modèle. Son œuvre apparaît comme
un morceau délicat, d'une fine et agréable coloration.
Toujours salle VI, nous rencontrons une étonnante peinture
religieuse de M. Stiévenart, Elie (iù()i), inspirée par ce pas-
sage de l'Ecriture : « Le prophète Elie se retira dans le désert,
dans le lit desséché du torrent de Kerrith. » C'est un paysage
ocreux : de tous côtés, de hautes montagnes d'une désolation
aride, sur lesquelles le soleil projette une réverbération aveu-
glante ; solitude immense, d'une tristesse infinie. A droite, un
coin de ciel s'entrevoit seul, ponctué de points noirs qui sont
des vols de hideux corbeaux. Une tache brune (qu'elle parait
minuscule entre ces gigantesques amas de pierres ! ) rompt la
monotonie de cette coloration excessive : le prophète Elie, au
torse desséché, lève désespérément ses bras au ciel.
La salle Vl nous offre une autre œuvre qui raconte encore
un des épisodes de l'histoire juive. C'est un sujet qui, bien
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' l'univers ISRAÉLITE 277
souvent, mit à l'épreuve des pinceaux célèbres. M. Therion a
su nous donner une nouvelle Judith (1629) sans rien emprunter
à ses devanciers. Il faut le louer de ce mérite et s'arrêter un
moment devant sa toîle. Judith, sortant de la tente d'Holopherne,
s'avance à droite, tenant d'une main le glaive qui vient de lui
servir ; de l'autre main, elle soutient le chef , sanglant de sa vic-
time. La longue chevelure rousse dénouée sur les épaules, les
yeux bleus empreints d'une cruauté froide, la gorge au dessin
ferme et précis, l'allure hiératique du personnage, tandis que
se dissimule derrière une esclave noire portant son bagage et
jetant de toutes parts des regards peureux, le ciel éclairé des
premiers feux de l'aurore se profilant au sommet de sombres
murailles, tout semble disposé en vue d'une de ces émotions
d'art que trop peu d'œuvres, à notre gré, parviendront à provo-
quer en nous.
A noter, dans cette salle VI, une Eve (i494) d^ M. Sabatté,
d'une blancheur de chairs qui évoque les femmes de l'Ecole
flamande.
Nous voici à la salle X, où se trouve une toile de valeur
signée Rodriguez Etchart. C'est un portrait de Salomé (i4î>o)
traité avec une rare vigueur d'exécution. L'artiste est parvenu
à rendre le caractère complexe de son héroïne, chose
difficile, sans rien sacrifier à la convention. Superbe et
hautaine, Salomé appuie contre sa hanche de droite le plateau
qui supporte le chef nimbé de saint Jean-le- Baptiste. Sa nudité
à peine voilée d'une gaze légère se montre triomphante en sa
fermeté. L'expression du visage est orgueilleuse, les narines
sensuelles et les lèvres d'un dessin très pur. Les chairs ont une
délicatesse remarquable. Derrière Salomé, se voit à terre le
corps du martyr. Telle quelle, c'est une œuvre qui figurerait
avec honneur à côté de la fameuse Salomé de M. Gustave
Moreau.
Devant le mur de Salomon, à Jérusalem (1%^, salle XII),
p^r M. L. Ralli. Un juif d'Orient vêtu d'un long manteau rouge
et la tête enserrée dans l'invariable bonnet de fourrure a la
tête appuyée à droite contre la muraille. Ses mains étreignent
un vieux livre de prières. Il a appendu son bâton entre deux
pierres . Quelques inscriptions hébraïques à demi effacées se
lisent à sa gauche. Entre les assez nombreuses toiles qui pei-
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978 L*iJjnvEKS tôAAéLanrB ^
giMffll; les mœurs du pe<iipl-e jjmf, c'est Time des meilleares, tant
par la couleur que ^ir ile talent déployé par M. RalIL
Encore une étude de juif dX3i4eB!t (laSS, salle XiI)f«iBaant
une longue pipe, par M. Edouard Moyse ! M. Moyse «rcelle
d^ ailleurs k conter d'un pmeeau aioiusast ies divers incidieats
qui émailient la TÎe de ses coreligionnaires. Ainsi, une autre
toile exposée salle XXXVIi (le Serman, i^3'j) mxms introdbuit
dans «une synagogue des -environs de Tuaais ou d'Oran. Un
jeune rali>bin ilebout près de Tautel et tounté v<efrs rassemblée
commente les paroles de la Loi. Les fidèles revêtus du taleth se
sont groupés proche de lui. Les vieillards Técoutent *vec
Tattentâon la plos soutenue, *e(t qu^ques enfants le regardent
avec des yeux étonnés ok se distingue un' peu d'effroi pour le
docteur de la Loi. Cke« «bous «e manifeste cette foi profonde
commune aux israélites d'Orient. L'œuvre décèle une réelle
science de composition «t renseml>le est agréable. Poiurquoi
KL Moyse ne recherche-t-il pas davantage l'originalité dans
l'exécutiou ? . . .
Tel ne semble pas le cas de M. A. Hirsch. Surprises {^^^3^
salle XIV), c'<est une fmte é^rdne de femmes devant rappari-
tion de deux faunes dont les têtes grimaçantes se profilent de
dessous la fouillée. D'une coloration intense, ce tableau évoque
par l'éclat du ciel et la floraison luisante, aussi bien que ,par la
beauté brune des femmes, les scènes siciliennes de Théocrite.
Les procédés de M. Rochegnosse ont dû inilner ^ir ie talseoit de
M. A. ilirsch: cela est visible, et on n a pas à le regretter.
Citons le Mur sacré à Jérusalem. (864, salle XX Vï) de
M. Hunter, d'une grande sobriété de dessin, mais d'une ooio-
ration trop pâle. M. Hunter possède Tait de disposer ses per-
sonnages en vue de l'efibt ; le recneillement de ses juifs orien-
taux devant la muraille est remarquable, mais l'ensembie
manque de vie.
M. Destrem a traité le Smaï (5^4, salle XXIX) au «fCMnent
où Dieu doE»a k Moîfie les tables de la I^oi. Il en a fait «m
tableau qui laisse une forte et sakrtatre impression. Partant des
monticules de sables, à droite, an sommet du aMiit&inaS^
apparaissent deux longs jete de ilamaftes accompagnés d'une
lueur brillante, indices de la présence de l'EtemeL Les
israélites, campés au pied du mont, se sont précipités hors des
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L^UIOTBRS IS&AéLITB ^79
Imites fûfur la prière. L'œuvre est à'mn carienxcaratctène, à^nme
originalité inooutestable par le sentiment qu'elle produit.
Quelle diâerenee avec le Dawd (1634.9 ^le XXX) de
M. Thivier! Ici, FEcole dite académique, la vieille Ecoie aca-
démique triomplfte ! G est cc»*raet et fpoâd : le I>avifd qu ploie
le genou et lève les yeux au ciel pour remercier le Seigxkeur de
sa victoire est une figure banale. Le corps du géant (iroiliftth
ttous oiibe une anatomie conçue selon les inétlftodes onsei^aées
danseertains ateliei*s de l'Ecole des Beaux-Arts. Tout déAOite le
bon élève qui s'est consciencieusement appliqué.
Si nous disposions d'un plus graïkl espace, nous pourrions
nous étendre sur quelqus toiles qui niéritent mieox •qu'uae
brève mention.Tels sont les Deux joueurs {iiSXsalleXXYlll}
de M.H.Micliel-Lévy,l agi*é€d>le tableau brossé dans la manière
des scènes de genre de Meissoniar ; la Femme aux pmpoés
(io63, salle XIV), de M. Loeb, remarquable de couleur ; la
Perruche (909, salle XX) de M. Kahn ; le Christ exorcisant un
possédé (952, salle VIÎ) de M. S. Léopold Laudeau, qui décèle
on effort vers la personnalité digne d'être signalé, et, enfin, un
portrait de M. Midy, d'un dessin solide, qui présage un futur
talent.
L'Art au Champ-de-Mars
« A thing of Beauty is a joj* for ever. »
Il importe de noter, dès le début, Fexeessive abondance «de
portraits, et de signaler l'iniluenoe croissante de M. Gustave
Moreau sur une notable partie des membres de la Société
nationale des Beanx-Arts : Puvis de Ghavannes, Wbisder et
Moireau pour la peinture, Rodin pour la sculpture, voilà les
dieux de l'endroit ] . . .
Ceci constaté, force est de reconnaître que MM. Bréal,
I>oll£us, Lœvy, Mathan, Ulmann et WoUT se numtresit dans
leurs oeuvres disciples respectueux de ces maîtres. D'ailleurs,
une préoccupation d'<»rîginalité règne an Cbamp-^de-Mars. Les
exposants n'apportent pas dans leurs toiles ce souci d'imitation
si visible au Palais de l'Industrie. En particulier, M. EtigèsEie
Bruauan a fait du Retour de V Enfant prodigue (aoa, «aile Y)
une scène en dehors de toute oonvention. Une lumière intense
éclaire l'ensemble du tableau, avivant le profil du père.L'Enfant
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aSo l'univers isràélitb
prodigue représenté le front prosterné dans la poussière solli-
citant son pardon fait contraste, grâce à sa peau d'ours sauvage
en guise de vêtement, avec l'irradiation éclatante des autres
parties.
Si M. Bruman est un coloriste de la lumière, M. Ulmann
recherche les tons sombres et s'applique à l'étude des degrés
d'obscurité. Sous le titre de Paysage, il nous donne un effet de
nuit sur la mer avec barque au repos. M. Ulmann nous semble
tenir en grande estime l'esthétique d'Eugène Carrière et son
talent puissant.
Au reste, l'exposition du Champ-de-Mars équivaut à un
merveilleux musée où se trouveraient rassemblées toutes les
variétés de la gamme des couleurs. On y apprend à mettre
dans une harmonie de deux ou trois couleurs la beauté d'une
œuvre. C'est l'école de Whistler, dont la célèbre Vieille femme
en noir y autrement dite Noir sur gris, aujourd'hui au Luxem-
bourg, demeure le chef-d'œuvre du genre.
En adepte indiscipliné, M. Eugène Lœvy a fait d'un
Portrait (828, salle V) une étude d'homme costumé pour la
chasse en hiver s'enlevant sur le fond vert d'un talus qui est
saisissante de vérité et ferme de contours.
Pour finir cette revue, trop écourtée à notre grand regret,
notons les très curieux tableautins de M. Eug. Brandon (171,
172, 173, 175, salle III), consacrés à la vie religieuse des juifs.
Soit qull nous donne l'intérieur d'une Synagogue du rite
portugais, à Amsterdam, pendant Toffice ; soit qu'il groupe en
des attitudes diverses les fidèles, tandis que se fait la lecture
de la loi ; soit encore qu'il montre un rabbin à sa stalle et
plongé dans ses prières, il se manifeste coloriste impeccable,
encore qu'empreint d'une certaine froideur, et d'une compo-
sition savante.
Sans réserves, le Salon du Champ-de-Mars surpasse en
originalité celui des Champs-Elysées. L'émotion d'art y est
plus fréquente, et, si le respect des règles n'est point entière-
ment banni du Palais de l'Industrie, la Société Nationale des
Beaux-Arts expose quelques toiles dont la vraie place eût été
« de l'autre côté de l'eau » , comme messieurs les artistes
disent élégamment depuis la fameuse scission.
Edouard André.
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L'UNIVBRS ISRAÉLITE ^Sl
Lettre de Turquie
Notice sur la Communauté Israélite de Serrés
I
Serrés est une ville dépendant gouvernementalement du
Vilayet de Salonique, habitée depuis de longues années par
une colonie juive sépharedite de 3oo familles, évaluée à
i,ioo âmes sur une population générale de 3o,ooo habitants.
Jadis très florissante, à cause de ses relations commer-
ciales avec la Bulgarie et surtout avec la capitale de l'Autriche,
cette localité a beaucoup perdu aujourd'hui de son importance,
et son mouvement commercial s'est trop ralenti. Les israélites
de Serrés, qui furent une quarantaine d'années auparavant les
maîtres du liiarché, végètent maintenant, à peu d'exceptions
près, dans une noire misère.
Trop enclins au plaisir, ils ne songèrent guère au temps de
la prospérité à réserver une partie de leurs biens pour l'avenir
de leurs enfants ; aussi les afl'aires sont actuellement entre les
mains des Grecs.
Les israélites de Serrés s'occupaient naguère de négoce et
surtout des opérations de change. Ils avaient acquis dans ce
dentier genre d'affaires une telle dextérité que le gouverne-
ment confiait volontiers la gestion des finances des autorités
locales à des financiers juifs. Les Aboulafia, les Faraggi, les
Eskaloni, dont les descendants existent encore, ont été les plus
connus et les plus appréciés de ces fonctionnaires. Nombreux
sont les traits de générosité et de charité qu'on raconte à leur
sujet.
Actuellement, la population juive de Serrés se compose
uniquement de changeurs de monnaie, de colporteurs, de quel-
ques rares négociants, de courtiers en céréales, de domes-
tiques et surtout de désœuvrés. ~ C'est à peine si Ton trouve
un tailleur, trois ou quatre cordonniers, deux ferblantiers, etc.
De médecins, de pharmaciens, de menuisiers, de relieurs, des
artisans, point.
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Comme vous le voyez, le nombre des artisans Israélites de
cette ville est presque nuL Les Grecs, qui sont maîtres de l'in-
dustrie locale, n'engagent pas des apprentis im-aélites, de peur
que ces derniei*s n'aillent demain leur faire concurrence. —
Par suite de cet état de choses, la misère de nos coreligion-
naires était arrivée, il y a une dzxaine d'années, ii tel point
qu'ils préférèrent abandonner leur foyer et émigrèrent tantôt à
Salonique, tantôt à Drama et a Cavalla. Ceux qui sont partis
pour Salonique devinrent des avocats, des employés de
Banque, etc.; quant k ceux qui se dirigèrent sur Drama et
Cavalla, ils vivent aujourd'hui, à de rares exceptions près,
dans l'aisance, comme négociants, employés, aubergistes,
ouvriers manipulateurs de tabac, etc.
Dans une prochaine communication, je compte eaitretenir
vos lectefurs de l'œuvre scolaire et des institutions israélites de
Serrés.
Mergai>o J.-Covo^
Professeur à Serrés,
CORRESPONDANCE
Paris, 14 mai 1897.
Monsieur ie Rodactewr exk Chef de VUnwers iBraélite,
Je renouvelle ma question précédente. Le Pentateuque a-t-u été
donné â Moïse par Dieu ? — Devons-nous y obéir ? — Safis d<ntte,
dira mon éiBineint ami, le D^ Klein, mais nous dévoras observter ia loi
orale, d'abord; et la loi écrite (si rien n'est oonteslié par ia loi
orale) ensuite ! (C'est du moins ce qui ressort de sa lettre insérée
dans le dernier No de V Unioers.) — Je demanderai au 1> Klein coiimient
il se fait que nous, nos rabbins, nos docteurs, le grand Sanhédrin, en
un mot des humains, se trouvent si souvent en contradicdon
avec la parole divine ? — S'il y a ane contestatioii ^aoÈre les
rabbins et MoSse, ce sont les rabbins qui l'emportent ! {Exemple :
la prescription concernant les autels, le lévirat, etc. etc.) Cepen-
dant, il est dit dans le Pentateuque : Vous ne retrancherez rien et
vous n'ajouterez rien î
Veuillez agréer, Monsiecrr le Rédacteur «a clïef, rexppessiiWi 4e
ma considération très distîiiguée.
Léox Blicm.
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L.'U»IVSHS ISRAiLITK
a83
BONS
EN PAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTÉ DE PARIS
Du i3 cm 20 mai
MM, BernheinD (Armand f t
En)i'e),Lévy (Edmond;
et Dreyfus (Isidore) . . 400
Ephrussi (Jules, Igiiace,
et Charkhi), 400
Einhom 200
Teutsch (Henri) 200
Le Capitaine Le vy lier
(Rofçer) 100
Nathan (Sioion) lOO
Dalsace (Gobert) 50
Emerique (Raoul) 50
Praock (Bernard) 50
FeiBL (Théodore) , . . . 50
Lévy (Hermanos) 50
Oulmann, à Genève 50
Lévy (Daniel) et son tiU
Fernand, 29, blv.de Se-
'bftstopol 40
Alcan-Lèvy 20
Mme Bloch. 5, rue Chariot 20
MM. Caïn, 12. blv. de Séba--
topol 20
Lehina^Q (Sama^r. a
Senlis 20
Lévy (Ferdinand), 58.rue
Laffitte 20
Lévy(R>»oul) 20
M«»e Maass (Gabriel ) 20
MM. Strasburger (Loui.-^) 20
Meyer(Gast'm),66,ChaTis-
fiée d'Antui 20
Lévy (I.) et son flls Jus-
tin, 131, fbg St-Antoine 15
MM. Aron (Henri), 47, a;v. de
la Republique 10
Lehmann (Alexandre), à
Vincennes 10
Lévy (Charles). 4, rue de
l'Echiquier 10
Beroheim (Robert) 10
Bloch (N.), 7, rue de Lan-
crj^ 30
Cunge (vSalonion) 10
Dejough (Gaston) 10
M"« Ettinghausen (Blanche). 10
MM. Picard, 4. rue Auber 10
Pullack 10
Schvab (Moïse) 10
Schwartz, 6.'^. rue de Pro-
vence 10
Steck (Gustave) 10
M™<» Weinbach (Max) 10
Auibrun (Jules) 5
MM. Berrjlieim (C), H, rue
Réaumur 5
Caei',l3,rue Pierre-Levée 5
Kauffmanu (Jules),. ... 5
Lévy I.),131. fbg St- An-
toine 5
Mantoux.44.fbg du Tem-
ple 5
Moïse (Sylvain), 131, Ibg
St-Antoine 5
Morhange (Emile) 5
Penhas, 65, rue Rambu-
teau 5
Vanderheym, 12, blv. du
Temple 5
Nouvelles diverses
Paris. — Le concours ouvert récemment par l'Assistance publique
pour la place de médecin des hôpitaux de Paris s'est terminé
par la nomination de trois médecins, dont le premier est M, le
docteur Gaston Lion.
* *
— M. S. Seelomaïui, aiKsiexi élève du séminiiire israélite, vieût
de passer avec succès les examens de la licence es lettres.
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L UNIVBRS ISRAELITE
— L'assemblée générale de la Société la Terre promise aura lieu
dimanche a3 courant à 2 heures précises, à la mairie du X® arron-
dissement.
***
— Rectification, — Il a été dit, dans notre dernier numéro, que
M. Michel Heine, propriéttaire du terrain sur lequel s'élevait le Bazar
de la Charité, avait cessé d'être juif. C'est là une erreur qui provient
d'une confusion de noms et que nous i^ous empressons de rectifier.
M. Heine appartient toujours à la confession israéUte.
*%
Bordeaux. — M. Oscar Dacosta, ancien élève du lycée de
Bordeaux, ingénieur des arts et manufactures, actuellement direc-
teur de la Compagnie du Gaz à Athènes, vient d'être nommé cheva-
lier de l'ordre du Sauveur de Grèce.
Lille. — Samedi, pendant la prière du matin, M. le grand rabbin
a fait célébrer un office particulier à la mémoire des malheureuses
victimes de la catastrophe de Paris, sans distinction de culte.
*
3|C *
Mostaganem. — Les journaux publient les dépêches suivantes :
c( Une rixe a éclaté à Mostaganem la nuit dernière entre des
cyclistes, réunis à l'occasion d'une course donnée dans cette localité,
et un groupe d'israélites.
» Six cyclistes ont été blessés, entre autres un conseiller muni-
cipal d'Oran, qui a reçu un coup de couteau au bas-ventre.
» Une manifestation a parcouru les rues de Mostaganem en
criant : « Mort aux juifs ! » Les troupes sont intervenues pour
rétablir l'ordre, et six arrestations ont été opérées. »
Mostaganem, 18 mai.
Voici de nouveaux détails sur l'attentat commis hier sur des
cyclistes, que le Petit Parisien a signalé dans son dernier numéro :
« Une dizaine de cyclistes oranais, parmi lesquels M. Irr, conseiller
municipal d'Oran, connu pour ses opinions antisémitiques, étaient
venus à Mostaganem assister aux courses.
» Après un banquet les touristes voulurent faire une promenade
dans les bas quartiers de la ville, mais ils s'aperçurent qu'ils
étaient suivis par de nombreux Israélites armés.
» Tout à coup les cyclistes furent attaqués par une nuée d'assail-
lants.
» M. Irr, plus particulièrement visé, tomba frappé d'un coup de
couteau au bas- ventre.
)> Ses camarades furent plus ou moins contusionnés. Les Israélites
disparurent ensuite. La police a procédé néanmoins à l'arrestation
de huit d'entre eux. Une grande surexcitation règne en ville. La
force armée a dû occuper le quartier juif.
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l'univers ISRAÉLITE 385
» Ce matin, les manifestations antisémitiques ont repris, et bien
que la ville soit gardée militairement la synagogue a été détruite.
11 ne reste que les quatre murs.
» Une quinzaine de magasins Israélites ont été saccagés, mais
les personnes ont été respectées.
» Le Consistoire a fait apposer des affiches désapprouvant la
conduite des agresseurs; les placards ont été immédiatement
lacérés.
» La municipalité invite en outre la population au calme.
» Les blessés sont hors de danger et Tétat de M. Irr est égale-
ment satisCaisant. y>
Nous reproduisons ces informations sous toutes réserves, en
nous proposant de les compléter ou de les rectifier avec les rensei-
gnements de nos correspondants.
**«
Londres. — Le grand rabbin de Londres, Dr Adler, a fait remet-
tre à la Reine un programme du service d'actions de grâces qui sera
célébré dans toutes les synagogues d'Angleterre, le 20 juin, en Thon
neur du Jubilé. La Reine a fait transmettre ses remerciements pour
les sentiments de loyauté et de dévouement que le grand rabbin a
exprimés tant en son nom qu'en celui des communautés Israélites .
*%
Vienne. — Le grand rabbin de Vienne Dr Gudemann, récem-
ment créé chevalier de Tordre de François-Joseph, comme nous
l'avons annoncé, vient d'être reçu par TEmpereur en audience par-
ticulière. Après avoir demandé la permission de se couvrir, le grand
rabbin récita la bénédiction usuelle en hébreu et en allemand, puis
il ajouta : « Je remercie respectueusement Votre Majesté de cette
gracieuse distinction qui a prouvé à mes coreligionnaires que, dans
ces temps troublés, Votre haute bienveillance à leur égard n'est pas
altérée. » — « Je suis très heureux, répondit l'Empereur, que vous
attachiez une telle signification à cette distinction, mais en tout cas
vous l'avez personnellement méritée. )>
* *
Rumburg (Autriche). — Les Israélites de cette localité avaient
demandé au conseil municipal de leur permettre de pratiquer la
schechitah aux abattoirs de la commune. Le conseil refusa et inter-
dit la schechitah . On interjeta appel et la cour rejeta les conclu-
sions du conseil municipal.
sic ia
Russie. — Les regrettables excès commis contre les Israélites de
Minsk ont été renouvelés par la populace de Kanta Ruzow, dans le
gouvernement de Cherson. Tout le quartier juif a été détruit ; pas une
maison n'est restée debout ; les pillards ont mis en {llèçes tout ce
qu'ils n'ont pu emporter. Plusieurs Israélites ont subi de si cruels
traitements qu'on désespère de les sauver.
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386
L UNIVERS ISRAELITE
En vain le pope se préseata-t-il le cracîÛx en main,, suppliant
les forcenés de mettre fin à cette lâche agression ; ils ne voulurent
pas écouter ses paroles, et ils étaient même sur le point d'attaquer
la Synagogue lorsqu'ils s'arrêtèrent soudain. Tous les habitants
Israélites sont ainsi réduits au plus extrême dénuement. Le gouver-
neur de Cherson, informé par dépêche, envoya un détachement de
troupes qui rétablit l'ordre, mais, par malheur, trop tard pour nos
malheureux coreligionnaires .
Kantasoukow (Russie). — Des bandes de paysans se sont ruées
sur le quartier juif et ont détruit toutes les maisons sauf la syna-
gogue. Trois juifs on* été tué» et beaucoup d'autres ont reçu de
graves blessures.
***
New -York. — Un avocat Israélite, M. Frank Moss, vient d'être
nommé préfet de police de la grande cité.
***
Larissa. — Lors de son entrée à Larissa, Ëdhem-Pacha a reçu,
le rabbin et lui a don^ l'assurance que les Israélites ne scsaîent
molestés par les troupes turq^ues ni dans leurs personnes ni dans,
leurs biens et qu'ils n'avaienJ: qufà vaquer tranquiliemâDA à kmvs<
affaires.
Si
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l'UNIVKRS ISRAÉLITE 387
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Journal des Priaeipes OMwerTatears du Judaïsme
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cauèndrier de la semaine.
Les Troubles d'Algérie.
Les Hazzanim.
Les Troubles de la Province d'Oran.
La Bagarre de Mostaganbm.
La Morale dans le Théâtre de Mouere et la Morale juive.
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ânartiers les plus sams de Paris, l'hôtel occupé par l'Institution
epuis airril 1095 se trouve dans les meilleures con<utions d'fayg^ne
et de confort.
Pour l'enseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, l'mstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i'^ section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le d^ôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège RoUin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
«bacceuauréats de rhétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1695-1806, l'Institatioii m présenté aux
examens de la Sorbonne dix candioals, sur lesquels cinq ont été
reçus -et trets admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
dakntjixxtx Mxaélxit ht la Semaine
Mai. lyar.
29 Samedi (Fia du sabbath à 8 h. 55) 27
30 DknaQche 28
31 Lundi 29
Juin. Siwan.
1 Mardi (ftosch-Hodeach) 1
t Mercredi 2
3 Jeudi 3
4 Vendredi 4
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, S heures ; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
7 h. 1/S ; semaine, 7 heures.
l^T Mitzwah
TEMPLB DE UL RUE DE LA YICTOIBE
Bioch (Jean), rue de Monceau.
Lévy (Maurice-Abraham), 60, rue de Provence.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Billet (Salomon), 20, rûo Michel -le-Com te.
Lèvy (Greorges), 9, rue Julee-César.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DB LA BUE MOTR&-DAME-DE-19A2AABTH
Diwmrhe, 30 mai, à I h. 1/2. — M. Scholer (Isidore-Isaac), employé de
commerce, 34, bouleyard du Temple, et Mlle Loeb (Sara),
couturière, 46, rue Lamartine.
tniPLE SB LA BUE BEE TOURNBLIAS
Mardi, 1*' Juin, M. Lévi (Henri), employé de commerce à Rouen, et
Mlle Szcupak (Hélène), 22, rue de la Roquette.
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. Décès
19 mai Dennery (Constant), 10 mois, rue de Strasbourg, 8.
— Brunscbwig (Léopold), 68 ans, rue du Sentier, 29.
20 — Stcin (Léon), 39 ans. passage Ménilmontant, 6.
21 — M™«Ternau, née Ternau (Berthe), 83 ans, à Neuilly.
— Brandon (Jacob), fô ans, rue Hègésippe-Moreau, 15.
— M"»* Solinski (Hirscb), née Schicboupski (Sai-a), 63 an?, rue
Pavée, 19.
23 — Blocb (Cerf, dit Henri), 63 ans, boulevard Donain, 7.
— Dany (Josepb), 72 ans, rue de Marseille, 7.
24 — Neyman (Jenny-Suzanne), 1 mois, rue Taylor, 14.
25 — Masse (Alexandre), 9 mois, rue des Bains, 11.
— Yzer (Abrabam), 44 ans, rue Etienne -Dolet, 5.
26 — Philippe (Alexandre), 55 ans.
Le Consistoire a l'honneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat généraly 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
En vente chez Durlacher, 83 bis, rue Lafayette, les ou-
vrages suivants de M. le grand rabbin Wogue :
Pentatenque et Haphtaroth, texte, traduction et notes,
5 vol. in-8<> avec gravures ; prix : aS fr.
Histoire de la Bible et de V exégèse biblique jusqu'à nos
jours; prix : la fr.
Principes généraux de la théologie juive, suivis d'an ap-
pendice biographique ; prix : 4 fr.
La Prédication israélite en France; prix : i fr. 5o.
JOSEPH LÉVY
Ancien élève de l'Ecole de Travail de V Alliance israélite
RÉPARATIONS DE MEUBLES EN TOUS GENRES
14^ Rue Ste-CroiiL-de-la-Bretoimerie, 14
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L'UfflVBRS ISRAÉLITE SgS
Les Ateliers de Tlmprimerie ayant été fermés le jeudi
27 mai, jour de rAsceneion, la publication du présent
numéro a dû être retardée de 24 heures.
Les Troubles d'Algérie
Il y a quelques mois, nous élevant contre Tattitude
effacée et pusillanime observée en face de Fantisémitisme
par le judaïsme français, nous écrivions ici-même les lignes
suivantes :
Pour que la campagne antisémitique ait épuisé toutes ses consé-
quences, il ne manque plus qu'une chose, ce sont des incidents
d'ordre public. On n'a pas encore, à cette heure, inquiété les juifs
dans leur sécurité personnelle ; on ne s'est pas encore porté sur
eux à des voies de fait, on n'a pas encore attenté à leurs pro-
priétés. Mais, pour peu .que les excitations continuent,'on y viendra.
On a allumé de telles haines que le plus futile prétexte peut déter-
miner des catastrophes. Sont- ce ces catastrophes qu'on veut
attendre pour agir ?
Eh bien ! les catastrophes que nous redoutions et que
nous n'avions aucun mérite à prévoir commencent à se
produire. Nous aimons à espérer qu'elles auront pour
résultat de secouer la torpeur de nos coreligionnaires.
Nos lecteurs trouveront plus loin le récit des doulou-
reux événements qui viennent de se dérouler en Algérie,
dans la province d'Oran. Pondant toute une semaine, à
Mostaganem d'abord, à Oran ensuite et dans plusieurs
autres villes de la province, à Perrégaux, à Sidi-Bel-Abbès,
à Aïn-Tedels, à Aïn-Temouchent> à Cassaigne, à Lapasset,
les juifs ont été en butte à des manifestations inju-
rieuses et à des stressions brutales. L'ordre a été profon-
dément troublé. Les demeures et les magasins des Israélites
ont été envahis et livrés au pillage. Plusieurs synagogues
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394 L'umVBRS ISRAÉLITE
ont été mises à sac. Le sang a coulé. De nombreuses arres-
tations ont eu lieu. 11 a fallu mettre en mouvement la
troupe qui, en face de la violence déchaînée, est restée
souvent impuissante. Plusieurs bandes d'Arabes dans le
Dahra se sont mises en branle et se sont livrées à des
d^rédatioDS.
Et ces troubles graves qui ont presque dégénéré en
insurrection, quelle en a été la cause ou Toccasion? C'est
une vulgaire bagarre née dans un lieu mal famé. Au cours
d'une rixe survenue le i6 mai au soir dans une rue sus-
pecte de Mostaganem, entre des Israélites de cette ville et
des. cyclistes oranais en goguette, un M. Irr, conseiller
municipal d'Oran et vice-président de la Ligue antijnive,
a reçu un c jup de couteau qui lui a occasioEné une bles-
sure, dépourvue heureusement de toute gravité. C'est
cet incident, analogue à ceux que la police constate chaque
jour dans les quartiers louches de toutes les villes, qui
a failli mettre toute une province algérienne à feu et à
sang.
Nous ne savons pas encore comment s'est produite la
rixe de Mostaganem et quel est le fait initial qui Ta déter-
minée. On a prétendu que c'étaient les juifs qui l'avaient
fait naître en organisant un véritable guet-apens. Nous nous
refusons à le croire jusqu'à plus ample informé. Il nous
semble, en effet, peu vraisemblable que des juifs, dont le
tempérament est généralement pacifique, trop pacifique
môme au dire de certains, aient pu, sans y avoir été provo-
qués par les injores ou les menaces habituelles aux JUitî-
sémites, se livrer à une agresdon préméditée. Noos ne pcMi-
Tons oublier du reste que ceM.Irr,qu'on nous dépeintcomme
jm passant inoffensif^e^l un antisémite violent,et que c'est
lui qui, au Conseil miinieipaUl'Oran,a proposé la révocation
en bloc de tous les employés juifs,en appuyant cette moiioii
d'on rapport écrit où ces employés étaient individueUemeDt
Tobjel des imputations les plus outrageantes. Noos m
larderons d'aillenra pas à savoir d'où est veme la provo-
cation et de quel côté ont été les premiers torts^ Six
juife ont clé arrêtés ; l'înslrttction judiciaire ci les débal^ à
l'audience fercmt sans doole la lumière sur l'origine de la
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l'univers ISRAÉLITE ^^5
bagarre. Mais aa fond le résultat de Tenquète importe pas..
A supposer môme qu'il soit établi que les juifs détenus
ont été les agresseurs, Taete coupable de quelques indi-
vidus ne saurait expliquer les atrocités dont un dépar-
tement tout entier a été le théâtre. Il est évident, au
contraipe, que des troubles aussi graves n'ont pu être
amenés par une querelle banale et que les causes en sont
anciennes et profondes. Us n'ont pu étonner ceux qui
suivent de près les événements d'Algérie. Ils sont plus
dramatiques peut-être que les désordres qui se sont
produits naguère à l'Université d'Alger, mais ils ne ^ont
assurément pas plus significatifs. Il faut les attribuer à un
état général des esprits qui a été créé par une presse ignoble
et qui, il faut bien se résoudre à le dire, a été, sous l'empire
de misérables préoccupations électorales, favorisé, encou-
ragé et entretenu par une administration imprévoyante et
coupable.
On sait que la presse antisémitique de la France conti;
nentale ne se distingue pas par l'aménité et la bonne foi.
Mais ses pires excès ne sauraient donner la moindre idée
du langage forcené et ordurier de la presse qui en Algérie
s'appelle antijuive : car, en présence de l'Arabe qui est mi
sémite, le mot antisémite ne saurait être de mise. Les
feuilles antijuives sont nombreuses en Algérie; il s'en
publie dans tous les centres de quelque importance. Ces
organes ne se contentent pas de prodiguer aux Israélites
des injures dont nous ne pourrions reproduire la moins
grossière sans manquer de respect à nos lecteurs; mais ik
ne reculent pas devant la menace directe, et, sous les yeux
d'une administration complaisante et de parquets indiffé-
rents ^ ils ne cessent de provoquer au pillage et au meurtre.
Tout récemment encore, pour citer un seul exemple, une
de ces feuilles proposait le plus sérieusement du monde de
précipiter les juifs dans le ravin à l'aide d'appareils
cypriotes et de détruire leurs quartiers afin de se débar-
tasser d'un foyer d'infection. Or, ces excitations crimi-
■feUes qui se répètent tous les jours sur tous les points de
l'Algérie sont assurées d'une impunité complète* Faut-il
s'étooner dès lors qu'elles finissent par produire leurs
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agô l'univers Israélite
effets meartriers, qu'elles se tradaisent sur la voie publique
par le eri de <x mort aux juifs » et aboutissent à la mise à
sac des synagogues et au pillage des demeures particulières?
Mais ce n'est pas dans la presse seulement que ces
violences se font jour, Les antijuifs d'Algérie^ dans les
villes où ils ont pu s'emparer du pouvoir municipal, n'hési-
tent pas, en dépit des lois les plus formelles et au mépris
des principes même de notre droit public, à commettre les
abus de pouvoir les plus criants. Le Conseil municipal
d'Oran, élu le 14 mars dernier, a voté en séance publique:
i^ La révocation des agents de police Israélites.
2« Le refus d'avis favorable aux demandes de bourses d'ensei-
gnement, quand le pétitionnaire est Israélite.
3^ Le renouvellement du traité qui lie la ville à TEtat en ce qui
concerne le collège de jeunes filles, à condition que les professeurs
juives seront progressivement éliminées.
4'> L'exclusion absolue des Israélites de tous les services muni-
cipaux, de toutes les fêtes et réceptions municipales, etc.
Le 6 mai dernier, le même Conseil municipal eut pré-
cisément à statuer sur des demandes de bourses nationales
au lycée d'Oran. Il les accueillit toutes, puis, ayant à
apprécier la demande formée par un Israélite, M. Jacob
Dayan, facteur des postes, il vota la motion suivante :
Est rejetée à l'unanimité moins la voix de M. Sartîn, qui déclare
qu'il y a des exceptions possibles, une demande semblable formée
pour son fils par M. Jacob Dayan, facteur des postes, qui compte
cinq ans de services militaires comme engagé volontaire dans l'in-
fanterie de marine, d'où il est sorti avec le grade de sergent et
dix-sept ans de service dans l'administration.
Et ces résolutions, contraires à toute justice, même
à toute légalité, ont été en partie du moins exécutées. Les
agents de police Israélites ont été révoqués. Cette révoca-
tion n'a pu se faire, aux termes de la loi, qu'avec l'appro-
bation du préfet et la sanction du gouverneur général. On
est en droit de se demander si, pour l'administration
algérienne, les lois qui ont établi la liberté de conscience
et proclamé l'admissibilité de tous les citoyens français
aux emplois publics sont tombées en désuétude. Mais
ce qu'il importe surtout de faire ressortir, c'est que ces
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l'univers ISRAÉLITE ÙQ^
violations flagrantes de la Constitution, ces audacieux défis
à tout sentiment de justice et dëgalité éclairent d'une
lumière singulièrement vive les déplorables désordres qui
ont agile la province d'Oran. Elles nous expliquent pour-
quoi l'autorité, n'ayant pas voulu les prévenir, a été
contrainte de les réprimer comment, après avoir semé le
vent, elle a récolté la tempête.
Les événements d'Algérie auront du moins l'avantage
d'appeler l'attention des pouvoirs publics sur ce qui se passe
dans notre colonie. Déjà le groupe parlementaire des répu-
blicains de gouvernement, saisi par une motion de M.Joseph
Reinach, a chargé son président d'enlretenir le Prési-
dent du Conseil et le Ministre de l'Intérieur de la
situation révélée par les troubles. Espérons que cette
démarche autorisée amènera le gouvernement à comprendre
son devoir et à le remplir. Et lorsqu'il aura examiné d'un
peu près les actes de ses représentants en Algérie,il ne pourra
s'empêcher de reconnaître que pour ramener de l'autre côté
de la Méditerranée Tordre dans la rue et le calme dans les
esprits le meilleur moyen sera de rétablir dans les hautes
sphères de l'administration algérienne le respect de la
justice et le souci de l'impartialité.
B.-M.
Nous publions ci-après réloquente circulaire que M. le
gi*and rabbin Zadoc Kahn a adressée aux journaux parisiens, et
dans laquelle il réclame des secours pour les israélites algériens
qui par suite des événements d*Oran ont perdu leurs
moyens d'existence. Nous espérons que nos coreligionnaires
ne resteront pas insensibles à cet appel et qu'après avoir
donné de l'argent et même beaucoup d'argent pour le noviciat
de Saint-Dominique, l'œuvre de Sainte-Rosalie, les écoles
catholiques et les œuvres placées sous le patronage du Sacré-
Cœur, ils auront aussi quelque commisération pour les victimes
de l'intolérance et du fanatisme et sauront trouver une obole en
faveur des malheureux juifs algériens que les troubles récents
ont plongés dans la misère.
36.
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99^ l'univers ISRAÉLITE
M. le grand rabbin de France a adressé anx journaux la lettre
sviTante :
Monsieur le Directeur,
J'ai lu avec stupeur les nouvelles venues de la province
d'Oran dans ces derniers jours. Parce que, dans un quartier
suspect de Mostaganem, une rixe, déplorable assurément,
mais qui ressemble à toutes les rixes, a éclaté entre quel-
ques excursionnistes surexcités et des jeunes gens Israélites,
on s'est jeté sur des populations inoffensives, on a saccagé
des magasins, démoli des synagogues et lacéré des livres
sacrés que révère la chrétienté aussi bien que le judaïsme,
tout cela sans souci de l'honneur de la France ni même
de ses intérêts» car sait-on où peut mener l'exemple du
désordre et du pillage dans un milieu aussi inflammable
que l'Algérie !
Et il s'est trouvé des journaux français et chrétiens
pour applaudir à ces excès et en conseiller d'autres, en
oubliant, hélas ! que les attentats contre les persolanes ne
sont pas moins odieux et criminels en Algérie qu'en
Arménie !
En attendant, les conséquences des troubles se font
déjà sentir dans les Communautés juives du département
d'Oran ; les indigents Israélites qui y végètent en si grand
nombre souffrent encore plus que d'habitude. On m'écrit
dans un télégramme de ce matin, qui est comme un cri de
détresse, que « les douloureux et terribles événements
qui se passent enlèvent momentanément anx ouvriers
empêchés de travailler leur pain quotidien ». Je considère
comme un devoir de faire appel, par la voie de la presse,
à la générosité de mes coreligionnaires. Qu'ils se bâtent
de venir en aide à ces misères ! J'accepterai aussi avec
reconnaissance l'obole de tout homme de cœur qui voudra,
en témoignant sa sympathie à d'innocentes yietîmes,
protester contre des actes de sauvagerie que répuifient
Fhumanité et le patriotisme.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assuranee de
ma haute considération.
Zadog Kahn,
Grand rabbin de France,
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l'univers israélitb 399
LES HAZZANIM
Dans un article paru récemment, un rabbin, pour donner au
culte public plus de dignité, propose de supprimer les hazzanim
et de les remplacer par des rabbins. Les hazzanim,dit-il,étaient
à Torigine des bedeaux, et ils ont usurpé le titre de Scheliach
tsibbour, délégué de la Communauté. On a déjà fait remarquer
à ce sujet que les hazzanim n'ont pas commis d'usurpation. En
effet, le nom de Scheliach tsibbour est aussi ancien que celui
de hazzan. Les fonctions d'officiant et de bedeau ayant été
réunies, l'officiant a pris le nom de hazzan, et plus tard, quand
les deux fonctions ont été de nouveau séparées, le bedeau a été
appelé schammasch (serviteur). Les fonctions du hazzan actuel
sont donc celles de l'ancien Scheliach tsibbour ^ et celles du
schammasch actuel étaient remplies autrefois par le hazzan.hes
noms seuls ont changé.
Quoi qu'il en soit de ce problème historique, M. le rabbin se
plaint que beaucoup de hazzanim manquent d'instruction reli-
gieuse et profane, ce qui est malheureusement trop vrai. J'id
exprimé les mêmes doléances dans ce journal (numéro du
1^' mai 1896). Seulement j'en avais tiré la conclusion qu'il faut
relever le niveau intellectuel et moral des hazzanim en les
faisant passer par une école qui les préparerait à leurs fonc-
tions.
M. le rabbin trouve une solution plus radicale qui consiste à
supprimer les ministres officiants. Désormais les rabbins
auraient seuls le droit de dire les prières; les hazzanim garde-
raient la schechita, mcds redeviendraient dans la synagogue de
simples bedeaux. Ainsi ils justifieraient leurs noms de
hasxanim.
On pourrait soupçonner M. le rabbin de vouloir faire cumu-
ler par les rabbins le traitement et le casuel qu'ils reçoivent
avec les émoluments et le casuel des hazzanim. Il y a, en efiet^
des Communautés où le rabbin est en même temps officiant ;
mais ce sont des Conmiunautés qui ne sont pas assez riche»
pour avoir deux fonctionnaires distincts. Là le rabbin a beau
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3oO l'univers ISRAÉLITE
cumuler, sa situation pécuniaire n'a rien qui puisse exciter
l'envie. Pai» contre, il y a des Communautés importantes
ou la réunion du traitement du hazzan avec celui du
rabbin donnerait d'assez jolis revenus. Je veux croire
que M. le rabbin ju'a pas envisagé ce jfcôté de la question,
et qu'il a pensé uniquement à la dignité du culte et à la
nécessité de donner à toutes les Communautés des repré-
sentants qui leur fassent honneur. Mais M. le rabbin n*a pas
songé à toutes les difficultés que rencontrerait le remplace-
ment de tous le hazzanim par les rabbins. Le séminaire ne
serait pas assez g^and pour le nombre de rabbins qu'il faudrait
recruter. Ou bien on serait forcé de réduire les années d'études
des élèves et de leur accorder des diplômes acquis hâtivement,
afin de pouvoir fournir un personnel suffisant de rabbins.
Alors on aurait des rabbins ignorants. Singulier moyen de
rehausser la réputation de notre clergé î
Ensuite, si tous nos pasteurs doivent officier, que fera-t-on
des hommes de talent qui n'auraient pas une voix musicale? Il
y a tel rabbin, occupant une place éminente dans le judaïsme,
qui aurait été certainement refusé comme hazzan dans la
moindre Communauté. Il n'aurait pu mettre au service de la
religion ses qualités de cœur et d'esprit !
On me dira que les prêtres chrétiens disent la messe. Mais
les rabbins ne sont pas des curés, et nous reviendrons peutrêtre
un jour sur cette confusion constante entre les attributions du
clergé chi^étien et celles de nos chefs religieux. Et, d'ailleurs,
les curés sont généralement secondés par des chantres.
Enfin, pour revenir au problème pécuniaire, M. le rabbin
n'ignore pas que beaucoup de Communautés n'ont pas le moyen
de se payer le luxe d'un rabbin. Qu'il veuille bien indiquer
où l'on trouvera les ressources nécessaires, et toute Commu-
nauté s'empressera de prendre un chef spirituel !
En somme, la proposition que nous combattons aurait
pour résultat non pas de substituer les rabbins aux ministres-
officiants, mais de confondre les uns et les autres. On aurait
des rabbins de nom et des hazzanim de fait. Ce qu'il faut, c'est
que le Consistoire central exige des futurs hazzanim qu'ils
subissent des examens leur donnant droit au titre de sous-
rabbin. Voilà une réforme simple, pratique et peu coûteuse,
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l'univers ISRAÉLITE 3oi
qae tout le monde approuverait. Il y a de grandes chances
pour que nous ne la voyions pas se réaliser.
R. T.
P. S. — Cette réponse à « un Rabbin » était déjà écrite,
quand j'ai lu celle de M. Mendès, ministre officiant du temple
portugais, qui a paru dans les Archives israélites. M. Mendès
insiste chaleureusement, et avec raison, sur Tutilité et la néces-
sité des fonctions de hazzan. M. Mendès admet, comme moi,
qu'on pourrait être plus sévère pour le choix des ministres
officiants.
Dans ma réplique à M. Klein, le nom abrégé du célèbre
rabbin Moïse Isserless, Rema^ a été changé en Reina, et on a
imprimé M. Tobias pour Tobie Haas. Les lecteurs auront
d'eux-mêmes rectifié ces coquilles.
LES TROUBLES DE LA PROVINCE D'ORAN
Nous reproduisons ci-après les principales dépêches publiées
par les journaux quotidiens sur les troubles de la province
d'Oran,en les complétant par nos renseignements particuliers :
Cran, 18 mai.
Des troubles assez graves se sont produits, hier soir, à Mosta-
ganem. Des magasins appartenant à des Israélites ont été mis au
pillage; malgré les efforts de la patrouille de gendarmerie, la foule
a entièrement saccagé Tintérieur de la synagogue.
Le Consistoire a fait placarder une affiche désapprouvant haute-
ment le guet-apens contre les cyclistes et désavouant les auteurs de
cet acte criminel.
On a arrêté six de ces derniers. Ce sont les nommés Isaac Serfatl,
Nessim Cohen, Simon Serfati, Maklouf ben Hamou, Joseph Kouby
et Benhaim. Un agent de police Israélite nommé Mouchy a égale-
ment été arrêté pour avoir favorisé l'attentat.
L'état de MM. Irr et Bonnet,qui ont été le plus sérieusement
blessés, est aussi satisfaisant que possible.
A Mostaganem plusieurs arrestiitions ont été opérées parmi les
manifestants. Des perquisitions ont été faites pour découvrir les
objets pillés dans les magasins juifs ; elles ont amené la découverte»
notamment, de quatres boites de poudre chez un indigène.
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l'uNIVEES ISRAÉLITE
raélites, ne se sen^t plus en «écarité dans la ville,
adt aflicher une proclamation invitant les habitants
Oran, 19 mai.
em,Ies magasins ont été pillés,les habitations violées,
\ se sont portés à deux reprises sur la synagogue
lencé par saccager et qu'ils ont détruite compièle-
lain.
Oran, 21 mai.
intisémitique signalée à la suite de la bagarre entre
et des Israélites de Mostaganem s'est étendue à
la synagogue a été saccagée pendant la nuit du 19
^delès, où, à la suite de plusieurs rixes, les vitres de
ns juives ont été brisées ; à Noisy-les-Bains, où des
es par des juifs ont été lapidées.
d'hier avait été calme. MM. Irr et Bonnet arrivèrent
6 h. 5o : sur le quai de la gare, un factionnaire est
) de sortie. Un piquet de gendarmerie à cheval et une
ts assurent Tordre. Le public est du reste très peu
gendarmerie à pied surveille le qusii.
i de Mostaganem, au devant desquels M. Garoby,
rai de la préfecture, et M. Gobert, maire d'Oran, se
ç[u'à Valmy, descendent de wagon. M. PefTau, adjoint,
personnes et les représentante de la presse sont
r le quai.
Bonnet montent dans une voiture et quittent la gare
3 foule un peu plus nombreuse ; ils sont acclamés,
le secrétaire général montent également en voiture
le rapidement; il atteint aux demeures respectives
is aucun incident ; cependant les incidents ne parais-
lés.
ores des groupes animés circulent sur le boulevard
3o des bandes plus menaçantes se forment et les cris
ifs > retentissent, puis la foule massée sur le boule-
brise un kiosque et fait irruption sur le boulevard
L sac tous les kiosques tenus par des juifs,
millier de personnes se portent devant un magasin
partenant à llsraétite Benhaim, brisent ht porte et
narchandises.
itants se (Hrîgent ensuite vers le Bazar Goriat où ils
dégâts et vont ensuite à la Goncorde, Société de
dve, où ils brisent les agrès. Une g^rande maison eu
^nin est assaillie, mais «ans dommages; d'autres
également phis tm moins atteints.
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l'uNIYSKS ISRAÉLITE 3o3
Le service d'ordre était assuré depuis six heures par une compa-
gnie de zouaves.
A neuf heures des détachements de zouaves, la baïonnette au
canon, et des gendarmes à cheval, arrivent place de THôtel-de-Vllie,
ot se trouvent le maire, le préfet, M. Peffau, adjoint au maire, et
plusieurs conseillers municipaux.
Le maire, escorté par un piquet de zouaves, prononce une allo-
cution invitant les citoyens au calme ; la fbule répond par le cri :
< Mort aux juifs ! »
Le colonel du régiment de zouaves et un commandant sont à la
tête d'un cordon de zouaves qui garde la rue d'Austerlitz et le boule-
vard National, quartier habité par les juifs.
A onze heures et demie, les troubles devenant menaçants, une
compagnie de zouaves arrive et est accueillie par les cris : « Vive
les zouaves ! » -^'
A minuit et demi les manifestations continuaient et on signalait
de nouvelles attaques contre les magasins juifs.
Les troupes occupent toujours les principales artères de la
▼aie.
Après les mesures rigoureuses prises la nuit dernière par les
autorités militaires, qui avaient fait barrer les extrémités du l>oule-
vard Séguin et les amorces des rues adjacentes, les manifestants se
sent portés sur d'autres quartiers.
Dans la rue d'Arzew, ils ont pillé i6 magasins juife. La bijouterie
Darmon a été particulièrement éprouvée. Ce matin on pouvait voir
les montres et les pendules dispersées sur le trottoir.
La villa Benichon allait être prise d'assaut, lorsque la . police
intervint.
Rue Mostaganem, plusieurs épiceries ont été dévalisées ; rue des
Casernes, la devanture d'un magasin de vieubles a été complète-
BMot défoncée ; les tables de marbre, les lits, les glaces ont été
brisés. Du local où était iastaliéeia Société la Concorde, il ne reste
^le les murs.
Les pertariyitenrs avaient commencé -pmr mettre le feu an local,
nais, effimyés par la proximiié du cirqne et d'un dépôt de voitores,
Bb se sont «mpressés de l'éteindre.
Quatre baraques de fripiers ont été défoncées et les bardes jetées
éanè les rues. Sm* le boulevard Sébastopol, lèimgasÎB d*un bôorre-
lier a été également {rîllé.
On ognale encore ce matin de nouveaux tronbles. Des colpor-
te» jnifs ont été chassés du plateau Saint-Biiohel par la popu-
lation.
Dans la me dX)fiéans, une nouvelle bagarre s'est produite ; tous
les magasiDS jnîfe sont fermés.
L'effervescence continue. Des mesures d'ordre sont prises, le
nuire continneà exhorter la popnlaUon an calme.
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3o4 l'univers ISRAÉLITE
Oran, 22 mai.
Les dégâts commis avant-hier, pendant la nuit, dans les maga-
sins, sont considérables. Sur les démarches des négociants déva-
lisés, le président du tribunaf a nommé des experts chargés d*éva-
luer les dommages en vue des recours de droit contre la ville.
Pour prévenir les manifestations, dont on craignait le renouvel-
lement cette nuit, des zouaves et des chasseurs d'Afrique ont été
consignés à THôtel de ville et dans les principaux monuments ; des
postes établis tout autour du quartier Israélite ; des patrouilles,
baïonnette au canon, gardaient rentrée des synagogues, et le
quartier arabe était cerné. Pendant toute la journée la ville a pré-
senté une animation extraordinaire. La plupart des ouvriers ont
chômé pour aller visiter les dégâts de la ville.
Le consul d'Espagne a fait afficher un avis, visé par le préfet,
informant les Espagnols que tout trouble occasionné par F un d'eux
entraînerait Texpulsion du coupable.
Hier soir, à la nuit tombante, des patrouilles ont commencé à
parcourir les rues de la ville et à disperser les rassemblements.
Mais, vers neuf heures, malgré la pluie qui tombait, des cris :
a A bas les juifs I » poussés près d'un des cafés principaux du
boulevard Seguin ont été le signal de nouvelles bagarres. Les
cavaliers ont dû charger la foule jusque sur les trottoirs. Malheu-
reusement, il y a peu de chasseurs d'Afrique. Les escadrons dft la
garnison d'Oran sont occupés à la frontière marocaine, et EikXidlu
en faire venir d'Alger ; malgré les gendarmes et le^ autorités, la
foule envahit la rue d'Arzew et les rues avoisinantes, Elle achève de
détruire un magasin Israélite déjà envahi la veille. Les zouaves,
bien que placés coude à coude, sont impuissants à maintenir les
manifestants.
Vers dix heures, des coups de revolver ont été tirés, rue Pélissier,
d'une maison habitée par le nommé Mardochée Chaloum, ancien
directeur d'un journal Israélite. De la terrasse sont jetées sur la foule
des pierres, des bouteilles. Les balles atteignent trois personnes,
dont une jeune fille légèrement. La foule, furieuse, veut prendre la
maison d'assaut. Trois coups de revolver sont alors tirés de la
maison et atteignent en pleine poitrine un jeune israélite, Joseph
Gabay.
La foule veut alors lyncher Chaloum. Mais la police, dirigée par
le préfet et les autorités, pénètre dans la maison et arrête Chaloum
et sa belle-sœur, qui déclare avoir tiré les coups de revolver pour
se venger d'un coup de bâton qu'elle avait reçu dans la manifesta-
tion de la veille. L'arrestation de cette dame, de Chaloum et d'un
nommé Ben Dayan, habitant une autre maison, d'où étalant partis
sept coups de revolver, calme la foule, qui cependant avait essayé
de lyncher Ben Dayan.
Dans l'intérieur du département, dans les petits centres où il
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■-^IWi,^^^^
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l'univers ISRAÉLITE 3o5
n'y a pas de troupe, les Arabes, éprouvés par la misère cette année,
prennent part au mouvement antisémite, dans lequel ils trouvent tout
profit. Des troubles graves ont éclaté à Gassaigne, à Lapasset et à
Aïn-Tedelès. Le sous-préfet de Mostaganem, le lieutenant de gen-
darmerie et une compagnie de tirailleurs sont partis par un train
spécial, ainsi que le parquet. Les pillards arabes font de véritables
razzias. A Aïn-Tedelès, le village a été envahi par quatre cents
Arabes. L'ordre a été troublé à Oued-Taria ; à Ammi-Moussa, les
magasins Israélites sont fermés. A Relizane, à Noisy-les-Bains, des
actes de pillage ont eu lieu en plein jour. A Perregaux, des scènes
très regrettables se sont produites. Les maisons juives et la syna-
gogue ont été criblées de pierres. En Tabsence de toute force
armée, on a fait venir des soldats de Mascara. Les Arabes ont
envahi la ville, munis de pioches et accompagnés de bêles de
somme, pour enlever leur butin.
A Mostaganem, toutes les mesures ont été prises contre un
soulèvement que Ton craint de la tribu des Achem.
Au cours des troubles de ces derniers jours, à Sidi-bel-Abbès
et à Aïn-Temouchent, des maisons ont été envahies, des magasins
pillés, des coups de revolver tirés des maisons occupées par les
Israélites. A Aïn-Temouchent, il y a eu trois blessés.
Le lendemain de la première collision, à Mostaganem, entre un
groupe de cyclistes d'Oran et quelques Israélites mostaganémois, le
Consistoire Israélite avait fait placarder une affiche disant qu'il
désapprouve hautement Tagression dont les cyclistes avaient été
victimes.
Voici le texte de cette proclamation :
La Communauté Israélite de Mostaganem désavoue complètement tous
ceux qui se sont rendus coupables des fâcheux événements qui viennent de
s'accomplir et qu'elle ne peut que déplorer.
Elle laisse à la justice le soin de les punir et proclame bien haut qu'elle
ne se solidarise pas avec eux. Il y a eu toujours entente parfaite avec tous
les Mostaganémois à quelque religion qu'ils appartiennent et elle espère que
des faits de personnes et individuels ne rompront pas la bonne harmonie
publique.
Ces affiches ont été, comme on sait, immédiatement lacérées, et
l'agitation antisémitique s'est étendue.
Pendant la nuit de samedi à dimanche, jusqu'à deux heures du
matin, de graves manifestations antisémites ont eu lieu à Sidi-bel-
Abbès. Plusieurs magasins ont été détruits ou dévalisés, malgré les
efforts de la légion étrangère, de la police et de la gendarmerie ;
a8 arrestations ont été opérées.
Les chasseurs d'Afrique d'Orléansville sont arrivés hier matin
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3o6 l'univers ISRAÉLITE
à Oran. La nuit dernière a été calme. Dès six heures du soir, les
Eouaves et les chasseurs venus d*Orléansville avaient été répartis
dans les divers quartiers de la ville.
Dans la journée, un Israélite a tiré un coup de feu sur un colon.
Des malfaiteurs, déguisés en Arabes, ont tiré sur un agent de police
Eiommé Anglares, et une balle lui a traversé le corps. On espère
cependant que sa blessure n'aura pas de conséquences graves.
Ce matin, le tribunal correctionnel juge en audience de flagrant
délit les manifestants arrêtés au cours des dernières bagarres .
A Aïn-Tedelès, les Arabes ont arraché la vigne d'un Israélite qui
avait dû s'enfuir à la suite des troubles.
D'autre part, les dépêches adressées à l'agence Havas disent
qu'à Oran le préfet s'-ejt rendu à l'hôpital, auprès de Gabay et de
l'inspecteur de la sûreté, blessés pendant la manifestation de
vendredi dernier. 11 les a trouvés complètement hors de danger.
La même agence apprend également que le gouverneur général
de l'Algérie vient de prescrire aux muphtis et aux autres autorités
religieuses musulmanes d'intervenir auprès de leurs coreligionnaires
pour les inviter à ne pas troubler Tordre.
Le gouverneur fait aussi connaître à tous les caïds et chefs de
douars qu'il révoquera ceux qui n'auront pas su maintenir leurs
administrés dans le devoir.
Les permis de voyage pour aller dans le département d'Oran
ont été supprimés aux indigènes des départements de Gonstantine
et d'Alger.
Le gouverneur général prescrit, en outre, au commandant supé-
rieur du cercle de Lalla-Marnia de repousser tous les indigènes
marocains qui traversent la frontière en grand nombre, fuyant la
misère qui règne au Maroc, et viennent chercher du travail e&
Algérie.
Enfin, le gouverneur général insiste auprès du Gonsistoire d*Oran
et du grand rabbin de la ville pour que ses coreligionnaires ne
commettent aucun acte de nature à exalter les esprits et à proloogcr
les troubles.
Selon l'Agence nationale, le contre-coup de celle agitation s'est
fait ressentir à Saïda, à la légion étrangère, et les chasseurs d'Afri-
que sont consignés. Des mesures sévères ont été prises au marché
arabe, par crainte de troubles. A Bosquet, les Arabes ont arraché
les vignes des propriétaires juifs.
A Ouillis, les indigènes, aa nombre d'environ deux mille, ont
assiégé le village et pillé le magasin d'un juif. Parmi les agressoirs
se trouvaient de nombreux indigènes venus de MosCaganem.
Pour justifier leur attitude, ils prétendaient que l'administratioa
les encoarageait et qu'à Gassaigne les choses s'étaient passées de la
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^W^'y^^'^
l'ukite&s israélitx 3o7
sorte. Us ont été jusqu'à faire coarir le bruit qu'une somme de
10,000 francs serait accordée à cebii qui tuerait un israélite.
Oran, 23 mai.
A Aïn-Temoudient, pendant la nuit, la grande synagogue a été
saccagée et pillée. Les Uyres de la loi ont été lacérés et jetés dans le
russseau.
Le calme est rétabli à Mostaganem et à Oran ; les indigènes qui
ont4>illé les magasins des Israélites passeront prochainement devant
la police correctionnelle ; les manifestants, objets de procès-ver-
baux, ont été jugés en audience de flagrant délit, et dix -neuf ont
été condamnés de cinq jours à trois mois de prison.
Sept d'entre eux, étant étrangers, ont été aussitôt l'objet d'ar-
rêtés d'expulsion et seront expulsés leur peine faite.
Néanmoins, les mesures militaires restent en vigueur et les auto-
rités ne cessent pas d'exercer une surveillance rigoureuse.
L'état du jeune Gabay est satisfaisant.
Le grand rabbin de France Zadoc Kahn a envoyé 10,000 francs
au président du Consistoire à Oran, pour qu'il les distribue aux
Israélites (jui ont subi des dommages pendant les troubles.
a,ooo francs leur ont été, en effet, distribués hier.
Dans le reste du département, la situation paraît plutôt s'amé-
liorer. Dans la bagarre de Sidi-bel-Abbès, que nous signalions hier
soir, huit fûts de vinaigre ont été vidés dans la cave d'un israélite
nommé Lévy. Un incendie a été allumé dans un magasin, peut-être
par des antisémites, peut-être par des indigènes.
Dans la région du Dahra , où se trouvent Lafon et Cassai-
gne, etc., un grand nombre d'Israélites aisés sont partis et s'éta-
bliront ailleurs.
A Sainte-Anne, les indigènes attroupés se sont laissé désarmer
de leurs matraques. Mais à Fortana ils ont pillé deux magasins
Israélites. La gendarmerie a arrêté vingt des voleurs. A A!n-el-
Arba, il a fallu la protection des goumîers et du caïd Mazari pour
empêcher les mêmes actes. A Saint-Denis-du-Sig , les indigènes
s'étaient rassemblés au nombre de 400 dans le village et leur atti-
tude était nettement hostile. Ils refusent de moissonner. On a pu
saisir toutes leurs matraques. Les magasins Israélites sont restés
iermés. Aucun incident ne s'est produit.
A Ain-Temouchent, un détachement de zouaves a été envoyé
pour calmer l'effervescence, et la même mesure a ramené l'ordre à
fiammamnbou-fladjard.
Oran, 25 mai.
A XJaèB le-Dttc, les portes des magasins Israélites cmt été enfon-
cées et les magasins nûs à sac. Deux pelotons du 6e chasseurs ont
été envoyés de Hascara pour vétablh* l'ordre.
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3o8 l'univers ISRAÉLITE
Le sous-préfet, le procureur de la République et le juge d'ins-
truction sont rentrés à Mostaganem, de retour de la région de
Dahra, où le calme est rétabli. Les tirailleurs occupent toujours
Cassaigne et Aîn-Tedelès, en prévision d'une agitation dans les
tribus voisines. Relizane est calme, mais de nombreux groupes d'in-
gènes des tribus des environs stationnent autour de la ville, espé-
rant trouver une occasion de pillage ; la population se montre
inquiète.
A Fortassa, hier soir, les portes des magasins Israélites ont été
enfoncées, les boutiques mises à sac, les marchandises emportées
par une bande de 3oo Arabes. Un demi-escadron de chasseurs a été
envoyé immédiatement pour rétablir le calme dans le village.
A Mercier-Lacombe,des malfaiteurs jetèrent par-dessus la toiture,
dans une maison où se trouvaient réunis environ 5o Israélites, des
engins explosifs qui, en éclatant, blessèrent une jeune iille.
Mostaganem «et sa banlieue sont, comme Oran, absolument
calmes pour la même raison : la présence des troupes à la dispo-
sition inunédiate des autorités.
On nous télégraphie d'Oran :
Des troubles graves ont éclaté à Hammam-Bou-Hadjar, Er Rahel,
Rio-Salado et Aln-el-Arba. Les magasins des Israélites ont été
envahis et' les villages cernés par les Arabes.
Au dernier Conseil des ministres, M. Barthou, ministre de Tinté-
rieur, a mis ie Conseil au courant des événements qui se sont
produits dans la province d'Oran. Il a indiqué les mesures quHl a
concertées avec le gouvernement général pour assurer l'ordre public
et la sécurité des biens et des personnes en Algérie.
Au cours de la réunion hebdomadaire tenue au Palais-Bourbon
par le groupe des républicains de gouvernement, sous la présidence
de M. Marty, M. Joseph Reinach a entretenu ses collègues des
désordres qui viennent de se produire en Algérie, à Mostaganem et
à Oran, entre indigènes et Israélites. Le député des Basses-Alpes a
signalé le danger de ces querelles confessionnelles :
Peu m'importe qui a commencé, a-t-il dit, qui a été cause de ces
trembles; ce qui est inadmissible, c'est de tolérer une guerre religieuse dans
les rues, à la fin du dix-neuvième siècle, aux portes de la France, et cela
surtout au moment oii les événements qui viennent de s'accomplir en
Orient paraissent avoir leur contre-coup dans tous les pays musulmans, où
on commente fort les victoires turques.
M. Joseph Reinach a insisté sur la coïncidence de ces deux
ordres de faits, dans laquelle il y a peut-être lieu de voir Imdice
caractéristique d'un état d'esprit à surveiller de près.
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l'univers ISRAÉLITE SoQ
Les observations de M. Joseph Reinach ont été appuyées par
MM. Aynard etDulau; le groupe a donné mandat à son président
de conférer avec le président du Conseil et le ministre de Tlntérieur
an sujet de cette situation.
On lit dans la Liberté :
Les scènes sauvages qui viennent d'avoir lieu à Mostaganem et
àOran,et qui semblent devoir se continuer, seraient enc" *
déplorables et honteuses, mais ce qui les aggrave encon
l'on ne saurait se fcdre d'illusion sur la part suggestive qi
sitaires de l'autorité y ont prise partout, part qui, à Gons
devenue active et réelle, car on n'ignore pas que le préfet, <
été déplacé, était le chef du parti antisémite. Ce sont là, <
résultats des excitations à la haine dont la colonie ret(
que le gouverneur général a voulu y jouer au souvera
tionnel et maintenir la balance égale entre les factions
putent les emplois électifs, sans s'apercevoir que ce ma
enfantin ne pouvait profiter qu'aux hommes de désordi
verneur de l'Algérie n'est pas un kalife : c'est un foncti
doit veillera l'exécution des lois dans une contrée où Toi
priori que l'action du pouvoir central n'arrive que très t
la longueur de la transmission. Or les lois existantes ot
qui exercent l'autorité à protéger impartialement toutes
ries de citoyens, sans distinction de croyances, car dai
moderne il n'y a pas de parias et il ne saurait y avoir <
LA BAGARRE DE MOSTAGANE
D'un correspondant particulier :
Il est encore impossible de se faire une idée précise de
de Mostaganem ; les feuilles antisémites parlent d
d'assassinat, de guet-apens; les autres, renseignées par
pondants exaspérés et victimes de l'affaire, rejettent toi
sur les six israélites arrêtés et actuellement détenus. U
impartiale, si elle a lieu, pourra seule fournir des indic
cises en attendant le jour de la discussion publique
tribunal.
Voici comment les faits paraissent s'être produits
cyclistes oranais se rendent le i6 mai dernier à Mostag
prendre part aux courses vélocipédiques ; ils ont pour
le président de la Société cycliste oranaise, un jeune hoi
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3lO L^UNIVERS ISXtA.éLITB
Irr, le plus fongueux, le plus agressif, et le plus justement antipa-
thique des antisémites oranais, membre du Conseil municipal où il
se fait remarquer par ses propos injurieux.Cet individu s'était rendu
à Mostaganem, ville très tranquille, pour y provoquer un mouve^
ment antisémite. Après un bon, peut-être trop bon dîner, faisant
suite aux courses, le sieur Irr, qui est marié et père de famille, se
rend avec ses cyclistes dans le quartier des lupanars. Est-ce dans
une maison publique, est-ce dans la rne qu'il fait la rencontre d'un
certain nombre d'Israélites parmi lesquels se trouvent, dit-on, des
souteneurs? — Je Tignore.Ces individus ont-ils provoqué le sieur Irr
ou celui-ci était -il, selon son habitude, occupé à vociférer et à se
répandre en injures immondes? Je rigpoiore encore. En tous cas, ime
bagarre se produit au cours de laquelle quelques cyclistes reçoivent
des horions et le sieur Irr un coup de couteau heureusement sans
gravité aucune, à ce que disent les dernières dépêches.
Le tapage a été grand ; 6 juifs sont arrêtés, la ville s'émeut, les
feuilles antisémites parlent de 4^ agresseurs, provoquent à la guerre
civile, et naturellement l'autorité laisse faire. Quand on parle de
pillages et de massacre en général, le sous-préfet de M. Cambon se
décide à donner des ordres qui, parait-il, n'ont pas empêché la mise
à sac de la synagogue la nuit dernière.
Il est incontestable que si les antisémites ne se savaient pas
soutenus et que si les feuilles dévouées à M. Cambon n'étaient pas
certaines de l'impunité, cette misérable bagarre entre souteneurs et
jeunes gens allumés, chose ordinaire et quotidienne dans ce quartier,
n'aurait pas eu la moindre suite et personne n'en. aurait même parlé.
Ces faits lamentables montrent pourtant à quel degré de surexcita-
tion sont montés les esprits. Grâce à la complicité de M. Cambon,
le moindre incident peut provoquer de part et d'autre de véritables
massacres.
La Morale dans le Théâtre de HoUôre et la Morale jtive
{Conférence à V Union scolaire)
Cest le sujet qu'a traité, le mercredi 19 mai, M* Henri Lévy-
Alvarès, avocat à la Cour d'appel.
Le conférencier s'est efforcé de montrer que la morale de
Molière est essentiellement une morale pratique et conforme à
la nature ; puis il a mis en parallèle cette conception du grand
ccHnique avec celle de la Bible et des docteurs de la Lot, et il ik
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l'univers ISRAÉLITE 3ll
fait ressortir les aiïïnités qui existent entre les çéformes que
poursuit Molière et le genre de vip que préconisent nos sages,
Molière, comme on sait, s'est occupé avant tout de la
famille. Or, quelle religion plus que le judaïsme s'est attachée
à la sauvegarde et au développementde la famille, où nos docteurs
ont vu le plus sûr garant de la pureté des mœurs et de Tesprit
d'abnégation ? Et si nous avons traversé toutes les persécutions
du moyen-âge, c'est grâce à la famille où nos pères se récon-
fortaient à la chaleur des- affections et puisaient le courage de
la lutte et même des spéculations désintéressées. Et alors que
l'abattement envahissait les esprits et qu'un Montaigne con-
seillait de se reposer sur le mol oreiller du doute, Israël disait :
a Je sommeille, mais mon cœur est éveillé. x>
Le conférencier a cité de nombreux passages du Talmud
qui établissent le respect de Fisraélite pour la femme , qui
repoussent le mariage forcé et exigent le consentement de la
jeune fille , toutes choses que Molière réclame dans ses
pièces.
Molière ne veut pas que nous contraignions la nature par
des excès de macérations et par une fausse notion de la piété.
De même, le judaïsme est ennemi de toute exagération dévo-
tieuse et de l'abstinence prolongée. Le judaïsme est une reli-
gion qui ne défend pas la joie, qui même la recommande. Sî
nous sommes un royaume de prêtres, cela ne signifie pas que
nous devions être un royaume de moines.
Le conférencier a terminé en exhortant, d'une part, ses
auditeurs à s'initier aux ouvrages de la littérature juive, que
c'est un véritable malheur d'ignorer, et en affirmant, d'autre
part, que si la France aime tant Molière qui recherche partout
la modération et raille l'excentricité, ce nous est un gage que
notre pays hait le fanatisme et ne saurait se laisser gagner
sérieusement aux doctrines antisémites.
Comme on voit, la conférence de M. Lévy-Alvarès ne lais-
sait pas d'être originale, et le public a marqué, à différentes
reprises, par ses applaudissements, le plaisir qu'il prenait à
écouter Torateur. "~
L, L.
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3ia l'univers israélitb
LETTRE DE CONSTANT! NOPLE
Monsieur le Rédacteur en Chef,
La grande Société de Bienfaisance Seror Ahaïra, dont le siège
est à Hasskeuy, faubourg de notre capitale, a organisé un service
funèbre le dimanche 9 courant, à l'occasion de Tanniversaire de la
mort du Baron de Hirsch.
Pour perpétuer la mémoire decethonune généreux, le Comité du
Seror Ahaïm a donné à l'institution fondée par lui, le Talmud Torah,
le nom de : « Ecole hébraïque Hirsch Seror Ahaïm ».
La cérémonie a été des plus imposantes. Tous les notables de la
Communauté y ont assisté pour rendre hommage à la mémoire du
défunt.
La cérémonie a commencé à trois heures et demie de l'après-
midi par une complainte entonnée par un groupe de ministres-ofii-
ciants des différentes synagogues .
M. Nessim A. Elnékavé, vice-président du Comité' de l'Ecole
hébraïque Hirsch Seror Ahaïm, en l'absence du président le colonel
Menteche Bey Galimidi qui se trouve à bord du cuirassé Messoudié,
en sa qualité d'inspecteur de la flotte impériale (première division)
a pris la parole en langue judéo-espagnole.
Il a exalté les qualités du grand philanthrope que l'humanité
pleure encore et dont le souvenir est ineffaçable dans la grande
famille Israélite.
D'autres discours ont été prononcés par M. le rabbin Hirschen-
sohn et par M. Danon, directeur de l'école de l'Alliance à Galata.
Après l'ofûce de la Minha et le Kadish récité par lo élèves orphe-
lins de l'école Hirsch Seror Ahaïm, les ministres-o'fflciants ont récité
la prière des morts.
Depuis le décès du grand philanthrope, dix élèves récitent aux
offices du matin et du soir le Kadish à l'intention du père Mossé et
du fils Lucien de Hirsch.
Une prière, pour appeler les bénédictions du Seigneur sur
Madame la baronne de Hirsch, a clos cette imposante cérémonie.
Victor Lévy
***
Lundi, 10 courant, le grand rabbin Mossé Lévy« accompagné de
quelques membres du corps rabbinique, s'est rendu à Phanar, rési-
dence du patriarche orthodoxe, pour faire visite au chef de l'Eglise
grecque à l'occasion de sa nouvelle nomination.
Le g^and rabbin a été reçu avec tous les honneurs voulus ; le
chef de l'Eglise l'a remercié de son attention et l'a assuré de ses
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jff.^çy^pcçrfrj-*
L*UNiy£RS ISRAÉLITE
3l3
sentiments envers les Israélites. Il a dit qu'il considérait comme son
premier devoir d'aider à la bonne entente entre les deux
nations.
Le dimanche i6 courant, le patriarche s'est rendu à Gousgound-
jouk pour rendre la visite à notre grand rabbin.
L'entrevue a duré plus de 3/4 d'heure. Les chefs des deux
nations se sont encore mutuellement assurés de leurs efforts réci-
proques pour consolider davantage la bonne harmonie entre
Israélites et chrétiens.
**#
Nos coreligionnaires de tout l'Empire donnent des preuves bril-
lantes de leur fldélité au trône et de leur patriotisme, quoi^ qu'en
disent les antisémites. Ce sont les israélites de Turquie qui se font
distinguer particulièrement à l'occasion des événements en Thes-
salie, comme dans les souscriptions organisées en faveur des
Cretois et des blessés sur le champ des combats.
Je vous en parlerai par une lettre spéciale.
V. L.
DONS
RN PAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 21 au 26 mai
M«e Mayer (Edmond) 200
MM. Lazard (Qaston et son
flU Marcel) 60
Francfort père et ftls. . . . 40
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Bauer (Charles) 20
Braun (Isidore) 20
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Keim , 7 , rue Paul le-
Long 20
Mayer (Joseph), 65, rue
de To?quevilIe 20
Mayer (Joseph), 65, rue
Tiquetonne 20
Meyer (Ferdinand), 38,
rue St-Georges 20
Salomon (Robert) 20
Sègre 20
Wellhoff 20
Lévy (I.),131,fbg St-An-
toine 15
Aron (Eugène) 10
MM. Dreyfus (M), 12, rue
Cail.... 10
Jacob (Fernand) 10
Lazard (D.), 37, rue de
» Rivoli , 10
Naura (Camille) 10
Schwab, 32, rue Etienne-
Mircel 10
Bloch, 58, blv. de Stras-
bourg 5
Mme Dreyfous (Médéric) 5
MM.Gradwohl (Charle<) 5
Lévy (Jacque>),99,fbg St-
Martin 5
May (L.) 5
Stern (Moïse), 36, blv.
Pereire 5
Romain 5
Le docteur Moch 5
Ulmann flls 5
Zuckermaon 5
Wallach 5
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3i4 l'uniters israélfib '
Nouvelles diverses
Paris. — Aussitôt qae le Consistoire central des Israélites a en
connaissance des troubles de Mostaganem» il a fait une démarebe
auprès de M. Barthou, ministre de Tintérieur, pour réclamer la
protection de Tautorité en faveur des juifs d'Algérie, meneuses et
atteints dans leurs biens et leurs personnes. C'est sans doute à la
suite de cette intervention que M. Barthou a eu un entretien avec
M. Cambon et a prescrit des mesures rigoureuses en vue d'assurer
le maintien de l'ordre et la sécurité des personnes.
— Sur le rapport de M. Gaston Paris, l'Académie française a
accordé le prix Saintour (valeur 2000 fr.) à l'ouvrage de ten.
M. Arsène Darmesteter ayant pour titre : Cours de grammaire
historique de la langue française .
•*•
— Sur le rapport de M. Berger, l'Académie des inscriptions et
belles-lettres a décerné une récompense de 5oo francs à M. Moïse
Schwab, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, pour son Diction-
naire de Vangélologie juive, d'après les manuscrits conservés à la
Bibliothèque nationale.
**«
— Sur le rapport de M. Salomon Reinach^ TAcadémie des
inscriptions et belles-lettres a décerné une mention honorable à
l'ouvrage intitulé GaUia Judaica, dictionnaire géographique de la
France d'après les sources rabbiniques, qui a pour auteur M. Heiui
Gross, grand rabbin d'Aug^bourg, et qui a été traduit en firançais
par M. Moïse Bloch, grand rabbin de Versailles. Notre collabo-
rateur, M. Louis Lévy, a rendu compte de cette publication dans
notre numéro du 25 décembre dernier.
»*•
— Beaux- Arts, — Ont obtenu au Salon des Champs-Elysées des
médailles de 3* classe :
Peinture, — M.Louis Loeb {Femme aux pavots; Mouche luisante);
Mlle Cohen {la Garde-malade ; son premier Automobile).
Sculpture, — M. Woog.
M. Woog a été également désigné pour une bourse de voyage.
— Sont candidats à la place de Remiremont derenoe vacante
par suite de la nomination de M. Bloch au grand rabbinat d'Alger :
MM. Haguenauer, Léon Lévy et Nathan Lévy.
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l'univers israJêlitb " 3i5
— La Société des Etudes juiçes donnera le samedi og mai à huit
tieures et demie du soir une conférence à la salle des réunions, 44
rue de la Victoire. M. le grand rabbin Lehmann, directeur du
Séminaire Israélite, traitera de L'Assistcuice publique et de l'Assis
tance privée d'après la législation juive,
— M. IsidcM* Dreyfus, fils de Thonorable M. Auguste Dreyfus, de
Vesoul et neveu du grand rabbin de Golmar, vient de soutenir
brillamment sa thèse de docteur en médecine devant la Faculté de
médecine de Paris.
•*«
Bayonne. — Les électeurs consistoriaux de la circonscription
consistoriale de Bayonne sont convoqués pour le 3o mai prochain à
Teffet d'élire un membre du Consistoire de cette ville en remplace-
ment de M. Salzedo jeune, décédé.
A pf>tre connaissance, une seule candidature s'est produite pour
cette élection: c'est celle de M. Auguste Rodrigues, ancien juge au
Tribunal de commerce de Bayonne et administrateur du Bureau de
bienfaisance israélite.
•**
Alsace-Lorraine. — Qui donc osait prétendre que Tantiséml-
tîsme n'existe pas dans ces deux provinces? Voici deux faits de
nature à ruiner cet optimisme :
Dans un village près de Metz, s'était établi Tan dernier
M. Braunberger, jeune médecin de Haguenau. Le curé de la localité,
du haut de la chaire, a exhorté ses ouailles à ne pas recourir au
médecin juif, tant et si bien que celui-ci a dû se retirer.
A Illkirch, près Strasbourg, le docteur Maurice Lévy vient
d'intenter un procès en diffamation à un de ses collègues qui
l'accusait de soumettre tous les jeunes garçons qu'il avait en traite-
ment à l'opération de la circoncision.
#*#
Suisse. — Malgré le cordon sanitaire que forment les Alpes, le
microbe dit antisémitococcus pénètre dans les régions helvétiques.
C'est ainsi que l'autre semaine le Journal d'Yverdon demandait
qu'on renvoyât les juifs en Terre-Sainte et que, empereurs, rois,
présidents de républiques s'entendissent pour nettoyer l'Europe de
ces gens-là. — Est-ce que par hasard les juifs auraient accaparé les
pics neigeux du Mont-Blanc, de la Jungfrau, du Finstearhom, etc.,
comme on leur reproche en France de mettre la main dans tout et
sur tout ?
**•
VisBiie. — On annonce, de Vienne, le prochain mariage du
comte Henri Taaffe, fils unique de Tancien homme d'Etat autrichien,
avec Mlle Magda Fuchs, ancienne lectrice de la princesse Marie-
Louise de Bulgarie, qui appartient à la religion Israélite.
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3l6 l'univers ISRAÉLITE
— Il vient de se fonder ici un Musée des objets historiques et
artistiques du Judaïsme j ayant pour but de rassembler des livres,
des médailles, des monnaies, des peintures, des bas-reliefs, des
travaux de toute espèce sortis de la main des juifs ou ayant trait
au judaïsme.
***
Turquie. — Malgré les soucis de la guerre, le Sultan n'a pas
oublié d'envoyer pour Pâque 3o,ooo piastres au grand rabbin Moïse
Lévy, à Feffet d'acheter des azymes, de la viande et du pain pour
les pauvres.
Le Sultan aurait dit au sujet de l'empressement des volontaires
juifs à venir offrir leurs services : « Nos sujets Israélites nous ont
toujours été dévoués et ils traversent avec nous Teau et le feu 1 »
*
* *
Salonique . — On écrit de Salonique au Stamboul à la date du
lo mai :
Un groupe de jeunes Israélites s'étaient réunis, il y a quelques
jours, dans le but de recueillir des souscriptions en faveur d'une
œuvre patriotique. ii6 livres turques avaient été ramassées en peu
de temps.
Après avoir pris conseil des autorités supérieures, ces jeunes gens
firent de cet argent l'emploi le plus touchant. Ils achetèrent !25o
montres et 25o chaînes en métal argenté, et, hier, en apprenant
qu'un convoi de 67 blessés venait de la frontière, ils se rendirent à
la gare et remirent à chaque soldat une montre, une chaîne et un
sac de dragées, à titre d'offrande de la jeunesse Israélite de
Salonique.
Emus de reconnaissance, les blessés remercièrent avec effusion
leurs donateurs pour leurs aimables attentions.
***
Constantinople. — A la tête du service sanitaire de l'armée
ottomane se trouve le Dr Elias Cohen pacha avec le grade de général
de division ; il est inspecteur supérieur de la commission sanitaire. Puis
vient le D' Isaac Molcho-pacha, avec le grade de général de brigade ;
il est inspecteur du corps sanitaire de la marine. Nous pourrions
citer encore le D»* Elyahou Bey Foradzi, D^ Mentesch Bey Galimidi
et une foule d'autres coreligionnaires qui occupent un rang élevé
dans l'armée du Sultan.
••«
Nouvelles littéraires. — M. Cahen, directeur des écoles de
l'Alliance à Philippopolis, vient de publier une Petite histoire des
Israélites depuis la destruction du premier temple jusqu'à nos jours,
n serait à désirer qu'on mit ce petit livre entre les mains des élèves
de nos Ecoles cousis toriales. — Le prix du volume est de i franc.
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l'univers ISRAÉLITE
3i7
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juives et chrétiennes, et p
de 4106-5760, c'est-à-dire
contient en outre un tabU
propos et V Explication d
tables sont écrits en frt
pour auteurs MM. Max Si
partie française M. Woli)
du volume : 3 fr. 75.
— M. G. A. Trêves vi
intitulé Souvenirs de Nie
personnelle, et Tauteur e
Symbolistes.
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mande , aura dorénavi
M. Bernard Lazare.
Nous avons reçu de IM
de Tabondance des matiî
notre prochain numéro.
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liandé» a rhonneur d'informer le poblic que, ponr répondre aux
nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
sa maison 8 , avenue Victor-Hugo, dans un local plus spacieux et
également à proximité du bois. M»« Lévis rappelle qu'elle prend
des pensionnaires Israélites, hommes et femmes, particulièrement
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver chez elle une
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ISRAÉLITE
Journal 4es Principes Oonservatears 4a JadalsMe
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Paraissant tous les Vendredis
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SOMMAIRE
Calendrier de la Semaine.
ENœRE l'Algérie.
La Scène du Sinaï.
Les Troubles d'Algérie.
Les Troubles algériens et la Presse.
L'Assistance privée et publique, d'après le Talmud.
Statistique privée. *
Vues de Paris.
Correspondance.
Assemblée générale de l' « Union Scolaire ».
Dons en paveur des œuvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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epttis avril 1895 se trouve dans les metlleares conaitions d'hygténe
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemsinde et anglaise, Thistoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la 1^ section comprend
rétude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de renseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend Tétude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux crrandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rné torique et de pniiosophie.
Pendant Tannée scolaire 1895-1896, Tlnstitution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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(B&Untftxtt MxailxitW ta 3mamt
Juin. Siwan*
5 Samedi (Veille de Schevouot). Fin du sabbath
à 9 heures 5
6 Dimanche (Fête de Schevouot) 6
7 Lundi (2« jour — ) 7
8 Mardi 8
9 / Mercredi •... 9
la Jeudi 10
Il Vendredi It
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures ; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 11. 1/2. Temple de la rue des Tourneiles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 heures. ^
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Samuel, (René).
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Franck (Gaston), 14, rue de Lancry.
Israël (Fernand), 33, boulevard Barbés.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Jeudi, 10 juin, àl heure. — M. Bloch (Hoymann), lithographe, 7i, rue de
Dunkerque, et Mlle Weill (Mélanie), à Obernai (Alsaco-Lor-
raine).
Décès
26 mai. Cherechowsky (Benjamin), 43 ans, rue Rochechouart, 59 bis.
27 — Ullmann (Maurice-Mayer) 1 an.
2g — M™« Cahen (Alphonse),, née Marx (Ernealine), 58 ans, rue d^
Pont-Louis-Fhilippe, 15.
— M"w Roschoffsky ^Alexandre), néeWurmser (Babette), 54 ans, rue
Tiquetonne, b4.
30 — Riikovor (Raymond). 2 ans, rue de Bellefond, 4.
— Lebowitz (Ignatz), 38 ans. '
— Lèvy (Gustave), 42 ans, me Boiseière, 3.
31 — M™» Soussmann (Pauline), néo Léti (Eve), 8î ans, rue Picpus, 76.
— Klotz (Baruch), 76 ans, rue de Trévise, 10.
— Adlet (Isidore), 29. ans. . •
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
ENCORE L'ALGÉRIE
Maintenant que les troubles qui ont agité la province
d'Oran ont cessé et que l'ordre parait, momentanément
du moins, régner en Algérie, il n'est peut-être pas inutile
de constater l'impression que les tristes événements qui se
sont passés dans notre colonie ont produite en France.
Ce qui domine dans cette impression, ce n'est pas un
sentiment d'indignation contre des actes de brutale sauva-
gerie, ni de pitié pour les malheureux qui en ont été les
victimes, c'est surtout un sentiment de surprise et de
stupeur.
Personne n'a pu croire que la rixe de Mostaganem, qui
aurait dû se dénouer tout naturellement devant la police
correctionnelle, ait pu allumer la sédition dans tout un dé-
partement et y déchaîner contre une population inoffensive
une tourbe avide de violences et de rapines. Mais on ne
connaissait pas la cause et l'origine de ces désordres ; on
ne savait pas qu'ils avaient été préparés de longue main
par des excitations ininterrompues, qu'ils étaient la consé-
quence logique et comme le couronnement de toute une
série d'outrages, de provocations, de vexations et de
menaces dont on n'a cessé depuis des années d'abreuver les
juifs algériens, et que si, en un mot, l'explosion a été terrible
et a paru soudaine, c'est que les matières inflammables
avaient été depuis longtemps accumulées.L'opinion publique
s'est ainsi trouvée déconcertée devant les événements d'Algé-
rie. C'est ce qui explique peut-être qu'ils n'aient donné lieu à
aucun débat devant la Chambre,si facile pourtant à s'échauffer
en présence des moindres incidents. La presse, aussi peu
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L'UfnVBRS ISRAÉLITE 3^5
aa courant des. choses algériennes que la massé du public,
s'eft vue également prise au dépourvu. Quelques journaux
se sont tus, même parmi ceux que, d'ordinaire, les viola-
tions du droit ne laissent pas indifférents. Mais la plupart,
suppléant à leur incompétence par l'assurance et la présomp-
tion, se sont livrés sur les troubles d'Algérie aux appré-
ciatipns les plus fantaisistes, les attribuant aux causes les
plus invraisemblables et recommandant pour l'avenir des
mesures aussi chimériques que dangereuses.
Cette ignorance où le publie, même impartial, est laissé
du véritable état de choses, n'a pas seulement le grave
inconvénient d'égarer les esprits sur les véritables respon-
sabilités ; mais,en laissant subsister de funestes malentendus,
elle risque de créer de nouveaux périls. Il ne faut donc pas
se lasser de répéter que les désordres algériens, loin d'être
imprévus, n'ont été que la manifestation aiguë mais inévi-
table d'une situation depuis longtemps troublée, si bien
que les journaux de la colonie qui ont conservé leur sang-
froid et leur clairvoyance ont pu les annoncer à l'avance.
Il faut montrer que l'esprit de haine et de violence,
avant de sévir dans les rues, avait inspiré déjà les résolu-
tions des administrations publiques. Nous avons, dans^
notre dernier numéro, fait connaître les mesures inouïes
prises à rencontre des juifs par le Conseil municipal
d'Oran et ratifiées en partie par l'administration supérieure.
Mais les actes du Conseil municipal de Constanline sont
plus odieux encore, ainsi qu'on va en juger.
Plusieurs vieux employés de la mairie, dont un avait
23 ans de services, ont été renvoyés pour la raison haute-
ment avouée qu'ils étaient Israélites.
Les élèves Israélites des écoles primaires sont exclus du
bénéfice des fournitures classiques.
Les indigents israélites sont exclus des distributions
de secours.
Les malades israélites ne sont plus admis à l'hôpital.
Tout cela ouvertement et officiellement.
Enfin, l'on veut éliminer les enfants juifs de l'école
primaire. Qu'on lise cette analyse des délibérations d'une
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3a6 l'univers Israélite
séance réomte du Conseil manicipal,. analyse qœ
nous emprontons à Torgane ofliciel de la municipalité :
A propos de l'invasion de nos écoles
par la vermine juive
M. Grasset proteste contre llnvasion dont nos écoles nouvellô-
mient construites sont l*oJt)jet de la part des juifs« il cite pli^siears
cas.
M. Dumonteil demande à M. le maire comment il se fait que,
dans certaines écoles, il n'y ait pas de place pour les enfants fran-
çais, alors qu'il y en a pour les enfants juifs.
M. le Maire répond qu'il a déjà saisi de la question l'autorité
^icadémiqoe^ qu'il se propose d'aller lui même à Alger voir le rec-
teur pour obtenir satisfaction, qu'il faut en revenir aux écoles
confessionnelles, que les parents des enfants français refusent avec
d'autant plus de raison de mettre leurs enfants dans des écoles
infestées de juifs qu'ils apportent avec eux toutes sortes de maladies
contagieuses, qu'il faut ea finir et que le Conseil peut compter
sur lui pour donner satisfaction aux justes revendications de la
population française.
M. Vars prend la parole : « J'approuve , dit-il, d'une manière
absolue les paroles prononcées par MM. Mercier et Morinaud.Mais
ils me permettront d'ajouter quelques mots. La question dont se
sont occupés nos amis vient d'être tranchée par le juge de paix de
f Saint-Arnaud. Ce magistrat vient de ne maintenir qu'une centaine
de juifs sur nos listes électorales. Seuls ces juifs sont donc reconnus
Français. Ce n'est qu'aux enfants de ceux-là que nous sonmies tenus
par la loi de donner l'instruction. Les autres doivent évacuer sans
retard nos écoles. Quelle est la situation de leurs parents ? Ils
deviennent sujets français ? Ils tombent sous Tapplication du séna-
tus-consulte de i863. Tant que le législateur ne nous aura pas
forcés à participer à là construction et à l'entretien d'écoles juii>es
— comme il Ta fait pour les écoles indigènes — nous ne leur
devrons donc rien. »
Le Conseil se rallie aux idées émises par M. Morinaud, et M. le
Maire dit qu'il va s'occuper de nouveau, sans aucun retard, de cette
importante question.
Les mesures que nous venons de citer ne suffisent-
elles pas amplement pour expliquer les événements aux-
quels nous avons assisté ? N'est-il pas naturel que, dans
une région oîi l'arbitraire des assemblées délibérantes
s'exerce sans mesure, les passions de la foule ne connaissent
pas non plus de frein ? Faut-il s'étonner que, là où les lois
n'ont plus d empire et où la voix de la justice n'est plus
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l'univers israjélite 327
écoutée» naissent spontaaémeDt les pires désordres» Tagres-
sion à main armée» le pillage des magasins et la mise à
sae des synagogues ?
Mais l'opinion publiqoe ignore les actes que nous
avons rapportés» et voilà pourquoi elle est déroutée. Cle
n'est pas» hélas ! un journal comme le nôtre» dont la publi-
cité ne dépasse pas le cercle de nos coreligionnaire^» qui
peut .Féclairer et l'amener, par Teiiaçte connaissance des
faits» à une juste appréciation des causes. Mais ne se trou-
-vera-t-il donc pas un député. pour dénoncer, du haut de la
tribune, les scandaleux abus qui s'accomplissent quotidien-
nement dans notre colonie? La Chambre admettrait-elle
que les lois sur l'Instruction primaire».qu'elle a proclamées
intangibles» cessassent de l'être, quand des enfimts juifg
devraient en recueillir les bienfaits ?
Mais c'est précisément le malheur des Israélites français
que les questions qui les touchent sont constamment faus-
sées et dénaturées. Pour lutter contre le mensonge et la
mauvaise foi, il leur aurait fallu, comme nous l'avons
souvent mais vainement demandé, organiser la défense en
règle contre l'antisémitisme et opposer à une propagande
eflrénée une action soutenue et énergique. Miaisune pareille
organisation aurait réclamé un effort et de l'argent. L'effort»
ils n'ont pas été capables de le faire; quant à l'argent, il ne
leur a certes pas manqué»mais ils ont mieux aimé consacrer un
demi-million aux œuvres placées sous l'invocation du Sacré-
Cœur que de s'imposer des sacrifices pour la sauvegarde
de leur honneur outragé et de leurs droits menacés. C'est
ainsi que faute de contradiction, le dénigrement et la
calomnie ont pu, vis-à-vis d'eux, êe donner libre car-
rière» et qu'en ce qui les concerne la vérité risque toujours
d'être étouffée.
Qu'y a-t-il de plus frappant à cet égard que ce décret
.Crémieux dont il a été tant parlé ces derniers jours,
auquel on a voulu faire remonter la cause des troubles
récents et qu'on nous menace plus vivement que jamais
d'abroger? Il est établi par des documents irrécusables que
lorsque Crémieux a signé ce décret» il n'a fait que s'appro-
prier une mesure dont l'Empire avait pris l'initiative, mais
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3a8 l'uNIV£RS IgRAÉLITE
n'avait pas eu le temps d'exécuter, que la naturalisation
des juifs a laissé les Arabes indifférents et n'a été pour rien
dans Tinsurrection. Ce n'en est pas moins une légende
universellement accréditée que Crémieux a failli faire perdre
l'Algérie à la France. Et telle est l'irrésistible puissance de
cette légende qu'elle a trouvé des dupes mênie parmi les
esprits les moins suspects d'aveuglement et de parti pris.
Voici par exemple M. Anatole Leroy-Beaulieu qui, dans
la conférence môme où il s'est si courageusement et si
éloquemment élevé contre les prétentions de l'antisémi-
tisme, n'a pas craint de dire qu'en signant le décret
d'octobre 1870 Crémieux s'était montré plus juif que
français, que la, naturalisation des Israélites d'Algérie
avait provoqué l'insurrection des musulmans et qu'elle
avait donc été une faute contre le patriotisme. Seule-
ment M. Leroy-Beaulieu est un homme d'une absolue
loyauté. Entre le moment où il prononça sa conférence et
celui où il la publia, il avait lu la brochure de M. Louis
Forest, dont nous avons récemment rendu compte. Eclairé
par cet écrit,il s'est empressé d'insérer dans sa confé-
rence imprimée une note où il reconnaissait que <( le
décret Crémieux n'avait été ni la seule, ni la principale
cause de l'insurrection algérienne ». Mais tout le monde n'a
pas la même délicatesse et la même sincérité. A propos
des troubles d'Algérie, M. Drumont s'est emparé, comme
d'un précieux aveu, des premières déclarations de M. Leroy-
Beaulieu ; il les a reproduites tout au long et en a triomphé;
mais il n'a eu garde de reproduire également la note qui
les a atténuées et rectifiées. 11 nous a permis de saisir ainsi
sur le vif les procédés de polémique cle l'antisémitisme.
Il n'est pas surprenant qu'avec cette habitude systéma-
tique de mutiler les textes et d'altérer les faits on ait réussi
à tromper des esprits mal informés et à établir non seule-
ment entre le décret Crémieux et l'insurrection de 1871,
mais entre ce décret et les derniers troubles, un lien de
connexité. Nous doutons pourtant qu'on se risque à pousser
cette campagne à l'extrême et qu'on aille jusqu'à proposer
aux Chambres d'enlever aux juifs algériens la qualité de
Français dont-ils jouissent depuis trente ans. Le Conseil
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l'univers ISRAÉLITE SsQ
ihoniçlpal d*Oran a confié t certains représentants de
TAIgérie la mission de poursuivre d'urgence devant le
Parlement l'abrogation du décret Crémieux ; mais aucun
d'eux ne s'est soucié jusqu'ici de déférera cette invitatioq.
Ils jugent sans doute que l'affaire n'est pas bonne et qu'il
y aurait de leur part quelque imprudence à soulever un
débat public où la vérité pourrait se manifester. Nous
soupçonnons même qu'au fond )a proposition tendant au
retrait du décret Grémieux n est qu'une manœuvre inventée
pour déplacer les responsabilités. Le Conseil municipal
d'Oran n'ignore pas qu'aux termes de la loi il sera tenu de
réparer les dommages causés pendant les troubles aux
propriétés particulières. Il sait aussi que plusieurs des
négociants Israélites dont les magasins ont été livrés au
pillage ont fait constater judiciairement les dégâts qu'ils
ont eu à subir, et comme la carte à payer sera peut être un
peu forte il recule devant le quart-d'heure de Rabelais. Il
a tout d'abord essayé de dégager la responsabilité de la ville
en déclarant, à la suite d'un rapport de l'adjoint délégué, à
la police, que les troubles étaient dus peut-être à des indi-
vidus soldés par les juifs eux-mêmes. Mais cette échappa-
toire n'a pas eu de succès. On a élevé des doutes sur
l'impartialité d'un rapport dont l'auteur n'est autre que le
président de la ligue antijuive, celui-là même qui ayant un
jour à parler devant le Conseil du transport des cadavres
juifs s'exprima dans ces termes pleins de convenance et de
douceur :
« C'est un grand danger, dit M. PefTau, de transporter les cadavres
des juifs à travers nos rues avec moi fis de précautions que n'en
prend l'entrepreneur de Véquarrissage pour transporter les cha-
rognes dans son tombereau, >
On a d'ailleurs eu soin de rappeler au Conseil les faits
nombreux qui prouvent que l'autorité municipale repré-
sentée paiv l'adjoint Peffau n'a rien fait pour prévenir les
désordres si tant est qu'elle n'en ait pas été la complice.
Pour se tirer de la situation fâcheuse où elle s'est four-
voyée, la municipalité oranaise a donc trouvé ingénieux de
se retrancher derrière le décret Crémieux. Elle s'est dit
que si elle arriverait à faire croire que ce décret a causé tout
37.
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33o l'univers israeute
le mal, elle échapperait elfe-môme à toute responsabilité
effective. Elle ne tardera sans doute pas à s'apercevoir que
ce ne sont pas d'aussi pauvres subterfuges qui la protége-
ront contre les conséquences de ses actes. Il est, en effet,
permis d'espérer que si en Algérie la police et Tadmi-
nistration capitulent devant Tillégalité et Fémeute, il s'y
trouve encore des juges qui ont conservé le souci de l'inté-
grité et le sentiment de Tindépendauce.
B. M.
La Scène du Sinaï
Les Israélites avaient accepté librement l'alliance que
Dieu leur avait fait proposer par Moïse. Le peuple tout
entier avait répondu : « Tout - ce dont l'Eternel a parlé,
nqus le ferons. » {Ex., XIX, 8). Dieu ne les avait donc pas
contraints au rôle de nation -missionnaire; ils avaient adhéré
de plein gré, et c'est en connaissance de cause qu'ils
s'étaient engagés.
Le prophète leur prescrit alors de se préparer à l'ini-
tiation et de se présenter le troisième jour dans le plus
grand état de propreté et de pureté (iô., XI, i6).
C'était le troisième jour; dès le matin, le tonnerre
grondait, les éclairs fulguraient, une épaisse nuée enve-
loppait la montagne, et le son du schofar retentissait avec
violence... Le Sinaï était tout en fumée, fumée qui jaillis-
sait comme d'une fournaise, et le mont vibrait de la base
à la cime, et la fanfare du cor allait s'amplitiant dans une
sonorité de plus en plus éclatante ... Et au milieu de ce
feu, de ces ténèbres et de ce fracas, une voix articula le
Décalogue et les dix commandements se détachèrent un à
un pour s'imprimer en caractères ineffaçables dans le cœur
des hommes. . . Cependant le peuple avait perçu tous ces
phénomènes, et il se tenait au loin, saisi d'une horreur
sacrée . . .
Pourquoi tout cet appareil d'épouvantements ? PourqwH
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l'univers ISRAÉLITE 33l
n'avoir pas doqpé le Décalogue soas une forme moins
effrayante, comme on fera pour les autres prescriptions ?
C'est que c'était la première fois qu'Israël prenait vrai-
ment conscience de la Loi morale et que, pour que cette
conscience fût et demeurât à jamais claire et distincte, il
fallait montrer le Devoir dans toute sa majesté, dans son
autorité qui ne connaît ni partage, ni réticence, ni com-
promis, en un mot, dans toute la rudesse de ses intolérantes
exigences.
Il fallait montrer aux hommes que l'individu n'a pas sa
fin en lui-môme, que quelque chose le dépasse, à savoir le
Bien, que ce Bien doit être l'objet de toutes nos pensées et
de tous nos actes ; que nous devons le poursuivre sous
toutes ses formes dans l'amour de Dieu, dans l'amour du
prochain, dans le développement de notre perfection
propre, et qu'au plus fort du tumulte de l'existence, alors
que les tempêtes grondent dans l'àme et que les fumées
obscurcissent la conscience, la voix du commandement
intérieur doit toujours percer et nous agiter d'un tremble-
ment sacré.
Louis Lévy.
LES TROUBLES D ALGÉRIE
A Oran, les troubles sont terminés. Les journaux de là-bas nous
apportent le récit très complet des incidents de la dernière journée.
En voici un entre cent :
« Vers cinq heures, la circulation devient de plus en plus difficile
sur le boulevard ; un Israélite, San-Pimiento, qui s'y aventure, est
immédiatement assailli ; un agent de police le protège et le recon-
duit par la rue de Naples ; mal lui en prend, car à l'entrée de cette
rue il reçoit d'une terrasse un baquet d'huile bouillante qui lui brûle
la main. »
N'est-oe pas délicieux ?
Pour donner une idée de la manière dont la municipalité
antisémite d'Oran a compris ses devoirs en ce qui concerne le
maintien de l'ordre, empruntons à son organe officiel, le Petit
Africain, les lignes suivantes :
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33q l'univers ISRAÉLITE
« Quant à l'autorité, sa responsabilité devient terrible. *
« Qu'elle le sache, là ne s'arrêteront pas les troubles : les esprits
sont plus surexcités que jamais ; elle doit s'attendre à un massacre.
Le temps est passé des atermoiements.
« Son devoir strict est d'empêcher toute horreur nouvelle.
« Les juifs doivent être enfermés de force dans leur quartier et
gardés à vue. Toute provocation de leur part doit être immédiate-
ment et sévèrement réprimée. La ville doit être occupée militairement
par des effectifs plus considérales que ceux d'hier.
4c L'autorité n'a pas, ou n'a que peu de mesures à prendre contre
les Français, bien que leur exaspération soit à son comble. » '
Voilà qui est clair. Ce n'est pas contre les perturbateurs
qu'il fallait sévir, quelle que fût leur exaspération ; c'est contre
les victimes. Complétons cette citation par la suivante, qui
n'est pas moins significative :
Nous ne cesserons pas de le dire, à la louange de la population
française. Même dans la colore, même s«)us la suggestion de llndi-
gnation la plus légitime, elle n'a pas dépassé la limite des répres-
sions justifiables et a gardé le beau rôle.
Ainsi, le beau rôle consiste.pour les antisémites, à dévaliser
les magasins, à saccager les synagogues et à piller les maison j
particulières. Nous ne le leur faisons pas dire.
LES TROUBLES ALGÉRIENS ET LA PRESSE
Le Siècle a consacre aux événements d'Algérie l'article
suivant :
Il y a des journaux qui se montrent tout heureux des troubles dont la
province d'Oran vient d'être le théâtre et tout fiers de ce qu'on ait là-bas
malmené des juifs et incendié des magasins. Ces actes les réjouissent.
Ils y volent un reste d'héroïsme, une manifestation tardive des vieilles
vertus nationales. Ils les présentent aux Français de France comme des
modèles à suivre. « Les scènes de Mostaganem et d'Oran se sont pro-
duites là-bas, dit l'un d'eux, parce que les Français d'Algérie ont en-
core du sang sous les ongles et supportent la servitude moins facilement
que nous. Elles se produiront chez nous quand les Français seront bien
convaincus que les juifs, etc. »; quand ils seront moins «déprimés »et
« moins aveulis », quand ils auront retrouvé « toute l'énergie de notre
race ».
Voilà comment s'expriment les fauteurs de guerre civile et les agents
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l'univers israélitb 333
de désordre, dans un organe qui a toute fa faveur de M. Cambon, le
gouverneur général de TAigérie. Oh ! ceux-là ne prennent pas la peine
de se demander comment les haines de religion se sont depuis quel-
ques années exaspérées' à ce point, et s'ils n'y sont pas pour quelque^
chose. Ils s'imaginent faire œuvre de patriotisme, ou du moins ils
couvrent de ce grand mot des spéculations d'un ordre certainement
inférieur.
lis s'en prennent au décret Crémieux, qui, en 1870^ a naturalisé en
mi^sse tous les juifs d'Algérie. Les avis ne sont pas unanimes sur l'op-
portunité de cette mesure ; peut-être eût-il mieux valu maintenir la
capitulation de i83o, qui donnait aux Israélites algériens la faculté de
solliciter individuellement la naturalisation. La question est d'ailleurs
sans intérêt aujourd'hui, puisqu'aucun homme de bon sens ne saurait
proposer qu'on abrogeât le décret de 1870.
Mais si ce décret était la cause* principale et même unique, comme
beaucoup le prétendent, de l'explosion d'intolérance à laquelle nous
assistons, comment expliquerait-on qu'il eût, avec une telle lenteur,
développé ses conséquences ? La question n'est pas aussi simple. Il y
entre bien des éléments que la presse algérienne dégage peu à peu ;
M. Joseph Reinach, à la réunion tenue par les républicains de gouver-
nement^ a signalé les plus dangereux.
Nous considérons avec lui qu'il est sans grand intérêt de savoir qui
a commencé, d'où est venue la première provocation ou l'agression
initialç. Il ne s'agissait, au début, que d'une rixe dans un quartier
suspect de Mostaganem, « une rixe déplorable, assurément, dit le grand
rabbin de France, M. Zadoc Kahn, mais qui ressemble à toutes les
rixes et qui a éclaté entre quelques excursionnistes surexcités et des
jeunes gens israélites. » , «
Pareil incident n'aurait pomt excité l'émotion générale dans un
milieu plus calme, non travaillé par les mauvaises passions, par une
propagande antisémite aussi effrénée qu'éhontée. C'était une affaire à
régler devant le commissaire de police, et pas autre chose. Mais ce n'est
pas impunément que les journaux qui crient sans cesse : Mort aux
juifs! ont été répandus par milliers dans les centres algériens. Nous
savons à Paris ce que valent ces campagnes ; de ces apostolats si désin-
téressés en apparence, nous savons qu'il faut en prendre et en laisser,
en laisser beaucoup plus qu'en prendre. Mais dans le nord de l'Afrique
on « coupe » avec ardeur dans cette littérature fanatique, on croit vrai-
ment qfte u c'est arrivé >. Dangereuse crédulité.
D'autant plus dangereuse, que chrétiens et juifs ne sont pas entre
eux. Ils ont des adversaires communs qui les guettent, prêts à profiter
de l'occasion pour se jeter sur l'un ou l'autre, sur l'un et Tautre s'ils
peuvent. Quand chrétiens et juifs se tirent des coups de revolver, les
Arabes sont dans la joie, tout comme nos antisémites, pour des motifs
différents. L'Arabe hait le Français conquérant, sémite ou non sémite,
comme il hait tous ceux qui ne professent pas la religion de Mahomet.
C'est pour lui, pour la satisfaction de sa haine que l'on travaille et
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334 L UNIVERS ISRAÉLITE
contre les intérêts de la France, quand on arme Tune comtre l'autre les
deux parties de la population fran<^ai$e; c'est aussi pour la plus vive
allégresse des colons étrangers, Espagnols ou Italiens, qui ne compren-
nent pas que, le jour où les Arabes se soulèveraient contre les Euro-
^péens, ils seraient aussi menacés que les Français dans leurs biens et
dans leur vie.
La presse antisémitique triomphe, et l'on ne saurait s'en étonner,
puisque ce qui se passe là-bas est en grande partie son œuvre. Mais ce
dont on peut être justement surpris, c'est qu'elle soit assez aveugle
pour ne pas voir dans quel sens et au profit de qui elle travaille dans
notre colonie algérienne. Ce n'est, à coup sûr, ni pour la France ni
dans le sens des intérêts français.
Elle peut cependant invoquer une circonstance atténjuante, à savoir
que M. Cambon Ta toujours encouragée dans sa propagande et que,
par conséquent, elle était en droit de croire qu'elle pouvait la pour-
suivre sans le moindie scrupule patriotique.
On lit, d'auti^e part, dans Y Echo de Paris :
On se croirait revenu au temps où les croisés considéraient comme
œuvre pie de massacrer les juifs pour piller leurs biens. Il était permis
d'espérer cependant qu'au déclin d'un siècle volontiers sceptique, porté
à ne considérer dans un dogme que le côté philosophique et soucieux
d'assurer une entière liberté à toutes les croyances, les haines religieuses
n'atteindraient plus la violence de celles qui, en des périodes flétries par
la plupart des historiens, ensanglantèrent autrefois notre sol.
Rochcfort, il y a trois jours, s'écriait dans V Intreuisigecuit .- « Ça
commence par les juifs, ça finira par les chrétiens. » II a, en quelques
•mots, admirablement résumé la situation. En dépit d'une irrégularité
peut-être systématique dans la distribution des journaux algériens, on
se rend aujourd'hui parfaitement compte, en effet, des propartions
qu'aurait pu atteindre l'incendie allumé dans la province d'Oran, si des
mesures énergiques n'avaient été aussitôt prises. La propagande anti-
sémitique n'a pas tardé à porter ses fruits. L'Arabe, qui professe ia
même haine p)our tout ce qui n'est pas musulman, s'est empressé
d'envenimer la discorde qui divisait juifs et chrétiens, deux sectes
également abhorrées.
Le fait est si vrai qu'on a vu les mêmes indigènes qui pillaient les
maisons des israélites faire ensuite le coup (ie feu contre les gendarmes.
Une autre cause de péril pouvait être à redouter. Il est certain? points
de notre Algérie où ne fréquentent que des étrangers naturalisés. On
entend là tous les idiomes. Sauf le nôtre. Ces gens sont cependant des
Français et, à ce titre, la propagande hostile à notre pays que font
certains de ces compatriotes de trop fraîche date est des plus daoge-
reuses.
Nous empruntons enfin au Signal les spirituelles réflexions
(ju'on va lire :
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L'UNIYBRS ISRAéLITB 335
Drumont rit dans sa barbe. Il la tient enfin, sa petite Saint-Barthé-
lémy. On démalit, on incendie, on tue là-bas, dans la province d'Oran.
On tue les israélites, il se frotte les mains et il se pourléche les lèvres.
On incendie les demeures des juifs, et il crie : Bravo ! On pille les
boutiques des sémites, e: il approuve. Il regrette seulement que ces
scènes ne se produisent pas à Paris. II a tout de même la satisfaction
de se dire qu'il a créé le mouvement, et que si l'Algérie est à feu et à
sang, c'est bien son œuvre. Admettons cependant que les indigènes,
mis en appétit par ces rapines et ces assassinats, étendent leur sphère
d'opérations ; ils détestent le juif, mais je n'ai pas vu qu'ils portassent
le « roumi » sur leur cœur. II faudra procéder demain à la répression
d'une insurrection formidable. Il y aura des soldats tués ; il y aura dés
pères et des mères dans la désolation. Oui, il y aura tout cela ; mais
Drumont verra grossir sa fortune, il deviendra un de ces gros capita-
lirtes qu'il dévoue chaque jour aux fureurs populaires. — Et il faut
bien remarquer que ceux-iù protestent le plus contre les massacres
d'Arménie, qui prêchent l'extermination ou la proscription des enfants
d'Israël et des protestants. Ils égorgent les juifs, mais ils s'émeuvent des
cruautés du sultan rouge, du Grand Saigneur ! ïa^vouQqut je ne com-
prends pas ; ou plutôt je comprends ceci : que ces gens-là sont de
sinistres gaillards qui jouent de l'envie et de la haine comme jadis les
coupe-Jarrets jouaient du poignard. — Ce que Ips indigènes d'Algérie
voient de plus clair dans les troubles actuels, c'est qu'ils peuvent déva-
liser des boutiques ; les antisémites n'ont jamais eu d'autre but que de
gagner de l'argent en exploitant de mauvais sentiments. — San-Gil.
'L'ASSISTANCE PRIVÉE ET PUBLIQUE
d'après la
BIBLE ET LE TALMUD
A une époque où la question du paupérisme préoccupe tous
les esprits, la conférence que M. Lehmann, grand rabbin, direc-
teur du séminaire israélite, a faite à la Société des Etudes
juives, samedi soir dernier, ne pouvait manquer d'exciter
l'intérêt des auditeurs. M. Lehmana a traité de la législation
mosaïque et talmudique concernant la charité. L'étendue des
connaissances sacrées et profanes que possède le conférencier
loi donne une compétence toute spéciale en cette matière.
M. Lehmann a d'abord exposé le principe de la législation
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336 L'uNivBas Israélite
juive, qui réalise l'idéal de liberté, d'égalité et de fraternité,
rêvé par la Révolutiou française. Ce principe, c'est celui, de la
justice, Ib. Tsedaqa, qui, dans la, langue hébraïque, comprend
la charité. Le pauvre a un droit véritable à l'assistance, parce
que le riche n'est pas seul propriétaire de ses biens, n'étant pas
l'unique auteur de sa fortune. C'est Dieu qui est le souverain
maître de cette terre, c'est lui qui l'a créée et qui accorde la cha-
leur bienfaisante du soleU et l'action fécondante de la pluie. C'est
sa bénédiction qui enrichit l'homme.Dieu a donc le droit d'exiger
des riches qu'ils donnent une part dêb leur superflu aux malheu-
reux.De là,les lois établissant la jouissance publique d'une partie
des propriétés privées, le droit de glanage et de gi^ppillage. .
Dans la septième année, les champs appartiennent à tous, et le
Talmud établit des règlements pour que les diverses catégories
de pauvres ne soient pas lésées.
Mais la loi ne cherche pas seulement à soulager la misère,
elle veut aussi la prévenir. La situation de celui qui lutte pour
ne pas tomber dans l'indigence est plus triste que l'indigence
«Ile-même. De là, les lois sur le prêt. 11 était défendu aux
créanciers de prendre des intérêts ; ils devaient rendre au débiteur
son gage, si celui-ci en avait besoin. Ces lois sont moins utopi-
ques qu'elles ne le paraissent au premier abord, parce que
chez les anciens juifs il n'y avait pas de commerçants. Tous
étaient agriculteurs ou ouvriers. Par conséquent un prêt ne^
pouvait être autre chose qu'un acte de charité ; ce n'était pas,
comme de nos jours, une opération commerciale.
On s'explique ainsi également la rémission des. dettes dans
l'année sabbatique. Bien que la Bible ne semble parler que
d'une suspension des dettes, la tradition a vu, dans le passage
en questiou du Deutéronome, l'ordre d'abandonner complè-
tement les créances non recouvrées avant la septième année. La
mesure même que prit Hillel en faveur des créanciers, ou
plutôt en faveur des malheureux qui ne trouvaient plus de prê-
teurs, prouve que l'interprétation traditionnelle de la loi de la
Schemitta était rigoureusement mise en pratique.
C'est ce même Hillel qui poussait la charité presque à l'excès.
On raconte qu'un jeune homme vint se plaindre auprès de lui
de ce qu'il était réduit à la misère et qu'il n'avait plus les
moyens de monter à cheval et d'avoir un coureur. Hillel lui
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l'uNITKRS ISRAJÊUTS SSj
acheta un cheval et un esclave. Celui-ci s*étant enfui, Hillel
promit au pauvre gentilhomme de lui en acheter un autre, et en
attendant il fit lui-même le service de coureur.D*autres docteurs
de la loi voulurent se dépouiller de tous leurs biens en faveur
des pauvres. Mais leurs collègues les en empêchèrent. Tel était
l'amour du prochain chez nos ancêtres. Tout homme, disaient-
ils, qui n'est pas compatissant, ne peut pas être un descendant
d'Abraham, dlsaac et de Jacob.C'est pourquoi,dit M.Lehmann,
on ne saurait admettre que le cruel Shylock, s'il a existé, ait été
juif. Ce n'est pas un juif qui aurait voulu se payer sur la chair
d'un malheureux débiteur. M. Lehmann aurait pu ajouter que,
dans la pièce primitive dont Shakespeare s'est inspiré, le
créancier, en effet, n'était pas un juif, comme l'a rappelé
M. Abraham Dreyfus dans sa conférence sur le juif au
théâtre.
A côté de la charité privée, il y avait la charité publique.
Vtte caisse, administrée par les hommes les plus intègres et les
plus intelligents de la Communauté, servait à secourir les indi-
gents. Tous ceux qui en avaient le moyen étaient tenus d'y
contribuer, et ceux qui auraient refusé de le faire étaient pas-
sibles de peines sévèrSs. Mais, en fait, on ne devait guère
souvent recourir à des mesures coercitives, car chaque Israélite
tenait à honneur d'aider ses frères et de leur fournir les res-
sources nécessaires pour se relever.
^ La piété s'exerçait non seulement envers les vivants, mais
encore envers les morts. Tout d'abord, les veuves et les orphe-
lins avaient droit à l'assistance avant les autres pauvres. De
plus on considérait comme un acte de bienfaisance de rendre
les derniers devoirs aux morts abandonnés que l'on rencon-
trait sur la route , et le grand-prêtre lui-même, qui autre-
ment ne devait, pour aucune raison, contracter d'impureté,
n'était pas dispensé de cette obligation.
La société est responsable des crimes que la misère pousse
à commettre. Lorsqu'on découvrait le cadavre d'un homme
assassiné, les magistrats de la ville là plus proche devaient
réciter une formule où ils déclaraient n'avoir eu aucune part
au meurtre de cet individu. Le Talmud demande pourquoi
les magistrats avaient besoin de cette justification. C'est,
répond-il , parce que cet homme , pour qui personne ne
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338 l'univbrs isrIéote
réclame vengeance, était peut-être lui-même un meurtrier^ tué
en Toulant tuer, et que la pauvreté a entraîné au mal. S'il eût
été sauvé de la pauvreté, il ne fût pas mort d'une mort misé-
rable. L'explication est quelque peu subtile, mais elle montre
bien comment nos docteurs entendaient la solidarité humaine.
M. Lehmann a terminé en rappelant le mot de nos docteurs:
Celui qui multiplie la charité multiplie la paix.
Nous avons dû nous borner, dans cette sèche analyse, à
mentionner quelques-unes des idées développées par le confé-
rencier dans un langage plein d*émotion et d'onction, et nous
engageons nos coreligionnaires à lire la conférence entière
quand elle paraîtra dans la Reçue des Etudes Juiùes,
M. Vernes, président delà Société, a remercié M. Lehmann
d'avoir si bien exposé et commenté les lois de charité du judaïs-
me e?t d'en avoir dégagé une leçon que tous devraient
méditer, à savoir que c'est la charité seule qui peut désarmer
les haines et faire régner la concorde entre les homme».
M. L.
STATISTIQUE INSTRUCTIVE
C'est entendu î le juif est la plaie de la Société. Sans lui tout
irait bien, très bien, parfaitement. Il suffît de s'en débarrasser
pour qu'il n'y ait ni usuriers, ni accapareurs, et que tout
revienne dans l'ordre !
C'est ainsi que défense a été faite, il y a quelques années,
aux juifs de Moscou de tenir des « Monts-de-Piété ». Songez
donc que l'intérêt (avec la consigne et les timbres pour quit-
tances) s'élevait à 36 o/o ! Vite, vite, que Ton ferme de pareils
établissements, où Ton rançonne impitoyablement les pauvres
emprunteurs !
Et maintenant ? Ouvrez les yeux, je vous prie ; lisez atten-
tivement le Messager Russe (i): L'intérêt atteint 70 0/0 ! Ce n'est
pas 7 o o,c'est 70 0/0 qu'il faut lire ; mettons-le en toutes lettres :
soixante-dix pour cent !1£X cela s'explique. Débarrassé de la
(1) 1893.
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^ L.'UNIY£RS Ift&AJÉUTB 339
concurrence juive qui forçait d'abaisser les tarifs, on en prend
à son aise aujourd'hui avec la clientèle !
Je trouve bien d'autres renseignements curieux, dans le*
livre de M. Chmerkine : Les conséquences de V antisémitisme
en Russie (i).
Un administrateur russe dans une de ses tournées est frappé
des progrès de l'ivrognerie ; il fait sa petite enquête. Il apprend
que,ne pouvant plus faire d'aiïaires avec les juifa — auxquels
interdiction de séjour a été notifiée — le paysan en est réduit
d'abord à vendre son vin 3o kopeks au lieu de 60, puis, au
moment de la nouvelle récolte, à boire ce qui lui reste pour
avoir des tonneaux vides. — Plus de loo autorisations tempo-
raires sont immédiatement accordées à des juifs pour se dépla-
cer et faire des affaires. Le vin remonte de 3o kopeks à 60, et le
paysan cesse de s'enivrer.
Ce n'est pas tout ! Il est des endroits où l'on régime tte le juit
parce qu'il ne trompait pas sur le poids et la mesure. — Il en
est d'autres oii l'on attend l'arrivée des juifs pour vendre son
blé : a Auparavant le koulak s'ingéniait toujours à me dérober
quelque chose, à moi, grand propriétaire; il me faisait signer
un contrat léonin, si bien qu'à la fin du compte je recevais par-
fois pour mon blé la moitié de sa valeur réelle ; maintenant, j'ai
affaire aux juifs, et tout se passe en sincérité. »
L'aveu est précieux à retenir î
Mais que d'observations de ce genre ne pourrait-on pas
faire encore, non seulement en Russie, mais partout ailleurs !
— Et quand on les aura faites ?
Tout ceci me rappelle une petite histoire fort édifiante
racontée par le général Thiéband !
C'était du temps du blocus continental. Un jour on offre à
Thiébaud, qui était sous les ordres de Junot au Portugal, une
très forte somme d'argent : il s'agissait d'obtenir pour le capi-
taine d'un vaisseau anglais la permission de sortir du port
avec des marchandises. Thiébaud refuse de se charger d'une
pareille négociation ; on lui fait observer que s'il n'accepte
pas, la permission sera accordée tout de même, et qu'un autre
(1) Chez Guillaumin, éditeur à Paris. En tète de ce livre se trouve une
intéressante préface de M. de Molmari, que nous reproduirons prochaine-
ment.
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34o l'univers ISRAÉLITE |
bénéficiera de la bonne aubaine. Thiébaud n'est pas riche ; il
finît par consentir et va demander à Junot l'autorisation en
question. Junot se fâche, allègue les ordres de l'Empereur.
Thiébaud se retire, tête baissée, jurant « qu'on ne l'y repren-
drait plus ». Le lendemain il apprend que le vaisseau anglais
est parti avec toutes ses marchandises. La commission offerte
se montait à 60,000 francs : Junot avait jugé bon d'en profiter
pour lui-même !
Pauvre Thiébaud ! Il avait trouvé son antisémite.
B...
VUES DE PARIS
Sous ce titre, M. Julien Berr de Turique publie dans la
Reçue bleue une série d'esquisses humouristiques sur les
mœurs du Paris contemporain . Dans le numéro du i5 mai il
fait écrire une lettre au nègre Varako à M. Nyambié, directeur
de la Gazette Equatoriale^ à Kamafra (Afrique), où nous rele-
vons le trait suivant qui dénote une grande justesse d'obser-
vation :
Vous êtes nègre ? me dit-il ... — Je fis un signe d'assenti-
ment.
. . . Une seconde question, je le devinai, se posa ensuite sur
ses lèvres ; il la retint un instant, puis finit par la laisser
échapper : Quelle est votre religion ?
Je répondis tout naturellement : — Ma grand'mère était
juive.. .
Il me regarda de côté et recula sa chaise. Je vis tout de suite
qu'il y avait déjà un froid entre nous. Je continuai néanmoins :
— Mon grand-père était mahométan, ma mère chrétienne et
mon père fétichiste. Pour moi, je n'appartiens à aucun culte.
Son visage alors se rasséréna.
— C'est très bien, me dit^il. . . Restez comme vous êtes. . .
Si d'autres vous adressaient la même question que moi . . .
passez sous silence votre honorable grand'mère. Par le temps
qui court, cela est préférable.
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L^UNIYBRS I8RAÉLITB « 34l
CORRESPONDANCE
Paris, 21 mai 1897.
Monsieur le Rédacteur en chef de V Uniçers Israélite,
Lorsqu'on écrit, comme je suis obligé de le faire, au cou-
rant de la plume, on ne peut viser ni à Télégance du style, ni à
la recherche de belles expressions. Mais je croyais avoir, au
moins, la satisfaction d'exprimer nettement des idées claires et
précises.
Voilà que Messieurs R. T. et Blum trouvent moyen 4'inter-
préter mes paroles dans un sens tout à fait différent de ce que
j'ai dit. Cela prouve à mon ami Léon que la loi orale est néces-
saire pour savoir dans quel sens il faut comprendre la loi écrite.
Notis n'opposons à Moïse que Moïse lui-môme. Et quand je dis :
nous Vopposons, c'est une manière de parler, car c'est toujours
Moïse qui l'emporte envers et contre tous. J'ai montré des pas-
sages de la loi écrite qu'on pourrait interpréter contrairement
à leur sens réel et que nous ne pouvons comprendre qu'à l'aide
de la tradition orale émanée de Dieu et transmise par Moïse à
ses successeurs. Contre cette interprétation, ne peuvent pré-
valoir ni Sanhédrin, ni Rabbin, car c'est la loi divine écrite
confirmée par la loi divine orale.
J'ai cité des exemples et je vais les expliquer :
Pour le lévirat, auquel je n'ai pas à revenir, la loi écrite
donne le choix au Lévir, avec mission aux anciens de l'amener
à choisir le parti le plus convenable en la circonstance. Les
rabbins qui se sont engagés, comme le dit M. Tobie Haas, à
ne pas permettre le lévirat dans leurs Communautés, avaient
leurs motifs sérieux (interdiction de la bigamie, relâchement
des mœurs faisant craindre l'existence ignorée d'un enfant du
défunt hors mariage, etc.); mais ils n'ont pas le droit d'imposer
le déchaussement (Yebamoth 39 b) lorsque les deux sont d'ac-
cord pour le lévirat.
Pour Pautel, Tordre de le construire en terre est contredit,
dans la loi écrite même, par l'ordre qui règle la construction de
l'autel de pierres et par l'ordre formel de le construire en
pierres (Deut, XXVII, 6). La loi orale nous indique la solu-
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342 • l'univers ISRAÉLIfUIL
tion de cette contradiction apparente (Voir Mischnah
Midoth III, et Mekhiltah Exode Xï).
Pour la royauté le texte, que nous pourrions mal inter-
préter, indique l'hérédité copime obligatoire, après que le roi
aura été choisi suivant les exigences de la loi. Donc le texte ne
peut être interprété que d'après les explications orales {Sifre
DeuL.XYll).
Diaprés la loi orale, les dettes d'argent ne pouvaient pag
être annulées lorsque la créance appartenait au tribuntd ni
lorsque le créancier avait un gage en main {Mischna Schebiith
X, 2-7). De plus, après la cessation du Yobel la Schemittah
concernant les dettes, en général, avait cessé d'être obliga-
toire. Le Sanhédrin a décidé de maintenir les lois de la Sche-
mittah par décret rabbinique. C'est à ce décret Sanhédrinal
que Hillel, sous le nom de Prosbol, a ajouté la double condi-
tion de la remise de la créance au tribunal et de la mainmise
sur un gage par le créancier. Et c'est là ce queR. T. appelle une
modification à la loi du Pentateuque (Voyez Tahnud Gittin,
36 a). Pour les Erouvim, j'ai dit textuellement qu'ils étaient
un amendement apporté par le Sanhédrin à une loi Sanhédri-
nale. Aucune prescription mosaïque ne peut être amendée par
un Erouv.
R. T. fait une grande confusion entre la loi orale et les pres-
criptions tahnudiques en général, et va jusqu'à commettre une
hérésie en rejetant un de nos articles de foi. La loi orale, par la
définition que j'en ai donnée, nous a été transmise par Moïse,
en même temps que la loi écrite. Elle ne peut donc contenir
aucun article postérieur au chef des prophètes. Quant à des
décisions Sanhédrinales, nous en possédons même qui ont été
prises par Moïse, mais qui ne sont pas d'origine divine et ne
font pas partie de la loi orale (Voir le Sépher Hamitzuyoth , de
Maïmonide, règle i).
Pour ce qui concerne la permission d'éteindre un incendie
le sabbat, j'ai dit que la loi mosaïque permet toute infraction
qui a pour but de sauver la vie humaine et que la remarque de
R. M. J. dans le Schoulchan Aroukh n'est qu'une application
de cette loi. R. T. paraît avoir mal compris mon explication ; je lui
dirai que, à l'époque où l'on défendait d'éteindre un incendie le
jour du sabbat on laissait brûler la maison et l'on emportait ce
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l'UNIVER8 ISRAÉLITE 343
que Ton pouvait. Mais, comme cette métîiode pourrait occa-
sioimer, à notre époque, un danger pour des existences
humaines, il faut appliquer à ce fait le texte de la loi qui
exige, avant toute autre prescription, le soin de la vie
humaine.
J'ai montré, dans mes articles sur tes pouçoirs rabbiniques,
les textes qui règlent la validité des lois Sanhédrinales et leur
abrogation; je ne vois mentionner nulle part l'autorisation
d'abi'oger une loi dans les conditions indiquées par mon con-
tradicteur.
Je termine en déclarant quune modification, bonne ou
mauvaise de nos lois, ne peut être admise, en dehors des con-
ditions que j'ai indiquées, sans sortir du judaïsme traditionnel.
Or, changer une religion, en négligeant ses principes fon-
damentaux, ce n'est pas autre chose que de changer hypocrite-
ment de religion.
Veuillez agréer, etc. D^ Klein.
Assemblée générale de 1' « Inion Scolaire
Samedi soir à 8 heures 1/2, en son beau local du 19, rue
Béranger, l'Association l' Union Scolaire a tenu son assemblée
générale annuelle sous la présidence de M. Léopold Marx, pré-
sident.
Après la lecture de la situation prospère des fmances de la
Société, faite par M. Alexandre Hesse, trésorier, M. Adolphe
Caen, dans un remarquable rapport a rendu compte des travaux
du Comité, pendant l'exercice 1896.
Ce rapport débute par résumer le but que l'Union Scolaire
s'est proposé par ces deux mots : Solidarité, éducation, puis il
ajoute :
Ce progrïimme n'est du i%ste que le développement de Tidée
première de nos statuts, idée simple et belle : Edifier sur les bases
solides de la confraternité religieuse et de la camaraderie une œuvre
d'assistance et d'encouragement, créer pour ses membres un centre
de relations amicales. . .
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344 l'univers israélitb
Votre comité a persévéré ; il n'a ménagé ni ses efforts, ni àon
. temps, c'est tout ce qu'il pouvait donner, et s'il a eu la bonne for-
tune et la légitime fierté de créer et d'inaugurer ce siège social, il les
doit au'dévouement absolu, à la haute influence et à la persuasive
éloquence de M. le grand rabbin de France.
Devenant notre collaborateur, dès l'heure où notre idée lui fut
soumise, acceptant toutes nos convocations et étudiant toutes nos
propositions, M. le grand rabbin nous promît de réunir les ressources
nécessaires.
U les chercha, et ce qui est mieux les trouva, et nous ne nous
rappelons pas sans émotion. Messieurs, la séance du Comité où
nous étions informés par ime de ses lettres — très simple, mais bien
• éloquente — des intentions généreuses à l'égard de l'Union Scolaire ,
de la grande bienfaitrice dont le nom est sur toutes vos lèvres, de
Madame la baronne de Hirsch.
Après avoir constaté que reflectif de rUnion Scolaire s'élève
aujourd'hui au chiffre de 634 membres honoraires et partici-
pants, il adresse les remerciements du Comité à toutes les per-
sonnes qui contribuent à la prospérité de cette œuvre si inté-
ressante :
Aux généreux donateurs qui ont enrichi la bibliothèque de
plus de 35o volumes, à MM. Maurice Bloch, Henri Deloncle,
Ed. Benoît-Lévy et Henri Lévy-Alvarès, qui ont bien voulu se
charger des quatre premières conférences. Aux membres du
Conseil Judiciaire, MM. Eugène Crémieux, avocat à. la Cour
d'appel ; Léonce Aron, avoué près le Tribunal de la Seine, et
Mayer Lambert, docteur en droit, qui ont prêté généreusement
leur concours au Comité pour l'élaboration des nouveaux
statuts.
Le rapport se termine par cet éloquent appel :
Propagez notre idée, exposez notre but, montrez les résultats
acquis, jetez à pleines mains cette semence saine et féconde, et
facile et fertile sera la récolte des adhésions.
Sollicitez le concours de tous ; quelques objections peut-être
vous seront faites : certains vous diront que notre siège social
uniquement fréquenté par la jeunesse ofl're peu d'attraits à ceux
qui n'appartiennent plus à ses rangs triomphants.
Dites-leur, Messieurs, que-créé pour elle notre siège social atteint
son but s'il est fréquenté par elle. IVfais aussi dites-leur que, pour
ce motif égoïste, ils ne nous refuseront pas leur concours pécuniaire
— nous le demandons si modeste ! — Comprenant mieux encore leur
devoir, ils nous apporteront aussi leur concours moral, en venant
quelquefois s'unir à cette jeunesse, emprunter à son contact son
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L'UNIVERS ISRAéUTB
345
insouciance et sa gaîté, lui donner en échange leur expérience et
leur autorité !
Dites-leur, Messieurs, que notre œuvre, juive certes, est aussi,
n'est-ce pas, une œuvre patriotique, et ce n'est pas la première fois,
et ce n'est pas seulement ici que nous savons remplir nos devoirs
de juifs et nos devoirs de Français !
Ditesrleur, Messieurs, de venir avec nous encourager la jeunesse
à se dévouer à l'avenir et qu'en participant à cstte œuvre nous
servons le judaïsme et nous servons la France, notre suprême
Idée !
Ce rapport est fréquemment interrompu par les chaleureux
applaudissements de Fauditoire, puis il est procédé au renou-
vellement partiel du Comité par la réélection de six membres
sortants et la nomination de deux nouveaux membres ,
MM. Henri Lévy-Alvarès, avocat à la Cour d*appel, et Simon
Seheid.
Puis Fassemblée adopte le projet de nouveaux statuts, tel
qu'il est présenté par le Comité.
Sur la proposition de M. Mayer Heymann, Fassemblée vote
Fimpression et la distribution du rapport du secrétaire
général.
La séance a été levée à 10 heures 1/2.
DONS
BN PAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 2 y mai au 3 juin
M»* Kohn (Georges) 6<X)
MM.D.H 1500
Les petits-fils de Mme
Reine Âlphen 500
Mme Dreyfus (Emile) 500
Katz (Joseph) 400
MM. Dreyfus (René) 250
Dreyf u» (Tony) 250
Bloch, 15, rue Richer. . . 2n,j
Vanderheym et Franckel 200
Anonyme 150
M»* Bloch (Gabriel) 100
MM. Bloch (Richard) et son
fils Jean 100
Franck (Bernard) 50
MM. Lévy (Léon). 2, rue Lo-
geibach 50
Lévy (Joseph), 103, blv.
Malesherbes 30
Pallester 50
Aron (Eugène) 20
Gerson (G.) 20
Jacob (Ernest) 20
Kahn (Benjamin) 20
Lévy (Maurice), 60, rue
de Provence 20
Seheid (Elie) 20
Sussfeld 20
Anonyme 10
Aron (Georges) 10
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346 l'uKIVCRS ISBAÉtlTB
MM. Blum (H.), 50, rue Réau-
mup 10
Eudlitz 10
Léry (Nathan), 19, blv.
Malhesherbeii 10
SoUnski ■ 10
Worms 10
Anonyme 5
Bloch (Isaac) 5
M. Cahen, 147, fbg Poisson- 5
nière 5
Mm« Dreyfous (Médéric) 5
MM.%naee* 5
Kauffmaon (Simon) 5
Kisch 5
LedfT 5
Manuel (Léon) 5
SalomoD, 39, nie Lalâtte 5
Wormser 5
Nouvelles diverses
Paris. — Pour honorer la mémoire de M. P.-M. Oppenheîm,
récemment décédé, Mme P.-M. Oppenheîm et ses fils ont fait
remettre les sommes suivantes aux Etablissements de charité et
d'instruction de la Communauté :
Comité de Bienfaisance, lo.ooo fr. ; Caisse des Ecoles, ^.ooo ;
Vestiaire (Dames Inspectrices), 2.000 ; Fondation d'un prix annuel
Paul Oppenheim, 3.5oo; Caisse de la Communauté, 3. 000 ; Hôpi-
tal, 5.000 ; Alliance Israélite, 3. 000; Ecole de Travail, 2.000; Refuge
de Neuilly, 2.000 ; Refuge du Plcssis-Piquet, 2.000.; Séminaire,
i.ooo; Talmud Torah, i.ooo; (Euvre des Femmes en <M>uchesk,
5oo ; Patronage des jeunes lillcs, 5oo ; Communauté de Neuilly,
i.ooo ; 'Maison Moïse Léon, 5oo francs.
*%
— Nous avons publié dans notre dernier numéro Tappel adressé
par M. le grand-rabbin Zadoc Kahn à ses coreligionnaires et aux
personnes charitables de tous les cultes, en faveur des Israélites
algériens atteints par les troubles de la province d'Oran. Nous
sommes heureux d'apprendre que cet appel a été entendu et que la
souscription, qui continue d'ailleurs à rester ouverte, a déjà produit
d'importants résultats. Des secours pourront donc être envoyés inces-
samment aux petits commerçants et aux ouvriers Israélites qui ont
été victimes du chômage forcé résultant des derniers événements.
Alsace. — Madame la baronne de Ilirsch a fait parvenir un don
de 5,000 marcs à la Maison de Santé Israélite de Strasbourg. On
vous a dit que cette Maison de Santé était un peu malade dans
les derniers temps. Le secours de la noble bienfaitrice lui servira de
baume. Et puis une anomalie cessera à la suite de cet acte de géné-
rosité ; il n'y aura plus maintenant un coin de terre où les muni-
licences de Madame de llirsch n'auront pénétré.
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l'uNITBRS ISRAÉLITE 34?
Oran. — Oo Kl dans le Petit Fanal*. M. Falk, le tout dévoué
directear de Fécole Saint-Félix, à Oran, figure sur la liste d'ancien-
neté de l'annuaire de rinstracdon primaire que -vient de publier le
Ministère de rinstmetîon publique, avec le ninnéro t. Il a 52 années
de services.
L'éloge de ce dévoué autant que modeste fonctionnaire n'est plus
à faire, et tout Oràn applaudira en lui le doyen des instituteurs
français.
Angleterre. — Le lord-maire de Londres a réuni dans un
banquet à Mansion House environ deux cents Israélites, membres
de la Société de l'Orphelinat et de l'hôpital juifs. Au milieu des
applaudissements unanimes* Sir Tandel Philipps a annoncé qu'il
avait recueilli des dons s'élevant à 292.500 fr. et de nouvelles
souscriptions annuelles de 9.900 francs.
«*«
Berlin. — Notre coreligionnaire Max Liebermann, le plus grand
peintre de l'Allemagne contemporaine, vient de recevoir la médaille
d'or à l'Exposition des Beaux-Arts de Dresde.
«**
Stuttgart. — \je rédacteur en chef d'un journal antisémite avait
adressé une pétition au parlement wurtembergeois, où il deman-
dait qu'on fit traduire le Schoulchan Arouch, qui selon lui contient
des doctrines immorales. A la suite du rapport présenté par le
prêtre catholique Eckard, la Chambre a repoussé à F unanimité la
pétition du folliculaire.
**#
Prague. — La population Israélite de cette ville s'élève à 18.000
âmes.
— Le Conseil municipal de Prague vient de défendre l'ouverture
d'un club antisémite, déclarant que les tendances de ce club
étaient contraires à l'intérêt général de la cité.
***
Budapest. — Le fameux Mortara a prêché à Budapest. Dans
son discours il a raconté l'histoire de sa conversion et exhorté ses
auditetu*s à prier pour la conversion des non-chrétiens. Au cours
de son sermon, venant à parler de l'antisémitisme, il a sévèrement
condamné cette agitation : il faut haïr Terreur, mais aimer les hom-
mes. U ne faut détester personne, Israël moins que les autres peu-
ples, parce qu'Israël est le peuple de Dieu, qui a donné le Sauveur
au monde.
Nagj Kallo (Hongrie). — Un paysan était descendu, avec sa
femme et l'enfant d'un voisin, dans une auberge juive. Comme à
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34B l'univers ISRAÉLITE
leur départ ils ne retrouvèrent pas Fenfant, ils accusèrent. Tauber-
giste de ravoir égorgé pour un motif d'ordre rituel. Déjà lé peuple
s'ameutait, mais la gendarmerie empêcha les excès, et le soir on
découvrit l'enfant qui s'était égaré dans un village voisin.
*♦»
Przemysl. — La semaine dernière ont comparu devant le
tribunal cinq paysans ruthènes qui,lors des élections au Reichsrath,
avaient menacé les juifs de mort,au cas où les députés des paysans
ne seraient pas élus. Les inculpés ont été condamnés à i5 jours de
prison.
**«
Bologne. — M. Belleti, rédacteur de la feuille antisémite « U
Publico », vient d'être condamné à dedx ans de prison et à a.ooo lires
d'amende pour diffamation de l'avocat Israélite Ëugenio lachia.
Russie. — M.Ephrussi a fait don de 3o,ooo roubles pour agrandir
l'école d'Odessa qui porte son nom.
***
— La police russe procède en ce moment à des perquisitions
dans les villages où les juifs ont été récemment attaqués par la
populace. Les visites domiciliaires qu'elle opère ont amené la décou-
verte chez les paysans de quantités énormes de marchandises de
toutes sortes volées aux malheureux juifs. Les paysans rappelés
ainsi hu sens de la justice déclarent maintenant qu'ils regrettent ces
excès, auxquels ils ont été encouragés par de mauvais exemples et
aussi par la certitude de l'impunité. A présent, ils cherchent à se
débarrasser des objets volés et les déposent secrètement où ils peu-
vent, sur le bord des routes, dans des jardins ou des prairies ; on
en trouve aussi dans les puits, les étangs et les cimetières. Un
Comité s'est formé pour venir au secours des juifs de Shpola qui ont
tant souffert des attaques du mois dernier. '
»♦*
Turquie. — D'après un correspondant de Salonique, les juifs
turcs ont déployé le plus louable patriotisme pendant la récente
guerre.
Dès le début des hostilités, les jeunes gens des meilleures
familles se sont enrôlés comme volontaires et ont ainsi donné un
exemple qui a été promptement suivi. Des provinces les plus
reculées de l'Empire, même de l'Albanie, sont arrivés chaque jour
des milliers de volontaires demandant à être immédiatement
envoyés à la frontière ; parmi eux, se trouvaient beaucoup de juifs
dont les sacs étaient remplis de matzoth, car leur départ coïncidait
avec les fêtes de P&ques. Achmed Hamdi Pacha, qui s'est distingué
d'une manière exceptionnelle comme commandant de la 6« division
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 349
turque qui combattait en première ligne, est uu juif d'origine
russe, il est né dans le gouvernement de Peterkoff et émigra en
Turquie à T&ge de quinze ans.
Les femmes juives ont organisé partout des souscriptions pour
venir en aide aux blessés et ont réuni des sommes considérables.
***
Sofia. — Les sionistes ayant organisé un meeting à la synagogue,
la commission du temple et le grand rabbin les firent expulser par
70 gendarmes.
Beaux-Arts. — Dernier Echo du Salon. — M. André, dans son
compte rendu sur les Salons, a oublié de mentionner une toile
intéresscmte, celle de M. Delnar, représentant M. le rabbin Raphaël
Lévy. L'artiste a parfaitement rendu la physionomie à la fois sévère
et aimable du sympathique rabbin.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéralj 17 ^rue Saint-ôeorges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé uii duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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simple et confortable, grand jardin, prix modérés, chambres meu-
blées ou non, 24 1>ÎS9 rue Rigault, à Nanterre, 18 minutes de Paris,
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continuant d'adresser la môme somme chaque semestre à l'édi-
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Série, qui est adressée franco contre Tenvoide 50 centimes en
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nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
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des pensionnaires israélites, hommes et femmes, particulièrenient
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver cftez elle une
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^?^^^ 52* Année N* 38 11 Juin 1897
' L INIVEI IS
ISRAÉLITE /Twà;;
Journal des Prineipes Conseryatears du JndalsBe
PONDd PAS
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
sonmiAiRE
Calendrier de la Semaine.
Le Véritable grief.
Le Décret Crémieux.
Les Responsabilités.
LesXConsêquencbs de l'Antisémitisme en Russie.
Encore le Marquis de Mores.
Lettre DE Salonique.
Une Conférence a Mulhouse.
Dons en paveur des œ'jvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
ft^ue de IVavarin, V^ Pa.x*is
Yefite aa numéro, à la librairie Durlacher, 83 hU, rue Lafayette.
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Etranger : Un an, 25 Ir. — Six mois, 14 fr.
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38
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Placé entre une grande cour et un vaste jardin, dans un des
ouartiers les plus sains de Paris, l'hôtel occupé par l'Institution
aepuis avril 1896 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour l'enseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours conununs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, l'mstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i^ section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Gondorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccsdauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
€ahntfmx l^aélrit tft la 3zmaxm
Juia. Siwan.
12 Samedi (Fin du sabbath à 9 h. 05) 12
13 Dimanche 13
14 Lundi 14
15 Mardi 15
16 Mercredi 16
17 Jeudi 17
18 Vendredi 18
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) i Temple de la rue de la Victoire, 8 heures ; semaine, 8 heures.
Temple d^ la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Toomeiles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzççah
TBMPLB DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Bloch (Roger), 7, rue de Menceau.
Heymann (Henri), 9, rue Ramey.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Frais (Georges), 56, avenue de la République.
May (Robert), 24, avenue de la République.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Eisenbeth (Maurice), 13, rue des Juifs.
Schlachter (Moïse), 6, rue Eginhard.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DB LA BUE NOTBE-DAMB-DE-NAZABETH
Mardi, 15 juin, à 2 heures.— ^L Glass (Michel), négociant, 11, ^r^iç
Geoffroy-Saint -Hilaire, et Mlle Class (Emilie), 11, tv^
Geoffroy-Saint-Hilaire. ':
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Mardi, 15 juin, à 2 h. 1/2. — M. Joseph (Henri), marchand de meubles,
85, boulevard Viclor-Hugo, à Clichy, et Mlle Rachel
Picard, employée de commerce, 37, boulevard Nationat,
à Clichy.
TBIIPLE DE LÀ RUE DES TOURNELLBS
Dimanche, 13 juin, à 2 heures. — M. Weill (Maurice), fourreur, 4, rue do
Jarente, et MlleBaërowiski (Jeanne), couturière, 14 rue
des Juifs.
— à 2 h. 1/4. — M. Lévy (Ernest), artiste lyrique, 8, rue
Biscornet, et Mlle Dennery (Juliette), 4, rue Delbet.
Jeudi, 17 juin, à 2 heures. — M. Sawelski (Henri), tailleur, 16, rue
Âubriot, et Mlle Glike (Sentin), 16, rue Âubriot.
Décès
1»' juin. Mm» Vve Lévy (Charles), née Horvilleur (Henriette). 68 ans, rue
deMai^seille, 13.
2 — M"« WoiU (Nanette), 68 ans, Hôpital de la Pitié.
— Lange (Victor), 79 ans, rue Mogador, 11.
— Hess (Casimir), 67 ans, rue d'Odessa, 17.
3 — Baer (Esther), 14 mois, rue du Cygne, 17.
~ Rheims (Bernard), 84 ans, rue du Caire, 29.
4 — Mn»« Vve Kahn (Seligmann), née Kahn (Sarah;, 91 ans, rue
Sedaine, 28.
— M"« Lévy (Alice), 16 ans, boulevard Maillot, 46.
— Nowachelski (Bernard), 85 ans, rue de Flandre, 13.
6 — David (Fernande), 7 mois, rue du Château -d'Eau, 30.
— Mohne (Georges), 39 ans.
— Bacharah (Jules), 49 ans, rue d'Allemagne, 74.
7 — Bloch (Bernard), 66 ans, rue d'Allemagne, 183.
— Yankowitoh (Abraham), 57 ans, rue Picpus, 76.
8 — Lévy (Léopold- Adrien), 44 ans, au Val-de-Grâce.
— Maquis (Raymond), 30 ans, faubourg Saint-Denis, 40.
— Krzywkowski (Amélie), 2 ans, rue Saint-Antoine, 178.
— M»» Vve Weill (Jacques), née Lévy (Reine), 94 ans. à St-Maurice.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général^ 17 ^rue Saint-Qeorges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'univers ISRAÉLITE SSj
LE VÉRITABLE GRIEF
On n'a pas épuisé toat ce qu'il est utile et nécessaire de
dire sur les événements d'Algérie lorsqu'on a constaté que
les désordres dont la province d'Oran vient d'être le
théâtre et qui ont causé en France une si vive surprise
n'ont pas été, pour employer une expression fameuse, un
coup de foudre dans un ciel serein, mais qu'ils ont éclaté
au contraire dans une atmosphère depuis longtemps chargée
de nuages et saturée d'électricité. Il faut expliquer encore
comment l'orage a pu se former et sous l'influence de quelles
circonstances particulières à l'Algérie la propagande anti-
Juive a pu y atteindre un tel degré d'intensité et de fureur
qu'à un moment donné, à propos d'un incident banal et
sans apparente portée, elle s'est tout naturellement trans-
formée en émeute. En France aussi, l'antisémitisme sévit
sans relâche et avec une violence extrême ; mais, si malfai-
sant qu'il y ait été dans le passé et si menaçant qu'il y soit
pour l'avenir, il serait excessif de prétendre que nous soyons,
à l'heure où nous sommes, exposés dans la métropole à
voir nos domiciles violés, nos biens pillés, nos temples
saccagés et notre sécurité personnelle compromise. On y
viendra peilt-être ; mais nous n'en sommes pas encore là.
Pourquoi en est-il autrement en Algérie ? Comment les
juifs ont-ils pu s'y attirer des animosités qui s'exaspèrent à
tel point qu'elles se manifestent par des attentats criminels ?
Il ne peut y avoir à cela qu'une explication : c'est que les
juifs d'Algérie ont donné lieu à un grief qui leur est spécial
et dont le caractère est particulièrement irritant. Ce grief,
il n'est pas sans intérêt peut-être de le mettre en lumière.
Lorsqu'on lit les appréciations que les troubles récents
ont inspirées aux journaux de la colonie^ tant à ceux qui
les justifient et y applaudissent qu'à ceux qui tout en les
réprouvant en recherchent la cause déterminante, on s'aper-
çoit vite que l'accusation qu'on adresse aux Israélites
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358 L^UNTVBRS ISRA^LITS
algériens, quelle qu'en soit la forme mesurée ou viru-
lente et la provenance suspecte ou autorisée, est toujours et
invariablement la même. On ne leur reproche pas, comme
à leurs coreligionnaires de France, d^occuper une place
prépondérante dans les fonctions officielles. Une telle allé-
gation serait par trop ridicule, car c'est à peine si, au bas
de récbelle administrative, les juifs détiennent quelques
H^odesles emplois qui ne sauraient leur conférer ni pouvoit
ni influence et dont on tend déplus en plus à les éliminer.
Oa ne les incrimiiifi pas non plus d'avoir accaparé les
richesses. Il arrive parfois» il est vrai, qu'on prononce à
leur propos le mot d'usure ; mais il est visible que ce diehé
traditionnel est réédité sans conviction,, uniquement poui
Les besoins de la cause et sans-qu'on songe à l'appuyer de
{ahs et de documents. Quant aux institutions de banque,
elles ne sont pas entre leurs mainsv et les juifs algériens
échappent ainsi à l'imputation, qu'on prodigue ailleurs
à leurs coreligionnaires, de distribuer le crédita leur guise
et de disposer en souverains maîtres de la fortune publique.
Non, le reproche qu'on leur fait est bien plus sérieux.
Non seulement, dit-oo, ils constituent en Algérie une fofce
électorale avec cette circonstance hautement aggravante
qu'ils font preuve de cohésion et de discipline ; mais ce qui
est absolumbent intolérable^ cette force est au service de la
République et a été constamment employée à défi^dre,
contre les factieux de droite et de gauche, les institutions
actuelles du pays. Voilà le grief irrémissible,, celui qui justifie
aujourd'hui les violences et les déprédations^ et cdjii qu'on
invoquera demain pour mettre les juifs algériens hors la
loi et pour les dépouiller de leurs droits de citoyens. Ils
sont coupables d'un excès de loyalisme et de fidélité !
H convient d'iqouter que ce grief ne date pas d'hier.
Lorsque sous l'Empire les juife indigènes d'Algérie récla-
maient dans une pétition au Sénat leur naturalisatioB
collective, ils ne cherchaient évidemment pas à conq^rir
des droits électoraux ; car, comme l'a rappelé jostemesC
M. Forest dans sa brochure , les Français d'Algérie ne
jowssaient pas à cette époque de Tékctorat législatif, qsi
ne leur a été conféré qu'après la guerre. Mais, revêtus delà
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-^^^;.
l'uNIVIBS ISRAÉLITE 359
qualité de Français à la suite du décret Crémieux, les juifs
se sont vus investis da même coup des droits d'électeurs et
ils n'ont pas cru qu'ils devaient tourner ces droits contre
cette République qui venait de les émanciper. Ils votèrent
donc dans toutes les élections, pour les candidats républi-
cains contre les candidats de la réaction monarchique et
cléricale. Inde irœ. De là les tentatives faites une première
fois devant l'Assemblée nationale pour leur enlever àen
prérogatives récemment conquises. Et M. Vuillermoz,
député et maire d'Alger, a pu alors dire justement devant
la commission d'enquête (i) :
a Z£ décret de naturalisation n'eut pas trouçé tant
» de détracteurs f si les juifs avaient y dès le début, can^
» senti à coter en façeur des adversaires des institutions
» répablicaines, >
En ce temps-là, c'était le parti monarctiique qui menait
seul la campagne. Le parti républicain était unanime à
défendre l'œuvre d'affranchissement qu'il avait été una-
nime à réclamer.
Mais, sous l'influence des événements politiques et à
mesure que le péril monarchique disparaissait à l'hori-
zon, le parti républicain se divisa en Algérie comme en
France ; il y eut des modérés et des radicaux, des oppor-
tunistes et des socialistes . Les nouveaux partis en présence
se disputèrent d'abord les voix des juifs. Tant que les
socialistes ont espéré que les juifs voteraient en leur faveur,
ils furent pour eux pleins de caresses et de promesses*
En 1892 encore, M. Morinaud, rédacteur du Républicain
de Constantine, qui est actuellement un des chefs de l'an-
tisémitisme algérien, adressait aux juifs un appel pres-
sant : « Les opportunistes, leur disait-il, voudraient nous
voir partir en guerre contre les Israélites. Nous ne tom-
berons pas dans ce piège grossier. »
Mais les Israélites ne se sont pas laissé tenter par ces
assurances alléchantes. A tort ou à raison, ils ont refusé de
(1) Enquête sur les actes du Gouvernement de la Défense nationale, t. II,
page 2^.
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36o l'univers ISRAÉLITE
voter pour M. Morinaud et les socialistes. Et alors, tout
naturellement, M. Morinaud et tous ceux dont les juifs
n'ont pas voulu servir les ambitions sont devenus anti-
sémites. Voilà comment le parti socialiste qui s'est honoré
en France en répudiant du haut de la tribune, par Torgaue
de son chef le plus autorisé, les menées de l'antisémitisme,
est devenu en Algérie le complice des Drumont et s'y est
associé aux pires ennemis de la liberté et de la Répu-
blique.
Mais si l'on peut expliquer l'attitude des révolutionnaires
algériens vis-à-vis des juifs par ce penchant qui est naturel
aux partis de vouloir supprimer les adversaires qui les
gênent, comment comprendre qu'une entreprise qui
consiste à rejeter hors du suffrage universel les amis les
plus éprouvés et les plus fermes du gouvernement ait
trouvé l'appui et le concours du représentant le plus élevé
de ce même gouvernement? Ah ! les révolutionnaires
d'Algérie doivent être bien surpris d'avoir rencontré un
pareil auxiliaire pour l'œuvre du bouleversement social !
Pour amener des compromissions aussi scandaleuses,
il a suffi d'une brouille entre certains représentants de
l'Algérie et le gouverneur général. Sous Tempire de misé-
rables préoccupations personnelles, on a résolu d'enlever
à ces représentants des électeurs qui ont cru en les soute-
nant soutenir la République. C'est pour cela qu'on a
provoqué la radiation d'un grand nombre de juifs des
listes électorales, et c'est pour cela aussi qu'on rêve de
dépouiller les Israélites en bloc de leurs droits de citoyens.
Et comme cette entreprise va à l'encontre de l'intérêt le
plus évident du gouvernement, le fonctionnaire qui l'a
conçue dans un but de représailles et qui ne recule devant
aucun moyen pour la faire aboutir a cherché et est jus-
qu'ici parvenu à tenir ce gouvernement en échec, en se
créant un parti parmi ses adversaires les plus acharnés.
Ce paradoxe extraordinaire d'un gouvernement combattu
par son propre agent pourra-t-il se prolonger bien long-
temps ? Nous avons peine à le penser, et c'est pour cela
que nous ne croyons pas à l'abrogation du décret Cré-
mieux. Quelle considération mériterait en effet un gouver-
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l'univers ISRAÉLITE 36 1
nement qui pendant la bataille tirerait sur ses propres
troupes, ou plutôt qui, en les licenciant avant le combat,
préparerait lui-même sa défaite ?
C'est si bien une question électorale qui a provoqué les
troubles d'Algérie que les antisémites, quand ils sont en
veine de sincérité, n'hésitent plus à en faire l'aveu. Voici
ce qu'écrivait, il y a quelques jours, dans Y Echo d'Oran, le
directeur de cette feuille, qui est en même temps le corres-
pondant de la Libre Parole :
La question juive est compliquée, mais nullement insoluble. Le
grief principal que l'on a reproché aux israélites, souvent avec
raison, ils doivent eux-mêmes le reconnaître, c'est d'avoir faussé le
Soffrage Universel. Qu'ils fassent un sacrifice momentané; qu'ils
s'engagent à ne prendre part à aucun vote et à nous laisser nous
débrouiller à notre guise, jusqu'au jour où l'individualisme sera
entré dans leurs mœurs et où le Consistoire n'aura plus le pouvoir
dlmposer son mot d'ordre, et toutes les inimitiés disparaîtront du
jour au lendemain comme par enchantement.
On ne saurait, en vérité, confesser plus iiigénuement
. que toutes les accusations portées contre les juifs d'Algérie
sont purement imaginaires et qu'au fond on leur
reproche uniquement de ne pas laisser, aux heures du
scrutin, le champ libre aux réactionnaires et aux révolu-
tionnaires. Cessez de voter, leur crie-t-on, et les inimitiés
disparaîtront comme par enchantement ; renoncez de
votre gré aux droits dont on veut vous dépouiller, et alors
vous n'aurez plus à craindre ni les outrages, ni les menaces,
ni les agressions à main armée, ni le pillage.
Nous ne conseillerons certes pas à nos coreligionnaires
d'Algérie d'accepter le marché qui leur est proposé. Mais
nous comprendrions qu'ils en fussent tentés et qu'au risque
de livrer l'Algérie aux aventuriers et aux intrigants, ils
abdiquassent spontanément, pour retrouver leur sécurité,
les prérogatives qui sont la cause de leur détresse, alors
surtout que ceux au profit de qui ils les exercent les aban-
donnent toujours et souvent les trahissent.
B.-M.
38.
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36a l'univers Israélite
Le Décret Crémieux
Parlons-en encore, puisqu'il le faut. Il a vraiment iK>n
dos, ce décret Crémieux ! Quand un événement fegrettable
se produit en Algérie, c'est la faute à ce décret malencon-
treux, et on s'en prend au juif de la délégation de Tours
qui a profité des malheurs de la patrie pour commettre un
monstrueux abus de pouvoir et conférer, par surprise, les
droits de citoyens français à nos coreligionnaires. Que
sans désemparer la Chambre se mette à l'œuvre et fasse
disparaître de nos codes cette disposition arbitraire, soxirce
de tous les maux dont souffre la Colonie . Tel est le thème
des feuilles antisémites, avec les variations connues sur
Faccaparement de toutes les sources de bénéfices, l'usure
éhontée, etc. Nous n'en finirions pas si nous voulions énu-
mérer les méfaits qui nous sont imputés par cette légion
de gens vertueux et désintéressés qui marche sous la noble
bannière du père de l'antisémitisme français.
Ces clabaudeurs monotones, ces rabâcheurs infatigables,
n'oublient qu'une chose : c'est que le décret Crémieux n'a
en quelque sorte pas vécu ; que, daté du 124 octobre 1870,
promulgué le 7 novembre suivant, il a été modifié, restreint
dans ses effets, annihilé presque, sinon entièrement rapporté
par un autre décret du Président de la République rendu
le 7 octobre 187 1, que les gens de bonne foi, désireux de
se renseigner, peuvent lire tout au long dans le Journal
Officiel du surlendemain. Réalisant une mesure préparée
par l'Empire, le Gouvernement de la Défense nationale,
par le décret du 24 octobre 1870, a déclaré les israéUtes
indigènes de l'Algérie citoyens français.
Tel est le fait dans sa vérité. Crémieux y a pris part.
Devait-il profiter de sa situation politique pour s'opposer
à l'émancipation de ses coreligionnaires ? Quand, un jour
ou l'autre, un jeune secrétaire de la Conférence des avocats
du barreau de Paris prononcera l'éloge de Thomme poli-
tique et de l'avocat éminent que fut Crémieux, si, dans le
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l'uVIYB&S IftEAÉUTE 363
tableaa 4e cette belle vie de dévouement ininterrompu à
tontes lefi nobles causes , quelque omln^ peut se glisser,
nous avons la certitude que ce ne sera pas pour la partici-
pation de Crémieux au décret de 1870 en faveur de ses
frères d'Algérie. Mais revenons k notre siyet et démon-
trons que ce qu'on appelle toujours et improprement le
décret Crémieux n'existe plus que de nom et de souvenir.
La commission d'enquête sur les actes du Gouver-
nement de la Défense Nationale, prise dans l'assemblée
monarchique et cléricale élue en 1871, proposa l'abro-
gation pure et simple du décret de 1870. Un projet
de loi fut déposé en ce sens et l'urgence en fut déclarée le
21 août 1871. Le Gouvernement en évita la discussion par
le décret du 7 octobre 1871 et, dans la séance de l'Assem-
blée nationale du 11 décembre i 871, le rapporteur de ce
projet demandait l'ajournement de la délibération en
expliquant que le nouveau décret gouvernemental a défini
l'indigénat^ réglementé l'application du premier décret, et
tracé les règles à sui\;re pour l'inscription des Israélites
sur les listes électorales. « Mais ce dernier décret, disait
le rapporteur, est en lui-même un correctif si énergique
du premier qu'il pourrait bien en rendre l'abrogation
inutile. Pour le savoir, il faut attendre les renseignements
qui ont été demandés d'urgence à M. le Gouverneur de
l'Algérie. Les renseignements, à leur arrivée, provoqueront
nécessairement ime nouvelle étude de la part du gouver-
nement d'abord et dans le sein de la Commission ensuite.
La discussion du travail de la Commission serait donc
aujourd'hui prématurée. y>
L'ajournement prononcé dans cette séance dure encore.
Pendant vingt-cinq ans nos coreligionnaires d'Algérie
se sont soumis au « correctif énergique du décret
Crémieux » édicté par le Gouvernement; ils ne songent
pas à s'en plaindre ; mais les antisémites de Paris
et de Mostagaiiem s'aperçoivent, après un quart de siècle,
que l'énergie de ce correctif est insuffisante pour com-
battre l'influence légitime qu'exercent par leurs suffrages
nos cordigionnaires dans le choix des députés et
des sénateurs algériens. Les élections législatives appro-
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364 l'univers ISRAÉLITE
cbent, et il n'est qae temps de s'y prendre pour arracher à
la Chambre et au Sénat une rétractation pure et simple des
deux décrets de 1870 et 187 1. Les déplorables événements
qui viennent de nous attrister ne nous paraissent pas avoir
d'autre cause. Le Parlement de 1897 sera-t-il moins libéral
que L'Assemblée nationale de 187 1 ? Nous espérons que
non et nous sommes convaincus que le danger d'un retour
en arrière n'est pas à craindre. Disons mieux : il est léga-
lement impossible. Les Israélites algériens devenus citoyens
français, en vertu du décret de 1870, corrigé par celui de
1 871, ont rempli leurs devoirs militaires; ils ont payé leur
dette à la patrie française ; ils ont conquis leur nationalité,
aucune loi ne peut les en dépouiller.
M. Lazard.
Les Responsabilités
On lit dans la Dépêche Coloniale :
li nous arrive d'Oran des nouvelles très singulières, mais concor-
dantes. Pendant les trois premières journées des troubles récents
(ao, ai etaa mai) la municipalité et ses agents auraient eu à Fégard
des émeutiers une attitude purement contemplative.
Signalons trois faits précis, en attendant ceux qui ne manqueront
pas de se révéler.
I . — Plusieurs inculpés ont déjà déclaré devant le tribunal au
cours de leurs interrogatoires qu*ils ne se croyaient pas en faute parce
que Fencouragement leur était venu des représentants même de
l'autorité municipale, et qu'on les avait assurés de Timpunité.
a. — Des agents de police sont requis par un particulier d'inter-
venir contre un groupe d'émeutiers. Ils s'y refusent. On insiste. Us
persistent dans leur immobilité et déclarent suivre leur consigne.
Celui qui les requérait se trouvait être M. Patrimonio, président du
Tribunal, lequel s'empressa d'informer le préfet.
3. — M. Peffau qui, sans doute comme adjoint chargé de la
police, commence à sentir sa responsabilité, dans son rapport sur
les troubles déposé à la séance du Conseil municipal du 35 mai,
affirme que les désordres ont été provoqués par les juifs dans la
soirée du i9 au café de l'Oasis (Echo d*Oran,Q^ mai). M. Félix Salva,
propriétaire du café de l'Oasis et non israélite, proteste contre cette
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l'univers ISRAÉLITE 365
assertion dans une lettre au Petit FançU{2S mai). Il y déclare que
« les consommateurs Israélites n'ont fait aucune provocation, ont eu
une attitude de gens paisibles et que M. PefTau a avancé un fait
qui n'est nullement l'expression de la vérité ».
Le fait est que le désordre fut calmé le plus aisément du monde
et en moins de deux heures, aussitôt que le préfet prit en mains la
direction des choses. Ce qu'il y a de bon, c'est que maintenant la
municipalité, par Torgane de M. PefTau, et dans le rapport indiqué
plus haut, déclare que l'Etat et non pas elle doit être rendu respon-
sable des dommages.
La vérité c'est que les vrais responsables ne sont plus si
rassurés.
Une enquête s'iippose.
Le Républicain des Vosges a reçu de son correspondant
d'Algérie une lettre que nous ne pouvons publier en son entier,
mais dont nous sommes heureux de reproduire les conclu-
sions :
Et maintenant, d'où viennent les sentiments d'hostilité manifestés
si véhémentement contre les juifs par les Européens ? Ils ont des
sources multiples. C'est d'abord que les israélites font une concur-
rence désastreuse aux commerçants français ou étrangers, en cédant
leurs marchandises moyennant un bénéfice dont l'Européen ne se
contente pas et qu'il trouve indigne de lui, parce qu'il veut faire vite
sa fortune. Ensuite, Félément Israélite constitue un appoint électoral
fort appréciable. Les voix juives gênent considérablement certains
amateurs de l'assiette au beurre et nombre d'ambitieux qui prêchent
l'honnêteté, alors qu'eux-mêmes sont tarés jusqu'à la moelle. Cette
question électorale est la plus importante de toutes, car l'usure
qu'on leur reproche est souvent pratiquée avec plus d'âpreté par
des Européens qui fréquentent régulièrement messe et vêpres. Elle
constitue ce que certains appellent le péril juif, péril dont j'entre-
tiendrai prochainement nos lecteurs.
Enfin, la responsablité la plus grande des tristes jours que nous
avons traversés revient, sans conteste possible, au gouverneur
général, tant à cause de ses discours et de ses circulaires antisé-
mites antérieures qu'en raison de sa politique qui, sous prétexte
d'épurer, consiste à diviser pour gouverner, à semer la discorde
pour se poser en sauveur, alors qu'il est bien le plus détestable
brouillon qui existe.
Les succès électoraux qu'il obtint à Constantine l'ont incité à
tenter la fortune dans l'Oranie où,on le voit, les résultats ont certai-
nement dépassé ses espérances. 11 est victorieux sur toute la ligne ;
mais ces victoires-là sont des semences d'anarchie, et les ministres
agiraient sagement en l'envoyant se reposer à l'ombre des lauriers
dont il s'est couvert.
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3^ LUNIVERS IBRAiLITB
LES CONSÉQOENCES DE L'ilNT»SÉtttT»SME
EN RUSSIE (I)
Sons ce titre, M. Chmerkine publie un traTail oix il établît,
pièces en mains, la perturbation que les persécutions contre
les juifs ont produite dans le régime économique de la Russie.
C'est là une démonstration mathématique des ciMàséquences
désastreuses où aboutit Tantisémitisme lorsqu'il passe de la
tbéorie à l'application. Nous avons parlé de cet ouyrage dans
notre dernier numéro ; mais nous croyons devoir aussi repro-
drare la préface que M. de Motînari, Férainent rédacteur en chef
du Journal des Economistes, a mise en tête du livre, et qui
résume heureosemeat les conclusions de Fauteur :
Si Fon analyse les causes de cette maladie sociale pour laquelle on a
créé un mot nouveau, l'antisémitisme, quoiqu'elle soit ancienne, on
trouve, sans aucun doute, qu'elle a eu d'abord sa source dans l'intolé-
rance religieuse. Pendant de longs siècles, les juifs ont été persécutés
au nom d'une religion dont le divin fondateur commandait cependant
aux hommes de s'aimer les uns les autres. Mais, grâce au progrès de
l'esprit de tolérance et peut-être aussi à TafFaiblissement du sentimem
religieux, les persécutions ont cessé, et les juifs ont été admis, dans la
plupart des pays civiltsés, à jouir du bénéfice du droit commun. Cette
réparation d'une des grandes iniquités du passé s'était accomplie avec
l'assentiment presque unanime de l'opinion, et on pouvait la croire
définitive lorsque les Appétits du monopole sont venus raviver la passion
mal éteinte de l'intolérance religieuse. Réduits à exercer un métier que
l'Église, imbue du préjugé contre le prêt à intérêt, imerdisait à ses
fidèles» les juifs étaient devenus les dispensateurs du crédit et avaient
acquis une puissance financière à laquelle leurs persécuteurs eux-mêmes
étaient fréquemment obligés d'avoir recours. Cette puissance, les
progrès extraordinaires de l'industrie d'une part, la responsabilité des
nations de plus en plus assurée aux emprunts d'État de l'autre, ne
pouvaient manquer de l'accroître, en imprimant un essor soudain et
prodigieux au crédit industriel et commercial aussi bien qu'au crédit
public. Les aptitudes professionnelles, qui s'étaient développées chez
les juifs pendant la durée de la persécution, acquirent alors une valeur
nouvelle et leur assurèrent une prépondérance au moins temporaire sur
(1) Par N. Chmerkine, chez Guillaumin et C«, XLIV + 188 pages, 3 fr.
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le marché agrandi des capitaux. Celle prépondérance et les richesses
dont elle étail la source pour une race naguère méprisée devaient inévi-
tAbiement exciter la jalousie de concurrents moins habiles et apporter à
l'intolérance religieuse le concours de Tintolérance économique. Ce fut
le premier germe de la réaction antisémitique ; mais ce germe aurait
probablement avorté si Tavènement du socialisme ne lui avait fourni
un champ de cullure particulièrement favorable. Aux yeux des socia-
listes de toutes les écoles» étatistes, collectivistes» communistes,
anarchistes» nihilistes, le capital c'est Tennemi. Et, dans leur ignorance
de la nature même du capital» ils se le représentent uniquement sous la
forme de valeurs mobilières, et le personnifient dans les notabilités du
monde financier. L'antisémitisme est devenu ainsi une branche du
socialisme.
Mais que veulent les antisémites ? Jusqu'à ces derniers temps» ils
s'étaient bornés à ameuter les passions populaires contre le € capitalisme
juif» et ils nous avaient laissé ignorer leur programme. Ils ont comblé
cette lacune au Congrès catholique et antisémitique qu'ils ont réuni à
Lyon» au mois de novembre 1896. Les résolutions votées par ce Congrès
nous ont appris qu'ils se proposent, comme entrée en matière,
d'exclure les juifs de toutes les fonctions publiques et de dresser une
liste des commerçants juifs, avec organisation de ligues locales des-
tinées à les priver de leur clientèle, en d'autres termes à leur enlever
leurs moyens d'existence et, par conséquent, à les obliger .à émigrer.
L'expulsion des juifs, tel est donc le but final que se propose l'aniisé-
mitisme, en employant, à défaut de la violence à laquelle répugnent nos
mœurs, le procédé moderne du boycottage économique.
Nous sommes convaincu que cette campagne d'intolérance aboutira
à un honteux échec » mais peut-être n'est-il pas inutile de mettre sous
les yeux du public, que les meneurs de Tantisémitisme s'efforcent
d'ameuter, les résultats que produirait, au point de vue de la richesse
nationale et du bien-être du grand nombre, cette expulsion d'une classe
de citoyens laborieux et paisibles. Nous savons déjà ce qu'a coûté à la
France la révocation de l'Edit de Nantes, en faisant ^émigrer» avec les
protestants, les industries dans lesquelles ils excellaient et dont ils
dotèrent TÂnglelerre et l'Allemagne. Mais nous pouvons citer aujour-
d'hui un exemple plus rapproché et non moins saisissant des maux
que peut causer l'intolérance, en détruisant un rouage nécessaire de
l'économie d'un pays. Nous voulons parler de l'expulsion des juifs des
gouvernements intérieurs de la Russie, où ils avaient été tolérés sous le
règne d'Alexandre II et où ils remplissaient la double fonction d'inter-
médiaires du commerce et du crédit. N'en déplaise aux socialistes qui
nienl l'utilité des intermédiaires, jamais cette utilité n'a été démontrée
d'une manière plus frappante, jamais les théories de la science écono-
mique n'ont trouvé» dans la pratique, une confirmation plus péremp-
toire« Nous pourrions nous en féliciter si l'expérience qui a été faite en
Russie n'avait pas coûté si cher non seulement aux malheureux juifs
victimes de rintolérance» mais et plus encore aux populations que la
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n
368 l'univers israAlitb
destruction d'un rouage économique indispensable a vouées à toutes
les horreurs de la famine et livrées à l'exploitation du plus odieux des
monopoles; si elle n'avait enfin enrayé ou, tout au moins, retardé le
développement de la prospérité d'un grand pays.
On trouvera dans le livre qu'on va lire, appuyés sur des témoignages
irrécusables, car la plupart proviennent de documents officiels, les
résultats de cette lamentable expérience. On y verra que la famine qui a
désolé une partie de la Russie, dans une année où la récolte était
amplement suffisante, n'a pas eu d'autre cause que la proscription
imprévoyante de la catégorie la plus active et la plus capable des
intermédiaires qui ont pour fonction nécessaire de porter les subsis-
tances des localités où elles sont abondantes et à bon marché dans celles
où elles sont rares et chères. Le premier effet de l'expulsion des com-
merçants juifs a été de créer, au profît du petit nombre des commerçants
orthodoxes, le plus dangereux des monopoles. Devenus les maîtres du
marché qu'ils ne suffisaient point, d'ailleurs, à approvisionner, ils ont
pu maintenir les prix à un taux exorbitant. Pendant que la famine
exerçait ses ravages dans les gouvernements d'où les juifs avaient été
bannis, ceux où ils continuaient à être tolérés, le gouvernement de
Kherson, par exemple, où cependant la récolte avait été mauvaise,
présentaient une heureuse exception, que l'empereur Alexandre III
lui-même se plaisait à reconnaître.
Mais on peut trouver une preuve plus décisive encore du doifimage
causé notamment aux populations agricoles par l'insuffisance de
la concurrence en matière de commerce et de crédit dans les
gouvernements interdits aux juifs, en comparant la condition de
ces populations à celle des populations des provinces comprises dans
leur zone d'habitation et qui constituent en quelque sorte un vaste
ghetto. Quoique la terre y soit généralement d'une qualité inférieure,
la masse des paysans y jouit d'une aisance inconnue dans les gouver-
nements de la grande Russie que la nature a particulièrement favorisés.
A cet égard, les renseignements recueillis par M. Chmerkine sont aussi
concluants que possible.
Lea arriérés des impôts dans la zone juive ne dépassent pas 26
copecks par tête, tandis qu'ils s'élèvent à 83 copecks dans les gouverne-
ments de la grande Russie. Les paysans possèdent un capital d'exploi-
tation plus élevé de moitié, un bétail plus nombreux ; ils réalisent des
économies qu'ils emploient à des acquisitions de terres. Ils sont moins
adonnés à l'ivrognerie et fournissent un moindre contingent à la statis-
tique criminelle. C'est que dans la zone juive, où le rouage indispen-
sable du commerce et du crédit a pu prendre son développement
normal, où les juifs prêteurs se font une concurrence active et serrée,
le paysan a cessé d'être à la merci du capitaliste ou du marchand de
grains. Dans les gouvernements de la grande Russie, il est réduit à
subir les conditions qui lui sont imposées par le petit nombre des
prêteurs ou des marchands orthodoxes investis d'un monopole de fait
aux époques de l'année où il est obligé d'emprunter ou de vendre pour
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l'univers ISRAÉLITE 369
s'acquitter de ses impôts et de pourvoir à ses autres charges. Dans la
*one juive, la concurrence intervient pour préserver l'emprunteur et le
vendeur à bout de ressources de l'exploitation impitoyable du besoin
qui le presse. Ce n'est pas que le préteur ou le marchand juif «oit moins
âpre au gain que son congénère chrétien. Accordons même, si l'on veut,
qu'il l'est davantage, mais la concurrence le contraint à modérer ses
exigences et à se contenter du prix du marché, tandis que dans les
gouvernements où l'expulsion des juifs a créé un monopole au profit des
préteurs et des marchands orthodoxes la population est à leur discrétion
et d'autant plus qu'elle est plus misérable. Deux chiffres donneront une
idée de l'excès d'exploitation que peut engendrer le monopole : le taux
des prêts agricoles dans les gouvernements d'où la concurrence juive
est exclue s'élève à plus de 5oo p. loo, et le blé, à l'époque de la famine,
s'est vendu dans les mêmes gouvernements jusqu'à i rouble 70 copecks
le poud, tandis qu'il ne revenait pas à plus de 40 copecksaux marchands
orthodoxes.
Ces résuhats désastreux de la politique d'intolérance sont devenus
tellement manifestes que le gouvernement s'en est ému et qu'une
détente s'est opérée dans les mesures restrictives auxquelles les juifs
ont été en butte. On commence à s'apercevoir, un peu tard, que ces
mesures ont occasionné des souffrances plus cruelles aux populations
orthodoxes qu'aux juifs eux-mêmes. Il est donc permis d'espérer que
cette douloureuse et coûteuse expérience portera ses fruiis et que l'on
reviendra au régime de tolérance inauguré sous le règne réparateur
d'Alexandre II.
Cependant, ce régime offrirait-il une solution suffisante de la question
juive en Russie ? Aussi longtemps que les juifs seront seulement tolérés,
pourront-ils rendre à ce grand pays tous les services que comportent
leurs aptitudes spéciales d'intermédiaires du commerce et du crédit à
une époque où elles sont plus que jamais nécessaires ? Un des plus
grands et des plus nobles esprits qu'ait possédés la Russie, le priuce
Nicolas Orloff, dont la mémoire est restée chère à la France, ne le
pensait pas, et il demandait déjà, dans une brochure publiée sous le
règne d'Alexandre II, que les juifs fussent appelés à jouir du bénéfice
du droit commun. Les résultats de la politique d'intolérance ne don-
nent-ils pas aujourd'hui une nouvelle force aux arguments qu'il faisait
valoir alors en faveur du relèvement légal d'une race injustement
proscrite?
« Nous venions, disait-il, de terminer notre travail sur les sectes
religieuses lorsque d'assez vives controverses s'élevèrent dans la presse
russe au sujet des droits civils des juifs. Il nous paraît peu convenable
d'engager une discussion sur les qualités morales de cette race et nous ne
ne voyons aucun intérêt à examiner les divers arguments qui ont été
pour trancher la question de savoir si ses représentants doivent porter
le nom de Juifs, d'Hébreux ou d'Israélites. A notre avis il n'y a qu'un
seul point à élucider. Faut-il laisser tous les juifs de Russie sous un
régime d'exception, ou bien est-il préférable de leur appliquer le droit
commun f
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3^0 L'UNIYBRS fSSLAÉLm
» La loi qui défend aux juifs d'établir leur résidence dans leis
provinces de la grande Russie reposait autrefois sur des motifs pol^
tiflues qui n'ont plus leur raison d'être aujourd'hui. Nous croyons que
la question juive pourrait se résoudre avec une extrême facilité. Il
suffirait pour cela de s'en tenir aux principes suivants :
» 10 Accorder aux juifs tous les droits personnels et tous les droits
de famille dont jouissent les autres sujets russes ;
» 20 Permettre aux juifs venus du dehors de se fixer en Russie et d*y
établir leur domicile aux mêmes conditions que les autres étrangers ;
» 3o Supprimer toutes les restrictions destinées à empêcher les juifi
étrangers ou indigènes de fonder des maisons de banque ou de com-
merce dans les diverses parties du territoire de l'empire.
» Cette dernière partie aurait pour conséquence d'attirer chez nous
des capitaux qui donneraient une vive impulsion à notre industrie. Avec
leur esprit d'entreprise, les juifs trouveraient en Russie un très vaste
champ où leur activité pourrait s'exercer pour le plus grand profit du
pays.
» Nous ne saurions nous dissimuler que de pareilles propositions ne
manqueront pas de soulever de très vives critiques. En Russie, les
préjugés hostiles aux juifs sont encore vivaces et il s'écoulera probable-
ment bien des années avant qu'on accorde à cette race la justice qui lui
est due. Il nous reste la consolation d'espérer que tôt ou urd la civili-
sation triomphera des préjugés, et nous nous lx>merons, en attendant, à
rappeler cette parole de M. Guizot : « La vérité est une, ceux qui la
cherchent consciencieusement finissent toujours par s'accorder (i). »
Espérons que ces généreuses paroles seront enfin écoutées et, pour
nous servir des expressions du noble écrivain, que la justice qui est duc
à la race juive ne tardera plus longtemps à lui être rendue, à ITionneor
et au profit de la Russie.
G. DE MOLINARI.
ENCORE LE MARQUIS DE MORES
Nos lecteur^ se souviennent peut-être de la protestatioa que
nous avons élevée contre le projet imaginé par les antisémites
d'ériger une statue au marquis de Mores. Nous sommes heureux
de voir le Signal^ dans les lignes qu'on va lire, apprécier
comme nous le fanoeux aventurier :
1. Quelques réflexions sur les sectes religieuses en Russie ( Extrait
de la Revue historique la Rousshaia Starina, livraison do mai 1881), par
le prince Orloff, ambassadeur de Russie à Paris. Brochure, chez E. Dentu,
libraire éditeur, Paris, 1888.
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L'tnvrrxss isha^lits 371
« On ne parle pas de corde dans la maiscm d'un pendu. » Sage
est ce prorerbe. Pourquoi la Libre Parole ne s'y con£6rme-i-elle
pas? Powqiioi consacre-t-elle trois ou quatre colonnes de son
numéro d'aujourd'hui à ce marquis de Mores, sur qui elle devrait
laisser planer le silence de l'oubli ? Je n'aime pas à piétiner des
cadavres ; aussi ne viens- je pas exhumer certains faits qui ne sont
pas à llionnear de cet homme dont on veut faire un héros et qui ne
tat qu'un concpiislador. Mais c'est mon droit et mon devoir de
rappeler l'opinion que Drumont exprima un jour sur son compte.
— C'était après que M. Clemenceau eut annoncé au monde stupéfait
que Mores, flanqué de Drumont lui-môme, avait fait auprès de
Cornélius Herz une démarche aux fins. . . d'emprunter à cet Israélite
poissant la jolie somme de vingt mille francs^ qu'il prêta très
galamment. La publication du fait gêna le chef de l'antisémitisme,
et je me l'explique. Se voir convaincu, lui, Drumont, d'avoir « tapé »
un de ces juifs, non le moindre, dont il demandait chaque jour
l'extermination t La posture était fSLcheuse, et il était exposé tout
au moins au reproche d'inconséquence. Il fallut parer le coup, ou le
faire tomber sur quelqu'un. C'est Mores qui paya. Jugez : € Mores,
avec la prodigalité d'un patricien, a dévoré une fortune dans la vie
charmante du jeune officier de cavalerie. . . Je veux bien contribuer
à la propagande antîsémitique, mais je n'ai ni l'envie ni les moyens
de jeter vingt mille francs dans le gouffre du baccara... » Une
réflexion en passant: ces vingt mille francs quil se refusait à jeter
dans le gouffre du baccara, Drumont trouvait tout naturel que
Cornélius Herz, sur ses instances, les y jetât. Une autre réflexion :
si tout autre que Drumont eût fait cette démarche intéressée auprès
d^un homme qu'il ne cessait d'agonir d'injures, Drumont n'auraic-ll
pas crié : chantage ! chantage I — Et, pour en revenir à Mores, c'est
à ce gentilhomme perdu de dettes, dont il laisse deviner qu'il est
anqpiement pourvu de vices^ c'est à ce joueur effréné, dis-je, que
Drumont propose d'ériger un monument ! C'est de cet homme qu'il
chante les louanges, — depuis qu'il est mort, à la vérité !
San-Gil.
Lettre de Saloniqrie
A Monsieur le Directeur de V « Unii^rs israélite »
Monsieur,
J'ai fa Tartiele sur Salonique de M. Victor Bérard ,
qae vous empruntez à la Revue de Paris dn i5 avril. L'émi-
nent professeur s'est fort bien <b>eameiité. Oa voit qu'en
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3'ja l'univers isra]6litb
général il est allé puiser ses renseignements aux meilleures
sources, et s'il émet quelquefois des allégations hasardées, s'il
dit, par exemple, que les financiers Israélites ont chassé les
banquiers grecs et que les Mohadjirs turcs ont accaparé telle
ou telle branche de notre activité, ce qui est quelque peu
inexact, nous nous en consolons par le fait qu'en général il est
impartial, qu'il a vu les lieux dont il parle et qu'il les a bien
étudiés. Pour ma part, je voudrais voir tous ceux qui ont lu
l'article en question pénétrés une fois pour toutes de cette
vérité que :
« La race n'a rien à faire dans la répartition générale des
» professions et métiers. Les conditions économiques du milieu,
» et plus encore les circonstances particulières dans lesquelles
» se trouvent les sujets intéressés déterminent le choix d'un
» Etat. »
« Salonique » suffit à démontrer que les Israélites sont aptes
à tous les travaux et que si, dans certains pays, ils s'occupent
plus spécialement de commerce, c'est que les circonstances
Tout voulu ainsi. Si M. Bérard contribue par son étude à
propager cette vérité souvent méconnue, il aura rendu service
à la vérité.
Je suis en état de confirmer tout ce que M. Bérard a écrit
concernant l'organisation de la Communauté Israélite. Mais
permettez-moi de lui dire par l'intermédiaire de votre journal
qu'à ma connaissance ni les chefs de la Communauté ni aucune
personnalité influente n'ont jamais fait de sérieux efforts pour
faire revenir quelques Israélites Saloniciens aux travaux des
champs. Malheureusement pour nous, il n'y a dans notre ville
ni école agricole, ni ferme israélitel II est vrai que plusieurs
ouvriers s'occupent des travaux agricoles, mais ce n'est que
d'une façon intermittente.
La semaine dernière, j'étais sorti me promener du côté de la
ferme-modèle (excellente école agricole du gouvernement) ; au
retour, un peu avant le coucher du soleil, je me suis rencontré
avec un groupe de coreligionnaires revenant d'un village voisin
où ils étaient allés cueillir des fèves, et la conversation fut vite
engagée entre nous. Le plus âgé me dit qu'ils avaient acheté
les légumes d'une tarla (petite ferme), pour dix livres turques,
qu'ils revenaient ce soir-là en ville avec leurs produits, et
1
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l'uNIYBRS ISRAÉLITE 3'j3
qu'ils restent souvent plusieurs nuits de suite au Tillage. J'ai
remarqué parmi eux un enfant qui pouvait avoir quinze ans et
qui guidait deux bêtes chargées de fèves. Il me dit qu'il était
meilleur marcheur que toute la compagnie, qu'il allait souvent
à pied pour ménager sa bête et qu'il ne craignait pas la fatigue.
« Ce soir, nous ne dormons pas, ajouta-t-il avec le plus grand
naturel, car nous partons à minuit pour le village situé à sept
heures de distance de la ville afin d'y arriver avant que le
soleil soit bien haut. » Un ouvirier à la journée disait gaiement
à un de ses camarades : a Maintenant je travaille à la fève ; un
peu après ce sera aux abricots et après au bostan (melons et
pastèques). Pendant l'été, je ne crains rien, avec Taide de Dieu. %
Ces gens-là sont bel et bien des paysans habitant la ville, et si
la ferme dont parle M. Bérard n'existe pas encore ce n'est pas
que nous manquions de bras. C'est l'esprit d'initiative qui fait
défaut.
Il y a quelques années je voulais éveiller l'attention de
notre public sur l'utilité, la nécessité même, de la création
d'une ferme israélite. Je montrais dans le journal La Epoca ce
que coûte à la Communauté israélite le séjour dans notre ville
de tant de malheureux souvent sans travail, dont la plupart
sont robustes, endurants et propres à toutes sortes de travaux.
Je tâchais de démontrer qu'il n'y a pas de remède contre
l'encombrement extraordinaire de toutes les carrièi^es à Salo-
nique en dehors du déversement d'une partie du trop plein de
nos coreligionnaires sur les campagnes. La Communauté vient
régulièrement en aide non-seulement à des invalides mais aussi
à plusieurs honnêtes gens qui ne demandent qu'à vivre modes-
tement de leurs propres ressources. On trouverait aisément
parmi eux quelques jeunes hommes et chefs de famille ayaAt
assez d'énergie et de courage pour s'enrôler comme agriculteurs
sous la protection d'nne Société de patronage qui chercherait
les meilleurs moyens de mener à bien l'entreprise. Une fois
que les premiers pionniers auraient réussi, ce qui arriverait tôt
ou tard, l'ouvrier israélite étcmt actif, laborieux, intelligent et
probe, d'autres iraient les rejoindre d'eux-mêmes, et à force
de persévérance on parviendrait peut-être à diminuer l'encom-
brement général qui met notre ville dans une situation
économique des plus critiques.
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374 l'uhtvjbm imujêlitb
Iimtile de vous dire qae mon «cticle de La Epoea passa
inaperçu et qa'aucun eiTort sérieux n'a été tenté pour rétablis-
sement d'une ferme israélite qui, d'après M. Bérard, existerait
déjà depuis deux années. Le m Journal de Salonique d a publié
demièrememt un article sur le même sujet, qui n'obtint pas plus
de succès que le mien. Ou bien oe qui est très pratique ailleurs
est irréalisable chez nous, ou bien nous sommes indiiTérents à
la chose publique, absorbés que nous sommes par nos afi^res
personnelles.
Je Yois que ma lettre est deyenue trop longue ; néanmoins
je vous prie de vouloir bien la publier telle quelle, car qui sait?
Feut-être contribuerez-vous par là à faire étudier la question
et à en amener la solution.
Agréez, etc. Damy.
UNE CONFÉRENCE A MULHOUSE
Nous lisons dans V Express de Mulhouse :
La Société d* histoire et de littérature juives a organisé des con-
férences qui sont très fréquentées et dont le succès est maintenant ,
incontestable.
Jeudi, i3m€d dernier, M. le rabbin Meyer, de Valenciennes, avait
pris pour sujet : La Vie juive au moyen âge. C'était, en sonune^ un
intéressant développement d'une partie de la remarquable confé-
rence que M. le rabbin Bloch, de Remiremont, faisait le 20 janvier
sur rémancipation des juifs.
il faut lire le rabbin de Backarach, où Henri Heine nous décrit le
ghetto de Francfort, nous dit M. Meyer, pour se faire une idée de
ca qu'était la vie au moyen ftge.
Tout contact avec les chrétiens était strictement interdit aux
juifS; auxquels on assignait un quartier spécial, le plus sordide, situé
généralement dans le voisinage d'une rivière dans laquelle se déver-
saient toutes les immondices de la ville.
Le soir, ce quartier était fermé par des portes bien gardées.
Gonune, de tout temps, la race juive s'est distinguée par sa fécon-
dité, le ghetto (laissait par ne plus pouvoir contenir sa population.
Manquant de surface, elle s'entassait dans des maisons qui deve-
naient de plus en plus insalubres.
Au ghetto de Rome on es lime que 20 habitants, en moyenne,
devaient se loger sur une surface de 10 mètres carrés y compris les
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L* UNIVERS IStiÊLÈLlTE i'ji
i et les bfttimeBCs publics. Les maisons s'éleTaient alors, se r^oi-
liaient même, parfois, aa-<lessas de melies sans' soleil dans ies^
quelles Edmond Abont dit qu'on ne pouvait marcher sans craindre
de commettre, à chaque pas, des infanticides involontaires. On ne se
contente pas de parquer ainsi les juifs« Au Gond le de I3i5, on les
obiîgpe de porter, comme signe distinotif, une rouelle rouge ou jaune
sur l'épaule gauefae ou sur la poitrine, un chapeau pointu et une sorte
de longue robe ornée de raies de couleur vive ou de lettres hébraï-
ques.
A Perpignan, les biens des juifs non porteurs de la rouelle furent
confisqués.
Ce sont surtout les incroyables accusations que le fanatisme
prêtait aux juifs qui les mettent constamment en danger de mort.
A l'approche de la f(He de Pâques, si Ton venait à signaler la
disparition d'un enfant chrétien, la foule envahissait le ghetto qui
était mis à feu et à sang.
Les malheureux juifs se réfugiaient, précipitamment, dans la
Synagogue, qui, aux moments de désespoir, était toujours leur asile,
et là ils imploraient la miséricorde du Tout-Puissant. En pareil cas
ce qui pouvait leur arriver de moins fâcheux était d'être tous jetés
en prison jusqu'à ce que la fureur de la populace fût apaisée.
A Mons, un jeune Israélite, filleul du seigneur du Hainault,
nommé Guillaume, fut accusé d'avoir profané, à coups de javelot,
une statue de la Vierge de laquelle on avait vu du sang couler. Un
nommé Lefèvre avait eu une vision dans laquelle la Vierge lui
demandait de la venger.
Le 8 octobre iSaô, le pape Jean XXII autorise Lefèvre à se battre
en champ clos avec le jeune juif (qui, mis à la torture, n'avait pas
avoué son prétendu crime) afin d'en appeler au jugement de Dieu.
Le malheureux Guillaume, à moitié assommé par son adversaire
beaucoup plus fort que lui, fut attaché à un poteau, par les pieds,
et livré à des chiens qui lui dévorèrent la tête.
A Toulouse, le Vendredi Saint, un juif était amené sur la place
publique pour y être battu.
A Rome le rabbin devait, ce même jour, se rendre au Capitole.
Après lui avoir fait réciter des paroles de repentir on le faisait se
prosterner devant le Pape qui lui posait le pied sur la nuque
Voilà ce qu'ordonnaient les représentants de la religion dont le
fondateur disait de ses bourreaux : « Mon Père, pardonne-leur t »
11 semble que d'aussi odieux traitements auraient dû mettre' dans
le cœur de ces malheureux une ardente soif de veng^nce. Il n'en
fut rien. La plupart acceptèrent avec résignation leur lamentable
sort, restant fidèles, malgré tout, à la foi de leurs pères, espérant
toujours que Die% finirait par avoir pitié de leur misère et qu'une
nouvelle aurore se lèverait pour Israël.
Nous pouvons, enûn, le contempler, ce beau jour de la délivrance
et de l'émancipation. Mais que les souffrances passées ne soient
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376
l'univers ISRAÉLITE
jamais oubliées afin d'avoir toujours dans le cœur une reconnais-
sance sans bornes pour ceux qui ont contribué à ce triomphe de la
liberté qui est une des gloires des temps modernes, conclut M . le
rabbin Meyer.
Voilà d'une façon bien imparfaite les points essentiels que nous
avons retenus de cette captivante conférence. Elle fait honneur à
son auteur qui est un homme d'esprit, à vues larges, et un excel>
lent orateur.
Nous félicitons la Société qui a pris l'initiative de ces instructives
soirées et qui sait si bien choisir ses conférenciers.
t r^^T »
DONS
EN FAVBUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 3 au 10 juin
M«« Belcyà 200
MM.Dreyfus (L. L.) 2(M
Lazard (Alexandre) 200
Lévyller (Alfred-Roger). 200
Mayer (Paul), 5, avenue
de l'Opéra 200
Cahen (Mayer) 100
Levie (Abraham) & Saint-
Mandé 100
Rehns 100
Rodrigues-Ely (Camille). JOO
Katz 50
M«« Halbronn 40
MM. Lévy(J.) 40
Helbronner (Alphonse).. 30
Laboschiner 30
Lévy (Auguste), 45, blv.
Magenta 2b
Alexandre (Jacques) 20
Bloch (Jules), 54, rue de
Paradis 20
Bollack (Léon) 20
Dennery (Charles) 20
Marx (Michel) 20
Oulmont (Léon) 20
Rhens 20
Schwartz T... 20
Blum, 49, blv. Magento 10
MM. Chopic 10
Clauss 10
Flersheim, à Besançon.. 10
Fraenckel 10
Haguenau (le rabbin). . . 10
Israël (Fernand) 10
Job (C.) 10
Joseph (Arthur) 10
Mayer (J.) 10
Métropolitanski (D.) 10
Metropolitan ski (H.) 10
M«« Revel 10
MM. Samuel 10
Samuel (René) 10
Stein 10
Wdl (E.), 117. boulevard
Sébastopol 10
Weil(E. et F.) 10
Anonyme 5
Gimpel 5
Goldstein (J.) 5
Léopold (Lyon) 5
Lévy (Séllgmann), )e
rabbin 5
Mayer» le rabbin 5
Picard (Camille) 5
Weil (J.), 45, boulevard
Magenta. 5
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l'univers ISRAÉLITE 3^7
Nouvelles diverses
Paris . — Le Consistoire central des israélites de France a eu
successivement un entretien avec M. Méline, président du conseil,
et avec M. Barthou, ministre de l'intérieur^ au sujet des troubles
d'Algérie, il a reçu des ministres l'assurance que les désordres
seraient réprimés, que les mesures nécessaires seraient prises pour
en empêcher le retour et que toutes les responsabilités en jeu dans
ces tristes événements seraient recherchées .
Nous espérons que ces déclarations ne resteront pas lettre
morte. On nous assure, du reste, que déjà un commissaire de
police aurait été révoqué pour avoir pactisé avec les fauteurs des
troubles.
— M. le grand rabbin Zadoc Kahn nous prie de mettre nos coreli-
gionnaires parisiens en garde contre un individu qui se présente
sous le nom de Strook , avec de fausses lettres de recomman-
dation.
#**
— Dans une réunion tenue sous la présidence de M. Darlan,
garde des sceaux, à l'Hôtel Continental, M. Lyon-Caen, membre de
l'Institut, professeur à la Faculté de droit de Paris, a été nommé
président de l'Association française de droit maritime qui vient de
se fonder.
Algérie. — Le projet de budget des cultes pour 1898 prévoit en
Algérie des augmentations de 21,600 francs pour la création de
la places de desservants catholiques, 3,5oo francs pour la création
d'une place de pasteur protestant, et 3,ooo francs pour la création
d'une nouvelle place de rabbin.
»•*
Oran. — Le Petit Journal reçoit de son correspondant à Oran le
télégramme suivant :
« Aïn-el-Arba, 3 juin, 8 h. matin.
ï> La synagogue a été incendiée cette nuit. On a découvert une
boite explosible en fer-blanc contenant de la poudre et des débris
de fer.
» Le juge de paix a ouvert une enquête. Les dégftts s'élèvent à
plusieurs milliers de francs. »
»•♦
Alsace. — On nous écrit d'Alsace : — Un curiosum, — M. le grand
rabbin Wogue a été enterré à Paris le 16 avril. Et, jusqu'à ce jour, la
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378 l'uIOTBHS ISKAÉLmi
nouvelle n'en est pas encore parvenue à Berlin. Autant que je
sache, aucun des journaux Israélites de la capitale de F Allemagne
n'en a encore fait mention. Faut-il attribuer cette singularité à une
grève des correspondants, ou est-ce que pour ces honorables
rédacteurs M. Wogue n'est pas mort? Ceci serait assez juste.
M. Wogue était de ceux, qui ne meurent pas. — Ben-Naphtali,*
Lemberg, 8 juin. — Des désordres antisémitiques se sont pro-
duits, hier, à Schodnica.
Des ouviers ont assailli des maisons habitées par des Israélites
et en ont démoli quelques-unes.
Après une bagarre assez vive, la gendarmerie a pu rétablir
l'ordre.
Au cours de la lutte, un ouvrier a été tué. Dix-sept arrestations
ont été opérées.
*♦.
Chodorow (Galicie). — Voici à la suite de quel incident se sont
produits les excès dont nous avons parlé il y a quelques semaines :
« Un ouvrier, passant devant la fruitière Rachla Krolem, se mit à
l'insulter sans raison aucune et renversa ses paniers. Samuel
Strauchler, qui avait vu la scène, prit fait et cause pour la fruitière.
Des gros mots on en vient aux cowps, des ouvriers et des juifs se
rassemblent, et bientôt c'est une rixe générale : u» vieillard de
81 ans est tué, i5 personnes sont grièvement blessées et plus de
5o personnes reçoivent des contusions plus ou moins légères.
***
Euasie . — Le ministre de l'Intérieur et le ministre de l'Instruc-
tion publique élaborent en ce moment un projet de loi qui donne-
rait aux Israélites plus de facilités à acquérir de l'instruction. Déjà
il a été permis à la Société pour la propagation de la littérature et
des sciences d'ouvrir de nouvelles écoles et des classes du soir.
**#
Minsk. — Nous avons, d'après divers journaux d'Allemagne et
d'Autriche, publié des récils de troubles qui auraient eu lieu à
Minsk. On parlait d'un grand nombre de morts et de blessés. U
résulte de renseignements reçus par le Comité central de VAlUtmce
que ces informations étaient heureusement controuvées.
Varsovie. — L'Université de Varsovie possède des capitaux
inaliénables provenant de dons prhrés, et dont les intérêts sont
distribués en bourses à des étudiants pauvres et méntaats>. Parmi
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i/vmrramB isKAÉLinni 379
ces fondations, il y a Men de citer em première M^pne le Ponds Gopcr-
Btc^ destiné à récompenser Ws étodîanta les pins distingués dans les
sciences motbématiqiies. 11 arrirait fréquemment que ces distinc-
Û0D6 fassent obtenues par des étadiaBts jolfe. Les joamaax de
VarsoTie ayant rekré ce foit et dédaré qne, les Fonds Goperme
étenit de provenance catholique, les_prix devraient être accordés
uniquement à des étudiants catholiques, le recteur de rUmverâlé
de Varsovie, M. Wostokof, vient de publier la note suivante :
Les Universités sont des institutions publiques. Leurs statuts n*ont pour
objet que la direction des études, et le devoir de l'autorité académique est
de s'occuper uniquement des progrès et des succès des étudiants dans les
différentes branches des connaissances enseignées. Toutes considérations
étrangères aux études, et celles notamment qui concernent la nationalité ou
la confession des étudiants, sont formellement répudiées par l'Université de
Varsovie, attendu que l'admission de pareil Tes considérations aurait pour
résultat un amoindrissement de son prestige scientifique et de son autorité
morale. {Woskkod, 3o mars/ 12 avril.)
Recommandé à TUniversité d'Alger.
»*•
Belgique. — M. Jacob Simon vient d'être décoré par le roi
Léopold pour avoir sauvé la vie à deux personnes en arrêtant un
cheval emporté juste au moment où le conducteur et une jeune fille
qui se trouvait dans la voiture allaient être précipités sous les roues.
Ce courageux sauveteur n'en est pas à son premier exploit ; il a
déjà reca sept médailles pour des actes semblables et quatre autres
pour s'être jeté à la nage au secours de gens qui se noyaient.
*^#
Turquie* — Nous avons raconté avec quel empressement les
juifs turcs étaient accourus sous les drapeaux. En rapprenant, le
sultan déclara que ses sujets Israélites s'étaient toujours montrés
fidèles et dévoués à sa personne; que, pour lui, ils afi'ronteraient
Teau et le feu. Aussitôt que la nouvelle des premières victoires par-
vint à Constantinople, il envoya au grand rabbin une somme impor-
tante pour être distribuée aux pauvres. Peu de temps auparavant, il
lui avait fait remettre 3o.ooo piastres (7760 fr.) pour Tachât de mat-
zoth,de viande et de vin, devant être donnés en son nom à Toccasion
des fêtes de PAque.
^%
Stockbolm. — New-York Ji'est ni la seule ni la première ville
qui ait un préfet de pojice Israélite. Stockholm possède un préfet de
police juif: c'est M. Gemmy Rubenson qui occupe cette fonction
depuis 1878.
— Les journaux publient la lettre suivante qu'une faoritt»
catholique a adressée à un de nos coretigionnaires : « Ayant
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38o l'univers ISRAÉLITE
appris qu'il se trouve en ce moment dans notre ville une foule
d'indigents du culte mosaïque, nous nous permettons à l'occasion
d'une fête de famille de vous envoyer ci-joint la somme de looo
couronnes, à l'effet de les distribuer à ces malheureux. Nous don-
nons cet argent avec d'autant plus de plaisir que nous avons tou-
I jours vu nos coreligionnaires s'empresser au secours des chrétiens
besogneux. »
t Maroc. — La série des meurtres commis sur des Israélites et que
les autorités sont impuissantes ou peu désireuses de réprimer n'est
pas près d'être close. Voici ce qu'on écrit de Fez au Comité central
de V Alliance :
« Deux Israélites de Fez, Messod Bennathan et Joshoua Soussan,
revenaient du Riff, où ils s'étaient rendus pour affaires, lorsqu'ils
furent assaillis par une demi-douzaine de brigands qui, après les
avoir dépouillés de tout ce qu'ils possédaient, les criblèrent de coups
de fusils. Le premier tomba raide mort ; son compagnon parvint à
prendre la fuite et ne rentra à Fez que la veille de PAques : le mal-
heureux Bennathan laisse une femme et trois petits enfants dans la
plus profonde misère, j»
Gomme d'habitude, ce crime restera probablement impuni.
#%
Indes. — On écrit de Bombay que le gouvernement, pour recon-
naître les éminents services rendus par le Dr Haffkine, vient de lui
allouer q.ooo roupies par mois et a mis à sa disposition un vaste
a Bungalow » pour y établir sa résidence et son laboratoire. Le
professeur Haffkine a depuis quelques mois inoculé le sérum antibu-
bonique à plus de dix mille personnes.
•**
Transvaal. — La République se montre de plus en plus sévère
pour les passeports, et elle a refusé l'accès du territoire à plusieurs
familles Israélites venues de Russie.
••*
Curiosités. — Date de la destruction de Sodome et de Gomorrhe,
— Un astronome de Vienne, M. Mahler, a essayé de fixer cette date
au moyen de l'éclipsé de soleil mentionnée dans la Genèse, au
chapitre i5. Cette éclipse eut lieu en 1763 avant l'ère chrétienne. Or,
pendant l'éclipsé. Dieu annonce à Abraham la naissance d'Ismaël.
Comme, d'autre part, celui-ci avait treize ans quand le patriarche
reçut la promesse de la naissance d'Isaac et que la prédiction de la
catastrophe des deux villes eut lieu en même temps, on peut
assigner comme date de cette catastrophe l'an 1760.
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]
l'univers ISRAÉLITE 3dl
Err€Uum, ~ Lorsque nous avons mentionné parmi les tableaux
du Salon le portrait de M. le rabbin Raphaël Lévy, une erreur typo-
graphique s'est glissée au sujet du nom du peintre qu'il faut lire
non pas Delnar, mais Duluard.
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Mandé, a Fhonneur d'informer le public que, pour répondre aux
nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
sa maison 8 , avenue Victor-Hugo, dans un local plus spacieux et
également à proximité du bois. M"*^ Lévis rappelle qu'elle prend
des pensionnaires ismaélites, hommes et femmes, particulièrement
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver chez elle une
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craignent rnèma pas Ui tribunaux, HM. Bloch préviennent
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dorénavant tous la dénomination do Sagou Blooh, al
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L INIVEI S
ISRAÉLITE
Journal des Prineipes ConserTatenrs dn Jndalsme
FOMDi PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
SOMIUAIRE
Calendrier de la Semaine.
Le Dieu justicier.
Origines de l'Antisémitisme en Algérie.
La Circoncision.
Les Antisémites devant la Justice.
Les Juifs de Galicie.
Echos d'Orient.
L'Initiation religieuse au Temple de la rue ke la Victoire.
La Charité.
Le Temple portugais.
Dons en paveur des œuvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Krue de Navarin, V^ Faris
Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 bis, rue Lafayette.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
fVanoe, Algérie^ Alsaoe-Lorraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 Ir. — Six mois, 14 fr.
Prix du numéro : SO centimes
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Quartiers les plus sams de Paris, Thôtel occupé par l'Institution
epms «wA 1895 ae trouTe dan» les xaéMkfate» eonmtians d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, Thistoire et la géographie, les
science» nattoématiques, physiques et naturelles, Tnistruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
Tétude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de renseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant Tannée scolaire idgô-iSoô, riaatîtation a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels aiaq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
€aitrùfxm Ji^ratltfe tut la Semaine
Juin.. Siwan.
19 Samedi (Fin du sabbath à 9 h. 10) 19
20 Dimanche 20
21 Lundi 21
22 Mardi 22
23 Mercredi 23
24 Jeudi »
25 Vendredi 25
Heures des Offices
Sair (semaine et vendredi) : 6 h.. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Tictoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue IVbtre-Dame-de-Naaareth (Samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Toumelles (samedi matin),
7 h. l\t\ semaine, 7 heures.
Bar Mittmak
TEMPLB DE UL RUE DE LA. VICTOIBE
Bloch (Simon), 54, avenue Kléber.
Prassak (Léon), 139, rue des Poissonniers.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARBTH
Bruttschwig^ (Robert), 1, rue de Sftrx.
Holz (Alfred), 61^ rue do Bretagne.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
fifardi, 22 jmn, à 2^ h. 1/2. — M. Meyer (Marcel), iugénioar, 13, rue de
Malte et Mlle Ettlnghausen (ELosine], 60, rue do la
Chaussée-d Antin.
^«tt^ M juin, à 2 &. 1/2; — M- Waldberg (Atexandre), négodadifi^ 31,
boulevard Malesherbes, et Mlle Salmon (Klsie), 6, rue
Marguerite.
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TBMPLB DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZABETH
Dimanche, 20juin, à 2 h. 1/4. — M. Zaoarowitz (Maurice), marchand, 35,
rue des Archives, et Mlle Grunstoin (Rosa), employée, ^,
rue des Archives.
— — à 2 h. 1/2. — M. Rivkind (Henri), ébéniste, 20, rue des
EcoufiTcs et Mlle Lewinson (Rnchel), couturière, 27, rue
des Trois-Frères.
— — à 2 heurçs. — M. Varon (Isaac), piqueur de tiges, 7, rue
Simart et Mlle Lehmann (Lucie), employée de commerce,
129, avenue Parmentier.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLBS
Dimanche, 20 juin, à 2 heures. — M. Weiil (Léopold), boucher, 17, rue des
Rosiers et, Mlle Alexandre (Fanny), à Colmar.
— — à 2 h. 1/2. — M. Parasol (Joseph), voyageur, 15, rue des
Rosiers, et Mile Samuel (Irma), couturière, 139, rue Saint-
Antoine.
Décès
9 juin. M»» Vve Lévy- Phi lippe, née Samuel (Rosalie), 37 ans, rue de
Flandre. 153.
10 — Hirtz (Gaston), 46 ans, Faubourg Poissonnière, 53.
11 — M"« Lévy (Adelino), 36 ans.
— Schnerb (Samson), 82 ans, rue Picpus, 76.
— Oppenheimer (Raymond), 17 mois, boulevard Voltaire, 119.
— Hirsch (Albert), 35 ans, boulevard Ornano, 18.
13 — Lehmann (Marx). 74 ans, rue de la Folio -Méricourt, 90.
— M^^'^ Lehmann (Blumol), 70 ans, à Maisons-Alfort.
— M«« Vve Weill (Gustave), née Helft (Sarah), 52 ans, à Chatou.
— Peroyra-Soarez (Elisée), 67 ans, rue de Trévise.
14 — M™« Lévy (Alfred), née Ruf (Louise), 39 ans, rue Chaudron, 23.
— Cahen (Joseph), 89 ans, rue Vieille -du -Temple, 11.
15 — Kaufmann (Michel), 70 ans, rue Picpus, 76.
— M"« Lévy (Caroline), 91 ans, rue Picpus, 76.
— Schwartz (Lizico), 4 ans 12, Hôpital Trousseau.
— Seigor (Berthe), 24 ans, rue Picpus, 76.
— Bloch (Martin), 65 ans, rue Sedaine, 28.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général^ 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 389
LE DIEU JUSTICIER
Le sermon que le P. Ollivier prononça à la cathé-
drale de Notre-Dame, à Toccasion de la catastrophe du
Bazarde la Charité, a fait couler des flots d'encre. On s'est
indigné de ce que l'orateur dominicain a vu dans le terrible
incendie un châtiment envoyé par Dieu à la France. Nous
n'aurions pas à nous occuper ici de ce qu'a dit le P.
Ollivier, ni de l'accueil qu'a rencontré son discours, si des
journaux n'avaient écrit que la thèse de ce prédicateur était
bonne pour une synagogue et non pour une église et
n'avaient opposé le cruel Dieu des juifs au Dieu d'amour
des chrétiens.
Il est superflu de démontrer à des Israélites que notre
religion ne se permet pas d'attribuer à Dieu des cruautés.
Ce n'est pas l'Evangile qui le premier a proclamé l'amour
de Dieu pour les hommes, et c'est dans le Pentateuque que
se trouve la phrase : « Eternel, Eternel, Dieu miséricor-
dieux et clément, longanime et plein de bonté et d' affec-
tion ; qui garde sa grâce jusqu'à la millième génération; qui
pardonne la faute, la transgression et le péché. » C'est un
de nos prophètes qui a dit : a Nous avons tous un même
père. »
Maintenant, est-ce une idée juive que de voir dans un
malheur public le châtiment de fautes inconnues ou con-
nues ? Assurément, et si le P. Ollivier se fût borné à
développer l'idée générale que nos douleurs individuelles
ou collectives peuvent être une punition divine, sa thèse
était très défendable et très légitime. La Bible nous
dit et redit que les. malheurs sont la conséquence des
péchés, non seulement pour l'individu mais pour le
peuple entier. Les malédictions contenues dans le cha-
pitre XXVI du Lévitique et dans le chapitre XXVIII
du Deutéronome sont l'amplification de cette pensée.
De même, dans les récits bibliques, les défaites des
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390 L'UKIVratS IfiHiUÊOTC
Israélites, aussi bien que les épidémies ou la famine, sont
expliquées par l'infidélité envers Dieu. Il est donc certain
qu'un écrivais biblique on un prophète auraient pu consi-
dérer une catastrophe comme celle du Bazar delà Charité
comme un châtiment céleste.
Mais le père dominicain est allé plus loin. Il a voulu
indiquer comment et pourquoi Dieu a chàlié la France, et
il a oubUé qu'un peu de réserve et de bon sens n'est pas
inutile même aux orateurs sacrés. 11 s'«st cru capable de
juger les hom nés et de pénétrer les desseins particuliers
de la Providence.
L'orateur ne pouvait admettre que les victimes de l'in-
cendie, parmi lesquelles était une princesse de sang royal,
fussent des âmes pécheresses. Il a donc eu recours à la
doctrine de l'expiation. Une personne innocente peut
souffrir pour les péchés d'autrui. tleite idée, beaucoup
plus répandue dans le christianisme que dans le judaïsme,
n'est cependant pas étrangère à la Bible. Le Pentateuque
déjà déclare que les prêtres doivent porter la responsa-
bilité des fautes du peuple. C'est là le but de leurs fonctions
glorieuêes, mais dangereuses. Mais c'est surtout le cha-
pitre LUI d'isaïe qui nous montre le juste frappé pour les
fautes d'autrui et servant de victime expiatoire , accablé de
malheurs et abreuvé d'outrages, et détournant ainsi sur sa
propre tête les fléaux qui devaient fondre emr les hommes.
C'est d'ailleurs ce chapitre qui a dû servir de base au
dogme chrétien de la Rédemption. Les pauvres femmes
brûlées rue Jean-Goujon étaient donc aussi, ant dire du
P . Ollivier, des victimes désignées peur expier les fautes
de la France.
On peut «bjecter que l'expiation, pour être efficace,
doit être volontaire. Or, si les V'cndeaees du Bazar avaient
su qu'une épouvantable mort les attendait, elles n'y seraient
sûrement pas allées. Le P. Ollivier s'est peu préoccupé
de cette objection, et il a déclaré, avec une prétentieuse
nnveté, que les personnes qui avaient pâ^i âaient inno-
centée^, et que les coc^Hibles c'étaient les antres Français
et Françaises. C'est ainsi qwe l'orateur a omnpris la justice
éivine.
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Mais quel crime avaient commis les Français? Le
P. OUivier a insinué que c'était d'avoir institué un régime
répuMicMn «* d'tivwr krtté «cwitre ie cléricalf«»e. A-t-il
eu une communication du ciel lui révélant les opinions
politiques de son Dieu? Est-il bien siir que cent vingt
femmes aient péri à cause de Tarticlc 7 «ft des lois ana-
logues ? C'est faire preuve d'une audace impertinente,
aussi déplacée à l'église qu'elle le serait à la synagogue, que
d'iaterpréler ainsi les décrets de la Providence.
A cette outrecuidance l'orateur de Notre-Dame a joint
une niaiserie, quand il a mis en parallèle la guerre de 1870
avec l'incendie du Bazar en 1897. La guerre avait enlevé
les hommes, l'incendie a fait périr les femmes. Le P. OUivier
a peut-être voulu détruire ainsi la légende de la lâcheté des
hommes, en expliquant le fait que ceux-ci avaient été épar-
gnés par un dessein spécial de la divinité. U était, d ailleurs,
ridicule de comparer le million d'hommes tombés en 1870
avec la centaine de femmes qui viennent de périr. On dira
que le nombre importe peu à Dieu; mais alors, dans ce
cas, pourquoi jugerions-nous autrement la catastrophe du
Bazar que les accidents qui surviennent journellement? Ce
n'est pas une raison parce que les familles éprouvées
appartiennent presque toutes à la noblesse pour appréôer
leur malheur autrement que ceux qui frappent les pauvres
gens.
Le mieux est de recetmaître notre impuissance à com-
prendre la sagesse divine. De tels événements nous font
voir le peu de chose que nous sommes, et, d'autre part,
ils démontrent que la solidarité humaine n'est pas un vain
mot. Ce sont là les enseignements que nos rabbins en ont
tirés, et qui convenaient à une synagogue comme à tout
endroit où l'on prie un Dieu bon et juste .
R. T.
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39^ l'univers ISRAÉLITE
ORIGINES DE L'ANTISÉMITISME EN ALGÉRIE
[Notre collaborateur B.-M. a montré dans notre dernier numéro
qae la véritable cause des troubles de la province d'Oran était le
dévouement des Israélites algériens aux institutions républicaines
et la résistance qu'ils ont opposée, comme électeurs, aux entreprises
de la réaction ou du socialisme révolutionnaire. Au moment même
où paraissait l'article de notre collaborateur, le Siècle publiait de
son côté un article de M. Yves Guyot, qui aboutit aux mêmes con-
clusions et que nous reproduisons ci-après : J
A la fin de son discours du lo novembre 1896 devant la
Chambre des députés, dans Finterpellation Fleury-Ravarin,
M. Jules Cambon a relevé que parmi les maires qu'il avait
frappés il y avait des radicaux. « Je nai donc pas fait œuvre
de parti », a conclu le gouverneur général aux applaudisse-
ments de la Chambre.
Cependant, cette audacieuse déclaration était le contraire de
la vérité.
En effet, comme toujours, M. Jules Cambon, escomptant
rignorance de son auditoire en ce qui concerne les affaires algé-
riennes, a arrangé les choses à son gré et n'a fourni que des
données absolument incomplètes.
A Uépoque du boulangisme, une conciliation s'est opérée
entre les deux groupes du parti républicain de la colonie, et,
depuis, les modérés d'une part, les anciens radicaux d'autre
part, réunis ensemble sous le drapeau progressiste, ont marché
la main dans la main.
Ils forment aujourd'hui le parti gouvernemental, le parti de
Tordre, et en disant à la Chambre qu'il avait frappé des radi-
caux M. Jules Cambon oubliait d'ajouter que ces radicaux
s'étaient alliés aux progressistes et figuraient aujourd'hui parmi
les adversaires des socialistes.
De ceux-ci, du nouveau parti créé par lui, le gouverneur
général n'en a pas parlé, et pour cause. On aurait alors vu clair
dans son jeu, et l'équivoque grâce à laquelle il a trompé la
Chambre eût été percée à jour.
M. Jules Cambon a résolu le diflicile problème d'organiser
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Qoo^^
I
l'univers ISRAÉLITE 393
en Algérie, sous des cabinets modérés et contre la majorité
progressiste du pays, un groupe socialiste dont la turbulence
cache la faiblesse et qui répand la terreur avec Tappui bien-
veillant de Tadministration.
Le gouverneur général a trouvé les éléments de ce groupe
parmi les anciens boulangistes, à qui il a ajoulé les jeunes ambi-
tieux dont la conciliation progressiste menaçait de retarder
pendant longtemps les succès électoraux. C'est ainsi que, sur les
indications de M. René Viviani, Algérien d'origine, — il a
enrôlé un ami personnel de ce dernier, M. Morinaud, journa-
liste à Constantine, qui doit recevoir de M. Jules Cambon le
mandat de député a titre de récompense pour la campagne de
désordre, de diffamations et de désorganisation sociale qu'il
mène dans le département de Constantine et, d'accord avec
quelques amis, dans toute l'Algérie.
Seulement, malgré le concours officiel ouvertement accordé,
le noyau socialiste était trop peu nombreux pour lutter contre
le parti de l'ordre. Il fallait donc, ou bien le renforcer, ou bien
affaiblir ses adversaires.
Or, en Algérie, la population israélite, naturalisée en bloc
par le décret Crémieux, fournit un contingent très important
aux collèges électoraux . Pendant plus d'un an, les socialistes
ont essayé par tous les moyens de s'assurer cet appoint consi-
dérable; leurs journaux ne ménageaient ni les flatteries, ni
les offres séduisantes.
Malheureusement les Israélites ont fait la sourde oreille et
sont restés fidèles, sauf quelques rares exceptions, aux opinions
libérales et progressistes. C'est alors que, pour priver le parti de
l'ordre d'un grand nombre de voix, M. Jules Cambon a encou-
ragé l'antisémitisme et s'est fait l'apôtre de l'abrogation du
décret Crémieux. Changeant d'attitude, la faction socialiste a
brûlé ce qu'elle aurait voulu adorer et s'est qualifiée de parti
antijuif. En prévision des élections municipales, le gouverneur
général a lancé en décembre 1895 une circulaire retentissante,
qui a été le point de départ de la radiation des Israélites sur
les listes électorales, et dont, depuis, la Cour de cassation a fait
justice, en annulant les applications qui en avait été faites.
La campagne antisémite ne constitue donc en Algérie qu'un
épisode de la politique socialiste de M. Jules Cambon. Puisque
39.
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394 l'uJWW—» IBRiàléutTB
les jiu& ai'«iit pas Tonhi ^^lofler ai^ec tes partîsaflts 4ii déMs^div,
ii iidlftit iiiat les soppraner sa poînt de T«e poUti^pK, «fia 4e
rédirôre aatant ^pie pcwwîMe la josayartlé iprl^écct prognesstsle.
Mais en s'engageant dans cette ^^^Me, le ^«afcinuiii géaéral,
afcstraotMEL laite ée tome aiodire o^nsidénÉioa, a o«iin»is «ne
oonpable âraprodettoe. Il m, oublié qoeasacae shhhbbs puMols
fm. Aigérie, et 4pe •qsatre nillkM» -de BBwniihMnas soslt témoîas
âe n»9B luttes *ct 4e ses querelles, il œ s'est pas ftaadn ci— apte
ipi^en peraaetteat aux sodalîstes >ée tme aux israélàtes la
gnerpe saowaige qui se poorsoit depuis près de 4eax ass, ^'cb
telérantlesapptib^et lesexcitaftieDsàlalKaiiie,à Aa
rectentisseiitjoaroellemeittlesleiiilles da parti iMlijaif , il i
aatlre dans l'écrit des indigènes œtte «eoawîdian
qae les auterîtés françaises ^considéraient les israéiites <
étant hors la loi, et les abandoimerai^it à la première oocasîsa
à leurs mortels eonemis, aux mastUmans.
Les trcraibles «qui mit éclaté lors des élections nmnicipales de
Gonstamtine et ceux, beaucoup plus graves, qai vienaent
d'avoir lieu en Oranie, s'expliquent par cet état d'ân^e des
Aj^es, €fai enctretient, en beaucoup de milieux, une e^ferres-
ocBoe inquiétante.
Voilà VvoL des résultats, et ii€H1 des moins dangereux, de la
politique socialiste de M. Jules Gambon. Comment le ^^oa^er-
nement ne s'aperçoit-il pas qu'il est temps d'y mettre oa
terme ? Y- O.
LA CIRCONCISION
(1)
M.Cjlassberç, dans l'ouvrage qu'il publie sur ce sujet, avec
différents collaborateurs, examine la question sous le point de
vue historique^ ethnographique, religieux et médical. Nous
négligerons la partie médicale, nous nous bornerons à résumer
les considérations de l'auteur sur l'importance historique et
religieuse de cette opération cérémonielle.
La circoncision est le premier symbole de la foi d'IsraM.
(1) Die BeschneidunÇy par GLassberg, chez Boas, à Berlin* XXXJT + £5
pages.
1
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î «at •d'dMrd le «îgae àe F^iUiaioe des |«iî£i avec rEAomel,
«TOC le IM«i «m et HU^pie, '^ «lunute «lae mapfue de pvpèté
flfBTÎtaeUe ({jrcfi., 17, <9-i4 ; Demi., ië^mS^
Comme à Tépoque du mosaisne la i*eIigÎMi ne iaÂftaôt qn*«i
avec l'eslslence natienale, la cxroeaiCMiaii'offi:^it en mène temps
qv'imoaraolère rdigienic un caractère fMiliitîqae. As8fti,<fiii-
eoBfoe Tendait derenir citoyen de la répoblique des H^»re«x
devait-tl porter le sceon de oon8écratMn.L'ea<^7e et rétraflager^
p9«Er fMoiiciper à la -consommation de Tagnean pascal, oépé*
monie commémorative de riadépMhèaBoe,âeTai^Kt se sonmelftre
à la mHah. Pacr là ils se oenstitiiaâent «oUats de l'Ëtemel : la
BuAidi, c*étaàt l'acte de nactaralisation.
de qui cenfère à la circoncision me valeur singulière, c'est
qa*elle doit s'accomplir le knitiènae jour (sanf iwposràliiiité
miMrielle). Car tandis que la négligence des amtres pnitkpies
peut %on}omrs se réparer, parce qne ces pratiques sont Fobfet
d'exercices périodiques, la négligence de Im milah emporte une
infraction instantanée et continuelle.
La circoncision s'opposait aux mutilations que les peuples
idolâtres s'infligeaient en l'honneur de leurs divinités et aussi
aux sacrifices bumains qu'ils apportaient pour se ccmcilier la
faveur du ciel : Tisraélite circoncisait son fils, alors que l'ido-
lâtre l'immolait à Moloch. La milah avait donc la plus haute
signification morale, elle marque tout le progrès de la gros-
sièreté païenne au culte de l'Esprit pur. De là, l'importance de
cette institution : Celui qui refuse de se laisser circoncire
« détruit l'alliance du Seigneur », répète la Bible par i3 fois, et
il en est puni n-^a (Gen. 17, i4). c'est-à-dire n'est plus considéré
comme Israélite.
Ce qui marque encore le prix attaché à cette pratique, c'est
que les gentils étaient désignés d'une façon générale sous le
nom d' « incirconcis », b'^^isj ; c'est que, si les israélites, sous
les rois, s'étaient livrés aux pires abominations, jamais ils
n'avaient manqué d'accomplir la milah ; c'est que sous les
Macchabées, oùils avaient dû, pour se défendre, violer le sabbat,
ils n'avaient pas aboli la circoncision, malgré les railleries et
les persécutions que cette pratique leur attirait ; c'est que
jamais les disputes des sectes ne portèrent sur cette opération,
et que Samaritains, Sadducéens, Pharisiens, Rabbanites et
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396 l'univers ISRAÉLITE
Karaltes ne songèrent ni les uns ni les autres à mettre en doute
la valeur de la milah ; c'est enfin qu'elle est d'une sainteté
supérieure à celle du Sabbat, puisqu'on peut faire la circon-
cision en ce jour sacré entre tous.
Le philosophe juif Philon consacre un chapitre tout entier
à cette opération et allègue de nombreuses raisons en sa faveur.
Strabon assigne à la circoncision une origine bizarre ; il pré-
tend qu'elle est due à la crainte des démons, des Deisidaïmonia,
On retrouve la même explication dans la Kabbale et chez beau-
coup d'Israélites de l'Europe orientale.
Quelle fut l'attitude du christianisme naissant à l'égard de
la circoncision ? Saint Paul y vit un empêchement pour la con-
version universelle qu'il poursuivait, aussi la déclara-t-il sans
objet et en supprima-t-il l'obligation.
La milah avait-elle un but hygiénique ? Assurément ; mais
il serait faux de s'imaginer qu'elle était uniquement destinée à
être une mesure prophylactique ; il suffira de se rappeler
qu'Abraham était dans sa centième année quand il se soumit à
la circoncision.
On a prétendu que les Israélites avaient emprunté la circon-
cision comme beaucoup d'autres usages aux Egyptiens. Mais
c'est là une simple hypothèse que jusqu'ici rien n'est venu
confirmer. Selon Athanase, évêque d'Antioche, ce seraient au
contraire les Egyptiens qui auraient reçu la circoncision des
Hébreux par l'intermédiaire des Ismaélites. Cette coutume a
pu s'établir spontanément chez les diilerents peuples où on la
rencontre : les nationalités où cette pratique s'exerce sont des
plus variées.
« En Europe, dit M. E. Reclus, nous avons les juifs et les
Turcs. En Asie les musulmans de l'Asie Mineure, de la Perse,
de la Tartarie, de la Mongolie, du Kourdistan, de TAfganistan,
du Béloutchistan, de l'Inde, de Java. En Afrique, les fellahs et
les coptes d'Egypte, les chrétiens d'Abyssinie, les habitants de
la Nubie et du Dongola, de Zanzibar, de Mozambique, de
Sojala. A Sbcotora, l'indigène qu'on découvrirait n'être pas
circoncis aurait la main coupée. Les Madécasses, Cafres
Bechuanas, Damaras, plusieurs peuplades de la Guinée et du
Congo, du Sénégal et de la Gambie, les Mandingues, les Dénès-
Dindijès, Indiens de l'Amérique du Nord, pratiquent la circon-
cision.
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l'univers ISRAÉLITE 397
» Chez les Aztèques, les conquérants espagnols constatèrent
avec surprise la présence de cette coutume, dont on n'a pas
manqué d'inférer que tout le continent d'Amérique avait été
jadis peuplé par les dix tribus perdues d'Israël. . . On trouve le
même usage dans le Yucatan, le Salvador, dans certains
parages de l'Amazone, et enfin dans plusieurs groupes de
l'Archipel polynésien. »
Viennent ensuite des chapitres sur l'attitude des Pères de
l'Eglise à l'égard de la milah, sur la circoncision chez les
Arabes et les Mahométans, sur la circoncision dans le Talmud,
dans les Midraschim et dans les temps modernes.
L'ouvrage de M. Glassberg est bourré de faits, de documents
et d'idées, et il étudie le sujet sous tous ses points de vue.
Seulement l'ouvrage ne se présente pas très bien, parce qu'il
est très compact, pas assez composé et non exempt de
prolixité.
Louis Lévy.
Les Antisémites devant la Justice
Nos lecteurs se rappellent que le député boulangiste
Gastelin, au cours de l'interpellation qu'il a développée à
la tribune sur l'aiTaire du capitaine Dreyfus, avait très violem-
ment attaqué un de nos coreligionnaires, M. Moïse Dreyfus, à
raison de sa prétendue qualité d'administrateur-directeur des
Moulins de Corbeil. M. Moïse Dreyfus ne pouvait mettre en
cause devant la justice M. Gastelin, qui était couvert par l'im-
munité parlementaire ; mais il a poursuivi devant le tribunal
de Corbeil le rédacteur du journal V Indépendant de Seine-et-
Oise^ qui s'était approprié les accusations du député. Nous
avons déjà fait connaître que le tribunal avait condamné le
journaliste ; mais la Cour d'appel de Paris, saisie à son tour, a,
dans un arrêt fortement motivé, augmenté encore les peines
prononcées par les premiers juges. En reproduisant ci- après
cet arrêt, qui atteint moralement M. Castelin lui-même, nous
ne pouvons qu'engager ceux de nos coreligionnaires qui seraient
diffamés par la presse antisémite à s'adresser aux tribunaux.
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398 i; ujixvMW rrajIlite
Gcmiine le pronrent de nembreax exemples, ils troareront
ainsi la fH*otectioa à laqaelLe ils ont droit et ils serviront en
même temps la cause die leurs eoreligionnaires en inspirant anx
calomaiiatenrs la réserve et la prudence.
Voici le texte de l'arrêt rendu le 25 avril dernier :
La Cour,
Statuant sur l'appel du prévenu et de M. le Procureur de la Répu-
blique, ensemble sur les conclusions prises pour les parties en
cause ;
Considérant que Moïse Dreyfus a cité Drevet devant le Tribunal
correctionnel de Corbeil, sous la prévention de diffamation résultant de
deux articles signés par le prévenu, insérés dans V Indépendant de
Seine-et-Oise dont il est le gérant, publiés et mis en vente à Corbeil les
22 et 29 novembre 1896 — le premier article intitulé : « Trop de natura-
lisés )► commençant par ces mots : € Vraiment ces Grands Moulins de
Corbeil n'ont pas la main heureuse...» et finissant par ceux-ci... « Nous
reviendrons sur cette question dans notre prochain numéro. » — Le
second article intitulé : « Les Allemands aux Grands Moulins de Cor-
beil », commençant par ces mots : « Nous avons il y a quelques mois
recommandé à la surveillance du gouvernement la Société des
Grands Moulins de Corbeil.».» et finissant par ceux-ci : «Pauvre
France ! »
Que Drevet demande à la Cour d'infirmer le jugement qui l'a
condamné pour diffamation envers le plaignant ;
Considérant que la citation relève les passages suivants des articles
incriminés :
« Voici qu'un des défenseurs du traître Dreyfus, un M. Moïse
Dreyfus, se trouve être administrateur-directeur desdits Moulins de
Corbeil qui, on le sait, sont chargés de l'approvisionnement en cas de
guerre du camp retranché de Paris et de la frontière de l'Est. »;
... «11 nous paraît que la haute volée du personnel se compose
principalement d'Allemands naturalisés, et nous demandons si le
gouvernement voudra bien s'arracher un moment des bras des jésuites
pour jeter un coup d'œil sur les agents d'un établissement qui pourrait
bien, quelque jour, contribuer à une nouvelle invasion du territoire
français. »
«... Cet accaparement des farines par un établissement ayant à sa
tête un M. Moïse Dreyfus, défenseur de Dreyfus le traître, a-t-il eu le
don de stimuler le patriotisme du gouvernement de M. Méline ?
« Les patriotes se demandent si ce Moïse Dreyfus, né en iSSy à
Wissembourg, naturalisé Français seulement en i883,et occupant dans
l'administration des Grands Moulins une haute situation, offre vério-
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I.'VNITBBS IB&àilUTB 3^
blemcnt tXMites les garanties de sécurité qu'on est en droit d'exiger
d'employés, supérieurs d'un établissement dépendant de L'Etait. »^
« Vienne finvasion, et les actionnaires des Grands Moulins de Cor-
beil pourront, à leur aise, s'il leur en prend fantaisie, affamer^ Paris et
farmée de TEst.
« Pauvre France! »
Considéraat qu'un député ayant dit à la séance de la Chambre
du 18 novembre 1896 que Moïse Dreyfus était intervenu à maintes
rq)rises pour défendre par tous les moyens Tex-capitaine Dreyfus con-
damné par un conseil de guerre pour crime de haute trahison. Moïse
Dreyfus s'est empressé de protester contre cette allégation et contre
l'abus qu'on faisait d'une similitude de noms, en affirmant qu'il n'était
ni parent ni allié du condamné, et qu'il n'avait jamais £ait en sa faveur
aucune démarche que conque, de quelque nature que ce fût ;
Que cette protestation a été adressée dès le lendemain 19 novembre
à M. !e président de la Chambre des députés et au conseil des mi-
nistres, et qu'elle a été insérée dans plusieurs journaux, noumment
dans la correspondance de V Agence Havas du 20 novembre; qu'il est
à remarquer que le député qui avait dénoncé Moïse Dreyfus à la tri-
bune avait eu soid de dire qu'il n'apportait aucune preuve à l'appui de
son assertion;
Considérant que néanmoins, dans les deux articles qu'il a publiés
successivement les aa et 29 novembre, Drevel a imputé à Moïse Dreyfus
d'avoir défendu Dreyfus « le traître » ;
Considérant que l'imputation d'avoir défendu un traître contient
l'articulation d'un fait précis qui, dans les circonstances particulières de
la cause, constitue une diffamation ; ^^
Considérant que le prévenu soutient vainement que l'imputation de
prendre la défense de l'ex-capitaine ne saurait être délictueuse,puisqu'on
pourrait honorablement défendre un innocent qu'on croirait injuste-
ment condamné ;
Que tel n'est pas le véritable sens des articles incriminés, qui n'ont
formulé l'imputation que pour attirer la réprobation sur Moïse Dreyfus,
et pour le représenter comme indigne de rester ù la tête d'un établisse-
ment qui est chargé, en cas de guerre, d'approvisionner Tarmée de
Paris et de la frwitiêre de l'Est, et qui pourrait bien contribuer à une
nouvelle invasion et favoriser la victoire de l'ennemi en affamant nos
tâ'oupes ;
Qu'il ressort clairement des insinuations de ces articlesqu'on reproche
à Moïse Dreyfus d'avoir défendu un uaître par sympathie pour une
trahison qu'on le suppose capable de commettre : ce qui est un fait de
nature à porter atteinte à son honneur; ' ' '
Considérant que le prévenu soutient, sans plus de fondement, cjii*lr a
agi de bonne foi et sans intention de nuire; qu'il est manifeste que
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400 L'UNIVBRS ISRAÉLITE
Drevet cherchait à nuire au plaignant qu*il dénonçait comme indigne
de conserver son emploi ;
Considérant qu'il résulte de l'instruction et des débats qu'aucun actf
de la vie de Moïse Dreyfus n'autorisait un soupçon sur son patriaiisme ;
que Drevet habitait Corbeil et qu'il connaissait parfaitement la compo-
sition du personnel de la Société des Grands Moulins, savait qu'elle
avait pour directeur le sieur Laisney et qu'il n'a malicieusement attribué
cette qualité à Moïse Dreyfus qu'afin de rendre la diffamation plus
p erfide ;
Considérant que le Tribunal ,n'a pas infligé une peine suffisante au
prévenu qui a déjà encouru de nombreuses condamnations pour délits
de presse; qu'il échet de faire droit à l'appel du Ministère Public en
élevant le chiffre de l'amende;
Sur les dommages-intérêts :
Considérant que la Cour a les élémenls nécessaires pour apprécier
l'importance du préjudice et la réparation due à la partie lésée ;
Par ces motifs, et sans adopter ceux des premiers juges,
Dit que Drevet s'est rendu coupable de diffamation envers Moïse
Dreyfus, en publiant dans V Indépendant de Seine-et-Oise des aa^t 29
novembre 1896 les deux articles susvisés dont il se reconnaît respon-
sable comme auteur des écrits et gérant du journal.
Faisant application des art. 29, 33 et 42 de la loi du 29 juillet 1881
et de l'art. 124 du Code d'instruction criminelle visés et transcrits au
jugement dont est appel :
Condamne Drevet à 5oo francs d'amende ;
Dit que cette peine se confondra avec celle que la Cour vient de
prononcer à la même audience contre lui pour diffamation envers la
Société des Grands Moulins de Corbeil;
Condamne Drevet à payer à Moïse Dreyfus la somme qu'il a filée
lui-même à un franc ;
Ordonne, à titre de supplément de dommages-intérêts que le
présent arrêt sera publié et imprimé in extenso dans cinq journaux de
Paris ou des départements au choix du plaignant et aux frais du
condamné, sans que le coût de chaque insertion puisse excéder 100
francs ;
Condamne Drevet au paiement desdits fr&is et aux dépens de premier
instance et d'appel.
LES JUIFS DE GALICIE
M. Clemenceau, au cours d'un voyage en Galicie, a visité
le village de Busk, où se trouvent de nombreux juifs, et il nous
raconte ses impressions dans le journal la Justice. Nous aurions
assurément plus d'une réserve à faire sur les appréciations
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l'univers ISRAÉLITE 4<>I
qu'il émet ; mais nous dcTons recoimaitre qu'elles ne sont
inspirées par aucun sentiment de malveillance à l'égard de ce
qu'il appelle lui-même « la grande race tragique ». Comme
elles sont d'ailleurs pleines d'intérêt et parfois même élo-
quentes, nos lecteurs nous sauront gré de les reproduire en
grande partie :
Bnsk. Un village désolé de Textrême Galicîe, aux frontières de
la Pologne russe. Tout bois et boue. Des maisons lépreuses de
torchis crevé, de planches disjointes, avec des retapages de cuir ou
de fer<blanc, ou d'immondes guenilles. Des rues marécageuses où,
sur la voie de rondins, cahote péniblement la longue charrette qui
lance et fait rebondir, en volant sur sa raquette de paille, le dou-
loureux voyageur. Des canards, des oies en tumulte parmi des va-
et-vient de grandes bottes boueuses d*où sortent des juifs émaciés,
au regard brûlant sous les mèches talmudiques, des Ruthènes em-
mêlant leur chevelure à la toison de mouton qui les couvre, des
Mongols, des Kalmoucks, roux, blonds ou noirs, aux puissantes
mâchoires, aux dures pommettes débordant le nez plat, aux petits
yeux obliques papillonnant sur des faces hâves, en de longs sarreaux
blancs, des Slaves de toutes provenances étoiles de deux prunelles
bleues d'innocence menteuse. Un campement d'Asie soudainement
arrêté dans la boue. Et pour achever la vision, dans la prairie se
dresse un village de tentes autour desquelles somnole un peuple
noir de Bohémiens demi-nus.
Ce qui domine à Busk, après le canard et Toie, c'est le juif
crasseux, inquiet et doux, empressé à toutes les besognes d'indus-
trie et de négoce. La misère de ces gens est extrême. On ne sait
s'ils en souffrent. Sordides, lamentables, avec un éternel sourire
d'obséquieuse convoitise. Peut-être pas malheureux. Leur domaine
est la place du village, un grand parallélogramme de mare verdâtre
bordé de maisonnettes basses emplies d'un grouillement hideux.
Tout au long de la chaussée, exhaussée en manière de trottoir, sur
des troncs d'arbres ou des caisses pour bancs, de vieilles formes
dépenaillées s'effondrent immobiles en résignation d'Orient. Des
enfants blafards, bouche ouverte et grands yeux de moutons bêlants,
longues mèches battant les joues, fraternisent avec les troupes de
palmipèdes dans la boue. D'étranges ménagères, drapées de choses
sans nom, passent portant des baquets d'où s'exhalent de répu-
gnantes odeurs. Par les portes ouvertes, des grabats éventrés mon-
trent leurs plaies de paille parmi les épluchures de choses croupis-
santes.
Tout un peuple vit là, un peuple actif, industrieux, aux longues
mains agiles, attirantes et prenantes, un peuple patient, capable
de la plus merveilleuse endurance comme d'une incroyable obstina-
tion dans l'effort, content de peu, ambitieux de tout, humble 9
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4oa l,*WtTÊmS IHULÉUTB
cramty^UaplMaiblev i hMg4 àspo» ^rafttie mttte an* de ¥«ioftté. Le
Polonaifl fMrrenie yAotrielKy dilro». Le j«m£^ par L'univerael négoce,
tient le Polonais, paysan ou grand seigneur, a Dès ^e ^e 'veux
acheter ou vendre quoi que ce soit, disait le châtelain de Busk, je
fais venir un juif. Ses relations sur tous les marchés du pays, son
entente âts affairei, son îttlérét, me sont une garantie que je serai
servi promptement et bien. Il n'y a pas de grand» propriétaires
galiciens qui pour ses affaires de tout ordre, minimes ou d'impor-
lanee^ ne soit dans Fobtîgation de s^adresser aux enfants d'Israél. »
LlioMie q«i parlait ainsi ne possède pas moins de soixante naUe
hectares d'an seul tenant. C'est un domaine. La plus gnuide partie
est en forêts, bien entendu. L'heure de la révolution éconoanqœ
cpû UMreellera les latifundia galiciens n'est pas encore venae. Je ne
crois pas que personne y songe. Le Galicien, slave ou juif, est fiedt à
sa raûsère. Les industries agricoles ne rapportent aa proprié^
taire foncier qu'un médiocre profit, au travailleur qu*nne vie pré-
caire. Chacun parait se contenter de son lot. il y a du fatalisme
dans towl le sang d'Asie.
On nous attend au cimetière juif. Nous accompagnons un de nos
amis qui, après une brillante carrière dans la presse d'une des
premières capitales de l'Europe, vient de faire un pèlerinage à la
tombe de son père, médecin à Busk, dont la vie s'est passée à
soigner, à secourir, à aimer les pauvres gens de toutes races et de
tontes croyances. Juif, il prodigua son aide à tous ces malheureux
de sa race, dont les souffrances lui tenaient au cœur par tant de
liens d'une commune histoire. Homme, il servit Thumanité, et avec
désintéressement il faut bien le croire, car, si j'en juge par le Busk
d'aujourd'hui, ce n'est pas du Busk d'il y a cinquante ans que la
fortune pouvait venir à un pieuvre guérisseur des innombrables
maux venus de Dieu. On nous a montré la vieille maison de boLs
aujourd'hui toute blanche de peinture fraîche, qull quitta sans
pompe après un demi-siècle d'une vie de labeur et de dévouement
pour le cimetière où. nous Talions rejoindre.
A la porte, une troupe de loqueteux nous guette, qui nous
accompagne sans rien dire. J'ai visité jadis l'ancien cimetière juif
de Pragiie, recommandé de» guides à tous les voyageurs. C'est une
avalanche de stèles grossières tumultueusement couchées sons
l'ovragam des âges, des buissons de sureaux centenaires que nulle
main n'élagua ensevelissent de sombre verdure les pierres après les
hommes. Des fragments d'inscriptions se voient encore, aussi des
mains assemblées d'une rude sculpture, figurant de ces signes qu'on
retrouve aux religions de l'Asie, des oiseaux symboliques, et puis
des amas de petites pierres déposées sur ces tombes en hommage
aux anciens par de pieux visiteurs. Antique usage da désert, oit le
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rojageui' errant a|oiit«ît dévotement sa pierre aux pierres entassées
en m^nomenf ftméraire.
Je n'aî point retronré cette eontome à lAtsk, nuùs les rnnnw, les
oîseaax antment encore les pierres tombales de représentations
primitives. Le cimetière jnif de Bosk est nne forêt vierge, on înex-
trieaMe fonfltis d'arbres, de ronces et dlierbes folles dans la pleine
llbeité die la terre. De vieux troncs ponrrîssent snr pied, de lourdes
branches abattues par Tftge on les tempêtes chargent de leur lente
agonie les jennes frondaisons qui jaillissent en force avec la volonté
de vivre. Pas de sentier, ni rien qui y ressemble. Les troncs blancs
des bouleaux serrés en ligne de bataille, les brandies entrelacées et
les épines qui se croisent pour défendre le taillis, arrêtent Texplo-
rateur au passage.
La troupe misérable qui nous avait suivis dans le silence nous
devance au premier arrêt et, passant entre les troncs d'arbres,
écartant les branches, glissant en manière de couleuvres au plus
épais du fourré, nous guide vers la tombe que nous cherchons. Ce
sont d'humbles êtres aux longues faces osseuses, barbes, lévites et
boites uniformément luisantes d'un poissement ocreux, avec une
incroyable intensité de vie en d'agiles yeux noirs exorbités, roulant
des flammes. Nous les suivons à travers les broussailles, dans un
bruit de branches cassées, sous le fouettement des brindilles,
rencontrant de hasard une stèle mousseuse ensevelie dans le fouillis
des ramures. Somptueux cadre de vie pour la mort, sensation
autrement puissante que celle de nos prétentieuses nécropoles
chargées de grimaçantes figures et déshonorées d'inscriptions men-
teuses .
Enfin, Télrange procession funéraire arrive à un groupe de
qnatre pierres que nés guides déjà déblayent des lianes et des
ronces. Les doigts grattent le lichen pour retrouver les caractères
dont la pierre rongée semble jalousement refuser le secret. Puis,
toutes les mains pointant vers une stèle penchée, comme en défail-
lance, nous disent : c'est là. Et soudain, voici que toutes ces faces
hâves, au sourire contracté de misère, se sont ennoblies de Tauslère
gravité des plus hautes sensations de la terre. Les yeux se sont
ftxés dans la contemplation des mystères du monde, et sous le poil
ravagé des bonnets, sous les calottes graisseuses, des pensées se
lèvent qui commandent le respect. Chacun de ces mendiants est un
pontife maintenant, et l'un d'eux — bedeau ou rabbin, je ne sais —
d*une voix autoritaire de belles sonorités scandées, prononce des
paroles qui ravissent chacun en extase :
€t Nous voici devant ta tombe, ami. Nous t'amenons ton fils qui
n'avaÂt pas repara devant toi dqpuis le jour où il marqua de cette
pierre le lieu de ton grand repos. La vie Ta emporté dans le monde
où les efforts que tu avais longuement accumulés pour lui ont assuré»
par ton action continuée en lui, le succès de ta descendance. Ainsi,
toujours présent parmi les tiens, tu continues rœuvre de la terre.
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4o4 l'univers ISRAÉLITE
C'est pourquoi ton (Ils reconnaissant vient te rapporter Thommage
qui t*est dû. Autrefois, avant la vie, vous étiez unis d*éternité.
L'engendrement Ta détaché de toi. La naissance lui a fait une vie
séparée. Et maintenant, par la pensée, il vient se réunir à toi de
nouveau et te refaire en lui comme tu le fis en toi. »
Cette invocation, dont on ne me traduisit que ce court passage,
me parut d'une beauté supérieure. Que ne puis-je citer textuellement
encore la naïve allocution aux morts voisins pour les inciter aux
rapports de bon voisinage avec celui que nous venions honorer et
leur faire espérer la visite prochaine des leurs I — G. Clemenceau.
(La fin ail prochain numéro,)
ÉCHOS D'ORIENT
Par ordre du grand rabbin de Constantinople, des actions de
grâces ont été récitées dans toutes les synagogues de la Turquie
à Toccasion des victoires remportées par l'armée ottomane. En
même temps, des prières ont été dites pour appeler la bénédic-
tion du Seigneur sur le chef de TEtat et pour demander la pro-
longation de sa vie. Informé de la chose, le Sultan a fait
adi^esser au grand rabbin une teskerée, — Pardon de l'expres-
sion ! — C'est une lettre de la grande chancellerie impériale
exprimant la haute satisfaction du souverain pour les sympa-
thies dont il est l'objet de la part de ses sujets Israélites.
Cette guerre gréco-turque a fourni plus d'une occasion de
constater le patriotisme de nos coreligionnaires. Les jeunes
filles des écoles israélites de Constantinople ont travaillé pour
faire de la charpie qu'elles ont envoyée aux blessés ; elles ont
également fabriqué différents ouvrages pour les hôpitaux mili-
taires. Leurs dons ont été accueillis avec la plus vive reconnais-
sance, ainsi que ceux des écoles de garçons. Ceux-ci se sont
cotisés et ont acheté quantité d'habillements pour les soldats
blessés.
Nombre de jeunes gens juifs sont partis de Salonique
et se sont engagés comme volontaires. Nous apprenons que
deux mille autres étaient tout prêts à rejoindre l'armée quand
est arrivée la nouvelle de l'armistice.
De vrai, les antisémites — européens — qui réussissent, dans
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l'univers ISRAÉLITE ^o5
quelques pays d'Orient, à exciter les musulmans contre les
juifs, perdraient leur temps et leur peine en Turquie. On y sait
que Fisraélite aime son pays natal et lui est profondément
dévoué. On le sait bien ailleurs encore qu'en Turquie même.
Un des écrits les plus populaires chez les musulmans est
le journal d'Abou Naddara. Le Cheik Abou Naddara est un
excellent Israélite qui habite Paris et dont on ne parle qu avec
éloge parmi ses compatriotes dans tout l'Orient. En Egypte, on
s'arrache son journal, petite feuille satirique, frondeuse, où
respire le patriotisme le plus ardent ; elle est écrite avec beau-
coup de verve et d'esprit de Tesprit français et du meilleur.
Abou Naddara aime la France, sa patrie d'adoption, autant
qu'il aime l'Egypte, son pays natal ; il en a donné des preuves
qui lui ont valu des attestations (laiteuses. Voici un témoignage
qui ne sera pas suspect : c'est une lettre de l'abbé Lanusse,
aumônier de TEcole de Saint-Cyr. Mes lecteurs mes auront gré,
je suppose, de la reproduire :
Saint-Cyr, le 29 novembre 1896.
Cher Monsieur Abou Naddara,
Voilà huit jours aujourd'hui, et j'avais l'honneur de vous serrer
la main. Mcds, aussi, vous nous avez parlé de notre chère France
avec tant de cœur, avec l'expression d'une amitié si loyale ! Quelle
attention à suivre vos paroles si brûlantes î Vous l'avez vu, on étuit
suspendu à vos lèvres. Dans mon admiration pour votre langage si
applaudi, je vous ai embrassé aux applaudissements encore de
toute l'assistance.
Vous aimez la France, ma chère France adorée. Vous faites
bien, merci. Oui, aimez-la. D'elle, parlez toujours ainsi.
C'est le cœur de Dieu qui bat au sein de l'humanité.
Encore une fois, merci.
Vous avez réjoui tous vos auditeurs. Vous les avez rendus heu-
reux. Vous avez l'âme française. Votre cœur bat de nos battements.
Je vous désire toutes les bénédictions du ciel pour vous et pour
votre patrie.
Daignez agréer, avec l'expression de mes respectueux senti-
ments, l'honneur que j'éprouve de vous tendre une loyale poignée
de main .
E. Lanusse,
Aumônier de F Ecole de Saint-Cyr .
Cette lettre dispensera, je crois, de tout commentaire. Mais
qu'en dira Drumont ?
X...
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\
LINITIATION RELIGIEUSE
an Temple de la rue de la Yictoire
Jeudi dernier, lo juin, on a célébré la cérémonie «mmelle
de IHnitialion reUgievse. Une fbnle énorme se pressait dans
Fenoetfite, on avait pris d'assaot jusqu'au sanctuaire.
Après les chants exécutés par la maîtrise du Teiiiple« les
jeunes «éophytes ont récité le Schéma, le Décalogue, les i3
articles de Foi, etc. Puis M. Dreyfuse, grand rabbin de Paris, a
prononcé une allocution roulant sur ce texte : «c Vous êtes les
eafaBfts de TËtemel, votre Dieu. )» Le prédicateur a montré les
affinités étroites qui existent entre ranK>ur filial et Tamoitr de
Dieu, de ce Dieu que nos parents nous ont appris à prononcer
dès que nos lèvres se sont ouvertes à la parole. Le chantp de la
religion est vaste, mais ce que nous en savons au moment de
rinitiation suffit pour nous la faire aimer et nous porter à la
connaître davantage. Dieu se plaît à être invoqué sous le nom
de Père. A chaque instant, dans la Bible, Dieu exprime ses
rapports avec Israël sous la forme d'un père qui a pitié de ses
enfants et qui les console dans Taffliction. A notre tour nous
aimerons TEternel de la tendresse du ûls, c'est-^-dire que
nous poursuivrons toujours le bien et combattrons partout le
mal.
Après M. Dreyfus, M. le grand rabbin Zadoc Kahn a pris
la parole. En pensant que dans quelques années vous devien-
drez les membres actifs de notre Communauté, a-t-il dit en
substance, je voudrais produire sur vos âmes une inipressian
qui dure. Rien n*est plus salutaire que de choisir une de ces
maximes fortes et brèves dont on fait la devise de sa conduite à
travers l'existence. Je vous proposerai la parole de Moïse à
Josué, quand il lui remit le lourd fardeau de sa succession :
7^X1 pTn « prends force et courage î » Soyez forts et courageux !
Vous avez to«s^ si modeiles <iae vous soyez, vous avez à faire
œuvre d'homme et d'israélite ! Durant toute la vie, il faut de
l'énergie pour s'arracher à la paresse,pour dompter les mauvais
désirs et pour mener à bien ses entreprises. Ayez aussi du
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osfon^ pMH* Mpe juif! Ne tous kooeeE pràrt inHiiBiâer par les
issnfttos éoBft on nous cenvre, se roiigisBez pas de ce nom de
}mf, mais portez-le comme mie marque dlioanemr. Des mdl-
yidos se réclamant d'une reli^^ion qui prétend r^andne l'esprit
de fraternité sèment la haine et le mensosge. Ek bieni 'wmm,
Israélites, suiTez les leçons de ^^crt:re cabéddsne, o4 %»irte Yefiim
eirt proclamée belle et tonte action TÎle est flétrie. Restez atta-
chés au Dieu de vos pères et soyez forts et courageux pour
remplir tous vos devoirs.
1.A CHARITÉ
A l'occasion de la Pentecôte, M. le rabbin Meiss a prononcé
à Nice un éloquent sermon sur la Charité, qui lui a été inspiré
par des événements récents et dont nous extrayons les passages
suivants :
C'est un fait dig^e de remarque que la langue hébraïque, si
souple et si expressive, n*ait point de terme propre x>our désigner
Taumône ; elle n'a que celui de « Zedacca », Jastice. Quand le
législateur prescrit, avec une tendresse toute particulière, de veiller
sur le nécessiteux, sur la veuve et sur T orphelin ; quand les pro-
phètes lancent Tanathème contre ceux qui ne savent pas oavrir
leur main aux malhem*eux ; quand nos docteurs enfin flagellent»
dans leurs satires, ceux qui se font les esclaves ou les gardiens de
leur argent, ils partent tous de ce principe cher à Israèl : que toutes
les créatures, — même les plus indignes à nos yeux — ont droit à
une certaine somme de bonheur et que le riche doit pourvoir aux
besoins de ceux qui sont dans la misère. Aussi, depuis les temps les
plus reculés, il n'y eut point de communauté juive — aussi petite
fût-elle — qui fût privée d'une société de bienfaisance ! « La dlme
est obligatoire, avast^on rhaiblliu4e de dire, même en dehors de la
Terre-Sainte î » Et ces « Heberot » — je vous prie de retenir ce
point — n'étendaient pas, par un esprit d'exclusivisme mesquin,
leurs bienfaits à leurs seuls coreligionnaires ; mais leur actkm cha-
ritable rayonnait sur uoê frères de9 outrée caUee^ et elles se faisaient
un devoir de .SAnlager leurs pauvres et de «oigner leurs. malades*
Les juifs castillans, par «exemple, qu'un édît né£aste coidamna à
quitter un pays qu'ils aimaient de toutes les fibres de lem* Ame,
avaient plus d'une fois, au dire d'un chroniqueur, avec l'argent des-
tiné 4 la ^^arilé israélHe, repoussé l'invasion étrangère et délivré
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4o8 l'uNIYBRS ISRAÉLITE
le sol de la souillure de Tétranger ! Et le bien, laissez-moi vous le
dire, se faisait simplement, modestement, et sans bruit, sans apparat,
conformément à la parole si profonde d'un docteur de Babylone :
« Celui qui exerce la charité ostensiblement commet un péché; celui
qui l'exerce en cachette est plus grand que Moïse lui-même. » De nos
jours aussi, chaque fois qu'il s*agit de fonder une œuvre humani-
taire, soit pour hospitaliser des malades sans ressources, soit pour
recueillir Fenfance moralement abandonnée ou pour offrir un refuge
à ceux qui ont versé leur sang pour Thonneur du drapeau* l'Israélite
n'est pas au dernier rang pour apporter sa pierre à l'édifice.
• •••'••••••••••♦•• • > • •
La charité n'est le monopole de personne ; elle est univer-
selle, elle est de toutes les religions qui , toutes , malgré leurs
divergences sur d'autres points, prêchent le bien, et chacun de
nous, chacun dans sa sphère, peut s'inscrire dans le Livre d'Or de
l'Humanité, quand il a bien compris combien il est doux de sécher
les larmes et de relever le courage abattu. La charité moderne, je
me plais à le constater, par une évolution naturelle de Tidée reli-
gieuse, a enfanté des miracles, et le judaïsme s'est associé à ce
mouvement avec une ardeur que la mauvaise foi seule saurait nier.
Les jours de deuil sont passés, grâce au ciel, et, malgré toutes les
tentatives ridicules des revenants d un autre âge , le fleuve ne
remontera jamais le courant. La grande Hévélation dont la France a
été la généreuse initiatrice, au siècle dernier, qui a sonné joyeuse,
ment la fanfare des temps nouveaux, en brisant les anciennes idoles
avec un fracas épouvcmtable ; qui a donné aux hommes une notion
plus exacte de leurs droits et de leurs devoirs ; qui a formulé, par
une divine inspiration, la magnifique trilogie de : Liberté, Egalité,
Fraternité ; qui a été, en un mot, par ses conséquences incalcula-
bles, la fille de la Révélation sinaïque, a tracé une limite que le
fanatisme et l'ignorance ne franchiront jamais !
LE TEMPLE PORTUGAIS
La Société civile du Temple Israélite, rite portugais, de la rue de
Buffault, vient de publier son compte rendu pour l'exercice. Nous
extrayons de ce document, dû à M. Léonce Astruc, secrétaire,
l'intéressant passage qu'on va lire, eu espérant que l'appel qu'il
«ontient soit entendu :
L'année réglementaire, qui s'est écoulée depuis notre
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l'univers ISRAÉLITE 4^
dernière Assemblée générale du 26 avril 1896. n'a présenté
d'incident ni sérieux, ni même qui puisse être signalé. Elle a
été calme, incolore ; nous avons peu dépensé, peu reçu, et si
nous n'avons pas touché à notre réserve c'est que nous n'avons
en aucune réparation importante à faire, aucune dépense extra-
ordinaire à supporter, et que nous n'avons amorti que l'insi-
gnifiante quantité de deux obligations 2« série, seulement par
respect pour le principe et pour les engagements que nous
avons pris, tout moraux et facultatifs qu'ils soient.
Toutefois, cette situation n'est pas normale. 11 n'est pas
douteux qu'à un moment donné, qui poun*ait même n'être pas
éloigné, nous ayons à faire face à de grosses réparations
d'entretien et peut-être de consolidation. Et alors, nous serions
obligés d'entamer fortement cette réserve, sans espoir de la
reformer, car notre principale ressource aunuelle, la seule
peut-on dire, et qui provient des versements de l'Administra-
tion du Temple, diminue constamment malgré son zèle et ses
efforts constants. De 30,000 francs qui nous ont été versés en
189a, nous sommes descendus graduellement à 6,000 francs
pour l'année 1896.
Et, malheureusement, nous ne pouvons espérer aucune
amélioration notable. Les sources de revenus du Temple taris-
sent l'une après Tautre : les offrandes sont sensiblement
moindres, les mariages moins nombreux, le nombre des places
louées diminue d'environ la moitié.
Nous avons le cœur serré en vous présentant ce triste
tableau, et comme Israélites, et comme investis de votre
confiant mandat; mais notre devoir est de vous dii*e la
vérité. Nous n'osons vous prier de nous indiquer un remède
à cette perspective menaçante; ni vous, ni nous, n'en
connaissons de pratiquement applicable , et cependant il
y en a un, héroïque, immanquable : ce serait une régénération
dans le sentiment israélite qui succombe, comme tout ce qui est
ancien, traditionnel et respectable, sous la pression trompeuse
et dévastatrice de l'égoïsme et de l'indifférentisme de notre
époque. Ces deux plaies morales corrodent Fâme, comme la
rouille le fer, et si l'on n'a pas la force, la volonté de se les
guérir soi-même, c'en est fait de notre nature morale ; nous
devenons le premier animal de la Création, mais nous ne
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4^0
iJVKlVSXA laaAJÊLITB
dommefi pLos des hojttittes ; et, cet égoieme ai fiant, nons fini-
nioiis par méconaaitre nos plus essentiels préceptes diviBS*
Excusez -cette petfle incarsion sur uu domaine bien •Soigné
du teri*e4i-terre d'un rappo^t financier, mais tout se lie ; 4e
moral et le physicpie ont des relations étrofles ; Tun et Tauitre
s'influencent réciproquement,et ce serait ici Toccasion de copier,
en son esprit, le conseil donné par un ministre des finances
d'autrefois, conseil que nous traduisons, pour ce qui nous
concerne, en ceci : Ayons tous une morale solide, une piété
sincère, et nous aurons de bonnes finances: c'est alors que,
pleins du souvenir de nos ancêtres qui pratiquaient si bien la
charité, nous pourrons à leur exemple donner un essor de ph»
en plus étendu aux bonnes œuvres qui germent dans aftos
cœurs.
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Meyer (Samuel) 10
Olivetti (Salvador) iO
B1r<é (L.) 5
Kahn (S.), 79, rue du
Temple 5
WoliT, 10 bis, bd Bome-
Nouvelle 5
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L'x7KiTjars imjdtuwm 411
Nouvelles diverses
Paris. — Suivant le désir exprimé par la Société natiomde le
Souvenir français, un service religieux en mémoire des militaires
et marins morts pour la patrie sera célébré, le Samedi ig Juin à
quatre heures, dans la synagogue de la rue de la Victoire.
#*#
— Une bien touchante cérémonie a eu lieu, rue Saint-Claude,
samedi dernier. Les membres du Comité de Bienfaisance tenaient
à témoigner leur vive sympathie à Mme veuve Mathieu Weill, qui
vient d'atteindre sa quatre- vingtième année. On sait que celte digne
et excellente femme est attachée depuis cinquante ans au Comité,
en qualité de lingère. A cette double occasion, le Coudté a remis à
^ Mme Mathieu une médaille d'or sur laquelle ont été gravés ses bons
et loyauK services.
En Tabsence de MM. les grands rabhins,qtti s*étaient fait excuser,
M. Braun, vice-président du Comité, se faisant Tinterprèle de ses
collègues, a, aux applaudissements de tous les membres présents,
remercié en termes émus cette vénérable femme de son long
dévouement, et a exprimé l'espoir que pendant de longues années
encore elle pourra continuer son actif concours au Comité de Bien-
faisance.
*
— La Société des anciens élèves de l'école de travail de Paris a
tenu son assemblée générale le 12 juin dernier. Du compte rendu
linancier qui a été présenté, il résulte que, pendant les quinze mois
qui se sont écoulés du i©»* janvier 1896 au '3o avril 1897, les recettes
se sont élevas à la somme de 667 fr. 80 et que l'actif net au 3o avril
dernier est de 839 fr. 29.
***
Mulhouse. — Ecole Israélite d'arts et métiers. — Pendant
l'année écoulée, 42 jeunes gens ont séjourné à l'école. Suivant leurs
métiers, ils se répartissent de la manière suivante : 6 tailleurs,
5 lithographes, 4 sculpteurs sur bois, 4 tapissiers, 3 dessinateurs,
3 relieurs, 3 serruriers, 2 casquettiers-pelletiers, 2 coilTeurs, 2 fer-
blantiers, 2 typographes,! brossier, i mécanicien,! orfèvre,! peintre,
I photographe et 1 écolier.
Malgré un travail d'atelier assez fatigant^ ils se mettent aTec
une nouvelle ardeur, le soir après le souper, à l'étude des langues,
de la géo^apine, du calcul, de la géométrie, eilc. Enfin, les samedis,
'des leçons de religion et de gymnastique viemient compléter «•
Sf flÉène d'«Bfieig<neiBeiit.
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4ia l'univers ISRAÉLITE
Les recettes de Tannée se sont élevées à* . .Fr. 23,787.90
Les dépenses 31,9^3.60
Reste en caisse Fr, 1,864. 3o
Le nombre des journées d'entretien a été de ia,o6o et les
dépenses ordinaires de i4>^ fr. 3o ; ce qui fait pour le coût de la
journée par élève i fr. i5 en moyenne pour nourriture, vêtements,
blanchissage, instruction, etc.
Depuis la fondation de l'Ecole, qui date de plus d'un demi-siècle,
près de 5oo jeunes gens, sortis de l'établissement, se sont créé une
position aisée, parfois brillante, toujours honorable,dans les métiers,
dans l'industrie et dans les arts.
Strasbourg. —Les trois Consistoires d'Alsace-Lorraine tiendront
prochainement une réunion à Colmar, en vue de mesures à prendre
pour ce qui touche les intérêts du culte.
*•*
Londres. — Le grand rabbin d'Angleterre a été invité ofQciel-
lemcnt par l'évêque au service organisé dans la cathédrale de
Saint-Paul en l'honneur de la reine.
*••
Birmingham. — - Le grand rabbin Adler a prêché la semaine
dernière contre l'usure, et il a demandé que les Communautés inter-
dissent l'accès des synagogues à ceux qui pratiquent l'usure.
#*#
Berlin. — L'Etablissement pour la science Juive vient de célébrer
la vingt-cinquième année de son existence. Ce furent A. Geiger et
L. Philippson qui eurent l'idée de celte faculté libre. Voici les noms
des professeurs qui ont donné l'enseignement dans cette Ecole supé-
rieure: D' Cassel, A. Geiger, 1. Leroy, Steinthal, O. F. Frankl
Maybaum, J. Muller, Baneth, M. Schreiner.
•**
—• Du I" avril 1896 au ai mars 1897, Berlin a vu passer 60 indi-
vidus du judaïsme au christianisme.
**«
Vienne. — Prochainement doit paraître, sous les auspices du
D' Herzl, une revue intitulée Le Monde, qui sera l'organe du parti
sioniste .
— Le 6 juin, V Association pour la lutte contre Vantisémitizme a
tenu sa septième assemblée générale. Le comte de Suttner qui
présidait la réunion a constaté que la situation va toujours s'empi-
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l'uNIYKRS ISRAÉLITE 4^3
rant. La haine et la diffamation ont pénétré partout, jasque dans le
sein des faimlles,depais que rantisémitisme a donné ce mot d*ordre :
Insulte,persécute et méprise ton prochain ! Toutes les protestations
que la Société a fait entendre sont demeurées sans résultat. Ces six
dernières année forment une des plus ignobles périodes de Thistoire.
Le fauve renaît dans Thomme. Les Achantis s'européanisent et les
Européens s*africanisent. Puis, le professeur Nothnagel, prenant la
parole, a dit que Tantisémitisme était dû à une foule de mobiles,
mais qui tous prennent leur source dans les plus bas instincts de la
nature humaine, dans Tenvie sous toutes ses formes.L'antisémitisme
ne sera guéri que par Tantisémitisme, quand on verra toutes les
conséquences où il conduit. Déjà Vienne reçoit moins d'étrangers et
une foule d'hôtels restent vides. Les juifs de la Russie méridionale
viennent de décider que, pour se rendre dans les villes d'eaux de la
Bohême, ils ne passeront plus par Vienne, mais par Berlin ! Quand
l'action délétère de l'antisémilisme se sera fait sentir dans tous les
domaines» alors, peut-être, reviendra-t-on à de meilleurs senti-
ments.
•*»
Autriche-Hongrie. — Un conflit a éclaté lundi entre des
ouvriers et des juifs, à Schodnica, en Galicie.
Les ouvriers ont assailli les maisons de ces derniers et en ont
démoli quelques-unes. Après .une lutte assez vive, la gendarmerie a
pu rétablir Tordre.
Au cours de la lutte, un ouvrier a été tué. Dix-sept arrestations
ont été opérées.
*%
BLrakonowo. — Un incendie a ruiné deux synagogues, le Bet-
Hamidrasch et 4o maisons juives.
***
Grèce. — La Communauté juive à Athènet, — Les juife sont en
petit nombre à Athènes. Toute la Communauté ne se compose que
de 3oo personnes. Mais cela n'étonnera plus quand on saura qu'au
commencement de ce siècle il n'y séjournait que trois familles et
que la Communauté ne date que d'une vingtaine d'années. La syna-
gogue ne se distingue des autres maisons du quartier juif que par
la lanterne fixée au dehors. Le rabbin qui y officie vint de Smyrne
il y a six ans; il cumule, avec les fonctions de rabbin et de rhazan,
celles d'instituteur et de shochet, et comme il y a trois offlces par
jour il n'a pas le temps de s'ennuyer. Pour ces fonctions multiples,il
ne reçoit que cent drachmes par mois du gouvernement grec comme
instituteur primaire.
Le quartier juif d'Athènes est situé dans une longue rue qui
conduit à un grand espace planté d'arbres. Les maisons sont petites
et irrégulièrement bftties,et les habitants sont de petits commerçants.
La plupart des vieilles femmes ont conservé les vêtements pitto-
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4l4 l.*U9IYnUI la&ABLITB
vewffaes qu'elles poctaient dans leur enfiMice; les jeunes gens
s'MbiUeiit coBMne les Grecs> «vee lesquels ils ont 4yex^lents> rap»-
ports. Plnsieurs familles grecques habitent néme a» cceur éat quar-
tier juîr^4 se trouiire plus d'une petite église orthodoxe.
Dans \9 récente guerre, les Israélites &ai comlpattii côte à côte
avec leurs eoneitoyens pour la défi^Ase de la patrie commune.
En matière d'impôts, ils s««t assea bien traités, mais cependant
les taxes pèsent assez lourdement s»r eux, à cause de leur petit
nombre et de leur eonditioi» en général précaire.
Il n'y a donc pas lieu de donner créance aux écril» malveillants
<[ui en* été imprimés depuis peu dans certaines feuilles g^recques en
vue d'exciter contre eux une populace d'ordinaire indifférente aux
questions de crojance. Le seul mc^tif plausible de ces basses hat-
rNiations est le désir de détourner sur des gens sans défense la
colère du peuple, en un mement où elle est déchaînée eontre les
ix>uvefrs publics.
**♦
— C'est par erreur que M. Léopold-Louis Dreyfus avait été porté
pour une somme de 200 francs sur la liste des donateurs ae la
Communauté, publiée dans le dernier numéro de V Univers.
M. L.-Louis Dreyfus avait offert une somme de 5oo francs.
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baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lyc*,ée Gondorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccfiilauréats de rtiétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1806, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
daUnWitx IstxàélxU ^e la Semaine
Juin. SiwaD.
26 Samedi (Fia du sabbath à 9 h. 05) 2d
29 Dimanche 27
28 Lundi 28
29 Mardi 29
30 Mercredi (i*'' jour de Bosoh-Hodeseh) 30
Juillet. Tamonz.
l Jeudi (2« — ) 1
t Vendredi 2
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Darae-de-Naiareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tourneiles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEklPLB DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Cahen (Pierre), 53, rue Condorcot.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Kahn (Edmond-lsaac), 21, rue Cail.
TBBfPLE DE LA RUE DES TOUXNBLLES
Viehler (Henri), rue de La^y (Vinoennos).
Weil (Marcel), U, rue do Bagnolet (Vincennes).
Mariages de la Semaine
TSliPLB DE LA RUE DE LA TICTOIHE
Lundi, 28 juin, à 2 heures. — M. Franok (Maximilien -Joseph- Aron)»
industriel, 46, ruo Laffîtte, et Mlle Dreyfus (Mélanic-
Marianne), 86, bonlentrd de Coureelles.
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Jeudi, l*^ juillet, à 2 h. 1/2. —M. Lévy (Lucien), industriel, 13, rue
Sainte -Cécile, et Mlle Reiss (Laure), 9, avenue de TOpéra.
TEMPLE DE LA RUE NOTBE-DAMB-DE-NAZABETH
Dimanche, 27 juin, à 2 heures. — M. Israël, dit Michel René, négociant à
Remii'emont, et Mlle Cahen (Jeanne), 22, rue Baudin.
~ — à 2 h. 1/2. — M. Sabrowski (Joseph), ferblantier, 121,
rue du Chemin-Vert, et Mlle Lévy (Mélanio), employée
de commerce, 59, rue de l'Ourcq.
TEMPLE DE LA BUE DES TOURNELLES
Mercredi, 30 juin, à 2 heures. — M. Helfcr (Barouch, Leib), tailleur, 20,
rue Simart, et Mlle Rosinski (Nechama), casquetlière,
35, rue des Jardins-Saint* Paul.
Décès
16 juin M»e Mayer (Sophie), 69 ans, fbg St-Denis, 200.
17 — ' Mme Lazarik, née Abel (Rosalie), 70 ans, rue Letort, 4.
-— Galant (Bernard), 50 ans, rue Picpus, 76.
— Goldberg (Moïse), 16 mois, luo Charlemagne, 22.
20 — Boris (Lévy), 76 ans, rue d'Enghien, 1.
— M""* Glauternich, née Adlor (Rosalie), 57 ans, rue Poulet, 33.
— M"® Cahen (Berthilde), 57 ans, rue Camille-Desmoulins, 4.
— M"»» Schwob, née Allmayer (Jenny), 36 ans, rue Michol-Ange, 74.
— Weil (Lucien), 23 ans.
21 — Bomsel (Lazare-Auguste), 73 ans, rue Edouard-Détail le, 4.
22 — Brunsvvich (Gabriel), 75 ans, Saint-Mandé.
~ Isaac Adolphe, dit David, 52 ans, rue Condorcet, 57.
— Weiss (Oscar), 5 ans, ru.^ Marie-Stuart, 5.
23 — M«»e de Biedermann (Albert), née Bischitz de Hevcs, 42 ans,
avenue Gourgaud, 9.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéraly 17 ,rue Saint-Qeorges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'univers ISRAÉLITE i^'il
LES
Procbaines ÉlectiODS Législatives
Si douloureux que soient pour le judaïsme les événe-
ments qui viennent de se dérouler en Algérie, il ne nous
est pas permis de nous attarder à de stériles lamentations
ou de nous immobiliser dans une indignation impuissante.
Il ne faut pas que les misères du présent nous fassent
perdre de vue les éventualités de l'avenir . Nous ne som-
me» pas encore, en effet, au bout de nos épreuves, et le
mouvement antisémitique n'a pas épuisé tous ses effets
malfaisants. D'autres périls nous menacent que nous
devons prévoir et envisager.
Certes, il parait difficile à première vue que la situation
du juif français, affaiblie et compromise par une suite inin-
terrompue d'attaques furieuses auxquelles aucune résis-
tance n'a jamais été opposée, puisse devenir plus pitoyable
encore. En proie à toutes les calomnies, livré à toutes
les convoitises, outragé dans son honneur, suspecté dans
son patriotisme, poursuivi par les plus déloyales manœu-
vres quand il est commerçant, entravé dans ses plus légitimes
ambitions lorsqu'il est fonctionnaire public et, quelle que
soit sa condition sociale, impuissant le plus souvent à
défendre ses droits d'homme et de citoyen, le juif de
France ne semblait plus avoir qu'une seule chose à crain-
dre : c'est que sa personne et ses biens ne fussent plus en
sécurité. Or, ce qui vient de se passer en Algérie démontre
que cette crainte n'avait elle-même rien de chimérique. Que
doit-il donc redouter encore? Il doit redouter simple-
ment qu'à la faveur d*une propagande chaque jour plus
intense l'antisémitisme ne finisse par pénétrer dans les
assemblées politiques de ce pays et qu'ainsi le semblant de
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1
4^2 l/VNlYmtM ISRAÉLITE
protection que nous trouvons encore dans les lois et les
institutions ne risque à son tour de s'évanouir.
Jusqu'ici, les passions dont les juifs sont les victimes
restaient confinées dans certains milieux qui, à raison
même de leur allure révolutionnaire et factieuse, ne pou*
vaient prétendre à aucune action sur les affaires publiques.
L'antisémitisme était une secte qui recrutait ses adhé-
rents dans tous les partis, mais qui ne formait pas lui-même
un parti politique régulièrement constitué. Si les pouvoirs
ofliciels subissaient quelquefois ses injonctions, ils étaient
tenus du moins à ne pas laisser toucher au patrimoine sécu-
laire de nos libertés nationales. Mais qui nous répond que
les prochaines élections législatives, dont nbus sommes
séparés par quelques mois à peine, ne modifieront pas cet
état de choses et n'amèneront pas dans la future Chambre
un groupe d'antisémites avoués et déclarés, groupe qui
pourra y être plus ou moins nombreux, qui n'y formera
assurément pas la majorité, mais qui y sera peut-être assez
compact et assez discipliné pour devenir l'élément prédo-
minant d'une coalition antirépublicaine et imposer ainsi sa
volonté au Parlement tout entier? A ceux qui taxeraient une
pareille hypothèse d'invraisemblance, nous citerions l'exem-
ple de l'Autriche, où comme en France les antisémites n'ont
constitué pendant longtemps qu'une bande d'agitateurs sans
influence et où cependant ils soat arrivés à faire capiluler
l'empereur devant leurs exigences, à devenir les maîtres de
la Diète de la Basse-Autriche et à faire figure au Reichsrath
même, quoique s'y trouvant en minorité, comme partie
intégrante de la majorité cléricale.
Eh bien! s'imagine-t-on le rôle qu'un groupe parle-
mentaire ayant ouvertement pour programme la guerre
aux juifs jouerait dans une Chambre nécessairement divisée
et qui, en raison de l'universel déclin des idées libérales,
ne trouverait plus en elle-même, pour la protéger contre les
suggestions du fanatisme et de la violence, un idéal supérieur
de liberté et de justice? Pour avoir un avant^goùt de ce
qui nous userait alors réservé, il suf&t de suivre les délibé-
rations de certaines assemblées municipales de l'Algérie;
Chaque jour, sous le couvert de cette immunité parie*
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l'univers ISRAÉLITE ^q3
mentaire deirière laquelle, comme on le sait par de réeents
exemples, la lâcheté aime souvent à se retrancher, on
verrait se prodoire les accnsations les plus odieuses contre
le judaïsme en général et les plus déshonorantes imputa*
tions contre les juifs en particulier. Chaque jour aussi, les
antisémites donnant la main aux boulangistes d'un côté et
aux cléricaux de l'autre livreraient un nouvel assaut à la
législation tutélaire créée par la Révolution et qui depuis
un siècle garantit à ce pays la paix des esprits et le repos
des consciences. Toutes leurs entreprises assurément
n'aboutiraient pas. Mais qui ne prévoit combien de pareilles
excitations tombant du haut de la tribune seraient propres
à entretenir au sein des populations la haine et la discorde?
Que d'agitation en perspective, et pour nous, juifs, que
d'angoisses !
Nous l'avons dit déjà et nous le redirons plus d'une
fois encore, les Israélites français ne sauraient se soucier
trop vivement des prochaines élections générales, et il n'y
a pas pour eux de devoir plus pressant à cette heure que
celui de s'y préparer. Il y va de l'avenir même de leurs
enfants. Qu'on ne se méprenne d^ailleurs pas sur notre
pensée. Nous n'entendons pas conseiller à nos coreligion-
naires d'introduire dans les luttes électorales des préoccu-
pations d'ordre confessionnel. C'est comme Français qu'ils
Jouissent du droit de suffrage, et c'est en Français qu'ils
doivent l'exercer. Le jour où ils se rendront au scrutin, ils
devront écarter de leur esprit toute considération de reli-
gion et même toute vanité de race. Il nous importe peu, par
exemple, qu'il y ait dans la future Chambre plus ou moins
de juifs; alors même qu'elle ne devrait pas en compter un
seul parmi ses membres, nous en prendrions aisément notre
parti. Si, suivant un mot célèbre, un jacobin ministre n'est
pas toujours un ministre jacobin, il est encore plus vrai de
dire, d'après l'expérience de tous les Parlements européens,
qu'un juif député n'est jamais un député juif.
De député juif, il ne saurait à proprement parler y en
avoir, pas plus qu'il n'y a. de circonscription juive; il
serait inadmissible en effet qa'un Israélite investi d'un
mandat lég»kitif se considérât eoflorme le représentant
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4^4 l'univers ISRAKLITB
spécial d'une minorité religieuse. Tout ce qu'on pourrait
légitimement lui demander, c'est que, ne rougissant pas de
son origine et ne cherchant pas à se la faire pardonner, il
n'hésitât pas, en présence des prétentions de l'intolérance,
à élever la voix, non pas au nom d'intérêts confeS'
sionnels qu'il ne doit pas connaître, mais au nom
des principes d'égalité qui sont la sauvegarde commune de
tous les citoyens. Mais si ce rôle ne répugne pas aux
députés de religioR protestante, les hommes politiques nés
ou même élevés dans le judaïsme n'aiment pas à le jouer,
soit parce qu'ils le jugent périlleux pour leurs ambitions,
soit plutôt parce que dans l'intérêt même de la cause à
défendre ils préfèrent l'abandonner à ceux qui n'étant pas
directement en jeu semblent avoir plus d'impartialité et
plus d'autorité. Toujours est-il que, ce qui s'agitera pour
nous dans les prochaines élections, ce n'est pas une ques-
tion d'influence de caste ou de solidarité de race, mais une
question infiniment plus haute, celle de savoir si, à la veille
du vingtième siècle, les droits de la conscience courent le
risque d'être méconnus et sacrifiés. Et puisque les événe-
ments ont identifié la cause du judaïsme et celle de la
liberté religieuse, c'est au maintien de cette liberté que
nous aurons le droit de subordonner toute autre considé-
ration politique ou sociale. Notre programme sera donc la
lutte contre Tantisémitisme, et nous le soutiendrons, libres
de toutes préoccupations de personnes, avec la pleine
conscience de servir ainsi non seulement les intérêts du
judaïsme, mais ceux de la République et de la civilisation.
{A suivre.) B.-M.
— fc"ilLni n^
Lç Souvenir Français
Le service religieux annuel en mémoire des militaires et marins
morts pour la patrie a été, sur la demande de la Société Nationale
du Souvenir Français, célébré samedi dernier, au temple de la rue
de la Victoire, au milieu d'une nombreuse assistance. La Société du
Souvenir Français y était représentée par son bureau, ayant à sa
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l'univers ISRAÉLITE 4^^
tète M. le général Cosseron de Villenoisy. Au cours de la cérémonie,
M. Dreyfuss, gprand rabbin de Paris, a prononcé le discours suivant,
qui a produit une vive émotion :
Mes Frères,
Répondant avec empressement au désir exprimé par la
Société Nationale du Souvenir Français, nous voilà de nouveau
réunis dans cette maison de prières pour apporter un hommage
pieux et attendri à la mémoire de nos soldats et de nos marins
qui ont donné leur vie pour la patrie.
Mes Frères, la Société du Souvenir Français se crée d'an-
née en année de nouveaux droits à la faveur, au respect et à
Fadmiration de tous les Français, justifiant ainsi de plus en plus
son titre de Société Nationale. Le Souvenir Français fait désor-
mais partie intégrante de ces institutions nécessaires à une
nation qui a foi dans ses destinées et qui, à travers toutes les
vicissitudes de la fortune, a les yeux fixés sur un idéal de
grandeur morale, de sécurité, de prospérité matérielle, qu'en
dépit de quelques défaillances individuelles ou momentanées
elle veut obstinément atteindre et réaliser.
Le Souvenir Français est devenu, en quelque sorte, pour
Tâme française, l'expression la plus haute de toutes les forces
morales qui doivent concourir au l'elèvement de ses espérances.
Il semble briller comme une étoile d'un éclat plus intense,
parmi toutes ces œuvres patriotiques écloses à notre époque,
douces et réconfortantes lumières qui doivent nous guider dans
la voie du salut. On dirait que chacune d'elles lui donne quel-
que chose de son propre éclat, de sa propre chaleur ; que, d'un
commun accord , elles reconnaissent le Souvenir Français
comme la représentation collective de leurs objets particuliers;
qu'elles retrouvent en lui comme l'image agrandie de leurs .
aspirations et de leurs obligations respectives.
Assurément, mes frères, ce n'est point là la prétention de
ces hommes de cœur, à qui revient l'honneur d'avoir fondé la
Société du Souvenir Français et qui l'ont conduite à ce degré
de prospérité où nous la voyons aujourd'hui avec une joie
mêlée d'admiration. Passionnément attachés à la noble mission
qu'ils ont entreprise, ils veulent sans doute que leur œuvre soit
grande et forte ; ils ont pour elle une ambition légitime, alTec-
40.
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4a6 l'unitbrs isbaélite
tueuse et pour ainsi dire paternelle. Mais ils ne désirent
empiéter en rien sur le domaine des institutions, des associa-
tions qui, par des voies parallèles, poursuivent un but iden-
tique.
Et, cependant, voilà que, par la force des choses, le Souvenir
Français est, on peut bien le dire et le proclamer à sa gloire,
le Souvenir Fraaiçais est partout présent, partout où il y a un
hoionage à rendre, im encouragement à donner, une œuvre
patriotique à accomplir, partout où il faut rallier les cœurs et
les volontés autour du drapeau de la France.
Oui, mes frères, j'ai bien dit : Il est partout présent, partout
agissant. Il agit, d'abord, dans les limites de son terrain
propre ; et là, il est sans rival; là il suffit à tout, pense à tout,
organise tout, et Ton sait avec quel dévouement, avec quel
zèle, et aussi avec quel tact et quelle délicatesse. Assurer la
dignité de la sépulture aux soldats et aux marins de la France,
dans notre pays, dans nos possessions d'outre -mer, sur la terre
étrangère, c'est à lui seul, en quelque sorte, au Souvenir Fran-
çais, qu'appartient définitivement cette œuvre pieuse et tou-
chante ; c'est entre ses mains, comme entre les mains les plus
sûres, que les pouvoirs publics comme les particuliers confient
le dépôt de ces dépouilles vénérées.
Mais, mes frères, le Souvenir Français ne s'en tient pas
seulement à la règle de son origine. Il doit précisément à la
nature de sa mission spéciale, il doit, disons-le, il doit à son
titre, d'un à propos si merveilleux, mais aussi d'une si large
compréhension de se trouver associé naturellement, et dans
une large mesure, à tout ce qui fait tressaillir en nous la fibre
patriotique.
Fidèle gardien des gloires passées, et aussi des leçons
fécondes de l'épreuve, le Souvenir Français s'intéresse avec
une égale ferveur à toutes les promesses de l'avenir. Vous
l'avez vu naguère, quand Paris et notre pays tout entier accueil-
lirent avec un transport d'enthousiasme l'hôte illustre et tout
puissant, le chef de cette grande nation dont l'âme, suivant
l'expression de TEcriture, est désormais indissolublement
attachée à Tâme de la France, vous avez vu le Souvenir Fran-
çais apporter sa part d'hommages à celui qui, par sa présence
et par la présence de son auguste famille au milieu de nous, a
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tobIq attester en faceéti monde qne la France est toajenrs la
France.
Vous l'avez vu, d'aiUenrs, en cent occasions, déployer
fièrement sa bannière au premier rmg de ces bannières multi-
ples et populaires, les unes comme les autres symboliques et
puissantes éducatrices de notre patriotisme.
Consécration du patriotisme, le Souvenir Français le célèbre
et l'exalte sous toutes ses formes, dans ses manifestations
diverses. Créé à Forigine pour honorer les vertus militaires, il
associe également dans ses hommages les vertus civiles au
même titre que la valeur et Théroisme du soldat. Destiné à
perpétuer la mémoire des enfants de la France qui ont versé
leur sang pour elle, il apporte également le tribut de ses regrets
et de sa vénération à la mémoire de ceux qui sont tombés au
champ d'hoaineur de la datarité et du dévouement.
C'est ainsi que vous l'avez vu encore, mes frères, tout
récemment, dans cette catastrophe épouvantable où tant de
chères et précieuses existences <mt été anéanties, hélas ! au
moment même oii eUes accomplissaient une oeuvre divine, où
elles travaillaient à resserrer les liens de la fraternité et de la
solidarité sociales, vous avez vu le Souvenir Français prendre
sa part du deuil général ; vous l'avez vu glorifier les nobles
martyrs, consoler les familles éprouvées, consoler la France ;
vous l'avez vu pleurer les morts et réconforter les vivants,
d^[>oser des couronnes commémoratives sur les tombes des
saintes victimes et tresser en quelque sorte des couronnes civi-
ques à ces autres et non moins héroïques soldats du devoir, à
ces sauveteurs qui, sans distinction de classes ou de conditions,
ont, an mépris du danger, exposé leur vie pour le salut de
leurs semblables.
Et c'est parce que le Souvenir Français est devenu ce qull
est, c'est parce que sa vigilance, son dévouement, sa commisé-
ration aiTectueuse n'ont plus de limites, pour ainsi dire, et
s*étendent sur tout ce qui touche à la patiie française, c'est
parce qu'il embrasse dans un même amour et une même dévo-
tion tous ceux qui travaillent pour elle et tous ceux qui
sont morts pour elle, c'est pour cela, mes frères, que le
Souvenir Français, répondant à votre propre pensée,
vous convie à confondre dans la prière de commémo-
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4^^ l'univbks israélitb
ration sainte que nous allons réciter tout à l'heure et les âmes
des soldats et des marins morts pour la patrie, et les âmes de
ces malheureuses victimes dont nous avons ici-même, au lende-
main de la catastrophe, célébré, avec une solennité attristée, la
chère et pieuse mémoire, Amen !
VILLÉGIATURE
Beaucoup de nos coreligionnaires quittent en ce moment la
ville pour se retirer à la campagne, dans les stations thermales
ou sur les plages de la mer. Très actifs en général dans le cou-
rant de Tannée, ils éprouvent maintenant le besoin de réparer
leurs forces en respirant un air pur et vivifiant.
Mais notre santé physique n*a pas seule été ébranlée par la
vie fiévreuse de la ville ; notre âme aussi a beaucoup souflert
et exige des soins pressants. Assiégés de préoccupations maté-
rielles, tracassés par le souci des affaires, étourdis par les
plaisirs mondains, nous avons pour la plupart mené une exis-
tence terre à terre. Le grave problème de notre destinée a
rarement fixé notre curiosité, et nous nous sommes pour ainsi
dire interdit ces saintes méditations qui, nous rapprochant de
Dieu, aiguisent le sens moral, épurent la conscience et nous
donnent le sentiment de notre valeur et de notre dignité. Tou-
jours fascinés par nos intérêts immédiats, notre horizon s'est
rétréci et notre force morale s'est amoindrie. Jadis encoi-e, les
sabbats et les fêtes, arrachant nos pères à leurs angoisses et a
leurs travaux, les secouaient d'émotions réconfortantes et entre-
tenaient dans leur cœur la fiamme de la religion et le goût de
ridéal. Nous, au contraire, par notre attachement quasi exclusif
aux choses terrestres, nous risquons, si nous n'y mettons ordre,
de perdre le sens du beau, le sens du divin.
Puisque la saison des vacances nous afiranchit de la plupart
de nos soucis et nous donne quelques semaines de répit et de
liberté, mettons-les au moins à profit pour réparer les funestes
conséquences de notre conduite. La nature, au milieu de laquelle
nous sommes retirés, nous y encourage. N'est-elle pas comme le
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l'univers ISRAÉLITE 4*^9
témoignage yisible de Dieu, de sa grandeur, de sa puissance, et
ne nous enveloppe-t-elle pas comme d'une atmosphère de poésie
et de religion? La contemplation d'un beau paysage, le spec-
tacle grandiose de la mer nous prédisposent aux pensées
sérieuses, aux rêves d*outre-tombe . Obéissons donc aux ins-
tincts de notre cœur et écoutons notre conscience où semble
retentir parfois la voix suppliante de nos aïeux. Redevenons
israélites et faisons acte d'israélites.
Unissons-nous à nos frères, constituons partout où cela est
possible de petites Communautés. Organisons des oratoires.
Qu'une parole convaincue vienne nous y exposer les principes
de notre foi, les grandes lignes de notre histoire, le sens de nos
pratiques, le but et les aspirations de notre religion. Et alors,
comme à la sortie d'un long Sabbat, nous retournerons en ville
Tàme emplie de poésie. Nous serons réconfortés, mieux trem-
pés pour la lutte de la vie et mieux armés contre nos adver-
saires.
Jules Bauer,
Rabbin d'Açignon.
LES TROUBLES D'ORAN
La Libre Parole publiait il y a quelques jours la dépêche
suivante de son correspondant d'Oran :
« Dans Taudience correctionnelle du la juin où ont été jugés
deux manifestants antijuifs, le substitut a prononcé un violent
réquisitoire dans lequel il a traité tous les manifestants de Iftches
et déclaré que la police et la municipalité ont encouragé les désor-
dres,
» Le président a appuyé ces paroles.
» Dans la séance du Conseil municipal d'hier soir, le comman-
dant PeAiu,adjoint, a lu son rapport très documenté et très éner-
gique qui prouve la fausseté de ces imputations et venge la munici-
palité des injures du Tribunal.
» Le maire a proposé la résolution suivante :
(( Le Conseil approuve Texposé présenté par M. l'adjoint Peffau,
et, considérant que le réquisitoire prononcé par le substitut, de
même que les affirmations du président dans Taudience du la juin,
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43o l'univers ISRAÉLITE
constitaent un véritable outrage au Conseil tout entier; que de
semblables intempérances de langage contre des corps élus sont
intolérables, proteste avec la dernière énergie contre de si regret-
tables- abvs et décide que cette délibération sera enTO^ée au
nûnistre de la justice» »
» Cette résolution est adoptée à Tunaaimilé.
9 Le public applaudit énergiquement.
»HuooLm. »
L* audience du tribunal d'Oran qui a si fort ému le Conseil
municipal de cette ville est ainsi racontée par la Vigie Algé-
rienne :
Le tribunal correctionnel d'Oran a con«iamné, samedi, deux
manifestants du sa mai, les nommés Rivière et Brand. Le premier
était poursuivi pour coups et blessures sur la personne d'un typo-
graphe, Jacob Coben. Le compte rendu des débats est des pkis
suggestifs. Qtt*oBeii juge :•
M. Rivière, interrogé, nie les faits et jure qu'il ne faisait pas
partie de ce groupe de manifestants ; il ajoute :
— A un moment donné, le secrétaire de police du 2« arrondisse-
ment m'appelle pour me dire : «/e vous remercie de ce que vous
avez fait tout à Vhewre ; tachez de trouver un alibi. »
Le ministère public. — Qu'est-ce que vous prétendez que
l'inspecteur de police vous a dit ?
L'inculpé répèle : Tftchez de trouver un alibi.
Le ministère public, — Quel est cet inspecteur de police ?
L'inculpé, — M. Bemhard.
M^ Bédier^ défenseur de Rivière. — La chose est assez drôle î
La chose est assez drôle, en effet. Mais le rôle joué par les
commissaires de police ou leurs agents ne surprend pas le ministère
public, qui s'écrie :
« Les malheureux ! Il fallait bien qu'ils agissent ainsi, ils avaient
les mains liées. La déclaration que fait aujourd'hui l'inculpé est
absolument conforme aux déclarations qui m'ont été faites le
premier jour des troubles .
» Lorsque j'ai dit aux commissaires de police d'agir énergique-
ment, ils m'ont répondu : ce Nous n'avons pas d'ordre » et ils m'ont
laissé entendre qxUVi fallait laisser faire. »
En disant qu'ils n'avaient pas d'ordre, les commissaires de police
d'Oran ne disaient point la vérité> Ils en avaient un, œhii d'encou-
rager les manifestants et de les inviter à se trouver unaUkil
Avec la seconde affaire, nous allons voir se rewmveler les
mêmes aveux. Brand était prévenu d'avoir jeté des moellons contre
la porte d'un magasin, rue d'Arzew.
Interrogé, il reconnaît avoir déjà subi deux condamnations. 11
déclare qu'il marchait tranquilleinent an milieu de la rue quand il
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l'toOVEKA ISmAJÊUTlL 43t
fol blessé par vok projectile. Il se trouvait, d'aiUeurs, à côté du secré^
taire de police.
Son avocat, M* Bédier, trouve extraordinaire qu'on n'ait pas fait
entendre le secrétaire de police auprès duquel se trouvait Brand.
Le président. — Gela vient confirmer ce q«e l'on disait dans
une affaire précédente : c'est que ces faits ont eu lieu sous l'œil
biefweiUartt et paterne de la police.
Le ministère pablic, à M' Bédier. — C'est votre client qui le
dit, il se trouvait à côté d'un inspecteur qui le regardait faire.
3/« Bédier. — Mais non !
Le ministère public. — Pardon î ce sont vos clients qui le
disent. Tout à l'heure l'un d'eux disait qu'un inspecteur de police lui
avait conseillé de trouver un alibi, et à présent, dans un autre arron-
dissement, on regardait celui-ci jeter des moellons contre une porte.
iJf« Bédier trouve étonnant que le parquet soit si pacifique à
l'égard des agents fautifs.
Le ministère public. — Ce n'est pas moi qui les révoque. Les
secrétaires et commissaires de police sont des agents municipaux .
3/e Bédier ayant protesté de nouveau et dit que les derniers
événements ont émotlonné le ministère public, celui-ci fait alors la
déclaration suivante :
« Je suis chargé de rétablir Tordre quand il est troublé, par qui
et contre qui que ce soit. Je suis absolument désintéressé ; je ne
travaille pas pour un parti plutôt que pour un autre : je me borne à
faire mon devoir .»
On comprend que le langage énergique tenu par le repré-
sentant du ministère public, l'honorable M.Villeneuve, ait jeté
hors des gonds le Conseil municipal d'Oran et la Libre Parole.
L'organe de M. Drumont dénonce ce magistrat à toutes les
sévérités de M. le garde des sceaux. Mais nous aimons à croire
que les ministres de la République n'en sont pas encore venus
à frapper le courage et l'indépendance.
Les Antisémites devant la Justice
Nous avonç annoncé les poursuites intentées par Thonorable
M. Hadamard, devant la 9® chambre du Tribunal correctionnel
de la Seine, présidée par M. Richard, contre le sieur Dubasty,
qui avait réédité, dans la Reçue antisémite^ les accusations
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432 L'UNIVBRS ISRiLÉLITB
aussi mensongères qu'odieuses portées à la tribune de la Cham-
bre par M. Castelin, député de FAisne.
Le Tribunal vient de statuer.
Voici son jugement :
Attendu qii*Hadamard a assigné devant le Tribunal correctioimel
de la Seine : i*" Raymond Berthault, gérant de la Revue Antisémite ;
3" Raymond Dubasty, directeur de la même revue, pour avoir à la
date du !•' février 1897 publié sous la signature de Castelin, député
de TAisne» un article intitulé : » La Campagne pour Dreyfus >, qui
contient textuellement, à la page 10, paragraphe i, les énoncia tiens
suivantes : « 11 a été reconnu qu'une individualité avait été suivie
par le service des renseignements et qu'on l'avait vue se rendant
à l'étranger et entrant au ministère de la guerre d'une puissance
voisine; cette individualité qu'on a suivie et vue pénétrer au minis-
tère de la guerre d'une puissance voisine, c'est M. Hadamard, beau-
père de Dreyfus »;
Attendu, en fait, que Raymond Berthault et Raymond Dubasty ne
sont qu'une seule et même personne ;
Attendu, eu fait, qu'il est constant que les énonciatlons de cet
article sont diffamatoires ; qu'elles imputent à Hadamard de s'être
mis en rapport avec le ministère de la guerre d'une puissance étran-
gère et d'avoir ainsi accompli une œuvre de trahison ;
Attendu que cet article signé : Caslelin, député de l'Aisne, n'est
pas de lui, mais qu'il est composé de citations, coupures et extraits
d'un discours prononcé par ce député à la Chambre le 18 novembre
1896;
Attendu que Dubasty reconnaît que cette compilation est son
œuvre ; qu'il déclare avoir été conduit à la publier en réponse à la
campagne menée en faveur de Dreyfus ; qu'il ajoute que la Reçue
antisémite, tirée à un petit nombre d'exemplaires, a cessé, depuis,
de paraître ; que le préjudice causé à Hadamard est donc peu
important;
Attendu que le procédé de polémique dont Dubasty a fait usage
est évidemment délictueux ; qu'il ne peut être licite de s'approprier
les termes et assertions d'un discours ayant joui, lorsqu'il a été pro-
noncé, d'une immunité, pour le rééditer plusieurs mois après, même
dans un but patriotique, dans une brochure soumise aux obligations
et aux responsabilités de la loi de 1881 ;
Mais attendu que ces raisons sus-énoncées, invoquées par Dubasty
à sa décharge en même temps que son attitude à l'audience, sont de
nature à lui concilier l'indulgence du Tribunal . . .
Le Tribunal condamne en conséquence M. Dubasty à 5oo fr.
d*amende. Il alloue à la partie civile, conformément à sa de-
mande, I fr. de dommages-intérêts, et ordonne en outre cinq
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l'univers ISRAÉLITE 433
insertions du jugement dans les journaux de Paris et cinq
insertions dans les journaux de province.
M* Démange avait plaidé pour le plaignant ; M* de Saint-
Auban pour le prévenu.
Quant au député boulangiste Castelin, qui est le véritable
coupable dans toute cette affaire, il échappe à toute peine, grâce
à rimmunité parlementaire qui le couvre. Il avait déclaré à la
tribune qu*il acceptait tonte la responsabilité de ses alléga-
tions. Mais, mis en demeure par M. Hadamard de les répéter
ailleurs qu'à la Chambre, il a gardé un silence prudent et a
préféi*é laisser condamner en ses lieu et place une feuille obscure,
qui a d'ailleurs cessé de paraître après une courte et peu brillante
existence. Cette attitude piteuse, qui contraste si singulièrement
avec ses rodomontades à la tribune, lui a réussi puisqu'elle lui
a assuré Timpunité matérielle. Mais elle n'a pas pu le préserver
de l'atteinte morale qui résulte pour lui du jugement du Tri-
bunal de la Seine tout aussi bien que de l'arrêt — publié par
nous dans notre dernier numéro — qu'a rendu la Cour de Paris
en faveur d'un autre honnête homme calonmié par lui, M. Mau-
rice Dreyfus.
Le Caractère nniversel de la DoGlme dD M daos le losaime ^'>
L'auteur s'est proposé d'établir que le mosaisme n'est pas
une doctrine d'exclusivisme, mais qu'il a en vue, prêche et
embrasse toutes les nations. La lettre de cette religion a revêtu
une forme particulière, mais l'esprit en est universel. Les
conceptions philosophiques et morales que renferme l'Ecriture
valent pour l'humanité entière et s'adressent à tous.
Dès la première ligne se décèle ce caractère d'universalité,
puisque la Bible commence par poser un Créateur unique,
législateur et providence du monde. L'Ecriture proclame donc
l'égale valeur des hommes, enfants d'un même père, et par là
elle marque notre fraternité originelle. Il n'y a pas d'un côté
les nobles et de l'autre les vilains, il n'y a ni races ni classes,
(1) Der Universalismus der înosaïschen Heilslehre, par J. Baum,
chez Kaufrmann, à Francfort-sur-Mein.
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434 j/uKnrwam' israjéutb
« toos nous soinmes formés à rimaf^ de Dieu » : d*oà, pour
tous, mêmes droits et mèraes lois. Le Talmud raconte que pour
former le premier homsEie Dieu prit de la poussière de tontes les
parties de la terre et que cet homme, de sa tête, atteignait le
ciel. Nos docteurs signifient par ce symbole que Thomme
appartient à la fois au monde sensible et au monde inteUif^ble,.
et qii'il est citoyen du monde entier.
Le châtiment infligé aux premiers parents ne les frappe pas
seuls,mai8 s'étend à toutes les générations,qui devront >soutenir
leur existence par le travail et Teflort.
Quand la perversion générale amène le déluge, Noé est
préservé du cataclysme et fonde une nouvelle humanité. Tous
les hommes qui naîtront dans la suite des siècles auront donc
un ancêtre commun, et nul ne pourra se targuer d*une plus
haute antiquité que le premier ou le dernier de ses sembla-
bles.
Le chapitre IX de la Genèse, en défendant le meurtre,
montre qu'une vie humaine en vaut une antre ; il n'y a ni race
ni rang qui tienne,« car tout homme est fait à l'image de Dieu »,
répète le verset 6. ^
L'alliance que Dieu contracte avec Noé, il déclare la con-
tracter avec toute chair. Et de même que les couleurs de l'arc-
en-ciel, signe de l'Alliance, passent par gradations insensibles
de l'une à l'autre et constituent ensemble la seule lumière
blanche, de même l'humanité, qui comprend des nations, des
langues, des races, des confessions, des familles, toutes sortes
de groupements diflercnts, doit se fondre en une organisation
harmonieuse, tout en gardant à chacune de ses manifestations
son originalité.
Mais les hommes ne sont pas tous également doués et ne
marchent point d'un même pas vers les vérités éternelles. Afin de
tirer les peuples de la superstition où ils croupissaient et pour
les conduire à la moralité. Dieu devait choisir celui ou ceux
qui par les dispositions acquises au cours des siècles se mon-
traient les plus aptes à prendre la direction spirituelle de l'hu-
manité. Or , parmi les descendants de Sem , se trouvait
Abraham, qui, par son génie, s^était élevé à la conception de la
divinité une et vraie, et qui à la plus haute intelligence joi-
gnait les plus belles vertus. C'est sur Abraham et sa postérité
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que Dieu porta son choix. « Je ferai de toi, loi diti'Etemely
ime grande nation, et ta constitueras une bénédicliMi... et par
toi sefont bénies toutes les familles de la terre. )^ (Gen.^
Xn, a, 3.)
Le texte sacré dit : toutes les familles de la terre^ ce qui
marque bien le caractère d'universalité de notre religion. Et de
même que la Bible dans le passé assigne à tous lea hommes
des ancêtres communs , de même elle place dans F avenir
Tégalité de lous les hommes dans les mêmes croyances et
dans le même bonheur : entre le point de départ et le point
d'arrivée, il y a une période de transition où les descendants
d'Abraham ont à lutter pour la propagation de l'Idée ; c'est
pendant cette période qu'ils font fonction de peuple-directeur ;
mais, quand les masses auront embrassé le culte du vrai Dieu ,
les juif^ auront achevé leur tâche.
Que nous sommes loin du Dieu étroitement et petitement
national dont on nous rebat les oreilles et qu'on nous reproche
sans cesse ! Où trouver une conception plus large de la divinité
que celle du Dieu d'Abraham, qui proclame Faction étemelle
de l'homme de bien à travers les siècles et sur tous les peuples :
a et par toi seront bénies toutes les nations de la terre ! »
Lorsque l'Etemel révèle au patriarche son dessein de
détruire Sodome et Gomorrhe, celui-ci intercède auprès de
Dieu; il ne s'informe ni de la race ni du rang des habitants, il
appelle la pitié céleste sur des pauvres mortels que la passion a
portés aux pires égarements.
A son lit de mort, Jacob rassemble ses fils et leur dévoile
Ta venir. S'adressant à Juda, qui jouera un rôle prépondérant
dans les destinées d'Israël, il lui dit : « Le sceptre ne quittera
pas Juda ni le bâton de la science, jusqu'à ce que vienne Schilô
(le Messie) et que se joignent à lui les peuples. » Là encore se
marque le rôle d'éducateur dévolu aux enfants de Juda, en
même temps que l'espoir de la communion finale des hommes
en l'adoration du Dieu de vérité (Cf , Zacharie, VIII).
M. Baum après la Genèse pas^e à l'Exode, et il fonde sa
thèse sur l'histoire et les institutions d'Israël. Nous ne suivrons
pas l'auteur dans toutes ses déductions, dont beaucoup d'ailleurs
ne laissent pas d'être aventureuses à force de voir partout des
arguments en faveur de l'idée de l'ouvrage et à force d'inter-
prétation symbolique.
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436 l'univers ISRAÉLITE
Nous retiendrons la vérité qui se dégage du livre, c'est
qu'Israël est le premier-né des enfants du Seigneur et que. s'il
semble avoir été mai*qué d'une préférence, cette préférence n est
que temporaire, et ce n'est pas pour lui-même, ce n'est pas pour
qu'il en prenne occasion d'orgueil et qu'il croie à l'existence
d'un Dieu national, mais pour qu'il répande parmi les
peuples la doctrine de lumière et de sagesse, pour qu'il
déracine les superstitions, qu'il efface ainsi les traces de
la préférence dont il avait été l'objet et perde son droit
d'àinesse. — La Bible n'est pas le livre d'un peuple, mais celui
de tous les habitants de la terre ; ses prescriptions s'adressent
à toutes les raisons et à toutes les consciences, car elle veut
assurer la félicité de toutes les créatures humaines.
Louis Lévy.
LA
Distribnlion des prix du '' Refuge de Plessis-Piqiiet *
Beaucoup de nos coreligionnaires ignorent probablement
qu'il existe à quelques kilomètres de Paris, près de Sceaux, un
établissement agricole israélite, qui s'appelle le Réfugie de
PlessiS'Piquet,
Ceux qui s'intéressent aux œuvres de charité et au déve-
loppement moral de la jeunesse israélite éprouveraient une
vive satisfaction après une visite au Refuge et ne pourraient
pas résister au commandement de leur conscience qui leur
crierait d'apporter leur obole à une institution aussi intelli-
gemment conçue.
Ceux qui ont assisté dimanche dernier à la distribution des
prix du Refuge y qui ont visité le domaine et qui ont écouté la
lecture du rapport sur l'exercice 1896, ont pu se rendre compte
des services que cet établissement a rendus et est appelé à
rendre.
Sur l'estrade, nous remarquons M. Zadoc Kahn, grand
rabbin de France; M. Tisserand, conseiller à la Cour des
comptes, ancien directeur de l'agriculture ; M. Domergue,
représentant M. le directeur des Affaires départementales à la
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l'uNIYBRS ISRAÉLITE 4^7
Préfecture de la Seine, et un graud nombre de notabilités de
notre Communauté.
Le rapport présenté au nom du Conseil d'administration
par le secrétaire, M. René Dreyfus, nous^ apprend qu'en 1896
les recettes ont été de 45,ooo francs et les dépenses de 61,000 fr.,
d'où un déficit de 16,000 francs. La vente des produits du
domaine s'est élevée cette année à 6800 francs , au lieu
de 3400 francs en 1895. Les ateliers de charronnage et de
menuiserie ont fabriqué pour 4100 francs d'objets. A la date du
premier janvier 1896 la population était de 43 enfants; à la date
du premier janvier 1897 elle n'était plus que de 38. Cette dimi-
nution provient de deux causes : d'abord de ce que les parents
retirent leurs enfants trop tôt, et ensuite de ce que l'adminis-
tration a dû refuser les enfants dont les parents n'avaient pas
abandonné tous les droits qu'ils tiennent de la loi.
L'agriculture est enseignée d'une m|mière théorique et
pratique. La théorie, c'est le directeur,le sympathique M.Kahn^
qui la fait à l'école du soir ; pour la pratique, les élèves sont
distribués en brigades que dirigent des surveillants jardiniers.
Une commission de la Société Nationale d'Horticulture de
France a visité l'établissement, interrogé les élèves, et, pour
marquer l'estime où elle tenait le Refuge^ elle lui a décerné la
plus haute récompense dont elle dispose : une médaille d'or.
On a établi des livrets pour les élèves, de sorte qu'au sortir
de l'école ils peuvent se trouver à la tête d'un petit capital.
Cette année on a introduit une innovation : on a décidé de
continuer les livrets aux élèves déjà sortis qui se distin-
gueraient par leur travail et leur conduite.
En terminant, le rapporteur a lu une lettre d'un ancien élève
actuellement au service à Madagascar. Ce jeune homme écrit,
qu'il a été nommé surveillant des travaux agronomiques à
Tananarive et qu'une fois rentré dans le civil il compte rester
dans notre nouvelle colonie. Nous retrouverons là, a dit spiri-
tuellement le secrétaire, un de ces types qu'on croyait perdus
et ne plus devoir renconti^er que sur les enseignes d'auberge :
Le soldat laboureur.
Après la lecture du rapport, le président, M. Hirsch, a pris
la parole. Il a annoncé deux bonnes nouvelles, et d'abord que
le Refuge était sur le point dôtre reconnu d'utilité publique, et
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'43B L'mnvmB HHUk^ÉLiTB
«B8oite qu'une ^FsoBiie dont la chanté est méputsaMe T«iMdt
de lui faire don d'une somme très importaii^e. M. 'Htrseh a
insisté sur les aTaiilq^ tfull y a pour les enfants^ à ne pas
sortir trop tôt et à rester un ou deux aais de phis, i^n de par-
ffaireleBr apprentissage.
Pals M. le grand rabbin Zadec Kahn, dans use ehaleureuse
inprorisation, a exhorté les élèyes à prendre modèle sur la
nature au contact de laquelle ils vivent ooBtkmietlenent.
La nature^suit toujours les mêmes lois, et les saisons se répè-
tent avec régiilarité. L*homme^ aussi, doit avoir une loi qui
dirîge et domine sa vie, tme ligne de conduite hiett déterminée
qui coordonne ses pensées et ses actes vers la fin qu'il poursnit.
Chacun de nous doit faire son chemin et se dire «vec Hillel :
« Si je ne travaille pas pour moi, qui dionc travaillera pour
moi ? » Mais en même temps il fasut avoir en vue le bien de la
socî^é et de la France, il faut pr-atiqner son devoir loiveps le
judaïsme si calomnié, le faire coonaitre sous son véritable jour,
c'est-à-dire sous son beau jenir. En menant une vie probe et
iaborieuse, *chaqtte élève fera honneur au Refuge dans sa per-
sonne, attirera la sympathie à rétablissement et travaillera
ainsi pour les élèves qui viendront plus tard.
Enfin le directeur a donné lecture du palmarès, et la séance a
été levée.
On s'est rendu aux Jbmfifets copieusement garnis et on est
allé admirer le domaine, dans l'élégant traoé de ses paiterres
et de ses pelouses, et respirer la douce s^iteur des roses.
L. L.
LES JUIFS DE GALICIE
(Suite et fin.)
Péniblement noas retrouvons la voie à travers le hattier et nous
voilà dans une sorte de hangar où sur la terre battue sont accroupis
en cercle femmes, enfants, vieillards, les plus pauvres du village.
L'usage est qu'une aamône leur soit donnée. Mon ami passe devant
eux, laissant tomber des pièces aux mains tendues. Et puis sur des
planches une longue file de sébiles s'aligne avec des inscriptions
spécifiant Tinstitution de charité qni réclame sa part des générosités
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4a Toj^ageuT. Je vois les biâets lonber tm à Bn, san» qn'aitcime
¥olottté ^ bienfaisanee Mât oobliée. Et oonme nous sortons^ im
pevfde ëe •gvieiiilleiix se présente, -acoonni sur la nouvelle qu'an
enfant d'Israél, sorti de Busk, y revient avec dlnvraisemblaMes
trésors ^i tombent de ses «lams dans toutes les poches béantes.
Alors c'est une belle course aux galions. Les douée tribus sont là,
quêtant roccaskm d'un peu moÎBS de môsère. « Je vous ai connu
tout petit, disent les vieux. Je suis le parent ou Tami de tel ou tel
que ^guérit votre père, dament d'autres* > Le bienfait crée un titre à
l'oMigé ou à sa desceadanee contre le bienfaiteur ou ceux qui
viennent de lui. L'un a perdu son veau, l'autre son cheval. Tous
ont été victimes de quelque catastroplie. Jamais il ne se vit, en un
si court espace de temps, une telle accumulation de sinistres.
Imploré, caressé, tiraillé, assourdi de cent histoires, notre ami,
suivi de ces calamiteux jûaillards, doit, pour rejoindre Thospiti^ière
demeure, traverser des groupes d'acharnés quémandeurs embusqués
sur son passage. Jouant des ooudes et des épaules, nous le déga-
geons de tonps à antre. Mais, à la gnlle du château, un formidable
assaut nous attend. Toute la s^iuigogue est là, avec le grand rabbin
en tète, un merveilleux Moïse de Michel- Ange dont le chef, surmoûté
du haut bonnet de fourrure, se perd au majestueux torrent barbu
qui mêle des remous d'argent aux flots d'ébène. Une longue confé-
rence s'ensuit, car la maison de Dieu n'est pas achevée, et si le
survenant voulait seulement monter jusqu'au faite, d'un coup de sa
baguette d'or, tout Busk serait en joie. Notre ami, j'en d<Hs faire
l'aveu, ne me parait pas des plus fervents aux autels de Jahvé-
Pourtnnt je semis surpris que les souvenirs <renfance et la naturelle
solidarité d'une gsande race tragique nelui aient fait apporter sa
• pierre à l'édîHce d'idéal où s'abritèrent ses aïeux.
Le sémite tant maudit a voiéu conquérir le monde où l'a jeté la
dîsperston de la conquête. Méprisé, ha!, persécuté pour nous avoir
imposé des Dieux de son sang, il a prétendu se reprendre et s'ache-
ver par la domination de la terre ; pcmr cette œuvre inouïe, rien ne
fet épargné ; aucune sotiffrance, aucune torture ne compta, aucune
revanche ne fut dédaignée, il n'y a pas de f^s étonnante histoire.
Et parce qu'il arrive maônlenant que ce peuple a résisté aux
bûchers, aux massacres, aux conversions imposées, parce qu'il est
• entré avec ses vertus et ses vices dans l'organisation sociale de nos
vices et de nos vertus, parce qu'il s'y est accoomiodé à miracle,
parce qu'il a tiré de son fonds de bien et de mal une puissance
d'action dans nos propres données, supérieure à notre particulière
énergie de mal et de bien combkiée pour l'égoïste conquête des
nchesses, parce qu'il s'est emparé de nos armes; parce qu'il a
su les retourner contre nous, j'entends qn^ propose de
recourir contre lui aux exterminations méthodiques qui ont abouti
au résultat même que l'on mau^t. On peut ainsi aviver les haines
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44o l'uNIYBRS ISRAÉLITE
de ceux que notre liberté capitaliste fait inférieurs en puissance
d'égolsme. On peut ressusciter des espoirs de persécution qui ne
sont qu'un aveu de défaite, mais comment fonder là-dessus quelque
chose qui dure ?
Ce n'est pas qu'il y ait à nier l'énorme pouvoir d'Israël dans le
christianisme capitaliste de nos jours. Toutes choses demeurant
identiques, la domination de l'endurante race, si merveilleusement
productrice d'éner^e, ne peut, semble-t-il, que s'accroître. D'idéalisme
aryen, je tiendrais ce fait pour un malheur. D'autant que chaque
peuple ayant ses caractères bons et mauvais, toute domination de
race me parait contraire aux intérêts profonds de l'humanité diverse.
Mais de ce que les facultés d'une race se sont adaptées merveilleu-
sement à la conquête de l'ordre social du temps présent — aussi
différent de celui d'hier qu'il le sera sans doute de celui de demain
— qu'en dire sinon que, la race ou l'ordre économique changeant,
tous donneront des résultats autres ?
On ne détruira pas les juifs. Le sultan lui-même, avec ses trois
cent mille Arméniens massacrés, sera vaincu par l'Arménie. Israël
étant sorti vivant du moyen âge ne peut plus être supprimé. Au lieu
de le condamner sur ce que ses facultés heureuses ou funestes l'ont _
fait roi de la société présente, au lieu de crier lâchement que nous
avons besoin de sa mort pour trouver place dans la vie, que ne
tentons-nous simplement, plus justement, de faire un ordre ]^as ^
équitable, plus désintéressé, où la force d'appropriation égoïste,
juive ou chrétienne,ait moins d'effîcacité contre tous, soit de tyrannie
moins écrasante pour la masse humaine? Alors le judaïsme de Judée,
si son âpreté l'a fait roi d'une société d'égolsme barbare travestie
d'oripeaux de charité, %i le judaïsme non moins triomphant du
chrétien à qui la fortune permet de pousser sa chance ne connaî-
tront plus les tentations mauvaises qui les assiègent aujourd'hui et
devront se contenir dans les limites de développement indivi-
dualiste compatibles avec une supérieure notion de justice sociale.
Sans violence, sans massacres, sans bûchers, le sémitisme alors, s'il
est devenu tel que nous en voyons tant d'exemples chez les enfants
de Sem et de Japhet, ne pourra plus présenter les périls qu'on
signale, non sans apparente raison, de nos jours.
Fous, qui croient fonder la liberté sur l'accroissement de la
tyrannie : moins de licence à l'égolsme, plus de place à la pitié !
Désobstruez plutôt les voies de la justice, barricadez les grandes
avenues où tout fut disposé pour le libre passage des oppressions
triomphantes. Courte vue, de rêver d'un changement d'oppression.
Tuer l'oppresseur n'est rien que le remplacer par un autre. Ce qu'il
faut, c'est l'atteindre et le changer dans ses possibilités d'agir. Ainsi
les misérables, chrétiens de Paris ou juifs de Busk, seront effica-
cement aidés dans l'effort personnel contre le joug très lourd de
leurs grands frères de toutes races à qui la loi présente se contente
de dire : «Entassez, dominez, abusez >, et qui entassent, et qui
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l'univers ISRAÉLITE 44 1
domjnenl, et qui abusent. 11 suflira <l*aaiender les chrétiens, encore
maîtres du monde, pour n'avoir pas besoin d'exterminer les juifs çn
voie de leur voler le trône d'opulence jusqu'ici convoité de tous
les hommes de tous les temps et de tous les pays. — G. Clemenceau*
»ooSoo>.
DONS
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTÉ DE PARIS
Du ly au 24 juin
M"« Calmann-Lé?y 2000 MM. Feuchtwanger 10
MM. Marx (Léopold) 500
Falco (Alphonse) 200
Rau (Louis) 200
Salomon (Halfon) -iOO
Blum (Nathan) 100
Dreyfus (Jules) 20
Alexandre à Colmar. ... 10
Bernard (L.) 10
Calmaon 10
Lehmann 10
Anonyme (X.) h
Aron (Marchand) 5
Borowski 5
Brunschvig:(J.) 5
Kornreich 5
Lévy, 19, r. Comminçs.. 5
Scheid (E.) 5
Sée, 6, rue Colmar 5
Weill (I.) 5
^■< u^'^j'Uiij^
Nouvelles diverses
Paris. — Consistoire central, — L'élection de M. Henri Aron
comme membre du Consistoire central par la circonscription de
Paris vient d'être approuvée par Tautorité supérieure. Cette élec-
tion avait été Tobjet d'une protestation de la part du candidat qui
avait obtenu 39 voix î
***
— L'Académie française a décerné des prix de 5oo francs à
chacun des deux ouvrages suivants :
Les tragédies et les théories dramatiques de Voltaire , par
M. Henri Léon ;
L'Ecole Saint-Simonienne^ par M. Georges Weill.
Bayonne. — Les électeurs consistoriaux de la circonscription de
Bayonne ont, le 3o mai dernier, éïu membre du Consistoire, en
remplaceqaent de M. Salzedo, décédé, M. Auguste Rodrigues-Ely,
ancien juge au Tribunal de commerce, dont nous avions annoncé
la candidature.
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44^ l'univers I8RAÉUTB
— Sor la proposition de M. le Directeinr de rAssistance publique,
M. le Ministre de Tlntérieur vient d'accorder one médaille de bronze,
ponr services exceptionnels rendus à TAssistance, à M . Charles
Rosenfeld, président du Comité de Bienfaisance israélite de
Bayonne.
Bordeaux. — Dimanche dernier, à deux heures, a eu lieu à la
synagogue la cérémonie annuelle de rinitlation religieuse (conmiu-
nion). Les parents et amis des initiés s'étaient rendus en foule au
temple, dont l'aspect était des plus imposants.
M. le grand rabbin Isaac Lévy a adressé aux jeunes commu-
niants une allocution touchante, et les chœurs,sous l'habile direction
de M. Foy, ont entonné des chants religieux. Pendant la quête,
l'excellent organiste M. Léon Bérot a joué la Prière de Mcise. 11 a
tenu également l'orgue d'accompagnement avec son autorité habi-
tuelle.
Pendant la céréraonie.Mmes F. Dacosta et Monteux, M.Salomon,
violoniste, et M. Posso, violoncelliste, se sont fait entendre dans
différents piorceaux religieux.
Après la bénédiction d'usage, donnée par le grand rabbin, la
cérémonie a pris fin à quatre heures.
Vesoul. — Mercredi i6 juin, ont eu lieu à Fpinal les obsèques
de M. Elle Schwab, vice-président du Consistoire israélite et prési-
dent de la Communauté d'Epi nal, décédé à l'âge de soixante-trois
ans. Une foule immense, la Communauté israélite tout entière, le
Consistoire, toutes les notabilités de la ville, les membres du Conseil
municipal, les juges du Tribunal dé commerce ont suivi le cortège
jusqu'au cimetière, où M. le grand rabbin Schuhl a retracé avec une
vive émotion les nombreuses qualités du défunt, son esprit de jus-
tice, la dignité de son caractère, sa bonté, son amour du bien public,
son dévouement pour la Communauté israélite d'Epinal dont il a été
le président pendant près de a5 ans.
Les qualités de M. Elie Schwab ont été reconnues par ses conci-
toyens qui l'honorèrent souvent de leurs suffrages. 11 a été pendant
de longues années membre du Conseil municipal et juge au Tribunal
de commerce.
Des discours touchants ont été prononcés au bord de la tombe
par M. le Maire d'Epinal et par M . le Président du Tribunal de
commerce.
La mort d'Eiie Schwab est une g^nde perte pour le Consistoire,
pour la Communauté israélite et ponr la ville d'Epinal.
Puisse sa famille trouver un adoocissenient à son afQleli<Hi dans
la sympathie générale que lui attire son malheur!
X...
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BmxttlleS'. — M* le grand rabbin de Belgîqae remerote vive-
ment le généreux anonyme du don de cinquante francs qui lui a
été adressé de Paris et qui recevra sa destination.
***
Suisse . — La Gazette de Lausanne rapporte en ces termes le
conflit auquel la loi scolaire vient de donner lieu dans le canton de
Zurich:
« Les élèves israélites des écoles secondaires de Zurich se re(îi^
saient depuis longtemps à lire et à écrire le samedi et même à se
rendre en classe ce jour-là. Appelé à se prononcer sur ce cas, le
conseil scolaire décida qu'il ne serait toléré dorénavant aucune
exception en faveur des élèves Israélites. Cette décision n'a pas
empêché un élève de se refuser à faire des devoirs écrits le samedi.
Le jeune homme était appuyé par le rabbin et par ses parents, qui
déclaraient qu'ils ne pouvaient le contraindre à enfreindre le Talmud.
Le conseil scolaire condamna alors l'élève à diverses amendes, et,
comme il ne les payait pas, il chargea le préposé aux poursuites
d'agir contre les parents, mais la poursuite demeura infructueuse.
Las de tant de démêlés, le conseil scolaire vient d'expulser le récal-
citrant de l'école. »
Cette décision se passe de commentaires. Et dire que de pareilles
choses se passent dans le pays qui prétend être la terre classique
de la liberté !
«**
Londres. — A l'occasion du jubilé de la reine, V Anglo-jewish
Association et le Board of Deputies ont rédigé en commun une
adresse où ils témoignent leur profonde reconnaissance pour tous
les droits que les israélites ont conquis sous le règne de la reine
Victoria.
»**
— U Association pour la colonisation juive a dû reconnaître que
les résultats de la colonisation en Argentine n'ont pas été ceux qu'on
espérait. Les colonies de ce pays, qui embrassent un domaine de
200,000 hectares et qui en 1895 avaient reçu 1,223 familles Israélites,
n'en ont reçu que 910 en 1896. Aussi V Association est-elle résolue à
ne plus envoyer de familles en Argentine jusqu'à ce que ces
colonies soient mieux organisées, et elle est décidée à créer de nou-
veaux établissements agricoles en Russie.
»•*
Amsterdam. — Une Société s'est formée pour acquérir la maison
qu'habita Spinoza, à Rheinsberg, près de Leyde, de lOOo à 1603, et
pour y organiser un musée spinoziste.
OnuKd»Dtiehé de Hesse. — Cette province a une popwkition
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-444 l'univers ISRAÉLITE
juive de 34.618 iodividus. Mayence en compte 3ioo; Darmstadt
1379 ; OfTenbach 967 ; Giessen 701 et Worms ii3i.
Elisenach. — Dernièrement a eu lieu une assemblée générale des
délégués des différentes associations d'étudiants. Après s'être plu
à constater que les corps ne comptent point de membres juifs,
rassemblée a exprimé l'espoir que, dans Tavenir, on gardera la
même attitude à Tégard des étudiants Israélites.
•*•
Altsohl (Autriche-Hongrie). — L'évéque Rimely, répondant à
une délégation Israélite qui était venue lui présenter ses hommages,
a dit : « J'ai toujours eu de l'amitié pour les juifs, parce que j'ai eu
l'occasion, pendant de longues années, de connaître leur zèle pour le
travail et leur patriotisme. J'admire la pureté de votre vie de
famUle, que l'on ne saurait trop louer. Nous sommes tous, sans
distinction de confession, les collaborateurs à la prospérité de la
patrie. Je vous donne donc l'assurance que, dans mon diocèse, je
prêcherai toujours l'estime et TafTection des israélites. »
**#
Saint-Pétersbourg. — L'illustre sculpteur Antokolsky vient
d'être chargé d'exécuter une statue d'Alexandre III pour le Musée
national.
***
Roumanie. — Nous avons raconté qu'à Bacau deux policiers
avaient maltraité des juifs, au point que deux moururent des coups
reçus et que plusieurs autres ont perdu l'usage qui d'un bras, qui
d'un œil, qui d'une jambe. Les deux policiers ont été condamnés à
100 francs d'amende î
Et personne ne protestera contre de pareilles iniquités !
Stockholm. — A l'occasion de la prochaine Exposition des Arts
et de l'industrie, plusieurs congrès auront lieu, entre autres un
congrès des sciences religieuses qui se tiendra du 3i août au 4 s^P*
tembre.
New-York. — La conférence centrale des rabbins d'Amérique
aura lieu le 6 juillet à Montréal.
*••
Washington. — M. Perkins, sénateur de Californie, a pris la
parole au sujet du refus opposé par le chargé d'affaires de Russie
d'accorder le visa à M. Kutner, citoyen israélite de la Californie. On
devra demander à la Rnssie d'abolir les mesures d'exception pou-
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L*UNiyBRS ISRAÉLITE 44^
vant empêcher le voyage d'un citoyen américain. Le projet de
résolution a été renvoyé à la commission des affaires étrangères.
**#
Massaouah. — On mande de Ilodeida que plusieurs commer-
çants Israélites du Yemen auraient sollicité de Ménélik Tautorisation
de s'établir en Abyssinie.
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52* Année N' 41 2 Juillet 1897
L INIVEI IS
ISRAÉLITE
Journal des Principes Conservateurs du Judaïsme
POMDâ PAS
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
SOMMAIRE
Calendrier de la Semaine.
Les Revenus des Synagogues.
Le Personnage de Schleifmann dans « les Deux Rives ».
La Doctrine de l'Expiation.
Après les Troubles d'Or an.
Le Cri de la fin.
Le Jubilé de la Reine d'Angleterre et les Juifs.
Correspondance.
Dons en paveur des œuvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Rue de IVavariii, T', I^ctris
Vente au numéro, à la librairie Durlacher, 83 hi$, rue Lafayette.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
France, Algérie, Alsaoe-Lorraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 ir. — Six mois, 14 fr.
Prix du inméro : SO centimes
41
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âuartiers les plus sains de Paris, l'hôtel occupé par Tlnstitution
epuis avril 18^5 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences matliématiques, physiques et naturelles, l'mstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le progranune de la i'° section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la 2« section comprend Tétude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1806, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été"
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
€àUntfvxtx JjsxatlxU îre là Semaine
Juillet. Tamouz.
3 Samedi (Fin du sabbath à 9 heures) 3
4 Dimanche '^ 4
5 Lundi 5
6 Mardi 6
7 Mercredi 7
8 Jeudi 8
9 Vendredi 9
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),^
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwdh
TEMPLB DE LA BUE DE LA VICTOIRE
Gugenheim (Léon), 3, Faubourg St-Honoré.^
Javal (Fernand), 58, rue de la Boétie.
Kahn (André), 23, avenue du Bois-de-Boulogne.
TEMPLE DE LA RUE NOTBE-DAME-DE-NAZARETH
Lévy (Robert), 1, boulevard St-Mariin.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Edinger (Henri), 14, rue des Juifs.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Mardi, 6 juillet, à 2 h. 1/2. — M. Bernheim (Georges), expert, 9, rue Laftltte^
et W^* Lévy (Alice), 48, rue des Francs-Bourgeois.
Digitized by-LjOOQlC
Jeudi, 8 juillet, à 2 h. 1/2. — M. Lévy-Bing (Pierre-Joîeph-Léon), lieutenant
de vaisseau, 28, rue Guillaume-Tell, et M»« Grunebaum
(Marguerite-Rachel), 73, rue de Courcelles.
TEUPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZÀRETH
Dimanche, è juillet, à 2 heures. — M. Netter (Lucien), employé de com-
merce, 2, rue des Juifs, et M"* Edinger (Berthe-Babette),
employée de commerce, 6, rue de Marseille.
— — à 2 h. 1/2. — M. Streep (Jacob), lapidaire, 191, rue
Lafayette, et M"« Foorzanger (Rose), à Amsterdam.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Dimanche, 4 juillet, à 2 heures. — M. Rozenzweig (Adolphe), tailleur, 10,
rue des Trois-Frères, et M"« Halbronn (Cécile), employée
. de commerce, 127 bis, bd Voltaire.
Décès
24 juin. M"e Ruff (Esther), 28 ans, à Courbevoie.
— Portno (Isaac), 26 ans.
— Mm« Bercovitch (Joseph), née Michel (Rebocca), 33 ans, rue
Polonceau, 54.
25 — Lévy (Théodore), 77 ans, rue Barbette, 3.
— Schwab (Arnold), 56 ans, au "Vésinet.
— M"e Aron (Rosalie), 68 ans, rue du Temple, 119.
— Cahen (Salomon), 36 ans, ruo Victor- Massé, 5.
27 — M»«« Mayer (Michel), née Salomon (Rosine), 68 ans, Place des
Vosges, 14.
— Beor (Emmanuel), 30 ans, rue de la Pompe, 123.
— Rolhkopf (Eugène), 66 ans, rue d'Erlanger, 8.
— Jacob (Raphaël), 75 ans, faubourg Saint-Martin, 45.
— David (Eugène), 40 ans.
28 — M™« Vve Mayer (Hermann), née Heymann (Octavio), 67 ans, rue
Portalis, 2.
— M"« Weill (Gertrude), 28 ans.
— M"« Roos (Jacques), née Lévy (Rachel), 80 ans, rurî de Poitou, 35.
— Kraemer (André), 4 ans, Maisons-Laffltte.
29 — Kukuritz (Gustave), 23 ans, rue Picpus, 76.
— M"« Salomon (David), néo David (Rachel), à Courbevoie.
30 — Israël (Moïse), 63 ans.
Le Consistoire a rhonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général j 17 ^rv^ Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'univers ISRAÉLITE 4^3
Les Revenus des Synagogues
On a la dans Tavant-derniep numéro de ce journal un
extrait du compte rendu de la Société civile du temple
portugais. Le secrétaire, M. Léonce Astruc, se plaint
amèrement de rabaissement des recettes du temple, qui
sont tombées en quatre ans de 20,000 francs à 6,000 francs.
Le fait est douloureux, mais ne surprendra pas ceux qui
connaissent la situation du judaïsme parisien. Que nos
coreligionnaires appartiennent au rite portugais ou au rite
allemand, il est certain qu'ils se désintéressent de plus en
plus de nos institutions religieuses. Encore les juifs du
rite allemand ont-ils été renforcés à Paris par un grand
nombre d' Alsaciens-Lorrains, immigrés après la guerre de
1870, et qui ont contribué à la prospérité de la Commu-
nauté. Cet afflux se ralentit maintenant et, bien que la
population Israélite continue à augmenter, les ressources
diminuent. Les linances consistoriales se soldent chaque
année par des déficits.
Combien d'illusions s'était-on faites jusque dans ces
derniers temps ! Ne nous annonçait-on pas naguère qu'une
nouvelle synagogue s'élèverait bientôt à Paris? On voulait
l'édifier dans la région ouest de Paris, où habitent les
familles fortunées. Mais ce projet parait abandonné. Le
Consistoire n'a pas les fonds nécessaires pour bâtir un
temple, il ne les trouvera pas, et il ne s'exposera pas à
augmenter dans d'énormes proportions le déficit usuel.
Car, à supposer que la nouvelle synagogue se sufQse à
elle-même, elle ferait déserter le temple de la rue de la
Victoire. A moins que le judaïsme parisien ne se trans-
forme, nous n'avons pas à espérer de voir surgir de
nouvelles synagogues. Soyons heureux si les anciennes ne
se vident pas ! Que de fois n'avons-nous pas entendu nos
rabbins, aux jours de fôte, s'extasier sur la nombreuse
assistance qu'ils avaient devant eux ! Ils ont bien fait
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454 l'UP«VERS ISRAÉLITE
d'employer cet exorde pour leurs sermons pendant qu'il
pouvait servir. Il sera sans doute bientôt hors d'usage.
On nous dit cependant que cette année la location des
places au temple de la rue de la Victoire a été satisfaisante,
parce que les fêtes tombent à une époque tardive. Il n'y
aura donc plus aflluence au temple que sept fois en dix-
neuf ans, après chaque année embolysmique. La piété
dépendra du calendrier. Je sais bien que beaucoup de
personnes réunissent des minianim dans les endroits de
villégiature. On ne pourrait certes les en blâmer, si elles
ne se dispensaient ainsi de contribuer à l'entretien des
synagogues qu'elles fréquentent ou devraient fréquenter
pendant la plus grande partie de l'année !
Les causes de cette crise que subit le judaïsme ont déjà
été exposées maintes et maintes fois. La principale, c'est
rindifférence religieuse. Le sentiment de solidarité pousse
encore beaucoup de nos Israélites à s'occuper des œuvres
charitables de la Communauté, mais les œuvres religieuses
proprement dites sont de plus en plus délaissées. On ose
encore s'adresser aux personnes généreuses pour soulager
la misère de leurs coreligionnaires, mais pour soutenir nos
établissements religieux le Consistoire ne peut compter,
en dehors de la maigre subvention gouvernementale qu'il
reçoit, que sur lui-même. On ne fait plus de dons impor-
tants au séminaire ou au Talmud Tora. Il ne viendra l'idée
à aucun Israélite riche de fonder des cours de religion. Il
y a des prix d'instruction religieuse dans les écoles consis-
toriales, mais qui en instituera pour les élèves des
lycées ou pour les élèves libres ?
Si encore nous avions la consolation de nous dire que
la solidarité juive s'affirmera toujours par la charité? Mais
sommes-nous sûrs de l'avenir? Je l'ai déjà dit et je le
répéterai encore : il ne peut y avoir de vraie solidarité que
là où il y a communion d'Idées et d'actes. La sympathie
que gardent pour le judaïsme ceux qui se sont détachés de
laloi juive est encore, pour ainsi dire, un reliquat de la
solidarité religieuse. Mais que l'indiflférence pour la foi
s'accentne, et les institutions de charité seront mises en
danger comme les institutions religieuses. Pourquoi les
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l'univers ISRAÉLITE 4^5
hommes des générations nouvelles, devenus complètement
étrangers au judaïsme, s'intéresseraient-ils aux juifs enfant
que juifs ? L'antisémitisme, s'il a provoqué quelques déser-
tions, a, en somme, été plus utile que nuisible à la cause
religieuse, mais qu'il disparaisse, et la dissolution du
judaïsme reprendra de plus belle.
Il est, sans doute, plus facile de décrire une maladie
que de la guérir. Mais il faut reconnaître que bien peu
d'efforts sérieux ont été tentés pour arrêter les progrès du
mal. On n'a jamais osé envisager le problème en face. On
n'a pas voulu rajeunir le judaïsme,et on n'a pas essayé non
plus de maintenir les traditions du passé. En théorie, le
judaïsme n'a pas sensiblement changé depuis le moyen-àge.
En fait, nous sommes plus éloignés de la religion que Ton
pratiquait il y a un siècle seulement que nos bisaïeux ne
Tétaient de la foi des temps talmudiques. La contradiction
entre cette théorie immuable et la pratique, qui se trans-
forme comme à vue d'œil, produit des effets désastreux.
Mais ce qui est surtout fâcheux, c'est la mollesse et l'apathie
que Ton rencontre partout lorsqu'on veut tenter une inno-
vation pour le bien de la religion. Passe encore pour des
réformes qui pourraient déplaire à quelques coreligion-
naires. Et encore, des discussions ne valent-elles pas mieux
qu'un silence mortel! Mais les propositions que tout le
monde approuve ne réussissent pas davantage. Les projets
concernant la charité rallient beaucoup de bonnes volontés,
ceux qui touchent à la religion se heurtent à une inertie
insurmontable.
Le Consistoire de Paris s'eflforce, nous dit-on, de
trouver le moyen de combler les déficits annuels de son
budget. Puisse-t-il réussir dans cette tâche difficile I Mais
qu'il soit bien convaincu qu'il ne sulRt pas de trouver des
ressources pour payer les fonctionnaires du culte et nourrir
les indigents. Le vrai remède au mal dont nous soufh^ons,
ce serait, comme dit M. Léonce Astruc, « une régénération
dans le sentiment Israélite ». En dehors de ce remède-là,
il n'y a guère que des expédients.
R. T.
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456 l'univers ISRAÉLITE
Le Personnage de Scbleifinann dans a les Deux Riyes :
DE FERNANI) VANDÉREM (i)
Dans son roman les Deux Rives ^ qui a obtenu un si grand
succès, M. Vandérem a créé un personnage qui nous intéresse
tout spécialement, et parce que ce personnage est juif et parce
qu'il est un juif ayant sa conception originale du judaïsme.
Schleifmannestunjuifde Galicie, docteur es sciences philo-
sophiques de l'Université de Lemberg. « 11 avait le type des
juifs asiatiques, une figure de kalmouk au teint cireux. Le nez
camard, retroussé du bout, largement ouvert, des yeux
jaunâtres, petits et scintillants de malice. Sa barbe et sa cheve-
lure grises étaient crépues, floconneuses comme une toison de
mouton, et pour atténuer sa myopie il portait de larges
lunettes d'or, suprême élégance des universitaires teutons. »
Schleifmann professe la théorie des Deux Rives, Selon lui
et son ami Cyprien Raindal, Paris se compose de deux villes
« absolument distinctes par la population, les mœurs, les cou-
tumes ». La Seine sépare ces deux cités ennemies, et, sur ces
rives, « Sion la vénérable s'étend en face de Gomorrhe ». Sion,
la rive gauche, c'est la région de la vertu, de la science, de la
foi, où vit un peuple laborieux, modeste et chaste. Gomorrhe,
la rive droite, c'est la contrée du vice et de la corruption, où
s'agite « la racaille cosmopolite... multitude nomade, scélérate
et pillarde, sans principes, sans patrie, sans morale, et « que
seule unifie la soif de l'or et des plaisirs grossiers... »
Beaucoup de ses coreligionnaires habitent et se perdent
dans Gomorrhe.
11 est antisémite, mais dans im sens tout particulier. D'ordi-
naire, on est antisémite par haine de la race juive. Schleifmann
l'est, au contraire, par « amour pour sa race et par orgueil
atavique. » S'il paraissait antisémite, ce devait être à la façon
d'im Jérémie, d'un Isaïe ou d'un Amos. En vérité, Tàpre esprit
des vieux prophètes soufilait dans son cœur, et il ne maudissait
(1) Chez Paul OUendorfT.
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l'univers ISRAÉLITE 4^7
ceux de sa religion que parce qolis se dérobaient aux destinées
d'Israël et se corrompaient dans les frivoles vanités au lieu de
régir le monde par Tinfluence de la pensée ».
Schleifmann est socialiste à la suite de ses coreligionnaires
Karl Marx et Lassalle, qui lui apparaissent les modernes porte-
parole de l'Eternel, et il se réjouit « de voir une fois de plus la
divine pr^ondérance juive s'affirmer par leurs écrits ».
Après de nombreux démêlés avec la police en Autriche et
en Allemagne, il s'installe en France vers la (in de 1882 et il
vit à Paris en donnant des leçons.
Il s'est mis dans la tête de « ramener les juifs aux devoirs
héréditaires ».
« Il avait remarqué, dans les pays de l'Est, les contagieux
progrès de l'antisémitisme, et il était imbu de cette conviction.
que le microbe antisémitique continuerait sa marche inflexible
vers l'Occident, gagnant successivement la France, l'Angle-
terre, puis le Nouveau Monde, toute la chrétienté enfin. »
Pour enrayer ce mouvement, il fallait que les juifs riches
revinssent aux traditions de leur race « dont la mission provi-
dentielle est de fournir aux peuples des exemples moraux, aux
cerveaux des idées, aux cœurs une religion ».
Les Israélites doivent « quitter la société mondaine et
cléricale où ils s'amollissent au détriment de leur dignité,
rentrer dans la démocratie d'où ils sont issus, employer leurs
rares facultés à la défense des humbles, à la victoire du droit,
aux conquêtes sur l'injustice, et finalement, sauf une rente
individuelle qui ne dépasserait en aucun cas le chifl^re de
10.000 francs, opérer l'abandon des richesses acquises dont
l'ensemble servirait à des fondations nationales, populaires ou
colonisatrices ».
11 soumet son plan aux parents de ses élèves, aux rabbins et
aux notabilités de la juiverie, mais partout il est éconduit.
On le raille de ses sornettes et de ses utopies. L'antisémi-
tisme, disait-on, c'est bon pour l'Allemagne et la Russie ; « mais
en France, dans le pays de toutes les libertés, sur la belle terre
de France, mère de la Révolution et de la sublime Déclaration
des Droits de l'Homme, jamais, jamais, au grand jamais, l'anti-
sémitisme ne fleurirait. Et on éclatait de rire en lui ofl'rant un
bon cigare. »
41.
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458 l'TJNIVBRS ISRAÉLITE
Les parents, effrayés de ««s. théories révolutioimaires, lui
retirent ses élèves, et il est obligé de vendre ses meubles et
presque tous ses livres, et il s'en va percher au sixième d*une
maison de la rue de Fleurus.
Cependant, « sous le fumier de l'envie et des ressentiments,
sous Tengrais des maladresses et des exaction^, Tantifeémi-
tisme commençait à lleurir sur la belle terre de France ».
Schleifmann conçoit un vif chagrin de toutes les calomnies
qu'on répand sur ses coreligionnaires. Mais d'autre part, a plus
on les dénigrait injustement, plus sa fureur croissait contre
eux... Et lorsque les journaux mondains racontaient les magni-
ficences de leurs garden-parties, de leurs raouts ou de leurs
chasses à courre. . . l'indignation l'emportait, au calcul de tant
d'argent gaspillé par sottise, dont une part seulement donnée de
bon cœur au peuple eût tout refait, tout arrangé, en servant
une cause généreuse. »
Il poursuit d'une haine violente « la bande noire, ce clan
de boursiers allemands qui spécule chaque jour contre les fonds
français... Et le premier jour où le peuple s'avisera d'aller
regarder un peu sous leur nez ce qu'ils tripotent dans ce coin-
là », Schleifmann sera de la partie. Il accable de malédictions
les juifs venus de l'étranger, qui par leur attitude, leur langage,
leurs manières, jettent la défaveur sur tous les Israélites. «Ah !
si les juifs de France avaient un peu de sang aux veines, depuis
beau jour ils auraient ihis dehors tous ces touristes-là ! ... »
Il réprouve violemment les spéculations où ils se lancent,
et quand son ami Raindal lui parle de l'aflaire des Mines d'or
ses yeux brillent d'un éclat farouche, « car les juifs de Bourse
vont encore créer beaucoup de haine contre ceux de leur
race. . . » *
Malgré les admonestations de Schleifmann, Raindal joue
sur les Mines, et après quelques gains, ne sachant pas se l'étirer
à temps, il se ruine totalement. Pour le sauver, notre juif de
Galicie court chez le banquier Pums, qu'il adjure dans l'intérêt
de sa race de venir au secours de Raindal. Ici se place une des
scènes les plus pathétiques du livre, où le juif pénétré et fier
de la grandeur du judaïsme et de son rôle de moralisateur à
travers le monde, rappelle à son devoir le juif qui se poiurit
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l'uNIVEAS ISRAÉLITE 4^
dacui i'iLgio et les plaiûrs et renie see ancêtres de bouche, de
cœur et de caractère.
Schleifmann supplie Pums de donner on coup de main à
Raindal. Quelle gloire pour Israël qu* « un riche israélite sau-
vant libéralement de la misère, du suicide, un petit employé
chrétien, entraîné à la ruine par le goût du lucre! De tels actes,
en se multipliant, feraient plus pour les juifs que mille dons
aux pauvres, mille fondations sanitaires célébrées par la presse
à grand fracas d'éloges. »
Le banquier lui répond qu'il n entend rien aux affaires, et,
«'animant à mesure, il finit pas s'écrier :
« Et tout cela, pourquoi ? Pour qu'on dise du bien des juifs,
pour qu'on encense Israël... Je m'en moque, des juifs... Je
n'ai pas de préjugés, moi... Chacun pour soi... Qu'ils se
débrouillent, après tout ! Je n'ai pas des 90,000 francs comme
cela à leur jeter par la fenêtre ! »
Schleifmann à ce discours sent un profond chagrin l'en-
vahir.
« Malédiction! gémissait-il... Oui, depuis le Sinaï c'est
l'étemel malentendu ! . . . Dieu qui donne à son peuple l'intelli-
gence suprême et son peuple qui la prostitue aux plus basses
besognes, et Dieu qui se venge ensuite de ce que son peuple
l'ait méconnu. C'est toute l'histoire d'Israël, c'est toute son
infortune... Insensés que vous êtes ! je vois la main du Sei-
gneur sur vous .. . C'est pour avoir trahi sa loi que vos ancê-
tres allèrent k Babylone, à Ninive, en Egypte. . . Et c'est pour
cela aussi que vous irez ailleurs I . . .
Il allongeait son bras vers des lointains de mystère :
— Oui, le Seigneur vous fera encore coucher sous les tentes,
eft, avec vous, des innocents peut-être, des humbles, des labo-
rieux. . . à moins qu'aupai*avant tous ceux-là ne se séparent de
vous!...
— Trêve à ces jérémiades ! s'écrie Herschstein, un ami de
Pums; vous êtes un antisémite, un i*enégat !
Schleifmann se tordait, en proie à un accès d'hilarité
sauvage :
« Elle vous étouffe sous vos habits, votre juiverie... Elle
vous oppresse dans vos salons... Elle vous pèse dans vos
dubs... Elle vous gratte comme un cilioe... Vous la portez sans
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46o l'univers ISRAÉLITE
bonne grâce, sans bonhomie, sans fierté... Vous ne Tavou^ez
qu'à regret... Et vous en pâlissez... Et vous en ignoi^ez les
dogmes les plus élémentaires... Et si vous ne craigniez pas que
ça nuise à vos affaires, je parie que demain matin vous vous
feriez tous naturaliser catholiques !... »
Les deux banquiers devant cette explosion d'invectives sont
liyides; ils traitent Scheifmann de fou, de grand prophète.
— Hélas, non, rétorqua plus simplement le Galicien ... je
suis trop vieux, je n'ai plus l'âge... Je regrette... D'ici à ce
qu'on règle scientifiquement pour tous la question sociale
comme le veut mon maître Karl Marx, cela ne vous ferait pas
de mal d'avoir le samedi, à la synagogue, au lieu de vos
rabbins qui vous flagornent, un autre qui vous fustige, une
espèce de Sophonie qui vous dise : « Lamentez- vous, habitants
du quartier des trafics ! »
— Et les chrétiens, fitHerschstein, est-ce qu'ils ne trafiquent
pas, les chrétiens ?
— Les chrétiens, cela ne nous regarde pas, fulmina le Gali-
cien en sabrant l'air d'un large geste d'interdiction... Ils ont
leur Dieu pour les châtier et le socialisme pour les réduire ! . . .
Vous, vous êtes le peuple du Seigneur ! Vous devez spontané-
ment donner l'exemple à tous î... Vous devez être les meil-
leurs !... Vous devez jouir moins, vous devez souffrir plus!...
Voilà votre destinée, votre gloire difficile... Elles sont uniques
au monde!... Vous ne vous y déroberez qu'aux prix de souf-
frances pires. . . Vous êtes le peuple du Seigneur !... »
Pums excédé de ces objurgations s'en va avec Herschstein.
Schleifmann regagoe T antichambre en clamant d'une voix
forcenée : Vous êtes le peuple du Seigneur !
Toujours cette idée de la régénération d'Israël l'obsède, elle
est le problème qui s'impose à ses méditations. Sur la tombe
de son ami Cyprieu, que l'affaire des Mines d'or a tué,
Schleifmann se demande « dans quels desseins Dieu associe-t-il
soD peuple à l'accomplissement de tels méfaits? Quand donc
susciterait-il en son temple, parmi ses prêtres, quelqu'un d'une
voix libre et hardie, pour rappeler aux juifs, aux plus al tiers
comme aux plus humbles, le solennel dépôt de pureté et de
justice qu'ils reçurent jadis au pied du Sinaï ?... »
Tel est ce personnage de Schleifmann, dont tous les traits
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 4^1
sont pris sur le vif. M. Vandérem vient d*enrichir la littéra-
ture d'un genre de juif que celle-ci ne connaissait pas, qui ne
date pas d'ailleurs de fort longtemps, qui avait besoin pour
apparaître et des persécutions antisémites et de la platitude
générale et de la révolte de quelques consciences droites et
fières devant Tinjustice et la corruption. Les prophètes ont
toujours eu leurs disciples en Israël. M. Vandérem a heureuse-
ment retracé la physionomie d'un de ces disciples avec les
modifications que les idées et la société modernes y ont apportées.
Louis Lévy.
oooggoo.
LA DOCTRINE DE L'EXPIATION
A Monsieur R. T,, deVUnwers Israélite,
En vous félicitant et en vous remerciant d'avoir une fois de
plus combattu le stupide cliché qui oppose le cruel Dieu des
juifs au Dieu d'amour des chrétiens, je vous demande la per-
mission d'ajouter un mot à ce que vous dites sur la thèse du
P. Olivier.
Pour voir que cette thèse est absurde et impie, je n'ai qu'à
ouvrir le livre de Job. D'un bout à l'autre, ce magnifique livre
n'a qu'un sens, c'est qu'il est odieux de dire à un malheureux :
Vous avez mérité votre sort. Cela est insolent à l'égard de
Dieu, dont nous sommes impuissants à comprendre la sagesse ;
cela est méchant et cruel envers les hommes, dont le malheur
doit nous toucher, nous inspirer la pitié et la compassion.
Jamais un homme de bon sens ne dira à son semblable
atteint par l'infortune : C'est bien fait, fallait pas pécher. Non,
il n'aura qu'une pensée, qu'une préoccupation : consoler celui
que l'épreuve a frappé, chercher à lui venir en aide, plem'er
avec lui, prendre part à sa douleur, lui témoigner toutes les
sympathies possibles. Celui mc^ me qui a souffert peut et doit
rentrer en lui-même, s'humilier, faire de sa peine, de son cha-
grin un acheminement, un prétexte à un redoublement, j'allais
dire aune exagération de piété, de charité, de bonté. C'est ainsi
que la France, puisqu'on a parlé d'elle, s'est, après ses désastres.
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46fi L'UIflTKRS ISRAELITE
reeneillie, assagie, amélicrée (je ne parle pas des Dmiootit) ;
c'est ainsi qa'on a tu dans la maison dlsraél de nobles et glo-
rieoses familles faire d'un érénement malheureux Toecasion de
grandes, généreuses et admirables œuvres de bienfaisance.
C'est ainsi, dit-on, que l'antisémitisme a ramené à Dieu, à la
religion d'Israël, beaucoup de nos coreligionnaires, autrefois
indifférents, j'allais dire hostiles k leur foi ; c'est ainsi que les
frères de Joseph en Egypte disaient : h^y o-^^œx lîn:»
Qu'il me soit permis d'ajouter un mot sur la doctrine de
l'Expiation. Ne prenons pas à la lettre les mots qui semblent
l'établir. Quand le Talmud dit : la mort du juste est une kapara
pour nos péchés, ou quand il dit : les justes ou les petits enfants
meurent, enlevés quand une génération est pécheresse et
corrompue, cela veut dire qu'à la mort d*un innocent enfant, ou
d'un homme de bien enlevé à la force de Tàge, l'homme raison-
nable, même le pécheur non endurci, se dit : Craignons Dieu,
améliorons nos voies, corrigeons-nous, soyons plus pieux, plus
justes, amendons-nous. Voilà, je crois, ce qu'il faut entendre par
ces mots : nos péchés s'effacent par la mort du juste.
Simon Lévy, rabbin.
APRÈS LES TROUBLES O'ORAN
Les débats auxquels donnent lieu devant le tribunal d'Oran
les diverses poursuites intentées aux fauteurs des troubles
récents continuent à jeter le jour le plus vif su^ le rôle extraor-
dinaire joué par la municipalité oranalse dans ces tristes
événements. L'audience tenue par le tribunal correctionnel le
19 juin dernier a été particulièrement instructive à cet égard.
Le tribunal avait à juger, entre autres prévenus, un nommé
Rouvin qui était poursuivi pour avoir éteint des becs de gaz au
moment des désordres de manière à favoriser les malfaiteurs.
Il fut d'ailleurs acquitté,le tribunal ayant jugé que le fait d'éteindre
des becs de gaz ne constitue pas le délit de complicité du bris
de clôture qui lui était imputé. Mais, au cours des débats,
M. le substitut Poinsler prononça les paroles suivantes, que
nos lecteurs nous sauront gré de reproduire :
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l'univers ISaAJÉLITB 4^3
Messieurs, les ao, ai et 22 mai écoulés, des troubles graves ont
éclaté à Oran, malheureusement, et ont désolé notre belle cité,
d'ordinaire si tranquille et si paisible.
Pendant trois jours, on a pu voir des meneurs suivis d'une
cohorte de gamins et de badauds qui défonçaient tranquillement et
avec un courage digne d'une meilleure cause les devantures des
magasins appartenant à des Israélites.
On a pu voir pendant ces journées un spectacle plus écœurant
encore : cinquante individus toujours plus courageux les uns que
les autres se mettre à la poursuite d'un malheureux sans armes et
le frapper jusqu'à ce qu'il perde connaissance sous le prétexte qu'il
était Israélite.
Ces actes accomplis lâchement et stupidement — je dis stupi-
dement, car en définitive il faut bien comprendre que nous devons
réparer les dégâts causés par ces individus et qu'eux-mêmes parti-
cipent dans une certaine mesure au paiement de l'indemnité à
verser — ont révolté tous les gens honnêtes et sérieux, qui se sont
demandé et se demandent encore comment on a pu rendre toute
une catégorie de citoyens responsables du crime commis par quel-
ques-uns de leurs coreligionnaires, alors surtout que les auteurs du
crime sont arrêtés et vont être jugés.
Il y a quelques jours, à propos de diverses arrestations opérées
dans des circonstances malheureuses, on a employé un gros mot : la
Terreur juive. Mais c'est un mot qui est un non sens, et il aurait
fallu dire la « Terreur du Parquet ».
Oui, le Parquet, qui n'a pas peur des considérations de la Presse
et qui se moque pas mal de ce qu'on peut dire, veut avant tout la
liberté des rues pour tous, la liberté absolue, et poursuit ceux qui
la troublent sans distinction de race ou de culte.
Rouvin que vous avez à juger aujourd'hui n'a pas voulu rester
en dehors des manifestations.
Voici ce qui s'est passé :
C'était le vendredi soir entre 10 h. 1/2 et 11 heures; j'étais accom-
pagné de M. le Préfet, de M. le Secrétaire général de la Préfecture
et de mon- chef direct, M. le Procureur de la République. Nous
faisions tous nos efforts pour ramener le calme. C'était à Theure où
on défonçait une foule de boutiques Israélites dans la rue d'Arzew,
et,à une distance de deux à trois mètres,je vois la grande silhouette
de Rouvin se dessiner.
n monte à un bec de gaz et avec sa canne il cherche à
l'éteindre.
Tout à l'heure il a voulu passer pour un allumeur ; c'est tout
simplement un éteigneur, la flamme du bec de gaz baissait considé-
rablement. J'ai arrêté moi-même Rouvin, et le secrétaire général de
la Préfecture, M. Garoby, lui posa immédiatement cette question:
« Est-ce que par hasard vous êtes de la Compagnie du gaz ?» A
celle question, Rouvin, au lien de développer la thèse qu'il a sou-
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464 L*UN1VER8 ISRAÉLITE
tenue depuis, resta tout penaud et dit : c Je fais ce qu'on m'a dit de
faire. »
— Ah ! vous faites ce qu*on vous a dit de faire? Eh bien ! vous
allez conduire séance tenante cet homme au commissariat de police !
dis-je en m'adressant aux agents qui se trouvaient là.
Kt voici Rouvin conduit au commissariat de pK)lice. La grande
silhouette de cet homme m'avait frappé. Le lendemain je ne le vois
point paraître au petit Parquet et je me dis : « Probablement que
mon collègue M. Villeneuve Taura fait présenter à l'audience des
flagrants délits » ; je n'entendis plus parler de cet affaire.
Trois jours se passent, et, me trouvant le lundi près du commis-
sariat du 3« arrondissement et ayant encore en tête cette affaire, je
me suis dit : « 11 faut que je demande au commissaire ce qu*est
devenu cet individu dont je ne connaissais même pas le nom. »
Je me présentai à cet efl*et au commissariat de police, et le com--
missaire me répondit : « Nous l'avons mis en liberté sur l'ordre de
M. le commandant Pephau. »
Je répondis : « Et de quel droit s'il vous plaît ? Gomment î vous
recevez un ordre du Parquet, approuvé par les autorités présentes
sur les lieux, et, sur l'intervention toute gracieuse de M. le comman-
dant Pephau, vous vous permettez de mettre cet individu en liberté !
» Séance tenante, allez le chercher et présentez-le au petit Parquet. »
C'est ce qui fut fait, et le juge d'instruction fut saisi de l'affaire.
Rouvin avait changé de thèse, il avait été inventer ce que vous
savez, c'est-à-dire que loin de vouloir éteindre le bec de gaz il était
en train de le rallumer.
Je puis affirmer au tribunal que Rouvin ment sciemment. Il
éteignait le bec de gaz, et quand il a été arrêté il n'a pas prétendu
qu'il le rallumait mais bien qu'il exécutait l'ordre qu'on lui avait
donné.
Il résulte de ces graves déclarations que M. le commandant
Pei)hau, adjoint au maire d'Oran, délégué à la police, président
delà Ligue antijuive, s'est permis d'ordonner la mise en liberté
de gens que le Parquet avait fait arrêter. Il y a là un abus de
pouvoir véritablement extraordinaire et Ton peut s'étonner à
bon droit que l'adjoint Pephau ne soit pas encore révoqué. C'est
peut-êlre ce que Messieurs les meinbrçs du Conseil central
pourraient dire à MM. Méline et Barthou s'ils leur faisaien
d'aventure une nouvelle visite en vue de leur faire remarquer
que les déclarations rassurantes que ces ministres leur ont pro-
diguées sont restées jusqu'ici lettre morte. Aucune des res-
ponsabilités mises en jeu par les troubles d'Algérie n'a encore
été atteinte, comme on l'avait promis ; le commissaire de police
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l'univers ISRAÉLITE 4^5
dont la révocation avait été annoncée, est toujours en place, et
M. le commandïuit Pephau continue à diriger la police d'Oran
en bravant la loi et la justice. Il est vrai que M. le gouverneur
général Cambon prononce maintenant des discours pleins de
modération et de douceur. Mais ce n*est pas suffisant pour
effacer le passé et pour garcuitir à nos coreligionnaires de
l'Algérie la sécurité pour Tavenir. — B.-M.
Les révélations qui se sont produites devant le tribunal
d'Oran ont eu cet heureux résultat d'éclairer sur les événements
d'Algérie ceux des journaux parisiens qui ont le souci de l'im-
partialité. Nous en trouvons la preuve dans l'article ci-après
que le journal le Radical a publié dans son numéro du
129 juin :
« Pour qui, jusqu'ici, voulait porter un jugement impartial
et éclairé sur les troubles dont vingt-sept localités de la pro-
vince d'Oran ont été le théâtre du i6 mai dernier au 6 du pré-
sent mois, la tâche était malaisée.
» On sait que, de tout temps, l'Algérie a été en proie aux
divisions intestines ; on sait que, là plus qu'ailleurs, les pas-
sions politiques, religieuses et de race, sévissent avec une
acuité excessive. Ces passions, elles ont décuplé depuis l'appa-
rition de l'antisémitisme, qui a trouvé, dans notre gi'ande
colonie africaine, un admirable terrain de culture qu il a soi-
gneusement ensemencé et labouré.
» En de telles conditions, où découvrir des renseignements
assez si^rs, assez dénués de tout esprit de parti, pour fixer son
opinion sur les récentes conflagrations ?
» Il ne fallait pas songer à s'inspirer chez nos confrères afri-
cains. On ne pouvait s'en fier à des correspondants qui, par
cela même qu'ils vivent dans une atmosphère enfiévrée, se
rangent, bon gré mal gré, dans le camp de l'un ou l'autre des
belligérants.
» Aussi, dans l'impossibilité d'obtenir des témoignages non
suspects, nous sommes-nous bornés à publier les dépèches
relatant les incidents, sans y ajouter des réflexions ou des com-
mentaires insufiisamment justifiés.
» Aujourd'hui, grâce aux comptes rendus des audiences des
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466 l'uNIVKRS ISRAÉLITE
tribunaux qui ont eu à juger les émeutiers, on possède d'exacts
éléments d'appréciation, on est à même de se prononcer en
connaissance de cause.
» De la sténographie des débats, que nous avons reçue, se
dégage la vérité dissimulée par ceux qui, pour l'intérêt de leur
politique ou de leur clientèle, ont, soit exagéré, soit atténué
des épisodes regrettables à tous les points de vue.
» La cause du conflit reste encore inconnue. A qui incom-
bent les premiers torts ?
» Est-ce à un juif ou à im antijuif qu'il faut faire remonter
la responsabilité initiale ? Lesquels, des Israélites ou des anti-
sémites, ont manqué de patience et de sang-froid ? C'est ce qu'il
est impossible d'établir.
» Mais ce qu'on sait pertinemment, c'est qu'une querelle
particulière, une bagarre entre quelques individus, a dégénéré
en bataille générale,grâce à des excitations voulues et calculées.
U est prouvé que, mettant habilement à profit une circonstance
fortuite, les antijuifs d'Oran ont, parla parole,ractioa,rargenl,
organisé des représailles, non contre telle ou telle personnalité
dont ils avaient à tirer une vengeance, mais contre des hommes
tout à fait étrangers aux altercations d'où était sorti tout le
mal.
» Si des magasins ont été pillés, des maisons particulières
mises à sac, des femmes et des enfants poursuivis et battus, des
citoyens français lapidés, des bombes lancées, si une véritable
terreur a régné, c'est là,indéniablement,rœuvre des antisémites,
qui ont employé, pour l'assouvissement de leurs haines, des
gens sans aveu qu'ils avaient soudoyés et qui ont réveillé les
sentiments seulement endormis dans le cœur des Arabes.
» Il le faut répéter : ces afdrmations sont extraites des
réquisitoires du ministère public, des dépositions, des interro-
gatoires. De ce que les juges ont entendu, il appert que les
pires excès se sont produits en ces heures troubles : vols,
violences, méfaits, déprédations.
» Sauf les antisémites, tout le monde condamnera de tels actes
et déplorera qulls n'aient point été, dès l'origine, sévèrement
réprimés. Certes, l'attitude des autorités militaires, celle du
préfet de la province d'Oran, celle de la magistrature furent
louables. Mais les chefs et les agents de la police ont eu une
1
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L'VNIVSRS ISRAÉLITE 4^
eondoite tout autre et qui leur a valu d'être séyèremeat blâmés
par les tribunaux.
» Voilà pour le passé, qui est fort triste. Maintenant, que
peut^n espérer de l'avenir ?
» L'Algérie, dont la situation devrait être si florissante , est
minée, ruinée, par ces dissensions de confession religieuse à
confession religieuse, par ces luttes entre les partis politiques,
par ces rivalités de province à province.
» Gomme elle serait profitable, efficace, l'action ferme et
énergique du gouverneur général qui, arbitre souverain, em-
ploierait son autorité, consacrerait ses efforts à pacifier les
esprits, à détruire les préjugés, à effacer les haines de race, à
faire respecter la loi, laquelle peut ne pas être agréable à tous,
mais doit, pourtant, protéger également tous les citoyens fran-
çais et être obéie tant qu'elle n'est pas abrogée !
» L'espoir d'une amélioration ne peut être conçu que si le
gouverneur général admet et exécute cette tâche, comprend
ainsi sa mission.
» L'^itend-il ainsi ? C'est le point d'interrogation que
posent avec anxiété tous ceux qui s'intéressent à la prospérité
de TAlgérie. — Jban Burrbau. »
On lit dans la Liberté :
Le gouTerneur général de l'Algérie, qui jusqu'à présent s'était
fait remarquer par son arabophiliey vient, paratt-il, de changer
d'opinion, et la presse algérienne commente avec étoonement une
circulaire adressée par le procureur général à ses subordonnés où,
avec un naïf sans-gêne, ce fonctionnaire critique la façon dont la
justice est rendue. «M. le gouverneur général, dit ce document
aigre-doux, est informé de l'augmentation sans cesse croissante de
la criminalité dans les trois départements de la colonie. On lui
signale, commie une des causes principales de cette fâcheuse situa-
lion, l'indulgence parfois excessive des tribunaux correctionnels à
l'égard des prévenus indigènes. Cette situation appelle un prompt
remède. En conséquence, je vous invite à requérir désormais contre
les indigènes poursuivis des conclusions très sévères. Vous préci-
serez la durée de remprlsonnement que vous requerrez et vous
veillerez à ce que les notes d'audience relatent expressément cette
précision. Je saurai ainsi qui sera responsable, du parquet ou du
siège, des condamnations trop faibles qui peuvent être pronon-
cées. » Cette intervention administrative dans l'appréciation des
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468 l'univers ISRAÉLITE
délits est déjà originale, mais elle ne vaut pas la même intervention
dans les troubles antisémites, où on a a vu, dit le procureur de la
République à Oran, les agents de police protéger les émeutiers et
leur donner un coup de main pour le pillage des magasins des
Israélites. 11 n'y a pas de tranquillité possible dans la colonie, tant
que les mauvais exemples viendront d'en haut.
LE CRI DE LA FIN
Sous le titre qui précède, la Vigie Al^rienne publie l'amusante
boutade qui suit et qui caractérise spirituellement les polémiques
de la presse antisémite en Algérie :
Un punch de sympathie ayant été ofTert vendredi soir à un
Algérien fort estimable et fort estimé, la petite réunion a pris
fin au cri de : « A bas les juifs î d
«A bas les juifs» est désormais passé dans nos mœurs; cela se
met à toutes les sauces, et cela même est appelé à remplacer,
au besoin, toutes les sauces.
Les reporters futurs feront bien d'en prendre note sur leurs
agendas s'ils veulent rester dans le mouvement. Attendons-nous
donc, dlci peu, à lire les chroniques locales de divers quoti-
diens rédigées de la façon suivante :
Hj-ménée. — Nous sommes heureux d'apprendre le prochain
mariage de la toute gracieuse Mlle Louise A . . . avec notre
concitoyen Jacques B . . . La bénédiction nuptiale sera donnée
aux jeunes époux à Féglise de St-Augustin. A bas les
juifs!
Soirée mondaine. — Charmante réception,hier,dans les salons
de la toute gracieuse Mme X... Le tout Alger mondain assistait
à cette fête de la beauté et de l'esprit. A bas les juifs!
Accident. — Un accident mortel s'est produit ce matin dans
la rue Henri -Martin. Un couvreur est tombé de la hauteur d'un
quatrième étage. La mort a été instantanée. A bas les
juifs !
Mouvement administratif. — Un important mouvement
administratif est en préparation au gouvernement général.
Nous le publierons prochainement. A bas les juifs !
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 4^
Notre feuilleton, — L*abondance des matières nous oblige
à renvoyer à demain la suite de notre intéressant feuilleton Le
Martj're d'une Rosière. A bas les juifs !
Publicité, — Nous appelons spécialement l'attention de nos
lecteurs sur l'annonce que nous publioas en quatrième page
relative à la grande exposition des magasins de MM. Isaac et
Jacob frères, les plus importants de notre ville. A bas les
juifs î
Générosité, — M. de Rothschild vient d'envoyer 10,000 fr.
aux victimes de la catastrophe de Voiron. A bas les juifs !
Il sera évidemment piquant de constater que des gens qui
ont la haine du juif mettent du juif partout. La lassitude du cri
de la fin amènera indubitablement la fin du cri.
LE JUBILÉ DE LA REINE D'ANGLETERRE & LES JUIFS
On nous écrit de Londres :
Nos coreligionnaires de Londres ont pris une large part au Jubilé
de la reine Victoria. Ils ne pouvaient oublier en effet que c'est sous
le règae de cette souveraine que les juifs du royaume britannique
ont conquis la plénitude de leurs droits de citoyen.
La reine avait fait inviter le Dr Adler, grand rabbin de Londres,
à assister à la cérémonie de l'église Saint-Paul, à côté des repré-
sentants des églises protestantes et catholiques. Des actions de
grâces, suivies de discours et de bénédictions, ont été célébrées dans
toutes les synagogues de Londres et de la province.
^ Parmi les 10,000 enfants qui étaient réunis pour être passés en
revue par la Reine, cent cinquante, sous la direction de leurs insti-
tuteurs, représentaient les écoles libres israélîtes. Parmi les person-
nages de marque, on distinguait M. L. de Rothschild, M. Louis
Davidson qui présenta à la Reine de la part de Lord Rothschild une
adresse renfermée dans un magnifique album :
A Son Excellente Majesté la Reine,
Très Gracieuse Majesté, je viens humblement, de la part des
écoles juives de la capitale, offrir nos loyales et ardentes félicita-
tions, à l'occasion du soixantième anniversaire de Votre accession
au trône.
Permettez-moi d'assurer Votre Majesté que parmi les manifesta-
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470 l'univers israélitx
tions d'afTeclion et de loyalisme, qae des millions de si:get8 répandus
dafis tontes les parties dû monde vous adressent à Toccasion de
cet heureux événement, nous, qui professons la religion israélite, ne
sommes ni les moins fervents, ni les moins enthousiastes, et nous
saisissons avec joie cette heureuse journée, pour vous exprimer
notre profond attachement.
Nous ne pouvons être trop reconnaissants pour les bienfaits
répandus sur tous les sujets de Votre Majesté, à quelque race ou
religion qu'ils appartiennent, et nous n'oublierons jamais que sous
son glorieux règne, toutes les incapacités qui pesaient si durement
sur nos coreligionnaires ont disparu , grAce aux mesures de
sagesse et de justice que le cœur tendre de Votre Majesté a sanc-
tionnées .
Je prie ardemment pour que le brillant règne de Voire Majesté
se prolonge, et pour qu^Ëlle puisse jouir pendant longtemps encore
de la gratitude et de Tamour d'un peuple heureux, de l'admiration
et du respect du monde civilisé. /
Signé : Rothschild.
En réponse, le duc de Connaught remit à M. Davidson, de la
part de la Reine, la réponse suivante :
« Je vous remercie de votre loyale adresse de félicitations et je
suis très satisfaite du chaleureux accueil que j*ai reçu des écoliers
que vous avez assemblés en ce jour. J'espère que les louables efforts
de toutes les autorités scolaires seront continuées avec des résultats
de plus en plus satisfaisants pour mon peuple, afin que ceux qui ne
sont encore que des enfants jouissent un jour de bénédictions
plus grandes encore que celles qui ont été accordées à notre géné-
ration. »
Tous les pauvres Israélites de Londres ont pris leur part d'un
plantureux festin qui leur a été offert pour le Jubilé. Mille familles
environ comprenant 5.6oo personnes ont pu fêter ainsi le glorieux
anniversaire. Deux jours auparavant ces familles avaient reçu des
tickets qui devaient leur permettre de se présenter pour recevoir les
portions qu'elles pouvaient emporter dans leur logis. Seuls, les
célibataires et les vieillards étaient traités en commun.
Plus de Goo malheureux des deux sexes prirent place dans la
salle principale de l'école primaire juive, décorée à cet effet. Tous
les membres du Comité du« Board of Guardians » étaient présents
et surveillaient le repas, tandis que les dames faisaient office de
commissaires. Pendant le festin, des jeunes lllles israélites firent
entendre de charmants morceaux de piano et de violon, et l'une
d'elles entonna au milieu d'applaudissements unanimes le < God
Save the Queen ».
Le grand rabbin, Dr Adler, proposa un toast à la Reine, un
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autre à la princesse de Galles, instigatrice des banquets du Jubilé^
et aux membres du Comité du c Board of Depulies ». Des hurrahs
fVénétiques accueillirent naturellement ces différents toasts. Les
pauvres de Londres n'oublieront pas de longtemps cette journée
mémorable.
Parmi les dignités conférées par la Heine à des coreligionnaires
à Toccasion de son jubilé, on relève les suivantes :
Le lord maire, sir George Fandel-Philipps, est créé baronnet ;
le major J. Leverson est ùommé chevalier de Tordre de Saint-Michel
et Saint-George ; il est connu pour ses travaux importants sur la
délimitation des frontières turco-russes, turco-grecqucs, etc. Le D^
Waldemer Mordecai Haffkine est créé chevalier de l'ordre impérial
des Indes. Nous avons déjà parlé des services considérables qu'il a
rendus dans la récente épidémie bubonique.
CORRESPONDANCE
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le Rédacteur en chef de V Univers israélile,
Permoitez-moi de vous poser une question qui, je n'en
doute pas, peut présenter un certain intérêt à vos lecteurs. —
Y avait-il autrefois des rabbins ? Quelles étaient leurs fonctions,
leurs attributions ?
Certes, nul plus que moi ne révère nos éniinents pasteurs,
ces maîtres de la chaire qui, pleins de zèle et de dévouement,
viennent apporter la parole àe paix pour consoler, pour réjouir
et pour ranimer les fidèles. Mais, je le répète, ma question n'a
qu'une portée purement historique.
Nos pères avaient-ils des rabbins ? — Dans le Pentateuque.
nous trouvons le Cohen, le Lévj-^ les juges, les chefs de tribu —
mais nulle trace de rabbins. De quelle époque datent leurs
ConctloQs?
Je vous prie d'agréer. Monsieur le Rédacteur en chef, l'assu-
rance de ma haute considération.
LÉON Blum.
Un de nos collaborateurs répondra prochainement à la
question posée par notre correspondant.
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4-a
l'univers ISRAÉLITE
DONS
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Stein 10
Widrisch 10
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Erlanger 5
Josephson 5
Lévy (Léonce) 5
Patto (G.-F.) 5
H.Jftjrj ^
Nouvelles diverses
Consistoires. — Par décret en date du 8 juin 1897 sont approu-
vées les élections faites le 20 décembre 1896 par les collèges élec-
toraux de la circonscription d*Oran :
!*» De M. Eugène Péreire comme membre du Consistoire central
des Israélites de France. ^
2" De MM. Kanoui (Simon), Djian (Abraham), Karsenty (Isaacj,
Lévy (Moïse) ,Bensaïd(^Moïse) el Benkalifa (Elghali), comme membres
du Consistoire de la circonscription d'Oran.
**«
Paris. — Un don de a million^ et demi.— On avait annoncé qu'un
don de deux millions et demi avait été fait à la Société phi^nthro-
pique par une généreuse donatrice. Celle-ci n*est autre que
Mme la baronne de Hirsch.
Dès le 5 avril dernier, Mme la baronne de Hirsch annonçait à la
Société philanthropique son intention de servir vingt-quatre pensions
de trois mille francs de rente à des femmes du monde réduites par
des revers à la détresse.
Le jour même elle versait vingt-cinq mille francs de rente 3 0/0
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l'univers ISRAÉLITE 47^
dans les caisses de la Société ; et comme les formalités de la donation
étaient trop lentes, comme la bonté de la bienfaitrice était impatiente,
Mme de Hirsch donna tout de suite, hors de compte, huit mille
francs à répartir immédiatement entre les infortunes les plus
urgentes.
Le second versement, égal au premier, fut fait le 8 mai, et le
troisième, complétant les soixante-quinze mille francs de rente, le
17 juin, c'est-à-dire jeudi de la semaine dernière.
Déjà, huit ou dix pensions ont été servies par les soins du Comité
de la Société philanthropique, qui a mission de rechercher les infor-
tunes auxquelles il convient de les attribuer.
A cet égard, Mme la baronne de Hirsch, qui a fait sans condi-
tions sa magnifique libéralité, a laissé toute latitude à la Société,
demandant seulement qu'on prit en considération le malheur de
quatre personnes qu'elle a dénoncées comme ayant touché le fond
de la misère humaine et qui ne soupçonnaient pas, sans doute,
jusqu'où pouvait les atteindre la bonté d'une femme.
4c ikc
— Ont été désignés pour prononcer aux distributions de prix
les discours d'usage :
Au lycée Charlemagne, M. Wahl, professeur d'histoire ;
Au lycée Montaigne, M. Léon, professeur d'histoire.
— Nécrologie, — Nous apprenons que M. le rabbin Mayer, qui
avait récemment perdu son ûls dans les circonstances douloureuses
que nous avons racontées, vient d'être frappé par un nouveau malheur :
Mme Mayer vient de s'éteindre à son tour. Nous nous empressons de
présenter au vénérable pasteur, si cruellement éprouvé, l'expression
émue de nos plus sympathiques condoléance^^.
r
r. -il
Bayonne. — Nous avons annoncé il y a deux ans la fondation
par Mme Camille Delvaiile, MM. Auguste et Camille Rodrigue,
héritiers de M. et Mme Furtado de Bayonne, d'un prix de 1000 fr.,
destiné à être distribué par l'Académie française à l'auteur d'un
ouvrage utile.
Le prix de M. et Mme Auguste Furtado, de Bayonne, a été décerné
pour la première fois, il y a quelques jours, à M. Darlige du Four-
net, pour son livre Journal d'un commandant de la Comète:
Chine, Siam, Janon.
«**
Clermont-Ferrand . — Par décision minislérieîle,le Consistoire
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474 l'univers israAlitb
de la circonscription de Lyon est autorisé à ftôre procéder à l*instal-
lation de M. Welll (Jonas), nommé rabbin et ministre officiant à
Clermont-Fcrrand en remplacement de M. Kaniftnann décédé.
**«
Remiremont. — Le concours pour le poste rabbinîque de notre
ville s'ouvrira samedi prochain, 3 juillet. Voici Tordre dans lequel
les candidats prêcheront : M. Nathan Lévy, le 3 juillet ; M. Hague-
nauer, le lo, et M. Léon Lévy, le 17.
Londres. — Le lord-niairc Faudel Phiiipps vient d'être créé
baronnet. Voici les noms de ceux de nos coreligionnaires qui possèdent
ce titre ou des titres analogues : plusieurs membres de la famille de
Rothschild, Henry de Worms, Sydney Sternjulian Goldsmith,Jcssel,
Montagu, Francis Monteliore, David Salomon, David Sassoon,
Magnus, Saûl Samuel, John Simon, Sebag Monteliore.
Le Parlement compte actuellement 7 membres Israélites : MM.L.B.
Cohen, H. Jessel, H. IL Marks, Sir Samuel Monlagu, Ferdinand de
Rothschild, H. Samuel et A. Strauss.
***
Munich. — La Communauté israéhto de Munich qui compte
8,000 individus a énergiquement protesté contre le projet tendant à
organiser un congrès sioniste dans la capitale bavaroise. Elle a fait
connaître ses sentiments à la population chrétienne dans les
<c Mûnclmer Neuestcn Nachrichten », le journal le plus répandu en
Bavière.
Vienne. — Un curieux procès vient d'être jugé à Vienne entre
deux députés du Parlement autrichien,MM.Mittermayer etSchumeier,
l'un antisémite, l'autre socialiste, à la suite d'injures échangées au
cours de la dernière période électorale.
M. Miltermayer, qui n'est autre que ce garçon de café dont il fut
tant parlé lors de son élection au palais législatif du Rhing, avait
intenté un procès à M. Schumeier, un des compagnons les plus
éloquents de la députation socialiste, parce que ce dernier l'avait
traité de « voleur » dans une réunion publique.
M. Schumeier a bel et bien prouvé au cours du procès que son
adversaire avait « frisé la police correctionnelle » s'il n'avait vérita-
blement volé.
Le tribunal l'a acquitté.
Quant à M.MiÙ.ermayer, que le docteur Lueger a du reste exclu
du parti depuis quelques mois, il va sans doute être obligé de
renoncer à son mandat de député pour reprendre le tablier de
garçon de café 1
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l'univbks israélitk 475
Lemberg. — La princesse Anne de Lorraine a fondé, il y a
qnelqaes années, un dispensaire où les pauvres du pays devaient
recevoir des secours et des médicaments, sans distinction de culte .
Mais les administrations ont refusé Taccès de cet établissement aux
juifs, La Communauté israélite s'étant adressée au ministère de
l'intérieur, ce département a déclaré que les juifs devaient être admis
au dispensaire. Malgré cela, l'administration tient nos coreligion-
naires à l'écart.
»*«
Rome. — D'après le calendrier que vient de publier le grand
rabbin Servi, directeur du Vessillo israeliticoj Tltalie aiu'ait une
population israélite de 4^»9^> individus. A Rome, il y a 7,3oo juifs;
à Trieste, 5,070; à Turin, 4^G<)o; à Livourne, 4j*^''>o ; à Veuise, 2,700;
à Florence, 2,100; à Milau, 1,800; à l'crrare, 1,720; h Aucune, 1,700;
à Xaples et à Padoue, 1,000. L'Italie compte 60 rabbins et 2 collèges
rabbiniques à Rome et à Livourne.
Turquie. — A rentrée des troupes turques à Larissa, principale
ville de Thessalie, les juifs qui, à rencontre de la masse de la popu-
lation, n'avaient pas fui, vinrent en corps au-devant des vainqueurs
pour féliciter Edliem Pascha et appeler sur lui les bénédictions
divines.
Des services d'actions de grâces furent célébrés dans toutes les
synagogues de Thessalie. La raison de cette préférence marquée des
israéiites pour les Turcs est dans ce fait qu'ils n'ont pas oublié les
excès- des (irecs à Corfou en 1891, conséquence de l'inepte accusa-
tion de meurtre rituel et où beaucoup de juifs périrent.
Un isi*aélite grec a déclaré, en outre, que bien que les juifs jouis-
sent de toutes les libertés civiles et politiques^ il leur est impossible
d'obtenir une charge publique quelle qu'elle soit. U avait demandé
une chaire d'hébreu, vacante à l'Université d'Athènes, et il n'avait
pas été nommé, malgré ses capacités reconnues, à cause de sa reli-
gion ; mais on lui dit que, s'il consentait à se convertir, le poste lui
serait confié.
Finlande. — Nos coreligionnaires de ce pays ne jouissent que
de droits très limités. Ils ne peuvent pas former de Communauté ni
avoir de synagogue,et quand un israélite se marie il lui faut quitter
le pays. Or, ces jours derniers, s'est réuni le conseil général ; on y
avait porté certaines résolutions tendant à adoucir Texistence des
juifs. Mais par l'opposition des paysans ces résolutions ont été
rejetées.
Perse. — Le Daily Chronicle reçoit une lettre d'un corres-
pondant de Téhéran, occupant une situation officielle, annonçant
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47^ l'univers ISRAELITE
qu'une persécution terrible est dirigée contre les juifs de la
Perse.
Le Daily Chronicle donne cette lettre sous réserves, mais ajoute
que son correspondant est d'ordinaire bien informé.
11 parait qu'un nommé Sayid a conçu le projet d'exterminer tous
les juifs persans. Il aurait informé les principaux rabbins que tous
leurs coreligionnaires qui n'embrasseraient pas la foi musulmane
seraient exterminés.
Le 9, une fbule fanatique attaqua le quartier juif, saccagecmt les
maisons, traînant dans la rue leurs habitants et les brutalisant.
Plusieurs juifs se sont faits musulmans pour échapper à la persé-
cution.
Les musulmans demandent la sanction du Gheik-ul-lslam pour
exterminer tous les juifs le même jour.
Les juifs ont fait appel à la protection du gouvernement, et le
quartier juif est gardé depuis neuf jours par les autorités avec
beaucoup de difficultés.
La situation est regardée comme si sérieuse que le Schah a
abandonné l'idée d'aller en Europe. *
L'auteur de cette lettre demande l'aide de la publicité de la
presse pour éviter un massacre général.
Pittsburg. — Un journal juif de Pittsburg en Pensylvanie, le Crite-
rion, publie d'intéressants détails sur l'œuvre poursuivie en Amérique
par la baronne de Hirsch en faveur de ses coreligionnaires : Le pre-
mier résultat pratique de la donation d'environ deux millions de dollars
(lo millions de francs) de la baronne de Hirsckpour le soulagement
des juifs russes passés en Amérique vient de se manifester par la
création du « Home Clara de Hirsch pour jeunes ouvières ». La
baronne avait depuis longtemps le désir de faire quelque chose pour
les jeunes ouvrières, pour lesquelles elle a toujours éprouvé une
grande sympathie. Pendant que M. et Mme Oscar Strauss étaient
en Europe, ils ont conféré longuement avec la baronne, et le home
dont nous parlons est sorti de ces entrevues. A la sollicitation de la
baronne, Mme Strauss a visité tous les homes et autres institutions
consacrées aux jeunes ouvrières. Le plan a été définitivement arrêté
pendant une récente visite de Mme Oscar Strauss en Europe.
*
New- York. — M. Jules Goldschmidt vient d'être nommé
consul général des Etals-Unis à Berlin.
**«
Curiosités. — Le professeur Ferroglio de Turin a essayé d'établir
le chiffre auquel s'élevait la population des anciens Hébreux. 11 a
pris pour base de ses calculs le chapitre a^ ^^ 2* livre de Samuel,
qui parle du recensement opéré par Joab sur l'ordre de David. Les
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Google
i
l'univers ISRAÉLITE 477
résultats de cette opération donnèrent 5oo,ooo hommes capables
de porter Tépée dans Juda, et 800,000 dans Israël.
Or, la catégorie des individus aptes au service militaire forme
généralement les 4o o/o de la population . ^ous aurons donc
Israël. Juda.
400/0 800.000 5oo.ooo
600/0 i.aoo.oob 750.000
3.ODO.00O 1.260.000
ce qui fait un total de 3,2oo,ooo. Or, si nous mettons un chiffre
égal pour les individus du sexe féminin, nous obtenons une popula-
tion de 6,5oo,ooo âmes. En partant du chapitre 21 du 1*=' livre des
Chroniques, nous arriverions à une population de 8,464»ooo Hébreux.
•*«
— Nous avons, dans notre dernier numéro, publié, d'après un
journal de Bordeaux, le compte rendu de la cérémonie de l'initiation
religieuse célébrée au temple Israélite de cette ville. Le rédacteur
de la feuille bordelaise, pour éclairer ses lecteurs non juifs sur la
nature de cette cérémonie, avait fait suivre les mots : « initiation
religieuse » de celui-ci, mis entre parenthèses : a communion ».
Cette expression, que nous avions reproduite par mégarde, n'a pas
échappé à rimpitoyable vigilance de M. le docteur Klein, qui nous
a demandé, en termes d'ailleurs spirituels,sous quelles espèces la
communion avait eu lieu. Nous sommes reconnaissant à M. le doc-
teur Klein de l'attention avec laquelle il nous lit ; mcds nous pensons
qu'aucun de nos lecteurs ne s'y sera mépris et n'aura supposé que
M. le grand rabbin de Bordeaux ait présidé à une cérémonie ayant
un rapport quelconque avec la communion des catholiques.
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française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, l'mstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du ly«îée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccc^auréats de rné torique et de philosophie.
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11 Dimanche 11
li Lundi 12
13 Mardi 13
14 Mercredi 14
15 Jeudi 15
16 Vendredi , 16
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 h. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
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Smolenski (Samuel), 13, rue Saint-Paul.
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vard Saint-Gormain, et Mlle Marx (Marguerite), 6, rue
des Hospitalières-Saint-Gervais.
Lundi, 12 juillet^ à 2 h. 1/2, — M. Alexandre (André), homme de lettres,
40, rue Chabrol, et Mlle Fallek (Marthe-Laure), 123,
avenue Wa^am.
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Jeudi, 15 juillet, à 2 heures. — M. Aron (Georges- Elle), fondé de pouvoirs
d'agent de change, 2, rue de Compiegne, et Mlle Lippman
(Louise-Félicité), 13, rue Lafayette.
Jeudi 15 juillet, à 3h. 1/2. — M. Jonas (Adrien), négociant. 90, rue
dHautcville, et Mlle Rothschild (Marguerite), IS, rue
Spontini.
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZâRETH
Dimanche, II juillet, à 1 h. 1/2. — M. Lebel (Charles), tapissier, 1, rue des
Tournelies, et Mlle Erbert (Céline), 55, Tue des Archives.
Dimanche, Il juillet, à 2 heures. — M. Mayer (Salvador), employé do com-
merce à Ncuilly, et Mlle Weil (Eva), 21, pass. Saulnier.
Lundi, 12 juillet, à 2 heures. — M. Lévy (Isaîo), marchand de chevaux,
20 bis, boulevard Voltaire, et Mlle Bloc (Emma-Sara), 31,
avenue de la République.
Lundi, 12 juillet, à 2 h. 1/2. — M. Hirsch (Daniel), représentant de com-
merce, 224, faubourg Saint-Martin, et Mlle Norat (Ger-
maine), 86, boulevard Rochechouart.
Jeudi, 15 juillet, a 2 heures. — M. Katz (Emile), ^il, boulevard Voltaire,-
et Mlle Braunberger (Léonie), 16, rue de Rivoli.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNELLES
Dimanche, Ujuillet, à2 heurua. — M. Abramowitz(yvan), employé à l'agence
maritime, 28, rue de l'Echiquier, et Mlle Klein (Alice),
21, rue du Temple.
Mardi,'l3 juillet, à 1 heure. — M. Bnyer (Maximilien), comptable 132,av.
Parmentier, et Mlle Romanowaki (Suzanne), à Homme
(Russie)
Jeudi, 15 juillet, à 2 heures. — M. Frankel (Simon), limonadier, 35. bou-
levard Edgard-Quinet, et Mlle Mivoslawski (Fanny),
casquctiere, 22, rue Basfroi.
Décès
30 juin Blum (Samuel), 67 ans, rue des Rosiers, l'î.
2 juillet M»ne Heymann (Alfred), née Helft (Sara), 45 ans.
— M"»® Vve Jacob, née Max (Pauline), 76 ans, rue de Paradis, 10.
— Lévy (Léon)) 32 ans, rue Jean-Lan ier, 17.
4 — Schatz (Marcel), 6 semaines, rue Mnrcadct, l'i2.
— Lyon (Maurice), 82 ans, ruo Wnshin^^ton, 39.
5 — JVl«n« Vve Unger (Michel), née Lévy (Marie), 66 ans, rue de TAvc-
Maria, 4.
Le Consistoire a i^hoaneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat ffénéraly 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
11 informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'UNMVBRS ISRAÉLITE 4^5
LES
ProchaiDes Élections Législatives
(Deuxième article)
ËQ essayant dans de précédents articles de nous rendre
compte du rôle que la question juive — puisque nous en
sommes là qu'il y ait une question juive en France — jouera
dans les prochaines élections législatives, nous avons
exprimé la crainte que l'antisémitisme ne pénétrât dans la
prochaine Chambre à Tétat de groupe politique distinct,
qu'il n'y apportât tout son programme de violence et de
haine et ne tentât de le faire prévaloir dans la conduite des
affaires publiques de ce pays. Ces prévisions, que nous
croyions fondées sur une observation exacte et attentive
des événements, ont pourtant provoqué l'incrédulité et
même Téton nement d un grand nombre de nos coreligion-
naires. Nous ne parlerons pas de ceux dont aucun péril
n'est capable de troubler la quiétude, qu'aucune menace
ne saurait distraire de leurs jouissances. Mais il en est
d'autres dont le jugement n'est pas faussé par des préoccu-
pations égoïstes, qui sont au contraire sincèrement émus
de là pénible situation faite au judaïsme par le réveil des
passions religieuses et qui cependant se refusent à admettre
que nous soyons à la veille de voir l'œuvre de la
Révolution elle-même contestée à la tribune parlementaire
cl remise en question devant les représentants du pays.
S'ils reconnaissent volontiers qu'une propagande effrénée
a pu pervertir les esprits et faire revivre dans une partie de
l'opinion d'absurdes et méprisables préjugés, ils la croient
du moins impuissante contre la législation déjà
vieille d'un siècle qui protège, comme un inexpugnable
rempart^ les droits et les intérêts des juifs aussi bien que
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486 l'univers israélitb
les droits et les intérêts de tous les citoyens. Ils estiment
qu'une atteinte portée à la liberté de conscience par la
République serait la plus monstrueuse des contradictions et
partant la plus irréalisable des chimères. Et cette considé-
ration aafIBt pour apaiser leurs craintes et endormir leur
vigilance. '
Il nous semble que ceux qui tiennent ce trop confiant
langage se payent de mots et se contentent d'apparences.
Assurément, nous n'avons jamais pensé qu'il pût sortir
des prochaines élections une majorité nettement anti-
sémite qui serait disposée à accueillir les revendications
du Congrès de Lyon et à mettre les juifs hors de la loi
commune. Mais ce qui est à redouter, c'est que les anti-
sémites ne soient assez nombreux dans la future chambre
pour y devenir un parti parlementaire régulièrement orga-
nisé, susceptible de contracter des alliances avec d'autres
partis et de leur oflTrrr un concours dont les droits de nos
coreligionnaires seraient la rançon. Qui ne sent combien
grandirait dans une pareille situation l'audace des anti-
sémites î Délivrés de tout frein grâce à l'immunité parle-
mentaire, ils ne connaîtraient plus de retenue. Ils ne se
contenteraient plus d'outrager et de menacer ; ils vou-
draient passer aux actes et leurs exigences, qui ne seraient
pas toujours repoussées, se traduiraient souvent pour les
juifs par des vexations et des injustices. La vie deviendrait
bientôt intolérable pour nos coreligionnaires et c'est pour-
quoi précisément nous les supplions avec tant d'insistance
de ne pas perdre de vue l'échéance des éleclions générales.
Malheureusement , beaucoup d'israélites français se
font illusion sur le danger que nous signalons parce
que ce danger semble nouveau, qu'il n'a pas encore
pris de forme palpable et n'apparaît que comme une
éventualité vngue et incertaine de l'avenir. Abusés
par le souvenir des élections qui ont fondé et con-
solidé la République et qui n'ont été qu'une série de
défaites, plus écrasantes à chaque scrutin, pour la réac-
tion politique et l'intolérance religieuse, ils ne se rendent
pas compte du changement profond qui, en ces derniers
temps, sous l'influence d'une campagne poursuivie avec
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l'univers ISRAÉLITE 4^
autant de perfidie que d'acharnement, s'est opéré dans un
grand nombce d'esprits.
Certes, dans les années qui ont suivi la période
du Seize Mai, personne ne se serait avisé, ni dans led
Chambres, ni dans le gouvernement, d'exclure les juifs
du triomphe d'une cause qui se confondait avec' la
leur. C'était Tépoque où le Parlement, par des lois
nombreuses et notamment par les lois scolaires, cherchait
à réaliser la neutralité religieuse jusque dans ses plus
extrêmes conséquences. Celui qui aurait osé parler alors
d'ostracisme ou de suspicion k l'égard d'une minorité con-
fessionnelle aurait paru attenter aux bases fondamentales
de la Constitution elle-même. A ce moment, toutes les
voies s'ouvraient librement devant les juifs et, pour la pre-
mière fois peut-être depuis la Révolution, ils jouissaient,
non seulement en théorie mais aussi en fait, de la pléni-
tude de leurs droits de Français. En eux, s'était incarnée
en quelque sorte la défaite de la réaction cléricale ; c'était
contre eux aussi que plus tard le cléricalisme devait cher-
cher sa première revanche.
It est à peine besoin d'ajouter que pendant plusieurs
années on eût vainement cherché au sein du Parlement la
moindre trace d'antisémitisme. Cet état de choses, le mou-
vement boulangistè ne parvint presque pas à le modifier.
Le boulangisme, qui était né à la même époque que l'anti-
sémitisme, qui procédait des mêmes causes, exploitait les
mêmes mécontentements et spéculait sur les mêmes pas-
sions mauvaises, n'avait été autre chose en somme qu'un
retour offensif des partis vaincus au Seize Mai contre l'avè-
nement d'un régime libéral. Et pourtant, la Chambre élue
en 1889, en pleine crise boulangistè, resta fidèle à la poli-
tique de liberté religieuse et repoussa, comme celles qui
l'avaient précédée , toute distinction de race et de
crojance. Un seul antisémite y entra, M. Francis Laor, et
encore avait-il été élu comme boulangistè et non comme
antisémite. Mais on se souvient que si la Chambre d'alors
ne s'indigna pas des sorties auxquelles M . Laur se livrait
contre nos coreligionnaires, c'est qu'elle préféra s'en
égayer. M. Laur ayant parlé un jour à la tribune de l'expul-
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l'univers israéute
«km des jaife, un miDistre lai dit qa'ime semblable motion
n'obtiendrait qu'âne seule voix, la sienne, et le mit au
défi de la déposer sous forme de proposition régulière.
M. Laur ne releva pas le défi ; et cet agité dut renoncer
au rôle d'agitateur.
Mais qui oserait soutenir que les choses en soient au
même point dans la Chambre actuelle et que l'antisémitisme
ne s'y manifeste jamais qu'à l'état d'excentricité? Sans
doute, il q'y a qu'un seul de ses membres, le comte
d'Hugues, qui ait été élu sous l'étiquette antijuive, et encore
n'est-ce pas sûr. Sans doute aussi aucune proposition
menaçant directement les juifs ne pourrait s'y produire
avec quelque chance de succès. Mais l'antisémitisme, pour
n'avoir pas d'existence officielle à la Chambre et pour y
être môme parfois renié et désavoué, n'y exerce pas moins,
à rétat latent, une notable influence. C'est la divinité pour
ainsi dire invisible et pourtant présente qui a inspiré bien
des discours et présidé à plus d'un vote.
Faut-il citer des exemples à cet égard ? Ëst-il nécessaire
de rappeler le débat qui a pu s'engager sur l'interpellation
de M. Denis, débat qui constituait par lui-même une viola-
tion des lois constitutionnelles, puisqu'il supposait essen-
tiellement l'existence d'une catégorie particulière de Fran-
çais? Et lorsqu'il a fallu fixer le jour de cette interpel-
lation, ne s'est-il pas trouvé une importante minorité, qui
a failli être la majorité, pour en réclamer la discussion
immédiate, comme s'il s'était agi de parer à un péril immé-
diat et pressant? Ne se souvient-on pas également que lors
de l'interpellation de M. Castelin les imputations les plus
calomnieuses purent être lancées du haut de la tribune
contre d'honorables citoyens sans qu'il se fût élevé une
voix en faveur d'absents abusivement mis en cause ? Et
plus récemment, dans la discussion qui vient de se clore
sur le privilège de la Banque de France, n'était-il pas
visible que l'antisémitisme planait pour ainsi dire sur tout
le débat ? N'estrce pas des passions antisémites que s'inspi-
raient certaines propositions étranges, contraires à notre
droit public et pour lesquelles on chercherait vainement
une autre explication ?
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l'univers ISRAÉLITE 4^
II faat nous résigner à voir les choses telles qu'elles
sont. A côté des antisémites déclarés qui réclament ouver-
tement des mesures contre les juifs, à côté des antisémites
honteux qui cachent leurs animosités et leurs préventions
sous un masque plus ou moins transparent, il y a à la
Cliambre un grand nombre de représentants qui, sans
obéir aux préjugés et à la haine, croient (Revoir, par pru-
dence et par politique, ne pas se mettre en travers des
passions qu'une polémique éhontée a allumées dans une
partie de la population française. De là proviennent les
faiblesses et les compromissions que nous avons eu si
souvent à déplorer. Là aussi git toute la gravité de la
situation actuelle. L'antisémitisme est dangereux, non pas
parce qu'il s'est infiltré dans les assemblées politiques,mais
parce qu'il sévit dans le pays avec une intensité chaque
jour croissante. C'est donc devant le pays qu'il faut engager
la lutte. En est-il temps encore? C'est ce que nous nous
proposons d'examiner dans un prochain article.
(A saiçre,) B.-M.
Origines et Évolution du Rabbinat
Si l'on fait de rinterprétation et de l'enseignement de la Loi
Tessence du rabbinisme, on est fondé à dire que celui-ci a
commencé avec les Scribes (o-'-^bid), successeurs des prophètes,
et alors Ezra, qui le premier porte le iiive de Sôpher (Ezr a, Yll y
6; Néhémie, VIII, i), aurait été le premier rabbin. Ezra établit
la Grande Synagogue, qui étendit son activité jusqu'au second
siècle avant Tère chrétienne. Les membres de ce Tribunal
suprême se consacrèrent à Texplication et à Tapplication de la
Loi et fixèrent la jurisprudence religieuse, morale et civile.
D'ailleurs, la Tradition s'était transmise sans interruption de
Moïse à Josué, de Josué aux Anciens, des Anciens aux Pro-
phètes, et de ceux-ci aux membres de la Grande Synagogue
{Pirké Abôth, I, i).
Par suite des persécutions romaines, cette institution
A2.
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490 L'vajyEBs iMutÈurm
diâpamt, et il se constitaa des écoles en Babylonie. La vie
inteUectaelle juive se concentra dans le Beth Hamidrasch. dans
la Ye9chibâh, Les deux principaux »èges d'Académie forent
Soura et Poumbadita. C'est dane ces écoles (jne le docteor, le
maître, le zn, pratiquait son enseignement.
Le premier qni ait reçu le nom de rabbin, c'est Simon b.
Hillel, contemporain du Christ. A ce moment, ce terme devient
cooranl, comme on peut s'en rendre compte en parcourant le
Nouveau Testament (Math,, XXIIl, 7, 8; XXVI, a5,.49; Marc,
IX, 5, etc.). On distinguait le Bab du Rabbi et du Rabban;
Rabban était le titre le plus élevé, il n'a été attribué qu'à quel-
ques rares docteurs. Jusqu'à Hillel, on disait simplement : Un
Tel û\» d'un Tel, sans faire précéder le nom d'aucun titre.
Les sages qui paraissent dans le Talmud et les Midraschim
s'appellent encore Zequénim, 'Ha'hamim, Talmid 'Hahâm,
Tsourba Mérabânân, Hâbér.
A l'époque talmudique, le rabbin était chargé d enseigner
et de prêcher la Bible, de réglementer la vie religieuse, de
rendre la justice. Dans l'école, il dirigeait les débats de ses
élèves, répondait à leurs objections et résumait les discussions.
Parfois même, il jouait un rôle politique, comme Akiba lors
de la révolte de Bar Cochba.
Après les Sôpherim, viennent donc les docteurs, qui élabo
rèrent la Mischna et qu'on appelle Tannaïm (70-aoo), puis les
Amoraïm qui contribuèrent à la confection de la Guemara
fîioo-5oo). A eux succèdent les Sabboraïm (5oo-65o), qui éta-
blirent définitivement le texte talmudique, et la période des
écoles babyloniennes se ferme avec les Gaonim (65o-io4o).
En io4o, l'Académie de Poumbadita cesse de fonctionner,et
de nouveaux foyers de science juive s'établissent en France, en
Espagne, en Italie, en Allemagne et dans l'Afrique septen-
trionale. C'est là proprement la période des Rabbanim, qui se
divise en deux parties : celle des Rischônim (les premiers) et
celle des A'harônim (les derniers). On peut considérer comme
une ère nouvelle celle qm s'ouvre avec les écrits de MendelsBohn
et avec la Révolution Irançaise.
Autrefois, au temps du Talmud, pour être rabbin, il fiillait
avoir reçu l'ordination, la ns-^Oyqui consistait dans l'imposition
des main» du maître sur la tête du disciple. Cette forme de
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l/umTElW ISRAÉLITE 491
consécration était très ancienne en Israël : nous voyons Moïse
la pratiquer à l'égard de Josué {Nombres XXVII, i&, 23; Deiit,,
XXXIV, 9). Le maître décernait à l'élève le titre de n^n (Sanh.,
i3b.: T2-I rrr's Tp). D'après un passage du Talmud, il semble que
le nouveau promu facisait un discours et qu'on chantait des
hymnes et des cantiques.
An XrV* siècle, comme le niveau des études talmudiques
avait beaucoup baissé, le rabbin de Vienne, Méir b. Baruch
Halévi, institua en i365 le titre de Morénou (notre docteur), et
dès lors pouvait seul exercer la fonction rabbinique celui qui
avait reçu ce brevet.
De nos jours les rabbins ne sont plus docteurs, parce que la
Semicha se trouve interrompue ; ils ne sont pas non plus des
prêtres, car c'est aux Cohanim et aux Lévites que la Loi c^^nfère
les fonctions sacerdotales. Nos rabbins se bornent à être des
savants en matière de choses juives et essentiellement des
prédicateurs.
Louis Lévy.
SUR L'ORI&INE DE LA COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE
DE MULHOUSE
Au mois de mai 1873, je fus investi de mes fonctions de
rabbin de Mulhouse. Peu de temps après, je vais en visite chei
M. et Mme Jacques Brunschvrig-Padegay, deux vieillards
imposant le respect par leur âge avancé, dont ils portaient
toute la marque. M. Jacques Brunschwig avait complètement
perdu la vue, mais était doué d'une mémoire vraiment remar-
quable, se rencontrant rarement auprès d'une personne aussi
âgée ; il comptait près de quatre-vingt-dix ans.
Dès que je lui fus annoncé, il me pria de m' asseoir auprès
de lui et me dit : v Soyez doublement le bienvenfu; je vous
salue d'abord comme rabbin de Mulhouse, mais surtout comme
ex-aumônier de l'armée du Rhin.
Je sais qu'à votre départ de Thaun pour vous rendre au
poste d'honneur, vous avez été l'objet d^une ovation de la part
des ouvriers, alors qu'un fabricant a mis gfénéreusement sa
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49^' l'uNIVBRS ISRAÉLITE
Yoitare à votre disposition jusqu'à Wesserling pour vous
rendre de là à Tannée dû Rhin.
Vous avez eu occasion de remplir une bien belle mission de
charité. Parlez-moi d^s batailles auxquelles vous avez assisté,
des officiers et soldats Israélites qui se sont distingués, de ceux
qui sont tombés sur le champ d'honneur, du général Sée né en
Alsace, que je connais depuis longtemps comme un brave et
vaillant militaire et qui, m'a-t-on dit, a été grièvement blessé à
la bataille de Gravelotte. »
Pour des motifs que j'indiquerai plus tard, M. J. Brunsch-
wig était un vrai admirateur du général Sée.
Comme je l'ai déjà dit, M. Brunschwig avait une mémoire
prodigieuse; il se rappelait d'une façon remarquable toutes
les campagnes mémorables de Napoléon I«^, me nommait la
plupart des officiers supérieurs du premier Empire, surtout
ceux qui étaient originaires de l'Alsace.
11 se montrait indigné contre le maréchal Bazaine, qui, dit-il,
a vendu la France, car autrement l'armée française n'aurait pu
être vaincue. Je lui fis quelques observations à cet égard, lui
parlais de l'armement perfectionné de l'Allemagne ; il se mit
dans une vraie colère quand je lui fis ces remarques et ajouta :
« Mais les soldats de la première République avaient un arme-
ment bien inférieur à celui de leurs adversaires ; néanmoins, ils
remportaient toujours la victoire. »
Hanna, la femme de Jacques Brunschwig, qui n'était guère
moins âgée que son mari, me prit à part, me disant : « Les
conversations de ce genre mettent toujours mon mari dans cet
état, il ne faut pas vous y arrOter ; aussi je vais entamer un
autre sujet, qui, j'en ai la certitude, ne vous intéressera pas
moins. Je suis à même de vous fournir des données exactes sur
l'origine de la belle Communauté dont les soins spirituels
vous ont été confiés. »
Mes parents, ajouta-t-elle, ont été les premiers israélites
ayant obtenu le droit de séjourner à Mulhouse, et voici dans
quelle circonstance :
Mon père, qui s'appelait Joël Padegay, habitait la com-
mune de Dornach, où il était un petit commerçant et proprié-
taire d'une bien modeste maison ; c'était après la proclamation
de la première République.
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l'univers ISRAÉLITE 49^
A cette époque, Mulhouse, qui, en juillet 1798, a été
annexée à la France, faisait partie de la Suisse. Les israélites
n'avaient pas le droit d'y séjourner, pas plus que dans les
autres villes de la Suisse ; on leur permettait d'y débiter leur
marchandise du matin au soir le dimanche et le mardi, et cela
moyennant une prestation.
On arrivait aux sombres jours de la Terreur, où Robes-
pierre dominait la France. Schneider, son digne émule de
Strasbourg, promenait le fatal instrument de village en village
dans le Haut-Rhin ; tous les jours on se racontait en tremblant
les victimes de son implacable tribunal. Il avait déjà dépassé
Golmar, se dirigeait vers BoUwiller, non loin de Dornach. On
connaissait, pour ainsi dire, d'avance les personnes dénoncées
comme suspectes et destinées au couteau fatal. •
Tout d'un coup, on parle de sa prochaine arrivée à Dornach
et des personnes désignées comme suspectes. De ce nombre
était mon père, Joël Padegay.
La petite Communauté Israélite de Dornach était dans la
consternation; car, à cette époque surtout, les israélites se
considércdent comme solidaires l'un de l'autre.
Joël n'était pas à la maison, il colportait ses marchandises
dans un village voisin; c'est à la sueur de son visage qu'il nour-
rissait sa nombreuse famille ; il était père de huit enfants.
y C'était en plein été,il ne faisait nuit qu'à neuf heures du soir;
Joël rentre, comme c'était son habitude, vers sept heures pour
ne pas manquer l'ofQce de Minchah ; il était plein de poussière,
la journée était rude mais bonne; il se dirige tout heureux vers
sa demeure, mais est tout stupéfait en voyant la plupart de ses
coreligionnaires de Dornach, hommes et femmes, réunis autour
de sa maison ; il pressent un malheur et s'empresse de
s'enquérir.
Il apprend la fatale nouvelle, a Je mets ma confiance en
Dieu, dit-il, en l'Etemel qui ne délaisse jamais ceux qui comp-
tent sur son puissant appui. »
On lui conseille de partir au plus vite avec les siens et de
chercher un refuge à Mulhouse (i).
(1) On lui conseilla de se réfugier à Mulhouse, ville suisse^Toici pourquoi :
En 1789, où des émeutes s'étaient produites dans les villages du Sundgau et
où les biens et la vie des juils étaient en danger, ceux-ci s'enfuirent et
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494 l'UKIYERS IBRAÉLITE
Malgré les pressaats aTertis6<ements de ceux qui Tentoureut
et rengagent de partir aussitôt, Joël entre dans sa maison,
change de Têtements, se Lave les mains et la figure et se met à
faire la prière de Minchah, mais ayec une ferveur qui arrache
des larmes à tous les assistants, avec une fçrveur, me dit
Mme J. Brunschwig, comme le jour de Kippour.
Après la prière, il fait un paquet dans lequel il place avant
tout ses Tefiliim, différents livres de prière, les Tachrichim
(vêtements mortuaires) de lui et de sa femme ; celle-ci l*ainasse
à la hâte les habits de samedi de tous les siens, en fait égale-
ment un paquet, et tenant un de ses enfants à la main, un autre
sur le bras, s'apprête en versant de chaudes larmes à quitter
avec son mari le gîte domestique.
Joël, l£ cœur ému, approche la main de la Mesousah,et avec
un pieux recueillement dit à haute voix : « C'est en ton secours,
ô Eternel, que j'espère. L'Etemel est mon gardien, il est mon
Protecteur. »
S. MoocK, rabbin,
(La fin prochainement.)
LE COMITÉ DE BIENFAISANCE ISRAÉLITE
Voilà encore une institution qui fait du bien et beaucoup de bien,
et sous toutes les formes, et où les membres du Conseil d'adminis-
tratipit et les Commissaires se prodiguent en intelligents effcHrts. 11
suflit d'ouvrir le Rapport du Comité pour s'en rendre compte. Nous
le résumerons dans ses données essentielles.
Les opérations du Comité de Bienfaisance prennent chaque
année un nouveau développement. Pour l'exercice 1896, les
dépenses se sont élevées à près de quatre cent soixante-dix
mille francs (469,354.35).
Les secours sont de trois sortes : 1° secours aux pauvres
purent atteindre Mulhouse,qui leur offrit un généreux refuge jusqu'à ce que
les autorités eussent partout rétabli l'ordre et la sécurité. Je suis en possession
d'une bien touchante prière dont je vous enverrai la traduction et qui
pendant do nombreuses années fut récitée tous les samedis dans les Syna-
gogues du Sundgau pour bénir la mémoire des généreux Mulhousiens qui
avaient offert un refuge aux israélites persécutés. {Note de l'auteur).
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mserits, à qui ils sont adressés pértodiqneme&t par lams, tri-
mestre ou semestre ;
a* Seoonrs votés en séances du Cafnité, sur demande des
malhenrefix et après enquête ;
3' Secours urgents remis au bureau de la rue Saint-Claude,
chaque Jour, par Tadministrateur de service aux personnes qui
se présentent.
Lés pauvres inscrits sont au nombre de 600 environ —
1,200 personnes ont reçu des secours votés en séances — et près
de 30,000 individus ou familles ont bénéficié des distributions
quotidiennes. Les secours donnés à ces diverses personnes com-
prennent non seulement des sommes d'argent, mais des bons
de pain, viande, fourneau, chauffage, etc. Il a été donné ainsi
notamment aux distributions quotidiennes 49,47^ bons de pain,
13,957 bons de viande, et 52,i34 bons de fourneau.
En dehors de ces secours ordinaires, le Comité a distribué,
au moment de la saison d'hiver, près de 3,5oo bons de chauf-
fage, représentant une dépense de 8,698 irancs.
Des sommes spécialement destinées à aider au paiement des
loyers ont été remises à 2,797 personnes ou familles ; 4^ ont
reçu leur loyer complet, 2,766 un secours partiel. La dépense
totale de ce chef a été de 3i,925 fr. 20.
La distribution des Azymes à Pàque a coûté 19,879 fr. ;
2,072 familles et 4^4 célibataires y ont participé.
Des avances d'argent sous forme de prôts ont été faites à
19 personnes pour une somme de /^^ôo^y francs, sur laquelle il a
été remboursé 2,841 francs.
L'organisation du vestiaire de la rue Saint-Claude permet
de faire des distinbutions de vêtements ; 225 personnes ont pu
recevoir en 1896 des vêtements du vestiaire. Nous ne saurions
trop insister auprès de nos coreligionnaires pour qu'ils pensent
à se débarrasser de leurs vieux vêtements au profit du ves-
tiaire. C'est une façon excellente et peu coûteuse de faire la
charité.
Le Comité doit naturellement son concours aux malades et
il aide les pauvres à se soigner chez eux quand leurs maladies
ne sont pas assez graves pour nécessiter le transport à Thôpital:
2,5ii personnes ont reçu des bons de médicaments pour une
somme de 12,44^ fr* ^^*
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49^ L'uNIYBRS ISRAÉUtB
Il distribue aussi des secours de layettes, des seconi^ aux
malades dans les hôpitaux.
Chaque année le Comité consacre une nomme relativement
importante à des secours de route ou rapatriement, aux malheu-
reux qui yeulent retourner dans leur pays ou aller tenter for-
tune à l'étranger ; 588 personnes en ont profité.
Une des grosses- préoccupations du Comité est désintéresser
aussi activement et aussi intelligemment que possible au sort
des enfants.
Il a pris à sa charge 80 orphelins, qui coûtent 28,670 fr. 5o,
et 457 enfants assistés, pour lesquels on dépense 33,585 fr.
Ces enfants sont sous la surveillance du Comité des
Dames.
Les enfants des écoles im% été habillés par les soins du
Comité.
Des soupes et aliments chauds sont servis en outre à ces
enfants dans les écoles pendant les mois d'hiver.
83 garçons et io3 filles ont été habillés à l'occasion de leur
Initiation religieuse.
Les fourneaux alimentaires ont occasionné une dépense
totale de 62,950 fr, 10. — 207,367 portions ont été servies au
fourneau de la rue Ordener, et 3i8,477 à celui de la rue des
Juifs. Il y a lieu de noter que la vente des bons a produit
40,955 fr. 3o. La dépense nette afférente aux fourneaux n'a donc
été en réalité que de 22,000 francs, en représentation de 525,oo9
portions distribuées.
Le total général de toutes ces dépenses, en y comprenant
les frais généraux, atteint la somme de 4^*^34 fr. 35, en
augmentation de 34,ooo francs environ sur celles de l'exercice
précédent.
Les recettes ont subi de leur côté un accroissement corres-
pondant à celui des dépenses. Elles se sont élevées à
470,262 fr. 46 au lieu de 437,629 fr. 16 l'année précédente.
Le Comité inaugure un nouveau service qui pourra donner
de bons résultats. Il s'agit de l'Assistance par le travail. Le
Comité veut essayer de fournir de l'ouvrage aux femmes indi-
gentes qui s'adressent à lui et de les rémunérer de façon à
encourager au travail une clientèle qui bien souvent en a perdu
rhabitude.
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L'umVERS IBRAÉLITB 497
Il fait faire ainsi des ouvrages faciles, tels que des draps,
serviettes, tabliers, etc., destinés aux diverses institutions de
bienfaisance. Rendons hommage aux efforts continuels tealérpin*
le Comité de Bienfaisance pour tâcher d'arriver à faire de la
charité utile et moralisatrice.
Trop souvent, dans les établissements de charité, les secoui*s
ne profitent qu'à des mendiants de profession, paresseux invé-
térés.
Le nombre de ces professionnels a heureusement diminué ;
ce résultat est dû en grande partie aux mesures prises par le
Comité de Bienfaisance pour se mettre quotidiennement en
rapport avec les nécessiteux qui s'adressent à lui.
Autrefois en effet les pauvres, ne pouvant se présenter au
bureau de secours que deux fois par semaine,étaient insuffisam-
ment connus du Comité. Aujourd'hui, les administrateurs, qui
reçoivent les familles nécessiteuses tous les jours, sont mieux à
même d'exercer sur elles une action utile et bienfaisante.
Le Comité a pu ainsi arriver à élever le niveau moral de
la classe indigente , développer l'instruction et surveiller
les enfants pauvres dans les familles, dans les écoles et dans
les ateliers.
AU PALAIS
Dans une longue série d'articles parus il y a quelque
temps, la Libre Parole, avec ce luxe d'invectives qui constitue
la marque spéciale de sa fabrique, a dénoncé à toutes les auto-
rités les prétendus crimes et délits qu'elle assurait avoir décou-
verts à la charge de la Société des Asphaltes. Des malversa-
tions innombrables auraient été commises ; des vieux trottoirs
hors de service auraient été utilisés à nouveau. Un Anglais était
à la tête de cette Société . De quoi ne peut se rendre coupable
un Anglais ? Tout Anglais n'est-il pas juif ou judaîsant, etc. ?
La Société des Asphaltes n'a pas hésité à appeler ses diffa-
mateurs devant le Tribunal de la Seine ; elle leur réclame
î25o,ooo francs de dommages -intérêts, et elle a confié le soin de
ses intérêts à M* Pouillet, avocat d'un grand talent, qui vient
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49^ L^UNIVERfi ISRAéLTTE
de quitter les fonetions de bâtonnier de Tordre. Le choix d*un
défenseur de cette haute valeur démontre Tintention de la
Compagnie des Asphaltes d*obtenfr une sérieuse réparation
pour Tatteinte portée à sa réputation. Cette Société ne s'est pas
contentée de mettre en cause Tobscur comparse qui Ta atta-
quée. Elle a aussi appelé dans le débat M. le directeur de la
feuille difTamatrioe, Edouard Drumont lui-même, pour répondre
aussi, en sa qualité de chef de la maison, des élucubrations
malfaisantes de son collaborateur. Cest de cette rnterrention
forcée que se plaint avec amertume l'artiste en délations. Il
était à la campagne lorsque la plupart des articles incriminés
ont paru. Il est donc bien innocent. L'avocat, Tancien bâton-
nier qui ne craint pas de plaider contre lui malgré des justifi-
cations si probantes, n'est plus un prêtre du droit ; il est affligé
« d'une pénurie du sens moral ».
Voilà l'ancien bâtonnier bien stigmatisé ! Que sera-ce quand
le tribunal aura statué, et s'il alloue une partie des dommages-
intérêts réclamés, et si Edouard Drumont est obligé de fouiller
dans son escarcelle pour les payer ?
Nous tiendrons nos lecteurs au courant des suites de cette
afl'aire. Elle les intéresse. Nous l'avons dit maintes fois et
nous le répéterons sans craindre la monotomie du refrain; nous
ne devons pas nous lasser de traduire en justice nos diffama-
teurs. Ils ont habitué Leur public aux dénonciations les plus
extravagantes. Ils vivent du scandale. Ils pourront bien en
mourir.
M. Lazare.
-*-«try>K3^T>«-p-
JUIVE-ERRANTE
DE LÉON CLADEL (i)
I^ Juive-Errante est un ouvrage posthume d« Léon Cladel.
Comme l'indique le titre, c'est une juive qui joue le principal
personnage dans le roman : personnage étrange, ayant proba-
blement dans la pensée de Fauteur une valeur symbolique sur
laquelle on pourrait discuter, mais personnage intéressant
(1) Chez Ollendorflf.
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.L'ujnymiB is&ajêlitk 499
d'une juive qui est fière de sa race et s'érige en une. sorte de
déesse pémunératrioe des perséoatiens qu'on itt et fait subir
aux siens.
Au déclin ^'un hiver ^asaec rig^o«ireux« naquit au fond
d'une goi^ de la Rnssie-Rouge, dans one maison rooianle
traînée par des mulets d'Espagne^ un J»out de fillette qu'on
appela Quorah. Elle grandit dans ce char ambulant, où elle
reçoit les leçons de sa grand'mère Agar^ magîciemie resiommée
de Lisbonne à Constantinople. La magicienne prédit k sa
petite-filLe un grand avenir de beauté et de génie dramatique.
Elle l'exhorte à travailler avec ardeur, % lire les grands poètes
çt les oeuvres des historiens d^hier et d'aujourd'hui, qui la ren-
seigneront sur les persécutions auxquelles sa race fut en butte :
« Enfin, lui dit-elle, à toi cette Bible, notre livre à nous, Israé-
lites, qui t'expliqfoera oe qu'est la loi si bîen définie ptar Moïse :
« Œil pour œil, dent poiur dent » ; et cette loi sacrée, tu la
respecteras en l'appliquant demain à nos tyrans, les chrétiens,
ces imposteurs qui disent, eux : « Si quelqu'tm vous fi^ppe sur
» une joue, tendez l'autre », mais qui se comportent autrement
que ne Fordonne leur Evangile, en brûlant, en étrainglant, en
décapitant, en exterminant tous ceux qui se bornent à ne pas
admettre ce qu'ils feignent de croire. . . »
, Qoerah conçoit ainsi pour les persécuteurs de sa nation une
haine qui subsistera toute sa vie.
A son lit de mort, Agar la nécromancienne lui rappelle ses
recommandations et lui fait répéter ces paroles :
« Ici| je jure en présence de ma bisaïeule agonisante de
consacrer ma vie entière au châtiment de nos ennemis les
chrétiens, dussé-je, pour les démasquer et les punir, imiter la
grande Judith, qui ne craignit pas de se livrer à Holopheme
afin de mieux détruire ce fléau de la Judée. »
La vieille meurt en conseillant à sa petite-fille de gagner
Paris, où elle pourra le mieux soutenir la lutte à l'honneur des
siens.
Elle part pour la ville universelle. Elle n'a rien de plus
pressé que d'assister aux représentations des grandes artistes,
et elle ne désespère pas d'éclipser les plus célèbres. Elle entre
au Conservatoire. Elle s'applique au labour et bientôt se sent
assez sûre d'elle pour aborder la rampe. C'est dans le rôle de
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500 L'UNIVBRB ISRAÉLITE
Lady Macbeth qu'elle débute. Elle prend le nom de Stella du
Talion, et pour dérouter les curieux, et pour se rappeler sans
cesse la tâche qu'elle doit remplir.
Stella obtient un succès triomphal ; trois heures durant, elle
est saluée de délirantes acclamations. Chaque soir est une nou-
velle étape vers la gloire pour cette juive « pâle et brune comme
Diane auréolée ainsi que la déesse antique d'on ne sait quels
halos lunaire, et dont la voix métallique a tantôt Tâpreté du fer
et tantôt la douceur de l'or » .
La voilà célèbre: elle est adulée de tous, elle est invitée par-
tout. On veut savoir de quel pays et de quelle famille elle sort.
Elle répond qu'elle a dû voir le jour non loin du Jourdain.
... « Avec vos grands yeux noirs fendus en amande, vos
épais sourcils presque barrés, votre nez un peu busqué, beau-
coup même, il ne serait pas étonnant que vous soyez...
Ils aspirèrent le mot qui leur chatouillait les lèvres et s'escri-
mèrent à forger une assez sotte périphrase.
— Eh bien ! quoi ?
— ... De la race de Saul, de David et de Salomon.
— Et par conséquent de celle aussi de Samson et de Dalilah!
Qu'ils veillent à leurs cheveux, ceux qui en possèdent encore
quelques-uns. »
L'éclat de sa beauté et de son génie met tous les hommes à
ses pieds, et elle devient l'objet des plus furieuses cpnvoitises.
Il n'est pas jusqu'au cardinal Umella, « nonce de Sa Sainteté
catholique, apostolique et romaine le pape Pie IX », qui ne
vienne l'assaillir de brûlantes déclarations ; et elle repousse les
plus belles offres et demeure pure de toute souillure. Des hom-
mes souffrent terriblement et même se tuent pour elle, mais
elle demeure impassible, ayant pour seul désir de venger sa
race.
Un des passages les plus intéressants du livre, c*est celui où
le chef des antisémites français vient, lui aussi, faire sa cour à
la belle Stella du Talion.
« Chez je ne sais plus qui, raconte Stella, pendant un raout,
un lunch ou bien un fiçe o'clock, un bizarre polichinelle sans
bosses, aux doigt crochus et le nez recourbé comme le bec d'un
ara, m'était apparu. Bien qu'il se fût escrimé de son mieux pour
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l'univers ISRAÊLITB ^ 5oi
attirer mon attention sur lui, jeneTavais pas encore remarqué,
lorsque d'une voix aiguë il expectora cette saillie :
» — Oui, quatre millions ; il emporte quatre millions et
demi, ce larron, et, pour ma part, je n'ensuis pas étonné :
sémite ou filou sont synonymes. Abraham Mijock est Tun et
l'autre ; on se souviendra de lui...
» — Mais, intervins-je avec quelque àpreté, se rappellera-
ton pareilïement le Grand Français qui vient de subtiliser plus
d'un milliard à ses compatriotes? Serait-il, par hasard, Israélite
aussi, dites ?
» Il fut tellement interloqué, le courtaud que j'avais ainsi
mouché, qu'il ne s'exposa plus à ce que je l'interpellasse de
nouveau.
» — Cet Aztèque-là, questionnèrent en même temps plu-
sieurs personnes, quel est-il ?
» — Ah ! vous ne vous êtes jamais assoupis sur ses libelles ;
un clérical de la plus belle eau. Pour lui, tous les démocrates
actuels sont youtres ou progénitures de youtres, y compris
Ledru-RoUin, Blanqui, Michelet, Barbes, Hugo, Garibaldi,
Manin et Gambetta.
» — Gomment diable s'y prend-il, ce monsieur, pour
établir cela?
» — Dame ! il l'affirme avec un toupet d'enfer un peu par-
tout.
» — Tiens, tiens ! et ce métier lui rapporte beaucoup ?
» — Pas mal. une cinquantaine de mille francs par an envi-
ron, et c'est assez pour l'exciter à persévérer dans l'industrie
qu'il pratique.
» Il y avait là, ce me sembla-t-il, im certain mystère à
découvrir, et point n'y faillis.
» Il ne manquait d'audace ni de fiegme,et ce ne me fut point
aisé que de l'amener à s'ouvrir à moi. J'y réussis pourtant et
plus que je ne l'aurais cru. Certain soir, il m'avait apporté les
derniers pamphlets qu'il avait produits contre les Hébi^eux, et
n'ayant à ce moment-là personne à mes trousses, il me fut très
facile de m'entretenir avec lui .
» — Ces enfants de Sion, lui demandai-je sur un ton des
plus affables qui l'engagea sans peine à me parler s^ns détours,
vous les détestez donc bien ?
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5oa l'ukithm is^a^utb
» — Oui, de to8les mes forces, et, tant qae je serai de ee
monde, ils n'y -verront p«s de pire ennemi que moi.
» — N*insis4e2 pas, oo tous croit sur parole. Ëh ! mais que
leur reprochez-vous?.. . Auriez- voss em, par exenpie, à souHrir
des manigances de Tun d*entre eux ?
» — Ils sont abominables, tons, sans exception, et si je les
exècre, c'est uniquement parce que je suis chrétien.
» — Ah ! vous m'en dires tant !... Tout s'explique alors.
» S'aperçut-il que je le raillais, il ne répliqua rien et parut
s'absorber dans une profonde méditation durant laquelle, à son
insu peut-être, en crispant ses poings, il répétait à chaque
instant :
« — Tas d'agioteurs et de fripons !
» — A mes yeux, lui repartis-je avec une pointe d'ironie qui
le piqua, vous n'êtes pas équitable à leur égard... »
Et Stella s'épanche dans un long discours sur les juifs, à
qui elle fait le singulier reproche « d'être réfractaires
au progrès et d'aimer les despotes ». Généralement, ce n'est
pas par une grande tendresse pour le monarchisme que pèchent
les juifs, ni par manque d'initiative.
Quoi qu'il en soit, l'antisémite pousse sa déclaration et
menace de se tuer si Stella le rebute. Mais elle réplique fière-
ment qu'elle s'est cent fois juré de n'appartenir qu'à l'un de
ceux contre qui sa plume s'exerce.
« Cette déclaration imprévue et formulée avec énergie le
confondit et Tatterra.
D Les traits décomposés et l'œil hagard, il courba la tête et
pendant dix minutes au moins il s'absorba dans des pensées
que ne trahirent aucun mouvement, aucun geste, aucune
syllabe. Enfin, il secoua la torpeur qui le paralysait, et je n^en
crus pas mes oreilles en percevant très distinctement ce brusque
aveu:
n — Je suis juif aussi, mademoiselle, ou, du moins, je le
fus. Oh ! de grâce, un moment encore, écoutez- moi.
» Sous le règne de l'empereur de Russie Nicolas \^ Paulo-
witcb, à la fin de la guerre de Crimée, je naquis en la princi-
pasté de Finlande, auprès des eaux du golie de Botnie. En me
mettant au monde, ma mère, que je déplore de n'avoir
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L DNivsas laaAÉLiTs 5o3
connue, expira. Uanteur de mes jours, ayant charge d*àmes et
plongé dans la plus noire misère, essaya de tous les moyens
pour procurer du pain à ses mal*mots, dont j'étais le dernier-né.
Partout^ à cause de sa religion, il fut très mal accueilli.
1» — Mon cher, lui signifièrent ses protecteurs, d'origine
chaldéenne ainsi que lui-même, il faut de deux choses Tune : ou
que, pour vivre, vous abjuriez, oh ! de la booehe seulement, la
foi de vos pères,o« que vous vous résigniez à mourir d'inanition
avec vos pauvres petits. Si vous pouvez prendre sur vous de
recevoir le baptême selon les rites de l'orthodoxie grecque» on
vous sauvera, vous et les vôtres ; sinon, non ! A vous de choisir
en de telles extrémités.
« Après avoir résisté longtemps à ces exhortations « il se
parjura, de même que sous Louis XIV, le faux grand roi de
France et de Navarre, agirent les Huguenots de la Capitale et
de la Province pour échapper aux galères ou bien à l'exil, et
dès lors il obtint un maigre emploi dont nous vécûmes cepen-
dant, mes consanguins et moi, tantôt dans le Caucase et tantôt
dans la Bessarabie ; or, c'est grâce à moi que non seulement mes
frères et sœurs, aujourd'hui naturalisés russes, sont à l'abri du
besoin, mais que j'ai même acquis par mon travail une certaine
fortune.
» — Oui, sans doute, mais comment donc l'avez-vous
gagnée?
» — £h ! non pas ainsi que je l'aurais souhaité,mais comme
j'ai pu.
» — Brisons là, tenez ; et, d'ailleurs, est-ce vrai, ce que
vous m'affirmez ici ?
w — Telle est la vérité, la pure vérité ; je vous le jure sur
le Dieu de Moïse et de Jacob,que je n'ai répudié que contraint
et du bout des lèvres.
» — Dans ce cas-là, repris-je, expliquez-moi votre acerbité,
votre cruauté contre ceux qui, meilleurs que vous, ont gardé
leurs croyances et les conserveront, quoi qu'il leur en coÀte,
jusqu'au tombeau.
» — J'en fus réduit là.
» — Réduit à sjpéeuley sur la vente des toines iniiMiibrables
qvud vous avez rédigés, et dans chaque page desquels vous
prodiguez, avec tant d'acrimonie et de venin, les plus sanglants
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5o4 l'univers ibraélitb
outrages à ceax-là mêmes à qui vous devriez vous efforcer
d'apporter des consolations et des encouragements ! Ah I c'en
est assez, allez- vous-en d*ici !
» — Si tel est votre bon plaisir, mademoiselle je suis d'ores
et déjà prêt à faire amende honorable de mes erreurs, de mes
fautes et de mes crimes.
» — Y consentiriez- vous réellement ?
» — Oui, j'écrirai pour Tamour de vous ma confession
publique, où j'exposerai avec mon repentir les rétractations que
je vous ai formulées ici ; pardonnez-moi ; j'espère qu'entraîné
par votre exemple chacun aussi m'absoudra.
» — Non, pas de pitié pour vous,m'écriai-je dans un accès de
fureur inouï, pour vous qui n'êtes plus chrétien ni juif et ne
serez désormais, aux yeux de tous, qu'un double renégat, un
transfuge I adieu, nouvel Iscariote; adieu, graine de Judas !
» Humilié,contrit,tout dolent, il sortit en chancelant sur ses
pieds comme un imbriaque, et c'est à peine si en se retenant à
la rampe de l'escalier, qu'il avait gravi moins vieux de dix ans,
il le redescendit sans s'abattre.»
La grande artiste se montre dans toutes les capitales
d'Europe et partout elle est acclamée avec frénésie.
Puis elle va à la recherche de son cousin Esaû, à qui aux
premiers temps de sa jeunesse elle avait promis de s'unir pour
la vie. Mais il avait dû partir, Esaû, « haut de taille, avec son
exquise (igure p&le encadrée de longs cheveux blonds qui lui
baignaient la nuque », il avait dû partir en Amérique. Bientôt
un journal avait annoncé que son navire s'était perdu corps et
biens, et Stella avait pleuré son ami. Quand, six années plus
tard, elle apprend qu'Esaû a échappé au naufrage, elle se met à
sa recherche et, <^ pauvre juive errante, condamnée à marcher
ainsi qu'Ahasvérus courant sans cesse à travers l'univers, sa
besace en bandoulière et son bâton à la main », elle va dans
toutes les directions, jusqu'à ce qu'elle retrouve enfin, dans
une petite rue du Quartier Latin, Esaû marié avec la douce,
affable et angélique Myriem.
Stella reconnaît qu'il est de son devoir de s'immoler au
bonheur de ce ménage,et elle dit adieu à Esaû.
La vie, avec ce qu'elle traîne de vol, de fraude, de fourberie
et de violence, pèse à Stella du Talion chargée de célébrité.
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l'univers ISRAELITE 5o5
Dans son château de Barfleur, existe une fontaine pétrifiante ;
elle s'y plonge pour dérober son corps aux larves et pour cris-
talliser à jamais ses belles formes : elle fait ainsi d'elle-même sa
propre statue.
Louis Lévy.
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rue de Provence 5
Lehmann iL.), 20, rue du
Petit-Musc 5
Le rabbin L*«vy (Raphaël) 5
Picard, 108, blv. Voltaire 5
Scheid(Elie) 5
»ooSoo-
Nouvelles diverses
Bayonne. — D*un de nos correspondants :
Après bien des tâtonnements et des difficultés nous avons enfin,
grâce au zèle de notre Consistoire et surtout du Comité de Schéhita,
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5o6 l'univbrs I9RA]6lite
l'institution si hjgîéniqaede la Schéhita fonctionnant d'ane manière
irréprochable.
Bayonne possède trois boucheries de cascher ; chacune d'elles est
pourvue d'un Schomer. Les viandes envoyées à nos coreligionnaires
sont entourées d'une bande de papier cacheté et portant le sceau
du Schomer. Ces viandes avant d'être introduites dans les bou-
cheries sont sacrifiées, visitées soigneusement par des Schohétim,
qui marquent à l'abattoir le bétail reconnu cascher. M. Gabriel
Pereyre, notre distingué et sympathique mohél, auteur d'un traité
de Schéhita, est chargé de l'inspection générale. On ne peut que le
féliciter du dévouement qu'il met dans ses fonctions si délicates.
Ces quelques lignes suffiront pour avertir les étrangers Israélites
orthodoxes qui viennent à Biarritz à la saison d'été qu'ils peuvent
se pourvoir en toute confiance dans nos boucheries autorisées.
#*#
Mostaganem. — Les six personnes arrêtées à la suite des trou-
bles récents de Mostaganem viennent d'être condamnés à un mois
de prison avec application de la loi Bérenger (!1).
Alsace. — Wolfisheim, près de Strasbourg, a dans notre Alsace
le record des inaugurations religieuses. On y a inauguré successi-
vement une Synagogue, un Parochet et un Sépher-Tora ; ce dernier,
tout récemment, le 19 juin. Le tout, sous la direction de leur grand
rabbin -et rabbin M . WelU, de Strasbourg, qui a émerveillé, par son
discours de samedi matin Parasch Bekealotecha, non seulement les
fidèles Israélites, mais les nombreux chrétiens, maire et notabilités
en tête, qui assistaient avec une religieuse sympatliie à la foie de
leurs concitoyens sémites. Et rien n'a manqué à la belle cérémonie :
ni le superbe binyan, où, après l'office de vendredi soir, on a chanté
en chœur le Schalom Alechem, ni le magnifique cortège, juifs et
chrétiens mêlés sous le dais nuptial, ni les innombrables niische-
berach et nedarim de tous les membres de la Communauté appelés
à la Tora l'un après l'autre, ni les banquets joyeux et copieux, ni
enfin le bal où les jeunes gens s'en sont donné à cœur joie, ni la vive
satisfaction d'avoir une fois de plus manifesté notre inébranlable
attachement à l'immortelle religion d'Israël. Bravo ! chers Wolfishei-
luiens î « Chedwas Adonaï hé maùschem ». — Simon Lévy, rabbin.
Angleterre. — Un service reUgieux a été célébré la semaine
passée h Ramsgate pour l'anniversaire de la mort du vénéré sir Moses
Montefiore.
— Un israéUte éminent. Sir John Simon, vient ^e mourir à
Londres. Pendant vingt ans, il avait occui>é uii sièg^e au Parlement,
sans se laisser détourner un instant de ses devoir» d'israélite qu'il
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l'ukivbhs israélits 5o7
remplissait avec une ardente passion . Le Jewish Cknmicle consacre
dotne coknmes à la YÎe de cet homme de bien qui honora singu-
lièrement rAngleterre et le judaïsme.
— M. et Mme Léopold de Bothschild ont invité au château de
Gunnersburg cent cinquante ouvrières qui y ont reçu une hospitalité
royale. Une vingtaine de dames leur firent les honneurs du parc,
leur faisant admirer les sites les plus pittoresques et les plus inté-
ressants. Puis elles prirent place à des tables couvertes d'argenterie
et de fleurs où un substantiel repas leur fut servi. Après avoir
mené les invitées à travers les somptueux appartements, les dames
commissaires les conduisirent à la gare où un train spécial les
attendait.
»*«
Berlin. — Depuis la mort de l'illustre Dubois-Reymond, la
Faculté, appelée à se prononcer sur le choix d'un candidat à la chaire
de physiologie, avait désigné le professeur Ilermanc Munk, célèbre
pour ses travaux de la phrénologie. Mais par deux fois on a écarté
en haut lieu le professeur Munk, parce qu'il est Israélite. Cependant
il ne faut pas désespérer, car l'Université de Berlin compte comme
professeurs ordinaires deux Israélites, MM. Trauhe et Goldsebmidt.
Leur noQiination n'alla pas non plus sans encombre, mais enlln on
triompha des résistances.
411
* #
— Le président de la Prusse occidentale a refusé à un Israélite
russe l'entrée d'un gymnase sous prétexte qu'à proportion de la
population les juifs étaient déjà trop nombreux dans ledit établis-
sement.
***
Municli. — Le congrès sémite n'aura pas lieu à Munich; d'après
une communication du Dr Herzl, il aura lieu à BAle.
Autriche. — Le député du Parlement autrichien M. Thomas
Szajer, qui appartient au parti du i)ère Slojalowski, l'agitateur
antisémite et socialiste de Galicie, vient d'être condamné par le
tribunal de Rzeszow à huit mois de prison, avec jours de jeûne,
pour avoir ofTensé publiquement le nom de l'empereur, et immé-
diatement incarcéré, par suite de la suspension de l'immunité parle-
mentaire.
C'est le quatrième député à qui pareille mésaventure arrive
depuis la clôture de la session du Parlement.
#*#
Galicie. — On se plaint amèrement qu'aucun des députés
Israélites envoyés an Reichsrath n'ait pris la parole contre les excès
qui ont eu lieu à Chodorow. ..
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5o8 l'univers ISRAÉLITE
— Tarnow, en Galicie, a été le théâtre d^ane attaqae révoltante
contre les Israélites, qui étaient allés, selon leur habitude, se pro-
mener le samedi dans un jardin public. Une petite flUe de leur
société vint à cueillir une fleur et le gardien la chfttia cruellement.
La mère et les amis de Tcnfant l'arrachèrent presque mourante des
mains de ce sauvage, mais ce dernier, dont la soif de vengeance
n'était pas encore assouvie, appela les jardiniers qui, aidés d'une
bande d^ paysans, se précipitèrent sur les juifs présents dans le
jardin ; Fun d'eux fut tué et plusieurs autres blessés dangereu-
sement. Le lendemain, un des blessés succomba.
D'après les rapports, la police n'a rien tenté pour arrêter ces
excès.
Czernowitz. — Le professeur Hilberg a été nommé recteur de
notre université.
***
Russie.— Le prince Abamolek Lazareff, riche noble russe, qui va
se marier avec Mlle Marie Demidoff, se nommait Abraham Lazarus.
Par son origine Israélite, il peut être placé à côté des quatre g^ndes
familles princières de Bagration, Davidoff, Imerietinski et Musranski
de Russie, et aussi de la famille princière de Géorgie, les Guriel,
qui toutes sont fières de leurs ancêtres Israélites.
»*•
Bessarabie. — Des israélites fortunés ont le dessein d'établir
des colonies agricoles juives dans ce pays.
*
Perse . — Le général Nazare Aga, ministre plénipotentiaire de
Perse à Paris, dément dans les termes suivants la nouvelle donnée
par un journal anglais d'un massacre des juifs persans par leurs
compatriotes aryens :
€ Il faut remonter loin dans l'histoire de la Perse pour y trouver
de graves conflits, entre les populations aryennes, juives et catho-
liques, qui, depuis de nombreuses années, vivent en très bonne
intelligence et en toute liberté de conscience.
ï> L'avènement du nouveau monarque n'est pas fait pour rompre
cet état de choses, bien au contraire. »
#*#
Curiosités. — Dans ses études sur la peste du bétail, le pro-
fesseur Koch a découvert que la bile des animaux atteints de cette
maladie renferme une quantité considérable d'antitoxine. Or, les
rabbins semblent s'être aperçus de cette propriété. Parmi ceux que
le Talmud autorise à rompre le jeûne du Kippour se trouve
l'individu mordu par un chien enragé. Cet individu devra manger
au plus vite certaines parties du foie.
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•Ion mal des Principes Conservateurs du Judaïsme
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Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23.)
SOMUIAIRE
Calendrier de la Semaine.
Les Fonctions rabbiniques.
Le Péril Judéo- Maçonnique.
Royalistes ET Juifs.
Sur l'Origine de la Communauté Israélite de Mulhouse.
A Oran.
Israélites de Perse.
Etat de la Civilisation Israélite sous les Jur.Rs.
Correspondance.
Dons en paveur des œjvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
R.ixe de TVavarin, V^ I^airis
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France, Algérie, AlBaoe-Loxiraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
Etranger : Un an, 25 Ir. — Six mois, 14 fr.
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43
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aepuis avril 1Ô95 se trouve dans les meilleures conditions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, Thistoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, Fms traction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de renseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a® section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lytîée Gondorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccfuauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1806, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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17 Samedi (Fin du sabbath à 8 h. 40) 17
18 Dimanche ... 18
19 Lundi 19
iO Mardi 2(i
21 Mercredi 21
22 Jeudi 22
23 Vendredi 23
Heures des Offices
Soir (semaine et rendredi) : 6 h. 12.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Damenie-Nazareth (saoaedi matin), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelles (samedi matin),
7 h. 1/2; semaine, 7 lueures.
Bar Mitzçf^ah
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Elgrod (Michel), 9, rue Aubriot.
Weîller (Emmanuel), 9» rue Louia-Blanc.
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNBLLES
Kobn (Robert), 10 bis, rue Eugénie (Safat-Mandé) .
Décès
8 juillet. M»» Dttbowski (Rebeeca), 18 ans, rue do l'Hôtel-de- Ville, 18.
— Haas (Gabriel), 60 ans.
— Uermann (Maurice-Meyer), 6 mois, à Charapigny.
— M™« Vre Mayer (Jacob), née Moyse (Julie), 67 ans, rue
Picpus, 76.
— M"« Beskin (NaFm), née Bermann-Fega, 30 ans, rue de la
Roquette, 90.
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s juillet, Lazourik (Henri), 2 ans, rue de Crimée, 152.
Il — Lévy (Blanche), 7 mois, Hôpital Trousseau.
— Libowski (Maurice), 8 mois, rue de l'Hôtel -de-Vi lie, 18.
13 — M^ïc Vve Lazard, née Hayem ^Brunette), 68 ans, rue Monge. 8.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat généraly 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
11 informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
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l'univers ISRAÉLITE SlJ
Les Fonctions Rabbiniques
Bien des israélites, dans notre pays, n'ont que des
notions assez vagues sur le rôle des rabbins (i), et la ques •
lion même qu'un lecteur de ï Univers Israélite adresse à ce
journal en est la preuve. M. Léon Blum demande s'il y
avait autrefois des rabbins, quelles étaient leurs fonctions,
leurs attributions? Dans le Pentateuque, dit-il, nous trou-
vons le cohen, le lévi, les juges, les chefs de tribu, mais
nulle trace de rabbins.
Avant d'aborder la question soulevée par M. Blum, il
faut d'abord distinguer entre le mot rabbin et les fonctions
désignées par ce mot. Le terme de rabbin vient de Tara-
raéen raby qui veut dire grand, chef, maître. Le titre élait
accordé, à l'époque talmudique, aux chefs d'école et à ceux
qui avaient science religieuse étendue. En Palestine, on
emplojait la forme rabbi (mon maître), plus rarement
rabban (notre maître); en Babylonie on disait rab (abrégé
de rabbi). Dans les dernières générations des docteurs de
Guemara le titre de mar, synonyme de rab, élait aussi
usité. Plus tard encore on prit l'habitude de faire précéder
tous les noms d'hommes du litre de rabbi, qui est devenu
ainsi l'équivalent de monsieur. Il est clair que dans la Bible,
qui est écrite en hébreu, on ne peut trouver le mot rabbin.
Mais les rabbins existaient-ils sous d'autres noms ? Il
faudrait, au préalable, savoir ce que nous entendons par
rabbin. Dans les éloges que M. Blum accorde à nos
(1) On se fait mémo parfois une idée bien étrange do leur ministère.
Certains do nos coreligionnaires se figurent que nos rabbins doivent fabri-
quer des mariages. On nous raconte que, dans la ville de X., le rabbin reçut
la visite d'une do ses ouailles, qui lui dit : « Je viens vous trouver, Monsieur
le rabbin, pour un mariage. » Notre pasteur, croyant qu'on venait lui deman-
der do bénir une cérémonie nuptiale, s'informa du jour et de l'heure. —
« Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit, observa le solliciteur. Je viens vous
prier de trouver un mari pour ma fllio. — Mais je ne suis pas schadhhan î
— Alors, pourquoi vous a-ton nommé rabbin? Votre prédécesseur s'occu-
pait de cola, et votre devoir est de vous en occuper aussi. » Le rabbin ne put
se débarrasser de l'importun qu'en le mettant à la porto.
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5l8 L'tJNIVEftS ISmjLÉLlTE
pasteurs, il semble ne voir en eux que les orateurs prenant
la parole aux solennités religieuses, ainsi qu'aux mariages
et aux enterrements. Or, en dépit de ropinion ordinaire,
la prédication n'est pas la plus importante attribution des
rabbins. A vrai dire, j'ignore si les fonctions des
rabbins ont été jamais définies d'une manière précise. Le
rabbin doit ou devrait être le chef de la Communauté.
Mais à côté de lui il y a le président du Consistoire ou
l'administrateur de la Communauté. On pourrait soutenir
que le rabbin estle chef spirituel des fidèles, tandis que le
président du Consistoire ou l'administrateur en sont les
chefs temporels; mais la distinction entre le spirituel et le
temporel est dlflicile à établir quand il s'agit d'une Com-
munauté religieuse. Cela est si vrai qu'on voit les Consis-
toires et les administrations intervenir dans les questions
intéressant le culte. Qui est le maitre, dans la synagogue:
le rabbin, le président du Consistoire, le président de
l'administration ou le chef des huissiers? D'autre part, les
rabbins ont souvent à s'occuper des affaires financières de
la Communauté ; ils sont souvent trésoriers des oeuvres
de charité.
En principe, le rabbin est chargé de répandre et de
défendre la religion. C'est pourquoi il doit prêcher et
donner l'instruction religieuse. C'est son domaine parti-
culier, mais il peut s'adjoindre le hazzan et l'instituteur.
De plus, comme il est le chef de la Communauté, il
doit intervenir dans toutes les oMivres de bienfaisance
intéres2»ant la Communauté entière, ainsi que dans l'éta-
blissement du budget. Là, il agit de concert avec les
Consistoires et les administrations.
Enfin, par l'instruction qu'il a reçue et la moralité qu'il
doit posséder, il est tout naturellement désigné pour être
le conseiller et le confident de ses ouailles. Il donne des
avis éclairés aux fidèles qui hésitent sur le chemin à suivre,
il les console quand ils sont dans la peine. Cette tâche, il
la partage avec tous les hommes d'intelligence et de cœur.
On voit que si, par certains côtés, le rôle du rabbin se
rapproche du rôle du prêtre chrétien, à d'autres points de
vue il est complètement diiférent. Le rabbin et le curé
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l'univers ISRAÉLITE 5l9
sont les représentants de Dieu, mais le rabbin se charge
seulement d'enseigner les volontés divines ; c'est un juris-
consulte de la morale et de la religion, mais un juriscon-
sulte ayant un pouvoir actif. Le curé représente la divinité
d'une façon beaucoup plus directe, grâce aux sacrements ;
il donne à l'homme le salut éternel par le baptême ; sans sa
présence, le mariage est nul, et c'est lui qui donne l'abso-
lution aux mourants, Notre religion juive est trop convaincue
de la faiblesse humaine pour reconnaître des pouvoirs
pareils aux rabbins. Elle réserve à Dieu seul le pardon des
fautes. Le rabbin n'intervient pas à la naissance de l'enfant.
Il n'est pas indispensable pour le mariage, car l'union reli-
gieuse est accomplie quand le tiancé remet l'anneau à la
tiancée devant deux témoins, en récitant la formule tradi-
tionnelle. Le discours du rabbin, comme le chant et les
Heurs, ne sert qu'à embellir la cérémonie. On a encore
bien moins besoin du rabbin pour mourir et être enterré.
Les prières et l'éloge funèbre, s'il y a lieu, peuvent être
récités par le premier venu. Mais les habitudes chrétiennes
ont tellement influé sur nos mœurs qu'un mariage ou un
enterrement sans rabbin paraîtrait une monstruosité, et
dans beaucoup d'endroits, sinon partout, c'est sur des
événements de ce genre que compte le rabbin pour vivre.
Il n'y a pas bien longtemps, la principale attribution
du rabbin consistait à donner des consultations reli-
gieuses. Le droit de pasqeneu (prendre des décisions)
lui était réservé, et il obtenait ce droit en recevant le titre
de morénou (notre docteur). En théorie, il a conservé cette
fonction, et les élèves du Séminaire font de longues études
talmudiques pour s'y préparer ; mais, en France tout au
moins, on n'adresse plus guère de Scheélot aux rabbins;
chacun s'accorde le droit de prendre des décisions reli-
gieuses pour soi-même ou pour les autres .
A l'époque talmudique, au moyen-Age, et jusqu'à nos
jours, dans certains pays, les. rabbins avaient le droit de
juridiction civile, car les Communautés juives, pour les
contestations entre israélites^ pouvaient s'adresser à leurs
propres tribunaux. Les rabbins étaient donc des juges.
Avant la domination romaine, alors que la Judée était
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O^O L UNIVERS ISRAELITE
indépendante, ils avaient naturellement le droit de juri-
diction criminelle. Le Talmud donne des règles détaillées
sur l'organisation des tribunaux ou sanhédrins. Les lois
religieuses n'étaient pas alors séparées des lois civiles ; la
Thora comprend les unes et les autres ; les sanhédrins
avaient donc aussi bien à régler les procès qu'à prendre
des décisions sur des questions purement religieuses. Cette
organisation remonte très haut. M. Léon Blum se trompe
donc, quand il dit qu'il n'y a pas trace de rabbins dans la
Bible. Les juges sont les prédécesseurs de nos rabbins. Ils
enseignaient les lois et les faisaient exécuter.
Les prêtres pouvaient naturellement siéger parmi les
juges ou même former des tribunaux spéciaux. Dans le
Pentateuque (Deut., XVll et ailleurs), les prêtres sont mis
en parallèle avec les juges. Mais ils ne doivent pas être
regardés comme les ancêtres spirituels des rabbins.
Car les rabbins laïques n'avaient pas à intervenir dans
les cérémonies du culte. On pourrait plus justement dire
que les prêtres ont été remplacés par les hazzanim, puisque
la prière a remplacé les sacrifices . En fait, après la destruc-
tion du temple, il n'y eut plus de sacerdoce. La bénédiction
sacerdotale même avait déjà auparavant été introduite dans
le Schemoné-Esré . bien que, d'autre part, on conservât
l'habitude de la faire réciter les jours de fêles par les
Kohanim.
Mais, si nos rabbins n'ont pas succédé aux prêtres, ils
peuvent, comme prédicateurs, se rattacher aux prophètes,
dont plusieurs étaient en même temps des juges. Moïse, le
prophète par excellence, jugeait en dernier ressort.
Samuel est juge et prophète. On consulte Jérémie ,
Ezéchiel et Malachie sur les questions politiques ou reli-
gieuses. Les prophètes unissaient l'éloquence de la parole
à 1 énergie de l'action. Ils ne craignaient pas d'adresser
d'amers reproches aux Israélites, mais aussi ils les conso-
laient et les encourageaient par leurs discours et leurs
exemples.
En résumé, il y a toujours eu des rabbins, car il y a
toujours eu ded hommes se consacrant aux intérêts moraux
et religieux de leurs frères. Les noms changent et parfois
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l'univers ISRAÉLITE 521
aassi les fonctions, mais il n'y a pas de solution de conti-
nuilé. Espérons qu'il y aura encore longtemps des rabbins,
qui chercheront le bien de leurs coreligionnaires en les
cclairant sur leurs devoirs et en leur servant de modèles
de piété et dé vertu.
R. ï.
Le Péril Judéo-Maçormique ^'^
PAR A. TILLOY
En 189,), ÏAvenir de Biskra conviait la TAbre Parole à
ouvrir un concours sur le sujet suivant :
« Des moyens pratiques d'arriver à Tanéantissement de la
puissance juive en France, le danger juif étant considéré au
point de vue de la race et non au point de vue religieux. ^
« Il serait délivré, ajoutait la feuille algérienne, au meilleur
travailjUne médaille d'honneur en or vierge, c'cst-à-dirc n'ayant
jamais été touché par une main juive. »
Vous pensez bien que la Libre Parole ne se fit pas tirer
l'oreille et qu'elle établit sans tarder le concours.
A la date du i*' juin 1896, i5o manuscrits étaient arrivés au
14 du boulevard Montmartre. Un jury fut constitué, qui compre-
nait MM. Maurice Barrés, le colonel de Brémond d'Ars, Paul de
Chamberet, Denis, député, Julien Dumas, député, le docteur
Dupouy,Urbain Gohier,du Soleil, le vicomte d'Hugues, député,
Bernard Lazare, Millevoye, De Montfort, député, Godré,
de la Vérité^ De Pontbriand, député, Rouyer,Edmond Turquet,
Charles Vincent, de la Gazette de France, le colonel Wilbois.
Mais M. Bernard Lazare, peu de temps après, donna sa
démission.
Le 7 novembre, les résultats furent proclamés.
Deux mémoires obtinrent le premier prix ex œquo. La
Librairie antisémite vient de publier un de ces mémoires, qui a
pour titre Le péril Judéo-maçonnique et pouv huïeuv M. A.
(1) Librairie antisémite, boulevard Montmartre, l'i.
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oaa l'univers israélitb
Tilloy, lauréat et membre correspondant de F Académie de
Màcon et de la Société académique de Châlons (saluez devant
ces académies de province, qui poursuivent leur labeur dans la
modestie du plus grand silence !)
Une chose m'étonne, c'est que la Libre Parole n'ait publié
qu'un seul mémoire. Pourquoi nous avoir privés des jouissances
intellectuelles que les autres i49 manuscrits n'auraient pas
manqué de nous procurer? D'autant que cela aurait fait marcher
r « Idée », comme on dit dan^ le cénacle.
Je soupçonne que cela a dû être bien pauvre comme littéra-
ture et qu'on a eu peur des gorges chaudes ; ou bien ces travaux
avaient-ils une valeur telle que le « Maître » craignait qu'ils ne
fissent tort à la vente de ses propres ouvrages et ne portassent
un coup à sa gloire de chef d'école ? Au lecteur de choisir entre
ces hypothèses, jusqu'au jour où le prophète Elie viendra tran-
cher nos doutes en nous révélant la vraie vérité sur les pensées
de M. Drumont.
Pour ce qui est du livre de M. Tilloy, il faut reconnaître
qu'il est écrit dans une langue claire, qu'il est bien composé et
qu'il évite généralement la grossièreté inhérente au genre
antisémite. Mais, pour le fond, il ressasse pour la dix-millième
fois les erreurs et les calomnies répandues contre les juifs.
Ainsi, dans le chapitre sur la Psychologie du Juif, M. Tilloy
nous retrace le fameux parallèle de l'Aryen et du Sémite,
parallèle stupide s'il en fut, comme si l'Aryen pur existait et
comme si tous les 9 millions de juifs qui sont par le monde et
qui ont subi les influences tyranniques des civilisations, des
climats, des éducations les plus diverses, offraient l'image d'un
type unique, partout et toujours identique à lui-même. Il serait
temps de mettre au rancart ce parallèle et de l'envoyer rejoindre
tous ceux dont les professeurs de rhétorique d'autrefois étaient
si friands.
Quelle est « l'idée mère et dominante de la race juive, l'idée
dont elle poursuit la réalisation avec une indomptable obstina-
tion qu'aucune déception n'a jamais pu ébranler ni décou-
rager ? C'est l'idée de conquête et de domination universelle au
profit d'Israël ».
A cet endroit, l'auteur nous semble donner un coup de
boutoir à la logique. « Au Messie personnel, conquérant et roi,
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l'univers ISRAÉLITE 5a3
dit-il, ils ont substitué l'idée d'an peuple Messie, d'une démo-
cratie juive, privilégiée et appelée à dominer tous les autres
peuples », et il cite comme preuve cette parole de Stamm :
« Le royaume de la liberté universelle sur la terre sera fondé
par les juifs. » Or, si les juifs poursuivent « la liberté univer-
selle », il est contradictoire de leur prêter l'ambition de former
« une démocratie privilégiée », puisque dès qu'il y a privilège
il n'y a plus liberté universelle. Et eflectivement, c'est l'idéal
du judaïsme de délivrer les hommes de l'esclavage matériel et
moral sous toutes ses formes et d'élever l'humanité au culte du
Dieu un et unique. Jusqu'à preuve du contraire, nous nous
obstinerons à croire que c'est là une tâche plus belle que cellç
qui consiste à souffler la haine contre certains hommes et à
damner tous ceux qui vivent hors de l'Eglise.
Il va sans dire que le livre a son petit chapitre sur le Talmud;
il va sans dire aussi que l'auteur n'en connaît pas un traître
mot, qu*il est incapable de le lire, qu'il puise par conséquent
ses assertipns dans des ouvrages d'apostats ou d'antisémites.
Et alors il nous séH la formule accoutumée : « Ce Code, obliga-
toire pour tous les juifs, est tout ce qu'on peut imaginer de plus
contraire aux principes de moralité, de justice et de sociabilité,
reçus n«n seulement chez les peuples civilisés, mais même chez
les peuplades sauvages. » Donc, coreligionnaires mes amis, nous
sommes an-dessous des cannibales ! et tout ce qui se commet de
crimes dans « Paris la nuit », ce sont les juifs qui en sont les
auteurs. Ce que c'est tout de même que d'être antisémite! On
découvre une foule de choses dont le commun ignore le premier
mot, et la police trouverait dans les compagnons de Drumont
de précieux auxiliaires.
Quiconque déplaît à M. Tilloy est juif, c'est le procédé
classique. Oyez plutôt : a Sémites et Maçons mettent le feu dans
les clubs (en 1789), dirigent les émeutes sur Versailles, sur les
Tuileries, sur l'Assemblée nationale, et se ruent sur les diamcmts
de la couronne. Le juif Cagliostro invente l'odieuse légende du
Collier contre la reine; le juif Simon martyrise l'enfant royal
enfermé dans la tour du Temple. » Ayez pour assuré que si
demain Léon XIII faisait une chose qui n'eût pas l'approbation
de la Libre Parole, il serait convaincu lui aussi de judaïsme.
Il y a le trémolo inévitable sur le décret Crémieux et Taccu-
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5^4 l'univers ISRAÉLITE
sation « qu'Anglais et juifs se concertent pour se rendre maîtres
d'Alger ». L'auteur observe que « ce dire n'a pas été démenti ».
Eh, mon cher monsieur Tilloy, s'il nous fallait démentir toutes
les inepties que vos pareils publient sur notre compte, nous
n'aurions pas assez de îi4 heures par jour, nos glandes sali-
vaires seraient bientôt taries et nos pouces seraient vite para-
lysés par la crampe d'écrivain. Et, encore, si l'on obtenait un
résultat! Mais voilà tantôt vingt siècle» que nous nous évertuons
à réfuter les billevesées antisémites, et nous vous voyons vous
et tous vos acolytes les resservir avec la même naïveté ou la
même malveillcmce.
Le cliché sur V Alliance israélite universelle avait sa place
marquée dans un ouvrage sur le péril juif. « L'Alliance n'affîchc-
t-elle pas ostensiblement la prétention que les Tables de Moïse
doivent dominer le monde et remplacer la croix et le crois-
sant ? »
L'auteur évalue la population juive à 18 millions, ce qui est
très flatteur pour nous, attendu que, cette population étant en
réalité de 9 millions, M. Tilloy affirme par là qu'un juif vaut
deux non juifs.
Vous ne saviez pas, chers lecteurs, que « plusieurs hôtels de
3* ordre, situés dans la rue de Trévise, servent d'habitation
aux rabbins et aux notabilités israélites qui viennent à Paris
pour se concerter avec les chefs àeV Alliance ». Nous serions
reconnaissant à M. Tilloy de nous désigner par leur nom ces
hôtels et de nous dire si par hasard V Union chrétienne de la
Jeunesse, qui se trouve dans la même rue, ofl*re quelquefois
l'hospitalité aux afliliés de V Alliance.
Le livre de M. Tilloy dénonce aussi l'entente entre Israël et
la Franc-Maçonnerie, entente terrible dont Diana Vaughan a
dû révéler les sombres menées aux confesseurs de Léo
Taxil : « Toutefois, le crédit de la secte commence à décliner
et il pleut à verse sur le temple et sur la synagogue. » Morale :
munissez- vous de parapluies î
Les juifs ont tout l'argent et « à part quelques exceptions
forment une race parasite, essentiellement improductive, qui
s'est enrichie aux dépens des travailleurs ». Toute la presse
est entre les mains des juifs, tout le chapelet y passe.
Les protestants reçoivent aussi leur petit paquet : toutes les
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l'univers ISRAÉLITE 5^5
hautes fonctions de TEtat sont dévolues à des protestants.
« Le parti protestant est un parti anglais », voilà Taccusation
qu'on lance contre deux millions d'individus qui dans toutes
les circonstances ont donné les preuves du plus vaillant patrio-
tisme !
M. Tilloy a une curieuse façon de célébrer la noblesse des
catholiques de France ; il les appelle « fils de la sueur qui
arrose le blé ». C'est plutôt bizarre.
Après avoir étalé le mal, M. Tilloy indique le remède, qui
consisterait à « interdire aux juifs de posséder la moindre
partie du sol rural de la France et de l'Algérie ; à abolir le
décret qui a donné aux juifs les droits de citoyens français,
ainsi que le décret Crémieux, à demander l'expulsion des juifs
du commissariat, de l'armée, de l'entrée des ministères, etc. »
Nous espérons qu' « il pleuvra encore quelquefois sur les
synagogues », pour employer une expression chère à M. Tilloy»
avant que ces mesures soient prononcées contre les juifs, et en
attendant nous nous ferons un plaisir de nous promener sur
le boulevard Montmartre en grillant de bons cigares, dont la
fumée montera en délicieuses spirales d'encens jusqu'aux
narines d'Edouard Drumont et de ses disciples.
Louis Lévy.
*^ CiltfB'» —
Royalistes et Juifs
JJAiwnir de Ronbaix publie les statuts du Comité royaliste
qui vient de se fonder à Lille et qui n'est probablement qu'une
succursale d'un Comité central fonctionnant à Paris. L'article
premier définit ainsi le but de cette Association :
Article i^. — Le Comité royaliste de Lille a pour but de tra-
vailler activement au rétablissement de la Monarchie tradiliounellc
et nationale, représentée par Monseigneur le duc d'Orléans, et de
défendre, par tous les moyens, les vrais intér(Hs de la France, de
rKglise catholique et des classes laborieuses.
L'article a porte ce qui suit :
Art. 3. — Pour èlre admis, il faut :
•
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5a6 l'univers ISRAÉLITE
10 Etre Français : les juifs ne peuvent donc ex faire partie;
7f> Etre âgé d'au moins dix-huit ans.
Le journal auquel nous empruntons cette information fait à
ce sujet les réflexions suivantes :
Ce qu'il y a d'amusant — entre autres détails comiques — dans
le prospectus royaliste, c'est Texclusion des juifs de la conspiration
orléaniste, sous le prétexte qu'ils ne sont pas Français.
On aurait pu trouver une autre explication, car, à ce point de
vue, les officiers et soldats israélites tués sur les champs de bataille
en défendant la patrie ne méritaient pas cet outrage rétrospectif.
Mais on ne peut exiger d'une bande de conspirateurs d'opéra-
boufle de se montrer sérieux, logiques et soucieux de la saine
raison .
Us parlent comme des étoumeaux et agissent avec une légèreté
en rapport avec leurs déclarations.
C'est plutôt drôle que tragique ; néanmoins, nous le répétons, il
y a là un mouvement qui se produit d'une façon manifeste et qu'il
conviendrait d'enrayer.
Des tentatives de ce genre peuvent amuser les républicains. Il
ne faudrait pas trop, toutefois, dédaigner de pareils agissements, car
il pourrait arriver une heure où les républicains se verraient obligés
d'entrer en lutte contre une organisation lentement préparée et soli-
dement échafaudée.
11 y a des illusions dont il convient à un gouvernement prudent
et sage de ne point favoriser, même par dédain, le développement.
SUR L'ORIGINE DE LA COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE
DE MULHOUSE
(Suite et fin.)
Tout d'un coup, on voit venir à pas précipités un vieillard,
la figure ornée d'une longue barbe blanche comme TalbAtre,
les yeux vifs, la taille haute, la démarche droite et fièrc et
tenant un long bâton à la main, mais dont il ne se servait pas
comme appui .
Spontanément la foule s'écarte pour livrer passage à ce
beau vieillard , dont la tenue commandait le plus grand
respect.
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l'univers ISRAÉLITE 5:27
Le vénérable arrivant s*approche de la femme de Joël et
lui dit : « Hanna, j'ai faim, je n'ai rien pris depuis ee matin et
j'ai parcouru un long chemin. »
Hanna lève les regards, contemple le vieillard avec surprise
et s'assure aussitôt*qu'elle ne se trouve pas en présence d'un
de ces mendiants nomades qui, jeunes et vieux, affluaient dans
les Communautés Israélites du Haut-Rhin : elle les connaissait
pour ainsi dire tous, savait leurs prénoms, comme eux connais-
saient également le sien .
Il faut dire que Hanna pratiquait les vertus domestiques
avec un rare talent. C'est avec des paroles toujours sympathi-
ques et bienveillantes que les malheureux, les nombreux pau-
vres du dehors furent accueillis dans sa demeure. Tous les
jours, deux ou trois de ces déshérités de la fortune partageaient
son modique repas. C'e^ ainsi qu'elle remplissait envers les
étrangers et cela dans une touchante et sainte forme, les devoirs
sacrés de l'hospitalité, et c'est ainsi que les pauvres du dehors
prononçaient et se rappelaient avec la bénédiction dans le
cœur le nom de Hanna de Domach.
Mais elle n'était pas moins aimée et appréciée des pauvres
de la localité ; car la veille des Sabbats et jours de fête, elle
chargeait des enfants, à tour de rôle, de porter une bonne part,
des meilleurs mets dus à son grand talent d'excellente cuisi-
nière.
Tous les pauvres la connaissaient, la louaient, Taimaient et
l'estimaient.
« — Ce noble et digne vieillard qui me demcoide l'hospitalité
et que je n'ai jamais vu, qui peut-il être ?» se dit-elle.
« Le Seigneur, loué soit son saint nom, aurait-il déjà exaucé
l'ardente prière de mon mari ? Serait-ce un envoyé de Dieu ?
est-ce peut-être Elie le prophète, le protecteur permanent des
juifs persécutés ? »
Et de dire : « Hélas! mon bon et vénérable coreligionnaire, il
ne m'est pas donné de remplir en ce moment, envers vous, les
devoirs sacrés de l'hospitalité ; un grand danger plane sur moi
et les miens ; nous sommes obligés de chercher nous-mêmes un
abri , nous sommes obligés de fuir. Mais voici la clef de notre
Hudson; entrez, servez- vous à votre guise. Je mets tout à
votre disposition ; puissé-je contribuer à voti*e soulagement. »
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r>a8 L*UNIVRR8 ISRAÉLITE
Le vieillard, au lieu d'entrer dans la maison, dont la clef lui
avait été remise, suit Joël et les siens avec des yeux dont jail-
lissent la bonté et la commisération; sa belle taille se redresse,
il lève les mains, et d'une voix retentissante, au point que tous
les assistants inclinent respectueusement la tête, il dit :
« Jevorechecho Haschem Veyischmarechechoh. »
« Dieu vous bénisse et vous préserve. »
Joël et les siens se dirigent vers Mulhouse. Le souvenir du
vénérable vieillard ne quitte pas un instant la pieuçe Hanna.
Ah î c'est sûrement, dit-elle à son mari, c'est sûrement un
Malach, un ange, un envoyé du bon Dieu ; c'est le saint pro-
phète Elie, qui a déjà si souvent apporté son bienfaisant con-
cours aux israélites en détresse.
En route, Joël dit à sa femme qu'il comptait sur l'assistance
d'un brave homme de Mulhouse, M. Laed, membre du Conseil,
exempt de tout préjugé contre les israélites et qui, en différentes
occasions déjà, lui avait rendu des services.
Non seulement il lui achetait régulièrement des marchandises,
mais déjà bien souvent il lui avait fait des avances d'argent,
quand il s'agissait de transactions commerciales pour lesquelles
ses ressources étaient insuffisantes.
Joël ne fut pas déçu dans son attente. Arrivé uvec les siens
chez M. Laed, il raconte à celui-ci le danger auquel il se trouve
exposé, et, le visage inondé de larmes, il le supplie d'offrir un
refuge à lui et aux siens.
M. Laed, un digne et brave homme, dont on ne saurait assez
bénir la mémoire, n'hésite pas un instant. Malgré la loi défen-
dant rigoureusement le séjour des juifs à Mulhouse, il accueille
Joël et sa famille éplorée avec des paroles réconfortantes et
leur assigne deux chambres au second étage de sa maison.
Le séjour d'une famille juive qui comptait plusieurs jeunes
enfants ne pouvait pas rester longtemps ignoré, d'autant plus
(ju'à cette époque la population de Mulhouse n'était pas bien
grande. Aussi M. Laed ne perd pas de temps ; il fait d'activés
démarches auprès des personnages les plus influents de la ville,
qui étaient en grande partie de ses amis ; il plaide chaudement
la cause de la famille Joël, fait usage de tous les arguments que
les devoirs d'humanité fournissent. Ses démarches sont couron-
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l'univers ISRAÉLITE 5ï29
nées de succès ; le séjour de la famille Joël à Mulhouse, d'abord
toléré, devient définitif.
La bénédiction divine a suivi Joël à Mulhouse ; il prospère
dans ses affaires, au point qu'il devient bientôt propriétaire
d'une maison dans Timpasse des Bœufs.
Plein de reconnaissance envers le Seigneur, qui Ta miracu-
leusement délivré d'un danger imminent, puissamment secouru
dans son travail quotidien, il fait vœu,en inaugurant sa maison,
d'en consacrer le premier étage à un local de prière dès que
Mulhouse comptera le nombre de familles Israélites voulu
pour former une Communauté.
Cette promesse, il l'a saintement remplie ; c'est dans sa
maison que fut installé plus tard le premier Temple de la
nouvelle Communauté Israélite de Mulhouse.
Joël avait fait un autre vœu encore : de ne jamais oublier le
concours salutaire que M. Laed lui avait prêté.
M. Laed était un homme de bien dans toute l'acception du
mot ; il avait certainement agi avec désintére<isement ; il
n'obéissait à d'autre mobile, en recueillant les malheureux
fuyards, que de se conformer a des devoirs d'humanité ; il
cherchait donc à se soustraire à toute reconnaissance, de
quelque manière que cela fût. Cependant Joël insista, fit
1 impossible pour écarter tout scrupule, fit tant que M. Laed
accepta tous les ans, sa vie durant, un vêtement complet choisi
dans la meilleure draperie des magasins de Joël.
Le calme revient partout en Alsace ; le règne de la terreur
avait cessé ; Joël et sa femme se rendent à Dornach pour visiter
la modeste maison qu'ils avaient dû abandonner en toute
hâte.
Arrivés sur place, ils trouvent la clef sur la porte de leur
maison, au grand élonnement des habitants israélites de
Dornach, qui, en passant bien souvent devant cette maison, en
voyaient toujours la porte bien close et n'y ont jamais aperçu
de clef.
La surprise est bien plus grande encore, quand Joël et Hanna
visitent leur ancien domicile; tout y est dans le plus parfait
ordre, tout k la même place qu'au jour où ils ont pris la fuite.
« Ah î je le savais bien, dit Hanna ; ce beau vieillard qui s'est
présenté au moment de notre départ et que personne n'a voulu
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53o l'uNIVBRS ISRAÉLITE
ni pu reconnaître, c'était un envoyé du Seigneur, c\|^ait le
bienfaisant Elie le prophète, c'est lui qui .a Teitl^-^UP nous et .
notre maison ; c'est la sainte bénédiction qu*il nous a donnée au
moment de notre départ qui nous a protégés et nous a porté
bonheur ; que sa sainte mémoire soit bénie ! »
Ici c'est M. J. Brunschwig qui prend la parole et continue
ainsi le récit de sa £emiDe :
« Peu d'années après, alors que quelques autres familles
israélites des environs étaient venues se fixer à Mulhouse, une
grande fôte eut lieu dans la maison de Joël, à laquelle furent
invités non seulement le peu d'habitants israélites de Mulhouse,
mais encore beaucoup de coreligionnaires des environs et parti-
culièrement les hommes marquants de tout le Haut-Rhin qui
parleur piété,leur savoir et leur charité, faisaient honneur à notre
culte ; c'était l'inauguration au premier étage de la maison de
Joël du premier Temple de la Communauté israélite de Mul-
house.
Sur la demande de tous les assistants, deux personnages
occupaient à cette fôte des places d'honneur : c'étaient Joël et
M. Laed. Les fidèles suivaient avec une attention, un recueil-
lement et un intérêt particuliers le développement de deux
discours prononcés sur cette circonstance ; l'un avait pour texte :
Rs. i32, IV, V. « Je n'accorderai pas de sommeil à mes yeux,
ni d'assoupissement à mes paupières, jusqu'à ce que j'aie trouvé
un lieu digne d'être consacré à l'Eternel. »
Le texte de l'autre discours était : Sanhédrin io5, « Les
» Justes de toutes les nations ont part à la vie future. »
Naturellement les regards de tous les assistants se* portaient
pleins d'admiration et de reconnaissance sur Joël et M. Laed.
Ce récit, qui fut souvent interrompu par les observations et
rectifications de M. J. Brunschwig et qui dura plus d'une heure,
m'avait vivement intéressé et impressionné ; naturellement je
fis la part de la légende.
Je pris congé des deux vieillards, m'excusai de les avoir
quelque peu fatigués, et promis de revenir dans quelque temps.
« Oh ! oui, me dit M. J. Brunschwig, j'y tiens, car vous m'avei
promis des détails sur votre campagne de Metz. »
S. MoocK, rabbin.
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l'univers ISRAÉLITE 53 1
A ORAN ^
\ rf«
Nos lecteurs connaisseiit le rôle singulier joué lors des der-
niers troubles par la police d'Oran, que dirigeait le fameux
commandant Pephau, président de la Ligue antijuive. La fai-
blesse que cette police a montrée pour le désordre méritait une
répression, et un exemple était nécessaire. Et, en effet, on a
révoqué un agent de la police municipale, auquel on a reproché
d'avoir été trop moii. Mais c'est précisément un agent de confes-
sion Israélite , le nommé Benhayoun, qui a été frappé. Cette
bizarre justice distributive a été appréciée comme il convenait
par le représentant du ministère public, M . le substitut Ville-
neuve.Le 3 juillet dernier, le tribunal correctionnel d'Oran avait
à juger deux individus qui avaient pris part au pillage de
magasins juifs. L'ex-agent Benhayoun venait d'être entendu
comme témoin. Le courageux magistrat prononça à cette
occasion les paroles suivantes :
Messieurs,
L'affaire qui vous est soumise est suftisamment claire. Mais
depuis que difFérentes poursuites de cette nature se sont déroulées
devant le tribunal correctionnel, mes paroles ont eu, paratt-il, une
certaine portée. Et pourtant la première fois j'avais pris spontané-
ment la parole, poussé par les circonstances. Aujourd'hui, je tiens
à ce que mes dires aient une portée et j'entends mettre en pleine
lumière le point suivant : « C'est que le tribunal a vu aujourd'hui
à l'audieiice un agent de police suspendu de ses fonctions pour
avoir été trop mou . »
Or, sur tout le personnel de la police municipale un seul agent a
fourni des renseignements : il y en a eu un seul qui, se trouvant
absolument isolé dans la rue deMostaganem, ne pouvait pas arrêter
les individus troublant Tordre et le pouvait d'autant moins qu'en sa
qualité d'agent de police Israélite il aurait immédiatement été écharpé
par les manifestants.
Cet agent a pourtant fait son devoir en donnant un rapport
ôrconstancié ; il a encore fait son devoir en venant désigner devant
M. le juge d'instruction les individus qu'il avait reconnus et
MU* le compte desquels il s'exprime dans des termes si précis et
avec «me assurance telle que le tribunal ne peut pas douter de sa
parole.
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532 l'univers ISRAÉLITE
C'est à la suite de sa déposition que cet agent a été suspendu,
sous prétexte qu'il avait agi avec trop de mollesse.
Eh bien, je le répète, parmi tout le perscHinel de la police d'Oran,
cet agent est le seul qui ait désigné des auteurs des méfaits qui se
sont commis les 20, qi et aa mai.
Je n'ai pas autre chose à dire.
On se servira de mes paroles comme on voudra, mais j'ai
conscience d'avoir fait mon devoir la première fois, de le refaire
encore à. cette audience, et j*irai jusqu'au bout — prenant la pleine
responsabilité de mes actes et de mes paroles.
Les deux prévenus furent condamnés, pour bris de clôture,
Tun à ï mois d'emprisonnement et a5 fr. d'amende et l'autre
(un Espagnol) à 3 mois d'emprisonnement et 25 fr. d'amende.
ISRAELITES DE PERSE
Les journaux anglais publiaient à la (In du mois de juin
divers renseignemenls sur des attaques dont les Israélites de
Téhéran avaient été l'objet de la part de la population musul-
mane. On parlait de massacres et de pillage. Ces rumeurs ont
été démenties par la Légation de Perse à Paris ; mais les faits
qui y ont donné lieu ne paraissent pas pouvoir être contestés.
Un correspondant de Bagdad communique à V Alliance^ sur
ces incidents, les renseignements sui vants :
En Perse, un fait constant esta remarquer. Toutes les fois qu'un
prêtre veut sortir de l'obscurité et se faire un renom de piété, il
prêche la guerre contre les juifs. C'est ce qui vient de se produire à
Téhéran. Saïd Rihan Allah, hier encore ignoré de tous, s'est rendu
tout à coup populaire par son fanatisme intransigeant. Il se plaignit
de ce que les israélitcs de Téhéran ne se distinguassent de leurs
concitoyens musulmans par aucun signe extérieur et il promulgua
une décision, une fetn'j, aux termes de laquelle nos coreligion-
naires de la capitale devraient porter une rouelle sur la poitrine et
se couper les cheveux pour se distinguer des musulmans dont le cou
est protégé par une opulente chevelure. Les Israélites protestèrent
contre cette décision et s'en plaignirent au Souverain. Mais que
])ouvait la faiblesse d'un monarque contre le fanatisme audacieux
des mollah? Ceux-ci furent intlexibles. Et à toutes les instances du
Chah et de ses ministres ils répondirent que la question ne regar-
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l'univers ISRAjâLITB 533
cliiit pas les autorités civiles, qu'elle toachuit aux intérêts de la
religion. Abandonnés par le gouvernement, les juifs n'acceptèrent
cependant pas rhumiliation qu'on voulait leur imposer, et leur
résistance exaspéra la colère de leurs ennemis. Rihan Allah
donna ordre à ses disciples d'exécuter sa sentence par la force.
Le 14 du mois de iyar, une bande de fanatiques cerna les
maisons Juives, les prit d'assaut et força les habitants à porter la
rouelle infamante.
Le soir du môme jour le jeync fils d'un scud s'était attardé dans
le quartier juif. Ses parents vinrent Vy chercher. Ils le trouvèrent
presque nu. Ils accusèrent les Israélites de l'avoir dépouillé pour
l'assassiner ensuite. Aussitôt ils se mirent à crier, invitant les
musulmans à tirer vengeance de ce prétendu attentat. La populace
excitée se disposait à faire une attaque en règle contre nos pauvres
coreligionnaires quand un haut personnage intervint, apaisant le
plaignant en lui promettant que la justice retrouverait et châtierait
les coupables.
Après ces tristes scènes de Téhéran, il est à craindre que le
fanatisme ne s'exalte davantage dans les provinces et qu'il ne s'y
produise des faits plus douloureux encore.
Ces faits ont été portés par le Comité central de V Alliance
à la connaissance du ministère des Affaires étrangères de Paris
par une lettre dont voici le principal passage :
Obliger les Israélites à porter la rouelle et à adopter une coupe
spéciale de cheveux n'est pas seulement leur infliger une honte
indigne de notre temps ; c'est les désigner par un signe infa-
mant à la haine et au fanatisme de la populace aveugle, c'est
les exposer aux plus graves périls. Le gouvernement du Chah
ne peut rester indifférent aux observations que le représentant de la
France lui présenterait sur cette question ; aussi faisons-nous appel
à toute votre bienveillance pour que des instructions soient adres-
sées pour cet objet au ministre de France à Téhércm.
\J AnglO'Jewish Association, de son côté, doit appeler sur
ces événements graves l'attention du Foreign Office,
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5'54 l'univers ISRAÉLITE
Etat de la CiTilisation israélite soas les Jages ^'^
... 11 se faisait dans la conscience d'Israël on trayail lent,
continn, dont on suit les manifestations à travers l'histoire des
derniers Juges.
Le sentiment de la protection individuelle et d'une justice
d'Etat s'était développé. Le patriotisme était en germe dans
l'amour de la Terre promise. On sentait que . les tribus cher-
chaient à serrer les liens trop lâches qui les unissaient, tels que
la langue, la race et surtout la croyance en un protecteur céleste,
infini comme l'espace, infini comme le temps, créateur des
mondes et des êtres, qui pensait pour son peuple, veillait sur
lui, résidait au milieu de lui. . .
Sous la protection des centres habités, à l'abri des incur-
sions des Philistins, des Amalécites et de leurs innombrables
ennemis, les Israélites ensemençaient les meilleures terres en
orge et en froment ; ils y cultivaient même la vigne et l'olivier.
Dans les jardins arrosés grandissaient des figuiers, des grena-
diers et des palmiers. Mais la récolte des grains et des fruits
n*excédait guère les besoins de chaque famille. Comme aux
jours de TExode, comme au temps des patriarches, le troupeau
était la représentation réelle de la fortune et la mesure de la
richesse . . .
Dans cette population de laboureurs et de pâtres, la rusti-
cité de la demeure cadrait avec la dureté de la vie. La maison,
grossier assemblage de blocs à peine ébauchés et de mortier de
terre, se réduisait à une ou deux pièces éclairées par la porte,
divisées au moyen de rideaux ou de tapis de laine et couvertes
d'une terrasse de pisé fort épaisse.
A la place d'honneur se dressaient les teraphim, images
informes de génies pénates. De ci, de là, des meubles en côtes
de palmier, des poteries très vulgaires, des peaux de chèvres,
des toisons de brebis.
Au milieu de chaque bourg s'élevaient quelques maisons
(1) Extrait du livre de M. Dieulafoy sur le Roi David.
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l'univbrs israblitb 535
dominant la niasse uniforme des constractioBs. Elles compre-
naient un premier étage, mieux isolé que le rez-de-chaussée et
affecté sourent à l'appartement des femmes. En ce cas, on gar-
nissait les fenêtres d'un treillage de bois analogue aux mou-
charabiés des habitations arabes. Ces pièces, nommées aliâh
par les hébreux, signalaient les habitations des gens puissants.
Mais qu'elles fussent ou non surmontées d'un étage, les mai-
sons étaient couronnées d'un parapet. Le Deutéronome #n fait
une obligation formelle (XXII, 8).
La simplicité des mœurs paraissait même dans le costume.
Aussi primitifs que la demeure ou le mobilier, les vêtements
se réduisaient à quelques draperies destinées à défendre le
corps contre les excès du froid ou du chaud. La matière en
était fournie par les produits textiles du pays, la laine, le poil
de chèvre ou le lin tissés isolément. C'était le konttonet de lin,
sans teinture ni apprêt, serré aux reins par une ceinture et
s'arrêtant aux genoux, la simla de laine "brune ou blanche bor-
dée d'une bande bleue, couleur du ciel, dit Josèphe {Ant, fiid,
III, 8, 5), et terminée aux quatre coins par des glands pesants;
puis une étoile légère retenue au moyen d'une corde autour
des cheveux portés longs, enfin des sandales de cuir munies de
courroies...
Pour les chefs de famille, il y avait un manteau plus riche
et caractéristique, le mû'H\ pour les prêtres, Yéphodde lin. Les
femmes aimaient les tuniques aux vives couleurs, dont se
paraient aussi les jeunes gens dans les familles aisées, mais
elles se distinguaient à un voile tombant sur les épaules. Les
Cilles des chefs, tant qu'elles étaient vierges, ajustaient de lon-
gues manches à leurs timiques. Aux femmes appartenaient
encore les miroirs de métal tenus à la main, les anneaux en-
roulés autour des chevilles, les nézems passés dans le nez, les
colliers ornés de croissants lunaires, les chaînes et les ceintures
d'or. Quand aux bagues, aux bracelets et aux pendants d'o-
reille, ils paraissent avoir été "communs aux deux sexes.
« En ce temps-là, il n'y avait pas de rois, et chacun faisait
ce qui était bon à ses yeux. » {Jug,, XXI, 24)' ^ette définition
du régime patriai*cal, qui termine et résume le Livre des Juges,
donne une idée juste de l'anarchie politique où se complaisait
le peuple de Dieu.. . Il n'y avait ni gouverneurs, ni soldats, ni
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536 L*UN1VERS ISRAELITE
ofïiciers, ni collecteurs d'impôts, ni police pour faire respecter
la propriété, ni législateurs, ni juges, ni notaires attitrés. Sur-
venait-il un litige, il était tranché par les chefs de famille réunis
en conseil à la porte de la ville, et, si Ton appelait de leur
arrêt, les parties, depuis Tinstilution du sacerdoce, s'en i*emet-
taicnt à la décision des pi*étres. I^s transactions, les achats de
propriétés, se concluaient encore à la porte de la ville,
devaQt les habitants comme témoins. . . .
Parfois, lorsque la main de l'étranger se faisait trop lourde,
les opprimés se révoltaient, acclamaient un chef. Les magistrats
acclamés, connus dans l'histoire sous le nom assez impropre de
« juges » et qui portaient le titre de Sofât, étaient avant tout
des chefs de guerre. Aucune règle ne présidait a la nomina-
tion d'un sofêt, aucune charge ne préparait à l'exeixûce du
pouvoir. Des chefs de famille, des nazaréens, peut-être un
btUard (Jephté), un prêtre, un prophète, une femme arrivèrent
tour à tour à la dictature. Debbora elle-même fut un capitaine
vaillant et un général habile, une sorte de Jeanne d'Arc. . .
Victorieux, le sofêt pouvait parler en maître et punir les
réfractaires. Qui voulait répondait au ban de guerre. Puis^
quand le péril était conjuré, général, officiers et soldats retour-
naient à leurs champs.
A côté du sofêt grandissait à Silo, sous la protection de
l'arche et avec laide de l'éphod et dQ son oracle, un pouvoir
ininterrompu, centralisé, dont l'action allait sans cesse gran-
dissant. C'était le sacerdoce aux mains des descendants pré-
sumés de Lévi.
CORRESPONDANCE
Monsieur le Rédacteur en chef de VUnwers Israélite,
Monsieur le Directeur,
Vous avez bien voulu faire connaître à vos lecteurs le rapport
que j'ai fait et présenté à rassemblée générale de la Société civile
du temple portugais tenue le 9 mai dernier, en qualité de président
de ladite Société.
La lecture de ce document leur aura certainement inspiré un
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' L*UNIVBRS ISRAÉLITE S'i;
sentiment d'ioquiétude et de crainte pour l'avenir, je ne dis pas « de
noire rite » pratiqué par si peu de personnes ici, mais du judaïsme
entier dans notre pays.
Mes collègues ont tous approuvé, par bienveillance particulière
envers moi et aussi par conviction, je n'en doute pas, mes propres
idées, ma manière de voir et ma rédaction, et vous seront recon-
naissants, comme moi, du précieux appui que nous prête votre
intéressante publication.
Votre collaborateur, M. R. T., a pris texte de la situation que
j'ai décrite en ce qui nous touche particulièrement, pour rappliquer
à ce qui survient, par les mêmes causes, au rite allemand, et qu'il
a expliqué hélas ! avec tant de clarté, de mélancolie et de vérité
dans l'article que vous avez inséré dans votre numéro du 2 courant,
sous le litre «Les Revenus des Synagogues». H a conclu comme moi
(et je suis hpureux de me trouver en communauré d'idées avec lui)
que le vrai remède au mal serait une régénération dans le senti-
ment Israélite. Puis il a ajouté : « En dehors de ce remède-là, il n'y
a guère que des expédients. »
Mais comment arriver à cette régénération ^i désirable et si
nécessaire ? H doit cependant y avoir un moyen, sévère il est vrai :
peut-être même l'uudrait-il trancher dans le vif ! Une main éner-
gique, bien décidée, mais soutenue par de nombreuses bonneà
volontés, pourrait seule et certainement l'appliquer.
Que nos chefs religieux spirituels et temporels réunissent en
Congrès les représentants de tous ceux, en France, qui, de cœur et
d'Ame, sont attachés à notre sublime religion telle que, le premier
dans le monde. Va conçue Abraham ! Et qui sait si de ce Congrès
ne sortirait pas cette radieuse rénovation du judaïsme sans laquelle
il court grand risque de sombrer, car, ne l'oublions pas, tout ce qui
a commencement a lin î
Je vous présente, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma con-
sidération bien distinguée.
Alphonsk Pereyua,
Président de la Société civile du temple portugais^ fonda-
teur de r l 'nlon philanthropique Israélite pour tous les
indigents sans distinction.
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538
l'cnivbbs israélitb
BONS
EN FAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 8 au 1 5 juillet
MM. Bechmann (AJfred) 300
Franck (A.), ll,fbg.Poi8-
sonnière... loO
M«e Laog (Joseph) 100
MM. Pohi et Sthn«pper 100
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les 35
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Aubry { Marcel) 10
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Banbi,nasty \)
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faisance 10
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Lévy (Louis), à Rosny . . 10
Mayer (Daniel) 10
Anonyme 5
Bernheim (Ma c»l) 5
Bloch, 3, rue Tnrbigo. . . 5
Beriiheim (Félix)... 5
Blura. 56, rue Labat. ... 5
le rabbin Hagnenau 5
Ilirsch, I7,rue des Petites-
Ecuriet '»
Kauffmann (Félix) 5
Kraenjpr 5
Ou lar (Henri) 5
Roos (Alexandre) b
Nouvelles diverses
Paris. — Contrairement à une note parue dans les Archives du
8 juillet, M. Louis Lévy n*est pas candidat au siège rabbiniqoe de
Reniiremont.
Alsace. — M. George Lang de Sle-Marie aux-Mines (Alsace),âgé
de i6 ans et demi, élève de l'école de commerce et de tissage de
Lyon, est sorti avec la note très bien et diplômé premier.
Algérie . — D'après le dernier recensement de 1896, la popu-
lation forme un lotal de 4»'^64,i26 habitants, parmi lesquels on
compte 53,116 juifs. Kn i89i le nombre des israélites était de 47»4^
individus et en 1886 de 32,774- Cet accroissement de la population
juive ne résulte pas que de la natalité, car du Maroc notamment,
un assez grand nombre de juifs sont venus s'établir dans notre
colonie.
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L*UNITEm8 ISRAÉLITE 539
Berlin. — Les missions pour la conversion des jaifîB au
christianisme ont réussi à gagner iS néophytes dans le cours de
rannée dernière.
— Le comité directeur de V Association des rabbins communique
à la presse le document suivant :
« Par la convocation d'un congressionniste, on a répandu de
telles erreurs sur la doctrine juive et sur les tendances des Israélites
que le comité soussigné croit devoir ûure les déclarations suivantes :
i" Les efTorls des soi-disant sionistes pour fonder en Palestine un
Etat juif sont en opposition formelle avec le rôle messianique du
judaïsme ; 2" La religion juive oblige ses adeptes à servir leur patrie
avec un dévouement absolu et à en favoriser de tout leur cœur les
intérêts et la gloire ; > Mais le concours donné à Tœuvre de coloni-
sation palestinienne n*est aucunement eh contradiction avec ces
devoirs, attendu que ce concours ne vise nullement au rétablisse-
ment de TËtat juif. Ainsi la religion et Tamour de la patrie nous
font également un devoir de réprouver le mouvement sioniste, et
nous invitons nos coreligionnaires à s'en tenir éloignés et à ne
prendre part à aucun congrès de ce genre . »
Berlin, le (> juillet 1897.
Le comité directeur de V Association des rabbins d'Alle-
magne : D^ Maybaum — Berlin, D»' Horwitz — Francfort-sur-Mein,
Dr Guttmann —- Breslau, D*" Auerbach — Halberstadt, Dr Werner —
Munich .
«*.
— L'œuvre fondée par feu Gerson de Bieichrœder et qu'il a
dotée d'un million de marks vient d'être reconnue d'utilité publique.
Cette œuvre a pour objet de procurer les soins gratuits à des
personnes indigentes, atteintes de tuberculose, et dont l'état n'est
pas désespéré.
Memel. — On continue d'expulser les juifs venus de l'étranger ;
jusqu'ici, 23 familles de 106 personnes se sont vu interdire le séjour
de notre province.
♦*•
Sondershaùsen. — A la dernière session du Landtag, le député
Kartum a demandé qu'on obligeât les Israélites à faire précéder la
schechitah de l'étourdissement. Le commissaire du gouvernement a
répondu que, comme la même question était soumise au Reichstag,
il valait mieux attendre.
*
Qraz. — On se souvient que six étudiants avaient été arrêtés pour
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54o l'univers ISRAÉLITE
scandale devant la synagogue. Quatre d'entre eux viennent d't^lre
condamnés à des peines variant de 7 à a jours de prison.
* *
Presbour^. — L'illustre Lueger, venu ici pour porter la mau-
wi\se parole contre les juifs, a reçu un accueil tel qu'il a dû se
réfugier dans une église.
m *
Wosnessensk. — Les troubles de Kantacouzène. — On écrit de
Wosnessensk au Woskhod du i8/'3o mai :
« A son arrivée en notre ville, le gouverneur de Kherson a reçu en
audience particulière une dépulation de la Communauté juive. Le
gouverneur Ta rassurée sur la situation en lui promettant ai'le et
protection. Quand les députés juifs lui eurent offert, comme le veut
rusage,le pain et le sel, le gouverneur leur remit la somme de 200
roubles, à titre de contribution personnelle en faveur des juifs
pauvres de Kantacouzène qui ont été victimes des violences.
» D'ici, le gouverneur se rendit à Kantacouzène. Il fit venir les
administrateurs de la bourgade et les interrogea sur les troubles
qui se sont produits. Sur leur affirmation que les violences sont
dues aux ouvriers de Wosnessensk, le gouverneur leur prouva
qu*ils ne disaient pas la vérité,attcndu que,sur 20 émeutiers arrêtés,
i/{ sont des paysans de Kantacouzène même. Les administrateurs
furent destitués et le commissaire de police qui, au moment des trou-
bles, se promenait à Odessa, a été révoqué et sera déféré aux
tribunaux.
» Les dégâts subis par les israélites sont moindres que les pre-
mières nouvelles ne l'avaient fait craindre ».
*
Vaugîhelly (Hongrie). — Celte ville possède depuis 35 ans un
lycée Israélite qui compte i5o élèves, dont 20 chrétiens. Bien que
rétablissement soit sous la direction du gouvernement, les classes,
chôment le samedi.
Tarnow. — Un soldat qui avait pris une consommation dans un
cabaret juif ayant refusé de payer fut jeté dehors et se blessa.
Il raconta son histoire à ses camarades qui le lendemain se préci-
pitèrent sur les juifs et brisèrent plusieurs boutiques juives. Un
Israélite a été tué et un autre a reçu une contusion grave à la boite
crânienne.
«*»
Inowrazlaw. — Le journal « Kuyawische Bote » publie Tan-
nonce suivante qui n'est pas banale : Réponse au sermon de M. le
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l'uni VKR8 ISRAÉLITE 54 1
rabbin Kohn. Les bouchers^ israélites se déclarent prêts à fermer
leurs magasins le samedi et les jours de fête, au cas où la Commis-
sion et tous les membres de la Communauté s'engagent par écrit à
n'acheter que de la viande cascher.
**#
Rome. — On annonce la mise à l'index du dernier livre du
D Rohling, Cwitasfutura. Rohling est l'auteur du ce Talmud-jude»
où tous les antisémites vont puiser leurs arguments soi-disant scien-
tifiques contre le Talmud.
*
* *
Sofia. — Le métropolite a recommandé à tous les prêtres sous
ses ordres de faire tous leurs elTorts pour ruiner l'absurde préjuge
du meurtre rituel.
***
Gibraltar. — Dimanche 20 juin, a eu lieu à la synagogue prin-
cipale a^rrn -lï^j sous la direction de M. H. Armas, secrétaire
honoraire, la célébration du Jubilé de S. M. la reine d'Angleterre.
♦ if
Curiosités. — Un savant italien a prétendu dernièrement que la
sueur contenait du poison. Déjà, le Schulhaii Arouch (Joré Déah
XVI, 4) avait remarqué qu' « il fallait se garder de la sueur humaine,
parce que toute sueur humaine contient un principe de mort
{p-rzn no) ».
JUdisches Volksblatt
Herausgeber : Dr. Louis Neustadt in Breslau
Inhalt : Leitartikel, wissensch. Artikel, Erzaehlungen, Bûcher-
schau, Zeitungsschau, Verfûgungen und Entscheidungen von Be-
hœrden, Stenograph. Berichte wichtiger Parlaments-Verhandlungen.
Urtheile berûhmter Ma?nner ûber Juden und Judenthum, Gemeinde-
Schul-und Vereinsleben, Stiftungen, Personalien.saemmUiche ausgc-
schriebene Stellen mit statist. Angaben, Stellenannahme fur ver-
schiedene Berufsarlen, Auskunft unentgeltlich durch die Expé-
dition.
Abonnement pro Quartal 1 Mk. 25 Pf. bei der Post (Deutsche
Postzeitungsliste Nr. 3oi2), fur das Ausland i Mk 5o Pf., auch durch
jede Buchhandlung und die Expédition in Breslau, Sonnenstr. 17.
Inserate 20 Pf. die einsp. Petitzeile, bei grœsseren Auftraegen
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Références : MM. les grands rabbins et rabbins.
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ISRAÉLITE
Journal des Principes donserTatenrs dn Judaïsme
FONDÉ PAR
S. BLOCH
Paraissant tous les Vendredis
(Exode, X, 23,)
SOMHiVIRE
Calendrier de la Semaine.
Les Prochaines Elections législatives.
La Formation du Judaïsme.
Le Parti agraire.
A Alger.
Les Antisémites devant la Justice.
Le Meeting antisémite au Cirque d'Hiver.
La Chaire Israélite.
Lettre de Palestine.
Correspondance.
Dons en faveur des œuvres de la Communauté de Paris.
Nouvelles diverses.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Vente au numéro, à la librairie Durlacl^er, 83 bU, rue Lafayette.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Pranoet Algérie, Alsaoe-Lorraine : Un an, 20 fr. — Six mois, 13 fr.
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quartiers les plus sains de Paris, Thôtel occupé par Tlnstitution
aepuis avril 1895 se trouve dans les meilleures concutions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i^^ section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de Tenseijg^ement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
militaire ;
Celui de la a* section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Gondorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccfuauréats de rnétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
(ftalenïimv MxaéliU tft la Semaine
Juillet. Tamouz.
2; Samedi (Fin du sabbath à 8 h. 30) 24
25 Dimanche 25
26 Lundi 26
27 Mardi 27
28 Mercredi 29
29 Jeudi 29
Aw.
30 Vendredi (Rosch-Hodesch) 1
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 6 b. 1/2.
Matin (samedi) ; Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matih), 8 heures; se-
maine, 7 h. 1/2. Temple de la rue des Tournelies (samedi matin)»
7 h. 1/2; semaine, 7 heures.
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE DE LA VICTOIRE
Bemheim (Lucien), 14, rue Baudin.
Bloch (Marcel), 46, rue Jouffroy.
Weill (André), 101, rue Saint-Lazare,
TEMPLE DE LA RUE DES TOURNBLLES
Dalem (Joseph-Henri), 10, nie de Sévigné.
Marenowski (Abraham), 20, rue de l'Hôtel-de-Villd.
Pitza (Isaac), 50, rue Simon-le-Franc. .
Sussel (Eugène), 26, rue Beautreillis,
Décès
16 jaillet. Wetlle (Raymond), 2 mois 1/2, rue de Lancry, 34.
— M"™* Vvo Worms (Simon), née Baumann (Rachel), 71 ans, à
Vincennes.
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18 — M°*« Marinowski, née Lévy (Sara), 48 ans, rue do l'Hôtol-dc-
Villo, 30.
— Mnae Vvo Weill (Joachim), née Weyl (Rosine), 63 ans, rue
d'Hauteville, 30.
— Tripolski (Anna), 1 an.
— Hii'sch (Adèle), 6 mois, ruo des Lyonnes, 19.
— >lme vve Marx (Hermann), née Lévy (Caroline), 90 ans, rue
Prcpua, 76.
— Lévy (Grtrmaine-Babctte). 15 mois, à Bécon-les-BruyèrcF,
— Lehman (Lazare), 68 ans, rue Saint-Paul, 35.
— M"« Lévy (Georges), née Léon (Rosine], 57 an.s rue de la
Tour, 73,
19 — Mayer (Salomon), 68 ans, rue du Petit-Musc, 30.
*dO — Goldenberg (Jean), 3 semaines, rue des Frnncs-Bourgcois, 37.
— Schwab (René), 8 mois, rue Saint-Ambroise, 10.
21 — Schneider (Emilo-lsaac), 19 ans, avenue Séifur, 27.
— Foguel (Aida), 7 mois, Hôpital Trousseau.
— M«>« Kaiser (Maurice), née Berr (Camille), rue do Lancry, 16.
Le Consistoire a Thonneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat général^ 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par ud
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
général.
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l'univers ISRAELITE 549
LES
Procbaines Élections Législatives
( Troisième article )
Nous avons essayé de montrer, dans notre dernier
article, que la Chambre des députés actuelle, tout en pro-
testant de son respect pour la liberté religieuse, était
imprégnée d'une sorte d'antisémitisme inconscient et pres-
que honteux qui n'a pas laissé d'exercer sur ses délibérations
une réelle influence. Et pourtant cette Chambre a été élue
à une époque où la propagande antisémitique, quoique
ardente déjà et audacieuse, était loin d'avoir pris tout son
essor, et les idées politiques qui ont présidé Ji sa nais-
sance ne s'inspiraient que dans une bien faible mesure de
préoccupations de culte ou de race. Mais depuis ce mo-
ment que de chemin parcouru ! Que de changements surve-
nus dans l'opinion publique ! Pendant les quatre ans qui
se sont écoulés depuis la formation de la présente législa-
ture, l'œuvre de haine entreprise contre les juifs s'est pour-
suivie sans un instant de répit, gagnant du terrain chaque
jour et favorisée dans son développement aussi bien par
le hasard des événements que par la volonté des hommes.
On se souvient des incidents aussi douloureux qu'imprévus
qui sont venus précipiter les progrès de cette œuvre
néfaste et criminelle en lui donnant une apparence de légi-
timité aux yeux d'un patriotisme abusé et surexcité. Et
en même temps qu'on exploitait un sentiment égaré
mais respeqtable, on spéculait sur les plus vils instincts
de la nature humaine. Pour perdre le juif dans l'opinion
de la masse, on ne reculait devant aucune manœuvre et
on ne dédaignait aucune calomnie. Ce n'était plus d'ailleurs
un seul journal, nécessairement limité dans son action.
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55o l'univbbs israéute
qui répandait le mensonge et soufflait la colère. Tous les
départements de France ont vu se fonder successivement
des organes qui, sous l'étiquette cléricale ou révolution-
naire, pénètrent dans les coins les plus reculés du paj s, y
accréditent les fables les plus absurdes et y prêchent la
proscription contre une infime fraction de la population
française.
Aujourd'hui la besogne est accomplie, la légende est
construite, les passions sont allumées, Tantisémitisme est
dans son plein épanouissement.
Ne doit-on pas s'attendre dès lors à ce que les senti-
ments violents qui couvent dans une partie du pays se
manifestent violemment à la première occasion, et s'éton-
nera-t-on que nous n'envisagions pas sans inquiétude les
prochaines élections générales?
Nous sommes convaincu, quant à nous, que l'antisé-
mitisme sera dans ces élections un facteur politique nou-
veau et assez puissant, sur beaucoup de points du terri-
toire, pour briser les cadres des vieux partis, bouleverser
les anciens programmes et déterminer les groupements les
plus inattendus. U reunira sous une même bannière les
hommes les plus opposés par leur passé, leur origine et
leurs opinions. On ne verra peut-être pas de candidat
franchement antisémite dans toutes les circonscriptions
électorales, mais partout il y aura des politiciens prêts à
composer avec l'antisémitisme en vue de capter ses
suffrages.
L'antisémitisme trouvera ainsi des alliés dans tous les
partis, et, suivant les milieux et les latitudes, il prendra
les couleurs les plus variées. Nous aurons les antisémites
cléricaux et les s^tisémites socialistes, les antisémites
boulangistes et même les aotisémites répeblicûns. Entre
antisémites et cléricaux, il y a communauté de passions
religieuses ; entre antisémites et socialistes, il y a iden-
tité de passions révolutionnaires. Le boulangisme sert
aux uns et aux autres de trait-d'union naturel, et c'est sofus
ses auspices que nous les avons vus récemment, au banquet
de la Libre Parole, contracter une alliance publique. Hier
encore, au Cirque d'Hiver, cette alliance a été scellée i
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L*UNIVERS ISRAÉLITE 55l
nouveau sous rinvocation du marquis de Mores, dont la
mémoire, également vénérée par les tenanciers de tripots
et les marchands de patriotisme* symbolise merveilleuse-
ment en effet Tédifiante coalition des clubs et des sacristies.
Quant aux républicains et aux libéraux qui refuseront
de ^'associer à la campagne qui se prépare, on en aura
raisonna les traitant de judaïsants. On sait que, dans la
langue du jour, on désigne par ce mot tous les esprits
arriérés qui osent se réclamer encore des idées de la Révo-
lution française. Pour ne pas se voir infliger cette épithète
malsoDoante, grosse de sous-entendus injurieux, il en est plus
d'un qui se prêtera à de coupables compromissions. Il faut
presque de rhéroïsme, par ce temps de suspicion et de
scandale, pour élever la voix en faveur de la tolérance et
delajostîoe.
En pfésence de la formidable levée de boucliers qui se
prépare, que feront les Israélites de France? Sont-ils en état
de ùâre Mèe à Tennemi et de repousser TassacU dont il les
meaaee ? Se sont-ils armés pour la défense de leurs droits,
de leur sécurité et de leur honneur? A ceux qui trouveraient
une pareille question oiseuse en prét^^lant que ce serait
folie de la part d'une faible minorité que de se mettre en
travers d'un irrésistible courant et de résister aux entre-
prises d'une écrasante majorité, nous répondrions que
l'histoire nous offre plus d'un exemple de groupes ou de
partis lottaat contre des adversaires infiaiment supérieurs
em nombre et arrivant parfois^ à force d'habileté, de per-
sévérance et d'union, à en triom^ier. N'a-t-on pas vu
les Polonais combattre pendant un siècle contre l'oppres-
sion des Russes? Les Irlandais ne sont-ils pas parvenus à
force de ténacité et de discipline à désarmer la domination
anglaise et à lui arradier les concessions les plus impor-
tantes ? Plus récemment, en Allemagne» le parti du centre
catholique, qui n'était également qu'une minorité, n'a-t-il
pas réussi,par une tactique savante et soutenue,à faire capi-
tuler le plus puissant et le plus altier des gouvernements?
Qu'avons-nous besoin, du reste, de chercher des exemples
ailleurs que dans nos propres annales ? Le peuple juif ne
témoigne-t-il pas, par son existence même, de ce que peut
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55a l'univers Israélite
contre les appétits violents et la tyrannie brutale le courage
servi par l'intelligence?
La situation est-elle d'ailleurs si désespérée pour les
juifs de France qu'il ne leur reste plus qu'à poser les armes
et à se livrer pieds et poings liés à leurs implacables adver-
saires ? Evidemment non, et le moment semble venu de se
préoccuper des préparatifs de la bataille. Les juifs de France
ont-ils songé à s'unir, à se grouper et à s'organiser? Ont-ils
pris les mesures nécessaires pour suivre les efforts des partis
et se tenir au courant du mouvement des esprits dans les
différentes régions du pays? Sont-ils renseignés sur les can-
didatures qui seront posées, sur les chances qu'elles offrent
et sur l'intérêt qu'il peut y avoir à les soutenir ou à les
combattre ? Possèdent-ils un outillage de publicité qui leur
permette d'entrer en communication avec le suffrage uni-
versel et d'opposer aux légendes forgées par la calomnie,
aux excitations lancées par le fanatisme le langage de la
raison et delà vérité? Se sont-ils, en vue d'une action
commune, entendus avec les minorités politiques et reli-
gieuses qui sont comme eux visées et menacées? La réponse
hélas ! à toutes ces questions ne sera ni longue ni difficile à
formuler.
{A suwre.) B.-M.
A propos des informations que nous avons publiées dans
notre dernier numéro sur les persécutions dont nos coreligion-
naires sont actuellement les victimes en Perse, la Libre Parole
écrit les lignes suivantes :
« U Univers israélite est mal venu à réclamer la protection
de FEurope.Les juifs uont-ils pas été les plus ardents exécuteurs
des basses œuvres du sultan en Arménie ? Tant qu'on a massacre
des chrétiens, V Univers israélite trouvait ça tout natui'el. »
Ce n'est pas auprès de nos lecteurs que nous avons besoin
de protester contre l'attitude qui nous est prêtée par la feuille
antisémite. Ils savent que nous réprouvons toutes les manifes-
tations du fanatisme religieux, les massacres des chrétiens
d'Arménie comme les autres. L'assertion de la Libre Parole à
notre égard constitue donc une invention pure.
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l'univers ISRAÉLITE 553
La Formation du Judaïsme ^'^
Un des problèmes .historiques les plus intéressants est celui
de la formation du judaïsme.
M. Meyer s'est donné la tâche de soumettre à l'épreuve de
la critique les matériaux dont nous disposons sur ce sujet, et il
a produit un ouvrage d'une très haute valeur.
Les exégètes ont le vif souci de paraître originaux, et, ma
foi, cela est très simple : il n'y a qu'à déclarer falsifiés la plu-
part des écrits sacrés, et, alors, avec le plaisir inhérent à la
négation, on a celui du libre jeu de la fantaisie qui recrée le
texte à sa guise et à son gré. On peut appliquer à certains criti-
ques ce qu'on a dit d'un parti politique, c'est à savoi» qu' « ils
ont peur de n'être pas assez avancés ». Vous devinez à quelles
conséquences conduit un pareil système : on renchérit les uns
sur les autres, et intrépidement on traite, tout de légende.
C'est ainsi que presque tous les exégètes tiennent pour apocry-
phes les documents araméens du livre d'Ezra, et un savant
hollandais, M. Kosters, est allé jusqu'à prétendre que le récit
du retour sous Cyrus n'est qu'une pure invention. M. Meyer a
tenté de réagir contre cette tendance (q), et il s'efforce d'établir
que le rédacteur des livres d'Ezra et de Néhémie nous a con-
servé des fragments importants d'actes et de rapports officiels.
Nous ne suivrons pas Fauteur dans le détail de son argumen-
tation ; nous condenserons en quelques lignes les résultats
auxquels aboutit son étude.
Ce fut Sesbazar que Cyrus chargea de reconduire les juifs
en Palestine et de restaurer le Temple ; ce fut lui qui occupa le
premier la dignité de gouverneur persan de la Judée. Qui était
Sesbazar ? On a estimé que lui et Zorobabel ne formaient
(l) Die Entstehung des Inclentkiims, pur Eduard Meyer, chez Mox
Niemeyor. Halle, 6 marks, VllI -»- 2.3 pages.
(2) il. Meyer repousse l'opinion, générale aujourd'hui, de l'existence d'un
Uexateuque^ c'est-à-dire d'un ouvrage qui aurait compris comme parties
d'un seul tout les 5 livres de Moïse + le livre de Josué. Il n'y a joroais eu
d'Hoxateuquo, proclame le savant auteur, mais l'histoire des Hébreux forme
un seul ouvrage qui se divise en deux parties : La Torah et les premiers
Prophètes.
4i.
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554 l'univers israélitb
qu'une seule personne. Mais il serait étonnant que dans le
même ouvrage on donnât deux noms différents pour désigner
le même individo, sans faire remarquer que cet individu por-
tait les deux noms. Dans Chron. I, 3, i8, on cite parmi les
descendants de David un fils de Jéchonias nommé Sennazar, et
«'est lui qui aurait été gouverneur de la Judée en 538 avant
l'ère chrétienne.
Pendant dix-huit années les juifs s'appliquèrent à recons-
truire leurs maisons, menant une existence des plus rudes tant
k cause de la sécheresse et des mauvaises récoltes que par suite
de leurs querelles avec leurs voisins. Tout d'un coup, enSïio,
des pi*ophètes se lèvent, ils exhortent leurs frères à rebâtir le
Temple, ils annoncent l'avènement de la période messianique,
la ruine des royaumes terrestres, une révolution universelle ;
ils proclament roi Zorobabel, qui avait succédé à son oncle
Sesbazar^ et célèbrent en lui le futur maître du monde. En
janvier 519, on pose la première pierre du Temple.
Quelles causes avaient provoqué cette explosion d'espoirs
messianiques ? Qui poussait un Aggée à publier ces prédic-
tions : a Dis à Zorobabel, le satrape de la Judée, que je vois
ébranler ciel et terre, renverser le ti*ône des empires et briser
la puissance des nations, mettre sens dessus-dessous les chars
avec leurs soldats, en sorte que chevaux et cavaliers tomberont
par les coups qu'ils se seront portés. Ce jour-là, dit l'Etemel
Tsebaôth, je te prendrai pour mon serviteur, toi, Zorobabel, fils
de Schaltiêl,etje t'établirai comme cachet, car je t'ai choisi, dit
TEternel Tsebaôth. » (Aggée, II, oo-aJ), D'où venait cette
exaltation prophétique ?
Darius était monté sur le trône persan d'une façon violente
et imprévue ; une foule de pays tributaires de la Perse secouè-
rent le joug. Les juifs apprirent ce soulèvement général, et ils
se persuadèrent que c'étaient les prodromes du bouleverse-
ment messianique. Mais bientôt ils en durent rabattre, car la
domination persane se raffermit, et il fallut remettre la réalisa-
tion des beaux rêves à d'autres jours.
Mais le Temple était commencé ; Darius ne s'opposa pas à
cette restauration ; même il l'encouragea par des libéralités.
Quant aux juifs babyloniens, ils prospéraient, et les plus
habiles d'entre eux se poussaient à la cour. Ezra, fort de la
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l'uniysrs i6aA]âuTB 555
faveur royale, se donna pour tâche de faire connaître en Pales-
tine la Loi de l'Eternel et de rétablir le culte dans sa pureté. Le
roi de Perse lui accorda des pouvoirs très étendus, et en 458
Ezra fut à Jérusalem.
Il se mit en devoir de séparer totalement les juifs des peu-
ples d'alentour,de rompre définitivement avec les Samaritains,
et rassemblée des israélites prit la résolution de dissoudre les
mariages mixtes. D'un autre côté, Ezra s'attela à la recons-
truction des murs de Jérusalem.Mais le gouverneur de Samarie
fit coj^rendreau roi les dangers de cette reconstruction,celui-ci
ordonna qu'on arrêtât les travaux et qu'on démolit ce qui était
sur pied.
M . Meyer n'est pas un admirateur d*Ezra. a Ce n'était pas
on génie, dit-il, pas même une personnalité remarquable ; il
était incapable d'électriser les masses et dans l'adversité de
puiser de nouvelles forces en lui-même ; son esprit se bornait à
l'horizon d'un formalisme sec et d'une correction extérieure. . .
Il ne fallait pas penser à l'établissement de la Loi. »
Par bonheur, l'échanson Néhémie obtint en 44^ le poste de
gouverneur de la Judée et l'autorisation de relever les murs de
Jérusalem. C'était une nature énergique qui savait manier les
hommes et les choses. Sans plus tarderai 1 commence à restaurer
l'enceinte. Par sa magnanimité il acquiert une grande popula-
rité et il échappe aux pièges de ses adversaires.
Après l'achèvement de la muraille, il convoque l'assemblée
du peuple. Ezra reparaît pour faire la lecture de la Loi. Le ^^
Tischri 445 l'acte est signé, par lequel toute la nation s'engage
à suivre la Torah.
Ainsi, conclut notre auteur, le judaïsme doit son existence
AU roi des Perses et a été créé en son nom, de sorte que l'empii^e
des Achéménides fait sentir ses effets jusque dans l'histoire
contemporaine (i).
Louis LivY.
(l) Noos retracerons dans un prochain article Inorganisation de la Commu-
nauté juive à cette époque.
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556 l'univers Israélite
LE PARTI AGRAIRE
En vue des élections législatives de Tannée prochaine,
M. le comte d'Hugues, député des Basses- Alpes après une
invalidation dont le souvenir lui est resté désagréable, songe
déjà à grouper ses futurs collaborateurs. Les services qu'il a
rendus à sa circonscription pendant la durée de son mandat ne
lui paraissent pas suffisants pour justifier par eux-mêmes une
nouvelle candidature, car il trouve nécessaire de ne se repré-
senter à ses électeurs qu'avec le prestige du chef d'un parti
qu'il fonde lui-même et qu'il appelle « le parti agraire ». Ce
groupe de candidats compte déjà trente adhérents, tous aussi
résolus que son fondateur. Nul n'y sera admis s'il n'est Français
d'origine catholique. En sont exclus les juifs, les protestants,
ainsi que les naturalisés ou nationaux dont les branches de
famille n auraient pas au moins deux filiations françaises.
L'éclosion de ce clan de gens aussi exclusifs que bien pen-
sants, dirigé par un personnage de haute naissance, est un de ces
événements à côté desquels on pourrait passer en les ignorant.
M. le comte d'Hugues qui ne s'est signalé à la Chambre actuelle
que par sa bruyante adhésion à toutes les manifestations d'into-
lérance religieuse qui s*y sont produites et qui étaient dues à
quelques politiciens sans autorité, en quête de notoriété, fût-
elle du meilleur aloi, est trop engagé dans cette voie pour ne
pas être tenu d'y persévérer. Il ne peut plus se convertir à la
saine politique qui traite les affaires du pays et ne s'informe du
culte de personne. C'est là une notion fondamentale que le
créateur du parti agraire ne s'assimilera pas.
Mais, si M. le comte d'Hugues songe à s'adonner exclusivement
à la protection de la culture avec le concours des purs catho-
liques qu'il ralliera autour de son panache blanc et noir, si le
système fiscal appliqué à la transmission de la terre lui semble
exiger de sérieux remaniements, comment peut-il attribuer la
législation régnante à rinfiuence unique d'une maison de
banque? Ici il faut préciser les chifires.Si la transmission d'une
terre de cent mille francs, affirme M. le comte d'Hugues, entraîne
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l'univers ISRAÉLITE 55^
dix pour cent de frais, soit 10,000 fr.,et si la vente de 100,000 fp.
de titres au porteur ne coûte pas plus de laS fr., c'est la faute à
qui ? Uniquement à Rothschild.Le législateur des Basses- Alpes
ignore que les lois fiscales qui régissent la propriété remontent
à la Convention. M. le comte d'Hugues n'a appris l'histoire
qu'à l'école du père Loriquet. Plaignons les électeurs qui l'ont
choisi,et ne nous étonnoûs pas qu'un tel personnage demeure
en extase devant Drumont. Le disciple n'est pas indigne du
maître.
M. Lazare.
Le Signal publie sur le même sujet Tarticle suivant :
Voici le comte d'Hugues — c'est ce député que Papillaud, de
la Libre Parole, appelle son phonographe, et qui, lorsqu'il est
à la tribune, fait songer à un chef-d'œuvre de Vaucanson —
voici, dis-je, le comte d'Hugues à la tête d'un grand parti, le
P. A. N. J'attendais avec impatience qu'il prît cette direction
— et, pour ne vous rien celer, il y a belle lurette que je l'y
engageais. Si vous saviez quel homme nous avons là? Organi-
sateur sans rival, agitateur éminent, il va nous créer un mouve-
ment qui laissera bien loin celui du boulangisme, dont il fut du
reste. La France a déjà les yeux sur lui; c'est de cet homme
qu'elle attend son salut. Vous allez le voir, un de ces quatre
matins, qui se répandra dans le pays entier et qui, du souffle
de sa voix, soulèvera d'enthousiasme les populations. Un
nouveau cheval noir nous est né. Grâces en seront rendues aux
dieux ! — Le P. A. N., sans doute, n'est pas encore légion, et
je crois bien qu'il ne compte, jusqu'à cette heure, qu'un seul
adhérent, qui est le comte d'Hugues lui-même. Mais le jour où
le comte d'Hugues frappera du pied le sol, vous verrez un
paysan se lever de derrière chaque motte de terre pour accla-
mer et suivre le régénérateur de l'Agriculture française — et le
porter en triomphe à l'Elysée. M. Félix Faure tremble déjà
dans ses guêtres. — Qu'est-ce donc, me demandez- vous, que ce
P. A. N ? — Baissez-vous un peu, que je vous le dise à
l'oreille: c'est le Parti Agraire National. Baissez- vous un peu
plus : c'est l'enfant chéri de l'antisémitisme ! — San-Gil.
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S5B L'umVERS ISRAÉLITE
A ALGER
On se souvient qu'au moment des troubles qui se produisi-
rent à TEcole de droit d'Alger par suite de la nomination de
M. Lévy comme professeur de droit romain, le Conseil acadé-
mique d'Alger prononça une peine disciplinaire contre les
frères Régis, qui avaient été les principaux instigateurs de
ces désordres. Saisi à son tour par un pourvoi, le Conseil supé-
rieur de rinstruction publique maintint les peines prononcées
contre les deux jeunes antisémites. Cette décision jette hors
d'eux les journaux anti-juifs d'Algérie. Voici, à titre d'échan-
tillon, les excitations auxquelles se livre à ce propos le Répw-
blicain de Constantine :
Le ministère de llnstruction publique a commis la grosse foote
d'envoyer aux écoles d'Alger un professeur juif. — Nos jeunes étu-
diants se sont alors mis en grève. Sur la promesse que les punitions
infligées aux frères Régis seraient levées — la grève a pris fin.
Or, aujourd'hui, on annonce de Paris que le Conseil supérieur de
rinstruction publique maintient les peines prononcées à rencontre de
ces deux jeunes gens !
Ainsi donc, — pour an juif — ifoilà deux jeunes gens qui ne
pourront pas continuer leurs études ! Pour un fuif — les frères Régis
ne pourront pas passer leurs examens !
Nous espérons que les jeunes Français — à la rentrée des classes
— relèveront le gant et répondront à ce manquement à la parole
donnée par une protestation en masse.
Et voilà, Français, à quel degré d'abaissement, d'enjuifaillement
nos hautes administrations sont tombées I
Le juif — le rebut de l'humanité — est voire maître ! Le juif —
la plaie du monde — vous commande ! Il vous envoie en prison —
assassine vos frères à Mostaganem ou bien empêche de braves
jeunes gens de terminer leurs études !
QueHe honte pour le nom français ! Ah ! Français, mes frères,
jurons, jurons bien tous d'arracher à jamais notre pajs à cette
honteuse domination ! Il y va de notre honneur et de notre avenir
mêmes I
M. Ypes Guyot fait remarquer dans le Siècle, k pr(^[>os de
ces audacieuses provocations, que si de nouvelles manifesta-
tions antisémites viennent à se produire en Algérie, on saura
où il en faudra chercher la cause.
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l'univers ISRAÉLITE 55^
Les Antisémites devant la Justice
[Nous publions ci-après, en grande partie, un jugement fort
intéressant rendu le 7 juillet dernier par le Tribunal correctionnel
de Montpellier.
Un de nos coreligionnaires, M. Bokanowsky, qui a fondé à
Montpellier une maison de nouveautés appelée le « Sans-Pareil »,
avait été grossièrement attaqué et injurié par un journal de
sacristie qui se publie dans cette ville, La Croix Méridionale.
On voit d'ici l'article. Le répertoire habituel de la Libre Parole
et de ses succédanés avait été mis en œuvre. Et ces « affreux
youtres », ces « étrangers » qui ruinent les bons, les seuls, les vrais
Français, y étaient injuriés avec ce charme et cette aménité qui sont
la marque propre des officines de ce genre.
M . Bokanowsky a fait un procès. Il Ta gagné, et le Tribunal a
rendu un jugement qu'on va lire et qui, bien qu'un peu entortillé,
proclame des vérités utiles à dire et à faire connaître] :
Attendu que les époux Bokanowski, se disant publiquement
diffamés dans le numéro de la Croix Méridionale publié à
Montpellier le a3 mai 1B97, ont assigné Lafon, gérant de ce
journal ; Lefranc, signataire de l'article incriminé ;
Attendu que la Croix Méridionale publiait, le a3 mai 1897,
un article virulent dirigé contre les juifs en général, article
dans lequel elle prenait personnellement ii partie les époux
Bokanowsky, marchands de nouveautés à Montpellier ;
Attendu que Fauteur de l'article reprochait aux grands
magasins exploités par des juifs de recourir à des moyens d'une
délicatesse douteuse pour attirer la clientèle et pour réaliser
ainsi de gros bénéfices au détriment de leurs concurrents ;
Attendu que, quelque vexatoires que soient de pareilles
attaques, les époux Bokanowsky ne seraient pas recevables à
relever les imputations outrageantes dirigées d'une manière
générale contre leurs coreligionnaires s'ils n'étaient eux-
mêmes personnellement mis en cause ;
Attendu que c'est en eftet l'imputation de nature à porter
atteinte à l'honneur ou à la considération des particuliers, de la
personne, qui tombe sous le coup des peines édictées par
la loi de 1881 ;
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56o l'univers ISRAÉLITE
Attendu que si les premiers paragraphes de l'article ne s'en
prennent point aux époux Bokanowsky eux-mêmes, s'ils s'en
prennent à d'autres de leurs coreligionnaires, en particulier à tel
autre commerçant de la ville, les époux Bokanowsky sont per-
sonnellement mis en scène dans la seconde partie de l'article ;
que c'est là qu'ils auraient été diffamés aux termes de l'assigna-
tion donnée aux prévenus, en ce qu'il leur était reproché :
V D'avoir parodié les cérémonies du culte catholique en
donnant une fête le jour de la première communion de leur
fils ;
a° D'avoir cherché à tromper et à escroquer le public en
arborant sur le papier de la maison les armes de la Ville où
est figurée la vierge des tables ;
3** De le tromper lorsqu'ils refusent de livrer aux acheteurs
qui se présentent dans leurs magasins les articles exposés à
leurs devantures au prix auquel ils sont marqués ;
Attendu qu'il convient de s'arrêter à cette articulation et
d'examiner si les imputations ainsi dirigées contre les deman-
deurs peuvent être considérées comme diffamatoires ;
Attendu qu'il faut écarter tout d'abord le mot d'escroquerie
mal à propos relevé par les plaignants, un mot dont le sens est
à coup sur des plus outrageants mais qui ne se trouve point
dans l'article incriminé, qu'on y lit à la place ceux de trom-
perie el de moquerie ;
Attendu que parodier les cérémonies d'un culte, le tourner
en dérision, s'en moquer, c'est commettre un acte irrévéren-
cieux, blâmable à coup sûr, indigne d'un homme sérieux ; qu'on
ne saurait cependant, quelle que soit la rigueur des principes
que l'on professe, y voir un acte de nature à déshonorer la
personne qui se Test permis ni même dénature à jeter la décon-
sidération sur elle ;
Attendu que ce n'est pas non plus diffamer un commerçant
que lui reprocher de recourir à des manœuvres dans une
certaine mesure dolosives, légales d'ailleurs, en vue d'écouler
sa marchandise ;
Attendu qu'une pareille imputation peut préjudicier aux
intérêts du commerçant ; que pourtant elle n'atteint 1 homme
ni dans son honneur, ni dans sa considération ; qu'elle peut
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 56l
donner ouverture îi une action en dommages-intérêts, qu*elle
ne constitue pas de délit;
Attendu par suite que les époux Bokanowsky n*ont point
été diffamés dans la Croix Méridionale, mais attendu qu'ils y
ont injuriés ;
Attendu en effet que s*ils ne sont point nommés dans telle
partie de l'article dont s'agit, le fait qu'ils le sont ailleurs leur
rend communes les expressions outrageantes et les termes de
mépris adressés à toute la catégorie des commerçants de la
religion à laquelle ils appartiennent; qu'en effet la rubrique de
l'article « toupet de juif », rubrique sous laquelle sont rapportés
les procédés commerciaux qu'on leur reproche d'avoir employés
s'étend évidemment et bien certainement à eux ; qu'à la vérité
on ne saurait retenir comme constituant une injure le fait de
dire de quelqu'un qu'il a du toupet, que le sens intrinsèque du
mot n'est pas précisément injurieux; qUe l'expression « et
remplir le commerce local » n'est pas non plus de celles dont le
sens injurieux soit suffisamment caractérisé ; qu'on peut en
dire autant de l'expression « écumer les affaires », c'est-à-dire
en prendre le dessus, ce qu'elles ont de meilleur ; qu'imputer à
quelqu'un de faire partie d'une bande, d'être un pujfiste, n'est
point une imputation telle qu'elle signale les personnes visées
au mépris d'autrui, lorsqu'elle concerne surtout des commer-
çants auxquels ne répugnent généralement point les fantasma-
gories de la réclame ;
Mais attendu que l'article incriminé contient d'autres
expressions, nettement injurieuses celles-là et que le tribunal
retient, qu'on y lit en effet : « Il y a beau temps que nous sommes
édifiés sur le toupet des^OM^r^s qui sont en train d'étrangler
notre commerce local », et plus loin : « Nous flairions dans V ho-
norable maison une maison juive »; que le terme youtre vise les
plaignants dans le nombre des juifs exerçant à Montpellier
la profession de commerçants ; que l'intention de Lefranc ne
saurait non plus être douteuse lorsque sous une forme ironique
il opposait l'une à l'autre les expressions à'honorable et de
maison Juive ; qu'il entendait par là et faisait très bien com-
prendre qu'à son avis une maison juive ne pouvait être hono-
rable ;
Attendu que le terme de youtre est injurieux aussi bien au
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56a l'univers Israélite
sens du mot que dans Tintention de celui qui Técrit ou qui le
profère ;
Attendu que c'était faire une injure encore plus grave aux
époux Bokanoswsky que de prétendre qu'ils ne pouvaient être
honorables du moment qu*ils dirigent une maison juive ; attendu
que l'injure est d'autant plus complète qu'elle procède d'un
parti pris de dénigrement, parti pris dans lequel on déclare
vouloir persister; que les torts des prévenus, la défense les
aggrave encore en cherchant à les excuser;
Attendu qu elle se retranche pour cela derrière ce qu'elle
appelle un intérêt supérieur qu'elle qualifie d'intérêt public et
qui n'est en réalité qu'un intérêt de parti ;
Attendu que la Croix Méridionale ne peut être de bonne foi
dans l'œuvre de haine qu'elle poursuit contre toute une caté-
gorie de commerçants qui — (faut-il qu'on soit obligé de le pro-
clamer bien haut ?) — ont, autant que personne, le droit de
vendre librement les marchandises, toutes les marchandises
qu'il leur convient de vendre, quelle que soit d'ailleurs la reli-
gion à laquelle ils appartiennent, quelle que soit même leur
nationalité;
Attendu que la direction du journal ne peut feindre d'ignorer
que si toutes les opinions sont libres, il est absolument interdit
de s'attaquer aux personnes et d'attenter ainsi à la liberté
d'autrui ;
Attendu que Lafon, gérant de la Croix Méridionale, doit
être retenu comme auteur principal, Lefranc comme complice
du délit d'injure qui résulte des débats ;
Attendu qu'ils ont l'un et l'autre, par la publication de
l'article dont s'agit, causé aux époux Bokanowsky un préjudice
dont il leur est dû réparation, que le tribunal a les éléments
nécessaires pour fixer à 3oo fr.la somme des dommages-intérêts
qu'ils seront à ce titre tenus de leur payer ; attendu que l'inser-
tion du jugement dans le journal même qui a publié l'injure
suffira à assurer à la pai*tie civile le complément de satisfaction
auquel elle a le droit de prétendre ;
Par ces motifs, le tribunal a condamné les prévenus Lafoa
et Lefranc à 3oi fr. d'amende, à 3oo fr. de dommages-intérêts
et à l'insertion du jugement en première page du journal la
Croix Méridionale.
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L'UNIYXmS intAÉLITB 565
Le Meeting antisémite an Cirque d'HiTer
Lundi dernier 19 juillJet a eu lieu un meeting pour célébrer
Tanniversaire des obsèques de Mores. J*di assi^ à ce meeting ;
heureusement que je n'ai pas le type juif trop marqué^ car on
m'aurait fait passer un mauvais quart d'heure. Il y ayait plus
de deux milliers d'individus qui vociféraient continuellement le
cri de « à bas les juifs », et je dois à la vérité de reconnaître que
Drumont a obt^iu un succès colossal. Il pleurait presque de
joie, le Maitre, et atout moment pour marquer sa satisfaction il
se levait, lançait les bras à droite et à gauche vers la foule et
grimaçait, tel un compagnon de Lucifer.
Sur l'estrade avaient pris place Millevoye, Guérin, Marcel
Habert, Julien Dumas, Joseph Ménard, Houdaille, Dubuc, etc .
Us y ont tous été de leur'p^t discours. Je n'ai pas besoin de
vous rapporter ce qu'ils ont dit : vous le devinez de reste. Le
plus violent, c'a été Guérin; il a été tellement violent que la
Libre Parole n'a pas osé reproduire la formule de vengeance
qu'il a prêchée contre la famille Arbib. Il a exhorté tous ceux qui
font profession d*être les amis de Mores à tomber sur Arbib,
dès qu'il viendrait à Paris.
Nos braves antisémites avaient organisé un service d'ordre
formidable, et tous les bouchers, compagnons ordinaires de
Mores, étaient présents, n'attendant qu'une occasion pour
tomber sur quiconque aurait fait mine de ne pas approuver
les orateurs. C'est ainsi que deux citoyens, qui n'étaient pas
des juifs pourtant, ayant protesté contre certaine parole, on
vit de tous les côtés de la salle se précipiter des gaillards en
bourgeron bleu et se mettre en devoir de faire un mauvais
parti aux interrupteurs.
La séance a duré jusque vers minuit. Dans la rue on a
essayé de faire une manifestation en faveur de Drumont, mais
un cordon d'agents a coupé la foule et Drumont s'en est
retourné dans une belle calèche, tandis que moi, pauvre petit
juif, je rentrais humblement à pied.
L. L.
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564 l'univers ISRAÉLITE
On lit, au sujet de ce meeting, dans le Siècle :
M. Edouard Dramont a prononcé avant-hier un discours au
meeting du cirque d'Hiver. Il y a vanté le désiotéressement absolu
des antisémites, à propos d*un éloge du marquis de Mores : a C'est,
a t-il dit, la caractéristique de tous ceux qui défendent la cause. » •
On aurait pu lui répondre que Tantisémitisme est pour lui une bril-
lante et fructueuse carrière. Il a déclaré que ni lui ni ses amis n'oot
envie du pouvoir,mais ils ne le refuseraient pourtant pas.Onle savait
depuis surtout que M. Drùmont ayant posé dans la Somme sa
candidature à la Chambre, y subit un échec mémorable, au moins
pour lui. Du reste, s'il devenait ministre, il suivrait, assure-t-il,
« les traditions de Louis XI, de Richelieu et du Comité de salut
public. » Il traiterait ses adversaires par la cage de fer, la hache et
la guillotine. Il ne voit dans le pouvoir que la douce possibilité de
frapper et de tuer : « Nous frapperons en plein jour, avec toutes les
formes légales,conformément à des jugements rendus par des Tribu-
naux réguliers, mais rapides. » On s'imagine aisément ce que peu-
vent devenir les formes légales entre les mains des fanatiques de
l'antisémitisme, et ce que M. Drumont, cette espèce de Torquemada
en espérance, peut entendre par des Tribunaux réguliers, « mais
rapides ». L'Inquisition serait jeu d'enfants, à côté d'un tel régime.
D.
LA CHAIRE ISRAÉLITE
M. Emile Lévy, grand rabbin, a prononcé le premier jour
de Schebouoth, sur le « Droit d'aînesse d'Israël », un éloquent
sermon, dont nous reproduisons les remarquables passages que
voici :
Le droit d'aînesse d'Israël s'est déjà affirmé dès la plus haute
antiquité. Nous en trouvons un indice frappant dans l'histoire de
notre patriarche Jacob. Jacob, l'homme aux mœurs douces et paisi-
bles, voit venir à lui le farouche, le remuant, le belliqueux Ësaû.
La différence de leurs caractères .nous fait comprendre celle de
leurs destinées, nous explique le sens caché de leurs négociations
sur les droits de la progéniture, et justifie la substitution de Jacob
à Esaû dans la bénédiction paternelle. Esaû est le premier né ; à lui
donc, selon la tradition, le droit d'aînesse, et par conséquent l'ave-
nir de la Société. Le salut futur, de l'humanité est en danger. Jacob
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l'univers ISRAÉUTE 565
le prévoit, il veut conjurer le péril et, s'adressant à son frère, il lui
dit : « Cède-moi le droit de la primogéniture ». Celui-ci, fout entier
à sa brutale passion (i), rejetant les saintes espérances de l'immor-
talité, les vérités sublimer de la morale et de la religion, lui cède
son droit avec un sauvage dédain. « Hineh anochi holech lamouth
velamah seh li hechorach » (a).
lyès lors se traça, pour Tavenir, la démarcation profonde entre
le domaine de la vérité et celui du mensonge. A toi, se disait Jacob,
à toi et à ta poistérité, le règne de ce monde avec ses coupables
vanités, avec ses jouissances matérielles, avec ses passions tumul-
tueuses ; à toi, la gloire des combats et des conquêtes. A moi, le
règne du ciel; à moi et à mes descendants, les félicités spirituelles
de la vérité! A toi le présent, à moi l'avenir ! A partir de ce moment
commença Féternei antagonisme entre la force brutale de la matière
et la puissance morale de Tesprit . Le combat mystérieux de Jacob
avec range de la nuit se prolongeant jusqu'à Tanbe du jour est déjà
un indice de cette grande lutte qui ne cessera qu'au lever du grand
astre de la vérité.
Cette suprématie d Israël et de sa religion, nos ancêtres en
reçurent, au pied du mont Sinaï, la consécration solennelle, dont
nous célébrons aujourd'hui le glorieux anniversaire.
En jetant un regard en arrière et en considérant l'histoire de ce
peuple miraculeux, qui pourrait lui refuser tout son respect et toute
son admiration ? Qui ne devrait s'incliner devant cette vieille nation
si longtemps, si injustement persécutée, mais toujours grande et
toujours vénérable? « Arraché au sol de son antique patrie, au tem-
ple en ruines, aux tombeaux de ses pères, et, comme les rameaux
d'un arbre brisé par la tempête, dispersé sur tous les points du
globe, Israël a conservé au milieu des plus atroces persécutions,
sous le poids des plus sanglants outrages , la croyance et le sang
de ses pères. » Tout ce que la puissance humaine a pu accumuler
d'efforts pour anéantir une nation a été tenté contre lui, et il a
survécu aux coups les plus cruels de ses adversaires, à ses plus
terribles blessures, car sa religion était sa force et son Dieu veillait
sur lui. Dachoh dechitant linepol va adonài asarani (3). Pendant
que les nations vieillissent autour de lui et s'écroulent les unes
après les autres, il se rajeunit sans cesse, et les années, loin de l'af-
faiblir, lui donnent de nouvelles forces. Les monuments de marbre
et de bronze érigés pour porter aux siècles futurs les mémorables
exploits des héros de l'antiquité, le temps a passé sur eux et les a
confondus avec les ruines que les siècles ont successivement amas-
sées sur les tombeaux des vanités humaines. Rien n'a surnagé de
(1) Heleideni na min haadom. (Genèse XXV, 30).
[l] Ibid. XXV. 32.
(3) Psaumes, CXVIII, 13.
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566 l'univers Israélite
rOcéan des Ages, sinon un souvenir aussi vain que leur gloire.
Où sont maintenant les conquêtes de ces héros tant célébrés?
Quel fruit en est -il revenu à la Société ? Toujours les
générations en se succédant ont renversé ce que les précédentes
avaient élevé, et de tout ce bruit et tout ce fracas Thumanité n'a
pu recueillir qu'une seule leçon : ce que peut l'esprit humain livré
à sa prière impulsion*
Tel n'est pas ton sort, ô Israël I Tes victoires, toutes pacriiques,
sont celles de la vertu sur le vice, de l'esprit sur la matière. Tu
n'as pas cherché à étendre le domaine ée ton territoire, mais
celui de la vérité. Tu n'a pas porté au loin le fléau <1c la
guerre, mais le flambeau de la sagesse divine. « Ounetaticha leor
gçim M (i). Tu n'as pas accumulé des c^mquètes périssables, mais
les vérités sont là pour attester tes triomphes, et ceux-ci, le temps,
loin d^ les affaiblir, ne fait que les affermir et les étendre. Regarde
ces nations si puissantes et n redoutées ; elles ont passé avec leurs
institutions, et toi, ô Israël, toi, te premier né, tu es aussi resté le
dernier, et, le livre de la loi à la main, tu marches sur le tombeau
des nations que tu as vues naître et mourir.
Eh bien, mes frères, quel cœur Israélite ne devrait être pénétré
d'un saint enthounasme pour sa race et pour sa rel^^km ? Quelle
noble Ûerté, quel ardent amour ne devraient enflammer notre Ame
pour cette croyance qui nous a couronnés de si glorieux titres ?
C'est aujourd'hui plus que jamais le moment de nous attacher de
toutes nos forces à notre foi, de porter haut et de défendre le glorieux
drapeau du judaïsme. Les persécutions religieuses se sont évanouies
dans notre cher pays, au premier souffle de la liberté, mais, les
calomnies haineuses cherchent encore trop souvent à jeter le discré-
dit sur Israël, sa race et sa religion.
En présence de l'attitude malveillante de nos ennemis, en pré-
sence aussi du respect que nous témoignent les esprits exempts
de préjugé et de fanatisme, sachons quel est le dev<Hr du vrai
Israélite. Employons tous nos eflbrts pour paraître à la face du
monde sans tache et sans reproche.
— Nous avons reçu également communication d'un très beau
sermon prononcé à la synagogue consistoriale de Nancy par M. le
grand rabbin sur les professions manuelles. Nous reviendrons sur
ce discours particulièrement intéressant.
(1) Isaie, LXIX, 6.
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{.'uNivints isRAiuTX 567
Lettre de Palestine
Permettez-moi de recourir à vos colomies pour parler
un peu à vos lecteurs du rôle joué par V Alliance en Orient.
On n'a qu'à lire la dernière brochure de la Société, parue il y a
quelques nK)is, pour se faire une idée de l'œuvre régénératrice
qu'elle a entreprise en Orient et du développement qu'elle
acquiert chaque jour. Mais un grand facteur manquait à cette
Société, c'est l'inspection.
En effet, ses écoles étaient dispersées dans tout l'Orient, sans
contrôle. Maîtres et élèves travaillaient sans se soucier du lende-
main. Et je puis affirmer que certains abus — parfois assez
graves — se commettaient. Je ne veux pas par là jeter une tache
sur ce personnel dévoué — il y a toujours des brebis galeuses —
mais je veux démontrer l'utilité de l'inspection. Le Comité l'a
bien compris, et depuis deux ans M . Bénédict, secrétaire de
V Alliance, quitte la capitale en mars pour faire une tournée en
Orient et examiner les écoles. Nous l'avons eu parmi nous,
cette année, et réellement sa présence nous a comblés de joie.
Nous avons vu notre Communauté en contact avec le représen-
tant de la plus grande Société qui dirige les destinées du
judaïsme universel.
L'année dernière, M. Bénédict avait visité toutes les écoles
de V Alliance à Constantinople^ Adrinople, Brousse, Schoumla,
Sofia..., etc., et examiné toutes les questions intéressant les
Communautés. On n'a qu'à relire les articles publiés l'année
dernière sur cet événement pour voir les audiences accordées
au représentant de V Alliance par les hauts dignitaires de la
Turquie et de la Bulgarie et Taccueil qui lui a été fait par tous
nos coreligionnaires.
A son retoQr, des mesures très importantes ont été prises
par le Comité de V Alliance. Cette année, il a quitté Paris vers
fm mars se rendant directement en Egypte. Vous savez que
V Alliance vient de créer une école de garçons au Caire. Un
grand problème se présentait dans cet établissement : il s'agis-
sait d'élever le niveau des études pour les approprier aux soins
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568 l'univers Israélite
d'une Communauté dont les jeunes gens peuvent aspirer aux
plus hautes fonctions. M. Bénédiet a étudié cette question et il
a préparé un projet pour organiser et développer cette
œuvre. De là, il se rendait à Alexandrie, où une besogne plus
grande l'attendait. Les lecteurs de VUnwers doivent se rap-
peler la lettre adressée par un groupe d'Alexandrins réclamant
une école de V Alliance dans cette ville. En effet, nos coreligion-
naires d'Egypte sont, en général, très aisés ; ils pratiquent la
charité dans toute l'acception du mot, ont des écoles, deâ
hôpitaux, des Sociétés de bienfaisance, des Sociétés de secours
mutuels ; mais le nombre des écoles est loin d'être en propor-
tion avec la population enfantine susceptible de recevoir une
certaine instruction. Tout le monde désirait une école de
V Alliance, mais personne n'osait en prendre l'initiative. M. Bé-
nédiet est venu en jeter la base et a chargé M. Lornek, directeur
de l'école du Caire, d'étudier les moyens de réalisation.
Nous étions alors aux approches de Pàque ; le représentant
de V Alliance a tenu à faire — pour la première fois, je pense —
la bi^n n"»"»b5-r*xr, Misi^at aliat har^guel; il s*est rendu directe-
ment au pays de nos ancêtres, Jafla, Mikvé-Israël et à Jérusalem :
Pendant les demi-fêtes, il a fait le tour des colonies Hébron,
Ratsa, Béer Tobia Réhoboth, Ouadi-el-Khin et Rischon-le-
Zion. Il a eu une vive émotion en voyant les colons de Ratsa
et de Béer Tobia travailler eux-mêmes la terre et faire tous
les travaux de culture. Oui, c'est un tableau réjouissant que
de voir ces exilés de la Russie, à qui on ne reconnaissait pas
le droit de vivre, heureux de gagner leur pain à la sueur de
leur front. Après avoir passé quelques jours à Mikvé-Israël,
l'institution agricole de Y Alliance, il est parti avec M. Niégo
visiter les autres colonies Zichron-Jacob, Hédéra, Bétach-
Tikva, puis les villes de CaïlTa et de Saint-Jean-d'Acre.
X...
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L^UNIVBRS ISRAÉLITE 56q
CORRESPONDANCE
Nous recevons la lettre suivante :
Paris, 8 juillet 1897.
Monsieur le rédacteur en chef de V Univers Israélite,
Mon œil vigilant, dont vous avez parlé la semaine dernière, est
mis celte semaine à une rude épreuve par le numéro de V Univers que
je viens de recevoir. Je ne veux entrer aujourd'hui dans aucune
discussion sur le fond de la question soulevée par mon ami Léon
Bium. Mais je vois, avec surprise, que le Christ, c'est-à-dire le
Mes8ie,anraxi été contemporain de Simon C. Hiliel ! Il y a donc belle
lurette que M. Louis Lévy n'attend plus le Messie; comment peut-il
rédiger un organe des principes conservateurs du judaïsme, lequel
n'a encore reconnu aucun des prétendus Messies qui se sont pré-
sentés ?
Le même M. Louis Lévy, dans son article sur la Juive-Errante, ne
paraît pas se douter que la tradition mosaïque nous interdit de la
manière la plus formelle d'appliquer dans le sens littéral la loi dite
du talion que précisément la Bible n'explique pas.
Enfin, dans les curiosités, une Mischnah du traité Yoma est mal
traduite et aussi mal interprétée. On avait proposé, comme remède
contre la rage, l'ingestion du diaphragme (^Mn "rm et non de cer-
taines parties du foie), aliment défendu aux Israélites (tous les jours
de l'année et pas seulement le Yom Kippour). Matiah ben Héresch
déclare que ce remède est permis, mais la majorité Vinterdit parce
que son efûcacité n'est pas prouvée. (Voir mon travail sur la
circoncision,) .
Je m'arrête ici en répétant avec nos sages : C3'i"i3ia iinTn a^«Dn
O sages, faites attention à vos paroles î
Veuillez agréer, etc. D»* Klein.
Le système visuel de M. le D' Klein est peut-être vigilant,
mais à coup sûr il voit les choses de travers. Je gage que,
f>armi tous nos lecteurs, il iij en a pas un autre qui aurait eu
'idée de m'imputer les opinions que M. le D' Klein me prête.
Ai-je besoin de dire qu'en appelant Jésus de Nazareth le Cnrist,
suivant l'expression usuelle, je n'ai pas entendu reconnaître en
lui le Messie ? Est-il nécessaire aussi que je me défende de pro-
fesser les opinions qu'un romancier, dont je me suis borné à
analyser l'œuvre, a pu placer dans la bouche des personnages
qu'il met en scène ? En vérité, ce sont là de bien pauvres cni-
canes, et je m'arrête ici en répétant avec tous les sages :
« Prenez garde au mauvais œil ! » Louis Lévy.
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5^0
l'univers is&aj^is
DONS
BN FAVEUR DES ŒUVRES DE XA COMMUNAUTE DE PARIS
Du i5 au 23 juillet
M. Graoebaum (C.) 500
M«« LoweDstein (L.) 500
M. Sauphar (Lucien) 500
M. et M*^ WaUerttein (Paul) 500
M»« Reltlinger (A. H.) 300
La Société La « Loi Sacr^ ». 250
MM. Halphen (Georges) 200
Rosenfeld (Henri et Paul) 200
La Société l' n Union Scolaire » 90
MM. Blum (Victor),au Havre. 50
LéoboIetU 50
La Société la « Bienfaisante
israélite » 50
MM. Schuhlmann (Léon) 25
Hirsch, 65, fbg Poisson-
nière 20
Anonyme 10
Baur (Léon) 10
Cahen (Joseph 10
Kraemer, 48, rue Lafâtte 10
Rûsen 10
MM. Rothschild, 12, avenue de
rOpéra 10
Bernheîm (Myrtil) 5
Diamamtbei^ûr 5
Emsé 5
Fabius (EUe) 5
Hirschmann 5
Israël (Charles 5
Kraemer,85,fbg St-Denis 5
Lajeunesse (Paul) 5
Lazard (Sylvain) 5
Lévy, 87, blv. Sébastopol 5
Lévy (Lang) 5
Mayer (Jacques), à St-
Mandé 5
May(Léopold) 5
Morhange, ^, passage
des Panoramas 5
Morhange, (Emile},50,rae
de Douai 5
Sassoon, 9, rue des Juifs. 5
Nouvelles diverses
Paris. — Ecole centrale, — Ont obtenu le diplôme d'ingémenr à
la (in de leurs études à l'Ecole centrale :
MM. Jacob, Lehman, Masse, Lazare Lévi, Moïse, Lefi, Polack,
Meyer et Aucher.
A obtenu le cectiûcat de capacité : M. Luzzati.
#*#
— M. Levy-Bing, lieutenant de vaisseau, est aonuné chevalier
de la Légî<m d'honneur.
— Un comité d'élèves et d'amis s'eut formé pour offrir 4 la
Faculté de médeciiK de Paris le buste du regretté professeur Straus,
Tauteur des célèbres travaux sur la bactériologie dans ses appli-
cations à la médecine et sur les microbes pathogènes.
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Trésorier : M. G. Maason, éditeur, uo, boulevard Saint-Ger-
main.
♦•«
— On sait que M. le Ministre de l'Instniction publique vient
de créer, spécialement pour la Faculté des sciences de Paris, quel-
ques épreuves d'enseignement supérieur, permettant de distinguer,
parmi les étudiants, ceux qui révéleraient des dispositions marquées
pour les hautes études .
Nous apprenons que M. Armand Gahen, fils de M. le grand
rabbin de Lille, vient de subir avec la mention très bien Tépreuve
•(Vcokc^se mathématique supérieure.
— Un terrible malheur vient de frapper M. et Mme Schneider,
<ies directeurs de T Ecole consistoriale de l'avenue de Ségur. Ils
avaient conduit, lundi dernier, au Jardin d'Acclimatation, la plupart
des élèves de l'Ecole ; lorsqu'ils sont rentrés chez eux, à quatre
heures, ils ont trouvé leur plus jeune fils, étendu mort sur son lit.
Ge pauvre garçon, âgé de dix-neuf ans, avait succombé à une
<x)ngestion. ^
Tous ceux qui, comme nous, connaissent la bonté, le dévoue-
ment de M. et Mme Schneider s'associeront à leur deuil épouvan-
table, et partageront le chagrin immense qu'ils éprouvent. Nous
leur adressons ici nos plus sympathiques condoléances, et nous
souhaitons qu'ils trouvent dans l'amour des enfants qui leur restent,
dans le souvenir de celui qu'ils viennent de perdre si brutalement
^t qu'ils aimaient tant, dans l'affection de tous enfin le courage de
«upporter une aussi crudle et aussi imméritée épreuve.
11: 4^
Remireinont. — A la suite du concours rabbinique qui a eu lieu
ces trois derniers samedis, le choix de la Gomnmnauté et du Gonsis-
toire s'est porté sur M. Paul Haguenauer, sorti il y a deux ans du
Séminaire de Paris. 11 y a tout lieu de penser que ce choix sera
ratifié par l'autorité supérieure.
*%
BajonBe. — Dimanche ii juillet dernier a été célébré, au
temple israélîte de Bayonne, le mariage de Mlle Irène Landauer de
Madrid, belle-sœur de M. de Bauer, directeur de la succursale, dans
cette ville, de la maison de Banque de MM. de Rothschild frères, de
Paris, avec M. le baron Schey de Koromla, de Vienne, associé de
M. de Bauer. La notoriété et la distinction des deux familles, l'es-
time et la considération dont jouit, à juste titre, en Espagne la
famille de Bauer,avaient attiré une foule considérable d'Israélites et
de catholiques dans la s^Mgogue l>riUapiite de lumières et ornée de
fieurs. Le chœur au grand coin|»l0t,iiudgré l'incommodité de l'heure,
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572 l'univers ISRAÉLITE
rehaussait Téclat de la cérémonie par la beauté de ses chants et
surtout par deux soli exécutés par MM. E. Dacosta et A. Salzédo.
Dans une touchante allocution, M. le grand rabbin E. Lévy a fait
ressortir le rôle que des familles comme celles des deux époux
pouvaient remplir et remplissent en effet, pour le rétablissement de
Tancienne situation des Israélites en Espagne. En somme, très bril-
lante cérémonie couronnée par de larges libéralités dans lesquelles
les pauvres de la Communauté n'ont pas été oubliés.
ne
Vienne. — Cinq médecins Israélites, MM. Schalit, Metall,
Schwa|»tz, Stem et Dornrçich, qui avaient offert leurs soins au
Sultan pour la durée de la guerre, viennent de rentrer à Vienne.
Ces cinq médecins avaient sollicité du Sultan la permission de
suivre le corps expéditionnaire, en témoignug^ de reconnaissance
pour la bienveillance que le gouvernement turc marque à nos
coreligionnaires.
*♦«
— Les caricaturistes de Vienne exercent en ce moment leur
verve satirique sur Mittermayer, le député antisémite. Mittermayer
commença sa carrière par l'emploi de garçon de café dans un petit
estaminet de faubourg.
Plus tard, il s'aboucha aux antisémites, et, comme il se montrait
Tun des plus bruyants^ son parti le porta à la députation en mars
dernier. Par malheur, la clôture de la session vient de le priver de
son indemnité parlementaire de 20 fr. par jour,et il s'est vu obligé
de se replacer comme garçon de café. Les personnes qui fréquen-
tent une petite taverne nauséabonde et enfumée de Vienne peuvent
contempler chaque jour le représentant de 5o,ooo électeurs, dans
on costume râpé, apportant les bocks aux consommateurs ; il reçoit
un salaire mensuel de 6a fr. et, pour le surplus, doit se contenter
du maigre pourboire des buveurs de bonne volonté. Mais il espère
quitter, à la réouverture des Chambres, Tobscurité de la taverne
pour reprendre une place brillante dans le mouvement antisé-
mite.
*♦«
Russie. — La petite ville de Manstirshzina, près de Sraolensk,
vient d'être complètement détruite par un incendie ; des 5oo mai-
sons qui la composaient, il ne reste que des monceaux de cendres ;
la synagogue, le Beth-IIamidrasch, l'école, les rouleaux de la Loi,
tout a été la proie des flammes. Les pertes sont donc considérables
et la détresse très grande.
*•«
Varsovie. — Le tsar recevra, lors de son séjour dans cette ville,
une députation des Communautés juives de la Pologne russe.
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N
l'uNIVBRS ISRAÉLITE ^ D'j3
Roumanie. — Un membre du parlement roumain, M. Vasile
Cogalniceanu, vient de publier une brochure intitulée : La Ques-
tion juive en Roumanie, dans laquelle il réfute les accusations
calomnieuses dont souffrent nos coreligionnaires.
il démontre que sur une population de 5,3oo,ooo âmes les juifs
n'en comptent que 119,016, soit 3, 7 pour cent, et que, par consé-
quent,l'allégation qu'ils constituent un danger pour le pays est sans
aucun fondement. En outre, on peut prouver que 5o,ooo juifs ont
déjà servi sous les drapeaux et qu'ils saisissent avec empressement
toutes les occasions de remplir leur devoir de citoyens. 11 conjure
le roi et le peuple de leur accorder ce qui leur est légalement dû,
l'égalité complète avec les citoyens des autres cultes.
***
— U Univers israélite se trouve au Salon de lecture du Casino
de la Villa des Fleurs d'Aix-les-Baîns (Savoie).
BRONZES, MARBRES, OBJETS D'ART, ORFÈVRERIE
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A. HERZOG
41, rue de CSiâteaudun et rue Taitbout,^ 66, Paris
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blées ou non, !24 bis, rue Rigault, à Nanterre, 18 minutes de Paris,
à 12 minutes du Tramway de TE toile.
Références ; M. le rabbin Weill.
M. Waishof, Ministre officiant du Temple d'Enghien-les-
Bains, exécute sur commande un tableau élégamment illustré
en couleui' et or pour le
JAHR-ZEIT
dates françaises, correspondantes aux dates hébraïques pour
5o ans. — Prix modérés.
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5^4
I. mnVBRS ISRABLITB
nirs Charcuterie Viennoise -wa
J. THEUMANN
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Uaivni A \APBUB A TOMBIiAUm, pmàa Ha«ot
BÉPOT
PAÎas
SAGOU BLOCH
L« Sagoa «oriani d* boa Umbm a Mqait, d«pai« 70 an*,
■n« réputation dt $i Hmm» H fur» fabritaUon, qae plu-
ti«vrt pradaiti eb«reh«Bl à «ntrar dÉna la oonsoiumaiioB
•vae <• topiê tmtttM» da ««a dUginltaa^ da «air» marfMa
0i àê noir* paf wffof a.
Pour meitra in à caa aoufr^afona Utojfoln, ^i na
araignent mima paa laa uibuiianx, MB. Bloch pré^iaanaai
la publie qna la Safou cortani da Iwutê uêi»M aéra taodv
dorénaTani soaa la déaomiaaUon da Sagoa Blooh, at
^a chaqua paquel aam raiéta da Itur êi§naiur» ; H poa-
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nombreuses demandes oui lui ont été adressées, elle a dû transférer
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également à proximité du bois. M"»® Lévis rappelle qu'elle prend
des pensionnaires israélites, hommes et femmes, particulièrement
des vieillards, qui seront toujours assurés de trouver chez elle une
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Journal des Prineipes Oonservatears du Judaïsme
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Calendrier de la Semaine.
Un Lycée juif.
Les Juifs devant l'Eglise et l'Histoire.
Un Document antisémite.
La Chaire Israélite.
Une Lettre du Père Hyacinthe.
Ce, QUE L'Ei ROPE doit aux Juifs.
L'Élection sénatoriale.
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Une Question indiscrète.
Dons en faveur des œuvres de la Communauté de Paris.
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depuis avril 1096 se trouve dans les meilleures conoitions d'hygiène
et de confort.
Pour renseignement, les élèves sont répartis en deux sections :
la section commerciale et la section classique.
Les cours communs aux deux sections comprennent les langues
française, allemande et anglaise, l'histoire et la géographie, les
sciences mathématiques, physiques et naturelles, rmstruction reli-
gieuse, le dessin et la gymnastique.
Outre ces matières, le programme de la i" section comprend
l'étude des sciences commerciales, l'espagnol, la préparation aux
baccalauréats de l'enseignement moderne et aux grandes écoles
commerciales, dont le diplôme dispense de deux années de service
mihtaire ;
Celui de la a" section comprend l'étude des langues et des litté-
ratures latine et grecque, les répétitions du lycée Condorcet et du
Collège Rollin, la préparation aux grandes écoles nationales et aux
baccalauréats de rhétorique et de philosophie.
Pendant l'année scolaire 1895-1896, l'Institution a présenté aux
examens de la Sorbonne dix candidats, sur lesquels cinq ont été
reçus et trois admissibles.
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L'UNIVERS ISRAÉLITE
€aitntfxux Mxaélxtz tft la Semaine
Septembre. Eloul.
4 Samedi {Fin du «abbath à 7 h. 05) 7
5 Dimanche 8
6 Lundi 9
7 Mardi 10
S Mercredi ..; 11
9 Jeudi 12
10 Vendredi , 13
Heures des Offices
Soir (semaine et vendredi) : 5 b. 1/2.
Matin (samedi) : Temple de la rue de la Victoire, 8 heures; semaine, 8 heures.
Temple de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (samedi matin), 8 heures; se-
maine, 8 heures. Temple de la rue des Tourneiles (samedi matin),
8 heures; semaine, 7 heures. ^
Bar Mitzwah
TEMPLE DE LA RUE NOTBE-DAME-DE-NAZARBTH
Lévy (Raoul), boulevard Voltaire, 63.
Scben (feaac), rue Sainte-<^ix-de-la-Bre tonner ie, 52.
Weill (Julien), rue Volta, 52.
TSUPLB DB LA SUE DES T0UKNELLE8
Arioner (David), rue de l'Hôtel -de-Vil le, 20.
Lehmann (Paul), Grande rue de la République, 48 (Saint-Mandé)
Schwerlzeugor (Salomon), rue do Turenne, ^.
Mariages de la Semaine
TEMPLE DE LA RUE NOTRE-DAME-DE-NAZARETH
Lundi. 6 sept, à 2 h. 1/2. — M. Lévy (Fernand), employé do
commerce, 6'i, rue Saint-Sabin, et Mlle Lévy, (Mathilde),
employée d^administ ration, 57, rue Bel léchasse.
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TEMPLE DE Là RUE DES TOURNELLES
Dimanche, 5 sept, à 2 heures. — M. Glazar (Vaycr), casquettier, 17, r. des
Jardins -Saint- Paul, et Mlle Lévy (Jeanne], brodeuse, 16,
des Tour nel les.
Jeudi, y sept, à 2 heures. — Monsieur Bloch (Léon), employé aux
pompes funèbres, 38, rue Matlis, ot Mlle Kahn (Julie),
11 bis^ rue Joinville.
Décès
27 août Coriat(Léon), 65 ans, rue Saint-Honoré, 271.
— Cahen (.Armand-Salomon), 63 ans, boulevard do Strasbourg, 6.
— Bluro (Sylvain-Gaston), 24 ans, a Quincy (Seine-et-Oiso).
— M™« Vve Picard (Léopold), née Bernheim (Henriette), 16 ans,
faubourg Poissonnière, 126.
— Ilaas (Moïso), 53 ans, a Nanterre.
29 — M"« Vve Bickart (Moise], neo Bloch (Esther), 43 ans, villa Molitor.
— Stemberg (Bertrand), 6 ans, Hôpital Trousseau.
— Worms (Isaac), 76 ans, faubourg Saint- Denis.
— Feldmann (Suzanne), 6 mois, rue Simon- le-Franc, 18.
30 — M«»eDidisheim (Israël), née Lévy(Loyen), 78 ans, r. Lafayetle, 189.
— Konny (Edmond), 22 ans, Hôpital de la Charité,
l*»" sept. Strauss (Edouard), 26 ans, ruo Basfroi, 47.
Le Consistoire a l'honneur d'informer les per-
sonnes qui ont un décès à déclarer qu'elles peuvent
s'adresser au Secrétariat aénéralj 17 ^rue Saint-Georges^
où elles trouveront tous les renseignements nécessaires.
Il informe, en outre, les familles éprouvées par un
deuil qu'il leur sera, à l'avenir, envoyé un duplicata du
compte des frais payés à leur nom au Secrétariat
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L'UNn'ERS ISRAÉLITE 'j/^l
Le Congrès Sioniste
Nous ne savons si le Congrès sioniste qui vient de
se tenir à Bàle donnera les résultats qu'en attendaient ses
promoteurs ; mais, ce qui est certain, c'est qu'il a obtenu,
avant même de se réunir, un véritable succès de curiosité.
Songez donc ! il ne s'agissait de rien moins dans ces assises
que de prendre une double revanche sur Nabuchodonosor
et sur Titus et de reconstituer, à la fin du XIX*' siècle, le
royaume de Jérusalem. A entendre dire qu'on avait enfin
trouvé la solution de la fameuse question juive et qu'o^
allait fonder un Etat juif, tous les badauds de l'univers se
sont retournés, un peu étonnés mais fortement intrigués, et
ont senti leur attention s'éveiller à l'annonce d'un spectacle
qui promettait d'être nouveau, piquant et original. Aussi
bien, les journaux les plus importants de l'Europe ont ils
jugé nécessaire de se faire représenter à Bâle afin que leurs
lecteurs n'ignorassent rien des graves débats qui allaient s'y
dérouler, et même nos feuilles boulevardières ont chargé
leurs reporters les plus diligents de rendre compte de cette
première sensationnelle. Mais ce sont surtout nos excellents
antisémites qui se montrent ravis de l'événement. Il y a
donc bien, s'écrient-ils triomphalement, une question juive,
puisque les Israélites se réunissent pour en chercher la
solution! Et Drumont, enthousiasmé, procls^me que le
docteur Herzl est « un homme de premier ordre » et
que le « Congrès de Bàle sera peut-être une date dans
l'histoire».
Nous croyons qu'on en rabattra bientôt de ces espé-
rances. Dès à présent, on peut constater que si le Congrès
a compté dans son sein des hommes distingués et d'un
dévouement éprouvé, ce n'étaient que des individualités sans
mandat, et que les représentants autorisés du judaïsme n'y
figuraient pas. Il fallait d'ailleurs s'attendre à cette abstention
de tous ceux qui ont qualité pour parler et agir au nom
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74^ l'univers ISRAÉLITE
d'Israël. Dans plusieurs pays de l'Europe, le rabbinat s'est
prononcé ouvertement contre les idées du sionisme. Le
rabbinat français n'a rien dit, il est vrai,car il ne dit jamais
rien ; mais ce qu'il pense n'est certes pas à l'avantage des
nationalistes. Toujours est-il que, parmi les deux cents
délégués qui sont venus au Congrès de Bàle de différentes
contrées, on ne remarquait guère dlsraélites de notre pays,
rabbins ou laïques.Ce n'est pas nous qui nous en plaindrons.
Nous avons regretté souvent que nos coreligionnaires de
France restassent indifférents devant des périls urgents
et manifestes ; mais nous trouvons naturel qu'ils refusent
de s'associer à des utopies et à des chimères.
Nos lecteurs savent en quoi consiste l'entreprise imaginée
par le docteur Herzl et dont le Congrès devait préparer la
réalisation. Nous avons ici même, il y a quelques mois,
analysé et discuté le livre du journaliste viennois sur
r « Etat juif », et nous croyons avoir montré toute l'inanité
de sa conception. Elle consiste, on s'en souvient, à créer,
dans la République Argentine, ou dans la Palestine qu'on
rachèterait au Sultan, un Etat juif indépendant et neutre qui
jouirait de toutes les prérogatives de la souveraineté. L'éta-
blissement du nouvel Etat se ferait avec le concours et sous
le protectorat des puissances européennes, toutes intéressées
à éteindre la question juive. L'exode cjes Israélites ne leur
serait d'ailleurs pas imposé. C'est librement et soùs la seule
impulsion de l'enthousiasme national que des millions
d'entre eux, n'ayant de commun que la foi, mais séparés par
les mœurs, l'éducation et môme la langue, quitteraient leurs
foyers, leurs habitudes, leurs intérêts et leurs affaires, pour
aller se fixer dans le pays qui leur aurait été assigné, où ils
bâtiraient des villes et créeraient un gouvernement dont le
docteur Herzl détermine à l'avance, avec une touchante
prévoyance, la forme, le fonctionnement, les rouages et
même le drapeau. Nous avons fait ressortir toutes les diflS-
cultés, toutes les impossibilités de cette combinaison
fantastique, et nous n'y reviendrons pas. La puérilité en saute
du reste aux jeux. Ne suffit-il pas d'un peu de bon sens
pour voir qu'on n'efface pas d'un trait de plume vingt siècles
d'histoire et que ce serait folie de vouloir réunir en une
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l'univers ISRAÉIJTS 74^
nation des tronçons de peuples épars dans le monde
entier?
On peut se demander comment des conceptions aussi
manifestement vouées à ravoptement ont pu séduire de
bons esprits et rallier autour d'elles un certain nombre
d'adhérents. C'est que ces inventions bizarres ont pour
point de départ — il faut avoir la loyauté de le reconnaître —
une idée vraie et une observation juste. Les événements
de ces dernières années ont mis en évidence ce fait révol-
tant qull y a dans le monde des groupes d'êtres humains,
qui ne sont ni des sauvages ni des barbares, qui ont un
idéal moral élevé et de remarquables aptitudes intellec-
tuelles; et auxquels pourtant on refuse, uniquement parce
qu'ils professent une religion dont les principes sont deve-
nus ceux de toute l'humanité civilisée, le droit ihhérent
à rhomme, le droit primordial d'avoir une patrie. Il existe
des pays où le juif habite depuis des siècles et où il est
traité d'étranger par ceux-là mêmes dont la race ne s'y
était pas établie encore quand ses aïeux y souffraient
déjà. Suivant la remarque même du docteur Herzl, « la
majorité peut décider qui est J'étranger dans le pays, et
la force prime le droit ». El cet ostracisme, les juifs sont
seuls à en souffrir. Le noir de l'Afrique a une patrie, c'est-
à-dire qu'il sait quel est le groupement dont il est solidaire,
dont il peut, lorsque ses droits sont violés, invoquer la pro-
tection. Lé juif de certaines régions, le juif roumain, par
exemple, est un étranger dans son propre pays et contre
les abus de la violence il ne peut réclamer l'appui de
personne. Le ciel sous lequel il est né, l'air qu'il a res-
piré toute sa vie, la terre dans laquelle ses ancêtres
reposent, tout cela ne constitue pas pour lui une patrie.
Or, le programme de l'antisémitisme consiste précisément
à faire revivre cette monstrueuse anomalie même dans les
pays qui l'ont condamnée depuis cent ans au nom du droit
et de la justice ; il n'y a pas, disent-ils, et il ne peut pas y
avoir de patrie pour les juifs. Mais n'est-ce pas là aussi
ridée fondamentale qui a présidé à la naissance du
sionisme? Sous le prétexte que le sort des juifs auxquels
on dénie le droit à une patrie est inique, les sionistes
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744 l'univers ISRAÉLITE
demandent à tous les juifs de se considérer comme
des étrangers dans les patries mêmes qu'ils ont conquises.
Ils ont vu le mal et en gémissent, mais, pour le guérir,
ils commencent par l'étendre et le généraliser.
Mais le véritable remède, où est-il ? Le remède, hélas !
ne peut venir de combinaisons artificielles, mais uniquement
de la diffusion de ces idées d'humanité et de liberté auxquelles
les juifs de France ont dû les premiers leur élévation à la
dignité de citoyens. Or ces idées progressent lentement et
sont sujettes à bien des retours. Nous concevons donc que
l'impatience de ceux que l'oppression accable s'en irrite et
qu'ils recourent volontiers à des moyens extraordinaires.
L'espèce humaine est affligée de bien des maux que la science
n'est pas parvenue à guérir encore. Mais le malade qui souffre
et que le médecin ne peut soulager ne se résigne pas ^sèment
à cette impuissance et alors il fait appel aux thaumaturges.
C'est à la même tendance qu'obéissent les sionistes lors-
qu'ils réclament un miracle. La reconstitution de la natio-
nalité juive ne serait-elle pas en effet le plus surprenant
des miracles?
Mais les miracles n'appartiennent qu'à Dieu, et, en
attendant qu'il lui plaise d'en accomplir, il faut bien que
nous nous contentions de moyens purement humains pour
résister au fanatisine et à l'intolérance. Le docteur Herzl a
dit très éloquemment que l'antisémitisme est un morceau
de moyen-àge égaré dans notre siècle. Rien de plus vrai;
l'antisémitisme, c'est môme le moyen-âge tout entier
qui cherche à ressusciter parmi nous avec ses préjugés
absurdes, ses mœurs cruelles et ses passions féroces. Il
convient seulement d'ajouter que ce n'est pas uniquement
sous la forme de l'antisémitisme que les j^étentions du
moyen-âge reparaissent quelquefois dans notre siècle
incomplètement affranchi. Des morceaux du moyen-àge.
mais nous en rencontrons partout, même dans les pays
les plus éclairés . Toutes les luttes politiques et religieuses
auxquelles nous assistons depuis cent ans ont été provo-
quées parles retours offensifs de l'esprit du moyen-àge.
— -^ Gela ne revient-il pas à dire que la question juive comme
toutes les questions importantes de notre temps ne peat
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l'univers ISRAÉLITE 'J^S
recevoir sa solution que du progrès des idées et des mœurs
en Europe? Cette solution, assurément, ne flatte pas
l'imagination; elle na rien qui ressemble à un coup de
baguette magique ; elle réclame, au contraire, des efforts, du
courage et de la persévérance. Mais en dehors d'elle il n'y
a qu'illusion et mensonge.
B.-M.
On lit dans V Indépendance belge :
Bien qu'un Congrès, dit-on, soit convoqué à Bâle pour délibérer
sur l'idée du docteur Théodore HerzU de Vienne, impliquant Tacqui-
sillon de la Palestine et sa transforniation en Etat absolument
moderne mais essentiellement Israélite, il nous paraît bien peu
vraisemblable qu'une telle fantaisie soit prise au sérieux par les
coreligionnaires du promoteur de ce projet.
Lori^quele Shah de Perse Nasr-ed-dine, tragiquement assassiné le
v^ mai i896, fit son premier tour d'Europe il y a quelque quinze
ans, on racont% que le baron Alphonse de Rothschild, dont on sait la
sollicitude pour ses coreligionnaires malheureux, lui demanda une
audience aiin de recommander au quatrième souverain de la
dynastie des Kadjars les juifs établis en Perse, où ils n'avaient pas
toujours à se louer des procédés administratifs du Roi des Rois et
de son gouvernement; et, si nos souvenirs sont exacts, le Shah lui-
même consigna dans le récit de son voyage la réponse qu'il aurait
faite à ces sollicitations, a Vous êtes riche, aurait-il dit, et les
grandes fortunes ne manquent point parmi les vôtres. Pourquoi n'en
consacreriez-vous pas une partie à l'acquisition de l'antiquq Judée
atin d'y organiser l'immigration de votre race et la reconstitution de
l'ancien royaume d'Israël? » Le baron sourit, et il ne fut pas donné
suite à cette suggestion, qui n'allait pas sans quelque ironie.
Si elle est reprise aujourd'hui par le docteur Herzl, est-ce parce
que, depuis lors, l'antisémitisme a fait grand tapage ? Mais n'y
aurait-il pas aussi quelque arrière-pensée ironique dans les informa-
tions qui associent A ce projet naïf les sympathies des sommités
isra élites et des représentants de l'inépuisable charité du baron
Hirsch ?
Quoi qu'il en soit, nous croyons savoir que, sans songer à
contrarier les entreprises de colonisation privée qui pourraient
être tentées en Palestine par des juifs acquéreurs de terrains dans
ce pays, toutes les autorités israélités,tant laïques que rabbiniques,
en Allemagne comme en France, en Angleterre comme en Amérique,
prolestent avec fermeté contre l'idée du docteur Hôrzl de fonder un
Etat juif dans cette contrée ; et notamment que les représentants
des fondations du baron Hirsch sont unanimes à répudier cette
tendance.
50.
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746 L*UNIVERS ISRAÉLITE
Et cela se conçoit aisément. Dans tous les pays civilisés, les
jai£s sont des citoyens comme les autres, avec la seule différence de
la religion à laquelle ils restent ûdèles^comme c'est leur droit,et dont
le respect leur est garanti par la liberté de conscience et la liberté
des cultes, deux principes essentiels du droit public moderne. Dans
les pays moins avancés en civilisation, c'est leur légitime espoir
d'obtenir avec le temps une situation analogue. Il se peut que des
crises d'opinion, comme Tantisémitisme, dont le déclin est d'ailleurs
sensible depuis quelques années, enrayent à leur préjudice la
marche du progrès. Mais ils commettraient la pire des fautes en
ratiûant un projet qui serait interprété comme une reconnaissance
des griefs contre lesquels n'ont cessé de protester avec eux tous les
esprits libéraux.
Ajoutons que, au point de vue diplomatique, alors que de tout
temps la question des Lieux Saints fut Tun des éléments de la
question d'Orient incessamment renaissante, et aujourd'hui encore,
en dépit des haussements d'épaules des sceptiques et des railleurs,
la constitution d'iln Etat juif en Palestine avec Jérusalem comme
capitale, et le Saint Sépulcre comme attraction dominante, peut
passer pour une des plus folles chimères qui jamais>aient hanté une
imagination déséquilibrée.
LE CONGRÈS DE BALE
Le Congrès des sionistes s'est ouvert dimanche à Bâle.
Cette première séance comprenait aoo participants venus
d'Europe, d'Amérique et de Palestine . Plusieurs rapports ont été lus
sur la situation générale des Israélites à Paris, en Algérie, en Angle-
terre, en Russie, etc.
Le bureau est formé de M. Herzl, président ; Max Nordeau, doc-
teur Salz, vice-présidents .
Le docteur Lippe, de Yassi, a ouvert la séance en faisant l'histo-
rique du sionisme. Il croit que le sultan est disposé à céder la
Palestine pour le rétablissement de la nation juive.
I^ docteur Herzl, président du Congrès, conûrrae les déclarations
de M. Lippe, et affirme que la renaissance du sentiment national
juif est l'heureuse conséquence de l'antisémitisme.
M. Max Nordeau, très applaudi, soutient la même thèse. Il
déclare qu'Israël est heureux de se purifier des éléments qui le
souillent et que la plupart des juifs, honteux de leur origine, ne
méritant d'avoir aucune place dans la communauté Israélite, sont
responsables des malheurs de la race et du mouvement antisémite.
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l'univers ISRAÉLITE 747
Il leur souhaite bon voyage et déclare les vrais juifs heureux de se
séparer d'eux.
Les orateurs se succèdent, exposant la situation des juifs en
Allemagne, en Bulgarie, en Russie. M. Bahar traite la question juive
en Algérie.
La création de la caisse nationale sioniste est mise à Tordre du
jour pour la séance de demain.
Les déclarations de MM. Herzl et Lippe sur les dispositions du
sultan ne laissent plus hésiter entre TArgentine et la Palestine pour
établir la nouvelle Sion.
Aussi le Congrès a-t-il voté une adresse télégraphique au sultan
pour le remercier de la protection qu'il accorde aux Israélites dans
son empire.
Le Congrès sioniste a formulé comme suit son programme :
La Palestine, patrie des Israélites^ est garantie par le droit
public.
Pour atteindre ce but, le congrès propose tes moyens suivants :
Encourager pratiquement Témigration en Palestine des colons
juifs qui se voueront à l'agriculture ;
Organisation du groupement des juifs par mesure d'ordre
général sur la base des lois régissant leurs pays respectifs ;
Renforcer le sentiment national des juifs.
Le rapporteur, M. de Bodenheimer de Cologne, émet l'idée de la
fondation d'une banque nationale juive pour procurer les fonds
pour l'organisation du sionisme.
Un Comité central a été nommé, formé des représentants des
divers pays, pour préparer les propositions relatives à cette organi-
sation.Le chiffre total des adhésions parvenues tant des particuliers
que des Communautés du monde entier formerait, dit-on, un total
de 5o,ooo.
Une lettre du grand rabbin de France est accueillie avec enthou-
siasme.
Voici les propositions qui ont été faites au Congrès de B&le pour
la création d'un capital national :
I. — . Pour la création d'un fonds social Israélite des donations et
des souscriptions temporaires seront faites parmi les juifs du monde
entier ;
II. — Les deux tiers du capital seront employés à l'achat de
terres et un tiers sera affecté à la culture de ces terres ;
m. — Ces terres ne pourront jamais être vendues à des étran-
gers ni même à des particuliers Israélites, mais ne pourront être
que données en location pour une période qui n'excédera pas qua-
rante-neuf ans ;
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748 l'univers ISRAÉLITE
IV. — Le fonds social devra rester sans emploi jusqu'à ce qu'il
atteigne le chiffre de !i5o millions de francs ;
V. — Mais, avant qu'un usage quelconque soit fait d'une partie
de cette somme, on devra fournir une garantie de remboursement
en cinquante ans ;
VI. — Avant qu'aucune somme excédant l'intérêt annuel du
capital puisse être engagée, on devra, autant que possible, obtenir
Tassenliment des intéressés;
VU. — Les deux tier» des votes seront indispensables, s'il s'agit
d'une dépense excédant la moitié du capital ;
VIII. ^ L'administration sera libre de disposer de sommes n'ex-
cédant pas rintérôt annuel ;
IX. — Toutes les dépenses seront, s'il est possible, sanctionnées
une année à l'avance par le peuple juif ou ses délégués. Ce n'est que
dans les cas très urgents que l'administration pourra faire des
dépenses non prévues, mais elle devra en faire l'objet d'un rapport
à une réunion ultérieure ;
X. — Le Congrès de 1897 ^^ nommera qu'une administration
provisoire. Le Congrès suivant élira pour dix ans les administrateurs
qui auront à élaborer les statuts;
XI. — Tout changement à ces règlements- devra être autorisé
dans une réunion plénière avec deux tiers de majorité en faveur du
projet ;
XII. — Un plébiscite devra être annoncé trois fois, avec un
intervalle de dix ans entre chaque proclamation qui devra être
répandue dans le monde entier.
Bàle, 31 août.
Hier soir, banquet très animé. De nombreux toasts ont été
portés.
Aujourd'hui, le Congrès a arrêté les détails de son organisation
sur les bases suivantes :
Un Comité central est nommé, avec siège à Vienne pour Tannée
courante. Ce Comité, dont le président est le docteur Herzl, est
' composé de 23 membres, parmi lesquels MM. Schnierer, Kokesch,
Mayer et Mintz. Des délégués, représentant les différents pays,
seront chargés de correspondre avec le Comité de Vienne. M. Babar,
l'auteur de la brochure : Restons ! dont a parlé la Libre Parole^A été
nommé délégué pour l'Algérie.
Le Comité central devra s'employer à organiser Fagitation
sioniste, à développer la colonisation juive ; son action sera à la
fois diplomatique et financière. C'est à lui qu'il appartiendra de
fixer le lieu et la date du prochain Congrès,
La cotisation annuelle est (ixée à i fr. Les sionistes payant la
cotisation ont droit à un délégué au Congrès par cent membres.
Le Congrès a voté une résolution tendant à la création d'an fonds
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l'uNITERS ISRAÉLITE 749
national. Le rapport du docteur Schnierer sur la colonisation a été
très applaudi.
Les propositions relatives à la création de Tassociation scolaire
et à la société pour la littérature hébraïque ont été adoptées à
l'unanimité.
Ce soir à dix heures, séance de clôture.
Demain, réunion des journalistes et étudiants sionistes qui veu-
lent créer entre eux une fédération.
LES JUIFS DEVANT Lt&LISS & DEVANT L'HISTOIRE
[Nos lecteurs se rappelleront sans doute l'article de notre colla-
borateur Louis Lévy sur les juifs devant V Eglise et devant l'Histoire
par le R. P. Constant et llndignation avec laquelle il avait repoussé
rinfàme accusation de meurtre rituel reproduite avec complaisance
dans le livre du Révérend Père ; on se souvient aussi d'un article
du journal V Univers et le Monde , organe du parti catholique, que
nous avions cité en note et qui ne faisait aucuAe réserve sur les
assertions du R. P. Constant. ,
Dans son numéro du a3 aodt, le même journal a publié un long
article de M. Tabbé Casablanca qui marque plus de justice ot de
justesse. Il y aurait encore plus d'un point à reprendre. M. Casa-
blanca s'est laissé emporter par les clichés de la polémique cou-
rante. Ce sont de ces locutions qui sont tellement dans l'air d'au-
jourd'hui que même les meilleurs esprits les emploient. Cependant
un écrivain sérieux devrait s'en défendre.
A propos du meurtre rituel l'abbé Casablanca écrit qu'« il convient
de faire des réserves sur le meurtre rituel^ dont la réalité officielle
ne nous parait pas prouvée » . C'est l'auteur lui-même qui souligne.
Pourquoi officielle ? Qu'est-ce qu'une réalité officielle ? Le meurtre
rituel n'a jamais existé et n'a jamais pu exister. Nous aimons mieux
quand l'auteur dit : < Il serait peut-être digne de notre siècle de
lumière de reléguer ce meurtre rituel dans le domaine des
légendes... » Nous aurions encore mieux aimé q^e l'auteur edt
fulminé contre cette ineptie et qu'il eût laissé de côté les « peut-
être » et autres restrictions dont il s'est probablement servi pour
ne pas trop froisser son collègue le R. P. Constant, plutôt que par
conviction personnelle.
Quoi qu'il en soit, nous rendons hommage à la modération et à
l'impartialité de M. l'abbé Casablanca, et nous donnons ci après des
extraits de son article en imprimant en italique les passages les plus
importants :]
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JÔO l'univers ISRAÉLITE .
Lorsqu'on veut traiter, avec convenance, impartialité et
fruit, la question si complexe des juifs, il laut avoir constam-
ment sous les yeux trois grandes paroles : la parole d'un Dieu,
la parole d'un homme, et la parole d'une femme. La première a
été prononcée par Jésus-Ghrist,«aZu5 ex Judœis est ; la seconde,
par saint Paul, et sic omnis Israël salvus fieret ; la troisième,
par la Samaritaine, non enini contuntur Judœi Samaritanis.
Ces trois paroles sont tout un programme, parce qu'elles expri'
ment les trois pensées mères qui se dégagent de ce grand sujet
et qu'elles doivent servir de lumière et de guide à l'historien,
au polémiste et au philosophe qui se livrent à son étude. Ces
trois pensées sont : une pensée de respect et de conservation ;
une pensée d'apostolat et de conversion, et une pensée de
vigilance et de préservation.
Une pensée de respect et de conservation pour un peuple
qui, malgré sa déchéance séculaire, a conservé les trois grands
monuments qui sont l'honneur et le soutien, plein d'espérance,
de l'humanité ; nous voulons dire : i° la parole infaillible de
Dieu, avec ses dogmes d'un seul Dieu créateur, d'une Provi-
dence gouvernant toutes choses, d'un législateur suprême,
rémunérateur de la vertu et vengeur du vice dans une vie
future ; a** V instrument des promesses messianiques ; 3® la charte
sublime qui inspire, dirige et réglemente i'activité humaine
dans le for de la conscience, dans le cercle borné de la famille,
dans les murs de la cité et dans le champ plus vaste de la
société. « Les autres peuples, dit le Père Lacordaire, ont eu
des historiens, des jurisconsultes, des sages et des poètes, mais
qui sont à eux senls et forment une gloire privée : le peuple
juif a été rhistorien, le jurisconsulte, le sage et le poète de
l'humanité. »
Or un peuple qui a porté dans son sein l'àme du Christ, sur
ses lèvres la parole infaillible de Dieu et dans ses mains les
semences de la civilisation, ce peuple, disons-nous, mérite d'être
traité avec respect.
C'est ce respect que lui avait accordé Alexandre qui. à la
simple vue de la Bible dans les mains du grand prêtre laddus,
se sentit saisi de vénération envers un peuple qu'il conserva
alorfe qu'il avait juré de l'exterminer.
C'est ce respect qu éprouvait saint Justin dans son Dialogue
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l'univers isilaJlitb 75i
avec le jnif Tryphoii,ovi il parle,avec une admiration empreinte
de regrets, a de la majesté du peuple d'Israël et des dons de
prophétie qui avaient passé de la synagogue à TËglise » .
C'est ce même respect que nous trouvons dans les écrits de
saint Augustin, quand il s'écriait : « Qu'est aujourd'hui le
peuple juif, sinon le garde des archives des chrétiens, le porte-
paroles de la loi et des prophètes en témoignage de la prédi-
cation de l'Eglise ? »
Ce sentiment de respect entraîne celui de la conservation :
« Les juifs, dit le pape Innocent III,9ont les témoins vivants de
la vérité de la foi chrétienne. Le chrétien ne doit pas les exter-
miner, ni même les opprimer, pour qu'il ne perde pas lui-même
la connaissance de la loi. »
Au sentiment de respect et de conservation qu'il faut avoir
en traitant la question juive, doit s'ajouter un sentiment
d'apostolat et de conversion. Le peuple juif est pour le chrétien
plus qu'un frère en Dieu, il est son père dans la foi. Il y a
plus : nous chrétiens, nous gardons encore certaines pratiques
religieuses observées par les juifs : « Lorsque sous le Nouveau
Testament, dit le pape saint Léon, nous observons quelques-
unes des pratiques de l'Ancien, la loi de Moïse semble ajouter
un nouveau poids à celle de l'Evangile, et l'on voit par là que
Jésus-Christ est venu, non pour abolir la loi, mais pour l'accom-
plir. »
Eh bien î en parlant d'un frère et d'un père dévoyés, notre
devoir n'est-il pas de nous servir de termes qui soient de nature à
les faire rentrer en eux-mêmes, à leur donner à réfléchir, à leur
laisser voir la joie que nous aurions à les retrouver sur le
chemin du devoir, de la vérité et de la vertu? C'est ainsi que
parlait et qu'agissait Jésus-Christ qui, né de parents juifs,
au milieu de juifs, n'avait qu'une ambition, « ramener au bercail
la brebis égarée de la maison d'Israël ». C'est ainsi que pensait
et qu'agissait saint Paul, lorque, parlant des juifs, il écrivait aux
chrétiens de Rome : « Je veux bien vous découvrir un mystère. . .
qui est qu'une partie des juifs est tombée dans l'aveuglement
jusqu'à ce que la multitude des nations soit entée ; et cpi'ainsi
tout Israël sera sauvé selon qu'il est écrit : il sortira de Sion un
libérateur qui bannira l'impiété de Jacob; et c'est là l'alliance
que je ferai avec eux ; cdnsi, quant à TEvangile, ils sont ennemis
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75a l'univers israélitb
à cause de vous; mais, quant k rélection, ils sont aimés à cause
de leurs pères. »
Et Tardeup de son zèle l'entraînait jusqu'à demander « d'être
anathématisé et séparé de Jésus-Christ pour ses frères qui
étaient d'un même sang que lui selon la chair ». Telle avait été
aussi la pensée et la manière d'agir de tous les apôtres, qui ont
commencé par former une église un peu judaîsante, composée
pour la plupart de juifs convertis, gouvernée par quinze
évêques de la même nation énumérés par Eusèbe dans Tordre
suivant : Jacques, frère du Seigneur, Siméon, fils de Cléophas,
Juste, Zachée, Tobie, Benjamin, Jean, Mathias, Philippe,
Sénèque, Juste, Lévi. Ephrem, Joseph et Jude.
Les papes, marchant sur les traces de leur divin chef et des
apôtres, se sont toujours efforcés de ramener le peuple juif à
la foi catholique : « Il faut, écrivait saint Grégoire le Grand,
les appeler à l'unité de la foi par la douceur, en les persuadant,
en leur faisant entendre la voix de la charité. La violence est
propre à dégoûter ceux que la douceur et la charité attirent. »
Or, c'est la méconnaissance de ces deux sentiments de
respect et d'apostolat, et l'oubli de ces grands devoirs qui ont
fait et qui font chaque jour que des écrwains de talent et
d'ardents patriotes dépassent toute mesure en traitant la ques-
tion juive. Bornant leurs regards au seul théâtre des faits,
s^arrétant aux crimes isolés, aux vices personnels, à une
certaine corruption locale; confondant le présent avec le passé,
les scories d'un peuple avec tout un peuple; ne tenant aucun
compte ni du tempérament, ni des vicissitudes, ni des déses-
poirs d'une nation qui fut glorieuse entre toutes; sans se
soucier ni des devoirs de la charité ni des prescriptions de la
justice, ni de la mission de l'Eglise, ni du bien des âmes, ces
écrivains lancent Vinjure et le sarcasme, la malédiction et
Vanathème, déchaînent la haine enflammée elles plus fér oc ss
appétits contre tout un peuple qu'il faudrait éclairer par une
discussion calme et lumineuse, ramener par des procédés doux
et conciliants et convertir par les attraits vainqueurs de la
charité .
Cependant, tout en parlant de ce peuple avec respect et
mesure, tout en travaillant à sa conversion, l'écrivain a le
devoir de signaler sa perversité à la vigilance publique afin
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l'univers ISRAÉLITE ^SS
de prémunir celle-ci contre ce dangereux contact. Il est
certain qne le juif — malgré les civilisations nombreuses aux-
quelles il s'est frotté — a gardé un fond vicieux qui lui a valu
d'ailleurs les plus durs traitements ; c'est ce qui a provoqué
cette boutade de Montesquieu : « La religion juive est un vieux
tronc qui a produit deux branches : le christianisme et lemaho-
métisme; ou plutôt, c'est une mère qui a engendré deux fîUes
qui Font accablée de mille plaies. » Oui, traqué, persécuté,
réduit en servitude par les uns; exploité, volé par les autres;
haï, méprisé, détesté par tous ; aigri, irrité, assoiffé de repré-
sailles et de vengeance, pétri de toutes les convoitises et d'hy-
pocrisie, armé d'astuce et de fraude, ce peuple apporte parmi
nous un fonds d'immoralité native amplement développé par
l'immoralité de ses oppresseurs. Il est Juste néanmoins de
constater que les Juifs établis en France y assimilent mieux que
les autres les bienfaits de notre civilisation.
Eh bien ! au lieu de le vouer au mépris et à la réprobation ;
au lieu d'ajouter à son ressentiment et à sa vengeance par des
paroles haineuses et de stériles provocations, la prudence et la
sagesse commandent de se mettre sur ses gardes, de le tenir à
distance, n'entaipant avec lui aucune relation de famille, aucun
trafic commercial, aucune exploitation industrielle et même
aucun rapport professionnel, si Ton se sent trop faible dans sa
foi ou disposé à la spéculation. De cette façon on sailvegarde
sa foi, sa conscience etsa bourse. Nous devons toutefois recon-
naître quiljy a des exagérations dans les griefs qu'on reproche
auxjuijs; que les recommandations que nous faisons ont un
caractère général et quiljy a parmi eux de très honnêtes per-
sonnes qui méritent toute confiance.
Ce n'est donc qu'en restant dans ces données de respect, de
conversion et de préservation, qu'on peut faire, en traitant la
question juive, une œuvre utile, impartiale et chrétienne...
Il convient de faire des réserves sur le meurtre rituel, dont
la réalité officielle ne nous parait pas prouvée. Nous dirions
même que certaines Bulles des Papes Innocent IV, Martin V et
Paul III laissent entendre qu'ils considéraient ces accusations
comme n'étant pas fondées.
C'est ainsi que le premier menace de l'excommunication les
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754 l'UNÏVBRS ISRAiraJTE
chrétiens qui exhument des cimetières juifs certains cadaTres
sous prétexte qu'ils font usage, dans leurs cérémonies, du sang
humain : ce qui leur est défendu par TAncien Testament, qui va
même jusqu'à leur interdire le sang des animaux ; decrepimus
ut nemo in cœmeterium Judœorum.., audeat corpora humata
effodere, nec aUqms eis objiciat quod in ritu suc humano
UTANTUR SANGUINE, cumtamen inVeteri Testamento prœceptum
sit ei», ut humano sanguine taceamus quod quolibet sanguine
non utantur... Si quia... contrarie tentaverit,.. excommunica-
tionis ultione plectatur, (Bulla VU kal. octobris anno
XI.-MCCLII.)
C*est ainsi que le second reconnaît que les chrétiens accusent
injustement les juifs de mêler le sang humain à leurs azj-mes
et de jeter du poison dans les fontaines. Nonnumquam etiam
plurimi Ghristiani asserunt Judœos venenum in fontibus
injicisse et sais azymis humanum sanguinem immiscuisse; ob
quœ scelera eis sic injtste objecta, talia asserunt adperniciem
hominum pervenire. (Bulla Martini V. Kal Martii an.
MCGCXXII.)
Ëniin,Paul III se plaint d'apprendre avec peine que quelques
chrétiens, aveuglés par Ta varice, pour avoir un prétexte de
s'emparer des biens des juifs, disent que ceux-ci tuefit leurs
enfants pour en boire le sang ; il ajoute que c'est là une
fausse accusation; displacenter accepimus quod nonnulli
christianiy açaritia obcœcati, ut ipsorum Judœorum bona, cum
aliquo colore usurpare çaleant, dicunt quod parvulos
infantes occidant et eorum sanguinem bibant... eis falso
iMPiNGUNT. (Romœ XII Maii an. \1.-MDXXXX.)
Il a pu y avoir des meurtres isolés, inspirés par le fanatisme
sectaire ; ce sont là des cas particuliers qu'il ne serait pas juste
d'imputer à tout un peuple, à toute une législation. Il serait
peut-être digne de notre siècle de lumières de reléguer ce
meurtre rituel dans le domaine des légendes oà dort depuis
longtemps le meurtre des enfants tant reproché aux premiers
chrétiens,,.
L'Abbé Casabianca,
premier vicaire
de Saint^Ferdinand'deS'Temes.
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l'uNïVBRS ISRAiLITB ^55
L1MM0RTAIITÉ DE L'AME
CHEZ LES PHILOSOPHES JUIFS DU MOYEN-AGE (i)
L'auteur s'est proposé d'étudier la doctrine des philosophes
juifs depuis Saadya jusqu'à Maîmonide sur l'immortalité de
l'âme. Mais comme tous ces philosophes appuient leurs rues à
la Bible et au Talmud, M. Templer montre d'abord la façon
dont la Bible et le Talmud ont envisagé le problème.
Des savants ont nié que l'Ecriture parle de l'immortalité. Et,
de fait, nos livres sacrés n'en font pas profession expresse.
Cependant les indices ne manquent pas pour établir qu'Israël
croyait à une vie d'outre-tombe.
Il y a d'abord la distinction du corps et de l'àme ; F âme
n'est pas la résultante d'une combinaison physique, puisque
Dieu, après avoir formé l'être humain avec de la poussière, lui
insuffle la Dn->n r^ac: (Gen., II, 7). «
Ensuite Dieu dit à Abraham : « Et toi tu vas te réunir en
paix à tes ancêtres » (Gen., XV, i5), ce qui veut dire : « tu vas
mourir ». Or, le père d'Abraham, Térach, était mort à Haran
{Gen.y XI, 3q) et y fut probablement enterré, tandis que le
caveau d'Abraham se trouvait dans la grotte de Macpélah à
Hébron, en Canaan (Gen., XXIII, 19). Donc, la réunion aux
ancêtres n'est pas une réunion corporelle, mais spirituelle ; ce
sont les âmes qui se retrouvent.
Au chapitre XXXVII de la Genèse, verset 35, Jacob dit au
sujet de Joseph : « Je vais descendre endeuillé auprès de mon
fils dans le scheol. » Mais le patriarche croyait que son fils avait
été déchiré par des bêtes féroces ; dès lors ce n'était pas auprès
du corps de Joseph qu'il pensait se rendre, mais auprès de son
esprit.
Le Deutéronome (XVIII, 11) interdit toute pratique de
nécromancie et de spiritisme ; cette interdiction même prouve
chez le peuple la croyance à la survie. •
(l) Die UnsterblichkeHslehre beim den jud. Philos, d. Mit tel-
alters, par B. Templer, chez Breitenstein, Vienne, 79 pnges.
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756 l'univbrs Israélite
Toutefois, Texistence du scheol qui nous est assignée après
l'existence sur terre ne se distingue pas de Tinconscience. Le
scheol est un pays d'ombres et d'épaisses ténèbres (/o6, X, 21),
où les âmes sont engourdies dans le mutisme et le repos et où
il n'y a ni action, ni réflexion, ni raisonnement, ni savoir
{Ecclés., IX, 10), et dont nul ne revient (Job, VII, 9, 10).
En opposition avec cette croyance à un scheol étemel, les
prophètes annoncent un jugement dernier, le mn-» or, époque
de terreur et d'épouvante. Alors l'Eternel dans l'emportement
de son courroux jugera les méchants et les fera périr et ten*as-
sera l'orgueil, l'arrogance et la puissance. Le sang, le feu et
des tourbillons de vapeur annonceront cette révolution ; le
soleil s'obscurctra, le ciel tremblera, la terre sera secouée dans
ses fondements, la lune et les étoiles s'éteindront, la terre
deviendra une vaste et effroyable solitude. La foudre frappera
les cèdres du Liban et les chênes et la cime des montagnes et
les tours élevées et les hautes murailles. En ce jour l'Eternel
trônera splendide sur le Sion. Les pieux et les fidèles échappe-
ront k ces calamités et se rassembleront dans Jérusalem.
Mais auparavant Elie apparaîtra, qui épurera les cœurs, afin
de les préserver du néant.
Après ce jugement un rejeton de la branche d'Is^i rétablira
la royauté en Israël. Il régnera en toute droiture et pleine
justice. L'esprit de TEternel se répandra sur tous, au point que
tous seront prophètes. Le sanctuaire sera reconstruit et de là la
connaissance de Dieu s'épanchera sur la terre entière. Toutes
les nations viendront à Jérusalem pour recueillir la parole
divine; plus de guerre, mais paix universelle.
A côté de la croyance à l'immortalité individuelle, il y
avait la croyance à l'immortalité impersonnelle, comme dans
V Ecclés,, XXII, 7, où il est dit; « La poussière retourne à la
terre et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné. »
Telles sont les idées que les Israélites s'étaient formées de
l'âme aux différentes époques bibliques et suivant leur degré
de développement intellectuel.
Tandis que la Bible ne nous fournit aucune affirmation
directe sur l'inSmortalité, le Talmud abonde en passages où
l'imagination des docteurs s'est donné carrière au sujet des
beautés du monde futur, du xzn n^ir.
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE 'j5'J
pendant les doaze mois que dure la décomposition de Forga-
nisme, Tâme monte et descend, puis elle s'élance vers le ciel.
Tant que la dépouille n*est pas inhumée, elle perçoit tout ce qui
se passe autour d'elle ; donc elle entend Toraison funèbre qu'on
prononce sur elle. Certains admettent que le travail du ver
donne au cadavre la sensation d'une piqûre d'aiguille, que les
morts compatissent à nos peines et savent ce que les hommes
disent sur leur compte.Le juste jouit de la volupté suprême,qui
consiste à contempler la gloire de Dieu.
L'ange de la mort remet le défunt au gardien des morts,qui
s'appelle naiT. L'âme plane au-dessus du corps pendant sept
jours. Elle parait devant le souverain Juge. La défense est pré-
sentée par les mitzwôth, c'est-à-dire les bonnes actions, par les
membres,par les murs de la maisqn ; l'accusation par le Jétzerha-
Ra,le penchant au péché.Chaque action est soumise à l'examen,
l'homme reconnaît l'avoir accomplie et par là souscrit au juge-
^ ment.La sentence ou le condamne au Guéhinnom ou lui réserve
les joies du Gan-Eden. Le paradis est la résidence des justes, qui
reçoivent un rang proportionné à leur valeur niorale. Dans
l'enfer, les pervers rôtissent dans un feu terrible et souffrent les
peines les plus cruelles. Cela dure douze mois; après quoi ils sont
délivrés. Seuls trois sortes de pécheurs sont voués à une damna-
tion éternelle : radultère,celui qui offense son prochain en public,
et celui qui lui attache un nom injurieux. D'autres docteurs
prétendent que les âmes des justes habitent sous le trône de
Dieu, alors que celles des méchants errent sans' cesse sans
trouver de repos.
Avant la résurrection il y aura un deuxième jugement où
comparaîtront à nouveau les justes, les impies, et ceux qui ne
sont ni l'un ni l'autre. Les ressuscites jouiront de la béatitude
éternelle.
On voit combien divergeaient les opinions sur l'immortalité
et combien plus la fantaisie a eu de part à ces conceptions que
l'effort de la pensée philosophique.
Louis Lévy.
{La fin prochainement.)
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^58 l'univers ISRAiLITB
EN ALGÉRIE
Nous recevons d'un de nos correspondants d'Algérie la lettre
suivante:
Nous nous étions habitués ici à Fantiséniitisme officiel;
nous étions familiarisés, presque, avec les dénis de justice, les
vexations et les humiliations de toute une administration
servilement accroupie aux pieds d'un chef. Nous ne considé-
ri£)ns plus comme une offense faite à nc^re amour-propre, à
notre dignité d'hommes et de citoyens libres d'un pays libre,
Tostracisme et l'exclusion systématique voulue, hamiliante,
dont nous étions Tobjet. Il nous fallait autre chose, il fidlait
pis. Nous avions encore une arme pour répondre à nos détrac-
teurs, à ceux qui ont ruiné l'Algérie et l'ont faite ce qu'elle est;
cette arme, c'était le bulletin de vote qui nous permettait de
manifester notre opinion. On essaya d'opérer les fameuses
radiations électorales. La Cour de cassation fit bonne justice
de cette tentative qui ne tendait à rien moins qu'à frustrer
quarante mille citoyens de leurs droits, au profit d'une coterie
qui n'a pas le courage de prendre la responsabilité de ses actes
et les fait couvrir par la ligue anti-juive et ses chefs, des Ita-
liens, des Belges et des AUemand^ijiaturalisés d'hier.
Aujourd'hui, c'est par l'intimidation que l'on veut arriver
aux fins que l'on se propose. Terroriser tout un pays, entraver
les aflaires, suspendre les transactions, décourager le colon,
alfoler le commerçant, ruiner tout le monde et ameuter
contre la plus honorable partie de la population la lie des
cosmopolites réfugiés en Algérie, tel est le programme et tels
sont les moyens que l'on a trouvés pour satisfaire, sous le
couvert d'antisémitisme, de mesquines ambitions personnelles.
Tout comme à Constantine, nous avons eu, le 3o juillet
dernier, la manifestation de la rue. Bien n'a manqué au défilé
grotesque des champions-esthètes de la ligue antijuive — [ni les
gourdins corses, ni les matraques des indigènes, ni la canne
d'entraînement des Oscar Wilde d'Alger, n'ont fait défaut à
cette mascarade qu'encadraient quelques agents de la sûreté,
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L UNIVERS ISBAéUTB 759
foyant pour un instant ies douceurs de la manille ou les siestes
au square].
Hélas, trois fois hélas ! les juifs n'ont pas donné dans le
panneau ^~ comme on dit Tulgairemeiit. — Ils sont restés
impassibles, et ils ont bien fait.
Cette tentative n'a pas réussi ; on la renouvellera, c'est
incontestable, mais tant va la cruche à Teau qu'à la fin elle se
casse. Une poignée d'énergumènes ne se jouera pas impuné-'
ment de toute une population paisible, tranquille. Forcément,
fatalement une réaction se produira un jour ou l'autre. Et à ce
moment, devant les assises, on étalera sous les yeux du jury
les instructions détaillées du mouvement antisémite, on lèvera
le torchon nauséabond qui masque encore le visage des insti-
gateurs et force sera au gouvernement français, au ministre de
rintérieur de la République française, de mettre en pleine
lumière le louche personnage ainsi dévoilé et arraché à sou
piédestal.
oogoo*
HUET HÉBRAlSANT
(Suite)
Huet a écrit aussi ime Histoire du commerce et de la navi-
gation des Hébreux, qui est un aperçu sur la civilisation
Israélite.
Etant donnée la nature sociable de l'homme, dit Huet, nos
premiers ancêtres devaient dès l'origine pratiquer entre eux
une sorte de trafic. Le chasseur donnait son gibier au pêcheur
qui offrait du poisson en retour. Gain devait fournir à Abel des
blés et fruits en échange des peaux, des laines, des laitages, et
peut-être des viandes qu' Abel lui cédait.
Bientôt des villes se bâtirent, les diverses professions et
métiers se constituèrent, et les hommes se communiquèrent les
fruits de leur industrie. Qu'aurait fait Tubalcaîn de ces ouvrages
de cuivre et de fer, s'il n'en avait trafiqué avec ses voisins ?
Considérons la construction de l'Arche, les matériaux, les outils,
les ouvriers qu'on dut y employer.» On ne peut pas douter qu'il
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760 l'univers ISRAÉLITE
n'y eût alors quelque espèce de commerce entre les hommes,qm
s'entretenait par le secours des bêtes de charge, des chevaux,
des ânes, des chariots, etc. » On peut croire aussi qu'on se ser-
vait de radeaux de joncs ou de bois, mais non pas encore de
grands navires, car alors beaucoup d'hommes auraient échappé
au Déluge.
Après le grand cataclysme, la navigation se développa et
mit en rapport les peuples éloignés.
Les terres appartinrent aux premiers occupants. Abraham
et les siens menaient une vie nomade. Quand le patriarche se
sépat'a de Loth, il lui laissa choisir le champ qui lui convenait.
Quand Isaac s'appliqua au labourage de la terre de Gérar,ce ne
fut que sur la permission d'Abimélech.On ne voit pas qu'Abra-
ham ait possédé aucun fonds de terre avant l'acquisition du
champ d'Ephron, pour y enterrer Sarah. On voit aussi que
Jacob à son retour de Mésopotamie acheta un champ des enfants
d'Hémor au prix de 100 agneaux. Ces contrées ne tardèrent pas
il se peupler,car les explorateurs envoyés par Moïse pour recon-
naître le pays furent épouvantés de la grandeur des villes et du
nombre et de la force de leurs habitants.
L'Ecriture nous parle de caravanes au sujet de Joseph vendu
par ses frères. Elles revenaient de Galaad, chargées d'aromates
et autres précieuses marchandises qu'ils portaient en Egypte.
L'achat qu'ils firent de Joseph pour le revendre à Putiphar
montre que leur trafic ne se bornait pas à ces marchandises de
Galaad.
Les prévisions que fait Joseph, devenu ministre, jettent un
plus grand jour encore sur l'activité et les relations commer-
ciales de l'époque.
Le même chapitre de l'histoire sacrée nous prouve que le
trafic se faisait déjà par argent. Les enfants de Jacob vendent
leur frère pour de l'argent. Ils en donnèrent pour le blé qu'ils
achetèrent en Egypte, et Joseph remplit les coffres de Pharaon
des sommes qu'il tira de la vente de ses blés.
Pour le commerce maritime, nous n'en voyons aucune trace
dans l'histoire sainte avant les navigations de Salomon.Ge n'est
pas à dire que jusqu'alors les Hébreux se fussent abstenus de
pérégrinations sur mer. Leur séjour parmi les Egyptiens et
leur contact avec les Phéniciens sur la terre de Ghanaan avait
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l'univers ISRAÉLITE 76I
dû leur faire tenter des entreprises du côté de la navigation.
Non pas qu'ils pratiquassent le négoce sur mer dans les mêmes
proportions que les Sidoniens et les Tyriens : leur territoire ne
touchait que peu à la mer. Mais on sait que Joppé servait de
port à la Judée et que Salomon s*en servit pour faire venir les
matériaux qu'il employa à ses constructions.
Ici Huet parle d'Ophir et de Tharsis. Selon lui, Ophir était
le nom. général de toute la côte orientale d'Afrique et en parti-
culier de Sophala, région abondante en or, et Tharsis le nom
général de toute la côte occidentale d'Afrique et d'Espagne, et
en particulier la côte voisine de l'embouchure du (iuadalquivir,
pays fertile en argent. Josaphat voulut renouveler ces voyages
lucratifs d'Ophir et de Tharsis et prépara à cet effet des flottes
dans le port d'Asiongaber. Mais les navires furent brisés dans
le port.
Notre auteur assure que dès le temps de Salomonon connais-
sait le cap de Bonne-Espérance et que les Portugais n'ont fait
que le retrouver.
Il nous reste à dire quelques mots de la Démonstration
évangélique^ énorme travail, plein d'érudition, mais qui con-
tient des vues bizarres et fausses, comme celle qui fait des
dieux du paganisme des images plus ou moins lointaines de
Moïse.
« Les anciens peuples, affirme Huet,connaissaient à peu près
Moïse par ses écrits, et d'autre part ils n'ont rien dans leur
histoire qui remonte au delà de leurs dieux. Si donc il est prouvé
que ces dieux ne sont autres que Moïse, l'antiquité des livres
de Moïse est par là-même démontrée». Huet cite les auteurs
selon qui Thoth.B&cchus et Osiris désignent Moïse ; Hercule,
c'est Josué ; Saturne, Jupiter; Neptune et Pluton figurent Noé,
Gham, Japhet et Sem ; Apollon Pythien représente Ruth;
Mercure, c'est Jéthro, beau-père de Moïse, etc. Moïse, c'est
encore Zoroastre, et Vénus, c'est Miriam, parce que Miriam
signifie « goutte de la mer » et que les Grecs avaient fait naître
Vénus de l'écume de l'océan.
Louis Lévy.
^ (La fin au prochain numéro.)
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76a
L^UNIVXIIS isRAiun
DONS
EN PAVEUR DES ŒUVRES DE LA COMMUNAUTE DE PARIS
Du 2y août au 3 septembre
MM. le baron Alphonse de
Rothschild 3000
Gustave de Rothschild.. 3000
Edmond de Rothschild. . 3000
Simon (L.), 3, rue de Ri-
voli ; 100
Blum,50, blv.de Couicel-
les 50
Kron 20
Meyer (Joseph) lO
Spielmann 20
Mme Wolf 20
MM. Didisheim(B€rnaTd) 10
Weill, 76, rue Taitbout.. 10
Bâcher 5
Erlanger.20, rue du Châ-
teau-d'Eau 5
MM. le rabbin Haguenau
Haimowit?,
le docteur Josephson. . . .
Kirsch
Landau
Lévy (Isaac),I6,rue Beau-
repaire
Lévy (S.),29,fbgSt-Mar-
tin *
Lippmann
Mayer (Sylvain)
Moch, 13, rue Bellefoud.
Steinmuller
Stern, 71, blv. Magenta.
Weill, 35, rue Montho-
loo
Nouvelles diverses
AVIS CONSISTORIAL
Par des dépêches en date des 24 et 28 août, MM. les Ministres de
la Marine et de la Guerre ont fait connaître au Consistoire central des
israélites de France qu'ils donnaient des ordres pour que des permis-
sions soient accordées aux militaires du culte israélite à Toccasion
des fêtes d'automne qui auront lieu cette année du 26 au 29 sep-
tembre et du 5 au 7 octobre.
Par décret en date du 17 août 1897 le Consistoire israélite de
Paris est autorisé à accepter un legs de Madame Léser.
**#
— A l'occasion du retour de M. le Président de la République
et de l'heureuse issue de son voyage, un service d'actions de grâces
sera célébré à l'ottice du samedi matin 4 septembre dans les
diverses synagogues de Paris.
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L*UNIY£RS ISRAÉUTB 7&3
Paris. — M.Méline.président du Conseil, vieat de recevoir une pétL
lion qui porte 2a signature d'un grand nombre de notabilités de la
science,de la littérature, de 1 Université et du clergé, et qui tend à
demander au gouvernement de la République « d'exiger du gouver-
nement ottoman les garanties nécessaires à la sécurité personnelle
et à la liberté de conscience de ses sujets arméniens ».
Parmi les signataires de cette adresse figurent, à côté de T&rche-
vêque de Paris, du président du Consistoire de TEglise réformée et
de M. Edouard Drumont, un certaSn nombre dlsraélites éminents
parmi lesquels nous remarquons MM. Michel Bréal, Lévy-Bruhl,
Joseph, Salomon et Théodore Reinach, Zadoc Kahn, grand rabbin
de France, Worms, de l'Académie de médecine, etc.
Nous ne pouvons que nous réjouir de voir des coreligionnaires
autorisés s'associer, môme en la compagnie de M. Drumont, à une
manifestation en faveur de la liberté de conscience. Nous nous
plaisons d'ailleurs à espérer que le jour où ce seront non plus des
Arméniens mais des juifs qui seront atteints dans leur « liberté de
conscience», les illustres signataires de l'adresse à M. Méline se
trouveront aussi nombreux et aussi éloquents pour faire entendre
de nouveau la voix de l'humanité et de la justice.
*♦#
— Sont nommés professeurs d'histoire :
M. Wahl, au lycée Condorcet ;
M. Salomon, au lycée Henri IV.
Sont nommés professeurs de rhétorique :
M. Berr, au lycée Henri IV;
M. Mayer, au lycée Carnot.
- Nous lisons dans le Petits Journal :
« Parmi les heureux élus au difûcile concours de l'agrégation ès-
sciences mathématiques, se trouve admis un jeune homme de vingt
ans, M. Emile Weill. Le cas est peu fréquent et mérite d'être
signalé.
» Le nouvel agrégé est un modeste, un travailleur, dont ce succès
récompense justement le labeur acharné. M. Emile Weill n'a pas
passé par nos lycées, mais simplement par les écoles communales
du m* arrondissement et l'école municipale Turgot, où ses dons
naturels attirèrent sur lui l'attention de ses maîtres.
» Il obtint, il y a deux ans, la demi-bourse de la Sorbonne, et
l'intérêt que ses professeurs lui portaient a fort heureusement
suggéré à ce timide l'audace nécessaire pour qu'il se présentât au
concours de cette année. »
* *
— Une médaille d'or de 2* classe a été, sur la proposition du
ministre de l'Intérieur, accordée à M. Haas (Michel), gardien de la
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764 l'univers ISRAÉLITE
paix à Paris. Déjà titulaire de deux médailles d'argent, s'est, dît le
Journal Officiel, distingué de nouveau dans plusieurs circonstances,
notamment en matlrisant des chevaux emportés.
— Ont obtenu, dans les Ecoles supérieures de commerce reconnues
par rEtat,des diplômes supérieurs et des certiûcats de capacité,à la
suite des examens de sortie de 1897 :
Eoole des Hautes Etudes commerciales
Diplômes supérieurs, — 4* Neuburger (André-Léon) ; 8' Simon
(Henri Louis) ; 3' Mayer (Arthur); 57* Picard (l^aul Armand);
79" Fould (Louis-Robert -Adrien); 89' Marix (Georges-Samuel);
9« Strauss (Albert) ; 97^ WeiUer (Joseph- Albert-Paul). — Certificats
de capacité.— i«r Lambert (Augustin-Louis-René) ; i8* Dornès (Ray-
mond-Auguste).
Ecole supérieure de Commerce de Paris
Diplôme supérieur, — 10' Keim (André-Molse). — Certificat de
capacité. — 8« Assayas (David).
Institut commercial de^ Paris
Diplômes supérieurs. — 3* Créhange (PMmond-Samuel-lsaac) ;
iQfi Hecht (André-Joseph) ; i3« Daltroff (Samuel).
Ecole supérieure de Commerce de Lyon
Diplômes supérieurs, — 6« Hirsch (Lucien); 35» Cahen (Ernest).—
Certificat de capacité, — 10^ Lanzenberger (André-Isaac).
Strasbourg. — Ecole israélite des Arts et Métiers, — Le Comité
de l'Ecole israélite des arts et métiers de Strasbourg vient de publier
son rapport sur Tannée 1896. La Société d'encouragement au travail
en faveur des Israélites indigents de la Basse-Alsace a été créée en
1825 et reconnue comme établissement d'utilité publique par ordon-
nance du 18 avril 1842. « Nous ne pouvons, dit le rapport, nous
défendre d'un sentiment de vive satisfaction en contemplant les
résultats obtenus pendant de longues années. Plus de 1,000 jeunes
gens recueillis dans notre maison, devenus des ouvriers instruits et
laborieux, des citoyens honnêtes, largement outillés pour le combat
de la vie, voilà ce qu*a réalisé notre institution dans ses 71 années
d'existence. »
Le nombre des élèves qui ont passé par l'établissement en 1896 a
été de 63; 16 ouvriers en sont sortis; 17 nouveaux élèves y sont
entrés.
Les recettes de toute nature se sont élevées à 2649^ nci« ^ pf
Les dépenses se sont montées à 22,662 m. 61 pf. Le nombre des
journées d'entretien a été de I9,74^>; les frais se sont élevés par tète
et par jour au chiffre de 0,869 m. Cette modique dépense, résumant
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l'uNIVBRS ISRAÉLITE ^ÔS
renlrelien complet de chaque élève, c'est-à-dire la nourriture, Tha-
billement, les frais d'instruction, etc., constitue le plus bel éloge
du système économique qui règne dans la maison. Les jeunes
ouvriers, après avoir travaillé chez les patrons les plus distingués
et les plus consciencieux de la ville, reçoivent, le soir à
récole, les leçons de maîtres éprouvés. L'enseignement donné daris
les classes du soir est aussi étendu que les ressources dont dispose
rétablissement le permettent; il comprend la religion, l'orthographe,
récriture, le calcul, la géométrie, le dessin linéaire et d'imitation.
Ajoutons que depuis deux ans un certain nombre des élèves, doués
d'aptitudes spéciales, ont été admis, grftce à la haute bienveillance
de M. le maire, à suivre les cours de l'école municipale de dessin. '
Cette année encore, les cours du soir ont été suivis gratuitement, à
titres d'externes, par des enfants de la ville sans distinction de culte.
Le capital inaliénable s'est accru, durant l'exercice écoulé, de
1600 m., et s'élève aujourd'hui à ii5,2oi m. 08 pf.
La commission administrattive de l'école se compose de MM. Gus-
tave Lévy, docteur en médecine, président; Isidore Gentzbourger,
vice-président, chargé de la discipline ; Isaac Weil, grand rabbin ;
Fernand Schwartz, trésorier; Dreyfuss-Maier, inspecteur des ate-
liers ; Jacques Hirsch, régisseur; Edmond Forest, secrétaire et ins-
pecteur des études; Léon Feist, co-inspecteur des ateliers.
Nous ajouterons que le rapport dont nous venons de donner une
faible analyse a été présenté par M. Lévy, docteur en médecine,
président de la commission administrative de l'école. Au risque de
blesser sa modestie, nous dirons que depuis de longues années
M. Lévy voue ses soins les plus dévoués et les plus intelli-
gents à cette humanitaire institution, dont, en sa qualité de médecin
et de philanthrope, il comprend mieux que personne le noble but et
la haute utilité. Nous adressons donc nos plus vives félicitations à
lui et à ses collègues de la commission, ainsi qu'aux nombreux pro-
tecteurs de l'ir'uvre. Grâce à leur concours, l'amour de l'occupation
honnôle est inculqué à toute une classe d'Israélites; gr&ce à leur géné-
reuse impulsion, un grand nombre de jeunes gens apprennent à
demander au travail qui ennoblit la seule et la vraie indépendance
à laquelle un homme puisse aspirer. (Journal d Alsace).
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