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Full text of "Lyon-horticole"

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—  368  — 

Une  prime  de  S"   classe  à  M.  Chardon,  pour  ses  Céleris  et  Gardons, 
à  M.  Villard,  pour  ses  Epinards  et  Fraises, 
à  M.  Villard,  pour  ses  Bégonias, 
à  M.  Guerry,  pour  ses  Pa'ates  et  Fraises. 
à  M.  Guerrj',  pour  ses  racines  de  Chervis. 
à  M.  Champalle,  pour  ses  Bégonias  de  semis, 
à  M.  Boucharlat    jeune,    pour  ses   Véroniques    à 

feuilles  panachées  et  à  fleurs  rouges, 
à  M.  Messa,  pour  ses  Pensées, 
à  M.  Ballin,  pour  son  Cypripedium  insigne, 
à  M.  Crozy,  pour  ses  Dahlias  gracilis  de  semis, 
à  M.  Morel  fils,  pour  l'ensemble  de  son  apport, 
à  M.  Liabaud,  pour  ses  deux  Crassula. 
à  M.  Liabaud,  pour  le  reste  de  son  apport, 
à  M.  Rozain,    pour    ses    Chrysanthèmes  et    plus 
particulièrement  pour  sa  variété  à  fleurs  blanches  de  semis. 

Pour   les   autres   apport?,  les   Commissions   demandent   l'inscription  au 
procès-verbal. 
Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 
L'assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  du  jury  pour  le  concours  de 
Chi'ysanthèmes  des  14  et  15  novembre. 

Sont  nommés  :  MM.  J.  Chrétien,  Comte,  Jussaud,  Belisse,  Girard,  Lasson- 
nerie  aîné,  Boucharlat  aîné,  Lassonerie  jeune  et  Charles  Laroche. 
Renouvellement  de  la  partie  sortante  du  Conseil  d'administration. 
Sont   nommés  :  M.   Therry,    M.   le   D'  Ponet,   M.   Rochet,   M.    Musset, 
M.  Pitaval,  M.  Labruyère. 

Sur  la  proposition  de  M.  Pitaval,  l'assemblée  décide  d'adresser  à  notre 
Président,  M.  Dutailly,  une  lettre  de  félicitations  d'avoir  été  réélu  député  de 
la  Haute-Marne. 

M.  le  Secrétaire  général  est  prié  de  faire  parvenir  à  M.  Dutailly  la  déci- 
sion de  la  réunion. 

Vu  l'heure  avancée,  la  suite  de  l'ordre  du  jour  est  renvoyée  à  la  prochaine 
séance. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  Le  Secrétaire- Adjoint,  J.Nicolas. 

Concours  de  Chrysanthèmes 

Tenu  les  Samedi  14  et  Dimanche  15  Novembre  1885 

par    l'Association    Horticole    Lyonnaise.    Salle   des  Réunions 

industrielles,   Palais  du  Commerce. 

Membres  du  Jury  :   MM.  B.  Co.mte,  N.  Kelissr,  J.  Chrétien,  Jussald, 
Lassonnerie  Frères,  Laroche  et  Girard. 

Président,  M.  Co.mte,    —    Secrétaire,  M.  Girard. 

Premier  Concours.  —   Pour  uns    ou  plusieurs    variétés   obtenues    par 
l'exposant  et  n'étant  pas  dans  le  commerce. 
Grande  médaille  d'argent,  M.  Roziin-Boicharlat,  horticulteur  à  Cuire-lès- 
Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  de  Reydellet,  à  Valence. 

Deuxième  Concours.—  Collection  des  25  plus  belles  variétés  obtenues 
et  mises  au  commerce  par  l'exposant. 

Médaille  d'argent,  M.  de  Reydellet. 

Troisième  Concours.  —   Pour   la    plus  belle  collection   de  200  variétés 
comprenant    tous  les   genres. 

Médailles  de  vermeil  {ex-œquo),  M.  Hoste,  horticulteur  à  Monplaisir-lès- 
Lyon,  et  Rozain-Boucliarlat.  —  Grande  MoJ.  d'argent  MM.  Mercier  père  et 
fils,  horticulteurs  à  Chalon-Jur-Saône.  —  Méd.  d'argent,  M.  Degressy,  liorti- 
culteur  à  Chalon.  —  Hors  concours,  M.  Valette,  amateur  à  Chaponost 
(Rhône). 


—  369  — 

Quatrième  Concours.  —  Pour  la  plus  belle   collection  en  100    variétés 
comprenant    tous    les    genres. 

Grandes  Médailles  d'argent,  {(u'-cpt/un),  MM.  Hoste  et  Rozain-Boucharlat. 

—  Méd.  d'argent  (ex-œquo),  M.  Combet-Cordier,  fleuriste,  place  Bellecoar, 
à  Lyon,  et  M.  Descolle,  jardinier  clifz  M.  le  comte  de  Chardonnet,  à 
Charelte  (Isère). — Hors  conoour.s  :  M.VI.  de  Reydellet,  de  Valence,  Guénard 
fils,  horticulteur,  à  Chalon-sur-Saône  ;  Abel  Myard,  amateur  à  Chalon,  et 
B.  Comte,  horticulteur  à  LyonVaise. 

Cinquième  Concours.—  Pour  la  plus  belle  collection  de  50  variétée 
de  la    série   Japonaise. 

Grande  Médaille  d'argent  [(ex-œquo),  MM.   Hoste    et   Rozain-Boucharlat. 

—  Méd.  d'argent,  MM.  Mercier  père  et  fils.  —  Méd.  da  bronze  (ex-œquo), 
MM.  P.  Dâgressy,  VlUaVd  ot  Verne. 

Sixième  Concours.  —   Pour  les    25  plus  belles  variétés. 

Médaille  d'argent,  M.  Hoslc.  —  Méd.  de  bronze,  MM.  Rozain-Boucharlat, 
Emile  Geoin  et  Madame  Rampont. 


Typha    latfolia 

Réduit  au  10"  de  sa  grandeur. 


Vsleriana   dioica 
Réduit  au  1/3  de  sa  grandeur 


Plantes    de    Marais 


Tijplia  latifolia  (Massette  à  larges  feuilles).  —  Noms  vulgaires  : 
Masse-d'eau,  Cliandelle-d'eau,  Masse-au-bedeau  ,  Roseau-des- 
étangs,  Roseau-de-Ia-Passion,  Lambourdeau. 

Le  genre  lyplia  est  répandu  dans  toute  l'Europe,  oi'i  il  croît 
dans  les  étangs,  les  fossés  aquatiques,  les  marais  et  les  bords  des 


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SEPTIEME      ANNEE  \D 

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18  8  5 


LYON-HOETICOL 


REVUE  BI-MENSUELLE  D'HORTICULTURE 


PUBLIEE   AVEC    LA    COLLABORATION   DE 


L'ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 


PRINCIPAUX     COLLABORATEURS     MM. 


ALPHONSE    KARR  , 

BELLISSE,    A.    BERNAIX ,   BOUCHARLAT    aîné,    CHARRETON, 

CHAUDY.  J.    CHRÉTIEN,    B.  COMTE,  B.  COUSANÇAT,  CROZY  Fils  ainô, 

Th.  DENIS,    Ph.    DEVILLE,     DUCHER,    L  -C.    GAILLARD,    F.    GAULAIN,    GORRET 

HOSTE  ,      C.    JACQUIER,    J.    JACQUIER.     LABRUYÉRE     Fils. 

LIABAUD,  L.  LILLE,  J.  MÉTRAL, 

Fque   MOREL,    J.    MORIN,    MUSSET,    J.    NICOLAS,   PELLETIER,    ROCHET, 

ROHNER,    J.    SCHWARTZ.    etc.,    etc.. 


%édacteur  en  Chef  :    VI VI  AN  D- KO  BEI. 


LYON 

IMPRIMERIE     DU      SALUT     PUBLlG 

BELLON  ,     RUE     DE    LA    REPUBLIQUE ,     33 
18  8  5 


1885  JANVIER  N° 


CHRONIQUE 


La  (p-effe  en  hiver.  —  Je  me  souviens  encore  de  la  joie  j^ure  que 
j'éprouvais  il  y  a  bientôt  25  ans,  quand  Th.  C.  me  dit  un  certain 
soir  :  «  Demain  je  t'apprendrai  à  gretïer  les  Corrca.  »  Il  y  avait 
six  mois  que  j'avais  quitté  l'école,  et  que  mon  père  m'avait  mis  en 
apprentissage.  Je  rempotais  déjà,  je  bêchais  ,  je  bouturais  au 
besoin,  mais  je  ne  greiïais  pas.  Quand  un  des  garçons  jardiniers 
de  l'établissement  racontait  qu'il  avait  gretfé  ceci,  greffe  cela,  je 
l'écoutais  religieusement  et  je  l'admirais  ;  je  ne  sais  même  pas  ce 
qui  me  retenait  de  me  jeter  à  ses  pieds  en  lui  criant  :  Pierre  ou 
Jacques,  vous  êtes  un  grand  homme.  Quand  je  pense  à  cela  main- 
tenant qu3  je  me  suis  rendu  compte  des  causes  qui  influent  sur  la 
reprise  des  greffes,  j'ai  presque  honte  n'avoir  été  si  naïf.  Et  si  je 
vous  narre  mes  premières  impressions,  amis  lecteurs,  c'est  pour 
éviter  à  ceux  d'entre  vous  qui  en  seraient  tentés  de  dire  aux  gref- 
feurs  heureux  :  Vous  êtes  des  grands  hommes.  Il  vaut  mieux  réser- 
ver votre  enthousiasme  pour  une  meilleure  occasion. 

Personne  ne  s'étonne  de  voir  germer  une  graine  et  on  s'étonne- 
rait de  voir  se  souder  deux  parties  d'un  végétal  ? 

Je  n'ai  cependant  pas  l'intention  de  nier  qu'une  certaine  habi- 
leté ne  soit  très  utile  pour  réussir  une  greffe,  mais  je  tiens  pour 
certain  que  la  réussite  de  cette  opération  tient  davantage  aux  con- 
ditions dans  lesquelles  se  trouvent  le  greffon  et  le  sujet  et  surtout  le 
milieu  dans  lequel  ils  sont  placés. 

Dans  ce  moment  par  exemple,  ceux  qui  peuvent  disposer  d'une 
serre  à  multiplication  ou  d'une  bâche  chauffée  réussiront  les  greffes 
d'une  foule  d'espèces  telles  que  :  Rosiers,  Bignonias,  Crattegus, 
Genista  ,  Cytises,  Lierres  en  arbre,  Daphnés ,  etc.  Que  les 
greffes  soient  faites  en  fente  ou  en  placage,  cela  ne  fait  rien  à  la 
chose,  l'important  est  d'avoir  de  bons  sujets  et  de  les  maintenir  à 
une  température  de  15  à  20"  centigrades.  Pour  un  certain  nombre 


^  4  — 

d'espèces  on  peut  même,  à  défaut  de  sujets,  greffer  sur  racines  et 
obtenir  de  très  bons  résultats.  Ceux  qui  ont  des  sujets  mis  en  godets 
l'année  précédente  ne  manqueront  pas  une  grelFe,  ceux  qui  les 
mettent  en  godets  après  les  avoir  greffés  réussiront  tout  de  même, 
mais  moins  facilement. 

Quand  on  ne  dispose  pas  d'une  serre  ou  d'une  bâche  chauffée, 
il  est  préférable  d'attendre  la  fin  de  mars.  Pour  toutes  les  greffes 
faites  directement  en  plein  air  il  est  important  de  couper  les  gref- 
fons en  mars  et  de  les  enterrer  dans  le  sable  contre  un  mur  au 
nord.  On  greffe  au  départ  de  la  végétation.  Le  greffon  doit  être 
très  court,  la  greffe  bien  mastiquée  et  au  besoin  pour  les  sortes  dif- 
ficiles à  la  reprise  on  entoure  le  greffon  d'une  poupée  de  mousse 
ou  de  chiffon  en  laissant  seulement  un  bourgeon  libre. 

Emploi  du  suif  contre  le  phylloxéra.  —  M.  l'abbé  Laborler,  curé 
doyen  de  St-Gengoux-le-National  (Saôue-et-Loire),  a  institué  des 
expériences  dans  le  but  de  régénérer  les  vignes  attaquées  par  le 
phylloxéra.  Ces  expériences  consistent  dans  l'emploi  du  suif  en 
couche  mince  dont  on  enduit  les  ceps.  Ce  procédé,  paraît-il,  réus- 
sit à  chasser  le  phylloxéra  des  vignes,  comme  il  réussit  à  détruire 
une  foule  d'autres  insectes  qui  attaquent  les  arbres  et  les  arbustes, 
tels  que  pucerons  lanigères,  kermès,  tigres,  etc.  Il  paraîtrait  même, 
d'après  le  rapport  de  M.  Miédan,  présenté  à  la  Société  d'agricul- 
ture do  Chalons-sur-Saûne,  que  le  badigeonnage  par  le  suif,  pro- 
posé et  pratiqué  par  M.  Laborler,  serait  d'une  efficacité  supérieure 
à  celui  qui  est  proposé  par  M.  Balbiani. 

Flore  de  Porqucrolles.  —  M.  l'abbé  Ollivier  publie  dans  la  Revue 
horticole  des  Bouches-du-Rhône,  journal  des  travaux  de  la  Société 
d'horticulture  et  de  botanique  de  Marseille,  un  catalogue  de  la  flore 
de  Porquerolles,  dans  lequel  il  mentionne  à  la  suite  des  noms  scien- 
tifiques les  noms  vulgaires  en  langue  provençale.  Feu  le  président 
Lavallée  qui  avait  bien  compris  tout  l'intérêt  qu'il  y  avait  à  ratta- 
cher aux  noms  scientifiques  des  plantes  les  noms  patois  usités  dans 
différentes  provinces,  aurait  certainement  consulté  ce  catalogue 
avec  intérêt.  Ces  noms  patois  outre  qu'ils  donnent  souvent  l'expli- 
cation étymologique  de  certains  termes  obscurs ,  permettent  de 
rapporter  avec  exactitude  à  leur  nom  scientifique  des  espèces  que 
les  gens  de  la  campagne  ne  connaissent  pas  autrement  et  auxquels 
ils  attribuent  quelquefois  des  vertus  médicinales  extraordinaires. 

Tavelure  des  Poires.  —  L'article  relatif  à  la  tavelure  des  poires, 
que  nous  avo.is  publié  dans  le  précédent  numéro  du  Lyon-Horticole, 
nous  a  valu  la  lettre  suivante  de  notre  confrère,  M.  Casai,  horti- 
culteur-herboriste à  Feyzin  (Isère)  ; 


—  5 


«  J'avais  plusieurs  poiriers  dans  mon  jardin  qui,  chaque  année, 
étaient  couverts  de  tigres  et  dont  les  fruits  étaient  attaqués  de  la 
tavelure.  J'avais  résolu  de  les  arracher  à  cause  de  cela.  Mais, 
ayant  lavé  et  badigeonné  ces  arbres  Tau  dernier  avHC  de  la  ma- 
tière liquide  des  fosses,  celte  année,  le  tigre  et  la  tavelure  ont 
complètement  disparus.  J'ai  récolté  des  fruits  parfaitement  sains; 
je  puis  montrer  les  arbres  et  les  fruits  aux  personnes  qui  le  dési- 
reraient.  » 

Le  remède  indiqué  par  M.  Casai  est  trop  facile  à  se  procurer, 
pour  que  ceux  auxquels  il  ne  répugnerait  pas,  hésitent  à  en  faire 
l'essai. 

J'ai  moi-même,  autrefois,  essayé  un  remède  semblable  contre 
le  puceron  lanigère,  et  j'ai  parfaitement  réussi  à  le  détruire  en 
badigeonnant  à  trois  reprises  ditférentes  les  pommiers  qui  en 
étaient  attaqués. 

Cre[[c  Noiieue.  —  «  La  (jvcfle  Aoiselle  n'est  qu'une  bouture  de 
plantes  succulontes  établie  sur  un  Caclus  Opuntia.  Les  tiges  de 
C'rassula,  de  Sedum,  de  Cactus  Hageliiformis,  implantées  à  la 
manière  d'une  gretïe  sur  ce  sujet  ont  vécu  un  an  et  demi  ;  mais 
elles  ont  dépéri  successivement  et  n'ont  soutenu  leur  existence 
<|u'au  moyen  de  mamelons  charnus  et  de  petites  racines  implantées 
dans  la  substance  de  la  feuille  de  l'Opuntia  et  qui  se  sont  éten- 
dues même  à  l'extérieur  pour  puiser  dans  l'air  la  partie  aqueuse 
nécessaire  au  maintien  de  leur  faible  végétation.  Ainsi,  c'est  bien 
une  bouture  qui  a  été  effectuée  par  cette  opération,  seulement 
celle-ci  a  été  pratiquée  sur  une  tige  vivante,  tandis  que  les  autres 
s'etfeciuent  dans  la  terre  :  les  résultats  sont  les  mêmes.   » 

Ce  qui  précède  a  été  écrit  par  André  Thouin,  membre  de  l'Ins- 
titut et  professeur  de  culture  au  Muséum,  mort  en  1824.  C'était 
cependant  un  malin,  le  professeur  Thouin;  mais  il  ne  l'a  guère 
naontré  dans  cette  circonstance.  La  greffe  des  plantes  grasses  est 
bien  une  greffe  et  n'a  aucun  rapport  avec  une  bouture.  Seulement, 
quand  l'opération  réussit  mal  ou  ne  réussit  pas,  la  greffe,  qui  peut 
vivre  très  longtemps  à  l'air  libre,  développe  des  racines.  Quand 
elle  réussit,  elle  n'en  développe  pas  et  prospère  à  merveille. 

Nuses  iciiues.  —  Dans  le  courant  de  l'automne  dernier,  M.  Abel 
Myard,  amateur  d'horticulture,  m'avait  fait  l'honneur  de  m'adres- 
ser  une  rose  maréchal  Niel  en  parfait  état,  mais  nuancée  de  cou- 
leurs diverses  inconnues  chez  les  roses.  Les  pétales  n'étaient 
luiUement  altérées,  comme  cela  arrive  souvent,  quand  à  l'aide  de 
différents  procédés  chimiques  on  veut  changer  les  couleurs  natu- 


—  6  — 

relies  des  fleurs.  Ayant  écrit  à  M.  Myard  pour  lui  demander  le 
moyen  qui  lui  avait  si  bien  réussi  pour  teindre  cette  rose  maréchal 
Niel  ;  il  me  répondit  que  c'était  avec  de  la  fuchsine  pulvérisée  dont 
il  avait  saupoudré  les  pétales  au  moment  où  ils  éiaient  recouverts 
d'une  très  légère  rosée.  J'ai  répété  l'opération  avec  le  même  pro- 
duit et  elle  a  fort  bien  réussi. 


La  Slaltie  de  Bernard  de  Jiissieu  à  Lyon.  —  On  sait  que  le  parc  de 
la  Tête-d'Or  est  l'emplacement  choisi  par  la  ville  de  Lyon  pour 
l'élection  de  la  statue  du  célèbre  botaniste  lyonnais,  B.  de  Jussieu. 
Dernièrement,  on  a  pu  voir  au  Palais  du  Commerce  les  projets 
définitifs  des  trois  statuaires  qui  ont  concouru  pour  cette  œuvre 
d'art 

Bernard  de  Jussieu,  professeur  de  botanique  au  Jardin-des- 
Plantes  de  Ptiris,  est  surtout  céli'bre  par  sa  nouvelle  classification 
des  plantes  et  par  une  foule  d'observations  qui  furent  recueillies, 
complétées  et  mises  en  ordre  par  son  neveu  Antoine-Laurent  de 
Jussieu,  qui  publia  ce  fameux  Genern  plaiitarum,  qui  devaii  anéantir 
la  classification  systématique  de  Linné,  et  ouvrir  une  voie  nouvelle 
à  l'étude  de  la  botanique. 

Les  Jussieu  étaient  apothicaires  de  père  en  fils,  et  en  cher- 
chant bien,  on  trouverait  peut-être  leur  officine  dans  la  rue  Lan- 
terne, à  Lyon.  Un  de  leurs  descendants,  Adrien  de  Jussieu,  égale- 
ment professeur  au  Jardin-des-Plantes  de  Paris,  a  publié  différents 
ouvrages  de  botanique  qui  ont  servi  à  toutes  les  personnes  qui, 
dans  ces  dernières  années,  ont  étudié  la  botanique. 


V Iwrliculliire  à  Lyon  en  18.38.  Sur  la  proposition  de  M.  Lacène, 
la  Société  d'agriculture  et  d'histoire  naturelle  de  Lyon  organisait 
au  printemps  de  l'année  1837  une  exposition  d'horticulture  qui 
eut  lieu  dans  l'orangerie  du  Jardin  des  plantes  (1).  L'année  suivante 
une  exposition  semblable  fut  ouverte  dans  le  même  local  le  24  mai. 
Pour  sfimuler  le  zèle  des  exposants ,  la  Société  avait  imaginé 
d'acheter,  à  l'aide  d'une  loterie  une  partie  des  fleurs  exposées.  l;a 
séance  publique  où  furent  distribuées  les  récompenses  fut  ouverte 
par  le  Préfet  du  Rhône  qui  prononça  un  discours.  M.  le  docteur 
Bottex,  président  ordinaire,  lui  succéda.  Après  ces  deux  orateurs 
dont  les  paroles  furent  couvertes  d'applaudissements,  M.  Grand- 
perret,  secrétaire  de  la  Commission,  fit  connaître  la  décision  du 
Jury.  Puis,  sur  l'appel  de  M.  Seringc,  MM.   les  horticulteurs   qu 


Cotte  orangerie   a  été  dcmolii^  et,  reconstruite  sur  les  mêiueâ  plans  au  Parc    de  la 
Tête-d"Or,  eti  face  de  la  serre  du  Jardin  botanique. 


—  7  - 

avaient  obtenu  des  médailles  vinrent  les  recevoir  des  mains  de 
M.  le  Préfet  au  son  des  fanfares  et  au  bruit  des  applaudissements. 
Les  exposants  de  Heurs  étaient  au  nombre  de  27.  On  trouve 
parmi  ces  27  exposants  des  noms  bien  connus  :  Boucharlat,  Cou- 
sançat,  Luizet,  Mille,  Nérard,  Beluze,  Lacène,  etc.  Les  plantes 
exposée,  sont  curieuses  à  noter,  mais  un  grand  nombre  ont  dis- 
paru des  cultures  lyonnaises  ;  c'étaient  surtout  des  plantes  de  la 
Nouvelle-Hollande:  Diauma,  Pobjçjala,  Mdrosideros,  Grevillca,  .aca- 
cia, PiUosjwnim,  Cactus,  Fimclea,  Kcnncdija,  etc.  Puis  des  Roses, 
des  Œillets,  des  Fuchsias. 

Pontstcmon  à  feuilles  panachées.  —  MM.  Délaux  et  fils,  horticul- 
teurs à  St-Martin-du-Touch  prés  Toulouse,  sont  parvenus  à  fixer 
une  variété  de  Pentstemon  à  feuilles  panachées,  qui  vient  d'être 
figurée  dans  la  Bévue  dliorùcullure  belge  cl  élramjrre,  publiée  à  Gand, 
sous  la  direction  de  M.  E.  Pynaërt.  Cette  nouvelle  variété  sera 
très  convenable  pour  border  les  massifs  eu  les  plates-bandes  garnis 
de  ce  beau  genre. 

Colcus  Pt incesse  de  Liçjne.  —  On  est  un  peu  revenu  des  variétés 
nouvelles  de  Coleus  depuis  que  tous  ceux  qui  sèment  ce  genre 
en  obtiennent  chacun  autant  de  variétés  que  d'hidividus.  Cepen- 
dant parmi  le  nombre  il  y  a  toujours  quelques  plantes  qui  s'impo- 
sent à  l'admiration  des  amateurs.  M.  Rochet,  horticulteur  à  la 
Croix-Rousse,  en  a  présenté  quelques-unes  à  l'appréciation  du 
Jury  de  la  dernière  exposition   qui  ont  conquis   tous  les  suffrages. 

La  variété  Princesse  de  Ligne  annoncée  par  M.  Pynaërt  serait, 
paraît-il,  aussi  une  variété  vraiment  admirable  issue  de  la  variété 
Princesse  des  Belges.  V.  V.-M. 


Arrosages  artificiels  ou  composés  (1). 

Depuis  quelques  années,  on  a  imaginé  une  série  d'arrosements 
faits  avec  des  engrais  dissous  dans  de  l'eau,  qui  ont  pour  avantage 
d'activer  la  végétation  en  lui  donnant  un  coup  de  fouet  à  son  début 
et  de  placer  surabondamment  à  la  portée  des  racines,  et  sous  forme 
rapidement  assimilable,  les  éléments  utiles  de  l'engrais.  Ces  arrose- 
ments  présentent,  dans  leur  usage,  cet  autre  avantage,  qu'en  très 
peu  de  temps  on  peut  obtenir  d'une  plante  soumise  à  ce  traitement 
son  dernier  maximum  de  développement,  soit  qu'on  agisse  en  vue 

(1)  Extrait  du  Cultivateur. 


8  — 


d'avoir  des  feuilles  ou  des  tiges,  soit  qu'on  veuille  obtenii"  des  fleurs 
ou  des  fruits. 

Cependant,  chaque  fois  qu'on  voudra  s'en  servir,  on  devra  agir 
avec  une  extrême  prudence,  sons  peine  de  brûler  les  racines  et 
parfois  les  tiges.  Pour  faire  les  premiers  arrosements,  les  doses 
que  nous  indiquons  plus  loin  seront  plus  étendues  d'eau  ;  on  habi- 
tuera ainsi  et  progressivement  les  plantes  à  ce  traitement,  en  tenant 
compte  aussi  de  leur, vigueur  et  du  cube  de  terre  dans  lequel  les 
racines  sont  engagées. 

Chaque  arrosement  composé  sera  suivi  d'un  ou  de  deux  arrose- 
ments naturels.  Dans  les  temps  froids  et  humides,  on  diminuera  la 
dose  d'engrais,  qu'on  élèvera  au  contraire  dans  les  temps  secs  et 
chauds. 

Ces  engrais  liquides  ont  pour  base  :  le  guano,  le  purin  de  cheval 
ou  de  vache,  la  viaticre  fécale,  la  colle  foi  te,  le  sang  des  ubailoirs,  le  mng 
desséche,  la  poudrelle,  la  corne  de  cheval,  la  firnie  de  pigeon  ou  de  j  ouïe, 
la  chaux  aninudisée,  la  bouse  de  vache,  et  même  le  crotlin  de  cheval. 

Il  suffit,  pour  les  obtenir,  d'ajouter  de  l'eau  dans  de  certaines 
proportions  à  ces  matières,  quelque  temps  avant  de  les  employer 
et  de  les  doser  selon  les  plantes  qui  recevront  l'engrais  liquide. 
Aussi,  comme  ce  n'est  quj  depuis  quelques  annies  qu'on  s'en  sert 
dans  l'horticulture,  le  dosage  de  certains  d'entre  eux  est-il  peu 
connu.  On  sait  toutefois  que  le  purin,  soit  de  cheval,  soit  de  vache, 
étendu  dans  huit  parties  d'eau  et  apphqué  sur  les  Dracénas,  les 
Azalées,  les  Camellins,  leur  procure  une  végétation  magnifique. 
Le  purin  provenant  des  vaches,  employé  dans  les  mêmes  propor- 
tions, convient  tout  particulièrement  aux  Gcsnérias,  Gloxinias, 
Achimènes,  Tydéas,  ainsi  qu'à  beaucoup  d'autres  plantes  de  serre 
chaude. 

Sur  les  Cannas,  les  Géraniums  Zonales,  les  Fuchsias  et  d'autres 
plantes  à  feuillage,  il  donne  d'excellents  résultats  à  la  dose  de 
quatre  dixièmes  dans  six  parties  d'eau.  Avec  le  sang  frais  des  abat- 
toirs, mélangé  dans  deux  parties  d'eau,  nous  avons  obtenu  des 
Cinéraires  d'une  végétation  rapide  et  presque  instantanée. 

Le  guano  est  peut-être  le  meilleur  des  engrais  d'arrosage. 
M.  Burel  en  a  obtenu  des  Fuchsias  qui  ne  connaissaient  pas  de 
rivaux,  M.  Lansezeur  des  Héliotropes  semblables.  En  ajoutant 
500  grammes  de  cet  engrais  si  puissant  dans  deux  hectolitres 
d'eau,  M.  Malet  a  fait  les  plus  beaux  Pélargoniums  de  nos  expo- 
sitions parisiennes. 

La  eolle  forte  convient  aussi  très  bien  aux  Pélargoniums,  à  la 
dose  de  250  grammes  par  hectolitre.  Les  Pélargoniums,  les  Pri- 
mevères, les  Bégonias,  les  Caladiun.s,  les  Gloxinias  et  d'autres 
plantes  de  serre  chaude,  s'assimilent  très  bien  cet  engrais  dissous. 


—  9 


Une  poignée  de  sring  dessécliè,  déposé  sur  cliaqiio  pot  on  dans  un 
bassin  qu'on  fait  au  pied  de  chaque  plante,  donrip  d(?s  résultats  vrai- 
ment remarquables  lorsque  les  arrosements  le  font  peu  à  peu  des- 
cendre dans  les  racines  soumises  à  ce  traitement. 

La  matière  fécale,  qu'on  laisse  perdre  de  tous  côtés  dans  notre 
pays,  assure  les  plus  belles  récoltes  à  celui  qui  sait  l'employer  avec 
discernement.  A  part  son  odeur  qui  répugne  à  tout  le  monde,  elle 
n'en  est  pas  moins  l'engrais  le  plus  puissant  qu'on  puisse  employer 
pour  le  jardinage.  Bien  souvent,  dans  nos  Expositions,  de  bons 
jardiniers  intelligents  nous  ont  dit  tout  bas  que  les  Poireaux  mons- 
trueu.x,  les  Choux  énormes,  les  Fraises  colorées  avec  lesquels  ils 
venaient  de  remporter  les  premier  prix,  avaient  été  cultivés  et 
arrosés  en  employant  un  cinquième  de  matières  par  litre  d'eau. 

Nous  connaissons  des  horticulteurs  qui  s'en  servent  très  avanta- 
geusement, soit  en  l'appliquant  sous  forme  d'engrais  en  l'enfouis- 
sant, ou  bien  en  la  répandant  sous  forme  d'arrosements.  Du  reste, 
dans  les  deux  cas,  les  résultats  sont  toujours  doubles  ou  triples  de 
ceux  qu'ils  eussent  obtenus  en  employant  de  maigres  fumiers. 

Imitons  donc  nos  voisirs  et  collègues  les  jardiniers  belges,  qui 
s'entendent  si  bien  à  faire  produire  de  beaux  et  bons  légumes  en 
employant  ce  système  d'arrosement.  Lambin. 


Cyclamen  hederœfolium  Auct. 

Syuonj'mes  :  C.  neapolitanum  Ten.,  C.  hederifilium  Koch,  C.  europeum  Thore, 
C.  flcarifolium  Dt?  Moul.,  etc. 

Je  ne  partage  pas  l'opinion  des  auteurs  de  la  Flore  de  France 
qui  ont  adopté  pour  l'espèce  de  Cyclamen,  ici  figurée,  le  nom  de 
C.  neapolitanum,  donné  par  Tenore  à  l'ancien  Cyclamen  à  feuille  da 
lierre.  Si  le  nom  proposé  par  Grenier  et  Grodron  n'était  pas  un 
défi  jeté  au  bon  sens  peut-être  nous  l'eussions  aussi  adopté,  mais 
nous  pensons  que  la  prescription  n'existe  pas  en  faveur  de  ces 
sortes  d'inepties.  Il  est  certain  que  l'aire  d'extension  géographique 
de  cette  espèce  de  Cyclamen  s'oppose  absolument  à  ce  que  son  nom 
spécifique  la  fasse  croître  spécialement  dans  la  province  de  Naples. 
En  effet,  on  a  récolté  cette  plante  en  France,  en  Espagne  et  pro- 
bablement dans  d'autres  pays  ;  en  Corse  elle  est  d'une  abondance 
assez  grande  pour  que  certains  collecteurs  puissent  en  livrer  de 
beaux  tubercules  à  des  prix  très  modérés.  Du  reste  le  Cyclamen 
hederœfolium  a  été  assez  bien  figuré  par  Daléchamp  dans  son  His- 
toire des  plantes,  publiée  à  Lyon  en  1587  et  ensuite  par  plusieurs 
autres  bons  auteurs,  pour  qu'il  n'y  ait  pas  la  moindre  confusion  à 
discerner  l'espèce  que  ces  anciens  botanistes  avaient  l'intention  de 
reproduire. 


CYCLAMEN      HEDERŒFOLIUM 


Le  Cyclamen  à  feuille  de  lierre  est  une  plante  admirable  très 
robuste,  relativement  rustique,  qui  croît  très  bien  dans  les  endroits 
ombragés  des  jardins.  Elle  n'a  qu'un  défaut  au  point  de  vue  hor- 
ticole, celui  du  fleurir  en  septembre-octobre,  au  moment  où  les 
plantes  ne  se  vendent  guère  et  surtout  d'épanouir  ses  fleurs  avant 
le  développement  de  ses  feuilles.  Elle  ne  vaudra  jamais  à  cause  de 
cela  les  différentes  races  du  Cyclamen  persicum.  Aussi  est-ce  plu- 
tôt comme  excellente  plante  vivace  que  nous  recommanderons  de 
planter  cette  espèce  dans  les  massifs  ombragés  des  jardins.  Après 
l'épanouissement  de  ses  fleurs  les  feuilles  se  développent  toutes 
bigarrées  et  marbrées  d'argent  et  de  vert  do  telle  sorte  qu'elles 
constituent  un  véritable  ornement. 

Il  y  a  des  variétés  très  nombreuses  dans  ce  groupe  et  même  des 
races  locales  curieuses  et  bien  caractérisées.  Olivier  a  même 
signalé  un  Cyclamen  monstrueux  qu'on  a  décrit  dans  un  bel  ouvrage 
sous  le  nom  de  Cyclamen  linearifclium  dans  lequel  le  limbe  des 
feuilles  a  avorté  et  où  le  pétiole  s'est  développé  avec  excès  et 
métamorphosé  en  une  sorte  de  ruban  foliacé.  Le  Cyclamen  en 
question  également  décrit  par  De  CandoUe  appartient  au  groupe 
des  C.  hederœfoUum. 

La  culture  de  cette  espèce  est  d'une  extrême  simplicité ,  il  suffit 
d'en  semer  des  graines  en  juillet,  soit  en  pot,  soit  en  pleine  terre 


—  11  — 

pour  les  voir  germer  un  mois  plus  tard  et  se  développer  pendant 
l'automne  et  une  partie  du  printemps.  Si  le  froid  devient  trop  vif 
et  dépasse  8  à  10°  centigrades  on  couvre  les  plantes  de  paille  ou 
de  feuilles  sèches.  Les  tubercules  se  développent  rapidement  et  lors- 
qu'ils ont  deux  ans  ils  donnent  leurs  premières  fleurs.  Cultivés  en 
pot  on  procède  au  rempotage  en  juillet-août. 

Voici  ce  que  disait  Daléchamp  de  l'étjmologie  du  genre  Cycla- 
men: 

«  Cette  plante  est  appelée  en  latin  Cydaminiis,  Rapum,  Tuber  et 
Umbilicus  terrœ ;  par  les  apothicaires  Cyclamen,  Panis  porclnus,  Punis 
lerrœ  ;  en  français  Painde  porceau.  Les  Grecs  l'ont  appelée  Ictioleron 
pour  ce  qu'elle  fait  mourir  les  poissons.  Les  Romaius  l'ont  appelée 
Bapum  lerrœ  pour  ce  que  sa  racine  grossit  dans  la  terre  comme  une 
rave,  à  raison  de  quoi  elle  est  aussi  appelée  Tuber  tereœ  et  Umbilicus 
terrœ  pour  ce  que  sa  racine  est  ronde  et  faite  à  la  mode  d'un  nom- 
bril. Quant  au  nom  de  Pain  de  porceau  il  n'y  a  point  de  doute  que 
les  porchers  ne  lui  ayent  donné,  ayant  cogiieu  que  les  porceaux 
mangeaient  fort  volontiers  de  cette  racine.  D'autres  disent  qu'elle 
est  nommée  Panis  terrœ  pour  ce  que  sa  racine  n'est  pas  du  tout 
ronde,  mais  un  peu  large  et  plate  à  la  façon  des  pains.   » 

J.   Lantien. 

Les  asperges. 

Je  n'ai  point,  aujourd'hui,  l'intention  de  décrire  les  différentes 
cultures  de  l'asperge  ;  si  vous  les  ignorez  et  que  vous  vouliez  les 
connaître,  ouvrez  le  premier  ouvrage  horticole  venu  et,  avec  un 
grand  luxe  de  détails,  vous  trouverez  tout  ce  qui  vous  intéressera 
et  au-delà. 

Si  les  renseignements  obtenus  ainsi  ne  vous  suffisent  pas  et  que 
vous  teniez  à  vous  beurrer  la  cervelle  d'une  quantité  de  futilités, 
prenez  alors  un  de  ces  livres  spéciaux  qui  vous  disent  la  même 
chose  en  cent  ou  cent  cinquante  pages  et...  vous  serez  beaucoup 
moins  satisfait  encore,  parce  que  peut-être  vous  n'y  aurez  rien 
compris. 

Je  ne  doute  certainement  pas,  en  disant  cela,  de  votre  intelli- 
gence, ami  lecteur,  mais,  si  je  m'exprime  ainsi,  c'est  parce  que  je 
sais  pertinemment  que  pour  arriver  à  faire  un  volume  plus  respec- 
table et  par  suite  plus  cher,  les  auteurs  de  traités  spéciaux  ont 
l'habitude  de  noyer  dans  un  océan  de  phrases  creuses  quelques 
alinéas  sensés. 

Je  n'ai  jamais  pu  comprendre  comment  certaines  personnes  pri- 
vilégiées avaient  des  provisions  d'idées  suffisantes  pour  arriver  à 
écouler  tant  d'encre  sur  un  seul  sujet. 


—   12  — 

Ecrire  un  traité  gênerai  de  la  culture  maraîchère, fruitière, etc., 
choisir  même  une  famille  comme  les  Conifères,  les  Orchidées,  etc., 
ne  paraît  pas  extraordinaire  :  les  matériaux  pour  de  pareils  sujets 
ne  manquent  point.  Mais  arriver  à  écrire  un  volume  complet  en  se 
donnant  simplement  pour  but  de  traiter  la  culture  de  l'asperge,  du 
melon  ou  du  fraisier  me  semble  tout  à  fait  anormal. 

J'eus  une  fois  l'occasion,  moi  aussi,  de  traiter  la  culture  de  l'as- 
perge. J'en  lis  une  page,  et  je  vous  assure  que  si  je  n'y  dis  pas 
tout  ce  qui  pouvait  être  dit  sur  ce  sujet,  j'y  mis,  du  moins,  tout  ce 
qu'une  personne  ignorante  devait  apprendre  pour  cultiver  conve- 
nablement ce  légume. 

Mais  je  crois,  Dieu  me  pardonne  !  que  j'agis  comme  les  auteurs 
dont  je  parle  et  que  je  fais  des  détours  pour  vous  dire  toute  autre 
chose  que  ce  dont  j'ai  l'intenùon. 

—  Avez-vous  quelquefois  acheté  des  plants  d'asperges? 

—  Oui,  sans  doute. 

—  Si  vous  vous  êtes  adressé  à  plusieurs  marchands  —  ce  que 
je  veux  bien  ne  pas  supposer  —  vous  avez  dû  certainement  faire 
la  remarque  que  chacun  vous  a  offert  une  variété  différente  et  qu'il 
était  seul  à  posséder. 

Si  vous  les  avez  crus,  ne  leur  en  veuillez  pas,  ils  le  croyaient 
eux-mêmes,  et  c'est  avec  la  meilleure  foi  du  monde  qu'ils  ont  dû 
vous  le  soutenir. 

Ayant  affaire  moi-même  avec  un  certain  nombre  de  ces  produc- 
teurs j'ai  souvent  Toccasion  de  le  remarquer.  Si  vous  leur  deman- 
dez quelle  variété  ils  cultivent,  jamais  ils  ne  vous  répondront  ; 
mais  la  variété  ordinaire  que  l'on  trouve  communément  sur  le  mar- 
ché, ce  sera  toujours  une  variété  particulière  qu'ils  tiennent  de 
celui-ci  ou  de  celui-là,  quand  toutefois  ils  ne  l'ont  pas  produite 
eux-mêmes  et  qu'ils  conservent  avec  la  jalousie  d'un  père  pure  de 
toute  iybridation. 

Ils  sont  si  convaincus  de  la  vérité  de  leur  croyance  qu'ils  ne 
sèment  jamais  que  leurs  propres  graines  et  que,  pour  n'importe 
quel  prix,  ils  n'en  achèteraient  d'autres. 

Leur  conviction,  à  ce  sujet,  est  profondément  enracinée.  Elle 
vient  ordinairement  de  cette  raison  qu'ils  ont  vu  ailleurs  uneasper- 
gère,  plantée  dans  des  conditions  toutes  spéciales,  c'est-à-dire  dans 
un  terrain  qui  lui  convenait  particulièrement,  donner  des  produits 
plus  beaux  que  ceux  qu'on  a  l'habitude  de  voir. 

Ils  ont  immédiatement  cru  à  une  variété  spéciale.  Le  pioprié- 
taire  s'est  bien  gardé  de  les  détromper  et,  pour  ime  pièce  assez 
ronde,  il  a  consenti  à  leur  en  céder  un  certain  nombre  de  plants. 
Ces  plants  soignés  avec  sollicitude  ont  produit  des  graines,  les- 
quelles graines   ont  produit    à   leur  tuur    des  asperges    qui  étaient 


—   13  — 

bien  un  peu  moins  grosses  que  les  primitives,  mais  celles-ci  n'étant 
pas  à  côté  pour  les  comparer  on  ne  s'en  est  pas  aperçu,  et  une 
variété  nouvelle  a  pris  rang  dans  le  commerce. 

Je  serai  désolé  de  ruiner  les  convictions  de  ces  braves  gens, 
mais  la  vérité  se  fait  toujours  jour  et  je  prétends  que  ces  variétés 
particulières  ne  sont  spéciales  que  chez  eux. 

Il  n'existe,  j"en  suis  convaincu,  que  deux  variétés  distinctes  d'as- 
perges :  Wdl.  de  Hùllande  et  V^.  Itàlice  d'Jrcjenleuil  ;  toutes  les 
autres  distinctions  plus  ou  moins  apparentes,  que  Ton  croit 
reconnaître  comme  formant  des  variétés,  ne  proviennent  que  du 
sol. 

Vous  paraissez  ne  pas  me  croire  ?  Eh  bien  !  mettons-en  trois  : 
VJ.  tardive  d'^rgenleuii. 

Mais  je  n'y  consens  qu'à  titre  de  pure  condescendance,  car  il 
existe  entre  ces  deux  variétés,  dont  l'une  porte  le  nom  de  liùiiir 
et  l'autre  celui  de  tardive,  une  troisième  variété  qui  s'appelle  inter- 
médiaire d'Jrgenteuil  et  qui  brouille  toutes  mes  idées  à  ce  sujet. 

Je  plantai,  il  y  a  déjà  plusieurs  années,  une  aspergère  composée 
de  trois  rangs  parallèles  et  voisins,  et  qui  eurent  ainsi  même  sol 
et  mêmes  soins. 

Chacun  de  ces  trois  rangs  fut  garni  de  plants  provenant  de  cul- 
tivateurs différents  et  fort  éloignés  les  uns  des  autres.  Inutile  de 
dire  que  chacun  de  ces  cultivateurs  possédaient  une  variété  unique 
et  précieuse.  Depuis  longtemps  cette  aspergère  est  en  production  ; 
trois  jardiniers  différents  en  ont  coupé,  chaque  année,  les  turions. 
Pas  un  des  trois  ne  m'a  fait  observer  la  moindre  différence  ;  c'était 
tout  simple,  je  n'y  connais  jamais  rien  moi-même. 

Un  des  plus  importants  pépiniéristes  des  environs  de  Lyon,  M. 
L...,  me  disait  un  jour  qu'il  avait  léuni  une  collection  d'asperges 
fort  importante.  Je  ne  me  souviens  plus  du  nombre  des  variétés, 
mais  il  était,  je  ci  ois,  de  seize  ou  dix-huit. 

Chaque  jour,  il  faisait  couper  ces  variétés  séparément  et  se  les 
faisait  servir  étiquetées  sur  sa  table,  mais  les  caractères  distinctifs 
se  confondaient  absolument. 

Sachant  cela,  je  ne  puis  m'erapêcher  de  rire  lorsque  je  vois  des 
amateurs  d'asperges  énormes  faire  venir  à  grands  frais  des  plants 
d'Argenteuil  lorsque,  en  s'adressant  à  un  marchand  sérieux  de  leur 
localité,  ils  peuvent  avoir  les  mêmes  à  bien  meilleur  compte  et  dont 
la  réussite  serait  plus  sûre. 

Je  me  résume  donc  en  répétant,  qu'il  n'3'  a  que  deux  variétés 
bien  distinctes  d'asperges  —  je  crois  que  j'en  avais  consenti  trois 
—  VJspercje  de  Hollande  qui  est  celle  que  l'on  trouve  le  plus  commu- 
nément soit  chez  les  cultivateurs,  soit  chez  les  marchands.  Son  prix 
est  toujours  moindre  ;  sa  qualité  est  la  même  que  celle  de   la   sui- 


—  14  — 

vante,  ainsi  que  la  production,  mais  elle  ne  produit  réellement  que 
la  quatrième  année  de  la  plantation. 

L'autre,  VJspcrge  iV ^h-(jenieml ,  tout  en  ayant  les  mêmes  avan- 
tages, possède  en  plus  celui  de  produire  la  troisième  atiuée  autant 
que  la  précédente  la  quatrième.  Passé  cela,  on  ne  les  distingue 
plus  ;  cependant  elle  se  maintiendrait  aussi  plus  grosse,  les  turions 
seraient  plus  beaux. 

Eu  somme,  je  crois  devoir  recommander  tout  particulièrement 
cette  dernière  variété  ;  elle  vaut  bien  le  prix  un  peu  supérieur 
qu'on  la  fait  payer.  Stick. 

Nous  avons  l'habitude  de  laisser  toute  latitude  à  nos  collabora- 
teurs pour  exprimer  leurs  idées,  mais  nous  nous  réservons  de  for- 
muler notre  opinion  quand  cela  nous  paraît  otïrir  quelque  intérêt. 
Dans  le  cas  actuel,  par  exemple,  nous  ne  sommes  pas  complète- 
ment de  l'avis  de  M.  Slick.  Nous  lui  accordons  bien  qu'au  point 
de  la  grosseur  des  turions,  les  asperges  cultivées  ne  présentent  pas 
des  différences  bien  considérables  si  elles  sont  plantées  dans  les 
mêmes  conditions.  Mais  il  est  hors  doute  qu'il  y  a  de  nombreuses 
variétés  d'asperges  dont  les  différences  portent  sur  la  précocité, 
la  couleur  des  tiges,  la  vigueur  des  plantes,  la  hauteur,  et  une 
foule  d'autres  caractères  dont  on  ne  tient  pas  compte  dans  la  cul- 
ture maraîchère.  Il  en  est  de  l'Asperge  officinale  comme  beaucoup 
d'autres  types,  elle  lenferrae  une  foule  de  races  voisines  méconnues 
dont  les  jardiniers  ont  souvent  cherché  à  fixer  celles  qui  leur  par- 
raissaient  leur  offrir  le  plus  d'intérêt.  N.   D.   L.   R. 


Les  vieux  noms  de  plantes. 

J'ai  rencontré,  sur  le  quai  du  Rhône,  un  vieux  bouquin  de  bota- 
nique imprimé  en  1584,  à  Paris.  Le  livre  porte  le  titre  de  :  His- 
toire des  Plantes  (sans  nom  d'auteur)  et  comprend  704  pages  et 
autant  de  petites  figures  sur  bois,  dont  quelques-unes  donnent  une 
idée  assez  exacte  des  espèces  représentées.  En  tète  de  chaque 
page  se  trouve  le  nom  latin,  grec,  français,  allemand,  italien  et 
espagnol  de  la  plante  figurée  ;  sur  le  côté  de  la  gravure  et  au  bas 
des  pages,  en  caractères  italiques,  les  vertus  et  le  Heu  où  elle 
croît  :  puis,  c'est  tout. 

Malgré  son  laconisme  et  ses  imperfections,  ce  livre  ne  manque 
pas  d'intérêt,  en  ce  sens  qu'il  donne  l'origine  étymologique  d'une 
foule  de  vieux  noms  français,  dont  un  grand  nombre  ont  été  con- 
servés dans  le  patois  de  certaines  provinces,  et  dont  on  cherche- 
rait vainemertt  l'origine  dans  les  livres  publiés  plus  tard  en  langue 


15 


latine.  D'autre  part,  les  petites  figures  sur  bois,  dont  nous  en  avons 
fait  re[iro(.Uiir(>  qu('!(|aos-unes,  ont  un  cachet  de  naïveté  qui  n'ex- 
clut pas  tout-à-fait  l.i  ressemblance.  Quant  aux  vertus  des  espèces, 
exprimées  dans  ce  vieux  français  de  la  Renaissance,  elles  donnent 
une  idée  assez  nette  de  l'éiat  de  la  thérapeutique  vers  la  fin  du 
XVP  siècle. 

Les  espèces  sont  disposées  sans  méthode,  —  à  peine  de  temps 
à  autre  rencontre-t-on  quelques  traces  d'arrangement  systémati- 
que, —  mais  une  table  alphabétique  en  français  et  en  latin  permet 
de  trouver  les  plantes  qui  peuvent  intéresser  le  lecteur. 

Parmi  les  espèces  figurées,  quelques-unes,  comme  l'ivraie 
(Lotium  lermdentum),  \e  fourment  (froment),  etc.,  sont  accompa- 
gnées de  coqs  et  de  poules.  La  vraie  momie  est  représentée  par 
un  cadavre  sorti  d'un  sépulcre,  La  légende  suivante  nous  apprend 
comment  les  «  espiciers  »  fabriquaient  ce  médicament  bizarre  : 

Aspkaltum,  Mumie.  —  Plusieurs  tiennent  que  la  Mumie  n'est  autre  chose 
que  le  Pissasphaltum,  duquel  e^toient  embaumez  les  corps  des  pauvres  gens 
en  Grèce  et  en  Arabie  :  en  ceste  opinion  est  Belon,  Matlhiole,  que  la  vraye 
Mumia  est  celle  des  corps  embaumez  d'aloos,  œirrhe  et  saffran  :  et  se  trcn- 
pent  les  espicier.*  qui  pour  faire  leur  mumie  pilent  les  os  et  la  chair  des 
corps  mors  secs.  Elle  a  grâd  usage  en  médecine,  et  entre  autres  prise  en 
breuvage  quatre  grains,  de  bol  armen,  10  grains,  racine  de  Garance  5  grains, 
et  de  Saffran  autant  avec  Casse  solut,  soulage  grandement  ceux  qui  sont 
tombez  d'en-haut. 


hM 


>V3lH 


Ma:- 


V,% 


Momie 


wmmA 

Dras-ante 


Le  MoUc  {Schinus  molle)  ou  Poivrier  d'Amérique,  actuellement 
planté  comme  arbre  d'alignement  dans  certaines  provinces  du 
Mexique,  était  autrefois  employé  en  médecine  et  à  faire  des  cure- 
dents  : 

Cest  arbre  vient  aux  vallées  et  lieux  plains,  de  la  régie  Peruane  :  il  a  le 
goust  du  fenoil  :  la  décoction  de  l'escoice  est  singulière  en  fomentation  pour 
les  enfleures  et  douleurs  des  cuisses  :  du  bois  on  fait  des  cure-dents. 

Le  Dracœna  Draco,  duquel  on  extrait  la  résine  vendue  dans  le 
commerce  sous  le  nom  àe  Sang  Draçion,  a  de  tout  temps  été  célèbre 
en  Portugal.  L'an  dernier,  beaucoup  de  journaux  horticoles  ont 
donné  la  figure  d'un  magnifique  exemplaire  qui  existe  dans  un  jar- 


—  16  — 


din  public  de  Lisbonne.  C'est  probablement   le  même,    ou  un  d's 
enfants  de  celui  que  nous  reproduisons  : 

Clusius  réfère  avoir  veu  cest  arbre  à  Lisbône  l'a  1504,  resemblant  un 
pin  de  loin  touiours  verdoyanto,  avec  plusieurs  autres  ciiconstaaces  pour  la 
cognoisti-9  :  l'ay  veu  à  Paris  la  branche,  et  le  fruit,  comme  tu  le  vois  por- 
traict  chés  môsienr  Guerin  apoticaire.  La  gooimc  est  fort  noire  et  rouge 
dedans.  Les  branches  estans  coupées  jettent  une  liqueur  rouge  ou  gomme. 
Theuet  dit  que  son  fruit  est  iaune  de  la  grosseur  d'une  cerise.  Cesto  larme 
a  grand  faculté  d'astreindre  tous  flux  menstruaux  et  disenteries,  crachats  de 
sang  :  et  rebore  les  dens  et  les  gencives. 


Adonis  vernali» 


Lolium  temulentum 


Ceux  qui  ne  connaîtraient  pas  le  Nard  sauront  qu'on  en  citait 
déjà  de  plusieurs  sortes  vers  le  milieu  du  XVP  siècle:  le  Nard 
celtique  n'était  autre  que  la  valérienne  celtique,  —  on  ne  disait 
pas  encore  valériane;  —  lo  Nard  sylvestre,  le  croirait-on,  était 
yjsarum  europeum.  Les  Lavandes  étaient  des  Nards  :  Nards  mâles 
ou  femelles,  sans  compter  les  Nards  d'Inde  et  d'autres  pays.  A 
l'heure  actuelle,  on  donne  lo  nom  de  Nard  au  Nardus  slricta. 

Les  plantes  qui  avaient  les  feuilles  divisées  en  lanières  fines 
étaient  souvent  qualifiées  de  MlllcfcuilU's.  Aujourd'hui,  on  ne  con- 
naît plus  guère  sous  ce  nom  que  VAch'dlea  mUlœfolium.  Parmi  les 
anciennes  «  millefeuilles  »  on  peut  citer  Vllollonia  paluslris,  jolie 
plante  qui  pousse  ses  feuilles  au  fond  des  eaux  et  jette  ses  verti- 
cilles  de  fleurs  à  l'air  libre.  L'herbe  sans  couture,  ou  Langue  de 
serpent,  n'est  autre  chose  que  V Ophioglonsum  vulgnlum.  La  Per- 
venche était  une  Clématite.  La  Serpentine  [Plantago  serpenlwa)  gué- 
rissait les  morsures  des  serpents.  Dans  ce  temps-là,  la  médecine 
était  relativement  pou  avancée  ;  mais,  malgré  cela,  on  ne  mourait 
pas  plus  qu'aujourd'hui.  Au  lieu  des  sels  de  sodium,  de  potassium, 
de  cuivre,   de  phosphore  ou  d'autres  matières  minérales  que   les 


17   — 


potares  nous  font  acluellement  avaler  à  petites  doses,  les  «  espi- 
ciers  »  du  temps  jadis  gonflaient  les  malades  d'infusions  plus  ou 
moins  innocentes. 


Priraula  auricula 


Hottonia  paiustris 


Valeriana  celtica 


L<a  Dragante  est  devenue  VJdragante,  c'est  une  gomme  qui  sert 
aujour^Fliui  dans  la  fabrication  des  alhiraeLtes.  Ou  la  retire  d'une 
papiilonacée,  autrefois  Tragacantha,  maintenant  Aslragalus. 

{a  suivre). 

Pomologie. 

(Observations  sur  les  Poires.) 


Général  Canrobert.  — Arbre  vigoureux  auquel  toutes  les  formes  convien- 
nent, peu  fertile.  Fruit  moyen  ayant  beaucoup  d'analogie  avec  un  Saint- 
Germain  d'hiver;  tantôt  bon,  tantôt  de  2"  qualité.  Maturité  de  décembre  à. 
janvier. 

Général  Duvivier.  —  Arbre  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes, 
assez  fertile.  Fruit  de  grosseur  moyenne,  souvent  plus  petit,  très  bon.  Matu- 
rité de  janvier  à  fin  février. 

Général  Lainoncière.  —  Sjn.  :  Beurré  Citron.  Arbre  vigoureux  qui  se 
condu  t  sous  toutes  formes,  très  fertile.  Fruit  très  bon.  Maturité  un  sep- 
tembre. 

Générnl  de  Lourmel.  —  Arbre  vigoureux  auquel  toutes  les  formes  convien- 
nent, mais  de  préférence  les  petites,  à  cause  de  U  grosseur  de  son  fruit  qui 
est  très  grjs;  les  orages  les  font  tomber  avant  leur  maturité;  assez  fertile. 
Fruit  très  gros,  très  bon.  Maturité  de  fin  octobre  à  courant  novembre. 

Général  Tottleben.  —  Arbre  vigoureux,  greffé  sur  n'importe  quel  sujet , 
peu  fertile;  toutes  les  foraes  lui  conviennent.  Fruit  gros,  de  2"  qualité,  qui 
a  le  défaut  c'e  pourrir  sur  l'arbre,  et  encDre  faut-il  veiller  aie  récolter  sain, 
car  il  blettit.  Maturité  fin  septembre. 

Gilles-o-GUles.  —  Sjn.  :  1°  do  livre  de  Bourguignon  ;  2°  de  Seize  onces 
de  Lorraine;  3"  Girogille  ;  i"  d'Amour;  5"  Gilogilles;  6°  Garda-Ecosse; 
7°  Mazner;  8°  de  Ris;  9°  Garde-Eoosse ;   10°  de   Trésor  ;  11»  Gillot-Gille  ; 


—    18  — 

12°  Gros  fin  or  d'hiver  ;  13°  Gros  franc-réal  d'automne  ;  14°  Gros  Gobet  ; 
15°  Jasseus  ;  16°  Belle-Garde;  17°  Bergamotte-Gérard;  18°  Cirée  d'hiver  ; 
19°  Gilles;  20°  Gilot  ;  21°  Gros  Guy-Grillaud  ;  22°  Ris-de-Loup.  Arbre  vigou- 
reux, très  fertile,  auquel  toutes  les  formes  conviennent,  mais  de  préférence 
les  [)etites,  à  cause  de  la  grosseur  de  ses  fruits  que  le  vent  fait  tomber.  Frui  t, 
un  des  plus  anciens  qu'on  connaisse,  très  gros,  parfois  moyen  ;  n'est  bon  que 
cuit.  Maturité  de  novembre  à  février. 

Gloivard.  —  Arbre  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  assez 
fertile  Fruit  gros,  parfois  moyen,  de  la  forme  d'un  coing  du  Portugal, 
2°  qualité.  Maturité  courant  septembre. 

Grand-Soleil.  —  Arbre  qu'il  faut  grefter  sur  franc  pour  obtenii'  des  pyra- 
mides ;  on  peut  le  conduire  an  petits  buissons  comme  le  pommier  Paradis; 
assez  fertile  quand  il  atteint  l'âge  adulte.  Fruit  de  grosseur  au-dessous  de  la 
moyenne.  Certains  catalogues  l'annoncent  gros.  Chez  moi,  il  a  toujours  été 
petit,  très  bon.  Maturité  de  novembre  à  décembre. 

Gradin.  —  Arbre  de  vigueur  modérée,  se  conduit  sous  toutes  formes,  très 
fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité  courant  novembre. 

Gros-Iiomsekt.  —  Syn.  :  1°  Gros-Rousselet  dit  de  Reims;  2°  Qros-Rous- 
selet  de  Reims;  3°  Roi  d'Eté;  4°  de  Rousselet.  Arbre  peu  vigoureux  ;  les 
petites  formes  lui  conviennent,  très  fertile.  Fruit  petit,  très  bon.  Maturité 
courant  août. 

Grosse- Louise.  —  Syn.  :  Louise  Bonne  Butin;  2°  Louise  Bonne  Hutin. 
Arbre  vigoureux  auquel  toutes  les  formes  conviennent;  très  fertile.  Fruit 
gros,  variable  en  qualité,  selon  les  saisons  plus  ou  moins  pluvieuses.  Je  l'ai 
dégusté  très  bon  et  parfois  de  3"=  qualité;  \\  faut  l'entrecueiliir,  autrement  il 
devient  farineux.  Maturité  dernière  quinzaine  d'août. 

Gritmkow.  —  Arbra  vigoureux  et  très  fertile  auquel  toutes  les  formes  con- 
viennent, surtout  la  pyramide,  à  cau^e  de  la  grosseur  de  son  fruit.  Fruit 
très  gros,  de  2'  (]ualité.  Maturité  d'octobre  à  novembre. 

Gustave  de  Bourgogne.  —  Arbre  vigoureux  auquel  toutes  les  formes  con- 
viennent. Je  ne  puis  rien  dire  du  fruit,  car  depuis  vingt-deux  ans  que  j'ai 
cet  arbre  dans  mon  école,  je  n'en  ai  pas  encore  récolté;  il  fleurit  et  c'est 
tout. 

Heallieat.  —  Syn.  :  1°  Heath  Col  de  Gore  ;  2°  Goris  Heathcot  ;  3°  Heathcot 
de  Gore  ;  4°  Heatheal  de  Gore.  Arbre  peu  vigoureux,  chétif  ;  ne  convient 
que  pour  les  petites  formes,  très  fertile.  Fruit  petit,  très  bon.  Maturité  fin 
août. 

fiébé.  —  Arbre  faible,  dépourvu  de  branches,  assez  fertile  ;  les  petites 
formes  lui  conviennent  bien.  Fruit  très  gros,  très  bon.  Maturité  de  novembre 
à  décembre. 

Hélène  Grégoire.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire,  qui  se  conduit  sous  toutes 
formes;  assez  fertile.  Fruit  moyen,  parfois  petit,  très  bon.  Maturité  en 
septembre. 

Heliote  Dunda^. — Syn.:  l»Dundag;2°  Rousselet  Jamin;  3°  Héloïse  Dandas  ; 
Arbre  de  vigueur  moyenne,  assez  fertile;  n'a  de  mérite  que  pour  les  coUee- 
tionneurs.  Fruit  petit,  3"  qualité.  Maturité  en  septembre. 

Henri  Bivort.  —  Arbre  peu  vigoureux  sur  cognassier.  Demande  à  être 
greffé  sur  franc  pour  les  grandes  formes  ;  assez  fertile.  Fruit  gros,  parfois 
moyen,  très  bon.  Maturité  courant  à  fin  août. 

Henri  Desportes.  —  Arbre  vigoureux  qui  sa  conduit  sous  toutes  formes, 
très  fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité  courant  août. 

Henriette  Bouvier. —  Syn.  :  1°  Belle-Henriette;  2°  Henriette;  3°  Henriette 
d'Orléans.  Arbre  assez  vigoureux,  convient  pour  la  haute  tige,  à  cause  de 
de  ses  branches  divergeantes;  ne  fait  pas  de  jolies  pyramides  ;  assez  fertile. 
Fruit  ne  dépassant  pas  la  moyenne  en  grosseur,  très  bon.  Maturité  courant 
octobre. 


—  19  — 

H'Ovey.  —  Arbre  vigoureux  auquel  toutes  las  formes  conviennent,  a3sez 
fertile.  Fruit  moj-en,  allongé,  de  la  forme  d'une  calebasse,  très  bon.  Matu- 
rité courant  octobre. 

Howell.  —  Sjn.  :  Pear.  Arbre  de  bonne  vigueur,  mais  il  s'épuise  vite  sur 
cognassier,  à  cause  de  sa  grande  fertilité.  Dans  ce  cas,  en  le  taillant,  on  doit 
supprimer  beaucoup  de  boutons  a  fruits,  les  fruits  seront  bien  plus  gros, 
meilleurs,  et  l'arbre  vivra  plus  longtemps.  Fruit  mojen,  parfois  gros,  très 
bon.  Maturité  courant  septembre. 

Incomparable  Ilacons.  —  Sjn.  :  1"  Celettua;  2°  dHacon.  Arbre  faible,  ne 
convient  que  pour  les  petites  formes;  très  fertile.  Fruit  moyen  ou  petit, 
très  bon.  Maturité  eu  septembre. 

Iris  Grégoire.  —  Arbre  assez  vigoureux,  toutes  les  formes  lui  conviennent, 
mais  il  préfère  l'espalier;  peu  fertile.  Fruit  grosseur  variable,  parfois 
moyen,  parfois  petit,  de  2"  qualité.  Maturité  eu  novembre.  Routin. 


Calendrier  horticole. 


Résumé  des  travaux  et  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 

(janvier) 

Les  meilleurs  jardiniers  sont  ceux  qui  savent  bien  exécuter  les 
travaux  du  métier  et  surtout  qui  savent  se  souvenir  à  point  des 
moments  les  plus  favorables  à  leur  exécution.  Il  suffit,  en  elïet, 
quelquefois  d'un  simple  retard  dans  l'époque  de  certains  semis  pour 
faire  varier  les  résultats  qu'on  se  propose  d'obtenir.  D'autre  part, 
si  le  nombre  considérable  d'opérations  qui  doivent  se  faire  dans  les 
jardins,  de  janvier  à  décembre,  excusent  les  oublis  que  peuvent 
faire  les  praticiens  et  les  amateurs,  cette  excuse  ne  modifie  en 
rien  les  résultats  dont  elle  est  cause.  C'est  pour  cela  qu'une  sorte 
d'aide-méraoire,  un  résumé  des  travaux  de  jardinage  a  sa  place 
toute  marquée  dans  une  publication  horticole. 

Jardin  d'agrément.  —  Si  le  jardinier  a  été  prévoyant,  il  a  dû 
abriter  du  froid  les  plantes  et  les  arbustes  délicats  ;  si  la  tempéra- 
ture s'adoucit  il  écartera  ses  abris  avec  prudence  quitte  à  les 
remettre  au  premier  signal.  Si  le  temps  le  permet,  il  continuera  ou 
commencera  tous  les  travaux  de  terrassement  à  faire  dans  son  jar- 
din, pour  avancer  sa  besogne,  vers  la  fin  du  mois,  il  pourra  tailler 
les  rosiers,  sauf  les  Tliés  (qu'on  fera  bien  de  ne  tailler  qu'à  la  fin 
du  mois)  et  autres  arbustes  à  fleurs  qui  fleurissent  sur  le  jeune  bois, 
les  autres  se  taillent  après  la  floraison.  On  terreautera  les  gazons 
et  les  bordures  et  on  transportera  le  fumier  aux  endroits  où  il  doit 
être  enterré.  Après  la  faille  des  massifs  on  peut  les  labourer  sans 
danger.  Bien  que  la  plupart  de  ces  travaux  puissent  attendre  le 
mois  prochain  pour  être  faits,  il  ne  faut  pas  hésiter  à  s'en  débar- 
rasser quand  le  temps  le  permet,  car  les  travaux  abondent  toujours 
les  mois  suivants. 


—  20  — 

Sfmis.  —  Il  est  encore  un  peu  tùt  pour  semer  les  plantes  tlora- 
les  qui  doivent  servir  à  rorneoaentation  des  jardins;  cependant, 
quand  la  terre  n'est  pas  gelée,  on  peut  semer  en  pot  les  plantes 
dures  à  germer,  surtout  si  on  dispose  d'un  mur  au  midi. 

Jardin  potager.  —  Vers  la  fin  du  mois,  si  le  temps  le  permet, 
on  sèmera  à  bonne  exposition  les  pois,  oignons,  poireaux,  laitues, 
carottes,  cerfeuil,  radis  et  navets  hâtifs,  cependant  dans  les  terrains 
froids  et  humides  il  est  préférable  de  ne  faire  ces  semis  que  dans 
le  mois  de  février  et  môme  dans  le  mois  de  mars, 

Serres.  —  O.i  peut  commencer  à  rempoter  les  plantes  bulbeuses 
de  serre  chaude  :  Caladium,  Gloxinias,  Achimenes,  Gesneria.  Il 
est  important  de  faire  ce  rempotage  dans  de  la  terre  peu  humide 
et  de  ne  pas  arroser  de  suite.  On  mettra  pousser  les  Dahlias  pour 
en  faire  des  greffes  ou  des  boutures,  et  on  activera  celles  de  Fuch- 
sia, Salvia,  Héliotropes,  Lantana,  Coleus,  Achyanthes,  Alternan- 
thera,  Bégonia,  Ficus,  etc.  O'est  le  grand  moment  de  la  multipli- 
cation de  presque  toutes  les  plantes  molles.  On  sèmera  en  serre  ou 
sur  couche  toutes  les  plantes  d'ornement  un  peu  lentes  à  se  déve- 
lopper, telles  que  Pervenche  de  Madagascar,  Wigandia,  Coleus, 
Solanum  divers,  Musa  Ensete,  Dahlias,  Bégonias,  Gloxinias,  Cycla- 
mens, etc. 

Jardin  fruuier.  —  On  peut  commencer  la  taille  des  arbres  à 
fruits  à  pépins  surtout  si  le  froid  n'est  pas  trop  vif.  Dans  tous  les 
cas  on  peut  nettoyer  les  arbres  de  la  mousse,  des  lichens,  des 
vieilles  écorces  et  des  branches  mortes  qu'ils  peuvent  avoir. 

L.    S. 

REVUE    DES    CATALOGUES 

J.  Jasquier,  cuUivatôur-graiaiet",  quai  des  Célestios,  8,  à  Lyon.  —  Cata- 
logue illustré  et  Pi'ix-GouraQt  de  graines  potagèi'as,  fourragères  et  de  fleurs. 
Ce  Catalogue  tnealioaae  les  meilleures  vafiétés  de  plantes  potagères  culti- 
vées dans  la  région  Ijoauaiae.  Un  article  spécial  est  réservé  aux  légumes 
nouveaux,  rares  ou  peu  répaadu?.  Collection  de  plantes  florales  ou  à  feuil- 
lage, Ogiions,  Rhizomes,  Rxpliia,  Mastic  à  grefi'er,  etc. 

KivoiRE  père  et  fils,  horticultears,  mai-chands-grainiers,  16, rue  d'Algérie, 
à  Lyon.  —  Catalogue  général  illustré,  de  graines,  ognons  à  fleurs  et  végé- 
taux divers.  Nouveautés  ou  plantes  pju  connues  :  collection?  diverses  des 
différents  genres  de  plantes  potagères  et  florales;  blanc  de  champignon,  frai- 
siers, ognoQS,  bulbes  divers,  rhizomas,  plantes  vivaces,  fouraituras  horti- 
coles, giano,  etc.  Ce  Catalogue  mentionne  eu  regard  des  principales  plantes 
des  indications  concernant  leur  culture  et  leur  épojue  de  floraison. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imprimerie  Bkllon,   rue  de    la  République,  33. 


1885  JANVIER  N°    2 


CHRONIQUE 


Plantes  japonaises.  —  Les  bibelots  japonais  sont  à  la  mode,  cha; 
cun  sait  ça.  On  peut  les  trouver  originaux  et  ravissants  :  je  n'y 
vois  nul  inconvénient  ;  en  garnir  des  étagères  ou  orner  les  salons  : 
ce  n'est  pas  mon  atFaire  ;  je  laisse  aux  cousins  Pons  le  soin  d'en 
apprécier  le-  mérite.  Mais  depuis  quelque  temps  je  trouve  que  les 
recueils  d'horticulture  nous  vantent  un  peu  trop  des  japonaiseries 
horticoles  d'un  mérite  fort  contestable. 

On  a  d'abord  voulu  nous  prouver  que  la  Bardane  du  Japon 
allait  détrôner  les  Scorzonères  et  les  Salsifis.  Parmentier  y  avait 
déjà  perdu  son  temps  au  siècle  dernier.  Ce  mélange  de  la  théra- 
peutique et  de  la  cuisine  n'a  pas  trouvé  beaucoup  d'adhérents. 
Dépuratif  et  fricot  ne  sympathisent  guère  ensemble.  Les  Daïkon  ne 
valent  pas  nos  radis,  et  M.  Pailleux  qui  vient  de  présenter  la.  Mou- 
tarde tubéreuse  n'en  dit  rien  qui  vaille.  C'est  vrai  qu'elle  vient  de  la 
Chine. 

Du  reste  j'engage  fortement  mes  confrères  à  se  mettre  en  garde 
contre  beaucoup  de  plantes  du  Japon,  car  un  très  grand  nombre 
de  variétés  de  fleurs  et  de  légumes  importées  de  ce  pays  en  Europe 
sont  des  variétés  parfaitement  connues  dans  les  cultures.  Elles  sont 
pour  la  plupart  originaires  du  Japon  comme  votre  serviteur  de  la 
Chine.  En  voici  un  exemple  :  Une  très  importante  maison  qui 
importe  directement  du  Japon  à  Lyon  des  soies  japonaises  avait 
fait  venir,  le  printemps  passé,  des  jardins  de  Yokoama,  une  cen- 
taine d'espèces  ou  de  variétés  de  plantes  potagères  ou  florales  qui 
m'ont  été  remises  pour  être  cultivées  et  nommées.  Or,  savez-vous 
sur  ces  100  plantes  combien  il  y  en  avait  d'origine  japonaise  ? 
Deux  ou  trois  au  plus.  Dans  le  nombre  il  y  avait  de  jolis  potirons. 
Les  poireaux  étaient  de  la  ciboule,  les  Coleus  comestibles  de  la 
Pérille,  etc.   Du  reste  je  n'ai  pas    complètement  perdu  mon  temps 


—  2g  — 

!\  rnllivor  (oulos  oos  plantes  ;  j'ai  appris  qnolqnos  mots  de  japo- 
nais. ,Iu}»tv,.  Radis  so  dit  Pn'i-koii  ;  carottos  :  Mni)u-I>jiii)ir:  n;ivi>ts  : 
A«./<()t(,- pois  {gourmand  :  l'ouilji- Mmiu;  \niun\i  :  /«-(/(nvi.v.si  ,■  jx'-rillo  : 
./o'sisso,  past(*ipio  :  SmiiLa,  etc.  J'ai  appris  ('galciiiciU  ([u'iiiic  ocr- 
taiiio  sort»  de  courj^o  est  ooniosiibU»,  quand  (>11(>  n'(>st  pas  niùro  ot 
qno,  lorsqu'cllo  i>sl  milro,  ou  la  lait  soi-licr  au  soleil  et  on  so  sort 
du  zeste  (dt'pourvii  de  yraines)  comme  d'une  éponge.  Les  piments 
(poivre  long)  tiennent  lieu  d'épices  dans  la  cuisine  japonaise.  Les 
Colens  (périlles)  serv(>nt  à  assaisonner  la  salade,  comme  ici  le  cer- 
feuil. Au  .lapon  on  mange  lieaucoup  de  salade  de  eonconibre,  et 
c'est  prineipalemeni  dans  ce  mets  qu'on  l'ait  enlrer  les  teuillos  de 
Coleus  hachi-es  ou  decoupt>es.  .Vvis  ;\  ceux  de  mes  coUtigues  qui 
manqueront  de  cerfeuil,  d'estragon  ou  de  persil. 

Moyen  pour  irconnailn'  lex  rhnmpiiinoux  rntriicu.r.  —  La  lecture  du 
procès-verbal  de  l'une  des  dernières  réunions  de  la  Société  natio- 
nale d'hortieult)U'e  de  France  a  donn(>  à  M.  Huchartre  l'occasion 
de  rappeler  (pi'oii  ne  ct>nnai8sait  aucun  moyen  empirique  pour  dis- 
tinguer les  cliaiupignons  vénéneux  des  clianii>igiions  comestibles. 
Ni  la  cuisson  avec  un  oignon  blanc  dépouillé  de  sa  membrane 
externe,  ni  la  cuillère  d'argent  ou  la  bague  d'or,  ni  la  moelle  des 
joncs  qui.  dit- on.  noircit  an  contact  des  mauvais  champignons 
ne  sont  des  niovens  auxquels  il  faut  se  tier.  Plus  d'un  empoisonne- 
ment a  eu  lieu  après  des  essais  de  ce  genre.  M.  Duchartre.  à  ce 
propos,  a  rappeli»  le  procédé  qui  consiste  à  rendre  les  champignons 
vénéneux  parlaitement  comestibles.  Voici  ce  procédé  connu  depuis 
longtemps  et  rends  en  lumière  par  M.  F.  Girard.  «On  coupe  les 
champignons  en  quatre  ou  huit  morceaux  et  on  en  met  500  gram- 
mes dans  un  litre  d'eau  additionnée  d'une  cuillerée  de  bon  et  fort 
vinaigre  ou  de  d,nix  cuillerées  de  sel  marin.  On  les  laisse  macérer 
dans  ce  liquide  nu  moins  pendant  deux  heures,  après  quoi  on  les 
lave  à  grande  e;,u.  ("ïn  les  met  ensuite  dans  un  vase  d'eau  l'roide 
qu'on  pose  sur  le  teu.  Après  une  demi-heiu"e  d'ébulli(ioi\  les  cham- 
pignons ont  pen'u  tout  leur  principe  nuisible  ;  on  les  lave  encore  et 
ils  sont  dès  lors  en  état  d'être  préparés  pour  la  table  sans  que  l'on 
ait  rien  à  redouter  de  leur  ingestion.  » 

Fxposilion  d\Ho> liciiltufc  à  Lyon.  —  La  ville  de  Lyon,  à  l'occa- 
sion du  concours  régional  agricole  qui  se  tiendia  sur  le  coui-s  du 
Midi,  à  IVrrache,  du  31  mai  au  7  juin  prochain,  organise  une 
Exposition  d'Horticulture  comme  celle  qui  eut  lieu  en  ISTT.  Le 
programme  sera  incessamment  rédigé,  mais  les  horticulteurs  peu- 
vent, dès  à  présent,  taire  leurs  préparatifs;  ils  peuvent  être  assurés 
qu'aucun  des  produits  cultivés  dans  la  région  lyonnaise  ne  sera 
omis  sur  le  prognmime. 


—  23  — 

Legn  en  faveur  de  C arjriruUure .  —  Les  horticulteurs  de  Lille 
sont  favorisés  sous  le  rapport  de  la  fortune.  Apr<;3  M.  Rameau, 
qui  légua  quatre  cent  mille  francs  à  la  ville  pour  lâtir  ce  splendide 
palais  qui  porte  son  nom  et  dans  lequel  la  Société  d'horticulture 
tient  ses  réunions,  donne  des  conférences  et  installe  ses  exposi- 
tions, voici  un  autre  amateur  généreux,  M.  Oscar  Villette,  qui 
lègue  dix  mille  francs  à  la  Société.  S'il  y  a  tant  de  Sociétés  d'hor- 
ticulture au.xquelles  la  fortune  ne  sourit  guère,  c'est  que  les  Rameau 
et  les  Villette  sont  rares. 

Plante»  employéi'S  comme  guccédanées  du  café.  —  On  a  vanté  der- 
nièrement, comme  susceptible  de  remplacer  le  café,  les  graines  de 
V  /ï>itrala()uii  bœiiruK,  lAante  de  la  famille  des  papillonnacées.  Pour  ma 
part,  je  préfère  le  vrai  Moka  ou  à  son  défaut  le  Bourbon,  le  Marti- 
nique et  ses  variétés.  Du  reste,  la  cherté  relative  du  café  a  depuis 
longtemps  déjà  mis  l'esprit  des  chercheurs  à  la  torture.  On  a  essayé 
succes-sivement  les  graines  d'Iris  des  marais,  de  l'Hibiscus  esculen- 
tus,  de  pois  chiche,  de  pois  des  champs,  de  lupins,  de  haricots,  de 
fèves,  de  chênes,  de  châtaigniers,  de  marronniers;  les  racines  de 
chicorée,  de  carottes,  de  panais,  et  autres  ombellifères,  etc.  Quand 
le  café  est  torréfié,  on  l'allonge  souvent  avec  du  vieux  marc,  des 
fécules,  du  caramel,  de  la  sciure  de  bois,  de  la  tannée  et  une  foule 
d'autres  denrées  de  même  valeur.  A  propos  de  café,  il  n'est  pas 
inutile  de  savoir  que  le  café  préparé  avec  de  Teau  distillée  ou,  à 
son  défaut,  avec  de  l'eau  de  pluie,  est  infiniment  préférable  à  celui 
que  l'on  prépare  avec  de  l'eau  de  source,  de  puits  ou  de  rivière 
qui  contiennent  toujours  des  sels  de  chaux  qui  neutralisent  une 
partie  de  la  caféine. 

De  la  dégénérescence  de$  plantes.  — Il  ne  faut  pas  prendre  à  la  lettre 
toutes  les  histoires  do  brigands  que  quelques  jardiniers  racontent 
sur  la  dégénérescence  des  plantes.  On  peut  admettre  certaines 
variations,  mais  le  bon  sens  populaire  qui  dit  famiUèrement  que 
les  chiens  ne  font  pas  des  chats  ne  me  paraît  pas  encore  près 
d'être  entamé.  Louis  Noisette,  qui  était  pourtant  un  excellent 
jardinier,  n'a  cependant  pas  craint  de  faire  imprimer  dans  son 
Manuel  complet  du  Jardinier,  page  453,  la  phrase  suivante  :  «  J'avais 
planté  dans  mon  jardin  de  Paris,  rue  du  Faubourg-Saint-Jacques, 
divers  sujets  provenant  de  semis  de  l'Erable  de  Montpellier.  Ils 
avaient  tous  les  caractères  de  l'espèce  bien  développés.  A  la  troi- 
sième année,  quelques  sujets  donnèrent  des  feuilles  d'une  dimension 
plus  ample,  et  enfin,  à  la  cinquième  année,  la  métamorphose  fut 
complète  :  ces  arbres,  aujourd'hui,  n'offrent  que  très  peu  de  diffé- 
rence avec  le  Sycomore  ou  y^cer  pseudo  plalanus.  » 


—  24  — 

Voilà  comme  on  écrit  l'histoire  et  comment  on  fausse  le  juge- 
ment des  masses.  Que  Louis  Noisette  ait  observé  des  Sycomores 
dans  un  semis  d'Erables  de  Montpellier,  le  fait  n'a  rien  d'extraor- 
dinaire —  il  y  a  tant  de  chances  d'erreurs  dans  les  semis,  —  mais 
-que,  sans  vérifier  l'expérience  en  question,  cet  excellent  auteur 
vienne  nous  affirmer  un  fait  pareil,  cela  passe  la  mesure. 

La  dégénérescence  de  certaines  races  locales  s'explique  par  les 
changements  de  climat  et  de  sol  et  par  des  croisements  hybrides  ; 
mais  les  races  sont  souvent  très  voisines,  souvent  si  voisines  qu'il 
faut  un  œil  très  exercé  pour  les  distinguer  entre  elles.  Les  types 
tranchés,  au  contraire,  ofïrent  des  différences  si  profondes  qu'il  est 
très  difficile,  dans  la  plupart  des  cas,  de  les  hybrider  entre  eux. 
Quant  à  l'aide  de  semis,  sans  hybridation,  on  songe  à  passer  de 
l'un  à  l'autre,  c'est  absolument  perdre  son  temps. 

Plébiscite  en  faveur  du  Clirijsanthcme.  —  La  Société  d'horticul- 
ture de  Chalon-sur-Saône  vient  d'adresser  aux  horticulteurs  et  aux 
amateurs  de  tous  pays  la  lettre  suivante  : 

Monsieur, 

Dans  sa  séance  du  7  décembre  courant,  la  Société  d'horticulture  de  Chalon- 
sur-Saône,  conformément  à  l'idée  émise  lors  de  l'Exposition  spéciale  de 
Chrysanthèmes  qui  s'est  tenue  sous  ses  auspices  du  13  au  16  novembre 
dernier,  a  décidé  de  prendre  l'initiative  d'un  Plébiscite  international  en 
faveur  du  Chrysanthème,  et  a  donné  à  une  Commission  spéciale  la  mission 
d'organiser  ce  plébiscite. 

La  Commission  s'est  immédiatement  mise  à  l'œuvre;  elle  a  arrêté  les 
dispositions  suivantes  qu'elle  a  l'honneur  de  porter  à  la  connaissance  de 
tous  les  horticulteurs  et  amateurs,  en  les  invitant  à  prendre  part  au  vote  : 

«  Le  Plébiscite  s'étendra  à  50  variétés  seulement. 

«  Chaque  horticulteur  ou  amateur  qui  voudra  y  prendre  part  mentionnera 
sur  un  bulletin  du  modèle  mis  à  sa  disposition  par  la  Commission  d'organi- 
sation les  noms  des  50  variétés  ckoisies  par  lui. 

t  Les  bulletins  ainsi  remplis  seront  adressés  a  la  Société  d'horticulture 
de  Chalon,  où  ils  seront  dépouillés  par  les  soins  de  la  Commission  d'organi- 
sation. 

«  Ils  seront  reçus  jusqu'au  10  février  prochain,  époque  à  laquelle  les 
résultats  seront  proclamés  et  adressés  à  chaque  votant. 

«  Tout  bulletin  contenant  plus  de  50  variétés  sera  annulé.  » 

Nous  souhaitons  bonne  réussite  à  ce  plébiscite.  Si  les  amateurs 
et  les  horticulteurs  qui  cultivent  ce  beau  genre  veulent  bien  con- 
sulter leurs  notes,  peut-êfre  arriveront-ils  à  élaborer  une  liste  que 
les  profanes  consulteront  avec  profit.  Mais,  à  notre  avis,  ce  plébis- 
cite eût  donné  de  meilleurs  résultats  à  l'époque  de  la  floraison  des 
Chrysanthèmes. 

Âbulilon  à  fleur  double.  —  La  Revue  de  r Horlicullure  belge  et  étran- 
gère publie  l'image  de  ce  nouveau  gain  obtenu  l'an  dernier  en  Amé- 
rique et  vendu  sous  le  nom  à'Jbulilon  Tliompsoni  flore  pleno.  C'est 


—  25  — 

une  fort  jolie  plante,  qui  ne  peut  manquer  de  se  répandre  très 
rapidement  dans  les  cultures.  La  fleur  de  cette  variété,  parfaite- 
ment double,  est  à  fond  jaune  canari  envahi  d'un  réseau  de 
lignes  rouges  qui  se  bifurquent  à  la  façon  des  nervures  pennées  et 
qui  deviennent  confluentes  à  la  base  des  pétales.  Les  feuilles,  d'un 
vert  un  peu  pâle,  sont  marmorées  et  sillonaées  en  arabesques  de 
larges  lignes  ou  plaques  chlorosées. 

La  floraison  des  Abutilons  se  prolongeant,  quand  on  les  rentre 
en  serre,  fort  avant  dans  la  belle  saison,  rend  ces  arbustes  fort 
précieux  pour  la  confection  des  bouquets.  V.  V,-M. 


ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de  la  séance  du  21  décembre  1884 ,  tenus  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Jules  Chrétien,  vice-président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  h.  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  qui  est  adopté. 

A  propos  du  procès-verbal  M.  Viviand-Morel  dit  que  la  Commission  char- 
gée d'apprécier  les  améliorationsi  apportées  par  M.  Dantin  à  son  mastic  pour 
greffer  à  froid  et  cicatriser  les  plaies  des  végétaux,  ayant  reconnu  les  bons 
effets  produits  par  ce  perfectionnement  propose  d'accorder  à  notre  collègue 
une  médaille  d'argent. 

Cette  proposition  mise  aux  voix  est  adoptée  à  l'unanimité. 

La  correspondance  se  compose  : 

1°  D'une  lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  accusant  réception  de  la 
demande,  adressée  par  l'Association  horticole  lyonnaise,  tendant  à  obtenir 
que,  ainsi  que  cela  a  eu  lieu  en  1877,  une  exposition  d'horticulture  soii 
annexée  au  prochain  concours  régional  agricole  de  Lyi>n.  M.  le  Préfet  nous 
fait  connaître  qu'il  a  transmis  notre  demande  à  M.  le  Ministre  de  l'agricul- 
ture en  l'appuyant  d'un  avi^  favorable  ; 

2°  Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  accompagnant  l'envoi  de  trois  exem- 
plaires d'une  fifliche  annonçant  la  tenue  du  Concours  régional  agricole  à 
Lyon  et  de  deux  exemplaires  de  ce  programme. 

A  propos  de  cette  lettie  et  après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part 
MM.  Hoste,  Comte  ,  Schwartz  ,  Viviand-Morel ,  etc.  ,  l'assemblée  décide 
qu'une  Commission  soit  nommée  pour  faire  une  démarche  auprès  de  l'admi- 
nistration municipale  et  organiser  à  l'occasion  du  concours  régional  une 
exposition  horticole  comme  en  1877. 

Sont  nommés  membres  de  cette  Commission  MM.  Comte,  Liabaud,  Métrai 
et  Schwartz. 

2*  Lettre  de  M.  le  D'^Drivon  et  de  M.  Masson,  directeur  du  bureau  de  poste 
de  la  Croix  Rousse,  remerciant  l'Association  horticole  de  les  avoir  élus  mem- 
bres de  son  Conseil  d'administration  ; 

4°  Lettre  de  M.  Th.  Denis,  chef  de  cultures  au  Jardin  botanique  de  Lyon, 
informant  la  Société  que,  sur  la  recommandation  de  M.  Dutailly,  M.  le 
Ministre  de  l'agriculture  a  fait  examiner  sa  communication  sur.o  la  culture 
de  la  vigne  en  buttes-billons  »  par  des  personnes  compétentes  et  qu'il  résulte 
du  raprort  adressé  à  ce  sujet  à  M.  le  Ministre,  qu'il  y  a  lieu  de  suivre  les 
expériences  entreprises  par  M.  Denis.  En  conséquence,  M.  le  Ministre  fera 


—  26  — 

constater  en  temps  utile  les  résultats  qui  seront  obtenus  à  l'aide  de  la 
méthode  indiquée  par  notre  collèj^ue; 

5"  Lettre  annonçant  le  décès  de  M.  F. -Louis  Grannfep,  membre  de  l'Asso- 
ciation horticolo  lyonnaise.  M.  Louis  Granger,  fabricant  de  poteries,  était 
estimé  de  tous  ceux  qui  avaient  l'honneur  de  le  connaître.  Il  est  mort  assa- 
siné  dans  son  domicile  le  16  décembre  ; 

6°  Lettre  accompagnant  le  rapport  de  la  visite  aux  œillets  de  MM.  L. 
Pellet  et  Chavagtion.  Ce  rapport  publié  dans  le  n°  22  du  L>/on-/io>-ticoIe  con- 
cluant à  accorder  une  médaille  de  vermeil  à  MM.  Pellet  et  Chavagnon  est 
mis  aux  voix  et  adopté. 

Présentations.  —  Il  e-t  donné  lecture  de  23  candidatures  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis  membres  de  notre  Compagnie  les  candidats  pré- 
sentés à  la  dernière  réunion. 

Ce  sont  MM.  : 

Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  EouUj,  présenté  par  MM.  Cordioux  et 
Duchet  ; 

Victor  Rousseau,  poêlier-fumiste,  37,  quai  de  Jayr,  Lyon-Vaise,  présenté 
par  les  mêmes  ; 

Joseph  Rousseau,  poêlier-fumiste,  37,  quai  de  Jayr,  Lyon-Vaise,  présenté 
par  les  mêmes; 

Vaudray  (Etienne),  marchand  de  terre  de  bruyère,  quai  de  l'Industrie, 
présenté  par  MM.  Gaulain,  Chrélian  et  Denis  ; 

Rivoirat,  propriétaire  à  Chaponost  (Rhône),  présenté  par  MM.  Fécond 
(Benoît)  et  Chaudy  ; 

Joland  (Sylvain),  jardinier  maison  Bayzelon,  à  Chaponost  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Chaudy  et  Charraet  (Andrp)  ; 

Villard  (François),  jardinier  ch^z  M""  Vaohon-Saulnier  à  Ecully,  présenté 
par  MM.  Boueharlat  jeune  et  Rivoire  (A.)  ; 

Brun  (Barthélémy),  horticulteur  à  Ecullj,  présenté  par  MM.  Boueharlat 
jeune  et  Rivoire  (A.)  ; 

Guillot  (Pétrus),  horticulteur-pépiniériste  à  Pont-de-Chérui  (Isère),  pré- 
senté par  MM.  Ponsard  et  J.  Jacquier; 

Leblanc  (Joseph-Toussaint) ,  propriétaire  et  maire  à  Ste-Colomba-les- 
Vienne  (Rhône),  présenté  par  MM.  Perrache  et  J.  Jacquier  ; 

Ducret  (J.),  représentant  de  commerça  à  Ecully  (Rhône),  présenté  par 
MM.  J.  Cordioux  et  J.  Jacquier); 

Cbaninet  (Ant.),  pépiniériste  jardinier  à  St-Priest  (Isère),  présenté  par 
MM.  Carie  (Laurent)  et  J.  Jacquier  ; 

Berthier  (François),  pépiniériste-paysagiste,  grande  route  de  St-Genis- 
Laval,  présenté  par  MM.  A.  Berthier  et  Viviand-Morel  ; 

Perrier  (Louis),  horticulteur-pépiniériste  à  Bourg-les-Valence  (Drôme), 
présenté  par  MM.  L.  Lille  et  Boney; 

Desfarges,  horticulteur  à  St-Cyr-au-Mont-d'Or,  présenté  par  MM.  Cor- 
dioux et  J.  Jacquier. 

Publications.  —  M.  Viviand-Morol  fait  l'analyse  des  revues  et  journaux 
horticoles  reçues  depuis  la  dernière  séance  et  fait  circuler  ceux  contenant 
des  articles  intéressants. 

Apports  sur  le  bureau.  —  M.  Viviand-Morel  appelle  l'attention  de  la  réu- 
nion sur  une  des  plantes  indigènes  de  la  Corso,  le  Clematis  cirrhosa  L.  ou 
Clématite  à  vrilles.  D'après  le  présentateur  cette  planta  résisterait  à  12  de- 
grés de  froid  ;  sa  floraison  commence  très  tard,  puisque  las  échantillons  pré- 
sentés quoique  en  pleine  terre  sont  en  fleurs  ;  on  pourrait,  dit  M.  Viviand- 
Morel,  former  avec  cette  planta  de  très  jolies  colonno?,  qui  seraient  rendues 
plus  ornementales  lorsque  la  plante  qui  est  assez  floriféra  serait  garnie  de 
fleurs  blanches  assez  grandes. 

En  outre  de  cettj  Clématite,  M.  Viviand-Moral  présentait  des  fleurs  du 
Baccharis  Imlimifolia  L.  ou  Séneçon  en  arbre,  des  Etals-Unis  ;  il  fait  remar- 


—  27  — 

quer  qu'aujourd'hui  où  le  commerce  des  fleurs  sèche"  pour  garniture  do 
vag(  s  en  hiver  prend  de  rextension,  on  pourrait  se  servir  des  inflorescences 
avaficées  da  ce  Séneçon 

Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Morel  âls,  à  Lyon-Vaise,  1"  des  fruits  du  Citri";  tripte.-a  DesîÇPseu- 
dœgle  Sepinrin  Mig-.j,  récoltés  dans  ses  cultures  ;  ces  fruits  que  l'on  pourrait 
nommer  les  orangées  de  nos  pays  ne  sont  pas  comestibles;  l'aibuste  est  très 
rusùque,  irè.-'  ornemerjtal,  surtout  lorsqu'il  est  couvert  de  fruits;  ceux  pré- 
sentés par  M.  Morel  contiennent  des  graiaes  fertiles.  2°  Des  fruits  ou  cônes 
de  Cèdre  di-odora,  récollés  dans  les  environs  de  Tarare  et  qui  contiennent 
des  graines  fertiles  ; 

Par  M.  Ciozy,  des  Bégonias  âe  semis,  un  pied  de  Bégonia  Dregii  et  un  de 
B.  corahna,  quatre  fleurs  d'Abutilon  de  semis,  dont  une  rose  carminé  assez 
grand.^  dont  le  pédoncule  a  une  tendance  à  s'ériger  ; 

P«r  M.  Liabaud,  \x\\  i^ni  àe  Calant he  Veitchii  en  pleine  floraison,  plante 
remarquable  par  ses  labelles  maculés  de  pourpre  à  leur  base.  Cette  espèce 
perd  ses  feuilles,  lorsque  la  floraison  approche  ; 

Par  M.  Page,  jardinier  chez  M™'  de  Montessuy,  un  beau  pied  HCAnthurium 
Sch-rzerianum,  remarquable   comme  fort  développement   et  bonne   culture  ; 

Par  M.  Carie,  un  œillet  de  semis,  en  vase,  de  la  race  dite  Alégatière.  en 
pleine  floraison.  La  plante  est  robuste,  couverte  de  fleurs  ;  les  fleurs  sont 
bien  faites,  se  tiennent  droites  sur  leur  pédoncule,  coloris  rouge  tendre  car- 
miné, très  odorante;  quelques  fleurs  atteignent  six  centimètres  de  diamètre. 
Cette  variété  est  nommée  par  l'oblenteur  a  Souvenir  de  François  Labruyère.  » 

Par  M.  Boucharlat  jeune.  1»  des  fleurs  de  Véroniques  de  semis,  ayant  des 
épis  bien  faits,  assez  longs,  d'un  blanc  rosé,  dev?nant  blancs  en  vieillis- 
sani  ;  2°  uni  poire  de  semis  ; 

Par  iM.  Hoste,  une  collection  de  Chrysanthèmes  en  pot  composée  de 
25  variétés: 


Perle  de  beauté,  amarante  foncé. 
M.  Mancy,  carmin  bordé  blanc. 
M.  Plancheneau,  ro^e  saumoné. 
M.  Sabatier,  jaune  mordoré. 


Erecta  superba,  lilas  foncé. 
Etinaelle,  rouge  marron. 
Jeanne  d'Arc,  blanc  jispd  lilas. 
La  Charmeuse,  amarante  et  blanc. 


M.  Ulrich,  amarante  bordé  blanc.  Lady  Selbourne,  blanc  pur. 


Alphonse  XII,  ronge  satiné. 
Beauté  des  jardins,  amarante. 
Belle  Paule,  blanc  liseré  lilas. 
Belle  Valentinoise,  jaune. 
Boule  d'argent,  amarante  et  blanc. 
Cérès,  blanc  d'argent. 
Crépuscule,  lie  de  vin. 
Dormdlon,  lilas  satiné. 


L'Ile  des  Plaisirs,  rouge  et  jaune. 

L'or  de  Fi-ance,  jaune  d'or. 

M""  Bouchardier,  violet  velouté. 

Mastic,  jaune  nuancé. 

M.  Castel,  cramoisi  feu. 

M.  de  Brazza,  violet  pointé  blanc. 

M.  Frémy,  orange. 


Par  M.  Corbin,  jardinier  chez  M.  le  duc  de  Mortemart  à  La  Chassagne,  des 
Céleris  plein  blanc  doré.  M.  Corbin  fait  ressortir  les  avantages  que  présente 
cette  variété,  qui  se  tient  très  ferme,  a  l'avantage  de  blanchir  toute  seule  tout 
en  restant  très  ten  dre,  il  la  considère  comme  une  variété  très  méritante. 

Une  collection  de  poires  parfaitement  bien  conservées  et  presque  toutes 
bonnes  à  mani^er  :  Olivier  de  Serres,  fruit  arrondi,  chair  fine  juteuse,  très 
relevée,  de  première  qualité  ;  Zéphirin  Grégoire,  fruit  moyen,  chair  très 
fine,  relevée,  excellent  fruit  ;  Président  Pouyer-Quertier,  baau  fruit,  chair 
fine,  mais  manquant  un  peu  de  parfum  ;  Bonne  de  Maline^,  fruit  moyen, 
chair  fine,  relevée,  bon  fruit;  Doyenné  d'hiver,  fruit  de  toute  beauté, 
exempt  de  toute  maladie;  Président  Drouarl,  beau  et  boa  friit  ;  Sœur  Gré- 
goire, beau  fruit,  assez  bon,  mais  n'étant  pas  assez  arrivé  à  maturité  pour 
pouvoir  être  apprécié;  Beurré  Henri  Coureelle,  fruit  bon,  paifumé  et  de  pre- 
mière qualité  ;  Louise  Bonne  de  printemps,  boa  fruit,  chair  très  fine,  sucrée 
et  do  première  qualité  ;  Barillet  Deschamps,  fruit  gros,  chair  cassante,  mi- 
fine,  relevée. 


—  28  — 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  Comte,  Roohet,  Labrujère  et  Pitavdl  pour  la  floriculture,  et  de 
MM.  Cl.  Jacquier  fils,  Berthier,  Barret  et  Pelletier  pour  la  pom^logie. 

Ces  Commissions,  après  examen,  proposent  d'accorder: 

A  M.  Corbin,  une  prime  de  1'=  classe  pour  ses  Poires. 
A  M.  Carie,  — 

A  M.  Hoste,  — 

A  M.  Page,  — 

A  M.  Liabaud,  — 

A  M.  Morel  fils,       — 

Pour  M.  Boucharlat,  la  Commission  de  floriculture  demande  l'inscription 
au  procès-verbal  désirant  voir  les  plantes  en  pot;  pour  la  poire  de  semis,  la 
Commission  de  poœologie  déclare  ne  pouvoir  émettre  un  avis  favorable 
sur  ce  semis,  le  fruit  présenté  étant  trop  &v&nné  en  maturité. 

Pour  l'apport  de  ]M.  Crozy,  la  Commission  mmirjuant  de  renseignement--, 
demande  de  renvoyer  à  une  séance  ultérieure  l'examen  de  ces  plantes  jour 
pouvoir  prononcer  un  jugement  favorable. 

Toutes  ces  propositions  mises  aux  voix  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

L'assemblée  prisse  ensuite  à  l'ordre  du  jour. 

Règlement  des  apports  sur  le  bureau,  et  après  une  discussion  à  laquelle 
prennent  part  MM.  Comte.  Viviand  Morel,  Rivoire  fils,  Berthier,  Pitaval, 
Gaulain,  Schwarlz.  etc..  l'ei.semble  du  projet  présenté  par  l'administration 
de  la  Société  mis  aux  voix  est  adopté. 


ira 

— 

—    son  Œillet  de  semis. 

Ire 

— 

—    ses  Chrysanthèmes. 

1" 

— 

—    son   Anthurium   comme   bonne 
culture. 

2» 

— 

—    son  Calanthe, 

2» 

— 

—    ses  fruits  de  Citrus  et  de  Cèdre. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 


Le  Secrétaire  adjoint,  J.  Nicolas. 


Règlement    concernant    les    apports    aux    séances    de 
l'Association   horticole. 

l"  Les  plantes  apportées  sur  le  bureau  seront  jugées  par  une  ou  plusieurs 
Commis-ions  nommées  séance  tenante  par  le  Président  de  la  séance  et  choi- 
sies parmi  les  membres  non  exposants  ; 

2°  Des  récompenses  de  deux  sortes  pourront  être  proposées  par  les  Com- 
missions d'examen.  Pour  devenir  exécutoires  les  propositions  des  Commis- 
sions devront  ètie  approuvées  par  l'f.ssemblée  ; 

3»  Les  présentations  de  plantes  nouvelles  obtenues  de  semis  ou  d'introduc- 
tion devront  toujours  être  présentées  dans  d'excellentes  conditions  pour  être 
jugées.  Toutt'fois  les  Commissions  pourront,  quand  elles  le  jugeront  utile,  se 
réserver  le  droit  de  visiter  les  plantes  sur  place  ; 

4°  Les  Commi.-sions  d'examen,  autant  que  possiblo,  devront  bi^er  leur 
appréciation  plutôt  sur  le  mérite  horticole  des  produits  que  s>ur  leur  valeur 
vénale  ; 

5"  Los  récompenses  prendront  le  nom  de  certificat  pour  les  plantes  nou- 
velles et  de  prime  dans  les  autres  cas.  Il  y  en  aura  de  trois  classes. 

6°  Les  plantes,  fruits  et  légumes  nouveaux  seront  toujours  jugés  séparé- 
ment; ils  devront  être  présentés  avec  les  noms  sous  lesquels  ils  seront  mis 
au  commerce  ; 

7°  Les  Commissions  pourront,  quand  les  produitj  ne  sont  pas  présentés 
comme  nouveaux,  accorder  les  primes  à  un  ou  plusieurs  produits  du  même 
exposant  ; 

8°  Un  diplôme  des  certificats  et  des  primes  décernes  sera  donné  à  la  fin 
de  chaque  séance  aux  sociétaires  qui  les  auront  obtenus.  Ils  seront  signés  du 
Président  et  du  Secrétaire  de  la  séance. 

9°  La  valeur  des  primes  et  des  cerciflcats  est  égale  et  fixée  ainsi  ; 


—  29  — 

Certificat  et  prime  de  l'"  classe  :  3  points. 
—  —       2»       —      2      — 

L'addition  des  primes  est  faite  après  la  séance  de  décembre, 

10°  Valeur  des  points  :  3  à  6  points,  médaille  de  bronze  ;  7  à  12  points, 
médaille  d'argent  ;  13  à  19  points ,  médaille  d'argent  grand  module  ; 
20  points  et  au-dessus,  médaille  de  vermeil.  Une  médaille  d'or  sera  décernée 
à  celui  des  présentateurs  qui  aura  obtenu  le  plus  grand  nombre  de  points 
pendant,  l'année.  Il  ne  sera  fait  aucun  report  pour  Tannée  suivante  des  points 
insuffisants  pour  l'obtention  d'une  médaille. 


Les  vieux  noms  de    plantes    {Suite). 

Comme  je  l'ai  dit  au  commencement  de  cette  note,  on  trouve 
dans  l'ouvrage  en  question  l'étymologie  d'une  foule  de  noms  de 
plantes  français  dont  on  chercherait  vainement  l'explication  ail- 
leurs. En  voici  quelques  exemples  :  J'ai  cherché  autrefois  dans 
plus  de  vingt  dictionnaires  français  d'où  venaient  les  mots  marron- 
nier et  marron,  appliqués  au  châtaignier  ou  à  son  fruit.  Savez- 
vous  ce  que  Noël  et  Carpentier  m'ont  appris  à  ce  sujet?  Jugez  un 
peu  ;  Maron,  vieux  mot  français  qui  s'apphquait  aux  habitants 
des  Alpes  qui  portaient  les  voyageurs.  Se  faire  marronner  signi- 
fiait se  faire  porter  par  des  marrons;  ou  bien  encore,  esclave 
nègre  qui  s'est  échappé  de  chez  son  maître.  Nous  sommes  loin  du 
châtaignier.  On  comprend  bien  que  Castanea  se  soit  transformé  en 
castagne,  casiaigne  et  châtaigne  ;  mais  la  transition  entre  châtaigne  et 
marron  paraît  dure.  Voici  l'explication  la  plus  plausible  que  j'aie 
trouvée  :  Marron,  nom  donné  par  les  Espagnols  au  fruit  du  châ- 
taignier. 

A  Lyon, les  marronniers  sont  des  arbres  [OEsculux  hippocastanum) , 
ou  des  industriels  qui  foat  cuire  et  vendent  des  marrons.  Les  mar- 
rons de  Lyon  n'existent  que  dans  l'imagination  trop  fertile  des 
marchands  ;  ils  sont  récoltés  dans  l'Isère  ou  le  Var,  ou  dans  quel- 
ques localités  du  département  du  Rhône. 

Connaissez-vous  le  TU  ou  Tillet?  C'était  tout  simplement  le  Til- 
leul. Le  Coignier  que  l'on  a,  —  je  ne  sais  pas  trop  pourquoi,  — 
changé  en  Coignassier,  s'appelait  Cotonea  en  latin.  Depuis,  on  a 
éprouvé  le  besoin  de  le  faire  venir  de  Cydon,  simple  histoire  de  le 
rebaptiser  Cgdoyna.  De  Cotonea  on  a  fait  Cotoneaster.  Les  Espa- 
gnols nommaient  les  coings  marmellos;  ne  serait-ce  pas  là  qu'il 
faudrait  chercher  l'origine  du  mot  marmelade  ? 

Qui  a  la  bugle  et  la  sanicle 
Fait  aux  médecins  la  nique. 

Ce  vieux  distique  boiteux  est  bien  connu;  il  indique  en  quelle 
grande  estime  les  gens  de  la  campagne  tenaient  ces  deux  plantes. 
Mais  voilà  le  diable,  j'avais  toujours  pensé  que  la  sanicle  était  une 


—  30   — 


ombellifère,  —  Sankula  curopea,  —  et  mon  petit  bouquin  affuble 
de  ce  nom  l'Auricule  {Primula  auriciUa),  ça  devient  gênant  pour 
faire  des  emplâtres.  Quel  est  celui  d'entre  vous  qui  fera  une  longue 
dissertation  pour  tirer  d'embarras  les  malheureux  malades  qui  vou- 
draient faire  la  nique  aux  médecins?  Personne,  alors  suivons. 


Pcrvioea 


Amadouvier 


Serpentine. 


Vous  savez  que  les  vraies  Groseilles  portaient  losnoms  de  Ribet- 
tes,  raisins  troutre-mer  ou  groiselles  d'outre-mer.  Les  Groiseltes 
étaient  les  Ballons  ou  fruits  de  VUva  crispa. 


'^^0m^ 


Asaruni     europeum 


Arundo  donax 


Les  Noisilles,  Mellines  et  Avellaines  étaient  des  Noisettes.  La 
Consoude,  comme  le  roi  Midas,  avait  des  oreilles  d'âne.  La 
Chausse-lrapc  [Ccnlaurea  calcitrapa),  le  croiriez-vous,  était,  —  oh  ! 
honte,  —  un  Sniujol  terrestre.  Le  Gramen  avait  le  bon  esprit,  dans 
ce  temps-là,  de  ne  pas  mettre  la  charrue  devant  les  boeufs,  il  s'ap- 


—  31   — 

pelait  Dent-de-Chien  et  non  Chien-dent.  Les  champignons  étaient 
aussi  des  potirons  et  des  mousserons  ;  aujourd'hui  les  potirons  sont 
des  courges.  La  Mandragore  ou  Mande  gloire,  valait  de  la  corde 
de  pendu.  Le  Vitriol  était  synonyme  de  Paritoire,  comme  Paritoire 
l'était  de  Pariélaire. 


Pulsalille 


Schinus  Molle 


Les  Rhododendrura ,  Rosage,  et  Rosagine  s'appliquaient  à 
rOleander  ou  Nerium  oleander.  En  1584,  personne  n'avait  encore 
eu  l'idée  d'appeler  ces  beaux  arbustes  des  Lauriers  roses,  attendu 
que  ce  ne  sont  pas  des  Lauriers,  et  qu'il  en  e.xiste  de  plusieurs 
couleurs.  C'est  etfrayant  comme  nous  avons  changé  des  noms  de 
plantes,  et  si  j'osais,  je  vous  allongerai  là  une  litanie  qui  vous 
donnerait  la  clé  d'une  foule  de  noms  patois.  V.  V.-M. 


Rapport  sur  l'Exposltioa  spéciale    de  Chrysanthèmes  qui  a  eu  lieu 
à  Ghàlon-sur-Saône  du  43  au  16  novenibre  1884. 


Ayant  eu  l'honneur  d'être  délégué  par  l'Association  horticole  Ijonnaise  à 
l'Exposition  de  Clifysanthômes  organisée  par  la  Société  d'horticulture  de 
Chalon-sur-Saône,  comme  membre  du  Jury,  je  viens  en  quelques  mots  vous 
rendre  compte  d'un  essai  d'exposition  spéciale  ou  d'un  seul  genre  qui  avait 
vivement  intéressé  les  nombreux  amateurs  de  Clirysanthèmes  et  dire  jusqu'à 
quel  point  une  exposition  partielle  pouvait  avoir  de  l'importance  pour  nous, 
qui  sommes  à  même  par  le  nombre  et  la  richesse  des  différentes  variétés 
cultivées  à  Lyon  de  faire  a^sez  fréquemment  des  expositions  d'un  seul  genre, 
tels  que  :  Rijses.  Dahlias,  Œillets,  Pelargonium  zonale,  etc. 

Je  dois  vous  dire  tout  d'abord  que  cette  exposition  da  Chrysanthèmes  a 
été  un  immense  succès  pour  la  Société  d'horticulture  de  Chàlon,  car  non  seu- 
lement un  grand  nombre  de  sociétaires  y  ont  trouvé  l'occasion  de  mettre  en 
évidence  leurs  grandes  et  belles  collections  de  Chrysanthèmes,  mais  les 
sommités  horticoles  qui  s'oocupent  le  pluj  spécialement  de  cett«  calture,  tels 
que  MM.  Délaux,   Pertuzès,   Lacroix,    Peyrot  père  et  fils    de  Toulouse,    de 


—  32  - 

Reydelletjde  Valence  et  même  un  exposant  de  Bergame  (Italie)  avaient  lar- 
gement contribué  à  l'embellissement  de  cette  exposition. 

La  grande  salle  des  fêtes  a  l'Hôtel-de-Ville  ou  se  tenait  l'exposition  était 
bondée  de  fleurs  et  présentait  par  son  arrangement  gracieux  uq  coup-d'œil 
ravissant.  Cliaque  côté  de  la  salle  ainsi  que  le  fond  étaient  garnis  de  Chry- 
santhèmes en  pots  et  vases;  au  milieu  de  la  salle  se  trouvait  une  immense 
table  sur  laquelle  étaient  rangées  les  nombreuses  ileurs  coupées.  Dans  une 
salle  annexe  on  avait  réuni  les  fleurs  de  semis,  les  bouquets,  couronnes,  sur- 
tout» de  table,  emblèmes,  etc.,  uniquement  composés  de  fleurs  de  Chrysan- 
thèmes dont  les  exposants  dans  cette  série  avaient  sa  tirer  le  parti  le  plus 
avantageux. 

Le  Jury  était  composé  de  MM.  Henry-Jacotot  père,  horticulteur  à  Dijon, 
Michaud,  vice-président  de  la  Société  d'horticulture  de  Dijon  et  de  votre 
délégué.  M.  Cbevrier,  président  d'honneur  de  la  Société  d'horticulture  de 
Chalon-sur-Saône  a  bien  voulu  s'adjoiodre  à  nous  pour  nous  aider  de  ses 
utiles  conseils.  MM.Perrier,  vice-président,  et  Ventouski  flls,  secrétaire,  qui 
par  le  classement  judicieux  des  lots  a  contribué  à  rendre  notre  tâche  plus 
facile,  accompagnaient  le  Jury.  Nous  avons  vivement  regretté  l'absence  de 
plusieurs  collègues  très  compétents  qui  avaient  été  désignés  comme  jurés  et 
dont  le  concours  nous  aurait  été  très  précieux,  car  les  différents  apports 
soumis  à  notre  appréciation  s'élevaient  au  nombre  de  quarante-cinq. 

Dans  le  concours  de  semis  les  exposants  ont  été  classéa  dans  Tordra  sui- 
vant selon  le  mérite  de  leurs  produits:  M.  de  Reydelht,  de  Valence, 
MM.  Délaux  fils,  Peyrot  père  et  ûls,  Pertuzôs  et  Lacroix,  de  Toulouse. 
M.  Boucharlat  aîné  avait  exposé  trois  plantes  provenant  de  graines  reeues 
directement  du  Japon  dont  une  à  grande  fleur  d'un  blanc  carné  était  très 
belle.  MM.  Rivoire  et  fils,  hortioulteurs-grainiers  à  Lyon,  avaient  apporté 
une  belle  plante  à  grande  fleur  imbriquée  d'un  blanc  rosé  dont  le  grand 
mérite  était  d'avoir  une  odeur  agréable  assez  prononcée. 

Pour  les  plantes  en  pot,  MM.  Mercier  père  et  fils,  de  Chalon-sur-Saône, 
ont  obtenu  la  médaille  d'or  et  M.  Prosper  Degressy,  également  de  Chàlon, 
la  médaille  de  vermeil  avec  félicitations  du  Jury  pour  la  belle  culture  de  ses 
plantes  et  l'arrangement  de  son  lot.  M.  Duparray-Dutartre,  amateur,  à  la 
Charmée,  a  obtenu  une  médaille  d'argent.  M.  Abel  Myard,  vice-président 
de  la  Société,  avait  exposé,  mais  hors  concours,  une  magnifique  collection 
composée  d'environ  150  variétés  de  choix  parmi  lesquelles  on  remarquait  un 
grand  nombre  de  nouveautés,  le  tout  parfaitement  étiqueté.  La  culture  de 
ces  plantes  était  irréprochable  et  l'arrangement  en  était  fait  avec  un  goût 
parfait,  aussi  le  Jury  ne  pouvant  récompenser  ce  lot  hors  ligne  adresse  les 
félicitations  les  plus  chaleureuses  à  son  propriétaire.  M.  Myard  avait  encore 
orné  de  belles  plantes  de  Chrysanthèmes  fleuris  l'escalier  qui  conduit  à  la 
salle  des  fêtes.  C'était  une  heureuse  innovation  ,  car  elle  nous  a  montré 
quel  parti  on  peut  tirer  de  cette  riche  plante  pour  l'ornementation  des  habi- 
tations. M.  Ceuzin  (Jacob),  horticulteur  à  Chàlon,  avait  également  exposé 
hors  concours  une  nombreuse  collection  de  variétés  choisies  d'une  culture 
qui  ne  laissait  rien  à  désirer. 

Les  concours  pour  les  fleurs  coupées  étaient  largement  remplis  par  de 
nombreuses  et  belles  collections  dont  quelques-unes  se  composaient  de  4  à 
500  variétés.  Pour  la  plus  belle  et  la  plus  nombreuse  collection  les  prix  ont 
été  décernés  dans  l'ordre  suivant:  1"  M.  Delaux  fils,  de  Toulouse  ;  2°  ex 
asquo  à  MM.  Pertuzés,  de  Toulouse  et  Rozain-Boucharlat,  de  Lyon  ;  3°  ex 
œquo  MM.  Colin,  horticulteur  à  Beaune  et  Mercier  père  et  fils  à  Chilon. 
M.  Guénard  fils  avait  exposé  une  superbe  collection  de  400  variétés,  compo- 
sée de  tout  ce  que  le  commerce  a  produit  de  plus  beau.  S'étant  déclaré  géné- 
reusement hors  concours  le  Jury  a  cru  de  son  devoir  de  le  complimenter  sur 
son  remarquable  apport.  Le  concours  pour  100  variétés  était  bifiii  représenté, 
et  les  prix  ont  été  décernés  comme  suit:  MM.  Peyrot  père  et  fils  et  Lacroix, 
de  Toulouse,  Bérard-Massard,  de  Montceau-les-Mines  et  M.  l'abbé  Garnier. 


—  33  — 


Dans  le  concours  pour  50  variétés,  c'est  M.Malfondet,  de  Châlon,  qui  a 
remporté  le  1"  prix,  tt  M.  Goussot,  jardinier  à  Pierre  (Saôae-et-Loire),  qui 
a  obtenu  le  2°  prix. 

M.  de  Reydellet,  avec  de  très  belles  variétés  n'a  pu  concourir,  n'ayant 
pas  le  nombre  exigé. 

M.  Pirotta  Pantilio,  horticulteur  à  Calcio  (province  de  Bergame,  Italie), 
avait  envoyé  une  caisse  de  50  fleurs,  mais  dont  les  variétés  n'étaient  pas  à 
la  hauteur  de  celles  cultivéas  en  France. 

Le  deuxième  concours  :  Chrysanthèmes  japonais,  avait  pour  exposants, 
MM.  Mercier  père  et  fils,  à  Châlon,  et  M.  Nicolas,  domaine  d'Arc-en -Bar- 
rois  (Haute-Marne). 

M.  Millet  père,  de  Montagny-lès-Buxy,  avait  exposé  trois  corbeilles  ou 
groupes  de  jeunes  plantes  de  chrysanthèmes  fleuris,  cultivés  et  exposés  dans 
la  mousse;  l'ensemble  et  la  bonne  venue  des  plantes  produisaient  un  effet 
agréable;  mais  jusqu'à  nouvel  ordre,  cette  culture  parait  devoir  rester  dans 
le  domaine  des  amateurs,  ainsi  que  les  greffes  de  chrysanthèmes,  moyen 
d'avoir  plusieurs  variétés  sur  le  même  pied,  présentées  par  M.  Renaud- 
Guépet,  de  Châlon. 

Le  jury  a  constaté  qu'en  général  les  variétés  étaient  exactement  dénom- 
mées et  que  presque  tous  les  lots  contenaient,  non-seulement  de  très  belles 
variétés,  mais  aussi  bsaucoup  de  nouveautés.  J'ai  pensé  qu'une  liste  des  plus 
belles  plantes,  relevée  dans  tous  les  lots,  que  je  donna  à  la  suite  de  ce 
compte -rendu,  serait  utile  pour  guider  amateurs  et  horticulteurs  dans  leur 
choix. 

Quant  au  dixième  concours  :  bouquets,  corbeilles,  couronnes,  etc.,  je  le 
répète,  c'était  un  des  plus  intéressants  ;  car.  ici,  on  pouvait  s'attendre  à  des 
innovations,  à  l'imprévu,  en  un  mot,  à  l'initiative  individuelle. 

L'espace  occupé  par  les  lots  de  ce  concours  était  disposé  avec  beaucoup  de 
goût,  auquel,  du  reste,  les  objets  exposés  se  prêtaient  d'une  manière  très 
avantageuse  et  on  ne  peut  que  constater  que  tous  ces  articles  composés  uni- 
quement de  fleurs  de  chrysanthèmes  avaient  un  cachet  particulièrement 
gracieux. 

Les  bouquets,  couronnes  et  surtouts  de  table,  de  M°"'  Malfondet,  De- 
gressy  et  Béraud-Massard  étaient  confectionnés  avec  goût  et  délicatesse; 
elles  avaient  su  harmoniser  les  différentes  couleurs  avec  art,  et  le  jury  a  été 
heureux  de  leur  décerner  les  prix  mis  à  sa  disposition. 

M"«  Ceuzin  (Jacob)  avait  exposé  hors  concours  un  surtout  de  table  qui  était 
remarquable  par  l'arrangement  coquet  des  fleurs  de  choix  qui  entraient  dans 
sa  composition. 

M.  Colin  fils,  de  Beaune,  avait  réussi  à  représenter  très  fidèlement  l'écus- 
son  des  armoiries  de  la  ville  de  Châlon  sur-Saône. 

Les  jardinières,  cache-pots  et  candélabres  garnis  de  chrysanthèmes  expo- 
sés par  1\L  Sève,  institutiur  à  Labergement-Sainte-Colombe,  prouvent  les 
goûts  artistiques  et  l'adresse  de  l'exposant. 

M.  Proust,  de  Châlon.  nous  a  fait  voir  que  les  chrysanthèmes  ornent  et 
môme  embellissent  les  jolis  et  nombreux  meubles  de  fantaisie  qu'il  avait 
exposés. 

M.  Béai  avait  une  très  jolie  jardinière  toute  garnie  de  fleurs. 

Un  tout  jeune  homme,  M.  Gabriel  Favrairi,  apprenti  jardinier,  avait  com- 
posé un  large  écusson  orné  de  guirlandes  imitant  une  mosaïque,  qui  dénote 
de  l'idée  et  de  la  persévéran-ie  ;  votre  délégué,  avec  l'as-sentiment  des  autres 
membres  du  jury,  lui  a  fait  don,  en  son  nom  personnel,  d'une  médaille  d'ar- 
gent comme  prix  d'encouragement. 

Un  grand  diplôme  d'honneur  destiné  à  récompenser  l'exposant  qui  a  la 
plus  contribué  à  l'embellissement  de  l'Exposition,  a  été  décerné  à  MM.  Mer- 
cier père  et  flis. 

Le  soir,  après  les  opérations  du  jury,  un  banquet  a  été  offert  en  son  hon- 
neur par  la  Société;  tout  le  bureau  et  beaucoup  de  membres  y  assistaient. 


—  34  — 

M.  le  président  a  porté  un  toast  aux  deux  Sociétés  d'Horticulture  de  Lynn 
et  à  celle  de  Dijon,  et  s'adressant  à  leurs  délégués,  il  les  a  remerciés  pour  la 
tâche  délicate  et  difficile  qu'ils  venaient  de  rarnplir  à  la  satisfaction  géné- 
rale et  leur  a  donné  rendez-vous  à  la  prochaine  Exposition. 

Un  des  convives  a  proposé  da  faire  un  plébiscite  pour  les  chrysunthèraes 
comme  on  avait  fait  pour  les  roses,  et  de  désigner  dans  les  différents  genres 
les  cinquante  plus  belles  variétés  dd  chr^'santhômes  anciennes  et  nouvelles 
qui  existent.  Cette  motion  a  été  adoptée  et  votre  délégué  a  promis  de  vous 
soumettre  cette  question. 

Il  est  presque  supsrtiu  de  vous  dire.  Messieurs,  que  votre  délégué  a  reçu 
l'accueil  le  plus  sympathique  du  bureau  et  de  la  Société  d'Horticulture  de 
Chalon-sur-Saône  et  qu'il  en  garde  le  meilleur  souvenir. 

HOSTE, 

Horticulteur  à  Monplaisir-Lyon. 


Les  plantations  d'arbres  le  long  des  routes  (1). 

M.  Varangot  fils,  pépiniériste  à  Melun,  vient  d'adresser  à  M.  le 
Ministre  des  travaux  publics  un  rapport  sur  un  projet  qui  nous 
paraît  absolument  digne  d'attention.  L'idée  n'est  pas  neuve,  mais 
en  France,  dans  notre  malheureux  pays  presque  paralysé  par  un 
fonctionnarisme  excessif,  il  ne  suffit  pas  d'émettre  des  idées,  il  faut 
en  poursuivre  l'application  par  toutes  voies  et  moyens,  et  M.  Varan- 
got se  trouve  avoir  le  mérite  de  ne  manquer  ni  de  courage  ni  de 
persévérance.  Dans  sa  dernière  lettre,  il  développait  les  considé- 
rations suivantes,  que  nous  abrégeons  forcément,  la  place  nous  étant 
comptée  : 

Nos  soldats  de  l'armée  de  terre  et  de  mer  sont  obligés  d'avoir 
pour  toute  boisson  de  l'eau  souvent  de  mauvaise  qualité.  Il  serait 
très  facile  de  leur  faire  boire  de  bon  cidre  à  peu  de  frais.  Au  lieu 
de  planter  les  grandes  routes  en  arbres  d'alignements  d'essences 
stériles,  tejs  que  peupliers,  tilleuls,  marronniers,  que  ne  les  plante- 
t-on  avec  des  arbres  à  fruits,  pommiers  et  poiriers  à  cidre? 

Les  arbres  à  cidre  se  forment  aussi  bien  par  la  taille  que  les 
platanes,  acacias,  couramment  employés.  Ils  ont  l'avantage  d'être 
moins  élevés,  moins  touffus,  d'ombrager  moins  les  routes  et  les 
champs  des  riverains,  de  porter  moins  d'humidité  sur  la  chaussée. 

Les  bois  des  pommiers  et  des  poiriers  à  cidre  s'emploient  très 
bien  dans  l'industrie,  et  peitvent  acquérir  ime  valeur  intrinsèque 
au  moins  aussi  considérable  que  les  essences  actuellement  em- 
ployées. 

Dans  le  département  de  Seinç-et-Marne,  il  y  a  plus  de  deux 
cent  mille  pieds  d'arbres  plantés  le  long  des  routes.  Sept  à  huit 
mille  hommes  de  troupes  au  plus  sont  casernes  dans  nos  chefs-lieux 

(1)  Extrait  du  IVbweHîsfe  de  Seine-et-Marae. 


—  35  — 

d'arrondissement.  Au  bout  de  dix  ans,  en  plantant  seulement 
50,000  pieds  d'arbres,  on  aurait  une  récolte  largement  suffisante 
pour  pourvoir  aux  besoins  de  toutes  nos  garnisons. 

Quel  avantage  pour  nos  soldats  ! 

Une  autre  idée  de  M.  Varan got,  serait  de  distraire  une  cinquan- 
taine d'hectares  de  nos  forêts  et  de  les  planter  d'nrbres  à  cidre. 
On  pourrait  ainsi,  non  seulement  assurer  une  boisson  saine  à  notre 
armée,  mais  encore  faire  des  distributions  complètes  aux  hospices 
et  aux  indigents. 

Pour  la  récolte  et  la  fabrication  du  cidre,  rien  de  plus  facile. 

Chaque  caserne  dans  les  villes  aurait  dans  une  de  ses  dépen- 
dances un  local  pour  recevoir  un  pressoir  et  les  tonneaux  pour 
emmagasiner  le  cidre. 

Quelques  hommes  de  corvée  avec  les  fourgons  du  régiment, 
iraient  à  l'époque  de  maturité,  fin  septembre,  faire  la  récolte  des 
fruits. 

Maintenant,  les  cantonniers  des  ponts  et  chaussées  seraient 
chargés  de  la  surveillance  des  arbres  à  cidre,  l'amasseraient  les  fruits 
par  tas  dans  les  fossés  ou  sur  le  bord  de  la  route. 

Voici  en  quelques  mots  le  projet  de  M.  Varangot  ;  nous  ne  savons 
si  dans  les  bureaux  du  ministère  il  lui  sera  accordé  quelque  atten- 
tion, mais,  à  notre  avis,  il  mérite  d'être  sérieusement  étudié. 


De  l'obtention  des  variétés  horticoles. 

Il  y  a  des  semeurs  qui  jouissent  d'une  excellente  réputation  et 
qui  ont  enrichi  le  commerce  horticole  d'une  foule  de  nouvelles 
et  excellentes  variétés  de  plantes,  tandis  qu'il  en  est  d'autres  que 
le  guignon  poursuit  et  qui  n'ont  jamais  eu  la  main  heureuse  sous 
ce  rapport.  Les  premiers  mettent  à  profit  le  vieux  proverbe 
«  Aide-toi  et  le  ciel  t'aidera  »  ;  les  aucres  sèment  au  hasard, 
s'endorment  sur  les  deux  oreilles,  ce  qui  entre  parenthèse  est  un 
peu  difficile,  et  n'obtiennent  rien  de  bien  sérieux.  Le  hasard  n'est 
pourtant  pas  toujours  un  bien  mauvais  diable,  et  plus  d'un  semeur 
qui  passe  pour  malin  lui  doit  ses  meilleurs  gains,  Quand  je  dis  le 
hasard,  c'est  une  manière  de  parler,  car  chacun  sait  que  ce  mot  ne 
doit  être  considéré  que  comme  exprimant  notre  ignorance  des 
vraies  causes  des  phénomènes.  Les  plus  petits  événements,  les 
moindres  variations  qui,  par  leur  petitesse,  semblent  ne  pas  tenir 
aux  lois  de  la  nature  en  sont  pourtant  une  suite  nécessaire.  C'est 
à  nous  d'apprendre  à  connaître  ces  lois.  Lorsqu'on  dit  qu'une 
variété  surgit  par  hasard  dans  les  cultures  c'est  que  nous  ignorons 
les  causes  qui  ont  agi  pour  la  produire. 


—  36  — 

Ceux  qui  ont  étudié  les  mathématiques  connaissent  ce  qu'on 
appelle  le  calcul  des  probabilités,  qui  repose  eu  partie  sur  notre 
ignorance  et  en  partie  sur  nos  connaissances.  Ce  genre  de  calcul 
pourrait  parfaitement  être  appliqué  dans  le  cas  qui  nous  occupe, 
car  si  nous  ne  connaissons  pas  toutes  les  lois  de  la  variabilité 
végétale,  nous  en  connaissons  au  moins  une  partie  qui  permettrait 
de  trouver  par  formules  les  chances  que  nous  avons  d'obtenir  des 
variétés. 

Ceux  qui  ont  étudié  les  plantes  vivantes,  qui  les  ont  élevées  de 
graines,  connaissent  celles  qui  varient  naturellement  et  dans  quel 
ordre  les  variations  se  produisent.  Ceux  qui  ont  fait  des  hybri- 
dations artificielles  entre  espèces  distinctes,  ou  qui  ont  étudié  les 
croisements  naturels  dus  à  la  fécondation  par  les  insectes  connais- 
sent également  les  résultats  que  produisent  ces  deux  opérations. 
Nous  allons  examiner,  si  vo\is  le  voulez  bien,  successivement  celles 
de  ces  connaissances  que  tout  semeur  devrait  posséder. 

Quand  on  récolte  des  graines  sur  un  seul  individu  végétal,  on 
peut  obtenir,  en  les  semant,  ou  des  plantes  identiques  au  porte- 
graines  ou  des  plantes  variées.  Sur  les  milliers  d'espèces  que  nous 
avons  semées  depuis  plus  de  douze  ans,  le  plus  grand  nombre  se 
reproduisait  fidèlement. 

Quand  on  récolte  des  graines  en  mélange  sur  des  individus 
différents  quoique  appartenant  au  même  type,  c'est-à-dire  à  la  même 
espèce  linnéenne,  on  obtient  presque  toujours  des  variétés.  Ceci 
prouve  que  les  types  renferment  des  variétés  méconnues.  Les  hor- 
ticulteurs savent  bien,  du. reste,  que  lorsqu'ils  introduisent  de  leur 
pays  natal  de  nombreux  individus  du  même  type  qu'ils  introduisent 
en  même  temps  des  variétés  de  ce  type.  Le  fait  est  trop  connu  pour 
les  Orchidées  pour  être  mis  en  doute. 

De  ce  qui  précède,  on  peut  donc  déjà  conclure  qu'il  est  possible, 
en  récoltant  à  l'état  sauvage  des  graines  d'une  espèce  sur  des 
individus  différents,  qu'on  obtiendra  des  variétés  différentes  ;  comme 
on  peut  conclure  également  que  si  la  récolte  a  lieu  sur  un  seul 
individu,  la  chance  d'obtenir  des  variétés  devient  très  minime  étant 
donné  que  les  neuf  dixièmes  des  végétaux  sauvages  se  reproduisent 
sans  variation  sensible.  Tout  le  commerce  des  plantes  potagères 
repose  sur  la  fixité  de  ce  qu'on  appelle  des  races,  dont  l'analogue 
est  représenté  à  l'état  sauvage. 

Si  une  sélection  sérieuse  est  faite  des  variétés  obtenues  de  semis, 
dans  le  cas  où  la  graine  a  été  récoltée  en  mélange,  et  qu'aucune 
fécondation  croisée  ne  survienne,  les  plantes  obtenues  de  cette 
manière  ne  varient  plus  par  la  suite.  Le  semis  n'a  donné  en  réalité 
que  ce  qu'il  devait  donner  :  un  mélange  de  variétés  ou  de  races 
enfermées  dans  le   sac. 


—  37   — 

Ainsi  donc,  un  semeur  peut  être  certain  qu'il  a  très  peu  de  chance 
d'obtenir  de  nouveaux  gains  s'il  sème  purement  et  simplement  une 
plante  qui  ne  donne  pas  habituellement  des  variétés.  Il  faut,  pour 
rompre  la  fixité  des  variétés,  leur  faire  subir  des  croisements  avec 
des  variétés  voisines. 

A  l'état  sauvage,  les  croisements  sont  assez  rares  parce  que  les 
plantes  sont  beaucoup  plus  dispersées  que  dans  les  jardins;  aussi 
est-ce  pour  cette  raison  que  les  plantes  qui  ont  cette  origine  varient 
beaucoup  moins. 

Dans  bien  des  cas  on  peut  confier  aux  abeilles  le  soin  de  croiser 
certaines  plantes  ;  pour  cela  il  suffit  de  placer  très  près  l'une  de 
l'autre,  dans  un  endroit  fréquenté  par  ces  insectes,  les  variétés  dont 
on  veut  opérer  le  croisement.  Mais  il  vaut  infiniment  mieux  se 
contenter  de  très  peu  de  graines  et  être  sûr  de  leur  origine  hybride  ; 
pour  cela  on  doit  féconder  soi-même,  artificiellement  quelques 
fleurs. 

Je  sais  bien  que  beaucoup  de  jardiniers  n'ont  pas  étudié  les 
organes  de  la  fleur,  mais  avec  un  peu  de  bonne  volonté  on  se  fami- 
liarise avec  les  étamines  et  les  pistils.  Les  étamines  (organes 
mâles)  sont  remplies  d'une  sorte  de  poussière  jaune  nommée  pollen. 
Le  pistil  (organe  femelle)  correspond  toujours  à  l'endroit  où  se 
forme  la  graine. 

Pour  féconder  artificiellement  une  plante,  on  doit  préalablement 
ôter  ses  étamines  avant  que  le  pollen  en  soit  répandu.  Pour  cela, 
on  prend  de  petites  pinces  et  on  les  enlève  délicatement.  On  récolte 
des  étamines  en  assez  grand  nombre  sur  la  plante  qui  doit  féconder 
l'autre  et  on  les  met  dans  une  boîte  de  petite  dimension.  A  l'aide 
d'un  pinceau  à  aquarefle,  on  porte  ce  pollen  sur  les  pistils  de  la 
plante  à  féconder.  Bien  entendu  qu'on  soustrait  ensuite  la  plante 
aux  intempéries. 

Quand  on  a  obtenu  des  graines  d'une  plante  ainsi  fécondée,  si 
elles  germent  et  que  les  plantes  qui  en  naissent  soient  fertiles,  ce 
qui  n'arrive  pas  toujours,  on  peut  dire  que  non  seulement  on  est 
en  possession  de  variétés  distinctes,  mais  encore  que  les  générations 
futures  donneront  d'autres  variétés. 

Il  est  un  fait  à  peu  près  constant,  c'est  celui  de  la  variabilité 
des  plantes  hybrides.  C'est  à  cette  variabilité  que  les  semeurs  de 
rosiers  qui  ne  fécondent  pas  artificiellement  les  roses,  doivent 
d'obtenir  de  nouvelles  variétés. 

Mais  une  voie  dans  laquelle  les  hybridateurs  devraient  entrer 
résolument,  c'est  celle  de  la  fécondation  des  hybrides  par  leurs 
ascendants,  c'est-à-dire  par  leurs  parents.  Il  y  a  là  une  source  iné- 
puisable de  gains  nouveaux  à  obtenir. 


—  38  — 

Il  y  a  une  autre  source  de  variations  chez  les  plantes  dont  nous 
ne  connaissons  guère  les  causes,  mais  que  beaucoup  d'esprits  super- 
ficiels ont  la  prétention  de  connaître.  On  fait  intervenir  la  culture, 
les  engrais,  les  changements  de  chmats,  la  nature  chimique  du 
sol,  etc.  La  vérité  est  que  toutes  ces  causes  mises  en  avant  sont 
autant  de  suppositions  absolument  gratuites.  En  expliquant  ainsi  ce 
genre  de  rariations,  on  résout  la  question  parla  question,  enadmet- 
tant  comme  démontré  précisément  ce  qui  reste  à  démontrer.  Il 
serait  vraiment  trop  comnîode  d'obtenir  des  variétés  s'il  suffisait 
simplement  d'appliquer  des  cultures  différentes  aux  plantes  que  l'on 
voudrait  faire  varier. 

Quoique  nous  ne  connaissions  pas  les  causes  qui,  en  dehors  de 
l'hybridité,  font  surgir  tout  à  coup  au  milieu  d'un  semis  des  plantes 
qui  diffèrent  sensiblement  des  autres  individus  de  la  même  race, 
nous  ne  devons  pas  moins  les  observer  avec  beaucoup  d'attention. 
I-es  cas  de  nanisme  ou  de  géantisme,  les  panachures  accidentelles, 
l'albinisme,  le  chromisme  que  des  déformations  tératologiques  font 
naître,  etc.,  qui  peuvent  quelquefois  se  reproduire  par  graines,  se 
reproduisent  presque  toujours  par  greffes  ou  boutures.  On  fera 
donc  bien  de  surveiller  attentivement  les  semis,  afin  de  ne  laisser 
échapp<!r  aucune  variété.  Il  suffit  souvent  d'une  première  variation 
chez  une  race  parfaitement  pure  pour  qu'à  l'aide  de  fécondations 
artificielles  on  puisse  ensuite  obtenir  de  nouvelles  variétés. 


Culture    potagère 


DE     LA     CAROTTE 


M.  de  Candolle,  dans  un  livre  intitulé  :  Origine  des  Plantes  culli- 
vées,  indique  la  carotte  comme  cultivée  depuis  plus  de  deux  mille 
ans;  je  m'en  rapporte  à  lui  ou  aux  ouvrages  et  autres  documents 
qu'il  a  pu  consulter  à  ce  sujet.  Les  iardiniers  rattachent  sans 
façon,  mais  sans  preuves,  toutes  les  variétés  de  la  carotte  au  Dati- 
cus  carota  L.  Mon  avis,  que  je  pourrai  fortement  motiver  si  j'écri- 
vais un  article  de  botanique,  est  tout  à  fait  opposé  à  cette  manière 
de  voir.  La  carotte  sauvage  (Daucus  carota),  que  M.  Vilmorin  père 
a  tenté  d'améliorer  vers  1830,  ne  lui  a  donné  que  des  variétés  à 
racines  charnues  de  qualité  fort  inférieure,  qui  n'ont  pas  tardé  à 
être  abandonnées  par  la  culture.  La  vérité  est  qu'on  ne  connaît 
pas  les  prototypes  de  nos  variétés  actuelles,  qui  sont  probablement 
originaires  de  l'Europe  orientale  ou  de  l'Asie.  Ce  qu'il  y  a  de  cer- 
tain, c'est  que  les  carottes  cultivées  craignent  le  froid,  et  que  nos 
carottes  sauvages  y  sont  insensibles.    Les  carottes   sauvages  des 


^  39  — 

pays  méridionaux  sont  également  frileuses  quand  elles  sont  culti- 
vées dans  les  jardins  botaniques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  variétés  de  carottes  sont  assez  nombreuses 
dans  les  cultures,  et  nul  doute  qu'elles  le  seraient  bien  davantage, 
si  la  multiplication  des  variétés  de  ce  genre  otïrait  plus  d'intérêt. 
Au  point  de  vue  horticole,  on  peut  classer  les  carottes  d'abord  par 
la  couleur  de  leur  racine  (rouge,  jaune,  blanche),  et  ensuite  par 
leur  forme  (subsphérique,  conique  ou  cylindrique).  Ou  tient  compte 
également  de  la  précocité  et  de  la  qualité,  car  il  y  a  des  sortes  qui 
ne  sont  bonnes  que  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 

Quelles  que  soient  les  variétés  cultivées  dans  le  potager,  il  im- 
porte d'eu  faire  plusieurs  saisons  ;  car  les  racines  jeunes  sont  infi- 
niment supérieures  /Comme  qualité,  aux  racines  plus  âgées  de 
quelques  mois.  Quand  on  ne  possède  pas  de  châssis,  il  suffit  de 
faire  trois  saisons  :  on  sème  d'abord  en  mars,  puis  eu  mai  et  enfin 
dans  la  première  quinzaine  de  juillet. 

La  culture  de  la  carotte  est  d'une  extrême  simplicité  :  Il  suffit 
d'avoir  de  bonnes  graines,  un  terrain  bien  fumé,  bêché  à  point  et 
profondément,  et  surtout  de  semer  clair.  Quand  le  semis  est  trop 
épais,  il  importe  de  l'éclaircir  au  plus  vite.  Des  arrosages  à  l'en- 
grais liquide  sont  également  très  utiles  pour  activer  la  végétation 
de  ces  jeunes  plantes.  Ceux  qui  n'ont  pas  la  main  juste  pour  ne 
semer  que  la  quantité  de  graines  nécessaire  feront  bien  de  semer 
enrayons,  car  les  binages  sont  alors  plus  faciles.  En  novembre, 
il  est  utile  d'arracher  les  carottes  et  de  les  rentrer  dans  un  endroit 
à  l'abri  du  froid  ;  on  peut  encore,  au  lieu  d'arracher  les  carottes, 
les  couvrir  de  paillassons  ou  de  feuilles  sèches. 

Parmi  les  variétés  de  carottes  les  plus  recommandables,  on  peut 
citer  les  variétés  suivantes  : 

C.  rouge  très  courte  à  châssis,  rouge  courte  hâtive,  demi- 
longue  pointue,  demi-longue  obtuse,  demi-longue  nantaise,  sans 
cœur  de  Carentan,  demi-longue  du  Luc,  rouge  longue,  longue 
sans  cœur,  longe  d'Altringham,  pâle  de  Flandres,  jaune  lon- 
gue, etc. 

Les  propriétés  physiques  et  chimiques  ainsi  que  les  usages 
économiques  de  la  carotte  sont  les  suivants  :  «  Les  carottes,  dit 
Berzéhus,  ont  été  analysées  par  Vauquelin  et  par  Wackenro- 
der.  Elles  contiennent,  outre  la  fil)rine,  im  suc  jaune  dans  lequel 
on  trouve  du  sucre  de  canne  cristallisable  et  du  sucre  incristalli- 
sable,  un  peu  d'amidon,  de  l'extractif,  du  gluten,  de  l'albumine, 
une  matière  colorante  cristallisable  appelée  carotine,  de  l'huile  vola- 


—  40  — 

tile,  de  l'acide  pectique  et  de  l'acide  malique,  et  enfin  une  certaine 
quantité  des  sels  qu'on  rencontre  habituellement  dans  les  racines.  « 

On  rùtit  la  racine  de  carotte  pour  la  mêler  au  café  ou  à  la  chi- 
corée en  diverses  proportions.  Cette  même  racine  comprimée, 
séchée  ou  réduite  en  poudre,  se  conserve  pour  faire  des  potag-es 
et  des  ragoûts.  On  a  également  retiré  de  la  carotte  de  bonne  eau- 
de-vie.  Le  fruit  de  la  carotte  est  aromatique  et  contient  une  huile 
volatile  abondante.  Il  est  une  des  quatre  semences  chaudes  mineu- 
res. Il  communique  à  la  bière  une  saveur  piquante  et  une  qualité 
supérieure. 

La  racine  de  carotte  est  émolliente,  résolutive,  diurétique,  ver- 
mifuge et  antiseptique.  D''  Sacarot, 


REVUE     DES    CATALOGUES 


Joseph  Puvilland,  horticulteur-grainier,  25,  cours  Vitton,  Lyon.  —  Prix- 
courant  général  de  graines  potagères,  fourrageras  et  de  fleurs.  Ce  Catalogue 
mentionne  toutes  les  espèces  ou  variétés  de  plantes  potagères  habituelle- 
ment cultivées  dans  les  jardin;  potagers,  les  variétés  de  plantes  médicinales, 
les  plus  belles  plantes  florales,  annuelles  ou  vivaces,  les  balbes,  ognons  et 
rhizomes  à  fleurs.  Un  article  spécial  est  consacré  aux  graines  de  végétaux, 
inédits  pour  la  plupart,  et  provenant  de  l'Amérique  équatoriale. 

Genest-Barge,  marchand-grainier,  2,  rue  de  la  Barre,  Lyon.  —  Catalo- 
gue général  de  graines.  Espèces  potagères,  fourragères,  florales,  ognons, 
bulbes  et  rhizomes.  —  Articles  d'industrie  horticole,  engrais,  librairie  hor- 
ticole. 

CusiN  ET  GuiCHARD,  hortlculteurs-grainiortt,  rue  Octavio-Mpy.  6,  à  Lycn. 
—  Catalogue  général  de  graines  de  plantes  potagères,  fourragères  et  flora- 
les. Graminées  sèches,  plantes  vivaces.  Fournitures  horticoles,  etc. 

{A  suivre). 


/k\is  aux  membres  de  Titfssociatiou  horticole 

lyouuaise. 

Les  sociétaires  sont  informés  que  la  Liste  des  membres  est  actuellement 
en  voie  de  composition.  Ceux  dont  les  noms  seraient  mal  orthographiés  sont 
priés  d'en  informer  au  plus  tôt  le  secrétaire  général,  rue  Viabert,  à  Villeur- 
banne. 

Nous  rapptilon»  aux  sociétaires  qu'ils  ont  droit  à  deux  lignes  dans  la  liste 
susdite  pour  y  insérer  leurs  cultures  spéciales. 


Le  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imprimerie  BitLLON,  rue  de    la  République,  33. 


1885  FÉVRIER  N"    3 


CHRONIQUE 


La  laille  'des  arbres  et  la  physiologie,  —  Je  ne  veux  médire  ni  de 
la  taille  des  arbres,  ni  de  ses  principes,  ni  de  la  physiologie  végé- 
tale. Les  principes  sont  comme  les  carottes,  on  peut  les  accommoder 
à  toutes  sauces  et  même  sans  sauce.  Quant  à  la  physiologie  végé- 
tale, elle  renie  son  passé,  retourne  sa  veste  et  se  jette  du  côté  du 
manche,  c'est-à-dire  du  microscope.  Après  avoir,  pendant  150  ans, 
juré  par  le  cambium  et  la  sève  descendanle ,  elle  propose  de  déposer 
au  musée  des  antiques  ces  expressions  et  les  idées  qu'elles  repré- 
sentent. Hélas!  oui,  mes  bons  amis,  cette  vieille  sève  descendante 
qui  a  fait  grossir  tant  de  bourrelets  et  souder  tant  de  greffes  ne 
descendra  plus.  Très  Haute  et  très  puissante  Dame  Physiologie  l'a 
déclaré  à  tous  ceux  qui  ont  voulu  l'entendre.  Je  m'en  rapporte  aux 
savants  qui  ont  étudié  la  question.  Mais  que  la  sève  descende  en 
ligne  directe,  entre  l'écorce  et  le  bois,  ou  qu'elle  prenne  le  chemin 
des  écoliers  pour  arriver  à  son  but,  cela  importe  peu  aux  jardi- 
niers, qui  taillent  les  arbres.  Ce  qu'il  faudrait  tirer  au  clair,  ce 
serait  de  savoir  jusqu'à  quel  point  il  faut  s'appuyer  sur  les  principes 
pour  jouer  du  sécateur. 

Tenez  voici  un  exemple  :  La  physiologie  végétale  démontre  par 
expérience  que  la  suppression  d'une  partie  d'un  végétal  appauvrit 
ce  végétal.  N'enlèverait-on  qu'une  feuille  à  un  arbre,  l'ablation  de 
cette  feuille  lui  enlève  une  partie  de  ses  forces  d'absorption  et 
d'élaboration.  Voilà  qui  est  bien.  Voyons  comment  le  tailleur  d'ar- 
bres doit  appliquer  cette  loi  ou  ce  principe.  Les  vieux  —  nos  papas 
et  nos  oncles  —  disaient  :  il  faut  tailler  court  les  branches  faibles  et 
tailler  long  les  branches  vigoureuses.  Nous,  les  jeunes  —  fils  et  neveux 
—  qui  nous  croyons  modestement  plus  malins,  nous  avons  renversé 
la  proposition,  et  nous  disons  :  Taillez  court  les  branches  vigoureu- 
ses et  taillez  long  les  branches  faibles.  Et  nous  disons  cela  en  vertu 


—  42  — 

de  ce  faramineux  principe  physiologique  plus  haut  énoncé,  lequel 
prétend  que  plus  on  supprime  de  bois  ou  de  feuilles  à  un  végéial, 
plus  on  l'appauvrit.  Toi,  grande  et  forte  branche  gourmande,  tu 
n'es  pas  pauvre,  et  on  va  te  le  montrer  en  supprimant  les  trois 
quarts  de  ta  longueur,  tandis  qu'on  laissera  presque  intact  ce  chétif 
rameau  qui  croît  sur  l'individu  malingre  qui  t'avoisine.  La  taille 
ainsi  pratiquée  est-elle  à  l'abri  de  toute  critique  l  Pour  résoudre 
cette  question,  il  faudrait  d'abord  savoir  si  on  taille  les  arbres  dans 
le  but  de  les  rendre  plus  ou  moins  vigoureux  ou  bien  dans  celui  de 
leur  faire  porter  du  fruit.  Il  est  bien  évident,  si  c'est  pour  obtenir 
du  fruit  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'arrêter  au  plus  ou  moins  de  vigueur 
que  la  taille  longue  ou  la  taille  courte  peut  imprimer  à  l'arbre,  mais 
il  faudra  rechercher  dans  quelle  mesure  les  coups  de  sécateur  favo- 
risent la  production  fruitière.  <•  J'en  suis  bien  revenu,  me  disait  un 
bon  tailleur  d'arbres  à  Lyon,  de  cette  sorte  de  taille  qui  poursuit 
la  réalisation  d'une  chimère  sans  pouvoir  y  parvenir.  On  ne  peut 
pas,  sauf  dans  quelques  cas  assez  rares,  faire  porter  à  un  poirier 
tous  les  fruits  qu'il  peut  nourrir  en  lui  conservant  ces  formes  con- 
tre nature  sous  lesquelles  on  le  dresse  dans  les  jardins.  Je  préfère 
avoir  des  poires  chaque  année  et  des  pyramides  un  peu  moins 
belles.  J'ai  un  if  devant  ma  porte  que  j'arrondis  en  pain  de 
sucre,  afin  de  montrer  aux  amateurs  que  je  pourrais  à  l'occasion 
tailler  des  poiriers  de  la  même  façon.  » 

La  taille  courte  appliquée  aux  branches  vigoureuses  fait  dévelop- 
per d'autres  branches  vigoureuses  et,  malgré  les  pincements,  les 
assements  et  autres  opérations  analogues,  il  faut  recommencer 
l'année  suivante  pour  obtenir  encore  le  même  résultat,  si  on  pro- 
cède de  la  même  manière. 

Quand  par  hasard  on  ne  taille  pas  du  tout  ou  qu'on  taille  à  peine 

ces  branches  vigoureuses,  toute  la  sève  se  porte  sur  les  nombreux 

bourgeons  qui  se  changent  en  brindilles,  en  dards  et  quelquefois  en 

'  boutons  à  fruit  au  lieu   de  développer    un  nouveau   prolongement 

vigoureux  et  quelques  rameaux  latéraux. 

Il  y  a  donc  lieu  toutes  les  fois  qu'on  taille  des  poiriers  peu  fer- 
'  tiles    et    très    vigoureux  de  les  tailler  modérément    si    on    veut 
obtenir  du  fruit.  La  forme  de  l'arbre  n'y  gague  pas  toujours,  mais 
la  fertilité  vaut  bien  quelques  sacrifices. 

Nous  avons  obtenu  en  agissant  ainsi  de  belles  récoltes  sur  des 
poiriers  qui  n'avaient,  pendant  plus  de  vingt  ans,  donné  que  de 
très  belles  branches,  parce  qu'on  les  taillait  suivant  les  bons  prin- 
cipes. 

Le  plâtre  phosphaté.  —  Les  hommes  sont  des  êtres  bien  curieux; 
en  voici  un  exemple  :   Il  y  a  dans  mon  voisinage  une  fabrique  de 


—  43  — 

phosphore  qui  avait  amoncelé  plusieurs  centaines  de  mille  mètres 
cubes  de  plâtre  formé  dans  la  préparation  du  phosphore.  Ce  plâtre 
qui  é'.ait  gênant  —  puisqu'il  occupe  des  terrains  d'une  assez  grande 
valeur  —  fut  offert  par  le  directeur  de  l'usine  aux  cultivateurs  qui 
voudraient  bien  venir  le  chercher,  offert  gratuitement,  entendez 
bien.  Pensez-vous  qu'il  en  vint  beaucoup  à  la  suite  de  cette  offre? 
On  ne  peut  pas  dire  que  personne  ne  répondit  à  l'appel,  mais  les 
amateurs  de  plâtre  gratuit  no  furent  pas  nombreux.  Ils  raisonnaient 
probablement  ainsi  :  Si  on  nous  offre  cette  drogue  pour  rien,  c'est 
qu'elle  ne  vaut  pas  le  diable,  et  ils  restaient  chez  eux. 

Le  directeur  de  l'usine  changea  d'idée  ;  au  lieu  de  donner  son 
plâtre  gratuitement,  il  lui  ût  subir  une  petite  préparation,  le  des- 
sécha, le  réduisit  en  poudre  et  l'annonça  comme  engrais.  Comme 
par  le  fait  c'est  un  engrais,  il  eut  raison  ;  il  eut  d'autant  plus  rai- 
son que  ceux  qui  n'en  voulaient  pas  pour  rien  jadis  viennent  en 
chercher  actuellement  à  3  francs  les  100  kilos.  Et  le  tas  diminue 
rapidement. 

Rempolarjes.  —  Qui  dit  rempotage  dit  presque  plantation.  Quand 
on  empote,  on  plante  en  pot;  les  deux  opérations  ont  donc  une 
certaine  analogie.  Seulement  un  arbre,  une  fois  planté  l'est  pour 
longtemps,  tarulis  qu'une  plante  en  pot,  ayantune  nourriture  limitée, 
demande  à  être  rempotée  assez  fréquemment.  Généralement  les 
plantations  se  font  eu  automne  et  au  printemps,  après  la  chute  des 
feuilles  et  avant  leur  pousse.  Pour  les  rempotages,  doit-on  agir  de 
la  même  manière  ?  La  question  n'est  pas  facile  à  résoudre  parce  que 
beaucoup  de  genres  fleurissent  précisément  au  moment  où  il 
faudrait  les  rempoter.  Or,  comme  dans  les  rempotages  on  est  la 
plupart  du  temps  obligé  de  couper  des  racines,  on  paralyserait  la 
floraison  si  on  rempotait  les  espèces  avant  qu'elles  aient  fleuri. 
Comme  après  tout  on  cultive  les  plantes  d'ornement  pour  jouir  de 
leur  floraison,  il  est  clair  qu'on  doit  éviter  tout  ce  qui  pourrait  la 
contrarier.  En  règle  générale,  il  faut  donc  rempoter  les  plantes 
florales,  telles  que  les  Camellias,  Azalées,  Ericas,  Laurier-Thym, 
Rhododendrums,  Kalraias,  etc.,  quand  la  lioraison  est  terminée.  Il 
y  a  même  quelques-uns  de  ces  genres  qui  gagnent  à  être  rempotés, 
seulement  quand  la  pousse  est  faite.  Tous  les  genres  qui  fleurissent 
on  été  préfèrent  être  rempotés  en  février  ou  mars.  On  commence 
toujours  par  ceux  à  feuilles  caduques  et  on  continue  par  les  plus 
précoces. 

Errata.  —  Une  erreur  d'impression  s'est  glissée  dans  le  précédent 
numéro  du  Liiou-Hurlicolf,  page  30,  la  plante  figurée  sous  le  nom 
d'/irundo  donax  est  VAsarum  europcnm;  celle  figurée  sous  le  nom 


^  44  — 

à^^sarmn  europeum  est  V /inindo  donax.  Celte  transposition  de  noms 
a  sans  doute  déjà  été  rectifiée  par  tous  ceux  de  nos  lecteurs  qui 
connaissent  ces  deux  plantes. 

Fondation  d'une  Société  d' Horticulture  à  Grenoble.  —  Il  vient  de  se 
fonder  à  Grenoble  (Isère) ,  sousle  nom  d\hsociaiion  horticole  grenobloise, 
une  Société  d'horticulture  qui  a  pour  président  M.  Paul  de 
Mortillet,  arboriculteur  d'un  grand  mérite.  Quoique  de  fondation 
très  récente  cette  Société  compte  déjà  plus  de  150  membres.  De 
nouvelles  recrues  ne  tarderont  pas  d'augmenter  le  nombre  des 
adhérents.  Nous  souhaitons  bien  sincèrement  que  l'association 
horticole  grenobloise  réunissent  très  rapidement  tous  les  éléments 
épars  de  l'horticulture  dauphinoise.  Que  les  fondateurs  se  souvien- 
nent que  les  débuts  des  Sociétés  sont  toujours  un  peu  durs  !  Mais 
avec  de  la  persévérance  les  moments  difficiles  sont  vite  passés. 
Qu'ils  se  souviennent  aussi  qu'il  y  a  des  villes  bien  moins  importantes 
que  Grenoble  qui  ont  des  Sociétés  d'horticulture  très  florissantes. 

Exposition  d'horticulture  à  Aleneon.  —  La  Société  d'horticulture  de 
l'Orne  organise  une  exposition  générale  d'horticulture  à  laquelle 
sera  annexé  un  concours  spécial  de  roses.  Cette  exposition  aura 
Heu,  à  Alençon,  du  17  au  21  juin  prochain. 

Taille  des  arbustes.  —  Il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  aux  jeunes 
jardiniers  qu'il  est  très  iraporfant,  lorsqu'ils  taillent  les  arbustes 
dans  les  jardins,  de  bien  distinguer  les  genres  qui  demandent  à 
être  taillés  avant  la  pousse,  de  ceux  qui  veulent  être  taillés  après 
la  floraison.  Il  n'y  a  rien  de  ridicule  comme  de  tailler  pendant  l'hi- 
ver des  arbustes  qui  fleurissent  sur  les  rameaux  de  l'année  précé- 
dente, comme  les  pêchers,  amandiers,  cerisiers  et  pruniers  à  ileurs 
doubles,  les  hlas,  forsythia,  deutzia,  boule-de-neige,  groseillers 
d'ornement,  etc.  Pour  ces  genres,  on  attend  que  la  floraison  soit 
finie  et  on  taille  en  vert.  Tout  au  plus  doit-on  éclaircir,  en  les  cou- 
pant à  leur  point  d'intersection,  celles  des  branches  qui  font  confu- 
sion. On  doit  seulement  tailler  pendant  l'hiver  les  espèces  qui 
fleurissent  sur  le  jeune  bois,  c'e,«t-à-dire  presque  tous  les  arbustes 
tardifs,  tels  que  :  hibiscus,  vi'ex,  ceanothus,  rosiers,  etc.  Pour  les 
rosiers  non  remontants,  il  faut  à  peine  tailler  l'extrémité  des  pous- 
ses de  l'année  précédente. 

Gloxinia  gesnerioides.  —  Les  cultivateurs  de  gesnériacées  ont 
essayé,  depuis  fort  longtemps  déjà,  de  croiser  entre  eux  les  diffé- 
rents genres  de  cette  famille  si  éminemment  ornementale.  AL  A. 
Van  Geert  rappelle  à  cette  occasion,  dans  la  Jîevue  d' HorlicuUure 


—  45  — 

belge  ei  étrangère,  que  M.  SuKze  a  obtenu  on  croisant  entre  eux  une 
variété  de  Gloxinia  et  le  Gemcria  Donkelaari,  un  hybride  d'une 
valeur  réelle,  que  son  obtenteur  a  nommé  Gloxinia  gesnerioidcs.  Ce 
nouvel  hybride  paraît  n'avoir  retenu  que  les  qualités  de  ses  ascen- 
dants :  d'une  part  la  croissance,  le  port  et  le  feuillage  orné  des  ges- 
neria  ;  d'autre  part  la  l'orme  érigée  et  le  coloris  rouge  de  la  fleur 
du  gloxinia.  Sa  culture,  paraît-il,  n'est  pas  plus  difficile  que  celle 
des  autres  gesnériacées. 

Le  Bambou  employé  comme  memre  de  temps.  —  M,  A.  de  Saint- 
Foix,  dans  une  note  sur  les  Bambous  publiée  dans  le  Journal  des 
Travaux  de  la  Société  d' Horticulture  de  Marseille,  nous  apprend,  avec 
d'autres  particularités  intéressantes,  que  les  grands  bambous  fleu- 
rissent en  Chine  vers  leur  trente-deuxième  année.  Il  paraît  que  ce 
nombre  respectable  d'années  qui  sépare  la  naissance  de  la  floraison 
des  bambous,  a  été  mis  à  profit  par  les  Chinois,  assez  ignorants 
pour  ne  pas  connaître  leur  âge.  Aussi,  dit-on,  dans  ce  pays,  de 
quelqu'un  qui  meurt  jeune,  qu'il  a  quitté  la  vie  dans  son  premier 
bambou,  d'un  vieillard  de  plus  de  quatre-vingts-ans,  qu'il  allait 
atteindre  son  troisième  bambou.  Cette  manière  de  mesurer  le 
temps  manque  bien  un  peu  de  précision,  mais  elle  est  fort  origi- 
nale. 

Bibliographie.  —  M.  V.  Pulliat,  professeur  à  l'Institut  national 
agronomique  ci  secrétaire  de  la  Société  de  Viticulture  de  Lyon, 
vient  de  publier  la  deuxième  édition  du  Manuel  du  grefjenr  de 
vignes  dans  les  écoles  de  greffage  de  la  Société  de  Viticulture  de 
Lyon  (I).  ^ 

M.  Pulliat,  dont  la  compétence  en  viticulture  est  bien  connue, 
a  su  résumer  dans  une  brochure  d'une  trentaine  de  pages  tout  ce 
([u'un  vigneron  a  besoin  de  connaître  pour  se  former  à  la  pratique 
de  la  greife  de  la  vigne.  Les  ravages  exercés  par  le  phylloxéra 
dans  la  plupart  des  vignobles  imposent,  pour  ainsi  dire,  aux  vigne- 
rons l'étude  de  tous  les  moyens  préconisés  pour  lutter  contre  le 
terrible  insecte.  Or,  parmi  ces  moyens,  le  greffage  des  vignes 
françaises  sur  plants  américains  résistants,  compte  beaucoup  d'a- 
deptes. A  ceux  qui  s'occupent  de  la  culture  de  la  vigne,  nous  ne 
saunons  trop  recommander  le  Manuel  en  question. 

V.  V.-M. 


(1)  En  vente  chez  l'auteur,  à  Chiroubles  (Rhône). 


—  46  — 
Le  rôle  de  l'Humus  dans  la  végétation  (1). 

I.  —  Il  n'est  pas  nécessaire  de  remonter  bien  liant  dans  l'his- 
toire de  la  physiologie  végétale  pour  trouver  la  théorie  expliquant 
le  phénomène  de  la  vie  des  plantes  par  une  alimentation  directe- 
ment puisée  dans  l'humus.  L'observation  superticielle  montrait,  en 
elTet,  que  les  sols  riches  en  humus  étaient  beaucoup  plus  fertiles 
que  les  terrains  dépourvus  de  cette  matière,  laquelle  n'est  autre 
que  le  produit  de  la  décomposition  plus  ou  moins  avancée  des 
débris  végétaux. 

Dans  le  premier  Congrès  scientiiique  qui  se  tint  à  Lyon,  il  y  a 
près  de  cinquante  ans,  je  me  rappelle  avoir  entendu  M.  de  Saus- 
sure développer  d'une  façon  complète  le  principe  de  l'assimilation 
par  l'humus.  Ces  idées  étaient  alors  assez  généralement  admises. 
Cependant,  dès  cette  époque,  les  chimistes  commençaient  à  con- 
naître, par  des  analyses  exactes,  la  composition  des  plantes;  ils 
déterminaient  la  qualité  et  la  quantité  de  leurs  éléments  constitutifs; 
ils  constataient  la  présence  de  substances  minérales,  que  l'humus 
ne  contient  pas  en  proportion  suffisante  pour  fournir  aux  végétaux 
celle  dont  ils  ont  absolument  besoin. 

Une  réaction  ne  tarda  pas  à  se  produire  contre  cette  théorie  do 
l'humus,  reléguée  bientôt  dans  le  domaine  des  hypothèses  gra- 
tuites qui  ont  souvent  précédé  les  vraies  données  scientifiques. 

Aujourd'hui,  il  est  bien  établi  que  si  l'acide  phosphorique, 
l'acide  sulfurique,  la  potasse  et  la  chaux,  ahments  nécessaires  des 
plantes,  leur  sont  fournis  par  le  sol;  le  carbone,  l'azote,  l'hydro- 
gène et  l'oxygène  leur  arrivent,  d'autre  part,  soit  par  l'atmosphère 
directement,  soit  par  l'intermédiaire  du  sol. 

Ces  principes  ont  été  vérifiés  par  des  expériences  de  végétation 
obtenue,  dans  du  sable  calciné,  avec  des  substances  chimiques 
exclusivement;  la  démonstration  a  paru  si  probante,  qu'on  a  cru 
pouvoir  faire  de  l'agriculture  en  grand  dans  ces  conditions  et 
comme  dans  les  vases  du  laboratoire  :  le  fumier  lui-même  ne  sem- 
blait plus  nécessaire,  et  l'humus  encore  moins. 

Cette  méthode  a  reçu  des  applications  étendues,  mais  les  résul- 
tats n'ont  pas  toujours  répondu  aux  espérances,  et  les  indications 
très  variables  qui  en  découlent  ont  jeté  dans  le  monde  agricole  une 
grande  incertitude  sur  les  avantages  des  engrais  chimiques  ainsi 
employés. 

(1)  Extrait  du  Bulletin  des  Comices  auricoles  de  V  Isère, 


—  47  ~ 

Pour  ma  part,  m'appuyant  sur  une  longue  expérience  de  ces 
matières  j'ai  cherché  la  cause  des  insuccès  constatés;  je  l'ai  expli- 
quée dès  l'année  1869,  et  je  vais  aujourd'hui  la  résumer  briève- 
ment : 

1"  La  plante,  être  vivant  iixé  au  sol,  demande  à  ce  milieu,  où 
pénètrent  ses  organes  souterrains,  de  l'eau  en  abondance,  pour 
suffire  à  la  circulation  séveuse  et  à  l'évaporation  considérable  qui 
se  produit  par  la  surface  des  tissus  végétaux  aériens  ; 

2"  Les  ahments  que  la  sève  puise  dans  le  sol  sont  entraînés  par 
ce  torrent  liquide  ascensionnel,  qui  les  laisse  ou  les  dépose  dans  la 
plante  :  c'est  ce  qu'on  appelle  Yabsorplion; 

3°  La  plante  a  la  faculté  de  convertir  en  sa  propre  substance 
les  matières  ainsi  absorbées  sous  forme  de  liquide  :  c'est  ce  qu'on 
appelle  Vassimilalion  : 

IL  —  Il  est  important  d'établir  une  distinction  bien  tranchée 
entre  ces  deux  fonctions  physiologiques,  —  absorplion  et  assimilalion , 
—  qui  correspondent  assez  exactement  à  celles  de  Vingeslion  et  de 
la  digestion  chez  les  animaux.  C'est,  en  effet,  dans  cette  distinction 
bien  comprise  que  l'on  peut  trouver  l'explication  des  anomalies 
constatées  dans  l'emploi  des  engrais  chimiques  solubles. 

La  nécessité  pour  la  plante  d'absorber  une  forte  quantité  d'eau 
indispensable  au  maintien  de  son  état  aqueux  l'oblige  à  admettre 
toutes  substances  solubles  que  cette  eau  peut  contenir.  La  propor- 
tion de  ces  substances  ainsi  introduites  forcément  dans  l'économie 
végétale  peut  être  considérable  et  sans  aucun  rapport  avec  la  dose 
nécessaire  à  une  nutrition  régulière  ;  la  masse  liquide  ingérée 
trouve,  d'ailleurs,  un  réservoir  très  grand,  évalué  au  moins  à  la 
moitié  du  volume  de  la  plante  et  constitué  par  les  canaux  séveux, 
véritable  panse  stomacale,  où  les  aliments  sont  soumis  à  cette 
action  lente  et  continue  de  l'assimilation. 

Si  donc  on  a  mis  à  portée  des  racines  une  quantité  d'engrais 
soluble  plus  grande  que  celle  assimilable  par  la  plante  dans  un 
temps  donné,  l'excédent  devra  rester  dans  le  végétal,  où  l'analyse 
le  retrouvera  sans  modification.  De  là,  perte  d'engrais  alimentaire 
non  utilisé,  et  introduction  dans  les  végétaux  d'éléments  qui  peu- 
vent être  nuisibles  et  donner  lieu  à  des  inconvénients  graves. 

L'expérience  que  j'en  ai  faite  m'a  montré  la  nécessité  de  régler 
l'absorption  des  aliments  solubles,  en  ne  les  laissant  parvenir  aux 
plantes  qu'à  mesure  de  leurs  besoins.  C'est  pour  arriver  à  ce 
résultat  indispensable,  que  rhumus  doit  être  employé  comme  un 
instrument  précieux,  en   raison  de  so  faculté  de   s'imprégner   des 


—  48  — 

liquides,  et  de  les  emmagasiner,  pour  ainsi  dire,  pour  ne  les  resti- 
tuer que  par  le  lessivage  ou  la  destruction  de  sa  propre  substance. 

Nous  avons  une  preuve  de  cette  propriété  distributive  dans 
l'action  favorable  qu'exerce  sur  la  végétation  le  fumier  proprement 
dit  :  les  aliments  qu'il  contient  ne  peuvent  être  solubilisés  et  ingérés 
par  les  plantes,  à  proportion  de  leurs  besoins,  qu'au  fur  et  à  me- 
sure de  la  décomposition  progressive  des  parties  ligneuses  dans 
lesquelles  ils  se  trouvent  engacrés. 

Toutes  les  matières  organiques  jouant  le  rôle  d'épongé  à  l'égard 
des  engrais  solubles  pourront  de  même  les  rendre  seulement  solu- 
bilisables  et  satisfaire  à  cette  règle  nouvelle,  qui  peut  se  formuler 
ainsi  :  Proportionnel  la  vitesse  de  solttbilisalion  des  aliments  à  la  vitesse 
d'assimilation  des  plantes. 

Cependant,  ce  rôle  de  distribution  n'est  pas  le  seul  qu'il  faille  at- 
tendre de  l'humus.  En  raison  de  son  état  de  combustion  perma- 
nente dans  le  sol,  il  produit  de  l'acide  carbonique  et  de  la  chaleur 
qui  décompose  les  roches  et  active  la  solubilisation  de  leurs  parties 
alimentaires  ;  en  outre,  par  l'eifet  de  sa  légèreté  et  de  son  élastici- 
té, il  diminue  la  densité  de  la  terre,  en  augmente  la  porosité,  et, 
partant,  la  perméabilité.  Enfin,  il  maintient  l'humidité  du  sol  et  en 
provoque  la  ni'rification. 

III.  —  L'humus  remplit  donc  plusieurs  fonctions  importantes,  in- 
dépendamment des  propriétés  nutritives  qu'on  lui  attribuait  autrefois 
et  qu'il  faut  reconnaître  partiellement,  les  débris  qu'ils  emportent 
renfermant  encore  les  éléments  constitutifs  de  leur  vie  végétale. 

L'humus  a  sans  doute  encore  d'autres  propriétés,  que  nous  igno- 
rons ;  mais,  en  attendant  de  nouvelles  découvertes,  nous  pouvons 
constater  que  ce  précieux  auxiliaire  agit  puissamment  : 

1"  Comme  un  régulateur  de  l'alimentation; 
2°  Comme  un  instrument  de  décomposition  des  roches  ; 
3°  Comme  un  modificateur  de   la   densité  et  de  la  compacité  du 
sol  ; 

4°  Comme  un  conservateur  de  l'humidité  ; 
5°  Comme  un  agent  de  nitrification. 

Voilà  bien  des  titres  pour  la  réhabilitation  de  l'humus.  J'en  ai 
tiré  une  conclusion  pratique,  en  n'employant  les  engrais  solubles 
qu'en  mélange  avec  le  fumier  de  ferme,  additionné  de  toutes  les 
matières  ligneuses  que  l'on  peut  se  procurer,  et  je  puis  affirmer  que, 
depuis  lors,  j'ai  pu  obtenir  les  récoltes  maxima,  sans  dépenses  hors 
de  proportion  avec  les  produits.  Michel  Perret, 

Présidtnt  du  Conseil  départemental  d'agriculture  de  l'Isère. 


49 


Sarracenia  purpurea  L. 


Synonymes  :  Sarracenia  canadcnsia  Touni.:   Coihphi/llnm  virijiniunum  Moris  ;  Buca- 
nephyllxim  americanum  Pluk;  Limonium  pereg  i««»>«  Bauh. 

Etymologie  :  Dédié  par  Tournefort  à  Sarrapin.  médecin  français. 
Patrie  ;  Canada.  Famille  des  Sarracéniées. 


La  famille  des  Sarracéniées  se  compose  d'herbes  vivaces  dont 
la  plus  anciennement  connue  est  le  Sarracenia  purpnrea  L.  Tous 
ses  représentants  ont  des  mo3urs  paludéennes  et  des  caractères  qui 
les  rapprochent  des  Papavéracées  et  des  Nymphéacées,  dont  ils 
n'ont  du  resté  pas  l'allure.  Certaines  affinités  botaniques  avec  les 
Céphalotées,  les  Népenthécs  et  les  Droséracées  ont  été  rendues 
encore  plus  évidentes  par  les  expériences  faites  par  plusieurs  savants 


—  50  — 

tendant  à  démontrer  que  les  plantes  à  urnes  ou  ascidieit  sécrétaient 
un  suc  analogue  au  suc  gastrique  des  animaux,  et  que  leurs  tissus 
étaient  capables  d'absorber  les  matières  animales  ainsi  préparées. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  particularité,  les  Sarracenias  sont  des 
plantes  très  curieuses  par  la  forme  de  leurs  feuilles  que  Bauliin, 
dans  son  Pinax,  avait  parf^iitement  caractérisées  :  «  foUis  forma  floris 
Arisiolochiœ,  »  feuilles  en  forme  de  fleur  d'Aristoloche. 

Philippe  Miller  dit  du  S.  purpurea  «  que  ses  feuilles  ont  environ 
5  à  6  pouces  de  longueur  ;  elles  sont  creusées  en  forme  de  cruche, 
étroites  à  leur  base  et  gonflées  en  dehors  au  sommet  ;  leur  surface 
extérieure  est  arrondie  et  leurs  côtés  inférieurs  sont  un  peu  com- 
primés et  ont  de  larges  bordures  feuillées  qui  coulent  longitudina- 
lement  dans  la  longueur  du  tube  ;  à  la  partie  arrondie  de  la  fouille, 
il  y  a  sur  le  sommet  une  large  oreille  ou  appendice  érigée,  d'une 
couleur  brunâtre  qui  entoure  l'extérieur  de  la  feuille  aux  deux  tiers 
environ  du  sommet  ;  elle  a  en  outre  aux  deux  extrémités  des  oreilles 
ondées  autour  de  la  bordure.  »  Cette  description,  pour  n'être  pas 
faite  en  termes  absolument  scientifiques,  n'en  est  pas  moins  assez 
exacte. 

En  dehors  de  la  forme  des  feuilles,  ce  qui  intrigue  le  plus  dans 
la  fleur  des  Sarracenias,  c'est  le  grand  stigmate,  pétaloïde,  pelté, 
presque  sessile,  imitant  une  sorte  de  parapluie. 

La  culture  du  Sarracenia  pvrpurea  n'offrirait  pas  beaucoup  de 
difficultés  si  au  lieu  de  le  cultiver  en  serre  on  se  bornait  à  établir 
en  plein  jardin  un  endroit  tourbeux,  marécageux,  dans  lequel  on 
planterait  de  jeunes  individus.  Pendant  l'hiver,  on  se  bornerait  à 
couvrir  les  plantes  d'un  simple  châssis,  dont  au  besoin  elles  pour- 
raient se  passer,  car  le  S.  purpurea  croît  naturellement  dans  des 
pays  où  il  gèle  rigoureusement.  Il  est  vrai  que  pendant  les  grands 
froids  les  plantes  sont  submergées  et  sont  ainsi  à  l'abri  des  trop 
basses  températures.  Dans  l'organisation  d'un  marais  artificiel  il 
est  absolument  utile  d'établir  un  drainage,  car  les  plantes  qui  crois- 
sent dans  les  endroits  analogues  n'aiment  nullement  l'eau  croupie. 
Je  ne  crois  pas  les  Sarracenias  aussi  vivaces  qu'on  veut  bien  le  dire 
et  j'estime  que  de  jeunes  semis  seraient  très  utiles  pour  renouveler 
les  plantes  qui  ont  fleuri  plusieurs  fois.  François  Canova. 


Des  Rosiers  sauvages  considérés  comme  sujets 

à  greffer. 

On  a  déjà  longuement  discuté  sur  la  valeur  des  meilleui-s  sujets 
à  employer  pour  grelîer  les  Rosiers,  mais  à  mon  avis  la  question  a 
été  à  peine  ébauchée,  ou  plutôt  on  a  discuté  à  côté  de  la  question. 
Tant  que  les  rosiéristes  n'auront  pas  trouvé  un  sujet  ne  drageon- 


—  51  — 

nant  pas,  tout  en  étant  vigoureux  et  facile  à  se  procurer,  le 
problème  ne  sera  pas  résolu. 

D'abord,  je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  trouver  un  rosier  sauvage 
ne  drageonnant  pas  ;  mais  je  crois  qu'on  atténuera  singulièrement 
le  drageonnement  si,  au  lieu  d'un  seul  sujet,  on  en  cherche 
plusieurs. 

Chacun  sait  que  le  drageonnement  a  suriout  lieu  lor  sque  l'équi- 
libre entre  les  racines  du  sujet  et  les  rameaux  du  rosier  greffé  est 
rompu.  Cet  équilibre  est  rompu  toutes  les  fois  que  la  vigueur  de 
la  variété  greffée  est  plus  faible  que  celle  du  sujet.  Il  y  aurait  donc 
lieu  de  chercher  deux  ou  trois  Rosiers  sauvages  de  vigueur  diffé- 
rente parmi  ceux  qui  n'ont  qu'une  faible  tendance  au  drageonne- 
ment, afin  de  pouvoir  y  greffer  les  variétés  de  Rosiers  suivant 
leur  vigueur. 

Toute  la  question  eE:t  là.  De  même  que  certaines  variétés  de 
Poiriers  ne  prospèrent  bien  que  sur  franc  ou  sur  cognassier,  il 
y  a  des  variétés  de  Rosiers  qui  donneront  des  résultats  bien 
supérieurs  si  le  sujet  sur  lequel  elles  auront  été  greffées  est 
approprié  à  leur  mode  de  croissance. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  s'arrêter  aux  sujets  issus  de  bouture  ni  à 
ceux  qu'on  arrache  dans  les  champs  ou  dans  les  haies.  Les  pre- 
miers, comme  le  R.  Manciii,  sont  condamnés  et  leur  extinction 
complète  n'est  plus  qu'une  question  de  temps  :  les  semis  d'églan- 
tier les  ont  tué.  Les  seconds,  lous  formés  pour  haute-tige  et  ne 
demandant  aucune  culture,  resteront  tant  que  les  amateurs  plan- 
teront des  hautes-tiges.  Pour  ces  derniers,  les  rosiéristes  n'ont 
qu'à  les  émonder  sérieusement,  à  les  recommander  à  la  grâce  de 
Dieu,  et  surtout  à  ne  pas  les  condamner  à  nourrir  des  variétés 
chétives.  C'est  tout  ce  qu'ils  peuvent  faire  pour  éviter  le  drageon- 
nement. 

Il  reste  donc  à  établir  quelques  recherches  parmi  les  Rosiers 
sauvages  drageonnant  peu  et  grainant  en  abondance  afin  d'y 
trouver  les  deux  ou  trois  types  demandés. 

On  peut  éliminer  d'emblée,  de  cette  recherche,  toutes  les  espèces 
eu  variétés  des  sections  suivantes  :  GuUicamv,  Cenlifoiuv,  Pimpinel- 
lifuliœ,  Sabiniœ,  Cinnamomea',  Alpuw  et  Eglanleriœ.  Les  Rosiers 
de  ces  sections  sont  trop  peu  vigoureux,  trop  stolonifères  ou  trop 
rares. 

Les  recherches  devront  porter  surtout  sur  les  Caniim,  Monlanw, 
Sijnslijice,  Tomfnlosœ  et  Rubkjmosw, 

Les  espèces  ou  variétés  de  ces  cinq  dernières  sections  n'ont 
certainement  pas  toutes  la  nr.ême  valeur  considérées  au  point  de 
vue  qui  nous  occupe  ;  aussi,  à  ceux  qui  voudraient  tenter  des 
essais,    conseillerais-je    de    commencer    par    les    Caninœ    et    les 


—  52  — 

Tomentosœ.  Pour  les  Rosiers  destinés  aux  pays  méridionaux  ou  au 
forçage,  je  crois  qu'il  conviendrait  d'essayer  quelques-uns  des 
y?,  sempcrvirens  qui  sont  presque  toujours  en  végétation. 

Quand  on  a  conseillé  de  grelfer  sur  le  Rosa  canina,  on  a  oublié  de 
dire  que  cette  espèce  n'était  pas  une  entité  mais  seulement  un 
être  de  raison  composé  d'un  très  grand  nombre  de  formes,  souvent 
très  différentes  entre  elles.  Déseglisc  en  a  mentionné  plus  de  cent 
dans  son  catalogue  raisonné  des  espèces  du  genre  Rosier.  Ces 
espèces  de  canines  ont  été  nommées  par  des  auteurs  dont  quelques- 
uns  ont  étudié  le  genre  Rosa  d'une  manière  spéciale.  Les  Bosa 
tomenlosa  sont  un  peu  moins  nombreux,  mais  néanmoins  plus  de 
cinquante  formes  ont  été  décrites.  Chacime  des  autres  sections  est 
à  peu  près  dans  le  même  cas. 

Le  rosiériste  n'a  pas  à  s'occuper  dans  ses  recherches  si  les 
fruits  sont  ronds  ou  ovales,  hispides  ou  glabres,  les  feuilles  dentées, 
bidentées,  glabres  ou  velues,  etc.  Toutefois,  il  donnera  la  préfé- 
rence aux  espèces  très  fertiles  si  elles  remplissent  les  conditions 
désirées. 

Ce  que  le  rosiériste  devra  rechercher,  c'est  d'abord  une  variété 
robuste,  très  vigoureuse,  qui  ne  présentera  jjas  de  drageons; 
ensuite,  une  variété  robuste  d'une  vigueur  modérée  qui  ne  dra- 
geonnera  pas  non  plus,  et  enfin  une  troisième  sorte  de  plus  petite 
taille  ayant  également  la  qualité  de  ne  pas  drageonner. 

Cette  recherche,  faite  dans  un  pays  où  les  Rosiers  sauvages 
sont  communs,  n'otïrira  aucune  difficulté.  Admettons  que  l'expé- 
rience porte  sur  une  trentaine  d'individus,  il  faudrait  jouer  de 
malheur  pour  ne  pas  trouver  les  sujets  demandés.  Le  semis  devra 
être  fait  séparément  eu  juillet,  en  pleine  terre.  Dès  le  printemps 
l'expérience  commencera  à  donner  ses  résultats.  Ceux  des  églan- 
tiers qui  seront  choisis  définitivement  seront  plantés  pour  donner 
des  graines.  On  les  élèvera  en  colonne  sans  jamais  les  tailler.  Les 
Rosiers  sauvages  se  reproduisent  de  graines  sans  varier. 


Plantes  nouvelles,  rares  ou  intéressantes  figurées 
ou  décrites  dans  les  publications  horticoles. 

Adiantum  Capillus  venerift  var.  o/jlir/uu?7i,  Th.  Moore.  —  Cette  va- 
riété A'Adiantnm  se  distingue  du  type  si  commun  dans  les  grottes 
humides  des  provinces  méridionales  de  l'Europe,  par  la  grandeur  et 
l'insertion  oblique  de  ses  folioles  (III.  hort.  V  liv.  1885). 

\J Adianlumcapilhis  neneris  L.  remonte  jusque  dans  le  Bugey.  Nous 
l'avons  récolté  près  du  fort  de  Pierre-Châtel,  sur  les  bords  du  Rhône. 
A  Lyon,  on  le  trouve  aux  Etroits,  dans  la  grotte  de  J.-J.  Rouss;eau. 

AlocasiaXPucciana . —  Hybride  obtenu  au  jardin  municipal  de  Flo- 
rence par  le  croisement  artificiel  de  VAlocasia  Ptitzcijsi  par  le  pollen 


—   53  — 

de  VA.  T/nbautia/i a.  Plante  excessivement  remarquable,  si  la  figure 
coloriée  qui  en  représente  la  feuille  est  exacte.  Face  supérieure  de  la 
feuille  à  nervures  saillantes  blanc  verdàtre,  limbe  vert  grisâtre  réticulé 
de  lignes  blanc  d'argent  se  fondant  dans  de  larges  marges  blanches 
parallèles  aux  nervures  ;  face  inférieure  marron  purpurin  unie  et  lui- 
sante. (Bill/,  soc.  (ose.  di  ortie.  Atino  X,  n°  1.) 

Alocasia  reginœ  N.  E.  Brnwn.  —  Nouveauté  introduite  de  Bornéo 
par  la  Compagnie  continentale  d'horticulture.  Pétioles  pubescents, 
feuilles  épaisses,  en  cœur  vert  foncé  à  la  face  supérieure,  pourpres  en 
dessous.  Spatlies  blanches  avec  le  tube  pointillé  de  pourpre.  Espèce 
distincte  très  l'emarquable.  (///.  hort.  V'  livr.  1885.) 

Anthurium  Margarilœ.  —  La  plante  qui  porte  ce  nom  vient  de  fleu- 
rir à  Gand  dans  les  serres  de  la  Compagnie  continentale.  C'est  un 
hybride  obtenu  par  la  fécondation  de  l'A.  Schertzerianum  par  le  pollen 
de  \'A.  Andreanum.  Les  feuilles  ont  la  forme  de  celles  de  la  mère  ; 
les  fleurs  la  forme  de  celles  du  père  et  sont  d'un  coloris  rose  tendre. 
(///.  hort.  n°  1.  A.  1885.) 

Bescliorneria  Dcconteriana.  —  Amaryllidée  du  Mexique.  Inflores- 
cence haute  de  1  m.  50.  Fleurs  pendantes,  longues  d'environ  6  cent, 
verdâtres  avec  une  bande  rouge-brun  sur  la  ligne  médiane  de  chaque 
segment  du  perianthe.  Feuilles  épaisses,  en  lanières,  longues  de  60  à 
70  cent.,  disposées  en  rosette  basillaire.  [Bot.  Mag.  1884,  pi.  6768.) 

Cereus paueispinus  Engelm.  —  Cactée  originaire  du  Nouveau-Mexi- 
que. Espèce  de  petite  taille  à  tige  ovoïde  cylindrique,  côtelée  et  ma- 
melonnée. Fleur  rouge-ponceau  de  6  à  7  cent,  diamètre,  comprenant 
une  trentaine  de  pétales.  [Bot.  Mag.  1884,  p.  6775.) 

Dendrohiiim  Ha-'iselti  Bi.  —  (Indes  Néerlandaises)  Serre  tempérée. 
Tiges  érigées,  fusiCormes,  de  0,30  de  longueur,  munies  d'une  gaine 
brun  grisâtre.  Feuilles  raides,  lancéolées,  larges  de  2  cent.,  longues 
de  7  cent,  canaliculées.  acuminées,  nombreuses  grappes  de  fleurs  rose 
pourpré.  (///.  hort.  1"  liv.  1885.) 

Evomjmvs  eiiropevs  foliis  argenteo-varirgutis.  —  Variété  du  Fusain 
d'Europe  à  feuille  colorée  de  blanc  jaunâtre  nuancé  de  rose  et  de  vert 
pâle.  Obtenue  par  M.  Julis,  à  Chrudim,  en  Bohême.  [Rev.  hort.  n°  3, 

1885.) 

Hœmanthus  Kalherinœ  Baker.  —  Amaryllidée  originaire  de  Natal, 
introduite  en  Angleterre  par  M.  Kert.  Hampe  haute  de  30  centimètres, 
terminée  par  une  grosse  ombelle  de  fleurs  rouge-écarlate.  Feuilles  réti- 
culées par  des  nervures  saillantes  reliées  entre  elles  par  des  veines 
nombreuses.  [Bot.  Mag.  1884,  pi.  6778.) 

Jxora  Pilgrimi.  —  Cette  variété  est  un  semis  de  Vlxora  Wiliiamsi, 
obtenue  par  M.  E.  Pilgrira,  grand  amateur  de  plantes  de  serre  chaude, 
à  Cheltenham  (Angleterre).  La  plante,  qui  est  vigoureuse,  a  été  mise 
au  commerce  en  1882.  Le  corymbe  est  de  belle  dimension,  les  fleurs 
sont  d'un  louge  éclatant.  [Heo.  d'Hort.  belge  et  étrang.  n°  2,  18S5.) 

BhododeiidronXCavroni.  — Cette  variété,  issue  du  B.  Gibsoni,  a  été 
obtenue  par  M.  Oavron,  horticulteur  à  Cherbourg.  Ses  fleurs,  disposées 
en  corymbes  pauciflores,  sont  grandes  de  8  à  9  centimètres  de  dia- 
mètre, d'un  blanc  pur  lavé  de  rose  tendre  au  sommet  et  à  l'intérieur 
des  lobes.  Rustique  dans  l'ouest  de  la  France.  Terre  de  bruyère.  (Bev. 
hort.  n"  3,  1885.) 


—  54  — 

Stephanotis  floribwida.  Ad.  Brgn.  —  Espèce  fort  remarquable  de 
la  famille  des  Asclépiadées  ;  très  commune  dans  les  cultures  anglaises, 
où  elle  est  surtout  cultivée  pour  la  flaur  coupée.  Fleur  blanche  agréa- 
blement parfumée.  Plante  grimpante  de  serre  tempérée.  Demande  la 
pleine  terre  pour  bien  se  développer.  [Revi.  de  illorl.  helqe  et  l'traii'j. 
n»  3.  1885.) 

Vriesea  retroflexa.  Ed.  Morr.  — Plante  hybride  issue  du  croisement 
du  V.  scalaris  fécondé  par  le  i'.  p.nltacina  var.  Morreniana.  Floraison 
de  longue  durée.  Inflorescence  pendante.  Rappelle  par  le  coloris  le 
V.  psiltacina.  Cet  hybride,  obtenu  par  M.  IMorren,  offre  un  phénomène 
physiologique  déjà  observé  sur  des  hybrides  d'agives  :  c'est  la  florai- 
son infantile  des  drageons  qui  fleurissent  de  suite  et  en  même  temps 
que  la  touffe  principale,  [lielg.  Iiorl.  1SS4,  p.  185.) 

Vriesea  Wariningi,  Eil.  Morren.  —  Espèce  nouvelle  originaire  du 
Brésil;  dédiée  au  professeur  Warming.  Plante  de  grande  dimension. 
Inflorescence  en  épi  simple,  très  allongé  (0  m.  50-70).  Fleurs  nom- 
breuses, ascendantes.  Bractées  florales  coriaces,  jaune  d'or  passant  au 
vert.  [Uelfj.  hort.  1884,  p.  261.) 


Calendrier  horticole. 


Résumé  des  travaux  et  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 

Février. 
Jardin  d'agrémenl.  —  On  achève  tous  les  travaux  de  terrasse- 
ment et  autres  conamencés  en  janvier.  Il  est  important  d'exécuter 
tous  les  labours  qui  doivent  se  faire  au  printemps,  car  le  jardinier 
sera  suffisamment  occupé  le  mois  suivant  à  d'autres  travaux  impor- 
tants. On  peut  enlever  sans  crainte  les  feuilles,  paillis,  terreaux,  etc. , 
dont  on  a  abrité  les  plantes  frileuses,  les  froids  rigoureux  n'étant 
plus  à  craindre.  On  taillera  sans  crainte  les  rosiers  et  tous  les 
arbustes  qui  doivent  se  tailler  avant  la  poussée  des  feuilles.  On  peut 
planter  les  plate-bandes  de  plantes  vivaces,  faire  des  bordures  de 
Buis,  de  Mignardises,  de  Pâquerettes,  etc. 

Bien  qu'il  soit  encore  un  peu  tôt  pour  faire  des  semis,  on  peut 
cependant,  à  bonne  exposition,  eu  pépinière,  eu  pots  ou  en  terrine, 
semer  les  espèces  suivantes  ; 


Adonide. 

Nigelle 

Mufliers. 

Belle  de  jour. 

Phiox  de  Drummond. 

Souci. 

Bleuet. 

Pied  d'alouette. 

Visparia. 

Pavot. 

Thlaspi  vaiiés. 

et3. 

Julienne  de  Mahon. 

Campanule  miroir. 

Némophile. 

Cynoglosseà  feu'i^*  de  lin. 

Toutes  les  plantes  vivaces  rustiques  —  sauf  celles  dures  à  ger- 
mer —  peuvent  être  semées  en  février. 


—  55  -- 

Jardin  jjotagcr.  —  Le  jardin  potager  devra  être  prêt  à  recevoir 
les  semis  et  les  plantations.  (  )n  se  rappellera  toujours  que  i'^ngrais, 
c'est-à-dire  le  iumier  et  les  terreaux,  est  indispensable  aux  cultures 
potagères.  Autant  que  possible,  on  changera  de  place  les  diffé- 
rentes espèces  de  l'année  précédente.  Aux  légumineuses  (Pois, 
Haricots,  Fèves),  on  fera  succéder  les  Ognons,  Echalottes,  Epi- 
naids,  etc.  On  peut  semer  les  : 


Carottes. 

Cresson  alénois. 

Oseille. 

Radis. 

Cerfeuil. 

Fèves. 

Panais. 

Seorzonère. 

Chicorée. 

Lait^Ie^. 

Persil. 

Choux. 

Navets  hâtifs. 

Poii'eaux. 

Epinard. 

Ognons. 

Pois  (divers). 

Quand  on  ne  dispose  pas  de  beaucoup  d'emplacement,  on  peut 
semer  très  clair  les  Radis  et  Laitues  dans  les  plate-bandes  de 
Carottes,  Ognons  et  Poireaux.  On  peut  également  planter  l'Estra- 
gon, le  Thym,  l'Ail,  l'Oseille,  la  Ciboule  et  autres  plantes  potagères 
vivaces.  A  bonne  exposition,  on  peut  hasarder  des  Pommes  de 
terre  hâtives  qu'on  abritera  au  besoin. 

Sur  couche,  on  peut  semer  tous  les  légumes  dont  on  veut  obte- 
nir des  récoltes  hâtives. 

Serres.  —  C'est  le  moment  de  rempoter  toutes  les  plantes  de 
serre  tempérées,  à  l'exception  de  celles  qui  n'ont  pas  encore  fleuri, 
telles  que  les  Azalées,  Camelhas,  Rhododendrum,  etc.  On  ne  doit 
rempoter  celles-ci  qu'après  la  floraison.  Quand  les  genres  comme  le 
Camellia,  par  exemple,  ne  font  qu'une  seule  poussée  dans  l'année, 
il  est  même  préférable  d'attendre  que  cette  poussée  soit  faite. 

La  multiplication  doit  être  très  active  et  tous  les  genres  princi- 
paux doivent  avoir  leurs  boutures  en  bonne  voie  de  reprise. 

On  peut  semer  en  serre  les  Bégonias  bulbeux,  Coleus,  Wigan- 
dia,  Solanum,  Gloxinias,  Achimenes,  Agave,  Pétunias,  Musa,  etc. 
et  en  général  toutes  les  plantes  de  serre  qui  fleurissent  dans  le 
courant  de  l'été. 

Sur  couches,  on  peut  déjà  semer  une  foule  de  plantes  d'orne- 
ment, mais  il  est  préférable  d'attendre  le  mois  de  mars,  afin  que 
les  plants  ne  viennent  pas  trop  forts  avant  la  belle  saison. 

Jardin  fruitier .  —  Les  arbres  à  fruit,  sauf  le  Pêcher,  doivent 
être  suivis  attentivement.  Les  vieilles  écorces,  bois  mort,  lichen, 
etc.,  doivent  être  nettoyés  avec  soin.  Les  individus  envahis  par  les 
insectes,  les  cryptogames,  seront  badigeonnés  soit  avec  du  pétrole 
ou  de  la  matière  des  fosses  qui  détruisent  les  plus  dangereux.  Le 
puceron  lanigère  lui-même  ne  résiste  pas  à  plusieurs  opérations 
analogues.  La  taille  devra  être  terminée,  pour  les  arbres  à  fruits  à 
pépins,  vers  la  fin  du  mois. 

On  coupera  toutes  les  sommités  des  branches  des  pêchers  plein 
vent  qui  menacent  de  prendre  un  accroissement  trop  considérable 


—  56  — 

au  détriment  des  branches  plus  faibles.  On  ne  taillera  les  cour- 
sons qu'après  la  floraison,  quand  le  fruit  sera  de  la  grosseur  d'une 
grosse  noisette. 

Ou  doit  terminer  au  plus  vite  les  plantations,  principalement 
celles  des  essences  les  plus  précoces  à  développer  des  feuilles  et 
des  radicelles. 

Pomologie. 

(Observations    sur   les    Poires.  —  Suite). 

Jalousie.  —  Syn.  :  1°  d'Or  ;  2"  de  Pucelle  ;  3°  Gros-Martin  seo;  4°  Martin 
sire. — Arbre  très  ancien  qu'on  retrouve  rarement  ;  très  fertile.  Fruit  moyen 
de  2°  qualité.  Maturité  courant  septembre. 

Jalousie  de  Fontenay.  —  Syn.  :  1°  Jalousie  de  Fontenay- Vendée  ;  2»  Belle 
d'Esquermes;  3°  Poire  de  Fontenay- VeDdée. —  Arbre  assez  vigoureux  qui 
se  conduit  sous  toutes  formes;  assez  fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité 
courant  septembre. 

Jalousie  tardive.  —  Syn.  :  1°  poire  Café  de  Brest;  Cuisse-Dame  d'hiver  ; 
4°  Longohiffre.  —  Arbre  de  vigueur  modérée,  qui  se  conduit  sous  toutes 
formes;  assez  fertile.  Fruit  moyen  de  2°  qualité.  Maturité  de  décembre  à 
janvier.  Routin. 

REVUE  DES  CATALOGUES 

DÉLAUX  ET  FILS,  horticulteurs  à  St-Martin-du-Touch  près  Toulouse  (Haute- 
Garonne).  —  Catalogue  des  nouveautés  inédites,  obtenues  de  semis  dans 
rétablissement  :  Ciirysanlhèmes  japonais,  Ch.  à  grandes  fleurs  de  la  Chine, 
Ch.  de  la  Chine  à  petites  fleurs,  Ch.  de  l'Inde  à  fleurs  de  renoncules,  Ch.  à 
floraison  précoce,  Abutilons,  Cannas,  Géranium  zonale  à  fleurs  doubles  et  à 
fleurs  simples,  Héliotropes,  Pentstemons,  Verveines,  etc. 

E.  Pynaert-Van  Geert,  horticulteur,  ancienne  Porte  de  Bruxelles  à 
Oand.  —  Extrait  du  prix-courant  du  printemps  1885.  Plantes  de  serre  chaude, 
de  serra  tempérée,  de  pleine  terre.  Collectious  diverses,  Clivias.  Poire  nou- 
velle :  Triomphe  da  Todrnai.  Nouveautés  diverses. 

RozAiN-BoDCHARLAT,  sucsesseur  de  Boucharlat  aîné,  horticulteur,  àCuire- 
les-Lyon.-  Plantes  nouvelles  mises  au  commerce  au  P'  février  1885.  Pelar- 
goniums  à  grandes  fleurs,  zonales  à  fleurs  doubles,  zonale  à  fleurs  simples, 
peltatum.  Fuchsias,  Héliotropes,  Véroniques,  Chrysanthèmes,  Pétunias,  Ver- 

bena. 

Bruant,  horticulteur  à  Poitiers  (Vienne-France).  —  Catalogue  spécial  des 
plantes  nouvelles  mises  en  vente  par  l'établissement  :  Verbeaina  Mameana, 
Caraguata  Andreana,  Pitcairnia  Maroni,  Bégonia,  Pelargonium  zonale, 
Pétunias,  Héliotropes,  Verveines,  Abutilon  Thompsoni  flore  pleno,  etc. 

Jacquemet  et  Bonnefond,  horticulteurs-marchands-grainiers  à  Annonay 
(Ardèche)  et  à  Lyon,  place  Bellecour,  2.  —  Catalogue  et  piix-courant  pour 
le  printemps  et  l'automne  1885  de  graines  et  de  plantes  potagères,  fourragè- 
res et  céréales.  Graines  d'arbres,  d'arbrisseaux,  arbres  foret-tiers  et  d'orne- 
ment. [A  suivre.') 

Lk  Gkrant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Irapriraerio  Bkllon,  rue  do    la  Républiquo,  31. 


1885  FÉVRIER  N°    4 


'^A(WVl/w^/^A«^f(  I 


CHRONIQUE 


Les  Semis.  —  Il  arrive  assez  fréquemment  qu'après  avoir  confié 
des  semences  à  la  terre,  le  semeur  est  très  étonné  de  ne  pas  les 
voir  germer  du  tout;  alors  souvent  il  accu.^e  la  trraine  d'être  de 
mauvaise  qualité,  ce  qui  arrive  bien  quelquefois,  mais  pas  toujours  ; 
ou  bien  il  s'en  prend  à  la  lune  qui  n'en  peut  pas  davantage. 

La  plupart  du  temps,  si  les  graines  semées  ne  germent  pas,  cela 
tient  aux  mauvaises  conditions  dans  lesquelles  le  somis  a  été  fait. 
Il  faut  qu'on  sache  que  beaucoup  d'espèces  ne  germent  pas  à  toute 
époque  de  l'année,  et  qu'il  y  en  a  un  assez  bon  nombre  qui  veulent 
être  stratifiées  en  teini-s  oppcrlun  pour  germer  à  leur  époque  ; 
d'autres  ne  germent  pas  dès  qu'elles  sont  un  peu  trop  recouvertes, 
—  de  ce  nombre  sont  la  plupart  des  graines  fines.  —  Très  souvent 
aussi  les  graines  germent  en  terre  et,  périssent  avant  de  sortir, 
parce  que  de  mauvaises  conditions  climatériques,  —  froid,  humi- 
dité, —  succèdent  à  quelques  beaux  jours  qui  ont  provoqué  la 
germination. 

Il  est  donc  prudent  de  ne  jamais  trop  se  hâter  de  semer  les 
plantes  un  peu  délicates  surtout  quand  on  ne  dispose  pas  d"un 
châssis. 

Pour  les  graines  fines,  il  convient  de  battre  le  sol,  do  les  semer 
à  la  surface  et  de  les  recouvrir  légèrement  de  terreau.  On  recouvre 
à  peine  le  semis  de  paille  longue  ou  de  fumier  de  litière  bien 
pailleux,  afin  de  pouvoir  arroser  fréquemment  le  semis,  car  il 
importe  de  tenir  le  terrain  frais. 

Quand  on  sème  une  espèce  plus  ou  moins  rare  dont  on  ne 
connaît  pas  la  culture,  il  est  utile  de  la  semer  en  pot  afin  que  dans 
le  cas  où  elle  ne  germerait  pas  comme  les  autres  on  puisse  con- 
server le  semis  jusqu'à  l'année  suivante.  Il  y  a  des  espèces  assez 
nombreuses  qui  mettent  souvent  de  6  mois  à  2  ans  pour  germer. 


—  58  — 

Si  on  tient  à  liâter  la  germination  d'espèces  un  peu  longues  à 
germer,  on  peut  très  bien  les  laisser  tremper  pendant  un  jour  ou 
deux  dans  l'eau  et  les  ttnir  ensuite  dans  un  sac  de  papier  placé 
entre  deux  linges  humides.  On  sème  ensuite  dès  que  les  graines 
commencent  à  germer. 

VJnUujUis  vulnéraire.  —  Cette  plante  a  des  aptitudes  à  croître 
dans  les  sols  pauvres,  de  nature  et  d'expositi(>n  variées  et  sous  des 
climats  différents.  Ces  qualités  ont  engagé  plusieurs  écrivains  agri- 
coles à  appeler  sur  elle  l'attention  des  cultivateurs.  <i  Ils  avaient, 
dit  le  journal  la  P'endée,  été  précédés  dans  cette  voie  par  les 
Allemands  qui,  avec  l'esprit  pratique  et  persévérant  qui  les  carac- 
térise, avaient  trouvé  dans  VJnlhyllis  une  plante  merveilleusement 
adaptée  à  la  mise  en  culture  fourragère  des  sables  de  la  Silésie 
pruss/enne,  sables  analogues  à  ceux  de  nos  landes  et  qui,  autrefois 
stériles,  ont  été  fertilisés  par  la  culture  des  spergules,  des  sarrasins 
et  surtout  des  lupins.   » 

Dans  nos  contrées,  j'ai  rencontré  l'Anthyllis  vulnéraire,  dans  des 
sols  très  pauvres,  des  sables,  des  terrains  caillouteux,  où  elle  croît 
admirablement.  L'an  dernier,  je  l'ai  rencontrée  au  Charmant-Som, 
près  de  la  Grande-Chartreuse,  à  une  altitude  de  près  de  2,000 
mètres.  La  valeur  nutritive  de  ce  fourrage  est,  d'après  les  analyses 
de  Broker,  plutôt  supérieure  à  celle  du  trèfle  rouge.  En  méde- 
cine, on  attribue  à  cette  plante  des  propriétés  astringentes  et 
vulnéraires.  Pilée  et  appliquée  en  topique  et  prise  en  décoction 
aqueuse,  on  la  considère  dans  les  campagnes  comme  propre  à  cica- 
triser les  plaies,  à  résoudre  les  contusions  et  à  prévenir  les  suites 
des  chutes  et  des  commotions. 

Exposition  cV horlicnlluro  de  Mar.wille.  —  La  Société  d'Horticul- 
ture et  de  Botanique  de  Marseille  ouvrira,  en  mai  prochain,  une 
Exposition  de  Fleurs,  Fruits,  Légumes,  etc.,  sur  le  Quinconce  des 
allées,  dont  le  programme  sera  publié  incessamment. 


Du  surgreffage.  —  On  sait  que  le  surgreff'age  est  une  opération 
qui  consiste  à.  greffer  sur  un  sujet  une  variété  très  vigoureuse  qui 
fournit  alors  une  poussée  droite  et  forte  sur  laquelle  on  pose 
ensuite  la  greffe  de  la  variété  que  l'on  veut  obtenir  en  dernier 
ressort.  On  surgrelïe  toujours  quand  on  tient  à  avoir  rapidement 
de  beaux  Poiriers  parmi  les  espèces  de  mo^-enne  vigueur.  M.  Olin, 
à  St-Etienne,  emploie  la  variété  Comtesse  de  Marne  comme  sujet  à 
surgreffer  les  Poiriers  hautes  tiges.  Ce  sujet  se  prête  fort  bien  à 
ce  genre  d'opération. 


—  59  — 

M.  Carrière,  dans  la  fleruc  lioriicole,  recommande  V lùp-ain  Cou- 
turier comme  très  vigoureux  et  donnant  de  très  beaux  résultats. 
Cet  égrain  a  été  obtenu  par  M.  Couturier,  pépiniériste  à  St-Michel- 
de-Bougival.  Pour  les  Pruniers,  M.  Carrière  recommande  le /'rtouer 
bleu  de  Perse,  sorte  locale,  peu  connue,  mais  très  méritante. 

Le  Doucin  amélioré  ou  Doucin  d'Angers  est,  d'après  le  même 
auteur,  une  excellente  variété  intermédiaire  entre  le  Paradis  et  le 
Doucin.  C'est  un  sujet  d'autant  plus  précieux  qu'il  a  toutes  les 
qualités  du  Paradis  qui  ne  pousse  plus  guère  dans  certaines 
localités. 

On  obtiendrait  très  vite  d'excellents  sujets  cà  surgrefFer  si,  dans 
les  semis  de  Poiriers,  Pruniers  et  Pommiers,  on  voulait  bien  s'oc- 
cuper de  la  question.  Au  lieu  de  rechercher  les  beaux  et  bons  fruits, 
il  suffirait  de  chercher  les  arbres  les  plus  vigoureux  et  de  les 
affecter  à  cet  usage.  Du  reste,  toutes  les  variétés  très  vigoureuses 
émettant  des  jets  droits  et  forts  peuvent  être  employées  au 
surgreffage. 

Le  Rosa  polyanllia  pour  sujet  à  greffer.  — L'an  dernier,  M.  Aléga- 
tière  a  appelé  l'attention  des  rosiéristes  sur  le  flosa  pol;/anltia  à 
fleur  simple  employé  comme  sujet  à  greffer  les  rosiers.  Les 
résultats  qu'il  avait  obtenus  en  greffant  des  rosiers  thé  sur  des 
tronçons  de  racine  de  cette  espèce  japonaise  ont  tenté  plusieurs 
rosiéristes,  qui  y  ont  essayé  la  greffe  en  écusson  sur  le  collet  de 
la  racine.  Parmi  ces  rosiéristes,  M.  A.  Bernaix,  horticulteur  à 
Villeurbanne,  a  montré  dans  les  séances  du  19  janvier  et  du 
15  février  dernier,  tenues  par  l'Association  horticole  lyonnaise, 
plusieurs  variétés  de  rosiers  greffés  sur  ce  sujet.  Les  plantes  pré- 
sentées étaient  très  vigoureuses  et  leurs  racines  bien  ramifiées  et 
garnies  de  chevelu. 

Les  mérites  du  Jiosa  pohjatUlm  comme  sujet  à  greffer  semblent 
donc  s'affirmer  d'une  manière  précise.  D'abord  cette  espèce  est 
d'une  germination  très  facile,  car  les  graines  lèvent  aisément  en 
un  mois  ou  deux,  si  on  les  sème  en  février  ou  mars,  sans  stratifi- 
cation préalable.  Ensuite  les  racines  ramifiées  peuvent  entrer  dans 
des  pots  de  faible  calibre  et  faciliter  ainsi,  non-seulement  l'empo- 
tage,  mais  encore  la  végétation  des  plantes.  Enfin  on  dit  que  le 
Rosa  polynnlha  ne  drageonne  pas.  Si  cette  dernière  affirmation  est 
exacte  et  se  vérifie  partout,  nous  pouvons  prédire  un  brillant 
succès  au  Rosn  polijantha  à  fleur  simple. 

Pèche  précoce  du  Cnuaila.  —  Pfii'mi  les  nouvelles  pêches  h;'i(ives, 
dit  la  Ile}'^  linriicolc.  il  en  est  une  qui.  par  son  mérite,  paraît 
l'emporter  sur  toutes  les  autres.  C'est  la   Prdie  précoce  du  Canada. 


—  60  — 

L'an  dernier,  elle  a  mûri  ses  fruits  chez  M.  Boucher,  horticulteur 
à  Paris,  huit  jours  avant  ceux  de  la  variété  Âmsden.  Elle  est  petite, 
mais  parait  avoir  un  avantage  marqué  sur  la  variété  Amsden, 
celui  d'avoir  la  chair  non  adhérente  au  noyau. 

L'adhérence  ou  la  non  adhérence  de  la  chair  au  noyau,  dans 
certains  cas  paraissent  résulter  des  conditions  de  sol  et  de  climat 
où  croissent  les  pêchers  et  aussi  du  degré  de  maturité  des  fruits. 
Cependant,  il  est  probable  que  cette  qualité  ou  ce  défaut  sont 
originels  et  constituent  un  caractère  physiologique  plus  ou  moins 
permanent,  qui  s'accentue  ou  s'atténue  dans  certaines  conditions. 

De  (^influence  du  pollen  sur  les  caradèrcs  des  hybrides.  —  On  a 
disserté  à  perte  de  vue  à  propos  de  l'influence  des  parents  sur  les 
caractères  des  individus  d'origine  hybride;  on  a  dit  que  le  père, 
(c'est-à-dire  la  plante  qui  fournit  le  pollen)  n'exerce  pas  une 
influence  aussi  considérable  que  la  mère  (la  plante  fécondée),  et 
qu'en  général  cette  dernière  semblait  communiquer  ses  propres 
caractères  d'une  manière  prépondérante.  Cette  appréciation  n'est 
pas  toujours  juste,  et  il  y  a  des  cas  où  les  hybrides  semlilent 
déjouer  toutes  les  prévisions.  Il  y  a  trois  ans,  j'ai  fécondé  artifi- 
ciellement le  Rosier  Thé  safrano  par  un  Mosa  (jallica  à  fleur  simple 
récolté  à  l'état  sauvage  aux  environs  de  Lyon.  La  fécondation, 
qui  a  parfaitement  réussi,  m'a  donné  cinq  graines  qui  ont  germé. 
Les  sujets  issus  de  ces  cinq  graines  ne  se  ressemblaient  pas  entre 
eux.  Deux  ont  péri.  Les  trois  survivants  n'ont  pas  encore  fleuri, 
mais  ils  ne  ressemblent  par  le  bois,  les  aiguillons  et  le  feuillage  ni 
au  père,  ni  à  la  mère.  L'un  de  ces  individus  a  toutes  les  allures 
d'un  Bosa  arvensis^  car  il  émet  de  longues  tiges  rampantes,  flexibles, 
exactement  comme  cette  espèce,  type  des  Ayrshires. 

Une  Fougère  nouvelle  pour  la  Flore  française.  —  M.  Blanchard, 
jardinier-chef  au  jardin  botanique  de  Brest,  publie  dans  la  Bévue  lior- 
licole  [x\°  3,  1885)  une  note  relative  au  Laslrca  œmula,  fougère  qui 
croit  spontanément  à  Madère,  aux  Acores  et  au  îles  du  Cap  Vert. 
Cette  espèce  a  été  découverte  par  M.  Joseph  Lafosse  qui  la  ren- 
contra d'abord  parmi  les  autres  espèces  qui  croissent  au  pied  de  la 
montagne  du  Roule  près  Cherbourg.  Elle  a  été  rencontrée  ensuite 
par  M.  Blanchard  qui  l'a  trouvée  aux  environs  de  Landerneau  en 
Bretagne,  depuis  l'étang  du  Raal  jiisiiue  près  de  la  gare  de  Landi- 
visiau. 

Exposition  inlernationale  dlmrlicuUure  à  Paris.  —  Nous  rappelons 
aux  horticulteurs  que  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France 
organise  dès  maintenant  une  Exposition  internationale  des  produits 


—  61  — 

de  l'horticulture  et  des  industries  qui  s'y  rattachent.  Cette  exposi- 
tion aura  lieu  à  Paris  du  20  au  31  mai  1885.  Nous  engageons 
vivement  les  horticulteurs  et  les  industriels  de  se  faire  représenter 
à  cette  Exposition.  En  associant  leurs  efforts  à  ceux  de  la  Société 
nationale,  ils  montreront  que  l'horticulture  française  est  digne  à 
tous  égards  de  la  haute  réputation  qu'elle  s'est  acquise  depuis 
longtemps.  V.  V.-M. 

ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de  la  séance   du   17  janvier  1885  ,    tenue  dans   l:i 
salle  des  réunions  industrielles,   Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  B.  Comte,  vice-président. 

La  séance  estouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté. 

Correspondance.  —  La  correspondance  se  compose  : 

1°  Lettre  de  M.  le  Secrétaire  général  de  la  préfecture  da  Rhône  annon- 
çant l'envoi  d'une  copie  de  la  dépêche  ministérielle  faisant  connaître  que 
rien  ne  paraît  devoir  s'opposer  à  ce  que  les  sociétés  horticoles  profitent  de 
la  tenue  du  concours  régional  qui  se  tiendra  à  Ljon  pour  y  annexer  des 
expositions  particulières  ; 

2°  Copie  sus-mentionnée  informant  M.  le  Préfet  du  Rhône  que  l'adminis- 
tration de  l'agriculture  partage  l'opinion  formulée  le  24  décembre  dernier, 
au  nom  de  l'Association  horticole  lyonnaise,  par  M.  Viviand-Morel  savoir 
«  qu'il  serait  très  regrettable  que  le  prochain  concours  agricole  régional  qui 
se  tiendra  à  Lyon,  en  1885,  ne  fut  pas  l'occasion  d'une  grande  manifestation 
horticole  dans  un  département  comme  le  Rhône  où  l'horticulture  a  pris  une 
grande  extension.  »  L'administration  ne  peut  voir  que  favorablement  les 
sociétés  horticoles  profiter  de  la  tenue  du  Concours  régional  dans  une  ville 
pour  y  annexer  des  expositions  particulières,  car  le  succès  de  ces  exposi- 
tions sert  en  même  temps  les  progrès  de  l'horticulture  et  rohausse  l'éclat  de 
l'ensemble  du  concours  ; 

3°  Lettre  de  M.  Bouffier,  adjoint  au  maire  de  Lyon,  en  date  du  9  janvier, 
en  réponse  à  la  pétition  adressée  parles  horticulteurs  lyonnais  à  M.  le  Maire 
de  Lyon,  en  vue  d'obtenir  que  la  ville  de  Lyon  annexe  au  Concours  régional 
une  Exposition  d'horticulture.  M.  l'adjoint  pense  que  rien  ne  paraît  devoir 
s'opposer  à  ce  qua  cette  exposition  ait  lieu  comme  en  1877,  mais  qu'en  rai- 
son de  l'existence  de  deux  sociétés  d'horticulture  à  Lyon  il  estime  qu'une 
entente  préalable  entre  les  sociétés  susdites  est  indispsnsable  pour  assurer 
à  l'exposition  projetée  une  organisation  qui  ne  laisse  rien  à  désirer  ; 

4°  Lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  d'horticulture  pratique  du 
Rhône,  informant  l'Association  horlicole  lyonnaise,  que  M.  le  Maire  de  Lyon 
désire  voir  s'établir  une  entente  entre  les  deux  sociétés  pour  l'organisation 
de  l'Exposition  plus  haut  mentionnée  et  donnant  à  M.  le  Secrétaire  de  la 
Société  d'horticulture  plein  pouvoir  pour  s'entendre  le  plus  rapidement  pos- 
sible avec  le  secrétaire  de  l'Association  horticole. 

Vu  l'urgence  des  diverses  questions  contenues  dans  la  correspondance, 
l'assemblée  décide  de  procéder  immédiatement  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission composée  de  six  membres  dont  deux  seront  délégués  immédiatement 
auprès  de  la  Commission  de  la  Société  d'horticulture  pratique. 

Pour  faciliter  la  nomination  de  cette  Commission  la  séance  est  suspendue 
pendant  fsuelques  instants. 

Il  est  procédé  au  scrutin  de  liste  qui  donne  :  votants  50,  majorité  26. 


—  62 


Ont  obtenu  : 


M.  Comte  .  . 
M.  Cousancat 
M.  Métrât \  . 
M.  Musset  .  . 
M.  Therrj  .  . 
M.  Berihinr   , 


49  voix. 
49    — 
46    — 
41    -■ 

40    — 

39    — 


En  oonséquence,  la  Commission  se  compose  de  MM.  Comte,  Cousai.cat, 
Métrai,  Musset,  Therry  et  Berthier. 

M.  le  Secrétaire  général  dépouille  la  correspondance  imprimée,  il  signale 
les  principaux  articles  intéressant  Thorticulture  qui  sont  contenus  dans  les 
Revues  et  Journaux  honicoles  reçus  par  notre  Compagnie  depuis  la  dernière 
réunion;  il  appelle  en  outre  l'attention  de  l'assemblée  sur  une  circulaire  de 
la  Société  d'horticulture  de  Chalon-sur-Saône  à  propos  d'un  plébiscite  inter- 
national du  Chrysanthème. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  sept  candidatures  sur  lesquelles 
conformément  au  règlement  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admisitons .  —  Sont  admis'MM.  : 

Desporte  (Guy),  géomètre  diplômé,  rue  Montagny,  à  Tarare  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Godde  et  Rivoire  fils  ; 

Rémond,  propriétaire  à  St-Martin-en-Coilleu  (Loire),  présenté  par  MM. 
Rivoire  fils  et  Glénat  ; 

Laban  (François»),  jardinier-chef  h  l'Ecole  d'agriculture  pratique  d'Ecully, 
présenté  par  MM.  Rivoire  fils  et  Viviand-Morel  ; 

Bcrrjourl  (Alphonse),  photographe,  2,  l'ue  des  Archers,  Lyon,  présenté  par 
MM.  Chrétien  et  François  Gaulain  ; 

Peroet  (Anioine),  jardinier  chez  M"«  Liandras,  quai  du  Vernay,  53,  à 
Caluire  (Rliône),  pié»emé  par  MM.  Goiffon  (Beuuîi)  ei  Gilland  (Pierre); 

Perillat  (Jean),  cafetier,  47,  cours  Lafayeiie,  présenté  par  MM.  Chrétien 
et  Emain  ; 

Lerouge  (Louis),  jardinier  chez  M""  Petrequin,  à  Fontaines-sur-Saône, 
présenté  par  MM.  Beney  et  C.  Lavenir  ; 

Cl.  Cottey,  jardinier-fleuriste,  58,  Grande-Rue  à  Oullins  (Rhône),  présenté 
par  MM.  Juttet  et  Berthier; 

Chftzalet  (Benoît),  jardinier  chez  M.  Dépinet,  à  Lapape  par  Miribel  (Ain), 
présenté  par  MM.  Chavagneux  et  Champallo  ; 

Belmont  aîné,  iriarchand  de  métaux  à  la  Tour-du-Pin  (Isère),  présenté  par 
MM.  Accarie  et  Schwaitz  ; 

Sagnant,  propriétaire  à  Tassin-la-Demi-Lune,  présenté  par  MM.  Accarie 
frères  ; 

Bonnard  (François),  chef  de  culture  chez  M"' V' Joly,  horticulteur,  chemin 
de  St-Alban  à  Monplaisir,  présenté  par  MM.  Cl.  Jacquier  et  Gaulain  ; 

Mioland.  jardinier  chez  M.  de  Longeville,  au  château  de  Pressy  par  St- 
Bonnet-da-Joux  (Saône-et-Loire),  présenté  par  MM.  Chrétien,  Gaulain  et 
Hoste; 

M.  le  Docteur  Perronnet,  22,  rue  Thomassin,  Lyon,  présenté  par  MM. 
Carie  et  Viviand-Morel  ; 

Jouffray  (Eugène),  cafetier,  route  de  Grenoble,  à  Monplaisir-Lyon,  107, 
présenté  par  MM.  Carie  et  Claude  Jacquier  ; 

Laverrière,  cafetier,  avenue  des  Ponts,  (30,  Lyon,  présenté  par  MM.  Carie 
et  Clapot  ; 

Sanibet,  hôtel  du  Cheval-Noir,  9,  rue  deTiion,  Lyon-St-Just,  présenté 
par  MM.  Carie  et  Girard; 

Tiueb,  horticulteur  à  Bàle  (Suisse),  présenté  par  MM.  Carie,  Claude 
Jacquier  et  Tillet  ; 

Evaristfl  Mertens,  horticulteur,  à  Schaffhouse  (Sui-sej,  présanté  par  les 
mêmes  ; 


—  63  — 

Henri  Pasche,  horticulteur  en  Plan,  près  Vevay  (Suisse),  présenté  par 
MM.  Carie  et  Hoste  ; 

Boucher,  fabricant  de  serres  et  chauffage?,  à  Lausanne  (Snisse),  présenté 
par  MM.  Carie  et  Claude  Jacquier  ; 

Pingeon  (Albert),  horticulteur,  93,  rue  Jeanoin,  à  Dijon,  présenté  par 
MM.  Bélisse  et  Viviaod-Morel. 

Examen  rfes  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Perreton,  jardinier  chez  M.  Fittler  à  Lyon,  un  beau  pied  d'Adian- 
tum  Farleyense  remarquable  comme  bonne  culture;  deus  Primevères  de  la 
Chine  d'un  joli  coloris  et  à  pétales  excessivement  franges  ; 

Par  M.  Chsnjpille,  deux  œillets  en  pots  de  semis,  doat  un  qu'il  nomme 
M.  Etienne  Sclinntt,  est  à  fond  jaunâtre  panaché  de  rose,  l'autre  M"°  Marie 
Valte.  est  d'un  blanc  jaunâtre  panaché  do  rose  vif  ;  cas  deux  variétés  sont 
présentées  comme  remontantes;  l'apport  de  M.  Chempalle  étiit  accompagné 
de  quelques  iieurs  d'oeillets  de  coloris  variés; 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle.  Lyon,  une  poire  non  encore  au 
commerce,  obtenue  d'un  semis  fait  il  y  a  environ  trente  ans  et  qu'il  se  pro- 
pose de  nommer  Alexandre  Chômer.  Le  fruit  a  un  peu  l'aspect  d'une  Nouvelle 
Futvie,  assez  gros,  à  chair  blanche,  juteuse,  fondante,  grain  fin  et  de  pre- 
mière qualité  ; 

Par  M.  Bernaix,  rosiériste  à  Lyon,  un  pied  de  l'hybride  remontant  Prin- 
cesse of  Cambridge  et  un  hybride  remontant  variété  La  Reine.  Ces  deux  varié- 
tés ont  été  greffées  sur  semis  de  R.  Polyantha,  comme  on  procède  pour  la  mul- 
tiplication des  rosiers  greflTés  sur  collet  d'églantier.  Les  sujets  présentés  sont 
forts  et  vigoureux,  bien  enracinés  ;  les  racines  sont  garnies  de  nombreux 
chevelus. 

M.  Bernaix  dit  que  les  rosierg  greffés  sur  Polyantha  sont  supérieurs  pour 
la  culture  en  pots  à  ceux  greffés  sur  églantier,  et  ce  modo  de  propagation 
rendra  de  très  grands  services  pour  la  culture  forcée.  Les  sujets  poussent 
plus  vite  et  fleurissent  de  10  a  15  jours  plus  tôt  que  ceux  greffés  sur  églan- 
tiers ;  ils  ont  en  outre  l'avantage  de  ne  pas  émettre  de  rejetons  ;  les  thés 
réussiraient  tout  aussi  bien  que  les  hybrides. 

M.  Bernaix  fait  encore  ressortir  les  avantages  que  présenterait  le  Polyan- 
tha pour  la  culture  du  rosier  :  les  graines  semées  au  mois  de  mars  lèvent  la 
même  année  d'abord;  les  sujets  qu'il  présentent  ont  été  semés  au  mois  de  février 
et  grefl'és  au  mois  de  septembre;  il  n'est  nullement  difficile  comme  qualité 
de  terrain.  Les  semis  ont  été  faits  dans  un  terrain  non  miné,  mais  seulement 
cultivé  à  la  bêche  à  une  profondeur  d'environ  0,50  centimètres.  La  situation 
du  terrain  était  le  long  d'un  mur  placé  au  midi,  et,  comme  on  le  voit  par  les 
sujets  présentés,  ils  se  sont  bien  accommodés  de  ce  genre  de  culture,  sont 
devenus  forts  et  vigoureux  et  ont  émis  de  nombreuses  racines.  C'est  donc  un 
sujet  qui  mérite  d'être  vu  de  près  et  surtout  d'être  séiieusement  étudié; 

Par  M.  J.  Jussaud,  une  botte  de  chicorée  sauvage  ou  B?>rbe  de  capucin  ou 
amère  de  Paris.  Les  plantes  présentées  ont  été  placées  à  l'entrée  de  l'hiver 
80US  les  banquettes  de  serres  dans  du  sable;  elles  n'ont  reçu  de  temps  à  autre 
qu'un  simple  bassinage  ;  seulement  pour  obtenir  des  feuilles  excessivement 
blanches  et  surtout  tendres  comme  celles  présentées  il  faut  absolument  que 
peudaut  le  développement  les  plantes  soient  privées  de  lumière  et  qu'elles  ne 
reçoivent  pas  une  trop  grande  quantité  d'air  ;  il  ne  s'agit  pour  cela  que  de 
placer  des  châssis  en  bois  qui  ne  laissent  circuler  que  l'air  nécessaire  au 
développement  de  la  végétation. 

Pour  juger  tous  ces  apports  il  est  nommé  deux  Commissions  dont  une 
composée  de  MM.  Jacquier  fils,  F.Morel  fils  et  Berthier  pour  la  pomologie, 
et  une  pour  la  floriculture,  composée  de  MM.  Carie,  Bouoharlat  et  La- 
bruyère. 

Ces  Commissions  après  examen  proposent  d'accorder  à  M.  Perreton  une 
prime  de  1"  classe  pour  l'ensemble  da  son  apport. 

La  Commission  prie  en  outre  l'Assemblée  de  voter  des  remercîments  : 


—  64  — 

A  M.  Altxandie  Rernaix  pour  son  apport  et  les  renseignements  qu'il  a 
donnés  sur  la  mul'i|licatioti  des  rosiers  par  la  givffe  sur  If  Rosa  polyantha  ; 

A  M.  Jussaud  pour  son  apport  et  les  rtinseiguements  dont  il  l'a  accom- 
pagné. 

Piiur  les  autres  apports  la  Commission  demande  l'inscription  au  procès- 
veibal.  Relalivemeni  à  la  Poii'e  Alexandre  Chômer,  elle  prie  M.  Liabaud  de 
demander  en  temps  o^iportun  la  nomination  d'une  Commission  spécile  qui 
jugi-ra  définitivement  ce  fruit  qui  paraît  très  méritant. 

Ces  diverses  propositions  mises  aux  voix  sont  adoptées  à  l'unanimité  par 
l'Afsemblée. 

D'xtribiition  d-s  méilm'lles  obtenues  pnur  n/iporis  pendant  les  séances  de  l'année 
1884.  —  M.  le  SeuieiHire  ^^éneral  di'Dne  1  cture  de  la  litte  al^rhabétique  des 
8(iCiéiairei-  qui  ont  ob  enu  des  pr.mes  pnur  leurs  apports  sur  le  bureau  pen- 
daiit  l'année  1884.  11  rappelle  à  ce  propos  l'article  du  Règlement  intérieur 
qui  fixe  ainsi  la  valeur'  des  primes  :  Prime  de  1'°  classe,  3  points  ;  prime  de 
2°  classe,  2  points  ;  prime  de  3°  classe,  1  point.  Le  nombre  des  points  néces- 
saires pour  obtenir  des  médailles  de  différente  valeur  est  le  suivant:  3  à 
6  points,  médaille  de  bronze;  7  à  12  points,  médaille  d'argent;  13  à  19 
points,  médaille  d'argent  grand  module  ;  20  points  et  au-dessus,  médaille  de 
vermeil.  Celui  des  sociétaires  qui  obtient  le  plus  grand  nombre  de  points 
pendant  l'année  reçoit  une  médaille  d'or. 

L'addition  des  points  obtenus  pendant  l'année  écoulée  donne  les  résultats 
Euivants  : 

Médaille  d'or  :  M.  Liabaud  ; 

Médaille  d'argent  grand  module  :  MM.  Crozy  fils  aîné,  Francisque  Morel  et 
Sclnvarlz  ; 

Médaille  d'argent:  MJL  Boucharlat  jeune,  Chavagneux,  Clapot,  Hoste, 
J.  Jacquier  fils.  Pernet-Ducber,  Rivoire  fils  ; 

Médaille  de  bronze:  MM.  Alégatière,  Boucharlat  aîné,  Bonnaire,  Carie, 
Chaudy,  Dubreuil,  Guillot  fils,  Lapeute,  L.  Lille  et  Benej,  Molin,  Page, 
Rollet,  Verne. 

M.  le  Président  remet  les  médailles  susdites  aux  personnes  qui  les  ont 
obtenues. 

La  Commission  des  finances  ayant  déposé  8on  rapport  sur  la  situation 
financière  de  la  Société  et  sur  le  budget  provisionnel  pour  1885,  il  est  donné 
lecture  du  dit  rapport. 

L'assemblée,  sur  la  proposition  de  la  Commission,  vote  des  remercîments  à 
M.  J.  Jacquier,  trésorier,  pour  la  régularité  et  l'ordre  avec  lesquels  les  livres 
sont  tenus,  ainsi  que  pour  les  bons  soins  qu'il  apporte  à  la  gestion  des  inté- 
rêts de  notre  compagnie. 

L'assemblée  décide  la  suppression  de  l'abonnement  au  Gardners-Chronicle. 

A  propos  de  la  question  d'augmentation  de  la  somme  de  ICO  fr.  pour  gra- 
tificHtion  au  secrétariat.  M.  Gaillard  émet  l'avis  que  cette  somme  soit  portée 
à  2(  0  IV.  ;  plusieurs  membres  se  rallient  à  la  proposition  de  M.  Gaillard, 
qui  mise  aux  voix  est  adoptée  à  l'unanimité. 

L'assemblée  vote  ensuite  des  remercîments  à  M.  le  Ministre  de  l'agricul- 
ture, à  l'administration  préfectorale  et  municipale,  au  Conseil  général  du 
département,  au  Conseil  municipal,  ànotre  président,  M.  le  député  Dutaillj, 
pour  les  subventions  et  allocations  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  accorder  ou 
nous  faire  obtenir,  ce  qui  nous  a  permis  de  pouvoir  équilibrer  favorablement 
notre  budget. 

Sur  la  proposition  de  M.  Pitaval,  l'assemblée  vote  des  remercîments  à  la 
CommissioQ  des  finances  pour  le  rapport  très  détaillé  qui  nous  est  présenté,. 

L'ensemble  du  rapport  mis  aux  voix  est  adopté. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire-adjoint,   J.  Nicolas. 


>-  65  — 


Strelitzia   reginœ   Ait. 


Il  y  a  un  peu  plus  d'un  siècle  que  Banks  introduisait  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  en  Angleterre,  une  des  plus  belles  et  des  plus 
curieuses  plantes  qu'il  soit  possible  de  voir.  A  son  apparition  dans 
les  collections  anglaises,  la  nouvelle  venue  produisit  une  impression 
profonde  dans  le  public  horticole.  Cette  plante,  que  les  botanistes 
classèrent  dans  la  famille  des  Musacées,  entre  le  genre  Bananier 
et  l'Arbre  des  voyageurs,  fut  dédiée  à  une  reine  d'Angleterre,  la 
reine  Charlotte,  née   duchesse  de   Mecklembourg-Strelitz,   et  fut 


—  66  — 

baptisée  StveUizia  rer/uiœ.  Nous  en  donnons  ci-contre  la  figure  que 
nous  avons  fait  reproduire. 

La  physionomie  singulière  de  l'inflorescence  du  Strelilzia  qui,  vu 
de  loin,  imite  grossièrement  certains  rostres  d'oiseaux  huppés,  tel 
que  celui  de  la  grue  couronnée,  par  exemple,  intéresse  même  le 
public  le  moins  connaisseur,  qui  n'est  guère  habitué  à  rencontrer 
dans  le  règne  végétal  des  fleurs  de  grande  dimension  d'un  aspect 
insolite  mi-partie  jaune  d'or  et  bleu  de  ciel. 

Le  fait  est  que  la  fleur  des  Slrelltzia  ne  se  présente  pas  comme 
toutes  les  autres.  Sur  une  hampe  haute  de  1  mètre  environ,  garnie 
de  bractées  écailleuses,  engaînaates  qui  l'emprisonnent,  surgit  tout 
à  coup  au  sommet  une  grande  spathe  oblique  ployée  en  nacelle 
dont  les  bords  se  rapprochent,  mais  pas  assez  pour  empêcher  de 
sortir  lentement  8  à  10  grandes  fleurs  dont  les  sépales  assez  grands 
sont  d'un  beau  jaune  d'or,  tandis  que  les  pétales  érigés  divergents 
sont  colorés  en  bleu  parfaitement  pur. 

D'autre  part,  les  feuilles,  longuement  pétiolées,  à  pétiole  canah- 
culé  en  dessus,  à  limbe  élargi  ovale  oblong  trois  fois  plus  court 
que  le  pétiole,  sont  disposées  avec  élégance  et  forment  une  agréa- 
ble garniture  à  ces  fleurs  remarquables. 

La  patrie  du  Slrelilzia  reginœ  —  le  Cap —  indique  suffisamment 
que  cette  plante  doit  se  cultiver  en  serre  tempérée  pendant  l'hiver, 
et  il  est  probable  mieux  dans  un  sol  où  domine  l'élément  granitique 
que  dans  un  sol  calcaire.  Pendant  l'été,  je  suppose  que  la  culture 
en  plein  air  serait  possible,  attendu  que  plusieurs  plantes  de  climat 
et  de  végétation  analogues,  prospèrent  admirablement  cultivées  en 
pleine  terre  pendant  la  belle  saison.  Qu'il  suffise  de  mentionner  le 
Musa  Ensete,  les  Cannas,  les  Papyus,  etc.  Comme  la  plupart  des 
plantes  ne  craignent  pas  la  chaleur  de  fond,  elles  poussent  beau- 
coup plus  rapidement  quand  leurs  racines  sont  stimulées  par  le 
calorique,  il  est  important  de  placer  les  jeunes  Strelilzia  sur  une 
couche  chaude  si  on  tient  à  accélérer  leur  végétation.  Comme 
toutes  les  plantes  à  tissus  spongieux,  à  limbe  élargi,  les  Slrelitzia 
demandent  beaucoup  d'eau  pendant  la  végétation.  Ceci  se  com- 
prend du  reste  très  bien,  car  la  plante  évapore  beaucoup  d'eau, 
non  seulement  par  la  surface  assez  large  des  feuilles  mais  encore 
par  les  pétioles  qui  sont  de  même  consistance.  F.   G. 


De   l'Orthographe  horticole 

Autrefois  la  publication  d'un  catalogue  était  presque  exclusive- 
ment l'apanage  des  grands  établissements  d'horticulture  ;  aujour- 
d'hui   il  n'en  est  plus  ainsi  et    un  grand  nombre  d'horticulteurs 


—  67  — 

usent  de  cet  excellent  moyen  de  publicité.  Si  parmi  ces  catalogues 
et  prospectus  publiés  par  les  fleuristes  et  les  pépiniéristes  on  peut 
en  citer  un  certain  nombre  de  bien  rédigés,  il  y  en  a  en  revanche 
une  foule  d'autres  qui  sont  émaillés  de  fautes  d'orthographe  souvent 
grossières.  Les  lois,  usages  et  coutumes  de  la  nomenclature  bota- 
nique n'étant  pas  bien  connues  de  la  plupart  des  jardiniers,  nous 
allons  signaler  ici  celles  qui  nous  paraissent  les  plus  utiles  à  con- 
naître. 

JS'oms  de  genres.  —  La  première  lettre  ou  lettre  initiale  des  noms 
de  genres  doit  toujours  être  désignée  par  une  capitale. 

Noms  d'espèces.  —  La  première  lettre  des  noms  d'espèces  doit 
être  une  minuscule  sauf  dans  les  cas  suivants  : 

1°  Quand  les  noms  spécifiques  sont  tirés  des  noms  d'hommes, 
de  divinités,  etc.,  comme  par  exemple  da.ns  Fonda  Samleriana, 
(dédié  à  M.  Sander),  Caladium   Chanlini,  dédié  à  M.  Chantin,  etc. 

2°  Quand  les  noms  spécifiques   sont  formés  avec    les  noms  des 
anciens  genres  admis  par  les  vieux  auteurs.  Exemple,  Galium  Cru- 
ciata,  Delpliinium  Stapliysagria,  etc.,  Cruciala  et  Siaphysagria  étaient 
autrefois  des  genres  que  Linné  a  jugé  à  propos  de  supprimer.  Pour 
conserver  la   mémoire   de   leur  origine  on  écrit  leur  lettre  iaitialo 
par  une  majuscule. 

On  ne  doit  jamais  écrire  un  nom  d'espèce  en  langue  française  à 
la  suite  d'un  nom  de  genre  latin,  pas  plus  qu'il  ne  faut  mettre  un 
adjectif  latin  à  la  suite  d'un  nom  de  genre  français.  Ainsi  n'écri- 
vez-pas Fusain  japonicus,  Fusain  latifolius,  ni  Evomjmus  à  large 
feuille;  écrivez,  Fusain  du  Japon,  Fusain  à  large  feuille,  ou  Evo- 
nymus  japonicus,  Evomjmus  lalifolius.  Cette  faute  est  une  de  celle 
qu'on  rencontre  le  plus  fréquemment  dans  les  catalogues  des  pépi- 
niéristes. 

Quand  l'occasion  se  présente  de  citer  un  nom  de  plante  latin, 
l'usage  veut  qu'on  emploie  le  masculin  quand  bien  mâme  ce  nom 
serait  féminin.  Ainsi  les  bons  écrivains  disent  un  Basa,  un  Lacluca 
et  nom  une  Rosa,  une  Lacluca,  malgré  que  rose  et  laitue  soient  fémi- 
nins en  français. 

Les  noms  de  variétés  écrits  en  langues  étrangères  ne  doivent  pas 
être  traduits  en  français.  Si  on  veut  les  traduire  il  faut  mettre  la 
traduction  à  la  suite  de  ces  noms. 

On  doit  éviter  de  donner  des  noms  latins  aux  variétés  horticoles 
afin  de  ne  pas  établir  de  confusion  avec  les  noms  d'espèces. 

Malgré  tous  le.s  soins  apportés  à  la  rédaction  des  manuscrits,  les 
personnes  initiées  dans  l'art  typographique  avoueront  avec  regret 
qu'il  est  impossible  de  pouvoir  faire  imprimer  un  catalogue  sans 


-^  68  — 

fautes.  Plusieurs  raisons  concourent  à  les  multiplier  :  1°  l'insou- 
ciance des  auteurs  qui  ne  savent  point  corriger  les  épreuves  ou 
qui,  ne  voulant  pas  en  prendre  la  peine,  en  confient  la  correction 
à  des  imprimeurs  qui,  malgré  leurs  talents,  ne  connaissant  point  et 
ne  pouvant  connaître  les  mots  techniques  qui  leur  passent  sous  les 
yeux,  laissent  nécessairement  échapper  un  grand  nombre  d'erreurs; 
2°  l'incorrection  des  épreuves  à  la  tierce  ;  3"  les  lettres  qui  s'enlè- 
vent des  formes  mises  sous  presse,  soit  que  les  lignes  des  pages  ne 
soient  pas  bien  justifiées,  ou  que  les  pages  elles-mêmes  ne  soient 
pas  assujetties  selon  les  dimensions  requises  ;  4"  la  précipitation 
avec  laquelle  les  ouvrages  sont  exécutés  ;  5"  la  mauvaise  habitude  de 
faire  les  épreuves  au  rouleau  et  non  point  sous  la  presse. 

Il  résulte  de  ce  dernier  inconvénient  que  la  lecture  des  épreuves 
au  rouleau  est  beaucoup  plus  difficile,  parce  que  l'empreinte  des 
caractères  étant  défectueuse,  il  n'est  guère  possible  de  s'apercevoir 
de  toutes  les  fautes,  surtout  à  la  fin  des  lignes,  où  les  lettres  sont 
sujettes  à  doubler  ou  à  se  remplir  :  il  arrive  de  là  que  souvent, 
lorsqu'on  jette  un  coup  d'œil  sur  les  feuilles  sortant  de  dessous 
presse,  où  le  caractère  est  imprimé  avec  beaucoup  plus  de  netteté, 
on  aperçoit  des  fautes  échappées  à  la  lecture  des  épreuves  faites 
au  rouleau. 

De  là  naissent  les  erreurs  occasionnées  par  des  lettres  retour- 
nées, doublées,  mises  l'une  pour  l'autre;  ces  dernières  sont 
désignées,  en  termes  d'imprimerie,  sous  le  nom  de  coquilles,  qui 
varient  dans  les  voyelles  et  les  consonnes. 

Les  coquilles  dans  les  voyelles  sont  ordinairement  beaucoup  plus 
graves  que  dans  les  consonnes,  comme  on  peut  en  juger  en  fran- 
çais par  l'e  au  lieu  de  l'o,  comme  fermé  pour  formé;  par  ïi  au  lieu 
de  l'o,  comme  dans  mille  t^out  molle;  dans  l'a  pour  l'o,  comme  dans 
Crolalaria  latifolia,  pour /o«(/b//a.  Cette  dernière  erreur  est  énorme, 
puisqu'elle  dénature  un  nom  spécifique  où  l'on  doit  lire  Crotalaire  à 
feuilles  de  Lolier,  et  non  pas  Crotalaire  à  larges  feuilles. 

Dans  les  consonnes,  les  coquilles  ne  sont  jamais  aussi  graves  ;  il 
en  est  de  même  des  lettres  doublées,  comme  eommestible  pour  comes- 
tible, qui  n'influent  point  sur  le  sens  ou  la  valeur  des  mots. 

Il  échappe  souvent  à  la  lecture  des  épreuves  au  rouleau,  des 
coquilles  difficiles  à  apercevoir,  comme  c,  e  ;  o,  c;  o,  a;  n,  r  ;  u,  n; 
f,  f;  et  qu'on  ne  voit  que  lorsque  la  feuille  est  sortie  de  sous  presse. 

M.   P. 


—  69  — 
Taille  de  la  Vigne. 

Dans  les  pays  où  l'hiver  n'est  pas  rigoureux,  on  pourrait  sans 
danger  tailler  la  vigne  aussitôt  après  la  chute  des  feuilles ,  mais  il 
n'en  est  pas  de  même  dans  les  provinces  où  sévissent  habituelle- 
ment de  forts  abaissements  de  température  pendant  les  mois  de 
décembre  et  de  janvier,  et  des  gelées  avec  verglas  en  février.  Les 
vignerons  savent  mieux  que  nous  que  le  froid  peut  détruire  les 
bourgeons  de  la  base  des  sarments  sur  lesquels  ils  établissent 
généralement  la  taille  d'un  assez  grand  nombre  de  variétés,  aussi 
choisissent-ils  habituellement  le  mois  de  mars  pour  tailler  la 
vigne. 

La  taille  de  la  vigne  est  très  simple,  mais  cependant  très  diffi- 
cile, parce  qu'il  y  a  une  question  de  tact  malaisé  à  saisir,  qui 
consiste  à  faire  produire  au  cep  tout  le  fruit  qu'il  peut  nourrir 
sans  porter  atteinte  à  sa  force  et  à  sa  vigueur.  Un  coup  de  ser- 
pette de  trop  peut  abattre  deux  raisins,  tandis  qu'un  autre  coup 
en  moins  peut  épuiser  le  cep  ou  le  déformer  pour  plusieurs  années. 
C'est  le  milieu  entre  un  excès  et  un  défaut  de  production  qu'il  faut 
savoir  choisir. 

Chacun  sait  que  la  vigne  est  un  arbrisseau  sarmenteux  qui  ne 
donne,  —  sauf  de  rares  exceptions,  —  ses  fruits  que  sur  le  jeune 
bois  qui  s'est  développé  sur  le  bois  de  l'année  précédente.  Le  bois  de 
l'année  qui  se  développe  sur  le  vieux  bois  produit  rarement  des 
raisins. 

Les  raisins  sont  toujours  plus  beaux  à  l'extrémité  supérieure  des 
sarments  qu'à  leur  base. 

Sur  deux  sarments  d'égale  force,  les  raisins  sont  plus  gros  sur 
celui  dont  les  bourgeons  forment  les  nodosités  les  mieux  accentuées. 

Ceci  dit,  la  taille  consiste  à  ne  pas  déformer  le  cep,  —  c'est-à- 
dire  à  lui  conserver  la  forme  sous  laquelle  on  le  dirige,  —  à  lui 
faire  porter  tout  le  raisin  qu'il  peut  nourrir  et  en  même  temps  à 
conserver  le  bois  nécessaire  pour  obtenir  l'année  suivante  une 
autre  récolte  semblable. 

La  taille  varie  avec  la  vigueur  des  ceps,  leur  écartement  et  les 
différentes  sortes  de  cépages.  Si  le  terrain  est  pauvre,  que  la  vigne 
pousse  peu,  il  faut  peu  charger  le  cep  ;  le  contraire  doit  avoir  lieu 
là  où  la  vigne  se  développe  avec  vigueur. 

Deux  sortes  de  taille  peuvent  être  appliquées  à  la  vigne  :  la 
taille  à  long  bois  et  la  taille  à  deux  ou  trois  bourgeons.  La  taille  à 
long  bois  bien  pratiquée  est,  à  notre  avis,  bien   supérieure  à  la 


—  70  — 

taille  courte,  parce  i^ue  les  bourgeons  situés  à  l'extr^'inité  des  sar- 
ments contiennent  toujours  des  grappes  mieux  conformées  que 
ceux  de  la  base. 

Si,  par  exemple,  la  vigne  est  plantée  à  un  mètre  de  dislance  en 
tous  sens,  on  peut  laisser  presque  intact  un  des  sarments  de  l'année, 
tailler  à  deux  yeux  un  autre  sarment  et  rabattre  sur  le  vieux  bois 
tous  les  autres.  Le  sarment  laissé  intact,  incliné  horizontalement 
ou  ployé  en  arc,  portera  les  fruits;  le  sarment  taillé  à  deux  yeux 
fournira  les  sarments  de  remplacement  pour  l'année  suivante. 
Quant  à  la  longueur  à  conserver  au  sarment  qui  porte  les  fruits, 
on  pourra  l'allonger  ou  la  raccourcir,  suivant  la  vigueur  qu'auront 
acquis  les  sarments  de  remplacement.  Si,  par  exemple,  on  avait 
trop  chargé  la  vigne,  on  verrait  un  ralentissement  dans  les  bour- 
geons de  remplacement;  alors,  il  serait  prudent  de  ne  pas  autant 
allonger  le  sarment  qui  doit  porter  les  raisins.  Quand  ou  taille  de 
cette  manière,  chaque  année  on  rabat  complètement  le  sarment 
qui  a  porté  les  raisins  et  on  le  remplace  par  un  nouveau. 

Si  la  vigne  est  plantée  à  grande  distance,  dans  un  sol  fertile,  on 
peut  laisser  deux  et  même  jusqu'à  trois  sarments  producteurs  ;  on 
peut  charger  de  fruits  tant  qu'on  ne  s'aperçoit  pas  que  la  vigne 
ralentit  sa  végétation. 

Pour  les  vignes  en  treille,  généralement  on  combine  la  tailîe 
courte  et  la  taille  longue,  c'est-à-dire  qu'on  taille  un  certain  nom- 
bre de  sarments  à  deux  yeux,  et  ceux  des  extrémités  ou  de  prolon- 
gement, sont  tenus  plus  ou  moins  allongés.  J.   T. 


CORRESPONDANCE 

(A  propos  des  Chrysanthèmes) 

Nous  avons  reçu  la  lettre  suivante  de  M.  Carpentier^  secrétaire 
de  la  Société  d'horticulture  de  l'Orne  : 

Alençnn,  le  2  févriei  1885. 
Monsieur  et  cher  Collègue, 

Je  trouve  in.séré  dans  le  dernier  numéro  ilu  Lyon-lorticole  un  ti  es  intéres- 
«ant  rappoit  de  M.  Hoste  sur  Texpoçitioa  da  Chrj-santho.-afS  de  Chalon  sur- 
Sdône. 

Permettez-moi  da  vous  signaler  une  lacune  dans  cette  insertion. 

Page  33,  M.  Hoste  dit  :  «  J'ai  pensé  qu'une  liste  des  plus  belles  plantes, 
relevées  dans  tous  les  lots,  q'Je  j  ;  donne  à  la  suite  da  ce  compte-rendu,  serait 
utile  pour  guider  amateurs  et  horticulteurs  dans  leur  choix.    » 

Au  nom  de  notre  Compaçnie,  qui  compte  un  assez  grand  nombre  d'anaa- 
teurs  de  chrysanthèmes,  je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  faire  imprimer 
celte  liste  dans  le  prochain  numéro  du  journal. 


—  71   — 

Cette  demande  nous  paraissant  parfaitement  justifiée,  nous  avons 
prié  M.  Hoste  de  bien  vouloir  tenir  la  promesse  qu'il  avait  faite 
dans  son  rapport.  A  ce  propos,  il  nous  a  envoyé  la  liste  en  ques- 
tion qu'il  fait  précéder  de  quelques  observations  que  voici  : 

a  Cette  liste  de  50  variétés  de  Chrysanthèmes  ne  contient  pas  toutes  le3 
belles  variétés.  C'est  un  choix  fait  parmi  les  plus  belles,  et  fuit  surtout  en 
vue  de  varier  autant  que  possible  les  nuances,  cai-  j'ai  été  à  même  de  remar- 
quer à  l'Esposition  de  Chalon-sur-Saône,  dans  les  colleotioas  de  fleurs  cou- 
pées, que  lesi!  tons  jaune  mordoré  (1)  ou  rouille  et  lilas  dominaient  à  toit,  les 
coloris  rouges  et  blancs  faisaient  défaut. 

J'ai  préféré  ne  donner  dans  cette  liste  que  des  variétés  japonaises  à 
grandes  fleurs,  parce  que  c'est  le  genre  à  la  mode  actuellement;  mais  je 
donnerai  volontieis  par  écrit,  aux  personnes  que  cela  pourrait  intéresser,  les 
noms  des  plus  belles  variétés  des  autres  sections.  » 

Liste  de  50  beaux  Chrijianlhèmes  à  grandes  fleurs,  dits  Japonais 

Dont   il    est    question    dans   le    rapport   sur    l'Exposition     de    Chalon-sur-Saône. 


Admiration  (Lacroix),  lilas  satiné  et  blanc  pur. 

Amaratiiioa  carminea  (Delaux),  amarante  à  revers  blanc, 

Anne  Délaux  (Dél.),  rouge  brillant,  bordé  jaune. 

Aurore  boréale  (DélJ,  rouge  aurore,  à  centre  or. 

Beauté  des  jardins  (Dél.),  amarante  clair,  centre  blanc 

Belle  Alliauce  (L)él.),  rouge  foncé,  à  centre  chamois. 

Bdlle  Paule  (Pertuzés).  blanc  de  neige,  liseré  lila*. 

Belle  Valentinoise  (D.  Rojdellet).  superbe  jaune  canari. 

Brise  du  malin  (Dél.j,  rose  mauve  glacé  argent. 

Colibri  (Dél.),  cramoisi  iiuancé  brun  noir. 

Eclatante  (Lac),  rouge  feu  mordorj,  pointé  or. 

Emblème  (Dél.),  cramoisi  velouté,  strié  et  flimmé  jaune. 

Erecta  superba  (Henderson),  lilas  satiné,  fleurs  énormes. 

Etincelle  (Lac),  ro'ige  marron  à  revers  jaunes. 

Faustine  (Lemoin»),  rose  saumoné,  coloris  unique. 

Fernand  Féràl  (Dél.),  rose  mousseline  et  mauve. 

Flamme  de  Punch  (Dél.),  jaune  mordoré  clair. 

Fleur  des  Bois  (Dél.).  rouge  Saturne  à  centre  jaune. 

Frison  (Dél.),  pétales  étroits  en  spirale,  jaune  vif. 

Gloire  raj'onnante  (Bernard),  rose  lilas  vif,  pétales  tubulés. 

Guillaume  Delaux  (Dél.).  rouge  grenat  foncé. 

Ile  Japonaise  (Dél.j,  rose  violacé  argenté,  pointé  carmin. 

lîidore  Ferai  (Dél.),  rose  tendre  à  centre  doré. 

Ladj  Selbourne,  blanc  pur,  superbe. 

L'Or  de  France  (Dél.),  fond  jaune  d'or  granité  rouge. 

Madame  Bouch  irlat  (Dél.),  violet  velouté  foncé. 

Madame  de  Sevin  (Dél.),  amarante  lilacé,  centre  blanc. 

Madame  Deveille  (Dàl.),  rose  à  centre  blanc. 

Madame  Fera!  (Dél.),  rose  mou-seliue  à  centre  aigenté. 

Mlle  Antoinette  Bruuel  (Dél.),  péiales  tubulés,  rose  Cirminé. 

Mlle  Lacroix  (Lac),  blanc,  centre  nuincé  crème. 


(1)  Mordoré  ;  couleur  brune  mêlée  de  rouge.  En  zoologie  :    couleur  dorée  mêlée 
de  noir  et  de  rougeàtre.  Vient  du  latin  mort;  (maure)  ;  auralus,  doré. 


—  72  — 

Margot  CDél.),  rose  violacé,  centre  cliamois,  fleurs  énormes. 

Mastic  (Dél.),  ocre  nuancé  paille,  coloris  unique. 

Mignon  (Dél.).  rose  tendre  nuancé  violet. 

M.  Astorg  (Dél.).  blanc  argent  à  revers  lilas  satiné. 

M.  Castel  (Dél.),  riche  cramoisi  feu  à  centre  et  revers  jaunes. 

M.  Cochet  (Dél.)  blanc  argent  à  revers  carmin  violacé. 

M.  Comte  (Dél.).  amarante  brillant,  liseré  saumon. 

M.  Deveille  (Dél.),  marron  noir  nuancé  fea. 

M.  John  Laing  (Dél. t.  rouge  cramoisi,  ombré  brun. 

M.  Léon  Briinel  Dél.),  couleur  vieil  or,  pétales  tubulés. 

M.  Maney  (Déi.),  violet  carminé  pointes  blanches. 

M.  Moussillac  (Dél.),  rouge  grenat  très  foncé. 

M.  Patrolin  (Dél.).  rose  lilas  satiné,  pétales  étroits. 

M.  Plancheneau  (Dél.),  rose  mauve  et  blanc,  pétales  en  spatule. 

M.  Richard  Larios  (Dél.).  rose  foncé  carminé  pointé  blanc. 

Père  Délaux  (Dél.).  rouge  brun  velouté,  grandes  fleura. 

Source  Japonaise  (Dél.),  amarante  à  revers  blancs  très  apparents. 

Triomphe  de  la  rue  des  Chalets  (Pert.),  saumon  nuancé  rose. 

Souvenir  du  Caire  (Dél.),  rouge  brique  nuancé  bleu  violacé.         Hoste. 


REVUE  DES  CATALOGUES 

Ch.  MoLiN,  horticulteur,  msrchand-grainier,    8,    place    Bellecour.  Lyon  . 

Catalogue  et  prix-courant  de  graines  potsgères.  fourraiçères.   de   fleurs  > 

d'ognons  à  fleurs,  plantes,  arbres,  et  arbustes,  etc. — Fournitures  horticoles. 

—  Envoi  franco  sur  demande. 

J.  Nicolas,  horticulffur-grainier,  rue  Bourbon,  12,  Lyon.  —  Catalo- 
gue et  prix-courant  de  graines  pootagères.  fourragères,  de  fleurs,  d'ognons 
à  fleurs.  —Plantes,  arbres  et  arbustes.  —  Coutellerie  horticole,  livres  d'hor- 
ticulture. —  Articles  divers  :  étiquettes,  raphia,  etc.  —  Envoi  franco  du  ca- 
talogue sur  demande. 

HosTE,  horticulteur.  10,  rue  des  Dahlias  à  Monplaisir,  Lyon,  —  Cir- 
culaire contenant  les  plantes  nouvelles  obtenues  de  semis  dans  l'établisse- 
ment et  livrables  pour  la  première  fois  au  commerce  à  partir  du    1"  février. 

—  Pélar?onium  zonales  nouveaux  à  fleurs  doubles  et  à  fleur  simples  (9  varié- 
tés). Fuchsias  (2  variétés).  Dahlia  (1  var.).  Abutilon  (l  var.),  Véroniques 
(semis  Boucharlat  jeune). 

Crozy  aîné,  horticulteur,  206,  grande  rue  ds  la  Guillot'ère,  Lyon. — 
Prospectus  annonçant  la  mise  aucomm'irje  de  pUntes  nouvelles  obtenues  de 
semis  dans  l'établissement  :  Abutilons  issus  de  l'ancien  A.  strialum  (7  varié" 
tés),  Cannas  (10  variétés),  P/ilo.v  decussnfnn-am  (5  variétés).  Dahlias  (ô  varié- 
tés). Collection  de  plantes  diverses.  Envoi  franco  des  catalogues  et  pros- 
pectus. 


Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public    —  Bellon.  r.  de  la  République,  33. 


1885  MARS  N°     5 


CHRONIQUE 


Sermon.  —  J'ai  rencontré,  l'autre  jour,  un  de  mes  collègues  de 
la  Société  botanique  de  Lyon,  le  docteur  X...,  qui,  en  m'abordant, 
me  dit  à  brûle-pourpoint  :  «  Vous  autres,  jardiniers,  vous  man- 
quez de  méthode  et  d'esprit  scientifique  ;  vous  n'êtes  pas  savants.,. 
La  précision  n'est  pas  votre  affaire,  et  dans  tous  vos  travaux,  c'est 
à  peine  si  la  science  trouve  quelques  vagues  indications  à  glaner.  » 

Je  n'ai  pas  eu  trop  de  peine  à  démontrer  à  cet  excellent  docteur 
qu'il  avait  probablement  plus  tué  de  malades  que  son  serviteur 
n'avait  fait  périr  de  plantes,  et  que  par  conséquent,  si  on  voulait 
juger  de  la  valeur  de  la  médecine  et  de  l'horticulture  aux  résultats 
qu'elles  donnent,  le  beau  rôle  resterait  aux  jardiniers.  Comme  il 
était  pressé,  il  fila  sur  cette  réponse.  A  quelques  jours  de  là,  j'eus 
l'occasion  de  le  revoir  et  de  causer  avec  lui.  Vos  critiques  lui 
dis-je,  sont  un  peu  fondées  :  Nous  apprenons  notre  métier  de  ci, 
de  là,  la  bêche  à  la  main,  la  hotte  sur  le  dos,  les  arrosoirs  aux 
bras;  tandis  que  vous,  avant  de  pénétrer  à  l'amphithéâtre,  vous 
avez  passé  quinze  ans  à  étudier  les  lettres  et  les  sciences.  Vous 
connaissez  les  moyens,  au  sortir  de  l'école,  pour  enchâsser  dans 
de  gros  volumes  quelques  hypothèses  que  vos  collègues  démolissent 
ensuite,  en  attendant  leur  tour  d'être  démoli.  Vous  assommez  les 
gens  avec  votre  érudition  ;  ils  préfèrent  vous  sacrer  savants  que 
de  vous  lire. 

Les  jardiniers  sèment  des  choux,  plantent  des  pois,  obtiennent 
des  poires  succulentes  et  des  roses  doubles  que  vous  qualifiez  de 
monstres  et  que  tout  le  monde  trouvent  jolies.  Qu'est-ce  que  vous 
leur  voulez,  aux  jardiniers?  Vous  voudriez  peut-être  qu'ils  comp- 
tent les  poils  qui  hérissent  les  feuilles  de  carotte,  ou  qu'ils  vous 
expliquent    pourquoi   les    navets   préfèrent    être,  semés   après    la 


—  74  — 

moisson?  Sachez  bien,  monsieur  le  docteur,  que  si  la  précision 
scientifique  est  une  belle  chose,  avant  de  la  mettre  en  pratique  en 
horticulture,  il  y  a  une  question  plus  importante  à  résoudre. 

—  Quelle  question? 

La  question  du  pain,  parbleu  ! 

Savez-vous,  amis  lecteurs,  ce  qu'il  voulait  des  jardiniers,  le 
docteur  X...'?  Il  voulait  tout  simplement,  — je  lui  donne  raison 
maintenant  qu'il  n'est  plus  là,  —  que  toutes  les  fois  que  l'occasion 
s'en  présenterait,  que  nous  fissions  des  remarques  précises  sur 
toutes  les  cultures  peu  connues,  que  nous  notions  exactement  la 
composition  de  leurs  compost  ;  il  voudrait  nous  voir  étudier  la 
variabilité  des  plantes,  le  rôle  de  l'hybridation,  etc.,  etc.,  et 
de  faire  ces  remarques  en  prenant  des  notes  sérieuses,  de 
manière  que  les  résultats  indiqués  puissent  être  contrôlés  par 
l'expérience. 

Exposition  d'horlicuUure  à  Marseille.  —  Il  y  aura,  dans  le  courant 
de  mai,  deux  expositions  d'horticulture  à  Marseille.  La  première, 
qui  se  tiendra  du  13  au  17  mai  dans  l'enceinte  du  Vélodrome  du 
Rond-Point  du  Prado,  est  organisée  par  W-Jssociatiun  horlirole  mar- 
seillaise. Les  demandes  doivent  être  adressées  à  M.  Schwaller, 
horticulteur  à  Bonneveine-Marseille.  La  seconde,  qui  aura  lieu  du 
22  au  25  mai,  au  Quinconce  des  Allées,  es!  organisée  par  la 
Sociélé  d' horlicidlure  et  de  botanique  de  Marseille.  Les  demandes 
doivent  être  adressées  avant  le  30  avril  prochain,  au  Secrétaire 
général  de  la  Société  d'horticulture  et  de  botanique,  rueThubaneau, 
n"  52  A,  Marseille. 

Moyen  pour  assujétir  les  arbres  nouvellement  plantés.  —  Les  racines 
sont  faites  pour  être  enterrées  et  les  tiges  pour  vivre  hors  de  terre, 
chacun  sait  ça.  Mais  il  n'est  pas  rare  de  voir  ceux  qui  le  savent  le 
mieux  planter  les  arbres  trop  profondément.  Quand  on  plant(;  dans 
de  bonnes  conditions,  la  terre  remuée  profondément  subit  un  tasse- 
ment qui  fait  descendre  l'arbre  beaucoup  trop  bas  ;  une  partie  de 
la  tige  qui  devrait  être  hors  de  terre  se  trouve,  de  ce  fait,  enterrée. 
Pour  obvier  à  cet  inconvénient  et  bien  placer  le  collet  de  l'arbre 
au  niveau  du  sol,  on  place  horizontalement  un  bâton  au  milieu  du 
trou,  de  manière  que  ses  deux  extrémités  posent  sur  les  bords 
opposés.  Sur  ce  bâton  d'appui  qui  donne  le  niveau  du  terrain,  on 
assujétit  solidement  l'arbre  à  planter  au  point  qui  marque  le  collet. 
On  a  soin,  du  reste,  de  placer  entre  ce  bâton  et  l'arbre  un  vieux 
chiffon  pour  empêcher  la  meurtrissure.  Ce  bâton  doit  rester  en 
place  pendant  environ  un  an . 


—  75  — 

Hoieia  japonira.  —  Cette  plante,  qui  est  devenue  si  commune 
dans  les  cultures,  a  été  introduite  du  Japon  en  Hollande  par 
Siébold.  On  a  commencé  à  la  cultiver  à  Paris  en  1S34.  Elle  a 
d'abord  été  vendue  sous  le  nom  de  Spirœa  japonica.  Ses  caractères 
l'éloignant  non-seulement  des  Spirœa,  mais  encore  des  autres 
rosacées,  elle  a  été  dédiée  au  botaniste  japonais  Ho-Tei  et  placée 
dans  les  Saxifragées  à  côté  du  genre  Ttarella. 

Moyen  de  délruire  la  mousse  sui-  les  arbi-es  fruUiers.  —  Un  horti- 
culteur a  signalé  autrefois  le  procédé  suivant  pour  débarrasser  les 
arbres  fruitiers  de  la  mousse  et  des  lichens  qu'ils  peuvent  avoir. 
Ce  procédé,  que  nous  n'avons  pas  vérifié,  consisterait  à  passer 
une  couche  d'huile  de  colza,  avec  une  brosse  à  peindre,  sur  le 
tronc  et  les  branches.  D'après  l'auteur ,  cette  huile  détruit  la 
mousse,  entretient  l'élasticité  de  l'écorce  et  favorise  la  végétation. 
L'essai  n'est  ni  coûteux  ni  difficile  à  tenter. 


Deux  nouveaux  journaux  d' horlicullure .  — On  signale  la  publica- 
tion de  deux  nouveaux  journaux  d'horticulture  :  l'un,  le  «  HetNe- 
derlandsche  ïuinbouwblad  »  se  publie  en  Hollande  sous  la  direc- 
tion du  D' J.  Th.  Cattie  d'Arnhem  ;  l'autre,  le  a  Gardening  illus- 
trated  World  »  se  publie  en  Angleterre  sous  la  direction  de  M.  B. 
Wjnne,  ancien  rédacteur  du  Gardeners'Chronicle. 

Prunier  japonais  à  très  gros  fruit.  —  On  dit  beaucoup  de  bien  de 
cette  nouvelle  variété  de  Prune  qui  a  été  introduite  du  Japon  en 
Californie  en  1871.  11  paraît  que  le  fruit  est  énorme  pour  une  prune, 
qu'il  mûrit  très  tard  —  fia  septembre  —  et  qu'il  est  d'une  Jolie 
couleur  jaune  lavé  de  rouge  brillant.  Si  on  ajoute  à  toutes  ces 
qualités  une  grande  fertihté  de  l'arbre  qui  se  met  rapidement  à 
fruit,  je  ne  sais  pas  ce  que  l'on  peut  demander  de  plus.  On  pour- 
rait peut  être  demander  que  tous  ces  qualités  ne  s'évanouissent  pas 
dans  nos  vergers  quand  l'arbre  y  sera  introduit.  Ce  Prunier  est  rais 
au  commerce  par  MM.  Hamon  et  Cie  de  Oakland. 

y4uahjse  chimique  des  Terres,  des  Engrais  et  des  Plantes.  —  On  m'a 
souvent  demandé  si,  avec  un  peu  d'intelligence,  beaucoup  de  bonne 
volonté,  les  réactifs  et  les  appareils  nécessaires  et  un  bon  traité  de 
chimie,  un  jardinier  ne  pourrait  pas  arriver  à  faire  une  analyse 
passable  des  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  des  terres, 
des  engrais  et  des  plantes.  A  ceux  qui  m'ont  posé  cette  question, 
j'ai  toujours  répondu  d'une  manière  négative. 


—  76  —   ■ 

A  la  rigueur,  avec  ua  peu  d'iialntude,  ou  arriverait  assez  vite  à 
faire  une  analyse  qualificative  ;  mais,  pour  doser  exactement  les 
éléments  des  terrains  et  des  engrais,  cela  présente  de  teiles  diffi- 
cultés que,  plus  d'un  chimiste  de  profession,  pour  en  avoir  tenté 
l'essai,  y  a  laissé  une  partie  de  sa  réputation.  Je  ne  conseillerai 
jamais,  sauf  aux  personnes  qui  ont  beaucoup  do  loisirs,  de  s'occuper 
de  ce  genre  d'opération. 

Falsification  des  graines  de  Luzerne.  —  Girardin  signale  les  mani- 
pulations particulières  auxquelles  ont  été  soumises  des  graines 
vieilles  de  luzerne  pour  leur  donner  l'apparence  de  graines  fraîches. 
Les  graines  de  luzerne  blanche  ont  été  légèrement  humectées  et 
passées  à  la  vapeur  de  soufre.  Les  graines  de  luzerne  rouge  ont  été 
enfermées  dans  des  sacs  avec  une  petite  quantité  d'indigo  en  pou- 
dre ou  trempées  dans  une  préparation  liquide  de  canipêche  addi- 
tionnée d'une  petite  quantité  de  sulfate  de  cuivre.  Ces  graines  oinsi 
travaillées,  ayant  été  semées,  levèrent  dans  la  proportion  de  cinq 
à  dix  pour  cent,  tandis  que  les  graines  de  bonne  quahté  lèvent  dans 
la  proportion  de  quatre-vingts  à  quatre-vingt-dix  pour  cent.  Ces 
falsifications  sont  heureusement  assez  rares,  et  les  bons  marchands 
de  graines  ne  s'y  laissent  pas  prendre  aisément. 

Féiiver.  —  On  se  sert  de  cette  racine  pour  préserver  les  vête- 
ments des  attaques  des  insectes.  Elle  n'a  pas  plus  d'action  que  les 
feuilles  de  la  santoline,  de  la  tanaisie,  des  sommités  fleuries  de 
lavande;  mais  elle  aune  odeur  plus  agréable.  Le  vétiver  est  la 
racine  d'une  graminée  connue  sous  le  nom  de  Cliien-Dent  des  Indes 
[A)idropo(jon  inuricalus).  Elle  est  d'un  blanc  jaunâtre,  tortueuse, 
d'une  longueur  variable,  douée  d'une  odeur  forte  et  persistante 
et  d'une  saveur  amère  et  aromatique.  On  vend  quelquefois  sous  le 
nom  de  vétiver  d'autres  espèces  d'andropogon  appartenant  au 
même  groupe,  mais  doués  d'une  odeur  moins  pénétrante.  Les 
sommités  fleuries  de  lavande  parfument  assez  agréablement  le 
lingn  et  éloignent  bien  les  insectes.  Cette  plante,  bien  que  d'ori- 
gine méridionale,  peut  croître  dans  tous  nos  jardins.  Elle  a  résisté 
sous  le  climat  de  Lyon  aux  hivers  rigoureux  de  1870  et  1880. 

OEilleis  perpétuels.  —  11  fallait  autrefois  bien  du  temps  pour  faire 
connaître  les  plantes  nouvelles.  En  voici  un  exemple  : 

«  En  1835,  M.  Dalmais,  jardinier  de  M.  Lacène,  de  Lyon, 
remarquait  dans  ses  cultures  un  œillet  ponctué  qui  fleurissait  con- 
tinuellement et  qu'il  attribuait  au  croisement  de  l'œillet  Saint- 
Antoine  et  d'un  œillet  grenadin  ;  il  en  obtint  des  graines.  Les  indi- 


—  77  — 

vidus  qui  en  naquirent  furent  eux-mêmes,  en  1842,  la  source  de 
quinze  ou  vingt  variations  remontaulcs  ou  à  floraison  continue,  qui 
en  1843  donnèrent  des  graines.  Celles-ci  produisirent  vingt-cinq 
à  trente  variations  en  rouge  foncé  et  en  violet;  en  1844,  elles  ont 
donné  des  graines.  Ces  graines,  semées  en  1845,  ont  toutes  pro- 
duit des  œillets  à  floraison  continue.  » 

Celui  qui  écrivait  ce  qui  précède  était  bien  placé  pour  faire 
connaître  cette  nouvelle  création  :  c'était  M.  Seringe,  professeur 
de  botanique  à  Lyon.  Sept  ans  plus  tanl,  en  1847  (mettons  cinq 
ans),  M.  Etienne  Armand,  horticulteur  à  Ecully-lès-Lyon,  avait 
envoyé  à  Paris,  au  Cercle  général  d'Horticulture,  des  échantillons 
d'œillets  auxquels  il  donnait  le  rom  d'œillets  perpétuels.  Le  véné- 
rable Poiteau,  chargé  de  faire  un  rapport  sur  ces  œillets,  décla- 
rait qu'ils  offraient  des  flamands,  des  anglais  et  des  fantaisies,  et 
qu'ils  n'avaient  rien  d'extraordinaire,  et  il  ajoutait  :  «  Quant  à  la 
qualification  d'œillets  perpétuels,  nous  ne  la  trouvons  usitée  ni 
dans  la  pratique  ni  dans  les  catalogues;  nous  voyons  bien  parmi 
les  fantaisies  quelques  œillets  remonter  fréquemment;  dans  d'au- 
tres séries,  il  en  est  qui  remontent  accidentellement;  mais  nous 
n'avons  jamais  vu  d'œillets  remonter  perpétuellement.  »  Le  véné- 
rable Poiteau,  un  des  doyens  de  l'horticulture  en  ce  temps-là, 
oubliait  que  le  mot  «  perpétuel  »  appliqué  aux  plantes  florales, 
n'était  pas  synonyme  de  perpétuellement.  Les  roses  perpétuelles 
ne  sont  pas  perpétuellement  en  fleurs.  De  ces  remarques,  il  résulte 
que  plus  de  neuf  ans  après  l'obtention  à  Lyon  des  premiers  œillets 
remontants,  on  ne  les  connaissait  pas  encore  à  Paris.  V.   V.-M. 


De  l'empoisonnement  du  sol  (?) 

Les  progrès  réalisés  par  l'horticulture  sont  dus  en  grande  partie 
à  l'association  qui,  existant  depuis  longtemps  déjà  dans  les  grands 
centres,  se  ramifie  de  plus  en  plus,  sous  des  noms  difierents,  jusque 
dans  les  campagnes. 

Toutes  ces  Sociétés,  indépendantes  les  unes  des  autres,  sont 
toutes  reliées  entre  elles  par  un  lien  commun,  le  but  :  développe- 
ment du  goût  de  l'horticulture,  encouragement  et  récompense  au 
travail  et  à  l'intelligence  des  horticulteurs. 

^!  L'organe,  la  pubhcation  de  chaque  Société  va  surtout  porterie 
progrès  jusque  dans  le  moindre  hameau,  et  sert  de  lien  entre  tous 
les  membres  de  la  même  Société,  car  là,  chacun  peut  faire  part  à 
tous  ses  collègues  de  ses  observations  et  de  ses  petits  secrets,  car 
aujonrd'hui  les  secrets  professionnels  ne  se  lèguent  plus  de  père 
en  fils  comme  autrefois  ;  la  serre   à   multiplication  n'est  plus  un 


—  78  — 

sanctuaire  fermé  où  nul  profane  ne  devait  pénétrer  comme  au  temps 
de  nos  pères. 

Combien  de  maladies,  d'accidents  ont  trouvé  leur  cause  et  par 
cela  leur  remède,  ou  tout  au  moins  un  palliatif,  par  suite  des 
recherches  et  d'études  faites  sur  une  observation  ou  une  recette 
lues  dans  un  journal. 

Il  existe  encore  tant  de  ces  causes  inconnues,  les  observateurs 
ont  encore  un  si  large  champ  d'étude,  que  loin  de  nous  croire 
arrivés  à  la  perfection,  nous  devons  rechercher,  observer  davan- 
tage parce  que,  le  chemin  nous  étant  tout  tracé,  nous  devons 
fouiller  plus  profond  dans  les  secrets  de  la  nature. 

Un  de  ces  accidents  dont  les  causes  sont  peu  connues,  et  qui 
porte  un  préjudice  considérable  à  l'arboriculture,  est  la  non 
réussite  des  plantations  d'arbres  aux  emplacements  où  des  arbres 
de  même  essence  ont  vécu  un  certain   nombre  d'années  et  péri. 

Pourtant  on  ne  peut  démolir  un  mur  parce  que  les  pêchers  n'y 
prospèrent  plus,  et  ce  mur  qui  a  donné  un  si  beau  résultat  ne  peut 
pas  rester  nu  ;  il  serait  donc  utile  de  trouver  le  moyen  de  faire 
vivre  et  prospérer  de  nouveaux  pêchers  ou  autres  arbres  là  où 
une  génération  de  même  essence  a  succombé. 

Quelle  est  la  cause   de  cette  non  réussite  ? 

Les  uns  disent  «  la  terre  est  usée,  »  erreur,  la  terre  quoique 
appauvi^ie  peut,  par  le  moyen  des  engrais,  se  reconstituer  et  donner 
ensuite  les  mêmes  résultats  qu'auparavant. 

Les  autres  disent  a  la  terre  est  empoisonnée,  »  c'est  mou  avis, 
mais  quelle  est  la  nature  du  poison  ?  quelle  en  est  la  provenance  ? 
pour  répondre  à  ces  questions,  allons  rechercher  plus  haut  une 
origine  à  cette  cause. 

La  nature,  comme  une  mère  jalouse,  nous  montre  ses  splen- 
deurs, mais  nous  cache  ses  secrets,  et  parmi  ceux-ci  il  y  en  a  un, 
la  circulation  de  la  sève  dans  les  végétaux,  qui  n'est  pas  résolu, 
tant  s'en  faut  ;  ou  ne  peut  donner  que  le  résultat  des  observations, 
résultat  plus  ou  moins  juste,  voilà  mon  opinion,  qui  est  appuyée 
par  la  cause  dont  il  est  question    ci-dessus. 

Quoiqu'on  puisse  dire,  on  ne  peut  nier  qu'il  existe  une  sève 
ascendante  qui,  puisée  brute  par  les  racines,  monte  à  la  pointe 
des  rameaux;  cette  sève,  après  avoir  été  élaborée  par  les  feuilles, 
comme  dans  l'estomac  d'un  animal,  redescend  entre  l'écorce  et  le 
bois  et  forme  l'obier,  mais  il  faut  croire  que  dans  cette  sève 
élaborée  il  existe  des  matières  non  assimilables  à  la  nature  du 
végétal,  lesquelles  sonl  rejetées  par  des  racines  spéciales;  donc 
je  conclus,  que  les  végétaux  possèdent  une  vie  semblable  à  celle 
des  animaux,  qu'ils  absorbent  la  nourriture  brute  et  déjectent  des 
excréments,  que  ces  fonctions  se    font  par  des  racines  différentes. 


—  79  — 

La  terre  serait  donc  imprégnée  de  ces  déjections  lorsqu'un  arbre 
y  a  vécu  un  certain  nombre  d'années,  les  arbres  congénères  à  celui 
qui  y  a  produit  ces  excréments  ne  pourrait  s'en  nourrir  par  la 
même  raison  qu'un  animal  ne  se  nourrit  des  déjections  de  ses 
pareils. 

La  terre  étant  imprégnée  de  matières  impropres  à  la  vie  de  ces 
mêmes  végétaux,  il  s'agirait  de  la  purifier,  de  lui  rendre  son  état 
normal;  par  quels  moyens  ?  voilà  la  difficulté. 

L'oxygène  de  l'atmosphère  brûle  et  purifie  la  terre,  mais  à  la 
condition  de  la  mettre  au  contact  de  l'air,  ce  serait  par  des  défon- 
cements  fréquents  qu'on  obtiendrait  ce  résultat,  encore  faudrait-il 
les  faire  pendant  plusieurs  années. 

On  pourrait  changer  la  terre  autour  et  à  une  certaine  distance 
des  racines  du  nouvel  arbre  planté,  et  défoncer  ou  mettre  à  l'air 
au  moins  deux  fois  par  an  la  terre  où  ont  pu  pénétrer  les  racines 
des  arbres  occupant  antérieurement  le  terrain,  et  cela  pendant 
plusieurs  années. 

Cette  opinion  n'étant  basée  sur  aucune  expérience,  je  ne  la 
mentionne  qu'à  titre  d'hypothèse. 

Si  la  science,  qui  a  fait  de  si  utiles  découvertes,  nous  offrait  un 
composé  brûlant  et  purifiant  la  terre  sans  la  rendre  impropre  à  la 
nourriture  des  végétaux,  nous  pourrions,  j'en  suis  convaincu,  la 
remercier  d'un  nouveau  et  immense  service  qui  serait  utile,  non 
seulement  à  la  cause  dont  il  est  question  dans  cette  article,  mais 
qui  serait  applicable  dans  beaucoup  d'autres  cas(l). 

Besson, 

Horticulteur,   à   Voiron  (Isère.) 

0)  Le  fait  est  bien  certain,  les  arbres  ou  les  arbustes  appartenant  au 
même  genre  languissent  ou  ne  donnent  plus  une  aussi  vigoureuse  végé- 
tation quand  on  les  plante  dans  un  sol  où  croissaient  auparavant  leurs 
congénères.  Le  défonçage  et  la  fumure  du  terrain  ne  font  qu'atténuer  sans 
faire  disparaître  la  cause  qui  produit  cet  appauvrissement  de  la  végétation. 
Mais  quelle  est  cette  cause,  voilà  la  question  ? 

Notre  collègue,  M.  Besson.  l'attribue  à  une  sorte  d'empoisonnement  du 
sol  par  les  racines  qui  sécréteraient  une  substance  quelconque  dont  les 
arbres  nouvellement  plantés  ne  s'accommoderaient  pas.  Cette  hypothèse 
est-elle  vraisemblable?  Nous  n'osons  pas  dire  non,  parce  que,  en  effet, 
pour  arriver  à  s'assimiler  les  matières  minérales,  les  spongioles  doivent 
auparavant  aider  à  leur  dissolution  en  émettant  probablement  des  sucs  qui 
les  rendent  solubies  et  assimilables. 

Mais,  de  là  à  un  empoisonnement  du  terrain,  il  y  a  quelques  réserves  à 
faire.  Ne  pourrait-on  pas,  par  exemple,  faire  intervenir  l'appauvrissement 
du  sol  !  On  sait  que  les  matières  minérales,  quoique  en  très  grande  quantité 
dans  le  terrain,  contiennent  des  éléments  immédiatement  assimilables 
pour  les  plantes,  et  d'autres  qui  ont  besoin  pour  le  devenir  de  subir 
l'influence  de  l'air,  de  l'eau  et  de  la  chaleur.  Les  engrais,  le  fumier  notam- 
ment qui  est  le  plus  généralement  employé,  n'étant  pas  fait  avec  des  débris 
d'arbres  ou  d'arbustes,  ne  contient  peut-être  pas  en  quantité   suffisante  les 


-'  80 


1)}^   '^^ 


Zingiber  officinale  Roscoë 

(Gingembre   officinale). 
Synonymes  :  Amomum  Zingiber  L.,  Zingiber  majus  Rumph. 

Les  anciens  ont  donné  le  nom  d'^momtim  (du  grec  :  plante 
odoriférante)  à  plusieurs  genres  de  plantes  très  différents  ;  c'est 
ainsi  que  les  Chcnopodium  bolrijs,  Solaïuim  pscudo-capsicum,  Sison 
Amomum,  Piper  Icngum,  etc.,  ont  porté  le  nom  de  Amomum 
officinale,  que  Linné  a  donné  ensuite  au  Gingembre  officinale. 


éléments  indispensables  aux  aibres  nouvellement,  plantés,  et  ne  peut,  par 
conséquent,  les  fournir  au  sol  qui  en  est  provisoirement  épuisé.  Cette 
hypothèse  paraît  s'appujer  sur  la  théorie  des  engrais  composés  en  prévision 
de  la  culture  de  plantes  déterminées  dont  on  a  préalablement  fait  l'analj'se 
chimique.  (.V.   d.  l.  R.) 


81 


Le  Gingembre  officiiuile  est  originaire  des  Indes  orientales  et 
des  îles  Molnques  ;  il  a  été  transporté,  il  y  a  bien  longtemps,  par 
les  Espagnols  au  Mexique,  d'où  il  s'est  répandu  dans  les  Antilles, 
à  la  Guyane,  à  la  Jamaïque  qui  en  produisent  des  quantités. 

Le  Gingembre  est  un  stimulant  très  énergique,  doué  d'une 
saveur  acre  et  piquante,  d'une  odeur  très  aromaiique.  Dans  les 
pays  ou  trop  chauds  ou  trop  froids,  on  s'en  sert  pour  stimuler  la 
digestion  ;  il  passe  pour  aphodisiaque  et  autiscorbutique.  Il  entre 
dans  la  fabrication  d'une  bière  anglaise  fort  en  usage  dans 
le  nord  de  l'Europe.  Le  Gingembre  est  également  très  estimé 
comme  condiment;  les  racines  fraîclies,  confites  au  sucre,  sont 
préférables  à   toute  autre  espèce  de  confiture. 

Le  Gingembre  officinale,  ainsi  que  le  montre  la  figure  ci-contre, 
est  formé  d'un  rizhorae  qui  s'étend  en  rampant  dans  le  sol.  Au 
printemps,  plusieurs  tiges  vertes,  semblables  à  des  roseaux, 
s'élèvent  de  GO  à  80  centimètres  de  hauteur  et  sont  garnies  de 
feuilles  étroites,  étalées  à  angles  droits  et  engainantes.  Les  inflo- 
rescences beaucoup  moins  hautes,  —  25  à  30  centimètres,  — 
sont  constituées  par  des  épis  terminaux,  solitaires,  claviformes, 
formés  de  bractées  larges,  ovales,  imbriquées,  d'entre  lesquelles 
sortent  les  fleurs.  La  floraison  a  lieu  en  septembre.  La  plante  es 
dessèche  et  entre  en  repos  en  octobre. 

La  culture  du  Gingembre  n'est  aisée  que  pour  ceux  qui  dis- 
posent d'une  serre  chaude.  Le  rempotage  se  fait  en  mars  et  avril  ; 
on  place  les  rhizomes  peu  profond  et  on  les  recouvre  de  terre  ; 
on  enterre  les  pots  dans  une  couche  de  tannée.  Les  arrosages 
doivent  cesser  aussitôt  que  les  feuilles  commencent  à  jaunir.  La 
multiplication  doit  se  faire  au  moment  du  rempotage  par  la  sépa- 
ration ou  le  tronçonnement  des  rhizomes. 

Le  Gingembre  appartient  à  la  famille  des  Zingibéracées.  Cette 
famille  a  porté  différents  noms  :  Sciiaminées  (R.  Br.)  ;  Àmomèes 
(Juss.)  ;  Alpinlacées  (Link.)  ;  elle  a  des  affinités  très  étroites  avec 
les  Cannacécs  et  les  Musacées.  D''  Fritz. 


Quelques  mots  sur  les  Véroniques  hybrides 
d'Andersonii 

Les  Véroniques,  qui  font  le  sujet  de  cette  note,  sont  de  petits 
sous-arbrisseaux  vivaces,  à  feuilles  persistantes,  originaires  de  la 
Nouvelle-Hollande . 

Vers  1835,  les  horticulteurs  anglais  introduisaient  dans  les  cul- 
tures deux  espèces  précieuses  pour  l'ornementation  et  qui  ne  tar- 
dèrent pas,  pour  cette  raison,  à  se  répandre  dans  les  jardins  du 
continent.  Ces  deux  espèces  étaient  ; 


—  82  — 

1°  Feronica  speciosa  à  feuilles  épaisses,  coriaces,  brillantes,  très 
rapprochées,  de  forme  obovale  ; 

2°  Feronica  salicifolia  à  feuilles  relativement  étroites,  presque 
linéaires,  lancéolées,  et  les  fleurs  très  nombreuses  disposées  en  longs 
épis  (grappes)  cylindriques,  fleurissant  pendant  une  grande  partie 
de  l'année. 

Ces  deux  espèces  ont  produit  par  voie  de  semis  (soit  que  les 
fleurs  aient  été  fécondées  artiticiellement,  soit  qu'elles  n'aient  pas 
subi  de  croisement  direct)  une  assez  nombreuse  postérité.  Parmi 
les  gains  issus  de  ces  semis  les  horticulteurs  sont  parvenus  à  fixer 
une  race  très  belle,  qui  ne  varie  plus  guère  que  par  le  coloris  de 
ses  fleurs. 

Le  premier  bybride  de  Véronique  vendu,  vers  1840,  sous  le 
nom  de  Véronique  Andersonii  était  d'origine  anglaise.  Depuis 
cette  époque  les  semeurs  français  ont  à  leur  tour  obtenu  de  fort 
belles  variétés.  Un  de  ceux  qui,  dans  ces  dernières  années,  a  eu  la 
main  très  heureuse  est  M.  Boucharlat  jeune,  horticulteur  à  Lyon. 
A  la  suite  de  semis  successifs,  cet  horticulteur  est  arrivé  à  avoir 
des  variétés  bien  plus  précoces,  plus  florifères,  avec  des  grappes 
plus  allongées  et  à  enrichir  ce  genre  de  couleurs  qui  lui  man- 
quaient. 

C'est  généralement  à  l'automne  que  les  Véroniques  sont  dans 
toute  leur  beauté.  Avec  des  variétés  précoces  en  hivernant  des 
boutures  sous  châssis,  à  froid,  et  en  les  mettant  en  pleine  terre  dès 
les  premiers  beaux  jours,  il  sera  possible  de  faire  de  très  beaux 
massifs  dès  le  mois  de  septembre  jusqu'aux  gelées.  A  cette  épo- 
que on  devra  les  empoter  et  elles  pourront  servir  tout  l'hiver  pour 
garnir  les  vérandas,  les  orangeries,  etc. 

On  peut  encore  cultiver  et  dresser  les  Véroniques  en  couronne 
comme  les  petits  orangers  et  les  lauriers  Tins.  Sous  cette  foi  me 
ces  petits  arbustes  ne  manquent  pas  d'intérêt. 

M.  Boucharlat  jeune  dispose  chaque  année  d'un  très  grand 
nombre  de  Véroniques  parmi  les  plus  belles  variétés  de  ses  semis. 
Parmi  celles  mises  au  commerce  ces  années  dernières  on  peut  citer 
les  plus  belles,  ce  sont  :  Riche  Violette,  La  Reine,  Gloire  de 
Lyon,  La  Fée  aux  Roses,  Reine  des  Bleues,  Rose  Boucharlat, 
Belle  Lyonnaise,  etc.,  etc.  Cette  année,  M.  Boucharlat  jeune  a  été 
plus  heureux  encore,  et  parmi  les  nombreux  semis  qu'il  avait  sou  - 
mis  à  l'étude,  six  plantes  ont  été  choisies,  et  M.  Hoste  en  fit 
l'acquisition  pour  être  mis  au  commerce  au  printemps  1885.  Ces 
six  variétés  toutes  plus  belles  les  unes  que  les  autres  ont  été  appré- 
ciées par  une  Commission  de  visite  composée  de  MM.  Boucharlat 
aîné,  Hoste,  P.  Crozy  et  J.  Chrétien. 

Elles  sont  décrites  et  nommées  comme  ci-dessous  : 


—  83  — 

1"  M"*  Marie  Lagrange,  blanche  rosé,  rose  satiné  passant  au 
blanc  ; 

2°  Louise  Giron,  rouge  violet  à  étamines  scintillantes; 

3"  Séduisante,  rouge  à  long  épi  ; 

4"  Enchanteresse,  rouge  à  très  grande  fleur  ; 

5°  Gracieuse,  l'ouge  carmin  vif; 

6°  Nuée  bleue,  bleu,  extra-belle  ; 

La  culture  des  Véroniques  est  trop  fjicile  pour  en  causer  longue- 
ment. Les  boutures  devront  être  faites  de  préférence  en  automne 
et  au  printemps.  Lors  de  la  plantation  un  ou  deux  pincements  suf- 
fisent pour  faire  de  très  belles  plantes.  Tous  les  terrains  sont  bons 
pour  les  Véroniques,  pourvu  qu'on  n'y  économise  pas  le  fumier  ; 
en  été  quelques  arrosements  copieux  lors  de  la  sécheresse,  car  en 
général  cette  plante  a  besoin  d'eau  si  on  veut  avoir  une  bonne  végé- 
tation. Le  Bapporleur,   J.   CHRÉTIEN, 


La  Terrine  carrée 

Il  n'y  a  pas  de  jardiniers  qui  n'aient  gémi,  en  plaçant  les  anti- 
ques terrines  rondes  dans  leurs  bâches  ou  sur  la  banquette  de  leur 
serre,  sur  la  place  considérable  inutilement  perdue. 

Ce  défaut  a  d'ailleurs  toujours  été  si  bien  compris  que  beaucoup 
ont  essayé  de  faire  fabriquer  des  terrines  carrées.  Mais,  jusqu'à 
présent,  rien  de  convenable  n'avait  pu  être  fait. 

Certains  fabricants  avaient  bien  essayé  de  fabriquer  les  ter- 
rines absolument  carrées,  mais,  pour  leur  donner  la  résis- 
tance nécessaire,  ils  avaient  été  obligés  de  faire  des  parois  fort 
épaisses  qui  ont  fait  promptement  rejeter  leurs  échantillons. 

D'autres,  pensant  être  plus  habiles,  s'étaient  contentés  d'apla- 
tir les  côtés  des  terrines  rondes  ;  mais,  dans  ce  cas  encore,  la  so- 
lution n'était  qu'en  partie  trouvée,  une  place  assez  importante  était 
encore  perdue  parle  contour  des  angles. 

MM.  Rivoire  père  et  fils  ont  présenté  sur  le  bureau  de  l'Associa- 
tion horticole,  une  terrine  carrée  qui  ne  possède  aucun  des  défauts 
signalés  plus  haut.  Sa  venue  m'a  paru  si  importante  que  je  me  fais 
un  plaisir  de  vous  l'annoncer. 

Franchement  carrée,  les  parois  n'ont  pas  plus  de  sept  milimètres 
d'épaisseur  ;  un  étroit  cordon  de  même  épaisseur  la  ceint  à  la  par- 
tie supérieure. 

Sa  largeur  extérieure  est  de  2S  centimètres. 

La  terre  avec  laquelle  elle  est  fabriquée  est  claire  et  solide  et 
compacte  ;  c'est  grâce  à  cette  solidité  exceptionnelle  que  l'on  a  pu 
la  faire  si  légère.  Sa  résistance  est  très  forte. 


—  84  — 

A  ce  sujet  il  me  paraît  intéressant  d'établir,  par  quelques  chilïres, 
les  avantages  de  la  terrine  carrée  sur  la  terrine  ronde  ;  avantages 
dont  chacun  est  bien  convaincu,  mais  que  fort  peu  de  personnes 
connaissent  exactement. 

Prenons  pour  exemple  cette  terrine  carrée  de  28  centimètres 
de  côté,  et  une  autre  ronde  de  2S  centimètres  de  diamètre  qui  oc- 
cuperaient, naturellement,  la  même  place  sur  une  banquette. 

Pour  la  terrine  ronde,  le  calcul  nous  indique  que  la  surface  sur 
laquelle  on  peut  faire  le  semis  sera  de  615  centimètres  carrés. 

Tout  en  n'occupant  pas  plus  de  place,  la  terrine  carrée  présente 
donc  une  surface  utilisable  supérieure  de  169  centimètres  carrés  à 
celle  de  la  terrine  ronde,  c'est-à-dire  de  plus  du  quart. 

Supposons  une  banquette  de  serre  ou  une  bâche  garnie  de  dix 
terrines. 

Si  elles  sont  rondes,  la  surface  qui  pourra  être  utilisée  pour  les 
semis  sera  de  61  décimètres  carrés  et  demi. 

Si  elles  sont  carrées,  cette  surface  sera  portée  à  78  décimètres 
carrés  et  demi.  C'est-à-dire  que  cette  seconde  surface  sera  supé- 
rieure de  17  décimètres  carrés  à  la  première  ;  c'est-à-dire  encore 
que,  sans  occuper  plus  de  place,  on  pourra  utiliser  la  valeur  de 
presque  trois  terrines  de  plus. 


Sur  la  croissance  des  arbres. 

L'accroissement  des  végétaux  ligneux  peut  être  considéré  sous 
deux  aspects  :  l'élévation  et  la  grosseur. 

La  croissance  en  hauteur  dépend  de  la  situation  qu'ils  occupent, 
c'est-à-dire  s'ils  sont  isolés  ou  au  milieu  des  taillis.  Les  expérien- 
ces de  Duhamel  prouvent  que  ceux  qui  se  trouvent  dans  le  dernier 
cas  cessent  de  s'élever  dès  qu'on  a  coupé  les  taillis  qui  les  environ- 
naient, quel  que  soit  leur  âge  à  l'époque  de  la  coupe. 

Ainsi  les  baHveaux  conservés  dans  un  taillis  coupé  tous  les  20  ans 
avaient  à  cet  âge  6  m.  05  de  hauteur  et  rien  de  plus  à  80  ans. 

Dans  un  taillis  coupé  tous  les  25  ans  les  baliveaux  avaient  à  cet 
âge  8  mètres  et  rien  de  plus  à  100  ans. 

Dans  un  taillis  coupé  tous  les  30  ans  des  baliveaux  conservés 
avaient  à  cet  âge  9  m.  07  et  rien  de  plus  à  120  ans. 

La  croissance  en  grosseur  est  au  contraire  plus  considérable 
dans  les  arbres  isolés.  Les  baliveaux  mesurés  dans  un  taillis  soumis 
à  la  coupe  tous  les  20  ans  avaient  0  m.  27  de  circonférence  à  la 
première  coupe  ;  0  m.  65  à  40  ans  ;  1  m.  08  à  60  ans  et  1  m.  44 
à  80  ans,  d'où  il  suit  que  l'accroissement  de  la  première  période 


—  85  — 

de  20  ans  a  été  plus  faible  que  celui  des  trois  autres  périodes,  pen- 
dant lesquelles  les  baliveaux  étaient  isolés.  La  différence  en  moins 
est  de  0  m.  11  avec  l'accroissement  de  la  deuxième  coupe,  de 
0  m.  Ifi  avec  celui  de  la  troisième  et  de  Om.  9  avec  celui  de  la 
quatrième . 

Toutefois,  l'accroissement  en  grosseur  des  baliveaux  conservés 
est  plus  considérable  dans  ceux  qui  font  partie  de  taillis  soumis  à 
des  coupes  faites  à  de  longs  intervalles.  Ainsi  ceux  conservés  dans 
un  taillis  coupé  tous  les  20  ans  avaient  à  la  première  coupe  0  m. 
27  de  circonférence  et  1  m.  44  à  la  quatrième  ;  ceux  conservés 
daus  un  taillis  coupé  tous  les  30  ans  .-ivaient  à  la  première  coupe 
0  m.  40  de  circonférence  et  à  la  quatrième  2  m.  37. 

Il  résulte  encore  des  expériences  comparatives  du  même  auteur, 
que  l'accroissement  d'un  végétal  ligneux  est  en  raison  inverse  de  sa 
densité  et  de  sa  pesanteur.  Ainsi  le  peuplier  dont  le  pied  cube  pèse 
sec  environ  19  kilog.  croît  annuellement  en  hauteur  de  1  m.  35  et 
en  circonférence  de  0  m.  89,  tandis  que  le  chêne  dont  le  pied  cube 
pèse  sec  36  kilog.  croît  annuellement  de  0  m.  30  en  hauteur  et 
de  0  m.  23  en  circonférence. 

De  tous  ces  faits  on  peut  tirer  la  conclusion,  que  d'ailleurs  la 
pratique  confirme,  que  pour  obtenir  les  arbres  les  plus  beaux  en 
hauteur  et  en  grosseur,  il  faut  faire  les  coupes  à  l'âge  le  plus 
avancé  que  peut  le  permettre  le  terrain  que  l'on  exploite. 

Do VERGE. 

Mastic  pour  fixer  les    vitres    des    serres    chaudes  et  des  endroits 
où  la  tempèiature  est  élevée  et  humide. 

t(  Pour  composer  ce  mastic,  dit  la  France  agn'cole,  on  prend  du 
vernis  d'imprimeur  que  Ton  met  dans  un  mortier  chaud,  on  y 
ajoute  du  blanc  d'Espagne  pulvérisé,  un  peu  de  litharge,  et  on 
mélange  le  tout  pour  en  former  une  pâte  molle. 

On  enduit  la  rainure  du  cadre  dans  laquelle  doit  reposer  le  verre, 
dont  on  recouvre  alors  les  extrémités  avec  le  même  produit. 

Si  le  mastic  est  bon,  il  doit  être  sec  en  six  heures  au  dehors,  en 
moins  de  temps  à  l'intérieur. 

Cetle  colle  lie  si  fortement  le  ver  au  cadre,  que  ni  l'air  ni  l'eau 
ne  peuvent  la  traverser,  quelque  temps  qu'il  fasse  ;  le  bois  pourri- 
rait que  les  carreaux  ne  se  détacheraient  pas.  On  s'en  sert  aussi 
pour  recoller  les  vitres  ou  les  cloches  cassées  ou  fendues.  On  peut 
aussi  s'en  servir  pour  boucher  les  arrosoirs  percés,  en  enduisant 
une  banda  de  toile  qu'on  colle  sur  les  trous. 

On  conserve  ce  uiastic  dans  une  vessie  mouillée  tenue  dans  un 
endroit  humide.  » 


—  86 


Calendrier  horticole. 


Jiésumé  des  Ifavaux  cl  des  semis  à  faire  dans  les  iwdiiis. 


MARS 

De  tous  les  mois  de  l'année,  celui  de  mars  tient  la  première 
place  pour  l'abondance  des  travaux  à  exécuter  dans  les  jardins.  De 
quelque  côté  qu'il  se  tourne,  le  jardinier  qui  n'a  pas  su  profiter 
des  beaux  jours  de  l'hiver  pour  faire  une  partie  de  sa  besogne, 
se  sent  talonner  par  la  végétation  qui  lui  crie  :  Dépêche-toi,  ça 
presse,  tu  es  en  retard.  C'est  en  mars  que  le  jardinier  devrait  — 
sous  forme  de  sentence  —  écrire  contre  la  muraille  et  en  gros 
caractères  :  L'année  prochaine,  je  ferai  dans  mon  jardin,  en  décem- 
bre, janvier  et  février,  tous  les  travaux  qui  peuvent  sans  danger 
se  faire  à  cette  époque  aussi  bien  qu'en  mars. 

Jardin  d'agrément.  —  Il  faut  achever  les  labours,  les  plantations 
d'arbres,  d'arbustes  et  de  plantes  vivaces.  On  refait  les  bordures, 
tond  les  haies,  ratisse  les  allées,  peigne  les  gazons.  Si  quelques 
élagages  ou  taille  d'arbustes  ont  été  oubliés,  ou  se  hâte  de  les  faire 
au  plus  vite. 

On  pourra  semer  en  place,  en  bordure,  en  pots  ou  en  pépinière, 
pour  être  repiquées  plus  tard,  les  espèces  suivantes   : 


Belle  de  jour. 

Belle  de  mit. 

Bleuet. 

Clarkia. 

CoUinsia. 

Coquelicot. 


Cori'opsi^. 

Julienne  de  Miihon. 

Malope. 

Mufliers. 

Nemophile. 

Nigelles. 

Œillets  de  Chine. 


Omphalode. 

Phlox  '!e  Drumniond. 

Pied  d'alouette, 

Tiilaspi. 

Valériane. 

Viscaria,  etc. 


Nous  ne  conseillons  pas  de  semer  une  foule  de  plantes  vivaces  à 
cette  époque,  si  on  ne  dispose  pas  d'une  couche  couverte  de  châs- 
sis, sauf  un  assez  petit  nombre  d'espèces  qu'on  arrive,  par  ce 
moyen,  à  faire  fleurir  dans  l'année  du  semis,  la  plupart  des  autres 
ou  ne  germent  pas —  n'ayant  pas  été  stratifiées  —  ou  si  elles  ger- 
ment, embarrassent  inutilement  le  terrain  peadanl  six  mois  de 
l'année.  Sur  couche,  on  pourra  semer  toute  la  siTie  des  plantes 
annuelles  qui  demandent  à  être  un  peu  avancées  et  surtout  de  la 
chaleur  pour  germer.  De  ce  nombre  sont  : 


Ageratum. 

Amarantes  diverses. 

Argemone. 

Balsamines. 

Capucines. 

Cobœa. 

Coleus. 


Coreopsis. 

Cosmos. 

Giroflées. 

Immortelles. 

Lobelia. 

Œillets  de  Chine. 

Œillets  d'Inde. 


Pervenche  de  Mada- 
gascar. 
Reine  Marguerite. 
Réséda. 
Ricin. 
Zinnias,  etc. 


—  87  — 

Jardin  fruitier.  —  On  achève  la  taille  de  tous  les  arbres  à  fruit 
et  des  vignes  et  on  laboure  au  pied  des  arbres.  Si  dans  le  cours  de 
l'année  on  a  aperçu  des  sujets  atteints  de  la  jaunisse,  il  faut  en 
déchausser  délicatement  les  racines,  autour  desquelles  on  mettra  de 
nouvelle  terre  mêlée  de  terreau.  Si  le  sol  est  humide,  un  bon  drai- 
nage dans  le  voisinage  des  racines  sera  le  meilleur  moyen  de  réta- 
blir la  santé  des  arbres  malades. 

Jardin  potager.  —  Le  potager  doit  être  prêt  à  recevoir  les  semis, 
c'est-à-dire  qu'il  doit  être  fumé  et  labouré. 

On  débutte  les  artichauts,  on  laboure,  fume  et  chausse  les  asper- 
ges. On  plante  les  premières  pommes  de  terre.  On  replante  les 
porte-graines  de  céleri,  oignons,  navets,  carottes,  betteraves,  etc. 

C'est  le  moment  de  semer  : 


Arroche. 

Choux-rave-. 

Poireaux. 

Betteraves  à  salade. 

Choux-navets. 

Poirée  à  cardes  (Bettes 

Carottes, 

Epinards. 

ou  Blettes). 

Cerfeuil. 

Fèves. 

Pois. 

Chicorée  sauvage. 

Laitues  diverses. 

Radis. 

—       améliorée. 

Navets  hâtifs. 

Roquette. 

Choux  pommés. 

Oignons. 

Salsifis. 

—     verts. 

Oseille. 

Scorzonère. 

—     de  Bruxelles. 

Panais. 

etc. 

Choux-fleurs. 

Persil, 

On  peut  également  refaire  ou  multiplier,  parla  division  des  sou- 
ches, la  plupart  des  plantes  vivaces,  telles  que  :  Artichaut,  Cibou- 
lette, Chou-marin,  Cresson  de  fontaine,  Estragon,  Fraisiers  des 
Quatre-saisons,  Oseille,  Perce-pierre,  etc. 


Serres  et  châssis.  — La  plus  grande  activité  doit  également  régner 
dans  les  serres  et  châssis.  C'est  le  moment  de  passer  sur  couche 
chaude  les  Fuchsias,  Héliotropes,  Calcéolaires,  etc.,  bouturés  le 
mois  précédent  ou  hivernes  en  godets.  On  sème  les  Pétunias.  Glo- 
xinias,  Bégonias  bulbeux  et  autres  plantes  délicates  dans  leur  jeune 
âge.  Les  rempotages  doivent  s'avancer.  On  se  méfiera  des  coups 
de  soleil  qui  sont  dangereux  à  cette  époque.  On  donnera  de  l'air 
aux  serres  froides  ou  tempérées  et  même,  si  la  chaleur  est  élevée, 
un  peu  aux  serres  chaudes.  Les  arrosements  doivent  être  surveillés 
de  près.  Aussitôt  l'apparilion  des  pucerons,  on  bassine  les  plantes 
au  jus  de  tabac.  On  peut  commencer  l'arrosage  à  l'engrais  liquide 
sur  toutes  les  plantes  qui  poussent  vigoureusement. 


—  88  — 
Pomologie 

— (  Observations  sur  les  Poires  ) — 

Jaloy.  —  Syn.  :  1°  Jaloi  ;  2°  Jalvie.  —  Arbre  assez  vigoureux,  qui  se  con- 
duit sous  toutes  formes  ;  assez  fertile.  Fruit  moyen  dfl  la  forme  du  bourré 
d'Hardempont,  de  2*  qualité.  Maturité  de  décembre  à  janvier. 

Jaminelte. — Sjn.  :  1"  Jamisoette;  2'  d'Austrasie;  3»S^bine  d'hiver;  4° Ber- 
gamote d'Austiasie;  5»  Mariot;  6°  Firolle;  7°  beurré  d'Austrasie;  8°  Colmar 
Janninette;  9°  Joséphine  d'hiver;  ]  0°  Belle  d'Austrasie;  11°  Cras-anne 
d'Austrasie;  12°  Bergamotts  Chenninette  ;  18°  beurré  Saint-Hélier ; 
14°  Maroit  ;  15°  Marois  ;  16°  R)i  de  Rome  ;  17°  Buisson  ;  18°  Joséphirje  de 
France;  19°  Wilheralmine  d'hiver.  —  Arbre  très  vigoureux,  peu  fertile, 
très  long  à  se  mettre  à  fruit.  La  forme  haute  tige  lui  convient  le  mieux. 
Fruit  plutôt  petit  que  moyen,  de  2°  qualité.  Maturité  de  décembre  à  janvier. 

Jean  de  Wttt. —  Syn.  :  1»  beurré  de  Hcmptienne  ;  2°  Passe  Colmar  Fran- 
çois. —  Arbre  peu  vigoureux  qu'il  faut  grelTer  sur  franc  pour  les  grandes 
formes;  très  fertile.  Fruit  petit,  assez  bon.  Maturité  d'octobre  à  déiiembre, 

Joséphine,  de  Mulines.  —  Arbre  peu  vigoureux;  les  petites  formes  lui  con- 
viennent le  mieux  ;  assez  fertile.  Fruit  petit,  très  bon.  Maturité  de  novembre 
à  janvier. 

La  Juive.  —  Arbre  difficile  à  cultiver  à  cause  de  son  peu  de  vigueur.  Je 
l'ai  greffé  sur  franc,  sur  cognassier  et  sur  intermédiaire  ;  j'ai  toujours 
obtenu  le  jnème  résultat  ;  le  bois  se  gerce,  reste  rabougri  al  ne  rapporte 
rien.  Fruit  :  je  n'en  puis  rien  dire,  n'ayant  jamais  eu  l'avantage  de  le 
récolter. 

Jules  Bivort.  —  Syo.  :  P  Délices  de  Louwenjoul  ;  2»  Délices  de  Lavauyau; 
3°  dé  Lavoyau  ;  4°  Délices  de  Louvenjoul  ;  5°  Délices  Lavieujan..  —  Arbre 
vigoureux  auquel  toutes  les  formes  conviennent;  très  feitile.  Fruit  moyen, 
parfois  gros,  très  bon.  Maturité  en  septembre. 

Kini-Edward's.  —  Aibre  a-sez  vig.)ureux,  à  boi.s  très  gros  ;  ne  convient 
que  pour  les  formes  cordon?  pour  deux  motif-;  :  1°  il  est  dépourvu  de  bran- 
ches; 2°  les  orages  font  tomber  ses  fruits  qui  sont  très  gros;  peu  fertile. 
Fruit  de  3»  qualité  qui  a  le  défaut  de  blettir  vite.  Maturité  courant  sep- 
tembre. 

Kincjht's  Mona7'ck.  —  Arbre  vigoureux,  toutes  les  formes  lui  conviennent; 
assez  fertile.  Fruic  ne  dépassant  pas  la  moyenne  en  grosseur,  très  bon. 
Maturité  d'octobre  à  novembre. 

Lahtrand.  —  Arbre  vigoureux  greffo  sur  n'importe  quel  snjet,  sa  conduit 
sous  toutes  formes;  trè?  fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité  courant 
septembre.  Routin. 

REVUE  DES  CATALOGUES 

F.  MoREL  et  fils,  33,  rue  du  Souvenir,  à  Vaise,  Lyon.  —  Catalogue  annon- 
çant des  plantes  nouvelles  ou  inédites  mises  en  vente  au  printemps  1885. 
Clématites:  F.  Moral,  Perle  d'azur,  Eioile  violette  ;  CotODc;ister  Davidiana 
etianaia;  arbres  fruitiers;  Glaïeuls  rustiques;  collection  de  Clématites; 
arbustes  verts  de  choix.  Magnolias,  etc. 

Ketten  frères,  rosiéristas  à  Luxembourg  (Grand  Duché).  —  Nomenclature 
descriptive  des  rosiers  nouveaux  pour  1785.  78  rosiers  nouveaux  y  compris 
le  rosier  portugais  Lusiadas  (Costa;  soat  annoncés  dans  ce  prospectas.  Envoi 
franco  sur  demande. 


Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOKEL. 


Lyon,  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Dellon,  r.  de  la  République,  33. 


1885  MARS  N»     6 


CHRONIQUE 


Acclimalalion .  —  Il  en  est  un  peu  de  l'acclimatation  comme  de 
l'âne  qui  était  resté  huit  jours  sans  manger  et  qui  mourut  le  neu- 
vième. ((C'est  dommaf^e,  disait  son  propriétaire,  il  commençait 
bien  à  s'y  habituer.  »  Quand  on  plante  des  espèces  frileuses  dans 
les  jardins,  elles  supportent  tous  les  hivers  qu'elles  peuvent  sup- 
porter, et  elles  gèlent  sans  façon  dès  que  le  sieur  Mercure  descend 
un  peu  trop  bas  dans  les  petits  tubes  nommés  thermomètres. 
Toutes  les  théories  possibles  sur  l'acclimatation  ont  reçu  comme 
cela,  de  temps  à  autres,  de  petits  accrocs  qui  en  ont  singulière- 
ment diminué  la  valeur.  La  sélection  n'y  peut  rien,  ou  si  elle  y 
peut  quelque  chose,  nous  sommes  bien  naïfs  de  construire  à  grands 
frais  des  bâches,  des  orangeries  et  des  serres  ;  car,  en  habituant 
graduellement  au  froid  les  plantes  que  nous  y  logeons,  nous  de- 
vrions bien  vite  trouver  des  sortes  qui  se  riraient  des  hivers  rigou- 
reux. II  n'en  est  malheureusement  rien.  La  sélection,  appliquée 
dans  ce  cas,  n'a  aucune  valeur. 

Il  est  cependant  bien  agréable  de  pouvoir  montrer  en  pleine 
terre,  dans  son  jardin,  quelques  plantes,  arbres  ou  arbustes  rares 
des  pays  chauds.  Est-ce  complètement  impossible?  Oui,  pour  le 
plus  grand  nombre  :  mais,  avec  quelques  soins,  on  peut  espérer  en 
conserver  quelques  sortes  au  moins  pendant  un  certain  nombre 
d'années. 

A  ceux  qui  voudraient  tenter  l'essai  d'acchmater,  dans  le  centre, 
l'est  et  le  nord  de  la  France,  des  espèces  relativement  sensibles  au 
froid,  mais  qui  supportent  cependant  de  7  à  10'  sans  périr,  je 
recommanderai  toujours  de  choisir  des  pentes  abritées  et  bien 
drainées.  Plusieurs  exemples  vraiment  curieux  peuvent  être  cités 
à  l'appui  de  ce  conseil  :  Dans  les  environs  de  Belley  (Ain),  à  Muzin, 
il  y  a  une  station  où  croissent  plusieurs  plantes  à  l'état  sauvage  et 
qui  n'y  gèlent  jamais.  Plantées  à  Lyon,  les  mêmes  espèces  ne  sup- 


—  90  — 

portent  pas  les  hivers  les  plus  ordinaires,  et  cependant  Belley  est 
incomparablement  plus  au  nord  que  Lyon  ;  il  y  gMe  même  très 
rif^oureusement.  Or,  ces  plantes,  parmi  lesquelles  je  citerai  le  Pis- 
tachier et  rOsyris  alba,  croissent  dans  les  fissures  des  rochers  et 
les  rocailles;  elles  poussent  peu,  tieurissent  et  mûrissent  lours 
graines,  ce  qui  prouve  que  les  conditions  dans  lesquelles  elles 
végètent  sont  éminemment  favorables  pour  rendre  leurs  tissus 
rustiques. 

Dcsiriwiion  de  l'altixo  on  tiqud.  —  L'altiso  est  un  insecte  très 
leste,  ibrt  joli,  mais  inlîaiment  désagréable  aux  cultivateurs.  Les 
cultures  de  radis,  les  semis  de  navets,  de  choux  et  autres  cruci- 
fères soulfrent  beaucoup  de  leur  fréquentation.  Comme  les  altises 
s'esquivent  lestement  quand  on  les  asperge  d'un  insecticide  quel- 
conque, M.  Duval,  horticulteur  à  Chaville,  a  autrefois  signalé  un 
moyen  pour  les  éloigner  des  cultures  qu'elles  ravagent.  Ce  moyen 
consiste  à  terreauter  les  semis  avec  du  crottin  de  cheval  le  plus 
récemaient  sorti  de  l'écurie.  On  le  bat  un  peu,  pour  l'émiotter  et 
on  en  garnit  le  terrain  d'une  légère  épaisseur;  on  arrose  par 
dessus  et  en  peu  de  jours  le  plaiit  sort  de  terre  et  n'est  jamais 
attaqué  par  les  altises.  M.  Duval  attribuait  ce  fait  à  l'odeur  péné- 
trante que  répand  le  crottin  de  cheval  étendu  au  soleil.  Toujours 
est-il  que  ces  insectes  n'approchent  pas  et  que  les  jardiniers  peu- 
vent par  ce  moyen  garantir  pendant  tout  l'été  leurs  semis  de  cru- 
cifères. 

On  a  également  indiqué  u.n  autre  procédé  pour  détruire  les 
altises;  il  consiste  à  faire  tremper  pendant  quelques  heures,  dans 
une  forte  saumure,  les  graines  à  semer.  L'auteur  prétend  que  les 
œufs  des  altises  sont  détruits  par  cette  immersion  dans  la  saumure 
et  que  ces  insectes  ne  se  montrent  pas  dans  les  semis  dont  les 
graines  ont  été  ainsi  traitées. 

Ecliinocereus  phœmceus.  —  J'ai  reçu  de  M.  Ménand,  horticulteur 
à  Albany,  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note.  Elle  était  accom- 
pagnée de  la  suscription  suivante  :  «  Ne  craint  pas  le  froid  ;  passe 
l'hiver  ici.  »  Or,  comme  ici,  c'est-à-dire  là-bas  en  Amérique,  près 
de  New-York,  le  thermomètre  descend  souvent  à  20  degrés  au- 
dessous  de  zéro,  cela  donnerait  à  penser  que  celte  cactée  serait 
absolument  rustique  sous  le  climat  de  la  France.  J'ai  voulu  vérifier 
le  fait  et,  cette  année,  VEcItinocercus  phœnireits  en  question  a  été 
abandonné  à  l'air  libre,  mais  froid  de  l'hiver.  Malheureusement 
pour  mon  expérience,  cette  saison  n'a  pas  été  rude  cette  année  : 
8  ou  9  malheureux  degrés  de  froid  et  c'est  tout.  La  plante  n'a  pas 
du  tout  souffert. 


—  91  — 

Transformation  des  vrilles  de  la  vigne  en  grappes.  —  Le  Journal 
d'Jgricullure  pratique  a  publié  une  très  intéressante  lettre  de 
M.  Cil.  Laporte,  relative  aux  moyens  de  transformer  en  grappes 
les  vrilles  improductives  de  la  vigne.  De  cette  lettre  nous  extrayons 
les  passages  suivants  : 

0  On  sait,  du  moins  c'est  la  croyance  générale,  que  les    vrilles   qui 

poussent  certaines  ani.ées  en  si  grande  abondance  ne  sont  autre  chose  que 
des  raisins  avortés. 

«  Pénétré  de  cette  pensée, je  m'étais  demandé  bien  souvent  s'il  n'était  pas 
possible  d'obtenir  que  les  vrilles,  au  lieu  de  devenir  les  longues  excrois- 
sances contournées  que  l'on  conn-iît,  et  qui  épuisent  inutilement  la  vigne, 
pussent,  iu  contraire,  produira  de  beaux  et  boas  raisins.  J'ai  acquis  la 
certitude  que  rien  n'est  plus  facile. 

«  Si  l'on  examine  la  vrille  dans  1  s  premiers  jours  de  sa  croissance,  on 
remarq'ie  qu'elle. est  divisée  en  deux  ou  trois  filaments  très  ténus.  C'est 
un  de  ces  filaments  qu'il  s'agit  de  ret"anchir  ou  de  pincer  avec  précaution 
toutefois  pour  r.e  pas  endommager  les  autres.  Mais  on  devra  éliminer  de 
préférence  celui  à  la  base  duquel  on  remarquera  un  petit  renflement,  sorte 
de  petit  follicule  tiès  exigu.  C'est  en  cela  que  consiste  l'opération;  mais 
aussitôt  après  il  est  merve  lieux  de  voir  la  rapidité  avec  laquelle  sa  formera 
le  raisin. 

«  Lorsqu'au  printemps  11  température  le  favorise,  trois  ou  quatre  jours 
au  plus  suffisent  pour  qu'on  le  voie  apparaître.  Et  tous  ceux  qu'on  aura 
ainsi  fait  naître  pendant  le  mois  de  mni  seront  aussi  beaux  que  leurs  voisins 
venus  naturfillemen'.  Du  reste,  tant  que  la  végétation  aura  a<sez  de  force, 
pendant  la  mois  de  juin  et  même  pendant  les  premiers  jours  de  juillet,  on 
obtiendra  eneore  de  très  bons  résultats,  dont  on  sera  encore  plus  assuré  si 
l'on  a  soin  en  mèmj  temps  de  retraueti'jr  le  gourmand  qui  se  trouve  près 
de  la  vrille.  Enfin,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  la  principale  condition 
du  succès  est  de  saisir  le  moment  où  la  vrilla  vient  de  naître;  car  ai  l'on 
tarde  trop,  la  vrille  aura  perdu  toute  sa  force  et  toute  sa  sève  à  pousser 
ses  ramifications,  tt  le  raisin  aura  avoité.  » 

Malgré  quelques  expressions  d'une  exactitude  douteuse  (1)  qui 
ont  échappé  à  l'auteur  de  cette  lettre,  le  sens  en  est  assez  clair 
pour  être  compris  par  tout  le  monde,  et  chacun  pourra  à  son 
aise  vérifier  ce  que  cette  pratique  a  de  fondé.  Pour  ma  part,  je 
n'y  manquerai  pas.  Cependant  j'estime  que  lorsque  la  taille  de  la 
vigne  a  été  bien  faite  les  sarments  produisent  tous  les  raisins  que 
le  cep  peut  nourrir,  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'occuper  à  le 
surcharger  inutilement. 

Je  ne  partage  pas  l'opinion  de  l'auteur  qui  considère  les  vrilles 
comme  de  longues  excroissances  contournées  qui  épuisent  la  vigne. 
Les  vrilles  ne  sont  pas  des  excroissances,  mais  des  productions 
très  naturelles  qui  jouent  un  rôle  très  important  chez  la  plupart 
des  végétaux  grimpants  ou  sarmenteus.  Elles  n'épuisent  pas  plus 
la  vigne  que  les  feuilles  elles-mêmes. 


(1)  Fo?/!C«?e,  par  exemple,   qui  est   une  sorte  de  fruit  sêc,  n'a  aucun  rapport  avec 
le  petit  renflement  dont  veut  parler  l'auteur. 


^  92  — 

Deslruction  des  mulols.  —  M.  Comon,  professeur  départemen- 
tal d'agriculture  du  Pas-de-Calais,  indique  le  moyen  suivant  : 

On  prend  10  litres  de  blé  que  l'on  fait  macérer  pendant  plusieurs 
heures  dans  une  eau  contenant  par  litre  60  grammes  de  mélasse, 
on  retire  le  blé  et  on  le  laisse  sécher  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  col- 
lant :  on  le  roule  alors  dans  30  grammes  d'arsenic,  puis  dans  600 
grammes  de  farine  de  blé.  On  prend  avec  une  spatule  5  ou  6  de 
prahnes  ainsi  formées,  et  on  les  place  dans  un  trou  que  l'on  a  soin 
de  boucher  d'un  coup  de  talon.  Il  faut  environ  10  litres  de  blé 
pour  un  hectare. 

.  Moyen  emyloijè  pour  se  garantir  des  limaces.  —  M.  Henri  Pilhe  fait 
connaître  ce  procédé  que  nous  indiquons  sans  en  garantir  l'effi- 
cacité. 

Henri  Pilhe,  qui  avait  essayé  tous  les  moyens  recommandés  par 
les  cultivateurs,  les  jardiniers  et  les  livres,  et  qui  n'avait  eu  de  sa- 
tisfaction avec  aucun,  eut  l'idée  d'hacher  de  la  paille  très  mince  et 
d'en  répandre  autour  de  ses  légumes.  Il  a  raconté  que  le  lende- 
main il  trouva  les  limaces,  petites  et  grosses,  très  embarrassées  et 
mourante  au  milieu  de  cette  paille  menue  dans  laquelle  elles  s'é- 
taient aventurées  et  qui  s'étaient  collées  autour  de  leur  corps. 

Je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  ce  procédé  signalé  par  Joi- 
gneaux  dans  ses  Ephéméridcs  est  appliquable  en  grand,  mais  il  ne 
coûte  pas  cher  à  essayer.  Nous  préférions  cent  fois  que  quelqu'un 
voulut  bien  chercher  un  toxique  bon  marché,  qu'il  suffirait  de  mêler 
au  fumier,  au  terreau,  ou  de  répandre  sur  le  sol  pour  empoisonner 
les  limaces.  Cela  se  serait  pratique  si  le  produit  était  bon  marché. 

Allons  chercheurs  d'insecticides  à  l'ouvrage  ? 


J  propos  de  f  espèce.  —  Les  savants  se  disputent  depuis  fort  long- 
temps à  propos  de  l'espèce  et  la  discussion  reste  ouverte.  Chacun 
a  sa  petite  opinion  sans  compter  ceux  qui  ont  des  opinions  succes- 
sives sur  ce  sujet  difficile.  Les  uns  réunissent  ceci,  séparent  cela, 
et  si  d'aventure  on  leur  demande  pourquoi,  ils  répondent  :  c'est 
mon  opinion.  C'est  bientôt  dit.  Je  sais  bien  qu'on  ne  peut  pas  for- 
cer les  gens  à  ne  pas  avoir  d'opinions  personnelles,  mais  ne  pour- 
rait-on pas  leur  demander  d'être  conséquent  avec  eux-mêmes?  Je 
viens  de  hre  par  exemple  la  monographie  d'un  genre  polymorphe, 
fort  difficile  à  étudier,  dans  laquelle  l'auteur  s'élève  avec  énergie 
contre  les  «pulvérisateurs  d'espèces  »,  ces  gens  qui  embrouillent  la 
science,  ces  gens  qui,  ces  gens  que...  des  gaillards  en  un  mot  qui 
ne  sont  pas  bons  à  jeter  aux  chiens.  Allons,  me  dis-je,  à  la  bonne 
heure,  voilà  un  malin  qui  n'envoie  pas  dire  ce  qu'il  pense  du  voi- 


—  93  — 

sîn,  voyons  comment  il  traite  la  question  qu'il  reproche  aux  autres 
d'avoir  si  mal  traitée.  Ah!  misère,  prenez  mon  ours,  Monsieur  ! 
U  nous  la  baille  belle  le  monographe  en  question  :  nobis,  nobis,  tout 
nobis.  L'amour  du  nobis  (1)  le  perd.  Les  espèces  des  autres  ne 
valent  rien,  mais  les  siennes;  il  n'y  a  plus  que  les  siennes.  Il  était 
inutile  de  traiter  de  pulvérisateur  un  confrère  pour  pulvériser  à  son 
tour  quatre  pages  plus  loin. 

J'ai  du  reste  fait  cette  remarque  assez  souvent  :  les  Darwinistes 
les  plus  enragés  en  théorie  sont  bien  différents  en  pratique.  Si  je 
ne  craignais  pas  citer  des  noms  propres,  je  pourrais  vous  montrer 
des  auteurs  en  renom  qui  n'admettent  pas  toutes  les  espèces  de 
Linné  et  qui  élèvent  au  rang  d'espèces  avec  nobis  à  la  clef  de  sim- 
ples variétés  horticoles.  V.  V.-M. 

ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de  la  séance  du    45  février  1885 ,    tenue  dans   la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  J.  Chrétien,  vice-président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/2. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté. 

Correspondance.  —  La  correspondance  se  compose: 

Lettre  de  M.  Puvilland,  secrétaire,  s'eicusant  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance. 

M.  Viviand-Morel,  secrétaire  général,  dépouille  la  correspondance  impri- 
mée et  signale  les  revues  et  journaux  horticoles  renfermant  des  articles 
intéressant  l'horticulture  et  fait  circuler  ceux  contenant  des  illustrations. 

Présen/ations. — Il  est  donné  lecture  de  quatre  candidatures  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis  sans  protestation  les  candidats  présentés  à  la 
dernière  réunion. 

Ce  sont  MM.  : 

Pittet  (François),  horticulteur  à  Lausanne  (Suisse),  présenté  pirMM.  Jac- 
quier (Cl.)  et  tiUet. 

Robert  (Jean),  rue  de  la  Pyramide,  116,  Valse-Lyon,  présjnté  par  MM. 
Pagnoa  et  J.  Jusseaud. 

Burnichon  (Joseph),  jardinier  chez  M.  Bradin  (Henri),  avenue  Vailloud,  à 
S'iinte-Foy-lès-Lyon,  présenté  par  MM.  Gaillard  (Pierre)  et  Jusseaud  aîné. 

Verzieux-Ducai-re,  négociant,  quai  de  la  Pêcherie,  11,  Lyon,  présenté  par 
MM.  Ouinant  et  Deville. 

Feuga  fils,  architecte,  place  dos  Célestins,  6,  Lyon,  prédenté  par  MM. 
Valette  (Eiennej  et  J.  Jacquier. 

Descombes  (François),  jardinier-maraîcher  chez  M.  Lalouette,  château  de 
Moncelard.  àTassIn  fKhône),  présenté  par  MM.  Michaux  (Jules  et  C.  Verne. 

Cochet,  horticulteur,  à  la  Djmi  Lurie-Tassin,  présenté  par  MM.  Deville 
jeune  et  Accarie. 

(1)  Nobis.  Leg  créateurs  d'espèces  mettent  ce  mot  latin  à  la  suite  du  nom  ppécifj- 
que  pour  indiquer  qu'ils  sont  les  créateurs  de  Tespèce. 


—  94  — 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Eugène  Duviard,  deux  pieds  de  Cileri-rave,  excellent  légume 
d'hiver  dont  la  culture  est.  à  tort,  un  peu  négligée  dans  iio'.re  région.  Les 
pieds  présentés  sont  d'une  belle  grosseur. 

Par  M.  Charreton,  horiicnltpur  à  Lyon,  quatre  pot;  de  Cydnmen  persicum 
grandiflonim  de  toute  beauté.  Ces  plarites  sont  non  seulement,  remarquables 
par  l'abandance  et  la  dimension  des  Heurs  qu'elles  présentent,  mais  encore 
par  la  richesse  de  leur  coloris;  ces  pUutes,  parleur  vigueur,  dénotent 
qu'elles  ont  été  cultivées  avec  des  connaissances  de  culture  tout  à  fait  spé- 
ciales que  l'on  ne  peut  trouver  que  chez  les  spécialistes. 

ParM.  Cordier-Combet,  horticulteur  à  Lyon,  plusieurs  pieds  de  Cjclamen 
de  Perse  à  trè;?  grandes  fleurs,  qui  ne  sont  pas  m  jins  remarquables  que  ceux 
du  précédent  présentateur.  Parmi  les  plantes  présentées  par  M.  Oombet, 
une  est  à  Heur  double.  La  duplicature  n'étant  pas  due  à  la  transformation  des 
étamines  en  pétales,  mais  à  une  addition  de  pétales  supplémentaires,  il  y  a 
tout  lieu  de  penser  que  cette  variété  pourra,  d-ins  une  certaine  mesure,  sa 
reproduire  parla  graine. 

Les  Cyclamen  de  MM.  Cordier-Combit  et  Ch^rreton  font  honneur  à  ces 
deux  horticulteurs,  qui  ont  su  cultiver  ces  belles  plantes  aussi  bien  qu'en 
Angleterre. 

Par  M.  Corb'n,  jardinier-chef  chez  M.  le  duc  de  Mortemart,  à  Lachassagne 
(Rhône),  un  lot  de  poires  composé  des  variétés  :  Prince  N-ipoiéoa,  Berga- 
motte  de  Montluel  et  Joséphine  de  Malines,  et  plusieurs  Pommes  de  la 
variété  P.  Pigeon. 

Un  pied  de  Croton,  Baron  Jamfs  de  /iolhsc/iihl.  à  feuilles  grandes  d'un  brun 
rougtâtre  et  garni  depuis  la  base  jusqu'au  sommet;  le  snjet  présenté  est 
remarquable  comme  bonne  culture. 

Par  M.  Schmitt,  horticulteur,  Lyon  : 

Clivia  miriiala  Schmitlii.  minium  grenat,  coloris  tout  à  fait  nouveau  ; 

Cl.  m.  marmorata,  minium  orange  foncé  tout  p'  intillé  et  marbré  de  blanc, 
l'extrémité  des  pétales  pointé  blanc  pur; 

Cl.  m.  valotœfoi-mis,  Jltiurs  bien  érigées,  d'i-ne  forma  parfaite,  pétales 
larges  et  ne  le  recourbant  pa*.  La  fleur  minium  orange  clair  est  bien  évasée, 
l'intérieur  est  blanc  pur  ; 

Ci.  m.  splendida.  ombelle  très  large,  ûenrs  bi'n  ét\'é3S,  couleur  orange 
minium  brillant,  beaucoup  plus  foncée  que  cellj  du  Ijpe. 

Par  M.  Bernais,  hortioulteur-rosiériste,  Lyon,  de?  pieds  de  semis  de  Rosa 
polyantka;  les  sujets  présentés  sont  dés  semis  d'un  an,  et  comme  l'églantier, 
mais  beaucoup  moins  que  lui,  la  racine  tend  à  pivoter  lorsqu'ils  ont  été  semés 
ou  placés  dans  un  terrain  défoncé  profon  lé  nsnt.  M.  Bernaix  rappelle,  ainsi 
qu'il  a  déjà  dit  pour  sa  présentation  de  la  précédente  séance,  que  les  litsa 
pohjanlha.  emploj'és  commj  sujet  à  greffer  sur  collet,  seront  d'un  bon  secours 
pour  la  culture  du  rosier. 

Par  M.  Hoste,  horticulteur,  Lyon-Monijlaisir,  un  pied  de  Penstcmon  à 
feuilles  panachées,  variété  nouvelle  qui  vient  d'être  misa  au  commerjs  à  la 
fin  de  1884;  cette  plunte.  quoique  le  spécimen  présenté  soit  encore  petit,  a 
les  feuilles  régulièrement  panachées  de  blanc,  et  lorsque  11  plante  est  bien 
dévelop[:ée,  l'effet  produit  par  cette  panaohure  est  très  ornemental. 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  Lyon-Croix-Rousse,  un  pied  de  Du ffam- 
6'icAiV! /îô«i(«a;u',  m  ignifique  aroï  lée  d'un  port  élégant  et  d'u' e  ci'oissance 
assez  faîile,  produisant  p  ir  ses  li-randes  feuilles  un  effet  as^ez  décoratif;  un 
pied  d^  Franckea  rnuquificn.  (ou  /irun/chin  m  lynificn).  arbris-eau  très  rwmeux, 
à  floraison  ab  )nlant,e,  irès  agréable  pni'  U  dimension  de  ses  fleurs  et  leur 
coloi'is  ;  un  pied  à' Erantliemum  s inf/uDwltmi/in,  plante  assez  curieu.'o,  à 
feuilles  d'une  grande  richesse  de  pinachures  oi'i  le  vert  obscur  et  le  vert  pâle 
sont  rehaussés  par  des  nervures  du  plus  beau  carmin,  et  qui  si  nt  bordées  de 
cils  de  même  couleur. 


—  95  — 

Par  M.  Clapeyron,  marcliand  de  terre  de  bruyère,  à  Taluyers,  par  Mor- 
nant  (Rhône),  quelques  mottes  de  terre  de  brujôra  qui,  à  première  vue, 
parait  éire  de  très  bonne  qualité. 

Par  M.  Page,  un  fumigateur  pour  employer  soit  le  soufre  ou  d'autres 
substances  int-eoticides. 

Par  M.  RIvoite  fil»,  horticulteur-grainier,  Lyon,  une  terrine  carrée  (Voir 
Lyon- horticole,  mars  18S5,  n°  5,  page  83.) 

Par  iM.  J.  Niiîolas  horticulteur-grainier,  Lyon,  une  bouteille  dâ  l'engrais 
insecticHe  liquid-  régénérateur  Guilberl,  dont  il  est  le  dépositaire.  Le  pré- 
semateiir  rapjielle  les  expériences  qui  ont  été  faites  par  divers  horticulteurs  et 
les  résultats  i-ati.-faisants  qui  ont  été  ohienus,  soit  en  employant  le  Régéné- 
rateur comme  arrosage  alditionné  de  SD  ou  50  liti'es  d'eau,  suivant  l'état 
ligneux  des  végétaux  qua  l'on  se  propose  de  traiter;  et  comme  insecti- 
cide, en  l'empl  yant  dans  le  bissinago  des  pliintes  de  serres  et  de  plein  aii', 
ainsi  que  pour  le  treaipjs:e  et  le  lavage  des  plantes.  Il  cite  les  résultats  obte- 
nus par  un  horticulteur  lyon-iais,  M.  Rochet.  qui  l'emiiloie  depuis  plusieurs 
années  et  qui  a  pu,  en  l'employant  dan-»  le  lavage  des  plantes,  te  les  que 
Pandanus,  Fhœnix,  Châmœrops,  etc.,  se  débarras-er  des  kermès,  aoares  et 
autres  parasites.  1\L  Nicolas  fait  aussi  remarquer  que  les  expériences  faites 
pour  combattre  et  atténuer  les  ravages  du  ver  blanc  et  des  pucerons  du 
rosier  ont  été  concluantes. 

Pour  juger  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées  : 

Pour  les  fruits  et  légumes,  de  MM  Pitaval,  Berthier  et  Pelletier. 

Pour  la  floriculuire,  de  MM.  Lsbruyèie,   Lille,  Gaulain,  Musset  et  Crozy. 

Ces  Commissions,  après  examen,  proposent  d'acjorder  les  primes  et  cerli- 
fîoais  dont  suit  l'énumération  : 

A  M.  Corbin,  une  prime  d-i  2°  classe  pour  ses  fruits. 

A  M.  Corbin,  une  primi  de  2'=  classe  pour  le  Croton  Baron  James  de 
Rolhschid.     ' 

A  M.  Duviard,  une  prirne  de  3*  classe  pour  le  Céleri-rave. 

A  M.  Liabaud,  une  prime  de  2°  classe  pour  son  Francisja  magnitica,  et 
une  de  2"  classe  pour  le  Dieffembachia  Bowmani  et  l'Eranthemum  sangui- 
nolentum. 

A  M.  Cordier-Combet,  une  primft  de  1"  classe  pour  son  Cyclamen  à  fleur 
double,  et  une  de  1"=  cl'isse  pour  celui  à  fleur  simple. 

A  M.  Charreton,  une  prime  de  P*  classe  pour  son  Cyclamen  à  fleur  rouge, 
une  de  l"  classe  pour  celui  à  fleur  blanche,  et  une  de  i'"  classa  pour  celui  à 
fleur  blanche  à  centre  rose.  La  Commission  adresse  de  vivjs  félicitations 
aux  présentateurs  pour  l'apport  d'un  lot  aussi  méritant. 

A  M.  Schmitt,  un  cprtifloat  de  1"^^  classe  pour  le  Clivia  miniala,  var. 
Sehmittii,  ini  ceriificat  de  2«  classa  pour  le  Clivia  miniata,  var.  marmorata, 
une  dd  2."-  classe  pour  la  C.  miniata,  var.  vallotœformis,  et  une  de  2°  classe 
pour  le  Cl.  miniata  var.  splendida. 

Pour  les  auties  appo.'ts,  les  Commissions  demandent  l'inscription  au 
proeès-verb'>l. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

Les  diplômes  de  piimes  et  de  certificats  sont  remis  aux  personnes  qui  les 
ont  obtenus. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  la  discussion  du  règlement  des  concours 
spéciaux. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

J.  Nicolas,  Secrétaire-adjoint. 


—  96  — 


Acrostichum     alcicorne   Willem. 

Synonymes  :  Platycerium  angustatum  Dew  ;  Ncvroplalyceros  aleicorHe. 


Bien  avant  que  nos  soi-disants  ancêtres  les  singes  liabitassent 
les  forêts  de  l'Ancien  Monde,  il  y  avait  une  famille  végétale  nom- 
breuse qui  peuplait  la  terre  où  grouillait  alors  tant  d'animaux  bi- 
zarres ;  cette  famille  était  celle  des  Fougères. 

Nous  trouvons  dans  les  anciens  terrains  de  formation  houillère 
les  vieux  portraits  pétrifiés  de  ses  premiers  parenis.  A  l'heure 
actuelle  les  Fougères  sont  encore  les  espèces  les  plus  répandues 
sur  le  globe  puisqu'on  en  connaît  plus  de  3,000  espèces  dispersées 
dans  les  îles  ou  sur  les  continents.  On  les  trouve  dans  les  climats 
les  plus  extrêmes,  depuis  les  régions  polaires  jusque  sous  les  tropi- 
ques. Cependant  malgré  leur  grand  nombre  d'espèces  et  l'immense 
étendue  de  leur  aire  de  dispersion,  on  peut  dire  qu'il  faut  à  la  pin- 


—  97  — 

part  des  Fougères  une  réunion  particulière  de  conditions  climato- 
logiques  pour  favoriser  leur  développement.  Les  endroits  secs  et 
découverts  ne  leur  conviennent  que  très  peu,  tandis  qu'elles  se 
développent  vigoureusement  dans  les  lieux  ombragés,  humides  et 
frais.  Malgré  cela  quelques  espèces  possklent  la  faculté  de  pouvoir 
supporter  de  très  longues  sécheresses,  de  se  dessécher  presque  com- 
plètement et  de  renaître  aux  premières  pluies. 

h'Âcroslichum  alcicorne,  dont  nous  l'eproduisons  la  figure  est  une 
des  plus  singulières  espèces  de  cette  belle  famille.  Elle  croît  sur  les 
arbres  et  dans  les  anfractuosités  des  rochers  des  zones  intertropi- 
cales. 

Elle  est  presque  aussi  répandue  dans  les  pays  chauds  que  cer- 
tains Jsplenium  —  le  Irichomants  par  exemple  —  dans  les  pays 
tempérés.  L'Acrostic  corne  d'élan,  a  été  classé  dans  la  tribu  des 
Poh'podiées  ;  il  est  caractérisé  par  un  rhizome  épais,  chargé  d'é- 
cailles  raides.  Il  a  des  feuilles  de  deux  sortes  :  les  unes  stériles 
très  grandes  se  présentant  sous  la  forme  d'une  large  expansion 
réni(ora;ie,  sessile,  entière,  horizontale,  et  s'appliquant  contre  le 
support  de  la  plante  ;  les  feuilles  fertiles,  sont  dressées,  d'aspect 
palmé  plus  ou  moins  lobé  suivant  leur  vigueur. 

La  culture  de  cette  espèce  doit  se  faire  à  la  façon  de  celle  des 
Orchidées  épiphytes  indiennes.  On  les  fixe  sur  un  morceau  d'écorce 
raboteuse  que  l'on  pend  dans  l'endroit  le  plus  humide  de  la  serre. 

Une  autre  espèce  très  voisine  mais  plus  belle,  V Jcroxiichum 
grande  se  cultive  de  la  même  manière.  G.   Davy. 


De  l'empoisonnement  du  sol  (?). 


Notre  collègue,  M,  Besson,  horticulteur  à  Voiron  (Isère),  a 
soulevé  une  des  plus  intéressantes  questions  horticoles  qu'il  soit 
possible  d'étudier  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  techni- 
ques. En  la  présentant  sous  le  vocable  de  «  Empoisonnement  du  sol  »  , 
nous  avons  ajouté  un  point  d'interrogation  (?)  à  la  suite  du  titre, 
afin  de  bien  montrer  qu'il  y  avait  là  une  question  à  résoudre.  En 
effet,  cette  question  aurait  pu  également  être  présentée  sous  le 
titre  :  Epuisement  du  sol  et  même  sous  d'autres  tout  aussi  liypoltiè- 
llques. 

L'important  était  de  poser  cette  question,  et  ce  qui  serait  émi- 
nemment désirable,  après  l'avoir  posée,  serait  de  la  résoudre. 
Pour  t<âcher  d'arriver  à  cette  solution,  nous  donnerons  la  parole 
aux  personnes  qui  voudront  émettre  leur  opinion. 


—  98  — 

Et,  pour  commencer,  nous  recevons  deux  communications  sur 
ce  sujet  qui  nous  arrivent  :  la  première  en  da'.e,  de  Marseille  ;  la 
seconde,  de  Lyon.  Voici  ces  communications  : 

Marseille,  le  21  mars  1885. 
Monsieur  Viviakd-Morel, 

Vous  avez  publié  dans  le  n»  5  du  Lyon-Hm-tkolc  un  article  de  M.  Besson, 
horticulteur  à  Voiron  ([;ère),  in'ilulc  :  d'  l' Em/joisormement  du  sol,  sur  leijuel, 
puisqu'il  e^t  présenté  sous  la  forme  interrogarive,  .ja  dé.-ire  vous  donii'ir  mon 
opinion.  N'étant  ni  physiologiste,  ni  chimiste,  mon  opinion  s'appuia  surtout 
sur  ma  longue  expérience  pratique  et,  si  vous  voulez,  routinière. 

Je  crois  à  V empoisonnement  du  sol,  mais  seulement  par  un  champignon. 
Vous  savez  que  les  végétations  crjptogamiques  cau3f:nt  un  pi'éjudioe  cjnsi- 
dérable  aux  parties  aériennes  des  végétaux  ;  eh  bien  !  poï-r  être  moias  appa- 
rentes, les  déprédations  sur  les  racines  n'en  existent  pas  moias.  Je  ne  vous 
dirai  pas  le  nom  de  ce  microscopique  champignon,  mais,  quoique  peti',  il  est 
facile  de  le  voir  à  l'œil  nu  sur  tous  \ei  arbres  morts  ayant  été  planté*  après 
d'autres  arbres.  Je  ne  crois  même  pas  à  l'insolation  d'an  arbre;  clierohez 
toujours  le  champijjnon  sur  les  racines  et  vous  aurez  de  suite  la  certitude 
que  ce  n'est  pas  le  soleil  qui  est  coupable.  Un  arbre  mort  de  cette  manière 
est  toujours  mort  des  racines,  plusieurs  jours  et  quelquefois,  dans  l'hiver, 
plusieurs  mois  avant  la  tige  et  les  branches.  Je  puis  vous  en  tonner  la  preuve 
quand  vous  voudrez. 

Si  l'on  pouvait  trouver  un  liquide  corrosif  pour  détruire  les  germes  de  ce 
champignon  sans  nuire  a  l'action  vJgéiative  de  la  terre.  \x  chimie,  ce  jour-là, 
aura  rendu  un  immense  service  à  1  horticulture. 

Tout  le  monde  sait  que  les  arbres  viennent  bien  et  vieus  dans  les  terrain? 
neufs  ou  vierges  et  peu  ou  pas  dans  las  terrains  ayant  eu  depuis  peu  des 
arbres,  et  tout  le  monde  dit,  et  moi  comme  tout  la  monde  :  Vous  voulez 
remplacer  ces  arbres  qui  sont  morts?  alors  changez  la  terre.  Et  l'on  dit  vrai; 
mais  si  par  hasard  on  a  oublié  une  simple  petite  racine  de  l'ancien  arbre, 
cela  sufiit;  celte  racine  pourrit,  engendre  le  champignon  qui  se  communique 
aux  racines  de  l'arbre  nouveau,  et  il  suffît  souvent  de  qu-;lques  jours  seule- 
ment pour  que  le  nouvel  arbre  périsse  à  so.i  tour. 

Voilà  mon  opinion  ;  un  plus  savant  que  moi  trouvera  probablement  mieux, 
mais  cela  me  fera  plaisir,  car  généralement  de  la  discu*siou  jaillit  la  lumière 
si  utile  à  tous. 

Veuillez  agréer  mes  sincères  civilités.  C.  Montel, 

Horticulteur  à  la  Turbine.  Marseille. 


Note    de    M.    Ant.    Rivoire    sur   le    même    sujet. 

En  horticulture,  le  praticien  n'est  presque  jamais  écrivain.  Cet 
axiome  est  surtout  vrai  pour  l'horticulteur  lyonnais. 

Dans  la  conversation,  que  de  choses  importantes  on  apprend  de 
ces  vieux  maîtres  dont  la  vie  s'est  souvent  passée  en  observations  ! 
C'est  ainsi  qu'on  peut  recueillir  et  transmettre  les  bons  procédés. 
Mais  compter  que  ces  hommes,  plus  savants  cent  fois  et  surtout 
plus  observateurs  que  les  savants  décorés  de  ce  titre,  n'écrivent 
jamais  ! 

C'est  ainsi  que  la  question  soulevée  dans  le  Lyon-florlicole, 
par  M.  Besson,  sous  le  titre  :  Empoisonnemcnl  du  sol,  pourrait 
arriver  à  faire  bien  du  progrès,  si  ceux  qui  ont  observé  voulaient 
livrer  à  la  publicité  le  résultat  de  leurs  réflexions. 


—  99  — 

Quoique  n'étant  encore  ni  vieux,  ni  savant,  j'ai  pourtant  déjà 
mon  opinion  à  ce  sujet  et,  ne  serait-ce  que  pour  donner  l'exemple, 
je  veux  vous  la  faire  connaître. 

Pourquoi,  s'est  demandé  M.  Besson,  lorsqu'on  plante  un  arbre 
à  la  même  place  où  un  autre  arbre  de  même  essence  a  déjà  vécu, 
ne  peut-il  y  vivre  à  son  tour? 

S'appuyant  sur  ce  qu'on  dit  généralement,  que  la  terre  est  em- 
poisonnée, l'auteur  émet  l'avis  que  les  racines  du  premier  végétal 
ont  émis  dans  le  sol  certaine  substance  qu'elles  sécrétaieni,  et  que 
cette  substance,  impropre  à  la  végétation  de  ce  végétal,  fait  lan- 
guir et  périr  celui  de  même  nature  qui  le  remplace. 

Cette  opinion  peut  être  bonne,  mais  elle  n'est,  ainsi  que  toutes 
les  idées  qui  ne  s'appuient  pas  sur  des  preuves  convaincantes, 
qu'une  simple  hypothèse.  Elle  a,  par  conséquent,  bien  sa  valeur, 
puisque  c'est  toujours  par  hypothèses  que  l'on  procède  tout  d'abord 
à  la  résolution  d'un  problème. 

Mais  en  voici  une  autre  qui,  à  mon  avis,  doit  aussi  avoir  son 
importance  ;  peut-être  même  les  deux  réunies  sont-elles  la  vraie 
solution. 

Tout  végétal  est  composé  d'un  certain  nombre  d'éléments  qui 
sont  en  partie  fournis  par  le  sol  dans  lequel  il  est  planté. 

L'absorption  de  ces  éléments  épuise  naturellement  la  terre  et 
leur  absence  condamne  forcément  le  végétal  remplaçant  à  périr 
d'inanition. 

On  me  répondra  certainement  par  l'argument  des  engrais  com- 
plets; oui,  mais  voilà,  c'est  que  je  ne  crois  pas  aux  engrais  com- 
plets, et  je  prétends  même  quil  est  impossible,  en  l'étal  actuel  de  la 
science^  d'en  former. 

Prenons  pour  exemple  la  vigne. 

Autant  qu'il  a  été  possible  d'en  juger  par  les  analyses  chimiques, 
un  cep  est  composé  des  éléments  suivants  :  acide  phosphorique, 
azote,  potasse,  chaux,  soude,  magnésie,  fer,  manganèse,  acide 
sulfurique,  chlore,  silice  et  carbone. 

Si  on  veut  former  un  engrais  complet  pour  la  vigne,  on  y  mettra 
bien  l'acide  phosphorique,  l'azote,  la  chaux,  la  potasse;  mais  les 
autres  matières  telles  que  la  soude,  la  magnésie,  la  silice,  le 
fer,  etc.,  jamais  on  n'y  songera. 

Voudrait-on  même  les  y  ajouter,  sait-on  seulement  sous  quelle 
forme  elles  devront  être  employées  pour  être  rendues  assimilables? 
Il  ne  suffît  pas  de  mettre  un  morceau  de  fer,  ou  des  cristaux 
au  pi(!d  d'une  plante  pour  que  celle-ci  les  absorbe;  il  faut  encore 
que  ces  éléments  soient  présentés  sous  une  forme  que  l'on  a 
justement  désignée  sous  le  nom  d'assimilable. 

Et  encore,  sait-on  bien  seulement  si  la  vigne  n'est  pas  composée 
de  plus  d'éléments  que  j'en  indique? 


—  100  — 

La  science  a,  certes,  fait  beaucoup  de  progrès  depuis  quelque 
temps  ;  nul  mieux  que  moi  ne  le  reconnaît  ;  mais  elle  n'a  pas  non 
plus  franchi  son  dernier  pas,  et  rien  ne  prouve  que  d'autres  matières 
aussi  essentielles  n'existent  pas  dans  les  végétaux. 

Je  sais  bien  qu'on  me  répondra  que  ces  corps  dont  on  n'a  pas 
encore  reconnu  la  présence,  en  supposant  qu'ils  existent,  le  sont 
sous  un  si  petit  volume,  ou  en  si  minime  quantité,  qu'ils  ne  peu- 
vent pas  beaucoup  influer  sur  la  composition  de  l'arbre  ou  de  la 
plante. 

Qu'en  savez-vous? 

Qui  vous  dit  que  ces  corps  ne  sont  pas  aussi  essentiels  que  les 
autres?  Ce  n'est  ni  au  volume,  ni  au  poids  que  l'on  peut  juger  ces 
questions-là.  Rien  n'existe  d'inutile  dans  la  nature,  chaque  chose  a 
son  rôle  à  remplir,  chaque  élément  d'un  végétal  doit  lui  être  indis- 
pensable; qu'un  seul  lui  soit  enlevé  et  l'équilibre  est  rompu  ! 

Mais  je  veux  bien  supposer  que  la  chimie  fasse  encore  assez  de 
progrès  pour  que,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné,  on  puisse 
dire,  d'une  manière  certaine,  la  composition  complète  d'une  plante  ; 
je  veux  admettre  aussi  que  cette  même  chimie  arrive  à  reconnaîtra 
sous  quelle  forme  les  différents  corps  doivent  être  présentés  aux 
plantes  pour  qu'elles  puissent  les  absorber  ;  on  se  heurtera  alors  à 
une  autre  presque  impossibilité  que  voici  : 

Chaque  espèce  de  plantes  a  une  composition  différente  ;  le  hêtre, 
par  exemple,  n'est  pas  formé  comme  le  tilleul  ;  mais  ce  qu'on  ne 
sait  pas  assez,  c'est  que  chaque  variété  aussi  est  différemment 
composée. 

J'en  reviens  à  l'exemple  de  la  vigne. 

Dans  une  analyse  de  cépages  différents,  je  relève  les  écarts  sui- 
vants (1)  : 

Nom  Matière       Azote.  Acide         Potasse.       Chaux.     Magnésie, 

du  cépage.  sèche.  phosphorique. 

gr.  kg.  kg.  kg.  kg.  kg. 

Grosse  Cavmenère.        652  14.22  4.53  17.28  17.58  6,09 

Montrachet.    ...  38  16.36  10.88  12.75  21.02  448 

Le  tout  pour  1,000  kg.  de  matière  sèche. 

Cette  analyse  établit  donc,  ainsi  que  je  le  disais,  que  le  dosage 
des  éléments  varie  beaucoup  selon  les  variétés.  Un  poirier  Bon- 
Clirélien,  par  exemple,  ne  demandera  pas  le  même  engrais  qu'un 
Passe-Crassanne  ou  autre. 

Dans  la  culture,  on  ne  peut  naturellement  tenir  compte  de  ces 
différences  ;  un  engrais  composé  pour  une  variété  de  blé  devra 
servir  pour  toutes  les  autres  variétés  ;  mais  cela  ne  prouvera  pas 
moins  ce  que  j'avançais,  qu'il  est  impossible  d'établir  des  engrais 

(1)  Progrès  agricole,  n»  12.  —  1885. 


—  loi  — 

complets  et,  par  suite,  impossible  de  reconstituer  intégralement  un 
sol. 

Un  autre  obstacle  qui  doit  s'ajouter  à  ceux  dont  j'ai  déjà  parlé, 
est  celui  du  sol  lui-même. 

Tous  les  terrains  ne  se  ressemblent  pas;  ils  varient  même  énor- 
mément. 11  serait  donc  aussi  indispensable  d'analyser  minutieuse- 
ment toutes  les  parcelles  du  sol. 

Je  crois  avoir  détruit  le  sens  de  cette  phrase  de  l'article  de 
M.  Besson  : 

«  Les  uns  disent  :  «  la  terre  est  usée  »  ;  erreur,  la  terre  quoique 
'(  appauvrie  peut,  par  le  moyen  des  engrais,  se  reconstituer  et 
«  donner  ensuite  les  mêmes  résultats  qu'auparavant.  » 

Mais  ça  n'enlève  rien  à  son  argumentation.  11  a  peut-être  rai- 
son quand  même.  Peut-être  aussi  avons-nous  raison  tous  les  deux. 
Peut-être,  enfin,  y  a-t-il  place  pour  une  troisième  opinion. 

Ant.   RivoiRE, 

Marchand-grainier  à  Lyon. 

La  Prune  d'Ontario  (1). 

Quoique  les  variétés  de  fruits  de  toutes  espèces  que  l'on  possède 
actuellement  soient  innombrables,  chaque  année  en  voit  mettre 
une  certaine  quantité  au  commerce.  Un  grand  nombre  ne  répon- 
dent pas  aux  espérances  qu'ont  fait  naître  les  éloges  intéressés  de 
leurs  producteurs  et  ne  tardent  pas  à  être  éliminées  des  collections 
d'élite. 

Mais,  lorsqu'un  fruit  nouveau  possède  un  mérite  réel,  sa  répu- 
tation s'accroît  d'année  en  année.  C'est  ce  qui  nous  engage 
aujourd'hui  à  signaler  au  pépiniériste  aussi  bien  qu'aux  amateurs 
français  une  variété  américaine  qui  est  encore  fort  peu  répandue. 

11  y  a  quelques  années,  MM.  Ellwanger  et  Barry,  pépiniéristes 
àRochester  N.  Y.  (Etats-Unis  d'Amérique), mettaient  au  commerce, 
sous  le  nom  de  prune  d'Ontario  (^Ontario  plum),  une  nouvelle 
variété  pour  laquelle  il  n'a  malheureusement  pas  été  fait  de 
réclame. 

Le  Prunier  d'Ontario  a  été  cultivé  et  expérimenté  avec  un 
grand  succès  aux  Etats-Unis  et  au  Canada  d'abord,  puis  à  Karls- 
tadt  en  Allemagne. 

11  croît  très  bien,  greffé  sur  le  prunier  St-Julien  ou  sur  le 
prunier  franc  ;  il  e.ii  de  vigueur  moyenne,  et  son  port  est  très 
touffu.  Son  grand  mérite  consiste  en  sa  rusticité  et  sa  fertilité  ;  il 
a  passé,  sans  être  endommagé,  les  hivers  les  plus  rigoureux  des 
pays  du  Nord  ;  sa  floraison  est  tardive  et  n'est  presque  pas  endom- 

(1)  Extrait  du  Moniteur  d'H<irticulture. 


—   102  — 

magée  par  le  froid  ou  l'humidité  ;  quant  à  sa  fertilité,  plusieurs 
notabilités  arboricoles  déclarent  qu'elle  est  d'un  rendement  pro- 
digieux. 

L'époque  de  maturité  des  fruits  est  le  mois  d'août  ;  ces  derniers, 
d'un  volume  analogue  à  celui  d'un  abricot  de  moyenne  grosseur, 
sont  d'un  beau  jaune  foncé  ;  la  chair  d'un  vert  jaunâtre  est  très 
douce,  juteuse,  fondante  et  non  adhérente  an  noyau. 

C'est  une  variété  hors  ligne  pour  les  pays  du  Nord  ou  les 
plateaux  élevés  de  nos  pays  tempérés.  Quant  aux  usages  culi- 
naires de  la  prune  d'Ontario,  s'il  faut  en  croire  les  éloges  qu'en 
font  les  Yankees,  elle  serait  supérieure  pour  les  confitures,  marme- 
lades et  conserves  ,  à  notre  vieille  et  bonne  prune  Reine 
Claude  (1).  O.  B. 

Note  sur  les  Pivoines  en  arbre. 


Les  premières  Pivoines  en  arbre  furent  introduites  de  la  Chine 
en  Angleterre  en  1789;  elles  passèrent  ensuite  dans  les  cultures 
françaises  où  elles  devaient  s'enrichir  beaucoup  plus  tard  de  nom- 
breuses et  belles  variétés  obtenues  de  semis  par  plusieurs  horlicul- 
teurs  très  renommés. 

Dumout  de  Courset,  dans  son  Bolanisle  cuUivaleur ,'^\xh\\é  en  1811, 
fait  les  réflexions  suivantes  à  propos  de  la  Pivoine  en  arbre  :  «  La 
Pivoine  frutescente  est  une  plante  encore  rare,  mais  qui,  vraisem- 
blablement, sera  dans  peu  de  temps  plus  répandue  par  la  facilité  de 
sa  multiplication.  On  la  propage  de  marcoUes  et  de  boutures,  et  il 
paraît  que  le  succès  en  est  certain.  Cette  espèce,  selon  M.  Delau- 
nai,  dans  son  Bon  Jardinier  de  1807,  se  trouve  représentée  sur  les 
papiers  peints  qui  viennent  de  la  Chine.  Ses  fleurs  très  grandes  et 
très  pleines,  dont  il  y  a  une  assez  longue  succession,  la  rendent 
d'un  véritable  ornement.  Mais  n'aura-t-elle  pas  un  jour  le  sort  de 
VHoriense  qui  a  été  si  recherchée  lors  de  son  introduction  en  Europe 
et  qui  actuellement  est  tombée  en  discrédit?  Rare,  on  la  trouvait 
superbe  ;  commune,  on  la  trouve  sans  grâce.  La  Pivoine  frutes- 
cente en  a-t-elle  davantage?  non,  sans  doute;  cependant  la  pré- 
vention de  la  vulgarité  à  part,  elles  seront  toujours  toutes  deux 
des  acquisitions  précieuses  pour  l'ornement  de  nos  jardins  et  de 
nos  serres.  » 

On  voit  que  dans  les  premières  années  du  19"  siècle,  la  Pivoine 
en  arbre  était  encore  assez  mal  connue,  puisque  l'auteur  que  nous 
venons  de  citer  —  un  des  bons  auteurs   du  temps  —  n'en  parlait 

(1)  M.  B.  Muller  Klein,  pépiniériste  à  Karlstadt-sur-le-Mein  (Allemagne),  est, 
&  notre  connaissance,  le  seul  horticulteur  qui  ait  multiplié  jusqu'à  présent  cette 
nouvelle  variété  ;  c'est  du  reste  à  cette  maison  que  nous  devons  son  iutroduction  en 
Europe.  N.  D.  L.  R. 


—   103  — 

que  comme  d'une  nouveauté  qu'il  n'irait  peut-être  pas  vue,  car  la 
facilité  de  sa  multiplication  «  par  bouture  et  par  marcottes,  »  qu'il 
signale,  prouve  qu'il  n'avait  pas  lui-même  essayé  de  la  multiplier. 

Cinq  ans  après,  le  Bun  Jardinier  de  1S17  signalait  deux  variétés 
de  la  Pivoine  frutescente  :  «  une  d'une  très  jolie  rose  dont  les  pétales 
étaient  marqués  à  la  base  d'une  couleur  plus  foncée,  et  une  autre 
d'un  rose  pourpre  que  relève  encore  le  jaune  éclatant  des  étamines, 
à  pétales  plus  courts  et  à  odeur  d'essence  de  rose.  »  On  les  mul- 
tiplie de  marcottes  ;  ses  boutures  réussissent  rarement,  ajoutait  le 
rédacteur. 

En  1825,  le  même  Bon  Jardiider  n'ajoutait  rien  de  plus  à  la 
rédaction  de  la  note  précédente. 

En  1835,  Louis  Noisette,  dans  son  Manuel  complcl  du  Jardinier, 
signalait  déjà  quatre  variétés  de  Pivoine  en  arbre  :  1"  Pivoine  papa- 
véracée  [P.  papavciacea  Andrew.);  2°  P.  Moutan  à  fleurs  doubles: 
3°  Pivoine  odorante  ;  4"  Pivoine  l^Iontan  à  fleurs  rouges.  La  mul- 
tiplication de  la  Pivoine  en  arbre  n'avait  pas  encore  fait  beaucoup 
de  progrès  en  1835,  car  la  même  petite  note  relative  à  ce  sujet,  et 
qui  depuis  1811  accompagnait  dans  les  ouvrages  horticoles  la  des- 
cription de  l'espèce,  se  retrouve  d  xns  l'ouvrage  de  Louis  Noisette. 
A  cette  époque,  l'auteur  que  nous  \  enons  de  citer  croyait  la  Pivoine 
en  arbre  peu  rustique,  puisqu'il  recommandait  d'en  risquer  quelques 
pieds  en  pleine  terre,  avec  la  précaudon  de  les  couvrir  de  feuilles 
sèches  et  de  litière  pendant  l'hiver. 

Quelques  pieds  de  Pivoine  en  firbre  ayant  commencé  à  donner 
des  graines  dès  1822,  MM.  Noisette,  Cels  frères,  Mathieu,  ainsi 
que  d'autres  horticulteurs  distingués,  en  firent  des  semis  qui  aug- 
mentèrent le  nombre  des  variétés  connues.  L'application  de  la 
greffe  des  Pivoines  en  arbre  sur  la  racine  tuberculeuse  des  Pivoines 
herbacées  en  favorisa  la  propagation  de  telle  sorte  qu'il  se  fit  plus 
de  progrès  de  1835  à  1S45  qu'il  ne  s'en  était  fait  pendant  les  qua- 
rante années  précédentes.  En  1849,  Seringe,  qui  mentionnait  dans 
sa  flore  des  jardins  les  espèces  que  Jacques  avait  signalées  dans 
son  Manuel  gêné)  al  des  plantes,  fixe  le  nombre  des  variétés  connues 

ce  sont  les  suivantes 


CLLO     CjJUlJLlC    « 

ViUjj 

L— (M-IULIC    ,     I..C    OÏJllU    ICO   Ol 

uvauica  . 

Simple. 

Hâtive. 

Gloire  des  Belges 

Double. 

Blanche. 

Libon. 

Double  rose. 

Violacée. 

Frangée. 

Odeur  de  rose. 

Rouge. 

Festonnée. 

Banks, 

Pâle. 

Lefèvre. 

Lilacee. 

Pamchée. 

Joséphine. 

Angélique. 

Lacérée. 

Rose. 

Pompon. 

Papavéracée. 

His. 

Depuis  1849,  la  collection  de  ce  genre  s'est  singulièrement  enri- 
chie par  des  variétés  nouvelles  introduites  de  la  Chine  par  M.  For- 
tune et  surtout  par  de  nombreux   semis  qui  ont  donné   des   gains 


—  104  — 

d'une  grande  valeur.  Beaucoup  de  variétés  ont  des  fleurs  d'une 
dimension  énorme. 

Parmi  les  semeurs  qui  ont  le  plus  contribué  à  l'obtention  des 
nouvelles  variétés,  on  peut  ciier  :  Adrien  Sénéclause,  Mouclielet, 
Gœthals,  Guérin  et  plusieurs  horticulteurs  italiens  et  belges. 

Nous  ne  voulons  pas  énumérer  les  variétés  de  Pivoine  en  arbre 
actuellement  connues  ,  car  le  nombre  en  est  relativement  considé- 
rable ;  nous  nous  bornerons  à  dire  que  toutes  les  nuances  dérivées 
du  rouge,  le  blanc  pur,  le  rose  saumon,  le  violet,  le  lilas,  l'ama- 
rante, se  combinent  de  nombreuses  manières  et  s'associent  à  des 
fleurs  doubles,  semi-doubles  de  dimension  variable. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  au  commencement  de  cette  note,  les 
procédés  de  multiplication  de  la  Pivoine  en  arbre  se  sont  bornés  au 
marcottage  et  à  la  séparation  des  souches.  Aujourd'hui  ces  moyens 
sont  généralement  abandonnés  par  les  cultivateurs  qui  leur  ont 
substitué  la  greffe  en  fente  sur  les  racines  des  autres  Pivoines 
herbacées. 

La  greffe,  pour  réussir,  demande  à  être  faite  en  juillet-août. 
A  cette  époque,  les  racines  végètent  pour  leur  propre  compte  et 
non  pour  celui  des  feuilles  et  des  fleurs,  comme  cela  a  lieu  au 
printemps.  C'est  donc  à  cette  époque  qu'il  faut  gretfer.  Voici  de 
quelle  manière  :  On  se  procure  des  tubercules  assez  forts  de  Pivoines 
herbacées  que  l'on  coupe  transversalement  en  haut  et  sur  les- 
quelles on  pratique  une  fente  longitudinale  assez  forte  pour  pouvoir 
y  introduire  un  rameau  de  Pivoine  en  arbre  taillé  en  coin.  On 
ligature  avec  un  lien  et  on  entoure  la  partie  greflfée  de  mastic.  On 
peut  encore  faire  une  entaille  triangulaire  au  sujet  et  y  insérer  le 
greffon  taillé  de  la  même  manière.  Les  greffes  faites  doivent  être 
mises  en  pots  et  placées  sous  cloches  dans  une  serre  aérée  et 
ombragée  ou  au  dehors  à  l'abri  des  rayons  du  soleil.  Au  bout  d'un 
mois  ou  deux,  la  reprise  a  lieu.  On  doit  habituer  insensiblement  à 
l'air  les  jeunes  gretîes  et  les  hiverner  sous  châssis.  S.  T. 


REVUE  DES  CATALOGUES 

Ant.  Mercier,  marchand-graiiiier,  caltivate;-r,  43,  boulevard  du  Musée, 
Marseille.  —  Catalogue  général  de  graines,  Oignons  h  lleiiis,  Fr.iisiers  en 
collection,  Rosiers,  Arbres  fruitiers;  Collection  de  plantes  diverses  :  Cannas, 
Glaïeuls,  Plantes  vivaces,  etc. 

—  VilmorinAndrieux  et  Cie,  horticulteurs  marchands-grainiers,  4,  quai 
de  la  Mégisserie,  Paris.  —  Catalogue  contenant  un  chois  de  graines  et.  de 
bulbe-,  à  semer  ouàplanterau  printemps.  Noticesur  la  culture  de  l'Asperge 
officinale. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREI,. 

Lyon,  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33, 


1885  AVRIL  N"  7 


CHRONIQUE 


Deux  roses  de  25,000  francs.  —  Il  y  a  des  gens  qui  connaissent, 
les  moyens  pour  se  faire  trois  mille  francs  de  rente  en  pratiquant 
l'art  d'élever  les  lapins  en  les  nourrissant  de  trognons  de  choux  ou 
de  luzerne  au  rabais.  Ce  métier  est  très  honorable  quand  on  ne  vole 
ni  les  choux,  ni  la  luzerne,  mais  ce  n'est  qu'une  exception  dans 
beaucoup  d'endroits;  du  reste,  il  paraît  que  pour  amasser  les  trois 
mille  francs  plus  haut  mentionnés  en  exerçant  cette  profession,  il 
faut  commencer  très  jeune  et  mourir  octogénaire  et  surtout,  si  on 
vole  la  luzerne,  ne  pas  insulter  le  garde  champêtre,  ni  sa  femme, 
ni  son  chien.  Pauvre  profession  !  Elle  ne  vaut  pas  celle  de  rosié- 
riste  ;  demandez  plutôt  à  M.  Henry  Benett  :  deux  coups  de  pinceau 
sur  les  pistils  d'une  rose  et  voilà  vinquanle  mille  francs  de  gagnés. 

Eh!  mon  Dieu  oui,  le  semeur  de  Shepperton  ayant  obtenu  deux 
fort  belles  roses  ainsi  nommées  :  Roses  thé  Her  Majeslij  et  irdliam 
Francis  Bcnell,  en  a  cédé  l'édition  complète  à  M.  Ch.  F.  Evans  de 
Rowlandville  (Philadelphie),  pour  la  modique  somme  de  1,000 
guinées  chaque  variété.  Ceci  prouve  que  M.  Benett  obtient  de 
belles  roses  dont  il  excelle  à  vanter  les  qualités  et  surtout  à  en 
trouver  le  placement;  cela  prouve  encore  que  M.  Evans  est  un 
hardi  et  riche  commerçant  qui  sait  vendre  les  rosiers.  L'Amérique 
enfonce  l'Angleterre  sous  ce  dernier  rapport. 

Quand  on  obtient  une  belle  rose,  pour  en  trouver  le  placement  il 
faut  être  connu  et  avoir  fait  ses  preuves,  sans  cela  on  ne  place  rien 
du  tout  et  les  guinées  restent  en  Amérique. 

Repiquage  des  planls..  —  Le  repiquage  des  jeunes  semis  est  une 
des  opérations  les  plus  essentielles  de  l;i  culture  des  plantes  annuelles 
semées  en  pots,  en  terrines,  sous   châssis  ou   en   pleine  terre.  On 


—  106  — 

doit  excepter  seulement  les  espèces  semées  directement  en  place. 
Toutes  les  plantes  peuvent  se  repiquer,  mais  il  y  en  a,  comme  le 
Réséda  et  les  Pavots,  qu'il  faut  repiquer  lursqu'elles  sont  très 
jeunes,  sans  cela  elles  reprennent  avec  difficulté.  Le  repiquage  fait 
développer  de  nombreuses  racines  et  rend  les  plantes  plus  vigou- 
reuses et  plus  naines.  Il  ne  faut  pas  craindre  de  procéder  à  plu- 
sieurs repiquages  successifs  avant  de  livrer  les  plantes  à  la  pleine 
terre.  On  doit  toujours,  quand  on  ne  dispose  pas  d'un  châssis, 
repiquer  par  un  temps  couvert,  et  si  le  soleil  se  montre  avant  la 
reprise,  il  faut  ombrer  et  bassiner  le  plant.  Quand  on  dispose  de 
châssis,  il  est  inutile  d'observer  ces  prescriptions  :  on  se  borne, 
après  le  repiquage,  à  ombrer  et  à  priver  d'air  pendant  quelques 
jours. 

Corbeille  rf'or  compacte.  —  La  Corbeille  d'or,  Àbjssum  mxalile, 
dont  on  fait  de  si  jolies  bordures  printanières,  vient  de  s'enrichir 
d'une  très  bonne  variété,  bien  trapue,  compacte,  mise  au  commerce 
par  AIM.  Hubert,  horticulteurs  à  Hyères  (Vai).  J'ai  vu  cette  plante 
au  Fleuriste  de  la  Ville.  Je  ne  sais  pas  si  elle  se  reproduira  de 
graine  ;  dans  tous  les  cas,  les  Alyssum  en  général  reprennent  très 
bien  de  bouture. 

Trunamission  du  mildeir.  —  M.  Duchartre  a  présenté  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  dans  la  séance  du  9  février  dernier,  une  note 
de  M.  Fiéchou  sur  un  nouveau  mode  de  transmission  du  miklew^ 
de  la  vigne. 

On  croyait  jusqu'à  présent  que  la  possibilité'  de  transmission  du 
mildew,  de  l'automne  au  printemps  suivant,  reposait  uniquement 
sur  l'existence  et  la  germinaiionde  la  spore  dormante.  M.  Fréchou 
signale  un  second  moyen  beaucoup  plus  direct  et  par  suite  plus 
dangereux.  D'après  cet  expérimentateur,  un  fragment  de  vigne 
séché  et  préservé  de  la  pourriture  en  hiver,  peut  devenir,  dès  que 
les  conditions  extérieures  se  montrent  favorables,  un  véritable  foyer 
d'infection. 

Le  Joui  nul  d'agricullure  pratique  dit  que,  d'après  les  expériences 
de  M.  Mares,  le  soufrage  pratiqué  de  bonne  heure,  dès  la  fin  d'avril, 
avec  du  soufie  sublimé,  c'est-à-dire  du  soufre  légèrement  acide,  et 
continué  de  quinze  jours  en  quinze  jours,  est  encore  le  moyen  le 
plus  efficace  pour  conibattre  le  mildew,  l'oïdium  et  l'antrachnose. 

expositions  dans  CAmèri(iue  du  Sud. — Une  exposition  rurale  inter- 
nationale aura  lieu  à  Buenos-Ayres  à  dater  du  25  avril. 

Une  Exposition  universelle  permanente,  suivant  l'avis  du  consul 
général  du  Mexique  à  Paris,  sera  prochainement  établie  à  Mexico. 


—   107  — 

Doit-on  laillor  un  arhrr  parce  ({u'on  le  replante .'  —  M.  Chargueraud 
a  publié,  dans  le  journal  de  la  Société  nationale  d' horticulture,  une 
note  sur  celte  question  si  coiUroversée  ;  en  voici  les  conclusions  : 

((  Ne  pas  tailler  ou  tailler  le  moins  possible  les  arbres  chez 
lesquels  on  remarque  que  le  bourgeon  ou  œil  qui  termine  les 
rameaux  est  seul  apparent  ou  le  mieux  constitué  ;  —  tailler  au  con- 
traire plus  ou  moins  les  arbres  qui  ont  les  yeux  latéraux  plus  appa- 
rents ou  plus  développés  que  les  yeux  t^minaux;  — toujours  tailler 
les  arbustes  dont  les  rameaux  se  dessèchent  habituellement  dans 
une  plus  ou  moins  grande  partie  de  leur  longueur;  —  et  tailler 
d'autant  plus  court,  enlever  d'autant  plus  de  branches  que  les  arbres 
auront  plus  souffert  de  l'arrachage  et  se  trouveront  placés  dans  des 
conditions  naturelles  moins  favorables  de  végétation  et  sont  moins 
soignés  après  leur  replantation.  » 

Ces  indications  sont  très  précieuses  à  retenir,  car  elles  reposei.t 
sur  des  observations  pratiques  qui  concordent  parfaitement  avec  les 
lois  de  la  phj'siologie. 

Nouvel  hybride  de  Cinéraires.  —  Notre  collègue,  M.  Jules  Chré- 
tien, nous  a  montré,  il  y  a  quelques  jours,  dans  les  cultures  que  la 
Ville  de  Lyon  a  confié  à  ses  soins,  des  Cinéraires  en  assez  grand 
nombre  et  dont  quelques-uns  sont  absolument  remarquables  sous 
le  rapport  de  la  perfection  ,  de  la  grandeur  et  du  coloris  des  fleurs 
et  aussi  pour  la  régularité  des  inflorescences  et'  le  port  trapu  des 
plantes. 

Les  Cinéraires,  que  les  horticulteurs  ont  amené  par  la  culture  à 
l'état  de  perfectionnement  actuel  demandent,  pour  ne  pas  retourner 
aux  Hgules  étroites  et  au  port  élancé  de  leurs  ancêtres,  à  subir  une 
sélection  sévère  pour  éliminer  tous  les  individus  imparfaits.  Sans 
cette  précaution,  les  belles  races  évoluent  rapidement  vers  l'ancien 
type,  le  Senecio  cruentus ;  aussi  les  bons  patriciens,  qui  n'ignorent 
pas  cette  propension  des  Cinéraires,  écartent  chaque  année  les 
plantes  les  plus  parfaites  sous  tous  les  rapports. 

Avec  ces  belles  Cinéraires  de  cultures,  M.  Chrétien  nous  a  mon- 
tré une  demi-douzaine  de  plantes  qui  nous  ont  —  quoique  infini- 
ment moins  belles  —  plus  intéressé  que  toutes  les  autres  ;  ces 
plantes  étaient  des  hybrides  bien  caractérisés  entre  la  Cinéraire  à 
feuille  de  peuplier  et  une  des  variétés  actuelles  de  la  Cinéraire 
cultivée.  La  fécondation  de  la  première  de  ces  Jeux  espèces  (Sene- 
cio populifolius)  par  une  variété  de  la  seconde  [Senecio  ornentiis)  a 
parfaitement  réussi  et  le  résultat  en  est  fort  curieux  à  constater. 

On  sait  que  vers  la  fin  du  18°  siècle  (1777-1880)  on  iniroduisit 
dans  les  cultures  les  Cineraria  populifolia  L'Her.  et  C.  crucnta  Mass. 
que  D.  C.   fit  entrer  plus  tard  dans    le  genre   Senecio.   Ces  deux 


—  108  — 

espèces,  ainsi  que  quelques  autres  fort  voisines,  étaient  originaires 
des  Canaries  et  de  Madère.  On  les  cultiva  pour  la  beauté  de  leurs 
fleurs  et  elles  restèrent  dans  les  cultures.  Cependant  l'une  d'elles 
obtint  la  prééminence  —  C.  cruenla  —  et  devint  une  plante  i'oit 
commune,  tandis  que  l'autre  fut  beaucoup  moins  cultivée.  L'avan- 
tage que  prit  l'une  des  deux  espèces  sur  l'autre  fut  long  à  venir, 
car  jusqu'en  1836  les  livres  d'horticulture  n'en  parlent  guère.  A 
cette  époque  on  signala  l'apparition  du  Cinernria  ./ndersoni ,  plante 
indiquée  comme  une  hybride  des  C.  cruenla  et  C.  aurita.  D'autres 
hybrides  furent  signalées  un  peu  plus  tard  et  les  cultures  parisiennes 
pendant  longtemps  en  multiplièrent  une  variété  sous  le  nom  de 
Aing,  si  mes  sovvenirs  ne  me  fout  pas  défaut,  qui  a  complètement 
disparu . 

Les  hybrides  obtenus  par  M.  Chrétien  ont  une  tendance  à  se 
rapprocher  de  cette  ancienne  variété  ;  dans  tous  les  cas,  ils  ne  peu- 
vent pas  cacher  leur  origine,  car  ils  sont  absolument  intermédiaires 
entre  leurs  parents. 

Primevères  de  CInne.  —  C'est  le  moment  de  semer  la  première 
saison  de  cette  intéressante  plante  qui  orne  les  serres  et  les  appar- 
tements pendant  les  mois  d'hiver.  Ceux  qui  se  livrent  à  cette  cul- 
ture ne  connaissent  pas  toutes  les  belles  variétés  qui  existent  actuel- 
lement, car  sur  nos  marchés  leur  nombre  est  assez  restreint. 
Aujourd'hui,  il  ne  suffit  pas  d'avoir  des  Primevères  à  grandes  fleurs 
et  de  beaux^coloris,  il  faut  à  ces  qualités  que  les  plantes  enjoignent 
deux  autres  :  de  nombreuses  et  belles  feuilles  et  une  abondante 
floraison.  On  recherche  même  davantage  les  sortes  dont  les  hampes 
florales  émergent  juste  au-dessus  du  feuillage.  M.  Labruyère  en 
cultive  une  variété  hors  ligne  sous  ce  rapport;  MM.  Chrétien,  Lille 
et  d'autres  horticulteurs  eu  ont  également  des  variétés  qui  font 
l'admiration  des  connaisseurs.  Il  y  a  donc  tout  à  gagner  à  semer 
do  belles  variétés,  car  elles  se  vendent  mieux  et  plus  cher  que  les 
autres.  Il  no  faut  pas  oublier  non  plus  que  la  Primevère  de  Chine 
aime  la  bonne  terre  et  les  engrais  liquides  étendus  d'eau.  La  graine 
de  la  récolte  précédant  le  serais  est  la  meilleure  ;  la  graine  de  trois 
ans  ne  lève  plus  que  par  moitié  et  les  pieds  qui  en  sont  issus  ne 
sont  pas  aussi  vigoureux  que  les  autres. 

Les  Plantes  florales  de  la  lille  de  Lyon.  —  La  belle,  la  splendide, 
l'admirable  (Sévigrié  à  mon  secours  !)  collection  d'Azalées  que  pos- 
sède la  Ville  de  Lyon  est  actuellement  en  fleur  ;  le  public  est  admis 
àla  visiter  tous  les  jours. 

Combien  il  est  regrettable  que  de  pareilles  plantes  soient  empilées 
dans  ce  local  étroit,  mesquin  et  en  ruines  que  quelques-uns  quali- 


—   109  — 

fient  hyperboliquement  de  serre.  Ça  une  serre?  Je  me  refuse  à  lui 
donner  ce  nom.  Si  la  Ville  n'a  pas  les  moyens  de  faire  construire 
autre  chose  pour  loger  cette  collection,  qu'elle  la  vende  et  qu'on 
n'en  parle  plus.  Ces  vieilles  carcasses  de  serres  rongées  par  le 
Bissus  et  les  cryptogames  supérieurs  ne  se  tiennent  vraiment  debout 
que  par  un  miracle  d'équilibre. 

Avec  les  Azalées,  quelques  belles  Orchidées  montrent  leurs  Heurs 
originales,  et  je  consoillo  aux  amateurs  de  leur  rendre  visite.  Ils 
verront,  par  exemple,  dans  la  grande  serre  —  celle-là  ne  tombe 
pas  en  ruines  —  sur  laquelle  on  a  écrit  en  grosse  lettres  :  Serre  aux 
Palmiers  —  probablement  parce  qu'on  y  a  planté  des  représentants 
un  peu  de  toutes  les  familles  —  ils  y  verront,  en  cherchant  bien, 
toute  une  collection  de  f  anda  fort  remarquable  et  quelques  jolis 
sujets  de  différentes  espèces  de  Uendrobium  et  autres  genres  inté- 
ressants. 

Brumixviijia  maçjnifiea. — Voici  une  Amaryllidée  de  l'Afrique  centrale 
figurée  dans  V IlUiUralion  horticole  (n"3,  1885)  qui  se  présente  avec 
des  fleurs  relativement  énormes  dont  l'aspect  rappelle  un  peu  celles 
du //(7ii<m /a«c//b/iMire  ou  s/)ec«o«!(m.  Le  périanthe  est  à  six  divisions 
lancéolées,  acuminées,  longues  de  10  centimètres,  larges  de  3  centi- 
mètres, blanc  pur  traversé  dans  le  sens  de  la  longueur  par  une 
large  bande  rouge  pourpré  avec  des  stries  et  des  lignes  parallèles 
plus  foncées.  L'inflorescence  en  ombelle  simple  contenant  de  nom- 
breuses fleurs  est  portée  sur  une  forte  hampe. 

Le  bulbe  est  très  gros  sphérique,  à  tuniques  colorées  de  rouge  et 
de  paille  d'où  sort  une  grande  toufle  de  feuilles  engainantes,  larges 
d'environ  dix  centimètres  et  profondément  canaliculées. 

Exposition  horticole  d'Anvers,  —  Les  journaux  belges  nous  annon- 
cent que  la  société  royale  d'horticulture  et  d'agriculture  d'Anvers 
a  reçu  du  gouvernement  la  mission  d'organiser  les  quatre  grandes 
expositions  horticoles  qui  seront  ouvertes  à  Anvers  à  l'Exposition 
universelle  qui  se  tiendra  dans  cette  ville  cette  année.  La  société  a 
obtenu  un  subside  do  cinquante  mille  francs  pour  cette  organi- 
sation. 

Prix  d'ioi  Cœlogifne  crislala  alba.  —  On  a  vendu  dernièrement  ;in 
exemplaire  de  l'orchidée  susdite  au  prix  modique  de  3,275  franc-. 
L'exemplaire  avait  sept  grappes  de  fleurs  blanc  de  neige.  Si  lui 
jardinier  avait  acheté  cette  plante  pour  en  vendre  la  fleur  il  aurait 
fallu  qu'il  vendit  chaque  grappe  un  peu  plus  de  23  francs  pour 
retirer  seulement  l'intérêt  de  son  argent. 

Ce  serait  un  peu  cher  pour  de  la  fleur  coupée.         V.  V.-M. 


—  110  — 

La  situation  agricole,  industrielle  et  commerciale 

au  Tonkin  (1'. 


Le  Tonkin  comprend  trois  plateaux  : 

l"  La  plaine  basse  ou  le  delta,  formé  d'alluvions  récentes 
accrues  chaque  année  par  les  apports  des  nombreux  cours  d'eau  ; 
c'est  la  partie  fertile  où  se  pressent  les  sept  dixièmes  de  la  popu- 
lation totale  ;  on  y  récolte  du  riz  en  quantité  suffisante  pour  la 
nourriture  des  habitants,  et  pour  une  large  exportation  ; 

2°  Au  nord  du  delta,  un  plateau  élevé  s'étendant  de  Lang-Son 
à  Son-Tay,  pays  pauvre,  peu  habité,  où  l'on  renconlre  des  Anna- 
miles,  des  Chinois  et  quelques  tribus  indépendantes  ;  cette  région 
est,  dit-on,  riche  en  minerais; 

3°  Au  sud,  un  troisième  plateau  très  élevé  qui  borde  la  mer  ; 
la  culture  en  est  difficile  ;  il  ne  produit  pas  assez  de  riz  pour  sa 
population;  on  y  récolte  cependant  du  coton,  des  ignames,  des 
arachides,   et  on  y  cultive  le  miàrier. 

Les  collines  du  littoral  contiennent  quelques  gisements  de  houille 
et  des  traces  de  mercure.  Le  deuxième  plateau  paraît  contenir 
de  la  houille,  de  l'or,  de  l'argent,  du  plomb,  du  cuivre,  du 
mercure  ;  mais  les  gisements  sont  peu  connus  et  inexplorés. 

Sur  le  troisième  plateau,  il  y  a  une  assez  belle  mine  de  cuivre 
et  un  gisement  de  houille  qui  s'étendrait  jusqu'en  Birmanie. 

Toutes  les  mines  sont  plus  ou  moins  aux  mains  des  Chinois. 

Dans  le  domaine  agricole,  c'est  le  riz  qui  domine.  De  toutes  les 
acclimatations  tentées,  c'est  celle  du  maïs  qui  a  le  mieux  réussi. 

La  canne  à  sucre  vient  bien  dans  les  terres  d'alluvion  ;  elle 
pourra  devenir  une  des  principales  ressources   culturales  du  pays. 

La  banane  joue  un  grand  rôle'dans  l'alimentation  ;  les  oranges 
sont  réputées  les  meilleures  de  l'Asie  ;  les  arbres  à  fruits  de  nos 
pays  réussissent,  mais  les  produits  sont  médiocres.  Le  cacao  et  le 
café  sont  rares.  Le  thé  vert  est  d'excellente  qualité  dans  quelques 
provinces,  il  demande  de  grands  soins. 

Le  ricin  qui  croît  partout  fournit  l'huile  d'éclairage  ;  les  huiles 
de  consommation  sont  celles  de  sésame  et  d'arachide. 

Les  cotonniers  sont  rabougris,  mais  ils  exigent  peu  de  soins  et 
donnent  un  rendement  sûr  et  de  bonne  qualité.  Le  coton  brut  est 
vendu  aux  Chinois  qui  fournissent  en  retour  du  fil  et  des  tissus. 

Presque  toutes  les  familles  des  plateaux  élèvent  des  vers  à  soie. 
La  soie  est  l'objet  d'une  exportation  considérable  ;  de  plus,  les 
habitants  tissent  des  crêpes,  des  brocarts,  des  satins  assez  estimés. 

(1)  Résumé  des  rapports  adressés  au  ministère  de  la  Marine  par  le  Résidant 
général,  à  Hue,  lu  par  M.  Léger  à  la  Société  d'Agricuitui-e,  il'Histoiro  uatarelle  et 
des  Arts  utiles  de  Ljon. 


—  111  — 

L'indigo,  dont  il  se  fait  un  grand  commerce,  est  la  base  de 
toutes  les  teintures  du  pays,  pour  lesquelles  on  emploie  encore 
certaines  tourbes,  des  écorces  et  quelques  tubercules  spéciaux. 

De  tous  les  végétaux  ligneux,  c'est  le  bambou  qui  sert  aux 
usages  les  plus  nombreux  ;  il  donne  deux  pousses  par  an.  Un  hec- 
tare planté  en  bambous  rapporte  annuellement  de  cent  à  cent  vingt 
francs. 

Le  rotin  fournit  la  matière  première  des  cordages  pour  les  navi- 
res et  des  nattes  de  luxe. 

Les  parties  marécageuses  donnent  plusieurs  variétés  de  bois  de 
fer.  Les  forêts  produisent  des  bois  estimés  pour  la  construction, 
entre  autres  une  espèce  de  frêne,  le  Noan,  qui  passe  pour  incor- 
ruptible, et  le  7?ac ,  bois  très  dur  dans  lequel  on  pratique  les 
incrustations  de  nacre. 

Les  produits  médicinaux  sont  :  la  cannelle,  le  musc,  le  benjoin, 
le  gingembre,  le  datura  stramouium,  le  bois  d'aigle. 

Les  productions  de  luxe  sont:  le  bétel,  l'arec,  la  laque,  l'aloès, 
le  camphre,  la  cire,  l'encens,  l'opium  et  les  Heurs. 

Avant  l'arrivée  du  corps  expéditionnaire  on  ne  connaissait,  dans 
le  pays,  que  les  farines  de  riz  ;  des  boulangers  chinois  font  actuel- 
lemeijt  un  pain  très  blanc  et  très  léger,  avec  un  mélange  de  farines 
de  riz  et  de  froment. 

La  population  ne  s'élève  guère  qu'à  dix  ou  douze  millions  d'ha- 
bitants, de  la  race  jaune  parlant  l'annamilo  et  professant  la  religion 
de  Bouddha  et  de  Confucius.  Leur  abord  est  généralement  alïable, 
la  physionomie  intelligente,  la  stature  assez  élancée.  Ils  vivent 
sous  un  régime  de  république  oligarchique  dans  les  communes, 
monarchique  dans  l'ensemble. 

Le  Tonkin  est  fréquemment  ravagé  par  des  typhons,  surtout 
d'août'à  octobre,  quelquefois  aussi  en  mai,  aux  changements  des 
moussons.  On  n'y  connaît  que  deux  saisons  bien  distinctes,  la  sai- 
son chaude,  de  mars  à  octobre,  puis  la  saison  froide. 

Les  pluies  sont  fréquentes  et  ne  sont  pas  particulières,  comme 
en  d'autres  pays  à  certaines  époques  de  l'année.  De  juin  à  septem- 
bre, la  chaleur,  qui  s'élève  jusqu'à  37",  est  particulièrement  péni- 
ble, à  cause  de  l'humidité.  En  hiver,  la  température  peut  varier 
de  6  à  22°  au-dessus  de  zéro. 

Le  pays  devient  malsain  en  février  et  mars,  quand  les  eaux 
sont  basses;  il  est  alors  difficile  de  se  procurer  de  l'eau  potalilc 
L'Européen  doit  surveiller  l'hygiène  de  sa  nourriture  et  de  son 
vêtement. 

La  faune  sauvage  du  Tonkin  comprend  quelques  éléphants  et 
quelques  tigres,  des  cerfs,  des  chevreuils,  des  loutres,  des  lièvres, 
e^c. 


—  U2  — 

Parmi  les  animaux  domestiques,  on  peut  citer  le  buffle,  sans 
lequel  la  culture  des  rizières  serait  impossible  ;  le  bœuf  qui  rend, 
malgré  sa  petite  (aille,  d'importants  services,  comme  animal  de 
trait  :  le  cheval  aussi  très  petit,  mais  sobre,  intelligent  et  infati- 
gable. Le  porc  et  les  animaux  de  basse-cour,  dont  nous  connais- 
sons les  types  importés  en  France,  font  l'objet  d'une  grande  impor- 
tation. 

La  culture,  sauf  celle  du  riz,  est  rudimentaire  ;  on  se  contente 
de  remuer  le  sol  et  on  n'emploie  pas  d'engrais.  Le  riz  donne, 
dans  le  Delta,  deux  récoltes  par  an. 

La  métallurgie  est  dans  l'enfance  ;  ou  trouve  à  peine  quelques 
fonderies  à  Hanoï  ;  l'industrie  est  à  naître,  et  tout  le  commerce 
est  entre  les  mains  des  Chinois. 


Mandragore  officinale 

Debout,  .sorcières,  nécromaiit?, 
Stryges,  qui  loin  de  tout  profane, 
La  nuit,  pour  vos  encliantemenfs. 
Broyez  des  simples  dans  un  crâne  | 
Magiciennes,  dont  la  voix 
A  souvent  efirayé  l'aurore 
Venez,  venez  au  fond  des  bois. 
Venez  cueillir  la  mandragore  ! 

J.-X.   Lirou-Bastidk. 

J'ai  lu,  il  y  a  quelques  années,  dans  le  grand  carré  de  papier 
qui  passe,  à  Lyon,  pour  le  journal  quotidien,  politique,  commer- 
cial, etc.,  le  mieux  informé,  le  petit  entrefilet  suivant,  inséré  dans 
la  chronique  locale  : 

«  Voici  le  printemps,  la  température  s'adoucit,  les  Dents-de- 
Lion  commencent  à  croître  et  nos  cultivateurs  ne  tarderont  pas  d'en 
apporter  sur  nos  marchés.  Qu'ils  se  méfient  toutefois  de  ne  pas 
nous  envoyer  en  même  temps  de  la  Mandragore  qui  croît  dans  les 
prés  avec  les  Dents-de-Lion  et  auxquelles  elle  ressemble  beaucoup. 
La  Mandragore  est  un  poison  violent  »  . 

Le  rédacteur  qui  avait,  armé  des  longs  ciseaux  traditionnels,  dé- 
coupé la  note  précédente  dans  quelque  autre  journal,  ne  connais- 
sait à  coup  sur,  ni  la  géographie  botanique,  ni  la  l)ent-de-Lion,  ni 
la  Mandragore.  La  Mandragore  ne  croît,  pas  en  France,  et  res- 
semble à  peu  près  à  une  Dent-  de-Lion  comme  une  lortue  ressemble 
à  un  perroquet. 

Cette  note  lamentable  n'eût  du  reste  aucun  succès,  car  le  lende- 
main, à  la  place  môme  ou  s'étalait  la  phrase,    c  Voici  le  printemps, 


—   113  — 


MANDRAGORE       OFFICINALE 


la  température  s'adoucit. . .  »  on  pouvait  lire  ce  qui  suit  :  «  Il  fait 
un  temps  do  loup,  la  neige  couvre  les  toits,  nous  rentrons  en  plein 
hiver. . .  »  Laissons  cet  incident  et  arrivons  à  notre  sujet.  ||.|  ^         . 

La  Mandragore  appartient  à  la  famille  à  laquelle  feu  le  docteur 
Socquet  se  plaisait  à  trouver  «  un  aspect  triste  »  ,  à  la  famille  du 
Tabac  et  de  la  Pomme  de  terre,  aux  Solanées  ;  cette  famille  si  utile 
par  ses  plantes  comestibles  et  si  redoutable  par  ses  alcoïdes  ter- 
ribles. 

La  Mandragore  a  joui  autrefois  d'une  telle  réputation  auprès 
des  magiciens,  charlatans,  triacleurs  et  abuseurs  du  monde,  qu'il 
serait  vraiment  dommage  de  laisser  perdre  le  souvenir  de  ces 
âneries  célèbres. 

Pythagore  appelait  la  Mandragore  :  Jntropomorphos,  c'est-à-dire 
qui  a  la  figure  d'un  homme,  et  on  la  trouve  décrite  et  figurée  sous 
ce  nom  dans  plusieurs  ouvrages  anciens.  Les  sorciers  du  temps 
jadis  prenaient  des  racines  de  Bryone  qu'ils  façonnaient  de  telle 
sorte  qu'elles  ressemblaient  à  peu  près  au  corps  d'un  homme, 
puis  ils  mettaient  des  graines  d'orge  et  do  millet  aux    endroits   que 


—  114  — 

nature  à  voulu  garnir  de  poils.  Quant  les  graines  de  millet  étaient 
germées  ils  en  coupaient  les  feuilles,  et  les  racines  de  ces  grami- 
nées simulaient  les  cheveux,  la  barbe  et  les  poils  en  question  ; 
puis  montrant  ces  racines  ainsi  préparées  ils  prétendaient  qu'elles 
avaient  poussées  sous  les  gibets  où  étaient  pendus  les  condamnés. 
En  outre,  ils  prétendaient  que  ceux  qui  arrachaient  ces  racines 
étaient  en  grand  danger  de  mort,  en  raison  de  quoi  il  fallait  atta- 
cher un  chien  à  la  Mandragore  pour  la  lui  faire  arracher  et  se  bou 
cher  les  oreilles  pour  ne  pas  entendre  le  cri  de  la  racine  ! 

Ces  pratiques  superstitieuses  remontent  à  Théophrasteetà  Pline 
qui  enseignaient  la  manière  d'arracher  la  Mandragore.  Ces  auteurs 
disaient  qu'il  fallait  faire  un  cerne  avec  un  couteau,  en  s'v  repre- 
nant à  trois  fois,  et  la  couper  en  regardant  le  soleil  couchant. 

Mathiole  estime  que  cette  fable  du  danger  que  courrent  ceux  qui 
arrachaient  la  Mandragore,  a  pris  son  origine  dans  Josephe,  qui  a 
écrit  que  la  racine  de  cette  plante  «  est  de  couleur  de  la  flamme  du 
feu  et  sur  le  soir  elle  étincèle  comme  les  rayons  du  soleil  »  et  qui 
donne  assez  longuement  la  manière  de  l'arracher  en  évitant  une 
mort  certaine. 

En  dehors  des  propriétés  purement  imaginaires  de  la  Mandra- 
gore, les  anciens  médecins  préconisaient  cette  plante  comme  hyp- 
notique et  stupéfiante  ;  ils  y  avaient  surtout  recours  avant  de  prati- 
quer les  opérations  chirurgicales  espérant  amener  chez  le  sujet  un 
certain  degré  d'anesthésie. 

La  Mandragore  participe  des  propriétés  de  la  Belladone  mais 
comme  elle  est  beaucoup  plus  rare  on  a  à  peu  près  renoncé  à  son 
emploi.  On  s'en  est  cependant  servi  avec  un  certain  succès  contre 
l'aliénation  mentale. 

La  Mandragore  n'est  guère  cultivée  que  comme  un  objet  de 
curiosité.  On  la  sème  au  printemps  et  on  repique  le  plant  en  automne 
en  ayant  soin  de  le  recouvrir  de  feuilles  sèches  quand  l'hiver  est 
rigoureux.  S.   Griphe. 

Arachide,  Pistache  de  terre 

Arackis  hypogœa  L. 

L'Arachide  est  une  des  plus  curieuses  plantes  de  la  famille  des 
Papillonacées.  Rien  de  plus  intéressant  que  sa  manière  de  fuctifier 
qu'elle  partage  du  reste  avec  quelques  autres  espèces,  notamment 
le  Trèfle  enterreur  (Trifolium  subter^'aneum)  et  le  Morisia  li!ii'u(jf(t, 
singulière  petite  crucifère  qui  habite  principalement  la  Corse. 


—  115 


ARACHIS      HYPOGŒA 


La  figure  que  nous  donnons  de  l'Arachide  nous  dispense  d'en 
faire  une  description  complète.  Nous  dirons  seulement  qu'elle  a  des 
lieurs  polygames  dont  les  hermaphrodites  sont  stériles  et  les  fe- 
melles fertiles.  Le  caljce  est  un  tube  assez  allongé  filiforme  à  limbe 
presque  bi-partite  ;  la  corolle  insérée  sur  la  gorge  du  caljce  a 
l'étendard  presque  orbiculaire,  les  ailes  oblongues  pliées  en  tra- 
vers, la  carène  recourbée  terminée  en  bec.  Les  étamines  sont  au 
nombre  de  10  soudées  en  un  seul  faisceau. 

L'ovaire  est  porté  sur  un  pédicelle  réfléchi,  raide.  La  gousse 
qui  est  oblonguc,  épaisse,  réticulée,  indéhiscente,  presque  articu- 
lée, s'enterre  dans  le  sol. 

Les  fleurs  fertiles  out  le  calyce,  la  corolle  et  les  étamines  nulles 
ou  presque  nulles. 

L'Arachide  est  cultivée  dans  beaucoup  de  pays  chauds,  soit  pour 
en  manger  la  graine,  soit  pour  en  extraire  l'huilo  contenue  dans 
ses  cotylédons.  Il  s'ct)  fait  chaque  année  une  immense  expor- 
tation de  la  côte  occidentale  d'Afrique,  du  Brésil  et  de  l'Inde,  etc., 
en  Europe.  L'huile  d'Arachide  est  excellente  et  sert  à  falsifier 
l'huile  d'olive  dans  laquelle  elle  entre  quelquefois  pour  un  quart  et 
même  plus. 

h'Ârachis  lii/poçjea  paraît  être  originaire  du  Brésil. 

Dans  les  pays  tempérés  ou  ne  cultive  guère  cette  plante  que  dans 
les  jardins  botaniques.  On  la  sème  eu  pot  sur  couche  et  on  la  livre 
en  pleine  terre  vers  la  fin  de  mai,  en  plein  jardin.  Cultivée  de  cette 
manière  elle  mûrit  parfaitement  ses  graines.  L.    C. 


—  116  — 

Culture  du  Darlingtonia  caliîornica  (1). 

Le  DarUiKjlonia  californica  a  poussé  chez  nous  des  urnes  hautes 
(le  65  cm.  qui,  loin  do  s'amincir  supérieurement  en  fuseau,  sont 
robustes  et  vigoureuses  preuve  indiscutable  que  noire  méthode  de 
culture  convient  à  son  tempérament. 

On  le  plante  de  bonne  heure,  en  janvier  ou  février,  dans  des 
pots  de  dimensions  relativement  faibles  et  pou  profonds  ,  pour  les 
pieds  plus  vigoureux  on  fait  usage  de  «  terrines  »  et  l'on  y  dé- 
pose une  couche  de  tessons  sufdsante  pour  formor  un  drainage 
efficace. 

Le  substratum  doit  être  poreux  et  marécageux.  Un  mélange  de 
sphaignes  découpés,  avec  un  peu  de  détritus  de  bois  et  de  feuillage 
et  de  fragments  de  tuiles  donne  d'excellents  résultats.  Après  rem- 
potage on  dispose  les  plantes  sous  châssis  abrité  contre  la  gelée 
ot  maintenu  à  peu  près  fermé.  Pour  obtenir  le  degré  d'humidité 
nécessaire  à  leur  croissance,  on  enfonce  les  pots  dans  de  la  mousse 
et  on  arrose  parle  haut  pendant  les  journées  chaudes  et  ensoleil- 
lées. Il  faut  donner  peu  d'eau  à  la  fois,  en  prenant  garde  de  jamais 
laisser  les  pots  se  dessécher. 

Ija  poussée  végétative  débute  on  mars  et  avril  ;  les  hampes  flo- 
rales apparaissent  et  se  couvrent  de  fleurs,  si  étrangement  confor- 
mées. Après  la  floraison  se  développent  les  nouvelles  ascidies. 

Pendant  les  mois  de  printemps  on  ferme  le  vitrage  pour  faire 
monter  la  température  des  châssis;  on  arrose  fréquei  iment  afin  de 
maintenir  l'atmosphère  humide.  Au  début  de  la  poussée  végétative 
la  plante  doit  être  abondamment  fournie  d'eau  et  légèrement  abri- 
tée quand  le  soleil  est  trop  vif.  Ces  précautions  ont  une  importance 
capitale  au  printemps  aussi  bien  qu'au  commencement  de  l'été  : 
elles  sont  indispensables  pour  que  les  urnes  poussent  rapidement 
et  acquièrent  tout  leur  développement. 

Une  fois  ce  résultat  atteint  on  donne,  peu  à  peu,  plus  d'air  et 
de  lumière,  de  façon  à  l'y  accoutumer  graduellemenl  et  à  ne  plus 
devoir  l'abriter,  pendant  l'été,  que  lors  de  journées  exceptionnelle- 
ment chaudes.  On  peut  même  dégarnir  graduellement  les  châssis 
de  leur  vitrage  quitte  à  le  replacer  par  des  temps  secs  et  chauds, 
afin  de  maintenir  suffisamment  humide  l'atmosphère  intérieure. C'est 
en  habituant  ainsi  les  plantes  à  l'air  et  à  la  lumière  qu'on  obtient 
cette  brillante  coloration  des  urnes,  moins  apparente  chez  les  Par 
linglonia,  mais  si  remarquable  dans  les  Sarracenia,    Ccphalolus,  etc. 

(I)  Par  C.  Wisseubach  .lu  Wilhelmshœhe  près  Cassel.  Traduit  de  Gartcn  Zcilumjy 
par  la  ticlijique  horticole. 


—   117  — 

L'été  dernier  nous  avons,  en  guise  d'essai,  placé  plusieurs  Dar- 
lingtonia  et  Sarracenia  dans  de  larges  caisses  en  zinc  remplies 
(FeaLi,  de  façon  que  le  fond  des  pots  vint  juste  au  niveau  du  li- 
quide. Le  succès  de  cette  uaétlioùe  s'est  pleinement  affirmé.  Lfis 
plantes  recevaient  par  dessous  une  humidité  abondante,  grâce  à  l'ap- 
provisionement  d'eau,  et  l'atmosphère  intérieure  se  maintenait 
mieux  saturée  qu'au  moyen  des  mousses  dont  nous  faisions  usage. 

Vers  le  milieu  de  l'été  se  développe  habituellement  une  secoade 
pousse,  qui  atteint  son  complet  développement  sans  nécessiter  une 
réclusion  aussi  complète  qu'au  printemps. 

Vers  l'automne  on  suspend  peu  à  peu  les  arrosages  afin  de  pré- 
parer les  plantes  au  repos  liivernal,  et  on  leur  fait  passer  la  mau- 
saison,  non  dans  la  serre,  mais  sous  châssis  froid  à  l'abri  des  ge- 
lées, dont  une  légère  atteinte  ne  peut  du  reste  leur  faire  aucun 
tort. 

La  multiplication  des  Darlingtonia  s'effectue  sans  difficulté  au 
moyen  de  rejets  que  les  pieds  vigoureux  produisent  en  abondance. 

Il  faut  avant  tout  apporter  un  soin  spécial  à  supprimer  la 
vermine  qui  pourrait  envahir  la  plante.  Un  seul  puceron  suffit, 
non  pas  précisément  pour  détruire  unejeune  urne,  mais  en  tous  cas 
pour  la  déformer  à  jamais.  Il  est  facile  d'en  avoir  raison  à  l'aide 
d'aspersions  répétées  de  lessive  de  tabac. 

Nous  traitons  d'une  façon  identique  les  Dionœa  muscipula,  Ceplm- 
tns,  Drosera,  Sarracrnia  variolaris,  piirpurea  et  psiUacina  et  nous  en 
obtenons  d'aussi  bons  résultats.  Le  Ceplicdotus  et  les  Drosera  diclio- 
loma  et  capensis  passent  l'hiver  en  serre  sous  température  de  5  à  7°  c . 
Les  Sarracenias  fluva,  Drumniondi ,  rubra  et  Clielsoiii  cultivés  de  la 
même  façon  n'ont  pas  aussi  bien  réussi  ;  ils  paraissent  réclamer 
plus  de  chaleur. 

Calendrier  horticole. 


Résumé  des  travaux  cl  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 

AVRIL 

Jardin  d'agrément.  —  Les  travaux  de  pleine  terre  consistent  sur- 
tout dans  la  bonne  tenue  des  massifs,  des  plate-bandes,  qu'on  doit 
tenir  travaillés.  Les  plate-bandes  qui  contiennent  des  plantes  viva- 
ces  tardives  doivent  toujours  être  labourées  quand  toutes  les  espèces 
sont  visibles,  sans  cela  on  détruit  fréquemment  des  plantes  intéres- 
santes ;  une  bonne  précaution  consiste,  à  l'automne,  de  les  marquer 
d'un  piquet.  Les  allées  seront  tenues  râtissées  et  on  fauchera  les 


—   118  — 


gazons.  Les  piaules  aniuielles  semées  en  place  le  mois  précédent 
seront  arrosées  à  propos  avec  un  peu  d'engrais  liquide  qui  en  favo- 
risera le  diîveloppement.  Les  pensées  ne  sont  réellement  belles  que 
lorsqu'elles  reçoivent  fréquemment  ce  genre  d'arrosement.  On  peut 
encore  diviser  toutes  les  plantes  vivaces  à  floraison  tardive.  On 
sèmera  si  cela  n'a  pas  été  fait  le  mois  précédent  : 


Argemone. 

Balsamine?. 

Belle  de  jour. 

Belle  d.^  !iuil. 

Capucines. 

Chi'3'.-anthome  caréi:ée 

Clarkia. 

CiBome. 

Collinsia. 


Coquilicot. 

Co'eopsis. 

Eschsch'dtzia. 

Gilia. 

Gii-oflées  qiiftraijtaines 

Godctia. 

Immortelles. 

Lavater. 

Mufliers. 


Œillets  de  Chine. 

Œilleisd'Ind.-. 

Phlix  de  Druniinotii 

Piiurpier.o. 

Réséda. 

Salpiglofsis. 

Zinnias,  elc. 


Sur  couche,  on  peut  semer  toutes  les  espèces  annuelles  délicates 
qui  demandent  un  peu  plus  de  chaleur  pour  bien  se  développer. 
Quand  on  sème  sur  couche,  il  faut,  quand  le  plant  est  assez  fort, 
procéder  à  un  ou  deux  repiquages  successifs.  Les  plants  deviennent 
plus  beaux  cl  reprennent  mieux  quand  on  les  met  en  place. 

Jaid'm  potager.  —  Les  travaux  du  mois  précédent  doivent  se 
continuer  activement.  On  doit  donner  aux  semis  des  arrosements 
superficiels  à  l'engrais  liquide  étendu  d'eau.  On  œilletonnc  les  arti- 
chauts, dont  on  peut  former  de  nouveaux  carrés.  Oh  plante  égale- 
ment les  asperges,  le  thym,  l'estragon,  les  pommes  de  terre.  Il  y 
a  des  espèces  qui  passent  promptement  ou  qui  ne  sont  réellement 
bonnes  que  lorsqu'elles  sont  jeunes,  telles  que  radis,  laitue,  etc.  Il 
est  utile  de  semer  ces  sortes  fréquemment.  C'est  le  moment  de 
semer  : 


Bettes  à  côtes. 

Choux-raves. 

Persil. 

Battes  à  salade. 

Cresson  alénois. 

Poireaux. 

Caroltes. 

Epinarda. 

Radi.«. 

Céleri.». 

Haricot!'. 

Roi]uette! 

Cerf.uil. 

Laiiue.«. 

Salsifis. 

Choux  pommé.'. 

Oijnon?. 

Scorzonère 

Choux-fliur?. 

Panais. 

etc. 

Sur  couche  on  sèmera  tous  les  légumes  qui  craignent  le  froid, 
tels  que  :  Melons,  Courges,  Cornichons,  Tomates,  Aubergines, 
Piments,  etc. 

Jardin  fruiiicr.  —  On  taillera  les  arbres  trop  vigoureux  dont  la 
taille  a  été  retardée  pour  atténuer  leur  trop  grande  vigueur.  On  peut 
également  ébourgeonner  les  bourgeons  inutiles  qui  se  développent 
sur  les  arbres.  Une  bonne  précaution  consiste  à  garantir  les  espa- 
liers contre  les  gelées  printaniôres. 

Serres.  —  On  continue  activement  tous  les  rempotages  qui  n'ont 
pu  être  faits  plutôt.  Les    serres  tempérées  seront    aérées   dès    le 


—   119  — 

matin  quand  la  température  n'est  pas  trop  basse.  On  ombre  avec 
des  claios  quand  le  soleil  frappe  sur  les  vitrages.  A  défaut  de  claies 
on  dépolit  les  vitres  en  les  blanchissant  avec  un  lait  de  chaux  dans 
lequel  on  met  un  peu  do  vert.  C'est  le  moment  de  faire  les  premiers 
semis  de  Primevères  de  Chine  ;  on  en  sèmera  également  au  15  mai 
et,  pour  obtenir  de  bonnes  graines,  au  15  juin.  Dès  que  les  plantes 
molles  (Fuchsias,  Héliotropes,  Anthémis,  etc.)  commenceront  à 
tapisser  légèremeiit  les  pots  où  elles  auront  été  empotées,  on  les 
rempotera  à  nouveau  si  on  veut  obtenir  des  plantes  vigoureuses  ; 
on  leur  fera  —  sauf  aux  Fuchsias,  ^ubir  plusieurs  pincements. 


Pomologie. 

Observations  sur  les  Poires. 


De  Lamartine.  —  Arbre  très  vigoureux;  la  forme  haute  tige  lui  convient; 
très  fertile.  Fruit  petit,  de  2"  qualité;  les  fruits  son'  durs  et  piirroux. 
Maturité  courant  octobre. 

Lansac.  —  Sjn.  :  1"  Laasac  Dauphine  ;  2^  gros  Lichefrion  ;  3°  Liahefiion 
d'automne;  4°  Dauphine  ;  5°  Frangepasse  d'automne;  6°  de  Hdzé;  7°  Satin  ; 
8»  Sa.ns  peau  d'automne;  9°  Marquis  d'Hem  ;  10»  d'Azay  ;  11»  Bergamote  de 
Bussy;  12°  Marquis  d'Ytem  ;  13°  Vaudûise.  Arbi-o  faible  ;  pour  le*  grandes 
formes  il  faut  la  greffer  sur  franc  ;  trè^i  feriile. Fruit  plutôt  petiique  moyen, 
quelquefois    bon,    autrement  de  2°  qualité.  Maturité  courant  octobre. 

Laure  de  Glymes.  —  Arbre  faible  qui  no  convient  que  poar  les  petites 
formas,  telles  que  :  Cordons  obliques,  horizontaux  oa  buissons;  très  fertile. 
Fruit  ne  dépassant  jamais  la  moyenne  en  grosseur,  de  2°  qualité.  Maturité 
courant  octobre. 

Lawrence.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire  ;  les  petites  formes  lui  convien- 
nent le  mieux  ;  très  fertile.  Fruit  moyen.  DilTéreuts  catalogues  le  donnent 
de  2'  et  3"  qualité.  Quoique  rejeté  par  le  Congrès  Pomologique  de  France, 
chez  moi  il  est  très  bon.  Je  présume  que  l'exposilion  et  le  terrain  lui  con- 
viennent, car  le  terrain  est  léger,  siliceux  et  sur   une  hauteur. 

Léon  Grégoire.  —  Arbre  faible  qui  ne  convient  qu'en  petites  formes  ; 
fertilité  ordinaire.  Fruit  grosseur  variable,  tantôt  de  2°  et  tantôt  de  3=  qualité. 
Maturité  courant  novembre. 

Léon  Leclerc  de  Laval.  —  Syn.  :  1°  Léon  Leclerc  ;  2°  Bési  de  Caen  ; 
3°  Monarch  Knight  d'hiver.  Arbre  de  vigueur  ordinaire  ;  toutes  les  formes 
lui  conviennent,  sauf  la  haute  tige,  à  causa  de  la  grosseur  de  son  fruit  que 
les  orages  font  tomber.  Fruit  très  gros,  n'est  bon  que  cjit.  Mafurité  de 
décembre  à  mars. 

Léopold  1".  —  Arbre  de  vigueur  moyenne,  qui  peut  se  conduire  sous  toutes 
formes  ;  peu  fertile.  Fruit,  moyen  ,  de  2»  qualité.  Maturité  d'octobre  à 
novembre. 

Lewis.  —  Syn.  :  1°  Lani^  ;  2°  Leurs.  Arbre  vigoureux,  mais  dépourvu  de 
branches  ;  oi  peut  le  conduire  sous  toutes  formas,  très  fertile.  Fruit"  pedt  ou 
moyen,  de  2°  qualité.  Maturité  courant  octobre. 

Lieutenant  Poidevin.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire,  peu  fertile  ;  les 
formes  pyramides  et  corions  lui  conviennent  le  mieux.  Fruit  très  gros  qui 
n'est  bon  que  cuit.  Maturité  janvier  à  mars. 


—  120  — 

Livre.  —  Sjn.  :  1»  Roi  de  Louvaia  ;  2»  Liebrale  ;  3°  Beurre  de  Louvaio  ; 
4°  Gros  râteau  gris;  5°  d'Amour;  Q"  à&  Gros  Reateau.  Arbre  faible  qu'il  faut 
greffer  sur  franc  pour  le  conduire  à  haute  ti^^e,  et  ne  pas  le  tailler,  très 
fertile  dans  l'âge  adulte.  J'en  ai  vu  dans  le  Bugey  et  la  Savoie  qui  sont 
séculaires  et  qui  rapportent  plus  de  5(10  kilos  de  fruits.  Fruit  très  gros, 
très  bon  cuit.  Maturité  de  novembre  àjanvior. 

Louis-Philippe.  —  Syn.  :  1°  Philippe  de  France;  2»  Grand  Salomon. 
Arbre  assez  vigoureux,  fertilité  ordinaire,  les  formes  cordons  et  pyramides 
lui  conviennent  le  mieux  à  cause  du  fruit  très  gros  que  le  vent  fait  tomber. 
Fruit  très  gros,  n'est  bon  que  cuit.  Maturité  courant   septembre  à    octobre. 

ROUTIN. 


REVUE  DES  CATALOGUES 


—  Gustave  Knoderer,  horticulteur,  rue  StEiienna,  55,  à  Nice  (Alpes- 
Maritimes).  —  Catalogue  et  Prix-courant  de  graines  et  de  végétaux  cultivés 
dans  l'établissement.  Graines  potagères  et  da  fleurs  :  Dahlias,  Œillets,  Giro- 
flées, Pétunias,  Palmiers  divers,  Primevères  de  Chine,  Plantes  diverses  : 
Palmiers,  Dracœnas. 

—  DÉLAUx  ET  Fils,  horticulteurs,  à  St-Martin-du-Toueh,  près  Toulouse 
(Haute-Garonne).  —  Catalogue  comprenant  l'énuméralion  et  les  figures  des 
nouvelles  variétés  de  Chrysanthème  qai  seront  mises  au  commercj  par 
rétablissemeut.  Abutilons,  Allernanthera,  Bégonia,  Coleus,  Bouvariias, 
Cannas.  Fuchsias,  Dahlias,  G.  Zonales  (nouveautés  pour  1885).  Grand  choix 
de  plaiites  pour  corbeilles,  etc. 

—  RozAiN  BoucHARL\T,  successeur  de  Boioli^rlat  aîné,  horticulteur, 
30,  rue  Coste,  à  Cuire  lès-Lyon. — Catalogua  et  Prix-3oarant,  pour  1885.  de* 
plantes  cultivées  dans  l'établissement.  Nouveautés  pour  1885  da-is  les 
genres  :  Pelargoaium  à  grandes  fleurs,  zonales,  paltitum;  Fuchsia^  Dah  ia». 
Bégonia,  Bouvardias,  Véroniques,  Abutilons,  Lantana,  et.'.  Gollectiois  en 
nombreuses  variétés  àîs  mêmes  genres. 

—  Laurent  Carle,  horticulteur,  route  d'Heyrieu  218  et  220,  Monplaii'ir- 
Lyon.  —  Grande  culture  spéciale  d'Œillets  remontants.  Nouveautés  pour 
1885  (trois  variétés  :  Souvenir  da  François  Labruyère,  rougj  brillant  ; 
Louise  Chiélien,  blanc  légèrement  strié  rouge;  M"^'  J.  Charon,  centre  ros) 
carné,  largement  bordé  blanc).  Collection  très  nombreuse  des  plus  bail. s 
variétés  d'Œillets  remontants.  Œillets  pour  la  floraison  d'hiver  ;  Mignar- 
dises  remontantes.  Graines  d'oeillets, 

—  J.  Pertuzès,  horticulteur,  5t5,  rue  des  Chalets,  à  Toulouse  (Hauto- 
Garonne).  —  Catalogue  spécial  de  Chrysanthèmes  du  Japon,  da  l'Inde,  de  la 
Chine,  avéolifoimes,  précoces,  etc.,  etc.  Très  belle  et  très  nombreus.'  collec- 
tion comprenant  l'élite  des  variétés.  Liste  des  dernières  obtentions  do 
Chrysanthème  accompagnant  le  Catalogue. 

—  Lemoine,  horticulteur,  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle).  —  Catalogue 
et  Prix-courant  pour  le  printemps  et  l'été  de  1885.  Ce  Catalogue  comprend, 
outre  les  genres  habituels  cultivés  dans  l'établissement,  les  variétés  nou- 
velles suivantes:  Bégonia  semperflorens  elegans  ;  Bouvardia  doubles  à 
fleurs  écarlates  ;  Pelargonium  à  grandes  fleurs  simples  et  doubles,  Pelar- 
gonium  zonale,  Pelargonium  peltatum,  etc.,  etc. 


Le  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon,   —  Irap.  du  Salât  Public.  —  Bellon.  r.  de  lu  République,  33 


1885  AVRIL  N"     8 


CHRONIQUE 


Climalolologie  trompeuse.  —  J'ai  lu,  dans  le  temps,  un  livre,  la 
Logique  de  Pori  Royal,  dans  lequel  on  enseigne  l'art  de  bien  rai- 
sonner. Ce  n'est  pas  pour  me  vanter  que  je  dis  cela,  car  si  j'ai  lu 
le  livre,  rien  ne  prouve  que  je  me  sois  assimilé  sa  substance;  il  y 
a  des  élèves,  forts  en  thème,  qui  l'ont  ruminée  pendant  dix  ans  et 
qui  n'y  ont  rien  compris. 

Dans  ce  livre  il  y  a  quelque  part  un  chapitre  qui  apprend  com- 
ment on  résout  certaines  propositions  par  analogie  ;  je  vous  con- 
seille de  vous  méfier  de  ce  chapitre  qui  pêche  par  la  base  et  perd 
son  centre  de  gravité.  Exemple  : 

J'apporte  d'Algérie,  de  Tunisie,  de  Sardaigne  ou  du  Midi  de  la 
France,  une  plante  annuelle  ou  vivace  que  je  transporte  dans  mon 
jardin  situé  plus  au  nord  sur  la  carte,  et  je  me  dis  en  choisissant 
l'endroit  le  plus  chaud,  la  meilleure  exposition  pour  la  planter  : 
c'est  une  plante  du  Midi,  il  lui  faut  de  la  chaleur  ! 

Il  fait  très  chaud  d'où  cette  espèce  vient,  la  logique  veut  que  je 
la  place  dans  des  conditions  analogues.  Eh  !  bien,  la  logique  dans 
ce  cas  fait  fausse  route  et  vous  devez  raisonner  tout  différemment  ; 
par  exemple  de  la  manière  suivante  :  cette  plante  vient  d'un  pays 
chaud  :  plaçons-là  dans  l'endroit  le  plus  frais  du  jardin  ! 

Quel  paradoxe,  me  direz-vous  ?  Vérité  pure  cependant,  et  je  le 
prouve  (?) 

Il  fait  très  chaud  dans  le  Midi quand  il  fait    très  chaud  ; 

mais  j'aurais  pu  me  souffler  dans  les  doigts  à  Alger  ou  à  Mosta- 
ganem  si  j'y  avais  été  quand,  en  janvier  ou  février,  le  thermomètre 
accuse  un  ou  deux  degrés  au-dessous  de  zéro.  Il  ne  fait  donc  pas 
toujours  très  chaud  dans  le  Midi,  ce  que  personne,  à  ma  connais- 
sance, ne  conteste,  les  observations  météorologiques  étant  là  pour 
mettre  à  la  raison  les  récalcitrants.  Eh  bien,  s'il  ne  pas  fait  toujours 
très  chaud   dans  ces   pays  qu'est-ce  qui  prouve   que  les  plantes 


—  \t-2   — 

annuelles  ou  vivaces  qui  y  croissent  spontanément  préfèrent  pour 
croître  les  hautes  ou  les  moyennes  températures?  Rien.  Mais  au 
contraire  il  y  a  des  preuves  pour  démontrer  qu'un  grand  nombre 
de  plantes  de  ces  pays  se  sèment  ou  commencent  à  se  développer 
quand  l'automne  arrive,  qu'elles  poussent  bien  pendant  l'hiver  et 
Heurissent  au  printemps.  Quand  vient  l'été,  elles  disparaissent. 
Pendant  les  grandes  chaleurs,  qui  coïncident  du  reste  presque  tou- 
jours avec  la  période  de  sécheresse,  les  plantes  annuelles  ont  mûri 
leurs  graines  ;  les  bulbeuses,  tuberculeuses,  rhizomateuses  et  viva- 
ces ont  fait  leur  provision  d'amidon,  et  les  unes  et  les  autres  atten- 
dent des  jours  meilleurs  pour  renaître  définitivement.  On  voit  donc 
que  ce  serait  mal  raisonner  si,  parce  qu'une  plante  vit  à  l'état  sau- 
vage dans  un  pays  chaud,  on  en  concluait  qu'il  faut  lui  donner 
comme  emplacement  l'endroit  le  plus  chaud  du  jardin. 

La  géographie  botanique  qui  rendra,  lorsqu'elle  sera  familière 
aux  jardiniers,  de  grands  services  à  l'horticulture,  devra  ajouter  un 
chapitre  spécial  à  l'histoire  des  plantes  exotiques  et  indiquer  les 
conditions  de  température  dans  lesquelles  elles  croissent.  L'altitude 
et  la  latitude  ne  suffisent  pas,  même  approximativement,  pour  cela. 

Thcophrasla  Jitssiœi.  —  Il  y  a  actuellement,  au  Parc  de  la  Tête- 
d'Or,  dans  les  cultures  confiées  à  M.  Gaulain,  un  fort  joli  arbris- 
seau en  fleur  :  le  Ihecphrasla  Jassiœi.  A  St-Domingue,  si  j'en  crois  les 
on  dit,  cet  arbrisseau  serait  connu  sous  le  nom  de  Petit  coco  et  ses 
graines  broyées  serviraient  à  faire  du  pain.  Si  la  chose  est  exacte, 
nous  devons  à  ce  Thcoplirasta  non  seulement  notre  admiration  pour 
la  grâce  avec  laquelle  il  porte  ses  verticilles  de  feuilles,  mais  notre 
respect  pour  son  utilité.  Tous  les  arbres  ne  peuvent  pas  faire  du 
pain. 

Le  Theophrasta  Jussuei  donne  des  grappes  de  fleurs  assez  grandes, 
mais  sans  éclat  ;  elles  ne  sont  ni  blanches,  ni  jaunes,  ni  rouges, 
ni  vertes,  mais  d'une  couleur  terne,  blanc  sale,  jaunâtre  et  grisâ- 
tre. Elles  sont  de  consistances  charnues,  hyalines.  Le  calice 
monosépale  à  cinq  parties  est  à  préfloraison  quinconciale.  La 
corolle  tubuleuse,  presque  pentagonale  à  cinq  lobes  obtus,  semi- 
orbiculaires,  a  environ  trois  centimètres  d(!  hauteur  sur  un  centi- 
mètre et  demi  de  largeur.  Les  étamines  sont  au  nombre  de  cinq 
situées  à  la  base  de  la  corolle  laquelle  dans  cet  endroit  porte  cinq 
appendices  toujours  rapprochés  formant  une  sorte  de  bourrelet 

Congrès  international  cC liorliculturc  à  Paris.  —  M.  Léon  Say, 
informe  l'Association  horticole  lyonnaise  que  la  Société  nationale 
et  centrale  d'horticulture  de  France,  dont  il  est  le  président,  a 
pensé  devoir  tenir  pendant  la  durée  de  l'Exposition    internationale 


—  123  — 

d'horticulture  qui  se  tiendra  à  Paris  du  20  au  31  mai  prochain,  un 
Congrrs  inlornaliunal. 

En  portant  cette  décision  à  la  connaissance  de  l'Association, 
Monsieur  le  Président  engage  ses  membres  à  prendre  part  aux 
Travaux  du  Congrès. 

Nous  espérons  que  tous  ceux  de  nos  confrères  qui  se  rendront 
à  Paris  pour  voir  l'exposition  ne  manqueront  pas  de  se  rendre  à  l'ai- 
mable et  utile  invitation  adressée  par  la  Société  nationale. 

Exposition  (Chorlicullure  à  Païenne.  —  La  Soeiela  di  orliculhirn 
(H  Palermo,  vient  de  faire  paraître  le  programme  de  la  deuxième 
exposition  d'horticulture  qu'elle  tiendra  à  Palerme  du  19  au  27  sep- 
tembre prochain.  Ce  programme  contient  8  sections,  et  de  nom- 
breux concours  dans  chaque  section.  Les  personnes  qui  voudraient 
prendre  part  à  cette  exposition  devront  adresser  leur  demande  au 
Président  de  la  société  au  «  Palazo  Cuto,  Via  Vittorio  Emanuele, 
N"  490,  Palerme  » 

Le  premier  Fuchsia.  —  Le  Gardening  Tf'orld  raconte  que  des 
exemplaires  de  plusieurs  espèces  de  Fuchsias  furent  introduites  en 
Europe,  au  siècle  dernier,  mais  que  ces  jolies  plantes  trouvèrent 
place  dans  les  herbiers  et  non  dans  les  cultures.  La  véritable  intro- 
duction du  Fuchsia  comme  plante  d'ornement  ne  remonte  qu'à  une 
soixantaine  d\innées. 

«  Feu  John  Lee,  l'horticulteur  d'Hammersmith,  fut  un  jour 
visité  par  un  visiteur  qui  l'informa  qu'on  pouvait  voir,  à  une  fenêtre 
du  quartier  de  l'est  à  Londres,  une  johe  plante  d'un  aspect  parti- 
culier, ayant  une  fleur  en  clochette  rouge  à  milieu  pourpre.  John 
Lee  se  mit  à  la  recherche  de  la  plante  et  la  trouva  chez  la  femme 
d'un  marin,  elle  ne  voulut  d'abord  la  vendre  à  aucun  prix,  mais 
la  céda  enfin  en  échange  de  tout  l'argent  que  l'horticulteur  avait 
sur  lui.  Celui-ci  emporta  la  précieuse  plante,  lui  enleva  tout  vestige 
de  fleurs  et  à  la  saison  suivante  M.  Lee  se  vit  possesseur  de 
300  exemplaires  qui  se  mirent  à  fleurir.  Il  les  vendit  l'un  après 
l'autre  à  une  guinée  la  pièce  ;  sa  plante  lui  rapporta  ainsi  300  gui- 
nées.  » 

Je  ne  sais  pas  si  cette  histoire  n'est  pas  apocryphe,  mais  ce  qu'il 
y  a  de  certain,  c'est  qu'il  y  a  plus  de  soixante  ans  que  le  Fuchsia 
est  répandu  dans  les  cultures.  J'ai  sous  les  yeux  la  huitième  édition 
du  Dictionnaire  des  jardiniers,  de  Ph.  Millers,  édition  publiée  en 
1785,  qui  en  mentionne  déjà  la  culture.  Dumont  de  Courset  culti- 
vait le  Fuchsia  en  serre  chaude,  mais  il  eut  l'idée  de  le  passer  en 
serre  tempérée  où  il  réussit  admirablement  et,  en  1799,  l'ayant 
planté  en  plein  air  il  se  comporta  si  bien   qu'à  la  fin  de  la  belle 


—   124  — 

saison  il  le  couvrit  de  fumier  de  litière  et  il  subsista  dans  l'endroit 
malgré  plusieurs  hivers  rigoureux. 

Fruclifiraiion  du  Dattier  à  Montpellier.  —  M.  Sahut,  dans  une  des 
précédentes  réunions  de  la  Société  d /fort i culture  de  V Hérault,  a  pré- 
senté une  partie  d'un  régime  de  dattier  provenant  d'un  bel  échan- 
tillon de  cette  espèce,  qui  a  fructitié  cette  année  dans  le  jardin  de 
M.  Faulquier,  à  Montpelher. 

Planté  en  1857,  ce  dattier  s'est  développé  assez  rapidement; 
son  tronc  mesure  actuellement  1  m.  50  de  hauteur,  sur  environ 
1  m.  60  de  circonférence.  Cet  arbre,  qu'on  ne  recouvre  pas 
l'hiver,  a  toujours  néanmoins  parfaitement  résisté  au  froid.  Il  est 
vrai  que,  d'une  part,  ce  dattier  se  trouve  dans  un  jardin  situé  du 
côté  sud-est  de  la  ville  et  abrité  lui-même  contre  les  vents  froids 
par  des  maisons  de  quatre  éiages,  au  pied  de  l'une  de  ces  maisons 
et  à  peu  de  distance  de  l'angle  qu'elles  forment  dans  la  direction 
du  sud-est.  D'autre  part,  ce  dattier  est  planté  à  une  faible  distance 
d'une  serre  chauffée.  Grâce  à  ces  conditions,  cet  arbre  a  pu  se 
conserver  en  plein  air  jusqu'à  ce  jour  sans  couverture  d'aucune 
sorte  et  résister  complètement  aux  hivers,  parfois  rigoureux,  qu'il 
a  eu  à  supporter. 

Quoique  ce  palmier  soit  isolé  el  que  même  il  n'er  existe  pas 
d'autres  à  d'assez  grandes  distances,  il  a  cependant  fructifié 
depuis  1879. 

Les  escargots  comvjc  engrais.  — Notre  collègue,  M.  Hoste,  nous  a 
communiqué  une  lettre  d'un  de  ses  clients  dans  laquelle  nous  trou- 
vons mentionné  les  bons  résultats  obtenus  dans  la  culture  des 
plantes  florales,  en  introduisant  dans  les  vases  une  certaine  quantité 
d'escargots  préalablement  écrasés.  On  met  les  escargots  entre  deux 
couches  de  terre  et  on  rempote  les  plantes  qui  poussent  admira- 
blement. 

Le  procédé  peut  être  bon,  mais  ne  peut  pas  être  pratiqué  en 
grand.  Cependant  comme  les  escargots  sont  des  animaux  très  nui- 
sibles dans  les  jardins  et  que  chacun  en  poursuit  activement  la 
destruction,  il  n'est  pas  inutile  de  savoir  que  s'ils  sont  nuisibles 
vivants,  ils  peuvent  être  utiles  après  leur  mort. 

Tulipa  creiica.  —  Parmi  les  plantes  qui  habitent  l'île  de  Crète, 
on  peut  signaler  une  très  singulière  tulipe  qui  se  fait  remarquer 
par  l'exiguité  de  toutes  ses  parties.  Ses  feuilles  canaliculées, 
étalées  sur  le  sol,  bordées  d'un  liseré  brun,  ont  de  5  à  7  cent, 
de  longueur  ;  la  hampe  florale,  qui  est  haute  de  3  cent,  environ, 
porte  une  fleur,  une  vraie  petite  miniature,  qui  a  à  peine  2  cent, 
de   hauteur  sur  un  diamètre    d'égale   dimension.    Le   coloris  des 


—  125  — 

pétales  est  blauc  rosé  intérieurement,  avec  une  ligne  brune  ou  une 
teinte  violacée  sur  le  dos. 

Cette  plante,  que  nous  cultivons  depuis  deux  ans,  a  été  envoyée 
en  Europe  par  M.  Reverchon,  botaniste-collecteur,  qui  a  passé 
deux  étés  en  Crète. 

Le  Tulipa  cretica  est  contemporain  pour  l'époque  de  floraison  des 
T.  prœcox,  alpeslris  et  suaveolcns.  Nous  n'en  conseillons  pas  la 
culture  aux  horticulteurs,  bien  que  la  plante  soit  très  remarquable, 
parce  que  sauf  quelques  amateurs  qui  savent  apprécier  le  mérite 
des  raretés,  le  gros  du  public  n'aime  que  les  fleurs  de  grandes 
dimensions  ou  de  coloris  étincelant. 

Àrbusle  vigoureux.  —  J'ai  lu  dernièrement  un  prospectus  con- 
tenant rénumération  de  quarante-deux  rosiers  nouveaux  mis  au 
commerce  par  différents  obtenteurs  en  automne  1884.  C'est  à  peu 
près  la  moitié  de  ceux  qui  ont  été  vendus.  Les  descriptions  sont 
celles  des  obtenteurs. 

Dans  ces  descriptions  j'ai  compté  33  arbustes  vigoureux, 
huit  très  vigoureux  et  un  assez  vigoureux.  C'est  une  affaire 
convenue,  les  rosiers  nouveaux  sont  vigoureux,  très  vigoureux  et 
assez  vigoureux  ;  on  ferait  donc  bien,  à  mon  avis,  de  laisser  la 
vigueur  de  côté  dans  les  descriptions,  puisque  tout  le  monde  est 
d'accord  et  que  personne  n'a  le  courage  de  qualifier  ses  enfants  de 
rachitiques. 

Dans  les  mêmes  descriptions  il  y  a  29  fleurs  grandes,  7  très 
grandes,  5  moyennes  et  une  petite.  Les  fleurs  sont  pleines  et  bien 
faites  ou  ont  des  formes  très  parfaites  dans  les  quatre  cinquièmes 
des  cas,  pour  l'autre  cinquième  les  obtenteurs  ont  oublié  le  quali- 
ficatatif, 

Remonte  bien,  très  remontante,  franchement  remontante,  très 
florifère,  se  rencontrent  presque  partout,  sauf  pourtant  dans  la  série 
des  roses  thé  ,  une  des  sections  dont  les  variétés  remontent  le 
mieux. 

Je  n'ose  rien  dire  de  certaines  couleurs,  telles  que  rose  foncé 
très  vif  illuminé  de  cramoisi  —  quand  le  rose  est  foncé  ce  n'est 
plus  du  rose  — joU  coloris  rose,  beau  coloris  rose,  rouge  cerise 
vif  nuancé  de  grenat  écarlate  pourpre,  etc. 

Véritablement  des  descriptions  ainsi  faites  ne  peuvent  pas  servir 
à  reconnaître  des  variétés.  Il  faudrait  être  sorcier  pour  les  discer- 
ner avec  de  pareils  signalements.  Et  si  on  ne  peut  pas  les  discerner 
à  quoi  servent  ces  descriptions?  V.  V.-M. 


ISf.  — 


ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de  la  séance  du    21    mars    1885,    tenue    dans    la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Jacquier,  vice-président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4,  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  réunion  qui  est  lu  et  adopté. 

Correspondance .  —  La  correspondance  se  compose  : 

1°  D'une  lettre  de  l'Association  horticole  marseillaise  demandant  à  notre 
Compagnie  l'échange  de  nos  publications  contre  les  siennes  dont  le  titre  est  : 
Marseille  horticole  ;  cet  échange  est  adopté  par  l'assemblée  ; 

2°  Lettre  de  M.  Jacquier,  trésorier  de  l'Association  horticole,  informant 
M.  le  Président  de  la  Société  que,  malgré  plusieurs  lettres  de  rappel,  quelques 
membres  ont  refusé  d'acquitter  leur  cotisation  de  l'année  18»4;  ce  sont 
MM.  : 

Bagé  (G.),  aux  Charpennes  ; 

Berger  (André),  horticulteur  à  Billancourt  ; 

Cinquin  (Claude),  jardinier  chfz  M.  Magnio,  au  Pont-de-Beauvoisin  ; 

Gaunj  (Victor),  rue  Saint- Pothin  ; 

Gotteland-Donat,  horticulteur  aux  Charpennes; 

Gros-Moreau,  cours  Gambctta,  Lyon, 

Modelon,  à  la  Villette; 

Moine  (Henry),  à  Tassin  ; 

Bunnert  (Fridolin).  à  Strasbourg. 

Corformément  au  lèglement,  M.  le  Président  met  aux  voix  la  radiation 
de  ces  membres  et  leur  inscription  au  procès-verbal.  Ces  deux  propositions 
sont  votées  à  l'unanimité. 

Publications.  —  M.  le  Secrétaire  général  signale  et  fait  circuler  les 
diverses  publications  illustrées  que  l'Associaiion  horticole  a  reçues  depuis  sa 
dernière  réunion;  il  appelle  en  outre  l'attention  de  l'Assemblée  sur  ce 
qu'elles  contiennent  de  plus  particulièrement  intéressant. 

P/ésenlations  ■ —  Sept  candidats  au  titre  de  membre  titulaire  sont  pré- 
sentés pour  faire  partie  de  notre  Compagnie.  Conformément  au  règlement, 
il  sera  statué  sur  l'admission  de  ces  membres  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions. —  Après  un  vote  de  l'Assemblée,  M.  le  Président  proclame 
membres  de  l'Association  horticole  lyonnaise  les  candidats  présentés  à  la 
précédente  réunion. 

Ce  sont  MM.  : 

Koscow  (Pierre),  horticulteur  à  Lentilly  (Rhône),  présenté  par  MM.  Molin 
et  Aunier  aîné. 

Riton  (Benoît),  Iiorticulteur  à  Ecully  (Rhône),  présenté  par  MM.  Cordioux 
et  A.  Bernaix. 

Balandra  (Jean),  chez  M.  Jacquier,  cultivateur-grainier,  chemin  du  Per- 
ron, 49,  à  Pierre-Bénite,  présenté  par  MM.  Jacquier  père  et  iils. 

Monsieur  Gauthier  (Etienne),  propriétaire  à  Sainte-Colombe-lès- Vienne 
(Rhône),  présenté  par  MM.  J.  Schwartz  et  J.  Nicolas. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

1°  Par  M.  Chavagneux,  jardinier  chez  M.  Lâchât,  à  La  Pape,  6  plantes  de 
Cinéraires  hybrides  de  vigueur  et  de  coloris  remai'quables, 

2°  Par  M.  L-abaud,  horticulteur  Lyon-Croix-Rousse,  le  Microlepis  hirta 
cristata,  belle  fougère  de  serre  di  nt  le  singulier  faciès  n'est  guère  connu  que 
des  spécialistes  ; 

Le  Pravciscca  calycinn  et  le  C Ivroicndron  speciosum  fleuris  tous  les  deux; 

Un  Bégonia  rex  de  semis  de  fort  belle  apparence  ; 


—  127  — 

Enfin,  du  même  présantataur,  des  rameaux  fleuris  d'un  excellent  arbuste 
de  pleine  terre  :  le  Forsythia  suspensa. 

3°  Par  M.  F.  Corbin,  jardinier  chef  de  M.  le  duc  dd  Mortemart,  à  Lachas- 
sagne (Rhône),  un  lot  de  G  poires  parfaitement  conservé3s  et  jugées  la  plupart 
comme  de  première  qualité.  Ce  sont  : 

Reine  des  tardives,  excellente; 

Doyenrié  Bizet,  bonne. 

Beurré  Perrault,  extra. 

Bergamotte  Fortunée,  bonne. 

Louise- Bonne  du  printemps,  excellente. 

Président  Drouard,  excellente. 

Ces  deux  dernières  variétés  avaient  été  précédemment  présentées  à  la 
réunion  du  21  décembre  1884. 

4°  Par  MM.  Rivoire  père  et  fils,  marchands-grainiers  à  Lyon,  un  pot  de 
Cinéraire  hybride  naine  de  forme  parfaite  ,  plus  un  lot  de  fleurs  coupées  de 
Cinéraires  hybrides  dont  la  dimension  peu  commune  le  dispute  à  l'éclat  et  la 
diversité  des  fleurs. 

5°  Par  M.  Crozy  fils,  horticulteur  à  Lyon-Guillotière,  deux  oUeniions 
récentes  de  M.  Lemoine,  de  Nancy  :  le  Bégonia  semperflorem  gigantea  rosea 
et  le  B.  semperflorens  gigantea  carniinata  ;  tous  les  deux  sont  issus  de  fécon- 
dation entre  le  B.  semperflorens  et  le  B.  Roezli.  Le  premier  est  extrêmement 
florifère  durant  tout  l'été,  tandis  que  l'hiver  est  l'époque  naturelle  de  florai- 
son du  second. 

6°  Par  M.  J.  Nicolas,  marchand  grainier  à  Lyon,  le  Pulvérisateur  Riley, 
dont  il  est  le  seul  dépositaire  à  Lyon,  et  sur  lequel  notre  collègue  appelle 
l'attention  de  notre  Com|agnie. 

Pour  juger  ces  apports,  il  est  nommé  une  Commission  composée  da  MM. 
Rochet,  Hoste,  Labruyère,  Charreton  et  Berthier. 

Cette  Commission,  après  examen,  propose  d'accorder  à  : 

M.  Chavagneux,  une  prime  de  2"  classe  pour  ses  Cinéraires; 

M.  Liabaud,  une  prime  de  1'=  classe  pour  sa  Fougère; 

—  une  prime  de  2=  classe  pour  son  Franciscea  et  Clerodendron; 

—  une  prime  de  2°  c'asse  pour  son  Bégonia  rex  de  semis  ; 

M.  Corbin,  une  prime  de  1"'  classe  pour  l'ensemble  de  son  lot  jugé  excel- 
lent pour  la  saison  ; 

MM.  Rivoire  père  et  fils,  une  prime  da  2«  classe  pour  leurs  belles  fleurs 
de  Cinéraire  ; 

M.  Crozy  fils,  une  prime  de  P"  classe  pour  ses  Bégonias  nouveaux. 

Enfin,  relativement  au  Pulvérisateur  Riley,  elle  propose  l'essai  de  cet 
instrument  au  Parc  de  la  Tète  d'Or,  par  une  Commission  composée  de 
MM.  Chrétien,  Gaulain  et  Buisson,  qui  s'entendront  avec  le  présentateur, 
M.  Nicolas,  pour  la  fixation  du  jour  et  de  l'heure  de  cet  essai  dont  elle  devra 
faire  un  rapport  à  la  réunion  suivante. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  àrun^nimité. 

L'Assemblée  passe  ensuite  à  l'ordre  du  jour. 

Une  vive  discussion  s'engage  au  sujet  de  l'Exposition  projetée  pour  les 
Chrysanthèmes  d'automne,  que  MM.  Liabaud  et  Hoste  défendent  avec  leurs 
meilleurs  arguments.  MM.  Labruyère.  Métrai  et  Beithier  prennent^  égale- 
ment part  à  la  discussion  et  combattent  cette  Exposition  qu'ils  sont  d'avis  de 
transformer  en  Concours  spécial  de  Chrysanthèmes,  qu'on  élargirait  autant 
que  le  permettrait  le  local  dont  on  pourra  disposer. 

Cette  dfrnière  motion  est  mise  aux  voix  et  l'Assemblée,  en  grande  m>i)o- 
rité,  vote  le  principe  d'un  Concours  spécial  de  Chrysanthèmes  d'automne  au 
lieu  d'une  Exposition  spéciale  ;  elle  décide  en  outre  de  fixer  à  l'ordre  ilu 
jour  de  la  prochaine  réunion  la  nomination  d'une  Commission  chargée  d'éiu- 
dier  les  meilleurs  moyens  à  employer  pour  obtenir  les  résultats  que  se  pro- 
pose l'Association  horticole  lyonnaise. 
La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Sccrélav-e-ail/oint,  J.  Puvilland. 
Lyon,  21  mars  1885. 


—  128  — 

Shio-Bou  ^Iris  k.empferi)  (1) 

J'ai  eu  le  bonheur  de  passer  ma  première  enfance  dans  un 
jardin.  Mon  père,  musicien,  qui  a  eu  son  heure  de  célébrité  et 
dont  on  joue  encore  la  musique  agréable  et  facile,  était  l'un  des 
deux  ou  trois  qui,  avec  le  secours  des  frères  Erard,  changèrent  le 
clavecin  en  piano.  Il  aimait  les  fleurs,  et,  avec  son  ami  Méhul,  il 
avait  semé  des  tulipes.  Tous  deux,  du  reste,  lors  de  la  folie  des 
tulipes,  et  de  la  guerre  qui  s'éleva  entre  les  partisans  des  fonds 
jaunes  et  les  partisans  des  fonds  blancs,  s'étaient  déclarés  résolu- 
ment pour  les  fonds  blancs,  et  se  faisaient  traiter  par  les  autres  de 
((jeunes  gens»  et  de  ((révolutionnaires»,  épiihètes  auxquelles 
ils  répondaient  par  celles  de  «  vieux,  d'arriérés  et  de  ganaches  »  . 
Je  n'ai  oublié  ni  mon  premier  jardin,  à  moi,  sur  la  fenêtre  d'une 
mansarde  qui  me  servait  de  chambre  à  douze  ans,  ni  mon  étroit 
jardin  de  la  rue  du  Rocher,  à  Paris,  dont  je  disais  plus  tard  : 

J'ai  si  longtemps  aimé 

Un  tout  petit  jaHin  sentant  le  renfermé, 

ni  mes  jardins  suspendus  sur  une  vaste  terrasse  servant  de  toit  à 
la  plus  haute  maison  de  la  rue  Vivienne,  en  ce  même  Paris, 
jusqu'au  moment  oii  j'ai  pu  m'envoler  aux  champs  pour  ne  plus  les 
quitter. 

J'habite  depuis  plus  d'un  quart  de  siècle  une  région  où  végètent 
vigoureusement,  en  plein  air,  tout  ce  que,  dans  les  autres  pays, 
on  cultive  pauvrement  en  serre  tempérée  :  les  orangers,  les  citron- 
niers, les  héliotropes,  les  géraniums,  les  lauriers-roses,  etc.;  quel- 
ques plantes  même  que  les  livres  disent  de  serre  chaude  :  les 
Strelitzia  reginse,  les  Olivia,  les  Njmphœa  roses  et  bleus,  les 
Nelumbo,  les  Papyrus  d'Egypte,  etc.  Eh  bien!  j'ai  soigneusement 
réservé  et  conservé  la  place  pour  les  arbres  et  les  plantes  amis  de 
mes  premières  années;  sous  mes  orangers,  je  pense  souvent  aux 
saules  et  aux  peupliers  des  petites  îles  de  la  Seine  et  de  la  Marne, 
et  je  les  ai  amenés  ici.  Le  souvenir  aidant,  les  plus  doux  plaisirs 
que  me  donne  mon  jardin  ne  me  viennent  pas  des  plantes  ((  rares  » 
et  (i  chères  »  ,  ce  sont  toujours  les  aubépines,  les  lilas,  les  violettes, 
le  muguet,  le  réséda,  la  giroflée  jaune  des  vieilles  murailles,  l'iris 
violette  des  toits  de  chaume  en  Normandie,  qui  font  refleurir  en 
même  temps  qu'elles  mes  plaisirs,  mes  suaves  tristesses  du  temps 
de  ma  jeunesse. 

C'est  des  iris  que  je  veux  vous  parler  aujourd'hui  et  à  propos 
desquelles  je  vous  ai  annoncé  et  prorais  une  bonne  nouvelle.  0 


(1)  Fragment  d'uu  article  d'Alph.  Karr,  extrait  du  Moniteur  tiniversel. 


—   129    — 

vous  qui,  comme  moi,  ne  dédaignez  pas  les  fleurs  de  pauvre,  celles 
que  la  bonté  divine  a  faites  communes,  —  les  iris,  entre  autres, 
qui,  sur  la  crête  des  pauvres  toits  de  chaume,  leur  donnent  une 
splendeur  que  l'art  ne  saurait  imiter  que  de  loin,  une  richesse  qui 
manque  au  séjour  des  rois  et  même  aux  palais  des  voleurs  ! 

Bien  peu  de  fleurs  sont  aussi  peu  exigeantes  que  l'iris,  qui  se 
contente  de  tous  les  terrains,  fleurit  sur  la  crête  des  toits  de 
chaume  et  dans  le  moindre  trou  de  rocher  contenant  une  poignée 
de  terre. 

Bien  peu  de  fleurs  aussi  présentent  autant  d'espèces  et  de 
variétés  dont  la  succession  embellit  le  jardin  pendant  une  grande 
partie  de  l'année,  avec  les  plus  riches  et  les  plus  harmonieux 
coloris,  dans  tous  les  tons  du  blanc,  du  bleu,  du  violet,  du  jaune, 
du  brun,  du  noir.  etc.  La  première  fleurit  au  mois  de  décembre, 
en  plein  air,  à  Saint-Raphaël,  dans  les  serres  ailleurs,  où,  du 
reste,  on  ne  la  voit  guère  et  peut-être  pas  du  tout,  parce  qu'elle 
est  oubliée  dans  les  livres  ou  traitée  avec  dédain  par  des  gens  qui 
ne  l'ont  jamais  vue,  c'est  Vlris  scorpioides. 

Entre  des  feuilles  relativement  larges,  monte  sur  une  tige  peu 
élevée  une  fleur  très  large  et  d'un  beau  bleu  foncé  ;  elle  a  une 
variété  d'un  bleu  plus  clair. 

Au  mois  de  janvier  fleurit,  avec  une  extrême  abondance  Vlris 
slylosa,  d'un  bleu  pâle.  L'Iris  slijlosa  est  encore  en  fleurs,  que  paraît 
une  miniature,  VJris  de  Perse,  vêtue  de  blanc,  de  bleu,  de  violet, 
d'orangé  et  exhalant  une  douce  et  suave  odeur  ;  c'est  la  plus 
petite,  mais  peut-être  la  plus  richement  vêtue  des  iris.  Parmi  les 
iris,  on  peut  la  comparer,  pour  la  taille  et  la  parure,  au  colibri 
parmi  les  oiseaux. 

En  février,  Vlris  tuberosa  à  fleurs  vertes,  dont  chaque  pétale 
porte  à  son  extrémité  une  tache  de  velours  noir. 

A  la  même  époque,  Vlris  naine,  sauvage  dans  nos  contrées, 
montrant,  selon  les  variétés,  diverses  nuances  de  violet,  de  blanc 
et  de  jaune. 

Au  mois  de  mars,  Vlris  de  Florence  aux  grandes  fleurs  d'un  blanc 
pur,  et  dont  la  racine  exhalant  une  forte  odeur  de  violette  est  si 
recherchée  pour  les  sachets. 

Fin  mars  et  commencement  d'avril,  la  nombreuse  famille  des 
Iris  germaniques,  plus  de  150  variétés  distinctes;  quelques-unes  ont 
l'odeur  de  fleur  d'oranger. 

Puis  la  plus  étrange,  et  presque  la  plus  belle  de  toutes  l'/m  de 
Suze,  la  plus  grande  venant  de  la  Perse,  comme  la  plus  petite  dont 
je  parlais  tout  à  l'heure  ;  sur  la  fleur  d'un  gris  très  pâle,  un  réseau 
étendu  comme  une  dentelle  noire. 


—   130  — 

Puis  Viris  /iinhiialu,  ii'is  frangée,  que  les  savants  aiment  mieux 
appeler  Mu)m;  sur  des  tiges  longues,  élégantes,  tortueuses,  elle 
étale  des  tleurs  d'un  gris  charmant  avec  une  tache  orange  au 
centre. 

Jusqu'ici  ces  iris  naissent  de  racines,  de  souches,  de  rhizomes, 
voici  qu'elles  sont  remplacées  par  les  iris  à  oignons.  L'Iris  Xiphium 
et  Viris  xiphioidcs  présentent  d'autres  couleurs  et  d'autres  nuances, 
et  tieurissent  seulement  en  juin. 

Nous  avons  encore  une  iris  calomniée  du  nom  de  fétide  et  même 
de  1res  fétide,  parce  que  son  feuillage,  mais  seulement  quand  il  est 
froissé,  écrasé  entre  les  doigts,  répand  une  certaine  odeur  de  gigot 
à  l'ail. 

Elle  est  loin  cependant  d'être  à  dédaigner,  elle  se  plaît  à  l'om- 
bre et  fait  partie  du  petit  nombre  de  plantes  qui  ornent  volontiers 
le  dessous  des  arbres  ;  son  feuillage  est  d'un  vert  foncé  et  luisant. 
Elle  a  une  variété  dont  chaque  feuille  dans  sa  longueur  est  parta- 
gée mi-partie  de  vert  et  de  blanc.  Toutes  deux  font  succéder  à  des 
tieurs  d'un  bleu  enfumé  peu  brillant  des  capsules  qui,  en  s'entr'ou- 
vrant,  présentent  un  amas  de  graines  d'un  orange  presque  couleur 
de  feu  d'un  grand  éclat  à  la  façon  d'une  grenade  entr'ouverte. 

11  est  une  bien  charmante  fleur  qui  a  été  longtemps  une  Iris 
sous  le  nom  de  Iris  pavonia,  mais  que  la  science  botanique  a  fait 
partir  de  la  famille  qu'elle  honorait  cependant,  —  elle  s'appelle 
aujourd'hui  Pieusseuxia ;  il  me  semble  voir  une  jolie  fille  quitter 
son  nom  de  Marie,  de  Suzanne,  de  Jeanne,  pour  s'appeler  madame 
Durand.  Sa  fleur  se  compose  de  trois  pétales  d'un  blanc  pur,  cha- 
que pétale  marqué  à  sa  base  d'une  tache  du  plus  beau  bleu  d'ou- 
tremer, ce  qui  fait  que  le  nom  de  glaucopis,  œil  glauque  dont  la 
science  a  voulu  relever  som  de  Fieuiseuxia  manque  d'exactitude. 

L'élégante  forme  des  fleurs  de  l'Iris  et  ses  brillantes  et  diverses 
couleurs  semblent  l'objet  d'une  prédilection  particulière  de  la 
nature,  car  elle  l'a  plus  souvent  répétée  que  bien  d'autres  et  l'a 
placée  en  plus  d'endroits  ditîérents.  Ainsi  l'Iris  qui  fleurit  sur  les 
rochers  et  sur  les  toits  a  ses  représentantes  également  dans  les 
eaux.  L'Iris  des  marais,  pseudo-acorus,  orne  bien  richement  les  bords 
des  rivières  et  des  étangs  de  ses  hautes  tiges  d'un  vert  émeraude 
et  de  ses  fleurs  d'un  jaune  éclatant. 

Fleurissent  aussi  dans  l'eau  d'autres  variétés  moins  connues, 
parce  qu'elles  ne  sont  pas  indigènes  en  France  : 

L'Iris  de  Monnier  d'un  jaune  de  beurre  ;  Viris  fulva,  couleur  de 
café  brûlé  ;  une  autre  que  j'ai  reçue,  mais  que  je  n'ai  pas  encore 
vu  fleurir,  qui  s'appelle  firginica,  et  qu'on  m'a  dit  avoir  des  fleurs 
lilas. 


_   131    — 

Mais  nous  voici  enlin  arrivés  à  la  révélation  que  je  vous  ai  pro- 
mise, vous  ne  trouverez  ce  document  dans  aucun  livre  d'histoire 
naturelle,  ni  de  jardinage,  ni  dans  ce  vieux  «  Bon  Jardinier  »  qui 
s'est  fait  lourdement  pédant,  ni  dans  l'excellent  ouvrage  des  Vil- 
morin «  les  fleurs  de  pleine  terre  »  ,  ni  dans  Lyon-horticole^  ni  dans 
le  Moniteur  d'horticulture,  ni  dans  la  Gazette  des  Campagnes,  journal 
si  véritable,  si  intelligent  ,  ami  des  paysans  de  Louis  Hervé. 
M.  Linden  l'ignore,  vous  le  demanderez  en  vain  aux  enfants  du 
célèbre  Van  Houte,  qui  cependant  possèdent  une  très  belle  collec- 
tion de  riris  dont  je  vais  parler. 

Depuis  un  certain  nombre  d'années,  les  catalogues  portent  à  l'ar- 
ticle «  Iris  »  les  Iris  Kœmpferii,  sans  indiquer  pour  leur  cuHure 
aucuns  soins  particuliers.  Pour  mon  compte,  j'avais  été  peu  satis- 
fait des  résultats,  et  je  les  avais  presque  abandonnées. 

Enfin  Mazel  vint. 

Les  amis  de  l'horticulture,  s'ils  ne  connaissent  pas  mon  ami 
Mazel,  connaissent  les  plantes  auxquelles  a  été  donné  son  nom,  le 
Bambusa  Mazeli,  Daphne  Mazcli,  etc. 

Mon  ami  Mazel  reçut  un  jour  du  Japon  diverses  images,  parmi 
lesquelles  il  reconnut,  mais  vigoureuse,  mais  large,  mais  riche- 
ment vêtue,  V  Iris  Kœmpferii,  mais  Y  Iris  Kœmpferii  était  représentée 
dans  l'eau.  Là  était  la  révélation  :  V Iris  Kœmpferii,  à  laquelle,  pour 
mon  compte,  je  restitue  son  nom  japonais  de  Shio-bou,  est  une 
plante  aquatique,  comme  notre  Iris  des  marais. 

Seulement  la  fleur  est  plus  large  et  est  venue  apporter  des  tons 
et  des  couleurs  qu'on  chercherait  en  vain  sur  les  Iris  des  autres 
espèces,  —  du  rose  et  de  l'amarante. 

J'ai  (enu  ma  promesse,  —  je  vous  donne  presque  l'Iris  Shio- 
bou  et  j'en  embellis  vos  jardins,  puisque  je  vous  donne  le  secret 
de  la  rendre  heuieuse,  c'est-à-dire  de  lui  permettre  de  développer 
toute  sa  beauté,  qui  est  très  réelle,  à  votre  bénéfice. 

ALPHONSE  KARR. 


Anona  squammosa  L. 

Pomme-Cannelle 

«  Le  pommier  cannellier  {Anona  squammosa)  par  ses  fruits  sa- 
voureux occupe  une  des  premières  places  parmi  les  trésors  de  la 
Pomone  des  pays  tropicaux.  Ses  fruits  ont  une  chair  blanchâtre, 
juteuse,  odorante,  d'une  consistance  de  beurre,  d'une  saveur  douce, 
analogue  à  celle  du  cassis,  on  en  mange  la  pulpe  iutérieure  avec 
une  cuillère  et  l'on  rejette  le  péricarpe  quia  une  odeur  et  une  saveur 
de  thérébentine.  Un  de  ces  arbres  planté  en  Algérie,  lorsqu'il  atteint 


—   132  -— 


'>  ■vf'^  VÀ-'' 


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ANONA      SQUAMMOSA      L. 

sa  6"  ou  7"  année  de  plantation  commence  à  produire  ;  il  peut  rap- 
porter jusqu'à  deux  cents  fruits,  dont  les  plus  beaux  sont  vendus 
75  centimes.  » 

A  la  suite  de  cette  petite  note  publiée  en  1883  dans  ce  jour- 
nal et  en  partie  extraite  de  VJlyêrie  agricole,  nous  recevions  une 
lettre  de  notre  correspondant,  M.  Lafay,  de  Mâcon,  dans  laquelle 
il  signalait  à  Aix-les-Bains  la  présence  de  trois  de  ces  arbres  qui 
portaient  fleurs  et  fruits  (1). 


(l)  Lyon-Horticok,  nnuée  1883,  f.  13j 


—  133  — 

La  possibilité  de  la  culture  de  la  Pomme-Canelle  en  Algérie  était 
déjà  un  fait  intéressant  à  noter,  car  on  sait  que  les  Anona  sont 
généralement  des  arbres  dont  l'aire  de  dispersion  paraît  bornée 
aux  régions  tropicales,  comme  du  reste  la  plupart  des  espèces  de 
la  même  famille  ;  mais  sa  présence,  depuis  plusieurs  années  dans 
l'exposition  chaude,  il  est  vrai,  d'Aix-les-Bains,  était  encore  plus 
curieuse  à  signaler  et  permet  d'espérer  que  des  tentatives  d'accli- 
mation  pourront  s'opérer  avec  quelques  chances  de  succès  dans  les 
bonnes  expositions  du  Midi  de  la  France  et  particuhèrement  sur  le 
littoral  de  la  Méditerranée. 

Le  genre  Anona  comprend  une  vingtaine  d'espèces  dont  VA. 
squammosa  que  nous  reproduisons,  n'est  pas  une  des  moins  inté- 
ressantes. 

Les  Anona  appartiennent  à  la  famille  des  Anonacées,  très  voisine 
des  Magnoliacées  et  des  Mijrislicées. 

«  Les  Anonacées  habitent  presque  toutes  la  région  tropicale. 
Quelques-unes  {Asiminia)  remontent  en  Amérique  jusqu'au  33*  de- 
gré de  latitude  nord.  L'Asie  et  l'Amérique  possèdent  un  nombre 
d'espèces  à  peu  près  égales  ;  on  en  rencontre  un  peu  moins  en 
Afrique.  Les  Anona  n'ont  pas  encore  été  observés  en  Asie,  mais 
plusieurs  habitent  l'Afrique. 

<•  L'écorce  des  Anonacées  est  en  général  plus  ou  moins  aroma- 
tique et  stimulante  ;  les  fruits  sont  aromatiques,  poivrés  ou  presque 
inodores  et  dans  ce  cas  comestibles 

«  Le  fruit  du  Xylopia  grandi/lora  fournit  aux  brésiliens  un  con- 
diment stimulant  ;  celui  du  Vtjlopia  fruicscens,  sert  de  poivre  aux 
nègres;  celui  du  A'.  longifuUa  est  compté  parmi  les  meilleurs  succé- 
danés du  quinquina,  le  X.  œlhiopica  fournit  la  denrée  usitée  chez 
les  anciens  sous  le  nom  de  poivre  d'Œthiopie.  » 

Beaucoup  d'espèces  du  genre  Anona  produisent  des  fruits  sapides 
très  recherchés  sous  la  zone  tropicale  ;  on  peut  signaler  notamment 
avec  V Anona  sqiiammom,  les  Anona  Cherimolia  et  muricala  qui  sont 
les  plus  intéressantes. 

h' Anona  squammosa  s'élève  à  4  ou  5  mètres  de  hauteur,  ses 
feuilles  alternes  assez  courtement  pétiolées,  lancéolées,  glabres  sont 
d'un  beau  vert  foncé  en  dessus  et  répandent  une  agréable  odeur 
quand  on  les  froisse. 

Les  personnes  qui  voudront  tenter  l'acclimatation  du  Pommier- 
cannelher,  devront  choisir  des  pentes  rocailleuses  bien  abritées  des 
vents  du  Nord.  L.  J. 


—  134  — 
Primula    mollis   Hooker.  (Primevère  à  feuilles  molles. 


Plante  vivace  dont  la  profusion  des  fleurs  et  la  richesse  de  leur 
coloris  remplacent  un  peu  leur  grandeur  ;  également  remarquable 
par  la  beauté  de  son  feuillage  et  la  robusticité  de  sa  force  végé- 
tative. 

Plante  introduite  depuis  quelques  années  seulement  au  Jardin 
botanique  de  Lyon,  qui  l'a  reçue  de  graines  du  Jardin  botanique 
d'Edimbourg  (Ecosse).  Cette  espèce  distincte,  originaire  des  mon- 
tagnes du  Boostans  (Grandes-Indes),  fut  trouvée  par  M.  Bootor, 
naturaliste,  qui  l'envoya  à  son  ami  M.  Nuttal  de  Rainhill,  près 
Prescott  (Angleterre)  ;  plus  tard,  les  plantes  fleuries  furent  décrites 
par  sir  W.  Hooker  dans  le   Botaiùcul  Magazine 

C'est  une  plante  vivace  à  feuilles  radicales  longuement  pétiolées, 
entièrement  recouvertes  de  poils  tomenteux,  cordiformes,  un  peu 
sinuées  à  la  base,  lobées  et  crénelées  sur  les  bords,  munies  de 
fortes  nervures  assez  nombreuses  et  saillantes  sur  la  face  inférieure 
formant  une  sorte  de  réseau  élégant. 

Quant  à  la  hampe  florale,  elle  est  plus  longue  que  les  feuilles, 
et  elle  porte  trois  et  souvent  quatre  verticilles  de  fleurs  d'une 
grandeur   moyenne  et   d'un  coloris  rose  foncé  superbe. 

Involucre  muni  de  deux  feuilles  linéaires  presque  spathuléos. 
Calice  assez  long  comparativement  à  la  corolle  à  tube  turbiné, 
velu,  d'un  rouge  foncé,  terminé  par  cinq  dénis  aiguës  et  vertes. 

Corolle  plus  longue  que  le  calice,  d'une  couleur  rouge  de  brique. 
Le  tube  obhque  comprend  cinq  lobes  étalés,  duveteux,  bifides, 
d'un  joli  rose  carminé  foncé  lançant  un  rayon  correspondant  à 
chacun  des  cinq  segments ,  simulant  cinq  écailles  dressées  et 
disposées  en  cercle  à  l'ouverture  du  tube  ;  ovaire  un  peu  glan- 
duleux. 

La  réunion  de  nombreuses  fleurs  sur  la  hampe  de  cette  espèce 
est  une  nouvelle  preuve  des  moyens  variés  qu'emploie  la  nature 
pour  protéger  les  organes  débiles  sur  lesquels  repose  l'avenir  de 
leur  reproduction, 

Culluro.  —  Cette  espèce  se  multiplie  par  la  séparation  des 
bourgeons  et  de  semis  de  graines  de  l'année;  demande  une  terre 
légère,  composée  de  deux  tiers  de  terreau  consommé  et  de  un 
tiers  de  terre  de  bruyère  fibreuse.  Arrosage  de  la  plante  avec  de 
l'engrais  liquide, 

Eié,  exposition  mi-ombre  sous  châssis  ;  en  hiver,  la  mettre  en 
serre  tempérée.  Th.    Denis, 

Chef  de  cultures,  au  Jardin  botanique  de  Lyon. 


Rue  fétide, 


Ruta  graveolens  L. 

Rue  des  Jardiiis,  —  Hue  officinale,  —  Rue  commune,  — 
Herbe  de  Grâce,  —  Péganion,  etc. 


Il  y  a  des  plantes  qui  ont  une  très  mauvaise  réputation  :  Le 
Rue  fétide  est  de  ce  nombre.  Je  ne  me  suis  jamciis  promené 
dans  un  jardin  où  elle  était  plantée  sans  entendre  des  propos,  — 
toujours  les  mêmes,  et  chacun  sait  lesquels,  —  sur  son  compte. 
Dans  les  jardins  publies,  elle  est  toujours  coiffée  à  la  Titus, 
c'est-à-dire  tondue  ras  par  des  visiteurs  de  l'un  et  l'autre  sexe  qui 
prétendent  qu'elle  est  souveraine  en  application  contre  les  vers. 
Va-t-en  voir  s'ils  viennent...  comme  dit  la  chanson.  Cependant  la 
Rue  est  un  excellent  anthelmintique  qui  vaut  le  semen-contra,  et  il 
serait  injuste  de  ne  pas  distinguer  les  personnes  qui  emploient  ce 
médicament  dans  un  but  utile  de  celles  qui  en  font  un  usage 
criminel. 

Les  pharmaciens  n'en  vendent  pas  sans  ordonnance  du  médecin, 
mais  pour  cinquante  centimes  on  en  a  ime  forte  touffe  à  Bellecour. 


—  136  — 

Le  fameux  antidote  tle  Mithridate,  dont  Pompée  trouva  la 
formule  dans  la  gazette  de  ce  Prince,  était  composé,  dit-on,  de 
20  feuilles  de  Rue  contuse,  de  deux  noix  sèches,  de  deux  figues  et 
d'un  peu  de  sel.  Quand  on  se  représente,  dit  Chaumont,  le  roi 
de  Pont  avalant  chaque  matin  un  semblable  mélange,  avec  la 
ferme  conviction  d'être  à  l'abri  de  tout  empoisonnement  pendant 
le  jour,  pourrait-on  s'empèc'ier  de  rire  si  l'on  ne  rétléchissait  que 
l'ignorance  et  la  crédulité  figurent  honorablement  parmi  les  nobles 
qualités  des  héros  ? 

Ce  qui  a  fait  la  réputation,  —  réputation  archi-surfaite,  —  de 
l'herbe  de  la  Rue,  ce  sont  les  soi-disant  qualités  abortives  dont  on 
l'a  gratifiée. 

Suivant  Martius,  on  regarde  cette  plante  en  Russie  comme  un 
remède  contre  la  rage.  On  l'a  employée  contre  la  surdité,  la  gale, 
la  teigne,  la  phthisie,  la  syphilis,  et  surtout  comme  emménagogue. 

Elle  entre  dans  la  fabrication  de  plusieurs  liqueurs,  notamment 
dans  l'eau  d'arquebuse. 

Comme  culture,  l'herbe  de  la  Rue  croît  dans  tous  les  jardins, 
sans  soins  particuliers.  D'  S.   G. 


REVUE  DES  CATALOGUES 


Henry-Jacotot,  horticulteur,  avenue  du  Parc,  à  Dijon.  —  Catalogue 
général  pour  1885  des  végétaux  cultivés  dans  l'établissement  :  Nouveautés, 
Plantes  de  serre  chaude,  de  serre  tempérée,  vivaces  de  pleine  terre,  Arbus- 
tes, Arbres  verts,  Rosiers,  Dahlias,  Oignons  à  fleurs,  Graines  vivaces  et 
annuelles,  arbres  fruitiers,  forestiers,  etc. 

B.  CousANÇAT,  horticulteur,  grande  rue  de  Cuire,  88,  àCuire-lès-Lyon. — 
Catalogue  pour  le  printemps  et  l'été,  des  plantes  cultivées  dans  l'établisse- 
ment :  Plantes  de  serre  et  de  plein  air.  Bégonias,  Broméliacées,  Coleus, 
Fougères,  Palmiers,  Azalées,  Cannas,  Dahlias,  Fuchsias,  etc.;  Plantes  pour 
massifs.  Nouveautés. 

B.  Comte,  horticulteur,  47,  rue  de  Bourgogne,  Vaise-Lyon.  —  Catalogue 
des  plantes  cultivées  dans  l'établissement  :  Plantes  nouvelles  ou  rares  ;  genres 
divers  de  serre  chaude  et  de  serre  tempérée;  spécialités  de  serre  chaude  : 
Caladium,  Broméliacées,  Croton,  Dracœna,  Fougères,  etc.  Spécialités  de 
serre  tempérée,  Plantes  de  plein  air,  collections  de  plantes  de  massifs,  etc. 

J.-M.  RocHET,  horticulteur,  grande  rue  de  la  Croix-Rousse.  —  Catalogue 
des  plantes  cultivées  dans  l'établissement.  —  Plantes  de  serre,  Bégonias, 
Broméliacées,  Coleus,  Dracœna,  Fougères,  Orchidées,  Palmiers,  Agaves, 
Azalées,  Camellias,  Cannas,  Dahlias,  Fuchsias,  Pelargonium,  etc. 

(A  suivre  ) 


Lk  Gérant.  V.  VIVIAND-MOREL. 


LyoD.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  MAI  N°    9 


CHRONIQUE 


Fan  Mous  el  les  fruits  de  mauvahe  qual'dè.  — Van  Mons  a  travaillé 
avec  une  persévérance  extraordinaire  pendant  plus  de  cinquante 
ans  ;  il  a  peut-être  eu  tort,  et  je  suis  d'avis  qu'il  aura  de  la  peine 
à  se  faire  pardonner  son  excès  de  zèle.  Ni  Hardempont,  ni  Knight, 
ni  Duhamel,  ni  aucun  autre  pomologue  ne  peuvent  lui  être  com- 
parés non  seulement  sous  le  rapport  du  travail  accompli,  mais, 
ce  qui  est  bien  préférable,  des  résultats  merveilleux  donnés  par  ce 
labeur  cinquantenaire. 

Cependant,  à  la  longue,  peut-être  eût-il  obtenu  la  rémission  de 
ses  péchés,  s'il  ne  s'était  présenté  devant  ce  qu'on  appelle  l'histoire 
qu'avec  ses  fruits  de  semis.  Mais  (crime  impardonnable  !)  il  a 
inventé  une  théorie,  une  théorie  monstrueuse,  insensée,  renver- 
sante, une  théorie,  en  un  mot,  qui  gêne  d'autres  théories.  Ça  — 
écoute  Van  Mons  —  ne  se  pardonne  guère,  et  tu  entendras  dire 
des  choses  désagréables  sur  ton  compte,  tant  qu'il  y  aura  des  poires 
et  des  théories  pour  les  obtenir. 

Pour  commencer,  plutôt  pour  suivre,  voici  la  question  que  je 
trouve  imprimée  dans  le  programme  du  Congrès  inlcrnalional  iVlior- 
ticiiUure  qui  se  tiendra  ce  mois-ci  à  Paris  : 

«  Qa'j-  a-t-il  da  fondé  dans  la  théorie  de  Van  Mons  selon  laquelle  il  faut 
passer,  dans  l'obtention  de  variétés  de  fruits  par  le  semis,  par  des  fruits  do 
mauvaise  qualité  avant  d'arriver  à  des  fruits  de  bonne  qualité  ?  » 

Vous  comprenez ,  on  va  discuter  là-dessus  Van  Mons  nous 
ennuie  ;  il  faut  l'éreinter. 

Je  crois  que  si  Van  Mons  (1)  était  là  pour  répondre  il  aurait 
facilement  raison  de  ses  adversaires,  quand  même  il  aurait  tort  dans 
le  fond. 

(1)  Van  Mons  :  arbres  fruitiers  ou  pomologie  belge,  1835. 

Poiteau  Théorie  de  Van  Mons  ou  notice  historique  sur  les  moyens  qu'emploie 
Van  Mons  pour  obtenir  d'excellents  fruits  de  semis.  Annules  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  Parii,  tome  16,  pages  249,  297  et  353. 


—   138  — 

Je  m'imagine  aisément  qu'après  avoir  donné  la  parole  aux  ora- 
teurs les  plus  ennuyeux,  le  Président  du  Congrès  ne  la  refuserait 
pas  au  coupable  pomologue  belge  :  «  Messieurs,  dirait  celui-ci  :  à 
telle  époque  —  mettons  1780  —  j'ai  récolté  sur  des  poiriers  sau- 
vages des  poires  dont  j'ai  semé  les  pépins.  Eu  1790  j'ai  obtenu  des 
semis  en  question  des  fruits  bien  supérieurs  en  qualité  dont 
j'ai  ressemé  la  graine.  En  1880  j'ai  goûté  les  poires  de  cette  deu- 
xième génération  et  selon  mon  habitude  j'ai  procédé  à  un  nouveau 
semis.  En  1810,  1820,  1830,  même  opération...  Les  fruits  que 
j'ai  obtenus  par  mon  procédé,  Messieurs,  sont  dans  tous  les  jar- 
dins... 

Que  voudriez-vous  que  des  orateurs,  entre  trente  et  soixante  ans, 
dont  la  plupart  n'ont  pas  semé  de  poiriers  répondent  à  de  pareils 
arguments?  Rien.  Pérorez  tant  que  vous  voudrez.  Messieurs,  si 
vous  n'avez  pas  des  expériences  à  fourrer  dans  les  périodes  de  Van 
Mons,  vos  paroles  entreront  par  les  oreilles  de  votre  auditoire  et 
sortiront  par  la  porte  du  Congrès. 

Mais  Van  Mons  n'étant  pas  là  sera  peut-être  exécuté.  Pauvre 
vieux  ! 

En  dehors  des  faits  sur  lesquels  Van  Mons  appuie  si  solidement 
sa  théorie,  difficile  à  ébranler  à  cause  de  cela,  je  ne  trouve  pas 
personnellement  qu'elle  choque  le  bon  sens  comme  quelques-uns 
de  mes  amis  en  sont  d'avis.  Je  suppose,  par  exemple,  que  la  théo- 
rie contraire  soit  la  bonne  et  qu'il  faille  semer  les  fruits  les  plus 
plus  parfaits  pour  en  obtenir  de  supérieurs.  Ce  serait,  si  on  veut 
bien  me  passer  l'expression,  la  théorie  de  V amélioration  perpétuelle 
ou  à  jet  continu.  En  prenant  par  exemple  la  Belle  Angevine  ou  la 
Duchesse  d'Angoulémc  et  en  les  semant  pendant  plusieurs  centaines 
de  générations  on  devait  obtenir  des  poires  plus  grosses  que  des 
potirons  romains.  Cela  n'arrive  pas  heureusement.  Si  les  fruits 
s'amélioraient  indéfiniment  on  en  verrait  de  belles  ! 

Van  Mons  qui  disait  qu'il  préférait  pour  ses  semis  les  pépins 
d'une  petite  poire  acerbe,  de  forme  nouvelle,  à  ceux  de  la  meilleure 
poire  connue,  n'était  pas  sans  savoir  que  la  Poire  de  Sl-Gerr)iaiH ,  le 
Bézy  de  Chaumonlel,  la  Bergamottc  Sylvanche,  la  F irgouleuse  et  plu- 
sieurs excellentes  autres  poires  avaient  été  trouvées  à  l'Etat  sau- 
vage à  St- Germain,  à  Chaumontel  et  ailleurs.  Sachant  cela  et 
ayant  observé  dans  les  forêts  des  Ardennes  de  nombreuses  formes 
nouvelles  de  poirier  qu'il  appelait  sous-espèces,  il  en  a  conclu  que 
par  la  culture  et  les  semis  successifs  il  ferait  donner  à  ces  formes 
nouvelles  tout  ce  que  la  culture  est  susceptible  de  faire  donner  à 
des  types  sauvages,  tandis  que  s'il  prenait  un  fruit  connu  arrivé  à 
son  apogée  d'amélioration  il  ne  pourrait  obtenir  que  des  fruits  infé- 


—139— 

rieurs.  Ce  n'est  pas  le  lieu  do  discuter  plus  longuement  cette  ques- 
tion,  attendons  pour  la  reprendre  la  publication  des  actes  du  Con- 
grès. 

Boronia  megasltyma .  —  Il  n'y  a  de  véritablement  nouveau  que  ce 
qui  a  eu  lo  temps  de  vieill'r,  a  dit,  avec  quelques  raisons,  un  facé- 
tieu.\  philosophe.  J'incline  à  croire  à  la  sagesse  de  cette  proposition. 
Je  pourrais,  pour  justifier  ma  croyance,  citer  un  assez  bon  nombre 
de  plantes  très  anciennes  qui  ont  été  débaptisées  pour  être  ensuite 
vendues  sous  des  noms  nouveaux,  mais  cela  est  tellement  connu  et 
si  journellement  rais  en  pratique  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'attarder  à 
cette  justification.  Je  préfère,  à  l'occasion  de  nouveautés,  vous 
présenter  une  espèce  relativement  nouvelle  d'un  vieux  genre  qui  fit, 
il  y  a  quelque  vingt  ans,  l'ornement  de  nos  serres.  Il  s'agit  du 
genre  Boronia  et  de  l'espèce  megasiigma. 

Le  genre  Boronia  (dédié  à  F.  Boroni),  collaborateur  de  Smit'i, 
appartient  à  la  famille  des  Diosmées  ;  il  est  fort  voisin  des  Erioslemon 
et  des  Crotrea;  ses  espèces  habitent  toutes  l'Australie,  plus  connue 
autrefois  sous  le  nom  de  Nouvelle  Hollande. 

Le  Boronia  megasiigma,  —  Boronie  à  grand  stigmate,  —  a  été 
présenté  dernièrement  sur  le  bureau  de  la  Société  nationale  d'Hor- 
ticulture de  France,  par  M.  Godefroy-Lebœuf,  horticulteur  à 
Argenteuil,  qui  a  signalé  le  grand  cas  que  nos  voisins  les  Anglais 
font  de  ce  charmant  arbrisseau,  pour  orner,  non  pour  embaumer 
leurs  serres  à  Orchidées,  à  Caraellias,  etc.  Il  paraît,  enefïet,  que  le 
susdit  Boronia  est  cultivé  surtout  pour  l'odeur  agréable,  persistante 
et  pénétrante  qu'il  exhale  lorsqu'il  est  fleuri.  Je  n'ose  pas  dire  que 
cette  odeur  est  magnifique,  comme  disait  je  ne  sais  plus  quel  Alle- 
mand à  propos  de  l'odeur  d'une  rose,  mais  si  je  m'en  rapporte  aux 
impressions  suaves  éprouvées  par  les  organes  olfactifs,  vulgaire- 
ment les  nez,  de  plusieurs  personnes,  cette  odeur  serait  analogue 
à  celles  qu'emmettentles  roses  thé.  Espérons  que  les  horticulteurs 
du  continent  voudront  bien  imiter  leurs  confrères  d'Outre-Manche 
et  cultiver  ce  joli  petit  arbrisseau. 

Destruction  des  Guêpes.  —  M.  Auguste  Dubois  a  publié  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  horticole  du  Loiret  une  note  très  intéressante, 
concernant  la  destruction  des  guêpes.  Chacun  étant  bien  aise  de 
débarrasser  son  jardin  de  ces  hôtes  incommodes,  pourra  s'assurer 
de  l'efficacité  du  procédé  signalé  : 

«  Un  mur  planté  de  vignes,  d'une  longueur  de  80  met.  environ, 
était  surtout  ravagé  par  les  guêpes  ;  21  ruches  étaient  formées  sous 
les  chaperons  du  mur. 


140 


«  Je  me  suis  servi  d'une  petite  seringue  à  fleurs,  laquelle  me 
sert  à  l'emploi,  de  la  nicotine  pour  la  destruction  des  pucerons,  sa 
longueur  est  deO'"10  et  0"'02  de  diamètre.  Sachant  que  l'huile 
détruit  les  clienilles,  courtillières,  etc.,  j'ai  essayé  en  prenant  de 
l'huile  et  ai  seringue  les  ruches  par  les  interstices  des  chaperons, 
causés  par  la  chute  du  mortier  ;  quel  ne  l'ut  mon  étonnement, 
toutes  les  mouches  touchées  par  le  liquide  moururent  en  quelques 
secondes,  pas  une  n'essayant  de  s'envoler. 

«  L'huiLe  que  j'employais  diminuant  notablement,  et  n'en  ayant 
pas  d'autre  sous  la  main,  j'y  ai  ajouté  deux  tiers  d'eau  au  moins, 
mais  comme  il  était  difficile  de  mélanger  l'eau  et  l'huile,  j'ai  aspiré 
avec  la  seringue  en  fouettant  fortement  jusqu'à  ce  que  le  liquide 
devint  blanc  comme  du  lait  de  chaux,  et  ai  continué  mon  opéra- 
tion ,  le  résultat  a  été  tout  à  faitle  même  qu'à  l'huile  pure. 

Cl  Le  moment  choisi  était  deux  heures  du  soir  par  un  temps  vif 
et  une  chaleur  de  23°  centigrade.  On  peut  agir  sans  crainte,  aucune 
guêpe  n'a  essayé  de  venir  à  moi,  les  larves  mêmes  furent  détruites. 
J'ai  mis  vingt  minutes  pour  détruire  mes  vingt-sept  ruches.   » 

Poire  Bcrgamolte  Saunier.  —  Parmi  les  apports  jugés  à  la  séance 
du  9  avril  par  le  Comité  d'arboriculture  de  la  Société  nationale 
d'Horticulture  de  France,  la  Poire  BcrgamoHe  Sannier  mérite  d'être 
signalée  aux  amateurs  car  elle  a  été  reconnue  de  très  bonne  qualité. 

Encore  le  Puceron  lanigère.  —  M.  Gœneutte,  un  des  abonnés 
du  Monileiir  d'Iior  lie  allure,  lui  écrit  de  St-Omer  :  «  Je  profite  de 
cette  lettre  pour  vous  faire  connaître  le  résultat  d'une  opération 
que  j'ai  faite  cet  été  en  vue  de  détruire  le  puceron  lanigère,  vérita- 
ble peste  de  nos  pommiers.  Après  bien  des  essais  infructueux,  j'ai 
pris  le  parti,  à  la  veille  de  perdre  mes  pommiers,  d'essayer  l'eau 
sédative,  A  cet  effet,  je  me  suis  servi  d'une  petite  éponge  bien 
douce,  que  j'ai  imprégnée  de  ce  liquide,  et  j'ai  frotté  les  branches 
de  mes  pommiers  atteintes  de  cet  insecte.  Le  lendemain  et  les  jours 
suivants,  je  les  ai  visités  et  j'ai  eu  la  satisfaction  de  constater  que 
les  branches  très  souffrantes  avaient  une  certaine  vie  et  que  le 
moindre  puceron  n'avait  pas  reparu. 

«  Depuis  je  n'ai  vu  qu'à  de  rares  intervalles,  et  aux  aisselles  des 
branches  non  badigeonnées,  quelques  pucerons  dont  il  m'a  été 
facile  de  me  rendre  maître. 

«  Je  constate  enfin  que  l'arbre  le  plus  atteint,  loin  d'avoir  souf- 
fert, a  repris  une  nouvelle  vigueur.  » 

Le  procédé  est  simple,  peu  coûteux,  on  peut  en  faire  facile- 
ment l'essai  sur  quelques  sujets  atteints. 


—    141   — 

Juncus  zebrinus.  —  J'ai  signalé  il  y  a  plusieurs  années  dans  le 
L'jon-horiicole  l'erreur  clans  laquelle  étaient  tombés  les  introducteurs 
du  Juncus  zehrinus.  L'iniiorescence  de  cette  curieuse  Cypéracée  ne 
laissait  en  effet  aucun  doute  sur  le  véritable  genre  auquel  on  devait 
la  rapporter  :  le  genre  Scirpus,  Les  botanistes  anglais  n'ont  du 
reste  pas  tardé  à  faire  la  même  remarque  et,  actuellement,  elle  est 
cultivée  à  Kew  sous  le  nom  de  Scirpus  Tabcniœmonlani  var.  zchrina. 

Le  S.  Tabvrnmnonlani  Gmel.  est  fort  voisin  du  S.  lacuslris,  et 
quelques  auteurs  n'en  font  qu'une  variété  du  type  linnéen.  C'est 
une  plante  répandue  dans  tous  les  paj'S  tempérés  de  l'Europe. 

Je  pense  même  que  la  variété  zébrée  cultivée  actuellement  dans 
les  jardins  est  plutôt  wnèlal  o\\\ii:evarialion  An  Scirpus  lacuslris  qu'une 
variété,  car  j'ai  rencontré  plusieurs  fois  en  herborisant  le  même 
pliénomène  de  décoloration  transversale  sur  d'autres  Scirpus, 
notamment  sur  le  ,Sch-pus  holoschœnus. 


Essimplcur  et  essimplc.  —  Champenois  était  le  meilleur  essim- 
pleur  de  Giroflées  de  Paris.  Ses  collègues  avaient  souvent  recours 
à  ses  lumières  pour  trier  avec  soin  les  Giroflées  simples  dans  un 
semis.  Champenois,  excellent  homme  et  bon  camarade,  ne  refusait 
jamais  ses  services  à  ses  confrères.  Un  jour  qu'il  avait  essimplé 
chez  l'Angevin,  horticulteur  renommé,  il  lui  demanda  quelques 
graines  de  choux  d'York.  Celui-ci,  qui  en  était  dépourvu,  pour 
l'obliger,  en  acheta  un  paquet  et  le  lui  remit.  Champenois  sema  de 
confiance,  planta  un  vaste  carré  de  choux  et  attendit  la  récolte. 
Les  choux  n'étaient  pas  des  choux  d'Yorck,  mais  une  autre  qualité  ; 
ils  ne  pommèrent  pas.  Dire  ce  que  pensa  l'essimpleur  de  cette  mau- 
vaise farce ,  vous  allez  le  savoir.  Il  ne  souffla  mot  de  sa  triste 
aventure,  mais  l'année  suivante  étant  retourné  essimpler  chez  l'An- 
gevin, il  essimpla  à  rebours,  c'est-à-dire  enleva  les  Giroflées  dou- 
bles et  laissa  toutes  les  simples.  A  la  floraison  l'essimplé  fit  d'amè- 
res  reproches  à  l'essimpleur  qui  le  laissa  dire,  puisle  regardant  d'un 
air  goguenard  il  lui  répondit  :  Mon  vieux,  je  t'ai  payé  ta  graine  de 
choux.  —  Quelle  graine  de  choux  ?  —  Tu  sais  les  choux  d'York 
de  l'an  dernier,  qui  ne  valaient  rien,  qui  n'ont  pas  pommé  et  ont 
tenu  la  place  de  ceux  qui  auraient  pommé,  si  je  ne  m'étais  pas  fié 
à  toi.  Tu  m'as  fait  une  farce,  je  t'en  fais  une  autre,  voilà  tout.  — 
Je  croyais  la  graine  bonne,  je  l'ai  achetée  pour  te  faire  plaisir.  — 
Tant  pis  pour  moi,  répondit  l'autre.  Sache  une  chose,  c'est  qu'en- 
tre jardiniers  on  ne  doit  se  donner  que  de  la  graine  dont  la 
qualité  est  sûre.  Ta  graine  m'a  fait  perdre  plus  de  deux  cents 
francs.  V.  V.-M. 


—   142  — 


Destruction  des  vers  blancs  et  autres  insectes 
par  le  sulfure  de  carbone  (1). 


Je  viens  aujourd'hui  donner  des  renseignements  complémen- 
taires sur  l'emploi  du  sulfo-carbonate  de  potassium,  et  principale- 
ment du  sulfure  de  carbone,  pour  la  destruction  des  insectes  nuisi- 
bles, vers  blancs,  etc. 

En  1881,  je  croyais  devoir  donner  la  préférence  au  sulfo-car- 
bonate de  potassium. Telle  n'est  plus  mon  opinion. J'avais  constaté, 
à  cette  époque,  que  les  plants  d' Hydrangea  et  de  IFegclia,  traités 
par  le  sulfo-carbonate  de  potassium,  étaient  morts  par  suite  de 
l'emploi  de  cette  substance.  Je  ne  savais  à  quoi  attribuer  cet  échec, 
quand  peu  de  temps  après,  au  congrès  phylloxérique  de  Bordeaux, 
j'eus  l'honneur  d'être  présenté  par  notre  ami,  M.  Dtiplessis,  au 
savant  M,  Mouillefert.  Je  lui  fis  parc  des  essais  que  j'avais  tentés 
et  des  résultats  plus  ou  moins  satisfaisants  que  j'avais  obtenus. 

M.  Mouillefert  me  fit  observer  que  j'employais  le  sulfo-carbonate 
de  potassium  trop  fort,  c'est-à-dire  pas  assez  étendu  d'eau,  qu'il 
fallait  que  cet  insecticide  fut  dilué  dans  une  quantité  d'eau  300  fois 
supérieure.  Je  reconnus  dès  lors  l'impossibilité  de  continuer  à 
employer  ce  produit  pour  détruire  les  insectes  nuisibles,  le  remède 
devant  infailliblement  être  pire  que  le  mal, 

En  effet,  il  résultait  des  précédents  essais  qu'il  fallait  au  moins 
un  litre  et  demi  de  cette  substance  insecticide  par  5  mètres  carrés 
pour  tuer  les  insectes  contenus  dans  le  sol. 

Or,  pour  diluer  cette  quantité  de  sulfo-carbonate  de  potassium, 
il  aurait  fallu  répandre  sur  le  sol  au  moins  450  litres  d'eau.  Quels 
sont  donc  les  jeunes  plants  qui  résisteraient  à  une  telle  inon- 
dation l 

Et  cependant,  je  regrettais  de  ne  pouvoir  employer  cet  insecti- 
cide, dont  l'application  n'offrait  pas  le  même  danger  que  celle  du 
sulfure  de  carbone ,  même  avec  les  pals  plus  ou  moins  perfec- 
tionnés. 

C'est  alors  que  j'eus  l'occasion  de  connaître,  par  l'honorable 
M.  Daurel,  les  capsules  de  M.  Etienbled(2).  Ces  capsules,  faites  de 
gélatine,  emprisonnent  d'une  manière  absolue  le  sulfure  de  car- 
bone, substance  cependant  bien  volatile.  L'emploi  de  cet  insecticide 
devient  ainsi  sans  danger  aucun  pour  les  ouvriers  qui  l'emploient, 
Aussitôt  de  retour  chez  moi,  je  fis  venir  quelques  milliers  de  ces 

(1)  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'Horticulture  d'Orléans  et  du  Loiret. 

(2)  On  peut,  au  prix  de  30  fr.  le  mille,  se  procurer  les  capsules  chez  M.  Remilly, 
Creteil  (Oise). 


—  143  — 

capsules  et,  au  printemps  suivant,  je  traitai  différents  plants  attaqués 
par  la  terrible  larve. 

Les  27,  29  et  30  mai  1882,  je  traitai  les  jeunes  plants  sui- 
vants : 

10  mètres  Rosier  multiflore  de  la  Grifferaie. 
15     —     Chêne  rouge  d'Amérique. 
3     —     Hêtre  commun. 
2    —     If  pyramidal  panaohé,  2  ans. 
15    —    Rosier  Manetti. 

29  —     Charme  commun,  1  an  repiqué. 

30  —     Bouleau  commun,  1  an  repiqué. 
20     —    Abies  orientalis,  2  ans  repiqué. 
14     —     Sapinette  blanche,  2  ans  repiqué. 
14     —     Pin  Mugho,  2  ans  repiqué. 

17     —    Abies  Fraseri,  2  ans  repiqué. 
24     —     Pin  sylvestre,  1  an  repiqué. 

193  mètres. 
Soit  un  total  de  193  mètres  carrés. 

Dans  les  essais  faits  précédemment,  j'avais  remarqué  que  la  dose 
minima  du  sulfure  à  employer  pour  détruire  les  turcs  ())  était  de 
120  grammes  par  mètre  carré;  c'est  donc  à  cette  dose  que  je 
m'arrêtai,  et  voici  comment  j'opérais  :  avec  une  cheville,  je  faisais 
des  trous  d'environ  25  à  30  centimètres  de  profondeur,  j'y  laissais 
tomber  la  capsule,  puis  avec  le  talon  je  tassais  fortement  la  terre  à 
l'orifice  du  trou  pour  le  bien  boucher. 

Les  1"',  2,  5  et  6  juin,  je  fis  des  fouilles  dans  les  plants  ainsi 
traités.  Dans  ces  recherches  j'ai  trouvé  en  tout  67  vers  blancs, 
dont  44  morts,  H  malades,  12  vivants,  ne  paraissant  pas  avoir 
souffert  du  traitement.  Comme  on  le  verra  par  le  tableau  ci-dessous, 
c'est  dans  les  Abies  Fraxcri,  Abies  orienlalis  et  Sapinette  blanche, 
que  l'effet  du  sulfure  a  été  le  moins  sensible.  J'attribue  cet  échec 
relatif  à  ce  que  les  trous  ne  furent  pas  suffisamment  bouchés  (j'en 
ai  trouvé  quelques-uns  d'entr'ouverts  au  moment  d'opérer  les 
fouilles). 

Trouvés.  Morts.  Malades.  Vivants. 

Rosier  Manetti 8  6  2  » 

Chêne  rouge  d'Amérique.  .10  7  1  2 

Hêtre  commun 2  1  »  1 

If  pyramidal 8  7  1  » 

Rosier  multiflore 15  9  3  3 

Chai-me 2  2  »  » 

Bouleau 4  2  »  2 

Abies  orientalis 8  4  2  2 

Sapinette  blanche   ....  3  1  »  2 

Pin  Mufrho 5  4  1  » 

Abies  Fraseri 2  1  1  » 

Pin  Sylvestre  (11  n'y  a  pas 

été  fait  de  fouilles) ...  »  »  »  » 

Total.    ...        67  44  11  12 

(1)  Danj  certaines  localités,  les  vers  blancs,  o'est-à  dire  les  larves  de  hannetons, 
fiont  aussi  appelés  lurcs,  mans. 


—   144  — 

J'appelle  vivants  les  Insectes  qu'on  trouve  en  parfait  état,  et  no 
paraissant  avoir  été  nullement  incommodés  par  le  traitement.  Ceux 
que  je  désigne  sous  la  dénomination  de  malades  sont  ceux  qui,  bien 
que  vivant  encore,  sont  fatigués  par  les  atteintes  du  sulfure  de  car- 
bone. Leur  état  maladif  se  reconnaît  facilement  à  leur  couleur.  Ils 
ont  la  peau  d'une  teinte  plus  jaune;  le  corps  est  flasque,  et,  de 
même  que  les  morts,  ils  ont  tout  le  corps  sali  par  leurs  excré- 
ments. 

Que  seraient  devenus  ces  1 1  individus  trouvés  en  si  pitoyable 
état  s'ils  avaient  été  abandonnés  à  eux-mêmes  dans  la  terre  infestée 
de  sulfure,  dont  les  effets  se  font  sentir  pendant  plus  de  trois  semai- 
nes? Il  est  bien  permis  de  croire  qu'ils  auraient  succombé,  les 
fouilles  ayant  été  faites  seulement  trois,  quatre  et  huit  jours  après 
le  traitement. 

On  peut  considérer ,  sans  exagération ,  comme  mortellement 
atteints,  la  moitié  au  moins  de  ces  1 1  malades,  soit  5,  qui,  ajoutés 
aux  44,  nous  donnent  un  total  de  49  morts  sur  68  individus  trou- 
vés ;  c'est  donc  une  destruction  de  73  pour  100. 

Outre  les  vers  blancs,  les  autres  insectes  enfouis  en  terre,  tels 
que  courtilières,  lombrics  (vers  de  terre),  etc.,  ont  été  également 
détruits. 

Le  29  mai  de  la  même  année,  je  traitai  aussi  deux  planches  de 
semis  nouvellement  faits,  ravagées  par  les  courtilières.  Dans  la 
première,  longue  de  15  mètres  (semis  d'aune  commun),  je  mis 
112  capsules;  dans  la  seconde  (semis  d'orme  à  large  feuille), 
longue  de  16", 40,  j'employai  seulement  80  capsules.  Le  résultat 
fut  des  plus  satisfaisants  ;  deux  jours  après  le  traitement,  les  traces 
des  courtilières  furent  bien  moins  nombreuses,  et  l'on  n'eut  plus 
besoin,  pendant  le  cours  de  la  végétation,  de  chercher  à  prendre 
ces  insectes  par  le  procédé  habituel.  Je  remarquai  même  que  les 
plants  de  ces  deux  planches  furent  d'une  plus  belle  végétation  que 
leurs  congénères  des  planches  voisines,  qui  n'avaient  point  été  soi- 
gnées. Je  fis  la  même  remarque  pour  les  plants  de  Charme  et  de 
Bouleau,  dans  lesquels  on  avait  mis  des  capsules  pour  détruire  les 
vers  blancs.  Les  plants  devinrent  plus  hauts,  leur  feuillage  fut  d'un 
vert  plus  sombre,  leur  végétation  plus  luxuriante. 

Satisfaits  des  résultats  obtenus  au  printemps  1882,  je  recom- 
mençai au  printemps  suivant  à  traiter  les  plants  les  plus  infestés 
d'insectes. 

C'est  ainsi  que,  dans  le  courant  de  mai  1883,  je  fis  mettre  des 
capsules  dans  les  semis  suivants  :  Lilas  rouge,  films  Cotimts,  arbre 
de  Judée,  Gingko  biloba,  Céanothes  d'Amérique  et  autres,  Buisson 
ardent,  etc.,  qui  étaient  à  ce  point  bouleversées  par  les  courtilières. 
qu'un  homme  suffisait  à  peine  pour  tasser  les  galeries  des  insectes 


—   145  — 

et  mettre  eti  ordre  le  terrain.  Trois  ou  quatre  jours  après  le  traite- 
ment, on  s'apercevait  à  peine  des  dégâts  faits  de  nouveau  par  les 
insectes,  et  le  même  homme  pouvait,  en  deux  ou  trois  heures,  faire 
ce  qu'il  ne  faisait  qu'en  un  jour  et  encore  avec  peine.  Pour  les 
courtilières,  il  sufdt  de  mettre  6  capsules  (00  grammes)  par  mètre 
carré,  tandis  que,  pour  détruire  les  vers  blancs,  la  dose  minimum 
est  120  grammes  pour  le  même  espace  de  terrain. 

Ce  même  printemps  1883,  je  traitai  les  plants  suivants,  infestés 
de  vers  blancs  :  Mélèze  d'Europe,  Hêtre  commun,  Sapinette  noire, 
Sapinette  blanche,  Cryptoméria  du  Japon,  Âbics  Douglasii,  elc.  Je 
fus  tout  aussi  satisfait  des  résultats  que  des  précédents,  et,  d'après 
mes  recherches,  j'ai  constaté  de  nouveau  que  la  mortalité  pouvait 
être  estimée  de  73  à  74  pour  100. 

Tels  sont  les  résultats  que  j'ai  obtenus  par  l'emploi  des  capsules 
au  sulfure  de  carbone  de  M.  Etienbled. 

J'ajouterai  que  mes  résultats  ne  sont  pas  les  seuls  offrant  le 
même  degré  de  bonne  réussite  ;  M.  de  la  Rocheterie,  l'honorable 
président  de  la  Société  d'Horticulture  d'Orléans  et  du  Loiret,  ayant 
usé  également  de  ce  remède  daus  son  potager,  a  obtenu  aussi  de 
très  bons  résultats. 

L'expérience  est  concluante  ;  il  n'y  a  donc  plus  qu'à  mettre  en 
pratique  l'emploi  de  ce  remède,  vraiment  efficace,  pour  se  débar- 
rasser des  nombreux  parasites  qui  détruisent  tous  les  ans  les  pro- 
duits de  l'horticulture.  Paul  Dauvesse. 

Nous  rappelons  que  notre  excellent  collègue,  M.  Falconnet, 
horticulteur  à  Villefranche,  a  publié  dans  ce  journal  le  résultat  de 
ses  expériences  sur  la  destruction  des  vers  blancs  par  le  sulfure  de 
carbone.  Au  lieu  d'employer  le  sulfure  en  capsule,  il  l'emploie 
directement  au  moyen  d'un  pal  injecteur.  La  dose  qu'il  emploie  est 
de  10  grammes  par  mètre  carré.  Il  conseille  de  procéder  au  prin- 
temps. Voir  son  article,  Lyon-horticole,  année  1884,  pages  174, 
175  et  176.  {N.  dr  la  R.) 

Les  Roses  au  XVr  siècle. 

Si  les  anciens  poètes  ne  se  sont  pas  privés  de  rimer,  en  vers 
métriques  ou  syllabiques,  des  contes  sur  la  rose  ;  si  les  historiens 
grecs  et  romains  mêlent  souvent  cette  fleur  aux  narrations  des 
fêtes,  banquets  ou  orgies  célèbres,  poètes  et  historiens  ne  nous 
apprennent  pas  grand  chose  sur  la  famille  de  cette  fleur  illustre. 

Il  ne  faut  pas  chercher  dans  les  livres  anciens  des  renseigne- 
ments bien  sérieux  sur  l'histoire  naturelle  de  la  rose;  car  même  en 


—   146  — 

lisant  attentivement  les  agronomes  latins  :  Caton,  Varron,  Colu- 
melle  et  Palladius,  on  ne  trouve  rien  sur  cette  fleur  qui  vaille  la 
peine  d'être  cité. 

Cependant  Pline  signale  dans  son  Histoire  naturelle  les  roses  qu'il 
trouva  mentionnées  dans  les  ouvrages  publiés  avant  lui  ou  cultivées 
de  son  temps.  Mais  l'énumération  qu'il  en  a  donné  a  surtout  servi 
à  exercer  la  sagacité  des  devineurs  ou  des  devineresses  de  sphinx 
et  de  rébus  ;  car  les  espèces  ou  variétés  suivantes  mentionnées  par 
le  naturaliste  romain ^  sont  dépourvues  de  description  : 

Milesia,  Grœcula,  Trachynia,  Prœneslina,  Campana,  Coroneola, 
Alabandica,  Spineola  et  Centifolia. 

Pour  trouver  quelques  documents  sérieux  (encore  ?)  sur  la  nomen- 
clature des  rosiers,  il  faut  franchir  d'un  seul  bond  toute  la  période 
qui  sépare  les  publications  de  Pline  de  celle  des  botanistes  de  la 
Renaissance.  C'est  seulement  à  cette  époque  que  les  sciences  et  les 
arts  prirent  un  essor  nouveau. 

Dans  le  cours  du  XVI°  siècle  furent  établis  dans  diverses  con- 
trées de  l'Europe  des  jardins  de  botanique  où  furent  réunies  de 
précieuses  collections  de  plantes  indigènes  ou  étrangères.  Un  des 
premiers  fut  celui  de  Padoue  (1533),  puis  vinrent  ceux  de  Florence 
et  de  Pise.  Ferrari,  en  1632,  cite  les  plus  remarquables  qui 
avaient  déjà  bien  des  années  d'existence  :  ceux  des  Médicis,  à 
Florence  ;  des  Farnèse,  à  Parme  ;  des  ducs  de  Brabant,  à  Bruxelles; 
ceux  de  Vienne,  à  Salzebourg;  d'Eichetet,  près  de  Nurem- 
berg, etc.  Ce  dernier,  à  ce  que  nous  apprend  Stingelius,  était  un 
des  plus  célèbres  et  avait  été  formé  par  Jean  Conrad,  évêque  de 
cette  ville  ;  il  était  visité  par  les  plus  grands  médecins  de  l'époque. 
Paris  avait  un  jardin  en  1591  et  Montpellier  en  1598. 

Ces  jardins  publics  n'étaient,  du  reste,  pas  les  seuls  où  se  culti- 
vaient les  plantes  d'ornement  ;  car  il  y  avait  déjà  dans  ce  temps 
des  curieux  de  la  nature  et  des  amateurs  de  roses  en  assez  grand 
nombre,  puisqu'un  ancien  édit  prescrivait  de  limiter  la  place  où 
étaient  cultivés  les  rosiers. 

La  plupart  des  jardins  célèbres  du  XVP  et  du  XVIP  siècles  ont 
eu  leurs  historiens,  et  c'est  dans  les  ouvrages  qu'ont  laissés  leurs 
directeurs  qu'on  peut  retrouver  ce  qui  intéresse  l'histoire  de  la 
rose. 

En  dehors  des  différents  Horlus  écrits  en  latin  et  qui  ont  figuré 
des  rosiers,  on  trouve  dans  le  Théâtre  iCJçiriculture,  publié  en  1600, 
par  Ollivier  de  Serre,  de  précieux  renseignements  sur  la  culture 
de  ce  bel  arbuste  et  sur  les  espèces  connues  de  son  temps.  Voici, 
en  efietj  ce  qu'on  lit  dans  le  chapitre  X  de  cet  ouvrage  précieux  ; 


—  147  — 


ivosaccntifolia  rubm . 


\,jïïjbusm(VV(V}kfjafyi. 


ROSES     CULTIVEES     AU     XVI'     SIECLE 
Figures  réduites  à  la  moitié  de  leur  diamètre. 


—  148  — 

« Commençant  par  les  arbustes,  dirai  que  d'iceux  les  plus 

remarquables  sont  les  JRozicrs^  distingués  entre  quatre  principales 
espèces  :  une  de  rouge,  autres  d'incarnates  ou  escarlatines,  et  deux 
de  blanches.  Les  rouges  sont  celles  de  Provins  propres  à  faire  la 
conserve,  les  incarnates  dites  de  Provence  et  par  d'aucuns  zebedéen, 
celles  d'où  distille  la  bonne  eau  de  rose  et  servant  aux  apothicaires 
es  syrops  et  autres  choses  :  l'une  des  blanches,  outre  la  couleur, 
est  au  reste  semble  à  l'incarnate;  l'autre  est  la  Damasquine  ou 
rausquato,  ainsi  dicte  pour  sa  précieuse  senteur.  Ceste-ci  est  fort 
petite,  composée  de  cinq  feuilles,  les  autres  en  ayant  beaucoup 
davantage,  plus  toutefois,  tant  mieux  le  terroir  leur  agrée.  Outre 
ces  rozes-ci,  y  en  a  des  jaunes  et  rouges  plaisantes  à  voir,  non  à 
flairer  ;  même  la  jaune  dont  la  senteur  est  plus  mauvaise  que 
bonne  :  la  rouge  n'étant  d'importune  odeur,  ains  seulement  est- 
elle  tant  faible  et  petite,  que  presques  l'on  n'y  en  recognoist 
aucune.  En  nombre  et  grandeur  de  feuilles,  comme  aussi  en 
ramage,  s'accordent  ces  deux  rozes-ci,  avec  les  Damasquines,  ce 
qui  les  fait  accoupler  ensemble,  pour  communément  servir,  dont 
pour  telle  diversité  le  cabinet  se  rend  de  plaisante  représentation. 
Touchant  les  sauvaiges,  appelées  canines,  de  plusieurs  espèces  s'en 
trouvent-ils,  par  les  haies  et  buissons  qui  ont  de  la  valeur  :  sur 
toutes  lesquelles,  les  csy.'antines  emportent  le  prix,  approchant  des 
Damasquines.  ■> 

{A  suivre.)  Séb.  Gryphe. 

CALENDRIER     HORTICOLE 

Ui'sumé  des  travaux  et  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 
—  (   MAI   )  — 

Culture  polagcre.  —  Les  travaux  de  mai  sont  nombreux  dans  le 

jardin  potager,  qui  doit  être  tenu  toujours  garni.  Aux  légumes  qui 

se  consomment  ou  montent  à  graines,   on  fait  succéder  d'autres 

légumes.  Pendant  la  première  quinzaine,    on  sème  la  quantité  de 

haricots  destinés  à  être  récoltés  en  sec.  On  en  sème  aussi  pour  être 

récoltés  en  vert;  du  reste,  un  pareil  semis  devra  être  fait  tous  les 

quinze  jours  successivement.  Des  semis  successifs  de  laitue,  radis, 

cerfeuil,   épinard  seront    également   faits  de    temps  à  autre,  On 

repique  en  place  tous  les  plants  qui  ont  été  élevés  sur  couche  ou  à 

l'abri  des  murs.  On  pourra  semer  : 

Chicorées.  Fenouil. 

Choux  pommés.  Melons. 

))       fleurs.  Navets  noirs. 

«       raves.  Oseille. 


Arroche. 

Asperges. 

Betteraves  (de  t.  sortes) 

Cardons. 

Carottes. 

Céleris. 


Concombres. 
Courges. 


Pois,  etc.,  etc. 


—   149  — 

On  peut  aussi  diviser  l'estragon,  repiquer  les  artichauts  et  autres 
plantes  potag-ères  qui  se  multiplient  par  la  division  des  touffes. 

Jardin  fruitier.  —  Le  jardinier  doit  surveiller  attentivement  les 
jeunes  bourgeons  et  favoriser  le  développement  de  ceux  qui  restent 
cliétifs  ;  il  doit  aussi  rabattre  les  branches  du  pêcher  dont  les  fruits 
ont  avorté,  et  supprimer  sur  les  arbres  tout  co  qui  est  inutile  et  ne 
concourt  ni  à  la  formation  des  charpentes,  ni  à  la  constitution  des 
rameaux  à  fruits.  Quand  les  fruits  sont  trop  abondants  sur  les 
arbres,  iî  est  important  d'en  supprimer  un  certain  nombre  ;  on 
gagnera  particulièrement  à  faire  ce  travail  sur  les  abricotiers  et 
pruniers.  Au  lieu  d'avoir  de  petits  abricots,  de  petites  pêches  ou 
n'importe  quel  autre  fruit  en  grande  quantité,  il  est  préférable  d'en 
avoir  beaucoup  moins,  mais  de  leur  faire  acquérir  leur  maximum 
de  développement. 

Jardin  d'afjrèmenl.  —  Le  mois  de  mai  est  l'époque  de  plantations 
de  la  plupart  des  plantes  d'ornement  ;  ou  peut  mettre  en  pleine 
terre  les  Dahlias,  Cannas,  Fuchsias,  Musa,  Héliotropes,  Bouvar- 
dias,  Verveines,  Pétunias,  etc. 

Inutile  de  dire  que  les  travaux  de  propreté  et  d'entretien  se 
continuent  régulièrement,  que  les  plates-bandes,  massifs  soient 
binés,  les  gazons  fauchés,  les  allées  ratissées,  etc. 

On  peut  semer  en  pleine  terre  toutes  les  plantes  qui  craignent  le 
froid  ou  dont  on  veut  obtenir  une  floraison  tardive,  les  vérilabtes 
bisannuelles  et  quelques  vivaces.  C'est  trop  tôt  pour  les  vivaces 
dures  à  lever,  de  même  que  pour  les  fausses  bisanuelles.  On  sait 
qu'il  y  a  une  catégorie  de  plantes  qui  doivent  se  semer  en  août- 
septembre  pour  fleurir  l'année  suivante  ;  si  on  les  sème  en  mai- 
juin,  elles  deviennent  trop  fortes  et  gèlent  ou  pourrissent  pendant 
l'hiver.  Quant  aux  plantes  vivaces,  elles  peuvent  toutes  se  semer 
en  mai  ou  juin;  mais  il  faudra  se  garder  de  jeter  les  pots 
de  celles  qui  ne  lèveraient  pas  dans  le  cours  de  l'année,  car  elles 
peuvent  germer  l'année  suivante.  Il  y  a  même  des  annuelles  qui 
sont  dans  ce  cas;  mais  ces  dernières  sont  rares. 

Serres  cl  bâches.  —  On  peut  mettre  à  l'air  libre  toutes  plantes 
de  serre  tempérée  ou  d'orangerie,  mais  on  se  gardera  bien  : 

1°  De  les  placer  en  plein  soleil  de  suite.  —  On  devra  pendant 
quelque  temps  les  laisser  durcir. à  l'ombre  avant  de  les  mettre  en 
place  ; 

2°  De  sortir  celles  dont  les  pousses  non  aoûtées  craindraient 
d'être  brisées  par  le  vent  ou  rôties  par  le  soleil.  Celles-là  resteront 
en  serre  jusqu'à  l'aoûtement  des  pousses  susdites  ; 

3°  Celles  dont  on  voudrait  avancer  la  floraison.  Les  lauriers- 
roses  sont  dans  ce   cas.  En   les  laissant  en  plein   soleil   dans  la 


—   150  — 

serre,  ils  fleurissent  beaucoup  plus  tôt.  Les  serres  chaudes  seront 
tenues  ombrées  et  aérées  quand  il  sera  utile.  Il  y  a  un  certain 
nombre  de  plantes  de  serre  chaude  qui  peuvent  parfaitement  passer 
trois  ou  quatre  mois  en  plein  air,  on  fera  bien  d'attendre  la  tin  du 
mois  pour  procéder  à  leur  mise  en  place.  Il  y  a  lieu  de  s'informer 
quand  on  passe  les  plantes  en  plein  air,  des  conditions  physiques 
qui  favorisent  le  mieux  le  développement  des  espèces,  c'est-à-dire 
si  elles  préfèrent  le  plein  soleil,  ou  demandent  que  ses  rayons  soient 
tamisés  par  les  arbres  ou  autres  obstacles  naturels  ou  artificiels. 
Quant  aux  arrosements,  on  devra  les  surveiller  attentivement,  afin 
de  ne  pas  laisser  périr  de  soif  certaines  espèces,  sous  prétexte 
qu'elles  viennent  dans  des  endroits  secs,  ou  en  faire  pourrir  d'autres 
en  les  arrosant  trop,  parce  que,  dit-on,  elles  demandent  beaucoup 
d'humidité. 

Pomologie. 

— (  Observations  sur  les  Poires  ) — 

Louis  Vilmoi'in.  —  Arbre  assez  vigoureux,  très  fertile,  qui  se  conduit  sous 
toutes  toimes.  Fruit  assez  gros,  très  bon;  maturité  de  novembre  à 
décembre. 

Louhe-Bonne. — Syn.:  l'Louise-BonnedeDahamel;  2°  Saint-Germain  blauc 
d'Automne;  3°  Louise-Bonne  ancienne.  Arbre  très  ancien,  de  viajueur  modérée; 
se  conduit  sous  toutes  formes  ;  il  forme  de  très  jolies  pyramides;  très  fertile. 
Fruit  moyen  ayant  la  forme  et  la  couleur  d'un  Saint-Germain  d'hiver,  mais 
un  peu  plus  blanc,  de  2'  qualité.  Maturité  de  septembre  à  octobre. 

Louise-Bonne  de  Printemps.  —  Syn.  :  1°  Louise-Bonne  du  printemps.  Arbre 
faible  qui  n'est  bon  que  pour  les  petites  formes;  il  faut  le  planter  dans  les 
terrains  secs  ou  en  espalier  au  midi  ;  il  est  très  fertile.  Fruit  moyen,  2"  qua- 
lité. Maturité  en  février. 

Louise-Bonne  d'Avranches. —  Syn.:  1»  Prince  Germain;  2°  Louise  de 
Jersey  ;  3°  Louise-Bonne  ;  4°  Beurré  d'Avranches  ;  5°  Bonne-Louise  d'Arau- 
doré;  6°  Beurré  d'Araudoré  ;  7°  Bonne  de  Longueval  ;  8"  Bergamote  d'Avran- 
ches ;  9"  William  the  Fourth.  Arbre  assez  vigoureux,  grefle  sur  n'importe 
quel  sujet,  très  fertile,  se  conduit  sous  toutes  formes.  Fruit  moyen  de 
1'"  qualité.  Maturité  courant  septembre. 

Louise  de  Pimsse.  —  Arbre  faible  qui  ne  convient  que  pour  les  petites 
formes  ;  peu  fertile.  Fruit  assez  gros,  passable.  Maturité  courant  septembre. 

Lucie  Audusson.  —  Arbre  très  vigoureux;  se  conduit  sous  toutes  formes; 
assez  fertile.  Fruit  gros,  de  la  forme  et  de  la  couleur  d'un  Bon-Chrétieu 
Napoléon.  Fruit  de  1"  qualité.  Maturité  fin  octobre  à  fin  novembre. 

Mac  Lang/ilin.  —  Syn.  :  1"  Mao  Langhelin.  Arbre  faible,  ne  convient  que 
pour  les  petites  formes;  très  fertile.  Fruit  petit,  assez  boa.  Maturité  courant 
octobre. 

Madame  André  Leroy.  —  Arbre  de  végétation  ordinaire,  très  fertile  ;  se 
conduit  sous  toutes  formes.  Fruit  très  bon,  assez  gros.  Maturité  courant 
septembre. 

Madame  Baptiste  Desportes.  —  Arbre  peu  vigoureux,  greffé  sur  n'importe 
quel  sujet,  très  fertile  ;  convient  bien  pour  cordons.  Fruit  moyen,  très  bon. 
Maturité  courant  septembre. 


—   151  — 

Madame  Elisa.  —  Arbre  de  vigui-ur  modérée,  convient  pour  les  petites 
formes,  surtout  en  cordons,  très  fertile.  Fruit  assez  gros,  très  bon.  Maturité 
fin  septembre. 

Madame  Milltt.  —  Arbre  faible,  assez  fertile  ;  il  faut  le  planter  contre  les 
murs  et  le  conduire  en  e-palier  pour  obtenir  des  fruits  de  moyenne  grosseur 
et  de  2'  qualité.  Maturité  de  février  k  mars. 

Madame  Trcyve.  —  Syn.  :  Souvenir  de  Madame  Trejve.  Arbre  faible, 
dépourvu  de  branches  ;  il  faut  le  greffer  sur  franc  pour  obtenir  des  pyrami- 
des ;  très  fertile.  Fruit  gros,  parfois  très  gros,  l'"  qualité.  Maturité  15  août 
à  fin  septembre. 

Muusuette  double.  —  Syn.  :  1»  Grande-Bretagne;  2°  de  Cuisse  de  Varin  ; 
3»  Grande-Bretagne  Mansuette.  Arbre  vigueur  modérée,  peu  fertile,  se  con- 
duit en  toutes  formes,  préférablement  en  espalier.  Fruit  très  gros;  n'est  bon 
que  cuit.  Maturité  vers  la  fin  janvier. 

Maréchal  DUlen.  —  Arbre  assez  vigoureux,  qui  est  très  fertile  ;  se  conduit 
sous  toutes  formes.  Fruit  gros,  de  la  forme  d'une  Duchesse  d'Angoulème, 
très  bon.  Maturité  de  septembre  à  courant  octobre. 

Maréchal  Vaillant.  —  Arbre  vigoureux,  très  fertile,  qui  se  conduit  sous 
toutes  formes.  Fruit  gros,  de  l'"  qualité.  Maturité  de  novembre  à  décembre. 

Marie-Anne  de  Navy.  —  Arbre  assez  vigoureux  et  assez  fertile  ,  qui 
convient  bien  pour  la  forme  haute  tige.  Fruit  petit,  de  2°  qualité.  Maturité 
courant  aoiit.  Convient  bien  pour  l'approvisionnement  des  marchés. 

Marie  Benoist.  —  Arbre  vigoureux,  très  fertile,  se  conduit  en  toutes 
formes.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité  de  novembre  à  janvier. 

Marie-Louise  Delcourt. —  Syn.:  1°  Marie- Louise  Van  Mons  ;  2°  Marie- 
I,  uise  Doukleaar;  3°  Marie-Louise  Nouvelle:  4°  Princesse  de  Parme  ; 
5»  forme  de  Marie-Louise  Delcourt;  6°  Van  Donkleaar;  7'  Marie-Louise 
Nava.  Arbre  faible,  qu'il  faut  greffer  sur  franc  pour  obtenir  de  jolies  pyra- 
mides ;  trèi  fertile.  Fruit  moyen,  de  la  forme  d'un  Suini-Germain  ;  très  bon. 
Maturité  fin  septembre  à  5d  octobre. 

Marie  Parent.  —  Arbre  peu  vigoureux,  qui  n'est  bon  que  pour  les  petites 
formes;  peu  fertile.  Fruit  moyen,  de  la  forme  Passa-Colmar  ;  très  bon. 
Maturité  un  septembre.  Routin. 

Recettes  utiles.  (Désinfection   des  vins.) 

Un  pharmacien  de  Capendu  (Aude),  M.  Lafïon,  a  communiqué  à 
la  Société  de  Pharmacie  du  Sud-Ouest  une  note  sur  la  désinfection 
du  vin  et  des  futailles  par  la  farine  de  moutarde.  Comme  toutes 
les  expériences,  celle-ci  peut  être  faite  sur  une  petite  quantité. 

«  L'an  dernier,  dit  M.  Laffon,  l'extrême  sécheresse  nous  força 
à  aller  chercher  de  l'eau  dans  notre  petit  fleuve  de  l'Aude.  Pour 
en  faire  le  transport,  nous  nous  servions  d'un  muid  de  5  hectolitres 
environ. 

«  Quand  la  décuvaison  se  tît,  il  ne  vint  à  l'idée  de  personne 
que  ce  fiât  eût  pris  mauvaise  odeur  par  le  séjour  de  l'eau  de  rivière  ; 
nous  le  remplîmes  de  vin  sans  plus  y  songer.  Il  m'est  impossible 
de  vous  dire  le  goût  désagréable  que  ce  fiit  communiqua  à  mon 
vin.  C'est  à  cette  occasion  que  je  dois  l'heureuse  découverte  que 
voici  ; 


152 


«  J'ai  l'habitude,  et  je  pense  que  beaucoup  de  mes  confrères 
l'ont  aussi,  d'enlever  les  odeurs  fortes  avec  de  la  farine  de 
moutarde.  Par  analogie,  j'imaginai  qu'il  serait  possible  de  détruire 
également  la  mauvaise  odeur  de  mon  vin.  Aussitôt,  je  tentai  l'ex- 
périence :  un  premier  essai  fut  incomplet  ;  j'attribuai  mon  insuccès 
à  la  dose  de  moutarde  que  j'avais  employée  ;  j'ajoutai  le  double 
de  farine,  et  toute  odeur  disparut  comme  par  enchantement.  Ce 
résultat  si  complet  se  réalisa  par  500  grammes  de  farine  de 
moutarde  dans  5  hectolitres  de  vin  futé,  soit  100  grammes  par 
hectolitre. 

«  Il  m'est  donc  permis  d'écrire  que  mon  procédé  est  très 
expéditif  et  surtout  innofFensif,  car  la  moutarde,  tout  le  monde  le 
sait,  est  un  condiment  recherché. 

«  Conséquence  de  ma  découverte...  Le  propriétaire  dont  le 
vin  serait  moisi  n'aurait  plus  recours  à  la  distillation  et  le  vendrait 
sans  réduction.  Suppression  de  l'acide  sulfurique  dans  le  nettoyage 
des  futailles.  Le  petit  propriétaire,  le  plus  mal  outillé  de  tous, 
boirait  toujours  du  vin  franc  de  goût...  « 

[Bullelin  de  la  Société  de  FilicuUure  d'Jrbois.) 

REVUE  DES  CATALOGUES 


A.  Marchand  fils,  horticulteur,  rue  du  Calvaire,  à  Poitiers  (Vienne).  — 
Catalogue  des  plantes  pour  massifs ,  des  plantes  de  serre  et  d'ap- 
partement cultivées  dans  l'établissement.  Plantes  nouvelles  ou  rares,  à  belle 
floraison,  à  feuillage  coloré  et  panaché,  à  feuillage  ornemental;  spécialités 
de  serre  chaude  et  de  serre  tempérée  :  Dracoena,  Fougères,  Crotons,  Orchi- 
dées, Palmiers,  Pandanées,  Cjcadées,  etc.,  etc. 

HosTE,  horticulteur,  rue  des  Dahlias,  à  Monplaisir-Lyon.  —  Catalogue 
des  plantes  diverses  cultivées  dans  l'établissement  :  Abulilons,  Fuchsias, 
Pelargoniums  (toutes  les  séries  cultivées),  Lantanas,  Véroniques,  Verveines, 
Weigelia,  Pentstemons  ;  plantes  diverses,  arbustes  de  pleine  terre,  Cannas, 
Chrysanthèmes  (collections  diverses),  etc.  Tous  ces  genres  sont  représentés 
par  l'élite  des  variétés  nouvelles  ou  anciennes. 

Du  même  horticulteur.  —  Catalogue  spécial  de  Dahlias,  comprenant  une 
collection  très  nombreuse  en  variétés  de  choix,  dans  les  sections  diverses 
de  ce  genre  :  D.  à  grandes  fleurs,  D.à  petites  fleurs,  D.  nains  et  D.  simples. 

Alph.  Alégatière,  horticulteur,  chemin  Croix-Morlon,  à  Monplaisir-Lyon. 
—  Prospectus  annonçant  la  mise  au  commerce  des  nouveautés  obtenues  dans 
rétablissement:  Œillets  mignardises  remontants  ;  l^'^sérij:  Fleur  à  centre 
maculé:  Sultane,  Hercule,  C'yclope;  2"  série  :  Fleur  sans  macule  :  Darwin, 
Surprise,  Œillet  Flon  Alégatière  (variété  donnant  des  graines). 

(A  suivre.) 


Lb  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Iinp.  du  Salut  Public.  —  liellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  MAI  N°    10 


CHRONIQUE 


Panachure.  —  «  Peut-on  déterminer  une  cause  de  la  panachure 
et  peut-on  tracer  une  marche  pour  en  amener  la  production  ?  Telle 
était  la  question  proposée  aux  délibérations  du  congrès  d'horticul- 
ture qui  s'est  tenu  dernièrement  à  Paris.  » 

Je  ne  sais  pas  ce  qu'on  aura  bien  pu  dire  de  nouveau  sur  ce 
sujet  difficile,  mais  je  parierais  volontiers  un  fusain  panaché  gretfé 
en  tête,  contre  une  action  de  la  Banque  de  France,  que  personne 
n'a  pu  formuler  une  réponse  convenable  à  la  deuxième  partie  de  la 
question. 

Et  j'ajoute  que  cela  est  fort  heureux. 

Il  ne  manquerait  plus  qu'il  fût  possible  d'obtenir  des  végétaux 
panachés  à  volonté  ;  vous  n'y  pensez  pas,  Messeigneurs  l 

Autant  vaudrait  réclamer  la  production  régulière  du  mouton  à 
six  pattes,  du  veau  à  trois  têtes  et  du  lapin  bicéphale.  Ah  !  je  vous 
en  prie,  savants,  ne  faites  pas  cela! 

Mon  confrère,  leD'X...,  faisait  bien  développer  le  goitre  à 
volonté  à  de  malheureux  caniches,  simple  histoire  de  les  guérir 
ensuite. 

Mais  le  goitre  qui  orne  d'une  manière  si  désagréable  les  crétins 
du  Valais  n'a  heureusement  rien  de  commun  avec  les  panachures 
qui  sont  de  purs  cas  tératologiques. 

Les  panachures  ont  été  classées  dans  cette  catégorie  d'accidents 
qui  porte  le  nom  cValbinisme  incomplet.  M.  Bleu  qui  a  obtenu  des 
Caladiums  tout  blancs  a  fait  de  l'albinisme  complet. 

£jt  les  albinos  dont  il  a  ainsi  enrichi  la  famille  des  Aroïdées 
embêtent  énormément  les  botanistes  qui  s'occupent  de  chlorophylle. 
Vous  comprenez,  ces  Messieurs  ont  crié  sur  tous  les  tons  que  la 
chlorophylle  est  indispensable  à  la  vie  des  plantes,  et  voilà  des 
Caladiums  qui  en  paraissent  privés  et  qui  se  mêlent  de  vivre.  Ceci 
est  évidemment  très  désagréable. 


—  154  — 

Les  panachures  surviennent  toujours  accidentellement,  et  on  les 
observe  bien  aussi  sur  les  végétaux  vivant  à  l'état  sauvage  que  sur 
ceux  des  cultures.  Ces  accidents  peuvent  se  fixer  d'une  manière  plus 
ou  moins  constante  soit  par  le  semis  —  ce  qui  est  assez  rare  — 
soit,  plus  communément,  par  la  bouture. ou  la  greffe.  Par  le  semis 
on  reproduit  la  Barbarée,  le  Maïs,  etc.  ;  par  la  bouture  presque 
tous  les  végétaux  vivaces  ou  ligneux. 

«  Les  panachures  sont  blanches,  jaunes,  blanchâtres  ou  jau- 
nâtres. Les  unes  forment  des  espèces  de  raies,  de  lignes,  de 
rubans,  les  autres  de  véritables  taches  ;  quelques-unes  sont  rédui- 
tes à  des  points. 

Dans  certains  cas  les  raies  peuvent  border  exactement  l'organe, 
dans  d'autres  cas  elhs  peuvent  être  sinueuses  et  disposées  irréguliè- 
rement, dans  d'autres  cas  encore  les  raies  sont  distribuées  sur  les 
diverses  parties  de  l'organe. 

Les  taches  qui  ornent  les  feuilles  sont  larges  ou  petites,  arron- 
dies ou  anguleuses  ;  quelquefois  elles  n'offrent  aucunes  figures 
déterminées.  Les  panachures  apparaissent  accidentellement  sur  les 
plantes  qui  ont  subi  une  altération,  que  l'on  ne  saurait  préciser,  de 
leur  tissu.  L'altération  peut  alïecter  l'embryon,  comme  elle  peut 
affecter  un  rameau,  un  bourgeon,  une  feuille  ou  seulement  une 
partie  de  cette  feuille.  Tant  que  la  cause  qui  a  fait  naître  la  pana- 
chure  persiste,  la  panachure  persiste  également,  mais  il  n'est  pas 
rare  de  la  voir  disparaître  en  même  temps  que  la  cause  qui  l'a  pro- 
duite. Cependant  certains  genres  de  végétaux  panachés  présentent 
une  grande  stabilité. 

11  paraît  qu'en  croisant  les  races  et  les  variétés  entre  elles,  on 
obtient  souvent  des  panachures.  Knight  ayant  fécondé  un  Chasse- 
las blanc  et  im  Frontignan  blanc  avec  la  vigne  d'Alep  obtint  des 
graines  qui  produisirent  des  pieds  à  feuilles  panachées.  Mais  le  fait 
en  question  est  loin  d'être  la  règle,  puisqu'une  foule  de  végétaux 
obtenus  par  l'hybridation  artificielle  la  mieux  caractérisée  ne  sont 
nullement  à  feuilles  panachées. 

Soufrage  de  la  rigne.  —  Le  jardinier  et  le  cultivateur  doivent 
passer  une  partie  de  leur  existence  à  lutter  contre  les  innombrables 
ennemis  —  insectes  et  cryptogames  —  qui  s'attaquent  aux  plantes 
de  leurs  cultures. 

Partout  où  la  même  espèce  végétale  envahit  un  trop  grand 
espace  do  terrain,  un  ennemi  la  guette,  s'abat  sur  elle  et  ne  tarde 
pas  à  lui  rappeler  qu'il  faut  qu'ici-bas  chacun  ait  sa  place.  L'infi- 
niment  petit,  le  puceron,  la  spore  du  champignon,  êtres  imper- 
ceptibles à  l'œil  nu,  stérilisent  ou  même  tuent  sans  pitié  une  foule 
de  végétaux  cent  millions  de  fois  plus  gros  et  plus  forts  qu'eux.  Il 


—  155  — 

n'y  a  poiut  de  mal  à  voir  ceLte  lutte  incessante  quand  elle  a  lieu 
entre  plantes  ou  animaux  qui  n'intéressent  pas  directement  la  nour- 
riture de  l'homme.  Mais  quand  le  contraire  arrive,  comme  pour  la 
pomme  de  terre  ou  la  vigne,  il  faut  chercher  à  réduire  à  néant  ces 
intimes  myrmidons. 

ha.  maladie  de  la  vigne,  Voidiion,  pour  l'appeler  par  son  nom, 
pour  être  moins  terrible  que  le  phylloxéra,  exerce  parfois  des  rava- 
ges si  considérables  sur  les  raisins  qu'il  est  de  la  plus  haute  impor- 
tance de  le  combattre  énergiquement. 

Le  soufre  est  un  remède  dont  ceux  qui  ne  savent  pas  s'en  servir 
ont  pu  contester  la  valeur,  mais  qui  a  fait  ses  preuves  toutes  les  fois 
qu'il  a  été  employé  en  temps  opportun. 

Quand  un  malade  est  à  toute  extrémité,  on  va  chercher  le  méde- 
cin par  acquit  de  conscience,  mais  le  disciple  d'Hippocrate  ne 
ressuscite  pas  les  morts.  De  même  quand  l'oïdium  a  étendu  ses 
ravages  sur  les  grains  de  raisins  dont  il  a  empoisonné  les  tissus, 
le  soufre  est  un  métalloïde  absolument  inutile. 

Mais  si  on  soufre  préventivement,  c'est-à-dire  avant  le  début  do 
la  maladie,  alors  celle-ci  ne  se  produit  pas  ou  se  présente  d'une 
manière  fort  bénigne.  Dès  que  les  bourgeons  vont  se  développer, 
il  faudrait  soufrer  et  ce  serait  un  excellent  travail.  Ace  défaut,  on 
doit  opérer  un  soufrage  à  chaque  apparition  de  Voidiani.  Une  faut 
pas  craindre  au  besoin  de  donnerjusqu'à  quatre  soufrages  par  an, 
surtout  si  les  conditions  de  chaleur  et  d'humidité  favorisent  le 
développement  du  cryptogame.  Le  meilleur  des  soufres  offerts  par 
le  commerce  est  sans  contredit  celui  vendu  sous  le  nom  de  tleur  do 
soufre.  Il  y  a  également  le  soufre  trituré  et  surtout  des  fleurs  do 
soufre  falsifiées  dont  il  faut  se  méfier. 

Falsifiralion  du  soufre.  —  Comme  tous  les  corps  très  cmplo3'és 
dans  les  arts  (1),  le  soufre  est  sujet  à  subir  des  falsifications.  La 
fleur  de  soufre  employée  dans  le  traitement  des  vignes  atteintes  de 
l'oïdium  est  souvent  fraudée  par  l'addition  du  soufre  ordinaire 
réduit  en  poudre  plus  ou  moins  fine  au  moyen  de  la  pulvérisation 
directe.  Comme,  dit  Chevalier,  il  est  beaucoup  moins  actif  que  le 
soufre  sublimé  ou  tleur  de  soufre,  il  devient  nécessaire  do  savoir  le 
distinguer  de  ce  dernier.  On  y  arrive  aisément  par  l'examen  du 
produit  au  microscope,  car  le  soufre  sublimé  se  présente  toujours 
sous  forme  de  globules  sphériques,  quelquefois  très  grosses,  tandis 
que  le  soufre  pulvérisé  est  en  éclats  irréguliers  et  mats  de  grosseur 


(1)  On  s'en  sert  pour  fabriquer  l'acide  sulfurique,  le  sulfure  de  caibone,  les  poudres 
de  guerre,  de  chasse,  le  cinabre,  le  caoutchouo  volcanisé,  peur  sceller  le  fer  dans  la 
pierre,  pour  la  confection  des  allumettes,  des  mèches,  pour  le  blam  hiHient  de  l.i  soie, 
de  la  laine,  de  la  pai'le,  etc. 


—  156  — 

'excessivement  variable.  On  falsifie  encore  le  soufre  en  le  mêlant  de 
sulfate  de  chaux,  de  craie,  de  cendre,  de  silex,  d'alumine,  ou  autre 
corps  en  poudi'e  fine. 

Destruction  obligatoire  du  Gui.  —  La  Société  nationale  d'agricul- 
ture vient  d'éveiller  la  sollicitude  de  l'administration  —  qui  dor- 
mait paisiblement  depuis  la  loi  sur  l'échenillage  —  en  la  priant  de 
rendre  la  destruction  du  Gui  (Fiscum  album)  obligatoire.  OTeutatès 
quelle  profanation  !  Que  vont  dire  les  Gaulois,  nos  ancêtres,  quand 
ils  sauront  que  la  plante  sacrée  que  leurs  druides  allaient  cueillir 
avec  la  faucille  d'or  sera  condamnée  administrativement  à  dispa- 
raître ? 

Je  comprends  bien  l'utilité  de  la  destruction  du  Gui,  qui  fait  un 
tort  assez  sérieux  aux  pommiers  et  autres  arbres  fruitiers,  mais 
rendre  cette  destruction  obligatoire,  cela  serait  un  acheminement 
très  accentué  vers  la  suppression  complète  de  la  liberté.  Si  on  fait 
une  contravention  au  propriétaire  d'un  arbre  couvert  de  gui  pour  la 
seule  raison  que  les  oiseaux  peuvent  porter  la  graine  sur  les  arbres 
du  voisin,  on  ne  voit  pas  bien  pourquoi  on  ne  ferait  pas  également 
des  contraventions  à  ceux  des  cultivateurs  qui  ne  détruiront  pas 
régulièrement  dans  leurs  champs  les  mauvaises  herbes  susceptibles 
d'envahir  le  voisinage.  On  aurait  ainsi  la  destruction  obligatoire  du 
chien  dent  de  cinq  ou  six  sortes,  des  chardons  {Cirsium  arvensc), 
des  Laitrons  {Soncliusarve7isis),  etc. 

Je  crois  que  les  mauvais  cultivateurs  sont  assez  pun's  par  la 
diminution  de  leurs  récoltes  sans  les  obliger  encore  à  aller  se  casser 
les  reins  en  tombant  du  haut  des  grands  arbres  où  croît  le  gui. 

On  sait  que  le  gui  croît,  suivant  les  pays,  sur  toutes  sortes  d'ar- 
bres ;  on  l'a  récolté  sur  pommiers,  poiriers,  tilleuls,  érables,  ormes, 
chênes,   pins,  sapins,  etc. 

Lesparties  veries  du  gui  contiennent  beaucoup  de  glu,  mais  en 
France,  on  prépare  plus  communément  cette  substance  avec  l'écorce 
de  houx. 

Les  druides  croyaient  que  l'eau  bénite  avec  le  gui  purifiait,  gué- 
rissait la  plupart  des  maladies,  donnait  la  fécondité,  etc. 

Procédé  pour  la  conservation  des  fruits.  —  On  dépose  les  fruits  à 
conserver  dans  un  vase  approprié  à  leur  nature  et  on  les  range 
par  lits  entre  lesquels  ou  sème  un  lit  de  chaux  éteinte,  en  poudre, 
d'une  épaisseur  plus  ou  moins  grande.  Ce  vase,  non  bouché,  est 
renversé  sur  un  lit  de  chaux  de  un  à  deux  pouces  d'épaisseur,  dans 
lequel  son  orifice  se  trouve  enterré. 

On  parvient  par  ce  moyen  à  conserver  d'une  récolte  à  l'autre 
des  raisins  dans  un  état  satisfaisant  de  fraîcheur. 


—  157  —, 

Il  paraît  que  dans  cette  circonstance  la  chaux  éteinte  s'oppose 
au  contact  de  l'air  et  garantit  les  substances  végétales  qu'elle 
enveloppe  de  son  humidité.  Elle  absorbe  l'acide  carbonique  qui  se 
dégage  peu  à  peu  des  fruits  pendant  la  fermentation  qui  s'opère. 
Ce  procédé  a  été  signalé  autrefois  par  M.  Pépin  dans  les  Annales 
de  Flore  et  de  Pomone. 

beslruciion  des  vers  blancs.  —  Le  Bulletin  de  la  Société  d'horti- 
culture de  Tarare  publie  un  moyen  qui  doit  détruire  les  vers  blancs  : 
«  Un  jardinier,  M.  Louis  Schmidt,  voyait  ses  plates-bandes  rava- 
gées ;  elles  étaient  en  partie  plantées  de  fraisiers.  Le  ravage  était 
l'œuvre  des  vers  blancs.  M.  Schmidt  essaya  un  mélange  d'eau  et 
d'acide  phénique  cristalHsé  dans  la  proportion  de  quinze  grammes 
de  celui-ci  dans  quinze  htres  d'eau,  soit  un  gramme  par  litre.  Il 
travailla  ses  plates-bandes  et  les  arrosa  avec  cette  dissolution  :  les 
fraisiers  reprirent  avec  vigueur.  Les  laitues  et  les  choux  qu'il  y 
plaça  poussèrent  à  merveille.  Apercevant  plus  tard,  an  mois  d'août, 
les  mêmes  ravages  du  jardin, il  employa  le  même  procédé  et  réussit 
également.  » 

Chionanthus  virginica.  —  Je  signale  aux  cultivateurs  de  plantes  à 
forcer,  ce  bel  arbrisseau  déjà  bien  connu  des  amateurs  et  des  pépi- 
niéristes sous  le  nom  à'Arbre  de  neige.  Présenté  en  fleur  à  la  séance 
du  26  mars  dernier  de  la  Sociélé  nationale  d' horticulture ,  par  M.  De- 
laville  (Léon),  il  justifie  par  le  seul  fait  de  cette  présentation  de 
son  aptitude  à  être  forcé.  «  Greffé  sur  frêne,  il  donne,  dès  la  troi- 
sième année,  de  jolis  pieds  dont  on  peut  laisser  les  pots  à  l'air  libre 
mais  enterrés,  pendant  l'hiver.  Pour  les  faire  fleurir  il  faut  les 
rentrer  en  janvipr  ou  février.  » 

Le  Chionanthus  virginica  se  multiplie  de  semis  (dans  ce  cas  les 
pieds  sont  longs  à  fleurir)  de  marcottes,  de  boutures  herbacées  et 
de  greffes  sur  frêne.  J'en  ai  greffé  aussi  sur  troène  qui  ont  parfai- 
tement repris  mais  qui  m'ont  donné  des  sujets  peu  vigoureux. 

Les  Poires  du  Cap.  —  11  paraît  que  le  marché  de  Covent  Garden 
à  Londres  était  dernièrement  fourni  de  poires  venant  du  cap  de 
Bonne  Espérance.  Les  rédacteurs  du  Gardners'  Chronicle  ont  eu  l'oc- 
casion de  juger  des  Beurré  superflu  et  autres  variétés  de  cette  pro- 
venance. Les  unes  trop  avancées  en  maturité,  les  autres  incomplè- 
tement mûres  ne  leur  ont  pas  permis  d'en  juger  exactement  la 
valeur. 

On  sait  que  la  maturité  du  Beurré  super  fin  arrive,  en  Europe, 
d'août  à  septembre,  d'où  nous  devons  conclure  que  ce  n'est  plus 
qu'une  question  de  temps  pour  voir  arriver  l'époque  où  les  poires 


—   158  — 

d'été  pourront  se  manger  en  plein  hiver  sur  notre  continent  ;  et 
cela  à  cause  de  rintervertissement  des  saisons  et  des  progrès  de 
la  navigation.  V.   V.-M. 


ASSOCIATION     HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal  de  la  séance  du  dimanche  19  avril  1885,  tenue 
dans  la  Salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce, 
à  Lyon. 

Présidence  de  M.  J.  Chrétien  (Vice-président), 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procès-verbal  do  la  dernière  réuiiion  est  lu  et  adopté. 

Corres^.undance.  —  Lettre  de  la  Société  d'horticulture  et  de  botanique  de 
Marseille,  demandant  la  nomiDation  d'un  délégué  pour  ie  concours  horticole 
(|ui  doit  avoir  lieu  en  Mai,  sous  les  auspices  de  celte  société.  M.  IMlaval  est 
nommé  délégué. 

Lettre  de  M.  ï?olin:nac,  horticulteur  à  Cannes,  dans  laquelle  il  donne  des 
renseignements  sur  l'emploi  du  Réqénérateur  Gailbert,  dans  ses  cultures,  no- 
tamment sur  les  K  )siers  ;  en  l'employant  dilué  dans  40  fois  son  volume 
d'eau.  A  cette  dose  employée  en  bassinages,  il  a  pu  préserver  ses  Rosiers  du 
blanc  ti  des  pucerons. 

Publications. — M.  le  secrétaire  généi'àl  fait  l'analyse  des  publications 
reçues  par  la  société  depuis  la  dernière  réunion  et  fait  circuler  celles  conte- 
Laut  des  illustrations. 

Préstntations.—  Il  est  donné  lecture  de  candidatures  sur  lesquelles  confor- 
mément au  règlement  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

A'hmssioiis.  —  Sont  admis  sans  protestation  les  candidats  présentés  à  la 
dernière  léunioo  et  qui  à  partir  de  cejour  prennent  le  titre  de  membres 
titulaires  de  l'association.  Ce  sont,  MM.  : 

Plan,  directeur  de  VAsiOcialion  typographique,  12,  rue  de  la  Barre, 
I  yon,  présenté  par  MM.  le  D'  Perronnet  et  Carie. 

ftaillat  (Loopold-Grégoire),  marchand-graiuier,  10,  rue  Saint-Jean,  Lyon, 
présenté  par  MM.  Molin  et  Jean  Jacquier. 

Dupras  (Joseph),  horticulteur,  rue  Saint-Pierre-ie-Vaise,  43,  Lyon- 
Vaise,  présenté  par  MM.  Bélisse  et  J.  Jacquitr. 

Comte  lils,  marchand-grainier,  rue  Ndtiona'e,  à  Villefi-anche  (Rhône), 
présenté  par  MM.  Drevet  et  Molin. 

Paidon  (Philibert),  jardinier  chez  M.  Besson,  à  Vernaison  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Gooin  (Jean)  et  Guillaume  (Antoine). 

Durand  (Pierre),  horticulteur  lleuriste,  53,  route  de  Grenoble,  Monplaisir- 
Lyon,  présenté  par  MM.  A.  Bernais  et  Vivian i-.Morel. 

^'aolle^  (André),  horticulteur  lleuriste.  route  de  Grenoble,  53,  Monplaisir- 
Lyon,  présenté  par  MM.  A  Bernais  et  Viviand-Morel. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  Lyon -Croix-Rousse,  1"  un  pied  de  Cypripe- 
dium  bin  bidum  sujterbum  ;  2°  un  pied  de  C.  Duniinianum  ;  3°  un  pied  en  pot  de 
la  Rose  hybride  Glitire  Lyonnaise  (Guillotfils)  en  fleur  ;  1"  un  pied  de  Rosier 
Pulyunlha  l'eik  d'or  (l)ubreuil). 

Par  M.  Alégatière,  lorticulteurà  Monplaisir-Lyon,  des  fleurs  de  la  variété 
nouvelle  du  Rosier  l'olyantha  obtenue  et  nomoiée  par  lui  :  Miniature,  t'ette 
variété  qui  justifie  bien  son  nom  formera  de  jolies  potées  pour  la  vente  sur 
les  marchés. 


—  159  — 


Par  M.  Caillât,,  horticulteur,  Lyon-Guillotière,  1°  une  terrine  contenant  au 
moJDS  12  variétés  do  Pà]uerettes  a  fleurs  doubles,  variées  comme  coloris  ; 
2°  une  collection  de  légumes  de  saison,  composée  de  :  Laitue  frisée  de  la 
Passion,  L.  brune  de  la  Passion,  L.  rose  de  la  Passion  ;  Poireau  long;  de  la 
Tarentaise,  P.  gros  de  Rouen,  Radis  du  printemps  violet  rond,  R.  rond 
rose  et  R.  demi-long  rose. 

Par  M.  Verne,  jardinier,  chez  M.  Godinot,  à  Tassin,  une  botte  d'asper- 
ges d'Argenteuil,  assez  grosses,  qu'il  déclare  être  le  produit  d'un  semis  de 
4  ans. 

Par  M.  Masson  r^cevsur  des  postes  de  Ljon-Croix-Rousse,  l'aune  mflgni- 
fique  eoUrc'ion  de  Primula  ven's,  en  pots  et  en  lifurs  coupées  ;  2°  un  pol  de 
Priniula  cortusoïdes;  3"  des  rameaux  coupés  de  Giroflée  des  murailles,  pré- 
sentant des  fleurs  très  amples  et  variées  comme  coloris. 

Par  M.  Coibii],  jardinier  chez  M.  le  duc  de  Mortemart  à  La  Chassagne, 
qu«lques  poires  des  variétés  Btuiré  Petrnulc  tt  AlfX'indrina  M'is. 

Par  M.  Btllandra,  jatdmier  à  Lyon,  Saiat-Irenée,  des  pnquets  de  radis 
demi-long  viol«t,  qu'il  déclare  avoir  trouvé  il  j  a  environ  neuf  ans  dans  un 
semis  de  R-idis  écarlate,  il  est  aussi  précoce  ei  a  le  même  goût  que  le  R. 
écarlate  dont  il  serait  issu.  D.ins  les  samis  que  fait  tous  les  ans  le  présenta- 
teur, celte  variété  sa  reproduirait  franchement. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  Crépieux,  un  bouquet  de 
Pensées  anglaises  à  grandes  macules;  ces  fleurs  sont  tr./s  grandes. 

Par  M.  Chavagnieux,  jardinier  chez  M.  Ferber,  à  la  Pape,  des  Pensées 
à  grandes  fleurs  et  un  bouquet  de  Myosotis  alpestris,  à  fleurs  roses;  des 
laitues  de  la  passion  blonde  ou  mouchetée. 

Par  M.  Rivoire  fils,  marchand-grainier,  à  Lyon  :  1°  Un  pied  de  Lavatera 
arborea  à  feuilles  panachées  ;  quelques  pots  de  Reine-Marguerite  naine 
(Callistephus  sinensis)  en  fleurs. 

Par  M.  Crozy,  un  pot  de  Giroflée  naine  (suissard),  plante  très  compacte, 
formant  uue  boule  très  bien  faite,  sera,  si  elle  est  constante,  une  plante 
excellente  pour  la  culture  en  pots,, 

Par  M.  J.  Nicolas,  horticulteur-grainier,  à  Lyon,  une  collection  de 
Primula  ueris,  composée  d'au  moins  30  variétés. 

Par  M.  Guerry,  un  Poireau  gros  de  Carentan,  à  feuilles  panachées  ;  la 
panachure  de  ce  poireau  est  tellemeot  bien  tranchée  qu'avec  ses  feuilles 
longues  et  larges,  cette  plante  a  plutôt  l'aspect  d'un  Dracœna  qu'une  de  nos 
platites  potagères  les  plus  cultivées;  d'après  le  présentateur,  les  plantes 
provenant  de  semis  ont  la  panachure  bien  constante. 

Par  M.  Deville,  horticulteur  a  la  Demi-Lune-Lyon,  des  rameaux  fleuris 
de  Cydonia  Japonica  de  semis  et  les  Magnolias  Yulan. 

Par  M.  Jacquier,  cultivateur-j;rainier,  à  Lyon,  des  navets  très  hâtifs  de 
Milan.  Cette  variété,  d'après  M.  Jacquier,  serait  très  précoce;  sa  chair 
fine  et  douce  est,  commrt  qualité,  supérieure  à  toutes  les  variétés  connues; 
il  pi'é--ient<i,  comme  comme  comparaison,  le  Navet  hâtif  de  Munich,  qui, 
quoique  étant  uae  bonne  variété,  lui  serait  inférieure. 

Par  M.  Galmichtî  (Laurent),  jardinier  chez  M.  Primat,  à  la  Pouilleuse,  un 
bouquet  da  fleurs  de  Cyclamen  de  Perse,  à   grandes   fleurs,  composé    d'au 
moins  30  variétés  ;  ces  fleurs  soat  très   grandes,    et   quelques-unes   ont   un 
coloris  bien  tranché. 
Par  M.  F.  Moral  fils,  horticulteur-pépiniériste,  Lyon-Vaise  : 

1°  Va  pol  ai  Priinulu  (jran'Iiflord  Croussei,  à  fleurs  pleines.  Cette  variété 
est  très  remarquable  autant  par  son  abonlante  floraison  que  par  un  coloris 
unique,  ainsi  que  par  sa  grande  vigueur  et  sa  robustioité  ; 

2"  Derberis  steaoplujlla,  variété  intermédiaire  entre  les  B.  bujcifolia  et 
B.  eni/jetri/utia,  dont  on  prétend  qu'il  est  un  hybride; 

3"  Mulus  floribuivla  utrosuMjaiaea,  variété  à  fleurs  entièrement  rouge 
carmin  foncé,  du  Malus  floribunda  qui,  lui,  a  les  fleurs  rose  carmin  à  l'ex- 
térieur, blanc  pur  à  l'intérieur  ; 


—   160  — 

4°  Perska  (hinensis  flore  plcnn  albo,  P.  ch.  camelliœfloi'a,  P.  c/i.  ro^d'/lm-n. 
Ces  trois  variétés  de  pêchers  de  Cliine  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  tranché  dans 
celles  connues  ;  les  arbres  sont  plus  vigoureux  que  les  variétés  à  fleurs 
doubles  du  Pocher  commua  [Persica  vulgaris);  leurs  fleurs  sont  plus  pleines 
et  d'un  coloris  plus  brillant; 

5°  Exochorda  grand'jhra  (Sfjirea  (jrandiforii)  Hook,  spirée  du  nord  de  la 
Chine,  à  fleurs  d'un  blanc  légèrement  de  jaune,  ressemblant  à.  celles  d'un 
Seringa  ; 

6°  Des  rameaux  fleuris  de  Hib^s  carncum  grandiflorum.  M.  Morel  fils 
présente,  en  outre,  deux  rameaux  fleuris  provenant  d'individus  issus  de 
semis  du  Malus  floribunda,  de  quatre  rameaux  de  Maynolia   Lenm'  de  semis. 

Par  M.  J.  Nicolas,  horticulteur-grainier,  à  Lyon,  un  thermomètre  de 
couche,  sj'stème  Couturier.  Ce  thermomètre  est  renfermé  dans  une  gaine  en 
zinc  verni,  qui  ne  laisse  ap,iarente  que  la  partie  du  tube  sur  laqualle  sont 
marqués  les  degrés,  et  ne  présent'^  pas  les  inconvénients  qu'ont  les  anciens 
thermomètres  de  couche  :  la  terre,  le  terreau  dans  lequel  on  les  enfonce, 
entre  dins  les  trous  du  tube,  provoqua  la  casse  des  verres  et  salit  les 
degrés.  Ces  inconvénients   n'existent  plus  dans  le  modèle   présenté. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  L.  Lille,  Pelletier,  Berlhier  et  Drevet,  pour  les  fruits  et  les  légumes; 
de  MM.  Gaulain,  Bernaixet  Pitaval,  pour  les    plantes  et  les  fleurs. 

Après  examen,  ces  Commissions  proposent  d'accorder  à  M.  Corbin  une 
prime  de  2"  classe  pour  son  apport  de  Poires,  surtout  pour  la  variété 
Beurré  Perrault  qui  est  reconnue  bonne. 

A  M.  Chavagnieux,  une  prime  de  3=  classe  pour  ses  Laitues  et  une  de 
3"  classe  pour  ses  Pensées. 

M.  Verne,  une  prime  de  l''  classe  pour  ses  Asperges. 

A  M.  Caillât,  une  prime  de  V'  classe  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

A  M.  Jacquier,  une  prime  de  3=  classe  pour  son  Navet  hâtif  de  Milan. 

A  M.  Guerry,  une  prime  de  2»  classe  pour  son  Poireau  à  feuilles  pana- 
chées ;  la  Commission  l'engage  à  le  présenter  à  nouveau  à  une  séance  ulté- 
rieure. 

A  MM.  Rivoire  fils,  une  prime  de  1"  classe  pour  ses  Reine-Mar- 
guerite; le  Lanatera  arborea  variegata  ayant  été  primé  dans  une  séance  de 
1884,  la  Commission  prie  de  voter  des  remorcîments  au  présentateur,  ainsi 
qu'à  M.  Alégatière,  dont  le  Rosier  Polyantha  Miniature  a  été  récompensé, 
à  l'Exposition  de  septembre  1884,  de  notre  Compagnie. 

A  M.  Liabaud,  une  prime  de  1"  classe  pour  l'ensemble   de  son  apport, 

A  M.  Masson,  une  prime  de  2°  classe  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

A.  M.  Galmiche,  une  prime  de  2"  classe  pour  ses  fleurs  de  Cyclamen. 

A  M.  Champalle,  une  prime  de  2'  classe  pour  ses  Pensées  à  grandes 
macules. 

A  M.  J.  Nicolas,  une  prime  de  2'  classe  pour  ses  Primula  veris. 

Une  prime  de  V"  classse  à  M.  Morel  fils  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

Les  Commissions  accordent  un  certificat  de  2"  classe  à  chacun  des  Ma- 
gnolias Lenné,  de  semis,  de  M.  Morel  fils,  portant  les  numéros  5  et  9; 
les  autres  numéros  sont  renvoyés  à   l'étude. 

Des  certificats  de  1"  classe  à  chacun  des  (,'ydonia  japonica  de  semis,  de 
M.  Deville,  portant  les  numéros  4  et  7,  et  des  certificats  de  2"  classe  à  ceux 
portant  les  numéros  3  et  6  ;  pour  les  autres  numéros  de  Magnolias  de  semis, 
la  Commission  propose  leur  renvoi  à  l'étude.  Une  prime  de  1"  classe  est 
accordée  à  M.  J.  Nicolas  pour  son  thermomètre  de  couche. 

Pour  les  autres  apports,  les  Commissions  demandent  l'inscription  au 
procès-verbal. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

M.  le  Président  décerne  les  diplômes  de  Primes  et  de  Certificats  à  ceux 
dont  les  produits  ont  été  primés. 

L'Assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  de  la  Commission  des 
finances  pour  l'année  1885.  Sont  nommés,  MM.  Belisse,  Cousannat, 
Charvolin,  Rochet,  Therry. 

La  séance  est  levée  à  4  h.  3/4.  Le  Secrétaire  adjoint,  Nicolas. 


—   161    — 


Les  Roses  au  XVP  siècle  (Suite). 


Gaspard  Bauliin,  dans  son  Plnac  ou  Théàlre  bolaniquc,  œuvre  de 
quarante  années  de  travail  assidu,  publié  à  Bâle  en  1571,  énumère 
dix-sept  espèces  de  roses  cultivées  et  dix-neuf  de  roses  sauvages. 

Les  roses  cultivées  [Rosa  saliva),  portent  dans  cet  ouvrage  les 
noms  suivants  : 


Rosa  rubra. 

Ros 

a  major  prœnestina. 

Rosamoschata  spinis  ca- 

»     rubra  pallidior. 

» 

alba  major. 

ren8  major. 

»     saturiatus  rubens. 

s 

»     miner. 

B 

moschata  spinis  ca- 

»    piirpurea. 

» 

moschitasimplici. 

rène  minor. 

»     versicolor. 

» 

»        flore  pleno 

n 

moschata  subveridis 

B     maxima  multiplex. 

» 

mosohata  sempervi- 

» 

folio  subrotundo  et 

»     multiples  média. 

rens. 

crispo. 

Les  roses  sauvages  [Rosa  sijlveslris)  du  Pinax  ont  été  ramenées 
par  Linné  à  cinq  ou  six  espèces,  qui  à  l'heure  actuelle,  forment 
chacune  une  section  différente.  Ces  sections  comprennent  de  très 
nombreuses  formes  ou  espèces  décrites  par  les  rhodographes  mo- 
dernes. 

G.  Bauhin  a  établi  la  concordance  des  noms  donnés  par  Pline 
avec  ceux  connus  de  son  temps.  Mais  cette  synonymie,  qui  a  du 
reste  exercé  la  sagacité  des  autres  commentateurs  du  naturaliste 
romain,  ne  repose  que  sur  de  simples  conjectures  dont  il  est  diffi- 
cile de  vérifier  la  valeur.  Quoiqu'il  en  soit,  voici  cette  concor- 
dance : 

Milesia,  est  Rosa  rubra. 

Grœctda,  est  Rosa  rubic  nda  saccharina  dicta,  grœcula  canice. 

Trachinia,  est  Rosa  purpurea. 

Prœnestina,  est  Rosa  major  prœnestina  Clusii. 

Campatia,  est  Rosa  alba  vulgaris. 

Coroneola,  est  Rosa  moschata  flore  pleno. 

Alabandica,  est  Rosa  sjlvestris  flore  pleno. 

Spineola  on  Spermonia,  est  Rosa  odore  cinamomi  flore  pleno. 

Centifolia,  est  Rosa  alba  minor.' 

Grœca,  que  Pline  nomme  encore  fAjchnis,  est  selon  quelques 
auteurs  le  Lijchnis  hirsula  flore  coccineo  major  •  mais,  selon  Gesner, 
c'est  la  rose  à  odeur  de  canelle  à  fleur  simple,  et  selon  Daléchamp, 
c'est  le  Rosa  campeslris  spinis  carens. 

Il  faut  bien  convenir  que  si  on  devait  se  borner  au  simple  exa- 
men des  diagnoses  des  anciens  botanistes  ou  aux  descriptions  plus 
ou  moins  exactes  d'Ollivier  de  Serres,  il  serait  assez  difficile  d'ar- 
river à  une  connaissance  certaine  des  anciennes  espèces  ou  variétés 
de  Rosiers.  Heureusement  que  si  le  Piiiax  —  l'évangile  des  bota- 
nistes du  17^  siècle  et  d'une  partie  du  18"  siècle  —  ne  contient 
que  des  phrases  diagnostiques  un  peu  courtes,  VHorttis  EijslcUemis, 


16Î 


R.     lutea    11.    simplici. 


publie  en  1613  par  Besler,  est  enriclii  de  figures  représentant  toutes 
les  roses  cultivées  dans  le  célèbre  jardin  des  environs  de  Nurem- 
berg-, Or,  comme  on  sait  que  Gaspard  Bauhin  a  visité  à  plusieurs 


R.    ex  rubj  nigricans  fl.  pleno. 


—  \6R 


\t.    Mile:ïia    rubro    H.  simplex 


R .     lactea     Camerars , 


—   164  — 

reprises  ce  jardin,  qu'il  cite  fréquemment  et  dont  il  a  mentionné 
toutes  les  espèces,  on  est  autorisé  à  conclure  que  les  Roses  figurées 
dans  VHortHs  Eystpltensis  représentent  d'une  manière  assez  exacte 
les  plantes  mentionnées  par  Bauhin. 

Du  reste,  les  meilleurs  auteurs  ont  toujours  fait  l'éloge  de  ÏHorius 
Eijstciietisis,  premier  grand  in-folio  qui  ait  été  publié  en  botanique, 
et  si  quelques  critiques  ont  été  adressées  à  l'ouvrage,  elles  ne 
s'adressent  guère  qu'au  texte  explicatif  et  ne  dépassent  pas  une 
certaine  limite.  Le  lecteur  pourra,  du  reste,  juger  approximative- 
ment de  la  valeur  de  ces  figures  que  nous  avons  fait  reproduire 
pour  accompagner  cette  note. 

UHorius  Eysleiiensis  a  donné  les  figures  de  21  roses  que  nous 
allons  successivent  examiner.  En  voici  d'abord  l'énumération  par 
ordre  alphabétique  : 


R.  alba  flore  simplici. 

—  —      —     pleno. 

—  centifolia  rubra. 

—  cianamomea  flore  pleno. 

—  damascîna  flore  simplici. 

—  —  —    pleno. 

—  eglanteria. 

—  lacteola  camerary. 

—  lutea  maxima  flore  pleno. 
— I     —     flore  simplici. 

—  Milesia  rubra  flore  simplex. 


R.  Milesia  rubra  flore  pleno. 

—  prœrox  spinosa  flore  albo. 

—  prrenestina  variegata. 

—  provincialis  flore  incarnato 

pleno. 

—  —        flore  albo. 

—  rubicunda  saccharina  dicta, 

—  rubra  precox  fl.  simplic. 

—  —     exrubroBigricansfl.pl. 

—  —     sjlvestri.s  fl.  rubro. 

—  —     —     odorata  incarnato. 


[A  Suivre).  S.      Griphe. 

Concours  établis  par  l'Association  horticole  lyonnaise 


AVIS.  —  Les  personnes  qui  désirent  prendre  part  cette  année  aux  concours  ci- 
dessous  énumérés,  devront  adresser  leur  demande  à  M.  Viviand-Morel,  cours 
Lafajette  prolongé,  61,  à  Villeurbanne-lèe-Lyon,    avant  le  15  juillet  prochain. 

CULTURE   MARAÎCHÈRE 

1»  Concours  entre  les  jardiniers  maraîchers  pour  la  bonne  tenue,  la  production  et 
les  progrès  réalisés  dans  leurs  cultures. 

Plusieurs  prix,  dont  le  premier  sera  une  médaille  d'or,  seront  attribués  à  ce  con- 
cours. 

2»  Concours  pour  l'amélioration  par  semis  des  races  de  plattes  potagères.  Trois 

prix  seront  décernés. 

3»  Concours  établi  pour  la  vulgarisation  à  Lyon  des  plantes  potagères  rarement 
cultivées,  dont  le  mérite  est  cependant  bien  établi  dans  d'autres  pays.  Trois  prix 
seront  décernés. 

HORTICULTURE    MARCHANDE 

L'ancien  concours  spécial  aux  établissements  commerciaux^  d'horticulture  les 
mieux  tenus  et  dont  les  cultures  sont  le  plus  en  progrès  est  scindé  en  .  inq  catégories 
savoir  :  , 

1°  Etablissements  consacrés  à  la  culture  des  plantes  de  marche. 

2°  —  —        aux  collections  florales. 

3o  —        aux  pépinières  d'arbres  fruitiers  et  d'ornement. 

4»  —        à  la  culture  des  rosiers. 

^0  __  —        aux  plantes  cultivées  pour  graine?. 


—  165  — 


MAISONS   BOURGEOISES 


1»  Concours  spécial  établi  pour  récompenser  les  jardiniers  des  maisons  bourgeoises 
pour  la  bonne  tenue  et  les  progrès  réalisés  dans  les  cultures  confiées  à  leurs  soins. 
Il  sera  tenu  compte  des  movens  mis  à  leur  disposition. 

2"  Concours  spécial  aux  cultures  potagères. 

3°  Concours  pour  la  bonne  direction  des  arbres  fruitiers  soumis  à  la  taille  et  au 
pincement. 

INSTITUTIONS,    ÉCOLES    OU    ÉTABLISSEMENTS    PUBLICS 

1»  Concours  entre  les  jardiniers  des  institutions,  écoles  ou  établissements  publics 
dont  les  cultures  sont  les  mieux  tenues  et  le  plus  en  progrès. 

ARBORICULTURE 

1»  Concours  entre  les  propriétaires  qui  auront  créé  le  plus  grand  jardin  fruitier  et 
qui  l'auront  le  mieux  entretenu  ou  fait  entretenir.  Les  plantations  devront  avoir  été 
faites  au  moins  depuis  cinq  ans. 

2»  Concours  établi  en  faveur  des  garçons  jardiniers  qui  sauront  le  mieux  tailler 
les  arbres  à  fruit. 

Règlement  des  Concours. 

1»  Pour  prendre  part  à  ces  Concours,  les  jardiniers  de  maisons  bourgeoises, 
d'écoles  ou  d'établissements  p-blics  devront  accompagner  leur  demande  de  l'autori- 
sation écrite  du  propriétaire  ou  des  cbefs  du  jardin  ou  des  cultures  dont  ils  ont  la 
direction  au  moins  depuis  deux  ans. 

2°  L'Association  horticole  paie  les  frais  de  voyage  des  Commissions  chargées  des 
■visites  des  jardins  qui  ne  sont  pas  situés  à  plus  de  trente  kilomètres  de  Lyon.  A 
partir  de  30  kilomètres,  les   frais   de  voyage  sont  à  la  charge  des  concourants. 

3»  Les  Commissions  sont  composées  de  cinq  membres. 

4»  Tous  les  membres  de  l'Association  peuvent  prendre  part  à  ces  Concours.  Les 
lauréats  des  grands  prix  et  des  premiers  prix  ne  peuvent  reconcourir  qu'après  un 
intervalle  de  cinq  années  révolues,  et  les  autres  lauréats  après  trois  années. 


Anciens   et    Bons  Jardiniers. 

Les  Sociétaires  qui  désirent  obtenir  une  récompense  comme  anciens  et  bons  jnrdi- 
niers  devront  également  faire  parvenir  leur  demande  à  la  même  époque  et  à  la 
même  adresse.  Ces  demandes  devront  être  accompagnées  d'un  certificat  du  maître 
mentionnant  la  durée  du  service.  La  signature  de  ce  certificat  devra  être  légalisée 
par  le  maire  de  la  commune  ou  réside  le  demandeur. 


Nouveau  procédé  pour  multiplier  la  Pomme 
de  terre  (1). 

Etant  donné  qu'un  grand  nombre  des  anciennes  variétés  des 
pommes  de  terre  sont  trop  souvent  atteintes  par  la  maladie,  que 
beaucoup  de  tubercules  pourrissent  en  terre  avant  la  récolte, 
qu'une  autre  partie,  non  la  moins  importante,  de  ceux  emmaga- 
sinés dans  les  caves,  celliers  ou  silos  subissent  le  même  sort,  on  a 
généralement  recours  aux  innombrables  variétés  nouvelles  fran- 
çaises, anglaises,  ou  américaines,  qui  paraissent  être  plus  réfrac- 
taires  à  la  maladie. 

En  1881,  je  demandai  à  M.  Vilmorin  plusieurs  variétés  nou- 
velles de  pommes  de  terre  desquelles  je  voulais  obtenir  des  tuber- 

(1)  Extrait  du  Sud-Ett. 


—  166  — 

cules  gros  et  nombreux.  Pour  atteindre  ce  but,  je  ne  laissai  qu'une 
ou  deux  tiges  à  chaque  plante  ;  les  bourgeons  inutiles  furent 
enlevés  lorsqu'ils  eurent  atteint  15  à  20  centimètres  de  longueur. 
A  ce  moment-là,  tous  les  bourgeons  que  j'avais  arrachés  sans 
prendre  de  précaution  étaient  enracinés  et  se  détachèrent  assez 
facilement  des  tubercules  que  j'avais  plantés  entiers  à  6  centi- 
mètres de  profondeur,  les  yeux  tournés  vers  le  ciel. 

Comme  je  n'avais  reçu  qu'un  ou  deux  kilogrammes  de  chaque 
variété  de  pommes  de  terre,  et  qu'après  avoir  utilisé  toutes  mes 
semences  nouvelles  de  betteraves,  de  carottes,  de  rutabagas,  de 
navets,  de  betteraves,  de  sorgho,  de  mais,  etc.,  il  me  restait 
encore  un  petit  carré  de  terre  où  je  pouvais  planter  ou  semer,  il 
me  vint  à  l'idée  de  transplanter  dans  cet  espace  vide  quelques-uns 
des  bourgeons  enracinés  que  j'avais  enlevés  à  chaque  plante. 

A  cei  effet,  je  tis  un  trou  en  terre  avec  une  pioche,  j'appuyai 
sur  son  manche  lorsquelle  fut  enfoncée,  pour  faire  un  vide  entre 
sa  lame  et  la  terre,  cavité  où  je  glissai  un  bourgeon  enraciné  de 
pommes  de  terre;  je  retirai  la  pioche,  j'appuyai  avec  le  pied  sur 
la  terre  qu'elle  avait  soulevée  pour  la  faire  adhérer  aux  racines  du 
plant,  et,  comme  la  saison  était  relativement  sèche,  je  l'arrosai 
d'un  demi-litre  d'eau  pour  assurer  sa  reprise.  Je  répétai  cette 
manoeuvre  pour  tous  les  bourgeons  enracinés  que  je  transplantai 
au  nombre  de  cinquante  environ.  Leur  reprise  se  fit  avec  facilité. 
Je  binai  les  plants  de  cette  nouvelle  culture,  toutes  les  fois  que  je 
donnais  ces  soins  aux  autres  plantes  de  raon  champ  d'expériences; 
je  les  arrosai  comme  les  autres  plantes  et  ils  poussèrent  vigou- 
reusement. 

Quelle  ne  fut  pas  ma  surprise  lorsque,  vers  le  commencement 
de  l'automne,  je  voulus  me  rendre  compte  de  ma  nouvelle  culture 
de  pommes  de  terre  !  Chaque  bourgeon  enraciné  et  Iransplanlé  amit 
produit,  réunis  au  pied  du  plant,  comme  chez  les  topinambours,  des 
tubercules  nombreux,  égaux,  aussi  gros,  sinon  plus,  que  ceux  des  plants 
d^oà  f  avais  tiré  les  plants  enracinés. 

L'année  suivante,  en  1882,  je  répétai  cette  expérience  sur  la 
pomme  de  terre  éléphant  blanc,  en  améliorant  le  système  de  plan- 
tation. 

Au  lieu  de  procéder  à  la  transplantation,  comme  l'année  précé- 
dente, lorsque  les  deux  tubercules  que  j'avais  reçus  et  plantés 
eurent  donné  des  bourgeons  de  15  à  20  centimètres  de  longueur, 
je  les  arrachai  d'un  coup  de  bêche,  je  secouai  entièrement  la  terre, 
—  opération  qui  se  fait  plus  rapidement  en  trempant  dans  l'eau  la 
motte  renfermant  le  tubercule;  —  je  détachai  ensuite  tous  les 
bourgeons  que  portait  chaque  tubercule  et  les  plantai  dans  une 
jauge  profonde  de  10  centimètres,  et  à  65  centimètres  entre  les 


—   167  — 

lignes  et  sur  les  lignes,  en  ayant  soin  de  bien  étaler  les  racines, 
sans  casser  certaines  productions  courtes,  rigides,  plus  ou  moins 
renflées  qui,  partant  du  pivot  des  plants,  donneront  les  tubercules. 
Je  recouvris  les  racines  de  ces  plants  de  10  centimètres  d'épais- 
seur de  terre  meuble;  j'assurai,  comme  l'année  précédente,  la 
reprise  des  plants,  que  j'entretins  comme  les  autres,  et  j'attendis 
la  récolte  qui  dépassa  en  rendement  les  résultats  obtenus  la  pre- 
mière année. 

Par  ce  procédé,  ces  deux  tul)ercules,  qui  pesaient  ensemble 
cent  cinf]uanl('  gramines ,  en  donnèrent  quatre-vingt-dix-huit,  qui 
pesèrent  vingt-deux  kilogrammes;  et  celle  variélc,  qui  est  indiquée 
comme  tardive,  fut  récoltée  entièrement  développée  et  bien  mûre  un  mois 
et  demi  avant  tes  autres.  Ce  fait  est  important  à  noter,  parce  que  ces 
pommes  de  terre  purent  être  soustraites  aux  grandes  pluies  de 
l'automne,  qui  firent  pourrir  en  terre  beaucoup  de  tubercules. 

J'exécutai  ces  expériences  pendant  deux  années  consécutives, 
en  présence  des  élèves  de  la  ferme-école  de  Recoulettes  (Lozère)  ; 
M.  Gustave  Heuzé,  inspecteur  général  honoraire  de  l'agriculture, 
vit  lui-même,  pendant  les  années  1881  et  1882,  ces  plantations. 
En  1883,  je  répétai  ces  expériences  à  l'Ecole  normale  de  Rhodez, 
où  les  résultats  nouveaux  confirmèrent  ceux  de  1881  et  1882. 

Puisqu'on  transplante  des  betteraves,  des  choux,  des  ruta- 
bagas, etc.,  on  pourrait,  le  cas  échéanf,,  transplanter  les  bourgeons 
enracinés  des  pommes  de  terre.  Oe  procédé  est  éminemment  éco- 
nomique pour  acclimater  dans  notre  département  les  nouvelles, 
bonnes  et  belles  variétés  de  pommes  de  terre  qu'il  importe  de 
multiplier  rapidement,  parce  qu'elles  sont  moins  exposées  à  pourrir 
que  les  anciennes  pommes  de  terre  du  pays.  Ce  qui  démontre 
l'utilité  de  ce  procédé,  c'est  que,  lorsqu'on  se  procure  une  nouvelle 
variété  de  pomme  de  terre  de  bonne  qualité  et  de  grand  produit, 
ce  n'est  que  par  de  très  petites  quantités  que  les  détenteurs  font 
toujours  payer  fort  cher.  Par  ce  moyen,  on  récolte,  l'année  de 
l'essai,  de  quoi  faire  des  plantations  ordinaires  importantes  l'année 
suivante. 

Je  termine  en  formulant  un  voeu  :  Que  des  essais  pareils  à  ceux 
que  j'ai  faits  soient  répétés  en  1885  par  ceux  qui  ont  acheté  de 
nouvelles  variétés  de  pommes  de  terre;  je  serais  heureux  si  mes 
modestes  travaux  leur  avaient  été  utiles. 

Frederick  d'André, 

Professeur  départemental  d'agriculture 
de  l'Jveyron. 


—  168  — 
Poxnologie. 

Observations  sur  les  Poires. 


Mariette  de  Millepieds.  —  Arbre  faible,  qui  ne  convient  qu'en  petites 
formes  ;  assez  fertile.  Fruit  gros,  très  bon.  Maturité  de  février  à  fin  mars. 

Marquisf. —  Sjn.  :  1»  Marquise  d'hiver;  2'  Marchioness.  Arbre  assez 
vigoureux,  qui  se  conduit  sous  toutes  formes  ;  fertilité  ordinaire.  C'est  un 
ancien  arbre  qu'on  ne  retrouve  guère  dans  nos  contrées;  cependant  j'en  ai 
vu  aux  environs  de  Poncin  (Ain).  Fruit  assez  gros,  assez  bon.  Maturité  de 
novembre  à  décembre. 

Messire  Jean.  —  Sjrn.  :  1°  Messire  Jean  gris  ;  2°  Messire  Jean  doré  ; 
3°  Messire  Jean  blanc;  4°  Messire  Jeaa  Romain;  5°  Monsieur  John; 
6»Chaulis;  7°  Poire  de  la  Communauté;  8°  Poire  du  Couvent;  9°  St- Jean 
d'Anjou  ;  10»  Saint-Jean  musqué;  11»  Monsieur;  12°  Messire  Jean  de  Cogne; 
13°  de  Ver  ;  14"  Messire  Jean  tardif;  15°  Messire  Jean  vert  ;  16°  Messire 
Jean  d'hiver;  17°  Marion  d'Amiens.  Arbre  faible  qu'il  faut  greffer  sur  place; 
il  pousse  si  peu  qu'il  faut  le  greffer  en  tête  pour  former  les  autres  tiges,  c'est 
la  forme  qui  lui  convient  le  mieux  pour  être  fertile,  car  il  n'aime  pas  la 
taille.  Fruit  moyen,  assez  bon.  Maturité  courant  octobre. 

Messire  J3an  Goubault.  —  Arbre  assez  vigoureux,  se  conduit  sous  toutes 
formes;  très  fertile.  Fruit  gros,  de  2°  qualité,  parfois  de  1'%  selon  les  saisons 
ou  l'exposition. 

Milan  d'hiver.  —  Sjn.  :  Beurré  gris  d'hiver  ancien  ;  2°  Milan  admirable  ; 
3"  Beurré  gris  d'hiver;  A"  Milan  rond.  Arbre  assez  vigoureux,  se  conduit  en 
toutes  formes  ;  assez  fertile.  Fruit  gros,  n'est  bon  que  cuit.  Maturité  de 
novembre  à  décembre. 

Mouchalard.  —  Syn.  :  Moussalard  ;  2°  Epine  rose  ;  3°  Epine  d'été  de  Bor 
deaux;  4' Belle  Epine   fondante.   Arbre  vigueur  moyenne  ;  très  fertile;    la 
forme  pyramidale  lui  convieat  bien.   Fruit  moyen,  très   bon.  Maturité  cou- 
rant août.  RouTiN, 


PLANTES  NOUVELLES.  —  CATALOGUES 


E.  ScHMiTT,  hortioalteur  à  Lyon-Vaisa. — Circulaire  annonçant  la  mise 
au  commerce  de  plantes  nouvelles,  savoir  :  1°  Anthurium  Schcrzerianum  var. 
.Sc/fmîV^i,  plante  remarquable  par  so  i  beau  feuillage  et  sej  bjlles  fleurs; 
2°  5  variétés  de  Bégonia  iocarnata  :  M.  Chômer,  rose  fleur  de  pêcher; 
M.  Crousse,  rose  de  Chine  vermillonné;  M.  Ed.  Pinaert,  blanc  cari.é  nuance 
rose  purpurin;  M.  Eug.  Vallerand,  rouge  grenat  orangé;  M.  Jean  Sisley, 
orange  minium 

William  Paul  et  Son,  Waltham  Gros,  Herts.  Spring.  —  C:ilalogue  1885. 
New  Roses,  Géraniums,  etc.  —  Ce  Catalogue  contient  la  figure  de  lu  Rose 
hybride  de  Thé  \V.  Francis  Bennetl  et  de  Thé  Waltham  CUnbing,  ainsi  que 
la  mise  en  vente  des  Roses  nouvelles,  mises  au  commerce  par  différents 
obtenteurs  en  1883  et  1884. 


Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1888  JUIN  N*    11 


CHRONIQUE 


L'Exposition  d'horticulture 

a  Les  Guelfes  et  les  Gibelios  ajant 
pour  la  circonstanca  fait  trêve  d'ani- 
mosité,  la  ville  de  Florence  reprit  son 
aspect  habituel...  o  Machiavel,  Hist. 
de  Flor. 

Le  3  juin  s'ouvrait  à  Lyon  l'exposition  d'horticulture  annexée 
au  Concours  régional  agricole.  L'horticulture  lyonnaise  trouvait 
dans  cette  circonstance  une  occasion  excessivement  favorable  pour 
exhiber  une  partie  de  ses  cultures  et  montrer  que  si  ses  expositions 
d'automne  sont  brillantes,  grâce  à  l'adjonction  des  collections  de 
fruit,  elle  peut  également  au  printemps  exhiber  des  genres  nom- 
breux et  intéressants. 

Du  reste  il  était  difficile  à  l'horticulture  lyonnaise  de  rencon- 
trer en  faveur  d'une  exposition  plus  de  chances  de  succès  réunies  : 
La  Ville  de  Lyon  prenait  à  sa  charge  tous  les  frais  d'organisation, 
de  récompenses  etc.  De  ce  coté  les  Sociétés  d'horticulture  n'avaient 
pas  à  escompter  d'avance  les  saignées  aussi  lamentables  que  tradi- 
tionnelles que  quarante-huit  heures  de  pluie,  en  vrai  docteur  San- 
grado,  pratiquent  habituellement  à  leur  caisse.  D'autre  part  Guelfes 
et  Gibelins  s'étaient  mis  d'accord  et  il  n'y  avait  aucune  raison 
pour  que  chacun  ne  fit  pas  un  effort  sérieux  pour  rendre  brillante 
la  future  exposition.  Avec  cela  le  Concours  régional,  les  expositions 
scolaire,  séricicole  et  viticole  devaient  nécessairement  attirer  un 
public  nombreux  dont  l'horticulture  profiterait  par  incidence. 

Malheureusement  la  place  de  P«rrache  transformée  en  square 
banal,  complantée  d'arbustes  vulgaires,  semée  d'un  gazon  gris, 
obstruée  de  balustrades  protectrices  et  par  dessus  tout  ornée  d'une 
immense  fontaine  ou  l'élément  liquide  est  remplacé  par  des   sapins 


—  170  — 

de  petites  dimensions,  ne  se  prétait  guère  à  l'organisation  d'une 
exposition.  Aussi  l'effet  d'ensemble  était-il  un  peu  raté.  Au  premier 
coup  d'œil  la  place  de  Perraclie  paraissait  déserte  ;  rien  ne  sem- 
blait y  avoir  été  cliangé.  Mais  avec  un  peu  de  patience,  l'ama- 
teur finissait  par  trouver  là  de  véritables  richesses  horticoles,  les 
unes  semblant  sourdre  au  milieu  des  massifs  de  Fusains  ou  de  Troè- 
nes, les  autres  alignées  dans  une  longue  et  sombre  galerie  ;  seule  les 
roses,  les  fleurs  coupées  et  les  légumes  étaient  bien  éclairés,  mais 
en  revanche  toutes  ces  fleurs  étaient,  de  midi  à  5  heures  du  soir, 
littéralement  rôties  par  la  chaleur  ;  pour  cette  raison,  ceux  des 
exposants  qui  n'avaient  pas  l'excellente  précaution  d'apporter  chaque 
matin  des  fleurs  fraîchement  coupées,  avaient  des  lots  pitoyables. 

En  dehors  de  l'effet  d'ensemble  que  la  place  de  Perrache  se  refu- 
sait absolument  à  donner  à  l'Exposition,  il  faut  reconnaître  que  les 
détails  de  son  organisation  ne  laissaient  rien  à  désirer,  et  que  les 
commissaires  organisateurs  ont  su  se  tirer  avec  honneur  de  la  beso- 
gne ingrate  que  la  Ville  leur  a\'ait  confiée . 

Nous  allons  maintenant  jeter  un  coup  d'œil  rétrospectif  sur 
toutes  les  richesses  végétales  que  les  horticulteurs  lyonnais  avaient 
soumises  à  l'appréciation  du  Jury. 

Mérite  agricole.  —  Avant  de  commencer  l'examen  des  principa- 
les plantes  exposées,  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  annoncer  à 
nos  lecteurs  que  la  croix  du  Mérite  agricole  a  été  accordée,  à  l'oc- 
casion de  l'Exposition,  à  deux  de  nos  collègues  :  MM.  Liabaud  et 
B.  Comte. 

Ces  deux  nominations  ont  été  vivement  applaudies  par  tous  les 
horticulteurs  lyonnais. 

M.  Liabaud,  qui  est  un  des  doyens  de  l'horticulture  lyonnaise, 
peut  revendiquer  non-seulement  des  gains  assez  nombreux  dans  les 
genres  poirier,  abricotier,  rosiers,  géraniums,  etc.,  mais  il  est  un 
des  premiers  horticulteurs  qui  aient  introduit  à  Lyon  les  nouveautés 
exotiques.  11  peut  dire  aussi  qu'il  a  considérablement  coopéré  au 
mouvement  horticole  qui  s'est  manifesté  à  Lyon  depuis  25  ans. 

M.  Comte  est  cet  habile  praticien  qui,  grâce  à  beaucoup  d'éner- 
gie et  de  suite  dans  les  idées,  est  arrivé,  en  partant  de  zéro,  à 
créer  cet  établissement  remarquable  dans  lequel  on  ne  sait  pas  ce 
qu'on  doit  le  plus  admirer  ou  des  nombreuses  et  riches  collections 
qu'il  contient  ou  des  cultures  vraiment  parfaites  dont  les  plantes 
sont  l'objet.  M.  Comte  qui  est  un  collectionneur  intelligent,  a  égale- 
ment obtenu  des  nouveautés  qui  se  trouvent  dans  toutes  les  collec- 
tions. 

Une  autre  distinction,  mais  qui  n'a  aucun  rapport  avec  l'horti- 
culture, a  également  été  accordée  à  un  de  nos  collègues.  Nous  vou- 


—   171  ~ 


Ions  parler  des  palmes  académiques  qui  ont  été  conférées  à  M.  .). 
Nicolas.  Nous  félicitons  également  M.  Nicolas  de  la  distinction 
dont  il  vient  d'être  l'objet. 


Compte- Jtctidti.  —  Le  programme  comprenait  152  concours  sans 
compter  les  concours  imprévus  qui,  entre  parenthèses,  sont  souvent 
plus  nombreux  que  les  autres.  Les  concours  étaient  classés  par  sec- 
tions :  plantes  de  serre,  arboriculture  fruitière  et  ornementale, 
plantes  vivaces,  fleurs  coupées,  culture  maraîchère  et  industrie 
horticole. 

Comme  nous  publions  plus  loin  la  liste  officielle  des  récompenses, 
nous  n'indiquerons  pas  dans  la  revue  que  nous  allons  faire  des  prin- 
cipaux lots  de  l'Exposition  les  médailles  qu'ils  ont  obtenues. 

Piaules  de  serre.  ~-  Les  plantes  de  serre  et  de  plein  air  n'étaient 
pas  les  moins  bien  partagées  sous  le  rapport  des  concours  institués 
en  leur  faveur.  Le  programme  n'en  contenait,  en  effet,  pas  moins 
de  63.  Les  collections  générales  étaientau  nombre  de  quatre  appar- 
tenant à  MM.  Comte,  Schmitt,  Devert  et  Liabaud.  Véritablement  il 
y  avait  dans  les  lots  de  ces  horticulteurs  des  spécimens  irréprocha- 
bles sous  le  rapport  de  la  culture  et  des  espèces  rares  ou  d'un  intérêt 
ornemental  hors  pair. 

Dans  la  collection  de  M.  Comte,  horticulteur  à  Vaise,  il  est  bon 
de  mentionner  : 


Anthurium     Andreanum 

(fort). 
Wallichia  oblongifolia. 
Livistona  Hoogendorpi. 
Theophrasta  imperialis. 
Aralia  Ambojnense. 

Et  en  plantes  fleuries  : 

Odontoglossum  gloriosum. 

—  odoratum. 

—  vexillarium. 

—  cordatum  superbum 

—  Hystrix . 


Arenga  Bonneti. 
Rhopala     oorcovadensis 

elegans,  etc. 
Adianlun   Farleyense 

(fort). 
Alsophila  Moorei. 


Calamus  fipan. 
Ptychosperma    Alexan- 
drie. 
Jacaranda  mimosœfolia. 
Musa  vittata. 


Angrœcum  citratum. 
Lycaste  tetragona. 
Œrides  Lobbi. 

—  affine. 

—  virens. 


Plantes  de  récente  inlrodnclion.    —  C'est   devant  ce  lot  que  les 
vrais  amateurs  s'arrêtent  plus  spécialement  pour  admirer  les 


Pandanus  d'Haenei, 
—        discolor. 
Alocasia  Sanderiana, 
Pinanga  d'Haenei. 
Dieffeabachia  Jenmanni. 
Phyllanthus  Chantrieri. 
Nepenthes  Mastersi . 


Lea  amabilis. 

—  splendens. 
Thrinax  graminifolia. 
Calamus  Lindeni. 
Bégonia  sceptrum. 
Metroxylon  vitiensis. 
Gymnogrammaschisophyllagloriosa. 


Les  plantes  de  semis  du  même  exposant  comprenaient  des  Coleus 
à  très  grand  feuillage  et  brillant  coloris,  uu  caladium  et  un  croton; 
ce  dernier  obtenu  par  dimorphisme  et  fixé  par  la  greffe. 


^  172  — 


Et,  puisque  je  liens  M.  Comte,  je  profiterai  de  l'occasion  pour 
mentionner  les  autres  concours  auxquels  il  a  pris  part  :  il  n'y  en  a 
pas  moins  d'une  vingtaine,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  la  liste  des 
récompenses. 

Sa  collection  de  Palmiers  —  une  des  plus  belles  qui  existent  — 
fait  toujours  envie  aux  amateurs  de  rareté.  II  est  vrai  qu'il  peuvent, 
en  déliant  les  cordons  de  leur  bourse,  se  procurer  «  les  princes  du 
règne  végétal  »  beaucoup  plus  facilement  que  les  voyageurs  qui 
les  introduisent  au  risque  d'être  scalpés  par  les  sauvages  ou  tués 
par  la  faim  et  les  fatigues. 

On  connaît,  au  moins  de  nom,  la  plupart  des  genres  de  celte 
famille  ;  je  ne  citerai  donc   dans  le  lot  de  M.  Comte  que  les  plus 
beaux  et  plus  rares  exemplaires,  tels  que  : 
Calamus  ciliaris. 


Phœnicophoriiim  Sechellarum. 
Acanlhophf  nix  Ifeibsti. 
Ravenea  IMdebrandti. 
Atlalea  Cohune. 
Calamus  obloDK'i'». 


Zalacea  Wagneri. 
Ceratolobus  concolor. 
Latania  aurea. 
Licuala  peltata. 
Acanthorriza  Warscawiezi. 
Plectocomia  elona-ata. 


M.  Comte  a  commencé  à  se  faire  connaître  pour  un  bon  cultiva- 
teur de  Caladium  à  feuillage  coloré,  il  y  a  déjà  plus  de  douze  ans. 
Aujourd'hui,  sa  collection  est  très-nombreuse  en  variétés,  et 
ses  gains  dans  ce  genre  peuvent  rivaliser  avec  ceux  des  meilleurs 
semeurs.  Nous  sommes  loin  des  Caladium  Chanlini,  Baraquini,  etc., 
que  Baraquiu  introduisait  en  France  et  que  M.  Chantin  mettait  au 
commerce  il  y  a  une  vingtaine  d'années. 

Que  diraient  les  bords  ombreux  du  grand  fleuve  des  Amazones, 
s'ils  pouvaient  percevoir  quelques  sensations?  Hélas!  diraient-ils, 
nous  avions  des  enfants  sauvages  qu'on  a  emportés  dans  les  cages 
vitrées  des  pays  froids  où  les  hommes  les  ont  complètement  méta- 
morphosés. 

Et  de  fait,  depuis  que  les  horliculteurb  se  sont  mis  à  croiser  arti- 
ficiellement les  variétés  entre  elles,  ou  a  obtenu  des  variétés  fort 
remarquables. 

Citons  quelques-unes  de  principales  : 


Clio. 

John  R.  Box. 
M""  Comto. 
Chidinal. 


ibis  rose. 
M"'  Meijana 
Comtesse  ie  Condeixa. 
Gérard  Dow. 


Pj'tliagore. 
Eojile  Guimet. 


M.  Schmitt,  horticulteur  à  Vaisé,  dont  nous  reparlerons  tout  à 
l'heure,  avait  également  une  collection  de  Caladium  en  variétés 
nombreuses,  bien  choisies  et  surtoul!  bien  cultivées,  parmi  lesquelles 
on  peut  citer  : 


Baronne  deRotshcliild. 
M°=  Fritz  Kœeh'in. 
L'Aurore. 
Aurore  boréale. 


Albo  luleura. 
Ibis  rose. 
M.  A.  Hardj. 
Rubens. 


Gérard  Dow. 

Verdi. 

Ville  de  Mulliodse. 

Virgioal. 


—   173  — 

Dracœna.  —  Je  ne  me  souviens  pas  exactement  de  la  date,  mais 
ce  doit  être  en  1858  ou  1859,  la  Commission  municipale  de  la  ville 
de  Lyon  — je  ne  sais  plus  à  quelle  occasion  —  avait  fait  une  récep- 
tion magnifique  à  celui  qui  fut  Napoléon  III.  Le  souverain  fut  reçu 
dans  la  grande  cour  de  l'Hôtel-de-Ville,  transformée  pour  la  cir- 
constance en  jardin-d'hiver  :  Camellias,  Magnolias,  Lauriers,  etc., 
prêtaient   l'éclat   brillant  de  leur  feuillage  aux   autres   végétaux. 
Fleurs  de  toutes  sortes  scintillaient  à  l'ombre  ,  oncques  on  ne  vit 
jamais  de  plus  belles  choses  réunies.  Or,  savez-vous,  amis  lecteurs, 
ce  que  les  garçons  jardiniers  de  l'époque,  se  poussant  du  coude,  se 
montraient  plus  spécialement  au  milieu  de  ces  merveilles  végétales 
réunies?  Quatre    ou  cinq  Dracwna  ivdivisa  que  Débry,  le  fleuriste 
parisien,  avait  envoyés  pour  la  circonstance  !  On  a  marché  depuis, 
et  le  genre  Dracœna  que  les  botanistes  ont  démembré  en  Cordyline 
et  autres,  a  vu,  malgré  cette  séparation  violente  et  l'expulsion  d'une 
partie  de  ses   enfants,    ses  variétés   tellement  augmenter  en  nom- 
bre, qu'on  reste  volontiers  confondu  devant  une  pareille  fécondité. 
Et  puis  ces  enfants  sont  gras,  frais,  dodus,  jouflus,  vermeils,  mar- 
rons, noirs,  jaunes,  blancs,   zébrés,  jaspés,   marmorés  et  quelque- 
fois verts.  Toute  la  gamme  chromatique  chante,  sur  leurs  feuilles 
élégamment  arquées,  la  plus  joyeuse  et  la  plus  séduisante  chanson 
des  couleurs  qu'il  soit  possible  à  une  rétine  bien  conformée  de  per- 
cevoir; je  n'ose  pas  dire  d'entendre.  Aux  amateurs,  je  signalerai  les 
sortes  suivantes,  qui  m'ont  paru  les  plus  remarquables  dans  le  lot 
de  M.  Comte  : 

Majesiica.  Goldieana.  Mafsoni. 

I.a  Franco.  Chelsoni.  Wilsoni. 

Eracla  alba.  Ampliata.  Neo  Caledonica. 

Lindeni.  Vicomtesse  de  Belleval. 

M.  B.  Comte.  Erecta  purpurea. 

Le  mè.me  exposant  montrait  une  superbe  collection  de  Maranta- 
cées,  parmi  lesquelles  j'ai  noté  les  Maranta  illustris,  eximia  f'eitchi, 
Porteana,  regalis,  Luberri,  etc. 

Crolons.  —  Les  Crotons  ont  le  désagrément  de  rappeler  au  sou- 
venir une  huile  médicinale  fort  employée.  Il  est  juste  de  dire  qu'elle 
n'est  pas  fabriquée  avec  les  belles  plantes  d'ornement  exposées  par 
MM.  Chômer  et  Comte,  dans  les  collections  desquelles  je  note  quel- 
ques variétés  d'élite,  telles  que  : 


Chantrieri. 
Bergmanni. 

MusaÏGU?. 


Mortefontanensis. 
Albert  Truffaut. 
EuD-ène  Chantrier. 


Latimaculata. 
Général  Pajol. 


Fougères. —  Les  fougères  sont  certainement  des  plantes  à  plus  de 
trente-six  quartiers  de  noblesse,  car  leur  origine  se  perd  si  profon- 
dément dans  la  nuit  des  temps  (cliché  n"  52),  qu'il  faut  descendre 


—   174  — 

dans  les  houillères  pour  retrouver  leurs  ancêtres.  Ces  espèces 
qui  ont  résisté  aux  tremblements  de  terre  les  plus  violents,  aux 
inondations  diluviennes,  aux  soulèvements,  effondrements  et  autres 
cataclysmes  effroyables,  méritaient  bien  d'être  tirées  de  l'oubli  ou 
.les  anciens  horticulteurs  les  tenaient  plongées.  Peut-on  trouver 
dans  une  famille  plus  de  grâces  réunies?  Feuillage  ciselé  comme 
un  poignard  persan  ou  découpé  aussi  finement  que  les  plus  belles 
malines;  frondes  grandioses  ou  mesquines,  larges  ou  étroites, 
entières  ou  composées  :  glabres,  hirsutes,  tomenteuses,  laineuses, 
écailleuses,  —  à  moi  les  adjectifs,  —  vertes,  blondes,  grises,  noires, 
argentées,  dorées,  rubicondes;  —  assez,  —  Des  plantes  qui  crois- 
sent aussi  bien  aux  pôles  arctiques  et  au  sommet  les  plus  élevés 
des  montagnes  que  dans  les  fourrés  épais  des  forêts  tropicales. 
Les  unes  se  baignent  à  l'ombre,  un  pied  dans  l'eau,  les  autres 
résistent,  cramponnées  aux  rochers,  à  des  sécheresses  incroj'ables 
Peut-on,  dis-je,  trouver  dans  le  règne  végétal  une  famille  douée, 
d'une  aussi  prodigieuse  diversité  de  formes  et  d'attributs.  Je  ne 
le  pense  pas. 

Sans  compter  la  collection  de  pleine  terre  exposée  par  M.  F. 
More],  ni  les  très  remarquables  Adiantums  admirablement  cultivés 
par  M.  Beurrier,  de  Monplaisir,  ni  les  genres  disséminés  çà  et  là 
dans  les  collections  générales,  nous  trouvons  deux  collections  par- 
ticulières exposées  par  MM.  B.  Comte  et  Cousançat. 

Dans  celles  de  M.  Comte,  je  note  quelques-unes  des  plus  belles 
sortes,  telles  que  : 

DiJjmochlœna    trunca- 

tula. 
Hippoderis  Brownii. 
Lomaria  Patersoni. 


Marattia  Mooreana. 
Angiopteris  evect». 

—         macrophjUa. 
Platycerium  biforme. 


Platjcerium  Hjlli. 

—  grande. 

—  Willincki. 


Dans  celle  de  M.  Cousançat,  horticulteur  à  Cuire -lès-Lyon,  le 
dévoué  secrétaire  de  la  Commission  d'organisation  de  l'Exposition, 
le  nombre  et  le  choix  des  espèces  ou  variétés  concourent  ensemble 
pour  faire  admirer  son  lot  spécial  aux  Jdianlitm. 

J'ai  noté  les  espèces  suivantes,  qui  m'ont  paru  devoir  être 
signalées  :  Jdianlum  Ludmannianum,  palmalum,  concinum  Iwlum, 
formosum,  amabilis. 

M.  Cousançat  exposait  aussi  une  fort  belle  collection  de  plantes 
à  feuillage,  dans  laquelle  on  remarquait,  au  milieu  de  plantes  assez 
rares,  quelques  variétés  plus  communes,  mais  bien  cultivées  et  en 
beaux  spécimens. 

Je  signale  particulièrement  dans  son  lot  : 


Corypha  gebanga. 
Aralia  Vetchi. 
Nidularium  princeps. 


Nephrolepis  davalioïdes 

furoans. 
Asplenium  species  nova. 
Kontia  canterburiana. 


Cliamœdorea  atrovirens. 
Chamcedorea   geonomœ- 

formis. 
Pandanus  Vetchi. 


1  /O 


Broméliacrr.s.  —  Il  suffit  d'avoir  mangé  un  ananas  mûr  à  point 
et  contemplé  le  bromélia  perroquet  pour  adorer  cette  famille  nidu- 
lante.  Que  de  belles  choses  elle  renferme  et  f[ue  je  comprends  bien 
la  passion  qu'a  conçu  pour  tous  ses  représentants  le  professeur 
Morren.  Dans  l'exposition,  il  y  a  des  Broméliacées  dans  plusieurs 
lots,  AI.  Comte  seul  expose  une  collection  composée  des  plus  beaux 
genres  et  des  plus  belles  espèces  de  la  famille.  On  a  simplement 
l'embarras  du  choix  pour  mentionner  les  plus  curieuses,  telles  que  : 


Vri^sea  fenestralig.  \  VrieseaDuvaliana. 

Ortgiesia  paliolata.  j  Tillandsia  Lindeni. 

Vriesea  bellula,  —        Barilleti, 


Tillandsia  tesselata. 
Vriesea  Malziniama. 


Cijcadces.  — Voir  pour  l'antiquité,  la  noblesse,  etc.,  à  l'article 
Fougères.  Belles  plantes,  mes  amis,  belles  plantes!  et  raides,  et 
piquantes,  et  glauques,  et  anciennes.  Avec  ça  des  noms  euphoni- 
ques (?)  telles  que  :  Encephalarlos,  Macrozamia,  Dion,  Cycas;  il  n'y 
a  que  les  langues  grecques  et  siamoises  réunies  pour  produire  de 
pareils  qualificatifs.  Mais  je  m'aperçois  que  je  qualifie  un  peu  irré- 
vérencieusement des  plantes  qu'on  dit  fort  cher  et  dont  quelques- 
unes  sont  fort  belles,  notamment  les  suivantes,  du  lot  de 
M.  Comte  : 

Zamia  villosa.  Zamia  Lindeni. 

—     Denisoni.  —     pungen?. 

Dans  la  collection  générale  de  plantes  de  serre  chaude  exposée 
par  M.  Liabaud,  horticulteur  à  la  Croix-Rousse,  il  y  avait  plus  de 
250  espèces  ou  variétés,  parmi  lesquelles  on  peut  citer: 


Zamia  horrida. 
Macrozaaiia  spiralis. 


Anthurium  Andreanum. 
Cjanophyllum  magnificum. 
Phœaix  rupicola. 
Lataaia  rubra. 
Microlepia  hirta  cristata. 
Corjpha  Gebanga. 
Zanaia  Lelimami. 


Dracœna  Knerkiana. 

—  IMassangeana. 

—  Goldieana. 
Meiinella  magniiica  (lleurij. 
Oreopanax  dactylifolia  (fort). 
DiefFenbachia  nobilis. 
Ntjphrolepis  davalioïdes  furcans. 
Altaooia  cristata  (deuri).  Musa  vittata. 
Anlhurium  Solierzerianum  7ar.  Vet-      Bégonia  diadema. 

chi  (fleuri).  1  Pritchardia  pacifica. 

Baetris  Binotii.  i  Pandanus  Veitchi. 

Sphœrogyne  latifolia.  [  Vriesea  Gla/.iouana. 

Le  même  horticulteur  présentait  en  outre  quelques  plantes,  de 
récente  introduction,  telles  que  :, 

Wormia  Burbidgii.  [  Gymnogramma     schizo-!  Nepenlhes  Mastersiana. 

Adianthum  Collisii.  '      phylla  gloriosa.  '  Bégonia  gogoensis. 

PhjUanthus  Chantrierii.    Licuala  grandis.  Piper  ornatum,  etc. 

A  citer  encore  du  même  exposant  un  superbe  exemplaire  d'une 
plante  assez  rare  :  l'Anthurium  Veitchii,  puis  des  Caladiums,  Begô- 
gonias,  Agaves  et  Roses  de  semis. 


—   176  — 


M.  Devert,  horticulteur  à  Monplaisir,  exposait  une  collection 
générale  de  plantes  de  serre  chaude,  dont  les  spécimens  étaient 
irréprochablement  cultivés.  Il  faudrait  tout  citer  dans  son  lot  ;  je 
me  bornerai  cependant  à  quelques  espèces,  telles  que  : 

reginœ     (en 


Araucaria  glauca. 
Curculigo  fol.  variegata. 
Dracœna  gloriosa. 
Diaoœna  Youngi. 


Pandamus  Vetohii. 
Anthurium     maciophjl 

lum. 
Zamia  Lehmani. 


Slriletzia 
fleur). 


Le  même  exposant  présentait  aussi  une  superbe  collection  de 
Pélargoniums  à  grandes  fleurs  qui  a  fait  l'admiration  des  visiteurs. 

M.  Et.  Schmitt,  horticulteur  à  Vaise ,  avait  une  exposition 
composée  de  genres  bien  choisis  et  d'espèces  de  premier  mérite. 
Citons  : 

1"  Un  lot  de  cinquante  variétés  de  Rhododondrums  en  fleurs. 
En  juin,  sous  le  cUmat  de  Lyon,  il  faut  retarder  les  Rhododen- 
drums  si  on  veut  les  avoir  en  fleurs  ;  il  faut  donc  ajouter  au  mérite 
des  variétés  exposées  par  M.  Schmitt  celui  de  la  difficulté  vaincue 
par  le  travail. 

2"  Un  lot  di'Azalea  ponlica  et  indica,  de  Clématites  et  de  Kalmia 
en  fleurs  ; 

3°  Deux  plantes  de  semis  :  un  Anthurium  Andreanum,  variété 
naine  et  très  florifère,  et  un  Araucaria  excelsa  au  feuillage  plus  fin 
que  le  type  ; 

4"  Une  collection  générale  de  plantes  variées  en  espèces  de 
choix  dont  beaucoup  étaient  fleuries,  quelques-unes  représentées 
par  de  forts  exemplaires,  mais  toutes  bien  cultivées.  Il  faudrait 
tout  citer  dans  ce  lot,  comme  dans  beaucoup  d'autres,  je  signalerai 
seulement  en  Orchidées  : 


Laelia  purpurata  (fort). 
Oâontoglosium  Pescatorei. 

—  hastilabium. 

—  Texillarium. 

—  —       rubellum. 
Cjpripedium  lœvigatum. 

—  Lawrenceanum. 

Et  d'autres  plantes  telles  que 

Diacœna  Casanova. 

—  Thompsoni. 

—  M°"  Leooq-Dumesnil. 

—  Regalis. 

—  Perreyi. 
Nepenthes  (plusieurs). 
Latania  glaucophj'lla. 

—  Tillandsia  te»sellata. 
Olivia  miniata  superba. 
Aiparagus  tenuisBimus. 


Cjpripedinm  Sodeni. 
Masdevailia  ignea. 

—  Harrjrans. 

—  Van  Houttei. 

—  Lindeci. 
Oncidium  Krammeri. 
Luridutu  vittatum. 


Asparagus  plumosus  nanns. 
Anthurium  carneum. 

—  Scherjierianum,  var. 

Schmitti. 

—  Andreanum. 
Bégonia  incarnata. 

—  Eug.  Yallerand  et  Ed.  Vy- 
naert,  deux  nouvelles  variétés  du 
plus  grand  mérite. 


—   177  — 


Pelargoniums  grandi jlorum,  zonale,  lalœripcs,  etc.  —  Les  genres 
dont  les  noms  précèdent  jouent  un  rôle  tellement  considérable  dans 
l'horticulture  d'ornement,  que  chacun  s'intéresse  aux  progrès 
qu'ils  peuvent  faire.  On  note  avec  soin  les  variétés  nouvelles,  les 
gains  heureux,  les  coloris  nouveaux,  les  formes  excentriques  et 
enfin  les  plantes  à  effet,  floribondes  et  bonnes  à  masxi /«?»■,  ainsi  que 
les  appelle  mon  ami  Jules  Chrétien. 

Les  exposants  de  ces  catégories  de  Pctargonium,  que  beaucoup 
persistent  à  nommer  Géranium,  étaient  au  nombre  de  six:  MM. 
Rozain-Boucharlat ,  Hoste,  Devert,  Beurrier  (Jean),  Guillet  et 
Grillet.  On  trouvera  sur  la  liste  des  récompenses  l'énumératiou  de 
leurs  lots.  Je  ne  les  citerai  pas  tous  ici  pour  ne  pas  allonger  trop 
ce  compte-rendu.  MM.  Grillet,  Guillet  et  Beurrier  (Jean)  ont  mon- 
tré qu'ils  étaient  d'excellents  et  soigneux  cultivateurs  et  que  leurs 
lots  ou  leurs  collections  contenaient  l'élite  des  variétés. 

MM.  Rozain-Boucharlat  et  Hoste  dont  les  collections  sont  bien 
connues  ont  encore  prouvé  cette  année  qu'ils  ne  reculaient  pas 
devant  les  dépenses  pour  se  procurer  les  variétés  nouvelles,  les 
nouveautés  comme  on  dit. 

Je  note  dans  les  Pelargonium  doubles  de  MM.  Rozain-Bou- 
charlat, horticulteur  à  Cuire-les-Lyon,  les  variétés  : 


Marquise  de  Laigle. 
M.  Roche  Alix. 
M.  Florentin. 
Volcan. 
Blanc  parfait. 


Paul  Quequignon. 
M'"^  Grillet. 
Baron  Duranteau. 
Général  Farre. 
V.  Bleu. 


Faidherbe. 
Explosion. 
La  Candeur. 
Peter  Henderson. 


Et  dans  ceux  de  M.  Hoste,  horticulteur  à  Monplaisir-Lyon. 


Alfred  Bel,  rose  éclatant. 

Bac-Ninh,  saumon  à  bords  roses. 

Belle  Nancéienne,  rose  chair,  centre 
saumon. 

Carolus  Duran,  riche  amarante  ve- 
louté. 

Général  Millot,  pourpre  marron 
foncé. 

Jeaa  Liabaud  (Hoste),  lie  de  vin  Tio- 
lacé. 


La  Vienne,  blanc  pur. 
Le  Poitevin,  cerise  et  solférino. 
M"""  Guilbert,  rose  pur  très  frais. 
Négro,  ponceau  velouté  très  foncé. 
Secrétaire  Nicolas,    rouge    garance 

éclatant. 
Viviand-Morel  (Hoste),    amarante   à 

centre  ponceau. 


Dans  les  Pelargonium  zonales  simples,  qui  valent  bien  les  dou- 
bles, on  a  l'embarras  du  choix  pour  noter  les  plus  belles  ;  je  cite 
cependant  dans  le  lot  de  M.  Rozain  : 


Secrétaire  Vintouski. 

Henry  Canell. 

Albion. 

Etoile  polaire. 

D'  Orton. 

F.  Brassac. 


Béatrix. 

Aurore  boréale. 

Montrouge. 

D<>nte. 

Blanche  neige. 

M.  Victor  Dumoriière. 


Scipion. 

Gloire  Lyonnaisp. 
Divine  Comédie. 
M.  Carette. 


—    178  — 


Et  dans  celui  de  M.  Hoste 


Capitaine  Krebs. 
Dante. 

Divine  Comédie. 
Gabrielle  Hoste. 


Henri  Martin. 
Gloire  de  Lorraine. 

Macbetli. 

M'^=  de  la  Roque. 


M"»  Doublât. 
M.  Albert  Délaux. 
M.  A.   Godard. 
M"""  Jules  Chrétien. 


Les  Pelargonium  peltatum  hybrides  sont  relativement  nouveaux 
dans  les  cultures,  mais  ils  y  ont  très  rapidement  conquis  une  place 
de  premier  ordre.  Les  variétés  sont  moins  nombreuses  que  dans  les 
autres  genres.  Dans  le  lot  de  M.  Rozain,  j'ai  remarqué  : 


E.  Lemoine. 
Louis  Thibault. 
Albel  Carrière. 


Gloire  de  Nancy. 

Ahoodance. 

Massecet. 


Jeanne  d'Arc. 
La  Rosière. 


Dans  celui  de  M.  Hoste 


Alice  Crousse,  violet  amarante,  fleurs  énorme?. 

Congo,  lilas  rosé  cbatoy.int. 

Emile  Lemoine,  capucine  éblouissante. 

Général  Bnère  de  rl<'e,  beau  carmin. 

Général  Gordon,  riche  brique  orange. 

HnDoï,  aurore  tpinié  laque  oarminée. 

Le  Printemps,  beau  rose  vif  saumoné. 

Louis  Thibaut,  rouge  grenat  vif. 

Madame  Thit^aut,  rose  de  Chine  foncé. 

Mademoiselle  Laure  Daix.  groseille  clair. 

Massenet,  gro^eille  violacé  foncé. 

Soleil  couchant,  couleur  mauve  et  giroflée. 

MM.  Rozain  et  Guillet  montraient  aussi  chacun  une  jolie  collec- 
tion de  Zonales  à  feuilles  colorées. 

Les  Pelargonium  â  grandes  fleurs  sont  incontestablement  supé- 
rieurs aux  autres  genres  sous  plus  d'un  rapport;  mais  comme  ils  ne 
remontent  pas  ou  peu,  qu'ils  sont  plus  délicats  que  les  zonales  en 
plein  air,  ils  sont  restés  de  fort  belles  plantes  de  collection,  d'ex- 
cellentes plantes  de  marché,  mais  ils  n'ont  pas  encore  pu  décrocher 
la  timbale  —  petit  gobelet  qui  caractérise  la  popularité.  —  Cinq 
beaux  lots  ou  collr?ctions  de  ce  genre  étaient  là  pour  séduire  les 
amateurs,  et  MM.  Guillet,  Grillet ,  Rozain,  Devert  et  Beurrier 
(Jean)  ont  été  fort  complimentés  pour  leur  exposition. 

Je  note  les  variétés   de  Pelargonium  à  grandes   fleurs  que  j'ai 

surtout  remarqués  dans  le  lot  de  M.  Rozain  : 

Bigotte. 
De  Brazza. 
Challemel-Lacour. 
Ed.  Perkins. 
Charles  Dikens. 
Chimène. 
André  Mazure. 


La  Nation. 
Prince<8  of  Wales. 
Sénateur  Krautz. 
Nec  plus  ultra. 
Qiieen  of  Stripes. 
Claude  Bernard. 
Madame  Boucharlat. 


Beauté  Lyonnaise. 
Le  Niagara. 
Laplace. 
Mélpomène 
Elegantissima. 
Queen  Victoria. 


179  — 


Colcus.  —  Il  est  regrettable  que  les  variétés  de  cette  Labiée 
multicolore,  si  remarquable  par  la  richesse  et  la  prodigeuse  diver- 
sité des  teintes  délicates  qui  ornent  son  feuillage,  soit  devenues  si 
nombreuses,  car  il  est  difficile  d'en  suivre  les  collections.  Cependant 
nous  ne  pouvons  qu'applaudir  au  bon  choix  des  variétés  exposées 
par  M.  Rochet,  horticulteur,  grande  rue  de  la  Croix-Rousse,  à 
Lyon.  Parmi  les  plus  belles,  nous   avons  remarqué  les  suivantes  : 


Duchesse  deMortemart, 
Léonard  Lille. 
Edith  Santence. 
Periandre. 


Chilon. 
Petite  Marie. 
Florent  Pauwels. 
Le  Chinois. 


Marcksmann. 
Pompadour. 


M.  Comte  avait  également  un  lot  du  même  genre  dans  lequel 
les  belles  variétés  ne  manquaient  pas  non  plus. 

Fuchsias,  Lanlanas,  Pétunias.  —  Encore  des  plantes  populaires 
qui  se  vendent  chaque  année  par  centaine  de  milles.  Deux  belles 
collections  de  Fuchsias  exposées  par  MM.  Rozain  et  B.  Comte,  riva- 
lisent entre  elles  pour  le  choix  des  variétés  ;  dans  celle  de  M. 
Rozain  je  note  : 


Parachute. 

Jules  Ferry. 

Berquin. 

Crépuscule. 

L'Avenir. 

Gracieux. 

Boileaa. 

Miss  Lucj  Finis. 

AbondHiice 

Beautj  of  Savanley. 

La  Neige. 

Léon  XIIT. 

Les  Pétunias  étaient  bien  représentés  par  plusieurs  lots  apparte- 
nant à  MM.  Rozain-Boucharlat  et  Rivoire  père  et  fils. 

Les  Lantanas,  plantes  qui  produisent  tout  leur  éclat  danslemidi 
de  la  France,  et  dontM.  Ferrand,  de  Marseille,  a  obtenu  plus  d'une 
belle  variété,  étaient  représentés  par  un  lot  unique  appartenant  à 
M.  Comte. 

Cannas.  —  Le  genre  Canna  est  désormais  inséparable  du  nom  de 
M.  Crozy,  l'heureux  et  persévérant  semeur  de  ce  beau  genre.  Cha- 
que année  il  obtient  des  variétés  nouvelles  qui  surpassent  les  an- 
ciennes par  leur  floribondité,  l'éclat  ou  la  grandeur  des  fleurs. 
Mais  le  Canna  est  surtout  dans  toute  sa  beauté  à  l'automne  et  il  faut 
savoir  gré  à  M.  Crozy  d'avoir  su  vaincre  les  saisons.  Je  note  dans 
son  exposition  les  variétés  : 

Emile  Leclerc.  |  Métrai.  IM"'=  Gobet. 

Commandant  Rivière.      |  Geoffroy  St-Hilaire.         jAntonin  Crozj. 


—   180  — 

Pervenches,  Tieserfas,  Capucines.  —  Trois  genres  bien  connus  qui 
charment  la  vue  ou  titillent  agréablement  les  papilles  nasales  des 
gens  qui  ont  le  bonheur  d'y  voir  clair  ou  de  ne  pas  être  perpétuel- 
lement affligé  de  coryza.  Le  Réséda  c'est  laid  mais  ça  sent  si  bon 
—  et  ça  se  vend  ;  —  les  Pervenches,  ô  Jean-Jacques  !  se 
cachaient  sous  les  buissons  des  Charmeltes  ou  leur  grand  œil  bleu, 
te  lorgnait  indiscrètement.  Celles  de  Madagascar  moins  timides,  se 
dressent  sur  leurs  tiges  raides,  montrent  leurs  grandes  corolles 
assises  sur  des  feuilles  brillantes:  M.  Stingue  nous  montre  qu'il  sait 
les  cultiver,  comme  M.  Drevet,  horticulteur  à  Montchat  et  Molin, 
savent  cultiver  les  Résédas. 

La  jolie  collection  de  Capucines  exposée  faisait  honneur  à  M.  La- 
peute  horticulteur  à  Monplaisir. 

(  J  suivre).  V.   V.-M. 


LISTE  DES  RÉCOMPENSES 

accordées  à  l'Exposition  d'Horticulture  tenue  à  Lyon 
Place  Perrache.  du  3  au  7  juin  1885 


Crand  Prix  d'Honneui*  décerne  à  AI.  B.  Comte 

Horticulteur  à  Ljon-Vaise,  pour  l'ensemble    de  son  exposition,  qui  a  obtenu 

les  médailles  suivantes  : 

Plantes  de  serais  non  au  commerce Or  10  points 

Collection  de  plantes  de  récente  introduction Or  10 

Collection  générale  de  plantes  de  serre Grande  or  15 

—  de  plantes  de  serre  tleuries Or  10 

—  de  60  Palmiers Or  10 

—  de  25  Cycadées Or  10 

—  de  150  Fougères  herbacées Or  10 

—  de  80  Broméliacées Or  10 

—  de  100  Caladiums Or  10 

—  de  50  Marantacées Or  10 

—  de  100  Dracœna Grande  or  15 

—  de  50  Croton Or  10 

—  de  100  Coleus vermeil  6 

Pour  une  plante  d'un  mérite  exceptionnel Gr.  vermeil  8 

Collection  de  50  Agaves,  etc vermeil  6 

Lot  de  25  Araucaria Gr.  argent  4 

Collection  de  80  Fuclisia Gr.  argent  4 

—  de  3J  Lantana Gr.  argent  4 

Total 162  points 


—  181  — 


Prix  d'Donneur   donne   par  m.   Henri   Vilmorin,  président 
dn  Jnr)',  décerné  à   IllIM.   F.  Illorci  et  Fils 

Architectes  Paysagistes  à  Ljon-Vaise,   pour  l'enfemble   de  leur  exposition, 
qui  a  obtenu  les  médailles  suivantes  : 

Arbres  et  Arbustes  introduits  et  n'étant  pas  au  commerce.    .  Or           10  point» 

Arbres  et  Arbustes  de  serais  non  au  commerce Gr.  termeil     8 

Collection  d'arbres  et  arbustes  récemment  introduits.    .    .    .  Gr.  vermeil     8 

Collection  d'arbres  et  arbustes  introduits  par  l'exposant  .    .  Or           10 

Collection  générale  de  Conifères Grande  Or     15 

Collection  de  50  Conifères  forts Or           10 

Lot  de  50  Conifères Gr.  vermeil     8 

Collection  d'arb"es  et  arbustes  à  feuilles  persistantes.    .    .    .  Gr.  vermeil     8 

Collection  de  Magnolia Gr.   vermeil     8 

—  de  25  Evonymus Argent         2 

—  de  50   llei Gr.   vermeil     8 

Lot  de  15  Ilex  forts Vermeil        tj 

Collection  de  30  Ancuba Gr.  argent       4 

Lot  de  20  Yucca Gr.  argent      4 

Lot  de  10   Bambous Gr.  argent      4 

Collection  de  Bambous Gr.   argent       4 

Collection  d'Erables  japonais vermeil           6 

Collection  de  50    Clématites Or             10 

Pour  un  arbre  d'un  mérite  exceptionnel Argent           2 

Collection  de  plantes  vivaces Vermeil         6 

—  de  00  Fougères  de  plein  air Vermeil        6 

—  de  100  arbres  et  arbustes  en  branches  coupées   .       Gr.  argent       4 

Total 151   points 


1"  Section  :  Plantes  de  serre. 

1"  Section  du  Jury:  MM.  JACQUEMETBONNEFONT,  d'Annonay,  /Vf  sideHt  ; 
CEUZIN-JACOB,  de  Châlons  ;  F.  GUNTHERT,  de  Vevey  (Suisse);  JAMBON,  de 
Grenoble;  MAZEi.,  de  Marseille,  secrétaire. 

Plantes  de  semis,  non  au  commerce.  —  Médaille  d'or,  M.  Comte.  Méd. 
de  vermeil,  M.  Schmitt.  Méd.  do  vermeil,  M.  Rozain-Boucharlat.  Méd.  d'ar- 
gent, M.  Stiague. 

Collection  de  plantes  de  récente  introduction. — Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Liabaud. 

Collection  générale  de  plantes  de  serre.  —  Grande  méd.  d'or,  M.  Comte. 
Méd.  d'or,  M.  Schmilt.  Méi.  d'or,  M.  Devert.  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  Liabaud. 

Collection  de  100  plantes  de  serre. —  Méd.  de  vermeil,  M.  Cousançat. 
Collection  de  plantes  fleuries.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Collection  de  60  Palmiers.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Lot  de  50  Phœni.x.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jacquet. 
Collection  de  25  Cycadées.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Collection  de  50  Fougères  herbacées.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Lot  de  50  Adiantum.  —  Mé  I.  d'argent,  M.  Jean  Beurrier. 
Collection  d' Adiantum.  —  Méd.  d'argent,  M.  Cousançat. 
Collection  de  80  Broméliacées.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 
Collection   de   100    Caladium.   —   Méd.   d'or,    M.   Comte.    Méd.    d'or, 
M.  Schmitt. 


—  182  — 

Collection  de  50  Marantacées.  —  Méd.  d'or,  M.  Comte. 

Collection  de  100  Dracœna.  —  Grande  méd.  d'or,  M.  Comte. 

Collection  de  50  Croton.  —  Grande   méd.  d'or,   M.  Chômer.  Méd.  d'or, 
M.  Comte. 

Collection  de  100  Bégonia  à  feuillage  ornemental .  —  Méd.  de  vermeil, 
M""  veuve  Joly. 

Lot  de  Bégonia  à  feuillage  ornemental .  —  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  J.  Charreton. 

Collection  de  100  Coleus.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Rocliet.  Méd. 
de  vermeil,  M.  Comte. 

Pour  une  plante  d'un  mérite  exceptionnel.  —  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  Comte.  Méd.  de  vermeil,  M.  Liabaud. 

Pour  une  ou  plusieurs  plantes  remarquables  par  leur  développement. 
—  Méd.  de  vermeil,  M.  Jacquet.  Méd.  de  vermeil,  M.  Martiohon. 

Collection  déplantes  ligneuses  fleuries.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Sohmitt. 

Collection  de  25  Bruyères.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Brevet. 

Collection  de  50  Agaves.,  etc.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Comte. 

Collection  de  150  Cactées.  —  Méd.  d'or,  M.  Lassonnerie  jeune. 

Lot  de  25  Araucaria.  — Grande  méd.  d'argent,  M.  Comte.  Méd.  d'argent, 
M.  Musset. 

Lot  de  50  Dracœna  indivisa.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jacquet. 
Méd.  d'arg  !nt,  M.  Bouoharlat. 

Lot  de  Dasilirion.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jacquet. 

Lot  de  50  Aralia  Sieboldii.  —  Méd.  d'argent,  M.  Drevet. 
Lot  d'Apidistra.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Labrujère. 
Lot  de  25  Orangers.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Bellisse. 
Lot  de  Lavatera   arborea  variegata.  —  Méd.   d'argent,   MM.    Rivoire 
père  et  fils. 
Lot  d'Ophiopogon.  —  Méd.  d'argent,  M.  Labruyère. 

PLANTES  MOLLES  ET  HERBACÉES 

Collection  de  100  Pelargonium  grandiflorum.  —  Méd.  d'or,  M.  Rozain. 
Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Guillet. 

Lot  de  50  Pelargonium  grandiflorum.  —  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  Jean  Bsurrier.  Méd.  de  vermeil,  M.  Devert.  Grande  méd.  d'argent, 
M.  Grillet. 

Collection  de  10()  Pelargonium  ^onale  doubles  et  simples.  —  Grande 
méd.  de  vermeil,  M.  Rozain.  Méd.  de  vermeil,  M.  Hoste.  Grande  méd.  d'ar- 
gent, M.  Guillet. 

Collection  de  50  Pelargonium  \onale  doubles.  —  Méd.  d'argent,  M. 
Guillet. 

Collection  de  50  Pelargonium  ^onale  simples.  —  Méd.  d'argent,  M. 
Guillet. 

Collection  de  50  Pelargonium  à  feuillage  coloré.  ' —  Méd.  d'argent,  M. 
Rozain.  Méd.  d'argent,  M.  Guillet. 

Collection  de  SO  Pelargonium peltatum.  —  Grande  méd.  d'argent,  M. 
Rozain.  Méd.  d'argent,  M.  Hoste. 

Collection  de  80  Fuchsia.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Rozain.  Grande  méd. 
d'argent,  M.  Comte. 

Collection  de  30  Lantana.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Comte. 

Collection  de  60  'Pétunia  doubles  et  simples.  —  Grande  méd.  d'argent, 
M.  Rozain.  ■   ■ 


—  183  — 

Collection  de  50  Canna.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Crozj. 

Lot  de  Pervenches  de  Madagascar.  —  Méd.  d'argent,  M.  Stiugue. 

Lot  de  50  Reseda.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Molin.  Grande  mcd. 
d'argent,  M.  Brevet. 

Lot  de  Capucines.  —  Méd.  d'argent,  M.  Lapeute. 

Lot  de  80  Pétunias  simples  et  doubles.  —  Grando  méi.  d'argent.  MM. 
Rivoire  père  et  tils. 

2'  Section  :  Arboricnltnrc  fi*iiUièrc  et  orneuieutalc. 


2'  Section  du  Jury  :    MM.  TRANSON,    d'Orléans,  président;  TEZIER,  de  Valence  ; 
BOCCAHD,  de  Genève  (Suisse);  DESFOSSES,  d'Orléans,  secrétaire. 


Arbres  et  arbustes  introduits  par  l'exposant  et  non  au  commerce.— Méd. 
d'or,  MM.  F.  Morel  et  fil>. 

Arbres,  arbustes  et  plantes  de  semis,  non  au  commerce.  —  Grande  méd. 
de  vermeil.  MM.  F.  Morel  et  fils.  Méd.  de  vermeil,  M.  Métrai.  Méd.  d'argent, 
M.  Simon  Henry.  Méd.  d'argent,  MM.  Joannon  père  et  fil?. 

Collection  d'arbres  et  d'arbustes,  récemment  introduits.  —  Méd.  d'or, 
M.  Jacquier  flls.  Grande  méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  fils.  Méd.  de 
vermeil,  M.  Lagrange. 

Collection  d'arbres  obtenus  ou  introduits  par  l'exposant.  —  Méd.  d'or, 
MM.  F.  Morel  et  fils. 

Collection  générale  de  conifères.  —  Grande  méd.  d'or,  MM.  F.  Morel 
et  flls.  Méd.  d'or,  MM.  Cuissard  et  Barret. 

Collection  de  50  conifères  en  forts  exemplaires.  —  Méd.  d'or,  MM.  F. 
Morel  et  fils. 

Lot  de  50  conifères.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  fils. 

Lot  de  Pinus.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Jacquier  fils. 

Collection  de  Biota,  Thuya  et  Chamœcj^paris.  —  Méd.  de  vermeil,  M. 
Jacquier  fils. 

Collection  d'arbres  et  arbustes  à  feuilles  persistantes.  —  Méd.  d'or,  M. 
Jacquier  flls.  Graoie  méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  flls. 

Lot  de  12  Magnolia  grandi/lora.—GvsLXide  méd.  de  vermeil,  M.  Jacquier 
fils. 

Collection  de  Magnolia.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel 
et  fils. 

Collection  de  25  Enovymus.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Louis  Gorret. 
Mél.  d'argent,  M.  Jacquier  fil?.  Méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et  flls. 

Collection  d'Ilex.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  fils. 

Lot  de  15  Ilex  en  forts  exemplaires.  —  Méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel 
et  fils. 

Collection  de  30  Aucuba.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et 
fils.  Méd.  d'argent,  M.  Louis  Gorret. 

Lot  de  20  Yucca.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et  fils. 

Lot  de  \0\Bambous.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et  fils. 

Collection  de  Bambous.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et  fils. 

Lot  d'Ilex.  —  Méd.  d'argent,  M.  Pitrat. 

Lot  d' Aucuba.  —  Méd.  d'argent,  M.  Pitrat.  Méd.  d'argent,  M.  Revol. 

Lot  de  Buxus.  —  Méd.  d'argent,  M.  Pitrat. 


—   184  — 

Lot  d'Erables  japonais.  —  Méd.  de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  fils. 
Collection  de  50  Clématites.  —  Méd.  d'or,  MM.  F.  Morel  et  fils. 
Collection  de  50  Rhododendron. —  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Schmitt- 
Pour  un  arbre  d'un  mérite  exceptionnel.  ^-  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  Jacquier  fils.  Méd.  d'argent,  MM.  F.  Morel  et  fiU. 

Pour  un  ou  plusieurs  arbres  ou  arbustes  remarquables  par  leur  déve- 
loppement. —  Méd.  d'argent,  M.  Jacquet. 

PLANTES  HERBACÉES 

Collection  de  plantes  vivaces,  —  Méd.   de  vermeil,  MM.  F.  Morel  et  fils 
Lot  de  60  Œillets.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Drevet.  Méd.   d'argent, 
M.  Molin. 

Collection  de  QO  Fougères  de  plein  air.  —  Mé  1.  de  vermeil,   MM.  F. 
Morel  et  fils. 

Lot  de  ^Q  Anémones.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Boucharlat. 

Lot  de  150  Pensées.  —   MéJ.  d'argent,    M.    Champalle.    Méd.  d'argent, 
M.  Chavrier, 

Lot  de  Phlo.x  Drummondii.  —  Grande  méd.  d'argent,    MM.  L.  Lille  et 
Benej.  Méd.  d'argent,  M.  Molin. 

Lot  de  Zinnia.  ~  Mé  1.  d'argent,  M.  Drevet. 

Lot  de  Statice  Smuarowi.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Boucharlat. 

Lot  de  Giroflées.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  Lille  et  Benej. 

Lot  de  Digitales.  —  Méd.  d'argent,  M.  Collet. 

Lot  de  Mimulus.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  Lille  et  Benej. 

ARBORICULTURE  FRUITIÈRE 

Collection  de/niits  de  la  saison. —  Grande  méd.  d'argent,  M.  F.  Villard. 
Collection  de  fruits  conservés.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Bouchard. 
Grande  méd.  d'ai'gont,  M.  Jultet. 

Collection  de  Cerises.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Valla. 

Lot  d'arbres  fruitiers.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Combet  (Mathieu). 

Vignes  greffées  en  pots.  —  Méd.  d'or,  M,  Grégoire. 


3°  Section  :  Roses,  Rosiers  et  Fleurs  «toupées. 

3°  Section  du  Jury  :  MM.  Henri  VILMORIN,  de  Paris,  président;  Eugène 
VERDIER.  do  Paris;  COCHET,  de  Suisnes;  PFAFF ,  de  Saint-Charaond  ; 
E.  FORGEOT,  de  Paris,  temtaire. 


ROSES 

Pour  une  Rose  de  semis,  non  au  commerce .  —  Méd.  d'or,  M.  Lacharme, 
pour  la  rose  Clara  Cochet.  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Dubreuil,  pour  la 
rose  M""  la  marquise  de  Vivons.  Méd.  de  vermeil,  M.  A.  Bernais,  pour  la 
rose  M'"°  Scipion  Coch'^t.  Méd.  de  vermeil,  M.  A.  Bernais,  pour  la  rose 
Vicomtesse  de  Waulhier.  Méd.  d'argen»,  M.  A.  Bernais,  pour  la  rose 
M™"  A.  Etienne. 

Collection  générale  de  roses.  —  Grande  raél.  d'or,  M.  A  Bernais.  Méd. 
d'or,  MM.  J.  l'ernel  fils-Ducher.  G'iande  médaille  de  vermeil,  M.  Schwartz. 
Méd.  de  vermeil,  M.  Duché  jeune.  Grande  méJ.  d'argent,  M.  Bonnaire. 


—  185  — 

Collection  de  100  roses.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Dubreuil.  Grande  méd. 
d'argtnt,  M.  Duché  jeune.  Méd.  d'argent,  MM.  J.-B.  Guillot  et  fils. 

Collection  des  50  plus  belles  roses.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  A.  Ber- 
nais. Méd.  d'argent,  MM.  J.-B.  Guillot  et  fils. 

Collection  de  30  variétés  de  Roses  obtenues  par  l'exposant.  —  Grande 
méd.  de  vermeil,  MM.  J.  B.  Guillot  et  fils. 

ROSIERS 

Collection  de  Rosiers  nains.  —  Méd.  d'or,  M.  Schwartz.  Grande  méd.  de 
vermeil,  MM.  J.-B.  Guillot  et  filf. 

Collection  de  Rosiers  tiges.  —  Méd.  d'or,  M.  Schwartz.  Méd.  de  vermeil, 
M.  J.  Pernet  fils-Ducher. 

Collection  de  50  rosiers  en  forts  exemplaires.  —  Grande  méd.  de  vermeil, 
M.  Schwartz.  Méd.  de  vrmeil,  M.  Gamond.  Méd.  d'argent,  M.  Dubreuil. 

Collection  des  25  meilleurs  rosiers  pour  la  culture  en  pots.  —  Grande 
méd.  d'argent,  M.  Schwartz. 

Collection  de  25  rosiers  obtenus  par  l'exposant.  —  Grande  médaille  de 
vermeil,  MM.  J.-B.  Guillot  et  fils. 

PLANTES  ET  FLEURS  COUPÉES 

Collection  de  100  arbres  et  arbustes.  —  Gr.'.nie  méd.  d'argeut,  MM.  P. 
Morel  et  fils. 

Collection  de  fleurs  coupées.  —  Méd.  de  vf  r:npil,  MM.  Léonard  Lille  et 
Benej.  Méd.  d'argent,  MM.  Rivoire  père  et  fils. 

Collection  de  50  graminées  en  tiges  sèches.  —  Méd.  d'argent,  M.  Molin. 

Lot  de  Pétunias,  en  /leurs  coupées.  —  Méd.  l'argent,  M.  Guillet. 

Lot  de  Pensées,  en  peurs  coupées.  —  Méd.  d'argent,  M.  Boucharlat. 
BOUQUETS,  COURONNES,  ETC. 

Collection  de  bouquets,  couronnes,  milieux  de  table,  etc.  —  Méd.  d'or, 
M.  Combet-Cordier.  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Musset.  MéJ.  di  vermeil, 
M.  Desbois. 

Lot  de  3  bouquets.  —  Méd.  d'argent,  M"»  Noirot. 

Bouquets  de  fleurs  sèches.  —  Grande  méJ.  d'argent,  M.  Molin. 


4°  Section  :  Caltare  suapaichère. 

4«  Section  du  Jnrv:   MM.  Henri  VERILIIAC,   d'Annonay,   Président;  CL.\UZ1ER, 
d'Oullins;  L.  GÂTTEL,  de  Vienne;  CORBIN,  de  Lachassagne,  Secrétaire. 

Pour  un  légume  nouveau.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Chipier.  Méd. 
d'argent,  M.  Guerrj. 

Collection  générale  de  légumes.  —  Méd.  d'or,  MM.  Rivoire  para  et  fils. 
Grande  méd.  de  vermeil,  M.  F.  'billard.  MéJ.  de  vermeil,  M.  Joseph  Jacquier 
fils.  Grande  méd.  d'argent,  M.  Guerry.  Méd.  d'argent,  M.  Clapot. 

Lot  d'asperges.  —  Grande  méd.  d'argsnt,  M.  Guichard.  Méd.  d'argent, 
M.  Marchand,  Méd.  d'agent,  M.  Berthier. 

Collection  de  pommes  de  terre.  —  Granie  méd.  de  vermeil,  M.  Chipier. 
Méd.  de  vermeil,  M.  Aumiot. 

Lot  de  champignons.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  Dupuj  et  0=. 

Collection  de  50  variétés  de  Fraisiers.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Marchand. 

Lot  de  50  Fraisiers.  —  Méd.  d'argent,  M.  Valla. 

Lot  d'Artichauts.  —  Méd.  d'argent,  M.  Bonnement. 


—   186  — 

Lot  de  Pissenlits.  —  Mention,  M.  Bonnement. 

Culture  comparative  de  Pommes  de  terre  hâtives. — Méd.  d'argent,  MM. 
Rivoire  pore  ei  fils. 

Collection  de  plantes  fourragères. —  Méd.  de  vermeil,  MM.  Rivoire  père 
et  fils. 

5'  Section  :   Art  et  Industrie  liorticoles. 

5«  Section  du  Jury  .  MM.  BUFFAUD,  de  Lyon,  président  ;  JOURNOUD,  de  Lyon; 
DESPIËRRE,  de  Lyon;  BABOUL)  fils,  de  Thoissey,  secrétaire. 

Dessins  et  plans  de  jardins.  —  Médaille  d'argent,  M.  Cordioux.  Mention, 
M.  L.  Van  der  Swaelmen.  Mention,  M.  Chanicei. 

Serres  et  Châssis.  —  Méd.  d'or,  M.  Burnichon.  Grande  méd.  de  vermeil 
M.  Guinat. 

Appareils  de  chauffage.  —  Grande  méd.  de  vermeil,  M.  Brevet.  Méd.  da 
vermeil,  MM.  Vigué  et  C  Méd.  d'argent,  M.  Paul  Lebœuf. 
Serrurerie  artistique.  —  Grande  mé  \.  de  vermeil,  M.  Tranchant. 

Constructions  rustiques,  rochers,  grottes,  pavillons.  —  Méd.  da  vermeil, 
M.  Voland.  Méd.  de  vermeil,  M.  Joly.  Grande  méd.  d'argent,  M.  Favier. 
Méd.  d'argent,  M.  Pelletier  Méd.  d'argent,  M.  Laroche.  Méd.  d'argent,  M. 
Jouffraj. 

Ameublement  de  jardins.  —  Méd.  d'or,  M.  Tranchant.  Grande  méd.  de 
vermeil.  M.  Lespinasse.  Méd.  de  vermeil,  MM.  Dumas  frères.  Grande  méd. 
d'argent,  M.Vincent.  Méd.  d'argent,  M.  Bourget.  Méd.  d'argent,  M.  Voland. 
Méd.  d'argent,  M.  Charnaj. 

Machines,  ustensiles  et  outils.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Guérin.  Grande 
méd.  d'argent,  M.  Plisssor.niar.  Mé.J.  d'argent  :  MM.  Lamur,  Pingoon, 
Lafaj,  Benevolo,  Fayel.  Mentions  :  MM.Thomé,  Armanet  et  G=,  Berdaguer, 
Ferrier,    Chemin,    Tournu,    Weiiz. 

Etiquettes  de  jardins.  —  Mention,  M.  Cortot. 

Photographies  de  /leurs  et  de  fruits.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Bernoud. 

.Statues.  —  Méd.  d'argent,  MM.  Goiinella  et  Barbarin. 

Fleurs  conservées.  —  Meulio:i,  M.  Joie. 

Tableaux  de  plantes  sèches.  —  Mention,  M"'  Pichat. 

Cache-pots  et  vases  en  paille.  -    Mention,  M""  Pin. 

Terre  de  bruyère.  —  Mention,  M.  Clapéron. 

Hors  coucolirs. 

MM.  Luizet  père  et  fils  ont  exposé,  hors  concour.J,  des  Rhododendrons  et  da.<î 

Plans  de  jardins. 
M.  Pecoud,  horticulteur,  rue  de  la  Villette,  du  Lilas  blanc. 
M.  A.  Barriot  fils,  des  Plans  de  jardins. 
M.  Gaillot,  des  Meubles  de  jardins. 
M.  Nicolas,    l'Insecticide   Guilbert,   des   Thermomètres    de    couche    et    des 

Graminées  sèches. 

M.  Dantin,  son  Mastic  à  greffer. 

Certifié  conforme  aux  décisions  du  Jury. 
Lyon,  le  3  juin  1885. 

L'un  des  Secrétaires  de  la  Commission,  B.  Couzaniat. 


—  187  — 

Concours  régional  agricole  de  Falrncc.  —  Nous  sommes  heureux 
de  faire  connaître  à  nos  lecteurs  que  la  prime  d'honneur  à  l'horti- 
culture décernée  à  l'occasion  du  Concours  régional  qui  s'est  tenu  à 
Valence  (Drùme)  du  16  au  25  mai  dernier,  a  été  attribuée  à  notre 
collègue,  M.  Ch.  Reboul,  horticulteur-pépiniériste  à  Montélimar. 
On  sait  que  la  Prime  d'honneur  à  l'Horticulture  consiste  en  un 
objet  d'art  de  200  fr.  et  une  somme  de  1 ,000  fr.  Pour  son  expo- 
sition de  roses,  de  conifères,  etc.,  M.  Reboul  a  encore  obtenu  une 
médaille  d'argent  et  une  prime  de  250  fr. 

C'est  encore  deux  de  nos  collègues,  MM.  Tezier  frères,  de 
Valence,  qui  ont  obtenu  le  prix  cultural  consistant  en  un  objet  d'art 
de  500  fr.  et  une  somme  de  2,000  fr. 

Dans  l'enceinte  du  Concours  régional,  M™'^  veuve  Desblanc  et 
fils,  de  Valence^  avaient  une  belle  exposition  de  plantes  diverses 
do  serre  chaude  ou  tempérée  qui  ont  été  fort  admirées. 

M.  Prirrier  fils,  horticulteur  à  Bourg-lcs- Valence,  montrait  éga- 
lement des  plantes  très  bien  cultivées  dans  les  genres  Caladium, 
Bégonia  rex,  Pelargonium,  etc. 

Slachys  afflnis.  —  Les  plantes  comestibles  de  la  famille  des 
Labiées  ne  sont  pas  communes  dans  les  cultures  et  je  crois  qu'on  y 
rencontre  plus  de  condiments  agréables  que  d'aliments  sérieux.  Ce 
n'est  pas  encore,  je  pense,  le  Slaclvjs  af/inis  que  M.  Pailleux  a  fait 
connaître  dans  le  Potager  f/'ini  curieux,  qui  aidera  à  changer  les 
termes  de  cette  proposition , 

Le  pain  fabriqué  jadis  en  temps  de  disette  avec  les  rhizomes  de 
Slachys  palustris  avait  un  goût  de  pharmacie  tellement  prononcé  que 
le  plus  mauvais  pain  d'avoine  lui  était  bien  préférable  ;  les  Anglais 
et  les  Irlandais  n'en  furent  que  très  rarement  usage.  Il  y  a  cepen- 
dant deux  plantes  de  la  famille  qui  ont  d'assez  beaux  tubercules, 
bien  supérieurs  en  grosseur  à  ceux  du  Slachys  affiais  mentionné  par 
M.  Pailleux  ;  ce  sont  les  Nepeta  et  Phlomis  luberoia,  mais  je  doute 
qu'ils  parviennent  jamais  à  remplacer  la  pomme  de  terre  ou  les  topi- 
nambours. 

Le  Slachys  affmis  pourra  figurer  sur  les  tables  des  personnes 
friandes  de  mets  nouveaux,  mais  je  ne  le  crois  pas  destiné  à  devenir 
un  légume  important. 

Masdemllia.  — •  M.  Ménand,  horticulteur  à  Albany,  m'écrivait 
un  jour  :  ici,  on  ne  parle  plus  que  d'Orchidées,  les  amateurs  ne  veu- 
lent plus  autre  chose.  »  En  Angleterre  les  amateurs  d'Orchidées  se 
coiuptent  par  centaines  et  quelques-uns  font  de  véritables  folies 
pour  quelques  espèces  rares.    En  Belgique  c'est  un  peu   la  même 


—   188  — 

chose.  La  France  était  un  peu  restée  en  retard  et  ne  cultivait  les 
Orchidées  que  comme  on  cultive  un  autre  genre  ;  mais  la  voilà  qui 
suit  le  mouvement.  En  effet,  à  chaque  séance  de  la  Société  natio- 
nale d'horticulture  de  France  les  horticulteurs  parisiens  et  les  jar- 
diniers d'amateurs  apportent  des  Orchidées  sur  le  bureau,  et  ces 
plantes  bizarres  paraissent  faire  la  joie  de  leurs  heureux  proprié- 
taires. Et  pour  bien  marquer  que  V orchidomanie  ou  Vorchidopliilie 
s'étend  de  proche  en  proche,  aux  notes,  mentions  et  articles  épars 
dans  les  revues  horticoles,  aux  dessins  et  chromos  représentant 
différentes  espèces,  parsemés  dans  les  journaux,  ont  succédé  des 
publications  spéciales  telles  que  V OrchidopliHe  et  le  Lindcnia  qui  ne 
s'occupent  que  des  mille  petits  riens  qui  constituent  cette  famille 
plus  bizarre  que  noble  et  dont  les  enfants  sont  d'autant  plus  choyés 
qu'ils  sont  plus  rares. 

Jusqu'à  un  certain  point  —  puisqu'à  des  époques  déterminées 
le  public  s'engoue  d'un  genre  ou  d'une  autre  —  je  ne  vois  aucun 
inconvénient  à  ce  que  les  amateurs  s'occupent  d'Orchidées,  surtout 
des  belles  espèces,  qui  fleurissent  bien  et  qui  montrent  autre  chose 
que  des  feuilles  raides,  grisâtres,  tachées,  plantées  sur  une  vieille 
écorce  ou  dans  un  panier  en  sapin  raboté  que  le  jardinier  seringue 
quatre  fois  par  jour.  Parmi  ces  espèces  à  cultiver  M.  Duval  de 
Versailles  signale  le  Masdevallia  Feilchi  dont  une  fleur  a  duré  soi- 
xante-dix-huit jours,  et  ajoute  qu'un  de  ses  amis  garde  dans  sa 
chambre  un  pied  de  MasdcvaUia  igmva  qui  s'y  porte  bien  et  fleurit 
dans  ces  conditions  défavorables. 


PLANTES  NOUVELLES.  —  CATALOGUES 


P.  M.  Defour,  horticulteur-fleuriste,  l^illa  des  FUurs,  à  Ântibes  (Alpes - 
Murilimas).  —  Circulaire  annonçant  la  mise  en  vente  d'Anémones,  R'înon- 
oules,  Narcisses,  Jaointlieg,  (Eillots  remontants,  Fraisiers,  etc. 


Concours  établis  par  l'Association  horticole  lyonnaise 

AVIS    —  Les    personnes   qui    désirent  prendre   part   cette  année    aux    concours 
MHH'iaux,    devront   adresser   leur  demande  à  M.   Viviand-Morel,  cours  I.afajette 
prolongé,  61,  à  Villeurbanne-lès-Lyon,    avant  le  15  juillet  prochain. 
Voir  pour  les  conditions  des  Concours,  Lyon-Horticole  n»  10,  année   1885. 


Lk  Gérant. •  V.  VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  -  Imp,  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  JUIN  N"    12 


CHRONIQUE 


Le  pont  de  la  Guillolière.  —  J'ai  lu  dans  la  chronique  d'un  grand 
journal  de  Lyon  une  note  qui  m'a  navré  ;  elle  était  ainsi  conçue  : 
«  Depuis  quelques  jours  on  répare  le  pont  de  la  Guillotière  ;  il  en 
a  besoin.  Les  piles  sur  lesquelles  s'épanouissent  entre  les  joints  des 
pierres  de  taille  une  jlore  des  plus  variées  ont  ëté  débarrassées  de 
cette  végétation  dont  l'action  lente  mais  continue  avait  déjà  sur 
plus  d'un  point  désagrégé  les  énormes  blocs  de  pierre.  » 

A  l'exemple  de  M.  X.,  qui  avait  publié  la  Flore  du  clocher 
d'Jinaij,  j'avais  l'intention  d'énumérer  les  espèces  qui  croissent  sur 
les  piles  du  pont  de  la  Guillotière.  Me  voilà  volé  ;  je  dois  renon- 
cer à  mon  projet.  J'avais  déjà  reconnu  à  l'œil  nu  plus  de  cinquante 
espèces  sans  compter  le  fameux  pommier  de  la  troisième  pile  à 
droite,  ni  le  saule  Marceau  de  la  cinquième  à  gauche,  et  je  n'es- 
timais pas  à  moins  150  le  nombre  des  phanérogames  qu'une  bonne 
lunette  m'aurait  fait  découvrir.  N'en  parlons  plus. 

Je  regrette  surtout  la  disparition  du  fameux  pommier,  qui  était 
peut-être  une  excellente  variété.  Ce  pommier  constituait  à  mon 
actif  une  mine  inépuisable  alimentée  par  tous  les  incrédules  de  ma 
connaissance.  Vous  comprenez,  amis  lecteurs,  quand  je  parlais 
d'un  pommier  qui  croissait  sur  le  pont  le  plus  fréquenté  de  Lyon 
on  me  riait  irrévencieusement  au  nez.  Comme  aux  courses,  j'en- 
gageai alors  chaque  fois  que  la  chose  arrivait  un  pari  sérieux,  un 
dîner  par  exemple,  que  l'autre  perdait,  mais  qu'il  ne  payait  pas 
toujours.  Pauvre  Yorick  !  pauvre  pommier!  Que  deviendront  les 
botanistes  si  aux  cultivateurs  qui  défrichent  les  champs  et  détruisent 
toute  végétation  spontanée  viennent  encore  se  joindre  les  ingé- 
nieurs des  ponts  et  chaussées  et  les  cantonniers  de  la  voirie  ?  Je 
n'ose  sans  frémir,  penser  aux  résultats  d'une  pareille  collaboration. 


—  190  — 

M.  Lcmoine,  chevalier  de  la  Légion  Whnnneur.  —  Bravo,  M.  le 
Ministre,  voilà  une  croix  bien  placée. 

La  distinction  dont  M.  V.  Lemoine,  horticulteur  à  Nancy,  vient 
d'être  l'objet,  honore  non-seulement  l'habile  praticien  pour  qui  les 
lois  delà  fécondation  et  de  l'hybridation  n'ont  pas  de  secret,  mais 
l'horticulture  française  tout  entière. 

M.  Lemoine,  comme  chacun  sait,  a  été  non-seulement  l'obten- 
teur  de  variétés  florales  hors  ligne,  le  créateur  d'hybrides  remar- 
quables qui  ont,  pendant  vingt  ans,  alimenté  un  trafic  commercial 
important,  mais  encore  avec  quelques  autres  semeurs,  il  est  de  ceux 
qui  ont  le  plus  contribué  à  maintenir  au  niveau  élevé  où  nous  les 
voyons  actuellement  la  plupart  des  collections  déplantes  qui  ornent 
nos  jardins. 

M.  Lemoine  a  été  décoré  à  l'occasion  du  Concours  régional  de 
Nancy. 

Semis  en  juillet.  —  Si  la  routine  n'était  pas  plus  forte  que  les 
meilleurs  raisonnements,  ne  devrait-on  pas  perdre  l'habitude  de 
semer  certaines  plantes  à  des  époques  qui  ne  leur  conviennent  pas. 
Je  sème  en  juillet  et  août  des  graines  qui  germent  fort  bien  étant 
semées  à  cette  époque,  mais  qui  ne  germeraient  pas  si  je  les  semais 
deux  ou  trois  mois  plus  tard.  Les  rosiers  sauvages  lèvent  tous  au 
printemps  quand  on  les  sème  en  juillet.  Ils  ne  germent  plus  que  par 
moitié  en  août  et  presque  pas  du  tout  en  octobre. 

Les  Fraxinelles,  Pivoines,  Aconit,  Smilax,  Ruscus,  et  tant 
d'autres  sont  dans  les  mêmes  conditions. 

Il  est  donc  très  important  de  rompre  une  bonne  fois  avec  la 
routine  et  de  faire  certains  semis  aux  bonnes  époques. 


Cladraslis  iincloria.  —  M.  L.  Neumann,  jardinier  en  chef  au  châ- 
teau de  Compiègne  ,  a  publié  dans  la  Bévue  lioriicole  une  note 
sur  le  Cladraslis  Iincloria,  plus  connu  dans  les  cultures  sous  le  nom 
de  FinjUia  lulea  Mchx.  Dans  cette  note  il  fait  ressortir  le  mérite  de 
ce  bel  arbre  qui  croît  vigoureusement  dans  les  plus  mauvais  sols  et 
a  résisté  aux  froids  intenses  de  nos  hivers  les  plus  rigoureux. 

Le  Cladraslis  iincloria  appartient  à  la  famille  des  Papillonacées  ; 
il  est  originaire  de  l'Amérique  septentrionale,  d'où  il  a  été  introduit 
dans  les  cultures  vers  le  commencement' de  ce  siècle.  Son  bois  est 
cassant,  mais  solide. 


—   191  — 


L'Exposition  d'horticulture  (Suite) 

Cactées.  —  Chez  les  plantes  comme  chez  les  hommes,  l'oubli 
suit  quelquefois  de  près  la  popularité.  Où  sont-ils  ceux  qui  ont  con- 
servé le  culte  des  Cactées  ?  Que  sont  devenues  les  belles  collec- 
tions d'autrefois  ?  Soyons  justes,  il  y  a  encore  quelques  amateurs 
de  plantes  grasses,  mais  ils  sont  rares.  M.  Rebut  reste  sous  sa  tente 
avec  ses  spécimens  hors  ligne,  M.  Cardona  n'a  pas  le  temps  d'ex- 
poser, et  quelques  autres  préfèrent  jouir  silencieusement  de  leurs 
raretés  que  de  les  montrer  au  public.  Heureusement  que  M.  Lasson- 
nerie  jeune,  horticulteur  à  Monplaisir,  a  conservé  et  augmenté  la 
collection  paternelle,  et  qu'il  ne  craint  pas  de  la  faire  connaître. 
Cette  collection  est  riche  en  espèces  et  en  beaux  exemplaires. 
Tous  les  genres  y  sont  représentés  :  Echinocactes,  Mamillaires, 
Cierges,  Pilocierges,  Euphorbes,    Opuntias,  etc. 

Bégonia  à  feuillage.  —  Toujours  beaux  les  Bégonia  Rex,  toujours 
brodés  ou  zones  d'argent  sur  fonds  multicolores,  et  séduisants  au 
possible.  Onn'on compte  plus  lesvariétés.  Chaque  graine  en  donne 
une,  chaque  plante  des  milliers.  Mais  toutes  sont  belles  quand  elles 
sont  bien  cultivées.  C'est  le  cas  pour  le  lot  de  M.  Charreton,  hor- 
ticulteur à  Lyori-Monplaisir,  c'est  encore  le  cas  pour  la  belle 
collection  exposée  par  Madame  veuve  Joly,  horticulteur  à  Mon- 
plaisir. 

M.  Martichon  fils,  horticulteur  à  Cannes,  est  venu  prouver  aux 
Lyonnais  qu'avec  la  collaboration  du  soleil  de  la  Provence,  il  s'en- 
tend parfaitement  à  produire  des  Phœnix  (vulgo  Dattier)  hors 
ligne. 

Je  ne  sais  pas  comment  s'y  prend  M.  Jacquet,  horticulteur  à 
Monplaisir,  pour  nous  montrer  à  chaque  Exposition  une  série  de 
forts  spécimens  dans  les  genres  Phcenix,  Chamœrops,  Evonymus, 
etc.  Celte  année,  il  ajoutait  à  ces  plantes  deux  très  beaux  lots  de 
Dracœna  indivisa  et  de  Dasilirion. 

M.  Drevet,  horticulteur  à  Lyon-Montchat,  collectionne  les 
Erica,  —  pauvre  vieux  genre,  si  beau  et  si  délaissé,  —  dont  il 
nous  montre  une  série  d'espèces  fort  intéressantes.  Ses  ÀraUa  Slc- 
boldii  méritent  bien  la  récompense  qu'ils  ont  obtenue.  Quant  à  ses 
Zinnias,  la  culture  en  était  parfaite. 

Jspidistra.  —  Comment  diable  M.  Labruyère,  horticulteur  à 
Lyon-Vaise,  peut-il  produire  de  pareils  Jspidistra  ?li  est  difficile 
de  rencontrer  des  spécimens  plus  forts  et  aussi  bien  portants.  A 
cinquante  centimes  la  feuille,  que  de  monnaie,  mes    amis,  que  de 


192 


monnaie.  M.  Labruyère  présentait  en  outre  un  lot  à' Ophiopogon  qui 
a  été  fort  admiré. 

araucaria.  —  M.  Musset,  fleuriste,  place  des  Terreaux,  avec  sa 
belle  exposition  de  bouquets,  montrait  une  quantité  de  ces  jolis 
Araucaria  excdsa  qui  étaient  si  rares  autrefois  et  qu'on  cultive  si 
bien  aujourd'hui,  mais  dont  le  prix  est  encore  assez  élevé. 

Orangers.  —  M,  Bélisse  qui  expose  habituellement  les  plus  beaux 
Cycas  qu'il  y  ait  sur  la  place  de  Lyon,  ainsi  qu'une  foule  d'autres 
genres  qu'il  excelle  à  cultiver,  s'est  cantonné  cette  fois  dans  le 
genre  Oranger  dont  il  présente  de  belles  variétés  en  exemplaires 
moyens  et  en  jolies  têtes  portées  sur  des  pieds  droits  comme  un  I. 
Avis  aux  amateurs. 

Lavalcra  arborca.  —  MM.  Rivoire  père  et  fils  nous  présentent 
cette  belle  malvacée  avec  des  feuilles  panachées  de  blanc  sur  vert 
pâle.  Cette  espèce,  ou  plutôt  cette  variété,  est  une  plante  d'un 
grand  mérite. 

Slatice  Smvarowi.  —  M.  Boucharlat  jeune,  horticulteur  à  la 
Croix-Rousse,  a  toujours  quelques  plantes  relativement  nouvelles 
à  nous  montrer.  Celle  dont  le  nom  précède  a  étonné  bien  des  gens. 
Ses  Anémones  ont  séduit  bien  des  yeux  et  plus  d'un  amateur  a 
marchandé  ses  Dracœnu  indivisa. 

Digitales.  —  Que  dirait  le  grand  Linné  s'il  savait  que  sa  Digitale 
pourpre  peut  se  présenter  sous  tant  de  formes  ?  Il  remercierait 
M.  Collet  qui,  en  présentant  un  joli  lot  de  cette  espèce,  nous  prouve 
que  les  noms  spécifiques  basés  sur  la  couleur,  sont  souvent  des 
noms  ineptes. 

Pensées.  —  MM.  Champalle  et  Chavrier  ont  pensé  qu'un  beau  lot 
de  pensées  figurerait  avec  honneur  à  l'Exposition.  Et  en  pensant 
cela,  ils  ne  se  sont  point  trompés.  D'abord  les  variétés  qu'ils  pré- 
sentaient avaient  des  coloris  très  variés  et  des  fleurs  d'une  dimen- 
sion peu  commune. 

Œillets.  —  Les  collections  de  ce  genre  faisaient  un  peu  beau- 
coup défaut,  mais  en  revanche  deux  très  jolis  lots  en  quelques 
variétés  étaient  exposés  par  MM.  Drevet,  de  Lyon-Montchat,  et 
Molin,  de  Lyon.  Ceux  qui  savent  avec  quels  soins  nos  deux  collè- 
gues cultivent  les  plantes  se  feront  aisément  une  idée  de  leur  expo- 
sition. 

Mimulus.  — Du  grec  inimos ,  comédien,  allusion  à  la  corolle 
qui  ressemble  au  masque  des  anciens  comédiens.  Voilà  l'étymo- 
logiedu  mot.  Je  la  trouve  bien  bonne  l'étymologie,  et  si  je  n'étais  pas 
habitué  aux  ressemblances  douteuses  et  longuement  tirées  par  les 


—  193  — 

cheveux,  que  les  botanistes  trouvent  entre  les  plantes  et  certains 
objets,  je  ne  sais  pas  trop  ce  que  je  devrais  penser  de  celle-là. 
Mais  laissons  l'étymologie  à  ceux  qu'elle  intéresse  et  demandons 
plutôt  MM.  L.  Lille  et  Beney,  marchands-grainiers  à  Lyon,  com- 
ment ils  font  pour  obtenir  des  Mimulus  pareils.  Les  fleurs  en  sont 
énormes,  presque  régulières,  tachetées,  diaprées  d'une  façon  si 
bizarre  qu'on  ne  saurait  se  lasser  de  les  admirer. 

Girollées,  PIilox  Drummomlii.  —  Les  mêmes  exposants  présen- 
taient encore,  cultivées  en  pots,  des  Girollées  fort  belles.  La  Giro- 
flée est  une  plante  populaire,  une  des  vieilles  plantes  —  et  elles 
sont  rares,  —  qui  ont  résisté  aux  injures  du  temps.  L'essimplage 
des  Giroflées  est  une  des  opérations  difficiles  du  métier,  j'allais 
dire  mystérieuse. 

Le  Plilox  Drummondii  fait  de  beaux  massifs  peu  coûteux  ;  ce  qui 
est  très  important  quand  les  finances  sont  rares.  MM.  Léonard 
Lille  et  Beney,  ainsi  que  M.  Molin,  en  présentent  chacun  un  joli 
massif. 

N'oublions  pas  le  Nymphca  Cnspari  exposé  par  M.  Lagrange  ni 
les  deux  plantes  nouvelles  que  M.  Métrai  soumettait  à  l'apprécia- 
tion du  Jury  :  Sylpliiiim  Injbridum  et  Pliragmites  communis,  variété 
striée  fort  jolie. 

Arborlcnltarc  frnidère  et  ornemenfale. 

La  deuxième  section  du  programme  comprenait  une  série  de 
concours  dont  la  plupart  ont  été  admirablement  remplis  par  quel- 
ques exposants.  Les  lots  avaient  une  valeur  exceptionnelle  tant  par 
la  rareté  des  espèces  présentées  que  par  le  nombre  et  la  force  des 
exemplaires.  Seule  l'arboriculture  fruitière,  et  cela  se  comprend 
à  cette  époque ,  faisait  presque  défaut.  Cependant  nous  devons 
signaler  de  beaux  échantillons  d'arbres  fruitiers  tels  que  pêchers, 
poiriers,  pommiers,  etc.,  en  hautes  et  basses  tiges,  exposés  par 
M.  Mathieu  Combet,  pépiniériste  à  Limonest  (Rhône).  Puis  les 
fruits  conservés  de  MM.  Bouchard,  J.-B.  Juttet  et  Villard  dont 
toutes  les  variétés  seraient  à  mentionner,  la  collection  de  cerises 
exposée  par  M.  Valla,  horticulteur,  rue  de  Chasse,  à  Oullins, 
demande  une  mention  particulière,  car  elle  était  assez  nombreuse 
en  excellentes  variétés.  Les  amateurs  de  ce  fruit  tentateur  auront 
pu  noter  dans  cette  collection  les  sortes  précoces  et  les  sortes  tar- 
dives. 

Arbres  et  arbustes  introluils  ou  obtenus  par  l'élablissemcnl.  —  11  y 
avait   plusieurs  concours  relatifs  aux  arbres  ou  arbustes  introduits 


—  194  — 

ou  obtenus  de  semis  par  l'exposant.  Ces  concours  ne  se  distin- 
guaient du  reste  les  uns  des  autres  que  par  les  rubriques  :  non 
encore  ou  déjà  au  commerce. 

Les  concours  de  ce  genre  olïrent  un  grand  attrait  aux  amateurs 
de  nouveautés  et  ils  stimulent  le  zèle  des  horticulteurs  qui  cherchent 
à  obtenir  des  gains  nouveaux  au  moyen  du  semis  ou  bien  qui  enri- 
chissent l'horticulture  par  l'introduction  de  plantes  nouvelles. 

MM.  F.  Morel  et  fils  présentent  toute  une  série  d'espèces  ou  de 
variétés  fort  intéressantes  qu'il  faudrait  non  pas  seulement  men- 
tionner, mais  décrire  et  faire  connaître  plus  amplement.   Ce  sont  : 

Âbies  Sargenli,  superbe  espèce  à  feuilles  glauques  ;  Fraxinus 
anomala  à  feuilles  entières  et  à  tige  carrée  ;  Cornus  irifoUala  à  feuil- 
les profondement  lobées  ainsi  que  son  nom  l'indique. 

j4bies  Douglasii  (deux  variétés)  ;  plusieurs  Jucubas,  ainsi  que  des 
variétés  de  Cluimo^cijparis.  Boni  sicri ,  de  Janiperus  chincnsis,  un  pêcher 
quelconque  à  feuilles  panachées.  Puis  quelques  Clématites  parmi 
lesquelles  cette  perle  qui  porte  le  nom  de  François  Morel. 

Les  Colonmsler  horizonlalis  et  lanata  et  plusieurs  Céanothes  deman- 
dent une  mention  particulière. 

M.  Cl.  Jacquier  fils,  pépiniériste  à  Monplaisir,  montrait  comme 
nouveautés  : 

Fagus  purpurea  irieolor,  Eleagnus  macrophylla,  Aines  Engelmanii 
glauna,  Buxus  rosmarinifulia,  Sambucus  racemosa  plumosa,  Frcmonlia 
callfurnica,  Jrbulus  Zimnpani,  etc.  Quelques-uns  de  ces  arbres  et 
arbustes  sont  vraiment  très  curieux,  et  il  sera  intéressant  de  pou- 
voir dans  quelques  années,  lorsqu'ils  auront  pris  un  plus  grand 
développement,  juger  de  leur  efïet  ornemental. 

Un  autre  arbre  malheureusement  un  peu  sensible  aux  hivers  très 
rigoureux  ,  mais  d'un  aspect  grandiose ,  était  exposé  par  M. 
Jacquier  fils,  nous  voulons  parler  de  son  Araucaria  imbricata.  Le 
spécimen  exhibé,  parfait  de  forme,  avait  plus  de  trois  mètres  de 
hauteur.  11  a  dû  tenter  bien  des  gens. 

Dans  les  arbres  ou  arbustes  et  plantes  de  semis  non  encore  au 
commerce,  la  liste  des  récompenses  indique  comme  ayant  pris  part 
au  concours  MM.  Simon  Henry  et  Joannon  père  et  fils;  je  regrette 
de  ne  pas  avoir  vu  les  espèces  qu'ils  ont  exposées  afin  de  les  men- 
tionner ici. 

Collection  générale  de  Conifères.  —  Les  conifères,  les  arbres  verts, 
les  résineux,  —  c'est  tout  un,  — u'ont,  comme  Tristram  Shandy, 
pas  eu  de  chance  le  jour  de  leur  baptême.  Conlférc  veut  à  peu 
près  dire  porte  cône ,  or,   les  fruits   de  beaucoup   de  genres  sont 


—  195  — 

sphœriques.  Arbres  vois  :  ils  sont  plutôt  noirs  que  verts  d'abord, 
ensuite,  il  ne  manque  pas  d'arbres  appartenant  à  d'autres  familles 
qui  sont  également  verts.  Quant  à  résincu.v,  il  n'a  jamais  pu  pren- 
dre sérieusement. 

Mais,  quelque  soient  les  noms  dont  des  parrains  malheureux 
ont  affublé  cette  noble  famille,  je  me  sens  attiré  vers  ses  noirs 
entants.  J'aime  beaucoup  le  sapin,  —  dans  les  montagnes,  —  et 
le  gin  dans  les  tavernes  de  Londres.  La  majesté  un  peu  funèbre 
des  Willingtonia  m'étonne  toujours;  il  n'y  a  que  les  ifs  taillés  en 
forme  d'animaux  qui  me  laissent  un  peu  froid. 

MM.  F.  Morel  et  fils  ont  montré  que  la  collection  qu'ils  possèdent 
comprend  non-seulement  de  très  nombreuses  espèces,  des  spéci- 
mens de  toute  beauté,  mais  encore  une  série  de  sortes  très  rares 
dans  les  cultures.  Je  ne  sais  pas  trop  si  je  dois  énumérer  toutes 
les  variétés  qui  m'ont  intéressé  dans  leur  lot.  Il  faudrait  alors  citer 
plusieurs  Araucarias,  des  Cèdres  bleus  et  glauques,  des  Cephalo- 
taxus,  des  Cyprès  chauves,  plumeux,  rudes,  dorés,  argentés,  chan- 
geant, pleureur,  nain,  élevé,  etc.  Puis  des  Genévriers,  en  veux-tu 
en  voilà  ;  des  Ifs  droits,  érigés  ou  recourbés  ;  des  Pins  à  faire  fré- 
mir; des  Sapins  grecs,  canadiens,  norvégiens,  espagnols,  numides, 
gaulois,  japonais,  italiens  et  même  parisiens. 

On  a  bien  trouvé  le  moyen  d'appeler  sapins  les  Jbics,  pourquoi 
donc  n'a-t-on  rien  pu  mettre  à  la  place  de  Thuya  ?  Je  sais  bien  qu'il 
y  en  a  qui  les  qualifient  de  Cyprès,  mais  ils  confondent  ainsi  deux 
choses  distinctes.  Quoiqu'il  en  soit,  les  Thuj'a  do  M. Morel  étaient 
si  nombreux,  que  je  renonce  à  les  faire  connaître. 

MM.  Cuissard  et  Barret,  dont  les  belles. collections  de  Conifères 
sont  bien  connues,  prenaient  également  part  à  ce  concours  et  pré- 
sentaient à  l'appréciation  du  jury  une  série  de  belles  espèces,  parmi 
lesquelles  il  est  bon  de  signaler  : 


Abies  concolor. 

—  po)i*a. 

—  laaioearpa. 

—  numidica. 


Abies  cilicica. 
Retinospora  obtusa  aurea 
Cedrus  deodora  robusta. 
Cupressus  Udbeanaglau- 


Enjîelmatii     (iro>!       c«. 
fort  sujet).  i  JuDiperu8  rigida. 


Thuja  Lobbi. 
Thuyopsis  borealis. 
Taxus  variegdta  auroa. 
Abies  orientalis. 
—     Remonli,  etc. 


MM.  Morel  et  fils  prennent  part  à  deux  autres  concours  concer- 
nant les  Conifères  :  l'un  relatif  à  50  conifères  en  forts  exemplaires, 
où  chacun  a  pu  admirer  des  sujets  hors  ligne  ;  l'autre,  —  un  lot 
de  50  Biola  japonica  filifonnis,  —  d'une  culture  parfaite.  Celte 
plante  mérite  d'être  notée,  car  elle  est  très  décorative. 

Je  signalerai  encore,  à  cette  place,  du  même  exposant,  quelques 
collections  qui  n'ont  pas  rencontré  de  concurrents.  Ce  sont,  notam- 
ment : 


—   196  — 

1"  Une  collection  à'Ilcc  fort  remarquable  qui  comprenait  l'élite 
des  variétés  en  spécimens  d'une  belle  force; 

2"  Un  lot  et  une  collection  de  Bambous  ne  comptant  que  de 
bonnes  variétés  ; 

3"  Un  lot  de  20  Vucca,  parmi  lesquelles  on  remarquait  des 
espèces  peu  communes; 

4"  Un  lot  d'Erables  japonais,  —  ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  le 
genre  ; 

5"  Une  collection  de  50  Clématites  en  fleurs. 

Pinus.  —  Ije  programme  mentionnait  une  série  de  concours  re- 
latifs aux  différents  genres  de  Conifères.  Les  Pins  étaient  particu- 
lièrement bien  représentés.  La  collection  de  M.  Jacquier  fils,  hor- 
ticulteur à  Monplaisir,  était  composée  d'exemplaires  vigoureux 
dont  quelques-uns  de  forte  taille.  Parmi  les  espèces  intéressantes 
de  cette  collection  on  peut  citer  les  Pinus  Cembra,  Sabiniana,  Lam- 
bcrliana,  pungcns,  strobus  excelsa,  nana,  etc. 

Les  Biola,  Thiuja,  Chamwcij paris  du  même  exposant  ne  méri- 
tent que  des  éloges,  et  l'amateur  n'avait  que  l'embarras  du  choix 
pour  noter  les  plus  belles  variétés  de  ces  beaux  genres. 

Un  concours  qui  est  toujours  intéressant  c'est  celui  relatif  à  la 
collection  générale  d'arbustes  à  feuilles  persistantes.  Chaque  année 
M.  Cl.  Jacquier  fils,  nous  montre  sa  riche  collection  dans  ces  gen- 
res si  variés  ;  elle  comprend  plus  de  250  espèces  ou  variétés  parmi 
lesquelles  nous  notons  : 


Aucuba  Sieboldii. 
Carpenteria  californica. 
Ilex  aquifolium  hastata. 
Phillyrea  Vilmoreana. 


Hedera  latimaculata. 
Beiberis  elegans. 
Berberis  glauca,  etc. 


MM.  F.  Morel  et  fils  prenaient  également  part  à  ce  concours  et 
leur  collection  également  fort  nombreuse  comprend  des  plantes 
parmi  lesquelles  il  est  difficile  de  faire  un  choix.  Les  genres  Alaterne, 
Alisier,  Andromède,  Arbousier,  Aucuba,  Azalée,  Buis,  Cotoneas- 
ter.  Fusain,  Genêt,  Houx,  Laurier,  Mahonia,  etc.,  étaient  repré- 
sentés par  de  bonnes  et  nombreuses  espèces. 

31agiiolias.  —  Les  Magnolia  grandiflora  sont  certainement  les 
plus  beaux  arbres  à  feuilles  persistantes  qu'on  puisse  planter  dans 
les  jardins.  Ils  ont  non  seulement  un  port  élégant,  des  feuilles  lar- 
ges, longues,  coriaces  et  brillantes,  mais  ils  produisent  des  fleurs 
très  grandes,  blanches  et  odorantes.  Aussi  depuis  que  ce  genre  est 
connu  il  a  été  choyé  de  tous  les  amateurs.  MM.  Jacquier  fils  et  F. 
Morel  et  âls_en  avaient  chacun  un  lot  fort  joli  dont  je   regrette  de 


—    197  — 

ne  pas  avoir  pris  les  noms.  Cependant  autant  que  jepuis  me  le  rap- 
peler il  ui>;  soiiibio  uvuii'  \  u  il.;i,3  ces  do;.:.-  loLs  les  variétés  les  plus 
connues  telles  que  :  De  la  Gallissoniére,  Double  de  Nantes,  Précoce  du 
Mans,  etc. 

Aucuba.  —  M.  F.  Morel  et  M.  L.  Gorret  exposent  chacun  une 
collection  de  ce  beau  genre.  Les  variétés  ont  toutes  du  mérite,  mais 
les  suivantes  du  lot  de  M.  L.  Gorret  méritent  une  mention  spéciale: 
grandimacutala,  bicolor  elegans^  macropliylta  maculalaniaseiila  eifemimea 
(deux  plantes  nouvelles).  M.  Pitrat,  horticulteur  à  Vaise  et  M.  Re- 
vol  horticulteur  à  la  Guillotière  avaient  aussi  des  lots  d'Aucuba  très 
bien  cultivés. 

Evowjmus.  —  Les  Fusains  à  feuilles  persistantes  sont  générale- 
ment plus  communs  dans  les  cultures  que  la  plupart  des  autres 
genres  toujours  verts.  Ils  doivent  cette  faveur  d'abord  à  leur  beauté 
particulière  et  ensuite  à  la  facilité  de  leur  multiplication.  Aussi  leurs 
variétés  tendent-elles  chaque  jour  à  augmenter  en  nombre. 

Plusieurs  collections  se  disputent  les  prix.  J'ai  vu  dans  celle  de 
M.  Louis  Gorret,  horticalteur,  rue  du  Bourbonnais,  à  Lyon- Vaise, 
à  peu  près  toutes  les  variétés  connues  représentées  par  des  spéci- 
mens bien  cultivés.  J'ai  surtout  noté  : 


EvoDrmus  latifolia  alba   variegata. 
uuicropliyllus. 
pyramidalis. 

japonicus  aureo  maculala. 
—  —    variegata. 


Evonjmus  pulchsllu-. 

—  rotundifolias,  etc.,  etc. 

—  aurea  picta  stricta. 

—  albo  marginata. 

—  Silver  Germ. 


On  trouvait  également  de  très  belles  variétés  du  même  genre 
dans  le  lot  de  M.  Cl.  Jacquier  fils,  ainsi  que  dans  celui  de 
MM.  F.  Morel  et  fils. 

J'allais  terminer  la  revue  des  plantes  de  la  deuxième  section, 
lorsque  je  me  suis  aperçu  que  j'avais  oublié  les  lots  d'Ilcx  et  de 
Buxus  de  M.  Pitrat  et  le  beau  massif  de  Rhododendrum  que  M. 
Luizet  exposait  hors  concours,  et  surtout  les  jeunes  Figues  greffées 
exposées  par  M.  Grégoire,  de  Villefranche .  M.  Grégoire  a  trouvé 
le  moyen  de  greffer  les  vignes  françaises  sur  vigne  américaine  par 
un  procédé  très  expéditif.  Il  peut  livrer  en  godets  des  greffes  bien  et 
rapidement  soudées. 

Bosrs  cl  Iiosiers.  —  Une  Exposition  d'horticulture  à  Lyon  dans 
laquelle  la  Rose  ne  tiendrait  pas  une  place  prépondérante,  serait 
une  Exposition  incomplète.  Aux  noirs  résineux  et  à  la  verdure 
envahissante  des  plantes  de  serre,  dont  la  monotonie  deviendrait 
fatiguante  à  la  longue,  il  est  heureux  que  la  plus  séduisante  des 
fleurs  vienne  prêter  l'éclat  de  ses  couleurs  chatoyantes. 


—   198  — 

Cette  année,  la  saison  des  Roses  était  un  peu  en  retard,  mais 
malgré  cela,  il  y  en  avait  partout  et  do  belles,  je  ne  vous  dis  que 
ça.  Fleurs  coupées.  Rosiers  en  pot,  hautes  tiges,  basses  tiges, 
francs  de  pied,  greffés  rez-terre,  etc. 

Cinq  colleclions  générales  composées  d'un  nombre  effrayant  de 
variétés  étaient  en  présence  et,  comme  les  trois  déesses  du  mont 
Ida,  luttaient  pour  la  beauté.  On  a  pu  voir  sur  la  liste  des  récom- 
penses dans  quel  ordre  Paris,  c'est-à-dire  le  Jury,  les  avait  clas- 
sées sous  ce  rapport.  Je  n'y  reviendrai  pas. 

Dans  la  collection  do  M.  Alexandre  Bernaix,  horticulteur-rosié- 
riste  à  Villeurbanne  (Rhône),  renfermant  plus  de  liuil  ccius  variùih 
de  roses,  parmi  lesquelles  on  remarquait  beaucoup  de  nouveautés. 
Dans  les  hybrides  je  note  : 

Grandeur  of  Cheshunt,  Joseph  Métrai,  Lord  Bacon,  Madame  Wilson, 
Boileau,  Queen  cf  Queens,  Merveille  do  Ljon,  Duo  d'Edimbourg,  Turenne, 
Malame  Duoher,  Présiderit  Tliieis,  Lord  Macaulay. 

Thés  :  Madame  de  WaiteviUe,  Anna  Ollivier,  Edith  Gilforil,  Hortus 
Tolosanus,  Princess  of  WalL's,  Perle  des  Jardins,  Thérèse  Levet,  etc. 

Hybrides  de  thés  :  La  France,  Camoëns,  Distinction,  Lady  Mary  Filz- 
Wiiliam,   Madame    Alexandre  Bernaix,  eto. 

lle-Bourbo'i  :  Abbé  Girardin.  Malmaison  rouge,  Robusta,  Victoire 
Fontain.  .  etc. 

Puis  des  Mousseux,  Portlands,  Cent-Feuilles,  etc. 

Provins.  —  La  collection  de  Provins  de  M.  Bernaix  renfermait 

plus  do  vingt  variétés.  On  remarquait  surtout  : 

Belle  des  Jardins,  Cam;iïeu,  Commandant  Beaiirepaire,  Dometil  Beccard, 
Eulalie  Lebrun.  Mécèno,  Triuoloro  de  Flandre,  Perle  des  pariachées,  Mer- 
cedes, Pepiita,  La  neige,  Narcisse  de  Salvandy,  etc. 

La  collection  générale  de  M.  Pernet  fils-Ducher  était  fort  belle 
et  contenait  beaucoup  de  belles  variétés  obtenues  dans  l'établisse- 
ment. Je  note  : 

William  Allen  Richardson,  Perle  de  Ljor ,  M"'''  Welche,  Marie  Van 
Houtte,  Jean  Ducher,  Jules  Finger,  Edouard  Gautier.  Charles  de  Légrady, 
Aana  Ollivier,  Amazone,  Rêve  d'or,  Bou  \uet  d'or,  J.  Bernacohi,  Ville  de 
Ljon,  Gloire  de  Ducher,  Rosiciiste  Jacob. 

Et  dans  les  autres  varii'tcs,  on  a  reml)arras  du  choixpour  choi- 
sir les  plus  belles  telles  que  : 

Thérèse  Levet,  Vicomtesse  Decazes,  Rubens,  Reine  Marie  Henriette, 
Reine  des  Pays-Bas,  Perle  dos  jardins,  Niphetos,  Etoile  de  Lyon,  Beauté  de 
l'Europe,  Jean  Pernet,  Céline  Forestier,  La  France.  Boieklieu,  Baronne, 
Merveille  ds  Lyon,  Ferdinand  Chalïolte,  Abel  Carrière,  Louis  Van  Houtte, 
Capitaine  Christy,  etf. 


109 


El  comme  nouveautés  : 

André  Sehwartz,  Sunset,  M""  de  Watteville,  Grâce  Darling,  Ladj  Mary 
Fitïwilliam,  Alphonse  Soupert,  Julie  Gaulain,  Souvenir  de  Gambetta,  Henry 
Schultheis,  Bertha  Mackart,  Gloire  Lyonnaise. 

M.  Schwartz,  rosiériste,  route  de  Vienne,  exposait  avec  d'autres 
lots,  une  collection  très  complète  dans  laquelle  je  note  les  variétés: 


André  Schwartz. 
Etendard      de      Jeanne 

d'Arc. 
Gaston  Chandon. 
Sunset. 


M"""  de  Watteville. 
Comtesse  de  Pembroke. 
Aline  Rozey. 
Mme  patiny  de  Forest. 
Général  Appert. 


Yictoi'  Hugo. 

Alphonse  Soupert. 

Eclair. 

Antoine  Wintzer. 

Eéveil  du  Printemps. 


M.  Duché  jeune,  rosiériste  à'Ecully,  présentait  une  collection 
dont  les  variétés  bien  choisies  et  très  nombreuses  avaient  des  fleurs 
de  toute  beauté.  Il  faudrait  citer  la  plupart  de  ces  variétés.  Nous 
nous  bornerons  aux  suivantes  : 


Merveille  de  Lyon. 
M"""  E.  Verdier. 
Gloire  de  Bourg-la-Rei- 

ne. 
M"'«  Duuher. 


M"-"  de  Wateville. 

A.  Richardson. 

Souvenir  de  Gambetta. 

Eclair. 

Ma  Surprise. 


Gloire  Ij'onnaise. 
Etoile  d'or. 
M"""  Wilsoû. 
Souvenir  de  Rambaux. 
Etoile  de  Lyjn. 


La  collection  de  M.  Bonnaire,  rosiériste  à  Monplaisir,  se  faisait 
remarquer  par  le  bon  choix  des  sortes  exposées  et  comme  dans 
celles  de  ses  confrères,  l'amateur  était  fort  embarrassé  pour  noter 
les  variétés  les  plus  belles. 

Buses  de  semis  —  La  liste  des  récompenses,  publiée  dans  le  pré- 
cédent numéro  de  cette  revue,  a  mentionné  les  médailles  que  le 
juiy  a  accordées  aux  Roses  nouvelles  obtenues  cette  année  par  les 
rosiéristes  lyonnais  ;  on  a  pu  voir  qu'il  n'y  en  a  pas  eu  moins  de 
six,  dont  une  en  or,  plusieurs  en  vermeil  ou  en  argent.  Les  variétés 
exposées  feront  la  joie  des  amateurs,  car  la  plupart  méritent  une 
mention  spéciale.  Comme  nous  pensons  pouvoir  donner  un  jour 
les  descriptions  exacte.^  de  toutes  ces  nouveautés,  nous  n'en  dirons 
rien  de  plus  pour  le  moment. 

Collections  de  100  ef  de  50  roses.  —  Si  les  vrais  colleciionneurs 
préfèrent  admirer  les  lots  oîi  les  variétés  sont  très  nombreuses, 
combien  j'en  connais  qui  portent  de  préférence  leurs  regards  vers 
les  collections  qu'une  sélection  judicieuse  a  un  peu  réduites.  Là,  en 
effet,  le  choix  est  plus  facile.  De  nombreuses  nullités  ne  fixent  pas 
l'attention  au  détriment  des  plantes  de  choix. 

MM.  Dubreuil,  Duchet  et  J.-B.  Guillot  fîls.  prenaient  part  au 
concours  de  100  roses.  M.  Dubreuil,  rosiériste  à  Monplaisir,  qui 
a  mis  de  très  belles  roses  au  commerce,  obtient  le  premier  prix 
dans  ce  concours.  Je  note  dans  son  lot  : 


—  200  — 


Adrienne  Chiistophle. 
B  ■''  '  f  yotuiHise. 
Catherine  Mer  met. 
M"»    Chédoinb    Guinoi- 
."•eai. 


Rosiéristo  Ratnbaus. 
Thérèse  Levet. 
M""=  J.  Sisley. 
A. -M.  Montravel. 
Perle  d'or. 


Aaiiral  Courbet. 
Beitha  Macliard. 
Merveille  de  Lyon. 
Lord  Bacon,  oto. 


La  collection  des  50  plus  belles  roses  trouve  deii.x  exposants, 
MM.  A.  Bernaix  et  J.-B.  Guillot  fils. 

Celle  de  30  variétés  obtenues  par  l'exposant  n'en  trouve  qu'un, 
M.  J.-B.  Guillot  fils.  Ce  concours  n'était  pas  à  la  portée  de  tous, 
et  cela  se  comprend  ;  car  on  ne  met  pas  trente  belles  roses  au  com- 
merce en  peu  de  temps.  M.  Guillot  fils,  qui  est  un  des  meilleurs 
semeurs  lyonnais,  a  gagné  le  prix  dans  ce  concours. 

Rosiers  en  pois.  —  M.  Schwartz  prenait  part  à  trois  concours 
concernant  les  rosiers  en  pots  : 

1"  Collection  très  nombreuse  de  rosiers  nains,  comprenant  l'élite 
des  variétés,  parmi  lesquelles  je  cite  au  hasard  : 


Ch.  de  Legradj. 
Gabriella  Brevet. 
Baronne  de  Wermer. 


Fannj  Pauwels. 
Marie  de  Médicis. 
F.  Cavendish. 


Etendard  de  Lyon. 
Léoa  Gambetta,  etc. 


2°  Collection  de  300  variétés  de  rosiers  tiges  parfaitemen^ 
fleuris.  Ce  lot  était  très  beau  et  avait  dû  coûter  beaucoup  de  travaij 
à  son  propriétaire .  L'énumération  des  sortes  qu'il  contenait  nous 
mènerait  un  peu  loin,  je  me  bornerai  à  mentionner  : 


M'"^  Massicault. 
Violetie  Bouyer. 
Baronue  Blanche. 
Merveille  de  Lyon. 


M""'  Pierre  Oger. 
M"«  Isaac  Pereire. 
Niphetos. 
Perle  des  Jardins. 


William  Alen   Richard- 
son,  etc. 


3°  Collection  de  50  rosiers  remarquables  par  leur  développe- 
ment, qu'il  faudrait  tous  citer  ; 

4°  Collection  des  25  meilleurs  rosiers  pour  la  culture  en  pots, 
parmi  lesquels  on  trouvait  : 


Merveille  de  Lyon. 
Camcënj. 
La  France. 
Marie  Baumann. 


Jules  Margottin. 
Perle  des  Jardins. 
MalmaisoD. 
Etoile  de  Lyon. 


Jean  Liabaud. 
Ferdinand  Chaffolte,  etc. 


MM.  J.-B.  Guillot  et  fils,  rosiéristes  à  la  Guillotière,  présen- 
taient, cultivés  en  pots  : 

1°  Une  collection  de  rosiers  nains,  qui  était  fort  belle  et  surtout 
bien  composée  ; 

2°  Une  collection  de  25  rosiers  obtenus  par  l'exposant.  Si  on 
voulait  signaler  les  25  variétés  exposées,  on  trouverait  des  plantes 
de  grand  mérite,  des  plantes  qui  restent  dans  les  collections.  Une 
seule  :  La  France,  suffirait  à  illustrer  une  maison. 


—  201  — 

M.  Pernet  âls-Ducher,  qui  avait  une  si  belle  collection  de  roses 
en  fleurs  coupées  en  présentait  également  une  de  rosier  tige. 

M.  Gamond  et  M.  Dubreuil  prenaient  aussi  part  au  concours  de 
50  rosiers  en  forts  exemplaires  avec  de  beaux  spécimens  des 
variétés  les  meilleures  pour  ce  genre  de  culture. 

Plantes  cl  jlcurs  coupées.  —  Je  retrouve  MM.  F.  Morel  et  fils 
qui  exposent  une  collection  de  100  arbres  et  arbustes  en  rameaux 
coupés.  Ce  concours  est  fort  intéressant,  car  il  permet  aux 
amateurs  et  aux  jardiniers  d'apprendre  à  connaître  des  espèces  ou 
des  variétés  qui  ne  sont  pas  très  communes  dans  les  cultures  et 
qu'il  serait  difficile  de  présenter  autrement. 

MM.  Léonard  Lille  et  Beney,  marchands-grainiers  à  Lyon, 
exposaient  une  fort  belle  collection  de  plantes  vivaces.  J'avoue 
volontiers  que  j'aime  les  plantes  vivaces  — j'espère  que  cet  aveu 
ne  me  fera  pas  détester  de  mes  amis  —  que  l'on  proscrit  de  plus 
en  plus  des  jardins.  Mais,  Messieurs,  sans  les  plantes  printanières 
et  rustiques  vous  n'auriez  rien  dans  vos  jardins  de  février  à  juin, 
car  tous  vos  genres  à  la  mode  craignent  le  froid,  tremblent  et 
gèlent  à  la  première  bise  suspecte. 

Dans  le  lot  de  MM.  Lille  et  Beney  je  remarque  tout  une  série 
d'Antirrhinum,  d'Iris  variés,  d'Hesperis,  de  Saxifrages,  d'Iberis, 
de  Pavots,  de  Reseda,  d'Alstrœmeria,  de  Mignardises,  de  Delphi- 
nium  (très  beaux)  et  d'une  foule  d'autres  genres  qu'il  serait  trop 
long  d'énumérer. 

MM.  Rivoire  père  et  fils,  marchands-grainiers  à  Lyon,  qui 
avaient  de  beaux  lots  de  légumes  que  nous  mentionnerons  plus 
loin,  présentent  aussi  une  collection  de  fleurs  coupées  composée 
de  renoncules,  d'Anémones,  plusieurs  belles  variétés  d'Ixia  —  on 
remarquait  surtout  la  variété  viridiflora  qui  est  fort  curieuse  —  des 
Clarkia,  Gilia,  Nemophiles,   Dianthus,   Pyrethres,  Giroflées,    etc. 

Graminées  sèclies.  —  M.  Molin  exposait  une  collection  de  gra- 
minées sèches,  dont  on  fait  actuellement  un  si  grand  usage  dans 
l'ornementation  des  salons.  Il  y  avait  là  des  espèces  étrangères  à 
la  flore  d'Europe,  qui  ont  été  fort  admirées. 

En  dehors  de  sa  collection,  M.  Molin  présentait  des  bouquets  de 
fleurs  sèches,  des  panaches  de  Gynerium  et  une  foule  d'autres 
inflorescences  habilement  assemblées. 

Si  je  mentionne  encore  les  beaux  Pétunias  de  M.  Guillet  et  les 
Pensées  de  M.  Boucharlat  jeun-i,  présentées  en  fleurs  coupées, 
il  ne  me  restera  plus,  pour  régler  le  compte  des  plantes  d'orne- 
ment, qu'à  parler  des  bouquets,  couronnes,  surtouts,  etc. 


—  202  — 

Là,  il  y  a  eu  une  lutte  terrible  :  un  des  concourrants  a  roulé  sous 
la  table  et  a  disparu;  l'exposition  des  deux  autres  a  fait  la  joie  de 
ceux  qui  se  plaisent  à  contempler  les  fleurs  groupées  avec  art.  Et 
qu'on  ne  s'y  trompe  pas,  c'est  un  art  fort  difficile  que  celui  de 
faire  un  bouquet.  Il  faut  non-seulement  connaître  l'harmonie  des 
couleurs,  mais  posséder  ce  sentiment  artistique  que  définit  vague- 
ment la  loi  des  contrastes. 

MM.  Combet-Cordier  et  M.  Musset,  fleuristes  à  Lyon,  avaient 
réuni  dans  leurs  lots  tout  ce  qu'on  peut  voir  de  plus  beau  et  de 
plus  élégant.  Mes  compliments,  mesdames  et  messieurs. 

^jme  jvfoirot,  successeur  de  M™"  Jacquin,  ne  présentait  que  trois 
bouquets,  mais  qu'ils  étaient  jolis  et  qu'ils  ont  dû  faire  envie  aux 
visiteurs.  {^suivre.)      V.  V.  M. 

ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de    la    séance    du    16    mai    i885 ,    tenu*    dans    la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyoo. 

Présidence  de  M.  B.  Comte,  vice-présideat. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  réunion  qui  est  lu  et  adopté  sans  obsorTations. 

Correspondance. — M.  le  Secrétaire  général  procède  au  dépouillement  de 
la  correspondance  qui  se  compose  de  : 

1»  Une  lettre  delà  Société  d'horticulture  de  Chalon-sur-Saône  demandant 
la  nomination  d'un  membre  de  notre  Compagnie  pour  faire  partie  du  Jury 
chargé  d'attribuer  les  récompenses  à  l'Exposition  qu'elle  organise  à  Chalon, 
et  dont  l'ouverture  est  ûxée  au  24  juin  prochain.  Pour  répondre  favorable- 
ment à  la  demande  de  la  Société  d'horticulture  de  Chalon-sur-Saône,  M.  le 
Président  désigne  M.  A.  Bernaix  pour  représenter  l'Association  horticole 
Ijonnaise. 

2°  Une  lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  d'horticulture  et  de  bota- 
nique de  Marseille  remerciant  notre  Société  d'avoir  bien  voulu  désigner 
notre  collègue  M.  Pitaval  pour  la  représenter  comme  membre  du  Jurj  de 
l'Exposition  qu'elle  organise  à  Marseille  pour  le  mois  de  mai  courant. 

3°  Une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  demandant  à  M.  le  Prési- 
dent de  lui  faire  connaître  le  nom  du  délégué  que  l'Association  horticole 
lyonnaise  aura  choisi  pour  la  représenter  et  prendre  part  à  la  délibération 
dans  laquelle  les  délégués  des  Sociétés  et  des  Comices,  les  membres  du  Jury 
et  les  exposants  du  Concours  discuteront  et  proposeront  les  modifications  ou 
améliorations  qu'il  conviendrait  d'apporter  au  programme  du  Concours 
agricole  de  l'année  prochaine.  M.  Jules  Chrétien  est  nommé  délégué  pour 
représenter  l'Association  horticole  lyonnaise. 

4°  Une  lettre  de  M.  le  Préfet  du  Rhône  informant  M.  le  Président  que 
M.  le  Ministre  de  l'agriculture  a  accordé  à  notre  Société  une  subvention  de 
550  francs  à  distribuer  en  primes  à  l'horticulture.  Des  remercîments  unani- 
mes sont  votés  par  l'assemblée  à  M.  le  Ministre  de  l'agiiculture. 

5°  Une  lettre  de  M,  le  Président  de  la  Fédération  des  Sociétés  lyonnaises 
de  gymnastique  demandant  à  l'Association  horticole  lyonnaise  de  vouloir 
bien  prendre  part  à  la  souscription  que  ces  Sociétés  ont  ouvertes  pour  ache- 
ter des  prix  et  donner  plui  d'éclat  à  la  iéte  qu'elle  donneront  à  Lyon  les  24 


—  203  — 


et,  25  mai  courant.  L'Assemblée  consultée  vote  une  médaille  de  vermeil  pour 
les  Concours  de  gymnastique  or^'anisés  pir  la  Fédération  das  Sociétés  de 
notre  ville. 

Publications.  —  M.  le  Secrétaire  général  signale  les  diverses  publications 
illustrées  ou  autres  que  l'Association  a  reçues  depuis  sa  dernière  réunion  ; 
et  fait  circuler  celles  qui  sont  le  plus  particulièrement  intéressantes  il  men- 
tionne en  outre  : 

1*  Le  programme  du  Congrès  international  d'horticulture  qui  se  tiendra 
à  Paris  le  25  mai  courant  ; 

2°  Le  programme  de  l'Exposition  que  la  Société  d'horticulture  de  Chalon- 
sur  Saône  ouvrira  en  cette  ville  le  24  juin  prochain  ; 

3°  Un  numéro  du  Bulletin  de  la  Société  d'/iorticulture  de  Genève;  enfin, 
une  brochure  intitulée  :  La  Boite  de  Pandore,  dont  l'auteur,  M.  A  Massart, 
fait  hommage  à  notre  Compagnie. 

Présentations.  —  Quatre  candidats  au  titre  de  membre  titulaire  sont  pré- 
sentés pour  faire  partie  de  notre  Société.  Conformément  au  règlement,  il 
sera  statué  sur  l'admission  de  ces  membres  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Après  un  vote  de  l'Assemblée,  M.  le  Président  proalame 
membres  titulaires  de  l'Association  horticole  lyonnaise  les  candidats  présen- 
tés à  la  précédente  réunion. 

Ce  sont  MM.  : 

Pétraz  (Francisque),  horticulteur-pépiniériste,  à  Ambérieu  (Ain),  présenté 
par  MM.  Cl.  Jacquier  fils  et  Molin. 

Ponthus,  négociant,  rue  Bourbon,  8,  Ljon,  présenté  par  MM.  Nicolas  et 
Liabaud. 

Perria  (François),  jardinier  chez  M.  Causse,  membre  du  Conseil  général 
du   Rhône,  à  Charbonnières   (Rhône). 

Monroy  (Michel),  jardinier  à  Déûines  (Isère),  présenté  par  MM.  Bernaix 
(Al.)  et  Viviand-Morel. 

Faure-Carilhan,  juge  suppléant  à  Villefraaohe  (Rhône),  présenté  par 
MM.  Hoste  et  Viviand-Morel. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

1»  Par  M.  Pernet  fils-Ducher,  un  lot  remarquable  de  Pivoines  fleuries 
(fleurs  coupées),  parmi  lesquelles  se  faisait  distinguer  le  superbe  gain  de  cet 
établissement  :  Souvenir  de  Duckcr, 

Les  autres  variétés  de  Pivoines  en  arbre  étaient  : 


Fragrans  maxima. 

Kliazi. 

Adèle  de  Cursy. 

Kaiser  Léopold. 

Rinzi. 

Rosa  mundi. 

Van  der  Maelen. 

Desjanir. 


Maris. 

Colonel  Malcoun. 

Leopoldo. 

Impératrice  Joséphine. 

Lactea. 

Van  Houitei. 

Madaaie  de  Montmarin. 

Archiduc  Ludovic. 


Madame  de  Watry. 
Maria  Theresa. 
Robert  Fortune  (Chine). 
Orgueil      d      Hong-Kong 

(Chine). 
Vivid  (Chine). 
Osiris  (Chine), 
Salmonea  (Chin*^), 

2»  Par  M.  Clapot,  maraîcher,  une  série  complète  des  légumes  de  la  saison 
remarquables  par  leur  volume,  principalement  la  Bette  blonde  à  cardes  bl^n- 
ches  et  le  Poireau  de  Rouen,  qui  étaient  d'une  grosseur  exceptionnelle. 

3»  Par  M.  A.  Bernaix,  rosiériste  à  Villeurbanne  (Rhône),  une  belle  collec- 
tion de  roses  qui  étaient  fort  jolies  malgré  la  saison  encore  peu  avancée; 
étaient  particulièrement  remarquables  : 

Boses  Noisette  :  Joseph  Barnacchi,  Reine  Olga  de  Wurtemberg,  William, 
A.  Richardson,  Madame  Eugène  Mallet,  Rêve-d'or,  Céline  Forestier,  etc. 
—  Hybrides  de  Thé  :  Cheshunt,  beau  coloris  rose  carminé  teinté  cerise. 
Madame  Alexandre  Bernaix,  etc.  —  Hybrides  de  noisette  :  Madame  Alfred 
Carrière.  —  Roses  Thé  :  Balle  Lyonnaise,  Maréchal  Niel  ;  une  fleur  de  cette 


204  — 


dernière  variété  était  surtout  remarquable  par  sa  grandeur  et  son    beau 
coloris  jaune  foncé. 

4°  Par  M"'  veuve  Cl.  Joly,  horticulteur  à  Monplalsir,  un  lot  de  dix  varié- 
tos  nouvelles  de  Bégonias  rex  obtenus  dans  son  établissement  et  récompensés 
d'une  médaille  en  1884  par  une  Commission  spéciale  nommée  par  TAssocia- 
tion  horticole  lyonnaise.  Ces  variétés  seront  mises  au  commerce  le  10  juin 
prochain  et  portent  les  noms  suivants  : 


Président  Dutailly. 
Madame  Gsulain. 
Capitaine  Locard. 
M.  Viviand-Morel. 
M.  Jules  Chrétien. 


M.  Hoste. 

Madame  Muzatier  Cerdon. 
Madame  Rivoire  jeune. 
Madame  Devillat. 
Souvenir  du  Père  Joly. 

5»  Par  MM.  Rivoire  père  et  fils,  marchands-grainiers  à  Lyon,  deux  potées 
de  NemnphUa  atnmoria  et  de  Phacelin  campnnularia.  Cette  dernière  plante, 
qui  est  d'un  charmant  effet  décoratif,  peut  s'employer  ea  plein  air,  en  cor- 
beilles ou  isolément;  à  cet  apport  était  joint  un  bouquet  de  nombreuses  et 
fort  jolies  variété  de  Némophiles. 

G"  Par  M.  Fr.  Morel,  horticulteur  à  Lyon-Vaise,  un  lot  de  choix  de 
Pivoines  en  arbre  en  fleurs  coupées  d'un  effet  superbe  ;  ce  sont  : 


Comte  de  Flandre. 

Lactea. 


Athlète.  Comte  de  Rambuteau. 

Bijou  de  Chusan.  Rosa  miuidi. 

Elisabeth.  Louise  Mouchelet. 

Madame  Lafay.  Madame  de  Wattry. 

•  7°  Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin  (Rhône),  une  potée 
de  Pétunia  double  panaché,  d'une  jolie  forme,  qu'il  a  obtenue  de  semis  et 
couverte  de  fleurs  ou  de  boutons. 

8°  Par  M.  Viviand-Morel,  au  nom  de  M.  Nicolas,  marchand-grainier  à 
Lj'on,  un  spécimen  d'étiquette  d'une  composition  inaltérable  à  l'humidité  et 
à  la  chaleur. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  Rivoire  fils,  Berthier  et  Pelletier  pour  les  légumes  ;  de  MM.  Barret, 
Boucharlat  aîné  et  Bellisse  pour  les  fleurs  et  autres  apports. 

Après  examen,  ces  Commissions  proposent  d'accorder  à  : 

M.  Clapot,  une  prime  de  l''°  classe  pour  son  apport  de  légumes. 

M.  Pernet  fils-Ducher,  une  prime  de  1"  classe  pour  ses  Pivoines,  et  men- 
tion spéciale  pour  la  variété  Souvenir  de  Ducher. 

M.  A.  Bernaix,  une  prime  de  l'^  classe  pour  ses  roses. 

M.  Fr.  Morel,  une  prime  de  1"  classe  pour  fes  Pivoines,  et  mention  spé- 
ciale des  variétés  Osiris  et  Bijou  de  Chusan. 

^niB  ye  Cl.  Joly,  une  prime  de  l''''  classe  pour  ses  Bégonias  rex. 

MM.  Rivoire  père  et  fils,  une  prime  de  2°  classe  pour  leur  Phacelia. 

M.  Verne,  une  prime  de  3'  classe  pour  son  Pétunia. 

Rektivement  à  l'étiquette  présentée  par  M.  Nicolas,  la  Commission 
demande  qu'elle  soit  soumise  à  une  autre  Commission  qui  serait  chargée  de 
justifier  de  sa  durée  dans  les  diverses  conditions  climatériques  où  elle  doit 
être  exposée. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

L'ordre  du  jour  portant  la  nomination  d'une  Commission  chargée  de  faire 
les  visites  pour  les  Concours  spéciaux  en  1885,  l'Assemblée  consultée  décide 
qu'il  y  a  lieu  de  renvoyer  cette  nomination  à  la  prochaine  réunion.  Elle  fixe 
également  à  l'ordre  du  jour  de  sa  prochaine  séance  une  question  horticole 
pleine  d'actualité  :  Quelle  peut  être  l'influence  de  la  culture  sur  l'asperge  en 
tant  que  grosseur  et  qualité  ? 

M.  le  Président  remet  les  diplômes  de  primes  aux  personnes  qui  les  ont 
obtenus  et  donne  la  parole  à  M.  Pitaval  au  sujet  d'une  décision  du  Conseil 
demandant  à  l'Assemblée  qu'elle  statue  d'urgence  sur  l'achat  des  accessoires 
nécessaires  pour  l'exposition  convenable  des  apports  sur  le  bureau. 


_  205  — 

L'Assemblée,  reconnaissant  l'insuffisanca  des  moyens  employés  jusqu'à 

présent,  donne,  par  un  vote,    plein  pouvoir  au  Conseil  d'administration  dd 

faire  acheter  ou  confectionner  tous  ustensiles  qu'il  jugera  nécessaires  pour 

recevoir  convenablement  tous  les  apporta  qui  seront  soumis  à  son  examen. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Lyon,  10  mai  1885. 

Le  Secrétaire  adjoint,  J.  Puvilland. 


Lychnis  (Lampette). 


Le  mot  Lychnis  tire  son  origine  de  tuchnos,  lampe,  que  les  Grecs 
avaient  donné  à  une  plante  de  la  famille.  Mais  que  de  vicissitudes 
ce  malheureux  genre  Lychnis  a  eu  à  subir  depuis  sa  création.  On 
lui  a  successivement  enlevé  le  plus  grand  nombre  de  ses  espèces 
pour  en  faire  des  Silè)w,  des  Jyrosiemma,  des  Fiscaria,  des  Corona- 
riUf  des  Pelrocoptis  et  une  foule  d'autres  genres.  Actuellement  la 
flore  française  ne  mentionne  plus  comme  indigène  que  les  Lychnis 
(los  cuculi^  flos  jovis  et  coronoria;  encore  quelques  auteurs  ont-ils 
trouvé  le  moyen  de  créer  le  genre  Coccijgantlic  pour  le  L.  flos  cuciili 


—  206  — 

et  le  genre  Coronaria  pour  le  Lychnis  coronaria,  de  telle  sorte  que 
par  voie  d'élision  la  riche  cohorte  lychnidienne  se  trouve  réduite 
à  sa  plus  simple  expression. 

Cependant  il  fut  un  temps  où  les  Lychnis  brillaient  du  plus  vif 
éclat.  On  en  citait  les  espèces  comme  des  merveilles  d'élégance  et 
on  les  appelait  :  Rose  du  Ciel,  OEillel  de  Dieu,  Fleur  de  Jupilcr,  Croix 
de  Malle,  Passe  fleur,  etc.  On  les  cultivait  dans  tous  les  jardins, 
qu'ils  ornaient  aussi  bien,  sinon  mieux,  qu'une  foule  d'autres  plan- 
tes qui  les  ont  remplacés.  Les  collections  de  Lycluiis  ont  été  à  peu 
près  abandonnées. 

Cependant  on  fait  encore  des  massifs  de  Lychnis  viscaria,  soit  de 
la  variété  à  fleur  simple,  soit  de  celle  à  fleur  double.  On  emploie 
encore  pour  le  même  usage  le  Lychnis  cwU-rosa. 

Parmi  les  plus  remarquables  que  j'ai  cultivés  autrefois,  le  Lych- 
nis grandiflora  arrive  en  première  ligne.  C'est  une  fort  belle  plante 
vivace,  originaire  de  la  Chine,  dont  les  grandes  fleurs  écarlates 
arrivent  en  juin-juillet.  Il  y  a  bien  longtemps  que  je  n'ai  pas  eu 
le  plaisir  delà  revoir.  Le  dessin  ci-contre,  considérablement  réduit, 
n'en  donne  qu'une  faible  idée. 

Le  Lychyiis  chalcedonica,  plus  connu  sous  le  nom  de  Croix-de- 
Malte,  est  encore  dans  tous  les  jardins.  Mais  pourquoi  n'y  voit-on 
plus  que  très  rarement  les  belles  variétés  de  Lychnis  coronaria,  — 
simples,  doubles,  blanches,  roses  et  rouges?  —  Pourquoi  a-t-on 
laissé  aussi  le  Lychnis  jlos-jovis,  que  je  rencontre  toujours  avec 
plaisir  dans  mes  herborisations  de  hautes  montagnes?  C'est  une 
bien  belle  plante  dont  la  culture  n'est  pas  difficile  et  qui  ,  malgré 
ses  stations  alpines  ne  craint  nullement  d'être  transplantée  dans  les 
plaines.  Et  ce  beau  Lychnis  fulgens,  que  nous  devons  à  la  Sibérie, 
pourquoi  est-il  devenu  si  rare. 

Ah  !  la  mode,  sous  prétexte  de  nouveauté,  est  une  marâtre  qui, 
comme  Saturne,  dévore  une  partie  de  ses  enfants:  elle  passe,  ou 
plutôt  nous  fait  passer  notre  existence  à  trouver  ridicule  aujour- 
d'hui ce  que  nous  trouvions  superbe  la  veille. 

Heureusement  qu'il  y  a  encore  de  rares  amateurs  qui  ne  se  lais- 
sent pas  éblouir  par  le  clinquant  de  certaines  nouveautés  et  qui 
conservent  précieusement  dans  leurs  jardins  les  belles  plantes  d'au- 
trefois. Heureusement  encore  qu'il  suffit  au  botaniste  de  gravir  les 
montagnes  pour  arracher  à  leurs  altitudes  élevées  les  espèces, 
qu'en  jardiniers  négligents  ou  volages,  nous  aurons  laissé  perdre. 

Ch.    L. 


—  «07  — 
CALENDRIER  HORTICOLE 


fiésumi'  (h's  Iraraux  et  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 

JUILLET 

Culture  potagère. — Les  travaux  relatifs  à  la  culture  potagère 
se  divisent,  en  juillet,  en  deux  catégories  :  on  sème  encore  tous 
les  légumes  qui  peuvent  être  récoltés  avant  les  gelées  et  on  com- 
mence le  semis  de  quelques-uns  qui  ne  seront  consommés  qu'au 
printemps  prochain. 

Dans  la  première  série,  on  peut  indiquer  : 

Carottes,  Scaroles,  Cornichons,  Haricots,  Laitues,  Navets, 
Radis,  Chicorées  frisées  et  autres,  et  toutes  les  fournitures  :  Persil, 
Cerfeuil ,  Céleri  à  couper ,  Chicorée  sauvage  ,  Cresson  alénois, 
Roquette,  etc. 

Dans  la  deuxième  série  :  Choux  (divers),  Oignons  blancs.  Poi- 
reaux,  Poirée  (Bette),  Pissenlit. 

Jardin  d'agrément.  —  On  peut  commencer  à  relever  les  oignons 
à  fleurs  dont  les  feuilles  sont  desséchées  ;  si  on  ne  veut  pas  les 
relever,  il  faut  soigneusement  marquer  les  places  qu'ils  occupent, 
afin  de  ne  pas  les  endommager  plus  tard  en  labourant  le  terrain. 
On  remplace  les  massifs  printaniers  par  d'autres  plantes  œstivales  : 
Pétunias,  Verveine,  Phlox  Drumraondi,  Coreopsis,  etc.  On  peut 
marcotter  les  Œillets  et  bouturer  les  sommités  des  Chrysanthèmes, 
si  on  veut  obtenir  des  plantes  naines.  On  peut  également  commen- 
cer, à  l'ombre,  le  premier  semis  de  Pensées  qui  fleurissent  en 
automne. 

C'est  le  bon  moment  pour  semer  toutes  les  graines  de  plantes, 
arbres  ou  arbustes  durs  à  germer,  tels  que  :  Lauréolc,  Pivoines, 
Aconit,  Smilax,  Rosiers  sauvages,  Ruscus,  Muguet,  Gouet,  et  en 
général  toutes  les  grames  de  bonne  qualité  qu'on  aura  reconnu 
pour  être  d'une  germination  difficile.  On  doit  semer  toutes  les 
vraies  bisannuelles  et  la  plupart  des  plantes  vivaces. 

Jardin  fruitier.  —  On  continuo  les  pincements,  et  le  Pécher  en 
espalier  doit  être  l'objet  des  soins  continuels  du  jardinier.  On  com- 
mence la  récolte  des  premières  poires.  On  doit  se  souvenir  que  la 
plupart  des  variétés  de  Poirier  sont  préférables  récoitécs  tin  peu 
avant  leur  maturité. 

Serres  et  châssis.  —  Les  serres  chaudes  seules  contiennent  encore 
des  espèces  auxquelles  on  ne  marchande  généralement  pas  les 
arrosements,  les  seringages  et  une  aération  suffisante.  11  y  a  pour- 
tant des  sortes  qui  se  reposent  dans  ce  moment  et  demandent  à  être 


—  -268  — 

ménagées  On  s'aperçoit  qu'une  espèce  veut  entrer  en  repos  quand 
malgré  la  chaleur  et  l'humidité  qu'on  lui  fournit  elle  persiste  à  ne 
pas  végéter  vigoureusement  ;  on  remarque,  du  reste,  chez  les  sortes 
de  cette  catégorie  un  ralentissement  graduel  de  la  végétation. 
Quand  ce  sont  des  plantes  tlorales,  l'époque  qui  suit  la  maturité  des 
graines  coïncide  généralement  avec  la  période  de  repos. 

On  doit  profiter  des  moments  de  la  journée  où  les  travaux  de 
jardins  sont  très  pénibles,  à  cause  des  fortes  chaleurs  qui  régnent 
habituellement  à  cette  époque,  pour  exécuter  les  réparations  de 
vitrerie  et  de  peinture  dont  les  châssis  ont  besoin.  On  évitera,  si 
l'on  peut,  de  laisser  les  cotfres  en  plein  air,  car  les  alternatives  de 
chaleur  et  d'humidité  les  détériorent  très  rapidement. 


PLANTES  NOUVELLES.  —  CATALOGUES 


Léonard  Lille  et  Beney,  horticulteurs  grainiers,  7  et  9,  cours  Morand,  à 
Lyon.  —  Prix-couraot  général  d'oignons  à  fleurs  et  de  graines  diverses  à 
semer  en  juillet  et  mois  suivant  :  Collections  très  complètes  dans  les  genres  : 
Amaryllis,  Anémones,  Fritillaires,  Crocus,  Jacinthes,  Cyclamen,  Iris,  Ixia. 
Jonquilles,  Narcisses,  Tulipes,  Perce-Neige,  Tritoma,  Tropeolum,  etc.  Fian- 
çons de  Primevère  de  Chine  et  de  Cinéraires  hybrides,  Coutellerie  et  acces- 
soires horticoles,  étiquettes,  mastic  à  greffer,  etc. 


Avis  auxMembres  de  l'Association  Horticole  lyonnaise 


Messieurs  les  Sociétaires  qui  n'ont  pas  encore  soldé  le  montant  do  leur 
cotisafiou  de  l'Année  1.^85,  sont  informés  que  M.  Jacquier,  trésorier 
de  l'Association  horticole  lyonnaise  leur  adressera  sous  peu,  par  la  poste,  un 
mandat  de  12  francs,  montant  de  la  cotisation  susdite.  Nous  prions  nos 
collègues  de  réserver  un  bon  accueil  à  ce  mandat. 


Concours  établis  par  l'Association  horticole  lyonnaise 


AVIS.  —  Les    personnes   qui    désirent  prendre   part   cette  année    aux    concours 
spéciaux,    devront   adresser   leur  demande  à  M.   Viviand-Morel,  cours  Lafajettc! 
prolongé,  61,  à  Villeurbanne-lès-Lyon,    avant  le  15  juillet  prochain. 
Voir  pour  les  conditions  des  Concours,  Lyon-Horticole  n»  10,  année  1885. 


Le  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 


Lyon.   —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  JUILLET  N"     13 


CHRONIQUE 


Tarifs  à  laxe  kilométrique  décroissante.  —  Mes  pères,  disait  Pascal. , . 
0  disciples  d'Escobar,  de  Nonotte  et  dePatouillet!  0  vénérables, 
illustres  et  majestueuses  Compagnies  de  chemins  de  fer!  vous  avez 
pensé  que  nous  étions  de  purs  imbéciles,  d'indignes  crétins  ;  qu'on 
pouvait  non-seulement  nous  tondre  proprement,  mais  nous  écor- 
cher  avec  grâce,  le  sourire  aux  lèvres,  sans  nous  faire  crier;  qu'il 
suffisait,  avant  de  passer  à  la  caisse,  de  dire  gravement  que  vous 
ne  désiriez  que  notre  bien,  —  vous  ne  mentiez  pas,  mes  pères.  — 
Que  vous  vouliez  prendre  nos  intérêts,  —  cela  ne  fait  pas  l'ombre 
d'un  doute  ;  —  que  nous  étions  de  braves  gens,  d'excellents 
citoyens  payant  l'impôt  et  craignant  Dieu  ;  de  bons  pères  de 
famille,  de que  sais-je  quoi  encore? 

Eh  bien  !  non,  ça  n'a  pas  pris,  et  les  tarifs  à  taxe  kilométrique 
décroissante  ne  seront  pas  homologués  ou,  s'ils  le  sont,  ce  sera 
malgré  nous,  entendez-le  bien,  Grandes  Compagnies. 

Décroissante...  on  croit  rêver.  Voilà  où  en  est  arrivé  la  langue 
française.  La  taxe  décroît,  mais  les  prix  de  transport  augmentent. 
Singulier  résultat. 

En  deux  mots,  voici  l'histoire  :  Depuis  longtemps,  les  horticul- 
teurs qui  payent  fort  cher  les  transports  des  végétaux  par  chemin 
de  fer,  demandaient  sur  tous  les  tons  l'abaissement  des  tarifs. 
Pétitions  d'ici,  réclamations  de  là,  tous  les  moyens  furent  employés, 
et  en  haut  lieu  on  finit  par  s'occuper  de  la  question.  On  s'en 
occupa  tellement  bien,  qu'il  faudrait  presque  actuellement  recom- 
mencer une  campagne  pour  prier  ces  messieurs  de  bien  vouloir 
nous  laisser  tranquille. 

M.  Baptiste  Desportes,  directeur  de  l'établissement  André  Leroy, 
à  Angers,  a  traité  ce  sujet  à  fond  et  publié   un  travail  important 


—  210  — 

qui  a  servi  de  base  à  la  discussion  qui  s'est  engagée  sur  cette 
question  au  congrès  international  d'horticulture  qui  s'est  tenu  der- 
nièrement à  Paris.  M.  Desportes  a  clairement  démontré  que  dans 
la  plupart  des  cas  l'application  des  tarifs  à  taxe  kilométrique 
décroissante,  grèveront  le  transport  des  produits  horticoles  de 
charges  nouvelles  assez  considérables. 

L'Association  horticole  lyonnaise,  réunie  en  assemblée  générale, 
a  décidé  à  l'unanimité  des  membres  présents  qu'elle  s'associait  à 
M.  Desportes  et  aux  membres  du  congrès  pour  prier  M.  le  mi- 
nistre de  refuser  l'homologation  des  nouveaux  tarifs  proposés  par 
les  Compagnies  de  chemins  de  fer  et  d'obtenir,  avec  une  sage 
révision,  l'unification  des  tarifs  pour  toutes  les  Compagnies. 


Des  arrosements  pendant  les  fortes  chaleurs.  —  Il  semble  tout  à  fait 
naturel,  quand  le  thermomètre  marque  30"  centigrade  à  l'ombre, 
que  le  soleil  darde  perpendiculairement  ses  raj'ons  sur  les  feuilles, 
que  l'évaporation  est  considérable,  il  semble  très-naturel,  dis-je, 
de  penser  que  de  vigoureux  arrosements,  de  l'eau  à  profusion  ne 
pourront  que  favoriser  la  végétation  et  aider  les  plantes  à  résister 
à  l'action  de  ces  hautes  températures.  C'est  une  grave  erreur  dans 
beaucoup  de  cas. 

Les  végétaux  sont  organisés  physiologiquement  pour  vivre  sous 
des  zones  et  des  climats  divers  ;  sous  le  même  climat,  il  y  a  des 
espèces  qui  se  plaisent  dans  les  terrains  frais,  comme  il  y  en  a 
d'autres  qui  recherchent  les  sables  secs  ou  les  rochers  arides.  Les 
unes  aiment  l'humidité  (espèces  hygrophiles)  ;  les  autres  la  séche- 
resse (espèces  xérophiles),  et  dans  beaucoup  de  cas,  —  principa- 
lement pour  les  espèces  vivaces  ou  arborescentes,  —  alternative- 
ment la  sécheresse  et  l'humidité.  Les  espèces,  —  je  ne  connais 
pas  beaucoup  d'exception  à  la  règle,  —  aiment  l'humidité  pour 
développer  de  nouveaux  tissus  et  ne  craignent  pas  la  sécheresse 
pour  élaborer  chimiquement  dans  leur  mystérieux  laboratoire  les 
substances  alimentaires  qu'elles  y  ont  déposées  à  la  hâte. 

Le  jardinier  doit  donc  se  guider  sur  ces  règles  physiologiques. 

Une  espèce,  après  avoir  poussé  vigoureusement  (ce  qui  indique 
que  le  sol  et  le  climat  lui  convenaient),  ralentit-elle  sa  végétation  au 
moment  des  fortes  chaleurs,  c'est  un  signe  presque  certain  qu'il 
faut  très  peu  l'arroser. 

La  plante  qui  est  en  pleine  végétation  au  moment  où  il  fait 
très  chaud  et  qui  semble  souffrir  de  cet  excès  de  chaleur,  demande 
à  ce  moment  un  arrosage  modéré.  Des  bassinages  matin  et  soir, 
l'arrosement  de  la  surface  du  sol  avoisinant  lui  aideront  mieux  à 
passer  la  période  difficile,  que  des  arrosements  abondants. 


—  211  — 

Mais  trompez  ferme  toute  espèce  qui  (lemaiide  beaucoup  do  clia- 
leur  pour  se  développer  et  dont  c'est  l'épo(iue  de  développement. 

Mouillez  toujours  à  fond  les  plantes  quand  vous  arrosez;  il  vaut 
mieux  n'arroser  que  tous  les  trois  ou  quatre  jours  comme  il  con- 
vient, que  d'arroser  à  moitié  et  à  tout  propos,  souvent  hors  de 
propos. 

Les  espèces  qui  ont  fleuri  et  qui  ne  remontent  pas  ne  craignent 
généralement  pas  la  sécheresse. 

Les  plantes  grasses  aiment  beaucoup  l'eau  pendant  les  fortes 
chaleurs,  contrairement  à  ce  que  beaucoup  de  gens  s'imaginent. 

Les  bulbeuses  qui  ont  fleuri  doivent  être  tenues  au  sec. 

Les  Pelargoniums  à  grandes  fleurs  ne  recevront  que  très  peu 
d'eau. 

Les  plantes  d'Algérie,  de  Tunisie,  du  Maroc,  de  la  région  médi- 
terranéenne, des  Canaries,  des  Açores,  j'entends  les  plantes  indi- 
gènes vivaces,  craignent  pour  la  plupart  les  arrosements  à  cette 
époque  de  l'année. 

En  résumé,  tenez  au  sec  les  plantes  au  repos;  trempez  modé- 
rément celles  qui  craignent  la  chaleur  ;  mais  arrosez  à  fond  celles 
qui  paraissent  se  développer  vigoureusement. 

Escarbilles  de  coke.  —  Depuis  fort  longtemps  on  a  conseillé 
l'emploi  du  charbon  de  bois  pour  maintenir  la  fraîcheur  et  Thumi- 
dité  dans  la  terre  qui  sert  au  rempotage  de  certaines  plantes  de 
serre  telles  que  :  Orchidées,  Aroïdées,  Fougères,  Broméliacées  et 
autres.  Il  y  a  une  centaine  d'années  que  Tatin  signalait  le  même 
charbon,  saturé  d'humidité  par  un  procédé  spécial,  comme  très 
favorable  à  la  réussite  des  plantations  dans  les  terrains  secs  ;  mais 
malgré  les  bons  résultats  donnés  par  cette  pratique,  elle  n'a  pas, 
peut-être  à  tort,  rencontré  beaucoup  d'adhérents. 

Il  est  clair  que  les  végétaux  auxquels  l'humidité  est  indispen- 
sable ne  peuvent  que  profiter  de  celle  que  certains  corps  tels  que 
le  charbon  de  bois,  par  exemple,  peut  conserver  dans  leur  voisi- 
nage. 

Les  escarbilles  de  coke  jouent  à  peu  près  un  rôle  analogue.  Ces 
petits  fragments  poreux  se  gorgent  d'eau,  la  retienne  et  main- 
tiennent la  fraîcheur  autour  d'eux. 

Les  boutures  réussissent  particulièrement  bien,  pendant  l'été, 
quand  elles  sont  enterrées  dans  les  escarbilles  susdites.  Mais  il  n'y 
a  pas  que  les  boutures  qui  se  plaisent  dans  ces  conditions,  les 
plantes  qui  craignent  les  excès  de  sécheresse  ou  d'humidité  sont 
dans  les  mêmes  conditions;  car  si  le  coke  a  le  privilège  de  se 
gorger  d'eau,  il  a  également  celui  de  ne  l'abandonner  que  peu  à 
peu  et  juste  assez  pour  favoriser  la  végétation  des  plantes. 


—  212  — 

Une  nouvelle  source  de  caoutclioue.  —  On  signale  le  Prameria 
gland itll fera  comme  une  plante  qui  produit  une  grande  quantité  de 
caoutchouc  pur.  Elle  provient  de  la  Cochinchine,  où  elle  est  très 
recherchée  comme  médicament. 

On  sait  que  le  caoutchouc  est  une  substance  qui  se  trouve  à 
l'état  émulsif  dans  le  suc  laiteux  d'un  bon  nombre  de  végétaux 
appartenant  pour  la  plupart  à  des  familles  riches  en  plantes  véné- 
neuses. Les  Euphorbiacées,  Papavéracées,  Apocynées,  Morées, 
etc.,  en  contiennent  presque  toutes  plus  ou  moins.  La  plupart  des 
Figuiers,  l'Arbre  à  pain  en  recèlent  en  assez  grande  quantité. 

Le  Ficus  clastica,  parmi  les  figuiers,  peut  être  signalé  comme 
une  des  espèces  qui  en  contient  d'assez  notables  quantités  pour 
qu'on  puisse  en  exploiter  la  production.  Le  Ficus  elaslica  si  com- 
mun, actuellement,  comme  plante  d'ornement,  sous  le  nom  de 
caoutchouc,  est  loin  cependant  de  produire  cette  substance  en  aussi 
grande  quantité  que  le  Siplionia  clastica  ou  I/évé  de  la  Guyane . 

Propriétés  el  usages  du  Bambou.  —  Bien  que  dans  nos  pays  tem- 
pérés le  bambou  soit  plutôt  une  graminée  ornementale  qu'une  gra- 
minée  potagère  ou  industrielle  ;  il  nous  a  semblé  qu'un  grand  nom- 
bre de  nos  lecteurs  s'intéresseraient  davantage  à  cette  plante,  — 
la  fortune  des  orientaux,  —  s'ils  connaissaient  quelques-uns  des 
usages  auxquels  les  Chinois  et  les  Japonais  la  font  servir.  C'est  à 
M.  A.  de  Saint-Foix,  qui  a  publié  dans  la  Jtevue  horlicole  des  Bou- 
cltes-du-Bliùne,  un  article  fort  remarquable  sur  le  bambou,  que  nous 
empruntons  les  renseignements  qui  vont  suivre  : 

u  Les  Lidiens  et  les  Chinois  mangent  les  jeunes  pousses 

de  bambous  comme  ici  les  asperges,  ou  encore  en  salade  et  en 
purée  ;  ils  en  font  aussi  des  fritures  qu'ils  trouvent  excellentes  et 
même  des  confitures;  on  fait  un  commerce  actif  de  ses  pousses 
vertes.  On  les  conserve  en  les  faisant  dessécher;  en  les  mettant 
dans  l'eau  tiède,  elles  redeviennent  tendre. 

«  Dans  certaines  localités  on  fait  manger  les  feuilles  vertes  aux 
bestiaux.  En  Chine  et  au  Japon  on  peut  dire  que  les  habitants  les 
approprient  à  tous  leurs  besoins;  ils  en  font  des  charpentes,  des 
écheUes,  des  maisons,  des  ponts;  on  les  utihse  comme  tuyaux  pour 
les  conduites  d'eau.  On  en  fait  aussi  des  vases,  des  pots,  des  char- 
retons  à  bras,  des  lits,  des  fauteuils,  des  tables,  des  paniers,  des 
couteaux.  Les  bambous  servent  encore  à  fabriquer  un  excellent 
papier,  des  chapeaux,  des  parapluies,  des  plumes  à  écrire,  des 
éventails,  des  pipes,  des  cordages  et  même  des  toiles  grossières, 
etc.,  etc.  »  V.  V.-M. 


—  213  — 
L'Exposition   d'horticulture  (Suite  et  fin) 

CULTURE  maraîchère 

Si  les  plantes  d'ornement,  le  1  arbres  et  le?  arbustes  sont  à  Lyoa  l'objet 
d'un  commerce  important,  la  culture  des  légumes  y  tient  également  une  place 
considérable.  Il  suffit  du  reste,  pour  en  avoir  u-ieiléî  approximative,  d'aller 
faire  chaque  matin,  entre  cia]  et  nsuf  heures,  une  promenado  sur  les  quais 
de  Lyon  où  se  tiennent  les  marchés  :  l'aspect  des  innombrables  étalages  de 
légumes  rappellera  au  promeneur  qu'il  y  a  à  Lyon  près  de  huit  cent  mille 
mâchoires  qui  se  chargent  de  débiter  les  végétaux  comestibles. 

Les  légumes  devraient  donc  se  présenter  nombreux  dans  les  expositions 
et  y  occuper  une  place  de  premier  ordre  qie  justifierait  bien  leur  incontesta- 
ble utilité.  Mais  les  légumes  ne  se  pressaient  pas  nombreux  et  préfèrent  aux 
médailles  d'or  et  d'argent  des  programmas,  las  espèoes  sonnantes  des  habi- 
tants de  Lyon. 

Le  jardinier  maraîcher  —  à  quelques  excjptions  près —  se  cantonne  dans 
une  routine  presque  séculaire.  L'étude  n'est  pas  sou  fait.  Il  améliora  peu 
les  procédés,  encore  moins  les  races,  som9  cette  année,  en  pleine  lune,  dans 
tel  mois,  ce  que  son  aïeul  semait  sous  Louis  XV;  se  lève  matin,  se  couche 
tard,  travaille  comme  trois  nègres  et  va  au  marché  le  matin.  Il  fuit  les  expo- 
sitions. Il  a  tort.  Heureusement  qu'il  y  a  quelques  exceptions  à  cette  règle  ; 
heureusement  que  les  jardiniers  de  maisons  bourgeoises  et  les  marchands- 
grainiers  sont  là  pour  nous  montrer  qu'il  y  a  de  nombreuses  races  de  légumes 
d'un  grand  mérite  dont  nous  privent,  faute  de  les  connaître,  les  maraîchers 
lyonnais. 

MiVr.  Rlvoire  père  et  fils,  horticulteurs-grainiers  à  Lyon,  avaient  réuni  une 
collection  générale  contenant  près  de  six  cents  variétés  se  décomposant  de 
la  manière  suivante  :  200  variétés  de  pommas  de  terre,  120  de  laitues,  80  de 
pois,  60  de  haricots,  40  da  choux  et  le  resta  en  légumes  divers. 

Un  lot  intéressant  des  mêmes  exposants  était  celui  d'une  trentaine  de 
variétés  de  pommes  da  terre  choisies  pjrmi  les  plus  hâtives  et  présentées 
avec  leurs  fanes  et  leurs  tubercules.  Celle  qui  nouj  a  paru  la  plus  précoce  de 
cette  collection  était  étiquetée  :  Reine  des  précoces. 

IMM.  Rivoire  père  et  fils  présaataient  en  outre  une  centaine  d'espèces  de 
plantes  fourragères  en  jeunes  semis.  Le  semis  était  fait  dans  des  terrines 
carrées. 

M.  Villard,  jardinier  chez  M"»  Vachon-Saulnier,  à  Eoully,  exposait  une 
série  de  légumes  tout  à  fait  remarquables,  soit  pour  l'époque  oii  ils  étaient 
présentés,  soit  pour  la  bonne  culture  dont  ils  avaient  été  l'objet.  Son  lot  con- 
tenait :  18  variétés  da  courges  bien  conservées  ;  10  variétés  de  haricots  avec 
des  gousses  bien  développées  (le  haricot  beurre  nain  du  Mont-d'Or  était  par- 
ticulièrement bien  venu.  Toutes  cas  espèces  de  haricots  étaient  cultivées  en 
pots);  20  variétés  de  laitues  toutes  très  méritantes;  19  variétés  de  melons 
bien  cultivés  et  amenés  à  point  et  en  maturité,  particulièrement  le  melon 
cantaloup  argenté,  fond  blanc  et  fond  gris  galeux;  23  variétés  de  pommes 
de  terre,  et  une  foule  d'autres  sortes  appartenant  aux  genres  habituellement 
cultivées. 

M.  Jacquier  (Joseph)  fils,  chef  de  cultures  de  M.  Jean  Jacquier,  à  Pierre- 
Bénite  (Rhône),  avait  une  collection  générale  de  légumes  dans  laquelle  les 
meilleures  sortes  potagères  figuraient  en  assez  beaux  exemplaires  :  navets, 
carotlcf,  radis,  laitue,  chicorée,  pois,  etc.,  comptaient  chacun  un  assez  bon 
nombre  d'excellentes  variétés. 

M.  Guerry,  jardinier  chez  M.  Coste,  à  Caluire  (Rhône),  montrait  un  beau 
lot  d'ensemble  assorti  des  meilleures  variétés  de  laitues,  chicoréss,  pois, 
choux,  navets,  ato. 


—  214  — 

M.  Guerry  exposait  en  outra  un  superbe  poireau  à  feuilles  rubanées  de 
jaune,  dont  il  est  l'obtenteur  et  que  le  Jury  a  fort  bien  apprécié  en  le  récom- 
pensant d'une  médaille  d'argent. 

M.  Clapot,  horticulteur -maraicher  à  la  Guillotière,  dont  chacun  connaît 
les  cultures  bien  tenues,  tenait  à  montrer  combien  il  excelle  à  faire  prendra 
un  développement  énorme  aux  variétés  qu'il  cultive.  Ses  bettes  à  côtes,  ses 
navets,  seê  oigaoas  et  beaucoup  d'autres  méritent  d'être  signalées. 

Pommes  de  terre. —  Plusieurs  des  exposants  mentionnés  plus  haut  avaiett 
dans  leurs  lots  des  variétés  de  pommes  de  terre;  mais  comme  il  y  avait  un 
concours  spécial  pour  ce  genre,  deux  exposants  y  prennent  part. 

M.  Chipier  (Etienne),  à  Saint-Martin-en-Haut  (Rhône),  avait  fait  un  choix 
très  judicieux  parmi  les  nombreuses  variétés  qu'il  cultive  et  en  présentait 
Hne  collection  d'élite  où  chaque  variété  était  représentée  par  de  beaux  tuber- 
cules. 

M.  Aumiot,  horticulteur  à  Anse,  présentait  aussi  une  assez  belle  collection 
de  pomme  de  terra  pour  la  grande  culture  et  de  bonnes  espèces  pour  primeur. 

Mais  quels  sont  donc  les  propriétaires  de  ces  belles  bottes  d'asperges 
étendues  sur  les  tables  ?  Elles  appartiennent  à  MM.  Guichard  à  Ressouze 
par  Pont-de-Vaux  ,  Berthier,  horticulteur  à  Gi'épieux  (Ain)  et  Rouillard 
frères  à  Ecully.  On  voit  qu'il  n'y  a  pas  qu'Argenteuil  qui  a  la  spécialité 
d'améliorer  l'asperge. 

Artichauts.  —  La  Gloire  de  Laon.  —  M.  Bonnement  qui  n'habite  cependant 
pas  le  chef-lieu  du  département  de  l'Aisne,  puisqu'il  reste  rue  du  Midi  à 
Villeurbanne,  trouve  le  moyen  de  nous  montrer  des  capitules  d'artichauts  de 
toutes  sortes^et  bien  développés. 

Fr'aises.  —  Je  n'ai  jamais  pu  m'habituer  à  considérer  la  fraise  comme  un 
légume.  Je  crois  que  c'est  un  fruit.  Mais  les  haricots,  les  pois,  les  tomates, 
etc.,  sont  également  des  fruits  et  il  paraît  que  ce  sont  des  légumes. 

M.  Valla,  horticulteur  à  OuUins  (Rhône),  présente  une  collection  composée 
d'un  très  bon  choix  des  meilleures  variétés  de  fraisiers  à  gros  fruit.  Ces 
fraisiers  sont  cultivés  en  pots  et  ont  acquis  un  développement  vigoureux.  Les 
fruits  de  quelques  sortes  sont  absolument  remarquables. 

M.  Marchand,  horticulteur-grainier,  rae  du  Sacré-Cœur,  à  la  Guillotière, 
exposait  également  une  collection  de  fraisiers  à  gros  fruit,  cultivés  en  pots 
comptant  l'élite  des  meilleures  sortes.  On  sait  du  reste  que  M.  Marchand 
s'adonne  d'une  manière  toute  spéciale  à  la  culture  des  fraises. 

Il  y  avait  dans  son  lot  une  fraise  des  Quatre-Saisons  qu'il  a  obtenue  de 
semis,  qui  mérite  d'être  propagée. 

M.  Dupuis,  champigQoniste  à  St-Fons  (Rhône),  nous  a  prouvé  il  y  a 
déjà  quelque  temps  qu'il  s'entend  à  cultiver  les  champignons.  Les  marchands 
de  comestibles  de  Lyon  font  du  reste  un  honneur  tout  particulier  à  ses  pro- 
duits qui  sont  bien  supérieurs  à  ceux  qu'adressent  à  Lyon  les  champignonistes 
parisiens.  Le  lot  qu'il  expose  est  composé  de  plusieurs  variétés  distinctes  et 
de  blanc  de  champignon  (vierge  et  relevé  de  vierge).  Exposition  fort  inté- 
ressante. La  variété  la  plus  recherchée  parmi  celles  exposées  est  la  blanche, 
bien  qu'elle  soit  peut-être  inférieure  en  qualité  à  d'autres. 

J.  J.  et  V.-M. 

lodastrle  Horticole 

Mon  rédacteur  en  chef  a  jugé  à  propos  de  me  charger  de  faire  un  compte- 
rendu  partiel  de  l'Exposition.  Je  n'avais  qu'à  lui  obéir,  et  c'est  pourquoi, 
amis  lecteurs,  vous  êtes  obligés  d'absorber  ma  prose.  Ne  vous  en  prenez 
point  à  moi  pourtant,  cir  si,  dans  un  dîner  on  sert  des  merles  au  lieu  do 
grives,  c'est  à  l'amphytrion  qu'an  est  la  faute  et  non  au  cuisinier. 


215  — 


A  tout  seigneur,  tout  honneur.  L^s  bjuqujts  et  les  couronucî  doivent  mar- 
chbr  en  tète  de  ce  compte-randu.  Aussi  bien,  c'est  avec  le  plus  grand  plaisir 
que  je  constate,  chiriud  anaée,  d'une  exposition  à  l'autre,  un  sensible  pro- 
grès réalisé.  Il  n'y  a  pas  dix  ans,  l'art  de  faire  des  couronnes,  des  bouquets, 
des  surtout^,  était  à  peu  proj  ineonnu  à  Lyon.  D -'piis,  il  s'y  est  largement 
développé,  et,  je  le  répète,  c'est  avea  plaisir  que  nous  pouvons  ne  plus  voir 
maintenant  ces  horribles  amas  de  fleurs  serrées  sans  goût  par  une  disgra- 
cieuse ficelle. 

Les  couronnes  et  les  bouquets  de  M"""  Combet  Cordier  sont  précisément 
un  des  termes  de  ce  progrès  réalisé.  On  peut  faire  aussi  bien  mais  difficile- 
mens  mieux. 

M.  Musset  continue  aussi  à  progresser.  Ses  corbeilles  de  deurs  sont  ravis- 
santes et  présentent  un  ooup-d'œil  véritablement  artistique. 

Une  bonne  note  aussi  à  M"'  Noirot  qui  exposait  uu  gracieux  lot  de  trois 
bouquets. 

Depuis  quelques  années,  les  graminées  tendent  à  prendre  une  grande  place 
dans  la  décoration  des  appartements.  Je  suis  loin  de  m'en  plaindre.  Les  épis 
délicats  des  Stipa,  la  sveltesse  élégante  des  Briza,  Ei-agrostis,  Festuca, 
Agros/is,  et  la  facilité  avec  laquelle  on  les  conserve  longtemps  contribue  à 
les  faire  prendre  presque  en  amitié.  Ce  sentiment  certes,  ne  peut  que  croître 
quand  on  voit  la  belle  exposition  de  M.  Molin.  Les  panaches  ondoyants  de 
ses  graminées  engageront  sans  doute  nos  gracieuses  lectrices  à  en  orner 
leurs  cheminées. 

M.  Nicolas  expose  aussi  quelques-unes  de  ces  délicates  plantes,  mais  nous 
espérons  qu'il  ne  s'endormira  pas  sur  ses  palmes  et  qu'avec  son  talent  accou- 
tumé, il  nous  en  montrera  à  une  prochaine  exposition,  une  nombreuse  et 
belle  série. 

Dés  qu'on  entre  à  l'exposition,  on  se  trouve  en  présence  d'une  des  statues 
qu'ont  exposées  MM.  Gonnella  et  Barbarin.  Ces  objets  sont,  en  effet,  d'un 
grand  secours  dans  l'ornementation  des  jardins  et  les  sujets  exposés  par  ces 
sculpteurs  attirent,  ajuste  titre,  l'attention  du  public. 

Nous  en  dirons  autant  des  kiosques  et  autres  petites  constructions  édifiées 
dans  l'enceinte  de  la  place  Perraahe.  Le  très  joli  kiosque  en  rocaille-ciment, 
de  M.  Favler,  est  d'une  réelle  élégance  et  l'on  y  doit  faire  une  agréable 
sieste  pendant  les  chaleurs  sénégaliennes  dont  nous  sommes  agrémentés. 

M.  Voland  qui  expose  un  chalet  rustique  en  bois  ainsi  que  deux  pigeon- 
niers d'un  bel  efl'et,  a  bien  saisi  les  exigences  de  ce  genre  de  construction, 
exigences  nombreuses  s'il  en  fut. 

Il  ne  faut  pas  oublier  l'élégante  cabane  de  M.  Gaillot  que  l'on  remarque  à 
gauche  de  l'entrée.  Quant  uu  pavillon  supporté  par  une  grotte  en  rocailles,  et 
édifié  par  M.  Joly,  c'est   presque   une    œuvre   d'art,   et,    pour  ma    part,  je 
regrette  de  ne  pas  avoir  une  propriété  d'agrément  pour  en  installer  un  sem 
blable. 

Un  autre  kiosque  en  ciment,  mâchefer  et coquilles   d'huîtres,  présenté 

par  M.  Pelletier  père,  rocailleur  aux  Charpennes,  est  également  fort  bien 
exécuté.  La  forme  qu'il  affecte  lui  a  fait  donner  par  son  auteur  le  nom  de 
grotte-pavillon.  Aux  environs  de  Paris  on  trouve  uu  grand  nombre  de  cons- 
tructions aoalogues,  ce  qui  prouve  qu'elles  sont  fort  goûtées. 

Une  très  bonne  note  aussi  aux  rooailleurs  MM.  Laroche  et  JoufTray;  leurs 
productions  ont  très  bon  air,  malgré  la  difflculté  que  présente  ce  genre  de 
travail. 

L'art  horticole  nous  montre  encore  bien  d'autres  jolies  choses.  C'est  ainsi 
que  les  plans  de  jardins,  exposés  par  MM.  Luizet  père  et  fiis,  Cordioux,  Bar- 
riot,  Chaninet,  etc.,  sont  vraiment  très  bien  dressés.  C'est  là  un  des  principes 
de  l'art  do  jardinier-paysagiste,  et  il  y  a  gros  à  parier  qu'en  travaillant 
d'après  un  plan  bien  établi  on  aura  une  grande  facilité  à  mener  à  bien  l'ins- 
tallation d'une  propriété. 


—  216  — 


Utile  dulcil  A  côté  de  l'utile,  voici  l'agréable,  représenté  par  lea  tableaux 
de  plantes  sèches  qu'expose  M™"  Pichat.  C'est  là  ua  travail  de  patience  qui 
montre  que  le  goût  le  plus  exquis  est  toujours  le  pa-rtage  des  femmes. 

On  m'en  voudrait  assurément  de  ne  pas  citer  les  photographies  de  fleurs 
de  M.  Bernoud.  Appliquée  aux  végétaux,  la  photographie  présente  de  réelles 
difficultés,  et  plusieurs  des  planches  exposées  sont  de  véritables  œuvres 
d'art;  l'artiste  a  surmonté  tous  les  obstacles,  et  sa  collection  est  des  plus 
remarquables. 

J'ai  conservé  un  très  bon  souvenir  de  quelques  coquets  objets  exposés  par 
M.  Charnay.  Ce  sont  des  cache-pots,  des  guéridons,  etc.,  en  bois  rustique  qui 
font  un  très  joli  effet.  Ils  contribuent,  j'en  suis  certain,  à  la  décoration  de 
plus  d'une  maison  de  campagne. 

A  remarquer  aussi  de  trèj  gracieux  vases  en  paille  exposés  par  M°"=Pin  ; 
c'est  léger,  délicat,  mais  peut-être  quelque  peu  fragile. 

Nous  retrouvons  cette  année  de  vieilles  connaissances  :  le  mastic  Dantin, 
la  cueilleuse  Dubois,  exposée  par  MM.  Ri  voire  père  et  fils  ,  le  mastic 
Rivoire,  le  guêpier  infaillible  des  mêmes  expo3:\nts.  On  revoit  ces  objets  à 
chaque  exposition,  ce  qui  indique  la  vogue  méritée  dont  ils  jouissent  dans  le 
public. 

M.  Cortot  a  une  série  importante  d'étiquettes  de  jardins,  très  pratiques  et 
très  économiques,  ce  qui  est  un  détail  de  réelle  importance. 

Les  stores  de  M.  Bourget  sont  d'une  grande  élégance  ;  bien  conditionnés, 
ils  offrent  au  regard  ua  assortiment  de  couleurs  gaies  sans  être  criardes  et 
trouveront  leur  emploi  dans  beaucoup  de  circonstances. 

La  coutellerie  et  la  taillanderie  sont  encore  bien  représentées  pas  les  expo- 
sitions de  MM.  Balland,  Lafay  et  Ferrier.  Ces  outils  si  utiles  à  l'horticul- 
teur sont  légers,  solides,  et  les  exposants  sont  arrivés  à  les  produire  dans  de 
rares  conditions  d'élégance  et  de  bon  marché. 

N'oublions  pas  le  soufreur  merveilleux  de  M.  Trozj,  exposé  par  MM.  Du- 
mas et  Forgeot.  et  qui  constitue  un  progrès  réel  sur  les  anciens  appareils  ; 
et  la  terre  de  bruyère  de  M.  Claparon  à  Taluyers  par  Mornant  (Rhône).  Ce 
dernier  produit,  si  utile  à  l'horticulteur,  avait  sa  place  marquée  à  l'exposi- 
tion, et  il  la  remplit,  d'ailleurs,  dignement. 

Dès  que  l'on  entrait  dans  l'enceinte  du  Concours  régional,  où  se  trouvait 
placée  une  partie  de  l'exposition  horticole,  on  était  frappé  par  l'aspect 
étrange  de  cette  partie  du  Concours.  Les  machines  en  mouvement,  lançant 
dans  les  airs  leurs  panaches  de  fumée,  les  moulins  à  vent,  les  locomobiles 
aux  couleurs  criardes,  tout  cela  formait  un  ensemble  qui  ne  manquait  pas 
d'un  certain  pittoresque.  Mais  il  ne  faut  pas  nous  arrêter  à  l'entrée,  car  c'est 
tout  à  fait  au  fond,  presque  contre  la  Saône,  que  se  trouvent  les  expositions 
qui  nous  intéressent. 

Au  premier  rang,  il  faut  citer  les  appareils  de  chauffage.  Dans  l'état  actuel 
de  l'horticulture,  la  serre  chauffée  est  absolument  indispensable,  et  tout  per- 
fectionnement apporté  à  ce  chauffHge  constituera  un  progrès  sérieux.  A  ce 
compte-là,  nos  coostructeurs  de  la  région  tiennent  un  bon  rang.  Il  suffit  de 
citer  les  noms  connus  de  MM.  Drevet,  Vigué,  Lebœuf  pour  s'en  rendre 
compte;  il  est  difficile  d'avoir  des  dispositifs  plus  pratiques  et  plus  économi- 
ques à  la  fois. 

La  serrurerie  artistique  est  toujours  en  bonne  voie,  tant  sous  le  rapport 
de  la  solidité,  que  sous  le  rapport  de  l'élégance  :  une  bonne  note,  sous  ce 
rapport,  à  M.  Tranchant.  Nous  sommes  habitués,  d'ailleurs,  à  lui  voir  tenir 
un  rang  des  plus  honorables  dans  toutes  les  Expositions,  et  cette  année 
encore,  soit  pour  ses  meubles  de  jardin,  soit  pour  sa  serrurerie,  il  a  obtenu 
les  premiers  prix. 

Les  serres  sont  bien  représentées  aussi  par  les  expositions  de  MM.  Bur- 
nichon  et  Guynat;  ces  constructions  si  utiles,  sont  arrivées,  maintenant,  à 
un  rare  degré  d'élégance,  et  les  exposants  lyonnais,  sous  cê  rapport,  ont 
réalisé  des  prodiges:  légèreté  et  solidité,  tels  sont  les  qualificatifs  que  l'on 
peut  adapter  à  leurs  constructions. 


—  217  — 


Comme  les  autres  années,  les  machines,  ustensiles  et  outils  étaient  fort 
nombreux.  Leur  détail  entraînerait  trop  loin.  Au  surplus,  citer  des  noms 
comme  Guérin  et  Thimonnier,  Lafay,  Berdaguer,  Chemin,  etc.,  etc.,  n'est-ce 
pas  déjà  constater  leur  mérite?  Disons  cependant  que  cette  exposition  était 
des  plus  intéressantes  et  se  maintenaient  bien  à  la  hauteur  des  expositions 
précédentes. 

En  résumé,  si  nous  jetons  un  coup  d'œil  sur  l'ensemble  de  l'Exposilion 
d'art  et  d'industrie  horticole,  notre  impression  est  qu'il  y  a  un^  tendance  de 
plus  en  plus  marquée  à  faire  beau,  à  faire  élégant,  tout  en  produisant  au  plus 
bas  prix  possible.  Il  faut  se  réjouir  de  cette  tendance,  car  c'est  encore  l'esprit 
français  qui  paraît,  qui  cherche  à  se  répandre,  qui  cherche  à  progresser. 

0.  M. 


R.    alba    fl.    simplici. 

Les  Roses  au  XVIe  Siècle  (suite)  (\) 

En  jetant  un  coup  d'œil  rapide  sur  les  noms  qui  précèdent,  on 
s'aperçoit  bien  vite  que  si  on  appliquait  à  ces  espèces  anciennes  le 
système  de  réduction  adopté  de  nos  jours  par  les  botanistes  de  l'é- 
cole linaéenne,  on  en  réduirait  considii'ablooaînt  le  no;ubre. 

Ainsi  les  sortes  qui  nediifèrent  entre  elles  que  par  la  duplicature 
ou  la  coloration  des  fleurs  devraient  être  rattachées  en  variétés  à 
hsur  type.  D'autre  part,  plusieurs  plantes  qui  portent  des  noms  très 


(1)  VoirN"'  9  et  10 


—  218  — 

différents,  ne  sont  pas  assez  distinctes  entre  elles  pour  être  mainte- 
nues au  rang  d'espèce.  Mais  dans  le  genre  Rosier,  les  espèces  sont 
si  voisines,  si  difficiles  à  caractériser  qu'une  pareille  réduction  serait 
plutôt  nuisible  qu'utile.  Du  reste,  il  ne  paraît  pas  prouvé  que  les 
anciens  aient  eu  une  idée  exacte  de  l'espèce  telle  que  Linné  l'a  com- 
prise ;  ainsi  pour  n'en  donner  qu'un  exemple,  le  Rosier  de  Damas  à 
fleur  simple  de  ÏHorlus  eyslettemis  n'appartient  pas  à  la  même  sec- 
tion que  la  variété  à  fleur  double,  et  ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux 
c'est  que  la  plante  à  fleur  simple  dans  laquelle  on  serait  tenté  de 
voir  le  type  des  Damasquines  est  une  rose  Cent  feuilles. 


R.  alba  A.  pleno. 


Ces  quelques  exemples  suffisent  pour  montrer  que  puisqu'il  s'agit 
de  faire  connaître  des  roses  que  les  anciens  botanistes  trouvaient 
distinctes,  il  vaut  mieux  les  mentionner  toutes,  quittes  à  indiquer  cà 
quels  groupes  elles  appartiennent,  que  de  réunir  celles  qui  ont  de 
l'affinité  entre  elles  sous  prétexte  qu'elles  ne  doivent  pas  constituer 
des  espèces. 

jRosa  alba  jl.  simplici.  —  Philippe  Miller  dit  du  Jiosa  alba  :  «  Le 
Rosier  blanc  commun  est  si  bien  connu  qu'il  n'exige  point  de  des- 
cription :  il  yen  a  deux  variétés,  une  à  fleur  semi-double,  qui  n'a 
que  deux  ou  trois  rangs  de  pétales  et  l'autre  qui  est  plus  basse  et 
dont  les  fleurs  sont  plus  petites.   » 


—  219  — 

Mais  si  à  l'époque  où  écrivait  Miller,  le  Rosier  blanc  était  assez 
commun  dans  les  cultures  pour  dispensercet  excellent  auteur  d'en 
faire  la  description,  il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui.  Il  dispa- 
raît chaque  jour  davantage  et  on  ne  le  trouve  plus  guère  que  chez 
les  collectionneurs,  dans  les  jardins  abandonnés  et  dans  les  haies. 
Voici  les  caractères  que  Grenier  (1)  donne  au  R.  alba  trouvé  «  çà  et 
là  dans  les  haies  autour  des  habitations  »  : 


R.  sylvesîris  odorata  incarnate  flore. 


•  n.albaL.sj).  705,  Désàjl.  monoçjr.  91.  —  Arbrisseau  d'î  1-2 
mètres,  trèsrameux,  à  aiguillons  lorts  et  crochus.  Feuilles  à  pétio- 
les velus  et  glanduleux,  aiguillonnés  en  dessous,  folioles  5,  ovales, 
vertes  et  glabres  en  dessus,  i'e/«p,«  H  blanchâtres  en  dessous,  simple- 
ment dentées,  stipules  glabres  ou  un  peu  velues  en  dessous  au 
sommet.  Pédoncules  allongés,  ordinairement  solitaires,  rarement 
(jè.minés,  couvert  de  soies  glanduleuses.  Tube  du  calice  ovoïde, 
glabre  ou  hispide  à  la  base,  divisions  calycinales  pennati-séquées, 
munies  aux  bords  de  glandes  stipitées.  Corolle  grande  toujours  blan- 
che, ord.  demi-double.  Styles  hispides.  Fruit  oblong.  Fleurit  en 
juin. 

On  a  pu  voir  que,  d'après  Bauhin,  le  Rosier  blanc  était  connu  de 
Pline  qui  le  mentionne  sous  le  nom  de    Basa   Campana.  11  existait 


(1)  Flore  jurassique,  p.  226. 


—  220  — 

certainement  dès  la  plus  haute  antiquité  puisque  les  vieux  poètes 
grecs  ont  tous  narré  cette  délicieuse  histoire  des  roses  blanches 
passant  au  rouge  sous  l'influence  tinctoriale  du  sang  de  Vénus. 
Mais  si  la  certitude  de  la  haute  antiquité  horticole  de  la  Rose  blan- 
che paraît  à  peu  près  hors  de  doute,  il  n'en  est  plus  de  même  de 
son  origine.  Quel'e  est  la  patrie  de  ce  rosier;  d'où  vient-il  ?  Mystère 
impénétrable  !  Linné  qui  était  pour  les  indications  vagues  dit  :  in 
Europa.  Loureiro  pense  qu'il  vient  de  la  Chine  ou  de  la  Cochin- 
chine,  Dumont  de  Courset  le  croit  autrichien,  Seringe,  allemand, 
Dumortier,  belge,  Trattinnick,  portugais,  etc.  Le  plus  clair  de  l'af- 
faire, c'est  que  le  Rosier  blanc  se  trouve  à  l'état  subspontané  dans 
presque  toute  l'Europe  et  que  s'il  est  encore  sauvage  quelque  part, 
il  est  très  difficile  d'établir  une  distinction  entre  la  plante  autochtone 
et  les  individus  échappés  des  jardins.       S.   Gryphe.    [A  suivre.) 


R.  sjlvestris  flore. 

Pot  à  fleurs  à  double  compartiment  (1  . 

Ce  nouveau  pot  est  formé  de  deux  vases  qui  s'emboîtent  l'un 
dans  l'autre,  et  n'a  que  l'épaisseur  d'un  fond  ordinaire  ;  celui  de 
l'extérieur  est  à  rebord,  il  est  verni,  trois  pieds  le  supportent. 

Le  vase  intérieur  est  sans  rebord  (pot,  dit  godet),  il  est  adhérent 
au  centre  de  celui  déjà  décrit;  sa  hauteur  intérieure  est  en  retraite 
sur  celui  qui  le  reçoit  de  10  à  15  millimètres. 


(1)  Extrait  de  YEoirticulteur  Chalonnais,  avril  1885. 


_  221  — 

Il  existe  alors  entre  ces  deux  vases,  et  par  suite  de  cette  combi- 
naison, un  compartiment  ayant  une  largeur  régulière  de  2  à  3  cen- 
timètres, et  c'est  dans  ce  vide  que  l'on  doit  verser  l'eau  qui  doit  y 
séjourner,  et  que  l'on  peut  renouveler  au  moyen  d'une  petite  che- 
ville placée  en  dessous  du  pot.  Il  est  facile  d'entretenir  cette  eau 
en  bon  état  en  y  jetant  des  morceaux  de  charbon  de  bois  concassé. 
On  peut  couvrir  sa  surface  d'une  légère  couche  de  mousse. 

L'eau  faisant  opposition  aux  rayons  brûlants  du  soleil,  il  est 
inutile  d'enterrer  les  pots  de  ce  genre. 

Le  pot  du  centre,  dans  lequel  vit  la  plante,  est  percé,  et  l'eau 
qui  l'entoure  ne  peut  pénétrer  que  par  ses  pores  ;  elle  entretient 
ainsi  dans  son  intérieur  un  suintement  continuel  très  favorable  à  la 
végétation;  ce  qui  évite  d'arroser  moins  souvent  pendant  les  cha- 
leurs tropicales  de  l'été. 

On  peut  aussi,  en  employant  le  ciment,  unir  deux  vases  de  diffé- 
rentes grandeurs  ;  dans  ce  cas,  il  faut  rayer  assez  fortement,  avec 
un  poinçon,  les  deux  parties  des  pots  qui  doivent  êtRe  unies,  et  on 
obtendra  ainsi  le  modèle  ci-dessus  désigné,  et  à  de  bonnes  con- 
ditions. 

Pour  les  rosiers  nains  et  tiges,  on  pourrait  employer  assez 
avantageusement  ces  nouveaux  pots  pour  l'ornement  des  perrons  ; 
dans  ces  conditions,  ils  produiraient  un  elïet  splendide,  et  là,  la 
rose  serait  réellement  à  ,sa  place. 

Tous  ces  avantages  pourraient  encore  être  utilisés  pour  bien  des 
genres  de  plantes,  même  aquatiques  à  submerger  ;  dans  ce  cas 
seul,  on  boucherait  le  vase  central,  et  pour  toutes  les  autres  espèces 
de  plantes  aquatiques,  il  serait  de  terre  excessivement  poreuse. 

Les  arums,  lauriers-roses,  les  grenadiers  au  moment  de  leur 
fructification  et  bien  d'autres  plantes,  s'accommoderaient  assez  bien 
de  cette  nouvelle  culture,  car  leurs  radicelles  seraient  toujours  au 
frais. 

En  serre  chaude,  ces  pots  à  double  compartiment  pourraient 
peut-êtie  rendre  quelques  services  pour  les  bromélias,  fougères,  etc. 

Abel  MYARD. 

Je  crois  que  le  pot  à  double  compartiment  signalé  par  M.  Myard 
pourra  rendre  de  très  grands  services  aux  horticulteurs  qui  font  des 
semis  de  plantes  délicates,  de  graines  fines  ou  un  peu  longues  à 
germer,  C'est  à  ce  point  de  vue  là  que  j'en  apprécie  le  mérite. 
Après  avoir  lu  la  description  de  ce  pot  à  double  compartiment,  j'en 
ai  de  suite  fabriqué  plusieurs  avec  du  ciment,  et  depuis  un  mois  que 


—  222  — 

je  me  sers  de  ces  pots  pour  des  semis,  j'en  suis  tellement  satisfait, 
que  je  n'hésite  pas  à  en  recommander  l'emploi. 

La  partie  descriptive  de  la  note  relative  au  pot  à  fleurs  à  double 
compartiment  me  paraissant  manquer  un  peu  de  clarté,  je  vais  indi- 
quer le  moyen  que  j'ai  employé  pour  fabriquer  quelques-uns  de  ces 
pots. 

D'abord,  on  pourrait  très  bien  faire  saisir  le  mécanisme  de  ce 
pot  en  disant  qu'il  n'a  qu'nn  fond  et  double  paroi.  Le  fond  est 
percé  et  laisse  écouler  l'eau  comme  un  pot  ordinaire  ;  les  deux 
parois  sont  soudées  à  la  base  et  laissent  entre  elles  un  inter- 
valle libre  dans  lequel  on  peut  placer  l'eau,  qui  pénètre  seulement 
dans  le  pot  par  imbibition  et  capillarité. 

Pour  fabriquer  un  pot  à  double  compartiment,  on  enlève  d'abord 
le  fond  à  celui  qui  a  le  plus  grand  diamètre,  puis  on  l'abouche  sur 
le  plus  petit,  comme  si  on  voulait  les  emboîter  l'un  dans  l'autre. 
Ceci  fait,  il  doit  y  avoir  un  intervalle  au  moins  d'un  centimètre 
entre  les  parois  des  deux  pots.  On  remplit  ensuite  de  sable  l'inter- 
valle laissé  libre  entre  les  deux  pots,  sauf  dans  la  partie  destinée  à 
être  soudée  au  moyen  de  ciment.  Quand  la  soudure  est  faite,  on 
enlève  le  sable  qui  laisse  libre  la  cavité  destinée  à  recevoir  l'eau 
d'arrosage. 

Si  le  pot  extérieur  est  verni,  l'eau  s'évapore  beaucoup  moins 
vite  ;  mais  à  défaut  de  pots  vernis,  j'ai  employé  quelques  pots  ordi- 
naires qui  fonctionnent  admirablement. 

Nous  pensons  que  lorsque  ces  pots  seront  connus,  ils  devien- 
dront d'un  usage  journalier.  V.   V.-M. 


Du  Buttage  des  Pommes  de  Terre  (1). 

avantages  dti  hittUtçic  Initif.  —  Inconvénienls  du  huilage  tardif.  — 
Contrairement  à  l'usage,  nous  continuerons  à  recommander  le  pro- 
cédé du  buttage  des  pommes  de  terre  aussitôt  que  l'extrémité  des 
tiges  commence  à  percer  la  terre  et  non  lorsque  celles-ci  ont  15,  20 
ou  30  centimètres  de  hauteur. 

Dans  les  innombrables  expériences  auxquelles  nous  nous  som- 
mes livrés  depuis  vingt  ans,  nous  avons  constaté  plusieurs  faits 
importants  à  l'appui  de  ce  système  ;   les  tubercules  formés  à  la 

(1)  Extrait  du  liidletin  horticole  et  agricole,  '^wn  1885. 


—  223  — 

suite  du  buttage  tardif  n'ont  plus  le  temps  d'arriver  à  un  dévelop- 
pement complet.  Ils  n'atteignent,  par  conséquent,  surtout  dans  les 
plantations  tardives,  qu'une  maturité  incomplète,  et  sont  moins 
féculents  que  ceux  que  nous  appellerons  de  première  forma- 
tion, c'est-à-dire  qui  se  sont  formés  dans  la  couche  inférieure  avant 
le  buttage  ;  enfin,  ils  sont  plus  accessibles  à  la  maladie  que  ceux-ci, 
par  cela  même  qu'ils  contiennent  une  plus  grande  quantité  d'eau 
de  végétation  qui  n'a  pas  eu  le  temps  d«  se  transformer  en  fécule. 

Moins  nutritifs  que  ceux  qui  ont  acquis  une  maturité  complète, 
ces  tubercules  ne  donnent  pas,  d'ailleurs,  de  bons  reproducteurs. 
Nous  l'avons  constaté,  et  le  démontrerons  par  la  série  d'expé- 
riences que  nous  espérons  commencer  à  l'automne  pour  prouver 
qu'on  peut,  comme  nous  n'avons  cessé  de  le  répéter  depuis  dix- 
huit  ans,  d'un  côté,  abâtardir  la  plante,  diminuer  son  rendement 
en  nombre  et  en  volume  et  ses  qualités  féculentes,  et  la  prédisposer 
à  la  maladie;  de  l'autre  côté,  la  régénérer  par  une  culture  ration- 
nelle, c'est-à-dire  en  la  plaçant  pendant  plusieurs  années  consé- 
cutives dans  les  conditions  naturelles  de  végétation  où  elle  se 
trouve  dans  son  pays  d'origine. 

A  l'appui  de  notre  opinion  sur  les  inconvénients  du  buttage 
tardif,  nous  avons  bien  des  fois  constaté  ce  fait  :  que  dans  ce 
buttage,  il  se  trouvait  un  grand  nombre  de  pommes  de  terre 
malades,  tandis  que,  dans  la  couche  inférieure,  elles  étaient  très 
rares,  ou  même  il  ne  s'en  trouvait  pas. 

Il  suffit,  du  reste,  de  se  rendre  compte  du  mode  de  végétation 
de  la  pomme  de  terre  pour  comprendre  la  nécessité  du  buttage 
hâtif.  Nous  allons  l'expliquer. 

Les  tubercules  se  forment,  non  pas  sur  les  racines  de  la  plante, 
mais  sur  ses  tiges  souterraines  d'abord,  et  ensuite  sur  la  partie  de 
ses  tiges  aériennes  ou  foliacées,  transformées  elles-mêmes,  par  le 
buttage,  en  tiges  souterraines  (en  exposant  celles-ci  à  l'air  et  au 
jour,  on  peut  en  faire  des  tiges  foliacées).  Dans  le  premier  cas,  les 
tubercules  se  forment  presque  en  même  temps  qu'apparaissent  les 
tiges  souterraines,  c'est-à-dire  ces  espèces  de  coulants  (que  l'on 
peut  comparer  à  ceux  des  fraisiers),  ayant  l'aspect  de  grosses 
racine  blanches  et  se  développant  latéralement  et  horizontalement 
sur  les  tiges  ascendantes,  qui  sont  le  prolongement  des  germes. 

Dans  le  second  cas,  c'est-à-dire  quand  on  butte  seulement  lors- 
que les  tiges  extérieures  ont  acquis  15,  20  ou  30  centimètres 
(certains  auteurs,  ne  s'étant  pas  rendu  compte  du  mode  de  végé- 
tation de  la  plante,  ont  même  conseillé  de  ne  butter  qu'au  moment 
où  elle  va  fleurir),  ces  tiges  sont  garnies  de  feuilles  et  de  petits 


—  224  — 

rameaux  latéraux.  Eh  bien  !  ce  sont  ces  feuilles  et  ces  rameaux 
que  le  buttage  doit  détruire  jusqu'à  une  certaine  hauteur  le  long 
des  tiges  pour  provoquer  le  développement  de  la  végétation  souter- 
raine, c'est-à-dire  de  ces  espèces  de  coulants,  de  ces  tiges  latérales 
et  horizontales  sur  lesquelles,  comme  aussi  le  long  des  ascendantes 
elles  mêmes,  se  forment  les  tubercules. 

Puisque  la  végétation  foliacée  doit  êtra  détruite  par  le  buttage 
et  remplacée  par  la  formation  de  ces  tiges  souterraines  et  tuber- 
culifères,  pourquoi,  au  lieu  d'interrompre  cette  végétation  souter- 
raine, ne  pas  en  provoquer  immédiatement  la  continuation  par  un 
buttage  hâtif,  c'est-à-dire  au  moment  même  où,  comme  nous  l'avons 
dit,  la  lige  ascendante  de  la  plante  commence  à  montrer  hors  de 
terre  son  petit  bouquet  terminal  de  feuilles,  qui  va  promptement  se 
développer  au  contact  de  la  lumière?  Si  on  ne  butte  que  trois 
semaines  ou  un  mois  après  que  les  tiges  sont  apparues  et  qu'il 
faille  le  même  temps  pour  que  la  végétation  foliacée  et  les  petites 
ramifications  de  ces  tiges  souterraines  produisant  les  tubercules,  on 
aura,  par  le  buttage  tardif,  retardé  de  six  semaines  au  moins  la 
formation  de  ces  tubercules.  Or,  s'ils  ont,  pour  se  développer,  six 
semaines  de  moins  que  ceux  qu'on  peut  appeler  de  première  for- 
mation, on  doit  comprendre  qu'ils  ne  peuvent  acquérir  le  même 
degré  de  maturité  et  la  même  valeur,  comme  reproducteur,  que 
ces  derniers.  Victor  Chatel. 

CATALOGUES 

A.  CiioiNiÈRE  fils,  horticulteur  à  Angers,  rue  de  Paris,  212.  —  Catalogue. 
Prix-courant  des  plantes  cultivées  dans  rétablissement.  Plantes  de  terre  de 
brujère  :  Azalée  de  l'Inde,  Camellia,  Kalaiia,  Rhidodendium.  Plantes  de 
serre  chaude  :  Aralia,  Dracœna,  Ficus,  Palmiers.  Plantes  de  serre  froide  : 
Rosiers,  etc. 

Avis  auxMembres  de  l'Association  Horticole  lyonnaise 

Messieurs  les  Sociétaires  qui  n'ont  pas  encore  soldé  le  montant  de  Isur 
cotisation  de  l'Aunée  1J^S5,  sont  informés  que  M.  Jacquier,  trésorier 
de  l'Association  horticole  Ijonnaise  leur  adressera  sous  peu,  par  la  poste,  un 
mandat  de  12  francs,  montant  de  la  cotisation  susdite.  Nous  prions  nos 
collègues  de  réserver  un  bon  accueil  à  ce  mandat. 


Concours  établis  par  l'Association  horticole  lyonnaise 

AVIS.  —  Les  personnes  qui  désirent  prendre  part  cette  année  aux  concours 
spéciaux,  devront  adresser  leur  demande  à  M.  Viviand-Morel,  cours  Lafajette 
prolongé,  01,  à  Villeurbanne-lès-Lyon. 

Voir  pour  les  conditions  des  Concours,  Lyon-Horlicole  n»  10,  année  1885. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 
Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  JUILLET  N°14 


CHRONIQUE 


Sécheresse  el  binages.  —  Une  personne  digne  de  foi  m'a  afârmé 
très  sérieusement  qu'il  pleuvait  quelque  part  et  pas  trop  loin  de 
nous.  Cette  affirmation  m'a  fait  plaisir,  car  la  pluie  est  l'amie  des 
jardiniers.  Mais,  ici,  nous  sommes  au  sec  depuis  longtemps,  et 
comme  sœur  Anne,  nous  ne  voyons  que  de  gros  nuages  aux  flancs 
noirs  qui  filent  crever  à  Bourg-en-Bresse. 

Chaque  matin  le  maraîcher  du  coin  inspecte  le  temps,  constate 
que  la  bise  tient  toujours  et  que  le  baromètre  est  à  irrs  sec.  Les 
haricots  «  coulent  »  ,  les  laitues  «  montent  »  ,  les  arrosoirs  sont 
lourds  et  le  soleil  de  thermidor  tropical. 

C'est  le  moment  d'étudier  l'influence  de  la  chaleur  et  de  la 
sécheresse  sur  les  végétaux  des  cultures  ;  c'est  le  moment  d'ap- 
prendre à  constater  l'heureuse  influence  qu'exercent  les  binages 
sur  la  conservation  de  l'humidité  dans  le  sol. 

L'humidité,.,  voilà  le  grand  mot  qui  gouverne  le  règne  végétal; 
elle  tue  ou  vivifie;  c'est  le  véhicule  qui  transporte,  le  dissolvant 
général,  l'aliment  qui  nourrit,  l'élément  sms  lequel  le  monde  serait 
un  désert. 

L'eau,  qui  connaît  l'importance  de  soïi  rôle,  est  partout, 
libre  ou  combinée,  dans  les  pierres,  dans  les  plantes,  dans  les 
graines,  dans  le  sol... 

Ainsi,  lorsque  le  terrain  paraît  absolument  sec  au  toucher, 
quand  il  a  été  desséché  par  le  soleil,  il  contient  encore  de  l'humi- 
dité. Cela  paraît  curieux,  mais  c'est  ainsi  que  les  choses  se  pas- 
sent et  c'est  ce  qui  explique  la  résistance  de  certaines  plantes  aux 
longues  sécheresses  de  l'été.  Cette  propriété  que  possède  le  sol  de 
se  pénétrer  d'humidité  et  de  n'abandonner  que  peu  à  peu  l'eau 
dont  il  est  imprégné,  est  variable  en   intensité.  Il  y  a,    comme  on 


—  226  — 

sait,  des  terrains  secs,  des  terrains  humides  et  toute  une  série  de 
terrains  intermédiaires.  Ce  qu'il  y  a  d'utile  à  constater  au  point 
de  vue  horticole,  c'est  que  les  terrains  qui  retiennent  le  mieux 
l'humidité  pendant  l'hiver  sont  ceux  qui  l'abandonnent  le  plus  faci- 
lement pendant  l'été. 

Ainsi  les  plantes,  arbres  et  arbustes  plantés  dans  les  terrains 
caillouteux  de  Montchat,  près  Lyon,  quand  ils  ont  une  profondeur 
suffisante,  craignent  moins  la  sécheresse  que  les  mêmes  essences 
plantées  dans  les  sols  argilo-calcaires  de  la  Cité  et  d-s  Charpennos. 

On  saisirait  difficilement  la  cause  de  cet  effet,  si  on  ne  réflé- 
chissait pas  que  les  terrains  argileux  et  argilo-calcaires,  c'est-à- 
dire  les  terres  grasses  et  compactes,  —  bèges,  comme  on  dit  ici, 
—  se  fendent,  se  fendillent  en  tous  sens  quand  l'iiumidité  les 
abandonne,  que  ces  fentes  laissent  pénétrer  l'air  dans  l'intérieur 
du  sol,  qu'elles  multiplient  la  surface  d'évaporation  et  souvent 
mettent  les  radicelles  au  contact  de  l'air.  Au  contraire,  dans  les 
terrains  secs  où  l'argile  est  remplacée  par  la  silice,  ces  fentes  se 
produisent  plus  difficilement,  ou  si  elles  se  produisent,  elles  sont 
assez  vite  obstruées  par  le  terrain  qui  s'émiette  et  le  sable  qui  les 
comble. 

Une  opération  horticole  et  agricole  d'une  importance  considé- 
rable, qui  joue  un  rôle  de  premier  ordre  dans  le  maintien  de  la 
fraîcheur  dans  le  sol,  est,  comme  chacun  le  sait,  le  binage.  Le 
binage  vaut  mieux  que  l'arrosage  dans  une  foule  de  cas,  coûte 
beaucoup  moins  et  facilito  le  rôle  qu'ont  à  jouer  les  agents  gazeux 
de  l'atmosphère  dans  toute  végétation.  Le  binage  réduit  l'évapora- 
tion,  empêche  le  crevassement  des  terrains  et  garantit  les  racines 
contre  les  hautes  températures. 

Flore  d'Europe,  Pardon,  c'est  Flora  Europœ  qu'il  faudrait  dire  : 
l'ouvrage  est  écrit  en  latin;  il  a  déjà  cinq  volumes  et  il  en  aura, 
dit-on,  une  trentaine.  —  Mince,  alors,  dirait  Gavroche.  Auctor, 
M.  Michel  Gandoger.  J'avoue  volontiers  que  je  n'ai  pas  lu  une 
seule  ligne  des  cinq  volumes  parus,  mais  je  connais  le  système  de 
l'auteur,  et  pour  moi  cela  suffit.  Raphaël  a  eu  plusieurs  manières 
de  peindre,  mais  jusqu'à  présent  M.  Gandoger  n'en  a  qu'une  en 
botanique,  qui  consiste  à  démolir  tous  les  types  linnéens  ou  autres 
créés  par  les  auteurs  et  à  les  remplacer  par  autant  d'espèces  qu'il 
a  d'échantillons  dans  son  herbier,  ce  qui  revient  presque  à  dire 
qu'il  y  a  autant  d'espèces  qu'il  y  a  d'individus. 

Il  ne  faudrait  pas  prendre  cela  pour  de  l'analyse  ;  c'est  une 
manie  descriptive  poussée  au  paroxysme  le  plus  extravagant,  voilà 
tout.  M.  Gandoger  a  créé  un  nombre  épouvantable  de  Rosa  et  on 


—  227  — 

ne  compte  plus  dans  les  autres  genres  les  formes  individuelles  aux- 
quelles il  a  accolé  son  nom  pour  les  faire  prendre  pour  des  espèces. 
Mais  cela  ne  prend  guère. 

Il  est  regrettable  que  M.  Gandoger,  qui  est  un  infatigable  tra- 
vailleur, très  capable  de  bien  décrire  une  plante,  se  soit  fourvoyé  à 
ce  point  là.  L'école  analytique,  en  botanique,  prendra  le  dessus 
quand  on  aura  fini  de  discuter  sur  l'espèce  et  qu'on  tiendra  à  con- 
naître ce  qui  est.  Mais  encore,  pour  en  arriver  là,  faudrait-il  un  peu 
savoir  comment  varient  les  plantes  et  éviter  de  prendre  les  états 
individuels  pour  des  caractères  spécifiques. 

Exposition  d'horticulture  à  Lyon  en  1886.  —  L'Association  horti- 
cole lyonnaise  a  décidé,  dans  son  Assemblée  générale  tenue  le 
18  juillet,  qu'elle  organiserait,  dans  la  première  quinzaine  de  septem- 
bre 1886,  une  grande  Exp'-'sition  d'horticulture  à  laquelle  pourront 
prendre  part  les  horticulteurs  français  et  étrangers. 

On  se  souvient  comment  avait  été  organisée  l'Exposition  tenue 
par  la  même  Société  en  1884,  et  quel  succès  elle  a  obtenu;  il  faut 
espérer  que  l'Association  saura  trouver  des  organisateurs  aussi 
capables  que  ceux  qu'elle  avait  nommés  l'an  dernier,  et  que  la 
future  Exposition'sera  encore  plus  belle  que  sa  devancière. 

Nelumbium.  —  Le  Nelumbium,  comme  chacun  sait,  est  un9  des 
plus  belles  plantes  aquatiques  que  l'on  puisse  voir.  Ses  grandes 
feuilles  peltees,  orbiculaires,  ne  se  laissent  pas  mouiller  par  l'eau; 
ses  fleurs  énormes,  rouges  ou  jaunes,  et  son  fruit  si  singulier  ont 
de  tout  temps  frappé  l'attention.  Malgré  leur  origine  méridionale 
les  Nelumbium  sont  rustiques.  Une  fois  établis  dans  un  lac,  une 
rivière,  un  bassin,  ils  y  jettent  en  tous  sens,  avec  vigueur,  des 
stolons,  des  feuilles  et  des  fleurs. 

Malgré  cela  les  Nelumbium  sont  rares  dans  les  jardins. 

A  quoi  cela  tient-il  ?  Cela  lient  à  la  difflculté  qu'on  éprouve  à 
les  multiplier. 

Le  semis  offre  quelques  difficultés  et  les  plantas  ainsi  obtenues 
sont  longues  à  fleurir.  La  division  des  rhizomes  est  encore  le  moyen 
le  plus  rationnel  pour  les  multiplier  ;  mais  il  faut  saisir  le  moment 
favorable  à  l'opération  si  on  veut  qu'elle  réussisse.  Voici  un  moyen 
d'obtenir  le  résultat  indiqué  :  du  15  avril  au  P""  mai,  avant  le  dé- 
veloppement des  Nelumbium,  couper  autant  d'entre-nœuds  que  les 
rhizomes  pourront  en  fournir  ;  les  placer,  à  plat,  chacun  dans  un 
pot  rempli  de  vase  de  rivière  ;  mettre  les  pots  dans  une  caisse  en 
zinc  de  façon  qu'ils  soient  submergés  et  recouverts  par  une  nappe 
d'eau  d'environ  cinq  centimètres  de  hauteur.  La  caisse  qui  contient 


—  228  — 

les  pots  doit  être  tenue  dans  l'endroit  le  plus  chaud  de  la  serre 
dont  la  température  sera  au  moins  de  20  degrés  pendant  le  jour. 
Dans  ces  conditions  chaque  bouture  de  Nelumbium  émet  des 
feuilles  d'abord  et  des  racines  ensuite.  Un  peut,  en  juin,  rempo- 
ter plus  grandement  les  jeunes  sujets,  ou  les  mettre  en  pleine  terre 
si  la  multiplication  n'a  pas  été  faite  au  point   de  vue   commercial. 

Bouturage  des  Camellias.  —  La  deuxième  quinzaine  de  juillet 
est  l'époque  la  plus  favorable  à  la  reprise  des  boutures  de 
camellias.  Autant  que  possible  il  faut  garder  un  talon  au  rameau 
bouturé  ;  pour  cela  on  le  coupe  à  son  point  d'insertion  sur  la 
branche.  On  conserve  toujours  au  moins  deux  ou  trois  feuilles  à  la 
bouture.  On  peut  faire  les  boutures  séparément  dans  des  petits 
pots,  —  de  cette  manière  on  n'en  perd  moins  au  sevrage,  — ou  les 
planter  en  grand  nombre  dans  des  caisses  peu  profondes.  Dans 
tous  les  cas,  on  arrose  copieusement  les  boutures  et  on  les  place 
sous  cloches  dans  une  serre  ombrée. 

C'est  également  le  bon  moment  pour  greffer  les  sujets  du  même 
genre.  La  greffe  en  placage  est  celle  qui  réussit  le  mieux. 

Concours  relatif  aux  noms  vulgaires  des  plantes.  —  On  sait  que  feu 
le  Président  Lavallée  avait  étabh  un  concours  relatif  aux  noms 
patois  ou  vulgaires  des  plantes.  Six  manuscrits  ont  été  adressés 
à  la  Commission  qui  a  accordé  des  récompenses  dans  l'ordre 
suivant  : 

M.  Vaillant,  à  Epinal,  médaille  d'or  ;  Godin,  Duboul,  Cyril 
Clerc,  médailles  d'argent.  Mention,  MM.  Hauguel  et  Hariot.  Il 
faut  espérer  qu'on  publiera  au  moins  un  des  manuscrits.  Ce  qui 
serait  mieux,  ce  serait  de  prendre  dans  les  six  manuscrits  tous  les 
noms  patois  et  vulgaires  qui  ne  font  pas  double  emploi,  et  de  les 
mentionner  comme  synonymes  en  regard  des  noms  français  ou 
latins. 

Dégénérescence  du  Tulipa  sylvestris.  —  Un  de  nos  confrères  a 
signalé,  sous  le  titre  qui  précède,  un  fait  qui  me  paraît  bizarre. 
Il  s'agit  tout  simplement  d'une  transformation  presque  complète 
du  Tulipa  sylvestris  observée  chez  les  cultivateurs  des  environs  de 
Paris.  D'après  notre  confrère,  la  Tulipe  en  question  donnerait  des 
variations  qui  rappelleraient  assez  bien  la  forme  et  la  couleur 
observées  chez  les  Tulipa  Oculus  solis  ou  —  ce  qui  est  plus  vague  — 
T.  Gesneriana.  Comment  expliquer  le  fait  en  question  ?  Pour  mon 
compte,  je  pense  que  quelques  ognons  de  Tulipa    Oculus  solis  ou 


—  229  — 

Gesneriana  se  seront  mêlés  accidentellement  aux  Tuli/m  sijlvcftris, 
se  seront  multipliés  et  auront  donné  lieu  à  la  remarque  en  question* 
Quoi  qu'il  en  soit,  je  cultive  depuis  plus  de  15  ans  une  belle 
collection  de  Tali/ja  si/lvcslris  ;  il  y  en  a  en  pot  et  en  pleine  terre 
et  jamais  je  n'ai  observé  de  changement  dans  les  sortes  cultivées. 

Bilhergia  Brcaiileana.  —  Supsrbe  broméliacée  issue  d'un  croise- 
ment artificiel  entre  les  Bilbergia  pallescens  et  vitlala,  opéré  par 
M.  Bréauté,  jardinier  de  M.  Ed.  André.  D'après  l'obtenteur,  c'est 
une  plante  d'un  grand  mérite  ornemental  ,  sa  tioraison  abondante, 
la  couleur  de  ses  bractées,  celle  de  ses  fleurs  justifient  bien  cette 
appréciation.  Elle  sera  mise  au  commerce  par  M.  Bruant,  horti- 
culteur, à  Poitiers. 

Remède  contre  les  piqûres  d^ abeilles.  —  La  Revue  Horticole  repro- 
duit la  lettre  d'mi  missionnaire  dans  laquelle  celui-ci  affirme  que 
Vapplicalion  d'un  og^îion  rouge  coupé  frais,  sur  la  piqûre  d'un  insecte, 
du  scorpion  par  exemple,  fait  disparaître  la  douleur  causée  par 
cette  piqûre.  Il  ajoute  même,  là  où  l'ammoniaque  ne  réussit  pas, 
l'ognon  est  infaillible.  C'est  bien.  Quand  les  abeilles,  scorpions, 
moustiques,  guêpes,  etc.,  nous  auront  piqués,  nous  essaierons  le 
le  remède  en  question. 

L'ognon  fait  pleurer  ou,  pour  être  plus  exact,  excite  un  lar- 
moiement quand  on  le  coupe,  ce  qui  prouve  qu'il  contient  un 
principe  très  volatil  ;  il  n'y  aurait  donc  absolument  rien  d'extraor- 
dinaire qu'il  eût  la  propriété  de  paralyser  l'action  des  venins. 
L'ognon  possède  la  plupart  des  qualités  de  l'ail.  L'ognon  est  un 
diurétique  puissant.  V.  V.-M- 

ASSOCIATION  H0RTIC9LE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de    la    séance    du    21    juin    1885 ,    tenue    dans    la 
salle  des  réunionj  industrielles.  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Rochet,  conseiller. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4,  par  la  lecture  et  l'adoptij;!  du  pro- 
cès-verbal de  la  précédente  réunion. 

Correspondance.  —  La  Société  a  reçu  depuis  sa  dernière  assecnblcc  : 

1°  Une  lettre-circulaire  de  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  accom" 
pagnant  l'envoi  de  plusieurs  exemplaires  d'un  Questionnaire  relatif  aux 
mœurs,  au  régime  et  à  la  nidification  des  oiseaux  en  France.  Ces  Question- 
naires sont  remis  à  ceux  de:  sociétaires  qui  ont  Toocasion  do  s'occuper  de 
cette  question. 


230 


2°  Une  lettre  do  M.  le  Président  do  la  Société  d'horticulture  de  Clialon- 
sur-Saône.  remerciant  l'Association  d'avoir  bien  voulu  déléguer  M.  A.  Ber- 
nais pour  la  représenter  dans  le  jurj  de  son  exposition. 

3°  Une  lettre  de  M.  Valette,  nmateur-Iiorticultour  à  Chaponost,  demandant 
la  nomination  d'une  Commission  pour  visiter  ses  cultures.  Ont  été  désignés 
pour  faire  partie  de  cette  Commission  :  MM.  Th.  Denis,  J.  Chrétien,  F. 
Ga'llard,  Crozy  et  Nicolas. 

4"  Lettre-'îircuUira  accompagnant  l'envoi  du  discours  prononcé  par 
M.  René  Goblet,  ministre  de  riDstruoliou  publique,  des  beaux  arts  et  des 
cultes,  le  11  avril  1885.  à  la  séance  de  clôture  du  Congrès  des  Sociétés 
savantes  à  la  Sorbonno.  Dans  la  lettre  accompag'nant  l'envoi  de  ce  discours, 
M.  le  Ministre  appelle  l'attention  de  la  Société  sui'  l'utilité  qu'il  y  aurait  à 
préparer  dès  à  présent  le  programme  du  Congres  des  Sociétés  savantes  en 
1885,  et  désirerait  recevoir  au  plus  tôt  le  texte  des  questions  que  notre 
Société  désirerait  voir  figurer  à  l'ordre  du  jour  de  l'an  prochain. 

5°  Brochure  contenant  les  observations  sur  les  tarifs  de  chemins  de  fer  à 
taxe  kilométrique  décroissante  lues  au  Congrès  international  horticole  à 
Paris,  ddns  la  séance  du  21  mai  1885,  par  M.  B;ipii-!te  Dasportes,  vice-pré - 
fident  de  ce  Congrès,  directeur  des  pépinières  Aidre  Leroj,  à  Angers. 

M.  le  Secrétaire  appelle  l'attention  des  membres  de  l'Association  horticole 
sur  le  travail  de  M.  Dasportes  et  il  en  cite  des  extraits.  Sauf  de  légères 
modifications,  le  Congrès  international,  tenu  à  Paris  en  mai  dernier,  en  a 
adopté  Iss  conclusions  qui  consistent  à  prier  M.  le  Ministre  d'empêcher  l'ho- 
mologation des  nouveaux  tarifs  proposés  par  les  compagnies  de  chemins  de 
fer  et  d'obtenir,  avec  une  sage  révision,  l'unifleitioa  du  système  de%  tarifs 
pour  toutes  les  Comfagnies. 

L'Assemblée,  consultée  par  son  Président  sur  le  cas  de  savoir  si  l'Asso- 
cintion  horticole  ne  devrait  pas  émettre  des  vœax  semblables  à  ceux  qui  ont 
été  formulés  au  Congrès,  résout  celte  question  affirmativement  et  charge 
son  Secrétaire  de  transmettre  son  vole  à  M.  Baptiste  Desportes  et  à  M.  le 
Ministre. 

6°  Une  lettre  de  M.  Therry,  membre  de  l'Association  horticole  et  de  la 
Commission  d'organisation  de  l'Exposition  d'horticulture  annexée  au  Con- 
cours régional,  dont  voici  la  teneur  : 

«  Messieurs  et  chers  Collègues, 

«  Un  fait  regrettable  et  très  grave  s'est  produit  à  notre  dernière  Expo- 
sition, au  mépris  de  notre  règlement  et  de  l'autorité  de  votre  Commission. 

a  Un  de  nos  membres,  non  satisfait  de  la  décision  du  Jury,  a  détérioré, 
détruit  et  enlevé  son  lot. 

«  Ce  fait,  en  dehors  de  tontes  les  convenances  usuelles,  a  produit  un  vrai 
scandale  qui  ne  doit  pas  se  renouveler  pour  le  respect  tant  de  notre  Associa- 
tion que  pour  celui  des  hommos  vtnant,  conviés  par  nous,  des  lieux  les  plus 
éloignés  du  territoire,  se  faire  les  jugss  impartiaux  de  nos  produits. 

0  Eu  raison  de  ce  fait,  je  demande,  pour  la  séance  du  16  août  prochain, 
la  mise  à  l'ordre  du  jour  :  de  la  raliation  de  ce  membr^-,  et  son  exclusion 
des  Expositions  futures. 

«  .le  prie  en  conséquence  le  bureau  d'aviser  ce  membre  de  la  mesure  de 
rigueur  demandée  contre  lui.  » 

La  lecture  de  cette  lettre  provoque  une  discussion  à  laquelle  prennent  part 
MM.  Therry,  Roohet,  Pitaval  i;t  Métrai;  M.  Therry  demanda  que  la  question 
soit,  conformément  à  sa  lettr^',  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance. 
M.  Rochet  pense,  au  contrair  •,  qu'avant  de  traiter  un  sujet  aussi  grave  en 
assemblée  générale,  il  est  bon  que  le  Conseil  d'administration  de  l'Associa- 
tion fasse  connaître  son  avis.  Cette  proposition,  mise  aux  voix,  est  adoptée 
à  une  forte  majorité. 

M.  le  Secrétaire  général  signale  les  articles  les  plus  intéressants  parus 
dans  les  publications  que  re(;oit  la  Société,  Il  fait  circuler  celles  qui  contien- 
nent des  illustrations. 


—  231  — 

Six  présentations  de  candidats  au  titre  de  membres  titulaires,  sur  lesquelles 
il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion,  ont  été  faites  au  cours  de  la  séance. 

Admissions.  —Sont  proclamés  membres  titulaires  de  l'Association  horticole 
lyonnaise  les  candidats  présentés  à  la  séance  précédente;  ce  sont  : 

MM.  Giraud  (Aatoiae),  jardinier,  château  de  Saint-Bonnet,  par  Vaugneray 
(Rhône),  présenté  par  MM.  J.  Nicolas  et  Viviand-Morel  ; 

Edmond  Michel  fils,  propriétaire  au  Péage- Je- Roussillon  (Isère),  pré- 
senté par  MM.  Th.  Denis  et  J.  Chrétien. 

M°"Noirot,  fleuriste,  successeur  de  M"'  Jacquin,  4,  rue  da  la  Républi- 
que, Ljon,  présenté  par  MM.  L.  Gorret  et  Viviand-Morel  ; 

Sutter  (Jean),  hor'iculteur,  à  Siint-Cyr-au-Mont-d'Or  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Viallon  André  et  J.  Jacquier  ; 

Examen  des  apports.  —  Les  objets  suivants  sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Chavagneux,  jardinier  chez  M.  Lachard,  à  La  Pape  (Ain)  :  1»  une 
collection  de  Capacine  comprenant  une  dizaine  de  variétés  qui  se  distinguent 
entre  elles  par  différents  coloris  ;  2°  une  Laitue  blonde  de  Batavia  très  belle 
pour  la  saison. 

Par  M.  Rozain-Boiioharlat,  à  Cuire-lés- Lyon  :  1°  trois  variétés  nouvelles 
de  Pelargonium  à  grandis  fleurs  qu'il  a  obtenues  de  semis  et  qui  portent  les 
noms  suivants  :  Madame  Rozain,  Grandeur  et  Comte  Louis  deMargaria».  Ces 
variétés  sont  fort  belles  et  ont  été  bien  appréciées  par  les  membres  qui  assis- 
taient à  la  réunion. 

2°  La  variété  «  Congrès  «  du  même  genre. 

Par  M.  Dabreuil,  horticulteur  rodériste,  chemin  de  Saint-Romain,  à 
Mon  plaisir,  une  variété  de  Rosier  —  section  des  Rosa  polyantha  ou  multi- 
flores  nains — qu'il  a  obtenue  de  semis.  Cette  variété  se  fait  remarquer  par  le 
nombre  considérable  des  boutons  à  fleurs  qui  composent  ses  inflorescences 
en  corymbe.  La  couleur  en  est  rose  lilacé. 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M"»  Vachon,  à  Eîully  (Rhône)  :  1°  vingt- 
cinq  variété4  de  Pétunia  à  fleurs  simples  et  à  fleurs  doubles  de  toute  beauté 
—  présentation  en  fleurs  coupées  —  ;  2°  une  Fraise  de?  Quatre-saisons  dont 
le  présentateur  fait  l'éloge  sous  le  rapport  de  la  fertilité,  de  la  saveur  et  de 
la  beauté  des  fruits.  Il  la  cultive  sous  le  nom  de  Belle  améliorée. 

Par  M.  Guillot  fils,  horticulteur-rosiériste.  chemin  des  Pins>,  à  Lyon,  un 
beau  bouquet  de  la  Rfise  hybride  jiune  qu'il  a  mise  au  commerce  sous  le 
nom  de  Gloire  lyonnaise. 

Par  MM.  F.  Morel  et  fils,  horticulteurs,  rue  du  Souvenir,  à  Vaise,  des 
fleurs  coupées  de  la  Clématite  François  Morel  qu'ils  ont  mise  au  commerce 
ce  printemps.  Les  fleurs  présentées  sont  de  belle  grandeur  et  d'un  coloris 
unique  dans  le  genre.  C'est  actuellement  la  plus  rouge  des  Clématites. 

Par  M.  Liabaui,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  à  la  Croix  Rousse  : 
1°  trois  pots  de  Pétunia  à  fleurs  doubles  tout  à  fait  remarquables,  tant  par  la 
beauté  des  fleurs  que  par  la  bonne  culture  dont  les  plantes  ont  été  l'objet; 
2°  p'usieurs  Roses  de  stmis  en  ftours  coupées. 

Pdr  M.  Masson,  receveur  du  bureau  de  poste  de  la  Croix-Rousse,  une 
séri«  lie  Fraises,  entre  autres  la  variété  Belle  de  M  eaux  ;  plus  une  très  belle 
Fraise  de  semis  qui  a  été  jugée  par  la  Commission  digne  de  recevoir  un  cer- 
tiâcat  de  V'  classe.  D'après  M.  Masson,  cette  Fraise  serait  issue  du  croise- 
ment des  variétés  Prontys  Seedling  et  Monseigneur  Fournier.  Le  fruit  en  est 
très  gros,  régulier,  ds  moyenne  miturité,  rougJ  intense  ;  chair  foncée, 
pleine  et  assez  juteuse,  très  parfumée. 

Par  M.  Marchand,  horticulteur,  rue  du  Sacré-Cœur,  111,  à  Lyon,  une 
nouvelle  variété  de  Fraisier  des  Quatra-saisons  qu'il  a  obtenue  de  semis. 
Cette  Fraise,  dont  le  parfum  délicat  est  pénétrant  et  f  )rt  agréable,  est  d'une 
belle  grosseur.  Le  fruit  mesure  trois  centimètres  d^i  longueur  et  un  et  demi 
à  deux  centimètres  dans  son  plus  grand  diamètre.  Sa  forma  est  longuement 
ovoïde,  obtuse  au  sommet  et  déprinaée  &  son  point  d'attache.  La  couleur,  qui 


232  — 


avant  sa  complète  maturité  est  carmin    nuancé   orange,   passe    au    pourpre 
brûlé  à  la  maturité. 

Far  M.  Valette,  horiiculteui'-amateur  à  Ghaponost  (Rliône),  toute  une 
collection  de  Fraises  à  j,'ro3  fruits  provenant  de  sei  cultures.  Parmi  les  plus 
belles  variétés  apportées,  on  remarquait:  Nini,  Helveiii,  Lamberlie.  Amiral 
Duadas^  Rita.  etc. 

Les  Commissions  nommées  par  M.  le  Président  pour  juger  les  apports  sout 
composées  de  MM.  Duoliet,  Pelletier  et  Beriliier  (Roses  et  flours  diverses)  ; 
Valla,  Roux  et  Jossermaz  (Fraises  et  Légumes).  Après  examen,  elles  propo- 
sent d'accorder  : 

A  MM. 
Cliavagneux  ,    une    prime    de    3°  classe  pour  ses  Capucines. 
Villard  —  2»  —  Pétunias. 

Liabaud,  —  2*  —  Pétunias, 

—  —  3»  —  Roses. 

Valette,  —  1"  —  Fraises. 

Guillot  fils,  rappel  de  prime  de  1''  —  Rose  Gloire  lyonnaise. 

MassoD,  —  l'"  —  Fraise  do  semis. 

Marchand,  —  2"  —  — 

F.  Morel  et  fils,  rappel  de  prime  1""  classe,  pour  sa  Clématite  François  Morel. 
R  zain-Boucharlat,  un  certificat  2°  —  Pelargouium  M°'°  Rozain. 

' —  —  2'  ^  —  Grandeur. 

—  —  3°  —  —  Comte  L.  de  Margariat. 

Dubreuil,  —  3°  —  —  Poljantha  floribunda. 

La  Commission  demande  l'insoriptioii  au  procès-verbal  pour  les  autres 
produits.  Ces  conclusions  mises  aux  voix  sont  adoptées. 

Election  lie  la  Commission  des  uisites.  —  La  C)mmis<iou  des  visites  pour 
l'année  1885,  après  un  vote  de  l'Assemblée,  se  trouva  ainsi  composée  : 

1°  Pour  la  culiura  maraîchère,  M.M.  Grenier,  Pelletier,  Jacquier  (.Jean), 
Marchand  et  A.  Bernaix. 

2°  Pour  les  visites  de  maisons  bDurgaoises,  MM.  Musset,  Lavenir,  Ber- 
thier,  Rivoire  fils  et  Roux. 

3"  Pour  les  étabiissemeatj,  MM.  .Jacquier  (Claude),  Gaulaio,  Pitaval,  L. 
Gorret  et  Métrai. 

Vu  l'heure  avancée,  après  avoir  consulté  l'assemblée  sur  la  fixation  de 
l'ordre  du  jnur  de  la  projha'uî  réunion,  M.  le  Présidant  lève  la  séance  à 
4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire,  Viviand-Morel. 


Exposition  d'horticulture  à  Genève. 

La  ville  de  Genève  a  de  tout  temps  attiré  les  visiteurs  par  l'in- 
comparable panorama  que  présente  les  rives  de  son  beau  lac  ;  les 
étrangers  s'empressent,  dès  leur  arrivée,  d'aller  sur  les  ponts  con- 
templer les  Iduc  wa'.ers  of  tlic  arrowy  Rhône,  comme  a  dit  lord  Byron, 
les  eaux  bleues  du  Rhùn'\  rapides  comme  une  llècbe,  et  les  belles 
montagnes  qui  l'environnent  :  le  Salève,  le  Reposoir,  le  Mont- 
Blanc,  l'Aiguille  du  Midi,  le  Géant,  et  tant  d'autres  que  le  regard 
aperçoit. 

Mais  si  Genève  est  une  ville  de  plaisance,  c'est  surtout  une  ville 
industrielle  aux  environs  de  laquelle  les  établissements  d'horticul- 
ture sont  assez  nombreux.  La  ville  aux  belles  eaux  est  devenue  la 


—  233  — 

ville  aux  belles  fleurs,  si  on  en  juge  par  la  qnanlité  et  la  beauté  des 
plantes  exposées  sur  la  promenade  des  Bastions,  du  18  au  23  juin 
dernier. 

Cette  exposition  fait  honneur  à  la  Société  helvéïique  d'horlicul- 
lure  qui  en  a  été  l'organisatrice.  De  nombreux  exposants  y  ont 
pris  part,  et  des  lots  fort  remarquables  ont  lait  l'admiration  des 
visiteurs,  dont  l'affluence  était  grande. 

Je  n'ai  pas  la  prétention,  dans  ce  petit  compte-rendu,  de  men- 
tionner tous  les  lots  intéressants  qui  se  trouvaient  exposés,  je  me 
bornerai  à  signaler  ceux  qui  m'ont  le  plus  intéressé,  regrettant  que 
le  peu  d'espace  dont  je  dispose  ne  me  permette  pas  de  parler  de 
tout  le  monde. 

L'arboriculture  était  représentée  par  deux  fort  belles  collections 
générales  :  l'une  de  conifères,  l'autre  d'arbustes  à  feuilles  persis- 
tantes, comprenant  l'élite  des  variétés  ou  des  espèces  cultivées  dans 
les  jardins.  Quelques  sortes  reladvement  rares,  ou  des  spécimens 
de  toute  beauté,  rehaussaient  encore  le  mérite  de  ces  collections 
qui  obtiennent,  la  première,  —  celle  des  conifères,  —  un  grand 
prix  d'honneur,  et  l'autre  également  un  prix  d'honneur. 

S'il  Aillait  énumércr  toutes  les  espèces  qui  ont  attiré  mon  atten- 
tion dans  les  collections  susdites,  exposées  par  M.  Lyand,  horti- 
culteur à  Genève,  cela  me  mènerait  un  peu  loin.  Je  ne  puis  cepen- 
dant r(''sister  à  la  tentation  de  signaler  la  présence  de  beaux  ^bics 
nuniidictt,  Nordmaninna,  Douglasli,  tasiocarpa;  piiis  des  Piiim,  des 
Cephalolaxus,  des  Belinospora,  des  Thuya,  des.  Junipenis,  et  la  plu- 
part des  autres  genres  de  conifères  rustiques.  Dans  les  arbustes  à 
feuilles  persistantes,  il  y  avait  de  jolis  Osmanilms  (plusieurs  varié- 
tés), notamment  l'O.  ilicifolius  argenteus,  des  Clioysia  bien  cultivés, 
des  lierres  en  arbres;  toute  la  série  des  Aucuba,  etc. 

La  floriculture  compte  un  plus  grand  nombre  de  concourants  que 
l'arboriculture,  et  c'est  là  où  la  lutte  a  été  assez  vive  pour  l'obten- 
tion des  premiers  prix.  C'est  d'abord  M.  Joset-Lang,  qui  arrive  en 
tête  et  montre  avec  quel  soin  il  surveille  ses  cultures  de  plantes  à 
feuillage,  de  Bégonia  rex,  de  Cactées,  etc.;  car  les  collections 
qu'il  expose  ont  été  fort  admirées.  Quelques  Pétunias  d'un  nouveau 
type,  du  même  exposant,  ne  manquaient  pas  d'intérêt. 

Kf.  Emile  Lance  expose  un  lot  de  Pelargonium  à  grande  tieur, 
qui  lui  vaut  un  grand  prix  d'honneur.  J'ai  noté  dans  sa  collection 
quelipies  variétés  bien  tranchées  qui  méritent  d'être  signalées, 
entre  autres  :  Jussieu,  M"""  Boucharlat,  Adonis,  D'Master,  Volupté, 
Reine  Victoria,  Patrie,  iNl'"'' Thibaut,  etc. 

M.  VioUon  a  une  collection  de  Zonales  qui  comprend  plus  de 
deux  cents  sortes,  elle  obtient  un  prix  d'honneur.  Plantes  bien  cul- 
tivées et  variétéi  de  choix,  parmi  lesquelles  les  beaux  o'oris,  les 


—  234  — 

grandes  fleurs  et  les  larges  ombelles  ne  manquent  pas.  Je  note 
dans  cette  collection  les  variétés  suivantes  :  Ponceau,  Faidherbe, 
M""  Naurois,  Reine  Olga,  Sœur  Pauline,  M.  Marignac,  Karl 
Kamp,  etc. 

Un  lot  de  Rosiers  nains  comprenant  un  choix  très  judicieux  des 
variétés  actuellement  connues  en  jolies  plantes,  vaut  à  M.  Bocquet 
un  prix  d'honneur. 

Un  prix  de  même  valeur  est  également  et  avec  justice,  accordé 
à  M.  Dentand  pour  un  lot  de  plantes  variées. 

M.  Vachoux-Duval  fixe  l'attention  des  visiteurs  avec  une  série 
de  Bégonia  bulbeux  d'une  vigueur  étonnante,  et  un  choix  de  rosiers 
nains  admirablement  cultivés.  Mentionner  parmi  ces  derniers  les 
variétés  :  Merveille  de  Lyon,  Ulrich  Brunner,  Jean  Liabaud,  Alfred 
Collomb,  etc.;  c'est  donner  une  faible  idée  du  choix  qui  a  présidé 
à  la  formation  de  cette  collection.  Le  même  exposant  nous  montre 
encore  une  belle  collection  de  Pelargouium  à  grandes  fleurs  comp 
tant  beaucoup  des  plus  jolies  variétés  connues. 

Les  Pelargonium  pellatum  de  M.  Fritz  Ludi  lui  valent  un  premier 
prix.  Sa  collection  était  composée  de  quarante-cinq  sortes,  parmi 
lesquelles  il  est  difficile  de  faire  un  choix  ;  cependant  j'ai  noté 
parmi  celles  qui  m'ont  paru  les  plus  belles  :  M"""  Lemoine,  A.  Faille, 
Jeanne  d'Arc,  Massenet,  F.  de  Lesseps. 

La  Suisse,  qui  peut  se  flatter  d'avoir  les  plus  belles  montagnes 
de  l'Europe,  sur  lesquelles  se  développe  à  des  altitudes  élevées, 
une  flore  très  remarquable,  s'intéresse  nécessairement  aux  végétaux 
qui  la  composent.  Aussi  de  cet  intérêt  que  les  horticulteurs  suisses 
prennent  à  la  flore  alpine,  — on  pourrait  presque  dire  flore  natio- 
nale, —  on  trouve  des  marques  dans  beaucoup  d'établissements? 
horticoles  ;  dans  l'enceinte  de  l'Exposition,  deux  magnifiques  collec- 
tions d'espèces  montagnardes  (quelques-unes  habitant  exclusive- 
ment les  hautes  cimes  et  le  voisinage  des  glaciers),  sont  encore  là 
pour  témoigner  quels  soins  entendus  ont  dû  être  prodigués  à  la 
plupart  d'entre  elles. 

AI.  Lyand  obtient  un  prix  d'honneur  pour  une  collection  de 
quatorze  cents  espèces  ou  variétés  de  ces  végétaux  alpins,  Le 
jardin  alpin,  d'acclimatation  lutte  également  pour  la  même  cause  et 
obtient  un  vrai  succès. 

Les  Roses,  —  on  ne  comprendrait  pas  une  exposition  sans  «  la 
reine  des  fleurs  »  ,  —  sont  assez  nombreuses.  M.  Lyand  a  une 
collection  de  Roses  de  Provins  qui  séduit  le  jury.  M.  Lapresle, 
horticulteur  à  Chasselay  (Rhône),  notre  compatriote,  est  venu 
montrer  aux  Genevois  sa  belle  collection  de  Roses  thé,  d'hybrides 
d'Ile-Bourbon,  de  Bengale,  etc.,  parmi  lesquelles  il  est  difficile  de 
faire  un  choix;  car  la  «  reine  des  fleurs  »   a  une  progéniture  très 


—  235  — 

nombreuse.  Cependant  je  ne  puis  m'empécher  de  mentionner  : 
Reine  Olga,  Thérèse  Levet,  Rosiériste  Rambaud,  M"'  de  Watte- 
ville,  l'Elégante,  Thé  unique,   Niphetos,   Riza  du  Parc,  Socrate, 

CIO»  f   G LO» 

M.  Jacques  Neury,  jardinier  chez  M.  Revillad,  obtient  égale- 
ment un  prix  d'honneur  pour  sa  superbe  collection, 

M.  Boccard  (hors  concours)  exposait  aussi  une  collection  qui, 
certainement,  pouvait  rivaliser  avec  celles  des  autres  concourants. 

M.  Forgeot,  marchand  grainier  à  Paris,  avait  apporté  un  lot 
de  fleurs  coupées  comprenant  des  Œillets,  des  Bégonias,  des  Pen- 
sées, des  Pjrèthres,  des  Iris,  des  graminées,  etc.  Le  même  expo- 
sant avait  aussi  apporté  une  fort  belle  collection  de  Pommes  de 
terre  qui  comprenait  quatre-vingts  variétés  de  choix. 

M.  Binder,  horticulteur  à  Malagnon,  a  eu  sa  collection  de 
P.  zonale  récompensée  par  un  prix  d'honneur. 

Parmi  les  autres  horticulteurs  qui  ont  obtenu  des  premiers  prix, 
je  note  :  MM.  Delapierre  (plantes  variées),  Bocquet  (Fuchsias), 
Recordon  (Cinéraire,  Pelargonium\  Molland  (plantes  variées), 
François  Pittet  (Gloxinias  de  semis),  Revol  Massol  (herbier), 
M"^  Heimgartner  (plantes  à  feuillage). 

Ont  encore  obtenu  d'autres  récompenses  : 

MM.  Marc  Dubout,  François  Pittet,  plantes  vivaces  et  fleurs 
coupées;  Delafontaine,  A.  Soltis,  F.  Pasche,  Borgeaud,  Villard, 
Livet,  Mesnil,  etc.,  etc.  Francisque  Gorret. 


Les  Roses  au  XVI«  Siècle  (suite)  (\). 

Rosa  centifolia  rubra.  —  Le  Rosier  à  cent  feuilles,  de  Hollande, 
se  présente  actuellement  dans  les  cultures  sous  différentes  cou- 
leurs :  rouge,  rose  ou  blanche,  et  c'est  certainement  à  son  groupe 
qu'il  fallait  rattacher  autrefois  les  plus  belles  variétés  cultivées.  Il 
ne  paraît  pas  que  les  Roses  mousseuses,  qui  en  sont  sorties  par 
dimorphisme,  aient  été  connues  des  anciens,  car  le  caractère  si 
curieux  qui  les  distingue  des  autres  roses  est  trop  saillant  pour 
leur  avoir  échappé  ;  s'ils  les  avaient  connues,  ils  n'auraient  certai- 
nement pas  hésité  à  les  mentionner. 

De  Candolle  se  demandait  si  on  ne  devait  pas  réunir  les  Roses 
cent-feuilles  aux  Roses  de  Provins,  et  le  savant  rhodographe  Désé- 
glise,  en  rapportant  cette  question  du  botaniste  genevois,  était  fort 
embarrassé  pour  la  résoudre,  aussi  ne  la  résolvait-il  pas.  Déséglise, 
qui  était  très  érudit,  ne  parle  de  l'habitat  du  Rosier  cent-feuilles 

(1)  Voir  pages  217  à  220.  N"  13. 


—  236 


que  pour  dire  qu'il  lui  est  inconnu.  Il  ajoute  qu'il  était  cultivé  en 
Angleterre  par  John  Gérard  en  1596,  mais  qu'il  ignore  la  date  de 
son  introduction  en  France. 

Malgré  toute  son  érudition  rhodographique,  Déséglise  a  com- 
plètement manqué  de  réflexion  et  d'esprit  critique  à  propos  de  ce 
rosier.  Son  introduction  en  France...,  mais  le  Rosier  Cent-feuilles 
a  toujours  existé  dans  les  jardins  de  l'Europe  depuis  l'époque  de 
l'occupation  romaine  et  peut-être  bien  avant.  Il  est  signalé  par 
Pline  et  mentionné  par  plusieurs  auteurs  bien  antérieurs  à  John 
Gérard.  G.  Bauhin  en  parle  sous  le  nom  de  Rosa  maxhiia  multiplex  ; 
Charles  de  l'Ecluse,  qui  a  été  un  des  premiers  à  le  faire  connaître 
sous  le  nom  de  Jiosa  cenlifolia  Balavica,  en  indiquait  des  variétés 
blanches  et  roses. 


Rosa  nibicimda  saccharina  dicta 


Du  reste,  si  on  s'en  rapporte  aux  nombreux  synonymes  que  les 
auteurs  donnent  au  Jiosa  cenlifolia,  il  ne  doit  rester  aucun  doute  sur 
le  polymorphisme  de  cette  espèce.  Ainsi,  pour  ne  citer  que  quel- 
ques uns  de  ses  synonymes,  je  rappellerai  que  les  Jl ></  provincialis, 
Mill  r  ;  canjophullca  Poir,  inguiculata  Desf.,  varians  \.^oh\.  Burgun- 
d/m  Pers.,  etc  ,  lui  ont  été  attribués. 

Linné  confondait  le  Bosa  cenlifolia  avec  le  B.  damascena;  Miller 
avec  le  B.  provincialis,  ce  qui  prouve  qu'il  y  a  eu  dans  les  cultures 


—  237  — 

pendant  fort  longtemps  une  confusion  assez  grande  à  propos  de  la 
Rose  cent- feuilles. 

Il  n'y  a  aucun  doute  sur  l'origine  des  Roses  mousseuses  {B.  ?««.<- 
(•osa  M'ill),  qui  sont  des  variétés  de  Rosier  cent-feuilles  obtenues  par 
dimorphisme  et  fixées  au  moyen  de  la  bouture  ou  de  la  grelïe.  Lée 
et  Kennedy  possédaient,  il  y  a  plus  d'un  siècle,  des  individus  qui 
produisaient  sur  le  même  pied  des  Roses  cent-feuilles  et  des  Roses 
mousseuses.  Depuis  l'époque  où  ce  fait  a  été  signalé,  on  l'a  observé 
dans  beaucoup  d'autres  endroits,  et  j'ai  eu  moi-même  l'occasion  de 
l'observer  dans  mon  jardin.   Il  ne  peut  pas  y  avoir   non  plus  la 


R.  Damascena  fl.  simplici 

moindre  contestation  au  sujet  de  l'origine  du  R.  bipinnnta  (Rosier  à 
feuille  de  céleri)  et  de  quelques  autres  variétés  tératologiques  du 
même  type  : 

«  James  Smilh  est  porté  à  croiro  avec  plusieurs  autres,  que  ce  Rosier  est 
originaire  du  Midi  de  l'Europe  ;  mais  rien  de  ce  qui  a  été  dit  à  cet  éga.rJ  ne 
pouvant  faire  aLtorilé  pour  désigner  le  lieu  natal  d'une  plante  aussiginéra- 
lement  cultivée,  c'est  pourquoi  je  préfère  placer  son  origine  en  Asie,  parce 
que  Bieberstein  l'a  trouvé  dans  l'état  sauvage  sur  le  coté  oriental  du  Caucase, 
d'où  il  aura  vraitemblabjement  passé  dans  nos  jardins.  Peut-être  la  célèbre 
rose  de  Cliiras,  dont  Kojmpfer  fait  un  si  grand  éloge,  n'est  que  celle-ci  ou 
le  Damascena,  nous  ne  pouvons  que  le  conjecturer;  au  reste,  les  fleurs  de  la 
Rose  deChiras  sont  employées  à  la  distillerie,  ainsi  que  csUes  du  Galiica  (l).» 

Toutes  ces  conjectures  ne  nous  apprennent  rien. 


(1)  Lindley,  Monogr.  du  yeurc  rosier. 


—  238   — 

Nous  avons  donné  (page  147)  la  figure  (réduite  de  moitié)  du 
Bosa  cetuifolia  rubra  de  l'Hortus  Eystettensis,  si  on  veut  bien  s'y 
reporter,  on  vei'ra  ce  que  les  auteurs  anciens  entendaient  par  cette 
espèce. 

(A  suivre.)  Séb.  Gryphe, 


Hosa  Milesia  fl.  rubro  plena 


CALENDRIER  HORTICOLE 


hémmè  des  travaux  el  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 


AOUT 

Culture  potagère.  —  On  continue  à  semer  et  à  planter  tous  les 
légumes  qui  peuvent  être  récoltés  dans  l'année  et  on  commence  les 
semis  des  sortes  qui  ne  seront  bonnes  que  l'année  prochaine.  Dans 
la  première  catégorie,  on  peut  semer  : 

Carotte  courte,  arroche,  cerfeuil,  chicorées  diverses,  cresson 
alénois,  roquette,  épinards,  haricots  hâtifs,  laitue,  mâche,  navets, 
radis,  etc.. 


—  239  — 

Les  légumes  à  semer  pour  être  récoltés  l'année  prochaine  sont 
les  suivants  : 

Cerfeuil  tubéreux,  choux  d'York  et  autres  pommés,  choux  de 
Milan,  brocoli,  épinards,  laitue  d'hiver,  mâche,  ognons  blancs, 
scorsonère,  etc. 

Il  faut  arroser  fortement  les  choux-fleurs,  les  céleris  et  autres 
légumes  en  voie  de  développement.  On  replante  les  fraisiers,  le 
thym,    l'estragon,  la  ciboulette,  l'oseille,  etc. 

Jardin  fniilier.  —  On  surveille  attentivement  les  poires,  car  la 
plupart  des  variétés  demandent  à  être  entrecueillies  c'est-à-dire 
récoltées  quelques  jours  avant  leur  maturité.  On  palisse,  on  pince 
et  on  éboure^eonne  là  où  le  besoin  s'en  fait  sentir. 


'O^ 


Jardin  d'agrément.  —  En  dehors  des  travaux  de  propreté  qui 
doivent  se  continuer  toute  l'année  dans  un  jardin  bien  tenu,  on  doit 
remplacer  celle  des  plantes  florales  annuelles  qui  ont  terminé 
leur  floraison.  C'est  le  bon  moment  pour  planter  <o«<<?s  les  plantes 
vivaces  qui  fleurissent  au  printemps  et  ne  remontent  pas  en  été, 
de  ce  nombre  sont  les  Pivoines,  les  Fraxinelles,  les  Lyclmis  et  une 
foule  d'autres  genres. 

C'est  le  moment  de  semer  en  plein  air  toutes  les  plantes  bisannuel- 
les qui  ne  craignent  pas  le  froid  ;  celles  qui  craignent  le  froid  se- 
ront semées  dans  un  endroit  où  on  pourra  les  abriter  pendant 
l'hiver.  On  sèmera  donc  : 

Adonis,  bleuet,  coHinsia,  pavot,  gaillardes,  giroflées,  graminées, 
ornementales  (la  plupart  telles  que  :  brize,  lagurus,  polypogon, 
agrostis,  aira,  festuca,  etc..)  Lunaria  biennis,  mimulus,  myosotis, 
mufliers,  œillets,  pensées,  rose  trémière,  sainfoin  d'Espagne, 
silène  pendante  et  autres,  thlaspi  blanc,  etc. 

Serres  et  châssis.  —  Lès  serres  sont  encore  vides  pour  la  plupart  , 
en  août  ;  seules  les  plantes  de  serre  chaude  demandent  des  soins 
continuels  :  bassinages,  arrosements,  ombrage,  aération,  etc. 
On  doit  multiplier  en  août  préférablement  à  toute  autre  époque  les 
Pélargonium  zonales,  grandiflorum  et  autre  sortes,  et  si  on  dispose 
pendant  l'hiver  de  suffisamment  de  place  dans  les  serres  ou  les 
bâches  on  peut  multiplier  les  Anthémis,  Verbena,  et  autres  espè- 
ces d'ornement,  qui  donneront  ainsi  au  printemps  des  sujets  plus 
forts.  On  rempote  les  primevères  de  la  Chine  et  on  sème  :  Calcéo- 
laire  hybrides,  Lobelia,  Nierembergia  et  Réséda  (pour  l'hiver). 


—  240  — 

REVUE   BIBLIOGRAPHIQUE 

Traité    de    Culture  potagère  par  M.  J.  Dybowski  (i). 

Pendant  fort  longtemps  l'horticulture  a  été  un  métier  dont  les 
bases  purement  empiriques  reposaient  sur  de  prétendus  secrets 
qui  se  transmettaient  régulièrement  de  père  en  fils.  La  cliimie,  la 
botanique,  et  en  général  toutes  les  sciences  qui  servent  à  expliquer 
les  phénomènes  de  la  vie  végétale,  aussi  peu  avancées  elles- 
mêmes  que  l'horticulture,  font  suffisamment  saisir  la  cause  de  cette 
longue  période  où  l'empirisme  régnait  en  maître  dans  les  jardins. 
Aujourd'hui,  l'horticulture  proprement  dite  est  encore  bien  arriérée, 
mais  l'agriculture  lui  montre  la  voie  où  elle  doit  définitivement 
s'engager  si  elle  veut  sortir  des  vieilles  pratiques  routinières  qui 
l'étreignent  depuis  si  longtemps. 

Les  livres  de  jardinage,  qui  paraissent  do  temps  à  autre,  résument 
assez  bien,  — ■  quand  les  auteurs  ne  sont  pas  de  simples  compila- 
teurs, —  l'état  de  nos  connaissances  techniques  et  marquent  les 
progrès  accomplis  d'une  année  à  l'autre  en  horticulture.  Sous  ce 
rapport,  le  Traité  de  cuUarc  pnlaijrir  qui  vient  do  publier 
M.  G.  Dybowski,  maître  de  conférences  d'hor.icuUure  à  l'École 
nationale  d'Agriculture  de  Grignon,  constitue  un  excellent  ouvrage 
que  tous  ceux  qui  s'occupent  de  culture  potagère  auront  intérêt 
à  consulter. 

Ce  livre,  dont  les  matières  sont  disposées  alphabétiquement, 
traite  de  toutes  les  plantes  potagères  cultivées  dans  nos  pays 
Chaque  type  est  étudié  avec  soin  et  les  meilleurs  systèmes 
de  culture  sont  indiqués  pour  chaque  espèce.  La  culture  forcée, 
celle  en  plein  air,  la  culture  pour  graines,  la  récolte,  la  conser- 
vation, les  maladies,  et  les  insectes  qui  s'attaquent  aux  plantes 
font  l'objet  des  observations  de  l'auteur  dont  la  compétence  est 
bien  reconnue. 

Si  nous  ajoutons  que  1 14  figures  illustrent  et  servent  à  expliquer 
le  texte,  en  voilà  plus  qu'il  ne  faut  pour  justifier  la  recommanda- 
tion de  cet  excellent  traité. 

iVV  X  S 

Les  personnes  qui  n'ont  pas  retiré  les  médailles  qu'elles  ont  obtenues  à 
l'Exposition  tenue  par  la  Ville  de  Lyon,  en  juin  deriiier.  sur  la  place  de 
Perruche,  sont  informées  que  ces  médailles  sont  déposées  chez  II.  ItliisMet, 
fleuriste,  place  des  Terreaux,  où  elles  pourront  Its  prendre. 

(1)  Traité  de  cullnre  polaijère,  p  .r  M.  J.  D)-bowski,  un  volume  )n-l"2  de 
490  pages  avfc  114  figires.  0.  Masson,  éditeur,  120,  boulevard  St-Germaio, 
Paris, 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOBEt. 

Lyon,  —  Irap.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  AOUT  N°    15 


CHRONIQUE 


Influence  de  la  température  de  Veau  d^arrosage  sur  les  plantes.  — 
Messieurs,  la  question  qui  nous  occupera  pendant  quelques  minutes 
est  la  suivante  : 

La  température  de  l'eau  employée  pour  l'arrosage  a-t-elle  une 
influence  sur  les  plantes,  et  si  elle  en  a  une,  quelle  est-elle?  Ainsi 
s'exprimait,  le  28  mai  1885,  au  Congrès  horticole  international  de 
Paris,  M.  J.  Niepraschk,  directeur  horticole  de  la  Société  Flora,  à 
Cologne  (Allemagne). 

La  question  traitée  par  M.  Niepraschk  n'est  pas  du  tout  nou- 
velle, ainsi  qu'il  le  dit  lui-même  ;  au  contraire,  elle  a  été  bien  sou- 
vent posée,  et  la  réponse  la  plus  ordinaire  qui  y  a  été  faite  a  con- 
sisté à  exprimer  l'opinion  qu'il  est  nuisible  aux  plantes  de  les 
arroser  avec  de  l'eau  froide. 

Cette  opinion,  ainsi  exprimée  par  presque  tout  le  monde,  est  une 
opinion  qui  ne  repose  que  sur  de  simples  présomptions  morales,  c'est- 
à-dire  une  hypothèse  absolument  dénuée  de  toute  valeur  scienti- 
fique. 

Mon  ami  Jean-Jacques,  horticulteur  lyonnais,  auquel  je  lis,  en  la 
commentant,  la  note  publiée  dans  le  Journal  de  la  Société  nationale 
d'Iiurlicullure  par  l'horticulteur  allemand,  dont  il  partage  la  manière 
de  voir,  se  trouve  violemment  froissé  dans  son  opinion  que  je  com- 
bats avec  énergie.  Voyez  donc,  me  dit-il,  tout  le  monde  pense 
comme  moi,  et  même  ce  monsieur  de  Cologne  qui  a  l'air  bien  com- 
pétent. Notre  voisin  le  maraîcher  fait  chauifer  au  soleil  l'eau  avec 
laquelle  il  arrose,  et  il  assure  qu'ainsi  chaufïée  elle  est  bonne, 
tandis  qu'elle  ne  vaut  rien  si  elle  est  froide.  —  C'est  absolument 
comme  le  café  qui  est  bon  très  chaud —  Riez  si  vous  voulez  ; 


—  242  — 

c'est  mon  opinion,  c'est  mon  avis,  c'est — C'est  votre  opinion  ; 

vous  pensez  ;  je  suis  d'avis  ;  tout  le  monde  le  dit....  Je  les  connais 
depuis  longtemps  ces  guitares,  ces  lieux  communs,  ces  banalités, 
ces  opinions  de  M.  tout  le  monde,  et  je  m'en  méfie. 

Au  fait,  je  ne  saisis  pas  bien  la  raison  pour  laquelle  on  préfère 
l'eau  chaude  à  l'eau  froide  pour  arroser  ;  et  ce  n'est  ni  l'expérience 
du  docteur  Sachs,  savant  professeur  à  Vurzbourg,  ni  les  faits  signa- 
lés par  M.  Nieprascht  qui  me  feront  changer  d'avis  ou  cesser  l'hé- 
sitation que  j'éprouve  à  me  jeter  dans  l'eau  chaude  plutôt  que  dans 
l'eau  froide. 

Du  reste,  j'estime  que  les  opinions  contraires  ont  pour  utilité 
de  provoquer  la  discussion.  Ainsi  il  est  convenu  que  si  je  soutiens 
actuellement  que  Farrosement  à  l'eau  froide  n'est  pas  aussi  perni- 
cieux que  l'on  veut  bien  le  dire,  c'est  précisément  pour  tâcher  de 
prouver  que  la  base  d'une  des  opérations  fondamentales  de  l'horti- 
culture ne  repose  encore  à  l'heure  actuelle  que  sur  de  simples 
hypothèses. 

M.  Nieprascht  reconnaît  qu'il  n'y  a  eu  jusqu'à  présent  aucune 
expérience  sérieuse  établie  pour  appuyer  la  théorie  des  arrosements 
à  l'eau  chaude  et  combattre  ceux  à  l'eau  froide.  Cependant  il  est 
bien  reconnu  qu'il  y  a  «  pour  l'assimilation  qu'opèrent  les  plantes 
et  pour  leur  croissance  une  température  minimum  à  5  ou  6",  un 
optimum  ou  une  température  éminemment  favorable  à  34°  et  un 
maximum  à  42",  pour  la  chaleur  du  sol  et  qu'il  en  est  de  même 
pour  l'eau.  » 

On  peut  accepter  ces  principes  sans  s'arrêter  aux  chiffres  qui 
varient  nécessairement  avec  les  espèces.  Je  suis  persuadé  si  je 
plaçais  par  exemple  la  Renoncule  des  glaciers  dans  une  serre 
chaufiée  à  34",  qu'elle  y  ferait  triste  mine. 

M.  Sachs  a  reconnu  que  les  racines  du  Maïs  plongées  dans  l'eau 
poussaient  dans  l'espace  de  48  heures:  à  17°,  de  25  millimètres, 
à  26%  de  245  millimètres  ;  à  34%  de  550  millimètres  ;  à  38°,  de 
250  milUmètres,  et  à  42°,  de  59  milHmètres. 

En  examinant  ces  chiff"res  on  ne  peut  en  effet  s'empêcher  de 
conclure  que  l'eau  chauffée  à  34°  a  donné  des  résultats  bien  supé- 
rieurs à  ceux  de  l'eau  à  17°.  L'eau  froide  se  trouve  ainsi  con- 
damnée. Attendez;  distinguons. 

Ne  confondons  pas,  je  vous  prie,  la  température  du  sol  avec 
celle  de  l'eau.  L'expérience  du  D'  Sachs  sur  le  Maïs  a  été  faite 
dans  l'eau  qui  remplaçait  le  sol  ;  mais  quand  on  arrose,  l'eau  fût- 
elle  à  7  ou  8°,  ne  tarde  pas  à  s'échauffer  et  à  prendre  la  température 
du  milieu  où  elle  a  été  versée.  Pour  s'élever  à  la  température  sus- 
dite elle  absorbe  de  la  chaleur,  chacun  sait  ça.  Or,  ce  qui  serait  im- 
portant de  savoir,  c'est  si  le  refroidissement  momentané  du  sol 


—  24h  — 

et  des  racines  est  pernicieux  aux  plantes.  Toute  la  question  est 
là.  Et  si  ce  refroidissement  n'était  pas  pernicieux  mais  favorable, 
l'eau  chaude  serait  condamnée. 

Si  je  ne  plaidais  que  les  circonstances  atténuantes,,  je  dirais,  en 
me  basant  sur  la  théorie  de  l'optimum  cité  plus  haut,  que  toutes 
les  fois  que  la  température  du  sol  dépassera  l'optimum  susdit,  l'eau 
froide,  agissant  comme  réfrigérant,  vaudra  mieux  que  l'eau  chaude 
pour  arroser.  Si  par  exemple  une  espèce  quelconque  poussait 
mieux  à  20"  qu'à  30",  il  serait  préférable  de  l'arroser  avec  de  l'eau 
à  1 0°  qu'avec  de  l'eau  à  25",  surtout  quand  la  température  du  sol 
dépasse  20°.  Mais  je  ne  me  contente  pas  d'aussi  peu  et  je  dis  que 
l'uniformité  de  la  température  du  sol  n'est  pas  un  facteur  qui  fa- 
vorise la  végétation.  Les  plantes  ont  besoin  pour  croître  d'alterna- 
tives de  chaleurs  différentes.  L'air,  les  gaz,  l'eau  et  les  autres  corps 
qui  pénètrent  dans  les  cellules  végétales  se  dilatent  quand  il  fait 
chaud  et  aident,  par  la  tension  qu'ils  exercent  sur  les  membranes 
des  cellules,  à  l'ascension  des  sucs  nourriciers  vers  les  parties  su- 
périeures. Quand  la  température  s'abaisse,  la  tension  des  cellules, 
produite  par  la  dilatation  des  gaz,  diminue  et  le  vide  relatif  qui  en 
est  la  conséquence  favorise  éminement  l'absorption  de  nouvelles 
matières  assimilables. 

On  voit  donc  qu'il  y  aurait  lieu  d'instituer  des  expériences  sé- 
rieuses si  l'on  voulait  prouver  autrement  que  par  des  on-dit,  que 
l'eau  chaude  est  préférable  à  l'eau  froide  pour  arroser  les  plantes. 
Quant  à  moi,  je  suis  persuadé  qu'il  y  a  des  cas  où  l'eau  froide  vau- 
drait mieux  que  l'eau  chaude  et  réciproquement.  Simple  histoire 
de  ménager  la  chèvre  et  le  chou. 


Cultures  comparatives  de  l'asperge.  —  Sur  la  proposition  de  l'un  de 
ses  membres,  l'Association  horticole  lyonnaise  avait  mis  à  l'ordre 
du  jour  de  son  assemblée  générale  du  18  juillet  la  question  fort 
intéressante  des  cultures  comparatives  de  l'asperge.  L'heure  un 
peu  avancée  à  laquelle  a  commencé  la  discussion  de  cette  question 
n'a  pas  permis  de  lui  donner  tout  le  développement  qu'elle  com- 
porte. Notre  collègue,  M.  Marchand,  horticulteur,  rue  du  Sacré- 
Cœur,  à  Lyon,  auquel  la  brièveté  de  la  discussion  n'a  pas  échappé, 
nous  écrit  la  lettre  suivante,  qui  intéressera  certainement  ceux  de 
nos  lecteurs  qui  s'occupent  d'asperges.  M.  Marchand  est  du  reste 
un  bon  cultivateur,  et  je  profite  de  l'occasion  pour  réparer  ici  un 
oubli  que  j'ai  fait  en  omettant  de  signaler  dans  le  compte-rendu  de 
l'Exposition  les  1 1  bottes  d'asperges  de  Lyon  qu'il  avait  exposées 
et  que  le  Jury  a  trouvées  assez  belles  pour  leur  décerner  une  mé- 
daille d'argeut. 


^  244  — 

Voici  la  lettre  de  M.  Marchand  : 

Lyon,   le  24  juillet   1885. 
Monsieur, 

A  propos  de  la  culture  de  l'asperge,  lors  de  notre  dernière  Assemblée, 
vous  avez  dit  avec  raison  que  beaucoup  de  cultivateurs  avaient  la  mauvaise 
habitude  de  planter  trop  profond.  Comme  presque  tout  le  monde  abondait 
dans  votre  sens,  la  discussion  a  été  vite  close. 

De  cette  discussion,  un  peu  trop  écourtée,  restera-t-il  une  bonne  note 
dans  la  mémoire  des  cultivateurs  d'asperges  ?  Il  faut  l'espérer. 

C'est  une  grande  erreur  de  planter  l'asperge  à  plus  de  0,15  cent,  de 
profondeur.  Qu'on  la  mette  en  fossés  d'une  ligne  ou  en  planches  de  deux  ou 
trois  lignes.  Seulement,  en  février  ou  mars,  il  faut  procéder  au  buttage 
avec  un  bon  mélange  de  fumier  bien  consommé  et  de  la  terre  qui  est  autour, 
de  manière  à  faire  une  taupinière  au-dessus  de  la  plante.  De  cette  façon, 
l'asperge  est  alors  beaucoup  plus  facile  à  cueillir,  car  il  suffit  d'écarter  un 
peu  la  terre  pour  avoir  autant  de  blanc  qu'il  est  utile.  Vers  la  fin  juin, 
quand  cesse  la  cueillette,  on  procode  au  nivellement  du  sol  et  la  plante  se 
trouve  dans  son  état  normal. 

Bien  que  l'asperge  puisse  pousser  de  très  profond  (on  peut  le  voir  dans 
les  terrains  d'alluvion  des  îles  du  Rhône .  où  l'asperge  officinale  est 
spontanée)  ;  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  c'est  dans  de  telles 
conditions  qu'elle  prospère  le  mieux. 

A  part  les  espèces  botaniques  que  vous  avez  bien  voulu  nous  montrer,  il 
existe  certainement  plusieurs  variétés  d'asperges  comestibles,  qui,  à  la 
vérité,  sont  bien  voisines.  Les  turions  sont  plus  ou  moins  roses  ou  violets, 
et  plus  ou  moins  hâtifs  ou  tardifs. 

La  bonne  culture  et  les  soins  que  l'on  apporte  à  l'établissement  d'une 
plantation  d'asperges,  tant  par  le  choix  des  sujets  que  par  la  préparation 
du  sol,  sont  beaucoup  plus  que  la  qualité  du  plant  la  cause  d'un  bon 
rendement.  Marchand  fils. 


Informations.  —  L'Officiel  a  publié  dernièrement  le  décret  sui- 
vant :  «  Est  interdite,  jusqu'à  nouvel  ordre,  l'importation  d'Espa- 
gne en  France,  par  la  frontière  de  terre  et  de  mer,  des  fruits  et 
légumes  poussant  dans  le  sol  ou  à  niveau  du  sol.  »  Voilà  certaine- 
ment une  singulière  rédaction.  Quels  sont,  je  vous  prie,  les  légu- 
mes qui  ne  poussent  pas  dans  le  sol  ou  à  niveau  du  sol  ? 

—  Le  phylloxéra  est  signalé  en  Algérie  à  Mansourah,  dans  la 
région  de  Tlemcen.  Ou  a,  paraît-il,  pris  des  mesures  énergiques 
pour  arrêter  le  développement  du  tiéau.  Nous  verrons  bien. 

—  M.  Thibaut,  horticulteur  à  Sceaux,  a  été  fait  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur.  Certes,  il  le  mérite  bien. 

Je  ne  puis  cependant  pas  m'empêcher  de  faire  remarquer  que 
les  rubans  rouges  sont  distribués  surtout  dans  le  Nord.  Paris  par 
exemple  en  soutire  pour  sa  part  une  bonne  quantité.  Lyon  zéro. 

— La  Société  d'horticulture  de  Villefranche  (Rhône)  tiendra  une 
exposition  générale  et  pubhque  de  fleurs,  fruits,  légumes,  objets 
d'art  et  d'industrie  horticoles  les  5,  6  et  7  septembre  prochain,  à 
Villefranche,  sur  la  place  du  Promenoir. 


—  245  — 

— Il  y  aura  également  un  Concours  et  une  Exposition  horticole 
à  Mâcon  du  3  au  7  septembre. 

Il  est  regrettable  que  ces  deux  expositions  aient  lieu  presque  en 
même  temps,  car  les  exposants  étrangers  qui  voudraient  y  prendre 
part  seront  forcés  de  faire  un  choix  entre  les  deux  villes. 

Haricot  et  soleil.  —  Si  le  Haricot  est  une  plante  très  sensible  au 
froid,  on  peut  dire  également  qu'il  n'alïectionne  pas  non  plus 
d'une  manière  exagérée  les  températures  qui  dépassent  30"  cen- 
tigrades. Il  prospère  admirablement  en  plein  champ,  aime  le 
soleil  et,  comme  beaucoup  d'autres  légumes,  s'étiole  quand  il  croît 
à  l'ombre.  Dire  qu'il  aime  les  arrosements,  c'est  répéter  ce  que 
chacun  sait. 

Eh  !  bien,  malgré  les  arrosements,  quand  la  chaleur  persiste 
sans  interruption  pendant  quelque  temps,  il  y  a  tout  à  gagner  à 
ombrer  les  haricots  de  midi  à  4  heures.  On  peut  employer  pour 
cet  usage  des  toiles  très  claires,  des  claies  de  paille,  des  branches 
d'arbre  munies  de  leurs  feuilles,  etc.  Avec  quelques  liteaux  de 
sapins,  portés  sur  des  piquets,  on  construit  à  peu  de  frais  une 
sorte  de  charpente  qui  peut  recevoir  les  objets  quelconques  qui 
serviront  à  intercepter  les  rayons  trop  ardents  du  soleil.  Abrités  de 
cette  manière,  les  haricots  fructifieront  davantage  et  demanderont 
moins  d'arrosement  que  s'ils  sont  abandonnés  à  eux-mèraes. 

Jrrosemenl  des  arbres.  —  H  y  a  des  gens  qui  ne  savent  pas  que 
l'eau  qui  est  nécessaire  à  l'alimentation  des  plantes  est  principale- 
ment puisée  dans  le  sol  par  les  radicelles,  c'est-à-dire  par  les 
racines  les  plus  jeunes.  Si  elles  connaissaient  cette  simple  particu- 
larité de  la  vie  végétale,  je  suis  persuadé  que  lorsqu'elles  arrosent 
un  arbre  elles  ne  verseraient  pas  l'eau  directement  au  pied,  sauf 
dans  le  cas  où  celui-ci  a  les  racines  pivotantes. 

La  plupart  du  temps,  quand  on  arrose  les  arbres,  on  creuse  une 
petite  cuvette  au  pied  et  on  verse  l'eau  dans  l'endroit  où  elle  est  le 
moins  utile.  Mauvaise  pratique.  Pour  arroser  un  arbre,  il  faut 
creuser  un  petit  fossé  circulaire  à  quoique  distance  du  tronc,  et  y 
verser  l'eau.  Plus  l'arbre  est  gros  plus  le  fossé  doit  être  éloigné 
de  son  centre. 

A  la  longue,  quand  le  terrain  est  sec,  l'eau  qui  est  versée 
directement  au  pied  de  l'arbre  finit  bien,  en  cheminant  par  voie 
d'imbibition  et  de  capillarité,  à  humecter  les  radicelles,  mais  il  y  a 
beaucoup  de  temps  de  perdu  quand  on  procède  ainsi. 

V.  V.-M. 


—  246  — 


R.  provincialis  fl.  albo 

Les  Roses  au  XVIe  Siècle  (suite)  (1), 

Jiosa  damascena  flore  simplici.  —  Le  vrai  rosier  de  Damas,  celui 
que  les  anciens  ont  connu  et  célébré  restera  longtemps,  pour  ne 
pas  dire  toujours,  une  énigme  indéchiffrable.  Sprengel  pense  qu'il 
pourrait  bien  être  celui  que  Virgile  cite  dans  ses  Géorgiques  {hifcria 
rosaria  pœsti).  Je  n'y  vois  rien  d'impossible,  et  on  pourrait  plaider 
pour  et  contre  cette  hypothèse  avec  autant  de  chances  d'un  côté 
que  de  l'autre  de  gagner  le  procès.  Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain, 
c'est  que  les  botanistes  anciens  ont  appliqué  ce  nom  à  plusieurs 
sortes  très  différentes.  Mathiole  confondait  la  Rose  de  Damas  avec 
la  Rose  musquée,  et  Lobel  avec  la  Rose  de  Provins.  D'autres  n'hé- 
sitaient pas  à  donner  ce  nom,  en  même  temps,  à  deux  plantes  fort 
différentes. 

Aujourd'hui,  plusieurs  bons  auteurs  rattachent  en  variété  aux 
R,  Gallica  et  ccnlifolia  le  Rosier  de  Damas  de  Miller. 

<(  S.  James  Smith  croit  que  le  Rosier  de  Damas  a  été  introduit 
en  Europe  par  le  comte  de  Brie,  compagnon  d'armes  de  St-Louis, 
à  son  retour  d'Egypte.  »  Il  est  bien  bon  de  croire  cela,  S.  James 
Smith.  Eh  bien  !  et  les  Romains,  qu'est-ce  qu'ils  plantaient  donc 
dans  leurs  villas  des  Gaules? 


(1)  Voir  pages  217  à  220.  N"  13  et  n»  14. 


—  247  — 

Rosa  Milesia.  —  «  Entre  les  roses  les  plus  estimées,  dit  Pline, 
sont  les  Prénestines  et  celles  de  la  terre  de  Labour.  Les  autres  y 
ont  ajouté  la  Milésienne  qui  est  la  plus  haute  en  couleur  et  n'a 
point  plus  de  12  feuilles  (pétales).  La  Trachinienne  va  après,  qui 
n'est  pas  si  rouge.  » 

En  France,  les  vieux  auteurs,  notamment  Dalechamp,  pensaient 
que  la  Rose  Milésienne  des  anciens  était  celle  que  l'on  cultivait 
sous  le  nom  de  Roses  de  Provins. 


R.     cinnamomea. 


Linné  a  réuni  plusieurs  roses  sous  le  nom  de  Rom  (jallica,  et 
parmi  celles  dont  nous  avons  donné  les  figures,  les  suivantes  peu- 
vent parfaitement  y  être  rapportées:  R.  prœnestina,  Milo.sia,  provin- 
cialis,  Damascena,  rubicunda,  comme  à  la  rigueur  on  pourrait  éga- 
lement y  rapporter  le  R.  cenlifolia.  La  figure  (page  238)  du  Rosa 
Milesia,  de  VHorlus  eijslellensis,  se  rapporte  évidemment  à  une  Rose 
de  Provins. 

«  Lindley  dit  qu'il  est  possible  que  ce  rosier  (R.  de  Provins) 
qui  vient  du  midi,  ait  ajouté  à  la  confusion  que  les  anciens  bota- 
nistes ont  produite  entre  le  R.  cenlijolia  et  le  (jallica  avec  lequel  il 
a  tant  de  rapports.  »  Je  ne  comprends  pas  bien  le  sens  de  cette 
phrase  digne  de  M.  Lapalisse.  Les  anciens  donnaient  des  noms  aux 
Roses  qui  leur  paraissaient  distinctes  et  en  agissant  ainsi  ils  évi- 
taient au  contraire  la  confusion  que  Lindley  leur  reproche  bien  à 


—  248  — 

tort.  Ceux  qui  ont  fait  de  la  confusion  c'est  Linné  d'abord,  puis  les 
autres  botanistes  de  son  école  qui  ont  réuni  sous  une  même  déno- 
mination des  êtres  qu'ils  ne  connaissaient  pas  ou  qu'ils  connaissaient 
mal.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  appréciations,  il  faut  bien  convenir 
que  les  Bosa  gallica  et  provincialh  sont  fort  voisines. 


R.  spinosa  H.  albo. 


«  Loiseleur-Deslonchamps  ,  Dicl.  des  sciences  naturelles,  dit  que 
le  Rosier  de  Provins  a,  dit-on,  été  rapporté  de  Syrie  à  Provins, 
par  un  comte  de  Brie,  au  retour  des  Croisades;  mais  rien  n'est 
moins  prouvé  que  ce  fait,  et  il  paraît  au  contraire  que  cette  espèce 
a  été  connue  de  toute  antiquité  et  que  c'est  probablement  d'elle 
qu'Homère  a  vanté  les  vertus  dans  rilliade,  »  Loiseleur  qui  rap- 
porte des  «  on-dit  »  pour  les  combattre  les  remplace  purement  et 
simplement  par  d'autres  on-dit,  qui  ne  valent  pas  mieux.  La  vérité 
est  que  l'on  ne  sait  rien  de  sérieux  sur  l'origine  de  la  Rose  de 
Provins.  Les  auteurs  modernes  la  signalent  comme  croissant  à 
l'état  sauvage  en  Espagne  et  eji  Italie.  En  France  on  la  trouve 
naturalisée  dans  le  Maine-et-Loire,  le  Loir-et-Cher,  le  Cher,  le 
Rhône,  le  Var,  etc. 


249 


Rosa  pramestina  variegata.  —  A  propos  des  Roses  Milésiennes, 
j'ai  rapporté  le  passage  où  Pline  déclare  expressément  qu'entre 
les  roses  les  plus  estimées,  les  Prénestines  tenaient  le  premier 
rang.  Elles  étaient  rouges. 

On  peut  voir  par  la  tigure  que  nous  donnons  du  B.  prœnestina 
variegata  (p.  147)  que  ce  coloris  n'était  pas  le  seul  sous  lequel  on 
pouvait  observer  la  Rose  signalée  par  le  naturaliste  romain. 

Les  Provins  panachés  qui  étaient  autrefois  si  communs  dans  les 
cultures  ont  probablement  eu  pour  ancêtres  la  rose  en  question. 
Bauhin  la  mentionne  sous  le  nom  de  R.  versicolor.       S.  Gryphe. 

(A  suivre). 

Le  Littoral  de  la  Provence 

SA    VÉGÉTATION    EXOTIQUE    ET    SES    PRODUCTIONS    HIVERNALES 

Quand,  en  hiver,  l'habitant  du  Centre  ou  du  Nord  de  la  France 
est  subitement  transporté  par  le  chemin  de  fer  des  régions  où 
régnent  les  brouillards  et  les  frimas,  sous  le  ciel  bleu  et  le  doux 
soleil  des  côtes  méditerranéennes,  il  croit  passer  tout  à  coup  sous 
une  autre  latitude. 

C'est  que,  en  effet,  de  Marseille,  mais  bien  plus  encore,  à  partir 
d'OUioules,  autour  de  Toulon,  puis  d'Hyères,  (l'Olbie  heureuse 
des  anciens),  en  suivant  la  côte,  le  climat,  grâce  aux  puissants 
abris  naturels  et  aux  chaudes  effluves  de  la  mer  profonde  est,  la 
flore  et  la  végétation  le  disent  partout,  celui  d'une  latitude 
beaucoup  plus  méridionale. 

Sur  les  places  publiques  d'Hyères,  comme  dans  ses  immenses  et 
plantureux  jardins  qui  exportent  tant  de  légumes  et  de  fruits  de 
primeur  dans  la  France  entière,  le  dattier  d'Afrique  et  d'Asie 
élève  vers  le  ciel  ses  longs  stipes  couronnés  de  larges  têtes  sous 
lesquefles  pendent  les  magnifiques  régimes  de  dattes. 

D'Hyères  à  Saint-Raphaël,  un  bourg  hier  et  aujourd'hui  une 
coquette  ville  d'hiver,  court  une  côte  incomparable  et  au  dévelop- 
pement de  près  de  80  kilomètres.  Sur  un  point  du  promontoire  le 
plus  au  sud  de  cette  côte  est  bâti  Saint-Tropez,  au  port  de  mer 
très  mouvementé.  Cette  jolie  petite  ville  est  la  sentinelle  la  plus 
avancée  de  la  France  sur  la  Méditerranée. 

Maintes  fois  nous  avons,  en  plein  hiver  et  sous  un  soleil  afri- 
cain, parcouru  cette  longue  côte  partout  couverte  des  vestiges  les 
plus  divers  de  la  domination  sarrazine  ou  mauresque  qui  y  fut 
jadis  implantée.  Des  pentes  en  plein  midi  allant  s'éteindre  en  mer, 
sur  le  sable  fin  d'admirables  criques,  montrent  de  séculaires  dat- 


—  250  — 

tiers  venus  de  Sardaigne,  d'Espagne  ou  d'Afrique.  Sur  les  fertiles 
bords  du  riant  golfe  de  Saint-Tropez  s'élèvent  nombreux,  sous  le 
nom  de  chevaux  du  golfe,  les  descendants  du  svelte,  du  frugal  et 
du  doux  cheval  arabe. 

Elisée  Reclus,  le  savant  géographe,  dont  la  France  s'honore  à 
bon  droit,  parcourait  un  jour  la  côte  dont  nous  parlons,  et  il  écri- 
vait d'elle  ces  mots  prophétiques  :  «  Quand  cette  partie  de  la  côte 
méditerranéenne  française  sera  découverte,  elle  deviendra  le  jardin 
d'hiver  de  la  France.  » 

La  découverte  commence.  Nous  serions  heureux,  si  la  chose, 
nous  était  permise,  d'écrire  ici,  surtout  dans  un  journal  lyonnais, 
les  noms  de  favoris  de  la  fortune,  habitants  de  la  seconde  ville  de 
France,  qui  préparent  à  cette  heure,  à  Cavalaire,  l'un  des  plus  jolis 
points  de  la  côte  que  l'on  découvre,  une  création  horticole  de 
grande  importance. 

A  Saint-Raphaël,  à  Cannes,  au  golfe  Juan,  à  Antibes,  à  Nice, 
à  Monaco  (Dieu  garde  ceux  qui  nous  lisent  de  la  roulette),  à  Men- 
ton, enfin,  la  dernière  ville  française  avant  Vintimille,  où  commen- 
cent les  terres  de  l'Italie,  partout  le  même  ciel,  la  même  végéta- 
tion exotique  et,  en  hiver,  les  mêmes  jardins  couverts  de  fleurs. 

Grandes  sont  les  richesses  exotiques  acclimatées  dans  ces  jar- 
dins et  elles  s'augmentent  chaque  année. 

N'encourons  aucunes  foudres,  aucunes  excommunications  plus 
ou  moins  majeures,  à  propos  des  mots  acclimaté  et  acclima- 
tation, verbe,  adjectif  ou  substantif,  que  vient  de  tracer  ou  que 
pourrait  tracer  plus  loin  notre  plume. 

Nous  appelons  acclimatation,  dans  le  règne  végétal,  d'autres 
disent  naturalisation,  mais  peu  importe  le  mot,  la  vie  normale  en 
plein  air  et  en  pleine  terre,  sous  un  nouveau  climat  ou  sous  un  autre 
hémisphère  où  ils  sont  importés,  de  végétaux  indigènes  d'autres 
climats  ou  d'un  autre  hémisphère. 

La  flore  australienne,  si  intéressante  et  si  jolie  avec  ses  Acacia 
ou  Mimosa,  ses  Callislcmon,  ses  Kennedy  a,  etc.,  etc.,  et  si  colossale 
avec  ses  gigantesques  Eucalyptus  (1),  est  acclimatée  sur  les  côtes 
méditerranéennes  dont  nous  parlons.  Et  cette  flore  est  indigène 
d'un  autre  hémisphère.  De  plus,  les  patries  locales,  sur  le  vaste 
continent  austrahen,  de  plusieurs  des  espèces  ou  variétés  végétales 
de  ce  continent  acclimatées  chez  nous,  jouissent  de  climats  hiver- 
naux que  nous  avons  lieu  de  croire  supérieurs  au  climat  de  notre 
Uttoral. 


(I)  On  peut  voir  à  Hyères  dans  la  cour  de  l'hôtel  et  pension  du  Louvre,  cours 
Barlière,  un  Eucalyptus  globutus,  qui,  igé  de  20  ans,  mesure  25  mètres  de  hauteur, 
son  tronc,  à  un  mètre  du  sol,  accuse  3  m.  80  cm.  de  circonférence. 


251 


C'est  grâce  aussi  à  des  acclimatations  qui  ne  sont  pas  contesta- 
bles que  nos  jardins  du  littoral  voient  végéter  si  bien  en  plein  air 
tant  d'espèces  et  de  variétés  de  palmiers  originaires  de  l'Afrique, 
de  l'Asie  et  de  l'Amérique  du  Sud  ;  les  Araucaria,  les  uns  du  Bré- 
sil et  les  autres  des  îles  de  l'Océanie  intertropicale  ^  de  nombreuses 
Cycadées  de  diverses  et  chaudes  patries,  etc.,  etc. 

Ces  plantes  ont  pourtant  à  supporter  chez  nous,  tous  les  hivers, 
des  abaissements  de  température  que  bon  nombre  des  mêmes 
espèces  et  variétés  ne  connaissent  pas  dans  leur  patrie  d'origine. 

Il  faut  le  dire,  et  c'est  là  ce  qui  fait  l'immense  et  spéciale  valeur 
du  climat  du  littoral  dont  nous  parlons,  valeur  aussi  précieuse  pour 
les  êtres  affaiblis  du  règne  animal  que  pour  les  acclimatations  végé- 
tales et  les  productions  d'hiver  de  nos  jardins  :  non  seulement  ce 
climat  est  bien  plus  doux  en  hiver  que  les  régions  de  latitude  ou 
correspondante  ou  même  plus  méridionale,  mais  il  subit  très  rare- 
ment, même  en  hiver,  de  brusques  transitions  de  température. 
Sauf  de  rarissimes  exceptions  dues  à  des  bourrasques  du  nord-est 
qui  amènent  jusqu'à  près  de  nous  l'air  très  refroidi  en  passant  sur 
les  neiges  éternelles  des  sommets  alpins,  si,  sur  la  côte  nous  avons 
quelques  nuits  d'hiver  où  le  thermomètre  centigrade  vient  à  mar- 
quer 2  à  3°  ou  par  extraordinaire  4  à  5°  sous  zéro,  cet  abaissement 
ne  se  produit  ainsi  au  maximum  qu'après  une  série  de  nuits  se 
refroidissant  graduellement. 

Sous  l'influence  de  cet  abaissement  graduel,  les  végétaux,  même 
les  plus  frileux,  s'habituent,  le  mot  nous  semble  vrai,  à  la  tempé- 
rature qui  descend  doucement  ;  la  circulation  de  la  sève  s'arrête  et 
les  tissus  se  durcissent.  C'est  ainsi  que  nous  croyons  explicable 
l'immunité  dont,  sous  des  abaissements  de  4°  sous  zéro,  nous  avons 
vu  jouir  dans  nos  jardins  du  littoral  des  végétaux  tout-à-fait  tropi- 
caux, tels  que,  par  exemple,  le  Ifujandia  caracassana  et  le  Musa 
Ensete. 

Sûrement,  ces  végétaux  ne  résisteraient  pas  à  de  pareils  abais- 
sements, s'ils  se  manifestaient  d'une  façon  brusque. 

La  précieuse  lenteur  avec  laquelle  se  produisent  les  minima 
hivernaux  sur  le  littoral  qui  nous  occupe,  contribue,  au  moins 
autant  que  la  grande  douceur  générale  des  hivers,  à  faire  de  ce 
littoral  la  région  par  excellence  pour  les  acclimatations  végétales. 

Aussi  combien  en  est-il  partout  d'intéressantes  ! 

Dans  le  jardin  du  grand  hôtel  du  Parc,  à  Hyères,  hôtel  que 
dirige  un  Lyonnais  bien  connu  des  gourmets,  Watebled,  est  un 
Melaleuca  linearis,  haut  de  8  mètres  et  dont  le  tronc  mesure  plus 
d'un  mètre  80  centimètres  de  circonférence.  Rantonnet,  un  autre 
Lyonnais  (Rantonnet  était  enfant  de  Millery),  a  planté  cet  arbre  il 
y  a  plus  de  50  ans.  Disons  en  passant  que  le  vieux  jardinier  dont 


—  252  — 

nous  rappelons  ici  le  nom  avec  reconnaissance  et  amour,  ainsi  que 
celui  de  Lyon,  que  nous  ne  saurions  oublier,  que  Rantonnet  fut  le 
premier  créateur  de  l'horticulture  hyéroise,  aujourd'hui  si  impor- 
tante. 

Nice,  depuis  son  annexion  à  la  France,  a  vu  créer  autour  d'elle 
vingt  jardins  princiers,  que  peuplent  des  végétaux  de  toutes  les 
parties  chaudes  du  globe. 

Le  Golfe  Juan  a  eu  le  jardin  exotique  de  M.  Mazel,  l'heureux 
propriétaire  des  curieux  et  riches  jardins  d'Anduze  (Gard)  ;  il  a  à 
cette  heure,  couvert  de  végétaux  de  splendide  développement,  le 
magnifique  jardin  d'acclimatation  de  M.  le  comte  d'Eprémesnil. 
Nul  jardin  sur  le  littoral,  sauf  toutefois  celui  du  savant  et  regretté 
docteur  Thuret  à  Antibes,  jardin  devenu,  grâce  à  uie  généreuse 
donation,  une  propriété  de  l'Etat  dirigée  par  le  savant  M.  Naudin 
et  encore  celui  de  M.  Camille  Dognin  à  Cannes ,  ne  renferme 
autant  de  riches  et  plantureux  végétaux  exotiques. 

M.  Dognin  est  encore  un  Lyonnais  et  ses  jardins  faits  à  coups 
de  centaines  de  mille  francs  font  le  plus  grand  honneur  à  l'horti- 
culture française. 

Gustave  Bonnet,  le  savant  et  intelligent  ingénieur,  l'amateur 
éminent  à  qui  Lyon  doit  son  remarquable  parc  de  la  Tête-d'Or  et 
ses  principaux  jardins,  avait  créé  à  Hyères  autour  d'une  très 
modeste  villa  (Bonnet  n'était  ni  un  Waïsse  ni  un  Hausmann)  une 
riche  collection  d'Agaves  toujours  existante. 

Puis  Hyères  a,  sous  la  direction  de  la  Société  d'acclimatation 
de  France,  le  plus  beau  jardin  que  possède  le  littoral  sous  le  nom 
de  jardin  d'acclimatation. 

Mais  il  est  à  l'endroit  de  la  valeur  du  littoral  dont  nous  par- 
lons, autre  chose  qui  n'intéresse  pas  moins  la  société  en  général 
que  les  facilités  que  présente  ce  littoral  pour  les  acclimatations 
végétales,  c'est  la  production  d'hiver  et  de  primeur  que  donnent 
si  abondamment  déjà  et  que  pourraient  donner  dix  fois  plus  consi- 
dérable encore,  et  plus  variée,  les  jardins  de  ce  littoral. 

Nous  ne  parlerons  aujourd'hui  que  de  la  production  hivernale 
des  fleurs  telle  qu'elle  existe  à  cette  heure,  et  de  leur  exportation. 

Un  des  écrivains  les  plus  spirituels  de  nos  jours,  quittait  le  sol  de 
la  patrie  après  le  2  décembre  1851  ;  il  se  réfugiait  à  Nice  afin  de 
pouvoir,  ainsi  que  le  lui  écrivait  Lamartine  :  «  Manger  libre,  sur 
un  sol  indépendant.   » 

Emerveillé  par  le  climat,  l'écrivain  se  fit  jardinier,  et  il  euvoya 
en  plein  hiver  à  Paris  des  fleurs  fraîches  de  Nice.  On  s'arracha  ces 
fleurs  cultivées  par  une  main  qui  gagna  tant  de  batailles  contre  la 
bêtise  humaine  ;  Alphonse  Karr  avait  créé  pour  le  littoral  le  com- 
merce d'exportation  hivernale  des  fleurs  fraîches. 


—  253  — 

Pourtant  le  vieux  jardinier,  si  français,  n'est  pas  encore  décoré 
de  l'ordre  du  Mérite  agricole. 

Il  a  sans  doute  oublié  de  soumettre  sa  demande . 

Il  serait  trop  long  de  donner  le  détail  de  tout  ce  qu'exporte 
aujourd'hui  de  Heurs  fraîches,  de  novembre  à  mai,  le  littoral 
méditerranéen  français,  et  ce  dans  toute  l'Europe  du  Centre  et  du 
Nord. 

A  Paris,  sur  le  carreau  des  halles,  ces  fleurs  du  Midi  sont  dési- 
gnées sous  le  nom  de  fleurs  de  Nice  ;  mais  cette  ville  n'a  aucune- 
ment, de  nos  jours,  le  monopole  de  la  production  des  fleurs  d'hiver 
d'exportation. 

Antibes,  le  Golfe  Juan,  Cannes,  Saint-Raphaël,  Hyères  et  son 
immense  région,  Toulon,  Ollioules,  sont  tous  des  centres  importants 
de  production  et  d'exportation  de  ces  fleurs. 

Dans  tous  ces  centres,  à  l'exception  toutefois  d'Ollioules,  la  plus 
considérable  production  est  celle  des  boutons  de  rose,  de  ceux  sur- 
tout du  rosier  thé  Safrunu.  Jusqu'à  ce  jour,  nous  ne  connaissons 
pas,  ou  du  moins  la  généralité  des  cultivateurs  de  rosiers,  ne 
connaissent  pas,  pour  la  production  des  boutons  d'hiver  d'exporta- 
tion, de  variété  de  rosier  ayant  autant  de  mérites  spéciaux  pour 
cette  production  que  le  rosier  que  nous  venons  de  nommer. 

Pour  donner  une  idée  de  l'importance  de  la  production  hiver- 
nale de  ce  rosier  sur  le  littoral,  nous  pouvons  dire  que  chez  M.  Hip- 
polyte  Dellor,  un  propriétaire  spécialiste  d'Hyères,  sa  roseraie  de 
Tlié  Safrano^  en  sujets,  largement  espacés,  complantés  sur  une  sur- 
face d'à  peine  trois  hectares,  a  produit  trente  mille  francs  pendant 
la  saison  hivernale  1884-1885. 

Mais  bien  d'autres  fleurs  sont  produites  et  exportées.     • 

C'est  par  wagons  que  partent  de  tout  le  littoral  les  inflorescences 
si  élégantes  des  Acacia  ou  Mimosa  et  surtout  celles  des  variétés 
dealbala,  cuUriformii,  falcata  et  reUnoides. 

Les  paniers  de  fleurs  de  violettes,  le  Czar,  de  Parme  et  surtout 
foncée  ordinaire  et  fVilson,  chargent  aussi  des  wagons  pendant  tout 
l'hiver  :  c'est  surtout  Hyères  qui  produit  ces  fleurs  de  violettes. 

De  fin  décembre  à  courant  février,  et  d'OUioules  spécialement, 
s'exportent  chaque  jour  en  grandes  quantités  le  Réséda  en  paquets 
et  la  fleur  de  la  Jacinthe  romaine  blanche  ;  OUioules  fait  la  culture  de 
la  Jacinthe  en  carrés  soigneusement  divisés  en  étroits  ados  et 
recouverts  pendant  la  nuit  avec  des  paillassons  étendus  sur  supports 
élevés  à  0"60  au-dessus  du  sol.  Les  cultures  de  Réséda,  à  Ollioules 
et  ailleurs,  sont  abritées  de  la  même  façon. 

Nice  a  ses  Œillets  remontants  d'origine  génoise.  Ollioules  a  son 
œillet  appelé  Mahonais  .très  vigoureux  et  qui  donne  abondamment, 
en  hiver  ou  au  premier  printemps,  de  grandes  fleurs  rouges  chair. 


—  254  — 

très  pleines.  Les  jardiniers  d'Ollioules  abritent  leurs  cultures 
d'œillets  remontants  pendant  l'hiver  comme  ils  le  font  pour  leurs 
cultures  de  jacinthes.  Nous  connaissons  de  ces  jardiniers  qui,  l'hi- 
ver dernier  1884-85,  avaient  chacun  en  culture  productive  30  et 
jusqu'à  40,000  œillets  remontants  mahonais. 

Ajoutons  que,  à  Ollioules  comme  sur  plusieurs  autres  points  du 
littoral,  un  œillet  remontant  d'origine  lyonnaise  commence  à  pren- 
dre une  place  méritée  dans  les  cultures  à  production  des  fleurs  d'ex- 
portation. C'est  la  variété  à  si  belles  et  si  abondantes  fleurs  rouge 
vif,  baptisée  du  nom  de  son  obtenteur,  notre  excellent  collègue  et 
ami  Alégatièro,  l'intelligent  et  heureux  transformateur  de  l'œillet 
remontant,  à  l'honneur  de  l'horticulture  lyonnaise. 

Une  variété  à'Jnlhemis  frulescens,  variété  lyonnaise  aussi,  qui 
a  nom  Madame  Aunier,  et  que  nous  avons  été  heureux  de  répan- 
dre sur  le  littoral,  a  fourni  cette  année,  à  Hyères  spécialement, 
matière  à  de  considérables  exportations  de  ses  fleurs  blanches,  si 
abondamment  produites  sous  notre  ciel,  pendant  tout  l'hiver,  par 
cette  précieuse  variété. 

Ainsi  que  la  Jacinlhe  romaine  blanche  se  cultivent  parchamps  aussi, 
pour  la  cueille  et  l'exportation  des  fleurs,  les  Giroflées  blanches  et 
rouges,  divers  Narcisses,  Jonquilles,  Tulipes,  Glayeuls,  et  de  très 
grandes  quantités  d'anémones  et  de  Renoncules.  Chaque  année,  au 
reste,  voit  surgir  la  production  et  l'exportation  d'autres  fleurs 
encore.  On  commence  à  produire  en  certaine  quantité  et  à  expor- 
ter avec  succès  les  fleurs  de  quelques  variétés  à'Echeveria  qui  fleu- 
rissent sous  notre  climat  en  hiver  et  en  culture  à  l'air  libre  ;  ces 
fleurs  en  clochettes  de  corail  sont  bien  prisées   à  Paris  et  ailleurs. 

Citons  encore  les  commencements  de  culture  sous  de  modestes 
châssis,  du  lilas  pour  la  production  des  fleurs  d'hiver.  Nous  croyons 
à  l'extension  prochaine  et  lucrative,  sous  notre  ciel,  de  cette  spécia- 
lité qui  ne  fait  guère  qu'apparaître  mais  qui  fera  songera  d'autres. 

Sûrement  le  littoral  de  la  Provence  est  loin,  bien  loin  encore, 
privé  qu'il  est  d'assez  devrais  jardiniers,  d'avoir  dit  tout  ce  que 
son  doux  climat  et  son  beau  soleil  peuvent  produire  en  horticulture. 

Prochainement,  ainsi  que  nous  venons  de  le  faire  pour  la  produc- 
tion des  fleurs  d'hiver  d'exportation,  nous  dirons  ce  qu'est  à  cette 
heure  aussi  et  ce  que  produit  et  pourrait  produire  l'horticulture  si 
spéciale  du  littoral  de  la  Provence  en  fruits  et  légumes  d'hiver  et 
de  primeurs  à  exporter  et  encore  en  plantes  à  feuillage  d'ornement 
offertes  au  commerce  horticole  du  centre  et  du  nord  de  la  France 
et  de  l'Europe. 

Nardy. 


—  255  — 
Bibliographie.  —  Dictionnaire  des  Roses  (1). 


M.  Max  Singer,  dont  nous  avons  eu  de  temps  à  autre  l'occasion 
de  lire  quelques  notes  horticoles,  vient  de  publier  un  Dictionnaire 
des  roses.  Cet  ouvrage,  relativement  considérable,  contient  l'énu- 
mération,  par  ordre  alphabétique,  de  plus  de  six  mille  variétés  de 
Roses.  Chaque  variété  est  précédée  du  nom  de  la  série  à  laquelle 
elle  appartient:  Hybrides,  Bengales,  Thés,  etc.,  puis  elle  est  suivie 
du  nom  de  l'obteoteur,  de  la  description  que  celui-ci  en  a  donnée  et 
de  l'année  de  la  mise  au  commerce.  Un  assez  grand  nombre  de 
figures  noires,  représentant  des  variétés  de  Roses,  sont  dissémi- 
nées dans  le  texte  ou  tirées  à  part. 

Ce  Dictionnaire  rendra  certainement  de  grands  services  aux 
rosiéristes  et  aux  amateurs  qui  s'intéressent  à  la  culture  des  Roses. 
Ils  pourront,  à  l'aide  de  cet  ouvrage,  se  renseigner  sur  l'origine 
du  plus  grand  nombre  des  variétés  modernes. 

Le  seul  reproche  que  l'on  pourrait  peut-être  adresser  à  l'au- 
teur, c'est  de  ne  pas  avoir  retouché  les  descriptions  par  trop  naïves 
que  certains  semeurs  ont  données  des  variétés  qu'ils  ont  mises  au 
commerce.  En  signalant  seulement  la  couleur  de  beaucoup  de 
sortes,  on  en  saurait  tout  aussi  long  qu'en  lisant  les  descriptions 
susdites. 

Recettes  utiles. 

Encre  au  bichromate  de  potasse.  —  Résistant  à  la  pluie,  recommandable 
pour  les  étiquettes  d'expositions. 

Pour  un  litre  t 

1°  Faire  dissoudre  20  grammes  d'extrait  de  campèche  (coût  environ  25 
c?nt.)  dans  un  peu  d'eau  chaude  jusqu'à  complète  dissolution.  —  Remuer; 

2°  Verser  la  dissolution  précédente  (toute  chaude)  dans  un  ustensile  assez 
grand,  où  Ton  a  mis  préalablement  un  peu  d'eau  chaude  ; 

3°  Rincer  le  vase  où  l'on  a  fait  dissoudre  l'extrait  de  campèche  pour  enle- 
ver ce  qui  pourrait  en  rester,  et  l'ajouter  à  la  masse  du  liquide; 

4°  Faire  dissoudre  7  grammes  de  bichromate  de  potasse  dans  un  peu  d'eau 
chaude;  varser  cette  dissolution  dans  la  masse  de  celle  d'extrait  de  campèche 
en  agitant  constamment  ; 


(1)  Dictionnaire  des  Roses,  ou    Guide  général  des  Rosiéristes,  2  vol.  in-12  d'environ 
400  pages,  chez  l'auteur,  M.  Max  Singer,  à  Tournai  (Belgique). 


—  256  — 

5°  Rincer  le  vase  où  l'on  fait  la  dissolution  de  bichromate  de  potasse.  — 
Ajouter  ce  résidu  à  la  masse  totale  ; 
6°  Compléter  par  de  l'eau  chaude  la  quantité  d'un  litre  ; 
7"  Ajouter  au  tout  20  grammes  d'aoide  chlorhjdrique  ; 
8°  Ajouter  5  grammes  de  gomme  arabique  ; 

9»  Enfin,  mettre  dans  l'encre  un  peu  de  bichlorure  de  mercure  (sublimé 
corrosif),  un  dixième  de  gramme  environ. 

Se  servir  d'un  vieil  ustensile  qui  ne  puisse  plus  être  employé  à  un  autre 
usage. 

Le  litre  de  cette  encre  ne  revient  pas  à  0  fr.  50. 

Elle  constitue  aussi  une  bonne  encre  de  bureau  ;  elle  est  d'un  beau  noir, 
ne  dépose  pas  et  sèche  rapidement. 

Nota.  —  Nous  devons  la  communication  de  cette  recette  à 
M.  Rivoire,  marchand-grainier  à  Lyon.  C'est  avec  cette  encre 
qu'il  avait  étiqueté  les  produits  qu'il  avait  présentés  à  la  dernière 
Exposition.  Malgré  des  bassinages  réitérés  prodigués  aux  plantes 
pendant  toute  la  durée  de  l'Exposition,  l'écriture  des  étiquettes 
resta  parfaitement  nette. 


ROSES     NOUVELLES 

Hybride  de  noisette.  —  Albane  d'Arneville,  arbuste  très  vigoureux,  fleur 
grande  ou  moyenne,  pleine  en  forme  de  coupe,  pétales  imbriqués,  d'un  beau 
blanc  pur,  légèrement  rose  carné,  floraison  abondante. 

Hybrides  remontants.  —  Auguste  André,  arbuste  très  vigoureux,  fleur 
grande,  rose  tendre  argenté,  centre  rose  lilacé,  passant  au  rose  pâle,  odo- 
rante, franchement  remontante. 

Sotivenir  d'Eugène  A'air,  arbuste  vigoureux  et  franchement  remontant, 
fleur  grande  ou  moyenne,  bombée,  pleine,  bien  faite,  rouge  écarlate  passant 
au  ponceau,  revers  des  pétales  reflété  Tiolet  bleuâtre,  très  odorante. —  Cette 
variété  est  dédiée  à  la  mémoire  du  frère  d'un  de  nos  plus  spirituels  écrivains 
français  et  grand  amateur  de  roses,  M.  Alphonse  Karr. 

Climbing  Monsieur  Boncenne,  arbuste  à  rameaux  sarmenteux,  accident  fixé 
de  M.  Boncenne,  fleur  grande,  très  pleine,  pourpre,  noir  velouté,  superbe 
coloris  qui  manquait  et  qui  était  vivement  désiré  dans  la  série  des  Rosiers 
sarmenteux. 

Climbing  Pride  of  Walthani,  arbuste  à  rameaux  sarmenteux,  accident  fixé 
de  Pride  of  Waltham,  fleur  grande,  pleine,  bien  faite,  rose  chair  ombré  de 
rose  brillant,  très  belle  variété. 

Ces  cinq  variétés  ont  été  obtenues  par  M.  J.  Schwartz,  rosiériste  à  Lyon; 
elles  seront  mises  au  commerce  prochainement. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  AOUT  N"     16 


CHRONIQUE 


a  C' est  un  semis  !  n  —  Les  mères  en  général  paraissent  à  peu 
près  d'accord  pour  déclarer  qu'il  n'y  a  qu'un  bel  enfant  au  monde 
et  que  ce  marmot  leur  appartient.  Ce  petit  travers  constitue  un 
sentiment,  inotïensif,  un  développement  exagéré  de  l'amour  mater- 
nel, qui  ne  nuit  à  personne  tant  qu'il  reste  cantonné  dans  l'espèce 
humaine.  Que  voulez-vous  que  cela  me  fasse  si  Madame  X.  ne 
trouve  aucune  différence  entre  son  fils  Quasimodo  et  l'Apollon  du 
Belvédère?  Rien.  Je  ne  veux  pas  l'acheter. 

Mais  quand  M.  Y.,  mon  confrère,  veut  me  forcer  à  prendre  un 
navet  pour  la  pomme  des  Hespérides  sous  prétexte  qu'il  l'a  obtenu 
de  semis,  ce  petit  défaut,  qui  procède  directement  de  l'autre, 
m'exaspère  au-delà  de  toute  limite.  Comment  !  il  suffirait  de  semer 
un  pépin  de  poirier,  un  noyau  d'abricot  ou  une  graine  de  rosier 
pour  que  les  produits  qui  sortiront  de  ces  semis  fussent  nécessai- 
rement des  grains  mirifiques  dignes  d'être  propagés? 

Ah  !  mais  non,  et  dans  ce  cas  je  n'hésite  pas,  quand  on  me 
présente  une  de  ces  plantes  ou  un  de  ces  fruits  nouveaux,  à  bien 
l'examiner  avant  de  faire  chorus  avec  l'obtenteur.  Malgré  cette 
excellente  précaution,  ou  se  trompe  quelquefois  et  les  juges  décer- 
nent souvent  à  de  francs  vauriens  des  certificats  de  bonne  con- 
duite. 

En  propage-t-on  assez  de  ces  plantes  nouvelles  qui  ne  font 
qu'augmenter  le  nombre  des  variétés  sans  marquer  aucun  progrès 
dans  l'améUoration  des  genres? 

Les  semeurs  «  heureux  »  —  ils  sont  tous  heureux  les  semeurs 
—  ne  tombent  cependant  pas  tous  dans  ce  travers  qui  consiste  à 
voir  de  la  nouveauté  partout  et  j'en  connais  qui  jugent  leurs  pro- 
pres semis  comme  si  c'étaient  ceux  du  voisin. 


—  258  — 

Cette  manie  d'augmenter  sans  mesure  la  matière  cullecliommble 
porte  avec  soi  son  châtiment.  Non  seulement  les  amateurs  elïrayés 
abandonnent  les  collections  dès  que  les  genres  tombent  dans  un 
polymorphisme  indétini,  mais,  ce  qui  est  plus  regrettable  encore, 
il  ne  se  forme  plus  d'amateurs. 

Je  comprends  combien  il  est  agréable  de  lancer  dans  le  com- 
merce un  produit  de  «  ses  œuvres»  ,  un  semis,  une  fixation.  On  l'a 
vu  croître,  on  a  passé  un  an,  deux  ans,  trois  ans  et  même  davan- 
tage à  le  surveiller,  à  prévenir  ses  désirs,  à  calmer  son  appétit. 
Un  lui  a  donné  à  boire  quand  il  avait  soif  ;  on  l'a  défendu  contre 
ses  ennemis  et  de  chaudes  couvertures  lui  ont  souvent  aidé  à  pas- 
ser la  froide  saison.  Et  on  voudrait  que  toutes  ces  peines  fussent 
perdues  ?  Jamais.  Alors  on  baptise  l'enfant  ;  on  lui  donne  le  nom 
d'une  reine,  d'une  duchesse,  d'un  prince  et  on  le  fait  voyager — 
à  nos  dépens.  L'année  suivante  on  a  oublié  la  plupart  de  ces  êtres 
erratiques  ;  mais  comme  on  en  a  créés  d'autres,  le  tour  recom- 
mence. 

On  sait  bien  que  le  progrès,  dans  l'amélioration  des  variétés,  ne 
procède  pas  par  bonds  et  va  pianiasimo ,  mais  encore  faudrait-il  que 
cette  sage  lenteur,  cette  marche  de  tortue,  ne  fût  pas  agrémentée, 
de  temps  à  autre,  par  un  piétinement  sur  place.  Quand  les  «se- 
meurs heureux  »  n'obtiennent  rien  de  sérieux,  ne  devraient-ils  pas 
s'abstenir  de  vendre  des  plantes  qui  n'ont  rien  de  nouveau  que  le 
nom? 


Culture  retardée  du  Rosier  Malmaison.  —  Les  Parisiens  ne  com- 
prendront pas  de  quelle  variété  je  veux  parler  si  je  ne  traduis  pas 
Malmaison  par  Souvenir.  Aux  halles,  à  Paris,  il  y  a  vingt  ans,  les 
horticulteurs  disaient  :  combien  «  tes  souvenirs  »  ,  aux  jardiniers 
qui  chaque  matin  apportaient  par  «  bottes  »  la  Rose  qui  a  rendu 
célèbre  Beluze,  mais  qui  ne  l'a  pas  enrichi.  Hase  île  Bourbon  Souvenir 
de  la  Malmaison,  c'est  un  peu  long,  et  j'approuve  l'élision  parisienne. 
Je  ne  cache  même  pas  à  tous  les  baptistes  qui  affublent  les  plantes 
de  noms  aussi  ridiculement  longs,  que  je  ferai  toujours  ce  que  je 
pourrai  à  l'occasion  pour  les  écourter.  Vous  souvenez-vous  de  celui 
qui  eut  un  jour  l'idée  d'appeler  une  rose  :  Fiançailles  de  la  Prin- 
cesse Amélie-Marie  Augustine-Thérèse ,  etc.,  etc.,  et  du  Prince 
Rodolphe-Jacques-Antonin-César,  etc.  C'était  un  comble  qui  eût 
été  encore  plus  complet  si  le  prince  ou  la  princesse  eussent  été 
espagnols,  Passons.  Donc  j'avais  l'intention  de  vous  dire  que 
voilà  le  moment  opportun  de  préparer  les  Rosiers  Souvenir  de  Mal- 
maison à  la  floraison  hivernale.  A  la  fin  d'août,  coupez  toutes  les 
fleurs  ou  tous  les  boutons   qui  seront  sur  vos  rosiers  ;  éliminez  la 


^  259  — 

moitié  des  menues  branches  ou  brindilles  ;  gardez  intacts  les  scions 
vigoureux  et  inclinez-les  presque  horizontalement.  Cela  t'ait,  dans 
le  courant  de  septembre,  une  foule  de  jeunes  boutons  se  dévelop- 
peront sur  les  branches  inclinées,  et  ces  boutons,  si  vous  les  garan- 
tissez du  froid,  tîeuriront  de  novembre  à  janvier. 

Informations.  —  La  Société  d'horticulture  du  Nord  de  la  France 
vient  de  perdre  son  président  M.  V.  S.  T.  Meurin,  pharmacien  de 
1"''  classe,  adjoint  au  Maire  de  Lille,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur etc. 

On  sait  que  sous  l'habile  présidence  de  M.  Meurin  la  Société  du 
Nord  de  la  France  a  pris  très  rapidement  une  extension  vraiment 
considérable;  c'est  donc  une  perte  très  regrettable  que  viennent 
d'éprouver  les  horticulteurs  du  Nord. 

—  Une  exposition  de  Chrysanthèmes,  à  laquelle  sont  conviés 
les  amateurs  et  les  horticulteurs  de  tous  pays,  aura  lieu  à  Tou- 
louse, du  12  au  16  novembre  prochain.  Demander  les  renseigne- 
ments à  M.  le  Président  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Haute- 
Garonne,  place  St-Georges,  14,  à  Toulouse. 

—  Un  congrès  viticole  aura  lieu  à  Bordeaux  au  mois  de  mars 
prochain. 

—  Le  phylloxéra  esten  train  de  faire  le  tour  du  monde.  Onsignale 
sou  apparition  dans  l'Asie  Mineure,  à  Smyrne,  sur  le  Bosphore  et  à 
et  à  Vomtsa  en  Grèce.  Le  petit  insecte,  démontre  par  A  plus  B 
que  les  diplomates  qui  se  sont  réunis,  à  l'Ours  de  Berne,  pour 
décréter  son  arrestation,  n'ont  pas  trouvé  de  gendarmes  assez  ha- 
biles pour  lui  mettre  la  main  au  collet.  En  revanche  ils  ont  un  peu 
ruiné  les  jardiniers.   Je  ne  trouve  pas  la  compensation  suffisante. 

—  Le  9  juin  dernier  a  été  inaugurée  la  statue  de  DarM-in,  placée 
au  centre  de  la  grande  salle  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
South  Kensington. 

— Plusieursjournaux  allemands  signalent  une  plante  nouvelle,  le 
Plujtolacca  cleclrica  qui  posséderait  à  un  haut  degré  des  propriétés 
magnétiques.  Attendons  de  connaître  ce  végétal  électrique  pour  en 
parler  plus  amplement. 

—  M.  Garnier  curé  à  Serrigny  (Côte-d'or)  a,  dit  V HorlicuUeur 
rhalunais,  obtenu  un  lilas  bleu  de  ciel  sans  nuance  violette.  Espé- 
rons que  cette  variété  ne  passera  pas  au  bleu  île  jardinier  en  vieilis- 
sant. 

Session  de  la  Société  pomologique  ;  programme.  —  Article  l".  —  La  27° 
sefsioa  de  la  Société  po-.JDlogique  de  France  se  lieridri,  cette  anné?,  à  Bourg. 
Elle  coiacidera  avec  une  exposiiion  générale  de  fruits. 


—  260   — 

Art.  2.  —  La  séance  d'ouverturo  aura  lieu  le  15  septembre,  à  2  heures, 
dans  la  salle  du  jardin  de  la  Société. 

Ai't.  3.  —  Les  Sociétés  sont  priées  de  faire  counaitre  leur  adhésion  et  le 
nombre  de  membres  qu'elles  enverront  à  cette  Session,  à  M.  le  Pi'ésident  de 
la  Société  d'horticulture  de  l'Ain,  ou  à  M.  le  Président  de  la  Société  pomologi- 
que  de  France,  au  Palais-des-Arts,  à  Lyon. 

Les  membres  titulaires  qui  se  proposent  d'assister  à  la  Session  voudront 
bien  remplir  la  même  formalité. 

Art.  4.  —  Les  délégués  seront,  porteurs  de  leur  lettre  de  délégation,  des 
rapports  des  Commissions  de  leur  Société  et  de  divers  docuoieuts  propres  à 
faciliter  la  comparaison  et  l'appréciation  des  fruits. 

Art.  5.  La  Société  s'occupera  pendant  cette  Session  : 

1»  De  l'appréciation  des  fruits  admis  à  l'étude; 

2°  Des  fruits  spécialement  étudiés  et  présentés,  soit  par  la  Commission 
permanente  des  études,  soit  par  les  Commissions  pomolo^iques  locales  ; 

3°  De  l'élude  et  de  la  dégustation  des  fruits  déposés  sur  le  bureau  ; 

4*  Des  fruits  adoptés  et  dont  la  liste,  qui  a  été  adressée  aux  membres  de 
l'Association,  sera  révisée  ; 

5»  De  la  situation  financière  de  la  Société  ; 

6°  Dd  la  médaille  à  décerner  à  la  personne  qui  a  rendu  le  plus  de  services 
à  la  Pomologie  française  ; 

7»  Du  lieu  où  se  tiendra  la  Session  suivante. 

De  Vinftuence  de  la  lumière  sur  la  végélalion  des  plantes  cultivées  en 
serre.  —  M.  Ed.  Pynaërt  a  publié  dans  le  Bulletin  du  Congrès 
international  de  botanique  et  d'horticulture  qui  s'est  tenu  à  Saint- 
Pétersbourg  en  1884,  une  note  dans  laquelle  il  traite  la  question 
plus  haut  citée,  en  bornant  toutefois  son  étude  aux  végétaux  à 
feuilles  panachées.  M.  Pjnaërt  est  arrivé  à  conclure  qu'une  lumière 
directe  très  vive,  quand  la  température  n'est  pas  trop  élevée, 
favorise  le  développement  de  la  végétation  des  végétaux  à  feuilles 
panachées.  Au  contraire,  il  y  a  de  nombreux  exemples  de  végétaux 
à  feuilles  panachées  dont  les  panachures  perdent  leur  netteté  et  leur 
caractère  ornemental  et  qui  finissent  même  par  disparaître  complè- 
tement si  on  les  cultive  dans  un  endroit  trop  ombragé. 

M.  Pynaërt  cite  comme  exemples,  à  l'appui  de  celte  règle,  les 
Dracœna  Massangeana  et  Lindcni  et  le  Pandanus  Fvitchi  fol.  var.  qui 
ne  deviennent  vraiment  beaux  que  si  on  les  cultive  en  plein  soleil. 

Avis  aux  cultivateurs  de  plantes  à  feuilles  panachées. 

Sociélé  d'horticulture  d'Orléans.  —  Par  décret  du  6  juin  dernier, 
rendu  officiel  il  y  a  quelques  jours  seulement,  la  Société  d'horticul- 
ture d'Orléans  et  du  Loiret  a  été  reconnue  comme  établissement 
d'utilité  publique. 

Attendue  depuis  longtemps,  cette  décision  rend  hommage  à  l'une 
des  plus  anciennes  Sociétés  d'horticulture  de  France.  La  Société 
d'horticulture  d'Orléans  et  du  Loiret  compte,  en  eftet,  aujourd'hui, 
quarante-six  années  d'existence,  et  pendant  cette  longue  période 
elle  n'a  pas  organisé  moins  de  cinquante-trois  expositions  et  n'a 
pas  cessé  de  prendre  en  mains,  avec  un  zèle  infatigable,  la  cause 
du  progrès  horticole.  V.  V.-M. 


-^  261  — 


ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de    la    séance    du  18  juillet    1885  .    tenue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,   Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  B.  Comte,   vice-président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  assemblée  générale  qui  est  pdopté  sans  observations. 

Correspondance.  —  M.  la  Secrétaire  général  dépouille  ensuite  la  corres- 
pondance qui  se  compose  de  : 

1^  Plusieurs  lettres  de  membres  de  notre  Compagnie  demandant  à  participer 
aux  divers  cincoiirs  spéciaux  qu'elle  a  ouverts  cette  année; 

2°  Une  lettre  circulaire  émanant  de  la  Préfecture  du  Rhône  et  contenant 
des  formules  imprimées  dont  l'usage  est  requis  pour  les  expéditions  en  desti- 
nation de  l'Allemague.  Ces  formules  sont  mises  à  la  disposition  des  inté- 
ressés ; 

3°  Une  lettre  de  M.  Mortillet,  président  de  l'Association  horticole  Greno- 
bloise, et  adressée  à  M.  J.  Chrétien,  dans  laquelle  il  informe  notre  sympa- 
tique  vice-président  de  la  formation  définitive  de  cette  Société  d'horticulture 
qui  dennande  à  notre  Compagnie  d'envoyer  un  délégué  chargé  de  faire  partie 
du  jury  de  l'Exposition  qu'elle  ouvrira  le  3  septembre  prochain.  L'Assem- 
blée consultée  désigne  M.  Jules  Chrétien  pour  représenter  l'Associatioti 
horticole  lyonnaise  à  cette  exposition  d'horticulture  ;  elle  charge  en  outra 
M.  le  Secrétaire  général  d'aviser  de  cette  décision  M.  le  Président  de  l'As- 
sociation horticole  grenobloise. 

Publications.  —  M.  le  Secrétaire  général  signale  les  différentes  publica- 
tions illustrées  ou  autres  reçues  par  notre  Société  depuis  sa  dernière  réunion, 
il  mentionne  ce  qu'elles  contiennent  de  plus  intéressant  et  fait  circuler  quel- 
ques-unes d'entr'elles  représentant  des  végétaux  nouveaux   ou  peu   connus. 

Présentations.  —  Huit  candidats  au  litre  de  membre  titulaire  sont  présentés 
pour  faire  partie  de  notre  Compagnie. 

Suivant  le  règlement  il  sera  statué  sur  "l'admission  de  ces  membres  à  la 
prochaine  assemblée  générale. 

Admissions.  —  Les  candidats  prisantes  à  la  préjédente  réunion  sont  après 
un  vote  de  l'Assemblée,  pioclamés  par  M.  le  Président,  membres  titulaires 
de  l'Association  horticole  lyonnaise.  Ce  sont  MM.  : 

F.  Jaquemin,  treillageur,  30,  cours  Vitton  prolongé,  Lyon-Charpennes, 
présenté  par  MM.  Chrétien  et  Viviand-Morel  ; 

Lafay  (Francisque),  JHrdinier  chez  M.  A.  Blain,  propriétaire  à  Fleurie 
(Rhône),  présenté  par  MM.  Th.  D^nis  et  J.  Chrétien  ; 

Savoye  (Benoit),  jardinie"  ch^z  M.  Blger.  propriétaire  à  Fontaine-sur- 
Saône  (Rhône),  présenté  par  MM.  Morel  (J.-M.)  et  Molin  ; 

Coutier  (Charles),  jardinier  chez  M.  Perrier  à  St-Genis-Laval  (Rhône), 
pr-'senié  par  MM.  Valla  et  Ber.hier  (A.); 

Perrier  (Au^niste).  jardinifr  chez  Mme  Angles  à  Chaponost  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Vaila  etBerthier  ; 

Boiion  (Charles),  horticulteur  à  Morestel  (Isère),  présenté  par  MM.  Bon- 
naire  et  Viviand-Morel. 

Apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Hoste,  horticulteur  à  Monplaisir-f^yon  : 

1»  Un  bouquet  composé  de  18  des  meilleures  va''iété3  de  Penstemon  gen- 
tianoi  les,  qui  sont  : 

Voie  lactée.  Sculpteur  Birihi'.i,  Clan  le  Gellée,  Gil  BUs,  Saph">,  Géniral 
Nan'onty,  Jean  La.nc.nnT,  Horace  Vernet,  Hofgartnar  Walter,  Charles  Dar- 
win. Agrippa,  Avalanche,  Sully,  Euterpc,  Cli'nois,  Carthage,  Professeur 
Seilz,  Trophée. 


—  262  — 

2°  Six  variétés  de  Pelargonium  poltatum,  en  pjts  et  fleuris:  Madame 
Tliibaud,  Massenet,  La  Rosière,  Général  Briére  de  l'Isle,  Floribundum  et 
M.  Tliouvenin  ; 

3°  Trois  variétés  de  Pelirgonium  zon&le,  ainsi  dénommées  :  Secrétaire 
Nicolas,  Viviand-Morel,  Madame  Hoste,  et  un  pied  fleuri  en  pot  de  Chry- 
santhème d'automne  :  Perpétuel   Toulousain. 

Par  M.  Deville,  horticulteur,  à  Tassin  (Rhône},  des  liges  fleuries  des 
Cfflno^^!/5  ArnoWî,  Glo:re  de  Versailles,  et  ;de  plusieurs  autres  obtenus  de 
semis  dans  son  établissement. 

Par  M.  Liabaud,    horticulteur,  à  Lyon-Crois-Rousse  : 

1°  Sept  variétés  de  Coleus  de  semis  obtenus  par  lui  ; 

2°  Une  plante  d'introduction  récente,  la  ]J'ormia  Burbidgei,  en  bel 
exemplaire  et  en  boutons. 

Par  M.  Verne,  jardinier,  chez  M.  Godinot,  à  Ta?sin  (Rhône),  un  superbe 
pied  fleuri  de  Dego  ia  corallina,  dont  les  racèmes  pendants,  d'un  rouge 
corail  brillant,  sont  réellement  d'un  grand  effet.  Quoique  déjà  ancienne, 
cette  espèce  est  peu  répandue,  probablement  parce  qu'il  est  souvent  impos- 
sible de  lui  donner,  durant  les  mois  d'hiver,  la  somme  de  chaleur  sèche 
qu'elle  réclame  pour  ne  point  se  dénuder. 

Par  M.  Boucharlat  jeune,  horticulteur,  à  Lyon  : 

1°  UAster  gymnocep/ialus  fleurit  en  pot,  qu'on  peut  classer  dans  les  espèces 
naines  à  rameaux  dressés,  multiples,  g  irais  de  patit^s  feuilles  raides, 
entourés  d'aiguillons  et  terminés  par  de  petits  capitules  violet  clair,  dont 
l'aspect  général  n'offre  rien  d'attrayant.  Il  est  possible  que  cette  plante 
présentée  mieux  fleurie  produise  une  mei  leure   impression  ; 

2°  Une  caisse  de  fleurs  coupées  de  Pétunias  doubles  de  semis,  du  même 
présentateur,  réjouit  fort  à  propos  la  vue;  il  est,  en  effet,  difûcile  de 
trouver  une  plus  grande  diversité  de  formes  et  de  coloris. 

Par  M.  Combet,  pépiniériste,  à  Puy-d'Or-Limonest  (Rhône),  une  branche 
chargée  de  pêches  Amsden,  parfaitement  mûres,  et  dont  le  noyau  n'était  que 
fort  peu  adhérent  à  la  chair  ;  cette  particularité  est  due  sans  doute  à  la 
parfaite  maturité  du  fruit  que  le  présentateur  a  cru  devoir  apporter  ooncur- 
remment  avec  une  variété  de  pêches  réputée  des  plus  précoces  a  rouge 
de  mai  ».  M.  Combat  affirme  qu'il  y  a,  dans  l'époque  de  maturité  de  ces 
deux  variétés,  une  différence  de  quinze  jours  au  moins. 

Par  M.  Marchand,  horticulteur,  marchandgrainier,  à  Lyon  :  trois  bou- 
quets de  fraises  mûres,  des  variétés  :  Ananas,  Perpétuel,  Roi  Henry  et 
Quatre-SaisoDS,  semis  de  1882,  obtenues  dans  son  établissement.  Relative- 
ment à  son  apport,  le  présentateur  fournit  des  explications  intéressantes; 
1  donna  sur  le  gain  de  M.  l'abbé  Thivollet  des  conseils  qui  ne  faciliteront 
pas  l'écoulement  du  Roy  Henry  et  corroborent  du  reste  les  observations 
d'autres  horticulteurs  de  notre  région. 

Par  M.  Bardin,  à  Fontaines-sur-Saône,  des  abricots  de  semis,  obtenus 
chez  lui,  dont  le  volume  et  le  coloris  sont  remarquables. 

Pour  juger  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions,  composées  de 
MM.  Berthier,  Falconnet  et  Chrétien,  pour  les  fruits;  de  MM.  Jussaud, 
Rivoire  fils,  Schmitt  et  Labruyère,  pour  les  fleurs  et  autres  apports. 

Après  examen,  ces  Commissions  proposent  d'accorder  à  : 

MM.  Hoste  1  prime  de  !■■'  classe  pour  sa  collection  de  Penstemon. 

—       1         —        —  pour  le  reste  de  son  apport. 

Boucharlat  jeune  1  prime  de  2'  classo,    pour  ses  Pétunias. 
Verne  1  l'"  pour  son  Bégonia  coralina. 

Liabaud  1  1"  pour  son  Wormia  Burbidgei. 

—  12"  pour  ses  Coleus  de  semis. 

Marchand,   confirmation  de  la  prime  de  2»  classe  de  juin  1885  attribuée  à 
son  semis  de  Fraise  Quatre  Saisons  améliorée. 


203 


Ces  Commissions  proposent  on  outre  pour  les  autres  apports  non  primés 
leur  insoription  au  proeés-verbal  et  regrettent  ne  pouvoir  juger  convena- 
blement de  la  valeur  du  semis  da  Ceanothus  de  M.  Deviile  dans  les  condi- 
tions où  il  leur  est  présenté. 

Les  conclusions  des  Commissions,  mises  aux  voix  par  M.  le  Président, 
sont  adoptées  sans  observation. 

La  demande  écrite  de  M.  Guerry  de  prendre  part  aux  Concours  spéciaux 
créés  par  l'Association  horticole  lyonnaise  obligeant  à  pourvoir  à  son    rem 
placement  dans    la     Commission     des    visites   nommée    en   juin   dernier.' 
M.  le  Président  procède  à  un  vote  par  acclamation  qui  désigne  M.  A.  Ber- 
naix  pour  fonctionner  au  lieu  et  place  de  M.  Guerry. 

L'assemblée  consultée  sur  la  meilleure  époque  pour  l'exposition  qu'elle 
ouvrira  en  1886,  fixe  dès  à  présent  comme  date  la  P*  quinzaine  de  sep- 
tembre. 

La  question  relative  au  degré  d'influence  que  peut  avoir  la  culture  et  la 
perfectionnement  de  la  race  des  asperges  sur  leur  qualité  et  leur  fertilité  est 
mise  en  discussion.  M.  le  Secrétaire  général  donne  quelques  ren;eignement3 
sur  les  divers  modes  de  culture  de  l'asperge  comparés  les  un?  aux  autres 
par  leur  proluction  ;  il  constate  que  certains  cultivateurs  ont  visé  unique- 
ment à  l'obtention  de  turions  énormes,  sans  se  préoccuper  la  moins  du  monle 
de  la  qualité  proprement  dite  de  ces  légumes  de  parade. 

MM.  Berthier  et  Liabaud  apportent  à  cette  intéressante  question  le 
secours  de  leur  longue  expérience. 

En  somme,  ils  sont  d'avis  qu'une  asperge  de  grosseur  moyenne  produit 
davantage  en  tant  que  poids  et  quantité  et  que  sa  qualité  est  incontestable- 
ment supérieure  à  celle  de  ces  asperges  phénoménales  qu'on  exposa 
parfois  dans  un  but  de  réclame  facile  à  comprendre. 

L'Assemblée  fixe  ensuite  à.  l'ordre  du  jour  da  sa  prochaine  réunion,  la 
nomination  d'une  Commission  chargée  de  l'organisation  du  Concours  spé- 
cial de  Chrysanthèmes,  vote  en  principe  en  assemblée  générale  de  mars  der- 
nier ;  une  question  horticole  sera  jointe  à  cet  ordre  concurremment  à  la  pré- 
cédente. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Secrétaire-adjoint,  .J.   Pu^^LLAND. 


Les  Roses  au  XVIe  Siècle  (suite  et  fin)  Cl). 

Rosn  prœcox  spinosa  flore  albo.  —  La  rose  qui  portait  ce  nom  au 
XVP  siècle  a  été  rapportée  par  les  uns  au  Rosa  spinosissiina  et  par 
d'autres  au  Rosa  pimpinellifolia.  C'est  sous  ce  dernier  nom  qu'elle 
est  le  plus  fréquemment  étiquetée  dans  les  cultures  où  on  en  pos- 
sède plusieurs  variétés  à  fleurs  doubles. 

D'assez  longues  discussions  ont  été  engagées  à  propos  de  ces  deu.^ 
appellations.  Linné  ayant,  dans  son  Manlissa,  p.  399,  fait  la  sup- 
pression du  R.  pimpinellifoUa  en  le  réunissant  au  R.  spi)iosissima, 
plusieurs  auteurs  qui  ne  partageaient  pas  la  manière  de  voir  du 
botaniste  suédois  l'ont  vertement  critiqué  et  rétabli  les  deux  espè- 
ces. Le  R.  spinosiisima,  avec  d'autres  caractères,  a  la  fleur  blanche 
ou  blanche  avec  onglet  jaunâtre,  tandis  que  le  R.  pimpinellifolia  a 
la  fleur  rose  ou  rouge. 

(1)  Voir  Lyon  Horticole,  N^s  10,   13,  14  et  15. 


—  261  — 

A  l'heure  actuelle  la  section  des  Roses  pimprenelle  compte  une 
vingtaine  de  formes  ou  espèces.  Le  R.  pimpinellifolia  croît  en  France 
dans  les  escarpements  des  Hautes- Vosges,  dans  les  Hautes  et 
Basses-Alpes,  etc.  Le  B.  spinosissima  est  commun  dans  toute 
l'Europe. 


R.  rubra  prœcox  fl.  simplici. 


Rosa  cinnamomea.  —  Cette  espèce  qui  habite  à  l'ëtat  sauvage 
une  grande  partie  de  l'Europe,  se  trouve  aussi  à  l'état  subspontané 
dans  les  haies  et  le  voisinage  des  habitations.  Elle  est  très  prolifique 
et  jette  en  tous  sens  dans  son  voisinage  de  nombreux  stolons  qui 
vont  quelquefois  sortir  à  5  ou  6  mètres  du  pied  mère.  11  u'j»  a 
aucune  contestation  au  sujet  de  l'appellation  de  cette  rose,  qui  a 
toujours  été  connue  sous  le  nom  de  R.  cinnamomea.  Toutefois,  se 
j'en  crois  Daléchamp,  ce  serait  celle  que  Pline  aurait  signalé 
sons  le  nom  de  Grœcula.  Voici  le  passage  où  le  vieux  médecin 
français  parle  de  cette  rose  :  «  La  rose  appelée  Grœcula  sent  fort 
bon  et  fleurit  au  commencement  de  l'été,  un  peu  plus  tard  que  celle 
de  Damas  et  continue  à  fleurir  tout  du  long  de  l'été.  Elle  a  les 
feuilles  plus  larges  que  celles  de  Damas  blanc  et  qui  ne  s'épanouis- 
sent pas  si  on  ne  les  étend  pas  avec  la  main,  mais  sont  comme  col- 


—  265   — 

lées  et  entortillées,  comme  écrit  Pline.  L'on  dit  communément  que 
cette  rose  sent  la  cannelle.  »  J'avoue  que  je  ne  comprends  pas 
gracd'chose  aux  explications  entortillées  de  Daléchamp  qui  m'a  l'air 
dans  cette  occasion  de  faire  de  la  botanique  en  chambre. 


R,    eglanteria 


La  Rose  de  Mai  {R.  mamlis)  est  une  rose  cannelle,  dont  la  variété 
double  est  connue  sous  le  nom  de  Rose  du  St-Sacrement  ;  c'est 
celle  dont  nous  donnons  la  tigure  sous  le  nom  de  R.  cinnamomea  ; 
le  R.  cinnamomea  à  tieur  simple  est  figuré  sous  le  nom  de  R.  rubra 
prœcox  flore  simplid. 

Rosa  sijlvcsiris  odorala  incarnalo  flore.  —  o  Rosier  commun 
sauvage,  à  fleur  odorante  et  de  couleur  de  chair,  nommé 
communément  Ronce  ou  Eglantier,  Rosier  de  Chien,  etc.  »  La 
plante  figurée  sous  ce  nom  (fig.  p.  219),  paraît  plutôt  se  rapporter 
au  Rosier  rubigineux  qu'au  Rosier  des  chiens.  On  sait  qu'au- 
jourd'hui le  Rosa  canina  constitue  à  lui  seul  une  vaste  tribu  de 
Roses  diverses,  mais  aucune  des  formes  de  cette  tribu  n'a  les 
feuilles  odorantes  comme  les  Rosiers  rubigineux  ou  des  haies  : 
R.  rubiginosa  ou  sepium. 


—  266  — 

Le  Basa  sijlveslris  flore  rubro  [ûg.  p.  220)  est  probablement  un 
Rosier  des  chiens,  mais  il  est  assez  difficile  de  le  démontrer  avec 
certitude. 

Bosa  eglanteria.  —  On  trouve  d'abord  le  JRosa  eglanteria  rat- 
taché par  Linné  au  Bosa  rubiginosa  (Lin.  Syst.  PL,  tome  2.), 
pour  le  retrouver  un  peu  plus  tard  appliqué  par  le  même  auteur 
au  Basa  lulea.  La  plante  de  VHorlus  eyslellensis  ressemble  à  tout  ce 
qu'on  veut,  sauf  à  l'uns  des  deux  sortes  que  je  viens  de  mentionner, 

Bom  Ivlea  flore  simplici.  —  «  Outre    ces  Roses   ci,     y   en 

a  des  jaunes  et  rouges  plaisantes  à  voir,  non  à  flairer  ;  même  la 
jaune  dont  la  senteur  est  plus  mauvaise  que  bonne ,  la  rouge 
n'étant  d'importune  odeur,  ains   seulement   est-elle   tant  faible   et 

petite,    que    presque   l'on   y   en    recognoist   aucune »     Ainsi 

s'exprimait  Ollivier  de  Serres,  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de 
citer  (1)  à  propos  des  Roses  jaunes. 

Les  roses  jaunes  simples  et  doubles  ont  été  connues  de  tous  les 
anciens  botanistes,  tels  que  :  Ch.  de  l'Écluse,  Gesner,  Césalpin, 
Lobel,  etc. 

Gesner  appelait  les  Roses  jaunes  :  Bosa  citrina,  mais  tous  les 
autres  s'accordaient  assez  à  lui  donner  le  nom  de  Bosa  lulea. 
Toutefois,  un  peu  plus  tard,  on  trouve  parmi  les  synonymes  des 
B.  fœtida  et  des  B,  clilorop'tytla. 

«  C'est  bien  mal  à  propos,  dit  Lindley,  que  quelques  botanistes 
ont  confondu  cette  espèce  avec  le  sulfurea,  comme  l'observe 
S.  James  Smith  ;  il  n'existe  entre  ces  deux  rosiers  que  la  simi- 
larité des  couleurs.  On  sait  que  Linné  ne  les  distingue  point  d'abord 
et  les  réunit  sous  le  nom  de  B.  eglanteria.  M.  de  Theïs  nous  dit 
que  ce  nom  devrait  être  écrit  aiglanleria,  étant  dérivé  aig, 
du  celtique  ac,  qui  signifie  pointu.   » 

Déséglise,  malgré  les  citations  des  localités  européennes,  que 
la  plupart  des  botanistes  signalent  dans  leurs  fiores,  Déséglise 
pense  que  ce  rosier  est  originaire  d'Asie.  Son  introduction  en 
Europe  remonte  probablement  à  une  époque  très  ancienne.  Il 
aurait  été  introduit  en  Angleterre,  d'après  Desportes,  par  John 
Gérard,  en  1596. 

Le  Bosa  lulea  appartient  à  la  section  des  Eglanleriœ. 

Le  Bosa  lutea  maxima  flore  plcno  [ûg.  4,  p.  147),  et  rapporté  par 
Lindley,  au  R.  sulphurea,  par  Déséglise  au    B.  hemisplwrira   Hem. 

S.  Gryphe. 

(1)  Lyon-Horticole,  1885,  p.    148. 


—  267  — 

Exposition  d'Horticulture  de  Chalon-sur-Saône. 

Ayant  eu  l'honneur  d'être  désigné  par  l'Association  Horticole 
Lyonnaise  pour  faire  partie  du  Jury  chargé  d'attribuer  les  récom- 
penses aux  lauréats  de  l'Exposition  d'Horticulture  qui  s'est  tenue 
à  Chalon  du  23  au  28  juin,  je  viens,  Messieurs,  vous  rendre 
compte  de  la  tâche  que  vous  m'aviez  confiée. 

Vous  savez  tous  que  l'Exposition  dont  j'ai  à  vous  rendre  compte 
a  été  organisée  par  la  Société  d'Horticulture  de  Chalon  à  l'occasion 
des  fêtes  qui  ont  été  données  dans  cette  ville  en  l'honneur  de 
Nicéphore  Niepce,  l'inventeur  de  la  photographie,  auquel  ses 
compatriotes  viennent  d'élever  une  statue. 

L'Exposition  était  installée  sous  la  coupole  de  la  Halle  aux 
grains.  Une  grotte  décorait  l'entrée  de  l'enceinte  qui  était  garnie 
de  plusieurs  rangs  de  tables  sur  lesquelles  éteient  installés  les 
produits  exposés. 

Le  Jury  était  composé  de  MM.  Treyve,  de  Trévoux,  président; 
Chabaud,  de  Villefranche  ;  Derussy,  de  Màcon  ;  Decorge,  de 
Genève;  Liebert,  de  Bourg,  Sirdey,  d'Autun;  Gonnot,  de  Dijon; 
Ch.  Chevrier,  de  Rosey,  président  d'honneur  de  la  Société  de 
Chalon,  et  de  votre  serviteur. 

Il  était  assisté  dans  ses  opérations  par  M.  Druard,  président  et 
Chambrette,  secrétaire  de  la  Société. 

L'Exposition  était  divisée  en  quatre  sections  et  trente-trois 
concours.  Dans  la  première  section  :  Cullure  maraîchère,  le  Jury  a 
été  un  peu  désillusionné,  car,  comme  chacun  sait,  les  environs  de 
Chalon  produisent  beaucoup  d'excellents  légumes,  qu'ils  doivent 
non  seulement  à  la  nature  particulière  du  sol,  mais  aussi  aux 
talents  des  nombreux  jardiniers  qui  les  cultivent.  Etait-ce  à 
l'annonce  tardivement  faite  de  l'Exposition,  à  sa  coïncidence  avec 
les  fêtes  de  St-Jean  et  de  St-Pierre,  ou  simplement  à  l'indifférence 
bien  connue  des  maraîchers  pour  les  expositions,  que  nous  devions 
d'avoir  très-peu  de  légumes  à  juger  l  Je  pose  simplement  la  ques- 
tion, et  ceci  dit  je  mentionnerai  deux  collections  générales  exposées 
par  MM.  Caton  et  Sertilange,  auxquels  le  Jury  décerne,  au  premier 
une  médaille  de  vermeil  et  au  second  une  médaille  d'argent. 

Les  genres  particuHers  tels  que  :  choux-ileurs,  asperges, 
melons,  fraisiers  étaient  représentés  par  de  bonnes  variétés  et  de 
beaux  spécimens  exposés  par  MM.  Foyard,  Fournier,  Terrand- 
Nicole,  Remondet,  Pagnier  et  Grivot. 

M.  Thivolet,  curé  de  Chenove,  exposait  une  nouvelle  fraise  à 
gros  fruit  qu'il  dit  remontante.  Elle  porte  le  nom  de  Jeanne  d' Arc. 


—  268  — 

Espérons  qu'elle  remontera  mieux  que  celle   dénommée  Boi  Henry, 
par  le  même  obtenteur. 

Fleurs  coupées.  —  Par  un  heureux  hasard  l'Exposition  coïncidait 
avec  l'époque  normale  de  la  floraison  des  Roses  et  plusieurs  hor- 
ticulteurs et  amateurs  de  Chalon  qui  collectionnent  les  variétés  de 
ce  beau  genre  ont  pu  en  exposer  quelques  jolis  lots. 

M.  Mercier,  de  Chalon,  avait  un  lot  de  330  variétés  qui  lui  vaut 
la  médaille  ofïerte  par  la  Société  d'horticulture  de  Genève. 
M.  Champion  obtient  une  médaille  d'or  avec  350  variétés. 
M.  Prosper  Degressis  a  un  lot  remarquable  par  la  beauté  de  sa 
floraison. 

MM.  Poirier,  de  Chagny,  Duparret-Dutartre,  Malfondet.  Dami- 
ron,  Grillot,  Béai  Bertaut  et  Bret  exposent  aussi  de  jolies  collec- 
tions de  roses  et  reçoivent  des  médailles. 

Notre  compatriote  M.  Dubreuil  reçoit  une  médaille  de  vermeil 
pour  une  collection  de  100  roses,  pendant  que  M.  Myard,  vice- 
président  de  la  Société  de  Chalon,  qui  s'est  mis  hors  concours, 
nous  fait  admirer  un  superbe  lot  de  225  variétés  de  choix.  Le  Jury 
lui  vote  de  vifs  remercîments. 

Boses  de  semis:  —  M.  Dubreuil,  présentait  deux  roses  nouvelles 
de  semis,  la  première  Thé  Marquise  de  Fivens,  lui  vaut  une  médaille 
de  vermeil:  la  seconde  un  Polijanlha  dénommé  IHoribunda  reçoit 
une  médaille  de  bronze. 

Plantes  et  Fleurs  diverses.  —  M.  Yvon,  horticulteur  à  Paris, 
présentait  un  lot  très  varié  de  Potentilles  et  de  Delphinium  —  en- 
viron 40  variétés —  remarquables  par  leurs  coloris.  Ce  lot  reçoit 
une  médaille  d'argent. 

M.  Prosper  Degressis  obtient  deux  médailles  d'argent  grand 
module  pour  ses  Pétunias  et  ses  Bégonias  bulbeux  qui  sont  fort 
beaux  les  uns  et  les  autres.  Le  même  exposant  voit  encore  son  lot 
général  de  plantes  de  serre  récompensé  par  une  médaille  d'or, 
ofl'erte  par  M.  Chevrier,  président  d'honneur  de  la  Société. 

M.  Lebeau,  de  Chalon-sur-Saône,  nous  montre  toute  une  série 
de  belles  plantes  de  serre  qui  lui  valent  une  médaille  d'or.  De  très 
jolis  Palmiers,  des  Araucarias,  des  Cycas,  des  Fougères  en  beaux 
spécimens  composaient  ce  lot. 

Les  ÀnUmrium,  Cyanoplnillum,  Bœhmoria  et  autres  belles  plantes 
à  feuillage  qu'expose  M.  Damiron,  horticulteur  à  Montceau-les- 
Mines,  sont  récompensées  d'une  médaille  de  vermeil,  pendant  que 
ses  Caladium  à  feuilles  colorées  et  ses  Géraniums  zonales  on  collec- 
tion reçoivent  des  médailles  d'argent. 


269 


M.  Grillot  nous  montre  de  beaux  Ficus,  des  Chamœrops  et  des 
Dracœnas,  qui  obtiennent  une  médaille  d'argent. 

N'oublions  pas  M.  Malfonde t,  de  Chalon,  qui  exposait  une  fort 
belle  collection  de  plantes  à  feuillage  qui  obtient  un  premier  prix, 
ni  les  plantes  alpines  que  M.  Myard  expose  hors  concours.  A  signa- 
ler aussi  le  Géranium  zonale  grelïé  par  M.  Grillot,  et  les  graines 
de  M.  Berthenet. 

Je  note  encore  les  Bégonias  tubéreux  de  M.  Champion,  les  Pen- 
sées de  M,  Sertilange  et  les  Impatiens  sultani  et  Coleus  de  M. 
Degressy. 

Parmi  les  plantes  de  semis,  autres  que  les  Roses,  qui  ont  été 
soumises  à  l'appréciation  du  jury,  M.  Grillot  obtient  un  premier 
prix  pour  de  nombreux  Geraaium  zonales.  M.  Mercier,  montre  des 
Delphinium,  et  M.  Bérard,  des  Pétunias  hybrides. 

M.  Guénard  fils,  pépiniériste  à  Chalon-sur-Saône,  qui  exposait 
une  très  belle  collection  de  Roses  coupées  et  un  magnifique  lot  de 
plantes  de  serre,  s'était  placé  généreusement  hors  concours,  ainsi 
que  MM.  Chambrette,  amateur,  à  Chalon,  secrétaire  de  la  Société, 
qui  montrait  des  plantes  grasses,  et  Myard,  vice-président  de  la 
Société. 

La  Société,  pour  récompenser  ces  trois  exposants,  leur  a  accordé 
à  chacun  une  prime  d'honneur. 

MM.  Degressy  et  Damiron  ont  également  eu  chacun  un  prix 
d'honneur. 

Messieurs,  je  ne  m'arrêterai  pas  aux  objets  d'art  et  d'industrie 
qui  accompagnent  toute  exposition  d'horticulture  ;  vous  connaissez 
tous  ces  objets  de  première  nécessité  ou  d'ornement,  tels  que  outils, 
rustiques,  sculptures,  céramiques,  treillages,  etc.,  et  je  ne  pourrais 
rien  vous  en  dire  que  vous  ne  sachiez  déjà. 

Je  tei'minerai  ce  petit  compte-rendu  en  vous  faisant  part  de 
l'excellent  accueil  que  votre  délégué,  ainsi  que  tous  les  autres 
membres  du  jury,  ont  reçu  de  la  Société  d'horticulture  de  Chalon, 
et  de  l'attention  dont  ils  ont  été  l'objet  depuis  leur  arrivée  jusqu'à 
l'accomplissement  de  leur  mission.  Un  banquet  fraternel  a  réuni 
exposants  et  jurés  et  joyeusement  terminé  la  fête. 

Alexandre  Bernaix. 


—  270  — 
CALENDRIER  HORTICOLE 

Bi-Munc  (les  travaux  cl  des  semis  à  faire  dans  les  jardins. 

SEPTEMBRE 

C'tillurc  polatjère.  —  Ou  aimait  ai;tretois  à  formuler  sous  forme  de 
sentences,  proverbes,  etc.,  les  principales  opérations  de  la  culture. 
La  lune,  les  fêtes  fixes  servaient  généralement  à  marquer  l'époque 
des  semis.  Ainsi  on  disait  :  voulez-vous  de  bons  navets  ?  semez- 
les  en  juillet  »  ou  bien  encore  les  navets  se  sèment  après  la  mois- 
son ;  les  épinards  ne  monlenl  plus  après  la  Notre-Dame  d'août,  etc. 

En  septembre  il  y  a  également  une  fête  de  Notre-Dame,  aussi 
dit-on  généralement  qu'il  faut  semer  les  choux  d'York,  pain  de 
sucre,  cœur  de  bœuf,  cabbage  et  autres  variétés  hâtives  entre  les 
deux  Noti'e-Dame,  c'est-à-dire  entre  le  15  août  et  le  8  septem- 
bre. On  a  raison,  car  semés  plus  tôt  ces  choux  tendent  à  ne  pas 
pommer,  semés  plus  tard,  ils  donnent  leur  produit  trop  tardivement. 
On  peut  encore  semer  en  septembre  des  ognons  blancs,  la  mâche, 
les  laitues  d'hiver,  les  épinards,  les  navets  hâtifs  et  les  fournitures  : 
cresson  alénois,  roquette,  cerfeuil,  persil,  pimpreuelle,  etc. 

On  peut  semer  très  clair  des  graines  de  poireaux  qui  seront  bons  à 
consommer  quand  ceux  qui  ont  été  repiqués  ne  vaudront  plus  rien. 

Jardin  d'agrément.  —  C'est  en  septembre  qu'il  faudrait  semer 
une  foule  de  plantes  d'ornement  que  l'on  ne  sème  malheureuse- 
ment, la  plupart  du  temps,  qu'au  printemps,  époque  où  elles  ne  don- 
nent que  de  pauvres  résultats.  De  ce  nombre  sont  les  espèces  ou 
genres  suivants  : 

Clarkia,  Collinsia,  Delphinium,  Œnothère,  Eucharidium,  Gaura, 
Gilia,  Julienne  de  Mahon,  Luuaria  biennis,  Mufïiers,  Myosotis 
alpestris,  Nemophiles,  Pavots  doubles.  Silène  (diverses),  Thlapsi, 
Giroflées  quarantaines,  la  plupart  des  graminées  d'ornement,  etc., 
puis  une  foule  d'autres  qui  craignent  un  peu  le  froid  et  demandent 
l'abri  d'un  châssis.  Comme  il  serait  difficile  et  un  peu  long  de  signa- 
ler toutes  les  p'antes  qui  devraient  être  semées  en  septembre  pour 
bien  réussir,  il  suffit  que  le  jardinier  sache  c\ne  les  neuf  dixièmes 
des  plantes  annuelles  qui  fleurissent  au  printemps  et  même  dans  le 
commencement  de  l'été  sont  dans  ce  cas.  On  peut  planter  toutes  les 
plantes  bulbeuses  dont  les  ognons  ne  craignent  pas  le  froid. 

Serres  et  châssis.  —  Septembre  est  le  mois  qui  précède  celui  où 
toutes  les  plantes  devront  être  rentrées  ;  il  y  a  même  ddjà  des  espè- 
ces de  serre  tempérée  ou  de  serre  chaude  qui  préfèrent  l'abri  d'un 
vitrage  au  grand  air,  surtout  vers  la  fin  du  mois.  On  doit  préparer 
les  serres  à  recevoir  leurs  hôtes  habituels  et  à  cet  effet  il  sera  très 
utile  de  procéder  à  une  toilette  complète  des  banquettes,  gradins, 
coins  et  recoins  des  serres  et  orangeries.  Je  conseille  également 


—  271    — 

des  fumigations  énergiques  aux  vapeurs  d'acide  sulfureux,  d'oxyde 
de  carbone  et  d'acide  carbonique  qu'on  obtient  en  brûlant  du  soufre 
sur  un  réchaud  chaufté  au  charbon  de  bois.  Ces  vapeurs  détruisent 
les  insectes  parasites  et  les  spores  des  cryptogames  qui  habitent  la 
serre.  Bien  entendu  que  cette  opération  ne  peut  se  faire  que  quand 
les  serres  sont  vides. 

Dans  le  jardin  on  déterrera  les  plantes  qui  craignent  l'humidité, 
telles  que  les  bruyères,  Azalées  et  autres  espèces  déhcates  de  la 
Nouvelle-Hollande  et  du  Cap.  Celles  dont  les  racines  ont  traversé 
les  pots,  soit  en  dessus,  soit  en  dessous,  devront  être  soulevées 
afin  d'être  sevrées  du  supplément  d'ahmentation  qu'elles  reçoivent. 
11  vaut  mieux  faire  cette  opération  pendant  que  la  température  est 
encore  douce  que  d'attendre  les  gelées. 

On  peut  également  procéder  à  un  demi- rempotage  pour  beaucoup 
d'espèces  qui  ont  émis  des  racines  nombreuses  à  la  partie  supérieure 
du  pot.  On  rempote  les  Primevères  de  la  Chine  et  les  Cinéraires 
qui  en  ont  besoin  et  on  multiplie  les  plantes  qui  servent  à  la  planta- 
tion des  massifs,  telles  que  Géranium,  Verveines,  Pétunias,  Anthé- 
mis, Salvias,  etc.,  à  moins  que  l'on  ne  préfère  rentrer  de  vieux 
pieds  et  les  multiplier  au  printemps. 


Modèle  de    Certificat»   d'origine    ponr    renvoi  de  produits 
agricole»  à  destination  de  rAlleuiagne  (A). 

RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE 

CERTIFICAT      DO  R  I  Q  I  N  E 

I»  DÉCLARATION      DE     l'eXPÉDITEUR 

Je  soussigné  (I)  déclare  : 

1°  Que  les  plantes  vivantes  contenues  dans  (2) 
marqué  (3)  adresse  à  (4)  par  le  bureau 

frontière  de  (5)  proviennent  en  entier  de  mon  établissement  ; 

2°  Que  cet  envoi  ne  contient  pas  de  vignes  ; 

3»  Que  les  plantes  sont  emballées  (6)  leur  motte  de  terre. 

(7)  A  ,  le  188 

(8)  L'Expéditeur, 


(A)  Recueil  des  Actes  administratifs,  département  du  Rhône,  n»  19,  1885. 

(1)  Nom,  prénoms,  profession   et  do-  1  (5)  Bureau  frontière    du  pays  destina- 
micile.  -  taire. 

(2)  Nombre  et  nature  des  colis.  |  (6)  Dire  si  les   plantes  sont  emballées 

(3)  Mari|ue  et  numéro.  avec  ou  sans  leur  motte  de  terre. 

(4)  Adresse  complète  du  destinataire;  |  (7)  Lieu  de  départ. 

nom,  profession,  domicile.  i  (8)  Signature  de  l'expéditeur. 


2"  ATTESTATION   DE  l'eXPERT   OFFICIEL 

Le  (1)  atteste  : 

1°  Que  l'envoi  des  plantes  qui  doit  être  fait  par  M.  (2) 
provient  d'un  terrain  séparé  de  tout  pied  de  vigne  par  un  espace  de  20  mè- 
tres au  moins,  ou  par  un  obstacle  aux  racines,  jugé  suffisant  par  l'autorité 
compétente; 

2»  Que  ce  terrain  ne  contient  lui-même  aucun  pied  de  vigne; 

3*  Qu'il  n'y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette  plante  ; 

4°  Qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  phylloxéra  (A).  (Voir  le  nota  qui  figure  après 
le  certificat  d'origine.) 

A  ,  le  188 

(3)  Le 


(1)  Commissaire  de  police  de ou  le  garde  champêtre  d 

(2)  Nom,  prénoms,  profession  et  domicile  de  l'expéditeur. 

(3)  Le  commissaire  de  police  ou  le  garde  champêtre. 

RÉPUBLIQUE   FRANÇAISE 

CERTIFICAT  D'ORIGINE 

3»  ATTESTATION   DE   L'AUTORITÉ   COMPÉTENTE 

Le  Maire  de  atteste  sur  le  rapport  de  l'expert  délégué  : 

I»  Que  l'envoi  des  plantes  ci-dessus  provient  d'un  terrain  séparé  de  tout 
pied  de  vigne  par  un  espace  de  20  mètres  au  moins  ou  par  un  obstacle  aux 
racines  jugé  suffisant  par  l'autorité  compétente  ; 
2°  Que  ce  terrain  ne  contient  lui-même  aucun  pied  de  vigne  ; 
3°  Qu'il  n'y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette  plante  ; 
4°  Qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  phylloxéra  (A). 

A  ,  le  188 

Le  Maire, 
(Cachet  de  la  Mairie.) 

(A)  Nota.  —  Au  cas  oii  le  phylloxéra  aurait  existé,  le  §  4  sera  barré  et  remplacé 
par  la  formule  suivante  : 

«  Que  l'extraction  radicale  des  ceps  phylloxérés  autrefois  existants  a  été  opérée, 
o  que  des  opérations  toxiques  répétées  pendant  trois  ans  et  des  investigations 
•  assurent  la  destruction  complète  de  l'insecte  et  des  racines.  ■ 


CATALOGUES.  —  NOUVEAUTES. 

— Gustave  Knoderer,55,  rue  Saint-Etienne,  à  Nice.  — Graines  de  Prime- 
vères de  Chine,  dont  deux  nouveautés  :  Pourpre  unicolore,  à  fleur  non  fran- 
gée, et  Pourpre  délicatement  ponctué  de  blanc,  à  fleur  frangée.  —  Graines  de 
Giroflée  empereur,  d'Anémones,  de  Phormium  tenax,  récoltées  à  Nice,  etc. 

— Trade  list  of  Hardy  North  American  perenial  plantes  for  sale;  By  Pringle 
et  Horsford,  Charlotte,  Vermont,  United  States  of  America.  —  Ce  catalogue 
contient  beaucoup  de  plantes  vivaces  :  ogcons  bulbes,  orchidées  et  fougères 
peu  fréquemment  citées  en  Europe. 

— Jac.Van  der  Kroft,  fleuriste-horticulteuràWassenaar,  près  de  Harlem 
(Hollande),  représenté  à  Lyon  par  M.  Th.  Chevallier,  53,  cours  d'Herbou- 
ville.  —  Catalogue  comprenant  toute  la  série  des  plantes  bulbeuses  cultivées 
en  Hollande. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOBEL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Ballon,  r.  de  la  République,  33 


1885  SEPTEMBRE  N°    17 


CHRONIQUE 


Deux  jardiniers,  l'un  grand  donneur  de  conseils,  m'a-t-on  dit, 
l'autre  un  peu  musard,  causaient  ensemble,  élevant  fortement  la 
voix.  Passant  près  d'eux,  par  hasard,  comme  ils  se  disaient  des 
choses  désagréables,  concernant  les  semis,  ils  me  prièrent  de  les 
mettre  d'accord.  Je  ne  crus  pas  devoir  refuser  ce  service  à  deux 
confrères  prêts  à  s'empoigner  aux  cheveux.  Je  vais,  pensais-je, 
éviter  un  pugilat  horticole,  écoutons  ces  brtwes  gens. 

—  Oui!  disait  le  plus  petit,  d'une  voix  sifflante,  tu  m'as  con- 
seillé de  faire  stratitier  mes  graines  d'églantier,  et  malgré  la  stra- 
tification, aucune  n'a  germé. 

—  Je  ne  sais  pas  de  quoi  tu  parles,  clamait  le  plus  grand,  et  si 
tes  églantiers  n'ont  pas  germé,  c'est  par  ta  faute,  entends-tu, 
petit 

—  Grand Rien  n'a  levé  malgré  le  pot,  le  sable,  la  graine, 

la  cave  et  tes  conseils. . . 

La  discussion  prenait  une  tournure  peu  parlementaire  ;  le  grand 
déclarait  avoir  lu  le  procédé  dans  un  livre  :  le  petit  répondait  que 
le  livre  et  son  lecteur  étaient  deux  imbéciles.  C'était  le  moment 
d'intervenir. 

Je  me  fis  raconter  l'histoire  de  cette  stratification  ratée  et  je  ne 
tardai  pas  à  m'apercevoir  que,  comme  le  gars  de  Falaise,  le 
semeur  d'églantiers  avait  oublié  d'allumer  sa  lanterne.  Je  priai  ces 
messieurs  de  s'asseoir  et  je  prononçai  devant  eux  le  petit  discours 
suivant,  dont  je  cherchais  le  placement  depuis  six  mois. 

Messieurs,  le  mot  slratlficalion  ne  vient  pas  du  grec  slralos,  qui 
veut  dire  armée,  mais  du  latin  slralus,  couche.  Ainsi,  littéralement, 
Sitratiâcation  signifie  disposition  par  couches  ou  strates;  on  emploie 
ce  mot  en  géologie,  minéralogie,  métallurgie  et  horticulture. 


—   274  — 

En  horticulture,  le  mot  signifie,  non  pas  positivement  disposi- 
tion des  graines  par  couches  alternatives  avec  une  autre  substance, 
telle  que  terre,  sable,  mousse,  chiflfon,  etc.,  mais  lAuiol  prépara- 
tion au  semis  des  graines  dures  à  germer.  En  effet,  il  est  inutile 
que  les  graines  soient  disposées  par  couches;  entourées  de  la  subs- 
tance qui  doit  les  tenir  humides  régulièrement,  cela  suffit.  Ainsi, 
par  exemple,  mêlez  des  graines  à  une  quantité  déterminée  de 
sable,  brassez,  tenez  humide  et  vous  obtiendrez  une  stratification 
aussi  bonne  que  si  le  sable  et  les  graines  eussent  été  disposées  par 
couches  alternatives.  Entre  nous,  la  disposition  par  couches  est  la 
meilleure.  Plus  rarement,  stratification  signifie  une  opcralion  qui 
sert  à  conserver  la  faculté  germinative  des  graines,  en  les  plaçant 
par  couches  entre  des  substances  sèches  qui  interceptent  l'action  de 
l'air. 

Mais,  messieurs...  je  crois  que  vous  bâillez;  attendez,  je  vous 
prie,  ce  n'est  pas  fini,  et  surtout  faites-moi  la  grâce  de  ne  pas 
dormir. 

Messieurs,  vous  voyez  qu'il  y  a  la  stratification  sèche  et  la  stra- 
tification humide,  et  je  dirai  mieux,  il  y  a  la  stratification  à  chaud 
et  la  stratification  à  froid.  Si  j'osais,  je  dirais  :  il  y  aussi  la  strati- 
fication en  retard,  celle  du  temps  perdu. 

Temps  perdu 

Jardiniers,  petits  et  grands,  entendez-vous  ?  ne  vous  en  laissez 
pas  imposer  par  ce  vieux  proverbe,  digne  conception  du  citoyen 
Fabricius  Prudhomus,  dont  la  bêtise  était  grande  :  «  Le  temps 
perdu  ne  se  rattrape  jamais.  »  Prudhomme  courait  mal,  étant  boi- 
teux et  ventru  ;  mais  vous  le  rattraperez,  le  temps,  vous  autres, 
aux  jarrets  d'acier. 

En  horticulture,  principalement  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  le 
temps  se  rattrape...,  mais  difficilement,  et  je  vous  accorde,  avec 
les  meilleurs  horlogers  de  Besançon  et  de  Genève,  que  les  aiguilles 
du  cadran  solaire  sont  pli. s  difficiles  à  régler  que  celles  d'un  chro- 
nomètre de  huit  cents  francs.  Cependant,  avec  le  ciel  il  est  des 
accommodements,  —  témoin  Josué  arrêtant  le  soleil,  —  comme 
vous  allez  voir.  Ainsi,  je  vais  vous  apprendre  à  procéder  à  la  slra- 
lificalion  en  relard. 

Si  vous  faites  stratifier  des  graines  dures  à  germer,  telles  que 
celles  d'églantiers,  d'aubépin,  desmilax,  de  pivoine,  d'aconit,  etc., 
et  que  la  stratification  faite  suivant  les  règles  de  l'art,  ait  com- 
mencé en  juillet,  vous  êtes  sûr,  si  les  graines  sont  bonnes,  d'obte- 
nir au  printemps  une  germination  réguhère.  Mais  si  la  même  opé- 
ration est  faite  en  septembre,  il  n'y  aura  plus  que  la  moitié  des 
graines  qui  germeront.  En  octobre,  vous  avez  dix-neuf  chances  sur 
vingt  de  n'en  pas  voir  lever  du  tout. 


—  275  — 

Eh  bien!  suivez  le  conseil  que  je  vais  vous  donner,  semeurs  émé- 
rites,  mais  négligents,  et  lâchez  de  rattraper  le  temps  perdu.  En 
septembre  et  octobre,  disposez  vos  graines  à  stratifier  dans  des 
caisses  garnies  de  sable  et  placez-les  dans  l'endroit  le  plus  chaud 
du  jardin  ;  tenez  humide.  En  novembre,  décembre,  janvier  et 
février,  mettez  ces  caisses  dans  votre  cuisine,  si  vous  n'avez  pas 
de  serre  chaude,  ou  dans  n'importe  quel  endroit  chaud  (15  à  20"); 
continuez  à  tenir  humide.  De  cette  façon,  vous  aurez  rattrapé  le 
temps  perdu.  Ce  secret  vaut  au  moins  huit  trancs.  Messieurs, 
allons  dîner. 

Injormalions.  —  Le  département  fédéral  de  l'agriculture,  en 
Suisse,  vient  de  prendre  des  mesures  contre  le  puceron  lanigère. 
Des  commissaires  ont  été  nommés  dans  tous  les  cantons  pour  assu- 
rer sa  destruction  dans  les  vergers.  On  sait  que  cet  ennemi  des 
pommiers  se  détruit  facilement  au  moyen  de  badigeonnages  réitérés 
avec  du  pétrole,  de  l'eau  sédative,  de  la  matière  des  fosses,  etc. 
Opérer  depuis  la  chute  des  feuilles  jusqu'à  la  floraison. 

—  La  Société  d'horticulture  du  canton  de  Vaud  tiendra,  les  26, 
27  et  28  courant,  une  exposition  spéciale  de  fruits  à  Lausanne. 
Une  exposition  pareille  aura  lieu  à  Gand  le  20  du  même  mois. 

—  M.  le  D'  H.  Rousseau  conseille  la  culture  du  Persil  à  grosse 
racine;  peu  cultivé  en  France,  ce  Persil  est  consommé  en  grande 
quantité  en  Saxe.  C'est  une  variété  du  Persil  ordinaire,  dont  la 
racine  atteint  presque  la  grosseur  d'une  carotte. 

—  Le  The  Garden  recommande  la  culture  du  Lconilis  leonurus 
comme  plante  ornementale.  Ce  journal  a  raison.  Cette  belle  labiée, 
d'orangerie  pendant  l'hiver,  fleurit  admirablement  pendant  l'été 
en  plein  air.  A  Constantinople,  on  la  nomme  fleur  minaret.  Lponolis 
veut  dire  oreille  de  lion;  leonurus,  queue  de  lion.  Ce  que  c'est  que 
l'imagination  ! 

—  Le  même  journal  signale  une  nouveauté,  le  Nijmphœa  flava, 
de  la  Floride.  Cela  va  réjouir  les  amateurs  de  plantes  flottantes, 
fleur  jaune  pâle,  excepté  à  l'extérieur  des  sépales  qui  sont  purpu- 
rescents.  Cultivé  en  A.ngleterre. 

—  La  Jievue  horticole  figure  huit  variétés  de  cannas  de  semis 
obtenus  par  M.  Crozy.  La  planche  est  fort  belle.  Ceux  qui  ont  vu 
les  plantes  vivantes  chez  notre  collègue  décerneront  des  éloges  au 
peintre  qui  les  a  si  exactement  rendues. 

—  Le  Washinglonia  robusta  est  une  espèce  nouvelle  de  palmier 
que  M.  E.  André  recommande  pour  la  région  méditerranéenne.  On 
sait  que  le  genre  IFashinglonla  a  été  formé  au  détriment  des  Prit- 
chardia.  Le  fV.  robusta  est  originaire  des  bords  du  Sacramento, 
fleuve  de  la  Californie.   Le  Prilchardia  pilifora,  qui  atteint  déjà  de 


—  276  — 

si  belles  proportions  en   pleine  terre,  en  Provence,  est   aussi   un 
ff^asliin()tonia . 

—  Une  société  de  bienfaisance  a  institué  à  Frederiksoord  (Pays- 
Bas)  une  école  d'horticulture  qui  a  été  inaugurée  le  1 9  mai  dernier. 
On  a  également  réorganisé,  sous  le  nom  de  Tuinhoimscliool  Jmslvr- 
dam,  l'ancienne  école  d'horticulture  de  Watergraafsmeer. 

—  L'école  d'horticulture  de  Versailles  fera  sa  rentrée  le  1"  octo- 
bre prochain. 

—  Un  concours  de  fruits,  d'arbres  fruitiers,  formés  ou  non, 
aura  lieu  à  Montmorency  (Seine-et-Oise),  les  18  et  19  octobre 
prochain. 

—  MM.  Transon  frères,  horticulteurs  à  Orléans,  ont  obtenu  une 
variété  d'Moteia  Japonica  à  feuilles  pourpres.  Cette  plante  ne  diffère 
de  l'espèce  que  par  la  couleur  de  ses  feuilles  et  de  ses  tiges  qui  est 
rouge  violacé. 

—  Deux  de  nos  confrères  qui  ont  eu  la  complaisance  de  signa- 
ler la  décision  de  l'Association  horticole  lyonnaise  relative  à  la  fixa- 
tion de  la  date  de  l'Exposition  qu'elle  tiendra  à  Lyon  l'an  prochain, 
ont  été  victimes  de  la  typographie.  En  effet,  l'un  annonce  cette 
Exposition  pour  1885,  ce  qui  est  une  erreur,  et  l'autre  pour  1866, 
ce  qui  est  une  erreur  également,  mais  d'une  espèce  particulière. 

—  Du  18  au  20  septembre,  aura  lieu  à  Orléans  une  Exposition 
de  fruits.  Le  but  de  cette  Exposition  est  de  former  une  collection 
destinée  à  l'exposition  universelle  d'Anvers. 

—  Il  paraît  qu'on  a  découvert  V Edelveiss,  en  Amérique,  sur  le 
mont  Rainier.  Cette  découverte  n'a  rien  d'agréable  pour  les  tou- 
ristes qui  s'imaginaient  rapporter  de  leurs  excursioiis  des  hauts  som- 
mets des  Alpes  suisses  une  plante  rare  particuhère  à  ces  monta- 
gnes. L'Edelweis —  Lfoniopodium  alpinum — croît,  du  reste,  en 
France,  dans  les  pâturages  escarpés  des  montagnes,  dans  les  Hautes 
et  Basses-Alpes,  les  Pyrénées,  le  Jura,  la  Dole,  le  Reculet,  etc. 
La  Suisse  n'en  a  donc  pas  le  monopole. 

—  La  troisième  Exposition  nationale  de  la  Fédération  horticole 
italienne  aura  heu  à  Rome,  au  mois  de  mai  1886.  Le  programme, 
qui  a  été  rédigé  par  la  Société  horticole  romaine,  contient  plus  de 
200  concours. 

Tomates  teintes.  —  On  aime  les  couleurs  fraîches  et  vives  :  l'in- 
carnat de  la  jeunesse  est  en  effet  bien  plus  séduisant  que  l'ocre 
jaune  de  l'âge  mûr.  Le  vulgaire  préfère  le  beau  vin  au  bon  vin.  11 
n'y  a  pas  jusqu'aux  cuisinières  qui  ne  soient  séduites  par  la  belle 
couleur  des  tomates  mûres  à  point.  Cette  propension  idiosyncrasique 
des  cordons  bleus  à  préférer  les  Po^na  amoris  fructu  rtibro  (Tomates 
à  fruit  rouge)  aux  tomates  à  fruit  pâle  a  été  cause  que  trois  maraî- 


—  277  — 

chers  des  environs  de  Paris  ont  été  condamnés  récemment  chacun 
à  100  francs  d'amende  pour  avoir  vendu  des  tomates  teintes  au 
rouge  d'aniline.  Cela  leur  apprendra  à  mêler  ensemble  la  teinture 
et  l'horticulture. 

OEiUcls  remuniaids  cl  jus  de  tabac.  —  La  culture  de  l'Œillet  remon- 
tant est  très  facile,  et  cependant,  sauf  chez  les  spécialistes,  il  est 
assez  rare  de  rencontrer  de  beaux  individus  de  cette  race.  Le  rachi- 
tisme sous  lequel  se  débattent,  dans  beaucoup  de  jardins,  l'élite  des 
meilleures  variétés,  est  dû  aux  déprédations  d'un  petit  insecte 
auquel  les  entomologistes  ont  donné  le  nom  générique  de  Tlirips. 
Cet  insecte,  dont  on  constate  la  présence  par  le  rabougrissement 
des  rameaux  et  l'aspect  tortillé  et  souffreteux  des  feuilles,  est  assez 
diificile  à  observer,  tellement  il  est  agile  et  de  petite  taille.  Toute- 
fois, en  écartant  délicatement  les  feuilles  des  sommités  des  rameaux, 
on  peut  l'apercevoir. 

Il  n'y  a  pas  de  culture  d'oeillet  possible  avec  cet  hôte  dangereux. 
Heureusement  que  le  jus  de  tabac  est  un  toxique  auquel  les  thrips 
ne  peuvent  pas  résister.  On  emploie  le  jus  à  la  dose  d'un  dixième  en 
le  mêlant  à  l'eau  L'important  est  de  bassiner  tous  les  quinze  jours 
tant  qu'on  aperçoit  des  thrips. 

L'Œillet  aime  également  beaucoup  l'engrais  Hquide  appliqué  en 
mai-juin.  Si  on  voulait  résumer  la  culture  de  l'Œillet  remontant, 
on  devrait  la  formuler  de  la  manière  suivante  :  bouture  de  septem- 
bre à  novembre;  pincement  en  avril,  mai  et  juin;  engrais  et  jus 
de  tabac  en  mai,  juin,  juillet  et  août;  floraison  en  novembre-décem- 
bre. Plein  soleil. 

Exposition  de  Fillefranchc.  —  Je  ne  sais  pas  si  les  affaires  ont 
marché,  si  les  recettes  ont  été  «  convenables  »  —  c'est  malheureu- 
sement une  question  qui  intéresse  au  premier  chef  les  sociétés 
d'horticulture  qui  organisent  des  expositions,  témoin  la  société  de... 
qui  coure  après  plusieurs  billets  de  mille  francs  qui  lui  manquent 
depuis  sa  dernière  exposition.  —  Mais  ce  que  je  sais,  c'est  que  les 
horticulteurs  de  plus  d'un  chef-lieu  de  département  seraient  heu- 
reux de  pouvoir  présenter  d'aussi  jolies  plantes  dans  une  exposi- 
tion a-issi  belle  que  celle  que  la  Société  de  Fillefrancke  avait  orga- 
nisée dans  les  premiers  jours  de  septembre  àVillefranche-sur-Saùne. 

Le  jardin  anglais,  avec  pelouses,  massifs,  pièce  d'eau,  rocaille, 
avait  été  tracé  par  M.  Falconnet  jeune,  dont  le  goût  et  l'habileté 
sont  bien  connus,  le  gazon  a  eu  le  bon  esprit  de  se  niontroï  pendant 
l'exposition  et  non  après  comme  cela  arrive  quelquefois.  Ces 
tapis  verdoyants  qui  charment  la  vue,  faisaient  admirablement 
ressortir  les  vives  couleurs  des  corbeilles  fleuries.  Au  point  du  vue 


—  278   — 

horticole  on  peut  donc  dire  que  l'exposition  était  parfaitement 
réussie. 

En  attendant  la  publication  du  rapport  détaillé,  que  ne  manque- 
ront pas  de  faire  les  deux  membres  du  jury  délégué  par  l'Associa- 
tion horticole,  j'ai  tenu  à  signaler  le  brillant  succès  obtenu  par  nos 
confrères  de  Villefranche. 

Quelques  horticulteurs  se  sont  particulièrement  surpassés  :  M. 
Coindre  avec  une  série  de  lois  :  Zonales,  Reine-Marguerite,  Dra- 
cœna,  fleurs  coupées,  plantes  à  feuillage,  etc.,  décroche  un  prix 
d'honneur,  vase  de  Sèvres,  offert  par  le  Président  de  la  Républi- 
que, M.  Pétrus  Dubeuf,  chef  de  culture  de  M.  Perrochet,  obtient 
plusieurs  prix  avec  des  plantes  bien  cultivées.  MM.  Poisard,  d'Anse, 
exibaient  des  vignes  grefïées,  une  collection  de  Conifères,  des  plan- 
tes en  fleurs  coupées,  etc.,  qui  leur  valent  plusieurs  récompenses. 
M.  Longeron  avait  de  bien  johs  lots  qui  font  honneur  à  ses  talents 
de  cultivateur.  M.  Romanet,  deux  johes  collections  d'Evonymus  et 
d'arbustes  à  feuilles  persistantes.  M.  Guerrier,  jardinier  chez  Ma- 
dame Roche  Alix,  montrait  de  beaux  Zonales  et  des  Cannas  vigou- 
reux. M.  Achard,  de  Neuville,  exposait  une  belle  collection  de 
fruits,  il  faut  encore  signaler,  MM.  Martin  Joseph,  Acarit,  Roma- 
net, Chaboud,  etc.  Puis  des  exposants  de  raisins  et  de  vignes. 
MM.  Poisard,  Grégoire,  Dengaud,  Merlier,  Puliat  (Jean),  Cha- 
boud, etc.  Les  collections  de  légumes  étaient  fort  belles,  deux  sur- 
tout qui  auraient  enfoncé  —  passez-moi  le  terme  —  la  plupart 
de  celles  que  nous  voyons  à  Lyon  et  même  à  Paris.  Bravos,  Mes- 
sieurs Chaboud,  Coindre  et  Labranche.  A  citer  de  belles  collections 
de  pommes  de  terre  à  MM.  Aumiot  etPulliat,  les  fraises  et  le  bou- 
quet de  légumes  de  M.  Tliiard.  Puis  la  belle  exposition  de  bouquets 
en  fleurs  naturelles  ou  artificielles,  garnitures,  de  MM.  Comte  fils 
et  Longeron,  et  tant  d'autres  choses  qu'il  faudrait  signaler  sans 
compter  les  objets  d'art  et  la  petite  pompe  actionnée  par  l'électri- 
cité transmise  à  grande  distance, 

Jussieua  grandiflora.  —  On  peut  voir  actuellement  en  pleine  flo- 
raison une  assez  grande  surface  de  ce  qui  reste  à  combler  de  l'an- 
cien fossé  du  fort  des  Brotteaux,  à  Lyon,  qui  limitait  à  l'Est  le 
parc  de  la  Téte-d'Or,  couverte  par  cette  belle  plante  aquatique. 
Jetée  là  par  hasard,  peut-être  à  dessein  par  un  amateur  de  natu- 
rahsalion  de  plantes  exotiques,  cette  espèce  s'y  est  développée 
avec  une  exubérance  dont  quelques-unes  de  nos  plantes  indigènes 
sont  seules  capables. 

Le  Jussieua  grandiflora  Michx  est  une  plante  de  la  famille  des 
Onagrariées  qui  habite  les  bords  des  lacs  de  la  Caroline  ;  sa  fleur 
est  d'un  beau  jaune  d'or;  oUe  commence  à  se  montrer  eu  juillet  et 


—  279  — 

continue  à  s'épanouir  jusqu'en  octobre.  Ses  tiges  sont  dressées,  ses 
feuilles  oblongues  lancéolées  sont  d'un  vert  foncé  assez  brillant. 
C'est  une  espèce  à  recommander  pour  l'ornement  des  lacs  et  des 
grandes  pièces  d'eau.  Quand  les  hivers  sont  très  rigoureux,  elle 
gèle  en  partie,  mais  il  est  rare  qu'elle  disparaisse  complètement. 
On  peut  du  reste  en  rentrer  quelques  pieds  qu'on  jette  à  l'eau  en 
avril.  V.  V.-M. 


Rocouier  —  Bixa    orellana  L. 


Le  Rixa  orellana  plus  connu  sous  le  nom  de  Rocouier  est  un 
petit  arbre  de  cinq  à  six  mètres  de  hauteur,  originaire  de  l'Amé- 
riciMo  tropicale,  mais  propagé  par  la  culture  dans  toute  la  zone 
torride.  Il  appartient  à  la  famille  des  Bixacées  ou  Bixinées,  assez 


—  280  — 

voisine  des  Cistinées.  La  figure  qui  accompagne  celte  note  nous 
dispensera  d'en  faire  la  description.  Nous  dirons  seulement  que 
ses  feuilles  sont  persistantes  et  que  ses  fleurs  d'un  rose  pâle  sont 
fort  belles  ;  son  fruit  est  une  sorte  de  capsule  déhiscente,  à  deux 
valves,  hérissée   d'aiguillons. 

Le  Rocouier  produit  une  substance  tinctoriale  qu'on  extrait  des 
fruits.  Cette  substance,  généralement  connue  dans  le  commerce 
sous  le  nom  de  Jiocou,  est  également  nommée  ruka,  uruka,  ornullo, 
allala,  terra  orleana,  etc.  Le  rocouest  très  employé  dans  la  teinture; 
on  en  prépare  aussi  quelques  couleurs  à  l'eau  et  à  l'huile  ;  il  sert 
aussi  à  colorer  les  vernis,  les  huiles,  le  beurre,  les  fromages,  etc. 
La  matière  colorante  du  rocou  est  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  les 
huiles,  l'éther  ;  la  dissolution  est  jaune  orangé,  l'acide  sulfuriquc 
fait  passer  cette  couleur  au  bleu  indigo.  Les  Caraïbes  se  tatouent 
le  corps  avec  du  ro^u  pour  éloigner  les  moustiques.  Enfin  les 
graines  et  la  racine  de  cet  arbre  précieux  sont  emploj-ées  en  mé- 
decine. 

On  rencontre  assez  rarement  le  Rocouier  dans  les  serres,  si  ce 
n'est  dans  les  jardins  botaniques  ou  chez  les  rares  amateurs  qui 
collectionnent  les  plantes  médicinales  ou  industrielles  exotiques. 
Cependant  en  dehors  de  l'intérêt  qui  s'attache  aux  plantes  dont  les 
produits  sont  employés  dans  les  arts,  le  Rocouier  a  des  qualités 
ornementales  qui  devraient  le  faire  rechercher.  Nous  avons  dit  que 
sa  fleur  et  ses  feuilles  sont  fort  belles  ;  nous  ajouterons  que  la 
culture  en  est  assez  facile  lorsqu'on  dispose  d'une  serre  chaude,  on 
peut  le  cultiver  en  caisse  ou  en  pleine  terre.  Sa  multiplication  se 
fait  par  graines,  par  boutures  ou  par  greffe  sur  jeunes  sujets 
obtenus  de  semis  ;  la  gretfe  donne  des  arbres  qui  fleurissent  beau- 
coup plus  vite  que  le  semis  lui-même.  D.-X.  Liroux. 


Note  sur  les  Chrysanthèmes  d'été. 

L'introduction  dans  les  jardins  du  genre  connu  des  amateurs  sous 
le  nom  de  Chrysanthème  ne  remonte  guère  au-delà  de  la  fin  du 
siècle  dernier.  Le  type  sauvage  amélioré  par  les  Chinois,  ({ui  sont 
grands  arnateurs  des  belles  variétés  de  cette  plante,  passa  dans  les 
cultures  en  Europe  vers  1770,  mais  il  ne  se  répandit  que  très  len- 
tement, et  il  faut  remonter  jusqu'au  XIX"  siècle  pour  lui  voir  pren- 
dre une  importance  relative.  Miller,  dans  son  encyclopédie  des 
jardiniers,  en  fait  mention  sous  le  nom  de  Malricaria  indica.  Du 
reste  il  faut  dire  que  les  Chrysanthèmes  ont  successivement  porté 
les  noms  suivants  :  Chrysanthcmwn  indicum,  japonicum,  purpurcuni  ; 
Malricaria  indica;   Anthcmis  grandiflora  et  Pyrcthrum  indicum.  C'est 


281 


Cassini,  l'illustre  inonographe  des  Synantlicrécs,  qui  a  définitivement 
fixé  la  place  que  les  Chrysanthèmes  doivent  occuper  dans  une  clas- 
sification, en  les  faisant  entrer  dans  le  genre  Pi/rcthrum. 

En  181 1  Dumont-de-Courset  signale  déjà  des  variétés  blanches, 
jaunes,  rouges  et  variées  ;  mais  la  variété  blanche  ne  devait  pas 
être  très  commune,  car  le  Bon  jardinier  pour  l'année  1<S17  dit 
«  qu'on  a  vu  la  variété  à  tleur  blanche  pour  la  première  fois  en 
181 1  et  une  autre  variété  à  fleur  d'un  écarlate  brillant  en  1812.  » 
La  variété  «  Pourpre  ancien  »  est  celle  qui  paraît  avoir  été  intro- 
duite la  première. 

En  1825  on  s'aperçoit  que  le  genre  prend  de  l'importance  puis- 
qu'à  cette  époque  le  rédacteur  du  Bon  jardinier  en  signale  six 
variétés  à  fleur  blanche,  différant  entre  elles  par  la  grandeur  des 
fleurs  ou  par  la  forme  des  fleurons,  quatre  jaunes  et  trois  pourpres. 
Le  même  ouvrage  ajoute  :  Enfin  plusieurs  autres  variétés  se  font 
admirer  dans  la  collection  de  M.  Noisette  qui  en  a  introduit  le  plus 
grand  nombre.  » 

En  1835.  Noisetie,  qui  était  un  des  horticulteurs  les  plus  ins- 
truits de  son  époque,  donne  la  description  de  30  variétés. 

Ces  variétés  comprennent  déjà  ces  nuances  rouillées,  mordorées, 
oraujgées,  qui  devaient  devenir  si  communes  plus  tard. 

D  X  ans  après  la  publication  du  livre  de  Noisetie  les  variétés  de 
Chrysanthème  deviennent  si  nombreuses  que  Jacques,  jardinier  en 
chef  du  château  de  Neuilly,  se  voyait  dans  la  nécessité  d'établir 
pour  elles  une  classification  divisée  en  16  sections.  Depuis,  les 
variétés  nouvelles  ont  supplanté  les  anciennes,  et  ce  serait  perdre 
son  temps  que  do  signaler  toutes  celles  qui  ont  été  obtenues  par  le 
semis. 

Tous  les  auteurs  que  nous  avons  consultés,  s'accordent  assez 
pour  fixer  l'époque  habituelle  de  la  floraison  des  Chrysanthèmes 
d'octobre  à  novembre-décembre.  Ainsi  jusqu'à  1845,  date  où  nous 
avons  arrêté  nos  recherches,  aucun  auteur  ne  parle  des  Chrijsan- 
tlu-mcs  d'clé,  c'est-à-dire  des  variétés  fleurissant  en  juillet-août.  Il 
est  donc  bien  difficile  d'assigner  une  date  exacte  à  l'apparition  dans 
les  cultures  des  variétés  susdites. 

Cependant  si  on  voulait  s'appuyer  du  témoignage  de  Miller,  qui 
fait  du  reste  autorité  en  horticulture  ,  les  Chrysanthèmes  d'été 
seraient  ceux  qui  auraient  été  les  ]>remiers  introduits  dans  les 
cultures,  puisque  cet  auteur  décrit  son  Malricaria  indica,  que  l'on 
c  onsidère  comme  le  type  des  premiers  Chrysanthèmes  introduits, 
de  la  manière  suivante  : 

«  Cette  espèce  se  trouve  dans  plusieurs  parties  des  Indes  ;  elle 
m'a  été  envoyée  de  Nimpu  où  elle  croît  en  abondance  ;  elle  s'élève 
à  la  hauteur  d'un  pied  et  demi   et  se  divise  en  plusieurs  branches 


_  282  — 

garnies  de  feuilles  anguleuses,  ovales,  l'urLement  sciées  sur  leurs 
bords  et  d'un  vert  pâle  ;  ses  Heurs  naissent  sur  des  pédoncules  qui 
sortent  des  ailes  des  feuilles  ainsi  que  de  l'extrémité  des  branches. 
Toutes  celles  que  j'ai  vues  étaient  doubles.  Elles  paraissent  en 
juillet.   » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  remarques,  et  comme  il  y  a  des  variétés 
plus  précoces  les  unes  que  les  autres  et  qu'il  importe  de  les  distin- 
guer entre  elles,  j'estime  que  la  qualification  de  Chrysanthème  d'été, 
au  lieu  de  précoce,  désignerait  plus  clairement  les  plantes  de  cette 
série,  et  c'est  celle  que  j'adopterai  dorénavant,  car  c'est  en  juillet, 
août  et  septembre  qu'elles  sont  dans  toute  leur  beauté.  Si  on  savait 
tout  le  parti  qu'on  pourrait  en  tirer  comme  plante  de  massifs  ou  de 
plates-bandes,  on  en  verrait  dans  tous  les  jardins.  Comme  le  Chry- 
santhème d'automne,  celui  d'été  s'accommode  de  tout  terrain,  mais  il 
préfère  une  exposition  très  chaude  où  les  plantes  forment  des  touf- 
fes basses,  bien  feuillées  et  couvertes  de  fleurs  qui  se  succèdent 
pendant  des  mois,  en  ayant  soin  d'enlever  les  fleurs  passées.  On 
ne  taille  pas  le  Chrysanthème  d'été,  sa  floraison  le  maintient  bas, 
il  exige  peu  d'eau  et  même  il  est  probable  qu'il  peut  s'en  passer, 
c'est  un  essai  à  faire.  Comme  les  plantes  n'atteignent  pas  de 
grandes  dimensions ,  on  peut  les  mettre  plus  rapprochées  que  les 
Chrysanthèmes  d'automne. 

Je  pense  que  ces  instructions  sommaires  contribueront  à  répan- 
dre davantage  la  culture  d'une  belle  plante  encore  peu  usitée. 

Cette  plante  me  semble  mériter  quelque  attention,  car  elle  a 
résisté,  sans  aucune  défaillance  et  avec  peu  d'eau,  à  la  grande 
sécheresse  que  nous  avons  subie  cette  année.  Les  fleurs  ne  crai- 
guent  pas  le  soleil  le  plus  ardent,  et  pas  une  feuille  n'est  grillée  ; 
les  plantes  sont  vertes  du  pied  à  la  tête.  Leur  culture  est  tout  à 
fait  élémeutaire  ;  elles  viennent  toutes  seules,  pourvu  qu'on  les 
mette  au  plein  soleil,  et  qu'on  leur  donne  relativement  peu  d'arro- 
sages. Les  boutures  faites  au  printemps,  de  préférence  aux  indi- 
vidus de  touffe,  forment  de  joHs  petits  arbustes  variant  de  15  à 
35  centimètres  de  hauteur,  et  se  couvrent  littéralement  de  boutons 
et  de  fleurs  qui  durent  jusqu'à  l'arrivée  du  chrysanthème  d'automne. 
Les  fleurs  sont,  en  général,  petites  ou  moyennes.  Les  coloris,  jus- 
qu'à présent,  ne  peuvent  pas  rivaliser  avec  ceux  des  chrysan- 
thèmes d'automne  ;  mais  en  faisant  un  bon  choix  et  grâce  à  quel- 
ques bonnes  nouveautés,  on  peut  faire  de  petites  collections  assor- 
ties. 

En  Angleterre,  on  fait  grand  cas  des  variétés  précoces  ou  d'été, 
parce  qu'elles  y  fleurissent  en  pleine  terre,  taudis  que  les  chrysan- 
thèmes d'automne  sont  cultivés  en  serres;  les  brouillards,  peut- 
être  plus  que  le  froid  gâteraient  les  fleurs.  C'est  feu  M.  Pertuzès 


—  283  — 

père,  de  Toulouse,  qui  a  obtenu  et  édité  quelques  variétés;  mais 
les  anglais  ont  dû  en  obtenir  aussi,  car  outre  Liitle  Boh,  essentielle- 
ment anglais,  M.  Piercy,  de  Londres,  spécialiste  du  genre,  a  écrit 
que  la  variété  connue  sous  le  nom  de  itf  ""*  Pécoul,  a  été  obtenue  par 
M.  Piccol,  un  des  chefs  de  culture  de  M.  Carter,  célèbre  mar- 
chand-grainier  de  Londres 

Voici  une  liste  des  variétées  de  chrysanthèmes  d'été  actuelle- 
ment les  plus  recommandables  : 


Anriita,  blanc  à  centre  jaunâtre. 

Auréole,  carmia  siiblé  blanc. 

Floconde  Neige,  blanc  pnr,  pétales 
imbriqué?. 

Gentillesse,  blanc  et  lila?. 

Gremillette,  jaune  nuancé. 

Hermine,  blanc  pur,  petite  plante 
basse  très  florifère. 

Jardin-des-Plantes,  blanc  pur,  plante 
compact-i  formant  un  bouquet. 

Jeanre  Cousinié,  rose  tdndre,  extra. 

La  Bien-Aimée,  rose  vif,  base  des 
péialts  blanc. 

L:i  Njmphe,  lilas  foncé. 

L'Avenir,  rose  clair  pointé  amarante. 

L'immorielle,  blanc  camé. 

Liule  Bob,  roujje  foncé. 

Le  Luxembourg,  jaune  mordoré,  ex- 
tra. 


M""'  Djfoj,  blanc  satiné. 

M"*  Pecoul,  rose  tendre. 

Ma  petite  Marie,  blanc  pur,  plante 
b:isse  très  floriforo. 

Migndo,  jaune  brillant,  extra. 

M.  Fréd.  Marrouch,  rouge  pointé 
orange. 

M.  Hipp.  Jamain,  violet  à  centre 
marron. 

Perpétuel-Toulousain,  rouge  mor- 
doré. 

Reine-Blanche,  blano  pur. 

Secrétaire-Daurel,  rose  satiné,  pointé 
bUnî. 

Souvenir,  supprbe  jaune,  très  flori- 
fère. 

Souvenir  de  M.  Raajpont,  violet. 

Toréador,  rougj  saturne  pointé  or. 

HOSTE  ET   V.   V.-M. 


Visite  à  l'Exposition  d'Anvers. 


Au  mois  de  mai  dernier  s'ouvrait  à  Anvers  la  première  Exposi- 
tion universelle  organisée  sur  le  territoire  belge.  Bien  qu'Anvers 
ne  puisse  être  comparée  ni  à  Paris,  ni  à  Londres,  c'est  une  fort 
belle  ville  et  un  port  de  commerce  très  remarquable  qui  compte 
de  beaux  monuments  et  des  curiosités  qui  valent  certainement  la 
peine  d'être  visités.  En  ajoutant  à  tous  les  attraits  de  cette  capitale 
commerciale  de  la  Belgique  les  chefs-d'œuvre  du  travail,  des  aris 
et  de  l'industrie  que  toutes  les  nations  ont  envoyés  dans  les  immenses 
galeries  de  l'Exposition,  c'était  fournir  une  occasion  unique  aux 
visiteurs  d'admirer  à  la  fois  les  uns  et  les  autres. 

Mon  intention  n'est  pas  de  signalei'  ici  les  progrès  et  les  amélio- 
rations de  toutes  sortes  que  chacun  dans  sa  spécialité  examine  plus 
particulièrement;  je  me  bornerai  à  rendre  compte  le  plus  briève- 
ment possible  de  l'Exposition  internationale  d'horticulture  qui  s'est 
tenue  du  2  au  6  août  dernier. 

Quoique  internationale, l'Exposition  comptait  très  peu  d'étrangers 
exposants,  mais  n'en  était  pas  moins  belle  pour  cela,   car  on  sait 


—  284  — 

qu'à  elle  seule,  la  Belgique  pourrait,  si  elle  le  voulait,  faire  non 
pas  une  Exposition,  mais  plusieurs  Expositions  à  la  fois. 

Précédemment,  deux  concours  horticoles  avaient  déjà  eu  lieu 
dans  l'enceinte  de  l'Exposition  universelle  :  le  premier  fut  une 
merveille  ;  les  Orchidées  en  faisaient  les  frais.  C'est  dire  que  les 
spécimens  rares,  les  espèces  choisies  abondaient  partout.  L'autre, 
spécial  aux  Roses,  était  également  fort  beau,  mais  ne  parvenait  pas 
à  éclipser  ceux  de  nos  Expositions  organisées  par  l'Association 
horticole  lyonnaise. 

Ces  deux  concours  n'étaient  que  le  prélude  de  la  belle  Exposition 
générale  dont  je  vais  vous  dire  quelques  mots. 

Cette  Exposition  a  été  organisée  dans  un  vaste  emplacement 
réservé  dans  l'une  des  nombreuses  galeries  qui  composent  l'en- 
semble de  l'Exposition  universelle.  Le  tracé  quelque  peu  anglais 
comprenait  une  infinité  de  petits  massifs  réservés  aux  plantes  fleu- 
ries de  petite  dimension.  Çà  et  là  étaient  disséminées  de  grandes 
plates-bandes.  Dans  les  bordures,  les  organisateurs  avaient  placé  de 
forts  spécimens  qui  masquaient  les  murs  et  dissimulaient  un  orgue 
immense  qui  jouait  des  airs  connus  mais  variés,  à  la  satisfaction  des 
nombreux  visiteurs  qui  aiment  !a  musique. 

Je  n'ose  pas  trop  m'aventurer  à  vous  citer  les  noms  des  lauréats 
des  nombreux  concours,  cela  constituerait  une  kyrielle  de  noms 
propres  dont  l'orthographe  est  assez  difficile.  Les  célébrités  horti- 
coles de  la  Belgique  avaient,  pour  le  plus  grand  nombre,  pris  part 
à  la  lutte,  jalouses  de  conserver  à  leur  pays  la  suprématie  qu'elles 
lui  ont  acquise  en  horticulture.  Les  Van  Houtte,  les  Linden,  les 
Dallière,  les  Jacob-Makoy,  les  Van  Geert,  les  Pynaert,  les  de 
Semet,  les  Le  Grelle  d'Hanis  et  tant  d'autres  étaient  là  avec  leurs 
collections  d'élite  et  leurs  spécimens  de  choix. 

En  dehors  des  collections  générales  d'arbres,  d'arbustes  et  de 
plantes  de  serre  diverses,  parmi  lesquelles  il  serait  difficile  de  faire 
un  choix,  il  y  avait,  comme  c'est  l'habitude  en  Belgique,  de  nom- 
breux concours  établis  en  faveur  des  genres  généralement  cultivés: 
Plantes  nouvellement  introduites,  plantes  nouvelles  de  semis,  cul- 
ture et  floraison  ,  Fougères  et  Lycopodcs,  Cycadées,  Conifères, 
Palmiers,  Pandanées,  Musacées,  Marantacées,  Liliacées,  Bromé- 
liacées, Orchidées,  Plantes  carnivores,  Euphorbiacées,  Protéa- 
cées,  Araliacées ,  Bégonias,  Cactées,  Bertolonia  et  Sonerila, 
Œillets,  Rosiers,  Fuchsias,  Garnitures  d'appartement.  Bouquets, 
Coiffures,  Fleurs  coupées,  etc.,  etc. 

Parmi  les  plus  belles  espèces  nouvelles  introduites  en  Belgique 
depuis  trois  ans,  que  MM.  Jacob-Makoy,  L.  Van  Houtte  et  Van 
Geert  avaient  exjtosées,  on  peut  citer  plusieurs  lielles  Broméliacées, 
telles  que  Canujuala  Osijana  et  Pcacockii^  Nidulariuin  acanlhocraler  et 


—  285  — 

Eekhaulei,  de  jolies  Aroïdées  :  Jnlhurium,  Dieffenbachia,  Alocasia; 
de  belles  Sélaginelles,  plusieurs  Fougères,  des  Cycadées,  des  Pan- 
danus  et  une  foule  d'autres  plantes  qu'il  faudrait  non  pas  seulement 
signaler,  mais  décrire  ou  mieux  reproduire  en  couleur. 

Les  Orchidées En  écrivant  ce  nom,  ma  plume  s'arrête  invo- 
lontairement, et  malgré  les  notes  que  j'ai  là  sur  mon  carnet,  je 
sens  qu'il  m'est  impossible,  non  pas  d'énumérer  les  noms  souvent 
barbares  dont  on  a  affublé  ces  curieuses  tleurs,  mais  d'exprimer  le 
charme  qu'on  éprouve  à  les  admirer.  Eu  Belgique  (ce  n'est  pas 
comme  aux  environs  de  Lyon  où  les  amateurs  d'Orchidées  sont 
rares),  tout  le  monde  raffole  de  ces  plantes  épiphytes. 

Les  Palmiers  étaient  représentés  par  l'élite  des  plus  beaux 
genres,  les  uns,  les  nouveaux,  en  petits  exemplaires,  les  autres, 
plus  anciens  dans  les  cultures,  par  des  spécimens  de  toute  beauté. 
MM.  VanGeert  et  Dallière  avaient  dans  ce  genre  quelques  espèces 
nouvelles. 

La  collection  générale  de  Madame  Legrelle  d'Hanis  a  été  l'objet 
de  l'admiration  de  tous  les  visiteurs  :  il  est  difficile  de  réunir  en  si 
grand  nombre  d'aussi  belles  espèces,  dont  quelques-unes  très  rares, 
et  surtout  de  les  présenter  aussi  irréprochablement  cultivées. 

M.  Van  Houtte,  avec  une  foule  de  plantes  de  serre  fort  remar- 
quables, présentait  un  beau  lot  de  Lilium  en  pleine  floraison  ;  nous 
ne  voyons  guère  cela  dans  nos  Expositions  ;  puis  des  Nrpenlhcs  aux 
ascidies  énormes.  M.  Dallière  avait  un  joli  lot  de  ces  curieuses 
plantes  carnivores. 

M.  Van  den  Wouwer,  horticulteur  à  Anvers,  avait  un  lot  dans 
lequel  j'ai  remarqué  un  bel  Jnlhurium  carneum  couvert  de  fleurs, 
plusieurs  belles  Cycadées  et  une  infinité  d'autres  belles  plantes. 

M.  d'Haenne  montrait  des  Caladiums  à  feuilles  colorées,  de 
beaux  Becjonias  rex,  de  remarquables  Crotons,  etc. 

Les  Dracœna  de  MM.  Wartel  frères  ont  également  été  fort 
remarqués. 

Il  faudrait  aussi  citer  les  Fougères  en  arbre  de  M.  Pynaërt  Van 
Geert,  puis  les  Fougères  variées  de  M.  Vallem.  De  beaux  Gloxi- 
nias,  des  plantes  fleuries  diverses,  des  collections  de  Broméliacées; 
les  Roses  coupées  de  MM.  Soupert  et  Noting,  de  Luxembourg,  et 
tant  d'autres  plantes  que  la  brièveté  de  ce  compte-rendu  m'empêche 
de  mentionner. 

Comme  conclusion,  je  dirai  que  cette  exposition  a  donné  aux 
nombreux  visiteurs  étrangers  l'occasion  d'admirer  réunies  une 
partie  des  richesses  horticoles  dont  la  Belgique  peut  à  bon  droit 
être  fière.  Elle  Métral. 


—  286  — 
Pomologie. 

•     — (  Observations  sur  les  Poires  ) — 

Monseigneur  Affre.  —  Arbra  de  vigueur  moyenne;  se  oonriuit  sous  toutes 
les  formes;  assez  fertile.  Fruit  moyen,  parfois  petit.  Maturité  fin  septembre. 
La  qualité  varie  selon  la  vigueur  de  l'arbre. 

Napoléon  Savinien.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire  ;  la  forme  haute  tige  lui 
convient  bien  ;  asez  ferùle.  Fruit  moyen,  de  deuxième  qualité.  Maturité 
courant  septembre. 

Napoléon  111. —  Arbre  vigoureux,  qui  se  conduit  sous  toutes  les  formes  ; 
très  fertile.  Fruit  gros,  trèa  bon.  Maturité  courant  août. 

Nec  plus  Mûris.  —  Syn.:  Beurré  d'Anjou,  Beurré  gris  rouge,  Ne  plus  Mûri. 
Arbre  vigoureux,  qui  fait  à:  jol'es  pyramides;  se  conduit  sous  toutes  for- 
mes ;  assez  fertile.  Fruit  assez  gros,  assez  bon.  Maturité  fin  septembre  à 
octobre. 

Noiaeau  Poitcau.  —  Syn.:  Tombe  de  l'Amateur,  Chois  d'un  Amateur, 
Ritour  de  Rome;  c'est  à  tort  qu'on  lui  attribue  ce  dernier  synonyme,  car  la 
\)0\re  Retour  de  Home  diffère  beaucoup  du  Nouveau  Poiteau  ;  eHe  e^t  plus 
petite,  toujours  jaune.  Mûrit  fin  aoijt;  elle  est  très  bonne,  tandis  que  le 
Nouveau  Poiteau  est  de  2'=  qualité  et  mûrit  courant  septembre.  Ce  dernier 
forme  de  jolies  pyramides,  et  l'autre  est  pfu  vigoureux  et  dépourvu  de 
Jbranches 

Nouvelle  Fulvie.  —  Syn.:  Belle  de  Jarnac,  Fulvie  Grégoire.  Arbre  assez 
vigoureux,  qui  se  conduit  sous  toutes  formes  ;  peu  fertile.  Fruit  moyen,  de 
2*  qualité.  Mûrit  fin  septembre. 

Octave  Laehambre.  —  Arbre  assez  vigoureux,  qui  se  conduit  sous  toutes 
formes,  très  fertile.  Fruit  gros,  de  1"  qualité.  Maturité  de  février  à  fin 
mars. 

Oken.  —  Syn.:  Cent  Couronnes,  Beurré  Okin,  Oken  d'hiver.  Arbre  vigou- 
reux, qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  assez  fertile.  Fruit  moyen  ou  petit, 
très  bon.  Maturité  courant  octobre. 

Omer-Pacha. —  Syn.:  Sani-Menise.  Arbre  peu  vigoureux,  auquel  la  petits 
forme  convient  ;  très  fertile.  Fruit  assez  gros,  très  bon.  Maturité  courant 
septembre. 

Orpheline  d'Enghien. — Syn.:  Beurré  d'Arenbert  vrai.  Petit  Beurré  d'Har- 
dempont,  Beurré  Buohardt,  Arembert  parfait,  Beurré  des  Orphelines,  Beurré 
Deschamps,  Dilices  des  Orphelins,  Colmar  des  champs.  Arbre  peu  vigou- 
reux, qu'il  faut  greffer  sur  franc  pour  obtenir  des  pyramides,  très  fertile. 
Fruit  petit,  assez  bon.  Maturité  octobre  à  décembre. 

Passe-Colmar.  —  Syn.  Le  nombre  en  est  si  grand,  que  je  ne  cite  que  les 
plus  connus  :  Colmar  Preul,  Régentiao.  Souveraine  d'hiver,  D'Argenson, 
Chapineau,  Précel,  Roi  de  Bavière,  Ananas  d'hiver,  Cellite,  Fondante  de 
Mons,  Gambier,  Marotte  sucrée  jaune,  Présent  de  Malines,  Impératrice, 
Colmar  de  Silly,  Suprême  grise,  Passe-Colmar  doré.  Arbre  faible,  divergent, 
auquel  la  forme  espalier  convient  la  mieux;  très  fertile.  Fruit  moyen, 
très-bon.  Maturité  de  novembre  àjanvier. 

Passe  Crassane.  —  Syn.:  Passî  Crassane,  Boisbunel.  Arbra  de  vigueur 
moyenne,  assez  fertile.  Fruit  assez  gros,  très  bou.  Maturité  de  décembre  à 
mars. 

Paul  Tliébus.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire,  très  fertile.  Fruit  gros,  assez 
bon.  Maturité  courant  septembre. 

Petit-Oin.  — Syn.:  Merveille,  Bouvart,  de  lard,  Petit-Miget,  Madame 
d'automne,  Merveille  jaune,  Amadoute,   Boavart  des  Angevins,   Merveille 


.        —  287  — 

d'hiver.  Roussette  d'Anjou  d'hiver.  Crassane  du  pays  de  Cauî,  Merveille 
Bouvart.  Arbre  vigoureux  qu'on  peut  conduire  sous  toutes  formes,  très  fer- 
tile. Fruit  gros  ou  moyen,  de  2'  qualité.  Maturité  d'octobre  à  novembre. 

Pie  IX.  —  Arbre  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  fertile, 
moyen.  Fruit  assez  gros,  de  2°  qualité.  Maturité  fin  août. 

Piton.  —  Arbre  vigoureux  qui  forme  de  jolies  pyramides,  très  fertile.  Fruit 
très  gros,  de  2«  qualité.  Maturité  octobre  à  novembre. 

Première  d'Ecully.  —  Arbre  faible  à  bois  grè'e  ;  ne  convient  que  pour  les 
petites  formes.  Fruit  petit,  de  2"  qualité.  Ma  urilé  courant  septembre. 

Prévost.  — Arbre  ohétif  qui  ne  convient  que  pour  les  petites  formes;  assez 
fertile.  Fruit  moyen,  parfois  petit,  de  2°  qualité.  Miturilé  fin  novembre  afin 
janvier. 

Prince  Albert.  —  Arbre  vig)ureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  très 
fertile.  Fruit  moyen,  da  2'  qualité.  Maiur.té  courant  ootobro. 

Princ;  Impérial  de  France. — Arbre  vigoureux  auquel  toutes  les  formes 
conviennent  ;  très  fertile.  Fruit  assez  gros,  de  2''  qualité.  Matuiité  courant 
septembre. 

Princesse  Charlotte.  —  Syn.  :  Princesse  royale  de  Brabant.  Arbre  de 
moyenne  vigueur  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  assez  fertile.  Fruit  moyen 
ou  petit,  assez  bon.  Maturité  courant  septembre. 

Princesse  Marianne.  —  Syn.:  Calebasse  Miriaarm,  G  i^ebassa  princesse, 
Salisbury.  Arbre  vigoureux,  un  peu  divergent  ;  la  lnute  tige  lui  convieat  ; 
assez  fertile.  Fruit  moyen,  très  b^n.  Maturité  coui'ant  septembre. 

Princesse  royale. — Syn.:  Élisa  Mathews,  Princesse  royale  de  Groom, 
Bergamotte  Elisa  Matliews.  Arbre  assez  vigoureux,  se  conduit  sous  toutes 
formes  ;  il  n'est  fertile  que  dans  l'âge  adulte.  Fruit  moyen,  bon,  à  peau 
verte.  Maturité  courant  octobre.  Routin. 


BIBLIOGRAPHIE  (1) 

Les  Jardins  dans  la  région  de  l'oranger  :  Tel  est  le  titre  d'un  ou- 
vrage horticole  qui  vient  d'être  publié  par  M.  A.  Marchais,  ancien 
chef  de  culture  au  jardin  botanique  de   la  villa  Thuret,   à  Antibes. 

Le  but  de  cet  ouvrage  est  de  faire  revivre,  de  mettre  sous  les 
yeux  des  amateurs  d'horticulture,  de  botanique  et  d'acclimatation, 
le  résultat  de  l'expérience  acquise  par  les  fondateurs  du  jardin 
botanique  de  la  villa  Thuret,  d'Antibes,  MM.  G.  Thuret  et  le  Dr 
Bornet. 

Cet  ouvrage,  écrit  dans  un  style  simple  et  concis,  donne,  comme 
préliminaires,  des  notes  pour  l'établissement  des  jardins  et  leur 
entretien  dans  ladite  région  ;  quelques  éléments  de  physiologie  et 
d'organographie  ;  un  calendrier  de  climatologie  et  des  travaux  à 
exécuter;  une  liste  de  plus  de  trois  mille  cinq  cent  végétaux  toujours 
verts,  cultivés  sous  le  beau  ciel  de  Provence,  suivie  du  calendrier  de 
leiu'  floraison;  ensuite  un  abrégé  de  ctilturc  potagère  et  d'arboricul- 


(ll   En  vente  chez  l'auteiir,  A.  Marchais,  rue  Pigonnau,    à    Cannes     (Alpes-Mari 
times),  et  chez  les  principaux  libraires  du  littoral    Prix  4  fr. 


—  ,288   — 


ture  fruitière  ;  une  liste  de  plantes  médicinales,    de  fruits  exotiques 
et  de  plantes  à  parfum. 

Mais  ce  qui  rendra  cet  ouvrage  particulièrement  intéressant  aux 
horticulteurs,  c'est  un  vocabulaire  d'environ  trois  mille  définitions 
d'étymologies  grecques  et  latines,  les  plus  employées  dans  le  lan- 
gage horticole  et  botanique. 

Ce  livre  doit  trouver  sa  place  dans  toutes  les  bibliothèques  hor- 
ticoles, il  est  appelé  à  rendre  de  grands  services  aux  jeunes  horti- 
culteurs qui  voudront  travailler  autrement  que  par  routine. 

G.    PiTAVAL,  horticulteur. 


CATALOGUES.  —  NOUVEAUTES. 


Rosiers  Nouveaux  qui  seront  mis  au  commerce  le  1"  Novembre  1885  par 
M.  J.  M.  GoNOD,  horticulteur  rosiériste,  154,  route  d'Hejrieux,  Moaplaisir- 
Lyon. 

Rosier  Thé:  Souvenir  de  Madame  Hélène  Lambert  (issu  de  la  rose,  Beauté 
de  l'Europe),  elle  a  conservé  le  bois  et  la  feuillagj  de  cette  variété.  Coloris 
jaune,  fleur  moyenne  ou  grande,  extra  bien  faite,  à  revers  des  pétales  carné 
foncé,  deux  coloris  bien  tranchés  qui  donnent  un  aspect  tout  particulier  à  la 
fleur.  Variété  florifère  (sarmeuteuse). 

Nota  :  Cotta  variété  a  été  choisie  daus  mes  semis  par  Monsieur  Pierre 
Lambert,  horticulteur  à  Trier-sur-Moselle,  pour  être  dédiée  au  souvenir  de 
son  honorable  Mère. 

Rosier  Hybride  Remontant  :  Rosiériste  Chauvry,  arbuste  vigoureux,  à 
rameaux  droits,  très  fermes  ;  pédoncule  ferme,  fleur  grande,  pleins,  globu- 
leuse, bien  faite,  coloris  rouge  fau  vif  (i  su  de  la  séria  des  Victor  Verdier). 
C'est  la  variété  la  plus  rouga  obtenue  jusqu'à  co  jour  dans  cette  série  (très- 
belle)  (1). 

— J.  Nicolas,  horliculteur-graiuier,  rue  Victor-Hugo,  12,  Lyon.  —  Catalo- 
gue et  prix  courant  de  graines  de  plantes  potagères  de  grande  culture  four- 
ragère et  de  fleurs.  ÛgQons  à  fleurs  plantes  vivacas  à  racine  bulbeuse  et 
autres.  Arbres  fruitiers,  rosiers,  etc.  Etiquettes  pour  arbres,  mastic  à  grefl'er, 
raphia,  coutellerie  horticole,  enj,'rais  régénérateur  Guilbert,  thermomètre 
Couturier.  Ce  catalogue  contient  les  meilleures  variétés  de  plantes  potagères 
et  florales  cultivées  dans  les  jardins, 

Joseph  Schwartz,  horticulteur  rosiériste,  route  de  Vienne,  7,  Lyon.  — 
Catalogue  et  prix-courant  des  rosiers  cultivés  dans  l'établissement.  Nom- 
breuses variétés  de  choix  dans  les  séries  diverses  de  rosiers  cultivés  :  Thés, 
Noisettes,  Bengales,  Ile-Bourbon,  Plybrides  remontants.  Hybrides  de  Thé, 
Hybrides  de  Noisettes,  Polyantha,  Mousseux,  Rosiers  grimpants.  Capucine, 
Espèces  botaniques  etc.  Phlox  vivacas,  Chrysanthèmes,  plantes  vivaces  di- 
verses. 


(1)  Les  descriptions  sont  faites  par  les  obtenteurs  (N.  d.  1.  II.). 


Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Irap.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  SEPTEMBRE  N»    18 


CHRONIQUE 


Lusiadas.  —  Amère  déception  !  Cruelle  déconvenue  !  La  tant  belle 
rose  ponctuée,  si  suave,  si  jaune,  si  bombée,  refuse  de  montrer  ses 
ponctuations  à  ses  admirateurs.  C'est  bien  mal,  et  je  suis  tout  disposé 
àjuger  sévèrement  sa  conduite.  Cette  manière  d'agir  de  la  part  d'une 
rose  ne  m'étonne  cependant  pas  outre  mesure,  car  ie  suis  habitué  à 
entendre  assez  régulièrement  chanter  les  louanges  fallacieuses  de  quel- 
ques-unes de  ses  congénères  qui  ne  valent  pas  un  maravédis.  Sur  cent 
roses  nouvelles  que  chaque  année  voit  naître,  il  y  en  a  bien  les  neuf 
dixièmes  qui  meurent  jeunes  et  disparaissent  des  collections.  Mais  enfin 
Lusiadas  se  présente  à  nous  d'une  tout  autre  manière  :  elle  a  été  vendue 
50  francs,  c'est-à-dire  deux  fois  la  valeur  d'une  rose  nouvelle  ordinaire 
et  n'est  pas  nouvelle  du  tout,  puisqu'elle  existe  dans  les  collections 
depuis  1842,  sous  le  nom  de  Céline  Forestier  (1). 

Cependant  j'ai  vu.  de  mes  jeux  vu,  les  ponctuations  annoncées.  Je 
les  ai  non-seulement  vues,  mais  je  les  ai  fait  voir  à  de  nombreuses  per- 
sonnes, l'obtenteur  m'ayant  envoyé  des  fleurs  pour  les  montrer  au  jury 
de  l'Expositon  tenue  à  Lyon  en  1S84. 

M.  Abel  Myard,  amateur  à  Chalons,  pense  que  les  ponctuations  qui 
étaient  sur  les  pétales  des  roses  présentées  étaient  artificiellement  obte- 
nues à  l'aide  de  la  fuschine  ou  d'une  autre  substance  analogue  dérivée 
du  goudron.  C'est  une  opinion,  une  hypothèse  fort  plausible,  mais  que 
j'hésite  à  partager.  Voici  pourquoi  :  Plusieurs  habiles  rosiéristes,  à  la 
vue  de  la  Rose  Lusiadas  envoyée  à  l'Exposition,  ont  tout  d'abord  déclaré 
que  les  ponctuations  qu'on  observait  sur  les  pétales  étaient  le  résultat 


(1)  MM.  Soupert  et  Noting,  rosiéristes  à  Luxembourg,  ont  été  les  premiers  à  signa» 
1er  ce  fait..\vant  de  publier  la  note  qu'ils  ont  adressée  à  ce  sujet  aux  journaux  hortico- 
les, nous  avons  tenu  à  Toir  comment  Lusiadas  fleurirait  à  Lyon  en  plein  air. 
(N.  d.  1.  R.). 


—  290  — 

d'une  altération  maladive,  un  phénomène  de  chromîsme,  comme  il  n'é- 
tait pas  rare  d'en  voir  sur  un  assez  grand  nombre  de  roses  blanches, 
roses  et  jaunes,  mais  que  ce  phénomène  était  caractérisé  plus  énergi- 
quement  dans  ce  cas  que  dans  la  plupart  de  ceux  qu'ils  avaient  eu  l'oc- 
casion d'observer. 

Depuis  l'époque  déjà  lointaine  où  cette  opinion  a  été  formulée,  j'ai  eu 
l'occasion  d'en  vérifier  l'exactitude,  et  tout  dernièrement  encore,  plu- 
sieurs fleurs  de  Bengale  Ducher  présentaient  ce  phénomène  de  chro- 
misme  à  un  haut  degré. 

Ce  même  phénomène,  cet  accident  n'a-t-il  pas  pu  se  présenter  en 
Portugal  sur  la  variété  Céline  Forestier  ?  Pour  ma  part,  je  n'en  vois 
pas  l'impossibilité.  L'obrenteur  aura  cru  fixer  le  phénomène  et  n'aura 
rien  fixé  du  tout.  Ce  qui  me  fait  supposer  que  celte  manière  devoir 
n'est  pas  éloignée  de  la  vérité,  c'est  que  la  première  fleur  de  Lusiadas 
qui  a  fleuri  chez  M.  Alexandre  Bernaix,  présentait  deux  ou  trois  ponc- 
tuations et  que  celles  qui  lui  ont  succédé  n'en  avaient  pas  de  trace. 

Ampéligène.  —  Le  produit  qui  porte  ce  nom  a  déjà,  paraît-il,  donné 
d'excellents  résultats  dans  le  traitement  des  vignes  phylloxérées.  Le  but 
recherché  par  l'inventeur,  M.  Steph.  Girard,  fabricant  de  produits  chi- 
-miques  à  Fontaines-sur-Saône  (Rhône),  était  l'association  d'un  insecti- 
cide à  longue  durée,  avec  un  engrais  puissant.  M.  Girard  y  est-il  par- 
venu à  l'aide  de  l'Ampéligène  ?  L'avenir  nous  l'apprendra.  Ce  qu'il  y  a 
de  certain,  c'est  qu'il  ne  suffit  pas,  pour  combattre  efficacement  le  phyl- 
loxéra, d'introduire  dans  le  sol  une  matière  capable  de  le  détruire  ;  il 
faut  encore  restituer  au  sol  les  éléments  qui,  chaque  année,  lui  sont 
-enlevés  par  la  végétation,  et  permettre  ainsi  à  la  vigne,  eu  augmen- 
tant sa  vigueur,  de  résister  plus  facilement  aux  attaques  de  l'insecte. 

Je  ne  me  serais  pas  permis  de  signaler  ce  produit  si  je  n'avais  pas 
-trouvé  dans  le  prospectus  annonçant  sa  mise  en  vente,  le  petit  avis 
suivant  : 

«  Je  remettrai  gratuitement  aux  membres  des  sociétés  d'agriculture, 
d'horticulture,  de  viticulture  et  de  comices  régionaux  2  kilog.  d'ampé- 
-ligène  ;  cette  quantité  sera  suffisante  pour  traiter  20  pieds  de  vigne  et 
se  rendre  compte  par  conséquent  des  eS"ets  de  ce  produit.    » 

Envoyer  pour  l'aS'ranchissement  par  colis  postal  60  centimes  en  tim- 
bres-poste. 

L'essai  ne  coûtant  rien,  il  sera  facile  aux  intéressés  de  se  renseigner 
sur  l'efficacité  du  produit  susdit. 

■.  Narcissus  serotinus.  —  Ce  n'était  certainement  pas  à  cette  espèce  tar- 
dive, actuellement  en  fleur,  que  Malfilùtre  songeait  lorsqu'il  composait, 
en  l'honneur  du  Narcisse,  les  vers  suivants  : 


—  â9i  — 

Du  sein  de  l'herbe,  il  sort  avec  éclat 
Un  bouton  d'or  sur  une  longue  tige 
Bordé  de  fleurs  d'un  tissu  délicat, 
Feuilles  d'argent  qu'un  léger  souffle  abat, 
Plante  agréable  et  de  frêle  existence. 
Enfant  de  Flore,  à  peu  de  jours  borné. 
Doux,  languissant,  symbole  infortuné 
De  la  froideur  et  de  l'indifterence. 

Car  le  Narcisse  tardif  ne  sort  de  l'herbe  que  très  modestement  et  n'a 
pas  la  grâce  des  espèces  que  le  printemps  voitéclore,  mais  tel  qu'il  est, 
ce  Narcisse  est  intéressant,  parce  qu'il  fleurit  en  automne  aune  époque 
où  il  est  seul  de  son  genre  à  montrer  ses  fleurs. 

Bien  que  les  poètes  s'accordent  à  montrer  : 

Le  Narcisse  penché  sur  l'onde  transparente. 

Une  faut  passe  fier  à  cet  habitat  trompeur,  car  si  quelques  Narcisses 
aiment  les  prairies  humides,  un  grand  nombre  préfèrent  les  collines 
sèches. 

Les  feuilles  et  l'amidon.  —  Il  paraîtrait,  d'après  les  récentes  recher- 
ches du  savant  physiologiste  Sachs,  que  l'amidon  qui  se  forme  dans  les 
feuilles  des  plantes  pendant  le  jour  disparaît  pendant  la  nuit.  Une  par- 
tie se  transforme  en  sucre  et  l'autre  passe  dans  le  tronc  du  végétal.  Au 
lever  du  soleil,  entre  -1  et  5  heures,  la  feuille  n'aurait  pas  d'amidon  ; 
c'est  vers  le  soir  qu'elle  en  contient  le  plus.  Si  ces  données  se  vérifient, 
elles  pourront  trouver  leur  application  dans  la  pratique  toutes  les  fois 
qu'il  s''agira  de  récolter  des  feuilles  qui  comme  celles  de  l'oseille,  des 
épinards,  du  mlirier,  de  la  betterave,  etc.,  servent  à  la  nourriture  de 
l'homme  ou  bien  des  animaux. 


Les  dents  et  l'horliculture.  —  Un  dentiste  (brr.. .)  avait  envoyé  à  une 
société  d'horticulture  un  livre  ini\i\x\è:v.  Les  dents,  leurs  maladies,  etc.->i 
dont  on  ne  saisissait  pas  tout  d'abord  les  rapports  avec  l'art  des  jar- 
dins. Mais  le  très  ingénieux  rapporteur  a  judicieusement  fait  remar- 
quer: «...  qu'une  bonne  dentition  est  très  utile  pour  la  dégustation 
des  fruits  ,  en  exceptant  toutefois  les  poires  fondantes  et  quelques 
variétés  de  pêches.  «  Bien  trouvé.  Mais  à  ce  compte-là  les  cordonniers, 
les  sabotiers,  les  luuettiers  (opticiens),  etc.,  pourraient  fort  bien  faire 
ressortir  combien  il  est  utile  pour  un  jardinier  d'avoir  de  la  chaussure 
qui  ne  le  gêne  pas  afin  qu'il  puisse  marcher  vite...  quand  il  arrose  ou 
qu'il  évite  de  prendre  une  poire  pour  un  navet  s'il  est  myope, 

MàrL\  Mùron  ou  Meuron  ?  —  Question  de  linguistique.  Quel  est  celui 
de  ces  trois  substantifs  qu'il  faut  employer?  Dellile  a  dit  : 


—  292  — 

Ces  verdoyants  remparts, 

Ces  murs  tissus  d'épine  où  votre  main  tremblante 

Cueille  et  la  rose  inculte  et  la  mûre  sanglante. 

M.  Cusin  tient  pour  Mewon,  le  rédacteur  de  la  Chronique  horticole 
de  r Ain,  s'appuyant  sur  Littré  et  Bouillet,  pour  Mûron. 

Autrefois  on  ne  disait  pas  Mûre,  mais  Meure  et  ce  mot  s'appliquait 
aussi  bien  au  fruit  de  la  ronce  qu'à  celui  du  mûrier.  Il  croît  aussi,  dit 
Pline,  des  Meures  sur  les  roices,  et  Ovide  :  Et  les  Meures  croissant  sur 
les  fâcheuses  ronces  (Traduction  de  Daléchamps). 

Les  Meures  du  mûrier  se  nommaient  Franches  Meures.  Mais  puisque 
de  Meurier  on  a  fait  Mûrier  et  de  Meures  Mûres,  il  n'y  a  pas  de  raisons 
qui  s'opposent  à  faire  Mûron  de  Mure.  Meuron  serait  du  vieux  français. 

Tout  ceci  à  propos  de  variétés  de  ronces  que  les  Américains  veulent 
introduire  dans  les  jardins.  Au  fait,  pourquoi  pas  ?  On  a  bien  depuis 
quelques  années  fait  passer  du  bord  des  chemins  dans  les  plates-bandes 
du  jardin  potager  le  vulgaire  Pissenlit.  Je  ne  dosespère  pas  d'y  voir 
introduire  aussi  et  bientôt  le  Groin  d'âne  et  la  Poule  grasse. 

Informations.  —  Un  journal  anglais  annonce  qu'un  ingénieur  amé- 
ricain, M.  Tichener,  vient  de  prendre  un  brevet  relatif  à  la  fabrication 
du  beurre  au  moyen  de  l'électricité.  Mais  c'est  surtout  pour  la  régéné- 
ration du  beurre  rance  que  l'électricité  est  appelée  à  rendre  de  grands 
services. 

—  La  Gazette  du  village  rappelle  un  vieux  procédé  pour  éloigner  les 
fourmis  :  il  suffit  de  prendre  une  poignée  de  charbon  de  bois  et  de  le 
placer  dans  les  endroits  qu'elles  fréquentent.  C'est  bien  ;  mais  après  où 
vont-elles  ?  Faut-il  continuellement  avoir  le  charbon  à  la  main  ?  Cela 
ne  vaut  pas  un  insecticide  que  M.  Vicat  a  inventé,  lequel  les  tue  radi- 
calement. 

M.  Carrière  signale  dans  la  Revue  horticole  une  plante  qui  pourra 
peut-être  un  jour  entrer  dans  nos  jardins  potagers  :  le  Sinapis  tube- 
rosa,  sorte  de  moutarde  à  racine  tubéreuse  napiforme.  Elle  vient  de  la 
Chine  d'où  elle  a  6té  introduite  par  M.  Pailleux.  Se  cultivera  comme 
les  navets.  Vaudra-t-elle  mieux? 

—  M.  (/h.  Naudin  fait  connaître  dans  la  Revue  horticole  un  nouvel 
Eucalyptus,  VE.  Mulleri,  dont  la  rapidité  de  croissance  dépasse  beau- 
coup celle  de  VE.  globulus.  Cette  espèce  qui  n'est  pas  décrite  dans  la 
belle  monographie  du  genre,  par  le  baron  F.  Muller,  vient  de  fleurir  à 
Antibes.  Elle  s'est  montrée  constamment  rustique.  Espérons  qu'elle 
donnera  des  graines  qui  serviront  à  la  propager. 

—  Il  y  a  actuellement  des  marronniers  en  fleurs  sur  la  place  Belle- 
cour  ainsi  que  dans  beaucoup  d'autres  endroits.  Simple  effet  d'une 
sécheresse  prolongée  à  laquelle  ont  succédé  des  pluies  abondantes. 


—  293  — 

—  M.  Vivarel  signale  dans  la  Provence  agricole  un  procédé  pour 
transformer  dès  la  première  année  une  jeune  greffe  de  vigne  en  un 
pied  de  souche  composé  de  3,  4  ou  5  têtes.  Il  s'agit  tout  simplement 
quand  la  greffe  a  atteint  une  longueur  de  50  à  60  cent,  de  la  rabattre 
très  bas,  c'est-à-dire  de  lui  faire  subir  en  pleine  végétation  herbacée 
une  taille  analogue  à  celle  d'hiver. 

—  Un  ingénieur  anglais  a  trouvé  un  nouvel  emploi  du  bois  à'Euca- 
lyptus:  il  paraît  que,  découpé  en  ânes  lamelles,  puis  jeté  dans  l'eau,  la 
gigantesque  mjrtacée  forme  une  décoction  qui  empêche  les  incrusta- 
tions calcaires  des  chaudières  à  vapeur.  Aimez-vous  Y  Eucalyptus  on 
en  a  mis  partout?  Il  dessèche  les  marais,  anéantit  les  microbes  et  les 
bactéries  de  l'impaludisme,  construit  des  navires  ou  des  mâts  de  coca- 
gne, embaume  l'air,  etc.,  sans  compter  qu'il  sert  à  fabriquer  l'Euca- 
lypmouth,  l'Eucalypsinthe  et  l'Eucalyptreuse,  trois  liqueurs  destinées 
à  supplanter  l'absinthe,  le  vermouth  et  la  chartreuse. 

—  h'Orchidophile,  dans  son  dernier  numéro,  recommande  la  culture 
du  Cyrlopodium  punctaliim,  orchidée  originaire  du  Brésil.  C'est  une 
belle  espèce  qui,  dans  son  pays  natal,  croît  en  plein  soleil,  les  racines 
enfoncées  dans  les  détritus  végétaux.  Elle  demande  un  long  repos 
d'octobre  à  février.  Culture  en  pots  de  grandes  dimensions,  dans  un 
compost  de  terre  franche  et  de  bouse  de  vache  bien  drainé.  Arrosage 
copieux  pendant  la  végétation. 

—  La  Société  mycologique  de  France  a  tenu,  à  Autun,  une  session 
extraordinaire  qui  avait  pour  but  l'exploration  du  Morvan,  la  récolte 
et  l'étude  des  champignons  d'automne  de  cette  contrée.  Cette  session 
mycologique  coïncidait  avec  la  séance  annuelle  de  la  Société  des 
Sciences  naturelles  de  Saône-et-Loire. 

—  Après  les  plantes  carnivores  auxquelles  les  savants  servaient  du 
filet  de  bœuf  et  du  fromage,  voici  une  plante  aquatique  submergée, 
YUtricularia  vulgaris,  qui  se  sustente  de  jeunes  chavassons,  barbil- 
lons, goujons  et  autres  poissons.  Une  plante  ictyophage!!!  Et  dire 
qu'il  y  a  des  gens  qui  pensaient  que  les  minuscules  vessies  (utricules) 
de  la  plante  susdite  servaient  à  la  maintenir  près  de  la  surface  de 
l'eau.  Erreur,  Messieurs,  erreur,  ces  utricules  sont  de  simples 
estomacs. 

—  L'Acranthus  Leonei,  orchidée  fort  remarquable,  importée  par 
M.  Humblot,  des  îles  Çomores,  vient  de  fleurir  dans  les  serres  du 
Muséum  de  Paris. 

—  M.  Lévêque,  jardinier  chez  M"'  la  marquise  de  Hamel,  signale, 
dans  le  Moiiiteur  d'Horticulture,  un  procédé  pour  la  destruction  des 
pucerons  :  il  fait  infuser  dans  de  l'eau,  pendant  quelques  jours,  de 
la  tannée  fraîche  sortant  de  la  tannerie.  Il   met  autant   d'eau  que  de 


—  294  — 

tannée  ;  quatre  bassinages  avec  l'eau  en  question  ont.  paraît-il,  raison 
des  pucerons.  Sans  garantie    bien  entendu. 

—  M.  Notin  vient  d'adresser  à  la  Société  nationale  d'Agriculture 
une  note  sur  l'Asclepias  syriaca,  qu'il  recommande  comme  plante 
textile.   C'est  une  nouvelle  édition  d'une  ancienne  recommandation. 

—  Un  concours  sera  ouvert  à  Paris,  le  lundi  26  octobre  prochain, 
pour  la  nomination  d'un  professeur  d'économie  et  de  législation 
rurales  dans  les  écoles  nationales  d'agriculture.  Le  poste  de  professeur 
d'économie  rurale  à  l'Ecole  de  Grandjouan  est  vacant  par  la  mort  de 
M.  Loudet. 

—  Un  concours  a  été  ouvert  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier, 
le  lundi  21  septembre,  pour  la  nomination  d'un  professeur  de  techno- 
logie agricole  de  cet  établissement. 

Le  programme  dé  ces  concours  est  adressé  aux  personnes  qui  en 
font  la  demande  au  ministère  de  l'agriculture. 

Plantes  peu  prolifiques.  —  H  y  a  des  plantes  très  difflciles  à  mul- 
tiplier par  boutures  pour  cette  bonne  raison  qu'elles  n'émettent  que 
très  rarement  des  bourgeons  ou  des  rameaux  capables  d'être  boutu- 
rés. De  ce  nombre,  sont  beaucoup  de  plantes  acaules,  c'est-à-dire 
sans  tige,  telles  que  certaines  Agaves,  des  fougères,  des  Saxifrages, 
des  Ramonda,  des  Yucca,  etc.  Quand  on  veut  faire  développer  des 
bourgeons  aux  plantes  susdites  afin  de  pouvoir  les  multiplier,  il  faut 
faire  alropliier  leur  bourgeon  central,  en  un  mot,  leur  crever  le 
cœur.  On  parvient  aisément  à  obtenir  ce  résultat  en  enfonçant  une 
pointe  d'acier  au  centre  de  la  plante  ;  dans  beaucoup  de  cas,  je 
taille  un  petit  coin  de  bois  d'un  demi-centimètre  de  diamètre  et  je 
l'enfonce  dans  le  cœur  de  la  plante  à  l'aide  d'un  marteau  ;  une  fois 
qu'il  y  est,  il  y  reste.  Ce  procédé  barbare  est  le  seul  qui  permette 
d'obtenir  des  petits  de  certaines  espèces.  Chez  les  espèces  à  rhi- 
zomes traçants  telles  que  les  JspkUslra,  Convallaria,  Iris,  etc.,  on 
peut  également  faire  développer  beaucoup  de  bourgeons  latéraux, 
qui  restent  stériles   habituellement,  eu  crevant  l'œil  terminal. 

Certains  bulbes  ne  donnant  pas  de  petits  peuvent  en  donner  des 
grandes  quantités  si  on  opère  de  la  même  façon. 

On  doit  opérer  dans  tous  les  cas,  quand  les  plantes  sont  en  pleine 
végétation. 

Jdaplaùon  au  sol.  —  En  1876,  nous  recevions  des  Basses-Alpes 
quelques  exemplaires  de  l'œillet  de  Séguier  [Dianllms  Seguieri).  Une 
partie  des  plantes  reçues  furent  mises  en  pots,  l'autre  en  pleine 
terre.  Comme  il  nous  restait  quelques  débris  de  la  plantation,  nous 
eiàmes  l'idée  de  les  planter  sur  un  talus  caillouteux  du  voisinage  où 
ne  croissent  que  quelques  herbes  sauvages  qui  n'ont  jamais  pu  par- 


—  295— 

veniràgazonner  l'endroit.  La  plantation  faite  fût  confiée  à  la  grâce 
de  Dieu  et  mise  sous  la  protection  de  la  pluie  et  du  beau  temps. 

Epilogue  :  Trois  ans  plus  tard,  les  œillets  de  Séguier  cultive's  en 
pots  ainsi  que  ceux  mis  en  pleine  terre  dans  le  jardin  étaient  morlihm. 
Ceux  du  talus  avaient  pris  un  beau  développement.  Neuf  ans  plus 
tard,  ces  œillets  sont  mieux  portants  que  jamais.  Je  viens  de  les 
voir  en  me  promenant  avec  un  ami  qui  s'occcupe  d'acclimatation. 
Instruisez-vous,  jardiniers,  mais  ne  vous  éreintez  pas  pour  faire 
crever  vos  plantes.  La  nature  vous  crie  qu'en  fait  de  culture,  il  faut 
étudier  l'adaptation  des  espèces  au  sol.  V.  V.-M. 


ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de    la    séance    du  16   août    1885  ,    tenue    dans    la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Pitaval.  Conseiller. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procés-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vations. 

Correspondance. —  Lettre  de  la  Société  d'horticulture  de  Mâcon,  demandant 
la  nomination  d'un  délégué  pour  remplir  les  fonctions  de  juré  à  TExposition 
horticole  qu'elle  doit  organiser  le  31  septembre  prochain.  M.  Roux  est  nommé 
délégué. 

Lettre  de  la  Société  d'horticulture  de  Villefcanche-sur-Saône,  demandant 
la  nomination  de  deux  délégués  pour  aider-  à  la  composition  du  jury  chargé 
d'attribuer  les  récompenses  de  l'Exposition  horticole  qui  se  tiendra  dans  cette 
ville  le  5  septembre.  MM.  Corbin  et  Pelletier  sont  nommés  délégués. 

Lettre  de  M.  Baptiste  Dasportes,  accusant  réception  de  la  lettre  qui  lui  a 
été  adressée  par  notre  Société,  qui  s'associe  à  une  demande  de  réduction  du 
prix  de  tran.sport  des  végétaux  et  remercie  les  membres  de  l'Association 
d'avoir  accepté  comme  point  de  réclamation  les  bases  de  son  travail. 

M.  le  Secrétaire  géaéral  dépouille  la  correspondance  imprimée  et  signale 
les  publications  contenant  des  articles  intéressant  l'horticulture. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  cinq  candidatures  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis,  sans  protestation  et  à  l'unanimité,  les  candidats 
présentés  à  la  dernière  réunion.  Ce  soLt  : 

MM.  Girard,    fabricant   de    produits   chimiques   à    Fontaines-sur-Saône 
(Rhône),  présenté  par  MM.  Roux  et  ViviandMorel. 
Badole,  jardinier   chez   M.   Waldmann,  à  Foataines-Saint-Martin 

(Rhône),  présenté  par  MM.  Roux  et  Viviand-Morel. 
Gouy  (Antoine),  jardinier,  rue  des  Lanciers,  à  Vienne  (Isère),  pré- 
senté par  MM.  Louis  Gattel  et  Etienne  Bonnefond. 
Coquis  (A.),  jardinier  chez  M.  Poulenas,  grande  rue   de  Cuire,  101, 

présenté  par  MM.  Rivoire  et  Viviand-Morel. 
Joannon  (Claudius)  fils,  horticulteur  à  Saint-Cyr-au-Mont  d'Or,  pré- 
senté par  MM.  Hoste  et  Cl.  Jacquier. 
Deschaux  (Emmanuel),  jardinier  chez  MM.  Morel  père  et  fils,  grande 
rue  de  Cuire,  71,  présenté  par  MM.  Morel  père  et  fils. 


--  296  — 


MM.     Braillon  (Léonard),    horticulteur,  à  Fleurie  (Rhône),   présenté    par 
MM.  Schmitt  et  B.  Comte. 
Devert  fils,  horticulteur,  route  de  Grenoble,   à  Monplaisir,  présenté 
par  MM.  Bénisse  et  Comte. 

M.  Alexandre  Bernais  dépose  sur  le  bureau  son  rapport  sur  l'Exposition 
de  Chalon-sur-Saône,  où  il  a  été  délégué  par  l'Association  pour  prendre  part 
aux  opérations  du  jury.  L'assemblée,  à  l'unanimilé,  en  ordonne  l'insertion. 

Le  rapporteur  de  la  Commission  des  visites  de  la  culture  maraîchère 
dépose  son  rapport,  qui  est  envoyé  au  Conseil  d'administration. 

M.  le  Président,  au  nom  de  la  Société,  remercia  le  rapporteur  de  la  Com- 
mission de  la  célérité  avec  laquelle  elle  a  accompli  son  travail. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Clapot,  une  collection  de  légumes  Je  s^aison,  tels  que  :  Chicorée 
frisée  de  Meaux,  Laitue  romaine  blonde  maraîchère,  L.  blonde  de  Versailles, 
L.  frisée  Balavia  craquante  blonde,  L.  Lorthois,  Radis  demi-long  écarhxto 
liàtif,  melon  cantaloup  fond  blanc.  Tous  ces  légumes  sont  d'un  développement 
hors  ligne  et  démontrent  que  notre  collègue  ne  néglige  rien  pour  la  culture 
de  ces  plantes. 

Par  M.  Chavagnieux,  jardinier  chez  M.  Lachard,  à  La  Pape,  un  Melon 
prescolt  cantaloup  argenté,  fond  blanc,  variété  précoce,  fruit  très  gros, 
ayant  près  d'un  mètre  de  circonférence  et  pesant  8  kilog;  un  Bégonia  bul- 
baux  de  semis  et  dix  variétés  de  Zinnia  elegans  à  fleurs  doubles. 

Par  M.  Gattel  (Louis),  à  Mont-Saloinon  prèsYletne,  une  collection  remar- 
quable, soit  comme  forme  de  fleurs  et  coloris,  de  Zinnia  elegans  à  fleurs 
doubles. 

Par  M.  Bellin  (Joseph)  jardinier  chez  M.  Rosier,  une  collection  de  40 
variétés  de  Pétunia  à  fleurs  doubles. 

Par  M.  Clapot,  une  Prune  variété  Golden  drop,  très  bonne  et  tardive. 

Par  M.  Pelletier,  des  fruits  de  Noisette  obtenus  de  la  variété  Noisette  de 
Trébizonde,  variété  cultivée  en  grand  dans  certains  départements.  M.Yiviand- 
Morel  donne  quelques  renseignements  sur  l'apport  de  M.  Pelletier  et  fait 
remarquer  combien  il  est  diflicile  d'obtenir  des  variétés  nouvelles  supérieures 
dms  le  genre  noisetier.  Une  note  explicative  sera  publiée  sur  ce  sujet. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin,  un  beau  pied  de 
B'igonia  incarnata ,  variété  Caroline  Schmitt,  remarquable  comme  belle 
culture. 

Par  M.  Chaninet,  horticulteur  à  Saint-Priest,  des  Dahlias  liliputiens  de 
semis. 

Par  M.  Métrai,  des  tiges  de  Phrngmites  communis  variegata  alba  ;  cette 
plante  sera  d'une  bonne  utilité  pour  l'ornement  des  pièces  d'eau. 

Par  M.  Liabaud,  une  magnifique  Fougère  le  Gymnogramma  schizophylla 
glortosa,  plante  dont  l'effet  décoratif  est  superbe;  un  pied  de  Piper  ornata  et 
six  Coleus  de  semis  à  feuilles  très  grandes. 

Par  M.  Crozy,  un  lot  de  fleurs  coupées  de  Canna  composé  de  14  variétés  ; 
les  fleurs  sont  grandes,  à  coloris  vif  et  bien  varié. 

Par  M.  Boucharlat  jeune,  un  pied  de  Cordiospeî'mum  Halicacabum,  plante 
annuelle  de  la  famille  des  Sapindacées,  qui  n'est  cultivée  que  pour  la  singu- 
larité de  ses  fruits;  un  pot  de  Portulaca  sedoïdes,  plante  curieuse  très  com- 
pacte; des  Reines-Marguerite,  dont  2  variétés  d'un  port  très  trapu, 
plantes  de  premier  mérite,  connues  sous  les  noms  de  Pt:rle  blanche  et 
Perle  l'ose  ;  une  troisième  variété  non  encore  livrée  au  commerce  et  trèi 
recommanJable,  que  M.  Boucharlat  nomme  Bouquet  de  roses  ;  trois  autres 
plantes  de  Reines-Marguerite  d'autres  provenances  qui  ne  sont  apportées 
que  pour  servir  de  comparaison. 

Par  M.  Villars,  jardinier  chdz  M""'  Vdchon,  à  Ecu'ly,  un  Maloi  oantdloup 
fond  blanc,  une  collection  de  Tomates  composée  des  variétés  :  Itoi  Ilumbert, 


—   297  — 

Uose  lisse,  Président  Gur/ield,  et  une  plante  de  Tomaie  Tropliy  améliorée 
chargée  de  fruits  qui  sont  plus  pleins  que  la  Tomate  Trophy  ordinaire, 

Par  M.  Prudent,  jardinier,  au  château  de  Saint-Priest  (Isère),  un  lot  .lo 
Tomate  Président  Garfield,beau  et  gros  fruit  pesant  au  moins  900  grammes. 

Par  M.  Jouteur,  des  tleurs  coupées,  doubles  et  simples,  de  Bégonia  bulbeux 
de  semis. 

Par  M.  Rou.Y,  des  Pèches  de  semis  obtenues  par  M.  Barbin. 

Par  M.  Valia,  des  fleurs  de  Glaïeuls  de  semis,  P'' floraison. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  La  Pape,  des  fleurs  cou- 
pées de  Pourpier  à  fleurs  doubles. 

Par  M.  Beurrier  (Jean),  un  Œillet  de  semis,  plante  ayant  environ  45  cen- 
timètres de  hauteur,  tiges  se  tenant  très  droites  et  très  fermes,  l'ensemble 
formant  une  jolie  plante  très  trapue;  fleurs  grandes  ayant  .'U  moins  5  centi- 
mètres de  diamètre,  bien  faites,  bord  des  pétales  dentés  et  fimbriés,  fond 
rose  blanchâtre,  le  calice  ne  se  fendant  pas;  plante  ti  r  s  florifère.  Cette  variété 
est  nommée  par  le  présentateur  Œillet  Jean  Beurrier. 

Par  M.  Hoste,  une  collection  de  Chrysanthèmes  à  floraison  précoce  ou 
d'été  :  Annita,  Gremilette,  Jardin  des  Plantes,  Jeanne  Cousinié,  la  Bien- 
Aimée,  la  Nymphe,  le  Luxembourg,  Liltle  Bob,  M""=  Dufoy,  M"""  Lebois, 
M"»  Pecoul,  Ma  petite  Marie,  Mignon,  Tor('ador,  Souvenir,  Perpétuel  Tou- 
lousain. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  Durand,  Rozain-Boucharlat,  Carie,  Labruyère,  Mercier  et  Guillaume 
pour  les  fleurs  ;  MM.  Grenier,  J.  Jacquier,  Fouilloux,  Corbin  pour  les  fruits 
et  les  légumes.  Ces  Commissions,  après  examen,  proposent  d'accorder  : 

Une  prime  de  P"  classe  à  AL  Chavagnieux,  pour  son  Melon. 

—  V      »       à  M.  Villars,  pour  ses  Tomates. 

—  2°       »        à  M.  Prudent,  pour  sa  Tomate. 

—  2°  »  à  M.  Clapot,  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

—  3°  ))  à  M.  Liabaud,  pour  Coleus  de  semis. 

—  \"  1)  à  M.  Liabaud,  pour  son  Gymnogramma. 

—  2"  »  à  M.  Métrai,  pour  son  Phragmites. 

Un  certificat  de  2"  />.  à  M.  Beurrier,  pour  son  Œillet  Jean  Beurrier. 

Une  prime   de   3^-  »  à  M.  Jouteur,  pour  ses  Bégonias. 

—  2°  »  à  M.  Bellein,  pour  ses  Pétunias. 

—  2'  «  à  ]\L  Verne,  pour  son  Bégonia. 

—  3°  »  à  M.  Chaninet,  pour  ses  Dahlias. 

—  V°  »  à  M.  Gattel,  pour  ses  Zinnia. 

—  2"  »  à  M.  Boucharlat,  pour  ses  Reines-Marguerite. 

—  3"  u  à  1\L  Boucharlat,  pour  son  Portulaca. 

—  V"  »  à  M.  Iloste,  pour  son  lot  de  Chrysanthèmes  pré- 
coces, plus  particulièrement  pour  les  variétés  Jardin  des  Plantes.  Mignon  et 
la  Bien-Aimée. 

Une  prime  de  P"  classe  à  M.  Crozy,  pour  l'ensemble  de  son  apport  de 
Cannas.  La  Commission  a  remarqué  spécialement  les  variétés  Geofl'roy  St- 
Hilaire,  Antonin  Crozy  et  M""  Gobel. 

Toutes  ces  propositions  mises  aux  voix,  ainsi  que  l'inscription  au  procès- 
verbal  des  autres  apports,  sont  adoptées. 

M.  Crozy  remet  une  lettre  demandant  la  nomination  d'une  Commission 
pour  examiner  des  semis  de  Cannas  qu'il  se  propose  de  livrer  au  commerce 
au  printemps  ;  sont  nommés:  MM.  Jacquet,  Iloste,  Chrétien,  Liabaud, 
Charreton  et  Durand. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  d'une  Commission  d'organi- 
sation pour  le  concours  de  Chrysanthèmes  ;  sont  nommés  :  MM.  Métrai, 
Labruyère,  Musset,  Rochet  et  Pitaval. 

La  suite  de  l'ordre  du  jour  de  la  réunion  est  renvoyée  à  la  prochaine 
séance. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  Le  Secrétaire- Ad  joint , 

J.  Nicolas. 


-    298   — 

Nîgelles 

Le  genre  Nigclla  a  été  connu  des  plus  anciens  botanistes,  qui  le 
nommaient  Melanlhiim.  A  l'heure  actuelle  il  est  classé  dans  la 
famille  des  Renonculacées.  Il  comprend  plusieurs  espèces  dont 
quelques-unes  sont  spontanées  en  France  et  dans  une  grande 
partie  de  l'Europe.  Ce  sont  dans  cet  ordre  la  Nig'^Ue  de  Damas 
(Fig,  1),  la  Nigelle  d'Espogne  (Fig.  2),  la  Nipvlie  cultivée  (Fig.  3) 
et  la  N'igelle  des  champs.  On  connai .  encore  la  N.  à  feui"e  de 
fenouil,  la  N.  d'Orient,  la  N.  d'.variquée,  la  N,  corniculée,  etc., 
sans  compter  un  grand  nombre  de  variétés  dans  chaque  espèce. 

Les  Nigelles  sont  nou-seulement  des  plantes  d'ornement  d'un 
assez  grand  mérite  qui  se  prêtent  très-bien  à  la  confection  des 
bouquets  mais  elles  jouent  ou  elles  ont  joué  un  rôle  assez  consi- 
dérable dans  la  thérapie  ancienne. 

La  Nigelle  cultivée  est  cultivée  pour  la  cuisine  ;  elle  est  assez 
commune  en  Crète.  Elle  porte  les  noms  vulgaires  de  :  Nielle  de 
l'Archipel,  Toute-épice,  Barbe-de-capucin,  Nielle  romaine.  C'est 
le  Mèlaniliion  des  anciens.  Ses  graines  sont  très-ai'omatiques. 

La  Nigelle  de  Damas  croît  dans  les  champs  et  les  vignes  du 
Midi  de  la  France.  Sa  graine  un  peu  poivrée  servait  autrefois 
d'épices.  Torréfiée,  mise  en  pâte  et  mélangée  à  d'autres  drogues 
elle  sert  à  faire  une  conserve  à  laquelle  les  Egyptiennes  attachent 
le  plus  grand  prix.  On  la  cultive  à  fleur  double. 

La  Nigelle  d'Espagne  dont  la  fleur  est  d'un  très  beau  bleu  est 
une  des  sortes  les   plus  ornementales. 

Les  Nigelles  se  sèment  en  place  en  septembre  ou  en  mars. 
On  sait,  ou  du  moins  ou  croit  savoir,  que  la  Nielle  des  blés 
est  rjc/rostcmma  Gilhago  également  connu  sous  les  noms  de 
Coquelourde  et  de  Lyclinis.  En  possession  de  cette  donnée  peu 
scientifique,  les  uns  prétendent  que  les  graines  de  cette  plante 
que  l'on  sépare  des  grains  de  blé  ou  de  seigle  à  l'aide  du  tamis,  du 
tarare  ou  du  cylindre  trieur,  peuvent  être  données  sans  danger  avi 
volailles.  Les  autres,  notamment  MM.  A.  Eloire,  Malapert,  Rodet, 
Baillet,  etc.,  vétérinaires  ou  savants  distingués,  sont  d'un  avis  dif- 
férent et  ils  reconnaissent  à  la  Nielle  des  propriétés  toxiques  qui 
ont  toujours  déterminé  la  mort  chez  les  animaux  auxquels  elle  a  été 
administrée  à  haute  dose. 

En  présence  de  ces  faits  contradictoires.  M,  G.  Heuzé  pense  que 
l'on  a  confondu  les  graines,  les  semences  de  la  Nigelle  des  champs 
(NigeiJjA  arvensis)  appartenant  à  la  famille  des  Renonculacées 
qui  comprend  beaucoup  de  plantes  vénéneuses  avec  la  coquelourde 
des  blés. 


—  299  — 


Nigelles  réduites  au  1/3  de  leur  grandeur. 


Les  Anciens,  en  effet,  donnaient  indistinctement  le  nom  de 
Nielle  à  la  Coquelourde  et  aux  diflférentes  espèces  de  Nigelles  et 
même  aux  cryptogames  connus  sous  le  nom  de  charbon  qui  envahis- 
sent les  blés.  Ce  n'est  pas  une  raison  pour  les  confondre. 

D'abord  s'il  y  a  des  gavants  qui  ont  dit  que  la  coquelourde  n'a- 
vait aucune  action  nuisible  sur  l'économie,  il  y  a  en  d'autres  qui  ont 
répondu  :  «  Toutes  les  parties  de  cette  plante  renferment  de  la 
Saponiiie,  principe  acre,  irritant,  auquel  on  a  attribué  les  acci- 
dents de  forme  dyssentérique  qui  se  sont  produits  chez  les  personnes 
qui  mangent  un  pain  où  entre  la  Nielle  des  champs.  » 

Voyons,  savants,  mettez-vous  d'accord  ;  une  bonne  petite  pâtée 
de  farine  de  nigelle  et  une  autre  de  coquelourde  administrées  à  vos 
volailles,  et  la  question  sera  plus  vite  tranchée  qu'avec  un  discours. 

Paul-Emile. 


—  300  — 
ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

CONCOURS      SPÉCIAUX.    —    ANNÉE      1885 

HORTICULTURE     MARCHANDE  : 

Etablissements  consacrés  à  la  culture  des  plantes  de  marché. 

2°"'  Prix  :    Médaille  de  vermeil.  —  M.  Reverchon,  au  Moulin-à-Vent. 

Etablissemmts  consacrés  aux  Collections  florales. 

\"  Prix  :  Médaille  d'or.  —  M.  Hoste,  rue  des  Dahlias,  à  Monplaisir. 
2'   Prix  :  Médaille  de  vermeil.  —  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle. 

Etablissements  consacrés  aux    Pépinières. 

pr  Prix  ex-œquo  :  Médaille  d'or. —  M.  Jouteur,  horticulteur  à  Fontaines, 
et  MM.  Poisard  frères,  horticulteurs  à  Anse  (Rhône). 

2'  Prix  :  Médaille  de  vermeil.  • —  M.  Lapresle,  pépiniériste  à  Chasselay 
(Rhône). 

CULTURE    MARAÎCHÈRE 

2°  Prix  :  Médaille  de  vermeil  ex-œquo.  —  MM.  Cbapuis  et  Drevard. 

Maisons    bourgeoises. 

1"  Prix  ex-ff^MO  ;  Médailles  d'or. —  MM.  Jossermoz  et  Prudon. 

2«  Prix  ex-ccquo  :  Médaille  de  vermeil.— MM.  Valansot,  Gastel  et  Guerry. 

3°   Prix  :  Médaille  d'argent  l''  cl.  —  M.  Bonnefoy. 

-1°  Prix  :  Médaille  d'argent.  —  M.  Clayette. 

Médailles  décernées  à  la  suite  de  visites  spéciales. 

Médailles  d'or.  —  MM.  Grégoire,  à  Villefranche  (Greffe  de  la  vigne  en 
godets).  —  Gaillard,  à  Briguais  (Nouvelle  greffe  de  la  vigne).  —  Valette, 
à  Chaponost  (Culture  de  fraisiers).  —  Combat,  à  Limonest  (Culture  spéciale 
d'arbres  à  fruits). 

Médaille  d'argent.  —  M.  Villard,  à  Ecully  (Culture  spéciale  de  tomates). 

Anciens  et  bons  jardiniers. 

Médailles  de  vermeil  à  MM.  Gattel,  —  Ferret  (Barthélémy),  —  Merkly 
(Bernard),  —  Goy  (François),  —  Gallamand  (André). 
Médaille  d'argent  à  M.  Michal  (Antoine). 


Rapport  des  Commissions  des  visites. 

1°  Culture  maraîchère. 

Votre  Commission  pour  la  visite  des  cultures  maraîchères  s'est  réunie  au 
complet  mercredi  matin  5 août:  MM.  J.  Jacquier,  A.  Bernaix,  Pelletier,  Gre- 
nier et  Marchand  désignés  pour  cette  opération  se  sont  transportes  : 

1»  Chez  M.  Chapuis  (Marin),  jardinier,  rue  de  la  Croix-Morlon  à  Monplai- 
sir. Nous  avons  vu  un  jardin  potager  d'environ  6,000  mètres  carrés,  entre- 
tenu d'une  manière  régulière  et  [.ropre  par  un  personnel  composé  de  deux 
hommes  et  deux  femmes.  Nous  avons  remarqué  une  quantité  considérable 
de  chicorées  de  Meaux  prêtes  à  livrer  à  la  consommation,  des  poireaux  en 
abondance,  des  laitues  assez  jolies,  ainsi  que  des  carottes  et  des  bettes  à 
cardes  blanches.  Les  murs  garnis  de  vignes  ainsi  que  les  espaliers  ne  lais- 
sent rien  à  désirer  ; 

2"  Chez  M.  Drevard  (Jean),  jardinier,  route  d'Heyrieux  également  à  Mon- 
plaisir. En  entrant  nous  avons  vu  quelques  massifs  de  fleurs  (brin  de  poésie 
dans  la  prose)   et  un  jardin    très  bien  tenu  de   la  contenance  d'environ 


—  301  — 


4,000  mètres,  cultivé  par  quatre  porsonaes,  deux  hommas  et  deux  femmes. 
Dans  la  tenue  irréprochable  de  ce  jardin  nous  avons  remarqué  du  céleri 
blanc  court  hâtif  en  quantité  dont  une  bonne  partis  livrable  à  la  consomma- 
tion, de  jolies  bettes  à,  cardes  blanches,  du  piment  camus  en  bonne  quantité 
et  du  cerfeuil  en  abondance,  de  la  chicorée  de  Ruffec  et  des  carottes  demi- 
longues  Nantaises. Les  vignes  qui  font  le  cadre  de  ce  jardin  sont  d'une  bonne 
tenue  ; 

3°  Selon  votre  ordre  nou?  avons  visité  les  cultures  de  M.  Combet-Mathieu, 
pépiniériste  à  Limonest  (Rhône).  Cette  culture  se  rapprochant  de  la  culture 
maraîchère  en  ce  sens  qu'elle  est  destinée  à  l'approvisionnement  des  mar- 
chés, à  part  ses  jeunes  pépinières  d'arbres  fruitiers.  Nous  avons  vu:  1°  Un 
carre  d'environ  12,000  mètres  complanté  de  jeunes  arbres  à  fruit  :  pêchers, 
poiriers,  pruniers,  abricotiers,  etc.  à  tige  haute  ou  à  plein  vent.  Les  inter- 
valles des  lignes  sont  garnies  de  fraisiers  à  gros  fruit,  principalement  la 
variété  Victoria  (Trolopp),  des  groseilles  rouge  cerise  et  des  groseilles  cassis. 
Les  arbres  à  fruit  sont  tous  de  bonnes  espèce?  anciennes  et  surtout  des 
meilleures  variétés  récentes  ;  2°  un  autre  carré  non  loin  de  là  d'environ  un 
hectare  complanté  de  22  espaliers  de  vignes  intercalés  de  22  espaliers  de 
poiriers  à  la  distance  de  chacun  deux  mètres.  Les  poiriers  sont  plantés  à 
0  m.  50  de  distance  sur  la  ligne  et  forment  espalier  très  régulier,  acluelle- 
ment  sans  aucun  tuteur  ou  soutien.  On  trouve  là  toutes  les  bonnes  variétés 
connues  et  recherchées  pour  les  marchés.  Les  vignes  sont  plantées  sur  la 
ligne  à  un  mètre  de  distance  ;  ce  sont  de  bonnes  variétés  locales.  Ces  espa- 
liers tenus  d'une  manière  irréprochable  sont  couverts  d'une  récolte  abon- 
dante. Toutes  ces  plantations  faites  depuis  cinq  ans  sont  édifiées  sur  terrain 
d'autrui,  à  long  bail,  par  M.  Combet.  Elles  prouvent  qu'il  n'a  rien  négligé 
pour  obtenir  un  bon  résultat  ; 

4°  Invités  à  visiter  la  culture  spéciale  de  tomates  de  M.  Villard,  jardinier 
chez  M™"  Vachon,  à  Ecully.  M.  Villard  nous  a  montré  un  carré  de  tomates 
d'environ  300  plantes,  des  variétés  Président  Garfîeld  et  Trophy  ou  grosse 
lisse.  Du  premier  coup  d'œil  nous  avons  reconnu  la  main  du  jardinier  émé- 
rite  en  voyant  des  plantes  de  deux  mètres  de  hauteur  palissées  sur  des 
tuteurs  (un  seul  par  pied)  amenés  par  la  taille  et  le  pincement  à  produire 
une  quantité  prodigieuse  de  fruits  énormes  et  bien  sains. 

On  ne  saurait  trop  recommander  le  progrès  à  la  culture  maraîchère,  sur- 
tout à  Lyon  où  la  routine  semble  encore  avoir  un  peu  le  dessus. 

Comme  conclusion  nous  vous  proposons  de  vouloir  bien  accorder  à: 

M.  Chapuis  (Marin),  une  médaille  de  vermeil. 

M.  Drevard  (Jean)  —  — 

M.  Combet  (Mathieu)  —  d'or. 

M.  Villard,  — ■  d'argent. 

Le  rapporlew,  Marchand. 


2°  Maisons  Bourgeoises 

Les  5,  6  et  10  août  1885,  la  Commission  des  Visites  de  l'Association  horti- 
cole lyonnaise,  composée  deMM.  Berthier,  Laveni".  Musset,  Roux  et  Ri  voire 
fils  se  rendit  dans  les  propriétés  bourgeoises  oii  eiie  était  appelée,  afin  de 
juger   le   travail  des  jardiniers. 

Ces  propriétés  étaient  au  nombre  de  huit.  Voici  par  ordre  de  mérite  le 
résultat  de  ses  appréciations  : 

M.  Jossermoz,  jardinier  chez  M""^  Villermoz,  à  Saint-Genis-Laval.  est  cer- 
tainement le  jardinier  le  plus  intelligent  que  nous  ayons  eu  l'ojeasion  de 
voir  dans  nos  visites,  cette  année. 

Dans  un  espace  restreint,  il  a  su  réunir  tout  ce  qu'une  longue  expérience, 
jointe  à  un  goût  parfait,  lui  permettait  de  disposer  pour  le  plaisir  des  yeux. 
Rien  ne  manquait  à  ce  charmant  parterre  oii  de  belles,    et  quelquefois  rargs 


—  302  — 


plantes  isolées  venaient  combler  les  vides  laissés  par  de  très  nombreux 
massifs.  Si  à  cela  nous  ajoutons  queM.Jossormoz  a  su  réunir  une  importante 
collection  de  plantes  vivaces,  d'autant  plus  méritantes  que  la  mode  en  est 
complètement  passée,  et  qu'il  nous  a  fait  admirer  une  des  serres  les  mieux 
fournies  qu'on  puisse  voir,  vous  jugerez  comme  nous  qu'uQ  premier  prix  , 
médaille  d'or,  ne  saurait  être  mieux  placé. 

Le  château  de  Saint-Trys  est  une  vaste  propriété  princièra  de  53  hectares 
tracée  en  parc  paysager.  Il  faut  au  jardinier,  M.  Prudon,  un  travail  conti- 
nuel et  soutenu  pour  entretenir  dans  un  pareil  état  de  propreté  une  si  vaste 
enceinte.  Rien  n'est  négligé  ;  les  parties  les  plus  éloigaées  du  parc  sont  l'ob- 
jet des  mêmes  soins  que  les  parties  rapprochées  du  château.  Le  potager,  à 
lui  seul,  grand  comme  toute  une  propriété  des  environs  de  Lyon,  suffirait 
pour  faire  apprécier  le  mérite  de  M.  Prudon.  Nous  devons  signaler  particu- 
lièrement douze  énormes  orangers  au  feuillage  sombre  et  luisant,  preuve  des 
soins  particuliers  dont  ils  sont  l'objet,  ainsi  qu'un  charmant  parterre  situé 
en  contre-bas  d'une  terrasse,  d'où  la  vue  plonge  sur  onze  immenses  massifs 
garnis  des  plantes  les  mieux  appropriées  et  les  plus  florifères.  Nous  croyons 
également  qu'un  premier  prix,  médaille  d'or,  nesera  que  la  juste  récompense 
du  travail  de  M.  Prudon. 

Le  coup  d'œil  dont  on  jouit  en  entrant  chez  M.  Rosset,  à  Saint-Genis- 
Laval,  est  attrayant.  Une  vaste  pelouse  encadrée  de  beaux  arbres  verts  et 
coupée  de  plusieurs  agréables  massifs  s'étend  jusqu'au  château.  Derrière  est 
la  partie  de  rapport  dans  laquelle  nous  avons  surtout  remarqué  des  vignes  en 
contre-espaliers  surchargées  de  raisins,  et  un  long  mur  garni  de  jeunes 
pêchers  soumis  à  une  taille  intelligente  et  raisonnée.  Le  potager  est  bien 
approvisionné,  mais  nous  devons  surtout  signaler  une  culture  que  le  jardi- 
nier, M.  Valansot,  pratique  avec  succès,  c'est  celle  du  champignon  comesti- 
ble. Nous  regrettons  d'avoir  trop  rarement  l'occasion  de  voir  cette  culture 
pourtant  si  intéressante  et  si  productive.  Un  deuxième  prix,  médaille  de  ver- 
meil, est  bien  mérité  par  M.  Valansot. 

L'intérêt  de  notre  visite  chez  M.  Genin,  à  Vienne,  seconcentre  tout  entier 
surla  partie  fruitière.  Nous  avons  admiré  là  quelques  150  énormes  pieds  de 
poirier.'^  admirablement  conduits  en  pyramides  ou  en  espaliers.  M.  Gattel. 
qui  est  chargé  de  l'entretien  de  tous  ces  arbres,  —  dont  il  a  lui-même  planté 
la  majeurs  partie,  —  s'est  montré  un  habile  praticien,  et  nous  nous  plaisons 
à  rendre  hommage  à  son  talent. 

A  cette  culture  spéciale,  se  joint  aussi  celle  des  plantes  annuelles  et  des 
légumes.  Nous  attribuons  à  M.  Gattel  un  deuxième  prix,  médaille  de  ver- 
meil. 

Le  travail  de  M.  Guerry,  jardinier  chez  M.  Louis  Coste,  àCaluire  est  très 
étendu.  D'immenses  murs,  garnis  dans  toute  leur  longueur  de  poiriers  et  de 
vignes,  nécessitent  une  surveillance  incessante.  Le  potager  est  grand  et  bien 
garni;  le  bon  choix  des  variétés  de  légumes  est  à  signaler.  La  partie  agréa- 
ble qui  s'étend  autour  de  la  maison  d'habitation  est  bien  entretenue  et 
garnie  de  plusieurs  massifs  bien  composés,  M.  Guerry  mérite  également  un 
deuxième  prix,  médaille  de  vermeil. 

La  propriété  de  Mme  Martin-Gubian,  à  Tarare,  est  extrêmement  agréable, 
située  sur  une  colline  peu  élevée,  elle  est  fort  bien  tracée  et  admirablement 
plantée.  On  y  remarque  surtout  un  grand  et  beau  travail  de  rocaille.  Le 
talent  du  jardinier,  M.  Bonnefoy,  s'est  surtout  révélé  dans  la  conduite  do 
poiriers  en  espaliers.  Nous  lui  avons  accordé  un  troisième  prix,  médaille 
d'argent  de  1'=  classe. 

La  propriété  que  M.  Chartron,  jardinier,  chez  M.  Clayette,  à  la  Croix- 
Rousse,  est  chargé  d'entretenir  est  petite,  mais  bien  tenue.  Son  jardin 
potager  est  un  des  mieux  approvisionnés  que  nous  ayons  vus  cette  année. 
Nous  accordons  à  M.  Chardon  un  quatrième  prix,  médaille   d'argent. 


—  303 


Noos  devons  maintenant  exposer  la  raison  pour  laquelle  nous  n'avons  pas 
cru  devoir  décerner,  cette  année,  le  grand  premier  prix. 

Nous  avons,  il  est  vrai,  trouvé  des  jardiniers  intelligents  et  particulière- 
ment capables,  deux  de  ceux  que  nous  avons  visités  se  sont  spécialement 
distingués  chacun  dans  les  genras  de  culture  auxquels  ils  se  livrent,  mais 
nous  avons  compris  que  la  pensée  de  l'Association  Horticole  Lyonnaise,  en 
créant  les  Grands  Premiers  Prix,  a  surtout  été  de  récompenser  l'ensemble 
absolument  complet  qu'on  doit  trouver  dans  les  propriétés  bour:jeoises, 
c'est-à-dire  des  cultures  réunies  de  légumes,  arbres  fruitiers,  tleurs  et 
plantes  de  serre,  et  que,  du  moment  qu'une  ou  plusieurs  de  ces  cultures 
macquent  ou  laissent  à  désirer,  le  grand  premier  prix  doit  être  réservé. 

Berthier,  Roux,  C.  Lavexir,  Rivoire.  Musset. 


Ro&a  Lusiadas 


Nous  sommes  persuadés  que  MM.  les  amateurs  de  roses  apprendront 
avec  un  sentiment  de  curiosité  que  le  rosier  nouveau  «  Lusiadas  » 
tant  vanté  par  son  obtenteur,  M.  Pedro  da  Costa,  de  Lisbonne,  vient 
de  fleurir  dans  notre  établissement. 

Son  annonce  a  occupé  dans  différents  journaux  des  pages  entières  ; 
d'après  plusieurs  certificats  les  fleurs  étaient  d'un  jaune  d'or  ponctué 
de  vermeil  carminé,  passant  au  vermeil  violet. 

Dès  le  premier  moment  nous  avions  remarqué  que  le  bois  et  le  port 
de  «  Lusiadas  «  et  de  «  Céline  Forestier  »  étaient  identiques.  L'obten- 
teur  cependant  pouvait  présenter  dans  «  Lusiadas  »  un  accident  fixé  de 
l'ancien  .rosier  Noisette. 

Aujourd'hui  nous  pouvons  déclarer  que  la  nouveauté  «  Lusiadas  » 
n'est  autre  chose  que  l'ancienne  variété  «  Céline  Forestier  ». 

Il  sera  curieux  de  savoir  que  cette  variété  a  déjà  été  présentée  dans 
le  temps  sous  un  nom  nouveau  celui  de  «  Liésis  ».  L'on  voit  que  M.  da 
Costa  qui  s'est  fait  payer  50  fr.  les  plantes  originales  de  sa  nouveauté 
et  qui  ne  répond  à  aucune  lettre,  où  l'ou  se  plaint  de  sa  manière  d'a- 
gir, ne  nous  a  servi  que  du  réchauffé  préparé  à  la  sauce  poivrade. 

Luxembourg,  3  avril  1S85. 

C.    SOUPERT    ET   NOTING. 
Rosiéristes,  fournisseurs  de  la  Cour. 


Exposition  d'horticulture  de   Marseille 

La  Société  d'horticulture  et  de  botanique  de  Marseille,  a  tenu  à  la 
fin  de  mai  dernier,  au  Quinconce  des  allées  de  Meillan,  une  fort  belle 
exposition  d'horticulture  dont  l'organisation  ne  mérite  que  des   éloges. 

L^emplacement  désigné  pour  la  tenue  de  cette  exposition  est  plein  de 
difficultés,  mais  sous  la  direction  de  l'architecte  paysagiste  M.  Ricard, 
ces  diflicultcs  ont  été  habilement  surmontées,  car  il  a  su  tirer  un 
parti  parfaitement  convenable  de  l'emplacement  ci-dessus  désigné. 


—  304  — 

Du  reste  les  efforts  des  organisateurs  ont  été  absolument  couronnés 
de  succès.  Les  apports  nombreux,  dont  quelques-uns  de  très  grand 
mérite,  leur  habile  classement,  sous  le  rapport  de  l'effet  ornemental, 
et  surtout  un  soleil  superbe  —  le  soleil  de  Provence  —  avaient  attiré 
une  foule  considérable,  de  visiteurs. 

Vous  excuserez  votre  délégué  de  ne  pas  entrer  dans  des  détails  mi- 
nutieux sur  les  lots  exposés,  car  chacun  mériterait  un  juste  tribut  d'é- 
loges que  le  cadre  de  votre  journal  aurait  de  la  peine  à  contenir.  Je 
préfère  vous  donner  sommairement  la  liste  des  récompenses  obtenues 
par  les  exposants,  en  faisant  mon  possible  pour  n'omettre  personne. 

Avant  de  passer  à  cette  énumération,  je  vous  dirai  que  j'ai  vu  rôuni 
dans  cette  exposition  presque  tous  les  genres  cultivés  dans  les  serres  ou 
les  jardins,  et  j'ajouterai  qu'un  bon  nombre  d'espèces,  parmi  les  plus 
rares,  étaient  représentées  par  des  spécimens  de  toute  beauté.  Les 
objets  d'art  de  toutes  sortes  étaient  également  fort  nombreux  et  con- 
courraient pour  une  bonne  part  à  rendre  l'exposition  très  pittoresque. 
Marseille  ou  ses  environs  compte,  du  reste,  un  assez  bon  nombre  de 
grands  amateurs,  qui  s'intéressent  tous  à  la  réussite  des  expositions, 
et  à  côté  d'eux  des  savants,  des  botanistes,  dévoués  à  l'horticulture. 
Parmi  ces  derniers  je  me  ferai  un  véritable  plaisir  de  citer  leur  doyen 
M.  Honoré  Roux,  entouré  de  l'affection  de  tous  ses  confrères,  aussi  le 
jury  de  l'exposition  auquel  un  exposant  avait  laissé  la  latitude  de  bap- 
tiser une  Rose  nouvelle  de  semis,  a-t-il  pensé  en  lui  donnant  le  nom 
de  ce  savant  modeste,  que  cette  dédicace  serait  approuvée  par  toute  la 
société. 

Voici  la  liste  des  récompenses  que  le  jury  a  attribué  aux  exposants  : 

Prix  d'honneur  :  MM.  Darier.  —  Fouqueray,  jardinier-chef  chez  M.  le 
comte  Gilbert  des  Voisins.  —  Antoine  Besson.  —  Biliandou. —  Ricard  et 
Montel  (Claude). 

Grande  Médaille  d'or  :  Société  des  Horticulteurs  de  Marseille. 

Diplôme  d'honneur  :  L'Avenir  viticole.  —  M.  Rouget,  propr.  à  la  Pauline 
(Var). 

Médailles  d'or  :  MM.  Darier,  plantes  de  serre  chaude  en  général.  —  Fou- 
queray, Orchidées,  Crotons,  plantes  japonaises.  —  Ricard,  plantes  ornemen- 
tales, Palmiers,  Cycadées,  bouquets  et  parures  de  fleurs.  —  Lemasson, 
jardinier  chez  M.  Renouard,  Azalées,  Caladiums.  —  Bourelly,  plantes  de 
marché.  —  Montel  (Claude),  Fougères  arborescentes,  semis  de  Caladiums, 
Palmiers  et  Cycadées.  —  Jules  Monge,  collection  de  Coleus  et  Coleus  dd 
semis.  —  Carie,  jardinier  chez  M.  le  marquis  de  Clapier,  Pelargoniums  zona- 
les.  —  Bernard,  Pelargoniums  zoaales.  —  Besson  (Antoine),  Conifères  et 
arbres  d'ornement. —  Nabonnand,  collection  de  Roses.  —  Comte  fils,  cons- 
tructions de  serres.  —  Drevet.  fabricant  d'appareils  de  chauffage,  à  Lyon, 
thermosiphons.  —  Pommier,  fabricant  d'appareils  de  chauffage  à  Marseille. 
—  Latil,  constructeur  da  serres  à  Saint-Just-de-Valserry.  —  Société  ano- 
nyme de  clôtures  et  rustiques,  kiosques  et  ameublements  de  jardins.  — 
Cayol,  poterie  horticole.  —  M""  Pathier,  reproductions  botaniques  et  her- 
bier.—  Davin  père  et  fils,  belle  culture.  —  Toussaint,  outils  divers.  — 
Lefebre,  ouvrages  horticoles. 


—  305  — 

Médailles  de  vermeil. —  MM.  Darier,  Orchidées,  Crotons.  —  Fougueray, 
Caladiums.  —  Gondola  (Désiré),  Plantes  diverses.  —  Besson  (Antoine\ 
Azalées  et  Mosaïculture.  —  Montel  (Claude),  Plantes  d'introduction  directe, 
Caladiums.  —  Liautaud,  Cjcas  et  Fougères  arborescentes.  —  Canvain, 
Gloxinias  de  semis.  —  Lemasson,  Bégonias  à  feuillage.  —  Astier  et  Deleuil, 
Bégonias  à  feuillage.  —  Genest,  Araucurias  variés.  —  Monge  (Jules),  Pélar- 
goniums  panachés.  —  M"""  V°  Bonefoi,  Pétunias  doubles  variéj.  —  Nicolas 
(François),  Ananas  à  feuilles  panachées,  Fraisiers.  -  Chipot  et  Guédan 
aîné.  Collection  de  Roses.  —  M"^  V"^ Germain,  de  Saint-Pierre,  collection  de 
Roses.  —  Paul  Giraud,  fruits  divers.  — Isambert,  Serres  et  Châssis. —  Pou- 
jade,  Vialle,  Martin  et  Germain,  Mobiliers  de  jardin  et  fonte  artistique.  — 
Plazenski,  fabricant  de  tentes  à  Marseille,  Tentes  et  Tentes  parasol.  — 
Moro  (J.-B.),  rocailles.  —  Giraud,  poterie  artistique.  —  Fenouil,  Herbier. — 
Mallet,  Fusains  et  autres  arbustes.  —  Victor,  rosiers  en  pots.  —  Bourelli 
(Léandre),Coleus  de  semis.  —  Crouzet,  Pulvérisateur,  —  Simonetti,  Machi- 
nes agricoles. 

Médailles  d'a?'gent  grand  module.  —  MM.  Daumas,  Asperges.  —  Mouren 
(Jules),  Melons,  Tomates  et  Concombres.  —  Besson  (Antoine),  plantes  déco- 
ratives, Neriums,  Pivoine,  Fruits  conservés.  —  Lemasson  (François),  Pélar- 
goniums  à  grandes  fleurs  et  à  feuilles  panachées.  —  Astier  et  Deleuil,  Coleus, 
Pétunias  doubles,  Mosaïculture.  —  Mouren  (Jules),  Bégonias.  —  Bérenger 
(Etienne),  Bégonias,  Pélargoniums  zonales.  —  Sibily  (Marcelin),  Pensées  à 
grandes  macules.  —  Deleuil  aîné,  Fuschia.  —  Nicolas  (François),  Pétunias 
doubles.  — Tricon  (Jacques),  Plantes  de  rocailles.  — Malespines,  Pélargo- 
niums à  grandes  fleurs.  —  Montel  (Claude),  Houx  et  Aucubis.  —  Andrie, 
Fusains  et  arbustes  variés.  —  Bernard  (Victor),  collections  de  Roses.  — 
Paul  Giraud,  collection  de  Roses.  — Rivoire  père  et  fils  à  Lyon,  Pensées  à 
grandes  macules.  —  Davin  père  et  fils,  Penstemons  de  semis.  —  Delaurin, 
Iris  et  Delphinium.  —  Sautel,  Bouquets  montés.  —  Percepied,  collection  de 
Pommes  de  terre.  —  Guillot  (Jacques),  Graines  et  Laitues  variées.  —  Bellot 
(Emilien),  Tentes.  —  Bourbon,  Ruches  d'abeilles.  —  Capau,  Bacs  et  Paniers 
à  Orchidées.  —  Mattet,  herbier  médicinal.  —  Mercier  (Antoine),  marchand- 
grainier  à  Marseille,  Grains  et  Pommes  de  terre.  — La  Bibliothèque  péda- 
gogique des  instituteurs  de  Marseille,  Tableaux,  scolaires  et  herbiers.  — 
Cauvin  fils,  horticulteur,  Cycas  revoluta  en  fruits.  — Levenc,  engrais.  — 
Bertrand,  ouvrages  sur  l'agriculture.  —  Seyfarthe,  fleuriste  à  Nice,  col- 
lection d'Œillets  et  de  Roses.  —  Duclaux,  de  Draguignan,  ensemble  de  ses 
grefies  de  vignes  et  fruitières.  —  Barco,  Barbaroux  et  Bourgeois,  Guano 
naturel  concentré. 

Médaille  d'argent  de  2°  classe  :  MM.  Gondoin  (Désiré),  Mimulns.  —  Besson 
(Antoine),  Pensées.  — Lemasson  (François),  Calcéolaires  —  Mouren  (Jules), 
Coleus.  —  Genest,  Bégoni;i.  — Ricard  "(François),  Pelargonium.  —  Caries 
frères.  Plantes  grasses.  —  Malespines,  Pelargonium  à  grandes  fleurs.  — 
Bernard  (Victor),  Verveines  hybrides.  — Hugues  (Louis),  Cerastium  et  Myo- 
sotis. —  Petiot,  Meubles  de  jardin. —  Chevrier  (Paul),  Bélier,  élévateur.  — 
Toulouzan,  Graines  et  légumes  secs.  — Besson  (Antoine),  Pommes  de  terre. 
—  Zicard,  Fleurs  en  perles, — Aubert  (François),  Fleurs  artificielles.  — 
Devése,  Pompes.  —  Siméon  St-Ignace,  Appareil  servant  au  déblai  des  tran- 
chées. —  Bourre  (Marcus),  Articles  de  jardin.  — Nicolas,  Fuchsia. 

Médailles  de  bronze:  MM.  Vanden-Swaelen,  Plan  de  jardin. — Rostan 
(Antoine),  Plans  en  relief .  —  Mourin  (Jules),  Pelargonium  sur  tiges.  —  Tricon 
(Jacques),  Œillets  de  poète.  —  Lugues  (Louis),  Œillets  de  poète.  —  Chabot 
(François),  Pensées.  —  Besson  (Antoine),  Rosier  en  pot.  —  Giraud  (Paul), 
Bouquet. — Michel  (Joseph),  Fruit. — Kleinholn,  Plan  de  jardin.  — Che- 
vret  (Théophile),  Plante  en  zinc.  —  Puttet  (Gustave),  Imitation  de  fleur  en 
filigrane.  —  Issorel  (Michel),  Aquarium.  —  Picard  (François),  Coleus.  — 


306 


Sabatier  (Hubert),  Tente,  Parasol.  —  Audibert  (J.),  Ouvrage  sur  le  sorglio. 
—  Bourrilon,  Manuscrit  :  Mojeu  de  conserver  les  enfants  à  l'agriculture.  — 
Rivière  (Charles),  Volière  rustique.  P.  Pitaval. 


Séchage  des  prunes. 


L'Agenais  excelle  dans  l'art  de  faire  sécher  et  de  préparer  ces 
pruneaux  si  renommés,  connus  sous  le  nom  de  Pruneaux    d'Agen. 

C'est  la  prune  d'Enté,  nommée  aussi  prune  d'Agen,  qui  est  la 
plus  cultivée  pour  cet  usage  ;  de  nombreuses  variétés  ont  été  essa- 
yées, plusieurs  ont  été  trouvées  rebelles  à  cette  opération  notamment 
la  prune  Reine-Claude  qui  a  la  pellicule  trop  fine  et  trop  délicate  ; 
la  prune  Pond's  seedling,  qui,  d'énorme  qu'elle  était  à  l'état  frais, 
se  réduit  à  peu,  et  d'autres  encore.  La  prune  Coe's  golden  drop, 
plus  belle  et  meilleure  à  sa  maturité  que  la  prune  d'Enté,  a  été 
expérimentée,  elle  se  prête  assez  bien  à  la  dessiccation  et  fournit 
des  pruneaux  de  surchoix,  le  double  plus  gros  que  ceux  de  la  prune 
d'Enté.  Ces  fruits  ont  peu  de  vente,  cependant,  par  leur  manque 
du  noir  brillant  qui  distingue  la  prune  d'Enté. 

Voici  comment  on  procède  dans  l'Agenais  pour  dessécher  les 
prunes  d'Enté  :  on  les  cueille  à  leur  complète  maturité  ;  elles  sont 
alors  étendues  sur  un  paillis,  bien  exposées  au  soleil  brûlant  qui 
les  sèche  d'abord  et  les  ride  un  peu  ;  au  bout  de  quelques  jours 
on  les  place  sur  des  claies  qui,  par  trois  fois,  vont  passer  douze 
heures  au  four,  pour  se  reposer  douze  heures  à  l'air  libre,  pendant 
qu'où  fait  réchauffer  ces  fours  destinés  à  recevoir  de  nouvelles  claies  ; 
c'est  après  ces  opérations  successives  que  les  prunes  d'Enté  sont 
suffisamment  desséchées  et  ont  pris  cette  robe  noire  et  ce  lustre 
brillant  qui  flatte  si  fort  l'œil  des  gourmets. 

La  Coe's  golden  drop  doit  être  séchée  lentement  à  l'étuve  chauf- 
fée modérément,  ou  passer  six  à  huit  fois  au  four  poiu'  arriver  à 
un  bon  point  de  dessiccation.  Si  la  Reine-Claude  ordinaire  ne  se 
prête  pas  facilement  à  cet  usage,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la 
Reine-Claude  violette  et  de  la  Reine-Claude  tardive  de  Bavay  :  celle- 
ci  prend  une  teinte  de  brun  foncé  ;  l'une  et  l'autre  conservent  beau- 
coup de  chair,  mais  leur  couleur  terne  les  fait  peu  pnser,  quoi- 
qu'elles soient  fort  bonnes  ;  il  est  vrai  que  leur  peUicule  épaisse 
leur  enlève  une  partie  de  leur  mérite. 

Dans  la  Côte-d'Or  les  variétés  les  plus  estimées  pour  la  dessicca- 
tion sont  la  Kouetche  d'Italie  à  gros  fruit  violet-noir,  et  très  pro- 
ductive, et  la  Kouetche  ordinaire  ou  d'Allemagne  à  fruits  rouges, 
moins  grosse  que  la  précédente,  également  très  fertile. 

Bulletin  de  la  Société  d' Horticulture  de  la  Côte-d'Or, 


—  307  — 
Pomologie. 

— {  Observations  sur  les  Poires  ) — 

Prion.  —  Arbre  peu  vigoureux  auquel  les  petites  formes  conviennent;  très 
fertile.  Fruit  moyen,  parfois  assez  gros,  très  bon.  Maturité  de  septembre  à 
février. 

Professeur  Barrai.  —  Arbre  de  vigueur  modérée  qui  forme  de  jolies  pyra- 
mides ;  on  le  dit  très  fertile.  Voilà  15  ans  que  je  le  cultive,  il  n'a  fructifié 
que  deux  fois  et  les  fruits  sont  venus  petits;  je  n'ai  pu  juger  de  leur  qualité. 

Puebla.  —  Arbre  peu  vigoureux  auquel  les  petites  formes  conviennent, 
très  fertile.  Fruit  gros,  très  bon.  Maturié  courant  septembre. 

La  Quintinye.  —  Arbre  assez  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes, 
fertilité  ordinaire.  Fruit  assez  gros,  de  2"  qualité.  Maturité  de  janvier  à 
mars. 

Râteau  blanc.  —  Syn.  :  Bergamotte  Drouet,  Angleterre  d'hiver,  Longue  vie, 
Tarquin  des  Pyrénées.  Arbre  faible,  les  petites  formes  lui  conviennent,  très 
fertile.  Fruit  moyen,  n'est  bon  que  cuit.  Maturité  de  mars  à  mai.      Routin. 

CALENDRIER  HORTICOLE 

Résumé  des  travaux    à  faire  dans  le  mois  d'octobre 

Jardin  potager .  —  Les  travaux  à  exécuter  dans  le  jardin  potager 
ne  sont  pas  très  nombreux  «m  octobre.  On  prépare  les  artichauts  à 
l'hivernage  en  enlevant  les  œilletons  inutiles  et  en  approchant  de  leur 
voisinage  le  fumier  de  litière  où  les  feuilles  qui  doivent  servir  à  les 
abriter.  Les  tiges  d'asperges  seront  coupées.  On  repique  les  ognons 
blancs,  la  chicorée,  la  laitue,  les  premiers  choux  d'Yorck.  On  plante 
■les  ails,  la  ciboule  vivace,  réclialotte,  l'oseille,  la  rhubarbe.  On  peut 
semer  les  épinards,  du  cresson  alénois,  de  la  roquette,  de  la  laitue 
d'hiver  et  quelques  légumes  dures  à  lever  tels  que  :  carvi,  cerfeuil  bul- 
beux, perce-pierre. 

Quand  la  température  s'abaisse  par  trop  on  peut  couvrir  avec  des 
paillassons  les  légumes  que  le  froid  pourrait  endommager. 

Jardin  fruitier.  —  On  continue  la  récolte  des  espèces  qui  arrivent  à 
maturité.  Pour  celles  qui  mûrissent  en  décembre  ou  dans  les  mois  sui- 
vants il  est  préférable  de  les  récolter  le  plus  tard  possible  :  elle  se  con- 
servent mieux  et  se  rident  moins.  Il  est  très  important  de  préparer  les 
trous  où  on  veut  planter  des  arbres  ;  l'air  effrite  la  terre  et  la  ferti- 
lise et  la  plantation  se  fait  alors  dans  de  très  bonnes  conditions. 

Jardin  d'agrément.  —  Il  faut  se  méfier  des  gelées  blanches  et  autres 
qui  arrivent  dans  ce  mois,  emportant  souvent  toutes  les  fleurs.  Avec 
quelques  abris,  de  simples  toiles,  des  paillassons  on  peut  abriter  sur 
place  les  chrysanthèmes,  les  derniers  boutons  de  roses,  ainsi  que  beau- 
coup d'autres.  En  agissant  ainsi  quand  arrive  l'été  de  la  St-Martin  on  est 
bien  aise  de  pouvoir  encore  faire  quelques  bouquets  dans  les  jardins. 
On  rejoint  avec  soin  les  feuilles  qui  tombent   des  arbres  pour   abriter 


—  sos- 
ies plantes  délicates,  ou  faire  des  couches  sourdes.  On  peut  semer  : 
Adonis,  phlox  vivaces,  violettes  et  à  bonne  exposition  celles  des  espè- 
ces mentionnées  pour  être  semées  dans  le  mois  précédent.  On  peut 
replanter  toutes  les  plantes  vivaces,  surtout  celles  qui  ne  craignent  pas 
le  froid. 

Serres  et  châssis.  —  C'est  le  moment  de  préparer  pour  la  rentrée 
toutes  les  espèces  qui  craignent  le  froid.  On  peut  cependant  retarder 
le  plus  longtemps  possible  de  rentrer  celles  des  plantes  qui  n'étant  pas 
à  boutons,  supportent  5  ou  6°  de  froid  sans  danger. 

CATALOGUES.  —  NOUVEAUTES. 

F.  DuBREUiL,  horticulteur-rosiériste,  chemin  Saint-Romain,  à  Monplaisir- 
Lyon.  —  Rosiers  nouveaux  de  semis.  —  Rosier  thé.  —  Marquise  de  Vivens, 
arbuste  non  sarmenteux,  muni  d'aiguillons  crochus  ;  feuilles  amples  de  5  à7 
folioles  brillantes,  lustrées,  vert  foncé;  bouton  très  allongé,  fleur  grande, 
bicolore,  à  couleurs  atténuées  en  vieillissant,  calice  à  longs  sépales  glabres 
et  vert  foncé  à  l'extérieur,  blanchâtres  et  pulvérulents  intérieurement; 
pétales,  arrondis-obovales,  cunéiformes,  gracieusement  roulés  en  volute, 
dans  la  sens  de  la  longueur;  face  supérieure  carmin  vif  sur  les  bords,  s'atté- 
nuant  en  rose  de  Chine  vers  le  milieu  et  se  fondant  insensiblement  en  jaune 
paille  vers  l'onglet,  face  inférieure  blanc  carné  nuancé  soufre. 

Par  la  forme  élégante  et  nouvelle  de  ses  pétales  gracieusement  recourbés, 
par  les  fraîches  couleurs  si  diversement  nuancées  et  surtout  par  l'agréable 
contraste  qu'elles  produisent,  cette  Rose  nouvelle  constitue  une  variété  très 
méritante,  qui  n'a  aucun  rapport  avec  les  variétés  déjà  au  commerce. 

PoLYANTHA  NAIN  REMONTANT.  —  F loi'ibundu ,  arbuste  buissonnant  à  rejets 
vigoureux  terminés  par  de  larges  corymbes  de  30  à  50  fleurs;  boutons 
ovoïles,  fleurs  très  doubles,  s'épanouissaat  bien;  pétales  rubanés  de  rose  et 
de  lilas  très  frais. 

Cette  variété  a  le  port  et  la  floraison  de  la  charmante  variété  Anne-Marie 
de  Montravel,  dont  elle  ne  dllfère  que  par  la  uuance  de  ses  fleurs. 

DÉTRICHÉ  FRÈRES,  horticulteurs,  route  des  Ponts-de-Cé,  à  Angers  (Maine- 
et-Loire). —  Prix  courant  pour  marchands  de  Jeunes  plants  d'arbres  fores- 
tiers et  d'ornement,  d'arbustes  à  feuilles  caduques  ou  persistantes,  de  coni- 
fères, d'arbres  fruitiers  ;  plantes  diverses  en  godets  et  en  pots.  Collection  de 
Rosiers  très  complète.  Étiquettes.  Pierres  à  aiguiser. 

Ketten  frères,  rosiéristes  à  Luxembourg  (Grand-Duché).  —  Catalogue 
et  prix-courant  des  Rosiers  en  collection  cultivés  dans  l'établissement. 
Rosiers  Cent-feuilles,  de  Provins,  de  Damas,  capucines,  moussus,  multiflores, 
à  bractées,  Bengales,  Thés,  Hybrides  de  thé,  Ile-Bourbon,  Hybrides  remon- 
tants, etc.  Rosiers  nouveaux.  Collection  très  complète. 

Ferdinand  Gaillard,  viticulteur  à  Briguais  (Rhône).  —  Catalogue,  prix- 
courant  des  vignes  américaines  et  franco-américaines  cultivées  dans  l'éta- 
blissement. Porte-greff'es  (boutures  et  racines).  Producteurs  directs  (bou- 
tures et  racines),  12  variétés.  Vignes  greflees. 

Grégoire  et  C',  viticulteurs  à  ViUefranche  (Rhône).  ^-  Nouveau  traite- 
ment breveté  s.  g.  d.  g.  du  greffage  de  la  vigue  franco-américaine.  Prix- 
courant  des  vignes  françaises  greffées  et  soudées  et  des  vignes  américaines 
producteurs  directs. 

Le  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon,  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  OCTOBRE  N°     19 


CHRONIQUE 


Destruction  de  C Oïdium.  —  Chacun  connaît  l'efficacité  du  soufre 
pour  opérer  la  destruction  de  l'oïdiuna  qui  attaque  les  vignes. 
Employé  à  temps  et  à  plusieurs  reprises,  le  soufre  a  parfaitement 
raison  de  ce  dangereux  cryptogame.  On  a  également,  pour  le 
même  usage,  conseillé  l'emploi  de  cendre  de  bois,  de  la  poussière 
des  routes,  etc.,  mais  ces  substances  ont  laissé  l'oïdium  si  tran- 
quillement faire  son  chemin  que  ceux-là  mêmes  qui  les  avaient 
recommandées  les  ont  abandonnées  sans  scrupules. 

En  dehors  de  l'emploi  du  soufre,  il  paraît  que  la  taille  de  la 
vigne,  pratiquée  à  une  certaine  époque,  donnerait  également 
d'excellents  résultats  qui  empêcheraient  l'invasion  de  l'oïdium. 
C'est  du  moins  ce  qui  paraît  résulter  de  Ja  lettre  suivante  que 
nous  a  écrite  M.  Joannès  Bruyas ,  horticulteur,  à  St-Cha- 
mond  (Loire).   Voici  cette  lettre  : 

«  Des  différents  moyens  employés  pour  la  guérison  des  vignes 
attaquées  par  l'oïdium,  il  en  est  un  bien  simple,  peu  coûteux,  et 
je  crois  très  peu  connu,  le  voici  : 

«  A  peu  près  vers  la  fin  de  septembre,  tailler  la  vigne  à  deux 
ou  trois  yeux  au-dessus  de  la  taille  qu'on  doit  lui  faire  subir  plus 
tard,  la  laisser  ensuite  jusqu'à  ce  que,  au  printemps,  les  yeux 
commencent  à  bien  bourgeonner;  à  ce  moment  là  (mais  pas  avant) 
tailler  comme  d'habitude. 

«  Dès  la  première  année,  l'on  s'aperçoit  du  bon  effet  de  ce 
traitement,  et  si  les  vignes  ne  sont  pas  complètement  guéries, 
recommencer  la  même  opération  l'année  suivante. 

«  Ce  système,  employé  par  mon  père  depuis  plus  de  trente-cinq 
ans,  a  toujours  parfaitement  réussi.   » 

M.  Quetier,  horticulteur,  à  Meaux,  a  également  préconisé 
l'emploi  de  la  chaux  éteinte  et  réduite  en  bouillie  claire  avec 
laquelle  on  badigeonne  les  souches  de  vigne. 


—  310  — 

Sur  l'origine  du-  thou  de  Bruxelles.  —  La  Bévue  horlieole  a  reçu 
d'un  de  ses  correspondants  quelques  renseignements  relatifs  à  l'in- 
troduction en  France  de  la  culture  du  chou  de  Bruxelles.  Quant  à 
l'origine  du  chou  lui-même,  elle  n'est  pas  facile  à  connaître.  Le 
correspondant  de  la  Bevuc,  M.  Morguet,  pense  que  l'introduction 
de  la  culture  de  cette  variété  aux  environs  de  Paris  ne  remonte 
pas  au-delà  de  1835.  M.  Prillieux,  professeur  à  l'Institut  national 
agronomique,  croit,  au  contraire,  que  cette  introduction  n'est  pas 
de  date  aussi  récente,  puisque  d'après  certains  renseignements 
qu'il  donne,  sous  le  premier  empire,  avant  1814,  on  mangeait 
déjà  sous  le  nom  de  Petits  choux,  de  véritables  choux  de  Bruxelles. 

Daléchamp,  dans  son  Histoire  des  Plantes,  publiée  en  1653,  donne 
la  figure  d'un  chou  qui  ressemble  passablement  au  chou  de 
Bruxelles.  Voici  ce  que  cet  ancien  auteur  dit  de  cette  variété  : 

a  II  y  a  encore  une  autre  sorte  de  chou  cabu  appelée  en  latin 
Brassica  capilata  polijcephalos,  c'est-à-dire  chou  cabu  à  plusieurs 
testes;  estant  semblable  quant  à  la  racine,  tige  et  grandeur,  aux 
autres  choux  cabus  ;  mais  il  est  différent  en  ce  que  nature  voulant 
comme  faire  parade  de  sa  fertilité  en  ce  chou  icy  ne  luy  fait  pas 
une  teste  seule,  mais  plusieurs  séparées  l'une  de  l'autre...  » 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  sous  le  nom  de  chou  vert  frangé 
d'Allemagne  ou  à  rejets  du  Brabant  (où  on  le  nommait  spruiljes),  on 
cultivait,  il  y  a  fort  longtemps,  le  chou  de  Bruxelles,  Je  le  trouve 
décrit  dans  plusieurs  «  Bons  jardiniers  »  d'une  manière  si  claire, 
qu'il  est  impossible  de  le  confondre  avec  une  autre  variété.  Le 
Bon  jardinier  pour  l'année  1817,  que  j'ai  sous  la  main,  s'exprime 
ainsi  à  propos  de  ce  chou  : 

«  Ce  chou  produit  dans  toute  sa  longueur  de  petits  choux  frisés, 
gros  comme  des  noix,  très  tendres,  dont  on  augmente  la  récolte 
en  coupant  à  mesure  ceux  qui  sont  bons  à  manger.  » 

Je  crois  que  voilà  qui  est  clair,  n'est-ce  pas? 

Pêches  américaines  —  H  y  a  quelques  années  que  les  premières 
pêches  précoces  ont  fait  leur  apparition  en  Europe  ,  en  France 
notamment  ;  on  a  déjà  discuté  très  longuement  sur  l'adhérence  ou 
la  non-adhérence  de  la  chair  au  noyau,  ce  qui  prouve,  que  si  on 
n'a  pas  encore  tranché  la  question,  on  a  déjà  pas  mal  mangé  de 
pêches  Âmsden  et  autres  quelconques,  remarquables  par  leur  pré- 
cocité. Ceci  dit,  je  me  demande,  étant  donnée  la  rapidité  avec 
laquelle  un  semis  de  pêcher  peut  donner  ses  fruits,  pourquoi  les 
horticulteurs  français,  italiens,  espagnols  et  portugais  n'obtien- 
pas,  ou,  s'ils  obtiennent,  ne  mettent  pas  au  commerce  de  nouvelles 
variétés  du  même  ordre.  Toutes  les  nouvelles  sortes  de  pêches  pré- 


—  311  — 

coces  que  les  journaux  spéciaux  nous  annoncent  ont  des  noms  amé- 
ricains ou  anglais  qui  trahissent  leur  origine.  Les  Américains 
auraient-ils  un  secret,  ou  les  horticulteurs  de  l'ancien  continent 
n'auraient-ils  pas  de  chance  ?  Je  pose  la  question,  mais  je  ne  mo 
charge  pas  de  la  résoudre.  Quoiqu'il  en  soit,  parmi  les  deux  dou- 
zaines au  moins  de  pêches  précoces  qu'on  signale  à  l'horizon,  il  n'y 
a  que  des  gains  américains. 

Prix  proposés  par  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  natio- 
nale.—  M.  Ed.  Becquerel,  président  de  la  Société  d'encourage- 
ment pour  l'industrie  nationale,  nous  fait  parvenir  le  programme 
des  prix  que  la  Société  décernera,  "s'il  y  a  lieu,  en  1886. 

Nous  reproduisons  la  partie  de  ce  programme  concernant 
V Agriculture  : 

Prix  de  2,000  francs  pour  la  meilleure  étude  sur  l'agrioulture  et 
l'économie  rurale  d'une  province  ou  d'un  département 2.000 

Prix  de  3,000  francs  pour  la  découverte  de  procédés  perfectionnés 
de  transmission,  à  distance,  de  la  force  motrice  à  des  machines 
d'agriculture 3.000 

Prix  de  2,000  fr.  pour  la  découverte  d'un  moyen  facile  et  expé- 
ditif  de  reconnaître  les  falsifications  du  beurre 2.000 

Prix  de  2,000  francs  pour  la  découverte  d'un  moyen  de  détruire 
le  peroBospora  de  la  vigne 2.000 

Prix  de  1,000  francs  pour  le  meilleur  procédé  à  employer  pour  la 
destruction  des  courtillères  ou  des  hannetons 1.000 

Prix  de  1,000  francs  pour  la  découvertd  d'an  moyen  facile  et 
expéditif  de  reconnaître  les  falsifications  de  l'huile  d'olive   ....       1.000 

Prix  de  1,000  francs  pour  la  découverte  d'un  moyen  facile  et 
expéditif  de  reconnaître  les  falsifications  des  huiles  autres  que 
l'huile  d'olive 1.000 

Prix  de  1,000  francs  pour  l'emploi,  au  boisement  des  terrains 
pauvres  et  arides,  d'une  essence  d'arbres  peu  utilisée,  et  dont  les 
produits  soient  au  moins  aussi  avantageux  que  ceux  des  essences 
forestières  employées 1.000 

Prix  de  1,000  francs  pour  la  mise  en  valeur  des  terres  incultes, 
par  l'emploi  d'arbres  fruitiers  dont  les  produits  soient  utilisés  direc- 
tement dans  l'alimeatation  de  l'homme 1.000 

Prix  de  2,000  francs  pour  la  meilleure  étude  sur  les  cultures  et 
le  climat  de  l'Algérie  et  sur  les  conditions  qu'offre  ce  pays  pour  la 
colonisation,  de  façon  à  fournir  des  renseignements  utiles  aux  agri- 
culteurs qui  iraient  s'y  établir  en  vue  d'une  entreprise  agricole  .   .       2.000 

Révision  du  genre  Pivoine.  —  Le  Garduers' chronicle  a  publié  une 
révision  du  genre  Pivoine  qui  me  semble  bien  singulière.  M.  J.-G. 
Baker,  qui  en  est  l'auteur,  a  adopté  pour  les  besoins  de  la  cause, 
une  classification  absolument  arbitraire  qui  n'est  pas  faite  malgré 
cela  pour  jeter  beaucoup  de  clarté  dans  ce  genre  dont  les  espèces 
sont  souvent  si  voisines. 

Si  M.  J.-G.  Baker  a  pensé  qu'en  simplifiant  la  classification 
des  Pivoines  il  la  rendrait  plus  facile,  à  mon  avis,  il  s'est  simple- 


—  312  — 

ment  trompé.  Du  reste,  il  en  est  du  genre  Pivoine  cotarae  de  pres- 
que tous  les  autres,  avant  d'en  faire  la  synthèse,  il  conviendrait 
d'en  faire  l'analyse.  En  botanique  on  ne  doit  rien  inventer  ;  les 
conceptions  les  plus  hardies  ne  valent  pas  la  simple  constatation 
d'un  fait. 

Par  exemple,  quand  notre  auteur  décrit  les  P.  obovala  et  albi- 
flora,  il  se  complaît  à  comparer,  comme  grandeur,  les  pétales  de 
ces  deux  plantes  à  ceux  du  P.  ofjlcinalis.  Cela  me  rend...  rêveur, 
si  je  montrais  à  M.  Baker  toute  une  série  de  formes  de  P.  offîœialis 
dont  les  fleurs  varient  de  grandeur,  me  serait-il  permis  de  lui 
demander  à  laquelle  de  ces  formes  il  faut  comparer  les  fleurs  des 
plantes  sus-nommées. 

La  vérité  est  que  l'on  ne  connaît  pas  les  formes  sauvages  de  la 
plupart  des  Pivoines  décrites  dans  les  ouvrages,  pas  plus  qu'on  ne 
connaît  celles  des  plantes  les  plus  communes.  Ceci  est  tellement 
vrai  que,  dans  une  des  dernières  assemblées  de  la  Société  botanique 
de  Lyon,  j'ai  pu  montrer  six  descriptions  fort  différentes  de  l'Armoise 
vulgaire.  Ces  descriptions  faites  par  nos  meilleurs  Aoristes  ne 
concordaient  nullement  entre  elles  et  très  peu  avec  quelques  formes 
d'armoise  que  je  présentai.  Revenons  à  la  classification  de 
M.  Baker.  D'abord  le  genre  est  divisé  en  deux  sous  genres  ;  Espè- 
ces arbustives  et  espèces  herbacées.  Les  espèces  herbacées  sont 
subdivisées  en  trois  groupes,  savoir:  1°  Follicules  glabres  ;  2°  Fol- 
licules tomenteux  érigés  ou  faiblement  étalés  ;  3"  Follicules  tomen- 
teux  étalés  en  étoiles  lorsqu'ils  sont  mûrs.  Ces  groupes  ont  un  tout 
petit  défaut  :  celui  d'éloigner  les  variétés  des  espèces,  car  dans  ce 
qu'on  est  convenu  d'appeler  espèce  il  y  a  des  variétés  à  follicules 
glabres,  quand  l'espèce  les  a  velus.  Pour  parer  à  cet  inconvénient, 
l'auteur  a  érigé  les  variétés  qui  le  gênaient  au  rang  d'espèces  et 
rompu  les  affinités  naturelles.  Quand  les  variétés  ne  dérangent  pas 
la  classification,  l'auteur  les  conserve  comme  variétés.  Ce  n'est  pas 
ainsi  que  l'on  devrait  procéder. 

affinité  spécifique  entre  le  sujet  et  la  greffe.  —  Il  suffit  très  souvent 
qu'une  erreur  ait  été  commise  une  première  fois  par  un  auteur  en 
renom  pour  que  —  en  vrais  moutons  de  Panurge  —  la  même 
erreur  continue  à  être  imprimée  par  plusieurs  générations  d'écri- 
vains. En  botanique  —  pour  cette  science  la  dose  est  forte  —  je 
pourrais  citer  des  multitudes  de  descriptions  ridicules  que  les  auteurs 
se  sont  «  chipées  »  à  tour  de  rôle  sans  prendre  la  peine  de  cacher 
leurs  larcins.  En  horticulture  les  auteurs  étant  généralement  prati- 
ciens, ont  un  fond  de  connaissances  qui  les  met  en  garde  contre 
cette  funeste  habitude,  qui  consiste  à  faire  des  livres  avec  d'au- 
tres livres.  Cependant  comme  l'homme  n'est  pas  universel,  il  arrive 


—  313  — 

à  l'horticulteur,  pour  certains  chapitres,  d'aller  aux  renseignements 
chez  le  voisin  qui  lui  montre  Copenhague  sur  le  Danube  ou  Mos- 
cou sur  la  Neva. 

C'est  ce  qui  arrive  presque  toujours  quand  quelqu'un  traite  de 
l'affinité  spécifique  entre  le  sujet  et  la  greffe.  Dernièrement  encore, 
j'ai  trouvé  la  phrase  suivante  dans  un  livre  récemment  édité  :  Ainsi, 
par  exemple,  le  gretfage  du  cerisier  de  Ste-Lucie  Cerasus  Mahaleb 
ne  réussit  sur  aucune  espèce  de  cerisier,  »  Eh!  bien,  cette 
affirmation  constitue  une  erreur  manifeste.  Si  on  avait  inlérà  à 
greffer  le  cerisier  en  question,  il  y  a  de  beaux  jours  que  tout  le 
monde  saurait  que  la  greffe  en  est  possible .  La  preuve  de  ce  que 
j'avance,  je  la  ferai  quand  on  voudra.  Il  me  suffira  de  montrer  des 
cerisiers  de  St-Lucie  greffés  et  vivant  sur  cerisier  des  oiseaux 
depuis  10  ans. 

Informations.  —  Les  personnes  qui  auraient  l'intention  de  pren- 
dre part  à  l'Exposition  rurale  internationale  qui  se  tiendra  à  Buenos- 
Ayres  (République  argentine),  du  25  avril  au  24  mai  1886,  sont 
informés  que  les  demandes  d'emplacement  doivent  être  transmises 
à  la  gérance  de  la  Société  rurale  argentine,  deux  mois  avant  le 
jour  fixé  pour  l'ouverture  de  l'exposition,  s'il  s'agit  de  produits 
nationaux,  et  six  mois  à  l'avance,  s'il  s'agit  de  produits  étrangers. 

On  trouvera  au  ministère  de  l'agriculture  (bureau  des  encoura- 
gements à  l'agriculture),  78,  rue  de  Varenne,  le  règlement,  le 
programme  et  les  formules  d'admission  concernant  cette  exposition. 

—  M.  Van  Huile  recommande,  dans  une  note  publiée  dans  la 
Bévue  d'Iiorticullure  belge,  d'écrire  les  étiquettes  en  commençant  du 
côté  opposé  à  la  pointe,  parce  que,  dit-il  avec  raison,  si  une  partie 
du  nom  vient  à  s'effacer  en  l'enfonçant  dans  la  terre,  il  vaut  mieux 
que  ce  soit  la  terminaison  que  le  commencement.  Avec  le  commen- 
cement d'un  nom,  il  est  facile  de  le  reconstruire  en  entier;  la  chose 
est  presque  impossible  avec  la  seule  terminaison.  Ceci  est  un  avis 
aux  jardiniers  qui  attendent  trop  longtemps  pour  refaire  leurs 
étiquettes. 

—  L'Espagne  vient  d'entrouvrir  ses  frontières  aux  produits  hor- 
ticoles, autres  que  la  vigne,  provenant  de  pays  non  phylloxérés. 
L'autorisation  d'expédier  des  plantes  en  Espagne  est  subordonné  : 

P  A  la  production  d'un  certificat,  visé  par  le  consul  d'Espagne, 
attestant  qu'il  n'existe  pas  de  phylloxéra  dans  la  région  d'où  les 
envois  sont  originaires  ; 

2°  De  la  preuve  que  les  tonneaux  ou  colis  contenant  les  dites 
plantes,  arbres  ou  arbustes,  lorsqu'ils  ont  traversé  un  autre  pays, 
n'y  ont  pas  été  ouverts  ; 


—  314  — 

3°  L'importation  des  plantes  sèches,  semences,  fleurs  coupées, 
fruits,  bulbes,  tubercules  est  autorisée,  quand  ces  derniers  sont 
convenablement  emballés. 

Nécrologie.  —  Au  moment  de  mettre  sous  presse  nous  appre- 
nons une  douloureuse  nouvelle  :  Un  de  nos  horticulteurs  les  plus 
distingués,  M.  Joseph  Schwartz,  rosiériste,  chevalier  du  Mérite- 
Agricole,  membre  de  l'Association  horticole  Lyonnaise,  de  la 
Société  d'horticulture  du  Rhône,  de  la  Société  Botanique  et  de 
la  Société  Linnéenne  de  Lyon,  est  décédé  dimanche  11  octobre 
courant.  M.  Schvcartz  était  parmi  nos  rosiéristes  un  de  ceux  qui 
ont  le  plus  contribué  à  développer  la  culture  du  genre  rosier  dans 
le  Lyonnais. 

Doué  d'une  activité  étonnante,  il  n'épargnait  ni  le  temps  ni 
l'argent  pour  augmenter  ses  collections  et  étendre  ses  relations 
commerciales.  Nous  nous  faisons  un  devoir  d'adresser  à  sa  famille 
nos  sentiments  de  condoléance.  V.  V.-M. 


ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 

Concours  spécial  des  Chrysanthèmes  les  14  et  15  novembre  1885 

Conformément  à  la  décision  prise  dans  son  assemblée  générale  du 
21  mars  dernier,  l'Association  horticole  lyonnaise  organise  à  Lyon  un  Con- 
cours de  Chrysanthèmes. 

Le  Concours  aura  lieu  au  Palais  du  Commerce,  Salle  des  Réunions  Indus- 
trielles, lieu  habituel  des  Séances  de  l'Association,  les  14  et  15  novembre 
1885. 

Le  Concours  est  spécial  aux  Chrysanthèmes   présentés  en  fleu  rs  coupées. 

^installation  des  lots  sera  faite  par  les  concourrants  ou  leurs  représentants  ; 
elle  devra  être  terminée  le  samedi  14  novembre  avant  10  heures  du  matin. 

Les  demandes  devront  être  parvenues  au  secrétariat,  cours  Lafayette,  61, 
Villeurbanne-Lyon,  avant  le  1"  novembre  1885. 

Le  public  sera  admis  gratuitement  à  visiter  le  concours  le  samedi  14,  de 
midi  à  4  heures  du  soir,  et  Je  dimanche  15,  de  9  heures  du  matin  à  4  heures 
du  soir. 

Un  jury  composé  de  6  horticulteurs  ou  amateurs,  jugera  les  lots  exposés. 
Les  membres  de  ce  jury  pourront  exposer  mais  non  concourir. 

Le  jury  entrera  en  fonction  le  samedi  14  novembre,  à  10  heures  du 
matin. 

Les  décisions  du  jury  seront  communiquées  à  tous  les  journaux  quotidiens 
de  Lyon  et  la  Commission  d'organisation  du  Concours  fera  placer  sur  les  lots 
un  carton  indiquant  la  récompense  obtenue,  ainsi  que  le  nom  et  l'adresse  de 
l'exposant. 

Les  variétés  devront  être  correctement  étiquetées  ;  chaque  variété  sera 
au  maximum  représentée  par  trois  tiges  coupées. 

Les  récompenses  obtenues  seront  décernées  dans  la  séance  de  décembre 
1885. 

La  Commission  fera  disposer  les  lots  suivant  ses  vues  pour  l'ornementa- 
tioo  de  la  salle. 


—  315  — 


Concours 


1»  Pour  une  ou  plusieurs  variétés  obtenues  par  l'exposant  et  n'étant  pas 
dans  le  commerce  :  1"  Prix,  médaille  d'argent  grand  module.  —  2"  Prix, 
méd.  d'argent.  —  3«  Prix,  méd.  de  bronze. 

2°  Collection  des  25  plus  belles  variétés  obtenues  et  mises  au  commerce 
parl'txposant  :  1"  Prix,  grande  médaille  d'argent.  —  2«  Prix,  méd.  d'ar- 
gent. —  3°  Prix,  méd.  de  bronze. 

3°  Pour  la  plus  belle  collection  de  200  variétés  comprenant  tous  les  gen- 
res :  1''  Prix,  méd.  de  vermeil.  — 2'  Prix,  méd.  d'argent  grand  module.  — 
3'  Prix,  méd.  d'argent. 

4°  Pour  la  plus  belle  collection  de  100  variétés  comprenant  tous  les  gen- 
res :  1«'  Prix,  médaille  d'argent  grand  module.  —  2"  Prix,  œôd.  d'argent. 
—  3«  Prix,  méd.  de  bronze. 

5»  Pour  la  plus  belle  collection  de  50  variétés  de  la  série  japonaise  : 
l"  Prix,  méd.  d'argent  grand  module.  —  2'  Prix,  méd.  d'argent.  —  3"  Prix, 
méd.  de  bronze. 

6°  Pour  les  25  plus  belles  variétés,  médaille  de  bronze. 


Plantes   naines. 


1/a  plupart  des  Species,  des  Flores,  des  Horlus,  présentent  des 
variétés  qualifiées  naines.  Il  y  a  des  Rosiers  nains,  des  Mûriers 
nains,  des  Pommiers  nains,  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  tous 
les  végétaux  ainsi  désignés  méritent  cette  qualification.  Plusieurs 
d'entre  eux  ne  doivent  leur  apparence  naine  qu'à  un  défaut  de 
nourriture  passager,  d'autres  qu'à  certaines  opérations  do  jar- 
dinage. 

On  livre  souvent  au  commerce  des  marcottes,  des  boutures,  des 
plantes  mutilées  qui  restent  quelque  temps  avec  une  taille  fort 
petite,  mais  qui,  soumises  à  une  culture  même  ordinaire,  ne  tardent 
pas  à  acquérir  leurs  dimensions  habituelles. 

On  cultive,  en  Chine,  dans  les  palais  des  grands  seigneurs,  des 
arbres  nains,  tels  que  des  Pins,  des  Orangers,  des  Chênes  qui 
portent  des  fleurs  et  des  fruits  comme  les  arbres  ordinaires.  Ces 
prétendus  nains  n'atteignent  pas  plus  de  deux  pieds  de  hauteur. 

Le  vrai  nanisme  est  cet  état,  plus  ou  moins  permanent,  d'un 
végétal  dont  toutes  les  parties  offrent  une  diminution  générale  de 
volume  ou  une  taille  au-dessous  de  son  âge. 

Les  agents  extérieurs  influent  plus  puissamment  sur  les  plantes 
que  sur  les  animaux.  Cette  influence  peut  quelquefois  prolonger 
l'existence  de  certains  états  tératologiques  ;  mais,  dans  d'autres 
cas,  elle  s'oppose  à  ce  qu'ils  deviennent  permanents.  Comme  les 
végétaux  n'ont  pas  de  terme  à  leur  croissance,  et  que  nous  ne 
pouvons  juger  de  leur  nanisme  qu'en  comparant  les  individus 
supposés  nains  avec  d'autres  individus  du  même  âge  développés 
normalement,  il  suit  de  là  que  le  nanisme  végétal  se  réduit  à  une 
sorte  d'accroissement  tardif  avec  plus  ou  moins  de  permanence. 


—  316  — 

Dans  la  plupart  des  ouvrages,  on  désigne  sous  le  nom  de  nanus 
tout  végétal  affecté  de  nanisme;  on  se  sert  aussi  des  adjectifs  minor, 
minulus,  minimus,  parvus,  parviilus,  pumilus,  piisillus  et  pycjmœus. 

Ces  différentes  expressions  sont  quelquefois  employées  pour  les 
dénominations  spécifiques  de  certaines  plantes  normalement  carac- 
térisées par  une  taille  fort  petite  ;  de  manière  que  le  même  mot 
peut  iudiquer  tantôt  un  état  de  nanisme,  tantôt  un  état  habituel 
suivant  qu'il  est  employé  pour  un  nom  de  variété  ou  pour  un  nom 
d'espèce. 

Le  manque  d'humidité  ou  le  défaut  de  nourriture  arrêtent  l'ac- 
.croissement  des  végétaux  et  sont  des  causes  de  nanisme.  Les 
plantes  qui  en  éprouvent  les  effets  semblent  subir  avant  l'âge  les 
infirmités  de  la  vieillesse. 

Adanson  cite  des  Soucis  développés  dans  un  terrain  glaiseux  ou 
sablonneux  qui  n'offraient  que  13  milimètres  de  hauteur.  Il  a  vu 
des  rabougrissements  analogues  dans  la  Camomille  vulgaire  et  le 
Lcucantliemum  vuUjarc.  Le  Plantain  à  grandes  feuilles  ÇPlanlago 
major')  devient,  dans  quelques  circonstances,  si  exigu  dans  toutes 
ses  proportions,  qu'on  peut  le  regarder  comme  une  véritable 
miniature  de  l'espèce.  La  différence  de  taille  est  si  prononcée  que 
plusieurs  botanistes  n'ont  pas  hésité  à  faire  de  cette  variété  naine 
une  espèce  séparée.  Linné  a  vu  cette  même  espèce,  en  Laponie, 
s'élever  dans  un  bon  sol  à  la  hauteur  d'un  homme,  et  avoir  à  peine 
la  moitié  de  la  longueur  de  l'ongle  dans  un  terrain  stérile. 

Les  plantes  à  station  très  haute  sont,  en  général,  fort  petites. 
On  rencontre  fréquemment  des  variétés  naines  sur  les  Alpes,  les 
Pyrénées,  et  sur  d'autres  montagnes,  qui  ne  doivent  leurs  propor- 
tions exiguës  qu'à  leur  genre  de  station. 

Bonnet  et  Senebier  ont  obtenu  des  pieds  de  Haricots  nains  en 
privant  ces  plantes  d'une  partie  de  leurs  cotylédons,  après  l'appa- 
rition des  premiers  actes  de  la  germination.  Dans  cette  opération, 
ils  avaient  soin  de  mastiquer  la  blessure  pour  la  protéger  contre 
l'humidité. 

Si  on  supprime  les  cotylédons  avant  que  la  semence  ait  reçu  la 
première  impulsion,  le  germe  ne  se  développera  pas;  mais  si  la 
graine  reste  quelques  jours  dans  l'eau,  et  si  elle  commence  à  se 
gonfler,  on  peut  alors  amputer  les  cotylédons  sans  arrêter  les 
jeunes  pousses.  On  a  remarqué  que  les  proportions  du  végétal  sont 
d'autant  plus  réduites  que  l'on  a  retranché  une  plus  grande  partie 
de  ces  organes.  Bonnet  a  fait  cette  expérience  sur  un  Chêne  qui  a 
vécu  pendant  plusieurs  années  singulièrement  petit. 

Moquin-Tandon. 


—  317   — 
Les  Aconits. 

«  Né  du  venin  subtil  que  le  chien  des  enfers 
Vomit  de  sou  gosier  écumant  dans  les  fers, 
Sous  la  voût.'  d'un  roc,  ténébreuse  cavern'; 
S'enfonce  un  chemin  creux,  descente  de  l'Averne, 
Oii  de  la  nuit  profonde,  Hercule,  de  retour, 
Traîna  l'affreux  Cerbère  à  la  clarté  du  jour. 
Sa  triple  tète,  en  vain  rejetée  en  arrière, 
Du  soleil  odieux  repoussa  la  lumière; 
Un  hurlement  sauvage  épouvanta  les  airs; 
Une  écume  de  rage  infec'a  ces  déserts, 
Et  du  s  c  infernal  de  ce  venin  livide 
Germa  de  l'aconit  la  semence  homicide.  » 

(De  Saint-Ange,  trad.  des  Métamorphoses.) 

Ce  n'est  pas  plus  difficile  que  ça  :  Hercule  étrangle  un  affreux 
caniche  du  nom  de  Cerbère  et  v'ian,  ça  y  est,  voilà  l'Aconit  de  ce 
monde.  C'est  un  moyen  comme  un  autre  pour  expliquer  la  création, 
une  sorte  de  transformisme  précédant  l'autre. 

Ces  poètes  n'en  font  jamais  d'autres.  D'après  eux,  V  Aconit  était 
le  principal  ingrédient  des  poisons  préparés  par  Médée.  C'est  dans 
le  suc  de  cette  plante  que  les  Gaulois  et  les  Germains  trempèrent 
leurs  flèches  pour  les  empoisonner. 

Mais  d'abord,  qu'est-ce  que  l'Aconit?  Si  on  s'en  rapporte  aux 
commentateurs  de  Théophraste,  de  Dioscoride  et  de  Pline,  l'esprit 
le  plus  subtil  est  bien  empêché  de  résoudre  la  question.  Ces  vieux 
patriarches  commencent  â  se  chicaner  sur  l'étymologie  du  nom 
Pline  dit  ({\x  AconUum  vient  du  mot  grec  Jcona  qui  signifie  :  rochers 
nuds.  C'est  une  allusion  à  l'habitat  de  la  plante  ;  Théophraste  pease 
q\i' Aconit  vient  du  lieu  nommé  Jcon  où  il  croît  en  abondance,  et 
plusieurs  autres  auteurs  donnent  des  explications  différentes.  Ne 
connaissant  pas  exactement  l'origine  du  mot  Jconil,  les  anciens  ne 
paraissent  pas  non  plus  d'accord  sur  la  plante  à  laquelle  on  doit 
appliquer  ce  nom.  La  vérité  est  que  le  nom  à' Jconil  a  été  commun 
à  plusieurs  plantes  toxiques.  C'est  ainsi  que  l'Herbe  aux  panthères 
actuellement  connue  sous  le  nom  de  Porunicnm  Pardalianchcs,  était 
un  Aconit  quoique  appartenant  à  la  famille  des  composées,  le 
Ranunculus  Thora  était  dans  le  même  cas,  ainsi  que  l'Eranthis 
hyemahs  et  p'usieurs  autres  espèces  de  Renonculacées. 

Les  plantes  actuellement  connues  sous  le  nom  d'Aconitum  sont 
caractérisées  par  un  calice  à  5  sépales  pétaloïdes  ;  le  supérieur 
en  casque  recouvrant  la  corolle.  Celle-ci  a  5  pétales  très  irréguliers, 
les  deux  supérieurs  à  onglet  allongé  et  disposé  en  cornet  éperonné 
au  sommet,  les  trois  inférieurs  petits  et  souvent  nuls.  Capsules  3-5 
(follicules)  dressées. 

Les  Aconits  habitent  l'Europe,  la  Sibérie,  le  Japon,  l'Amérique 
septentrionale,  principalement  dans  les  bois  et  près  des  montagnes 
élevées. 


818 


Les  espèces  qui  croissent  en  France  sont  au  nombre  de  quatre, 
savoir  :  Jconilum  Jnlhora  L.  (fig.  2)  ;  ^.  paniculalum  (fig.  1);  J. 
Napellus  [ûg.  3),  et  V Aconilum  tijcolonum  L.  Deux  de  ces  Aconits 
ont  la  tleur  jaune,  ce  sont  les  J.  Jnlhora  et  bjcoclonum;  les  deux 
autres  ont  la  fleur  bleue. 

Les  Aconits  sont  des  plantes  très  ornementales  que  l'on  trouve 
peu  dans  les  jardins  —  sauf  le  Napellus  qui  est  cultivé  dans  beau- 
coup d'endroits  — ,  et  c'est  un  tort,  car  ce  sont  de  fort  belles  plantes 
vivaces  très  rustiques.  Doivent-elles  l'oubli  dans  lequel  on  les  tient 
à  leurs  propriétés  toxiques?  mais,  dans  ce  cas,  il  faudrait  aussi 
détruire  l'Hellébore  noir,  plusieurs  Solanées,  des  Euphorbes  et  tant 
d'autres  plantes  cultivées  que  personne  ne  craint,  malgré  des  qua- 
lités analogues. 

On  multiplie  les  Aconits  par  semis  —  la  graine  doit  être  semée 
en  septembre  ;  elle  lève  en  mars  —  et  par  la  division  des  souches. 

Les  Aconits  jouent  un  très  grand  rôle  dans  la  thérapeutique 
moderne.  D'  Liroux. 


—  319  — 
Exposition   d'horticulture   à  Mâcon    (Saône-et-Loire). 

Ayant  eu  l'honneur  d'être  délégué  par  l'Association  horticole  lyonnaise 
pour  faire  partie  du  jury  chargé  d'attribuer  les  récompenses  aux  exposants 
de  l'Exposition  organisée  par  la  Société  d'hortieulture  de  Màcon,  je  viens, 
Messieurs,  vous  rendre  compte  de  la  tâche  que  vous  m'avez  confiée. 

L'exposition  a  été  t^nue  â  Màcon  du  3  au  7  septembre  dernier  ;  I9  Jury  ■ 
était  ainsi  composé  :  MM.  Cliovelot,  de  Besançon,  président  :  Chambrette. 
de  Chàlon,  secrétaire;  Moyret,  de  Bourg;  Hautin,  de  Villefrancha  ;  Gui- 
chard,  de  Lyon  ;  Desportes,  de  Tarare  ;  Blonde-Stéphen,  de  Dijon,  et  votre 
serviteur.  Le  programme  de  l'Exposition  était  divisé  en  quatre  sections  et 
36  concours. 

La  première  section  :  Culture  maraîchère  était  repré^nntée  par  des  lots 
fort  beaux  et  dignes  d'être  signalés  soit  à  cause  de  la  beauté  des  légumes 
qui  les  composaient,  soit  à  cause  du  bon  choix  des  variétés.  D»hs  ce  con- 
cours MM.  Chardigny,  jardinier  à  l'Asile  départemental,  et  Groselier,  jardi- 
nier à  Fiacé  près  Màcon,  obtiennent  chacun  une  méiaille  de  vermeil  qu'ils 
ont  certes  bien  méritée.  M.  Martin,  horticulteur  à  Vindecy,  montrait  une 
collection  de  pommes  de  terre  composée  des  plus  productives  et  des  meil- 
leures variétés.  L'excellent  choix  fait  par  M.  Martin  montre  qu'il  s'entend 
dans  la  culture  de  ce  précieux  tubercule.  Le  même  exposant  montrait  égale- 
ment deux  pommes  de  terre  et  deux  melons  nouveaux,  qu'il  a  obtenus  de 
semis.  Une  médaille  d'argent  et  une  médaille  de  bronze  récompense  cet 
exposant. 

Les  collections  de  fruits  méritent  une  mention  particulière:    M.  Gagnin, 
jardinier-chef  à  l'école  de  Cluny,  enlève  aisément  la  médaille  d'or  avec  une 
collection   de  128  variétés  de  poires,   45  pommes,    15  prunes,   53  raisins  et 
autres  fruits  de  la  saison. 

M.  Plumet,  horticulteur  à  Màcon,  présentait  96  variétés  d'excellentes 
poires  ;  son  lot  est  récompensé  d'une  médaille  d'argent. 

Chacun  s'arrêtait  devant  le  lot  de  225  variétés  de  raisins  de  table  ou  de 
cuve,  exposés  par  M.  Lapray,  horticulteur  à  Mâcon.  Cette  bel!e  et  nom- 
breuse collection  lui  vaut  une  grande  médaille  d'argent.  M.  Delhomme, 
de  St-Martin-des-Vignes,  obtient  une  médaille  d'argent  pour  une  collection 
moins  nombreuse  que  la  précédente. 

Dans  le  même  genre,  M.  Charmocd,  horticulteur  à  St-Clément,  présente 
des  pieds  de  vignes  greffées  en  plants  français  sur  plants  américains,  ainsi 
que  des  producteurs  directs.  Sa  belle  exposition  lui  vaut  une  médaille  d'or 
grand  module.  M.  Lapray  déjà  cité  gagne  aisément  une  médaille  de  vermeil 
avec  sa  collection  de  vignes  américainea, 

M.  Giraud,  horticulteur  à  Màcon,  expose  un  fort  joli  lot  d'arbres  fruitiers 
qui  lui  valent  une  récompense. 

M.  Plumet  exposait  on  très  beau  lot  d'arbustes  à  feuilles  persistantes  ou 
caduques  avec  lequel  il  gagne  aisément  une  médaille  de  vermeil.  Nous  retrou- 
vons le  même  exposant  obtenant  diverses  médailles  avec  les  lots  suivants  : 
Plantes  de  serre  froide,  plantes  de  serre  chaude.  Pétunias  simples  et  dou- 
bles, plantes  de  marché,  Pélaigoniums  zonales,  collection  de  Dahlias,  Ficus, 
bouquets  et  couronnes. 

M.  Lemonon  est  avec  l'exposant  précédemment  nommé  celui  des  horticul- 
teurs maçonnais  qui  a  le  plus  contribué  au  succès  de  l'exposition.  Il  enlève 
une  grande  médaille  de  vermeil  avec  un  lot  do  plantes  deserre  bien  choisies 
et  encore  mieux  cultivées,  parmi  lesquelles  nous  notons  des  Crotons,  des 
Anthwiums,  des  Arbucarias,  des  Fougères. 

M.  LemoDon  exposait  encore  :  Bouvardia,  Héliotropes,  Bégonias  bulbeux. 
Pétunias,  Caladium^,  Coleus,  Bégonias,  Fuchsias  pour  lesquels  il  obtient  des 
médailles.  Son  joli  lot  de  bouquet  lui  vaut  un  premier  prix  ex-œquo  avec 
M.  Plumet.    Dans  ce  concours,   M.  Giraud  obtient   une   médaille  d'argent. 


—  320  — 


M.  Chardigny,  déjà  cité  pour  ses  baaux  légumes  exposait  aussi  de  fort 
belles  Célosies  crôte-de-coq  avec  lesquelles  il  obtient  une  médaille  de 
bronze. 

M.  Prosper  Degressis,  horticulteur  à  St-Cjr.  prés  Chalon-sur-Saône,  gagne 
une  grande  médaille  de  vermeil  avec  un  lot  de  roses  en  fleurs  coupées  com- 
posé des  plus  belles  variétés. 

M.  Martin  qui  expose  des  Dahlias  obtient  pour  son  lot  une  médaille  de 
bronze. 

Comme  toujours,  les  objets  d'art  sont  nombreux  aux  exposition^,  chacun 
sachant  bien  de  quoi  il  s'agit,  je  me  bornerai  à  signaler  les  plans  de  iardins 
de  MM.  Luizet,  d'Enullj,  et  Derussj,  de  Màaon.  Un  nouveau  chauffage  — 
que  l'on  dit  très  économique  —  inventé  par  M.  Dulenon,  chaudronnier  à 
Mâcon,  demande  à  être  mentionné. 

Les  membres  du  Jury  ont  accordé  à  M.  Derussy.  architecte-paysagiste  à 
Mâcon,  un  diplôme  d'honneur  pour  le  plan  et  l'exécution  des  travaux  de  l'Ex- 
position. 

En  terminant  ce  compte-rendu,  je  vous  ferai  part  de  l'excellent  accueil 
que  MM.  les  membres  du  Jury  ont  reçu  depuis  leur  arrivée  jusqu'à  la  fin  de 
l'exposition  qui  a  été  suivie  d'un  banquet  fraternel  où  exposants  et  jurés 
ont  joyeusement  terminé  cette  gracieuse  fête. 

Le  rapporteur,  J.  Roux. 


Concour.'B  spéciaux.  —  Année  1885 

Horticulture  marchande 

1°  Etablissements  consacrés  aux  collections  florales 

Etablissement  de  M.  Hoste. — L'établissement  d'horticulture  de  M.  Hoste 
est  situé  à  Monplaisir-Lyon,  rue  des  Dahlias.  Notre  collègue,  cultivateur 
émérite  de  Dahlia»,  demeurant  précisément  dans  la  seule  rue  qui  porte  à 
Lyon,  et  peut  êcre  en  France,  le  nom  de  cette  fleur,  constituerait  une  coïnci- 
dence assez  singulière  si  on  ne  savait  pas  que  le  parrain  de  la  rue  susdite 
est  précisément  M.  Hoste. 

Quoiqu'il  en  soit  de  cette  remarque,  l'établissement  de  notre  collègue 
compte  parmi  les  genres  à  la  culture  desquels  il  s'adon  ne  d'une  manière  toute 
spéciale  le  genre  Dahlri,  qui  est  représenté  chez  lui  par  l'élite  des  plus  belles 
sortes  et  par  un  nombre  relativement  cDnsidérable  d'exemplaires,  les  uns  en 
pots,  les  autres  en  pleine  terre.  Je  ne  citerai  aucune  variété  dans  les  genres 
a  grandes  ou  à  petites  fleurs,  dans  la  crainte  d'oublier  les  plus  belles.  Je  me 
bornerai  à  une  brève  indication  relative  aux  variétés  à  fleurs  simples,  dont 
quelques-unes  sont  remarquables,  notamment  :  Et7io,  Victory,  Mistress, 
GoUring,  Cambridge,  Yelow,  Gracilis  per/ecta,  dont  les  caloris  varies  et  bien 
tranchés  ont  plus  particuliéremsnt  fixé  notre  attention. 

Les  Pélargoniuœs  zonales  à  fleurs  simples  et  à  fleurs  doubles,  ceux  à 
feuilles  bronzées  également  cultivés  en  collections,  nous  donnent  l'occasion 
d'observer  un  choix  très  judicieus  des  variétés  les  plus  belles  de  ce  genre  si 
éminemment  ornemental.  Nous  notons  quelques-unes  des  variétés  de  Pe/a?'- 
gonium  peltatum  (espèce  qui.  grâce  à  d'habiles  fécondations  artificielles,  a 
tout  à  coup  pris  une  place  très  importante  dans  les  jardins),  ce  sont  A/"^ 
Thibaut,  Alice  Crousse,  Jeanne  d'Arc,  La  Rosière,  M'^°  Boucharlat,  Hanoï, 
Emile  Lemoine,  etc. 

Le  genre  Héliotrope  n'étant  pas  très  généreux  dans  la  production  des 
variétés,  donne  quelquefois  des  améliorations  assez  importantes  :  Crépus- 
cule, Albert,  Délaux,  P.  Garfteld,  Firmament,  méritent,  sous  ce  rapport,  uns 
mention.  '  ■  • 


—  321  — 


Parmi  les  autres  genres  cultivés  en  collections  par  M.  Hoste,  il  faut  citer: 
Lantana,  Pentstemon.  Fuchsias,  Véroràque^.  Abu'.itons,  Verbena,  et  surtout 
Chrysanthème  qui  est  représenté  par  des  variétés  fort  nombreuses.  Dans  ce 
dernier  genre,  l'époque  de  notre  visite  ne  nous  a  pas  permis  de  juger  les 
variétés  tardives. 

Ce  qui  caractérise  d'une  manière  toute  particulière  l'établissement  de 
M.  Ho3te,  c'est  un  ordre  irréprochable  dans  la  tenue  des  collections,  les- 
quelles s'enrichi.ssent  chaque  année  des  variétés  nouvelles  et  évincent  les 
plantes  inférieures,  c'est  aussi  une  propreté  exceptionr  elle  qui  règne  dans 
tout  le  jardin.  Pour  ces  raisons,  la  Commission  accorde  un  premier  prix, 
médaille  d'or,  à  M.  Hoste.  Le  Rapporteur,  F.  Gaulain. 

Etablissement  de  M.  Liabaud.  —  L'établissement  de  M.  Liabaud,  qui  est 
situé  à  la  Croix-Rousse,  montée  de  la  BoucIp,  n°  4,  est  principalement 
organisé  pour  la  culture  des  plantes  d'ornement.  Le  jardin  qui  est  assez 
grand,  a  été  complanlé,  il  y  a  fort  longtemps,  d'arbres  à  fruits  dont  les  écor- 
ces  rugueuses  décèlent  l'âge  reppec'able.  En  entrant,  à  gauche,  se  trouvent- 
les  serres;  sous  des  arbres,  de  nombreux  et  très  forts  pieds  de  Camellias  qui, 
chaque  année,  donnent  des  multitudes  de  fleurs,  et  çà  et  là,  un  peu  de  tous 
les  genres  disséminésdans  le  voisinage  des  serres,  tels  que  :  Fuchsias,  Géra- 
niums, Lantanas,  Dahlias,  Cannas,  Bégonias  tubérer.x.  Agaves,  Cactées,  etc. 

Une  serre  à  multiplication  de  30  mètres  abrite  une  multitude  de  plantes 
précieuses  de  la  famille  des  Orchidées  ou  des  genres  :  Nepenthes,  Caladiums, 
Bégonias  Àntiturium,  Bromelia,  haranta  et  Palmiers  divers,  etc.  Notons 
encore  d'une  manière  spéciale,  dans  cette  serre,  quelques  plantes  peu 
communes,  telles  que  :  Wormsia  Burbid(jii,  Psychctria  leucocephala,  Licuala 
grandis,  etc.  Cette  brève  énumération  vous  prouve  que  cette  serre  renferma 
des  raretés  capables  de  séduire  plus  d'un  amateur. 

Une  seconde  serre  un  peu  plus  élevée  est  garnie  de  sujets  plus  forts,  appar- 
tenant à  différents  genres  tels  que  Pandanus,  Palmiers  divers.  Fougères  en 
belles  espécs,  telles  que  :  Cibotium  regale  et  prince  ps,  Microlepia  hivta,  Gym- 
itogramwa  schizophyUa  var.  gloriosa.  Un  Coccoloba  a  des  feuilles  qui  ne 
mesurent  pas  moins  de  80  centimètres  de  diamètre. 

Une  troisième  serre  faisant  suite  à  la  précédente  est  garnie  de  forts 
échantillons  de  Chamœrops,  Latania,  Phœnix,  Dracœnaet  quantité  d'autres 
plantes  de  serre  froide.  Trois  autres  serres  servent  a  garantir  du  froid  pen- 
dant l'hiver  les  plantes  actuellement  dis»éminées  dans  le  jardin. 

On  trouve  encore  chez  M.  Liabaud  une  culture  de  rosiers,  et  surtout  de 
nombreux  semis  de  ce  beau  genre.  Les  succès  de  M.  Liabaud  comme  semeur 
de  rosiers  sont  assez  connus  pour  qu'il  soit  utile  d'insister  sur  ce  sujet. 

L'énumération  des  cultures  et  des  plantes  rares  que  nous  venons  de  vous 
faire,  démontre  que  M.  Liabaud  a  conservé  l'amour  des  belles  plantes  et  des 
espèces  rares. 

La  Commission  accorde  à  M.  Liabaud,  un  deuxième  prix,  médaille  de 
vermeil.  Le  rapporteur,  F.  Gatjlain. 


2*  Etablissements  de  pépiniéristes. 

E loblissemenl  de  M.  Jouteur.  —  L'établissement  d'horticulture  tenu  par 
M.  Jouteur,  horticulteur-pépiniériste  à  Fontaines-sur-Saône  (Rhône)  est 
divisé  on  plusieurs  sec'ions.  La  première  section  (située  sur  les  rives  enchan- 
tées de  la  Saône  qui  offrent  dans  cet  endroit  un  panorama  remarquable) 
comprend  des  cultures  d'arbres  de  diverses  sortes  et  quelques  spécimens  fort 
beaux  d'espèces  peu  cooamunes  telles  que  :  Abies  Akokiana,  Thuya  japonica 
nova  pendula,  etc.,  une  collection  des  plus  belles  conifères  rustiques  sous  nos 
climats  comprenant  environ  quatre-vingt  espèces  ou  variétés. 

Isolés  sur  le  gazon  d'une  charmante  pelouse  qui  égaie  l'entrée  de  l'établis- 
sement, nous  notons  :  Eulalia  japonica  zebrina,  plusieurs  beaux  Gynenum, 


—  322 


iiotamment  la  variété  connue  sous  le  nom  de  Roi  des  pourpres,  Sleditschia 
Budfotii,  bel  arbre  peu  commun  d'une  force  déjà  respectable  et  plusieurs 
autres  belles  plantes.  Ud  bassin  garni  de  plantes  aijuatiiiues  nous  donne 
l'occasion  d'admirer  les  meilleures  sortes  de  ce  genre  à  tort  un  peu  dédaigné 
des  cultivateurs.  Parmi  les  plantes  cultivées  par  M.  Jouteur  nous  mention- 
nerons des  Erables  et  des  Fusains  en  collection,  des  Bégonias  bulbeux  très 
beaux  et  bien  choisis,  des  Bégonias  à  feuillage  irréprochablement  cultivés, 
des  Ficus,  Dracœnas,  Fougères,  Gloxinias  garnissent  une  autre  serre.  Votre 
Commission  a  remarqué  dans  l'établissement  un  Pelargonium  zonale  de 
semis  très  florifère  et  très  trapu  qui  sera  très  probablement  une  excellente 
variété  à  planter  en  massif. 

M.  Jouteur  s'occupe  aussi  de  culture  de  vignes  américaines  et  autres  :  un 
mur  garni  de  vignes  françaises,  conduites  à  la  Thomerj,  chargées  de  nom- 
breux raisins  mérite  d'être  mentionné  av  ec  éloges. 

Dans  la  deuxi^me  section  de  l'établissement,  M.  Jouteur  possède  une  école 
de  poiriers  composée  d'environ  140  variétés,  plus  une  grande  quantité  de 
pêchers  plantés  pour  la  production  des  fruits  ;  la  plupart  de  ces  pêchers  sont 
des  variétés  précoces  telles  que  :  Amsden,  Alexander,  précoce  de  Haie,  etc. 

La  troisième  et  dernière  section  que  votre  Commission  a  visitée  est  une 
pépinière  complantée  d'arbres  d'alignement,  d'arbres  fruitiers  divers,  en 
parfait  état. 

Pour  la  bonne  tenue  de  l'établissement,  l'excellente  culture  des  arbres  et 
des  plantes,  ainsi  que  l'ordre  qui  règne  dans  les  collections,  la  Commission 
a  accordé  un  premier  prix,  médaille  d'or,  à  M.  Jouteur. 

Le  rapporteur,  P.  Pitaval. 

Etablissement  de  MM.  Poisard.  —  Les  cultures  de  MM.  Poisard  frères, 
horticulteurs-pépiniéristes,  à  Anse,  divisées  en  plusieurs  parcelles,  situées 
dans  le  voisinage  de  l'établissement  principal,  sont  toutes  parfaitement 
tenues  et  la  Commission  n'a  eu  que  des  félicitations  à  adresser  à  ces 
Messieurs,  non  seulement  pour  la  propreté  et  l'ordre  qui  rè2;i,eut  dans 
toutes  les  pépinières  qu'elle  a  visitées,  mais  encore  pour  la  bonne  vigueur 
de  la  plupart  des  sujets  cultivés. 

La  pépinière  située  près  de  la  gare  est  d'une  contenance  d'environ 
3,000  mètres  carrés  ;  elle  est  complantée  d'arbres  fruitiers  et  d'agrément,  à 
la  culture  desquels  il  n'y  a  que  des  éloges  à  adresser. 

Dans  la  pépinière  dite  de  St-Romain  se  trouvent  réunis  de  beaux  sujets 
de  conifères  variés,  des  arbres  et  arbustes  d'ornement,  deux  jolies  collec- 
tions de  Rosiers  et  de  Dalhias,  et  de  très  beaux  arbres  à  fruits.  La  superficie 
de  cette  parcelle  est  d'environ  2,500  mètres  carrés. 

Deux  autres  parcelles  d'environ  4,500  mètres  carrés  ont  encore  donné  à 
la  Commission  l'occasion  d'admirer  une  collection  d'arbres  fruitiers,  des 
quenouilles  soumises  depuis  longtemps  à  une  taille  qui  fait  honneur  aux 
connaissances  de  nos  deux  collègues,  et  de  nombreuses  plantes  vivaces. 
Une  serre  et  une  bâche  à  multiplication,  contenues  dans  cette  partie  de 
l'établissement,  servent  à  conserver  les  végétaux  frileux  ou  à  multiplier  les 
espèces  qui  demandent  un  abri  vitré  pour  prendre  racines. 

Dans  un  autre  genre,  MM.  Poisard  ont  pu  montrer  à  la  Commission  une 
culture  parfaite  de  vignes  gretfées  et  mises  en  pleine  terre  pour  être  livrées 
en  automne.  La  réussite  de  ces  grelfes  paraît  très  bonne,  mais  ainsi  que 
pour  M.  Grégoire  la  Commission  laissera  à  la  Société  de  viticulture 
le  soin  d'apprécier  cette  nouvelle  culture.  Nous  ne  saurions  trop  recom- 
mander aux  planteurs  cette  culture  de  vignes  greffées  et  cultivées  en  pleine 
terre,  avant  d'être  définitivement  mise  en  place.  La  Commission  a  accordé 
un  premier  prix,  médaille  d'or,   à  MM.  Poisard. 

Le  Rapporteur,  M.  Mbtral. 


—  323  — 

Etablissement  de  M.  Lapresle,  —  Le  7  août  dernier,  la  Commission  des 
visites  s'est  rendue  à  Chasselay  (Rhône)  pour  y  visiter  les  pépinières  de 
M.  Lapresle.  Son  établissement  se  compose  de  plusieurs  parcelles  de 
terrain  d'une  étendue  relativement  considérable  dont  la  plus  grande  partie 
est  complantée  en  pépinières.  La  fertilité  du  sol  de  Chasselay  permet  à 
M.  Lapresle  d'obtenir  assez  rapidement  de  jolis  arbres  bons  à  planter.  La 
Commission  a  surtout  remarqué  de  beaux  carrés  d'arbres  fruitiers  d'essences 
diverses,  particulièrement  des  Pommiers  sur  paradis  d'une  excellente 
venue,  des  Pommiers  tiges  dont  quelques-uns  greffés  en  variétés  à  cidre,  des 
Abricotiers  tiges  greffés  sur  la  variété  Reine  Claude  Massot  qui  parait  an 
bon  sDJet  pour  surgrefifer  et  obtenir  rapidement  des  scions  vigoureux  propres 
à  recevoir  l'écusson,  des  Pruniers  vigoureux,  des  Poiriers,  des  Cerisiers, 
et  enfin  de  la  plupart  des  arbres  à  ffuits  cultivés  dans  les  jardins.  A  l'entrée 
de  l'établissement,  sur  le  bord  de  la  route,  se  trouvent  des  Conifères  :  Abies, 
Pinus,  Juniperux,  etc.,  ainsi  qu'un  très  grand  carré  de  Rosiers  greffés  sur 
collet  d'églantiers  ou  hautes  tiges.  Ces  Rosiers  sont  représentés  par  la 
plupart  de  nos  plus  belles  variétés  de  jardins. 

En  dehors  des  arbres  à  fruits,  forestiers  ou  d'ornement,  M.  Lapresle 
cultive  également  les  vignes  américaines  et  franco-américaines.  La  Com- 
mission a  remarqué  avec  plaisir  qu'un  carré  de  vignes  plantées  depuis 
4  à  5  ans  en  gamay  du  Beaujolais  était  très  vigoureuse  et  chargée  de 
raisins.  Un  autre  carré  très  grand  de  vignes  françaises  greffées  sur  vignes 
américaines  mérite  des  éloges  pour  la  bonne  réussite  des  greffes.  Du  reste, 
les  différentes  cultures  de  M.  Lapresle  sont  assez  bien  traitées  et  la 
Commission  lui  accorde  un  2""  prix,  médaille  de  vermeil. 

Le  rapporteur,  Cl.  Jacquier. 


3*  Etablissements  consacrés  à  la  culture  des  plantes   de  marché. 

Etablissement  de  M,  Reverchon.  —  M.  Reverchon  est  le  seul  horticulteur 
s'occupant  spécialement  de  la  culture  des  plantes  démarché,  qui  ait  demandé 
à  prendre  part  à  ce  concours  institué  par  l'Association  horticole  lyonnaise  en 
faveur  de  cette  catégorie  de  praticiens.  Son  établissement  —  dont  il  est  la 
créateur  —  est  situé  au  Moulin-à-Vent  près  Lyon.  La  Commission  qui  s'y 
est  rendue  pour  le  visiter,  le  10  août  1885,  a  constaté  avec  une  vive  satis- 
faction que  non  seulement  sa  tenue  était  parfaite,  mais  que  les  plantes  qui 
étaient  cultivées  ne  laissaient  rien  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  culture. 
Parmi  les  principaux  genres  dignes  d'une  mention  spéciale,  soit  par  leur 
nombre,  soit  par  la  beauté  des  individus  qui  les  composent,  nous  devons 
citer  :  Aralia  Sieboldii,  Ficus  elastica,  Bowiardia,  oeillets  remontants  —  vrai- 
ment beaux  pour  la  saison  —  Reines-Marguerite  bien  variées,  etc.,  etc. 

L'attention  de  la  Commission  a  été  également  attirée  par  de  belles  lignes 
de  poiriers  plantées  par  M.  Reverchon.  Ces  poiriers  bien  variés  dont  la  plan- 
tation remonte  à  six  ou  sept  ans  ont  environ  trois  mètres  de  hauteur  et  sont 
conduits  en  pyramides. 

La  Commission,  pour  récompenser  la  bonne  culture  et  la  tenue  parfaite  de 
l'établissement  de  M.  Reverchon,  lui  accorde  un  deuxième  prix,  médaille  de 
vermeil.  Le  rapporteur,  Louis  Gorret. 

Visites  spéciales. 

Etablissement  de  M.  Grégoire.  —  M.  Grégoire  a  innové  une  culture  spéciale 
de  vignes  greffées  qui  lui  permet  d'obtenir  très  rapidement  la  soudure  du 
sujet  et  du  greffon.  Son  établissement,  situé  à  Villefranche  (Rhône),  a  été 
créé  pour  produire  en  très  grande  quantité  des  plants  français  greffés  sur 
vigne  américaine.  Ajoutons  que  M.  Grégoire  a  parfaitement  réussi  dans  son 
innovation. 


—  324  — 

L'établissement  se  compose  d'un  très  grand  hangar  dans  lequel  il  y  a  trois 
tables  à  greffer  et  autour  de  chacune  d'elles  peuvent  prendre  place  cinq  gref- 
feurs  y  compris  les  chefs  de  table  qui  veillent  à  la  bonne  exécution  des 
greffes.  Les  vignes  greffées  sont  mises  par  variétés  séparées  et  empilées 
avec  du  gable,  ce  qui  permet  de  conserver  frais  et  intacts  sujets  et  greffons 
pendant  cinq  ou  six  mois  de  l'année  et  par  conséquent  de  pouvoir  greffer 
pendant  un  pareil  laps  de  temps. 

Quand  l'époque  de  la  végétation  de  la  vigne  approche,  chaque  vigne  greffée 
est  mise  en  godet,  e'est-à-dire  rempotée  et  placée  sur  coucha  chaude  où  elle 
ne  tarde  pas  à  se  souder.  Un  très  grand  nombre  de  bâches  chauffées  au  sys- 
tème de  thermosiphon  économique  de  M.  Drevet  permet  de  recevoir  de  très 
nombreuses  vignes  greffées. 

La  culture  en  godet  faailite  la  plantation  des  vignes  à  toute  époque  de 
l'année  tout  en  favorisant  sa  réussite. 

Cette  nouvelle  organisation  fait  honneur  à  M.  Grégoire,  et  tout  en  laissant 
à  la  Société  de  viticulture  le  soin  d'apprécier  au  point  de  vue  viticole  les 
résultats  de  cette  culture,  la  Commission  désirant  encourager  les  innovations 
utiles,  propose  d'accorder  à  M.  Grégoire  une  médaille  d'or. 

Le   rapporteur.  B.  Métral. 


Visite  aux  cultures  de  Fraisiers  do  M.  P.  Valette,  à  Cbaponost 

(Rhône) 

Sur  la  demande  de  notre  collègue,  M.  P.  Valette,  une  Commission  était 
nommée  par  M.  le  Président  de  l'Association  horticole  lyonnaise  pour  visi- 
ter ses  cultures.  Cette  Commission,  composée  de  MM.  Jules  Chrétien,  Denis, 
Crozy,  Gaillard,  de  Brignais,  et  J.Nicolas,  se  rendait  le  17  juin  dans  sa 
propriété,  pour  faire  l'examen  demandé. 

Votre  Commission  m'ayantfait  l'honneur  de  me  désigner  comme  rappor- 
teur, je  viens.  Messieurs,  vous  rendre  compte  du  résultat  de  cette  visite,  je 
dois  d'abord  exprimer  un  regret,  c'est  que  ce  soin  n'ait  pas  été  confié  à  un 
membre  plus  compétent  que  moi,  surtout  en  ce  qui  concerce  ces  questions 
d'examen  de  culture. 

Votre  Commission  a  trouvé  une  propriété  tenue  avec  goût  :  tout  y  révèle 
l'homme  prenant  intérêt  àse.'ï  cultures,  et  il  serait  à  désirer,  dans  l'intérêt  de 
l'horticulture,  que  les  amateurs  et  propriétaires  comme  M.  Valette  fussent 
nombreux,  car  ils  donnent  un  véritable  exemple  de  tout  ce  que  la  propriété 
peut  rendre  par  une  culture  soignée,  bien  entendue,  mais  encore  pour  les 
jouissances  qu'elle  procure.  On  peut  dire,  en  un  mot,  de  M.  Valette,  qu'il  a  le 
feu  sacré,  qu'il  aime  ses  plantes. 

hea  collections  de  fraises  sont  nombreuses,  et  si  cela  continue,  bientôt  elles 
seront  comme  les  roses,  en  nombre  tel  que  leur  classification  deviendra 
impossible.  Nous  avons  trouvé  dans  les  cultures  de  M.  Valette  une  véritable 
colitction,  et  devant  ce  nombre,  grand  s'est  trouvé  l'embarras  de  votreCom- 
mission.  Quel  choix  faire  parmi  ces  centaines  de  variétés  ?  Grâce  à  l'expé- 
rience que  M.  Valette  a  déjà  acquise  dans  la  culture  de  ses  plantes  favorites, 
nous  avons  pu  vous  présenter  une  liste  qui,  dans  sa  propriété,  se  comporte 
très  bien  et  lui  donnent  de  bons  résultats. 

Parmi  les  variétés  hâtives,  M.  Valette  nous  désigne  tout  spécialement 
Abd-el-Kader,  gros  fruit,  forme  de  crête  de  coq,  fertile,  plante  moyenne, 
Auguste  Nicaise,  gros  fruit,  bien  fait;  Lucie  Flamint,  beau  fruit,  fjrosseur 
extra,  plante  peu  vigoureuse  et  demandant  beaucoup  à&  soms  \  Sir  Joseph 
Paxton,  Théodore  Mullie,  Teutonia,  très  gros  fruits  fertiles  et  précoces.  Dans 
les  fruits  de  maturité  moyenne  ou  demi-hâtive,  Flo/lo,  très  joli  fruit  rond. 
plante  très  robuste  ;  i)/""  Rondmu,  fruit  trèa  gros,  se  tenant  bien;  Comtesse  de 
Lanclartye,  Belle  Lyonnaise,  Marie  Aicaise,  I^iniche,  Souvenir  deKieff,  Favo- 
rite, Grasse,  Bonne.  .  . 


325 


Dans  les  variétés  tardives,  Anna  de  Rothschild,  Bony  Lass,  Cockseomb 
Excelsior,  variété  fertile,  donnant  des  fruits  sur  les  filets  de  l'année,  Great 
américain,  Jeanne  Hachette,  Juncunda,  jV""  Emma  de  Plugino,  Pierre  Valette, 
très  tardive,  fructifie  beaucoup,  gros  fruit,  d'un  goût  acide  un  peu  relavé; 
Preciosa,  variété  qui  paraît  être  excellente  pour  la  vente,  fruit  assez  gros, 
légèrement  musqué,  mûrissant  très  bien,  Rita.  etc. 

Citer  un  plus  grand  nombre  de  variétés  paraît  à  votre  Commission  un  peu 
fastidieux,  et  en  vous  signalant  ces  quelques-unes,  elle  ne  s'est  arrêtée  qu'à 
celles  qui,  dans  les  cultures  de  M.  Valette,  paraissaient,  comme  rendement, 
lui  avoir  donné  les  meill«urs  résultats. 

M.  Valette  a  moatré  à  votre  Commission  plusieurs  fraises  de  semis;  elle 
s'est  arrêtée  à  une  variété  qu'elle  engage  M.  Valette  à  mettre  au  commerce, 
C'est  un  très  bon  et  très  gros  fruit  de  forme  conique  plus  ou  moins  obtus, 
rouge  saumon  brillant,  fruit  plein,  chair  rosée,  graines  jaunes,  enfoncées  ; 
très  juteuse  et  parfumée,  maturité  demi-hâtive;  feuilles  brillantes  d'un  vert 
foncé,  ovales-arrondies,  grossement  dentées,  hampes  nombreuses  et  fermes 
portant  jusqu'à  30  fruits  ;  nous  avons  compté  plus  de  150  fruits  (tous  très 
bien  formés)  sur  une  même  plante. 

Plante  très  vigoureuse  et  très  rustique,  M.  Valette,  cédant  au  désir  expri- 
mé par  votre  Commission,  livrera  au  commerce  oe  nouveau  gain  sous  le  nom 
de  Fraise  Secrétaire  Nicolas. 

Votre  Commission  est  heureuse  de  pouvoir  vous  dire  qu'elle  a  reçu  de 
M.  Valette  l'accueil  le  plus  sjcmpathique. 

Devant  les  résultats  obtenus  et  désirant  que  les  propriétaires  comme  notre 
collègue  deviennent  nombreux,  elle  est  certaine  d'entrer  dans  vos  vues  en 
récompensant  dignement  tout  effort  soutenu  et,  d'ailleurs,  couronné  de 
succès,  tendant  à  faciliter  le  développement  de  la  culture  des  produits  horti- 
coles dans  notre  région,  a  l'honneur  de  vous  proposer  d'accorder  à  notre 
collègue,  M.  Valette,  une  médaille  d'or,  vous  remerciant  d'avance  si  vous 
vouliez  bien  ratifier  sa  proposition. 

Le  rapporteur,    J.  Nicolas. 


Histoire  des  Herbiers  (1) 

M.  Saint-Lager  expose  les  résultats  des  recherches  qu'il  a  faites 
relativement  à  l'origine  des  herbiers.  Il  a  été  conduit  à  cette  étude 
par  la  lecture  d'un  opuscule  récemment  publié  par  MM.  Camus  et 
Penzig  au  sujet  d'un  herbier  de  la  fin  du  xvi^  siècle,  découvert  dans 
les  archives  de  Modène.  Eu  premier  lieu,  M.  Saint-Lager  constate 
que  jamais,  dans  les  écrits  des  naturalistes  de  l'antiquité,  il  n'est 
parlé  de  collections  de  plantes  d'abord  séchées  et  comprimées,  puis 
réunies  en  volume.  Cependant,  il  est  certain  que  chez  les  Grecs,  il 
V  avait  des  bolanologoï  se  livrant,  comme  le  nom  l'indique,  à  la  cueil- 
lette des  plantes.  On  les  appelait  aussi  rhizostomoï  (coupeurs  de  ra- 
cines). Ils  étaient  chargés,  particulièrement,  d'approvisionner  l'offi- 
cine des  pinjtopolai  (marchands  de  plantes),  en  latin,  herbarii. 

Nous  savonsaussi  qu'un  jardin  botanique  avait  été  créé  à  Athè- 
nes par  Aristote,  puis  cédé  à  Théophraste,  son  élève  et  successeur 

(1)  Bull.  Soc.  bot.  deLyon,  n°  2,  juin  1885. 


—  326  — 

au  Lycée.  Par  son  testament,  Théophraste  légua  à  ses  disciples, 
son  jardin,  son  musée  d'histoire  naturelle  et  des  logements.  Pline 
raconte  qu'il  se  plaisait  à  visiter  souvent  le  jardin  où  le  vénérable 
Antonius  Castor  cultivait  toutes  les  plantes  de  l'Italie,  de  la  Grèce, 
de  l'Asie  Mineure,  de  l'Egypte  et  de  l'Inde.  Auprès  de  la  célèbre 
école  de  médecine  d'Alexandrie,  il  y  avait  aussi  un  jardin  botani- 
que. Plus  tard,  au  moyen-âge,  le  foyer  des  études  phytologiquas  fut 
transporté  à  Salerne  où  Matthaeus  Silvaticus  fonda  un  jardin  qui 
servit  de  modèle  à  tous  ceux  qu'on  établit  ensuite  dans  plusieurs 
villes  en  Italie,  en  Hollande,  en  Allemagne,  en  Angleterre,  en  Rus- 
sie et  en  France. 

La  botanique,  étant  parmi  les  sciences  naturelles,  celle  qui  a  eu 
le  plus  d'adhérents  à  cause  des  nombreuses  applications  qu'on  en 
faisait  autrefois  à  la  médecine,  on  est  surpris,  au  premier  abord, 
que  l'art  de  conserver  les  plantes  séchées  et  comprimées  n'ait  pas 
marché  de  pair  avec  celui  de  les  cultiver,  et  que  l'aphorisme  de 
Linné  :  «  Omni  bolanico  herbarium  necesseanum  rsl  »  n'ait  pas  été 
de  tout  temps  un  article  fondamental  de  la  charte  des  botanistes.  Il 
importe  de  remarquer  que  le  mot  Herbarium,  qui  pourrait  donner  le 
change,  a  servi  jusqu'au  milieu  du  xvi"  siècle,  à  désigner  un  traité 
de  botanique  accompagné  de  dessins  en  regard  du  texte.  Tels  sont 
y  Herbarium  d'Apuléius  Platonicus  et  celui  de  Giacomo  Dondi,  le 
Grant  Herbier  en  françoys  translaté  du  latin,  V Herbarium  de  Brun- 
fels,  VHerbario  Nuovo  de  Castore  Durante  et  plusieurs  autres  dont 
M.  Saint-Lager  montre  à  l'assemblée  des  exemplaires  publiés  pen- 
dant la  période  incunable  de  l'imprimerie.  L'expression  de  Horlus 
siceus  (jardin  sec)  par  laquelle  on  désigna  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  herbier,  n'apparaît  que  vers  la  fin  du  xvi'  siècle,  et, 
d'autre  part,  les  plus  anciens  herbiers  conservés  jusqu'à  nos  jours 
sont  ceux  du  chirurgien  lyonnais  Gréault  (1558)  qui  fut  donné  à 
nos  compatriotes  de  Jussieu,  et  réuni  aux  collections  du  Muséum  de 
Paris,  celui  d'Aldrovandi,  en  seize  volumes  (1560  à  1568)  conservé 
à  Bologne,  l'herbier  de  Rauwolf,  actuellement  déposé  à  Leyde  et 
formé  de  1573  à  1575  pendant  le  voyage  de  ce  naturaliste  en 
Orient,  enfin,  l'herbier  d'un  botaniste  inconnu,  trouvé  dernière- 
ment dans  les  archives  de  Modène,  et  celui  de  Gaspard  Bauhin, 
conservé  à  Bâleetformé  de  1576  à  1623. 

M.  Saint-Lager  donne  la  description,  d'après  MM.  Camus  et 
Penzig,  de  l'herbier  de  Modène  et  d'après  M.  Caruel,  de  l'herbier 
beaucoup  plus  important  de  Césalpin.  Il  exprima  le  regret  que  nos 
prédécesseurs  aient  eu  si  peu  de  souci  des  herbiers  composés  par 
les  botanistes  lyonnais.  Il  ne  reste  aucune  trace  des  collections  de 
Daléchamps  ;  nous  n'avons  que  quelques  débris  de  celles  de  Goiffon 
qui  eut  l'honneur  d'être  le  maître  des  Jussieu.  L'herbier  de  Claret 


—  327  — 

de  la  Tourrette  a  été  dispersé,  sauf  les  lichens,  dans  l'herbier  géné- 
ral du  Conservatoire.  Jamais  personne  n'a  eu  la  curiosité  de  visiter 
l'herbier  de  l'abbé  Rosier,  dont  probablement  la  plupart  des  bota- 
nistes lyonnais  apprendront  l'existence  à  la  Bibliothèque  du  Palais- 
des-Arts,  parla  mention  qu'eu  vient  de  faire  M.   Saint-Lager. 

Enfin,  on  a  trouvé  ces  jours  derniers,  au  Conservatoire  de  bota- 
nique un  herbier  fait  en  1699  par  un  pharmacien  nommé  René 
Marmion,  et  qui,  à  cause  de  son  ancienneté,  aurait  mérité  un  meil- 
leur sort  que  d'être  dévore  par  les  parasites. 

Reste  à  examiner  une  question  dont  jamais  personne  ne  s'est 
préoccupé  :  pourquoi  n'a-t-on  pas  fait  d'herbiers  avant  le  xvi"  siè- 
cle ?  Assurément  ce  n'est  pas  parce  que  l'invention  exige  un  grand 
effort  de  génie.  Les  enfants  eux-mêmes  savent,  sans  qu'on  le  leur 
ait  enseigné,  faire  de  petits  herbiers  en  insérant  des  fleurettes  entre 
les  feuilles  d'un  livre  pendant  leurs  promenades  à  la  campagne.  Ce 
motdeLivre  contieutla  réponse  à  la  question  proposée.  Les  anciens 
n'ont  pas  fait  des  herbiers  parce  qu'ils  ne  connaissaient  pas  l'art  de 
réunir  en  forme  de  livre  des  feuilles  de  cet  admirable  matière,  le 
papier,  qui,  sous  une  très  mince  épaisseur,  offre  relativement  une 
assez  grande  rigidité.  Ils  écrivaient  sur  le  papyrus  ou  sur  des  feuilles 
de  parchemin  qu'ils  roulaient  en  volumes  {volvere).  Au  surplus, 
jamais  ils  n'auraient  osé  employer  le  papyrus,  matière  chère,  ni 
même  le  parchemin  à  un  aussi  vulgaire  usage. 

Auxii*  siècle  de  notre  ère,  on  commença  en  Europe  à  fabriquer 
du  papier  avec  la  soie  (charla  bombycina)  et  avec  du  coton  (eharta 
colonca),  d'après  les  procédés  depuis  longtemps  connus  des  Chinois, 
mais  ce  n'est  qu'au  xvi*  siècle  qu'on  sut  faire  du  papier  avec  des 
chiffons  de  lin  et  de  chanvre.  Toutefois,  comme  toutes  les  opéra- 
tions se  faisaient  à  la  main,  le  papier  était  un  produit  assez  cher. 
Lorsque  l'art  de  l'imprimerie  eut  été  inventé,  vers  le  milieu  du  xv° 
siècle,  les  fabricants  de  papier  s'ingénièrent  à  diminuer  les  frais  de 
main-d'œuvre  et  construisirent  des  machines  propres  à  triturer  les 
chifïons  et  à  étendre  la  pâte  sous  forme  de  feuilles  sans  fin.  Or,  il 
est  digne  de  remarque  que  l'apparition  des  herbiers  coïncide  avec 
les  perfectionnements  mécaniques  au  moyen  desquels  on  parvint  à 
fabriquer  le  papier  à  bas  prix. 

Ce  résultat  économique  une  fois  obtenu,  l'idée  de  conserver  les 
plantes  sèches  a  dû  venir  à  plusieurs  botanistes  à  la  fois,  en  sorte 
qu'il  paraît  inutile  de  discuter  longuement  la  question  de  savoir  si 
l'inventeur  de  l'art  de  composer  des  herbiers  est  Lucas  Ghini,  comme 
le  soutient  Meyer  dans  sa  Geschichle  der  Botanik,  ou  l'Anglais  Falco- 
ner,  comme  le  pensent  MM.  Camus  et  Beu^ig.  En  effet,  dit  M. 
Saint-Lager,  le  chirurgien  lyonnais  Gréault   faisait   un  herbier  en 


—  328  — 

même  temps  que  Ghini  et  Falconer  et  sans  avoir  été  en  rapport  avec 
eux.  Il  est  probable  que  d'autres  botanistes  ont  aussi  simultanément 
réalisé  le  désir  fort  légitime  de  conserver  dans  leurs  bibliothè- 
ques les  plantes  qu'ils  aimaient  tant  à  récolter  vivantes.  La  difficulté 
ne  consiste  pas  à  concevoir  l'idée  de  réunir  en  volume  des  plantes 
séchées  et  comprimées,  c'est  là  un  jeu  d'enfant,  mais  bien  à  trou- 
ver un  support  commode  et  peu  coûteux. 


CATALOGUES. 


J.-M.  GoNOD,  horticulteur-rosiériste,  154,  route  d'Heyrieux,  Monplaisir- 
LyoD.  —  Catalogue  et  Prix-courant  des  Rosiers  cultivés  dans  l'établissement. 
Collection  très  complète  de  Roses  nouvelles  et  anciennes  dans  les  sections 
suivantes  :  Bengale,  Thé,  Hybrides  de  Thé,  Noisette,  Hybrides  de  Noisette, 
Ile-Bourbon,  Hybrides  remontants,  Mousseux,  Centfeuilles,  Polyantha,  etc. 

Bruant,  horticulteur,  boulevard  St-Cyprien,  à  Poitiers  (Vienne).  — 
Catalogue  et  Prix-courant  des  arbres  et  arbustes  fruitiers,  forestiers  et 
d'ornement.  Conifères,  Rosiers,  jeunes  plants.  Vignes,  Fraisiers,  plantes 
vivaces,  etc.  Plantes  nouvelles.  Chrysanthèmes,  plantes  de  serre,  etc. 
Plantes  nouvelles  inédites.  Passi/lora  violacea  (indroduction  directe  du  Brésil) 
et  Bégonia  Ameliœ,  hybride  de  Bégonia  Bruanti  fécondé  par  le  B.  Bœzli. 

Alexandre  Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafayette  prolongé,  92,  à 
Villeurbanne-lès-Lyon.  Catalogue  des  Rosiers  cultivés  dans  l'établissement. 
Collection  très  complète  dans  toutes  les  séries  de  Rosiers,  telles  que  : 
Bengale,  Thé,  Hybrides  remontants,  Noisette,  Ile-Bourbon,  pimprenelles, 
microphylles,  multiflores  nains,  etc.,  etc.  Espèces  botaniques.  Eglantiers 
de  semis.  Nouveautés. 

Jacquemet-Bonnefont  père  et  fils,  horticulteurs,  à  Annonay  (Ardèche). — 
Catalogue  des  jeunes  plants  d'arbres,  d'arbrisseaux  et  arbustes,  propres  à 
former  des  pépinières,   des  bois,  des  haies,  etc.  Plantes  vivaces   diverses. 

Paul  Fontaine,  horticulteur -grainier,  pépiniériste  et  fleuriste,  à 
Blidah  (Algérie).  —  Catalogue  général  des  végétaux  et  graines  disponibles 
dans  l'établissement.  Ce  Catalogue  renferme  une  foule  de  plantes  ou  arbres 
intéressants  qu'on  ne  trouve  pas  souvent  annoncés. 

J.  Pernet  fils  et  Ducher  (successeur  de  V"  Duoher),  horticulteur- 
rosiériste,  23,  chemin  des  Quatre-Maisons.  Lyon-Guillotière.  —  Catalogue 
de.-  Rosiers  cultivés  dans  l'établissement.  Collection  générale  de  Roses  très 
complète  dans  les  séries  généralement  cultivées,  telles  que  :  Hybrides 
remontants.  Thé,  Bengale,  Noisettes,  Ile-Bourbon,  Hybrides  de  Thé  et  de 
Noisette,  etc.  Rosiers  non  remontants,  types  tranchés.  Eglantiers  de  semis. 
Collection  spéciale  de  Pivoines  en  arbre. 

V.  Lemoinb,  rue  de  l'Etang,  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle).  —  Catalogue 
n»  101,  comprenant  les  plantes  nouvelles  mises  au  commerce,  cet  automne, 
par  l'établissement  :  Pelargonium,  Glaïeuls  hybrides,  Montbretia,  Phlox, 
arbustes,  Lilas  doubles.  Collections  générales  diverses. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Iinp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  OCTOBRE  N°    20 


CHRONIQUE 


Baccilcs  du  Phylloxéra.  —  Nous  vivons  à  une  époque  singulière  : 
l'époque  des  bacciles  et  des  microbes.  On  ne  jure  plus  que  par  des 
êtres  invisibles  à  l'œil  nu.  Fièvre  typhoïde  :  naicrobe  ;  scarlatine  : 
microbe  ;  petite  vérole  :  microbe  ;  choléra  :  microbe  ;  phthisie  : 
microbe ,  etc.  Le  microbe  est  partout  ;  quand  ce  n'est  pas  le 
microbe  qui  est  en  scène,  c'est  le  péronospora,  l'oïdium  ou  autres 
microcryptogames  qui  sortent  de  la  coulisse  :  voilà  où  nous  ont 
mené  les  perfectionnements  apportés  au  microscope.  La  loupe  est 
enfoncée,  vive  le  microscope  !  Avec  la  loupe,  on  voyait  le  phyllo- 
xéra et  à  l'œil  nu  la  vigne  phylloxérée,  grâce  à  M.  Luiz  Andra  de 
Corvo,  cet  instrument  d'optique  sera  considéré  comme  inutile  et  le 
phylloxéra  comme  poitrinaire.  Qu'il  aille,  ce  triste  insecte,  mourir 
de  consomption  sur  les  bords  enchantés  de  la  Méditerranée  et  qu'il 
nous  débarrasse. 

Voilà  de  quoi  il  s'agit,  d'après  M.  Corvo,  la  maladie  de  la  vigne 
atteinte  par  le  phylloxéra  serait  une  double  maladie,  d'abord  la 
piqûre,  puis  la  tuberculose.  La  tuberculose  serait  produite  par  un 
baccile,  attaquerait  la  vigne  et  le  phylloxi'ra  tout  à  la  fois.  Ce  qu'il 
y  a  de  particulièrement  désagréable,  c'est  que  le  phylloxéra  se 
moque  de  la  tuberculose  et  que  la  vigne  en  meurt.  Nous  voilà  bien 
avancés.  Ceux  qui  voudront  lire  le  récit  des  expériences  de  M.  de 
Corvo  les  trouveront  dans  le  Bulletin  de  f  Académie  des  sciences. 

Comme  il  est  désagréable  pour  l'humanité  de  voir  la  science 
constater  si  aisément  les  caractères  des  maladies  et  être  si  lente  à 
trouver  les  remèdes  pour  les  guérir, 

J  propos  des  plantations.  —  Voilà  un  sujet  très  vieux,  une  his- 
toire ancienne  que  tous  les  jardiniers  connaissent  et  sur  laquelle  il 
semble  difficile  de   chroniquer:   sujet  rebattu,  ressassé,  ingrat  et 


—  330  — 

cependant  mal  connu  de  la  plupart.  C'est  si  simple  de  planter  un 
arbre  !  Oui,  j'en  conviens,  mais  c'est  précisément  parce  que  l'opé- 
ration ne  paraît  demander  hi  beaucoup  d'adresse,  ni  beaucoup 
d'imagination  que,  neuf  fois  sur  dix,  les  arbres  qui  paraissent 
plantés  dans  les  meilleures  conditions  laissent  au  contraire  beau- 
coup à  désirer  sous  ce  rapport.  Faire  un  trou  d'un  mètre  cube, 
étaler  les  racines  avec  soin  à  une  profondeur  convenable  et  s'arran- 
ger que  la  terre  les  entoure  exactement;  arroser  au  besoin,  mettre 
des  tuteurs  pour  que  le  vent  n'ébranle  pas  l'individu,  voilà  à  peu 
près  les  opérations  principales  qui  constituent  une  plantation.  Eh  ! 
bien,  cela  n'est  pas  suffisant  quoiqu'on  en  dise,  et  je  le  prouve.  Ne 
faut-il  pas  d'abord  s'informer  quelle  est  la  composition  du  sol  où 
doit  s'eiïectuer  la  plantation?  N'importe-t-il  pas  dans  tous  les  ter- 
rains humides  de  drainer  pour  faciliter  l'écoulement  des  eaux  et 
éviter  la  jaunisse  ?  Si  le  terrain  est  compacte  ne  doit-on  pas  le  lais- 
ser s'effriter  à  l'air? 

D'abord  le  sol  d'un  jardin  pris  à  un  mètre  de  profondeur  pré- 
sente souvent  des  couches  de  nature  différente  dont  la  fertilité  varie 
beaucoup  :  faut-il,  dans  ce  cas,  avant  de  planter,  mêler  exacte- 
ment ces  couches  ou  faire  ime  distinction  entre  elles.  Et  si  on  ne 
mêle  pas  ces  couches,  faudra-t-il  mettre  la  plus  fertile  au  fond,  à  la 
surface  ou  autour  des  racines?  Autant  de  questions  qui  demandent 
à  être  étudiées  séparément.  Le  drainage  des  sous-sols  humides 
s'impose  avant  toute  plantation  et  dans  ce  cas  le  meilleur  fumier  ne 
vaut  pas  les  pierres,  les  plâtras,  les  cendres,  le  mâchefer  et  les 
autres  matières  de  même  nature.  Les  terrains  compactes  doivent 
subir  l'influence  de  la  gelée  q  ui  les  désagrège  et  de  l'air  qui  les 
oxjde  et  les  fertilise  avant  d'être  replacés  autour  des  racines.  Nous 
pubhons  plus  loin  sur  ce  sujet  une  note  dans  laquelle  un  de  nos 
collaborateurs  a  résumé  les  principales  choses  qu'il  faut  savoir  pour 
planter  convenablement  un  arbre. 

Plantes  rares  cl...  belles  de  la  ville  de  Lyon,  —  Il  fatit  bien  distin- 
guer entre  une  plante  rare  et  une  belle  plante,  car  il  y  a  des  plantes 
rares  fort  laides  et  des  belles  plantes  très  communes.  Du  reste, 
une  plante  peut  être  rare  dans  un  pays  et  commune  dans  un  autre, 
et  comme  des  goiits  et  des  couleurs  on  ne  peut  guère  sérieuse- 
ment discuter,  il  s'en  suit  que  la  beauté  et  la  rareté  sont  des 
qualités  relatives.  Cependant  la  ville  de  Lyon  possède  actuelle- 
ment en  fleur,  dans  les  serres  dirigées  par  M.  F.  Gaulain,  deux 
rara  avis,  deux  merles  blancs  (c'est  ainsi  que  je  traduis  cette  ren- 
gaine) .  Ces  deux  oiseaux  rares,  —  ciel  !  garde-moi  dorénavant 
des  citations  latines,  —  sont  deux  plantes  auxquelles  on  ne  saurait 


—  331  — 

refuser  les  deux  qualificatifs  sus-énoncés  ;  la  première  est  le  Catl- 
Icija  labiala  var  autumalis,  et  l'autre  le  Fanda  suavis  Rollissonii. 

Callleya  et  Fanda  appartiennent  nécessairement  aux  Orchidées, 
végétaux  aux  fleurs  étranges,  bizarres,  hétéroclites  et  aux  couleurs 
variées,  dont  les  riches  anglais  raiïolent  et  paient  souvent  des  prix 
insensés.  Les  Caulfiija  sont  les  phénix,  les  Benjamins  choyés,  le 
genre  le  plus  éminemment  ornemental  de  cette  famille  nombreuse. 
Représentés  par  une  pléiade  d'espèces,  de  variétés  et  de  varia- 
tions individuelles,  les  Cattleya  ont  presque  toujours  de  grandes 
fleurs  vivement  et  délicatement  teintées.  Ce  sont  des  plantes  épi- 
phytes,  —  c'est-à-dire  qui  croissent  sur  les  arbres,  —  qui  habi- 
tent l'Amérique  intertropicale  et  se  plaisent  assez  dans  nos  serres 
tempérées.  La  variété  actuellement  fleurie  dans  les  serres  du  Parc 
a  des  fleurs  énormes,  étincelantes  de  couleur;  les  pétales  et  les 
sépales,  qui  mesurent  22  centimètres,  sont  rose  vif,  brillants, 
monochromes,  tandis  que  le  labelle  undulé-crispé  est  mi-partie 
cramoisi  pourpre  et  jaune  d'ocre  veiné  rose  pâle.  Le  Fanda  sumois 
Rollissonii,  pour  être  moins  éclatant  que  son  voisin,  est  également 
une  fort  belle  variété,  très  rare  dans  les  collections. 


Classification  des  Bases  —  Les  classificateurs  sont  quelquefois  des 
gens  bien  terribles;  j'en  ai  là  sous  leô  yeux  un  exemple  que  jo  vais 
signaler. 

M.  Baker,  le  savant  botaniste  descripteur  de  Kew,  a  publié  an 
essai  de  classification  des  Roses,  avec  une  clé  analytique  des  grou- 
pes. Ceci  est  intéressant,  quoique  vieux.  A  la  première  ligne  de  ce 
travail,  on  lit  :  «  Feuilles  simples,  sans  stipules  :  1'°  section,  5m- 
plicifoliœ.  Si  l'on  passe  ensuite  à  l'énumération  des  espèces  et  sous- 
espèces,  on  trouve  énumérées  au  groupe  Simplicifoliœ  les  deux 
plantes  suivantes  :  Rosa  simpUcifolia  et  R.  Hardii.  Où  diable 
M.  Baker  a-t-il  vu  un  Rosa  Hardii  à  feuilles  simples  et  sans 
stipules  ?  Et  s'il  n'est  pas  à  feuilles  simples,  pourquoi  le  glisse-t-il 
dans  les  Simplicifoliœ? 

Le  Rosa  Hardii  a  été  obtenu  au  jardin  du  Luxembourg  par 
M.  Hardy  en  1834  ou  1835;  c'est  un  hybride  entre  le  Rosa  berhe- 
ridifolia  ou  simpUcifolia  et  le  R.  clinopliylla.  Il  a  été  décrit  par  Gels 
et  figuré  dans  les  annales  de  Flore  cl  du  Pomone,  année  1835. 

On  ne  comprend  donc  guère  qu'un  rosier  dont  les  feuilles  ont 
cinq  à  sept  folioles,  soit  classé  avec  ceux  à  feuilles  simples. 

Du  reste,  les  horticulteurs,  par  leurs  croisements  d'espèces, 
rendent  singuHèrement  difficile  la  tâche  du  classificateur  ;  car  les 
hybrides  sont  des  êtres  qui  ont,  dans  la  plupart  des  cas,  des  carac- 
tères qui  les  éloignent  souvent  de  ceux  de  leurs  parents. 


—  832  — 

Ce  n'est  pas  le  lieu  ici  de  faire  de  la  critique  botanique,  car 
sans  cela  on  pourrait  demander  à  M.  Balcer  quelles  sont  les  raisons 
qui  l'ont  poussé  à  supprimer  des  sections  bien  naturelles  dans  le 
genre  Rosa,  telles  que  les  Jndicœ,  Àlpinœ,  Sabinianœ,  Eglanlcriœ,  etc. 
Il  ne  faudrait  pas  s'imaginer  que  la  simplification  à  outrance  soit 
une  excellente  méthode  pour  apprendre  à  connaître  les  plantes  : 
simplification,  au  contraire,  dans  ce  cas,  est  synonyme  de  confu- 
sion. 

Une  nouvelle  poire.  —  M.  Chaninet,  horticulteur  à  St-Priest  près 
Lyon,  a  présenté  sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise, 
dans  la  séance  du  18  octobre,  une  poire  fort  belle  et  excellente, 
paraît-il — les  fruits  présentés  n'étaient  pas  encore  mûrs  —  issue  du 
Beurré  Clergeau.  Nous  reviendrons  en  temps  opportun  sur  ce  fruit 
quand  son  obtenteur  l'aura  fait  juger  par  les  hommes  compétents. 
Disons  de  suite  que  quoique  issue  du  Beurré  Clergeau  cette  poire 
en  est  fort  distincte.Très  grosse,  comme  lui,  elle  est  moins  allongée 
et  plus  turbinée  dans  sa  forme.  Elle  se  colore  vivement  au  soleil  et 
paraît  devoir  se  conserver  jusqu'en  novembre  et  décembre.  Nous 
conseillons  dès  à  présent  à  M.  Chaninet  de  multiplier  cette  variété. 

Mastic  pour  fixer  les  vitres  desserres  chaudes.  —  Le  Journal  officiel 
a  publié  la  recette  suivante  :  Cette  colle  joint  et  lie  si  fortement 
les  carreaux  avec  leurs  cadres,  que  ni  l'eau  ni  l'air,  ne  peuvent 
s'ouvrir  un  passage  à  travers,  quelque  temps  qu'il  fasse.  Pour  la 
composer,  on  prend  du  vprnis  d'imprimeur  que  l'on  met  dans  un 
mortier  chaud  et  qu'on  mèlc  avec  du  blanc  d'Espagne  pilé  bien  fin 
et  un  peu  de  litharge,  de  façon  à  en  former  une  masse  molle.  On 
frotte  et  on  induit  de  cette  composition  les  bords  du  cadre  sur  les- 
quels doit  reposer  le  verre  dont  les  extrémités  sont  aussi  recou- 
vertes de  la  même  colle,  distribuée  avec  égalité.  Si  le  vernis  est 
bon,  la  colle  doit  être  sèche  en  6  heures  au  dehors  et  plus  tôt  au 
dedans.  Elle  est  si  tenace  que  lors  même  que  le  cadre  pourrirait, 
les  carreaux  ne  se  détacheraient  que  difficilement.  Elle  sert  aussi 
pour  recoller  les  vitres  cassées  ou  fendues.  On  la  conserve  très 
bien  dans  une  vessie  mouillée  tenue  dans  un  endroit  humide. 

Informations.  —  M.  Emile  Vidal  a  communiqué  à  l'Académie  des 
Sciences  les  résultats  des  expériences  qu'il  a  faites  pour  combattre 
le  Peronospora  viticola,  plus  eonnu  des  cultivateurs  sous  le  nom  de 
Mildiou  (mildew).  Le  moyen  de  destruction  signalé  par  M.  Vidal, 
consiste  dans  l'emploi  de  l'acide  sulfureux  mélangé  à  une  quantité 
d'air  déterminé.  A  la  dose  de  1  pour  100,  l'acide  sulfureux  obtenu 
par   la  combustion   du  soufre   a  donné  d'excellents    résultats.  Si 


—  333  — 

l'exactitude  des  expériences  faites  par  M.  Vidal  se  vérifie  l'an 
prochain,  il  ne  restera  plus  qu'à  trouver  une  machine  capable  de 
doser  et  de  projeter  l'acide  sulfureux  sur  les  vignes  atteintes  par  le 
Mildiou. 

—  Dans  le  dernier  numéro  paru  du  Journal  des  Roses,  figure  la 
Rose  thé  Souvenir  de  Ficlor  Hugo,  gain  magnifique  de  notre  collè- 
gue, M.  Bonnaire,  rosiériste  à  Monplaisir-Lyon,  chemin  des 
Hérideaux.  Cette  très  belle  rose  ne  tardera  pas  à  être  dans  toutes 
les  collections. 

—  M.  Scipion  Cochet,  horticulteur-rosiériste  à  Suisnes,  met  au 
commerce  trois  roses  nouvelles  :  Baron  de  Girardot  (semis  Paul 
Marmy),  Gloire  du  Bouchet  (semis  Maxime  de  la  Rochetterie),  la 
Nantaise  (semis  A.  Boisselot),  et  Madame  Couturier-Mention 
(Moser).  Les  trois  premières  variétés  sont  des  Roses  hybrides 
remontantes,  la  dernière  paraît  provenir  du  Rosier  cramoisi  supé- 
rieur. 

—  Le  troisième  concours  de  l'Association  pomologique  de 
l'Ouest  se  tiendra  au  Mans  du  30  octobre  au  9  mars. 

—  M.  Jacob  Maag,  jardinier  au  château  de  Vincy,  recom- 
mande l'alun  à  la  dose  de  150  grammes  dans  20  litres  d'eau  pour 
détruire  les  chenilles  qui  envahissent  les  groseillers  au  printemps. 
Bassiner  les  arbustes  avec  une  seringue. 

—  MM.  Baltet  frères,  horticulteurs  à  Troyes  (Aube),  mettent 
au  commerce,  à  partir  de  cet  automne,  la  poire  inédite  Pierre 
Joigneaux.  «  Le  fruit  est  gros,  de  forme  pyramidale,  ventrue  et 
tronquée  ou  turbinée  allongée.  La  chair  est  pleine,  fine,  richement 
juteuse  et  sucrée,  relevée  d'un  goût  exquis.  »  L'arbre  est  si 
vigoureux  qu'il  est  recommandé  pour  surgrelFer  les  variétés  plus 
chétives. 

—  Le  Congrès  pomologique  a  accordé  cette  année  deux  grandes 
médailles  d'or,  la  première  à  M"'  Alphonse  Mas,  née  Sirand,  bien 
connue  de  tous  les  Pomologues,  en  France  comme  à  l'étranger, 
pour  la  persévérance  apportée  par  elle  à  achever  la  publication  de 
la  Pomologie  générale  laissée  incomplète  par  le  décès  trop  prématuré 
de  son  époux.  La  seconde,  à  M.  Léon  de  la  Bastie,  vice-président 
de  la  Société  Pomologique  de  France  et  de  la  Société  de  l'Ain,  pro- 
priétaire et  créateur  d'un  vaste  jardin  fruitier  où  il  réunit  et  cultive 
toutes  les  variétés  de  bons  fruits,  et  aussi  tous  les  nouveaux  gains 
que  produisent  chaque  année  les  patients  semeurs  dans  diverses, 
parties  du  monde,  pour  en  étudier  le  mérite,  en  publier  la  descrip- 
tion, présenter  les  fruits  à  la  commission  des  études  de  la  Société 
Pomologique  ou  delà  Société  d'horticulture  de  l'Ain. 


_  334  — 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal  de  la  séance  du  19  septembre  1885,  tenue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles.  Palais  du  commerce,  à  Lyon- 
Présidence  de  M.  J.  Chrétien,  Vico-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procôs-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  f  dopté  sans  obser- 
vations. 

Correspondance.  —  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  F.  Gaillard,  de  Brignais,  par  laquelle  il  demande  la  nomination  d'une 
Commission  pour  examiner  les  avantages  que  présente  un  nouveau  système 
de  greife  pour  la  culture  de  la  vigne.  11  a  été  fait  droit  à  cette  demande. 

M.  Pitaval  dépose  sur  le  bureau  le  compte-rendu  de  l'Exposition  horticole 
de  Marseille. 

M.  Roux  dépose  celui  de  l'Exposition  horticole  de  Màcon. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  10  candidatures,  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis  à  l'unanimité  et  sans  protestation,  membres  de 
notre  Compagnie,  les  candidats  présentés  à  la  dernière  réunion.  Ce  sont  : 
MM.  Bonevet,  jardinier-fleuriste  chez  M.  Duval,  propriétaire  à  Saint-Cjr- 
au-Mont-d'Or,  présenté  par  MM.  Ferret  et  Louis  Gorret. 
Chardon,  jardinier  chez  M.   Clayette,  rue   de   l'Enfance,  33,  présenté 

par  MM.  Rivoire  et  Viviand-Morel. 
France,  jardinier  chez  M.  Barrard,  montée   Saint- Victor,  à  Caluire 

(Rhône),  présenté  par  MM.  Roux  et  Rivoire. 
Dumoulin  (Mathieu),  marchand  de  vins,  5,  place  Perrache,  Lyon,  pré- 
senté par  MM.  C.  Jacquier  père  et  Th.  Denis. 
Balandras  (Antoine),  jardinier  chez  M.  Frank,  à  la  Mulatière  près 
Lyon,  présenté  par  MM.  Léonard  Lille  et  Beney. 
Il  est  donné  lecture  des  rapports  des  visites  faites  par  les  Commissions 
nommées  pour  les  concours  spéciaux  :  culture  maraîcher?,  fruitière,  établis- 
sements horticoles  et  maisons  bourgeoises. 

Les  conclusions  des  rapports  des  Commissions,  mises  aux  voix,  sont 
adoptées  à  l'unanimité. 

Il  est  ensuite  donné  lecture  des  rapports  des  Commissions  d'examen  des 
cultures  de  MM.  Gaillard,  Valette,  Grégoire,  Combet,  Villard,  dont  les  con- 
clusions sont  adoptées. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Villard  (François),  jardinier  à  Ecully,  une  collection  de  Chicorée 
et  de  Laitues  :  Chicorée  de  Ruffec,  C.  frisée  de  Meaux,  C.  frisée  fine  d'été, 
Scarole  blonde.  Scarole  verte  maraîchère.  Laitue  pommée  craquante,  L.  de 
Pierre-Bénite,  L.  pommée  des  Indes  occidentales,  L.  frisée  pommée  Pelle- 
tier, etc. 

Cet  apport  est  remarquable  comme  fort  développement  des  plantes. 

Par  M.  Clapot,  jardinier,  chemin  des  Quatre-Maisons,  Guillotière,  deux 
pieds  de  Céleri  Chemin  hâtif,  des  Poireaux  de  Nîmes  et  des  Scaroles 
blondes. 

Par  M.  Gaillard,  viticulteur  à  Briguais,  une  collection  de  raisins  améri- 
cains :  Cunningham  (œstivalis),  Triumph,  ISoah,  Bacchus  (hybride),  Black 
Eogle  (hyb.),  Canada,  Othello,  Jlerbemont,  Secretary,  Senasqua,  Irwing,  Cyn- 
thvma,  Cambridge,  Jacqmz,  Cottage,  Salem,  Black-July,  Duchess,  Delaware, 
Black-Défiance,  Essee,  Èumelar. 

Par  M.  Guerry,  jardinier  chez  M.  Coste  :  1»  une  collection  de  Navets, 
composée  des  variétés  :  Navet  demi-long,  blanc  d'Alsace,  N.  rond  blanc, 


—  335  — 


N.  rond  blanc  collet  rose  d'Auvergne,  N.  rond  noir  d'hiver  d'Alsace,  N.  rond 
blanc  à  collet  vert,  N.  long  blanc  à  collet  rose,  N.  rond  noir  d'Alsace,  N. 
long  blanc  de  Bresse,  N.  long  des  Vertus,  race  Marteau  ;  2''  plusieurs  varié- 
tés de  Chicorée  :  Belle  Lyonnaise,  Frisée  impériale,  Frisée  de  Meaux,  Frisée 
de  Ruflfec  et  Bâtarde  de  Bordeaux. 

Par  M.  Emiel,  une  pêche  de  semis,  chair  adhérente  au  nojau. 
Par  M.  Boucharlat  jeune  :  1°  un  fort  pied  de  Célosie,  qu'il  présente  sous 
le  nom  de  Celosia  plumosa  ;  2"  deux  Véroniques  de  semis,  dont  une  à  fleurs 
blanches  et  une  à  fleurs  bleues.  Los  épis  floraux  de  cette  dernière  sont  dis  • 
posés  en  panicules  ;  il  la  présente  sous  le  nom  de  Mère  de  famille  ;  3"  deux 
raisins  noirs  de  semis. 

Par  M.  Crozj,  horticulteur  à  la  Guillotière,  une  trentaine  de  tiges  de 
Glaïeuls  fleuris,  à  fleurs  très  grandes  et  à  coloris  très  riches  et  variés. 

Par  M.  Chaninet,  horticulteur  à  St-Priest,  10  Dahlias  de  semis  et  une 
pomme  de  semis. 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  à  la  Croix-Rousse  : 
1°  les  espèces  suivantes  cultivées  en  pots  :  Piperonia  verticillata.  Asparagus 
plumosus  nanus  et  Cypripedium  Chantini  (en  fleurs);  2«  quatre  Coleus  de 
semis  ;  3»  Deux  pêches  de  semis. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin  :  P  Un  Althea  de 
semis  à  fleurs  doubles  violet  foncé  et  des  tiges  fleuries  de  Leonotis  leonurus, 
superbe  labiée  sous-frutescente;  2°  deux  légumes  à  racines  charnues,  la 
Chicorée  WittlJof  ou  à  grosse  racine  et  le  Persil  à  grosse  racine. 

Par  M.  Deville,  horticulteur  à  la  Demi-Lune  :  1°  un  rameau  portant  des 
grappes  de  raisin  variété  Valencia  ;  2°  plusieurs  rameaux  de  Lagerstrœmia 
indica  en  fleurs,  appartenant  aux  variétés  violacea,  carnea  et  rubra ;  3°  un 
rameau  fleuri  de  Desmodium  penduliflorum. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  à  La  Pape,  des  fleurs  de  Pourpier  double 
bien  variées. 

Par  M.  Rochet,  horticulteur  à  la  Croix-Rousse,  quatre  Coleus  de  semis  : 
Sylphe,  Gazelle,  Bijou  et  Robinson. 

Par  M.  Valla,  horticulteur  à  OuUins  (Rhône),  des  fleurs  de  Bégonia  bul- 
beux, très  grandes  et  riches  de  coloris. 

Par  M.  Jean  Beurrier,  horticulteur  à  Monplaisir-Lyon,  un  beau  et  fort 
^\eà  A'' Adiantum  cuneatum  compactum,  remarquable  comme  belle  culture. 

Par  M.  Morel  fils,  horticulteur  à  Lyon-Vaise,  un  pied  de  Yucca  filamen- 
tosa  albo  marginata.  A' Aster  longifolium  (ormosum  en  fleurs,  et  de  Choysia 
ternata  en  pleine  floraison. 

Par  M.  Bellin,  jardinier  chez  M.  Rosier,  montée  Rey,  Lyon,  un  beau  pied 
de  Bégonia  Rex  à  feuilles  très  grandes,  remarquable  comme  belle  culture. 

Par  M.  Masson,  une  Fraise  de  semis  des  Quatre-Saisons,  fécondée  avec  une 
fraise  des  bois.  Cette  variété  présentée  en  1884,  s'est  depuis  maintenue  tou- 
jours très  fertile,  le  fruit  est  devenu  plus  gros  et  un  peu  plus  arrondi. 
M.  Masson  nomme  cette  Fraise  :  Joseph  Schiuartz. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  Hoste,  Boucharlat  aîné,  D'  Ponet,  Musset  pour  la  floriculture,  et  de 
MM.  Jouteur,  Berthier,  Pelletier  et  Métrai,  pour  la  pomologie  et  la  culture 
maraîchère. 

Ces  Commissions,  après  un  sérieux  examen,  proposent  d'accorder  à 
M.  Gaillard  une  prime  de  l'^  classe  pour  sa  collection  de  raisins,  et  appelle 
l'attention  sur  les  variétés  Othello,  Dachess,  Delaware,  Triumph,  Secretary, 
Cynthiana  et  Senasqua. 

A  M.  Verne,  une  prime  de  1"  classe,  pour  son  apport  de  Persil  à  grosse 
racine  et  Chicorée. 

A  M.  Guerry,  une  prime  de  1"  classe,  pour  son  apport  de  Navets  et  Chi- 
corées. 

A  M.  Morel  fils,  une  prime  de  1"  classe  pour  son  apport  et  plus  particu- 
lièrement pour  le  Yucca  filamentosa  albo  marginata. 


—  336  — 


A  M.  Villard  (François),  une  primo  de  l"  classe,  ponr  Tensemble  de  son 
apport. 

A  M.  Jean  Beurrier,  une  prime  de  1''°  classe,  pour  son  apport  d'Adiantum 
cuneatum  compactum. 

A  M.  Liabaud,  une  prime  de  2°  classe  pour  ses  pêches  de  semis. 

A  M.  Liabaud,  une  prime  de  2°  classe  pour  l'ensemble  de  son  apport  de 
plantes. 

A  M.  Valla,  une  prime  de  2»  classe,  pour  ses  fleurs  dd  Bégonia  bulbeux. 

A  M.  Clapot,  une  prime  de  2°  classe  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

A  M.  Çrozy,  une  prime  de  2°  classe,  pour  son  apport  de  Glaïeuls. 

A  M.  Boacharlat  jeune,  une  prime  de  2«  classe  pour  sa  Véronique  Mère 
de  famille. 

Une  prime  de  3«  classe  à  M.  Boucharlat  jeune,  pour  son  Celosia  plumosa. 

Une  prime  de  3«  classe  à  M.  Emiel,  pour  sa  pêche  de  semis. 

Une  prime  de  3"  classe  à  M.  Deville,  pour  son  raisin  Valencia. 

Une  prime  de  3'  classe  à  M.  Deville,  pour  l'ensemble  de  son  apport  de 
planti  s  fleuries. 

Une  prime  de  3«  classe  à  M.  Bellin,  pour  son  Bégonia  Rex. 

Un  certificat  de  1"  classe  à  M.  Rochet,  pour  son  Coleus  Bijou. 

Les  Coleas  Sjlphe,  Gazelle,  Robinson  obtiennent  chacun  un  certificat  de 
2°  classe. 

Pour  les  autres  apport?,  les  Commissions  demandent  l'inscription  au 
procès-verbal. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  Tunanimité. 

L'assemblée  discute  ensuite  le  programme  du  concours  de  Chrysanthèmes 
organisé  par  la  Société;  après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM. 
Hoste,  Rozain-Boucharlat,  Labruyère,  Rochet,  Cousançat,  Boucharlat  aîné, 
Viviand-Morel,  le  programme  présenté  par  la  commission,  mis  aux  voix,  est 
adopté. 

La  suite  de  Tordre  du  jour  de  la  réunion  est  renvoyée  à  la  prochaine 
séance. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  Le  Secrétaire- Adjoint, 

J.    NiCOLASJ. 

La  Tomate  Roi-Humbert 

Un  journal  horticole  ayant  publié  récemment  un  article  sur  la 
Tomate  Roi-Humbert,  nous  croyons  devoir,  à  notre  tour,  donner 
notre  avis  sur  cette  nouveauté,  attendu  que  cet  avis  est  diamétrale- 
ment opposé  à  celui  émis  par  le  signataire  de  l'article. 

Que  l'opinion  soit  partagée  au  sujet  d'une  plante  encore  nou- 
velle, ce  n'est  certes  pas  étonnant.  En  outre  que  l'on  n'est  jamais 
bien  sûr  d'avoir  reçu  très  exactement  la  variété  que  l'on  a  deman- 
dée, il  peut  encore  arriver  que  la  nature  du  sol  ou  la  culture  à 
laquelle  cette  plante  a  été  soumise  la  fassent  varier  énormément  ; 
telle  plante  jugée  excellente  et  digne  d'être  cultivée  dans  un 
endroit,  sera  trouvée,  au  contraire,  détestable  dans  un  autre,  c'est 
aussi  une  question  de  goût. 

A  notre  avis,  la  discussion  est  nécessaire  surtout  lorsqu'il  s'agit 
d'une  nouveauté;  cela  fixe  l'opinion. 

Voici  donc  l'impression  que  nous  a  causée  cette  tomate  que  nous 
cultivons  depuis  deux  ans  et  que  nous  avons  pu,  par  conséquent, 
apprécier. 


—  337  — 

Tout  d'abord,  elle  nous  a  paru  être  bien  une  nouveauté,  et  non 
pas,  comme  l'on  dit,  l'antique  Li/copcrsicum  pijnjforme.  Que  ce  soit 
une  amélioration  de  la  Tomate-Poire,  c'est  probable,  mais  la  dis- 
tance entre  les  deux  variétés  est  assez  grande  pour  qu'elles  ne 
soientpas  confondues. 

Le  fruit  a  bien  la  foi'me  poire  à  l'état  vert,  mais  en  mûrissant, 
cette  forme  s'atténue  de  plus  en  plus,  au  point  même  de  disparaître 
complètement,  en  outre,  il  est  plus  gros  et  plus  hâtif. 

Les  fruits,  —  qui  se  présentent  en  grappes,  —  sont  en  très 
grand  nombre  sur  chaque  plante,  et  nous  n'hésitons  pas  à  qualifier 
le  rendement  d'énorme. 

On  se  base  sur  le  volume  plus  réduit  de  ces  fruits  pour  prétendre 
que  les  anciennes  variétés  ordinairement  cultivées  sont  encore  pré- 
férables, et  l'auteur  écrit  même  plaisamment  que,  si  l'on  ne  consi- 
dérait que  le  nombre,  on  aurait  meilleur  compte  encore  à  cultiver 
la  tomate  groseille  dont  chaque  grappe  est  composée  d'une  ving- 
taine de  fruits. 

La  comparaison  est  poussée  un  peu  loin,  mais  pour  rentrer  dans 
laréahté,  nous  avouons  préférer,  dans  le  cas  qui  nous  occupe, 
trente  fruits  pesant  un  kilog.  à  vingt  autres  qui  pèseraient 
800  grammes,  surtout  quand  il  n'y  a  pas  aies  peler. 

Malgré  cela,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  la  moyenne  de  chacun 
soit  bien  minime,  car  nous  ne  connaissons  pas  encore  de  prune 
qui  puisse  leur  être  comparée. 

Nous  ajouterons  encore  que  le  goût  de  ces  fruits  est  excellent, 

—  c'est  une  considération,    —  et  que  leur  peau  est   absolument 
lisse,  de  plus,  les  graines  sont,  à  l'intérieur,  en  fort  petit  nombre, 

—  c'est  autant  de  moins  dans  les  sauces. 

Enfin,  pour  terminer  par  une  appréciation  qui  ne  nous  soit  pas 
personnelle,  nous  dirons  que  la  Commission  des  visites  de  l'Asso- 
ciation horticole  lyonnaise  a  remarqué  tout  particulièrement  cette 
année  la  Tomate  Roi-Humbert  qui  était  cultivée  dans  bon  nombre 
de  maisons  bourgeoises. 

L'opinion  générale  de  cette  Commission  —  qui  a  été  naturelle- 
ment formée  de  l'opinion  émise  par  chacun  des  jardiniers  qui  culti- 
vaient cette  plante  —  et  que  cette  Tomate  pouvait  être  considérée 
comme  la  plus  recommandable  de  toutes  les  variétés  en  culture. 

RivoiRE  père  et  fils, 

Marchands-grainiers,16,  rue  d'Algérie  —  Lyon. 


3§è 


Fritillaria  Meleagris  J,.  —  Variétéa  réduites  au  1/3  de  leur  grandeur. 

Note  sur  les    Fritillaires.  Fritillaria,  G.  Bauh. 


«  Linné,  fondateur  de  ce  genre,  trouvant  que  les  fleurs  de 
l'espèce  type  avaient  quelques  ressemblances  à  un  cornet  à  rouler 
les  dés  (Jrhillus),  lui  en  imposa  le  nom.  n  Ainsi  s'exprime 
Ch.  Lemaire  dans  son  «  Essai  sur  l'histoiro  et  la  culture  des 
Plantes  bulbeuses.  »  Cette  façon  de  parler  constitue  une  erreur 
qu'il  estlion  de  signaler.  Linné  n'avait  pas  à  créer  un  genre  qui 
existait  cent  ans  avant  lui,  un  genre  connu  de  Lobel,  de  Clusius  et 
de  Bauhin,  genre  qui  comptait  quatorze  formes  ou  variétés.  Linné 


—  S39  — 


^orotia  Impérial is 
Polvanthos 

Fritillaire  impériale  à  fleurs  nombreuses 

Réduite  au  6«  de  sa  hauteur 


Fritillaria  persica 

(Réduit  au  5»  de  ea  grandeur 


a  seulement  fait  entrer  dans  les  Fritillaria  les  espèces  suivantes  : 
persica  et  imperialis  que  les  anciens  classaient  dans  les  Lilium  ;  mais 
il  n'a  pas  eu  à  s'occuper  de  savoir  ce  que  voulait  dire  Fritillaria. 
Rendons  à  César  ce  qui  est  à  César, . . 

Le  genre  en  question  est  caractérisé  par  des  fleurs  axillaires, 
généralement  penchées,  composées  d'un  périanthe  à  six  divisions 
conni ventes  en  cloche,  qui  présentent  une  ligne  nectarifère  à  leur 
face  interne,  au-dessus  de  leur  base  ;  par  des  étamines  adhérentes 
à  la  base  du  périanthe  ;  par  un  ovaire  à  trois  loges  et  un  style 
tri-partite  en  massue.  Capsule  de  3  à  6  angles. 

Parmi  les  plus  belles  espèces  de  ce  beau  genre,  on  peut  noter 
les  suivantes  : 

1°  Fritillaire  impériale,  Fritillaria  imperialis  L.,  PeiUium  impé- 
riale J.  St-Hil.,  <7o»-o)ia /mperifl/w  (anciens  auteurs).  Noms  vulgaires  : 
Herbe  aux  sonnettes,  Couronne  impériale, 

La  Couronne  impériale  a  été^  dit-on,  introduite  dans  les  jardins 
en  1570, 


^  340  — 

Cette  date  d'introduction  est  fort  contestable  puisqu'on  trouve 
l'espèce  mentionnée  dans  plusieurs  ouvrages  antérieurs  à  cette 
époque.  Quoi  qu'il  en  ,  soit,  la  Couronne  impériale  est  une 
magnifique  plante  qui  comprend  un  assez  grand  nombre  de  variétés 
dont  l'origine  est  fort  obscure.  Est-ce  à  la  culture  que  sont  dues 
ces  variations?  c'est  ce  qui  est  fort  douteux,  car,  dans  une  foule 
d'autres  genres,  on  rencontre  à  l'état  spontané  des  variations  d'une 
valeur  analogue.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  anciens 
botanistes  connaissaient  la  plupart  des  variétés  actuellement  culti- 
vées. Ainsi  le  Pinnx,  publié  en  1571  par  Gaspard  Bauhin,  en 
mentionne  cinq  qui  offrent  des  caractères  bien  tranchés.  Les 
livres  les  plus  récents  n'en  signalent  pas  beaucoup  plus,  d'où  on 
est  presque  autorisé  à  conclure  que  les  progrès  dans  ce  genre  n'ont 
pas  été  bien  sérieux.  Voici  les  noms  des  variétés  les  plus  remar- 
quables appartenant  à  cette  espèce  :  Frilillaire  à  fleur  rouge  doichle, 
à  double  couronne,  à  nombreuses  fleurs  (Fig.  Corona  imperialis 
poljanthos),  maxima,  à  lige  plate,  A  fleurs  jaunes  simples,  à  fleurs 
jaunes  doubles. 

La  patrie  de  cette  Fritillaire  est  douteuse  ;  les  uns  lui  assignent 
la  Perse,  les  autres  la  Thrace. 

Elle  est  très  communément  cultivée  dans  les  jardins  où,  aussitôt 
après  les  grands  froids,  elle  s'élève  majestueusement  en  quelques 
jours  et  montre  au  sommet  de  sa  tige  de  nombreuses  clochettes 
couronnées  d'une  houpe  de  feuilles.  Toute  la  plante  exhale  une 
odeur  peu  agréable  qui  a  attiré  l'attention  des  médecins.  Voici  ce 
que  Cazin  dit  à  ce  propos  :  «  Toutes  les  parties  de  la  Fritillaire, 
et  notamment  le  bulbe,  d'une  odeur  forte  et  d'une  saveur  acre  sont 
délétères.  Orâla  a  fait  périr  des  chiens  auxquels  il  avait  administré 
des  fleurs  confuses.  Baraillon  assure  que  c'est  un  remède  aussi 
énergique  que  le  colchique  contre  l'hydropisie.   » 

Fritillaire  de  Perse.  F.  Pcrsica.  —  Cette  espèce  est  loin  d'avoir 
la  valeur  ornementale  de  la  Fritillaire  impériale,  mais  la  dispo- 
sition de  ses  nombreuses  fleurs,  l'élégance  et  la  teinte  glauque  de 
ses  feuilles  en  font  néanmoins  une  excellente  plante  d'ornement. 
La  figure  que  nous  en  donnons  nous  dispensera  d'en  faire  la 
description.  Elle  n'a  pas  donné  de  variétés,  ou  si  elle  en  a  données, 
elles  sont  si  peu  importantes  que  les  auteurs  n'ont  pas  jugé  à 
propos  de  les  signaler.  Elle  est,  comme  son  nom  l'indique,  origi- 
naire de  Perse. 

Frilillaire  pentade.  Frilillaria  Mcleagris.  Noms  vulgaires  :  Damier, 
Mêléagre,  OEuf  de  Fanneau.  —  Cette  espèce  est  spontanée  en 
France  où  elle  croît  dans  les  prairies  humides  et  les  pâturages 
des  montagnes.    Elle  est  fréquemment  cultivée  dans  les  jardins. 


—  341  — 

Elle  varie  :  à  fleurs  d'un  blanc  pur,  blanc  maculé  de  pourpre, 
de  violet,  de  rougeàtre,  rouges  foncées,  panachées  en  forme  de 
damiers  de  diverses  nuances.  Les  Frilillaria  ptjrenaïca,  aquilanica, 
delpliinetisis  et  involucrala  appartiennent  au  groupe  des  F.  Meleagris  ; 
elles  ont  été  considérées  comme  des  espèces  par  beaucoup  de 
botanistes. 

La  culture  des  Fritillaires  est  très  facile,  car  ce  sont  des  plantes 
très  rustiques.  Il  suffit  d'en  planter  des  bulbes  dans  les  plates- 
bandes  des  jardins  et  de  ne  pas  les  déranger  trop  souvent.  Les 
variétés  de  la  F.  méléagre  aiment  les  terrains  frais  et  croissent  au 
besoin  dans  les  gazons.  On  peut  également  les  multiplier  de  semis, 
dans  ce  cas  il  faut  semer  les  graines  aussitôt  leur  maturité  ;  elles 
ne  germent  qu'au  printemps.  Les  bulbes  de  semis  bien  cultivés 
fleurissent  la  3*  ou  4'  année.  L.  L. 


Aphorismes  horticoles  sur  les  plantations. 

Préparation  du  terrain.  —  Faire  de  bons  trous  larges  et  profonds, 
même  pour  les  petits  arbres.  A  moins  d'empêchement,  faire  les 
trous  le  plus  longtemps  possible  avant  la  plantation. 

Si  les  couches  du  sol  remué  ne  sont  pas  semblables,  ne  les  mêlez 
pas  ensemble.  La  partie  supérieure  du  sol  est-elle  argileuse  ou 
calcaire,  gardez-vous  bien  alors  de  la  mettre  au  fond  de  la  jauge  ; 
mettez-la  à  la  place  qu'elle  occupait  en  l'amendant  un  peu  avec  de 
fins  graviers,  sable,  marne,  pierraille,  plâtras,  etc.,  c'est-à-dire 
avec  toutes  sortes  de  matières  capables  de  l'assainir  et  de  la  diviser. 

Les  arbres  plantés  dans  le  voisinage  de  l'endroit  où  vous  devez 
effectuer  votre  plantation  ont-ils  une  tendance  à  jaunir?  n'hésitez 
pas  alors,  si  le  sous-sol  est  imperméable  à  l'eau,  d'étabhr  un  bon 
drainage  au  fond  de  chaque  trou. 

Si  le  sous-sol  est  marneux,  enlevez  la  marne,  parsemez-la  dans 
votre  jardin;  ne  craignez  pas  d'en  ajouter  au  terrain  qui  servira  à 
combler  le  trou  pratiqué  pour  la  plantation. 

Avant  de  planter,  faites  un  compost  dans  les  conditions  sui- 
vantes : 

Terre  prise  à  la  surface  du  sol,  moitié  ; 

Fumier  de  vache  et  de  cheval  mêlé  par  moitié,  un  quart  ; 

Terre  prise  au  fond  du  trou,  un  quart. 

Ce  compost  se  mettra  surtout  autour  et  dans  le  voisinage  des 
racines. 

Si  vos  moyens  vous  le  permettent,  ajoutez  du  fumier  aux  couches 
du  sol  que  vous  avez  séparées,  et  en  comblant  le  trou,  remettez-les 
chacune  à  peu  près  à  la  place  qu'elles  occupaient. 


=  842  — 

Le  mélange  du  bon  et  du  mauvais  terrain  produit  rarement  de 
bons  effets  ;  c'est  une  mauvaise  opération  que  celle  qui  consiste  à 
appauvrir  la  terre  fertile  du  sol  en  la  mélangeant  aux  couches 
stériles. 

Ne  craignez  pas  de  mettre  à  proximité  des  racines  :  vieux  chif- 
fons, rognures  de  cuir,  vieilles  laines,  os  pulvérisés  ou  non,  cor- 
nailles,  animaux  morts  et  en  général  toutes  les  matières  animales 
ou  minérales  longues  à  se  décomposer.  Dans  les  terrains  graniti- 
ques, le  plâtre  joue  un  rôle  de  premier  ordre  en  facilitant  l'assimi- 
lation des  éléments  utiles  aux  arbres  contenus  dans  ces  sortes  de 
terrains.  Les  cendres  de  bois  font  bon  effet  dans  les  sols  où  l'élé- 
ment calcaire  domine. 

Préparation  de  farbre.  —  Arrachez  ou  faites  arracher  avec 
beaucoup  de  soins  les  arbres  que  vous  devez  planter;  payez-les, 
s'il  le  faut,  un  peu  plus  cher  pour  cela. 

Affranchissez  avec  un  instrument  tranchant  les  racines  meurtries. 

Avant  de  planter,  pralinez  avec  soin  les  racines  et  même  la  tige 
de  l'arbre.  Cette  opération  du  pralinage,  qui  consiste  à  plonger  les 
racines  dans  une  sorte  de  boue  composée  d'argile  et  de  fumier  de 
vache,  est  très  utile  pour  faciliter  l'émission  des  jeunes  radicelles. 
(On  sait  qu'il  est  utile  qu'il  y  ait  adhérence  complète  entre  le  sol  et 
les  racines  si  l'on  veut  qu'il  y  ait  végétation  parfaite.)  Or,  cette 
adhérence  est  facilement  obtenue  si  l'arbre  a  été  prahné. 

Le  trou  et  la  terre  préparés,  placez  l'arbre  de  façon  que  lorsque 
les  racines  seront  entourées  déterre,  son  collet  soit  à  peine  enterré. 
Méfiez-vous  du  tassement  du  sol.  Si  vous  tenez  que  les  racines  ne 
dépassent  pas  la  place  que  la  nature  leur  a  assignée,  placez  en 
travers  du  trou  un  bâton  rigide  qui  portera  sur  les  deux  extrémités 
du  fossé  et  fixez  au  moyen  d'un  lien  d'osier  l'arbre  à  ce  bâton.  De 
cette  façon,  la  terre  se  tassera  sans  entraîner  l'arbre  avec  elle. 
Mettez  également  un  tuteur  à  l'arbre  pour  le  garantir  contre  les 
coups  de  vent  qui  pourraient  l'ébranler  et  le  jeter  de  côté. 

Ayez  toujours  soin  de  faire  entrer  la  terre  exactement  entre 
toutes  les  racines,  et  avant  de  combler  le  trou,  ne  craignez  pas  de 
mouiller  à  fond  la  terre  qui  les  entoure. 

Taille  des  rameaux.  —  Doit-on  supprimer  des  rameaux  ou  tailler 
l'axe  central  d'un  jeune  arbre  qu'on  doit  replanter?  La  question  est 
complexe,  mais,  en  règle  générale,  la  suppression  d'une  partie  des 
racines  de  l'arbre,  leur  adhérence  moins  complète  au  sol  indiquent 
tout  d'abord  que,  puisqu'il  y  a  suppression  de  recettes  alimentai- 
res, il  faut  faire  des  économies  de  dépenses  et  que,  par  conséquent, 
il  faut  rétablir  l'équilibre  en  taillant  l'arbre  nouvellement  planté. 
Toute  la  question  est  de  savoir  dans  quelle  limite  doit  se  faire  cette 
opération. 


—  343  — 

D'abord,  il  ne  faut  jamais  rabattre  un  arbre  à  haute  tige  au-dessous 
de  la  hauteur  où.  doit  se  former  la  couronne.  Ceci  est  élémentaire  ; 
cependant  il  y  a  des  cas  par  exemple,  si  l'arbre  a  été  mal  arraché, 
où  il  pourrait  sécher  dans  sa  partie  supérieure.  Alors  il  vaut  encore 
mieux  l'empailler  et  le  bassiner  quelquefois  que  de  le  rabattre. 

Quand  on  taille,  il  faut  toujours  conserver  les  branches  sur  les- 
quelles les  yeux  ou  bourgeons  sont  les  mieux  développés. 

Si  l'arbre  a  été  bien  arraché  et  bien  planté,  on  a  intérêt  à  con- 
server le  plus  de  branches  possibles  ;  c'est  le  contraire  qui  a  lieu  si 
les  racines  ont  été  trop  raccourcies. 

Pour  les  arbres  nains,  qu'on  doit  élever  en  pyramides,  fuseaux, 
espaliers,  la  taille  est  de  rigueur,  à  moins  qu'on  ne  veuille  voir 
s'annuler  les  yeux  de  la  base  du  sujet  et  obtenir  un  arbre  dénudé. 

Quelques  praticiens  préfèrent,  dans  ce  cas,  tailler  l'arbre  l'année 
qui  suit  celle  de  la  plantation.  Je  ne  partage  pas  cette  manière  de 
voir. 

Il  vaut  mieux  planter  de  suite,  quand  l'arbre  est  arraché,  que  de 
le  mettre  en  revourse. 

Pour  toutes  les  essences  qui  émettent  déjeunes  radicelles  dans  le 
cours  de  l'hiver,  la  plantation  d'automne  est  préférable  à  celle  du 
printemps. 

Un  peut  cependant  planter  au  printemps  sans  inconvénient. 

Un  pépiniériste. 

CATALOGUES  —  NOUVEAUTES 

Baudriller,  horticulteur-pépiniériste  à  Gennes  (Maine-et-Loire).  —  Cata- 
logue, pris-courant  pour  marehands.  Arbres  fruitiers,  forestiers  et  d'orne- 
ment en  collection,  comprenant  de  nombreuses  nouveautés  des  années  pré- 
cédentes. Rosiers,  arbustes  divers,  jeunes  plantes,  etc. 

Elle  Seguenot,  successeur  d'Adrien  Sénéclauze  à  Bourg-Argental  (Loire). 
—  Catalogue  général  des  conifères  et  des  végétaux  tant  indigènes  qu'exoti- 
gues,  de  pleine  terra  ou  de  serre  cultivée  dans  l'établissement.  Rhododen- 
drums  et  Azalées  de  pleine  terre.  Pivoine  en  arbre.  Collection  nombreuse. 
Les  conifères  sont  représentés  dans  a  catalogue  par  une  très  nombreuse 
collection. 

Grandjean,  horticulteur-pépiniériste  à  St-Maurice-de-Rémens  par  Ambé- 
rieu-en-Bugay  (Ain).  — Catalogue  et  prix-courant  contenant  l'énumération 
des  arbres  et  arbustes  cultivés  daus  l'établissement.  Arbres  fruitiers,  fores- 
tiers, d'ornement.  Collection  de  rosiers. 

Baborier,  viiiculleur  à  Chanas  par  U  Péaga  (Isèfo).  —  Pro^pectus-prix- 
courant,  contenant  l'énumération  des  porte-greifes  et  cjlleotion  de  vignes 
américaines,  ainsi  que  celles  des  vignes  françaises  greffées  et  soudées. 

Rosiers  nouveaux  obtenus  de  semis  dans  l'établissement  de  M.  Liabaud, 
horticulteur  à  la  Crois-Rousse   et  livrables  à  partir  du  1"  novembre  1885  : 

Madame  Gomot, — Arbuste  vigoureux,  ample  feuillage  vert  foncé,  fleur 
très  grande,  presque  pleine,  rose  vif  glacé,  très  belle.  Issue  de  la  variété 
Reine  d'Angleterre. 


—  344  — 

Madame  Musset.  —  Arbuste  très  vigoureux,  à  rameaux  érigés,  feuillage 
vert  foncé  touffu,  fleur  très  grande,  pleine,  beau  rouge  clair,  bien  faite, 
Buperbe.  Issue  de  la  variété  Marie  Baumann,  mais  plus  vigoureuse. 

Madame  Rebatel.  —  Arbuste  vigoureux  à  rameaux  droits,  feuillage  d'un 
vert  clair,  fleur  grande  ou  irès  grande,  pleine,  rose  vif  nuancé  rose  tendre, 
de  forme  très  élégante,  très  belle.  Issue  de  la  variété  la  Reine. 

Madame  Villy,  —  Arbuste  vigoureux  à  rameaux  droits  et  forts,  feuillage 
vert  foncé,  fleur  grande  ou  très  grande,  pleine,  bien  faite,  rouge  amaranthe 
brillant.  Extra.  Cette  plante  a  le  port  et  l'aspect  de  la  variété  Duchesse  de 
Cambacérès. 

Poirier- Bergamotte  Liabaud. 

Rose  nouvelle  obtenue  de  semis  par  M.  Bonnaire,  horticulteur-rosiériste, 
chemin  des  Hérideaux,  6,  à  Monplaisir-Lyon  : 

Thé  Souvenir  de  Victor  Bugo.  —  Arbuste  vigoureux  à  rameaux  droits  ; 
pédoncule  ferme;  fleur  grande,  pleine,  très  bien  faite,  beau  rose  de  Chine  vif 
éblouissant,  centre  jaune  capucine;  pourtour  des  pétales  argentés  et  bordés 
à  l'extrémité  d'un  beau  rouge  carmin  éclatant  et  n'ayant  point  de  rapport 
avec  aucune  des  variétés  déjà  livrées  au  commerce;  coloris  entièrement  nou- 
veau. 

Joseph  Bonnaire,  horticulteur-rosiériste,  chemin  des  Hérideaux  à  Mon- 
plaisir-Lyoïi.  —  Cafalogne  et  prix-courant  des  rosiers  cultivés  dans  l'éta- 
blissement. Collection  très  complète  de  variétés  appartenant  aux  différents 
types  de  rosiers  cultivés  dans  les  jardins. 

Ch.  Reboul,  horticulteur-pépiniériste,  faubourg  St-Lazare  à  Montélimar 
(Drôme).  —  Extrait  du  catalogue  général  comprenant  l'énumération  des 
arbres  fruitiers:  pêchers,  prunier^•,  poiriers,  abricotiers,  vigiies,  kakis,  etc., 
cultivés  dans  l'établissement,  ainsi  que  la  liste  des  arbres  et  arbustes  d'orne- 
ment à  feuilles  persistantes  ou  à  feuilles  caduques. 

G.  MoRLET  père  et  fils,  horticulteurs  à  Avon  (Seine-et-Marne).  Pépinières 
duMonceiQ.  —  Catalogue  compreuant  l'énumération  des  meilleurob  sortes 
d'arbres  fruitiers  cultivés  dans  les  jardins,  vignes,  arbres  fruitiers  formés, 
arbres  forestiers  et  d'ornement,  arbustes  pour  massifs,  arbustes  à  feuilles 
persistantes,  conifères,  plantes  vivaces,  rosiers,  etc. 

Verilhac  (J.)  père  et  fils,  horticulteurs  à  Annonay  (Ardèohe).  —  Prix- 
courant  de  jeunes  plants,  arbres  et  arbustes  nouveaux,  arbres  fruitiers,  coni- 
fères élevés  en  pots,  arbres  forestiers,  arbrisseaux  et  arbustes  de  pleine- 
terre,  arbustes  grimpants,   plantes  de  serre,  plantes  aquatiques,  bulbes,  etc. 

Bréchon,  ci-devant  horticulteur  à  Eoully,  actuellement  à  Tassiti-la-Demi- 
Lune,  hameau  de  la  Pomme.  —  Prospectus  relatif  aux  rosiers  et  aux  vignes 
cultivés  dans  l'établissement. 

J.-B,  QuiLLOT  et  fils,  horliculteu'S-rosiéristes,  chemin  des  Pins,  27,  Guil- 
lotière-Lyon  (Rhône).  —  Prospectus  annonçant  la  vente  du  rosier  nouveau 
obtenu  de  semis  Thé  Comtesse  de  Frigneuse:  arbuste  vigoureux  et  très  flori- 
fère, fleurs  grandes,  pleines,  bien  faites,  coloris  d'un  beau  jaune  cauari  écla- 
tant, boutons  allongés,  variété  do  premier  mérite. 

Des  mêmes  horticulteurs,  catalogue  général  et  supplément  contenant  l'énu- 
mération des  rosiers  nouveaux  et  anciens  ciltivés  dans  l'établissement.  Nom- 
breuse et  riche  collection. 


Le  Gérant:  V.  VIVIAND-MOREL 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  NOVEMBRE  N^     21 


CHRONIQUE 


Sécateur  el  serpette.  —  Il  s'agit,  pour  le  moment,  d'une  joute 
oratoire  entre  un  champion  de  la  serpette  et  un  zélé   partisan  du 

sécateur.  Ces  deux  instruments  du  supplice des  arbres  sont  à 

tour  de  rôle  conspués  comme  de  vulgaires  malfaiteurs  ou  exaltés 
comme  des  archanges;  c'est  une  lutte  à  coups  de  plumes,  fort 
intéressante  quoique  inolFensive,  dans  laquelle  chacun  des  deux 
combattants  s'efforce,  comme  dans  toute  lutte  sérieuse,  de  tomber 
son  adversaire,  c'est-à-dire  l'idée    qu'il  défend. 

C'est  toujours  un  spectacle  divertissant  que  celui  des  vives 
discussions  entre  gens  d'esprit  ;  cela  repose  un  peu  des  banalit-és 
à  l'eau  de  rose  de  la  vie  ordinaire.  Pour  mon  compte,  je  m'amuse 
beaucoup  et  je  m'instruis  encore  davantage  à  lire  ces  trop  rares 
polémiques  qui  surgissent  de  temps  à  autre  dans  les  journaux 
horticoles.  Du  reste,  elles  ne  tournent  pas  au  tragique  comme  le 
font  trop  souvent  celles  des  journaux  politiques,  et  je  crois  quecela 
plaide  en  faveur  de  notre  corporation  qui  n'admet  pas,  même 
entre  particuliers,  que  la  force,  l'adresse  ou  le  hasard  priment  le 
droit  ou  donnent  raison  à  celui  qui  a  tort. 

Je  disais  donc  que  M.  le  i'rère  Henry  et  M.  le  chanoine 
Lefèvre,  à  propos  de  serpette  et  de  sécateur,  se  disaient  agréa- 
blement, c'est-à-dire  en  bon  langage,  des  choses  désagréables. 
C'est  le  frère  qui  a  commencé  l'attaque  en  publiant  dans  le  Moniteur 
d'Iioriiculture  un  article  intitulé  :  <i  La  serpette  et  le  sécateur  » , 
auquel  M.  le  chanoine  a  répondu  unguibus  et  roslro  dans  le 
numéro  suivant  du  même  journal.  Sa  réponse  a  pour  titre  «  Encore 
la  serpette  et  le  sécateur.  » 

Le  frère  Henry  tient  pour  le  sécateur  qui  est  plus  commode, 
avance  davantage  et  ne  cause  aucun  tort  aux  arbres  taillés.  Le 
chanoine  Lefèvre  préfère  la  serpette  qui  fait  de    belles  coupes  et 


—  346  — 

proscrit  le  sécateur  «  instrument  de  supplice,  le  favori  du  chi- 
cotier  et  du  fagotier,»  «le  pelé,  le  galeux  d'où  vient  tout  le  mal,  » 
enfin,  pour  tout  dire,  «  le  père  de  l'ulcère  »  .  Il  ne  restait  plus, 
dit  le  frère  Henry,  après  cette  longue  énumération  d'injures  et  de 
méfaits,  qu'à  citer  l'invonteur  de  cet  horrible  outil,  à  dire  dans 
quelle  tête  mal  équilibrée  ou  dans  quel  cœur  impitoyable  une 
pareille  idée  avait  pu  éclore.  Ce  n'est  pas,  ajoute  le  même 
écrivain,  M.  l'abbé  Lefèvre  qui  s'est  avisé  le  premier  de  proscrire 
le  sécateur,  l'attaque  est  venue  de  plus  haut  :  «  d'un  ancien  jar- 
dinier du  ministère  de  l'agriculture  et  professeur  d'arboriculture 
de  la  ville  de  Paris,  M.  Dubreuil.  La  lutte  est  poursuivie  par 
M.  Gressent,  un  excellent  notaire,  qui,  pour  se  délasser  de  ses 
actes  et  de  ses  contrats,  s'improvisa  un  beau  jour  horticulteur  et 
fit  un  livre  fort  peu  estimé  des  hommes  du  métier;  mais  malheu- 
reusement assez  répandu  parmi  les   simples  amateurs.   » 

Pour  mon  compte  personnel,  je  crois  que  le  sécateur  est  un 
instrument  qui  mérite  considération  parce  qu'il  abrège  singulière- 
ment le  travail,  et  que  lorsqu'il  est  bien  aiguisé  il  fait  des  coupes 

très  franches.  La  serpette  est  encore  meilleure pour  ceux  qui 

n'ont  que  quelques  arbres  à  tailler. 

Encore  le  Rosapoltjanllia.  — M.  Alexandre  Bernaix,  rosiériste  à 
Villeurbanne  (Rhône),  a  présenté  sur  le  bureau  de  l'Association  hor- 
ticole lyonnaise,  deux  pieds  de  Rosiers  greffés  dans  le  cours  de 
l'été  1885  sur  Rosa  Pohjanlha,  dont  les  sujets  plantés  au  printemps 
avaient  un  an  de  semis.  M.  Bernaix  avait  eu  soin  de  laisser  intacts 
les  sujets  et  la  greffe  développés  dans  le  cours  de  l'année,  afin  qu'on 
puisse  juger  de  visu  le  beau  développement  que  prennent  les  raci- 
nes et  les  branches.  Cette  démonstration  de  l'excellente  qualité  du 
rosier  japonais  comme  sujet  à  greffer  avait  déjà  été  faite  par 
M.  Alégatière  et  aujourd'hui  ou  peut  la  considérer  comme  déci- 
sive. Les  nombreuses  racines  qu'émettent  les  Bosa  /"o/i/n/îf/m  favori- 
seront singulièrement  la  culture  en  pots  des  rosiers  greifés  sur  ce 
sujet  et  nous  ne  pouvons  qu'en  conseiller  l'emploi  aux  rosiéristes.  Si 
on  ajoute  que  les  graines  de  B.  Polyanlha  germent  dans  l'espace 
d'un  mois,  sans  stratification  préalable,  voilà  plus  de  qualités  qu'il 
n'en  faut  pour  justifier  notre  recommandation. 

ElJeuiUement.  —  Quand  on  se  veut  rendre  compte  si  une  opéra- 
tion est  bonne,  il  suffit  de  dépasser  du  coup  la  limite  et  constater 
les  résultats  qu'elle  donne.  C'est  ce  que  j'ai  fait  cette  année  pour 
juger  de  la  valeur  de  l'elTeuillement.  Trois  ceps  de  vigne  furent 
effeuillés  le  même  jour  ;  au  premier  j'enlevai  seulement  les  feuilles 
qui  cachaient  les  raisins,  au  second  la  moitié  des  feuilles  et  au  troi- 


—  347   — 

sième  toutes  les  feuilles.  L'opération  se  fit  à  la  fin  d'août  au  mo- 
ment où  les  raisins  commençaient  à  mûrir.  Là  où  les  feuilles  furent 
toutes  enlevées  les  raisins  ne  mûrirent  pas  du  tout  ;  ils  mûrirent 
fort  mal  sur  le  cep  où  la  moitié  des  feuilles  furent  ôtées.  Quant  au 
cep  qui  n'avait  que  quelques  feuilles  d'enlevées,  la  maturité  s'eflfec- 
tua  à  peu  près  comme  à  l'ordinaire.  On  peut  donc  conclure  de  cet 
essai  que  l'elfeuillement  doit  toujours  s'effectuer  avec  prudence, 
qu'on  doit  enlever  le  moins  de  feuilles  possible  à  un  arbre  ou  à  un 
arbuste  si  on  tient  que  ses  frui]s  acquièrent  toutes  les  qualités 
qui  les  font  rechercher.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  ce  sont  les 
feuilles  qui  élaborent  et  qui  transforment  les  matières  puisées  dans 
le  sol  ou  dans  l'atmosphère  par  la  plante. 

Informations.  —  Concours  agricoles.  —  Le  ministre  de  l'agri- 
culture vient  de  prendre  une  décision  importante.  A  dater  de 
l'année  1887,  il  n'y  aura  plus  que  six  concours  régionaux  au  lieu 
de  douze.  Les  circonscriptions  des  concours  et  les  départements 
dans  lesquels  les  expositions  régionales  auront  lieu  de  1887  à 
1 893  sont  fixés  par  un  arrêté  ministériel  qui  détermine  comme  suit 
la  cinquième  circonscription  dont  fera  partie  le  Rhône  : 

Corrèze,  Loire,  Lot,  Ardèche,  Tarn,  Lozère,  Cantal,  Haute- 
Loire,  Aveyron,  Rhône,  Tarn-et-Garonne,  Puy-de-Dôme,  Creuse. 

—  Par  une  lettre-circulaire  du  31  octobre  dernier,  M™°  veuve 
J.  Schwartz  annonce  que  par  la  suite  du  décès  de  son  mari,  elle 
continue  la  culture  spéciale  des  Rosiers,  dans  l'établissement  d'hor- 
ticulture appelé  Terre  des  Roses,  fondé  en  1837  et  situé  route  de 
Vienne,  7,  à  Lyon-Guillotière. 

—  On  annonce,  pour  paraître  prochainement,  un  nouveau  jour- 
nal d'horticulture  qui  se  publiera  à  Lille  sous  le  nom  de  le  Récapi- 
lulaleur  et  Indicateur  horticole  du  Nord. 

—  Rectification.  —  M.  Prosper  Degressy,  horticulteur  à  Chalon- 
sur-Saône,  nous  informe  que  c'est  par  erreur  qu'il  a  été  mentionné 
dans  le  compte-rendu  de  l'Exposition  de  Mâcon,  comme  ayant 
obtenu  une  médaille  de  vermeil  pour  une  collection  de  roses  cou- 
pées. Cette  médaille  a  été  obtenue  par  M.  J.-B.  Champion,  rosié- 
riste  à  Saint-Cyr.  M.  Degressy  a  obtenu  quutre  médailles  :  collec- 
tion de  Dahlias,  de  Poires,  Dracœna  de  semis  et  ensemble  de  son 
exposition. 

—  Par  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  5  octo- 
bre 1885,  l'introduction  des  plants  de  vignes  étrangères  et  des 
plants  de  vignes  provenant  d'arrondissements  phylloxérés,  est  auto- 
risée dans  les  arrondissements  de  Grenoble,  La  Tour-du-Pin  et 
Saint-Marcellin  (Isère). 


—  348  — 

—  La  Société  d'horticulture  a  décidé  de  tenir  trois  expositions 
à  Paris  en  1886.  La  première,  pour  les  fleurs  de  printemps,  pom- 
mes de  terre,  etc.,  à  la  fin  de  mars;  la  deuxième,  exposition  géné- 
rale, plantes,  fruits,  légumes,  arts  et  industrie,  à  la  fin  de  mai,  et  la 
troisième,  pour  les  fleurs  d'automne  et  les  fruits,  fin  septembre  ou 
premiers  jours  d'octobre.  Les  dates  exactes  seront  fixées  ultérieu- 
rement. 

—  Le  ministre  de  la  guerre  vient  de  prendre  une  décision  très 
importante  pour  la  culture. 

Les  blés  tendres  de  provenance  de  l'Inde,  dont  l'importation  de 
plus  en  plus  grande  est  une  menace  pour  nos  producteurs,  seront, 
jusqu'à  nouvel  ordre,  exclus  des  fournitures  à  foire  pour  le  service 
militaire. 

—  M.  Millardet,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bor- 
deaux, propose  pour  préserver  les  vignes  du  Mildiou,  le  mélange 
suivant  :  Faire  dissoudre  8  kilog.  de  sulfate  de  cuivre  dans 
100  litres  d'eau,  et,  d'un  autre  côté,  faire  avec  30  litres  d'eau  et 
15  kilogrammes  de  chaux  vive  un  lait  de  chaux  que  l'on  mélange  à 
la  solution  de  sulfate  de  cuivre.  On  asperge  les  feuilles  avec  ce 
mélange  dès  que  le  mildiou  apparaît  dans  le  vignoble. 

—  M.  Perrey  propose  pour  le  même  usage  d'employer  le  sul- 
fate de  cuivre  en  bassinage  à  l'aide  d'un  pulvérisateur.  La  dose 
qu'il  indique  en  poids  est  de  5  kilog.  dans  100  litres  d'eau. 
Employer  ce  procédé  du  1"  au  15  juillet.  Le  sulfate  de  cuivre  et 
l'acide  sulfureux  sont  les  deux  agents  qui  paraissent  jusqu'à  présent 
avoir  donné  les  meilleurs  résultats  dans  le  traitement  de  vignes  mil- 
diousées. 

—  M.  Mercier,  horticulteur  à  Thizy  (Rhône),  qui  avait  essayé, 
sans  en  être  salisfait,  diflFérents  procédés  donnés  comme  efficaces 
pour  détruire  le  puceron  lanigère,  a  eu  l'idée  de  le  frotter  et  de 
l'écraser  tous  les  huit  jours  à  mesure  qu'il  apparaissait.  11  assure 
que  ce  procédé  employé  cinq  fois  de  suite  a  réussi  à  débarrasser 
ses  pommiers  du  puceron. 

—  M.  Baudriller,    horticulteur-pépiniériste  à  Gennes  (Maine- 
et-Loire),  annonce  la  mise  en  vente  de  nouveautés  inédites  de  son 
établissement,  telles  que  :  Bigarreau,  de  Mezel,  à  feuilles  panachées, 
Cornouiller  commun,  à  feuilles  ponctuées  de  jaune  au  centre,  Tilleul 
argenté  à  feuilles  maculées. 

—  Le  Cypripedium  Jugiisii  Regneri  est  une  espèce  nouvelle  dis- 
tincte récoltée  par  feu  A.  Régnier,  en  Cochinchine,  et  dontM.  Go- 
defroy-Lebœuf,  horticulteur  à  Argenteuil,  estchargé  du  placement. 

—  La  Gazelle  du  p'illagc  recommande  de  ne  jamais  planter  de 
tilleul  dans  le  voisinage  des  potagers,  parce  que  cet  arbre  est  fré- 


—  349  —   . 

queuté  par  la  punaise  rouge,  qui  gagne  proraptement  les  arbres 
fruitiers  et  les  légumes  et  dont  il  est  difficile  de  se  débarrasser.  Je 
crois  que  cette  recomnaandation  est  bonne,  parce  que,  en  effet, 
j'ai  eu  fréquemment  l'occasion  d'observer  l'exactitude  de  cette 
remarque. 

—  M.  A.  Bertin,  jardinier  en  chef  de  la  ville  de  Saint-Quentin, 
conseille  de  cultiver  quelques  Bégonias  tubéreux  comme  plantes 
isolées  ;  il  en  signale  un  exemplaire  dans  les  jardins  de  la  ville 
cultivé  de  cette  manière,  dont  les  tiges  florales  atteignent  1  mètre 
de  hauteur  et  dont  la  toufïe  offre  un  développement  de  1  mètre  50 
de  diamètre.  Au  moment  de  la  plantation ,  le  tubercule  avait 
40  centimètres  de  diamètre.  On  s'imagine  l'effet  produit  par  une 
pareille  plante. 

—  La  fraise  Boi  Henry,  annoncée  comme  remontante,  n'avait 
presque  pas  remonté  l'an  dernier  chez  beaucoup  de  personnes  qui 
en  avaient  planté.  Cette  année,  elle  nous  a  donné  d'assez  belles 
fraises  dans  le  courant  de  septembre. 

—  Bien  que  les  pommiers  reprennent  généralement  assez  mal 
quand  on  les  greffe  sur  poirier,  il  paraît  que  la  gretife  en  question 
n'est  pas  toujours  impossible,  plusieurs  témoignages  en  font  foi. 
On  pensait  même  que  le  pommier  ainsi  greffé  était  exempt  du 
puceron  lanigère;  malheureusement,  il  n'en  est  rien,  d'après  le 
dire  de  M.  Mail,  horticulteur  à  Yvetot,  qui  vient  de  signaler  le 
fait  dans  la  Bévue  horticole. 

—  On  signale  encore  une  nouvelle  maladie  de  la  vigne,  le  Black 
roi  (Phoma  iivicola),  qui  s'attaque  aux  raisins.  Cette  maladie  a, 
paraît-il,  fait  d'assez  grands  dégâts  dans  certains  vignobles  de 
l'Hérault.  Pauvre  vigne,  quand  nous  serons  à  cent,  nous  ferons 
une  croix  :  oïdium,  pourridié,  antrachnose,  mildew,  phylloxéra, 
pyrale . . . 

—  Le  Beurré  J'ouqueraij  est  une  fort  belle  poire  nouvelle  de  pre- 
mière qualité,  mûrissant  du  15  octobre  au  15  novembre.  Elle  a 
été  obtenue  par  M.  Fouqueray-Gautron,  horticulteur  à  Sonzay 
(Indre-et-Loire).  La  Bévue  horticole  en  a  publié  une  figure  coloriée 
qui  séduira  plus  d'un  amateur.  En  effet,  le  fruit  est  de  grosseur 
considérable,  puisqu'il  atteint  25  à  30  centimètres  de  circonférence 
sur  10  à  12  centimètres  de  hauteur.  Il  est  probable  que  l'année  ne 
se  passera  pas  sans  que  l'arbre  soit  mis  au  commerce.  • 

—  M.  Cousançat,  horticulteur  à  Cuire-lès-Lyon,  a  présente 
sur  le  bureau  de  l'Association  horticole,  une  poire  monstrueuse 
qui  s'est  développée  directement  sur  le  tronc  d'un  vieux  poirier. 
Issue  d'un  bourgeon  à  fleur  qui  émergeait  à  peine  de  la  vieille 
écorce  rugueuse,  elle  était  sessile  et  appliquée  contre  le  tronc.  Le 
fait  est  assez  rare  pour  être  signalé.  V.   V.-M. 


—  350  — 
Correspondance. 

Vichy,  le  22  octobre  1885. 

Monsieur  Viviand-Morel,  rédacteur  en  chef 
du  Lyon-Horlicole. 

Dans  votre  numéro  d'octobre,  vous  parlez  des  Pêches  américai- 
nes, et,  regrettant  que  les  Italiens,  Espagnols,  Portugais,  Français 
ne  créent  pas  de  nouvelles  espèces,  vous  déplorez  que  toutes  les 
Pêches  nouvelles  aient  des  noms  américains  ou  anglais. 

J'avoue  que  votre  article  m'a  rendu  perplexe.  J'ai  vu  de  près, 
j'ai  même  goûté  les  Pêches  anglaises  et  américaines,  et  je  ue  puis 
comprendre  comment  ce  sont  ces  Pêches  qui,  d'après  ce  que  vous 
constatez,  tiennent  le  haut  du  pavé. 

Il  y  a  là,  sans  doute,  quelque  erreur  qu'il  serait  bon  d'éclaircir. 

A  Londres,  pendant  la  saison  des  fruits,  on  vend  pour  six  pences 
(douze  sous)  d'excellentes  Pêches  françaises  qui  viennent  de  la 
Normandie  et  des  environs  de  Paris.  Dans  les  magasins  de  comes- 
tibles aristocratiques,  on  vend  des  Pêches  anglaises  qu'on  met  en 
vedette  dans  les  montres  avec  ces  mots  caractéristiques  :  «  uarcnlcd 
english  »  ,  garanties  anglaises,  et  on  les  fait  payer  i  schelhng  (25 
sous). 

Or,  ces  fruits  sont  des  boules  de  baudruche  verte  remplies  d'une 
pâte  vinaigrée  ;  on  les  achète  néanmoins  avec  empressement, 
puisqu'elles  sont  «  warented  english  »  :  l'Anglais  est  patriote. 

A  Nevw-York,  Boston,  Philadelphie,  etc.,  on  vend  six  pences 
des  Pêches  américaines  qu'on  appelle  d  Pêches  de  Cahfornie  » . 
Elles  n'en  viennent  pas,  comme  nous  ie  verrons;  elles  sont  culti- 
vées sur  le  versant  est  de  l'Amérique  où  il  n'y  a,  comme  en  Chine, 
qu'un  hiver  et  un  été,  hiver  terrible,  été  épouvantable,  et  cela  sans 
transition,  sans  printemps,  sans  automne;  aussi  ces  fruits,  assez 
colorés,  sont  coriaces  et  acides. 

Les  seuls  fruits  remarquables  dans  cette  partie  de  l'Amérique 
sont  les  Bananes  et  les  Ananas,  qui  viennent  du  Sud  par  pleins 
bateaux  et  se  vendent  quelques  sous. 

Si  l'on  se  dirige  à  l'ouest,  en  Californie,  le  chmat  est  tout  diffé- 
rent; il  n'y  a  qu'un  printemps  et  un  automne,  sans  hiver  ni  été; 
on  ne  connaît  ni  les  habits  de  coutil,  ni  les  pardessus  fourrés. 

Aussi  les  fruits,  les  légumes  sont  merveilleux;  grâce  aux  Chi- 
nois, qui  sont  d'excellents  jardiniers,  le  marché  de  Sau-Francisco 
est  le  mieux  approvisionné  du  monde  entier.  Ce  n'est  plus  la  pêche 
qui  coûte  six  pences,  mais  le  panier  de  vingt  pêches  exquises. 


—  351  — 

Et  quelle  est  la  variété  qu'on  cultive?  Les  Chinois  se  sont  bien 
gardé  d'importer  leurs  fruits,  qui  sont  immangeables  ;  ils  ne  plan- 
tent les  pêchers  que  pour  en  admirer  la  fleur;  ils  ont  simplement 
multiplié  les  pêches  de  Montreuil,  que  les  Français,  premiers  occu- 
pants de  San-Francisco  en  1848,  ont  importées  avec  tous  les 
excellents  fruits  de  France. 

Mais  alors,  où  se  créent  les  pêches  américaines  ou  anglaises? 

Probablement  chez  nous  ;  mais  comme  les  Anglo-  Saxons  paient 
très  cher  la  gloire  d'avoir  des  Pêches  «  warented  english  »  ,  ils 
donnent  aux  nouvelles  espèces  un  nom  anglais  et  l'orgueil  britanni- 
que est  satisfait. 

Du  moins  je  suppose  que  cela  se  passe  ainsi. 

Vous  posiez  une  double  question  :  Les  Américains,  dites-vous, 
auraient-ils  un  secret,  ou  les  horticulteurs  de  l'ancien  continent 
n'auraient-ils  pas  de  chance?  A  votre  double  question,  je  réponds 
par  un  point  d'interrogation  ;  mais  peut-être  êtes-vous  en  mesure  d'y 
répondre. 

Voulez-vous  maintenant  que  nous  parlions  un  peu  Chrysan- 
thèmes. 

Vous  annoncez  pour  le  15  novembre  un  concours  de  Chrysan- 
thèmes. Je  ne  sais  quelles  surprises  nous  préparent  les  exposants, 
mais  je  serais  bien  heureux  si  je  trouvais  là  les  superbes  fleurs  que 
j'ai  vues  au  Japon  et  que  je  n'ai  encore  jamais  vues  en  France, 
grosses  comme  des  Pivoines  et  avec  des  pétales  qui  se  tordent 
comme  des  membres  de  pieuvres. 

Un  jour  que  je  parlais  de  mon  désir  à  M.  Lemoine,  le  célèbre 
horticulteur  de  Nancy  ;  il  me  répondit  que  l'on  connaissait  très  bien 
l'espèce  dont  je  parlais,  mais  qu'on  l'avait  modifiée,  parce  que  ses 
fleurs  étaient  trop  laides. 

Eh  bien,  je  déclare  que  je  suis  preneur  au  rabais  d'une  collec- 
tion de  Chrysanthèmes  du  Japon.  —  Mais,  entendons-nous  bien, 
de  ceux  dont  les  fleurs  sont  trop  laides. 

Veuillez  excuser.  Monsieur,  la  longueur  de  ma  lettre  et  agréer 
l'assurance  de  ma  considération  distinguée. 

E.    GuiMET. 

Nous  remercions  vivement  M.  E.  Guimet  de  la  lettre  qu'il  nous 
a  écrite,  car  elle  contient  d'excellents  renseignements  concernant 
l'horliculture  dont  profiteront  les  lecteurs  du  Lyon-Horticole.  Je  me 
bornerai  seulement  à  faire  remarquer  que  dans  la  petite  note  que 
j'ai  publiée,  je  parlais  seulement  des  Pêches  précoces,  car  pour  les 
autres  elles  portent  des  noms  bien  français  et  sont  infiniment  supé- 
rieures en  qualité  à  toutes  les  Amsdem  possibles.  iV.  delalï. 


—  352  — 

Note  sur  les  Fusains  à  feuilles  persistantes. 

Le  genre  Fusain  a  été  connu  des  plus  anciens  botanistes,  Théo- 
phraste  le  nommait  Evomjmus,  nom  qui  paraît  venir  d'Evonyme, 
divinité  mythologique  mère  des  Furies.  Fusain  est  une  altération 
du  mot  fuseau,  ustensile  bien  connu  qui,  paraît-il,  était  fabriqué 
avec  le  bois  des  Evonymus.  Le  mot  fusain  est  également  appliqué 
pour  désigner  une  sorte  de  charbon  très  léger  dont  se  servent  les 
peintres  et  les  dessinateurs. 

Les  Fusains,  dont  l'espèce  la  plus  commune  [Evonymus  europeus) 
est  connue  en  France  sous  le  nom  de  Bonnet  de  prêtre,  à  cause  de 
la  forme  de  son  fruit,  comprennent  deux  séries  d'espèces  très  dis- 
tinctes :  l'une  à  feuilles  caduques,  dont  je  ne  parlerai  pas;  l'autre  à 
feuillage  persistant,  sur  laquelle  j'ai  l'intention  de  dire  quelques 
mots. 

Il  n'y  a  guère  plus  d'une  cinquantaine  d'années  que  les  Fusains 
à  feuilles  persistantes  ont  commencé  à  jouer  un  rôle  important  en 
horticulture.  Signalée  par  Thunberg  et  Kfempfer,  l'espèce  la  plus 
remarquable  de  ce  groupe  fut  introduite  en  Europe  au  commence- 
ment de  ce  siècle  ;  elle  fut  d'abord  cultivée  comme  plante  d'oran- 
gerie sous  le  nom  de  Fusain  du  Japon  {Evo)ujmits  japonicus)  et  mit 
fort  longtemps  à  se  répandre  dans  les  jardins.  En  1825,  le  Bon 
jardinier  ne  la  mentionnait  pas  encore,  bien  qu'elle  existât  déjà 
dans  les  cultures,  ce  qui  prouve,  dans  une  certaine  mesure,  qu'elle 
n'était  pas  très  commune  à  cette  époque.  Vingt  ans  plus  tard,  elle 
élait  déjà  mieux  considérée  et  commençait  à  se  répandre  dans  les 
jardins,  et  on  signalait  en  même  temps  que  le  type,  deux  variétés 
à  feuilles  panachées. 

La  facilité  de  sa  multiplication,  celle  vraiment  étonnante  de  son 
adaptation  à  tous  les  terrains,  même  les  plus  ingrats,  son  port  trapu 
et  compact,  la  beauté  et  la  persistance  de  son  feuillage  lustré  et 
brillant  ne  tardèrent  pas  à  la  faire  rechercher  de  tous  les  amateurs. 

A  la  suite  de  semis  successifs,  le  Fusain  du  Japon  a  donné  une 
série  de  variations  dont  les  horticulteurs  ont  multiplié  les  mieux 
caractérisées.  Plusieurs  des  variétés  ainsi  obtenues  ont  également 
fournies  par  dimorphismes  des  formes  panachées  (dorées  ou  argen- 
tées), ponctuées  ou  marginées. 

Les  variations  autres  que  les  panachures,  ont  surtout  porté  sur 
la  vigueur,  le  port  des  plantes  et  la  largeur  de  leur  feuillage.  On  a 
eu  ainsi  les  variétés  de  Fusain  du  Japon  à  grandes  feuilles  (macro- 
phylln),  à  larges  feuilles  (latifolia),  à  petites  feuilles  (microphylla), 
à  feuilles  frisées  (calaraistrata),  etc.  Quant  aux  panachures,  elles 
varient  du  jaune  pâle  (llavescens)  au  jaune  d'or  (aurea)  et  au  blanc 
argenté  (argentoa).  Elles  occupent  les  bords  ]j1us  ou  moins  régu- 
lièrement et  quelquefois  le  centre  (aureo  medio-picta).  L'intensité 
de  leur  coloration  varie  avec  l'âge .  Quelques  variétés  panachées  ne 


—  353  — 

sont  pas  très  constantes  et  retournent  aisément  au  type,  surtout 
dans  certains  sols;  en  revanche,  il  en  est  d'autres  qui  sont  inébran- 
lables. 

En  dehors  des  panachures  très  ornementales  qui  ornent  les 
feuilles  de  certaines  variétés,  il  y  a  des  caractères  qui  distinguent 
et  font  rechercher  plusieurs  sortes  à  feuilles  vertes. 

Ces  caractères,  qui  s'observent  surtout  dans  le  port  et  la  vigueur 
des  plantes,  la  grandeur  et  forme  des  feuilles  se  combinent  de 
difïérentes  manières,  souvent  très  heureuses  et  constituent  de 
véritables  améliorations. 

Le  Nouveau,  jardinier  iUuslrc  pour  1 868  ne  signalait  à  cette  date 
que  deux  variétés  A' Evoivjmus  japonicus,  les  variétés  argenteus  et 
aureus.  Depuis  cette  époque,  l'amélioration  du  genre  a  été  très 
rapidement. 

U Arborelum  Segrezianum ,  publié  en  1877  par  le  regretté  Alph. 
Lavaliée,  mentionne  à  peu  près  toutes  les  variétés  importantes 
à' Evo7iiimus  japonicus  connues  à  cette  date  ;  en  voici  l'énumération 
complète  : 

Macroplujlla ,  lalifolia,  punclala,  flavescens,  variegata,  tricolor,  foliis 
aibo  marginatis,  calami.slrala  et  microphi/lla. 

Les  catalogues  des  pépiniéristes  parus  depuis  1877  énumèrent 
la  plupart  des  variétés  cultivées  à  Segrez,  sous  des  noms  souvent 
différents,  qui  varient  quelquefois  avec  chaque  maison.  Du  reste, 
les  uns  les  signalent  en  français,  les  auti^es  en  latin,  quelques-uns 
en  style  macaronique.  Beaucoup  élèvent  les  variétés  au  rang  d'es- 
pèces, tandis  que  d'autres  abaissent  les  espèces  parfaitement  carac- 
térisées comme  par  exemple,  pour  n'en  citer  qu'une,  1'^.  radicans, 
au  rang  de  simples  variétés. 

N'ayant  pas  du  tout  l'intention  de  m'ériger  en  critique,  je  ne 
signalerai  les  erreurs  de  personne  ;  je  ferai  seulement  remarquer 
qu'ayant  depuis  longtemps  cherché  à  me  procurer  toutes  les  sortes 
de  Fusain  à  feuilles  persistantes  que  je  cultive  en  grande  quantité, 
il  m'est  arrivé  de  recevoir  la  même  variété  sous  plusieurs  noms 
différents  ;  chaque  maison  ayant  souvent  sa  nomenclature  particu- 
lière. Ainsi,  pour  donner  une  preuve  assez  tangible  de  ce  que 
j'avance  à  propos  de  la  nomenclature  des  variétés  de  Fusain  du 
Japon,  on  peut,  en  consultant  une  demi-douzaine  de  catalogues, 
enrichir  la  collection  de  Segrez  de  quelques  noms  différents,  ce 
qui  ne  prouve  pas  du  tout  que  ce  procédé  puisse  l'enrichir  d'autant 
de  variétés  distinctes.  Aux  neuf  noms  énumérés  plus  haut  comme 
variétés  de  VEvonymus  japonicus,  on  peut  ajouter  les  suivants  : 

Fuiiis  argcnlco-varicgalis,  argenica  clegantissima,  foliis  aureo-rarie- 
galis,  Duc  d'' Anjou,  lalifolia  inarginala  aurca,  rolundifolia,  mediopiclus, 
clegaiis,  sulfurcus  niarginalus^  aurco  maculatus,  foliis  argenleis,  argcnteo 


—  354  — 

marginatis,  aureis,  aurro  medio-picla,  sulfurco  marginati-i,  ovala  aurco 
variegala,  viridis,  rodunlifolia  aurca,  lalifolius  albo  variegatus^  sempervi- 
rens,  semporvirens  varicgafa;  longifolius  fuliis  argcnlro  varicgalis,  (lava 
maculala,  elpgatilifsimus,  etc. 

J'arrête  là  cette  citation  que  je  pourrais  encore  beaucoup  allon- 
ger, car  quand  il  n'y  a  plus  de  règles  pour  nommer  les  plantes, 
que  chacun  donne  le  nom  qui  lui  plaît  aux  variétés  qu'il  cultive, 
on  peut  augmenter  à  l'infini  le  nombre  des  synonymes.  On  remar- 
quera que  dans  les  deux  douzaines  environ  de  noms  que  je  viens 
de  citer  et  que  j'ai  extraits  de  cinq  catalogues,  qu'il  n'y  a  que  des 
variétés  de  Fusain  du  Japon  ;  on  remarquera  encore  que  chaque 
rédacteur  de  catalogue  ajoute  une  terminaison  différente  à  ces 
adjectifs;  on  a  ainsi  des  Evo)i!jmusjaponicus  et  des  Evompmis  joponica, 
des  macrophylla  et  des  macrophyllus,  des  aureo  variegalis  et  des 
aurco  variegala,  etc. 

■  Il  est  bien  difficile  de  se  reconnaître  au  milieu  de  cette  confu- 
sion de  noms  différents  se  rapportant  à  des  choses  identiques,  et  il 
serait  vraiment  à  désirer,  lorsque  les  horticulteurs  se  réuniront  en 
congrès,  qu'ils  voulussent  bien  traiter  cette  question. 

Si  on  cherche  à  établir  une  sorte  de  synonymie  des  variétés  de 
Fusain,  la  chose  n'est  pas  aisée;  car,  comment  savoir  à  quel  nom 
primitif  il  faut  rapporter  les  variétés  qui  portent  cinq  ou  six  appel- 
lations différentes  ? 

Cependant,  en  examinant  bien  la  construction  souvent  vicieuse 
des  noms  énumérés  plus  haut,  on  voit  de  suite  qu'il  y  en  a  un  cer- 
tain nombre  qui  sont  évidemment  des  synonymes.  Par  exemple, 
V Evongmus  acmpervirens  variegala  ne  saurait  être  différent  de  F .  japo- 
nicus  variegala,  parce  que  sempervirens ,  qui  signifie,  comme  chacun 
sait,  toujours  vert,  est  un  nom  spécifique  de  fantaisie  que  quel- 
ques pépiniéristes  ont  appliqués  au  Fusain  du  Japon  pour  faire 
savoir  aux  amateurs  que  cet  arbre  était  à  feuilles  persistantes. 

On  emploie  aussi  indistinctement  les  adjectifs  marginé,  maculé 
et  varié  (inarginala,  maculala  et  variegala'),  bien  qu'ils  aient  chacun 
une  signification  différente.  Marginé,  veut  dire  bordé  ;  maculé, 
qui  est  marqué  de  taches  différentes  de  celles  du  fond,  et  varié  se 
dit  d'une  surface  qui  est  ornée  de  différentes  couleurs. 

Si  chacun  de  ces  termes  étaient  exactement  appliqués,  on  ne 
verrait  pas,  par  exemple,  trois  noms  pour  une  seule  plante  comme 
cela  arrive  pour  les  variétés  argenleo  variegalis,  foliis  argenleis  et 
argenlFo  marginala.  On  arrive  à  regretter  l'emploi  des  mots  signi- 
fiant quelque  chose,  parce  qu'on  en  fiiit  un  mauvais  usage  et  qu'ils 
prêtent  à  la  confusion  ;  il  vaut  infiniment  mieux  nommer  les 
variétés  avec  des  noms  quelconques,  comme  Duc  d'Anjou,  qui  ne 
sont  pas  susceptibles  d'être  mal  interprétés. 


—  355  — 

En  attendant  le  moment  où  la  nomenclature  des  Fusains  sera 
régularisée  d'un  commun  accord,  je  vais  signaler  les  noms  aux- 
quels je  me  suis  arrêté  pour  les  variétés  que  je  cultive. 

Louis   GoRRET,  horlicultcur, 
(A   luiirc.)  Rue  du  Bourbonnais,  Lyou-Vaise. 

Plantes  de  Marais 

fiaminrulua  Hnqua  L.  licnonculv  langue,  vulgairement  Grande  Douve . 
—  Parmi  les  Renoncules  susceptibles  d'intéresser  les  jardiniers  et 
les  amateurs,  il  faut  placer  en  première  ligne  la  Renoncule  lan- 
gue qui  s'élève  à  un  mètre  et  plus  de  hauteur,  pousse  avec  exubé- 
rance'et  donne  de  larges  et  brillants  boutons  d'or.  C'est  une  plante 
à  recommander  pour  rornement  des  pièces  d'eau,  des  bords  des 
rivières  et  des  endroits  humides  des  jardins.  Le  seul  reproche 
qu'on  pourrait  peut-être  lui  adresser,  c'est  d'être  un  peu  envahis- 
sante. 

On  sait  que  les  Renoncules  en  général  sont  des  plantes  véné- 
neuses, des  poisons  acres,  dont  quelques  espèces  sont  fort  redou- 
tées des  animaux  qui,  du  reste,  évitent  souvent  de  les  manger.  La 
Renoncule  scélérate,  plus  connue  sous  les  noms  de  Mort-aux- 
Vaches,  Herbe  sardonique,  a.  sous  ce  rapport,  une  réputation  qui 
n'est  que  trop  justifiée.  Cependant,  on  doit  dire  que  le  poison  des 
Renoncules  se  perd  heureusement  par  la  dessiccation,  car  sans  cela 
les  prés  qui  en  sont  garnis,  donneraient  un  foin  qui  ne  pourrait  que 
nuire  à  la  santé  des  animaux. 

Les  Renoncules  ont  reçu  un  assez  grand  nombre  de  noms  vul- 
gaires, parmi  lesquels  il  est  bon  de  signaler  les  plus  communs  tels 
que  :  Jauneau,  Bouton  d'or.  Patte  de  Loup,  Herbe  à  la  tache, 
Grenouillette,  Bassinet,  Pied  de  poule,  Pied  de  coq,  Pied  de  cor- 
bin.  Clair  bassin.  Rave  de  Saint- Antoine,  etc. 

Une  autre  Renoncule  qui  a  quelques  rapports  avec  la  Renoncule 
langue,  c'est  la  Renoncule  flammette  ou  Petite  Douve,  Flammi- 
nette.  Petite  flamme,  Herbe  de  feu.  Elle  tire  ses  noms  de  sa  répu- 
tation parce  que,  dit-on,  elle  brûle  comme  la  flamme.  Toutes  les 
Renoncules  sont,  en  eflPet,  rubéfiantes  et  vésicantes,  et  peuvent 
très  bien,  sous  ce  rapport,  remplacer  les  cantharides.  Ce  nom  de 
Flammula  a  également  été  donné  à  une  Clématite  fort  jolie  qui  pos- 
sède avec  l'Herbe  aux  gueux  {CIcmalis  p'ilalba)  la  même  propriété 
de  rubéfier  la  peau,  propriété  que  mettaient  autrefois  à  profit  les 
mendiants  de  profession  pour  se  faire  des  plaies  afin  d'exciter  la 
pitié.  Ils  guérissaient  ensuite  ces  plaies  en  appliquant  dessus  des 
feuilles  de  Bouillon  blanc  CVerbascum). 

La  Rcnoneule  aquaiiquc  est  également  une  fort  jolie  plante  qui 
pourrait  servir  à  orner  les  pièces  d'eau  et  autres  endroits  maréca- 


—  356  — 

geux.  Il  faut  en  semer  les  graines  au  mois  de  mars,  pour  l'avoir 
belle  toute  l'année.  On  peut  la  cultiver  en'pot  tenu  immergé  dans 
l'eau. 


RanunculuB  lingua   L. 
Fleurs  et^feuilles  réduites  au  1/3  de]  leur  grandeur. 


Damasonium    stellatum 

Réduit  au  1/3  de  sa  grandeur» 


Damasonium  sleUalum, — La  Damasonie  étoilée  ou  Alisma  étoile, 
tire  son  nom  de  la  propriété  qu'elle  aurait,  dit-on,  de  détruire 
l'effet  du  venin  du  crapaud.  Les  anciens  tenaient  le  Damasonion  en 
grande  estime  et  lui  accordaient  des  vertus  merveilleuses  ;  malheu- 
reusement, comme  pour  beaucoup  d'autres  plantes,  on  ne  sait  pas 
exactement  à  quelle  espèce  il  faut  le  rapporter.  Les  uns  pensent 
que  le  Damasonion  n'était  autre  que  le  Plantain  d'eau,  tandis  que 
les  autres  l'attribuent  à  la  Damasonie  étoilée.  Quoiqu'il  en  soit,  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le  Plantain  d'eau  [Jlisma  iilanlarjo)  a 
eu  la  réputation  non  seulement  de  préserver  de  la  rage  les  hom- 
mes et  les  animaux,  mais  encore  de  guérir  l'hj'drophobie  déclarée. 
C'est  un  remède  qui  n'a  pas  tenu  tout  ce  qu'on  en  avait  dit,  et  je 
crois  que  les  inoculations  de  M.  Pasteur  seront  plus  efficaces. 

Comme  plante  d'ornement  le  Damasonium  stellatum  n'est  pas  une 
espèce  très  brillante,  mais  elle  est  très  curieuse  à  cause  de  la  forme 
de  son  fruit.  Elle  aime  les  terrains  argilo-siliceux  inondés  pendant 


—  357 


l'hiver  et  humides  pendant  l'été.  On  doit  semer  les  graines  en 
octobre  et  repiquer  le  plant  en  mai.  Dans  le  Lyonnais  on  trouve 
le  Damasonium  dans  les  Bombes  où  il  croît  sur  le  bord  des 
étangs. 


Ranunculus    aquatilis  L. 

Fleurs  et,  feuille»   réduites   au  1/3  de  leur 
grandeur^ 


Marsilea  quadrifolia 

Réduit  k  la  moitié  de  sn  grandeur. 


Marsilea  quadrifolia  L.  —  Le  genre  Marsilea  a  été  dédié  par 
Linné  à  Louis-Ferdinand  Marsigli,  naturaliste  italien,  qui  vivait  à 
la  tin  du  XVIP  siècle.  La  seule  et  unique  espèce  française  qui  le 
compose  est  assez  rarement  cultivée  si  ce  n'est  par  les  botanistes 
amateurs  qui  la  plantent  quelquefois  dans  leur  pièce  d'eau.  Les 
organes  floraux  qui  offrent  beaucoup  d'intérêt  au  savant,  laissant 
absolument  indifférents  les  jardiniers,  car  ils  sont  de  la  couleur  des 
feuilles  et  restent  cachés  sous  l'eau.  Malgré  cela,  une  belle  potée 
de  Marsilée,  mise  au  fond  d'un  bassin  ou  plantée  dans  un  lac,  ne 
tarde  pas  à  couvrir  une  partie  de  leur  surface  d'une  masse  de 
petites  feuilles  flottantes,  qui  sont  charmantes  et  récréent  la  vue. 
C'est  du  reste  une  plante  très  robuste  qui  ne  craint  pas  les  eaux 
profondes,  bien  qu'elle  puisse  croître  également  dans  les  endroits 
constamment  humides. 

Le  Marsilea  quadrifolia  appartient  à  la  famille  des  Rhysocarpées 
(c'est-à-dire  des  plantes  dont  la  fructification  est  située  près  des 
racines),  sous-famille  des  Marsilacées.  Th.   G. 


—  358  — 
Les  Marronniers  de  la  place  Bellecour. 

Rapport  constatant  les  résultats  obtenus  sur  ces  arbres  par  les  traitements  qui  leur 
ont  été  appliqués  en  18^4  et  1885. 

Eft  1883,  l'Administration  municipale  de  la  Ville  de  Ljon  avait  nommé 
une  Commission  chargée  d'étudier  les  causes  de  dépérissement  des  marron- 
niers de  la  place  Bellecour,  dépérissement  caractérisé  d'une  manière  fort 
nette  par  une  végétation  appauvrie  et  la  chute  habituellement  prématurée 
de  leurs  feuilles.  Cette  Commission,  composée  d'hortiaultears,  devait  égale- 
ment indiquer  à  l'Administration  le  remède  à  appliquer  à  ces  marronniers 
pour  leur  rendre  une  vigueur  normale. 

La  Commission  susdite,  après  examen,  a  émis  l'opinion  que  la  faible  végé- 
tation des  marronniers  et  la  chute  hâtive  de  leurs  feuilles  étaient  dues  à 
l'épuisement  du  sol  et  proposa  comme  remède  «  d'enlever  autour  desraoïnes 
des  man-onoiers  souffreteux  une  partie  du  sol  épuisé  et  d'en  rapporter  d'au- 
tre plus  fertile.  »  A  la  suite  de  cette  décisior-  de  la  Commission  nommée  par 
l'Administration  municipale,  M.  J.  Métrai  ,  horticulteur-pépiniériste  aux 
Charpennes-Villeurbanne,  entreprit  de  démontrer  que  les  marronniers  de 
Bellecour  étaient  surtout  languisants  à  cause  de  la  sécheresse  pi-esque  per- 
manente du  sol  où  ils  sont  plantés.  Il  publia  pour  étajer  son  opinion  et 
chercher  à  la  faire  prévaloir  une  assez  longue  note  qui  parut  dans  le  n°  16 
du  Lyon- horticole,  année  1883.  Cette  note  fut  communiquée  par  son  auteur 
à  toutes  les  personnes  qui  s'intéressaient  à  la  question.  Comme  conclusion 
de  son  étude,  M.  Métrai  proposait  d'établir  à  Bellecour,  dans  le  voisinage 
des  marronniers,  un  système  de  canalisation  destiné  à  apporter  aux  arbres, 
en  temps  opportun,  au  mojen  de  drains,  l'eau  et  les  engrais  liquides  qui  leur 
manquent. 

Il  faut  croire  que  le  projet  présenté  par  M.  Métrai  fut  reconnu  sérieux, 
puisque  un  peu  plus  tard,  dans  sa  séance  extraordinaire  du  13  octobre  1883, 
le  Conseil  municipal  de  liyon  prit  les  délibérations  suivantes: 

«  Art.  1".  —  Afin  d'obtenir  l'amélioration  des  marronniers  de  la  place 
Bellecour,  il  y  aura  lieu  de  se  conformer  aux  prescriptions  suivantes  : 

1*  Il  sera  pratiqué  autour  de  l'arbre,  à  1  mètre  50  centimètres  du  tronc, 
une  tranchée  de  un  mètre  carré  ; 

2°  La  terre  provenant  de  ces  tranchées  sera  dépouillée  des  pierres  et  bri- 
quaillons  qui  pourraient  s'y  trouver  ; 

3°  Cette  terre,  après  avoir  été  mélangée  de  fumier  de  litière,  moitié  che- 
val, moitié  vache,  sera  replacée  dans  les  endroits  d'où  elle  a  été  extraits  ; 

4°  Avant  de  combler  la  tranchée,  on  devra  avec  des  pioches  dégarnir  les 
racines  de  l'arbre  à  environ  20  centimètres,  et  on  relèvera  la  terre  que  ce 
piquage  aura  produite,  afin  qu'elle  soit  mélaHgée  de  fumier.  Ce  travail  devra 
être  fait  avec  précaution  ; 

5°  Il  sera  fait,  en  même  temps,  application  du  procédé  Métrai  à  tous  les 
arbres  qui  auront  été  travaillés;  ce  système  de  drainage  et  d'arrosement 
sera  efficace  pour  rendre  aux  marronniers  leur  végétation  normale.  » 

Les  autres  articles  de  cette  délibération  ont  trait  à  l'exécution  des  pres- 
criptions sus- énoncées  et  au  vote  d'une  somme  de  6,000  fr.  pour  subvenir 
aux  frais  occasionnés  par  ces  travaux. 

La  délibération  du  Conseil  municipal  de  Lyon  fut  mise  en  partie  à  exécu- 
tion, jusqu'à  concurrence  de  l'emploi  de  la  somme  votée,  dans  le  cours  de 
l'année  1884. 

Deux  étés  relativement  secs  ayant  passé  depuis  que  les  travaux  plus  haut 
mentionnés  ont  été  exécutés,  il  devenait  possible  de  constater  les  résultats 
qu'ils  ont  produits  sur  la  végétation  des  marronniers. 

A  cet  effet  M.  Métrai,  par  une  lettre  en  date  du  15  septembre  dernier, 
demandait  à  M.  le  Président  de  l'Association  horticole  lyonnaise,  la  nomi- 
nation d'une  Commission  chargée  de  faire  cette  constatation.   Cette  Commis- 


—   359  — 

sion  qui  fut  ainsi  composée:  MM.  Liabaud,  Deville  jeune,  Jussaud  aîné, 
Jacfiiiier  fils,  Francisque  Morel  et  Yiviand-Morel  se  réunit  le  27  septembre 
1885  et  fonctionna  immédiatement. 

M.  Méiial  miiilra  à  la  Commission,  plan  en  main,  les  arbres  qui  avaient 
été  traités  par  radminittiation  et  expii()ua  comment  la  modicité  de  la  somme 
votée  ne  permit  pas  d'exécuter  les  travaux  autour  de  tous  les  marronniers. 
Ceci  dit.  la  Commission  se  trouvait  en  présence  : 

1°  De  marronniers  non  traités  ; 

2°  De  marronniers  traités  tel  qu'il  est  indiqué  dans  la  délibération  du 
Conseil  n::unicit)al  ; 

3°  De  marronniers  auxquels   on  a  seulement  appliqué  le  système  Métrai; 

4'  De  marronniers  auxquels  on  a  seulement  changé  la  terre. 

Après  avoir  attentivement  examiné  les  arbres  de  la  place  BeUecour,  traités 
un  non,  la  Commission  a  formulé  les  appréciations  suivantes  : 

1"  Les  marronniers  non  traités  avaient  leurs  feuilles  presque  sèches  et 
avaient  donné  à  la  suite  des  pluies  d'automne  de  nouvelles  pousses.  11  faut 
excepter  toutefois  de  cette  noio  tous  les  marronniers  plantés  dans  le  gazon 
du  square  qui  reçoi'ent  leur  part  des  arrosements  donnés  au  gazon  et  aux 
massifs.  Aucun  de  ces  marronniers  n'avait  les  feuilles  séohes,  aucun  n'a 
rf^poussé  à  l'automne  ; 

2°  Les  marronniers  traités  exactement  comme  il  est  indiqué  daiis  la  déli- 
bération du  Conseil  muiaicipal  avaient  pour  la  plupart  leurs  feuilles  vertes  ; 
aucun  n'a  donné  de  r.ouvelleg  pousses  à  la  suite  des  pluies  d'automne  ; 

3°  Quelques  marronniers  auxquels  on  a  seulement  appliqué  le  système 
Métrai  sans  changer  la  terrre  avaient  leurs  feuilles  vertes;  aucun  n'a  donné 
de  nouvelles  pousses  à  l'automne; 

4°  Les  marronniers  auxquels  on  a  seulement  changé  la  terre  sans  leur 
appliquer  l'arrosage  au  mojen  des  drains  avaient  leurs  feuilles  presque 
fôohes  et  un  grand  nombre  avaient  développé  de  nouvelles  pousses. 

El  comme  conclusion  il  parait  ressortir  assez  nettement  de  ces  observa- 
tions que  le  système  d'arrosage  au  moyen  de  drains  a  donné  d'excellents 
résultat^',  et  qu'au  co  .traire  la  seule  substitution  à  l'ancien  sol  qui  entourait 
les  racines  des  marronniers  du  sol  nouveau  plus  fertile  n'a  pas  répondu  aux 
espérances  qu'elle  avait  fait  concevoir. 

La  Commission, 

Deville  jeune,  Viviand  Morel,  F.  Morkl,  C.  Jacquier  fils, 
Liabaud,  Jussaud. 


Cannas  de  semis. 


Visite  spéciale  faite  le  25  août  1885,  an  nom  de  l'Association  horticold  lyonnaise, 

chez  M.  Crozy,  horticulteur  à  Lyon, 

par  MM.  Liabaud,  Hoste,  Durand,  Charton  et  Jules  Chrétien. 

L'histoire  du  Canna  est  trop  connue  pour  que  nous  venions  vous  en  donner 
tous  les  détails. 

Ce  que  nous  tenons  à  faire  ressortir  de  notre  visite,  ce  sont  les  améliora- 
tions progressives  que  nous  remarquons  chez  notre  collègue  Crozy  depuis 
longtemps. 

Depuis  plus  de  trente  ans,  le  Canna  est  apprécié  comme  plante  de  premier 
ordre  pour  l'ornement  des  parcs  et  jardins.  Les  squares  de  toutes  les  villes 
de  France  et  même  do  l'étranger  en  font  un  grand  usage.  La  richesse  de  son 
feuillage  vfiriant  d'un  beau  vert  jusqu'au  pourpre  noir  foncé  l'a  fait  recher- 
cher du  monde  horticole.  Celte  plante  s'élevant  de  1  à  trois  mètres  de  hau- 
teur, peut  f  e  grouper  en  massif  aussi  bien  qu'en  plantes  isolées.  Elle  est 
pevenue  indispensable  à  tout  amateur  et  liorticulteur  s'occupant  de  décora- 
tion. On  est  même  arrivé  aujourd'hui  à  en  faire  une  plante  pour  l'approvi- 
sionnement des  marchés. 


—   360  — 

C'est  principalement  à  ce  point  de  vue  que  nous  vous  prions  de  bien  vou- 
loir fixer  votre  attention,  car  ju«qu'alors  les  Cannas  n'avaient  été  considérés 
que  comme  plantes  à  feuillage.  Mais,  grâce  au  savoir'  et  aux  soins  persévé- 
rants de  M.  P.  Crozy  fils,  les  choses  ont  complètement  changé,  d'une  plante 
à  feuillage  nous  avons  une  plante  florale,  mérite  incontestable  de  plus  à 
ajouter  aux  qualités  anciennes  des  Cannas. 

Dans  notre  visite,  M.  Crozy  nous  a  montré  toutes  les  gradations  de  chan- 
gem^.nts  successifs  qu'il  a  obtenus  depuis  plusieurs  années  :  amélioration  de 
la  forme  des  fleurs,  variations  de  coloris  nombreux,  multiplicité  des  rameaux 
floraux,  sans  oublier  la  richessa  du  feuillage  qui  doit  être  une  des  premières 
conditions  à  observer  chez  un  Canna. 

Nous  vous  donnons  ci-dessous  le  nom  des  quelques  variétés  en  fleurs  lors 
de  notre  visite;  toutes  ces  variétés  font  au  commerce  avec  beaucoup  d'autres 
que  nous  n'avons  pu  juger.  Huit  à  dix  plantes  de  semis  ont  été  choisies  pour 
l'année  1886;  M.  Croiy  en  fera  la  description  sur  son  prochain  catalogue  et 
en  annoncera  la  vente  pour  cet  hiver. 

En  raison  des  progrès  successifs  réalisés  par  M.  J.  Crozj  fils,  habile  et 
persévérant  semeur  de  ce  beau  genre, 

La  Commission  propose  à  l'Association  de  lui  décerner  une  médaille  d'or. 

Noms  des  principaux  Cannas  en  fleur  au  28  août  1885. 

J.  Cordioux. 


GeoflVoy  de  Saint-Hilaire. 

Commandant  Rivière. 

Madame  Gaubet. 

Antonin  Crozy. 

Couzançat, 

Vivianil-Morel. 

Emile  Guichard. 

Epis  d'or. 

Crozy  père. 

Joseph  Metral. 

Sénateur  Millaud. 

Le  Capricieux. 

Pictata. 


Le  Florifère. 

Mont-d'Or. 

J.   I  iabauit. 

Safrano. 

!..  Lapeute. 

Pelletier. 

Le  Rèbé. 

Adolphe  Weick. 

Clément. 

Auguste  Flamard 

Abel  Carrière. 

La  Rapporteur  :  J.  Chrétien. 


CATALOGUES 


WiLiAM  Paul  et  Son,  horticulleur-rosiéristes  à  Waltham  Cross,  Herts 
(Augletflrre).  —  Catalogue  illustré  des  roses  cultivées  dans  l'établissement. 
Ce  catalogue  dont  la  rédaction  ne  laisse  rien  à  désirer,  lontient  l'énùméra- 
tion  et  la  description  des  plus  belles  variétés  cultivées  dans  les  jardins.  Cha- 
que variété  est  rapportée  à  la  série  à  laquelle  elle  appartient. 

François  Pittet,  horticulteur  à  Lausanne  (Suisse).  —  Catalogue  des 
espèces  et  variétés  d'ognons,  bulbes,  griffes,  tubercules  de  plantes  à  fleurs, 
et  plantes  vivaces  de  pleine  terre,  arbres  et  arbustes  d'ornement.  Conifères. 
etc.  Ce  catalogue  énumère  une  fort  belle  collection  de  plantes  alpines,  ainsi 
que  plusieurs  autres  collections  très  complètes. 

SouPERT  et  Notting,  cultivateurs  de  Rcsieis,  à  Luxembourg  (Grand 
Duché).  —  Catalogue  do  Rosiers  contenant  de  nombreuses  illustrations. 
Collection  très  complète  comprenant  les  plus  belles  roses  des  cultures,  clas- 
sées et  décrites  suivant  leurs  sections  naturelles,  telles  que  Provins,  Ben- 
gale, Ile-Bourbon,  Hybrides  remontants,  thés,  hybrides  de  thés,  Noisettes, 
etc. 

Lk  Gérant:  V.  VIVIAND-MOKEL. 

I^yon,  —  Irap.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  do  la  République,  33 


1885  NOVEMBRE  N»    212 


CHRONIQUE 


Concours  de  Chrysanthèmes.  —  Qu'aurais-tu  dit,  ô  Goethe  !  illustre 
auteur  de  Faust  et  de  Verther,  toi  qui  a  si  bien  exposé  et  déve- 
loppé la  théorie  des  métamorphoses,  si  tu  avais  pu  voir,  dimanche 
dernier,  les  transformations  innombrables  que  nos  jardiniers  ont 
fait  subir  aux  fleurs  de  chrysanthèmes?  Tu  aurais  sans  doute 
demandé  à  mes  confrères  : 

—  Mais,  mes  amis,  où  sont  les  variétés  de  ma  jeunesse? 

Elles  sont  allées,  mon  vieux  poèto,  rejoiudre  les  vieilles  lunes  de 
l'eschoHer  Villon.  Les  petits  (^pompons  »  sont  partis,  chassés  par  les 
«  Japonaises  »  ,  aux  folles  et  longues  ligules,  ou  les  incurvcd  Chrij- 
sanlhemum  des  fils  de  la  vieille  Albion.  Adieu  les  vieilles  fleurs  du 
temps  jadis. 

Donc,  samedi  et  dimanche,  14  et  15  novembre,  il  y  avait,  — 
pour  la  première  fois  à  Lyon,  —  un  concours  de  chrysanthèmes 
présentés  en  fleurs  coupées.  Le  susdit  concours  se  tenait  dans  la 
salle  des  Réunions  industrielles,  au  Palais-du-Commerce. 

Les  concurrents  étaient  au  nombre  de  quinze  ;  les  concours  de 
six.  Plus  de  deux  mille  bouteilles  prêtaient  l'appui  de  leurs  goulots 
à  d'innombrables  variétés  de  ce  beau  genre  que  mon  concierge 
qualifie  de  fleurs  de  «  semitière  »  . 

Je  ne  veux  pas  vous  faire  l'histoire  du  genre  Chrysanthème, 
actuellement  et  avec  raison,  —  ce  qui  est  rare,  —  fort  à  la  mode 
un  peu  partout.  L'histoire  d'une  fleur  est  toujours  obscure.  Je  vous 
dirai  seulement  qu'il  y  a  cent  ans,  il  était  à  peine  connu,  qu'il 
resta  longtemps  dans  l'oubli,  que  les  braves  gens  l'appelèrent 
Renonculier  et  que  les  académiciens  jugèrent  à  propos  de  décider 
qu'il  aurait  le  genre  masculin.  Chrysanthème  veut  dire  (leur  d'or, 
même  pour  ceux  qui  ne   connaissent  pas  le  grec,  il  était  naturel 


—  362  — 

de  dire  «  une  fleur  d'or  » ,  c'est-à-dire  une  chrysanthème.  Eh 
bien!  non,  c'est  le  contraire  qui  a  prévalu.  Boileau  appelle  un 
chat  un  chat  et  Rollet  un  fripon.  Eh  bien,  moi  qui  ne  suis  pas 
Boileau,  je  dis  que  le  premier  qui  a  eu  l'idée  de  dire  «  un  chry- 
santhème »  est  un  imbécile.  Il  y  avait  longtemps  que  je  voulais 
lui  dire  son  fait,  à  ce  grammairien.  Passons. 

Les  fleurs  de  chrysanthème,  que  les  botanistes  nomment  des 
capitules  ou  des  calathides,  sont  formées  par  la  réunion  de  fleurons 
et  de  demi-fleurons.  Les  demi-fleurons  occupent  dans  l'espèce 
sauvage  la  circonférence  et  les  fleurons  le  centre.  A  l'état  primitif, 
le  genre  chrysanthème  ressemble  à  la  grande  Marguerite  de  nos 
prés.  Mais  la  culture  et  l'hybridité  aidant,  tout  cela  est  changé,  et 
fleurons  et  demi-fleurons  se  livrent  à  une  transformation  extraor- 
dinaire, incroyable,  dévergondée,  insensée.  Les  botanistes  appel- 
lent les  résultats  de  ces  métamorphoses  des  monstres  ;  c'est  le 
terme  consacré.  Monstres,  c'est  possible;  dans  tous  les  cas,  ce 
■ont  des  monstres  agréables  à  voir.  Les  jardinieis,  qui  aiment 
l'ordre,  classent  les  chrysanthèmes  dans  plusieurs  sections,  cinq, 
je  crois,  en  attendant  mieux. 

Il  y  a  d'abord  les  pompons  dont  les  fleurs  sont  caractérisées 
par  leur  petite  dimension;  elles  ne  doivent  pas  dépasser  3  centi- 
mètres de  diamètre  et  être  symétriques.  Les  fleurs  ont-elles,  avec 
la  symétrie  convenable,  plus  de  3  centimètres  de  diamèlre,  les 
pompons  deviennent  des  chinois.  Avec  les  avéoliformcs,  les  chrysan- 
thèmes nous  montrent  un  ou  plusieurs  rangs  extérieurs  de  fleurs 
ligulécs  et  une  partie  des  fleurons  du  centre  beaucoup  plus  longs 
que  les  fleurons  jaunes.  Les  lubuliflores  sont  caractérisés  par  des 
capitules  dont  les  fleurons  du  centre  sont  tubuleux  et  plus  longs 
que  les  ligules  de  la  circonférence.  Les  Ch.  japonais  sont,  dit-on, 
des  hybrides  des  autres  sections,  à  préfloraison  tordue  ou  en 
spirale,  à  longues  ligules,  à  fleurons  longs  et  tubulés,  portés  sur 
des  pédoncules  généralement  longs  et  grêles.  Il  faut  dire,  du  reste, 
qu'on  rencontre  des  intermédiaires  entre  tous  les  types  que  je 
viens  d'énoncer  et  qu'une  classification  nouvelle  s'impose  à  bref 
délai. 

J'avais  pris  de  nombreuses  notes  et  j'espérais  pouvoir  citer  les 
plus  belles  sortes  exposées  par  chaque  concourrant;  mais  réflexion 
faite,  je  renonce  à  ma  première  idée,  car  je  serais  obligé  de 
répéter  trop  souvent  les  mêmes  variétés,  ou  bien  si  je  ne  les  répé- 
tais pas,  d'être  injuste  envers  quelques  exposants. 

Parmi  les  concourrants  étrangers  à  Lyon,  je  signalerai  en  pre- 
mière hgne  M.  de  Reydellet,  de  Valence,  le  semeur  émérite  auquel 
nous  devons  tant  de  belles  variétés,  qui  nous  a  montré  ses  gains 
nouveaux  et  anciens.  Quatre  exposants  avaient  envoyés  de  Châlon- 


—  363  — 

sur-Saône  de  fort  belles  collections  :  c'était  d'abord  celles  de  MM. 
Abel  Myard,  amateur,  et  de  M,  Guénard  fils,  horticulteur,  dont  le 
choix  des  variétés  fait  honneur  aux  connaissances  de  ces  messieurs  ; 
leurs  collections  étaient  présentées  hors  concours.  Puis  venaient 
celles  de  MM.  Mercier  père  et  fils,  et  Degressj,  beaucoup  plus 
nombreuses  et  renfermant  les  plus  belles  sortes  de  chaque  section. 
M.  Hoste,  horticulteur  à  Monplaisir,  et  M.  Rozain-Boucharlat, 
horticulteur  à  Cuire-lès-Lyon,  prenaient  part  à  quatre  ou  cinq 
concours,  avec  un  choix  de  variété  de  toute  beauté.  Bien  belles 
aussi  étaient  les  collections  de  MM.  Comte,  horticulteur  à  Vaise, 
et  Combet-Cordier,  horticulteur  place  Bellecour.  MM.  Valette, 
amateur,  à  (/haponost  ;  Emile  Geuiu,  Descolle,  àCharette;  Verne, 
à  Tassi  1  ;  Villard,  à  EcuUy,  ainsi  que  M'"^  Rampont,  avaient  aussi 
exposé  de  bien  belles  variétés.  On  trouvera,  du  reste,  plus  loin  la 
liste  des  lauréats. 

Boulnrage  des  Pelargonlums  à  grandes  fleurs.  —  Tel  qui  cherche  la 
petite  bête,  no  parvient  pas  toujours  à  la  trouver  ;  en  revanche,  on 
la  rencontre  quelquefois  sans  la  chercher.  Autrefois,  quand  je  culti- 
vais les  Pelargonlums  à  grandes  fleurs,  je  prenais  un  soin  tout 
particulier  des  boutures  de  ce  beau  genre,  et  j'en  manquais  un 
certain  nombre,  ce  qui  était  assez  désagréable,  étant  donné  que 
c'était  toujours  les  variétés  rares  qui  «  fondaient  »  .  Vous  savez 
s'il  a  fait  chaud  cette  année,  chaud  et  sec  ;  eh  bien!  en  juillet, 
contre  un  mur,  en  plein  soleil,  j'ai  planté  une  douzaine  de  boutures 
des  Pelargonlums  en  question,  et  pas  une  n'a  manqué.  J'étais 
presque  vexé  de  cette  réussite.  Pensez  donc,  avoir  pendant  dix 
ans  soigné,  ombré,  bassiné,  dorloté  des  boutures  pour  arriver  plus 
tard  à  apprendre  que  bassinage,  ombrage  et  dorlotage  constituaient 
non  pas  des  soins  superflus,  mais  des  tracasseries  désagréables  aux 
plantes  en  question  ;  cela  n'a  rien  de  particulièrement  flatteur,  au 
contraire. 

Il  ressort  très  clairement  de  mon  essai  que  les  boutures  de 
Pelargonium  à  grandes  fleurs  ne  craignent  nullement  le  grand 
soleil  ni  la  sécheresse. 

Semis  de  Noisettes.  —  M.  Pelletier  père,  horticulteur  à  Villeur- 
banne, a  présenté  sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyon- 
naise, quatorze  variétés  de  noisettes  issues  de  la  Noisette  itnpériale 
de  Trébizonde.  Sur  cent  noisettes  de  Trébizonde  semées  en  1878, 
les  neuf  dixièmes  environ  ont  levé  l'année  suivante  ;  les  quatorze 
présentées  fructifiaient  pour  la  première  fois.  De  cette  expérience, 
on  peut  déjà  conclure  qu'il  faut  au  moins  six  ou  sept  ans  à  un  noi- 
setier de  semis  pour  fructifier.    On  sait  que  la  noisette  de  Trébi- 


—  364  — 

zonde  est  la  plus  belle  des  variétés  à  fruits  globuleux  ;  elle  mesure 
25  millimètres  dans  son  plus  grand  diamètre,  et  25  millimètres 
de  hauteur.  Sa  cupule,  qui  est  frangée,  laciniée  et  dentée,  est  très 
développée. 

Veut-on  savoir  maintenant  quels  sont  les  caractères  des  semis  de 
cette  variété  hors  ligne  ?  La  connaissance  de  ces  caractères  n'est 
pas  faite  pour  encourager  les  semeurs,  car  aucune  des  variétés  pré- 
sentées ne  vaut  le  type,  et  celles  qui  en  approchent  le  plus  sous  le 
rapport  de  la  grosseur  sont  loin  de  pouvoir  lui  être  comparées.  Du 
reste,  on  observe  des  variations  dans  ce  semis  qui  portent  non-seu- 
lement sur  la  grosseur  du  fruit,  mais  sur  sa  forme,  ainsi  que  sur 
celle  de  la  cupule. 

Rose  ihè  La  Neige.  —  Voici  une  variété  de  rose  qui  fera  sensa- 
tion. Très  double  et  s'épanouissant  bien,  très  grande  et  cependant 
très  gracieuse,  d'une  forme  incomparable  et  d'un  coloris  blanc 
pur.  A  demi  penchée  sur  son  pédoncule  flexible,  elle  montre  ses 
longs  pétales  concaves  qu'elle  étale  largement,  laissant  entre 
chacun  d'eux  un  espace  où  la  lumière  se  joue  en  les  éclairant  de 
reflets  mats.  Niphetos  est  surpassé. 

Dans  quelques  années  «  La  Neige  »  sera  dans  tous  les  jardins, 
éclipsant  les  plus  belles  roses  blanches. 

Cette  rose  a  été  obtenue  de  semis  par  M.  le  chevalier  Pierre 
Perny,  pianiste-compositeur,  propriétaire  de  la  villa  «  Champs 
des  Roses  »  ,  dans  le  département  des  Alpes-Maritimes,  et  pré- 
sentée sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise  par  M. 
Joseph  Pernet  fils-Ducher,  rosiériste,  chemin  desQuatre-Maisons, 
à  Lyon-Guillotière.  Jugée  par  des  connaisseurs,  elle  a  emporté, 
haut  la  main,  un  certificat  de  première  classe.  Les  fleurs  jugées 
se  sont  épanouies  dans  les  Alpes-Maritimes.  M.  Pernet  fils  a  bien 
voulu  me  confier  les  fleurs  de  cette  rose  pour  en  faire  la  descrip- 
tion que  voici  : 

Arbuste Feuilles  variables  de  forme...,  les  supérieures  voi- 
sines des  fleurs  à  trois  folioles  brillantes,  ovales-lancéolées,  à 
stipules  ciliées  (comme  celles  des  R.  multiIJora  et  polyaniha)  rouges 
lie  de  vin,  cahce  d'un  vert  brillant,  à  sépales  très  étroits,  garnis 
de  poils  glanduleux.  Boutons  avant  l'épanouissement  de  la  fleur 
franchement  ovoïdes ,  légèrement  terminés  en  col  au  sommet. 
Corolle  épanouie  mesurant  jusqu'à  12  centimètres  de  diamètre,  à 
pétales  nombreux,  arrondis,  s'atténuant  en  coin  à  la  base,  blanc 
pur,  distant  les  uns  des  autres,  ne  se  renversant  pas,  mais  s'éta- 
lant  franchement  en  forme  de  coupe. 

Je  ne  puis  rien  dire  de  plus  de  cette  rose,  si  ce  n'est  qu'elle  est 
peu  odorante  et  qu'elle  appartient  peut-être  à  une  autre  série  que 
celles  de  «  thés  »  . 


—  365  — 

Infurmalions.  —  Chacua  a  pu  voir,  à  Lyon,  où  il  a  été  montré 
par  curiosité,  un  chêne  monstre  qui  avait  été  extrait  du  lit  du 
Rhône  ;  ce  vénérable  représentant  du  genre  Quercus,  ce  géant  des 
chênes,  comme  le  nomme  l'impressario  qui  le  promène  par  le 
monde,  a  un  concurrent  sérieux  au  jardin  botanique  de  Berne.  Ce 
concurrent,  qui  mesure  6  mètres  50  de  diamètre,  a  été  découvert 
dans  les  alluvions  du  canal  de  de  la  Zilh,  près  du  petit  village  de 
Scheuren,  dans  le  canton  de  Berne  (Suisse). 

—  «  Le  plomb  des  arbres  fruitiers  » ,  tel  est  le  nom  donné  par 
M.  Prilleux  à  une  maladie  des  arbres  fruitiers.  Dans  cette  maladie 
le  feuillage  est  caractérisé  par  une  teinte  toute  particulière,  glau- 
que, avec  un  reflet  métallique  qui  a  pu  être  très  naturellement 
comparée  à  celle  du  plomb.  Elle  atteint  particulièrement  les  arbres 
à  noyaux.  M.  Prilleux  n'indique  aucun  remède  à  cette  maladie  et 
ne  précise  aucune  des  conditions  qui  favorisent  sa  production.  Il 
se  borne  à  examiner  l'état  auatomique  des  organes  atteints. 

—  Voici  le  procédé  que  propose  M.  Muehlberg  pour  détruire 
le  puceron  lanigère  : 

«  On  prend  30  grammes  de  tabac  que  l'on  mélange  avec 
50  grammes  d'alcool  amylique  et  2  décihtres  d'esprit  de  vin  ;  on 
laisse  infuser  pendant  quelque  temps  et  ensuite  on  ajoute  40  gram- 
mes de  savon  mou,  puis  de  l'eau  de  pluie  jusqu'à  concurrence 
d'un  litre.  »  V.    V.-M. 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance  du   6  octobre    1885,    tenue    dans    la 
salle  des  réunions  industrielles,   Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  J.  Chrétien,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réuaioa  est  lu  et  adopté  sans  obser- 
vations. 

Correspondance. —  Lettre  de  M.  Bou'ihxrlat  aine,  offrant  de  payer  la  diffé- 
rence pour  transformer  en  uue  médaille  d'or  la  médaille  de  vermeil  votée  en 
assemblée  générale  pour  récompenser  la  plus  belle  collection  de  200  variétés 
de  Chrysanthèmes  portée  au  programme  du  concours.  Le  programme  étant 
publié,  rassemblée  remercia  M.  Boucharlat  ds  son  offri  et  regrette  de  na 
pouvoir  l'accepter. 

Lettre  de  M.  Métrai  (Joseph),  horticulteur  à  Villeurbanne,  demandant  la 
nomination  d'une  Commission  chargée  d'apprécier  lis  résultats  donnés  par 
l'application  des  drains  aux  Marronniers  de  la  place  BîlUcour.  D.'-oit  a  été 
fait  à  cetta  demande;  ont  été  nommés  :  MVI.  Liibiul,  Jj^saud  aine,  Devilla 
jeune,  Morel  (Francisque),  Cl.  Jacquier  fils  et  Viviand-Morel. 

Circulaire  de  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  des  Beaux-Arts  et 
des  cultes  accompagnant  l'envoi  du  Programme  des  Sociétés  savantes  en  1886. 
Ce  programme  est  divisé  eu  cinq  sections  :  1°  section  d'histoire  et  de  philo- 
logie; 2°  archéologie;   3°  sciences   économiques   et  sociales;   4°  sciences 


^_  366  — 

mathématiques,  physiques,  chimiques  et  météorologiques  ;  5*  sciences  natu- 
relles et  sciences  géographiques.  Dans  cette  dernière  section,  les  questions 
suivantes  intéressent  l'horticulture  : 

Etude  des  phénomènes  périodiques  de  la  végétation,  dates  du  bourgeonne- 
ment, de  la  floraison  et  de  la  maturité;  coïncidence  de  ces  époques  avec 
celles  de  l'apparition  des  principales  espèces  d'insectes  nuisibles  à  l'agri- 
culture. 

Influence  des  plantations  d'Eucaljptus  au  point  de  vue  de  l'assainissement 
des  terres  marécageuses  ;  utilisation  de  ces  arbres. 

Comparaison  de  la  flore  de  nos  départements  méridionaux  avec  la  flore 
algérienne. 

Etude  des  arbres  à  quinquina,  à  caoutchouc  et  à  gutta-percha;  quelles  sont 
les  conditions  propres  à  leur  culture?  De  leur  introduction  dans  nos 
colonies. 

Etudier  l'influence  de  la  chaîne  des  Cavennes  dans  les  limites  apportées  à 
la  propagation  vers  le  Nord  des  esfèces  végétales  et  animales  de  la  région 
méditerranéenne. 

M.  Chrétien  dépose  sur  le  bureau  et  donne  lecture  du  rapport  de  la  Com- 
mission chargée  d'examiner  les  cultures  et  les  nouvelles  variétés  de  Cannas 
de  M.  Crozj, 

Ce  rapport,  concluant  à  accorder  à  M.  Crozy  une  médaille  d'or,  les  con- 
clusions, mises  aux  voix,  sont  adoptées,  ainsi  que  l'insertion  du  rapport  dans 
le  Lyon- Horticole. 

Publications.  —  M.  Viviand-Moral  dépouille  la  correspondance  imprimée 
et  appelle  l'attention  de  la  Compagnie  sur  les  Revues  contenant  des  articles 
intéressant  l'horticulture  de  notre  région. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  5  candidatures,  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis  à  l'unanimité  et  sans  protestation,  membres  de 
notre  Association,  les  candidats  présentés  à  la  dernière  réunion.  Ce  sont  : 
MM,  Rosier  (Frac cois),  propriétaire,  23,  montée  Rey,  Croix-Rousse-Lyon, 

présenté  par  MM,  Cl.  Jacquier  et  Viviand-Morel, 
Lerte,    maître-serrurier  à  Sainte-Foy-lès-Lyon,  présenté  par  MM. 

Jussaud  et  Desroches. 
Charmond   (Jules),    horticulteur  pépiniériste,    cultivateur   de  plants 

américains,  à  Saint-Clémentles-Mâcon  (Saône-et-Loire),  présenté 

par  MM.  Roux  et  Viviand-Morel, 
Gagnin,  jardinier-chef  à  r<=cole   de    Cluny  (Saône-et-Loire,  présenté 

par  MM,  Roux  et  Viviand-Morel. 
Durand,  pharmacien  à  Tassin-la-Demi-Lune,  présenté  par  MM  Jouteur 

fils  aîné  et  Ponnet. 
Billard  (André),  59,  grande  rue   du  Rhône,  Lyon,  présenté  par  MM. 

Jules  Chrétien  et  Siraud. 
Condamin   (Claude),   horticulteur  à  Mornant  (Rhône),  présenté  par 

MM.  Molin  et  Joanny  Brenier. 
Gaillat,  marchand  de  graines,  II,  grande    rue   de   la  Croix-Rousse, 

présenté  par  MM.  Molin  et  Didier-Michel. 
Faure,  jardinier  chez  M.    de  la  Bastie,  au    château  de  Belvey,  par 

Pont-d'Ain,  présenté  par  MM.  Ponsard  et  J.  Jacquier. 
Jamain,  jardinier  chez  M.   Galetier,  à   Tassin  (Rhône),  présenté  par 

MM,  Ri  voire  et  F,  Morel, 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  La  Pape,  cinq  beaux  et 
forts  pieds  de  Bégonias  bulbeux,  ainsi  que  des  fleurs  coupées  ;  ces  fleurs  sont 
très  grandes,  d'un  joli  coloris,  et  les  plantes  ont  un  port  bien  érigé, 

Pai-  M,  Chaninet,  horticulteur  à  Saint-Priest  :  1°  six  variétés  de  Dahlias 
de  semis  ;  2"  plusieurs  Poires  de  semis  issues  du  beurré  Clairjeau,  fruit  très 
beau  et  plus  renflé  que  le  B,  Clairjeau. 


—  367  — 


Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M.  Vachon,  à  Ecully  :  1»  un  pot  et  des  tiges 
coupées  de  la  Fraise  Belle  améliorée;  2°  un  beau  et  fort  pied  d'Epinard  lent 
à  monter,  d'un  grand  développement,  ayant  plus  de  40  centimètres  de 
diamètre;  3°  un  pot  de  Bégonia  Louis  VanHoutte  et  Caroline  Sohmitt;  ces 
deux  variétés,  placées  et  cultivées  dans  le  même  pot,  ont  pris  une  bonne 
dimension  et  sont  bien  fleuries. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin  :  1°  des  tubercules  de 
Patates  rouges  et  blanchas  ;  2°  des  racines  de  Chervis  ;  3°  des  tiges  de 
Fraises  des  Quatre-Saisons. 

Par  M.  Ilozain-Boucharlat,  horticulteur  à  Cuire-lès-Ljon,  une  collection 
de  Chrysanthèmes  bien  variés,  telles  que  :  Pjnaërt,  l'Africaine,  Fleur  d'été, 
J.-H.  Lang,  Bouquet  Estival,  Roi  des  précoces,  Lackmé,  Madame  Blanche, 
Mandarin  et  une  de  semis  à  fleurs  blanches. 

Par  M.  Crozj,  horticulteur,  grande  rue  de  la  Guillotière,  207,  Lyon, 
plusieurs  variétés  de  Dahlia  gracilis  de  semis. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  ch'^z  M.  Clayette,  33,  rue  de  l'Enfance,  Lyon, 
trois  pieds  de  Céleri  turc  à  grosses  côtes  et  un  remarquable  échantillon 
comme  développement  de  Cardon  Puvis  inerme. 

Par  M.  Bellin,  jardinier  chez  M.  Rozier,  montée  Rey,  23,  Lyon,  un  pied 
de  Cypripedium  insigne  (variété). 

Par  M.  Messa.  horticulteur  à  Rillieux  (Ain),  une  très  jolie  collection  de 
Pensées  anglaises  à  très  grandes  fleurp,  bien  variées  comme  coloris. 

Par  M.  Boucharlat  jeune,  cinq  Véioniques  de  semis  dont  une  d'autre  pro- 
venance ;  deux  sont  à  feuilles  panachées  et  à  fleurs  rouges  disposées  en  pani- 
cules,  et  une  V.  Hendersonii  à  fleurs  blanchei». 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  4,  Lyon-Croix-Rousse  :  1»  un  pied 
de  Crassula  stachyura,  plante  trapue,  feuilles  courtes  obtuses,  opposées, 
cendrées;  inflorescence  axillaire  formant,  comms  son  nom  l'indique,  un  long 
épi  fleuri;  fleur  rose  pâle,  bouton  carmin  ;  2°  Crassula  gracilis,  fleur  pourpre 
foncé,  plante  naine;  3"  un  pied  en  fleurs  de  Grevillea  Pressei  ;  i"  un  pot  du 
remarquable  Bégonia  Gogoensis  à  feuilles  peltées  comme  les  Nelombium  ; 
5°  Nephrodium  Rodigasianum ,  et  6°  Dracœna  Goldiœana. 

Par  M.  Morel  flls,  rue  du  Souvenir,  Lyon-Vaisa  :  P  un  pied  en  pot  de 
Yucca  glaucescens  variegata,  variété  très  réguiiècjment  panachée  de  jaune, 
d'un  bel  eff'et,  aussi  rustique  que  les  Yucca  gloriosa,e\,a.\  2°  un  pied  en  pleine 
floraison  de  Spirœa  Bumalda,  variété  qui  est  en  fleur  depuis  juin  jusqu'aux 
gelées,  fleurs  disposées  en  ombelle,  d'un  beau  rose  vif,  excellente  plante 
pour  massifs  et  bordures  de  massif  d'arbustes  ;  3°  un  rameau  A' Ampélopsis.... 
variété  à  ftuilles  panachées  fe  couvrant  dès  l'automne  de  fruits  d'un  bleu 
turquoise;  très  bonne  acquisition  pour  garnir  les  tonnelles  et  les  murs. 

Par  M.  Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafayette,  63,  Villeurbanne,  des  pieds 
de  Rosa  polyantha  de  semis.  A  propos  de  cette  présentation,  M.  Viviand- 
Morel  lait  ressortir  les  avantages  que  présente  celte  espèce  pour  la  multi- 
plication du  Rosier.  Les  sujets  déposés  sur  le  bureau,  qui  sont  bien  dévelop- 
pés, sont  des  semis  de  1884.  Contrairement  aux  autres  espèces  employées 
pour  la  greffe,  les  graines  de  o.lle-ci  lèvent  la  même  année  et  on  peut  même, 
quelque  temps  après  les  semis,  greifer  à  œil  dormant  les  sujets  qui  devienent 
forts  et  vigoureux.  Gomma  il  produit  beaucoup  de  chevelu,  ce  sera  un  bon 
sujet  pour  la  culture  des  rosiers  en  pots. 

Le  Rosa  polyantha  présente  un  mode  de  multiplication  à  étudier,  et  comme 
les  expériences  qui  ont  été  faites  n'ont  donné  jusqu'ici  que  de  bons  résultats, 
il  y  a  donc  lieu  de  les  continuer,  afin  de  les  faire  admettre  au  plus  tôt  dans 
le  domaine  de  la  pratique  horticole. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  deux  Commissions  composées 
de  MM.  L.  Lille,  Boucharlat  jeune,  Deville,  Pelletier  et  Gorret  pour  les 
apports  de  la  culture  maraîchère  et  fruitière;  de  MM.  Pitaval,  Cousançat, 
Jussaud,  Musset,  Hoste,  pour  les  apports  de  la  culture  florale. 

Ces  Commissions,  après  un  sérieux  examen,  proposent  d'accorder  : 


—  368  — 

Une  prime  de  3°   classe  à  M.  Chardon,  pour  ses  Céleris  et  Cardons. 

—  3°  »  à  M.  Villard,  pour  ses  Epinards  et  Fraises, 

—  3°  ))  à  M.  Villard,  pour  ses  Bégonias. 

—  3°  »  à  M.  Guerry,  pour  ses  Pa'ates  et  Fraises. 

—  3°  »  à  M.  Guerry,  pour  ses  racines  de  Chervis. 

—  2°  »  à  M.  Champalle,  pour  ses  Bégonias  de  semis. 

—  1"      B  à  M.  Boucharlat    jeune,    pour  ses    Véroniques    à 

feuilles  panachées  et  à  fleurs  rouges. 

—  2"  B  à  M.  Messa,  pour  ses  Pensées. 

—  3«  0  à  M.  Bellin,  pour  son  Cypripedium  insigne. 

—  2°  »  à  M.  Crozy,  pour  ses  Dahlias  gracilis  de  semis. 
—  2°  »  à  M.  Morel  fils,  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

—  2"  »  à  M.  Liabaud,  pour  ses  deux  Crassula. 

—  F"  »  à  M.  Liabaud,  pour  le  reste  de  son  apport. 

—  2°       »       à  M.  Rozain,    pour    ses    Chrysanthèmes  et    plus 
particulièrement  pour  sa  variété  à  fleurs  blanches  de  semis. 

Pour  les  autres  apport?,  les  Commissions  demandent  l'inscription  au 
procès-verbal. 

Toutes  ces  propositions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  du  jury  pour  le  concours  de 
Chrysanthèmes  des  14  et  15  novembre. 

Sont  nommés  :  MM.  J.  Chrétien,  Comte,  Jussaud,  Belisse,  Girard,  Lasson- 
nerie  aîné,  Boucharlat  aîné,  Lassonerie  jeune  et  Charles  Laroche. 

Renouvellement  de  la  partie  sortante  du  Conseil  d'administration. 

Sont  nommés  :  M.  Therry,  M.  le  D"'  Ponet,  M.  Rochet,  M.  Musset, 
M.  Pitaval,  M.  Labruyère. 

Sur  la  proposition  de  M.  Pitaval,  l'assemblée  décide  d'adresseï  à  notre 
Président,  M.  Dutailly,  une  lettre  de  félicitations  d'avoir  été  réélu  député  de 
la  Haute- Marne. 

M.  le  Secrétaire  général  est  prié  de  faire  parvenir  à  M.  Dutailly  la  déci- 
sion de  la  réunion. 

Vu  l'heure  avancée,  la  suite  de  l'ordre  du  jour  est  renvoyée  à  la  prochaine 
séance. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  Le  Secrétaire- Adjoint,  J  .Nicolas. 

Concours  de  Chrysanthèmes 

Tenu  les  Samedi  14  et  Dimanche  15  Novembre  1885 

par    l'Association    Horticole    Lyonnaise.    Salle   des   Réunions 

industrielles,   Palais  du  Commerce. 

Membres  du  Jury  :   MM.  B.  Comte,  N.  Helissk,  J.  Chrétien,  Jussaud, 

Lassonnerie  Frères,  Laroche  et  Girard. 

Président,  M.  Comte,    —    Secrétaire,  M.  Girard. 

Premier  Concours.  —    Pour  une    ou  plusieurs    variétés   obtenues    par 
l'exposant  et  n'étant  pas  dans  le  commerce. 

Grande  médaille  d'argent,  M.  Roziin-Boicharlat,  horticulteur  à  Cuire-lès- 
Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  de  Roydellet,  à  Valence. 

Deuxième  Concours.—  Collection  des  25  plus  belles  variétés  obtenues 
et  m.ises  au  commerce  par  l'exposant. 

Médaille  d'argent,  M.  de  Reydellet. 

Troisième  Concours.  —  Pour  la   plus  belle  collection  de  200  variétés 
comprenant   tous  les   genres. 

Médailles  de  vermeil  (ex-wquo),  M.  Ilosle,  horticulteur  à  Monplaisir-lès- 
Lyon,  et  Kozain-Boucharlat.  —  Grande  MoJ.  d'argent  MM.  Mercier  père  et 
fils,  horticulteurs  à  Chalori-.'ur-Saône.  —  Méd.  d'argent,  M.  Degressy,  horti- 
culteur à  Chalon. —  Hors  concours,  M.  Valette,  amateur  à  Chaponost 
(Rhône). 


—  369  — 

Quatrième  Concours.  —  Pour  la  plus  belle   collection  en  100    variétés 
comprenant    tous    les    genrea. 

Grandes  Médailles  J'argeni  {ex-œqm),   MM.  Hoste  et  Rozain-Boucharlat. 

—  Méd.  d'arg:ent  {ex-cei/uo)^  M.  Combet-Cordier,  fleuriste,  place  Bellecour, 
à  Lyon,  et  M.  Descolle,  jardicier  cIipz  M.  le  comte  de  Chardonnet,  à 
Charelte  (Isère). — Hors  concours  ;  MM.  de  Reydellel,  de  Valence,  Guanard 
fils,  horticukeur,  à  Chalon-sur-Saône  ;  Abel  Mjard,  amateur  à  Clialon,  et 
B.  Comte,  horticulteur  à  Lyon-Vaise. 

Cinquième  Concours. —  Pour  la  plus  belle  collection  de  50  variétés 
de  la    série   Japonaise. 

Grande  Médaille  d'argent  [(ex-œquo),  MM.   Hoste    et   Rozain-Boucharlat. 

—  Méd.  d'argent,  MM.  Mercier  père  et  fils.  —  Méd.  da  bronze  (ex-œquo), 
MM.  P.  Dâgressy,  VUlard  ot  Verne. 

Sixième  Concours.  —    Pour  les   25  plus  belles  variétés. 

Médaille  d'argent,  M.  Hoste.  —  Méd.  de  bronze,  MM.  Rozain-Boucharlat, 
Emile  Genin  et  Madame  Rampent. 


Typha    lat  folia 

KéJuit  au  10«  de  .sa  grandeur. 


Valeriana   dioïca 
Réduit  au  1/3  de  sa  grandeur 


Plantes    de    Marais 


lyplia  lali folia  (Massette  à  larges  feuilles).  —  Noms  vulgaires  : 
Masse-d'eau,  Chandelle-d'eau,  Masse-au-bedeau  ,  Roseau-des- 
étangs,  Roseau-de-la-Passion,  Lambourdeau. 

Le  genre  lijplta  est  répandu  dans  toute  l'Europe,  où  il  croît 
dans  les  étangs,  les  fossés  aquatiques,  les  marais  et  les  bords  des 


~    370  — 

ruisseaux.  On  l'a  signalé  en  Suisse,  en  Autriche,  en  Russie,  en 
Grèce,  en  Espagne,  en  Portugal,  en  France,  etc.  On  en  compte 
un  certain  nombre  d'espèces  quelquefois  très  voisines  ;  parmi  les 
plus  répandues,  on  peut  citer  les  suivantes  :  T.  lalifulia,  anguslifolia, 
minima,  angxistala,  slenoplnjUa,  Laxynmi,  glaiœa,  etc.  Le  TypIialaUfolia, 
ci-contre  représenté,  est  une  plante  très  utile  qui  peut  servir  à 
orner  les  pièces  d'eau.  Sa  racine  (rhizome)  sert  de  nourriture 
aux  kalmoucks  ;  elle  contient  une  substance  féculente  qui  devient 
rose  au  contact  de  l'air.  En  Europe,  on  mange  en  salade,  dans 
quelques  pays,  les  racines  et  les  jeunes  poussés  confites  au  vinaigre. 
On  fait,  avec  des  feuilles,  des  couvertures  pour  les  petits  bâtiments 
ruraux  ;  on  en  fait  aussi  des  nattes,  des  paillassons  ;  on  en  rem- 
bourre les  chaises,  calfeutre  les  bateaux,  les  tonneaux  ;  les 
jardiniers  en  attachent  quelquefois  les  greffes.  On  a  fait  des 
chapeaux  avec  le  duvet  qui  accompagne  les  graines;  le  même 
duvet  peut  remplacer  le  coton  dans  la  brûlure,  et  le  pollen,  qui 
est  très  abondant,  remplace  souvent  la  poudre  de  lycopode. 


Caltha  palustris  fl.  pleno. 
Sommité  réduite  au  1/3  de  sa  grandeur. 


Hydrocotyle    vulgaris 
Réduit  k  la  moitié  de  sa  grandeur. 


Comme  nous  l'avons  dit,  quelques  touffes  de  Typha  font  un 
bel  effet  dans  une  pièce  d'eau,  mais  il  importe  de  ne  pas  lui  laisser 
envahir  toute  la  place  en  le  plantant  dans  un  vieux  tonneau  ou 
autre  ustensile  qui  mette    obstacle   au  développement  des  stolons. 

Faleriana  dioïca  (Valériane  dioïque).  —  Les  Valérianes,  surtout 
la  Valériane  officinale,  sont  des  plantes  bien  connues  à  cause  de 
leurs  propriétés  médicinales.  On  sait,  en  eiïet,  que  les  racines  de 
cette  plante  constituent  un  remède  très  efficace  dans  presque  toutes 
les  maladies  nerveuses;  c'est  un  antispasmodique  énergique,  qui  a 
donné  d'excellents  résultats  dans  le  traitement  des  vapeurs, 
migraines,  céphalalgie,  et  surtout  dans  l'épilepsie. 


—  371   — 

Les  chats  sont  particulièrement  attirés  par  l'odeur  de  sa  racine  ; 
ils  accourent  dans  les  jardins  où  elle  se  trouve  et  se  roulent  sur 
elle.  Elle  paraît  exercer  sur  eux  une  action  enivrante. 

La  Valériane  dioïque,  ci-contre  représentée,  possède  toutes  les 
qualités  de  la  V.  officinale,  mais  surtout  comme  plante  pouvant 
servir  à  la  décoration  des  endroits  humides  que  je  la  signale  ici. 
C'est  une  espèce  très  intéressante,  fort  robuste,  que  ses  jolies 
fleurs  blanches  recommandent  à  l'attention  des  amateurs.  Sa 
culture  ne  demande  aucun  soin  particulier  ;  il  suffit  de  la  tenir 
constamment  humide. 

Elle  se  multiplie  par  semis  et  par  la  division  des  souches.  Elle 
croît  à  l'état  spontané  dans  les  marais  de  toute  l'Europe. 

Hijdrocolyle  vulgaris.  —  L'Hydrocotyle  vulgaire,  également 
connue  sous  le  nom  d'Ecuelle  d'eau,  est  une  petite  plante  indigène 
à  tiges  rampantes,  à  feuilles  petites,  orbiculaires,  d'un  beau  vert 
brillant  qui  recouvre  très  vite  le  sol  où  elle  croît.  Elle  pourrait 
fort  bien  former  un  lapis  do  verdure,  d'un  aspect  particulier,  dan» 
les  endroits  humides  des  jardins,  autour  des  pièces  d'eau,  etc. 
Sa  fleur  est  absolument  insignifiante  au  point  de  vue  ornemental. 
L'Hydrocotyle  vulgaire  appartient  à  la  famille  des  Ombelhfères 
dont  elle  n'a  du  reste  nullement  l'aspect.  Elle  était  jadis  employée 
en  médecine  et  avait  la  réputation  d'être  détersive,  vulnéraire  et 
diurétique.  On  la  trouve  à  l'état  sauvage  dans  les  marais  d'une 
grande  partie  de  la  France  ;  c'est  assez  dire  qu'elle  est  parfaite- 
ment rustique  et  que  sa  culture  n'offre  aucune  difficulté.  Dans  le 
reste  de  l'Europe,  elle  est  signalée  dans  les  pays  suivants  :  Suisse, 
Autriche,  Allemagne,  Hollande,  Danemark,  Iles  Britanniques, 
Suède  et  Norwège,  Portugal,  Espagne,  Italie,  Crète,  Russie. 
Son  rôle,  dans  les  jardins,  se  bornerait  du  reste  à  faire  de 
curieuses  bordures  ou  à  garnir,  comme  le  ferait  un  gazon,  le 
fond  d'une  plantation  d'espèces  marécageuses. 

Caltlia  palusiris.  —  Le  genre  Caltha  ne  comprend  guère  qu'une 
seule  espèce,  car  le  Caltha  radicans  Forst,  qui  croît  en  Ecosse, 
est  plutôt  une  forme  qu'une  espèce  telle  qu'on  les  admet  actuel- 
lement. Dans  les  jardins,  on  cultive  surtout  la  variété  à  fleur 
double,  mais  il  y  a  [ilusieurs  autres  variétés  distinctes  qui  vivent 
dans  les  marais.  On  a  signalé  ie  Caltha  palusiris  en  France,  en 
Suisse,  en  Autriche,  en  Allemagne,  en  Suède^  en  Norvège,  en 
Russie,  en  Hongrie,  en  Grèce,  en  Turquie  et  ailleurs. 

Le  Callha  palusiris  est  très  robuste  ;  il  lui  suffit  d'être  planté 
dans  un  terrain  humide  pour  se  développer  vigoureusement  et 
donner  de  nombreuses  et  belles  fleurs  jaunes.  La  variété  à  fleur 
double  est  moins  vigoureuse   que  le  type,  mais  ses  fleurs   durent 


—  372  — 

beaucoup  plus  longtemps.  Les  Calthas  se  multiplient  de  semis  et 
par  division  des  toutfes.  Le  semis  se  fait  aussitôt  la  maturité  des 
graines,  la  germination  a  lieu  au  printemps. 

On  divise  les  souches  de  Caltha  au  mois  de  septembre. 

On  peut  très  bien  le  cultiver  en  pot  et  en  orner  les  pièces 
d'eau  ;  il  faut  alors  lui  donner  de  grands  vases  et  le  rempoter  dans 
la  terre  tourbeuse.  Th.  G. 

Note  sur  les  Fusains  à  feuilles  persistantes  (suite)  (l). 

Dans  le  numéro  précédent  de  ce  journal,  nous  avons  montré 
quelle  confusion  régnait  dans  la  nomenclature  des  variétés  de 
Fusains  du  Japon,  il  nous  reste  maintenant  à  signaler  les  noms  que 
nous  avons  adoptés  dans  nos  cultures  et  à  les  faire  suivre  d'une 
courte  diagnose.  Avant  de  commencer  nous  dirons  que  nous  avons 
adopté  la  terminaison  féminine  pour  les  variétés  d'Evonymus,  bien 
que  le  genre  lui-même,  contrairement  à  la  plupart  des  arbres,  soit 
masculin.  Nous  avons  adopté  cette  terminaison  parce  que  le  plus 
grand  nombre  des  horticulteurs,  y  compris  feu  A.  Lavallée,  sont 
de  cet  avis.  En  mettant  la  terminaison  féminine  on  sous-entend 
varictas  (variété).  De  très  bons  auteurs  font  cependant  accorder  le 
genre  des  noms  de  variétés  avec  celui  de  l'espèce  à  laquelle  elles 
appartiennent.  Les  avis  étant  partagés  sur  cette  question,  il  serait 
bon  de  s'entendre  une  fois  pour  toutes  et  ne  pas  écrire  les  uns  au 
masculin,  les  autres  au  féminin. 

Evonymus   japonicus  Thunb. 

Variétés  horticoles.  —  1'"  section  :  Feuilles  toutes  vertes. 

1°  Evonymus  japonicus  type.  —  Feuilles  d'un  beau  vert  foncé, 
dressées,  elliptiques,  courtement  pétiolées,  crénelées,  celles  du 
sommet  des  rameaux  plus  larges  que  les  inférieures  ; 

2"  Pyramidalis  (F.  pyramidal).  —  Feuilles  planes,  luisantes, 
elliptiques,  quelques-unes  presque  rondes,  arrondies  au  sommet,  à 
dents  émoussées,  très  courtes.  Plante  d'une  bonne  tenue  consti- 
tuant une  excellente  variété  ; 

3°  Firidis  (F.  verdoyant).  —  Le  nom  de  cette  variété  est  on  ne 
peut  plus  malheureux  attendu  que  tous  les  Evonymus  non  pana- 
chés sont  à  feuilles  vertes,  c'est-à-dire  viridis.  Plante  voisine  du 
type,  mais  à  feuilles  plus  petites,  d'une  ellipse  plus  allongée,  à 
crénelures  très  courtes  ; 

4"  Macrophjlla  (F.  à  grandes  feuilles).  —  Ainsi  que  son  nom 
l'indique,   a  les  feuilles  très  grandes  comparées  aux  autres  sortes, 

(1)  Voir  hyon-horlicole  n°  21,  pages  352  et  suivantes. 


—  3lS  — 

presque  aussi  larges  que  longues,  d'une  surface  souvent  deux  fois 
plus  large  que  celle  du  type.  Son  port  est  légèrement  étalé;  la 
plante  est  très  robuste  et  très  vigoureuse  ;• 

5°  InterincUia  (F.  intermédiaire),  —  Excellente  variété,  d'une 
bonne  vigueur,  à  feuilles  intermédiaires,  comme  grandeur,  entre 
le  Fusain  du  Japon  type  et  le  Fusain  à  grandes  feuilles  ; 

6°  Prunifolia  (F.  à  feuilles  de  prunier).  —  On  a  vendu  sous  ce 
nom  trompeur  une  variété  à  feuilles  vertes,  beaucoup  plus  petites 
que  celles  des  sortes  précédentes,  à  port  dressé,  que  j'ai  mis  à 
l'étude  ; 

7°  Lutescens  (F.  à  feuilles  jaunâtres).  —  Je  classe  la  variété  lules- 
ccns  dans  les  variétés  à  feuilles  vertes.  C'est  une  curieuse  variété, 
toutes  les  feuilles  sont  réticulées  de  lignes  jaunâtres  qui  ressortent  à 
peine  sur  le  fond  vert  brillant  du  limbe  ; 

8°  Pulchella  (F.  mignon).  —  On  ne  dirait  pas  que  cette  sorte 
est  une  variété  du  Fusain  du  Japon  tellement  elle  en  est  distincte. 
C'est  une  plante  très  naine,  compacte,  qui  pourrait  très  bien  rem- 
placer le  buis  nain  pour  faire  des  bordures,  à  feuilles  décussées,  à 
peine  larges  d'un  centimètre,  finement  crénelées,  denses,  d'un  vert 
sombre. 

2"  SECTION.  —  Variétés  panachées. 

1°  Large  macule  occupant    le  milieu  de  la  feuille,    celle-ci  bordée  d'une 

large  marge  verte. 

9°  Àureo-picta  (F.  orné  d'or).  —  Feuilles  relativement  étroites, 
repliées  en  forme  de  tuile,  dressées  contre  la  tige,  finement  créne- 
lées, marquées  d'une  belle  macule  jaune  d'or  au  centre  ; 

10°  Aureo-picta  latifolia  (F.  orné  d'or  à  larges  feuilles).  — Plante 
voisine  de  la  précédente,  mais  à  feuilles  plus  larges  et  presque 
planes.  Macule  centrale  jaune  d'or; 

11°  Aureo-picta  stricta  (F.  orné  d'or  dressé).  —  Ainsi  que  son 
nom  l'indique  cette  variété  a  un  port  raide.  La  macule  centrale  est 
beaucoup  plus  large  que  dans  les  deux  variétés  précédentes  et  d'un 
jaune  beaucoup  plus  blanc,  comme  diaphane.  C'est  la  plus  belle  des 
variétés  à  centre  doré  ; 

12°  Duc  d'Anjou.  —  Variété  très  vigoureuse,  fort  distincte,  à 
feuilles  étalées,  larges,  A'ert  sombre,  brillant,  irrégulièrement 
maculé  au  centre  de  vert  très  clair  à  reflet  argenté. 

2°   Feuilles  marginées  de  blanc  ou  de  jaune. 

13"  Foliis  argenleis  (F.  à  feuilles  argentées).  —  La  plus  ancienne 
des  variétés  panachées.  Feuilles  à  pourtour  irrégulier,  comme  éro- 
dées,  bordées  d'un  fin  liséré  d'argent  avec  des  taches  irrégulières 
très  pâles,  vert  argenté  ; 


—  374  — 

14°  Foliis  arfjenleis  longifolia  (F.  argenté  à  longues  feuilles).  — 
Variété  voisine  de  la  précédente,  s'en  distingue  par  des  feuilles  plus 
étroites,  une  bordure  argentée  plus  nette  et  des  macules  plus  appa- 
rentes ; 

15"  Flavesccns  (F.  à  feuilles  panachées  de  jaune  blanchâtre).  — 
Marginé  de  vert  jaunâtre  sur  les  bords  et  panaché  de  vert  pâle 
irrégulièrement  ; 

16°  Elegam  albo-marginata  (F.  élégant  marginé  de  blanc).  — 
Nouveauté  d'un  grand  mérite,  très  distincte,  avec  une  bordure 
blanc  d'argent,  s'élargissant  au  sommet  et  maculées  çà  et  là  de 
taches  vert  clair  sur  fond  vert  foncé  ; 

17°  Jureo-variegala  laiifoUa  (F.  panaché  de  jaune  à  larges 
feuilles).  —  Très  belle  variété,  vigoureuse,  avec  une  large  bor- 
dure jaune,  quelquefois  un  peu  pâle,  à  crénelures  bien  marquées, 
à  pourtour  régulier; 

18°  Jlbo-variegata  lalifolia  (F.  panaché  de  blanc  à  larges  feuilles). 
—  Excellente  variété,  une  des  meilleures,  à  feuilles  un  peu  con- 
caves ,  largement  bordées  de  blanc  lavé  de  jaune  d'or ,  avec  de 
larges  stries  blanc  grisâtre  à  reflet  métallique  au  centre  de  la 
feuille  ; 

19°  Àrgenlea  rolundifolia  (F.  argenté  à  feuilles  rondes)  —  C'est 
sans  contredit  la  plus  belle  de  toutes  les  sortes  de  Fusains  du  Japon 
à  feuilles  panachées.  Ces  feuilles  ne  sont  pas  rondes,  comme  sem- 
ble l'indiquer  son  nom,  mais  elles  sont  largement  elliptiques.  Avec 
une  large  marge  argentée  ,  de  belles  stries  alternativement  gris 
d'argent  et  vert  brillant. 

En  dehors  de  l'Evonymus  japonicus,  le  Japon  possède  encore 
plusieurs  autres  espèces  distinctes.  Ce  sont  : 

1°  Evomjmiis  radicans  Sieb  et  Zucc.  que  l'on  trouve  souvent 
dans  les  cultures  sous  le  nom  à'E.  japonicus  crispa  Hort.  ;  cette 
espèce  a  également  une  variété  ponctuée  ; 

2°  Evomjmiis gracilis  Sieb,  beaucoup  plus  souvent  nommé  parles 
horticulteurs  E.  radicans.  Les  variétés  de  cotte  espèce  que  l'on  cul- 
tive beaucoup  sont  au  nombre  de  cinq,  connues  dans  le  commerce 
sous  les  noms  d'^.  radicans,  E.  radicans  foliis  argenleis^  E.  radicans 
major,  E.  radicans  major  foliis  argenteis,  E.  radicans  Iricolor. 

Ces  variétés  sont  d'excellentes  plantes  d'une  rusticité  à  toute 
épreuve,  très  ornementales,  qui  ont  leur  place  marquée  dans  tous 
les  jardins  pour  garnir  les  rocailles,  tapisser  les  muraille?,  aux- 
quelles elles  s'attachent  à  la  façon  du  lierre,  faire  d'excellentes 
bordures  ou  avec  l'aide  d'un  tuteur  constituer  de  belles  colonnes 
de  verdure. 

Greffes  sur  de  belles  tiges  droites  de  Fusain  d'Europe,  le  Fusain 
du  Japon  et  ses  variétés  ainsi  que  le  Fusain  radicans  poussent  très 


—  375  — 

vigoureusement  et  forment  de  très  jolies  têtes  qui,  avec  l'âge, 
pourraient  jouer  un  rôle  analogue  à  celui  que  jouent  les  Lauriers 
d'Apollon  en  Russie  ou  dans  d'autres  pays  du  nord  de  l'Europe. 
Du  reste,  comme  je  l'ai  dit  en  commençant,  les  Fusains  s'ac- 
commodent des  sols  les  plus  ingrats  et  des  plus  mauvaises  exposi- 
tioBS  :  partout  ils  donnent  à  profusion  leur  brillante  verdure. 

Louis  GoRRET,  horticulteur, 

rue  du  Bourbonnais,  Lyou-Vaise. 


Les  Chrysanthèmes  à  Londres. 

L'Exposition  de  Chrysanthèmes,  organisée  chaque  année  par 
«  tlie  National  Chrysan'licmum  Society  »  ,  se  tenait  les  11  et 
12  novembre  dernier  au    »  Royal  Aquarium   ». 

Ce  (I  Royal  Aquarium  »  est  un  immense  «  Hall  » ,  qui  n'a 
d'aquarium  que  le  nom,  comme  il  y  en  tant  à  Londres,  et  qui,  tout 
en  étant  grandes  salles  de  théâtre  où  se  donnent  des  concerts  ou 
autres  divertissements,  servent  en  même  temps  aux  expositions  de 
toutes  les  industries.  Grâce  à  une  association  très  ingénieuse  entre 
les  différentes  Sociétés  horticoles  et  autres  et  les  Administrations 
de  ces  hall,  chaque  société,  à  peu  de  frais,  peut  montrer  ses 
produits  aux  amateurs. 

Cet  arrangement  permet  donc  aux  horticulteurs  de  faire  ces 
nombreuses  expositions  partielles,  qu'on  voit  à  Londres  dans  le 
cours  de  l'année. 

Pour  ces  deux  journées,  malheureusement  favorisées  par  un 
temps  comme  on  n'en  voit  qu'en  Angleterre,  c'est-à-dire  un  temps 
si  sombre  qu'on  est  obligé  d'éclairer  le  gaz  à  midi,  les  Chrysan- 
thèmes faisaient  donc  les  frais  de  décoration  et  le  principal  attrait 
de  l'établissement. 

L'Exposition  comprenait  de  nombreuses  collections  de  fleurs 
coupées,  rivalisant  toutes  de  grandeur  et  de  beauté,  et  des  fortes 
plantes  fleuries,  spécimens  des  meilleures  variétés  de  la  plante  de 
marché  couvertes  de  fleurs,  et  dont  le  nombre  remplaçait  la  largeur 
des  premières  citées,  destinées  celles-là  aux  bouquets,  garni- 
tures, etc.  Ces  multiples  collections  étaient  étalées  avec  soin  sur 
de  longues  tables,  tandis  que  les  secondes  formaient  de  gros 
massifs  aux  couleurs  variées,  surmontés  des  indispensables 
palmiers. 

Citer  toutes  les  variétés,  cependant  dignes  d'intérêt  pour  les 
collectionneurs,  ce  serait  rédiger  un  catalogue  ;  je  citerai  donc 
seulement  les  principales.  Fleurs  coupées,  les  plus  belles  japonaises  : 


—  376  — 


Elaine,  blanc  très  pur. 
M"«  Lacroix,  blanche. 
Fanny  Boucharlat,  blanc  crème. 
M""  Cl.  Audiguier,  rose. 
Baronne  de  Prailly,  rose. 
Oracle,  rose  pourpre. 


Peter  the  great,  jaune   citron. 
Thunberg,   jaune  clair. 
Soleil-Levant,  jaune    pâle. 
Comte  de   Gerrainy,   rayé    cramoisi. 
Golden   Dragon,  jaune. 
Critérion,   jaune. 


Enfin,  Jeanne  Dclaux,  sombre  violet,  dont  j'ai  mesuré  une  fleur 
de  0"'20  de  diamètre . 

Dans  la  section  nommée  Incurved  Chrysanlhemum,  les  plus  remar- 
quables étaient  : 

Jardin  des  Plantes,  jaune. 

M.  Bunn,  jaune. 

Golden  Empress  of  India^  jaune  or. 

Princess  Impérial,  jaune  clair. 


Empress  of  India,  blanc  pur. 
Jeanne  d'Arc,  blanc  rosé. 
Queen  of  England,  blanc  rosé. 
Lord  Wolseley,  or  rouge. 

Quelques  Anémone- flor a,  dans  les  meilleures 


Lady  Margaret,  blanc.  I  George  Sand,  jaune  et  rouge. 

Fleur  de  Marie,  blanc.  1  Gluck,  jaune. 

Mais  la  couleur  des  mêmes  variétés  varie  d'après  les  genres  de 
culture,  climat,  etc. 

Les  fortes  plantes  formant  les  groupes  étaient  en  grande  partie 
tuteurées  en  ombelles,  d'autres  en  arbre  ou  à  tige,  quelques-unes 
en  formes  pyramidales;  parmi  elles,  je  note  : 


La  Nymphe,  rosâtre. 

Prince  of  Wales,  pourpre  panaché. 

John  Salter,  rouge  orange. 


M"  Dixon,  jaune. 
Guernosey  Nugget,  jaune. 
Golden  Empress  of  India,  jaune. 


Une  Sœur  Mélaine,  couverte  de  fleurs  blanches,  était  montée  sur 
un  vrai  système  de  tuteurage,  et,  quoique  n'étant  que  dans  un  pot 
de  8  pouces  environ,  formait  à  elle  seule  un  massif  de  deux  mètres 
de  diamètre  mesuré  exactement. 

Quelques  autres  prbfltaient  de  cette  occasion  pour  exposer  quel- 
ques fruits  et  légumes,  tous  d'une  culture  et  d'une  force  remar- 
quables. 

Les  exposants  étaient  pour  la  plupart  des  chefs  jardiniers  de 
maisons  privées;  quelques  horticulteurs  seulement,  parmi  lesquels 
MM.  Cannel  et  Sons,  Davis,  Stevens,  Weitch,  etc..  etc. 

Elle    MÉTRAL. 

CATALOGUES 

A.  Marchand  fils,  hnrliculteur- pépiniériste,  à  Poiliars  (Vienne).  — 
Catalogue  prix-courant  des  arbres  Iruiliars,  forestiers  et  d'ornement,  arbus- 
tes, conifères  et  rosiers  cultivés  dans  l'Etablissernsnt.  —  Aztlées  de  l'Inde, 
Bégonias  bulbeux,  Camellia?,  Chamœrops,  Jaunes  l'iants  de  lou'.os  ^orte^", 
Magnolias,  Plantes  deserre.»,  Vignes,  etc. 

—  Victor  Chanavat  jeune,  horticuUeur-vitioalteur,  marchand  grainier, 
2,  ruo  de  la  Charité,  à  Vienne  (Isère).  —  Prix-courant  de  Vignes  françaises 
greffées  et  soudées  sur  l'.  Riparia,  production  directe,  etc. 

Le    GÉRANT    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  DÉCEMBRE  N»     23 


»*AJ»!tM^iM^M* 


CHRONIQUE 


Rabelais  horliculteur.  —  On  a  prétendu  que  Rabelais  avait  intro- 
duit en  France  la  culture  de  la  Romaine  ;  cela  n'est  pas  bien 
démontré,  mais  ce  qu'on  sait  d'une  manière  certaine,  c'est  que 
l'illustre  auteur  de  «  la  vie  de  Gargantua  et  de  Pantagruel  »  s'in- 
téressait aux  choses  du  jardinage,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  au  Livre 
quatrième,  chapitre  liv,  de  la  suite  du  Pantagruel,  ayant  pour 
titre  :  Comment  Ilomenaz  donne  à  Pantagruel  des  poires  de  Bon 
chrklian . 

« En  fia  de  table,  Homenaz  nous  donna  grand  nombre  de 

grosses  et  belles  poires,  disant  : 

«  —  Tenez,  amis  :  poires  sont  singulières,  lesquelles  ailleurs  ne 
trouverez.  Non  toute  terre  porto  tout  :  ladie  seule  porte  le  noir 
ébène  ;  en  Sabée  provient  le  bon  encens  ;  en  l'île  de  Lemnos  la 
terre  sphragitide;  en  cette  île  seule  naissent  ces  belles  poires. 
Faites  en  si  bon  vous  semble  pépinière  en  vos  pays. 

«  —  Comment,  demanda  Pantagruel,  les  nommez-vous?  Elles 
me  semblent  très  bonnes  et  de  bonne  eau.  Si  on  les  cuisait  en 
casserons  par  quartiers  avec  un  peu  de  vin  et  de  sucre,  je  pense 
que  ce  serait  viande  très  salubre,  tant  es  malade  comme  es  sains. 

«  —  Non  auUrement,  répondit  Homenaz.  Nous  sommes  simples 
gens,  puisqu'il  plaît  à  Dieu.  Et  appelons  les  figues,  figues;  les 
prunes,  prunes;  et  les  poires,  poires. 

(I  — Vraiment,  dit  Pantagruel,  quand  je  serai  en  mon  ménage, 
j'en  af fierai  (1)  et  enterai  en  mon  jardin  de  Touraine,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Loire,  et  seront  dites  poires  de  bon  Christian.  Car 
onques  ne  vit  christians  meilleurs  que  sont  ces  bons  papimanes...  » 

(1)  Affier,  planter,  greffer,  de  affiyo.  Enter,  greller. 


378 


On  trouve  dgalement  dans  la  correspondance  de  Rabelais, 
publiée  par  les  frères  Scévole  et  Louis  de  Sainte-Marthe,  une  lettre 
datée  de  Rome,  écrite  à  l'évêque  de  Maillezais,  dans  laquelle 
maître  François  donne  d'excellents  conseils  sur  la  culture  potagère. 

«  Touchant  les  graines  que  je  vous  ai  envoyées,  écrit-il,  je 
vous  puis  bien  assurer  que  ce  sont  les  meilleures  de  Naples,  et 
desquelles  le  Saint-Père  fait  semer  en  son  jardin  secret  du  Belvé- 
dère. D'autres  sortes  de  salades  ne  ont-ils  par  de  ça,  fort  le  Nasi- 
lord  cl  Carroussa.  Mais  celles  de  Legugé  me  semblent  bien  aussi 
bonnes  et  quelque  peu  plus  douces  et  amiables  à  restomach,même- 
ment  de  votre  personne;  car  celles  de  Naples  me  semblent  trop 
ardentes  et  trop  dures.  Au  regard  de  la  saison  et  semailles,  il  fau- 
dra avertir  vos  jardiniers  qu'ils  ne  les  sèment  (il  s'agissait  de 
graines  envoyées  à  M""'  d'Estissac)  du  tout  si  tôt  comme  on  fait  de 
par  de  ça  ;  car  le  climat  n'est  pas  tant  avancé  en  chaleur  comme 
ici.  Ils  ne  pourront  faillir  de  semer  vos  salades  deux  fois  l'an, 
savoir  et  en  carême  et  en  novembre,  et  les  cardes  ils  pourront 
semer  en  août  et  septembre  ;  les  melons,  citrouilles  et  autres  en 
mars;  et  les  armer  certains  jours  de  jonc  et  de  fumier  léger  et  non 
pourri,  quand  ils  se  douteront  de  la  gelée.  On  vend  bien  encore  ici 
des  œillets  (V Alexandrie,  des  violelles  maUonales,  d'une  herbe  dont  ils 
tiennent  en  été  leurs  chambres  fraîches,  qu'ils  appellent  Belvédère. 
Mais  ce  serait  plus  pour  M""*  d'Estissac.  S'il  vous  plaît  de  tout,  je 
vous  en  enverrai  sans  faute.  » 

Arbouse.  —  «  Un  nouveau  fruit  vient  de  faire  son  appai'ition  à 
Paris  ;  c'est  l'arbouse,  fruit  de  l'arbousier,  fruit  commun  en  Algé- 
rie. Très  séduisant  d'aspect,  l'arbouse  ressemble  à  la  fraise  ;  son 
goût  est  loin  de  répondre  aux  promesses  de  l'enveloppe. 

I'  Par   contre,  l'arbouse    fournit  d'excellentes  confitures.   » 

J'ai  lu  cette  petite  note  il  y  a  déjà  quelques  jours  dans  un  jour- 
nal de  Paris  ;  elle  m'a  intéressé  parce  qu'elle  m'a  rappelé  qu'avant 
1870,  il  y  avait  de  très  forts  arbousiers  au  Parc  de  la  Tête-d'Or,  à 
Lyon,  qui  donnaient  des  arbouses  bonnes  à  manger. 

A  bonne  exposition,  l'arbousier,  arbrisseau  de  l'Europe  méridio- 
nale, peut  remonter  assez  haut  vers  le  Nord  et  y  mûrir  souvent  ses 
fruits,  car  je  me  souviens  d'en  avoir  vus  de  forts  beaux  dans  les 
jardins  des  vallées  chaudes  du  Bugey,  notamment  à  BeUey,  dans 
l'Ain. 

L'arbousier  n'est  pas  seulement  commun  en  Algérie,  carilest 
indigène  en  France  (Bayonne,  La  Rochelle,  etc.),  en  Espagne 
(Aragon,  Asturies,  Estramadure,  etc.),  dans  les  Iles  Baléares,  en 
Portugal,  en  Italie,  dans  leTyrol,  laCarniole,  laDalmatie,  la  Grèce, 
la  Turquie,  etc.  11  s'agit  de  YJrbulus  Unedo,   bien  entendu,    car 


—  379  — 

VJrbulus  Andrachne.  est  moins  l'épandu.  On  le  signale  seulement  en 
Europe  dans  la  Grèce, la  Turquie  et  la  Taurie.  l'Arbulus  inleijnfuUa 
Lam,  et  Skberi  Kl  sont  des  Cretois.  On  signale  encore  les  Arbutus 
procera  Dougl.  Menziczi  Pursli  de  l'Amérique  septentrionale,  cuna- 
riensisYeiW.,  etc.,  etc.,  et  plusieurs  autres  hybrides  ou  variétés. 

Il  parait  C[n'Arbulus  vient  du  celtique  arbois,  fruit  raboteux.  Vir- 
gile nommait  son  fruit  arbiilum,  disant  : 

....   Cum  iam  glandes  atque  arbutit  sacra; 
Deficerent  siluœ. 

Les  Grecs  nommaient  l'arbousier  Comaros  et  son  fruit  Memecylon . 
Pline  nomme  le  fruit  de  l'arbousier  Vnedo  parce  que  c'est  un  fruit 
peu  estimé  dont  on  ne  saurait  manger  plus  d'une  fois.  Galien  pré- 
tend que  rtZ/ief/o  n'est  pas  le  fruit  de  l'arbousier  mais  de  l'Epiraelis, 
usant  de  ces  mots  : 

«  L'Epimelis  est  une  plante  âpre,  et  pour  mieux  dire,  un  pom- 
mier sauvage.  Les  paysans  d'Italie  l'appellent  Unedo;  il  en  croit  à 
force  eu  Calabre n 

On  appelle  également  arbousier  VArdo-laphijllos  Uva-ursi,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Busserole  et  de  raisin  d'ours. 

Fleur  monslnu'use  de  Fuschia.  — M.  B,  Chagny,  jardinier  chef 
chez  M.  de  Jerphauion,  m'a  adressé  une  tieur  monstrueuse  qui  s'est 
développée  dans  ses  cultures  sur  la  variété  de  Fuchsia  connue  dans 
les  collections  sous  le  Jiom  de  Miss  ffelsh.  La  lieur  anormale  avait 
cela  de  particulier  qu'elle  contenait  vingt-quatre  étamiues,  douze 
divisions  calycinales  et  un  seul  pistil  très  fortement  développé.  Elle 
semblait  résumer  trois  Heurs  ordinaires  pour  la  grandeur  et  le  nom- 
bre des  organes.  Elle  s'est  développée  au  sommet  d'un  rameau. 

Les  anomalies  analogues  ne  sont  pas  rares  sur  je  Fuchsia  qui  est 
fort  souvent  affecté  de  différentes  déformations.  Engelman  en  a  fait 
connaître  plusieurs  sortes,  moi-même  j'en  ai  présenté  à  la  Société 
botanique  de  Lyon  de  très  curieuses. 

Au  point  de  vue  horticole,  il  ne  faut  pas  négliger  lestleui's  mons- 
trueuses. Dans  beaucoup  de  cas,  elles  peuvent,  au  moyen  de  la 
fécondation,  aider  à  ébranler  les  types  l'ebelles  à  produire  des 
variétés. 

Miniature.  —  M.  Alégatière,  horticulteur  à  Monplaisir,  a  pré- 
senté sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise  la  variété  de 
Rosier  qu'il  a  livrée  au  commerce  l'an  dernier  sous  le  nom  de 
Miniature.  La  présentation  en  a  été  faite  «  en  fleurs  et  à  racines  nues.  » 
C'est  incroyable  comme  les  fleurs  de  cette  variété  sont  petites, 
mignonnes  et  nombreuses  ;  il  y  avait  plus  de  cent  boutons  sur  l'iu- 


—  380  — 

dividu  en  question,  et  ces  cent  boutons  microscopiques  étaient  por- 
tés par  des  rameaux  dont  la  hauteur  ne  dépassait  pas  20  centimè- 
tres ;  la  touffe  entière  n'avait  pas  un  diamètre  beaucoup  plus  consi- 
dérable. Le  présentateur  a  fait  remarquer  que  lorsque  le  Rosier 
Miniature  était  franc  de  pied,  il  pouvait  très  bien  se  relever  de  pleine 
terre  en  bouton  et  continuer  de  lleurir  en  serre.  Le  fait  est  que  le 
sujet  présenté  avait,  sans  aucun  pivot,  un  chevelu,  un  réseau  de 
racines  tellement  épais  que  rien  ne  s'opposait  à  les  faire  entrer 
entièrement  dans  un  pot  de  petite  dimension. 

Le  mot  Miniature  indiquant  un  caractère  est  assez  bien  trouvé. 
Mais  autrefois  ce  nom  n'aurait  rien  valu  parce  que  le  mot  Miniature 
(du  latin  miniumj,  était  seulement  donné  aux  peintures  qui  accom- 
pagnaient les  manuscrits,  c'étaient  de  simples  traits  marqués  en 
marge  et  aux  initiales  avec  le  minium.  On  a  ensuite  appliqué  ce  mot 
aux  petits  portraits  peints  avec  le  minium  et  le  vermillon,  ainsi 
qu'aux  peintures  de  petites  dimensions.  DeliUe  a  dit,  en  parlant  du 
colibri  : 

Du  peuple  ailé  des  airs,  brillante  miniature 

«  Il  a  la  goutte  en  miniature,  »  dit  M""  de  La  Fayette  de  son 
ami  le  duc  de  La  Rochefoucauld,  qui  eu  avait  un  léger  accès. 


V ébranlement  des  types,  —  J'ai  soutenu  cette  thèse  :  «  pour  ébran- 
ler une  espèce  qui  ne  donne  pas  habituellement  de  variétés  par  le 
semis  et  dont  on  ne  peut  pas  espérer  le  croisement  avec  une  espèce 
voisine,  qu'il  fallait  la  croiser  avec  les  individus  malades,  déformés 
ou  rachitiques  de  la  même  sorte.  »  On  sait,  en  effet,  que  certaines 
maladies  ou  déformations  sont  héréditaires  et  on  peut  conclure  de 
cette  hérédité,  que  les  maladies  ou  déformations  susdites  affectent 
profondément  tous  les  organes  de  la  reproduction.  On  pourrait  citer 
à  l'appui  de  cette  opinion  de  nombreux  cas  de  déformations  qui  se 
reproduisent  en  tout  ou  en  partie  par  le  semis.  Qu'il  me  suffise  de 
mentionner  une  foule  de  plantes  panachées  qui  sont  dans  ce  cas. 
Or,  un  individu  végétal  déformé  peut  fournir  de  très  bon  pollen, 
comme  il  peut  avoir  un  pistil  capable  de  recevoir  la  fécondation.  Et 
si,  comme  nous  le  savons  pour  les  plantes  d'origine  hybride,  la 
fécondation  entre  deux  individus  différents  d'une  espèce  fixe  donne 
un  résultat  analogue,  nous  aurons  trouvé  le  moyen  d'obtenir  des 
variétés. 

Cette  vérité  que  j'ai  vérifiée  sur  des  espèces  peu  intéressantes 
considérées  au  point  de  vue  horticole  mérite  d'être  expérimentée 
dans  certains  cas.  Je  la  consigne  ici  afin  que  les  hybridateurs  en 
fasse  leur  profit,  et  j'ajoute  que  bien  que  l'ébranlement  d'une 
espèce  normalement  constituée  soit  obtenue  au  moyen  de  la  fécon- 


—  381    — 

datioii  par  un  individu  malade,  rachitique  ou  déformé,  il  ne  s'en 
suit  nullement  que  les  êtres  qui  naissent  de  cet  accouplement  héri- 
tent des  défauts  en  question. 

Floraison  d'un  y4gave  maciUala.  —  Le  Gardners'  chronicle  a  publié 
et  figuré,  en  1872,  la  plante  qui  fait  le  sujet  de  cette  note.  C'est 
une  espèce  fort  curieuse,  très  distincte  appartenant  au  groupe  des 
Agaves  herbacées,  que  Salisbury  avait  distinguées  des  autres  en 
les  classant  sous  le  nom  générique  de  Manfreda.  Elle  croît  à  l'état 
sauvage  dans  le  Texas  et  le  Mexique  septentrional. 

Je  possédais  l'agave  maculala  depuis  plusieurs  années,  et  je  la 
conservais  avec  soin  à  cause  de  son  curieux  feuillage  et  aussi  avec 
l'espoir  de  la  voir  fleurir  un  jour.  Elle  a  fleuri  cette  année  et  m'a 
donné  non-seulement  l'occasion  de  la  comparer  au  dessin  figura 
par  le  Gardners'  chronicle,  mais  encore  de  féconder  ses  fleurs  avec 
le  pollen  d'autres  sortes  qui  ont  fleuri  cette  année  dans  la  belle 
collection  de  la  ville  de  Lyon. 

Je  dois  dire  tout  d'abord  que  le  polymorphisme  des  espèces 
à'Jgnve  est  généralement  connu,  qu'elles  s'hybrident  entre  elles 
avec  facilité,  même  entre  sortes  très  distinctes,  ainsi  que  l'a,  du 
reste,  démontré  M.  F.  Gaulain,  chef  de  culture  au  Parc  de  la 
Téte-d'Or. 

Si  le  spécimen  qui  a  fleuri  chez  moi  ne  ressemble  pas  exacte- 
ment à  celui  qui  a  été  figuré  par  le  journal  anglais,  cela  prouve 
que  VAgavfl  maculala,  comme  presque  toutes  autres  sortes,  renferme 
des  formes  méconnues,  où  se  présentent  sous  des  états  divers. 

L'inflorescence  du  spécimen  que  je  cultive  avait  1  mètre  50  c. 
de  hauteur,  y  compris  la  hampe,  qui  était  nue  dans  les  deux  tiers 
inférieurs  et  comprenait  environ  50  fleurs  généralement  géminées 
à  la  base  des  bractées.  Le  périanthe  est  à  six  divisions  oblongues, 
obtuses;  les  trois  intérieures  creusées  d'un  sillon  concave,  faisant 
saillie  au  dos  et  opposées  au  filet  des  étamines  ;  les  unes  et  les 
autres  d'un  vert  rembruni  au  sommet.  Les  filets  des  étamines,  qui 
ont  8  centimètres  de  longueur,  sont  subulés,  couleur  chocolat  et 
genouillées  au  moment  de  l'anthèse.  Pendant  la  floraison,  V Agave 
macidala  exhale  une  odeur  sui  generis  assez  désagréable. 

Quant  aux  feuilles  de  la  plante,  elles  sont  presque  nidulantcs  et 
ressemblent,  comme  disposition,  à  celles  de  quelques  Broméliacées; 
elles  sont  épaisses,  charnues,  flexibles,  canaliculées,  récurvées  et 
très  finement  dentées.  Leur  couleur  est  d'un  vert  clair  parsemé  de 
ponctuations  nombreuses,  brun  foncé,  çà  et  là  isolées  comme  des 
îlots,  quelquefois  confluentes.  Ces  taches  sont  beaucoup  plus  nettes 
quand  la  plante  est  au  soleil  que  lorsqu'elle  est  à  l'ombre.  Dans  le 
spécimen  figuré  par  le  Gardners'  chronicle,  les  fleurs  ne  sont  pas 


—  382  — 

géminées,  mais  solitaires,  les  filets  des  étaminessont  beaucoup  plus 
courts  et  les  feuilles  sont  plus  étroites  et  tellement  recourbées, 
qu'elles  paraissent  pendantes. 

u  ÏAi  Salria.  »  Quand  j'étais  jeune  écolier,  un  jour  le  professeur 
de  chimie  Bineau,  auquel  la  science  est  redevable  de  plusieurs 
découvertes,  demandait  à  un  de  mes  camarades  les  noms  vulgaires 
des  différents  oxydes  formés  par  le  potassium,  le  sodium,  le 
baryum  et  le  calcium.  L'élève  répondit  sans  hésiter  pour  les  trois 
premiers  :  potasse,  soude  et  baryte.  Quant  au  quatrième,  il  cher- 
chait et  ne  trouvait  pas;  un  voisin  lui  souffla  :  calci,  et  il  répéta 
calci.  Un  éclat  de  rire  général  accueillit  ce  nom  bizarre;  le  pro- 
fesseur rit  comme  les  autres,  et  ce  ne  fut  qu'au  bout  d'un  instant 
qu'il  put  expliquer  au  malheureux  élève  que  l'oxyde  de  calcium 
s'appelait  de  la  chaux. 

Je  me  suis  rappelé  cette  anecdote  en  lisant  l'autre  jour  dans  un 
journal  une  note  intitulée  .  «  La  Sah-ia  «  .  La  Salvia,  qu'est-ce  que 
c'est  que  cela?  allez-vous  me  dire?  Eh!  mes  amis,  je  n'en  sais 
rien  ! 

J'avais  d'abord  songé,  —  les  idées  les  plus  simples  étant  les 
meilleures,  —  à  la  sauge,  qui  porte  en  latin  le  nom  de  Salrin, 
mais  l'auteur  dit  que  «  la  Salvia  »  est  le  PIcctranihus  Iruclicosun,  qui 
s'appelle  Germaine  en  français.  Je  rengaine  alors  ma  traduction. 
Je  poursuis  la  lecture  de  l'article  et  n'y  comprends  plus  rien.  L'au- 
teur, qui  vante  sur  tous  les  tons  les  vertus  médicinales  de  «  la 
Salvia  »,  lait  intervenir  Théophraste,  Hippocrafe  et  Dioscoride, 
qui  la  nommaient,  dit-il,  Ifrrhi  sanela,  l'herbe  sacrée.  Or,  comme 
le  Plcriranllins  fniclicosiis  est  une  ]al)ioe  du  cap  de  Bonne-Espérance 
qui  a  été  introduite  dans  les  cultures  vers  la  fin  du  XVIIP  siècle, 
il  est  bien  difficile  que  Théophraste  ait  pu  la  connaître,  puisque  le 
cap  lui-même  n'a  été  entrevu  par  Barthélémy  Diaz  qu'en  1486  et 
doublé  par  Vasco  de  Gama  en  1497.  Jy'Herbe  sacrée  des  anciens 
botanistes  est  le  Melilis  vielissopln/lliim,  si  commun  dans  les  bois.  Il 
est  regrettable  d'être  alléché  par  les  qualités  sans  nombre  que 
notre  auteur  donne  à  la  Salvia,  et  d'être  obligé  ensuite  do  ne  pas 
savoir  de  quelle  espèce  il  veut  parler. 


Informations.  —  A  l'occas-'ion  de  l'Exposition  générale,  qu'elle  ouvrira 
du  4  nu  9  mai  prochain,  la  Socii^té  nationale  d'iiorti  cul  dire  de  Francs  orga- 
riise  un  Contrrès  horticole.  Les  personnes  qui  voudrai  nt  prsndre  part  aux 
travaux  de  ce  Congrès,  doivent  en  informer  le  Pré-iident  de  la  Société  et 
faire  connaître  dans  le  (.lus  bref  délai  les  questions  qu'elles  pourraient  avoir 
à  traiter  ou  qu'elles  désireraient  y  voir  discuter. 

—  A  l'occasion  du  Concours  régional,  il  y  aura  en  1885,  à  Lille,  au  palais 
Ranaeau,  une  grande  Exposition  internationale  d'horticulture. 


—  383  — 


—  Vlllustrirte  Garlen-Zeiliinti  signale  une  nouvelle  variété  de  V Impatiens 
Svltani  à  feuilles  panachées  de  blanc. 

—  M.  Clarke  de  Twickeniiam  a  obtenu  sur  des  Cjclanaens  de  Perse  une 
sorte  de  monstruosité  qui  donne  aux  pétales  un  aspect  gaufré.  Ce  sont  des 
protubérances  qui  ont  quelques  rapports  avec  celles  que  présentent  les  choux 
crépus.  L'obtenteur  parviendra-t-il  à  fiser  cette  déformation  ? 

—  Le  Cerisier  de  Virginie  (Cernsus  serotina),  arbre  de  troisième  grandeur, 
a  été  recommandé  au  Congrès  agricole  et  forestier  pour  la  culture  forestière 
dans  les  terrains  sablonneux  et  bien  travaillés.  Cet  arbre,  qui  ne  drageonne 
pas,  est  d'une  croissance  rapide.  Dans  le  même  Congrès,  on  a  également 
chaudement  recommandé  l'Érable  de  Virginie  {A^er  d'jsi/carpuni).  Aux  Etats- 
Unis  cet  arbre  est  employé  dans  la  plantation  des  avenues. 

—  La  fameuse  collection  d'Orchidées  de  M'"^  S.  Morgan,  de  New-York, 
vient  d'être  vendu?  aux  enchères.  Le  total  de  la  vente  s'est  élevé  à  120,000 
francs.  Les  plantes  entre  4  et  500  francs  n'étaient  pas  rares.  Le  Cypripedium 
Morganianœ  hybride  do  M.  Veitch  s'est  vendu  3,750  fr.,  le  Cypnyedum  Stn- 
nei platytœnium  2.250  francs,  un  Cnttkya  exoniensis  1,250  francs,  un  Cœlo- 
gine  cristata  alba  1,050  franco,  un  Vandu  Sanderiana  a  été  adjugé  4,500  fr.; 
ce  dernier  est  pour  rien,  à  ce  qu'il  paraît  :  il  aurait  coûté  jadis  10,000  francs 
à  son  propriétaire. 

—  U Ebouriffée  est  une  variété  de  Chrysanthème  qui  vient  d'obtenir  un 
certificat  de  première  classe  à  Londres.  C'est  un  gain  de  M.  de  Reydellet, 
amateur  à  Valence,  qui  n'en  est  plus  à  compter  ses  succès  de  semeur.  L'an 
dernier,  sa  variété  Carmen  recevait  également  du  jury  anglais  un  certificatde 
méaie  valeur.  Cette  année,  M.  de  Reydellet.  qui  exposait  ses  gains  à  Lyon, 
à  Paris  et  à  Toulouse,  les  a  vu  partout  récompensés. 

—  Il  paraît  qu'en  passant  un  fer  rouge  sur  le  vieux  mastic,  on  le  ramollit 
suffisamment  pour  pouvoir  ensuite  aisément  enlever  les  vieux  carreaux  de  vitre 
On  sait,  en  effet,  qu'il  y  a  des  mastics  si  durs  qu'on  est  obligé  de  fi'apper  à 
coups  redoublés  et  longtemps  pour  ôter  les  vitres  fêlées. 


Note  sur  la  taille  et  la  plantation  des  arbres 

d'avenues. 

La  ville  de  Lyon  a  été  surnommée  «  la  ville  aux  platanes  »  à 
cause  du  nombre  vraiment  considérable  de  ces  arbres  plantés  sur 
ses  quais  et  ses  principales  avenues.  Le  platane  est  assez  beau,  du 
reste,  pour  justitîer,  jusqu'à  un  certain  point,  l'usage  immodéré 
que  l'édilité  lyonnaise  en  a  fait,  il  y  a  une  vingtaine  d'années. 
Très  robuste,  fort  commun,  d'une  croissance  rapide,  supportant 
bien  la  taille,  peu  attaqué  par  les  insectes,  cet  arbre  s'imposait  par 
ses  qualités  diverses  à  l'attention  des  directeurs  des  plantations  de 
la  ville. 

On  a  donc  mis  des  platanes  un  peu  partout,  même  dans  les 
endroits  oii  sa  croissance  rapide  le  condamne,  ou  à  un  élagage 
perpétuel,  ou  à  rétrécir  l'horizon,  masquer  la  vue  et  rendre  sombre 
les  habitations  dans  le  voisinage  desquelles  ils  sont  plantés. 

On  a  obvié  à  ce  grave  inconvénient  en  tronçonnant,  de  temps  à 
autre,  d'une  façon  impitoyable  les  grosses  branches  latérales  et 
même  la  cîme  des  platanes,  de  telle  façon  qu'on  a  pu,  après  quel- 


—   384  — 

ques-unes  de  ces  opérations,  les  croire  ébranchés  spécialemert 
pour  dos  arbres  à  ours.  Ce  nouveau  système  d'élagage,  qui  ne 
fait,  du  reste,  pas  honneur  à  celui  qui  l'a  inventé,  ne  demande  pas 
beaucoup  d'étude  ponr  être  mis  en  pratique  :  une  bonne  scie  plus 
ou  moins  babilement  maniée  par  le  premier  manoeuvre  venu,  a  vite 
jeté  à  terre  toutes  les  branches  jugées  inutiles.  Les  bons  Lyonnais 
trouvent  bien  un  peu  étrange  cette  façon  de  procéder,  mais  comme 
la  plupart  s'entendent  mieux  au  commerce  et  à  l'industrie  qu'à  l'art 
du  jardinier,  on  leur  fait  entendre  discrètement,  quand  par  hasard 
ils  manifestent  leur  étonnement,  que  l'élagage  en  question  est  tout 
nouveau  et  que  c'est  le  meilleur  et  même  qu'il  est  indispensable. 

Cependant,  à  défaut  de  connaissances  techniques,  le  plus  simple 
bon  sens  parle  bien  haut  contre  cette  manière  de  procéder  que  rien 
ne  saurait  justifier.  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  qu'on  plante  des 
avenues  et  des  salles  d'ombrage,  il  y  en  a  de  très  belles  un  peu 
partout,  et  au  siècle  dernier,  au  temps  où  les  jardins  français 
étaient  à  la  mode,  on  savait  les  entretenir  et  on  ne  les  traitait  pas 
d'une  façon  aussi  barbare. 

Il  suffit  pour  se  faire  une  idée  de  ce  qu'étaient  les  avenues  avant 
l'emploi  de  l'ébranchage  et  de  la  conduite  en  pyramide,  de  se  sou- 
venir de  l'incomparable  beauté  de  celle  qui  va  du  pont  Saint-Clair 
à  Bellevue.  On  l'a  un  peu  gâtée,  mais  telle  qu'elle  est  encore,  elle 
suffit  pour  condamner  le  système  d'élagage  actuellement  employé. 

Une  ville  n'est  pas  une  forêt,  et  une  salle  d'ombrage  ne  saurait 
être  comparée  à  un  bois. 

Il  ne  s'agit  pas  de  savoir  si  le  platane  est  plus  beau  en  pyramide 
qu'en  boule  ou  en  plafond,  la  question  n'est  pas  là;  ce  qu'il  faut 
démontrer,  c'est  laquelle  de  ces  formes  convient  le  mieux  pour 
donner  de  l'ombrage  aux  promeneurs,  sans  gêner  la  vue  et  cacher 
la  lumière  aux  habitants  des  maisons.  C'est  ce  que  je  me  propose 
d'étudier  dans  cette  note  en  y  joignant  quelques  remarques  sur  les 
plantations  nouvelles,  c'est-à-dire  le  remplacement  des  arbres 
morts,  ainsi  qu'un  aperçu  sur  quelques  autres  essences  d'arbres  qui 
pourraient  être  employées  dans  des  plantations  nouvelles. 

Le  platane  est  un  arbre  très  docile,  qui  se  conduit  comme  l'on 
veut.  Les  élagages  énergiques  qu'on  lui  fait  subir  à  Lj'on  prouvent 
qu'il  supporte  aisément  les  coupes  les  plus  radicalement  mal  faites. 
Les  beaux  plafonds,  avec  rideaux  latéraux,  des  salles  d'ombrage 
de  quelques  propriétés  privées  démontrent  également  qu'il  n'est 
pas  rebelle  à  cette  sorte  de  direction.  On  serait  donc  mal  inspiré 
si  on  disait  que  la  conduite  en  pyramide  le  rapproche  davantage  de 
sa  manière  naturelle  de  se  développer.  Si  par  hasard  cette  façon 
de  diriger  les  platanes  à  Lyon  devait  être  justifiée  en  l'appuyant  sur 
des  principes  d'ordre  physiologique,  on  pourrait  aisément  répondre 


—  385  — 

que  celte  justification  n'est  pas  sérieuse,  attendu  que  les  élagages 
en  général  troublent  toujours  la  vie  organique  et  que,  puisque 
cette  opération  est  absolument  indispensable  pour  atteindre  le  but 
qu'on  se  propose,  il  vaut  encore  mieux  adopter  le  moyen  qui 
paralyse  le  moins  l'équilibre  entre  les  racines  et  les  branches. 

Admettons ,  si  l'on  veut ,  que  les  arbres  n'aient  pas  plus  à 
souffrir  d'un  élagage  modéré  que  d'un  ébranchage  excessif,  et 
plaçons-nous  au  simple  point  de  vue  de  l'esthétique  urbaine. 

Tels  qu'ils  sont  actuellement  dirigés,  les  platanes  des  quais,  des 
places  et  des  avenues  de  Lyon  (figure  l""*")  affectent  plus  ou  moins 
la  forme  pyramidale  et  tendent  continuellement  à  s'élever  à  une 
assez  grande  hauteur,  et  leurs  premières  branches  se  trouvent 
situées  à  environ  3  mètres  du  sol. 


Fig.  1.  —  Vue  de  cûfé    des   avenues  actuelles    de  la  ville  de  Lyon  (Taille  et  plantation). 


Cette  forme  pyramidale  se  comprendrait,  à  la  rigueur,  si  le 
platane  était  d'une  croissance  lente  ;  dans  ce  cas,  le  développe- 
ment en  élévation  mettrait  de  longues  années  avant  de  causer  un 
véritable  préjudice  aux  habitants  des  maisons  situées  sur  les  côtés 
de  la  plantation.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  en  vertu  de  la  direc- 
tion qui  leur  est  donnée,  la  plus  grande  partie  de  la  force  végéta- 
tive se  porte  rapidement  au  sommet  des  arbres  dont  elle  augmente 
annuellement  la  hauteur.  Avec  ce  système,  on  est  donc  condamné 
ou  à  un  écimage  fréquent  ou  à  laisser  masquer  la  vue  et  à  mesurer 
l'air  et  la  lumière  aux  habitants,  sans  aucun  profit,  du  reste,  pour 
les  promeneurs. 


—   386  — 

D'autre  part,  la  situation  des  premières  branches  se  trouvant 
seulement  à  3  mètres  du  sol,  paralyse  l'éclairage  des  avenues,  en 
ce  sens  qu3  les  lanternes  à  gaz  sont  presque  cachées  par  le  feuil- 
lage et  perdent  une  partie  de  leur  pouvoir  lumineux. 

Avec  la  conduite  en  plafond,  telle  qu'elle  se  pratiquait  jadis,  et 
en  ayant  soin  de  dégager  la  voie  à  4  mètres  de  hauteur,  aucun  des 
inconvénients  que  je  viens  de  signaler  n'existe.  L'arbre  donne 
autant  d'ombrage  qu'on  en  désire  sans  s'élever  à  une  grande 
hauteur.  Ceci  se  comprend,  car  quand  les  arbres  sont  formés  (voir 
figures  2  et  3),  au  lieu  d'une  flèche  qui  s'élève  rapidement  chaque 
année  en  hauteur  on  obtient  une  multitude  de  branches  de  plus 
faible  dimension  qui  se  partagent  la  nourriture  que  les  racines  pui- 
sent dans  le  sol.  Il  suffit  ensuite,  tous  les  trois  ou  quatre  ans, 
d'abattre  ces  branches  pour  qu'il  en  repousse  de  jeunes  qui  donnent 
dans  l'année  même  de  l'élagage  autant  d'ombrage  qu'il  est  néces- 
saire. 


{^fi'>>'  fi/ft/. 


Fig.  2.  —  Vue    de  face   de    l'avenue    taillée    en    plafond. 


On  peut  non-seulement  critiquer  avec  raison  le  système  d'éla- 
gage  actuellement  employé,  mais  encore  signaler  la  manière 
vicieuse  dont  les  coupes  des  branches  sont  faites.  Il  n'est  pas  un 
sylviculteur,  pas  un  garde  forestier  qui  ne  sachent  très  bien  que  la 
coupe  d'une  branche  doit  s'effectuer  en  biseau,  avec  une  inclinaison 
de  45".  Au  lieu  de  cette  coupe  inclinée  qui  favorise  le  recouvre- 
ment delà  plaie,  on  fait  actuellement  des  sections  perpendiculaires  à 
l'axe  des  branches.  Quand  les  branches  sont  verticales,  les  coupes 
sont  horizontales  ;  quand  les  branches  sont  inclinées,  elles  sont 
presque  verticales.  Dans  les  deux  cas,  les  coupes  sont  vicieuses. 
Quand  la  coupe  est  horizontale,  les  eaux  des  pluies  désorganisent 
lentement  les  tissus  du  voisinage  et  forment  des  sortes  de  cuvettes 
où  l'eau  séjourne.  Quand  elle  est  verticale,  le  recouvrement  s'ef- 
fectue également  moins  bien  que  si  elle  est  inclinée. 


—  387  — 


Fig.  3.  —  Vue  de  côté  de  l'avenue  taillée  en  plafond  (Taille  et  plantation). 


Remplacement  des  arbres  morts.  —  On  sait  que  les  fuites  de  gaz 
d'éclairage  font  périr  chaque  année,  dans  les  avenues,  un  nombre 
variable  d'arbres  qu'on  remplace  régulièrement  par  d'autres. 
Actuellement,  voici  comme  on  procède  :  Après  avoir  ôté  la  terre 
infectée  on  en  rapporte  d'autre  qui  doit  servir  à  nourrir  le  nouveau 
sujet.  J'ai  représenté  (âg.  1)  un  arbre  nouvellement  planté.  On  ne 
saurait  mieux  le  comparer  qu'à  une  sorte  de  grand  piquet  vertical 
qui  attend  le  moment  de  développer  de  nouvelles  branches.  Inter- 
callé  dans  l'avenue,  il  est  presque  étouffé  par  les  branches  des 
voisins  et  parvient  rarement  à  se  mettre  à  l'unisson  des  autres. 
Non-seulement  il  manque  d'air,  mais  la  terre  qui  doit  alimenter  ses 
racines  devient  la  pâture  de  celles  des  arbres  d'à  côté,  qui  ne  tar- 
dent pas  à  s'y  établir  au  détriment  des  siennes.  Etouffé  par  en 
haut,  affamé  par  en  bas,  ces  arbres  nouvellement  plantés  finissent 
presque  toujours  misérablement. 

Ce  n'est  pas  ainsi  que  les  rebrochages  devraient  se  faire,  et  un 
simple  examen  de  la  question  indique  tout  d'abord  qu'il  faut  pro- 
téger le  jeune  sujet  contre  ses  puissants  voisins.  A  mon  avis,  cette 
protection  doit  s'effectuer  de  deux  manières.  On  doit  d'abord,  à 
l'aide  de  planches  minces,  faire  une  sorte  de  caisse  sans  fond  qui 
empêche  aux  racines  des  vieux  arbres  de  s'infiltrer  dans  la  terre 
qui  doit  nourrir  le  jeune  sujet,  car  ses  racines  s'emparent  des  élé- 
ments utiles  à  la  nourriture  de  l'arbre  et  dessèche  le  sol  en  absor- 
bant rapidement  l'humidité  qu'il  contient.  En  second  lieu,  au  lieu 
de  planter  une  sorte  de  piquet,  il  faut  planter  des  arbres  auxquels 
on  laisse  une  partie  des  branches  qu'ils  ont  développées  (fig.  3). 
Sur  ces  branches  plus  jeunes,  les  bourgeons  mieux  constitués  se 
développent  plus  vite,  et  les  feuilles  aidant,  favorisent  activement 


—  388  — 

la  vëgétation.  Il  ne  faut  pas  hésiter  non  plus  de  tailler  les  branches 
des  arbres  voisins  qui  empêchent  au  jeune  sujet  de  recevoir  direc- 
tement l'air  et  la  lumière. 

On  a  également  une  singulière  manière  d'arroser  les  arbres, 
manière  absolument  pernicieuse  qui  peut  leur  causer  un  sérieux 
préjudice,  sans  qu'ils  en  retirent  le  moindre  profit.  Il  n'y  a  pas 
besoin  d'être  grand  clerc  pour  savoir  que  l'eau  est  absorbée  dans 
le  sol,  surtout  par  les  radicelles,  lesquelles  sont  toujours  situées, 
—  sauf  pour  les  jeunes  arbres,  —  à  une  assez  grande  distance  du 
tronc.  Or,  actuellement  et  depuis  fort  longtemps,  on  creuse  une 
sorte  de  bassin  autour  de  l'arbre  dans  lequel  on  verse  l'eau.  Le 
tronc  et  les  grosses  racines  qui  n'en  ont  pas  besoin  sont  inondées 
d'eau,  et  les  radicelles  qui  en  réclament  en  sont  privées.  La  cuvette 
d'arrosage  serait  infiniment  mieux  placée  entre  les  deux  arbres 
qu'au  centre  de  chaque  arbre,  car  de  cette  façon  l'eau  pénétrerait 
mieux  là  où  elle  doit  être  utilisée.  Ces  bassins  faits  aux  pieds  des 
arbres  reçoivent  également  pendant  l'hiver  toute  l'eau  des  pluies 
et  entretiennent  une  humidité  constante  et  au  besoin  la  gelée 
autour  du  tronc  et  des  grosses  racines,  ce  qui  ne  peut  que  leur 
causer  du  préjudice. 

Dans  les  préaux  des  écoles,  il  serait  utile  de  ne  jamais  avoir  un 
ombrage  trop  accusé;  car  les  enfants  qui  se  livrent  avec  ardeur  à 
leurs  jeux,  risqueraient  fort  de  prendre  froid,  surtout  vers  la  fin 
du  printemps.  Si  les  préaux  sont  plantés  de  platanes,  il  est  impor- 
tant de  les  tailler  presque  chaque  année  et  d'éclaircir  les  branches 
de  façon  que  les  rayons  du  soleil  soient  seulement  tamisés  par  le 
feuillage.  On  pourrait  aussi  essayer  de  planter  d'autres  essences 
d'arbres  dont  le  feuillage  plus  léger  donne  un  ombrage  plus  discret. 
Je  ne  conseillerai  pas  d'y  planter  des  Faux-Acacias  (Robinia),  parce 
que  c'est  un  arbre  dont  les  fleurs  attirent  les  abeilles.  Le  Vernis 
du  Japon,  dont  il  y  a  une  belle  avenue  à  Montchat,  pourrait  être 
essayé.  Le  Micocoulier  se  plaît  dans  les  terrains  secs  et  donne  un 
ombrage  suffisant.  Le  Ccdrella  sinensis.  le  Sophora,  le  Catalpa 
Kœmpferi,  le  Tilleul  argenté,  le  Marronnier,  le  Sycomore,  l'Or- 
meau et  tant  d'autres  pourraient  également  donner  d'excellents 
résultats  et  aider  à  rompre  cette  monotonie  arborescente  que 
l'éternel  platane  donne  à  la  ville  de  Lyon. 

J.   MÉTRAL, 
Entrepreneur-Pépiniériste, 
Rue  Neuve-des-Charpennes,  Lyon. 


—  389  — 


Nouvelle  Greffe  de  la  Vigne. 


Rapport  d'mie  Commission  composée  de  MM.  Cl.  Jacquier,  F.  Gaulain,  J.  Métrai, 
J.  Nicolas,  A.  Berthier,  F.  Berthier,  Cl.  Jiissaud,  J.  Tlierry  et  Viviand-Morel. 

Messieurs, 

Notre  collègue,  M.  Ferdinand  Gaillard,  viticulteur  à  Brignais 
(Rhône),  ayant  demandé  la  nomination  d'une  Commission  pour 
constater  les  résultats  donnés  par  une  nouvelle  greffe  de  la  Figne, 
dont  il  est  l'inventeur,  M.  le  Président  de  l'Association  horticole  a 
désigné  les  personnes  ci-dessus  mentionnées  pour  se  rendre  à  son 
appel.  Constituées  en  commission,  elles  se  sont  rendues  le  dimanche 
13  septembre  à  Briguais  (Rhône)  et  viennent  aujourd'hui  vous 
rendre  compte  de  leur  visite. 

Une  Nouvelle  greffe  de  la  Figne!  Au  seul  énoncé  de  ce  titre,  nous 
sommes  persuadés  que  les  personnes  qui  s'occupent  de  greffage 
d'une  manière  toute  particulière,  hausseront  volontiers  les  épaules 
ou  ébaucheront  un  sourire  d'incrédulité  en  pensant  qu'il  s'agit  d'une 
plaisanterie.  Ce  sourire  ou  ce  haussement  d'épaules  sont  parfaite- 
ment excusables,  car  dans  un  sujet  pareil,  a^ant  d'avoir  vu  et 
touché,  le  doute  est  permis. 

En  effet.  Messieurs,  la  greffe  en  général  est  une  question  telle- 
ment ressassée,  qu'il  paraît  bien  difficile  de  pouvoir  en  tirer  quel- 
que chose  de  nouveau  :  agronomes,  pépiniéristes,  simples  cultiva- 
teurs s'en  sont  occupés  à  l'envi  depuis  des  milliers  d'années. 
Collumelle,  Palladius,  Varron,  Lucius  Atticus,  Constantin  César, 
Térence,  etc.,  dans  l'Antiquité,  connaissaient  la  greffe  et  particu- 
lièrement celle  de  la  vigne.  Le  roi  franc  Childebert  entait  des  pom- 
miers au  V  siècle,  et  les  moines,  dans  les  jardins  de  leurs  monas- 
tères, ont  conservé  la  tradition  et  l'art  de  la  greffe  pendant  l'époque 
ténébreuse  du  moyen-àge.  A  l'époque  de  la  Renaissance,  Olivier 
de  Serres  consacre  déjà  plusieurs  chapitres  de  son  Théâtre  d'agri- 
culture au  greffage.  Avant  lui,  un  des  premiers  livres  imprimés 
portait  le  titre  de  aL'Jrl  d'enter  »  .  Depuis  le  XVI^  siècle,  les  traités 
spéciaux  relatifs  à  l'art  de  greffer  sont  tellement  nombreux  qu'il 
serait  fastidieux  de  les  énumérer. 

Les  mieux  rédigés  et  les  plus  complets  de  ces  Manuels  de  gref- 
fage mentionnent  et  figurent  plus  de  deux  cents  sortes  de  greffes, 
dont  la  plupart ,  hâtons-nous  de  le  dire  ,  sont  plus  curieuses 
qu'utiles. 


—  390  — 

Nous  avons  dû  rechercher  dans  ces  manuels  si  la  greffe  que 
nous  montrait  M.  Gaillard  avait  été  figurée  on  décrite  antérieure- 
ment :  le  résultat  de  nos  recherches  fut  que  cette  greffe  était  bien 
nouvelle,  ou  si  elle  a  déjà  été  employée,  elle  n'est  pas  parvenue  à 
notre  connaissance.  Avant  de  vous  en  faire  la  description,  il  nous 
a  paru  utile  de  vous  signaler  brièvement  les  différentes  sortes  de 
greffes  plus  anciennes  employées  ou  recommandées  pour  le  greffage 
de  la  Vigne. 

Lucius  Atticus  recommandait  la  greffe  en  fente  simple,  bien 
connue  de  tout  le  monde.  Celle  à  deux  greffons  au  lieu  d'un  seul, 
connue  sous  le  nom  à'Eiilc  de  la  Fignc,  n'en  diffère  pas  sensible- 
ment, 

La  greffe  en  double  W,  qui  consiste  à  fendre  le  sujet  par  une 
incision  plus  profonde  que  dans  la  greffe  en  fente  simple,  de 
manière  à  former  deux  espèces  de  cornes  dépassent  la  partie 
opérée,  n'a  pas  eu  beaucoup  d'adeptes. 

La  greffe  Dumont-Courcet  ou  par  enfourchement  réussit  bien, 
mais  donne  de  trop  forts  bourrelets. 

Les  greffes  par  approche  en  incrustation  ou  en  placage  avec 
greffon  bouture,  greffon  enraciné  ou  double  bouture,  ont  été  fort 
recommandées. 

La  greffe-provins  ou  greffe  OUivier  de  Serres  a  été  recommandée 
pour  favoriser  l'émission  des  racines  aux  variétés  américaines, 
rebelles  au  bouturage.  Ollivier  de  Serres  la  recommandait  pour 
transformer  rapidement  les  mauvaises  vignes  en  variétés  de  bonne 
qualité. 

La  greffe  en  incrustation,  préconisée  dans  l'Hérault;  la  greffe 
en  fente  dans  l'aubier,  la  grelFe  sur  bifurcation,  l'écussonnage  ont 
également  été  recommandés.  Mais  de  toutes  ces  greffes  les  prati- 
ciens n'en'ont  retenues  que  deux  :  la  greffe  en  fente  pour  les  sujets 
de  forte  dimension,  et  la  greffe  anglaise  quand  le  sujet  et  le  greffon 
sont  de  même  dimension. 

C'est  à  la  greffe  en  fente  qu'appartient  l'innovation  de 
M.  Gaillard. 

On  sait  que  dans  la  greffe  en  fente,  le  sujet  est  tronçonné  au 
moment  du  greffage  ;  on  étête  le  cep  rez-terre  et  on  place  le 
greffon  comme  chacun  sait. 

Dans  la  greffe  Gaillard  —  c'est  ainsi  que  la  commission  a  dénom- 
mé cette  greffe  — ,  le  sujet,  au  lieu  d'être  étêté  et  tronçonné  rez- 
terre,  ne  reçoit  qu'une  simple  entaille  qui  entame  environ  le  tiers 
ou  le  quart  de  son  diamètre.  Cette  entaille  du  sujet  n'arrête  nulle- 
ment sa  végétation  dans  le  cours  de  l'année. 


—  391  — 

On  obtient  cette  entaille  de  la  manière  suivante  :  après  avoir 
dégarni  le  pied  de  la  vigne  à  greffer,  on  donne  horizontalement 
un  coup  de  scie  qui  pénètre,  comme  nous  l'avons  dit,  presque  au 
tiers  environ  du  diamètre  du  cep  et,  à  l'aide  d'un  ciseau  ou  d'une 
plaine,  on  enlève  un  segment  de  bois  d'environ  20  centimètres  de 
hauteur,  en  s'arrangeant  de  telle  sorte  que  la  place  laissée  vide 
par  le  bois  enlevé  soit  suffisante  pour  laisser  placer  le  greffon  si 
on  n'en  met  qu'un  seul,  ou  les  greffons  si  on  en  met  plusieurs.  On 
ligature  ensuite  et  on  enterre  la  greffe  comme  à  l'ordinaire. 

Cette  greffe  a  pour  but  de  transformer  une  variété  inférieure  en 
une  autre  variété  tout  en  conservant  la  récolte  sur  le  sujet  greffé 
pendant  deux  ans,  c'est-à-dire  jusqu'au  jour  où  la  greffe  a  pris 
assez  de  force  pour  donner  elle-même  son  produit  et  remplacer 
celui  du  sujet.  En  agissant  de  cette  manière,  le  greffon  s'aoûte  très 
bien  et  donne  la  première  année  un  bois  qui  ne  craint  pas  les  gelées 
et  peut  au  printemps  supporter  la  taille  qu'on  veut  bien  lui 
appliquer. 

La  réussite  des  greffes  ainsi  faites  peut  être  évaluée  à  90  pour 
cent  des  sujets  opérés. 

Bien  que  l'essai  n'en  ait  pas  encore  été  fait,  il  est  plus  que  pro- 
bable qu'il  sera  possible  d'appliquer  une  greff'e  analogue  à  la 
restauration  des  vieux  arbres  fruitiers.  Mais  ne  diit-elle  pas  réussir 
dans  ce  cas,  les  services  qu'elle  est  appelée  à  rendre  à  tous  ceux 
qui  s'occupent  de  la  reconstitution  de  nos  vignobles  dévastés  ou  de 
nos  vignes  de  jardins  envahies  par  le  phylloxéra,  sont  trop  consi- 
dérables pour  que  votre  Commission  ne  vous  propose  pas  de  récom- 
penser son  inventeur.  Elle  espère,  Messieurs,  que  vous  voudrez 
bien  vous  associer  à  ses  conclusions  en  accordant  à  M.  Ferdinand 
Gaillard  une  médaille  d'or. 

Avant  de  terminer  ce  rapport,  nous  dirons  que  la  plupart  des 
membres  de  cette  Commission  ayant  déjà  fait  partie  de  la  déléga- 
tion qui  a  visité,  il  y  a  deux  ans,  les  vignobles  et  les  collections  de 
vignes  américaines  de  M.  Gaillard,  étaient  bien  aises,  tout  en  exa- 
minant la  nouvelle  greffe  pour  laquelle  ils  étaient  convoqués,  de 
vérifier  si  les  résultats  observés  lors  de  leur  première  visite  s'étaient 
maintenus  et  si  les  espérances  qu'ils  faisaient  concevoir  pour  l'ave- 
nir s'étaient  vérifiées. 

A  cet  égard,  la  Commission  a  été  heureuse  de  constater  que 
dans  la  plaine,  comme  sur  le  coteau  de  Brignais,  les  vignes  plan- 
tées par  M.  Gaillard  sont  non  seulement  d'une  luxuriance  peu 
commune,  mais  qu'elles  donneront  cette  année  une  récolte  consi- 
dérable 


392  — 


LEGENDE    OU    EXPLICATION    DES    FIGURES 


GREFFE    GAILLARD 

LÉGENDE.  —  A.  Partie  évidée  du  tronc  résultant  de  l'intersection  de  la  coupe  horizontale  et  verticale. 
— B.  Surface  plane  produite  par  la  portion  enlevée  du  tronc  et  au  milieu  de  laquelle  se  fait  la  fente  destinée 
à  recevoir  le  grefl'on  ou  les  greffons. —  C,  C.  Ligatures  après  l'insertion.  —  Fig.  1,  Greffon  préparé  pour 
l'insertion.  —  D.  Butte  bien  tassée  aboutissant  immédiatement  au-dessous  de  l'œil  supérieur  du  ou  des 
greffons.  —  E,  E,  E,  E.  Cep  taillé  comme  à  l'habitude. 


Préparation   du   Greffon, 


Nota.  —  L'opération  se  fait  en  avril  et  mai.  —  Le  point  de  greffage  doit  être  choisi  autant  que  possible, 
à  fleur  de  sol  ou  plutôt  au-dessus  qu'au-dessous.  Les  poussées  des  greffons  doivent  être  maintenues  à  l'air  et 
a  la  lumière  à  mesure  qu'elles  se  développent  et  les  poussées  du  sujet  sont  pincées  courant  juin  à  deux  ou 
trois  feuilles  au-dessus  de  la  dernière  forme  et  repincées  même  plusieurs  fois  après.  L'année  suivante  le 
greffon  se  taille  court  à  huit  ou  neuf  yeux  et  dans  le  courant  de  l'année  les  soins  sont  les  mêmes.  Au 
printemps  suivant  on  supprime  le  restant  du  tronc  en  prolongeant  la  coupe  de  la  surface  plane  B.  La  taille 
se  fait  alors  en  employant  le  plus  beau  sarment  des  greffes  auquel  on  donne  une  longueur  de  0°5û  à  l"", 
suivant  la  vigueur  et  l'espacement  des  pieds.  Par  ce  moyen  on  transforme  un  vignoble  sans  perdre  ni  souche 
ni  récolte. 


Véroniques  de  Semis 


M.  Boucharlat  jeune,  horticulteur,  rue  des  Missionnaires,  à 
Lyon,  ayant  demandé  la  nomination  d'une  commission  pour  visiter 
des  Véroniques  de  semis,  M.  le  président  de  l'Association  horticole 
a  désigné  pour  remplir  cette  mission  MM.  Boucharlat  aîné,  Hoste, 
Cousançat  et  J.  Chrétien. 

La  commission  a  fonctionné  le  3   octobre  dernier  et  a  chargé  < 
M.  J.  Chrétien  défaire  un  rapport   de  la  visite.  Voici  ce  rapport  : 

«  Depuis  plusieurs  années,  M,  Boucharlat  s'occupe  de  l'amého- 
ration  de  la  Véronique  d'Anderson  et  de  ses  hybrides  ou  variétés  ; 


—  393  — 

les  amateurs  de  cette  jolie  plante  d'automne  ont  pu  remarquer  les 
heureuses  modifications  que  notre  collègue  a  fait  subir  à  l'ancien 
type,  car  les  variétés  nouvelles  qu'il  a  obtenues,  tout  en  étant  très 
florifères,  sont  beaucoup  plus  précoces  que  les  anciennes.  Cette 
précocité  constitue  un  mérite  très  appréciable  pour  nos  contrées, 
car  cela  permettra  de  jouir  de  leur  floraison  avant  l'époque  habi- 
tuelle des  gelées.  En  dehors  de  la  précocité,  on  remarque  chez  les 
variétés  susdites,  une  générosité  de  floraison,  des  grappes  plus 
denses  et  des  coloris  plus  variés  que  chez  les  autres  plantes  de  la 
même  section.  Jusqu'alors  les  variétés  rouge  vif,  rose  tendre,  bleu 
d'outre-mer,  bleu  tendre  passant  au  blanc,  avec  les  tons  intermé- 
diaires étaient  les  seules  couleurs  connues  dans  ce  genre.  Il  man- 
quait à  cette  race  le  blanc  pur.  Cette  variété  vient  d'être  obtenue 
par  M.  Boucharlat  et  n'a  rien  de  commun  avec  la  variété  de  Feronica 
Lindieyana  déjà  au  commerce.  La  nouvelle  venue  sera  une  excel- 
lente acquisition  pour  les  cultures  florales.  Une  autre  particularité 
que  la  commission  a  observée  dans  les  cultures  de  notre  collègue, 
c'est  la  transformation  des  grappes  (vulgairement  nommées  épis) 
florales  de  plusieurs  Véroniques  en  panicule,  c'est-à-dire  que  l'épi 
des  fleurs  ordinaires  porte  d'autres  épis  floraux  en  nombre  varia- 
ble. En  admettant  que  cette  sorte  de  monstruosité  ne  constitue  pas 
une  amélioration  du  genre,  elle  n'en  constitue  pas  moins  une  race 
ti es  curieuse  qui  demande  à  être  prise  en  considération.  Deux  plan- 
tes ont  été  choisies  dans  cette  section  ;  une  à  fleur  blanche  et  l'autre 
à  fleur  rouge  violet.  Enfin,  une  autre  non  prolifère  à  épis  bien 
nourris,  ce  qui  fait  trois  plantes  nouvelles,  dont  M.  Hoste  a  fait 
l'acquisition  et  qui  seront  mises  au  commerce  par  lui  en  18S6. 

«  La  commission,  considérant  qu'une  partie  des  Véroniques  en 
question  ont  déjà  été  récompensées  par  l'Association,  adresse  de 
vifs  remerciements  à  M.  Boucharlat.»   Le  Rapporleur,  J.  Chrétien. 


Culture   du  Fraisier  (1). 

Dans  l'article  paru  dans  le  Bulletin  horticole  sur  la  culture  du  frai- 
sier on  demande  pourquoi  le  fraisier  n'est  pas  plus  cultivé.  Je  vais 
tâcher  de  répondre  à  cette  question. 

Le  fraisier  n'est  pas  plus  cultivé,  du  moins  de  nos  cultivateurs 
et  maraîchers,  parce  qu'ils  estiment  qu'avec  le  mode  de  culture 
suivi  généralement,  la  récolte  est  insignifiante  la  première  année  et 
ne  compense  guère  les  frais  d'établissement  d'une  fraisière.  Voici 
maintenant  un  mode  de  culture  que  j'emploie  depuis  quinze  ans  et 

(1)  Bullelin  horticole  et  agricole. 


—  394  — 

qui  a  l'avantage  d'obvier  à  cet  inconvénient,  le  fraisier  étant  traité 
en  culture  dérobée. 

Je  suppose  un  carré  de  jardin  planté  en  pommes  de  terre  hâtives 
et  entreplantées  de  choux  de  Bruxelles.  Quand  les  pommes  de  terre 
sont  propres  à  être  livrées  à  la  consommation,  elles  sont  immédia- 
tement arrachées,  et  le  terrain  qu'elles  occupaient  est  fumé  avec  un 
bon  compost  renfermant  de  la  chaux  et  remué  avec  la  fourche. 
A  ce  moment,  on  doit  avoir  de  bons  coulants  de  fraisiers  qu'on 
plante  entre  les  lignes  de  choux  de  Bruxelles.  Ces  derniers  les  abri- 
teront du  fort  soleil  et  faciliteront  leur  reprise.  En  hiver,  ils  leur 
serviront  également  d'abri  contre  les  froids. 

Au  printemps,  lorsque  les  choux  de  Bruxelles  sont  entièrement 
récoltés,  on  les  arrache^  on  fume  et  on  bêche  le  terrain  qu'ils 
occupaient  eu  ayant  soin  de  ne  pas  déranger  les  fraisiers,  si  ce 
n'est  pour  les  nettoyer  proprement. 

Les  entre-lignes  ainsi  fumés  et  labourés  pourront  recevoir  une 
plantation  de  laitues  qu'on  aura  élevées  sur  couche.  Inutile  d'expli- 
quer que  la  récolte  des  fraises  doit  se  faire  avec  précaution  pour 
n'endommager  ni  fraises  ni  laitues.  Lorsque  les  unes  et  les  autres 
sont  récoltées,  on  laboure  de  nouveau  le  terrain  occupé  par  les  lai- 
tues et  on  y  repique  des  céleris,  des  poireaux  ou  tout  autre  produit 
qui  occupera  le  sol  jusqu'aux  gelées  ou  jusqu'au  pi'intemps  suivant. 

Les  années  suivantes,  on  continuera  les  mêmes  entre-plantations 
entre  les  fraisiers  en  choisissant,  bien  entendu,  les  plantes  les  plus 
profitables  et  qui  s'accommodent  le  mieux  du  terrain.  On  aura  soin 
de  ne  pas  laisser  empiéter  les  fraisiers  sur  les  entre-lignes  en  les 
maintenant  sur  leur  ligne  propre. 

On  va  probablement  me  demander  combien  d'années  une  sem- 
blable plantation  de  fraisiers  peut  durer.  Je  n'hésite  pas  à  répondre 
qu'elle  est  pour  ainsi  dire  illimitée.  En  effet,  le  plus  grand  ennemi 
du  fraisier  est  souvent  le  cultivateur  lui-même  qui,  par  des  sarcla- 
ges répétés,  aide  la  plante  à  se  déchausser,  et  c'est  alors  qu'elle 
finit  par  périr.  Avec  le  système  de  culture  que  je  viens  de  décrire 
on  n'a  pas  de  déchaussement  à  craindre,  puisqu'après  chaque  entre- 
culture le  sol  est  labouré  et  fumé,  ce  qui  exhausse  toujours  plus  ou 
moins  le  terrain  occupé  par  les  fraisiers  si  on  a  la  précaution  d'y 
laisser  glisser  de  la  terre  en  bêchant. 

Un  bon  moyen  aussi  d'éviter  le  déchaussement  des  fraisiers,  c'est 
de  les  entourer  d'un  bon  paillis  de  court  fumier  bien  décomposé  ou 
de  tan.  Ce  dernier  a  même  l'avantage  d'éloigner  les  limaces  ,  mais, 
par  contre,  il  favorise  les  lombrics.  Ceux-ci  pourtant  ne  viennent 
pas  quand  on  mélange  un  peu  de  chaux  au  paillis. 

E.   \'anhamme, 

Maraîcher  à  Liège. 


—  395  — 
POMOLOGIE 

Etude  sur  les  Poires.  —  (Suite)  — 

Royal  d'hicer.  —  Syn.  :  Pera  Castiaa ,  Duchesse  de  Monteballo.  Arbre 
vijfouieux,  se  conduit  sous  toutes  formes,  mais  de  préféreuca  eu  espalier,  au 
midi  ou  au  levant,  autrement  son  tVuit  vient  chétif  et  gercé.  Fruit  gros,  de 
première  qualité.  Maturité  décembre  à  février. 

St-Germain  (Thionr.  —  Sjn.  :  L'Arteloire,  La  Fare,  St-Germain  vert,  St- 
Germain  doré.  Arbre  assez  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  mais 
da  préférence  en  espalier,  au  midi,  peu  fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Matu- 
rité de  janv'ier  à  mars. 

St-Michel- Ai-change.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire  auquel  toutes  les  formes 
conviennent,  très  fertile.  Fruit  moyen,  de  première  qualité.  Maturité  courant 
septembre. 

Sam  Pareille  da  Nord.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire  auquel  les  petites 
formes  coaviemient,  à  cause  de  la  grosseur  do  son  fruit.  Fruit  énorme,  de  la 
forme  d'une  calebasse,  n'est  bon  que  cuit.   Maturité  de  novembre    à  janvier. 

Sébastopol.  —  Syn.:  Sébastopol  d'été.  Arbre  vigoureux  qui  se  conduit  sous 
toutes  formes,  assez  fertile.  Fruit  petit,  à  peau  verte  ;  il  a  beaucoup  de  rap- 
port avec  le  citron  des  Carmes.  Maturité  courant  juillet.  C'est  un  fruit  de 
collectionneur. 

Serrurier.  —  Syn.  :  Fondante  de  Millot,  de  Menu-Maison,  Belle -Alliance, 
Serrurier  d'automne.  Arbre  vigoureux  ,  toutes  l  =  s  formes  lui  conviennent  ; 
assez  fertile.  Fruit  gros  ou  moyen,  très  bon.  Maturité  de  fin  septembre  à  fin 
novembre. 

Soldat-Laboureur.  —  Sya.  :  Beurré  de  Blumenbach,  Auguste  Van  Mons 
Soldat.  Arbre  vigoureux  qui  se  conduit  sous  toutes  formes,  très  fertile.  Fruit 
moyen,  assez  bon,  mais  a  le  défaut  d'être  très  caduc,  le  moindre  vent  le  fait 
tomber.  Maturité  de  septembre  à  octobre. 

Sucrée  de  Montluçon.  —  Syn.  :  Sucrée  vert  de  Rochet,  Gros  Sucré  vert  de 
Montluçon,  Sucré  vert.  Arbre  vigoureux  qu'on  peutcjnduire  sous  toutes 
formes,  très  fertile.  Fruit  moyen,  très  bon.  Maturité  cjuraat  octobre. 

Sicrpassi  Maris.  —  Syn.  :  Ferdinand  de  Mesiar,  Alexandre  Bivort.  Arbre 
de  vigueur  modérée  auquel  la  forme  pyramide  conviant,  très  fertile.  Fruit 
moyen,  tantôt  de  1'''^  qualité,  tantôt  da  2',  selon  les  saisons  plus  ou  moins 
pluvieuses. 

Suzette  de  Bavay.  —  Arbre  de  vigueur  ordinaire  ;  forme  de  jolies  pyra- 
mides bien  touffues.  Fruit  petit,  de  2'  qualité.  Maturité  de  décembre  à  jan- 
vier. 

Ikéodore  Van  Mons.  —  Syn.  :  Théodore  d'été.  Arbre  vigoureux  auquel 
toutes  les  formes  conviennent,  trésfertile.  Fruit  moyen,  assez  bon.  Maturité 
courant  octobre. 

De  Tongre.  —  Syn.  :  Durandeau,  Beurré  Durandeau.  Arbre  vigoureux  qui 
se  conduit  sous  toutes  formes,  très  fertile.  Fruit  moyen,  assez  bon.  Maturité 
courant  septembre. 

Triomplte  de  Jodoiyue.  —  Arbre  de  moyenne  vigueur  ;  la  forme  espalier  lui 
convient,  car  sa  végétation  est  toute  divergente  ;  très  fertile.  Fruit  groo  ou 
très  gros,  tantôt  de  1'",  tantôt  de  2"  qualité.  Maturité  de  novembre  à 
décembre. 

Tuerlinckx.  —  Syn.  :  Beurré  Tuelinckx.  Arbre  peu  vigoureux,  peu 
fertile,  dépourvu  de  branches.  Fruit  très  gros,  parfois  énorme,  de  2"  qua- 
lité, très  bon  cuit. 


396 


Urbaniste.  —  S^n.  :  Ooloma  d'dutomne,  Beurré  Piquerj,  Urbanit's 
Seedling,  Beurré  Drapier.  Louis  Dupont,  Louise  d'Oiléans,  St-Marc. 
Arbre  vigoureux,  tou'es  les  formes  lui  convieiioeut,  très  fertile.  Fruit 
moyen,  très  bou,  maturité  courant  octobre. 

Van  Marum.  —  Syn.  :  Bouteil,  Beurré  Van  Marum,  Monstrueuse  du 
Nord,  Galbasse  royale,  Frédéric  Lelieur,  Grise  longue,  Calebasse  carafon, 
Triomphe  de  Hasselt,  Calebasse  du  Nord,  Calebasse  monstre,  Monstrueuse 
de  Flandre,  Calebasse  impériale. 

Je  ne  cite  pas  davantage  de  synonymes,  les  autres  différant  de  peu  de 
chose  de  ceux  ci-dessus.  Arbre  peu  vigoureux  sur  Cognassier.  Le  franc 
lui  convient  pour  la  fi^rme  pyramidale.  Fruit  très  gros,  parfois  énorme, 
2'  qualité,  m«tuiité  courant  octobre. 

Van  Mons  Léon  Leclerc.  —  Arbre  peu  vigoureux,  qui  a  le  défaut  de 
gercer.  Il  faut  le  greffer  sur  franc,  peu  fertile.  Fruit  assez  gros,  de  la  forme 
d'une  calebasse,  très  bon,  maturité  de  fia  septembre  à  fin  octobre. 

ROUTIN. 


CATALOGUES 


AuMONiBR  Fils,  horticulteur  à  Lagnieu  (Ain).  —  Catalogue  des  plantes 
arbres  et  arbustes  cultivés  dans  l'établissement.  —  Collection  générale  de 
Rosiers,  Arbres  fruitiers,  Arbres  forestiers  et  d'ornement.  Arbustes  à  feuilles 
persistantes,  Graines,  Conifères,  Plantes  vivaces,  Pivoines,  Plantes  de  serre, 
Camellias,  Azalées,  etc. 

Prosper  Degressy,  horticulteur,  avenue  de  la  Citadelle,  à  Chalon-sur- 
Saône.  —  Catalogue  contenant  l'énumération  des  variétés  de  Chrysanthèmes 
cultivées  dans  l'établissement,  ainsi  que  les  genres  d'arbres  fruitiers,  plantes 
de  serre,  Rosiers,  etc. 

MoLiN  (Ch.),  Md  grainier,  place  Bellecour,  8,  Lyon.  —  Prospectus  énu- 
mérant  avec  les  fournitures  diverses  relatives  à  l'horticulture,  les  fleurs 
fraîches  de  Nice,  que  peut  fournir  journellement  la  maison. 


Avis  aux  Membres  de  l'Association  horticole  lyonnaise. 


Les  Membres  de  l'Association  horticole  lyonnaise  sont  informés  qu'un 
banquet  aura  lieu  le  Dimanche  20  décembre,  à  six  heures,  dans  les  salons  de 
M.  Gruber,  place  des  Terreaux,  à  l'occasion  de  la  distribution  des  récom- 
penses aux  lauréats  des  concours  spéciaux,  des  visites  spéciales,  du  concours 
de  Chrysanthèmes,  des  apports  sur  le  bureau,  etc.  Le  prix  de  la  souscription 
a  été  fixé  à  7  francs  par  personne.  On  trouvera  des  cartes  de  souscription 
chez  M.  Jacquier,  trésorier  de  l'Association,  8,  quai  des  Célestins,  à  Lyon. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Ii.yon.  —  Imp.  du  Salut  l'ubUc.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1885  DÉCEMBRE  N'     24 


CHRONIQUE 


Dislribulion  des  prix  décernés  aux  lauréats  de  l'yJssocialion  horticole. 
—  Dimanche,  20  décembre,  après  une  courte  séance,  l'Association 
horticole  lyonnaise  distribuait  les  récompenses  qu'elle  avait  accor- 
dées à  ses  membres  dans  le  cours  de  l'année  1885.  Notre  ami  et 
sympathique  président,  M.  G.  Dutailly,  ancien  professeur  de  bota- 
nique à  la  Faculté  des  sciences,  député  de  la  Haute-Marne,  prési- 
dait cette  fête  horticole,  à  laquelle  un  grand  nombre  de  personnes 
assistaient.  M.  le  président  du  Conseil  général,  absent  de  Lyon. 
M.  le  maire  de  Lyon,  M.  le  préfet  du  département,  retenus  aux 
fêtes  de  l'inauguration  du  monument  élevé  sur  le  champ  de  bataille 
de  Nuits  à  la  mémoire  de  cette  phalange  d'héroïques  soldats  qu'on 
appelait  les  Légions  du  Rhône,  s'étaient  fait  excuser. 

M.  Dutailly  a  ouvert  la  séance  par  un  excellent  discours,  plein 
d'esprit  et  d'à  propos,  dans  lequel  il  a  mis  en  pleine  lumière  les 
bons  résultats  et  les  progrès  que  réahse  l'Association  horticole 
Ivonnaise. 

Il  a  fait  ressortir  la  grande  utilité  des  concours  et  des  visites 
spéciales  qui  stimulent  le  zèle  et  l'esprit  d'innovation  de  nos  collè- 
gues :  l'Association  horticole  étant  heureuse  de  récompenser  tous 
les  mérites  et  fière  d'aider  au  développement  du  progrès  de  l'hor- 
ticulture. Il  a  rappelé,  en  parlant  de  la  culture  maraîchère,  un  peu 
plus  lente  dans  sa  marche  en  avant  que  les  autres  branches  du 
jardinage,  un  bon  mot  de  M.  Oustry,  ancien  préfet  du  Rhône. 
Passant  dans  une  exposition  d'horticulture,  devant  un  lot  de  légu- 
mes où  des  concombres  de  belles  grosseur  côtoyaient  des  carottes 
variées  beaucoup  plus  petites,  M.  ûustry  disait  : 

((  —  Les  cornichons  progressent  toujours:  les  carottes  seules 
ne  se  développent  bien  qu'en  politique.  » 


—  398  — 

A  propos  du  concours  de  chrysanthèmes,  il  a  montré  que  si 
l'Association  savait  organiser  de  brillantes  expositions  où  toutes 
les  fleurs  précieuses,  les  fruits  et  les  légumes  succulents  concour- 
raient à  leur  éclat,  elle  savait  aussi  à  l'occasion  extraire  du  riche 
écrin  de  Flore,  un  bijou  de  grande  valeur,  qu'en  joailler  adroit 
elle  présentait  au  public. 

En  parlant  des  récompenses  décernées  aux  anciens  serviteurs, 
il  a  dit  qu'en  récompensant  les  bons  serviteurs  on  récompensait  les 
bons  maîtres,  et  a  rappelé  le  mot  bien  connu,  toujours  vrai,  que 
Beaumarchais  met  dans  la  bouche  de  Figaro. 

Il  a  terminé  en  rappelant  le  souvenir  de  feu  notre  collègue 
J.  Schwartz,  mort  si  jeune,  au  moment  même  où  il  allait  recueillir 
le  fruit  de  son  infatigable  activité. 

Le  discours  de  M.  Dutailly  a  été  couvert  d'applaudissements. 

On  a  procédé  ensuite  à  la  distribution  des  récompenses  dans 
l'ordre  suivant  :  1°  Concours  spéciaux  ;  2"  Visites  spéciales,  anciens 
serviteurs  (Voir  Lyon-hoHkole ,  année  1885,  page  300).  Concours 
de  Chrysanthèmes  (Voir  Lyon-horlicole,  année  1885,  page  368),  et 
médailles  pour  apports  sur  le  bureau. 

Le  soir,  à  six  heures,  un  banquet  offert  à  M.  Dutailly  et  à  la 
presse  lyonnaise,  réunissait  une  soixantaine  de  personnes.  Comme 
d'habitude,  de  nombreux  toasts  out  été  portés,  de  joyeuses  chan- 
sons ont  été  dites  et  on  s'est  quitté  en  se  disant  :  A  l'année  pro- 
chaine. 

Capucine  lubèreuse.  —  L'ennui  naquit  un  jour  de  l'uniformité, 
chacun  sait  ça  depuis  qu'on  bâille  sur  la  terre.  Aux  papilles  blasées 
Dieu  donna  la  moutarde  de  Dijon,  le  raifort  et  les  cornichons  con- 
fits au  vinaigre.  Mais  l'homme,  ce  bipède  sans  plumes  qui  se  lasse 
de  tout,  d'autre  chose  et  même  des  cucurbitacées.  dit  un  jour  à 
son  cuisinier  : 

—  Jean,  je  te  flanque  à  la  porte,  si  tu  me  représente  encore 
de  jeunes  concombres. 

Alors  le  cuisinier  se  mit  à  faire  macérer  dans  l'acide  acétique 
connu  sous  le  nom  de  vinaigre  d'Orléans,  des  objets  spongieux  de 
foute  nature,  tels  que  piments,  ognons,  melons,  groseilles  à  ma- 
quereau, pêches,  abricots,  gourde  de  pèlerin,  pomme  de  mer- 
veille, etc.,  et  un  tas  d'autres  denrées  plus  ou  moins raccornies. 

L'homme  cherche  toujours,  et  dernièrement  M.  Pailleux  trou- 
vait, ou  plutôt  rappelait  l'attention  du  monde  horticole  sur  VYsum 
ou  capucine  tubéreuse,  dont  on  a  beaucoup  parlé  à  l'époque  de  la 
première  apparition  de  la  maladie  de  la  pomme  de  terre.  M.  Pail- 
leux conseille  de  faire  macérer  l'Ysanos  ;  il  trouve  un  goût  excel- 
lent à  ce  rhizome  ainsi  préparé  ;  un  autre  le  trouve  détestable  ;  les 


—  399  — 

Boliviens   le    font   cuire   et  geler   et  s'en  régalent.  Laissez   donc 
l'Ysanos  aux  Boliviens. 

Poire  Sainle-Jnne.  —  La  poire  Sainle-Anne  est  un  «  fruit  de 
grosseur  moyenne,  de  forme  ovale  arrondi  à  ses  deux  pôles,  peau 
d'un  jaune  verdoyant,  quelquefois  d'un  beau  jaune  légèrement 
lavé  de  rosat  du  côté  du  soleil  et  granités  de  petits  points  fauves 
clairsemés,  chair  blanchâtre  assez  fine,  beurrée,  très  juteuse,  fon- 
dante, très  agréablement  sucrée.  L'arbre  est  très  fertile.  » 

Cette  nouvelle  poire,  obtenue  par  MM.  Joannon  père  et  fils, 
horticulteurs  à  Saint-Cyr-au-Mont-d'Or,  qui  la  mettent  au  com- 
merce, a  l'avantage  de  mûrir  immédiatement  après  le  beurré 
Gitfard.  Les  excellentes  poires  qui  mûrissent  dans  la  première  quin- 
zaine de  juillet  sont  assez  rares  pour  qu'une  nouvelle  et  bonne 
variété  de  maturité  contemporaine,  soit  la  bien  venue.  La  poire 
Sainte- Anne  a,  du  reste,  été  dégustée  à  plusieurs  reprises  par  la 
commission  pomologique,  qui  l'a  trouvé  digne  d'être  propagée. 

Traitement  du  Mildiou.  —  Nous  avons  signalé  dans  un  des  pré- 
cédents numéros  de  ce  journal,  les  résultats  du  traitement  du 
Mildiou  par  le  sulfate  de  cuivre.  Dans  le  midi  de  la  France, 
partout  où  des  essais  ont  été  faits  en  temps  convenable,  les  résul- 
tats ont  été  tels  qu'on  peut  actuellement  considérer  le  sulfate  de 
cuivre  comme  un  poison  de  ce  cryptogame. 

En  Bourgogne,  des  expériences  ont  également  été  tentées  avec 
la  même  substance,  et  partout  son  emploi  a  donné  des  résultats 
excellents. 

Tandis  que,  dans  le  Midi,  M.  Millardet,  ainsi  que  d'autres  grands 
propriétaires  se  servaient  d'une  sorte  de  lait  de  chaux,  tenant  en 
suspension  ou  en  dissolution  du  sulfate  de  cuivre  (1)  qu'ils  proje- 
taient sur  les  feuilles  des  ceps  de  vigne,  aux  environs  de  Beaune, 
on  employait  les  échalas  sulfatés  ou  badigeonnés  avec  un  lait  de 
cbaux  et  de  cuivre,  on  utilisait  la  paille  d'attache  de  la  vigne  en  la 
sulfatant  préalablement.  D'autre  part,  M.  L.  Podichart,  de  Gigny, 
a  employé  une  poudre  ainsi  composée  : 

Chaux  grasse 100  kilos. 

Sulfate  de  cuivre 20    — 

Soufre  trituré 10    — 

Cendre  de  bois 15    — 

Eau 50    — 

qui  a  donné,  paraît-il,  des  résultats  extraordinairement  remarqua- 
bles. Le  mélange  ci-dessus  a  été  parsemé  dans  plusieurs  parcelles 


(1).  Lyon  Horticole,  1885,  p.  348. 


—  400  — 

de  vignes  dans  le  courant  du  mois  d'août,  au  moment  de  l'appari- 
tion du  Mildew. 

Dans  tous  les  mélanges  dont  on  s'est  servi,  c'est  évidemment  le 
cuivre  à  l'état  d'oxyde  ou  de  sulfate  qui  a  joué  le  rôle  d'agent 
toxique. 

On  savait  du  resie  déjà  que  le  sulfate  de  cuivre  empêchait  les 
cryptogames  de  se  développer  sur  les  bois  qui  en  étaient  impré- 
gnés. 

Comment  agit  le  cuivre  contre  le  Mildiou  ?  C'est  une  ques- 
tion qui  ne  sera  peut-être  pas  facile  à  résoudre,  mais  cela  importe 
peu  actuellement,  puisque  le  point  capital  était  de  détruire  le  Mil- 
diou. Laissons  les  savants  chercher  le  secret,  il  faut  bien  qu'ils 
trouvent  quelque  chose,  puisque  c'est  le  hasard  qui  a  trouvé  le 
remède. 

Noms  français  cl  noms  latins.  —  En  classant  une  série  de  jour- 
naux horticoles  publiés,  il  y  a  quelques  années,  j'ai  lu  avec  plaisir 
une  polémique  survenue  entre  deux  horticulteurs  lyonnais  au  sujet 
des  noms  de  plantes.  L'un  voulait  employer  la  langue  française 
pour  nommer  les  espèces,  l'autre  soutenait  que  la  latine  était  pré- 
férable. 

A  cette  époque,  on  parlait  beaucoup  de  cette  discussion  dans  le 
lout  Lyon  horticole,  les  uns  tenant  pour  le  latin,  les  autres  pour  le 
français.  Je  me  souviens  d'avoir  entendu  à  ce  propos  le  dialogue 
suivant  qui  rappelle  une  des  plus  jolies  anecdotes  de  Chamfort. 

—  Comment  peut-il  y  avoir  une  dispute  sur  cela,  disait  M.  F. . .? 

—  Vous  avez  bien  raison,  répondait  M.  S... 

—  Sans  doute,  reprit  M.  F...,  c'est  la  langue  latine  qu'il  faut 
employer,  n'estilpas  vrai? 

—  Point  du  tout,  dit  M.  S...,  c'est  la  langue  française. 

—  Il  est  clair,  disait  un  troisième,  pour  mettre  d'accord  ces 
Messieurs,  que  la  langue  grecque  est  infiniment  supérieure  à  la 
latine  et  à  la  française,  et  il  aurait  pu  ajouter  :  On  commence  à  y 
venir. 

11  est  certain,  étant  donné  nos  relations  internationales,  qu'il 
est  absolument  nécessaire  de  se  servir  d'une  glose  de  convention 
pour  la  nomenclature  des  plantes.  Pour  faire  accepter  ce  langage 
commun  par  toutes  les  nations  actuellement  vivantes  les  savants 
ont  décidé  que  l'on  se  servirait  d'une  langue  morte.  On  a  pris  le 
latin,  qu'on  assaisonne  do  grec,  quand  ce  n'est  pas  le  grec  qu'on 
assaisonne  de  latin.  Puis  avec  le  temps,  on  a  mis  des  terminaisons 
latines  à  dos  noms  allemands,  russes,  anglais,  turcs,  italiens, 
danois,  français,  etc. 


—  401 


Informations.  —  Le  10  novembre  dernier,  M.  Paul  GirauJ,  de  Marseille, 
a  déposé  sur  le  bureau  de  la  Société  d'horticulture  de  cette  ville,  une  su- 
perbe corbeille  de  Diospyros  costata,  le  meilleur  et  le  plus  beau  des  k'ikis.  Co 
fruit  a  également  été  récolté  à  Condrieu  en  pleine  maturité  à  la  même  date 
par  un  amateur  de  Lyon,  E.  Emile  Genin. 

—  On  annonce  de  notre  colonie  du  Congo  qu'un  des  membres  de  la 
mission,  M.  Menas,  a  installé  à  Franceville  une  fabrique  d'eau-de-vie 
d'ananas  qui  fournit  un  alcool  délicieux  rappelant  le  goût  de  la  chartreusa 
verte. 

—  M.  Alexis  Lepère,  horticulteur  à  Montreuii,  a  été  nommé  chevalier  du 
Mérite  Agricole. 

—  La  Cilrus  triplera  a  donné  cette  année  des  fruits  mûrs,  au  parc  de  la 
Téte-d'Or,  à  Lyon  ;  il  en  avait  déjà  donné  l'an  dernier  sur  le  môme  individu. 

—  Le  sixième  fascicule  de  VArbnret'un  Scf/rezianum  vient  de  paraître,  il 
contient  les  espèces  suivantes  :  Ribes  mu/tiflorum,  Pinus  Bungeanu,  Castanei 
vulgaris  var.  penduUfolia,  Cerasus  Copuli  et  Herincquiana. 

—  Un  japonais  vient  de  trouver  le  moyen  de  transformer  les  algues  ma- 
rines en  papier  très  solide  ot  transparent.  11  paraît  même  qu'il  pourrait  rem- 
placer le  verre  à  vilre.  C'est  bien  possilile  ;  mais  s'il  est  moins  cassant,  il  est 
probable  qu'il  résistera  aussi  bien  moins  aux  influences  des  agents  atmos- 
phériques. 

—  Le  Comice  agricole  de  Montdidier  (Somme),  à  l'occasion  du  centenaire 
de  la  culture  de  la  pomme  de  terre  dans  la  plaine  des  Sablons  par  Parmen- 
tier,  organise  pour  lalîn  d'avril  1886  une  Exposition  de  pommes  de  terre,  de 
tous  ses  dérivés  et  de  tous  les  engins  qui  sont  employés  pour  sa  transforma- 
tion. L'introduction  de  la  pomme  de  terre  en  Europe  remonte  à  la  lin  du 
xvi=  siècle;  elle  a  été  décrite  dans  le  Pinax  et  tigurée  dans  plusieurs  ouvra- 
ges de  botanique  ;  il  y  en  a  un  beau  dessin  dans  V/Iortus  Bijsletensi^,  publié 
en  161.3,  sous  le  nom  de  Papas  pcriianorum.  Parmentier  a  le  mérite  d'avoir 
vulgarisé  sa  culture. 

—  Le  Mildew  n'est  point  une  importation  américaine  ;  il  est  connu  depuis 
longtemps  en  Alsace  sous  le  nom  de  Milrlau  (u  se  prononce  ou  en  allemand). 
Le  mot  Mildon  a  passé  en  Amérique  avec  les  nombreux  vignerons  du  palati- 
nat  émigrés  et  il  nous  est  revenu  anglicisé  (Bull.  soc.  agr.  de  Fr.,  806, 
année  85).  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  des  vignerons  très  âgés  se  sou- 
viennent très  bien  l'avoir  vu  de  temps  à  autre  depuis  leur  jeune  âge. 

—  M.  Hutin,  pépiniériste  à  Laval,  a  mis  dernièrement  deux  nouvelles 
poires  au  commerce,  savoii-;  1"  François  Hutin,  fruit  gros,  souvent  très  gros, 
qui  mûrit  en  octobre,  à  chair  blanche,  très  fotdinte,  juteuse,  eiêtaipte  de 
toute  pierre  ;  2°  Madame  Caroline  d'Airoles,  fruit  moyen,  souvent  gros,  rap- 
pelant la  forme  da  Doyenné  d'hiver.  Chair  fine,  très  fondante,  juteuse.  Eau 
abondante,  très  sucrée,  agréablement  parfumée.  Mûrit  en  mars-avril.  Les 
caractères  que  nous  donnons  de  ces  deux  poires  ont  été  extraits  des  descrip- 
tions de  l'obtenteur. 

—  M.  Besson,  pépiniériste  à  Marseille,  met  au  commerce  la  nouvelle 
variété  de  vigne  Le  Commandeur,  dont  voici  la  description  :  vigne  très  vigou- 
reuse, fertile  (hybride  du  Chéiès  et  du  Joanneno),  grappe  très  grande,  làcho 
et  longuement  ailée  ;  grains  assez  gros,  ovoiJes,  d'un  blanc  roux,  pulpe  cro- 
quante, sucrée;  très  bonne;  maturité  fin  août. 

—  La  Fédération  horticole  italienne  tiendra  à  Rome,  en  mai  1886,  sa  troi- 
sième exposition  nationale  d'horticulture. 

—  Les  Américains  du  Nord  signalent  une  sorte  de  groseille  à  maquereau 
(Ribes  uva  crispa)  comme  surpassant  les  variétés  les  plus  productives  du 
genre.  Cette  variété  qu'ils  nomment  Winhaais  Industrie  serait  très  ferlile. 
très  vigoureuse  et  aurait  des  baies  rouges  d'une  belle  grosseur.  Espérons 
qu'elle  passera  bientôt  du  continent  américain  en  Europe. 


—  402  — 


—  M.  Gaudot,  jardiniiîr  de  jNI.  Chôvrier,  dans  le  département  de  Saône- 
ct-Loire,  a  récolté  cette  année  des  fruits  mûrs  à'At-ôustus  inedo  sur  un  sujet 
qui  a  environ  deux  mètres.  C'est  un  exemple  de  plus  à  signaler  de  la  facilité 
avec  laquelle  cet  arbuste  originaire  des  provinces  méridionales  de  l'Europe 
peut  mûrir  ses  fruits  sous  des  latitudes  relativement  froides. 

V.  Y.-.M. 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal  de  la   séance  du  21  novembre  1885,  tenue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Comte,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  qui  est 
."dopté  sans  observations. 

Correspondance.  —  Lettre  de  M.  le  Préfet  du  Rhône  informant  la  Société 
que,  dans  sa  séance  du  il  septembre  dernier,  le  Conseil  général  du  Rhône 
a  voté  Tinseription  au  budget  départemental  de  l'exercice  de  1886,  d'un  crédit 
de  1,000  fr.  à  titre  de  subvention  à  notre  Association. 

Lettre  de  M.  le  Préfet,  accompagnant  l'envoi  d'un  exemplaire  du  pro- 
gramme du  Concours  général  agricole  qui  se  tiendra  à  Paris,  au  Palais  de 
l'Industrie,  du  15  février  au  4  mars  1886,  et  de  deux  affiches  annonçant  le 
susdit  concours. 

Lettre  de  M.  Dutailly,  député  de  la  Haute- Marne,  président  de  l'Associa- 
tion ho'-ticole  lyonnaise,  remerciant  notre  Société  des  félicitations  qu'elle 
lui  a  adressées  à  l'occasion  de  sa  réélection  comme  député,  et  oifrant  une 
somme  de  deux  cents  francs  pour  ê*re  convertie  en  médailles  à  distribuer  aux 
lauréats  de  l'Association  en  1885. 

Lettre  de  M.  Condamin,  horticulteur  à  Mornant,  remerciant  la  Société  de 
l'avoir  admis  au  nombre  de  ses  membres. 

Lettre  de  M.  Boucharlat  aîné,  remerciant  la  Société  de  l'avi  ir  nommé 
membre  du  jury  du  concours  de  Chrysanthèmes,  mais  déclarant,  pour  des 
raisons  particulières,  ne  pouvoir  accepter  ces  fonctions. 

Lettre  de  M.  B.  Ghagny,  jardinier  chez  M.  de  Jerphanion,  accompagnant 
l'envoi  d'une  fleur  monstrueuse  de  Fuchsia.  Description  sera  faite  de  cette 
anomalie  végétale. 

Correspondance  imprimée.  —  M.  le  Secrétaire  général  fait  circuler  les 
publications  illustrées  que  reçiit  l'Association  horticole  et  appelle  l'attention 
des  membres  sur  les  notes  les  plus  intéressantes  qu'elles  contiennent. 

Présentations.  —  Il  est  doniié  lecture  de  11  candidatures,  sur  lesquelles 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis  membres  de  la  Société,  et  à  l'unanimité,  les 
candidats  présentés  à  la   dernière    réunion.  Ce  sont  : 

MM.  Garret  (Pierre),  jardinier  au  château  de  Crary.  par  Charolles  (Saône- 

et-Loire),  présenté  par  MM.  Marihouret  (Cl.)  et  J.  Jacquiei'. 
Reveiller  (Jean). horticulteur  à  Nîmes  (Gard),  présenté  par  M\I.  Oor- 

dioux  et  Pitaval. 
FoUiet.  marehand-grainier,    à   Annecy  (Haute-Savoîe),  présenté  par 

MM.  F.  Morel  et  Duchet. 
Perret  (J.-B.),  jardinier   chez  M.   le  baron  de    Crouzaz,  à  Pont-de- 

Beauvoisin  (Savoie),  présenté  par  MM  Comte  et  Duchet. 
Gaillard  j^.lules),  pépiniériste   à  Pont-de-Beauvoisin  (Isère),  présenté 

par  MM  Comte  et  Duchet. 


—  403   — 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Chavagûieux,  chez  M.  Lachard,à  La  Pape  (A.in),  deux  Choux-raves 
hâtif  de  Vienne,  à  collet  rose,  d'un  développement  dépassant  de  beaucoup  la 
grosseur  ordinaire  qu'atteignent  ces  légumes.  Un  des  exemplaires  présen- 
tés pèse  3  kilog.  150  grammes. 

Par  M.  Guerry,  jardinier'  chez  M.  Coste,  à  Caluire,  un  exemplaire  de 
Poireau  à  feuilles  panachées;  M.  Guerry  déclare  avoir  apporté  ce  spécimen 
pour  démontrer  combien  la  paaachure  était  constante  ;  il  rappelle  que  la 
même  plante  a  été  déjà  soumise  à  l'attention  de  la  Société  et  qu'elle  a  été 
présentée  au  Concours  régional  de  notre  ville  en  mai  dernier. 

Cet  apport  était  accompagné  de  beaux  exemplaires  de  Poireau  gros  de 
Rouen  et  P.  de  Carentan,  ainsi  que  de  belles  racines  de  Scolyme  d'Espagne, 
dont  les  plantes,  semées  au  mois  de  mai,  se  sont  bien  développées. 

M.  Perreton  dépose  sur  le  bureau  une  feuilede  Musa  Ensetedont  une  partie 
de  la  nervure  médiane  s'est  divisée  et  déjetée,  ainsi  que  le  limbe  de  la 
feuille  ;  une  feuille  de  Strelitzia  régime  présentant  deux  limbes  accolés  dos 
à  dos. 

A  propos  de  la  feuille  de  ce  Strelitzia,  M.  Comte  dit  que  ce  cas  tératolo- 
logique  se  présente  assez  souvent  dans  les  cultures  et  que  le  froid  doit  être 
une  des  causes  principales  de  cette  particularité  des  feuilles,  il  ne  l'a  observé 
que  lorsque  les  plantes  n'ont  pas  suffisamment  de  chaleur. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  rue  de  l'Enfance.  Lyon, 
des  fruits,  des  rameaux  aussi  chargés  de  fruits  et  portant  encore  des  fleurs 
de  framboisiers  ;  cette  variété  dont  il  ignore  le  nom  se  recommande  par 
la  bonne  qualité  de  son  fruit  et  par  sa  fructification  prolongée,  qui  com- 
mence en  juin  et  se  prolonge  jusqu'aux  gelées.  M.  Jacquier  père  suppose  que 
c'est  la  variété  Falstoff,  mais  il  ne  peut  l'affirmer. 

M.  Chardon  avait  joint  à  ces  framboises  des  plantes  de  Chicorée  frisée  de 
Meaux  et  de  Scarole  verte  maraîchère  à  cœur  plein. 

Par  M.  Chaninet,  horticulteur  à  St-Priest,  une  pomme  de  semis,  que 
M.  Fougère  l'a  prié  de  présenter  pour  être  soumise  à  l'appréciation  des 
pomologistes  de  notre  Compagnie. 

Par  M.  Hoste,  horticulteur,  10,  rue  des  Dahlias,  Lyon-Monplaisir,  des 
variétés  de  Chrysanthèmes,  dont  ci-dessous  la  liste  : 

L'Incroyable    (Délaux) ,    rouge    sombre, 
bords  jaunâtres. 


Le  Surprenaut  (Délaux),  ponceau  à  re- 
vers jaune  vif  très  apparents. 

Tricolore,  à  trois  couleurs,  jaune,  rose  et 
carmin. 

Président  Lavallée,  rouge  brun,  fleur 
énorme. 


Jules  Délaux,  cramoi.si,   fleurs  énormes. 
M.    Viviand-Morel ,   jaune    marginé    de 

blanc. 
Lord  Hardinge,  rose  pointé  blanc,  forme 

incurvée  ou  pivoine. 
Soleil  couchant,  forme  alvéole. 
Simon  Délaux,  grenat,  tr.  gr  fleurs. 
La  Géante  de  Valence,  blanc  carné. 
M.  Fernère,  rose  et  blanc,  alvéole. 

Par  M.  Masson,  20,  rue  St-Denis,  Lyon-Croix-Rousse,  une  fraise  et  des 
pieds  de  fraisier  de  Quatre-saisons  d'un  semis  fait  en  1884  de  la  variéié 
Joseph  Schwartz,  les  fruits  se  maintiennent  d'une  grosseur  égale  pendant 
toute  l'année,  coloris  rouge  cerise  passant  au  blanc  rose;  les  pieds  présentés, 
quoique  la  saiison  soit  très  avancée,  ont  des  hampes  couvertes  de  fleurs  et  de 
fruits. 

Avec  cet  apport,  M.  Masson  présentait  des  plantes  de  la  variété  de  fraise 
des  Quatre-saisons  Belle  de  Meaux. 

A  propos  de  cette  présentation,  M.  Masson  avait  apporté  des  pieds  de  frai- 
sier, issus  des  coulants  de  l'année,  il  fait  remarquer,  qu'en  raison  de  la  séche- 
resse qui  cette  année  a  été  de  longue  durée,  bon  nombre  d'amateurs  et  de  cul- 
tivateurs de  C3S  plantes  ont  vu  périr  une  partie  de  leur  collection  de  fraisiers. 

Les  coulants  étant  petits  et  peu  racines,  il  dit  les  avoir  repiqués  en  pépi- 
nière le  1"  septembre  dans  du  sable  de  rivière  et,  le  20  du  même  mois,  du 
rosettes  avaient  des  racines  de  10  centimètres  de  long  et  se  trouvaient  bon- 
nes à  être  mises  en  place. 


~  404  — 


Par  M.  Pernet-Dao>ier,  rosiérisle,  chemin  des  Quatre-Maisons,  Lyon,  une 
Roje  thé  très  remarquable,  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  Pernj",  sous  le  nom 
di  La  F^cige.  (Voir  Li/on-IJorricote,  n°  22.) 

Par  M.  Clapot,  maraîcher  à  Monplaisir,  une  collection  de  légumes  :  Carotte 
nantaise  sans  cœur,  Céleri  plein  blanc,  Chemin,  Céleri  turc,  P^^ir^aj  de 
Carentan,  P.  long  gro;  de  Nîmes,  Scarolle  blonde,  Navet  à  collet  lo  e. 

P.ir  M.  Alégatiére,  horticulteur,  Lyon-Monplaisir,  un  pied  de  Rosier  franc 
de  pied  (R.  Poljantha)  variété  Miniature,  dont  les  racines  sont  garnies  de 
chevelu  et  les  tiges  chargées  de  boutons  et  de  fleurs;  on  en  compte  plus  de 
100  sur  un  petit  sujet  ;  le  présentateur  fait  ressortir  tous  les  avantages 
de  cette  nouvelle  variété  dont  il  est  l'obteateur,  soit  pour  la  culture 
en  pots  et  le  transport;  elle  supporte  très  bien  les  voj'ages  et,  grâoe  à  ses 
nombreuses  racines,  elle  est  d'une  loine  reprise,  et  malgré  la  transplanta- 
tion elle  continue  toujours  à  fleurir.  (Voir  Lyon-IJorlicole  1885,  w  23.) 

M.  Alégatière  appelle  l'attention  de  l'assemblée  sur  l'emploi  des  conferves 
qui  envahissent  nos  bassins,  pour  l'expédition  des  plantes.  Ces  algues  ont 
l'avantage  de  conserver  longtemps  l'humidité  et  tiennent  très  bien  hs  racines 
en  bon  état  de  fraîcheur  pendant  assez  loDgtemps. 

Pai-  M.  Liabaud,  montée  da  la  Boucle,  4,  Lyon-Croix-Rousse,  ua  pied 
à'AiifJinrium  carneum  en  fleurs.  Cette  plante  est  le  produit  d'un  Anthurium 
ùrnutuin  fécondé  par  1'^.  Andrcnmim.  C'est  une  variété  très  robuste,  extrê- 
mement florifère,  dont  l^s  fleurs  durent  plusieurs  mois  sans  s'altérer,  ce  qui 
rend  cette  nouveauté  très  précieuse  pour  la  décoration  des  appartements. 

Par  M.  Perrot,  montée  do  la  Boucle,  6,  Lj'on,  un  pot  d'ŒiUet  ardoisé  (de 
semis)  d'un  coloris  violacé.  Cette  plante  paraît  être  très  remontante. 

Par  M.  Perreton,  chez  .NL  Fittler,  montée  dd  Balmont,  86,  L3'ûn-Vaige, 
des  fleurs  coupées  d'un  Œillet  de  semis,  très  odorantes,  bien  faitis.  à  pétales 
fimbriées,  d'un  coloris  blanc  pur,  maculé  et  pointillé  de  rose  légèrement 
carminé;  les  fleurs  sont  bien  pleines  et  d'une  bonne  forme  et  tenue.. 

M.  Viviand-Morel  appelle  l'attention  de  la  réunion  sur  un  cas  de  tératologie 
végétale  que  présente  une  fleur  de  Fuchsia,  variété  Miss  Welc/ie,  adressée 
par  M.  B.  Chagny.  11  y  a,  dit  M.  Yîviand-Morel,  hypertrophie  do  la  corolle, 
la  fleur  a  28  étamines  et  un  seul  pistil,  il  faudrait  pouvoir  arriver  à  fixer 
cette  monstruosité.  (Voir  Lyon-horticole  1885,  n°  23.) 

M.  Hosta  dit  avoir  observé  plusieurs  fois  des  cas  de  ce  genre  dans  ses  cul- 
tures. 

Pour  juger  tous  ces  apports,  il  est  nommé  trois  commissions. 

Pour  les  cultures  maraîchères  et  les  fruits  sont  nommés  MM,  Riv)iie  fils, 
Berthier,  Lille,  Perretou,  Bouoharlat  jaune  ;  pour  la  floriculture,  MM.  Chré- 
tien, Labruyère,  Jusseau,  Tjassonnerie  ;  pour  juger  et  approuver  le  mérite 
de  la  rose  La  Neige,  MM.  Duchet,  Charreton  et  Liabaud. 

.Ap  ùj  t'x  men,  les  commissions  proposent  d'accorJer  : 

A  M.  Clapot,  une  prime  de  P"  classse,  pour  l'ensemble  de  son  apport. 

A  M.  Chardon,        —  1"       —         —    ses  fiamboises. 

A         —  —  2°        —         —    ses  légumes. 

A  M.  Liabaud.         —  2"        —        —    son  Anthurium  carneum. 

A  M.  Perrot,  —  2'        —        —    son  œillet  de  semis. 

A  M.  Guerry,  —  2"        —         —    l'ensemble  do  son  apport   mais 

plus  spécialement  pour  les  Scolymes. 

A  M.  Masson,  une  prime  de  2°  classe  pour  son  apport  et  pour  sa  rucihode 
de  multip'lioation  des  fraisiers  des  Quatre-saisons  par  le  semis. 

A  M.  Perny.  une  prime  de  P^  classe,  à  la  rose  présentée  par  M.  Pernet- 
Ducher,  sous'  le  nom  de  La  i\eige,  la  Commission  trouve  que  ce  sera  une 
plante  de  1"  mérite. 

Toutes  ces  propositions  mises  aux  voii  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

■  Pour  les  autres  apports,  l'inscription  au  prooès-vcrbal  est  accordée,  et  la 
Commission  chargée  d'apprécier  l'apport  de  Chrysinthèmes,  quoique  très 
méritant,  n'a  pas  jugé  à  propos  de  lui  aecorder  une  récompense,  le  oonours 
de  Chrysanthèmes  ayant  eu  lieu  il  y  a  peu  de  jours. 


—  405  — 

L'assemblée  décide,  qu'a  l'occasion  de  la  distribution  des  récompenses  aux 
lauréats  des  divers  concours  organisés  par  notre  Société,  ainsi  que  du  Con- 
cours de  Chrysanthèmes  et  des  récompenses  accordées  aux  apports  sur  le 
bureau,  la  réunion  de  décembre  sera  suivie  d'une  assemblée  spéciale  et  à 
laquelle  il  sera  donné  une  solenn'té  particulière. 

A  la  suiti  de  la  distribution  des  récompenses,  un  banquet  sera  ofl'drt  au 
président  de  notre  Compagnie  et  à  la  presse  lyonnaise. 

La  commission  chargée  d'orga;;iser  le  banquet,  nommée  par  acclamation, 
se  compose  de  MM.  Com'e,  Musset,  Labrujère  et  Jacquier  père. 

La  prochaine  réunion  de  décembre,  la  séance  est  fixée  à  une  heure  pré- 
cise et  la  distribution  des  récompenses  à  deux  heures. 

M.  Carie  rappelle  que  dans  une  des  précédentes  séances,  il  a  été  nommé 
une  commission  dite  «  des  intérêts  horticoles  n,  cette  commission  s'etant 
réunie  déjà  plusieurs  fjis,  désirerait  rendre  compte  de  ses  travaux  et 
demande  la  mise  à  Tordre  du  jour  de  cette  question  à  la  prochaine  réuiiion. 

Une  discussion  s'engage  à  propos  de  cette  question,  à  laquelle  prennent 
part  MM.  Riveire  fils,  Carie,  [;abrujére  et  Viviand-M^rel.  L'assemblée 
décide  qu'à  l'occasion  de  la  distribution  des  récompenses,  qui  doit  avoir  lieu 
dans  la  séance  de  décembre,  cette  question  soit  mise  à  l'ordre  du  jour  de  li 
réunion  de  janvier. 

M.  Cousançat  fait  observer  que  c'est  dans  cette  séance  que  se  fait  géné- 
ralement le  dépôt  du  i apport  de  la  commission  des  finances,  et  demande  la 
priorité  pour  la  lecture  de  ce  rapport  et  la  discussion  du  budget. 

L'assemblée,  consultée  sur  cette  question,  émel   un  avis  fnvorable. 

En  conséquence,  l'ordre  du  jour  de  la  séance  de  janvier  1886  sera  ainsi 
fixé  : 

1°  Rapport  de  la  commission  des  finances  ; 

2°  Discussion  du  budget  provi>ionnel  ; 

3°  Rapport  de  la  comroi.s^ion  des  intérêts  horticole?. 

La  séance  est,  levée  à  quitre  h  ures.       Le  Secrctaire- Adjoint,  J.   ÎSicolas. 


Les  Fougères  qui  fleurissent 

«  Li  Fougère  fleurit  la  nuit  du  plus  grand  jour  de  l'an,  et  à 
l'heure  même  qu'elle  est  défleurie,  sa  graine  est  mûre  et  tombe  en 
terre;  et  si  on  ne  se  trouve  tout  à  l'instant,  on  n'en  peut  voir  la 
fleur,  ni  moins  amasser  la  graine.  Les  charlatans  disent  que  tout 
cela  advient  la  veille  de  la  Saint-Jean.   » 

11  y  a  encore  de  braves  gens  qui  croient  à  cette  vieille  histoire  ; 
j'ai  même  connu  une  personne  qui  paya  25  francs  un  rhizome  de 
Fougère  mâle,  parce  que  le  bisque  (colporteur),  qui  le  lui  avait 
vendu,  certifiait  que  c'était  la  vraie  Feugiérc,  que  les  Grecs  nom- 
maient Blechnos,  et  qu'avec  cette  plante,  à  l'heure  de  minuit,  le  jour 
de  la  Saint-Jean,  il  pourrait  découvrir  des  trésors  cachés.  0  bêtise 
humaine  !  Et  remarquez  que  le  colporteur  avait  ajouté  que  cette 
Fougère  donnait,  au  moment  de  sa  floraison,  une  lumière  éblouis- 
sante. 

On  sait  que  les  anciens  avaient  des  idées  singulières  sur  les  Fou- 
gères; sans  compter  les  autres,  qu'il  me  suffise  de  rappeler  qu'ils 
croyaient  qu'elles  guérissaient  les  plaies  faites  avec  des  roseaux.  De 
cette  croyance,  ils  avaient  tiré  la  conclusion  suivante  :   «  Là  où  il 


—  406  — 


i\ 


OphioglosBum  vulgatum. 


y  a  beaucoup  de  roseaux  autour  de  la  Feugière,Ia  Feugière  meurt; 
mais  là  où  il  y  a  beaucoup  de  Feugière  autour  des  roseaux,  les 
roseaux  meurent.  » 

Linné  a  donné  le  nom  de  Fougère  mdle  à  une  espèce  bien  diffé- 
rente de  celle  que  les  anciens  connaissaient  sous  ce  nom,  car  leur 
Fougère  mâle  était  le  Pteris  aquilum  si  répandu  partout. 

Si  dans  la  plupart  des  genres  de  Fougère,  la  fructification  est 
cachée  sous  les  feuilles  (frondes),  il  -^  en  a  en  revanche  quelques 
sortes  où  cette  fructification  est  beaucoup  plus  apparente  et  se  pré- 
sente d'une  manière  très  évidente  sur  des  frondes  spéciales.  Parmi 
les  espèces  qui  se  montrent  ainsi,  on  peut  citer  VOsmunda  irgalis, 
VOpliioglossumvulgaUim,  le  Bolrijcliium  Lunaria,  etc. 

L'Osmonde  royale  est  une  des  plus  belles  Fougères  qui  croissent 
en  Europe.  On  la  nomme  souvent  Fougère  aquatique.  Fougère 
royale,  Fougère  fleurie.  Je  m'étonne  qu'elle  ne  soit  pas  plus  fi'é- 
quemment  cultivée,  car  elle  est  infiniment  plus  remarquable  que 
beaucoup  d'autres  qu'on  rencontre  dans  tous  les  jardins.  Je  pense 
que  l'ignorance  des  conditions  qui  favorisent  son  développement 
est  la  seule  cause  de  son  abandon.  Pour  croître  avec  vigueur,  il 
faut  à  l'Osmonde  royale  de  l'ombre  et  beaucoup  d'humidité.  Elle 
vient  très  bien  dans  les  terrains  humides,  les  fossés  des  prairies 
tourbeuses  et  autres  lieux  marécageux.  On  la  trouve  dans  presque 
toute  l'Europe  :  en  France,  en  Suisse,  en  Allemagne,  eu  Hollando, 
en  Danemark,  en  Suède,  en  Angleterre,  en  Turquie,  dans  la  Russie 
méridionale. 

L' Ophioglossum  vulgnlum,  plus  connu  sous  le  nom  de  Langue  de 
Serpent,  n'offre  aucun  intérêt  considéré  au  point  de  vue  horticole, 
c'est  une  espèce  botanique   singulière,  qui  ressemble  très  peu  aux 


—  407  — 


.^cXc24  ■!'':■ 


Osmunda    regalis    L. 


autres  Fougères.  On  la  rencontre  également  à  peu  près  dans  toute 
l'Europe. 

Le  Bolnjcliium  Lunaria  est  dans  le  même  cas  que  la  Langue  de 
Serpent,  c'est  une  curieuse  Fougère  qui  se  plaît  dans  les  hautes 
montagnes  où  les  botanistes  la  récoltent  avec  plaisir. 

L.   S. 


—  408  — 

Conditions    dans    lesquelles    il   faut    employer    le 
sulfure  de  carbone 

Nous  croyous  utile  de  reproduire  ici  les  conditions  dans  les- 
quelles le  sulfure  de  carbone  doit  être  appliqué  pour  produire  tout 
l'effet  qu'on  est  en  droit  d'en  attendre  dans  le  traitement  des 
vignes  phylloxérées.  Ces  conditions  ont  été  parfaitement  étudiées 
et  très  clairement  exprimées  par  M.  P.  Vinçay,  professeur  dépar- 
temental d'agriculture,  et  M.  le  docteur  Crolas,  professeur  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  Lyon,  dans  un  rapport  sur  les  Travaux 
du  Comité  et  des  Syndicats  dans  le  département,  adressé  à  M.  le 
ministre  de  l'Agriculture.  Nous  regrettons  que  la  longueur  de  ce 
document  ne  nous  permette  pas  de  le  reproduire  en  entier;  nous 
en  donnons  seulement  les  conclusions  : 

«  Disons  d'abord  que  l'expérience  a  prouvé  que  les  résultats 
obtenus  dans  certaines  conditions  de  sol,  sans  être  nuls,  ne  sont 
pas  assez  complets  pour  que  le  vigneron  ait  intérêt  à  faire  le  trai- 
tement. 

«  Ces  conditions  sont  les  suivantes  :  1"  Lorsque  le  sol,  quelle 
que  soit  sa  nature,  a  moins  de  30  centimètres  de  profondeur; 

«  2"  Lorsqu'il  est  composé,  en  grande  partie,  d'argile  qui  le 
rend  compacte  et  que  le  sous-sol  est  imperméable. 

«  Dans  le  premier  cas,  la  diffusion  des  vapeurs  de  sulfure  est 
trop  rapide,  elles  ne  séjournent  pas  assez  dans  le  sol. 

«  Dans  le  second,  la  diffusion  ne  se  fait  que  très  difficilement, 
ces  terrains,  appelés  vulgairement  (jouiieux,  étant  presque  toujours 
saturés  d'eau. 

«  Les  vignes  plantées  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  caté- 
gories de  terrains,  constituent  heureusement  l'exception  pour 
notre  région. 

((  Toutes  les  vignes  qui  sont  en  dehors  de  ces  deux  conditions, 
peuvent  et  doivent  être  défendues,  et  le  succès  est  assuré  si  l'on 
suit  strictement  les  indications  suivantes  : 

«   1°  Traiter  les  vignes  dès  la  première  apparition  de  l'insecte- 

((  2°  Traiter  l'ensemble  des  vignes  envahies  et  non  pas  seule- 
ment les  taches  ; 

«  3'  Appliquer  le  sulfure  à  la  dose  de  18  à  20  grammes  par 
mètres  carrés,  ne  jamais  dépasser  cette  dose  ; 

«  4°  Faire  les  injections  entre  les  ceps,  de  façon  à  comprendre 
chacun  d'eux  entre  quatre  trous,  en  évitant  de  toucher  la  souche 
avec  le  pal  ; 

«  5°  Avoir  soin  de  boucher  exactement  les  trous  de  pals  immé- 
diatement après  l'injection  du  sulfure  ; 

6°  «  Avoir  soin  de  toujours  laisser  égoutter  les  terrains  forts,  qui 
retiennent  longtemps  l'eau,  après  les  pluies  abondantes  ou  la  fonte 
des  neiges  ; 


—  409  — 

7"  «  Cesser  les  applications  aux  deux  époques  de  l'année  où  la 
sève  se  met  en  mouvement  ; 

S°  «  Cultiver  avec  soin  et  fumer  convenablement  les  vignes  trai- 
tées; 

«  Les  bons  résultats  qu'ont  donnés,  soit  dans  les  champs  d'expé- 
riences, soit  chez  les  propriétaires,  les  traitements  d'été,  nous  per- 
mettent de  les  conseiller  sans  arrière-pensée,  toutes  les  fois  qu'une 
tache  fera  son  apparition  dans  un  vignoble,  et  que  l'on  n'aura  pas 
pu  appliquer  le  sulfure  au  printemps  ou  à  l'automne  par  suite  du 
mauvais  temps. 

«  Nous  devons  signaler  un  fait  important,  sur  lequel  notre  atten- 
tion a  été  attirée  par  un  certain  nombre  de  vignerons,  et  que  nous 
avons  vérifié  nous-mêrae.  Pendant  la  période  de  l'année  où  le  phyl- 
loxéra habite  les  racines  superficielles  et  le  collet  des  souches, 
c'est-à-dire  à  la  fin  du  printemps  et  pendant  l'été,  il  y  a  avantage 
à  ne  pas  introduire  le  sulfure  à  une  trop  grande  profondeur.  Il  faut 
au  contraire  le  déposer  à  15  ou  20  eenlimèlreii ;  de  cette  façon,  les 
vapeurs,  qui  sont  lourdes  et  ont  toujours  une  tendance  à  descendre, 
tuent  d'abord  les  insectes  qui  sont  dans  les  parties  du  cep,  voisines 
de  la  surface  du  sol,  et  vont  ensuite  agir  sur  ceux  qui  habitent  plus 
profondément.   » 

Médailles  accordées  pour  apports  sur    le   bureau  de  l'Association 
horticole   lyonnaise   pendant  l'année   1885. 

Médaille  d'or,  M.  Liabaud. 

—  d'argent,  grand  module,  MM.  Morel  et  Verne. 

—  —  MM.  Boucharlat  jeune,  Chavagueux,  Charre  ori, 
Ciapot,  Corbin,  Crozy,  Deville  joune,  Gaerry,  Hoste,  Masson,  Roehet, 
Rozaiu-Boucharlat,   Rivoire  fils,   Sjhmitt,    Viilard. 

Médaille  de  bronze,  MM.  Bellin,  Beraaix,  Beurrier,  Caillât,  Chardon, 
Champalle,  Combat-Cordier,  F.  Gaillard,  Gittel,  M""  Joly,  Messat, 
Nicolas,  Perny,  Pernet-Ducher,  Valette. 


CATALOGUE 


LÉONARD  Lille  ei  Benet,  horticulteurs,  marchand-grainiers,  7  et  9,  cours 
Morand,  Ljon.  —  Catalogue,  pris-courant  général  de  graines  potagères, 
fourragères,  de  fleurs  d'arbres,  etc. 

Ce  Catalogue,  in-8°  de  5G  pages,  contient,  avec  de  très  nombreuse)  gra- 
vures de  légumes,  de  fleur?,  etc.,  des  fac-siiiùk  iudiquant  ce  qui  concerne  le 
semis  et  la  culture  des  plantes.  Nouveautés  con:  ernant  les  fleurs  et  les 
légumes;  nombreuses  variétés  des  plus  beaux  genres  horticoles  :  Prime- 
vères. Œillets,  Balsamines,  Mimulus,  Cinéraires,  Giroflées.  Plantes  de  serre  : 
Dracœnas,  Agave?,  Coleus,  Calcéolaires,  Abutilons,  etc.  Fournitures  horti- 
coles, coutellerie,  étiquettes,  mastic  à  grefler,  librairie  horticole,  etc. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 


TABLE     DES     MATIÈRES 


Pages 

Abutilon  à  fleurs  doubles.  ...  24 

Acclimatation 90 

Acer  dasvcarpum S^ri 

Aconits  (Note  sur  les) 3i7 

Acros'ichnin  alcicorne 96 

Adaptation  des  espèces  au  sol.   .  295 

Adiantuni  obliquum 52 

Adonis  vernalis 15 

Agave  maculata 381 

A?ri(ultiire  au  Tonkin 110 

Alocasia  Pucciana 52 

—  rœiinœ 53 

Altises  (Destruction  des)  ....  90 

Aphorismes  sur  les  plantations   .  341 

Amadouvier 30 

Ampeligèue 2ti0 

Andropogon  muricatus 76 

Anona  squamosa 131 

Anthurium  Margaritœ 53 

Antliyllis  vulneraria 58 

AracUis  bvpogœa 114 

Arbousiers 378 

Arbies   (Plamation   le  long    des 

routes) 34 

Arbuste  vigoureux 125 

Al  rosement  pendant  les  chaleurs.  210 

-         241 

—  des  arbres 245 

Arundo  donax 30 

A^arum  europeum 30 

Asclepias  syriaca 294 

Asperges  (Notes  sur  les)  ....  11 

—  (Culture  comparative)  .  243 
Association  borticole  grenobloise.  44 
Assujétissement  des  arbres  nou- 
vellement plantes 74 

Bambous 45  et  212 

Bergamotte  Sannier UO 

Bernard  de  Jussieu  (Statue  de)    .  6 

Beschorneria  Descoteriana  ...  53 

Beurré  Fouqueray 349 

Bibliographie 240 

Bilbergia  Breauteana 229 

Binages 2:^6 

Bixa  orellana 279 

Boronia  megasiigma 139 

Bouturage  des  Camellias.    .    .    .  228 

Brunswigia  magniÊca 109 

Bnttage  des  pommes  de  terre.    .  2^2 

Caltha  palustris 370 

Camellias  (Bouturage  des)        .    .  228 

Cannas  de  semis 359 

Caoutchouc  (No  .velle source  de).  212 

Carotte  (Culture  de  la) 39 

Catalogues,  20,  40,  72,  88,  104, 
120,  136,  152,  168,  200,  224. 

272,  288.  308,  343,  3fi0.  396 

Cattleya  autumnalis 331 

Cerasus  Mahaleb 313 

—       serotina 383 

Ce. eus  paucispinjs 53 

Certificats  d'origine 271 

Champignons  vénéneux  (Connais- 
sance des) 22 

Chêne  gigantesque 365 


Pages 

Chionanthus  virginica 157 

Chou  de  Bruxelles  (Origine  du)  .  310 
Chrvsantbèmes  (Plébiscite  en  fa- 
veur des).  24, 27,  31,  70 

—  d'été 280 

—  japonaises 351 

—  a  Londres 375 

Cinéraires  hybrides 107 

Cnrus  triplera 27 

Cladrastis  tiactoria l'Jl 

Climatologie 122 

Cœlogyne  cristata 109 

Coleus 7 

Concours  de  Chrysanthèmes.  314, 

368,  361 

Concours  spéciaux.    .  300  à  303,  321 

Conservation  des  fruits 156 

Corbeille  d"or  compacte  ....  106 

Cordiospermum 296 

Crassula  stachyura 367 

Cr.)issance  des  arbrcS 85 

Culture  du  Fraisier 393 

—       potagère 39 

Cyclamen  hederœfolium  ....  9 

Cyrtopodium  jiunctatum  ....  293 

Damasonium  stellatum 356 

Darlingtoniacaiiforuica  (Culture)  116 
Dattier    (Fructification   à  Mont- 
pellier)   124 

Dendi'obium  Hasselti 53 

Dents  et  horticulture  (les)    .    .    .  291 
De.-truction  de  la  mousse  des  ar- 
bres   75 

Dictionnaire  des  roses 255 

Dracœna  Draco 15 

Dragante 1.5 

Echinocereus  phœniceus  ....  90 

Edelweiss 276 

EfieuiUement 346 

Empotage 43 

Empoisonnement  du  sol   .    .  77,  97 

Encre  au  bichromate  de  potasse.  255 

Engrais  d'escargots 124 

Errata 43 

Escarbilles  de  coke  (leur  usage).  211 

Esp  ce  {A.  propos  de  1") 93 

Es.-impleur 141 

Eucalyptus  Mulleri 292 

—  (Usages  ,'e  1")  ...  293 
Evoi.ynuis  europeus  variegata.  .  53 
Es  position  dWnvers 283 

—  de  Châlons 267 

—  de  Genève 233 

—  de  Lyon,  6,  169,  à  186, 

191  à  202,  213 

—  de  Mâcon 319 

—  de  Marseille    ....  303 

—  de  Villefranche  ...  277 

Feuilles  >.t  omidon 291 

Flore  d'Europe 2'26 

—     de  Porquerolles 4 

Fourmis  (Eloignement  des).    .    .  292 

Fraise  Roi  Henry 349 

FiitiUaires  (Note  sur  les)  .    .    .   «  338 

Fuchsia  (Le  premier) 123 


—  411 


Fuchsia  moustrueux.   .   . 
Fusains    à  feuilles   persistantes, 


Ginfrembre.    .    . 

Greffe  Noisette  . 

—     en  hiver  . 


379 

352,  372 

81 

5 

3 

312 


—  de    la   vigne    (Traitement 

de  la) 293 

—  Gaillard 389 

Guêpes  (Destruction  des).    .    .    .  139 

Gui(          id.            ) 156 

Haricot  et  soleil 245 

Hicmanihus  Katherinœ 53 

Histoire  des  herbiers 325 

Hoteia  japonica 75 

Ilottouia  palustris 17 

Humus  (son   rôle  dans  la  végéta- 
tion)   46 

Hydrocotyle  vulgaire 370 

Impatiens  Sultuni  panaché  .    .    .  383 
Influence  de    la  température  de 

l'eau  d'arrosage  sur  les  plantes  24 1 

liis  (Espèces  d") 130 

—  Kœmpteri 128 

Ixora  Pilgrimi 53 

Jardins  de  la  rég.  de  l'oranger  .  287 

Jussieua  granditiora 278 

Juncus  zebrinus 141 

Lastrœa  œmula 60 

Leontopodum  alpinuoi 276 

Leonotis  leonurus 75 

Limaces  (Destruction  des)    ...  92 

l.iitoral  de  )a  Provence    ....  249 
Lumière  (Influence  sur  les  plantes 

de  serre) 200 

Luzerne   (Falsification  des  grai- 
nes de) 70 

Lychnis  (Espèces  de) 205 

Mandragore 112 

Marronniers  de  Bellecour  .    .   .  358 

Msrsilea 357 

]\!asdevalia 187 

Mastic  pour  les  serres  chaudes  .  85 

Matricaria  indica 281 

Mildew 106,  348 

Molle 15 

Mulots  (Destruction  de?) ....  92 
Multiplication   des    plantes    uni- 

caules 294 

Mure,  murrn,  meuron 291 

Narcissus  serotinus 290 

Nirds 16 

Nelumbium  (Multiplication  des).  227 

Nigelles  (Note  sur  les)     ....  299 

Noisettes 30,  303 

Noms  de  plantes  (Les  vieux)   .    .  15 

Nouvelle  grefl'e  de  la  vigne  .    .    .  389 

Nvmphœa  flava 275 

(Eillet  J.  Beurrier 297 

—  perpétuel 76 

—  remontants-culture  .  .  .  277 
Oïdium  (Destruction  de  1')  .  .  .  309 
Orchidées  (Prix  de  quelques)  .  .  383 
Origine  de  quelques  poires.    .    .  138 

Orthographe  horticole 67 

Panachure 154 

Pèches  américaines 310,  350 


Pages 
Pelargonium    à    grandes    fleurs 

(bouturage) 363 

Pentstemon  panaché 7 

Peronosposa  viticola 332 

Persil  à  grosse  racine 275 

Pervinca 30 

Phylloxéra  (Note  sur  le)  ....  4,  329 

Physiologie 41 

Piqûres  d'abeilles   (Remède  con- 
tre les) 229 

Pivoines  en  arbre 102 

—       (Révision  du  genre)   .    .  311 

Plantation  des  arbres 74 

—  —           d'avenue   .  383 

—  (A  propos  des)    .    .  330,  341 
Plantes  (Concours     relatif     aux 

noms  vulgaires  des).   .  228 

—  (Dégénérescence  des).    .  23 

—  ictyophage 293 

—  japonaises.    .    ,    .    .    .  21 

—  de  marais 355,  369 

—  naines 315 

—  succédanées  du  café   .    .  23 

—  (Les  vieux  noms  de)   .    .  29 

Plâtre  phosphaté 42 

Plectranthus  fructicosus  ....  382 

Plomb  des  arbres  fruitiers  .    .    .  365 

Poires  du  Cap 157 

—  Pierre  Joigneaux.    .    .    .  333 

—  d'hiver 27 

—  monstrueuse 349 

—  nouvelle 332 

—  (Observations  sur  les)  17. 

56,    88,  119,  150,   168. 

286,  307,  395 
Pollen  (son  influence  sur  les  ca- 
ractères des  hybrides)  ....  0 
Pommes  de  terre  (Nouveau  pro- 
cédé de  multiplication).   .    .    .  165 
Pommes  de  terre  (Buttage  des)  .  222 

Pont  de  la  Guillotière 189 

Porlulacca  sedoïdes 296 

Pots  à  double  compartiment  .    .  220 

Primula  auricula 17 

Primevère  de  Chine 108 

Primula  mollis 134 

Pritchardia 275 

Prix  de  la  Société  d'encourage- 
ment      311 

Procès-verbaux  des    séances    de 
l'Association,  25,  61,  93,  126, 

158,  :.'02,  229,  261,  295,  334,  365 

Prune  d'Ontario 101 

Prunes  (Séchage  des) 306 

Prunier  japonais 75 

Pucerons  (Destruction  des).    .    .  293 
Puceron    lanigère     (Destruction 

des) 140,  275,  365 

Pulsatille 31 

Pyrethrum  indicum 281 

Rabelais  horticulteur 377 

Raisins  américains 334 

Ranunculus  lingua 355 

Recettes  utiles 151 

Règlement  des  apports 28 

Repiquage  des  plantes 106 

Rempotage 43 

Rhododeudrnm  Cavroni   ....  53 


—  412 


Pages 

Rocouier 279 

Roses  teintes 5 

—  de  25.000  francs 106 

—  nouvelles 256 

—  (Classification  des)   ....  331 

—  au    xvi<^  siècle,    145,    161, 

217,  235,  246,  263 

—  Lusiadas 303,  389 

—  Souvenir  de  Victor  Hugo  .  333 

—  La  Neige 304 

Rosa  polyantha .    .  59,  63,  346,  367,  379 

Rosier  (Culture  retardée  du)    .    .  258 

—  sauvage  pour  li  greffe.    .  50 

Ruta  graveolena 135 

Salvia 382 

Sarracenia  purpurea 49 

Scirpus  zebrinus 141 

Sécateur  et  serpette 345 

Séchage  des  prunes 3U6 

Semis  (Note  sur  les) 57 

Semis  (C'est  un) 257 

Ser(.ientine 30 

Siiio-Boii 128 

Soufrage  de  la  vigne 155 

Stachys  affinis 187 

Stephaaotis  floribunda 51 

Stratification  des  graines.    .    .    .  273 

Strelitzia  regiuce 64 

Sujets  à  gretler 59 

—  et  grefie 312 

SurgrefFage 59 


Pages 

Taille  des  arbres 41 

—  —  nouvellement 

ph rites.    .    .  107 

—  des  arbustes 44 

—  de  la  vigne 69 

Tarifs  des  chemins  de  fer.    .    .    .  209 

Tavelure  des  poires 4 

Terrine  cari'ée 83 

Theoiihrasta  Jussieui 122 

Tilleul 29 

Tomates  teintes 277 

—  Roi  Humbert 336 

Transformation  des  vrilUs  ...  91 
Travaux  des  jardins,  19,  54,  86, 

117,    148,  207,  238,  270,  307 

Tulipa  cretica 124 

—  sylvestris 228 

Typha  latifolia 369 

Utricularia 293 

Vanda  RoUissonii 331 

Van  Mons  (Théorie  de) 137 

Valeriana  celtica 17 

—  dioica 369 

Variétés  (De  l'obtention  des)   .    .  35 

Véronique  d'Andt-rson 81,  392 

Vers  blancs(Dest:uction  des).   .    142,   157 

Vétiver 76 

Vriesea  retroflexa 54 

— -        Warm  ngii 54 

Wash'.ngtoiiia  l'ubusta 275 

Zini>;  ber  officinale 80 


TABLE      DES     FIGURES 


V:  ses 

Aconits 318 

Acrostichum  alcicorne 96 

Adonis  vernalis 16 

Amadouvier 30 

Auona  squammosa 131 

Arachide 114 

Arbres  d'avenues 385  à  387 

Arundo  donax   30 

Asarum  europeum 30 

Bixa  orellana 279 

Botrychiura  lunaria 4  '0 

Caltha  palustris 370 

Cyclamen  hederœfolium   ....  10 

Damasonium 356 

Dracrona  Draco 10 

Uragante 15 

Fritillaria  imperialis 339 

—  meleagris 338 

—  pcrsica 339 

Greffe  (5ailL,rd 392 

Hottouiu  palustris 17 

Hydrocotyle  vulgaris 370 

l.olium  temulentuni 16 

Lychnis  grand  tlora 105 

Mandragore  officinale  ......  113 

Marsilea 357 

Nigelles i99 

Ophioglossum 406 

Osmunda  regalis 407 

Pervinca 30 


Primula  auricula 

FulsatiUa 

Ranuuculus   aquatilis 

—  liugua 

Rosa  alba 2 

—  alpiua 

—  céutifolia 

—  cinnamomea 

—  Dama^cena 

—  eglanteria 

—  lactea 

—  lutea 

—  —     sini^lex 

—  Milesia 

—  pimpinellifolia 

--     prœatstiiia 

—  prcvincialis 

—  —  U    albo.   .    .    . 

—  lubicunda 

—  riibro  uigricans 

—  sylvestris '' 

Ruta  graveolens 

Sarracenia  purpurea.    .    . 

Schinus  molle 

Serpentine 

Strelitzia  reginoî   .... 

Typha  latifolia 

Valeriaua  celtica   .... 

—        dioica.    .    .    ■    . 
Zingibcr  officinale.   .    .    . 


17, 


219, 


Pages 

17 
31 

357 

350 

218 

265 

147 

247 

237 

265 

163 

147 

162 

163 

248 

147 

147 

246 

236 

162 

220 

135 

49 

31 

30 

65 

369 

17 

369 

80 


Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Publie.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


HUITIEME      ANNEE 


18  8  6 


LYON-HORTICOLE 

REVUE  BI-MENSUELLE  D'HORTICULTURE 

PUBLIÉE   AVEC    LA    COLLABORATION    DE 

L'ASSOCIATION  HORTICOLE  LYONNAISE 


PRINCIPAUX     COLLABORATEURS      MM. 

ALPHONSE    KARR, 

BELLISSE.    A.    BERNAIX,   BOUCHARLAT   aine.    CHARRETON. 

CHAUDY,  J.    CHRÉTIEN,    B.  COMTE,  B    COUSANÇAT ,  CROZT  FilB  aîné, 

Th.  DENIS,   Ph.    DEVILLE,     DUCHER,    L  -C.    GAILLARD,    F.    GAULAIN,    GORRZT 

HOSTE ,     C.   JACQUIER ,   J.    JACQUIER ,     LABRUTÉRE    Fils, 

LIABAUD,  L.  LILLE,  J.  MÊTRAL. 

Fque   BIOREL,    J.   MORIN,    MUSSET,   J.    NICOLAS.   PELLETIER,    HOCHET, 

etc.,    etc.,    etc.,    etc.. 


Tiédacteur  en  Chef  :    VZ  V  I  AN  D-MOREZ. 


LYON 

IMPRIMERIE     DU     SALUT     PUBLIC 

33,    RUE    DE    I.A    RÉPUBLIQUE,    33 


18  8  6 


1886  JANVIER  N"     1 


CHRONIQUE 


Les  primes  d'honneur  de  l' horticulture  et  de  f  arboriculture.  —  Enfin 
nos  réclamations  n'auront  pas  été  inutiles.  L'an  dernier,  à  l'occa- 
sion du  concours  régional  du  Rhône,  une  demi-douzaine  de  con- 
currents étaient  inscrits  pour  prendre  part  au  concours  relatif  à 
la  prime  d'honneur  à  l'horticulture.  Il  y  avait,  si  je  m'en  souviens 

bien,  cinq  pépiniéristes  et  deux  maraîchers,  et un  seul  prix  à 

décerner.  Comment  d'abord  établir  un  jugement  sérieux  entre  des 
cultures  d'arbres  et  de  légumes?  Si  les  arbres  sont  superbes  et 
l'établissement  bien  tenu,  les  choux  et  les  carottes  peuvent  être 
hors  ligne.  Devait-on  primer  les  carottes  ou  les  poiriers?  Mainte- 
nant, si  trois  concurrents  étaient  ex-œquo,  lequel  devait  décrocher 
la  timbale,  puisqu'il  n'y  avait  qu'une  prime?  Un  seul  devait  l'avoir 
ou  personne. 

J'ai  eu  l'honneur  d'être  désigné  pour  faire  partie  du  j'iry,  0:1 
compagnie  de  MM.  Sénelar  et  Vermorel  et  connaissant  les  établis- 
sements de  quelques-uns  des  candidats,  sachant  qu'ils  avaient  une 
grande  valeur  pour  la  plupart,  nous  demandâmes  à  M.  le  préfet, 
de  pouvoir,  si  le  cas  se  présentait,  partager  la  prime.  Il  nous  fut 
répondu  que  la  chose  n'était  pas  possible,  que  le  texte  ministériel 
était  formel  à  cet  égard.  Nos  successeurs  prirent  sur  eux  ce  par- 
tage, et  ils  firent  bien.  La  preuve  qu'ils  eurent  raison,  c'est  qu'au- 
jourd'hui ce  partage  pourra  se  faire  légalement. 

Voici,  en  effet,  le  nouveau  texte  qui  régit  la  matière  : 

Par  arrêté  en  date  Ju  31  octobre  dernier,  le  ministre  de  l'Agriculture  a 
décidé  qu'à  l'avenir,  dans  chacun  des  départements  où  se  tiendront  les  Con- 
cours régionaux  agricoles,  les  prix  et  récompenses  qui  suivent  .=ePont  décer- 
nés concurremment  avec  les  récompenses  prévues  par  l'arrête  du  28  décem- 
bre 1880. 

Prime  d'honneur  à  l'arboriculture.  —  Un  objet  d'art  de  300  francs  et  une 
somme  de  2,000  francs  seront  mis  à  la  disposition  du  jury  pour  être  décernés 
aux  cultivateurs  établis,  uniqu3ment  pour  la  vente  des  produite  maraîchers 


—  4  — 

ou  des  fruits  qui  auront  présenté  les  établissements  les  mieux  tenus  et  du 
meilleur  rapport. 

Le  concurrent  classé  le  premier  recevra  l'objet  d'art  à  titre  de  prime 
d'honneur  et  una  somme  d'argent  qui  sera  déterminée  par  le  jurj. 

Prime  d'honneur  à  i horticulture.  —  Un  objet  d'art  de  300  francs  et  une 
somme  de  2,000  francs  seront  mis  à  la  disposition  du  jury  pour  être  décernés 
aux  horticulteurs-fleuristes  et  aux  pépiniéristes  présentant  les  Jardins  et  les 
pépinières  les  mieux  cultivés,  les  mieux  tenus  et  du  meilleur  rapport. 

L'horticulteur  ou  pépiniériste  classé  le  premier  recevra  l'objet  d'art  à  titre 
de  prime  d'honneur  et  une  somme  d'argent  qui  sera  déterminée  par  le  jury. 

Ces  prix  étant  réservés  aux  arboriculteurs,  horticulteurs  et  pépiniéristes 
de  profession,  les  amateurs,  les  jardiniers  des  particuliers,  les  propriétaires 
de  parcs  et  de  jardins  d'agrément  ne  seront  pas  admis  à  concourir. 

Des  médailles  de  bronze  accompagneront  les  prix  autres  que  la  prime 
d'honneur. 

Description  de  fraises  nouvelles.  —  On  sait  que  la  plus  mauvaise 
gravure  vaut  mieux,  pour  faire  connaître  une  plante,  qu'une  bonne 
description,  mais  ce  n'est  pas  une  raison  suffisante  quand  un  obten- 
tenteur  donne  en  même  temps  une  gravure  et  une  description  de 
ne  pas  les  faire  accorder  entre  elles.  C'est  cependant  ce  que  vient 
défaire  M.  de  Gœschke.  Il  publie  dans  un  journal  horticole  le 
dessin  de  quelques  fraises  énormes,  notamment  d'une  qui  porte  le 
nom  de  Kœnig  Albert  von  Sachsen  qu'il  accompagne  de  cette  dia- 
gnose  :  Fruit  énorme,  de  forme  régulière,  ovale  arrondi,  à  sépales 
appliqués.  Couleur  rouge  cerise  orangé  brillant  ;  grains  bruns  sail- 
lants. Chair  rose  passant  au  rouge  en  pleine  maturité,  d'un  goût 
aromatique  exquis.  Plante  à  végétation  vigoureuse  et  d'une  ferti- 
lité inouie.  Moyenne  saison. 

Si  je  regarde  le  dessin,  le  fruit  est,  en  effet,  énorme  (il  mesure 
près  de  10  centimètres  dans  son  plus  grand  diamètre),  mais  il  n'est 
pas  du  tout  de  forme  régulière ,  encore  moins  ovale  arrondi. 
Quant  aux  sépales  appliqués,  j'en  aperçois  quelques-uns  qui  se 
dressent  contre  le  pédoncule.  Et  puis,  qu'est-ce,  je  vous  prie, 
cette  couleur  rouge  cerise  orangé  ?  s'il  est  cerise,  ce  rouge,  il  n'est 
pas  orangé,  l'un  excluant  l'autre,  Fertilité  inouïe  ....  brr,  je  me 
sauve. 

Pommes  de  lerre  à  Londres.  —  Dans  une  exposition  spéciale  aux 
pommes  de  terre,  qui  s'est  tenu  à  Londres,  dernièrement,  des  prix 
ont  été  accordés  aux  variétés  suivantes  :  Cardinal,  kidney  rouge  ; 
Schuolmaster,  blanche  ronde  ;  Edgcole  Seedling,  blanche  ;  Chancellor, 
kidney  blanche  ;  Mister  Bressec,  rose;  Beaulij  of  Hebron,  supérieur  à 
l'Early  rose  ;  ficarof  Laleliam,  violette  tardive  et  Beading  Bussel, 
ronde  rose  demi-hâtive,  classée  en  première  ligne. 

Des  certificats  de  première  classe,  dit  le  Moniteur  d^ horticulture , 
ont  été  décernés  aux  quatre  nouveautés  suivantes  qui  ont  subi,  avec 


—  5  — 

trente-huit  autres,  deux  années  d'expériences  dans  les  cultures  de 
Chiswick.  Ce  sont  :  Général  Gordon,  ronde  blanche  demi-hâiive  ; 
Failli,  ronde  blanche  hâtive  ;  The  Colonel,  kidiiey  blanche,  donnée 
comme  très  productive  et  New  Fluke,  kiduej  blanche. 

Vue  serre  de  roses  La  Reine  en  fleurs  le  \"  janvier.  —  L'art  de 
forcer  les  plantes  à  fleurir  en  contre-saison  fait  tous  les  jours  de 
nouveaux  progrès;  nous  en  avons  la  preuve,  et  c'est  notre  collègue, 
M.  Pécoud,  horticulteur  à  la  ViJlette,  à  Lyon,  qui  se  charge  de 
nous  la  fournir.  En  effet,  ceux  de  nos  confrères  qui  s'occupent  de 
forcer  les  rosiers  savent  que  si  on  obtient  assez  aisément  des  roses 
hybrides  en  fleurs  dans  le  courant  de  février  et  de  mars,  la  chose 
n'est  plus  aussi  facile  quand  il  s'agit  d'avancer  cette  époque  seule- 
ment d'un  mois.  On  donne  la  température  convenable,  aussi  bien 
en  novembre  et  décembre  qu'en  janvier  et  février,  mais  les  rosiers 
eux  donnent  des  rameaux  stériles  et  non  des  fleurs.  Il  paraît  que 
M.  Pécoud,  qui  se  livre  du  reste  avec  beaucoup  de  succès  au  for- 
çage des  lilas  et  des  rosiers,  a  trouvé  le  «  joint  »  pour  que  les 
rosiers  qu'il  force  fleurissent  au  commandement.  Nous  lui  avons 
rendu  visite  le  2  janvier  de  la  présente  année,  et  nous  avons  vu 
chez  lui  une  serre  entière  de  roses  La  Reine  et  Jules  Margottin,  qui  ; 
commençaient  à  fleurir.  Les  fleurs  sont  un  peu  plus  petites  que 
lorsqu'elles  fleurissent  en  mars,  mais  elles  sont  néanmoins  bien 
constituées.  Chaque  pied  de  rosier  avait  de  quatre  à  cinq  fleurs. 
On  obtient  aisément,  en  les  retardant,  des  Beagales,  des  Thés  et . 
des  Ile-Bourbon,  mais  des  hybrides,  c'est  autre  chose. 

Cerise  préeoce  du  Luc.  —  «  Le  directeur  du  jardin  de  la  Société 
llwriiciiltnre  du  f  ar  a  exposé  sur  le  bureau  de  cette  Socié4  ,  le 
15  avril  dernier,  des  Guignes  précoces  du  Luc,  en  pleine  maturité. 
Quoique  la  fructification  ait  été  peut-être  excessive,  leur  volume 
était  supérieur  à  celui  des  fruits  produits  par  des  arbres  plantés  il  y 
a  quinze  ou  vingt  ans.  Ce  fait  tendrait  à  prouver  la  transformation 
d'un  fruit  qui  n'a  pour  attrait  que  sa  grande  précocité  ;  car  sa 
chair  est  médiocre  et  peu  abondante,  comparée  au  volume  du 
noyau  ;  mais  comme  il  devance  de  quinze  jours  les  cerises  les  plus 
précoces  du  Var,  les  expéditeurs  le  recherchent  et  le  payent  sou- 
vent fort  cher.  Malheureusement,  la  maturité  n'en  est  pas  uniforme, 
ce  qui  oblige  à  des  cueillettes  successives  sur  le  même  bouquet. 

La  souche  primitive  de  cette  variété  est  la  Guigne  sauvage  des 
Maures,  qui  est  uniforme  dans  plusieurs  contrées  de  l'Europe  tem- 
pérée.  » 

Il  paraît  qu'il  n'existe  aucune  différence  entre  k  Cerise  précoce 
du  Luc  et  la  Cerise  hâtive  de  Bâle. 


—  6  — 

Arbres  trop  enterrés.  —  Il  arrive  assez  fréquemment  que  par 
suite  du  tassement  du  sol,  des  labours  et  des  apports  de  terre,  que 
des  arbres  qui  avaient  d'abord  été  plantés  convenablement,  se  trou- 
vent au  bout  de  quelques  années  beaucoup  trop  enterrés.  Dans  les 
terrains  secs,  le  mal  n'est  pas  très  grand  ;  mais  dans  les  bas-fonds 
humides,  il  n'en  est  pas  ainsi,  car  les  arbres  trop  enterrés  languis- 
sent, jaunissent  et  finissent  souvent  par  périr.  Il  y  a  donc  lieu 
d'apporter  promptement  un  remède  aux  arbres  qui  se  trouvent 
dans  ces  conditions.  Si  l'arbre  est  jeune,  il  ne  faut  pas  hésiter  à 
l'arracher  et  à  le  replanter  convenablement.  Dans  le  cas  contraire, 
ou  si  on  ne  veut  pas  se  résoudre  à  cette  extrémité,  il  faut  déchaus- 
ser le  sujet  jusqu'au  collet,  et  dans  l'espace  de  la  tige  qui  se  trouve 
enterrée,  pratiquer  quelques  entailles  peu  profondes  de  bas  en  haut, 
et  soulever  par  places  quelques  lambeaux  d'écorce  ;  on  peut  égale- 
ment donner  quelques  coups  de  pointes  de  serpette  dans  le  sens  de 
la  longueur  de  la  tige.  Ces  incisions  ont  pour  but  de  provoquer  la 
formation  de  bourrelets,  et  par  la  suite  de  faire  développer  de  nou- 
velles racines.  Les  bourrelets  qui  se  formant  ont  une  organisation 
analogue  à  celle  des  racines  et  ne  craignent  pas  d'être  recouverts 
de  terre,  comme  les  tissus  ordinaires  du  bois. 

J'ai  sauvé  par  ce  moyen  des  pommiers  qui,  à  la  suite  d'un  rem- 
blai de  20  centimètres,  étaient  voués  aune  mort  certaine. 

Un  préservatif  de  la  rage.  —  Tandis  que  M.  Pasteur  continue  ses 
expériences  de  traitement  de  la  rage  par  des  inoculations  de  virus 
rabique,  à  Nantes,  deux  médecins  distingués,  les  docteurs  Barthé- 
lémy et  Viaud-Grand  Marais,  expérimentent  toujours,  dans  les 
mêmes  cas,  le  Hoang-Nan,  plante  originaire  du  Tonkin. 

Les  missionnaires  et  les  médecins  de  la  marine,  témoins  ou 
acteurs  des  cures  merveilleuses  obtenues  avec  cette  liane,  au  Ton- 
kin, en  ont  propagé  l'usage  dans  nos  colonies,  les  Indes  et  jus- 
qu'aux Antilles.  En  France,  son  introduction  date  de  1875.  Elle 
est  due  à  Mgr  Gauthier,  vicaire  apostolique  du  Tonkin  méridional. 

L'efficacité  de  cette  plante  comme  remède  préventif  de  la  rage 
chez  les  personnes  mordues  par  des  chiens  enragés,  ne  semble  pas 
douteuse,  car  sur  vingt  personnes  mordues  et  traitées  par  le  Hoang- 
Nan,  depuis  1882,  par  les  docteurs  Barthélémy  et  Viaud,  aucune 
n'a  été  atteinte  de  rage. 

Anal\ise  chimique  des  terres.  —  Il  y  a  une  erreur  très  accréditée, 
qui  consiste  à  croire  qu'un  chimiste  peut  analyser  une  terre  de  telle 
manière  que  son  analyse  puisse  servir  à  guider  le  cultivateur  dans 
l'emploi  des  engrais.  Jusqu'à  un  certain  point,  il  peut  donner  sa 
composition  exacte,  indiquer  en  chifïre  les  doses  de  chaque  corps 


—  7  — 

séparément,  mais  c'est  tout.  Il  vous  dira  bien  :  il  y  a  tant  de 
potasse,  de  chaux,  de  magnésie,  d'acide  phosphorique,  etc.,  dans 
votre  sol  ;  mais  il  ne  vous  dira  pas  si  ces  corps  se  présentent  sous 
la  forme  assimilable.  Donnez-lui  du  granit,  du  feldspath,  il  vous 
prouvera  que  le  granit  est  une  source  de  potasse,  que  le  feldspath 
contient  tant  de  silice,  tant  de  soude,  tant  d'acide  phosphori- 
que, etc.,  et  vous  serez  bien  renseigné  après,  si  vos  plantes  ne 
peuvent  pas  tirer  parti  de  ses  éléments. 

Il  y  a  même  des  cas  où  ses  réactifs  n'accuseront  pas  la  présence 
de  certains  corps,  bien  que  ces  corps  existent  dans  le  sol.  Jamais 
les  chimistes  n'ont  trouvé  de  carbonate  de  chaux  dans  les  grès 
cristallins  de  la  Norwége,  et  le  Saxifraga  aïzoon  en  trouve  lui, 
puisque  ces  feuilles  en  sont  gorgées. 

Les  analyses  vraiment  utiles  doivent  être  faites  par  les  plantes 
elles-mêmes,  car  les  résultats  qu'elles  donnent  sont  des  résultats 
pratiques.  Nous  donnerons  dans  le  prochain  numéro  de  ce  journal 
le  moyen  d'analyser  le  sol  de  cette  manière. 

Les  champignons  vénéneux  cl  la  pièce  (V argent.  —  Les  champignons 
bien  accommodés  constituent  un  mets  excellent  quand  ils  appartien- 
nent à  des  espèces  comestibles  et  un  aliment  redoutable  quand  les 
espèces  sont  vénéneuses.  Or,  il  y  a  un  dicton  populaire  qui  affirme 
que  l'argent  noircit  quand  il  est  mis  en  contact  avec  les  mauvais 
champignons.  La  moelle  de  sureau  et  les  ognons  seraient  aussi 
dans  le  même  cas.  Ce  dicton  que  chacun  répète,  que  personne  n'a 
vérifié,  cause  chaque  année  de  nombreux  empoisonnements.  Un  de 
mes  collègues  de  la  Société  botanique  de  Lyon,  M.  Veuillot,  a 
voulu  s'assurer  par  expérience  ce  que  ce  dicton  avait  de  fondé. 
S'occupant  spécialement  de  l'étude  des  champignons  supérieurs,  il 
a  consacré  une  partie  de  ses  récoltes  de  l'année  dernière  à  les  Sou- 
mettre à  l'action  de  la  pièce  d'argent,  de  la  moelle  de  sureau  et  de 
l'ognon.  Quarante  espèces  de  bolets  et  d'agarics  ont  été  essayées. 
Parmi  ces  espèces,  22  étaient  comestibles,  14  vénéneuses  et  4  sus- 
pectes. Apràs  les  avoir  fait  cuire  en  contact  avec  les  substances  sus- 
dites, il  a  constaté  que  l'argent  sortait  beaucoup  plue  brillant  de 
l'opération,  soit  avec  les  espèces  comestibles,  soit  avec  les  espèces 
vénéneuses.  Que  pour  la  moelle  de  sureau  ou  l'ognon,  la  teinte 
qu'ils  prenaient  ne  pouvait  donner  aucune  indication  utile. 

Méfiez-vous ,  amis  lecteurs ,  des  champignons  suspects  et  ne 
comptez  pas  vous  assurer  de  leurs  qualités  digestives  à  l'aide  du 
moyen  que  chacun  connaît,  mais  qui  ne  vaut  rien. 

Protection  des  plantes  peu  répandues.  —  Si  cela  ne  fait  point  de 
bien,  cela  ne  fait  point  de  mal.  Il  paraît  que  les  botanistes  anglais 


8  — 


étaient  jaloux  des  botanistes  suisses,  car  plusieurs  sociëtës  vrennent 
de  se  syndiquer  pour  résister,  par  tous  les  moyens  possibles,  à  la 
destruction  si  fréquente  des  plantes  indigènes  intéressantes  peu 
communes  dans  leur  région  native. 

Douce  illusion,  que  cette  ligue  protectrice. 

11  yen  avait  des  plantes  rares  aux  environs  de  Lyon,  et  ce  n'est 
pas  les  ligues  qui  auraient  pu  les  protéger.  Allez  demander  aux 
tern.ssiers  qui  ont  transformé  les  brotteaux  de  la  ferme  de  la  Tête- 
d'Or  en  parc  municipal,  ce  qu'ils  ont  fait  des  raretés  qui  poussaient 
là  à  foison.  Que  sont  devenues  les  espèces  que  les  Jussieu,  les 
-Gilibert,  les  Balbis  récollaient  au  bois  de  la  Carette?  Et  Roche- 
cardon,  et  Perrache..,  et  bientôt,  peut-être,  hélas!  le  rarissime 
Genisla  liorrida,  qui  est  encore  un  peu  à  Couzon  contre  les  parois 
de  la  grande  carrière,  n'y  sera  plus.  Je  le  regretterai,  ce  Genêt, 
bien  que  j'aie  failU  me  casser  les  reins  en  le  récoltant,  il  y  a  quel- 
ques années. 

Un  exemple  de  destruction  :  La  flore  française  ne  signalait, 
avant  sa  découverte  dans  les  Pyrénées,  le  Genisla  horrida  qu'à 
Couzon  (Rhône).  Chaque  botaniste  y  faisait  un  pèlerinage,  mais 
comme  l'endroit  précis  où  croît  cet  arbuste  n'est  pas  facile  à  trouver 
chaque  botaniste  interrogeait  à  ce  sujet  les  habitants  de  l'endroit. 
Quelques-uns  des  susdits  habitants  s'imaginèrent  ud  jour  que  cette 
plante  avait  une  grande  valeur  commerciale,  ils  en  firent  une  mois- 
son énorme  et  l'apportèrent  au  marché  le  lendemain,  où  elle  ne  se 
vendit  pas.  Cela  n'empêcha  pas  la  localité  d'avoir  été  saccagée. 

La  Corbeille  d'argent  de  Crète.  —  Quelques  personnes  attribuent 
le  nom  de  Corbeille  d'argent  à  l'Arabette  des  Alpes  ;  c'est  une 
erreur  :  c'est  VArabis  alblda  à  laquelle  il  faut  le  rapporter.  C'est, 
du  reste,  une  plante  bien  connue,  avec  laquelle  on  fait  de  jolies 
bordures  qui  fleurissent  au  premier  printemps  et  rendent  d'assez 
grands  services  aux  fleuristes  qui  ont  des  bouquets  à  faire  à  cette 
époque  où  les  fleurs  sont  rares.  Je  n'insisterai  pas  plus  longuement 
sur  VJrabis  albida  des  jardins.  C'est  une  espèce  qu'on ,a  trouvé  en 
Algérie,  au  Caucase,  en  Sicile,  dans  la  Taurie,  etc. 

Comme  tous  les  types  doni  la  dispersion  géographique  occupe 
une  vaste  étendue,  VJrabis.  albida  contient  des  formes,  races,  sous- 
espèces,  , — ■  appelez -les  comme  il  vous  plaira,  —  qui  ont  des 
caractères  souvent  fort  tranchés,  surtout  si  on  les  considère  au 
point  de  vue  horticole.  Ainsi,  pour  ne  parler  que  de  VArabis  albida 
qui  croît  en  Crète,  où  M.  Revercbon,  le  botaniste  collecteur,  l'a 
récolté,  il  y  a  deux  ans,  je  signalerai  sa  grande  précocité.  Voilà  deux 
années  que  je  le  vois  fleurir  de  novembre  à  janvier.  Je  suis  per- 
suadé que  celui  qui  cultiverait  cette,  race  et   abriterait  ces  fleurs 


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contre  le  froid  en  trouverait  aisément  le  placement.  Je  dirai,  tou- 
tefois, que  la  plante  en  question  paraît  moins  prolifique  que  l'espèce 
ordinaire  des  jardins. 

Bégonia  hybride  Noèmic  Mallel. —  La  Revue  Horticole  fait  connaître 
ce  nouveau  Bégonia,  fort  remarquable  par  son  feuillage,  paraît-il, 
mais  dont  on  n'a  encore  pas  vu  la  fleur.  C'est  un  hybride  entre  deux 
formes  caulescentes  :  le  B.  Eldorado  et  le  B.  subpeliaïa. 

Les  feuilles  les  plus  jeunes  sont  d'un  rouge  foncé  chaud  et  cha- 
toyant comme  une  étoffe  de  velours  ;  les  plus  vieilles  marbrées  de 
rose  nuancé  piqueté,  sur  un  fond  d'un  vert  sombre  relevé  de  mar- 
brures analogues  à  celles  que  présentent  certains  Bertolonias...  Ce 
Bégonia  a  été  obtenu  par  M.  Lionnet,  jardinier-régisseur  au  châ- 
teau de  Jouy-en-Josas.  V.  V.-M. 

Culture    des    Gloxinias 

Vers  les  premiers  jours  de  janvier,  choisir  les  plus  beaux 
rhizomes  que  l'on  posera  sur  un  lit  de  mousse,  côte  à  côte,  sans 
qu'ils  se  touchent,  dans  une  serre  bien  éclairée  dont  la  tempé- 
rature sera  maintenue  à  20"  centigrades  environ.  Bassiner  chaque 
jour  mousse  et  rhizomes.  Quand  les  jeunes  pousses  se  montrent, 
il  faut  les  visiter  souvent  pour  s'assurer  que  les  pucerons  ne  les 
attaquent  pas.  Si  ces  insectes  apparaissent,  quelques  bassinages 
au  jus  de  tabac  les  détruisent  facilement. 

On  procède  au  rempotage  environ  trois  semaines  après  la  mise 
en  serre;  on  draine  fortement  les  pots  qu'on  emplit  aux  trois  quarts 
de  terre  sans  la  tasser  ;  on  pose  délicatement  le  rhizome  dans  le 
pot  qu'on  achève  de  remphr  de  terre.  Un  léger  tassement  suffit.  La 
meilleure  terre  à  employer  est  la  terre  de  bois,  le  terreau  de 
feuilles,  mêlé  d'un  peu  de  terre  de  bruyère  et  de  sable.  On  doit 
très  peu  arroser  les  Gloxinias  pendant  le  mois  qui  suit  le  rempo- 
tage, la  température  de  la  serre  doit  être  maintenue  de  20  à  25° 
centigrades  pendant  le  jour  et  ne  pas  trop  s'abaisser  pendant  la 
nuit  au-dessous  de  15".  On  donne  chaque  jour  si  le  temps  le  per- 
met un  peu  d'air  à  la  serre  et  des  bassinages  aux  plantes  jusqu'à 
l'époque  de  la  floraison.  On  doit  veiller  avec  soin  que  les  pucerons 
n'envahissent  pas  les  Gloxinias,  dont  ils  sont  très  friands.  Pour 
cela,  on  bassine  au  jus  de  tabac  de  temps  à  autre  et  on  fait  quel- 
ques fumigations.  Le  Gloxinia  supporte  et  se  trouve  bien  des  arro- 
sements  à  l'engrais  liquide  très  étendu  d'eau. 

La  floraison  passée,  on  modère  les  arrosements  que  l'on  sup- 
prime tout  à  fait  par  la  suite.  On  conserve  les  rhizomes  au  sec. 

D.  L. 


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Plantes    aquatiques. 


Cabomba  aquatiea  Aubl. 


Hydiopeltis  purpurea  Mich, 

Lorsque  lajeune  fille,  à  la  source  voisine, 
A  sous  les  nénuphars  lavé  ses  bras  poudreux, 


Ce  n'est  cependant  pas  des  nénuphars,  amis  lecteurs,  que  je 
veux  vous  entretenir  aujourd'hui  ;  mais  il  m'a  semblé  que  je  ferais 
bien  de  mettre  cette  petite  note  sous  la  protection  de  l'épigraphe 
ci-dessus.  L'idée  de  plantes  aquatiques  appelle  nécessairement 
dans  nos  climats  celle  du  nénuphar,  comme  elle  appelle  celle  de  la 
fève  d'Egypte,  ou  du  Lotos  des  anciens  (Nelumbium),  dans  les 
régions  asiatiques  où  elle  sert  de  nourriture  aux  Indiens  et  aux 
("liinois.  Mais  si  je  ne  dis  rien  du  nénuphar  ni  du  nélumbo,  je  veux 
vous  dire  quelques  mots  de  deux  espèces  très  rares  dans  les  cultures, 
appartenant  à  une  famille  très  voisine  :  la  famille  des  Cabumbécs. 

Cette  famille  des  Cabombées  est  si  voisine  des  Renonculacées, 
qu'à  première  inspection  on  prendrait  volontiers  le  Cabomba  aqiialica 
Aubl.  pour  une  Grenouillette  aquatique,  et  VHydropdlis  purpurea 
Mich.  [Brassenia  pdtala  Pursh)  pour  un  petit  Nymphéa. 

Les  figures  ci-contre  de  ces  deux  plantes,  nous  dispensent  d'en 
dire  plus  long  sur  ce  sujet;  car  qui  connaît  la  grenouillette  et  lo 
nénuphar,  ne  peut  manquer  d'être  frappé  de  cette  ressemblance. 
Les  différences  ne  portent,  du  reste,  que  sur  des  détails  de  bota- 
nique si  peu  importants  que  quelques  savants  ont  cru  devoir  abais- 
ser la  famille   des  Cabombées  au  rang  de  sous-famille   et  de    l'in- 


—  11  — 


troduire  en  compagnie  des  Nélombonées  et  des  Nymphéacées  dans 
celle  des  Nymphéinées. 

Le  Cabomba  aqualica  est  une  plante  vivace  dont  les  feuilles  sub- 
mergées sont  composées  d'une  multitude  de  divisions  très  fines, 
qui  rappellent  assez  celle  de  nos  Myriophylles  ;  ses  feuilles  flo- 
tantes  sont  entières  et  peltées,  ses  fleurs  sont  jaunes.  Cette  espèce, 
qui  habite  la  Guyane,  demande  à  être  abritée  pendant  l'hiver. 


Pontederia  cordata. 


Cypprus  papyrus. 


Ulhjdropellis  purpurca  Michx,  ou  Brassenia  pcllata  Pursh,  n'a  pas 
la  fleur  jaune,  mais  pourpre,  ainsi  que  l'indique  le  nom  spécifique 
que  lui  a  donné  Michaux.  Ses  feuilles  sont  peltées  comme  celles 
des  Nélombo.  Elle  a  été  introduite  de  la  CaroHne  septentrionale  en 
1759.  On  la  cultive,  assez  rarement  du  reste,  dans  les  bassins  des 
serres  tempérées.  S.    T. 

Papyrus  aniiquorum.  —  Avant  l'invention  de  l'imprimerie  on  ne 
connaissait  pas  le  papier;  on  écrivait  sur  vélin  ou  sur  papyrus.  Ce 
papyrus  se  fabriquait  avec  la  plante  figurée  ci-contre,  connu  actuel- 


->   12  — 

lement  sous  le  nom  de  Cyperus  pnpyms.  Elle  est  très  abondante 
dans  les  marais  de  la  Haute-Egyple.  On  coupait  les  libres  paral- 
lèles de  la  tige  en  tranches  horizontales  et  on  les  appliquait  à  angle 
droit  les  unes  sur  les  autres  ;  ces  tranches  étaient  ensuite  soumises 
à  la  pression  et  à  la  percussion,  sous  l'influence  desquelles  elles 
s'aplatissaient  et  formaient  un  feuillet  qu'on  lissait  ensuite. 

Aujourd'hui  le  Papyrus  ne  sert  plus  guère  que  comme  plante 
d'ornement  dans  les  jardins.  Il  peut  former  de  très  beaux  massifs 
en  pleine  terre  dans  Vété. 

Sa  qualification  de  plante  aquatique,  que  cette  note  semble  lai 
donner  n'est  pas  exacte,  c'est  une  simple  plante  de  marais  qui  vient 
très  bien  dans  les  terrains  frais.  On  doit  la  conserver  dans  une 
serre  tempérée,  où  elle  passe  l'hiver  au  besoin  sous  les  ban- 
quettes. On  la  met  en  pleine  terre  en  juin. 

Ponlederia  cordala. —  Il  y  a  un  certain  nombre  de  plantes  dans 
le  règne  végétal  qui  font  le  désespoir  des  classiâcateurs.  Ne  sa- 
chant à  quelle  famille  les  rapporter,  ils  les  promènent  un  peu  par- 
tout ;  mais  comme  elles  ne  sont  bien  nulle  part,  les  plus  sensés 
prennent  le  parti  assez  sage  de  leur  constituer  une  famille  spéciale. 
C'est  ce  qui  est  arrivé  aux  Pontédériacées,  que  Brongnart  avait 
mises  dans  une  même  classe  avec  les  Broméliacées. 

Le  genre  Ponlederia  a  "été  dédié  au  botaniste  italien  Pontedera, 
et  ses  espèces  habitent  l'Amérique,  (^elle  que  nous  figurons,  P.  cor- 
dala, est  une  des  plus  belles  plantes  aquatiques  des  cultures,  et  il 
y  en  a  peu  de  plus  propres  à  orner  les  bassins  et  les  pièces  d'eau. 
Elle  est  très  rustique  sous  le  climat  de  la  France,  ses  belles  feuilles 
oblongues-cordiformes,  et  surtout  ses  superbes  épis  bleus  qu'elle 
donne  en  abondance  de  juin  à  septembre,  justifient  bien  la  faveur 
dont  elle  jouit. 

Se  multiplie  parla  division  des  souches.  J.  Lambert. 


Poires  nouvelles. 


M"""  Elisaheih  Galopin.  —  M.  Théophile  Lacroix,  amateur  distin- 
gué d'horticulture  à  Liège,  s'occupe  avec  goût,  connaissance  et 
désintéressemenl  de  l'obtention  de  nouvelles  variétés  fruilières. 
Bon  nombre  de  ses  semis  peuvent  être  classés  parmi  les  bons  fruits, 
mais  aucun  n'a  encore  atteint  le  degré  de  perfectionnement  de  la 
poire  nouvelle  qu'il  vient  de  dédier  à  M"""  Elisabeth  Galopin,  la 
veuve  du  grand  pomologue  hégeois,  et  qu'il  a  soumis  à  l'apprécia- 
tion de  la  Commission  du  Cercle  d'Arboriculture  de  Liège,  le  17  no- 
vembre dernier.  Ce  nouveau  fruit  provient  d'un  semis  fait  en  1873 


—  13  — 

de  la  poire  Coltnar  du  Mortier.  Les  membres  de  la  Commission  du 
Cercle  n'ont  pas  hésité,  après  dégustation,  de  lui  reconnaître  toutes 
les  qualités  que  doit  posséder  une  bonne  poire  et  l'ont  trouvée  digne 
de  porter  le  nom  de  la  dame  qui  s'occupe  de  pomologie  avec  autant 
d'autorité  que  d'intelligence. 

I/arbre  est  vigoureux,  d'un  beau  port,  pouvant  être  parfaite- 
ment cultivé  en  haut  vent,  ses  fruits  tenant  très  bien  à  l'arbre. 

Le  fruit,  qui  a  la  forme  de  la  variété  mère  est  plutôt  gros  que 
moyen  et  aplati  vers  l'œil  ;  ce  dernier  est  assez  développé  et  est 
placé  dans  une  cavité  évasée  et  peu  profonde.  Le  pédoncule  est 
assez  long,  de  moyenne  grosseur  et  encastré  dans  une  petite  ex- 
croissance. La  peau,  d'un  vert  foncé,  est  pointillée  de  gris-jaune, 
La  chair  est  fine,  fondante,  juteuse  et  très  parfumée.  Il  serait  dif- 
ficile de  fixer  maintenant  l'époque  de  maturité  de  cette  bonne  et 
belle  poire.  Quand  nous  l'avons  dégustée,  le  17  novembre,  elle 
était  parfaitement  milre,  mais  cette  année  les  fruits  tardifs  mûris- 
sent généralement  avant  leur  époque  habituelle.  Ensuite,  pour  peu 
que  le  nouveau  gain  se  rapproche  de  la  variété  dont  il  est  issu,  on 
peut  prédire  qu'il  sera  de  longue  garde.  [Bullriin  horlicole.) 

Poire  M°"  Chervel.  —  Cette  nouvelle  poire  a  été  obtenue  par 
M.  Rollet  (Jean),  horticulteur,  route  de  Limas,  à  Villefranche 
(Rhône),  qui  la  met  au  commerce.  Ce  fruit  a  été  dégusté,  en  1884, 
par  une  commission  composée  de  MM.  Juvanon,  Falconnet  jeune, 
Romanet  et  Coindre,  qui  l'a  trouvé  de  toute  première  qualité.  La 
chair  est  fine,  juteuse,  fondante  et  très  parfumée.  Cette  poire  qui 
mûrit  en  octobre  est  très  grosse,  elle  mesure  28  centimètres  de 
circonférence,  la  peau  colorée  au  soleil  est  couverte  de  chaures 
grises.  R. 


Emploi  des  engrais  chimiques  en  horticulture. 


C'est  incroyable  comme  les  vérités  les  mieux  démontrées  sont 
longues  à  pénétrer  dans  l'esprit  des  masses.  Un  homme  intelligent, 
un  savant,  prouve,  qu'en  dépensant  10  francs,  on  peut  gagner 
100  francs  :  il  crie  cela  pardessus  les  toits,  non  seulement  le  crie, 
mais  l'écrit,  l'imprime,  le  publie  dans  les  journaux,  brochures,  etc., 
d'autres  savants  vérifient  l'exactitude  de  ses  assertions,  se  font  les 
apôtres  de  l'idée  et  vont  prêchant  un  peu  partout  la  bonne  nou- 
velle ;  eh!  bien,  que  pensez-vous  qu'il  arrive  de  tout  cela?  Pas 
grand  chose,  mes  amis,  pas  grand  chose.  C'est  à  peine  si  l'idée 
rencontre  quelques  rares  esprits  qui  s'en  emparent  et  en  font  leur 


—  14  — 


profit.  La  masse,  cuirassée  d'indifférence    reste  rebelle  aux  efforts 
des  novateurs. 

Du  reste  ,  ceci  se  comprend  très  bien ,  les  novateurs  parlent, 
hébreu  à  des  peuples  qui  ne  connaissent  pas  cette  langue.  D'autre 
part,  l'esprit  de  routine  est  difficile  à  combattre  et  l'on  sait  qu'il 
n'est  pas  de  pires  sourds  que  ceux  qui  ne  veulent  rien  entendre. 
A  côté  de  cela,  il  y  a  encore  les  charlatans,  les  fraudeurs  qui  vien- 
nent paralyser,  à  leur  tour,  les  esprits  de  bonne  volonté  qui  sans 
enthousiasme  ont  cru  à  la  parole  des  savants.  C'est  une  vraie  tour 
de  Babel.  Le  savant  parle  de  superphosphates,  de  sulfates,  de 
nitrates,  d'azote,  et  Jacques  Bonhomme,  qui  n'y  entend  rien, 
ouvre  de  grands  yeux  et  hoche  la  tête,  surtout  quand  ces  grands 
noms  nouveaux  sont  taxés  à  tant  les  100  kilos.  Si,  par  hasard,  il 
se  laisse  séduire,  Robert  Macaire  est  là  qui  lui  offre  au  rabais  de 
la  brique  pilée  pour  de  l'azote  en  poudre  et  des  carbonates  pour  du 
superphosphate  assimilable.  Après  cela,  allez  lui  demander  son  avis 
sur  l'emploi  des  engrais  chimiques. 

Cependant,  grâce  à  quelques  riches  agronomes  qui  ont  expéri- 
menté un  peu  partout  les  engrais  chimiques,  grâce  à  des  commer- 
çants loyaux  qui  vendent  à  peu  près  pures  les  substances  qui  com- 
posent les  susdits  engrais,  leur  emploi  se  généralise  de  plus  en  plus 
en  agriculture. 

En  horticulture,  le  mouvement  est  plus  lent,  car  les  horticulteurs 
sont  la  plupart  sinon  hostiles,  au  moins  très  indifférents  à  l'usage 
des  engrais  chimiques.  Pour  le  jardinier,  le  fumier  et  la  terre  de 
bruyère  constituent  le  nec  plus  ultra  des  substances  fertilisantes. 

Le  fumier  de  litière  est  certainement  un  excellent  engrais,  mais 
il  est  loin  d'être  aussi  riche  en  matières  fertilisantes  qu'on  le  sup- 
pose généralement.  L'analyse  chimique  démontre,  en  effet,  qu'il 
ne  contient  que  0,40/0  d'azote,  0,2  0/0  d'acide  phosphorique  et 
0,50/0  de  potasse.  Sa  composition  varie  peu.  Il  est  vrai  qu'il  joue 
un  autre  rôle  dans  le  sol,  un  rôle  mécanique  :  il  empêche  le  tasse- 
ment du  terrain  de  se  faire  trop  vite.  D'autre  part,  comme  il  se 
décompose  lentement ,  il  manifeste  ses  effets  pendant  plusieurs 
années.  Mais  c'est  là  ses  seuls  mérites.  Il  est  loin  d'avoir  la  puis- 
sance des  engrais  dont  tous  les  principes  sont  immédiatement  assi- 
milables, et  comme  sa  composition  ne  varie  guère,  de  pouvoir  don- 
ner en  assez  grande  quantité  à  certaines  espèces  les  éléments  dont 
elles  ont  besoin  puur  atteindre  un  maximum  de  développement. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  d'engrais  qu'on  peut  toutefois  ranger  dans 
deux  catégories,  la  première  celle  des  engrais  complets,  c'est-à-dire 
ayant  les  quatre  corps  indispensables  aux  plantes   qu'on  ne  trouve 


—  15  — 

pas  sous  la  forme  assimilable  dans  tous  les  terrains,  et  la  deuxième 
celle  des  engrais  incomplets  ,  c'est-à-dire  renfermant  seulement 
quelques-uns  de  ces  corps. 

Sous  l'influence  d'engrais  incomplets,  la  végétation  des  plantes, 
tout  en  étant  vigoureuse,  est  souvent  anormale  et  cache,  sous  un 
aspect  de  santé,  le  germe  de  plusieurs  maladies  qui  ne  tardent  pas 
à  se  développer  et  à  les  faire  périr.  11  y  a  donc  lieu  de  ne  pas 
employer  les  engrais  chimiques  légèrement,  mais  de  les  approprier 
au  sol  et  aux  espèces. 

Il  serait  utile,  avant  d'employer  les  engrais,  de  connaître  la 
composition  des  plantes  auxquelles  on  veut  les  appliquer  et  ensuite 
pour  ne  pas  les  gaspiller  de  savoir  quels  sont  les  éléments  assimi- 
lables contenus  dans  le  terrain.  Avec  ces  deux  données  et  de  vrais 
engrais  on  obtiendra  des  résultats  vraiment  merveilleux. 

En  attendant  que  chaque  espèce  soit  analysée,  on  a  simplifié  la 
méihode  pour  l'emploi  des  engrais  chimiques  dans  les  jardins  en 
divisant  d'abord  les  légumes  en  quatre  catégories,  savoir  : 

P  Légumes  foliacés,  tels  que  choux,  salades,  épinards,  etc. 
2°  Légumes  racines  :  carottes,  navets,  céleris,  radis,  etc. 
3°  Légumes  bulbeux  :  oignons,  échalottes,  ail,  etc. 
4"  Légumes  secs  ;  haricots,  pois,  fèves,  etc. 

Nous  empruntons  au  Bulletiii  de  la  Socièlé  i£ horticulture  du  Doubs 
les  doses  suivantes  d'engrais  pour  chacune  de  ces  catégories  : 

Emploi 
azote.  acide  phosphorique.        potasse,    gr.  par  métré  c. 

Légumes  foliacés 9..>i  0/0  3.»»  0/0  2.».  0/0  80  à  100 

Légumes  racines 7.»»  0/0  3.»»  0/0  4.»"  0/0  100  à  150 

Légumes  bulbeux 10...»  0/0  1.80  0/0  0.90  0/0  80  à  100 

Légumes  secs 3.50  0/0  6.i»  0/0  8.50  0  0  100  à  150 

Asperges 7.»i  0/0  4.50  0/0  4.»»  0/0 

Fraisiers 3.»i  0/0  8.»)  0/0  15.»»  0/0  150  à  180 

Arbres  fruitiers  et  vignes  .  4.»»  0/0  9.».  0/0  10.  »i  0/0  150  à  200 

Pommes  de  terre 4.»»  0/0  6.»»  0/0  14.»»  0/0  100  à  130 

Si  on  réfléchit  que  1,000  kilog.  He  fumier  contiennent  de  4  kilo,  à 
4  kilo;?.  500  d'azote,  1  kilog.  800  à  2  kil:ig.  d'acide  ph  i^phoriqu^,  et  4  kilog-. 
500  à  5  kilog.  de  potassi^,  on  voit  combien  le  fumier  est  loin  de  répondre  aux 
besoins  des  plaites  indiquées  ci-dessus. 

Plante  d'agrément  en  pleine  terre  ou  en  pot.  —  Pour  établir  la  composition 
de  l'engrais,  on  s'est  basé  sur  les  piùncipes  suivants,  démontrés  par  la  pra- 
tique :  plantes  herbacées,  moins  de  minéraux  ;  Plantes  liyneuses,  plus  de  mi- 
néraux; Plantes  bulbeuses,  très-peu  de  minéraux  et  beaucoup  d'azote. 

En  effet,  si,  dans  une  plante  harbacée  où  l'évaporation  par  les  feuilles  est 
très-considérable,  on  emploie  un  engrais  trop  riche  en  minéraux,  comme  la 
potasse,  la  plante  deviendra  anéjiique  et  ne  végétera  que  difficilement. 

Pour  les  plantes  bulbeuses,  un  excès  de  minéraux  amènera  la  pourriture 
des  bulbes. 


—  16  — 

Voici  les  engrais  utiles  aux  trois  catégories  de  plantes  indiquées  plus 
haut  : 

l'iantes  à  tiges  hfvbdcées.  —  Géranium,  Bégonia,  Primevèr?,  Coleus,  Age- 
ratum,  Canna,  Antliomis,  D^L'ia,  etc.,  azote,  110,0;  acide  phosphorique, 
10  0,0;  potasse,  3  0/0. 

Emploi  :  en  pleine  terre,  80  h  100  grammes  par  mètre  carré  ;  en  pot, 
saupoudrer  2  à  3  grammes  par  pot  et  par  mois. 

Plantes  à  tiges  ligneuses.  —  Ficus,  Fuchsia,  Abutiion,  Rosier,  Azalôe,  Ma- 
gnolia, etc.,  azote,  10  0/0;  acide  phosphorique,  7,50  0/0;  potasse,  10  0/0. 

Emploi  :  en  pleine  terre,  100  à  150  grammes  par  mètre  Cdrré  ;  en  pot,  lau- 
poudrer  2  à  3  grammes  par  mois. 

Plmtt:sà  tiges  bulbeuses.  —  Amaryllis,  Bégonia,  Cyclamen,  Lis,  Gloiinia, 
Tulipe,  etc.,  azote,  15  0/0;  acide  phosphorique,  2,50  0/0  ;  potasse,  1,50  0/0. 

Emploi  :  en  pleine  terre,  60  à  80  grammes  par  mètre  carré  ;  en  pot,  2  à 
3  grammes  par  mois. 

Ces  trois  types  d'engrais  peuvent  être  employés  à  l'état  liquiie.  Faire 
dissoudre  10  à  12  grammes  dans  un  ou  deux  litres  d'eau.  Ce  liquide  servira 
pour  10  pots  moyens  par  quinzaine. 

Il  est  utile  de  faire  connaître  les  différents  sels  chimiques  qui 
contiennent  l'azote,  l'acide  pliosphorique  et  la  potasse  assimila- 
bles, afin  que  chacun  puisse  fabriquer  directement  ses  engrais  : 

1°  Jzole.  —  Le  sulfate  d'ammoniaque  contient  20  0/0  de  son 
poids  d'azote; 

Le  nitrate  de  soude  fournit  15  {>/0  d'azote; 

Le  nitrate  de  potasse  (salpêtre)  contient  13  0/0  d'azote. 

2°  Jcide  phosphorique.  —  Le  superphosphate  de  chaux  du  com- 
merce contient  environ  12  à  15  0/0  d'acide  phosphorique  assimi- 
lable. 

3"  Potasse.  —  L'azotate  de  potasse  du  commerce  contient  44  0/0 
de  potasse  pure  et  13  0/0  d'azote; 

Le  chlorure  de  potassium  contient  50  0/0  de  potasse  pure. 

Ajoutons  que  le  superphosphate  de  chaux  contient  à  peu  près 
60  0/0  de  sulfate  de  chaux  ou  plâtre. 

Etant  donnée  la  composition  des  sels  ci-dessus,  on  pourra  tou- 
jours, lorsqu'on  ne  voudra  pas  acheter  des  engrais  chimiques  tout 
composés,  les  associer  dans  des  proportions  déterminées. 

L.   H. 


Etude  sur  le  chancre  des  pommiers. 

M .  Duhamel  a  publié  dans  le  BuUctIn  de  la  Société  d'horticulture 
de  rOrne,  une  étude  sur  le  chancre  des  pommiers,  que  nous  rejjro- 
duisons  sans  garantie,  bien  entendu.  En  effet,  on  verra  que  d'après 
M.  Duhamel,  le  chancre  serait  dii  à  un  état  pathologique  originel 
que  les  jeunes  sujets  issus  de  certaines  graines  recèlent  dans  leurs 
tissus  dès  leur  plus  jeune  âge. 


—  17  — 

Il  n'est  pas  impossible  cependant  que  M.  Duhamel  soit  dans  le 
vrai  dans  certains  cas,  car  le  chancre  du  pommier  est  encore  mal 
connu.  On  sait  bien  que  sa  forme  la  plus  commune  est  due  à  un 
champignon  de  l'ordre  des  sphœriacées,  que  Tulasne  a  nommé 
Nrclria  ditissima  ;  mais  il  se  présente  également  sous  d'autres  as- 
pects. On  a  découvert  une  autre  forme  de  chancre,  dans  laquelle 
les  parties  attaquées  prennent  là  disposition  d'un  rayon  de  miel,  et 
représentent  quelque  ressemblance  avec  les  cicatrices  causées  par  le 
Resldia  lacerata.  Dans  tous  les  cas  où  le  chancre  se  produit  sur  les 
pommiers  on  conseille  d'enlever  jusqu'au  vif  les  parties  malades  et 
d'enduire  avec  du  goudron  chaud,  du  mastic  à  grefïer  ou  de  l'on- 
guent de  St-P'iacre. 

Si  la  sélection  des  plants  de  pommier  que  propose  M.  Duhamel 
pouvait  réellement  donner  des  arbres  rebelles  à  cette  maladie,  il 
aurait  certainement  rendu  un  grand  service  à  la  Pomologie. 

N.   D.   L.   R. 

«  Le  Chancre  du  Pommier  que  tous  les  pépiniéristes  connaissent, 
est  cause  souvent  de  la  ruine  complète  de  cet  arbre,  et  de  grandes 
déceptions  ou  de  grandes  pertes  pour  ceux  qui  le  cultivent.  Il  n'a 
jamais  été  étudié  par  personne. 

«  Les  uns  croient  que  c'est  une  maladie  engendrée  par  le  ter- 
rain, d'autres,  que  certains  engrais  en  sont  la  cause,  d'autres  en- 
core prétendent  que  ce  mal  est  contagieux  :  c'est-à-dire  que  dans 
une  pépinière,  s'il  se  trouve  quelques  arbres  chancres,  leurs  voisins 
peuvent  gagner  le  mal. 

0  Après  de  longues  et  minutieuses  recherches,  j'ai  reconnu  que 
toutes  ces  théories  étaient  autant  d'erreurs  et,  j'ai  trouvé  V origine 
On  mal  sinon  la  cause  ;  ce  qui  est  bien  ;  mais  ce  qui  est  mieux  et 
plus  utile,  j'ai  trouvé  le  moijende  le  prévenir  ;  mais  je  n'ai  pas  trouvé 
le  moyen  de  le  guérir  par  une  l'aison  majeure  c'est  que  ce  mal  est 
'  incurable. 

«  Origine  du  Chancre.  —  Le  Chancre  est  une  maladie  héréditaire  ; 
les  semis  récoltés  sur  des  pommiers  chancres,  ou  d'espèces  sûres  ou 
aigres  produisent  des  pépins  ou  plants  qui,  dès  leur  naissance,  por- 
tent en  eux  le  germe  très  facile  à  reconnaître  du  mal  conslilulif  des 
arbres  qui  les  ont  produits. 

«  C'est  au  collet  que  ce  germe  existe  et  qu'il  peut  être  reconnu  faci* 
lement  parle  moyen  que  j'indique  ci-après. 

«  Motjen  de  connaître  les  pépins  et  les  arbres  attaqués  du  Chancre.  — 
Lorsqu'on  retaille  le  Pépin  d'un  an  pour  le  mettre  en  pépinière,  il 
est  indispensable  de  le  couper  brin  à  brin,  avec  une  serpette  bien 
aiguisée  à  deux  ou  trois  centimètres  environ    du   collet  ;    alors    on 


—  18  — 

examine  très  attentivement  la  laille  et  si  l'on  aperçoit  la  moindre 
tache  noire,  jaune  ou  brune,  soit  au  cœur,  soit  au  bois,  soit  au  liber, 
c'est  le  signe  certain  que  plus  tard  cet  arbre  sera  chancre. 

«  Plus  la  ou  les  taches  sont  apparentes  onnombreuses,  plus  vite  la 
maladie  se  déclare  extérieurement. 

«  Il  faut  se  garder  de  planter  ces  sujets  tachés,  et  si,  quelques- 
uns  ont  échappé  à  l'observation,  au  bout  de  f/eux  ans  lorsqu'on 
rabat  la  pépinière,  on  examine  encore  la  coupe  avec  attention,  et  si 
l'on  remarque  les  symptômes  ci-dessus  indiqués,  c'est-à-dire  des 
taches  sur  quelques  sujets,  on  doit  les  arracher  pour    les    remplacer. 

«  Par  les  mêmes  symptômes,  les  taches,  on  reconnaît  aussi  si  les 
arbres  qu'on  arrache  aujourd'hui  dans  les  péninières,  créées  autrefois 
sans  aucun  souci  d'éviter  le  chancre,  portent  en  eux  le  germe  du 
mal.  On  trouve  les  taches  en  coupant  une  de  leurs  principales  raci- 
nes et  rino  de  leurs  principales  branches. 

«  La  présence  des  taches  est  un  signe  certain  de  leur  maladie 
originelle.  Il  faut  rejeter  ces  arbres  qui  n'ont  aucune  valeur,  mais 
un  grave  défaut,  celui  de  faire  dépenser  une  dizaine  de  francs  inuti- 
lement et  perdre  deux  ou  trois  ans  au  malheureux  ignorant  qui  les 
achète. 

«  Le  Chancre  est  malheureusement  une  maladie  incurable.  Si 
à  force  d'enlailles  et  de  soint  on  en  cautérise  un,  d'autres  repa- 
raissent et  finissent  toujours  par  faire  mourir  le  sujet  qui  en  est 
attaqué. 

«  Le  choix  éclairé  du  semis  est  le  seul  moyen  d'éviter  la  propagation 
du  Chancre.  —  Lorsqu'on  veut  semer  du  Pépin,  il  importe  de  ré- 
colter les  pommes  d'où  on  extrait,  sur  des  pommiers  sains,  jeunes, 
d'espèces  douces  ou  amères  et  d'un  bois  vigoureux. 

«  Les  pommes  sûres  ou  aigres  portent  toutes  en  elles  le  germe  du 
Chancre.  Leur  pépin  est  malade. 

('Autrefois,  ceux  qui  semaient  du  pépin  le  récoltaient  eux-mêmes, 
mais,  comme  ce  travail  est  long  et  cmiuyeux  beaucoup  préfèrent 
maintenant  acheter  le  semis  tout  récolté,  il  coûte  relativement  bon 
marché  ;  on  no  s'occupe  pas  d'où  il  vient  :  pourvu  qu'il  lève  bien, 
c'est  assez.  Eh  bien  ?  Ce  pépin  qui  généralement  vient  de  Bretagne 
est  produit  par  des  solages  de  pommes  sûres  ou  aigres  telles  que  les 
pommes  de  Bénoche  de  Gros  et  de  Petit  Cazo.  * 

«  Cette  année,  j'ai  acheté  à  Lizieux  2,300  de  pépins  inférieurs 
d'une  part,  et  2,000  de  supérieurs  de  l'autre  ;  dans  le  lot  de  2,000, 
il  n'y  en  avait  pas  plus  de  12  à  15  pour  100  exempts  de  taches  et 
encore!     Je   n'en  ai    planté    que  pour  continuer  mes  expériences. 


—   19  — 

Dans  le  lot  de  2,300,  je  n'en  ai  pas  écarté  à  la  sélection  plus  de 
8  à  10  jwur  cent. 

«  Pour  celui  qui  ne  connaît  pas  mon  système,  le  mauvais  valait 
au  moins  le  double  du  prix  du  bon.  Cet  exemple  donne  une  idée  du 
marché  au  pépin  qui  est  une  vcrilablv  loterie  et  cesserait  de  l'être,  si 
mon  procédé  était  vulgarisé. 

«  J'ai  remarqué  que  dans  des  bons  pépins,  c'étaient  ceux  qui 
avaient  l'apparence  la  meilleure  et  la  plus  vigoureuse  qui  étaient  mala- 
des. C'était  probablement  parce  que  quelques  pommes  sûres  ou 
quelques  pommes  récoltées  sur  des  sujets  chancres  s'étaient  trouvées 
mêlées  avec  les  douces. 

«  Messieurs,  mon  procédé  mérite  d'être  vulgarisé,  je  vous  le 
livre,  mes  moyens  ne  me  permettent  pas  d'aller  plus  loin  pour  le 
répandre,  mais  j'ai  la  satisfaction  d'avoir  accompli  une  œuvre  qui 
épargnera  des  sommes  considérables  complètement  perdues,  à  mes 
collègues  qui  cultivent  le  pommier,  lorsqu'ils  connaîtront  mon  sys- 
tème. Duhamel. 

INFORMATIONS 


—  M,  Chiselton  Dyer  a  été  nomme  directeur  des  jardins  de  Kew.  Il  a 
succédé  à  son  beau-père  sir  Williams  Hooker,  l'illustre  collaborateur  de 
Bentham.  • 

—  La  Bévue  horticole  signale  de  nouveaux  hybrides  de  Calcéolaires  her- 
bacés et  de  la  variété  Triomphe  de  Versailles.  M.  Jules  Chrétien,  qui  est,  je 
crois,  l'obtenteur  de  cette  dernière  variété,  avait,  il  y  a  deux  ou  trois  ans, 
obtenu  des  hybrides  à  peu  près  pareils  en  procédant  de  la  même  manière. 
Le  Calcéolaire  Triomphe  de  Versailles,  qui  est  si  beau  dans  le  nord  de  la 
France,  est  beaucoup  plus  délicat  à  Lyon. 

—  M.  Bleu  a  également  obtenu,  en  croisant  deux  Caladium  bulbosum  à 
feuilles  pâles  et  délicates,  une  variété  hybride  d'une  vigueur  et  d'une  taille 
exceptionnelles  pour  le  genre. 


Concours  international  d'appareils  antl-cryptogamiques 
et  insecticides. 

Nous  recevons  la  communication  suivante  : 

Le  ministère  d'agriculture,  industrie  et  commerce  du  royaume  d'Italie, 
dans  le  but  de  favoriser  et  de  faciliter  l'application  des  remèdes  en  solution, 
en  poudte  ou  en  mélanges,  contre  les  cryptogames  et  les  insectes  parasites 
des  plantes  cultivées,  et  surtout  l'usaga  du  lait  de  chaux  coatre  le  peronos- 
pora  de  la  vigne  (mildiou),  a  établi  d'ouvrir  un  coucours  international  qui 
aura  lieu  à  l'Ecole  royale  de  viticulture  et  œnologie  de  Conégliano  (près 
de  Venise). 

1°  Le  concours  comprendra  :  pompes  et  instruments  d'arrosement,  d'irri- 
gation et  de  pulvérisation. 


—  20  — 

Les  prix  destinés  sont  les  suivants  : 

1"  Médaille  d'or  et  300  francs  ; 

2°  MédailUs  d'argent  et  100  francs  chacune  ; 

3°  Médailles  de  bronze. 

2°  Le  ministre  fera  l'acquisition  d'appareils  primés  pour  la  somme  de 
1,000  francs,  afin  de  les  distribuer  aux  dépôts  de  mauhiaes  agricoles  et  aux 
écoles  pratiques  et  spéciales  d'agriculture  du  royaume. 

3"  Les  concurrents  devront  envojor  les  demandes  d'admission,  avec  une 
brève  description  des  objets,  à  la  direction  de  ladite  Ejole  royale  de  viticul- 
ture, avant  le  22  février  1886.  A  ces  demaiide-i  on  devra  encore  noter  les 
prix  de  chaque  objet  que  l'on  envoie  au  concours. 

4»  Les  constructeurs,  nationaux  et  étrangers,  ou  leurs  représentants, 
devront  faire  parvenir  les  machines  mises  au  concours  à  la  ferme  modèle  de 
l'Ecole  royale  de  viticulture  et  œaologie  de  Conégliaao,  pour  le  l'"'  mars 
1886. 

5°  Le  2  mars  et  jours  suivants,  auront  lieu  les  expériences  de  comparai- 
son, auxquelles  les  propriétaires  et  les  viticulteurs  pourront  assister. 

6°  Le  jury  nommé  pour  décerner  les  prix  présentera,  dans  le  terme  de 
vingt  jours  après  la  clôture  du  concours,  une  relation  sur  les  instruments 
exposés,  laquelle  sera  publiée  dans  le  Bolletino  di  notizie  agrarie  du  ministère 
d'agriculture. 


NOUVEAUTES  —  CATALOGUES 


F.  Monnet,  horticulteur  à  Milan  (Italie),  33,  via  degli  Orti.  —  Rosier 
hybride  remontant  (nouveau),  mis  au  commerce  par  l'obtenteur  : 

M'""  Rosa  Monnet  (F.  Monnet).  —  ArbLi>te  très  vig.)ureux.  Heur  grande, 
pleine,  de  forme  parfaite,  superbe  coloris  amarante  vif  et  très  frais,  nuancé 
de  reflets  bleoâtres  quand  les  fleurs  sont  épanouies,  avec  un  parfum  des  plus 
agréables,  s'ouvrant  par  n'importe  quai  temps  et  franahement  remontante. 
Cette  superbe  variété  a  en  outre  la  qualité  ai  se  prêter  très  biea  et  avec 
succès  aux  cultures  forcées. 

Bruant,  horticulteur  à  Poitiers  (Vienne).  —  Catalogue  annonçint  princi- 
palement des  plantes  nouvelles  :  Bilbjigia  Breauteana,  Passiflora  violacea, 
Bégonia  Bruanti,  var.  rosea  nana,  B.Amelia?,  Pelargoaium,  Liutanas,  Pétu- 
nias, Verveines,  etc. 

J.  Jacqtiier,  horticulteur,  marjhand-grainier,  8,  quai  des  Cilestins,  Lyon. 
—  Catalogue  spécial  aux  graines  potagères,  fourragères.  Je  fleurs  et  ognons 
de  fleurs.  Plantes  vivaces.  Gdnres  divers  représentés  par  l'élite  des  meilleurs 
variétés. 

RivoiRE  pore  e'  fils,  marcliands-grainiers,  16.  rue  d'Algérie,  à  Lyon.  — 
Catdlogue  général,  illustré  de  graiues,  ognons  à  fleurs  ei  végétaux  divers. 
Nouveautés  en  fleurs  et  légumes.  Colleoiions  d'espéc  .'S  potagères,  florales, 
plantes  vivacjs.  Librairie  horticole.  Objets  et  accessoires  h  )rticoles,  etc. 
Nota:  ce  catalogue  meiitionne  en  regard  de  chaque  espèce  des  indications 
très  utiles  pour  la  culture,  telles  que:  époque  du  semis,  repiquage,  etc. 


Lh     Gèhant    :     V.    VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Imp.  du  Sulut  I^ublic.  —  Bellon.  r.  de  la  République,  33 


1886  FÉVRIER  N°    2 


CHRONIQUE 


De  C obienlion  des  variétés  tardives.  —  Avouons  sans  fausse  honte 
que  c'est  presque  toujours  au  hasard  que  sont  dues,  dans  les  jardins, 
les  obtentions  des  variétés  horticoles.  En  dehors  de  l'hybridation 
l'horticulteur  n'a  qu'une  action  très  limitée  sur  la  variabilité  des 
plantes.  Et  encore  dans  l'hybridation  le  hasard  préside  en  maître 
et  gouverne  à  sa  guise  les  résultais. 

Qu'est-ce  donc  que  le  lia.<ard,  cet  être  capricieux  qui  se  plaît  à 
déjouer  nos  meilleures  combinaisons  et  se  jette  en  travers  de  nos 
opérations  les  plus  rationnelles?. 

Le  hasard  est-il,  comme  le  disait  Fontenelle  «le  premier  auteur 
de  toutes  les  découvertes  »  ,  ou  bien,  suivant  l'avis  de  de  Pradt 
«  la  divinité  des  aveugles  servi  par  l'irréflexion  » ,  ou  encore 
«  l'associé  toujours  désavoué  et  toujours  puissant  dans  les  affaires 
humaines  »  ?  Eh  !  non,  amis  lecteurs,  le  hasard  n'est  rien  de  tout 
cela  ;  le  hasard  est  un  mot,  un  simple  mot  qui  signifie  à  peu  près 
littéralement  difficile  dans  la  langue  arabe,  mais  qui  en  français  ex- 
prime tout  bonnement  notre  ignorance  des  vraies  causes  des  phé- 
nomènes. 

En  horticulture  nous  ignorons  les  vraies  causes  de  la  variabilité  : 
nous  ne  connaissons  pas  la  loi  qui  les  régit.  La  physiologie  a  beau 
faire  des  progrès  nous  sommes  à  peu  près  aussi  avancés  que  si  elle 
n'en  faisait  pas.  Nous  obtenons  des  variétés,  mais  nous  ne  pouvons 
pas  leur  assigner  d'avance  des  qualités  déterminées.  Cela  est  très 
désagréable. 

Cependant  mon  avis  est  que  nous  n'observons  pas  assez  com- 
ment les  espèces  se  comportent  dans  l'état  sauvage  et,  pour  ne 
parler  que  d'une  des  qualités  que  l'on  recherche  assez  souvent  chez 
les  variétés  cultivées,  la  tardiveié,  sait-on  bien  quel  est  le  facteur  le 
plus  important  qui  aide  à  la  produire  ?  Je  suis  persuadé  que  la 
plupart  des  horticulteurs  et  ajoutons  des  botanistes  ne  la  connais- 
sent pas,  ou,  s'ils  la  connaissent,  ils  ont  évité  d'en  faire  mention.  Ce 


—   22  — 

facteur  important  dans  la  production  des  variétés  à  floraison  et  à 
pousses  tardives  est  Vhabilat  prolongé  du  porlc-graine  dans  un  pays 
froid,  comme  l'habitat  prolongé  dans  un  pays  chaud,  constitue  l'ac- 
tion la  plus  certaine  sur  les  porte-graines  destinés  aux  variétés  pré- 
coces. Voilà  le  secret. 

L'habitude,  a-t-on  dit  avec  raison,  est  une  seconde  nature. Or, — 
je  prends  des  exemples  —  dans  les  montagnes  oà  la  température 
moyenne  est  inférieure  à  celle  des  plaines,  les  espèces  et  variétés 
y  fleurissent  toujours  plus  tard.  Si  on  transporte  dans  la  plaine  un 
individu  d'une  espèce  originaire  de  la  montagne,  cet  individu  est 
toujours  plus  tardif  que  celui  qui  est  né  dans  la  plaine.  Ce  qui  s'ob- 
serve pour  les  plantes  qui  croissent  à  des  altitudes  ditFéientes,  se 
remarque  également  pour  les  espèces  qui  habitent  des  latitudes 
diverses.  UOrchis  rubra  d'Alger,  est  toujours  fleuri  deux  mois 
avant  VOrcIns  rubra  de  Neyron  (Ain)  quand  on  les  cultive  tous 
deux   parallèlement. 

Ceci-dit,  je  suis  persuadé  que,  pour  obtenir  des  variétés  à  florai- 
son tardive,  la  chose  la  plus  importante  à  faire  est  de  choisir  les 
graines  sur  des  individus,  de  race  déjà  tardive,  cultivés  dans  les 
pays  froids. 

Dessiccation  drs  fleurs  de  Cactées.  —  Tous  ceux  qui  s'occupent 
de  dessécher  les  plantes  savent  quelles  difficultés  on  éprouve  à 
conserver  la  couleur  des  fleurs.  Cette  difficulté,  qu'on  arrive  assez 
facilement  à  surmonter  chez  certaines  espèces,  demande  au  con- 
traire un  talent  particulier  pour  être  vaincue  dans  certains  cas.  Les 
plantes  grasses,  les  Cactées,  Euphorbiacées,  etc.,  sont  particuliè- 
rement rebelles  à  la  dessiccation.  Cependant  il  faut  croire  qu'il  y  a 
quelque  procédé  particulier  qui  facilite  bien  cette  dessiccation,  car 
j'ai  reçu,  il  y  a  quelques  jours,  de  M.  P.  Console,  libraire,  via 
Macqueda,  242,  à  Palerme  ('Sicile),  un  assez  bon  nombre  de  fleurs 
de  Cactées  admirablement  conservées.  Parmi  les  espèces  que  j'ai 
reçues,  je  citerai  d'une  manière  spéciale  les  suivantes  : 


Echinopsis  Pentlandi. 
Ecliinocereus  tuberosus. 

—  cinerascens. 

—  Blariki 

—  Erhenbergi. 

—  glycimor[jhus. 
PhjllocacLus  phyllanthoïdes. 
Cereus  speeiosissimus. 

—  Chalybeus. 

—  nyclicalus. 

—  Murtini. 

—  longispinus. 

—  geotnetrisans. 

—  Labouretianus. 


Cleistocactus  colubrinus. 

—  Baumanii. 
Pilooereus  tilophorus. 

—  Gonsolei. 

—  polypticus. 

—  vircn?. 
Mamillaiia  sphacelata. 

—  longimamma. 
Ecliinocactu.s  raamillosns. 

—  Màelheni. 

—  longihamatus. 

—  obvallatus. 
Opontia  dirers. 


—  23  — 

C'est  une  bonne  idée  qu'a  eue  M.  Console  de  conserver  les 
belles  fleurs  que  donnent  les  plantes  de  cette  bizarre  famille.  Les 
amateurs  de  Cactées, les  cactograpbes,  les  collectionneurs  de  plantes 
sècbes  seront  bien  aises  de  pouvoir  se  procurer  des  types  végétaux 
qui  sont  mal  connus  et  très  rares  dans  les  collections. 

Àbricol  précoce  de  BoiUbon.  —  Si  on  tenait  à  connaître  une  des 
manières  —  car  il  y  en  a  plusieurs  —  de  créer  les  synonymes,  il 
n'y  aurait  qu'à  bien  retenir  le  nom  de  cette  variété  d'abricot.  En 
effet,  il  a  été  très  bien  décrit  dans  un  excellent  journal  d'horticul- 
ture, sous  le  nom  d'Abricot  précoce  de  Boullon.  Voilà  ce  que  c'est 
que  de  mal  former  la  lettre  h.  Malheureusement,  il  n'y  a  en  France 
aucun  village  du  nom  de  Boullon  ;  il  y  a  Boulbon  dans  les  Bouches- 
du-Rhône,  au  pied  des  Alpines,  près  de  Tarascon. 

Avec  le  temps  on  pourra,  en  supprimant  précoce,  avoir  Abricot 
Boullon,  puis  Abricot  boule,  c'est-à-dire  Abricot  rond.  Il  est  fâcheux 
que  ce  fruit  s'éloigne  un  peu  de  la  forme  sphérique,  sans  cela  il  y 
gros  à  parier  que  les  étymologistes  de  l'avenir  trouveraient  cette 
explication  fort  raisonnable. 

L'abricot  précoce  de  Boulbon,  que  AL  F.  Morel  a  présenté  jadis 
sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise,  est  un  fort  bel 
Abricot,  remarquable  par  sa  précocité.  L'arbre  est  fertile  et 
robuste.  C'est  une  variété  à  planter  dans  tous  les  jardins. 

Barbarée.  —  J'ai  dîné  un  jour  dans  un  restaurant  où  on  m'a 
servi  de  la  Barbarée.  Qu'est-ce  cela  ?  dis-je  au  garçon  en  lui  mettant 
mon  assiette  sous  le  nez.  —  Messieu,  c'est  du  cresson,  me  répon- 
dit-il. —  Eh  !  que  non,  garçon,  c'est  l'herbe  de  Sainte-Barbe,  la 
Roquette  des  marais,    la  Barbarée  officinale,  Eruca  lulea  laiifolia, 

sive  Barbarea,   ou  Fnjsimum  Barbarea   ou  Barbarca  piœcox,  ou 

le  malheureux  s'enfuit  épouvanté. 

Eh  bien  !  je  le  déclare,  la  Barbarée  est  excellente  en  salade,  et 
ça  Tient,  ça  pousse  dans  les  jardins  comme  l'herbe  dans  les  allées 
mal  tenues. 

Au  fait,  pourquoi  ne  cultiverait-on  pas  cette  plante  dans  le  pota- 
ger comme  on  y  cultive  actuellement  le  Pissenlit?  Sa  culture  est 
facile,  elle  vient  à  l'ombre  aussi  bien  et  même  mieux  qu'au  soleil. 
Elle  a  une  saveur  et  des  propriétés  analogues  à  celles  du  cresson 
de  fontaine;  c'est  une  plante  bisannuelle. 

La  pierre  à  champignons.  —  Le  Bulletin  de  la  Sociélc  royale  Lin- 
nêenne  a  signalé  le  fait  suivant  : 

«  On  vend  en  Italie  des  blocs  de  pierre  appelés  pietra  fungaja 
(pierre  à  champignons)  ;   ces  blocs  ont  souvent  plus  d'un  pied   de 


—  24  — 

diamètre.  En  les  examinant  avec  soin,  on  voit  qu'ils  sont  formés 
de  pierre  durcie  mélangée  de  ramifications  noires,  qu'on  a  recon- 
nues être  le  mycélium  d'une  espèce  de  bolet  (Boletus  tuberaster), 
fort  recherchée  à  Naples  et  dans  d'autres  endroits. 

«  Ces  pierres  mises  dans  une  cave  et  arrosées  donnent,  quand 
on  le  désire,  du  jour  au  lendemain,  une  récolte  de  champignons. 
Ces  blocs  se  vendent  fort  cher;  ils  sont  exportés  jusque  dans  le 
nord,  mais  là  ils  dégénèrent  souvent,  et  même  dans  la  plus  grande 
partie  de  la  France,  une  serre  est  indispensable  pour  ce  genre  de 
culture.   » 

Ce  serait  assez  agréable  d'avoir  dos  cailloux  comme  ça;  personne 
n'en  aj'ant  jamais  jeté  dans  mon  jardin,  ni  dans  ma  cave,  je  n'ose 
guère  en  garantir  l'inépuisable  fécondité. 

Tiop  de  soins.  —  M.  Brécj  a  présenté  un  Eucomis  puncUda  sur 
le  bureau  de  la  Société  nationale  d'horticulture  dont  il  a  fait  l'his- 
toire. Histoire  d"un  bulbe  martyiisé  par  son  propriéiairo.  Ce  bulbe, 
reçu  très  gros,  était  arrivé  à  force  de  soins  à  n'avoir  plus  que  la 
peau  et  les  os,  c'est-à  dire  réduit  à  quelques  écailles.  Quelques 
années  do  plus,  et  il  était  perdu.  Voyant  que  tous  les  soins  que 
recevait  cet  lùicomis  n'avaient  pour  résultat  que  de  le  faire  périr 
de  consomption,  M.  Brécy  le  planta  dans  le  plus  mauvais  coin  de 
son  jardin,  dans  une  terre  calcaréo-marneuse,  où  il  l'abandonna  à 
la  grâce  de  Dieu,  et  voilà  notre  plante  ressuscitée. 

Ah  !  combien  il  y  en  a  dans  les  serres  de  ces  pauvres  souffre- 
douleurs,  de  ces  êtres  otiques,  de  ces  plantes  qui  réclament  le 
grand  air,  la  lumière,  pour  vivre  vigoureusement. 

Et  il  n'y  a  pas  que  les  plantes  qui  souffrent  des  soins  maladroits, 
que  d'enfants  riches  calfeutrés  dans  la  laine  et  les  chauds  apparte- 
ments périssent,  emportés  par  des  maladies  auxquelles  les  pauvres 
va-nu-pieds  plus  robustes  résistent  aisément. 

Pcclies  prccocrs.  —  Il  résulte  d'observations  faites  par  M.  Paul 
Giraud,  aux  environs  de  Marseille  que,  parmi  les  pêches  précoces, 
c'est  toujours  la  variété  .Jinsdcn  qui  mûrit  la  première  ;  la  Rouçic  de 
mai  de  Bi  ifjlii  la  suit  do  très  près.  UAlcxamlcr,  qui  est  bien  une  des 
meilleures  du  groupe,  arrive  à  quelques  jours  d'intervalle,  ainsi  que 
Miisscr,  Cumbcrland,  U'alciioo,  Donning.  D'ildcr,  Earlij  liivcrs,  Pelile 
Madeleine. 

Il  y  a  un  mois  d'intervalle  entre  Amsdcn  et  Précoce  de  Haie, 
Mignonne  à  bec,  Large  Earlij  Mignonne,  Double  de  Troyes,  Marguerile, 
Earlg  York  et  Pourprée  hàlivc. 

On  peut  citer  encore  parmi  celles  qui  suivent  ces  derniers  comme 
époque  de  maturité  :  Anne  précoce  de  Fay ,  Grosse  mignonne  luUive, 
Chevreuschàlive,  Early  Victoria,  Madeleine  jaune,  etc. 


—  25  — 

M.  P.  Giraud  a  également  constaté  que  toutes  les  pêches  de  la 
Floride,  qui  mûrissent  en  juin,  ont  la  chair  plus  ou  moins  adhé- 
rente au  noj-au  et  cela  quelles  que  soient  les  conditions  de  culture. 

V.  V.-M. 

Restauration  ou  changement  progressif  d'espèces 
de  fruits  par  la  greffe  perfectionnée  Réfrogaet. 

Restaurer  un  arbre,  changer  l'espèce  fruitière,  ces  opérations 
n'ont  absolument  rien  de  nouveau  ;  mais  chacun  a  sa  manière,  et 
chacun  opère  à  sa  fa<;on. 

Il  j  a  vingt  et  quelques  années,  j'étais  chargé  de  la  conduite 
d'un  espalier  de  poiriers  d'une  douzaine  d'années  de  plantation  : 
c'étaient  des  formes  en  palmettes  assez  bien  réussies,  seulement 
beaucoup  d'entre  elles  laissai-int  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  qua- 
lité du  fruit,  et  c'est  alors  que  pour  changer  les  espèces  j'eus  re- 
cours à  la  greffe.  Plusieurs  systèmes  de  gretfage  ont  été  mis  en 
pradque,  mais  celui  qui  m'a  donné  le  meilleur  résultat  est  un  sys- 
tème que  j'ai  perfectionné  moi-même,  et  voilà  en  quoi  il  consiste  : 
Tous  mes  greffons  avaient  été  coupés  en  février,  et  enterrés  au 
pied  d'un  mura  l'exposition  du  nord,  comme  cela  se  pratique  habi- 
tuellement; sur  la  fin  d'avril,  quand  mes  arbres  ont  été  bien  en  sève, 
je  me  suis  mis  à  l'œuvre. 

Je  commençai  d'abord  par  supprimer  le  premier  étage  de  ma 
palmette,  et  faire  une  coupe  horizontale  à  mon  arbre,  à  0'",30  cen- 
timètres du  sol  ;  elle  pouvait  atteindre  comme  profondeur  le  tiers 
environ  de  l'épaisseur  de  l'arbre,  et  ensuite  une  autre  coupe  à  dix 
ou  douze  centimètres  plus  haut,  mais  dirigée  de  haut  en  bas,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  rencontre  celle  faite  horizontalement,  de  manière 
que  l'opération  faite,  la  coupe  représente  une  petite  entaille  ana- 
logue à  celle  que  font  les  bûcherons  en  abattant  les  taillis. 

Mon  entaille  faite,  je  choisis  un  greffon  bien  constitué  ayant  do 
bons  yeux  bien  saillants  et  surtout  bien  disposés  pour  le  commen- 
cement d'une  palmette.  Mon  greffon  convenablement  choisi,  je  le 
taille  de  manière  que  l'œil  du  haut  se  trouve  en  avant  et  que  ceux 
de  la  base  soient  placés  de  chaque  côté,  je  pratique  à  sa  base,  du 
côté  opposé  à  l'œil  terminal,  une  entaille  en  bec  do  tiùte  très  allongé, 
en  finissant  à  zéro  au-dessus  de  l'entaille  ;  j'entame  jusqu'au  bois 
en  y  faisant  un  petit  talon,  et  je  termine  ma  préparation  en  eidevant 
de  chaque  côté  de  mon  entaille  un  petit  fil  d'écorce,  de  manière  que 
le  liber  soit  à  découvert  de  chaque  côté.  Ceci  fait,  je  présente  le 
greffon  devant  l'entaille  que  j'ai  faite  au  sujet  à  greffer,  je  le  mets 
juste  au  millieu  de  l'entaille  à  la  place  qu'il  doit  occuper,  de  ma 
nière  que  le  talon  du  greffon  porte  juste  sur  l'entaille  :   je  le    tiens 


—  26  — 

solidement  d'une  main,  et  avec  l'autre  main,  à  l'aide  du  greffoir  ou 
d'une  serpette,  je  fais  une  coupe  longitudinale  de  chaque  côté  du 
greffon,  de  la  profondeur  de  l'écorce.  Je  soulève  cette  lanière,  et 
j'y  introduis  ma  greffe  qui  coïncide  parfaitement,  et  les  libers  se 
trouvent  eu  contact  sur  toute  leur  étendue.  Je  replace  la  petite 
lanière  sur  la  greffe,  je  ligature  et  couvre  toutes  les  plaies  avec  du 
mastic  à  greffer  et  l'opération  est  terminée. 


:^-^ 


Grekfe     Refrogxet, 
[A.  Greffe  vue  de  côté.  —  B.  Grefte  vue  de  face.  —  Greffon, 

Danf5  le  courant  de  l'année,  il  faut  veiller  avec  soin  au  dévelop- 
pement des  trois  bourgeons,  et  surtout  les  accoler  à  chacun  un 
tuteur  :  les  tuteurs  seront  placés  un  peu  en  avant  de  l'arbre,  pour 
que  les  rameaux  qui  se  développeront  sur  le  greffon  y  soient  palis- 
sés plus  librement,  de  sorte  qu'à  la  fin  de  l'année,  l'ensemble  de  la 
greffe  ait  l'aspect  du  commencement  d'une  palmette  d'un  an  de 
formation. 

A  partir  de  là,  on  n'a  plus  qu'à  continuer  la  formation  de  son 
arbre.  Au  fur  et  à  mesure  qu'on  obtient  les  étages  du  jeune,  on 
supprime  ceux  du  vieux,  et  on  ne  peut  faire  l'ablation  totale  de 
l'arbre  à  supprimer  que  quand  le  jeune  est  à  moitié  ou  aux  trois  quarts 
formé,  ce  qui  permet  à  la  récolte  de  ne  pas  être  interrompue, 
attendu  que  quand  l'un  disparaît,  l'autre  est  en  état  de  produire. 


—  27  — 

J'ai  fait  cette  greffe  plusieurs  fois  sur  pêcher,  sur  amandier,  et 
sur  des  sujets  manques  en  écusson,  et  elle  m'a  donné  de  très  bons 
résultats,  de  sorte  que  je  ne  n'hésite  pas  à  la  recommander  pour 
tous  les  arbres  fruitiers.  P.  Réfrognet, 

Arboriculteur    à    Dijon. 

Jardins  réguliers. 

Le  temps  est  passé  où  les  jardins  se  calquaient  presque  tous  sur 
les  plans  dressés  par  Le  Nôtre  pour  les  résidences  royales  ou  sei- 
gneuriales. Le  style  régulier  a  fait  son  temps.  Le  plus  minuscule 
jardinet,  dont  l'horizon  est  limité  par  quatre  murailles,  veut  avoir 
sa  pelouse  vallonnée,  ses  massifs  bombés  et  son  Gynerium  isolé 
sur  un  petit  tertre  de  gazon  :  c'est  la  mode.  Cette  manie  de  vouloir 
imiter  en  tout  et  partout  la  belle  nature,  de  faire  du  paysage  en 
chambre  est  bien  un  peu  bébête,  mais  que  voulez-vous,  c'est  la 
mode,  et  il  paraît  très  économique.  Que  signifient,  je  vous  demande, 
ces  mouvements  de  terre  désordonnés,  ces  lambeaux  de  pelouse 
ravinés  qui  jouent  à  la  colline  ondulée,  dans  un  rectangle  de 
50  mètres  carrés?  Pour  ma  part,  j'avoue  humblement  que  je  n'ai 
jamais  rien  pu  comprendre  à  cette  ordonnance  bizarre  des  petits 
jardins. 

Si  le  style  régulier  était  contestable  quand  il  était  appliqué  à  de 
vastes  étendues  de  terrain,  personne  ne  dit  plus  maintenant  qu'il 
est  déplacé  dans  des  espaces  restreints,  et  l'usage  qu'en  font  jour- 
nellement les  paysagistes,  justifie  suffisamment  le  regain  de  faveur 
qu'il  a  conquis  depuis  un  certain  nombre  d'années. 

L'excès  appelle  l'excès  :  le  style  régulier  trônant  en  maître 
pendant  deux  siècles  s'est  vu  tout  à  coup  honni  et  conspué  et  rem- 
placé par  le  «  paysage  »  .  Après  les  lignes  droites ,  les  lignes 
courbes  et  rien  que  les  lignes  courbes.  La  réaction  a  été  lente  à 
venir,  mais  les  esprits  sensés  n'ont  pas  tardé  à  comprendre  que 
c'était  Dure  folie  que  de  se  priver  de  gaîté  de  cœur  d'une  foule 
d'heureuses  combinaisons,  et  ils  se  sont  dit  :  pourquoi,  quand  l'har- 
monie le  réclame,  ne  mélangerions -nous  pas  les  lignes  droites  et 
les  lignes  courbes. 

On  a  donc  dans  un  assez  grand  nombre  de  cas  mêlé  le  style 
régulier  au  a  style  paysager  »  .  D'ingénieuses  combinaisons  des  deux 
styles  permettent  souvent  d'associer  l'harmonie  architecturale  des 
bâtiments  à  l'harmonie  du  paysage,  et  c'est  dans  ces  cas  surtout 
que  l'esthétique  gagne  à  cette  heureuse  collaboration. 

Les  .cas  où  le  style  régulier  gagne  à  être  employé  simultanément 
avec  le  style  «  paysager  »  étant  assez  fréquents,  nous  donnerons 
quelques-uns  des  plus  jolis  modèles  de  jardins  réguliers,  afin  que, 
le  cas  échéant,  on  puisse  s'inspirer  de  leur  composition. 


-a#l 


4. 


^^ï.^'  u.  t»  "i,  ii»  i  ■^^Xv  tC.  ^  î» 


^%%'^  <ii.^'è. 


Jardin    français  du  xviii'  siècle  d'après  un  dessin  de  Liger. 

LÉGENDE  :     1   Façade    de     la    maison.  —     2   Parterre]  en    deux    pièces.  —  3   Jets  d'eau.  — 
-(Boulingrins.  —  5  Bosquets.  —  6  Salles  de  diverses  façons.  —  7  Cabinets.  —  6  Salons 
—  9  Parterre  de  gazon. 


—  29  — 


L'Analyse  du  sol  par  les  plantes. 

Un  botaniste,  à  la  seule  inspection  de  la  flore  locale,  sait  de 
quelle  nature  est  le  sol  où  croissent  les  espèces  sauvages.  En  effet, 
si  un  grand  nombre  de  plantes  sont  ubiquistes,  c'est-à-dire  vien- 
nent dans  tous  les  terrains,  il  y  a  certaines  sortes  qu'on  ne  trouve 
que  dans  les  terrains  calcaires,  granitiques,  argileux  ou  salés. 
Partout  où  vous  rencontrerez  la  digitale  pourpre,  soyez  certain  que 
vous  êtes  en  plein  terrain  granitique  ;  il  en  est  de  même  pour  le 
châtaignier  et  le  genêt  à  balais.  Ceci  se  comprend  très-bien,  car  les 
plantes  consomment  des  éléments  déterminés  se  naturalisent  de 
préférence  dans  les  endroits  où  ces  éléments  sont  en  abondance. 

Tout  le  monde  n'étant  pas  botaniste,  il  y  a  lieu  de  laisser  de 
côté  l'analyse  par  la  flore  sauvage  et  de  la  remplacer  par  celle  des 
plantes  cultivées. 

Partout  où  le  blé  prospère  et  donne  un  bon  rendement,  si  les 
pois  n'y  réussissent  pas,  soyez  certain  que  le  sol  est  riche  en 
potasse  et  pauvre  en  azote,  et  par  conséquent  il  faut  employer  la 
potasse  comme  engrais. 

L'observation  inverse,  c'est-à-dire  la  terre  où  les  pois  viennent 
bien  et  où  le  blé  réussit  mal,  indique  que  le  sol  est  riche  en  potasse 
et  pauvre  en  azote.  Employez  l'azote  comme  engrais. 

Si  le  blé  et  les  pois  viennent  bien,  mais  que  le  maïs  et  le  chou- 
rave  soient  chétifs,  c'est  un  terrain  où  domine  l'azote  et  la  potasse 
mais  où  l'acide  phosphorique  fait  presque  défaut.  Ajoutez  de  l'acide 
phosphorique  au  terrain. 

Si  les  pois,  le  maïs  et  le  blé  viennent  bien,  le  sol  est  pourvu  de 
tous  les  éléments  nécessaires  à  toutes  les  plantes  cultivées.  Quand 
les  trois  plantes  sus-mentionnées  viennent  mal,  c'est  que  c'est  un 
terrain  pauvre  auquel  il  manque  de  la  potasse,  de  l'azote  et  de 
l'acide  phosphorique. 

On  a  remarqué  que  les  espèces  sus-mentionnées  consommaient 
de  préférence  et  en  plus  grande  quantité  certains  éléments  :  les 
unes  préfèrent  l'azote,  les  autres  la  potasse  ou  l'acide  phosphori- 
que. Les  agronomes  ont  établi  sur  cette  affinité  des  plantes  pour 
des  éléments  déterminés,  ce  qu'on  appelle  la  loi  des  dominantes, 
et  «'est  sur  cette  loi  qu'est  basée  l'analyse  du  sol  par  les  plantes. 
Veut-on  connaître  maintenant  comment  les  éléments  sont  répartis 
dans  l'intérieur  du  sol  et  jusqu'à  quelle  profondeur  sont  enfouis  les 
éléments  de  fertilité,  il  suffit  pour  cela  de  prendre  deux  plantes 
ayant  la  même  dominante,  dont  l'une  à  racine  pivotante.  Ainsi, 
par  exemple,  la  betterave  vient-elle  bien  quand  le  blé  reste  chétif. 


—  30  — 

cela  veut  dire  que  l'azote  est  dans  les  couches  profondes.  On  peut 
également  prendre  à  des  profondeurs  déterminées  une  certaine 
quantité  de  terrain,  le  placer  dans  des  caisses  et  cultiver  les  plantes 
citées  plus  haut  ;  leur  développement  indiquera  la  dispersion  des 
éléments  minéraux. 

On  peut  encore  procéder  à  l'analyse  du  sol  au  moyen  des 
engrais.  Pour  cela,  on  choisit  dans  le  jardin  quatre  parcelles  de 
terre  de  même  grandeur.  Dans  la  première,  on  met  120  grammes 
par  mètre  carré  de  l'engrais  suivant  : 

Sulfate  d'ammoniaque 2''4C8e'. 

Superphosphate  de  chaux 3    334 

Nitrate  de  potasse »     910 

Sulfate  de  ehaus  (plâtre) 3     348 

10  "000 

Dans  la  seconde  parcelle,  la  même  dose  d'engrais  minéral  san 
azote.  On  compose  cet  engrais  de  la  manière  suivante  : 

Superphosphate  de  chaux 4  kil. 

Chlorure  de  potassium 2     » 

Sulfate  de  chaux  (plâtre) 4     » 

Dans  la  troisième  parcelle  on  met  de  l'engrais  azoté  sans  miné- 
raux. 

On  laisse  la  quatrième  parcelle  sans  engrais. 

Il  ne  reste  plus  maintenant  qu'à  semer  du  blé  dans  les  quatre 
parcelles  ainsi  préparées. 

Le  blé  est  toujours  beau  dans  la  première  parcelle. 

Si  le  blé  est  beau  dans  la  seconde,  c'est  qu'il  y  a  de  l'azote  dans 
le  sol  ;  s'il  est  mauvais,  c'est  que  l'azote  fait  défaut. 

Dans  la  troisième  parcelle,  si  le  blé  est  bon,  c'est  que  les  miné- 
raux assimilables  abondent  dans  le  sol  ^  le  sol  en  est  pauvre  dans  .le 
cas  contraire. 

Si  le  blé  est  chétif  dans  la  quatrième  parcelle,  qui  n'a  eu  aucun 
engrais,  c'est  que  le  sol  est  pauvre;  s'il  est  beau,  c'est  qu'il  est 
riche  en  principes  assimilables. 

Les  matières  premières  pour  faire  ces  analyses  ne  coûtent  pas 
très  chers.  Achetées  en  gros,  le  superphosphate  contenant  15  0/0 
d'acide  phosphorique,  varie  de  14  à  15  fr.  les  100  kilog.;  le  chlo- 
rure de  potassium  à  50  0/0,  de  27  à  30  fr.;  le  sulfate  d'ammo- 
niaque, 50  à  60  fr.;  le  nitrate  de  potasse,  68  à  75  fr.;  le  plâtre 
est  le  meilleur  marché.  G.   L. 


—  31   — 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal  de  la  séance  du  20  décembre  1885,  tenue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Dutailly,  Député,  Président. 

La  séance  est  oaTerte  à  une  heure  1/4  par  la  lecture  et  Tadoption  du 
procès-verbal   de  la   dernière    séance. 

Correspondance.  —  Elle  se  compose  : 

1*  D'une  lettre  signée  de  20  membres  titulaires  de  l'AsPociation  demandant 
une  modiflcation  daas  la  rédaotioa  du  paragraphe  VII  des  Statuts  de  l'Asso- 
ciation, ainsi  que  quelques  changements  du  règlement  intérieur  relatifs  au 
fonctionnement  des  Commissions  chargées  de  juger  les  apports  sur  le  bureau 
et  les  plantes  de  semis  à  domicile. 

Confoimément  au  règlement  de  la  Société,  ces  propositions  seront  mises 
à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance,  dans  laquelle  elles  seront  discutées. 

2*  Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  réclamant  l'envoi  du  compte-rendu 
annuel  des  travaux  accomplis  pendant  l'année  1885  par  l'Association  horti- 
cole jyonnaise. 

3°  Lettre  de  la  Société  Nationale  d'horticulture  de  France  informant 
l'Association  qu'elle  organise  un  Congrès  horticole  à  l'occasion  de  l'Expo- 
•ition  générale  qu'elle  ouvrira,  du  4  au  9  mai  prochain,  à  Paris. 

4°  Lettres  de  présentation  de  candidats  au  titre  de  membres  titulaires. 

Admissions.  —  Aucune  opposition  n'ayant  été  faite,  sont  admis  membres 
de  la  Société  les  candidats  présentés  à  la  dernière  réunion.  Ce  sont  : 

M"*  du  Bourg,  rue  Saint-Joseph,  20,  Lyon,  et  château   de  Franquières, 

à  Biviers  par  Meylan  (Isère),  présentée  par  MM.  Viviacd-Morel 

et  L.  Lille. 
MM.  Devers,  horticulteur  à  St-Symphorien-sur-Coise  (Rhône),  présenté 

par  MM.  Viviand-Mor^l  et  B.  Comte. 
Dumas,    fleuriste   à   Bourg-de-Thizy  (Rhône),    présenté   par  MM. 

Mercier  et  L.  Lille  et  Beney. 
Descolle,  jardinier  au   château  de  M.  le  comte   de   Chardonnet,  à 

Charrette,  par  Montailleu  (Isère),    présenté   par   MM.  Valla   et 

J.  Chrétien. 
Desvignes   (Stéphane),  78  bis,   cours  Vitton,  Lyon,  présenté  par 

MM.  Viviand-Morel  et  A.  Bernaix. 
Gaultier  de  Biauzat,  pharmacien,  69,  route  de  Grenoble,  Monplai- 

sir-Lyon,  présenté  par  MM.  Alégaiiére  et  Lassonnerie. 
Renaud,  coutelier,  rue  Constantine,  14,  Lyon,  présenté    par  MM. 

Musset  et  Drevet. 
D'  Rebatel,  rue  des  Archers,  4,  Lyon,  présenté  par  MM.  Liabaud 

et  Comte. 
Perussel,  jardinier  chez  M.  Légat,  chemin  de  la  Garde,  à  Sl-Just- 

les-Lyon,  présenté  par  MM.  Pagnon  et  Gaulain. 
Pommier,  propriétaire,  au  Bois-d'Oingt,   présenté  par  MM.  Rosier 

et  Cl.  Jacquier. 
Fabre  (Gabriel),  jardinier-maraîcher,  chemin    de    la  Cr.nx-Morlon, 

Monplaisir-Lyon,  présenté  par  MM.  Lassonnerie  et  Clapol. 

La  séance  est  suspendue  à  une  heure  3/4  et  reprise  à  2  heures  j.our  la 
distribution  des  récompenses  aux  lauréats  de  l'Association. 

M.  le  Président  donne  d'abord  lecture  de  deux  lettres,  l'une  de  M.  le  Maire 
de  Lyon  et  l'autre  de  M.  le  Président  du  Conseil  général,  tous  deux  absents 
de  Lyon,  et  s'excusant  de  ne  pouvoir  assister  à  notre  assemblée.  M.  le  Maire 
do  Ljon,  ret«nu  dans  la  Côte-d'Or  à  l'inauguration  du  monument   élevé   à 


Nuits,  à  la  mémoire  des  soldats  des  légions  du  Rhône  tombés  en  défendant 
leur  pajs,  se  serait  fait,  ainsi  que  M.  le  Président  du  Conseil  général,  un 
vrai  plaisir  de  venir  décerner  eui-mémes  les  médailles  à  nos  liuréat?. 

Avant  de  procéder  à  la  distribution  des  récompenses.  M.  le  Président  pro- 
nonce une  allocution  dont  la  sténographie  seule  pourrait  rendre  tou'.  le 
charme,  et  que  j'hésite  à  analyser,  craignant,  non  pa^  de  travestir  ses  peu  ■ 
sées,  mais  de  les  dépouiller  des  qualités  de  style  qui  ont  servi  à  les  déve- 
lopper. 

M.  Dutailly  remercie  d'abord  ses  collègues  de  l'Association  de  l'accueil 
chaleureux  et  amical  dont  il  a  été  l'olijet,  et  U  le  fait  d'une  maniera  si  déli- 
cate, que  ses  paroles  sont  couvertes  d'applaudissements. 

Il  examine  ensuite  les  principaux  actes  accomplis  par  rAssojiatioa  horti- 
cole pendant  l'année  écoulée.  A  propos  du  Concours  de  Chrysanthèmes,  sorte 
d'exposition  partielle,  il  dit  que  sa  réussite  ne  pouvait  étonner  personne,  car 
on  sait  comment  l'Association  sait  organiser  ses  grandes  et  belles  expositions 
où  chaque  genre  est  dignement  représenté,  et  il  espère  que  l'an  prochain  la 
Société  saura  encore  se  surpasser  et  rendre  son  exposition  future  encore  plus 
brillante  que  ses  devancières. 

Abordant  les  Concours  spéciaux  que  l'Association  a  institués  en  faveur  des 
jardiniers  de  maisons  bourgeoises,  des  chefs  d'établissements  et  des  jardiniers 
maraîohers,  il  en  vante  le  mérite  et  regrette  que  les  spésialisies  de  la  culture 
potagère  les  délaissent  un  peu.  Si  le  gros  du  public  pas-^e  avec  indifférence 
devant  les  lots  de  légumes,  les  personnes  intelligentes  suivent  toujours  avec 
intérêt  les  progrès  réalisés  dans  cette  branche  de  l'horiiculture.  A  ce  propo.*, 
il  cite  un  bm  mot  de  M.  Oustry,  ancien  préfet  du  Rhône,  qui  aimait  beau- 
coup à  visiter  nos  expositions  : 

«  En  fait  de  progrès,  il  s'étonnait  que  seuls  la»  cornichons  progressaient 
bien  comme  bon  développement  ils  atteignent,  disait-il,  des  dimensions 
énormes  ;  mais  les  carottes,  dans  la  culture,  restent  stalionnaires  et  ne  se 
trouvent  en  progrès  que  dans  la  politique.  » 

Ne  nous  inquiétons  pas  trop,  ajoute  M.  Dutailly,  si  le  public  passe  quel- 
quefois avec  indifférence  à  côté  des  légumes,  coatinuons  1  js  bonnes  et  Siines 
traditions  de  l'horticulture  et  n'imitons  pas  les  Chinois  qui  n'ont  encore  pu 
arriver  à  faire  pommer  les  choux.  (Applaudissements.) 

Une  autre  institution  utile  de  notre  Association  e^t  celle  des  récompenses 
qu'elle  accorde  chaque  année  aux  bons  et  anaieas  jardiniers  ;  voilà,  dit 
M.  Dutailly,  une  institution  vraiment  sociale.  Les  récompenses  accorlées 
aux  bons  serviteurs  honorent  autant  les  maîtres  que  les  jardiniers  qui  les 
reçoivent,  car,  ne  l'oublions  pas,  ce  sont  les  bons  maîtres  qui  font  les  bons 
serviteurs,  comme  les  bons  serviteurs  font  les  bons  maîtres. 

Notre  Association  ne  néglige  pas  non  plus  les  autres  branches  do  l'agri- 
culture nui  peuvent  rendre  à  notre  pays  son  ancienne  prospérité,  et  enacfor- 
dant  une  médaille  d'or  à  M.  F.  Gaillard  pour  une  nouvelle  application  de  la 
greffe  de  la  vigne,  elle  a  montré  tout  l'intérêt  qu'elle  prenait  aux  innovations 
utiles. 

Si  à  côté  de  toutes  ses  joies  nous  jetons  un  regard  en  arrière,  nous  avons 
à  déplorer  la  perte  de  plusieurs  de  nos  ollègues  et  surtout  d'un  des  plus 
dévoués  serviteurs  de  l'horticulture;  je  veux  [larler  de  J.  Sohwartz.  Il  venait 
de  racevoir  la  croix  du  Mérite  agricole  comme  récompense  de  ses  travaux; 
des  morts  comme  celle-là  sont  poignantes  :  mourir  si  jeune,  si  plein  d'acti- 
vité, ce  serait  désespérant,  si  nous  n'avions  pas  devant  nous  l'exemple  des 
vieux,  des  anciens,  vieux  par  l'âge,  mais  jeunes  par  l'activité;  notre  modèle, 
c'est  le  vétéran  et  brave  Liabaud,  qui  bientôt  va  recevoir  une  médaille  d'or 
pour  las  apports  remarquables  déposés  sur  le  bureau  pendant  cet  exercice. 
Cette  récompense  est  justement  méritée  et  elle  prouve  quo  notre  doyen  est 
un  de  ceux,  et  des  premiers,  qui  fait  tous  ses  efforts  pour  le  développement 
des  progrès  de  l'hortijulture  dans  la  région  lyonnaise.  C'est  un  beau  et  salu- 
taire exemple  qui  est  donné  aux  jeunes  qui  tous  les  jours  viennent  augmenter 
le  nombre  des  adhérents  à  notre  œuvre,  et  les  jeunes  suivant  les  bons  exem- 


—  33  — 


pies  donnés  par  les  vetéracs,  promettent  un  long  avenir  à  notre  chère  Asso- 
oiaiioii.  (Triples  salves  d'applaudissements.) 

M.  le  Secrétaire  s'énéral  donne  lecture  de  la  liste  des  récompenses.  (Voir 
Lyon-Horticole.ho2'4,   1885.) 

Avant  de  laver  la  séance.  M.  Dutailly  remercie  les  personnes  qui  ont  bien 
voulu  assister  à  cette  réunion  et  donne  rendez  vous  à  l'exposition  prochaine 
qui  doit  avoir  lieu  en  septembre  1885. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.         Le  Secrétaire-adjoint,  3.  Nicolas. 


VARIETES 
Un    Centenaire. 

La  mode  en  est  à  présent  aux  centenaires.  Oa  fête  les  grands  hommes 
longtemps  après  leur  mort,  leur  rendant  bien  tard  unejustice  qu'ils  n'ont  pu 
obtenir  de  leur  vivant.  Or,  j'ai  voulu  commencer  la  nouvelle  année  1886,  en 
fêaiit,  moi  aussi,  mon  centenaire,  et  certes  on  en  aura  célébré  de  moins  utiles 
et  surtout  de  moins  modestes.  Voilà  cent  ans  qu'un  bienfaiteur  de  l'humanité 
a  vu  le  jour  et  c'est  son  souvenir  que  je  veux  rappeler. 

Quand  il  parut,  il  eut  le  sort  de  toutes  les  grandes  choses  et  de  tous  les 
grands  hommes:  il  fut  méprisé,  honni,  conspué.  Pour  un  peu  on  l'aurait  mis 
en  prison,  seulement  il  fallait,  le  pouvoir.  Pourtant  un  roi  de  France  le  pro- 
tégeait ouvertement,  mais  malgré  cette  protection  il  courait  fort  la  chance 
de  passer  inaperçu  sans  l'adversité  qui  vint  le  fdire  apprécier  à  sa  juste 
valeur. 

Mais,  ami  lecteur,  je  m'aperçois  que  je  vous  parle  par  apologue  et  que  j'ai 
omis  d'allumer  ma  lanterne.  Je  vous  parle  du  centenaire  de  quelqu'un  dont 
je  fie  vous  ai  pas  encore  dit  le  nom.  E<t-ce  qu-ilque  grand  homme  ?  Non  ! 
Quelque  ami  de  l'humanité  ?  Oh  oui  !  alors.  —  M=iis  qui  est-ce  doac?  —  Qui 
c'est  !  C'est  un  légume,  un  vulgaire  tubercule,  c'est  la  pomme  de  terre. 

Vous  riez  ?  Cela  ne  m'étonne  nullement.  On  est  tellement  habitué  à  la 
pomme  de  terre,  que  l'on  ne  peut  pas  concevoir  une  époque  où  elle  n'ait  pas 
existé.  Et  cependant,  il  n'y  a  guère  plus  de  cent  ans  que  cela  était  ainsi  ; 
faites  en  sorte  de  vous  imaginer  una  société,  un  peuple,  un  état  tout  entier 
sans  le  précieux  tubercule  et  convenez  que  l'alimentation  n'y  devait  pas  être 
commode.  Je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  famines  qui  ont  sévi  avec  tant 
de  torce,  même  au  siècle  dernier  et  que  La  Bruyère  a  si  bien  décrites,  famines 
telles  que  M"=  de  Maintenoj  en  était  réduite  à  manger  du  pain  d'avoine.  Or, 
si  la  maîtresse  d'en  roi  de  France  en  était  réduite  à  cette  nourriture,  quelle 
devait  être  celle  du  peuple? 

Que  les  économistes  et  les  politiciens  viennent  dans  de  pompeuses  phrases 
nous  exposer  tout  au  long  les  raisons  concluantes,  d'après  eux,  des  anciennes 
misères  du  peuple;  ils  oublient  tous  la  meilleure  :  le  manque  de  pommes  de 
terre.  Et,  en  effet,  on  n'avait  pas  avant  elle  de  végétal  capable  de  suppléer 
au  blé;  d'une  culture  facile,  d'un  rendement  généreux,  et  quand  le  blé  man- 
quait, il  ne  restait  rien  à  manger.  Du  jour  où  la  pomme  de  terre  parut,  la 
famine  cessa.  Ce  fut  une  révolution  sociale  qui  apportait  à  chacun  le  pouvoir 
de  vivre,  alors  qu'en  même  temps  une  révolution  politique  lui  en  donnait  la 
liberté. 

Permettez-moi  donc,  en  quelques  lignes,  de  vous  retracer  l'histoire  de 
cette  plante  vulgaire,  qui  se  trouve  à  présent  dans  tous  les  pays,  sous  toutes 
les  latitudes,  presque  à  toutea  les  hauteurs,  et  qui  est  même  la  seule  culture 
que  peut  se  permettre  l'habitant  des  régions  glacées  des  Alpes. 

La  pomme  de  terre,  que  les  botanistes  appellent  Solanum  tuberosum  est 
originaire  d'Amérique.  C'est,  on  peut  le  dire,  avec  la  Quinquina  les  deux  plus 
grands  bienfaits  dont  nous  soyions  redevables  au  Nouveau-Monde.  Cultivée 
depuis  les  temps  les  plus  reculés  dans  l'Amérique  occidentale,  la  pomme  de 
terre  était  presque  inconnue  en  Europe,  lorsqu'un  grand  savant,  un  véritable 


—  34  — 

philanthrope,  voulut  en  propager  chez  nous  la  culture.  ParmenCier,  le  savant 
en  question,  était  un  chimiste  français  qui  vécut  de  1737  à  1813.  Frappé  des 
services  que  la  morelle  tubéreuse  pouvait  rendre  aux  classes  pauvres,  11  vou- 
lut ea  rendre  l'usage  général.  Mais  il  fallait  combattre  la  routine,  et  ce  n'est 
pas,  certes,  chose  facile  !  Cependant  quand  on  a  foi  en  son  œuvre,  qu'on 
dépense  pour  atteindre  son  but  toute  l'énergie,  toute  l'intelligence  possibles, 
qu'on  j  dépense  son  temps  et  même  sa  fortune,  peut-être  peut-on  espérer 
réussir.  Parmentier  voulut  frapper  un  grand  coup  et  prendre  la  chose  de 
haut:  il  intéressa  à  ses  idées  humanitaires  le  roi  Louis  XVI  qui,  dans  une 
grande  féie  donnée  à  sa  cour,  se  montra  paré  d'un  bouquet  de  fleurs  de  notre 
végétal.  Les  grands  seigneurs  imitèrent  leur  maître  et,  pour  lui  faire  leur 
cour,  envoyèrent  à  leurs  fermiers  l'ordre  de  cultiver  le  nouveau  tubercule. 
Mais,  en  France,  nous  sommes  un  peu  frondeurs,  c'est  là  notre  moindre 
défaut,  et  les  ordres  donnés,  par  cela  même  qu'ils  étaient  des  ordres,  furent 
jeu  ou  point  exécutés.  A  peine  If  s  fermiers  jugèrent-ils  la  pomme  de  terre 
digne  d'être  donnée  comme  aliment  à  leurs  bestiaux. 

Parmentier  ne  se  découragea  pas  pour  si  peu;  il  fit  planter,  dans  les  envi- 
rons de  Paris  de  grar.ds  champs  de  pommes  de  terre  ;  la  première  année  il 
en  vendit  les  produits  aux  paysans  à  un  prix  des  plus  minimes  ;  à  peine 
eut-il  quelques  acheteurs.  L'année  suivante,  il  les  donna  :  personne  n'en 
voulut.  Vous  avouf  rez  qu'il  y  avait  de  quoi  se  décuurager.  Mais  Parmentier 
eut  un  trait  de  génie  :  il  connaissait  sans  doute  le  caractère  de  cet  animal 
plu5  ou  moins  domestique  qui  s'appelle  l'homme,  et  il  mit  en  culture  à  Vin- 
cennes  de  nouveaux  champs  de  pommes  déterre.  Puis,  y  plaçant  des  gardes, 
il  leur  donna  pour  consigne  d'arrêter  sans  pitié  quiconque  voulrait  s'empa- 
rer de  quelques  tubercules,  et  il  lit  pnblier  à  son  de  trompe  cette  ordon- 
dance  dans  tous  les  pays  environnants.  Seulement,  les  gardas  avaient  aussi 
l'ordre  de  tourner  le  dos  aux  voleurs,  pendant  la  nuit,  de  soi  te  que  bientôt 
les  champs  furent  dév.istés  de  fond  en  comble  ;  ce  que  c'est  tout  de  même 
que  l'attrait  du  fruit  défendu  !  Chaque  jour  c'étaient  de  nouveaux  méfaits 
que  l'in  rapportait  à  Parmentier  ;  tout  était  pillé,  et  il  en  pleurait  de  joie. 

Dès  lors  la  pomme  de  terre  avait  acquis  son  droit  de  cité  qu'elle  n'a  fait 
que  confirmer  depuis.  A  présent  elle  est  indispensable  à  tous,  soit  sur  la  table 
du  riche,  soit  sur  celle  du  pauvre,  elle  fournit  à  tous  un  mets  délicieux  et 
nourrissant.  Non  contents  de  ce  rôle,  les  chimistes  l'ont  torturée,  et  par 
maintes  manipulations,  ont  extrait  de  ses  flancs  de  l'amidon  et  de  l'alcool. 

N'est-ce  pas  admirable  ?  Et  comment  a-t-on  gardé  le  souvenir  de  ce  bien- 
faiteur qui  a  nom  Parmentier  ?  Il  n'a  même  pas  encore  une  statue  1  Ah  1  l'in- 
gratitude humaine Pendant  quelques  années  on  a  donné  aux  pommes  de 

terre  le  nom  de  Parmentières,  puis  le  nom  commun,  mais  sans  valeur,  a  pria 
le  dessus,  et  les  tubercules  de  la  morelle  ont  conservé  ce  nom  de  pomme  de 
terre  qui  non  seulement  ne  signifie  rien,    mais  consacre  encore  une  erreur. 

Pourquoi  ne  reviendrions  nous  pas  à  ce  vieux  n)m  de  Parmentières  î  Ne 
serait-C3  pas  là  un  moyen  de  conserver,  de  perpétuer  le  souvenir  de  celui 
qui,  il  y  a  cent  ans,  a  doté  l'humanité  d'un  produit  utile  entre  tous  1 

Et  voilà  pourquoi,  moi  aussi,  j'ai  voulu  fêter  mon  centenaire  1 

Paul  Emyck, 

Syndicat  des  horticulteurs  de  la  région  lyonnaise. 


11  vient  de  se  fonder  à  Lyon,  sous  le  titre  de  Syndicat  des  horticulteurs  de 
la  légion  lyonnaise,  une  Association  qui  aura  pour  but  exclusif  de  s'occuper 
des  intérêts  de  l'horticulture  et  de  favoriser  son  développement. 

Voici,  d'ailleurs,  un  extrait  des  Statuts  qui  donnera  une  idée  des  princi- 
paux travaux  auxquels  le  Syndicat  pourra  se  livrer  : 


—  36  — 


Art.  15.  — La  ChamlDre  syndicale  examine  les  affaires  contentieuses 

qui  lui  sont  renvoyées  par  le  président,  ou  qui  sont  portées  directement  Je- 
vant  elle  par  les  membres  du  Syndicat;  elle  les  concilie,  si  taire  se  peut,  ou 
rend  à  leur  égard  sa  sentence 

Art.  20.  —  Le  Syndicat  a  pour  objet  général  l'étude  et  la  défense  des  inté- 
rêts économiques  de  l'horticulture. 

Art.  21.  —  11  se  propose  spécialement  : 

1°  D'examiner  toutes  les  mesures  économiques  et  toutes  les  réformes 
législatives  que  peut  exiger  l'intérêt  de  l'iiorticultare,  et  d'en  réclamer  la 
réalisation  des  autorités  et  pouvoirs  compétents; 

2°  D'organiser  des  réunions  périodiques  pour  faciliter  les  rapports  entre 
les  horticulteurs  et  développer  le  commerce  horticole  ; 

3''  De  préparer,  encourager,  soutenir  la  création  d'institutions  économi- 
ques, telles  que  :  Sociétés  de  crédit  horticole,  Sociétés  de  production,  Caisse 
de  seeoui's  mutuels  contre  la  grêle,  etc.; 

4"  De  créer  des  offices  de  renseignements  et  d'entremise  pour  la  vente  des 
produits,  pour  l'acquisition  des  terres  de  bruyère,  poteries  et  autres  matières 
utiles  à  l'horticulture,  etc.; 

5°  De  créer  un  office  de  renseignements,  afln  d'éviter  les  pertes  que  subis- 
sent actuellement  les  horticulteurs  ; 

6°  De  fournir  des  arbitres  et  experts  pour  la  solution  des  questions  horti- 
coles litigieuses  ; 

7»  De  faire  la  rentrée  des  créances. 

li  n'est  pas  nécessaire  de  faire  ressortir  les  avantages  commerciaux  que 
tous  les  adhérents  au  syndicat  retireront  de  leur  association;  car  l'énoncé 
des  statuts  en  fait  d'emblée  saisir  l'importance.  La  cotisation  annuelle  a  été 
fixée  à  10  fr.  par  an. 

Voici  la  composition  de  la  chambre  syndicale  pour  l'année  1886  : 

Président  :  M.  B.  Comte,  horticulteur  ; 

Vice- Président  :  M.  V.  Viviand-Morel  ; 

Secrétaire  :  M.  Antoine  Rivoire  flls,  marchand  grainier; 

Trésorier  :  M.  Musset,  fleuriste  ; 

Membres  :  MM.  Belisse,  L.  Carle,  Charreton,  Gousançat,  Ci.  Jacquier 
fils,  Labruyère,  F.  MoREL,  Et.  Schmitt. 

Toutes  les  communications  et  adhésions  doivent  être  adressées  au  secré- 
taire, M.  A.  Rivoire,  16,  rue  d'Algérie,  à  Lyon. 


Réunions  commeroiales  hebdomadaires  das  horticulteurs. 

La  Chamb7'e  syndicale  des  horticulteurs  de  la  région  lyonnaise  a  décidé  la  créa- 
tion, à  Lyon,  de  réunions  périodiques  pour  faciliter  les  rapports  entre  les 
horticulteurs  et  développer  le  commerce  horticole. 

Ces  réunions  auront  lieu  tous  les  samedis,  de  7  heures  à  11  heures  du  soir, 
dans  un  salon  réservé  à  la  brasserie  Grubar,  au  premier  étage,  place  des 
Terreaux  (en  face  de  l'Hôtel-de-Ville). 

A  ces  réunions  seront  centralisés  et  affichés  tous  les  renseignements  pou- 
vant intéresser  les  horticulteurs  :  expositions  annoncées,  modifications  aux 
règlements,  décrets  ou  lois  concernant  la  circulation  das  végétaux,  modifica- 
tions des  tarifs  de  traasport,  ventes  de  plantes,  concours,  adjudications,  pla- 
cements de  jardiniers,  etc. 

De  plus,  un  tableau  d'offres  et  de  demandes  sera  exposé.  Chacun  aura  le 
droit  d'y  inscrire  les  articles  dont  il  peut  disposer  ou  dont  il  a  besoin. 

Tous  les  horticulteurs  appartenant  ou  non  au  syndicat  ont  droit  d'y  assister. 

Les  horticulteurs  étrangers  à  Lyon  que  leurs  affaires  appellent  quelquefois 
dans  notre  ville  seront  toujours  siirs  de  trouver  dans  ces  réunions  le  plus 
bienveillant  accueil. 


—  36  — 

INFORMATIONS 

Parmi  les  diverses  décorations  décernées  dernièrement  et  intéressant 
l'horticulture,  signalons,  dans  la  Légion  d'honneur,  celles  de  MM.  Pulliat, 
viticulteur,  Joret,  créateur  du  commerce  d'exportation  des  fruits  et  pi  imeur», 
et  Salomon,  viticulteur,  à  Thomerj  (Seine-et-Marne),  et  dans  l'ordre  du 
Mérite  agricole  celles  de  MM.  Fortin,  jardinier  en  chef  de  laferme-école  des 
plaines,  Fougnon  (Georges),  de  Màcon,  Garet,  horticulteur,  à  Rouen,  La- 
touche,  à  Pontoise.  Thouvenin,  jardinier  en  chef  du  Parc  de  Versailles. 

—  On  vend  actuellement,  à  Paris,  la  bibliothèque  de  fcu  le  ducteur  Four- 
nier,  qui  a  rédigé  pendant  longtempe  le  Bulletin  bibliographique  de  lu  Société 
botanique  de  France. 

—  M.  Ch.  J0I7,  vice-président  de  la  Société  nationale  d'horticulture, 
vient  de  publier  une  étude  sur  les  Eucalyptus  géants  de  l'Australif,  dans  la- 
quelle il  résume  tout  ce  qui  intéresse  ces  arbres. 

—  M.  A.  de  la  Eevansaye  fait  connaître,  dans  la  Revue  horticole,  une  nou- 
velle espèce  de  l'hilodendrum,  le  Ph.  Andreanum,  fort  remarquable  par  la 
forme  élégante  de  ses  feuilles  et  le  ton  velouté  et  chatoyint  de  leur  limbe. 
Originaire  de  la  Nouvelle-Grenade. 


NOUVEAUTES  —  CATALOGUES 


Louis  Blanc,  horticulteur-fleuriste,  à  Hjèrej  (Var).  — Citalogue  de^ 
ognons  à  Heurs,  plantes  et  graines,  cultivées  dans  l'établiss  meut.  Fleurs 
fraiohes  coupées  pendant  l'hiver:  Rose?,  Violettes,  Œillets,  Naicisses, 
Mimosas,  Rés-éda»,  Giroflées,  Orangers,  etc.  Iridées,  Liliacées,  Renoncule-', 
Dracœi  as,  Chamœrops,  Phœnix,  etc. 

Simon  DÉLAUX  fils  aîné,  horticulteur,  à  St-Marlin-du-Touch,  p'èi  Tou- 
louse (Haute-Garonne).  —  Catalogue  contenant  les  nouveautés  iné  iiies  obte- 
nues (le  semis  dans  l'établifsement  et  livrables  de  suite.  Clirysaiithèmes  : 
japonais,  tubulés,  hjbride,  de  l'Inde,  pompon,  à  fl)raison  précoce  (japonais 
et  à  fleurs  de  renoncules).  Abjtilon,  Pelargoniums  zonales,  pellatum,  Bégo- 
nia, Goleus,  Héliotropes,  etc. 

De  Reydeli.et,  à  Valence  (Drôme).  —  Catalogue  mentionnant  les  nou- 
veautés pour  1886  en  Chrysanthèmes  japonais  et  hybeides  à  grandes  fleurs 
provenant  des  semis  de  l'obienteur  ;  quarante  variétés  nouvelles  sont  décrites 
dans  ce  catalogue,  ainsi  que  quarante  variétés  mises  au  commerce  en  1885  ; 
variétés  plus  anciennes. 

Avis  aux  meiubrcs  de  l'Assoclatiou  horticole  lyonnaise 

Les  membres  de  l'Âssociatioa  horticole  lyonnaise  sont  informés  quo  la 
liste  générale  des  membres  titulaires  est  en  voie  de  composition.  Ceux  dont 
les  noms  prénoms  et  adresses  seraient  incorrects  sur  la  liste  précédente  sont 
priés  d'en  informer  le  Secrétaire  généra!  de  la  Société  avant  le  15  février  au 
plus  tard. 

Nous  rappelons  aux  sociétaires  qu'ils  ont  droit  sur  la  liste  suslite  à  deux 
Zi'^nes  supplémentaires  pour  aanoncer  leurs  spécialités. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

L^on.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  FÉVRIER  N»     3 


CHRONIQUE 


La  glace  el  f  horliculiure .  —  La  glace  n'est  pas  en  odeur  de  sain- 
teté dans  l'église  horticole,  car  les  jardiniers  ne  rêvent  que  thermo- 
siphons et  chaulîages  de  toutes  sortes  :  ils  craignent  la  gelée  pour 
les  plantes.  Et  cependant  il  y  aurait  peut-être  une  fortune  à  faire 
à  celui  qui  saurait  emploj'er  la  glace  à  propos. 

La  chaleur c'est  le  vieux  jeu.    M.  Brevet,   de  la  Villette, 

vous  en  donne  en  veux-tu,  en  voilà;  mais  du  froid,  les  glaciers 
n'en  fournissent  pas  encore  aux  horticulteurs  qui  sont  à  la  merci  de 
tous  les  sirocos    africains. 

Je  questionnai  un  jour  un  de  mes  amis  qui  avait  abrité  contre 
un  mur  au  nord,  après  les  avoir  martyrisés  de  toutes  façons,  5  ou 
600  rosiers  Jules  Margottin,  qu'il  espérait  voir  «  arriver  à  point  » 
pour  la  St-Jean.  Eh!  bien,  lui  disaisje  le  30  juin,  avez-vous 
réussi  dans  votre  spéculation  ?  Ah  !  mon  pauvre  vieux,  me  répondit- 
il,  je  suis  arrivé  huit  jours  trop  tôt  et  j'ai  fait  une  lessive  com- 
plète. —  Sans  savon  ni  cendre,  ajoutais-je.  —  Cependant  j'avais 
pris  d'excellentes  mesures;  j'avais  arraché,  laissé  sécher,  taillé  en 
contre-saison  tous  mes  rosiers,  mais  ils  ont  vite,  sous  l'influence 
de  la  chaleur,  rattrapé  le  temps  perdu.  Moi,  je  cours  après  mon 
argent,  et  je  n'espère  pas  le  ravoir  cette  année. 

Si,  au  lieu  de  torturer  de  malheureuses  plantes  pour  retarder 
l'époque  de  leur  floraison,  vous  les  placiez  simplement  dans  une 
glacière  pour  les  empêcher  de  «  partir  »  trop  tôt,  je  crois  que  cela 
vaudrait  infiniment  mieux  que  tout  ce  que  vous  pourriez  faire  pour 
atteindre  le  même  but.  Et  ceci  n'est  pas  un  paradoxe.  Allez,  si 
vous  voulez  vous  assurer  de  la  réalité  du  fait,  vous  promener  en 
juillet  sur  les  sommets  neigeux  des  hautes  montagnes,  et  vous  y 
trouverez,  dans  tout  l'éclat  de  leur  splendeur,  les  tieurs  qui  s'épa- 
nouissent chez  vous  en  avril  et  mai.  Elles  sont  en  retard,  ces 
plantes  montagnardes,  tout  simplement  parce  que  la  température 
des  hautes  cimes  est  inférieure  à  celle  des  plaines. 


—  SS- 
II y  aurait  donc  lieu,  dans  certains  cas  —  et  je  suis  persuadé 
qu'elles  rendraient  bien  autant  que  les  serres  chaudes  —  de  cons- 
truire des  serres-glacières,  sorte  d'abris  de  paille,  placées  à  l'om- 
bre et  dans  lesquelles  on  substituerait  de  la  glace  à  la  terre  des 
banquettes.  Dans  ces  serres-glacières  on  pourrait  retarder  une  foule 
de  plantes  qui  arrivent  trop  tût  pour  certaines  fêtes.  Mais  la  glace 
n'est  pas  en  odeur  de  sainteté  dans  l'église  horticole,  et  je  parie- 
rais bien  que  personne  ne  suivra  mon  conseil. 

Deslruclion  de  la  Cochenille.  —  Nous  empruntons  à  la  Revue  horti- 
cole la  petite  note  suivante,  qui  intéressera  à  coup  sûr  nos  confrères 
les  horticulteurs-fleuristes  : 

«  Tous  les  horticulteurs  savent  combien  il  est  difficile  de  se 
débarrasser  des  cochenilles  qui  attaquent  si  communément  cer- 
taines plantes  dans  les  serres  chaudes.  M.  E.  Rivoiron,  stagiaire 
de  l'Ecole  d'horticulture  de  Versailles,  en  ce  moment  en  Angle- 
terre, nous  informe  que  certains  horticulteurs  anglais  tiennent  leurs 
plantes,  les  Gardénias,  par  exemple,  complètement  exempts  de 
cochenilles  en  les  seringuant  deux  fois  par  jour  avec  de  l'eau  addi- 
tionnée de  pétrole,  dans  la  proportion  d'environ  un  verre  à  liqueur 
de  pétrole  pour  un  arrosoir  d'eau.  On  le  voit,  la  chose  est  facile 
et  la  dépense  à  peu  près  nulle;  aussi,  n'est-il  pas  douteux  que  le 
procédé  sera  employé  par  nos  compatriotes. 

Céleri  à  cœur  plein  en  forme  de  scarole.  —  M.  Forgeot  annonce  la 
nouvelle  variété  de  céleri  dont  le  nom  précède  et  dont  l'emploi  est 
exactement  le  même  que  celui  des  céleris  non  tuberculeux.  Au  lieu 
d'avoir  les  feuilles  dressées  et  en  nombre  limité  comme  ses  congé- 
nères, elles  sont  très  nombreuses,  relativement  courtes,  entremêlées 
et  étalées  sur  le  sol.  Il  forme  des  sortes  de  touffes  crépues,  imitant 
assez  bien  celles  de  certaines  scaroles  et  qui  peuvent  atteindre  plus 
de  30  centimètres  de  diamètre. 

On  saura  bientôt  à  quoi  s'en  tenir  sur  le  mérite  de  cette  nouvelle 
variété  dont  la  saveur  ne  laisse  rien  à  désirer  et  qui  se  reproduit 
franchement.  Elle  a  été  récompensée  par  la  Société  nationale  d'une 
prime  de  première  classe. 

Rappelons  à  cette  occasion  que  le  céleri  est  une  plante  sponta- 
née en  France  où  il  croît  dans  les  provinces  baignées  par  la  Médi- 
terance,  l'Océan  et  dans  l'intérieur  autour  des  salines.  C'est  donc 
une  plante  halophile  (qui  aime  le  sel).  On  trouve  encore  le  Céleri 
sauvage  dans  le  Tyrol,  l'Allemagne  du  Nord,  le  Danemark,  en 
Norwège,  en  Angleterre,  dans  les  îles  Baléares,  la  Dalmatie,  la 
Hongrie,  la  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Macédoine,  etc.  Le  Céleri 
est  également  connu  sous  le  nom  d'Ache  et  servait  à  l'ornementa- 
tion des  tombeaux  chez  les  anciens. 


—  39  — 

Pomme  de  terre  Joseph  Rifiaull.  —  Cette  pomme  de  terre  qui  a  été 
obtenue  en  1883  par  M.  J.  Rigault,  est  issue,  paraît-il,  du  croise- 
ment de  la  Marjolin  Tèliird  et  de  la  M.  à  feuille  (fortie.  Cultivée 
depuis  cette  époque  dans  beaucoup  de  jardins,  elle  a  largement 
tenu  les  promesses  qu'elle  faisait  concevoir  à  son  apparition.  La 
Société  nationale  d'horticulture  lui  a  décerné  une  grande  médaille 
d'argent.  Le  tubercule  est  longuement  ovoïde,  avec  de  très  faibles 
dépressions  à  la  place  des  yeux  ;  sa  chair  est  ferme  et  d'uji  beau 
jaune  ainsi  que  d'excellente  qualité.  On  ne  saurait  trop  recomman- 
der la  culture  de  cette  excellente  pomme  de  terre. 

A  propos  de  pomme  de  terre  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler  que 
l'époque  de  ma'.uriié  des  tubercules  varie  avec  les  variétés  et  qu'il 
importe  de  savoir  à  quel  moment  chaque  variété  doit  être  consom- 
mée pour  avoir  toutes  ses  qualités.  Malheureusement  il  n'est  pas 
aussi  facile  de  juger  les  pommes  de  terre  que  les  poires  ou  les 
pommes.  Cependant  quelques  remarques  peuvent  être  faites  par  les 
consommateurs,  car  on  s'aperçoit  assez  vite  du  changement  de 
goût  que  prennent  à  la  cuison  les  tubercules  qui  commencent  à 
passer.  En  notant  l'époque  où  ce  changement  survient  et  en  ins- 
pectant les  tubercules  dans  cet  état,  on  arrive  assez  vite  à  se  for- 
mer un  jugement  solide  sur  cette  question. 


Omphalode  printanicre.  —  M.  le  docteur  Gilot,  botaniste  distin- 
gué, qui  habite  Autun,  dans  une  communication  qu'il  a  faite  à  la 
Société  de  botanique  de  Lyon,  a  signalé  quelques  plantes  intéres- 
santes nouvelles  pour  la  flore  du  département  de  Saône-et-Loire. 
Ces  plantes  ont  été  découvertes  par  des  inslituteurs  du  départe- 
ment qui  s'occupent  de  botanique  dans  leurs  moments  de  loisirs. 
M.  Gilot  a  fait  judicieusement  observer  que  les  instituteurs  étaient 
on  ne  peut  mieux  placés  pour  arriver  à  la  connaissance  exacte  de 
toutes  les  plantes  sauvages  qui  croissent  dans  les  communes  d'un 
département. 

Parmi  les  plantes  signalées,  l'Omphalode  printanière,  Ompha- 
lodes  verna  Mnch,  Cynoglossum  Omphalodex  L.,  qui  couvre  plusieurs 
hectares  de  la  commune  de  Chavisy,  est  une  des  plus  intéressantes. 
On  sait  que  cette  espèce  est  cultivée  dans  les  jardins  où  elle  se 
plaît  dans  les  terrains  frais  et  ombragés.  Sa  jolie  fleur  bleu  d'é- 
mail avec  son  œil  blanc,  en  fait  une  des  [)lus  séduisantes  migna- 
tures  vernales  qu'on  puisse  voir.  On  la  connaît  aussi  sous  le  nom 
de  Petite  Consoude,  Myosotis,  Ne  m'oubhez  pas,  etc. 

C'est  une  plante  qui  est  certainement  sauvage  en  Piémont,  en 
Lombardie,  en  Hongrie,  en  Croatie,  etc.,  mais  qui  a  probable- 
ment été  naturalisée  en  France. 


—  40  — 

Hybrides.  —  Il  est  toujours  utile  de  rappeler,  de  temps  à  autre, 
dans  les  journaux,  certaines  questions  mal  connues  de  la  plupart 
des  lecteurs.  L'hvbridité  est  de  ce  nombre,  et  j'en  veux  dire  deux 
mots  aujourd'hui. 

On  appelle  hybride  le  produit  végétal  ou  animal  issu  du  croise- 
ment de  deux  espèces.  On  qualifie  souvent  les  hybrides  de  muleis  ou 
de  mules.  Les  vrais  hybrides  sont  stériles,  si  aucun  pollen  étranger  ne 
vient  les  féconder.  — je  parle  seulement  pour  le  règne  végétal.  — 
Les  hybrides  sont  susceptibles  d'être  fécondés  par  un  de  leurs 
ascendants  (père  ou  mère'*  et  de  donner  des  produits  fertiles.  Je  ne 
me  souviens  plus  du  nom  de  l'auteur  qui  appelait  ces  produits 
ainsi  obtenus,  des  bàlards  quarterons.  On  appelle  métis  le  produit  du 
croisement  de  deux  variétés,  de  deux  races  ou  de  deux  espèces 
voisines.  Les  métis  sont  fertiles,  c'est  ce  qui  les  distingue  des 
vrais  hybrides.  Les  métis  et  les  bâtards  quarterons  donnent  presque 
toujours,  quand  on  les  sème,  autant  de  variétés  que  d'individus. 
Cependant  les  caractères  de  ces  variétés  ont  un  champ  de  varia- 
bilité limité.  Un  métis  ou  un  bâtard  quarteron  donne  au  premier 
semis  presque  tout  ce  qu'il  doit  donner.  Si  le  jardinier  ou  l'amateur 
n'obtient  rien  au  premier  semis,  ils  peuvent  continuer  à  semer, 
mais  dans  les  neuf  dixièmes  des  cas,  il  vaudrait  mieux  féconder  à 
nouveau  le  métis  ou  le  bâtard. 

Nous  nous  proposons  de  revenir  sur  cette  question  très  impor- 
tante en  horticulture,  pour  la  traiter  plus  longuement. 


Les  plantes  malades  et  l'eau  chaude,  —  Traiter  les  plantes  à  la  macière 
des  médecins  de  Molière,  voilà  une  étrange  manière  de  les  guérir.  Et 
cependant,  rien  n'est  plus  sérieuï,  si  l'on  en  croit  M.  Willermoz,  qui  pré- 
tend avoir  restauré  complètement  par  ce  moyen  des  plantes  en  pots. 

11  s'agit  tout  simplement  d'arroser  d'eau  chaude  les  plantes  malades,  après 
avoir  remué  un  peu  la  terre,  mais  sans  toucher  aux  racines.  L'eau  qui  sor- 
tira par  le  fond  du  vase  sera  d'abord  claire,  puis  légèrement  brune  et  don- 
nera une  réaction  acide:  ca"  c'est  à  la  présence  de  substances  acides  dans  le 
sol  que  M.  Wiliermoz  attribue  l'état  maladif  des  plantes,  l'eau  chaude  aurait 
pour  rôle  d'éliminer  une  partie  de  ces  substances.  Ce  traitement  continué 
donnerait  une  noaveile  et  vigoureuse  croissance  a  la  plante. 

Le  promoteur  de  cette  manière  da  faire  ne  nous  dit  pas  si  elle  est  appli- 
cable aux  plantes  en  pleine  terre,  ni  à  quel  degré  il  faut  employer  l'eau 
chaude  en  question. 

Nous  le  regrettons. 

Elle  est  bien  drôle,  cette  petite  histoire  racontée  sérieusement 
par  un  journaUste  quelconque.  C'est  à  se  tordre. 

D'abord,  qu'est-ce  que  c'est  que  de  l'eau  chaude?  Entre  1  et 
100%  il  y  a  cent  qualités  d'eau  chaude.  Faut-il  employer  de  l'eau 
à  25,  30,  35,  40  ou  ôO''?  Faut-il  cuire  les  racines!  Autant  de 
questions  que  l'auteur  laisse  dans  l'ombre  discrète  de  sa  nouvelle 
thérapeutique  végétale. 


—  41    — 

Il  est  regrettable  que  la  théorie  de  o  l'eau  chaude  »  ne  soit  pas 
mieux  connue,  car  beaucoup  de  jardiniers  qui  ont  été  obhgés  de 
renoncer  à  certaines  cultures  de  plantes  «  qui  persistent  à  être 
malades  »  malgré  tous  les  traitements  employés  pour  les  guérir, 
auraient  là  une  excellente  occasion  de  reprendre  les  cultures  fruc- 
tueuses qu'ils  ont  abandonnées  par  force. 

abricotiers  d'ornement.  —  J"ai  toujours  préféré  un  vrai  cerisier 
à  un  cerisier  d'ornement,  un  pêcher  à  fruit  à  un  pêcher  à  fleur 
double,  une  reine-Claude  à  un  prunelUer;  car  j'estime  que  les 
cerises,  les  pêches  et  les  prunes  constituent  aussi  un  ornement. 
Mais  puisque  tous  les  goûts  sont  dans  la  nature,  il  est  juste  de 
faire  connaître  la  suite  des  amygdalées  ornementales. 

Après  les  cerisiers,  les  pruniers  et  les  pêchers,  voici  les  abri- 
cotiers qui  s'avancent  en  bataillons  serrés.  Ils  ne  viennent  pas  du 
Tonkin,  ni  de  l'Annam,  mais  du  Japon. 

M.  de  Mortillet,  pépiniériste  à  Grenoble,  en  annonce  au  moins 
une  demi-douzaine  de  variétés.  Les  fleurs  sont  généralement 
grandes  et  doubles,  variant  du  blanc  pur  au  rouge  foncé,  en 
passant  par  les  tons  intermédiaires.  Deux  variétés  sont  à  rameaux 
pendants. 

Les  fruits  en  sont  petits  et  immangeables. 

Les  caractères  de  ces  nouveUes  sortes  sont  un  peu  intermé- 
diaires entre  ceux  des  pruniers  et  des  abricotiers.  V.   V.-M. 


Correspondance.  —  A  propos  de  la  greffe  en  fente. 

Nous  avons  reçu  de  M.  Jean  Sisley  la  lettre  suivante  qui  inté- 
resse tous  ceux  qui  s'occupent  de  grelFes  : 

«  Monsieur  Vivian d-Morel, 

«  A  propos  des  greffes  en  fente  dont  vous  entretenez  vos  lec- 
teurs depuis  quelque  temps,  je  crois  devoir  vous  dire  que,  contrai- 
rement à  ce  qui  est  enseigné  dans  les  traités  d'horticulture,  où  il 
est  dit  que  la  greffe  en  fente  doit  se  faire  en  mars,  l'expérience  m'a 
appris  qu'il  vaut  mieux  greffer  pendant  l'hiver,  quand  la  sève  est 
en  repos.  Car  alors,  à  l'époque  où  les  arbres  commencent  à  pous- 
ser, tout  part  en  même  temps,  et  les  greffons  poussent  vigoureu- 
sement, tandis  que  les  greffes  faites  en  mars  restent  souvent  sta- 
tionnaires  et  poussent  moins  vigoureusement  que  les  autres 
rameaux. 

«  C'est  pourquoi,  sans  doute,  les  Hollandais,  que  j'ai  vus  à  l'œuvre 
il  y  a  70  ans,  arrachent  dans  les  pépinières  les  sujets  sur  lesquels 


—  42  — 

ils  veulent  grelfer,  les  mettent  en  jauge  dans  un  endroit  couvert, 
tel  qu'un  hangar,  où  ils  les  greffent  sur  les  genoux  quand  la  neige 
couvre  la  terre  et  les  empêche  de  travailler  au  dehors.  Ces  sujets 
greffés  sont  rerais  en  jauge  et  plantés  en  pépinière  en  mars. 

«  Vous  savez  sans  doute  cela  depuis  longtemps,  mais  beaucoup 
de  vos  lecteurs  l'ignorent.  «  Jean  Sisley.  » 

Les  traités  de  la  greffe,  les  «  art  de  greffer  »  recommandent  en 
effet  comme  principales  époques  du  greffage  le  printemps  et  la  fin 
de  l'été.  M.  Ballet  dit  que  «  dans  le  midi  de  la  France,  où  l'action 
des  hivers  rudes  est  à  peu  près  nulle,  on  réussit  dès  le  mois  de 
décembre.  Vers  le  nord,  ajoute-t-il,  on  ne  peut  guère  commencer 
avant  mars  ou  avril.  Dans  les  pays  où  la  végétation  est  prolongée, 
le  greffage  d'été  est  souvent  pratiqué  sous  les  noms  de  greffage  de 
printemps,  greffage  d'automne.  » 

On  voit,  si  on  s'en  rapporte  aux  spécialistes,  que  les  époques 
recommandées  pour  greffer  en  fente  —  à  l'air  libre- —  varient  avec 
les  climats,  et  que  l'automne,  l'hiver  et  le  printemps  sont  également 
recommandés. 

Il  est  sûr  que  sous  le  chmat  de  Lyon,  on  manquera  plus  de 
greffes  en  fente  en  avril  qu'en  mars.  On  place  bien  les  grefïons 
contre  un  mur  au  nord  pour  les  empêcher  de  pousser  trop  vite, 
mais  conmie  on  ne  peut  pas  également  y  placer  l'arbre  à  greffer, 
il  arrive  fréquemment  que  la  «sève»  afflue  en  telle  quantité  autour 
de  la  partie  greffée  qu'elle  noie  le  greffon.  N.   D.   L.   R. 


Emploi  du  Prunier  pour  la  formation  des  haies  (1). 

La  question  des  haies  fruitières  fut  beaucoup  agitée,  et  s'il  est 
un  genre  d'arbre  fruitier  qui  convienne  tout  particulièrement  pour 
cet  usage,  c'est  assurément  le  Prunier. 

Je  ne  connais  aucun  genre  de  forme  pouvant  faire  produire  aux 
Pruniers  de  plus  nombreux  et  bons  fruits,  que  celle  en  haie,  et 
dont  voici  les  principaux  avantages  que  j'ai  maintes  fois  constatés  : 
rapidité  ou  précocité  de  production,  abondance  et  beauté  des  fruits; 
grâce  à  la  situation  des  fleurs  au  centre  de  la  haie,  elles  se  trou- 
vent en  grande  partie  protégées  des  gelées  ;  facilité  de  la  récolte 
et  plus  de  fruits  avariés  par  leur  chute,  comme  ceux  qui  se  trouvent 
sur  des  arbres  à  haute  tige.  Enfin,  la  structure  ou  enchevêtrement 
des  branches  paralj'^se  complètement  l'œuvre  des  coups  de  vent. 

Au  point  de  vue  ornemental,  c'est  un  coup  d'œil  féerique  que 
l'aspect  d'une  haie  de   Pruniers   de  diverses  variétés  où  l'on  voit 

(!)  Juurnal  de  vulijarisalioii  de  t'horticuUure. 


—  43   — 

tous  ces  fruits  de  différentes  couleurs  mélangés  les  uns  dans  les 
autres.  Comme  clôture,  c'est  une  haie  impénétrable,  qui  a;  l'avan- 
tage de  croître  et  de  prospérer  dans  les  plus  mauvais  terrains. 

La  première  haie  de  ce  genre  que  j'ai  pu  faire  planter  existe  à 
Bourges,  dans  le  parc  du  Petit-Séminaire  ;  depuis  sa  plantation, 
elle  a  chaque  année  fourni  une  grande  quantité  de  fruits,  et,  comme 
exemple  de  prompte  mise  à  fruit,  il  me  suffira  de  dire  qu'après 
deux  ans  de  plantation  ou  de  mise  en  place,  on  commença  à  man- 
ger des  fruits,  la  troisième  année,  on  fit  une  bonne  récolte  et  depuis 
cela  va  crescendo. 

Pour  procéder  à  la  plantation  de  ces  haies,  il  suffit  de  faire  un 
fossé  de  O^SO  de  largeur  sur  0°70  de  profondeur,  puis  l'on  place 
les  sujets  dans  cette  tranchée  ainsi  préparée  à  l'avance,  en  les  pla- 
çant sur  un  seul  rang,  à  O^ôO  les  uns  des  autres;  ensuite,  l'on 
termine  l'opération  comme  lorsqu'il  s'agit  de  la  plantation  d'autres 
arbres . 

Comme  taille,  après  la  plantation,  on  rabat  les  sujets  qui  sont 
des  greffes  d'un  an,  à  0"'bO  de  hauteur,  afin  de  favoriser  le  déve- 
loppement des  yeux  de  la  base  en  bourgeons  vigoureux,  dans  le  but 
d'obtenir  une  haie  bien  garnie  à  partir  du  sol.  Les  tailles  suivantes 
se  font  sans  précaution  et  en  vue  de  former  la  haie,  ce  dont  les 
arbres  ne  paraissent  pas  souffrir.  Je  ne  veux  pas  dire  cependant 
que  quelques  soins  ne  seraient  pas  récompensés  largement  par  une 
belle  réco'te. 

Pour  les  variétés  très  vigoureuses  ayant  une  tendance  adonner 
beaucoup  de  branches  gourmandes,  il  faut  faire  filer  les  branches 
dans  les  arbres  voisins  et  rogner  à  long  bois.  J.    Chaput, 

horliculteur  à  Bourges. 

Note  sur  les    Diospyros. 

Il  faut  toujours  un  laps  de  temps  plus  ou  moins  long  pour  que 
les  plantes  intéressantes,  les  légumes,  les  fruits  nouveaux  se  vulga- 
risent en  pénétrant  un  peu  partout.  Quand  on  pense  qu'il  a  fallu 
plus  de  deux  siècles  pour  que  la  Pomme  de  terre  quitte  les  jardins 
d'amateurs  pour  passer  dans  la  grande  culture,  il  n'y  a  pas  lieu  de 
s'étonner  outre  mesure  de  la  lenteur  avec  laquelle  d'autres  végé- 
taux intéressants  se  propagent  dans  les  jardins. 

Voici,  par  exemple,  un  arbre  fruitier,  le  Diospyros  Kaki,  pour 
l'appeler  par  son  nom  scientifique,  sorte  de  Plaqueminier  qui  abonde 
en  Chine  et  au  Japon,  qu'on  connaît  depuis  cent  ans;  il  est  rusti- 
que—  au  moins  dans  toute  la  région  moyenne  de  la  France,  —  ces 
fruits  sont  fort  intéressants,  et  leur  couleur  varie  depuis  la  nuance 
iaune  d'or  de  la  mandarine  jusqu'à  celle  rouge  sombre  de  la  tomate; 


44   - 


ils  mûrissent  à  une  époque  où  poches,  prunes  et  raisins  ont  disparu 
de  la  consommation  courante  ;  ils  sont  contemporains  des  oranges 
et  des  grenades,  assez  gros,  séduisants  à  l'œil  et  d'une  saveur  assez 
agréable.  L'arbre  rappelle  par  son  port  celui  des  Pommiers  nor- 
mands, et  quand  ses  feuilles  tombent  il  laisse  à  découvert  sa  récolte 
écarlate.  Ses  fruits  verts,  qui  sont  très  astringents,  ont  un  usage 
dans  l'industrie.  Eh  bien  !  croirait-on  que,  malgré  toutes  ces  qua- 
lités, le  Kaki  n'est  encore  chez  nous  qu'un  objet  de  simple  curiosité 
relativement  rare, 


f'-^kèm 


■-SI 


Diospyros  Lotus    L. 

Nos  compatriotes  qui  ont  habité  le  Japon  nous  ont  fait  connaître 
cet  arbre  qui  supporte  dans  sa  patrie  des  froids  souvent  excessifs, 
et  nous  sommes  encore  à  nous  demander  s'il  est  rustique.  On  en  a 
récolté  à  l'île  de  Wigtli,  à  Condrieu,  et  M.  Coignet  a  vu  le  ther- 
momètre 4  14"  au-dessous  de  zéro  dans  le  pays  aux  Kakis,  et  nous 


—  45  — 

n'essayerions   pas  d'en  planter?  Allons   donc,  essayons   toujours, 
cela  ne  nous  ruinera  pas. 

Il  parait  fort  probable  que  les  Kakis  sont  susceptibles  d'être  cul- 
tivés non  pas  seulement  dans  la  région  de  l'olivier,  et  du  figuier, 
comme  quelques  esprits  timides  le  supposent,  mais  dans  toute  la 
région  des  vignes.  Du  reste,  le  Dio^pyros  Kaki  est  un  arbre  au  moins 
aussi  polymorphe  que  notre  poirier,  car  on  eu  observe  des  formes 
t-ès  diverses  qui  mûrissent  à  des  époques    qui  peuvent  varier  de 


Dioapyros    Kaki    var.    cDsfata. 

septembre  à  décembre.  Il  serait  bien  extraordinaire,  à  notre  avis, 
étant  donné  ce  polymorphisme,  qu'il  n'y  ait  pas  quelques  formes 
rustiques  dans  le  cas  où  quelques-unes  seraient  plus  frileuses. 

Le  genre  Diospyros  était  connu  de  Théopliraste  sans  qu'on  sache 
bien  exactement  à  quelle  sorte  de  plante  il  faut  rapporter  ce  genre. 
On  a  cru  reconnaître  le  Lotus  des  anciens  dans  le  fruit  de  l'espèce 
que  Linné  a  dénommé  Diospyros  lotus,  mais  cela  paraît  sujet  à  con- 
testation, car  Homère  raconte  que  les  compagnons  d'Ulysse  «  qui 
avaient  tâté  du  Lotus  »  ne  voulaient  plus  s'en  aller  de  l'endroit  où 
il  croissait  ;  il  fallut  leur  donner  des  coups  de  bâton  pour  les  faire 
partir.  Or,  si  les  compagnons  d'Ulysse  n'avaient  eu  à  mander  que 
les  fruits  du  D.  Lotus  que  nous  connaissons,  il  est  plus  que  probable 
qu'ils  n'eussent  pas  été  séduits  par  sa  saveur  au  point  de  se  laisser 
donner  la  bastonnade.  Les  lotophages  devaient  manger  autre 
chose. 

Diospyros  est  un  mot  composé  tiré  du  grec  ;  il  signifie  à  peu  près 
littéralement  :  nourriture  divine. 


—  46  — 

Repris  par  Linné  qui  l'a  emprunté  aux  anciens,  le  genre  Dios- 
pyros  appartient  actuellement  aux  Ebénacées,  famille  végétale 
relativement  nouvelle  formée  aux  dépens  des  Styracées.  Il  a 
pour  caractères  botaniques  d'avoir  des  fleurs  dioïques  par  avorte- 
ment,  un  calice  profondément  divisé,  une  corolle  urcéolée  à  3-4-6 
divisions.  Les  fleurs  mâles  ont  les  étamines  insérées  au  fond  de  la 
corolle,  en  nombre  double  et  rarement  quadruple,  les  filets  sont 
doubles  et  l'ovaire  rudimentaire.  Les  fleurs  femelles  ont  les  étamines 
stériles,  un  ovaire  à  huit  ou  douze  loges  uniovulées,  2  ou  4  styles 
ordinairement  bibobés;  les  stigmates  sont  ponctiformes.  Le  fruit  est 
une  baie. 

Les  Ebénacées  —  dont  plusieurs  sortes  produisent  l'ébène  — 
croissent  pour  la  plupart  dans  les  régions  tropicales  de  l'Asie,  au 
cap  de  Bonne-Espérance,  dans  l'Australie,  dans  les  contrées  chau- 
des de  l'Amérique  ;  une  seule  est  spontanée  en  Europe,  c'est  le 
Diospyros  Lotus. 

Le  £)iosp;/ros  Lolua  (voir  la  figure),  qu'on  croyait  autrefois  origi- 
naire d'Afrique,  paraît  parfaitement  spontané  dans  l'Italie  conti- 
nentale, la  Dalmatie,  la  Croatie,  l'Albanie,  la  Turquie  et  en  Taurie 
dans  la  Russie  méridionale.  Cet  arbre,  qui  atteint  de  6  à  7  mètres 
de  hauteur,  est,  du  reste,  planté  dans  beaucoup  de  jardins  où  il 
est  connu  sous  le  nom  de  Plaqueminier  d'Italie.  Il  y  en  avait  un 
pied  remarquable  au  Jardin  botanique  de  Padoue,  dont  la  descrip- 
tion a  été  donnée  par  plusieurs  anciens  botanistes,  sous  le  nom  de 
Guaiacum  patavinum.  Le  Diospyros  lotus  ne  peut  offrir  d'intérêt  que 
comme  arbre  d'ornement  (à  moins  qu'on  ne  trouve  un  moyen  d'uti- 
liser son  fruit  dans  l'industrie)  et  comme  sujet  à  greffer  les  D.  Kaki. 

Le  Diospyros  virginiana  (Plaqueminier  d'Amérique)  dont  la  rusticité 
est  bien  connue,  a  été  plus  vite  répandu  dans  les  contrées  du  Nord 
que  le  précédent,  puisque  Miller  dit  du  D.  Lotus  :  «  Il  n'y  a  en 
Angleterre  aucun  arbre  de  cette  espèce,  si  l'on  excepte  ceux  qui 
ont  été  élevés  depuis  peu  dans  le  jardin  de  Chelsea...»  ,  tandis  que 
pour  le  D.  virginiana  le  même  auteur  ajoute:  «les  semences  de  cette 
espèce  qui  est  aujourd'hui  très  commune  dans  les  pépinières  des  en- 
virons de  Londres,  ont  été  fréquemment  apportées  de  la  Virginie 
et  de  la  Caroline  où  cet  arbreestextrêmement  répandu.  Miller,  écri- 
vait cela  vers  le  milieu  du  siècle  dernier  ;  le  célèbre  jardinier  de 
Chelsea  ajoutait,  à  propos  du  D.  virginiana  :  «  Il  produit  en  Angle- 
terre une  quantité  de  fruits  qui  ne  mûrissent  jamais  ;  les  habitants 
de  l'Amérique  conservent  ces  fruits  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  devenus 
mous  comme  les  nèfles,  et  ils  les  trouvent  alors  très  agréables  »  . 

Le  Diospyros  de  Virginie  est,  comme  tous  les  types  linnéens,  un 
arbre  polymorphe  ;  on  en  distingue  plusieurs  variétés,  en  autres  les 
suivantes  :    hicida,    angustifolia,    calycina,    pulescens,    etc  ;    il   peut 


_  47  — 

atteindre  6  à  7  mètres  de  hauteur.  C'est  également  un  arbre  d'or- 
nement, dont  on  peut  se  servir  comme  sujet  à  greffer  le  D.  Kaki... 

Pour  terminer  ce  qui  concerne  ces  deux  espèces,  comme  nous 
ne  nous  en  occupons  que  par  ce  qu'elles  servent  à  greflfer  les 
D.  Kaki,  nous  dirons  que  les  Z).  /on«  et  CTVgm/wHft  se  multiplient 
parfaitement  de  semis  en  pleine  terre  ;  mais  qu'on  peut  en  les  se- 
mant en  pot  et  sur  couche,  au  printemps,  avoir  dans  la  même 
année  des  sujets  forts  et  vigoureux. 

Le  Diospijros  Kaki  ou  D.  chinensis  a  été  introduit  dans  les  cultu- 
res en  1789.  Il  est  originaire  du  Japon.  Dumont  de  Courset,  en 
181 1,  le  décrivait  dans  «  le  Botaniste  »  .  Ce  fruit,  dit-il  est  recom- 
mandable  par  son  fruit  qu'on  dit  excellent,  —  ce  on  dil  prouve 
qu'il  n'en  avait  pas  goûté  —  et  qu'on  nomme  figue  caque.  11 
ajoute  :  «  Cet  arbre  est  plus  délicat  que  les  autres  de  ce  genre.  Il 
demande  l'orangerie  dans  le  nord  de  la  France  et  quand  on  peut  le 
mettre  en  pleine  terre,  une  bonne  exposition  et  des  abris  en  hiver. 
On  l'obtient  par  ses  graines  tirées  de  son  pays  et  on  le  multiplie 
soit  par  marcottes,  soit  par  la  grefte  sur  les  autres  Plaquemi- 
niers  »  . 

Pendant  fort  longtemps  l'histoire  du  Kaki  a  été  fort  obscure, 
comme  du  reste  la  plupart  de  celles  des  plantes  de  l'Extrême- 
Orient.  Mais  depuis  que  les  ingénieurs  français  ont  pénétré  au 
Japon,  on  est  un  peu  mieux  renseigné  ;  ce  qui  ne  prouve  pas 
cependant  qu'on  le  soit  d'une  manière  parfaite. 

On  sait  par  exemple  que  la  Figue-caque,  Diospijros  Kaki,  n'est  pas 
une  entité,  mais  représente  une  collection  de  variétés  végétales 
très  nombreuses,  souvent  bien  tranchées.  Le  fruit  du  Kaki  n'affecte 
pas  une  forme  unique,  il  peut  être  ovale,  elliptique,  subsphœrique, 
déprimé,  turbiné,  conique,  etc.;  il  ressemble  en  cela  à  notre 
poirier  commun.  Comme  lui  il  possède  des  variétés  à  fruits  très 
gros,  pendant  que  d'autres  sont  relativement  petits. 

M.  Dupont  a  non  seulement  fait  connaître,  quelques-unes  des 
variétés  de  Kaki  cultivées  au  Japon,  mais  il  a  réussi  à  en  intro- 
duire vivantes  un  certain  nombre.  Dans  les  notes  publiées  par  M. 
Dupont  sur  les  Kakis,  il  classe  ces  fruits  en  trois  groupes  savoir  : 
1"  Kakis  sauvages,  2°  Kakis  sucrés,  3"  Kakis  amers.  Il  signale 
avec  leurs  noms  japonais  quatres  variétés  dans  le  premier  groupe, 
dont  les  fruits  sphœriques  varient  de  2  centimètres  1/2  à  4  centi- 
mètres de  diamètre.  Leur  maturité  varie  de  tin  octobre  à  décembre; 
ils  sont  répandus  dans  tout  le  Japon.  Parmi  les  vingt  variétés  de 
Kakis  sucrés  qu'il  signale  comme  étant  cultivées  à  Tokio,  Kioto, 
Chinano  et  Kaï,  on  eu  trouve  d'allongées,  de  pointues,  de  sphœri- 
ques ou  sphœriques  déprimées.  Quelques-unes  atteignent  jusqu'à  8 
à  9  centimètres  ;  leur  maturité  varie  de  fin  août  à  décembre.  Les 


—  48  — 

Kakis  amers  ou  Kakis  d'iiiver  ne  perdent  leur  amertume  que  long- 
temps après  leur  cueillette.  Le  Dennaï  qui  est  un  kaki  amer  mesure 
jusqu'à  12  centimètres  de  diamètre. 

La  variété  costata,  reproduite  en  figure  est  également  une  des 
plus  jolies  sortes  qu'on  puisse  voir. 

Nous  extrayons  du  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticulture 
ainsi  que  d'autres  journaux  quelques  notes  relatives  à  la  multiplica- 
tion du  D.  Kaki. 

«  Leur  multiplication  se  fait  par  la  greffe  sur  le  Diospyros  virgi- 
niana  ou  sur  le  D.  Lotus  ;  le  premier  de  ces  sujets  ramifie  considéra- 
blement ses  racines,  ce  qui  en  rend  la  transplantation  difficile,  tan- 
dis que  le  second  offre  l'inconvénient  inverse.  La  greffe  offre  elle- 
même  de  la  difficulté  pour  la  reprise  à  cause  de  la  dureté  du  bois 
et  aussi  parce  que  la  greffe  tend  à  entrer  en  végétation  de  meilleure 
heure  que  le  sujet.  Au  Japon,  on  greffe  en  fente  et  on  enveloppe 
le  point  opéré  avec  de  la  mousse  ou  de  la  paille.  Là,  cette  simple 
précaution  assure  le  succès,  à  cause  de  l'extrême  humidité  du  cli- 
mat ;  mais  en  Provence,  le  climat  étant  sec,  il  a  fallu  protéger 
plus  efficacement  la  greffe  jusqu'à  la  reprise.  Les  mastics  ont  même 
été  souvent  insuffisants  ;  il  faudrait  donc  tenir  les  jeunes  pieds  gref- 
fés sous  cloche  ou  en  pot.  Un  Kaki  greffé  sur  Diospyros  Loius  au 
bout  de  trois  années,  dépasse  la  taille  d'un  homme  et  commence  à 
fleurir.  Les  fleurs,  venant  de  bonne  heure,  pourront  souffrir  des 
gelées  du  printemps  ;  mais  les  arbres  fleurissent  plusieurs  fois  suc- 
cesivement  et  même  jusqu'au  mois  d'août.  Les  fruits  venus  de  ces 
floraisons  tardives  pourront  encore  miîrir  en  Provence.  » 

M.  le  comte  de  Castillon  a  obtenu,  paraît-il,  d'excellents  résultats 
en  employant  la  greffe  sur  tronçons  de  racines  et  sous  châssis 
froid. 

Nous  pensons  que  greffes  en  fente  rez-terre  et  buttées  à  peu 
près  de  la  même  façon  que  la  vigne,  les  greffes  réussiraient  bien, 
parce  que  dans  la  plupart  des  cas  c'est  la  dessiccation  du  grefl^on 
qui  l'empêche  de  se  souder  avec  le  sujet. 

Un  autre  moyen  de  réussite  certaine  serait  la  culture  préalable 
des  sujets  en  pots,  et  ensuite  la  greffe  en  serre,  en  bâche  ou  sous 
cloches.  S.  G. 

Les  Varangots. 

Parmi  les  nombreux  centenaires  que  l'on  voit  poindre  à  l'horizon 
prochain,  il  en  est  un  qu'il  convient  de  ne  pas  oublier.  Nous  vou- 
lons parler  de  Parmentier,  qui  a  introduit  et  vulgarisé  en  France 
la  culture  de  la  pomme  de  terre.  A  ce  titre,  Parmentier  est  un 
véritable  bienfaiteur  de  l'humanité.    Il  est  vrai  qu'il  n'a  pas  encore 


-.  49  — 

de  statue.  Un  publiciste  fait  remarquer  qu'on  pourrait  du  moins 
atténuer  cette  injustice  en  appelant  la  pomme  de  terre  pnrmcnlièrc 
Mais  a-t-on  donné  le  nom  de  Christophe  Colomb  à  l'Ame. ique?  Il 
est  bien  difficile  d'aller  contre  un  usage  invétéré. 

On  pourrait  peut-être  empêcher  de  pareilles  injustices  à  l'avenir. 
Tenez ,  il  y  a  à  Melun  un  homme ,  un  simple  arboriculteur, 
M.  Varangot,  qui  se  démène  depuis  des  annnées  pour  arriver  à 
faire  planter  des  arbres  fruitiers  le  long  des  routes.  Ce  serait  d'un 
excellent  rapport  et,  dit-il,  on  pourrait,  en  faisant  du  cidre  destiné 
pour  la  troupe,  fournir  à  nos  soldats  une  autre  boisson  que  de 
l'eau.  Cela  ne  coûterait  rien  :  les  soldats  eux-mêmes  feraient  la 
récolte  et  le  cidre. 

Lorsque  le  ministre  de  Henri  IV,  Sully,  baron  de  Rosny,  com- 
mença à  planter  des  arbres  le  long  des  routes,  on  fut  tellement 
émerveillé  de  cette  nouveauté  qu'on  appela  ces  arbres  des  rosnys. 
Le  mot  ne  s'est  pas  encore  perdu  dans  certaines  campagnes. 

En  Seine-et-Marne,  on  s'est  mis  à  faire  les  plantations  d'arbres 
à  cidre  dont  nous  parlions  plus  haut.  Le  Conseil  général  a  adopté 
la  proposition  de  M.  Varangot  et  M.  l'ingénieur  en  chef  fait  pro- 
céder à  l'exécution. 

Eh  bien  !  voyons,  pourquoi  n'appellerait-on  pas  ces  arbres  des 
varangols?  Il  y  a  là  une  question  d'équité  que  nous  soumettons  au 
bon  sens  public.  Quant  à  nous,  nous  adoptons  le  mot.  Que  nos 
confrères  se  joignent  à  nous  et  l'usage  s'étabUra  bien  vite  de  dire 
des  varangols  pour  désigner  les  arbres  des  nouvelles  plantations 
routières.  V.   F. 

[L'Avenir  de  Seine-el-Marne.) 

Congrès  horticole  à  Paris  en  1886. 

Un  congrès  horticole  organisé  par  la  Société  nationale  d'Hor- 
ticulture de  France,  se  tiendra  pendant  la  durée  de  l'Exposition 
qui  aura  lieu  du  4  au  9  mai  1886,  dans  l'hôtel  de  la  Société,  rue 
de  Grenelle,  84.  L'ouverture  de  ce  congrès,  dont  nous  donnons 
ci-dessous  le  programme,  aura  lieu  le  jeudi  6  mai,  à  deux  heures. 

Une  carte  d'admission  pour  les  séances  du  congrès  sera  délivrée 
gratuitement  à  tous  les  membres  adhérents  ne  faisant  pas  partie  de 
la  Société. 

Pour  faciliter  l'organisation  du  congrès,  on  est  prié  de  faire 
parvenir  les  réponses  et  adhésions  au  siège  de  la  Société,  rue  de 
Grenelle,  84,  avant  le  15  avril  prochain. 

Questions  proposées  : 

1°  Examen   des    tarifs  des   Compagnies    de    chemins  de  fer,  pour  :  A,  le 
transport  des  végétaux  vivants;  B,  le  transport  des  denrées  horticoles. 


—  50  — 

2'  De  l'intervention  des  Consuls  relativement  aux  conventions  phylloxé- 
riques.  Leur  signature  est-elle  iariispansable  pour  donner  à  un  certificat  une 
valeur  ofiîiielie  ?  Le  service  des  douanes  des  diflférants  pajs  peut-il  refuser 
rentrée  das  vég'étaux,  lorsque  le  certificat  d'origine  porto  seulement  la 
signature  du  fonctionnaire  chargé  de  délivrer  ce  certificat? 

3"  Dans  quelle  mesure  et  dans  quel  sens  convieiulrait-il  de  développer 
renseignement  de  l'horticulture  dans  les  écoles  primaires  supérieures  et 
dans  les  écoles  d'agriculture  ? 

4°  Quelle  influence  l'àgcj  des  graines  a-t-elle  sur  la  qualité  et  la  quantité 
des  pl;inles  qui  proviennent  do  ces  graines? 

5°  Peut-on  cultiver  artificiellement  les  champignons  comestibles  autres 
que  l'agaric  champêtre  (Champignon  de  couche)  ? 

6"  Quelles  sont  Its  causes  du  dessèchement  sur  les  treilles  de  la  rafle  des 
grappes  des  raisins  de  table?  Connaît-on  un  moyen  de  l'empêcher  de  se  pro- 
duire? 

7°  Quelle  est  la  causa  qui  donne  naissance  à  la  maladie  connue  sous  le 
nom  de  blanc  des  racines,  dont  les  eff"ets  se  font  particulièrement  sentir  sur 
les  racines  du  pécher,  et  subsidiairement  sur  oellos  des  autres  arbres  frui- 
tiers? 

8"  Du  Mildiou  {Peronospora  viticola)  et  des  moyens  d'en  préserver  ou  d'en 
guérir  les  vi;;nes  dans  les  serres  et  les  jardins. 

9"  Quels  peuvent  être  les  avantages  du  bout  irage  des  arbres  à  fruits  à  pé- 
pins. Moyens  pratiques  de  réussite. 

10°  Quels  sont  les  fruits  les  plus  avantageux  à  faire  en  grande  culture 
pour  l'approvii-ionnement  des  marchés? 

Jl"  Des  moyens  de  mettre  en  bon  état  de  rapport  des  terres  de  médiocre 
qualité  ou  peu  productives,  par  l'emploi  d'arbres  ou  d'arbrisseaux  fruitiers 
dont  les  proluits  soient  directement  utilisés  dans  l'alimentation. 

12°  Influence  des  engrais  chimiques  en  horticulture.  Leur  emploi. 

13°  De  la  vaporisation  des  insecticides;  ses  avantages  et  ses  inconvé- 
nients. 

14°  De  l'emploi  des  engrais  liquides  dans  la  culture  des  plantes  en  pots 
ou  en  caisses. 

15°  A  quelle  cause  attribuer  la  grande  différence  qui  existe  souvent  dans 
la  germination  des  graines  et  la  croissance  des  jeuues  plants  d'un  même 
semis  ? 

1G°  Quelle  explication  peut-on  donner  de  la  différenca  que  l'on  remarque 
dans  la  végétation  et  la  floraison  des  plantes  vivaces  multipliées  par  le  bou- 
turage ou  par  la  division  des  pieds? 

17°  E'ude  de  l'emploi  des  matière?  qui  peuvent  entrer  dans  la  construc- 
tion des  couches.  Leur  influence  sur  l'élévation  et  la  durée  de  la  température 
qu'elles  produisent. 

18°  Maladies  du  Pelargonium  zonale.  Traitements  à  suivre. 

19°  Des  moyens  pratiques  d'éviter  la  chute  de  la  buée  dans  la  construction 
des  serres. 

20'  Faire  ressortir  comparativement  les  avantages  ou  les  inconvénients 
de  l'emploi  de  la  fonte,  du  fer,  de  l'acier  et  du  catvre  dans  la  construction 
des  appareils  de  chaufl'dge  des  serres. 

21°  De  l'emploi  de  la  vapeur  pour  chaufl'er  l'eau  des  thermodphons. 

22°  Utilité  en  horticulture  des  instruments  météorologiques  (baromètres, 
thermomètres,  hj'g  omètres).  Leur  mode  simplifié  d'emploi. 

23°  l)es  perfectionnements  apportés  à  l'hydraulique  horti:olo  et  de  ceux 
dont  elle  peut  être  encore  l'objet. 

21°  Du  rôle  et  de  l'influence  des  différentes  sortes  Je  terres  dans  la  culture 
des  végétaux  ligneux  en  plein  air. 


—  51 


INFORMATIONS 

Le  Ministre  de  l'agriculture  vient  de  créer  une  Ecole  d'agriculture  prati- 
que dans  le  département  du  Pas-de-Calais,  dans  le  domaine  de  Bertlionnal, 
près  Mont-Saint-Eloi, 

C'est  la  première  école  agricole  établie  dans  cette  région. 

M.  Ephème  de  Roosmalen,  qui  a  été  pendant  quinze  aus  sous-directeur  à 
l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  en  a  été  nommé  le  directeur. 

Il  y  sera  joint  une  école  d'horticulture  sous  la  direction  de  M.  Loiseau,  qui 
était  attaché  aux  cultures  du  pare  de  Versailles.  Vingt-trois  élèves  sont  déjà 
installés,  et  avant  la  fin  de  l'année,  il  y  aura  de  nouveaux  examens. 

M.  Ephème  de  Roosmalen  est  le  neveu  de  M.  J.  Sisley. 

—  Le  Concours  régional  agricole  de  notre  circonscription  se  tiendra  cette 
année  dans  le  département  du  Puy-de-Dôme,  et  s'ouvrira  à  Clermont-Fer- 
rand  le  19  juin.  Sa  durée  est  de  huit  jours. 

—  La  Société  d'Horticulture  de  la  Haute-Marne  tiendra  à  Chaumont,  du 
3  au  6  juillet  1886,  une  Exposition  consacrée  spécialement  à  la  culture  ma- 
raîchère, aux  primeurs,  aux  fleurs  coupées  et  aux  plantes  de  serre  et  d'ap  • 
partement.  Le  règlement  et  le  programme  en  seront  publiés  prochainement. 

—  Une  Exposition  d'horticulture  aura  lieu  à  Nantes,  du  7  au  9  mai  pro- 
chain. Les  horticulteurs  ne  pourront  présenter,  sous  peine  d'être  mis  hors 
concours,  (.ue  des  produits  de  leur  culture. 

—  Une  Exposition  est  organisée  par  la  Société  d'Horticulture  de  la 
Oironde  et  se  tiendra  à  Bordeaux  du  29  mai  au  15  juin  prochain. 

—  L'Anthurium  hybride  Archiduc  Joseph  (A.  Andreano-Lindeni),  vient 
d'être  mis  au  commerce  parla  Société  continentale  d'horticulture. 

—  A  l'occasion  du  Concours  régional,  il  y  aura,  à  Lille,  au  palais  Rameau, 
une  Exposition  internationale  d'horticulture.  Cette  exposition  se  tiendra  du 
16  au  20  mai  prochain. 

—  Parmi  les  cadeaux  offerts  à  la  princesse  Marie  d'Orléans  à  l'occasion 
de  son  mariage,  on  cite  une  collection  d'orchidées  évaluée  à  la  somme  de 
25,000  francs.  La  chronique  dit  que  le  donateur  est  M.  la  baron  E.  de 
Rothschild. 

—  Il  y  aura  au  mois  de  mai  1887,  une  Exposition  internationale  d'horti- 
culture à  Dresde,  capitale  du  royaume  de  Saxe.  Cette  Exposition  se  tiendra 
dans  le  grand  jardin  royal. 

—  U Illustration  horticole  figure,  comme  no«veauté,  sous  le  nom  de  Labi- 
sia?  Malouiana,  une  belle  plante  à  feuillage  ornemental  appartenant  aux 
Myrsinées.  Elle  i;st  originaire  des  montagnes  de  Rajah,  dans  l'intérieur  de 
Bornéo,  où  elle  a  été  découverte  par  M.  Teuscher.  La  large  macule  centrale 
pointillée  de  blanc  qui  parcourt  la  feuille  dans  toute  sa  longueur  lui  constitue 
un  attrait  caractéristique. 

—  Le  même  journal  figure  aussi  une  autre  nouveauté  sous  le  Lom  de 
Microstylis  bella  dont  les  petites  fleurs  en  grappe  allongée  n'ont  rien  de  bien 
remarquable. 

—  A  l'occasion  du  soixante-quinzième  anniversaire  de  sa  naissance,  le 
D'  Asa  Gray  a  reçu  de  ses  compatriotes  botanistes  un  superbe  cadeau,  un 
beau  vase  d'argent  orné  en  relief  de  différents  genres  de  plantes.  On  sait 
que  le  D'  Asa  Gray  a  décrit  de  nombreuses  plantes  de  la  flore  nord-améri- 
caine. 

—  M.  Dallé  a  présanté  sur  le  bureau  de  la  Société  nationale  d'horticulture 
de  France  une  souche  de  Cycas  revoluta  qui,  après  avoir  été  dépotée,  jetée 
et  complètement  abandonnée  pendant  trois  ans  et  exposée  aux  influences  les 
plus  diverses,  avait  cependant  produit  une  belle  couronne  de  feuilles.  De 
cette  robusticité,  M.  Dallé  a  conclu  qu'il  ne  serait  peut-être  pas  impossible 
de  cultiver  cette  espèce  en  pleine  terre,  en  l'abritant  contre  l'humidité. 


—  52  — 

—  La  Revue  d'horticulture  be/ge  et  étrangère  fait  connaîtra  une  forme  de 
Sumac  fastet  à  rameaux  retombants,  sous  Is  nom  de  Rhus  cot'mus  penduln.  Ce 
sera  une  excellente  variété  à  planter  isolément. 

—  Dans  une  de  ses  dernières  séances,  la  Société  d'agriculture,  d'horti- 
culture et  d'acclimatation  du  Var,  dont  le  siège  est  à  Toulon,  a  émis,  pour 
être  transmis  au  Ministre,  le  vœu  suivant:  m  que  les  augmentations  de  mini- 
mum do  poids  et  de  prix  de  transport  résultant  apportées  à  leurs  tarifs  par 
les  Compagnies  de  cheoains  de  for  soient  suppi'imées  et  que  le  transport  des 
fruits^  légumes,  (leurs,  liège  et  en  général  dd  tous  les  produits  agricoles  du 
Midi,  soit  encore  opéré  dans  les  conditions  existantes  avant  ces  modifica- 
tions, en  attendant  qu'il  puisse  être  donna  satisfaction  d'une  manière  plus 
large  aux  demandes  d'abaissement  général  des  tarifs.  » 

—  Dans  la  même  séance  tenue  par  la  Société  ci-iessus  dénommée,  M.  Raoul 
Crozet,  directeur  du  Champ  d'essai,  a  présenté  une  collection  fort  intéres- 
sante de  neuf  variétés  d'olives,  qni  se  distinguent  des  autres  sortes  par  leur 
grande  fécondité  et  leur  remarquable  précocité. —  Il  en  est  de  l'olivier  d'Eu- 
rope comme  de  nos  arbres  fruitiers  ;  c'est  un  être  de  raison  composé  de  très 
nombreuses  variétés. 

NOUVEAUTÉS  —  CATALOGUES 

RozAiN-BoucHARLAT,  horiiculteur  à  Caire-les-Lyon.  —  Catalogua  des  nou- 
veautés mises  au  coLumerce  par  l'établissement  dans  les  gear^js  suivants  : 
Pelargonium  à  grandes  fleurs,  zonales,  Fuchsia,  Chrysanthèmes,  Véroniques, 
Verveines,  Pétunias. 

Jacquemet  Bonnefont  père  et  fils,  horticulteurs  marchands-graiaiers  à 
Annonay  et  à  Ljon,  place  Bellecour.  —  Catalogue  de  graines  de  plantes 
potagères,  fourragères,  céréales  et  de  fleur.'.  Graines  d'arbres,  arbrisseaux 
et  arbustes  forestiers. 

L.  RosTAN  à  Valdonne  (Bouehes-du-Rhône).  —  Prix-courant  de  vignes 
américaines  et  franco-américaines.  Vignes  françaises  greffées  et  soudées  sur 
Riparia  et  Solonis.  Nombreuses  variétés. 

V.  Lemoine,  horticulteur,  rue  de  l'Etang  à  Nancy.  —  Catalogues  de  plan- 
tes nouvelles  que  l'établissement  met  en  vente.  Fuchsia,  Bégonia  tubéreux, 
Pétunias  doubles.  Pentstemon,  Lilas  doubles,  graines  diverses. 

.AVIS 

Le  LY0i\-H0RTICOLE  parait  régulièrement  deux  /ois  par  mois  (le  15  et  le 
30).  Malgré  la  régularité  du  service  d'expédition  il  arrive  quelquefois  que  des 
numéros  s'égarent  en  route  et  ne  parviennent  pas  à  leur  destination.  Nous 
prions  les  personnes  à  qui  cela  arrive  de  bien  vouloir  nous  réclamer  les 
numéros  qu'elles  n'auraient  pas  reçus. 

Réunion  lioi'tîcole.  —  Par  suite  des  changements  survenus  dans  la 
gérance  et  l'organisation  de  la  bi-asseiie  Giiiber,  la  réiinloM  horticole 
aura  lien,  à  partir  dn  13  février,  au 

C4FÉ    DE    LA    GAULE, 

19,  rne  Pults-Galllot,  à  •côté  de  l'ilôtel-de-VIIle  (entrée  faculta- 
tive, soit  par  le  café,  soit  par  l'allée  u"  15.  au  rez-ie-chaussée).  Tous  les 
horticulteurs,  sans  exception,  sont  invités  à  assister  à  cette  réunion,  qui  a 
lieu  tous  les  samedis,  à  7  heures  du  soir. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  FEVRIER  N»  4 


CHRONIQUE 


Noms  de  variétés,  —  Heureux,  trois  fois  heureux  les  polyglottes, 
surtout  s'ils  sont  jardiniers  !  On  nous  défend  de  traduire  en  français 
les  noms  de  variétés  de  fruits  ou  de  fleurs  obtenus  par  des  peuples 
qui  bavardent  autrement  que  nous;  nous  devons  écrire  littérale- 
ment, transcrire  voyelles,  consonnes,  apostrophes,  trémas.  Quant 
à  prononcer  avec  l'accent  phonétique  étranger,  n'y  songeons  pas  : 
les  Anglais  et  les  Allemands  nous  riraient  au  nez  comme  quand 
nous  les  entendons  parler  français. 

Je  trouve  cette  loi  sur  la  nomenclature  des  variétés  simplement 
absurde,  et  je  pense  que  les  législateurs  qui  l'ont  commise  ont 
gagé  entre  eux  qu'ils  ressusciteraient  en'  horticulture  la  confusion 
qui  régnait  entre  maçons  et  goujats  aux  temps  lointains  de  la  tour 
de  Babel. 

Tenez,  amis  lecteurs,  voici  le  nom  d'une  cerise  nouvelle  alle- 
mande :  Zœschencrokloberhnorpclkirsclw  ;  il  y  a  trente  lettres  et  un  peu 
de  kirsch  à  la  fin;  que  pensez-vous  de  ce  petit  nom? 

Mon  avis  est  qu'il  faut  avoir  mangé  de  la  chucrute  pendant  dix- 
sept  ans  au  moins  pour  le  prononcer  sans  faire  de  cuir  allemand. 

Je  sais  bien  que  les  jardiniers  français  ne  sont  guère  plus  logi- 
ques, et  si  on  voulait  citer  des  exemples  de  phrases  entières  don- 
nées comme  noms  de  variétés  par  nos  compatriotes,  on  n'aurait 
que  l'embarras  du  choix.  Parlez-moi  plutôt  de  la  langue  latine  et 
de  la  grecque  pour  construire  des  noms,  de  la  grecque  surtout,  si 
expressive  et  si  sonore.  Cependant,  il  ne  faudrait  pas  non  plus  vou- 
loir trop  prouver,  car  avec  les  mots  de  cet  idiome  habilement  com- 
binés, on  arriérait  à  des  noms  d'une  longueur  très  respectable. 
Exemple  :  un  auteur  (lisez  farceur)  a  proposé  de  nommer  la  carotte 
comestible,  connue  sous  le  nom  de  Daucus  Carola,  de  la  manière 
suivante  :  Micromacyogliicoxaiilhocnjlltrolcurorhizos,  ce  qui  veut  dire 
Racine  petite  ou  grosse,  jaune,  blanche  ou  rouge  et  sucrée.  Mal- 
gré tous  les  petits  renseignements  utiles  que  ce  nom  fournissait  sur 
la  carotte,  personne  n'a  voulu  l'adopter. 


—  54  — 

Revenons  aux  noms  des  variétés  ;  mon  avis  est  que  lorsque  ces 
noms  ne  sont  pas  construits  en  grec  ou  en  latin,  chaque  nation 
devrait  les  traduire  dans  sa  langue,  en  ayant  soin  de  mettre  enti'e 
parenthèse  le  nom  de  l'auteur  ou  sa  patrie.  Do  cette  manière,  chaque 
peuple  comprendrait  de  quoi  on  lui  parle  ;  ensuite  les  a  baptistes  » 
de  tous  les  pays,  pour  ne  pas  se  «  voir  traduire  »  emploieraient 
pour  nommer  leurs  gains  des  noms  propres  intraduisibles.  Au 
moins  en  agissant  ainsi,  on  ne  serait  pas  obligé  de  lire  ces  lon- 
gues phrases  allemandes  qui  servent  de  noms  aux  cerises. 

Le  fruil  en  abondance  pour  lous.  —  Tel  est  le  titre  d'une  brochure 
anglaise  (Out  door  Fruit  for  the  million),  dont  je  trouve  le  résumé 
suivant  dans  le  Bulletin  de  la  Sociêlé  liorlicole  du  Havre  : 

«  Cette  brochure  indique  un  moyen  simple  et  non  coûteux  pour 
produire  le  fruit  en  quantité  considérable  et  d'une  façon  constante. 

((  L'auteur  estime  qu'il  existe  trois  sortes  de  racines  dont  le  rôle 
est  différent  :  la  racine  pivotante,  qui  sert  à  fixer  l'arbre  au  sol  et 
lui  permet  de  résister  aux  vents  et  aux  tempêtes  ;  le  chevelu,  très 
voisin  de  la  base,  qui  fait  le  fruit,  et  enfin  les  racines  qui  vont  cher- 
cher au  loin  les  matières  constitutives  du  bois  et  des  feuilles.  Par- 
tant de  ce  point,  l'auteur  anglais  coupe  à  l'entour  de  l'arbre  avec 
sa  bêche  les  racines  qui  font  le  bois,  et,  au  moyen  d'une  cuvette 
pratiquée  au  pied  de  l'arbre,  il  nourrit  le  chevelu  avec  d'abondants 
engrais  liquides.  L'auteur  n'a  pas  la  prétention  d'avoir  inventé  la 
taille  des  racines  pratiquée  depuis  longtemps  par  les  jardiniers  qui 
savent  le  bien  qu'en  éprouvent  les  arbres,  mais  il  réclame  la  prio- 
rité de  la  découverte  du  rôle  des  racines  et  surtout  la  détermina- 
tion de  la  distance  scientifique  à  laquelle  la  taille  doit  être  opérée  ; 
selon  lui,  elle  doit  avoir  lieu  à  l'endroit  où  cesse  le  chevelu,  c'est- 
à-dire  à  une  distance  de  l'arbre  double  environ  de  la  circonfé- 
rence, » 

Nous  ne  savons  pas  si  cette  théorie  est  exacte  ;  mais  il  n'y  aurait 
rien  d'absohiment  extraordinaire  que,  à  l'exemple  des  branches  et 
des  bourgeons  qui  donnent  des  feuilles  ou  des  fleurs,  il  y  eut  des 
racines  dont  le  rôle  ne  serait  pas  identique.  C'est  aux  praticiens  à 
véritier  l'exactitude  du  procédé  en  question. 

Poires  nouvelles.  —  M.  A.  Saunier,  horticulteur  à  Rouen,  met 
au  commerce  les  poires  nouvelles  suivantes  : 

Secrvlaire  Alfred  fujneau.  Arbre  pyramidal  et  fertile,  vigueur 
moyenne,  venant  très  bien  à  haute  tige;  fruit  moyen  ou  gros,  de 
forme  conique,  œil  ouvert,  peau  lisse  et  passant  au  jaune  à  sa  ma- 
turité ;  chair  fine,  fondante  et  parfumée,  eau  abondante  et  sucrée; 
ïruit  exquis.  Maturité  novembre  à  janvier. 


—  55  — 

Bon  Clircùon  /cnnoul.  Arbre  vigoureux,  fruit  gros,  affectant  la 
ibrnie  de  la  Hellc  Ângevina,  chair  iiiie  et  parfumée,  eau  abondante 
et  sucrée.  Maturité  octobre. 

SccrcUiirc  Marcschitl.  Fruit  de  moyenne  grosseur;  chair  très  fine, 
juteuse  et  parfumée;  ce  fruit,  de  première  qualité,  mûrit  en  no- 
vembre et  décembre. 

Les  descriptions  de  ces  trois  poires  nouvelles  sont  celles  de  l'ob- 
tenteur. 

Eèsislancc  au  froid.  —  Un  refroidissement  considéralilo  de  lo 
température  est  survenu  dans  le  courant  de  janvier,  aux  environs 
de  Marseille.  Lo  thermomètre  a  marqué  de  3  à  7"  sous  zéro  pen- 
dant une  période  de  temps  relativement  assez  longue. 

A  ce  propos,  M.  L.  G.  signale  dans  la  Rnnic  horticole  dea  Bou- 
chcs-du'BJiùne,  quelques-uns  des  végétaux  d'ornement  qui  ont  gail- 
lardement supporté  cette  épreuve.  En  première  ligne,  il  signale  le 
Phœnix  tcnuis  ou  canaricnsis  (Dattier  des  Canaries),  qui  est  décidé- 
ment, dit-il,  le  plus  beau,  le  plus  ornemental  de  tous  les  palmiers 
de  pleine  terre,  he  Pritchardia  fdifcra,  le  Brahca  RœzU,  le  Cocos  ans- 
Iralis  n'ont  pas  souffert  non  plus  ;  par  contre,  le  TVashinçjionia  robiisla 
paraît  bien  endommagé. 

Diospijros  Kaki.  —  MM.  Baltet,  horticulteurs- pépiniéristes  à 
Troyes  (Aube),  ont  déposé  sur  le  bureau  de  la  Société  nationale 
d'Horticulture  un  fruit  mùr  de  Diospyros  Kaki,  qui  est  venu  et  est 
arrivé  à  sa  maturité  sur  un  arbre  en  espalier  dans  leur  établisse- 
ment. Troyes,  ajoute  le  journal  de  la  Société,  est  certainement  la 
localité  la  plus  septentrionale  où  on  ait  vu  jusqu'à  ce  jour  cet  arbre 
japonais  mûrir  son  fruit.  Il  est  plus  que  probable  que  certaines 
variétés  précoces  de  Kaki  mûriraient  parfaitement  leurs  fruits  beau- 
coup plus  au  nord.  La  question  est  de  planter  ces  arbres,  d'en 
faire  des  semis  avec  des  fruits  importés  du  Japon  et  de  choisir  les 
variétés  les  plus  hâtives  et  les  plus  rustiques.  Il  est  démontré  que 
le  Diospyros  Kaki  supporte  au  Japon  des  Idvers  souvent  rigoureux. 

Description  rapide  de  la  culture  du  Chou-Fleur  de  Chàlon-sur- Saône. 
—  M.  Fournier,  jardinier-maraîcher  à  Saint-Jean-des-Vignes,  a 
publié  dans  Vllorik'ullcur  chdlonnais,  bulletin  delà  Société  d'Horticul- 
ture de  Châlon,  une  note  sur  la  culture  du  chou-fleur.  Cette  note  > 
est  laconique  et  substantielle,  mérite  noa  commun,  savez-vous? 
Elle  a  une  douzaine  de  lignes  qui  valent  mieux  que  douze  pages. 

La  renommée  nous  apprend  que  la  culture  maraîchère  en  géné- 
ral, et  celle  du  chou-fleur  en  particulier,  se  font  à  la  perfection  aux 
environs  de  Châlon.  C'est  donc  avec  un  vrai  plaisir  que  nous  repro- 


—  sé- 
duisons la  note  de  M.   Fournier,  qui  a  su  condenser  en   quelques 
mots  les  préceptes  de  cette  intéressante  culture. 

«  Le  chou-lleur  de  Chalon  doit  être  semé  sous  châssis,  à  froid, 
du  15  au  20  septembre,  arraché  au  10  octobre  pour  repiquer  sous 
châssis  en  terrain  préparé  et  fertile.  Un  panneau  de  quatre  pieds 
carrés  en  contient  250.  Il  doit  être  bon  à  planter  à  demeure, 
sous  châssis,  dans  le  courant  de  décembre;  on  en  plante  six  par 
châssis.  En  pleine  terre,  le  même  chou-fleur  doit  être  planté  du 
15  février  au  15  mars,  à  50  centimètres  de  distance. 

«  Cullure  d'aulomne.  Il  doit  être  semé  en  pleine  terre  du  20  mai 
au  15  juin,  pou.'  être  planté  de  la  fin  de  juin  au  15  a(>ût;  il  peut 
être  consommé  du  1"  octobre  au  1"  décembre.  Il  supporte  assez 
bien  une  gelée  de  5  à  6  degrés.  11  doit  être  recouvert  de  feuilles, 
à  seule  fin  qu'il  soit  toujours  blanc.  Il  atteint,  en  bon  terrain,  de 
80  centimètres  à  I  mètre  de  pourtour.  » 

N'oubliez  jamais  que  le  chou-fleur,  qui  a  un  appétit  vorace,  est 
un  grand  mangeur  d'engrais.  N.  d.  1.  R. 

Pêches  Coulombicr  cl  Alexis  Lcpèrc.  —  Je  trouve  l'appréciation 
suivante  sur  les  deux  variétés  de  pêches  que  je  viens  de  nommer, 
dans  un  rapport  sur  les  arbres  dirigés  par  M.  Alexis  Lepère,  rap- 
port publié  dans  le  Journal  de  la  Société  nationale  d'Horticulture  : 

«  Il  y  a  peu  de  sortes  capables,  à  notre  avis,  de  lutter  avec  ces 
deux  variétés,  soit  pour  le  coloris,  soit  pour  la  beauté  et  la  qualité. 
Partout  où  nous  les  avons  vues,  elles  éclipsaient  totalement  leurs 
voisines:  Grosse  Mignonne,  Belle  Beauce,  Bon  Ouvrier,  etc. 
Nous  ne  saurions  donc  trop  chaleureusement  recommander  ces 
deux  variétés.  »  V.   V.-M. 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance    du   16  janvier  1886,  tenue  dans  la 
salle  des  réunions  iudastrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Comte,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2   heures  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  précédente  réunion,  qui  est 
îdopté  sans  observation. 

Correspondance.  —  Elle  se  compose  : 

1°  Lettre  de  Li  Préfecture  du  Rhône  accompagnant  l'eavoi  d'un  exem- 
plaire d'une  affiche  relative  aux  concours  régionaux  agricoles  qui  auront 
lieu,  en  IS'86,  dans  un  certain  nombre  da  départements.  M.  le  Préfet  nous 
invite  à  faire  placarder  cette  afficha  dans  la  salle  de  nos  réunions.  A  cette 
affiche  étaient  joints  deux  exemplaires  de  l'arrêté  par  lequel  M.  le  Ministre 
de  l'agriculture  a  réf^\é  les  dispositions  du  Concours  alférent  à  la  région  dont 
le  département  du  Rhône  fait  partie. 


—  57  — 

2°  Lettre  du  directeur  de  la  Société  d'organisation  du  Crédit  agiicole  en 
France,  demandant  l'appui  et  le  concoure  de  l'Association  pour  ai  ter  cette 
Société  à  orjjaniser  le  Crédit  agricole  dans  la  Rhône.  A.  cette  lettre  était 
.jointe  ui  e  brochure  explicative 

3°  Lettre-circulaire  du  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Mont- 
didier,  recommandant  l'œuvre  du  Cinienairc  de  Parmenlier. 

4°  Lettre-cil culaire  de  la  Société  Nationale  d'hortijulture  de  France, 
annonçant  que  la.  Société,  voulant  faciliter  la  présence  de  tous  ses  membres 
au  Congrès  horticole  qu'elle  doit  tenir  du  6  au  9  juin  prochain,  en  même 
trimps  que  son  exposition  générale,  a  obtenu  des  Compagnies  de  chemins  de 
fer  une  réduction  de  50  0/0  sur  le  prix  du  transport  en  faveur  de  tous  les 
sociétaires. 

M.  le  Secrétaire  de  l'Association  devra  demander  si  la  réduction  susdite 
fiera  également  accordée  aux  adhérents  au  Congrès  ne  faisant  pas  partie  de 
la  Société  Nationale  d'horticulture. 

M.  ViviandMorel  appelle  l'attention  de  la  réunion  sur  l»;s  publications 
reçues  par  la  Société  depuis  la  dernière  séance. 

Il  présente  divers  échantiloas  do  Cactées  desséchées  par  M.  Console, 
libraire  à  Palerme,  et  une  photographie,  exocu'ée  par  notre  collègue, 
M.  Be.'noud,  photographe  i  Ljon.  d'une  v\riélé  cri«tée  de  C^reus  flagelli- 
formis  prreffée  .«ur  un  Cereus  speciosissimus. 

M.  Viviand-Morel  f/iit  lessortir  les  avantages  que  présente  la  photographie 
pour  las  dessins  des  plante»,  surtout  lorsque  les  épreuves  sont  exécutées 
avec  un  art  fini,  comme  fdit  notre  collègue,  M.  Bernoud. 

Pi'ésentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  6  candidatures,  sur  lesquelles 
conformément  au  lèglement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions. —  Sont  admis,  à  l'unanimilé  et  sans  protestation,  les  candidats 
présentés  à  la  dernière  séance. 

Ce  sont  : 
MM.  Garda  (Antoine),  horticulteur-maraîcher   à   Isieux,  par   St-Chamond 

(Loire),  présenté  par  MM.  Fraisse  et  J.  Jacquier. 
Renaud  (Ant.),  jardinier  chez  M.  Chevollon,  (.ropriétair.)  à  Sainl-Cyr- 

au-Montd"Or  (Rhône),  présenté  par  MM.  Jarrj  et  Ch.  Laroch  . 
Daujas  (Jean-Marie),  jardinier-chef  chez  M.  le  comte  de  Miribel,  au 

château  de  Vors,   par  Lancé   (Isère),  présenté  par   MM.  Corbin  et 

Viviand-Morel. 
Franco  (Pierre),  jardinier,  à  Caras-Nice,  présenté  par   MM.  Carie  et 

Louis  Bernard. 
Plumet  (Louis),  marchand  de  cornailles  et  de  poudre  d'os,  hôtel  de  la 

Bombarde,  rue  de  la  Bombarde,  17,  Lyon,  présenté  par  MM.  Rosier 

et  Cl.  Jacquier. 
Besson,  horticulteur-rosiériste,  rue  des  Platanes,  à  Monplaisir-Lyon, 

présenté  par  MM.  Boucharlat  jeune  et  Viviand  Morel. 
Grumel,  chemin  de  St-Priest  à  Mon  plaisir-Lyon,  présenté  par  MM. 

Routin  et  Berthier. 
GrifFont,    horticulteur,   chemin  de   Gerland,  77,  aux  Rivières-Lyon- 

Guillotière,  présenté  par  MM.  Reverchon  et  Gamon. 
Brosse  (Jean),  horticulteur,  tailleur  d'arbres,  chemin  de  Gerland,  77, 

anx  Rivières-Lyon-Guillotière,    présenté   par  MM.   Reverchon   et 

Gamon. 
Ravut  (François)  fils,  serrurier  à  St-Cyr-au  Mont-d'Or,  présenté  par 

MM.  Ferret  et  L.  Gorret. 
Cartan  (E.),  boisselier,  marchand   de    vannei'ie,  brouettes,    caisses    à 

Heurs  et  autres    articles  concernant  l'agriculture,   gran  le   rue   de 

Vaise,  Lyon,  présenté  par  MM.  Comte  et  Laroche. 
Perny  (Pierre),  pianiste-compositeur,  à  Nice  (villa  Champ-ies-Roses), 

présenté  par  MM.  Pernet  fils  et  Viviand-Morel. 
Levât  (Etienne)   fils  aîné,  rosiérisle,  73,  route  d'Heyrieux  àMoiipldi- 

sir-Lyon,  présenté  par  MM.  Pernet  fils  et  Viviand-Morel. 


—  58  — 

MM.  Chabrel    (Joseph),    horticulteur,    faubourg    St-Jdaques,    à    Valence 

(Drôme),  présenté  par  MM.  A.  Bernaix  et  J.  Jacquier. 
Fréze  (Didier),  arehitecte-paysa^iste,  route    de   Criôres    à   Grenoble 

(Isère),  présenté  par  MM.  F.  Morel  et  Cl.  Lavenir. 
Petit  (Louis),  jardinier  chez  M""  Thomas,  rue  de  Plaisance,  à  Saint- 

Chamond  (Loire),  présenté  par  MM.  Glenat  et  Rivoire. 
Faivre  (Joseph),  jardinier  chez  M.  Ducôté,  à  Crépieux  (A.in),  présenté 

par  MM.  Balandras  (François)  et  J.  Jacquier. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  !M.  Beurrier  (Jean),  horticulteur  à  Lyon-Monplaisir,  un  fort  pied  de 
Bégonia  incaniata  en  pleine  floraison. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  Lyon-Croix-Roussc,  deux 
navets  ronds  à  collet  rose,  d'une  bonne  grosseur,  dont  un  présente  un  déve- 
loppement de  5  bourgeons. 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  Lyon-CroixRouase,  un  piei  en  fleurs  de 
Echinostachys  Pinellianus. 

Pour  juger  ces  apports,  il  est  nonemé  une  Commission  composée  de 
MM.  Cousançat.  Labruyère,  Girard,  pour  les  fleurs,  et  de  MM.  Combet, 
Rivoire,  Jean  Jacquier,  pour  les  légumes. 

Ces  Commissions,  après  examen,  proposent  d'accorder  : 

A  M.  Liabaud,  une  prime  de  2°  classe; 

A  M.  Chardon,  une  prime  de  S"  classe  ; 

A  M.  Jean  Beurrier,  une  prime  de  3»  classe. 

Il  est  donné  lecture  du  budget  provisionnel  et  du  compte-renlu  3nancier 
de  la  Société,  présenté  par  la  Commission  des  finances,  qui  est  adopté. 

Des  remerciments  sont  votes  par  l'assemblée  à  la  Commission  des  finances 
ainsi  qu'au  rapporteur,  M.  Cousaroit,  pour  la  clarté  avec  laquelle  la  situa- 
tion financière  de  notre  Compagnie  a  été  présentée. 

Les  conclusions  du  rapport,  demandant  que  des  remerciments  soient  votés 
au  trésorier  de  notre  Société,  M.  J.  Jacquier,  pour  les  soins  qu'il  apporte  à 
la  gestion  des  intérêts  de  notre  Compagnie,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à 
l'unanimité. 

Il  est  donné  lecture  des  modifications  et  changements  à  apporter  au  règle- 
ment et  statuts  de  l'Association  horticole. 

Après  une  observation  présentée  par  M.  Chaudy,  les  modifications  et 
changements,  mis  aux  voix,  sont  adoptés  à  l'unanimité. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  de  la  Commission  d'Exposi- 
tion pour  1886. 

Sont  nommés  :  MM.  Labruyère,  Jussaud  aîné.  Métrai,  Bernaix,  Girard, 
Belisse,  C.  Jacquier  père,  Musset,  Rivoire  fils,  Carie,  Therry  et  Û.  Meyran. 

Pour  faciliter  la  nomination  des  Commissions  chargées  de  juger  les 
apports  sur  le  bureau  et  pour  les  visites  à  faire  dans  les  établissements  à 
propos  des  semis  présentés  aux  séances,  il  est  nommé  une  Commission 
composée  de  MM.  Cousançat,  Rivoire,  Jussaud  aîné,  Bernaix,  qui  soumet 
à  l'Assemblée  la  liste  suivante  : 

Commission  des  plantes  florales  :  MM.  Rochet ,  Schmitt  ,  Labruyère, 
Belisse,  Chiéiien. 

D'arboriculture  :  MM.  Jacquier  fils,  Berihier,  Pilrat,  Louis  Gorret,  Routin. 

Des  Roses  :  MM.  Bernaix,  Guillot  fils,  Pernet-Duclier,  Duchet,  Dubreuil. 

De  culture  maraîchère  :  MM.  J.  Jacquier  père,  Pelletier,  A'erne,  Yillard, 
Grenier. 

Ces  listes,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'unanimité. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Seaélaire-Adjoint,    J,  Nicolas. 


—  59  — 
L'Art    des    Jardins    (1) 

Sous  ce  titre,  l'éditeur,  M.  J.  Rothschild,  vient  de  publier  un  magnifique 
ouvrage,  qui  présente  un  intérêt  général  à  tous  le^  amateurs  de  jardins,  aux 
municipalités  des  grandes  villes  des  deux  mondes,  et  aux  amateurs  de 
beaux  livres. 

Autrefois  édité  en  deux  petits  volumes,  le  livre  qui  paraît  aujourd'hui, 
est  Hu  cootraire  un  superbe  volume  in-4'',  entièrement  remanié  par 
M.  Alphand,  directeur  des  travaux  de  la  Ville  de  Paris  depuis  1854,  et  connu 
dans  le  monde  entier. 

L'ouvrage  est  le  plus  complet,  qui  ait  paru  jusqu'ici  sur  la  matière  ;  il  est 
divisé  en  deux  parties,  dont  l'une  comprend  Vhistoire,  l'autre  la  théorie. 


Cascade  do  la  Villa  Aldobrandiui. 

Dans  la  partie  historique,  les  auteurs  ont  rassemblé  tout  ce  qu'on  sait  des 
jardins  de  l'antiquité  égyptienne,  grecque  et  romaine  ;  ils  ont  passé  en 
levue  les  Edens  de  l'Inde  et  de  Cachemire,  les  jardins  chinois  si  différents 
des  autres;  les  plus  belles  créations  de  la  Renaissance  française  et  italienne, 
etc.,  etc. 

Arrivant  au  xvii"  siècle,  ils  ont  montre  le  génie  de  Le  Nôtre,  imposant  ses 
conceptions  au  monde  civilisé. 


(1)  VArl  des  jardins.  —  Parcs,  Jardins  et  Promenades.  Etude  historique,  prin- 
cipes de  la  composition,  plantations,  décoration  pittoresque  et  artistique.  Traité  pra- 
tique et  didactique,  par  le  baron  Ernouf,  3'^  éditior\  entièrement  refondue  et  publiée 
avec  le  concours  de  M.  Alphand,  dirediur  des  Iruraux  de  laviUedc  Paris,  insjiecteur 
ijpiièral  des  ponts  et  chaussées.  Publication  de  lixe  in-4°,  ornée  de  512  vigaettes  repré- 
.sentant  des  plans  de  jardins  anciens  et  modernes,  petits  jardins,  parcs  modernes, 
jardins  de  ville,  kiosques,  maisons  d'habitation,  ponts,  tracés,  détails  pittoresques, 
accidents  de  terraiu,  arbres,  eft'ets  d'arbres,  plantes  ornementales,  etc.;  augmentée 
des  plus  jolis  squares  de  la  ville  de  Paris  avec  leur  disposition,  des  plantes  et  des 
plans  des  parcs  et  jardins  les  plus  réussis  de  MM.  Alphand,  le  comte  Choulot, 
Barillet-Descharaps,  Meyer,  Kemp,  Neumann,  Siebeck,  etc.,  etc.,  pouvant  servir 
d'excellents  modèles.  Ouvrage  essentiellement  pratique  à  l'usage  de  tout  propriétaire 
de  jardin  (du  plus  petiot  au  plus  grand  parc),  des  ingénieurs,  régisseurs,  architectes, 
etc. —  Un  fort  volume  in-4'',  imprimé  jvec  luxe  sur  papier  teinté  fort  et  sous  couver- 
ture peau  d'àue  en  couleur,  20  fr.  —  En  reliure,  25  fr.  Edition  sur  papier  de  Hol- 
lande, 30  fr.  Sur  Japon,  40  fr.  Envoi  franco  contre  mandat-poste.  —  Paris,  J.  Roths- 
child, éditeur,  13,  rue  des  Saints-Pères. 


60 


Ils  racontent  avec  une  grande  imparlialité  la  grande  révolution  horticole 
du  -iècle  dernier,  la  substitution  au  style  régiilier,  au  régime  des  architec- 
tures vertes,  du  style  irrégulier  ou  paysager. 


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Jardin  La  Flora  à  Cologne. 


Dans  la  deuxième  partie,  les  préceptes  relatifs  aux  terrassements,  aux 
plantations,  à  la  conduite  des  eaux,  à  la  o  'nfeclion  des  ponts,  des  édieules, 
etc.,  se  recommandent  de  Ja  grande  autorité  da  M.  Alphaud  et  mi'ritent 
toute  l'attention  des  amateurs  et  artitrtes. 


—  61   — 

Nous  en  dirons  autant  des  chapitres  consacrés  à  l'étude  des  belles  créa- 
tions modernes  et  notamment  des  Promenades  de  Paris,  œuvre  philanthro- 
pique autant  qu'artistique,  qui  a  obtenu,  comme  celle  de  Le  Nôtre,  un  succès 
cosmopolite  et  qu'on  doit  considérer  comme  l'inauguration  d'une  ère  nou- 
velle dans  l'art  des  jardins.  .  ,,,,.. 

Enfin,  l'illustration  de  ce  volume,  qui  comprend  512  gravures,  a  ete  1  objet 
de  soins  tout  particuliers.  . 

On  s'est  efforcé  d'y  joindre  l'attrayant  à  l'utile,  utile  dulci,  en  y  faisant 
figurer  les  végétaux  dont  l'emploi  est  le  plus  avantageux  pour  l'ornementa- 
tion, les  plans  et  les  vues  des  plus  belles  œuvres  anciennes  et  modernes,  qui 
peuvent  fournir  des  indications  intéressantes  dans  la  pratique. 

Ce  livre,  rédigé  dans  un  large  éclectisme  mérite  donc  de  n'être  pas  confondu 
avec  certains  ouvrages  du  même  genre  ou  plutôt  publiés  sous  le  même  litre, 
qui  n'ont  d'autre  valeur  que  celles  des  gravures,  ou  bien  avec  ceux  dont  les 
auteurs  se  sont  préoccupés  uniquement  de  leurs  œuvres  personnelles. 


Jardin  paysager  dessiné  et  exécuté  par  feu  Barillet-Deschamps. 


••  Pour  bien  faire  ressortir  le  véritable  côté  pratique  de  cette  belle  publica- 
tion, nous  croyons  devoir  en  détacher  l'avant-propos  de  l'éditeur  : 

La  première  ébauche  de  cet  ouvrage,  formant  deux  petits  volumes,  n  paru 
en  1868. 

Un  deuxième  tirage,  mis  en  vente  quelques  années  après,  a  été  prompte- 
ment  épuisé,  et  c'est  pour  satisfaire  aux  nombreuses  demandes  qui  nous  sont 
adressées  que  nous  publions  cette  troisième  édition,  qui  est  en  réalité  une 
oeuvre  nouvelle. 

Pour  ce  travail,  entièrement  refondu,  noi;s  avons  obtenu  le  précieux  con- 
cours de  M.  Alphand,  qui  a  bien  voulu  y  reproduire  les  préceptes  formulés 
dans  l'introduction  de  son  grand  ouvrage  sur  les  Promenades  de  Paris. 

Les  annales  de  l'Art  des  Jardins  en  France  offrent  deux  périodes  mémora- 
bles. Le  Nôtre  avait  inauguré  la  première  en  donnant  à  sas  créations  un 


—  62  — 

caractère  essentiellement  aristocratique  :  Paris  a  vu  commencer  la  seconde, 
il  y  a  quelques  années. 

Ses  nouvelles  promenades  ont  obtenu,  comme  jadis  les  œuvres  do  Le  Nôtre, 
un  succès  cosmopolite  et  cette  impulsion  s'est  étendue  jusqu'aux  jardins  par- 
ticuliers. C'est  donc  la  ville  de  Paris  qui  a  eu  l'initiative  de  cette  évolution, 
conforme  aux  tendances  de  l'esprit  moderne. 

La  question  d'art  joue  désormais  un  rôle  considérable  en  toute  chose;  des 
monuments,  elle  s'est  étendue  à  la  décoration  intérieure,  aux  appartements. 
Chaque  fondation,  chaque  conception  publique  ou  privée,  doit  en  porter  le 
cachet  et  attester  cette  préoccupation;  elle  se  redète  partout,  à  tous  les 
degrés  de  l'échelle  sociale. 

Les  jardins,  soit  au  point  de  vue  du  plan  général,  soit  à  celui  de  leur  amé- 
nagement de  détail,  de  la  couleur,  de  l'harmonie  et  du  dessin,  devaient  aussi 
daus  une  large  mesure  à  ce  mouvement  progressif.  On  peut  dire,  en  effet, 
que  toutes  les  branches  de  l'art  trouvent  leur  emploi  dans  leur  création  :  l'ar- 
chitecture, dont  ils  furent,  à  l'origine,  uue  dérivation  immédiate;  la  sculp- 
ture, qui  concourut  de  tout  temps  à  leur  décoration  ;  la  peinture  qui  fournit 
surtout  des  enseignements  indispensables  pour  les  jardins  du  genre  dit  irré- 
gulier. Comment,  en  effet,  composer  des  scènes  dans  le  stjle  paysager,  si 
l'on  ne  sait  pas  d'abord  ce  que  c'est  qu'un  paysage?  Cette  considération  si 
simple  nous  a  aussi  déterminé  à  ajouter  un  chapitre  entièrement  nouveau 
sur  le  paysage. 

Dans  la  partie  historique,  il  forme  une  transition  naturelle  entre  l'ère  des 
compositions  régulières,  des  architectures  vertes,  et  l'avènement  d'un  ge  nre 
absolument  opposé,  quand  l'idée  d'imiter  la  nature  dans  ses  beaux  endroits 
prévaut  sur  celle  des  combinaisons  géométriques. 

Cette  manifestation  fut  le  témoignage  non  équivoque  d'une  évolution  psy- 
chologique, dont  les  grands  paysagistes  du  xvii"  siècle  ont  été  les  précur- 
seurs. 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties  principales  :  l'une  historique,  l'autre 
didactique. 

Dans  la  première,  qui  est  un  résumé  des  travaux  les  plus  mémorables 
accomplis  jusqu'à  nos  jours,  les  auteurs  ont  tâché  do  rassembler  les  indica- 
tions les  plus  curieuses  et  surtout  celles  dont  il  peut  ressortir  des  enseigne- 
ments pratiques.  Ils  ont  apprécié  avec  une  grande  impartialité  la  révolution 
horticole  du  siècle  dernier. 

Le  premier  chapitre  dé  la  partie  didactique  contient  les  préceptes  du  genre 
irrégulier  ou  paysager,  d'après  les  maîtres  les  plus  autorisés  :  Loudon,  Mac 
Intosh,  Kemp,  Decaisne,  Choulot,  Barillet-Deschamps,  Hirschfeld,  Piickler- 
Muskau,  Siebeck,  Meyer,  Petzhold,  Neumann,  etc. 

On  trouvera  dans  ces  pages  l'exposé  de  la  méthode  et  des  opérations  di- 
verses au  moyen  desquelles  il  est  possible  d'arriver  à  la  fusion,  dans  un 
ensemble  harmonieux,  des  formes  les  plus  agréables  de  la  nature  et  de  l'art, 
fusion  sans  laquelle  il  n'existera  jamais  de  jardin. 

Le  deuxième  chapitre  donne  les  règles  du  tracé  des  jardins  réguliei's, 
qu'on  a  encore  assez  souvent  l'occasion  de  mettre  en  pratique,  au  moins  par- 
tiellement. 

Viennent  ensuite  :  les  préceptes  spéciaux  pour  l'établissement  des  jardins 
de  villes  ;  une  revue  sommaire  des  plus  importantes  créations  modernes  en 
France  et  à  l'étranger. 

Un  dernier  chapitre,  consacré  aux  squares  et  promenades,  contient  des 
renseignements  techniques  qui  pourront  être  utiles  aux  aiministrations  muni- 
cipales disposées  à  suivre  de  loin  l'exemple  de  Paris  et  aux  propriétaires  qui 
voudraient  exécuter,  sur  une  échelle  moins  vaste,  des  travaux  analogues,  tels 
que  la  transformation  d'un  bois  ordinaire  en  parc  ou  jardin  paysager. 

L'illustration  de  ce  volume  a  été  l'objet  de  soins  tout  particuliers.  On  s'est 
efforcé  de  lui  donner,  dans  toutes  ses  parties,  un  caractère  à  la  fois  attrayant 
et  utile. 


—  03  — 


Aux  nombreux  dessins,  plans  de  parcs  et  de  jardins  anciens  et  modernes  de 
tous  les  pays  du  monde,  de  plantes  b\  d'arbiei»  d'oriiement,  nous  avons  ajouté 
un  grand  iiombre  d'exeiuples  d'autres  tires  des  livres  les  plus  rares,  repré- 
sentant des  œuvres  imporiauies,  dont  plusieurs  ont  été  modifiés  ou  n'existent 
plus. 

Citons  par  exemple  les  célèbres  parcs  et  jardins  du  Quirinal,  Ludovisi  Far- 
nèse,  Frascati,  (iiusli  a  Veione  et  autres  spéeimens  intéressants  des  villas 
italiennes  de  l.i  Renaissance,  les  parts  aiigluis  Klw,  Bailersea,  Biikenhead, 


—  G4  — 

Sydenham,  etc.  ;  des  œ  ivres  française?,  comme  Gaillon,  Clagny,  Chantilly 
Lourois,  etc.  ;  des  créations  allemandes,  Schwetzingen.  Heidelberg,  Sagan, 
Muskau,  Potsdam,  Wilhelmshœhe,  etc.  ;  les  paroa  espagools  de  la  Granja, 
d  Aranjuez  ;  le  bois  de  la  Cambre  (Belgique),  etc. 


Thalia  d.'albala.  (Extrait  de  VArt  des  Jardiiif.) 


Nous  n'avons  pas  négligé  non  plus,  à  l'occasion,  les  effet?  de  contraste 
résultant  de  l'aspect  antérieur  ou  ultérieur  des  mêmes  localités.  Ainsi,  on 
trouvera,  en  regard  du  parc  actuel  des  Buttes-Chaumont,  un  ancien  plan  qui 
donne  une  juste  idée  de  la  physionomie  sinistre  et  repoussante  qu'offraient 
autrefois  ces  parages  si  heureusement  transformés. 

Au  chapitre  du  paysage,  nous  avons  joint  la  roprcduclion  de  plusieurs  des 
ceuvres  les  plus^magistrales  du  Poussin,  Claude  Lorrain,  Cstade,  Pynaker, 
etc.,  etc. 


—  65  — 

Comme  un  grand  nombre  Je  ces  illustrations  n'offrent  pas  seulement  un 
attrait  de  pure  curiosité,  mais  peuvent  fournir  des  renseignements  pratiques, 
et  qu'elles  appartiennent  par  conséquent  autant  à  la  théorie  qu'à  l'histoire, 
nous  avons  cru  devoir  les  répartir,  en  proportion  à  peu  près  égale,  dans  les 
deux  parties  de  ce  volume,  historique  et  didacti  jue.  L'harmonie  de  l'ensem- 
ble y  a  gagné,  sans  que  la  logique  ait  eu  à  en  souffrir. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  tableau  sommaire  des  travaux  de  la  transfor- 
mation de  ParivS  exécutés  d'api  es  un  plan  d'ensemble,  et  par  l'indication  des 
prix  principaux  des  travaux  do  jardinage  à  Paris,  dos  documents  d'un  sérieux 
intérêt  pratique 

Nous  serions  largement  récompensés  de  nos  peines,  si  ce  travail  pouvait 
contribuer  à  propager  le  goiit  de  l'agriculture  d'agréinenl;  s'il  pouvait  don- 
ner eux  jardiniers  paysagistes  une  plus  haute  idée  de  leur  art  et  ramener 
aussi  nos  jaunes  architectes  aux  grandes  traditions  du  seizième  siècle,  épo- 
que où  les  plus  illustres  artistes,  à  la  fois  peintres,  sculpteurs,  ingénieurs, 
architectes,  ne  croyaient  pas  déroger  ou  plutôt  n'auraient  pas  cru  leur  œu- 
vre complète,  s'ils  n'y  avaient  pas  compris  l'étude  des  jardins,  corollaire  et 
complément  des  édifices. 

Nojs  espérons  aussi  que  ce  rappel  do  l'œuvre  à  la  fois  artistique  etphilan- 
tropique  de  la  transformation  de  Paris  encouragera  les  municipalités  à  sui- 
vre cet  exemple  et  à  établir,  dans  de  plus  modestes  proportions,  dos  prome- 
nade-', des  squares,  propices  aux  joyeux  ébats  de  l'enfance,  au  délassement 
des  habitants  laborieux,  et  dont  la  vue  repose  à  la  fois  l'esprit  et    les   yeux. 


Les    Cannas 


Cette  belle  plante  est  connue  depuis  très  longtemps  par  les 
botanistes  sous  le  nom  de  Canna  Indtca,  mais  on  ne  la  rencontrait 
il  y  a  quarante  ans  que  dans  les  serres  des  jardins  botaniques  et 
elle  n'était  pas  cultivée  dans  les  jardins  particuliers,  sans  doute 
parce  que  à  cause  de  son  origine  exotique  on  la  présumait  de 
serre  chaude. 

En  1846  elle  fut  importée  du  Chili  par  M.  Année  qui  avait  été 
Cousul  de  France  à  Valparaiso. 

Il  alla  s'établir  à  Nice  et  là  fit  des  expériences  qui  lui  démon- 
trèrent que  cette  plante  pouvait  se  cultiver  dans  les  jardins  pen- 
dant l'été,  comme  les  Dahlias  et  autres  plantes  tuberculeuses. 

Jtais  ce  ne  fut  qu'en  1855  qu'elle  parut  dans  les  jardins  publics 
de  Paris  par  les  soins  de  Barillet-Deschamps,  et  depuis  elle  est 
l'un  des  plus  beaux   ornements  de  tous  les  jardins. 

Vers  1860,  M.  Crozy  père,  de  Lyon,  s'en  occupa  et  se  livra 
à  la  fécondation  artificielle,  et  il  en  obtint  bon  nombre  de  variétés, 
et  en  1862  il  m'enseigna  cette  fécondation  à  laquelle  je  me  livrai 
avec  succès,  car  j'obtins  :  Député  Hénon,  Daniel  Hoïbrenk, 
Jean  Vandaël  et  Edtaiard  Morren,  et  cette  dernière  variété  figure 
encore  sur  les  catalogues. 

M.  Crozy  fils  aîné  suivit  l'exemple  de  son  père  et  s'appliqua 
surtout  à  obtenir  des  variétés  plus  naines  et  plus  florifères  et  il  y 
réussit,  et  aujourd'hui  cette  belle  plante  n'est  pas  seulement  l'orne- 


—  66  — 

ment  de  nos  jardins,  mais  est  aussi  cultivée  en  pots  et  peut 
servir  à  la  culture  forcée  et  à  l'ornementation  des  vérandas  et 
des  appartements,  où  elle  tranche  par  son  beau  feuillage  avec 
les  autres  plantes  cultivées  à  cette   intention.  J.  Sisley. 

CORRESPONDANCE 

Nous  avons  reçu  de  M.  Elie  Métrai,  actuellement  à  Londres,  la 
lettre  suivante  qui  intéressera  certainement  un  grand  nombre  de 
nos  lecteurs  : 

LondreSj  le  17  Février  1886. 

J'ai  lu  dans  la  chronique  du  dernier  numéro  du  Lyon- Horticole 
une  note  intitulée  :    «  Destruction  de  la  Cochenille  »  . 

Dans  cette  note,  M.  E.  Rivoiron  donne  le  remède  employé  par 
les  anglais  contre  ces  insectes.  Ayant  passé  mes  trois  premières 
semaines  de  travail  en  Angleterre  à  nettoyer  des  Stephanotis  et  des 
Gardénias  avec  le  pétrole,  je  vais  vous  indiquer  la  manière  dont 
j'ai  opéré  : 

Dans  un  baquet  contenant  environ  100  Hlres  d'eau,  on  met  en- 
viron 1/2  litre  de  pétrole  ;  et  pendant  qu'un  ouvrier  tient  les  plan- 
tes bien  au-dessus  du  baquet  la  plante  un  peu  plus  basse  que  le  pot, 
un  autre  seringue  fortement  tous  les  coins  et  recoins  où  sont  instal- 
lés les  insectes  et  a  bien  vite  raison  d'eux  ;  l'eau  tombant  dans  le 
baquet  ne  se  perd  pas,  et  ne  détériore  pas  les  plantes  ou  terrain 
d'alentour  ;  mais  il  faut  remuer  très  souvent,  car  le  pétrole  surnage 
toujours.  Après  cela  ou  couche  les  plantes  sur  le  sol,  toujours  très 
horizontalement  afin  de  laisser  égoutter  les  feuilles,  ayant  bien  soin 
de  ne  pas  tremper  le  pot  dans  cette  eau  pétrolée  car  ce  serait  un 
moyen  infaillible  de  tuer  les  plantes. 

Ce  travail  ne  demande  pas  plus  de  2  ou  3  minutes  par  plante. 
Puis,  une  fois  en  serre,  les  plantes  sont  un  peu  passées  en  revue,  et 
finies  d'être  nettoyées  à  l'aide  d'un  petit  pinceau  pour  les  tiges,  et 
les  feuilles  épongées  avec  de  l'eau  chaude  additionnée  d'un  liquide 
appelé  Fir  trec  oil  (huile  de  pin)  employé  pour  nettoyer  toutes  sor- 
tes de  plantes  et  d'un  grand  usage  ici,  mais  que  vous  pouvez 
remplacer  par  du  jus  de  tabac  et  du  savon,  je  crois.  Quant  à  bas- 
siner les  plantes  2  fois  par  jour  avec  de  l'eau  pétrolée,  je  pense 
qu'il  faut  agir  avec  précaution,  car  j'ai  vu  toute  une  serre  de 
Gardénia  qui  avait  perdu  leurs  feuilles  pour  avoir  été  traités  d'une 
manière  analogue. 

Les  feuilles  ne  paraissent  pas  trop  souffrir  des  bassinages  au 
pétrole  mais  les  racines  ne  sont  pas  dans  ce  cas.  Il  y  a  donc  lieu 
d'éviter  que  l'excès  de  l'eau  de  bassinage  ne  tombe  pas  sur  les 
pots.  Elie  Métral. 


—  67  — 

Du  traitement  des  productions  fruitières  du  poirier, 

Par  M.  FORNEY,  professeur  d'arboriculture. 

Nous  extrayons  d'une  longue  note  publiée  dans  le  Journal  de  la  So- 
ciété nationale  et  centrale  d horticulture  de  France  les  notions  suivan- 
tes, enseignées  par  M.  Forney,  et  qui  établissent  les  règles  à  suivre 
dans  la  culture  des  poiriers.  En  cela,  comme  en  toute  chose,  la  pra- 
tique raisonnée  amène  des  exceptions  basées  sur  la  nature  du  sol,  sur 
le  climat,  sur  la  force,  la  situation  et  la  vigueur  des  arbres,  le  sujet  sur 
lequel  ils  sont  greffés,  les  variétés,  etc.  ;  mais  on  ne  doit  pas  perdre  de 
vue  les  principes  qui  suivent: 

«  Heureux  le  jeune  jardinier  qui.  à  ses  débuts,  n'a  pas  reçu  comme 
règle  de  conduite  que,  pour  agir  sur  l'arbre,  il  faut  le  torturer  par  un 
excès  de  soins,  de  pincements  et  d'attaches  et  le  soumettre  à  des  formes 
géométriques  compliquées  ou  réduites  à  l'excès.  Celui  qui  a  eu  le  mal- 
heur de  recevoir  un  pareil  enseignement  marchera  de  déceptions  en 
déceptions.  Dès  ses  débuts,  plein  de  zèle,  il  couvre  le  jardin  de  palis- 
sades en  fer  les  plus  coûteuses,  qui  forment  obstacle  à  la  libre  circula- 
tion de  l'air  et  de  la  lumière Si,  au  contraire,  en  suivant  les  con- 
seils d'un  arboriculteur  expérimenté,  il  avait  pris  pour  règle:  aider  la 
végétation  sans  la  contraindre  ;  s'il  s'était  contenté  de  soumettre  ses 
arbres  aux  formes  les  plus  simples  et  le  plus  en  rapport  avec  le  mode 
de  végétation  particulier  à  chaque  espèce,   le  succès  aurait  couronné 

ses  efforts Quoiqu'il  fasse,   la  nature  reprendra  ses  droits,   et  de 

ses  arbres  taillés  et  rapprochés  à  l'excès  il  n'aura  pour  résultat  final 
que  des  pousses  à  bois  dans  un  sol  fertile,  que  l'épuisement  dans  un  sol 
médiocre. 

On  l'oublie  trop  souvent,  la  taille  n'a  pas  pour  but  de  former  des  des- 
sins avec  nos  arbres  fruitiers,  mais  d'obtenir  des  fruits. 

L'étude  des  productions  fruitières  du  Poirier  est  l'une  de  celles  qui 
laissent  le  plus  à  désirer  en  arboriculture,  celle  pour  laquelle  on  a  émis 
le  plus  de  principes  erronés;  et  cependant,  est-il  un  point  plus  impor- 
tant que  celui  de  la  mise  à  fruit  d'un  arbre  l 

Ces  considérations  nous  font  soumettre  les  principes  suivants,  prin- 
cipes que  nous  ne  donnons  pas  comme  absolus,  mais  qui,  appliqués  à 
propos,  permettront  à  l'agriculteur  d'agir  siirement  et  de  raisonner  ses 
opérations. 

Les  productions  fruitières  qui  se  développent  le  long  des  branches 
n'ont  qu'une  durée  limitée  ;  elles  se  dessèchent  vers  la  sixième  année, 
et  la  branche  se  dénude  à  partir  de  cette  époque.  De  plus,  sur  les  arbres 
à  fruits  de  table  soumis  à  la  taille,  si  ces  productions  étaient  abandon- 
nées à  elles-mêmes,  elles  s'épuiseraient  par  excès  de  floraison  et  la 
fructification  serait  irrégulière  et  imparfaite. 

Mettant  en  première  ligne  la  quantité  du  produit  obtenu,  lorsqu'il 
s'agit  d'arbres  de  verger  pour  fruits  à  boisson,  et  ne  tenant  nul  compte 
du  volume  et  de  la  beauté  du  fruit,  on  cherchera  avant  tout  une  forte 
récolte  eu  poids.  Pour  obtenir  ce  résultat,  on  s'attachera  à  cultiver  une 
variété  vigoureuse,  rustique  et  à  fruits  moyens  ou  petits,  les  arbres  de 
verger  à  petits  fruits  étant  plus  et  plus  sûrement  fertiles,  et  étant  plus 


—  68  — 

sûrement  restaurés  par  une  année  de  non-production  qui  suit  une  année 
de  fertilité  excessive. 

Pour  les  arbres  à  gros  fruits  fondants,  dits  de  table,  il  n'en  est  pas 
de  même.  Ces  variétés  ne  donnent  de  beaux  fruits  que  si  la  production 
fruitière  est  bien  constituée  ;  que  si  le  bouton  à  fleurs  qu'elle  supporte 
est  d'un  fort  volume.  Or,  ce  n'est  qu'à  l'aide  d'une  taille  raisonnée  et 
continue,  par  la  réduction  de  la  charpente  de  l'arbre  et  par  un  traite- 
ment sévère  de  la  production  fruitière,  que  l'on  peut  espérer  obtenir  ce 
résultat. 

Sur  un  arbre  parfaitement  conduit,  le  bouton  à  fleurs  est  double  de 
volume.  C'est  le  signe  le  plus  certain  de  l'excellence  de  la  méthode  sui- 
vie par  le  jardinier.  Quelque  régulier  que  puisse  être  un  arbre,  si  son 
bouton  est  grêle  et  pointu,  la  taille  est  mauvaise. 

1°  Les  produclions  fruilicres  doivent  être  de  force  moyenne,  mais 
bien  constituées.  Trop  faibles,  elles  sont  promptement  ruinées  ;  trop 
fortes,  elles  s'emportent  à  bois  ; 

2°  Elles  doinent  être  parfaitement  éclairées,  aérées  et  abritées.  Toute 
production  privée  d'air  et  de  lumière,  ou  exposée  à  des  courants  d'air 
trop  vifs, ne  formera  que  des  rosettes  de  feuilles,  fleurira  sans  fructifier, 
ou  ne  donnera  qu'une  fructifiation  imparfaite.  La  Poire  doit  recevoir 
l'action  directe  de  la  lumière,  et  ne  doit  jamais  être  touchée  par  les 
feuilles,  sans  toutefois  que  celles-ci  soient  par  trop  éloignées.  Les  Poi- 
riers en  pj'ramide  plantés  dans  les  jardins  enclos  et  en  plaine,  ceux 
qui  sont  plantés  le  long  des  chemins  de  fer  sont  rarement  productifs, 
exposés  qu'ils  sont  à  des  courants  d'air  trop  vifs  : 

3°  Elles  doivent  être  maintenues  à  la  longueur  motjenne  de  0°"  08 
{celle  du  doigt).  Sur  les  arbres  non  taillés,  l'ensemble  des  productions 
se  maintient  à  cette  longueur  en  moyenne;  si  elles  dépassent  cette  lon- 
gueur, elles  s'emportent  à  bois  ou  dépérissent  ;  si  elles  sont  tenues  plus 
courtes  et  ne  donnant  qu'une  seule  fructification,  elles  sont  faibles  et 
complètement  ridées.  Cette  longueur  moyenne  variera  naturellement 
en  raison  de  l'âge  et  de  la  vigueur  de  la  production. 

En  taillant,  si  la  production  est  plus  courte  que  O"  08,  on  allongera 
peu  à  peu.  Si  elle  est  plus  longue,  on  descendra,  tout  en  profitant  des 
boutons  supérieurs  ; 

4°  On  ne  cotiservera  pas  plus  de  trois  bifurcations  aux  productions 
fruitières.  On  sait  qu'une  production  fruitière  se  ramifie  avec  l'âge  ; 
durcie  à  l'excès,  elle  finit  par  s'épuiser  et  par  ne  constituer  que  de 
maigres  boutons  incapables  de  fructifier. 

On  ne  conservera  qu'une  des  divisions  sur  les  productions  faibles. 
Mettre  toutes  les  productions  sur  un  seul  brin  est  le  procédé  le  plus  sûr 
de  restaurer  un  arbre  affaibli  par  l'excès  de  fructification.  On  laissera 
deux  divisions  sur  les  productions  de  force  moyenne,  trois  au  plus  sur 
les  productions  plus  âgées.  Ce  n'est  que  par  exception,  et  sur  les  fortes 
branches  qu'on  augmentera  ce  nombre  ; 

5°  On  ne  laissera  sur  la  production  fruitière  qu'un  seul  bouton  prêt 
à  fleurir.  On  choisit  le  plus  gros  et  le  mieux  placé  ;  comme  il  profite 
seul  de  la  sève,  la  fructification  sera  plus  assurée.  Cependant,  on  peut 
laisser  deux  boutons  sur  les  productions  vigoureuses  et  sur  les  arbres 
peu  fertiles. 

Los  autres  boutons  supprimés  seront  occupés  en  conservant  leur  base 
ridée,  sur  laquelle  se  développera  une  rosette  de  feuilles  qui  fructifiera 
par  la  suite  ; 


—  69  — 

6°  Le  bouton  prêt  à  fleurir  doit  être  terminal.  Un  caractère  distinctif 
des  espèces  à  pôpins,  c'esf  que  le  bouton  à  fleurs  est  terminal,  placé  à 
l'extrémité  d'un  support  ridé  plus  ou  moins  long.  On  doit  rabattre  sur 
le  bouton  toute  la  partie  supérieure  de  la  production  qui  dépasse  ;  on 
le  fait  profiter  de  toute  la  sève  et  on  a  l'avantage  de  diminuer  le  déve- 
loppement de  certaines  productions  trop  fortes.  La  production,  parfois 
un  peu  raccourcie,  tendra  du  reste  à  s'allonger  en  se  divisant  sur  la 
base  du  bouton  à  fleurs  ; 

7°  Le  boulon  à  fleurs  ne  fructifie  parfaitement  que  s'il  s'est  constitué 
en  (rois  végétations.  On  trouve,  il  est  vrai,  quelques  boutons  à  fleurs 
sur  le  bois  de  l'année  précédente  ;  mais  ces  boutons,  surtout  lorsqu'ils 
terminent  le  rameau,  sont  mous  et  fructifient  difficilement.  Si  le  bouton 
dépasse  trois  végétations  sans  fleurir,  il  peut  s'allonger  indéfiniment 
en  se  terminant  tous  les  ans  par  une  rosette  de  feuilles,  ce  qui  provient 
de  ce  que  la  production  est  privée  d'air  et  de  lumière. 

On  ne  peut  compter  sur  de  pareilles  productions  ;  il  faut  les  rabattre 
et  revenir  sur  une  lambourde  plus  jeune,  ou  la  faire  développer  à  l'aide 
d'une  rosette  de  feuilles  ; 

8°  Toute  production  fruitière  complètement  ridée  tend  à  disparaître  ; 
on  ne  la  rencontre  plus  sur  les  branches  âgées.  La  nature,  et  il  faut 
l'imiter,  tend  à  rajeunir  ces  productions  en  faisant  développer  sur  elles 
une  production  à  bois  lisse,  dard  ou  brindille.  On  sait  qu'une  produc- 
tion complètement  ridée  n'est  pas  lignifiée  ;  sa  consistance  est  charnue 
et  elle  se  casse  net  comme  une  pointe  d'asperge.  On  doit  provoquer  sur 
cette  lambourde  le  développement  d'une  pousse  à  bois  lisse  et  conser- 
ver pour  le  moins  une  certaine  longueur  de  cette  partie  lisse  à  la  taille, 
ne  fût-elle  que  de  un  ou  deux  centimètres,  cette  partie  ligneuse  suffi- 
sant pour  assurer  la  durée  de  la  production.  S'il  s'était  développé  un 
rameau  à  bois,  on  pourrait  l'enlever  complètement  sur  son  empâtement, 
car  on  peut  être  sûr  que  la  production  ridée  conservée  est  assez  forte 
pour  développer  d'autres  pousses  par  la  suite; 

9°  On  taille  sur  le  bois  lisse  si  on  veut  obtenir  du  bois,  et  sur  les  rides 
si  on  veut  obtenir  du  fruit.  En  établissant  ce  principe  que  tout  jardi- 
nier devrait  connaître,  nous  donnons  la  certitude  du  résultat  d'une 
taille.  Tout  œil  sur  bois  lisse  devenu  terminal  par  la  taille  donne  une 
pousse  à  bois  lisse  ;  toute  taille  faite  sur  les  rides  qui  se  trouvent  sur 
les  coudes  à  la  base  d'une  pousse,  fera  sortir  des  productions  fruitières 
sur  ces  rides,  qui  contiennent  des  germes  mal  constitués. 

Si  on  taille,  par  inadvertance,  une  production  fruitière  sur  partie 
lisse  sur  les  yeux  d'un  rameau  qui  se  serait  développé  sur  elle,  on  la 
fera  partir  à  bois.  Cette  taille  vicieuse  est  la  cause  qui  fait  qu'il  se  ren- 
contre une  masse  de  gourmands  sur  les  branches  pendant  le  cours  de 
la  végétation. 

Si  on  taille  l'extrémité  d'une  branche  sur  une  partie  ridée  où  se  trou- 
vait une  rosette  de  feuilles,  sur  un  coude,  la  branche  se  terminera  par 
une  production  fruitière.  On  peut  être  parfois  forcé  de  tailler  une  pro- 
duction fruitière  sur  le  bois  lisse  ;  on  cassera  alors  plutôt  que  de  tailler 
pour  aâ"aiblir  la  production  ;  cependant,  on  peut  tailler  sur  bois  lisse 
quand  on  taille  sur  un  bouton  prêt  à  fleurir,  car  on  ne  craint  plus  de 
le  faire  partir  à  bois  ; 

10"  Si  une  production  fruitière  est  formée  par  une  seule  longueur 
de  bois  lisse  [une  pousse  de  l'année,  dard  ou  cassement),  et  si  cette 
pousse  est  suffisamment  longue  et  garnie  d'une  ou  deux  futures  lam- 


—  70  — 

bo2irdes,  on  ne  devra  pas  conseruer  la  seconde  longueur  de  bois  lisse 
qui  se  serait  dcvclopp/'e  sur  elle  (brindille  ou  cassement).  Cette  seconde 
longueur,  étant  terminale,  absorberait  toute  la  sève  et  le  bout  de  pro- 
duction inférieur  resterait  dénudé. 

On  ne  conserve  une  seconde  longueur  de  bois  lisse  que  lorsque  la 
première  longueur  est  trop  courte  et  dégarnie,  étant  alors  forcé  d'aller 
chercher  le  fruit  sur  la  nouvelle  pousse  ; 

11°  Toutes  les  productions  fruitières  d' une  branche  doivent  s'équi- 
librer entre  elles.  Quoique  les  productions  fruitières  qui  se  trouvent  le 
long  de  la  branche,  lambourdes,  dards,  brindilles  ou  cassements,  diffé- 
rent entre  elles  comme  force  et  longueur,  on  les  équilibrera  selon  l'âge 
et  la  force  de  la  branche.  Ainsi,  on  ne  laissera  pas  fie  forts  cassements 
à  la  partie  élevée  d'une  branche  faible  et  garnie  de  lambourdes  sur  sa 
partie  inférieure  ; 

12"  Les  productions  fruitières  doivent  être  convenablement  espacées 
entre  elles  le  long  de  la  branche.  Les  yeux  sont  souvent  si  rapprochés 
entre  eux  que,  lorsqu'ils  se  développent,  il  forment  un  fouillis  de  pous- 
ses infertiles,  parla  masse  des  feuilles  qui  privent  d'air  et  de  lumière 
les  futurs  boutons  (Duchesse,  nergamote).  Ces  faibles  lambourdes  accu- 
mulées finissent  par  se  dessécher. 

On  espacera  les  productions  fruitières  en  faisant  en  sorte  que  l'on 
puisse  mettre  les  quatre  doigts  entre  elles  ;  on  supprimera  dans  ce  cas 
les  productions  trop  fortes  qui  tendent  à  s'emporter  à  bois,  et  celles. 
trop  faibles  et  ridées,  qui  tendent  à  disparaître  ; 

13°  //  ng  aura  pas  excès  de  boutons  à  fleurs  sur  une  jeune  branche. 
Parfois  une  jeune  branche  se  couvre  de  boutons  prêts  à  fleurir  sur 
toute  la  longueur  ;  c'est  pour  plus  tard  un  présage  de  ruine  et  d'infer- 
tilité. On  devra  retrancher  une  partie  de  ces  boutons  et  choisir  les  plus 
beaux,  en  n'en  laissant  rigoureusement  qu'un  tous  les  15  centimètres. 
On  coupera  les  autres  boutons  en  conservant  leur  base  ridée,  sur  la- 
quelle se  développeront  des  pousses  feuillues,  espoir  d'une  récolte 
future  ; 

14°  On  ne  doit  pas  conserver  deux  productions  fruitières  sur  le 
même  empâtement.  Elles  se  nuisent  et  leur  base  prend  un  tel  dévelop- 
pement que  la  circulation  de  la  sève  est  arrêtée  dans  la  branche.  Cette 
règle  négligée  est  la  cause  principale  de  ces  affreuses  têtes  de  saule 
qui  couvrent  les  branches  de  certains  arbres. 

On  choisira  naturellement  pour  la  conserver,  la  pousse  la  mieux 
constituée  pour  la  fructification. 

15°  On  doit  retrancher  tonte  reproduction  fruitière  qui  s'est  dévc' 
loppée  sur  le  bourrelet  d'un  coude  de  taille  d'une  branche.  Ces  pousses 
formant  un  empâtement  sur  le  coude,  gênent  fortement  la  circulation 
de  la  sève; 

16»  On  7ie  doit  pas  conserver  de  productions  fruitières  sur  la  lon- 
gueur d'une  tige.  Cette  production  gêne  la  circulation  de  la  sève, 
sont  peu  productives,  étant  le  plus  souvent  peu  aérées  et,  de  plus, 
elles  sont  la  cause,  par  leur  empàLement  ridé,  du  remplacement  de 
l'écorce  lisse  par  l'écorce  rugueuse  et  crevassée.  On  sait  que  ses  rugo- 
sités commencent  toujours  au  pourtour  de  l'empâtement  d'une  produc- 
tion laissée  sur  la  tige. 


—  71   — 

17°  La  base  (Tune  branche  formée  devra  être  dégarnie  de  produc- 
tions fniiticres  sur  une  longueur  de  15  centimètres.  Ces  productions, 
le  plus  souvent  ruinées  et  infertiles,  empêchent  la  sève  de  pénétrer 
dans  la  branche. 

Une  pyramide  dont  les  branches  sont  dénudées  à  leur  base  n'en  sera 
que  mieux  constituée,  l'air  pénétrant  librement  au  centre  de  l'arbre; 

18°  Une  branche  ne  doit  jamais  être  terminée  par  U7ie  production 
fruitière.  Elle  n'a  plus  d'accroissement  en  force  et  longueur,  et 
dépérit; 

19»  Une  branche  âgée  et  forte  est  plus  disposée  à  développer  des 
pousses  à  bois  qu'à  se  couvrir  de  productions  fruitières.  Ce  fait  se 
reconnaît  surtout  sur  l'ensemble  des  arbres  âgés  d'un  jardin  vieux 
planté,  On  n'a  d'autre  ressource,  dans  ce  cas,  que  d'allonger,  de  cou- 
cher le  long  des  branches,  des  brindilles  entières  ou  des  boutons  de 
rameaux  faibles,  sur  lesquels  la  fructification  s'établira.  Une  branche 
qui  dépasse  une  certaine  force  (celle  d'un  manche  à  balai)  doit  donc 
être  traitée  autrement  que  les  branches  moins  fortes  sur  lesquelles 
la  fructification  se  constitue  à  peu  de  distance  de  la  branche. 

Voilà  les  principes  qui  doivent  guider  dans  la  conduite  de  la  produc- 
tion fruitière  du  Poirier.  On  se  rappellera,  premièrement,  que  le  bon 
donne  le  bon  ;  que  les  bons  yeux  donnent  les  bonnes  productions;  que 
celles-ci  se  couvrent  de  gros  boutons  qui  seuls  produisent  de  beaux 
fruits.  On  ne  conservera  que  ce  qui  est  bon,  en  suivant  rigoureuse- 
ment ce  premier  principe  de  taille  ;  qu'il  n'y  ait  pas  dans  un  jardin 
une  seule  branche,  une  seule  production  fruitière  qui  ne  soit  parfaite  - 
ment  éclairée  et  aérée. 

En  résumé,  la  règle  de  conduite  sera  de  ne  conserver  qu'un  nombre 
convenable  de  branches  pour  qu'elles  soient  garnies  de  bonnes  pro- 
ductions fruitières,  bien  nourries  et  convenablement  espacées  et 
éclairées.  » 

L'incision    annulaire   de  la  vigne 

M.  Louis  Pinsan,  propriétaire  à  Preignac  (Gironde)  donne  clans 
le  Journal  de  la  f-'igne,  les  conseils  suivants  aux  viticulteurs  : 

Au  moment  où  les  travaux  de  la  taille  de  la  vigne  vont  s'ouvrir, 
je  crois  qu'il  n'est  pas  hors  de  propos  de  faire  connaître,  dans 
l'intérêt  des  viticulteurs,  le  succès  que  j'ai  obtenu  par  l'incision 
annulaire  sur  mes  vignes. 

Je  pratique,  depuis  trois  ans,  cette  incision  et  il  est  hors  de 
doute  que  j'ai  doublé  le  rendement  de  mes  vignes,  tout  en  amé- 
liorant de  beaucoup  la  qualité  du  vin.  L'effet  de  l'incision  active 
la  maturation  et  par  suite,  le  raisin  se  trouve  plus  sucré  et  mieux 
nourri  que  celui  des  vignes  non  incisées. 

Beaucoup  de  propriétaires,  dans  le  département,  l'ont  essayée 
l'année  dernière,  et  partout  où  l'on  a  opéré  avant  la  floraison  elle 
a  produit  l'excellent  résultat  qu'on  en  attendait.  S'il  est  vrai  que 
cette  opération  n'ait  pas  répondu  à  l'attente  de  quelques-uns, 
l'insuccès  ne  doit  être  imputé  qu'à  une  incision  mal  faite,  ou  accom- 
plie pendant  ou  après  la  floraison. 


—  72  — 

Cette  opération  a  été  pratiquée  à  d'autres  époques,  probable- 
ment à  la  suite  d'intempéries  qui  provoquaient  la  coulure  ;  mais 
des  années  plus  prospères  étant  survenues  avaient  fait  délaisser 
puis  oublier  ce  moyen.  Pour  parer  aux  intempéries,  qui  depuis 
bon  nombre  d'années,  désolent  nos  vignobles,  la  pratique  de  l'in- 
ci^ion  s'impose  de  nouveau;  elle  aura  ses  détracteurs  comme  du 
reste  les  ont  eues  toutes  les  nouvelles  découvertes  ;  le  soufre,  le 
sulfure  de  carbone,  les  vignes  américaines  ont  les  leurs,  et  ces 
dernières  par  ceux  surtout  qui  n'en  ont  jamais  planté;  et  pourtant 
tous  ces  moyens  ont  donné  et  donnent  d'excellents  résultats  lors- 
qu'ils sont  employés  avec  discernement. 

Il  est  entendu  que  l'incision  doit  se  faire  sur  la  taille  à  long 
bois  (aste  ou  tirole,  ou  branche  à  fruit  qu'on  renouvelle  tous  les 
ans),  au-dessus  du  2"  bourgeon  à  partir  de  la  naissance  de  la 
branche;  la  largeur  de  la  bague  doit  être  de  3  millimètres  pour 
les  pieds  à  peu  de  végétation  et  de  5  millimètres  pour  les  plus 
vigoureux;  les  2  bourgeons  au-dessous  de  l'incision  donneront  des 
bois  dont  l'un  sera  taillé  à  courson  l'année  suivante;  on  aura  soin 
aussi  de  rapporter  l'asle  ou  tirole  de  l'autre  côté  du  pied,  pour 
équilibrer  la  végétation  et  éviter  l'épuisement  amené  par  la  pro- 
duction si  elle  était  tenue  tous  les  ans  sur  la  même  partie  du  pied. 

NOUVEAUTÉS  —  CATALOGUES 

—  Cii.  MoLiN,  horticulteur-fleuriste,  M'^-grainier,  8,  place  Bellecjur,  à 
Lyon.  —  Catalogue  prix  courant  généial  illustré  de  graines  potagères, 
fourragères,  de  Heurs,  d'ognons  g  fleurs,  plaijtef,  aibrcs  et  arbustes.  — 
Plantes  nouvelles  ou  recommandïbles,  collecliori  da  variétés  choisies  clans 
les  plus  beaux  genres  de  fleurs  et  les  meilleurs  légumes.  —  Fournitures 
horticoles.  —  Fleurs  fraîches  et  fleurs  sèches  pour  bouquets,  etc. 

—  P.  Rebut,  à  Chazay-d'Azergues  (Rhônt).  —  Catalogue  de  Cactées  et 
Plantes  grasses  diverses.  La  collection  de  Cactées  de  M.  Rebut  est  une  des 
plus  belles  et  des  plus  considérables  d'Europe.  Envoi  franco  du  Catalogue. 

—  Pertuzès,  horticulteur,  59,  rue  des  Chalets,  Toulouse  (Hte-Garonne). 
Supplément  au  Catalogua  général  contenant  l'énuméralion  et.  la  doscri[)tiou 
des  Nouveautés  de  Chiysanthèmes  pour  1886.  La  collection  complote  do  ces 
nouveautés  comprend  une  cinquantaine  de  variétés,  appartenant  à  toutes 
les  séries. 

—  HosTE,  horliculteur,  10,  rue  des  Dahlias,  Monplaisir-Lyon.— Catalogue 
des  plantes  nouvelles  mises  au  commerce  par  rétablissement  :  Pelargoniums 
zonales  nouveaux  (simples  et  doubles),  Fuchsias,  Dahlia  Lilliput,  Véroniques 
et  Chryaanthèmes. 

—  Ketten  Frères,  rosiéristes  à  Luxembourg  (Gr.  Dunhé).  —  Catalogue 
en  allemand  et  en  français),  des  Rosiers  nouveaux  de  1886.  Ce  Catalogue 

mentionna  avec  leurs  descriptions   toutes  les  variétés  mises    au  commerce 
par  les  différents  semeurs  français  et   étrangers. 

Le    Gékant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  MARS  N°  5 


CHRONIQUE 


Graines  et  semis.  —  Un  amateur  très  estimable,  un  curieux  de  la 
nature,  comme  on  disait  au  temps  jadis,  m'écrivit,  l'année  der- 
nière, une  assez  longue  lettre  dont  j'ai  retenu  le  passage  suivant  : 

(I  Je  vous  mande  la  chose  la  plus  incroyable,  la  plus  bizarre,  la 
plus  singulière,  la  plus  étonnante,  la  plus  désagréable,  la  plus...  » 

Allons,  me  disais-je,  après  avoir  pris  connaissance  de  l'épître 
susdite,  M.  C...  a  lu  M°"  de  Sévigné;  il  écrit  admirablement, 
s'exprime  avec  clarté  et  concision,  dit  de  bien  belles  choses  ; 
mais,  entre  nous,  raisonne  comme  un  tambour  quand  il  parle 
germination. 

Cet  excellent  amateur,  l'esprit  bourré  de  ses  classiques  épisto- 
laires,  trouvait  bizarre,  incroyable,  singulière,  étonnante,  une 
chose,  un  fait  simple  comme  bonjour,  désagréable,  j'en  conviens 
et  ne  saurait  le  contredire,  mais  selon  moi,  fort  naturel  et  depuis 
longtemps  prévu  par  le  créateur  des  graines  et  des  plantes. 

Et  savez-vous  quelle  était  la  cause  de  ce  débordement  d'ad- 
iectifs? 

«  J'ai  moi-même,  disait-il,  récolté  l'an  dernier  de  la  graine  de 
laitue  romaine  ;  cette  graine  était  mûre,  très-mûre,  excellente, 
éprouvée  ;  j'ai  semé  cette  graine  dans  des  conditions  telles  qu'au- 
cun praticien  ne  saurait  trouver  mauvaises  et  cette  graine  n'a  pas 
germé.  Comment  expliquez-vous,  monsieur,  le  caprice  de  ma 
graine  de  laitue? 

J'avais  bien  envie,  pour  me  débarrasser  au  plus  vite  de  l'expli- 
cation désagréable  qu'on  me  demandait,  de  mêler  l'astre  des  nuits 
à  l'affaire  et  d'accuser  le  paisible  éclat  de  la  lune  de  ce  méfait 
antigerminatif.  Il  était,  du  reste,  facile  de  procéder  ainsi,  la 
réponse  aurait  porté  en  épigraphe  les  vers  suivants  : 

C'était,  dans  la  nuit  bruoe, 
«  Sur  le  clocher  jauni, 

La  lune, 
Comme  un  point  sur  un  i 


—  74  — 

J'aurai  continué  en  prose  et  démontré  par  A  plus  B  que  pas  mal 
de  crétins  et  quelques  rares  gens  d'esprit  étaient  d'avis  que  la  lune 
faisait  filer  les  haricots,  monter  les  épinards,  empêchait  de  pom- 
mer les  choux,  produisait  les  chenilles,  les  escargots,  les  limaces, 
les  hannetons  et  même  le  phylloxéra.  J'aurais  conclu  très  naturelle- 
ment qu'un  astre  capable  de  produire  de  pareils  phénomènes  avait 
bien  pu  frapper  d'atonie  la  graine  de  laitue  et  la  rendre  rebelle  à 
la  germination.  Mais,  comme  je  n'ai  qu'une  confiance  très  limitée 
dans  l'influence  que  peut  exercer  la  lune  sur  la  végétation  en 
général  et  sur  la  germination  en  particulier,  j'ai  hasardé  l'expli- 
cation que  voici  : 

Les  mauvaises  germinations  font  partie  des  forces  contingentes 
qui  règlent  les  rapports  entre  les  végétaux  qui  habitent  la  sui'face 
du  globe.  Pas  de  mauvaises  germinations  et  l'harmonie  générale 
est  rompue.  Que  deviendrions-nous,  grand  Dieu,  si  toutes  les  graines 
de  pavots,  d'amarantes,  de  pissenlits,  de  groins-d'ânes  et  de  cette 
multitude  de  plantes  qui  vivent  à  l'état  sauvage  dans  les  deux 
hémisphères  germaient  et  arrivaient  à  bonne  fin?  Ce  qui  arriverait, 
on  le  devine  aisément  :  nous  serions  envahi  par  les  plantes  proli- 
fiques ;  elles  étoufferaient  les  autres,  qui  succomberaient  sous  le 
nombre.  Heureusement,  —  pas  pour  le  jardinier,  cependant,  — 
les  mauvaises  germinations  sont  là  qui  mettent  un  frein  à  la  repro- 
duction à  outrance. 

Quand  je  dis  mauvaises  germinations,  j'élargis  l'idée  qu'elles 
représentent,  et  j'entends  non-seulement  les  graines  qui  ne  ger- 
ment pas,  mais  toutes  celles  qui,  après  avoir  germé  ne  donnent 
aucuns  résultats  positifs,  soit  que  les  jeunes  semis  deviennent  les 
victimes  des  intempéries  ou  la  proie  des  insectes  qui  les  dévorent. 

Ah  !  oui,  elles  en  ont  des  ennemis,  les  malheureuses  graines, 
depuis  le  soleil  et  l'eau,  qui  les  font  germer,  pour  noyer  ensuite 
leurs  jeunes  embryons,  jusqu'à  la  gelée  qui  les  ébranle  et  cristallise 
leurs  jeunes  tissus  ! 

Aussi  le  semeur  doit-il  être  d'une  vigilance  à  toute  épreuve  lors- 
qu'il confie  sa  semence  au  sol. 

Pour  éloigner  les  insectes,  il  préparera  longtemps  d'avance  le 
terrain  où  il  doit  semer,  afin  que  ceux-ci  n'ayant  rien  à  dévorer 
pendant  un  laps  de  temps  assez  long,  émigrent  dans  d'autres 
parages  plus  hospitaliers. 

Quand  le  jardin  est  froid,  qu'il  ne  se  hâte  pas  trop  de  semer; 
il  est  bon  de  se  méfier  des  premiers  beaux  jours,  qui  traînent  sou- 
vent après  eux  un  cortège  de  vents  violents  et  glacés  dont  pâtissent 
les  jeunes  semis. 

Qu'il  sache  que  les  graines  fines  veulent  être  peu  recouvertes  et 
semées  sur  terrain  uni  et  tassé.  Qu'il  n'oublie  pas  non  plus  que  le 
terrain  doit  être  tenu  humide  constamment. 


—  75  — 

Pour  les  graines  de  plantes  des  pays  chauds,  qu'il  n'oublie 
jamais,  s'il  n'a  ni  couche  chaude,  ni  serre  chauffée,  qu'il  vaut 
mieux  attendre  mai  et  juin,  que  de  semer  même  en  avril. 

L'engrais  liquide  étendu  d'eau  devra  hâter  le  jeune  semis  à 
passer  rapidement  la  période  délicate  de  l'enfance.  Qu'il  n'hésite 
pas  non  plus  à  faire  stratifier  ses  graines  un  peu  longues  à  germer. 

Fenlilalion  des  serres.  —  La  ventilation  des  serres  repose  sur  ce 
principe  bien  connu  des  physiciens,  savoir  que  lorsque  deux  gaz, 
par  exemple  l'air  et  l'acide  carboniqtie  sont  en  présence,  ils  se 
mélangent  intimement  malgré  leurs  densités  différentes.  L'air  vicié 
par  la  respiration  des  plantes  se  répand  dans  la  serre  ;  de  là  l'uti- 
lité de  faire  arriver  du  dehors  de  l'air  pur. 

D'autre  part,  les  rayons  solaires  laissent  pénétrer  à  travers  les 
carreaux  le  calorique  dans  les  serres  dont  ils  élèvent  souvent  la 
température  bien  au-dessus  du  degré  qui  convient  aux  plantes  ; 
dans  ce  cas,  il  importe  de  chasser  cet  excès  de  calorique  en  lui 
offrant  des  issues. 

Mais  il  importe  de  bien  distinguer  les  deux  cas.  Dans  le  premier, 
on  ne  cherche  pas  à  obtenir  un  abaissement  de  température,  on 
veut  seulement  renouveler  l'air.  Ce  renouvellement  devrait^pouvoir 
se  faire  dans  la  partie  la  plus  basse  de  la  serre  et  l'air  arriver  près 
des  tuyaux  de  chaleur.  Dans  le  second  cas,  le  contraire  doit  avoir 
lieu,  et  c'est  vers  la  partie  la  plus  élevée  de  la  serre  qu'on  doit 
laisser  des  issues  à  l'air  trop  chaud. 

L'air  chaud,  chacun  sait  ça,  est  plus  léger  que  l'air  froid;  il 
monte  vers  le  vitrage,  se  refroidit  au  contact  du  verre,  se  dessèche 
en  déposant  son  humidité  contre  les  vitres  et  retombe  vers  le  sol, 
où  il  se  réchautfe  à  nouveau.  C'est  ce  qui  fait  que  dans  l'hiver  il 
importe  de  répandre  fréquemment  de  l'eau  dans  les  chemins  des 
serres  chaudes,  si  on  ne  veut  pas  que  les  plantes  languissent  dans 
une  atmosphère  trop  sèche. 

Exposition  et  Lauréats,  —  La  Société  d'Horticulture  d'Orléans  et 
du  Loiret  a  envoyé  ses  collections  de  fruits  à  l'Exposition  interna- 
tionale de  la  Nouvelle-Orléans,  où  elle  a  obtenu  3  médailles  et 
995  dollars.  Elle  les  a  obtenus,  et  malgré  ses  réclamations,  dollars 
et  médailles  sont  encore  à  toucher.  Il  faut  espérer  que  les^autorités 
compétentes  sauront  faire  rendre  justice,  médailles  et  dollars  à  nos 
compatriotes. 

Racines  montantes.  —  Le  rôle  des  racines  est  de  s'enfoncer  dans 
le  sol  ;  cependant,  il  y  a  des  cas  où  elles  ne  craignent  pas  de  se 
redresser   verticalement  et  de  s'élever  quelquefois  presque  aussi 


—  76  — 

haut  que  la  plante  elle-même.  Je  viens  d'en  avoir  sous  les  yeux  un 
exemple  superbe.  Les  racines  d'un  figuier  commun  situé  à  3  mè- 
tres de  distance  d'un  tas  de  fumier  consommé  de  deux  mètres  de 
hauteur,  ont  complètement  envahi  le  susdit  fumier.  L'arbre  ayant 
été  recépé,  les  branches  les  plus  élevées  n'étaient  pas  plus  hautes 
que  le  chevelu  de  ses  racines. 

Les  praticiens  savent  très-bien  que  lorsqu'on  paille  certains 
arbustes  pendant  l'été,  il  arrive  presque  toujours  que  les  racines 
remontent  à  la  surface  du  pot  en  envahissant  le  fumier  dans  lequel 
elles  trouvent,  outre  une  excellente  nourriture,  le  degré  d'humi- 
dité qui  convient  aux  radicelles.  Ceci  prouve  que  les  racines  ne 
sont  pas  aussi  inconscientes  qu'on  le  suppose  et  qu'elles  savent  fort 
bien  discerner  et  au  besoin  aller  chercher  là  où  ils  sont  les  éléments 
qu'elles  aiment. 

:  >  Semis  de  Gui.  —  Le  Gui  qui  croît  sur  les  pommiers, 
les  sorbiers,  le  poirier  et  presque  sur  tous  les  arbres,  était 
révéré  chez  les  anciens  peuples  de  la  Gaule,  qui  voyait  un  emblème 
mystérieux  dans  un  arbrisseau  végétant  et  se  reproduisant  sans 
toucher  terre.  On  l'a  employé  en  médecine  comme  antispasmodique 
et  anti-épileptique,  ainsi  que  dans  l'industrie,  car  il  partage  avec 
d'autres  plantes  le  mérite  de  fournir  la  glu,  sorte  de  matière  vis- 
queuse élastique  qui  tient  le  milieu  entre  la  résine  et  le  caoutchouc. 
•;,. Le  gui,  dont  je  ne  sais  plus  quel  législateur  voulait  décréter 
la  destruction  obligatoire,  se  reproduit  par  semis  sous  l'influence 
des  oiseaux  qui  disséminant  ses  graines  non  digérées  sur  les  bran- 
ches d'arbres.  Mais  je  n'avais  pas  eu  connaissance  jusqu'à  présent 
que  les  jardiniers  ou  les  amateurs  se  fussent  occupés  de  semer  eux- 
mêmes  cette  plante  curieuse.  Dans  beaucoup  de  jardins  botaniques  le 
Gui  est  représenté  par  une  superbe  étiquette,  qui  fait  honneur  au 
fabricant,  mais  ne  parvient  pas  à  donner  une  idée  même  approxima- 
tive de  celte  Loranlhacée.  Or  on  peut  semer  le  Gui  très  facilement, 
ainsi  que  l'a  très  bien  démontré  ^wir  expérience  M.  Cardona,  ama- 
teur à  Lyon.  Sur  un  jeune  pommier  dont  il  a  légèrement  raclé  l'é- 
piderme  il  a  posé  des  graines  de  gui  accompagnée  de  la  matière 
visqueuse  qui  les  entoure,  puis  il  les  a  liées  avec  de  la  laine,  comme, 
on  lie  un  écusson,  en  serrant  peu  toutefois,  et  la  germination  a  été 
régulière.  Aujourd'hui  les  deux  touffes  de  Gui  issues  de  ce  semis 
sont  très  volumineuses. 

Disjmrilion  des  Orchidées  indigènes.  —  M.  de  Confevron,  deFlugez 
(Haute-Marne),  a  adressé  à  la  Société  d'acclimatation  une  commu- 
nication dans  laquelle  il  constate  que  le  fauchage  des  pelouses  et 
prairies  où  croissent  les  orchidées  indigènes  cause  leur  disparition. 


—  77   — 

M.  de  Confevron  n'avance  cependant  pas  des  propos  en  l'air,  puis- 
qu'il affirme  avoir  vérifié  son  assertion  dans  une  pelouse  de  sa 
propriété  dans  laquelle  croissait  de  nombreuses  orchidées. 

Le  fait  en  question  me  paraît  avoir  été  mal  interprété,  car  je 
cultive  depuis  fort  longtemps  les  orchidées  indigènes,  dont  j'ai 
récolté  des  milliers  d'exemplaires  à  la  campagne.  Très  fréquem- 
ment je  les  récolte  en  fleurs,  en  boutons  même,  je  leur  coupe 
souvent  toute  la  tige,  ne  plantant  que  le  tubercule,  et  elles  ne 
périssent  pas  pour  cela.  Dans  beaucoup  de  prés  des  communes 
avoisinant  Lyon,  où  il  y  a  des  orchidées,  on  fauche  le  foin  et  on 
retrouve  des  orchidées  l'année  suivante.  Du  reste,  il  n'y  aurait 
plus  d'orchidées  dans  les  prés,  si  le  fauchage  habituel  les  détrui- 
sait réellement.  Il  est  donc  très  probable  que  si  les  orchidées  ont 
disparu  de  la  pelouse  de  M.  de  Confevron,  cela  tient  à  une  cause 
qui  aura  passé  inaperçue.  V.  V.-M. 

Réponse  à  quelques  objections  relatives  à  l'arrosage 
des  arbres  au  moyen  des  drains. 

J'ai  publié  dans  le  Lyon-honicole,  en  1883,  un  assez  long  article 
relatif  à  l'arrosage  des  arbres  d'avenues  au  moyen  de  drains.  Avec 
le  système  que  j'ai  fait  connaître  il  devient  possible  de  faire  arri- 
ver l'eau  directement  à  sa  destination,  c'est-à-dire  de  mouiller 
copieusement  la  partie  du  sol  où  les  radicelles  sont  situées,  et, 
dans  les  terrains  stériles  ou  épuisés,  les  engi-ais  liquides  capables 
d'entretenir  une  végétation  plus  active. 

Le  système  que  j'ai  fait  connaître  a  d'ailleurs  été  appliqué  à  la 
fin  de  l'année  1883  aux  arbres  de  la  place  Bellecour,  situés  sur  le 
côté  méridional  de  cette  place,  entre  la  rue  Bourbon  et  la  place  de 
la  Charité,  conformément  à  la  délibération  du  Conseil  municipal 
en  date  du  23  octobre  1883.  J'ai  même  demandé  à  l'administra- 
tion d'appliquer  moi-même  mon  système  (1)  à  mes  risques  et  périls, 
ne  demandant  aucune  rétribution  dans  le  cas  où  ce  genre  d'arro- 
sage ne  donnerait  pas  les  résultats  prévus. 

Je  demandais  seulement  que  l'on  mît  à  ma  disposition  les  appa- 
reils d'arrosage  nécessaires  et  la  permission  de  puiser  l'eau  aux 
bouches  voisines. 

L'administration  a  cru  devoir  remettre  à  plus  tard  l'adoption  de 
ma  proposition,  bien  qu'un  rapport  des  agents  techniques  constate 

(1)  J'ai  pris  connaissance  d'un  rapport  des  a.^^ents  tecliniques  de  l'administration 
municipale  dans  lequel  il  est  dit  que  ce  système  d'arrosage  par  les  drains  n'est  pas 
nouveau.  Quand  on  ne  craint  pas  d'affirmer  un  fait  de  cette  importance,  il  me 
semble  qu'un  simple  propos  en  l'air  ne  sutRt  pas  comme  démonstration,  et  qu'il 
conviendrait  d'en  faire  la  preuve.  Est-ce  que  par  liasard  le  titre  d'agent  technique 
équivaudrait  à  un  brevet  d'infaillibité  ? 


—  78  — 

qu'  «  il  résulte  des  observations  qui  ont  été  faites  cette  année 
(1885)  pendant  la  période  de  sécheresse  que  nous  venons  de  tra- 
verser, que  les  plantations  irriguées  par  le  procédé  en  question  se 
sont  mieux  comportées  que  les  autres.  »  Un  autre  rapport  d'une 
commission  composée  spécialement  d'horticulteurs  ne  concluait  pas 
autrement. 

Et  cependant  mon  procédé  n'a  pas  été  employé  d'une  manière 
rationnelle. 

Plusieurs  personnes  qui  s'intéressent  à  ce  système  d'arrosage 
m'ont  demandé  des  renseignements  sur  la  manière  d'opérer.  Ne 
pouvant  pas  répondre  à  toutes  directement,  je  prends  le  parti  de 
consigner  dans  cette  revue  les  indications  relatives  à  cette  ques- 
tion. Je  profiterai  de  l'occasion  pour  répondre  à  quelques  objec- 
tions qui  m'ont  été  faites  au  sujet  de  l'obstruction  des  drains  par 
les  racines  des  arbres. 

Sur  la  place  Bellecour,  MM.  les  agents  techniques  ont  com- 
mencé les  arrosements  dans  la  deuxième  quinzaine  de  juin,  pensant 
sans  doute  qu'il  suffisait  d'alimenter  les  marronniers  par. les  hautes 
températures.  Ils  n'ont  pas  étudié  la  végétation  de  ce  bel  arbre. 
S'ils  avaient  étudié  sa  végétation  ils  auraient  remarqué  que  le  mar- 
ronnier «débourre»  de  bonne  heure  au  printemps,  témoin  le  légen- 
diaire  marronnier  du  20  mars,  qu'il  fleurit  abondamment  et  ne 
donne  qu'une  pousse  normale  chaque  année.  Or,  pour  donner  cette 
pousse  et  ces  fleurs,  un  marronnier  a  besoin,  précisément  au  mo- 
ment où  cela  se  passe,  de  se  sustenter  avec  énergie  ;  il  a  besoin 
d'eau  et  de  matières  fertilisantes  en  abondance.  S'il  ne  rencontre 
qu'un  sol  ingrat  et  sec,  il  fait  cette  pousse  misérable  et  chétive  au 
détriment  de  sa  propre  substance.  Ce  n'est  pas  dans  le  sol  battu 
par  la  foule  et  incliné  de  Bellecour  que  l'eau  des  pluies  peut  péné- 
trer aisément. 

Pour  toutes  ces  raisons  les  arrosements  des  arbres  doivent  com- 
mencer en  mars  et  être  continués  une  ou  deux  fois  par  mois  jusqu'à 
la  tin  de  juillet.  Dans  les  terrains  stériles  ou  épuisés  on  arrosera  de 
temps  à  autre  avec  de  l'engrais  liquide  étendu  d'eau,  tels  que  purin 
de  litière,  guano,  engrais  chimiques,  etc.  En  agissant  ainsi  on  sera 
étonné  de  l'exubérance  de  végétation  que  prendront  les  arbres  ;  on 
ne  les  verra  plus  perdre  leurs  feuilles  à  la  fin  d'août  comme  cela 
arrive  chaque  année. 

Il  ne  faut  pas  s'imaginer  qu'il  suffit  de  donner  de  l'eau  aux 
arbres  seulement  quand  il  fait  chaud  et  sec  ;  dans  nos  climats  la 
chaleur  et  la  sécheresse  constituent  presque  une  période  de  repos 
pour  la  végétation  arborescente.  C'est  au  printemps  et  dans  le 
commencement  de  l'été  que  les  arrosements  aident  à  l'alimenta- 
tion de  l'arbre,  à  sa  constitution  et  à  sa  résistance  aux  sécheresses 


-^  79  — 

de  l'été.  Ce  n'est  pas  quand  le  blé  est  en  épi,  qu'on  doit  lui  donner 
de  l'engrais.  Ainsi  en  est-il  de  toutes  les  plantes  qui  veulent  au 
moment  où  elles  se  développent  que  l'eau  qui  sert  de  véhicule  et 
de  dissolvant  aux  matières  fertilisantes,  soit  à  la  portée  de  leurs 
racines.  Ainsi  donc,  je  le  répète,  les  arrosements  doivent  commen- 
cer dans  le  mois  de  mars  et  èlre  continués  jusqu'à  la  fin  de  juilllet. 

Une  objection  qui  a  été  faite  par  des  personnes  peu  compétentes 
en  pareille  matière  est  celle  qui  consiste  à  supposer  que  les  drains 
pourront  être  obstrués  «  plus  ou  moins  complètement  par  des 
queues  de  renard,  résultant  soit  de  la  pousse  des  racines,  soit  de 
toute  autre  chose.  » 

On  appelle  queue  de  renard  des  faisceaux  de  racines  fines  ou  des 
filaments  d'algues,  qui  par  leur  agglomération  simulent  plus  ou 
moins  la  queue  de  cet  animal. 

Les  queues  de  renard  peuvent  bien  s'infiltrer  dans  des  conduites 
d'eau  continuellement  pleines  de  ce  liquide,  si  par  hasard  elles 
rencontrent  un  joint  pour  y  pénétrer  ;  elles  rencontrent  dans  Teau 
un  élément  où  elles  peuvent  vivre.  Mais  il  est  complètement  impos- 
sible que  la  chose  arrive  dans  des  drains  aérés  (1)  où  l'eau  ne 
séjourne  pas.  La  preuve  de  ceci  ressort  du  domaine  de  l'expé- 
rience et  de  celui  de  la  physiologie  végétale.  Elle  ressort  de  l'ex- 
périence parce  que  partout  où  des  conduites  pareilles  ou  à  peu  près 
ont  été  construites  depuis  longtemps  il  n'est  jamais  parvenu  à  ma 
connaissance  qu'elles  aient  été  obstruées  par  des  queues  de  renard. 
Elles  ressortent  du  domaine  de  la  physiologie  parce  qu'il  est  dé- 
montré que  les  racines  ne  peuvent  pas  se  développer  dans  un  cou- 
rant d'air,  que  si  elles  y  ébauchaient  par  hasard  un  commencement 
de  végétation,  les  moisissures  et  autres  cryptogames  seraient  là  pour 
les  arrêter.  On  fait  bien  développer  des  jacinthes  dans  des  carafes 
remplies  d'eau,  eh  !  bien,  qu'on  essaye  voir  un  peu  de  les  faire 
pousser  dans  des  carafes  remplies  d'air  et  on  verra  comment  elles 
se  comporteront,  quand  même  l'air  de  la  carafe  serait  saturé 
d'humidité. 

Du  reste  le  simple  bon  sens  à  défaut  de  connaissances. pratiques 
ne  nous  dit-il  pas  que  les  racines  ayant  à  choisir  entre  une  couche 
de  terre  fertile  et  un  courant  d'air  perpétuel  pour  se  développer, 
choisiront  toujours  la  terre  qui  est  leur  élément  naturel.  Ce  sont  de 
ces  objections  qu'on  ne  devrait  pas  discuter,  car  on  ne  discute  pas 
avec  l'absurde.  J.  Métral, 

Pépiniériste-Entrepreneur,  aux  Charpennes-I.yon. 

(1)  Je  ferai  du  reste  remarquer  que  dans  l'établissement  des  drains  établis  sur  la 
place  Bellecour  on  a  complètement  oublié  de  laisser  plusieurs  regards  pour  l'ae'ra- 
tion  des  drains.  Ces  .égards  sont  absolument  indispensables  pour  le  bon  fonctionne- 
ment des  drains. 


80  " 


ANEMONES 
N'°  1.  A.  hortensia  stellata   à  fleura  doubles.— 2.  A.  coronariaii  U.  pourpres.  —  3.  A.  hortensia  à  â.  pourpre  Tiolet 


Note  sur  les  Anémones  des  jardins. 

Parmi  les  nombreuses  espèces  d'anémones  que  les  jardiniers  et 
les  amateurs  cultivent,  il  n'en  est  guère  de  plus  belles  que  celles 
que  Linné  a  classées  sous  les  noms  spécifiques  à'^nemone  coronaria 
et  horlensis. 

La  mode  n'a  pas  encore  réussi  à  les  expulser  des  jardins  comme 

■elle  l'a  fait  pour  une  foule  d'autres  belles  fleurs  anciennes.  Car  elles 

sont    très  anciennes  ces  anémones,  si  anciennes,  qu'il  est  assez 


-    81   — 


ANEMONES 

No  i,  A.  hortensia  k  fleurs  doubles.  —  5.  A.  coronaria  à  fl.  doubles.  —  6.  A.  palraata  (fleurs  jaunes). 

7,   A.  hortensis  pavonina. 


difficile  de  leur  assigner  une  date  d'introduction  dans  les  cultures. 
Les  premiers  florins  publiés  vers  la  fia  du  XVP  siècle  en  parlent 
avec  éloge  et  figurent  les  variétés  connues  au  moment  de  leur 
publication. 

Sans  compter  Bauhin  qui,  en  1571,  en  énumérait,  dans  le 
Pinax,  une  longue  kirielle,  nous  trouvons  dans  Besler  et  surtout 
dans  le  Floritegium  publié  par  Swertius,  à  Amsterdam  en  1631, 


—  82  — 

plus  de  quarante  variétés  d'anémones  nomnaées  et  figurées  et 
appartenant  toutes  aux  deux  espèces  linnéenoes  ci-dessus  dénom- 
mées. 

Les  plus  anciens  traités  de  jardinage  nous  en  ont  également  fait 
connaître  la  culture. 

Pline,  un  des  plus  anciens  auteurs,  dit  que  l'Anémone  est  appe- 
lée/"Aan/on,  peut-être  à  cause  qu'elle  resplendit  de  loin.  Commen- 
tant Dioscoride,  le  naturaliste  romain,  pensait  qu'il  y  avait  deux 
espèces  d'anémones,  l'une  sauvage  et  l'autre  cultivée. 

((  Quaat  à  la  cultivée,  il  s'en  trouve  qui  fait  les  fleurs  rouges  et 
d'autres  qui  les  fait  blanchâtre,  ou  de  couleur  de  lait  ou  de  cou- 
leur de  pourpre.  »  Et  il  ajoutait  :  «  Nous  avons  parlé  ci-dessus 
des  espèces  d'anémones  dont  les  bouquetiers  se  servent,  il  reste  à 
parler  maintenant  de  celles  qui  servent  eu  médecine.  » 

Or,  comme  Pline  vivait  à  peu  près  au  commencement  de  l'ère 
chrétienne,  nous  avons  une  preuve  bien  certaine  de  l'emploi  que 
les  bouquetiers  romains  et  grecs  faisaient,  il  y  a  deux  mille  ans, 
des  fleurs  de  l'anémone. 

Olivier  de  Serre,  au  sixième  livre  de  son  Théàlre  d'agriciillure, 
parle  de  la  manière  suivante  de  l'anémone  : 

«  Aussi  par  bulbe  vient  cette  plante.  La  bulbe  au  pousser  fait 
des  petites  feuilles  comme  celle  de  la  pimprenelle,  rampant  à  terre 
en  rond.  De  là  sort  la  tige,  montant  de  la  hauteur  d'un  pied,  et  à 
la  cime  portant  une  belle  fleur  colorée  d'incarnat  éclatant...  » 

Après  Olivier  de  Serre,  tous  les  ouvrages  d'horticulture  se  font 
un  devoir  de  causer  des  anémones  et  d'enseigner,  avec  grand  ren- 
fort de  soins  superflus,  l'art  de  les  cultiver.  Vers  la  fin  du  XVIIP 
siècle,  le  célèbre  jardiner  de  Chelsea,  Philippe  Millers  s'exprimait 
ainsi  à  propos  des  deux  espèces  dont  nous  parlons  : 

«  Les  Anémone  coronaria  et  ho7-lensis,  dont  les  racines  ont  d'a- 
bord été  apportées  des  Indes,  ont  été  depuis  si  considérablement 
améliorées  par  la  culture,  qu'elles  sont  devenues  un  des  principaux 
ornements  de  nos  jardins  au  printemps  ;  les  couleurs  principales  de 
ces  fleurs  sont  le  rouge,  le  blanc,  le  pourpre  et  le  bleu.  » 

Ph,  Millers,  comme  la  plupart  des  naturalistes  ses  contempo- 
rains, n'avaient  que  de  vagues  notions  de  géographie  botanique,  et 
il  ne  faut  pas  trop  leur  en  vouloir  de  leur  ignorance  à  cet  égard. 
Pour  eux,  les  Indes  exprimaient  des  pays  vagues.  L'Amérique, 
l'Asie,  l'Afrique  et  même  une  partie  de  l'Europe  orientale  étaient 
((  les  Indes  »  . 

Ainsi  donc,  il  était  permis  à  l'anglais  Miller  d'ignorer  la  patrie 
exacte  des  Anémones  qui  nous  occupent,  et  de  supposer  que  les 
premières  apportées  «  venaient  des  Indes  »  . 


—  83  — 

Bien  que  l'Anémone  couronnée  passe  pour  être  indigène  de  la 
Turquie  méridionale,  on  la  trouve  vivant  à  l'état  sauvage  dans  la 
France  méridionale,  l'Espagne  méridionale,  les  îles  Baléares, 
l'Italie  continentale,  la  Sicile,  la  Sardaigne,  la  Dalmatie,  la  Grèce, 
la  Turquie,  les  îles  de  l'Archipel  grec,  le  nord  de  l'Afrique,  etc. 

L'Anémone  des  jardins  (J.  hoilmsis  h.)  est  également  signalée 
comme  spontanée  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe  méridio- 
nale, du  nord  de  l'Afrique  et  de  la  Turquie  d'Asie. 

En  France,  VJ.  coronariaaéié  trouvée  à  l'état  sauvage  à  Grasse, 
Draguignan,  Hyères,  Toulon,  Montpellier,  Toulouse,  etc. 

UÀncmone  liorlensis  à  Grasse,  Fréjus,  Navarreins,  Dax,  Toulon, 
Nîmes,  etc. 

Avant  de  continuer  cette  note,  il  serait  peut-être  utile  de  savoir 
ce  que  l'on  entend  par  J.  coronaria  et  ^.  liorlensis,  et  quels  sont 
les  caractères  qui  séparent  ces  deux  espèces  linnéennes. 

Si  le  lecteur  veut  bien  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  planches  ci- 
contre,  il  saisira  la  différence  qui  les  fait  distinguer  au  premier 
coup  d'œil.  Le  n"  2  représente  une  Anémone  couronnée,  les  n"'  1 
et  3  une  Anémone  des  jardins.  Si  aux  segments  étroits  des  feuilles 
tripennées  de  VJ.  coronaria  on  compare  les  feuilles  palmées  à  lobes 
cunéiformes  incisés  dentés  de  VJ.  liorlensis,  la  confusion  n'est  pas 
possible.  Ajoutons  que  l'involucre  de  VJ.  coronaria  a  les  folioles 
laciniées,  tandis  que  celui  de  VA.  liorlensis  a  les  segments  très  peu 
incisés.  La  fleur  est  également  un  peu  plus  grande  dans  l'Anémone 
couronnée  que  dans  l'Anémone  des  jardins. 

J'ai  déjà  dit  que  le  Florileginm  de  Swertius  contenait  plus 
de  quarante  formes  d'Anémones  parfaitement  figurées  et  qu'on 
peut  rapporter  aux  deux  espèces  linnéennes  dont  nous  venons  de 
parler. 

Cette  variation  des  J.  liorlensis  et  coronaria  a  du  reste  exercé  la 
sagacité  des  botanistes  modernes  qui  ont  élevé  au  rang  d'espèces 
plusieurs  de  leurs  formes  les  plus  tranchées.  C'est  ainsi  que  VA. 
coronaria  L.  a  donné  pour  sa  part  : 

V  A.  cyanea  Risso,  à  fleur  bleue  ; 

2'  A.  Fenlreana  Hanrj,  à  fleurs  blanches  ou  panachées  ; 

3°  A.  rosea  Hanry,  à  fleu»'s  roses  pâles  ; 

4°  A.  coccinea  Jord,  à  fleurs  d'un  rouge  écarlate  ; 

5°  A.  nobilis  Jord,  à  fleurs  grandes,  pourpre  violacé  ; 

6°  A.  prcslabilis  Jord,  à  fleurs  rouge  ponceau; 

7"  A.  Rissoana  Jord,  à  fleurs  rose  carné. 

Ces  espèces  afflues  présentent  souvent  elles-mêmes  des  variétés 
de  coloration. 

\JA.  horlensis  L.  n'est  pas  moins  varié  que  le  précédent.  On  en 
a  distrait  les  formes  suivantes  : 


—  84  — 

A.  vcrsicolor  Jord,  considérée  comme  une  plante  hybride  ; 

A.  lepida  Jord,  à  sépales  d'un  rouge  violet  ; 

A.  stcllata  Lamk.,  de  couleur  variable  ; 

A.  fulgens  Gay,  d'un  rouge  écarlate  vif; 

J.  pavonina  D.  C,  plus  souvent  cultivé  à  fleurs  doubles; 

J.  occellata  Mogg.,  marquée  d'une  tache  à  la  base  de  ses  pétales. 

Aujourd'hui,  comms  au  temps  des  Grecs  et  des  Romains,  les 
anémones  servent  «  aux  bouquetiers  »  qui  en  reçoivent  les  fleurs 
coupées  des  établissements  d'horticulture  du  littoral  de  la  Méditer- 
ranée ;  on  les  emploie  aussi  pour  l'ornemeatation  des  parterres  et 
des  plates-bandes  des  jardins. 

Voici  comment  il  faut  les  cultiver  : 

Choisir  une  plate-bande  bien  perméable  à  l'eau  et  surtout  abon- 
damment fumée.  Faire  une  première  plantation  des  «  pattes  »  ou 
tubercules  de  septembre  à  la  fin  d'octobre.  La  plantation  faite  à 
cette  époque  donne  de  très  bons  résultats  quand  les  hivers  ne  sont 
pas  trop  rigoureux,  c'est-à-dire  quand  la  température  ne  descend 
pas  au-dessous  de  8  à  10"  centigrades.  Les  anémones  gèlent  au- 
dessous  de  10°  si  elles  ne  sont  pas  couvertes.  On  peut  les  abriter 
avec  de  la  paille  au  besoin. 

Quand  on  craint  les  hivers  rigoureux,  on  attend  que  le  mois  de 
janvier  soit  passé  et  on  plante  en  février  et  même  jusqu'au  15  mars 
les  pattes  d'anémones.  La  plantation  de  printemps  ne  donne  jamais 
d'aussi  bons  résultats  que  la  plantation  d'automne  :  les  fleurs  sont 
moins  belles  et  plus  tardives. 

Quand  les  anémones  ont  terminé  leur  végétation,  ce  qui  se 
reconnaît  au  jaunissement  des  feuilles  qui  finissent  par  se  dessé- 
cher, on  doit  arracher  les  pattes  et  les  rentrer  au  sec  oii  on  les 
conserve  dans  des  boîtes  ou  des  pots. 

On  peut  cependant  cultiver  les  anémones  plusieurs  années  de 
suite  à  la  même  place,  surtout  quand  le  terrain  est  sain  ;  dans  ce 
cas,  il  faut  chaque  année,  en  septembre,  donner  un  bon  sarclage 
dans  l'ancienne  plantation  et  la  couvrir  ensuite  d'une  couche  de 
2  à  4  centimètres  de  fumier  bien  consommé,  ou  de  terreau  de 
fumier. 

Les  pattes  d'anémones  se  plantent  à  8  ou  10  centimètres  de 
profondeur  dans  les  pays  oii  le  froid  est  rigoureux,  et  de  5  à  6 
seulement  dans  ceux  où  les  gelées  ne  sont  jamais  de  longue  durée. 
Pour  l'écartement  à  donner  aux  pattes,  il  est  variable  ;  toutefois, 
quand  on  a  l'intention  de  laisser  la  plantation  plusieurs  années  à  la 
même  place,  il  est  important  de  ne  pas  trop  les  rapprocher.  En 
les  mettant  à  20  centimètres  de  distance  en  tous  sens,  l'écartement 
est  suffisant  dans  ce  cas.  Quand  on  arrache  les  pattes  chaque  an- 
née, on  peut  les  rapprocher  davantage. 


—  85  — 

On  doit  toujours  placer  les  pattes  dans  un  terrain  meuble,  sans 
les  briser,  en  ayant  soin  de  tourner  l'œil  du  bon  côté. 

Les  anémones  se  multiplient  par  la  division  des  griffes,  dont  on 
sectionne  les  extrémités  munies  d'un  bourgeon  et  qu'on  plante 
comme  les  pattes  elles-mêmes. 

Le  semis  est  également  un  excellent  moyen,  non-seulement 
pour  multiplier  les  anémones,  mais  encore  pour  obtenir  des 
variétés  nouvelles. 

On  doit  semer  les  graiues  d'anémones  aussitôt  leur  maturité, 
dans  des  pots,  des  terrines  ou  des  caisses.  Juin  et  juillet  sont  les 
mois  qui  conviennent  le  mieux  pour  ce  travail.  On  recouvre  très 
peu  les  graines,  —  un  demi-centimètre  de  terreau,  —  mais  par- 
dessus le  semis  on  paille  avec  de  la  mousse  ou  du  long  fumier  de 
litière  et  on  tient  mouillé.  Quand  les  graines  germent  on  enlève  la 
mousse  ou  le  fumier  qui  servait  à  protéger  le  semis.  La  germina- 
tion se  fait  généralement  au  bout  d'un  mois.  Les  jeunes  plantes  se 
traitent  comme  les  adultes.  Seb.  Gryphe. 

CORRESPONDANCE 

Usages  et  préparations  des  Kakis. 

Un  Japonais,  M.  T.  Takasima,  actuellement  à  l'Eoole  forestière  de  Nancj, 
a  bien  voulu  écrire  à  M.  Jean  Sisley  une  assez  longue  lettre  dans  laquelle  il 
explique  les  usages  et  les  préparations  que  les  Japonais  font  subir  aux 
K^kis.  Nous  devons  à  Tobligeance  de  M.  Sisley  la  communication  de  cette 
lettre  dont  nous  extrayons  les  passages  suivants  qui  intéresseront  certaine- 
ment ceux  de  nos  lecteurs  qui  s'occupent  d'arboriculture. 

Le  Kaki  (Diospyros  Kaki)  est  un  arbre  très  répandu  dans  presque  tout  le 
Japon.  Le  nombre  des  variétés  obtenues  par  les  horticulteurs  est  considérable; 
malheureusement  les  communications  étant  assez  difficiles,  il  doit  arriver 
certainement  que  des  variétés  différentes  obtenues  dans  des  provinces  éloi- 
gnées les  unes  des  autres  reçoivent  le  même  nom  ;  il  arrive  aussi  que  la  même 
variété  porte  des  noms  différents  selon  la  province  où  elle  a  été  obtenue 

Je  diviserai  si  vous  le  voulez  bien  les  Kakis  en  deux  groupes  :  1»  Kakis 
sauvages;  2°  Kakis  cultivés. 

Les  Kûkis  saui'ages  ont  de  ^eliia  traits  (au  maximum  0,01  c),  âpres,  très 
astringents,  mais  non  amers,  ils  sont  en  forme  de  rognon,  de  cône  ou  de 
sphère  aplatie  à  l'un  des  pôles. 

Dans  le  centre  du  Japon  on  les  cultive  comme  les  arbres  fruitiers.  On  laisse 
le  fût  s'élever  droit  jusqu'à  une  hauteur  de  trois  à  quatre  mètres;  alors  on 
le  laisse  pousser  librement.  Les  fruits  cueillis  verts  au  mois  de  juillet  sont 
broyés  et  pressés  «îomme  des  pommes  dont  on  voudrait  faire  du  cidre  ;  le  jus 
recueilli  dans  des  tonneaux  ou  des  cruches  de  grès  est  mélangé  avec  une  colle 
faite  de  l'amidon  qu'on  obtient  en  pulvérisant  des  racines  du  Pteris  aquilina 
(on  obtient  cette  colle  en  mélangeant  l'amidon  avec  de  l'eau  bouillante). 

Cette  colle  au  jus  de  Kaki  est  employée  à  de  nombreux  usages  :  à  coller 
les  papiers'fermant  les  boîtes  à  thé,  ceux  qui  forment  les  lanternes,  les  para- 
pluies, ceux  qu'on  applique  sur  les  ouvrages  en  bois,  etc.,  etc. 

Le  jus  de  Kakis  a  la  propriété  de  durcir  les  bois,  de  les  rendre  plus  solides 
et  plus  résistants  à  l'action  de  l'humidité  ;  aussi,  l'emploie-t-on  à  peindre  les 
objets  en  bois,  dont  on  veut  augmenter  la  solidité  et  la  durée. 


—  86   — 

Quand  les  montagnards  désirent  avoir  des  fruits  très  abondants,  ils  coupent 
quelques  grosses  branches  des  Kakis,  les  jeunes  branches  qui  poussent  près 
la  section  donnent  plus  de  fruits  que  les  autres. 

Le  bois  du  Kakis  analogue  au  bois  d'ébène  est  très  recherché  en  ébénis- 
terie.  Afin  de  lui  donner  une  belle  couleur  uniformément  noire,  dès  que  les 
troncs  sont  abattus,  on  les  plonge  dans  des  marais  où  on  les  laisse  séjourner 
deui  ou  trois  ans. 

Les  Kakis  cultivés  peuvent  se  subdiviser  en  Kakis  à  fruits  âpres  et  en  Kakis 
à  fruits  sucrés.  Je  fais  cette  subdivision,  parce  qu'il  y  a  des  Kakis  naturelle- 
ment sucrés  et  d'autres  qui  ne  le  sont  que  parce  qu'on  leur  fait  subir  certaine 
opération  qui  leur  enlève  toute  leur  âpreté. 

Les  Kakis  âpres  que  je  connais  ne  sont  pas  aplatis  comme  les  Kakis 
sucrés,  ils  affectent  ou  la  forme  d'un  cœur  comme  le  Mino  Kaki  ou  la  forme 
d'un  boulet  comme  le  Saïjo  Kaki. 

Les  Kakis  à  fruits  âpres  alteigaent  une  hîuteur  de  25  mètres,  leurs  fruits 
mesurant  au  maximum  12  à  13  cent,  et  au  minimum  4à5cent.  de  longueur; 
les  meilleurs  sont  ceux  qu'on  récolte  dans  le  centre  et  le  midi  du  Japon. 

Quand  on  veut  en  extraire  le  jus,  on  procoia  comma  pour  les  Kakis  sau- 
vages, mais  on  les  prépare  aussi  pour  être  servis  sur  nos  tables.  Pour  cela  il 
faut  leur  enlever  leur  âpreté.  Voici  comment  on  s'y  prend:  quand  le  fruit  est 
mûr,  le  Saïjo  par  exemple,  on  le  cueille  avant  qu'il  devienne  mou  ;  on  fait, 
en  enfonçant  près  de  la  queue  une  grosse  aiguille  en  bambou  ou  en  métal, 
un  trou  d'environ  trois  centimètres  da  profondeur  ;  les  fruits  ainsi  préparés 
sont  mis  dans  un  tonneau  défoncé  et  rempli  d'eau  chaude  (à  40  ou  50»)  dans 
lequel  on  les  laisse  12  à  15  heures. 

Cette  partie  de  la  préparation  est  assez  délicate,  et  on  n'acquiert  de  l'habi- 
leté que  par  la  pratique,  car  il  faut  enlever  toute  l'âpreté  du  fruit,  sans  pour 
cela  le  ramollir,  ce  qui  arriverait  si  on  le  laissait  trop  longtemps  dans  l'eau 
ou  si  on  versait  dessus  de  l'eau  trop  chaude. 

Les  fruits  ainsi  préparés  ne  doivent  jamais  être  mangés  sans  être  pelés  et 
sans  qu'on  en  ait  ôté  l'espèce  de  moelle  (continuation  de  la  queue  des  fruits) 
qui  les  traverse  dans  toute  leur  longueur. 

Le  Kaki  Saijo  ainsi  préparé  est  le  meilleur  da  tous  les  Kakis,  mais  toutes 
les  autres  variétés  de  Kakis  âpres,  le  Mino  Kaki  excepté,  peuvent  être  ren- 
dues mangeables  de  la  même  manière. 

Voici  une  seconde  manière  de  les  préparer: 

On  pèle  le  fruit  mûr,  et  on  le  suspend  à  l'ombre  pour  le  faire  sécher  pen- 
dant trois  à  quatre  semaines  ;  au  bout  de  ce  temps,  on  enlève  les  pépins  du 
fruit  en  pratiquant  une  petite  fente  allant  de  la  pointe  au  milieu  du  fruit. 
On  roule  ensuite  le  Kaki  dans  da  la  farine  de  blé  on  de  sarrasin,  on  les 
aplatit  un  peu  et  on  les  place  \=s  uns  sur  les  autres  dans  des  boîtes  ;  ils 
prennent  ensuite  un  aspect  analogue  à  celui  des  figues  sèches  mises  en  boite. 
Au  bout  d'un  mois  environ  on  peut  les  manger,  ils  sont  alors  très  sucrés  et 
ont  une  belle  cou'eur  jaune,  transparente,  semblable  à  celle  des  veines  de 
récaille 

Les  Mino  Kakis  peuvent  être  séohés  de  la  manière  précédente,  mais  on  en 
emploie  encore  une  autre.  Voici  comment  on  procède  :  on  prend  les  plus 
longues  pailles  qu'on  puisse  se  procurer  et  on  les  lie  à  une  des  extrémités, 
écartant  alors  les  brins  pràj  de  la  ligatura,  on  place  un  Kaki  au  milieu,  le 
Kaki  se  trouvant  ainsi  entouré  da  paille,  on  lie  de  nouveau,  de  façon  à  ce 
qu'il  se  trouve  maintenu,  ou  plaça  un  second  Kaki  et  on  lie  da  nouveau,  ainsi 
da  suite.  On  obtient  alors  une  sorte  de  chapeUt  da  Kikis  revêtue  de  palle, 
mais  séparés  les  uns  des  autres  par  un  lian,  on  le  suspend  à  l'ombre  pour  le 
faire  sécher,  au  bout  d'un  mois  les  fruits  sont  mous  et  très  sucrés. 

Ce  sont  ceux  que  las  Européens  habitant  la  Japon  préfèrent. 

Il  y  a  une  troisièmi  manière  de  les  rendra  mangeables.  On  prend  une 
grande  caisse  pouvant  contenir  environ  50  kilog.  da  riz,  on  couvre  le  fond 
de  cette  caisse  d'un  lit  de  riz  assez  épais  ;  sur  ce  lit  on  place  les  Kdkis  assez 
espacés,   et  on  verse  du  riz  de  façon  à  les  couvrir  entièrement   et  à  laisser 


—  87  — 

au-dessus  d'eux  une  certaine  épaisseur  de  graines  de  riz,  on  fait  un  nouveau 
lit  de  Kakis  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'on  ait  mis  à  peu  prés  une  ving- 
taine de  fruits,  on  remplit  la  caisse,  au  bout  de  qainze  jours  ou  trois  semaines 
les  fruits  sont  doux  et  sucrés.  Le  riz  n'a  subi  aucune  avarie  et  peut  être 
employé  comme  s'il  n'avait  pas  servi  à  cet  usage. 

Les  Kakis  à  fruits  sucrés  sont  en  général  moins  grands  que  les  Kakis  à 
fruits  âpres,  les  fruits  sont  en  général  aplatis  et  souvent  très  déprimés  à  la 
queue  ou  en  forme  de  pèche. 

Pour  obtenir  des  fruits  plus  abondants,  on  plie  et  on  étale  les  jeunes  bran- 
ches sur  des  cannes  de  bambou  fixées  au  tronc  de  l'arbre  lui-même,  mais  les 
branches  étant  très  cassantes,  il  faut  prendre  des  précautions  et  ne  pas  plier 
outre  mesure. 

Les  Kakis  sucrés  se  mangent  frais  venant  d'être  cueillis,  mais  la  saveur 
est  souvent  moias  agréable  que  celle  des  Kakis  âpres  bien  préparés.  L'extré- 
mité du  fruit  est  toujours  bonne,  mais  il  arrive  quelquefois  que  toute  la  par- 
tie entourant  la  queue  est  âpre.  Dans  certaines  provinces  les  montagnards 
coupent  les  Kakis,  sans  les  peler,  en  tranches  très  minces  qu'ils  font  sécher 
au  feu  ou  au  soleil;  quaud  elles  sont  complètement  sèches,  ils  les  pulvérisent 
et  passent  au  tamis.  Ils  se  servent  de  la  poudre  ainsi  obtenue  pour  faire  une 
sorte  de  boisson  qu'ils  préparent  de  la  même  manière  que  le  chocolat  à  l'eau. 

Je  désirerais  savoir  si  les  personnes  qui  ont  mangé  des  Kakis  au  Japon  et 
qui  ont  pu  se  procurer  de  ces  fruits  venus  en  Europe  leur  ont  trouvé  la  même 
saveur,  si  elle  diffère  ?  Préparés  de  la  même  manière  que  je  vous  indique 
plus  haut,  ils  seront  peut-être  aussi  bons.  Il  y  a  un  an  et  demi,  en  voyageant 
en  Italie,  j'ai  vu  à  Florence  de  très  baaux  fruits  de  Kakis  cultivés,  mais  on 
ne  connaissait  pas  la  manière  de  les  préparer. 

Comme  arbre  d'ornement,  le  Kaki  est  très  joli  au  Japon  ;  à  Nagato  où 
j'habite,  je  connais  une  variété  de  Kaki  âpre  nommée  Hagakouci  Kaki  (litté- 
ralement Kaki  à  feuilles  cachées),  nom  bien  mérité,  car  les  fruits  sont  si 
nombreux  qu'ils  cachent  non  seulement  les  feuilles,  mais  les  branches  et  les 
rameaux  disparaissent  sous  leur  nombre,  leurs  branches  invisibles  plient  sous 
le  poids  de  leurs  beaux  fruits  rouge  tomate. 

Je  ne  sais  pas  si  cette  variété  de  Kaki  est  connue  en  France.  Je  crois  que 
presque  toutes  les  variétés  de  Kakis  réussiraient  en  Fraiica,  dans  la  région 
des  vignes,  ainsi  qu'on  le  dit  dans  l'article  du  Lym-horticole. 

Je  vous  envoie  tous  ces  renseignements  sur  les  diverses  manières  de  pré- 
parer les  Kakis,  parce  que  je  pense  que  si  on  n'a  pas  essayé  davantage  de 
les  cultiver,  c'est  parce  qu'on  ne  savait  pas  les  préparer  et  les  rendre 
mangeables.  T.  Takasima. 

Nancy,  22  février  1886.     


La  culture  artificielle  du  cresson. 

Jusqu'à  présent,  on  a  cru  qu'il  était  indispensable,  pour  se  pro- 
curer du  cresson,  de  posséder  une  source  ou  tout  au  moins  un  mo- 
deste réservoir. 

Je  vais  essayer  de  détruire  cette  idée  préconçue. 

Depuis  1867,  je  cultive  le  cresson  d'une  autre  façon  et  je  dois 
mon  procédé  au  hasard,  dans  les  conditions  suivantes  : 

J'habitais  à  Saint-James,  une  propriété  au  millieu  de  laquelle  se 
trouvait  un  bas  fond  que  le  propriétaire  résolut  un  jour  de  faire 
combler.  L'entrepreneur  chargé  du  travail  apporta  une  quantité  de 
détritus,  entre  autres  des  ordures  ménagères  parmi  lesquelles  se 
trouvaient  des  épluchures  de  cresson. 


—  88  — 

Quelques  jours  après  je  fus  très  étonné  de  voir  sortir  un  cresson 
magnifique,  d'une  végétation  extraordinaire.  L'idée  me  vint  d'en 
planter  une  plate-bande,  au  nord:  la  réussite  dépassa  mon  attente. 

Voici  ma  manière  de  procéder  : 

Après  avoir  bien  préparé  la  terre  et  l'avoir  bien  tassée,  on  borde 
les  côtés  de  la  planche  sur  0"05  au  moins  ;  on  remplit  la  différence 
en  fumier  très  consommé,  presque  du  terreau,  et  on  mouille  très 
fortement.  On  plante  son  cresson  à  0"'10  en  tous  sens  par  petites 
pincées.  Entretenir  l'eau  pendant  les  chaleurs. 

Le  cresson  dont  je  me  suis  servi  jusqu'ici  est  celui  qu'on 
trouve  sur  tous  les  marchés.  Après  en  avoir  abattu  la  tête,  je  plante 
le  bas  de  la  botte,  ce  que  l'on  jette  habituellement. 

Une  plate-bande  de  1"'20  de  large  sur  4  de  long  peut  certaine- 
ment fournir  à  la  consommation  d'une  maison  d'une  certaine  impor- 
tance.   —   A.  Vigneau.  [La  Maison  de  Campagne), 

Inforinatfons.  — Madame  la  duchesse  de  Filz-James,  bieu  connue  par 
ses  publications  et  les  succès  qu'elle  a  obtenus  dans  son  domaine  viticole 
de  Saint-Benezet  (Gard),  a  communiqué  à  l'Académia  des  sciences  le  résultat 
de  ses  expériences  entreprises  pour  combattre  le  mildiou  (mildew^  Elle  a 
employé  le  lait  de  chaux  répandu  à  plusieurs  intervalles  sur  les  feuilles 
des  souches  de  vigne.  Elle  affirme  avoir  obtenu  un  bon  résultat. 

—  Une  exposition  des  insectes  utiles  et  de  leurs  produits  et  des  insectes 
nuisibles  et  de  leurs  dégâts  aura  lieu,  en  1886,  par  les  soins  de  la  So:iété 
d'agriculture  et  d'insectologie,  du  1"  au  3  septembre. 

—  La  Société  nationalo  d'agriculture  a  adopté  les  conclusions  du  rapport 
de  M.  Jules  Besnard,  concernant  la  destruction  obligatoire  de  la  cuscute,  et 
a  décidé  de  transmettre  au  Ministre  de  l'agriculture  un  vœu  favorable  à 
l'adoption,  pour  la  France,  de  mesures  législatives  propres  à  assurer  l'exé- 
cution de  cette  mesure.  Quelle  manie  de  légiférer;  gendarmes,  en  prison  le 
délinquant.  Détruisez  donc  aussi  le  chiendent  par  mesure  législative. 

NonTeaatés  —  Catalogues.  —  Crozy  aîné,  horticulteur,  206,  Grande 
rue  de  la  Guillotiéro,  Lyon.  —  Calalogue  contenant  la  description  de  dix 
Cannas  nouveaux  dont  les  noms  suivent  et  qui  sont  mis  au  commerce  dès  à 
présent:  Président  Dutailly,  Amiral  Courbet,  Souvenir  de  Jeanne  Charre- 
ton,  Lutea  splendens,  Victor  Gaulf^in.  Madame  Just,  Louise  Chrétien, 
Souvenir  de  Madame  Liabaud,  Ulrich  Brunner,  Cinabarina.  Cannas  mis  au 
commerce  les  années  précédentes  et  choix  des  plus  belles  parmi  les  ancien- 
nes variétés.  Bégonia  Carrieri,  etc. 


AVIS.—  Le  LYON-HORTICOLE  paraît  régulièrement  deux  fois  par 
f?(0!s(le  15  et  le  30).  Malgré  la  régularité  du  service  d'expédition  il  arrive 
quelquefois  que  des  numéros  s'égarent  en  route  et  ne  parviennent  pas  à  leur 
destination.  Nous  prions  les  personnes  à  qui  cela  arrive  de  bien  vouloir 
nous  réclamer  les  numéros  qu'elles  n'auraient  pas  reçus. 

Rénnion  horticole.  —  Tous  les  samedis  à  7  heures  du  soir,  réunion 
des  horticulteurs,  Cafiî  de  la  Gaule,  19,  rue  Puits-GaïUot,  Lyon. — 
Ordre  du  jour:  Ventes  et  achats,  offres  et  demandes.  Itenaeignements  divers. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  MARS  N'  6 


CHRONIQUE 


V engrais  chimique.  —  Et  il  vint  ua  jour  où  un  malin  soup- 
çonna que  les  plantes,  pareilles  dans  ce  cas  à  l'homme  et  aux  ani- 
maux, ne  devaient  pas  spécialement  vivre  d'amour  et  se  sustenter 
d'eau  fraîche.  La  chose  fit  sourire  les  doctes  de  ce  temps-là.  Ce 
malin  eut  un  fils  qui  passa  son  existence  à  prouver  que  les  soup- 
çons de  monsieur  son  papa  n'étaient  pas  aussi  ridicules  que  les 
académiciens  voulaient  le  donner  à  entendre.  Le  fils  fut  traité  de 
crétin  et  le  père  d'imbécile.  Cependant,  quelques  années  plus  tard, 
les  soupçons  du  mahn  se  changèrent  en  certitude  et  son  crétinisme 
se  transforma  en  «  génie  supérieur  »,  —  ce  qui  prouve  qu'il  ne 
faut  désespérer  de  rien  ici-bas. 

Bien  longtemps  avant  que  cette  grande  découverte  eut  étonnée 
les  gens  naïfs,  de  bons  paysans,  de  simples  Jacques,  a^  aient 
remarqué  que  le  fumier  était  une  excellente  chose,  qui  rendait  les 
choux  cabus,  les  laitues  pommées  et  les  poireaux  énormes.  On  dit 
même  que  plusieurs  voyageurs  qui  passèrent  dans  la  Limagne  de 
l'Auvergne,  vantèrent  jusqu'à  l'hyperbole  la  grosseur  de  ses 
navets,  —  que  les  habitants  nomment  rabioulcs,  —  et  l'excellence 
de  ses  châtaignes,  en  affirmant  que  les  qualités  que  présentaient  le 
fruit  et  la  racine  de  ces  deux  végétaux,  étaient  la  résultante  de 
l'inépuisable  fécondité  du  sol.  Les  jardiniers  napolitains  citent  des 
exemples  de  fertilité  de  la  terre  natale  auxquels  le  Vésuve,  disent- 
ils,  n'est  pas  étranger. 

Tous  ces  faits,  ces  suppositions,  ces  soupçons  réunis  avec  des 
milliers  d'autres,  ajoutés  aux  vertus  mirifiques  du  guano,  de  la 
colombine  et  de  la  poudrette,  ne  tardèrent  pas  à  ébranler  les 
convictions  les  plus  profondes,  et  l'épaisse  couche  d'ignorance  que 
l'humanité  agricole  avait  accumulée  sur  sa  boîte  crânienne  depuis 
les  temps  préhistoriques  diminua  de  deux  millimètres.  C'est  bien. 

Les  chimistes  s'étant  mis  à  l'ouvrage,  creusets,  cornues,  chalu- 
meaux, acides,  oxydes  et  réactifs  de  toute  sorte  eu  mains,   ils 


—  90 

arrachèrent  aux  plantes  le  secret  de  leur  composition  et  à  la  terre 
qui  les  nourrit  celui  de  sa  fécondité.  Les  successeurs  des  alchi- 
mistes, ces  grands  chercheurs  de  la  pierre  philosophale,  plus  heu- 
reux que  leurs  prédécesseurs,  trouvèrent  la  véritable  formule  pour 
faire  de  l'or,  en  prenant  les  végétaux  nourriciers  pour  auxiliaires 
et  en  indiquant  les  moyens  de  doubler,  tripler  et  même  quadrupler 
leur  production. 

La  pratique  ne  tarda  pas  à  vérifier  l'exactitude  des  données  de 
la  science.  C'est  de  ce  jour  seulement  que  date  la  culture  ration- 
nelle. 

En  effet,  n'est-ce  pas  une  chose  merveilleuse  que  de  pouvoir 
dire  :  telle  espèce  a  besoin  de  tant  de  potasse,  tant  d'azote,  tant 
de  chaux,  tant  d'acide  phosphorique,  pour  acquérir  le  maximum  de 
son  développement?  N'est-ce  pas  plus  merveilleux  encore  de  pou- 
voir ajouter  :  le  terrain  dans  lequel  je  cultive  cette  espèce  ne  con- 
tient que  telle  ou  telle  quantité  de  chacun  de  ces  éléments,  j'ajoute 
ce  qui  manque  et  la  voilà  placée  dans  les  meilleures  conditions 
possibles  d'alimentation? 

Je  l'ai  déjà  dit,  et  je  le  répète  après  les  meilleurs  esprits  de  ce 
temps,  les  engrais  chimiques  ou  naturels,  parfaitement  dosés,  doi- 
vent devenir  la  base  fondamentale  de  toutes  les  cultures.  Savoir 
dépenser  dix  pour  récolter  quarante,  c'est  la  meilleure  économie 
que  je  connaisse.  Seulement,  il  faut  dépenser  à  propos.  Si  votre 
sol  n'a  pas  besoin  de  tel  ou  tel  élément,  gardez-vous  de  jeter  votre 
argent  par  la  fenêtre.  Votre  vigne  donne-t-elle  trop  de  bois  et  pas 
assez  de  raisins?  Vendez  votre  fumier,  vous  aurez  double  bénéfice  : 
l'argent  du  fumier  d'abord,  et  des  raisins  en  plus  grand  nombre 
ensuite. 

Le  fumier  est  un  excellent  engrais,  j'en  conviens,  et  cependant 
c'est  le  plus  grand  ennemi  des  engrais.  Il  se  présente  comme  un 
mastodonte  volumineux  ;  il  a  pour  lui  la  routine  invétérée  de  qua- 
rante siècles  d'agriculture,  et  fort  de  son  omnipotence,  il  paralyse 
la  diffusion,  la  connaissance  du  vrai  rôle  des  éléments  fertilisants. 
Aux  neuf  dixièmes  des  cultivateurs,  ne  dites  pas  que  le  fumier 
n'est  pas  le  meilleur  engrais,  car  vous  seriez  honni  et  conspué.  Eh 
bien  !  je  le  dis  et  je  le  dirai  toujours,  le  fumier  n'est  pas  le  meilleur 
engrais. 

Il  n'y  a  pas  de  meilleur  engrais,  si  on  prend  ce  mot  dans  un 
sens  général,  puisque  cliaque  genre  de  plante  absorbe  à  peu  près 
les  mêmes  éléments,  mais  en  quantités  différentes;  d'où  je  tire  la 
conclusion  bien  naturelle,  que  le  meilleur  engrais  pour  une  espèce, 
n'est  pas  le  meilleur  pour  une  autre. 

Et  pour  terminer  cette  petite  note,  je  dirai  aux  horticulteurs: 
Essayez  des  engrais,  tâtonnez  s'il  le  faut,  allez  doucement,  et  sur- 
tout ne  vous  laissez  pas  voler. 


—  91   — 

Le  vol  en  matière  d'engrais  est  doublement  criminel  en  ce  sens 
que,  non-seulement  il  s'empare  du  bien  d'autrui,  mais  encore  qu'il 
détruit  chez  le  volé  le  peu  de  confiance  que  lui  inspirent  les  théo- 
ries scientifiques  et  le  font  retomber  dans  la  routine  ruineuse. 

Synonyme  cl  Synonymie.  — On  dit  que  deux  mots  sont  synonymes 
quand  ils  ont  à  peu  près  la  même  signification.  En  botanique,  on 
appelle  synonyme  les  noms  différents  donnés  par  plusieurs  auteurs 
à  la  même  espèce.  Seulement  comme  les  auteurs  ne  s'entendent  pas 
sur  l'exacte  signification  du  mot  espèce,  il  s'en  suit  naturellement 
qu'il  y  a  des  synonymes  qui  ne  sont  pas  du  tout  synonymes.  Exem- 
ples :  si  je  considère  le  lîosa  canina  comme  une  espèce,  je  dirai  que 
toutes  les  roses  de  ce  groupe  élevées  au  rang  d'espèces  par  les 
rbodographes  modernes,  sont  des  synonymes  du  Rosa  canina,  et 
j'aurai  raison;  il  en  sera  de  même  pour  les  Mosa  rubiginosa,  alpina, 
gallica  et  tous  les  types  linnéens  qui  ont  été  morcelés  par  les  bota- 
nistes depuis  Linné.  Les  auteurs  qui  ont  créé  ces  nouvelles  espèces 
no  seront  pas  contents  et  n'admettront  pas  cette  synonymie.  Voilà 
donc  une  catégorie  de  synonymes  suspects. 

Ceci  me  revient  à  propos  des  Rosa  muUijlora  et  polyanllia.  Ces 
deux  noms  qui  ont  exactement  la  même  signification  grammaticale 
représentent  assurément  des  plantes  distinctes  qu'aucun  amateur  de 
roses  ne  confondi'a  entre  elles.  Les  Rosiers  muhifloros  yrimpanls  cons- 
tituent un  groupe,  et  les  Rosa  polyanllia  ou  R.  multiflores  nains  un 
autre  groupe.  Au  point  de  vue  botanique,  si  j'admets  l'espèce  large, 
ces  deux  groupes  seront  synonymes  ;  mais  si  je  la  morcelle,  ils  ne 
le  seront  peut-être  plus.  11  faudrait,  pour  trancher  la  question, 
aller  faire  un  petit  voyage  en  Chine,  en  passant  par  le  Japon  ;  c'est 
un  peu  loin.  Dans  le  cas  où  les  types  sauvages  des  Rosa  muUiflora 
et  polyanllia  seraient  identiques,  on  serait  autorisé  à  conclure  que 
la  grande  diversité  qui  existe  dans  les  jardins  entre  les  variétés  de 
ces  deux  types,  tient  à  l'origine  hybride  de  ces  variétés. 

Problème  horlicole.  —  Un  de  nos  abonnés  qui  habite  le  Portugal 
nous  prie  de  poser  à  MAL  les  rosiéristes  le  problème  suivant  : 
«  Nous  avons  un  rosier  ayant  trois  rameaux  taillés  chacun  au- 
dessus  du  troisième  bourgeon  ayant  la  probabilité  d'obtenir  neuf 
branches  fleuries.  Nous  désirerions  obtenir  directement  de  ces  neuf 
bourgeons  une  production  triple.  Quelle  opération  devons-nous 
faire  pour  atteindre  ce  résultat  ?  /) 

Le  problème  n'est  pas  facile  à  résoudre,  parce  qu'il  y  a  trop  de 
termes  inconnus.  On  sait  bien  qu'il  y  a  trois  rameaux  et  trois  bour- 
geons sur  chaque  rameau  qui  donneront  1res  probablemenl  neuf 
rameaux,  mais  déjà  ce  n'est  pas  absolument  certain,  car  le  déve- 


—  92  — 

loppement  de  chacun  des  bourgeons  est  subordonné  aux  conditions 
suivantes  :  1°  A  la  vigueur  du  sujet;  2"  A  la  nature  du  sol  qui 
peut  être  plus  ou  moins  favorable  à  la  végétation  du  rosier  ;  3°  Aux 
caractères  physiologiques  de  la  variété  qui  peut  avoir  plus  ou  moins 
de  propension  à  pousser  au  développement  régulier  de  lous  les 
bourgeons  ou  seulement  de  quelques-uns. 

Si  on  avait  toutes  ces  données  peut-être  trouverait-on  la  solu- 
tion du  problème.  Quoiqu'il  en  soit,  si  quelques-uns  de  nos  lecteurs 
se  sentent  assez  fort  pour  éclairer  notre  correspondant,  nous  les 
prions  de  bien  vouloir  nous  faire  parvenir  leur  réponse  à  la  ques- 
tion posée. 

Du  repiquage  des  planls.  —  Le  repiquage  des  plaats  est  une  des 
opérations  les  plus  utiles  de  l'horticulture,  et  il  est  bon  de  se  rendre 
compte  exactement  des  résultats  qu'elle  donne.  Repiquer  un  plant, 
c'est  l'arracher  et  le  replanter  ensuite,  après  avoir  coupé  l'extré- 
mité de  ses  racines.  Quand  on  coupe  une  jeune  racine,  on  l'em- 
pêche de  s'étendre  dans  le  sens  de  sa  longueur,  mais  on  favorise 
le  développement  de  jeunes  radicelles  qui  naissent  quelque  temps 
après.  La  multiplication  des  jeunes  radicelles  met  un  arrêt  au  déve- 
loppement des  racines  pivotantes  et  provoque  dans  tout  le  système 
radiculaire  uno  énergie  particulière  dont  la  plante  profite  ensuite. 
Cette  énergie  est  causée  par  l'afïluence  des  matières  nutritives  qui 
se  portent  en  plus  grande  quantité  vers  les  parties  des  racines  qui 
ont  été  coupées. 

Le  repiquage  rend  les  plantes  annuelles  plus  naines  et  favorise 
leur  ramification  ;  il  facilite  la  reprise  de  tous  les  arbres  ou  arbustes 
à  racines  pivotantes.  La  transplantation  des  plantes  repiquées  se 
fait  aussi  sans  difficulté.  11  n'y  a  aucun  inconvénient  à  repiquer 
plusieurs  fois  le  même  plant. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  il  faut  repiquer  le  plant  quand 
il  est  très  jeune,  sans  cela,  il  y  a  des  espèces  qui  ne  le  supportent 
pas  aisément  :  le  réséda,  les  pavots  sont  dans  ce  cas,  ainsi  qu'un 
certain  nombre  d'espèces  à  racines  nettement  pivotantes. 

Les  arbres  et  arbustes  se  repiquent  aussi  fort  bien  quand  ils  ont 
seulement  quelques  feuilles;  il  y  a  même  quelques  sortes  qui  ne 
peuvent  se  repiquer  qu'à  ce  moment  de  leur  existence.  Toutes  les 
fois  qu'on  procède  à  un  repiquage,  il  importe  de  couper  les  pivots 
et  de  garantir  le  plant  repiqué  contre  les  rayons  du  soleil  ou  les 
vents  violents. 

Prêscrvalion  des  vignes  contre  la  gelée.  —  Sous  ce  titre,  le  journal 
le  Midi  vinicole  publie  un  article  qui  m'a  paru  digne  d'être  commu- 
niqué. 


—  93  — 

On  est  à  la  recherche,  depuis  longtemps  déjà,  d'un  procédé 
simple,  peu  coûteux  et  efficace  pour  préserver  la  vig-ne  contre  les 
gelées  tardives. 

Deux  systèmes  sont  en  présence  :  les  nuages  artificiels  et  les 
arbris  en  paille. 

Ceux-ci  ont,  paraît-il,  toujours  donné  des  preuves  certaines  de 
leur  efficacité. 

En  Bourgogne,  différentes  formes  sont  données  à  ces  abris,  mais 
la  meilleure  et  la  plus  recommandée  est  celle  en  éventail,  par  les 
raisons  suivantes:  1°  elle  exige  moins  de  paille;  2"  elle  n'entrave 
pas  le  développement  des  bourgeons  ;  3°  la  paille  ne  touchant  pas 
la  terre  n'est  pas  sujette  à  pourrir,  comme  dans  les  autres  systè- 
mes, et  peut  être  employée  pour  litière  alors  que  toute  crainte  de 
gelée  a  disparu  ;  enfin,  cette  forme  permet  d'élever  l'éventail  à  une 
hauteur  plus  ou  moins  grande  autour  de  l'échalas,  suivant  l'ampleur 
de  la  végétation,  puisqu'il  est  mobile  et  laisse  l'air  circuler  libre- 
ment autour  du  cep. 

M.  Gras,  chef  de  culture  à  Beaune,  a  trouvé  récemment  un 
moyen  bien  simple  de  former  l'éventail. 

Il  prend  les  deux  bouts  d'une  poignée  de  paille  longue  de  60  à 
70  centimètres  et,  tourné  vers  l'est,  il  appuie  le  milieu  de  la  paille 
contre  l'échalas,  ramène  et  croise  devant  lui  en  forme  d'X  les  deux 
parties  séparées  et  fait  une  ligature  soit  avec  de  la  paille,  soit  avec 
de  l'osier  ou  du  chanvre. 

Cela  fait,  il  n'a  plus  qu'à  écarter  les  brins  de  paille  pour  former 
l'éventail. 

En  opérant  ainsi,  on  obtient  un  éventail  parfait,  bien  homo- 
gène, qui,  tout  en  pouvant  glisser  suivant  la  longueur  de  l'échalas. 
ne  peut  dévier  ni  à  droite  ni  à  gauche,  malgré  les  plus  grands 
vents. 

Le  premier  ouvrier  venu  peut  former  cet  abri  avec  la  plus  grande 
facihté  et  protéger,  dans  une  journée  ordinaire  de  travail,  près  de 
4  ares  28  centiares. 

Les  cépages  américains  et  les  gelées  d'hiver.  —  Nous  trouvons  con- 
signé dans  la  Gazelle  du  village  le  fait  suivant  :  a  Le  12  et  le  13  dé- 
cembre dernier,  une  forte  gelée  a  produit  de  grands  dégâts  dans 
quelques  vignobles  du  Nord  et  du  centre.  Dans  les  Vosges,  aux 
environs  de  Mirecourt,  par  exemple,  le  mal  est  très  grand  sur  les 
cépages  du  pays  et  surtout  dans  les  bas-fonds.  M.  Millot  a  cons- 
taté qu'au  contraire  les  vigues  américaines  n'ont  pas  souffert  du 
tout  de  la  gelée,  tandis  que  les  cépages  indigènes  ont  les  yeux 
des  sarments  gelés ,  les  yeux  des  cépages  américains  sont  très 
sains.  V.  V.-M. 


—  94  — 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance    du  21   février  4886,    tenue  dans  la 
salle  des  réunions  Industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M,  J.  Chrétien,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2   heures  1/2. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  fdopté. 

Correspondance.  —  Elle  se  compose  : 

1°  Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône,  en  date  du  22  janvier,  demandant 
un  extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  dans  laquelle  les  modifications  das 
statuts  ont  été  acceptées  ; 

2°  Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône,  accompagnant  un  arrêté  du  Préfet 
autorisant  l'Association  horticole  Ij'onnaise  à  modifier  le  paragraphe  VII  de 
ses  statuts,  conformément  à  la  demande  que  la  Société  lui  avait  adressée  ; 

3''  Lettre  de  M.  le  Secrétaire  général  de  la  Société  nationale  d'horticul- 
ture de  France,  informant  l'Association  que  des  démarches  sont  faites  pour 
que  les  adhérents  au  Congrès  d'horticulture  qui  aura  lieu  en  mai  prochain, 
à  Paris, à  l'occasion  de  l'Exposition,  puissent  profiter  de  la  réduction  du  prix 
des  places  accordée  par  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  aux  membres  de 
la  Société  nationale.  Avis  sera  donné  aux  intéressés  si  ces  démarches  abou- 
tissent. 

4»  Lettre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  informant  l'Association 
que  la  réunion  annuelle  des  sociétaires  et  des  délégués  des  Sociétés  aflîliées 
aura  lieu  le  22  février,  au  siège  de  la  Société,  à  Paris. 

Lettre  de  la  Société  horticole  de  Grenoble,  demandant  l'échange  des  publi- 
cations. 

Lettre-circulaire  du  Ministre  de  l'instruction  publique,  accompagnant 
l'envoi  d'une  note  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  relatives 
à  l'étude  «  des  assemblées  générales  de  communautés  d'habitants  sous  l'an- 
cien régime  ». 

Lettre  de  M.  Frèze,  de  Grenoble,  remerciant  la  Société  de  l'avoir  reçu  au 
nombre  de  ses  membres. 

La  Société  a  reçu  également  plusieurs  programmes  et  règlements  de  l'Ex- 
position générale  des  [>roduits  de  l'horticulture  qui  aura  lieu*  à  Paris  du  4 
au  9  mai  prochaia. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  16  candidatures,  sur  lesquelles 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions. —  Sont  admis,  à  l'unanimité  et  sans  protestation,  comme  mem- 
bres titulaires  de  notre  Compagnie  : 

MM.  Bouvet  (Joseph),  horticulteur  à  Chaponost  (Rhône),  présenté  par 
MM.  Valette  et  J.  Nicolas. 

Birochon  (Jean),  horticulteur,  tailleur  d'arbre»,  cours  de  la  Républi- 
que, 9  et  11,  Villeurbanne,  présenté  par  MM  Yiviand-Morel  et 
Nicolas. 

Perret  (Joseph)  fils,  horticulteur  à  la  Chaléassière,  Saint-Etienne 
(Loire),  présenté  par  MM.  Léonard  Lille  et  Beney. 

Poulaillon  (Etienne),  horticulteur,  avenue  Vailloud,  à  Sainte-Foy-lès- 
Lj'on,  présenté  par  MM.  Pierre  Gaillard  et  A.  Jussaul. 

Guillermoz  (Claude),  horticulteur  à  Crépieu  par  Caluire  (Rhône),  pré- 
senté par  MM.  Rivoire  fils  et  Viviand-Morel. 

M""  V«  Schwartz,  horticulteur-rosiériste,  7,  route  devienne,  à  Lyon, 
présentée  par  MM.  Nicolas  et  Viviand-Morel. 

Paillet  (Eugène),  fabricant  de  poterie  fine,  à  Fejsin  (Isère),  présenté 
par  MM.  Carie  et  Viviand-Morel. 


—  95  — 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M™"  Vachoa-SaulDier,  à  Ecallj,  un  pot  da 
violette,  le  Czar,  en  pleine  floraison  ;  une  collection  de  30  variétés  de  Camcl- 
lia,  dont  les  plus  remarquables  sont  :  Ciiandleri  panaché,  Picturata,  Monti- 
ronii,  Ciiandleri  elegans,  Marguerite  Gouillon.Targioni,  Jubilée,  Villageoise, 
Triumphans,  Hendersonii,  Colletti,  Giardini  Franchetti. 

La  Commission  propose  d'accorder  à  cette  colleetion  de  Camellia  une  prime 
de  2'  classe. 

Par  M.  Bonnard,  chemin  de  Saint-Alban,  Lyon,  un  pied  de  Bégonia  Rex, 
de  semis  1885,  d'une  belle  végétation,  garni  de  fleurs;  les  feuilles  ont  0,25 
centimètres  de  long  sur  0,20  de  largeur,  se  tiennent  très  fermes,  d'un  vert 
foncé  bronzé  parsemé  de  macules  argentées. 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  Lyon,  un  bel  exemplaire  fleuri  de 
Cypripedium  Harrmanum,  auquel  la  Commission  propose  d'accorder  une 
prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  La  Pape.  3  échantillons  da 
paniers  en  osier  pouvant  servir  comme  suspension  de  plantes  diverses. 

Par  M.  Métra,  impasse  du  Collège  (Caluire),  un  échantillon  de  Bac  carré 
se  démontant,  présentant  un  avantage  pour  le  rempotage  surtout  des  grosses 
plantes  cultivées  en  pots. 

La  Commission  propose  l'insciiption  au  procès-verbal,   avec  mention  par- 
ticulière pour  tous  les  objets  non  primés. 
Les  propositions  de  la  Commission,  mises  aux  voix,  sont  adoptées. 

L'assemblée  procède  à  la  nomination  de  la  Commission  des  visites  pour 
l'année  188*5. 

Sont  nommés  :  MM.  Chrétien,  L.  Gorret,  Grenier,  Cl.  Jacquier,  J.  Jac- 
quier, Cl.  Jussaud,  Labruyère,  Liabaud,  L.  Lille,  J.  Métrai,  Musset,  Ri  voire 
fils,  Rozain,  Brevet. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire-Adjoint,  J.  Nicolas. 


L'Œillet  remontant 

Dianlhus   CaroijphjUus  semperflorens 

La  culture  do  l'œillet  type,  si  l'on  en  croit  certains  écrivains 
horticoles,  remonte  à  plus  de  2,000  ans. 

Nous  ne  savons  rien  de  ce  qui  se  pratiquait  à  cette  époque  et  la 
science  horticole  ainsi  que  toutes  les  autres,  ne  datent  guère  que 
d'un  siècle,  nous  ne  pouvons  retracer  que  l'histoire  contemporaine 
de  l'œillet. 

L'œillet  remontant  a  été  créé  à  Ljon,  ce  fut  M.  Dalmais,  jardi- 
nier chez  M.  Lacène  (ce  zélé  patron  de  l'horticulture  lyonnaise  et 
le  fondateur  de  la  première  société  d'horticulture  dans  notre  région) 
qui  obtint  le  premier  œillet  franchement  remontant,  il  y  a  environ 
46  ans  (vers  1840).  Il  mit  au  commerce  en  1844,  Atim,  qui  était 
le  produit  de  la  fécondation  artificielle  d'une  (soi-disant)  espèce, 
connue  sous  le  nom  vulgaire  d'Œillet  de  Mahon  ou  de  la  Saint- 
Martin  (parce  qu'il  fleurissait  presque  régulièrement  vers  la  mi- 
novembre)  par  l'œillet  Bichon  (ou  des  Dames). 


^  96  — 

Ce  premier  gain  fut  ensuite  fécondé  par  des  oeillets  flamands  et 
fantaisies,  et  il  en  sortit  dès  1856  une  nombreuse  série  de  variétés 
de  coloris  les  plus  divers. 

M.  Schmitt  un  des  horticulteurs  lyonnais  les  plus  zélés  et  des 
plus  intelligents  suivit  M.  Dalmais  dans  la  voie  qu'il  lui  avait  tracée 
et  augmenta  les  collections  de  plusieurs  variétés  remarquables 
telles  que  Arc-en-Ciel  et  Etoile  Polaire,  qui  étaient  encore  culti- 
vées il  y  a  peu  d'années,  mais  sont  perdues  aujourd'hui  étant 
remplacées  par  des  variétés  plus  méritantes.  Mais  vers  1860  une 
maladie  s'étant  déclarée  dans  ses  oeillets,  M.  Schmitt  se  décou- 
ragea et  les  délaissa. 

Ce  fut  vers  cette  époque  que  M.  Alphonse  Alégatière  s'adonna  à 
cette  culture  et  en  peu  de  temps  lui  fît  faire  des  progrès  énormes 
et  c'est  à  cet  habile  et  persévérant  horticulteur  que  nous  devons  les 
nombreuses  variétés  naines  et  remontantes  si  estimées  en  Angle- 
terre, en  Allemagne  et  en  Italie  et  aussi  les  moyens  de  les  bien  cul- 
tiver que  nous  vous  décrivons  plus  loin. 

M.  Alégatière  ne  s'est  pas  contenté  de  varier  à  l'infini  les  œil- 
lets remontants  et  de  les  mettre  au  niveau  des  anciens  œillets  des 
fleuristes,  dans  la  culture  desquels  les  Belges  et  les  Hollandais 
excellaient  jusqu'alors,  mais  il  s'était  imposé  la  tâche  de  nous  don- 
ner des  œillets  remontants  à  tiges  florales  raides,  ce  qu'il  obtint  en 
1866. 

Et  l'on  peut  dire  que  M.  Alégatière  a  créé  un  genre  ou  une  es- 
pèce, car  ce  type  se  continue  parles  semis  (1).  Cette  espèce  a 
donc  les  mêmes  mérites  que  l'Œillet  Flon  et  a  l'avantage  sur  lui, 
d'avoir  de  grandes  fleurs  et  très  variées  de  nuances  (2). 

La  culture  et  la  multiplication  de  l'œillet  sont  des  plus  faciles 
quoiqu'on  aient  dit  certains  auteurs.  A  une  époque,  pas  très  éloi- 
gnée,   l'on    disait  et  imprimait  en  parlant  de  la  culture  de  l'œillet  : 

Le  bouturage,  vu  le  peu  de  chanee  de  réussite  qu'il  offre,  est  le  plus 
rarement  emploijé. 

Et  alors  l'on  recommandait  de  fendre  le  bas  de  la  bouture  et  d'y 
introduire  un  grain  de  blé,  d'avoine  ou  d'orge,  d'autres  un  petit 
caillou  pour  maintenir  l'écartement. 

Nul  doute  que  par  ce  moyen  le  bouturage  offrait  peu  de  chances 
de  réussite,  car  l'une  des  parties  de  latente  se  pourrissait  et  si  la 
plante  provenant  de  cette  bouture  ne  périssait  pas,  elle  restait  lan- 
guissante. Le  bouturage  était  en  conséquence  condamné  et  le  mar- 
cottage, qui  est  l'enfant  de  l'art  horticole,  était  prôné. 

(1)  Une  race  permanente  est  presque  une  espèce  que  nous  avons  cr^é.. 

(Henri  Lecoq). 

(2)  M.  Carie,  le  successeur  de  M.  Alégatière,  continue  avec  beaucoup  de  succès 
l'amélioration  du  genre.  Les  amateurs  lui  doivent  toute  une  véritable  collection 
d'ŒiUets  remontants  qu'il  a  obtenus  de  semis  à  la  suite  d'hybridations  artificielles. 

N.  ci.  la  R. 


—  07  — 

Aujourd'hui  que  la  routine  cède  le  pas  à  l'observation,  à  l'étude 
intelligente  des  faits,  il  est  généralement  admis  que  le  bouturage 
est  le  meilleur  moyen  de  multiplication  pour  toutes  les  plantes. 

Ensuite,  il  est  démontré  que  l'on  peut  faire  plus  de  boutures  d'une 
plante  que  l'on  ne  peut  en  obtenir  de  marcottes  ;  car  les  boutures 
coupées,  la  plante  chei'che  à  remplacer  ses  amputations,  à  réparer 
les  pertes  qu'on  lui  a  fait  subir  et  reproduit  de  nouveaux  rameaux, 
tandis  que  la  plante  que  l'on  soumet  au  marcottage  nourrit  ses 
membres  à  moitié  amputés,  sans  songer  encore  à  les  remplacer. 
Les  œillets  quoiqu'on  ait  écrit  sur  ce  sujet  prennent  très  facile- 
ment de  boutures,  qui  font  certainement,  incontestablement,  de  meil- 
leures plantes  que  les  marcottes. 

Les  boutures  d'œillets,  dit  M.  Alégatiàre,  peuvent  se  faire  en 
toutes  saisons,  mais  pour  ceux  qui  ont  des  serres  et  veulent  multi- 
plier grandement,  la  meilleure  époque  est  l'hiver,  c'est-à-dire  jan- 
vier et  février  et  ils  obtiendront  des  plantes  qui  pourront  être  livrées 
à  la  pleine  terre  en  avril  et  mai,  seront  vigoureuses  dans  le  courant 
de  l'été  et  fleuriront  en  automne. 

Pour  faire  ces  boutures,  point  n'est  besoin  de  cloches,  les  châssis 
de  la  serre  suffisent.  Le  sol  de  la  couche,  ainsi  que  l'air  de  la  serre 
doivent  être  maintenus  à  une  température  de  15  à  20  degrés  centi- 
grades. 

Il  n'est  pas  nécessaire  d'indiquer  comment  il  faut  préparer  les 
boutures.  Tout  jardinier  sait  cela.  Mais,  un  point  essentiel  pour 
la  réussite  est  d'enlever  tous  les  jours  les  feuilles  qui  jaunissent,  et 
il  ne  faut  pas  craindre  d'enlever  les  boutures,  au  contraire,  car  les 
changer  de  place  et  de  terre  ou  de  sable  de  temps  en  temps  hâte 
souvent  la  reprise.  Pourquoi?  Parce  qu'il  arrive  qu'une  partie  du 
talon  ou  la  partie  qui  l'environne  sont  moisies,  ce  qui  peut,  si  cela 
ne  fait  pas  périr  la  bouture,  retarder  le  développement  des  racines. 
De  fréquents  bassinages  sont  indispensables,  mieux  vaut  pour 
l'œillet  l'excès  d'humidité  que  la  sécheresse. 

Les  boutures  faites  en  hiver  reprennent  généralement  en  trois 
ou  cinq  semaines,  selon  les  variétés.  Jean  Sisley, 

Monplaiair-Lyon. 

Note  sur  une  fascie  des  rameaux  du 
Gereus  flagelliformis  Haw. 

Le  Ccrcus  flaç/clU forints  Haw  est  une  des  plus  anciennes  Cactées 
connues  dans  les  cultures.  Linné  l'avait  "nommé  Cactus  jlayriformls. 
Avant  lui  les  botanistes  de  la  Renaissance  lui  donnaient  les  noms 
suivants:  PlujUarthus  (Neck),  Opuntia...  (Slan,  Bosh,  etc.).  Ficus 
(Ray),  Nopalxoch  Guezakiquizi  (Hern.),  Heliotropium ,  etc.  Labou- 
ret,  auteur  d'une  monographie  des  Cactées,  lui  assigne  pour  patrie 


^  98  — 

toute  l'Amérique  chaude  et  il  ajoute  :  «  il  se  rencontre  aussi  dans 
l'Arabie.  >>  Sans  rechercher  ce  que  peut  avoir  de  fondé  une  aire 
de  dispersion  géographique  aussi  singulière,  je  ferai  remarquer 
toutefois  que  le  Ccreus  flagelliformis  supporte  facilement  quelques 
degrés  de  froid  et  qu'il  est  beaucoup  moins  délicat  que  plusieurs 
de  ses  congénères  qui  n'habitent  pas  l'Amérique  chaude. 

D'après  Seringa,  le  C.  flagcUiformis  (1)  (cierge  en  serpent) 
aurait  été  introduit  du  Pérou  au  Jardin  des  plantes  de  Paris  par 
Bernard  de  Jussieu  en  1734.  Quoiqu'il  en  soit  de  ces  remarques, 
le  C.  Ilmielliformis,  dans  son  état  naturel  a  une  tige  rampante, 
mince,  très  rameuse,  à  rameaux  presque  cyhndriques  munis  de  10  à 
12  rangs  de  tubercules  formant  des  côtes  peu  prononcées.  Les 
aréoles  sont  à  peine  cotonneuses  ;  ses  aiguillons  courts,  un  peu 
raides.  sont  au  nombre  de  8  à  \2,  rembrunis,  disposés  en  étoile, 
et  de  3  ou  4  au  centre,  dorés  au  sommet  et  un  peu  plus  longs. 

Les  fleurs  sont  très  nombreuses,  fort  élégantes,  d'un  beau  rouge 
carmin. 

J'ai,  il  y  a  déjà  quelques  années,  rencontré  sur  un  individu  volu- 
mineux et  très  vigoureux  de  C.  flagcUiformis,  un  rameau  dont  l'extré- 
mité au  lieu  d'être  cylindrique  était  aplatie  et  allait  en  s'élargissant 
de  la  base  au  sommet.  Je  coupais  la  partie  déformée  de  cette  tige 
et  je  la  greffais  au  sommet  d'un  rameau  de  C.  speciossimtis  dont  je 
pouvais  disposer. 

Sous  l'influence  de  la  greffe,  la  déformation  en  question,  qui 
n'était  pas  autre  chose  qu'un  cas  de  fasciation  nettement  caracté- 
risé, prit  les  formes  les  plus  bizarres  que  l'on  puisse  imaginer  et 
poussa  au  développement  de  rameaux  tantôt  pendants,  tantôt 
dressés,  cylindriques  ou  aplatis,  tourmentés,  tortillés,  cristés,  etc. 
Le  dessin  ci-contre  donnera  du  reste  une  idée  beaucoup  plus  exacte 
que  toutes   les  descriptions  qu'on  pourrait  faire  de  cette  anomalie. 

Les  cas  de  fasciation  ne  sont  pas  très  rares  dans  la  famille  des 
Cactées,  car  on  signale  et  on  cultive  plusieurs  variétés  de  Mainil- 
laria,  iVEcliinopsis,  à'Opunlia,  de  Cereus  et  autres  genres  qui  sous 
les  noms  de  crislala  et  de  monslriwsa  ne  sont  pas  autre  chose  que 
des  cas  connus  en  tératologie  sous  le  nom  de  fascie  ou  d'expansion 
fasciée,  suivant  l'expression  de  De  Candolle. 

«  Dans  l'état  de  fasciation,  les  organes  cauUnaires  ordinaire- 
ment plus  ou  moins  cylindriques,  adoptent  une  forme  aplatie  et 
comme  demi-foliacée  ;  les  fibres  ou  nervures  paraissent  à  peu  près 
parallèles  ou  convergentes  vers  le  sommet,  mais  simples  et  non  pas 
épanouies  comme  celles  des  organes  foliacés  (2).   » 

(1)  Flagelliformis  (Hngeltum  fouet,  forma  forme). 
(-2)  D.  C,  Phys.  vcyél.,  t.  Il,  p.  195. 


'J'J  — 


Cereus  flagelliformis  var.  cristatus  greffé  sui*  Cereus  speciossitnus 
Réduit  au  1/3  de  sa  grandeur,  d'après  une  photographie  de  M.  Bernoud,  photographe,  à  Lyon 

Le  développement  des  rameaux  fasciés  a  un  terme.  Après  s'être 
élargis  d'une  manière  variable ,  ces  rameaux  émettent  d'autres 
rameaux  qui  à  leur  tour  peuvent  reprendre  le  caractère  fascié  ou 
bien  retourner  au  type  normal. 

Dans  le  Cereus  flagelliformh  cristatus  les  rameaux  qui  paraissent 
normalement  constitués  reprennent  quand  on  les  gretfe,  la  forme 
cristée.  Je  n'ai  jamais  observé  de  Heurs  sur  la  variété  en  question; 
on  sait  que  l'espèce  ordinaire  est  au  contraire  très  florifère. 

On  a  observé  des  cas  de  fasclation  sur  un  nombre  considérable 
d'espèces  qu'il  serait  fastidieux  d'énumérer  ici,  mais  qu'on  trouvera 
consigné  dans  tous  les  Traités  de  tératologie. 


—  100  — 
Jardins  réguliers. 

Loin  'ionc  ces  froids  jardins,  colifichets  champêtres, 
lasipiiles  réduits,  dont  l'insipide  maître 
Vous  vante,  en  s'admirant,  ses  arbres  bien  peignés  ; 
Ses  petits  salons  verts,  bien  tondus,  bien  soignés  ; 
Son  plan  bien  symétrique,  où,  jamais  solitaires, 
Chaque  allée  a  sa  sœnr,  chaque  berceau  son  frère. 
Ses  sentiers  ennuyeux  d'obéir  au  cordeau. 
Son  parterre  brodé,  son  maigre  lilet  d'eau. 
Ses  buis  tournés  en  globe,  en  pyramide,  en  vase. 
Et  ses  petits  bergers  bien  guindés  sur  leur  base. 
Laissoz-le  s'applaudir  de  son  luxe  mesquin. 
.Je  préfère  un  champ  biut  à  son  triste  jardin. 

Delille. 

Nous  avons  donné  dans  le  numéro  2  de  notre  revue  la  reproduc- 
tion d'un  jardin  français  en  la  faisant  précéder  d'une  courte  note 
relative  au  rôle  que  doivent  jouer  les  formes  régulières  dans  la 
composition  des  jardins.  Nous  prions  nos  lecteurs  de  bien  vouloir 
s'y  reporter.  Dans  cette  note  nous  annoncions  que  nous  donnerions 
quelques-uns  des  plus  jolis  modèles  de  jardins  de  styles  réguliers, 
afin  que  le  cas  échéant  ceux  de  nos  lecteurs  qui  auraient  à  raccor- 
der «  un  paysage  »  avec  la  partie  architecturale  d'une  propriété 
puissent  s'inspirer  de  leur  composition.  Nous  tenons  notre  parole 
en  publiant  aujourd'hui  un  autre  modèle  de  jardin  français. 

Quand  on  discute  sur  1'  «  An  des  jardins  n  suivant  le  point  de 
vue  où  on  se  place,  la  discussion  prend  quelquefois  une  tournure 
singulière  très  amusante.  J'espère  un  jour  vous  raconter  une  his- 
toire sur  ce  sujet. 

En  attendant,  voyez  si  Delille  éreinte  assez  les  jardins  français 
qu'exaltaient  les  poètes  des  siècles  de  Léon  X  et  de  Louis  XIV  ? 
Colifichets,  insipides  réduits,  arbres  bien  peignés,  sentiers  ennuyés, 
etc.  ;  aucune  expression  désagréable  ne  manque  à  ces  pauvres 
jardins. 

Je  ne  comprends  pas  pour  ma  part  qu'on  discute  un  paysage  et 
quand  il  s'agit  d'une  vaste  étendue  de  terrain  à  transformer  en  jar- 
din, je  ne  sais  pas  si  je  donnerais  la  préférence  au  Poussin,  à 
Claude  Lorrain,  à  Rousseau,  à  Millet,  à  Corot,  à  Daubigny,  à 
Appian  ou  à  tant  d'autres  «  grands  peintres  paysagistes  »  ,  si  tou- 
tefois ils  étaient  encore  tous  de  ce  monde  et  qu'ils  voulussent  bien 
s'occuper  de  cette  transformation  ?  La  «  belle  nature  »>  se  présente 
sous  tant  d'aspects  enchanteurs  qu'il  est  bien  permis  d'hésiter  entre 
les  mille  manières  de  la  trouver  belle.  Mais  quand  je  vois  vallonncr 
des  pelouses  grandes  comme  des  mouchoirs  de  poche,  transformer 
en  chemin  creux  un  square  de  100  mètres  carrés,  sous  prétexte 
qu'il  y  a  quelque  part  des  vallons  et  des  collines.  Ah  !  je  vous 
prie,  laissez-moi  rire  et  malgré  Delille    et   ses  vers  j'ai  envie   de 


—  101 


i^X^^^ÂXl  0.<è.4€4^4V 


41 


4. 
4.4.4.4.44.4. 

_    4Aa.<^4a444.^4^4.4.4.abâ.C 


Jardin  français  du  xviii"  siècle,  d'après  un  dessin  de  Liger. 

Légende  :  1  Façade' de  la  maison  —  2  Terrasses.  —  3  Cascades.  —  4  Parterres.  —  5  Pièces  d'eau. 
6  Statues.  —7  Bosquets.  —  8  Boulingrins.  —  9  Bois  percés. 


crier  bien  haut  :  Vive  le  jardin  français  !  mais  je  crains  que  ce  cri 
factieux  me  fasse  lapider  comme  autrefois  le  diacre  Etienne,  et  je 
ne  tiens  pas  à  être  lapidé.  S.   Gryphe. 


—  102  — 
Chauffage   des  serres 

De  tous  les  genres  de  chauffage  dont  j'ai  eu  l'occasion  de  faire 
l'essai,  aucun  jusqu'ici  ne  m'a  donné  plus  de  satisfaction,  sous  le 
rapport  de  l'économie  et  capacité  de  chauffage,  que  le  système  du 
therraosiphon  par  compression.  J'ai  réussi  à  modifier  le  système  de 
Parkinson  (qui  nécessitait  une  pression  de  75  à  100  kilog.,  et  par 
conséquent  dangereux),  en  employant  des  tuyaux  à  vapeur  de  six 
centimètres  de  diamètre,  en  proportion  d'un  quart  de  ceux  employés 
pour  le  chauffage  au  thermosiphon  ordinaire. 

Au  heu  de  chaudière,  je  me  sers  seulement  d'un  retort  en  spi- 
rale qui  peut  être  simple,  double  ou  triple,  selon  la  quantité  d'eau 
à  circuler.  Une  pression  de  5  à  10  kilos,  réglée  par  une  soupape 
de  sûreté  et  quelque  peu  d'espace  pour  expansion,  est  suffisant 
pour  garantir  de  tout  danger. 

Il  est  tout  naturel,  que  pour  produire  la  pression,  l'appareil 
doit  être  fermé  hermétiquement  et  à  peu  près  plein  d'eau. 

Les  avantages  que  j'ai  obtenus  par  ce  procédé,  sont  d'abord  une 
économie  nette  de  50  pour  100  dans  la  construction  de  l'appareil, 
aussi  bien  que  dans  l'emploi  du  combustible,  charbon  de  pierre 
(ou  anthracite)  ;  la  quantité  d'eau  à  chauffer  étant  diminuée  des 
trois  quarts,  avec  une  circulation  très  prompte  et  très  rapide, 
qu'une  fois  établie,  se  maintient  avec  fort  peu  de  feu  (qui  doit 
être  placé  au  centre  du  retort).  La  chaleur  de  l'eau  sous  compres- 
sion est  égale  à  la  vapeur,  plus  permanente  que  celle-ci,  et  ne 
demande  pas  plus  de  soins  qu'un  chauffage  ordinaire. 

La  nécessité  d'employer  des  chauffages  à  toute  épreuve,  se  com- 
prendra facilement,  avec  un  climat  aussi  rigoureux  que  celui  de 
l'Amérique  du  Nord,  où  la  température  descend  très  souvent  de 
25  à  35°  centigrades  en  dessous  de  zéro,  des  serres  n'étant  jamais 
couvertes  en  hiver,  et  forçage  continuel  pour  se  procurer  des  fleurs 
pendant  la  morte  saison.  Denys  Zirngiebel. 

Needham  Massachusetts,  26  février  1886. 


Repiquage  des  melons  en  caisses  (l). 

Une  innovation  ingénieuse  est  due  aux  recherches  de  M.  Boulât, 
et  sera  adoptée  bien  certainement  par  tous  les  primeuristes  dès 
qu'elle  sera  connue.  Nous  voulons  parler  du  repiquage  des  melons 
en  caisses. 

Ces  caisses,  destinées  à  recevoir  chacune  deux  pieds  de  melon, 
ont  O^.éS  de   longueur,  O'^jSO  de  largeur,  et  0™,  12  de  hauteur. 

(1)  Estrait  d'un  Rapport  de  M.  Oudiné  sur  les  cultures    de   M.  Boulât,  jardinier 
à  Troyes.  Bull.  soc.  d'hort.  de  l'Amibe. 


—  103  — 

Le  fond  est  remplacé  par  un  simple  fil  de  fer,  cloué  en  zigzag  sur 
les  côtés  de  la  boîte. 

Au  commencement  de  février,  le  primeuriste  établit  une  couche- 
mère  sur  laquelle  il  sème  les  melons  de  T"  saison,  comme  pour  la 
culture  ordinaire. 

Une  seconde  couche,  destinée  au  repiquage^  et  sur  laquelle  sont 
placées  les  caisses  (18  par  châssis  double),  est  établie  en  temps 
opportun. 

Une  fois  repiqués  dans  les  caisses,  les  plants  peuvent  y  subir 
jusqu'à  quatre  tailles  avant  d'être  mis  en  place,  ce  qui  est  très 
avantageux,  puisque,  à  cette  époque,  les  châssis  sont  encore  im- 
mobilisés par  la  première  culture  qui  est  en  plein  rapport. 

Dès  que  les  châssis  deviennent  disponibles,  les  couches  sont  éta- 
blies et  les  melons  plantés. 

La  mise  en  place  est  des  plus  simples.  Il  suffît  de  ménager  ou 
de  faire  le  trou  destiné  à  recevoir  le  contenu  de  la  caisse.  On  met 
cette  caisse  en  place  ;  puis,  après  avoir  décloué  le  fil  de  fer,  qui, 
comme  nous  l'avons  dît,  est  fixé  sur  les  côtés,  on  enlève  le  cadre, 
sans  que  les  racines  soient  mises  à  nu,  et  alors  au  lieu  de  languir, 
le  plant  retrouve  une  nouvehe  chaleur  qu'il  ne  recevait  plus  de 
son  ancienne  couche  déjà  épuisée,  il  pousse  avec  une  nouvelle 
vigueur. 

La  Commission  a  pu  constater  de  visu  que  des  fruits  noués  avant 
la  mise  en  place  n'en  avaient  nullement  souffert.  Elle  est  donc  au- 
torisée à  préconiser  ce  mode  de  culture,  tout  en  laissant  à  chacun 
le  soin  de  choisir  telle  variété  de  fruits  qui  lui  conviendra. 


Rose  William-Francis  Bennett 

Cette  rose  proclamée  et  annoncée  depuis  déjà  quelques  années, 
vendue  à  N.  Evans  en  Amérique,  au  prix  f^ibuleux  de  5.000  dol- 
lars, fait  enfin  cette  année  son  entrée  sur  le  continent  européen. 

L'heureux  obtenteur  et  vendeur  de  cette  rose  est  un  amateur 
anglais  W.  F.  Bennett,  qui  depuis  quarante  ans,  s'est  occupé  avec 
prédilection  de  l'élevage  et  de  la  multiplication  des  rosiers,  en  se 
procurant  chaque  année  les  nouvelles  variétés  livrées  au  commerce 
par  les  rosier isles  semeurs  de  Lyon  et  Paris. 

M.  Bennett  n'était  ni  rosîériste,  ni  horticulteur,  il  s'occupait 
d'agriculture  et  principalement  de  l'amélioration  des  races  bovines 
en  procédant  par  des  croisements  judicieux,  et  en  sélectionnant  les 
produits.  Connaissant  à  fond  les  lois  de  la  nature  et  l'immense 
champ  de  découvertes  encore  à  explorer  dans  le  domaine  de  la 
reine  des  fleurs,  il  se  décide  à  travailler  cette  plante.  Dans  ce  but 
il  fit  un  voyage  sur  le  continent,  visitant  les  principaux  semeurs, 
cherchant  à  connaître  ce  qu'ils  faisaient  réellement  pour  l'obtention 


—  104  -^ 

de  nouvelles  roses,  il  ne  tarda  pas  à  constater  de  visu  que  la  plu- 
part des  semeurs  renommés  opéraient,  pour  l'obtention  de  nou- 
velles sortes,  à  peu  près  de  la  même  manière  que  les  éleveurs  de 
bestiaux  des  prairies  de  l'Amérique,  c'est-à-dire  laissant  faire  le 
hasard  et  la  nature  (1). 

Frappé  de  cet  état  de  choses,  M.  Bennett  résolut  de  perfectionner 
cette  culture.  Il  ne  se  fit  pas  d'illusions  sur  les  difficultés  à  vaincre, 
avant  d'obtenir  un  résultat.  Il  fallait  chercher  et  avoir  de  la  pa- 
tience. Son  but  était  de  trouver  par  fécondation  artificielle  des 
hybrides  à  fleurs  jaunes  et  blanches  pures,  ainsi  que  des  thés  et 
hybrides  de  thés  de  coloris  rouge  foncé,  remontant  facilement, 
comme  tous  leurs  congénères.  Ses  premiers  essais  furent  couron- 
nés de  succès,  quoiqu'en  disent  ses  détracteurs.  Los  roses  de  Ben- 
nett ne  sont  pas  des  roses  de  pleine  terre  proprement  dites,  c'est 
pourquoi  elles  sont  peu  aimées  sous  nos  climats,  en  Amérique,  en 
Angleterre  et  eu  Allemagne,  par  contre  les  variétés  de  Bennett 
font  fureur  parce  qu'elles  fleurissent  facilement  sous  verre  et  elles 
sont  cultivées  en  quantités  considérables  pour  la  fleur  coupée  ;  ses 
rosiers  cultivés  en  pots  fleurissent  à  chaque  pousse,  et  les  fleurs 
se  renouvellent  incessamment  pourvu  qu'ils  soient  cultivés  convena- 
blement et  rationnellement. 

La  rose  W.  F.  Bennett  est  le  plus  beau  gain  obtenu  par  ce  se- 
meur, c'est  une  plante  de  la  série  des  hybrides  de  thés,  issue  d'un 
croisement  du  Thé  Président  (Adam)  et  Hybride  Xavier  Olibo  ; 
comme  forme  elle  ressemble  au  thé  Niphetos,  boutons  allongés, 
de  la  couleur  Général  Jaqueminot,  excessivement  remontante,  et 
extra  pour  floraison  d'hiver. 

Les  quelques  pieds  originaux  que  je  possède  en  pleine  terre  sous 
verre,  et  que  je  n'ai  pas  employés  pour  la  multiplication  sont  au- 
jourd'hui couverts  de  boutons  et  de  fleurs.  L'avenir  décidera  si  tous 
les  éloges  prodigués  à  cette  reine  des  fleurs  sont  sincères. 

U.  Brunner  Fils,  Rosiériste. 

Lausanne,  le  10  mars  1886. 

(1)  Si  M.  Bennett  est  un  bon  semeur  de  roses,  c'est  à  coup  sûr  un  très  mauvais 
diplomate,  car  s"il  eut  été  seulement  de  la  force  je  ne  dis  pas  de  Taleyrand,  mais 
d'un  simple  secrétaire  d'ambassade,  il  aurait  peut  être  mis  trois  jours  i\  apprendre, 
—  mais  il  l'aurait  appris,  —  qu'à  Lyon,  par  exemple,  s'il  y  avait  des  rosiéristes  qui 
attendaient  leurs  gains  du  hasard,  il  y  en  avait  d'autres  qui  connaissaient  les  lois  de  la 
fécondation  artificielle,  ainsi  que  celle  de  la  production  des  hybrides,  mulets,  bâtards 
quarterons  et  autres.  Il  aurait  pu  apprendre  que  Gnillot,  Dncher,  Laeharme,  Levet 
Rambaud  et  tant  d'autres  savaient  parfaitement  porter  le  pollen  d'une  variété  sur  les 
stigmates  d'une  autre,  et  si  MM  Bennett  avait  poussé  sea  investigations  plus  Ion  il 
aurait  encore  pu  apprendre  que  l'obtention  de  certains  métis,  qui  ne  sont  pas  très 
beaux,  donnent,  quand  on  sème  leurs  graines,  presque  régulièrement  de  très  belles 
variétés  nouvelles  et  qu'il  faut  un  («c(  spécial  pour  juger  de  la  valjur  des  métis 
susdits.  Cela,  simplement  pour  montrer  que  si  M.  Bennett  est  un  bon  fécondateur 
de  roses,  il  n'est  pas  le  premier  qui  a  eu  l'idée  de  féconder  les  roses. 

{Noie  de  la  Bèdaction.) 


—  105  — 

Les   engrais  de  la  vigne 

Une  très  intéressante  conférence  sur  les  engrais  de  la  vigne  a 
été  faite  par  M.  Joulie  à  la  Société  d'agriculture  de  Vaucluse,  au 
mois  de  décembre  dernier.  Recueillie  par  M.  Ricard,  secrétaire  de 
la  Société,  cette  conférence  a  été  publiée,  et  nous  allons  en  extraire 
quelques  renseignements  dont  nos  lecteurs  feront  leur  profit. 

M.  Joulie  a  recherché,  par  de  nombreuses  analyses  chimiques, 
les  proportions  relatives  des  éléments  essentiels  qui  entrent  dans  la 
composition  des  cépages  de  plusieurs  variétés,  à  diverses  périodes 
de  leur  végétation  ;  il  a  étudié  l'influence  particulière  de  chaque 
élément  sur  la  végétation  et  la  fructification  de  la  vigne,  et  il  a  pu 
ainsi  en  déduire  des  indications  précises  sur  la  nature  et  la  compo- 
sition des  engrais  à  employer  pour  cette  culture  dans  les  différents 
sols. 

Une  première  constatation  se  dégage  de  ces  études  :  c'est  que  la 
nature  des  produits  de  la  vigne,  c'est-à-dire  leur  composition  et 
leur  qualité,  dépend  surtout  du  cépage  et  n'est  que  faiblement  in- 
fluencée par  la  composition  du  sol,  tandis  que  le  développement  de 
l'arbuste  et  l'abondance  de  ses  produits  sont,  au  contraire,  en  rap- 
port direct  avec  la  richesse  en  éléments  essentiels. 

Ces  éléments  essentiels  sont,  en  première  ligne,  la  chaux,  puis 
l'azote  ;  la  potasse  est  au  troisième  rang  ;  viennent  ensuite  l'acide 
phosphorique  et  la  magnésie.  La  chaux,  l'azote  et  la  magnésie 
intervieanent  surtout  pour  la  production  des  bois  et  des  feuilles  ;  la 
potasse  et  l'acide  phosphorique  jouent  un  rôle  prépondérant  dans 
la  formation  du  fruit. 

Pour  que  la  vigne  se  développe  régulièrement  et  normalement, 
dit  M.  Jouhe,  il  faut  que  le  sol  où  elle  est  cultivée  lui  fournisse  les 
éléments  minéraux  (acide  phosphorique,  potasse,  chaux,  magnésie) 
dont  elle  est  elle-même  composée  dans  les  proportions  suivantes  : 
pour  1  d'acide  phosphorique,  3  de  potasse,  4  de  chaux  et  1  de 
magnésie.  Si  le  sol  ne  présente  pas  naturellement  une  composition 
capable  d'alimenter  la  vigne  dans  ces  proportions,  de  deux  choses 
l'une  :  ou  elle  refusera  d'y  prospérer  si  les  écarts  sont  trop  grands, 
ou,  s'ils  sont  moins  importants,  elle  y  poussera  d'une  manière  anor- 
male et  produira  peu. 

Si  la  chaux  et  la  magnésie  sont  abondantes  pendant  que  l'acide 
phosphorique  et  la  potasse  font  relativement  défaut,  la  vigne  pro- 
duira du  bois  et  des  feuilles,  mais  très  peu  de  fruits.  Si,  au  con- 
traire, la  potasse  et  l'acide  phosphorique  sont  abondants  et  la  chaux 
et  la  magnésie  rares,  l'arbuste  se  développera  relativement  moins, 
mais  produira  une  quantité  de  fruits  proportionnellement  élevée* 
Si  la  potasse  est  abondante,  les  grains  de  raisin  seront  nombreux  et 


—   106  — 

bien  développés  ;  si  elle  vient  à  manquer  pendant  que  l'acide  phos- 
phorique  abonde,  les  grains  seront  rares,  petits,  et  contiendront 
des  pépins  nombreux. 

L'azote  joue  un  rôle  fort  important  ;  la  vigne  en  contient  pres- 
que autant  que  de  chaux.  Mais,  d'après  M.  Joulie,  cet  élément  peut 
être  fourni  en  partie  par  l'atmosphère,  autrement  on  ne  s'explique- 
rait pas  qu'elle  puisse  végéter  sur  des  coteaux  arides  et  prospérer 
dans  des  sols  qui  produisent  à  peine  quelques  mauvaises  herbes. 

Dans  les  terrains  riches  en  matières  azotées,  la  vigne  pousse 
avec  trop  de  vigueur  et  elle  produit  beaucoup  de  bois  et  de  feuilles 
aux  dépens  d'une  bonne  fructification. 

Supposons  la  vigne  plantée  en  sol  calcaire  d'une  composition 
favorable,  et  voyons  avec  M.  Joulie  quels  engrais  on  doit  employer 
et  à  quelle  dose  il  faut  les  appliquer. 

La  composition  de  l'engrais  est  théoriquement  indiquée  pour  1 
d'acide  phosphorique,  3  de  potasse,  4  de  chaux,  1  de  magnésie  et 
4  d'azote.  Mais  l'expérience  ayant  montré  que  la  vigne  s'emporte 
sous  l'influence  des  engrais  organiques  trop  abondants,  on  peut  sans 
inconvénient  supprimer  l'azote  partout  où  la  vigne  pousse  suffisam  • 
ment,  et  le  réduire,  dans  tous  les  cas,  à  une  proportion  à  peu  près 
égale  à  celle  de  l'acide  phosphorique.  Quant  à  la  magnésie,  elle  se 
trouve  généralement  en  quantité  suffisante  dans  le  sol  pour  qu'on 
en  puisse  faire  l'économie.  En  définitif,  l'engrais  type  à  employer 
est  donc  composé  de  3  de  potasse,  4  de  chaux,  1  d'azote  et  1  d'a- 
cide phosphorique. 

Il  va  sans  dire  que  la  composition  de  l'engrais  propre  à  la  vigne 
ne  doit  pas  être  partout  la  même.  Dans  certains  cas,  il  importe  de 
supprimer  ou  d'augmenter  la  dose  de  ses  composants  pour  des 
raisons  physiologiques  spéciales.  Ainsi,  par  exemple,  il  est  non 
seulement  inutile,  mais  nuisible,  de  mettre  de  l'azote  quand  la  vi- 
gne pousse  d'une  façon  exubérante  ;  de  même  que  ce  serait  dé- 
penser son  argent  en  pure  perte  que  d'ajouter  de  la  potasse  à  un 
sol  qui  en  est  suffisamment  pourvu.  L'analyse  de  la  terre  donne  à 
cet  égard  au  viticulteur  des  indications  dont  il  doit  tenir  compte. 
Selon  M.  Joulie,  une  terre  est  convenablement  fertile  pour  la  vigne 
quand  elle  contient,  dans  100  kilos,  10()  grammes  d'acide  phospho- 
rique, 250  grammes  de  potasse,  5  kilos  de  chaux,  200  grammes 
de  magnésie  et  50  grammes  d'azote.  Toute  terre  dont  les  dosages 
en  acide  phosphorique,  potasse,  chaux  ou  magnésie,  sont  égaux 
ou  supérieurs  à  ceux  que  nous  venons  d'indiquer,  n'a  besoin  d'au- 
cun engrais  contenant  ces  éléments  (1). 

Or,  la  vigne  exige  en  moyenne  2  gr.  20  centigr,  d'acide  phos- 
phorique   pour  produire    1    kilo    de    raisin,  soit  11  kilos  d'acide 

(])  Extrait  de  la  Fcauce  ag'rJco?e. 


—   107  — 

phosphorique  par  hectare  pour  une  récolte  de  5,000  kilos  de  rai- 
sin, donnant  30  hectolitres  de  vin.  Donc,  l'engrais  nécessaire  pour 
une  récolte  de  30  hectolitres  de  vin  par  hectare  doit  contenir  au 
moins  11  kilos  d'acide  phosphorique,  33  kilos  de  potasse,  44  kilos 
de  chaux  et  1 1  kilos  d'azote.  Mais,  dit  M.  Joulie,  on  ne  peut  es- 
pérer que  l'engrais  mis  en  terre  sera  totalement  absorbé  par  les 
racines,  sans  aucune  déperdition.  D'ailleurs,  une  récolte  de  5,000 
kilos  de  raisin  à  l'hectare  n'est  pas  considérable  et  il  n'est  pas  rare 
d'obtenir  deux  ou  trois  fois  cette  quantité,  suivant  que  l'on  cultive 
des  cépages  plus  ou  moins  favorables.  11  est  donc  de  bonne  pratique 
d'augmenter  la  dose  d'engrais  dans  la  mesure  nécessaire  pour  faire 
face  à  la  production  maximum  que  l'on  peut  espérer.  Cette  dose 
doit  être  augmentée  surtout  quand  il  s'agit  de  relever  une  vigne 
affaiblie  qui  reçoit  des  engrais  pour  la  première  fois. 


loforiuatiou».  —  Les  déclarations  des  horticulteurs  étrangers  pour 
rintroduction  en  France  des  plantes,  arbres  et  arbustes  autres  que  la  vigne, 
seront  désormais  débarrassées  de  la  formalité  du  timbre  et  de  la  légalisation 
consulaire.  Cette  simple  mesure  permettra  de  pouvoir,  par  exemple,  intro- 
duire d'Angleterre  en  France  des  plantes  sans  avoir  à  dépenser  13  francs 
pour  chaque  eipéditioa  de  plantes. 

—  M.  Ch.  Baltet,  horticulteur  à  Troyes,  vient  d'être  nommé  chavalier  de 
Tordre  de  Léopold. 

—  Un  concours  pour  l'emploi  de  professeur  du  cours  municipal  et  dépar- 
temental d'arboriculture  aura  lieu  à  Paris  le  10  mai  1886. 

—  L'Exposition  d'horticulture  qui  devait  s'ouvrir  à  Paris  du  4  au  9  mai 
prochain  s'ouvrira  le  11  mai  pour  se  terminer  le  16.  Le  Congrès  s'ouvrira  le 
13  mai. 

—  Du  20  au  30  mai,  la  Société  horticole  du  Loiret  tiendra  à  Orléans  une 
Exposition  d'horticulture.  Adresser  les  demandes  avant  le  1"  mai  à  M.  Fou- 
card,  président  de  la  Société,  route  d'Olivet,  à  Orléans. 

—  La  Société  d'horticulture  de  la  Côte-d'Or  fera  à  Dijon,  du  29  mai  au 
6  juin  IS^ô,  une  Exposition  d'horticulture.  Adresser  les  demandes,  avant  le 
l''  mai,  au  secrétaire  de  la  Société,  12,  rue  Vauban,  à  Lyon. 

—  On  annonce  la  mort  di  M.  Ed.  Morren,  professeur  de  botanique  à 
rUniversité  de  Liège,  directeur  de  la  Belgique  horticole.  La  botanique  et 
l'horticulture  perdent  en  M.  Morren  un  savant  des  plus  distingué?.  M.  Ed. 
Morren,  qui  s'occupait  de  toutes  les  branches  de  la  bolan'que  horticole,  s'était 
plus  particulièrement  voué  à  l'étude  des  Broméliacées. 

—  On  annonce  la  mort  de  M.  Tulasne,  botaniste,  qui  s'occupait  surtout 
de  cryptogamie,  et  celle,  à  un  âge  très  avancé,  de  Duby,  l'auteur  du  Bota- 
nicon  yallicum. 

—  Des  concours  pour  la  nomination  de  professeurs  d'agriculture  seront 
ouverts  en  1886,  dans  les  départements  suivants  :  Morbihan,  Oise,  3  mai; 
Cantal,  Marne,  10  mai  ;  Ardèche,  Haute-Saône,  14  mai. 

—  Le  gouvernement  tunisien,  sur  l'avis  de  notre  résident  général,  vient 
de  rendre  un  décret  prohibant  expressément  l'entrée  en  Tunisie  des  ceps  et 
feuilles  de  vigne,  plants  d'arbres  et  arbustes  et  en  général  toute  espèce  de 
végétaux.  Exception  est  faite  pour  les  provenances  d'Algérie. 

L'Exposition  d'horticulture  qui  devait  avoir  lieu  à  Hyères  (Var)  en  mars 
1S86  a  été  renvoyée  en  février  1887. 


—  108  — 

—  La  149"  Exposition  florale  organisée  par  la  Société  royale  d'agriculture 
et  de  botanique  de  Gand  aura  lieu  au  Casino  de  cette  ville  les  11  et  12  avril 
1886. 

—  Sur  la  proposition  de  M.  Jules  Ginot,  la  Société  d'agriculture  de  la 
Loire  a  émis  le  vœu  que  l'Etat  et  le  gouvernement  s'occupent  de  l'instruction 
technique  agricole  des  femmes,  dont  le  rôle  est  si  important  dans  l'adminis- 
tration d'un  domaine  ;  elle  demande,  en  conséquence,  que  des  écoles  d'agri- 
culture pour  les  femmes  soient  promptement  créées. 

—  'L'Officiel  vient  de  publier  un  arrêté  annexant  au  concours  régional 
agricole  de  Dijon  de  1886  un  concours  spécial  d'appareils,  instruments  et 
procédés  contre  les  cryptogames  et  les  insectes  nuisibles  à  la  viticulture  et  à 
l'agriculture. 

—  La  Ville  de  Paris  a  résolu  de  fonder  en  Algérie  une  école  d'agriculture 
ouverte  aux  enfants  du  département  de  la  Seine  et  destinée  à  former  une 
pépinière  de  bons  travailleurs  agricoles  pour  notre  colonie. 

L'établissement  sera  principalement  aifecté  à  la  viticulture,  qui  s'étend  de 
jour  en  jour  en  Algérie. 

A  la  sortie  de  l'école,  chaque  jeune  colon  recevra,  après  avoir  satisfait  à  la 
loi  militaire,  une  concession  de  terrain  qui  lui  appartiendra  en  toute  pro- 
priété. 

—  Le  ministre  de  l'agriculture  vient  de  décider  que  les  concours  spéciaux 
d'instruments  propres  à  appliquer  les  remèdes  contre  le  mildew  auront  lieu, 
cette  année,  dans  les  concours  régionaux  agricoles  d'Agen,  Bourges,  Cler- 
mont-Ferrand  et  Marseille. 

Des  prix  seront  attribués  de  la  manière  suivante  : 

1°  Aux  instruments  servant  à  répandre  les  liquides  par  pulvérisation  ou 
aspersion  ; 
2°  Aux  instruments  servant  à  répandre  les  matières  semi-fluides  ; 
3°  Aux  instruments  servant  à  répandre  les  matières  pulvérulentes. 


Catalogne».  Nouveaiifés.  —  Laurent  Carle,  horticulteur,  routd 
d'Hejrieux,  128,  Monplaisir-Lyon.  —  Catalogue  spécial  aux  Œillets  remon- 
tants, contenant  l'énumération  et  la  description  de  très  nombreuses  variétés 
nouvelles  et  anciennes.  Choix  de  variétés  très  florifères  cultivées  en  très 
grand  nombre  pour  la  floraison  d'hiver.  Graines  d'ŒiUets  remontants  fécon- 
dés artificiellement.  Notice  sur  la  culture  de  l'Œillet 

V.  Lemoine,  horticulteur,  rue  de  l'Etang,  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
—  Catalogue  des  espèces  et  des  variétés  cultivées  dans  l'établissement. 
Plantes  nouvelles  dans  les  genres  suivants  :  Bouvardia,  Pelargonium  (gran- 
des fleurs,  zonales),  Delphinium,  Potentilles  doubles,  Clématites.  Plantes  de 
serre  chaude,  de  serre  tempérée,  d'orangerie  et  de  pleine  terre. 

Ed.  Pynaert-Van  Geert,  horticulteur,  porte  de  Bruxelles,  à  Gand  (Bel- 
gique).—  Catalogue  illustré  de  110  pages,  contenant  l'énumération  de  toutes 
les  plantes  cultivées  dans  l'établissement.  Plantes  nouvelles,  rares  ou  peu 
répandues.  Bégonias  hybrides,  Coleus,  etc.  Plantes  de  serre  chaude,  de  serre 
tempérée,  d'orangerie  et  de  pleine  terre.  Arbres  et  arbustes. 


AVIS.—  Le  LYON-HORTICOLE  paraît  régulièrement  deux  fois  par 
mois{[e  15  et  le  30).  Malgré  la  régularité  du  service  d'expédition  il  arrive 
quelquefois  que  des  numéros  s'égarent  en  route  et  ne  parviennent  pas  à  leur 
destination.  Nous  prions  les  personnes  à  qui  cela  arrive  de  bien  vouloir 
nous  réclamer  les  numéros  qu'elles  n'auraient  pas  reçus. 


Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Ballon,  r.  de  la  République,  33 


1886  AVRIL  N"  7 


CHRONIQUE 


Poire  Filai.  —  Malgré  tout  le  respect  que  nous  devons  à  la  Po- 
mologie  en  général  et  aux  pomologistes  en  particulier,  nous  sommes 
obligés  de  constater  que  la  partie  technique  de  l'art  horticole  qui 
s'occupe  de  décrire  et  de  classer  les  fruits  de  nos  pays,  principale- 
ment les  poires  et  les  pommes,  ne  fait  pas  des  progrès  aussi  ra- 
pides que  la  chimie  ou  la  mécanique,  par  exemple.  Il  y  a  de  savants 
pomologues,  il  faut  en  convenir,  mais  je  pense  que  si  on  les  réu- 
nissait tous  on  aurait  de  la  peine  à  remplir  les  quarante  fauteuils  de 
l'Académie.  C'est  une  science  difficile  que  la  pomologie,  et  sur- 
tout bien  singuHèrement  constituée  :  elle  n'a  ni  commencement, 
ni  fin  ;  je  crois  même  quelle  commence  par  le  milieu. 

On  a  écrit  de  gros  livres  sur  les  poires,  d'énormes  bouquins 
sur  les  pommes,  de  petits  in-octavo  sur  les  pêches,  des  brochures- 
plaquettes,  etc.,  sur  les  prunes,  les  cerises,  et  la  science  n'en  est 
pas  plus  avancée  pour  cela  ;  c'est  du  moins  l'avis  de  mon  voisin, 
homme  peu  instruit,  c'est  vrai,  mais,  à  mon  avis,  très  savant  dans 
l'art  du  gros  bon  sens.  lime  disait  (un  jour  que  je  lui  montrais  sept 
ou  huit  volumes  dans  lesquels  il  y  avait  des  descriptions  de  poires 
en  assez  grand  nombre)  :  «  A  quoi  cela  te  sert-il,  ces  gros  livres- 
là?  »  —  A  trouver  le  nom  des  poires  que  je  ne  connais  pas. 
—  «  Cause  toujours,  mon  vieux,  me  dit-il  familièrement,  je  te 
tiens.  Attends-moi  dix  minutes.  »  Il  m'apporta  un  instant  après 
quelques  poires  et  des  branches  et  ajouta  :  «  Dis-moi  le  nom  de 
cette  poire  et  je  t'offre  à  dîner.  » 

«  La  pomologie,  vois-tu,  c'est  les  pomologues,  elle  commence 
dans  les  vergers,  elle  continue  dans  les  vergers  et  finit  dans  les 
vergers.  Plus  ta  collection  sera  nombreuse,  plus  tu  connaîtras  de 
poires,  si  tu  es  apte  à  les  connaître.  Ne  sors  pas  de  là,  et  ne  fais 
pas  le  malin,  car  quand  même  tu  connaîtrais  toutes  les  poires  dé- 
crites dans  tes  livres,  tu  ne  les  connaîtrais  pas  toutes.  Il  j  en  a  de 


nombreuses  variétés  localisées  çà  et  là  un  peu  dans  tous  les  pays  où 
il  y  a  des  poires.  Ainsi  tout  récemment  on  a  découvert  que  la 
Poire  Filai  valait  la  peine  d'être  cultivée.  Un  simple  cultivateur  de 
Cergy  (Seine-et-Oise)  avait  remarqué,  il  y  a  quelque  chose  comme 
quatre-vingts  ans,  un  sauvageon  de  poirier  qu'il  prit  sous  sa  protec- 
tion. Et  le  sauvageon  se  trouva  plus  tard  d'un  bon  rapport  et  pourvu 
d'excellentes  qualités.  » 

Ah  !  qu'il  y  en  a  par  le  monde  des  poires  Vital. 

Exposition  dliorticullure  de  Grenoble.  — La  Société  horticole  Dau- 
phinoise organise  à  Grenoble,  pour  les  18,  19,  20  et  21  juin  pro- 
chain, une  exposition  d'horticulture  à  laquelle  le  département  du 
Rhône  est  appelé  à  prendre  part.  De  nombreuses  récompenses 
seyont  décernées  aux  lauréats  des  concours. 

Déjà  l'an  dernier,  en  septembre,  la  jeune  Société  grenobloise 
tenait  une  exposition  qui  a  été  très  brillante  sous  tous  les  rapports, 
et  qui  a  réussi  au-delà  des  espérances  de  ses  organisateurs.  Nous 
espérons  que,  cette  année,  nos  collègues  du  département  du  Rhône 
ou  des  autres  départements  voisins  voudront  bien  aller  à  Grenoble 
contribuer  à  l'éclat  et  à  la  réussite  de  cette  exposition.  Ils  peuvent 
être  sûrs  qu'ils  seront  bien  accueillis  par  leurs  confrères  grenoblois. 
Et  moi  je  leur  affirme  qu'ils  ne  perdront  pas  leur  temps,  ni  leur 
argent  en  allant  montrer  leurs  produits  dans  la  capitale  de  l'ancien 
Dauphiné.  Pour  les  demandes  d'admission,  s'adressera  M.  le  Se- 
crétaire de  la  Société  horticole  Grenobloise,  rue  Créqui,  32,  à 
Grenoble,  ou  à  M.  Hoste,  horticulteur,  rue  des  Dahlias,  à  Lyon- 
Monplaisir. 

Lilas  à  fleurs  roses.  —  Dans  une  note  publiée  dans  les  Annales  de 
la  Société  nantaise  d^ horticulture,  M.  Renault  conteste  «  la  nou- 
veauté »  du  lilas  à  fleurs  roses  mis  au  commerce  par  M.  Scipion 
Cochet,  sous  le  nom  de  Syringa  vidgaris  var.  Clara  Cochet.  M.  Renault, 
qui,  du  reste,  ne  met  pas  en  doute  la  bonne  foi  de  M.  S.  Cochet, 
prétend  que  cette  variété  n'est  nullement  nouvelle,  qu'il  la  possède 
depuis  douze  ans,  et  qu'elle  était  connue  dans  l'Orne  depuis  nombre 
d'années. 

M.  Renault  sentant  bien  l'objection  qu'on  pourrait  lui  faire, 
c'est-à-dire  que  la  variété  qu'il  possède  et  celle  de  M.  Cochet  sont 
deux  variétés  distinctes,  va  au-devant  de  la  question  et  s'en  rap- 
porte non-seulement  à  l'image  publiée,  mais  encore  à  la  description 
qui  l'accompagne.  Malheureusement  la  citation  de  la  description 
n'est  pas  faite  pour  démontrer  l'identité  de  deux  variétés,  attendu 
que  dès  Je  début  de  cette  citation,  à  propos  de  la  longueur   des 


—  111  — 

thyrsesdu  lilas  Clara  Cochet,  il  ouvre  la  parenthèse  suivante  :  «  Ici 
une  légère  différence  à  l'avantage  du  mien,  dont  les  thyrses  présen- 
tent un  développement  plus  considérable;  cela  tient-il  à  l'influence 
du  climat  ou  à  celle  du  sol?  Je  l'ignore.  » 

Etant  donné  le  grand  nombre  de  variétés  de  lilas  cultivées,  les 
caractères  physiologiques  peu  tranchés  qui  séparent  la  plupart 
d'entre  elles  ;  étant  donné  également  qu'il  existe  plusieurs  variétés 
de  lilas  à  fleurs  roses  connues  dans  les  cultures,  sans  pour  cela  être 
identiques  sous  d'autres  rapports  (précocité,  vigueur,  générosité 
ou  avarice  florales,  port  de  l'arbre,  etc.),  ne  pourrait-il  pas  se 
faire  que  la  variété  Clara  Cochet  soit  distincte  de  celle  cultivée  par 
M.  Renault? 

Je  pense  qu'une  simple  description  horticole,  même  accom- 
pagnée d'une  image,  ne  suffît  pas  pour  trancher  la  question.  Il  fau- 
drait pour  cela  faire  une  étude  sur  le  vif  ou  cultiver  parallèlement 
les  deux  variétés. 

V acide  phénlque  emploijc  comme  chaulage.  —  Nous  trouvons  dans 
la  Francr  fl(/nco/e  la  petite  note  suivante,  qui  intéressera  certaine- 
ment )a  plupart  de  nos  lecteurs  : 

«  Les  Anglais  emploient  l'acide  phénique  comme  chaulage.  C'est 
un  produit  qui  donne  d'excellents  résultats,  mais  qui  exige  beau- 
coup d'attention  ;  à  de  très  faibles  doses,  il  détruit  la  propriété 
germinative  du  blé. 

«  Dix  grammes  d'acide  phénique  suffisent  pour  donner  à  un 
hectolitre  d'eau  assez  d'odeur  pour  éloigner  les  insectes,  mais  alors 
il  faut  mouiller  le  grain  et  l'égoutter  immédiatement,  il  ne  faut, 
pour  ainsi  dire,  pas  de  contact.  A  ce  sujet,  qu'il  ma  soit  permis  de 
citer  un  exemple  utile  à  la  culture. 

«  Un  de  mes  amis,  cultivateur,  sème  chaque  année  du  maïs  en 
mai.  Pour  le  soustraire  à  la  voracité  des  corneilles,  il  est  obligé 
de  faire  garder  ses  semis.  Cette  année,  sur  mon  conseil,  il  a  sim- 
plement trempé  les  grains  de  maïs  dans  de  l'eau  phéniquée,  pas 
un  grain  n'a  été  touché  par  les  corneilles. 

((  Dans  son  jardin,  le  même  cultivateur  s'affranchit  de  limaces 
en  entourant  les  plants  ou  fleurs  à  protéger  par  des  cailloux  trem- 
pés dans  de  l'eau  phéniquée  et  placés  à  la  surface  du  sol.   » 

Piriphilie.  —  Sous  ce  titre,  le  frère  Louis  publie,  dans  le  Sud- 
Est,  une  petite  note  dans  laquelle  il  indique  le  procédé  suivant  pour 
obtenir,  en  trois  ou  quatre  ans,  la  fructification  des  poiriers  de 
semis.  Voici  ce  procédé  :  du  15  septembre  au  30  octobre  de  la 
première  année  de  végétation  du  jeune  poirier  de  semis,   «je  lui 


—   112  — 

coupe  la  tête,  j'enlève  les  feuilles  ras  les  boutons  et  je  greffe  cette 
tête  sur  une  branche  charpentière  d'une  pyramide  déjà  à  fruit.  Au 
printemps  de  la  troisième  année  d'existence  de  cette  greffe,  on  sup- 
prime les  rameaux  inutiles  et,  dès  le  commencement  de  juillet,  on 
examine  les  branches  qui  paraissent  avoir  le  plus  de  chance  de 
produire  des  boutons  à  fruit,  on  prend  un  fil  de  fer  très  doux  et  à 
mi-tige  on  fait  une  ligature  qui  équivaut  à  une  incision  annulaire  ; 
la  sève  descendante  est  arrêtée  à  la  ligature  et  des  boutons  flori- 
fères se  forment.  Du  15  septembre  au  15  octobre  on  greffe  les 
boutons  à  fleurs  produits  à  l'extrémité  d'une  autre  branche  char- 
pentière. On  protège  au  printemps  la  floraison  des  boutons  à  fruits 
greffés,  au  moyen  d'une  petite  cloche  volante  qu'on  enlève  quand 
les  fruits  sont  noués.  La  même  pyramide  peut  recevoir  autant  de 
variétés  qu'elle  compte  de  branches  charpentières.  Avis  aux  semeurs. 

Poireau  perpétuel.  —  M.  Carrière  signale  un  singulier  poireau 
qu'il  a  reçu  de  M.  A.  Got,  grainier  à  Vilmoutiers  (Orne).  Cette 
variété  est  cœspiteuse,  c'est-à-dire  qu'elle  produit  plusieurs  tiges 
au  lieu  d'une  seule.  Elle  est  vivace  comme  tous  les  poireaux.  Je 
souligne  ces  trois  derniers  mets,  parce  que  quelques-uns  suppo- 
sent bien  à  tort  que  les  poireaux  sont  annuels.  On  les  cultive 
comme  plantes  annuelles,  j'en  conviens,  mais  ils  sont  très  vivaces. 
Voulez-vous  vous  en  assurer,  l'expérience  est  simple  ;  ne  les  arra- 
chez pas  pour  les  manger  et  vous  les  verrez  vivre  et  pousser  en 
touffe  comme  le  poireau  perpétuel.  A  ce  compte- là  il  ne  serait  pas 
difficile  de  transformer  toutes  les  plantes  vivaces  en  plantes  annuel- 
les :  il  suffirait  de  les  arracher  au  bout  de  six  mois. 

fj emploi  du  sable  dans  les  repiquages  et  les  plantations.  —  Il  est  dif- 
ficile de  faire  réussir  les  repiquages  et  les  plantations  des  espèces 
délicates  ou  à  racines  fragiles  dans  les  terrains  «  gras  »  ,  c'est-à- 
dire  argileux  ou  argilo-calcaires.  Quelques  jardiniers,  mal  inspirés, 
pratiquent  un  trou  qu'ils  remplissent  de  terreau  pour  y  recevoir  la 
jeune  plante.  Savez-vous  le  résultat  qui  se  produit  neuf  fois  sur 
dix  à  la  suite  de  cette  opération  ?  Tous  les  lombrics  ou  vers  de 
terre  du  voisinage  ne  tardent  pas  à  venir  prendre  part  au  festin 
que  le  jardinier  leur  a  préparé,  dévorent  le  terreau,  mettent  les 
racines  de  la  jeune  plante  à  nu  et  lui  donnent  un  excellent  coup 
de  main  pour  la  faire  trépasser.  Si  ce  n'est  pas  le  résultat  que  l'on 
cherche,  c'est  malheureusement  celui  que  l'on  obtient. 

Voulez-vous  planter  ou  repiquer  ces  sortes  de  plantes  dont  je 
viens  de  parler  dans  les  terrains  en  question  avec  la  certitude  de 
voir  réussir  repiquage  et  plantation?  Employez  le  sable  au  lieu  de 
terreau  et  vous  êtes  sûr  que  les  racines  et  les  radicelles  en  forma- 


—  113  — 

tion  ne  seront  pas  dérangées,  ébranlées  et  déterrées  par  les  vers. 
On  me  dira  que  le  sable  n'est  pas  un  engrais,  j'en  suis  d'avis  ;  mais 
avant  de  chercher  à  «  engraisser  »  une  plante  il  faut  d'abord 
tâcher  de  la  faire  vivre  et  on  prend  le  meilleur  chemin  pour  la 
faire  périr  en  mettant  ses  racines  en  contact  direct  avec  le  terreau. 
Les  plantes  cultivées  en  godets  destinées  à  la  pleine  terre  doi- 
vent également,  pour  bien  réussir  dans  les  terrains  gras  ou  peu 
fertiles,  être  rempotées  dans  de  la  terre  franche  ou  être  aux  trois 
quarts  démottées  lors  de  la  plantation. 

Chancre  des  arbres.  —  On  a  tort  d'assimiler  les  maladies  des 
plantes  à  celles  de  l'homme  et  des  animaux.  En  procédant  de  cette 
manière  on  a  identifié,  au  moins  par  l'appellation,  des  choses  fort 
distinctes  qui  ne  devaient  pas  être  confondues.  C'est  ainsi  que  sous 
le  nom  générique  de  chancre  on  a  classé  le  plus  grand  nombre  des 
lésions  qui  surviennent  chez  les  tissus  des  arbres.  Un  mauvais  séca- 
teur qui  mâche  le  bois  et  provoque  sa  désorganisation  produit  un 
chancre;  un  cryptogame,  qui  envahit  et  détruit  des  tissus  donne 
aussi  un  chancre  ;  chancre  les  coups  de  soleil  ;  chancre  les  cica- 
trices mal  fermées  des  coups  de  grêles;  chancre  enfin  toutes  les 
ulcérations  possibles. 

On  voit  bien  qu'aucun  helléniste  habile  n'a  étudié  la  question, 
sans  cela  nous  aurions  une  foule  de  noms  nouveaux  et  harmonieux 
pour  désigner  particulièrement  chacune  des  lésions  chancreuses 
qui  affligent  les  arbres.  Le  traitement  de  ces  diverses  sortes  de 
maladies  accidentelles  ne  serait  certainement  pas  le  même  dans 
tous  les  cas,  car  il  est  clair  que  l'onguent  de  St-Fiacre,  le  mastic 
à  greffer  ou  autres  ingrédients  ne  suffisent  pas,  même  après  l'en- 
lèvement des  parties  désorganisées,  à  guérir  et  extirper  toutes  les 
sortes  de  chancres.  Si  la  question  eut  été  mieux  étudiée,  on  aurait 
certainement  fait  entrer  en  jeu  dans  le  traitement  les  sels  comme 
le  sulfate  de  cuivre,  le  sulfate  de  fer,  le  soufre,  etc.,  qui  exercent 
une  action  destructive  sur  les  cryptogames  parasites.  Je  suis  per- 
suadé que  si  on  entrait  dans  cette  voie  beaucoup  de  ces  plaies  hi- 
deuses qui  rongent  les  pommiers,  la  gomme  qui  épuise  nos  arbres 
à  noyaux  et  tant  d'autres  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer  ne  tar- 
deraient pas  à  disparaître  de  nos  vergers.  V.  V.-M. 


Culture  des  Violettes. 


Dans  l'emploi  du  système  suivant,  je  suis  tout  à  fait  certain 
qu'on  trouvera  de  bons  résultats.  Je  commencerai  par  signaler  lus 
meilleures  variétés  cultivées  et  me  Umiterai  à  trois  variétés  doubles 


—  114  — 

et  deux  simples,  savoir:  Napolitain  (bleu  clair),  Marie  Louise  bleu 
sombre),  Comte  de  Brazza  (blanc),  Tzar  et  le  Russe  simple. 

Mulliplicalion.  —  Au  milieu  ou  à  la  fin  de  février,  préparer  à 
cet  effet  une  bâche  sur  un  fond  dur  et  sec,  située  au  soleil,  et  évi- 
ter les  gouttières  des  châssis.  Etendre  sur  le  sol  une  couche  de 
feuilles  fraîches  de  huit  pouces  d'épaisseur  et  bien  les  tasser,  puis  " 
quatre  pouces  d'une  composition  légère  et  damer.  Diviser  ensuite 
quelques  traces  des  plus  robustes  touffes  et  les  piquer  sur  la  cou- 
che préparée  à  trois  pouces  de  distance  les  unes  des  autres  ;  les 
bassiner  convenablement,  avec  l'eau  de  pluie,  de  préférence,  et  les 
bien  paneauter.  N'admettre  que  peu  ou  pas  d'air  jusqu'à  ce  que  les 
plantes  aient  fait  de  nouvelles  racines,  c'est-à-dire  un  mois  envi- 
ron. Les  bassiner  souvent  durant  les  chaudes  journées,  s'il  y  a  heu, 
et  les  garantir  du  soleil.  Après  qu'elles  sont  enracinées,  les  habituer 
graduellement  à  l'air  et  au  soleil,  après  quoi,  ôter  entièrement  les 
châssis  dans  les  belles  journées,  et  à  mi-avril  les  découvrir  com- 
plètement. Tenir  bassiné,  les  matinées,  et  arroser  suivant  le  be- 
soin. 

Silualion.  —  En  été  la  meilleure  place  pour  les  violettes  est  en 
bordure  au  long  d'un  mur  allant  du  nord  au  sud  ;  de  préférence 
côté  est,  car  de  cette  façon  elles  sont  à  l'abri  du  soleil  à  deux 
heures  de  l'après-midi,  et,  exposées  toute  la  journée  à  l'ardeur  du 
soleil,  la  réussite  sera  incertaine. 

Sol.  —  Le  meilleur  terrain  pour  les  violettes  est  un  sol  argi- 
leux riche  et  profond.  Après  avoir  nettoyé  l'emplacement,  labou- 
rer à  deux  fers  de  bêche  de  profondeur  en  sillons.  A  la  fin  d'avril 
étendre  une  couche  de  la  composition  ci-après,  trois  pouces  d'épais- 
seur et  bien  mélanger  avec  le  sol  superficiel  : 

2  parties  de  bonne  et  fraîche  terre  argileuse. 

1   partie  de  débris  de  bois  brûlé  ou  herbes,  ordures. 

1        »      de  terreau  de  feuilles,  engrais,  etc. 
1/10      »      de  vieux  os  broyés. 

Planlalion.  —  Lever  soigneusement  les  plantes  de  la  bâche,  un 
jour  sombre  de  préférence,  et  les  planter  à  un  pied  de  distance 
entre  chacune.  Les  tenir  ombrées  pendant  une  dizaine  de  jours  jus- 
qu'à leur  reprise  et  les  seringuer  fréquemment,  sarcler  et  biner  de 
temps  à  autre  et  les  seringuer  matin  et  soir  des  beaux  jours,  cou- 
per aussi  les  nouvelles  traces  et  ne  pas  laisser  manquer  d'eau. 

Hivernaçjc.  —  Vers  la  fin  de  septembre,  il  sera  nécessaire  de 
placer  les  plantes  dans  l'abri  qui  leur  est  destiné;  une  bâche  située 
au  soleil  est  le  meilleur.  Remplir  le  fond  de  la  bâche  d'une  couche 
de  feuilles  jusqu'à  0,35  c.  des  châssis  et  la  pente  dans  le  même 
sens  que  les  vitres  et  bien  piétiner.  En  levant  les  plantes  des  mas- 


—  rll5  — 


—  « 


sifs  ou  bordures,  laisser  d'aussi  grosses  mottes  possibles  et  les  pla- 
cer en  rangs  sur  la  couche,  remplissant  les  intervalles  laissés  entre 
les  touffes  d'un  sol  léger  et  les  bassiner.  Les  ouvrir  seulement  en 
cas  de  gelées  ou  de  grandes  pluies.  Y  regarder  souvent  et  les  net- 
toyer des  feuilles  mortes  ou  autres,  et  couvrir  de  nattes  ou  autres 
lorsqu'il  gèle  ou  donner  un  peu  d'air  lorsque  le  temps  est  beau  ; 
arroser  un  peu  et  même  d'eau  d'engrais  très  claire.  De  cette  ma- 
nière les  plantes  donneront  constamment  des  violettes  du  commen- 
cement d'octobre  jusqu'au  milieu  de  mai. 

Quand  le  temps  reste  froid  et  que  très  peu  de  lumière  et  d'air 
peuvent  être  donnés,  les  fleurs  ne  s'écloreront  pas  ausi  vite  ;  on 
pourrait  chauff'er  si  l'on  a  des  tuyaux,  mais  comme  règle,  le  moins 
de  chaleur  donnée,  plus  belles  sont  les  fleurs,  et  chaleur  sans  air 
épuise  les  plantes  (1). 


Poire  Bergamotte  Alfred  Lacroix. 

Gain  que  son  obtenteur,  M.  Th.  Lacroix,  amateur  des  environs 
de  Liège  (Belgique),  a  dédié  à  son  frère. 

Provient  d'un  semis  de  pépins  de  la  Bergamotte  parfumée.  L'arbre, 
dit  le  Bulletin  horticole  et  agricole,  est  fertile,  vigoureux  et  de  conduite 
facile,  convenant  parfaitement  pour  la  culture  en  haut  vent. 

Le  bois  est  gros,  de  couleur  brun  rougeâtre  foncé. 

Le  fruit  moyen  ou  assez  gros,  en  forme  de  Bergamotte  et  fon- 
dant, sucré  et  parfumé  tout  particulièrement.  N'étant  ni  astringent, 
ni  verreux,  comme  celui  dont  il  est  issu,  il  lui  sera  souvent  pré- 
féré. 

La  peau  est  rude ,  d'un  vert  foncé,  passant  au  jaune  fauve, 
pointillé  et  couvert  de  taches  de  couleur  jaune  rouille  à  la  maturité. 

L'œil  est  suffisamment  développé  dans  un  léger  enfoncement.  Le 
pédoncule  est  moyen,  long  d'environ  deux  centimètres,  s'élargis- 
sant  au  point  d'attache  du  fruit.  Les  fruits  récoltés  sur  un  arbre 
plein-vent  mesuraient  de  6  à  7  centimètres  dans  leur  plus  petit 
diamètre  et  de  8  à  9  dans  le  plus  grand. 

Maturité,  cette  année,  fin  février. 

La  Commission  du  Cercle  royal  d'arboriculture  de  Liège  ayant 
à  se  prononcer  sur  le  valeur  de  cette  poire  lui  a  reconnu,  à  l'una- 
nimité de  ses  membres,  les  mérites  d'un  fruit  de  premier  ordre  et  a 
exprimé  le  désir  de  le  voir  multiplier  et  propager.  - 


(1)  Notes  prises  et  traduites  du  Gardner's  CAronic/e  par  Elie  Mëtral. 


—  116  — 


Primula  elaîior,  flore  plcno  1/2  grandeur  Primula  officinalis,   1/2  g"andeur. 

Exemple  de  duplieature  par  remboltement 
de  plusieurs  corolles. 

Duplicature  des  Primevères 

...  Du  printemps  modeste  avaiit-courricre 
Sur  le  gazon  la  tendre  primevère 
S'ouvre  et  jaunit  dès  les  premiers  beaux  jours. 

Parnt. 

11  ne  nous  reste  guère  du  vieil  adjectif  français  prime  ou  prin  (du 
latin  privuts,  premier),  qui  entrait  dans  la  composition  de  plusieurs 
mots  comme  primesanlt,  primesautier,  prinsoir,  prinsoœe,  que 
.primevinc  et  printemps.  Primevère  signifie  à  peu  près  littéralement 
fleur  du  printemps,  comme  printemps  signifie  première  saison  : 
Ronsard  dit  la  prime  saison  pour  le  printemps. 

Les  poètes  ont  appelé  le  printemps,  la  jeunesse,  l'aurore,  le 
matin  de  l'année  et  ont  glissé  habilement  la  primevère  dans  un  nom- 
bre incalculable  de  vers  métriques  ou  syllabiques.  Cela  n'est  pas 
étonnant,  car  de  toutes  les  fleurs  vernales  ont  peut  dire  que  la  Pri- 


117  — 


Primula  grandiflora  flore  pleno,  1/2  grandeur. 

Exemple    de   duplicature    par    transformation    des    étaniines 
et  des  pistils  eu  pétales. 

mevère  est  peut  être  celle  qui  se  montre  la  première  dans  le  plus 
grand  nombre  de  pays. 

Si  les  poètes  ont  chanté  la  primevère,  les  médecins  l'ont  fait 
entrer  dans  la  thérapeutique  sous  les  noms  à'fferba  arlhrilica, 
Paralijseos  licrba,  à'herhe  de  la  paralysie.  Elle  est  connue  en  France 
sous  le  nom  de  Brayes  de  cocu,  cocu,  coucou,  etc. 

Sous  le  nom  générique  de  Primevère  {Primula).  Linné  a  englobé 
une  toule  de  plantes  qui  ont  quelques  caractères  génériques  com- 
muns, mais  dont  un  assez  grand  nombre  ne  sauraient  être  confon- 
dues avec  celle  que  les  personnes  dépourvues  de  notions  botaniques 
nomment  simplement  Primevère.  Cette  Primevère  commune  est  un 
agrégat  de  quelques  sortes  très  distinctes  dont  la  plupart  se  croi- 
sent entre  elles  avec  une  extrême  facilité  et  constituent  une 'posté- 
rité qui  embarrasse  souvent  les  botanistes  descripteurs. 

Les  principales  sortes  ont  été  baptisées  de  la  manière  suivante  : 

Primevère  à  grande  fleurs  {P.  grandiflora  Lamk)  ;  Primevère 
officinale  {P.  officinalis  Jacq.)  ;  Primevère  variable  {Primula  varia- 
bilis  Goupil.)  et  Primevère  élevée  {Primula  clalior  iJâcq.) 

Je  ne  compte  pas  le  menu  fretin  des  espèces  affines  que  l'on 
trouve  décrites  dans  les  flores  locales. 

Linné  avait  classé  les  Primevères  susnommées  sous  le  nom  de 
Primula  veris  et  avait  fait  de  simples  variétés  de  la  plupart  d'entre 
elles.  . 


—  118  — 

Il  n'y  a  peut-être  pas  de  plantes  cultivées  dans  les  jardins  qui 
soient  douées  d'une  aussi  grande  facilité  de  variation  que  le  genre 
Primula.  En  efïet,  en  dehors  de  la  duplicature  des  fleurs  sur 
laquelle  j'ai  l'intention  de  dire  quelques  mots  dans  cette  note,  on  a 
observé  sur  les  Primula  des  exemples  de  pohjpclnlic  (transformation 
d'une  corolle  gamopétale),  de  c«/'/3oma/i/e(augmentation  du  nombre 
des  carpelles)  A'hypeiirophie,  de  viresccnco,  à'alhinismc,  de  chromisme, 
etc.,  etc.  Aussi  l'hybridité  et  les  altérations  tératologiques  aidant, 
le  Primula  veris  de  Linné  a  produit  dans  les  jardins  un  nombre 
incroyable  de  variétés  excessivement  curieuses  qui  présentent  des 
colorations  de  toutes  sortes, 


Primula  graudiflora,  flore  simples;    1/2  grandeur. 

La  duplicature  chez  les  Primevères,  comme  chez  beaucoup  d'au- 
tres genres,  peut  être  due  à  plusieurs  causes  très  distinctes  , 
savoir  : 

1°  Par  la  métamorphose  des  étaraines  en  pétales  ; 

2°  Par  la  métamorphose  des  étamines  et  des  pistils  en  pétales  ; 

3°  Par  la  multiplication  des  pétales  sans  transformation  d'éta- 
mines  ; 

4°  Par  l'addition  de  corolles  supplémentaires  ; 

5°  Par  la  transformation  du  calice  en  pétales. 

Quand  la  duplicatui'e  des  Primevères  a  pour  cause  la  transfor- 
mation complète  des  étamines  en  pétales,  si  le  pistil  est  bien  cons- 
titué, la  fécondation  peut  encore  avoir  heu  avec  le  pollen  des 
plantes  voisines,  mais  si  le  pistil  est  atrophié  ou  hypertrophié,   les 


—  119  — 

plantes  sont  stériles.  L'ancienne  Primevère  de  Chine  à  fleur  double 
que  l'on  cultivait  autrefois  en  grand  nombre  était  absolument  sté- 
rile, il  en  est  de  même  de  plusieurs  variétés  de  Prinuda  grandifhra 
cultivées  dans  les  jardins.  Nous  donnons  ci-contre  un  exemple  de 
ce  genre  de  duplicalure.  Les  Primnla  clalior  et  officinalis,  qui  sont 
deux  plantes  très  voisines,  n'ont  pas  donné  de  fleurs  doubles  ayant 
une  origine  pareille  à  celle  de  l'espèce  précédente,  mais  on  a 
observé  de  curieuses  transformations  du  calice  et  surtout  des  cas 
de  dédoublement  de  la  corolle  fort  singulier.  On  voit  naître  une 
deuxième  corolle  dans  la  première,  une  troisième  corolle  dans  la 
seconde,  quelquefois  une  quatrième  dans  la  troisième. 

On  cultive  des  Primevères  de  Chine  à  fleurs  doubles,  dont  la 
duplicature  ne  provient  ni  de  la  transformation  des  étamines,  ni  de 
celle  des  pistils,  aussi  donnent-elles  des  graines  assez  réguliè- 
rement. 0.  Briot. 

L'^rt  de  bouturer. 

L'art  de  bouturer  les  plantes  demande,  à  défaut  d'une  longue 
pratique,  une  connaissance  parfaite  des  lois  physiologiques  qui 
gouvernent  le  développement  des  plantes.  Il  faut  savoir,  par 
exemple,  que  les  tissus  d'un  végétal  ne  sont  jamais  complètement 
en  repos  et  qu'il  y  a  constamment  dans  l'intérieur  des  cellules  et 
des  vaisseaux,  un  mouvement  de  diffusion  des  sucs  nourriciers  qui 
se  transforment  et  s'élaborent  de  différentes  manières.  De  même 
qu'après  avoir  germé,  la  graine  d'une  espèce  annuelle  donne  une 
plante  qui  grandit,  fleurit  et  produit  de  nouvelles  graines,  les  tissus 
d'une  plante  ligneuse  se  livrent  à  un  travail  intérieur  qui,  pour 
n'être  pas  apparent,  n'en  est  pas  moins  nécessaire  à  leur  exis- 
tence. Ce  travail  intérieur  parcourt  un  cycle  annuel.  La  plante  se 
développe  et  emmagasine  des  aliments  qu'elle  élabore  pour  les 
dépenser  ensuite. 

Celui  qui  bouture  doit  savoir  : 

1°  Quand  les  aliments  emmagasinés  par  le  végétal  sont  assez 
élaborés  pour  être  dépensés  ; 

2"  Quelles  sont  les  conditions  qui  favorisent  le  mieux  cette  dé- 
pense d'aliments. 

Faisons  saisir  par  des  exemples  ce  raisonnement  un  peu  abstrait. 
Voici,  par  exemple,  un  sarment  de  vigne,  si  nous  le  plantons  avant 
qu'il  ait  poussé,  il  contient  encore  toute  la  provision  accumulée 
dans  ses  tissus,  si  nous  le  plantons  après,  une  partie  de  cette  pro- 
vision a  été  dépensée  pour  donner  de  nouvelles  feuilles  et  de  nou- 
veau bois.  Dans  le  premier  cas,  le  sarment  est  bon  à  bouturer; 
dans  le  second,  il  est  mauvais. 


—  120  — 

Ce  même  sarment,  coupé  en  octobre,  ne  vaudra  pas  celui  qui 
«era  coupé  en  février  (à  moins  qu'il  soit  placé  dans  d'excellentes 
conditions),  parce  que,  entre  octobre  et  février,  il  restera  cinq 
mois  sans  recevoir  les  aliments  que  lui  auraient  fournis  les  racines 
et  les  grosses  branches. 

Pour  la  vigne,  qui  émet  facilement  des  racines,  on  n'y  regarde 
pas  toujours  d'aussi  près  ;  mais  pour  une  foule  d'autres  plantes,  il 
n'en  est  pas  ainsi. 

On  peut  donc,  sauf  pour  de  très  rares  exceptions,  poser  la  règle 
suivante  : 

Le  moment  le  plus  favorable  pour  bouturer  les  plantes  est  celui 
où  leurs  tissus  sont  gorgés  de  provision  élaborée. 

Ceci,  me  dira-t-on,  est  facile  à  énoncer;  mais  à  quoi  peut-on 
reconnaître  que  les  tissus  sont  gorgés  de  provision  élaborée  ! 

Un  bon  microscope  trancherait  peut-être  assez  vite  la  difficulté, 
mais  comme  cet  instrument  coûte  cher  et  n'a  pas  encore  été  utilisé 
par  les  multiplicateurs  de  plantes,  il  y  a  lieu  de  chercher  un  autre 
moyen  pour  arriver  au  même  résultat. 

Distinguons,  comme  on  disait  autrefois  dans  la  scolastique;  il  y 
a  d'abord  les  plantes  à  feuilles  caduques,  j'entends  les  arbres  et  les 
arbrisseaux,  chez  lesquels  il  est  facile  de  saisir  ce  moment,  attendu 
qu'il  coïncide  toujours  avec  la  chute  des  feuilles.  Le  bon  moment 
pour  bouturer  ces  sortes  de  plantes  se  trouve  donc  entre  l'époque 
de  la  chute  des  feuilles  et  celui  où  les  bourgeons  se  gonflent  pour 
développer  de  nouvelles  feuilles.  Dans  ce  cas,  l'hésitation  n'est  pas 
possible.  Il  y  a  cependant  des  arbres  et  arbustes  à  feuilles  cadu- 
ques qui  peuvent  très  bien  se  bouturer  avec  leurs  feuilles.  Dans  ce 
éas,  ils  sont  traités  comme  les  plantes  à  feuilles  persistantes  dont 
je  vais  parler. 

Les  plantes  à  feuilles  persistantes  (ou  les  plantes  à  feuilles  cadu- 
ques, quand  elles  ont  des  feuilles)  peuvent  se  bouturer  un  peu  à 
toutes  les  époques  ;  car  les  feuilles  que  l'on  conserve  aux  boutures 
contiennent  non-seulement  de  la  'provision,  mais  encore  elles  en 
fabriquent  et  entretiennent  la  bouture  en  végétation  continuelle. 

Quand  la  bouture  n'a  pas  de  feuilles,  l'émission  de  se",  racines 
est  entièrement  confiée  aux  matières  amylacées  contenues  dans 
ses  tissus;  de  là  l'utilité  de  saisir  le  moment  où  ses  tissus  sont  riches 
en  provision  accumulée. 

Quand  la  bouture  a  des  feuilles,  au  contraire,  l'émission  de.s 
racines  est  mi-partie  confiée  aux  feuilles  elles-mêmes  et  mi-partie 
à  la  provision  contenue  dans  le  rameau.  Les  boutures  faites  ainsi 
demandent  surtout  à  être  placées  dans  des  conditions  capables  de 
les  entretenir  dans  un  excellent  état  de  végétation, 


P  B 

îouti 

2" 

» 

3" 

» 

40 

» 

5° 

» 

6° 

» 

70 

)) 

8° 

» 

—  121   — 

Il  y  a  plusieurs  sortes  de  boutures  ;  je  vais  énutnérer  les  princi- 
pales : 

Bouture   de  feuille  avec  bourgeon  à  sa  base  ; 
»        sans         » 
d'un  bourgeon  sans  feuille  ; 
de  rameaux  de  l'année  (herbacés)  ; 

»  »        (ligneux) ,   avec    feuilles    ou 

sans  feuilles  ; 
de  rameaux  plus  âgés  ; 
de  tiges  ou  en  plançons; 
de  racines. 

Les  huit  sortes  de  boutures,  ci-dessus  cnumérées,  peuvent  être 
coupées  ou  taillées  de  différentes  façons,  dont  voici  quelques-unes  : 

1°  Avec  talon,  2°  sans  talon,  3"  sous  un  bourgeon,  4°  entre  deux 
bourgeons,  5°  sur  un  bourgeon,  6°  sur  un  fragment  de  vieux  bois 
(crossette). 

La  coupe  peut  être  circulaire,  elliptique  ou  conique;  elle  peut 
avoir  lieu  après  ligature  ou  demi-éclatement  préalable.  Elle  peut 
également  être  accompagnée  de  décortication  ou  d'incision. 

La  bouture  avec  talon,  la  plus  fréquemment  employée,  quand  on 
dispose  d'assez  de  bois,  est  aussi  la  meilleure.  Elle  consiste  à  couper 
le  rameau  de  l'année  à  son  point  d'insertion  sur  le  rameau  qui  le 
porte.  Quand  on  peut  éclater  ce  rameau,  c'est  le  moyen  le  plus 
commode  pour  bien  préparer  la  bouture;  dans  le  cas  contraire,  on 
coupe  la  bouture  aussi  près  que  possible  du  vieux  bois. 

La  bouture  sans  talon  gagne  cependant  à  être  coupée,  quand 
rien  ne  s'y  oppose,  dans  la  partie  du  rameau  où  les  yeux  sont  les 
plus  rapprochés  les  uns  des  autres.  La  raison  pour  laquelle  les 
boutures  préfèrent  être  coupées  là  où  les  yeux  sont  abondants  est 
facile  à  comprendre,  car  c'est  dans  cet  espace  du  rameau  où  la  vie 
est  la  plus  active,  où  la  provision  destinée  au  développement  des 
nouveaux  tissus  existe  en  plus  grande  quantité. 

La  bouture  coupée  sous  un  bourgeon  distant  des  autres,  se  fait 
toutes  les  fois  qu'il  est  impossible  de  faire  la  coupe  là  où  les  yeux 
sont  rapprochés.  Ce  qui  force  très  fréquemment  de  tailler  les  bou- 
tures de  cette  manière,  c'est  la  longueur  exagérée  des  rameaux  qui 
demandent  à  être  sectionnés  en  plusieurs  parties.  Ainsi,  par 
exemple,  si  le  rameau  a  50  ou  60  centimètres,  on  peut  en  faire 
4  ou  5  boutures. 

La  coupe  entre  deux  bourgeons  se  pratique  rarement  et  elle  n'est 
guère  usitée  que  pour  les  espèces  qui  s'enracinent  très  facilement, 
quelle  que  soit  la  manière  dont  on  les  taille.  Il  y  a  cependant  des 
cas  où  les  racines  adventives  sortent  plus  aisément  entre  deux 
bourgeons  qu'à  leur  base  proprement  dite. 


—  122  — 

La  taille  de  la  bouture  sur  le  bourgeon  lui-même,  qui  se  trouve 
par  le  fait  coupé  en  deux,  gagne  à  être  faite  ainsi  sur  les  branches 
terminales  des  œillets  remontants  et  autres.  Je  ne  sais  pas  trop  sur 
quels  phénomènes  physiologiques  m'appujer  pour  justifier  l'utilité 
d'une  pareille  manière  de  tailler  les  boutures  d'oeillets  ;  mais  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  la  pratique  a  reconnu  que  les  racines 
se  développaient  bien  plus  facilement  quand  ces  boutures  étaient 
ainsi  préparées. 

La  taille  en  crossette,  bien  connue  pour  être  journellement 
employée  dans  le  bouturage  de  la  vigne,  consiste  à  laisser  adhérer 
au  rameau  de  la  bouture  une  petite  crosse  de  vieux  bois.  C'est  une 
coutume  dont  il  serait  difficile  de  justifier  l'utilité,  les  boutures 
s'enracinant  aussi  bien  en  leur  conservant  un  simple  talon. 

Pour  certaines  espèces  difficiles  à  s'enraciner,  on  peut  préala- 
blement faire  développer  un  bourrelet  sur  la  bouture  en  pratiquant 
sur  la  plante  qui  la  porte  une  ligature  avec  un  fil  de  fer,  une  inci- 
sion annulaire,  un  cassement  partiel,  ou  une  décortication  latérale. 
On  détache  complètement  la  bouture  quand  le  résultat  désiré  a  été 
obtenu.  Dans  ce  genre  de  bouturage,  on  imite  absolument  le  mar- 
cottage aérien,  avec  cette  différence  que  les  rameaux  incisés,  cassés 
ou  hgaturés  au  Heu  d'émettre  des  racines  dans  des  pots  suspendus, 
les  émettent  plu  tard  sous  cloche. 

Considérée  au  point  de  la  forme  à  donner  à  la  partie  qui  doit 
être  enterrée,  la  surface  de  la  coupe  peut  être  circulaire,  plus  ou 
moins  en  biseau  (ou  elliptique),  on  conique.  On  fait  rarement  la 
coupe  circulaire  —  sauf  quand  la  bouture  a  été  préalablement  liga- 
turée, —  parce  qu'on  peut  se  couper  les  doigts  en  la  faisant  de 
cette  manière,  et  qu'il  est  plus  rationnel  de  laisser  la  plus  grande 
surface  possible  à  la  bouture,  soit  pour  faciliter  l'absorption  de 
l'eau,  soit  encore  pour  que  le  bourrelet  devienne  moins  volumineux. 
La  taille  en  forme  de  cône  ou  de  pyramide  se  fait  pour  les  boutures 
en  plançons.  On  sait  que  ces  boutures  se  font  avec  de  grosses 
branches  —  le  saule  peut  servir  d'exemple  —  qu'on  enfonce  dans 
le  sol.  La  manière  dont  on  les  taille  sert  à  faciliter  leur  enfonce- 
ment dans  le  sol. 

Du  reste,  la  manière  de  faire  la  coupe  n'influe  pas  beaucoup  sur 
l'émission  des  racines,  car  nous  en  avons  fait  de  toutes  les  formes 
possibles  qui  se  sont  très  bien  comportées.  L'important  est  que  les 
surfaces  soient  nettes  et  obtenues  avec  un  instrument  bien  aiguisé. 
Il  suffit  souvent  d'une  parcelle  mortifiée  pour  engendrer  la  pourri- 
ture des  boutures. 

Nous  avons  fait  connaître  autrefois,  sous  le  nom  de  bouture- 
marcotte,  une  bouture  ordinaire  qui  taillée  en  biseau  à  sa  base  était 
accompagnée  d'une  profonde  incision  qui  soulevait  un  fragment 
d'écorce  et  de  bois. 


—  123  — 

Bouture  de  feuille  avec  bourgeon  à  sa  hase.  —  La  bouture  de  feuille 
avec  bourgeon  à  sa  base  se  fait  surtout  dans  les  établissements 
d'horticulture  qui  multiplient  les  plantes  nouvelles.  Dans  ces  éta- 
blissements, il  faut  aller  rite  et  pouvoir  livrer  les  nouveautés  aussitôt 
qu'on  les  a  reçues.  On  a  donc  recours  à  la  bouture  par  feuilles  qui 
permet  de  faire  avec  une  seule  plante  un  plus  grand  nombre  de 
boutures.  Ce  genre  de  bouture  demande  beaucoup  de  soin  pour 
réussir,  et  surtout  une  très  bonne  serre. 

Il  y  a  deux  manières  de  les  préparer  :  la  première  consiste  à 
couper  le  rameau  en  biseau  sous  chaque  bourgeon  et  de  conserver 
à  la  feuille  bouture  un  fragment  du  rameau;  dans  la  seconde,  on 
ne  conserve  que  la  feuille  et  le  bourgeon  qui  est  à  sa  base.  On  enlève 
ce  bourgeon  de  la  même  façon  que  dans  la  greffe  en  écusson,  avec 
cette  différence  qu'on  ne  conserve  que  la  portion  d'écorce  et  de 
bois  qui  portaient  le  bourgeon  et  la  feuille  avant  qu'ils  fussent 
détachés. 

La  bouture  de  feuille  faite  avec  un  bourgeon  à  sa  base  se  pré- 
pare de  la  première  manière  ci-dessus  indiquée  pour  les  plantes 
ligneuses,  et  de  la  seconde  pour  les  plantes  molles. 

Bouture  de  leuille  sans  bourgeon  à  sa  base.  —  Ce  genre  de  bouture 
se  fait  surtout  chez  les  plantes  à  feuilles  charnues,  comme  les  Bégo- 
nias, les  Pépéronia,  les  Gesnériacées,  les  Crassulacées,  etc.  Les 
feuilles  de  ces  plantes  possèdent  la  faculté  d'émettre  des  protubé- 
rances charnues,  qui  donnent  naissance  par  la  suite  à  des  bour- 
geons bien  constitués  dont  le  développement  est  aussi  normal 
que  s'ils  avaient  une  origine  ordinaire.  On  peut  procéder  de  plu- 
sieurs manières  pour  faire  ces  sortes  de  boutures.  Avec  une  feuille, 
on  peut  faire  une  ou  plusieurs  boutures.  Si  on  veut  faire  plus  d'une 
bouture,  on  divise  la  feuille  en  plusieurs  parties,  en  ayant  soin 
toutefois  de  conserver  à  chaque  partie  un  fragment  du  talon  ou 
base  de  la  feuille  ou,  à  défaut  du  talon,  un  fragment  de  la  nervure 
médiane  de  la  feuille.  Quand  on  ne  veut  faire  qu'une  bouture  avec 
une  feuille,  on  conserve  un  court  pétiole  à  la  bouture,  si  la  feuille 
est  pétiolée,  ou  on  la  plante  dès  la  base  si  elle  est  sessile.  Dans  le 
cas  où  la  feuille  bouturée  est  de  grande  dimension,  on  doit  couper 
une  partie  du  limbe,  de  façon  que  la  bouture  ne  soit  pas  trop  volu- 
mineuse. On  bouture  encore  les  feuilles  en  les  posant  à  plat,  de 
façon  que  toutes  les  parties  de  leur  limbe  touchent  le  sol  ;  ceci 
fait,  à  l'aide  d'un  greffoir,  on  pratique  des  entailles  sur  les  princi- 
pales nervures.  Les  endroits  entaillés  donnent  naissance  à  des  pro- 
tubérances d'où  naissent  de  nouvelles  plantes. 

(^  suivre.) 


—  124  — 

Informations.  —  M.  Pasteur  a  présenté  à  rAcadémie  des  sciences, 
au  nom  de  M.  Duclos,  une  note  intitulée  :  De  lu  germination  des  plantes  dans 
un  sol  exempt  de  microbes.  Il  paraîtrait  que,  comme  le  sabre  de  M.  Pru- 
dhomme,  qui  servait  à  défendre  et  au  besoin  à  combattre  nos  institutions, 
les  microbes  donneraient  la  vie  et  au  besoin  la  mort  aux  êtres  organisés. 
Des  pois  et  des  haricots  ayant  été  semés  dans  un  sol  exempt  de  microbes 
n'ont  pas  germé. 

—  Un  prix  consistant  en  une  médaille  d'or  grand  module,  accompagné 
d'une  somme  de  4,000  francs,  sera  décerné  au  meilleur  traité  sur  l'exploita- 
tion de  l'Alfa  (^'<!;;a  tenacissima)  en  Algérie.  Envoyer  les  mémoires,  rédigés 
en  français,  avant  le  l'^"'  octobre  1886,  au  gouvernement  général  de 
l'Algérie. 

—  Sous  le  titre  de  Iteichenbachia,  va  paraître  en  Angleterre  une  Revue 
polyglotte  destinée  à  glorifier  les  Orchidées. 

—  Tout  récemment  on  a  signalé  la  fructification  d'un  Cycas  revoluta  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

—  M.  Ch.  Joly,  vice-président  de  la  Société  nationale  d'horticulture  de 
France,  vient  de  publier  une  note  très  intéressante  sur  l'enseignement  agri- 
cole en  France  et  à  l'étranger. 

—  La  belle  collection  d'Azalées  de  l'Inde  que  possède  la  ville  de  Lyon  est 
actuellement  en  pleine  floraison.  Avis  aux  amateurs. 

—  Il  y  a  également  dans  les  serres  chaudes  du  Parc  de  la  Tête-d'Or  un 
assez  grand  nombre  de  belles  Orchidées  en  fleurs;  notamment  dans  les  genres 
Vanda,  Phalœnopsis,  Dendrobium,  etc. 

—  Le  prix  de  300,000  francs,  créé  par  la  loi  du  22  juillet  1874,  au  profit 
de  l'inventeur  du  moyen  efficace  de  détruire  le  phylloxéra,  est  réserv<^. 

Catalogue.—  Rozain-Boucharlat,  horticulteur,  grande  rue  de  Cuire,  81, 
Cuire-les-Lyon. —  Catalogue  des  plantes  cultivées  dans  l'établissement.  Nou- 
veautés dans  les  genres  :  Pelargoniums  à  grandes  fleurs,  P.  zonales  à  fleurs 
doubles  et  à  fleurs  simples,  P.  peltatum;  Fuchsias.  Véroniques,  Chrysan- 
thèmes, Verveines,  Héliotropes,  etc.  Collection  très  complète  de  variétés  plus 
acciennes  dans  les  mêmes  genres.  Plantes  diverses. 

—  Bruant,  horticulteur,  boulevard  Saint-Cyprien,  à  Poitiers  (Vienne). — 
Catalogue  général  des  plantes  florales  cultivées  dans  l'établissement.  Plantes 
nouvelles  obtenues  ou  récemment  introduites  par  l'établissement.  Collections 
de  la  plupart  des  genres  cultivjs  dans  les  serres  ou  les  jardins.  Plantes 
alimentaires,  Fraisiers  à  gros  fruits  et  quarantaines.  Plantes  de  serre 
chaude,  etc. 

—  HosTB,  horticulteur,  rue  des  Dahlias,  10,  à  Lyon-Monplaisir.  —  Cata- 
logue contenant  l'énumération  et  la  description  des  plus  belles  variétés  des 
genres  suivants  cultivés  dans  les  jardins:  Fuchsias,  Pelargoniums  zonales  à 
fleurs  simples  et  à  fleurs  doubles,  P.  peltatum,  Peiitstemons,  Lantanas,  Hé- 
liotropes, Véroniques,  Abutilons,  Weigelia,  Hortensias  nouveaux,  Bégonias, 
Œillets,  Ageratum,  Chrysanthèmes,  etc.  Nouveautés  dans  tou§  ces  genres. 

—  HosTE,  horticulteur,  rue  des  Dahlias,  à  Lyon-Monplaisip.  —  Catalogue 
spécial  de  Dahlias  comprenant  l'énumération  d'une  très  nombreuse  collection 
de  ce  genre  à  fleurs  simples  et  à  fleurs  doubles.  Envoi  franco. 

—  SouPERT  ET  NoTiNG,  rosiéristes,  à  Luxembourg.  —  Catalogue  illustré 
des  rosiers  nouveaux  de  1886,  contenant  l'énumération  et  la  description  des 
variétés  mises  au  commerce  par  les  semeurs  français  et  étrangers. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

LyoD.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


18BÔ  AVRIL  N°  8 


CHRONIQUE 


La  glace  ilnns  les  culliwes  de  piaules  jloralcs,  —  J'ai  pulilié,  dans 
le  n"  13  de  cette  revue,  une  note  intitulée  «  La  glace  cl  l'horiicul- 
lure  »  ,  dans  laquelle  je  laissais  entrevoir  que  l'emploi  de  la  glace 
pourrait  rendre  quelques  services  aux  horticulteurs  qui  désirent 
arriver  à  jour  fixe  sur  les  marchés  avec  des  plantes  fleuries.  L'idée 
que  j'émettais  paraît  un  peu  paradoxale  à  première  lecture,  mais, 
pour  peu  qu'on  y  rétiéchisse,  on  s'aperçoit  assez  vite  qu'il  y  aurait 
intérêt,  dans  certains  cas,  à  pouvoir  ralentir  la  vitesse  de  la  végé  • 
tation.  A  propos  de  cette  note,  un  de  nos  bons  correspondants. 
M.  Ménand,  horticulteur  à  Albany,  Etals-Unis  d'Amérique,  m'a 
écrit  une  lettre  intéressante  dans  laquelle  il  traite  le  même  sujet. 
Voici  quelques  extraits  de  cette  lettre  : 

«  D'abord  il  est  plus  facile  de  produire  de  la  chaleur  arti- 
ficielle que  de  la  glace  —  c'est-à-dire  du  froid  —  au  moins  pour 
les  nécessités  de  l'horticulture.  Par  exemple,  ici,  avec  un  froid  de 
25°  sous  zéro  Fahrenheit,  nous  pouvons  tenir  de  très  grandes 
serres  à  GO  ou  70  degrés  de  chaleur,  ce  qui  fait  une  ditFérence  de 
80  à  90  degrés  Fahr.  (1).  En  été,  au  contraire,  avec  tous  les 
moyens   de   réfrigération,    c'est  à  peine   si  nous  pouvons  obtenir 

6  à  8  degrés  de  moins  dans  nos  serres  qu'à  l'air  libre Quant 

aux  serres  glacières,  laissez-moi  vous  conter  une  épisode...  C'était 
en  1856,  le  17  avril,  je  portai  à  une  Exposition  horticole  à  New- 
York  trois  espèces  de  C\jpyipcdiam  en  fleur,  les  C.  insigne,  acaulc 
et  pubescois.    Ces  deux  dernières  espèces   ne  surprirent  personne. 


(1)  Lo  thermomètre  Fahrenheit  est  surtout  employé  en  Angleterre  et  aux  Etals- 
Unis.  Voici  la  formule  pour  réiluirj  les  degrés  de  ce  thermomètre  en  degrés  centi- 
grades: 1°  Pour  les  degréâ  au-dessus  de  0.  il  faut  déduire  d"aborJ  3'^"  et  multiplier 
le  résultat  par  5/0,  soit  0,555.  Pour  les  degr.53  au-dessoaa  de  0,  il  faut  au  contraire 
ajouter  32  et  multiplier  la  pomme  par  0,555. 


—  126   — 

C'étaient  deux  plantes  légèrement  forcées,  mais  Is  Cypripedium  insi- 
gne mit  tout  le  monde  en  émoi  ;  chacun  se  demandait  comment 
j'avais  pu  garder  cette  espèce  si  tard  eu  tleur.  Quand  j'eus  répondu 
aux  questions  qu'on  me  posait  à  cet  égard,  que  c'était  en  la  con- 
servant dans  une  serre  froide,  dans  une  glacière,  chacun  contesta 
mon  assertion  et  mes  amis  ou  ceux  qui  se  disaient  tels  ne  se  pri- 
vèrent pas  de  rires  ironiques.  En  voilà  une  bonne  !  une  plante 
de  l'Hindostan,  du  Népaul  conservée  tout  l'hiver  dans  une  gla- 
cière !  Vous  êtes  de  Marseille  ?  me  dit  un  Français  qui  se  trouvait 
là  par  hasard.  Un  compatriote  d'Ossian  me  mit  les  mains  sur  les 
épaules  et  me  regardant  dans  le  blanc  des  yeux  me  posa  cette 
question  :  «  Damné  Iranclimann,  nous  prenez-vous  pour  des  oies  ?  » 
Non.  Les  oies  ont  sauvé  le  capitole.  Vous  dire  quelle  longue  dis- 
cussion j'eus  à  soutenir  pour  expliquer  le  retard  de  la  lloraison  de 
mon  Cypripedium  insigne,  vous  ne  me  croiriez  pas.  Quand  je  parlais 
glace  on  me  répondait:  tropique.   » 

Gigot  du  vendredi.  —  Mon  ami  et  collègue,  M.  Jossermoz,  jardi- 
nier chez  M™'  Willermoz,  me  priait  dernièrement  de  présenter  sur 
le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise  un  échantillon  de  ses 
cultures  potagères,  un  énorme  tubercule  de  Patate  [Convolvalus  Bala- 
las  ou.  Balalas  edulis).  11  m'écrivait:  «...  On  appelle  ce  tubercule 
le  gigot  du  vendredi,  et  vous  pouvez  voir  qu'il  est  assez  gros  pour 
justifier  son  nom  vulgaire.  »  En  effet,  l'échantillon  présenté  mesu- 
rait 0,30  centimètres  de  longueur  et  comme  il  atrectait  la  forme 
d'un  fuseau  son  plus  grand  diamètre  était  de  13  à  14  centimètres. 
Mis  sur  le  plateau  d'une  balance,  il  a  accusé  un  poids  de  près  de 
2  kilos.  Ce  gigot  fait  honneur  au  jardinier  qui  a  su  l'extraire  sans 
.douleur,  le  sol  aidant,  de  la  plante  qui  le  nourrissait. 

On  sait  que  la  Patate  est  un  excellent  légume  exotique  qui  a 
besoin  pour  atteindre  tout  son  développement  d'une  somme  de  cha- 
hur  assez  élevée.  Sous  nos  climats  la  Patate  demande  au  moins 
pendant  la  première  phase  de  sa  végétation  l'emploi  de  chaleur 
artificielle:  cloche,  châssis,  couche  ou  serre.  Dans  l'été  on  doit 
éviter  de  laisser  s'enraciner  les  tiges  sur  le  sol. 

Jeune  !  —  On  dit  souvent  à  quelqu'un  :  Ah  !  que  vous  êtes  jeune  . 
Je  traduisais  autrefois  cette  apostrophe  par  :  Ah  !  que  vous  êtes 
bête  :  c'était  souvent  bien  exact.  On  dit  encore  :  il  est  jeune  à  un 
élève  auquel  on  s'intéresse,  quand  il  a  commis   quelque  étourderie. 

11  y  a  des  gens  qui  sont  jeunes  toute  leur  vie. 

J/àge  qui  modifie  si  profondément  la  physionomie  et  le  carac- 
tère des  hommes,  exerce  aussi  une  influence  sur  lesplantes.  Depuis 


^  127  — 

la  plante  annuelle  qui  n'a  d'abord  que  des  feuilles  radicales,  jusqu'au 
grand  arbre  qui  met  de  longues  années  avant  de  rapporter  des 
fruits,  tous  les  végétaux  passent  par  divers  états. 

Elles  ne  sont  pas  rares  les  fleurs,  ils  ne  sont  pas  rares  les  fruits 
qui  se  présentent  d'abord  avec  de  piètres  qualités  que  l'âge  amé- 
liore par  la  suite.  Il  y  a  même  des  espèces  qui  se  métamorphosent 
presque  complètement  en  passant  de  l'âge  juvénile  à  l'âge  adulte  ; 
voyez  le  lierre,  les  acacias  à  phylloies,  les  eucalyptus,  quelles  trans- 
formations ils  subissent  ! 

Ceci  est  pour  m'ameni,'r  à  dire  qu'il  ne  faut  pas  désespérer  lors- 
qu'il manque  quelques  qualités  à  une  fleur  ou  à  un  iVuit  obtenus  de 
semis  :  l'âge  peut  les  améliorer.  Le  semeur  ne  doit  pas  se  défaire 
des  variétés  avant  de  les  avoir  jugées  à  plusieurs  reprises. 

Si  l'âge  améliore  les  plantes,  l'âge  amène  aussi,  malheureuse- 
ment, leur  décrépitude  et  finalement  leur  mort.  De  là  cette  néces- 
sité d'obtenir  déjeunes  variéu's  pour  remplacer  celles  dont  le  Temps, 
le  grand  maître  à  tous,  a  raison  tous  les  jours. 

Belle  race  de  cinéraire.  —  J'étais  allé  herboriser  à  Couzon,  il  y  a 
quelques  jours,  un  peu  pour  récolter  quelques  orchis  et  autres  jolies 
plantes  vernales  qui  abondent  dans  ce  village,  et  beaucoup  pour 
m'assurer  si  les  quelques  survivants  de  la  belle  et  ancienne  colonie 
du  rarissime  Genista  liorrida  existaient  toujours  contre  les  parois  des 
rochers  de  la  grande  carrière,  lorsque  ma  boîte  pleine  et  ma  cons- 
tatation faite,  rentrant  au  village,  je  rencontrais  notre  collègue 
M.  Rivoire,  marchand-grainier  à  Lyon,  qui  a  ses  cultures  dans  le 
pays.  Il  tenta  ma  curiosité  en  me  parlant  de  Cinéraires,  tout-à- 
fait  remarquables,  dont  il  avait  actuellement  une  pleine  serre  en 
fleur. 

Je  fus  les  voir  et  je  ne  regrettais  pas  ma  visite.  En  eff'et,  il  y 
avait  là  réunies  toutes  les  nuances  veloutées  et  brillantes  que  les 
horticulteurs  ont  su  arracher  au  vieux  Senecio  cruenlus,  ancêtre  des 
belles  cinéraires  des  cultures. 

La  race  cultivée  par  M.  Rivoire  est  non-seulement  remarquable 
par  la  grandeur  des  fleurs,  la  perfection  des  corymbes,  mais  sur- 
tout par  leur  port  trapu  et  leur  tendance  au  nanisme. 

Consulte  horticole.  —  Mon  ami,  le  docteur  X.,  avec  qui  j'herbo- 
rise quelquefois,  me  disait  un  jour  :  a  C'est  incroyable,  la  quantité 
de  consultes  gratuites  que  je  donne  sans  le  vouloir  ;  jamais  je 
ne  deviendrai  riche...  »  Eh  !  bien,  et  moi,  croyez- vous  que  je 
n'en  donne  pas  des  consultes  gratuites,  lui  répoudis-je  ;  je  ne  fais 
que  cela  toute  la  journée;  c'est  vrai  que  je  ne  deviens  pas  riche 
non  plus. 


—   128  — 

Tenez,  avant  do  vous  rencontrer,  il  y  a  un  instant,  M'"''  R.  m'a 
posé  une  série  de  questions  que  je  n'hésite  pas  à  qualifier  de  con- 
sulte. Hier,  M.  G.  me  demandait  ce  qu'il  fallait  faire  à  son  pom- 
mier de  reinette  qui  a  les  feuilles  toutes  jaunes  ;  c'est  une  consulte 
aussi,  je  pense.  Et  un  tel  qui  me  crie  de  loin  :  «  tu  sais,  mon 
caoutchouc  a  perdu  une  feuille  en  haut  et  trois  en  has,  qu'est-ce 
qu'il  a?  »  Consulte,  sans  hésiter,  cela. 

—  Que  lui  répondites-vous,  à  l'homme  au  caoutchouc? — Etant 
familier  avec  lui,  je   lui    indiquais  la   recette  d'une  pommade  à 

l'aire  repousser  les  cheveux  et les  feuilles.   Cela  ne  prit  pas, 

Je  conseillais  alors  d'arroser  le  Ficus  avec  de  l'eau  chaude,  à  30". 
En  arrivant  chez  lui  il  versa  sur  son  malade  une  casserole  d'eau 
bouillante.  Le  surlendemain  le  caoutchouc  était  à  feuilles  caduques. 

—  Et  quelles  questions  vous  posait  M""^  R.  il  y  a  un  instant  l  — 
Comment  sèrae-t-on  le  Réséda?  J'ai  une  plante  dont  je  voudrais 
savoir  le  nom.  Faut-il  mettre  mon  Fuchsia  au  soleil?  Mon  rosier 
ne  fleurit  pas,  etc. 

Ce  qu"il  y  a  de  plus  amusant,  je  dirai  presque  d'assommant,  c'est 
la  manie  qu'ont  cerlaines  personnes  de  vous  donner  des  sphinx  à 
deviner. —  J'ai  une  plante  qui  aies  feuilles  grandes,  d'un  beau  vert, 
des  llcurs  rouges,  des  graines  noires,  pourriez-vous  m'en  dire  le 
nom?  — Réponse:  non^  apportez  des  feuilles,  des  fleurs  et  des 
fruits  et  on  verra  ;  il  y  a  cent  mille  espèces  sans  compter  les 
ciyptogames  ;  je  ne  suis  pas  sorcier 

—  Oui,  cela  ressemble  à  mes  consultes,  me  dit  le  D'  X.,  en 
récoltant  un  Carex  liumiiis,  —  Et  nous  continuâmes  notre  excur- 
sion. 

Les  fniils  en  mcileciiio.  —  Le  docteur  Lewis,  do  Philadelphie, 
préconise  l'usage  des  fruits  comme  très  utiles  en  thérapeutique,  de 
préférence  à  certains  remèdes  plus  désagréables  à  prendre,  et  cer- 
tainement moins  efficaces  : 

Dans  la  catégorie  des  laxatifs,  dit  M.  Lewis,  les  oranges,  les 
figues,  les  prunes,  le  tamarin,  les  mûres,  les  dattes,  les  brugnons 
peuvent  être  avantageusement  utilisés  ;  les  grenades,  les  mûres  de 
ronces,  les  framboises,  les  baies  du  sumac,  l'épine-vinette  sont  des 
astringents;  les  raisins,  les  poires,  les  coings,  les  fraises,  les  figues 
de  Barbarie,  les  groseilles  à  maquereau,  les  graines  de  melon  sont 
des  diurétiques;  les  groseilles  ordinaires,  les  courges  et  le  melon 
sont  des  réfrigérants  ;  les  citrons  et  les  pommes  sont  des  réfrigé- 
rants et  des  sédatifs  de  l'estomac. 

Prise  à  jeun  chaque  matin,  l'orange  agit  efficacement  comme 
laxatif,  quelquefois  même  comme  purgatif,  et  tout  estomac  peut 
la  supporter. 


—  129  — 

Les  grenades  sont  très  astringentes  et  excellentes  pour  le  gosier 
et  la  luette.  L'écorce  de  la  racine  du  grenadier,  sovis  forme  do 
décoction,  est  un  vermifuge  très  efficace;  on  peut  l'uùliser  sans 
crainte  pour  combattre  le  tœnia. 

Les  figues,  ouvertes  et  fendues,  sont  d'excellents  cataplasmes 
pour  les  brûlures  et  les  petits  abcès. 

Les  fraises  et  le  citron  rendent  de  véritables  services  contre  le 
tartre  des  dents. 

Les  pommes  sont  un  utile  correctif  des  nausées,  du  mal  do  mer 
et  des  vomissements  de  la  grossesse. 

Les  amandes  amères  contiennent  de  l'acide  hydrocyanique  et 
arrêtent  souvent  la  toux  ;  mais  elles  procurent  souvent  une  sorte 
d'urticaire  semblable  aux  piqûres  d'ortie. 

L'iiuile  extraite  de  la  noix  de  coco  est  souvent  substituée  à 
l'huile  de  foie  de  morue,  et  très  souvent  employée  par  les  méde- 
cins allemands  dans  le  traitement  do  la  phthisie. 

Les  raisins  sont  très  nutritifs  et  éminemment  émollients.  La 
«  cure  de  raisins,  »  par  exemple,  est  très  suivie  en  France  et  en 
Suisse  pour  le  traitement  des  maladies  de  l'estomac  et  du  foie,  la 
scrofule  et  la  tuberculose.  Elle  consiste  en  plusieurs  livres  do 
raisin  par  jour,  avec  adjonction  exclusive  de  pain  et  d'eau. 

Les  coings,  outre  leurs  qualités  astringentes,  procurent,  api'ès 
leur  infusion  dans  l'eau  bouillante,  une  excellente  lotion  pour  les 
maladies  des  yeux. 

Bcmarqucs  sur  la  (jerminaiion.  —  Il  passera  encore  bien  des  mè- 
tres cubes  d'eau  sous  le  pont  de  la  Guillotière  avant  que  les  jardi- 
niers aient  découvert  les  lois  qui  régissent  la  germination  des 
graines.  Il  est  même  plus  que  probable  qui  si  personne  no  s'occupe 
de  leur  découverte  ce  n'est  pas  le  grand  dieu  Jupiter  qui  s'en  occu- 
pera à  notre  place  ;  c'est  pourquoi,  simple  jardinier,  je  butine  ça 
et  là  des  foits  qui  pourront  un  jour  servir  à  quelque  savant  con- 
frère qui  voudra  bien  s'occuper  de  la  question.  Voici  ces  faits  : 

Le  23  mars  1885,  j'ai  semé  les  plantes  annuelles  suivantes  qui 
n'ont  germé  que  dans  le  courant  d'avril  188G  :  Daucus  Carola 
(Carotte  sauvage),  Impalims  parvipora  (Balsamine  à  petite  fleur), 
Falcriant'lla  dcnlala  (Mâche  dentée)  et  Galeopsis  Tclraliil.  Je  n'expli- 
que pas,  je  constate. 

En  novembre  1884,  j'ai  semé  Aconilum  Jnlhora,  Cliœrophijllum 
alpestre,  Convallaria  ma'ialls,  Pivoine  corail,  Lis  de  St-Bruno  (Czac- 
liia  Liliaslrum)  et  ces  plantes  ont  germé  dans  le  courant  d'avril 
1886. 

Ne  jetez  donc  jamais  vos  semis  dont  les  graines  n'ont  pas  germé 
de  suite.  Il  faut  de  la  patience  dans  le  métier  de  jardinier. 


—  130  ^ 

La  suie  csl  un  bon  engrais  pour  les  rosiers.  —  Songeons,  dit  le 
Journal  d'agriculture  de  rOuesl^  à  faire  provision  de  suie,  c'est  un 
riche  engrais  qui  paie  largement  les  frais  de  ramonage.  Nous  la 
répandrons  au  printemps  sur  les  oignons  du  potager,  sur  nos  prés 
pour  les  débarrasser  de  la  mousse,  sur  nos  céréales  d'automne,  et, 
par-dessus  la  neige,  sur  nos  jeunes  pousses  de  trèfle  où  elle  fera 
merveille,  et  enfin  nous  en  formerons  un  engrais  liquide  pour  nos 
rosiers,  que  nous  laissons  trop  longtemps  dans  la  même  terre  sans 
la  fumer  suffisamment,  et  qui  finissent  par  ne  plus  émettre  que  des 
rameaux  grêles  comme  des  fils  de  fer,  rameaux  qui  ne  nous  don- 
nent que  de  petites  fleurs  sans  couleur. 

Pour  cela,  mettez  la  suie  dans  un  vieux  sac,  et  jetez  ce  sac  dans 
un  baquet  d'eau  pendant  quelques  jours.  Quand  l'eau  aura  pris  la 
couleur  du  vin  de  Porto  (et  ce  sera  du  vrai  vin  pour  vos  rosiers), 
vous  donnerez  un  léger  labour  à  la  corbeille,  vous  ménagerez  une 
cuvette  autour  de  chaque  pied,  et  vous  y  verserez  à  volonté  l'eau 
de  suie  en  question  ;  ne  craignez  pas  d'en  mettre  trop  et  jusqu'à  ce 
que  le  sol  ne  l'absorbe  plus. 

En  procédant  de  cette  manière  au  départ  de  la  végétation,  les 
feuilles  des  rosiers  deviendront  d'un  beau  vert  foncé,  les  pousses 
seront  fortes  et  donneront  de  belles  fleurs. 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance    du    20  mars     1886,    tenue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de.  M.  J.  Comte,  Vice -Président. 


La  séance  est  ouverte  à  2   heures  1/4. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  rdopté. 

Co7-respondance.  —  Elle  se  compose  : 

1°  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  annonçant  à  la 
Soîiété  que  i'ouvert.ure  du  Congros  des  Sociétés  savantes  s'ouviira  le  niai'di 
27  avril  prochain.  La  morne  Itillre  indique  les  conditions  à  remplir  pour 
profiter  de  la  réduction  accordée  à  cette  occasion  à  ceux  des  sociétaires  qui 
voudraient  prendre  part  au  susdit  Congrès; 

2°  Lettres  de  MM.  Comte  et  Sehmitt  remerciant  la  Société  d'avoir  bien 
voulu  les  nommer  membres  de  la  Commission  d(s  visites  pour  1866,  mais 
déclarant  qu'il  leur  est  impossible,  cette  année,  d'acceptpr  les  fonctions  que 
leurs  collègues  leur  ont  confiées  ; 

3°  Lettres  de  MM.  Léonard  Lille,  Rozain-Boucharlat  et  Grenier,  remer- 
ciant la  Société  d'avoir  bien  voulu  les  nommer  membres  de  la  Commission 
des  visites  pour  18S6  et  acceptant  d'en  remplir  les  fonctions  ; 

4°  Programme  de  l'Exposition  générale  d'horticulture  et  d'industrie  horti- 
cole qne  tiendra  à  Orléans,  du  2  au  14  juin  prochain,  la  Société  d'horticul- 
ture d'Orléans  et  du  Loiiet  : 


—   131   — 


5°  Lettre  de  M.  le  Ti'ésoriei'  de  l'Association  horticole  informant  M.  le 
Président  que,  malgré  deux  rappels  sucjessifs,  les  membres  titulaires  dont 
les  noms  suivent  ont  refusé  de  pajer  leur  cotisation  de  l'année  1885  : 

Caibimnct  (Pierre),  rooailleur,  à  Bourg;  Charozé  frères,  horticulteurs  à 
Angers;  Claperon,  marchand  de  terre  de  bruyère  à  Talujers  ;  Delamonica 
(Charles),  vitrier,  à  Villeurbanne  ,  Diiplaf,  marchand-grainier  à  Paris;  Fau- 
yw,  jardinier  chez  M.  Ritton,  à  Dardilly;  Joôlot  (Laurent),  horticulteur 
aux  Charpennes  ;  Lambert,  propriétaire,  rue  Gasparin,  Lyon;  Lucciardi,  à 
Santo-Pietro  (Corjie)  ;  iMurin,  lurticuUeur  à  la  Mouche  ;  Pacquin  (Paul), 
jardinier  chez  M.  Enfantin,  àCollongas  (Rhône). 

M.  Viviand-Morel,  Secrétaire  génère),  passe  en  revue  les  publications 
reçues  par  la  Société  depuis  la  dernière  séance  et  fait  circuler  celles  conte- 
nant des  illustrations. 

Présentations.  —  Il  est  présenté  4  candidatures,  sur  losqiielles,  confor- 
mément au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis,  à  l'unanimité  et  sans  protestation,  membres 
titulaires  de  notre  Compagaie,  les  candidats  présentés  à  la  dernière  séance. 

Ce  sont  : 
MM.  Vignat  (Claude),  jardinier  chez  M.  Bellingard,    à  Limonest  (Rhône), 
présenté  par  MM.  Rivoire  fils  et  Carlo. 
Touohebœuf,  horticulteur-pépiniériste,    84,    chemin    du   Pont-d'Alaï, 

Lyon,  présenté  par  MM.  Marthouret  (Cl.)  et  Perrin. 
Viard  aîné,  secrétaire  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Haute-Marne, 
à  Langres  (Haute-Marne),  présenté   par  MM.  Viviand-Morel  et 
J.  Jacquier, 
Fournier  (Louis),  horticulteur,  marchand-grainier  à  Jallieu-Bourgoin 

(Isère),  présenté  par  MM.  Hoste  et  Rivoire. 
Chevalier,    architecte-paysagiste,    à  St-Cyr-au-Mont-d'Or    (Rhône). 

présenté  par  MM  J.  Jacquier  et  Hoste. 
Chevrotât  (Antoine),  régisseur  chez  M^'Harel,  à  St-Cyr-sur-le-Rhône 

(Rhône),  présenté  par  MM.  Hoste  et  Jacquier  fils. 
Ruet,  marchand   de  charbons,  chemin  de  la  Maladière,  Lyon-Vaise, 

présenté  par  MM.  Comte  et  Labruyère. 
Rossignol    (Antoine),  jardinier    chez  M™"   Escollier,  propriétaire   à 
Francheville-le-Bas  (Rhône),  présenté  par  MM.  Valla  et  Viviand- 
Morel. 
Dalmais  (Ch.),  employé  jardinier  chez  M.Corbin,  jardinier  chez  M.  le 
duc   de  Mortemart,  à  La  Chassagne  (Rhône),  présenté  par  MM. 
Chrétien  et  Corbin. 
Grolet  jeune,  fabricant  d'engrais  chimiques,  usine    da  Montmorency, 

à  Villeurbanne,  présenté  par  MM.  Âlonroy  et  Viviand-Morel. 
ChatagnoD,  cafetier,   cours    Gambetta,  19,  Lyon,  présenté   par  MM. 

Monroy  et  Viviand-Morel. 
Zucco,  directeur   du    Bureau   de   placement,  n"   1,  quai  St-Aatoine, 

Lyon,  présenté  par  MM.  Monroy  et  Alexandre  Bernaix. 
Claverolas,   maître-maçon,    rue   de   la   Pyramide,  18,    Lyon-Vaise, 

présenté  par  MM.  Comte  et  Jussaud. 
Lacroix  (Hippolyte),    jardinier  chez   M.  Cusin,  chemin   de   Merlus,  à 

Ou'lins  (Rhône),  présenté  par  MM.  Viilard  (F.)  et  Brun  (B.)  . 
Bernard  (Henry),  jardinier   chez   M.  Daubarède,    à   St-Genis- Laval 

(Rhône),  présenté  par  MM.  Jaltet  et  J.  Jacquier. 
Chaverot  (J.-B.),  jardinier   chez   M.  Mayet,   à  Grézieu-la-Varenne, 
présenté  jar  MM.  Péquet  et  Cousancat. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  et  jugés  par  la  Com- 
mission de  floricalture,  complétée  par  l'adjonction  de  M.  Gaulain  ; 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  1°  un  beau  et 
fort  pied  de  Pondimvs  Weitcfiii,  auquel  la  Commission  propose  d'accorder  une 
prime  de  3"  cl?.sse  ; 


—   132  — 

2"  Un  pied  magnifique  de  liurlvKjtonia  fragrans  en  floraison.  La  Commis- 
sion demande  pour  ce»,  apport  une  prime  de  1'°  classe  ; 

3°  Un  pied  de  Nidularium  Innocenli.  (Inscription  an  procès-verbal.) 

Par  M.  Villard,  jardinier  ciiez  M"°  Vaolion.  à  Eeully  :  1»  un  pot  de  frai- 
siers en  pleine  floraison,  fraise  dos  Quatre-saisons  Belle  améliorée  ;  des  tuber- 
cules de  pommes  de  terre  Marjolin  liàtivf,  assez  bien  venus.  Pour  cet  apport, 
la  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  2'  classa  ; 

2°  Une  collection  de  ileurs  coupées  de  Camellia,  composée  de  :  Fulion, 
Duchesse  des  Cars,  Chandleri  panaché.  Latifolia  Alba,  Caserelte,  Heine  des  fleurs, 
Learia  iupcrba,  etc. 

La  Commission  ne  croit  pas  devoir  accorder  une  récompense  fi  celte  pré- 
sentation de  Camellias,  quoique  étant  méritante,  les  cultures  de  co  genre 
confiées  aux  soins  de  M.  Villard  ayant  été  visitées  récemment  par  une  com- 
mission spéciale  ;  elle  demande  l'inscription  au  procès- verbal. 

Les  propositions  de  la  Commission,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'una- 
nimité. 

L'Assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  des  membres  qui  seront 
'  désignés  comme  délégués  aux  expositions  des  Sociétés  correspondantes. 

Sont  nommés  :  pour  la  floriculture,  MM.  Chrétien,  Gaulain,  Hoste  et 
Musset;  pour  l'arboriculture,  MM.  Falconnet,  A.  Jacquier  fils,  Métrai  et 
Morel  (Francisque;  ;  pour  les  roses,  MM.  A.  Bernaix,  Charreto>i,  Duchet  et 
Guillotfils  (1)- 

Cinq  fleuristes  ayant  été  nommés,  M.  Comte,  qui  avait  été  élu  à  une  forte 
majorité,  a  déclaré  se  désister  pour  régulariser  le  vote  sans  procéder  à  un 
deuxième  tour  de  scrutin. 

L'assemblée  pr;céde  ensuite  à  la  nomination  de  3  membres  de  la  Commis- 
sion des  visites.  Sont  nommés  MM.  Pelletier,  Clap>.    et  A.  Bernaix. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  1/4. 

Le  Secrétaire-Adjoint ,  J.  Nicolas. 


Plantes  potagères  à  surprise 

Beaucoup  de  gens  connaissent  ces  plantes  annuelles,  de  la 
famille  des  Légumineuses,  dont  les  fruits  imitent  assez  bien  certai- 
nes sortes  d'animaux,  tels  que  chenilles,  vers  escargots,  etc.  ;  on 
les  introduit  quelquefois  dans  les  salades  avec  l'iatentionde  causer 
des  surprises  iuolîensives  aux  invités  qui  ne  sont  pas  initiés  aux 
formes  singulières  de  ces  fruits.  Ce  sont  en  effet  de  curieuses  peti- 
tes plantes  qui  méritent  d'être  connues  et  dont  chaque  jardin  pota- 
ger devrait  cultiver  au  moins  quelques  individus  de  chaque  espèce, 
car  elles  ne  tiennent  pas  trop  d'espace  et  procurent  en  revanche  la 
satifaction  de  montrer  aux  amis  quelques-unes  des  singularités  du 
règne  végétal. 

Notre  intention,  dans  cette  note,  est  de  signaler  les  principales 
espèces  cultivées  et  d'y  ajouter  quelques  autres  sortes  peu  connues, 

(1)  Dans  sa  séance  du  18  avril,  le  Conseil  d'adrainislration,  au  moyen  du  tirage  au 
sort,  a  établi  l'ordre  dans  lequel  seront  désignés  les  délégué».  Voici  l'ordre  dans 
lequel  sont  sortis  les  l1oms  : 

MM.  Gaulain,  A.  Bernaix,  Chrétien,  Duchet,  Charreton,  Métrai,  Giiillot  fils,  Cl. 
.Jacquier  (ils,  Falcnnuct,  Musiset,  Hoste  et  Francisque  Morel. 


—  133  — 


qui   pourraient  jouer    dans  les  jardins  un  rôle  analogue  aux  pré- 
cédentes. 


Coronilla  scorpioïdes,    1/2   grandeur. 
Coronille  faux  scorpion. 

Les  plus  généralement  cultivées  des  plantes  potagères  à  sur- 
prises sont  sans  contredit  les  «  chenilles  »  dont  il  y  a  plusieurs 
sortes  connues  sous  les  noms  de  grosse  chenille,  chenille  velue, 
chenille  rayée.  Elles  appartiennnent  au  genre  Scorpiurus  dont  la 
signitication  étymologique  est  littéralement  :  Queue  de  Scorpion. 
Les  Scorpiurus  sont  des  plantes  annuelles  indigènes  dans  l'Europe 
méridionale  ;  elles  doivent  leur  nom  générique  français  de  chenilles 
à  l'aspect  de  leurs  gousses,  bizarrement  contournées,  cylindriques, 
ou  aplaties  d'un  côté,  articulées  et  hérissées  de  tubercules,  de 
poils  ou  d'aspérités  courtes.  La  culture  des  «  Chenilles  »  est  des 
plus  simples  :  il  suffit  de  semer  en  place  en  avril,  mai,  et  de  laisser 
croître  les  plantes.  Cependant  il  est  préférable  de  semer  en  pot, 
sur  couche,  en  mars  et  de  repiquer  le  plant  en  avril. 

Les  «limaçons»,  «escargots»  et  autres  plantes  à  fruit  en  forme 
de  coquillage  appartiennent  au  genre  Mcdicago  dont  une  espèce  est 
bien  connue  de  tout  le  monde  sous  le  nom  de  luzerne.  Les  Medicago 
orbieularis  et  sulcala  dont  les  fruits  lisses,  circulaires,  à  plusieurs 
tours  de  spirales,  sont  ceux  qu'on  cultive  le  plus  fréquemment.  On 
pourrait  y  ajouter  quelques  autres  sortes  telles  que  le  M.  lumdata  dont 
les  fruits  très  larges  sont  agréablement  contournés  et  fimbriés,  le 
M.  lilloratis  à  spirales  nombreuses,  serrées,  lisses  et  cylindriques.  Ces 
Médicago  se  cultivent  comme  les  Scorpiurus  et  donnent  des  fruits 
abondants. 


—  134 


Medicago   lunulata,  1/2   grandeur. 

Luzerne  en  forme  de  lune. 


Medicago  orbicularis,   1/2  grand. 
'  I^uzerne  orbiculaire. 


On  appelle  vers  les  gousses  de  l'Astragale  en  hameçon  [Jslragalus 
liamosus  L.)  papillonacée,  qui  habite  à  l'état  sauvage  l'Europe  mé- 


Hippocrepis  contorta,  1/2  grandeur. 

Ilippocrépide  contourné  Fer-à-Cheval. 


Hippocrepis  unisiliquosa,  1/2  grand, 
Hippocrépitle  à  une  silîque. 


ridionale  et  qui,  dans  nos  jardins,  s'élève,  quand  elle  est  en  terrain 
propice,  jusqu'à  0"',50  cent,  de  hauteur.  Elle  fleurit  en  grappes 
courtes,  donne  des  petites  fleurs  blanchâtres  auxquelles  succèdent 


—  135 


des  gousses  cylindriques,  g-lobuleuses,  recourbées  en  forme  d'hame- 
çon. On  cultive  cette  plante  comme  les  précédentes  et  on  l'emploi 


au  même  usage. 


Ornithopus  perpusillus,  1/2  grandeur. 
Pied  d'oiseau. 


Astragalus  hamosus,  1/2  grandeur. 
Vers,  .astragale  en  hameçon. 


On  appelle  «  Fer-à-cheval  »  certains  Hippocrcpis  annuels  tels 
que  les  H.  conforta  etinuUisiliquosa,  etc.  dont  les  gousses  articulées, 
contournées  et  comme  percées  de  trous,  simulent  assez  bien  cet 
objet.  Bien  qu'on  ne  les  rencontre  pas  aussi  fréquemment  dans  les 
cultures,  ils  sont  aussi  intéressants,  sinon  davantage,  que  les 
«chenilles,  vers  et  limaçons  ».  L'Hippocrépide  à  une  gousse,  n'a 
pas  son  fruit  contourné.  La  culture  des  Hippocrepis  annuels  est  ana- 
logue à  celle  des  genres  précédents  et  on  pourrait  l'employer  au 
même  usage. 

La  Coronille  faux  scorpion  et  le  Pied  d'oiseau,  ci-contre  figurés, 
mériteraient  une  place  dans  les  jardins  potagers  au  même  titre  que 
les  genres  précédents.  Les  gousses  de  la  coronille  simulent  assez 
bien  les  cornes  arquées  du  chamois;  la  réunion,  la  forme  et  la 
position  respective  de  celles  de  V Ornithopus  perpusillus  leur  donne 
une  ressemblance  étonnante  avec  un  pied  d'oiseau,  ressemblance 
qui  leur  a  valu  leur  nom  populaire.  Dans  les  jardins  si  on  voulait 
cultiver  les  «  Pied  d'oiseau  »  il  serait  préférable  de  substituer 
V Ornithopus  sativus  qui  est  plus  grand,  plus  vigoureux  et  plus 
robuste  à  l'O.  perpusillus  dont  les  proportions  sont  un  peu 
exiguës. 

La  culture  de  la  Coronille  faux  scorpion  et  celle  du  Pied  d'oi- 
seau ne  diffèrent  pas  des  précédentes.  Léonard  Lille. 

Marehand-grainiir,  à  Lyon. 


—  136  — 


Cépage  nouveau  :  L'Herbemont  Touzan  (1). 

Description.  —  Plante  très  vigoureuse,  de  port  et  d'aspect  pres- 
que complètement  européens. 

Bois  ancien  de  couleur  brune-châtaine ,  dans  les  intervalles 
récemment  mis  à  nu  par  le  retrait  des  lanières  extérieures  de 
l'écorce. 

Bois  de  l'année  mûrissant  facilement,  fort,  châtain-clair,  très 
légèrement  pruineux  à  maturité.  Entrenœuds  de  longueur  moyenne 
(10  à  15  centimètres),  sarments  principaux  présentant  à  la  base, 
sur  une  hauteur  de  5  à  8  cent.,  de  nombreux  poils  subulés,  roux 
(caractère  d'/Esiivalis).  Extrémité  des  pousses  duveteuse-laineuse, 
roussâtre  ou  grisâtre,  nuancée  de  violet. 

Feuillage  d'un  vert  clair  moins  foncé  que  celui  de  Vllerbcmont. 

Feuilles  grandes  à  pétiole  généralement  long  et  fort,  arrondi  et 
très  pubescent  sur  les  feuilles  anciennes. 

Limbe  encore  plus  découpé  que  celui  de  VHerbemont,  générale- 
ment à  cinq  lobes  séparés  par  des  sinus  profonds  rhomboïdaux, 
arrondis  à  la  base.  Lobes  quelquefois  sinués  lobés  à  leur  tour,  de 
forme  allongée  lancéolée.  Dents  très  inégales,  subaiguës  à  bord 
très  peu  révoluté  supportant  çà  et  là,  surtout  au  fond  des  sinus 
dentaires,  quelque  poils  subulés.  Sinus  pétiolaire  de  forme  variable, 
quelquefois  moyen  et  ouvert  comme  celui  de  VHerbemont,  le  plus 
souvent,  sur  les  vieilles  feuilles,  étroit  et  fermé  par  le  croisement 
des  deux  lobes  basilaires  au  devant  du  pétiole. 

Face  supérieure  de  la  feuille  glabre,  luisante,  non  gaufrée.  Face 
inférieure  de  teinte  mate,  offrant  d'abord  sur  toutes  les  nervures 
quelques  flocons  de  poils  laineux  aranéeux  qui  plus  tard  sont  dissi- 
mulés par  une  très  abondante  production  de  poils  subulés  qui  émer- 
gent de  toutes  les  nervures,  même  des  plus  petites,  ce  qui  donne 
alors  à  la  face  inférieure  une  teinte  grisâtre. 

Raisin  très  gros  et  pesant  (variant  généralement  pour  le  poids 
entre  300  et  600  grammes),  de  forme  conique  pyramidale,  irré- 
guHère,  presque  toujours  ailé.  Aile  très  caractéristique,  constituée 
par  un  grapillon  arrondi  appendu  à  l'extrémité  d'un  pédicelle  très 
long  (8  à  12  centimètres)  légèrement  flexueux.  Grappe  très  rameuse 
et  compacte,  glabre,  pinceau  incolore  ou  un  peu  rosé. 

Grains  presque  sphériques,  de  grosseur  submoyenne  (12  à  15 
millimètres  de  diamètre),  sensiblement  de  même  couleur  que  ceux 
de  V Hcfbemont  à  maturité,  c'est-à-dire  d'un  noir  rougeâtre,  prui- 
neux,   entremêlés  de   quelques   grains  de  verjus.  Peau  du  grain 

(1)   l'roi/rh  aijriiiilf  de  Lot-et-Garonne,  n"  1,  18SG. 


13- 


solide,  parsemée  à  l'extérieur  de  fines  ponctuations  brunâtres, 
saillantes,  tapissée  en  dedans  d'une  très  mince  couche  de  pigment 
d'un  rouge  violacé.  Pulpe  transparente,  très  juteuse  et  fondante, 
incolore  ou  légèrement  verdàtre.  Pépins  2,  assez  souvent  3,  plutôt 
petits  (7  millimètres  de  longueur  maximum),  de  forme  européenne, 
mais  rappelant  d'une  manière  non  é(iuivoque  par  quelques  traits 
(brièveté  du  bec,  —  saillie  de  la  chalaze,  —extrémité  supérieure 
entière,  non  bilobée)  les  types  .Estivalis  et  Cinerca. 

Saveur  absolument  neutre,  plus  agréable  que  celle  de  V Herbc- 
mont,  très  sucrée.  Maturité  fin  septembre  dans  la  plaine  de  la 
Garonne  (Lot-et-Garonne). 

Observations.  —  Ce  cépage  provient  d'un  semis  à'' Herbcmonl  fait 
en  1880  par  M.  Lauze,  pépiniériste  à  Agen.  A  la  fin  de  cette 
même  année,  îf.  G.  Sentou,  vétérinaire  à  Sérignac  (1  ot-et- 
Garonne),  acheta  à  M.  Lauze  cinquante  individus  issus  de  semis 
dont  il  vieni  d'être  question.  Il  les  planta  dans  sa  propriété  de 
Bellerive,  où  j'ai  pu  voir  les  plus  beaux  le  20  septembre  de  cette 
année. 

Pour  le  moment,  une  seule  de  ces  plantes  offre  de  l'intérêt,  c'est 
celle  qui  fait  l'objet  de  cette  notice.  Elle  est  d'une  vigueur  admira- 
ble, puisque  j'ai  pu  mesurer  quinze  mètres  de  l'extrémité  de  l'une 
de  ses  pousses  à  celle  du  plus  long  sarment  du  côté  opposé. 

La  plante,  cultivée  en  cordon,  portait,  lors  de  ma  visite,  cin- 
quante raisins  superbes,  dont  le  plus  gros,  sacrifié  pour  la  photo- 
graphie, pesait  575  grammes.  Comme  le  cep  n'a  pas  encore  six 
ans  d'âge,  il  est  probable  que  cette  grosseur  pourra  être  encore 
dépassée  par  la  suite.  Il  est  vrai  que  le  sol  qui  nourrit  ce  superbe 
végétal  est  de  première  qualité.  C'est  dans  ces  terres  que  l'on  cul- 
tive le  tabac. 

Mais  la  grande  fertilité  de  ce  nouveau  cépage  n'est  pas  sa 
moindre  qualité,  la  résistance  au  miidew  est  des  plus  remarqua- 
bles :  un  peu  inférieure  à  celle  de  VHerbemonl,  elle  surpasse  nota- 
blement celle  de  VOlheUo. 

La  résistance  au  phylloxéra  est  encore  inconnue,  quelques  pieds 
ont  été  plantés,  il  y  a  un  an,  dans  un  vignoble  phylloxéré,  qui 
seront  arrachés  et  étudiés  en  temps  utile. 

Malgré  les  analogies  que  présente  la  plante  dont  je  parle  avec 
V Jlerbemont ,  elle  semble  beaucoup  plus  voisine  de  la  vigne  euro- 
péenne que  ce  type  américain.  Serait-elle  le  produit  d'une  hybri- 
dation nouvelle  {Vlierbe^nonlciaid  déjà,  comme  je  l'ai  démontré,  un 
hybride)?  Le  fait  me  paraît  d'autant  plus  probable  qu'à  cinq  mètres 
de  V lîerbenioni  sur  lequel  M.  Lauze  a  recueilli  les  graines  qui  ont 
servi  au  semis,  se  trouvent  des  Malbecs,  et  à  dix  mètres  des  Touzans 
(nommés  aussi  Tou^sans  et  Gros-BouchaUs  dans  le  pays).  Or,  le  7b«- 


—  138   — 

zan  présente  avec  notre  plante  des  analogies  remarquables  dans  la 
feuille,  le  bois  et  la  grappe.  Plusieurs  viticulteurs  qui  se  trouvaient 
sur  les  lieux  au  moment  de  ma  visite,  me  les  ont  fait  remarquer 
d'un  commun  accord,  et  je  ne  puis  que  cqnfirmer  la  justesse  de 
leur  observation.  C'est  pour  cette  raison  que  j'impose  à  la  plante 
dont  je  parle  le  nom  à' Hcrhcmonl-Tonzan.  Je  ne  saurais,  je  crois, 
en  trouver  un  meilleur. 

Conclusion.  —  En  résumé,  V Herbemonl-Touzan,  par  sa  vigueur, 
sa  grande  fertilité  et  sa  résistance  au  mildew,  constitue  un  gain 
très  sérieux  et  mérite  d'être  chaudement  recommandé.  Il  porte 
fruit  cette  année  pour  la  troisième  fois  et  ne  semble  pas  sujet  à  la 
coulure.  Le  vin  sera  certainement  alcoolique,  fin,  de  vinosité  et 
de  coloration  moyennes,  supérieur  à  celui  de  VHerbemonl. 

J'ai  cédé  avec  plaisir  aux  sollicitations  de  AI.  Sentou  qui  désirait 
mon  appréciation  sur  ce  nouveau  cépage,  en  écrivant  cette  notice 
qui  résume  ses  caractères  et  mes  impressions. 

MiLLARDET, 
Professeur  à  la  Faculté  des  sciences. 


De  la  classification  des  espèces  et  variétés 
de  Gitrus  ou  Agrumes  (1). 

Ce  sujet  a  fait  la  matière  de  plusieurs  mémoires  publiés  par  le 
professeur  italien  L.  Savastano,  et  les  principaux  résultats  en  ont 
été  résumés,  de  la  manière  suivante,  dans  le  recueil  précité  : 

D'abord,  il  y  a  lieu  de  présenter  une  observatipn  générale.  La 
langue  italienne  possède  le  mot  Jgrumi  par  lequel  elle  désigne 
toutes  les  Aurantiacées  cultivées  pour  leurs  fleurs  ou  leurs  fruits  ; 
la  langue  française  n'a  que  des  mots  spéciaux  applicables  aux 
principales  de  ces  espèces  :  Oranger,  Citronnier,  Limonier,  etc. 
Il  serait  donc  commode  de  transporter  ce  mot  dans  notre  langue, 
en  en  modifiant  légèrement  la  terminaison  et  d'appeler  Jg'-umcs 
collectivement  tous  ces  arbres.  Un  autre  usage  s'est  introduit  en 
français  et  entraîne  un  assez  grand  inconvénient  :  c'est  l'appli- 
cation vague  qui  est  faite  du  mot  Citronnier,  (ju'on  emploie 
parfois  pour  le  vrai  Citronnier,  parfois  aussi  et  plus  souvent  pour 
le  Limonier.  Le  Bon  Jardinier,  par  exemple,  fait  ces  deux  mots 
synonymes  :  Limoniers  ou  Cilronnierf!,  écrit-il,  tandis  que  les 
botanistes  regardent  ces  deux  types  comme  deux  espèces  distinctes. 
Toutefois,  dans  le  Manuel  de  Cawalear  des  Jardimi.  par  MM.  J. 
Decaisne  et  Ch.  Naudin,  ces  deux  types  sont  considérés  plutôt 
comme  deux  races  d'une  même  espèce  botanique  que  comme  deux 


(1)  Provence  agricole. 


—  139  — 

vraies  espèces,  ce  qu'avait  déjà  fait  de  Candolle,  dans  la  Flore 
française.  Le  fait  est  que  les  ditïérences  sont  bien  faibles.  Quoi 
qu'il  en  soit  à  cet  égard,  voici  les  espèces  botaniques  qu'énumère 
d'abord  M.  Savastano  parmi  les  Agrumes  et  les  caractères  par 
lesquels  il  les  distingue  : 

Cilrus  vuhjaris  (Bigaradier).  —  Pousses  vertes,  pétiole  ailé, 
pétales  blancs,  fruit  sphérique,  jaune  orange,  mésocarpe  (partie 
blanche  et  spongieuse  de  la  peau),  peu  épais,  pulpe  orangée,  d'un 
goût  acre  et  désagréable. 

C.  Jurnnliam  (Oranger).  —  Caractères  identiques  à  ceux  du 
précédent,  mais  la  pulpe  du  fruit  est  douce.  —  Ajoutons  toutefois. 
à  ces  caractères,  que  le  fruit  du  Bigaradier  est  plus  déprimé, 
couvert  d'une  peau  moins  unie  que  celle  de  l'Orange,  et  que  les 
glandes  à  huile  essentielle  y  sont  en  creux  au  lieu  d'être  en  relief 
comme  dans  l'Oranger,  En  outre,  les  fleurs  du  Bigaradier  sont  les 
plus  parfumées  de  toutes. 

C.  Limonium  (Limonier,  fort  improprement  appelé  Citronnier). — 
Pousses  violacées,  pétiole  non  ailé,  pétales  lavées  en  dehors  de 
violet,  fruit  oblong,  omboné,  c'est-à-dire  surmonté  d'un  gros 
mamelon  saillant,  peau  lisse,  de  couleur  jaune,  mésocarpe  mince, 
pulpe  acide. 

C.  Medica  (Citronnier  vrai  ou  Cédratier).  —  Caractères  iden- 
tiques à  ceux  du  précédent,  à  l'exception  de  la  peau  qui  est 
rugueuse,  et  du  mésocarpe  qui  est  épais. 

C.  Limetla  (Limelier).  —  Pousses  vertes,  pétales  blancs,  fruit 
presque  rond,  à  peau  lisse,  jaune  verdàtre  .avec  des  glandes  d'un 
arôme  spécial,  mésocarpe  mince,  pulpe  acide  comme  celle  du 
Limonier. 

C.  Deciimana  (Pamplemousse,  Pompoléon,  Chadec).  —  Pétiole 
ailé,  fruit  arrondi,  volumineux,  à  peau  lisse,  jaune  verdàtre, 
mésocarpe  épais,  pulpe  amère. 

Les  principaux  résultats  auxquels  M.  Savastano  a  été  conduit 
par  l'examen  comparatif  de  nombreuses  variétés  de  ces  arbres 
sont  : 

1°  Que  relativement  à  la  pulpe  ou  partie  comestible  de  leur 
fruit,  les  espèces  des  Agrumes  ont  une  remarquable  puissance  de 
variabilité.  Une  simple  variété  peut  différer,  sous  ce  rapport,  de 
l'espèce  type  à  laquelle  elle  appartient,  plus  qu'une  espèce  ne 
diffère  de  sa  voisine. 

2°  Qu'on  peut  regarder  l'Oranger  à  fruit  doux  comme  une 
variation  de  Bigaradier  ou  Oranger  à  fruit  amer,  laquelle,  par  la 
suite  des  générations,  aura  fixé  son  caractère  distinctif. 

3°  Que,  de  même,  le  Citronnier  vrai  ou  Cédratier  est  une 
variation  fixée  du  Limonier,  dont  une  seconde  variation  également 


140 


fixée  et  plus  fortement  différenciée,  serait  le  Limetier,  et  dont  une 
troisième  variation  est  le  Bergamotier,  dans  lequel  les  caractères 
distinctifs  ne  sont  pas  encore  complètement  fixés. 


L'Art  de  bouturer.  —  Suite. 

Bouture  d'un  bourgeon  sans  feuille.  —  On  peut  comparer  la  bouture 
d'un  bourgeon  sans  feuille  à  un  véritable  semis.  Qu'est-ce,  en  effet, 
qu'un  semis?  Le  dépôt  dans  le  sol  d'un  bourgeon  spécial  nommé 
graine.  Les  exemples  de  semis  de  bourgeons  ne  sont  pas  très  rares. 
On  peut  semer  ou  planter  tous  les  bourgeons  des  plantes  vivipares, 
si  fréquentes  accidentellement  chez  les  graminées,  les  Fougères  et 
beaucoup  d'autres  familles  do  plantes.  On  sème  toutes  les  Liliacées 
bulbifères,  etc.  Certains  Dranœna  se  multiplient  le  plus  souvent  en 
coupant  les  tiges  par  tronçons  contenant  un  ou  plusieurs  bourgeons. 

Pour  les  plantes  ligneuses  à  feuilles  caduques,  on  peut  semer 
les  bourgeons  ordinaires  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces,  avec 
la  chance  de  les  voir  se  développer.  On  doit  toujours  conserver  à 
ces  bourgeons  un  fragment  de  tige  d'environ  un  centimètre  de 
hauteur. 

Ces  boutures  demandent  pour  réussir  beaucoup  de  soins  et  uae 
connaissance  parfaite  des  conditions  de  chaleur  et  d'humidité  qui 
favorisent  le  mieux  le  développement  des  espèces  bouturées  de  cette 
manière. 

Boulures  de  rameaux  de  l'année  [lierbacéi).  —  On  peut  distinguer 
les  boutures  des  rameaux  de  l'année  en  deux  catégories  :  les  bou- 
tures herbacées  et  les  boutures  ligneuses.  Les  boutures  herbacées, 
qu'elles  appartiennent  à  des  espèces  ligneuses  ou  à  des  plantes 
molles,  se  font  toujours  avec  des  rameaux  feuilles,  tandis  que  les 
boutures  hgneuses  se  font  très  fréquemment  avec  des  rameaux 
dépourvus  de  feuilles. 

Dans  les  boutures  herbacées,  on  enlève  seulement  une  ou  deux 
feuilles  de  la  base  de  la  bouture,  afin  de  faciliter  la  plantation.  Ces 
boutures,  sauf  de  rares  exceptions,  ne  dépassent  Jamais  10  centi- 
mètres de  longueur.  Comme  il  faut  établir  l'équilibre  entre  la 
recette  de  la  bouture,  c'est-à-dire  l'eau  qu'elle  tire  du  soi,  et  sa 
dépense  qui  consiste  dans  l'évaporation  de  l'eau  qu'elle  a  tirée  du 
du  sol,  on  coupe  souvent  une  partie  du  limbe  des  feuilles,  afin  que 
l'évaporation  soit  moins  considérable.  On  emploie  également  les 
cloches,  châssis  et  de  fréquents  bassinages  pour  obtenir  le  même 
résultat.  Sous  cloche  et  sous  châssis,  l'air  étant  saturé  d'humidité, 
met  un  obstacle  à  l'évaporation  par  les  feuilles. 


—  111  — 

Bouliurs  iKjncuscs.  —  Les  boutures  ligneuses  se  divisent  en  trois 
classes  :  la  première  comprend  toutes  les  boutures  faites  avec  les 
rameaux  de  l'année  et  auxquels  on  conserve  une  partie  de  leurs 
feuilles  ;  la  deuxième  toutes  les  boutures  de  rameaux  de  l'année 
dépourvus  de  leurs  feuilles,  et  enfin  la  troisième,  qui  comprend  les 
boutures  faites  avec  des  rameaux  ou  tiges  de  plus  d'un  an. 

Les  boutures  de  rameaux  de  l'année  auxquels  on  conserve  une 
pariie  des  feuilles  se  font  et  se  traitent  exactement  comme  les  bou- 
tures herbacées.  Elles  demandent  des  cloches,  des  châssis  ou  de 
fréquents  bassinages. 

L.-iS  bouuires  de  rameaux  de  l'année  auxquels  on  a  supprimé  les 
feuilles,  ou  dont  les  feuilles  ont  tombé  naturellement,  ne  deman- 
dent pas  nécessairement  l'emploi  des  cloches  ou  des  châssis  ;^  on 
les  fait  souvent  un  peu  plus  longues  que  les  autres. 

Les  boutures  faites  avec  du  bois  de  plus  d'un  an  sont  assez 
connues  sous  le  nom  de  plançons.  Les  saules,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  dont  on  enfonce  quelquefois  dans  le  sol  d'énormes 
branches  qui  s'enracinent  aisément,  peuvent  donner  une  idée  assez 
exacte  de  ce  genre  de  boutures  qu'on  fait  toujours  sans  feuilles. 

Les  plantes  à  feuilles  persistantes  se  bouturent  toujours  avec  une 
partie  de  leurs  feuilles.  Leur  époque  de  repos  varie  avec  les  espè- 
ces. Sous  nos  climats,  celles  qui  supportent  la  gelée,  peuvent 
presque  toutes  se  bouturer  de  novembre  à  mars,  c'est-à-dire  depuis 
le  moment  où  elles  ne  poussent  plus  jusqu'à  celui  où  elles  vont 
émettre  de  nouvelles  pousses. 

Elles  peuvent  également  se  multiplier  après  que  leur  première 
pousse  est  aoûtée,  c'est-à-dire,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas, 
de  juillet  à  septembre.  Les  plantes  des  régions  chaudes  ne  suivent 
pas  d'autres  règles  ;  le  meilleur  moment  d'en  faire  des  boutures 
coïncide  avec  celui  où  leur  repos  va  se  terminer. 

Les  plantes  qui  poussent  contiiuiellement  quand  la  chaleur  et 
l'humidité  ne  leur  font  pas  défaut,  se  bouturent  quand  on  veut,  sur- 
tout quand  la  saison  est  favorable.  Août,  septembre,  février,  mars, 
etc.,  sont  des  mois  qui  conviennent  généralement  à  la  multiplica- 
tion de  ces  espèces. 

Il  faut,  autant  que  possible,  couper  les  boutures  sur  des  pieds 
vigoureux  et  bien  portants  que  l'on  empêchera  de  fleurir. 

Il  y  a  encore  une  autre  sorte  de  boutures  faites  avec  du  bois  de 
plus  d'un  an  ;  elle  consiste  à  couper  des  tiges  par  fragments  de 
quatre  à  cinq  centimètres  de  longueur  et  à  les  coucher  horizontale- 
ment sur  le  sol  que  l'on  recouvre  de  sable  ou  de  terre  fine.  Ou 
emploie  ce  genre  de  boutures  pour  la  multiplication  des  Dracrena  et 
autres  liliacées  arborescentes. 


—  142  — 

Les  boutures  de  racines  se  font  en  coupant  par  tronçons  de  cinq 
à  dix  centimètres  de  longueur  des  racines  d'une  grosseur  moyenne  ; 
les  tronçons  se  recouvrent  légèrement  de  terre  fine.  (//  suivre.) 


VA  R I  ÊTES 

Quelques  phrases  à  effet  à  l'usage  des  orateurs  horticoles 

Pour  tromper  l'ennui  d'une  trop  longue  attente,  je  feuilletais  un  jour  les 
distours  de  quelques  personnages  haut  placés  dans  les  cérémonies  horticoles, 
comme  si,  hélas  !  la  distraction  pouvait  se  trouver  entre  les  ligues  d'écrits 
toujours  pompeux  ou  flatteurs. 

J'y  fis  la  remarque  que  dans  certains  de  ces  discours  les  citations  abon- 
daient, par  trop  quelquefois,  et  je  me  pris  à  relever  les  plus  intéressantes  de 
ces  phrases  à  e/ftt. 

Les  voici  à  peu  près  textuellement;  elles  pourront  encore  servir  à  d'autres 
auxquels  j'éviterai  ainsi  la  peine  de  les  chercher,  dans  une  foule  de  livres, 
sans  avoir  d'autre  mérite,  pour  moi-même,  que  de  laisser  courir  ma  plume 
une  demi-heure  sur  le  papier  sans  aucun  eflort  d'intelligence. 

Habilement  introduites  d'ailleurs  dans  un  discours,  elles  placent  l'orateur 
très  haut  dans  l'estime  de  ses  auditeurs,  toujours  disposés  à  admirer  sa  vasta 
érudition. 

Pour  partir  de  pluâ  loin,  un  de  ces  personnages  remontait  une  fois  jusqu'au- 
delà  des  bornes  du  monde,  dans  le  paradis  terrestre. 

a  Suivant  l'autorité  incontestable  de  la  Genèse,  dit-il,  Dieu  voulant  donner 
B  à  l'homme  un  bonheur  parfait,  le  plaça  dane  un  jardin  délicieux  où  crois- 
«  salent  spontanément  des  arbres  magnifiques  chargés  de  fruits  excellents  et 
«  le  premier  châtiment  de  sa  désobéissance  fut  l'expulsion  de  ce  séjour  dont 
«  le  nom  nous  a  été  conservé  comme  l'expression  de  toutes  les  conditions 
«  qui  peuvent  assurer  le  bonheur.  » 

Ne  trouvant  ensuite  pas  grand'chose  à  dira  avant  le  déluge,  faute  de  ren- 
seignements sans  doute,  on  nous  fait,  sauH  transition,  assister  à  une  leçon  de 
taille  donnée  par  Moitié  lui  même  à  son  peuple  : 

«  Retranchez,  dit-il,  pendant  les  trois  premières  années,  tous  les  traita 
«  des  arbres  que  vous  plantez  ;  consacrez  au  Seigneur  ceux  de  la  quatrième 
a  pousse  et  ce  n'est  que  la  cinquième  année  qu'il  vous  sera  permis  d'en 
«  manger.  » 

A  partir  de  ce  moment-là  les  faits  abondent,  les  peuples  et  les  dates  se 
mêlent  et  te  confondent. 

Trois  cents  ans  avant  Jésus-Christ,  ThéopUraste  et  Acosta  nous  apprennent 
ainsi  l'origine  de  la  taille  du  rosier: 

«  En  parlant  de  rosiers  qui  poussaient  si  vigoureusement  qu'ils  ne  don- 
«  naient  point  de  roses,  ils  disent  que  le  feu  prit  par  hasard  à  un  de  ces 
«  arbustes  qu'il  n'en  resta  que  quelques  jets  qui,  l'année  suivante,  donnèrent 
a  des  roses  en  quantité:  de  cette  observation  naquit  la  taille.  » 

Ce  trait  n'a-t-il  pas  grande  parenté  avec  l'âne  inventeur  de  la  taille  de  la 
vigne  et  la  chèvre  découvrant  les  propriétés  du  café  ! 

«  Au  dernier  siécla  avant  l'ère  chrétienne,  Virgile  s'immortalisait  déjà 
0  par  ses  Géorgiques  dans  lesquelles  il  traçait,  ea  vers  magnifiques,  les  pré- 
ce  ceptes  de  l'agriculture.  » 

a  A  la  même  époque,  Horace,  le  chantre  deTibur,  trouvait  dans  ses  fleurs, 
«  ses  vignes  et  ses  bois,  les  odes  à  jamais  remarquables  qu'il  a  écrites  sur  le 
a  bonheur  de  la  vie  rustique.  » 

«  Pline  l'ancien  se  rendait  à  jamais  célèbre  par  ses  écrits  sur  l'histoire 
«  naturelle,  u 


—   143  — 


0  Golumelle  ne  nous  est  connu  que  par  ses  traités  sur  l'agriculture.  » 

«  Serranus  ensemençait  son  champ  Ijrsqu'on  lui  apprit  qu'il  venait  d'être 
«  nommé  consul.  » 

«  Cincinnatus  était  après  labourer  lorsque  l'huissier  du  Sénat  vint  lui 
«  annoncer  qu'il  était  dictateur.  » 

«  L'illustre  Caton,  lorsqu'il  veut  lousr  un  homme,  ne  croit  pas  pouvoir 
«  mieux  le  flatter  qu'en  l'appelant  un  bon  labournur.  » 

«  Varron,  guerrier  et  écrivain,  nous  montre  dans  son  Traité  de  la  vie  ru$- 
a  tique  Tétai  de  l'agriculture  au  oommeiicemeut  du  siècle  d'Auguste.  » 

«  Dans  une  lettre  adressée  à  Ciceron,  Marius,  favori  d'Auguste,  sa  vanta 
a  d'avoir  appris  aux  Romains  à  greff'er.  » 

«  En  Chine,  une  fête  annuelle  est  consacrée  à  l'agriculture  et  la  Fils  du 
«  Ciel  —  autrement  dit  l'empereur  —  pour  ennoblir  la  charrue,  trace  lui- 
«  même  le  premier  sillon.  » 

«  Au  seizième  siècle,  Charles-Quint,  empereur  d'Aulriehe,  oubliait  dan?. 
«  la  culture  des  plantes  —  d'autres  disant  des  horloges,  peut-être  des  deux 
«  —  au  cloître  de  St-Just,  en  Espagne,  les  grandeurs  du  monda  devenues 
«  trop  lourdes  à  porter,  o 

«  Au  dix-septième  sièle,  Condé,  le  vainqueur  de  Rooro.y,  charmait  ses 
«  loisirs  par  la  culture  de  l'œillet.  » 

0  Louis  XIV,  taillait  et  dirigjait  les  ifs  de  son  château  de  Versailles.  » 

«  Grégoire  XVI  se  plaisait  à  embellir  les  jardins  de  son  palais,  d'où  il  na 
«  sortait  que  lorsque  ses  devoirs  l'exigeaient  impérieusement.  » 

«  Plus  récemment,  la  maréchal  Bugeaud  ne  dut-il  pas  sa  popularité,  sa 
«  célébrité,  autant  à  sa  science  agronomique  qu'a  ses  actoins  d'éelat  en 
0  Afiique  ?» 

((  De  nos  jours,  enfin,  à  St-Raphaë',  Alphonse  Karr,  l'immortel  auteur 
«  des  Guêpes,  s'est  fait  jardinier.  » 

Et  enfln  dominant  tout  cela  : 

«  Jésus-Christ,  voulant  récompenser  la  repentir  fondé  sur  l'amour  en  choi- 
«  sisîant  Madeleine  pour  le  premier  témoin  de  sa  résurrection,  se  présenta 
a  à  elle  sous  les  traits  et  le  oostume  d'un  jardinier,  b 

«  Les  Genner,  les  Bernardin  de  St-Pierre,  les  Delille  et  tant  d'autres  ont 
a  aimé  les  champs,  les  jardins  et  les  ont  chantes  avec  passion.  » 

Veut-on  faire  montra  de  connaissances  bibliographiques  ?  on  peut  citer  : 
«  Claude  Mollet,   jardinier  du  roi  Henri  IV  (1589-1610)  composa  sous  ce 
a  titre  :    L:;  théâtres   des  plants   et  jardinages,    un   ouvrage  que  ses  fils 
a  publièrent  après  sa  moit  et  dont  il  existe  una  élition  ds  1652. 

«  Dans  l'édition  de  1651,  Olivier  de  Serres  comprit  les  arbres  fruitiers 
«  dispersés  dans  les  campagnes  et  les  jardins. 

a  En  1053,  le  R.  P.  Trinquet,  prieur  de  St-Maïc,  fit  paraître  une  Instntc- 
«  tion  pour  les  arbres  fruitiers. 

«  En  1661,  première  édition  du  Jardinier  français,  par  Nicolas  Bonne- 
a  fond. 

a  En  1687,  don  Claude  St-Iillien:.e  donna  les  Nouvelles  Instructions 
a  pour  connaître  les  bons  fruits. 

a  En  1697,  la  Quintinie  publia  son  Instruction  sur  les  jardins  fruitiers 
«  et  potagers. 

a  En  1702,  La  culture  parfaite  des  Jardins  fruitiers  et  potagers,  par 
a  Liger. 

a  En  1718,  Observations  sur  la  culture  des  arbres  fruitiers,  par 
«  Colombot. 

a  En  1732,  Traité  des  Jardins,  par  Saussay. 

a  En  1705,   Traité  des  Arbres  fruitiers,  par  du  Ilamel  du  Monceau, 

«  En  1781,  Y  Ecole  du  Jardin  fruitier,  par  de  La  Bretonnerie. 

«  En  17S5_  Dictionnaire  des  Jardiniers,  par  L.  H.  .Miller. 

«  En  1789,    Traité  des  Jardins,  parL)  Berryais, 


—  144  — 

M  En  1804,  YAmi  des  Jardiniers,  par  Poinsot. 

0  E a  1805,    Traité  général  des  Pépinières,    par  Etienne  Calvel. 

a  En  1810,   Traité  raisonné  des  Arbres  fruitiers,  par  T. -Y.  Catros.  » 

A  partir  de  ce  moment  les  livres  deviennent  trop  nombreux  et  il  n'y  a  plus 
aucun  mérite  à  les  signaler. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  parler  des  jardins  historiques,  deux  exemples  sufliront. 

«  L'histoire  mentionna  les  jardins  magnifiques  que,  dix-huit  cenls  ans 
«  avant  l'ère  chrétienne,  une  souveraine  asiatique  fit  élever  sur  les  murs  et 
0  les  terrasses  de  son  palais,  en  vue  de  l'Euphrate,  à  Babylone,  capitale  de 
«  la  Chaldée. 

<r  Au  Mexique,  les  lacs  qui  entourent  la  capitale  étaient  sillonnés  de  chi- 
<i  iiampas  —  l'emploi  de  quelques  mots  étrangers  augmente  l'intérêt  —  ou 
a  jardins  flottants,  formés  d'un  radeau  do  roseaux  recouvert  de  la  vase 
0  prise  au  fond  du  lac.  Une  brillante  végétation  se  développait  sur  ce  ter- 
0  rain  riche  et  humide  et  l'on  voyait  des  plantes,  des  fleurs  et  jusqu'à  des 
0  arbres  glisser  ainsi  sur  les  eaux  dont  la  surface  reflétait  les  parcs  de  Tez- 
«  cuco  et  de  Mexico.  »  Eriovira. 

Infopmallons.  —  On  vient  d'aoquérir  la  certitude  que  le  Rosier  de 
Lady  Banks  [/{osa  Bxnksiœ)  est  un  rosier  chinois.  M.  l'abbé  Delavây  l'a 
découvert  dans  le  Yun-Nan  et  en  a  récolté  plusieurs  spécimsns  en  fleur  et 
en  fruit  sur  le  mont  Mo-so-yn. 

—  La  Société  Philomatique  de  Bordeaux  a  décidé  de  réunir,  le  20  septem- 
bre prochain,  un  Congrès  international  ayant  pour  objet  l'enseignement 
technique,  commercial  et  industriel. 

—  L'Association  pomologique  de  l'Ouest,  présidée  par  M.  Lechartier,  a 
décidé  qu'elle  tiendrait  son  concours  et  son  cang.ès  annuels  à  Versailles,  à 
l'automne  prochain.  La  villf  de  Versailles  et  les  associations  agricoles  du 
département  prêteront  leur  concours  à  cette  solemnité  ;  à  côté  du  concours 
de  fruits  à  cidre,  la  Société  d'hortiouUura  de  Saine-et-Oise  organisera  un 
concours  de  fruits  à  couteau. 

—  L'Exposition  Industrielle  de  Marseille  s'ouvrira  le  8  mai  prochain  et 
sera  inauguré  par  trois  jours  de  fête,  cavalcades,  courges,  fêtes  nautiques, 

—  I!  y  aura  en  Belgique,  cette  année,  des  expositions  d'horticulture  aux 
■dates  suivantes:  Anvers,  27juinet8  août;  Bruxelles.  29  août;  Gand,  12sep- 
.embre  ;  Liège,  2  mai  ;  Louvain,  20  juin  ;  Mons,  20  juin  et  3  octobre  ;  Tour- 
nay,  12  septembre. 

—  On  signale  la  fructification,  à  Lisbonne,  d'un  Jubœa  spectubilis.  L'exem- 
plaire de  ce  palmier  assez  rare  dans  les  cultures  du  continent  est  âgé  d'en- 
viron 35  ans.  Il  a  une  tige  (stipe)  de  5  m.  60  de  haut. 

—  MM.  Veitch,  de  Londres,  viennent  de  voir  fleurir  dans  leur  établisse- 
ment un  nouvel  hybride  d'Orchidée,  le  Phakenopsis  iatermedia,  résultant  de 
la  fécondation  des  Ph.  amabilis  et  roscn.  Il  eût  été  préférable  de  nommer  le 
nouTeau  venu  Ph.  roseo-amabilis  ou  Pli.  amabilo-rosea  qui  aurait  rappelé  sa 
descendance. 

—  On  signale  un  Wehmtschia  vivant,    à  Paris,  au  Jardin  d'acclimatation. 


Catalogncs.  —  Simoîi  Delau:^,  horticulteur  à  Saint-Martin-du-Touch 
pris  Tou'iouse.  —  Catalogue  abrégé  des  plantes  cultivées  dans  l'établis- 
sement :  Abutilons,  Ageratum,  Bégonias,  Bouvardia,  Coleps,  Calcaires, 
Cannas,  Chysanthèmes  nouveaux,  Dahlias,  Fuchias,  Géranium  zonales  et 
autres,  Pélargonium,  etc.  Plantes  pour  massifs.  Nouveautés,  etc. 

Le    GinAKT    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r,  do  la  République,  33 


1886  MAI  N'  9 


CHRONIQUE 


La  Pomme.  —  Il  y  a  des  gens  qui  s'imaginent  que  la  pomme  est 
tout  simplement  le  fruit  du  pommier,  excellent  arbre  cultivé  dans 
presque  tous  les  jardins.  Quelle  erreur  !  La  pomme...  mais  c'est 
un  monde.  Ce  n'est  pas  seulement  le  fruit  auquel  les  Normands 
doivent  le  cidre,  car  il  faut  convenir  que  si  elle  descend  étjmolo- 
giquement  du  latin  ^jonatm,  elle  ne  descend  pas  toujours  du  Punis 
malus.  En  effet,  Dorât  a  pu  dire,  sans  que  pour  cela  les  botanistes 
ou  les  jardiniers  le  traitassent  d'imbécile  : 

Des  pommes  d'or  parfument  l'oranger. 

Voltaire,  qui  avait  beaucoup  d'esprit,  mais  qui  n'était  ni  jardi- 
nier ni  botaniste,  a  glissé  quelque  part  ces  deux  vers  dans  lesquels 
il  fait  connaître  une  autre  espèce  de  pomme  : 

Un  beau  bouquet  de  roses  et  de  lis 

Est  au  milieu  de  deux  pommes  d'albitre. 

Il  y  a  aussi  la  pomme  de  discorde  que  le  berger  Paris,  fils  du 
roi  Priam,  présenta  à  ces  dames  de  l'Olympe  ;  puis  la  pomme  des 
Hespérides,  que  Junon  apporta  en  dot  au  grand  dieu  Jupiter. 


Croire  que  l'on  tient  la  pomme  des  Hespérides 
Et  presser  tendrement  un  navet  sur  son  cœur. 


Sans  remonter  à  Eve  et  à  la  pomme  dont  le  trognon  resta  au 
gosier  du  premier  homme  —  c'est  pour  cela,  dit-on,  que  le  carti- 
lage de  notre  larynx  qu'on  appelle  la  pomme  d'Adam  est  si  déve- 
loppé —  nous  trouvons  des  tomates  et  d'autres  solanées  sous  le 
nom  de  Pommes  d'amour,  puis  la  pomme  de  merveille  (sorte  de 
cucurbitacée),  la  pomme  épineuse  (jusquiame)  ou  pomme  du  diable, 
la  pomme  de  chien  (mandragore),  la  pomme  de  paradis  (banane), 
la  pomme  rose  (sorte  de  citron),  la  pomme  de  pin,  la  pomme  de 
ckou,  la  pomme  de  laitue  et  un  grand  nombre  d'autres  fruits  qui 
portent  ce  nom.  sans  compter  la  pomme  de  terre,  qui  sauva  le 
genre  humain  de  la  famine  et  fit  la  gloire  de  Parmentier. 


—   146  — 

La  pomme,  comme  on  peut  le  voir  par  ces  courtes  citations, 
n'est  pas  toujours  ce  que  les  pépiniéristes  pensent  ;  elle  a  eu  le 
privilège  d'être  employée  métaphoriquement  par  les  poètes,  les 
botanistes,  les  serpents  bibliques,  les  bergers  troyens,  les  méde- 
cins, les  déesses  et  les  introducteurs  du  Sulanum  tuberosum. 

Comme  ce  n'est  pas  du  Nord  qu'est  venue  la  lumière  en  premier 
lieu,  mais  de  l'Orient,  on  pourrait  presque  affirmer  que  la  première 
pomme  n'était  pas  une  pomme,  mais  une  orange  ;  peut-être  un 
abricot.  Le  vieux  Dioscoride,  dont  les  pharmaciens  se  servent  du 
buste  comme  enseigne,  compte  comme  espèces  de  pommes  :  les 
communes,  les  coings,  les  pèches  et  les  abricots.  Il  distingue  parmi 
les  communes  les  Melimeles,  les  Epirotiques  et  les  sauvages.  Il  y  a 
de  quoi  perdre  tout  son  grec  à  chercher  à  connaître  les  espèces 
dont  il  veut  parler. 

Pline,  qui  a  beaucoup  copié,  à  tort  et  à  travers,  glisse  les  citrons 
et  les  jujubes  parmi  les  pommes. 

Les  agronomes  romains  signalent  les  variétés  de  pommes  les 
plus  estimées  cultivées  de  leur  temps.  Il  y  avait  parmi  le  nombre  : 
les  Apiennes,  Claudiennes,  Sceptiennes,  Scantiennes,  Petisiennes, 
Grecques,  Melapiennes,  etc. 

Floraison  tardive  des  Glaïeuls.  —  Pour  obtenir  les  glaïeuls  en 
fleurs  vers  la  fin  de  la  saison,  c'est-à-dire  en  octobre,  il  faut  retarder 
la  plantation  des  bulbes  jusqu'à  la  fin  mai.  En  opérant  de  cette 
manière,  ces  belles  Iridées  donnent  leurs  longs  épis  presque  jusqu'aux 
gelées.  On  sait  que  si  on  coupe  les  inflorescences  des  glaïeuls  et 
qu'on  les  place  ensuite  dans  un  vase  rempli  d'eau,  les  fleurs  s'épa- 
nouissent successivement  jusqu'à  la  dernière,  pourvu  toutefois  que 
la  température  de  l'appartement  dans  lequel  on  les  place  ne  soit  pas 
trop  basse. 

Moyen  de  dciruire  les  cloporlcs  dans  les  serres.  —  Monsieur  Boizard 
l'inventeur  de  l'emploi  du  jus  de  tabac  à  l'état  de  vapeur,  pour 
détruire  les  insectes  dans  les  serres,  a  fait  connaître,  dernièrement, 
dans  le  Bullelin  de  la  Soeiété  nationale  d'horlicuUurc  de  France,  une 
manière  de  se  débarrasser  des  cloportes,  insectes  désagréables  qui 
causent  quelquefois  de  vrais  dégâts  dans  les  cultures.  Voici  ce 
moyen  :  Tous  les  jardiniers  qui  ont  des  serres  connaissent  ces  petits 
animaux  nocturnes  ;  je  les  appelle  ainsi,  parce  qu'ils  ne  font  leurs 
ravages  que  la  nuit,  ce  qui  en  rend  la  destruction  très  difficile, 
surtout  dans  les  serres  à  Orchidées  où  ils  trouvent  beaucoup  de 
refuges  contre  le  jour  qu'ils  redoutent. 

Aussitôt  la  nuit  venue,  ils  sortent  et  s'en  vont  chercher  leur 
nourriture  sur  les  plantes.  Ils  s'attaquent  aux  jeunes  pousses,   aux 


—    147  — 

tiges  à  fleurs  et  aux  jeunes  racines.  Je  n'ai  pas  besoin  d'énumérer 
ici  toutes  les  pla-ntes  auxquelles  ils  s'attaquent  ni  tous  les  procédés 
qui  sont  employés  pour  leur  destruction  ;  ceux-ci  sont  tous  plus  ou 
moins  pratiques  et  demandent  beaucoup  de  temps.  Je  les  ai  tous 
essayés,  et  je  me  suis  arrêté  au  suivant,  qui  est  très  simple  et  peu 
coûteux.  Il  consiste  à  avoir  quelques  balais  de  bouleau,  aies  mettre 
dans  la  serre,  couchés  ou  debout  toujours  dans  un  endroit  obscur, 
dans  les  sentiers  ou  sous  les  gradins  et  même  entre  les  plantes. 

Ces  balais  offrent  aux  cloportes  un  refuge  qu'ils  préfèrent  à 
tout  autre  pour  y  passer  la  journée.  Tous  les  deux  ou  trois  jours, 
vous  prenez  vos  balais  et  vous  les  secouez  fortement,  pour  en  faire 
tomber  les  cloportes  que  vous  écrasez  immédiatement.  Si  vous  avez 
un  seau  d'eau  chaude,  vous  pourrez  y  tremper  vos  balais  ;  il  faut 
pour  cela  de  l'eau  presque  bouillante,  car  ces  animaux  ont  la  vie 
très  dure.  11  m'est  arrivé  souvent  de  trouver  aussi  sous  mes  balais, 
de  grosses  limaces  que  j'avais  cherchées  bien  longtemps.  Par  ce 
procédé  fort  simple,  on  détruit  beaucoup  de  mille-pattes  qui  affec- 
tionnent également  ces  sortes  de  refuges.  Ce  que  je  voudrais  voir 
dans  les  serres,  ce  sont  des  rainettes.  Ces  petites  grenouilles  vertes 
qui  ne  vivent  exclusivement  que  d'insectes  et  de  petits  animaux, 
tels  que  cloportes,  loches  et  mille-pattes,  méritent  d'être  considé- 
rées comme  des  auxiliaires  très  utiles  aux  jardiniers  dans  les  serres. 

Stachys  affinis.  —  Il  parait  que  c'est  une  plante  potagère  que 
M.  Prilleux  a  signalée  dans  le  Potager  d'un  curieux.  Elle  croît  en 
Chine,  dit-on.  Présentée  par  un  amateur,  M.  Chappelier,  sur  le 
bureau  de  la  Société  nationale  d'horticulture,  on  la  trouve  aussi 
mentionnée  un  peu  dans  toutes  les  publications  horticoles.  Elle 
produit  de  petits  tubercules  qu'il  suffit  de  laver  avant  de  les  faire 
cuire.  Voyez  d'ici,  comme  les  cuisinières  vont  rire.  Il  faut  racler  les 
salsifis  et  peler  les  pommes  de  terre  ;  cette  besogne  peu  agréable 
sera  supprimée.  Et  puis  ce  Starliijs  —  en  français  Epiaire  — 
appartient  aux  labiées,  une  famille  qui  n'avait  encore  rien  fournie 
à  la  cuisine,  si  ce  n'est  des  condiments,  comme  le  Thym,  le  Roma- 
rin et  la  Sarriette. 

Je  me  suis  laissé  dire,  par  un  malin,  que  le  susdit  Slacinjs  était 
proche  voisin,  peut-être  son  frère,  à  coup  sûr  quelqu'un  des  siens, 
de  notre  Slaclnjs  paluslris,  qui  est  si  commun  dans  les  prairies  humi- 
des et  sur  le  bords  des  ruisseaux,  non  seulement  de  la  France, 
mais  d'une  grande  partie  de  l'Europe.  Sachant  cela,  l'autre  jour, 
j'ai  pris  ma  boîte  deDillenius  et  ma  houlette,  et  je  fus  à  la  recherche 
del'espèce  que  j'ai  trouvée,  bien  entendu,  et  dont  j'ai  fait  un  plat 
accommodé  au  beurre.  Excellent,  i.ie  direz-vous?  Euh!  Euh  !  On  ne 
peut  pas  dire  que  c'est  mauvais  cependant,  mais  je  crois,  si  je   ne 


—   l-i8  — 

m'abuse,  que  je  préfère  les  pommes  de  terre.  Enfin  que  voulez- 
vous  ?  il  faut  du  nouveau  à  l'iiomme.  Quand  il  n'y  en  aura  plus  on 
trouvera  bien  encore  quelques  Slaclnjs  qui  auront  eu  le  temps  de 
vieillir. 

Ne  connaissant  pas  encore  h  Stacliys  alfinis ^e  n'en  puis  rien  dire, 
mais  ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  que  le  Siaclnjs  pahislris^  dont  il  y 
a  du  reste  des  variétés,  est  comestible,  et  n'a  aucun  goût  désagréa- 
ble. Je  ne  conseille  cependant  à  personne  de  le  cultiver,  avant  que 
quelqu'un  ait  réussi  à  diminuer  le  nombre  et  à  augmenter  le  poids 
de  ses  rhizomes  en  cbapelet. 

Proleclion  des  poires  contre  les  insectes.  —  J'ai  vu,  il  y  a  quelques 
jours,  à  Montchat,  près  Lyon,  dans  un  petit  jardinet,  des  poiriers 
singulièrement  habillés.  Chaque  bouton  à  fleurs  était  vêtu  d'une 
chemise  de  tulle  blanc,  ayant  la  forme  des  sacs  que  l'on  met  aux 
raisins  quand  ils  approcliei-it  de  leur  maturité.  «  Vous  voyez,  me 
dit  le  propriétaire  du  jardin,  que  j'ai  soin  de  mes  poires  et  que  je 
crains    qu'elle   deviennent    véreuses. 

Depuis  quelques  années  j'emploie  ce  procédé  pour  les  garantir 
contre  les  ravages  des  insectes  de  plusieurs  ordres  qui  viennent 
déposer  leurs  œufs  dans  les  fruits  naissants  et  je  men  trouve  bien. 
Mes  poires  se  conservent  et  arrivent  régulièrement  à  maturité. 

Auparavant  la  moitié  des  fruits  tombaient  jeunes,  un  quart  un 
peu  plus  tard  et  souvent  l'autre  quart  étaient  piqués.  Je  sais  bien, 
ajouta-t-il,  que  mon  procédé  n'est  guère  praliquable  en  grand, 
mais,  moi  qui  ai  le  temps,  cela  m'amuse  et  je  trouve  du  bénéfice  à 
protéger  ainsi  les  poires  de  mes  jeunes  arbres.  Si  je  réussi  à  sau- 
ver ma  petite  récolte  je  suis  d'avis  que  je  n'ai  pas  perdu  mon 
temps.  » 

Le  fait  est  que  dans  beaucoup  de  cas,  surtout  dans  certaines 
localités,  les  poiriers  coûtent  plus  qu'ils  ne  rapportent.  Si  on  compte 
la  taille  et  les  pincements,  la  place  qu'ils  occupent,  l'ombrage  qu'ils 
donnent,  et  la  terre  qu'ils  mangent,  il  serait  utile  qu'ils  voulussent 
bien  donner  quelques  poires  comme  récompense.  Ils  donnent  bien 
des  poires,  mais  si  les  insectes  viennent  les  prendre  adieu  les  beaux 
desserts  ! 

Somme  toute,  je  crois  que  le  moyen  employé  par  le  petit  pro- 
priétaire de  Montchat,  n'est  pas  trop  mauvais  et  j'engage  ceux  qui 
ont  quelques  loisirs  de  le  mettre  à  exécution  au  printemps  prochain 
sur  quelques-uns  de  leurs  arbres. 

Expérience.  —  J'ai  fait  dernièrement  une  expérience  bien  désa- 
gréable :  je  devrais  dire  une  «  boulette  »  .  Cependant  je  ne  la 
regrette  pas,  parce  que  j'ai  remarqué,  depuis  que  j'ai  l'âge  de  rai- 


—  149  — 

son  qu'on  n'apprend  réellement  bien  «  à  vivre»  qu'à  ses  de'pens. 
L'adversité  est  souvent  une  rude,  mais  toujours  bonne  école.  Voici 
ma  boulette,  pardon,  mon  expérience  : 

M.  L.  Lille,  avait  bien  voulu  me  remettre  quelques  douzaines  de 
graines  à' Araucaria  excelsa,  que  j'avais  confiées  à  la  douce  chaleur 
d'une  couche.  S.îmées  suivant  les  règles  de  l'art  c'est-à-dire  la 
pointe  en  bas  et  très  peu  enterrées,  au  bout  d'un  mois,  les  graines 
commencèrent  à  montrer  l'extrémité  de  leur  radicule.  Enchanté  de 
ce  résultat,  comme  la  laitière  du  pot-au-lait,  j'établissais  déjà  dans 
mon  esprit  une  foule  de  calculs,  que  la  bise  a  singulièrement 
dérangés. 

Il  faisait  un  soleil  superbe,  le  thermomètre  accusait  15°  à  l'om- 
bre, allons,  me  dis-je,  il  faut  repiquer  en  godets  ces  Araucarias, 
afin  de  no  pas  déranger  leurs  racines  plus  tard.  Le  lendemain  le 
soleil  étant  de  plus  en  plus  superbe, pour  éviter  deux  façons,  au  lieu 
de  remettre  les  graines  germées  sur  la  couche,  j'enterrais  en  plein 
jardin  les  godets  dans  lesquels  je  les  avais  mises  :  Je  n'eus  pas  à 
me  louer  de  cette  inspiration  économique.  Le  soleil  se  cacha,  la 
bise  survint  et  le  thermomètre  descendit  pendant  quinze  jours 
entre  5  et  8°  centigrades.  Il  arriva  ceci,  les  radicules  qui  commen- 
çaient à  sortir,  se  putréfièrent  et  les  Araucarias  passèrent  bien  jeu- 
nes de  vie  à  trépas.  Quelques  graines  moins  hâtives  que  les  autres 
échappèrent  seules  au  désastre. 

Il  faut  conclure  de  cette  expérience  que  lorsqu'une  graine  est  en 
voie  de  germination  il  est  indispensable  que  la  température  ne  s'a- 
baisse pas  au-dessous  du  degré  minima  susceptible  de  la  faire  ger- 
mer. Une  plante  adulte  supportera  sans  danger  ce  minima  ;  le 
jeune  embryon  ne  saurait  le  supporter.  V.   V.-M. 


Les  "Vignes  réfractaires  8U  milde'w(I). 

Il  se-'ait  sans  doute  très  avantageux  d'avoir  des  vignes  qui  résis- 
tent au  mildew,  mais  encore  faut-il  que  ces  vignes  donnent  de  bons 
produits  et  en  suffisante  quantité  pour  que  leur  culture  soit  rému- 
nératrice. 

M.  Reich  recommande  dans  la  ri(]ne  américaine  deux  cépages 
dont  la  résistance,  dit-il,  a  été  absolue  partout  :  ce  sontr%/u' 
blanc  et  la  Coanoisc.  h'Vijni  blanc  est  un  cépage  vigoureux  et  très 
fertile  qu'on  ne  trouve  guère  que  dans  la  Provence.  Quanta  la  Cou- 
noise  ou  Counoyse,  dont  MM.  Reich  et  Loubet  ont  constaté  la  résis- 
tance, on  ne  trouve  sa  description  ni  dans  le  Firjnoble  de  MM.  Mas 
et    Pulliat,    ni   dans    V Essai  d'une  ninpélographic  uniccrsellc  de  M.  le 

(1)  Provence  agricole  cl  liorlkole. 


—   150  — 

comte  de  Rovasenda.  M.  Reich  dit  que  ce  cépage  donne  un  raisin 
noir  se  rapprochant  du  Cinsaut,  mais  ayant  le  grain  plus  petit,  la 
grappe  plus  allongée,  les  feuilles  moins  découpées  et  plus  duve- 
teuses. On  le  cultive  surtout  dans  le  Comtat  ;  on  en  trouvait  beau- 
coup autrefois  dans  les  vignes  de  Châteauneuf-du-Pape. 

«  J'ai  vu  souvent,  joute  M.  Reich,  au  milieu  de  vignes  abso- 
lument ravagées  où  il  ne  restait  plus  une  feuille  sur  la  plupart  des 
souches,  quelques  pieds  isolés  de  Counoisc  eià^Ugni  blanc  conservant 
toute  leur  vigueur,  mûrissant  bien  leurs  raisins  et  aoûtant  le  bois 
jusqu'au  bout  de  leurs  sarments  ;  au  commencement  de  novembre, 
on  trouvait  encore  des  feuilles  sur  ces  souches.  » 

M.  PuUiat  cite,  parmi  les  vignes  résistantes  au  mildew,  le  Cas- 
tels  àa  Bordelais.  «Mais,  ajoute-t-i!,  aucune  variété  jusqu'ici  n'a  eu 
autant  d'amateurs  et  de  partisans  que  le  Portugais  bleu,  qui  a  le 
double  avantage  de  conserver  ses  feuilles  sous  les  invasions  les  plus 
intenses  du  mildew  et  de  mûrir  ses  grappes  avant  l'époque  où  cette 
maladie  fait  ses  plus  grands  ravages.  Il  a  été  vendu  à  un  prix  très 
élevé  dans  la  région  du  Midi,  et  ce  raisin,  très  précoce,  a  un  ave- 
nir comme  fruit  à  expédier  sur  les  marchés  du  Nord  ;  il  a  atteint, 
dans  la  Haute-Garonne,  des  prix  vraiment  extraordinaires.  Il  s'y 
est  vendu,  nous  écrit-on,  jusqu'à  1  fr.  50  la  bouture.  Et,  même  à 
ce  prix-là,  des  détenteurs  qui  en  possèdent  d'assez  grandes  quanti- 
tés aiment  mieux  planter  que  vendre.  » 


Anémone  hépatique  (Anémone  Hepatica  h.) 

Si/imiiijmcs  français  :  Herbe  de  la  Ti'inité,  Hépatique  trilobée. 
Si/noiiijmcs  Inliiis  :  Hepatica  triloba  Cliaix,  Hepatica  nobilis  Rechb. 
Si/iioni/mcs  iiiicicns  :  Trifolium  hepaticum,  Hepaticum  trifolium,  etc. 
Ihthihtl  :   Les  régions  montiieuses  et  subalpines   d'une  grande  pirtie   de  l'Europe. 
Eu  France,  dans  le  Jura,  les  Pyrénées,  les  Vosges,  la  Lorraine,  les  .\lpes,  etc. 

On  donnait  autrefois  le  nom  d'Hépatique  à  plusieurs  sortes 
d'herbes  parce  qu'on  supposait  qu'elles  étaient  capables  de  guérir 
le  foie  des  maladies  dont  il  pouvait  être  affligé,  comme  on  appli- 
quait celui  de  Pulmonaire  aux  espèces  qui  intéressaient  les  pou- 
mons. Aujourd'hui  le  nom  d'Hépatique  n'est  resté  qu'à  l'Anémone 
assez  connue  en  français  sous  le  nom  d'Herbe  de  la  Trinité. 

L'Hépatique  se  présente  vivant  à  l'état  sauvage  sous  trois  cou- 
leurs différentes:  Le  blanc,  le  bleu  et  le  rose,  reliées  entre  elles 
par  toute  une  série  de  tons  intermédiaires;  elle  présente  également 
des  variétés  physiologiques  assez  nombreuses  mais  peu  distinctes 
ou  inutiles  à  distinguer  au  poiut  de  vue  horticole.  Dans  les  cultu- 
res on  cultive  l'Hépatique  à  fleur  double,  principalement  la  bleue 
et  la  rose. 


151   — 


Hépatique  à  fleurs  doubles. —  1/2  grandeur. 

La  grande  précocité  des  Hépatiques,  l'éclat  de  leurs  nombreuses 
fleurs  si  variées  les  a  toujours  fait  rechercher  des  amateurs.  On 
peut  en  faire  de  très  belles  bordures  qui,  au  bout  de  deux  ans, 
lorsqu'elles  sont  bien  installées,  produisent  un  etïet  admirable.  Il 
n'est  pas  utile   de  les  cultiver  en  terre  de  brujère  comme  quelques 


Hépatique  à  fleurs  simples  —  1/2  grandeur. 

livres  l'indiquent,  car  elles  viennent  très  bien  en  terre  franche. 
Elles  aiment  l'ombre,  au  moins  pendant  une  partie  de  la  journée. 
On  les  multiplie  par  semis;  semer  la  graine  aussitôt  la  maturité, 
ou  par  division  des  souches  en  automne. 


—  152 


Omphalode   printauière.   —   1]2  grandeur. 

Omphalode  printanière  [Omphalodes  verna  Mœnch). 

SijHoni/)iics  frrinrais  :  Cynoglosse  printanière,  Petite  consoude. 
Si/iinni/incs  liiliiis  :  Cynoglo^sum  omphalodes  L.,  Picotia  verna  Ra?m.  et  Schultz. 
Si/ntuii/iiH's  (iHciviis  :  Sympliitum  minus,  S.  pumilum.  Borrago  minima,  Asarum  mûri, 
Hubilat  :  Aut  iclie.  Hollande,    Belgique,  Espagne,  Piémont,    Lombardie,  Hongrie, 
Croatie,  Transylvanie,  Taurie,  etc.;  rare  en  France.  Cultivée  dans  les  jardins. 

L'Omphalode  printanière  que  beaucoup  de  gens  appellent  impro- 
prement Myosotis  et  Ne-m'oubliez  pas  est  une  des  plus  jolies  petites 
plantes  vernales  qu'il  soit  possible  de  voir.  Dès  le  premier  prin- 
temps elle  montre  de  charmantes  petites  grappes  de  fleurs  d'un 
bleu  d'émail  dont  l'éclat  est  encore  singulièrement  rehaussé  par  la 
gorge  blanche  de  la  corolle.  L'espèce  est  vivace,  robuste  quand 
elle  est  plantée  à  l'ombre  dans  un  sol  un  peu  frais.  Assez  com- 
mune dans  quelques  pays,  elle  est  plus  rarement  cultivée  dans  d'au- 
tres. Elle  est  très  propre  à  faire  de  jolies  bordures  ou  à  garnir  les 
rocailles  ombragées. 

On  la  multiplie  par  division  des  souches.  L'opération  se  fait  en 
septembre  ou  au  printemps  avant  la  lloraison. 


—  153  — 

PLANTES     NOUVELLES     LYONNAISES 

Œillet  Pion  Alégatière.  —  Nouveau  genre  d'Œillet  Flon  iss;i  de  l'Œillet 
Mignardise  remontant,  fécondé  par  l'Œillet  de  Chine.  Cette  nouveauté  ressemble, 
par  Eon  port  et  par  son  feuillage,  à  l'ancien  Œillet  Flon,  seulement  elle  a  sur  son 
aîné  l'avantage  de  grainer,  ce  qui  nous  promet  pour  l'avenir  de  nombreuses  varié- 
tés ;  tandis  que  l'ancien  Œ-iUet  Flon,  qui  ne  graine  pas,  n'a  donné  que  par  accident 
deux  ou  trois  variétés  qui  n'ont  jamais  été  bien  fixées  par  la  bouture,  car  ces  varia- 
tions qui  se  produisent  sur  un  même  pied,  retournent  souvent  au  type. 

ISS3,  plante  vigoureuse,  très  remontante,  s'élevant  à  30  centimètres,  fleurs  bien 
faites  ,1e  double  plus  grandes  que  l'ancien  Flon;  son  coloris  est  d'un  beau  rose  car- 
miné brillant.  Cette  nouvelle  race  si  précieuse  pour  la  fleur  coupée,  peut  par  sa  pré- 
cocité, s'expédier  .simplement  en  touftV,  en  boutons,  en  automne,  et  donner  une 
abondante  floraison  tout  l'hiver  à  partir  du  mois  de  décembre. 

Œillets  mignardises  remontants.  —  Sullanc,  plante  vigoureuse,  fleurs 
grande?,  blanc  cie  nacre,  centre  pourpre  presque  noir. 

Hercule,  plante  très  remontante,  fleurs  rose  violacé,  maculé  cramoisi  ombré. 

Ci/rlapc,  plante  vigoureuse,  ti'ts  florifère,  fleurs  simples  de  ô  centimètres  de  dia- 
mètre et  d'une  forme  parfaitement  arrondie,  coloris  rose  vif,  centre  maculé 
cramoisi. 

Darwin,  plante  formant  un  gazon  épai.s,  d'où  sortent  de  nombreuses  tiges  florales, 
ne  s'élevant  que  de  10  à  45  centim'-tres,  fleurs  pleines,  petites  et  bien  faites,  d'un 
beau  coloris  rose  de  Chine,  type  nouveau,  sans  rivale  pour  les  bordures. 

Surprise,  plante  de  20  à  25  centimètres  de  hauteur,  tenant  de  l'Œillet  de  Chine 
par  sa  végétation,  fleurs  d'un  coloris  violet  nuancé  rose,  le  calice  se  fend,  mais  c'est 
le  plus  remontant  de  tous  les  Œillets. 

Plantes    obtenues    et    mises    au    commerce,    en    1886,     par 
M.  Alég-atière,  horticulteur  à  Lyon-Monplaisir. 


Nouvelles  variétés  d'Aucubas 

Les  quatre  variétés  A'Aiicuba  japonica  dont  les  noms  et  les  des- 
criptions suivent  ont  été  obtenues  de  semis  par  M.  P.  Durand,  hor- 
ticulteur à  Lyon-Monplaisir,  et  présentées  par  lui  sur  le  bureau 
de  l'Association  horticole  lyonnaise  ,  séance  du  18  avril 
dernier  : 

Jucuha  japonica  var.  Durandii.  —  Feuilles  elliptiques  longue- 
ment atténuées  aux  deux  extrémités,  de  20  à  25  centimètres  de 
longueur  et  de  5  à  7  centimètres  de  largeur,  à  peine  marquées 
dans  leur  tiers  supérieur  de  quelques  dents  rudimentaires  obscuré- 
ment sinueuses.  Limbe  envahi  dans  la  plus  grande  partie  de  sa 
surface  par  une  longue  et  large  macule  jaune  d'or  mat,  passant  au 
jaune  pâle  lavé  de  blanc  crème.  Cette  large  macule  est  bordée  d'un 
liseré  ou  d'une  zone  vert  clair  parsemée  de  ponctuations  jaunes. 
Arbuste  d'une  belle  viguaur  et  d'un  aspect  séduisant. 

Âucuba  japonica  var.  Madame  f'aclicr.  —  Feuilles  de  forme  et 
de  dimensions  à  peu  près  semblables  à  celles  de  la  variété  précé- 
dente. Limbe  vert  pâle  lustré,  marmoré  de  plaques  irrégulièrement 


—  154  — 

grandes,  jaune  d'or  et  jaune  verdâtre,  nettes  ou  confluentes  ou  de 
ponctuations  et  de  taches  de  même  couleur  les  unes  et  les  autres, 
plus  claires  au  centre.  Jolie  variété, 

Àucuha  japonica  var.  Lemoinci.  —  Feuilles  de  15  à  20  centi- 
mètres de  longueur,  sur  6  à  8  de  largeur,  dentées  dans  leur  tiers 
supérieur,  à  dents  grosses,  de  profondeur  variable.  Limbe  nette- 
ment nuancé  de  blanc  crème  et  de  jaune  paille  ponctué,  granité, 
marbré,  jaspé  de  vert  chlorose.  Variété  remarquable  par  ses  nom- 
breuses ponctuations  et  sa  vigueur. 

Aucuba  japonira  var.  ilicifolia.  —  Cette  variété  est  fort  curieuse 
par  la  forme  de  ses  feuilles,  qui  sont  très  courtes  et  offrent  assez  la 
forme  qu'ont  celles  de  certaines  variétés  de  houx  non  spinescentes. 
Ces  feuilles  ont  environ  10  centimètres  de  longueur  sur  5  de  lar- 
geur, sont  grossièrement  dentées  (4  à  5  dents  profondes  arrondies) 
et  affectent  la  forme  elliptique  acuminées. 

L'Art    de  bouturer  (Suile  et  /in). 

Conditions pliijsiques^  météorologiquos  cl  chimiques  qui  favorisenl  démis- 
sion des  racines  des  boulures.  —  En  règle  générale  on  peut  dire  que 
l'influence  de  la  composition  chimique  du  sol  dans  lequel  les  bou- 
tures sont  plantées  n'est  pas  bien  importante.  Cependant,  dans  les 
cas  où  l'émission  des  racines  est  difficile,  on  doit  en  tenir  compte. 
On  doit  également,  toutes  les  fois  que  les  boutures  sont  plantées  en 
godets  (une  par  godet),  donner  à  la  terre  dans  laquelle  elles  sont 
bouturées  une  composition  analogue  à  celle  du  compost  qui  favorise 
le  mieux  le  développement  de  l'espèce.  Ces  deux  observations  sont 
faciles  à  justifier.  Les  espèces  qui  croissent  dans  la  terre  de  bruyère 
ou  dans  les  terrains  granitiques  jaunissent  de  suite  dans  les  sols  où 
les  éléments  qui  leur  sont  nécessaires  font  défaut.  Il  en  est  de 
même  pour  les  espèces  qui  veulent  le  calcaire,  la  silice,  etc. 

Les  conditions  physiques  du  sol  jouent  un  rôle  considérable  dans 
la  reprise  des  boutures.  En  effet,  il  suffit  que  le  sol  dans  lequel 
elles  sont  plantées  soit  trop  perméable  à  l'eau  pour  qu'il  favorise 
leur  dessiccation,  comme  s'il  est  compact  et  retient  trop  l'humidité, 
les  boutures  risquent  de  pourrir  avant  de  s'enraciner.  D'autre  part, 
si  la  bouture  est  trop  fortement  serrée  cela  peut  gêner  la  formation 
du  bourrelet  et  quelquefois  empêcher  l'émission  des  racines  ;  si  elle 
n'est  pas  assez  serrée,  dans  certains  cas  le  même  résultat  a  lieu, 
surtout  si  l'humidité  fait  défaut. 

Voici  un  compost  excellent  pour  toutes  sortes  de  boutures  : 
sable  très  fin  de  rivière  :  une  moitié,  terre  de  bruyère  tourbeuse  : 
un  quart,  terreau  de  fumier  très  consommé  :  un  quart.  Le  tout 
passé  au  tamis  fin.  Serrer  modérément. 


—   155  — 

Ce  compost  par  sa  composition  chimique  répond  aux  besoins  de 
la  plupart  des  espèces  ;  par  sa  composition  physique  il  permet  de 
serrer  suffisamment  la  terre  sans  l'agglutiner  et  surtout  laisse  suffi- 
samment écouler  l'eau  des  arrosements. 

Les  conditions  méléoi'ologiquea  (Ij,  voilà  le  facteur  important  dans 
la  reprise  des  boutures.  Faites  une  boutur(î  suivant  toutes  les  règles 
de  l'art,  taillez-la  en  biseau  ou  autrement,  qu'elle  soit  longue  ou 
courte,  plantée  dans  la  meilleure  terre  et  arrosée  à  propos,  si  vous 
ne  la  placez  pas  dans  de  bonnes  conditions  météorologiques,  toutes 
vos  précautions  auront  été  inutiles.  Au  contraire,  laissez  faire  la 
bouture  par  un  apprenti,  un  scieur  de  long  ou  un  tailleur  :  que  la 
bouture  préparée  par  ces  messieurs  reçoive  les  soins  d'un  jardinier 
intelligent,  la  façon  vicieuse  dont  elle  aura  pu  être  faite  ne  l'empê- 
chera pas  de  s'enraciner. 

La  chaleur  doit  être  réglée  dans  une  serre  à  boutures  ;  elle 
varie  d'intensité  avec  les  espèces.  Les  plantes  de  serre  froide  ou 
tempérée  s'enracinent  mieux  quand  la  chaleur  de  fond  ne  dépasse 
pas  18°,  sauf  exception.  Celles  de  serre  chaude  préfèrent  être 
chauffées  de  20  à  28"  (chaleur  de  fond). 

Les  boutures  s'enracinent  plus  facilement  quand  la  température 
de  la  serre  est  un  peu  inférieure  à  celle  du  sol  où  elles  sont  plantées. 

Les  boutures  s'enracinent  mieux  et  plus  vite  quand  l'air  de  la 
cloche  est  souvent  changé  et  subit  chaque  jour  un  abaissement 
momentané  (une  heure  ou  deux)  de  sa  température  habituelle. 

Un  thermomètre  de  couche  est  indispensable  pour  guider  la 
température  du  sol,  de  la  chaleur  de  fond,  comme  on  dit  habi- 
tuellement. 

Il  est  important  que  la  couche  de  tannée  ou  de  sable  dans 
laquelle  on  place  les  boutures  ait  une  bonne  épaisseur  afin  d'y 
maintenir  plus  aisément  une  chaleur  régulière. 

L'humidité  de  la  couche  de  tannée,  de  sable  ou  de  terrain,  ainsi 
que  celle  du  sol,  doit  toujours  être  suffisante  pour  que  le  talon  de 
la  bouture  —  qui  lui  sert  provisoirement  de  racines  —  puisse 
absorber  l'eau  nécessaire  à  l'entretien  des  feuilles  ou  à  la  diffusion 
des  matières  élaborées  dans  les  cellules  ;  elle  ne  doit  pas  cepen- 
dant être  trop  abondante  pour  provoquer  la  pourriture  des  tissus. 

Pour  indiquer  le  degré  d'humidité  qui  convient  le  mieux  aux 
boutures,  il  y  a  une  question  de  tact  et  d'habitude  techniques  diffi- 
ciles à  exprimer.  Cependant  on  pourrait  dire  que  dans  la  majorité 
des  cas  il  faut  que  la  terre  ne  soit  ni  trop  sèche,  ni  trop  humide.  On 
obtient  ce  degré  d'humidité  en  mêlant  par  moitié  de  la  terre  très 
sèche  et  de  la  terre  saturée  d'eau. 


(1)  Je  place  dans  les  ((  Conditions  météorologiques  >  la  chaleur,  l'humidité,  l'hy- 
groscopicité,  l'aération  des  cloches  et  châssis,  l'intensité  de  la  lumière,  etc. 


—  156  — 

La  lumière  qui  doit  éclairer  les  boutures  ne  doit  jamais  être  trop 
intense,  sauf  dans  de  très  rares  exceptions,  surtout  quand  elles  ont 
des  feuilles  et  qu'elles  sont  sous  cloches  ou  sous  châssis.  Un  «coup 
de  soleil»  tombant  sur  des  boutures  feuillées  suffit  quelquefois  pour 
les  briller. 

La  lumière  ordinaire  des  jours  «  sans  soleil  »  de  novembre  et  de 
janvier  peut  être  prise  comme  exemple  d'une  intensité  favorable  à 
la  vie  des  boutures. 

Quand  le  soleil  frappe  directement  sur  les  cloches  il  faut  ombrer 
immédiatement.  Il  suffît  quelquefois  d'une  simple  toile,  d'une 
feuille  de  papier,  de  menues  pailles,  pour  tamiser  suffisamment  ses 
rayons  ;  d'autrefois  il  faut  un  paillasson  épais. 

Ce  qu'il  y  a  de  mieux  comme  éclairage  c'est  de  placer  les  bou- 
tures de  manière  qu'elles  ne  reçoivent  jamais  directement  la  lumière 
solaire,  la  lumière  diffuse  suffit.  Un  mur,  un  paillasson,  un  écran 
quelconque  aident  à  obtenir  ce  résultat. 

Il  arrive  souvent  dans  les  établissements  où  la  multiplication  par 
bouture  se  fait  en  grand,  qu'on  place  les  cloches  en  plein  jardin. 
Dans  l'été  on  couvre  ces  cloches  de  paillassons  de  neuf  heures  du 
matin  à  quatre  heures  du  soir.  De  cette  manière  les  boutures  reçoi- 
vent la  lumière  directe  pendant  huit  heures.  Les  boutures  ainsi 
faites  réussissent  très  bien. 

Cloches,  châssis  et  serres  à  ioulurcs.  —  Nous  avons  dit  que  les 
boutures  feuillées  ne  recevant  pas  assez  d'eau,  flétrissaient  lors- 
qu'elles étaient  plantées  en  plein  air.  Pour  obvier  à  ce  grave 
inconvénient,  on  les  place  sous  cloches,  sous  châssis  ou  simple- 
ment dans  des  serres  basses.  Sous  cloches,  l'atmosphère  étant 
toujours  calme  et  saturée  de  vapeur  d'eau,  l'évaporation  est  pres- 
que nulle;  les  boutures  n'y  flétrissent  pas.  Les  châssis  jouent  le 
même  rôle  avec  un  peu  moins  d'intensité.  Les  serres  basses  sont 
dans  les  mêmes  conditions  et  laissent  un  peu  plus  de  liberté  à 
l'évaporation.  Dans  les  serres  où  les  boutures  se  font  sans  cloches 
et  sans  châssis,  on  bassine  fréquemment  les  boutures  et  le  sol  dans 
lequel  elles  sont  plantées,  de  façon  à  saturer  la  serre  de  vapeur 
d'eau.  Du  reste,  toutes  les  boutures  de  plantes  dures  préfèrent  la 
cloche  ou  le  châssis;  les  plantes  molles  seules  vont  assez  bien  sans 
cloches. 

Les  cloches  et  les  châssis  empêchant  l'évaporation  par  les  feuilles, 
il  y  a  des  boutures  auxquelles  ce  traitement  ne  convient  pas.  Les 
boutures  de  ces  plantes  ainsi  étouffées  ne  tardent  pas  à  pourrir  ; 
la  plupart  des  végétaux  à  tissus  succulents  sont  dans  ce  cas.  Il 
convient  donc  de  ne  jamais  placer  sous  cloches  ce  genre  de  plantes  : 


—   157  — 

les  Cactées,  Crassulacées,  Euphorbiacées,  certaines  Composées, 
quelques  Géraniacées,  Bégoniacées,   etc.,    sont  dans   ce    cas.  La 

serre,  le  plein  air,  quelquefois  le  plein  soleil,  dans  certains  cas, 
favorisent  beaucoup  mieux  l'émission  des  racines  que  la  cloche  ou 
le  châssis. 

En  règle  générale,  la  température,  la  lumière,  l'arrosage  étant 
réglés,  il  convient  de  donner  de  l'air  tous  les  jours  pendant  une 
heure  aux  boutures  placées  sous  cloches,  d'essuyer  celles-ci  et 
d'enlever  toutes  les  moisissures  au  moment  où  elles  apparaissent. 


Des  matières  minérales  nécessaires  à  l'alimentation 

des  végétaux  (1). 

Une  plante  est  composée  d'organes  qui  se  constituent,  sous 

l'influence  de  conditions  diverses,  au  moyen  d'éléments  minéraux 
qu'ils  trouvent  dans  le  sol,  dans  Vair  et  dans  Veau.  La  graine  fine 
et  légère  d'un  grand  arbre,  jetée  dans  la  terre,  lui  arrache  chaque 
année  une  quantité  relativement  considérable  de  matières  minérales 
qu'elle  organise  de  différentes  façons,  et  chaque  espèce  petite  ou 
grande  agit  exactement  de  la  même  manière. 

Le  vieux  dicton  populaire  :  «  C'est  la  terre  qui  nourrit  tout  » 
formule  assez  bien  le  rôle  que  joue  le  sol  dans  le  règne  des  êtres 
vivants.  Ce  dicton  est  d'une  exactitude  absolument  mathématique. 
Nous  le  retrouvons  exprimé  dans  la  formule  biblique  :  «  Tu  n'es 
que  poussière.»  Hélas  !  En  elFet  les  plantes  vivent  du  sol,  les  ani- 
maux herbivores  vivent  des  plantes  et  les  carnassiers  mangent  les 
herbivores.  L'homme  a  le  privilège  de  manger  les  plantes,  les  fruits 
et  les  animaux.  Mais  en  fin  de  compte  la  dépouille  des  êtres 
retourne  au  sol  d'où  ils  l'avaient  extraite. 

La  terre  renferme  tous  ces  corps  que  nous  connaissons,  soit  à 
l'état  simple,  soit  à  l'état  composé. 

On  sait  qu'un  corps  simple  est  celui  que  les  réactifs  chimiques 
les  plus  puissants  n'ont  jamais  pu  parvenir  à  décomposer.  Un  corps 
composé  renferme  à  l'état  de  combinaison  plusieurs  corps  simples. 
Le  fer,  le  cuivre,  l'oxygène  sont  des  corps  simples.  La  rouille,  le 
vert-de-gris,  l'eau  sont  des  corps  composés. 

Nos  chimistes  ont  découvert  que  les  plantes  étaient  composées 
des  corps  simples  suivants  combinés  entre  eux  de  différentes  maniè- 


(1)  Extraits  d'une  conférence  préparatoire  à  l'étude  du  rôle  des  engrais  chimiques 
en  horticulture,  faite  par  M.  Viviand-Morel  dans  la  séance  tenue  par  l'Association 
hurlicole  le  18  avril  1886. 


—   158  — 

res  :  carbone,  oxygène,  hydrogène,  azote,  potasse,  soude,  chaux, 
silice,  phosphore,  fer,  magnésie  et  quelques  autres  qui  paraissent 
n'exister  dans  l'intérieur  des  tisssus  qu'à  l'état  accidentel. 

Ils  ont  découvert  en  outre  que  les  corps  susnommés  existaient 
dans  toutes  les  plantes  mais  en  quantité  très  variables  suivant  les 
espèces  et  même  les  variétés. 

Les  agronomes  aidés  des  chimistes,  poussant  plus  loin  leurs 
investigations  voulurent  se  rendre  compte  du  rôle  que  joue  particu- 
lier chacun  de  ces  corps  et  forcer  la  nature  à  leur  dévoiler  ses 
secrets.  Ce  sera  l'éternel  honneur  des  Boussingault,  des  Liebig, 
des  Georges  Ville  et  de  tant  d'autres  d'avoir,  sinon  résolu  complè- 
tement ce  difficile  problème,  mais  d'en  avoir  pour  ainsi  dire  donné 
une  solution  partielle 

Ayant  cultivé  du  blé  dans'  un  sol  stérile  (du  sable  calciné),  en 
l'arrosant  avec  de  l'eau  distillée,  ils  obtinrent  une  végétation  ché- 
tive  et  malingre  qui  indiqua  d'emblée  ce  que  la  plante  empruntait  à 
la  graine,  à  l'eau  et  à  l'atmosphère. 

Le  même  blé  cultivé  dans  le  même  sol  stérile  ,  auquel  on 
ajouta ,  séparément  d'abord ,  et  réunis  de  différentes  manières 
ensuite,  tous  les  corps  qui  entrent  dans  la  composition  d'une  terre 
fertile,  indiqua  les  rôles  respectifs  que  jouaient  chacun  de  ces 
corps  qui  composent  la  terre. 

On  apprit  à  connaître  par  ce  moyen  la  nature  des  aliments  dont 
les  plantes  se  nourrissaient.  Ce  sont  ces  aliments  que  je  me  pro- 
pose de  passer  rapidement  en  revue  devant  vous,  pour  vous  les 
présenter,  car  vous  aurez  plus  tard  l'occasion  de  les  utiliser  quand 
vous  voudrez  composer  vous-même  des  engrais  chimiques  appro- 
priés à  vos  différentes  cultures. 
Voici  ces  corps  : 
Potasse.  —  La  potasse  est  ce  que  l'on  appelle  un  alcali  ;  elle 
résulte  de  la  combinaison  du  potassium  et  de  l'oxygène  et  porte  les 
noms  vulgaires  de  pierre  à  cautère  ou  potasse  caustique.  On  extrait  la 
potasse  des  cendres  de  tous  les  végétaux  dans  lesquels  elle  se  trouve 
combinée  à  l'acide  carbonique.  Les  roches  feldspathiques  qui  com- 
posent une  bonne  partie  de  l'écorce  terrestre  contiennent  de  la 
potasse  combinée  à  l'acide  silicique  et  au  silicate  d'alumine. 

Les  granits,  les  gneiss,  les  micaschistes,  les  porphyres,  les  grès 
et  autres  roches  composées  de  silicates  alcalins  terreux,  ainsi  que 
la  plupart  des  marnes,  forment  des  terrains  où  la  potasse  est  l'élé- 
ment dominant. 

On  a  remarqué  qu'un  certain  nombre  de  plantes  sauvages  suivent 
fidèlement  les  terrains  qui  renferment  beaucoup  de  potasse.  De  ce 


—  159   — 

nombre  sont  la  Digitale  pourpre,    les  Bruyères,  la  grande   Fou- 
gère, le  Genêt  à  balai,  etc. 

Parmi  les  plantes  cultivées  on  signale  la  vigne,  la  pomme  de 
terre,  la  betterave,  les  navets  comme  enlevant  le  plus  de  potasse 
au  sol. 

La  potasse  se  combine  avec  tous  les  acides  et  forme  des  sels 
dont  la  plupart  sont  bien  connus.  De  ce  nombre  sont  le  salpêtre 
(azotate  ou  nitrate  de  potasse),  le  lissieu  sec  (carbonate  de  potasse), 
l'eau  de  Javelle  (hypochlorite  dépotasse),  le  sulfate  de  potasse  que 
l'on  extrait  directement  des  eaux  de  la  mer,  etc.  La  poudre  comme 
on  sait  est  un  mélange  de  soufre,  de  charbon  et  de  nitrate  de 
potasse. 

Le  rôle  de  la  potasse  étant  de  premier  ordre  dans  la  végétation, 
tous  les  engrais  chimiques  la  renferment  sous  différents  états. 

(//  suivre.^ 


Inforiualions. —  Le  Sempervirens  annonce  que  l'administration  com- 
fflunale  de  Ousdhoorne  a  fait  renaettre  à  chacun  des  élèves  de  l'école  com- 
munale au  nombre  de  225,  deux  potées  de  Jacinthes.  On  ne  saurait  trouver 
un  meilleur  procédé  pour  développer  chez  les  enfants  le  goût  de  l'horti- 
culture. 

—  Il  vient  de  se  fonder  ea  Hollande  sous  le  nom  Een  National  Belang  une 
société  disposant  de  capitaux  déterminée  dans  le  but  de  garnir  de  planta- 
tions fruitières  et  autres  les  talus  de  chemins  de  fer  et  les  routes.  On  a  vu 
dans  le  n"  3  de  cette  revue  que  le  département  de  Seine-et-Marne  avait 
commencé  à  mettre  à  exécution  un  projet  analogue  chaudement  recom- 
mandé par  M.  V.  Yarangot,  horticulteur  à  Melun. 

—  L'Illush-ation  horticole  dit  que  le  plus  grand  verger  de  pêchers  du 
monde  est  celui  de  M.  John  H.  Parnell,  dans  la  Géorgie  (Etats-Unis  d'Amé- 
rique). Ses  plantations  s'étendent  sur  une  surface  de  810  hectares  compre- 
riant  environ  150.000  arbres  plantés  à  quatre  mètres  de  distance  et  con- 
duits en  buissons  et  à  basses  tiges  de  façon  à  permettre  la  cueillette  des 
fruits  sans  échelle.  Près  de  70.000  de  ces  arbres  appartiennent  à  une  seule 
variété  la  Pêche  Parnell. 

—  La  Société  d'acclimatation  de  Paris  vient  de  décerner  une  médaille 
d'or  à  M.  F.  von  Mueller,  fjui  a  tant  contribué  à  répandre  la  culture  des 
Eucalyptus  dans  les  contrées  méridionales  de  l'Europe  et  septentrionales 
de  l'Afrique. 

—  Il  y  aura  k  Dijon,  les  4  et  5  juin  proîhain,  dans  la  salle  des  Thèses, 
à  l'Ecole  de  droit,  des  réunions  publiques  qui  auront  pour  objet  l'étude  de 
toutes  les  questions  relatives  aux  maladies  da  la  vigne.  Un  concours  spécial 
de  viticulture  sera  annexé  à  l'Exposition  d'horticulture. 

—  A  l'occasion  du  concours  régional  d'Agan  (Lot-et-Garonne),  il  y  aura, 
du  19  au  22  mai,  dans  la  grands  salle  des  Conférences,  à  l'Hôtel-de-Ville, 
une  série  de  conférences  relatives  à  là  culture  de  la  vigne  et  une  concernant 
la  préparation  du  pruneau  ;  celle-ci  sera  faite  par  M.  Issartior,  sénateur  de 
la  Gironde. 

—  La  Société  des  agriculteurs  et  horticulteurs  et  maraîchers  a  adressé  à 
M.  le  maire  de  Marseille  une  pétition  dont  le  but  est  d'obtenir  un  meilleur  et 


160  — 


plus  vaste  emplacement  que  celui  du  marché  actuel.  Entre  autres  choses 
contenues  dans  cette  pétition,  il  faut  signaler  les  suivantes  : 

1"  a  Les  revendeuses  devront  être  exclues  du  grand  marché  central  ou 
être  cantonnées  sur  un  point  spécial,  afin  qu'il  n'y  ait  point  de  confusion 
entre  elles  et  le  producteur; 

2"  a  La  liberté  du  grand  marché  devrait  être  complète,  les  agriculteurs 
pourraient  faife  vendra  leurs  produits  directement  par  qui  bon  leur  semble- 
rait, c'est-à-dire  par  toute  personne  en  qui  ils  auraient  confiance. 

0  Devraient  être  admis  sur  le  marché  contrai  tous  les  produits  des  terres 
des  agriculteurs  sans  exception,  notamment  les  poules,  pigeons,  œafs,  lapins, 
fleurs  à  paquets,  etc.  » 

—  \SObstgarten  signale  une  nouvelle  variété  d'abricotier  du  nom  Blor 
Ziran,  obtenu  par  M.  Scharrer,  directeur  des  jardins  de  Tiflis  (Géorgie).  Le 
seul  mérite  de  cet  abricotier  serait  d'être  rustique  dans  les  pays  froids. 

—  M.  Lebatteux,  horticulteur,  qui  soutenait  depuis  plusieurs  années  un 
procès  contre  la  ville  du  Mans,  vient  d'obtenir  gain  de  cause.  Il  a  obtenu 
10,400  francs  de  dommages-intérêts.  M.  Lebatteux  avait  une  très  belle  col- 
lection d'orchidées  qui  avaient  presque  toutes  péri  asphyxiées  par  la  fumée 
d'un  immense  incendie  qui  s'était  déclaré  dans  un  amas  de  détritus  apparte- 
nant à  la  ville  du  Mans. 

—  La  Société  centrale  d'horticulture  de  Nancy  a  résolu  d'ouvrir  un  Con- 
cours et  d'affecter  une  somme  de  600  francs  répartie  et  trois  prix  qui  seront 
attribués  aux  plantations  d'arbres  fruitiers  faites  sur  des  terrains  incultes  ou 
impropres  à  l'agriculture  dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle. 


Catalogncs.  —  B.  Comte,  horticulteur,  rue  de  Bourgogne,  47,  Lyon. 
—  Catalogue  des  plantes  de  serre  chaude,  de  serre  tempérée,  serre  froide 
et  plein  air  cultivées  dans  ^établi3semen^  Collections  générales  de  Bégonias, 
Broméliacées,  Caladiums,  Aroïdées,  Coleus,  Crotons,  Draoœna,  Fougères, 
Lycopodes,  Gloxinias,  Maranta,  Orchidées,  Palmiers,  Dahlias,  Pelargoniums, 
Chrysanthèmes,  etc.  Nombreuses  espèces  diverses. 

—  B.  Coi'SANOAT,  horticulteur,  grande  rue  de  Cuire,  à  Cuire  les-Lyon. — 
Catalogue  des  plantes  de  serre  et  de  plein  air.  Bigonias,  Broméliaoées, 
Coleus,  Fougères,  Palmiers,  Aloès,  Cannas,  Dahlias,  Fuchsias,  Sempervi- 
vum,  Bouvardias,  etc.  Plantes  vivaces,  Arbustes  grimpants,  Plantes  pour 
massifs,  etc.  Collections. 

—  A.  Marchand  fils,  horticulteur,  rue  du  Calvaire,  à  Poitiers  (Vienne).  — 
Catalogue  des  cultures  florales,  des  plantes  de  serre  et  d'appartement  et  des 
nouveautés  de  l'établissement.  Plantes  variées  pour  massifs.  Collections 
d'Abutilons,  Chrysanthèmes,  Dahlias,  Fuchsias,  Bégonias,  Géraniums,  Lan- 
tanas,  Plantes  à  feuillage,  Plantes  de  serre  chaude  et  de  serre  tempérée,  etc. 

—  Louis  Blanc,  horticuUeur  à  Hyères  (Var).  —  Prix  courant  d'oignons 
à  fleurs  cultivés  en  grand  par  l'établissement.  AUium,  Iris  de  Suze,  Jacin- 
thes, Lis,  Jonquilles,  Sparaxis,  Triteleia,  etc. 


Le     Gérant    :     V.    VIVIAND-MOREL. 


Lyon,  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,r.  de  la  République,  33 


1886  MAI  N»    10 


CHRONIQUE 


Donner  du  romarin.  — Donner  du  romarin  est  une  locution  popu- 
laire que  M.  Du  Bois-Mély  a  expliquée  dans  son  Glossaire  du 
XVF  siècle.  «  Donner  du  romarin,  dit-il,  signifie  refuser;  en 
parlant  d'une  femme  refuser  une  demande  en  mariage.  —  L'usage 
étant  très  probablement  dans  certaines  provinces  de  faire  connaître 
tacitement  à  un  prétendant  qu'il  était  éconduit,  en  lui  envoyant  un 
bouquet  de  romarin. 

Dans  quelques  localités  du  pays  romand  et  notamment  à  Genève, 
on  entend  dire  parfois  dans  les  conversations  féminines,  à  propos 
d'un  célibataire  qu'on  soupçonne  avoir  eu  plus  d'une  déception  de  ce 
genre  :  il  a  reçu  bim  des  paniers  !  Selon  nous,  cette  locution  surannée, 
que  se  transmettent  encore  les  jeunes  filles,  doit  s'entendre  de 
«  paniers  de  Heurs  »  .  Ce  serait  une  dernière  réminiscence  de 
l'antique  usage  que  nous  signalons»  . 

Le  Romarin  est  un  petit  sous-arbrisseau,  très  commun  dans  les 
contrées  que  baignent  la  Méditerranée.  Il  croit  en  si  grande 
abondance  en  Languedoc,  que  ceux  du  pays,  dit  un  ancien  auteur 
français,  en  font  du  feu  tous  les  jours  à  défaut  d'aulre  bois.  On 
l'appelle  vulgairement  Romarin  des  troubadours  Encensier, 
Herbe  aux  couronnes. 

Le  miel  de  Narbonne  doit  ses  qualités  aromatiques  à  l'existence 
du  romarin  près  des  ruches.  Anguillara  estime  que  le  Romarin  et 
le  Cn(;urus  noir  de  Théophraste,  et  la  Cassia  noir  de  Higinus,   de 
laquelle  les  abeilles  sont  fort  friandes  :   «  à  raison  de  quoi  il  faut  le- 
planter  autour  des  ruches.  » 

La  vieille  renommée  du  Romarin  est  surtout  une  renommée 
méridionale,  éclose  sous  le  chaud  soleil  de  la  Provence  et  du  Lan- 
guedoc. Elle  remonta  bien  vers  le  Nord,  mais  comme  l'arbrisseau 
ne  la  suivit  pas  dans  ses  pérégrinations,  elle  eut  de  la  peine  à  y 
prendre  droit  de  cité. 


—  162  — 

L'auteur  de  la  chanson  de  Mabrough  prend  le  Romarin  pour  un 
arbre. 

A  l'entour  de  sa  tombe 
Romarins  l'on  planta 
Sur  la  plus  haute  branche 
Le  Rossignol  chanta. 

((  Le    Romarin   dit   un  vieux  médecin  préserve  la  maison  de 
contagion  si  on  en  brûle  dedans  »  . 

Il  est  encore  tenu  aujourd'hui  en  bonne  estime  par  les  herboris- 
tes. 

La  célèbre  eau  de'^  la  reine  de  Hongrie  compte  le  Romarin 
comme  un  des  principaux  produits  qui  entrent  dans  sa  fabrication. 

Abonne  exposition,  planté  sur  des  pentes  abritées  des  vents  du 
Nord,  ou  dans  un  sol  caillouteux,  le  Romarin  supporte  les  hivers 
ordinaires  du  centre  de  la  France.  Planté  dans  les  terrains  fertiles, 
où  il  pousse  vigoureusement,  il  gèle  très  facilement. 

Il  y  a  des  Romarins  à  fleurs  bleu  foncé,  bleu  pâle  et  à  Heurs 
blanches. 

y^rbres  pleureurs . — Les  jardiniers  traduisent  singulièrement  le 
latin  :  de  pendula  ils  ont  tiré  pleureur.  Saule  pleureur,  Sophora 
pleureur,  Frêne  pleureur,  etc.  Jamais  ces  arbres,  dont  les 
rameaux  sont  pendants,  n'ont  versé,  une  larme,  si  ce  n'est,  toute- 
fois, quand  on  les  taille  un  peu  tard,  au  printemps. 

On  se  demande  pour  quelle  raison  on  a  ainsi  appliqué  l'adjectif 
pleureur  à  toute  une  catégorie  de  végétaux,  car  enfin  je  ne  trouve 
pas  personnellement  que  le  Saule  ou  le  Sophora  pendants  aient 
l'air  larmoyants,  tristes  ou  affligés.  Je  sais  bien  que  Musset  a  dit  : 

Mes  chers  amis,  quand  je  mourrai, 
Plante/,  un  saule  au  cimetière, 
J'aime  son  feuillage  éploré; 
La  pâleur  m'en  est  douce  et  chère 
Et  son  ombre  sera  légère 
A  la  terre  où  je  dormirai. 

Mais  ce  n'est  pas  une  raison,  car  vous  savez  que  tout  est  permis 
aux  poètes.  Verdure  éplorée,  c'est  très  joli;  mais  enfin  Musset 
n'a  pas  dit  saule  pleureur,  il  a  dit  saule  tout  court  ;  saule  pleureur 
eût  été  poncif. 

•  Pendant  qu'on  était  à  faire  pleurer  les  arbres,  on  aurait  dû  indi- 
quer des  nuances.  Les  variétés  pleurant  mal  auraient  été  «pleur- 
nicheuses »  ;  celles  dont  l'aspect  est  triste  «  pleurardes  »  et  si  la 
locution  n'eût  pas  été  un  peu  longue,  on  aurait  pu  dire  de  quelques 
unes  qui  pleurent  immodérément  u  variété  pleurant  comme  un 
veau.»  C'est  égal  c'est  une  drôle  d'idée  que  d'avoir  fait  pleurer  les 
arbres. 


—   163  — 

Le  sulfate  de  soude  cl  le  mildew.  —  On  parle  d'essayer  le  sel  de 
Glaubcr  (sulfate  de  soude),  au  lieu  et  place  de  sulfate  de  cuivre, 
pour  la  destruciiou  du  mildiou.  Il  n'est  pas  bien  certain  que  ce  sel 
de  sodium  puisse  remplacer  le  composé  cuivrique.  La  raison  qu'on 
fait  valoir  pour  essayer  d'opérer  cette  substitution  ne  me  paraît  pas 
de  la  force  de  quarante  chevaux.  Jugez  plutôt  :  «  Mathieu  de 
Dombasle  avait,  dans  le  temps  recommandé  l'emploi  du  sel  de 
Glaubcr  pour  le  sulfatage  des  blés.  Pourquoi  ce  sulfate  de  soude 
qui  réussit  à  détruire  les  spores  des  cryptogames  qui  se  trouvent 
sur  les  blés,  ne  pourrait-il  pas  empêcher  la  germanisation  des  spo- 
res du  mildew  l  »  Et  oui,  pourquoi,  je  vous  le  demande  ?  Bone 
dcus,  eh  !  bien  et  le  soufre  ne  détruit-il  pas  l'oïdium  qui  je  crois  est 
un  cryptogame  ?  Pourquoi  alors  ne  pas  employer  le  soutre  contre 
le  mildew  qui  est  aussi  un  cryptogame. 

La  thérapeutique  n'est  pas  aussi  simple  que  cela.  Enfin  on  peut 
bien  essayer  ;   cela  coûte  si  peu. 

Dcslruclton  des  limaçons  de  la  vigne.  —  Voici  un  procédé  infailli- 
ble, paraît-il,  pour  détruire  les  limaçons  qui  font  tant  de  dégâts 
aux  jeunes  pousses  de  la  vigne.  Nous  l'empruntons  à  La  /'i(jne  fran- 
çaise.  On  prend  : 

Sulfate  de  cuivre.    ...  25  parties. 

Eau 100  — 

Farine 1  — 

Ocre 5  — 

Faire  dissoudre  le  sel  de  cuivre  dans  l'eau  bouillante,  ajouter  la 
farine  et  l'ocre  de  manière  à  faire  une  bouillie  liquide. 

A  l'aide  d'un  pinceau  trempé  dans  cette  colle,  on  trace  une 
ligne  circulaire  au  pied  de  chaque  cep  et  de  son  échalas. 

A  partir  de  ce  moment  les  limaçons  ne  dépassent  plus  la  limite 
qu'on  leur  a  tracé  ;  et,  lorsque  pressés  par  la  faim,  ils  voudront  la 
franchir,  leur  mort  sera  certaine.  En  effet,  aussitôt  ils  jettent  leur 
bave,  se  refoulent  dans  leur  coquille  et  peu  à  près  roulent  ina- 
nimés. 

Lorsque  celte  pâte  est  appliquée  par  un  temps  sec  elle  résiste 
assez  bien  aux  pluies  et  son  effet  est  de  durée. 

Il  est  bon  de  se  rappeler  que  les  limaçons  ainsi  empoisonnés 
constituent  eux  mêmes  un  poison  pour  les  animaux  de  basse- 
cour.  )) 

Âllium  neapolitcanum,  variété  grandiflorum  /fermillii.  —  On  sait 
quelle  consommation  vraiment  considérable  les  fleuristes  des  gran- 
des villes  font  de  cet  Ail  napolitain,  que  les  horticulteurs  de  la 
région  méditerranéenne  leur  envoient,  dès  janvier,  sous  le  nom 
(W-Jllium  album.  C'est  une  espèce  que  la  couleur  pure,  la  disposition 


16A 


en  ombelle  et  la   boniio  tenue  des  fleurs   ont  fait  classer  dans  la 
série  des  bonnes  plantes  à  «  bouquets.  » 

M.  César  Hermitte,  liorticulteur  à  Ollioules,  en  cultive  une 
variété  obtenue  et  fixée  par  lui,  qui,  parait-ii,  est  bien  supérieure 
aux  variétés  déjà  connues.  Une  commission,  nommée  par  la  Société 
d'Horticulture  et  d'Acclimatation  du  Var,  a  reconnu  que  la  plante 
de  M.  Hermitte  est  assez  ressemblante  au  iy\)e,  dont  elle  ditï'ère 
seulement  par  le  développement  considérable  et  inusité  de  toutes 
ses  parties  ;  elle  a  proposé  de  nommer  cette  plante  ÀUium  ncapoli- 
teanum  Ncnnilli  grand lllorum. 

On  sait  que  VJUium  ncapolileanum  porte  également  le  nom  à\Il- 
lihin  lacteum  ;  il  vit  sauvage  dans  la  France  méridionale,  l'Espagne, 
l'Italie,  la  Corse,  la  Dalmatie,  la  Grèce,  etc. 

Soufraiic  de  la  vigne.  —  Voici  le  moment  ou,  bien  souvent, 
l'oïdium  fait  son  apparition  dans  nos  vignes  en  treilles.  Nous  rap- 
pelons qu'il  vaut  mieux  soufrer  préventivement  que  d'attendre  qu'il 
y  ait  trace  d'oïdium.  Les  treilles  qui  ont  été  attaquées  l'année  pré- 
cédente par  le  cryptogame  sont  surtout  celles  auxquelles  il  est 
urgent  de  faire  subir  un  soufrage  préventif.  En  procédant  de  cette 
manière,  on  ne  court  pas  la  mauvaise  chance  de  voir  sa  récolte 
compromise  par  négligence. 

Réséda  en  arbre.  —  «  Je  voudrai  de  la  graine  de  Réséda  en 
arbre...  »  Telle  était  la  drmande  qu'un  amateur  adressait,  en  avril 
dernier,  à  un  marchand  de  graines.  Celui-ci  répondit  qu'il  n'y  avait 
de  Réséda  en  arbre  que  celui  que  le  jardinier  amenait  à  cet  état. 

Longue  dissertation  à  ce  sujet  dont  je  vous  fais  grâce. 

Le  marchand  avait  raison.  Pour  obtenir  du  réséda  un  arbre,  on 
prend  du  Réséda  en  herbe  et  on  le  traite  de  la  manière  suivante  : 
On  peut  semer  directement  dans  le  pot  plusieurs  graines  et  ne  con- 
server que  le  plus  joli  pic  1  ;  ou  bien  repiquer  très  jeune  un  pied  de 
Réséda  au  milieu  d'un  pot.  On  commence  par  un  vase  de  petit 
calibre  (godet  de  3  pouces)  et  on  procède  à  des  rempotages  succes- 
sifs dans  le  cours  de  l'année. 

Le  Réséda  émet  plusieurs  branches  qu'il  faut  pincer,  en  conser- 
vant la  centrale  à  laquelle  on  met  un  tuteur.  Quand  la  fleur  se 
montre  au  sommet  de  la  branche-tige,  on  la  pince  et  on  choisit  un 
des  rameaux  que  ce  pincement  fait  développer  pour  continuer  la 
tige  principale  et  on  pince  les  autres  rameaux  tout  près  de  leur 
naissance.  On  continue  de  cette  manière  jusqu'à  ce  que  la  tige  ait 
atteint  la  hauteur  convenue.  A  partir  de  ce  moment  on  forme  «  la 
tête  »  en  pinçant  toutes  les  fleurs  qui  se  présentent.  La  «  tête  for- 
mée »  ,  on  laisse  fleurir. 


—  165  — 

Origine  du  Fraisier  des  Quatre- Saisons.  —  Je  ne  prends  pas,  pour 
le  moment,  la  chose  au  sérieux  et  je  comprends  bien  le  reproche 
que  m'adressait  le  D''  X.,  l'autre  jour,  quand  il  me  disait  :  «  Vous 
autres  jardiniers,  vous  n'apportez  pas  assez  de  ménagement,  dans 
les  conclusions  que  vous  tirez  d'expériences  faites  au  hasard  »  . 
Comme  il  a  raison  ce  bon  docteur.  Voici  maintenant  que  plusieurs 
bons  horticulteurs,  tiennent  absolument  à  faire  descendre  les  Frai- 
siers des  Quatre-Saisons  du  Fraisier  à  gros  fruit.  Ah  !  je  vous  en 
prie,  confrères,  ne  continuez  pas  ;  laissez  cette  généalogie  de  côté. 

J'ai  semé,  dit  celui-ci,  des  Fraisiers  à  gros  fruits  et  j'ai  obtenu 
dans  le  semis  des  Fraisiers  des  Quatre-Saisons.  J'ai  semé,  dit  l'au- 
tre, des  Fraisiers  des  Quatre-Saisons  et  je  n'ai  pas  obtenu  de  Frai- 
siers à  gros  fruits.  Un  troisième  conclut  :  «  Donc  le  l'raisier  des 
Quatre-Saisons  descend  du  Fraisier  à  gros  fruit  ;  tandis  que  le 
Fraisier  à  gros  fruit  ne  descend  pas  du  Fraisier  des  Quatre-Sai- 
sons. Malheureusement  ! 

J'ai  semé  des  cinéraires  et  j'ai  trouvé  dans  le  semis  du  Séneçon 
vulgaire  et  du  Mouron  des  oiseaux,  donc  je  conclus  que  le  Séneçon 
descend  dts  îles  Canaries  et.  .  .  .  Laissons  cela. 

Le  Fraisier  des  Quatre-Saisons  était  connu  et  cultivé  en  Europe 
avant  qu'on  ait  introduit  d'Amérique  les  Fraisiers  à  gros  fruits.  Il 
est  du  reste  parfaitement  spontané  dans  beaucoup  de  hautes  mon- 
tagnes de  l'Europe. 

Remède  contre  le  puceron  laniyère  el  la  cloque.  —  Je  suis  persuadé 
qu'un  statisticien  trouverait  ample  matière  à  statistique  s'il  voulait 
s'occuper  de  relever  lo  nombre  de  remèdes,  d'insecticides,  de  cryp- 
togamicides,  etc.,  qui  ont  été  signalés  depuis  l'invention  de  l'im- 
primerie, pour  guérir  les  maladies,  éloigner  ou  détruire  les  insec- 
tes et  les  cryptogames.  Ce  qu'il  y  a  de  procédés,  c'est  effrayant  : 
chacun  a  le  sien.  Le  journal  agricole  de  la  province  d'Anvers  le 
fMndman,  en  édite  deux  nouveaux,  l'un  pour  le  puceron  lanigère, 
l'autre  pour  la  cloque:  les  voici  S.  G.    D.  G.  bien  entendu. 

«  Pour  éloigner  le,  puceron  lanigère  du  pommier,  il  suffit  de 
planter,  au  pied,  des  capucines  et  de  les  laisser  monter  le  long  de 
l'arbre. 

«J'ai  fait  l'expérience  cette  année  et  n'ai  plus  vu  des  pucerons.» 

Autre  remède  que  j'ai  fait  expérimenter,  ajoute  l'auteur,  et  qui 
a  donné  de  bons  résultats  : 

'(  Pour  préserver  les  pêchers  de  la  cloque  et  des  pucerons,  il 
faut  planter,  au  pied,  des  oignons,  des  échalottes,  des  aulx  ou  des 
poireaux,  et  leur  laisser  porter  des  graines.  »  V.  V.-M. 


—    IciO 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la    séaace    du     18   avril     1886,    tenue   daas  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de.  M.  B.  Comte,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  la  et  adopté. 

Correspondance.  —  La  Société  a  reçu  : 

1°  Une  lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  liorliole  dauphinoise, 
demandant  la  nomination  d'un  délégué  pour  faire  parue  du  Jurj  chargé 
d'attribuer  les  récompenses  aux  lauréats  de  l'exposition  d'horticulture  qu'elle 
ouvrira  à  Grenoble  le  ISjuia  prochain. 

M.  Jules  Chrétien  a  été  désigné  pour  remplir  ces  for.ctio.is. 

2°  Une  lettre  semblable  à  la  précédente  émanant  de  la  Société  d'horti- 
culture de  laCôte-d'Or  dont  l'exposition  aura  lieu  à  Dijon  du  29  mai  au  6  juin 
prochain. 

M.  Gaulain  a  été  désigné  pour  être  délégué  à  Dijon. 

3"  Lettre  de  M.  Hoste,  horticulteur,  rue  des  Dahlias,  à  Monplaisir,  infor- 
mant M.  le  Secrétaire  qu'il  vient  de  faire  imprimer  de  nouveaux  certificats 
d'origine  pour  l'expédition  des  végétaux  dans  lei  pays  étrangers.  Ces  certi- 
ficats imprimés  évitant  beaucoup  d'écriture  à  l'expert,  officiel,  éviteroct  à 
l'expéditeur  de  faire  deux  courses  pour  obtenir  l'estampille  officielle. 
M.  Hoste  tient  gracieusement  des  certificats  en  question  à  la  disposition  de 
ses  collègues  ; 

4»  Lettre-circulaire  de  la  Commission  d'orginisation  de  l'Union  commer- 
ciale des  horticulteurs  et  marchinls-grainiers  de  France  accompagnant 
l'envoi  des  statuts  de  ce  syndicat  en  voie  de  formation. 

Correspondance  imprimée.  —  M.  Viviand-Morel  passa  en  revue  les  publi- 
cations reçues  par  la  Société  depuis  sa  dernière  réunion  et  appelle  l'atten- 
tion sur  les  articles  intéressant  la  région  lyonnaise  ou  l'horticulture  en 
général. 

Présentations. — 11  est  donné  lecture  de  huit  candi latur^s  sur  lesquelles 
conformément  au  règlement  il  sera  statué  à  la  prochaine  assemblée. 

Admissions.  —  Aucune  protestation   n'étant  parvenue  au  bureau   sur  les 
présentations  faites  à  la  dernière  réunion,  sont  admis  à  l'unanimité  membres 
de  notre  Compagnie  : 
MM. 

Plissonnier,  fabricant  d'instruments  agricole?,  cours  Lafayette,  162,  Lyon, 
présenté  par  MM.  Musset  et  Viviand-Morel  ; 

Couchoud  fils,  Antoine,  treillageur-ru-tiqueur,  cours  d'Hcrbouville,  78, 
Lyon,  présenté  par  MM.  Chardon  et  Viviand-Morel  ; 

Hyver,  Julien,  jardinier,  chemin  de  la  Groix-Morlon,  37,  Monplaisir  Lyon, 
présenté  par  MM.  A  Bernaix  et  J.  Jacquier  ; 

Barrât,  Noël,  jardinier,  rue  du  Garrat,  à  St-Julien-en-Jarret  (Loire),  pré- 
senté par  MM.  J,  Jacquier  et  Molin. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  1^  un  pied  de 
Bkclinum  corcovodense  dont,  il  y  a  25  ans,  le  présentateur  fil  l'acquisition. 
De  cette  plante  il  obtint  de  semis  une  variété  à  feuilles  rougdà'res  qui  se 
reproduit  parfaitement  ;  un  pied  à' Eclates  rubro  venosa;  3°  un  semis  à%Cmna 
iridi/lora,  issu  d'un  croisement  avec  le  Canna  variété  Jean  Liabaud. 

La  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  2°  classe  pour  Tensemble 
de  l'apport. 


—   167  — 


Par  M.  Masson,  rue  St-Denis,  Ljon-Croix-Rousse  :  1°  une  collection  de 
primevères  de  jardin  en  plantes  et  en  fleurs  coupées  très  bien  variées  ;  2"  des 
primevères  de  jardin,  de  semii?,  à  fleurs  très  grandes  et  d'un  beau  coloris. 
Parmi  ces  semis  figurent  deux  plantes  nommées  .)/""  Lacroix  et  M°'*  Nicolas. 
La  Commission  propose  d'acoorder  une  prime  de  2»  classe  pour  la  collec- 
tion et  une  de  1'"  classe  pour  les  primevères  de  semis. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  la  Pape  :  1°  un  Pelargo- 
nium  M'^"  de  Suvoion.  Cette  variété  est  semi-doubla  et  elle  est  issue  d'un 
rameau  de  la  variété  à  fleur  simple  Gloire  de  Corbénj,  dont  les  fleurs  pré- 
sentaient un  cas  de  duplicatura,  qui  a  été  fixé  par  le  présentateur  ;  2°  dos 
variétés  de  tulipes  en  fleurs,  à  feuille  panachée,  PonacAe'e  d'Orléans;  François 
Bernard,  variété  bsnne  à  forcer,  rouge  ponceau  bordé  blanc;  Souvenir  de 
Victor  Hugo,  variété  présentée  comme  ayant  été  obtenue  de  semis,  rouge 
ponceau  fond  jaune  clair. 

La  Commission  demande  qu'on  accorde  une  prime  de  3°  classe  pour  là  fixa- 
tion du  Pelargonium  et  une  de  3"  classe  pour  les  tulipes. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin  :  1°  un  lot  de  Pensées 
bien  variées;  2°  des  fleurs  de  Fritillaria  imperialis;  3°  des  échantillons 
de  Crambe  maritime. 

Les  Commissions  proposent  d'accorder  une  prime  de  3»  classe  pour  les 
Pensées  et  une  de  3"  classe  pour  le  Crambe. 

Par  M.  Chavagneux,  horticulteur  à  Villeurbanne,  une  collection  de  Pen- 
sées à  laquelle  la  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  3'  classe. 

Par  M.  Chazallet,  jardinier  chez  M.  Randu,  à  Crépieux,  une  collection  de 
Pensées,  pour  laquelle  il  est  demandé  une  prime  de  3«  classe. 

Par  M.  Messat,  jardinier  à  Rillieax  (Ain)  :  1»  un  lot  de  Pensées  variées  et 
quelques-unes  d'un  coloris  bleu  clair  et  bleu  foncé  :  2°  un  Pissenlit  amélioré 
à  cœur  plein. 

Les  Commissions  demandent  qu'il  soit  accordé  une  prime  de  3*  classe  aux 
Pensées  et  une  de  3«  classe  pour  le  Pissenlit. 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M""  Vachon,  à  Ecully  :  1»  une  collection  de 
tulipes  composée  des  variétés  :  Le  Blason,  Cramoisi  fidèle,  Tournesol,  La 
Candeur,  Boyard  plaisant,  Fol  empire.  Rose  luisante,  Rex  rubrorum,  Impera- 
tor  rubrorum.  Duc  d'Orange,  Duchesse  de  Parme,  Murillo,  Archiduc  d'Au- 
triche, Caméléon,  etc.  ;  2°  des  plantes  de  haricot  noir  hàtif  de  Belgique,  en 
fruit;  3°  un  pot  de  fraisier  Triomphe  de  Liège,  en  fruit,  4»  un  bouquet  de 
fraisiers  des  Quatre-Saisons,  belle  améliorée,  obtenue  par  forçage. 

Les  Commissions  demandent  qu'il  soit  accordé  une  prime  de  3°  classe  pour 
les  tulipes  et  une  de  2°  classe  pour  l'ensemble  du  lot  de  primeurs. 

Par  M.  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Ecully,  un  lot  de  Pensées 
variées  et  un  bouquet  de  Giroflées  à  fleurs  doubles  jaunes. 

La  Commission  demande  qu'il  soit  accordé  à  cet  apport  une  prime  de 
3'  classe. 

Par  M.M.  Jossermoz,  jardinier  chez  M""'  Willermoz,  à  St-Genis-Laval,  un 
beau  tubercule  de  Patate  pour  lequel  la  Commission  demande  qu'on 
accorde  une  prime  de  3«  classe. 

Par  M.  Durand,  horticulteur,  Lyon-Monplaisir,  quatre  Aucuba  de  semis 
auxquels  la  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  rue  de  l'Enfance,  33,  Lyon  : 
1°  des  beaux  spécimens  de  poireau  monstrueux  de  Carentan,  qui  ont  été 
repiqués  en  place  fin  septembre;  2°  des  belles  asperges  violettes  de  Hollande, 
cueillies  sur  une  aspergière  dont  la  plantation  ne  daterait  que  de  4  ans,  et 
3°  des  fortes  plantes  d'épinard  monstrueux  de  Viroflay. 

La  Commission  demande  qu'il  soit  accordé  comme  belle  culture  une  prime 
de  3"  classe. 


168 


Par  M.  Chemin,  fabricant,  128,  Grande  rue  à  Oullins,  une  caisse  à  fleurs, 
très  élégante,  et,  en  même  temps  paraissant  être  très  solide  et  très  appropriée 
à  la  culture  des  plantes. 

Par  M.  Grillet,  Inrticalteui',  route  do  Grenoble,  Lyon-Monplaisir,  un 
échantillon  ds  flaurs  de  PelarLi^onium  à  grande  fleur,  de  semis,  la  fleur  est 
grande  et  d'un  coloris  rose  pourpré. 

Par  M.  Pernet  fils-Duchor,  rosiériste,  chemin  des  Quatre-Maisons,  Lyon, 
un  rosier  en  pot.  en  bouton,  de  la  variété  William  Froncis  Benvett.  M.  Pernet 
fils  rappelle  que  l'obtenteur  avait  primitivoraent  vendu  cette  variété  comme 
un  thé,  lorsqu'elle  n'est  qu'un  hybride  de  thé.  Le  présentateur  dit  l'avoir  vu 
fleurir  en  octobre  dernier,  sur  déjeunes  greffes,  le  bouton  était  très  allongé, 
mais  la  flaur  au  point  de  vue  de  la  duplicature  n'était  pas  des  plus  parfaite. 
Cette  vaiiété.  dit  M.  Pernet  fils,  paraît  bien  boutonner  sous  verre. 

Par  M.  Nicolas,  horticulteur-grainier,  Lyon,  des  tubercules  d'une  pomme 
de  terre  nouvelle,  J  iseph  Rigault,  variété  hâtive,  cultivée  aux  environs  de 
Paris  et  dont  on  fait  beaucoup  d'éloges. 

Les  membres  faisant  partie  des  commissions  d'examen  des  apports  n'étant 
pas  en  nombre,  il  est  adjoint  aux  membres  présents,  pour  la  Commission  de 
floricultnre.  ^L  .Musset,  et  la  culture  maraîehére,  M.  L.  Lille. 

Les  propositions  et  conclusions  des  Commissions  mises  aux  voix  sont  rati- 
fiées par  l'assemblée. 

Il  est  donné  lecture  du  programme  de  l'exposition  horticole,  organisée  par 
notre  compagiiie  en  septembre  prochain.  Après  quelques  observations  et  une 
discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Rozain- Bouoharlat,  Labruyère, 
Peinetfils,  Ducher.  Rivoire,  Viviand-Morel ,  etc..  qui  apporte  quelques 
modifîcalioiis  au  travail  de  la  Commission  d'Exposition,  le  programme  mis 
aux  voix  est  adopté. 

M.  Viviand-Morel  fait  une  conférence  sur  les  engrais  chimiques,  leur 
théorie  et  les  avantages  que  leur  emploi  présente  en  horticulture. 

M.  le  Présilent  remercie  le  secrétaire  général  de  son  intéressante  commu- 
cication. 

La  suite  de  celte  communication  est  renvoyée  à  la  prochaine  réunioD. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire  adjoint^   J.  Nicolas. 


Déformations  des  Feuilles 

Les  plantes,  comme  les  animaux,  présentent  souvent  quelques- 
uns  de  leurs  organes,  sous  des  formes  qui  ne  sont  pas  habituelles. 
Les  savants  appellent  monstres  toutes  les  déformations  accidentelles 
qu'ils  observent  chez  les  êtres  organisés.  Une  tleur  double  est  une 
fleur  monstrueuse,  les  faciès ,  les  torsion.*,  les  pélories,  les 
soudures,  les  disjonctions,  etc.,  sont  considérées  comme  des 
altérations  monstrueuses.  On  appelle  2'éralolocjie,Véiwàe  des  mons- 
truosités. Une  foule  d'auteurs  s;;  sont  occupés  accidentellement  de 
Tératologie  végétale.  Depuis  Linné,  il  serait  difficile  de  citer  un 
botaniste  qui  n'ait  pas  signalé  un  de  ces  mille  accidents  que 
présentent  les  plantes  les  plus  humbles,  comme  les  arbres  les  plus 
élevés.  L'horlicullurea  su,  du  reste,  mettre  à  profit  quelques-unes 
de  ces  anomalies  végétales  .  Les  variétés  à  rameaux  pendants, 
celles  à  feuilles  panachées,  les  fleurs  doubles,  les  fixations  de  colo- 


—  169 


ris  accidentels  qui  se  produisent  sur  certains  genres  peuvent  être 
considérés  comme  des  cas  de  Tératologie  fixés  par  les  jardiniers. 

Il  y  a  cependant  certaines  déformations  que  les  botanistes  ont 
classées  dans  la  Tératologie  végétale  et  qui  ne  sont  pas  des  déforma- 
tions monstrueuses,  mais  de  simples  états  que  prennent  les  espèces 
sous  l'influence  de  certains  milieux  dans  lesquels  elles  vivent, 
Moquin-Tandon,  notamment,  dans  son  traité  de  Tératologie  végétale , 
s'exprime  ainsi  en  parlant  (^e  la  déformation  rubanée  : 


Sagittaire  à  feuilles    rubanées    très  réduites. 


Sagittaire.  Feuille  et  fleurs 
normales  très  réduites. 


«Lorsque  la  Sagittaire  croît  hors  de  l'eau,  ses  feuilles  ont  un 
pétiole  et  un  limbe  bien  distincts.  Quand  cette  plante  est  acciden- 
tellement submergée,  son  limbe  avorte  presque  toujours,  et  le 
pétiole  au  lieu  d'avoir  une  forme  triangulaire  ou  cylindrique,  prend 
l'apparence  d'un  long  ruban,  plane,  foliacé,  terminé  par  une  petite 
callosité.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  Sagittaires  qui  portent  les 
deux  sortes  de  feuilles,  parce  qu'ils  se  développent  moitié  à  l'air, 
moitié  dans  l'eau.  Gaspard  Bauhin  a  pris  les  pétioles  rubanés  de 
)a  Sagittaire  pour  les  feuilles  d'une  graminée  ;  Linné  etGunner  les 
ont  regardé  comme  celles  de  la  Vallisnérie,  et  Poiret  les  a  décrits 
comme  des  feuilles  d'une  nouvelle  espèce  de  ce  dernier  genre, 
qu'il  a  nommée  Fallisneria  bulhosa. 

«  On  s'est  assuré  que  le  Plantain  d'eau  est  sujet  à  offrir  le  même 
phénomène.  M.  Emeric  de  Gastellane  a  vu  cette  plante,  très 
abondante  dans  les  eaux  de  l'Eygoutier,  près  Toulon,  affecter  la 
forme  du  feuillage  des  ValUsnéries. 


—   170 


«  Les  caractères  de  la  déformation  rubanée  se  rencontrent  dans 
l'état  habituel  d'un  grand  nombre  de  végétaux  ;  et  c'est  ici  surtout 
qu'on  peut  reconnaître  que  ce  qui  est  monstrueux  pour  une  espèce 
peut  se  trouver  normal  dans  une  autre  .  » 


Plantain    d'eau  à  feuilles    rubanées  très 
réduites. 


VaUisnèrie  en  spirale. 
Fleurs  normales,  feuilles  très  réduites. 


Les  faits  rapportés  par  Moquin-Tandon  sont  parfaitement 
exacts,  mais  je  ne  pense  pas  que  les  déformations  en  question  doi- 
vent être  classées  dans  les  anomalies.  J'irai  plus  loin  et  je  dirai 
même  que  ce  ne  sont  pas  des  déformations,  mais  des  états  très 
naturels  qui  se  produisent  régulièrement  toutes  les  fois  que  les 
plantes  en  question  se  trouvent  profondément  submergées. 

En  elfet,  la  Sagittaire,  les  Plantains  d'eau  et  un  nombre  assez 
grand  d'espèces  monocotylédones  développent  toujours  des  feuilles 
rubanées  quand  elles  vivent  dans  les  eaux  profondes. 

Nous  donnons  ici  les  figures  de  ces  plantes  ainsi  développées, 
et  comme  terme  de  comparaison  celle  très  réduite  de  la  Vallisnérie. 

Les  feuilles  des  Potamogeion  semblent  pour  la  plupart  privées  de 
limbe  et  réduites  à  des  pétioles  rubanées  ;  toutefois  certaines  sor- 
tes, notamment  le  Potamogeion  nalans,  développent  deux  sortes  de 
feuilles,  les  unes  flottantes  d'un  aspect  très  différent  de  celles  qui 
sont  submergées. 

Le  Trapa  nalans,  bien  connu  sous  le  nom  de  châtaigne  d'eau, 
a  d'abord  des  feuilles  très-découpées  et  ensuite  d'autres  feuilles 
flottantes    à    hmbe    presque    entier.    Les   Renoncules   aquatiques 


—   171  — 

présentent  des  caractères  analogues.  Mais,  je  le  répète,  on  ne 
doit  pas  prendre  pour  des  anomalies  des  états  très  naturels,  que 
les  végétaux  présentent  quand  il  se  dévoloppent  sou  l'intluence  de 
conditions  particulières.  Louis  Millaud. 


Feuilles  diverses    du  Trapa  nataiis. 


Feuilles  flottantes  du  Potamogeton  natans. 


Histoire    d'un    Haricot 


Un  cultivateur  des  environs  de  Lyon,  reçut  un  jour  d'un  ami 
habitant  un  autre  pays,  une  variété  d'haricot  qu'il  ne  connaissait 
pas,  et  dont  on  lui  fit  beaucoup  d'éloges. 

Soigneusement  cultivés,  ces  haricots  se  montrèrent  si  supérieurs 
à  tout  ce  qui  existait  jusqu'à  ce  jour,  que  ce  cultivateur  résolut  de 
le  garder  pour  lui  seul. 

Ses  cosses,  d'une  longueur  extraordinaire,  étaient  rondes  et 
fines  ;  son  rendement  était  considérable  ;  sa  résistance  à  la  séche- 
resse parfaite  ,  de  plus  encore,  la  facilité  avec  laquelle  les  cosses 
se  conservaient  fraîches,  une  fois  cueillies,  le  rendait  précieux  pour 
la  vente  ;  toutes  les  qualités,  même  celle  du  goût,  étaient  réunies 
dans  cette  variété  de  haricot  ;  sa  vente,  au  marché,  était  toujours 
assurée. 

Cependant,  avec  le  temps,  cette  variété  parvint  quand  même 
à  se  répandre,  et  fut  bientôt  entre  toutes  les  mains. 


—   172  — 

Sur  ces  entrefaites,  nous  eûmes  l'occasion  de  commencer  dans 
ce  pays  des  visites  bien  souvent  répétées  depuis.  On  nous  parla  de 
ce  haricot,  et  le  résultat  de  l'étude  que  nous  en  fîmes  fut  que  au 
printemps  suivant,  nous  le  mettions  au  commerce. 

Mais  quel  nom  lui  donner  P 

Après  beaucoup  de  recherches,  qui  remontèrent  même  jusqu'au 
premier  possesseur  connu,  c'est-à-dire  jusqu'à  celui  qui  avait  donné 
ce  haricot  au  cultivateur  dont  nous  nous  parlions  en  commençant, 
nous  apprîmes  que  cet  haricot  lui  avait  été  donné  à  lui-même,  sous 
le  nom  de  Petite  Princesse. 

Voilà  donc  le  Haricot  Petite  Princesse  au  commerce  car,  naturel- 
lement, nous  ne  lui  changeâmes  pas  son  nom. 

Mais  l'individu  qui  en  était  resté  seul  propriétaire,  pendant 
plusieurs  années  le  voyant  enfin  répandu,  en  donna  aussi  à  un 
autre  marchand  grainier  de  ses  amis. 

Ce  marchand  grainier,  le  baptisa  du  nom  de  celui  qui  le  lui 
donnait  et  l'appela  Haricot  Etienne. 

Donc  deux  noms  déjà  pour  la  même  variété. 

L'année  suivante,  un  autre  marchand  grainier  de  Lyon  reçut  ce 
même  haricot  d'une  personne  qui  habitait,  paraît-il,  la  commune 
de  Rillieux  ;  comme  tout  le  monde,  il  le  jugea  très  méritant  et  le 
mit  au  commerce  à  son  tour  sous  le  nom  de  Haricot  jaune 
de  Rillieux. 

C'était  un  troisième  nom,  toujours  pour  la  même  variété.  Mais, 
avant  que  de  poursuivre,  nous  ferons  remarquer  que  ce  dernier  nom 
était  mal  choisi,  puisque  le  Haricot  de  Rillieux  avait  déjà  existé  et 
qu'il  est  toujours  dangereux  de  donner  le  même  nom  à  deux 
variétés  différentes.  Le  mot  jaune,  il  est  vrai,  le  distingue  ;  mais 
chacun  sait  que  les  noms  s'usent  à  l'usage  et  tendent  constamment 
à  se  raccourcir  le  plus  possible  —  on  devrait  toujours  prévoir  ce 
cas  et  ne  donner  que  des  noms  courts  et  faciles  à  retenir  —  et  il 
ne  restera  bientôt  plus  que  Haricot  de  Rillieux,  d'où  confusion. 

Enfin,  l'année  passée,  nous  envoyâmes  des  échantillons  de  ce 
haricot  à  deux  des  principaux  marchands  grainiers  de  Paris. 

L'un,  ne  voulant  sans  doute  rien  devoir  à  l'horticulture  lyonnaise, 
nous  répondit  après  l'avoir  essayé  :    «  Votre  haricot  est  excellent, 

mais  ne  se  vendrait  pas  dans  notre  clientèle  ! »  —  Nous  pari- 

rerions  néanmoins  volontiers  qu'il  sera  l'année  prochaine  dans  son 
catalogue . 

L'autre  en  fait,  cette  année,  un  grand  éloge  dans  l'ouvrage  le 
Bon  Jardinier,  mais,  —  pour  mettre,  sans  doute,  les  Lyonnais 
d'accord,  —  il  le  baptise  d'un  quatrième  nom  et  l'appelle  :  Haricot 
nain  jaune  Li/onnais,  à  très  long  cosse. 


—   173  — 

Malgré  sa  longueur  et  son  inexactitude,  il  est  à  craindre  que  ce 
ne  soit  ce  dernier  nom  qui  reste,  étant  donnée  la  préférence  exa- 
gérée que  les  provinciaux  --  c'est  ainsi  que  les  Parisiens  nous 
appellent  dédaigneusement  —  professent  pour  tout  ce  qui  vient  de 
Paris. 

Mais,  à  tout  prendre,  nous  préférerions  certainement  qu'il  en 
fût  ainsi,  plutôt  que  de  voir  persister  une  si  regrettable  confusion. 

RiVOIRE  PÈRE  ET  FILS, 
Marchands-grainiers,  à  Lycii. 

Des  époques  de  semis  des  variétés  d'Epinard. 

M.  Alpli.  de  Candolle,  dans  son  ouvrage  sur  l'origine  des  plan- 
tes cultivées,  dit  que  l'Epinard  était  inconnu  aux  Grecs  et  aux 
Romains.  Il  était  nouveau  en  P^urope  au  xvi*  siècle,  et  l'on  a  dis- 
cuté pour  savoir  s'il  devait  s'appeler  Spa»achia,  comme  venant 
d'Espagne,  ou  Spinacia,  à  cause  des  épines  du  fruit. 

Malgré  la  date  relanvement  récente  de  son  introduction  dans  les 
cultures  potagères,  l'Epinard  y  a  pris  une  place  des  plus  impor- 
tantes, à  cause  de  l'excellence  de  ses  qualités  culinaires.  On  pour- 
rait même  dire  que  la  consommation  de  ce  légume  est  tellement 
entrée  dans  nos  habitudes,  que  lorsque  la  saison  de  l'année  n'est 
pas  favorable  à  sa  culture,  on  cherche  à  suppléer  à  son  absence 
par  l'emploi  d'autres  plantes  ,  parmi  lesquelles  je  signalerai  la 
Tétragone,  la  Baselle,  la  Bette  à  tondre  et  plusieurs  autres. 

Les  ouvrages  de  botanique  ne  sont  pas  bien  d'accsrd  sur  nom- 
bre d'espèces  d'Epinard.  Quelques-uns  n'en  admettent  qu'une 
seule,  avec  une  variété;  les  autres  en  admettent  deux  :  l'Epinard 
ordinaire  ou  Epinard  piquant  et  l'Epinard  à  graine  ronde. 

Los  jardiniers  potagers  connaissent  un  certain  nombre  de  varié- 
tés d'Epinard  qui  se  ressemblent  beaucoup  entre  elles  et  sont  sou- 
vent difficiles  à  distinguer,  si  on  ne  les  cultive  pas  comparative- 
ment. En  efïet,  la  seule  inspection  des  feuilles,  dont  la  forme  et  la 
vigueur  sont  variables  avec  la  fertilité  du  sol,  ne  fournit  pas  des 
caractères  saffîsammeni  nets  pour  établir  une  distinction  sérieuse. 
Il  faut,  pour  cela,  avoir  recours  au  semis  comparatif  des  variétés, 
suivre  ce  semis  depuis  sa  germination  jusqu'à  l'époque  de  la  matu- 
rité de  ses  graines.  Alors,  en  opérant  ainsi,  on  s'aperçoit  aisé- 
ment que  semées  en  même  temps  et  dans  les  mêmes  conditions,  il 
y  a  des  variétés  d'Epinard  qui  ne  se  comportent  pas  de  la  même 
façon.  Les  unes  poussent  plus  vigoureusement  à  l'automne  que  d'au- 
tres et  montent  plus  vite  à  graines.  Au  contraire,  on  remarque 
certaines  sortes  qui  restent  chétives  pendant  l'automne  donnent  de 
belles  récoltes  au  printemps. 


—    171  — 

J'ai  voulu  m'assurer  cette  année  de  quelle  manière  se  compor- 
tait comparativement  les  variétés  dont  les  noms  suivent  : 

1°  Epinard  de  Virollay  ;  "2°  Epinard  à  feuilles  de  laitue; 
3"  Epinard  lent  à  monter. 

Semées  dans  la  même  plate-bande  et  le  même  jour,  ces  trois 
variétés  d'épinard  se  sont  présentées  avec  des  caractères  différents, 
très  appréciables  au  point  de  vue  de  la  culture.  L'Epinard  de  Viro- 
flay  est  le  plus  hàlif  et  convient  surtout  pour  le  semis  d'automne, 
car  il  donne  avant  l'hiver  une  belle  récolte. 

L'Epinard  à  feuille  de  laitue  vient  en  seconde  ligne  comme  pré- 
précocité. 

L'Epinard  lent  à  monter  est  le  plus  tardif,  ainsi  que  l'indique 
son  nom.  11  fleurit  au  moins  quinze  ou  vingt  jours  plus  tard  que 
l'Epinard  de  Viroflay.  Sous  ce  rapport,  il  rend  de  réels  services 
au  jardin  potager,  car  il  permet  d'attendre  la  récolte  des  semis  de 
printemps. 

On  sait  que  les  Epinards  aiment  le  terrain  meuble  et  bien 
amendé,  et  qu'il  ne  faut  pas  les  semer  trop  épais.  Si  on  veut  qu'ils 
prennent  un  beau  développement,  il  est  très  important  d'éclaircir 
le  plant.  Ou  peut  semer  les  Epinards  pendant  presque  toute  l'année, 
mais  ce  sont  les  semis  de  la  fin  de  l'été  et  du  commencement  du 
printemps  qui  donnent  les  plus  belles  récolles. 

Les  semis  faits  en  août-septembre  servent  à  la  consommation 
pendant  l'automne  et  l'hiver,  les  semis  d'octobre  donnent  leurs 
produits  sn  avril  et  mai;  ceux  de  février  et  mars  se  consomment 
en  mai-juin.  Léonard  Lille, 

Marchand  grainier,  à  Lyon. 

Des  matières  minérales  nécessaires  à  l'alimentation 
des  plantes  [Suite  et  Fin). 

Soude.  —  Cette  base  que  les  chimistes  nomment  protoxyde  de 
sodium,  se  trouve  le  plus  souvent  à  l'état  de  chlorure  bien  connu 
sous  le  nom  commun  de  sel  marin  et  de  sel  gemme,  et  par  les  usages 
innombrables  auxquels  il  est  employé  dans  l'économie  domestique. 
On  le  trouve  à  l'état  de  sel  gemme  dans  les  sources  salées  et  l'eau 
de  la  mer. 

La  soude  remplace  la  potasse  dans  l'alimentation  des  plantes 
qui  vivent  dans  les  eaux  marines,  ou  qui  habitent  les  rivages  mari- 
times. Pour  ne  pas  parler  que  des  plantes  cultivées,  je  citerai 
comme  vivant  de  soude  le  céleri,  la  betterave,  le  cresson  alénois, 
le  pourpier  de  mer,  etc. 

On  emploie  la  soude  dans  la  fabrication  du  savon  ;  le  carbonate 
de  soude  tend  à  remplacer  celui  de  potasse  dans  le  commerce  à 
cause  de  eon  bas  prix,; 


Sauf  pour  quelques  plantes  particulières,  les  sels  de  soucie  sont 
peu  employés  clans  la  fabrication  des  engrais.  Cependant,  comme 
l'azotate  de  soude,  également  connu  dans  le  commerce  sous  le  nom 
de  salpêtre  du  Chili,  est  d'un  prix  beaucoup  moins  élevé  que  le 
salpêtre  ordinaire  (azotate  de  potasse),  il  est  employé  quelquefois 
dans  les  engrais  comme  source  d'azote. 

le  salpêtre  du  Chili  est  employé  pour  fabriquer  l'azotate  de 
potasse. 

Liebig  avait  pensé  qu'il  était  possible  de  substituer  les  sels  de 
soude  aux  sels  de  potasse  dans  l'alimentation  des  plantes,  et  par 
conséquent  de  les  faire  entrer  dans  la  composition  des  engrais. 
On  a  reconnu  que,  sauf  pour  une  catégorie  d'espèces  particu- 
lières, cette  supposition  n'était  pas  fondée. 

Chaux.  —  La  chaux  est  le  résultat  de  la  combinaison  du 
calcium  avec  l'oxygène.  Comme  elle  partage  avec  les  oxydes  de 
strontium  et  de  barium  la  propriété  cï'absorber  l'acide  carbonique 
de  l'air,  on  ne  la  trouve  jamais  isolée  dans  la  nature.  On  la  trouve 
combinée  avec  l'acide  sulfurique  pour  former  le  gypse  ;  avec  l'acide 
phosphorique  (phosphate  de  chaux)  ;  avec  l'acide  silicique  (silicate 
de  chaux),  et  surtout  avec  l'acide  carbonique  et  constitue  la  craie, 
la  pierre  calcaire,  les  marbres,  les  coquilles  des  mollusques  et  une 
foule  d'autres  minéraux. 

On  se  sert  du  carbonate  de  chaux  pour  fabriquer  la  chaux  et  du 
sulfate  de  chaux  pour  préparer  le  plâtre. 

L'analyse  des  cendres  des  plantes  décèle  toujours  la  présence  de 
la  chaux,  et  la  plupart  du  temps  sa  prédominance  dans  une  foule 
d'espèces,  principalement  les  arbres,  les  légumineuses,  etc. 

La  chaux  est  peut-être  le  seul  des  composants  des  engrais  chi- 
miques dont  la  valeur  n'ait  pas  été  discutée  par  les  praticiens  : 
On  connaît  en  effet  depuis  très  longtemps  les  bons  effets  du  chau- 
lage  et  du  plâtrage  des  terrains. 

Le  chaulage  ou  le  plâtrage  n'a  pas  du  reste  pour  simple  résultat 
d'introduire  l'élément  calcaire  dans  les  sols  qui  en  sont  pauvres, 
mais  il  favorise  surtout  la  décomposition  des  silicates,  de  l'humus 
et  des  débris  organiques  déposés  dans  le  sol. 

Phosphore.  —  Le  phosphore  a  été  découvert  en  1617  par 
Brandt,  alchimiste  de  Hambourg,  qui  cherchait  dans  les  urines  la 
pierre  philosophale. 

C'est  un  corps  qui  se  trouve  à  l'état  de  combinaison  dans  les  os 
des  animaux  et  dans  presque  tous  les  terrains.  L'analyse  des  cendres 
a  démontré  que  le  phosphore  existe  à  l'état  de  phosphate  de  chaux 
et  de  magnésie  dans  toutes  les  plantes  et  surtout  dans  les 
graines. 


—  176  — 

La  présence  des  phosphates  en  quantités  relativement  considé- 
rables dans  les  semences  indique  leur  incontestable  utilité  dans  la 
végétation.  Aussi  fait-on  actuellement  une  très  grande  consomma- 
tion des  substances  qui  contiennent  de  notables  quantités  de  phos- 
phate de  chaux,  tels  que  les  os,  le  guano,  les  phosphates  fossiles, 
les  cendres  lessivées,  le  noir  des  raffineries,  etc. 

La  découverte  du  rôle  joué  par  le  phosphate   de  chaux  dans  la 
végétation  est  une  découverte  toute  moderne,   tandis  que   la   pra- 
tique du  chaulage,  celle  de  l'épandage   des  cendres  et  de  la  marne  . 
remonte  à  une  antiquité  très  reculée. 

Les  principaux  phosphates  susceptibles  d'être  employés  daus  la 
composition  des  engrais  sont  les  phosphates  de  chaux,  d'ammo- 
niaque, ammoniaco-magnésien,   de  magnésie,  etc. 

Le  phosphate  ammoniaco-magnésien,  qui  se  produit  dans  l'urine 
humaine  en  voie  de  putréfaction,  donne  une  activité  incroyable  à  la 
végétation.  Il  est  regrettable  que  ce  produit  soit  un  peu  cher  pour 
entrer  dans  la  composition  des  engrais. 

Magnésie.  —  La  magnésie  est  presque  toujours  associée  à  la 
chaux  dans  la  constitution  des  terrains  calcaires.  Sous  le  nom  de 
dolomie  on  trouve  dans  la  nature  des  quantités  considérables  de 
chaux  et  de  magnésie  carbonatée.  Cette  substance  est  probable- 
ment la  source  première  de  toute  la  magnésie  des  terres  arables  et 
des  eaux. 

On  trouve  la  magnésie  dans  les  cendres  de  presque  toutes  les 
plantes  et  dans  toutes  les  eaux  naturelles. 

Le  rôlo  de  la  magnésie,  pour  n'être  pas  aussi  considérable  que 
celui  de  la  chaux  dans  l'alimentation  des  plantes,  n'en  est  pas 
moins  très  important  ;  mais  comme  l'élément  magnésien  est 
presque  toujours  assez  abondamment  répandu  dans  le  sol  ou  même 
dans  les  substances  calcaires  qu'on  introduit  dans  la  composition 
des  engrais,  on  a  jusqu'à  présent  négligé  son  e^nploi  spécial. 

Fer.  —  Le  fer  à  l'état  d'oxyde,  plus  connu  sous  le  nom  vul- 
gaire de  rouille,  se  trouve  presque  dans  tous  les  terrains.  C'est  le 
sesquioxyde  de  fer  qui  donne  la  couleur  rouge  ou  jaune  aux  argiles 
et  aux  ocres. 

L'oxyde  de  fer  n'est  pas  moins  indispensable  à  la  constitution  de 
la  chroropliylle  ou  matière  verte  des  feuilles  qu'à  celle  des  globules 
du  sang  de  l'homme  et  des  animaux. 

L'oxyde  de  fer,  par  son  oxygène,  favorise  aussi  la  production  de 
l'acide  carbonique  en  décomposant  les  matières  végétales  enfouies 
dans  le  sol. 

Mais  comme  les  plantes  Ji'absorbent  pas  le  fer  en  très  grande 
quantité,  et  que  la  plupart  des  sols  en  contiennent  suffisamment, 
on  ne  fait  pas  entrer  ce  minéral  dans  les  engrais  chimiques. 


177 


Jzole.  —  L'azote  est  un  des  deux  gaz  qui  par  leur  mélange 
constituent  l'air  dans  lequel  nous  vivons.  On  le  trouve  dans  le  sol 
à  l'état  de  carbonate  d'amrooniaque  et  de  nitrates  alcalins. 

L'efficacité  du  fumier  est  due  en  partie  aux  matières  azotées 
qu'il  contient. 

L'action  énergique  imprimée  à  la  végétation  par  l'addition  au 
sol  des  sels  ammoniacaux  démontrent  l'utilité  incontestable  de 
de  l'azote  dans  la  végétation. 

Jcide  carbonique.  —  La  décomposition  de  l'acide  carbonique 
sous  l'influence  de  la  lumière  est  peut-être  le  fait  le  plus  important 
de  la  vie  des  plantes. 

Cette  masse  considérable  de  carbone  que  produit  le  règne  végé- 
tal est  en  partie  tirée  de  l'atmosphère  et  aussi  comme  constituant 
la  plus  grande  partie  des  détritus  végétau.x. 

Acide  stilfurique.  —  L'acide  sulfurique  combinée  à  la  chaux 
forme  le  plâtre,  dont  personne  aujourd'hui  ne  s'aviserait  de  contes- 
ter l'utilité  sur  les  plantes  de  la  famille  des  légumineuses.  Le  plâ- 
tre sert  également  à  saupoudrer  les  fumiers,  afin  de  transformer  le 
carbonate  d'ammoniaque  qui  est  volatil  en  sulfate  d'ammoniaque 
qui  est  â.xe  et  empêcher  ainsi  la  perte  des  matières  azotées. 

Le  plâtre  est  surtout  utile  comme  agent  aidant  à  la  décomposi- 
tion des  silicates  et  des  matières  organiques  contenues  dans   le  sol. 

y^cide  silkique. — L'acide  silicique  est  abondamment  répandu 
dans  tous  les  terrains.  Le  cristal  de  roche,  le  quartz,  le  silex,  la 
pierre  meulière,  etc.,  ne  sont  que  des  formes  dilïérentes  d'acide 
silicique.  Il  existe  à  l'état  de  silicate  dans  la  plus  grande  partie  des 
roches  et  des  terrains.  On  le  trouve  également  dans  les  tissus  de 
toute  les  plantes  auxquelles  il  donne  leur  rigidité. 

Les  bons  effets  produits  dans  la  culture  par  les  cendres,  ainsi 
que  par  l'écobuage  démontrent  assez  le  rôle  important  que  jouent 
dans  la  végétation  l'acide  silicique  combiné  aux  bases  alcalines  ou 
alcalino-terreuses. 

V Alumine.  —  L'alumine  combinée  à  l'acide  sihcique  et  aux 
silicates  alcaUn  constitue  l'argile.  On  ne  trouve  pas  d'alumine 
dans  l'analyse  des  cendres  des  plantes. 

Si  l'alumine  n'est  pas  absorbée  par  les  plantes,  c'est  elle  qui 
détermine  surtout  le  degré  de  consistance  du  sol  et  qui  le  maintient 
dans  un  état  d'humidité  favorable  à  la  végétation. 

Je  m'étonne  même  qu'aucun  chimiste  n'ait  proposé  l'emploi  de 
l'alumine  pour  donner  du  corps  aux  sols  mouvants  où  la  silice 
domine,  c'est-à-dire  aux  sols  sablonneux. 


—  178  — 

Les  Araignées  et  l'Agriculture. 

M.  le  docteur  Blanchard,  naturaliste  distingué,  a  fait  derniè- 
rement, à  la  mairie  de  Passy-Paris,  une  conférence  fort  intéres- 
sante sur  les  araignées. 

C'est,  a-t-il  dit ,  une  espèce  à  réhabiliter.  A  part  quelques 
espèces  de  la  zone  tropicale,  pourvues  d'un  appareil  venimeux, 
presque  sans  elfet,  d'ailleurs,  sur  les  vertèbres  et,  en  particulier, 
sur  l'homme,  l'araignée,  la  célèbre  tarentule  comprise,  est  com- 
plètement ii-ioffensive.  Il  y  a  mieux,  elle  est,  par  son  alimentation, 
un  puissant  auxiliaire  pour  l'agriculture,  surtout  pour  l'arboricul- 
ture, et  à  ce  titre  elle  mérite  d'être  étudiée  de  près. 

Nous  n'avons  pas  à  suivre  ici  le  conférencier  dans  la  descrip- 
tion qu'il  a  donnée  de  l'anatomie  et  des  mœurs  si  curieuses  du 
petit  animal  tisseur  ;  nous  arrivons  aux  considérations  par  lesquelles 
il  a  terminé  la  conférence  et  qui  ont  trait  à  l'agriculture.  En  voici 
le  résumé. 

Si  les  araignées  (celles  des  tropiques  exceptées)  sont,  par  la 
conformation  de  leur  corps,  très  faibles  pour  l'attaque,  elles  ont, 
en  revanche,  des  moyens  très  ingénieux,  très  efficaces,  pour  sub- 
venir à  leurs  besoins  et  se  garantir  de  leurs  ennemis.  Aussi,  ainsi 
armées  par  la  nature,  sont-elles  des  auxiliaires  de  premier  ordre 
pour  l'agriculture. 

M.  Keller,  inspecteur  général  des  forêts  dans  la  Suisse  alle- 
mande, a  récemment  établi,  à  Li  suite  d'observations  nombreuses 
et  pleinement  scientifiques,  qu'il  y  a  un  rapport  entre  les  pucerons 
et  cochenilles  qui  s'attaquent  aux  forêts  elles  araignées. 

On  sait  que  ces  pucerons,  ces  cochenilles,  vivent  sur  les  parties 
tendres  des  végétaux  et  qu'ils  peuvent  devenir  assez  formidable- 
ment nombreux  pour  absorber  toute  la  sève  à  leur  profit,  et,  par 
suite,  causer  la  mort  de  la  plante,  de  l'arbuste,  de  l'arbre  même 
sur  lequel  ils  se  propagent. 

Les  araignées  se  trouvent  bien  à  propos  mélangées  à  ces  légions 
dévastatrices  dont  elles  font,  pour  se  procurer  leur  nourriture, 
d'effroyables  exterminations.  Plus  nombreux  deviennent  les  puce- 
rons, plus  grand  aussi  devient  le  nombre  des  araignées,  en  sorte 
que  si  on  compte  les  premiers  par  milliards,  les  secondes  se  comp- 
tent par  millions,  maintenant  un  certain  rapport  qui  permet  à  la 
végétation  forestière   de  se  développer  sans  dommages  sensibles. 

C'est  surtout  autour  des  galles,  où  viennent  s'établir  en  para- 
sites les  pucerons  et  les  cochenilles,  que  les  araignées  concentrent 
leurs  efforts.  Elles  enveloppent  comme  dans  un  coton  ces  galles 


—   179  — 

d'où  ces  petits  ravageurs  ne  sortent  que  pour  trouver  la  oaort.  SI 
les  femelles  plus  vives,  plus  ardentes,  parviennent  à  percer  ce  filet, 
comme  elles  peuvent  aller  déposer  plus  loin  de  nombreuses  géné- 
rations, la  besogne  de  ces  premières  araignées  se  trouveraient 
singulièrement  amoindrie. 

Âlais  d'autres  espèces  tendent  dans  tous  les  sens  d'autres  filets 
à  mailles  plus  résistantes,  faisant  à  leur  tour  et  journellement  une 
ample  provision  de  parasites. 

Le  même  ordre  de  faits  se  passe  dans  les  champs  et  dans  les 
jardins.  Aussi,  M.  le  docteur  Blanchard  déclare,  en  terminant  sa 
remarquable  conférence,  que  l'araignée  a  droit  à  la  bienveillance 
de  toutes  les  branches  de  l'agriculture.  La  loi  protège  certains 
oiseaux  qui  sont  plus  nuisibles  par  hurs  pillages  qu'utiles.  Pour  lui, 
il  n'hésite  pas  à  placer  l'araignée  avant  l'oiseau  au  point  de  vue 
dos  services  rendus,  l'araignée  qui,  sans  rien  piller  de  ce  qui  est 
utile  à  l'homme,  extermine  en  quantités  prodigieuses  les  pires 
ennemis  de  toute  végétation. 

[Le  Pelit   Cidlivaleur).  E.   de  Grez. 


Extrait  du  Programme  des  Prix  proposés  pour  l'année  1887  par  la 
Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale.  —  Paris, 
44,  rue  de   Rennes,  44. 

AGRICULTURE 

Prix  de  2.0)0  francs  pour  la  meilleure  étude  sur  l'agriculture  et  Téco- 

nomie  rurale  d'une  province   ou  d'un  départemeut 2.000 

Prix  de  3.000  francs  pour  la  découverte  de  procddf's  perfectionnés  de 
transmission,  à  distance,  de  la  force  motrice  à  des  machines 
d'agriculture 3.000 

Prix  de   1.000  francs  pour  la   découverte  d'un  moyen  facile  et   expéditif 

de  reconnaître  les  falsifications  des  huiles  autres  que  l'huile  d'olive.  1.000 

Prix  de  1  .DUO  francs  pour  l'emploi,  au  boisement  des  terrains  pauvres  et 
dont  les  produits  soient  au  moins  aussi  avantageux  que  ceux  des  es- 
sences forestières   employées 1.000 

Prix  de  1 .000  francs  pour  la  mise  en  valeur  de  terres  incultes,  par  l'em- 
ploi d'arbres  fruitiers  dont  les  produits  soient  utilisés  directement 
dans  l'alimentation  de  l'homme 1.000 

Prix  de  3 .000  francs  pour  la  meilleure  étude  sur  la  coastitution  et  la  com- 
position chimique  comparée  d'une  des  régions  naturelles  (ou  agrico- 
les) de  la  France,  par  exemple  de  la  Brie,  de  la  Beauce,  du  pays  de 
Caux,  etc 3.000 

Prix  de  2,000  francs  pour  l'étude  des  maladies  de  la  vigne  désignées  sous 

le  nom  d'Aubernage,  de  Cottis   et  de  Pourridié 2.000 

Pi'ix  de  1.500  francs,  pour  une  étude  sur  les  qualités  de  l'eau  de  l'Isère 

pour  l'irrigation l.oOC 

Prix  de  3.000  francs  pour  una  étude  expérimentale  sur  les  variétés  des 

blés  et  sur  les  modes  de  culture  favorables  aux  meilleurs  rendements  3.000 


—  180  — 

Les  modèles,  mémoires,  descriptions,  renseignements,  échantillons  et  pièces 
destinées  à  constater  les  droits  des  concurrents  seront  adressés  an  secrétaire  de  la 
Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rue  de  Rennes,  44  ;  ils  devront 
être  remis  avant  le  l'^'' janvier'de  l'année  de  la  distribution  des  pris.  Ce  terme  est 
de  rigueur. 

On  délivre  gratuitement,  au  siège  de  la  Société,  les  programme.?  détaillés  des 
prix  mis  au^concours,  où  se  trouvent  tous  les  renseignements  utiles  aux  concurrents. 


Informations.  —  Le  Gardners  Chronide  donne  la  description  du  Pri- 
mula  Reedi  (Primevère  de  Reed).  C'est  une  espèce  originaire  des  montagnes 
de  Kumaou  dont  les^fleurs  sont  blanches. 

M.  Develle,   ministre  de  l'agriculture,   a  fait  signer  plusieurs   décrets 

portant  réorganisation  de  la  direction  générale  des  forêts,  dont  le  nombra 
des  sections  est  réduit  de  cinq  à  quatre. 

Sont,  en  outre,  supprimés  les  postes  :  d'inspecteur  général  des  services 
centraux,  d'inspecteur-chef  de  section  et  de  plusieurs  commis. 

Ecifin,  les  quatre  sectioaj  sont  réunies  en  deus  bureaux  ayant  chacun  un 
conservateur  à  leur  tête.  Ces  d-3us  conservateurs  sont  MM.  Charlemagne  et 
Sédillot. 

Un  décret  spécial  nomme  à  la  dirdolion  gânérala  des  forêts,  M.  Gabé, 
ancien  inspecteur  général  des  servicas  centraux,  en  remplacament  de  M.  Col- 
nenne,  décédé. 

■  —  Le  phylloxéra  a  été  découvert  en  Australie,  dans  les  vignobles  du  dis- 
trict de  Qeelon  (Victoria)  oi^i  sas  r.ivagjs  s'étendent  très  rapidement. 

Une  exposition  franc iiss  hlimantaire  et  d'économie  domestique  s'ouvrira  à 
Tunis  du  1"'  au  15  novembre  ;  elle  durera  trois  mois.  Des  concours  d'a'iimaux, 
de  plantes,  de  flîurs,  omplétarjat  cjlte  eipositioa.  Las  sociétés  mlritimJS 
ainsi  que  les  compagnies  de  cliemin  de  fer  organiseront  des  voyages  circu- 
laires à  prix  réduits. 

On   annonce  la  germination  de  graines  à.'' Angrœcum  Leonis,  orchiiée 

découverte  aux  îles  Comores,  sur  la  côte  occidentale  de  l'Afrique,  par 
M.  Humblet.  Cette  germination  a  eu  lieu  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris. 

—  Le  Comice  agricole  de  Villeurbanne  se  tiendra  le  dimanche  5  septem- 
bre prochain  à  Venissieux  (Rhône).  Les  agriculteurs  qui  voudraient  prendre 
part  à  ce  concours  sont  invités  à  adresser  leurs  demandes,  avant  le  1"  juin 
prochain,  à  M.  Godard,  rue  des  Maisons-Neuves,  6,  à  Villeurbanne. 


CATALOGUES 


William  Paul  et  Son,  horticulteurs-rosiéristes,  WaUli  im  Cross,  Heris, 
Angleterre.  Spring  catalogue,  1883.  —Roses  nouvelles.  Géranium  et  Pelar- 
gonium,  Camellias,  Chrysanthèmes,  Dahlias,  Fuchsia',  etc. 


Le    Géiunt    :    V.    VIVIAWD-MORBL. 


Lyon,  —  Imp.  thi  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  JUIN  N°    11 


CHRONIQUE 


Avis.  —  La  Commission  d'orgaaisation  de  l'Exposition  d'horticulture  et 
de  viticulture  que  l'Association  horticole  lyonnaise  tiendra  à  Lyon,  du  9  au 
13  septembre  prochain,  a  l'honneur  d'informer  les  membres  de  la  Société, 
qu'elle  met  au  concours  et  en  adjudication  au  rabais  : 

1"  La  création  du  jardin  et  son  entretien  pendant  la  durée  de  l'exposition; 

2°  La  construction  des  clôtures,  entrée  monumentale,  galeries,  tentes, 
tables,  gradins  et  autres  travaux  de  charpentes  relatifs  à  l'installation  de 
l'Expos.tion. 

Les  personnes  qui  désirent  concourir  et  soumissionner,  pour  l'exécution  de 
ces  travaux  ,  devront  avoir  déposé  leurs  plans  et  leurs  soumissions  chez 
M.  Jacquier,  trésorier  de  l'Association,  8,  quai  des  Célestins,  avant  le 
8  juillet  1886.  Ils  trouveront  déposés  à  la  même  adresse  le  cahier  des  charj^es 
et  conditions  à  remplir  pour  prendre  part  aux  susdits  concours. 

Ce  concours  est  réservé  aux  membres  de  l'Association. 

Le  président  de  la  Commission  d'organisation  de  l'Exposition, 
J.  Therry. 


Saccharogénial  !  —  Ce  mot  est  bien  longuement  construit  :  A  lui 
seul  il  composerait  un  vers  hexamètre.  Si  nous  le  coupons  en  deux 
parties  nous  avons  d'un  côté  saccharo,  qui  peut  se  traduire  par 
sucre,  et  génial,  qui  signifie  à  peu  près,  étant  associé  à  l'autre, 
f  engendre  ou  je  fabrique. 

Ah  !  c'est  une  bien  belle  chose  que  d'avoir  appris  la  grammaire 
étant  «  tout  petit  »  :  cela  sert  quand  on  est  grand.  On  fabrique  un 
mot  long  comme  un  jour  sans  pain,  qu'on  extrait  du  grec  ou  qu'on 
tire  du  latin  ;  un  mot  gigantesque,  ronfianl,  magique  et  légèrement 
nébuleux  ;  on  invente  un  produit  quelconque,  et  celui-ci  portant 
celui-là,  les  deux  s'en  vont  cahin-caha,  clopin-clopant,  apprendre 
au  monde  civilisé,  mais  naïf  et  jobard,  que  l'art  de  faire  du 
terreau  avec  des  cailloux  roulés  vient  d'être  mis  en  formule 
algébrique. 

Ces  réflexions  mélancoliques  me  sont  venues  bien  naturellement 
à  l'esprit  en  lisant,  dans  la  France  agricole,  la  petite  note  ci-dessous, 


—   182  — 

que  je  lui  emprunte,  car  j'estime  qu'on  ne   saurait  lui  donner  une 
publicité  trop  grande.  Voici  cette  note  : 

Quelques  industriels  sans  vergogne  inondent  en  ce  moment  la  province 
d'une  brochure  prônant  les  merveilleux  effets  d'un  nouvel  engrais  propre 
à  la  fois,  dit  le  boniment,  à  produire  des  betteraves  volumineuses  et 
riches   en  sucre. 

De  coHcert  avec  M.  Hanoteau,  ingénieur-directeur  de  la  sucrerie  de 
Sombreffe,  M.  A.  Damseaax,  professeur  à  l'Institut  agronomique  de 
Gembloux,  a  eu  l'idée  de  faire  analyser  ledit  engrais,  qui  porte  le  nom 
pompeux  d'  o  engrais  saccharogénial  ». 

L'analyse  en  a  été  faite  par  M.  Petermann,  directeur  de  la  station 
agronomique  de  Gembloux.  Voici  le  bulletin  qu'il  a  remis  à  MM.  Haaoteau 
et  Damseaux  : 

N°  17,143.  —  Echantillon  d'engrais  saccharogénial  adressé  par  M.  Ha- 
noteau, le  127  février  1886  : 

Eau 40  59 

Matières  organiques.   .    .       21  91 
Matières  minérales  ...       37  50 

100    » 

Observation.  —  La  personne  qui  vous  a  offert  cet  engrais  comme  con- 
venant à  la  culture  de  la  betterave  à  sucre  a  voulu  vous  tromper  ou 
elle  est  d'une  ignorance  complète  dans  la  matière.  Une  matière  fertili- 
sante qui  ne  renferme  ni  azote  ammoniacal,  ni  azote  nitrique,  ni  une  dose 
d'acide  phosphorique  suffisante  et  immédiatement  assimilable,  est  absolu- 
ment impropre  à  la  culture  de  la  betterave.  L'engrais  analysé  a  une 
valeur  théorique  largement  comptée  et  sac  compris  de  4  fr.  les  100  kil., 
et  même  à  ce  prix  il  serait  irrationnel  de  l'acheter,  car  on  paye  par 
wagon  de  5,000  kil.  les  frais  de  transport  de  2,000  kil.  d'eau. 

18  mars  1886. 

Signé  :  Petermann. 

L'engrais  chimique  est  une  bonne  claose,  mais  il  est  de  la  der- 
nière importance  de  bien  examiner  la  marchandise  avant  d'ouvrir 
son  porte-monnaie. 


L'engrais  de  poule.  —  L'engrais  de  poule  est,  pour  les  jardins, 
un  puissant  auxiliaire,  mais  il  faut  savoir  en  user.  \J Aviculteur  nous 
donne,  à  ce  propos,  les  conseils  suivants  : 

«  L'engrais  de  poule  recueilli  directement  dans  les  poulaillers  et 
mis  en  tas  sans  mélange,  sèche  difficilement  et  forme  une  masse 
pâteuse  à  peu  près  impossible  à  étendre  régulièrement  sur  le  ter- 
rain ;  ainsi  employé,  il  tue  les  plantes  au  lieu  d'en  activer  la  végé- 
tation. Reçu  sur  de  la  paille,  il  forme  un  trop  grand  volume  et  ne 
contient  pas  assez  d'humidité  pour  amener  la  fermentation  et  la 
transformer  en  fumier.  La  paille  reste  dans  son  entier  et  ne  peut 
être  utilisée  au  potager.  On  a  essayé  de  garnir  de  sable  le  sol  des 
poulaillers  :  l'engrais  s'y  mélange  bien,  mais  il  devient  lourd  à 
transporter  et  le  sable  ne  convient  qu'à  quelques  rares  terrains, 
encore  n'en  faut-il  pas  abuser. 


—  183  — 

«  C'est  en  présence  de  ces  divers  inconvénients  que  la  plupart 
du  temps  les  déchets  du  poulailler  sont  tout  simplement  jetés  sur  le 
fumier  et  considérés  comme  n'ayant  aucune  valeur. 

«  A  force  d'essais,  on  a  fini  par  trouver  un  véhicule  parfait  pour 
l'engrais  de  poule,  qui  en  permet  l'emploi  partout  et  en  tout 
temps,  en  facihte  la  récolte  et  lui  donne  une  réelle  valeur  :  c'est 
le  tan. 

«  En  jardinage,  le  tan  est  employé  sans  mélange.  On  l'utilise 
comme  paillis  pour  les  fraisiers,  pour  les  salades  et  môme  pour  bien 
des  fleurs.  Une  couche  de  quelques  centimètres  de  tan  au  pied 
de  chaque  arbre  y  entretient  la  fraîcheur  avec  le  moindre 
arrosage.  » 

Les  cendres  sont  employées  chez  nous  pour  recueillir  cet  engrais  ^ 
placées  dans  le  poulailler,  les  cendres  ont  de  plus  l'avantage  d'em- 
pêcher la  propagation  de  la  vermine  des  poules. 

Production  de  belles  pommes  de  terre.  —  Le  Bulletin  de  la  Société 
d'horticulture  de  Brioude  indique  un  procédé  pour  obtenir  d'énormes 
pommes  de  terre  :  «  Lorsque  mes  touffes  de  pommes  de  terre  ont 
dix  centimètres  de  haut,  dit  M.  Fleury  de  Verneuil,  l'auteur  du 
procédé,  j'enlève  toutes  les  tiges  de  la  circonférence  qui  sont  les 
moins  vigoureuses  et  je  n'en  laisse  qu'une  ou  deux  au  centre.  Ces 
deux  tiges  suffisent  pour  alimenter  les  tubercules.  La  sève  n'est  pas 
gaspillée  par  des  tiges  inutiles,  et  les  tubercules  deviennent 
énormes  et  plus  nombreux  que  par  le  système  ordinaire.  » 

M,  Fleury  a  obtenu  à  l'exposition  de  Blois  une  médaille  d'or 
pour  un  lot  de  gros  tubercules  obtenus  au  moyen  de  la  culture  sus- 
indiquée.  Le  procédé  en  question  est  tellement  facile  et  coûte 
si  peu,  que  chacun  voudra  en  tenter  l'essai  au  moins  sur  quelques 
plantes. 

Incision  annulaire  de  la  vigne.  —  Je  conseille  à  tous  ceux  qui  ont 
des  ceps  de  vigne  dans  leur  jardin  de  faire  subir  à  quelques-uns  de 
leurs  sarments  à  fruits  une  incision  annulaire.  Ils  se  rendront 
compte  ainsi  de  l'influence  qu'exerce  cette  opération  sur  la  coulure, 
le  développement  et  l'époque  de  maturité  des  grappes. 

L'incision  annulaire  est  pratiquée  en  grand  dans  certains  pays 
et  donne  de  très  bons  résultats.  On  a  même  inventé  des  instruments 
spéciaux  pour  aller  plus  vite. 

Voici  comment  on  fait  une  incision  annulaire  :  à  l'aide  d'un 
greffoir  on  pratique  à  la  base  des  branches  à  fruits  qui  doivent  être 
enlevées  à  la  taille  suivante  deux  coupes  circulaires,  à  environ  un 
centimètre  l'une  de  l'autre,  lesquelles  permettent  d'enlever  un 
anneau  d'écorce  sans  attaquer  le  bois.  La  sève  n'affluant  plus  en 


184 


aussi  grande  abondance  dans  la  branche  incisée,  diminue  la  coulure 
et  hâte  la  maturité  des  raisins. 

Les  Cryptogames.  —  On  connaît,  mal  il  est  vrai,  un  peu  plus  d'une 
quinzaine  de  mille  espèces  de  cryptogames  dont  les  uns  vivent  sur 
les  matières  végétales  ou  animales  en  voie  de  décomposition  et  les 
autres,  malheureusement,  sur  les  êtres  vivants.  Ces  petits  végétaux 
sont  devenus  célèbres,  surtout  quelques-uns  d'entre  eux,  depuis 
qu'ils  se  sont  fait  craindre. 

Los  cultivateurs  les  ont  d'abord  pris  pour  «  des  brouillards,  »  con- 
fondant ainsi  le  véhicule  qui  transporte  leurs  semences  légères  et 
la  cause  qui  les  fait  germer  et  aide  à  leur  développement  avec  le 
cryptogame  lui-même. 

Les  savants  ont  démontré  la  chose  et  petit  à  petit  le  brouillard  a 
disparu  pour  laisser  voir  l'oïdium,  l'anthracnose  et  le  peronos- 
pora. 

Ce  que  beaucoup  de  personnes  ne  savent  pas  et  qu'elles  auraient 
intérêt  à  connaître,  c'est  que  certains  cryptogames  se  métamorpho- 
.sent  et  passent  sous  différents  états,  d'un  végétal  à  l'autre. 
Après  avoir  vécu  sous  la  forme  élégante  de  VMcidlmn  de  l'Epine - 
Vinette,  les  spores  envahissent  les  champs  de  blé  auxquels  ils  com- 
muniquent la  rouille. 

M.  Maxime  Cornu  a  constaté  dernièrement  que  les  ravages  exer- 
cés sur  les  feuilles  des  Pins  étaient  dues  au  Peridermium  Fini  (var 
Corlicolum),  qui  passe  la  première  partie  de  son  existence  sur  le 
Séneçon  des  champs. 

Le  cryptogame  qui  attaque  l'écorce  du  même  arbre  est  le  Cro- 
narlium  asckpiadeum  qui  vit  d'abord  sur  le  Dompte-venin. 

En  admettant  qu'il  y  ait  peut-être  d'autres  plantes  portant  des 
espèces  très  voisines  capables  de  produire  les  mêmes  cryptogames, 
la  métamorphose  n'en  reste  pas  moins  certaine.  Et  comme  conclu- 
sion pratique  la  destruction  de  toute  mauvaise  herbe  portant  cryp- 
togames devrait  être  détruite  par  le  feu. 

Er'mcum  cl  mildiou.  —  Beaucoup  de  gens  prennent  les  galles  de 
l'Erineura  pour  le  mycélum  du  mildew.  Cela  n'a  du  reste  rien  de 
bien  extraordinaire,  puisque  pendant  longtemps  Igs  botanistes  ont 
considéré  les  susdites  galles  comme  de  vulgaires  cryptogames  aux- 
quels ils  ont  donné  le  nom  générique  d'Erineum. 

Il  y  avait  l'Erineum  des  érables  {E.  aecrinion),  que  Bulliard  nom- 
mait Mneor  fenugineus,  celui  du  Tilleul  (E.  tiliaccum),  celui  de  la 
vigne  (E.  vilis),  et  quelques  autres. 

Les  galles  de  l'Erineum  qui  viennent  sur  la  vigne  sont  produites 
par  la  piqûre  d'un  tout  petit  acarien  le  Plajloplus  Filis. 


—  185  — 

On  trouvera  plus  loin  les  caractères  et  les  moyens  de  distinguer 
VErincum  du  mildiou,  tels  que  les  a  fait  connaître  M.  Foëx,  le 
directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Î^Iontpellier. 

Un  catalogue  curieux.  —  Emile  de  Girardin  avait,  paraît-il,  une 
idée  nouvelle  par  jour.  Cette  richesse  d'imagination  n'est,  heureu- 
sement pas  commune  ;  car,  que  deviendraient  les  vieilles  mais  bon- 
nes idées,  si,  comme  ça  tous  les  matins  chacun  inventait  quelque 
chose? 

J'en  frémis  rien  que  d'y  penser. 

Cependant,  j'estime  qu'il  ne  faut  pas  toujours  marquer  le  pas  et 
qu'un  peu  de  progrès,  par-ci,  par-là,  est  utile  même  aux  jardi- 
niers. 

Ceci,  à  propos  du  Calalogue  de  la  Roseraie  de  A.  Schwaller,  liorti- 
cuUeur  à  Marseille.  Eh!  quoi,  me  direz-vous,  de  la  réclame?  Eh! 
non,  mes  amis  !  Je  vous  signale  simplement  un  fait,  une  invention, 
dont  peut-être  quelques-uns  de  vous  pourront  tirer  profit  ;  un  fait 
qqfi  j'aurais  pu  intituler  :  a  Moyen  de  faire  imprimer  un  catalogue  gra- 
tis.  » 

Vous  ouvrez  l'œil  et  il  me  semble  entendre  dire  à  ceux  d'entre 
vous  qui  donnent  annuellement  400  francs  à  l'imprimeur  :  Diable  ! 
voilà  qui  est  intéressant.  En  effet,  trouver  le  moyen  de  faire  tra- 
vailler les  typographes  pour  rien,  eux  qui  prennent  si  cher,  mérite 
considération,  salutations  et  félicitations. 

Ce  catalogue  n'est  cependant  pas  fait  autrement  que  la  plupart 
des  catalogues.  Très  bien  rédigé  du  reste,  il  mentionne  un  grand 
nombre  de  variétés  de  rosiers,  avec  leur  description. 

Savez-vous  ce  qui  le  distingue  de  ses  congénères?  Dix  pages 
d'annonces  industrielles.  Ce  n'est  pas  plus  difficile  que  cela.  Ce 
sont  les  industriels  qui  paient  l'impression  et  le  papier. 

Fieillcs  branches  d'arbres.  —  Il  est  très  important  de  prendre 
quelques  précautions  quand  on  veut  rajeunir  les  branches  d'arbres 
que  l'âge  a  rabougries.  Une  forte  ligature  de  fil  de  fer  faite  un  an 
ou  deux  d'avance  au-dessus  de  l'cnîplacement  où  l'on  désire  rabat- 
tre la  branche  favorise  le  développement  de  bourgeons  vigoureux 
qui  remplaceront  avantageusement  la  partie  sacrifiée.  Coupées  sans 
précaution  les  vieilles  branches  hésitent  à  repousser  et  ne  donnent 
souvent  que  des  rameaux  qui  restent  longtemps  chétifs. 

V.  V.-M. 


—  186  — 
Instructions  pratiques  pour  combattre  le  Mildew  (1) 

M,  Foëx,  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Mont- 
pellier, vient  de  publier  les  instructions  suivantes  que  nous  signa- 
lons à  l'attention  des  viticulteurs  ;  elles  résument  pour  la  région 
méridionale,  comme  M.  Seillan  l'a  fait,  dans  sa  brochure  pour  la 
région  du  Sud-Ouest,  l'état  des  connaissances  acquises  jusqu'à  ce 
jour  sur  le  Mildiou  et  les  moyens  de  le  combattre  : 

A.  —  Moyens  de  reconnaitre  la  maladie.  —  Les  feuilles  atteintes 
par  le  Peronospora  présentent  à  leur  face  inférieure  des  taches  blan- 
ches, de  forme  plus  ou  moins  irrégulières,  ayant  l'aspect  d'un  petit 
dépôt  de  sel  très  finement  pilé  ;  à  ces  taches  en  correspondent 
d'autres  à  la  face  supérieure  qui  ont  d'abord  une  teinte  jaunâtre 
et  passant  peu  à  peu  à  la  couleur  feuille  morte.  Lorsque  le  mal  se 
prolonge,  la  portion  de  la  feuille  correspondant  aux  taches  finit  par 
se  détruire,  la  feuille  peut  même,  si  elle  est  entièrement  envahie, 
se  désorganiser  dans  son  ensemble  et  tomber  prématurément. 

On  confond  parfois  le  mildew  avec  VErincum,  qui  est  la  galle 
d'un  petit  acarien  parasite  [Fliyiopius  vilin).  Les  feuilles  attaqilies 
par  le  Peronospora  ne  sont  jamais  gaufrées,  tandis  qu'elles  le  sont 
toujours  à  la  face  supérieure  quand  elles  sont  atteintes  de  VErineum. 
Les  poils  blancs  qui  remplissent  la  face  inférieure  des  galles  à'Eri- 
neum,  n'ont  jamais  la  teinte  blanc  laiteux  que  présente  le  Peronos- 
pora et  ils  sont  fortement  adhérents,  tandis  que  ce  dernier  est  facile 
à  détacher,  la  partie  de  la  feuille  gaufrée  par  VErincum  reste  tou- 
jours verte  à  la  face  supérieure  ,  lorsque  les  galles  vieillissent  les 
poils  prennent  une  teinte  roussâtre  qui  devient  de  plus  en  plus  foncée. 

Vers  la  fin  de  la  végétation,  les  feuilles  se  marquent  de  points 
jaunes  et  brunâtres,  hmités  par  les  sous  nervures  que  M.  Maxime 
Cornu  a  comparées  à  des  points  de  tapisserie  ;  plus  tard,  quand  la 
feuille  se  décolore,  certains  de  ces  points  restent  marqués  en  vert. 

Le  Mildew  se  rencontre  également  sous  forme  d'eiîlorescences 
blanches  sur  toutes  les  parties  vertes  de  la  vigne  :  sur  les  fleurs 
dont  il  entraîne  la  coulure,  sur  les  jeunes  rameaux,  sur  les  pédon- 
cules et  les  pédicelles  des  grappes,  il  détermine  sur  ces  organes  un 
brunissement  spécial  et  un  affaissement  du  tissu  et  jamais  d'exco- 
riations ;  lorsqu'il  atteint  le  pédoncule  ou  les  pédicelles,  il  entraîne 
la  dessiccation  de  la  partie  de  la  grappe  supportée  par  ces  organes 
et  quelquefois  une  perte  de  récolte  notable,  comme  cela  s'est  vue 
en  beaucoup  de  lieux  sur  les  Jacquez  en  1885. 

Les  grains  de  raisin  ne  sont  atteints  par  le  Mildew  qu'à  l'état 
jeune  et  assez  rarement  ;  ils  sont  parfois  avant  la  véraison  entière- 

(1)  Exirait  do  la  Viym'  frimçnhi'. 


187 


ment  blancs  de  fructifications  de  peronospora  et  leur  développement 
est  arrêté  dans  ces  conditions.  Lorsqu'ils  sont  attaqués  plus  tard, 
après  la  véraison,  on  les  voit  quelquefois  brunir  autour  du  pédicelle, 
et  cette  altération  progresse  peu  à  peu  vers  le  sommet. 

B.  —  Mode  de  développement  de  la  maladie.  —  Le  MilJew  est 
produit  par  un  champignon  microscopique  :  le  peronospora  viticola. 
Les  taches  blanchâtres  que  l'on  rencontre  à  la  face  inférieure  des 
feuilles,  et  dont  il  vient  d'être  parlé  sont  formées  par  des  espèces  de 
petits  arbuscules  chargés  de  conidies  ou  organes  reproducteurs  de 
champignon.  Ces  conidies  se  détachent  et  sont  disséminées  un  peu 
partout,  quelques-unes  adhèrent  à  la  face  supérieure  des  feuilles, 
grâce  à  la  présence  de  la  vapeur  d'eau  condensée  des  rosées  ou 
aux  gouttelettes  résultant  d'une  légère  pluie  ;  elles  ne  tardent  pas 
à  germer  en  émettant  un  tube  qui  pénètre  dans  les  tissus  de  la 
feuille,  laquelle  est  bientôt  complètement  envahie  ;  le  réseau  de 
filaments  qui  en  résulte  constitue  le  Mycélium  du  champignon  et 
fait  apparition  à  la  face  inférieure  de  la  feuille  en  y  développant 
les  arbuscules  chargés  de  corps  reproducteurs  dont  il  a  été  parlé 
précédemment. 

Le  Peronospora  possède,  en  outre,  un  second  mode  de  reproduc- 
tion. Sur  le  trajet  des  filaments  du  mycéhum  apparaissent  des 
corps  ovoïdes  et,  tout  à  côté,  des  rentlements  un  peu  plus  petits, 
ce  sont  les  éléments  mâles  et  femelles  du  parasite  ;  de  leur  union 
naît  un  gerbe  fécondé,  wuf  de  peronospora.  Les  œufs  tombent  avec 
les  feuilles,  leur  épaisse  membrane  les  protège  contre  les  intempé- 
ries de  l'hiver,  ils  germent  au  printemps  et  donnent  naissance  à  des 
conidies  qui  dissémineront  le  parasite  dans  les  vignobles  voisins. 

Il  y  aurait  donc  intérêt  à  pouvoir  se  débarrasser  des  fouilles  qui 
renferment  ces  œufs  d'hiver  du  Mildetv  ;  on  a  proposé  de  les  faire 
manger  par  des  moutons. 

Des  expériences  faites  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier  ont 
démontré  que  les  œufs  n'étaient  altérés  en  rien  par  leur  séjour 
dans  le  tube  digestif  de  l'animal,  et  l'on  commettrait  une  sérieuse 
imprudence  en  transportant  dans  une  vigne  le  fumier  de  moutons 
nourris  avec  des  feuilles  de  ceps  mildiousés. 

On  a  recommandé  aussi  de  brûler  les  feuilles  sn  automne,  mais 
il  faudrait  que  le  traitement  fût  pratiqué  partout,  pour  que  le  vigno- 
ble sur  lequel  on  opère  ne  soit  pas  réenvahi  au  printemps  par  les 
germes  provenant  des  vignes  voisines. 

REMÈDES  A  EMPLOYER. 

1.  Bouillie  cuivreuse  de  la  Gironde.  — À.  Description  du  procédé. — 
Un  procédé  qui  a  été  découvert  récemment  dans  la  Gironde  a 
donné,  en  1885,  les  résultats   les  plus  complets.   11    consiste  à 


188 


asperger  les  vignes  pendant  leur  végétation  avec  un  mélange  de 
sulfate  d«  cuivre  et  de  chaux  ;  ce  mélange  est  préparé  de  la 
manière  suivante  :  on  fait  dissoudre  dans  100  lit.  d'eau  froide  6  à 
8  kilog.  de  sulfate  de  cuivre  d'une  part  ;  on  délaye,  d'autre  part, 
15  kil.  de  chaux  grasse  éteinte  dans  30  litres  d'eau.  Lorsque  la 
dissolution  de  sulfate  de  cuivre  est  complète  et  que  la  chaux  forme 
une  bouillie  homogène,  on  verse  cette  dernière  dans  la  dissolution 
de  sulfate  de  cuivre  en  remuant  au  fur  et  à  mesure  le  mélange. 
On  obtient  ainsi,  si  le  sulfate  de  cuivre  est  pur,  un  précipité  bien 
clair  qui  se  dépose  au  fond  du  baquet  dans  lequel  se  fait  cette 
opération. 

Cette  matière  doit  être  agitée  au  moment  où  on  va  l'employer 
afin  de  la  remettre  en  suspension  dans  l'eau. 

B.  Aclion  du  remède. — L'action  du  remède  que  nous  venons 
d'indiquer  est  due  au  cuivre  qu'il  contient  ;  ce  métal,  renferme 
même  en  très  petite  quantité  dans  l'eau  condensée  des  rosées  ou 
des  pluies  à  la  face  supérieure  des  feuilles,  empêche  la  germination 
des  spores  des  conidies  qui  y  ont  été  apportées  par  les  vents  On 
prévient  ainsi  le  mal,  qui  ne  peut  s'établir  sur  ces  organes. 

C.  Mode  d'application  du  remède.  —  La  bouillie  cuivreuse  doit 
être  disséminée  par  aspersion  en  petites  masses  du  volume  d'une 
lentille  sur  la  face  supérieure  des  feuilles.  Deux  ou  trois  des  taches 
ainsi  produites  suffisent  pour  préserver  complètement  une  feuille  et, 
dès  qu'elles  ont  pu  sécher,  elles  acquièrent  une  adhérence  et  une 
cohésion  suffisantes  pour  persister  jusqu'au  moment  de  la  chute  des 
feuilles. 

Les  aspersions  ont  été  faites  dans  la  Gironde  en  1885  avec  un 
simple  balai  en  bruyère  que  l'on  plongeait  dans  un  seau  ou  un 
arrosoir  renfermant  la  bouillie.  Cette  manière  d'opérer  donne  des 
résultats  satisfaisants  au  point  de  vue  de  la  distribution  de  la  ma- 
tière, elle  offre  seulement  l'inconvénient  d'être  un  peut  lente  et 
d'exiger  beaucoup  de  main-d'œuvre  ;  aussi,  a-t-on  cherché  des  appa- 
reils qui  permettent  d'opérer  plus  rapidement  et  avec  une  moindre 
dépense  de  main-d'œuvre.  Celui  qui  a  donné  les  meilleurs  résultats 
aux  Concours  qui  ont  eu  lieu  à  Montpellier,  à  Marseille,  à  Bordeaux, 
en  1886  est  celui  de  M.  Delord,  9,  rue  St-Gilles,  Nîmes. 

D.  Epoque  à  laquelle  doit  être  eflfectuc  le  traitement.  Les  sels  de  cui- 
vre ayant  pour  effet,  comme  nous  l'avons  vu,  d'empêcher  la  mala- 
die de  s'établir,  leur  emploi  doit  être  préventif. 

On  devrait  donc  traiter  les  vignes  au  15  mai,  époque  à  laquelle 
le  Peronospora  a  quelquefois  fait  son  apparition  sur  certains  points 
du  département  de  l'Hérault.  Mais,  en  opérant  d'aussi  bonne  heure, 
on  ne  pourrait  atteindre  qu'une  petite  partie  des  feuilles,   le    plus 


—  189  —, 

grand  nombre  ne  devant  se  développer  que  depuis  cette  époque 
jusqu'à  la  fin  de  juin  ;  il  vaut  donc  mieux  probablement,  en  pratique, 
sacrifier  au  besoin  quelques-unes  des  premières  feuilles  et  n'eflfec- 
tuer  le  traitement  que  lorsque  la  végétation  a  déjà  atteint  le  déve- 
loppement suffisant,  c'est-à-dire,  dans  l'Hérault,  du  1"  au  15  juin. 

2.  Poudre  Podechard. — On  a  obtenu  également  de  bons  résul- 
tats, dans  la  Côte-d'Or,  par  l'emploi  d'une  poudre  fabriquée  de  la 
manière  suivante.  On  prépare  un  lait  de  chaux  avec  :  Chaux  5  kilog. 
Eau  lOkil.  puis  une  dissolution  de  sulfate  de  cuivre  avec  sulfate 
de  cuivre  10  kilog.  Eau  bouillante  20  kilog. 

On  laisse  refroidir  jusqu'à  25",  on  mélange  les  deux  liquides  et 
on  les  verse  sur  100  kilog.  de  chaux  vive  que  l'on  laisse  fuser. 
Cette  poudre  agit  vraisemblablement  comme  la  bouillie  cuivreuse 
de  la  Gironde. 

Ce  remède,  qui  adonné  des  preuves  de  son  efficacité  en  Bour- 
gogne, n'a  pas  été  expérimenté  dans  le  Midi,  et  il  est  par  suite 
impossible  de  savoir  encore  s'il  se  prêtera  aux  conditions  résultant 
du  climat  de  cette  région.  11  mérite  cependant  d'être  essayé  avec 
soin  à  cause  de  sa  facilité  d'apphcation,  qui  est  plus  grande  que 
celle  de  la  bouillie  cuivreuse. 

3.  Echalas  sulfalés.  —  Les  échalas  sulfatés  en  vue  de  leur 
conservation  ont  suffi  pour  protéger  complètement  certaines 
vignes  de  la  Côte-d'Or.  Le  petit  nombre  des  rameaux  pro- 
duits par  chaque  cep  qui  sont  attachés  en  faisceaux  de  trois 
ou  quatre  sur  l'échalas,  et  les  pluies  fréquentes  qui  viennent  laver 
ce  dernier  et  entraîner  sur  les  feuilles  qui  en  sont  voisines  le  sulfate 
de  cuivre  dissous  expliquent  ce  phénomène.  On  a  proposé,  afin 
d'augmenter  l'efficacité  de  cette  dissolution,  de  lier  les  rameaux 
avec  des  liens  de  paille  trempés  dans  le  sulfate  de  cuivre  L'emploi 
de  ces  moyens  qui,  du  reste,  seraient  assez  coûteux  dans  le  Midi, 
où  l'on  se  passe  habituellement  d'échalas,  n'a  donné  aucun 
résultat  dans  la  région  méditerranéenne,  probablement  par  suite  du 
défaut  d'humidité  pendant  l'été  et  du  développement  très  consi- 
dérable que  prennent  les  vignes. 

4.  Procédé  Judoijnaud.  —  M.  Audoynaud  a  proposé  d'appliquer 
le  cuivre  sur  les  feuilles  sous  la  forme  d'eau  céleste  ou  de  sulfate 
de  cuivre  ammoniacal,  ce  qui  permet  de  l'obtenir  à  un  état  de  divi- 
sion très  grand  et  de  réduire  beaucoup  les  quantités  indiquées  par 
hectare.  La  liqueur  se  prépare  de  la  manière  suivante  : 

Dans  un  vase  en  grès  ou  en  verre  on  place  un  kilogramme 
de  sulfate  de  cuivre  sur  lequel  on  verse  de  deux  à  trois  litres 
d'eau  chaude,  on  agite  avec  une  baguette  de  bois  ou  de  verre  pour 
hâter  la  dissolution.  Quand  le  liquide  est  froid  ou  ajoute    environ 


—  190  — 

un  litre  d'ammouiaque  du  commerce  marquant  22°  Beaumé,  on 
mélange  enfin  ce  liquide  dans  une  futaille  bien  propre  avec  de 
l'eau  nécessaire  pour  obtenir  les  100  ou  150  litres  qui  doivent  être 
répandus  sur  un  hectare.  Le  pulvérisateur  Rilley  paraît  être  l'ins- 
trument le  plus  convenable  pour  répandre  ce  liquide. 

Bien  que  ce  procédé  n'ait  pas  encore  été  appliqué  pratiquement, 
il  est  probable  qu'il  donnera  des  résultats,  à  la  condition  d'être 
employé  préventivement  comme  la  bouillie  cuivreuse. 

D.  —  Choix  des  matières.  —  Le  sulfate  de  cuivre  est  un  sel  que 
l'on  trouve  dans  le  commerce  sous  forme  de  gros  cristaux  trans- 
parents, d'un  bleu  d'azur;  il  renferme,  lorsqu'il  est  pur:  oxyde  de 
cuivre,  31.84:  acide  sulfurique,  32.06;  eau  combinée,  36.10: 
total  100.00. 

Le  cuivre  étant  l'élément  actif  contre  le  Peronospera,  il  est  impor- 
tant de  s'assurer  de  la  pureté  des  sulfates  que  l'on  achète.  Or,  on 
trouve  fréquemment  dans  le  commerce  des  sulfates  doublés  de 
cuivre  et  de  fer,  ou  de  cuivre  et  de  zinc  qui  sont  vendus  comme 
sulfate  de  cuivre.  M.  Millardet  donne  les  moyens  suivants  de 
reconnaître  la  pureté  de  ce  sel  : 

En  versant  quelques  gouttes  d'eau  de  chaux,  ou  de  lait  de 
chaux  dans  une  dissolution  de  sulftite  de  cuivre  au  dixième,  on 
obtient  un  précipité  d'un  bleu  de  ciel  pour  le  sulfate  double  de 
cuivre  pur  ;  d'un  bleu  rouillé  pour  le  sulfate  double  de  cuivre  et  de 
fer;  d'un  blanc  sale  pour  le  sulfate  double  de  cuivre  et  de  zinc. 

La  chaux  qui  a  donné  les  meilleurs  résultats  jusqu'ici  est  la  chaux 
grasse. 

E.  — Jijpareils  cl  récipients  propres  à  renfermer  les  composés  cuivreux. 
—  Le  sulfiite  de  cuivre,  attaquant  le  fer  et  le  zinc,  doit  être  ren- 
fermé dans  des  récipients  en  cuivre,  en  plomb,  en  bois  ou  en  terre. 

Bèsumé.  —  Bien  que  fous  les  procédés  qui  viennent  d'être  indi- 
diqués,  sauf  les  échalas  sulfatés,  méritent  d'être  expérimentés  dans 
le  midi,  la  bouillie  cuivreuse  peut  seule  être  employée  immédiate- 
ment en  grand  avec  certitude  de  succès. 

Son  action  ne  sera  pas  vraisemblablement  limitée  à  la  destruction 
du  Pcronospora,  mais  elle  s'étendra  probablement  à  celle  de  plu- 
sieurs autres  maladies  cryptogamiques  de  la  vigne. 

G.   FoEX, 

Diroclcur  de  C Ecole  nationale  d'agriculture 
de  Mo)Upellier . 


—   191 


Nelumbium  speciosum  (très  réduit) 


Nelumbium  luteum  (très  réduit) 


Culture  des  Nélombo 


La  plus  belle,  la  plus  remarquable,  la  plus  étonnante  des  plantes 
aquatiques  rustiques,  est  assurément  le  Nélombo.  La  magnificence 
de  ses  grandes  feuilles  peltées,  larges  comme  des  ombrelles  ;  l'écla- 
tante et  fraîche  couleur  de  ses  admirables  fleurs  roses,  ressemblant 
à  d'énormes  tulipes  et  jusqu'à  la  forme  bizarre  de  son  fruit  conique, 
alvéolé  comme  un  nid  de  guêpes,  tout  concourt  à  lui  assurer  la 
prééminence  sur  toutes  les  autres  espèces  lacustres  ou  paludéennes. 

Les  descriptions  où  les  louanges  exagérées  se  mêlent  aux  termes 
techniques  des  savants,  les  dessins  les  plus  beaux,  les  aquarelles 
les  plus  manifestement  exactes,  ne  peuvent  donner  qu'une  idée 
très  imparfaite  de  l'effet  produit  par  un  groupe  de  Nélombo  en 
fleurs. 

Le  Nélombo  (^Nelumbium  spccosium)  était  le  fameux  Lolos  des 
Egyptiens  ;  ils  en  ont  représenté  les  feuilles  peltées  sur  leurs  monu- 
ments et  les  statues  de  leurs  divinités  ;  ses  pédoncules  fructifères 
ont  servi  de  modèles  aux  colonnes  de  leurs  édifices.  Ces  fruits 
nommés  anciennement  fèves  cVE(iypic,  servent  encore  de  nourriture  à 
quelques  peuples  de  l'Asie.  Les  Chinois  imitant  en  cela  les  anciens 
Egyptiens,  représentent  souvent  le  Nélombo  sur  leurs  étoffes  et 
leurs  tentures  et  donnent  à  ses  fleurs  l'éclat  de  la  pourpre. 

Etant  donné  le  mérite  ornemental  universellement  reconnu  du 
Nélombo,  on  est  en  droit  de  se  demander  pourquoi  ce  merveilleux 
végétal  n'est  pas  dans  tous  les  jardins  où  se  trouvent,  non  pas  un 
lac,  non  pasun  ruisseau,  mais  une  vulgaire  pièce  d'eau,  et  à  défaut 
de  pièce    d'eau  d'un   simple   et    modeste   tonneau.    L'absence   du 


—  19g  ^ 

Nélomho  dans  les  jardins  me  fait  Teifet  d'un  parterre    dont  on 
aurait  banni  la  rose  si  universellement  appréciée. 

J'ai  cherché  la  cause  de  cet  abandon  de  la  plus  belle  des  plantes 
aquatiques  rustiques  dans  le  climat  moyen  de  la  France  et  j'ai  cru 
la  trouver  dans  les  erreurs  de  cultures  que  la  plupart  des  livres  de 
jardinage  ont  propagées,  un  peu  partout,  infestant  ainsi  l'esprit  des 
masses  d'idées  aussi  fausses  que  saugrenues. 

En  effet,  la  culture  du  Nélombo  a  été  longtemps  regardée  comme 
impossible  en  France,  à  l'air  libre,  puisqu'il  est  originaire  des  pays 
chauds.  La  pratique  a  fait  connaître  l'erreur  de  cette  appréciation 
et  l'on  sait  aujourd'hui  qu'il  peut  très  bien  végéter  dans  nos  pièces 
d'eau  et  s'y  conserver  pendant  l'hiver,  pourvu  que  la  glace  n'attei- 
gne pas  les  rhizomes. 

Pour  obtenir  une  superbe  floraison,  il  suffit  qu'il  soit  exposé  en 
plein  soleil.  Il  ne  vit  pas  en  pot,  il  lui  faut  de  grands  baquets  en 
bois,  où  mieux,  la  pleine  terre  dans  un  bassin. 

Je  le  cultive  moi-même  avec  succès,  depuis  20  ans  dans  un  bas- 
sin rectangulaire  de  10  mètres  de  longueur  sur  2  mètres  de  largeur 
et  0,60  de  profondeur ,  ce  bassin  est  situé  en  plein  soleil,  il  n'est 
ombragé  par  aucun  arbre. 

_  La  moitié  de  la  profondeur  est  remplie  par  la  terre  qui  est  com- 
posée de  1/4  de  sable  siliceux  du  Rhône,  l/-i  de  bon  terreau  de 
couche,  1/2  de  terre  franche  forte;  il  reste  donc  0,30  d'épaisseur 
d'eau. 

La  plantation  doit  se  faire  en  juin  ou  juillet,  à  cette  époque  l'eau 
a  une  température  assez  élevée  ce  qui  en  accélère  la  reprise,  et 
comme  il  y  a  encore  deux  bons  mois  de  chaleur  le  plant  a  assez  de 
temps  pour  s'enraciner  profondément  et  mûrir  ses  rhizomes  qui 
peuvent  alors  supporter  l'hiver  sans  aucun  abri. 

Pour  que  la  reprise  soit  plus  certaine,  il  faut  rapprocher  le  plant 
"de  la  surface  de  l'eau  au  moyen  de  petits  monticules  de  terre,  dans 
l'eau    et   sans    les    déranger   du   panier  dans   lequel    ils  ont  été 
élevés. 

J'ai  essayé  la  culture  de  plusieurs  espèces  de  Nélombo,  notam- 
ment du  Nclumh'mm  luteum,  qui  habitent  les  lacs  de  la  Louisiane  et 
de  la  Caroline  où  les  hivers  sont  très  rudes,  ainsi  que  celle  de  plu- 
sieurs autres  sortes,  mais  j'ai  reconnu  que  la  meilleure  était  sans 
contredit  la  variété  à  grande  fleurs  rose  vif  et  c'est  à  celle-là  que 
j'ai  borné  ma  culture.  On  peut  dire  que  cesNélombos  poussent  chez 
moi  à  l'état  spontané,  car  ils  ne  l'eçoivent  aucun  soin,  aucun  abri. 

LaG RANGE, 
Horticulteur  à  Oullins, 


193  — 


Chauffage  des  serres  en  Amérique 


Notre  correspondant,  M.  Denis  Zirng-iebel,  a  eu  l'obligeance  de 
nous  communiquer  des  photographies  de  plusieurs  sortes  de  chauf- 
fages employés  aux  Etats-Unis,  où,  comme  chacun  sait,  si  les  étés 
sont  chauds,  les  hivers  sont  longs  et  rudes.  Ces  photographies,  que 
nous  avons  fait  graver,  étaient  accompagnées  d'une  lettre  qui 
explique  et  complète  la  note  publiée  par  notre  correspondant  à  la 
page  102  de  cette  revue. 

Voici  cette  lettre  : 

Necdham-Mass,  april  3/86. 

Cher  Monsieur, 

J'ai  fait  copier,  comme  vous  le  désiriez,  trois  différentes  formes 
de  chaudières  dont  je  me  sers  pour  chauffage.  La  première  (fig.  1) 


Fig.     1 . 


est  de  mon  invention,  et  est  également  adoptée  pour  thermosiphon 
ordinaire  ou  compressé.  Dans  ce  dernier  cas  on  doit  s'en  servir 
avec  un  aller  et  retour  seulement.  Elle  contient  400  pieds  de 
tuyaux  (en  fer  battu)  de  3  centimètres  de  diamètre  et  est  capable 
de  chauffer  aisément  3,000  pieds  de  tuyaux  de  12  centimètres. 

Les  n°*  2  et  3  sont  pour  chauffage  compressé  seulement  ;  je 
préfère  le  n"  3,  qui  est  aussi  plus  simple  et  qui  pourrait  être  cons- 
truit douVjle  ou  triple,  laissant  assez  d'espace  au  centre  pour  con- 
tenir la  chaleur. 

Les  tuyaux  se  posent  tout-à-fait  comme  au  therraosiphon  ordi- 
naire, seulement  il  faut  se  servir  de  tuyaux  en  fer  battu  de  2  pouces 
de  diamètre  et  du  môme  calibre  que  ceux  à  vapeur.  Comme  je  vous 
le  disais  dans  ma  lettre  précédente,  l'appareil  doit  être  fermé  her- 
métiquement, en  laissant  quelque  peu  d'espace  pour  expansion  ou 
gonflement  de  l'eau  à  mesure  qu'elle  s'échaufïe,  avec  une  soupape 
de  sûreté  au  plus  haut  point  de  l'appareil  pour  prévenir  les  explo- 


—   194  — 

sions.  J'ai  rarement  servi  plus  de  10  kilog.  de  pression  ,  5  kilog 
est  ma  moyenne. 


Fig.  2.  Fig    3. 

Les  tuyaux  sont  attachés  aux  chaudières  et  doivent  être  joints 
ensemble  comme  pour  conduits  à  vapeur.  Je  comprends  qu'une 
personne  étrangère  à  ce  mode  de  chaufîage,  si  simple  cependant, 
éprouve  du  premier  abord  quelque  peine  à  le  comprendre.  Il  est 
intermédiaire  entre  le  chauiïage  à  vapeur  ordinaire  et  le  thermo- 
siphon simple  et  de  bien  supérieur  à  ces  deux-là  sous  tous  les 
rapports 

Denis  Zirngiebel. 


Compte-rendu   de    l'Exposition   d'Horticulture   tenue    à    Paris    du 
11  au  16  Mai,  par  la  Société  nationafe  d'Horticulture  de  France. 


Le  11  mai  dernier,  la  Société  nationale  d'Horticulture  de  France  ouvrait 
la  splendide  Exposition  qu'elle  organise  tous  les  ans  avec  tant  de  succès  ; 
aussi  l'horticulture  parisienne  trouvait-elle  là  une  occasion  favorable  pour 
exhiber  les  genres  nombreux  qui  forment  le  fond  de  ses  importantes 
cultures. 

Il  serait  difficile  d'imaginer  un  groupement  plus  gracieux  de  fleurs  plus 
belles  et  déplantes  plus  magnifiques;  en  un  mot, l'Exposition  de  cette  année 
na  le  cède  en  rien  à  ses  devancières,  et  on  peut  féliciter  MM.  les  Commissaires 
organisateurs  de  l'Exposition  du  goût  artistique  qu'ils  ont  mis  dans  tous 
les  détails  de  l'organisation  de  cette  Exposition. 

A  l'entrée,  deux  haies  de  Fusains  verts  bordaient  l'avenue  principale;  à 
droite  on  voyait  le  pavillon  de  la  ville  de  Paris  et  ses  annexes.  Entre  la 
façade  postérieure  du  palais  de  l'Industrie  et  ledit  pavillon  étaient  groupés 
les  instruments  de  jardinage,  ceux,  notamment,  qui  ont  trait  à  l'arrosage,  et 
tout  autour  de  l'Exposition  étaient  disposés  tous  les  produits  industriels  se 
rattachant  à  l'Horticulture,  tels  que  :  serres,  bâches,  constructions  rus- 
tiques, ponts,  kiosques,  statues,  etc.  ;  c'est  dans  une  de  ces  serres  qu'étaient 
groupées  les  Orchidées  de  M.  Lindea,  de  Gand, 'ainsi  que  ses  plantes  d'iatro- 
duciion  nouvelle,  lesquelles  ont  valu  à  cet  exposant  un  prix  d'honneur. 

Dans  la  collection  d'Orchidées  il  est  bon' de  mentionner  : 


195  — 


Cjpripedium    villosum    (ne    comptant 

pas  moins  de  40  fleurs). 
Cattleya  Mossiœ. 

—        Mendelii  Mossiœ. 


Masdevallia  Lindenii. 

—  maculata. 

—  Weitchii. 


Les  deux  charmantes  mignatures  : 

Masdevallia  rosea.  —  Maslevallia  armini. 


Les   plantes   d'introduetion    nouvelle, 
en  1866  : 

Alocasia  marmorata  (Iles  Molluques). 

—  auguatiana  (Papouasie). 

—  imperialis  (Bornéo). 

—  nigrescans  (Papouasie). 

—  Lindeni  (Papouasie). 
Litrobrocliia  robusta,     — 
Sagenia  mamillosa  (Nouvelle-Guinée). 
Orcliidantha  borneensis  (Bornéo). 
Calamus  ferugineus  (Iles  Célèbes). 
Cuf  ania  denticulata  (Papouasie). 

Puis  trois  variétés  d'Anthurium  : 

Anthurium  SchertzerianumVerveanum   | 
—       Devansayanumrotundifolium   | 


toutes    in'roluites    par    l'exposant 

Aphelandra  MaceJoïana  (Brésil). 
Helioonia  albo-spica  (Tonkin). 
Labisia  rubro  coslata  (Bornéo). 

—  alata  — 

—  malouana  — 
Pandanus  Augusli  (Iles  Molluques). 

—  Hardyanus. 

—  Kercbovii  (lies  Comores). 

—  Liaisianus  — 


Anthurium   variété    de    Thibaut    (par 
Weitch). 


Le  centre  principal  d'attraction  résidait  dans  le  Pavillon  de  la  ville  de 
Paris  où  s'abrita  ent  des  massifs  de  fleurs  jetés  avec  gov'lt  sur  la  pelouse,  et 
les  superbes  plahtes  de  serre  de  MM.Chantin,  Dallé,  Saison-Lierval,  Landry 
et  Duval,  qui  en  décoraient  si  admirablement  le  pourtour. 

S'il  me  fallait  énumérer  toutes  les  espèces  qui  ont  attiré  mon  attention, 
ce  travail  deviendrait  trop  long  et  peut-être  fastidieux.  Je  me  bornerai 
donc  à  citer,  dans  le  lot  de  M.  Chantin  : 


Katakidozamia  Mac-Leyi. 
Anthurium  Antonii  (introduit  en  Eu- 
rope par  l'exposant  en  1884). 
Gleichenia  ruspestris  glauca. 
Asplenium  colensoi. 
Polypodium  aureum  glaucum. 

Quelques  Orchidées  : 

./Erides  Veitehii. 
Anguloa  species? 
Lcelia  purpurata. 


Angiopteris  evecta. 
Sabal  urabraculifera. 
Zamia  horrida. 

—     Van  Gertii. 
Cycas  revoluta  (beau  spécimen). 


Dendrobium  thyrsiflorum. 
Cymbidium  Loweanum. 
Odontoglossum  odoratum. 


Dans  les  collections  de  M.  Dallé  (Louis),  on  peut  citer  : 


Kentia  Balmoreana. 
Cyathea  dealbata  (fort). 

En  groupes  fleuris 

Gardénia  grandiflora, 
Cytisus  Everestianus. 
Eiica  cylindrica. 
—      coocinea. 
Hydrangea  alba. 


Une   superbe    potée    bien    en     fleuri 
d'Odontoglossum  Pescatorei. 


Hoteia  palma  fidarosea. 
Deutzia  gracilis. 
Pelargonium  M^^  Clouet. 
—  M.  François. 


M.   Savoje ,   horticulteur  à   Bois-Colombes   ('Seine),   avait  des   lots  de 
plantes  de  serre  fort  admirés  ;  j'ai  noté  parmi  ces  dernières  : 


Areca  Bœuerii. 

—  sapida. 

—  luttscens. 
Latania  borbonica. 
Aralia  Sieboldii. 
Croton  Andreanum. 


Croton  interruptum. 

—  undulatum. 

—  Baronne  de  Rothschild. 
Araucaria  glauca. 
Bougainvillea   glabra,   en    fleur. 
.(Eschynanthus  zebrinus. 


—   196  — 


Dans  le  lot  de  M.  Landry,  citons 

Zamia  species  ? 
Cocos  Blumenovia. 
Cycas  Thercaissi. 
Hibiscus  Cooperi. 


Rodea  japonica  variegata 
Dracœna  Alex   Hardy. 

—  Verlotii. 

—  majestiea. 


A  côté  de  M.  Landry  se  trouvaient  les  beaux  lots  de  M.  Truffaut,  de 
Versailles  ;  les  Orchidées  surtout  faisaient  l'admiration  de  tous  les 
visiteurs. 

Voici  les  nonos  des  plantes  qui  ont  le  plus  attiré  naon  attention  : 


Cattleya  Mossioe. 

—  nobilior. 

—  Mendelii. 

—  citrina. 

—  Kimerii. 

—  Ocklandiœ. 
Oncidium  cucullatiim. 

—  concolor. 


Quelques  belles  plantes  de  seire  : 


Dracœna  Lindenii. 

—  Gladsfonei. 

—  Amerleyensis. 

—  alba  Tdiiegata. 
Croton  variegatum  elegans. 


Lœlia  purpurata  alba. 
Dendrobium  crjstallinum. 

—  thyrsiiîorum. 
Odontoglosaum  glorio»um. 

—  luteo  pnrpureum. 

—  triomphans. 

—  vexillarium. 
Vanda  tricolor. 


Selaginella  cîesia  arborea. 

Aralia  Chabrierii. 

Anthurium  Hanisii  pulchrum. 

—  Andreanum. 

—  crjstallinnm. 


M.  Saison-Lierval,  horticulteur  au  Parc  de  Neuillj  (Seine),  exposait  un 
pied  de  Latania  Borbonica  de  force  extraordiuaire  ;  il  obtient  pour  cette 
plante  une  grande  naédaille  d'argent. 

Quittons  ces  Palmiers  géants,  ces  Fougères  arborescentes,  et  passons  aux 
massifs  de  fleurs  non  moins  intéressants. 

Ici  ce  sont  les  charmants  Bégonias  tubéreux  de  M.  Robert,  horticulteur 
au  Vésinet,  et  les  superbes  Gloxinias  de  MM.  Vallerand  et  E.  Couturier. 
Mais  on  est  particulièrement  entraîné  vers  les  Caladiums  et  Orchidées  de 
M.  Bleu  ;  j'ai  noté  surtout  : 

Caladiums.  —  Perles  du  travail,  Phébu?,  M""  Imbert,  Kœchlin,  l'Automne, 
Comtesse  Du  Berthier,  Virgile,  Gandidum,  M""  Willaume,  Aristée,  Gaze  de 
Paris  (feuillage  aussi  léger  et  transparent  que  son  nom  l'indique). 

Les  massifs  de  Rododendrums  et  d'Azalées  de  plein  air,  de  MM.  Moser  et 
Croui,  offrent  aux  nombreux  admirateurs  d'énormes  bouquets  de  fleurs  aux 
coloris  variés  et  charmauts, 

M.  Truffant  avait  aussi  un  massif  d'Azalées,  de  l'Inde,  dont  les  téies 
étaient  bien  taites  et  dans  le  plein  de  leur  superba  floraison. 

M.  Boucher,  de  Paris,  et  M.  Christen,  de  Versailles,  exposaient  deux 
charmants  massifs  de  Clématites.  Dans  le  premier,  citons  : 


Clématites  coccinea. 

—  Lucie  Lemoine. 

—  Jackmanii. 

—  Marie  Boisaelot. 

M.  Christen  avait  : 

Clématite  bicolor. 

—  Ville  de  Paris. 

—  M™«  Méline. 

—  Barillet  Desehamps. 


Clématites  Président  Grévy. 

—  Baronns  de  Kothschild. 

—  Peile  d'azur. 

—  Viticella  rubra. 


Clématite  Star  of  indica. 

—  vestale. 

—  hybrida  perfecta. 
Atragène  des  Indes. 


197  — 


M.  Christen  exposait  à  côlé  de  son  massif  de  Clématites  un  superbe  lot  de 
rosiers  grimpants  tels  que  : 


Belle  Lyonnaise. 
Baron  Gonela. 


Rêve  d"or. 

Mme  Alfred  Carrière. 


Gloire  de  Dijon. 
Bouquet  d'or. 


J'allais  oublier  les  splendides  massifs  de  Crotons  et  de  Dracœnas  de 
M.  Chantrier  qui  faisaient  l'admiration  de  tous  les  visiteurs,  et  ses  lots  d'An- 
thurium  nouveaux  encore  plus  intéressants  pour  les  amateurs. 

Voici  leurs  noms  avec  quelques  détails  sur  chaque  plante. 

Variétés  obtenues  par  M.  Chantrier  et  n'étant  pas  encore   au  commerce  : 

Anthurium   Eduardii   (fleur  ayant  le  coloris   de  la  variété  parisienne  mais    à  fleurs 
beaucoup  plus  grandes). 

—  carneum  grandiflorum  (fleurs  énormes). 

—  cruentum  (issu  de  l'Anth.  Weitchti  comme  mère  et  de  l'Anth.  Andrea- 

num  comme  père). 

—  Houlttianum  de  semis  (issu   de  l'Anth.  Andreanum  comme  père   et  de 

l'Anth.  Hoiiletianum  comme  mère). 

—  Andreanum  à  fleur  rouge  sang  (issu  de  l'Anth.  Andreanum  comme  mère  et 

de  l'Anth    Houletianum  comme  père). 

—  Mortfontanense  (issu  de  l'Anth.  Weitehii  comme  père  et  da  l'Anth.  Andrea- 

num comme  mère). 
Puis  :  Alooasia  Piitzeisii. 

—  regina. 

—  Sanderiana. 

Je  ne  voudrais  pas  quitter  ce  pavillon  si  splendidement  décoré  sans  parler 
des  charmants  bouquets,  couronnes,  jariinières,  gerbes,  surtouts  de  table, 
etc.,  de  M.  Bories,  de  M""  E.  Lion  et  de  M.  Debrie. 

Sous  la  grande  tente  annexée  au  pavillon  sont  les  belles  roses  de  MM. 
Levêque,  Ch.  Verdier  et  A.  Rothberg. 

Dans  les  lots  de  M.  Levêque,  voici  les  variétés  que  j'ai  notées  : 


Merveille  de  Lyon. 
Joseph  Tasson. 
Souvenir  d'un  ami. 
Marie  Guillot. 
Capitaine  Chrysti. 
Persian  Yellow. 
Thyra  Hammerich. 


Rêve  d'or. 
M°"=  Falcot. 
Jean  Ducher. 
Jean  Pernet. 
Clotilde. 
Maréchal  Niel. 
Rivoli  Charles. 


Dans  les  lots  de  M.  Ch,  Verdier  citons  : 


Perle  de  Lyon. 
Jean  Ducher. 
David  Pradel. 
Camoëns. 
M™«  de  Yatry. 


Homère. 
Marie  Guillot. 
Sir  El  Elisa. 
Niphetos. 
L'Elégante. 


Abel  Carrière. 
Mm"  Margottin. 
De  Monplaisir. 
Joseph  Bernachi. 
Belle  Lyonnaise. 


Marie  Van  Houte. 
Perle  des  jardins. 
Adrienne  Christophe. 
Comtesse  Riza  du  Parc. 


M.  A.  Rothberg,  pépiniériste  à  Geanevilliers,  avait  des  Thés  magnifiques 
dont  voici  les  plus  beaux  spécimens  : 


Hybride  thé  Distinction. 
Marie  Van  Houtte. 
Mm"  Gaillard. 
Comtesse  de  Brossard. 
Safrano  rouge. 


Marie  d'Orléans. 
Mme  Trombez. 
Mont-Rosa. 
Mme  Bravy. 
Mme  Lombard. 


Mme  Nabonnand. 

Francisa  Kruger. 

Regulus. 

Reine  Emmad.  Pays-Bas. 


MM.  Ch.  Verdier  et  Paillet  avaient  deux  lots  superbes  de  fleurs  coupées 
de  Pivoines  en  arbres  dont  les  plus  remarquables  étaient  ; 


—  198  — 


Schœne  Van  Coin. 
Jules  Pierlot. 
Georges  Paul. 
Jeanne  d'Arc. 
Mrac  Thibaut. 
Rose  odorante. 
Dûment  de  Courset. 


Salmonea. 

Duchesse  de  Parme. 
Docteur  Bowiiug. 
Trioraplie  de  Gand. 
Gloire  des  Belges. 
Moris. 
Zenobia. 


Lambertine. 

Bijou  de  Chuzan. 

Elisabeth. 

Osiris. 

Comte  de  Flandres. 


M.  Jolibois,  jardinier-chef  au  Luxembourg,  ornait  cette  annexe  d'une 
belle  collection  de  Broméliacées  qui  lui  ont  valu  un  diplôme  d'honneur. 

Comme  plantes  annuelles  c-t  bisannuelles  citons  les  charmants  massifs  de 
MM.  Vilmorin.  Andrieux  et  C"  et  de  M.  A.  Lecaron.  MM.  Vilmorin  avaient 
en  outre  des  Calciolaires  et  des  Cinéraires  hybrides  et  doubles  de  toute 
beauté. 

M.  Lemoine  de  Naacj,  exposait  3  variétés  de  lilas  à  fleurs  doubles  malheu- 
reusement ces  fleurs  avaient  mal  supportées  le  voyage  et  étaient  passées  dès 
le  deuxième  jour  de  l'exposition. 

C'était  : 

Lilas  Comte  Horace  de  Choiseul. 

—  Président  Grévy. 

—  Michel  Buchner,  primé  à  Paris  en  1885. 

Une  exposition  de  printemps  sans  Pensées  serait  une  exposition  incom- 
plète aussi  ne  manquaient-elles  pas,  et  MM.Daplat  et  Dupanloup  en  avaient- 
ils  de  forts  belles. 

M.  Poirier,  de  Versailles,  expose  un  lot  de  Pélargoniumzonale  à  fleurs  dou- 
bles fort  admiré  qui  lui  vaut  une  grande  médaille  d'argent. 

Comme  variété  citons  : 

Jules  Chrétien.  |       Monsieur  d'Astis.  1       Emile  Girardin. 

Duchesse  des  Cars.  |       Monsieur  Strutt.  |       Avalanche. 

M.  Terrier,  jardinier  chez  M.  le  D'  Pournier  à  Neuilly  (Seine),  obtient  une 
médaille  d'or  pour  son  beau  massif  de  plantes  de  serre  à  feuillage   panaché. 

M.  Simon  exposait  un  massif  d'Euphorbia,  de  Cactées  et  d'Aloès. 

Un  massif  qui  attirait  le  plus  grand  nombre  des  visiteurs  était  le  massif 
d'arbres  fruitiers  forcés  de  M.  Margottin  père. 

Voici  pour  les  cerisiers  les  plus  belles  variétés. 

Early  rivers.  1      Bigareau  de    mai,    (étaitl       Elton. 

Anglaise  hâtive.  |  superbe).  |       Impératrice  Eugénie. 

Pour  les  pêchers. 

La  pêche  la  plus  précoce  ou  du  moins  celle  qui  était  la  plus  avancée  était: 

Précoce  Alexandre  ;  Tenait  ensuite  :  Amsden's  June. 

Arboriculture  fruitière  et  ornementale, 

La  seconde  partie  du  programme  comprenait  diiférents  concours]  que  'j'ai 
déjà  mentionnés  plus  haut. 

Mais  j'avais  oublié  de  parler  de  la  superbe  collection  de  cent  Conifères  de 
M.  Defresne  pour  laquelle  il  obtient  un  prix  d'honneur.  Je  ne  puis  m'abste- 
nir  de  citer  : 


Abies  concolor  et  violacea. 

—  Parryana. 

—  Alcokiana. 

—  Weitchii. 

—  cœrulea  Hudsonii. 

—  Patonii. 


Abies  polita. 

—  pieca  dumosa. 

—  Engelmani. 

—  nobilis  glauca. 

—  Hookei'iana. 

—  Albertiana. 


—  199 


Abies  lasiocarpa. 

—  nordmaniana. 

—  numidica. 
Biota  Defresneana. 
Welliugtonia  gigantea  pendula. 

—  —       nana. 

Thuyopsis  dolabrata  variegata. 
Pinus  Silv.  Beuvronensis. 
Retinospora  leploclada. 
Libocedi'us  sinensis  glauca. 
Pinus  manophylla. 
Cedfus  atiantica  glauca. 

—  atiantica  cinerascens. 

—  Libanl  comte  de  Dijon. 

—  Deodora  variagata. 


Cryptomeria  Jap.  spiralis. 

—  —     monstrnosa. 

—  —     compacta. 
Chamcecyparis  dubia. 
CupressLis  Law.  Turnerii. 

—  —     Fraseiii. 

—  —     albd  pendula. 

—  —     pendula. 
Araucaria  imbricata. 
Fitz-Roya  patagonica. 
Saxe-Gothea  conspicua. 
Séquoia  sempervirens  variegata. 
Thuyopsis  lœfeviren?. 
Retinospora  squarrosa. 


Un  massif  de  plantes  vertes  comprenant  les  genres  Fusains,  Aucuba,  Ligus- 
trum,  Mahonia,  Yucca,  Arbutus,  Ilex,  Eleagnus,  Hedera,  et  pour  lequel 
M.  Defresne  obtient  une  médaille  d'or. 

M.  Croux  exposait  un  massif  d'Acer  negundo  à  feuilles  panachées  en  bor- 
dure, et  comme  centre  du  massif  un  superbe  pied  de  Hètra  pourpre. 

Sur  une  pelouse  à  l'entrée  de  l'Exposition  se  trouvait  un  superbe  pied  do 
Xinthorœa  hastillis  (Smith)  envoyé  par  M.  Th.  Villard. 

MM.  Salomon  et  Bertrand  avaient  chacun  un  lot  de  fruits  conservés  vrai- 
ment admirables. 

Parmi  les  mieux  conservés,  j'ai  noté  : 

Poires  Pomme.i 


Catillac. 

Bergamote  Philippot. 
Besi  des  Vétérans. 
Beurrée  Bretonneau. 
Bon  Chrétien  d"hiver. 
Doyenné  d'hiver. 
Beui'rée  Perrault. 
Belle  Angevine. 


Calville  blanc. 

—  des  femmes, 

—  d'Anjou. 
Reinette  du  Canada. 
Reinette  d'Angleterre. 
Pomme  de  Hollande. 
Reinette  grise. 


Culture  Maraîchère. 


Les  produits  maraîchers  complétaient  honorablement  cette  magnifique 
exposition. 

M.  Lhérault  avait  un  prix  d'honneur  pour  ses  asperges  toujours  de  gros- 
seur si  extraordinaire.  Il  exposait,  en  outre,  un  lot  de  fraisiers  qui  lui  a  valu 
une  grande  médaille  de  varmei!. 

Les  fertiles  meules  de  champignons  de  M.  A.  Duvillard,  les  salades  de 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  C°  et  les  beaux  spécimens  de  choux-fleurs  de 
M.  0.  Arlet  étaient  tels  que  les  yeux  les  désirent  dans  l'intérêt  de  la 
bouche. 

MM.  Chommetet  J.  Rigault  exposaient  chacun  une  collection  de  pommes 
de  terre  dignes  de  faire  les  honneurs  du  centenaire  de  Parmentier. 

La  Société  de  secours  mutuels  des  Jardiniers  de  la  Seine  obtient  un  prix 
d'honneur  pour  un  superbe  lot  d'ensemble  de  légumes  forcés. 

Comme  iastruction  horticole,  citons  les  plans  de  jardins  et  dessins  de 
rochers  de  M.  Combàzi,  à  Passy,  ainsi  que  ceux  de  M.  Faubry,  de  Nantes, 
et  les  splendides  aquarelles  de  fleurs  de  M.  Jubert,    de  l'école  de  Grignon. 

Les  herbiers  de  MM.  C.  Moreau,  H.  Rousseau  et  Sosson  contenant  500  et 
600  variétés  de  fougères,  et  500  espèoes  de  plantes  médicinales  ou  indus- 
trielles. 


—  200  — 

Les  collections  d'insectes  do  MM.  A.  Ramé,  Sosson  et  C.  Moreau. 
Et  la  collection  fort  belle  do  plantes  artificielles  pouvant  servir  à  l'ensei- 
gnement horticole  de  M"°  Marie  Fortier,  qui  obtient  une  médaille  d'or. 

J.-B.  Perrier  fils. 

laformaflons.  —  M.  Simon  Delaux,  l'habile  cultivateur  de  chrysan- 
thèmes de  St-Martin-du-Touch  près  Toulouse,  vient  d'off'rirdeux  prix, l'un  de 
(JOO  francs  et  l'autre  de  100,  à  une  société  d'horticulture  de  Londres,  qui  s'occu- 
pe chaque  année  d'organiser  une  Exposition  spéciale  de  Chrysanthèmes  : 

L'Ecole  forestière. —  M.  Dovelle  a  fait  signer  au  président  de  la  République 
un  décret  instituant  une  commission  chargée  d'étudier  la  réorganisation  de 
l'Ecole  nationale  forestière,  et  de  reviser  le  programme   de  l'enseignement. 

—  Voici  les  noms  des  Lauréats  des  Prix  culturaux  au  concours  régional 
de  Marseille  :  Diplôme  d'honneur  hors  concours  et  objet  d'art  spécial  à  M. 
A.  Besson,  horticulteur,  au  Pont-de-Vivaux.  Primo  d'honneur  :  Objet  d'art 
et  1000  francs  à  M.  Montel,  horticulteur  à  St-Barnabé.  Médaille  d'argent  à 
M.  Schwaller,  horticulteur  à  Bonneveine. 

Introduction  des  vignes  américaines.  —  L'introduction  des  vignes  étrangères 
et  des  vignes  provenant  des  arrondissements  non  phylloxerés  a  été  autorisée 
dans  les  arrondissements  suivants  :  Châteauroux,  Leblanc,  La  Châtre  (Indre); 
Lombez  et  Lectoure  (Gers)  et  Chambéry  (Savoie). 

Les  concours  régionaux.  —  Les  délégués  des  Sociétés  d'an;riculture  et  des 
Comices  au  concours  régional  de  Lille,  ainsi  qu'un  grand  nombre  d'exposants, 
ont  signé  une  pétition  au  ministre  de  l'agriculture,  lui  demandant  le  retour 
pur  et  simple  à  l'organisation  des  douze  concours  régionaux  et  à  l'ancien 
nombre  des  circonscriptions. 

—  La  société  des  Agriculteurs  de  France  a  ouvert  les  concours   suivants  : 
Monographie  forestière  d'une  région  de  la  France. — Maladies  des  mûriers  et 

moyen  de  les  combattre.  —  Dessiccation  des  fruits.  —  Etude  générale  du 
vignoble  français.  —  Etude  sur  la  culture  des  cépages  américains  et  les 
meilleurs  procédés  de  vinification  de  ces  mômes  cépages.  —  Destruction  du 
Peronospora  viticola.  Déposer  les  mémoires,  avant  le  31  décembre  1886,  au 
siège  de  la  Société,  21.  Avenue  de  l'Opéra  à  Paris, 

—  La  même  société  ouvre  un  concours  pour  la  création  de  fermes  fruitiè- 
res. Ce  concours  aura  lieu  en  1890.  Pour  la  désignation  du  lauréat,  on 
prendra  en  considération  : 

1°  L'importance  de  la  plantation  ;  2' les  soins  pris  pourassurerla  réussite; 
3°  le  choix  des  espèces  et  variélôs  qui  devront  être  appropriées  au  sol  et 
au  climat  et  déterminées  au  point  de  vue  de  l'emploi  assuré  des  fruits,  soit 
pour  le  marché,  soit  pour  l'usage  industriel  ;  4°  les  plantations  intercalaires 
telles  que  celles  des  Groaeillers,  Framboisiers,  légumes  et  autres  végétaux 
alimeniaires  pouvant  donner  un  produit  avant  les  arbres. 

—  La  société  horticole,  vigneronne  et  forestière,  de  l'Aube,  ouvrira  sa 
dixième  Exposition  générale  du  jeudi  16  au  lundi  20  septembre  1886,  à 
Troyes.  Les  demandes  d'admission  devront  être  parvenues  au  Secrétariat  de 
la  société  avant  le  1"  septembre.  Expositions  annoncées  :  Douai,  du  11  au 
16  juillet;  Valogne,  du  7  au  10  août  ;  leRaincy,  les  8  et  9  août  ;  Alençon,  du 
6  au  10  octobre. 


Lk    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Imp.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  JUIN  N'    12 


CHRONIQUE 


Concours  spéciaux.  —  Les  membres  de  l'Association  horticole 
lyonnaise  qui  désirent  prendre  part  aux  concours  spéciaux  organisés 
par  la  Société  sont  informés  que  le  dernier  délai  pour  faire  par- 
venir leur  demande  au  Secrétariat,  cours  Lafayette,  61  (Villeur- 
banne), a  été  tixé  au  20  juillet  prochain. 

Les  demandes  de  prendre  part  aux  récompenses  à  décerner 
aux  bons  et  anciens  jardiniers  seront  reçues  jusqu'à  la  même 
date. 

Nous  rappelons  aux  jardiniers  de  maisons  bourgeoises  : 

1°  Que  les  demandes  relatives  aux  concours  spéciaux  doivent 
être  accompagnées  de  l'autorisation  écrite  du  maître  de  la  propriété 
confiée  à  leurs  soins  ; 

2°  Que  les  demandes  de  prendre  part  aux  récompenses  comme 
ancien  et  bon  jardinier  doivent  être  accompagées  d'un  certificat 
flu  maître  attestant  la  durée  des  services  rendus.  La  signature 
de  ce  certificat  devra  être  légalisée  par  le  maire  de  la 
commune. 

Boses  nouvelles.  —  J'ai  entendu  gémir  des  amateurs  de  roses  et 
j'en  ai  vu  qui,  dans  leur  douleur,  étaient  aussi  inconsolables  que 
Calypso,  la  déesse  immortelle,  avant  l'arrivée  de  Télémaque  dans 
S')n  île. 

Ils  n'avaient  du  reste  aucune  nymphe  pour  les  servir. 

L'écho  m'a  renvoyé  leurs  lamentations  sur  un  rythme  plaintif  : 
j'en  ai  le  cœur  ulcéré. 

Les  gazetiers  rhodophiles  ont  formulé,  dans  le  langage  du  pays, 
l'expression  des  plaintes,  gémissements  et  lamentations  de  la  patrie 
ennuyée  —  je  n'ose  pas  dire  en  deuil.  Ah  !  disait  l'un  d'eux, 
n'est-ce  pas  atfreux  de  voir  notre  fleur  favorite  aussi  prodigieuse- 
ment féconde  ?  —  Ça  en  est  ridicule,  lui  répondait  une  voix  caver- 
neuse. —  Un  troisième,   montrant  le  poing,  disait  :    «  Des  nou- 


—  202  — 

veaulés  comme  ça,  j'en  ai  plein  le  dos.  —  Attendez  un  moment, 
nous  allons  y  mettre  ordre,  ajoutait  un  quatrième.   » 

Se  plaindre  de  la  fécondité  de  la  rose,  blâmer  la  reine  des  lleurs 
d'être  trop  prolifique,  mais  c'est  la  révolution  qui  se  glisse 
dans  l'empire  de  Flore  !  Malheur  des  temps  !  Abomination  de  la 
désolation  ! 

Des  esprits  chagrins  que  la  naissance  de  nombreux  petits  der- 
niers ou  petites  dernières  rend  furieux,  menacent  de  soumettre  la 
malheureuse  fleur  au  régime  des  abortifs.  Ils  ne  parlent  ni  plus  ni 
moins  que  d'organiser  un  congrès  pour  réglementer  sa  progéniture 
à  venir  et  flanquer  de  suite  à  la  porte  des  jardins,  c'est-à-dire 
assassiner  une  partie  de  ses  enfants. 

Cruels  !  y  pensez-vous  ?  Un  congrès  de  rosiéristes  ?  Malheureuse 
mère  !  Rose  infortunée  !  J'en  frémis  rien  que  d'y  penser.  Il  me 
semble  vous  voir  déjà  réunis,  là  ou  ailleurs,  discutant  à  propos  de 
roses.  Vous  éliminerez  celle-ci,  qui  convient  à  Jean  et  à  Claude, 
pour  peu  que  vous  soyez  trois  sur  cinq  pour  lui  trouver  des  défauts, 
car  vous  serez  la  majorité.  Les  fils  de  la  «  perfide  Albion  »  vote- 
ront en  bloc  contre  les  enfants  de  la  chaude  Provence.  Que  d'héca- 
tombes à  prévoir.  Voilons-nous  la  face. 

La  seule  chance  qui  vous  reste  de  ne  pas  dévaster  par  décret  ce 
beau  royaume  des  roses,  d'éviter  un  massacre  épouvantable,  c'est 
de  ne  pas  prendre  votre  rôle  trop  au  sérieux.  Que  votre  président 
futur  soit  un  homme  gai  et,  pour  éviter  que  la  discussion  tourne  au 
funèbre,  qu'il  vous  permette  d'émailler  vos  discours,  interruptions, 
apostrophes,  demandes  et  réponses,  de  jeux  de  mots  plus  ou  moins 
spirituels.  Que  l'un  d'entre  vous,  par  exemple,  bon  patriote,  pro- 
clame, dès  le  début,  la  suprématie  de  La  France,  superbe  rose 
obtenue  par  Guillot,  sur  Y  Empereur  du  Maroc,  au  noir  coloris  ^  qu'il 
démontre,  par  A  plus  B,  que  la  Baronne  de  Holhschild,  rose  ou 
blanche,  quoiqu'elle  ait  le  sac,  n'est  pas  la  Perle  des  Jardins,  Que 
de  liêvcs  d'or  à  faire  en  passant  des  Iles  Bourbon  aux  Bengales  !  Que 
de  souvenirs  à  se  rappeler,  sans  compter  celui  de  la  Malmaison,  en 
prenant  le  Tliê  à  Proviiis  !  Qa' un  voisin,  agréablement  titillé  par  ces 
allusions  transparentes,  efface,  par  un  sourire,  son  aspect  de  rosier 
rugueux;  que  Paul  Neyron  avoue  avoir  trouvé  son  chemin  de  Damas 
en  flairant  une  rose  musquée  sur  un  buisson  à  cent  feuilles,  moussu, 
garni  de  pompons  et  de  noisettes. 

Croyez-moi,  glissez  sur  le  général  Jacqueminot  et  sur  le  maré- 
chal Niel  :  évitez  la  guerre.  Mais  malheur  à  vous,  congressistes, 
si  vous  abandonnez  cette  voie  féconde  en  calembours  !  La  Discorde 
est  là  qui  vous  guette,  prête  à  vous  barrer  le  chemin. 

Un  congrès  de  rosiéristes  pour  juger  des  roses  nouvelles 

Quelle  fumisterie  !  Je  comprends,  à  la  rigueur,  que  Monsieur  Trois- 


—  203  — 

Etoiles  cherche  à  prouver  â  Monsieur  Ixe  qu'il  est  un  parfait  crétin 
en  soutenant  qu'une  variété  do  rose  quelconque  est  préférable  à 
une  autre.  Je  me  fais  également  une  idée  parfaitement  nette  de 
Pierre  demandant  l'expulsion  et  la  radiation  d'une  rose  Thé  qui  lui 
déplaît  et  finissant  par  l'obtenir  à  force  d'arguments. 

Mais  ce  que  je  ne  conçois  pas  bien,  ailleurs  qu'à  Charenton,  c'est 
une  assemblée  délibérant  sur  l'Hybride  nouvelle  que  personne  ne 
connaît,  sur  la  Noisette  fraîche  émoulue,  sur  le  petit  Polyantha  du 
célèbre  semeur  ou  encore  sur  un  Bengale  nouveau  qu'un  inconnu  a 
l'audace  do  vouloir  mettre  au  commerce.  Je  me  suis  fait  pousser 
plus  d'un  cheveu  blanc  en  tachant  de  deviner  sur  quelles  bonnes 
raisons,  sur  quels  arguments  irrésistibles  le  tribunal  rosicole  pour- 
rait asseoir  un  jugement  sévère  mais  juste,  sur  toutes  ces  intri- 
gantes de  roses  nouvelles  qui  réclament  leur  place  au  soleil?  J'avoue 
humblement  que  je  n'ai  rien  trouvé. 

Mais  je  les  connais,  vos  jugements,  rosiéristes  !  Savez-vous  que 
quelques-unes  de  nos  plus  belles  roses,  celles  dont  une  seule  suffi- 
rait à  établir  la  réputation  d'un  semeur,  ont  été  présentées  à  vos 
expositions  et  soumises  à  vos  suffrages  ?  Savez-vous  qu'elles  ont 
été  battues  par  des  variétés  que  l'indifférence  a,  plus  tard,  chassé 
des  jardins  ? 

Ce  n'est  pas  une  chose  aussi  facile  qu'on  le  pense,  qu'un  juge- 
ment à  porter  sur  une  rose  nouvelle.  Présentées  dans  de  certaines 
conditions,  elles  sont  toutes  belles.  Adroitement  préparées,  elles 
décuplent  leurs  charmes  et  font  miroiter  aux  yeux  de  fallacieuses 
couleurs.  Pouvez- vous  deviner  quelle  part  revient  à  la  fertilité  du 
sol,  à  l'altitude,  à  la  chaleur  du  soleil,  à  la  vigueur  du  sujet  et  aux 
mille  conditions  qui  influent  sur  leur  développement  ?  Non  :  le  règne 
des  sorciers  est  passé.  "Tout  ce  que  vous  pouvez  faire,  c'est  d'at- 
tendre que  le  Temps,  ce  grand  maître,  ait  donné  son  avis.  Du  reste, 
telle  variété  qui  triomphe  dans  le  Midi  ne  vaut  rien  dans  le  Nord, 
et  vice-versâ.  Celles  qui  sont  belles  partout  sont  rares. 

Le  progrès,  dans  les  fleurs,  ne  procède  pas  par  soubresaut,  et 
parmi  les  nombreuses  variétés  vendues  chaque  année,  il  y  en  a 
toujours  quelques-unes  que  leurs  qualités  distinguent  nettement 
des  autres  et  qui  marquent  une  amélioration  réelle  du  genre. 

La  seule  conclusion  sérieuse  sur  cette  question  des  roses  nou- 
velles a  été  formulée  par  Alphonse  Karr  :  «  Si  vous  avez  de 
l'argent  et  de  l'espace  pour  les  planter,  achetez-les  toutes.  »  Je 
partage  complètement  cette  manière  de  voir. 

Falsification  du  sulfate  de  cuivre.  —  Plusieurs  journaux  donnent, 
bien  sincèrement  sans  doute  le  moyen  pour  distinguer  le  sulfate  de 
cuivre  pur  du  sulfate  de  cuivre.  .  .  falsifié.  Je  ne  conseille  pas  aux 


—  204  — 

personnes  qui  auront  la  le  procédé  on  question,  procédé  parfaite- 
ment exact  du  reste,  de  le  mettre  à  exécution.  Voici  pourquoi  : 

Le  sulfate  de  cuivre  parfailcmenl  pur  est  usité  seulement  dans 
les  laboratoires,  et  tous  les  sulfates  de  cuivre  du  commerce  con- 
tiennent du  sulfate  de  fer  ou  du  sulfate  de  zinc,  en  plus  ou  moins 
grande  quantité,  puisqu'ils  sont  tirés  généralement  des  pyrites 
cuivreuses  grillées  qui  contiennent  du  fer  et  du  zinc. 

Cependant  comme  on  purifie  presque  toujours  le  sulfate  de  cui- 
vre ferrugineux,  il  y  a  des  marchands  qui  livre  ce  sel  important 
à  un  degré  de  pureté  bien  suffisant  pour  l'usage  auquel  les  horti- 
culteurs le  font  servir.  Qu'est-ce  que  cela  peut  bien  faire  pour  le 
sulfatage  des  bois  de  sapin,  des  semences  ou  des  vignes  atteintes 
du  mildiou,  que  le  sulfate  de  cuivre  contienne  un  peu  de  sulfate 
de  fer?  Rien,  cependant  il  est  important  de  ne  pas  acheter  du  sul- 
fate de  cuivre  ordinaire  pour  du  sulfate  de  cuivre  à  peu  près 
pur,  attendu  qu'il  y  a  une  grande  différence  de  prix  entre 
l'un  et  l'autre.  Il  suffit  pour  apprendre  à  distinguer  le  vrai 
sulfate  de  cuivre  du  commerce  du  sulfate  de  cuivre  ferrugi- 
neux, d'en  avoir  vu  un  échantillon  de  chaque  sorte  ;  on  ne  peut 
plus  les  confondre  ensuite.  En  résumé,  on  trouve  dans  le  commerce 
trois  sortes  du  sulfate  de  cuivre  :  1"  le  sulfate  de  cuivre  pur  ou  à  peu 
près  pur  ;  2"  le  sulfate  connu  sous  le  nom  de  Filriol  de  Sahhourg 
dont  il  y  a  trois  qualités  suivant  qu'il  contient  plus  ou  moins  de 
cuivre  ^  3"  le  Filriol  mixte  de  Clnjpre  (qu'on  tire  des  mines  de  Chessy, 
près  Lyon)  qui  est  un  sulfate  double  de  cuivre  et  de  zinc. 

Le  vitriol  de  Salzbourg  et  le  vitriol  mixte  valent  de  25  à  40  fr. 
les  100  kilog.,  tandis  que  le  sulfate  de  cuivre  pur  vaut  plus  de 
100  fr.  les  100  kilog. 

Pli]l>iioln(jie  et  culture  du  Blè.  —  M.  Eug.  Risler,  directeur  de 
l'Institut  agronomique,  vient  do  publier  à  la  Librairie  Hachette 
et  (y''',  un  petit  volume  in-16,  contenant  tout  ce  qui  peut  intéresser 
les  agriculteurs  sur  l'importante  question  de  la  culture  du  blé. 
L'ouvrage  ne  coûtant  que  0  fr.  50,  sera  bientôt  dans  toutes  les 
mains  de  ceux  qui  ont  souci  d'augmenter  leurs  revenus. 

Voici  les  litres  des  principaux  chapitres  de  cet  excellent  petit 
ouvrage  : 

Le  climat.  —  Le  sol  et  les  engrais.  —  Propriétés  physiques 
des  terres  et  développement  des  racines.  —  Place  dans  les  asso- 
lements et  cultures  préparatoires  du  blé.  —  Variétés  de  blé.  — 
Choix  et  préparation  des  semences.  —  Quantité  de  semence  à 
employer  par  hectare.  —  Epoque  des  semailles.  —  Profondeur 
des  semis.  —  Semailles  à  la  volée  ou  en  lignes.  —  Automne  et 
hiver.  —  Soins  à  donner  au  blé  au  printemps.  —  Floraison  du  blé. 
—  Maturation  et  moisson,  —  Battage  et  produit. 


~  205  — 

Les  engrais  convenant  aux  arbres  à  cidre.  —  Nous  trouvons  dans 
la  France  agricole  la  petite  note  suivante  qui  contient  des  renseigne- 
ments très  utiles  à  connaître  et  qui  pourraient,  croyons-nous,  aussi 
bien  s'appliquer  aux  pommiers  en  général,  qu'à  une  classe  spéciale 
de  pommier.  Voici  cette  note  : 

«  Tous  les  engrais  ne  conviennent  pas  aux  arbres  à  cidre  :  les 
fumiers  de  cheval  et  de  mouton  attirent  le  puceron  lanigère,  qui 
épuise  les  arbres  et  donne  naissance  aux  chancres;  le  fumier  de 
vache  attire  les  vers  blancs  ;  les  fumiers  non  fermentes  engendrent 
le  blanc  des  racines. 

«  Les  engrais  liquides  et  les  marcs  de  pommes  sont  surtout  à 
recommander.  On  obtient  d'excellents  résultats  en  arrosant  au  pied 
des  pommiers  avec  du  purin,  de  la  colombine,  du  guano  ou  des 
matières  fécales,  chacun  de  ces  engrais  étant  délayé  et  largement 
étendu  d'eau. 

<c  Les  marcs  de  pommes  mélangés  avec  du  phosphate  fossile  pul- 
vérisé, dans  la  proportion  de  15  à  200  kil.  de  phosphate  par 
10()  kil.  de  marcs,  agissent  aussi  très  efficacement. 

«  Le  varech  et  les  algues  marines,  —  qu'on  utilise  dans  le  même 
but  le  long  des  côtes,  —  donnent  beaucoup  de  vigueur  aux  arbres 
et  empêchent  les  vers  blancs  d'attaquer  les  racines.  » 

Greffe  des  Solanécs.  —  M.  E.  Strasburger  a  exposé  dans  une 
note  intitulée  :  sur  la  greffe  el  ses  conséquences,  quelques-uns  des 
résultats  qu'il  a  obtenus  en  greffant  les  unes  sur  les  autres  diffé- 
rentes sortes  de  Solanées.  11  a  réussi  à  grefïer  et  à  faire  prospérer 
sur  la  pomme  de  terre  les  Dalura  Siramonium  et  arborca,  le  Tabac  et 
l'Alkekenge.  La  pomme  de  terre,  à  son  tour,  prospère  étant  greffée 
sur  le  Stramoine  [Dalura  Siramonium).  Dans  une  deuxième  série 
d'expériences  M.  Strasburger  a  pu  greffer  sur  la  pomme  de  terre 
la  Jusquiame  noire,  la  Belladone,  le  Tabac  rustique  et  le  Pétunia. 
Le  Dalura  Siramonium ,  le  Plnjsalis  et  le  Nicoliana  Tabacum  ont  par- 
faitement fleuri  el  les  greffons  ont  atteint  un  bon  développement. 

Il  résulte  des  expériences  de  M.  Strasburger  que  dans  certaines 
familles  les  genres  les  plus  différents  peuvent  être  greffes  les  uns 
sur  les  autres. 

Pour  ma  part  j'ai  greffé,  jadis,  presque  tous  les  genres  de  la 
famille  des  Proléucws  sur  le  Grcvilca  robusla  et  la  plupart  des  greffes 
ainsi  faites  ont  parfaitement  vécu  pendant  plusieurs  années. 

TÀlas  chinois.  —  11  paraîtrait,  d'après  les  observations  faites 
dernièrement  par  M.  A.  Franchet  sur  les  Syringa  du  nord  de  la 
Chine,  que  les  Syringa  Emodi  Dcne  et  Josikca  Jacq.  devraient  être 
rapportés  en  synonymes  au  Syringa  villosa  Vahl,  récolté  aux  envi- 


—  206  — 

rons  de  Pékin  par  P.  d'Incarville.  D'autre  part,  le  Syringa  villosa 
Dcne  ne  serait  pas  diiFérent  du  Syringa  pubcsccns  Turcz. 

Les  deux  autres  espèces  de  Syringa  appartenant  à  la  flore  de 
Chine  sont  le  S.  obUita  Lindl.  et  le  S.  cliinensia  Willd.,  qui  a  pour 
synonymes  S.  rolhomagensis  Mirb.  et  S.  dubia  Fers.  C'est  le  véri- 
table Lilas  Varin  des  horticulteurs. 

En  résumé,  d'après  les  observations  de  M.  Franchet  il  y  aurait 
quatre  espèces  chinoises  de  Lilas,  savoir  S.  villosa  Vahl,  S.  pubes- 
cens Turcz.,  S.  oblala  Pers.,  S.  chincnsis  WiWd. 

Syringa  et  Seringa,  —  H  y  a  deux  arbrisseaux  également  com- 
muns dans  les  jardins  qui  portent,  l'un  en  grec  latinisé,  l'autre  en 
français,  des  noms  qui  se  ressemblent  beaucoup  et  qui  ont,  à  peu 
de  chose  près,  la  même  consonnance.  Cette  affinité  nominale 
donne  lieu  quelquefois  à  des  quiproquos  désagréables.  L'un  de  ces 
arbustes  est  le  Syringa  plus  connu  en  français  sous  le  nom  de  Lilas. 
L'autre  est  le  Seringa  dont  le  nom  technique  est  Philadelphus. 

L'amateur  qui  veut  acheter  des  Seringas  doit  éviter  d'écrire 
Syringa  s'il  ne  veut  pas  recevoir  des  Lilas  à  la  place. 

Sidéralion.  —  On  appelle  sidéralion  la  pratique  de  l'enfouissement 
des  plantes  vertes,  pour  servir  d'engrais.  Les  plantes,  comme  on 
sait,  ont  la  propriété  d'absorber  et  de  fixer  dans  leurs  tissus,  le 
carbone  et  l'azote  contenus  dans  l'air  atmosphérique. 

Ce  carbone  et  cet  azote  ainsi  fixés  peuvent  être  incorporés  au 
sol  et  jouer  un  rôle  analogue  à  celui  du  fumier.  Les  espèces  de  la 
famille  des  Papillonacées,  telles  que  le  trètle,  la  luzerne,  les  féve- 
roles,  les  lupins,  etc.,  sont  particulièrement  aptes  à  capter  l'azote 
atmosphérique  et  constituent,  étant  enfouies  à  l'état  vert,  un 
engrais  de  grande  valeur. 

Cette  pratique  de  la  sidéralion  n'est  du  reste  pas  nouvelle,  puis- 
que l'on  nous  apprend  que  les  Romains  semaient  du  lupin  en 
septembre  pour  l'enterrer  dans  leurs  champs  au  mois  de  mai. 
M.  Georges  Ville,  qui  depuis  quelque  temps  s'occupe  beaucoup  de 
celte  question  conseille  l'emploi  de  la  sidération  toutes  les  fois 
qu'on  veut  remplacer  dans  les  cultures,  le  fumier  absent  ou  les 
engrais  azotés  souvent  trop  cher. 

Ce  mot  de  sidéralion  vient  de  ce  que  le  soleil  est  le  principal 
agent  de  la  transformation  de  l'azote  gazeux  en  azote  solide. 

Dans  beaucoup  de  cas  en  horticulture,  on  aurait  intérêt  à  em- 
ployer la  sidération.  L'enfouissement  en  vert  d'un  semis  de  trèfle, 
de  lupin,  de  féverole,  de  pois  ou  autres  légumineuses  équivaut  à 
une  forte  fumure  en  fumier.  V.   V.-M. 


—  207  — 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de   la  séance    du    15  mai     1886,    tenue    dans    la 
salle  des  réunions  Industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Cl.  Jacquier,  Vice-Président. 


La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4  par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  réunion,  qui  est  adopté  après  une  observation  de  M.  Valla.  horti- 
culteur à  OuUins,  disant  que  c'est  par  erreur  qu'on  a  attribué  à  M.  Villars 
UB  apport  de  Tulipes  qui  a  été  fait  par  lui  et  récompensé  par  une  prime  de 
3°  classe.  Cet  apport  sera  mis  à  l'actif  de  M.  Valla. 

Coi'respondance.  —  L'Association  a  reçu  : 

1°  Une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  priant  l'Asso- 
ciation de  vouloir  faire  un  relevé  des  manuscrits  qu'elle  pourrait  avoir  en  sa 
possession  ; 

2»  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  Tagriculture,  relative  au  Concours  régional 
agricole  de  Clerraont-Ferrand,  demandant,  dans  le  cas  où  la  Société  désire- 
rait envoyer  un  délégué  pour  la  représenter  à  ce  Concours  et  prendre  part 
à  la  délibération  qui  aura  lieu  le  vendredi  qui  précédera  le  jour  fixé  pour  la 
distribution  des  récompenses,  de  bien  vouloir  lui  faire  connaître  le  nom  da 
ce  délégué  ; 

3°  Lettre  de  M.  Ant.  Rivoire  priant  l'Association  de  vouloir  bien  le  rem- 
placer comme  membre  de  la  Commisssioa  des  visites,  des  circonstances 
indépendantes  de  sa  volonté  l'empêchant,  cette  année,  de  prendre  part  aux 
travaux  de  cette  Commission; 

4°  Programme  et  règlement  de  l'Exposition  d'horticulture  que  tiendra  à 
Grenoble  la  Société  horticole  dauphinoise  du  18  au  21  juin  prochain  ; 

4°  Lettre-circulaire  du  a  Crédit  agricole,  Union  des  syndicats  agricoles  de 
France  »,  Société  de  nouvelle  fondation  dont  le  siège  est  à  Paris,  9,  rue 
Massolier.  Cette  circulaire  indique  le  but  économique  de  cette  Société  ano- 
nyme dont  le  capital  est  de  5  millions  de  francs; 

6"  Lettre  de  M.  Falconnet,  horticulteur  à  Villefranche-sur-Saône,  remer- 
ciant ses  collègues  d'avoir  bien  voulu  le  porter  sur  la  liste  des  délégués  aux 
Expositions  des  Sociétés  correspondantes. 

Présentations,  —  Il  est  présenté  6  candidatures,  sur  lesquelles,  confor- 
mément au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis,  à   l'unanimité  et  sans  protestation,  les  candi- 
dats présentés  à  la  dernière  réunion. 
Ce  sont  : 

MM.  Burillon  (Antoine),  jardinier  chez  M""  Foray,  à  Fontaine-St-Martin 

(Rhône),  présenté  par  MM.  B.  Comte  et  Viviand-Morel. 
Gauthier  (Louis),  jardinier  chez  M"*'  Falcot,  57,  route  de  Grenoble, 

Lyon-Monplaisir,  présenté  par  MM.  B.  Comte  et  Viviand-Morel. 
Guillon  (Louis),  jardinier,  chez  M.  Grammont,  à  Pont-de-Chérui  (Isère), 

présenté  par  MM.  Pernet  fils  et  Viviand-Morel. 
Rey  (Louis),  treillageur,  rue  du  Sacré-Cœur,  49,  Lyon,  présenté  par 

MM.  Pernet  fils  et  Elie  Lambert. 
Dulevron,  place  de  la  Pyramide,  à  Màcon  (Saône-et-Loire),  présenté 

par  MM.  Lemonon  et  E.  Schmitt. 
Dubuisson,  jardinier-fleuriste,  33,  rue  Montesquieu,  Lyon,   présenté 

par  MM.  Rivoire  et  Viviand-Morel. 
Lapray  (J.-M.),  jardinier  chez  M°"  Fleurdelix,  à  Lissieu  par  Chasse- 

lay  (Rhône),  présenté  par  MM.  Corbin  et  Viviand-Morel. 
Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  les  objets  suivants  : 


—  208  — 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M.  Vaohon,  à  EauUy  :  1°  un  Melon  canta- 
loup prescott  à  fond  blanc  ;  2°  des  boaus  échantillons  de  Poireau  ijpos  long 
de  Nîmes  et  P.  monstrueux  de  Carentan  ;  3»  une  Laitue  de  la  Passion  bi'une 
et  L.  de  la  Passion  blonde. 

La  Commission  propose  d'accorder  pour  ce  lot  une  prime  de  l"  classe. 

Par  M.  Clapot,  jardinier,  chemin  des  Qaatre-Maisons,  Monplaisir  :  1°  une 
collection  de  Laitues  composiie  des  variétés  Laitue  de  la  Passion  brune,  L. 
de  la  Passion  dorée.  L.  frisée  turque.  L.  romaine  blonde;  2'  des  spécimens 
trèi  bien  venus  de  Navet  rond  blanc  hâtif,  N.  blanc  hà'if  a  collet  rose,  Rvdis 
lond  blanc,  Oignon  blanc  plat  hâtif  et  un  Chou  algérien  prinianier. 

La  Commission  demande  pour  cet  apport  une  prime  de  1"  classe. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  33,  rae  de  l'Enfance,  Lyon: 
1°  un  bouquet  d'Anaolies  à  fleurs  doubles  bien  variées  ;  2"  plusieurs  Laitues, 
entre  autres  :  L.  de  la  Passion,  L.  chou  de  Naples,  L.  romaine  brune 
d'hiver. 

Pour  cet  apport,  il  est  demandé  une  prime  de  2'  classe. 

Par  M.  J.  Jacquier,  marchand-grainier,  8,  quai  des  Céleslias,  Lyon,  une 
Laitue  d'hiver  pommée  blanche,  grosse  paresseuse  d'hiver.  Cette  laitue  serait, 
d'après  le  présentateur,  très  peu  connue.  Elle  se  sème  dés  la  première  quin- 
zaine de  septembre,  elle  viendrait  immédiatement  après  les  laitues  d'hiver 
de  la  Passion,  époque  oii  les  laitues  sont  rares. 

La  Commission  demande  qu'il  soit  accordé  au  présentateur  une  prime  de 
3°  classe. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin,  un  lot  de  Laitues 
composé  des  variétés  suivantes  :  Laitue  Batavia  brune,  L.  Batavia  blonde, 
L.  Pelletier,  L.  de  la  Passion  blonde,  L.  de  la  Passion  verte,  L.  de  la  Pas- 
sion brune,  L.  de  la  Passion  mouchetée  hâ'ive. 

Une  prime  de  2^  classe  est  demandée  pour  cet  apport. 

Par  MM.  Joanon  père  et  fils,  pépiniéristes  à  St-Cyr-lès-Lyon,  une  Poire 
de  semis  n°  43. 

La  Commission,  tout  en  proposant  d'accord-jr  à  ce  fruit  une  prime  de 
2°  classe,  en  demande  le  renvoi  à  une  Commissioa. 

Par  M.  Rougy,  une  pomme  de  semis  de  grosseur  moyenne  et  se  conssrvant 
jusqu'à  fin  juin. 

La  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  2'  classe  et  en  deman  le 
le  renvoi  à  une  Commission. 

Par  M.  Coudurier,  pépiniériste  à  l'Arbresle,  un  pot  de  Bais  nain  à  feuilles 
de  myrthe,  d'un  jaune   d'or.  Le  présentateur  recommande    particulièremen 
cette  variété  qu'il  croit  nouvelle  et  dont  il  possède  une  assez  grande  quantité 
Elle  forme  d'admirables  bordures  nuancées  or  qui  produisent   un    bel   effe 
dans  les  jardins.. 

Par  ^L  Masson,  rue  St-Denis,  31,  Lyon,  des  spécimens  de  P>-imulu  fari- 
nosa.  jolie  espèce  qui  fleurit  de  mai  à  juin  et  se  rencontre  en  très  grande 
quantité  dans  quelques  prairies  très  humides  de  certaines  montagnes,  à  une 
altitude  de  8  à  900  mètres. 

Par  M.  Champalle,  jardinier  chez  M.  Besson,  à  La  Pape,  par  Miribel  (Ain), 
un  rameau  de  (.'ytisus  laburnum,  dont  une  des  branches  donne  des  fleurs 
jaunes,  mais  ayant  une  teinte  rouge  brun  et  quelques  macules  d'une  teinte 
rose. 

Par  M.  Pitaval,  horticulteur,  chemin  des  Grandes  Terres,  Lyon-St-lrénée, 
un  cas  de  tératologie  végétale  que  présente  un  Duphne  iii'licu.  L'échantillon 
présenté  par  M.  Pitaval  constitue  un  des  plus  remarquables  exemples  de 
fasciation  ramifiée  qu'il  soit  possible  de  voir. 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  1°  un  beau  pied 
à^ Alocûsia  Sanderiana,  Aroïdée  nouvelle,  que  le  présentateur  dit  être  très 
robuste  et  végétant  bien  tout  l'hiver. 

La  Commission  propose  d'accorder  pour  cet  apport  une  prime  de  1"  classe. 


—  209  — 

2°  Un  pied  de  Bertholonio  Van-Huuttei.  M.  Liabaud  fait  observer  que  pen- 
dant la  belle  saison,  cette  plante  peut  se  cultiver  à  l'air  libre;  3"  un  bel 
éohanlillon  à'Anthurium  Lindigi  en  fleurs;  4°  deux  Orchidées  en  pleine  florai- 
son :  Liparis  eleganlisfima  et  Cypripediwn  barhutum  floribundfi ;  5°  un  échan- 
tillon de  Sempervirum  Younghii  en  fleur. 

Pour  cet  apport,  la  Commission  demande  que  Ton  accorde  une  prime  de 
2°  classe. 

Par  M.  Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafayette  prolongé,  63,  Villeurbanne, 
une  collection  de  Roses  grimpantes.  Noisette  :  M""  Schullz,  M""  Alfred 
Carrière.  Céline  Forestier,  Réve-d'Or,  Margarita,  Joseph  Bernachi,  Bouquet 
d'Or,  Reine  Olga  de  Wurtembsrg. 

Bengale  grimpant  :  Souvenir  ilu  Centenaire  de  lord  Brougham. 

Thés  :  M""-  Bérard,  Maréchal  Niel,  Reine  Marie-Henriette,  M"»  Barthé- 
lémy Levé*.  Climbing  Devoniensis. 

Rose  Bengale  la  Vésuve,  Rosa  Eglanteria,  var.  Capucine  Harrisson. 

La  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  1'"  classe  pour  l'ensemble 
de  cet  apport,  qu'elle  juge  fort  beau. 

Par  M.  Pernet-Ducher,  rosiériste,  chemin  des  Quatre-Maisons,  Lyon,  au 
nom  de  M.  Perny,  pianiste- compositeur,  à  Nice,  plusieurs  Roses  de  semis  : 

Rose  n°  1.  —  Bengale  sarmenteus,  Reine  Marguerite  d'Italie,  fleur  rouga 
pourpre  velouté,  beau  coloris,  irès  double. 

La  Commission  demande  pour  cette  variété  une  prime  de  2'  classe,  et 
regrette  que  la  tenue  do  celte  rose,  qui  est   fort  belle,  ne  soit  pas  meilleure. 

Rose  n°  2.  —  Thé  Gracituse,  fleur  moyenne,  pleine,  d'un  blanc  carné,  se 
lenanl  très  bien,  très  jolie  fleur  et  beau  tonton,  semis  de  1880. 

Prime  de  1"  classe. 

Rose  n°  3.  —  Thé  ISice-,  variété  d'un  coloris  rose  nuancé  de  blanc  et  de 
rose  foncé. 

Rose  n»  4.  —  Noisette   Princesse   Marie  de   Lu^ignan,    fleur    moyenne, 
pleine,  coloris  d'un  jaune  paille,  plus  foncé  à  l'intérieur  et  presque  blanc  en 
s'épanouitsant  ;  elle  ressemble  à  un  Camellia   avec  ses    pétales  renversés, 
arbuste  presque  nain.   D'après  l'obtenteur,  la  plante  serait  très  florifère  et 
belle  comme  forme  et  feuillage. 

Prime  de  2=  classe. 

Rose  n°  5.  —  Noisette  La  Belle  Blanche,  arbuste  sarmenteux,  florifère, 
rieur  moyenne,  d'un  blanc  pur. 

Prime  de  2'  classe. 

La  Commission  chargea  déjuger  cet  apport,  composée  de  MM.  Duchat, 
Besson  et  Perrier,  tout  en  accordant  des  récompenses  aux  variétés  les  plus 
méritantes,  déclare  na  pas  formuler  une  opinion  sans  réserve,  les  Roses 
présentées  demandant,  pour  être  jugées  définitivement,  à  être  vues  cultivées 
dans  nos  régions. 

Les  autres  Commissions  chargées  de  juger  les  apports  étaient  ainsi  com- 
posées : 

Culture  maraickère,  JL\L  Pelletier,  Rivoire  fils  et  Ver  Jet; 

Arboriculture,  MM.  Chaudy,  Métrai  et  Cl.  Jacquier; 

Floriculture,  MM.  Cousaneat,  Bouoharlat  et  Roehet. 

Les  propositions  des  Commissions,  à  propos  des  primes  décernée^,  mises 
aux  voix,  sont  adoptées  à  l'uaanimilé  ;  pour  les  autres  apports,  l'iascriptinn 
au  procès-verbal  étant  demandée  est  accordée. 

M.  Viviand-Morel  continue  la  conférence  commencée  à  la  dernière  réunion 
sur  la  chimie  horticole,  et  s'occupe  spécialement  des  terres  en  général  et 
surtout  de  la  composition  de  la  terre  de  biuyère. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire-Adjoint,  J.  Nicolas. 


—  210  - 


—  211   — 
Tivoli. 

Tivoli  s'appelait  autrefois  Tibur  c'était  là  qu'Horace  avait  sa 
maison  de  campagne.  Située  seulement  à  26  kilomètres  N.-E.  de 
Rome,  sur  une  colline,  à  la  gauche  du  Teverone,  qui  y  forme 
plusieurs  cascades,  Tivoli  a  toujours  été  renommé  par  l'aspect  dé- 
licieux et  pittoresque  de  ses  environs. 

Le  cardinal  Plippoljte  d'Esté  y  fit  bâtir  ces  fameux  jardins  qui 
rendirent  la  Villa  d'Esté,  si  célèbre.  La  Villa  d'Esté  commencée 
en  1540  fut  terminée  seulement  en  1553. 

Nous  avons  découvert  récemment  une  vieille  gravure  italienne, 
très  rare,  représentant  ces  fameux  jardins  et  fontaines  à  l'époque 
où  ils  venaient  d'être  achevés.  Nous  en  donnons  ci-contre  une  re- 
production réduite  pour  le  format  de  cette  revue.  En  voici  la 
légende  : 


Dessin  où  l'on  représente  le  vrai  endroit  des  jardina  et  fontaines 
avec  des  merveilles  et  des  ornements  très  ingénieux  que  l'on  voit 
à  Tivoli,  bâties  par  Don  Hippolyte  d'Esté,  cardinal  de  Ferrare. 

LÉGENDE.  —  1.  Le  palais.  —  2  Le  jardin  secret.  —  3.  Fontaine  de  l'Alicorne.  — 
4.  Pavillon  avec  quatre  fontaines  qui  jettent  de  l'eau  en  forme  de  miroir.  —  5.  Jeu 
de  paume.  —  6.  Escaliers  du  palais,  et  au  milieu  la  fontaine  de  Léda.  —  7.  Fontaine 
de  Tétliys. — 8.  deux  Fontaines  d'Esculape.  —  9.  Fontaine  d'Arëihuse.  — 10.  Fontaine 
de  Padcre.  —  II.  Fontaine  de  Pomone.  —  12.  Fontaine  de  flore.  —  13.  Allée  qui 
traverse  le  jardin  en  toute  sa  longueur;  et  où  il  y  a  trois  conduits  d'eau  posés  un 
dessus  l'autre  et  d'où  sort  l'eau  en  diverses  manières  produisant  un  effet  admirable. 

—  14.  Fontaine  de  Pégase.  —  15.  Fontaine  de  Bacchus.  —  16.  Grotte  de  Venus 
dans  laquelle  il  y  a  une  fontaine  avec  une  Vénus  au  milieu  et  autour  quatre  enfants 
nus  qui  jettent  de  l'eau  dans  quatre  très  beaux  récipients.  —  17.  La  grande  fontaine 
en  haut  de  laquelle  il  y  a  trois  .statues  colossales.  —  18.  Fontaine  des  empereurs.  — 
19.  Grotte  des  Sibylles.  —20.  Gi'otte  de  Diane  dans  laquelle  il  y  a  deux  fontaines  une 
Diane  et  l'autre  de  Pallas  avec  beaucoup  d'autres  statues  et  de  très  beaux  travaux 
en  mosaïque.  —  21.  Grande  fontaine  qui  représente  Rome  avec  ses  sept  collines,  ses 
temples,  ses  statues  etc.  —  22.  Fontaine  des  oiseaux.  Il  y  a  ici  plusieurs  oiseaux  sur 
des  arbres  en  cuivre  qui  au  moyen  de  l'eau  chantent  chacun  avec  leur  voix  naturelle; 
à  l'arrivée  d'une  chouette  ils  se  taisent  tous  pour  recommencer  ensuite  quand  elle  a 
disparu.  —  23.  Fontaine  des  dragons  avec  un  jet  d'eau  au  milieu  montant  bien  haut, 
et  faisant  un  bruit  semblable  à  celui  du  canon.  —  24.  Fontaine  de  la  déesse  de  la 
Nature,  où  il  y  a  un  orgue  qui  joue  au  moyen  de  l'eau.  —  25.  Fontaine  d'Antinous. 

—  26-27  Bassins.  —  28.  Fontaine  de  Neptune  représentant  au  milieu  l'Océan.  — 
29.  Fontaine  de  Vénus.  —  30.  Fontaine  du  Trion.  —  31.  Labyrinthes.  — 32.  Jardins. 

—  33.  Escaliers.  —  34.  Entrée  du  jardin,  avec  deux  fontaines  rustiques.  —  35. 
Petits  lacs  hors  du  jardin. 

Emploi  des  Hélianthèiues 

Les  Hélianthèmes  sont  pour  la  plupart  de  tout  petits  arbuscules 
qui  croissent  dans  les  terrains  secs  d'une  grande  partie  de  l'Europe. 
Ils  appartiennent  à  la  famille  des  Cistinées.  On  ne  les  emploie 
guère  dans  l'ornementation  des  jardins.  Cependant  j'en  ai  vu  tirer 
un  parti  fort  avantageux  par  le  jardinier  d'un  e  grande  propriété 
bourgeoise,  qui  avait  réussi  à  en  planter  un  massif  tricolore  vrai- 
ment admirable,  surtout  le  matin. 


—  212  — 


Hélianthème  pulvérulent,  réduit  au  1;3  de  sa  grandeur. 

La  place  occupée  par  ce  massif  était  située  sur  une  pente  ro- 
cailleuse et  abrupte  presque  dépourvue  de  terre  végétale  qui  ne 
pouvait  réellement  donner  asile  qu'à  des  végétaux  sobres  et  peu 
délicats. 

En  créant  ce  massif  dans  la  place  sus-indiquée,  le  jardinier 
avait  montré  qu'il  connaissait  bien  les  conditions  dans  lesquelles 
peuvent  croître  certaines  plantes,  mais  il  avait  surtout  été  bien  ins- 
piré en  choisissant  trois  espèces  d'Hélianthèraes  à  fleurs  de  coloris 
différent. 

Le  milieu  du  massif  était  garni  d'Hclian'Iicmc  à  lleur  rose 
[Hclianlhemum  roscum ;  une  large  zone  venait  ensuite  complantée 
d'Hélianthème  pulvérulent  à  fleurs  blanches;  la  bordure  était  faite 
d'Hélianthème  vulgaire  dont  les  fleurs  sont  jaunes. 

Il  est  évident  qu'on  pourrait  faire  des  massifs  unicolores,  bariolés 
ou  à  zones  concentriques  autrement  disposées.  Cependant  il  est  im- 
portant dans  tous  les  cas  de  savoir  que  certains  Hélianlhèmes  res- 
tent toujours  plus  nains  que  d'autres.  Le  seul  reproche  qu'on 
pourrait  adresser  aux  massifs  d'Hélianthèmes  c'est  de  n'être  bien 
fleuris  que  pendant  la  moitié  de  la  journée.  En  revanche  ils  peu- 
vent garnir  des  espaces  très-arides. 

Les  Hélianthèmes  se  multiplient  parfaitement  de  semis.  On 
peut  également  en  faire  des  boutures  sous  cloche  qui  s'enracinent 
facilement.  Quant  à  la  plantation  il  faut  la  faire  au  printemps. 

J.   C. 


—  213  — 
Précocité  des  Cépages  (1). 

Pour  faire  de  bon  vin  rouge,  il  faut  que  les  raisins  contiennent 
trois  éléments  principaux  :  le  sucre  ou  alcool,  la  couleur  et  un  bon 
goût.  Personne  n'ignore  quelles  énormes  quantités  de  vins  se 
fabriquent  actuellement  sans  raisins  ni  vendanges,  en  ajoutant  sim- 
plement à  l'eau  do  la  rivière  :  de  l'alcool  de  grains  ou  de  pommes 
de  terre,  de  la  couleur  végétale  ou  minérale,  et  du  bouquet,  au 
choix,  en  flacons  de  1  à  2  francs  pour  un  hectolitre.  Mais  ces 
liquides,  j'allais  dire  ces  poisons,  ne  sont  pas  du  vin  et  ceux  qui  les 
fabriquent  n'ont  aucune  prétention  à  être  des  viticulteurs. 

Le  viticulteur  qui  ne  veut  demander  qu'à  sa  vigne  et  à  ses  rai- 
sins l'alcool,  la  couleur  et  le  bouquet  qui  font  le  bon  vin,  doit  com- 
poser son  vignoble  de  cépages  qui,  soit  seuls  et  se  suffisant  à 
eux-mêmes  —  ce  qui  est  assez  rare —  soit  réunis  ensemble,  s'en- 
tr'aidant,  se  soutenant  et  se  complétant  les  uns  les  autres,  —  ce  qui 
est  plus  facile  à  trouver,  contiennent,  en  proportions  convenables, 
ces  trois  éléments  essentiels. 

Je  n'ai  ni  la  place,  ni  le  temps,  ni  les  moyens  d'indiquer  ici  le 
choix  de  ces  cépages,  qui  varie  d'une  région  et  même  d'un  vigno- 
ble à  l'autre,  et  que  chaque  viticulteur  doit  connaître  mieux  que 
moi.  Mais  je  me  permettrai  de  donner  aux  viticulteurs  novices  une 
règle  et  un  conseil  ;  n'oubliez  jamais  que,  pour  que  chaque  cépage 
puisse  développer  tous  les  éléments  qu'il  contient,  il  est  une  con- 
dition qui  prime  tous  les  autres,  c'est  la  complète  maturité  du 
raisin;  ne  jamais  planter  en  grande  culture  que  des  variétés  assez 
précoces  pour  que  leur  complète  maturité  soit  toujours  assurée, 
même  dans  les  années  les  plus  défavorables. 

Il  faudra,  pour  cela,  abandonner  d'abord  une  vieille  coutume 
assez  répandue,  qui  consiste  à  faire  venir  ses  plants  du  midi,  du 
côté  d'en  bas,  comme  on  dit  chez  nous  ;  il  faudra  renoncer  à  cette 
petite  gloriole  qui  porte  chacun  de  nous  à  croire  qu'il  possède  chez 
lui  une  petite  Provence  ou  une  petite  Sicile,  dans  laquelle  prospè- 
rent des  variétés  qui  ne  mûriraient  pas  chez  le  voisin  ;  il  faudra, 
enfin, avant  de  planter  en  grand  une  variété,  bien  s'assurer  que  son 
époque  de  maturité  concorde  avec  la  région  où  on  la  plante. 

Les  cinq  époques  que  je  considèrent  comme  exactes  correspon- 
dent à  peu  près  à  cinq  régions,  qui  peuvent  être  caractérisées  cha- 
cune par  un  ou  deux  arbres  fruitiers  :  la  5"  par  l'oranger  ou  le 
citronnier,  la  4"  par  l'olivier,  la  3"  par  le  figuier,  la  2"  par  l'abri- 
cotier ou  le  pêcher  en  plein  vent,  la  1'"  par  le  bigarreau tier. 

(1)  La  Fntnrc  Ai/riiulc. 


—  214  — 

Les  variétés  de  chaque  époque,  en  grande  culture  de  pleine 
terre,  ne  peuvent  acquérir,  en  saison  convenable,  toutes  leurs  qua- 
lités que  dans  leur  région,  ou  dans  les  régions  méridionales,  ou  sur 
zone  assez  étroite  de  la  région  supérieure.  Cette  dernière  règle  ne 
peut  évidemment  pas  s'appliquer  aux  abris  artificiels,  espaliers, 
châssis,  serres  chaudes,  qui  permettent  de  créer  partout  des  tem- 
pératures, on  pourrait  dire  des  régions  artificielles  comme  eus  , 
elle  ne  s'applique  pas  non  plus  aux  abris  naturels,  pentes,  criques; 
entonnoirs,  protégés  contre  le  froid  par  des  rochers  et  des  mon- 
tagnes. Mais  ces  sortes  d'oasis,  d'avant-poste  détachés,  d'îles  de 
chaleur,  semées  çà  et  là  parfois  très  loin  de  leur  région ,  au  milieu 
d'une  région  plus  froide,  ces  petits  fragments  de  Provence  ou  de 
Sicile,  égarés  loin  du  soleil  méditerranéen,  sont  bien  rares  et  bien 
exceptionnels,  et  ceux  qui  n'en  sont  pas  les  heureux  et  rares  posses- 
seurs feront  toujours  l>ien  de  choisir  leurs  cépages  de  grande  cul- 
ture plutôt  dans  une  région  plus  froide  que  dans  une  région  plus 
chaude  que  la  leur. 

Quoique  je  sois  dans  la  S*'  région,  celle  du  figuier  et  presque  sur 
la  limite  de  l'olivier,  je  préfère  aux  brillants  compagnons  de  celui-ci: 
Aramon,  Ahcante,  Carignan,  Mataro,  Brun-Fourca,  Bobal,  Bénis 
Carlo...  les  cépages  de  la  2'  et  même  de  la  V  époque  :  Durif, 
Gamay,  Pineau,  Saint-Laurent  précoce,  Portugais  bleu...  parce 
que  ces  compatriotes  de  l'abricotier,  du  pêcher  et  du  bigarreautier, 
enchantés  sans  doute  de  se  trouver,  outre  le  voisinage  des  arbres 
de  leur  connaissance,  en  compagnie  du  figuier,  mûrissent  chez  moi 
quelques  jours  plus  tôt  que  les  innombrables  variétés  de  ma  région, 
et  si  je  fais  exception  en  faveur  de  l'Herbemont,  c'est  parce  que, 
ses  raisins  ne  pourrissant  jamais,  ses  feuilles  restant  indéfiniment 
sur  la  souche,  inattaquables  par  les  maladies  aériennes,  il  peut  tou- 
jours arriver  tôt  ou  tard  k  complète  maturité. 

S'il  est  vrai  que  les  vins  gagnent  à  monter  vers  le  nord,  il  n'est 
pas  moins  vrai  que  les  vignes  aiment  à  descendre  vers  le  soleil,  et 
les  raisins  bien  mûrs  et  bien  sains  d'un  cépage  de  qualité  infé- 
rieur donneront  un  meilleur  vin  que  les  raisins  verts  ou  pourris  des 
premières  variétés  du  monde.  Aimé  Champin, 

Viticulteur  au  château  de  Salettes  (Drôme). 


Usurpation  de  Médailles 

La  loi  sur  l'usurpation  de  médailles  et  récompenses  industrielles 
vient  d'être  promulguée.  En  voici  le  texte  tel  que  le  donne  le  Jour- 
nal Officiel  : 

Article  premier.  —  L'usage  des  médailles,  diplômes,  mentions, 
récompenses   ou    distinctions  honorifiques  quelconques,  décernés 


—  215  — 

dans  des  expositions  ou  concours,  soit  en  France,  soit  à  l'étranger 
n'est  permis  qu'à  ceux  qui  les  ont  obtenus  personnellement,  et  à  la 
maison  de  commerce  en  considération  de  laquelle  ils  ont  été  dé- 
cernés. 

Celui  qui  s'en  sert  doit  faire  connaître  leur  date  et  leur  nature, 
l'exposition  ou  le  concours  où  ils  ont  été  obtenus  et  l'objet 
récompensé. 

Art.  2.  —  Seront  punis  d'une  amende  de  50  à  6.000  fr.  et 
d'un  emprisonnement  de  trois  mois  à  deux  ans,  ou  de  l'une  de  ces 
deux  peines  seulement  :  1°  ceux  qui,  sans  droit  et  frauduleuse- 
ment, se  seront  attribué  publiquement  les  récompenses  ou  distinc- 
tions mentionnées  à  l'article  précédent  ;  2°  ceux  qui  dans  les  mê- 
mes conditions,  les  auront  appliquées  à  d'autres  objets  que  ceux 
pour  lesquels  elles  avaient  été  obtenues,  ou  qui  s'en  seront  attribué 
d'imaginaires  ;  3''  ceux  qui  les  auront  indiquées  raensongèrement 
sur  les  enseignes  annonces,  prospectus,  factures,  lettres  ou  papiers 
de  commerce  ;  4°  ceux  qui  s'en  seront  indûment  prévalus  auprès 
des  jurys  des  expositions  ou  concours. 

Art.  3.  —  Seront  punis  des  mêmes  peines  ceux  qui,  sans  droit 
et  frauduleusement,  se  seront  prévalu  publiquement  des  récom- 
penses, distinctions,  approbations  accordées  par  des  corps  savants 
ou  des  sociétés  scientifiques. 

Art.  4.  —  L'omission  des  indications  énumérées  dans  le  second 
paragraphe  de  l'article  premier  sera  punie  d'une  amende  de  25  à 
3.000  fr. 

Art.  5.  —  Les  tribunaux  pourront. prononcer  la  destruction  ou 
la  confiscation  au  profit  des  parties  lésées,  des  objets  sur  lesquels 
les  fausses  indications  auront  été  appliquées.  Ils  pourront  pronon- 
cer l'affichage  et  l'insertion  de  leurs  jugements. 

Art.  6,  —  L'article  463  du  code  pénal  est  applicable  aux 
délits  prévus  et  punis  par  la  présente  loi. 

La  culture  des  Frsdsiers 

Rien  n'est  plus  facile  que  de  bien  cultiver  les  fraisiers  et  cepen- 
dant on  rencontre  de  mauvaises  cultures  dans  bien  des  jardins  et, 
par  suite  le  fruit  laisse  beaucoup  à  désirer  sous  le  double  rapport 
de  la  quantité  et  la  qualité. 

Aussitôt  la  récolte  terminée,  on  peut  commencer  les  nouvelles 
plantations,  c'est  le  moyen  de  se  procurer  une  bonne  récolte  l'an- 
née suivante. 

Il  est  nécessaire  de  maintenir  les  lignes  et  surtout  l'écartement. 
Le  rapprochement  excessif  des  plantes  est  très  nuisible  à  la  fruc- 
tification, car  ces  plantes  s'étoutïent,  s'abaissent,  fleurissent  peu  et 
fructifient  encore  moins.  Tous  ceux  qui  ont  des  fraisiers  dans  leurs 
jardins  ont  pu  se  rendre  compte  de  ce  fait. 


—  216  — 

Il  faut  donc  supprimer  les  coulants  ou  stolons  au  fur  et  à  me- 
sure qu'ils  se  produisent.  Lorsque  l'on  a  besoin  de  plants,  on  laisse 
quelques  rosettes  s'enraciner,  en  ne  conservant  jamais  que  le  pre- 
mier nœud  du  coulant  ;  c'est  le  meilleur  et  le  plus  rapproché  de  la 
plante  mère,  et  c'est  par  conséquent  celui  qui  dérange  le  moins 
les  lignes,  on  ne  doit  aussi  laisser  qu'un  ou  deux  coulants  par  cha- 
que plante.  On  bine  et  on  ratisse  de  temps  en  temps  entre  les 
lignes,  on  y  étend  une  couverture,  ce  qui  vaut  encore  mieux,  du 
fumier  long,  de  la  tannée,  etc.  La  tannée,  revenant  à  un  prix  peu 
élevé,  est  surtout  à  recommander,  car  elle  dégage  une  odeur  bien 
propre  à  éloigner  les  insectes,  particulièrement  la  larve  des  hanne- 
tons, le  grand  ennemi  du  fraisier. 

Les  couvertures  entretiennent  autour  de  la  plante  une  douce  et 
bienfaisante  fraîcheur  et  elles  empêchent  le  fruit  de  se  salir  au  con- 
tact de  la  terre.  La  récolte  des  fraises  non  remontantes  terminées, 
on  enlève  les  jeunes  plantes  enracinées,  en  ayant  soin  de  les  pren- 
dre avec  la  motte,  et  on  les  met  autant  que  possible,  en  place  défi- 
nitive, ou  en  pépinière  pour  attendre  le  moment  de  les  replanter. 
Après  cette  opération,  on  coupe  les  feuilles  des  vieilles  plantes, 
afin  de  procéder  avec  plus  de  facilité  aux  binages  et  aux  sarcla- 
ges. Les  couvertures  de  fumier  sont  enfouies  par  un  labour  à  la 
bêche,  les  autres  de  longue  paille  sont  enlevées  pour  êtres  remises 
après  les  façons  données  au  terrain.  La  tannée  vieille,  entièrement 
décomposée,  constitue  un  assez  bon  engrais  et  peut  être  enfouie 
avec  avantage.  On  active  la  décomposition  de  la  tannée  en  versant 
sur  le  tas  une  dissolution  de  sulfate  de  fer  et  on  l'enrichit  en  y 
ajoutant  de  l'engrais  liquide. 

Certains  horticulteurs  pensent  que  l'enlèvement  des  feuilles  affai- 
blit les  plantes  ;  une  expérience  comparative  a  été  faite  à  l'école 
de  Vilvorde.  En  voici  les  résultats  :  une  ligne  de  fraisiers  dont  les 
feuilles  avaient  été  coupées  après  la  fructification  présentait,  à  la 
vérité,  moins  de  vigueur  qu'une  autre  ligne  ayant  conservé  ses 
feuilles,  mais,  par  l'abondance  des  fruits,  la  première  l'emportait  sur 
la  seconde.  Ce  qui  me  semble  démontrer  qu'une  trop  grande  vigueur 
ne  convient  pas  plus  aux  fi-aisiers  qu'aux  grands  arbres  fruitiers. 
C'est  de  règle  générale  :  une  végétation  modérée  est  toujours  fa- 
vorable à  la  fructification. 

Lorsque  les  fraisiers  sont  convenablement  étabhs  et  bien  soignés, 
ils  donnent  de  fortes  récoltes  et  des  fruits  magnifiques.    Cette  cul- 
ture demande  beaucoup  d'engrais  et  des  arrosages  chaque  jour. 
(B%Uletin  (lu  Comice  agricole  (VAmiens).       F.-C.    Damikn. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

LyoD.  —  Irop.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  r.  de  la  République,  33 


1886  JUILLET  N"    13 


CHRONIQU 


5r?mi's,  Semaison,  Semaille.  —  Il  y  a  des  gens  qui  se  disent 
jardiniers  et  qui  ne  sont  pas  de  vrais  jardiniers.  C'est  absolument 
comme  dans  l'opérette  d'Olîenbach  où  il  y  avait  des  gens  qui  se 
disaient  Espagnols  et  qui  n'étaient  pas  de  vrais  espagnols. 

La  première  condition  pour  être  jardinier,  c'est,  je  crois,  si  je 
ne  m'abuse,  de  savoir  multiplier  les  plantes:  or,  comme  le  semis 
est  un  des  principaux  moyens  employés  pour  atteindre  ce  résultat, 
j'en  conclus  naturellement  qu'une  des  premières  conditions  pour 
être  un  vrai  jardinier,  c'est  de  connaître  le  temps  de  Ih  semaison,  la 
qualité  de  la  semaille  et  la  manière  de  faire  le  se»i/s. 

Je  me  souviens  fort  bien  qu'il  y  a  une  douzaine  d'années,  j'eus 
l'occasion,  pour  la  première  fois,  de  semer  des  carottes  et  des 
laitues.  Ah  !  mes  amis,  quoi  semis  je  fis  là,  on  aurait  dit  un  petit 
gazon  fin  et  serré  de  carottes  et  do  laitues.  —  «  Vous  vous  entendez 
mieux  à  cultiver  les  plantes  de  serre  et  à  greffer  les  poiriers,  qu'à 
semer  les  carottes,  me  dit  un  «  maraîcher  »  qui  vit  mou  chef- 
d'œuvre.  »  Oui,  mon  ami,  moque  toi  de  moi,  pensais-je.  Et  en  ce 
temps  là,  je  me  croyais  un  vrai  jardinier,  le  disant  au  besoin  et  me 
faisant  passer  pour  tel.  Je  suis  revenu  avec  l'dge  à  des  sentiments 
moins  présomptueux.  Passons. 

J'ai  parlé  de  semaison,  et  je  vous  entends  dire  queLdxôlo  de 
français  parle-t-il  là  l  En  effet,  semaison  n'est  pas  dans  le  diction- 
naire de  l'Académie,  tandis  que  moisson  et  fenaison  s'y  trouvent. 
On  a  perdu  semaison  et  on  a  eu  tort.  Lisez  Ménage  et  les  vieux 
auteurs  français,  vous  trouverez  ce  mot  employé  à  propos,  Semaille 
et  semis  ne  sont  pas  ses  équivalents.  Semaille  signifie  aussi  bien  la 
semence  que  l'action  de  semer.  Semis  est  un  pur  terme  de  jardinier, 
Semaison  étant  tombé  dans  l'oubli,  n'essayons  pas  de  l'en  tirer  et 
causons  semis  puisque  c'est  le  terme  consacré. 

Causer  de  semis  en  Messidor,  mais  ce  n'est  pas  le  moment;  c'est 
de  la  moutarde  après  dîner,  me  dirons  quelques-uns.  Nous  verrons 
bien. 


—  218  — 

Les  navels  se  sèment  après  la  moisson  :  chacun  sait  ça,  pour  peu 
qu'il  ait  un  jardin  et  qu'il  aime  ce  légume  également  connu  suus 
les  noms  de  rave,  rabioule,  navau,  turneps,  etc.  C'est  un  axiome 
de  jardinier.  Un  poète  de  mirliton  a  bien  voulu,  au  temps  jadis, 
s'occuper  de  ce  légume  et  formuler  ainsi  son  époque  de  semaison. 

Voulez-vous  de  bons  navets? 
Semez-les   ea  juillet. 

A  vrai  dire  je  ne  sais  pas  si  le  malheureux  qui  a  commis  ce  dis- 
tique a  voulu  rimer  de  la  prose  ou  proser  de  la  rime,  mais  la  chose 
importe  peu  et  il  suffit  qu'il  ait  parfaitement  indiqué  le  mois  où  la 
graine  des  navets  doit  être  mise  en  terre. 

Et  ne  pensez  pas  que  cette  époque  de  semis  soit  particulière  aux 
navets.  Le  soleil  de  juillet  est  au  contraire  très-favorable  à  la  ger- 
mination d'une  foule  de  plantes  que  les  amateurs  sèment  souvent 
plus  tût  —  ce  qui  les  avance  à  rien  —  ou  plus  tard  ce  qui  est  une 
mauvaise  opération. 

Les  Navets  semés  trop  tôt,  deviennent  coriaces  ou  montent  à 
fleurde  suite  ;  semés  trop  tard  ils  oublient  de  donner  des  navets  et 
produisent  des  salsifis  c'est-à-dire  des  navets  minces  et  effilés.  Ce 
qui  arrive  aux  navets,  se  produit  dans  un  autre  ordre  d'idées  sur 
toute  une  catégorie  de  plantes  bisannuelles. 

Il  serait  trop  long  d'énumérer  toutes  les  espèces  qui  demandent 
à  être  semées  en  juillet  pour  fleurir  l'année  suivante,  cependant  j'en 
citerai  quelques-unes  parmi  les  plus  généralement  cultivées  telles 
que  :  Rose  trémière,  Corbeille  d'or,  Arabette,  Aubrietia,  Digitale 
pourpre,  Giroflées,  Lunaire,  Myosotis,  Œillets,  Pensées,  Sainfoin 
d'Espagne,  etc. 

On  pourrait  même  dire  que  juillet  et  août  sont  les  mois  par 
excellence  pour  semer  les  neuf  dixièmes  des  espèces  bisannuelles  et 
même  un  grand  nombre  de  plantes  vivaces. 

C'est  aussi  en  juillet  qu'il  convient  de  semer  toutes  les  graines 
dures  à  germer,  telles  que:  Eglantiers,  Pivoines,  Lauréole,  Daphné, 
Aconits  et  autres. 

Epouvanlails  à  moinmux. —  Malgré  les  services  que  les  moineaux 
rendent,  dit-on,  à  l'agriculture,  il  est  certain  qu'un  grand  nombre 
de  cultivateurs  les  regardent  de  travers,  car  ils  trouvent,  non  sans 
raison,  qu'ils  payent  un  peu  cher  les  prétendus  bienfaits  de  ces 
volatiles. 

Ce  sont,  du  reste,  de  rusées  petites  bêtes,  que  les  moineaux,  et 
il  est  difficile  de  les  épouvanter  et  de  les  f;iire  déguerpir  des  endroits 
où  ils  trouvent  table  mise.  On  peut,  toutefois,  en  montant  la  garde 
avec  un  fusil  autour  des  champs  ou  des  arbres  à  protéger,  en  avoir 


—  219  — 

raison.  Mais,  outre  que  le  gendarme  ou  le  garde  champêtre  ne 
permettent  pas  la  chasse  en  temps  prohibé,  ce  procédé  n'est  pas 
pratique.  Cependant,  j'ai  vu  chez  MM.  Léonard  Lille  et  Beney  un 
épouvantail  à  pierrots  si  parfaitement  confectionné,  qu'il  a  réussi, 
m'a  dit  M.  Lille,  à  les  éloigner  du  voisinage  où  il  était  installé. 
Cet  épouvantail  était  une  sorte  de  faquin  ou  mannequin  très  bien 
habillé,  coitïé  d'un  chapeau  presque  neuf,  dont  les  figures,  —  il  en 
avait  deux,  l'une  devant,  l'autre  derrière,  —  avaient  été  obtenues 
avec  des  masques  de  carnaval. 

Nous  empruntons  à  la  Gazelle  du  Fillage  une  lettre  d'un  de  ses 
correspondants  qui  fait  connaître  un  procédé  qui  éloigne  également 
les  moineaux  : 

«  Tous  les  ans,  les  moineaux  du  voisinage  avaient  pris  l'habi- 
tude de  dévaliser  un  cerisier  d'anglaise  hâtive  que  j'ai  sous  mes 
fenêtres.  Ils  s'y  prenaient  de  bonne  heure,  dès  que  les  cerises 
passaient  du  jaune  au  rose,  et  leur  pillage  finissait  avant  que  la 
maturité  fût  complète. 

(1  Vous  pensez  bien  que  ceci  ne  faisait  point  mon  alTaire.  Donc, 
pour  éloigner  les  moineaux,  j'essayai  de  divers  procédés  recom- 
mandés dans  les  livres,  mais  sans  aucun  succès.  Il  ne  me  restait 
plus  qu'à  employer,  soit  des  bouts  de  papier  ou  d'étoffe  à  couleur 
vive,  soit  de  la  laine  rouge  filée.  Comme  j'avais  une  pelotte  de 
celle-ci  sous  la  main,  on  s'en  est  servi  tant  bien  que  mal,  croisant 
le  fil  et  le  recroisant  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  de  l'arbre. 

«  Eh  bien  !  les  moineaux  qui,  pourtant,  ne  manquent  pas  d'au- 
dace, ont  eu  peur  de  la  laine  rouge,  ont  lâché  leur  cerisier  de 
prédilection  et  se  sont  rabattus  sur  un  malheureux  petit  bigarreau- 
tier  qu'on  avait  oublié  de  protéger.  En  somme,  j'ai  pleinement 
réussi,  et  me  voilà  fixé  sur  l'antipathie  du  moineau  pour  la  couleur 
rouge.  J'ai  sauvé  des  coups  de  bec  mes  anglaises  hâtives.  » 

Aux  environs  de  Chasselay,  j'ai  vu,  cette  année,  des  drapeaux 
rouges  au  sommet  de  tous  les  cerisiers.  J'ai  cru  un  instant  qu'on 
avait  proclamé  la  Commune  dans  le  pays.  Il  n'en  était  rien.  Un 
habitant  me  fit  savoir  que  le  susdit  drapeau  eflrayait  les  moineaux. 

Routine.  —  La  première  fois  que  je  vis  cette  plante,  elle  flottait 
dans  le  bassin  d'une  serre  chaude  :  c'est  le  Ponlederia  crassipes,  me 
dit  le  confrère  auquel  je  rendais  visite. 

Pendant  plus  de  vingt  ans  je  l'ai  revu  flotter  dans  d'autres  bas- 
sines avec  ses  feuilles  obtuses  et  ses  pétioles  en  forme  d'outre.  Je 
ne  lui  ai  jamais  vu  de  fleurs. 

Il  y  a  comme  cela  des  plantes  qui  ne  fleurissent  pas  pendant 
longtemps  sans  qu'on  sache  bien  exactement  pourquoi,  et  surtout 
sans  que  personne  s'occupe  sérieusement  de  rechercher  les  causes 


—  220  — 

de  cette  stérilité.  Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  c'est  à  notre  nature 
indolente  et  routinière  que  nous  devons  notre  ignorance.  En  elfet, 
le  Ponleileria  crassipes  ne  fleurissait  pas  dans  les  cultures  : 

1"  Parce  que  le  premier  jardinier  qui  l'a  cultivé  a  eu  l'idée  de  le 
laisser  flotter  et  de  l'abreuver  spécialement  d'eau  claire.  ; 

2"  Parce  que  si  le  deuxième  jardinier  a  imité  le  premier,  le 
troisième  aurait  cru  manquer  à  son  devoir  en  ne  faisant  pas  comme 
le  second  ; 

3"  Parce  qu'il  est  nécessaire  que  l'histoire  des  moutons  de 
Panurge  soit  démontrée  véritable  d'âge  en  âge. 

Cela  dit,  le  Gardners'  Chronidc  qui  signalait  dernièrement  la 
rareté  de  la  floraison  du  susdit  Ponleileria,  a  reçu  à  ce  sujet  une 
lettre  de  M.  Monteiro,  qui  explique  à  notre  confrère  anglais  que 
cette  absence  de  floraison  est  due  uniquement  à  ce  que  la  plante 
est  traitée  comme  flottante.  Plantée  en  terre  argileuse,  elle  forme 
des  tiges  allongées  et  fleurit  abondamment.  Il  la  traite  comme  une 
plante  à  cultiver  en  pot.  La  floraison  a  lieu  en  juin- juillet. 

En  Portugal,  la  plante  ne  requiert  pas  l'abri  d'une  serre. 

Ulilisalion  des  Fougères.  —  Par  le  temps  qui  court,  on  ne  rêve 
plus  que  potasse,  acide  phosphorique  et  azote,  trois  bonnes  choses 
pour  la  culture  ;  un  peu  cher  toutefois.  A  l'égard  de  la  potasse  la 
Semaine  agrieolc  indique  le  moyen  de  l'extraire  du  sol,  en  se  ser- 
vant des  fougères  ÇPleris  aqiidina)  si  communes  dans  certains  pays. 

«  Les  fougères  sont  des  plantes  riches  en  potasse  et  dont  on 
peut  tirer  bon  parti  en  les  employant  comme  litière.  Mais,  d'après 
M.  Heuzé,  il  faut  les  couper  quand  elles  sont  vertes  et  les  faire 
sécher  ensuite  ;  récoltées  quand  elles  sont  complètement  sèches, 
elles  se  divisent  difficilement,  absorbent  moins  bien  les  urines  et 
se  décomposent  avec  une  très  grande  lenteur.  —  On  doit  donc, 
dit  M.  Heuzé,  faucher  la  fougère  lorsqu'elle  est  encore  en  végéta- 
lion,  c'est-à-dire  en  septembre,  la  laisser  en  tas  sur  le  sol  jusqu'à 
ce  qu'elle  soit  presque  sèche  et  la  conserver  en  meules.  De  Saus- 
sure a  constaté  que  plus  la  fougère  est  jeune,  plus  elle  contient  de 
potasse.  En  ajoutant  du  phosphate  de  chaux  au  fumier  provenant 
de  cette  litière,  on  obtient  un  excellent  engrais.  » 

Genêl  d'Espagne.  —  On  s'instruit  tous  les  jours.  Je  viens  d'ap- 
prendre que  le  genêt  d'Espagne  était  autrefois  un  cheval  ;  main- 
tenant c'est  un  arbrisseau.  C'est  du  darwinisme  à  rebours.  Lisez 
Régnier.  Voyez  satire  V  le  vers  suivant  : 

Tallonne  le  genêt  et  le  dresse  aux  passades. 
Ou  encore  satire  VI  : 

Saffisaat  de  crever  uq  genêt  de  Sardaigne. 


—  221   — 

Un  genêt  en  Espagne  est  une  sorte  de  cheval  entier.  Autrefois 
en  français  le  genêt  se  disait  genest.  On  a  remplacé  Vs  par  un 
accent  circonflexe.  Il  est  donc  utile  de  ne  pas  oublier  cet  accent 
quand  on  écrit  genêt  d'Espagne.  Le  genêt  est  le  sparlion  des 
anciens. 

Eckardonnagc  obligatoire.  —  M.  de  la  Morvonnais,  dans  le  Jour-- 
nalde  C agriculture,  parlant  de  chardon  conclut  à  l'adoption  d'une 
loi  sur  l'échardonnage.  Le  chardon  dont  parle  M.  de  la  Morvon- 
nais n'est  pas  un  chardon,  c'est  un  cirse,  le  cirse  des  champs.  Il  y 
a  quelque  temps,  un  autre  Monsieur  demandait  aussi  une  loi  décla- 
rant la  destruction  du  Gui  obligatoire.  Je  ne  désespère  pas  de  voir 
demander  d'autres  destructions  non  moins  obligatoires  concernant 
une  série  de  plantes  désagréables,  telles  que  :  Renoncules,  Poten- 
tilles,  Chiendent,  Séneçon,  Mouron  et  autres  mauvaises  herbes. 
Qu'on  nomme  députés  tous  ces  demandeurs  et  nous  sommes  sûrs 
que  les  champs  et  les  jardins  vont  se  trouver,  comme  par  enchan- 
tement, «  propres  »  par  décret,  à  moins,  toutefois,  qu'imitant  les 
ivrognes,  lesquels  se  grisent  beaucoup  plus  depuis  qu'on  a  fabriqué 
une  loi  pour  réprimer  l'ivresse  publique,  les  plantes  se  mettent  à 
pulluler  horriblement  dès  que  le  garde-champêtre  voudra  verbaliser 
contre  elles. 

Incision  annulaire.  —  Le  Bulletin  agricole  du  Midi  rapporte,  d'a- 
près le  Giornale  vinicolo  italiano,  le  résultat  des  expériences  insti- 
tuées par  un  savant  agronome  italien,  le  professeur  Ottavi,  dans  le 
but  de  déterminer  la  valeur  de  l'incision  annulaire. 

«  Mon  maître,  le  professeur  Ottavi,  dit  M.  G.  Marchese,  a  pra- 
tiqué l'incision  sur  des  vignes  vieilles  et  sur  des  vignes  placées  à 
côté  d'autres  non  incisées,  se  trouvant  bien  par  suite  dans  des  con- 
ditions identiques. 

«  Or,  voici  quels  ont  été  les  résultats  obtenus  : 

«  Au  moment  de  l'incision,  il  y  avait  : 

Sur  les  vignes  noa  inoiséas vieilles  110  grappes 

—  —  jeunes    116        — 

Sur  les  vignes  incisées  vieilles  125        — 

—  —  jeunes    1^0        — 

«  Quarante  jours  après,  on  trouvait  : 

Sur  les  vignes  non  incisées vieilles    51  — 

—  —               jeunes      80  — 

Sur  les  vignes  incisées          vieilles  122  — 

—  —               jeunes    115  — 

Conclusion  :  grâce  à  l'incision,  on  a  perdu  seulement  8  grappes, 
tandis  que  sur  les  plantes  non  incisées,  on  en  perdait  92. 

V.  V.-M. 


—  222  — 

Compte-rendu  de  l'Exposition  d'horticulture 
de   Grenoble. 

Mon  cher  Rédacteur  en  Chef, 

M.  F.  Morel,  me  prie  de  voire  part  de  vous  adresser  quelques 
notes  sur  notre  exposition  d'horticulture  qui  vient  d'avoir  lieu  du 
18  au  21  juin.  Je  suis  flatté  de  votre  confiance,  mais  vous  auriez 
pu  confier  ce  travail  à  une  plume  plus  habile  que  la  mienne.  Je 
vais  toutefois  essayer  de  vous  faire  connaître  tout  ce  que  j'ai  trouvé 
de  plus  intéressant  à  l'exposition  de  la  Société  horticole  Dauphi- 
noise. 

De  fondation  récente,  cette  société  montrait  au  public  sOn 
2°"'  concours  moins  complet  et  moins  réussi  que  le  premier  qui 
a  eu  lieu  en  septembre  dernier. 

Malgré  l'activité  et  la  bonne  volonté  des  organisateurs,  l'empla- 
cement choisi  se  prêtait  peu  du  reste  au  groupement  et  à  l'effet  des 
lots  beaucoup  trop  disséminés  dans  le  jardin  «creux»  del'Hôtel-de- 
Ville. 

Je  commence  ma  revue  par  les  légumes  placés  à  la  gauche  de 
l'entrée.  Cette  section  était  une  des  mieux  remplies  et  contenait 
de  fort  beaux  lots  et  des  collections  assez  complètes  en  légumes  très 
beaux  de  la  saison.  Il  faut  en  excepter  toutefois  les  primeurs  qui 
brillaient  par  leur  absence  :  ce  genre  de  culture  étant  encore  à  l'état 
d'enfance  à  Grenoble.  Les  plus  intéressants  et  les  plus  nombreux 
étaient  d'après  le  classement  : 

M.  Merlin  chef  des  cultures  de  l'Hospice  de  Grenoble,  grand 
prix  d'honneur,  M.  Falcoz,  chef  de  culture  à  l'Asile  de  St-Robert, 
médaille  d'or  du  ministre  de  l'agriculture  ;  M.  Lancelon,  grande 
médaille  de  vermeil  ;  puis  MM.  Guitton,  médaille  de  vermeil,  Ja- 
non,  médaille  d'argent  et  Amodru  médaille  de  bronze. 

Les  conifères  et  les  arbustes  à  feuilles  persistantes,  n'étaient 
représentés  que  par  deux  exposants.  M.  Bernard,  pépiniériste  à 
St-Robert  obtient  un  rappel  de  médaille  d'or  pour  deux  lots  forts 
complets  des  uns  et  des  autres.  M.  Ginet  avec  quatre  ou  cinq  col- 
lections, comprenant  conifères,  arbustes  persistants,  plantes  grim- 
pantes et  vivaces  ne  se  voit  récompensé  que  pour  son  exposition 
fort  intéressante  de  plantes  alpines  d'une  médaille  de  vermeil  grand 
module (1).  C'est  sur  l'observation,  m'a  t-on  dit,  de  notre  président 
qu'il  n'était  étabU  que  depuis  six  mois  que  le  jury  a  passé  l'éponge 
sur  tout  le  reste. 


(1)  Parmi  les  espèces  exposées  par  M.  Ginet  on  pouvait  aoter  :  Lychnis 
flos  Jovis,  Lilium  croceum,  Androsane  carnea  ot  vilios»,  Voronioa  saxatilis, 
Ei'inus  alpiuus,  Ramondia  pjrtinaica,  Alsiiie  striuta,  Tlilaspi  rotundif'olium, 
Oentiana  punctata,  Hieraeium  aurantiacuœ,  Silène  quadriiida.  Notons  encore 


—  223  — 

La  galerie  des  roses  coupées  a  fait  l'admiration  de  tous  les  visi- 
teurs et  en  particulier  des  amateurs  de  ce  beau  genre,  grâce  sur- 
tout il  faut  bien  le  dire  aux  forts  apports  de  MM.  Bernaix  et  Per- 
net-Ducher,  de  Lyon.  Leurs  deux  collections  composées  chacune 
d'environ  600  variétés  étaient  des  plus  remarquables.  Au  lieu  de 
juger  les  lots  séparément,  le  jury  bloquant  les  quatre  à  cinq  semis, 
forts  beaux  du  reste,  de  M.  Bernaix,  a  accordé  à  celui-ci  un 
grand  prix  d'honneur  (objet  d'art),  et  à  M.  Peruet  une  médaille 
d'or.  Les  autres  lots  moins  nombreux  en  variétés,  mais  très  méri- 
tants sont  à  MM.  Mourret,  médaille  de  vermeil,  et  Berger  mé- 
daille d'argent,  tous  deux  horticulteurs  à  Grenoble. 

Je  ne  saurais  passer  sous  silence  le  remarquable  lot  des  amateurs 
réunis,  non  pins  que  celui  de  M.  de  Mortillet  qui  avait  en  plus  une 
très  curieuse  collection  de  plantes  vivaces  en  fleurs  coupées. 

Parmi  les  roses  de  semis,  laissez-moi  vous  dire  que  j'ai  vu  avec 
un  vif  plaisir,  la  plus  belle,  dédiée  àM""  Viviand-Morel.  Elle  porte 
un  nom  bien  connu  et  bien  sympathique  à  l'Association  horticole 
lyonnaise. 

Si  des  roses  coupées  je  passe  aux  plantes  de  serres  je  trouve 
chez  MM.  Lallemand  père  et  lils,  horticulteurs  à  la  Tronche,  quel- 
ques jolis  spécimens  de  plantes  à  feuillage,  des  collections  fort  bien 
cultivées  de  Bégonia  àfeuillage  etàfleur;  ainsi  que  des  Pélargo- 
nium  zonales  et  à  grandes  fleurs,  des  bouquets,  couronnes  et  sur- 
touts,  etc.  Le  tout  récompensé  d'une  médaille  d'or  et  d'une  médaille 
de  vermeil  grand  module.  Je  remarque  un  superbe  lot  de  Coleusde 
semis  admirables  de  végétation  et  de  coloris  exposé  par  M,  Dru- 
guet  jardinier  régisseur  chez  M.  le  vicomte  de  Godemaris,  qui  lui 
vaut  une  médaille  de  vermeil. 

M.  Millet,  jardinier  chez  M.  Duhamel  à  la  Tronche,  a  des  secrets 
pour  la  belle  et  bonne  culture,  ses  massifs  de  Bégonia  et  Géranium 
lui  mérite  une  médaille  d'argent,  M.  Morinos  jardinier  chez  M°" 
Giroud-Perrier  obtient  une  médaille  d'argent  avec  de  très  jolis 
pétunias  de  semis.  Un  étudiant  en  médecine,  M.  Bonnet, 
préparateur  de  botanique,  avait  un  remarquable  et  très-curieux  lot 
de  fleurs  alpines  coupées.  Cet  apport  lui  vaut  une  médaille  d'argen:^ 
grand  module  (1). 


mais  non  fleuries,  les  Anémones  nai-cissiflora,  alpina  et  Halleri,  Atraganeal- 
pina,  Dryas  ootopetala,  Papaver  alpinum,  Petrocailis  pyrenaica,  Pinguicula 
alpina  et  vulgaris,  PotentiUa  Ditida,  Pi'imula  viscosa,  auricula  et  farinosa, 
Saxifraga  aspera,  bryoides,  androsacœfolia  et  oppositifolia,  Ranunculus 
pyreneus,  alpestiis,  Segueri  et  Thora,  Loiseleiiria  procumbens,  Empelrum 
riigrum,  Aquilegia  alpina,  Lycopodium  selago  ^^etc,  etc.) 

(1)  La  collection  de  M.   Bonnet   était   composée   des   espèces  suivantes  : 
Orchis,  palustiis,  globosa,  nigra,  militaris,  conopsea,  bifolia,  simia,  hircina, 


—  224  — 

Pour  compléter  les  plantes  de  serres  je  ne  vois  plus  guère  main- 
tenant que  le  lot  de  votre  serviteur,  qui  avait  aussi  sa  part  de  plantes 
à  feuillage  et  à  fleurs,  quelques  plantes  et  graines  de  récente  intro- 
duction, des  collections  de  Clématites  cultivées  en  pots,  de  Pélar- 
goniums,  Bégonia  rex  et  à  fleurs,  Fuchsia  ainsi  que  des  couronnes 
bouquets,surtouts,  etc.  Conclusion:  Un  grand  prix  d'honneur  pour 
l'ensemble  de  son  exposition. 

Les  plans  de  jardins  de  M.  Frèze  lui  font  décerner  la  médaille  de 
vermeil  grand  module  offerte  par  M.  Hoste  à  notre  société. 
MM.  Luizetpère  et  fils  avaient  exposé  hors  concours  de  forts  beaux 
plans  de  parcs  et  jardins.  Un  diplôme  à  M.  Cheminet  de  St-Priest 
pour  plans  et  fruits  colorés. 

■  Le  matériel  horticole  comptant  peu  d'exposants,  je  ne  citerai 
que  M.  Debernardy,  à  Moirans,  pour  la  poterie  artistique,  fort  belle. 
Le  jury  lui  accorde  une  médaille  de  vermeil  grand  module. 
MM.  Antoine,  de  Grenoble,  pourla  coutellerie,  et  Chemin,  fabricant 
de  caisses  à  fleurs,  à  OuUins  (Rhône),  obtiennent  chacun  une  mé- 
daille d'argent.  Un  appareil  de  chauffage  ihermosyphon  dont  on  dit 
beaucoup  de  bien  tant  sous  le  rapport  de  la  chautfe  que  de  son  éco- 
nomie, vaut  à  MM.  Daujas  et  Melin,  ses  inventeurs,  une  médaille 
d'argent. 

Je  terminerai  ma  promenade  à  travers  l'exposition  en  vous  disant 
que  le  jury  accorde  à  la  Ville  de  Grenoble  uu  diplôme  d'honneur 
pour  la  beauté  et  la  conservation  de  ses  orangers.  C'est  un  hommage 
qu'il  faut  reporter  surtout  sur  son  jardinier  en  chef,  le  savant  et  re- 
gretté M.  Verlot,  qui  lésa  soignés  pendant  plus  de  40  ans. 

Eu  outre  de  l'absence  regrettable  d'horticulteurs  et  d'amateurs 
dont  les  serres  sont  bien  connues,  nous  avons  eu  un  temps  déplo- 
rable pendant  toute  la  durée  de  l'exposition,  ce  qui  en  a  compromis 
en  partie  le  succès et  la  caisse.  J.    Jambon. 


Actea    racemosa    L. 

Synonymes  :   Cimkifucja  serpcntaria    Pursh.;   Chrislophcriana  Amerkana. 

Elle  guérit  les  morsures  des  vipères  en  général  et  celles  du  ser- 
pent à  sonnettes  en  particulier.  On  me  l'a  dit,  du  moins,  mais  je 
ne  me  porte  pas  garant  de  son  efficacité.  Le  dangereux  et  redou- 
table reptile  n'existe  heureusement  pas  en  Europe  ailleurs  que  dans 
les  ménageries  et    pour  nos  vipères  indigènes,  fussent-elles  veni- 

pyramidalis,  maciilata  ;  Aceras,  antbropophora,  fuoifera,  araniffra,  apifara, 
muscifera;  Epipaciia  rubra,  latifolia  ;  Hermiaium  clandeftinum  ;  Neolti^ 
œstivalis,  LiiLodorum  abortivum  c-t  un  magnifique  bouquet  de  Cypripe- 
dium  o:>lceolu.',  de  Rhododeninim  ferrugineum  et  de  Polygala  chamœbusus. 

(N.  de  la  R.) 


225  — 


Actea  racemosa   L. 

meuses  comme  celle  dite  «  à  museau  »  qui  habite  le  Mout-Pilat, 
un  flacon  d'alcali,  me  paraît  plus  sûr  que  toutes  les  herbes  du 
monde. 

U Actea  racemosa  —  Actée  à  grappe  —  est  une  des  plus  remar- 
quables plantes  vivaces  de  la  flore  nord-américaine  qu'on  ait 
introduite  dans  les  jardins  de  l'ancien  continent.    Les  Américains 


—  226  — 

qui  la  cultivent  aussi  la  connaisse  mieux  sous  le  nom  de  Cimicifufja 
serpenlaria.  Cimicifuga  signifie  à  peu  près  «  Je  fais  fuir  les 
punaises  »  .  Une  espèce,  le  Cimifuya  Iwlida,  a  en  etfet,  cette  pro- 
priété. On  a  aussi  pendant  fort  longtemps  appelé  les  Jctea 
Clirisiophoriaiia,  nom  sous  lequel  on  les  trouve  décrites  dans  plu- 
sieurs anciens  ouvrages.  Une  seule  espèce  à'^clea  existe  en 
Europe,  c'est  V^^i-lea  spicaia  dont  les  noms  vulgaires  d'Herbe  de 
St- Christophe,  Faux  Hellébore  noir,  Actée  des  Alpes,  laissent 
assez  deviner  que  c'est  égilement  une  plante  employée  en  médecine. 

h'Aclea  racemosa  est  une  espèce  absolument  rustique  dont  les 
tiges  florales  atteignent  souvent  plus  de  cinq  pieds  de  hauteur.  Sou 
inflorescence  au  lieu  d'tkre  toujours  érigée  comme  dans  le  dessin 
ci-contre  est  souvent  élégamment  arquée-pendante.  Ses  fleurs  sont 
constituées  par  de  nombreuses  étamines  saillantes,  raides,  simulant 
d'élégantes  aigrettes  blanches  produisant  un  effet  ornemental  très- 
particulier. 

C'est  surtout  dans  les  parties  ombragées  du  jardin,  ou  en  bor- 
dure des  grands  massifs  d'arbustes  que  l'Actée  à  grappe  produit 
tout  son  eifet. 

Malgré  sa  beauté  et  sa  physionomie  spéciale  l'Actée  à  grappe 
n'est  pas  commune  dans  les  jardins. 

On  la  multiplie  de  graines  qui  sont  dures  à  germer  et  aussi  par 
la  division  des  souches.  Louis    Sirdey. 


Les  Semis  et  la  Greffe 

Monplaisir,  30  juin  1886. 

Monsieur  Viviand-Morel, 

Je  viens  de  lire  dans  le  Progrès  de  ce  jour  l'article  intitulé  Cau- 
serie agricole,  où  il  est  dit  : 

«  Tous  ceux  qui  s'occupent  ou  se  sont  occupés  de  la  culture  des 
«  arbres  fruitiers  savent  parfuilemenl  que  la  graine  d'où  ils  pro- 
ie viennent  ne  reproduit  jamais  exactement  les  caractères  ouïes 
«  qualités  du  sujet  qui  a  fourni  cette  graine. 

«  Ce  n'est  que  par  la  grefl'e  que  l'on  peut  arriver  à  corriger  les 
«  résultats  de  ce  grave  défaut  de  nature.  Ouire  les  facilités  de 
«  multiplication  et  de  propagation  inhérentes  à  l'application  de  la 
«  greffe,  personne  n  ignore  que  les  arbres  greffés  donnent  beaucoup 
«  plus  tôt,  comme  beaucoup  plus  tard,  des  fruits  plus  abondants, 
«  plus  beaux  et  plus  savoureux.   » 

Je  me  permets  d'appeler  votre  attention  sur  ce  qui  précède, 
surtout  sur  ce  que  l'écrivain  (j'ignore  son  nom)  appelle  un  grave 
défaut  de  nature. 


—  227  — 

Car,  où  en  serions-nous,  si  on  n'avait  pas  semé  des  fruits  comme 
on  a  lait  des  fleurs  ? 

Aurions-nous  les  beaux  fruits  que  nous  possédons? 
Est-ce  que  l'auteur  de  l'article  en  question  ignore  que  les  varié- 
tés de  fruits  disparaissent  avec  le  temps  ,    comme   tous    les  êtres 
vivants  ? 

Et  que  par  conséquent,  si  on  n'avait  pas  semé  des  poires  et  des 
pommes,  nous  n'en  aurions  peut-être  plus. 

Quant  à  l'utilité  de  la  gretfe,  elle  est  incontestable  du  moins  pour 
la  prompte  et  facile  juullijjlicalion. 

Mais,  l'opinion,  que  les  arbres  fruitiers  provenus  de  greffes  don- 
nent des  fruits  en  plus  grande  abondance,  plus  beaux  et  plus  savoureux 
n'est  pas  générale,  et  les  Américains  du  Nord  qui  sont  gens  pra- 
tiques sont  d'un  avis  contraire  et  maintenant  transforment  tous 
leurs  vergers  par  des  arbres  francs  de  pieds. 

Ils  ont  établi  pour  cela  des  pépinières,  où  ils  greffent  les  varié- 
tés qu'ils  désirent  propager  en  fente  sur  tronçons  de  racines,  et  au 
bout  de  deux  ou  trois  ans  les  greffons  s'affranchissent  et  font  des 
francs  de  pieds  qui  vont  peupler  les  vergers,  et  ils  le  font  parce 
qu'ils  ont  acquis  par  expérience  la  conviction  que  ces  francs  de 
pieds  sont  plus  7ntstiques,  vivent  plus  longtemps,  produisent  plus 
abondamment  et  que  les  fruits  sont  de  meilleure  qualité. 

Je  doute  qu'en  Europe  l'on  ait  par  expérience  acquis  la  convic- 
tion de  ce  que  l'écrivain  du  Progrès  avance,  et  je  pense  que  la  pra- 
tique usitée  dans  nos  pépinières  n'est  que  le  résultat  de  la  routine 
et  non  de  l'observation. 

Il  y  aurait  beaucoup  à  dire  sur  ce  sujet,  mais  j'ai  déjà  été  long 
et  je  pense  qu'avec  votre  plume  vous  jugerez  peut-être  utile  d'ap- 
peler l'attention  du  public  horticole  sur  ce  sujet. 

Je  vous  salue  cordialement.  Jean  Sisley. 

M.  Jean  Sisley  a  parfaitement  su  séparer  l'ivraie  du  bon  grain 
qui  se  trouvent  mêlés  ensemble  dans  la  note  publiée  par  h  Progrès 
et  par  la  même  occasion  nous  a  fait  connaître  un  procédé  de  mul- 
tiplication fort  intéressant.  N.  de  la  r. 

Rhododendrons   anglais. 

La  floraison  des  Rhododendrons  touche,  ici,  à  sa  fin.  Le  climat 
brumeux  de  l'Angleterre  est  particulièrement  favorable  à  la  culture 
de  ce  bel  arbuste  ;  aussi  en  ai-je  vu  dans  les  parcs  et  jardins  de 
Londres  des  spécimens  splendides. 

J'ai  pensé  que  l'énumération  do  quelques-unes  des  plus  belles 
variétés  que  j'ai  eu  l'occasion  de  voir  pourrait  offrir  quelque  inté- 


—  228  — 

rêt  aux  lecteurs  de  cette  Revue.  Une  exposition  spéciale  de  ce 
beau  genre  m'a,  du  reste,  pernais  de  faire  un  relevé  rapide  des 
sortes  qui  méritent  d'être  notées. 

MM.  Waterer  et  Sons,  horticulteurs  à  Bagshat  (Surrey),  spécia- 
listes en  Rhododendrons,  exposent  dans  Cadogan  Gardens  leurs 
plantes  d'élite  abritées  sous  des  tentes  transparentes  qui  tamisent 
la  lumière  et  ne  laissent  passer  que  des  rayons  affaiblis,  dont  la 
douceur  rehausse  encore  l'éclat  de  ces  belles  fleurs. 

Là,  chaque  année,  au  printemps,  les  fortes  plantes  nouveautés 
etc.,  sont  mises  en  pleine  terre  et  forment  des  massifs  admirables. 

Voici  les  variétés  que  je  crois  devoir  noter  : 

--  Kate  "Waterer,  rose  clair,  avec  une  large  marque  jaune  ; 
plante  vraiment  remarquable. 

—  Magnificum,  rose  léger. 

—  Album  grandiflorum,  blanc  fin. 

—  Duchess  of  Bedford,  cramoisi,  centre  clair. 

—  Earl  of  Haddington,  rose  clair. 

—  Eclipse,  cramoisi  chocolat,  très  large. 

—  Frederick  Waterer,  plus  beau  cramoisi,  grande  fleur,  beau 
feuillage. 

—  James  Mason,  centre  léger,  bords  écarlates. 

—  Lady  Falmouth,  rose  clair,  tache  noir. 

—  Lord  Selborne,  cramoisi  intense. 

—  Madame  Carvalho,  blanc  fin,  taches  verdâtres. 

—  Michael  Waterer,  écarlate  brillant,  belle  forme. 

—  Mrs.  Holford,  cramoisi,  saumon. 

—  Mrs.  John  Penn,  rose  saumon,  bords  laque. 

—  Mrs.  AVilliam  Agnew,  rose  pâle,  brillant  sur  les  bords,  cen- 
tre jaune. 

—  Pelopidas,  beau  cramoisi. 

—  Princess  of  Wales,  centre  pâle,  bords  brillants. 

—  Lady  Hillington,  blanc,  centre  jaune. 

—  W.-E.  Elliot,  rose  pâle,  centre  carmin. 

—  Bertram,  rouge  pâle  au  centre. 

—  The  Countess  of  Dudley,  blanc,  tache  jaune. 
Quelques-uns,  très  florifères,  sont  : 

—  Fastuosum  florepleno,  lilacé. 

—  Gloriosum,  blanc,  large  fleur. 

Enfin,  Delicatissimum,  —  Duchess  of  Cambridge,  —  Fleur-de- 
Marie,  —  John  Waterer,  —  Mrs.  Arthur  Walter,  —  Mrs. 
Russel  Sturgis,  —  William-Ewart  Gladstone,  sont  encore  des 
bonnes  variétés  à  noter. 

Elle    MÉTRAL. 
Londres,  le  24  juin  1886. 


—  229  — 
Race  de  Poireaux 

Plusieurs  jardiniers  qui  s'occupent  spécialement  de  culture  pota- 
gère pour  l'approvisionnement  des  marchés,  m'ont  affirmé  qu'il  n'y 
avait  qu'une  seule  race  de  poireau  et  que  toutes  celles  que  l'on  ven- 
daient dans  le  commerce  sous  des  noms  différents  n'existaient  que  dans 
l'imagination  trop  fertile  des  marchands-grainiers.  Cette  opinion 
n'est  heureusement  pas  générale  et  les  bons  spécialistes  savent  à 
quoi  s'en  tenir  sur  sa  valeur'.  Mais  enfin  telle  qu'elle  est  formulée 
elle  indique  plusieurs  choses  dont  la  principale  est  que  les  races  de 
poireaux  sont  très-voisines  et  difficiles  à  distinguer  entre   elles. 

En  efï'et,  il  faut  un  œil  bien  exercé  pour  trier  dans  une  planche 
de  poireau,  les  races  qui  s'y  trouvent  souvent  confondues.  Avec  de 
nombreuses  variations  individuelles  plusieurs  des  races  susdites  ne  se 
distinguent  que  par  des  caractères  très-vagues  quoique  d'une  valeur 
incontestable.  Je  m'explique.  Voici  par  exemple  deux  races  de  poi- 
reaux qui  se  ressemblent  suffisamment  comme  aspect  pour  paraître 
à  peu  près  identiques  à  première  inspection  et  tromper  même  les 
connaisseurs.  Il  ne  s'en  suit  nullement  qu'elles  soient  semblables, 
car  l'une  peut  être  très-rustique,  c'est-à-dire  résister  aux  gelées  les 
plus  rigoureuses,  tandis  que  l'autre  n'y  résistera  pas.  C'est  ce  qu'on 
a  pu  observer  pendant  l'hiver  de  1879-80.  D'autre  part,  quelques 
caractères  relatifs  à  la  précocité  ne  se  distinguent  bien  qu'à  un  mo- 
ment déterminé. 

La  démonstration  de  l'existence  dans  les  cultures  de  races  de 
Poireau  distinctes  est  lacile  à  faire  quand  une  fois  on  a  réussi  à  se 
les  procurer  pures:  il  suffit  de  les  cultiver  comparativement.  C'est 
ce  que  nous  avons  fait  cette  année. 

Sous  le  nom  de  Poireau  de  pays,  nous  cultivons  une  race  très- 
rustique  que  nous  ne  saurions  confondre  avec  les  autres.  Ce  poireau 
est  d'un  beau  vert,  devient  très  gros,  et  a  des  feuilles  longues  et 
dressées  qui  se  recourbent  au  sommet. 

Le  Poireau  lonrj  de  Paris  est  d'un  vert  plus  blond  que  le  précédent. 
Ses  feuilles  sont  très  espacées,  un  peu  retombantes,  et  sa  tige  beau- 
coup plus  longue  que  celles  des  autres  sortes  permet  d'obtenir  des 
poireaux  très  longs  et  blancs  sous  un  plus  grand  espace. 

Le  Poireau  jaune  du  Poitou  se  distingue  aisément  à  sa  taille  peu 
élevée,  à  ses  feuilles  en  petit  nombre,  vert-clair  et  un  peu  tordues. 
Il  est  rustique  à  Lyon.  C'est  une  variété  précoce  qui  est  bonne  à 
cultiver  en  première  saison. 

Le  Poireau  de  Carenlan  a  les  feuilles  dressées,  larges,  raides  très- 
rapprochées.  Sa  tige  est  courte.  Cette  sorte  de  poireau  est  assez 
voisine  du  P.  de  Rouen. 


—  230  — 

Le  Poireau  gros  court  de  Nîmes  est  plus  hâtif  et  moins  rustique 
que  le  précédent,  c'est  une  excellente  sorte  à  fiiire  en  première 
saison. 

Poireau  perpétuel.  —  On  a  vendu  récemment  cette  nouvelle  race 
qui  est  vraiment  fort  distincte  de  toutes  les  autres.  Je  l'ai  mise  à 
l'étude.  On  sait  que  les  poireaux  sont  des  plantes  vivaces  que  l'on 
traite  comme  des  plantes  bisannuelles.  On  sème  habituellement  en 
mars  en  pépinière  et  on  repique  en  place  dès  que  le  plant  est  assez 
fort.  Cependant  on  peut  semer  du  reste  à  plusieurs  époques  soit 
pour  avancer  la  production,  soit  pour  retarder  l'époque  où  ils  mon- 
tent à  graine.  L.    Lille, 

Marchand  grainier  à  Lyon. 


Lychnis  Haageana  Hort. 

Parmi  les  nombreuses  espèces  de  plantes  vivaces  cultivées,  il  y 
en  a  qui  sont  peu  connues  de  la  plupart  des  amateurs  et  des  jardi- 
niers, bien  qu'elles  soient  dignes  de  figurer  à  côté  des  plus  belles. 
Depuis  la  Rose  de  Noël  (Hellébore  noir)  jusqu'aux  Chrysanthèmes 
il  y  a  toute  une  série  d'adaiirables  plantes  capables  de  lieurir  suc- 
cessivement le  jardin  pendant  toute  l'année  et  cela  sans  être  obligé 
de  semer  et  de  replanter  à  chaque  saison,  comme  pour  les  espèces 
annuelles  ou  vivaces  frileuses. 

Parmi  ces  espèces  que  chacun  devrait  avoir  je  signale  la 
Lychnide  de  Haage  {Lijchnis  Haageana) ,onginaive  de  l'Altaï,  que  l'on 
connaît  également  sous  les  noms  de  Lychnis  Bungeana  Fisch,  L. 
fulgens  liybrida  et  Siebokiii  fulgens  Hort. 

C'est  une  plante  faiblement  velue,  rameuse,  élevée  de  30  à  50 
centimètres.  Ses  feuilles  sont  sessiles,  ovales,  un  peu  aiguës.  Ses 
fleurs  qui  ont  de  4  à  5  centimètres  de  diamètre  sont  réunies  par 
3  ou  4  au  sommet  des  rameaux  et  portées  par  des  pédoncules  très 
velus.  Leur  couleur  est  variable  avec  les  variétés.  Il  y  en  a  de 
rouge  vermillon  éclatant,  de  rouge  orange  pâle,  de  blanc  pur  et  de 
blanc  jaunâtre. 

Ce  très  beau  Lychnis  peut  être  uiilisé  avantageusement  non 
seulement  pour  l'ornement  des  plates-bandes  et  des  bordures  de 
massifs  de  plantes  vertes,  mais  encore  faire  de  belles  potées  pour 
garnitures.  Sa  floraison  a  lieu  de  mai  à  juillet. 

On  le  multiplie  par  éclat  au  printemps  ou  par  semis  qu'on  fait 
en  mai-juin  en  terre  légère  et  fraîche  pour  être  repiqués  à  demeure 
ou  en  pépinière  et  utilisés  au  moment  des  besoins.  On  peut  aussi 
semer  en  mars  sous  châssis  :  ce  semis  produit  des  individus  qui  fleu- 
rissent en  septembre -octobre  de  la  même  année.  Il  serait  bon  ])en- 


231 


dant  les  mois  d'hiver  rigoureux  dépassant  10°  au-dessous  de  0, 
de  couvrir  les  gritfes  de  feuilles  ou  de  litières.  On  pourrait  en  ren- 
trer en  serre  quelques  potées  qui  pousseraient  de  lionne  heure  et 
donneraient  une  floraison  printanière. 

Jh.  Jacquier, 

chef  de  culture,  grainier  à  Pierre-Bénite. 

La  Vigne  en  Perse 

M.  Bernay,  consul  de  France  à  Tauris,  a  fait  à  la  Société  d'ac- 
climatation la  communication  suivante  au  sujet  de  la  vigne  persane. 

«  M.  le  secrétaire  général  m'a  demandé  de  fi^ire  connaître  ici 
la  culture  de  la  vigne  de  Perse;  c'est  en  etfet  un  sujet  qui  doit  inté- 
resser la  viticulture  de  notre  pays,  car  il  y  a  soixante  espèces  de 
vignes  en  Perse.  Je  ne  vous  les  énumérerai  pas  toutes,  ce  serait 
trop  long,  je  parlerai  seulement  des  meilleures  :  nous  avons  là-bas 
trois  principales  espèces  de  vignes,  la  première  produit  d'énormes 
grappes  à  grains  noirs,  longs  et  gros  comme  la  moitié  du  pouce, 
dont  on  fait  un  vin  extrêmement  capiteux  et  coloré,  ce  raisin  est 
nommé  «châhâni»,  c'est-à-dire  royal ^  la  deuxième,  «askéri», 
donne  des  grappes  plus  petites  que  la  précédente,  les  grains  sont 
de  grosseur  ordinaire,  très  sucrés,  juteux,  et  l'enveloppe  en  est  si 
mince  qu'il  est  difficile  de  les  détacher  lorsqu'ils  sont  un  peu  miirs; 
les  pépins  sont  presque  invisibles;  c'est  surtout  un  raisin  de  table 
très  apprécié  des  Persans;  on  en  fait  un  vin  blanc  très  capiteux  et 
de  bonne  qualité.  —  Nous  avons  une  troisième  espèce  de  vigne, 
celle-là  produit  d'énormes  grappes,  dont  les  grains  sont  longs  de  4 
à  5  centimètres:  on  la  nomme  «riche  baba»  (barbe  de  vieux) 
dans  le  sud  de  la  Perse  et  »  guélin  harmaghi»  (doigt  de  mariée) 
dans  le  nord.  Les  personnes  pauvres  en  font  leur  principale  nour- 
riture, car  on  ne  fait  pas  de  vin  avec  ce  raisin,  qui  manque  de  jus 
et  de  fondant. 

«  J'ai  apporté  en  France  quelques  bouteilles  de  vin  de  Tauris 
fabriqué  par  moi,  je  suis  donc  siîr  qu'il  n'y  a  aucun  ingrédient  étran- 
ger dedans;  je  pense  que  c'est  un  vin  qu'il  serait  utile  de  faire 
connaître  parce  qu'il  peut  offrir  des  ressources  pour  la  con- 
sommation. Je  me  propose  aussi  d'envoyer  des  boutures  des  prin- 
cipales espèces  de  vignes  de  Perse,  à  Trébizonde;  je  m'entendrai 
avec  quelqu'un  qui  les  mettra  dans  des  pots,  les  fera  raciner  et  les 
enverra  ensuite  en  France  ;  il  est  grandement  à  désirer  que  la  cul- 
ture des  vignes  persanes  soit  répandue  dans  nos  pays. 

«  Le  phylloxéra  n'a  pas  encore  pénétré  en  Perse,  je  crois  que 
cela  tient  à  une  chose  capitale,  c'est  que  là-bâs"les  vignes  sont"  plan- 
tées dans  des  sillons  profonds  d'un  mètre  et  demi  à  deux  mètres; 


—  232  — 

on  les  arrose  en  hiver  et  au  printemps,  au  moyen  d'eau  courante 
qui  baigne  les  racines  et  les  ceps  pendant  un  jour  ou  deux  chaque 
fois.  En  été,  on  procède  au  même  arrosage,  seulement  une  fois  par 
semaine,  car  il  ne  pleut  plus  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août 
et  septembre  dans  le  sud  et  le  centre  de  la  Perse;  dans  le  nord,  il 
-j  a  quelquefois  des  orages  au  commencement  de  l'été,  l'eau  est 
donc  fort  rare  dans  cette  contrée. 

«  Il  est  difficile,  dans  ces  conditions,  que  les  insectes  qui  s'atta- 
quent, en  général,  aux  racines  des  vignes,  ne  soient  pas  noyés. 
Le  plant  de  la  vigne  est  exposé  ordinairement  sur  le  côté  sud  du 
talus  dont  je  viens  de  parler;  quoiqu'il  fasse  très  chaud  dans  ce 
pays-là,  les  Persans  croient  que  cette  exposition  donne  une  meil- 
leure qualité  de  raisin. 


Amélioration  de  la  culture  de  l'Asperge  par  des  semis  en  place  et 
en  pleine  terre,  méthode  la  plus  simple,  la  moins  coûteuse  et  la 
plus  productive  (I). 

1"     ANNÉE 

Vers  la  première  quinzaine  de  mars,  choisir  un  terrain  fertile  et 
léger,  bien  exposé,  y  creuser  des  rayons  de  50  centimètres  de 
large  sur  10  de  profondeur,  en  déposer  la  terre  de  chaque  côté 
pour  former  des  à-dos;  de  cette  manière,  les  rayons  auront  une 
profondeur  de  20  centimètres.  La  distance  des  rayons  entre  eux 
doit  être  de  un  mètre  du  milieu  de  l'un  à  l'autre.  Du  15  mars  au 
15  avril,  former  dans  le  fonds  de  ces  rayons  de  petits  monticules 
de  terre  végétale  en  forme  de  taupinières  à  un  mètre  les  uns  des 
autres,  les  écarter  avec  la  main  pour  y  déposer  3  graines  en  pied 
de  pot,  que  l'on  recouvre  de  O^OS  c.  de  terre.  A  partir  de  l'ense- 
mencement, arracher  soigneusement  les  herbes,  et  vers  la  fin  de 
juillet  ou  août,  quand  les  pousses  atteindront  10  centimètres  de 
hauteur,  il  sera  temps  d'arracher  les  deux  plus  faibles,  faire  ensuite 
un  premier  binage  et  déclarer  une  guerre  acharnée  à  toute  herbe 
étrangère  qui  deviendrait  une  redoutable  ennemie  pour  ces  jeunes 
pousses.  —  Vers  le  mois  de  novembre,  couvrir  les  rayons  d'un 
bout  à  l'autre  de  2  centimètres  de  fumier  de  cheval  et  laisser 
passer  ainsi  l'hiver. 

2°"    ANNÉE 

Vers  la  seconde  quinzaine  de  février,  faire  un  léger  binage,  dé- 
poser dans  les  rayons  5  centimètres    de   fumier  de  cheval   bien 


(I)  Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'horticulture  du  eanton  de  Yaud  (Suisse). 


—  233  — 

consommé,  le  recouvrir  de  5  centimètres  de  terre  végétale  ou  sable 
de  route,  mettre  de  bons  piquets  à  chaque  bout  des  rayons,  que 
l'on  enfoncera  bien  solidement  en  terre  et  auxquels  on  attachera 
un  fil  de  fer  galvanisé  n"  12,  à  la  hauteur  de  50  à  80  centimètres, 
ce  qui  permettra  de  pouvoir  y  fixer  les  tiges  d'asperges  que  les 
grands  vents  pourraient  déchausser. 

Au  commencement  de  novembre,  couper  les  turions  d'asperges 
à  15  centimètres  du  sol,  enlever  les  fils  de  fer,  les  rouler  et  les 
conserver  pour  les  remettre  en  place  au  prochain  été. 

S""    ANNÉE.     —    PREMIÈRE    CUEILLETTE. 

Vers  la  seconde  quinzaine  de  février,  tirer  les  vieux  turions 
coupés  en  novembre  précédent,  biner  et  arracher  les  herbes,  vider 
les  rayons  jusque  sur  les  pieds  d'asperges,  déposer  dans  ces  rayons 
5  centimètres  de  fumier  et  5  centimètres  de  terre  végétale  ou 
sable  de  route,  les  combler  au  niveau  du  sol,  et  à  chaque  pied 
d'asperge  former  de  petites  buttes  de  terre  ou  de  sable  de  route, 
hautes  de  10  centimètres.  —  Lorsque  les  asperges  auront  dépassé 
les  dites  buttes  de  3  centimètres,  écarter  un  peu  la  terre  et  les 
récolter  ;  on  se  sert  pour  cette  opération  d'un  oulil  appelé  gouge 
avec  manche,  que  l'on  trouve  chez  M.  Richard,  coutelier,  rue  des 
Changes,  à  Chartres. 

La  cueillette  des  asperges  se  fait  du  moment  où  elles  paraissent 
jusqu'au  20  juin,  époque  à  laquelle  il  faudra  la  cesser  pour  ne  pas 
altérer  le  plant;  laisser  ensuite  les  pousses  se  développer  librement, 
remettre  les  fils  de  fer  pour  y  fixer  les  tiges  au  fur  et  à  mesure  de 
leur  pousse. 

Au  commencement  de  novembre  de  cette  troisième  année, 
comme  pour  les  suivantes,  couper  les  turions  à  15  centimètres  du 
sol,  enlever  les  fils  de  fer,  les  rouler  et  les  conserver  pour  les 
remettre  en  place  au  prochain  été. 

Telle  est  la  méthode  que  j'ai  l'honneur  de  proposer  à  tous  les 
horticulteurs  et  amateurs.  Les  plantations  d'asperges  faites  par 
semis,  dans  les  conditions  ci-dessus  mentionnées,  seront  de  beau- 
coup préférables  aux  plantations  par  griffes,  l'asperge  n'aimant 
pas  à  être  transplantée.  De  plus,  considérant  que  la  durée  de  ces 
semis  peut  être  d'une  vingtaine  d'années,  il  est  donc  de  tout 
intérêt  d'essayer  cette  méthode  dont  j'ai  fait  l'heureuse  expérience. 

Charpentier  , 

Amateur,  à  Chartres. 


—  234  ^ 

L'art  d'avoir  de  gros  fruits. 

■  Ce  que  nous  dirons  s'applique  aux  poires,  pommes,  aux  melons, 
aux  courges,  c'est-à-dire  à  tous  les  fruits  charnus  en  général.  Si 
on  observe  ces  organes  dès  leur  naissance,  on  remarque  qu'ils 
occupent  tous  une  position  invariable  :  ils  sont  dressés  ;  des  pédon- 
cules rigides  les  tiennent  élevés  au-dessus  d'eux.  Mais  les  fruits 
grossissent  peti  à  peu  ;  ils  augmentent  en  poids  dans  la  même  pro- 
portion qu'ils  ont  augmenté  en  volume,  et  leurs  pédoncules  trop 
faibles  ne  pouvant  les  supporter,  s'inclinent,  deviennent  pendants, 
de  dressés  qu'ils  étaient.  Cette  position  pendante  est  une  des  grandes 
raisons  pour  laquelle  le  grossissement  des  fruits  est  tout  d'un  coup 
entravé.  La  sève  arrive  moins  abondante  et  avec  plus  de  difficulté; 
alors  la  poire,  la  courge,  mise  à  la  diète,  cesse  de  prendre  de  l'em- 
bonpoint. 

Or,  c'est  par  un  moyen  artificiel,  en  maintenant  dressés  tous  les 
fruits,  quels  qu'ils  soient,  qu'on  arrive  à  leur  faire  atteindre  le 
maximum  de  leur  volume. 

Il  y  aurait  avantage  aussi  à  ce  que,  non  seulement  le  pédoncule, 
mais  encore  la  branche  qui  le  porte  fut  dressée,  qu'elle  occupât, 
par  conséquent,  une  position  ascendante.  Dans  ce  cas,  plus  le  fruit 
serait  voisin  de  l'extrémité  de  cette  branche  et  plus  il  aurait  chance 
de  grossir,  à  cause  de  l'afflux  continuel  de  sève  qu'il  y  a  toujours 
aux  extrémités  verticales  des  parties  aériennes  d'une  plante. 

L'année  dernière,  un  de  nos  plus  déhcats  amateurs  d'horticul- 
ture avait,  sur  une  couche,  près  d'un  mur,  garni  de  treillage  un 
pied  de  courge  lurban,  variété  dont  les  fruits  atteignent  en  moyenne 
de  5  à  6  kilogrammes. 

Jusque-là,  M.  X...  avait  cultivé  les  fleurs  ;  cette  fois,  il  voulut 
bien  servir  la  déesse  des  légumes,  une  gaillarde  peu  difficile,  dit-on, 
que  je  me  figure  forte,  joufflue  et  bien  portante. 

Le  potiron  planté,  on  le  soigna  beaucoup  ;  mais  une  de  ses  bran- 
ches ne  s'avisa-t-elle  pas  de  s'égarer  sur  le  treillage  du  mur.  Elle 
monta,  et  grâce  aux  liens  dont  on  la  soutint,  elle  put  fleurir  là-haut, 
au  diable,  à  deux  mètres  du  sol  (1).  La  fleur  noua  :  on  avait  rogné 
la  tige  à  une  feuille  au-dessus-d'elle.  Le  fruit  développé  devint  si 
pesant  qu'il  fallut  lui  donner  un  support  ;  une  sorte  de  console  fut 
installée  au-dessous  de  lui.  La  courge,  bien  disposée  sur  cet  appui 
et  attachée  solidement  au  treillage,  pouvait  désormais  grossir  ;  c'est 


(1)  Ce  potiron,  en  pleine  floraison  au  1"  juillet,  fut  récolté  le  22  août.  De  la  flo- 
raison à  la  maturité  complète,  il  s'est  doue  écoulé  sept  semaines. 


—  335  — 

ce -dont  elle  s'acquitta  avec  une  certaine  ampleur,  car  au  mois  de 
septembre,  quand  on  la  cueillit,  elle  pesait  quarante  livres. 

Quarante  livres,  bon  Dieu  !  qu'aurait  dit  Garo,  si  au   lieu  d'un 
gland  il  avait  reçu  cela  sur  le  nez  i 

[BiiUclin  de  la  Sociilé.  d' liorlicullure  de  Coiiipiê<jne.) 


Intorniatloutt.  —  La  Société  des  agriculteurs  de  France  a  émis  le 
vœu  que  les  jardins  dds  instituteurs  communaux  fusst'Ut  appropriés  f»  l'en- 
seignement de  l'horticulture  sous  le  rapport  théorii^ue  et  pratique,  et  que 
les  jardins  des  écoles  normales  et  des  fermes-écoles  fussent  disposés  en 
vue  d'une  instruction  solide  à  donner  aux  élèves;  enfin  que  l'obligation  soit 
imposée  aux  cahdidats  à  l'obtention  des  brevets  d'instiluieurs  de  répondre 
à  un   examen  sur  la    connaissance  de  l'agricultuie  et  de  l'horticulture. 

—  La  chaire  de  viticulture  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Montpellier 
a  été  déclaré  vacante.  Les  clemanles  des  caudidats  à  cette  ch-iire  di<vront 
être  adressées  le  15  juiU.t  au  plus  lard,  au  ministère  de  l'agriculture. 

—  On  signale  la  sciure  de  bois  comme  capable  de  faire  une  excellente 
litière  pour  les  animaux.  Cette  litière,  donne,  paraît-il,  un  excellent  engrais 
si  on  a  le  suin  chaque  jour  de  répandre  sous  les  pieds  des  auimaux  une 
certaine  quantité  de  phosphate  de  chHUX. 

—  On  vient  de  découvrir  aux  environs  de  Philippeville  (Algérie)  un 
nouveau  foyer  phjlloxérique.  On  a  immédiatement  brûlé  les  souches  et 
inondé  le  terrain  avec  l'acide  sull'urique. 

—  Le  D''  Regel,  de  St-Pétersbourg,  recommande  la  culture  du  Fedia 
C(i:  nucopiw,  &oi  le  de  Valériane  fort,  jolie.  CettJ  plante  annuelle  est  assez 
fréquemment  cultivée  en  France.  Oj  pourrait  la  manger  en  salade  comme 
la  Mâche. 

—  Wlllusirirte  Gartcn-Zeituny,  de  Vienne,  recommande  le  nitrate  de  soude 
(salpêtre  du  Chili)  à  la  dose  de  170  graiumes  par  litre  d'eau  pour  détruire 
le»  chenilles  des  groseillers.  Asperger  deux  fois. 

—  Vllhislration  Horikole  dit  que  M.  B.  Stein  signale  le  Mimulas  moha- 
vertsis,  comme  devant  bientôt,  faire  une  concurrence  marquée  aux  Achyran- 
thcs,  Iiesme,  Alternantheru,  et  autres  plantes  à  mosaïque.  Ce  Mimulus  est 
louge  vif.  Il  a  été  découvert  en  1881,  on  Californie. 

— Un  Odontoglossum  Pescatoreî.  petit  exemplaire  de  deux  bulbes  et  portant 
une  demi  douzaine  de  fleur-,  a  été  vendu  chez  M.  Steven?  à  Londres,  pour 
le  prix  de  4,125  francs. 

—  Lrt  Dracœna  M'"'^  Lucien  Linden  est  signalé  par  VJllwitration  comme 
une  nouveauté  issu  du  croisement  des  D.  Robinsoniana  et  stricla.  Ce  dernier 
ajant  fourni  le  pollen. 

—  Le  Coryanthes  rnaculata  vient  de  fleurir  chez  M.  Finet,  à  Argenteuil. 
Cette  orchidée  de  la  Guyane  fleurit  rarement  dans  les  serres. 

—  Le  Comice  agricole  d'Alger  informe  qu'uc  concours  est  ouvert  jusqu'au 
15  juin  1887  pour  un  ouvrage  traitant  de  l'Agriculture  algérienne  on  gêné- , 
rai.   Un   prix   de  4,000  fr.  dû  au  Gouvernement  général,  sera  décerné   au 
meilleur  mémoire. 

—  La  session  du  Congrès  pomologique  se  tiendra  cette  année  à  Nantes. 
du  18  au  23  septembre.  La  Société  nantaise  d'horticulture  tiendra  une  expo- 
Eition  à  la  même  époque. 

—  M.  Ch.  Parmentier,  directeur  de  la  Société  internationale  des  Tou- 
ristes, à  Bruxelles,  vient  d'organiser  une  excursion  horticole  en  Angleterre, 
L'excursion  durera  10  jours,  du  15  au  25  courant,   départ  d'Anvers. 


—  336  — 

—  M.',Ed.  Pjnaert,  horticulteur  à  Gand,  a  présenté  au  dernier  meeting 
horticole  de  cette  ville  un  Hèlre  pourpre  tricolor  qui  a  obtenu  un  certificat 
de  mérite. 

—  La  Société  rojale  d'agriculture  et  de  botanique  qui  vient  d'organiser 
au  Casino,  à  Gand,  une  exposition  de  roses,  organisera  à  l'exeiufjle  des 
Sociétés  anglaises,  en  octobre  prochain  une  grande  exposition  interna- 
tionale de  Chrysanthèmes. 

—  Un  prix  de  15,000  fr.  est  offert  par  la  Société  centrale  d'agriculture 
du  département  de  la  Seine-Inferieure,  à  l'auteur  du  mémoire  faisant 
connaître  avec  précision  les  moyens  à  employer  pour  produire  économique- 
ment à  retable  la  meilleure  viande  de  boucherie. 

Les  mémoires  devront  être  adressés  au  président  de  la  Société  centrale 
d'agriculture  du  département,  avant  le  1'^''  avril  1888. 

—  Le  Bulletin  du  Ministère  des  travaux  publics  vient  de  publier  un  état 
des  plantations  sur  les  routes  nationales  au  1"  juin  1885.  D'apiès  cet  état 
sur  une  longueur  totale  de  37.982  kilomètres,  ces  routes  en  comportent 
23,993  susceptibles  d'être  plantés;  des  plantations  existent  sur  14.607  kilo- 
mètres, et  il  en  reste  9,336  à  planter.  Le  nombre  total  des  arbres  sur  les 
parties  plantées  est  de  2,871,384;  les  principales  essences  soiit  :  l'orme,  le 
frêne,  le  sycomore,  le  tilleul.  Les  plantations  dans  un  certain  nombre  de 
départements,  renferment  aussi,  mai<  en  plus  petit  nombre,  les  essences 
suivantes  :  noyers,  châtaigniers,  pommiers,  miiriors,  cerisiers,  piiriers, 
cormiers,  etc.  11  serait  à  souhaiter,  suivant  le  vœu  émis  par  les  associations 
agricoles,  que  les  plantations  fruitières  devinssent  la  règle,  au  lieu  de 
rester  l'exception. 

—  Il  vient  de  se  fonder  à  Tours  une  société  sous  le  nom  de  Société  de 
botanique  d'Indre-et-Loire.  L?  bureau  a  pour  président  M.  Tourlet,  phar- 
macien à  Chinon. 

—  Le  Disa  atropurpurea,  espèce  d'orchidée  très  rare,  a  fleuri  en  avril 
dernier,  chez  M.  William  E.  Gumbleton,  à  Belgrave,  près  de  Queenstown  en 
Irlande. 

—  La  chaire  de  botanique  occupée  à  Liège  par  le  regretté  Elouard 
Morren  vient  d'être  confiée  à  M.  le  docteur  Gravis,  son  assistant. 

—  h'Jllustrirte  Garten-Zeitung  a  donné  la  photograph'e  d'un  exemplaire 
de  Musa  Ensete  qui  ne  mesurait  pas  moins  de  6  mètres  72  de  hauteur  et  une 
largeur  de  7  m.  14.  La  feuille  centrale  avait  3  m.  35  de  long,  sur  0,75  de 
large. 

Catalogue.  —  Léonard  Lille  et  Bsnoy,  horticulteurs  marchands-grai- 
niers,  7  et  9  cours  Morand,  Lyon.  —  Catalogue  giinèral  illustré  d'oignons  à 
fleurs  et  de  graines  diverses.  Jacinthes  de  Hollande  en  collection,  Jacinthes 
romaines,  Tulipes  simples  et  doubles.  Crocus,  Amaryllis,  Anémones,  Cou- 
ronne impériale.  Cyclamen  de  Perse,  Iris,  Raiioncu'es,  Iritoma,  etc.  Graines 
diverses  à  semer  en  juillet.  Fournitures  horticoles. 


Avis  aux  membres  de  l'Association  horticole. 

Les  membres  titulaires  de  l'Association  horticole  lyonnaise  qui  n'ont  pas 
encore  acquitté  le  montant  de  leur  cotisation  de  1886,  sont  informés  que  Id 
Trésorier  de  la  Société  leur  fera  présenter  incessamment,  par  la  poste,  un 
mandat  de  12  franc-',  montant  da  1*  susdite  cotisaliou. 

Le  bureau  de  l'Association  prie  les  Sociétaires  de  réserver  un  bon  accueil 
à  ce  mandat. 

Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 

Ljon,  —  Impr.  du  Salut  Publie.  —  Bellon,  83,  rue    de   la  République,   33. 


1886  JUILLET  N°    14 


CHRONIQUE 


Sève  descendante.  —  Je  vais  choquerune  idée  admise.  Que  dis-je, 
choquer?  Choquer  n'est  pas  le  mot  propre,  c'est  une  métaphore, 
simple  tieur  de  réthorique,  façon  vicieuse  de  m'exprimer.  Peut- 
être  me  comprendrez-vous  mieux,  amis  lecteurs,  si  je  dis  :  Je  vais 
rechoquer  une  idée  admise?  car  vous  savez,  entre  nous,  je  suis 
coutumier  du  fait  et  peut-être  ferais-je  bien  d'ajouter  à  rechoquer 
les  verbes  rabâcher  et  ressasser,  dont  personne  n'ignore  la  sig-nifi- 
cation,  moi,  particulièrement  moins  qu'un  autre.  Un  jour  que  j'ex- 
pliquais pour  la  dixième  fois  au  moins,  à  plusieurs  de  mes  amis, 
la  théorie  de  l'espèce,  l'un  d'eux  m'apostropha  ainsi  : 

«  —  Mais  tu  nous  rases;  tu  rabâches,  tu  ressasses  toujours  la 
même  idée.  » 

Dévouez-vous  donc  à  la  propagation  des  bonnes  doctrines!  C'est 
ainsi  que  j'appris  la  véritable  signification  des  verbes  rabâcher  et 
ressasser,  dont  je  me  faisais,  avant  cette  aventure,  une  idée  con- 
fuse et  incertaine;  cela  s'appelle  apprendre  la  grammaire  à  ses 
dépens. 

Je  vais  donc  choquer  une  idée  admise,  en  disant,  criant,  hur- 
lant par-dessus  les  toits,  avec  une  voix,  moins  forte  que  celle  de 
Tamberlick,  sonore  néanmoins  :  Non  I  il  nif  a  pas  sève  descendante ^ 
Arrangez-vous  de  cela,  amateurs  de  cambium,  et  rétablissez,  je 
vous  prie,  convenablement  la  théorie  de  la  taille  des  arbres.  Du 
reste,  je  déclare  que  je  n'ai  pas  inventé  la  doctrine  que  je  soutiens. 
Je  suis  un  simple  apôtre  voué  à  sa  diffusion. 

S'il  n'y  avait  que  les  vieux  livres  qui  fussent  remplis  de  sève  deS' 
cendante  et  de  cambium,  on  patienterait,  car  l'épicier  est  là,  heu- 
reusement, qui  use  feuille  à  feuille  le  plus  grand  nombre,  et  les 
gamins  le  reste.  Mais  on  en  imprime  tous  les  jours;  c'est  co  qui  est 
désastreux  ;  jusqu'aux  journaux  qui  s'en  mêlent. 

Ah  !  ils  m'ennuient,  avec  leur  cambium. 


—  338   — 

Je  l'ai  assez  cherché,  pendant  dix  ans,  avec  feu  le  professeur 
Faivre,  la  sève  descendante.  Je  ne  l'ai  jamais  trouvée.  Dieu  seul 
sait  combien  j'en  ai  décortiqué,  incisé,  de  branches  et  de  racines! 
Le  professeur  y  gagna  la  croix;  mais  il  ne  trouva  pas  le  cambium, 
néanmoins.  C'est  un  résultat  incomplet. 

Si  la  croix  ne  m'est  pas  venue  à  chercher  la  sève  descen- 
dante, je  n'ai  pas,  néanmoins,  perdu  complètement  mon  temps; 
car  actuellement,  par  exemple,  je  puis  causer  do  la  chose  très 
naturellement  et  avec  quelque  autorité.  C'est  un  résultat  qui  en 
vaut  un  autre. 

Parce  qu'un  physicien  anglais  qui  s'appelait  Harwey,  je  crois, 
a  eu  l'idée  de  lier  la  patte  d'une  biche  pour  démontrer  la  double 
circulation  du  sang  chez  les  animaux,  les  physiologistes  du  siècle 
dernier  et  ceux  de  la  moitié  au  moins  de  celui-ci,  ont  pensé  qu'en 
liant  les  branches  des  arbres,  en  les  incisant,  eu  glissant  des  lames 
d'étain  entre  l'écorce  et  le  bois,  il  leur  serait  facile  de  faire  une 
démonstration  analogue  pour  le  règne  végétal.  Ils  ont  suivi  une 
fausse  piste,  voilà  tout.  Les  bourrelets,  les  renflements  qui  se  pro- 
duisent au-dessus  des  branches  Hgaturées  ou  incisées  les  ont  induits 
en  erreur. 

Et  pendant  un  siècle  on  a  répété,  imprimé  et  professé  que  la 
sève  montait  par  les  couches  ligneuses  du  bois  et  descendait  entre 
l'écorce  et  le  bois. 

On  appelait  cette  sève  du  cambium. 

A  l'heure  actuelle,  c'est  encore  le  cambium  susdit  qui  tient  le 
haut  du  pavé. 

Du  cambium,  il  n'y  en  a  pas.  De  la  sève  descendante,  pas  da- 
vantage. 

Je  ne  sais  pas  si  vous  avez  jamais  monté  dans  la  colonne  Ven- 
dôme. II  y  a  dans  cet  édifice  un  couloir  en  spirale  très  étroit.  Si 
par  hasard  vous  montez  dans  ce  couloir  quand  quelqu'un  en  descend, 
il  vous  faut  redescendre,    à  moins   que  celui  qui   descend   veuille 
bien  remonter  pour  vous  laisser  le  chemin  libre.   Eh  bien  !  l'inté- 
rieur d'un   arbre   possède  sous  les   noms  de  vaisseaux,  trachées, 
cellules,    etc.,    une   masse   de  canaux   par  où  la  sève    montante 
circule.  Cette  sève  monte  toujours,  s'empare  de  tous  les  chemins 
et  les  emplit.  Elle  monte  du  I"  janvier  à  la  Saint-Sylvestre,  le  jour 
et  la  nuit.  Par  où  passerait,  je  vous  prie,  le  cambium,  c'est-à-dire 
la  sère  descendante,   pour  vaquer  à  ses  petites  affaires?  Voilà  la 
question. 

On  a  eu  tort  de  comparer  la  sève  des  plantes  au  sang  des  ani- 
maux. Les  plantes  n'ont  pas  des  artères  et  des  veines,  c'est-à-dire 
des  tubes  différents  constitués  pour  une  double  circulation. 

Essayez  un  peu  d'arrêter  la  circulation  ascendante  de  la  sève  et 


—  339  — 

vous  m'en  direz  des  nouvelles.  Coupez  une  branche  feuilléo  et 
laissez-là  au  soleil,  vous  verrez  si  le  cambium  la  sauvera  d'une 
mort  certaine.  Oubliez  d'arroser  cette  plante  en  pot  et  dites-moi, 
si  la  pluie  ne  survient  pas,  le  sort  qui  l'attend. 

Cependant  il  descend  quelque  chose  dans  l'intérieur  des  arbres, 
mais  ce  n'est  pas  de  la  sève,  encore  moins  du  cambium.  Ce  qui 
circule  en  dehors  de  la  sève  puisée  dans  le  sol  par  les  racines,  ce 
sont  les  matières  élaborées  par  les  feuilles,  par  les  cellules,  parles 
parties  vertes  de  l'écorce  ;  ce  sont  les  sels  puisés  dans  le  terrain. 

Et  toutes  ces  denrées  alimentaires  se  promènent  de  haut  en  bas, 
de  bas  en  haut,  de  gauche  à  droite,  de  droite  à  gauche  et  en  tra- 
vers, c'est-à-dire  dans  tous  les  sens,  à  peu  près  comme  les  poissons 
dans  l'eau.  Elles  circulent  continuellement,  allant  d'ici,  de  là, 
partout  où  il  y  a  un  vaisseau  à  entretenir,  une  cellule  a  former. 

Il  y  a  une  foule  de  lois  qui  expliquent  cela  rationnellement.  Mais 
la  place  manque,  le  sujet  est  aride,  et  ce  n'est  pas  le  lieu  de  faire 
ici  un  cours  de  physiologie.  Il  suftit  que  celui  que  la  question  inté- 
resse sache  qu'il  est  dans  une  fausse  voie,  s'il  pense  que  la  sève 
descend  entre  l'écorce  et  le  bois,  sous  le  nom  de  cambium. 

Grejfe  des  Rosiers.  —  H  y  a  des  gens  qui  pensent  faire  d'excel- 
lente besogne  en  rognant  les  branches  des  églantiers  qu'ils  vien- 
nent de  gretïer.  Quelques-uns  les  rognent  de  suite,  d'autres  atten- 
dent huit  jours,  d'autres  quinze  jours.  C'est  une  opération  qui  ne 
vaut  rien  dans  aucun  cas.  Elle  appauvrit  le  sujet  et  ne  fortifie  pas 
le  greffon,  au  contraire.  Quand  par  hasard  les  branches  des  églan- 
tiers se  développent  au  début  de  la  végétation  avec  une  vigueur 
extraordinaire,  on  peut,  quand  elles  ont  atteint  50  centimètres,  en 
pincer  l'extrémité.  Avant  la  greffe,  ce  pincement  ne  porte  pas  tort 
au  sujet  et  fait  refluer  la  sève  à  la  base,  à  l'endroit  même  où  doit 
être  posé  l'écusson  et  maintient  cet  endroit  en  état  d'être  grelfé 
pendant  un  temps  beaucoup  plus  long  quo  si  on  n'a  point  fait  de 
pincement.  Le  pincement  pratiqué  à  ce  moment  fait  également 
développer  plusieurs  branches  plus  faibles  et  par  conséquent  moins 
embarrassantes  que  la  branche  unique  qu'on  a  pincé. 

Quand  l'écusson  a  été  posé  sur  le  sujet,  il  faut  éviter  tout  pince- 
ment. Si  par  hasard  l'écusson  poussait  dans  le  cours  de  l'année, 
cela  ne  doit  rien  changer  à  la  chose.  On  le  laisse  développer  en 
même  temps  que  l'églantier,  voilà  tout.  Mais,  je  le  répète,  si  vous 
voulez  avoir  des  rosiers  vigoureux,  évitez  de  rogner  les  branches 
sur  lesquelles  vous  avez  posé  les  écussons. 

Le  sulfate  de  cuivre  et  la  maladie  de  la  pommes  de  terre.  —  On  sait 
que  la  maladie  de  la  pomme  de  terre  est  occasionnée  par  un  cham- 


—  340  — 

pignon  appartenant  au  genre  Peronospora,  Le  succès  obtenu  dans 
le  traitement  du  mildiou  de  la  vigne  par  le  sulfate  de  cuivre,  —  le 
mildiou  est  également  un  Peronospora,  —  a  donné  à  penser  à  plu- 
sieurs personnes,  notamment  à  M.  Ricaud,  de  Beaune,  que  l'emploi 
du  sel  de  cuivre  empêcherait  aussi  l'apparition  de  la  maladie  de  la 
pomme  de  terre. 

Il  paraît  qu'il  faut  renoncer  à  cette  espérance.  M.  Duchartre, 
le  savant  bien  connu,  a  donné  sur  ce  sujet  à  la  Société  nationale 
d'Horticulture,  des  explications  qui  ne  laissent  malheureusement 
aucun  doute  sur  l'inefficacité  du  susdit  traitement. 

Haricots.  —  Les  haricots  aiment  la  chaleur  pour  se  développer 
et  mûrir  leurs  fruits.  Cependant  quand  la  température  se  maintient 
quelque  temps  entre  28  et  30°  avec  un  ciel  pur,  c'est-à-dire  un 
soleil  ardent,  cela  porte  un  préjudice  sérieux  à  la  récolte  :  les  fleurs 
brûlent,  les  gousses  ne  se  forment  pas  «  l'haricot  coule  »  comme 
on  dit.  Dans  les  jardins  il  y  a  un  moyen  de  parer  à  ce  grave  in- 
convénient. Il  suffît  de  tendre  au-dessus  des  planches  de  haricots, 
de  onze  heures  à  quatre  heures,  des  toiles  à  emballages  claires,  ou, 
à  leur  défaut,  des  claies  de  paille  de  seigle  très  facile  à  construire 
avec  des  lattes  de  plâtrier.  La  dépense  que  cet  ombrage  occasionne 
est  très  minime.  Les  toiles  peuvent  servir  ensuite  à  d'autres  usages 
principalement  pour  garantir  en  automne  les  dernières  fleurs  contre 
les  gelées  peu  intenses  qui  surviennent  souvent  à  la  fin  d'octobre 
ou  dans  la  première  quinzaine  de  novembre. 

Verres  bleus.  —  M.  Marceau,  jardinier  à  Pareh,  qui  cultive  les 
mêmes  plantes,  c'est-à-dire  les  mêmes  espèces,  dans  deux  serres 
différentes,  l'une  vitrée  en  verre  bleu,  l'autre  en  verre  blanc  or- 
dinaire, voit  celles  qui  sont  dans  la  serre  vitrée  en  verre  bleu, 
perdre  leurs  forces  et  finir  par  périr. 

Les  unes  et  les  autres  reçoivent  les  mêmes  soins.  M.  Duchartre, 
dans  le  journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture  fait  remarquer 
que  l'explication  du  fait  en  question  est  facile  à  donner.  Les  rayons 
bleus  de  la  lumière  étant  presque  sans  influence  sur  la  décom- 
position de  l'acide  carbonique  par  les  plantes,  il  s'en  suit  naturel- 
lement que  la  végétation  des  espèces  soumises  à  l'influence  de  ces 
seuls  rayons,  ne  peut-être  que  précaire  et  misérable. 

On  pourrait  peut-être  tirer  de  cette  observation,  un  enseigne- 
ment pratique,  savoir:  Il  faut  éviter  d'introduire  du  vert  ou  du 
bleu,  dans  la  chaux  ou  le  blanc  de  Troyes  dont  on  se  sert  souvent 
pour  peindre  pendant  l'été,  les  verres  des  serres  et  châssis. 


—  341  — 

Une  pratique  vicieuse.  —  On  recommande  assez  fréquemment  de 
semer  les  graines  fines  dans  une  terre  légère  que  l'on  obtient 
en  mêlant  du  sable  de  rivière  à  une  terre  franche  quelconque 
additionnée  de  terreau  ou  de  terre  de  bruyère. 

L'introduction  de  sable,  matière  inerte  et  infertile,  dans  un  com- 
post quelconque  ,  a  pour  but  de  diviser  les  particules  terreuses 
agglutinées  par  l'argile  contenue  dans  le  sol  et  d'obtenir  par  ce 
moyen  un  écoulement  facile  des  eaux  de  pluie  ou  d'arrosage. 

Le  but  proposé  est  en  effet  atteint  en  agissant  de  cette  manière, 
et  le  compost,  ainsi  préparé,  laisse  d'autant  mieux  filtrer  l'eau 
qu'il  contient  davantage  de  sable. 

Mais  si  on  a  obtenu  le  résultat  qu'on  désirait,  on  s'aperçoit 
bien  vite  qu'on  en  a  en  même  temps  obtenu  un  autre  qu'on  ne 
cherchait  pas  et  qu'on  devrait  éviter. 

Ce  résultat  qu'on  ne  cherche  pas  et  qu'on  obtient,  c'est  celui  de 
la  dessiccation  rapide  de  la  surface  du  semis. 

Or,  on  sait  que  toutes  les  graines  veulent,  pour  germer,  un  con- 
tact continuel  de  l'humidité.  D'autre  part  les  graines  fines  demaa- 
dent  à  être  très  peu  recouvertes.  Nous  avons  donc  d'un  côté  une 
terre  qui  ne  retient  pas  l'eau  et  de  l'autre  côté  des  graines  qui  ont 
besoin  de  son  contact  immédiat  pour  germer;  soit,  en  résumé,  les 
plus  mauvaises  conditions  de  germination  qu'il  soit  possible  de  ren- 
contrer. 

J'ai  pris  l'habitude  pour  remédier  à  ce  grave  inconvénient  de 
recouvrir  la  surface  du  terrain  où  je  dois  semer  des  graines  fines 
d'une  couche  très  mince  (demi-centimètre)  d'une  substance  avide 
d'humidité  et  qui  la  retient  bien:  la  terre  de  saule  joue  admirable- 
ment ce  rôle.  La  tourbe  finement  tamisée,  la  terre  de  bruyère  tour- 
beuse, le  terreau  de  fumier,  la  vieille  tannée,  et  enfin  toutes  les 
substances  analogues  peuvent  être  employées  à  cet  effet. 

V.  V.-M. 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance    du  20    juin     1886,    tenue     dans    la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Rochet,  Conseiller. 

La  séance  est  ouverte  à  2   heures  1/4. 

Le  procès- verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  f  dopté. 

Correspondance.  —  Le  Secrétaire  général  procède  au  dépouillement  de  la 
correspondance,  qui  se  compose  des  lettres  suivantes  : 

1°  Lettre  de  M.  Dutailly,  député,  président  de  TAssociatioD,  informant  la 
Société  qu'il  sera  à  Lyon  pour  l'Exposition  et  priant  le  Secrétaire  de  bleu 
vouloir  l'inscrire  d'office  pour  une  somme  de  deux  cents  fi-ancs  à  convertir 
en  médailles  qui  seront  décernées  à  l'occasion  de  la  susdite  Exposition. 


—  342  — 


L'Association,  sur  la  proposition  du  Président  de  la  séance,  vote  à  l'una- 
nimité  des  remercîments  à  M.  Dutailly. 

2°  Lettre  de  M.  Péan,  architecte -paysagiste,  à  Paris,  offrant  à  l'Associa- 
tion un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  L" Ar- 
chitecte-puysaghte. 

La  Société  remercie  M.  Péan  du  don  de  son  ouvrage  et  charge  M.  le  Secré- 
taire général  d'en  faire  un  rapport. 

3°  Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône,  relative  à  la  réinscription  au  budget 
départemental  de  1887  de  la  subvention  accordée  à  l'Association  par  le  Con- 
seil général  du  Rhône. 

4»  Lettre  de  la  Société  d'horticulture  de  Villefranche,  en  date  du  24  mai, 
priant  l'Association  de  désigner  un  délégué  pour  faire  partie  d'un  jury 
chargé  de  juger  les  apports  qui  se  feront  les  13  et  14  juin  à  Villefranche. 

Cette  lettre  étant  arrivée  trop  tardivement,  il  n'a  point  été  possible  d'y 
donner  une  suite  favorable. 

5°  Plusieurs  circulaires  du  Ministère  de  l'instruction  publique  relatives 
au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  ou  à  un  Questionnaire  du  Comité  des  tra- 
vaux historiques  et  scientifiques. 

Publications.  —  M.  Viviand-Moral,  Secrétaire  général,  fait  l'analyse  des 
publications  reçues  depuis  la  dernière  séance  et  appelle  l'attention  de  la 
réunion  sur  les  articles  et  les  plantes  intéressant  notre  région. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  12  candidatures,  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Aucune  observation  n'ayant  été  faite  sur  les  candidats  pré- 
sentés à  la  dernière  réunion,  sont  admis  membre  titulaires  de  notre 
Société  : 

MM.  Stefen-Blonde,  horticulteur,  5,  rue   des  Roses,  à  Dijon    (Côte  d'Or), 

présenté  par  MM.  Schmitt  et  Labruyère. 
Champin   (Jean-Louis),    horticulteur,    à   Ste- Colombe -les- Vienne 

(Rhône),  par  Vienne  (Isère),    présenté  par  MM.   J.  Perrache    et 

J.  Jacquier. 
Piroir  (Louis),    propriétaire  à  Ste-Colombe-les-Vienne  (Rhône),  par 

Vienne  (Isère),  présenté  par  MM.  Perrache  et  J.  Jacquier. 
Bernichon  (Emery),  jardinier  au  château  de  Haute-Pierre,  par  Cré- 

mieu  (Isère),  présenté  par  MM.  Marchand  et  J.  Jacquier. 
Gaillard,  jardinier  chez  M.  Desbois,  à  Meyzieu  (Isère),  présenté  par 

MM.  Rivoire  et  Viviand-Morel. 
Saunier  (Claude),  jardinier  chez  M"»  la  marquise  de  Ruolz,  à  Franche- 
ville  (Rhône),  présenté  par  M.  Court  (Louis)  et  Viviand-Morel. 
Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Clapot,  jardinier,  chemin  des  Quatre-Maisons,  à  Monplaisir  : 
1"  des  beaux  .spécimens  de  Laitue  Lorlhois,  L.  grosse  craquante.  L.  Batavia 
dore»  ;  2*  Chou  d'York  ;  3°  Carotte  jaune  brillant  ;  4°  Bette  ou  Poirée  verte 
à  larges  cotes  ayant  18  centimètres  de  large,  et  quelques  fleurs  d'Œillet 
fantaisie  rouge  cramoisi,  fleur  très  large,  pétales  fimbriées,  calice  ne  s'ou- 
vrant  pas. 

La  Commission  d'examen  demande  qu'il  soit  accordé  à  cet  apport  une 
prime  de  1"  classe  comme  bonne  culture. 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M""»  Vachon,  à  Ecully  :  1°  des  pommes  de 
terre  violettes,  variété  Reine  des  hâtives  ;  d'après  le  présentateur,  cette  nou- 
velle variété  ferait  plus  précoce  que  la  Marjolin  ;  2°  des  Artichauts  de  semis 
très  gros  et  des  plantes  d'Oseille  de  semis  à  feuilles  très  larges. 

La  Commission  propose  qu'il  soit  décerné  à  cet  apport  une  primo  de 
2"  classe  pour  l'ensemble. 

M.  Villard  présente  en  outre  un  pot  d'Amaryllis  Gravinœ  en  pleino  flo- 
raison. 

Une  prime  de  3"  classe  est  demandée  pour  cette  plante. 


—  343  — 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  33,  rue  de  l'Enfance,  Lyon  : 
1°  une  collection  de  Laitues  :  Laitue  Bossin,  L.  craquante  de  Pierre-Bénite, 
L.  pommée  mouchetée  à  bord  roup;e,  etc.;  2°  des  fruits  et  des  rameaux  char- 
gés de  fruits  de  Framboisier  des  Quatre-saisons.  Cette  variété,  dont  le  bois 
est  rouge,  serait,  d'après  le  présentateur,  très  productive  et  la  production  se 
prolongerait  jusqu'en  novembre. 

Pour  les  Framboises,  la  Commission  demande  que  l'on  accorde  une  prime 
de  3°  classe. 

Par  M.  Gabriel  Favre,  jardinier-maraîcher,  chemin  de  la  Croix-Morlon, 
Lyon-Monplaisir  :  un  beau  pied  d'Epinard  à  feuilles  pointues,  que  le  présen- 
tateur recommande  comme  montant  très  difficilement  et  très  tard;  2»  des 
échantillons  de  Chou  algérien,  Chou  Milan  de  la  Saint-Jean,  d'un  fort  déve- 
loppement, pomme  très  dure  et  résistant  très  bien  à  l'hiver;  3»  des  spéci- 
mens de  Navet  do  Milan,  rond,  très  hâtif;  4°  Laitue  pommée  petite  de 
Caluire. 

La  Commission  propose  d'accorder  à  cet  apport  une  prime  de  l'"  classe, 
et  désirerait  qu'il  soit  nommé  une  Commission  pour  examiner  dans  les  cul- 
tures le  Chou  Milan  delà  Saint-Jean,  variété  qu'elle  reconnaît  très  intéres- 
tante,  autant  par  sa  grosseur  que  par  son  prompt  développement,  le  sujet 
présenté  provenant  de  semis  faits  au  printemps. 

Par  M.  Masson,  rue  Saint-Denis,  31,  Ljon-Croix-Rousse  :  1»  des  Fraises 
de  semis  dont  quelques-unes,  telles  que  semis  n"  11  et  un  semis  de  Fraise 
des  bois,  resteront  encore  à  l'étude.  Fraise  de  semis  à  gros  fruit,  Madame 
Borivent,  variété  provenant  de  Docteur  Morère  et  Anna  de  Rothschild,  fruit 
gros,  arrondi,  rouge  foncé,  à  col  très  prononcé  se  détachant  bien  du  calice, 
très  sucré,  parfumé,  plante  ayant  un  aspect  très  robuste,  fertile;  2°  Fraise 
des  Quatre-saisons  Joseph  Schwartz,  issue  de  la  variété  Marquise  de  Morte- 
mart  et  d'une  fraise  des  bois,  fruit  ayant  presque  deux  centimètres  de  dia- 
mètre, de  forme  ronde,  s'allongeant  parfois,  rouge  clair,  plante  robuste  et 
productive;  3°  les  variétés  de  Fraises  Belle  de  Meaux  (Quatre-saisons),  doc- 
teur Morère,  Anna  de  Rothschild,  Prouty's  Seedlings  et  Gaillon  rouge  de 
semis. 

La  Commission  propose,  pour  l'ensemble  de  cet  apport,  une  prime  de 
1"  classe. 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  1"  un  pied  d'Orchidée, 
Cattleya  labiata,  var.  Warneri  ;  2°  un  pied  de  Spirœa  palmata  à  fleur  rose 
et  deux  Bégonia  Rex  de  semis. 

La  Commission  demande  qu'il  soit  accordé  une  prime  de  2'  classe  au 
Cattleya  et  une  de  3«  classe  pour  les  deux  Bégonia  Rex. 

Par  M.  Deville  jeune,  pépiniériste  à  la  Demi-Lune-Lyon,  une  collection 
d'Œillets-mignardise  de  semis,  diverses  plantes  vivaces  :  Omphalodes  longi- 
flora,  Campanula  persicœfolia,  une  Campanule  de  semis,  blanc  violacé,  issue 
de  C.  macrantha,  une  Potentille  de  semis  semi-double,  jaune  foncé,  fond  des 
pétales  pourpre,  issue  du  P.  Nepalensis,  Nermn  Oleander,  variété  Géant  des 
batailles,  N.  Carneum  plénum. 

La  Commission  demande,  pour  les  semis  de  Mignardise,  qu'il  soit  accordé 
une  prime  de  3°  classe,  et  une  prime  de  3°  classe  pour  l'ensemble  de  l'ap- 
port, en  citant  plus  particulièrement  le  Laurier  rose  Géant  des  batailles. 

Par  M.  J.  Jacquier,  8,  quai  des  Célestins,  Lyon,  un  bouquet  varié  de 
Lychnis  Haagena  (1). 

La  Commission  propose  d'accorder  à  cet  apport  uae  prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Rozain-Roucharlat,  84,  Grande  rue  de  Cuire,  Lyon  : 

1°  Un  Pelargonium  à  grande  fleur,  de  semis,  variété  M.  Aldrufeu,  fleur 
grande,  d'un  coloris  ilanc,  maculé  cramoisi  et  légèrement  carminé  ; 

2°  Une  collection  de  Pelargonium  à  grande  fleur,  composée  des  variétés 
suivantes  :  Congrès  (Rozain),  fleur  extra  grande,  rouge  carminé  pourpré 

(1)  Voir  Lyon  horticole,  n'  13. 


—  344  — 


M.  Bradgio,  Prince  Humbert,  André  Maziure,  De  Brazza,  Mozart,  Des- 
fontaine, Bougainville,  Volonté  Claudio,  Baron  Ducrest  de  Langes: 
vermillon  maculé  cramoisi  centre  blanc,  Claade  Bernard,  Labilliardière, 
Fascination,  Teniers,  Phidias,  Gaspard  Rozain  (Rozain)  :  fleur  grande 
blanc  rosé  marbré  de  rose  carminé,  orangé  au  centre  des  pétales,  Gloire 
de  Tours,  J.-B.  Boulej.  Dans  les  variétés  à  fleurs  doubles,  Benuty  of  Oxton, 
fleur  marron  maculé  plus  foncé,  bordé  blanc;  Duke  oj  Albany,  cramoisi 
marron  bordé  blanc;  A/"»  Pape  Carpentier,  fleurs  serai-doubles,  légère- 
ment aigrettées  sur  les  pétales  supérieurs. 

La  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de  1"  classe  à  la  collection 
et  un  certificat  de  2"  classe  au  Pelargoninm  de  semi8. 

Par  M.  Dupy,  jardinier  chez  M.  Cartier  à  Ecully,  une  collection  de  roses 
composées  des  variés  suivantes  :  Thés  Adrienne  Christophle,  Auna  Olivier, 
Etoile  de  Lyon,  Homère,  Comtesse  Riza  du  Parc,  Belle  Lyonnaise,  M°"  Fal- 
cot.  M""  Lombard,  Perle  de  Lyon,  Maréchal  Niel,  Perle  des  Jardins,  Gloire 
de  Dijon,  M""  Bérard,  Jean  Ducher,  Marie  Van-Houtte,  Azélie  Imbert, 
Reine  Marie-Henriette,  André  Schwartz,  Bougère,  Jules  Finger,  Cornelia 
Kock,  Francisca  Kruger,  Charles  de  Legrady,  Souvenir  de  Georges  Sand  ; 
dans  les  hybrides  remontants,  Baronne  de  Rothschild,  Capitaine  Christy, 
Baronne  Blanche,  Elisa  Boëlle,  Louis  Van-Houtte,  Paul  Neyron.  Prince 
Camille  de  Rohan,  Souvenir  de  William  Wood,  Gloire  Lyonnaise  ;  hybride 
de  Thé:  La  France;  Noisette:  Ophirie,  William  Allen  Richardson  ;  hybride 
de  noisette:  Pavillon  de  Prégny.  etc.,  etc. 

Pour  l'ensemble  de  cet  apport  la  Commission  propose  d'accorder  une  prime 
de  2«  classe. 

Par  M.  Pelletier,  cours  de  la  République,  à  Villeurbanne,  deux  rofes  de 
semis.  Souvenir  de  M.  Feuga,  hybride  remontant  issu  de  Victor  Verdier, 
coloris  rouge  tendre,  fleur  grande,  bien  pleine  (Prime  de  2«  classe). 

Souvenir  de  M.  Coin,  hybride  remontant,  bouton  allongé,  fleur  grande, 
rouge  feu,  passant  au  rouge  violacé. 

Par  M.  Jober,  2,  rue  St-Gervais  à  Monplaisir-Lyon,  deux  roses  de  semis, 
dont  une  issue  de  Victor  Verdier  et  l'autre  de  La  Reine. 

Par  M.  Lapierre,  horticulteur  à  Champagne  près  Lyon,  une  rose  hybride 
de  semis,  rouge  clair. 

Par  M.  Besson,  rue  des  Platanes,  Lyon-Mon plaisir,  deux  roses  de  semis 
hybride  remontant  : 

1°  Docteur  Antonin  Joly^  plante  vigoureuse,  genre  Baronne  de  Rothschild, 
ayant  les  mêmes  caractères  de  végétation,  fleur  grande,  mesurant  \2  centi- 
mètres de  diamètre,  pleine,  bien  faite,  en  coupe,  rose  brillant  à  fond  vif 
éclairé  et  ombré  de  saumon  (Prime  de  1"  classe)  ; 

2°  Orgueil  de  Lyon^  fleur  moyenne,  cramoisi  ponceau  velouté  éclairé  de 
vermillon  à  reflet  feu,  pétales  gaufrés  à  l'épanouissement,  fleur  se  tenant 
bien  ;  plante  fleurissant  comme  les  hybrides  de  thés. 

Par  M"°  V"  Schwariz,  7,  route  de  Vienne,  Lyon,  trois  hybrides  remon- 
tants de  semis  n°'  1,  2  et  3. 

Le  n°  1  porte  nom  M.  M.  Baron,  fleur  grande,  odorante,  rouge  violacé 
foncé,    bouton  allongé  (Prime  da  2'  classe), 

M"'  Sohwartz  présentait  en  outre  les  hybrides  remontants  Général  Appert, 
Victor  Hugo,  M.  Francisque  Rive,  Secrétaire  J.  Nicolas,  M""^  Massicault, 
Colonel  Félix  Breton,  M.  Benoît  Comte,  Souvenir  d'Eugène  Karr,  M.Auguste 
André,  Climbing,  M.  Boncenne  ;  thés  :  André  Schwartz,  Comtesse  Riza  du 
Parc,  M°"  J.  Sch-narlz;  Polyantha  :  Jeanne  Drivon  ;  hybride  de  thé  :  Ca- 
moëns;  hybride  de  noisette:  Albane  d'Arneville. 

La  Commission  demande  pour  cet  apport  étant  des  semis  de  l'établissement 
une  prime  de  P"  classe. 

Par  MM.  Guillot  et  fils,  chemin  des  Pins,  27,  Lyon,  quatre  roses  de  semis 
n"  1,  2,  3  et  4. 

N»  1.  —  Thé  Luciole  issu  du  Thé  Safrano,  à  fleur  rouge,  fleur  grande, 
pleine,  bien  faite,  bouton  allongé,  coloris  rose  de  Chine,  carminé  très  vif, 


—  345  — 

teinté  jaune  safran,  avec  fond  jaune  cuivré,  revers  des  pétales  bronzé,  très 
odorante  (Prime  de  1'=  classe). 

N«  2.  —  Thé  J.-B.  Warrone,  issu  du  Thé  Comtesse  de  Labarihe,  fleur 
grande,  pleine,  bien  faite,  bouton  allonge,  coloris  variant  du  rouge  magenta 
au  violet  et  au  rose  pourpre  avec  fond  nuaticé  de  jaune,  revers  des  pétales 
rayé  de  blaro  (Prime  de  2"  classe). 

N°  3.  —  M'^'  J.  DesOo's.  issue  de  fécondation  artificielle  de  Baronne  da 
Rothschild,  fécondé  par  le  Thé  M™=  Falcot,  fleur  très  grande,  de  14  à  lo  cen- 
timètres de  diamètre,  pleine,  très  bien  faite,  coloris,  blanj  carné  très  tendre 
à  centre  plus  vif  (Prime  de  t"  classe). 

N°  4.  —  Multiflore  nain  remoniant  Gloire  des  Pobjantha,  issu  de  M  ^nirj- 
nette,  fleur  petite,  de  3  à  4  centimètres  de  liamètre,  p'eine,  très  bien  faite, 
pétales  imbriqués,  coloris  rose  vif  à  fond  blanc,  revers  des  pétales  rose  pâ'e, 
floraison  très  abondar.te  en  panioules  de  60  '^  80  fleurs  (Prime  da  V  classe). 

Hjbride  de  ihé  :  G  our  Lyonnais-',  ou  hjbrile  jaune,  fl-ur  grande,  bien 
faite,  pleine,  jaune  chrome,  péiales  bordés  blanc. 

Hybride  de  Thé  William-Francis  Bennett  ou  laro^e  de  5  0)0  «loUars,  tieur 
très  grande,  semi-pleine,  lolori'!  rouge  vif  velouté  pa>"sant  au  violet. 

Thé  à  bois  sarmenteux  Waliham  Climbing  n"  2, issu  des  Gloires  de  Dijon, 
fleur  grande,  très  pleine,  coloris  rouge  crdmo'si  cla  r. 

Par  M.  F.  Gautit-r,  mécanijien,  rue  Denfert-Rocherean,  65,  Lyon,  des 
échantillons  de  grillage  a  maille  en  fil  de  fer,  pour  clôture,  p  )UVint  s'éta- 
blir en  mhille  de  grandeur  variable,  une  note  da  prix  a^corapugne  les 
échantillons,  et  ils  sont  très  modérés. 

Plusieurs  membres  des  Commissions  des  apports  étant  absents,  sont  nom- 
més pour  juger  les  proJuits  déposés  sur  le  bureau.  Florticalture  :  MM.  Du- 
rand, Cousançnt,  GuiUauoje  ;  roses:  Duch  ■(,  Gorret,  Laroche,  C.  Jacquier 
fils  ;  culture  maraîchère:  J.  Jacquier,  Verne  et  Pelletier. 

Les  propositions  des  Commissions,  ainsi  f;ue  la  demande  d'inscription  au 
procès-verbal  des  objets  non  primés,  misis  aux  voix,  sont  adop'ées  à  l'una- 
nimité. 

M.  Bernoux,  photographe,  rue  des  Archers,  2,  Lyon,  présente  une  photo- 
graphie artistument  exécutée  d'un  rosier  Aimé  Vibert  grimpant,  garnissant 
une  superficie  de  180  mètres.  Ce  roder  planté  il  y  a  huit  ans  par  M.  Duoliet. 
montée  des  Roches  (Ecully)  est  chargé  de  lieuis. 

M.  Guillot  tils  présente  au  nom  de  M.  Pier'reOger,  de  Caen,  quelques  b)îii-s 
d'un  mastic  nommé  cire  du  rosiérisle.  Ces  bidies  sont  remises  à  MM.Pi'aval, 
Goiret,  Darjud,  Deville,  qui  après  expériences  voudront  bien  co  amuiiiiiuer 
leur  résultat  à  une  prochaine  séance. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  la  norainat'on  des  membres  dijury  pour 
l'exposition  de  septembre  et  décide  que  le  dernier  délai  pour  l'alini-sion  à 
prendre  part  aux  concours  spéninux  et  récompensas  aux  anciens  serviteurs 
est  fixé  pour  les  demandes  au  20  juillet. 

La  séance  est  levée  à  4  heures   1/2.       L-i  Secrétaire-Adjoint .  J.  Nicolas. 


L'architecte  paysagiste 

Théorie  et  pratiqua  de  la  création  et  dé  ',oratioa  de»  parcs  et  j  ardins  (1). 

Les  ouvrages  spéciatix  publiés  sur  «  l'Art  des  jardins  »  ne  sont 
pas  rares  dans  les  bibliothèques.  On  en  trouve  de  tous  les  formats 
et  d'épaisseur  variable.  Depuis  la  modeste  brochure  imprimée   sur 

(1)  L'Architecte  paysagiste,  théorie  et  pratique  de  la  création  et  décoration  des 
Parcs  et  jardina,  suivi  d'un  cours  d'aquarelle  en  quatre  leçons,  etc.,  par  Armand 
Pean,  architecte  paysagiste.  Un  fort  volume  illustré  de  nombreuses  gravures.  Paris, 
A.  Goin,  éditeur,  62,  rue  des  Ecoles. 


—  34(5  — 

papier  à  chandelle  jusqu'au  grand  in-folio,  édité  avec  un  luxe  qui 
fait  honneur  à  la  corporation  des  imprimeurs  typographes.  Mais  il 
s'en  faut  que  le  sujet  soit  épuisé.  Quelques-uns  des  ouvrages  en 
question  sont  de  purs  livres  de  bibliophiles,  à  relier  en  chagrin 
sans  rogner  les  marges  ni  couper  les  feuillets  ;  livres  à  serrer  pré- 
cieusement dans  un  meuble. 


Léa  Jardins.  —  Propriété  créée  par  H.  de  Balzac. 


Si  par  hasard  on  les  ouvre,  c'est  pour  en  admirer  les  illustrations. 
Leur  lecture,  quelquefois  très  attrayante,  apprend  de  belles  anec- 
dotes, fait  connaître  des  documents  curieux  ou  rares  sur  l'histoire 
des  jardins,  le  tout  habituellement  présenté  en  style  pompeux  et 
redondant,  mais  eu  fait  «  d'Art  des  jardins  »  il  y  en  a  aussi 
peu  que  possible. 


—  347  — 


Ce  qu'on  peut  reprocher  à  la  plupart  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
«  l'Art  des  jardins  »  ,  c'est  d'avoir  sacrifié  la  partie  principale,  la 
partie  technique,  celle  qui  sert  à  quelque  chose,  avec  laquelle  on 
peut  réellement  apprendre  à  créer  un  jardin,  c'est  d'avoir,  dis-je, 
sacrifiée  la  meilleure  partie  de  l'ouvrage  au  plaisir  de  faire  preuve 


Propriété  de  M.  Tisserant  à  Clermont  (Oise),  —    Avant-projet. 

d'érudition  historique  ou  de  pasticher  les  descriptions  de  Rousseau, 
de  Bernardin  de  St-Pierre,  de  Chateaubriant,  etc.,  sur  «  les 
beautés  de  la  nature  »  les  paysages,  les  sites  champêtres,  les  val- 
lons ombreux,  les  ruisseaux  qui  murmurent,  les  lacs  paisibles,  les 
sombres  forêts  et  autres  guitares  pareilles. 


Projet  défiaitif.  —  Jardin  exécuté  en   1877,  chez    M.  A.  Tisserant,  à  Clermont  (Oise). 

Soyons  juste.  Tous  les  livres  qui  traitent  du  tracé  des  jardins,  r.e 
sont  heureusement  pas  calqués  sur  le  même  plan,  et  on  en  pourrait 
citer  plusieurs  dont  les  auteurs  ont  bien  voulu  se  souvenir,  vers  le 
milieu  du  volume,  quelques-uns  à  la  fin,  qu'ils  avaient  autre  chose 
à  faire  que  de  rééditer  les  vieilles  histoires  des  Parcs  célèbres. 


—  348  — 

M.  Armand  Péan,  l'auteur  du  livre  que  nous  allons  examiner  a 
heureusement  rompu  avec  la  tradition  et  n'a  pas  calqué  son  ouvrago 
sur  les  précédenis.  Il  a  parfaitement  compris  que  si  quelques  pages 
d'histoire  n'étaient  pas  déplacées  dans  un  ouvrage  technique,  c'était 
à  la  condition  expresse  qu'elles  fussent  courtes.  L'histoire,  c'est  le 
côté  accessoire  du  sujet  ;  on  est  mal  inspiré  à  lui  donner  un  déve- 
loppement excessif. 

Nous  féhcitons  donc  bien  sincèrement  l'auteur  d'avoir  eu  la  force 
de  résister  à  la  tentation  de  se  montrer  érudit,  tentation  dans  la- 
quelle sont  tombés  beaucoup  de  ses  prédécesseurs. 

M.  A.  Péan  a  non  seulement  écrit  un  excellent  livre,  mais  il  a 
ouvert  une  voie.  Il  a  publié  un  vrai  manuel;  praticien,  il  a  écrit 
en  praticien,  simplement  et  clairement.  Son  livre  s'adresse  tout 
particulièrement,  dit-il,  aux  débutants  qui  trouveront  dans  cet 
ouvrage  la  solution  pratique  des  difficultés  qu'ils  rencontrent  sou- 
vent dès  leurs  premiers  pas  dans  la  carrière.  M,  Péan  est  trop 
modeste,  son  livre  s'adresse  non  seulement  aux  débutants,  mais  je 
suis  persuadé  que  plus  d'un  praticien  consommé  y  trouvera  quel- 
que chose  à  apprendre  et  en  fera  son  profit.  Du  reste,  tous  les 
traités  techniques  sont  d'excellents  aides-mémoire  que  les  maîtres, 
les  auteurs  mêmes,  ont  souvent  besoin  de  consulter. 

Le  livre  de  M.  Péan  est  divisé  en  trois  parties  et  chaque  partie 
en  plusieurs  chapitres.  Les  chapitres  sont  eux-mêmes  subdivisés  en 
plusieurs  paragraphes.  La  première  partie  qui  est  très  courte  est 
consacrée  à  l'histoire  des  jardins  :  jardins  de  l'antiquité,  de  la 
Renaissance,  architecturaux,  paysagers,  etc. 

Le  chapitre  premier  de  la-  deuxième  partie  contient  la  théorie 
sur  l'ensemble  qui  comprend  les  paragraphes  suivants  :  Du  plan  ; 
de  la  perspective  ;  du  style  ;  lointains  et  vues  ;  règles  à  observer 
(classification  des  allées,  allée  de  ceinture,  intermédiaire,  de  détail, 
carrefours  et  bifurcations;  massifs,  pelouses,  etc.);  l'eau  dans 
une  propriété  d'agrément,  rochers,  etc.  Le  même  chapitre  enseigne 
l'art  d'esquisser  un  plan:  plan  minute,  manière  d'ébaucher  un 
plan,  orientation  d'un  plan,  etc. 

Le  chapitre  II  contient  plusieurs  études  de  la  configuration  de 
quelques  terrains  :  terrains  anguleux,  rectangulaires,  de  formes 
variées. 

Le  chapitre  III  traite  de  l'architecture  pittoresque  :  cabanes  et 
chalets,  kiosques,  berceaux,  ponts,  rochers,  grottes,  serres,  oran- 
gerie, murs,  grilles,  barrières,  etc. 

La  troisième  partie  de  l'ouvrage,  la  plus  importante,  est  consa- 
crée à  la  pratique  :  Etude  du  sol,  du  tracé,  de  l'application  des 
profils,  gros  terrassements,  défonces,  empierrements,  bordures, 
transports,  canalisation,  etc. 


—  349  — 


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Parc  de  la  Ville  de  Neyer». 


—  350  — 

Il  serait  trop  long  d'énumérer  toutes  les  questions  que  l'auteur 
a  traitées;  nous  préférons  renvoyer  le  lecteur  que  la  question  inté- 
resse à  l'ouvrage  lui-même,  persuadé  qu'il  nous  saura  gré  de  lui 
avoir  donné  ce  conseil. 

Si  j'ajoute  que  l'ouvrage  contient  130  gravures  se  rapportant 
aux  sujets  traités,  gravures  dont  nous  donnons  plusieurs  spécimens, 
il  ne  nous  restera  plus  qu'à  remercier  l'auteur  d'avoir  bien  voulu 
nous  donner  l'occasion  d'apprécier  un  des  meilleurs  livres  qui  aient 
été  écrits  sur  l'art  de  l'architecte  paysagiste.  V.   V.-M. 


Les  Guêpes  et  les  Frelons  (1). 

MOYENS    DE    LES    DETRUIRE. 

Les  guêpes,  que  tout  le  monde  connaît,  que  chacun  cherche  à 
éviter  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  abeilles,  sont  des 
insectes  de  couleur  noire  ou  brune  mélangée  de  jaune,  toujours 
disposés  à  attaquer,  même  quand  on  ne  les  taquine  pas,  dont  le 
dard  est  fort  dangereux  et  la  voracité  insatiable. 

Les  guêpes  appartiennent  à  l'ordre  des  hyménoptères,  elles 
présentent  trois  sortes  d'individus  :  les  mâles,  qui  n'ont  pas  d'ai- 
guillon, les  femelles  et  les  ouvrières,  qui  ont  un  aiguillon. 

Dans  nos  jardins,  on  rencontre  surtout  deux  espèces  du  genre 
guêpe  :  d'abord  le  frelon  ou  grosse  guêpe  {vesna  crabo'),  dont  la 
piqûre  est  extrêmement  douloureuse  et  dangereuse,  et  ensuite  la 
guêpe  (yespa  indgaris)  commune,  qui  est  beaucoup  plus  répandue. 
Ces  hyménoptères  vivent  en  sociétés  plus  ou  moins  nombreuses; 
leur  nid  est  toujours  à  l'abri  de  l'air,  soit  à  terre,  soit  dans  quelque 
creux  d'arbre.  La  matière  dont  il  est  construit  est  formé  par  le 
vieux  bois  que  les  femelles  et  les  ouvrières  coupent  et  mâchent 
jusqu'à  le  réduire  à  la  consistance  d'une  pâte  analogue  au  carton. 

En  Amérique,  dans  les  environs  de  Cayenne,  il  existe  une  espèce 
de  guêpes  dont  le  nid  est  fait  en  véritable  carton  aussi  dur,  aussi 
solide  que  celui  qu'emploient  actuellement  les  relieurs  ;  la  guêpe  de 
ce  pays  va  chercher  au  bord  des  marais,  des  ruisseaux,  les  fibres 
ligneuses  et  les  racines  qui,  après  avoir  été  préalablement  séchées 
au  soleil,  ont  ensuite  séjourné  quelque  temps  dans  l'eau,  l'insecte 
recueille  par  petites  parties  ce  produit  de  fabrication  plus  ou  moins 
désagrégé,  coupe  avec  ses  mandibules  des  fragments  quelquefois 
aussi  gros  qu'elle-même  ;  elle  les  rend  semblables  au  chanvre  roui 
et  en  les  humectant  de  sa  salive  visqueuse,  elle  réunit  les  parties 
les  unes  aux  autres  et  en  forme  une  sorte  de  pâte  ressemblant  à  du 

(1)  La  France  agricole. 


—  351  — 

papier  mâche.  Toutes  les  ouvrières  travaillant  ensemble  arrivent 
rapidement  à  un  résultat  surprenant,  et  c'est  avec  cette  substance 
qu'elles  construisent  leurs  nids  de  carton. 

M.  Ramé  affirme  que  les  nids  des  guêpes  de  notre  pays  sont 
généralement  faits  en  papier  parfaitement  collé  et  imperméable 
qui,  étant  satiné,  pourrait  très  bien  recevoir  l'écriture  ;  selon  cet 
auteur,  la  seule  différence  que  l'on  puisse  signaler,  c'est  que  le 
papier  fabriqué  par  la  main  de  l'homme  est  blanchi  et  que  celui  des 
guêpes  ne  l'est  pas. 

Les  cellules  des  nids  de  guêpes  ne  contiennent  pas  de  provi- 
sions comme  celles  des  abeilles;  elles  servent  simplement  de  loge- 
mentaux  œufs,  aux  larves  et  aux  nymphes;  les  larves  sont  nour- 
ries journellement  par  les  ouvrières  à  l'aide  des  sucs  élaborés  des 
fruits  et  des  insectes  qu'elles  dévorent.  Le<  lemeHes  qui  ont  échappé 
aux  rigueurs  de  V hiver  commencenl  la  société,  et  c'est  là  un  fait  impor- 
tant sur  lequel  nous  tenons  à  insister;  les  premiers  œufs  pondus  ne 
donnent  toujours  que  des  ouvrières,  qui  dès  leur  naissance  s'em- 
pressent d'aider  la  mère  à  agrandir  la  demeure  commune;  la 
seconr'e  ponte,  la  troisième  et  ainsi  de  suite,  donnent  toujours  des 
ouvrières,  de  sorte  que  l'incubation  des  larves  durant  huit  jours, 
leur  état  de  nymphe  un  temps  égal,  permettent  deux  couvées  par 
mois.  Ce  n'est  habituellement  qu'à  la  fin  de  l'été,  vers  le  mois  d'oc- 
tobre, que  commencent  à  paraître  les  jeunes  mâles  et  les  jeunes 
femelles.  Quand  arrivent  les  froids  de  l'hiver,  les  ouvrières  arra- 
chent des  cellules  et  mettent  à  mort  toutes  les  larves  et  les  nymphes 
qui  s'y  trouvent;  elles-mêmes  périssent  avec  les  mâles,  et  il  n'é- 
chappe que  quelques  femelles  fécondées  qui  sont  destinées  à  renou- 
veler la  société  au  printemps  suivant  :  c'est  pour  cela  qu'au  prin- 
temps et  en  été  les  guêpes  sont  si  rares.  La  nature,  en  portant  ces 
insectes  à  se  détruire  eux-mêmes,  nous  a  rendu  un  grand  service; 
car  ce  sont  des  déprédateurs  impitoyables  et  dangereux  que  les 
horticulteurs  ont  grandement  raison  de  placer  au  premier  rang  de 
leurs  ennemis,  et  leur  nombre  est  des  plus  considérables.  Ainsi,  on 
a  calculé  que  quelques  sociétés  sont  quelquefois,  à  la  fin  de  l'au- 
tomne, composées  de  douze  à  quinze  mille  individus! 

Les  entomologistes  et  les  arboriculteurs  sont  complètement  divi- 
sés sur  la  question  de  savoir  si  les  guêpes  entament  ou  non  la  peau 
des  fruits;  mais  tous  s'accordent  à  reconnaître  combien  ces  insectes 
sont  éminemment  nuisibles;  il  faut  donc  s'appliquer  à  les  détruire 
par  tous  les  moyens  possibles.  Du  reste,  il  est  facile  d'y  arriver, 
et,  si  l'on  voulait  s'entendre,  en  fort  peu  de  temps  l'espèce  dispa- 
raîtrait, ou  du  moins  diminuerait  beaucoup.  Ainsi,  on  prétend  qu'à 
Thomery,  près  Fontainebleau,  là  où  le  raisin  de  table  est  si  beau 
et  si  estimé,  les  guêpes  sont  à  peu  près  inconnues,  grâce  à  la 


—  352  — 

guerre  que  leur  font  les  gardes  champêtres  et  les  enfants  payés 
pour  cela;  sans  doute  ils  détruisent  tous  les  nids,  mais  ce  n'est 
pas  tout,  et  il  est  un  autre  moyen  qu'ils  employent  toujours  et  que 
nous  tenons  essentiellement  à  propager  (c'est  même  dans  ce  but 
que  nous  faisons  paraître  cet  article).  Il  ne  faut  pas  attendre  la 
multiplication  des  guêpes  pour  détruire  leurs  nids;  il  faut,  au 
printemps,  chasser  au  filet  et  écraser  les  mères  guêpes  que  l'on 
rencontre,  qui  ont  seules  passé  l'hiver  et  qui  doivent  pondre  les 
colonies  nouvelles,  si  funestes,  si  nombreuses  en  automne.  Rappe- 
lons-nous qu'en  tuant  une  seule  guêpe  en  avril  ou  mai,  cela  revient 
au  même  que  si  nous  exterminions  plusieurs  milliers  de  ces  insectes 
quelques  mois  plus  tard.  Faisons-leur  donc  une  chasse  acharnée,  et 
souvenons-nous  qu'à  cette  époque  de  l'année  c'est  surtout  sur  les 
fleurs  des  arbres  fruitiers  qu'on  les  trouve  et  qu'elles  butinent  par- 
ticulièrement sur  les  inflorescences  de  toutes  les  variétés  de  gro- 
seilliers, d'  h.  r. 

—  M.  Tabar.  hortiîulleur  à  Sarcelles  (Seiaeet-Oise)  a  obtenu  de  semis 
un  Pelargoriium  zonale  à  fleur  double  qui  pi'ésente  un  cas  de  dimorphisme 
intéressant.  Celle  variéti^  a  des  fleurs  rouge  fiu  vif  sur  une  inflorescence  et 
sur  d'autres  des  fleurs  à  peine  rosées  et  légèrement  lignées  de  rouge. 

—  M.  Lavallée  a  présenté  sur  le  bureau  de  la  Société  nitionale  d'horti- 
culture le?  arbustes  suivints:  1°  Exochorda  Korolkoivi  (sorte  de  Spiien), 
e.opèce  nouvelle  qui  a  été  découverte,  en  1878,  par  le  général  Koroikow  ; 
2°  Rosa  chlorocarpa,  rosier  de  la  section  des  Pimprdnelles,  à  fleurs  colorées 
en  rose  tendre,  parfois  réticulées  de  b'anc. 

—  M.  Gaetano  Cantoni .  directeur  de  l'Esole  d'agriculture  de  Milan, 
signale  une  nouvelle  maladie  des  mûriers  et  des  pêchers  et  qui  sévit  dans 
plusieurs  communes  de  la  vallée  du  Lambro.  Cette  maladie  occasionnée  par 
un  insecte  du  groupe  des  Kermès  se  manifeste  par  l'apparition  d'un  duvet 
blanc  qui  recouvre  presque  complètement  le?  rameaux  da  daux  et  da  trois 
ans. 

—  M.  H.  Vilmorin  signale  à  nouveau  une  observation  qui  a  déjà  été  faite 
sur  la  rouille  du  blé.  Cette  année  les  espèces  américaines  de  blé,  surtout 
celles  provenant  de  l'Amériqu?  du  Nord,  sont  attaquées  par  la  rouille  d'une 
façon  générale,  tandis  que  les  espèces  européennes  sont  à  peine  atteintes. 

—  Le  tribunal  de  Saint-Quentin  a  rendu,  h  24  juin,  son  jugement  dans  le 
procès  correctionnel  intenté  par  M.  Fauveraaux  au  Journal  de  Saint-Quentin 
et  à  M.  Vivien,  le  chimiste  bien  connu,  pour  les  appréciations  publiées  au 
sujet  du  fameux  engrais  saccharogénial  dont  nos  lejtaurs  n'ont  pas  perdu  le 
souvenir.  M.  Fauvereaux  a  été  débouté  de  sa  plainte,  condamné  à  1  franc  da 
dummages-intérêts  (somme  demandée  par  M.  Vivien),  aux  dépens  du  procès 
et  à  l'inseition  du  jugement  dans  huit  journauï.  M.  Vivian  a  donc  gagné 
complètement  sa  cause,  qui  était  celle  de  la  science  agricole. 

—  M.  Courantin,  membre  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Charente, 
vient  d'obtenir  un  Cyclamen  persicum  à  fleur  double.  L'an  dernier  l'obtention 
de  pareilles  plantes  a  été  signalée  dans  plusieurs  tndrjits,  notamment  à 
Rouen. 

Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 

Ljon    —  Impr.  du  Salui  Public.  —  Hellon,  33,  rue    de   la  Ki'i'Ubliquc,   33. 


1886  AOUT  N»    15 


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L'Association  Plorticole  Lyonnaise  a  riionneur  d'informer  les 
personnes  qui  désirent  prendre  part  à  l'Exposition  d'iiorticulture  et 
de  viticulture,  ainsi  que  des  objets  d'art  ou  d'industrie  s'y  ratta- 
chant, qu'elles  trouveront  des  Prog-rammes  chez  M.  J.  JacQUiER, 
trésorier  de  la  Société,  8,  quai  des  Céleslins. 

L'Exposition  se  tiendra  à  Lyon,  sur  le  Cours  du  Midi,  à 
Perrache,  du  9    au    13  septembre   prochain. 

—  Nous  rappelons  aux  Exposants  que  les  demandes  relatives  à 
l'exposition  des  objets  d'art  ou  d'industrie  de  grande  dimension, 
tels  que  kiosques,  chalets,  serres,  barrières,  etc.,  devront  être 
parvenues  au  Secrétariat  avant  le  25  août  courant.  Les  autres 
demandes  seront  reçues  jusqu'au   1"  septembre. 

—  Le  Secrétaire  général  de  l'Association  prie  instamment  ceux 
de  ses  collègues  qui  ont  le  dessein  de  prendre  part  à  l'exposition 
de  ne  pas  attendre  au  dernier  moment  pour  se  faire  inscrire.  En 
cédant  à  cette  prière  ils  faciliteront  singulièrement  l'organisation 
de  l'Exposition. 


CHRONIQUE 


Terre  de  bruyère.  —  On  se  fait  généralement,  en  horticulture, 
beaucoup  d'illusions  sur  la  fertilité  de  la  terre  de  bruyère.  Parce 
que  cette  substance  est  indispensable  au  développement  de  quel- 
ques espèces,  on  en  conclut  souvent  qu'elle  doit  convenir  à  toutes 
les  espèces.  Cette  conclusion  constitue,  à  mon  avis,  une  déplorable 
erreur  de  culture,  qui  aide  singulièrement  à  vider  la  poche  des 
jardiniers. 

Cette  excellente  réputation  de  la  terre  de  bruyère  court  les  rues, 
et  on  rencontre  de  très  braves  gens,  d'honnêtes  bourgeois,  ama- 
teurs de  Flore  et  Pomone,  qui  ne  se  gênent  pas  pour  affirmer, 
l'ayant  entendu  dire  aux  gens  du  métier,  que  l'absence  de  terre  de 
bruyère  dans  un  compost  est  la  cause  directe,  principale,  unique, 
qui  empêche  la  germination  des  graines,  celle  qui  paralyse  l'émis- 


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sion  des  racines  chez  les  boutures  et,  s'ils  osaient,  ils  ajouteraient  : 
celle  qui  cause  la  mort  de  plantes  très  robustes. 

Jean-Claude,  brave  garçon,  un  peu  naïf,  vint  nie  trouver  un 
jour,  portant  un  petit  sac  sous  le  bras,  pour  que  je  le  lui  emplisse 
de  terre  de  bruyère, 

—  J'ai  semé,  me  dit-il,  des  Pétunias  sur  ma  fenêtre,  qui  ne 
veulent  pas  germer. 

—  Et  tu  penses  que  la  terre  de  bruyère  les  fera  germer  ? 

—  J'en  suis  sûr,  la  fruitière  d'en  bas  me  l'a  dit. 

—  Ah  !  Et  d'où  le  sait-elle,  la  fruitière  ? 

—  Elle  le  tient  d'un  jardinier  qui  cherche  la  rose  bleue  et  espère 
la  trouver. 

Vous  comprenez,  amis  lecteurs,  que  devant  les  autorités  réunies 
d'une  fruitière  et  d'un  jardinier  qui  espère  trouver  la  rose  bleue, 
il  ne  me  restait  plus  qu'à  remplir  le  petit  sac. 

—  Va,  Jean- Claude,  lui  dis-je,  va  semer  tes  Pétunias  mainte- 
nant; mais  n'oublie  pas  de  faire  ton  semis  en  jeune  lune  ;  évite  un 
vendredi  et  surtout  le  13;  va,  Jean-Claude,  mon  ami,  va  semer 
tes  Pétunias. 

J'eus  un  remords  quand  il  fut  parti,  je  le  rappelais  : 

—  Surtout  sème  clair,  recouvre  très  peu  les  graines  et  tient 
frais. 

A  quelque  temps  de  là,  je  le  rencontrais;  il  était  rayonnant  : 
ses  Pétunias  étaient  superbes.  Une  terre  si  noire!  une  terre  si 
douce!  me  dit-il,  rien  ne  pouvait  y  résister. 

Les  jardiniers,  je  parle  de  quelques-uns  seulement,  ne  sauraient 
justifier  autrement  que  Jean-Claude ,  l'emploi  de  la  terre  de 
bruyère  dans  certaines  culture*.  Ils  la  trouvent  douce,  noire  ou 
chocolat,  et  si  celui  qui  a  fait  leur  éducation  horticole  n'espère 
pas  trouver  la  rose  bleue,  cela  ne  change  rien  à  leur  raisonnement. 
Ne  leur  demandez  pas  d'explication  plausible,  convaincante,  car 
ils  vous  répondraient  comme  Jean-Claude  :  Elle  est  si  douce  !  elle 
est  si  noire!  heureux  s'ils  n'ajoutent  pas  :  Elle  est  si  bonne!  elle 
coûte  .«■  citer!  Douce,  noire,  bonne  et  chère;  que  diable  voulez-vous 
répondre  à  cela?  C'est  la  tarte  à  la  crème.  Terre  de  bruyère,  c'est 
comme  jambon  de  Mayence,  moutarde  de  Dijon,  artichauts  de 
Laon,  drap  d'Elbeuf  et  bonbons  à  la  vanille.  Il  faut  en  rabattre, 
cependant,  et  je  suis  d'avis  que  beaucoup  de  mes  confrères  feraient 
bien  de  mettre  une  sourdine  à  leur  enthousiasme  pour  cette  subs- 
tance. 

Nous  pubhons  plus  loin,  à  ce  propos,  une  petite  note  malheu- 
reusement fort  incomplète,  dans  le  but  d'attirer  l'attention  des 
horticulteurs  sur  ce  sujet,  qui  demande  à  être  étudié  d'une  manière 
toute  spécale. 


—  355  — 

Tavelure  des  Poires.  —  On  signale  de  plusieurs  côtés  l'emploi  du 
pol^'sulfure  de  potassium  pour  combattre  la  tavelure  des  poires. 
Cette  tavelure,  produite  par  un  champignon  parasite,  arrête  le 
développement  des  fruits,  qui  se  gercent,  se  crevassent  et  ne  par- 
viennent pas  à  maturité. 

M.  Vigan,  du  Havre,  emploie  le  sulfure  de  potassium  à  la  dose 
de  25  à  30  grammes  par  litre  d'eau.  Il  asperge,  avec  cette  solu- 
tion, les  arbres  qui  sont  attaqués  par  la  tavelure.  Par  l'application 
en  temps  opportun  de  cette  substance  ainsi  diluée,  le  champignon 
meurt  rapidement  et  la  peau  du  fruit  répare  bien  vite  sa  substance 
un  instant  frappée  d'atonie. 

On  conseille  également  l'emploi  de  la  même  substance  pour 
combattre  l'oïdium. 

On  trouve  le  sulfure  de  potassium  chez  tous  les  droguistes. 

Il  sert  à  préparer  les  bains  de  Barège  artificiels. 

On  peut,  au  besoin,  préparer  le  polysulfure  de  potassium  en 
faisant  bouillir  de  la  potasse  avec  un  excès  de  soufre.  Ou  bien 
encore  en  fondant  ensemble  un  mélange  de  lissieux  sec  (carbonate 
de  potasse),  de  soufre  et  de  charbon.  Le  polysulfure  de  potassium 
est  composé  de  soufre  (67,16)  et  de  potassium  (32,84).  Il  est  très 
soluble  dans  l'eau.  C'est  un  sel  difficile  à  conserver  pur. 

Fil  de  plomb  pour  greffage.  — M.  Abel  Myard,  amateur  àChâlon, 
a  décidément  l'esprit  inventif.  Après  avoir  imaginé  le  pot  à  double 
fond,  qui  peut  rendre  de  grands  services,  il  produit  un  instrument 
«  à  fabriquer  les  bouquets  »  .  Aujourd'hui,  il  signale  le  fd  de  plomb 
comme  pouvant  remplacer  la  laine  dans  le  gi'otïage  des  rosiers.  Je 
crois  que  le  procédé  en  question  n'entrera  pas  dans  le  domaine  de 
la  pratique  habituelle.  Le  plomb  est  trop  lourd  et  trop  cher.  La 
laine,  on  en  emploie  les  rognures.  A  défaut  de  laine,  le  raphia  est 
excellent.  A  défaut  de  raphia  on  peut  employer  les  feuilles  de 
massette,  de  rubanier,  de  joncs,  etc.  Mais  il  est  toujours  bon  de 
savoir  qu'un  métal  peut  remplacer  une  matière  textile  dans  la 
greffe  des  rosiers. 

Bouturage  des  espèces  dures  à  s'enraciner.  —  U American  agrirul- 
turisi  recommande  un  procédé  de  bouturage  bien  connu,  mais  qui 
fi'est  cependant  pas  très  fréquemment  employé.  J'en  ai  fait  usage 
dans  plusieurs  cas  difficiles  et  je  m'en  suis  bien  trouvé.  Ce  procédé 
consiste  à  casser  le  rameau  de  la  bouture  de  manière  à  no  pas  le 
détacher  complètement  de  la  plante-mère.  Soutenus  seulement  par 
un  lambeau  d'écorce  et  quelques  fibres  ligneuses,  les  rameaux  ainsi 
cassés  ne  tardent  pas  à  émettre  un  bourrelet.  Quand  ce  bourrelet 


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est  obtenu,  on  détache  complètement  le  rameau-bouture  qu'on 
traite  comme  une  simple  bouture. 

Je  ne  conseille  l'emploi  de  ce  mode  de  bouturage  que  pour  les 
plantes  difficiles  à  la  reprise. 

Un  autre  système  à  employer  dans  les  mômes  cas,  consiste  à 
faire  d'abord  sur  le  rameau  à  bouturer  une  incision  longitudinale, 
assez  profonde,  analogue  à  celle  qu'on  pratique  dans  les  marcot- 
tages. On  glisse  entre  les  parties  incisées  une  feuille  de  papier,  un 
lien  de  laine  ou  de  raphia,  ou  de  toute  autre  substance  inerte  qui 
empêche  les  parties  incisées  de  se  ressouder  et  de  se  briser.  Au 
bout  de  quelques  jours,  il  se  produit  un  bourrelet  à  l'endroit  incisé. 
On  détache  alors  la  bouture  du  rameau  et  on  la  traite  comme  à 
l'ordinaire. 

On  peut  encore  beaucoup  plus  simplement  obtenir  un  excellent 
résidiat  en  pratiquant  une  ligature  solide  avec  un  fil  de  fer  de  très 
petit  calibre  sur  les  rameaux  à  bouturer.  Quand  la  partie  supérieure 
du  rameau  ainsi  ligaturée  est  plus  grosse  que  la  partie  inférieure 
et  que  les  feuilles  commencent  à  prendre  une  teinte  blonde,  on 
coupe  le  susdit  rameau  au-dessous  de  la  ligature  et  on  le  plante 
comme  s'il  n'avait  pas  été  hgaturé. 

Comice  agricole  de  Lyon.  —  Le  Comice  agricole  de  Ly(>n  vient 
de  publier  le  programme  du  Concours  qui  aura  lieu  le  dimanche 
22  courant  à  Neuville-sur-Saùne.  Cette  réunion  annuelle  paraît 
devoir  être  très  intéressante.  Le  Comice  y  distribuera  de  nom- 
breuses primes.  Pour  terminer  la  fête  un  repas  commun  réunira 
tous  les  membres  de  Comice.  Les  membres  du  bureau  du  Comice 
sont  MM.  H.  Chassaignon,  président,  Mas,  J.,  vice-président, 
Joannard,  trésorier,  E.  Bourgeois,  secrétaire  général.  Baron,  se- 
crétaire archiviste,  Fayolle  G.,  Gonin  E.,  Jacquemin  J.,  Ri- 
voire  M.,  conseillers. 

Conservation  des  prunes.  —  Je  trouve  dans  le  Jardinier  suisse^  un 
procédé  qu'il  signale  pour  conserver  les  prunes  fraîches,  notam- 
ment les  Reine-Claude,  pendant  deux  ou  trois  im'-'^.  «  On  les 
cueille  un  peu  avant  la  maturité  et  après  les  avoir  exposées  un  peu 
à  l'air  et  qu'elles  sont  bien  sèches,  on  les  enveloppe  avec  un  papier 
doux  et  fin,  qu'on  nomme  vulgairement  papier  de  soie,  et  on  les 
met  dans  un  endroit  fermé  à  l'abri  de  l'humidité,  un  tiroir,  une 
caisse,  une  armoire,  etc.  Lorsqu'on  les  retire  dans  le  courant  de 
l'automne,  leur  aspect  est  un  peu  défraîchie  mais  elles  n'en  sont 
pas  moins  sucrées  et  excellentes  »  . 

Le  procédé  est  si  aisé  à  mettre  en  pratique  et  colite  si  peu  qu'il 
faudrait  être  absolument  insensible  à  tout  progrès  pour  ne  pas 
l'essajer. 


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Fcgèlalion  souterraine.  —  Un  de  mes  amis  cueille  dans  un  journal 
habituellement  sérieux,  la  phrase  suivante  extraite  d'un  article  sur 
Vcxploilalion  des  mines  à  travers  les  âges  : 

«Les  savants  qui  ont  retrouvé  ce8  travaux  abandonnés  depuis  plus  de  mille 
ans  y  ont  pénétré  par  un  puits  vertical  de  20  métras  de  profondaur.  Après 
avoir  débouché  l'entrée  d'une  gali?rie  latérale  descendant  en  plan  incliné,  et 
dont  la  long-ueur  était  d'environ  80  mètres,  ils  arrivèrent  à  une  excavation 
ayant  de  40  à  50  mètres  d'élévation,  et  dans  laquelle  les  captifs  -Assujettis  au 
travail  souterrain  avaient  fait  un  séjour  prolongé  ». 

a  Tout  le  sol  que  le  pas  des  galériens  et  des  ar^ousins  romains  avait  si 
souvent  foulé  était  couvert  de  gazon  du  plus  merveilleux  aspect  (!)  où  une 
flore  gracieuse  et  délicate  (!!'>  avait  prodigué  ses  merveilles  loin  de  la 
lumière  du  jour  (!!!)  ». 

Eh  !  mon  Dieu,  pourquoi  pas  ?  On  a  bien  prétendu  que  des  pê- 
cheurs palermitains  avaient,  autrefois,  en  jetant  leurs  filets  dans  la 
baie  de  Girgenti,  retiré  deux  savants  en  habits  noirs  qui  se  trou- 
vaient là  depuis  huit  jours.  L'un  deux  avait  le  visage  couvert  d'une 
production  végétale  de  deux  mètres  de  longueur  très  voisine  de 
VUsnea  barbata,  mais  qu'on  dénomma  plus  tard  Anlhropothricus  sicu- 
lus.  Et  ces  savants  vivaient  !  et  les  plantes  aussi  !  !  C'est  comme  le 
gazon  à  l'autre  1  !  ! 

Le  pr^uplier  du  pont  Royal.  —  Nous  lisons  dans  un  journal  de 
Paris  la  note  suivante  : 

Tous  les  Parisiens  ont  remarqué  le  peuplier  gigantesque,  aux 
racines  dénudées,  qui  s'élevait  au  Pont  Royal,  à  droite  de  l'entrée 
de  la  rue  du  Bac,  devant  le  café  d'Orsay. 

C'était  le  plus  beau  des  arbres  qui  ombrageaient  jadis  les  deux 
rives  du  fleuve,  et  que  la  construction  des  quais  avait  épargnés. 

La  nuit  dernière,  à  trois  heures  et  quart  du  matin,  le  peuplier, 
miné  lentement  par  les  eaux,  s'est  écroulé  dans  le  fleuve  avec  des 
craquements  sinistres,  qui  ont  fait  croire  aux  gens  du  quartier 
qu'une  maison  s'eflfrondrait. 

Aujourd'hui,  le  service  des  ponts  et  chaussées  a  lancé  sur 
cet  antique  débris  une  armée  de  travailleurs  qui  cherchent  à  débar- 
rasser l'arche  du  pont  de  l'énorme  obstacle.  Une  foule  de  curieux 
suivent  l'opération  du  haut  du  pont  Royal. 

Le  peuplier  va  aller  rejoindre,  chez  les  marchands  de  bois  les 
débris  de  la  frégate  qu'il  ombragea  si  longtemps. 

L'arbre  le  plus  vieux,  sinon  le  plus  grand,  qui  reste  sur  les  rives 
de  la  Seine,  dans  la  traversée  de  Paris,  après  celui  qui  vient  de 
s'écrouler,  est  un  vieux  saule  encastré  auprès  du  pont  Notre-Dame, 
non  loin  de  la  maison  qu'habilJiit  Abeilard,  dont  le  séjour  est 
rappelé  par  une  plaque  en  marbre.  V.   V.-M. 


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Une  machine  à  fabriquer  les  bouquets. 

Voici,  dit  le  Courrier  de  Saône-el- Loire,  une  invention  des  plus 
simples  et  qui  est  appelée  à  rendre  de  grands  services  à  l'industrie 
des  tleuristes. 

Faire  deux  ou  trois  bouquets  à  la  main,  pour  les  personnes  du 
métier,  ce  n'est  qu'un  jeu  ;  mais,  par  exemple,  lorsqu'il  s'agit  d'en 
préparer  un  très  grand  nombre  pour  une  noce,  pour  une  soirée, 
pour  une  fête  de  saint  dont  le  patronage  est  très  répandu,  les 
Jean,  les  Pierre,  les  Marie,  etc.,  le  jeu  devient  un  travail  des  plus 
fatigants.  Et  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  fleuristes  les  plus  experts 
avoir  les  bras  éreintés  et  les  mains  coupées  par  la  ficelle. 

Si,  au  contraire,  vous  avez  devant  vous  une  machine  qui  vous 
permette  de  faire  votre  bouquet  aussi  vite,  sinon  plus  vite  qu'à  la 
main,  sans  fatigue  et  sans  écorchure,  il  est  certain  que  cette  ma- 
chine sera  vivement  appréciée  au  jour  des  commandes  nombreuses 
et  pressées. 

C'est  un  problème  que  vient  de  résoudre  un  de  nos  compatriotes, 
qui  est  en  même  temps  un  de  nos  horticulteurs  les  plus  distingués, 
M.  Abel  Myard. 

Nous  avons  vu  hier  fonctionner  sa  bouquetière  mécanique  pour 
laquelle,  du  reste,  il  a  pris  un  brevet  ;  et  nous  avons  été  étonné  du 
résultat  obtenu,  car  le  premier  venu,  doué  d'un  peu  de  goût,  peut 
au  bout  de  quelques  minutes  monter  un  bouquet  avec  autant  de 
régularité  dans  la  forme  que  la  plus  habile  bouquetière. 

Voici  en  quelques  lignes  la  description  sommaire  de  l'instru- 
ment : 

Il  se  compose  d'une  petite  tablette  en  bois  ou  en  fonte,  sur  la- 
quelle sont  disposées  deux  petites  figes  montantes  en  acier,  d'une 
hauteur  de  50  à  60  centimètres.  Ces  deux  tiges  présentent  un 
écartement  entre  elles  de  35  centimètres.  Elles  sont  reliées  à  la 
partie  supérieure  par  une  tige  de  fer,  qui  donne  à  l'ensemble  l'as- 
pect d'un  portique  de  gymnastique  en  miniature. 

L'une  des  tiges  montantes  porte  une  grosse  bobine,  sur  laquelle 
est  enroulé  le  fil;  l'autre  est  percée  de  trous  à  diverses  hauteurs, 
daas  lesquels  passe  une  broche  que  l'on  peut  placer  plus  ou  moins 
haut,  suivant  la  hauteur  à  donner  au  bouquet.  Cette  tige  est  le 
pivot,  l'axe  même,  autour  duquel  vont  se  ranger  les  fleurs;  elle 
est  mobile  et  présente  à  sa  partie  inférieure  un  petit  pignon  arrêté 
par  un  cliquet. 

Le  fil  de  la  bobine  est  rattaché  à  cette  tige,  et  après  avoir  placé 
la  fleur  contre  cette  dernière,  d'un  simple  mouvement  des  doigts 
elle  tourne  et  la  queue  de  la  fleur  est  prise  par  le  fil  et  fixée.  Le 


359 


cliquet  maintient  la  tension  du  fil,   qui  est  aussi  forte  que  l'on  veut 
et  empêche  la  tige  mobile  de  revenir  sur  elle-même. 

Pour  continuer  le  bomiuet,  on  n'a  plus  qu'à  apporter  chaque 
fleur,  l'une  après  l'autre,  auprès  de  sa  voisine,  en  la  fixant  comme 
la  première. 

La  machine  est  posée  sur  uae  table  devant  l'opérateur,  qui  a  son 
bouquet  vertical  devant  lui  et  les  mains  absolument  libres. 

Pour  varier  la  forme  du  bouquet,  sur  la  tige  supérieure  glisse  à 
volonté  une  autre  petite  tige  verticale  qui  retient  un  ressort  plat 
en  acier,  fixé  au  sommet  de  la  tige  d'axe.  Ce  ressort,  qui  prend 
toutes  les  courbes  possibles,  donne  le  gabarit  du  bouquet;  avec 
son  aide,  vous  pouvez  donner  à  celui-ci  la  forme  que  vous  voulez  : 
ronde,  pyramidale,  ovoïde,  etc. 

Une  fois  le  bouquet  terminé,  vous  enlevez  la  broche  fixée  au 
centre  du  bouquet,  puis  vous  retirez  simplement  la  tige  d'axe,  et 
le  travail  est  fini. 

L'invention  de  M.  Myard  permet  d'exécuter  des  bouquets  de 
toutes  les  dimensions;  en  effet,  les  deux  tiges  étant  espacées  de 
3.5  centimètres,  on  peut  donner  à  son  bouquet  jusqu'à  70  centi- 
mètres de  diamètre,  ce  qui  dépasse  les  mesures  ordinaires. 

Du  reste,  il  suffirait  d'écarter  davantage  les  deux  tiges  mon- 
tantes dans  un  modèle  spécial  pour  atteindre  toutes  les  dimensions 
possibles. 

La  bouquetière  de  M.  Myard  est,  on  peut  le  dire,  une  invention 
des  plus  utiles  et  des  plus  ingénieuses. 


Rapport  sur  rExposition  de  Dijon,  29  mai  1886. 

Le  29  mai  dernier  la  Société  d'horticulture  de  Dijon  inaugurait 
l'exposition  qu'elle  avait  organisée  de  concert  avec  le  concours 
régional  qui  avait  lieu  dans  cette  ville  du  29  mai  au  6  juin. 

L'emplacement  choisi  était  l'avenue  du  Parc  à  Dijon,  déjà  fort 
belle  de  son  naturel.  Cette  avenue  en  ligne  droite,  au  bout  de 
laquelle  on  aperçoit  une  gerbe  d'eau  ainsi  que  ses  rangées  d'arbres 
multiples  à  droite  et  à  gauche,  rappelle  en  petit  les  belles  avenues 
de  Versailles.  Une  partie  de  la  place  et  l'entrée  de  l'avenue  en  ques- 
tion avait  été  cédée  à  la  Société  d'horticulture  pour  y  installer  son 
exposition. 

Cet  emplacement  avait  été  confié  aux  soins  de  M.  Franoy,  ar- 
chitecte paysagiste  à  Dijon,  qui,  pour  la  circonstance,  l'avait  trans- 
formé en  un  jardin  très  coquet  dans  lequel  rien  n'avait  été  oublié  : 
chaumière,  rocaille,  rivière,  pont  rustique  etc.  Tout  en  ménageant 
l'elïet  décoratif  de  ce  jardin,  M.  Franoy  avait  tenu  à  rendre  l'accès 


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facile  à  tous  les  lots,  ce  qui  est  très  agréable  aux  visiteurs  et  aux 
exposants. 

Le  jury  a  décerné  à  M.  Franoy  deux  médailles  de  vermeil,  l'une 
pour  ses  travaux  de  jardin,  l'autre,  offert')  par  la  ville  de  Dijon, 
pour  chaumière  et  rocaille. 

Au  fond  du  jardin,  deux  tentes  étaient  installées  pour  recevoir 
les  plantes  de  serre  et  les  bouquets.  Si  les  abords  extérieurs  des 
lots  installés  dans  le  jardin  étaient  faciles,  je  n'en  dirai  pas  autant 
de  ceux  installés  dans  les  tentes  susdites,  qui  étaient  défectueuses 
comme  éclairage  et  espace  disponible.  C'est  une  fâcheuse 
circonstance  pour  les  produits  qui  avaient  la  malechance  de 
s'y  trouver,  car  ils  étaient  beaux  et  en  très  grand  nombre.  Le  di- 
manche ilyavait  une  telle  afHuence  de  visiteurs  qu'une  (ois  engagé 
il  fallait  attendre  son  tour  pour  en  sortir;  prendre  des  notes,  il  ne 
fallait  pas  y  songer. 

En  entrant  en  fonction  il  a  été  remis  à  chacun  des  jurés  un  pro- 
gramme indiquant  les  récompenses  qui  étaient  à  la  disposition  du 
jury,  ainsi  qu'un  petit  cahier  correspondant  au  programme,  nous 
n'avions  qu'à  ajouter  le  n"  d'ordre  et  la  récompense  à  chaque  lot. 
Cette  façon  de  procéder  est  très  expéditive. 

M.  Henri  Jacototfils  prenait  part  à  28  concours,  ce  qui  lui  a  valu 
le  grand  prix  d'honneur;  une  médaille  d'or  pour  le  lot  d'ensemble 
de  plantes  de  serre,  cinq  de  vermeils,  pour  Fougères  exotiques, 
Orchidées,  plantes  à  feuillages  panachés,  Azalées  indiennes  et  Ro- 
siers; vingt  et  une  d'argent  et  une  de  bronze  pour  différents  lots. 

M.  Stetfen-Blonde  a  obtenu,  pour  le  lot  d'ensemble  de  plantes 
de  serre,  la  médaille  d'or  offerte  par  la  ville  de  Dijon,  trois  mé- 
dailles de  vermeil  pour  ses  lots  Bégonia  rex,  Caladium  amazonium, 
plantes  à  mosaïque,  ainsi  que  sept  d'argent. 

Le  concours  de  bouquets  montés,  coiffures  de  bal  et  garnitures 
était  vivement  disputé. 

M""-"  Henry-Jacotot  fils  a  obtenu  le  prix  d'honneur,  médaille  d'or 
offerte  par  M.  Lévèque,  président  de  la  société. 

M"'"  Steffen-Blonde,  vermeil  grand  module,  offerte  par  M.  le 
Ministre  des  finances. 

M"""  Paul  Olivier,  vermeil  grand  module,  offerte  par  M.  Bau- 
din,  secrétaire  général  de  la  Société. 

M'""  Hubert  Pingeon,  vermeil  grand  module,  offerte  par  M.  Jo- 
bert,  vice-président  de  la  Société. 

Tous  ces  lots  méritaient  des  éloges. 

M.  Viennot,  pour  son  lot  d'ensemble  de  rosiers  fleuris  a  obtenu 
le  prix  d'honneur ,  médaille  d'or  offerte  par  M.  le  Ministre  de 
l'agriculture,   une  d'argent  pour  vingt-cinq  variétés  de  choix  de 


—  361   — 

rosiers  fleuris  ;  pour  ses  roses  coupées  :  médaille  de  vermeil  et  un 
objet  d'art  offert  par  le  président  de  la  Commission  d'organisation. 

Trois  médailles  vermeil  pour  arbres  formés,  plantes  à  feuilles 
persistantes  et  un  lot  de  Conifères,  ainsi  qu'une  médaille  argent 
pour  un  lot  de  20  plantes  les  mieux  cultivées. 

M.  Paul  Olivier,  pour  son  lot  d'ensemble  de  rosiers  fleuris,  une 
médaille  de  vermeil  ;  pour  roses  coupées,  argent  ;  lot  d'ensemble 
de  plantes  de  serre,  argent  1'"  classe;  Pelargonium  peltatum,  ar- 
gent; Conifères,  argent  l'"  classe  et  une  de  bronze  pour  des  Iris. 

M.  Loisier,  pour  les  Conifères,  a  eu  la  médaille  d'or;  de  même, 
pour  lot  d'ensemble  de  rosiers,  médaille  d'or  ;  pour  arbres  formés, 
médaille  d'argent  ;  arbustes  à  feuilles  persistantes,  médaille  d'ar- 
gent. 

M"""  Hubert-Pingeon,  pour  lot  d'ensemble  de  plantes  de  serre, 
une  médaille  de  vermeil  grand  module  offerte  par  la  ville  de  Dijon. 

M.  Gonot,  pour  le  même  lot  que  le  précédent  obtient  une  mé- 
daille d'argent  de  V  classe. 

Les  légumes  étaient  aussi  en  abondance.  La  Société  d'horticul- 
ture de  Dôle  a  obtenu  pour  lot  d'ensemble  un  diplôme  d'honneur. 

M.  Perrot,  jardinier  au  Castel,  à  Dijon,  une  médaille  d'or. 

M.  Gonot,  jardinier  chez  M.  Jobard,  propriétaire  à  Dijon,  mé- 
daille de  vermeil. 

Une  médaille  de  vermeil  à  M.  Tisserand-NicoUe  à  Varennes-les- 
Ruffey  pour  ses  asperges. 

De  même,  pour  asperges  une  médaille  d'argent  de  la  ville  de 
Dijon  à  M,  Remondet,  propriétaire  à  Sassenay  (Saône-et-Loire),  et 
enfin  une  d'argent  à  M.  Bard  à  Marsanay-la-Cùte. 

Lyon,  le  24  juillet  1886.  F.    GaULAIN. 

Jardins    Japonais 

Ce  qui  m'a  surtout  frappé  dans  mes  voyages  en  Europe,  c'est  la 
différence  qui  existe  entre  les  jardins  que  j'y  ai  vus  et  ceux  du 
Japon. 

Je  pense  que  cette  question  peut  vous  intéresser,  aussi  je  vous 
envoie  ci-joint  une  petite  aquarelle  représentant  le  jardin  d'un 
de  nos  Daïmios. 

Il  y  a  au  Japon  deux  sortes  de  jardins:  les  uns,  jardins  de  bour- 
geois, ne  contiennent  que  des  fleurs  et  quelques  arbres  et  arbustes 
qui  croissent  en  liberté;  les  autres,  jardins  des  princes,  jardins  où 
s'élèvent  les  temples,  jardins  publics  des  villes,  sont  des  réductions 
de  sites  qu'on  rencontre  dans  la  nature.  On  y  trouve  toujours  de 
l'eau,  lacs,  cascades,  ruisseaux;  mais  jamais  de  jets  d'eau;  les  ar- 
bres y  sont  taillés  à  chaque  printemps,  excepté   ceux  qui  bornent 


—  362  — 

l'horizon,  encore  les  taille-t-on  quelquefois  d'une  manière  parti- 
culière . 

Chez  vous,  il  faut  des  années  pour  se  créer  un  jardin  ;  chez  nous 
deux  mois  suffisent.  Nous  allons  trouver  un  grand  dessinateur  qui 
nous  montre,  non  des  plans  comme  ceux  de  vos  jardiniers  européens 
mais,  des  aquarelles  analogues  à  celle-ci,  représentant  le  jardin  vu 
des  fenêtres  ou  pour  mieux  dire  des  côtés  ouverts  de  nos  salons  qui 
s'ouvrent  comme  vous  savez,  entièrement  sur  deux  côtés  et  demi. 

On  choisit,  et  unjardinier  habile  sous  la  surveillance  du  dessinateur 
vous  crée  votre  jardin.  La  tâche  lui  est  facile:  car  on  trouve  chez 
les  arboriculteurs  des  arbres  de  toutes  grandeurs  et  de  toutes  for- 
mes, pouvant  se  transplanter  sans  aucun  danger.  Au  bout  de  quel- 
ques mois,  comme  je  vous  l'ai  dit,  le  jardin  est  donc  créé  et 
son  aspect  général  ne  changera  pas  grâce  aux  tailles  du  printemps. 

L'horizon,  comme  vous  le  voyez,  est  borné  par  de  grands  arbres. 
A  cet  effet  on  mélange  des  arbres  à  feuilles  persistantes  et  des  ar- 
bres à  feuilles  caduques  ;  parmi  ces  derniers  ont  met  beaucoup  d'éra- 
bles du  Japon,  dont  les  feuilles  prennent,  les  uns  au  printemps,  les 
autres  en  automne,  une  teinte  rouge  qui  se  marie  très  bien  au  vert 
sombre  des  résineux. 

Ces  espèces  de  piliers  situés  au-dessous  des  grands  arbres  sont 
des  pieux  supportant  des  treillis  de  bambou.  On  fait  grimper  autour 
de  ces  pieux  des  plantes  de  glycine  qui  s'enchevêtrent  dans  le  treil- 
lage. Au  printemps,  lorsque  les  grappes  de  fleurs  lilas  retombent 
sous  cette  sorte  de  galerie  de  verdure  et  qu'elles  sont  balancées 
par  le  vent  l'effet  est  fort  joli.  C'est  à  cette  époque  de  l'année 
qu'on  vient  dîner  ou  prendre  le  thé  en  cet  endroit. 

Ces  grands  arbres  tortus  sont  des  pins  taillés  et  tordus  à  dessein 
par  les  jardiniers;  cette  longue  branche  qui  s'avance  supportée  par 
un  pieu  sur  les  eaux  du  lac  est  très  gracieuse. 

Sur  quelques-uns  de  ces  pins  sont  placées  des  plantes  retom- 
bantes, ainsi  que  vous  pouvez  le  voir  sur  celui  qui  s'avance  au- 
dessus  du  pont.  Ce  pont  est  formé  de  deux  demi-ponts  de  pierre 
dont  les  extrémités  viennent  se  poser  à  côté  l'une  de  l'autre  sur 
une  traverse  maintenue  par  des  pieux. 

Les  trois  petites  constructions  de  granit  qui  chez  nous  rempla- 
cent les  statues  de  vos  jardins,  sont  destinées  à  contenir  des  lam- 
pes. On  les  nomme  Yukimi-doro  (littéralement  lumière  pour  la 
neige),  parce  qu'on  y  allume  des  lampes  quand  on  veut  jouir  des 
effets  de  neige  pendant  les  belles  nuits  d'hiver.  Elles  ont  encore 
leur  utilité  en  été  quand  on  reçoit,  on  allume  les  lampes  des  Yukimi- 
doro,  quelque  temps  avant  celles  du  salon;  les  insectes  s'y  portent 
et  ne  pénètrent  pas  dans  le  salon  où  on  se  tient 


363   — 


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». 

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—  364  — 

Les  rivages  du  lac  sont  couverts  de  petites  prairies  de  massifs 
d'azalées  à  fleurs  rouges,  de  houx,  d'ifs,  de  chênes  verts  et  autres 
arbres  à  feuillage  persistant. 

Comme  vous  le  remarquerez,  nous  n'avons,  dans  ces  sortes  de 
jardins,  d'autres  fleurs  que  celle  des  arbres  et  des  arbustes. 

Il  y  a  sur  les  bords  de  l'eau,  dans  l'eau,  mélangées  aux  massifs  et 
le  long  de  la  cascade  qui  est  à  droite  du  croquis,  des  roches  dont 
les  formes,  les  couleurs  sont  toujours  mélangées  avec  beaucoup 
d'art  afin  de  produire  à  l'œil  le  plus  bel  effet  possible.  Le  prix 
d'achat  de  ces  roches  gris  violet,  vert  clair,  et  rouges  blanches  dé- 
passe toujours  celui  des  arbres  qui  entrent  dans  la  composition  du 
jardin. 

Vous  aurez,  j'espère,  une  idée  de  ces  sortes  de  jardins  quand  je 
vous  aurai  dit  qu'ils  sont  séparés  de  la  maison  par  un  très  large 
espace  vide.  Takasima. 

Note  sur  la  Terre  de  Bruyère. 

Je  ne  sais  plus  qui  a  défini  Y lioriicuUure  de  la  manière  suivante  : 

»  C'est  à  la  fois  une  science,  un  art  et  un  métier.  » 

A  coup  sûr,  c'était  un  horticulteur  qui  tenait  à  ennoblir  sa  pro- 
fession; car,  si  l'horticulture  est  une  science,  il  faut  avouer  que 
c'est  une  science  à  l'état  embryonnaire,  une  science  qui  en 
est  encore  à  l'âge  des  couteaux  en  silex  taillé. 

Et  je  le  prouve  : 

Il  y  a  une  substance  qu'on  appelle  terre  de  bruyère,  qui  coûte  fort' 

cher,  qu'on  use  en  grande  quantité,  et qu'on  ne  connaît  pas. 

Cela  paraît  fort,  mais  c'est  ainsi. 

De  cette  terre  de  bruyère,  qui  est  indispensable  à  l'alimentation 
des  plantes  de  quelques  familles,  il  y  en  a  presque  autant  de  qua- 
lités que  de  pays  de  production  :  il  y  en  a  de  bonne,  de  médiocre, 
de  très  bonne,  de  passable  et  de  mauvaise.  On  en  trouve  en  Bel- 
gique, dans  l'Anjou,  à  Fontainebleau,  à  Meudon,  à  Vaugneray,  à 
Pont-de-Vaux,  et  en  général  dans  tous  les  pays  granitiques.  Ce 
qu'il  y  a  de  curieux,  c'est  que  les  qualités  de  chacune  de  ces  terres 
sont  diversement  appréciées.  Tel  praticien  trouve  celle  d'un  lieu 
quelconque  excellente,  tandis  que  son  voisin  est  loin  d'en  vanter 
la  qualité.  Ne  demandez  pas  à  ces  praticiens  sur  quelle  base  scien- 
tifique ils  s'appuient  pour  justifier  leur  préférence,  car  ils  vous 
répondraient  en  chœur  : 
«  C'est  mon  opinion.  » 

L'opinion  de  Pierre  n'est  pas  celle  de  Paul,  pas  plus  que  celle 
de  Jean-Jacques  n'était  celle  d'Arouet.  En  fait  d'opinion,  il  y  en  a 
presque  autant  que  d'individus.   Et,  ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est 


—  365  — 

qu'au  fond  celui  qui  n'estime  pas  beaucoup  la  terre  que  son  voisin 
trouve  excellente,  a  de  bonnes  raisons  pour  cela  et  prouverait  au 
besoin  par  un  raisonnement  en  règle,  que  lui  seul  apprécie  exacte- 
ment la  qualité  de  cette  terre.  11  est  vrai  que  l'autre,  par  une 
démonstration  longuement  motivée,  réfuterait  cette  argumentation 
fantaisiste  et  prouverait  à  son  tour  comme  deux  et  deux  font  trois, 
que  son  voisin  est  un  âne  bâté. 

Ce  que  je  dis  là  est  plus  vrai  qu'on  ne  pense. 

Les  qualités  variables  des  terres  de  bruyère  proviennent  de  la 
diversité  de  leurs  compositions  chimiques  et  de  leurs  états  physi- 
ques. 

Les  différences  d'appréciation  de  ces  qualités  par  les  praticiens 
ont  pour  cause,  ou  des  cultures  d'espèces  différentes,  ou  pour  les 
mêmes  espèces,  une  façon  différente  de  cultiver.  Exemple  :  le 
camellia  se  plaît  il  mieux  que  le  rhododendron  dans  une  terre  don- 
née? Cela  fait  dire  au  cultivateur  des  camellias  que  la  terre  qu'il 
emploie  est  bonne.  Le  cultivateur  de  rhododendrons  répond  qu'elle 
est  exécrable.  Ils  ont  raison  tous  les  deux. 

Si  par  hasard  deux  praticiens  cultivent  la  même  espèce  dans  une 
terre  pareille,  il  pourra  encore  se  produire  des  opinions  divergentes. 
La  terre  est-elle  poreuse  ?  Celui  qui  arrose  beaucoup  obtiendra  de 
bons  résultats?  celui  qui  arrose  peu  se  plaindra  amèrement.  Ce 
sera  l'inverse  qui  aura  lieu  si  la  terre  est  tourbeuse  à  l'excès... 

On  peut  classer  toutes  les  terres  en  deux  grandes  catégories  : 
les  terres  à  base  minérale  et  les  terres  à  base  organique. 

La  terre  de  bruyère,  la  terre  de  saule,  le  terreau  de  feuilles,  le 
terreau  de  fumier,  la  terre  des  marais,  etc.,  etc  ,  sont  des  terres  à 
base  organique, 

La  terre  de  bruyère  est  formée  par  l'accumulation  lente  des  dé- 
bris des  végétaux,  principalement  ceux  des  bruyères,  mousses  et 
lichens.  A  ces  débris  composés  de  feuilles,  rameaux  et  racines, 
viennent  s'ajouter  les  poussières  et  les  sables  mouvants  apportés 
par  le  vent  ou  entraînés  par  les  eaux. 

Les  débris  organiques  se  décomposent,  les  uns  très  lentement, 
les  autres  plus  ou  moins  vite  et  se  transforment  en  humus. 

On  ne  trouve  en  abondance  les  terres  de  bruyère  que  dans  les 
terrains  sihceux  ou  argilo-siliceux.  En  général,  leurs  gisements 
caractérisent  les  sols  les  plus  infertiles. 

Les  terres  de  bruyères  ont  une  composition  chimique  qui  accuse 
toujours  à  peu  près  les  mêmes  éléments,  mais  en  quantité  très 
variable. 

Cette  variation  de  composition  influe  nécessairement  sur  leurs 
propriétés  physiques. 


366 


On  ne  possède  pas  encore  une  série  d'analyses  chimiques  des 
diiférentes  sortes  de  terre  de  bruyère,  et  cela  est  infiniment  regret- 
table. Si  ces  analyses  existaient,  il  serait  facile  de  juger  de  la 
valeur  de  chacune  d'elles  et  les  cultivateurs  pourraient,  dans  beau- 
coup de  cas,  fabriquer  leurs  compost  d'une  manière  rationnelle,  ce 
qui  n'est  guère  possible  actuellement. 

Cependant  Payen  a  donné  les  résultats  de  l'analyse  de  la  terre 
de  bruyère  de  Meudon,  dans  laquelle  il  a  trouvé  : 
Sable  siliceux,  62. 
Humus,  16, 
Débris  végétaux,  20. 
Carbonate  de  chaux,  0,10. 
Matière  soluble  dans  l'eau,   1 ,90. 

Si  on  examine  les  chitfres  de  cette  analyse,  la  première  chose 
qui  frappe,  c'est  la  quantité  relaiivement  considérable  de  sable 
qu'elle  indique,  tandis  que  l'humus  n'est  représenté  que  par  un 
sixième  du  poids  total. 

On  est  également  étonné  de  voir  le  carbonate  de  chaux,  subs- 
tance très  importante,  n'entrer  dans  la  susdite  composition  que  dans 
la  proportion  de  un  millième. 

A.vant  d'étudier  séparément,  au  poiat  de  vu^  chimique,  les  diffé- 
rents corps  qui  entrent  dans  la  composition  des  terres  de  bruyère, 
il  est  bon  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  leurs  propriétés  physiques  en 
général,  car  sauf  pour  une  catégorie  toute  spéciale  d'espèces,  les 
terres  de  bruj'ère  entrent  surtout  dans  les  cultures  en  mélange 
dans  les  compost,  dont  elles  modifient  la  ténacité,  le  pouvoir  hygro- 
métrique, la  densité,  etc. 

La  terre  de  bruyère  parfaitement  sèche  a  une  densité  inférieure 
à  l'eau  et  se  laisse,  dans  cet  état,  difficilement  mouiller. 

L'humus  qui  entre  dans  sa  composition  est  au  som.met  de  l'échelle 
des  terres  pour  sa  faculté  d'imbibition.  L'humus  retient  l'eau  et  ne 
la  laisse  évaporer  que  très  lentement.  Il  possède  également  un 
pouvoir  absorbant  qui  ne  peut  être  comparé  qu'à  celui  de  la  ma- 
gnésie carbonatée.  Par  sa  couleur  noire  il  possède  au  plus  haut 
degré  la  faculté  de  fixer  le  calorique.  Quand  l'humus  est  imbibé 
d'eau  il  offre  peu  de  résistance  aux  racines  et  les  entoure  exacte- 
ment ;  par  la  dessiccation  son  retrait  est  peu  considérable.  En  ré- 
sumé, l'humus  possède  à  un  très  haut  degré  un  ensemble  de  quali- 
tés physiques  éminemment  propres  à  la  circulation  de  l'eau  et  des 
gaz  si  nécessaires  à  la  végétation. 

Le  sable  au  contraire  conserve  peu  l'humidité  et  n'a  aucune 
cohésion,  mais  en  vertu  même  de  ses  propriétés,  il  atténue  celles 
que  l'humus  possède  à  un  si  haut  degré. 


—  367   — 

On  est  donc  en  droit  de  conclure  que  les  terres  de  bruyère,  quand 
l'humus  et  le  sable  qui  les  composent  sont  mêlés  dans  de  bonnes 
proportions,  constituent  un  excellent  support  très  favorable  aux  fonc- 
tions des  racines. 

Les  matières  végétales,  bois  et  racines  mortes,  qui  se  trouvent 
dans  la  terre  de  bruyère  de  Meudon  dans  la  proportion  de  20  0/0 
et  dans  d'autres  terres ,  notamment  dans  celle  de  Vaugneray 
(Rhône),  dans  une  proportion  beaucoup  plus  considérable,  sont 
quelquefois  éliminées  au-  moyen  du  criblage  par  des  praticiens 
maladroits.  Ces  matières  végétales  doivent  être  battues,  concas- 
sées et  incorporées  au  reste.  Ce  sont  ces  matières  qui  entretiennent 
la  production  de  l'humus  ;  elles  sont  également  une  source  très 
importante  d'acide  carbonique.  Les  terres  chez  lesquelles  les  ma- 
tières végétales  en  voie  de  décomposition  dépassent  une  certaine 
proportion  ne  conviennent  pas  aussi  bien  à  la  culture  des  vraies 
plantes  dites  de  terre  de  bruyère,  que  celles  où  la  proportion  en  est 
moins  élevée,  mais  elles  sont  supérieures  à  toutes  les  autres  pour 
faire  partie  des  compost  où  les  terres  à  base  minérale  entrent  pour 
une  grande  proportion. 

Au  point  de  vue  physique  les  susdites  matières  végétales  empê- 
chent la  stagnation  de  l'eau  dans  les  particules  terreuses  et  les 
garantissent  contre  un  tassement  exagéré.  Tout  en  servant  de 
moyen  de  drainage,  comme  elles  sont  avides  d'humidité,  elles  peu- 
vent être  considérées  comme  un  important  réservoir  d'eau  qu'elles 
ne  cèdent  aux  matières  minérales  terreuses  que  peu  à  peu  et  seule- 
ment quand  celles-ci  sont  desséchées. 

Malheureusement  les  qualités  chimiques  des  terres  de  bruyère 
■  ne  répondent  pas  à  leurs  qualités  physiques.  Ce  sont  des  terres  très 
peu  fertiles,  parce  qu'il  leur  manque  un  certain  nombre  d'éléments 
indispensables  d'alimentation  aux  neuf  dixièmes  des  plantes.  La 
végétation  qui  se  montre  dans  ces  sortes  de  terre  est  chétive  et 
rabougrie.  L'herbe  y  vient  courte;  les  arbuscules  y  restent  petits. 
Si  on  en  excepte  les  plantes  de  quelques  rares  familles,  telles  que 
les  Erica,  Faccinium,  Àndromeda,  Saxifraga,  etc.,  la  plupart  des 
végétaux  ne  se  comportent  pas  bien  dans  ces  sortes  de  terre.  C'est 
un  fait  incontestable. 

On  voit  donc  que  si  l'introduction  de  terre  de  bruyère  dans  les 
composts  est  une  excellente  chose  considérée  au  point  de  vue  phy- 
sique, c'est-à-dire  pour  les  rendre  doux,  humides  ei  élastiques,  il 
ne  faut  point  en  abuser  toutes  les  fois  qu'on  voudra  obtenir  une 
végétation  luxuriante. 

Dans  les  composts  où  la  terre  de  bruyère  domine,  il  faut  faire 
entrer  des  engrais  complets.  Les  seules  matières  azotées  ne  suffi- 
sent pas.   Quand  les  engrais  employés  dans  ces  sortes  de  compost 


~  368  — 

ne  contiennent  pas  les  minéraux  nécessaires  à  la  constitulion  des 
plantes  qu'on  y  cultive,  celles-ci  y  poussent  quelquefois  vigoureu- 
sement d'abord,  irop  vigoureusement  même,  mais  venues  dans  ces 
conditions  anormales  leur  existence  est  de  courte  durée. 

L'élément  chimique,  le  plus  important  des  terres  de  bruyère  est 
sans  contredit  l'humus. 

L'humus,  ainsi  que  les  matières  végétales  en  voie  de  décomposi- 
tion lente  qui  le  produisem.,  est  une  source  inépuisable  d'acide  car- 
bonique, un  producteur  important  de  carbone,  cet  clément  principal 
qui  constitue  le  squelette  végétal. 

{A  suivre)  V.  V.-M. 

Le  Vin  de  Raisins  secs. 

Le  ralentissement  continu  de  la  production  des  vins,  depuis 
quelques  années,  a  donné  naissance  à  une  industrie  nouvelle  qui  a 
atteint,  depuis  1880,  un  grand  développement.  Nous  voulons  par- 
ler de  la  fabrication  des  vins  de  raisins  secs. 

Si  nous  en  croyons  le  Blessager  de  Paris,  l'outillage  et  la  manipu- 
lation qu'exige  cette  fabrication  sont  des  plus  simples.  D'un  autre 
côté,  les  taxes  fiscales  perçues  sur  les  produits  sont  très  peu  éle- 
vées. Le  plus  souvent  même,  les  fabrications  échappent  à  tout 
impôt.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour  expliquer  la  faveur  que 
cette  industrie  a  prise  et  qu'elle  conservera  aussi  longtemps  que  la 
législation  fiscale  lui  assurera  un  régime  exceptionnel. 

Quelques  chiffres  vont  faire  juger  du  progrès  de  la  fabrication 
actuelle  :  ils  sont  fournis  par  les  quantités  de  raisins  secs  importés 
en  France  : 

«  Si  l'on  remonte  à  l'époque  à  laquelle  la  fabrication  des  vins 
de  raisins  secs  était  à  peu  près  inconnue  et  où  le  fruit  n'était 
demandé  que  pour  les  préparations  de  cuisine  ou  des  desserts  de 
table,  on  constate  que  les  importations  réunies  de  tous  les  pays  de 
provenance  étrangère  s'élevaient  en  moyenne  par  année  à  7  ou 
8  millions  de  kilogrammes. 

«  Ces  chifïres  ont  considérablement  augmenté  à  partir  de  l'in- 
vasion du  phylloxéra.  Ils  s'étaient  élevés,  en  1880,  à  77  millions 
de  kilogrammes.  Depuis  lors,  ces  importations  ont  peu  varié.  Elles 
étaient,  l'année  dernière,  de  65  millions  de  kilogrammes. 

«  D'après  les  rendements  de  l'industrie,  on  considère  que  les 
raisins  secs  importés  représentent  en  raisins  frais,  comme  produits 
de  vendange,  une  quantité  de  270  millions  de  kilogrammes  de  rai- 
sins frais.  Ce  qui  revient  à  dire  que  nous  faisons  du  vin  avec 
270  millions  de  kilogrammes  de  raisins  achetés  à  l'étranger... 


—  369  — 

«  Les  raisins  secs  importés  nous  viennent  principalement  de  la 
Turquie,  de  l'Espagne,  de  la  Grèce  et  de  l'Italie;  c'est  la  Turquie 
qui  nous  en  envoie  le  plus,  puis  la  Grèce,  dont  l'importation 
annuelle  dépasse  30  millions  de  kilogrammes. 

«  Ces  raisins  sont  vendus  aux  fabricants  moyennant  un  prix 
moyen  de  60  centimes  le  kilogramme.  Malgré  le  développement 
de  la  consommation,  le  pris  n'a  pas  varié.  Il  était  même,  en  1875, 
légèrement  supérieur. 

«  Quant  aux  droits  de  douane,  ils  sont  très  peu  élevés.  En 
1875,  ces  droits  ne  dépassaient  pas  30  centimes  par  100  kilog. 
Ils  ont  été  portés  à  6  iv.  depuis  1882.  Mais  c'est  là  une  taxe  des 
plus  modiques,  en  comparaison  du  prix  de  vente  du  produit  fabri- 
qué dont  le  raisin  est  la  base. 

«  La  préparation  du  vin  est  très  simple  et  très  facile.  Il  n'y  a 
pas  besoin,  pour  s'y  livrer,  d'être  un  négociant  exercé,  et  le  pre- 
mier particulier  venu  peut  l'entreprendre. 

«  Il  suffit,  d'après  les  indications  fournies  par  M.  Boussingault, 
dans  un  récent  rapport  adressé  au  département  de  l'agriculture, 
de  jeter  le  raisin  sec  dans  un  tonneau  ou  un  foudre  avec  de  l'eau  à 
la  température  de  20  degrés,  pour  100  kilogrammes  de  raisins 
secs,  on  verse  400  kilogrammes  d'eau.  Quelquefois,  on  y  ajoute 
une  petite  quantité  de  sucre,  afin  d'activer  la  fermentation. 

«  Cette  fermentation  se  manifeste  assez  rapidement,  et  elle  se 
maintient  pendant  six  à  huit  jours.  Au  bout  de  ce  temps,  le  liquide 
est  soutiré  et  le  vin  est  fait.  En  général,  il  a  une  coloration  très 
peu  prononcée  :  si  on  veut  lui  donner  l'apparence  complète  d'un 
vin  de  table,  il  suffit  d'y  verser,  dans  une  proportion  convenable, 
du  vin  d'Espagne  très  chargé  de  couleur. 

«  La  proportion  d'alcool  que  renferme  le  produit  est ,  en 
moyenne,  de  7  à  10  degrés.  Mais  les  vins  ainsi  obtenus  ont  très 
peu  de  tannin  et  ne  sont  pas,  par  conséquent,  d'une  longue  con- 
servation. On  doit  les  consommer  de  suite. 

€  Lorsque  le  vin  de  raisins  secs  est  préparé  avec  soin  dans  les 
conditions  précédentes,  il  peut  être  obtenu,  on  le  comprend,  à  un 
prix  de  revient  très  bas. 

«  Cent  kilogrammes  de  raisins  coûtent,  y  compris  le  droit  de 
douane,  66  francs,  et  peuvent  produire  400  kilogrammes  de  vin. 
En  y  comprenant  les  prix  de  quelques  fournitures  accessoires, 
l'hectolitre  revient  à  20  fr.  au  plus.  Il  est  livré  au  commerce  de 
détail  à  un  prix  plus  que  double.  On  voit  de  suite  quelle  moyenne 
il  y  a  pour  le  bénéfice  de  la  fabrication.   » 


—  370  ~ 
BIBLIOGRAPHIE 

Les  vignes  américaines,  leur  greffage  et  leur  taille  (1). 

Il  y  a  livre  et  livre  comme  il  y  a  fagot  et  fagot.  En  horticul- 
ture et  en  agriculture  il  y  a  de  bons  livres  ;  ceux-là  sont  rares  ;  les 
livres  médiocres  puluUent;  les  mauvais  ne  manquent  pas.  Je  n'ai 
garde  de  parler  de  ceux  dont  les  auteurs  se  sont  bornés  à  copier  le 
voisin  :  je  ne  saurais  où  les  placer.  Aussi  je  considère  comme  une 
bonne  fortune  quand  j'ai  la  chance  de  rencontrer  un  ouvrage  sé- 
rieux. J'avoue  que  je  suis  difficile  et  que  je  ne  me  laisse  pas  éblouir 
par  la  magie  du  style  :  je  cherche  autre  chose  que  des  fleurs  de 
rhétorique.  Faut-il  vous  l'avouer  ?  je  préfère  un  praticien  à  un  sa- 
vant pour  les  livres  techniques.  Si  le  praticien  donne  de  temps  à 
autre  quelque  entorse  à  la  syntaxe  ou  écrit  pipe  avec  trois  p,  il  est 
rare  qu'il  outrage  le  bon  sens.  Pour  moi  c'est  le  principal.  Chez  le 
savant  qui  veut  parler  de  ce  qu'il  connaît  mal  c'est  le  contraire  qui 
arrive.  Quand  le  praticien  er-t  doublé  d'un  savant,  tout  est  pour  le 
mieux.  C'est  le  cas  pour  l'ouvrage  intitulé:  «  Les  vignes  améri- 
caines »  dont  l'auteur  M.  F.  Sahut  vient  de  faire  hommage  à  l'As- 
sociation horticole  lyonnaise. 

M.  Sahut  est  avant  tout  horticulteur.  Il  est  de  plus  vice-prési- 
dent de  la  Société  d'horticulture  et  d'histoire  naturelle  de  l'Hérault, 
ce  qui  indique  en  quelle  estime  le  tiennent  ses  concitoyens. Très  ins- 
truit sur  tout  ce  qui  touche  à  l'horticulture,  il  connaît  parfaitement 
la  question  des  vignes  américaines.  Le  premier  en  compagnie 
de  M.  Planchon,  il  a  découvert  le  phylloxéra  qui  fut,  d'abord, 
comme  on  sait  baptisé  Bhiznphis  vnstalrix,  nom  qu'il  échangea  contre 
celui  sous  lequel  il  est  malheureusement  trop  connu. 

Connaissant  la  question  pour  l'avoir  étudiée  à  fond,  habitant  le 
pays  même  où  les  essais  les  plus  divers  ont  été  tentés  pour  la  re- 
constitution de  nos  vignobles  dévastés  ,  ayant  fait  une  étude  spé- 
ciale des  vignes  américaines  bien  longtemps  avant  qu'elles  eussent 
passionné  les  esprits,  M.  Sahut  ne  pouvait  que  bien  parler  sur  un 
pareil  sujet.  C'est  ce  qui  est  arrivé. 

Je  n'essaierai  pas  d'analyser  les  «  Vignes  américaines  »  mais 
j'en  ferai  connaître  l'esprit  général.  L'auteur  n'est  ni  un  optimiste 
qui  trouve  comme  Pangloss,  que  tout  et  pour  le  mieux  dans  le  meil- 
leur des  mondes,  ni  un  pessimiste  qui  ne  rêve  que  plaies  et  bosses  : 
Il  se  garde  aussi  bien  de  l'engouement  irréfléchi  que  du  dénigrement 
systématique  dont  les  vignes  américaines  ont  été  et  sont  encore  le 


(1)  Les  vij^nes  améj'icaines,  leur  greffage  et  leur  taille  par   Félix   Sahut.     un  vol. 
in-S"  lie  536  pages.  En  -vente  chez  l'auteur,  avenue  du  Pont-Juvénal,  à  Montpellier. 


—  371   — 

sujet.  Il  juge  sainement  et  raisonnablement  les  choses,  ne  s'em- 
balle pas,  et  s'il  vante  les  qualités  de  certaines  variétés  c'est  tou- 
jours avec  quelque  restriction. 

lia  parfaitement  posé  la  question.  Avec  tous  les  esprits  sensés  il 
a  compris  que  la  reconstitution  de  nos  vignobles,  soit  au  moyen  de 
la  grelïe  des  plants  français  sur  espèces  ou  variétés  américaines, 
soit  au  moyen  des  producteurs  directs,  ne  devait  pas  être  trop  pré- 
cipitée si  on  voulait  qu'elle  fut  durable. 

La  solution  du  problème  ne  sera  vraiment  définitive  que  lorsque 
(•ha(|ue  plant,  porte-grelfe  ou  producteur  direct  aura  trouvé  ses 
nieillour^îs  conditions  d'adaption  au  sol  et  au  climat.  C'est  l'œuvre 
du  temps,  l'œuvre  de  chaque  province,  de  chaque  canton,  de  cha- 
que commune.  Inutile  de  disserter  plus  longtemps  sur  ce  sujet.  Si 
le  plant  ijue  vous  vantez  dans  le  Midi  ne  vaut  rien  dans  l'Est,  s'il 
préfère  le  granil  à  la  chaux,  craint  l'humidité  ou  la  sécheresse,  je 
serai  bien  avancé,  quand  l'ayant  planté  dans  d'autres  conditions, 
sous  un  autre  climat,  je  constaterai  trois  ans  après  que  j'ai  perdu 
mon  temps,  mon  argent,  car  ma  plantation  n'aura  pas  réussi. 

M.  Sahut  a  su  faire  ressortir  tout  cela  habilement.  Ses  consi- 
dérations sur  chaque  plant,  son  étude  sur  la  greffe  demandent  à 
être  lues  et  ceux  que  la  question  intéresse  ne  pourront  que  gagner 
à  se  procurer  l'ouvrage,  s'ils  ne  le  possèdent  pas  déjà. 

V.   V.   M. 

lufoi'niatioHS.  —  La  commission  d':ir^aQisation  du  Congrès  viticola 
national  de  Bordeaux  vient  de  publier  la  programme  des  questions  qui  y 
seront  discutée?.  Le  Congiès  so  tiendra  du  30  août  au  3  septembie;  il  y  sera 
joint  une  exposition,  qui  sera  ouverte  du  28  aoiit  au  5  septembre. 

M.  Delavil  e,  grainier-fleuriste  ,  à  Paii-î,  siyçDalo  le  Crassula  jasminea 
comme  «  une  charmante  petite  plante  dont  les  fleurs  blanche',  agréablement 
odorantes,  rappellent  celles  des  jasmins  et  des  Bouvardias,  saronttrès  bonnes 
pour  la  confection  des  bouquets.  Sa  floraison  est  de  longue  durée.  » 

—  La  Société  d'horiicuUure  pratique  dj  Moutreu;l-sou3-Bois  (Seine)  tien- 
dra sa  deuxième  exposition  du  5  au  13  septembre  1886.  Quatre-vingt-dix 
concours,  sans  compter  les  imprévus,  sont  ouverts  à  rhorticultare,  à  l'arbo- 
riculture et  a  l'icdustiie  horticole. 

—  Par  arrêté  du  gouverneur  général  de  l'.'^.lgirie,  le  concours  ouvert  en 
1884  et  1885,  pour  l'attribution  d'un  prix  au  meilleur  procé  lé  de  destruction 
de  l'altise  de  la  vigne,  restera  ouvert  pendant  la  campagne  1886.  Le  prix  est 
de  5,000  fr.  et  une  médaille  d'or. 

—  La  Société  d'agriculture  de  la  L'îire  organise  à  Firminy,  pour  les  21, 
22  et  23  août,  un  grand  Concours  agricole  et  horticole.  Pour  les  renseii^ne- 
ments,  s'adi essor  à  M.  F.  Maire.  14,  rue  St-Louis,  à  St-Eiienne. 

—  On  annonça  que  deux  vignerons  de  Garlowitz  (Croatie)  paraissent  avoir 
trouvé  un  moyen  pratique  de  c  imbaltrj  !o  phylloxéra.  Il  s'agirait  simple- 
ment di  planter  au  pied  des  vi^jnes  du  mais,  doit  la  sub*tance  plus  tendre 
serait  préférée  par  l'insecte.  Causez  toujours,  vignerons  croates  !  Je  vous 
écoute,  mais  je  ne  vous  crois  pas. 

—  M.  Ant.  Magnin  a  été  nommé  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Besançon.  Précédemment,  il  avait  été  fait  officier  d'Académie. 

Je  suis  heureux,  pour  uaa  part,  de  signaler  ces  deux  nominations,  cir 
M.  Ant.  Magnin  est  un  savant  qui  a  laissé  d'excellents  souvenirs  à  Lyon. 


372  — 


—  Le  gouverneur  général  de  l'A-lgèrie  vient  de  prendre  un  arrêté  insti- 
tuant un  concours  pour  l'attribution  d'un  prix  de  4,000  fr.  et  d'une  médaille 
d'or  au  meilleur  traité  sur  la  culture  et  l'exploitation  de  l'alta  en  Algérie. 

Le  traité  classé  second  aura  une  médaille  d'argent  et  un  piii  de  1,000 
francs. 
Le  concours  sera  clos  le  1"  octobre  prochain. 

—  M.  Delaunaj,  inspecteur  des  forêts  à  Bar-sur-Audc,  signale  l'apparition 
de  VŒcidium  pini  da.ns  les  pineraies  de  la  commune  de  Bayel.  Il  paraîtrait 
que  ce  crjtogame  attaque  surtout  les  Pins  sylvestres.  Le  Pin  d'Autriche  jouit, 
paraît-il,  à  cet  égard  d'une  immunité  qu'il  est  bon  de  signaler. 

—  M.  Cadet,  à  Montgueux,  signale  comme  plante  potagère  TAngéliqua 
Livêche  (Lcvisticftnm  officinale),  dont  les  jeunes  pousses  encore  tendres  peu- 
vent être  utilisées  à  la  façon  du  Céleri. 

—  M.  Bleu  (Alfred),  secrétaire  général  de  la  Société  nationale  d'horticul- 
ture de  France,  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Ont  été  nommés  chealiers  du  Mérite  agricole  :  M\L  Ossaye,  président 
de  la  Société  d'horticulture  du  Puy-de-Dôme;  Fezais,  professeur  d'arbori- 
culture ;  Gabè,  directeur  des  forêts  ;  Laruella,  horticulteur  à  Amiens;  H. 
Denis,  arcliitecte-paysagiste  ;  Pavard,  professeur  d'arboriculture  à  Ver- 
sailles; Hortensia  Robinet,  professeur  d'arboriculture  à  Toulouse. 

—  Le  Syndicat  des  horticulteurs  lyonnais  vient  de  faire  don  d'une 
médaille  de  vermeil  qui  sera  décernée  en  son  nom  à  ua  des  lauréats  de 
rEyposition  que  tiendra  l'Association  horlicole  lyonnaise  du  9  au  13  sep- 
tembre prochain. 

—  Une  Exposition  spéciale  de  fruits  et  d'arbres  fruitiers,  aura  lieu  du  25 
au  31  octobre,  à  Versailles. 

— M.  Burvenich  Dewinne,  dans  une  conférence  faite  sur  les  Palmiers  à  la 
Société  régionale  d'horticulture  du  Nord  de  la  France,  a  affirmé  qu'une 
graine  seule  du  Coco  de  Séchelles  {Lodoicea  seckellarum)  avait  été  payée 
700  franci.  C'est  bien  possible,  mais  ce  n'est  pas  la  valeur  réelle  de  .celte 
graine.  J'en  ai  payé  autrefois  une  cinq  francs  qui  était  fort  belle. 

—  Le  Parlement  des  Etats-Unis,  afin  de  sauvegarder  les  intérêts  agri- 
coles, a  imposé  la  margarine  et  l'oléo-margarine  d'un  droit  de  1  fr.  20  le 
kilog. 

On  ne  ferait  peut-être  pas  mal  de  prendre  la  même  mesure  en  France,  ot'i 
le  beurre  pur  sera  bientôt  un  mythe,  si  personne  n'y  met  ordre.  Sous  le  nom 
de  liberté  commerciale,  on  possède  actuellement,  dans  notre  beau  pays,  la 
liberté  de  l'empoisonnement. 

—  M""  Millet-Robinet,  l'auteur  de  la  Maison  rustique  des  Dames,  a  été 
nommée  officier  d'Académie. 


Catalogne».  —  J.  Nicolas,  horticultenr-grainier,  rce  Victor  Hugi',  12, 
—  Catalogue  contenant  l'énumération  des  graines  de  fleurs  et  potagères, 
ognons  et  balbes  :  Tulipes,  Jacinthes.  Crocus,  Canna?,  Dahlias,  Glaïeuls, 
Anémones,  Renoncules,  plantes  vivaces  diverses,  Rosiers  en  collection, 
Engrais  divers,  Graminées  sèches.  Fournitures  horticoles  diverses. 

Ce  Catalogue  mentinniie  et  donne  les  descriptions  de  deux  variétés  nou- 
velles de  Fraisiers  :  ,1/°"=  Borivent  (Masson),  variété  à  gro?  fi'uit,  et  Jose/th 
Schwartz  (Masson),  variété  dite  des  Quatre-Saisons. 

—  Ant.  Mercier,  horticulteur,  marchand-grainier,  43,  boulevard  du 
Musée,  à  Marseille.  —  Catalogue  contenant  l'énumération  des  espèces  ou 
variétés  de  plantes  bulbeuses  à  griffes  ou  à  rhizomes  suivantes  :  Jacinthes, 
Anémones,  Renoncules,  Crocus,  Ixia,  etc.  Graines  diverses. 


Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Impr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rus  de  la  République,  33. 


1886  AOU  T  N'    16 


CHRONIQUE 


Exposition  iVliorlicuUure  et  de  viticulture.  —  L'exposition  d'horti- 
culture et  de  viticulture  que  l'Association  horticole  Lyonnaise 
organise  sur  le  cours  du  Midi,  à  Lyon,  aura  des  proportions  gran- 
dioses, si  on  les  compare  à  celles  qu'avaient  les  expositions  des 
années  précédentes. 

En  effet,  au  lieu  d'une  partie  du  côté  gauche  du  cours  du  Midi, 
qu'elles  comprenaient  autrefois,  elle  s'étendra  cette  année  sur  le 
côté  gauche  tout  entier. 

Le  jardin  improvisé  aura  de  plus  grandes  dimensions,  les  gale- 
ries latérales  seront  plus  considérables  et  la  grande  tente  centrale 
aux  plantes  exotiques  couvrira  une  superficie  presque  double . 

L'Association  horticole  Lyonnaise  ne  néglige  rien  pour  assurer 
la  réussite  de  cette  exposition. 

Elle  tient  à  honneur  de  montrer  à  ses  compatriotes  ainsi 
qu'aux  étrangers  que  l'horticulture  et  la  viticulture  lyonnaises  sont 
dignes  de  la  deuxième  ville  de  France. 

L'Association  horticole  fait  son  devoir,  il  reste  maintenant  aux 
sociétaires  :  horticulteurs,  viticulteurs  et  industriels  dont  les  pro- 
duits se  rattachent  à  la  culture,  à  faire  le  leur. 

Qu'ils  se  préparent  donc  à  nous  montrer  des  produits  nombreux 
et  remarquables. 

M.  le  Président  de  la  République  a  gracieusement  accordé  à 
l'Association  horticole  un  vase  Stephanus  de  la  manufacture  de 
Sèvres  qui  sera  décerné  à  l'occasion  de  cette  exposition. 

M.  le  Ministre  de  l'agriculture  a  bien  voulu  également  se 
dessaisir  en  notre  faveur  d'une  médaille  d'or  et  de  deux  médailles 
d'argent.  Si  on  ajoute  à  ces  Ubéralités  du  Gouvernement,  celles 
de  M.  Dutailly,  puis  les  nombreuses  médailles  votées  par  l'Associa- 
tion, on  peut  affirmer  que  le  Jury  pourra  à  son  aise  récompenser 
les  exposants. 


—  374  — 

Jrbrcs  slcrilcs.  —  J'ai  de  la  peine  à  mettre  d'accord  la  parabole, 
évangélique,  qui  condamne  les  arbres  stériles  à  être  coupés  et 
jetés  au  feu,  avec  un  certain  dicton  que  les  marchands  de  baume 
formulent  ainsi  :  Guérissez  ;   n'arrachez  pas  ! 

Cependant  j'espère  y  parvenir. 

Distinguons  con-.rae  disaient  les  Pères  du  Moyen- âge. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  d'arbres  stériles  :  les  arbres  stériles 
vigoureux  et  les  arbres  stériles  grêles,  misérables,  souffreteux  et 
infirmes. 

Guérissez  les  premiers  ;  ne  les  arrachez  pas.  Je  vous  abandonne 
les  autres.  Cependant  j'hésite  encore.  Car,  voyez-vous,  arracher  un 
arbre  est  une  chose  grave  et  le  bonhomme  Lafontaine  en  savait 
quelque  chose  quand  il  disait  : 

Passe  encore  de  bâtir,  mais  planter  à  cet  âge. 

Si  on  venait  me  demander  conseil  quand  il  s'agit  de  détruire  un 
arbre,  je  répondrais  invariablement  aux  quémandeurs  par  le  petit 
discours  suivant  que  j'aurai  le  soin  d'apprendre  : 

Il  y  a  un  proverbe  arabe  qui  recommande  de  tourner  sept  fois 
sa  langue  dans  sa  bouche  avant  de  parler.  Ce  proverbe,  est  un  des 
plus  sages  parmi  les  plus  sages.  Que  de  bêtises,  que  d'âneries,  que 
de  sottises,  que  de  médisances  on  dirait  en  moins  si  les  hommes 
avaient  l'esprit  de  le  mettre  en  action  !  Malheureusement  jamais 
bavard  n'en  tint  compte  ;  et  les  bavards  sont  nombreux.  Je  con- 
viens volontiers,  Monsieur,  qu'il  serait  cruel  de  vouloir  astreindre 
l'homme  à  faire  tourner  ainsi  sa  langue  dans  sa  bouche  ;  j'avoue 
même  que  la  conversation  deviendrait  languissante  et  que  cet  exer- 
cice serait  fatiguant  à  la  longue.  Mais  ce  proverbe  arabe,  ce  frag- 
ment de  la  Sagesse  des  Nations,  inapplicable  quand  il  s'agit  de  mo- 
difier la  vitesse  de  la  parole  humaine,  appliquez-en  le  principe  aux 
arbres  que  vous  voulez  détruire  et  vous  viendrez  me  remercier  plus 
tard.  Réfléchissez  non  pas  sept  fois,  mais  dix  fois,  mais  vingt  fois 
avant  d'arracher  un  arbre  quelconque,  car  vous  savez  grands  du 
monde  :  banquiers,  rentiers,  commerçants,  généraux,  avocats,  no- 
taires, et  vous  aussi  petits  propriétaires,  simples  ouvriers,  et  toi 
aussi  Jenny  l'ouvrière,  vous  savez,  dis-je,  que  s'il  suffit  de  quatre 
coups  de  cognées  pour  jeter  à  bas  cet  arbre,  il  faudra  de  longues 
années  avant  que  la  terre  et  le  soleil  en  fassent  pousser  un  autre. 

Avez  vous  un  beau  poirier  qui  ne  donne  pas  de  poires?  Aidez  ce 
malheureux  à  devenir  fertile,  forcez-le  à  vous  donner  du  fruit,  ap- 
pliquez lui  cette  greffe,  que  Gabriel  Luizet,  d'Ecully,  a  cherché  à 
vulgariser,  mais,  je  vous  en  prie,  ne  l'arrachez  pas. 

La  greffe  des  boutons  à  fruits,  voilà  une  excellente  opération 
dont  je  n'ai  jamais  eu  qu'à  me  louer.  Celui  qui  greffe  des  boutons 


—  375  — 

à  fruits  ne  perd  pas  sa  journée,  je  vous  l'assure.  Vous  savez  com- 
ment on  procède.  On  prend  les  boutons  à  fruits  surabondants  d'un 
arbre,  principalement  ceux  des  variétés  à  gros  fruits  telles  que  : 
William,  Clairgeau,  Duchesse,  Doyenné,  etc.  ;  et  on  les  grelfe  de 
côté  sous  l'écorce.  On  enlève  les  feuilles  du  greffon  et  on  le  taille  en 
biseau,  puis  on  l'introduit  sous  l'écorce  et  on  ligature  solidement.  Il 
faut  opérer  dans  la  deuxième  quinzaine  d'août. 

Taille  tardive  de  la  vigne.  —  J'a'me  les  gens  qui  font  des  expé- 
riences ;  je  déteste  les  moutons  de  Panurge.  Ce  n'est  pas  en  sau- 
tant tous  par  la  même  porte  que  nous  ferons  de  brillantes  décou- 
vertes. J'aime  surtout  les  expérimentateurs  qui  montrent  les  résul- 
tats qu'ils  ont  obtenus.  A  ce  compte-là,  M.  Alégatière,  horticulteur, 
rue  de  la  Croix-Morlon,  à  Monplaisir-Lyon,  est  un  de  mes  bons 
amis. 

Venez  voir  mes  raisins,  me  dit-il  l'autre  jour,  et  si  vous  êtes 
favorablement  impressionné,  vous  direz  dans  le  Lyon- Horticole  que 
j'invite  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  la  vigne,  qu'ils  viennent  voir 
les  résultats  qu'on  obtient  en  faisant  subir  à  cet  arbrisseau  conduit 
en  treille  et  en  espalier  une  taille  très  tardive  pendant  six  années 
consécutives.  J'y  fus  avec  MM.  Lassonnory  et  A.  Bernaix.  Nous 
trouvâmes  une  vigne  bien  conduite,  chargée  de  raisins  et  d'une 
bonne  vigueur. 

Que  gagnez-vous  à  pratiquer  cette  taille  tardive  demandai-je  à 
M.  Alégatière  l  Je  mats  ma  vigne  à  l'abri  de  la  gelée  pendant  les 
trois  semaines  où  le  froid  est  le  plus  à  craindre.  Je  n'ri  ni  plus  ni 
moins  de  raisins  quand  il  ne  gèle  pas,  mais  quand  il  gèle  mon  voi- 
sin boit  de  l'eau  et  ma  taille  me  permet  de  boire  du  vin. 

Allez  voir  cela,  amis  lecteurs,  si  la  question  vous  intéresse. 

Session  de  la  Société  Poniologique  de  France.  —  La  28"  session  de 
cette  société  se  tiendra  à  Nantes,  le  20  septembre  1886,  sous  les 
auspices  de  la  Société  Nantaise  d'Horticulture.  Elle  coïncide 
avec  une  exposition  générale  de  fruits. 

La  séance  d'ouverture  aura  lieu  le  20  septembre,  à  2  heures. 

Les  Sociétés  sont  priées  de  faire  connaîlre  leur  adhésion  et  le 
nombre  de  membres  qu'elles  enverront  à  cette  session,  à  M.  le 
Président  de  la  Société  nantaise  d'horticulture,  ou  à  M.  le  Prési- 
dent de  la  Société  Pomologique  de  France,  au  Palais-des-Arts,  à 
Lyon . 

Les  membres  titulaires  qui  se  proposent  d'assister  à  la  session 
voudront  bien  remplir  la  même  formalité. 

La  Société  s'occupera  pendant  cette  session  : 

1°  De  l'appréciation  des  fruits  admis  à  l'étude  ; 


—  376  ~ 

2"  Des  fruits  spécialement  étudiés  et  présentés ,  soit  par  la 
Commission  permanente  des  études,  soit  par  les  Commissions  po- 
mologiques  locales  ; 

3"  De  l'étude  et  de  la  dégustation  des  fruits  déposés  sur  b 
bureau  ; 

4"  De  la  situation  financière  de  la  Société  ; 

5°  De  la  médaille  à  décerner  à  la  personne  qui  a  rendu  le  plus 
de  services  à  la  Pomologie  française  ; 

6°  ])u  lieu  où  se  tiendra  la  session  suivante. 

Dcslruciion  des  vers  de  (erre  par  le  sulfure  de  carbone,  —  M.  Mussat 
a  fait  connaître,  dans  une  des  séances  de  la  Société  nationale 
d'Horticulture,  un  procédé  avec  lequel  il  a  réussi  à  se  débarrasser 
des  vers  de  terre  ou  lombrics.  Il  s'agit  d'arroser  la  terre  avec  de 
l'eau  contenant  en  dissolution  2  grammes  environ  do  sulfure  de 
carbone  par  litre.  Une  solution  plus  concentrée  altère  les  plantes. 

On  obtient  la  dissolution  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau  en 
mettant  cette  substance  en  excès  dans  un  vase  plein  d'eau  ;  le  len- 
demain on  obtient  une  solution  saturée  qui  peut  contenir  4  1/2  à 
5  grammes  de  sulfure.  On  dédouble  cette  solution  pour  en  faire 
usage. 

Nous  recommandons  aux  personnes  qui  voudraient  faire  usage 
de  ce  procédé,  de  commencer  leurs  expériences  sur  des  plantes  de 
peu  de  valeur,  attendu  que  M.  Mussat,  au  début  de  ses  essais,  a 
tué  en  même  temps  les  plantes  qu'il  voulait  sauver  et  les  vers 
qu'il  voulait  détruire.  V.   V.-M. 

ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    la   séance  du  17  juillet    i886,    tenue    dans    la 
salle  des  réunions  industrielles.  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Therry,  Conseiller. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion. 

A  propos  de  ce  proeès-verlal,  M.  Masson  fait  observer  qu'i  la  dernière 
séance  il  avait  présenté  diverses  Fraises  do  semis,  pour  l'ensemble  desquelles 
il  a  oblcnu  une  [irime  da  1'°  classo>,  il  dit  être  très  fiatié  de  la  récompense 
qui  a  été  attribuée  à  son  apport,  mais  qu'il  ijjnore  si  les  fraises  nouvelles 
présentées  sont  toutes  reconnues  méritontes  par  la  Commission. 

Apres  cette  observation,  le  procès-verbal  est  adopté. 

Correspondance.  —  Elle  se  compose  des  lettres  suivantes  : 

1»  Lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  d'horticulture  de  Villefranche 
demandant  à  la  Société  de  dési^'ner  un  délégué  pour  faire  partie  du  jury 
chargé  d'attribuer  les  récompenses  aux  exposants  de  son  Exposition  des  29 
et  30  août  prochain. 

2°  Lettre  do  la  Préftcluro  du  Rhône  nous  informant  que  M.  le  Ministre 
de  ^Agriculture  a  accordé  à  l'Association  horticole  lyonnaise  une  subvenAbn 


—  377  — 


de  550  francs  pour  primes  aux  exploitations  agricoles  las  mieux  tenues  ; 
primes  à  l'horticulture  et  aux  bons  serviteurs.  Ea  outre  des  affectations  ci- 
dessus  indiquées,  rAsso3iatioa  devra  employer  le  cinquième  de  sa  subvention 
à  la  création  de  champs  de  démonstration  d'engrais  et  de  semences,  destinés 
à  enseigner  de  visu  aux  cultivateurs  les  moyens  d'améliorer  leurs   culture?. 

3°  Lettre-circulaire  du  ministère  de  l'Instruction  publique  demandant 
l'avis  de  l'Association  sur  l'utilité  qu'il  j  aurait  à  changer  l'époque  de  la 
réunion  annuelle  des  Sociétés  savantes. 

4"  Brochure  contenant  le  discours  prononcé  par  M.  René  Goblet,  ministre 
de  l'Instruction  publique,  le  l''  mai  1836,  à  la  séance  de  clôture  du  Congrès 
des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne. 

Présentations,  —  Il  est  donné  lecture  de  14  candidatures,  sur  lesquelles 
il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Aucune  observation  n'ayant  été  faite  sur  les  présentations 
de  la  dernière  séance,  sont  proclamés,  à  l'unanimité,  membre  titulaires  de 
notre  Compagnie  : 

MM.  Berry  (Antide),  jardinier  chez  M.  Fougasse,  à  Sainte -Foy-lès-Lyon, 
présenté  par  MM.  Desroches  et  Jusseaud  aîné. 

Sénevas  (Louis),  jardinier  chez  M.  Colcombst,  à  Sainte-Foy-lès-Lyon, 
présenté  par  MM.  Desroehes  et  Jusseaud  aîné. 

David  (Joseph),  maître-valet  chez  M.  Cusin,  chemin  de  Merlu,  à 
OuU-'ns  (Rhône),  présenté  par  MM.  Villard  et  Lacroix. 

Brunand  (A.),  horticulteur.  7,  rue  Sidoine,  Lyon-Guillotière,  présenté 
par  MM.  A.  Bernaix  et  Viviand-Morel. 

Granier  (Pierre),  jardinier  chez  M.  Bros,  11,  chemin  des  Contreban- 
diers, Lyon-Vaise,  présenté  par  MM.  L.  Gorret  et  Viviand- 
Morel. 

Comarmont  (Claude),  jardinier  chez  M.  Crozier,  à  Saint-Didier-au- 
Mont-d'Or  (Rhône),  présenté  par  MM.  Laperrière  et  Gorret 
(Louis). 

Cambrillat,  horticulteur-pépiniériste,  à  Brindas  (Rhône),  présenté  par 
MM.  Pequet  et  Lapeute. 

Schwartz  (Charles),  jardinier  chez  M™°  V°  Schwartz,  rosiéristo,  7, 
route  do  Vienne,  Lyon,  présenté  par  MM.  J.  Nicolas  et  Viviand- 
Morel. 

David  (Louis),  propriétaire-viticulteur,  à  Ampuis  (Rhône),  présenté 
par  MM.  Perrache  (Jean)  et  J.  Jacquier. 

Chaize  (Antoine),  proprié'aire-jarciinier,  à  Sainte-Colomba-les-Vienne 
(Rhône),  présenté  par  MM.  Perrache  (Léon)  et  J.  Jicquier. 

Annuel  (Benoît)  ,  jardinier  à  Saiate-Colombe-les-Vienne  (Rhône), 
présenté  par  MM.  Perrache  (J.)  et  J.  Jacquier. 

Rumatif  (.François),  marchand  grainier,  à  Saiate-Colombe-les-Vienae 
(Rhône),  pré.»enté  par  MM.  Perrache  (J.)  et  Jacquier. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M""  Vachon,  à  Ecully  :  1°  un  pot  de  Fran- 
ciscea  calycina  var  ma/or  ei\  i^aav;  2°  divers  échantillons  de  Pois  à  rames, 
tels  que  :  Pois  sans  parchemin  beurre,  nouveau.  Pois  ridé  de  Knight,  Pois 
gourmand  ou  Pois  nain  gourmand,  variété  nouvelle;  3°  Chicorée  amère 
blonde  pommée. 

La  Commission  de  culture  maraîchère  reconnaît  très  méritante  et  devant 
être  propagée  la  variété  de  Pois  à  rames  beurre,  comme  étint  parfaitement 
sans  parchemin  et  à  gousse  très  pleine.  Pour  l'apport  de  légumes,  elle 
demande  qu'il  soit  accordé  une  prime  de  l'"  classe. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  ch^z  M.  Clayette,  33,  rue  da  l'Ëafance,  Lyon  : 
1»  de  beaux  échantillons  de  Chou  rava  et  de  Chou  JoJinnet;  2"  Bitte  à 
larges  feuilles  blanches  ;Je  Lyon;  3"  llairs  de  P.tvot-coquelicit  dou'île. 

Cet  apport  est  récompensé  d'une  prime  de  3"  classe. 


—  378  — 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godiaot,  à  Tassin  :  1°  des  ileurs  de 
Dahlias  Juarezi  ou  Etoile  du  Diable  ;  2°  des  tiges  en  fleurs  de  VHyacinthus 
candicans  ;  3°  un  bel  échantillon  de  Fenouil  de  Florence,  pour  lequel  la  Com- 
mission demande  qu'il  soit  accordé  une  prime  de  3'  classe. 

Par  M.  Hjvert,  jardinier,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  Lyon-Mohpkisir  : 
1°  des  Pêches  Amsdem  récoltées  en  plein  vent.  —  Prime  de  3"  classe; 
2°  Chicorée  frisée  mousse  de  Monpiaisir,  Chicorée  scarole  veite;  3°  Laitue 
craquante  de  Pierre-Bénite,  L.  pommée  de  Versailles  ;  4°  Poireau  lono:  de 
Nîmes;  5°  Carotte  demi-longue  nantaise  sans  cœur;  ()"  Céleri  plein  blanc 
Chemin  et  C.  Turc. 

Une  prime  de  1"  classe  est  accordée  à  M.  Hyvert. 

Par  M.  Favre,  jardinier,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  à  Lyon-Monplaisir  : 
1°  un  rameau  de  Poirier-citron  des  Carmes  ayant  une  lambourde  portant  onze 
fruits;  2°  les  Pommes  de  terre  suivantes  :  Maijolin  hâtive,  Blanchard,  très 
bonne,  hâtive  ;  violette,  très  grosse,  pouvant  êir3  cultivée  dans  la  grande 
culture,  très  productive;  3°  Ail  rouge;  4»  divers  Oignons  :  blanc  de  Paris, 
gros,  0.  jaune  pailla  Suisse,  0.  plat  de  Provence  et  une  variété  de  ce  dernier, 
mais  beaucoup  plus  pâle. 

Une  prime  de  2,"  classe  récompense  cet  apport. 

Par  M.  Clapot,  jardinier,  chemin  des  Quatre-Maisona,  Lyon-Monplaisir, 
des  Choux  frisés  Milan,  des  Vertus,  et  Choux  de  Brunswick  à  pied  coiirt, 
remarauables  comme  bonne  culture,  et  d'une  telle  dimension  qu'ils  pèsent 
environ  9  kilogrammes. 

La  Commission  lui  accorde  une  prim-i  de  2"^  classe. 

Par  M.  Gaillard,  pépiniériste  à  Briguais,  une  corbeille  d'Abricots  de 
semis  très  gros  et  très  bons. 

La  Commission  reconnaît  cet  Abricot  comme  très  méritant  et  lui  aocurde 
une  prime  de  1"  classe. 

Par  M.  Valla,  horticulteur,  à  OuUins  :  1°  une  corbeille  de  Pêches  Ams- 
dem très  grosses,  quelques-unes  ont  plus  de  10  centimètres  de  diamètre  ; 
elles  ont  été  récollées  en  plein  vent,  sur  des  arbres  de  quatre  ans  de  plan- 
tation. —  Prime  de  2"  classe  ;  2^  une  collection  de  Bégonia  tubéreux,  très 
jolie  comme  coloris  et  à  fleurs  très  grandes. 

Prime  de  2"  classe. 

Par  M.  Morel  fils,  pépiniériste,  rue  du  Souvenir,  33,  Lyon-Vaise,  une 
Pèjhe  d'origine  américaine,  Pécha  Waterloo,  très  bonne,  assez  grosse  et 
bien  avancée  en  maturité  ;  la  chair  se  détache  bien  du  noyau. 

La  Commission  reconnaît  du  mérite  à  cette  variété  et  en  demande  l'inser- 
tion au  procès-verbal  avec  mention  spéciale. 

2°  liobinia  pseudo-acacia  stmperflor'ns,  supeibe  variété  en  fleurs  et  dont  la 
flbraison  durerait  toute  l'année;  3°  Hvdera  grandidentata,  magnifique  lierre, 
très  vigoureux  et  à  très  larges  feuilles  ;  4"  Hydrangea  Japonica  rosea  alba, 
arbuste  dont  les  fleurs  durent  tout  l'été,  coloris  rose  carmin  très  vif;  5°  Cra- 
tœgus  oxyacanthu  semperflorein,  charinante  aubépine  en  fleurs  et  dont  la  flo- 
raison se  piolonge  jusqu'à  l'automne;  b"  Dracitcephalam  virginianun  album, 
bonne  plante  vivace  pouvant  rendre  de?  services  pour  la  confection  des  bou- 
quets; 7°  un  beau  et  fort  pied  en  pot  de  Strutkiopteris  germanica,  une  de  nos 
plus  belles  fougères  de  pleine  terre. 

Pour  ces  six  plantes  de  choix  et  la  Fougère,  la  Commission  demande  qu'il 
soit  accordé  une  prime  de  1''  classe. 

Par  MM.  Joannon  père  et  fils,  pépiniéristes,  à  Saint-Cyr-au-Mont-d'Or  : 
1°  un  Abricot  de  semis  se  colorant  très  bien,  gros,  chair  dure,  beau  fruit 
très  coloré. 

La  Commission  déclare  que  ce  fruit  n'est  pas  assez  m\\r  pour  pouvoir  être 
jugé; 

2°  Abricot  Vondière  trouvé  à  CoUonges,  ilans  une  vigne,  fruit  très  gros  ; 
d'après  le  présentateur,  l'arbre  serait  très  vigoureux  ;  3"  Pèche  Wilder  ; 
4»  Cerise  Valpurgis,  fruit  tardif,  gros,  noir. 


379 


5°  Poire  Ste-Aone,  gain  du  présentateur,  aaûrissant  du  20  juillet  au 
10  août,  mise  au  ccmmerce  en  1885. 

Pour  l'ensemble  du  cet  appjrc  il  est  demandé  une  prime  de  1"  classe. 

Par  le'<  mêmes  :  1°  des  rameaux  du  Spirea  Buni'ildt  don',  quelques  feuilles 
sont  panachées  de  blanc  et  d'autres  de  jaune;  2°  des  rameaux  fleuris  de 
Ceanoihus  rose  carmin;  3°  des  rameaux    de   Prunus  Pissardi,   avec   fruits, 

Prime  de  2=  classe  pour  l'ensemble. 

Par  M.  G.  Jacquier  fiU,  pépiniériste  à  Lyon-Monplaisir,  une  collection  de 
Clématites  à  grandes  tliurs,  composée  des  varis'é'î  suivantes  :  Xerxès, 
Grpsi  queen,  Coccinea,  M"'"  Thibaiild,  Bine  Geme,  Jeanne  d'Arc, 
Countess  of  Lovelace,  Star  of  India.  The  Prjsident,  A/"""  Van  Houtte, 
Viticella  kennesina.  A/""  Granger ,  Thomas  Moore ,  Integri/olia 
Durandi,  M'^'  Durand.  Herbert  Spencer.  Jackmanii,  Jackmanii  siiperba, 
Viticella  riibra  grandi/lora,  AT'"  Elisa  Schenck.  Velutina  purpurea._ 
Viticella  venosa  ûuchess  ofTheck,  Viticella  modest.i,  V.  alba,  Duke  of 
Norfolk,  Atragene  de  ITnde,  Hybrida  splendida,Sophia  cœrulea  plena, 
etc.  Cette  belle  collection  reçoit  une  prime  de  l'"  classe. 

Par  M.  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Eeully  :  1°  plusieurs  variétés 
d'œ  llels  de  fantaisie  de  semis,  très  jolis  comme  fjrme  de  fleurs  et  colori-; 
2°  des  Peiargonium  zonale,  doubles  de  semis  en  17  échantillons  ;  3°  Pétunias 
à  fleurs  simples  et  à  rieurs  double». 

Prime  de  2'=  classe  pour  l'ensemble  de  cet  apport. 

Par  M.  BnUen,  jardinier  chez  M.  Rizier,  montée  Rey ,  23,  Lyon  : 
1»  B'gonia  Rex,  unique,  r'^marquabla  comme  grandeur  de  feuilles  et  bdlle 
culture;  2»  5  Coleus  de  semis,  à  très  grandes  feuilles,  beau  coloris;  3°  un 
pot  de  Mesembryanthcmum  crisiallinum.  Cet  appon  reçoit  une  prime  de 
2=  classe. 

Par  M.  Liabaud.  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  Clerodendrwnfallax, 
jEchmœa  Wolbachii  et  Bégonia  Gogoensis.  Pour  ces  trois  plantes  de 
choix  cultivées  en  po's,  la  Commission  propose  d'accorder  une  prime  de 
1"  classe,  et  cite  spécialement  le  Bégonia  Gogoensis. 

Par  M.  E.  Masson,  rm  Si-Dinis,  31.  Lyon,  une  collection  de  Pentsfe- 
mon  composée  des  variétés  Eu'erpe,  Jocelyn.  Sir  Trevelyn,  Gil  Blas, 
Alphonse  Daudet,  Erckraann  Chairian,  Jules  Claretie,  Ai  Charville,  etc.,  des 
fleurs  d'œillels  remontants  de  semi-i;  des  pi 'ds  de  fraisiers  (laillon,  bien 
développés,  semis  d'un  an.  Prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Bernais,  rosiériste,  cours  L^^f^yelte  prolongé,  92,  Villeurbanr.e, 
une  rose  de  semis,  Mademoiselle  Joséphine  Burland,  section  dos  Mulli- 
flores  nains  remontants;  fleurs  1res  doubie;,  à  pétales  longuement  aeunainés, 
dressés  au  centre,  inclinés  aux  rangs  moyens  et  recourbés  sur  les  bords. 
Coloris  blanc  pur  en  s'épanouissant,  se  nuançint  de  rose  curmin  avec  1  âge. 
Variété  appartenant  aux  Ilosa  Polyantha,  par  la  dimension  et  l'abondance 
des  fleurs,  mais  s'en  distinguant  par  sa  floraison  non  en  corymbe  qui  per- 
mettra de  l'utiliser  pour  la  confection  des  bju  ,'i3ts.  Prime  de  l'"  classe. 

Par  M.  Dubreûil,  rosiériste,  route  de  Grenoble,  146,  Lyon-Monplaisir, 
3  variétés  de  roses  dont  deux  de  semis  :  1°  Thé  Duchesse  de  Bragance, 
fleur  très-pleine,  à  pédoncule  tré^-ferme,  d'un  beau  jaune  canari  au  centre, 
plus  pâle  sur  les  bords,  pétales  de  la  uirc  inférenoe  gracieusement  recourbés 
au  sommet,  ai  buste  vigoureux,  très  florifère. 

Prime  de  2°"=  classe. 

2  Hybrides  de  Thé,  Attraction,  fleur  assez  grande,  pleine,  carmin  clair 
nuance,  rose  de  Chine,  avec  un  liseré  plus  pâle  sur  ies  bords  ;  pétales  conca- 
ves, muuronés  imbriqués  dans  les  rangs  extérieurs,  à  onglet  jtunâlre  à  la 
base.  Arbuste  vigoureux,  florifère,  inflorescencj  dressée  disposée  en  corymbe. 
Rose  d'une  belle  duplicature,  et  d'une  oleur  intermédiaire  entre  la  rose 
Cent-feuilies  et  les  roses  Thés. 

Prime  de  2"'°  classe. 


—  380 


The  Marquise  de  Vivens,  nouveauté  de  1885,  fleur  grande,  carmin  vif 
sur  les  bords,  s'atténuant  en  rose  de  Chine  vers  le  milieu,  se  fondant  insensi- 
blement en  jaune  paille  vers  l'onglet. 

Prime  de  2"°  classe. 

Par  M.  Bonnaire,  rosiériste,  6,  chemin  des  Hérideaux,Lyon,  une  rose  de 
semis  Thé  Madame  Ckauvry,  fleur  très  grande,  ayant  près  de  12  centimètres 
de  diamètre,  pétales  nombreux  imbriqués,  coloris  jaune  nankin  au  moment 
de  l'épanouissement,  se  nuançant  de  rose  de  Chine  au  revers  des  pstale? 
et  de  jaune  cuivre  à  leur  partie  supérieure.  Cette  variété  paraît  devoir  être 
d'un  grand  mérite  pour  la  fleur  coupée.  Prime  de  2"'  classe. 

Les  commissions  d'examen  des  apports  sur  le  bureau  ne  se  trouvant  pas 
complètes,  soit  par  l'absence  de  quelques-uns  des  membres,  ou  par  suite  des 
apports  qui  ont  été  faits  par  d'autres,  M.  le  Président  propose  de  nommer 
pour  examiner  les  apports  de  la  séance  :  Arboriculture.  MM.  Louis  Gorret, 
C.  Jacquier  fils,  Corbin  ;  Floriculture,  MM.  Béiisse,  Chrétien,  Rochet  ;  Cul- 
ture Maraîchère,  MM.  Jacquier,  Pelletier,  Gonichon  ;  Roses  de  semis,  MM. 
Alégatiôre,  Besson,  Laroche. 

Cette  proposition  mise  aux  voix  est  adoptée,  l'Assemblée  ratifie  à  l'unani- 
mité les  primes  accordées  par  la  Commission. 

A  propos  des  apports  sur  le  bureau  M.  le  Secrétaire  général  fait  observer 
que,  à  chaque  séance,  les  apports  devenant  très  nombreux,  il  serait  urgent 
qu'ils  fussent  accompagnés  d'une  note  explicative  pour  faciliter  la  tâche  des 
Secrétaires,  qui  malgré  tout  leur  bon  vouloir  peuvent  faire  des  omissions 
regrettables  et  involontaires. 

M.  le  Président  et  divers  membres  des  Commissions  d'examen  apprécient 
les  observations  de  M.  Viviand-Morel,  et  demandent  qu'à  ce  propos,  il  soit 
pris  une  mesure  générale. 

Sur  la  proposition  du  Secrétaire  général,  l'Assemblée  décide  que  tout 
apport  de  plantes,  ou  autres  objets  déposés  sur  le  bureau  qui  ne  sera  pas 
accompagné  de  notes  indicatives,  ne  sera  pas  jugé. 

L'Assemblée  procède  ensuite  à  la  nomination  d'un  membre  de  la  Commis- 
sion des  visitas,  en  remplacement  de  M.  Rivoire  fils,  démissionnaire.  A 
l'unanimité  l'Assemblée  nomme  M.  Valla  membre  de  la  Commission. 

Vu  l'heure  avancée,  la  suite  de  Tordra  du  jour  est  renvoyée  à  la 
prochaine  réunion. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  Le  Secrétaire-Adjoint,  J.  Nicolas. 


Un  Rosier  remarquable. 

* 

L'homme  est  un  être  qui  aime  le  merveilleux,  l'invraisemblable, 
l'extraordinaire.  Il  se  complaît  à  admirer  les  géants,  les  nains,  les 
monstres  et  en  général  tous  les  êtres  qui  sortent  d'an  moule  diffé- 
rent de  celui  qui  est  particulier  aux  communs  des  mortels. 

A  défaut  de  vrais  géants,  de  nains  authentiques,  de  monstres 
véritables,  l'imagination  des  Homère,  des  Virgile,  des  Camoëns  et 
autres  rapsodes  lui  en  a  fabriqué  de  toutes  pièces  une  quantité  vrai- 
ment incroyable. 

Si  ce  n'était  pas  sortir  de  mon  sujet,  je  pourrais  montrer  que 
celte  propension  idiosjncrasique  de  l'espèce  humaine  n'a  pas  dégé- 
néré depuis  ces  temps  lointains.  Que  Milon  de  Crotone,  Alcide  et 
Hercule  se  sont  changés  en  Porthos  sous  la  plume  d'Alexandre 
Dumas  ;   que  Marco  Polc^,   le  célèbre  voyageur,   dit  avoir  vu  des 


—  381  — 

monstres  auprès  desquels  le  Sphinx,  le  Dragon  à  sept  têtes  et  les 
Centaures  ne  sont  que  de  la  petite  bière.  J'ajouterais  si  je  ne  crai- 
gnais pas  d'être  irrévérencieux  envers  mes  semblables,  que  la  terre 
est  une  vaste  Gascogne  où  chaque  individu  rencontre  toujours  un 
être  plus  gascon  que  lui.  Aux  choux  gros  comme  une  maison  les 
marmites  grandes  comme  une  cathédrale  ne  manquent  pas  !  Mais 
ce  serait  sortir  de  mon  sujet. 

Il  s'agit  d'un  rosier,  d'un  rosier  noisette  Aimé  Vibert.  Je  vous 
le  présenterai  tout  à  l'heure. 

Je  disais  donc  plus  haut  que  si  ce  n'était  pas  sortir  de  mon  sujet, 
je  vous  montrerais  l'homme  comme  un  être  ami  du  merveilleux  et 
des  actions  extraordinaires,  l'homme  dressant  des  statues,  bâtis- 
sant des  cathédrales,  élevant  des  obélisques. . .  l'homme  consignant 
dans  ses  archives  une  multitude  de  faits,  de  dates,  d'actions,  qui 
sortent  du  niveau  de  la  vie  habituelle.  Je  vous  le  montrerais  encore 
—  et  c'est  là  où  je  voulais  en  venir  —  mesurant  les  arbres  dont 
les  dimensions  dépassent  le  niveau  commun  aux  plantes  et  aux 
arbres.  Je  vous  le  montrerais  vous  informant  qu'il  y  avait  : 

Un  ormeau,  à  Morges,  sur  les  bords  du  lac  de  Genève,  qui 
avait  10  mètres  de  circonférence  ; 

Un  lierre,  situé  à  Gigeau,  entre  Montpellier  et  Pezenas,  dont 
le  tronc  avait  1  m.  10  de  circonférence; 

Un  tilleul  de  12  mètres  de  circonférence,  à  Neustadt  ; 

Des  Wellingtonia   dans  le  tronc  desquelles  on  trace  des  routes  ; 

Des  chênes-chapelles;  le  châtaignier  des  Cent-Cavaliers  ; 

Le  fameux  Dracœna  du  jardin  Franchi,  à  Oratava,  dans  l'île 
TéneritFe,  si  vieux  qu'on  ne  sait  au  juste  quel  âge  lui  attribuer  (1). 

Et  tant  d'autres  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer. 

Ce  qui  a  été  fait  pour  les  arbres  dont  les  grandes  dimensions 
s'imposent  à  l'attention  même  des  ignorants,  ne  l'a  pas  été  aussi 
réguUèrement  pour  les  arbrisseaux,  les  arbustes  dont  les  propor- 
tions moins  considérables  ne  peuvent  bien  être  remarquées  que  des 
connaisseurs. 

Un  exemple  :  le  rosier,  qui  est  bien  le  genre  le  plus  populaire 
parmi  les  végétaux  d'ornement,  le  rosier  que  les  poètes  ont  chanté 
sous  toutes  les  formes,  le  rosier  qu'on  connaissait  déjà  dès  la  plus 
haute  antiquité,  le  rosier  qui  a  eu  des  historiens  spéciaux,  le  rosier, 
le  croirait-on,  ne  présente  qu'un  très  petit  nombre  de  ses  repré- 
sentants qui  sortent  d'une  longévité  ordinaire  et  des  dimensions 
habituelles  particulières  à  son  espèce. 

11  me  souvient  cependant  avoir  lu  l'histoire  mirifique  d'un  églan- 


(1)  Ce  doyen  de  la  Tégétation  arborescente   n'existe  plus.  Il  a  été  détruit  par  un 
ouragan  il  y  a  quelques  années. 


—  382  — 

tier  qui  a^ait  des  proportions  extraordinaires  que  je  regrette  de 
n'avoir  pas  conservées. 

J'ai  vu  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  chez  René  Paré,  horticul- 
teur, à  Paris,  un  rosier  de  Lady  Banks  qui  couvrait  tout  un  côté 
de  son  habitation. 

Le  Docteur  Jeannel,a  signalé  en  1882(1)  parmi  les  principales 
richesses  horticoles  de  la  villa  Vigier,  à  Nice,  un  rosier  Maré- 
chal Niel,  gretfé  sur  R.  Banksiœ,  qui  garnissait  à  lui  seul  les  murs 
et  balcons  d'un  vaste  chalet.  Ce  rosier  n'était  âgé  que  de  huit  ans; 
ses  rameaux  fleuris  couvraient  une  surface  de  70  mètres  carrés.  Le 
sujet  qui  le  portait  avait  cinq  centimètres  de  diamètre.  La  greffe, 
plus  volumineuse  que  sa  mère  nourrice,  mesurait  S  centimètres  de 
diamètre.  » 

Mais  parmi  les  plus  beaux  spécimens  de  rosiers  que  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  voir,  je  n'en  coni-iais  poiut  dont  les  dimensions  égalent 
celles  de  l'individu  représenté  ci-contre. 

Ce  rosier  appartient  à  la  variété  bien  connue,  sous  le  nom  de 
Noisette  Aimé  Vibert.  11  a  été  planté  pendant  l'hiver  de  1877-78 
par  M  Duchet,.rosiériste  à  EcuUy  (Rhône),  et  couvre  actuellement 
la  façade  d'une  maison  de  deux  étages  contiguë  à  l'établissement 
de  M.  Duchet.  Cette  façade  tournée  au  sud-est  mesure  une  super- 
ficie de  plus  de  160  mètres  carrés. 

Le  spécimen  en  question  a  été  greffé  sur  le  collet  de  la  racine 
d'un  églantier,  ainsi  que  cela  se  pratique  à  Lyon  et  ailleurs.  Le 
terrain  dans  lequel  il  est  planté  a  une  bonne  profondeur  ;  on  y  a 
mêlé  autrefois  des  débris  de  démolitions. 

A  la  sortie  du  sol,  il  forme  deux  tronçons  qui  ont  chacun  26 
centimètres  de  circonférence,  et  se  divise  ensuite  en  12  hanches 
dont  les  deux  principales  ont  à  1  met.  50  du  sol,  12  centimètres  de 
tour,  et  les  plus  petites  5  centimètres.  Toutes  ces  branches  s'entre- 
lacent, se  dirigent  à  gauche,  à  droite,  montent,  redescendent  et 
font  un  cadre  de  verdure  et  de  fleurs  aux  cinq  croisées  de  la 
maison. 

La  façade  dont  nous  avons  donné  la  superficie  a  un  peu  plus  de 
18  mètres  de  longueur  sur  9  mètres  de  hauteur 

Au  moment  ou  M.  Duchet,  à  fait  photographier  ce  beau  rosier 
par  notre  habile  collègue  M.  Bernoux,  il  était  littéralement  couvert 
d'une  myriade  de  fleurs  blanches  dont  le  dénombrement  exact  au- 
rait lassé  la  patience  du  plus  habile  comptable. 

Les  seuls  soins  que  reçoit  ce  rosier  consistent  dans  la  taille  en 
vert  des  branches  gourmandes,  le  passage  des  petits  rameaux  et 
l'enlèvement  des  fleurs  passées.  V.  V.-M. 

(1)  Journal  de  la  Soc.  Rég.  d'hort.  du  nord  de  la  France. 


—  383 


Rosier  Noisette  Aimé  Vibert.  tapissant  la  far-t-le  d'un*»  maison  de  deux  étages,  à  EcuUy  (Rhône) 
D'ajjres  une  photograpliie  de  M.  Alfh.  Bernoux. 


Excursion  botaniqus  et  horticole  à  La    Moucherotte. 


La  Moucherotte,  ou  le  Moucherotte  —  les  uns  écrivent  le  nom 
de  cette  montagne  au  masculin,  les  autres  au  féminin  —  est  élevée 
de  1905  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Elle  fait  partie  du 
plateau  des  Quatre  3Ionla(jii('S,  ou  montagnes  du  Laiis  ou  f'iUard-de-Lans, 
constituées  par  le  calcaire  néocomien.  «  Ces  montagnes  plongent 
sur  l'Isère,  à  leur  extrémité  septeutrionale,  par  le  beau  promon- 
toire du  Bec-de-l'Echaillon,  au  pied  duquel  la  rivière,  qui  depuis 
Grenoble  coulait  vers  le  nord,  décrit  un  demi-cercle  pour  se  diri- 
ger vers  le  sud-ouest  et  longer  la  partie  occidentale  du  massif, 
comme  elle  vient  d'en  longer  la  partie  orientale.  Les  montagnes 
du  Lans  renferment  des  sites  charmanis  bien  connus  des  touristes  : 
La  vallée  d'Autraus,  celle  de  la  Bourne,  celle   où  coule  la   belle 


384 


source  du  petit  Vaucliise,  les  délicieux  vallons  qui  s'ouvrent  sur  le 
Drac  et  l'Isère  et  surtout  la  faille  grandiose  au  fond  de  laquelle 
coule  le  Furon,  aux  environs  de  Sassenage.  »  Les  points  culmi- 
nants de  ces  montagnes  sont  la  grande  Moucherotte,  2289  mètres, 
et  la  Moucherotte  dont  l'altitude  a  été  indiquée  plus  haut. 

La  Société  botanique  de  Lyon  avait  décidé  qu'elle  ferait  cette 
année  sa  grande  excursion  annuelle  dans  cette  partie  du  massif 
en  question,  qu'elle  n'avait  pas  encore  explorée  mais  dont  elle 
connaissait  les  richesses  que  les  botanistes  du  pays  ont  fait  con- 
naître au  monde  savant. 

Malgré  l'attrait  que  peut  exercer  la  perspective  d'une  ample 
récolte  d'espèces  rares,  peu  de  nos  collègues  se  décident  à  affron- 
ter la  température  sénégalienne  qui  règne  au  moment  du  départ  : 
c'est  une  défection  en  règle .  .  . 

Nous  sommes  huit  seulement  à  la  gare  de  Perrache,  ce  sont 
Messieurs  Veuillot,  D''  Guillot,  Olagnier,  Rabast,  Louis  Lille,  et 
votre  serviteur,  puis  Madame  H.  A et  Mademoiselle  P 

Nous  couchons  à  Grenoble. 

A  trois  heures  du  matin,  nous  sommes  brusquement  tirés  d'un 
sommeil  calme  et  profond  par  le  garçon  de  l'hôtel  où  nous  avons 
couché.  Cet  être  inhumain  frappe  à  coups  redoublés  contre  les 
portes  de  nos  chambres  et  nous  réveille  en  sursaut.  Je  quitte  à  re- 
gret le  pâle  Morphée  et  j'entrouve  ma  fenêtre  en  bâillant.  Je  ne 
vois  pas  encore  l'Aurore  «  aux  doigts  de  rose  »  ,  mais  je  distingue 
dans  l'ombre  la  silhouette  de  M.  Richard,  pharmacien  à  Grenoble. 
Il  me  semble  même  percevoir  la  phrase  suivante  qu'il  vient  d'arti- 
culer: «  ohé  !  ohé!  hop! .  .  .  Dépêchez-vous,  les  autres  sont  déjà 
au  Pont  du  Drac  ! 

Les  autres  ce  sont  les  Grenoblois  aux  pieds  légers,  que  nous 
allons,  mais  vainement,  tâcher  de  suivre  pour  escalader  la  Mou- 
cherotte aux  flancs  rapides. 

.  .  .  Ils  sont  là  une  quinzaine,  hommes  et  dames,  qui  regardent 
couler  le  Drac  en  nous  attendant.  Armés  de  grandes  cannes  ferrées 
et  de  toutes  petites  boîtes  de  Dillenius,  ils  nous  souhaitent  le  bon- 
jour. Civilement  nous  leur  rendons  leur  salut. 

Leurs  grands  alpenstocks  ne  me  disent  rien  de  bon;  leurs  boîtes 
minuscules  me  donnent  à  penser  qu'ils  ne  porteront  pas  un  bien 
bien  grave  préjudice  à  la  flore  du  pays.  Sur  le  tard  j'ai  acquis  la 
certitude  que  j'avais  dès  le  matin  formulé  une  appréciation  par- 
faitement exacte  à  cet  égard. 

Nous  franchissons  le  Drac  sur  un  pont  suspendu.  Coût  5  centi- 
mes. Le  Drac  est  une  belle  rivière  dont  les  eaux  rapides  ont  une 
limpidité  douteuse  et  un  aspect  noirâtre.  «  Il  prend  ses  sources 
dans  les  montagnes  qui  rehent  le  Mourre-Froid  (2995  m.)  à  la 


—  385  — 

Dublée  (2910  m.),  passe  à  Orcière  (1328  m.),  se  double  par  la 
jonction  du  Drac  de  Champoléon,  arrose  la  belle  vallée  de  Champ- 
saur,  alimente  l'important  canal  qui  doit  irriguer  4.000  hectares 
dans  la  vallée  de  Gap,  reçoit  la  Rouane,  baigne  St-Bonnet,  se  gros- 
sit de  laSeveraissetteetde  la  Severaisse,  entre  au-dessous  d'Aspres- 
les-Corps,  dans  le  département  de  l'Isère,  traverse  le  défilé  du 
Saut-du-Loup,  passe  au  dessous  de  Corps,  reçoit  la  Souloise  (670 
m.),  la  Bonne,  la  Jonche,  l'Ebron  (438  m.),  passe  près  des  sour- 
ces de  la  Motte-les-Bains,  reçoit  la  Romanche  et  la  Gresse,  passe 
sous  le  Pont-de-Claix  et  va  se  jeter  dans  l'Isère  à  3  kilomètres  1/2 
en  aval  de  Grenoble.  » 

Ce  Drac  qui  a  tant  reçu  de  torrents  et  de  ruisseaux  dans  son 
parcours  de  140  kilomètres,  reçoit  donc  nos  cinq  centimes  et  nous 
partons  en  longeant  l'allée  des  Balmes-de-Fontaines.  Je  jette  un 
coup  d'œil  distrait  sur  la  végétation  qui  m'entoure;  elle  ne  parvient 
pas  à  m'intéresser. 

La  caravane  s'enfonce  dans  les  bois  et  nous  voilà  tous  à  la 
queue  leu  leu  grimpant  le  coteau  par  les  sentiers  perdus.  Une  flore 
où  les  espèces  méridionales  croissent  pêle-mêle  avec  les  espèces 
plus  frileuses  se  montre  à  nous.  Nous  récoltons  le  Sumac  fustet, 
l'Erable  de  Montpellier,  le  Buphtalme  à  grandes  fleurs,  le  Pista- 
chier thérébinthe,  le  Lonicera  elrusca,  la  Cupidone  bleue,  le  Léonto- 
don  crépu  et  plusieurs  autres  plantes  intéressantes. 

Château  de  Beauregard,  Désert  de  Jean-Jacques  Rousseau,  cinq 
minutes  d'arrêt.  Le  Désert  de  Jean-Jacques  n'offre  rien  de  parti- 
culier si  ce  n'est  un  écriteau  sur  lequel  je  lis  :  Défense  d'entrer. 
J'entre  malgré  cela  en  méditations.  Pendant  cinq  minutes  trottent 
dans  ma  tête  Rousseau  et  Madame  de  Warens,  Grimm  et  Diderot, 
d'Alembert  et  les  Charmettes,  la  nouvelle  Héloïse,  Emile  et  les 
lettres  sur  la  botanique.  Pendant  ce  temps  les  Grenoblois  aux  pieds 
légers,  qui  se  moquent  de  Rousseau  et  de  son  Désert,  continuent  à 
grimper  le  coteau.  J'oublie  de  récolter  le  Scrophularia  umbrosa, 
qu'on  m'avait  indiqué  par  là,  pour  les  suivre.  Nous  voici  au 
Parizet. 

On  nous  montre  dans  ce  village  la  Tour-sans-Venin,  une  des 
sept  merveilles  du  Dauphiné.  J'ouvre  des  yeux  énormes,  M.  Lille 
met  son  lorgnon,  M.  Rabast  braque  une  jumelle  marine  sur  l'édi- 
fice et,  malgré  ce  renfort  d'instruments  d'optique  nous  ne  parve- 
nons pas  à  distinguer  la  Tour-sans-Venin,  une  des  sept  merveilles 
du  Dauphiné.  Un  vieux  pan  de  muraille  est  tout  ce  qui  reste  de 
cette  fameuse  tour.  Mais  si  nous  ne  voyons  pas  la  Tour-sans- 
Venin,  une  des  sept  merveilles  du  Dauphiné,  ce  qui  est  regretta- 
ble, nous  donnons,  dans  cet  endroit,  à  nos  papilles  linguales  et 
palatiales  la  douce  satisfaction  d'être  agréablement  titillées  par  une 


386  — 


tasse  de  café  au  lait.  Cet  aliment  sulistautiel  nous  réconcilie  avec  la 
Belle  Nature  'lUe  je  commençais,  pour  mon  compte,  à  trouver  ridi- 
cule. Je  récolte,  en  grimpant  la  montagne  : 


Gentiana  acaiilis. 
Alsine  ro.^ti'ata. 
Cytisus  sessifolius. 
Melamiiyruin       nemoro- 

Riim. 
A.opleniiim  Halleri. 
—  viride. 


Ramiiiculus  aùmicus. 
Heliaiilhemmii    ilalicum. 
Laserpitiiim  siler. 
Pyrola  SfCimHa. 
Campanula  rhomboidalis. 
Cystopteris  fragilis. 
Galium  lœvis'atiun. 


Verbascum  Gliaixi. 
Veronica  uticœfolia. 
A?(ragalns  monspessnla- 

ii'.i». 
Di'aba  aïzoïdps. 


La  niontag'ne  est  au  levant;  un  vieu.x:  liguier  au  tronc  rabougri 
m'indiquerait  que  nous  sommes  en  terrain  therm.ophile,  si  les  gouttes 
qui  me  pci-lont  au  front,  plusieurs  fois  essuyées,  ne  me  Pavaient  déjà 
suffisamment  fait  connaître.  Les  fougères  abondent  d;ins  les  rochers 
et  les  tapissent  de  leurs  frondes  élégantes.  Le  Raisin  d'ours  [/Irbiis- 
tus  Uva-uri)  est  là  dans  foute  sa  gloire.  Ses  grands  rajncau.i  ram- 
pants forment  de  vrais  tapis  de  verdure.  li  vit  en  nom])re  considé- 
rable, avec  la  fameuse  vigne  du  Mont  Ida,  cette  fameuse  vigne  qui 
n'est  pas  une  vigne.  Ils  sont  bien  jolis  quand  même  ces  deux  arbus- 
cules  malgré  les  noms  ineptes  dont  les  ont  atî'ublés  les  baptistes 
anciens.  On  les  voit  descendre  dans  les  bois  et  rocailles  jusque 
dans  la  région  inférieure  des  montagnes,  et  on  les  retrouve  en 
compagnie  du  Rosage  ferrugineux  et  du  Genévrier  des  Al.nes,  jus- 
qu'à 2000  mètres  d'altitude.  Je  remarque  dans  un  cliemin  creux 
un  de  ces  arbousiers  dont  les  rameaux  chargés  de  fruits  ont  pr'è^  do 
deux  mètres  de  longueur. 

Trois  Digitales  à  fleur  jaune  croissent  en  abondaiice  sur  les  bords 
du  chemin  que  nous  gravissons.  Ce  sont  les  Digilulls  grand iflora, 
mcdia  et  parviflo7-a.  Le  DkjUaUs  mcdla  est  assez  rare.  Quelques  bota- 
nistes regardent  cette  espèce  comme  une  hybride  des  deux  autres. 
Je  ne  sais  pas  si  le  seul  fait  d'avoir  des  caractères  intermédiaires 
entre  les  espèces  plus  haut  citées  suffît  pour  justifier  cette  asser- 
tion. 11  serait  facile  de  s'en  assurer  par  l'hybridation  directe.  La 
Digitale  à  grandes  fleurs  est,  pour  sa  part,  assez  variée,  et  on  on 
rencontre  dont  les  corolles  sont  fort  distinctes. 

Laissons  les  Digitales  et  enfonçons-nous  dans  la  forêt  de  sapins 
où  nous  attendent  une  ombre  salutaire,  d'épais  tapis  de  mousse  et 
d'excellentes  airelles  [f'accinhnn  myrlillus) .  Nous  faisons  honneur  à 
tout  cela  pendant  un  instant,  trop  court  hélas  !  car  les  Grenoblois 
aux  pieds  légers,  aux  boîtes  minuscules  et  aux  grands  alpenstocks 
continuent  leur  course  folle  vers  le  village  de  St-Nizier.  Ceci  com- 
mence à  m'ennuyer.  Je  les  laisse  aller  et  je  récolte  : 


Monotropa  hypopitys. 
Dmtaiia  piuiiata. 
Epilobium  raonlanum. 
Saxifraffa  rotuacHfolia. 


Galium  rotundifoliiim. 
Calamontha  grandiflora. 
Gnaphalium  sylvatlcum. 
Pyi'ola  minor. 


Lonicera  alpigena. 
Actfea  spicata. 
Luzula  nivea. 
MœhriDgia  muscosa,  etc. 


387  — 


J'aperçois  )e  clocher  de  St-Nizier,  clocher  bizarre,  tout  blanc, 
avec  des  plaques  de  Lichens,  mais  peu  élevé.  Dans  ce  village  il  y  a 
une  auberge  dans  laquelle  nous  déjeunons.  Déjeunons!  Eu!  Eu! 
Nous  absoibons  rapidement  quelque  nourriture,  car  les  Grenoblois 
aux  pieds  de  plus  eu  plus  légers,  qui  n'ont  ni  faim,  je  n'ose  pas 
dire  ni  soif,  ne  nous  perineltent  pas  d'achever  notre  modeste  repas. 
Ils  courent,  grimpent,  s'entilent  dans  la  Cheminée  et  ou  ne  les 
revoit  plus  qu'au  sommet  de  la  montagne.  Ah  !  que  j'ai  envie  de  les 
perdre.  Enfin  nous  suivons  la  caravane  qui  s'égrène  par  les  prés 
tieui'is.  Il  y  a  un  de  ces  prés  qui  demanderait  deux  heures  de  visite, 
uu  vrai  paradis.  Et  les  autres  qui  courent.  J'ai  à  paiue  le  temps  de 
récolter  la  Grande  Astrance,  la  Cirse  des  rivages,  uae  Liuaigrette, 
un  Carev  paradoxa,  le  Soi/eriii  pidndosa^  une  Sanguisorbe  hâtive, 
que  je  n'aperçois  plus  de  Grenoblois. 

Je  comprends  que  ces  messieurs  et  ces  dames  ont  bâte  d'arriver 
au  sommet  pour  jeter  un  coup  d'oeil  sur  la  belle  vallée  du  Drac  et 
redescendre  à  Grenoble,  mais  ceci  ne  fait  pas  mon  alïaire,  ni  celle 
de  mes  compagnons.  Nous  sommes  venus  surtout  pour  chercher  des 
plantes.  On  ne  cherche  pas  les  plantes  au  pas  gymnascique.  Ceux 
qui  les  cherchent  de  cette  manière  ne  les  trouvent  pas.  Combien 
nous  eussions  été  mieux  inspirés  de  prendre  un  guide  moins  pressé! 
Car  il  n'y  a  pas  à  dire,  malgré  une  très  belle  récolte  nous  avons 
manqué  quelques  plantes  très  rares  qui  croissent  dans  le  pays.  J'en 
suis  vexé  au-delà  du  possible. 

On  fait  l'ascension  de  la  Moucherotte  en  passant  par  un  endroit 
désigné  sous  le  nom  de  Cheminée.  Cette  Cheminée  est  difficile  à  gra- 
vir et  il  faut  s'aider  des  mains  pour  l'escalader.  Les  plantes  y  sont 
abondantes  ;  c'est  là  que  j'ai  récolté  : 


Anthyllis  raontana. 
Aiiricula. 

Bellidiastrum  Miclieli. 
Cotoneaster  tomeritosa. 
Gypsophila  repeus. 
Keriiera  saxafilis. 
Seniperviviim  tectorum. 
BupleTiMim  petreum. 
—     ranunculoïdes. 
Sedum  atratiiin. 


Arenaria  ciliati. 
Avena  setacea. 
Carex  serapervirens. 
Eiinus  alpinus. 
Homoyyne  alpina. 
Poa  alpina, 
Sideritis  alpeslris. 
Valeriana  montana. 
Pinus  unoinata 
Viola  calcarata. 


Athamentha  ci-etensi?. 
Silène  glareosa. 
Corouilla  vagiiialis. 
Globularia  cord.folia. 
—         nudicaulis. 
Polygala  calcarea. 
Silène  quadrifida. 
Thesiurn  alpinum. 
Veronica  bellidioïdes. 
Carex  tenuis,  etc. 


La  Cheminée  escaladée,  les  chemins  deviennent  plus  agréables. 
L'air  est  vif  et  pur.  On  rencontre  sur  le  flanc  de  la  montagne  plu- 
sieurs petites  sources  très  fraîches  dont  l'eau  est  excellente.  On  se 
désaltère,  comme  vous  pensez.  C'est  1:\  où  il  faudrait  déjeûner.  Je 
récolte  autour  de  ces  sources  : 


Pinguiciila  alpina. 
Soldanella  alpina. 
Epilobium  alpinum. 


Tofieldia  calyciilata. 
Aspidium  lonchitis. 
Myosotis  alpestris. 


Scrophularia  Hoppii. 
Ti'ifoliuru  Thalii. 
Orchis  globosa,  etc. 


388  — 


Les  sources  explorées  à  la  hâte,  nous  nous  étendons  à  l'ombre 
d'un  Pinus  uncinata,  arbre  résineux  que  nous  retrouverons  au  som- 
met en  vieux  individus  rabougris,  haut  comme  ça.  Le  nanisme  des 
arbres  est  un  des  caractères  les  plus  curieux  de  la  végatation  alpes- 
tre. Quand  on  songe  à  la  stature  du  saule  herbacé  qui  atteint  un  ou 
deux  centimètres  de  hauteur  à  Belledone,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'é- 
tonner outre  mesure  de  la  taille  fantastique  des  habitants  de  l'île  de 
Lilliput.  On  trouve  des  sapins  et  des  pins  qui  ont  cent  ans  au  moins 
et  un  mètre  au  plus  ;  ils  s'allongent  à  peine  d'un  centimètre  par  an. 

Il  s'agit  maintenant  d'escalader  les  pentes  qui  mènent  aux  crêtes 
de  la  Moucherotte.  C'est  dur.  Le  docteur  G.  qui  soufle  comme  un 
bœuf  échoue  à  mi-coteau.  «Je  vousattends  là,  dit-il;  jeconnaisle 
coup  d'œil  »  .  Mlle  P.  regarde  amèrement  à  droite  et  à  gauche  si 
personne  ne  vient  à  son  secours.  Au  détour  du  coteau,  deux  ani- 
maux hirsutes,  au  poil  fauve,  se  montrent  à  nos  regards.  Ce  sont 
de  jeunes  ours,  dit  un  monsieur,  un  grenoblois  aux  pieds  moins 
légers  que  ceux  de  ses  compagnons.  C'est  le  secours  attendu. 
Mlle  P.  effrayée  par  l'apparition  de  ces  animaux  qui  se  dirigent  de 
son  côté,  file  comme  une  flèche  et  atteint  le  sommet  où  elle  arrive 
essouflée.  Ces  jeunes  ours  étaient  deux  chiens  de  berger.  «  Y-a 
t-il  pire  mal  de  dents  que  quand  les  chiens  vous  tiennent  aux  jam- 
bes, dit  Panurge.  »  . 

Il  n'y  a  pas  de  plateau  au  sommet  ;  une  pente  abrupte  d'un  côté, 
des  précipices  de  l'autre,  une  longue  arête,  déchiquetée  en  den- 
telle, un  coup  d'œil  splendide,  tel  se  présente  à  nos  yeux  le  som- 
met do  la  montagne  que  nous  venons  de  gravir.  Nous  avons  bien 
payé  par  nos  fatigues  ce  majestueux  spectacle. 

Comme  les  hommes  sont  petits,  vus  d'en  haut  !  Ou  dirait  des 
fourmis.  Contre  les  parois  des  rochers  je  détache  au  risque  de  me 
rompre  les  os,  un  magnifique  échantillon  de  Nerprun  [Rhamnus 
pumila)  d'un  âge  que  je  renonce  à  connaître,  tout  couvert  de  fruits 
et  mesurant  15  centimètres  de  longueur.  Il  était  là,  entre  les  fis- 
sures de  la  roche,  depuis  bien  longtemps.  Un  peu  plus  bas,  une 
touffe  énorme,  blanche  et  rose,  m'attire  et  me  fascine.  Mais  il  y  a 
un  précipice  affreux,  sept  ou  huit  cent  mètres,  environ  qui  la 
défend  contre  mes  projets.  J'y  renonce  ;  je  l'ai  retrouvée  plus 
loin  dans  un  endroit  moins  dangereux  :  c'est  VÀnlhiUis  monlana  su- 
perbe dans  ces  parages. 

Je  récolte  encore  : 


Androsaee  villosa. 
Dryas  octopetala. 
Bistoi'ta  vivipara. 
Athameatha  cretensis. 
Hieraciiim  villosum. 
Juniperus  alpina. 
Polygala  calcarea. 
Avena  setacea. 


Arenaria  ciliata. 
Acinos  alpinus. 
Buplevrum  petrœum. 
<i  Btellatum. 

Nigritella  angustifolia. 
Ranunculus  aduncus. 
Silène  quadrinda. 
Botrychium  lunaria. 


Ântennaria  di'iica. 
Draba  aïzoides. 
SaxilVaga  aïzoon. 

»         muscoides. 
Oi'cUis  vii'idis. 
Ileliantheraum  italiciim,  eto 


—  389  — 

Les  grenoblois  ont  disparu.  Que  Dieu  les  assiste  et  les  préserve 
du  danger.  Je  ne  leur  en  veux  plus  ;  je  les  laisse  aller.  Nous  res- 
tons trois  au  sommet  qui  ne  pouvons  nous  décider  à  tirer  le 
rideau  devant  le  panorama  merveilleux  qui  s'oiFre  à  nos  regards. 
Enfin  M.  Ollagner,  pharmacien  à  l'Arbresle,  finit  par  m'arracher 
âmes  contemplations.  Ma  boîte  et  pleine  ;  elle  contient  140  espè- 
ces. Je  descend  en  zig-zag,  en  fumant  un  excellent  cigare.  Ah  ! 
que  la  nature  serait  belle  si  nos  estomacs  ne  criaient  pas    famine. 

La  descente  s'effectue  par  le  même  chemin.  Nous  retrouvons 
les  sources,  le  grand  Pinus  uncinala,\e  berger  et  ses  deux  chiens, 
et  la  Cheminée.  Ici  nous  constatons  qu'il  est  plus  aisé  de  monter 
dans  la  gaine  que  d'en  descendre,  et  c'est  à  grand  renfort  d'acroba- 
tie que  nous  parvenons  à  nous  retirer  de  ces  éboulis  compliqués 
de  rochers  verticaux,  horizontaux  et  inclinés. 

Dans  la  forêt  je  constate  un  phénomène  de  végétation  que  je 
signale  au  risque  d'enfoncer  une  porte  ouverte.  Les  jeunes  sapins 
qui  sont  à  la  base  de  la  montagne  restent  pendant  longtemps  nains 
et  rabougris  ;  ils  forment  des  touffes  coniques,  très  compactes.  Tout- 
à-coup,  sans  que  rien  n'indique  celte  transformation,  àla  végétation 
lente  et  chétive  de  leurs  premières  années,  succède  un  développe- 
ment rapide  qui  étonne  au  premier  abord.  On  dirait  qu'une  espèce 
différente  a  été  greffée  sur  leurs  flèches  rabougries. 

Nous  sommes  de  recour  à  St-Nizier  à  sept  heures.  Nous  restons 
cinq  dans  le  village  pour  y  souper  et  passer  la  nuit.  A  l'aube,  je 
range  ma  récolte  dans  ma  boite  ;  un  peu  plus  tard,  à  6  heures  du 
matin,  nous  descendons  vers  Grenoble  en  herborisant  le  long  des 
chemins  et  sentiers  tracés  dans  les  bois. 

Notre  retour  s'effectue  par  les  gorges  d'Engin  et  Sassenage. 

•Ah  !  mes  amis,  le  beau  coup  d'œil.  Si  jamais  vous  allez  là  haut, 
je  vous  conseille  de  redescendre  par  là.  Cependant,  non,  attendez. 
Il  y  a  un  certain  Pas  du  curé  à  traverser  qui  donne  le  frisson  rien 
que  d'y  penser.  C'est  un  sentier  iocUné,  taillé  dans  le  roc,  large  de 
0,60  centimètres,  où  le  temps  dure.  On  sent  à  côté  de  soi  un 
précipice  épouvantable  qui  attire  d'une  manière  désagréable.  C'est 
beau  mais  dangereux.  Ne  passez  pas  là  si  vous  craignez  le  vertige. 

Après  avoir  suivi  le  Furon  pendant  8  kilomètres  nous  débou- 
chons à  Sassenage  accompagnés  par  le  chant  des  cigales.  Sasse- 
nage, dîner;  truites  excellentes.  Retour  à  Lyon  par  le  chemin  de 
fer  du  Sénégal  :  40"  dans  les  wagons. 

V.   V.-M. 


—  390  — 

Moyen  de  reconnaître  la  nature  des  troubles  du  vin 

en  tonneaux. 

Lorsque  la  couleur  trouble  du  vin  donne  à  craindre  qu'il  ne 
tourne,  il  faut  en  filtrer  un  peu  à  travers  du  papier.  Si  le  vin  ainsi 
filtré  a  vilaine  couleur  ou  mauvais  goût,  c'est  un  signe  qu'il  est 
gâté  ou  on  voie  de  se  gâter*  si,  au  contraire,  on  ne  remarque  ni 
couleur,  ni  goût,  on  peut  être  sûr  que  le  trouble  qu'il  présente 
n'est  occasionné  que  par  une  fermentation  temporaire,  qu'il  se  cla- 
rifiera de  lui-même  et  qu'il  reviendra,  dans  un  temps  plus  ou  moins 
long,  dans  son  état  naturel. 

Valeur  agricole  des  Gadoues  de  Paris  (1). 

On  désigne  sous  le  nom  de  gadoue  les  balayures  des  rues  mélan- 
gées aux  ordures  ménagères.  Il  y  a  un  peu  de  tout  dans  ces  détri- 
tus :  des  épluchures  de  légumes,  des  débris  de  poissons,  des  intes- 
tins de  volailles,  des  plumes,  des  cendres,  etc.,  qui  peuvent  être 
utilisés  comme  engrais  ;  des  morceaux  de  verre  et  de  porcelaine, 
des  bouchons,  des  ustensiles  brisés  et  autres  objets  qui  n'ont 
absolument  aucune  valeur.  Toutes  ces  matières,  telles  qu'on  les 
recueille  chaque  jour  dans  les  rues  constituent  la  gadoue  verie: 
lorsqu'elles  ont  fermenté  en  tas  pendant  un  certain  temps,  elles 
donnent  ce  qu'on  appelle  la  gadoue  noire. 

Dans  les  environs  des  villes,  autour  de  Paris  notamment,  les 
gadoues  sont  employées  depuis  longtemps  pour  fumer  les  terres; 
elles  sont  surtout  fort  appréciées  à  Argenteuil  pour  la  culture 
des  asperges. 

MM.  A.  Muntz,  professeur,  et  Ch.  Girard,  préparateur  à  l'Ins- 
titut national  agronomique,  ont  voulu  se  rendre  compte  de  la 
valeur  réelle  de  cet  engrais,  et  ils  ont  fait  dans  ce  but  plusieurs 
analyses,  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  le  BulleUn  du  minis- 
tère de  l'agriculture, 

Un  échantillon  de  gadoue  verte  prélevé  dans  les  voitures  dont 
le  déchargement  s'elïectue  dans  des  bateaux  au  quai  de  Javel, 
contenait  0,38  pour  cent  d'azote,  0,41  d'acide  phosphorique,  0,44 
de  potasse  et  2,57  pour  cent  de  chaux.  —  C'est  à  peu  près  la 
richesse  du  fumier  de  ferme  ordinaire. 

La  gadoue  recueillie  aux  halles  centrales  est  formée  en  majeure 
partie  de  débris  de  paille  et  de  légumes  ;  elle  est,  paraît-il,  plus 
estimée  que  les  autres  par  les  cultivateurs.  Elle  contient  à  l'état 
vert  0,26  pour  cent  d'azote,  0,31  d'acide  phosphorique,  0,24  de 

(1)  Semaine  populaire. 


—  391   — 

potasse  et  3,20  pour  cent  de  chaux.  Elle  est  donc  moins  riche  en 
principes  fertihsants  que  la  gadoue  du  quai  de  Javel,  et  on  ne  s'ex- 
plique pas  dès  lors  la  préférence  dont  elle  est  l'objet. 

ÂIM.  Muntz  et  Girard  ont  analysé  des  gadoues  noires  prises  à 
Bagneux  et  à  Gentilly,  où  elles  étaient  en  tas  depuis  six  mois.  Ils 
ont  trouvé  dans  les  premières  :  azote,  0,45;  acide  phosphorique, 
0,58;  potasse,  0,52;  chaux,  3,75  pour  cent,  et,  dans  les  secon- 
des :  azote,  0,39;  acide  phosphorique,  0,45;  potasse,  0,29;  chaux, 
2,92  pour  cent. 

On  voit  que  les  gadoues  sont  loin  d'avoir  partout  la  même  com- 
position ;  leur  teneur  en  éléments  fertilisants  varie  selon  les  quar- 
tiers où  elles  sont  recueillies.  Les  cultivateurs  en  situation  d'utiliser 
des  boues  de  la  ville,  ne  doivent  donc  pas  manquer  d'en  faire  faire 
au  préalable  l'analyse,  afin  de  savoir  exactement  à  quoi  s'en  tenir. 

La  conclusion  générale  du  travail  de  MM.  Muntz  et  Girard, 
c'est  que  les  gadoues  vertes  ou  noires  restituent  au  sol  à  peu  près 
autant  de  principes  fertilisants  que  le  fumier  de  ferme  normal  ; 
mais  que  les  gadoues  noires  étant  à  un  état  de  décomposition  plus 
avancé,  et  transformées  pour  ainsi  dire  en  terreau,  doivent  être 
d'un  emploi  plus  avantageux  pour  l'agriculture. 

En  évaluant  l'azote  organique  à  1  fr.  501ekilog.,  l'acide  phos- 
phorique à  0  fr.  30,  la  potasse  à  0  fr.  50  et  la  chaux  à  1  cent,  le 
kilog.,  la  valeur  intrinsèque  des  gadoues  vertes  n'est  pas  inférieure 
à  6  fr.  30  et  s'élève  jusqu'à  9  fr.  30  les  1,000  kilog.;  celle  des 
gadoues  noire  est  comprise  entre  9  et  11  fr.  40  les  1,000  kil. 

Il  est  donc  hors  de  doute  que  les  gadoues  sont  des  matières  fer- 
tilisantes qu'on  peut  employer  avec  profit  dans  le  voisinage  des 
lieux  de  production,  là  où  leur  prix  n'est  pas  augmenté  par  des 
frais  de  transport. 

A  Lyon,  la  gadoue  porte  le  nom  d'équevilles.  A  Paris,  autrefois, 
on  appelait  gadoue,  non-seulement  les  immondices,  les  boues  et 
autres  fumiers  de  ville,  mais  encore  les  vidanges  des  latrines. 
Aujourd'hui  on  distingue  entre  toutes  ces  matières.  Les  Lyonnais 
ont  cependant  conservé,  en  l'altérant,  le  mot  de  gadoue;  ils  en 
ont  fait  gandou  et  gandouse.  A  Paris,  l'ouvrier  qui  vide  les  fosses 
d'aisance  s'appelle  un  gadouard;  à  Lyon,  un  gandou.  R. 


—  Une  école  d'agriculturj.  due  à  rinitiaùpe  privée,  vient  d'être  ouverte 
à  Hole  Park  (Kent);  l'enseignement  est  théorii]ii3  et  pratique.  La  fdrnae 
contient  520  heclares  de  terres,  Je  prés,  etc.  Ls  bit  est  de  former  des  régis- 
seurs, dos  aijriculteurs  pour  les  colonies,  etc. 

—  M.  E.  Chirtiér,  jardinier  à  Montmorency,  a  obtenu  un  Adiantum 
mncrophyllnm  à  feuilles  striées  ia  blanc.  Il  raste  i  s%voir  si  la  pinaehure  en 
question  est  bien  stable  et,  dans  le  cas  atfirmatif,  si  la  multiplication  de  la 
variété  est  facile  à  faire. 


—  392  — 

—  M.  F.  Sahut,  horticulteai-  à  Montpellier,  a  obtenu  une  médaille  d'or 
de  la  Société  nationale  d'agriculture,  pour  son  livra  sur  le  greffage  des 
vignes  américaines. 

—  M.  Boisselot  a  recommandé  la  greffe  sur  rosier  Banks  des  variétés 
vigoureuses  de  rosier  thé,  telles  que  Maréchal  Niol,  Balle  Lyonnaise.  La 
chose  n'est  guère  pratique;  cependant,  dans  quelques  cas  exceptionnels, 
l'essai  pourra  en  être  tenté. 

—  U Illustration  horticole  signale  et  figura  les  plaates  nouvelles  suivantes: 
1°  Gymnogrammu  fariniferuvi,  variété  qui  provient,  paraît-il,  du  G.  scldzo- 
phyllum;  2°  Alocasia  Lindeni ,  aroïdée  remarquable  par  la  couleur  des 
pétioles  blancs,  des  nervures  jaunes  et  du  limbe  vert  brillant  de  ses  feuilles. 
Originaire  dd  la  Papouasie  ;  3°  Dendrobium  stratiotes,  orchidée  également 
originaire  de  la  Papouasie. 

—  La  sécheresse  est  telle  dans  la  Nouvelle  Galles  du  Sud  (Australie), 
qu'on  a  vendu  des  moutons  1  fr.  20  la  pièce.  C'est  dans  ce  pays  que  le  gigot 
ne  doit  pas  être  cherl 

Roses    nouvelles    Lyonnaises 

Thé  (non  sarmenteux)  :  Baronne  de  Fonvielle.  —  Arbuste  vigoureux,  à 
rameaux  droits,  très-fermes,  très-fiorifères,  presque  inermes,  feuillage  vert 
foncé,  l'impaire  très-grande,  finement  dentelée,  deur  grande,  pleine,  bien 
faite,  pédoncule  ferme,  coloris  jaune  cuivré,  à  revers  des  pétales  rouge- 
laque;  variété  très-odorante.  Issue  de  la  variété  Beauté  de  l'Europe. 

Rosiers  hybrides  remontants  :  Stéphanie  Charretton. —  Arbuste  très-vi- 
goureux, florifère,  à  rameaux  droits,  fermes,  feuillage  à  cinq  larges  fol- 
lioles,  l'impaire  ovale,  très-grande,  finement  dentelée,  Ûaur  grande,  pleine, 
très-bien  faite,  la  coloris  des  trois  premiers  rangs  de  pétales  extérieurs  est 
blanc,  légèrement  rosé,  le  centre  delà  fleur  est  rose-cerise  vif. 

Louis  Rollet,  arbuste  extra  vigoureux,  remarquable  par  son  développe- 
ment, à  bois  rouge,  gros  aiguillons  de  même  couleur,  feuillage  à  cinq  larges 
folioles;  au  printemps  le  feuillage  est  rouge  comme  un  Coleus  Verschaffelti, 
fleur  grande,  pleine,  rouge-pourpre,  très-remontante. 

Les  descriptions  de  ces  trois  roses  sont  faites  par  l'obtenteur  M.  J.-M. 
Gonod,  rosiériste,  rou^e  d'Heyrieux,  154,  Monplaisir-Lyon. 


Catalogne.  —  Chinard,  marchand-grainier,  15,  quai  St-Ancoine,  Lyon. 
Catalogue  contenant  l'énumération  des  graminées  séparées  ou  en  mélange 
ainsi  que  des  céréales  d'automne.  Engrais  chimiques  spéciaux. 


Des  cartes  d'entrée  valables  pour  nue  tIsKc  à  l'exposition  sont 
mises  à  la  disposition  des  sociétaires  qui  désirent  en  faire  cadeau  à  leurs 
amis. 

Ces  cartes  dont  le  prix  est  de  0,75  centimes  seront  déposées  jusqu'au  sept 
septembre,  chez  M.  Jacquier,  8,  quai  des  Célestins,  Lyon. 

Passé  ce  délai,  il  ne  sera  plus  vendu  de  cartes. 

Des  cartes  pcrsounelles  valables  pendant  la  durée  de  l'Exposition 
seront  livrées  au  public  moyennant  la  somme  de  5  francs. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Iiupr.  du  Siilut  Public.  —  Bellon,  33,  rue   de   la  République,   33. 


1883  SEPTEMBRE  N°    17 


CHRONIQUE 


V  Exposition  cf  horticulture.  —  Ouf!  Je  respire.  Merci,  mon  Dieu, 
merci  !  lie  gentil  jardin  que  M.  Cordioux  avait  tracé  sur  le  cours 
du  Midi  a  disparu  sous  la  pelle  des  terrassiers.  L'herbe  âne  et 
drue,  le  vert  gazon  a  vécu.  La  rocaille  va  devenir  la  victime  d'un 
maître  maçon;  les  tentes  iront  se  reposer  dans  quelque  hangar  pen- 
dant que  les  charpentes  soigneusement  empilées  chez  M.  Darties 
attendront  une  occasion  favorable  pour  clore  l'emplacement  d'une 
autre  exposition.  C'est  fini,  tout  est  nivelé.  Les  horticulteurs  remet- 
tent en  place  les  plantes  qu'ils  avaient  apportées  et  classent  leurs 
récompenses  dans  les  médaillers.  C'est  le  moment  de  jeter  un  coup 
d'œil  rétrospectif  sur  l'Exposition  qui  vient  de  fermer   ses  portes. 

Et  ce  coup  d'œil  est  d'autant  plus  utile  à  jeter  que  cette  expo- 
sition ne  ressemblait  à  aucune  de  celles  qu'on  a  pu  voir  à  Lyon 
depuis  l'an  de  grâce  1838,  époque  où  fut  tenue  la  première  dans 
l'Orangerie  du  Jardin  des  Plantes. 

Cent  soixante-dix  exposants  ont  apporté  370  lots.  Notez  ce 
chiffre.  En  1882,  il  y  avait  100  lots  de  moins.  Les  légumes,  les 
fruits  et  les  objets  d'industrie  contribuaient  pour  la  plus  grande 
part  à  cet  accroissement  inusité  d'objets  exposés.  Ce  qui  manquait, 
vous  qui  avez  visité  l'exposition  en  détail,  vous  le  savez  mieux  que 
moi  :  c'étaient  quelques  collections  de  serre  chaude  qu'on  avait 
l'habitude  de  voir  telles  que  :  Caladium,  Dracœna  colorés,  Marai.ta 
et  autres.  Cette  absence  était  d'autant  plus  sensible  que  l'emplace- 
ment qui  leur  avait  été  réservé  était  plus  considérable. 

En  dehors  de  cela  tout  était  pour  le  mieux. 

Le  Jury  a  fonctionné  le  mercredi  8  septembre  à  partir  de  midi 
et  a  en  partie  terminé  son  travail  le  même  jour.  Le  lendemain, 
9  septembre,  ouverture   à  8  heures.    A  2  heures,    réception   des 


__  394  — 

autorités.  La  musique   du  bataillon  des  sapeurs  pompiers   et  une 
musique  militaire  se  sont  fait  entendre  pendant  la  soirée. 

Le  même  soir,  à  7  heures,  la  Société  offrait  dans  les  salons  de 
M.  Casati  un  banquet  à  MM.  les  jurés,  à  la  presse  lyonnaise  et 
aux  autorités.  Notre  aimé  président,  M.  Dutaill}^  a  remercié  cha- 
leureusement MM.  les  jurés  et  MM.  les  représentants  de  la  presse 
du  concours  dévoué  qu'ils  ont  prêté  dans  cette  circonstance  à  l'As- 
sociation horticole.  M.  Crousse,  horticulteur,  à  Nancy,  a  répondu 
en  fort  bons  termes,  au  nom  du  Jury,  M.  Gandret,  au  nom  de  la 
presse.  M.  Mercier,  de  Marseille,  a  soulevé  la  question  des  entra- 
ves apportées  à  la  circulation  des  végétaux.  M.  Labruyère  a  porté 
un  toast  au  lauréat  du  prix  d'honneur,  M.  F.  Morel.  Puis  la  soirée 
s'est  terminée  par  des  chants. 

Ceci  dit,  nous  allons,  le  programme  eu  main,  nous  promener  un 
peu  dans  le  jardin  et  dans  les  galeries  de  l'Exposition. 

Je  trouve  d'abord  les  légumes  en  tête  du  programme,  les 
légumes,  choses  utiles  par  excellence,  et  c'est  par  eux  que  je  vais 
commencer. 


CuUure  maraîchère.  —  Comme  je  suis  un  peu  végétarien,  c'est- 
à-dire  grand  partisan  des  pommes  de  terre  frites,  des  épinards  au 
jus,  du  fricandeau  à  l'oseille,  du  bœuf  aux  carottes,  de  la  salade  de 
laitue  et  autres  menues  herbes,  c'est  toujours  avec  le  plus  grand 
intérêt  que  je  visite  la  partie  des  expositions  consacrée  aux  plantes 
potagères.  Ce  n'est  pas  très  beau,  les  légumes,  j'en  conviens,  et 
vous  aussi,  n'est-ce  pas?  Mais  combien  c'est  utile  à  la  sustentation 
de  nos  individus  !  Je  partage  bien  sincèrement  l'opinion  de  ceux 
qui  aiment  à  flairer  la  douce  odeur  qu'exhale  l'Héliotrope,  je  m'ex- 
tasie sans  façon  devant  les  grâces  de  la  rose,  et  je  ne  suis  pas  de 
ceux  qui  restent  insensibles  aux  séductions  trop  nombreuses  que 
Flore  étale  à  mes  regards.  Cependant  faut-il  encore  pour  perce- 
voir avec  toute  l'intensité  désirable  ces  douces  sensations  n'avoir 
pas  l'estomac  trop  délabré. 

Hélas  !  il  en  est  ainsi  et  l'humaine  nature  ne  vit  pas  d'amour  et 
d'eau  fraîche.  Saluons  donc  d'un  grand  coup  de  chapeau  les  repré- 
sentants de  la  culture  maraîchère  et  arrêtons -nous  devant  les  lots 
de  légumes  qu'ils  ont  apportés. 

Le  programme  comportait  trois  geores  de  concours  :   concours 
général,  concours  de  belle  culture  et  concours  de  spécialités.  A  mon 
avis  les  concours  les  plus  intéressants  sont  les  concours  de  spécia- 
lités: choux,  laitue,  pomme  déterre,  melon,  etc.,  et  ils  le  seraient  . 
bien  davantage  si  on  pouvait  voir  réunis  dans  une  exposition  quatre 


—  395  — 

ou  cinq  collections  d'un  genre  quelconque  cultivé  dans  autant  de 
localités  distinctes  dont  le  sol  et  l'exposition  seraient  diiïérents.  On 
pourrait  alors  comparer  les  mêmes  sortes  cultivées  dans  tous  ces 
endroits  et  s'assurer  des  conditions  qui  favorisent  le  mieux  leur 
venue. 

Ceci  dit,   ce  desiderata  formulé,   examinons  ce  que  nous  avons 

sous  les  yeux. 

M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot  à  Tassin,  est  celui  des  ex- 
posants qui  a  le  lot  le  plus  considérable. 

On  rencontre  dans  son  exposition  230  variétés  de  choix  dans 
tous  les  genres,  tels  que  ch&ux,  navets,  haricots,  pois,  laitue,  chi- 
corée, bettes,  carottes,  etc.,  et  tout  cela  cultivé  irréprochablement. 
M.  Verne  a  obtenu  la  médaille  d'or  du  Ministre.  Il  nous  a  du 
reste  habitué  depuis  longtemps  à  des  exhibitions  en  séance  qu'il 
sait  rendre  très  intéressantes. 

M.  Charrault,  jardinier  chez  M.  Exupert  Girier,  obtient  aussi 
une  médaille  d'or  pour  sa  collection  d'ensemble.  Pour  un  coup 
d'essai  c'est  un  coup  de  maître. 

M.  Favre  (Gabriel)  et   M.  Guillet    (Pierre)    ont  des    collections 
moins  nombreuses  en  variétés  mais  d'une  culture  qui  fait  honneur  à  - 
leur  talent  de  jardinier. 

M.  Tronche,  jardinier  chez  M.  Carrier,  dans  le  2°"  concours 
relatif  à  la  belle  culture  de  légumes,  présente  un  très  beau  lot  au- 
quel le  jury  n'hésite  pas  a  donner  le  premier  prix. 

Viennent  ensuite  (ex-œquo)  ,  qui  le  suivent  de  très  près, 
MM.  H.  Perrier  et  Garnier  (Claude).  Ces  deux  jardiniers  ont  su 
montrer  que  la  culture  maraîchère  n'a  pas  de  secret  pour  eux. 

Le  concours  relatif  aux  légumes  nouveaux  et  peu  connus  n'avait 
qu'un  seul  exposant,  MM.  Rivoirepèreet  fils,  marchands-grainiers. 
rue  d'Algérie,  à  Lyon.  Je  trouve  dans  leur  lot  le  Céleri  scarole, 
très  singulière  variété  dont  le  nom  expressif  est  parfaitement 
exact,  on  dirait  en  effet  une  Chicorée  scarole.  Je  ne  sais  pas  ce 
que  l'avenir  réserve  à  cette  sorte  singulière  qui  a  le  mérite  de 
blanchir  facilement  seule.  Une  autre  plante  dont  ont  a  beaucoup 
parlé  se  trouve  dans  ce  lot,  c'est  le  Slachis  affinis,  C'est  une  labiée 
voisine  de  notre  Epiaire  des  marais.  Je  ne  lui  prédis  aucun  succès. 
A  signaler  encore,  le  chou  de  Milan  frisé  de  mai;  il  parait  que  cette 
sorte  est  très  méritante.  Puis  deux  piments  :  le  P.  à  bouquet  et  le 
P.  géant  de  Proscoppe,  et  deux  pommes  de  terre  :  Reine  des  hâ- 
tives et  Lyonnaise. 

Les  semis  de  légumes  sont  représentés  par  de  magnifiques  va- 
riétés de  pommes  de  terre  exposées  par  M.  Chipier,  horticulteur  à 


—  396  — 

St-Martin-en  Haut  (Rhône)  et  par  M.  Aumiot,à  Anse  (Rhône^l.  M. 
Chipier  a  plus  de  100  variétés.  M.  Aumiot,  53.  Ces  Messieurs  ont 
également  chacun  une  collection  de  variétés  nommées,  fort  belles 
et  dignes  d'éloges.  Les  amateurs  ont  longuement  étudié  ces  nom- 
breux et  beaux  tubercules.  Il  n'y  avait  pas  du  reste  que  ces  deux 
collections.  M.  Guillet  (Pierre),  jardinier,  chez  M.  Rendu,  à  Grézieu, 
M.  Jambon,  jardinier  à  Rochetaillée,  M.  Favre.  jardinier  àMonplai- 
sir,  et  M.  F.  Dervieux,  jardinier  à  Cusset  (Rhùne),  en  présentaient 
chacun  une  en  variété  plus  ou  moins  nombreuse. 

Cucmbilacées.  —  Je  ne  sais  pas,  amis  lecteurs,  si  vous  partagez 
mon  opinion  relativement  aux  cucurbitacées  ;  je  les  admire  mais  je 
n'en  mange  pas.  Quelques-unes  ont  des  formes  insoUtes  ;  il  y  en  a 
d'énormes,  comme  le  potiron  romain,  et  de  toutes  petites  comme 
des  œufs.  J'en  ai  remarqué  qui  se  tordaient  en  serpentin.  Et  les 
cornichons,  et  les  gourdes  de  pèlerin.  Quelle  bizarre  famille,  M. 
Jambon  gagne  avec  ces  fruits  singuliers  une  grande  médaille  d'ar- 
gent. Il  gagne  encore  une  médaille  de  vermeil  avec  une  superbe 
collection  de  melons.  L'exposition  de  M.  Jambon  est  une  de  celles 
qui  ont  été  le  plus  remarquées. 

ARBORICULTURE    ET    VITICULTURE 

Fruits.  —  Je  crois  que  l'avenir  appartient  aux  fruits.  On  ne  tire 
pas  du  poirier,  du  pêcher,  du  prunier,  de  l'abricotier,  tout  ce  qu'ils 
pourraient  rendre.  Sans  la  pommier  les  Normands  en  seraient 
réduits  à  la  boisson  des  grenouilles.  Vous  me  direz  que  nous  avons 
le  vin,  mais  vous  me  permettrez  de  vous  répondre  que  cette  excel- 
lente boisson  est  entrain  de  disparaître  —  et  le  train  marche  vite.  — 
La  fuschine,  l'acide  tartrique,  l'eau  et  l'alcool  de  betterave  sont  en 
voie  de  le  supplanter.  L'esprit  de  vin  a  déjà  disparu,  le  cognac 
aussi.  Actuellement  voici  la  formule  du  cognac  vieux: 

Alcool  de  pommes  de  terre,  de  blé,  etc. 

Eau. 

Ammoniaque  liquida  et  ciramel. 

Chauffez,  clarifiez,  laissez  refroidir  et  servez. 

C'est  pourquoi  je  dis  que  l'avenir  est  aux  fruits.  Les  beaux  fruits 
iront  sur  les  tables  ;  les  inférieurs  au  cuvier  et  du  cuvier  à  l'alam- 
bic. L'alcool  de  fruit  est  un  produit  sain  et  excellent  qui  se  vend  et 
se  vendra  toujours,  tandis  que  les  alcools  obtenus  avec  les  grains  et 
autres  féculents  attaquent  la  moelle  épinière  et  provoquent  la  folie. 

Actuellement  il  n'y  a  rien  d'organisé  pour  tirer  parti  de  l'excès 
de  production  fruitière,  et  quand  il  y  a  surabondance  c'est  par  mil- 
lions de  kilogrammes  que  les  fruits  qui  ne  se  conservent  pas  vont 


—  397  — 

au  terreau  ou  se  donnent  à  vil  prix  sur  les  marchés.  Les  Améri- 
cains, gens  pratiques,  font  des  confitures,  de  la  conserve  et  de 
l'eau  de  vie  de  tout  ce  qui  ne  peut  se  vendre  frais. 

Il  y  a  cinq  grandes  collections  générales  de  fruits,  cinq  collec- 
tions de  poires,  une  collection  de  pêches,  trois  collections  de  poi- 
res et  de  pommes  réunies  et  cinq  collections  de  raisins. 

Dans  la  collection  de  MM.  F.  Morel  et  fils,  horticulteurs  à  Lyon- 
Vaise,  je  note  quelques  fruits  relativement  nouveaux  :  coing  de 
Bourgeaut  et  Rea's  mammouth  ;  nèfle  sans  pépin;  pêche  Alexis 
Lepère,  Superbe  de  Choisy,  Nectarine  Victoria;,  poire  Anne  de 
Bretagne,  Auguste  Droche,  Bergamotte  Liabaud,  Beurré  Fouque- 
ray,  Charles  Cognée,  Charles  Ernest,  La  France,  M'""  Chaudy, 
Marguerite  Mœrillat,  Roi  Christian,  etc. 

MM.  Poisard  frères,  pépiniéristes-horticulteurs,  à  Anse  (Rhône), 
avaient  un  lot  qui  ne  laissait  rien  à  désirer  et  dans  lequel  on  pou- 
vait noter  les  plus  beaux  fruits  qu'on  trouve  dans  les  collections, 
tels  que  : 

Beurré  Clergeau,  Duchesse  d'Angoulême ,  Passe-Crassane, 
Doyenné  d'hiver,  M"'"  Chaudy,  Beurré  Millet,  Nec  plus  meuris. 
Bon  Chrétien  Napoléon,  Beurré  superfîn,  Beurré  Diel,  Beurré 
d'Hardenpont,  Passe  -  Colmar,  Bergamotte  Esperen ,  Bonne 
d'Ezée,   etc. 

M.  Cl.  Jacquier  fils,  pépiniériste  entrepreneur,  rue  des  Tuiliers, 
à  Monplaisir,  nous  montre  également  ce  qu'il  y  a  de  mieux  parmi 
les  poires,  les  pommes  et  les  raisins.  Dans  les  poires  je  note  : 
M™"  Chaudy,  Triomphe  de  Vienne,  Belle  d'Ecully,  Beurré  Per- 
rault, Passe-Crassanne,  Beurré  de  Luçon,  Marguerite  MariHat, 
Beurré  Clergeau,  etc.  Dans  le  même  lot,  quelques  pommes  remar- 
quables :  Belle  Dubois,  Pomme  Nèfle,  Grand  Alexandre,  etc.  ; 
puis  Chasselas  de  Negrepont,  Blanc  d'Ambre,  Diamant  Traub, 
Frankenthal,  etc. 

M.  Fouilloux,  horticulteur  à  St-Germain-au-Mont-d'Or,  pour 
avoir  une  exposition  un  peu  moins  complète  (les  raisins  manquaient) 
que  les  précédentes,  avait  dans  son  lot  des  fruits  superbes,  bien 
nommés  et  en  variété  de  choix  parmi  les  meilleures. 

Un  exposant,  M.  MeUn,  horticulteur  à  Chantelle  (Allier),  avait 
envoyé  un  choix  judicieux  de  poires  et  de  pommes  vraiment 
fort  belles,  parmi  lesquelles  je  note:  Maréchal  Dillen,  Fortuné 
Boisselot,  Howel,  Prince  Napoléon,  Duchesse  de  Mars,  Délices 
d'Ardenpont,  Colmar  d'Arenberg,  Beurré  gris  d'automne,  Olivier 
de  Serres,  Bergamotte  Sageret,  etc.  Puis  les  pommes  Fenouillet, 
Belle  Joséphine,  Calville  St— Sauveur,  Reine  des  reinettes.  Belle 
Dubois,  etc. 


—  398  — 

Collections  de  Poires,  —  C'est,  je  le  répète,  dans  les  genres  spé- 
ciaux que  les  concours  sont  vraiment  sérieux  et  faciles  à  juger. 
Voici  par  exemple  M.  X.  qui  bat  M.  Y.  dans  la  collection  géné- 
rale de  fruits,  et  cependant  le  jury  qui  l'a  mis  second,  troisième  ou 
quatrième  ne  disconvient  pas  qu'il  peut  être  le  premier  pour  les 
poires,  pour  les  pommes  ou  pour  les  pêches.  Il  est  «brossé»  quand 
même  par  son  voisin  parce  que  sa  collection  est  inférieure  dans 
certains  genres. 

Je  m'explique,  voici  par  exemple  M.  Routin,  notre  excellent 
pomologue,  qui  obtient  la  médaille  d'or  pour  sa  collection  de  poi- 
res ;  dix  pommes,  cinq  pêches,  quatre  prunes,  trois  raisins,  et  une 
noisette  à  son  lot,  il  était  classé  dans  la  collection  générale  et  ob- 
tenait peut  être  une  petite  médaille  d'argent. 

Quoiqu'il- en  soit  M.  Routin,  horticulteur  à  Fontaines,  nous  mon- 
tre des  poires  bien  dénommées,  fort  belles  et  des  variétés  très 
nombreuses,  ce  qu'il  y  a  de  mieux  en  un  mot.. 

MM.  Fayard  père  et  fils,  horticulteurs,  route  de  Lyon,  ont 
montré  qu'ils  connaissaient  également  bien  les  poires,  qu'ils  en 
avaient  de  fort  de  fort  belles,  parmi  les  meilleures  variétés. 

M.  Valla,  horticulteur,  rue  de  Chasse,  à  Oullins,  ainsi  que  M. 
Givord,  pour  avoir  des  collections  un  peu  moins  nombreuses  en 
variétés  n'en  avaient  pas  moins  des  lots  d'un  grand  mérite,  dans 
lesquels  les  amateurs  pouvaient  noter  les  meilleures  sortes. 

M.  Tronche  nous  a  également  prouvé  qu'il  s'intéressait  aux 
collections. 

M.  Mathieu  Combet,  àLimonest  (Rhône),  est  le  seul  horticulteur 
qui  expose  dans  le  22™"  concours  relatif  aux  pêches  en  collection. 
Il  a  un  lot  magnifique.  Plus  d'un  visiteur  aura  désiré  s'assurer  par 
la  dégustation  si  ses  fruits  étaient  aussi  bons  que  beaux. 

M.  Favre  (Gabriel)  horticulteur  à  Lyon-Monplaisir,  décroche 
une  grande  médaille  d'argent,  pour  une  collection  de  fruits  non 
désignés  dans  les  précédents  concours. 

La  collection  de  25  variétés  de  poires  et  de  20  variétés  de  pom- 
mes, met  en  présence  M.  Besson,  horticulteur  à  Irigny  (Rhône), 
M.  Danjou  et  M.  F.  Dervieux.  Le  jury  a  été  fort  embarrassé  pour 
donner  les  prix  car  ces  trois  lots  se  recommandaient  par  un  choix 
judicieux  des  meilleures  variétés. 

{J  suivre).  V.   V.-M. 


—  399  — 


Di«icoiirs  prononcé  pai*  M.  Dntailly,  Président  de  IMssocla- 
tiou  liortii-ole  l^ounai^c,  à  Toccaslon  de  la  distribution 
des  récoiupcnse»  aux  lauréats  de  l'Exposition. 

Messihurs, 

Lundi  dernier,  lorsque  le  banquet  de  l'Association  allait  prendre  fin,  le 
délégué  de  Marseille,  très  compétent,  très  autorisé,  se  leva  et  but  à  la  santé 
de  l'horticulture  lyonnaise  :  a  Ljon,  dit-il,  est  presque  la  capitale  horticole 
de  la  France.  » 

Messieurs,  quand  on  est  fort  et  que  l'on  a  conscience  de  sa  puissance,  la 
modestie  est  un  devoii'.  Ce  que  la  ville  de  Marseille  a  eu  la  gracieuseté  de 
dire  à  la  ville  de  Lyon,  nous  n'oserions  le  penser  et  nous  n'avons  point  la 
présomption  de  prendre  le  pas  sur  Paris. 

Et  pourtant  qui  ne  sait  que  Lyon  est  la  capitale  des  roses.  Nulle  part,  il 
n'y  en  a  autant,  ni  de  plus  belles,  ni  de  plus  variées.  Lyon,  fière  des  bons 
fruits  dont  elle  a  peuplé  les  tables,  peut  revendiquer  la  production  d'innom- 
brables variétés  de  fruits.  L'œillet,  que  quelques-uns  nomment  le  roi  des 
lleurs,  a  été  grandement  perfectionné  chez  nous,  et  l'œillet  remontant  est 
lyonnais. 

Ce  n'est  pas  tout  :  jaloux  de  nos  traditions,  nous  ne  cessons  de  poursuivre 
partout  le  progrès  avec  acharnement.  Un  lyonnais,  M.  Crozy,  n'est-il  pas 
en  train  de  transformer  le  Canna  et  de  donner  au  somptueux  feuillage  de  la 
plante  indienne  un  couronnement  digne  de  lui  ?  Ses  quelques  maigres  fleurs 
d'autrefois  se  sont  multipliées  et  élargies  ;  et  maintenant  le  Canna  se  pare 
de  lleurs  étincelantes  comme  celles  des  Glaïeuls,  qui  se  pressent  et  s'étagent 
en  épis  magnifiques  à  floraison  prolongée.  En  changeant  de  patrie,  le  Canna 
du  vieux  Linné  a  changé  de  parure,  et  le  voici  qui  devient  le  balisier  de 
Lyon. 

Nous  perfectionnons  le  Canna,  mais  nous  simplifions  le  Dahlia.  Celui-ci 
s'était  peut-être  trop  civilisé  à  notre  contact.  En  se  doublant,  il  s'était  alourdi, 
et  son  impeccable  régularité  heurtait  quelque  peu  nos  récentes  idées  artisti- 
ques où  l'art  léger  du  Japon,  qui  a  horreur  de  la  symétrie,  tient  une  si  grande 
place.  Nous  avons  donc  tenté  de  ramener  le  Dahlia  aux  jours  de  la  sauvage- 
rie primitive;  mais  on  peut  voir  par  les  collections  qui  s'étalent  ici  que  nous 
avoGS  conservé  de  jolies  mouchetures  à  ce  qui  lui  restait  de  pétales.  Tel  qu'il 
est  aujourd'hui,  il  produit  le  meilleur  effet  dans  nos  jardins  et  la  ville  de 
Lyon  a  contribué  plus  que  toute  autre  à  faire  do  ce  sauvageon  une  plante 
aimable  et  charmante. 

Messieurs,  je  me  garderai  de  vous  promener  à  nouveau  dans  tous  les  re- 
coins de  cet  immense  jardin.  Les  plus  humbles  légumes  y  coudoient  les  plus 
orgueilleuses  fleurs  et,  pour  la  première  fois,  on  peut  dire  que  l'exposition 
maraîchère  est  digne  des  autres.  Il  y  faudrait  peut-être  un  peu  plus  de 
variété  dans  les  produits  exposés  ;  mais  cette  critique  en  tous  cas  ne  s'appli- 
que point  aux  pommes  de  taire  dont  vous  avez  vu  les  collections  superbes, 
où  l'utile  Parmentier,  s'il  revecait  parmi  nous,  serait  fort  empêché  de  retrou- 
ver le  tubercule  lype,  qu'en  homme  politique  habile  il  faisait  protéger  par 
des  soldats,  pour  que  tout  le  monde  eût  la  tentation  d'y  toucher. 

11  faui  voir  tout  cela  en  détail  et  bien  d'autres  choses  :  les  vignes  greffées 
et  les  hybrides,  les  espérances  de  la  lutte  que  nous  soutenons  contre  le  phyl- 
loxéra; il  faut  contempler  c3S  longues  files  de  tablettes  où  gisent  des  collec- 
tions fruitières,  hors  de  pair,  s'en  aller  visiter  les  plantes  de  serre  sous 
leur  vaste  pavillon  et  voir  enfin  tout  cela  dans  le  cadre  simple  et  élégant 
tracé  par  M.  Cordioux.  Partout  c'est  l'abondance,  l'initiative,  le  goût,  le  pro- 
grès. D'ajtres  s'enthousiasmeni  tt  se  demandent  où  l'on  a  pu  trouver  tout 
cet  amoncellement  de  fleurs,  de  fruits  et  de  légumes.  Il  faut  leur  dire  la 
vérité  :  s'ils  allaient  chez  les  producteurs,  ils  en  verraient  bien  davantage. 
Tout  ce  que  vous  avez  sous  les   yeux  n'est  en  réalité  qu'une  collection  de 


—  400  — 

bouquets  que  des  centaines  d'exposants  ont  cueillis  chacun   dans  son  jardin, 
pour  les  mettre  sous  vos  yeux,  en  concurrence  avec  le  bouquet  du  voisin. 

Eli  bien  !  il  y  a  ceni  voisins  de  plus  qu'à  la  dernière  exposition,  et  c'est 
sur  quoi  j'appelle  toute  votre  attention.  Ces  cent  exposants  nouveaux  sont 
tous  de  petits  horticulteurs  qui  s'abstenaient  naguère  et  qui  reconnaissent 
aujourd'hui  que  nous  avons  des  réconapenses  pour  tous  les  efforts  réels,  même 
les  plus  humbles.  Mais,  en  même  temps,  certains  de  nos  grande  exposants, 
ceux  que  nous  aimons  le  plus  pourtant  et  que  nous  admirons  encore  davan- 
tage, s'il  est  possible,  se  tiennent  à  l'écart  cette  année.  Leur  renom  est  uni- 
versel, ils  le  savent  et  ils  se  reposent.  Ils  veulent  aussi,  disent-ils,  laisser  les 
grandes  médailles  aux  jeunes,  et  cette  galanterie  n'est  pas  pour  nous  laisser 
froids. 

On  a  dit  à  ce  propos,  que  l'exposiiion  se  démocratisait,  qu'elle  se  faisait 
plutôt  par  les  petits  que  par  les  grands.  Messieurs,  permettez  à  un  président 
qui  vous  doit  la  vérité  et  vous  aime  assez  pour  ne  vous  la  point  cacher,  per- 
mettez-moi de  vous  dire  que  ce  n'est  poiiit  ainsi  qu'il  faut  comprendre  la 
démocratisation  de  l'horticulture.  Nous  ne  voulons  point  de  l'égalité  dans 
ramoindris=!ement.  Ce  qu'il  nous  faut  c'est  de  l'égalité  vers  les  sommets.  Nos 
grands  horticulteurs  sont  pour  nous  des  porte-drapeaux.  Vous  apprenez  à 
bien  faire  en  regardant  ca  qu'ils  font.  Et  bien  faire  c'est  vous  efforcer  de 
faire  ce  qu'ils  ont  fat.  S'ils  nous  faisaient  défaut,  il  nous  manquerait  des 
guides  et  des  conseils.  Et  quant  à  eux,  qu'ils  n'oublient  pas  que  noblesse 
oblige.  Il  j  a  une  chose  pur  laquelle  on  ne  saurait  se  blaser,  c'est  l'accueil 
empressé  des  amateurs.  Q'je  penserait-on  d'eux  si  au  lieu  de  venir  sous  notre 
tenue  ils  restaient  sous  la  leur? 

Messieurs  les  exposants,  qui  que  vous  soyez,  petits  ou  grands,  vous  avtz 
cette  favriur  du  public  lyonnais,  toujours  si  am')ureux  des  belles  plantes. 

Et  ce  n'est  pas  tout.  Je  vois  ici,  à  mes  côtés,  M.  Dubois,  le  représentant 
de  la  Municipalité  lyonnaise,  qui  vous  prouve,  par  sa  présence,  que  les 
pouvoirs  publics  ont  l'œil  sur  vous  et  rendent  justice  à  vos  mérites.  Il  y 
a  quelques  jours,  c'était  M.  le  Préfet  qui  venait  assister  à  l'inauguration, 
et  nous  lui  avons  été  profondément  reconnaissant,  de  cette  marque  d'inté- 
rêt. Ceux  qui  ne  peuvent  venir  ne  nous  oublient  pas.  Voici  l'admirable  vase 
de  M.  le  Président  de  la  République  qui  vieut  récompenser  un  infatigable 
travailleur,  M.  Morel.  Il  y  a  là  encore  les  médailles  d'or  et  d'argent  du 
ministre  de  l'agriculture  et,  dans  tout  ce  monceau  de  médailles,  les  subven- 
tions de  l'Etal,  de  la  ville  et  du  département  entrent  pour  une  bunne  part. 

Messieurs,  remercions  nos  honorables  visiteurs  et  nos  généreux  bienfai- 
teurs. Et  puis,  disons-nous,  que  pour  accumuler  sur  nous  tant  et  aussi  signi- 
ficatives sympathies,  il  faut  bien  que  notre  œuvre  &oit  utile  et  méritoire. 

Oui,  vous  tous,  membres  de  l'Association  horticole  lyonnaise,  vous  êtes 
dans  la  bonne  voie  et  notre  Société,  n'en  doutez  pas,  qui  a  déjà  le  présent 
pour  elle,  a  pareillement  l'avenir. 


Bouturage    du    Rosier 

(Avec  figures  explicatives.) 

Il  est  assez  difficile  de  bien  faire  saisir  sa  pensée  quand  il  s'agit 
de  démontrer  certaines  opérations  techniques.  Le  professeur  a  beau 
avoir  «  la  langue  bien  pendue  » ,  l'écrivain  un  style  «  clair  et 
précis  »  s'ils  n'ont  ni  l'un  ni  l'autre  des  tableaux  à  montrer,  ils  en 
sont  pour  leurs  frais  d'éloquence.  C'est  pourquoi  j'ai  prié  un  de 
mes  amis  de  me  dessiner  les  trois  figures  ci-contre  qiu  serviront 
d'explication  à  cette  note  concernant  le  bouturage  du  rosier. 


401  — 


Fig.  l.  —  Bouture  de  Rosier  avec  talon; 


Tig-  3.  —  Bouture  de  Rosier,  taillée  en  biseau. 


Je  classe  le  rosier  dans  deux  catégories  quand  il  s'agit  de  le 
bouturer  :  le  rosier  à  feuilles  persislanles  et  le  rosier  à  feuilles  cadu- 
ques. Je  prie  les  malins  de  ne  pas  trop  se  presser  de  me  rire  au  nez 
parce  que  je  parle  de  rosiers  à  feuilles  persislantes  ou  presque  persis- 
tantes. Je  n'entends  pas  parler  du  Hosa  sewpcrvirens  seulement,  mais 
de  tous  les  rosiers  indiens,  dont  les  feuilles  sont  longues  à  tomber 
si  les  froids  rigoureux  ne  surviennent  pas  trop  vite  en  hiver. 

Je  comprends  que  les  Rosiers  à  feuilles  persistantes  constituent, 
dans  mon  esprit,  un  groupe  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  catalo- 
gues, mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  en  nier  l'existence. 

Je  distingue  donc,  quand  il  s'agit  de  faire  des  boutures,  les 
rosiers  en  deux  catégories.  Dans  la  première,  que  j'appelle  R.  à 
feuilles  persistantes  je  place  : 

Les  rosiers  de  l'Ile-Bourbon,  les  rosiers  Bengale,  les  rosiers 
Thés  et  les  rosiers  de  Noisette,  pour  ne  citer  que  les  plus  commu- 
nément cultivés. 


—  402    — 

Dans  la  deuxième  catégorie,  les  Hybrides  remontants  et  non 
remontants,  les  Cent-feuilles,  les  Damas,  les  Provins,  etc. 

Ceci  dit,  il  me  reste  à  donner  la  raison  qui  m'a  décidé  à  établir 
les  deux  catégories  ci-dessus  dénommées.  La  voici  :  Les  rosiers  de 
la  première  catégorie  (R.  à  feuilles  persistantes)  ne  reprennent 
bien  de  boutures  que  lorsque  celles-ci  sont  faites  en  leur  conser- 
vant une  partie  de  lè«rs  feuilles  (voir  fig,  1  à  3),  tandis  que  ceux 
de  la  deuxième  catégorie  (R.  à  feuilles  caduques)  peuvent  s'en- 
raciner sans  que  la  bouture  soit  feuillée. 


Fig.  3.  —  Boutare  de  Rosier  avec  incision. 

J'ajouterai  que  les  boutures  de  rosiers  de  la  première  catégorie 
peuvent  se  faire  de  juin  à  octobre  en  plein  jardin,  et  d'octobre  à 
juin  en  seri'e.  Dans  les  deux  cas  il  faut  que  le  bois  soit  aoûté 
autant  que  possible. 

Les  rosiers  de  la  deuxième  catégorie  peuvent  se  bouturer  de 
septembre  à  mars  en  plein  jardin. 

Il  faut  des  cloches  ou  des  châssis  pour  bouturer  les  rosiers  dont 
les  boutures  sont  feuillées.  Il  n'en  faut  pas  pour  les  autres. 

Dans  l'été  si  on  veut  bouturer  des  rosiers  à  feuilles  caduques,  il 
faut  les  traiter  comme  s'ils  appartenaient  à  la  catégorie  de  ceux 
que  j'ai  appelé  R.  à  feuilles  persistantes. 


—  403   — 

On  ne  doit  jamais  enfoncer  trop  profondément  les  boutures  de 
rosiers  faites  pendant  l'été.  Trois  centimètres  suffisent.  Il  faut 
les  placer  sous  cloches  à  l'ombre,  tenir  le  sable  dans  lequel  elles 
sont  piquées,  frais  sans  trop  le  mouiller  cependant. 

Pour  la  quantité  de  feuilles  à  laisser,  les  Fig.  1  à  3  en  disent 
plus  qu'une  longue  phrase. 

La  Fig.  1  indique  la  forme  de  la  coupe  qu'on  doit  donner  à  la 
bouture,  toutes  les  fois  qu'on  peut  la  détacher  directement  du 
rameau  qui  la  porte.  C'est  ce  qu'on  appelle  une  bouture  avec  talon. 

La  Fig.  2  représente  une  bouture  sans  talon.  Elle  est  coupée  en 
biseau  sous  un  bourgeon. 

La  Fig.  3,  représente  une  bouture  avec  entaille,  dont  je  n'ai  eu 
qu'à  me  louer.  Les  racines  se  développent  aussi  bien  et  même 
mieux  que  dans  une  bouture  ordinaire. 

Le  bénéfice  que  procure  cette  entaille  consiste  à  empêcher  la 
bouture  de  noircir  et  de  pourrir  après  s'être  enracinée,  ce  qui 
arrive  quelquefois.  (Voir  pour  de  plus  amples  renseignements  sur 
cette  bouture,  Lijon-florlicole,  année  1883). 

Les  boutures  faites  on  les  plante,  comme  je  l'ai  dit,  à  quatre  ou 
cinq  centimètres  l'une  de  l'autre,  sous  cloche  ou  sous  châssis  que 
l'on  tient  à  l'ombre. 

Les  boutures  ainsi  faites  s'enracinent  très  viie.  On  les  sèvre  en 
les  rempotant  dans  de  petits  pots  qu'on  tient  sous  cloches  et  ombrée 
pendant  quelques  jours.  V.  V.  -M. 

CORRESPONDANCE 

Grenoble,  le  26  août  1886. 

Mon  cher  Monsieup  Viviand-Morel, 
Dans  le  compte-rendu  que  je  vous  ai  adressé  sur  l'Exposition 
d'horticulture  de  Grenoble,  j'ai  commis  deux  erreurs,  involontaires 
de  ma  part,  touchant  les  récompenses  obtenues  entre  MM.  Ber- 
naix  et  Pernet-Ducher  d'un  côté,  et  les  Hospices  de  Grenoble  et 
l'asile  de  Saint-Robert  de  l'autre. 

Malgré  les  pancartes  portant  «  grand  prix  d'honneur  »  qui  ont 
été  laissées  pendant  toute  la  durée  de  l'Exposition  à  deux  des 
exposants,  à  la  distribution  des  récompenses  et  d'après  le  i-apport 
officiel  de  l'Exposition  que  je  viens  de  recevoir,  l'appel  de  ces 
différents  lots  a  été  fait  comme  il  suit  : 

1"  prix  {ex-œquo),  M.   Bernaix,  —  objet  d'art.  -»  M.  Pern«t- 
Ducher,  —  médaille  d'or.  —  De  même  pour  les  deux  établisse-, 
ments  de  Grenoble. 
•  Sur  la  demande  de  M.  Pernet-Ducher,  je  me  fais  un  devoir  de 
vous  demander  de  vouloir  bien  faire  cette  juste  rectification  dans 
votre  prochain  numéro.  J.    Jambon,  horl.  à  Grenoble. 


_  404  — 
EXPOSITION    D'HORTICULTURE  &  DE  VITICULTURE 

TENUE    A    LYON 

Par  l'Association  Horticole  Lyonnaise  du  9  au  43  Septembre  1886 
sur  le  Cours  du  Midi,  à  Perrache. 


Distribution    des    Récompenses 

Grand    Prix  d'honneur  :  (Vase  de  Sèvres,  offert  par    M.    le 

Président  de  la  République). 

M.  F.  Morel  et  fils,  horticulteur-pépiniériste,  rue  du  Souvenir,  à  Ljoq- 
Vaise. 

CULTURE    maraîchère 

Membres  du  Jury,  MM.  Ceuzin-Jacob  (de  Chalon),  Grenier  (de 
Lvon),  MoNTiAS  (de  Neuville),  Napouer  (délégué  de  la  Société 
de  Tarare),  et  Poizat  (de  Neuville). 

1"  Concours.  —  Collection  générale  de  légumes.  — 
Grande  médaille  d'or,  offerte  par  M.  le  Mnisfre,  à  M.  Verne. — 
médaille  d'or,  offerte  par  M.  Dutailly,  à  M.  Charrault,  jardinier 
chez  M.  E.  Girier,  à  la  Verpillièce.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Favre 
Gabriel,  jardinier  à  Lyon-Monplaisir.  —  Grande  méd.  d'argent,  M. 
Guillet  Pierre,  jardinier  chez  M.  Rendu,  à  Grézieu  (Rhône). 

2^  —  LÉGUMES  VARIÉS  REMARQUABLES  PAR  LEUR  BELLE  CULTURE. 
—  Médaille  d'or,  M.  Tronche  (Atnable),  jardinier  chez  M.  Carrier, 
route  de  Vienne.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Perrier  H.,  jardinier  chez 
M.  Andrié  è  Lyon-Monplaisir.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Garnier 
(Claude),  cultivateur  à  Bron  (Rhône). 

3".  —  LÉGUMES  nouveaux  ou  peu  connus  dans  la  région.  — 
Grande  méd.  d'argent,  MM.  Rivoire  père  et  fils,  march, -grain.,  rua 
d'Algérie,  à   Lyon.  —  Méd.  de  bronze,  M.  B.,  capitaine  d'infanterie. 

6'.    —    Semis    de    légumes.    —      Méd.  de  vermeil,  M.  Chipier,   pé- 
piniériste à  St  Martin-en-Haut  (Rhône)  (Pommes  dt)  terre).— Grande 
médaille  d'arj;ent,  M.  Aumiot,  à  Anse  jRhôaej  (Pommes  de  terre).  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Eoaery.  j»rd.  à  la  Demi-Lune  (Laitue). 
Méd.  de  bronze,  M.  Emery  (Chicorée). 

7^.  —  Pommes  de  terre  en  collection.  —  Méd.  de  vermeil,  M. 
E.  Chipier,  pépiniériste,  à  St-Martin-en  Haut  (Rhône).  —  Méd.  da 
vermeil,  M.  Guillet  (Pierre),  jard.  chez  M.  Rendu.  —  Grande  méd. 
d'argent,  M.  Aumiot,  à  An.>ie.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jambon, 
jard.  à  Rochetaillée  (Rhône).  —  Méd.  d'argent,  M.  Favro  (Gabriel), 
jard.  à  Lyon-Monplaisir.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Dervieui  F.,  horti- 
culteur à  Cusset  (Khône). 

9^  —   CucuRBiTACÉES.     —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jambon,  jard. 

à  Rochetaillée  (Rhône). 
10'.   —  Melons     en     collection.    —   Méd.  de  vermeil,  M.  Jambon, 

jard.  à  Rhochetaillée  (Rhône). 
\2^(bis).     —     Choux.   —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Boucharlat  jeune, 

horticulteur,  rue  des  Missionnaires,    à  Lyon-Croix-Rousse.   —    Méd. 

d'argent,  MM.  L.  Lille  et  Beney,    march. -grain.,   quai  St  Antoine,  à 

Lyon. 


—  405  — 

17"   (bis).    —   Semis   de   fraises.     —     Méd.  d'argent,  M.  Marchand, 
horlicuUeur,  rue  du  Sacré-Cœur,  à  Lyon. 

ARBORICULTURE    &    VITICULTURE 

Membres  du  Jury  :  MM.  Albeht  Schopfer,  délégué  de  la  Société 
d'horticulture  de  Lausanne),  Lyand  (de  Genève),  D''  Grobon, 
(délégué  de  la  Société  d'horticulture  de  Bourg),  Honoré  De- 
fresne  (de  Vitry-sur-Seine),  Dauvesse  (d'Orléans),  Guénard, 
(délégué  de  la  Société  d'horticulture  de  Chàlon),FRÈZE  (Didier), 
(délégué  de  la  S.ciété  d'horticulture  de  Grenoble}. 


19"  Concours.  —  Collection  générale  de  fruits.  —  Grande 
méd.  d'or,  M.  P.  Moral  et  Fils.  —  Grande  méd.  d'or.  MM.  Poisard 
frères,  horticulteurs  h  Anse.  — Méd.  dj  vermeil,  M.  Ci.  Jsciuier  Fib, 
horticulteur,  rue  de  Tuiliers,  à  LyonMonplaisir.  —  Grande  méJ.  d'ar- 
gent offerte  par  M.  le  Mini-tre,  à  M.  Fouilioux.  horticulteur,  à  Saint- 
Germain-au-Mont-d'Or. — MéJ.  d'argent,  M.  Melin,  hirliculteur,  à 
Chantelle  (Allier). 

20'.  —  Poires  en  collection.  —  Méd.  d'or  offerte  par  M.  Dutaillj, 
à  M.  Routin,  horticulteur,  à  Fontaines-sur-Saône.  —  Méd.  de  ver- 
meil, MM.  Fayard  père  et  fil»,  horticulteurs,  à  Francheville  (Rhône). 

—  Grande  méd.  d'argent,  M.  Valla,  hortioulleui',  à  Oullins    (Rhône). 

—  Grande  méd.  d'argent,  M.Givord,  horticulteur,  à  Oullins  (Rhône). 

—  Méd.  d'argent,  M.  Tronche  (Amab'e),  jardinier  chez  M.  Carrier. 
22".    —   PÈCHES    en     collection.    —  Grande  méd.  d'argent,    M.  Ma- 
thieu Combet  à  Limonet  (Rhône). 

23°.  —  Fruits.  —  Collection  non  désignée  dans  les  précé- 
dents concours.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Favre  Gabriel,  horticul- 
teur, à  Monplaisir. 
24^  —  Poires  et  Pommes  en  collection.  —  Méd.  de  vermeil, 
M.  Danjou,  jardinier  chez  M.  de  Virieux,  à  Cailloux-sur-Fontaine.  — 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Besson,  horticulteur  à  Irigny  (Rhône).  — 
Méd.  d'argen*,  M.  F.  Dervieux,  horticulteur    à  Cusset- Villeurbanne. 

25^   —  Collection    de   Raisins.  —  Méd.  d'or,  M.  Magat,  horticul- 
teur à  Chazay-d'Azergues.  —  Méd.  d'or,  M.  Rolland  et  Arnaud-Coffln, 
à  Villefranche  (Rhône).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Périgny,  à  Ver- 
naison  (Rhône).  —  Méd.  d'argent,  M.  Chavagneux,    hort.,    Château- 
Gaillard.  —  Mél.  de  bronze,  M.  Favre  Gabriel,    hort.   à  Monplaisir. 
28^   —  Fruits   de  semis.    —  Les  membres  du  jury   soussi- 
gnés ont  d'un  commun  accord  décidé  de  renvoyer  à    une    commis- 
sion spéciale,  nommée  par  la  Société,  les  fruits  de  semis  :  A.  Schop- 
fer, L.  Lyand,  Guénard,  Dauvesse,  D.  Frèze. 

29\   —  Arbres  et  Arbustes  nouvellement  introduits.  —  Méd.  de 

vermeil,  M.  F.  Morel  et  Fils.  —  Grande  méd.  d'argent,    M.    Reboul, 
hort.  à  Muntélimar. 
30".    —   Arbustes,    semis    de  l'exposant. —    Grande  ncéd.  d'argent, 
MM.    Durand  frères,    hort.  ro  ite  di  Grenoble,  Lyon  Monplaisir.  — 
Méd.  d'argent,  M.  F.  Morel  et  fils.  — Méd.  d'arg.,  M.  F.  Morel  et  fils. 


—  406  — 

3P.  —  CoLLECTior^  d'Arbustes  a  feuilles  persistantes.  — 
Grande  méd.  d'or,  M.  F.  Morel  et  fils.  —  Grande  méd.  d'or,  M.  Cl. 
Jacquier  fils,  hort.  rue  des  Tuiliers,  Lvon-Monplaisir.  — Grande  méd, 
d'argent,  de  M.    le   Ministre,  à  M.  R^boul,  hort.  à  Montélimar. 

32'.  —  Collection  de  Conifères.  —  Grande  méd.  d'or,  M.  F. 
Morel  et  fils,  hort.  Lyon-Vaise. —  Méd.  de  vermeil,  M.  Pitrat,  hort. 
rue  du  Chapeau-Rouge,  Lyon-Vaise. 

33".  —  Conifères  de  force  supérieure.  —  Méd.  de  ver- 
meil, M.  F.  Morel  et  fils,  hort.,  Ljon-Vaise. 

35"  bis.  —  Collection  de  Buis.  -  Méd.  d'argent,  M.  Pitrat  (Amé- 
dée),  hort.,  Lyon-Vaise. 

37°.  —  AucUBAS.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Louis  Gorret,  hort., 
rue  du  Bourbonnais,  Lyon-Vaise.  —  Méd.  d'argent,  M.  Roux, 
hort.,  à    Fontaines-sur-Saône. 

38°.  —  Yuccas  —  Méd.  d'argent,  M.  Pitaval,  hort.,  chemin  des 
Grasdes-Terres,  à  Lyon-St-Iréiiée. 

38"  bis.  —  Fusains.  —  Grande  Méd.  d'argent.  M.  Louis  Gorret, 
hort.,  rue  du  Bourbonnai».  Lyon-Vaise.  —  Méd.  d'argent,  M.  F 
Morel  et  fils,  hort.,  Lyon-Vaise. 

44".  —  Belle  culture.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Pitaval,  hort.,  à 
Lyon-St-Irénée.  (Aucubas).  —  Méd.  de  bronze,  M.  Jacquet,  rue 
de  Villion,  à  Lyon-Monplaisir.  (Laurier  Cerise.)  —  Méd.  de  bronze, 
M.  F.  Morel  et  fils.  (Arbuste  divers.) 

Erables  du  Japon.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Cl.  Jacquier  fils,  hort., 
Lyon-Monplaisir. 

Arbres  Fruitiers.  —  Grande  Méd.  d'argent,  M.  Roux,  hort.  à  Fon- 
taines-sur-Saône. —  M.  A.  Seux,  hort.  à  Valence  (Drôme). 


VIGNES     GREFFÉES     ET    NON     GREFFÉES 

Méd.  d'or,  MM.  Rolland  et  Arnaud-Cofiin,  viticulteurs,  à  Villefranche. 

—  (ofi'erte  par  M.  Dutailly),  M.  Magat,  vitic.  à  Chazaj-d'Azergues. 

—  MM.  Poisard  trères,  hort. -pépiniéristes,  à  Anse  (Rhône). 
Méd.  de  vermeil,  M.  Roux,  hort.  à  Fontaines-sur-Saône. 

Méd.  d'argent,  M.  Bonnamour,  rue  de  Condé,  39. 


PLANTES     DE     SERRE 

Membres  du   Jury  :  M,   Ciiantin  (de  Paris),    M.   Crousse    (de 

Nancy),  M.  Montel   (délégué  de   la  Société  d'horticulture  de 

Marseille),  M.  Weber  (délégué  de  la  Société  d'horticulture   de 

la  Côte-d'Or),  M.  Lemonon  (délégué  de  la  Société  d'horticulture 

de  Mâcon),  M.  V.  Davin. 

46"  Concours.  —  Semis  de  plantes  de  serres —  Médaill.  d'or'> 
M.  Crozy,horticult.,  206,  grande  rue  de  la  Guillotière,  Lj'on.  (Cannas-' 
Grande  Méd.  d'argent,  M.  Drevet,  hort.,  rue  Julien,  Lyon-Moncha''' 
(Coleus).  —  Méd.  d'argent,  M.  Marchand,  rue  du  Sacré-Cœur,  Lyon* 
(Géranium).  —  Méd.  de  bronze,  M.  Valla,  hort.,  montée  des  Rochesi 
à  Oullins  (Rhône).  (Coleus).  —  Méd.  de  bronze,  M.  Dory.  (Pelar- 
gonium  zonales.) 


—  407  —     . 

47^.  —  Collection  générale  de  plantes  de  serre  — 
Grande  Méd.  d'or,  M.  Devert  fils,  hort.,  route  de  Grenoble,  Lyon- 
Monplaisir. —  Méd.  d'or,  M.  Schmitt,  hort.,  rue  St-Pierre,  Lyon- 
Vaise. 

48®.  —  Collection  de  50  Plantes  a  feuillage  ornemental. — 
Méd.  de  vermeil,  M.  Bélisse,  hort..  rue  du  Bourbonnais,  Ljon-Vaise. 
—  Grande  Méd.  d'argent,  M.  Couzançat,  horticulteur,  gr.  rue  de 
Cuire,   Cuire-Ljon, 

50®.  —  Collection  de  Fougères  de  serre.  —   Médaille    d'argent, 

M.  Cousançat,  hort.,  Cuire-les-Lyon. 
6 P.   —   BÉGONIAS    à   feuillage     ornemental,    en    collection.   — 
Méd.  de  vermeil,  M.  Cousançat,    hort.,  Cuire-les-Lyon.    —   Grande 
Méd.  d'argent,  M.  Charreton,  hort.,  avenue  des   Ponts,  Lyon-Guil- 
lotière. 

61"^  bis.   —  Espèces  diverses  de  Bégonias.   —    Médaille    d'argent, 

M.  Cousançat,  hort.,  à  Cuire-les-Lyon. 
66".   —  Coleus  en  collection  de  100  variétés.   —      Médaille    de 

vermeil, M.  Rochet,  hort.,  grande  rue  de  la  Croix-Rousse,  Lyon. 
69",    —    Collection    générale    de    Pelargoniums    zonales.    — 

Médaille  d'or,  M.  Rozain-Boucharlat,  hort.  à  Cuire-les-Lyon. 
70" .  —  Collection  de  Pelargoniums  zonales  en  50  variétés.   — 

Grande  méd.  d'argent,  M.  Guillet,  jardinier,  chez  M.  Rendu.  —  Méd. 

de  bronze,  M.  Collet,  jard.  chez  M.  Bouoaut,  à  la  Mulatière-Lyon. 
71".  —  Pelargoniums    en    collection.  —   Espèces  diverses.   — 

Grande  méd.  d'argent,  M.  Guillet  (Pierre),  jardinier  chez  M.  Rendu, 

à  Grézieu-la-Varenne.  —  Méd.   d'argent,   M.   Patichoud,  hort.,    rue 

Coste,  Cuire-les-Lyon. 

72".  —  Collection  de  Fuchsias.  —  Méd.  de  vermeil  (offerte  par 
M.  Dutailly),  M.  Gindre,  amateur,  à  Lyon. 

73".  —  Collection  de  Fuchsias  en  50  variétés.  —  Méd.  d'ar- 
gent, M.  Galmiche,  hort.  à  Grand-Croix  (Loire). 

78".  —  Cannas  en  collection.  — ■  Méd.  de  vermeil,  M.  Crozy,  hort., 
grande  rue  de  la  Guillotière,  Lyon. 

81".  —  Cactées  en  collection.  —  Grande  Méd.  d'argent,  M. Torto- 
rotot,  impasse  des  Manèges,  Lyon-la  Villette. 

81"  bis.  —  Collection  d'ALOÈS.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Cousançat, 
hort.  à  Cuire-les-Lyon. 

Lot  de  Furcroya.  —  Méd.  d'argent,  M.  ■  Pitrat  (Amédée),  hort., 
Lyon-Vaise. 

82".  —  Bruyères  en  collection.  —  Méd.  d'argent,  M.  Drevet,  hort., 
rue  Julien,  à  Lyon-Montchat. 

84".  —  Collection  de  Plantes  de  marché.  —  Grande  méd.  d'ar- 
gent, M.  Grillet,  hort.,  route  de  Grenoble,  Lyon-Monplaisir.  — 
Méd.   d'argent,   M.   Stingue,  hort.,   montée   de  la  Boucle,  Lyon. 

85".  —  Massif  de  50  Plantes  d'une  seule  espèce.  —  Médaille  de 
vermeil,  M.  Beurrier  aîné,  hort.,  route  de  Grenoble,  Lyon-Mon- 
plaisir. (Adiantum).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Beurrier  (Jean), 
hort..  rue  Saint-Maurice,  Lyon-Monplaisir.  (Adiantum,)  —  Grande 
médaille  d'argent,  M.  Drevet,  horticult.,  rue  Julien,  Lyon-Mon- 
p'.aisir.  (Aralia.)  —  Méd.  d'argent,  M.  Beurrier  aîné,  hort.,  Lyon- 
Monplaisir.  (Aralia.)  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Verne,  jard.  chez 
M.  Godinot.  (Bégonia  L.  Van-Houtte.)  —  Grande  Méd.  d'argent, 
M.    Musset,    hort.,  chemin  de  Francheville    par    Lyon.     (Bégonia 


—  408  — 

bolbejx).  —  Méd.  d'argent,  M.  Stingue,  hort.,  montée  de  la  Boucle, 
Lyon.  (Bégonia  Stingue).  —  Grande  méd.  d'argent.  M.  Siingue, 
hort..  montée  de  la  Boucle,  Lyon  (Bouvaidia.)  —  Médaille  d'aigeot, 
M.  Musset,  hort.,  19,  chemin  de  Franeheville  par  Lyon.  (Bou- 
varlia).  —  Méâ.  d'argent,  M.  Devert,  hort.,  route  Je  Grenoble.  (Ce- 
losia.).  Méd.  de  bronze,  M.  Gousançat,  hoit.  à  Cuire-les-Lyon.  (Cha- 
marops).  —  Grande  méd.  d'argent,'M.  P.  Morel  et  fils,  hort.,  Lyon- 
Vaise.  (Choysia).  — Méd.  de  vermeil,  MM.  Morel  père  et  fils,  hort., 
grande  rue  de  Cuire  Cioix-Rousse.  (Cletra).  —  Grande  Méd.  d'argent, 
M.  Beurrier  (Jean),  hort.  à  Lyon-Monplaisir.  (Cyclamen.).  —  Méd. 
de  vermeil,  M.  Boucharlat,  hort..  rue  des  Missionnaires.  Lyon. 
(Dracœna  indivisa).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Drevet,  hort., 
rue  Julien,  Lyon-Montchat.  (Dracœna  indivisa).  -  Médaille  d'argent, 
M.  Devert,  horticulteur,  route  de  Grenoble.  (Dracœna  indivisa.) — 
Méd.  d'argent.  MM.  Morel  père  et  fils,  grande  rue  de  Cuire,  Croix- 
Rousse.  (Gloxinia.)  —  Méd,  d'argent,  M.  Valla,  montée  des  Roches, 
à  Oullins.  (Bégonias.)  —  Grande  méd.  d'argent.  M.  Devert,  hort., 
route  de  Grenoble,  à  Monplaisir.  (Phœnix  Canarierisis).  —  Grande 
méd.  d'argent,  M.  Beurrier  (Jean),  hort.,  rue  St-Maurice,  Lyon-Mon- 
plaisir. (Ficus).  Méd.  de  bronze,  M.  Musset,  hort.,  chemin  de  Fran- 
eheville, 19.  (Ficus).  —  Méd.  d'or,  M.  Drevet,  hort.,  route  de 
Grenoble,  Lyon-Monplaisir.  (Kentia). —  Méd.  de  vermeil,  M.  Bélisse, 
hort.,  rue  du  Bourbonnais,  Lyon-Vaise.  (Latania).  —  Méd.  d'or, 
M.  Devert,  horticult.,  route  deGrenoble,  I  yon-Monplaisir.  (Latania.) 

—  Méd.  de  bronze,  M.  Drevet,  hort.,  rue  Julien.  I  yon-Montchat. 
(Lauiier-Tin).  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Grume),  hoit.,  chemin  de 
St-Priest,  Lyon-Monplaisir.  (Qililletp.)  —  Méd.  de  vermeil.  M.  Beur- 
rier (Jean),  hort.,  rue  St-Maurice,  Lyon-Monp'aisir.  (Œilieis).  — 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Chavagnon  flis,  horticult.,  route  d'Hey- 
rieux,  Lyon-Monplaisir.  (ŒiUel.o).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Cha- 
vagnon fils,  horticult.,  route  d'IIeyrieux,  Lyon-Monplaisir.  (Œillets.) 

—  Grand3  mél.  d'argent,  M.  Beurrier  aîné,  horlijuU.,  route  de 
Grenoble,  Lyon-Monplaisir.  (Œillets.)  —  Méd.  d'argent,  M.  Char- 
reton,  hort.,  avenue  des  Ponts,  Lyon-Guillolière.  (Œillets).  —  MéJ. 
d'argent.  M.  Chavagnon  père,  hort.,  chimin  de  la  Croix-Murlon, 
lyon  Monplaisir.  (Œillets).  —  Méd.  de  bronze,  M.  Devert,  hort., 
route  de  Grenoble,  Lyon-.Monplaisir.  (Œillets.)  —  Méd.  de  vermeil, 
M.  Patichou'1,  hortiei'lt.  rue  Coste,  Lyon-Monplaisir.  (Ro.-iers.)  — 
Méd.  d'argent,  M.  Lapeute,  hort.,  route  d'IIeyrieux,  Lyon-.Monplai- 
sir. (Phlox.). 

86^  —  Belle  culture.  _  MéJ.  d'or,  M.  Devert  fils  (Phœnix).  — 
Mél.  de  vermeil  offerte  par  M.  Dutailly,  M.  Belisse,  hort.  rue  du 
Bourboniiai'?.  Lyon-Vaise  (Cyc9s).  —  Méd.  de  vermeil.  M.  Jacquet, 
Tiort.,  rue  Villion,  Lyon-Monplaisir  (Areca  lutescens).  — Méd.  de 
vermeil,  M.  Jacquet,  hort.,  rue  Villion,  L^'on  Monplaisir  (Phor- 
mium).  —Méd.  de  vermeil,  M.  Jacquet,  hort.,  lue  Villion,  Lyon- 
Monplaisir  (Chamœrops).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Musset, 
hort.,  19,  chemin  de  Franeheville,  Lyon  (Cycas).  —  (irande  méd. 
d'argent,  M.  Jacquet,  hort.,  rue  Villion,  Lyon-Moiplaisir  (Cocos 
insignisj.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Devert,  hort.,  rou»o  d'IIey- 
rieux. Lyon-Monplaisir  (Chamduops).  —  Giande  méd.  d'argent, 
M.  Guichard,  jard.  chez  M.  Duviaid,  Croix-Rousse  (Lanlana  et 
Zonale). — Grainde  iijéd.  d'argent,  M.  Jacqtei,  hort.,  rue  Villion, 
Lyon-Monplaisir  (2  Ph'rnix).  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Jacquet, 
hort.,  rue  Villion,  Lyon-Monplaisir.  (Phœnix  canariensis).  —  Méd. 
d'argent,  M.  Combet,  hort.  à  Limonest  (Rhône)(Cereu3  monstruosus). 

—  Méd.  d'argent,  M.  Falconnet,  hoi-t.  à  Villefranche  (Rhône). 
(Araucaria  excelsa).  —  Méd.  de  bronze,  M.  Thomas.  (Ficus). 


—  409  — 

PLANTES     VIVACES     ANNUELLES 
ET     FLEURS     COUPÉES 

Membres  du  Jury  :  MM.  Poirier  (de  Versailles),  Cochet-Aubin 
(de  Suisne),  Michel  (de  Paris),  Coste  (de  Marseille),  E.  Verdier 
(délégué  de  h.  Société  centrale  d'horticulture  de  France). 

88".  —Plantes  alpines.  —  MéJ.  de  bronze,  M.  F.  Morel  et  fils, 
hort..  rue  du  Souvenir,  Lyon-Vaise. 

9r.  —  Collection  de  100  Œillets. —  Méd.  de  vermeil  du  Syn- 
dicat de3  Horticulteurs  de  la  région  lyonnaise,  M.  Carie,  hort.  route 
d'Heyrieux,  Lyon  Monplaisir. 

92'".  —  Collection  de  30  Œillets.  —  Grande  méd.  d'argent, 
M.   Ch^vagnon   fil?,    hort..  route  d'Heyrieux,   Lyon-Monplaisir. 

97".  —  Plantes  de  Massifs.  —  Grande  méd.  d'argent,  MM.  L. 
Lille  et  Beney,  mardi. -grainiers,  quai  Saint-Antoine  (G.dllardia). — 
Grande  méd.  d'argent.  MM.  L.  Lille  et  Beney,  mardi. -grainiers, 
quai  Saint-Antoine  (Zinnia>).  —  Méd.  d'argent,  M.  Boucharlat, 
hort.,  rue  des  Missionnaires,  Lyon-Croix-Rousse  (Amarante).  — 
Méd.  d'argent,  M.  Molin,  march.-grainier,  place  Bellecojr,  Lyon. 
(Tubéreuses).  —  Méd.  de  bronze,  MM.  Rivoire  père  et  fils,  mar- 
chands-grainiers,  rue  d'Algérie,  Lyon  (Phlox  Di-um)nii). —  Méd.  de 
bronze,  M.  Boucharlat,  hort.,  rue  des  Missionnaires,  Lyon-Croix- 
Rou--se  (Purtulacc^). 
98^  —  Semis  de  plantes  vivaces.  —  Grande  méd.  d'argent, 
M.  Boucharlat,  hort.,  rue  des  Missionnaires  (Véronique  de  semis). 


FLEURS    COUPÉES 

99*  Concours.  —  Collection  générale   de  plantes  vivaces 

et  annuelles.  —  G.  andeméd.  d'argent,  MM.  L.  Lille  et  Banej',  mar- 
chands grainiers,  quai  St-Antoine,  Lyon.  —  Grande  méd.  d'argent, 
M.  Molin,  marchand  grainier,  place  Bellecour. 
100".  —  Collection  CxÉnérale  de  roses.  —  Grande  méd.  d'or, 
M.  Pernet  fils-Daoher,  rosiériste,  chemin  des  Qaatre-Maisons,  Lyon- 
Guilloiière.—  Méd.  d'or.  M.  Duché  jeune,  rosiériste  à  Kcully  (Rhône). 
—  Méd.  d'or,  M.  Bonnaire,  rosiériste,  chemin  des  Hérideaux,  Lyon- 
Monplaisir. —  Méd.  de  vermeil,  M.  Levet  jeune,  rosiériste,  avenue  des 
Ponts,  Lyon-Guillotière.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  A.  Bernaix, 
cours  Lafayetta  prolongé,  Villeurbanne.  —  Méd.  d'argent  offerte  par 
M.  Dutailly,  M.  Perrier,  rosiériste,  chemin  des  Culattes,  Li  Mouche- 
Lyon. 

19P'.  —  Collection  de  roses  en  200  a'ariétés.  —  Mél.  d'or, 
M.  F.  Dubreuil,  rosiériste,  route  d'Heyrieux,  Lyon-Monplaisir.  — 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Laparricre,  rosiériste,  à  Champagne-au- 
Mont-d'Or  (Rhône).  —  Méd.  d'argent,  M.  Reboul,  horticulteur,  à 
Wontélimar  (Drôme). 

102''.  —  Collection  en  100  variétés.  —  Méd.  de  vermeil, 
M.  Dubreuil,  rosiériste,  route  d'Heyrieux,  Lyon-Monplaisir. — MéJ. 
de  vermeil,  M.  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Ecully.  —  (irande 
méd.  d'argent,  M.  A.  Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafayette,  à  Villeur- 
banne. —  Méd.  d'argent,  M.  Brechon,  horticulteur,  à  Ecully  (Rliône\ 


—  410  — 


Rose  de  semis.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Lavet  jeune,  rosiériste, 
avenue  des  Ponts,  Lyon. 

/{osiers  greffés  sur  liosn  Polyantha.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  A. 
Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafajette,  à  Villeurbanne. 

Althéas  en  colleciion.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Magat,  horticulteur,  à 
Chazay-d'Azergues. 
104%  —  Collection  de  Dahlias.  —  Méd.  do  vermeil,  M.Rozain. 
Boucharlat,  horticulteur,  à  Cuire-les-Lyon.  —  Grande  méd.  d'argent 
M.  Guillet  (Pierre),  jardinier  chez  M.  Rendu.  —  Méd.  d'argent, 
M.  Collet  (Ant.) ,  jardinier  chez  M.  Reverdy.  —  Méd.  d'argent, 
M,  Valla,  horticulteur,  montée  des  Roches,  à  Oullins  (Rhône). 

Dahlias  simples  de  semis.  —  Méd.  d'argent,  MM.  L.  Lille  et  Beney, 
marchands-grainiers,  quai  St-Antoine,  Lyon. 

105%  —  Glaïeuls.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  F.  Morel  et  fils 
horticulteur,  à  Lyon-Vaise.  —  Méd.  d'argent,  M.  Crozy,  horticulteur. 
Grande  rue  de  la  Guillotière,  Lyon.  —  Méd.  de  bronze  offerte  par 
M.  Dutailly,  M.  Valla,  horticulteur,  à  Oullins.  —  Méd.  de  bronze, 
M.  Molin,  marchand  grainier,  place  Bellecour,  Lyon. 

109'.  —  Zinnias.  —  Méd.  d'argent,  M.  Charrault ,  jardinier  chez 
M.  E.  Girier. 

Bouquets  de  graminées.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Molin,  marchand- 
grainier,  place  Belleoour-Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M"'^  Pitaval,  fleu- 
riste, chemin  des  Grandes-Terres,  Lyon-St-Irénée. 

112%  —  Concours  de  bouquets.  —  Méd.  de  versaeil,  W"  Cauvin, 
fleuriste,  à  Marseille.  —  Grande  méd.  d'argent.  M"*  Jacjuin,  fleu- 
riste, rue  de  la  Bourse,  Lyon. 

113*.  —  Collection  de  trois  bouquets.  —  Méd.  de  vermeil, 
M"«  Pitaval,  fleuriste,  chemin  des  Grandes-Terres,  St-Irenée. 

Pour  deux  couronney  et  deux  bouquets.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Cam- 
brillat,  horticulteur,  à  Brindas  (Rhône). 


INDUSTRIE    HORTICOLE    ET    VITICOLE 

Membres  du  Jury  :  MM.  Bupfaud,  Despierre,   Tillier, 
Dupuis,  L.  Jarosson. 

117' Concours.   —  Dessins  et  plans  de   jardins.  —   Rappe 

d'une  méd.  de  vermeil,  M.  Bernoux,  photographe,  rue  des  Archers,  8, 
Lyon.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Gobât,  hort.  à  Bourg  (Ain).  — 
Méd.  de  bronze,  Mlle  Poissonnié,  peintre,  rue  de  Sèze,  à  Lyon.  — 
Mention  honorable,  Mlle  Rampon,  peintre,  à  Lyon. 

118%  —  Serres  et  châssis.  —  Méd.  d'or,  M.  Tranehand,  place 
d'Helvétie,  à  Lyon.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Cordier,  à  Ecully.  —  Méd. 
de  vermeil,  MM.  Raoul  et  Thermoz,  cours  Lafayette,  à  Lyon.  — 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Burnichon,  à  la  Demi-Lune.  —  Grande 
méd.  d'argent,  M.  Salla,  rue  Tronchet,  à  Lyon.  —  Méd.  de  bronze, 
M.  Voisin,  à  Venissieux  (Rhône). 

119%  —  Chauffage  DE  serres.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Drevet, 
rue  de  la  Villette,  à  Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  Dulevron,  à  Màcon. 
—  Méd.  d'argent,  M.  Daujas  et  Melin,  à  Lancey  (Isore). 


—  411   — 
12P.  —   Constructions  rustiques.  — Méd.  de  vermeil,  M.  Jouf- 

fray,  roeailleur,  route  de  Grenoble,  107.  Lyon-Monplaisir. —  Grande 
méd.  argent,  M.  Favier,  rocailleur,  rue  de  Trion,  à  Saint-Just-Lyon. 

122^  —  Chaumières,  Pigeonniers,  etc.  —  Méd.  de  vermeil, 
M.   Voland,  treillageur  à  OuUins  (Rhône). 

123°.  —  Ameublement  de  jardins,  —  Grande  mé^!.  d'argent,  M. 
Bourget,  treillageur,  rue  de  la  Duchôre,  à  Lyo.i-Vaise.  —  Méd.  d'ar- 
gent, M.  Voland,  treillageur,  à  OuUins  (Rhône).  —  Méd.  de  bronze, 
offerte  pai  M.  Dulaillj,  à  M.  Vincent,  rue  de  la  République,  s  Lyon. 

124\  —  Jardinières,  Aquariums,  etc.  —  Méd.  d'argent,  M. 
Charnay,  rue  de  Seze,  Lyon.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Grasselli,  quai  de 
Serin,  Lyon. —  Mention  honorable,  M.  Bertier,  rue  de  Jarente,  Lyon. 

125°.  —  Pompes,  Appareils  d'arrosage,  etc. —  Méd.  de  ver- 
meil, M.  Delpuy,  à  Collonges  fRhône).  —  Méd.  de  vermeil  (rappel), 
M.  Collin,  à  Lamure  (Rhône).  —Méd.  d'argent,  M.  Livet,  à  Monplai- 
sir-Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  Aubrun,  rue  Delandine,  Lyon.  — 
Méd.  d'argent,  M.  Plissonnier,  cours  Lafayette,  Lyon.  —  Méd.  d'ar- 
gent, M.  Tournus,  quai  de  Serin,  30.  —  Méd.  d'argent,  M.  Valloton, 
cours  Lafayette,  Lyon.  —  Mention  honorable,  M.  Supéry,  rue  Bos- 
suet,  Lyon. 

126°.  —  Coutellerie  horticole.  —  Grande  méd.  d'argent, 
M.  Crespin,  à  St-Rambert  (Ain).  —  Méd.  d'argent,  M.  Renaud,  rue 
Constantine,  Lyon. 

127°.  —  Instruments  de  jardinage  autres  que  la  coutellerie.  — 
Méd.  d'argent,  machine  à  faire  les  bouquets  de  M.  Myard,  à  Chalons 
(Saône-et-Loire). 

128°.  —  Treillages,  grillages,  claies,  etc.  —  Grande  méd. 
d'argent,  M.  Lerte,  à  Ste-Foy-les-Lyon. 

131^  —  Statues  et  groupes  d'ornement.  —  Grande  méd.  d'ar- 
gent, M.  Bouvard,  rue  des  Prêtres,  Lyon. 

132°.  —  Enseignement  horticole.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Mu- 
nier,  jardinier  chez  M.  Lassonnerie. 

133°,  —  Ustensiles  et  outils  (caisses  à  fleurs).  —  Grande  méd. 
d'argent,  M.  Chemin,  à  OuUins  (Rhône).  —Méd.  d'argent,  M.  Lamur, 
à  Collonges  (Rhône).  —  Méd.  d'argent,  M.  Cartan,  Grande  rue  de 
Vaise,  Lyon.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Ravut,  à  St-Cyr-au-Mont-d'Or. 
—  Méd.  de  bronze,  M.  Nigoul,  rue  St-Pierre,  Lyon-Vaise. 

134°.  —  Fleurs  artificielles.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Cordenot, 
rue  Mercière,  Lyon.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Sambet,  rue  de  la  Cha- 
rité, Lyon. 

135°.  —  Pressoirs.  —  Méd.  de  vermeil,  M.  Marmonier,  avenue  du 
Château,  Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  Meunier,  rue  Neuve-St-Miohel- 
Lyon.  —  Mdd.  de  bronze,  M.  Monier,  à  Vernaison  (Rhône). 

186°.  —  Appareils  et  instruments  divers.  —  Méd.  de  vermeil, 
M.  Weitz,  cours  du  Midi,  Lyon.  —  Grande  méd.  d'argent,  M.  Guy, 
rue  Part-Dieu,  Lyon.  —■  Méd.  d'argent,  M.  Gonin,  rue  St-Catherine. 
Lyon.  —  Méd.  d'argent,  M.  Vermorel,  à  Villetranche  (Rhône).  — 
Méd.  de  bronze,  M.  Piquemil,  quai  de  l'Hôpital,  Lyon.  —  Méd.  de 
bronze,  M.  Carrayrou,  rueCondé,  Lyon. — Méd.  de  bronze,  M.  Trazy, 
rue  de  l'Arquabuse,  Lyon.  —  Mention  honorable,  M.  Appaix,  Grande 
rue  de  la  Guillotière,  Lyon.  —  Mention  honorable,  MM.  Mayet  et 
Coton,  à  Givors  (Rhône).  —  Mention  honorable,  M.  Déplâtre,  ruo 
Joseph-Bonnet,  Lyon. 


—  412  — 

137^    CÉRAMIQUE,  FOURNITURES  HORTICOLES,   ETC.  ^  Méj.  de 

vermeil.  M.  Chabrol,  rue  Centrale,  Lyon.  —  Méd.  de  bronze,  M.  Mo- 
lin,  marchand  grainier,  place  Bellecour,  Lyon. 

Exposants  hors  concoars  snr  leur  demande. 

M.  Kettemann,  pépiaiériste,  à  la  Dami-Lune.  —  Conifères  et  arbustes  à 
feuilles  persistantes.  (Félicitations  du  Jury.) 

M.  B.  Comte,  horticulteur,  rue  de  Bourgogne,  Lyon  Valse.  —  Plantes  de 
serre  chaude.  (Félicitations  du  Jury.) 

M"e  V«  Schwarlz,  r^siériste,  route  de  Vienne,  Lyon-Guillotière.  — Col- 
lection de  roses. 

M.  J.-B.  Guillot  et  fils,  chemin  des  Pins,  Ljon- G  ailloli  ère.  —  Collection 
de  roses. 

M.  Barriot,  Lyon-Champvert.  —  Plans  de  jardins. 

M.  Cordioux,  architecte,  à  Ecully  (Rhôae).  —  Plans  de  jirdios. 

M.  Guynat,  à  Franoheville  (Rhône).  —  Serres  et  châssis. 

M.  Lespinasse,  à  la  Demi-Lune  (Rhône).  —  Treillages. 

M.  Lafay,  rue  de  la  Barre.  —  Coutellerie. 

M.  Bardaguer,  rue  Childebert.  —  Coutellerie. 


CONCOURS     SPÉCIAUX     ET    VISITES 
A     DOMICILE 

1'"  SECTION.  —  Etablissements.  —  Grand  prix  (grande  méJ.  d'oi' 
MM.  J.-B.  Guillot  et  fils,  liort. -rosier.  —  chemin  des  Pin,  Lyon.  — 
1"  prix,  méd.  d'or,  M.  Bonnaire,  rosiériste,  chemin  dos  Héridaux,  Lyon- 
Monplaisir. 

Culture  Maraîchèic.  .:—  l"  prix,  méd.  d'or,  M.  Favre  (Gabriel),  jard. 
Lyon-Monplaisir.  —  2°"=  prix,  méd.  de  vermeil,  M.  Hyvert,  jard. 
Lyon-Monplaisir. 

Chef  dk  culture  d'établissements.  —  1"  prix,  méd.  d'or,  M.  C.  Lav^nir, 
chef  de  culture  chez   MM.  F.  Moral  et  fils,  Lyon-Vaise. 

2°'°  SECTION.  —  Maisons  Bourgeoises.  —  Grand  prix  (grande  méd.  d'or), 
M.  Fr.  Charles,  jard.  chez  M.  Oriol,  à  St-Chamond  (Loire).  —  1"  prix, 
méd.  d'cr,  M.  Maitin,  jard.  chez  M.  Hébrard,  à  Miribel  (Ain).  —  2"" 
prix  (ex-œquo),  méd.  de  vetmeil,  M.  Jambon,  jard.  chez  M.  Letourneur, 
k  la  Demi  Lune,  et  M.  Clailte,  jard.  chez  M.  Péricaud,  à  la  Balme 
(Isère).  —  S"""  prix,  méd.  d'argent,  M.  Pierre  Champalle,  j^rd.  chez 
M.  Besson,  à  la  Pape. 

Visite  spéciale.  —  Méd.  d'or,  M.  Vi. lard  (François),  jard.  chez  Mme  Vachon, 
à  Ecully. 

ANCIENS   ET    BONS   JARDINIERS 

Méd.   de  vermeil,  M.  Dubost,  chez  M.  Bellon,  à  St-Cyr-au  Mont-  d'Or. 
Méd.  de  vermeil,  M.  Rouet,  ch'z  M.  Jourdan,  à  Anjou. 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Chardon,  cliez  M.  Clayette,  à  Lyon. 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Perrier,  chez  M.  Andrié,  à  Monplaisir. 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Nabert,  chez  M.  Ducoing,  à  Villeurbanne. 
Grande  méd.  d'argent,  M.  Dury,  chez  M.  Cartier,  à  Ecully. 


Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 

Lyon    —  Impr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rue   de  la  République,   33. 


1886  SEPTEMBRE  N'    18 


CHRONIQUE 


Fruits  ou  Léyumes?  —  Mon  excellent  ami,  maître  Aie.  Nasier, 
jardinier-chef  de  l'abbaye  de  Thélème,  me  demandait  l'autre  jour 
à  quoi  je  distinguais  les  fruits  des  légumes.  Jo  lui  ai  répondu  que 
je  n'en  savais  rien  ;  simple  histoire  de  ne  pas  me  compromettre. 
J'ai,  en  effet,  là,  sous  les  jeux,  un  énorme  Dictionnaire  rédigé  par 
de  savants  linguistes,  gens  qui  méritent  considération,  très  instruits 
sur  l'itos  et  le  pathos,  lesquels  rae  paraissent  barbotter  singulière- 
ment dans  les  définitions  et  explications  qu'ils  donnent  de  ces  deux 
termes. 

Ces  braves  gens  ne  s'entendent  pas  avec  les  jardiniers.  Il  est 
vrai  que  les  jardiniers  se  tournent  le  dos  quand  ils  raisonnent  sur 
le  même  sujet. 

Demandez  à  M.  X...,  qui  avait  placé  les  fraises  dans  les  fruits, 
à  notre  dernière  Exposition.  Le  jury  des  légumes  cherchait  le  lot 
et  ne  le  trouvait  pas,  n'ayant  pas  l'idée  qu'on  avait  pu  le  mettre 
ailleurs  que  dans  le  voisinage  des  melons  et  des  tomates. 

—  Que  veulent-ils  qu'on  fasse  de  ces  fraises,  répondaient  à  leur 
tour  les  pomologues,  nous  ne  sommes  pas  chargés  de  juger  les 
légumes. 

Pour  un  peu,  les  fraises  n'étant  ni  légumes  ni  fruit,  ni  chair  ni 
poisson,  se  trouvaient  assises,  le  calyce  à  terre  entre  deux  sections 
du  jury. 

Vous  comprenez  maintenant,  amis  lecteurs,  pourquoi  j'ai  ré- 
pondu évasivement  à  mon  tant  bon  ami  Aie.  Nasier,  quand  il  me 
demandait  de  lui  faire  saisir  la  différence  qu'il  y  a  entre  les  fruits 
et  les  légumes. 

Voilà,  en  effet,  d'habiles  gens  :  rédacteurs  de  gros  livres,  mem- 
bres d'un  jury,  organisateurs  d'expositions,  qui  ne  savent  pas  au 
iuste  ce  qu'ils  doivent  penser  de  la  chose,   et  vous  voudriez  que. 


—  414  — 

moi  chc'tif,  j'eusse  la  prétention  de  les  mettre  d'accord.  Oh  !  que 
nenni. 

•—  Va,  Nasier,  lui  dis-je,  je  t'écoute  ;  tu  repasseras  quand  j'au- 
rai étudié  la  question. 

Et  plus  j'étudie  la  question,  plus  je  trouve  difficile  de  contenter 
tout  le  monde  et  son  père. 

Les  uns  veulent  que  le  fruit  soit  le  produit  de  la  lleur  des  végé- 
taux. 

Dans  ce  cas,  le  haricot,  qui  est  bien  un  légume,  deviendrait  un 
fruit.  Et  le  melon,  et  le  cornichon,  la  courge  romaine,  des  fruits, 
n'est-ce  pas?  Et  le  fruit  sec  de  l'école,  et  les  autres,  tels  que  : 
le  fruit  défendu,  les  fruits  du  Saint-Esprit,  les  fruits  industriels, 
les  fruits  civils,  etc. 

Il  faudra  cependant  bien  que  les  jardiniers  finissent  par  trouver 
une  ligne  de  démarcation  nette  entre  les  fruits  et  las  légumes;  car 
ce  n'est  pas  pour  eux,  je  pense,  que  l'arbre  de  la  science  (horticole) 
porte  encore  du  fruit  défendu. 

Les  Marronniers  de  Bcllecour.  —  Un  grand  nombre  des  marron- 
niers de  la  place  Bellecour,  à  Lyon,  sont  actuellement  dans  un 
état  navrant.  Quelques-uns  sont  lleuris  comme  de  simples  mar- 
ronniers du  20  mars,  avec  cette  différence,  toutefois,  qu'ils  ont 
pris  l'équinoxe  d'automne  pour  celui  du  printemps.  De  maigres  et 
rares  feuilles  chlorosées  ont  succédé  au  luxuriant  feuillage  qui  les 
a  vêtu  pendant  la  belle  saison.  Ceux  qui  n'ont  pas  repoussé  sont 
roux  et  le  moindre  vent  emporte  au  loin  leurs  feuilles  qu'une  cadu- 
cité précoce  laisse  à  sa  merci.  Le  spectacle  n'est  pas  réjouissant. 
On  dirait  qu'un  souffle  empoisonné  a  passé  sur  ces  beaux  arbres  et 
les  a  dépouillés  de  leur  parure. 

Les  Lyonnais  n'ont  pas  le  droit,  actuellement,  d'être  fiers  de 
leurs  marronniers  favoris. 

Tous  ces  arbres  ne  sont  cependant  pas  aussi  décatis  les  uns  que 
les  autres.  Si  on  les  examime  séparément,  on  reconnaît  que  ceux 
qui  ont  été  arrosés  au  moyen  du  système  de  drains  préconisés  par 
M.  Métrai,  ont  conservé  leurs  feuilles  qui,  sans  être  d'un  beau 
vert,  n'ont  pas  une  teinte  aussi  rouillée  que  la  plupart  des  autres. 
Ceux  auxquels  on  a  changé  la  terre  pour  en  remettre  de  meilleure, 
mais  qu'on  n'a  pas  arrosé,  sont  aussi  laids  que  ceux  qui  vivent  dans 
l'ancien  sol. 

Epouvanluil  pour  chasser  les  moineaux.  —  Nous  avons  re(,;u  de 
M.  Jean  Sisley,  la  lettre  suivante  que  nous  nous  faisons  un  devoir 
de  publier  : 

«  Vous  avez  signalé  dans  le  Li/on-Horlicok  le  mannequin  que  vous  aviez 
TU  chez  M.  Léonard  Lille,  pour  chasser  \ei  oisjaux  qui  attaquant  les   fruits. 


—  415  — 

«  J'emploie  depuis  20  ans  uq  procédé  beaucoup  plus  simple,  facile  et  peu 
coûteux. 

u  Je  ne  vous  l'ai  pas  signalé  parce  que  je  le  croyais  très-commun  ;  rna's 
d^puiv^  quelques  jours  bon  nombre  de  visiteurs  sont  surpris  en  le  voyant. 

«  Je  m'empreise  donc  de  vous  en  envoyer  un  éciiantillon.  Ce  bout  de  pa- 
pier s'aitache  à  une  biguette  de  2  à  3  mètres  de  lon^aeur,  et  se  place  en 
li-iut  de  cliaque  arbre^  ou  contre  les  murs  pour  les  raisins. 

a  II  faut  que  la  baguette  soit  un  peu  incîiuée  pour  que  le  papier  flotte  faci- 
lement, ce  qui  a  lieu  par  la  moindre  brise,  et  éloigne  tous  les  oiseaux. 

«  Je  vous  serre  la  main, 

«  Jean  Sisley.  » 

Le  morceau  de  papier  qu'emploie  M.  Sisley  a  exactement  la 
forme  d'un  triangle  dont  la  base  aurait  12  centimètres  et  les  deux 
autres  côtés  égaux  entre  eux  25  à  30  centimètres.  Ce  procédé 
pour  chasser  les  moineaux  est  si  peu  coiiteux  et  d'une  exécution 
si  facile  qu'on  serait  inexcusable  de  ne  pas  en  tenter  l'essai. 


Moyen  de  se  débarrasse)-  des  chenilles.  —  Ce  moyen,  comme  l'in- 
dique le  Gacjne-PelU ,  est  l'emploi  du  pétrole  recommandé  par 
M.  Durieu  de  Maisonneuve  : 

«  Un  nuage  de  pétrole  d'une  excessive  ténuité,  dit-il,  est  pro- 
jeté directement,  par  le  bec  qui  surmonte  le  pulvérisateur,  sur  les 
agglomérations  de  chenilles  et  sur  les  nids  où  elles  se  rassemblent, 
et  à  l'instant  elles  sont  frappées  de  mort  en  s'appliquant,  sans  tom- 
ber à  terre,  sur  le  support  même,  nids,  feuilles  ou  branches,  où 
elles  étaient  réunies.  A  peine  un  léger  brouillard  les  a-t-il  enve- 
veloppés  qu'après  un  court  moment  de  torsion  sur  elles-mêmes, 
elles  restent  tout  à  coup  immobiles  pour  ne  plus  donner  signe  de 
vie  ;  elles  se  £i.xent  et  sèchent  sur  le  point  où  elles  sont  frappées 
de  mort. 

«  On  pourrait  craindre  qu'un  certain  nombre  de  chenilles, 
garanties  du  jet  direct  par  leur  position  sous  les  feuilles  ou  autres 
objets,  échapperaient  à  la  mort.  Les  faits  ont  démontré  le  con- 
traire. En  effet,  dans  les  expériences  faites,  on  a  remarqué  des 
chenilles  évidemment  protégées  par  leur  position  de  l'atteinte 
directe,  s'agiter  convulsivement  et  chercher  à  s'éloigner  ;  mais  au 
bout  de  très  peu  de  temps  elles  se  fixaient  et  mouraient  sur  place 
comme  les  autres,  sans  avoir  gagné  du  terrain. 

«  11  n'a  pas  été  remarqué  une  seule  de  ces  dernières  qui  soit 
parvenue  à  se  sauver.  Il  semble  donc  démontré  que  toute  chenille 
enveloppée  dans  l'atmosphère  du  brouillard  de  pétrole  périra  infail- 
liblement. V.  V.-M. 


—  416  — 


ASSOCIATION    HORTICOLE    LYONNAISE 

Procès-verbal    de    l'Assemblée  générale  tenue   salle  des  réunions 
industrielles,  Palais  du  commerce,  le  15  i  oût  1886. 

Présidence  de  M.  Pitaval,  Conseiller. 

En  l'absence  des  Vice-Présidents,  M.  Pitaval  est  prié  de  présider  la  réu- 
nion. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion,  qui  est 
adopté. 

A  propos  du  procès-verbal,  M.  le  Secrétaire  général  insiste  à  nouveau  sur 
l'observation  faite  à  la  dernière  séance,  à  propos  des  apports.  Il  répète  qu'il 
est  désirable  que  chaque  présentation  de  plantes  soit  accompagnée  d'une 
note  qui  devra  être  posée  sur  le  lot  présenté  et  ensuite  relevée  par  les  SPoré- 
laires;  de  cette  manière,  on  évitera  des  erreurs  involontaires  et  on  faciliteia 
le  travail  des  Commissions  chargées  déjuger  les  apports.  C'est  pour  n'avoir 
pas  suivi  ces  indications  que  le  Francisco  cximia,  présenté  par  M.  Villard,  a 
été,  dans  la  dernière  réunion,  attribué  à  M.  Liabaud. 

M.  le  Président  appuie  les  obser-'ations  de  M.  Viviand-Morel,  et  fait 
remarquer  que  cette  nouvelle  organisation  facilitera  la  tâche  des  Commis- 
sions, qui  pourront  peut-être  juger  un  peu  plus  rapidement  les  apports;  de 
telle  sorte  qu'il  pourra  rester  au  moins  dans  chaque  séance  quelques  instants 
pour  traiter  une  question  horticole.  M.  le  Président  ajoute  qu'il  ser.ii*  peut- 
être  utile,  afin  que  les  séances  ne  soient  pas  interrompues,  de  donner  une 
autre  place  dans  la  salle  de  nos  réunions,  aux  tables  destinées  à  recevoir 
les  apports. 

Correspondance.  —  La  correspndance  S3  compose  des  lettres  suivantes  : 

1"  Lettre  émanant  du  Sj'ndicat  des  Horticulteurs  de  la  région  lyonnaise 
offrant  à  l'Association  horticole  lyonnaise  une  Médaille  de  venneil  pour  être 
attribuée  par  le  jury  de  l'Exposition  prochaine  au  plus  beau  lot  de  plantes  de 
marchés. 

2°  Lettre  de  M.  Magat,  horticulteur  à  Chazay-d'Azergues,  demandant  la 
nomination  d'une  Commission  pour  constater  les  résultats  qu'il  a  obtenus  en 
greffant  les  plants  français  sur  v'gna  américaine. 

3"  Lettre  de  M.  Sahut,  accompagnant  l'envoi  des  brochures  ou  livres  sui- 
vants, dont  il  est  l'auteur,  et  qu'il  offre  généreu-etnent  à  l'Associatioa  horti- 
cole lyonnaise  :  1"  Les  Vignes  américaines,  leur  gre/fage  et  leur  taille; 
2°  Compte-rendu  des  opérations  du  Jury  de  l'Exposition  qui  s'est  tenue  à 
Montpellier  en  1885;  3°  Rapport  sur  un  ouvrage  de  M.  Charles  Naudin.  de 
l'Institut,  intitulé  :  Mémoire  sur  les  Eucalyptus  introduits  dans  la  région  médi- 
terranéenne. 

La  Société  a  également  reçu  de  M.  Eugène  Delaire,  secrétaire  général  de 
la  Société  d'Horticulture  d'Orléans  et  du  Loiret,  une  brochure  intitulée  : 
Les  Tarifs  de  Chemins  de  fer  pour  les  végétaux. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  cinq  candidatures  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  — Aucune  observation  n'ayant  été  faite  sur  les  piésentations 
de  la  dernière  séance,  sont  proclamés,  à  l'unanimité,  membres  titulaires  de 
iiotre  Compagnie  : 

MM. 
Dumont,  jardinier  chez  M.  Pichet,  à  CoUongas  (Rhône),  présenté  par  MM. 

Rivoire  et  Viviand-More'. 
Guignard  (Auguste),  jardinier  chez  M.  Coudurier,  102,  route  de  Bourgogne, 

Lyon-Vaise,  présenté  par  MM.  Lavenir  et  Rivoire. 


—  417  — 

Perrin  (Charles),  9,  cours  d'Herbouvi lie,  Ljon,  présenté  par  MM.  Rivoire  et 

Viviand-Morel. 
Bourdelin  (Pierre),  horticulteur-iailleur  d'arbres,  à  St-Didier-au-Mont-d'Or, 

présenté  par  MM.  Laroche  et  Triboulet. 
Passot  (.Jean),  jardinier-chef  chez  M.  le  marquis  de  Barbantanne,  château 

de  Saïut-Jean,  par  Màcon  (Saône-et-Loire),  présenté  par  MM.  Tilliet 

et  Cl.  Jacquier. 
Charrault,  jardinier  chez  M.  Exuper  Girier,  à  La  Verpillière  (Isère),  pré- 
senté par  MM.  Cl.  Jacquier  père  et  fils. 
Chinard  (Louis),  marchand-grainier,  quai  Saint-Antoine,  15,  Ljon,  présenté 

par  MM.  Comte  et  Cl.  Jacquier  fils. 
Bourgeois  (Jean),  jardinier  chez  M.  Mulsan,  à  Pommiers,  par  Villefranche- 

sur-Saône  (Rhône),  présenté  par  MM.  Corbin  et  Nicolas. 
Yvroud   (Jean),  j  .idinier  chez  M.   Mainguet,   négociant  à   Belleville-sur- 

Saône   (Rhône),    présenté   par   MM.   Alexandre    Bernais   et  Viviand- 
Morel. 
David  (Louis),  jardinier-propriétaire,  chemin  des  Sablonnières,  Monplaisir- 

Lyon,  présenté  par  MM.  Jacquier  père  et  Ch.  Molin. 
J.  Faijg.y  fils,  horticulteur  à  Saint-Fons  (près  la  gare)  (Rhône),  présenté  par 

MM.  Voisin  et  J.  Jacquier. 
Henry  Corbin  fils,  chez  M""  la  baronne  James  de  Rothschild,  île  de  Piiteaux 

(Seine),  présenté  par  MM.  Corbin  et  Nicolas. 
Perrier  (Joseph),  jardinier  chez  M.  Cl.   Martin,  propriétaire  à   Belmonl- 

Tramonet  (Savoie),  présenté  par  MM.  Rozain  et  Comte. 
Hervier,  jardinier  chez   M.    Pierre   Arbel,  à   Rive-de-Gier  (Loire),  présenté 

par  MM.  Glénat  et  A.  Rivoire. 

Examen  des  appâtas.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Duchet,  rosiériste,  montée  des  Roches,  à  E'iully,  un  bouquet  de 
Muflier  nain,  très  joli  comme  coloris  et  bien  varié. 

Par  M.  Ballandra,  jardinier,  chemin  de  Francheville,  58,  un  beau  spéci- 
men de  Bette  à  larges  côtes,  de  Lyon;  les  feuilles  en  sont  très  longues  et 
très  tendres. 

La  Commission  accorde  à  cet  apport  une  prime  de  3=  classe. 

Par  M.  Tronche,  jardinier  chez  M.  Carrier,  L33,  route  de  Vienne,  Lyon  ; 
1°  deux  pit'ds  de  Céleri  nain,  dont  un  est  plus  allongé,  ne  drageonnant  pas 
et  paraît  être  rustique  ;  2"  deux  pieds  d'oseille  a  très  large  feuille. 

Il  est  demandé  pour  cet  apport  une  prime  de  3«  classe. 

Par  M.  Hyvert,  jardinier,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  37,  Monplaisir  : 
1°  un  pied  de  Céleri  turc,  très  blanc,  blanchi  au  moyen  de  deux  ligatures  de 
paille;  2»  de  beaux  échantillons  de  Panais  rond  ;  3"  Haricot  nain  Bagnolet 
gris.  Le  présentateur  fait  observer  que  cette  variété  remonte  parfois  si  on  a 
le  soin,  après  la  première  récolte,  de  rabattre  un  peu  la  plante,  lui  donner 
quelques  arrosage?,  elle  donne  une  seconde  production. 

Il  est  accordé  une  prime  de  2«  classe  à  cet  apport. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  33,  rue  de  l'Enfance,  Lyon  : 
1°  une  forte  plante  de  Bette  à  larges  côtes  ;  2°  des  gousses  de  Haricot  venant 
d'Hanoï  (Tonkin),  chaque  gousse  contient  trois  graines  et  sont  longues  de 
10  centimètres,  larges  de  3  centimètres.  M.  Viviand-Morel  déclare  que  ces- 
gousses  appartiennent  à  la  plante  coanue  sous  le  nom  de  Dolichos  Lablab  ; 
3°  des  fleurs  de  Dahlias  doubles  et  simples,  de  semis. 

La  Commission  demande  pour  les  Dahlias  une  primo  de  2°  classe. 

Par  M.  Clapet,  jardinier,  chemin  des  Qiiatre-Maisons,  Monplaisir  :  1°  dei  x 
plantes  de  Céleri  nain  blanchissant  seul;  2°  uh  pied  de  Céleri  nain;  3°  deux 
pieds  de  Chicorée  frisés  de  Meaux,  deux  de  Chicorée-Scaiole  ronde,  verte; 
4»  deux  do  laitues  de  Versailles,  deux  de  Laitue  craquante  de  Pierre-Bénite. 
Toutes  ces  plantes  sont  présentées  en  forts  exemplaires,  remarquables 
comme  développement  et  belle  culture. 

La  Commission  proposa  de  leur  accorder  une  prime  de  2°  classe. 


—  418  — 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  Lyon  :  1°  un  beau  Palmier,  Licuala 
grandis,  auquel  la  Commission  accorde  une  prime  de  1"  classe;  2°  un  Bégo- 
nia Rex,  M""»  Henry  Gâche,  prime  de  2'  classe,  et  quatre  Coleus  de  semis. 

Par  M.  Durj,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  EouUy,  des  Zinnia  doubles  à 
grandes  fleurs  bien  variées,  auquel  la  Commission  décerue  une  prime  de 
3'=  classe. 

Par  M.  Gatel,  jardinier  chez  M.  Genin,  à  Vienne,  des  Zinnia  doubles,  bien 
■variés  comme  coloris  et  bonne  forme  de  fleurs. 

Cet  apport  obtient  une  prime  de  3"  classe. 

Par  M.  Valla,  horticulteur,  Grande-Rue,  à  OuUins,  seize  fleurs  de  Dahlias 
à  grandes  fleuri,  et  douze  fleurs  de  Dahlias  lilliputs. 

Prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Belisse,  horticulteur,  rue  du  Bourbonnais,  Yaise,  des  tiges  de 
Glaïeuls,   semis  de  1883-1884,  à  très  grandes  fleurs  et  de  coloris  bien  variés. 

Prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Morel  fils  :  1»  des  grappes  de  Raisin  duc  de  Malakoff,  très  belle 
variété,  à  grosse  grappe,  grains  gros,  blancs,  précoce,  mûrissant  commen- 
cement d'août.  La  Commission  demande  pour  cet  apport  une  prima  de 
1'»  classe:  2°  un  arbuste  en  pot  Cornus  brachypoda  variegata,  nouvelle  espéaa 
de  Cornouiller  ayant  une  panachure  bien  constante  et  un  port  horizontal. 
Plante  à  efi"et  décoratif. 

Prime  de  2"  classe. 

Par  M.  Parvenaud,  jardinier  chez  M.  Bonnet,  à  SaintGenis-Laval,  des 
Ageratum  blancs  nains. 

Prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Joseph  Bellen,  jardinier  che!-.  M.  Rozier,  montée  Rey,  23,  Lyon, 
quarante  fleurs  de  Pétunia  doubles,  de  semis. 

Prime  de  2°  classe. 

Pour  juger  ces  apports,  les  membres  de  la  Commission  d'examen,  sauf 
MM.  J.  Jacquier  et  Verne,  n'assistant  pas  à  la  séarice,  l'assemblée  nomme 
M.  Gatel  pour  la  culture  maraîchère,  et  la  Commission  se  trouve  ainsi  com- 
posée de  MM.  Gatel,  J.  Jacquier  et  Verne;  pour  la  floriculture,  MiVI.  Gau- 
lain,  Musset  et  Lassonnerie  aîoé. 

Les  propositions  de  la  Commission,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'una- 
nimité et  l'inscription  au  procès-verbal  est  accordée  pour  tous  les  apports 
non  primés. 

M.  Viviand-Morel  fait  une  conférence  sur  la  question  de  l'hybridation  des 
végétaux. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Gatel,  de  Vienne,  cite  un  fait  dont 
il  serait  bien  aise  de  connaître  la  signification.  Ayant  semé  des  œillets,  il 
a  obtenu  des  variétés  dont  la  pr'eruiére  fleur  était  très  double  et  celles  qui 
lui  succédaient  presque  simples.  M  Viviand-Morel  dit  qu'on  ne  peut  émettre 
que  des  hypothèses  sur  les  causes  probables  du  fait  en  question,  qui  appar- 
tient sans  contestation  possible,  à  la  catégorie  des  anomalies  végétales,  qui 
se  produisent  irrégulièrement,  de  temps  à  autre,  sur  les  plantes,  sans  qu'il  y 
besoin,  pour  cela,  qu'elles  soient  d'origine  hybride. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2.  Le  Secrétaire-adjoint,  Nicolas. 


Culture  du  Ramonda  pyrenaica  Bich. 

Voici  une  espèce  de  plante  dont  l'ëtat  civil  a  été  plusieurs  fois 
révisé.  Appelée  d'abord  Ferbascum  Myconi  par  Linné,  puis  Mtjconia 
borraginea  par  Lapeyrouse,  qui  lui  donna  encore  plus  tard  le  nom 
de  Chaixia  Myconi,  elle  parait  arrivée  aujourd'hui  au  terme  de  ses 
incarnations  avec  celui  de  Ramonda^  que  lui  a  donné  Richer.  C'est 


—  419 


Kamoiida  pyrenaïca  (réduit  à  la  moitié  de  sa  grandeur). 


le  nom  do  Ramond,  un  botaniste  qui  a  beaucoup  exploré  les  Pyré- 
nées. Celte  plante  n'a  pas  eu  plus  de  chance  avec  sa  parenté,  car 
elle  a  été  successivement  reniée  par  les  différentes  familles  où  les 
botanistes  l'avaient  introduite.  Après  avoir  été  réunie  avec  les 
P'crbascum  au.K  Solanées,  elle  dut  brusquement  sortir  de  cette  famille 
pour  devenir  une  Scrophulariacée.  Mais  Godron,  l'auteur  de  la 
Hore  de  I  orraine,  reconnaissant  que  son  fruit  uniloculaire  dépourvu 
do  colonne  centrale,  ses  ovules  anatropes  et  son  embryon  ortho- 
trope  lui  interdisaient  le  voisinage  du  tabac,  de  l'aubergine  et  de 
la  pomme  de  terre  ;  qu'elle  ne  pouvait  guère  non  plus,  à  cause  de 
ses  fleurs  régulières  à  cinq  étamines  et  son  ovaire  uniloculaire, 
rester  dans  le  voisinage  des  Jnlirrhimon  et  des  Scrophulaires,  prit 
le  très  sage  parti  (voyant  qu'il  y  avait  toujours  quelque  chose  à 


—  420  — 

redire  dans  sa  classification)  de  lui  créer  une  famille  à  elle  toute 
seule;  elle  appartient  donc,  depuis  cette  décision,  aux  Raraonda- 
cées  :  cela  n'est  pas  trop  tôt. 

Je  cultive  cette  plante  en  assez  grand  nombre  :  cinq  ou  six  cents 
pots.  Au  moment  de  sa  tloraison,  qui  arrive  dans  les  premiers  jours 
de  mai  et  se  continue  pendant  près  d'un  mois,  c'est  une  vraie  mer- 
veille que  de  voir  ces  innombrables  fleurs  bleu  violacé,  et  pour 
l'horticulteur,  si  le  premier  sentiment  éprouvé  est  de  l'admiration, 
le  deuxième  se  traduit  par  la  réflexion  suivante  :  pourquoi  ne  cul- 
tive-t-on  pas  cela?  C'est  certainement  une  de  nos  plus  jolies  plantes 
françaises  ;  la  culture  en  est  facile  et,  en  suivant  les  quelques  indi- 
cations que  nous  donnons  plus  loin,  on  est  st\r  de  la  réussite.  Mais 
avant  il  est  utile  d'en  donner  une  petite  description,  qui  permettra, 
autant  que  peut  le  faire  une  description,  d'en  juger  les  caractères. 
L'image  ci-contre  fera,  du  reste,  connaître  l'espèce. 

C'est  une  plante  acaule,  c'est-à-dire  dépourvue  de  tiges,  à  feuilles 
réunies  en  rosettes  denses  et  étalées,  ovales  obtuses,  couvertes  en 
dessous  de  longs  poils  mous,  profondément  crénelées,  contractées 
à  la  base  en  un  court  pétiole.  Les  fleurs  sont  portées  par  plusieurs 
hampes  florales  en  nombre  variable  sur  chaque  hampe,  habituelle- 
ment 5  à  7;  la  corolle  est  grande,  rotacée,  d'une  belle  couleur 
bleu  violacé,  quinquépartite,  à  lobes  obovés,  finement  ciliés. 

Cette  espèce,  comme  son  nom  l'indique,  habite  les  Pyrénées 
dont  elle  est  un  des  plus  beaux  ornements.  Sa  culture  est  assez 
facile  ;  si  on  veut  l'avoir  en  pot,  il  suffit  de  la  rempoter  en  terre 
de  bruyère,  en  ayant  soin  de  bien  drainer  le  vase,  de  la  tenir  à 
l'ombre  et  de  ne  pas  ménager  les  arrosements  pendant  les  mois  les 
plus  chauds  de  l'année.  En  pleine  terre,  elle  demande  également 
l'ombre,  se  plaisant  plus  spécialement  dans  les  massifs  de  Rhodo- 
dendrons qu'elle  peut  servir  à  border,  ou  bien  dans  les  rocailles  arti- 
ficielles ou  naturelles  des  parcs.  Elle  se  multiplie  de  graines  et  en 
divisant  les  touffes.  D""  Micheli. 

Compte-rendu  de  l'Exposition  horticole  {Suite; 

Baisins.  —  Je  sacrifierais  volontiers  aux  dieux  éternels,  deux 
coqs,  quatre  poules  et  un  mouton  gras,  si  je  savais  que  mon 
sacrifice  puisse  aider  le  raisin  à  recouvrer  son  antique  splendeur. 
Ah  !  mon  pauvre  vieux  raisin,  Bacchus  t'abandonne  !  les  maladies, 
les  insectes,  les  cryptogames  se  sont  ligués  pour  amener  ta  perte  ! 
Galien  et  Hippocrate  y  perdent  leur  sulfure  de  carbone  !  C'est 
affreux.  Cependant  ne  perdons  pas  tout  espoir,  car  il  y  a  bien  d'au- 
tre fléaux  qui  ont  affligé  le  monde  depuis  sa  création  ;  les  fléaux  ont 
disparu  et  le  monde  reste.  Ceci  dit,  comme  préambule,  examinons 
les  raisins  qui  sont  là  sous  nos  yeux. 


—  421   — 

M.  Magat,  viticulteur  à  Chazay-d'Azergues,  est  l'exposant  qui 
apporte  une  des  plus  belles  collections.  Il  obtient  du  reste  deux 
médailles  d'or  qu'il  a  bien  méritées.  Il  présente  en  même  temps 
que  sa  collection  de  raisins,  des  vignes  françaises  greffées  sur 
vignes  américaines  qui  font  l'admiration  des  connaisseurs.  On  ne 
saurait  voir  des  greffes  mieux  soudées  et  plus  chargées  de  fruits. 

MM.  Rolland  et  Arnaud-Coffin  obtiennent  aussi  deux  médailles 
d'oi'.  L'une  est  décernée  à  la  collection  de  raisins,  l'autre  aux 
vignes  greffées  par  un  procédé  rapide. 

MM.  Poisard  frères,  horticulteurs  à  Anse  (Rhône),  ont  égale- 
ment des  vignes  greffées  sur  vignes  américaines,  qui  reçoivent  une 
médaille  d'or. 

Citons  encore  comme  exposants  de  raisins,  M.  Périgny  (de  Ver- 
naison)  ;  M,  Chavagneux,  de  Château-Gaillard,  à  Villeurbanne; 
M.  Favre  Gabriel  et  M.  Bonamour. 

Une  observation  à  propos  de  raisins.  Ne  serait  il  pas  utile,  une 
autre  année,  de  distinguer  les  cépages  dont  les  fruits  mûrissent 
dans  la  zone  lyonnaise,  des  cépages  qui  n'y  mûrissent  jamais? 

Quelques  amateurs  peuvent  se  laisser  séduire  par  des  raisins 
obtenus  sous  un  autre  climat  et  planter  des  cépages  qui  ne  leur 
procureront  par  la  suite  que  des  déboires. 

Les  œrhres  el  les  arbusies.  —  André  Theuriet  a  publié  autrefois 
dans  le  Fiyaro  un  conte  qui  a  pour  titre  Les  sapins  :  C'est  l'histoire 
d'une  de  ces  espiègleries  comme  nous  en  avons  tous  sur  la 
conscience. 

J'ai  trouvé  ce  conte  charmant  si  parfaitement  conforme  aux 
idées  que  je  professe  à  propos  des  arbres,  qu'on  m'excusera,  je 
l'espère,  d'avoir  pris  sa  péroraison  pour  épigraphe  du  compte- 
rendu  qui  va  suivre. 

Deux  écoliers  condamnés  aux  arrêts,  pour  avoir  traité  de  bla- 
gueur Dordelu  l'antique,  leur  professeur,  avaient  vu  commuer  cette 
punition   en  celle   de  la  transplantation  de   trois  cents  plants  d(! 

sapins Cette  opération  fut  d'abord  agréable,  puis  la  chaleur  et 

la  courbature  arrivèrent,  la  soif  s'en  mêla...  si  bien  que  furieux 
nos  deux  planteurs  mirent  une  partie  des  sapins  la  tête  en  bas,  les 
racines  en  l'air.  Quelques  jours  après,  le  professeur  qui  était  myope 
et  n'avait  pas  vu  de  suite  le  chef-d'œuvre  de  ses  élèves,  retourna 

vers  sa  plantation Drôles,  dit-il  aux  deux  coupables,  vous  allez 

me  suivre  vers  mon  terrain.  Arrivés  devant  le  corps  du  délit,  il  les 
apostropha  ainsi  : 

«  Messieurs,  si  vous  ne  respectez  pas  votre  professeur,  vous 
devriez  au  moins  avoir  le  respect  des  arbres  ! . . .  Savez-vous  ce  que 
c'est  qu'un  arbre?  C'est  un  être  vivant' comme  vous  et  moi.  C'est 
la  joie  de  la  terre  à  laquelle  il  donne  l'eau  des  sources  qui  l'arro- 


—  422  — 

sent  et  l'humus  qui  la  féconde  ;  c'est  la  santé  de  l'air  que  sa  ver- 
dure purifie...  Un  bel  arbre,  c'est  une  fête  pour  les  yeux,  et  des 
milliers  d'arbres,  cela  fait  la  forêt,  le  manteau  de  la  terre,  cette 
richesse  d'une  nation  !.. .  Un  pays  qui  n'a  plus  de  forêts  est  un  pays 
fini  !...  Un  arbre,  mais  c'est  la  charpente  de  votre  maison,  c'est 
le  mât  des  vaisseaux ,  c'est  la  chaleur  de  votre  foyer  qui  vous 
donne  un  soleil  en  plein  hiver?.. .  Celui  qui  plante  un  arbre  est  un 
bienfaiteur  de  l'humanité  ;  celui  qui  en  détruit  un  inutilement  est 
un  criminel...  Et  maintenant  jugez-vous  vous-mêmes?  Dans  vingt 
ans,  ces  deux  cents  jeunes  plants  que  vous  avez  assassinés  seraient 
grands  et  beaux  ;  ils  auraient  été  la  gaieté  de  cette  friche  inculte, 
ils  auraient  rendu  de  précieux  services  à  nos  enfants  et  à  nous- 
mêmes...  Et  pour  satisfaire  une  espièglerie  d'écolier,  vous  avez 
supprimé  deux  cents  arbres,  vous  avez  deux  cents  meurtres  sur  la 
conscience  !  Songez-y  ! . . .  Ce  sera  votre  punition  ;  maintenant, 
allez  :... 

»  Et  en  même  temps,  au  moment  où  nous  y  pensions  le  moins. 
et  pour  mieux  graver  sans  doute  son  discours  dans  notre  esprit,  il 
nous  allongea  au  bas  du  dos  deux  formidables  coups  de  pied  qui 
nous  firent  dégringoler,  tout  penauds,  sur  le  chemin  communal. 

«  Je  ne  sais  quel  effet  produisit  cette  harangue  sur  mon  cama- 
rade ;  quant  à  moi,  elle  me  toucha  doublement.  Ce  fut  mon  chemin 
de  Damas,  et  depuis  lors  j'ai  eu  le  respect  des  arbres.   » 

(^e  plaidoyer  en  faveur  des  arbres  devrait  trouver  sa  place  dans 
les  livres  qu'on  met  entre  les  mains  des  enfants,  afin  que  tous 
sachent,  quand  ils  seront  hommes,  que  les  arbres  doivent  être  res- 
pectés. C'est  pour  avoir  détruit  leurs  forêts,  que  certains  pays, 
autrefois  fertiles,  se  sont  changés  en  déserts  ;  et  qui  sait  si  ce  n'est 
pas  à  la  même  cause  qu'il  faut  attribuer  la  rapidité  avec  laquelle 
les  maladies  cryptogamiques  et  autres  se  propagent  sur  nos  végé- 
taux cultivés? 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  dissertation,  j'aime,  pour  ma  part, 
les  arbres  et  les  arbustes  rustiques  sous  notre  climat,  et  je  regrette 
bien  sincèrement  que  quelques  beaux  représentants  de  la  fiore 
forestière  exotique  ne  puissent  point  résister  à  nos  hivers  rigou- 
reux. 

L^  premier  Concours  du  pro^'pamrae  concernant  l'arboriculture,  était 
celui  relaiif  aux  arbres  et  arbu-ites  de  nouvelle  introduction.  Deux  exposants 
pî'eii lient  part  à  oe  concours. 

Cest  d  aborl  M.  P.  Mirel,  de  Lj'on-Vaise,  qui  no  .s  montre  quelques  jolis 
conifères,  tels  que  :  Retinospora  tctragona  aiirea,  Abies  Sargenli,  Thuiop- 
sis  borcalis  aiireo  van'eg.jt.i.  Cr}^ptomeria  jap.  albospica.  Libocedrus 
tetragona.Torreya  nucifera  ;  ouii  dilféreuies  autres  espèces  a[i()irtenant 
a  li  autri^s  tamilles,  telles  i|ua  :  Friî.r;nu5  anomala,  Cotoneaster  hjn\on- 
talis.  Cornus  brachypoda  argentea,  etc. 

A  leni,  ensuite   M.   R/^houl,   lioiiicuHeur  de  Montélimar,   qui  nou- ap[iiite 

Lniiius  m,//ili.i  ci/imisf.i al.i  (inolitj,    I.inriis   Henanlii. 


—   423   — 

Alaternus  compacta  (inédit),  Mahonia  Fremonti,  Euonymus,  Sylver  gems, 
Ampélopsis  striutu  sempervirens  etc. 

M.  Reboul  présentait  encore  une  féi'ie  de  Diospyros  Kaki,  parmi  les- 
quels on  trouvait  les  variétés  suivantes  :  Costuta,  GuiboscM,  Mazeli, 
Kourocouma,    yacoumi\  etc. 

Les  arbustes  de  semis,  obtenus  par  l'exposant,  sont  représentés  par  de 
fort  jolies  variétés  d'Aiicuba  japonica,  pvésentés  par  MM.  Durand  frères, 
horlieulteurs,  route  de  Grenoble,  à  Monplaisir-Lj'on.  Il  faudrait  une  des- 
cription  détaillée    pour    plusieurs  des  gains  présentés  par  ces   messieurs. 

M.  F.  Morel  présente  aussi  quelques  Aucubas  de  semis,  très  méritants, 
et  un  Cupressus  Lawsoniana  à  feuilles  bleuâtres. 

Le  concours  pour  la  plus  belle  coUectioa  d'arbustes  à  feuilles  persistantes, 
les  Conifères  exceptés,  a  été  l'un  des  mieux  remplis  de  toute  l'Exposition. 
Trois  exposants  se  trouvaient  en  présence  :  MM.  Cl.  Jacquier  fils,  horticul- 
teur à  Lyon-Monplaisir;  F.  Morel  et  fils,  horticulteurs  à  Lyon-Vaise,  et 
M.  Reboul,  horticulteur  à  Moutélimar.  Le  Jury  a  été  bien  embarrassé  pour 
attribuer  le  premier  prix,  aussi  a-l-il  tranché  la  difficulté  en  classant  ex- 
œqiio  les  deux  horticulteurs  lyonnai?.  M.  Reboul,  qui  avait  été  obligé  de 
faire  transporter  ses  plantes  par  le  chemin  de  fer,  avait  des  sujets  un  peu 
plus  faibles  que  ses  concurrents,  son  lot  était  cependint  fort  beau. 

Dans  la  collection  de  M.  F.  Morel,  je  note  des  Lierres  en  arbres  variés, 
les  plus  belles  variétés  de  Houx  en  f  «rtes  plantes,  des  Mahonias,  des  Elea- 
gnus,  le  Prinos  glaber,  le  Genista  horrida,  plusieurs  beaux  Osmanthus,  le 
Cerisier  de  Portugal  à  feuilles  de  myrthe,  de  beaux  Aucubas,  des  Ataternes 
variés,  des  Buis,  des  Filaria,  et  en  général  les  meilleures  variétés  des  gen- 
res habituellement  cultivés  sous  le  climat  moyen  de  la  France. 

Dans  la  collection  de  M.  Cl.  Jacquier  fils,  j'ai  noté  également  ce  qu'il  y  a 
de  mieux  parmi  les  espèces  à  feuilles  persistantes  :  Belles  variétés  de  Houx, 
de  Berberis,  d'Aucuba,  de  Ligustrum,  de  Crata^gus,  d'Alaternus,  de  Ceano- 
thus,  de  Lierre,  de  Fusain  du  Japon,  de  Cotoneaster,  de  Buis,  une  singulière 
composée  :  le  Diplopappus  chiysophj^llits  et  toute  une  série  d'autres  espè- 
ces intéressantes. 

Dans    le   lot  de   M,    Reboul  : 

Lauracerasus  Bertini,  rotundifolia,  cameliœfoU'i  ;  Ligustriim  coriacoum, 
lucidtim,  rosmariiiifohum,  etc.  Evonymus  japonicus  divers.  Phyllirea,Makoiiia, 
Choysid  ti/niato,  Cratcegus,  etc. 

Conifères.  —  La  collection  générale  de  Conifères  rustiques  compte  dt;ux 
exposmits  :  M.  F.  Morel  et  fils,  et  M.  Améiée  Pitrat,  horticulteur,  rue  du 
Chapeau-Rouge,  à  Lyon-Vaise. 

Les  espèces  et  variétés  exposées  par  M.  F.  Morel  sont  très  nombreuses  et 
surtout  quelques-unes  des  plus  belles  présentées  en  f  irt  beaux  exempl^irps. 
Je  note  particulièrement,  dans  ce  lot  :  Tcrreya  myristica,  Cupressiis 
glaiica,  Abies  :  concolor.  lasiocarpa,  excelsa  investa,  nobilis,  poUta, 
excelsa  Premontii ;  puis  les  Ce^Yriw  atlantica  glaitca,  et  deodora  glaitca, 
Thiiiopsis  dolabrata  et  sa  variété  à  feuilles  argenlées  ;  P/;n(5  l'rcmon- 
tiana,   Wellingtonia  gigantea  pendilla,  etc.,  etc. 

M.  Pitrat  avait  aussi  une  très  jolie  collection,  bien  variée,  en  sujets  de 
choix,  un  peu  plus  petits  que  ceux  de  la  précédente. 

M.  Kettemann,  pépiniériste  à  la  Demi-Lune,  près  Lyon,  avait  clnisi  dans 
ses  pépinières  les  meilleures  espèces  de  Conifères  et  un  choix  A^a  pi  .s  belles 
plfintes  vertes.  Le  Jury  a  vivement  félicité  M.  Kettemann,  qui  s'était  placé 
hors  concours. 

M.  F.  Morel  n'a  pas  de  peiue  à  obtenir  le  premier  prix  avec  six  Conifères 
de  force  supérieure,  personne  n'étant  en  concurrence  avec  lui.  Les  plantes 
qu'il  présente  sont,  du  reste,  très  fjrtes  et  bien  choisies. 

M.  Pitrat,  déjà  nommé,  est  également  seul  pour  exposer  une  collection  de 
Buis,  on  ne  trouve   des  variétés  de  csi  genre  que  dans  les  collections  gêné- 


—  421  — 

raies  —  M.  Pitrat  a  su  réunii-  l'élite  des  plus  belles  sories  ornementales 
pour  en  composer  une  jolie  collection. 

M.  Louis  Gorret,  horticulteur,  rue  du  Bourbonnais,  à  Lyon-Vaise,  cultive 
et  collectionne  les  Fusains  et  las  Auouba  d'une  manière  toute  spéciale.  Les 
collections  qu'il  présente  dans  ces  deux  genres  sont  les  plus  belles  de  l'Expo- 
siiion,  aussi  obtient-il  facilement  les  premiers  prix. 

Dans  sa  collection  de  Fusains,  je  note  :  Evonymus  :  latifolius  alba 
viiriegata,  macrophj^llus  liicida,  pyramidalis,  aiirco  maculata^  aurea 
variegata,  pidchclliis,  radicans.  etc..  etc. 

Je  renonce  à  noter  les  variétés  Au-uba,  qu'il  faudrait  toutes  ciier. 

M.  Roux,  horticulteur  à  Fontaines-sur-Saône,  prenait  part  au  concours 
relatif  aux  Aucuba,  et  en  présentait  une  collection  bien    choisie. 

Je  trouve  encore  dans  l'arboriculture  :  M.  F.  Morel,  qui  présente  des 
Fusains  en  collection  et  un  massif  en  mélange;  M.  Pitaval,  horticulteur, 
55,  chemin  des  Grandes-Terres,  à  Saint-Irénée,  qui  gagne  deux  médailles 
avec  de  beaux  Yuccas  et  de  forts  baaux  Aucuba,  et  M.  Jacquet,  horticulteur 
rue  Villion,  à  Monplaisir,  (jui  montre  deux  énormes  Lauriers-Cerises  à 
feuilles  rondes. 

Arbres  fruitiers.  —  M.  Alph.  Siix  vie:it  de  Valencs  avec  de  superbes 
échantillons  d'aibres  fruitiers  arrachés  dans  ses  pépinières.  Ces  arbres 
appartiennent  à  tous  les  genres  hibituellement  cultivés  et  sont  fort  beaux. 

M.  Roux,  horticulteur  à  Fjntaines-sur-Saôae,  présente  ui  lot  analogue 
aussi  beau  que  le  précédent. 

Plantes  de  serre. 

Le  concours  relatif  aux  plantes  de  serres  obtenues  par  l'exposant  compre- 
nait des  Cannas,  dej  Col^us,  des  Bégonias,  des  Peiargonium  zonales  et  un 
Aralia  de  Siebold.  Le  jurj  s'est  montré  dur  pour  la  plupart  des  plantes  pré- 
sentées, mais  pas  pour  toutes  cependant.  C'est  ainsi  qu'il  a  récompensé  d'une 
médaille  d'or  les  Cannas  nouveaux  de  M.  Crozj,  horticulteur,  grande  rue  de 
la  Guillotière,  à  Lyon.  C'était  juitice.  Les  nouveaux  gains  de  cet  habile 
semeur  sont  en  eff-t  fort  beaux  et  bien  dignes  de  la  haute  récompanse  qu'ils 
ont  obtenue.  Les  Coleus,  qui  paraissent  tourner  dans  un  cercle  vicieux  et 
ont  de  la  peine  à  sortir  de  la  gamme  chromatique  habituelle,  étaient  piésen- 
tés  par  plusieurs  horticulteurs.  Une  série  de  variétés  à  grand  feuillage  a 
copendanl  trouvé  grâco  et  a  obtenu  une  médaille  d'argent  grand  module. 
Elle  était  présentée  par  M.  Urevet,  horticulteur,  rue  Julien,  à  Montchat.  Un 
autre  exposant,  M.  Valla,  voit  son  apport  couronné  d'une  médaille  de 
bronze. 

M.  Marchand,  rue  du  Sacré-Cœur,  obtient  une  médaille  d'argent  pour  un 
P.  zonale,  et  M.  Durj  une  médaille  de  bronze. 

Collection  générale.  —  La  lutte  n'a  pas  été  aussi  vive  cette  année,  dans 
ce  concours,  que  les  années  précédentes.  M.  Liabaud,  le  vétéran  des  expo- 
sitions, n'a  pas  exposé  ;  M.  Comte  n'a  mis  qu'un  seul  lot  et  s'est  placé  hors 
concours.  En  revanche,  M.  Devert,  horticulteur,  route  de  Grenoble,  à  Mon- 
plaisir. et  M.  Schmitt,  horticulteur,  rue  Saint-Pierre,  ù  Vaise,  avaient  cha- 
cun deux  très  remarquables  collections.  Dans  le  lot  de  M.  Devert,  composé 
de  forts  exemplaires,  je  note  de  très  beaux  Dracœna,  d'élégants  Palmiers, 
notamment  des  Arcca,  des  Pritchardia,  des  Seqfortia,  des  Latanias,  des 
Corypha,  etc.,  des  Cycadées  :  Zamia  Lehmani,  Cycas  revoluta.  circina- 
les;  de  beaux  Dieffcmbachia  admirables  de  vigueur,  puis  des  Maranta, 
des  Broméliacées  et  une  foule  d'autres  espèces.  J'ai  noté  dans  ce  lot  un 
Asparagus  pliimosus  iianus  qui  avait  1  mètre  70  cent,  de  hauteur  ;  nomina 
incptum,  ai-je  pensé.  J'ai  retrouvé  la  môme  plante  dans  un  autre  lot  égale- 
ment très  élevée.  Pourquoi  nanus  alors  ? 

M.  Schmitt  a  des  plantes  moins  fortes,  mais  très  variées  et  arrangées  avec 
talent.  D'admirables  Heurs,  des  Orchidées,  des  Broméliacées,  des  Aroïdées, 
des  Bégoniacées  prêtent  l'éclat  de  leurs  vivss   couleurs   aux  belles   espèces 


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riches  seulement  de  leur  feuillage.  J'ai  noté  dans  ce  lot  de  beaux  Maranta, 
des  Tillandsia,  de*;  Vriesca,  lo  Gusmania  tricolor,  le  Caraguata  Zahni, 
des  Kœnipferia,  le  Miltonia  spectabilis,  V Odontoglossum  Alexandrœ. 
un  beau  Cattleya,  puis  trois  remarquables  Anthurium,  les  A.  Lindigi 
carneum  et  Andreamim.  Je  note  encore  des  Cycas,  des  Zamia,  des  ^Iraw- 
caria,  le  Ficus  J'arceli,  des  Crotons.  des  Fougères,  des  Caladium  colorés, 
etc.,  etc. 

M.  Comte,  horticulteur,  rue  de  Bourgogne,  à  Lyon-Vaise,  exposait,  hors 
concours,  un  lot  des  plus  beaux  spécimens  de  ses  collections.  Comme  tou- 
jours, les  plnntos  de  cet  habile  jardinier  sont  irréprochablement  cultivées. 
Citons  quelques-unes  des  espèces  les  plus  remarquables  de  ce  lot,  toiles  que: 
Cocos  Bonneti,  Kentia  Balmoreana,  Arenga  saccharifera,  Pritchardia 
aurea,  Kentia  Vendlandi,  Areca  Verschaffelti,  Ptychosperma  robiista, 
Livistona  Hoogendorpi,  Aralia  Jilicifolia  ,  spectabilis  et  Victoria; 
Phyllanthus  Seemanni.  Ciirctuna  rosceana,  Gymnogramma  schi\ophylla 
var.  gloriosa,  Nepenthes  Mastersi,  Phalœnopsis  amabilis,  etc. 

Le  lot  de  50  espèces  à  feuillage  comptait  deux  exposants  :  MM.  Bélisse  et 
Cousançat.  M.  Bélisse,  horticulteur,  route  du  Bourbonnais,  à  Lyon-Vaise,  a 
montré  aux  amateurs  qu'il  possédAit  et  cultivait  à  marveille  les  espèces  les 
plus  éminemment  ornementales  propres  à  la  décoration  des  appartements. 
Son  lot  était  irréprochable  et  les  sortes  bien  choisies.  On  sait  qu'il  faut,  pour 
qu'une  plante  sut  «  propre  à  la  décoration  des  appartements  »,  qu'elle  soit 
susceptib'e  de  lutter  contre  les  conditions  antivégétatives  dans  lesquelles 
elle  est  habituellement  placée. 

M.  Cousançat,  horticulteur,  grande  rue  de  Cuire,  à  Cuire-les-Lyon,  avait 
un  lot  du  même  genre  dont  les  espèces  avaient  également  écé  habilement 
triées  parmi  les  meilleures. 

Fougères.  —  0  plantes  aux  noces  cachées  !  Dites-moi,  vous  dont  les 
fleurs  se  dissimulent  à  nos  regards,  vous  dont  la  graine  est  une  poussière 
impalpable  qu'emportent  au  loin  les  vents  du  soir,  dites-moi,  je  vous  prie, 
pourquoi  je  vous  admire  sans  corolles,  pourquoi  je  vous  aime  sans  fruits? 
Esl-ce  parce  que  je  vous  ai  rencontrées  à  l'ombiedes  grands  bois,  sur  le  bord 
des  ravins,  dans  l'intérieur  des  grottes  et  des  cavernes  ?  Est-ce  parce  qu3  j'ai 
vu  la  scolopendre  suspendue  au-dessus  des  torrents  de  nos  montagnes,  ou 
bien  parce  que  vous  vêiissez  les  rochers  arides  d'un  manteau  de  verdure? 
Malgré  cette  invocation  lyrique,  les  Fougères  ne  me  répondent  pas.  Je  vais 
répondre  pour  elles  :  On  aime  l'îs  Fougères  parce  qu'elles  nous  montrent 
réunies  au  même  degré,  sous  mille  formes  différentes,  l'élégance  gracieuse 
du  feuillage  le  plus  varié,  le  plus  légèrement  découpé  qu'il  soit  possible  de 
voir.  Aussi,  les  horticulteurs  ont-ils  soustrait  aux  lieux  sauvages  ott  ils  sont 
nés,  pour  en  orner  les  serres,  les  jardins  et  les  salons,  les  plus  beaux  genres 
de  cette  immense  et  belle  famille. 

Il  y  a  des  Fougères  un  peu  dans  plusieurs  lots,  mais  il  n'y  a  que  M.  Cou- 
sançat, horticulteur,  à  Cuire-les-Lyon,  qui  en  présente  une  collection  dans 
laquelle  les  genres  les  plus  divers  sont  représentés. 

Je  retrouve  encore  un  peu  plus  loin  M.  Cousançat  qui  obtient  une  médaille 
de  vermeil  et  une  grande  médaille  d'argent  pour  deux  collections  de  Bégo- 
nias, l'une  composée  de  variétés  à  feuillage  ornemental  et  l'autre  d'espèces 
diverses.  Il  y  avait  dans  ses  deux  lots  la  plupart  des  variétés  d'élite  culti- 
vées de  nos  jours. 

Coleus.  —  Les  Coleus  de  semis  ne  manquaient  pas,  mais  les  collections 
étaient  rares.  M.  Rocket,  horticulteur,  grande  rue  de  la  Croix-Rousse,  le 
lauréat  habituel  de  ce  genre  de  plantes  est  la  seul  qui  expose  cent,  variétés 
nommées.  M.  Roohet  est  fidèle  à  ce  genre  dont  il  s'occupe  d'une  manière 
particulière.  Son  lot  était  bien  étiqueté  et  les  plantes  d'une  belle  venue  ;  il 
obtient  une  médaille  de  vermeil. 

Pélargonium  zoiiale.  —  C'était  la  première  fois  que  l'Association  horticole 
lyonnaise    inscrivait    une    mélailla  d'or  dans  son  programma  pour  la  plus 


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belle  collection  de  Pélargonium  zonale.  M.  Rozain-Boucharlat,  horticul- 
teur à  Cuire-lès-Lyon,  a  le  bon  esprit  de  la  décrocher.  J'ajoute  qu'il  ne  l'a 
pas  volée,  car  il  avait  su  réunir  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  et  de  plus  nouveau 
dans  le  genre. 

Je  cite  particulièrement  les  variétés  suivantes  à  Heurs  simples  qui  m'ont 
paru  dignes  d'être  mentionnées  :  Téléphone,  Albion,  Blanche-neige,  Aurore, 
Arc  en- Ciel,  Louis  Ulback,  M'^"  Poiseau.  Scipion,  Abbé  Garnier,  La  Gloire, 
Candeur,  Secréluire  Vintouskij,  Gloire  Lyonnaise,  etc.,  puis  parmi  les  doubles  : 
Priant,  Gloire  de  France,  M""'  Grillet,  Sp.  de  Grenoble,  Vésuve,  M""  Guil- 
bert.  Contraste,  Perle  blanche,  Président  Dutailly,  M"""  Hoste,  etc. 
Viennent  ensuite,  qui  exposent  aussi  dej  plantes  da  mêm3  gdnre  : 
M.  Guillet  (Pierre)  jardinier  chez  M.  Rendu,  qui  nous  montre  qu'il  s'y  en- 
tend à  tenir  en  ordre  une  collection;  M.  Patiohoud,  horticulteur  à  Cuire-:ès- 
Lyon,  M.  Galmiche  à  Grand'Croix  (Loire)  et  M.  Collet,  jardinier  chez  M. 
Boucaut,  à  la  Mulatiôre.  Tous  ces  exposants  montraient  les  variétés  les  plus 
florifères. 

Fuchisas.  —  Un  amateur  M.  Gindre,  et  un  horticulteur,  M.  Galmiche  à 
Grand'Croix  (Loire)  sont  les  seuls  exposants  dans  ce  genre  populaire.  Ces 
Messieurs  présentaient  l'élite  des  plus  belles  variétés  qu'il  faudrait  toutes 
citer  si  la  place  ne  faisait  pas  défaut. 

Cannas.  —::.  M.  Crozy  n'avait  pas  de  concurrent  pour  ce  genre  dans  le- 
quel il  s'est  taillé  une  réputation  européenne.  Voilà  le  résultat  de  la  persévé- 
rance dans  les  cultures.  Je  renonce  à  citer  les  variétés  qu'il  expose  ce  sont 
les  plus  belles,  la  plupart  obtenues  par  lui. 

Cactées.  —  J'aime  les  cactées,  j'en  conviens,  depuis  que  j'ai  vu  celles 
de  M.  Rebut,  Lassonnerie  et  Cardonna.  Il  est  regrettable  que  ces 
Messieurs  montrent  si  rarement  leurs  collections.  A  leur  défaut  M.  Tortoro- 
tot,  impasse  des  Manèges  à  la  Alllette,  expose  quelques-unes  des  plus  jolies 
espèces  des  genres  de  cette  curieuse  famille. 

M.  Cousançat,  n'a  pas  de  cactées,  mais  il  montre  des  Aloés  en  collection. 
M.  Pitrat,  horticulteur  à  Vaise,  exhibe  des  Furcroya  qui  lui  valent  une  mé- 
daille d'argent. 

M.  Brevet,  horticulteur,  rue  Julien,  à  Montehat,  a  une  collection  à'Erica 
composée  de  variétés  qu'on  ne  trouve  plus  guère  dans  les  établissements, 
depuis  que  les  plantes  à  feuillage  ont  tué  le.i  plantes  florales  du  Cap  et  de  la 
Nouvelle-Hollande. 

Plantes  de  marché. — Votre  serviteur,  qui  était  apprenti  jardinier  vers 
1860,  se  souvient  fort  bien  qu'à  cette  époque,  relativement  récente,  il  aurait 
été  impossible  aux  horticulteurs  lyonnais  do  cultiver,  comme  ils  le  font 
aujourd'hui,  une  masfe  aussi  formidable  de  plantes  de  toutes  sortes.  En  ce 
temps-là  l'oatillage  était  rare  et  défectueux,  les  méthodes  de  culture  d'une 
simplicité  primitive  et  le  débit  modéré.  C'était  le  temps  où  le  pommier  d'a- 
mour triomphait  en  compagnie  du  basilic;  que  do  chemin  parcouru  depuis 
vingt  ansl  Les  établissements  sont  .actuellement  de  véritables  usines,  de 
\raies  fabriques  de  plantes,  et  c'est  par  dizaines,  quelquefois  par  centaines 
de  mille,  que  la  même  espèce  est  cultivée.  On  expédie  un  peu  partout  les 
œillets,  les  ficus,  les  aralia?,  les  dratœna,  et  une  foule  d'autres  genres  de 
plantes  d'ornement,  dont  les  plus  beaux  ont  été  exposés  en  groupes  distincts 
sur  le  cours  du  Midi.  Il  y  avait  là  un  grand  nombre  de  massifs  qui  repré- 
sentaient assez  bien  cotte  branche  deThoriioulture  lyonnaise,  que  les  pro- 
grammes classent  sous  la  rubrique  de  Plantes  de  marché. 

Enumérons  ces  lots  de  plantes  remarquables  parleur  belle  culture  : 

M.  Grillet,  horticulteur,  route  de  Grenoble,  à  Lyon-Monplaisir,  avait  une 
collection  de  cinquante  espèces  représentées  par  deux  exemplaires  de  chaque 
sorte. 

M.  Stingue,  montée  de  la  Boucle,  à  Lyon,  une  collection  semblable  à  la 
précédente,  un  massif  de  Bégonia  Stingue,  dont  il  est  l'obtenteur,  et  un  lot 
de  Bouvardist  Humboldtii. 


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M.  Beurrier  aîné,  route  de  Grenoble,  à  Lyon-Monplaisir,  présentait  des 
massifs  ou  lots  d'œillets,  d'Adianttim  et  d'Aralia  Sieboldii. 

M.  Beurrier  (Jean),  rue  Saint-Maurice,  à  Lyon-Monplaisir,  des  Adiantum, 
des  Cyclamen  en  fleurs,  des  Ficus  et  des  Œillets. 

M.  Drevet,  rue  Julien,  à  Lyon-Montchat,  des  Lauriers-Tins,  des  Aralias, 
des  Dracœna  indivisa. 

M.  Musset  route  de  Francheville,  19,  par  Lyon,  des  Bégonias  bulbeux,  des 
Bouvardias,  des  Ficus  et  un  superbe  Cycas. 

M.  Devert,  route  de  Grenoble  (auquel  je  m'empresse  de  restituer  la  mé- 
daille d'or  attribuée  à  ses  Kentia,  que  les  typographes  lui  ont  sorti  pour  là 
donner  à  M.  Drevet),  avait  des  Celosia,  des  Dracœna,  des  Phœnix  cana- 
riensis,  de»  Kentia,  des  Lalanias,  des  Œillets. 

M.  F.  Morel  et  fils,  des  Chqysia  ternata. 

M.  Cousançat,  à  Cuire-lès-Lyon,  des  Chamœrops. 

M.  Boucharlat  jeune,  rue  des  Missionnaires,  à  la  Crois-Rousse,  des  Dra- 
cœna, des  Pourpiers,  des  Amarantes. 

M.  Valla,  rue  de  Chasse,  à  Oullins,  des  Bégonias  bulbeux. 

M.  Bélisse,  rue  du  Bourbonnais,  à  Lyon-Vaise,  des  Latania  borbonica, 
et  dans  le  concours  de  belle  culture  le  plus  beau  spécimen  de  Qycas  revo- 
luta  de  l'Exposition. 

M.  Grumel,  chemin  de  St-Priest,  à  Lyon-Monplaisir,  des  Œillets. 

M.  Patichoud,  rue  Coste,  à  Lyon-MonpUisir,  des  Rosiers. 

M.  Charreton,  avenue  des  Ponts,  Lyon-Guillotière,  des  Œillets. 

M.  Lapeute,  route  d'Heyrieux,  à  Lyon-Monplaisir,  des  Phlox  en  fleurs. 

M.  Chavagnon  fils,  horticult.,  route  d'Heyrieux,  plusieurs  lots  d'Œiliets. 

M.  Verne,  un  lot  de  Bégonia. 

Belle  culture.  —  Il  y  a  un  concours  de  balle  culture  qui  est  surtout  affecté 
aux  plantes  de  fortes  dimensions.  C'est  dans  ce  concours  que  M.  Jacquet, 
rue  Villion,  à  Monplaisir,  gagne  six  médailles;  il  exposait  de  beaux  spéci- 
mens des  espèces  suivantes  ;  Areca  lutescens,  Phormium,  Chamœrops, 
Cocos  insignis,  Phœnix,  Phœnix  canariensis. 

M.  Musset,  route  de  Francheville,  un  tiés  beau  Cycas. 

M.  Devert,  route  de  Grenoble,  des  Chamœrops. 

M.  Guichard,  de  très  beaux  Lantanas  et  d'énormes  Pelarg.  zonale. 

M.  Combet,  à  Limonest,  un  gros  Cereus  monstruosus . 

M.  Falconnet,  à  Villefranche  (Rhône),  un  bel  exemplaire  à' Araucaria 
excelsa. 

M.  Thomas,  un  Ficus  elastica. 

PLANTES   VIVACES   ANNUELES   ET   FLEWRS    COUPEES 

Nous  voici  dans  la  section  du  programme  où  la  lutte  est  toujours  vire 
et  ardente,  surtout  quand  on  arrive  aux  fleurs  coupées,  aux  Roses  plus 
particulièrement. 

Le  lot  de  plantes  alpines  do  M.  F.  Morel  garnissait  la  rocaille.  Dissémi- 
nées un  peu  partout,  elles  étaient  mal  placées  pour  être  rapidement  jugées  ; 
le  Jury  leur  a  accordé  une  médaille  de  bronze.  Il  est  vrai  que  les  membres 
du  Jury  de  cette  section  étaient  surtout  des  rosiéristes  et  îles  fleuristes  qui 
ne  sont  pas  tendres  pour  les  «  herbes  des  Alpes  ». 

Nous  trouvons  ensuite  deux  collections  d'Œiliets  :  une  était  exposée  par 
M.  Carie,  horticulteur,  route  d'Heyrieux,  à  Lyon-Monplaisir;  elle  compre- 
nait cent  variétés  parfaitement  choisies.  Elle  a  obtenu  la  médaille  de  ver- 
meil du  Syndicat  des  horticulteurs  lyonnais.  L'autre  collection,  composée  de 
trente  sortes,  avait  été  apportée  par  M.  Chavagnon  fils,  route  d'Heyrieux,  à 
Lyon-Monplaisir,  dont  on  ne  peutque  louer  le  bon  goût  dontil  a  fait  preuve 
ddns  l'assemblage  des  nuances  qu'il  a  su  choisir  pour  composer  son  lot. 

Plantes  de  massifs.  —  Nous  trouvons,  dans  ce  concours  : 
MM.  Léonard  Lille   et  Baney,   marchands-grainiers,  quai  Saint-Aatoine, 
Lyon,  qui  gagnent  deux  grandes  médailles  d'argent,  l'une  avec  un  superbe 


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massif  de  Zinnias,  et  l'autre  avec  un  lot  de  Gaillardes  irréprochablement 
cultivés. 

M.  Molin  avait  un  lot  de  Tubéreuses  qui  a  été  fort  admiré  et  qui  a  embau- 
mé les  visiteurs  pendant  toute  la  durée  de  l'exposition.  Le  Jurj  lui  octroie, 
pour  les  susdites  Tubéreuses,  une  médaille  d'argent. 

MM.  Rivoire  père  et  fils  ont  moins  de  cliance  avec  leurs  Phlox  Drum- 
mondi  qui  reçoivent  «ne  médaille  de  bronze. 

M.  Boucharlat  jeune,  dont  nous  avons  mentionné  les  lots  à  l'article  Plantes 
de  marché,  est  un  des  meilleurs  semeurs  de  Véroniques,  un  semeur  particu- 
lièrement heureux.  Il  voit  un  de  ses  derniers  gains  dans  ce  genre  récom- 
pensé par  une  grande  médaille  d'argent. 

Fleurs  coupées,  —  La  collection  générale  de  fleurs  coupées  comprend  une 
macédoine  gigaitesque  où  les  plantes  vivaces  coudoient  les  annuelles;  on  y 
trouve  de  tout  et  même  autre  chose.  L'éclatant  Glaïeul,  le  brillant  Tritoma, 
le  Zinnia  écarlate,  la  Verveiue  ans  tons  multiples,  l'Œillet  de  Chine  aux 
nuances  moirées,  la  Reine-Marguerite  et  ses  collerettes  tuyautées,  rehaussent 
l'éclat  des  plantes  plus  humbles  ou  de  couleurs  plus  assombries. 

Dans  ce  concours,  MM.  Léonard  Lille  et  Benej,  marchands-grainiers, 
quai  Saint-Antoine,  présentent  l'élite  des  plus  belles  ûeurs  qu'on  rencontre 
dans  les  jardins  qu'elles  parent  pendant  l'été. 

M.  Molin  marchand-grainier.  place  Bellecour,  exposait  également  une 
collection  générale  qui  a  fait  l'admiration  des  visiteurs,  tant  par  la  beauté 
que  par  le  nombre  des  espèces  présentées. 

Roses.  —  Je  vais  prendre  une  épigraphe,  en  vers,  que  j'ai  fait  composer 
à  Delille  tout  exprès  pour  orner  ce  chapitre. 

Et  qui  peut  refuser  un  hommage  à  la  Rose  ? 

La  Rose  dont  Vénus  compose  ses  bosquets, 

Le  Printemps  sa  guirlanda  et  l'Amour  ses  bouquets  ; 

Qu'Anacréon  chanta,  qui  formait  avec  grâce 

Dans  les  jours  de  festin  la  couronne  d'Horace. 

Ça  rime  bien.  Voilà  ce  que  c'est  que  d'avoir  des  amis  «  dans  la  poésie  ». 
J'en  ai  comme  cela  plusieurs  qui  «  biiohent  »  pour  moi,  de  temps  à  autre. 
Tenez,  Ronsard,  avec  qui  j'ai  dîné  l'autre  jour,  m'a  adressé  aussi  os  morceau 
par  la  poste  : 

Mignonne,  allons  voir  si  la  Rose 
Qui  ce  matin  avait  déclose 
Sa  robe  de  pourpre  au  soleil, 
N'a  point  jmrdu  cette  vesprée, 
Les  plis  de  sa  robe  pourprée 
Et  son  teint  au  votre  pareil. 

Ronsard  est  un  bon  garçon,  mais  n'est  plus  à  la  hauteur  do  la  situation. 
Les  belles  roses  maintenant  sont  les  ro.-es  jaunes.  Plus  elles  sont  jaunes, 
plus  el!es  sont  belles.  Quand  nous  en  aurons  des  larges  comme  un'chapeau, 
jaunes  cornme  le  baudrier  du  brigadier  à' qui  Pandore  donnait  raison,  tout 
ira  bien.  On  les  cherche  et  on  y  arrivera.  On  a  déjà  desPersian,  mais  il  faut 
que  «  ça  remonte  »  ;  si  ça  ne  remonte  pas.  adieu.  On  les  fera  remonter. 

Que  de  roses,  que  de  roses,  mes  amis  i  J'en  ai  là,  sous  les  jeux,  de  quoi 
effrayer  Calchas.  Elles  s'étagent  gracieusement  sous  la  galerie  en  une  longue 
enfilade  qui  n'en  finit  plus.  Et  quand  je  pense  que  pour  être  agréabl  )  et  juste 
avec  tous  les  exposants,  il  faudrait  me  faire  l'éditeur  d'un  petit  catalogue, 
j'en  suis  consterné.  Ah!  c'est  qu'ils  sont  nombreux,  les  exposants: 

Je  trouve  d'abord  M.  Pernet  fils-Duoher,  rosiériste,  chemin  des  Quatre- 
Maisons,  Lyon-Guiliotière,  qui  a  un  lot  magnifique,  dans  lequel  il  a  eu  la 
bonne  idée  de  mettre  en  première  vue  les  gains  magnifiques  que  l'établisse- 
ment qu'il  dirige  a  mis  autrefois  au  commerce. 

M.  Duché,  rosiériste,  montée  des  roches  à  Ecully,  a  dans  son  jardin  une 
végétation  luxuriante  qui  se  trahit  par  l'éclat  et  la  dimension  qu'elle  commu- 
nique aux  fleurs  qu'il  expose. 


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M.  Bonnaire,  chemin  des  Hérideaux,  n'a  pas  des  moins  belles  fleurs  que 
son  confrère. 

M.  F.  Dubreuil,  route  de  Grenoble,  146,  prend  part  à  deux  concours  et 
trouve  le  mojen  d'être  le  premier  partout. 

Citons  eacore  les  belles  ooUeotiins  de  MM.  Levet  jeune,  roîiériste,  avenue 
des  PoQts,  à  Lyon  ;  Alexandre  Bjrnaix,  rosiéi-isie,  fi3ars  Lafayeite,  à  Vil- 
leurbanne; Perrier,  chemin  des  Calattes,  à  la  Mouche  ;  Laparrière,  rosié- 
riste  à  Champagne-au-Mont-d'Or  ;  Reboul,  horticulteur  à  Montélimar 
(Drôme)  ;  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier  à  Ecullj,  et  Brechon,  rosiériste  à 
EcuUy. 

J'allais  oublier  les  belles  collections  de  M"»  V  Sohwartz,  route  de  Vienne, 
à  Lyon,  et  de  M.  J.-B.  Guillot  et  fils,  chemin  des  Pins,  qui  exposaient  hors 
concours. 

Dans  tous  les  lots  je  note  l'élite  des  plus  belles  sortes  parmi  lesquelles  je 
n'hésite  pas  à  citer  plus  particulièrement  : 

La  France,  Souvenir  de  la  Malmaison,  Merveille  de  Lyon,  Perle  des 
Jardins,  W.  04 lien  Itichardson;  Beauté  de  l'Europe,  Jules  Finger,  Jean 
Diiclier,  Jean  Ternet,  Mignonetie,  Mignature,  "Pâquerette,  Rosiériste 
Rambaud,  B.  Comte.  Boiëldieu,  La  Rosière.  Terle  d'or.  Reine  Marie- 
Henriette,  Madame  Bérard,  Maréchal  Niel,  Niphetos,  Ferdinand  Cliaf- 
fotte,  Ulrich  Brunner,  Devoniens>s,  Taul  Neyron,  Madame  Q4lexandre 
Bernaix,  Marie  Van-Houtte,  Marquise  de  Vivens,  C4bbé  Girardin,  etc. 

Je  vous  le  disais  au  début,  il  faudrait  éditer  un  catalogue,  heureusement 
que  ces  Messieurs  en  ont  tous  et  sont  disposés  à  l'adresser  à  tous  les  ama- 
teurs qui  le  demanderont. 

Je  n'ose  pas  dire  grand  chose  des  semis,  il  y  en  avait  cependant  de  fort 
beaux.  Un  seul  a  été  médaillé,  il  a  été  exposé  par  M.  Levet  jeune  dont  le 
père  a  mis  tant  de  belles  choses  au  commerce. 

Du  reste  il  ne  faut  pas  toujours  prendre  au  mot  les  sentences  portées  par 
les  jurés  quand  il  s'agit  de  semis.  Exemple:  la  plus  belle  des  roses,  La 
France,  a  jadis  été  battue,  à  Paris,  par  des  variétés  dont  on  ne  parle  plus 
actuellement.  L'exemple  est  topique,  n'est-ce  pas  ? 

Je  trouve  encore  dans  l'exposition  un  lot  de  Rosiers  greffés  sur  /?.  pohjan- 
tha.  Ce  lot  est  exposé  par  M.  Alexandre  Bernaix  déjà  n^mmé.  Ces  Rosiers 
ont  une  vigueur  qui  plaide  vigoureusement  en  faveur  de  ce  nouveau  sujet  qui 
a  le  mérite  de  donner  de  nombreuses  racines  et  de  ne  pas  drageonner.  Si  on 
ajoute  à  ces  mérites  divers  celui  qu'ont  les  graines  de  cette  sorte  de  germer 
rapidement  en  voilà  plus  qu'il  en  faut  pour  engager  les  rosiéristes  à  suivre 
l'exemple  de  M.  Bernaix. 

Dalhias.  —  La  fleur  d'automne  par  excellence;  se  conserve  dans  la  cave 
pendant  l'hiver.  Parlez  moi  des  plantes  comme  celles-là.  Des  pompons  énor- 
mes, frais,  gracieux,  tuyautés  avecdes  coloris  blancs,  roses,  violets,  marrons, 
noirs,  ou  à  ligules  mouchetées,  bigarrées,  striées,  marmorées  ponctuées  et 
réticulées.  Chaque  année  les  pessimistes  crient  aux  échos  que  le  Dalhia  est 
à  son  apogée  et  chaque  année  les  semeurs  donnent  un  démenti  aux  pro- 
phètes grincheux,  en  produisant  des  variétés  plus  belles.  Il  y  a  plusieurs  ex- 
posants qui  apportent  de  très  belles  collections.  Ce  sont  MM.  Rozain-Bou- 
charlat,  horticulteur  à  Cuire-lès-Lyon,  M.  Guillet  (Pierre),  jardinier  chez  M. 
Rendu  à  Grézieu,  M.  Collet  (Ant.),  jardinier  chez  M.  Reverdy  et  MM.  Valla, 
horticulteur  à  Oullins.  Ces  Messieurs  ont  tant  de  belles  variétés  que  je  suis 
embarrassé  pour  faire  un  choix. 

Dalhias  simples.  —  Avec  les  Cannas  de  M.  Crozy,  ce  sont  les  Dalhias 
simples  de  semis  exposés  par  MM.  Léonard  Lille  et  Beney,  march.- grain., 
quai  St-Antoine,  qui  ont  eu  le  plus  d'admirateurs,  11  y  avait  la  toute  une  sé- 
rie de  plante  hors-ligne  avec  des  panachures  de  toutes  couleurs,  des  teintes 
nouvelles,  fraîches,  éclatantes  et  veloutées.  Heureux  semeurs  ! 

Les  Glaïeuls  comptaient  également  plusieurs  exposants  qui  montraient  au 
public  l'élite  des  plus  belles  variétés  de  ce  beau  genre  qui  en  compte  tant  de 


—  430  — 

belles.  Citer  les  lots  de  M.  F.  Morel  et  Fils,  de  M.  Crozj,  de    M.  Molin,    et 
de  M.  Valla  c'est  mentionner  les  plus  beaux. 

Un  lot  de  Zinnia,  exposé  par  M.  Cliarrault,  qui  avait  réuni  tout  ce  qu'il  y 
a  de  bien  dans  le  genre,  puis  la  coUejtioa  d'Althéas  de  M.  Magat,  et  j'ai  ter- 
miné la  partie  concernant  les  fleurs  coupées. 

Bouquets.  — Il  reste  les  bouquets.  M""  Cauvin,  de  Marseille,  est  venue 
nous  montrer  qu'elle  était  une  grande  artiste.  M"'' Jaoquin,  fleuriste  rue  de 
la  Bourse  à  Lyon,  pour  qui  l'art  d'arranL,''or  habilement  les  fleurs  n'a  pas  de 
secret,  .-ivait  une  belle  belle  exposition.  Dirais-je  qae  M™"  Pitaval,  fleuriste 
chemin  des  Grandes-Terres,  à  St-Irénée,  est  toujours  la  première  dans  le 
concours  auquel  elle  prend  part  ?  Cliacun  le  sait  et  admire  la  facin  dont  elle 
sait  présenter  les  fleurs.  M.  Cambrillat,  de  Brindas.  s'entend  également  bien 
a  faire  les  couronnes  et  les  bjuquets,  et  le  Jury  lui  a  montré  qu'il  savait 
apprécier  son  travail. 

M""  Molin  nous  montre  quel  parti  on  peut  tirer  des  Graminées  sèches,  car 
elle  sait  les  arranger  avait  un  art  infini.  Les  soyeuses  panicules  deGynerium, 
les  épis,  les  grappes  élégantes  de  tout  espèces  d'herbes  prennent  sous  sa 
main  un  aspect  gracieux. 

M™«  Pitaval,  expose  aussi  de  très  balles  gerbes  de  graminées  sèches  que 
le  Jury  et  les  visiteurs  ont  parfaitement  su  apprécier. 

(A  suivre.)  V.    V.-M. 

Omission.  Il  faut  ajouter  à  la  liste  des  exposants  hors  concours  sur  leur 
demanda  qui  a  été  publiée  dans  le  précédent  n°  de  ce  journal,  M.  C.  Gaillot, 
treillageur,  126,  rue  de  la  Pyramide,  126,  Lyon-Yaise.  M.  Gaillot  exposait 
tous  les  produits  de  son  industrie. 

Arbres  ou  arbustes  nouveaux. 

Poirier  Secrétaire  Alfred  Vigneron.  —  Arbre  pyramidal  et  fertile, 
vigueur  moyenne,  venant  très  bien  à  haute  tige  ;  fruit  moyen  ou  gros,  de 
forme  conique,  œil  ouvert,  peau  lisse  et  passant  au  jaune  à  sa  maturité  ; 
chair  fine,  fondante  et  parfumée,  eau  abondante  et  sucrée  ;  fruit  exquis. 
Maturité  de  novembre  en  janvioi'. 

Ce  beau  et  magnifique  fruit  a  été  dédié  à  M.  Alfred  Vigneau,  horticulteur 
à  Montmorency,  Secrétaire  du  Cercle  pratique  d'Arborioultui-a  et  de  Viticul- 
ture de  Seine-et-Oise,  Chevalier  du  Ménie  agricole,  homme  d'un  grand 
mérite  et  dévoué  à  la  pomologie. 

Poirier  Bon-Chrétien  Vennont.  —  Aibre  sain  et  vigoureux,  fruit  gros 
affectant  la  forme  de  la  Belle  Angevine,  chair  fine  et  parfumée,  eau  abon- 
dante et  sucrée. 

Poirier  Secrétaire  Mareschal  —  Fruit  de  moyenne  grosseur  ;  la  chair 
est  fine,  juteuse  et  parfumée  ;  ce  fruit,  de  première  qualité,  mûrit  en  novem- 
bre et  déceml  re. 

Ces  trois  variétés  ont  été  obtenues  et  décrites  par  M.  Arsène  Saunier, 
pépiniériste  à  Rouen. 

Amandier  Commun  boule.  —  Sous-variété  de  l'amandier  pêche  ou  à  pulpe, 
à  large  feuillage  vert  luisant  ;  dift'ère  de  ce  dernier  par  ses  rameaux  nom- 
breux, formant  une  véritable  touft'e  compacte  et  serrée. 

Abricotier  à  feuilles  blanches  ponctuées  de  vert  au  centre.  —  Variété  à 
feuillage  tout  blanc,  avec  une  légère  tache  vert  sombre  au  centre.  Issue  de 
l'Abricotier  Pèche. 

Abricotier  nouveau  à  feuilles  panachées.  —  Sorte  d'Abricotier-Pèche,  à 
feuilles  largement  panachées  de  jaune  d'or  ;  bien  différent  de  l'ancienne 
variété  commune  panachée,  la  panachure  au  lieu  d'être  au  centre  est  répar- 
tie sur  tout  le  feuillage. 

Châtaignier  commun  à  feuilles  glauques  marginées.  —  Variété  à  feuil- 
les ondulées,  glauques,  bordées  de  jaune. 


—  431  — 

A\erolier  coccinc  m.vbré.  —  Nouveauté  à  feuilles  marbrées  de  jaune 
d'or. 

Cytise  Aiibour  pleureur  nouveau.  —  Plus  |ileureup  q'ie  l'ancienne 
variété  ;  cet  arbre  se  dislingue  par  ses  feuilies  contournées,  réunies  en  fais- 
ceaux le  long  de  ses  nombreux  rameaux  retomb.int  jusqu'à  terre. 

Prunier  Damas  noir  à  feuilles  marginées.  —  C'est  le  Prunier  Dimai  noir 
à  feuilles  élégamment  bordées  de  jaune  ;  variété  très  constaa'.o  dins  sa  pana- 
chure. 

Chêne  cerris  pleureur  nouveau.  —  Ce  Chèae,  par  ses  longj  rameaux  pen- 
dants, tranche  bien  avec  tous  ses  congénères. 

Sureau  commun  pleureur  à  feuilles  panachées.  —  S  jus  variété  du  Sam- 
bucus  nigra  pcndula,  panachées  de  blanc  jaunâtre. 

Lilas  commun  blanc,  à  feuilles  en  cuiller,  panachées  de  vert  au  centre. 
—  Nouvelle  vaiiété  à  fleurs  blanches  et  à  feuilles  creusées  en  cuiller,  pres- 
que entièrement  blanc  jaunâtre,  avec  une  légère  macule  verte  au  centre. 

Lilas  commun  doré  de  Joreau.  —  A  feuilles  dcrées  ;  la  teinte  jaune  per- 
siste toute  l'année  dans  cette  nouvelle  variété. 

Lilas  commun  "Prince  Impérial  panaché.  —  Sous-variété  du  Lilas  Prince 
Impérial,  à  feuilles  largement  panachées  de  jaune. 

LHas  commun  à  feuilles  poudrées  tricolores.  —  Toutes  petites  feuilles 
blanches  toutes  parsemées  dépeints  verts,  à  bords  souvent  ciispés;  les  jeunes 
pousses  ont  les  feuilles  d'un  beau  rose  poudré  de  vert  et  de  blanc. 

Orme  champêtre  tricolor.  —  Variété  à  feuilles  panachées  de  blanc,  de 
jaune  et  de  vert  ;  résistant  bien  au  soleil. 

Hou.x  à  feuilles  contournées  panachées.  —  Nouvelle  variété  de  Houx  à 
feuilles  contournées  et  fortement  panachées  de  blanc  jaunâtre  au  centre. 

Epicéa  nain  de  Joreau.  —  Petite  miniature,  à  rameaux  courts  et  serrés; 
variété  bien  différente  de  l'ancienne  variété  naine. 

Cèdre  de  l'G^tlas  co;n^ac/e.  — Sous-variété  duCèdre  de  l'Atlas,  à  rameaux 
érigés,  serrés  et  compactes. 

Mélèze  d'Europe  glauque.  —  Nouvelle  variété,  à  feuillage  complètement 
glauque. 

Mélèze  d'Europe  doré.  —  Conservant  pandint  tout:3  la  belle  saisoi  une 
nuance  dorée. 

Rhouodekdrv^iI  Clotilde  Baudriller.  — Beaux  bouquets  de  trèi  grandes 
fleurs  laque  carminé,  le  bord  des  pétales  plus  foncé,  les  trois  lobes  supérieurs 
largement  macules  de  rouge  brique,  éclairé  rose. 

Khododendrum  iVf™°  Geynet.  —  Superbe  fleur,  rose  éclairé  de  blanc, 
tous  les  pétales  lignés,  striés  et  pointillés  de  carmin  vif,  forte  impériale  ocre 
sur  le  lobe  supérieur,  donnant  un  reflet  métallique  du  plus  grand  effet;  genre 
(yllstrœmeriœflorum. 

Rhododendrum  iV/'''  Thérèse  .Godard. — Beaux  bouquets  de  fleurs  à  centre 
blanc  rosé,  le  pourtour  de  chaque  pé'.ale  d'un  rose  vif;  forte  macule  ocre, 
nuancé  verdàtre  sur  le  loba  supérieur  ;  très  florifère. 

Rhodode.ndrum  Ornement  de  Joreau.  —  Grandes  fleurs  d'un  beiu  roso 
violacé,  macuH  rouge  sur  fond  noir;  très  florifère. 

Les  23  arbres  ou  arbustes  précédents  ont  été  décrits,  nommés  et  obtenus 
par  M.  Baudriller,  pépiniériste  à  Gennes  (Maine-et-Loire). 


Roses  nouvelles. 

Uosier  thé.  —  Ddchesse  de  Bragance.  —  Arbuste  très  rameux,  à  rameaux 
dressés,  parsemés  d'aiguillons  rares.  Feuillage  vert  fonci  à  jeunes  pousses 
rouges.  Calice  rubescant  a  l'état  jeune,  à  sépales  foliacés  dépassant  le  bou- 
t'ii  ;  celui-ci  ovale.  Fieur  très  pleine  et  s'épanouissant  bien,  pédoncule  très 
ferme,  d'un  beau  jaune  canari  vif  au  centre,  plus  pâle  sur  les  bords  ;  pétales 
de  la  circonférenc)  gracieusement  recourbés  au  sommet.  Plante  d'un  grand 
mérite  poiir  la  fleur  coupée. 


—  432  — 

Rosier  hybride  de  Thé,  —  Attraction.  —  Arbuste  d'une  bonne  vigueur, 
très  florifère  et  extra  remontant,  à  feuillage  sombre  mat  en  dessus,  glauces- 
cent  en  dessous.  Inflorescence  dressée,  en  corjmbe  composé  de  3  à  5  fleurs 
érigées  en  pédoncules  fermes.  Boutons  ovoïdes.  Pétales  nombreux,  concaves, 
mucronés,  imbriqués  dans  les  rangs  extérieurs,  carmin  clair  nuancé  rose  de 
Chine,  avec  un  liseré  plus  pâle  sur  les  bords,  à  onglet  jaunâtre  à  la  base. 
Rose  d'une  belle  duplicature  et  d'une  odeur  intermédiaire  entre  la  roseCent- 
Feuilles  et  les  roses  thés.  —  Plante  extra. 

Ces  deux  roses  nouvelles  ont  été  obtenues  par  M.  F.  Dubreuil,  rosiériste, 
route  de  Grenoble,  à  Ljon-Monplaisir. 

Thé,  —  Luciole.  —  Arbuste  vigoureux,  fleur  graode,  pleine,  bien  faite, 
bouton  allongé  et  d'une  belle  tenue,  coloris  rose  de  Chine  carminé  très  vif, 
teinté  jaune  safran  avec  fond  jaune  cuivré,  revers  des  pétales  bronzé.  Une 
des  plus  odorantes  dans  cette  série.  Variété  extra  (issue  de  Safrano  à  fleur 
rojge). 

Hybride  de  Thé  remontant.  —  Madame  Joseph  Deseois.  —  Arbuste  très 
vigoureux,  fleur  très  grande,  de  14  à  16  centimètres  de  diamètre,  bien  pleine, 
très  bien  faite  et  d'une  belle  tenue,  coloris  blanc  carné  à  centre  rose  sau- 
mcné  très  tendre,  variété  exti'a.  Cette  belle  rose  est  issue  de  técondation 
artificielle  ;  Baronne  Ad.  de  Rothschild  fécondé  par  le  thé  Madame  Falco*. 

Ces  deux  variétés  ont  été  obtenues  par  M.  J.-B.  Guillot  et  fils,  rosiériste, 
chemin  des  Pins,  Ljon  Guillotière. 

Hy brides  Remontants.  —  Comte  de  Paris.  —  Arbuste  très  vigoureux, 
fleurs  grandes,  pleines,  très  bien  faites,  rouge  ponceau,  nuancé  et  éclairé 
de  pourpre  vif  de  brun,  de  cramoisi  très  vif,  magnifique  de  coloris  et  de 
forme.  C'est  une  des  plus  belles  sortes  que  nous  avons  obtenues  jusqu'à  ce 
jour,  extra. 

Aly  Pacha  Chérif.  —  Arbuste  très  vigoureux,  fleurs  grandes,  pleines, 
très  bien  faites,  beau  coloris  rouge  vermillon  peu  nuancé  et  velouté  de  pour- 
pre noirâtre,  extra. 

A.  Drawiel.  —  Arbuste  vigoureux,  fleurs  grandes,  pleines,  forme  par- 
faite, globuleuse,  rouge  ponceau  noiiâtre,  éclairé  de  carmin.  Une  des  plus 
belles  roses  foncées  obtenues  jusqu'à  ce  jour,   (très-belle). 

M™°  Edouard  de  Bonnières  de  Vriére.  —  Arbuste  vigoureux,  fleurs 
grandes,  pleines,  très  bien  faites,  beau  rouge  amarante,  illuminé  de  pon- 
ceau et  de  carmin,  plante  hors  ligne. 

M""  LÉON  Halkin.  —  Arbuste  vigoureux,  fleurs  grandes,  pleines,  forme 
parfaite,  globuleuse,  beau  rouge  cramoisi  vif  nuancé  de  pourpre  éclatant, 
par  sa  forme,  son  colons  brillant,  c'est  une  variété  hors  ligne. 

M""  Thiéeaut  aîné.  —  Arbuste  vigoureux,  fleurs  grandes,  pleines,  très 
"bien  faites,  beau  rose  cerise  vif,  bord  des  pétales  S'ouvent  liserés  de  blanc; 
sorie  très  distincte  et  magniflque  de  forme,  très  belle. 

Baronne  de  Saint-Didier.  —  Arbuste  vigou''eux,  fleurs  très  grandes, 
pleines,  rouge  cramoisi  ou  cerise  très  vif,  ombré  de  lilas  et  de  pourpre,  les 
extrémités  des  pétales  sont  souvent  liserés  de  blanc  ;  très  belle  et  très  dis- 
tinguée. 

Les  sept  variétés  précédentes  ont  é^é  obtenues  de  semis  par  MM. 
Lévêque  et  fils,  horticulteurs  à  Yvry-sur-Seine  près  Paris. 

Les  descriptions  de  ces  roses  ont  é'é  faites  par  les  obtenteurs.    (.4  suivre.) 


Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-^MOREL. 


Lyon    —  Impr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rue   do  la  République,  33. 


1886  OCTOBRE  N'   19 


CHRONIQUE 


C'est  un  article  de  foi  chez  les  Turcs  de  croire  que  Mahomet  a 
fait  un  trou  dans  la  lune  pour  aller  au  ciel.  Tout  invraisemblable 
que  paraisse  ce  moyen  de  locomotion  il  y  a  des  millions  d'Arabes 
qui  sont  profondément  persuadés  que  «  c'est  arrivé  »  .  Laissons  ces 
braves  gens  à  leur  croyance,  elle  ne  gêne  personne.  Cela  rentre 
dans  le  domaine  spirituel  qui  n'a  rien  à  voir  avec  l'horticulture. 
Mais  je  ne  me  serais  jamais  imaginé  que  l'art  d'élever  les  plantes, 
—  je  sais  bien  qu'il  adoucit  les  mœurs  —  fût  capable  de  commu- 
niquer à  quelques-uns  de  ses  adeptes,  une  dose  si  pharamineuse 
de  foi  naïve,  dans  les  vertus  mirifiques  du  fameux  éhxir  de  Catho- 
licon  d'Espagne,  connu  sous  le  nom  de  Terre  de  bruyère. 

La  terre  de  bruyère...  j'ai  eu  l'occasion  de  lui  dire  son  fait  il  y 
a  quelque  temps  et  j'ai  engagé  ceux  de  mes  confrères  qui  consi- 
dère cette  substance  comme  une  panacée  de  l'apprécier  à  sa  juste 
valeur  et  à  la  faire  rentrer  dans  ses  modestes  attributions.  La  note 
que  j'ai  pubUée  à  ce  sujet  m'a  valu  de  M.  Ménand,  horticulteur  à 
Albany  (Etats-Unis),  une  lettre  aimable  de  laquelle  j'extrais  le  pas- 
sage suivant,  une  perle,  comme  vous  allez  en  juger  : 

«  Il  y  a  plus  de  trente  ans  je  rendais  visite  à  un  jardinier  écos- 
sais et  au  maître  qui  l'occupait,  riche  amateur  américain.  Après 
avoir  fait  le  tour  du  jardin  ils  me  montrèrent  un  Àrbulus  Unedo  ou 
peut-être  un  Andromeda  polifolia,  —  je  ne  sais  plus  exactement 
lequel  —  qui  venait  d'arriver  mort  d'Angleterre.  L'amateur  qui 
s'était  réjoui  par  anticipation. 

L'œil  morne  maintenant  et  la  têia  baissée, 

contemplait  avec  amertume  son  arbuste  desséché;  il  gémissait  sur 
la  fin  prématurée  de  cet  arbrisseau.  Le  jardinier  l'air  sombre  et 
consterné 

Semblait  se  conformer  à  sa  triste  pensée. 


—  434  — 

«  Tout  à  coup  son  visage  prit  un  aspect  moins  mélancolique  et 
poussant  un  soupir  à  fendre  l'âme,  comme  s'il  venait  de  perdre  son 
père  et  sa  mère,  il  posa  la  main  sur  le  cadavre  de  sa  plante  et 
s'écria  :  y^li!  if  dhad  on  ly  some  peal  !  —  Ah!  si  seulement  j'avais 
de  la  terre  de  bruyère.  Sous  entendez  :  Comme  je  vous  ferai 
revenir  cette  espèce  à  la  vie.» 

Pas  de  commentaires  n'est-ce  pas? 

N'arrachez  plus  vos  vignes  françaises.  —  Tel  est  le  titre  d'un 
article  publié  dans  r^gri(?u/(eur  de  Béziers  par  M.  Elle  Mirepoix. 
L'auteur,  propriétaire  au  domaine  de  Roux-les-Grèzes  près  Carcas- 
sonne,  affirme  que  les  vignes  françaises  traitées  par  le  sulfure  de 
carbone  dissous  dans  l'eau,  reviennent  admirablement,  dans  tous 
les  terrains,  Toute  vigne  possédant  encore  cette  année  vingt  cen- 
timètres de  végétation  normale  peut  être  sûrement  régénérée  avec 
profit.  Ce  disant, M.  Elle  Mirepoix  invitent  les  amateurs  à  aller  se 
rendre  compte  de  ce  qu'il  avance,  dans  son  domaine  d'abord,  puis 
chez  une  dizaine  de  grands  propriétaires  de  Narboune,  Carcassonne 
ou  aux  environs. 

Il  reste  maintenant  à  M.  E.  Mirepoix  à  faire  connaître  le  pro- 
cédé pour  obtenir  la  dissolution  du  sulfure  de  carbone  dans  l'eau, 
et  l'époque  à  laquelle  il  emploie  cette  dissolution  et  la  dose  conve- 
nable. 

On  sait  que  le  sulfure  de  carbone  ne  se  dissout  pas  sensiblement 
dans  l'eau,  à  laquelle  toutefois  il  communique  son  odeur. 

Maceron.  —  Avez-vous  mangé  du  Maceron  ?  Vous  savez  le 
Maceron  qu'on  cultivait  du  temps  de  Charlemagne.Je  parle  hébreu, 
n'est-ce-pas?  Si  vous  ne  connaissez  pas  le  Maceron,  sachez,  Mon- 
sieur, que  ce  n'est  pas  autre  chose  que  le  Smijrnium  Olusalruvi.  Y ous 
voilà  bien  avancé.  Maceron,  Smyrnium,  c'est  tout  un, c'est-à-dire  la 
même  chose.  C'est  une  plante  potagère  que  M.  Djbowski  veut 
ramener  dans  la  marmite. 

Le  fait  est  que  si  le  proverbe  qui  dit  qu'il  n'y  a  de  nouveau  que 
ce  qui  a  eu  le  temps  de  veiUir  est  exact,  le  Maceron  a  toutes  les 
qualités  requises  pour  constituer  une  nouveauté  de  premier  ordre. 

Voici  ce  qu'en  dit  A.  De  CandoUe  dans  son  Origine  des  piaules 
cultivées  : 

«  De  toutes  les  ombellifères  servant  de  légumes,  celle-ci  a  été 
une  des  plus  communes  dans  les  jardins  pendant  environ  quinze 
siècles,  et  maintenant  elle  est  abandonnée.  On  peut  suivre  ses  com- 
mencements et  sa  fin.  Théophraste  en  parlait  comme  d'une  plante 
officinale  sous  le  nom  de  Jpposelinon,  mais  trois  cents  ans  plus  tard 
Dioscoride  dit  qu'on  en  mangeait  la  racine  ouïes  feuilles  à  volonté, 


—  435  — 

ce  qui  fait  supposer  une  culture.  Les  latins  l'appelaient  Olus-atrum, 
Charlemagne  Olisaliim,  et  il  ordonnait  d'en  semer  dans  ses  fermes. 

((  Les  italiens  l'ont  beaucoup  employée  sous  le  nom  de  31acerone. 

<i  A  la  fin  du  XVIP  siècle  la  tradition  existait  que  cette  plante 
était  jadis  cultivée;  ensuite  les  horticulteurs  anglais  et  français  n'en 
parlent  plus.  » 

Galien  dit  quelque  part  :  leSmijrnium  n'est  pas  de  mauvais  goût, 
aussi  se  vend-il  bien  à  Rome. 

On  ne  mangeait  déjà  plus  de  smyrnion  au  commencement  du 
XVIP  siècle  ;  Ollivier  de  Serre  n'en  dit  rien  et  les  botanistes  anciens 
ne  le  signalent  pas  comme  une  plante  potagère. 

J'ai  goûté  cette  espèce  que  je  cultive  depuis  longtemps  et  qui  se 
ressème  seule  dans  le  jardin.  Elle  ne  remplacera  pas  les  salsifis. 

Elle  gèle  dans  les  hivers  rigoureux.  C'est  une  sorte  bi  ou  tri- 
annuelle. 

^cer  colchicum  (ricolor.  —  Saluons,  messieurs,  cette  nouvelle 
variété.  A  vrai  dire  je  ne  la  connais  pas.  J'en  ai  entendu  parler 
car  elle  a  fait  du  bruit  dans  Lauderneau.  La  Bévue  de  l'horticuUure 
belge  et  élrangère  en  a  donné  une  belle  image  qui  séduira  plus  d'un 
de  ses  lecteurs.  M.  Carrière  qui  s'y  entend  et  ne  «  s'emballe  pas 
souvent  » ,  l'ayant  vue  à  Orléans,  à  l'exposition  du  mois  de  mai 
dernier,  en  a  fait  une  description  qui  fait  venir  l'eau  à  la  bouche. 
Pensez  donc  cette  nouvelle  sorte  dépasserait,  par  sa  beauté,  le  Ne- 
gundo  panaché .  Supposons  que  «dépasserait»  soit  légèrement  hyper, 
bolique  c'est-à-dire  excessif  et  que  égalerait  soit  l'expression  exactes 
cela  ne  suffit-il  pas?  Le  Negundo  Iraxinifolia  (Jcer Neguudo)  n'est  pas 
un  de  ces  arbres  panachés  de  pacotille  comme  il  y  en  a  tant  et  une 
autre  espèce  qui  produit  un  efïet  de  même  valeur  avec  d'autres 
tons  et  un  autre  aspect,  mérite  l'assurance  d'une  considération  aussi 
haute  que  distinguée. 

Cette  nouvelle  variété  a  été  obtenue  par  dichroi'sme  (par  accident) 
chez  M.  A.  Gouchault,  pépiniériste  à  Orléans,  sur  un  pied  à'Jcer 
colchicum  rubrum.  Elle  se  multiplie  par  la  greffe  en  écusson  sur 
V^cer  colchicum  type.  Il  paraît  qu'elle  ne  brûle  pas  au  soleil. 

V exposition  horticole  de  Sceaux,  —  Le  jury  de  l'exposition  hor- 
ticole tenu  à  Sceaux,  à  la  fin  de  septembre  dernier  présidé  par 
M.  Roux,  directeur  des  affaires  départementales,  a  décerné  les 
récompenses  suivantes  : 

Prix  d'honneur  du,  président  rfr?  la  République.  —  Objet  d'art, 
MM.  Bruneau  et  Jost. 

Deuxième  grand  prix  d'honneur.  —  Objet  d'art,  offert  par  le 
ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  M.  Félix 
Moreau,  neveu. 


—  436  — 

Troisième  grand  prix  d'honneur.  —  Médaille  d'or,  offerte  par 
le  ministre  de  l'agriculture  :  M.  Croux  fils. 

Quatrième  prix  d'honneur.  —  Médaille  d'or,  offerte  par  le 
préfet  de  la  Seine,  établissement  de  Saint-Nicolas  d'Issy. 

Cinquième  prix  d'honneur.  —  Médaille  d'or,  offerte  par  le 
département  de  la  Seine,  M.  Maxime  Jobert,  jardinier  du  duc  de 
La  Rochefoucault-Bisaccia. 

Le  lauréat  est  parvenu  au  bout  de  dix  jours  de  patience,  à  com- 
poser au  parc  de  Sceaux,  à  l'aide  de  seize  mille  pois  de  (leurs  natu- 
relles, le  blason  du  député  de  la  Sarthe. 

Sixième  prix  d'honneur.  —  Médaille  d'or  offerte  par  le  conseil 
municipal  de  Sceaux,  M.  Malet,  horticulteur. 

Septième  prix  d'honneur.  —  Grande  médaille  des  habitants  de 
Sceaux,  M.  Loreil  fleuriste. 

Huitième  prix  d'honneur.  —  Grande  médaille  d'or,  offerte  par 
le  canton  de  Sceaux,  M.  Lequin,  horticulteur. 

On  voit  que  les  organisateurs  de  l'Exposition  susdite  ne  font  pas 
comme  les  Lyonnais  qui  ne  veulent  inscrire  dans  leur  programme 
qu'un  seul  prix  d'honneur. 

La  culture  sur  ados.  —  La  Gazette  du  Fillage  donne  à  ce  propos, 
à  ses  abonnés,  les  conseils  suivants,  dont  nous  engageons  ceux  de 
nos  lecteurs,  que  cette  question  intéresse  à  faire  leur  profit  : 

«  Tout  le  monde  n'est  pas  parfait  observateur.  On  ne  voit  pas 
toujours  bien  ce  qu'on  a  l'air  de  regarder  du  matin  au  soir.  On  a, 
par  exemple,  l'œil  ouvert  toute  la  journée  sur  des  coteaux  exposés 
au  midi,  on  voit  les  vignes  y  mûrir  leurs  grappes  plus  tôt  que  dans 
la  plaine  et  on  n'en  cherche  pas  toujours  la  cause.  On  ne  se  dit  pas 
que  l'action  du  soleil  se  fait  sentir  plus  vivement  sur  une  surface 
inclinée  tournant  le  dos  au  nord  que  sur  une  surface  plane  ;  on  ne 
se  dit  pas  non  plus  que  les  eaux  et  les  neiges  s'en  vont  plus  vite 
dans  le  premier  cas  que  dans  le  second. 

«  Vous  pensez  bien  que  si  tout  le  monde  se  disait  cela,  il  y  a 
belle  heure  qu'on  verrait  des  ados  dans  tous  les  potagers,  tandis 
que  l'on  n'y  en  voit  pas.  Et  voilà  pourquoi  nous  appelons  là-dessus 
l'attention  de  nos  lecteurs. 

«  Supposez  un  mur  adossé  au  midi  ;  adossez  à  ce  mur  de  la  terre 
en  forme  de  talus  à  pente  donce.  de  1  mètre  à  peu  près  de  largeur 
sur  30  centimètres  de  hauteur  contre  le  mur.  Cela  représenterait 
en  miniature  une  sorte  de  coteau  regardant  le  soleil  et  tournant  le 
dos  au  nord.  Eh  bien,  c'est  tout  simplement  l'ados  des  jardiniers. 
Quand  le  mur  est  garni  d'arbres  fruitiers,  on  peut  former  le  talus  à 
1  mètre  de  distance  en  deçà  de  la  plate-bande.  Rien  n'empêche 
même  de  faire  plusieurs  ados  parallèles  les  uns  aux  autres,  en  ayant 


-  437  — 

soin  de  laisser  entre  eux  des  passages  assez  larges  pour  que  l'ombre 
d'un  ados  ne  nuise  pas  à  l'ados  voisin. 

«  Je  n'insiste  pas  davantage  ;  tout  le  monde  comprendra.  Un 
praticien  du  jardinage  a  dit  quelque  part  qu'une  heure  de  soleil  vers 
midi  produit  plus  d'effet  sur  une  pente  que  deux  matinées  enso- 
leillées sur  une  culture  à  plat.  Or,  avec  l'ados,  on  a  le  plein  soleil 
et  l'abri  contre  les  vents  froids. 

«  C'est  en  octobre  qu'on  forme  les  ados,  et  c'est  à  partir  de 
novembre  jusqu'en  février  que  l'on  y  repique  des  choux  hâtifs,  des 
laitues  d'hiver,  qu'on  y  sème  des  fèves  et  des  pois,  que  l'on  y  plante 
des  pommes  de  terre  marjolin. 

«  Moyennant  de  faciles  précautions,  c'est-à-dire  avec  des  clo- 
ches quand  on  en  possède,  ou,  à  défaut  de  cloches,  avec  de  la 
paille  pendant  les  nuits  dures,  cloches  et  paille  qu'on  enlève  dans 
les  journées  douces,  on  arrive  à  gagner  une  avance  de  15  jours  à 
trois  semaines  sur  les  cultures  à  plat.  C'est  fort  joli,  convenez-en, 
et  très  avantageux  pour  la  vente. 

«  Lorsque  les  récoltes  sont  finies,  on  démolit  les  ados  et  l'on  a 
des  planches  plates  de  terre  renouvelée,  excellentes  pour  les  haricots 
et  divers  légumes  de  saison.  » 

La  Ramie.  —  M.  Fremy  a  donné  lecture  dernièrement,  à  ses 
collègues  de  l'Académie  des  sciences,  d'une  intéressante  communi- 
cation sur  la  ramie,  plante  textile  originaire  de  Chine  qui  pros- 
père dans  le  midi  de  la  France,  particulièrement  aux  environs  de 
Montpellier. 

La  ramie,  d'après  le  savant  professeur  du  Muséum,  pourrait,  si 
elle  était  exploitée  comme  plante  textile,  nous  affranchir  du  tribut 
de  180  millions  que  nous  payons  annuellement  au  pays  producteur 
du  coton. 

«  Cette  plante  précieuse,  le  colon  français,  soulagera,  ajoute-t-il, 
les  souffrances  de  notre  agriculture  ;  elle  pousse  vigoureusement 
dans  nos  départements  du  Midi, frappés  par  l'abandon  delà  garance; 
elle  réussira  dans  nos  colonies,  menacées  dans  leur  exploitation  de 
la  canne  à  sucre.  On  comprend  la  supériorité,  au  point  de  vue  du 
prix  de  la  main-d'œuvre,  que  nous  donnent  les  réactifs  chimiques 
sur  la  pratique  des  Chinois  qui  extraient  les  fibres  du  liber  de  la  ra- 
mie à  l'aide  d'un  petit  couteau.  Je  considère  comme  résolues  les 
principales  questions  que  la  science  pouvait  aborder  dans  le  traite- 
ment de  la  ramie  ;  je  m'en  réfère  à  cet  égard  aux  mémoires  que 
j'ai  communiqués  antérieurement  à  la  Compagnie,  et  je  place  sous 
les  yeux  de  mes  confrères  des  échantillons  qui  prouvent  que  la  pu- 
rification et  l'extraction  des  fibres  sont  obtenues  de  la  manière  la 
plus  complète  et  par  des  procédés  rapides  et  peu  coûteux.  J'espère 


—  438  — 

que  nos  agriculteurs  n'hésiteront  plus  aujourd'hui  à  entreprendre  la 
culture  de  la  ramie  et  que  nos  habiles  filateurs  sauront  utiliser  les 
fibres  en  leur  conservant  leur  éclat  soyeux,  comme  cela  se  pratique 
de  temps  immémorial  en  Chine.  La  France  possédant  ainsi  un  tex- 
tile végétal  qui  ressemble  à  la  soie,  donnera  un  exemple  nouveau 
des  services  que  la  science  peut  rendre  lorsqu'elle  s'allie  à  l'agri- 
culture et  à  l'industrie.  » 

CORRESPONDANCE 

Monsieur  le  Rédacteur  en  Chef, 

Vous  avez  inséré  dans  le  n°  17  du  Lyon-Horlicole  une  lettre  rec- 
tificative écrite  par  M.  Jambon,  auteur  du  Compte-rendu  de  l'Ex- 
position d'horticulture  qui  s'est  tenue  au  printemps,  à  Grenoble. 
Dans  cette  lettre  me  concernant  d'une  manière  particulière, 
M.  Jambon  s'accuse  d'avoir  commis  deux  erreurs  involontaires 
relatives  aux  récompenses  obtenues  à  la  susdite  exposition,  entre 
MM.  Alex.  Bernaix  et  Pernet  flls-Ducher  d'un  côté  et  les  Hospices 
de  Grenoble  et  l'Asile  St-Robert  de  l'autre. 

J'ai  d'abord  cru  aune  mauvaise  plaisanterie,  et  je  ne  me  serai 
pas  inquiété  davantage  de  cette  rectification  tardive  pensant  qu'elle 
n'avait  rien  de  fondée,  mais  la  chose  prend  une  autre  tournure 
et  me  force,  bien  malgré  moi,  de  rompre  le  silence  que  j'avais 
l'intention  de  garder  à  ce  propos.  Vous  allez  voir  pourquoi. 

J'ai  reçu  dernièrement,  quelque  temps  après  la  publication  de  la 
rectification  de  M.  Jambon,  une  lettre  de  M.  Pernet  fils-Ducher 
m'enjoignant  d'avoir  oà  sulstiluer  immédiatcmcnl  la  mention  l"  Prix 
«  à  celle  de  Grand  Prix  d'honneur,  soil  sur  mes  annonces,  soit  sur  mes 
»   Catalogues.  » 

Qu'est-ce  que  cela  veut  dire?  —  Me  serais-je,  sans  le  vouloir, 
paré  des  plumes  du  paon?—  Cela  n'entre  pas  dans  mes  habitudes. 
Cependant  j'ai  vu  sur  mon  lot,  ainsi  que  M.  Jambon  le  dit  lui- 
même  dans  sa  lettre,  une  pancarte  sur  laquelle  était  écrit  Grand 
Prix  d'honneur.  Cette  pancarte  que  tous  les  visiteurs  de  l'exposition 
ont  pu  voir,  dont  plus  de  vingt  de  mes  confrères  ont  constaté  la 
présence,  d'où  venait-elle,  et  qui  est-ce  qui  l'avait  placée?  Etait- 
elle  tombée  du  ciel  ou  simplement  comme  c'est  la  vérité,  des  mains 
du  Jury.  Pourquoi  est-elle  restée  sur  ce  lot  pendant  toute  la  durée 
de  l'exposition?  N'y  avait-il  à  Grenoble  personne  qui  fut  chargée 
de  rectifier  séance  tenante  les  erreurs  matérielles  qui  pouvaient  se 
produire? 

Malgré  la  pancarte  qui  est  restée  sur  mon  lot  pendant  toute  la 
durée  de  l'exposition,  malgré  l'objet  d'art  que  l'on  m'a  décerné  et 
qui  est  là  sur  ma  cheminée,  je  n'étais  pas  encore  parfaitement  sûr 


^  439  — 

de  ne  pas  avoir  eu  la  berlue  pendant  plusieurs  jours,  tellement  la 
lettre  de  mon  confrère  m'a  stupéfié.  J'ai  voulu  en  avoir  le  cœur 
net.  J'ai  écrit  à  M.  le  Président  du  Jury  qui  a  été  assez  aimable 
pour  me  répondre  que  je  ne  rêvai  pas  et  que  le  Jury  m'avait  bien 
accordé  à  l'unanimité  un  Gi'and  Prix  tChonneur.  Je  conserve  pré- 
cieusement sa  lettre. 

Je  ne  veux  être  désagréable  à  personne,  c'est  pour  cela,  Mon- 
sieur le  Rédacteur,  que  je  ne  veux  pas  rechercher  quels  sont  les 
auteurs  de  la  mauvaise  plaisanterie  qui  m'a  été  faite. 

Veuillez  agréer,  etc.  Alexandre  Bernaix, 

Rosiériste  à  Villeurbanne-lès-Lyon. 

Les  Asphodèles. 

On  rencontre  assez  fréquemment,  à  Lyon,  postés  aux  coins  des 
rues  et  des  quais,  des  marchands  ambulants  qui  étalent  aux  yeux 
des  profanes,  de  grosses  racines  fusiformes,  fasciculées,  des  oignons 
de  tous  calibres,  des  bourgeons  de  marronniers  soigneusement 
ficelés  et  enmoussés  (qu'ils  vendent  pour  des  pivoines  en  arbre),  et 
quelques  autres  tubercules  plus  ou  moins  communs,  le  tout  illustré 
d'images  grossièrement  enluminées,  représentant  des  plantes,  des 
arbres  absolument  fantastiques.  Ces  industriels  se  promènent  aussi 
dans  la  campagne  où.  ils  dupent  les  ignorants  en  leur  vendant,  très- 
chers  les  rebuts  des  pépinières  qu'ils  ont  achetés  à  vils  prix.  Ces 
colporteurs  sont  connus  sous  le  nom  de  bisques  dans  le  Lyonnais. 

Je  m'étais  approché,  un  jour,  d'un  de  leurs  petits  étalages  pour 
examiner  à  quelles  espèces  appartenaient  toutes  ces  grosses  racines. 
11  y  avait  surtout  des  tronçons  de  Grande  Gentiane ,  de  Tamus 
communis  et  à' asphodèles  diverses.  Je  demandais  au  marchand  d'où  il 
tirait  ses  Asphodèles  auxquelles  il  donnait  un  nom  bizarre.  Ça  vient 
du  Brésil,  me  dit-il.  —  Je  te  crois,  marchand,  mais  tu  ne  m'en 
vendras  pas,  lui  répondis-je. 

Les  Asphodèles  sont  de  fort  belles  plantes  vivaces  qu'on  cultive 
dans  tous  les  jardins  qu'elles  décorent  très-bien  au  printemps,  sur- 
tout au  moment  de  leur  floraison.  Elles  appartiennent  à  la  famille 
des  Liliacées.  Je  me  dispenserai  d'en  faire  la  description,  car  la 
figure  ci-contre  en  donne  une  image  fidèle.  J'ajouterai  que  l'inflo- 
rescence atteint  souvent  plus  de  l^ôO  de  hauteur.  Les  fleurs  sont 
blanches. 

Beaucoup  de  gens  ne  savent  pas  que  la  culture  en  grand  des 
Asphodèles  offrirait  une  ressource  précieuse  si  nous  n'avions  pas  la 
Pomme  de  terre,  car  les  bulbes  desséchés  fournissent  une  subs- 
tance amylacée  très  uourissaute,  dont  on  peut  faire  une  sorte  de 
pain,  soit  seule,  soit  en  l'associant  à  la  farine  de  froment. 


—  440  — 


Àaphodelus  ramosus  L. 


—  441    — 

Les  racines  d'Asphodèles  contiennent  un  principe  acre  que  l'eau 
bouillante  enlève,  et  une  matière  féculente  l'inuline,  principe  qui  se 
rapproche  de  l'amidon,  mais  qui  s'en  distingue  parce  qu'il  ne  fait 
pas  empois  et  en  ce  qu'il  jaunit  par  l'iode  au  lieu  de  bleuir  ;  on  le 
transforme  facilement  en  sucre  qui,  par  (ermentation  et  distillation 
donne  Valcool  d'Asphodèle  que  l'on  fabrique  aujourd'hui  en  grand  en 
Afrique . 

La  racine  d'Asphodèle  a  été  proposée  pour  combattre  la  gale. 
—  Elle  est  inusitée  aujourd'hui  en  médecine. 

Les  Asphodèles  ne  croissent  nullement  au  Brésil,  ainsi  que  le 
marchand  voulait  me  le  faire  accroire. 

Voici  les  noms  des  principales  espèces  et  les  pays  où  on  les 
trouve  : 

Asphodelus  ramosus  L.  France  méridionale,  Espagne,  Iles  Baléares, 
Portugal,  Italie,  Tyrol,  Dalmatie  et  Hongrie. 

asphodelus  microcarpusViv.  (Corse),  A.  Audibertii  Soleirol  (Corse). 

J.  œstivus  Brot,  Portugal. 

J.  albus  Mill.,  Suisse  (Tessin),  Tyrol,  Carniole,  France  méri- 
dionale, Espagne,  Portugal,  Italie  continentale,  Hongrie,  Croatie, 
Dalmatie,  Grèce,  Bosnie,  Macédoine. 

A.  neglectus  Schult,  Hongrie,  Croatie,  Dalmatie. 

A.  fislulosush.,  France  Méridionale,  Espagne,  Portugal,  Italie, 
Grèce,  Turquie,  Crête. 

Les  botanistes  modernes  ont  démembré  les  anciens  types  Lin- 
néens  et  en  ont  créé  des  espèces  parmi  lesquelles  il  est  bon  de 
citer  les  suivantes  :  Asphodelus  occidenlalis  Jord.,  A.  spliœrocarpus 
Gr.  et  God,  A.  africanus  Jord.,  A.  Fillarsii  Y er\ot,  A.  ambigens. 
Jord,  A.  crinipes  Jord.  etc. 

II  n'est  pas  question  ici  des  Asphodelus  luteus,  lauricus,  liburnicus 
et  creticus  que  Rechembach  a  classé  dans  un  autre  genre,  le  genre 
Asphodeline. 

La  culture  de  ces  belles  liHacées  n'offre  aucune  difficulté,  car 
elles  poussent  vigoureusement  dans  tous  les  jardins.  On  les  multi- 
plie par  semis  et  par  division  des  souches.  On  sème  les  graines  en 
pépinière  et  on  repique  les  plants  en  place  la  deuxième  année.  Dans 
les  hivers  tout  à  fait  rigoureux  les  espèces  recueillies  en  Afrique  ou 
sur  le  httoral  méditerranéen  gèlent  quelquefois,  mais  le  cas  est 
très-rare.  Avec  un  peu  de  paille  on  garantit  aisément  les  sortes  les 
plus  frileuses.  S.    Gryphe. 


—  442   — 

Congrès  d'horticulture  de  Paris  en  1886. 

Les  jardiniers  de  tous  pays  sont  des  êtres  éminemment  sociables 
qui  éprouvent  le  besoin  de  se  réunir  en  congrès.  C'est  bien  de  leur 
part.  On  gagne  à  se  fréquenter  et  on  s'instruit  en  voyageant.  Il  est 
vrai,  comme  dit  le  proverbe  grec,  que  tout  le  monde  ne  peut  pas 
aller  à  Corinthe,  mais  les  congrès,  qui  sont  bons  enfants,  trans- 
portent Corinthe  un  peu  partout,  pour  être  agréables  aux  jardi- 
niers. 

Cette  année  le  congrès  d'horticulture  se  tenait  à  Paris,  comme 
il  s'est  tenu  depuis  1864  dans  diverses  grandes  villes  d'Europe, 
telles  que  Bruxelles,  Londres,  Pétersbourg,  Florence,  Amsterdam, 
Gand,  Anvers.  Un  grand  nombre  de  personnes  avaient  adhéré  au 
congrès  qui  avait  été  organisé  à  l'occasion  de  la  tenue  d'une  expo- 
sition par  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France. 

La  première  séance  a  eu  lieu  le  jeudi  13  mai  dernier,  sous  la 
présidence  de  M.  Hardy,  premier  vice-président  de  la  Société 
nationale  d'horticulture.  Deux  cent  dix  membres  sont  présents  et 
assistent  à  la  discussion. 

M.  Henry  Chatenay  dénonce  aux  autorités  compétentes  le  sort 
déplorable  fait  aux  arbres  vivants  par  les  compagnies  de  chemin 
de  fer,  dans  la  classification  générale  des  marchandises.  11  demande 
instamment  que  les  arbres  soient  classés  en  3"°*  série,  comme  tous 
les  autres  produits  du  sol.  La  proposition  de  M.  Chatenay  est 
adoptée  par  le  Congrès,  malgré  les  observations  de  MM.  Baptiste 
Desportes,  d'Angers,  et  Bruant,  de  Poitiers,  qui  préconisent  une 
autre  solution  à  la  question  des  tarifs. 

M.  Hédiard  présente  et  fait  adopter  les  conclusions  d'un  mé- 
moire relatif  au  poids  des  colis  postaux  dont  il  voudrait  voir  la 
limite  portée  à  10  kilos  ,  il  désirerait  également  obtenir  une  réduc- 
tion sur  le  tarif  pour  le  transport  des  fruits  en  grande  vitesse. 

La  deuxième  question  à  l'ordre  du  jour  est  ainsi  conçue  :  «  De 
l'intervention  des  consuls  relativement  aux  conventions  phylloxéri- 
ques.  Leur  signature  est-elle  indispensable  pour  donner  à  un  certi- 
ficat une  valeur  officielle?  Le  service  des  douanes  des  différents 
pays  peut-il  refuser  l'entrée  des  végétaux,  lorsque  le  certificat  d'ori- 
gine porte  seulement  la  signature  du  fonctionnaire  chargé  de  déli- 
vrer ce  certificat  ?  » 

A  ce  sujet  M.  Audibert  (J),  de  la  Crau  (Var),  donne  lecture 
d'un  écrit  qui  conclut  en  ces  termes  : 

«  Le  Congrès  des  horticulteurs  de  France  émet  le  vœu  : 
1°  Que  les  certificats  d'origine  soient  supprimés  pour  les  végé- 
taux autres  que  la  vigne  ; 


—  443  — 

2°  Que  les  produits  agricoles  et  horticoles  venant  de  l'étranger 
ne  soient  admis  en  France  qu'aux  mêmes  conditions  auxquelles  les 
nôtres  sont  admis  dans  les  mêmes  contrées  ; 

3°  Que,  par  voie  diplomatique,  le  Gouvernement  français  prenne 
l'initiative  de  la  proposition  devant  annuler  la  convention  de  Berne 
en  ce  qui  concerne  les  végétaux  autres  que  la  vigne.  » 

M.  Doumet-Adanson  se  rallie,  au  nom  de  la  Société  d'horticul- 
ture de  l'Hérault,  aux  vœux  formulés  par  M.  Audibert,  lesquels  sont 
adoptés  par  le  Congrès. 

Il  y  a  loin  de  la  coupe  aux  lèvres  et  le  Congrès  pour  n'avoir  pas 
assez  médité  sur  la  valeur  du  proverbe  «  qui  trop  embrasse  mal 
étreint  »  pourrait  bien  avoir  fait  plus  de  bruit  que  de  besogne. 

M.  de  Bosschère  a  cependant  rappelé  que  le  Congrès  d'Anvers 
avait  reconnu  l'impossibilité  de  réclamer  l'abrogation  de  la  conven- 
tion de  Berne,  et  qu'entre  deux  maux  il  valait  mieux  choisir  le 
moindre,  c'est-à-dire  obtenir  l'unification  des  certificats  d'origine. 
On  ne  l'a  pas  écouté,  pas  plus  qu'on  n'aécouté  M.  Cornu,  le  lende- 
main, quand  il  est  venu  montrer  avec  quelle  «  âpreté  et  quels  soins 
jaloux  certaines  puissances  défendent  leur  horticulture  »  pour  espé- 
rer qu'elles  renonceront  facilement  aux  bénéfices  que  leur  procure 
la  convention. 

Jlea  jacta  esl.  On  y  reviendra  l'année  prochaine.  Les  horticul- 
teurs, dans  ces  questions  internationales,  devraient  bien  s'imaginer 
qu'il  ne  suffit  pas  de  vouloir  ce  qui  paraît  juste  pour  l'obtenir.  Dans 
notre  propre  pays  même  si  les  sociétés  d'horticulture  et  les  congrès 
réclament  l'abrogation  des  entraves  mises,  à  propos  du  phylloxéra, 
à  la  circulation  des  végétaux,  il  y  a  des  sociétés  agricoles,  comi- 
ces et  autres  qui  voudraient  qu'elles  fussent  encore  plus  sévères. 

Une  des  questions  à  l'ordre  du  jour  a  été  très  mal  posée,  à  mon 
avis,  c'est  la  suivante  :  «  Quelle  influence  l'âge  des  graines  a-l-il  sur 
la  qualité  et  la  quantité  des  plantes  qui  proviennent  de  ces  graines  ?  » 

Cela  reviendrait  presque  à  demander  :  Quelle  influence  exerce 
l'âge  sur  la  reproduction  des  animaux  !  Animaux,  c'est  bientôt  dit. 
Est-ce  que  le  rat  se  comporte  pour  la  reproduction  de  sa  race 
comme  le  chat  ou  l'éléphant  ?  Pour  les  plantes,  c'est  un  peu  la 
même  chose,  et  la  graine  de  palmier,  de  chêne,  de  radis  et  de 
poireau  a  autant  de  manières  de  se  comporter  qu'il  y  a  d'espèces 
citées. 

La  graine  de  mâche  [Falerianella)  germe  bien  mieux  et  plus  vite 
à  l'âge  de  deux  ans  que  lorsqu'elle  est  fraîchement  récoltée. 

La  graine  de  lierre,  celle  d'araha  et  de  plusieurs  autres  plantes 
ne  germe  que  fraîche  et  ne  vaut  plus  rien  à  deux  ans. 

Par  ces  quelques  exemples  il  est  facile  de  voir  que  la  question 
demande  à  être  scindée  et  traitée  séparément  pour  chaque  espèce 
de  plantes. 


—  444  — 

Même  scindée  et  traitée  séparément,  on  a  pu  voir,  au  Congrès, 
les  opinions  les  plus  contradictoires  se  trouver  en  présence.  Les 
uns  parlaient  de  l'influence  de  l'âge  sur  la  germination,  tandis  que 
les  autres  s'occupaient  de  son  action  sur  la  plante  qui  en  est  issue. 

M.  H.  de  Vilmorin  est  d'avis  que  toutes  conditions  égales  d'ail- 
leurs, les  graines  âgées  sont  inférieures  aux  graines  fraîches.  Son 
opinion  est  confirmée  par  celle  de  M.  Millet,  de  Bourg-la-Reine, 
et  combattu  en  détail  par  MM.  Bellair  et  Bazin  qui  prétendent  que 
dans  certains  cas,  notamment  pour  les  choux  et  les  Balsamines,  la 
graine  vieille  donne  des  plantes  qui  ont  moins  de  tendance  à  mon- 
ter que  si  la  graine  est  fraîche. 

Finalement  on  ne  s'entend  pas  et  M.  le  président  déclare  la 
question  réservée. 

La  cinquième  question  relative  à  la  possibilité  de  la  culture  des 
champignons  autre  que  l'agaric  champêtre  donne  lieu  à  une  petite 
observation  de  M.  Doumet-Adanson  qui  tendrait  à  faire  croire  que 
la  chose  n'est  pas  impossible.  Je  crois  bien. 

Sur  les  causes  du  dessèchement  sur  les  treilles  de  la  rafle  des 
Raisins  de  table  et  sur  le  moj^en  de  l'empêcher  de  se  produire, 
M.  Jamain  et  M,  le  Président  disent  quelques  mots  qui  ne  feront 
pas  beaucoup  avancer  la  question. 

Sur  le  Blanc  des  racines  qui  attaquent  les  arbres  et  se  fait  parti- 
culièrement sentir  sur  les  pêchers,  une  longue  discussion  s'établit 
entre  MM.  Bazin,  Jamin,  Vitry,  Verdier,  Robinet,  Michelin, 
Cornu  et  Solignac.  Il  résulte  de  cette  discussion  que  la  question  est 
réservée  ;  ce  qui  prouve  que  les  renseignements  fournis  ne  sont  ni 
assez  nombreux  ni  assez  concluants  pour  la  trancher  dans  un  sens 
ou  dans  un  autre.  Il  paraît  cependant  résulter  des  débats  que  le 
Blanc  des  racines  est  le  mycélium  d'un  cryptogame  se  développant 
d'abord  sur  les  matières  végétales  en  voie  de  décomposition  qui 
se  trouvent  enfouies  dans  le  sol  et  attaquant  ensuite  les  racines,  et 
que  par  conséquent  il  importe,  dans  les  labours  et défoncements  de 
bien  ôter  les  vieilles  racines  des  arbres  arrachés.  Il  convient  égale- 
ment de  ne  pas  employer  pour  fumer  les  arbres  des  fumiers 
non  consommés. 

Le  bouturage  des  arbres  à  fruits  à  pépins  qui  vient  ensuite  à 
l'ordre  du  jour  ne  paraissant  conduire  à  aucun  résultat  pi'atique  est 
enterré  en  première  classe. 

Quels  sont  les  fruits  les  plus  avantageux  à  faire  en  grande  culture 
pour  l'approvisionnement  des  marchés?  Sur  cette  question  M.  Baltet 
donne  lecture  d'une  note  portant  nomenclature  des  espèces  recom- 
mandées. M.  de  Boschère  estime  que  ces  nomenclatures  sont  sans 
utilité,  qu'elles  sont  interminables,  que  chaque  Congrès  en  adopte 
une,  qui  varie  avec  le  lieu  où  se  tient  le  congrès.   Ce  qui   serait 


—  445  — 

pratique  ce  serait  la  confection  d'une  carte  pomologique  indiquant 
aux  horticulteurs  et  pépiniéristes  quelles  sont,  dans  chaque  région, 
les  variétés  qui  réussissent  le  mieux.  Voilà  qui  est  bien^parlé. 
A  quand  la  carte? 

On  réserve  dix  questions  pour  une  autre  année  et  on  en  retient 
quatre.  Sur  celle  qui  est  ainsi  posée  :  Des  moyens  de  mettre  en 
bon  état  de  rapport  des  terres  de  médiocre  qualité  ou  peu  productives, 
par  l'emploi  d'arbres  ou  d'arbrisseaux  fruitiers  dont  les  produits 
soient  directement  utilisés  dans  l'alimentation.  M.  Audibert  dépose 
un  mémoire  qu'il  demande  la  permission  de  ne  pas  lire. 

La  question  quinze  est  ardue  :  On  est  en  plein  pays  d'hypothèses. 
Il  s'agit  de  savoir  à  quelle  cause  il  faut  attribuer  la  grande  diffé- 
rence qui  existe  souvent  dans  la  germination  des  graines  et  la 
croissance  des  plantes  d'un  même  semis.  M.  Mussat,  professeur 
à  l'École  d'agriculture  de  Grignon,  vient  déclarer  que  la  question 
est  très-importante  et  très-difficile.  Tout  le  monde  est  d'accord  avec 
lui.  Il  parle  longuement  et  bien  sur  le  mémoire  publié  par  M.  Bleu  ; 
M.  Bleu  lui  répond.  Somme  toute,  la  question  est  réservée. 

Personne  n'éprouvant  le  besoin  d'étudier  les  matières  qui  peuvent 
entrer  dans  la  construction  des  couches,  on  passe  à  la  question 
suivante  ainsi  formulée  :  Du  rôle  et  de  l'influence  des  différentes 
sortes  de  terre  dans  la  culture  des  végétaux  ligneux  de  plein  air. 
Sur  cette  question,  M.  Chargueraud  se  référant  aux  termes  de  son 
mémoire,  répète  qu'il  a  remarqué  qu'en  général  on  attribuait  trop 
d'importance  à  la  composition  minérale  du  sol;  quant  à  son  influence 
sur  la  végétation  son  avis  est  que  ce  qu'il  faut  surtout  connaître 
ce  sont  ses  propriétés  hygrométriques. 

M.  le  Président  Hardy  déclare  le  Congrès  clos.  Avant  la  clôture 
il  y  a  eu  des  remercîments  et  des  félicitations  mutuels  entre  les 
Membres  du  Congrès  et  M.  le  Président  qui  a  su  diriger  les  débats 
avec  un  tact  dont  l'a  loué  M.  de  Bosschère,  délégué  de  Belgique. 

Fox. 

Compte-Rendu  de  l'Exposition  (Suite) 

Objets  d'art  ou  d'industrie.  —  Dans  cette  section  les  exposants  sont 
nombreux  et  exhibent  les  objets  les  plus  divers.  M.  Bernond,  l'habile  photo- 
graphe de  la  rue  des  Archers,  soumet  à  l'appréciation  des  amateurs  toute 
une  série  de  photographies  représentant  des  fleurs,  des  plantes  et  des  fruits 
reproduits  en  grandeur  naturelle.  On  ne  saurait  mieux  faire.  M"«  Suzanne 
Poissonnier,  peint  admirablement  les  fleurs  et  montre  des  roses,  des 
œillets  et  des  fruits  ravissants.  M"°  Rampon,  n'est  pas  aussi  habile  :  les 
couleurs  qu'elle  emploie  sont  criardes  et  les  lignes  de  ses  dessins  sont  trop 
nettement  accusées. 

Des  plans  de  jardine,  qu'en  dirai-je  T  II  j  en  a  beaucoup  et  j'en  ai  sous  les 
jeux  de  quoi  satisfaire  les  architectes  les  plus  difficiles.  Vous  comprenez, 
du  reste,  que  MM.  Cordioux,  Barriot  et  Gobet,  qui  sont  d'habiles  dessina- 


—  446  — 

teurs  pour  qui  l'art  de  dresser  un  plan  n'a  pas  do  secrets,  n'ont  pas  apporté 
ce  qu'ils  avaient  de  moins  beau. 

Serres  et  châssis.  —  Ce  concours  n'est  pas  celui  qui  tient  le  moins  de 
place  dans  l'exposition;  ce  n'est  pas  le  moins  intéressant  non  plus  pour  les 
jardiniers.  Sans  serres  pas  de  plantes  frileuses.  Aussi  chacun  s'empresse- 
t-il  d'aller  visiter  les  améliorations  que  les  constructeurs  ont  apportées  à 
leurs  derniers  modèles.  M.  Tranohand,  place  d'Helvétie,  M.  Cordier,  à 
à  Ecully,  M.  Guynat,  à  Francheville,  MM.  Raoul  et  Thermoz,  cours 
Lafayette,  à  Lyon,  M.  Burnichon,  à  la  Demi-Lune,  présenteat  chacun  des 
serres  aussi  élégantes  que  gracieusement  construites.  L'élégance  dont  je 
parle  n'exclue  ni  la  solidité,  ni  le  boa  marché  si  je  m'en  rapporte  pour  cette 
dernière  remarque  aux  prix  qui  m'ont  été  communiqués. 

M.  Salla,  rue  Tronchet,  expose  un  châssis  perfectionné  que  le  jury  a  fort 
apprécié.  J'en  dirai  autant  da  châssis-cloche  que  M.  Voisin,  de  Venissieux, 
présente  aux  amateurs.  Ce  châssis  dispense  du  coffre. 

Les  exposants  de  Thermosiphons  pour  le  chaufTaj^e  des  serres  sont  au 
nonibre  de  trois.  C'est  l'appareil  de  M.  Brevet,  constructeur  à  la  Villette 
qui  obtient  le  premier  prix.  Cet  appareil  est  trop  avantagausement  connu 
des  horticulteurs  pour  que  je  m'y  attarde  plus  longtemps.  MM.  Daujas 
et  Melin,  constructeurs  à  Lancey  (Isère)  et  M.  Dulevron,  canstructeur  à 
Màoon,  montrent  d'autres  systèmes  qui  sont  loin  d'être  sans  valeur.  Ceux 
qui  en  ont  fait  usage  en  sont  satisfaits.  Du  reste,  pour  juger  un  chauffage,  il 
laut  l'avoir  essayé. 

Constructions  rustiques.  —  Les  amateurs  qui  ont  des  rooailles  à  faire 
exécuter  dans  leurs  parcs  peuvent  s'adresser  sans  crainte  à  M.  JoufTray, 
route  de  Grenoble,  ou  à  M.  Favier,  rue  de  Trion  à  St-Just,  qui  ont  fait 
preuve  de  goût  et  de  talent  dans  les  constructions  rustiques  qu'ils  ont 
exposées. 

M.  Voland,  treillageur  à  Oullins,  expose  une  chaumière,  des  pigeonniers 
et  autres  objets  rustiques  qui  montrent  une  fois  de  plus  que  si  on  peut  faire 
aussi  bien  que  lui  il  est  difficile  de  faire  mieux.  Ces  ameublements  de  jardin 
méritent  également  d'être  signalés. 

M.  Bourget,  expose  aussi  des  ameublements  de  jardins,  et  un  fruitier  qui 
a  du  faire  plus  d'ua  envi;ux.  A  citer  également  dans  le  même  concours 
l'exposition  de  M.  Vincent. 

M.  Charnay,  rue  de  Sèze  a  des  jardinières  pour  tous  les  goûts  ;  M.  Qra- 
selli,  des  découpages  de  toutes  sortes  et  M.  Berthier,  un  aquarium  dans 
lequel  je  remarque  un  poisson  rouge.  Le  même  exposant  veut  que  nous 
buvions  de  l'eau  claire   et  nous  présente  des  filtres  de  toutes  grandeurs. 

Pompes  et  appareils  d'arrosage.  —  On  n'a  pas  encore  trouvé  de  pompes 
qui  marchent  toutes  seules,  mais  il  y  en  a  vraiment  qui  sont  fort  douces  à 
manier;  il  est  vrai  qu'elles  ne  pompent  pas  l'eau  d'une  bien  grande  profon- 
deur. Signaler  celles  de  MM.  Delpuy,  constructeur  à  Collonges  ;  Livet,  à 
Monplaisir;  Aubrun,  à  Lyon;  Plissonnier,  cours  Lafayette;  Tournus,  quai  de 
Serin,  c'est  citer  celles  qui  m'ont  paru  les  mieux  construites. 

Coutellerie,  — Que  dirais-je  de  la  coutellerie  ?  M.  Renaud,  rue  Constan- 
tine,  a  un  assortiment  complet  de  tout  ce  qui  est  utile  à  un  jardinier; 
M.  Crespin,  à  Saint-Rambert  (Ain)  est  dans  les  mêmes  conditions  et  fabri- 
que des  outils  de  premier  choix.  M.  Lafay,  rue  de  la  Barre,  est  un  ouvrier 
renommé  qui  se  place  hors  concours  et  nous  montre  des  greffoirs,  des  ser- 
pettes et  des  sécateurs  de  tous  calibres.  Même  remarque  pour  M.  Berdaguer. 

Machine  à  faire  les  bouquets.  —  M.  Myard,  de  Chalon-sur-Saône,  présente 
sa  machine  à  faire  les  bouquets,  et  la  fait  fonctionner  devant  les  intéressés. 
C'est  un  instrument  qui  rendra  de  réels  services  aux  fleuristes. 


—  447  — 

Les  treillagesi,  comme  tonjours,  se  présentent  avec  l'intention  de  clore  de 
vastes  terrains.  Il  y  en  a  des  petits,  des  grands  et  des  moyens.  M.  Lespi- 
nasse,  de  la  Demi-Lune;  M.  Gaillot,  du  Pont-d'EcuUy;  M.  Voland.  d'Oullins; 
M.  Bourget,  de  Vaise,  ont  apporté  ce  qu'ils  ont  de  mieux.  Je  signale  tout 
particulièrement  nne  claie  en  '.er  creux,  très-légère,  exposée  par  M.  Lerte, 
serrurier  à  Sainte-Foy.  Cet  ustensile  ne  tardera  pas  à  remplacer  les  claies 
de  bois. 

Il  y  a  deux  statues  quelconques,  exposées  par  M.  Bouvard,  je  n'ai  pas  eu 
le  temps  de  m'assurer  ei  elles  avaient  quelques  rapports,  comme  exécution, 
avec  celles  qu'un  certain  Michel  Ange  taillait  dans  le  marbre  à  temps  perdu. 

M.  Mugnier,  jardinier  chez  M.  Lassonnerie  a  une  patience,  mais  nne  pa- 
tience d'ange,  comme  on  dit.  En  a-t-il  assez  aligné  de  ces  petits  grelots 
d'Erica  pour  constituer  le  dessin  qu'il  montrait  1 

Les  Caisses  à  fleurs  ne  demandent  qu'une  chose  :  recevoir  un  compost  quel- 
conque pour  y  rempoter  au  plus  vite  un  bel  oranger,  un  rouge  grenadier, 
un  laurier  rose  ou  tout  autre  individu  dont  le  rôle  est  de  remplir  les  caisses 
à  fleurs.  Les  tonneliers  qui  fabriquent  cet  article  se  sont  distingués  cette 
année.  Depuis  le  modeste  bac  qui  s'adresse  dans  sa  simplicité  aux  bourses 
peu  renflées,  jusqu'au  luxueux  réceptacle  verai  comme  un  meuble  et  cher 
comme  lui,  il  y  a  de  tout  :  caisses  ordinaires  ou  à  panneaux  ouvrants, 
caisses  à  pommeaux  ou  sans  pommeaux,  etc.  M.  Chemin,  grande  rue  à 
Oullins  ;  M.  Lamur,  à  CoUonges  ;  M.  Cartan,  à  Lyon-Vaise  ;  M.  Ravut  à 
Saint-Cyr-au-Mont-D'Or  ;  M.  Nigoul,  à  Vaise,  sont  les  exposants  de  ce 
genre  d'articles.  M.  Lamur  a  également  des  chariots  à  transporter  les 
caisses  susdites. 

M"«  Sambet,  rue  de  la  Charité,  a  dû  passer  souvent  devant  les  belles 
fleurs  des  champs  et  des  jardins,  car  elle  les  imite  à  la  perfection  avec  des 
perles,  de  la  porcelaine,  du  papier,  des  étoffes  diverses.  Ces  couronnes  et 
bouquets  sont  montés  en  véritable  artiste.  M.  Cordenot,  rua  Mercière,  a 
aussi  une  exposition  de  fleurs  artificielles  que  le  public  a  beaucoup  apprécié. 

Et  des  Pressoirs,  Bone  Deiis,  y  en  a-t-il  !  Dire  qu'il  y  a  tant  de  pressoirs 
et  si  peu  de  raisins  à  presser,  c'est  navrant.  Au  fait,  il  y  a  des  pressoirs  de 
tous  les  calibres  et  il  m'a  semblé  que  les  petits  étaient  en  plus  grand  nom- 
bre. C'est  bien  cela.  MM.  Marmonnier,  Meunier  et  Monier  sont  des  cons- 
tructeurs dans  ce  genre  d'instruments  auxquels  ceux  qui  ont  encore  des 
raisins  peuvent  s'adresser  sans  crainte. 

Il  y  a  encore  dans  l'exposition  une  foule  d'appareils  et  d'instruments 
divers,  forts  intéressants  parmi  lesquels  je  note  le  pulvérisateur  de 
M.  Gonin  de  St-Etienne  (Loire),  celui  da  M.  Vermorel,  de  Villefranche 
(Rhône),  qui  fonctionnent  bien  l'un  et  l'autre.  La  machine  à  découper  les 
pommes  de  terre  inventée  par  M.  Carayrou  est  très  ingénieuse.  M.  Pique- 
mil,  quai  de  l'Hôpital,  a  toute  une  série  d'instruments  plutôt  agricoles  et 
vitiooles  qu'horticoles.  MM.  Weitz  avaient  installés  un  petit  chemin  de  fer  à 
l'usage  de  jardiniers  qui  désirent  beaucoup  arroser.  Braves  gens,  je  vous 
remercie  de  chercher  ainsi  à  faire  progresser  l'horticulture  en  soulageant  les 
jardiniers.  Merci,  Messieurs,  encore  une  fois. 

Plusieurs  exposants  tendent  des  pièges  aux  animaux  trotte-menu,  par- 
ticulièrement aux  rats,  qui,  les  naïfs  s'y  l'aissent  prendre  commî  de  simples 
jobards.  Les  industriels  qui  travaillent  à  la  destruction  des  souris  et  autres 
petits  mammifères  du  même  ordre  sont  MM.  Appaix  et  Déplâtre.  Je  vais  les 
signaler  à  la  Société  protectrice  des  animaux  qui  me  donnera  une  médaille 
de  bronze,  ce  sera  la  seule  récompense  que  j'aurai  obtenu  en  vous  exposant 
ce  que  les  exposants  avaient  exposés.  Amen.  V.  V.-M. 


—  448  — 

Du  Chaulagefl). 

La  chaux  constitue  une  partie  importante  des  principes  minéraux 
enlevés  au  sol  par  les  récoltes  ;  aussi  une  terre  ne  peut-elle  être 
fertile  en  l'absence  complète  de  cet  élément.  Mais  la  chaux  n'a  pas 
pour  rôle  unique  de  fournir  un  aliment  aux  plantes  ;  car,  dans  ce 
cas,  sauf  les  terrains  acides  provenant  des  défrichements  de  landes, 
les  terrains  dérivés  de  roches  granitiques  et  les  terrains  tourbeux, 
tous  les  sols  contiennent  en  général  assez  de  calcaire  pour  subvenir 
aux  exigences  de  nos  récoltes;  elle  a  une  action  indirecte  considé- 
rable absolument  essentielle  à  la  fertihté,  que  nous  allons  tâcher 
d'expliquer  le  plus  simplement  possible. 

Les  matières  organiques  apportent  à  la  plante  l'azote;  mais  cet 
azote  organique,  cet  azote  engagé  dans  des  combinaisons  com- 
plexes, non  minérales,  n'est  susceptible  d'être  assimilé  par  les 
plantes  qu'autant  qu'il  a  subi  une  transformation  radicale,  c'est-à- 
dire  qu'il  a  passé  à  l'état  d'ammoniaque  et  d'acide  nitrique.  Les 
travaux  de  M.  Boussingault  et  de  M.  Schlœsing  ont  démontré 
d'une  manière  absolue  que  les  végétaux,  dans  aucun  cas,  n'absor- 
bent l'azote  organique  et  ne  peuvent  emprunter  au  sol  que  l'azote 
engagé  sous  forme  de  combinaisons  ammoniacales  et  nitriques.  Or, 
cette  transformation  est  aujourd'hui  parfaitement  connue  ;  elle  est 
due,  soit  à  une  action  chimique,  soit  à  l'action  physiologique  d'un 
ferment  spécial  découvert  et  étudié  par  MM,  Schlœsing  et  Mùntz  ; 
elle  ne  peut,  dans  les  deux  cas,  s'opérer  qu'en  présence  du  calcaire. 
Tout  le  monde  sait  que  les  landes  de  Bretagne  et  de  Sologne  ont 
été  complètement  modifiées  par  le  chaulage  ;  ces  terrains  conte- 
naient une  quantité  de  matières  organiques  riches  en  azote,  souvent 
telle  que  leur  couleur  était  presque  noire  ;  et  pourtant  ces  terrains 
étaient  stériles  ;  il  a  suffi  d'y  incorporer  la  chaux  pour  mettre  en 
circulation  le  stock  de  matières  fertilisantes  jusqu'ici  inactives  et 
amener  la  fertilité  là  où  régnait  la  misère. 

La  chaux  agit  également  sur  les  éléments  minéraux  du  sol  et 
met  en  liberté  certains  principes  qui,  sans  son  intervention,  reste- 
raient inertes.  Les  phosphates,  les  granités,  les  argiles,  etc.,  sont 
formés  par  des  silicates  d'alumine  et  de  potasse  (contenant  de  3  à 
5  0/0  de  potasse)  dont  la  décomposition  est  extrêmement  lente. 
Si  on  ajoute  de  la  chaux  peu  à  peu,  elle  entre  en  combinaison 
avec  la  silice  et  met  en  liberté  de  la  potasse  qui  s'oflfrira  aux 
récoltes  sous  un  état  assimilable  et  pourra  ainsi  contribuer  à  aug- 
menter les  rendements. 


(1)  La  France  agricole. 


—  449  — 

Comment  s'assurer  qu'une  terre  a  besoin  d'être  chaulée?  L'agro- 
nome qui  étudie  la  constitution  géologique  d'une  contrée,  saura 
très  facilement  et  sans  recherches  spéciales,  si  le  chaulage  est 
utile  ou  superflu.  On  peut  affirmer  d'une  façon  presque  certaine, 
qu'il  est  utile,  indispensable  même,  dans  tous  les  terrains  dérivant 
des  roches  primitives  :  feldspath,  mica,  schiste,  gneiss,  granité, 
etc.  A  celui  qui  ne  possède  pas  ces  connaissances  spéciales  ou  qui 
n'a  pas  affaire  à  une  formation  géologique  nettement  déterminée, 
l'examen  des  plantes  qui  viennent  spontanément  peut  fournir  des 
indications  précieuses;  toutes  les  fois  qu'on  voit  végéter  en  abon- 
dance les  fougères,  les  bruyères,  les  petits  joncs,  les  mousses,  les 
oseilles,  on  peut  conclure  que  le  sol  manque  de  chaux. 

Nous  indiquerons  enfin  une  opération  chimique  très  simple  et  à 
la  portée  de  tout  le  monde.  Prenez  une  poignée  de  terre,  débar- 
rassée de  cailloux;  mettez-la  dans  un  verre,  arrosez  d'un  peu  d'eau, 
puis  versez  de  l'acide  chlorhjdrique  ou  bien  du  vinaigre  fort  :  s'il 
se  produit  une  effervescence  assez  vive,  un  bouillonnement  avec 
dégagement  de  gaz,  le  chaulage  ne  sera  pas  utile;  si  au  contraire 
ce  dégagement  est  nul,  ou  s'il  est  à  peine  sensible,  le  chaulage 
produira  sûrement  de  bons  effets.  Mais  le  moyen  le  plus  certain, 
en  cas  de  doute,  c'est  encore  d'adresser  à  une  station  agronomique 
un  échantillon  de  terre.  L'analyse  sera  un  guide  infaillible.  Enfin, 
pour  comble  de  prudence,  avant  d'opérer  en  grand,  il  est  recom- 
mandable  d'opérer  la  première  année  en  petit;  les  effets  de  la 
chaux  se  font  sentir  dès  la  première  récolte. 

La  chaux  s'obtient  par  la  cuisson  des  pierres  calcaires^  si  l'on 
soumet  le  carbonate  de  chaux  à  une  forte  température,  l'acide 
carbonique  est  chassé  et  la  chaux  reste  à  l'état  de  chaux  vive. 
Arrosez  très  légèrement  d'eau  cette  chaux  vive,  vous  la  voyez 
s'cchauff'er,  foisonner  et  se  déliter,  c'est-à-dire  se  réduire  en  pous- 
sière fine.  C'est  à  cet  état  qu'on  l'emploie  pour  le  chaulage  des 
terres. 

Les  qualités  des  chaux  sont  diff'érentes,  suivant  la  nature  du  cal- 
caire employé.  On  distingue  : 

V  La  chaux  grasse,  qui  contient  très  peu  de  sable,  se  déUte  rapi- 
dement et  foisonne  beaucoup  ;  c'est  la  plus  estimée  de  toutes  ; 

2°  La  chaux  maigre  est  accompagnée  d'une  proportion  plus  ou 
moins  forte  de  matières  siliceuses,  son  foisonnement  est  moindre, 
son  délitement  plus  lent  ;  est  moins  bonne  que  la  précédente  ; 

3"  La  chaux  hydraulique  s'éteint  lentement  ;  on  ne  doit  l'employer 
que  lorsqu'elle  est  complètement  éteinte,  car  elle  pourrait  durcir 
les  sols  humides  en  formant  pâte  ; 

4°  La  chaux  magnésienne  est  très  active  et  plus  épuisante  que  les 
précédentes;  elle  apporte  au  sol  de  la  magnésie,  élément  qui  n'est 
pas  sans  valeur. 


—  450  — 

La  dose  de  chaux  pour  un  hectare  varie  beaucoup  suivant  les 
pays  ;  c'est  ainsi  que  dans  les  environs  de  Dunkerque  et  dans  la 
Mayenne,  on  emploie  40  à  50  hectolitres  par  hectare  tous  les  dix 
ou  douze  ans;  dans  la  Sarihe,  8  ou  1(>  hectolitres  tous  les  trois 
ans;  dans  l'Ain,  60  à  80  hectolitres  tous  les  neuf  ans;  dans  le  Cal- 
vados, 5,000  kil.  tous  les  quatre  ou  cinq  ans.  En  général,  on  peut 
dire  que  la  dose  moyenne  à  adopter  est  de  3  à  5  hectolitres  tous  les 
ans  pour  un  hectare. 

Ceux  qui,  les  premiers,  ont  employé  la  chaux  ont  été  tout  d'a- 
bord surpris  des  magnifiques  résultats  qu'on  en  obtenait,  et  ils 
négligeaient  de  fumer  leurs  terres  devenues  fertiles,  considérant  la 
chaux  comme  un  engrais.  C'est,  qu'en  efïet,  comme  nous  l'avons 
expliqué  plus  haut,  la  chaux  mettait  subitement  en  circulation  un 
stock  de  matières  fertilisantes  accumulées  depuis  longtemps  ;  mais 
une  fois  le  stock  épuisé,  la  fertilité  disparut  et  les  terres  devinrent 
stériles  ;  c'est  de  cette  observation  maintes  fois  vérifiée  qu'est  né 
ce  vieil  adage  agricole  :  La  chaux  enrichit  le  père  et  ruine  le  fils.  Il  ne 
faut  pas  tomber  dans  cette  grosse  erreur  agricole;  une  terra  chau- 
lée doit  être  soutenue  par  des  fumures  d'autant  plus  fortes,  que  le 
chaulage  est  plus  énergique.  A  cette  condition  seulement,  le  chau- 
lage  produit  des  effets  remarquables. 

La  manière  d'employer  la  chaux  varie  suivant  les  pays,  mais 
c'est  toujours  à  l'état  de  chaux  éteinte  qu'on  la  répand  sur  le  sol. 
Pour  éteindre  la  chaux,  on  peut  exposera  l'air  libre  la  pierre  cuite, 
son  délitement  s'opère  vite;  mais  si  la  pluie  survient,  il  se  forme 
une  boue  peu  maniable,  à  moins  d'opérer  dans  un  endroit  couvert. 

On  peut  encore  placer  la  chaux  vive  dans  des  paniers  d'osier  et 
la  plonger  dans  l'eau  pendant  deux  minutes  à  peine  ;  le  délitement 
est  alors  instantané  ;  ce  procédé  fait  gagner  du  temps,  mais  les 
transports  de  cette  matière  en  poudre  sont  plus  coûteux. 

La  manière  la  plus  simple  et  la  plus  communément  adoptée  con- 
siste à  déposer  sur  le  sol  même  la  chaux  par  petits  tas  et  à  la 
recouvrir  de  terre;  au  bout  de  deux  semaines,  quatre  au  plus,  la 
chaux  est  déUtée;  on  recoupe  à  la  bêche  le  mélange  et  on  le 
répand  aussitôt. 

Enfin,  quand  on  a  des  curures  de  fossés,  d'étangs,  des  vases, 
etc.,  on  peut  avantageusement  stratifier  avec  de  la  chaux  vive  qui, 
en  se  délitant,  dessèche  et  divise  la  masse  ;  on  recoupe  à  la  bêche 
comme  précédemment,  et  on  obtient  un  excellent  engrais  qui  se 
répand  à  la  volée  sur  les  prairies  ou  s'enfouit  par  le  labour  comme 
du  fumier. 

On  doit  répandre  la  chaux  par  un  temps  sec,  puis  donner  un 
coup  de  herse  et  ensuite  un  labour  peu  profond,  15  ou  20  centi- 
mètres. On  peut  souvent  se  procurer   à  très  bon  marché  la  chaux 


—  451   — 

provenant  des  usiaes  à  gaz,  ayant  servi  à  l'épuration  du  gaz  d'éclai- 
rage; celte  chaux  d'épuration  est  très  bonne,  à  la  condition  expresse 
qu'on  aura  soin  de  la  laisser  exposée  à  l'air  pendant  un  mois  au 
moins  avant  de  s'en  servir;  car  elle  contient  du  sulfate  de  calcium 
qui  exerce  une  funeste  action  sur  les  végétaux  ;  l'exposition  à  l'air 
permet  l'oxydation  des  sulfures  et  leur  transformation  en  sulfates. 


Roses    Nouvelles 

Rosiers  thés.  —  Archiduchessk  Marie  immaculata  (Marie  Lambert  X 
Socrate).  —  Arbuste  vigoureux,  fleur  grande,  pleine,  belle  forme,  pétales 
extérieurs  très  larges  ;  coloris  brique  clair  nuancé  de  chamois  luisant  ;  centre 
vermillon  doré  ;  très  odorante.  Variété  extra. 

Directeur  C.  Bernard  (Abel  Grand  X  Adèle  Jourgeaut).  —  Arbuate 
vigoureux,  florifère,  fleur  grande,  très  pleine,  bien  imbriquée  ;  coloris  rose 
magenta  très  tendre  sur  fond  argenté  ;  bord  des  pétales  de  pourtour  souvent 
violet  clair  ;  très  odorante.  Variété  très  belle. 

Rosier  hybride  remontant.  —  Théodore  Liberton.  —  Arbuste  vigoureux, 
fleur  grande,  pleine,  forme  de  Cent-Feuilles,  coloris  rouge  carminé  éclatant 
nuancé  de  rose  garance,  passant  au  rose  foncé  ;  revers  des  pétales  pourpre 
clair.  Parfum  des  plus  agréables. 

Ces  trois  variétés  ont  été  obtenues  par  MM.  Soupert  et  Noting,  rosiéristes 
à  Luxembourg. 

■  nformations.  —  On  annonce  la  mort  de  M.  Honnorati,  de  Toulon,  le 
cultivateur  des  Kakis  du  Japon,  qu'avait  importés  en  France  M.  l'ingénieur 
Dupont. 

—  Il  semble  résulter  d'une  courte  discussion  entre  M.  le  Président  du 
comité  de  culture  potagère  et  M.  Forgeot,  que  le  céleri  nain  pommé,  en 
forme  de  scarole  ne  constitue  pas  encore  une  variété  parfaitement  fixée. 
Espérons  qu'elle  se  fixera. 

—  M.  P.  Viala,  a  été  nommé  professeur  de  viticulture  à  l'école  d'agri- 
culture de  Montpellier.  M.  Foëx  son  prédécesseur  conserve  la  direction  de 
l'école. 

—  11  y  aura  à  Tarare  (Rhône)  le  20  octobre,  une  exposition  de  chry^an- 
llièmes.  C'est  trop  lôt;  à  cette  époque  les  belles  sortes  ne  sont  pas  fleuries. 

—  M.  Maurice  Girard,  l'entomologiste  horticole,  vient  de  mourir.  C'est 
une  perte  bien  sensible  pour  l'horticulture. 

—  A  l'occasion  de  la  tenue  du  Congrès  Pomologique  à  Nantes,  la  société 
Nantaise  d'horticulture  avait  organisée  une  exposition  d'horticulture  où  les 
fruits  tenaient  une  bonne  place.  M.  Boisselot,  F.  Maran  et  MM.  Bernède  et 
Faure  de  Bordeaux  ont  obtenu  des  médailles  pour  des  fruits  de  semis.  MM. 
Aldophe  Lefièvre  et  fils,  pépiniéristes,  obtiennent  un  diplôme  d'honneur  et 
une  grande  médaille  d'or  pour  une  collection  splendide  de  poires.  Le  frère 
Louis,  directeur  de  l'établissement  des  sourds-muets  avait  également  un  lot 
très  remarquable. 

Les  médailles  d'or  décernées  à  chaque  session  par  la  société  Pomologique 
de  France,  aux  deux  membres  qui  ont  rendu  le  plus  de  services  à  la  Pomo- 
logie  ont  été  attribuées  cette  année  à  MM.  Hortolès,  de  Montpellier,  et 
Bernède,  de  Bordeaux. 

Catalogues.  —  F.  Morel  et  fils,  horticulteurs,  rue  du  Souvenir, 
Lyon-Vaise.  —  Supplément  du  catalogue  général,  comprenant  l'énumération 
et  la  description  d'espèces  nouvelles  ou  peu  connues  dans  les  genres  ceri- 
sier, cognassier,  poirier,  pêcher,  abricotier,  prunier,  néflier,  pommier,  etc. 


—  452  — 

Max  Singer,  rosiériste  à  Kain-les-Tournai  (Belgique).  —  Catalogue  com- 
prenant l'énumératioa  et  la  description  de  très  nombreuses  variétés  de  roses, 
classées  suivant  leur  série:  hybride,  tlié,  hybride  do  thé,  noisette,  Ile-Bour- 
bon, Bengale,  etc. 

Bruant,  horticulteur  à  Poitiers  (Vienne).  — Catalogue  n"  182,  compre- 
nant rénumération  et  la  description  de  Palmiers,  Cycadées,  Broméliacées, 
Dracœna,  Bégonias,  Orchidées  et  autres  plantes  de  serre  à  fleur  ou  à  feuil- 
lage ornemental,  etc. 

Baudriller,  horticulteur  à  Gennes  (Maine-et-Loire).  —  Catalogue  com- 
prenant rénumération  des  arbres  fruitiers,  forestiers  et  d'ornement,  arbus- 
tes, rosiers,  conifères,  etc.,  cultivés  dans  l'établissement.  Nouveautés. 

F.  Marchand,  horticulteur,  114,  rue  du  Sacré-Cœur,  Lyon.  —  Catalogue 
contenant  la  description  d'une  belle  collection  de  fraises  cultivées  dans  l'éta- 
blissement. 

Victor  Chanavat,  horticulteur,  rue  de  la  Charité,  à  Vienne  (Isère).  — 
Catalogue  comprenant  1  enumération  des  vignes  américaines  cultivées  dans 
l'établissement. 

Gayet,  pépiniériste  à  Pontanevaux  (Saône-et-Loire).  —  Catalogua  des 
vignes  greffées  et  des  porte-greffes  cultivés  dans  l'établissement. 

Ketten  frères,  rosiéristes  à  Luxembourg.  —  Catalogue  illustré,  contenant 
rénumération  et  la  description  d'une  nombreuse  collection  de  rosier.'»  culti- 
vés dans  les  jardins.  Ces  rosiers  sont  classés  par  série  et  par  couleur.  Une 
table  alphabétique  permet  les  recherches. 

A.  Bernaix,  rosiériste,  cours  Lafayelte,  à  Villeurbanne  (Rhône).  —  Cata- 
logue des  variétés  de  rosiers  cultivés  dans  rétablissement.  Variétés  nou- 
velles et  anciennes  dans  t.outos  les  séries:  Thés,  Bengales,  Hybrides,  Noi- 
sette, Ile-Bourbon,  etc.  Espèces  botaniques  et  autres.  Belle  collection. 

Ch.  MoLiN,  marchand  graiaier,  8,  plaça  Belleoour,  Lyoa.  —  Catalogue  des 
ognons,  bulbes,  rhizomes,  fleurs  sèches  et  autres  fouraitures  horticoles. 
Jacinthes  et  Tulipes  en  collection,  Gramioées,  Immortelles,  etc. 

P.  Ddbreuil,  rosiériste,  routa  de  Grenoble,  Lyon-Moaplaisir.  —  Supplé- 
ment au  catalogue  général,  comprenant  les  variétés  nouvelles  de  rosiers 
cultivées  dans  l'établissement. 

Jacquemet-Bonnefond  père  et  fils,  horticulteurs  à  Annonay  (Ardèche).  — 
Catalogue  de  jeunes  plants  d'arbres,  arbrisseaux  et  arbustes  propres  à  for- 
mer des  pépinières,  des  bois,  des  haies,  etc. 
Marmillùd  aîné  et  fils,  horticulteurs-pépiniéristes  à  Montélimar  (Drôme). 

—  Prix  courant  de  vio-nes  françaises  et  américaines  et  arbres  fruitiers. 

Mme  ye  ScHWARTZ,  horticulteur-rosiéristc,  route  de  Vienne,  7,  Lyon.  — 
Catalogue  illustré  de  rosiers  cultivés  dans  l'établissement.  Collection  da 
rosiers  remontants  comprenant  les  plus  belles  variétés  anciennes  ou  nou- 
velles, rosiers  non  remontants,  espèces  types  ou  botaniques,  plantes  vivaces, 

Ch.  Reboul,  horticulteur  à  Montélimar  (Drôme).  —  Catalogue  des  arbres 
fruitiers,  forestiers,  d'avenue,  arbustes  divers,  collection  de  rosiers,  jeunes 
plants  d'arbres  fruitiers,  forestiers  et  d'arbustes, 

J.-B.  GuiLLOT  et  fils,  rosiéristes,  27,   chemin  des  Pins,   Lyon-Guillotière  • 

—  Catalogue  général  des  rosiers  cultivés  dans  l'établissement.  Variétés  nou- 
velles et  anciennes,  remontantes  ou  non  remontantes,  classées  dans  leurs 
séries  respectives.  Belle  collection. 

RivoiRE  père  et  fils,  marchands  grainiers,  rue  d'Algérie,  à  Lyon.  —  Cata- 
logue des  ognons  et  bulbes  à  fleurs  vendus  par  la  maison  :  Tulipes,  Crocus, 
Anémones,  Renoncules,  Ixias,  etc. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

L^on,  —  Impr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rue  de  la  République,  33. 


1886  OCTOBRE  N'   20 


CHRONIQUE 


Les  arbres  fruitiers  se  reproduisent-ils  de  graines^,  —  Diable!  mais 
je  croyais  celte  question  résolue  négativement  depuis  cent  ans  et 
plus.  Il  paraît  qu'il  n'en  est  rien. 

C'est  incroyable  comme  nous  sommes  savants  en  horticulture  ! 
Nous  connaissons  tout,  comme  ça,  en  l'air;  mais  dès  qu'un  malin, 
un  esprit  sérieux,  quoique  grincheux,  examine  attentivement  de 
quoi  se  compose  notre  science,  il  ne  trouve,  hélas!  qu'un  bagage 
mince  et  peu  encombrant.  Nous  croyons  ceci,  cela  ou  autre  chose, 
parce  que,  étant  tout  jeune,  on  nous  l'a  appris  comme  on  apprend 
aux  écoliers  que  deux  et  deux  font  quatre. 

Quelquefois  aussi  nous  lisons  dans  les  livres  et  les  journaux  un 
tas  de  balivernes  idiotes,  débitées  sérieusement  par  des  hommes 
graves,  que  nous  croyons  sur  parole,  étant  donnée  leur  réputation. 

Et  voilà  pourquoi  il  y  a  plus  de  vessies  que  de  lanternes  dans  la 
science  horticole. 

Du  reste,  beaucoup  s'imaginent  que  tout  est  connu,  qu'il  n'y  a 
plus  rien  à  faire  qu'à  se  croiser  les  bras  et  attendre  le  beau  temps. 
Des  preuves,  ils  n'en  demandent  pas;  du  reste,  il  n'y  en  a  point; 
ils  affirment  et  tout  est  dit. 

C'est  ainsi  que  se  forment  les  opinions  et  se  constitue  la  science 
horticole. 

Il  faudra  changer  cela,  mes  amis,  et  ne  point  nous  payer  de 
mots.  Des  preuves,  des  expériences,  voilà  ce  qu'il  faut.  Ne  bâtis- 
sons pas  sur  le  sable. 

J'admire  M.  Carrière,  le  doyen  de  la  presse  horticole,  et  j'ai 
envie  de  lui  crier  : 

—  Bravo  !  maître,  voilà  qui  est  bien  parlé  ! 

C'est  égal,  —  entre  nous,  n'est-ce  pas?  —  je  le  trouve  un  peu 
hardi  de  venir  nous  informer  de  notre  ignorance,  sans  crier  gare, 
sans  respect  pour  les  maîtres  qui  nous  ont  instruits. 


—  454  - 

Il  nous  demande  si  les  arbres  fruitiers  se  reproduisent  de 
graines.  Belle  question,  ma  foi  !  et  nous  voilà  bien  logés,  et  lui 
aussi,  par  exemple;  car  il  n'en  sait  pas  plus  que  nous  sur  ce  sujet. 
Seulement,  il  a  cette  supériorité  de  savoir  qu'il  ne  sait  rien,  — 
grand  mérite,  savez-vous?  —  tandis  que  nous  autres,  nous  pen- 
sions que  la  question  était  étudiée,  jugée  et  enterrée.  C'est  une 
éducation  à  refaire. 

Des  gens  habiles  prétendent  que  les  variétés  d'arbres  fruitiers 
ne  se  reproduisent  pas;  d'autres  gens,  non  moins  habiles,  affirment 
le  contraire.  Entre  ces  deux  affirmations,  nous  voilà  le  bec  dans 
l'eau.  Si  on  met  la  question  aux  voix,  les  premiers  gagnent  la  vic- 
toire, et  les  seconds  une  veste  large  et  longue. 

Eh  bien  !  malgré  leur  veste,  les  partisans  de  la  reproduction 
■  sont  peut-être  plus  près  de  la  vérité  que  les  autres.  Pour  le  mo- 
ment, ils  ont  tort. 

Mon  avis,  le  voici  :  Il  y  a  des  variétés  qui  se  reproduisent  de 
semis  et  d'autres  qui  ne  se  reproduisent  pas.  La  question  demande 
à  être  traitée  en  détail  pour  être  résolue. 

Le  semeur  qui  a  confié  à  la  terre  des  pépins  de  Beurré  blanc, 
de  Doyenné  d'hiver,  de  Martin-Sec,  de  Duchesse  d'Angoulême  ou 
de  tout  autre  variété  de  poires,  attend  dix  ans,  quinze  ans,  sou- 
vent plus,  la  première  récolte  pour  constater  que  ces  bons  fruits 
lui  ont  donné  d'indignes  sauvageons.  Il  conclue  que  «  ça  ne  se 
reproduit  pas  »  .  Conclusions  trop  précipitées,  à  mon  avis. 

Combien  y  en  a-t-il  parmi  nous  à  qui  papa  a  dit  cent  fois,  lors- 
que nous  étions  gamins  :  Tu  ne  feras  jamais  rien  !  En  prenant  de 
l'âge,  nous  changeons,  souvent  à  notre  profit.  De  même  pour 
juger  les  arbres,  il  faut  aussi  du  temps.  Que  de  semis  ont  été  cou- 
pés et  jetés  au  feu  comme  ne  valant  rien,  qui  auraient,  dix  ans 
plus  tard,  constitués  d'excellentes  variétés. 

Nous  recauserons  de  cela  un  jour. 

Jîosc  JV.-F.  Benell.  —  Le  Journal  des  Roses  a  publié  plusieurs 
notes  émanant  d'amateurs  et  de  rosiéristes  qui,  la  plupart,  ne  disent 
pas  grand  bien  de  la  rose  W.-F,  Bennelt,  plus  connue  sous  le 
nom  de  Rose  des  5,000  dollars.  Ces  messieurs  ont  peut-être  tort, 
et  je  trouve  qu'ils  se  hâtent  trop  de  formuler  un  jugement.  La 
rose  en  question  est  une  rose  à  forcer,  qui  a  été  vendue  comme 
telle;  qu'ils  la  forcent  et  nous  donnent  leur  avis.  Peut-être,  alors, 
sera-t-il  différent?  Du  reste,  la  plupart  des  pieds  achetés  très 
jeunes,  ont  à  peine  eu  le  temps  de  s'enraciner  et  ne  sauraient  avoir 
produit  des  fleurs  normales. 

Quelques-uns  se  plaignent  que  sa  duplicature  laisse  à  désirer. 
On  ne  peut  pas  tout  avoir.  Safrano,  non  plus,  n'est  pas  très  dou- 


—  455  — 

ble,  et  Alphonse  Karr,  qui  en  a  enrichi  les  jardins  du  littoral  de  la 
Provence,  a  plus  fait  pour  le  commerce  des  roses  coupées,  que  s'il 
y  eut  introduit  trois  cents  roses  très  doubles,  la  Malmaison  en 
tête.  Chacun  son  avis.  Je  considère  le  vulgaire  Bengale  ordinaire 
qui  est  presque  simple,  comme  une  excellente  rose  et  comme  on 
pourrait  croire  que  j'ai  le  goût  dépravé,  je  connais  beaucoup  de 
gens  qui  partagent  mon  opinion  à  ce  sujet.  Ce  Bengale  donne  des 
fleurs  quand  les  autres  belles  roses  doubles  n'en  ont  plus,  et  il  se 
dépèche  au  printemps  d'en  fournir  de  nouvelles,  bien  avant  les  plus 
précoces  des  hybrides. 

Du  reste,  il  est  encore  possible  que  la  cose  fF. -Francis  Benell  soit 
une  variété  dont  l'aire  géographique  sera  limitée  à  des  climats  dé- 
terminés, ainsi  que  cela  a  lieu  pour  beaucoup  d'autres  sortes. 

Le  sulfate  de  cu'vrc  sur  les  arbres  fruitiers.  —  Nous  lisons  dans  la 
Gazette  du  Fillage  : 

«  Tout  dernièrement,  M.  Prilleux  racontait  à  la  Société  natio- 
nale d'horticulture  de  Paris,  un  fait  intéressant  dont  il  a  été  témoin 
à  Beaune,  chez  M.  Jules  Ricaud.  Voici  le  fait  : 

«  Des  Doyennés  d'hiver  qui  avaient  eu  à  souffrir  de  taches 
cryptogamiques  aux  feuilles  et  de  tavelures  aux  fruits,  en  ont  été 
préservés  ou  guéris  par  l'emploi  de  la  bouillie  bordelaise,  c'est-à-dire 
d'un  mélange  de  solution  de  sulfate  de  cuivre  et  de  chaux.  Le 
feuillage,  traité  ainsi  à  l'aide  d'un  pulvérisateur,  est  d'un  beau  vert 
foncé  et  les  fruits  ne  laissent  rien  à  désirer. 

«  M.  Jules  Ricaud  pense  que  deux  opérations  préventives,  l'une 
avant  l'hiver  et  l'autre  un  peu  avant  l'entrée  en  sève,  rendraient 
un  grand  service  aux  arboriculteurs. 

«  La  bouillie  bordelaise  a  un  inconvénient,  c'est  de  consommer 
une  assez  forte  quantité  de  sulfate  en  pure  perte,  puisque  l'effet 
s'en  trouve  amoindri  par  la  proportion  de  chaux  également  forte. 
M.  Jules  Ricaud  est  porté  à  croire  que  l'on  arriverait  à  d'aussi 
bons  résultats,  rien  qu'avec  une  solution  cuivrique  à  la  dose  de 
4  grammes  de  sulfate  ou  400  grammes  par  hectolitre.  Rien  n'em- 
pêcherait de  blanchir  le  liquide  avec  une  proportion  insignifiante 
d'eau  de  chaux  qui  n'amoindrirait  pas  l'effet  de  la  solution  cuivri- 
que et  ne  servirait  qu'à  marquer,  en  les  blanchissant  un  peu,  les 
places  traitées,  soit  au  pulvérisateur,  soit  à  l'aide  d'un  balai. 

«  Nous  recommandons  ces  essais  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui 
nous  ont  envoyé  si  souvent  cette  année  des  feuilles  de  poiriers 
couvertes  de  taches.  »  V.   V.-M. 


—  456  — 
ASSOCIATION    HORTICOLE  LYONNAISE 


Procès-verbal  de  la  séance  du  18  septembre  1886,  tenue  salle  deB 
Réunions  industrielles,  Palais  du  Commerce,  place  de  la  Bourse. 

Présidence  de  M.  Comte,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  1/4. 

11  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion,  qui  est 
adopté. 

Correspondance.  —  La  Société  a  reçu  : 

1°  Lettre  informant  l'Association  que  M.  le  Président  de  la  République 
accorde  un  vase  de  Sèvres  à  l'Association,  pour  être  déoarné  à  l'ooeasion  de 
l'Exposition. 

2°  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'agriculture,  informant  l'Association  qu'il 
lui  est  accordé  une  médaille  d'or  et  deux  médailles  d'argent  pour  être 
décernées  à  l'occasion  de  l'Eiposition. 

3°  Lettre  de  la  Société  d'horticulture  de  Tarare  et  du  canton,  demandant 
la  nomination  d'an  délégué  pour  faire  partie  du  Jurj  de  l'Exposition  qui  se 
tiendra  à  Tarare  le  18  septembre  1886.  M.  Charreton  a  été  délégué  par  l'As- 
sociation pour  remplir  les  fonctions  de  juré. 

4"  Lettre  de  M.  F.  Pelletier  demandant  la  nomination  d'une  Commission 
pour  constater  la  belle  réussite  des  greffes  qu'il  a  faites  l'an  dernier  chez 
MM.  J.-B.  Guillot  et  fils.  Après  une  courte  discussion,  l'assemblée  est  d'avis 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  donner  une  suite  favorable  à  cette  demande,  ce  genre 
de  visites  n'entrant  pas  dans  le  programme  de  ses  travaux. 

Présentations.  —  11  est  donné  lecture  de  candidatures  sur  lesquelles, 
conformément  au  règlement,  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Sont  admis,  sans  protestation,  membres  titulaires  de  notre 
Compagnie,  les  candidats  présentés  à  la  derni  ère  séance. 
MM. 

Michaud  (Pierre),  jardinier  chez  M"«  V°  Degallion  ,  à  Aix-les-Bains 
(Savoie). 

Ollion,  propriétaire,  rue  Guillon,  à  Lyon-Monplaisir,  présenté  par  MM. 
Jacquier  père  et  fils. 

Demeure  (Jean),  jardinier  chez  M.  Saint-Olive,  à  St-Didier-au-Mont-d'Or, 
présenté  par  MM.  Comte  et  Viviand-Morel. 

M.  Mazenod,  horticulteur,  à  Aix-les-Bains  (Savoie),  présenté  par  MM. 
Métrai  (Joseph)  et  J.  Jacquier. 

L.  Cordenot,  rue  Mercière,  50,  à  Ljon,  présenté  par  MM.  Viviand-Morel 
et  J.  Jacquier. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Berthier,  horticulteur  à  Crépieux  (Ain),  deux  pêches  de  semis  et 
une  pomme  de  semis. 

Par  M.  Guerrj,  jardinier  chez  M.  Coste,  notaire  à  Caluire,  un  beau  spé- 
cimen de  Melon  cantaloup  (jros  prescott  argenté,  pesant  10  kilog.  300  grammes 
et  auquel  la  Commission  accorde  une  prime  de  P'  classe. 

Par  M.  Revol,  horticulteur,  rue  du  Béguin,  35,  Lyon,  une  collection  de 
Cannas  en  fleurs  coupées,  composées  de  16  variétés,  savoir  :  Pierre  Dupont, 
M"^»  Denis,  Papillon,  maréchal  Vaillant,  Distinction,  Président  Faivre, 
Enfant  de  Cahors,  Gloire  de  Provence,  Jean  Raisin,  Nardy,  Brillant,  Bon- 
netii  excelsa.  M.  Combet,  Léonard-Lille,  Etendard  et  Auguste  Buchner.  Une 
prime  de  2"  classe  est  attribuée  à  cet  apport. 

Par  MM.  Joannon  père  ot  fils,  horticulteurs  à  St-Cyr-au-Mont-d'Or,  trois 
poires  de  semis  étiquetées  Lœlia,  qui  sont  renvoyées  à  l'étude. 


—  457   — 


Par  M.  Chavagneux,  horticulteur,  chemiQ  de  Château-Gaillard,  Villeur- 
banneles-Lyon  :  1°  une  collection  de  Raisins  composée  de  Chasselas  blanc 
de  Fontainebleau,  Chasselas  de  Mongré,  Ch.  de  Montmeillan,  Ch.  de  Fleurie, 
Ch.  greo  rose  ;  2°  diverses  Pommes,  variétés  :  Grand  Alexaniro,  Joséphine, 
et  des  Poires  Duchesse  d'Angoulème.  Une  prime  de  Z'  classe  est  accordée  à 
cet  apport. 

Par  M.  Charrault,  jardinier  chez  M.  Girier,  à  la  Verpillère,  une  collection 
de  légumes  composée  de  :  1"  Chou  rouge  conique  (nouveau);  2»  Artichaut 
gros  de  Laon,  A.  violet  de  Lyon,  A.  camus  de  Bretagne  ;  3°  Aubergine  vio- 
lette longue  hâtive,  A.  blanrhe  longue,  A.  ronde  da  Chine,  A.  naine  très 
hâtive;  4°  Piment  du  Chili,  P.  de  Cayenne,  P.  jaune  carré  doux,  P.  cerise, 
P.  gros  carré  doux,  P.  jaune  long,  P.  rouge  long;  5°  Tomate  cerise,  T.  gro- 
seille, T.  jaune  ronde,  T.  Roi  Humbert,  T.  poire,  T.  violette  ronde,  T.  grosse 
rouge  hâtive;  6°  Coloquinte  bicolore,  jaune  et  verte,  C.  ronde  miniature,  G. 
poire  miniature,  C.  pomme  hâtive,  C.  poire  bicolore,  C.  poire  rayée,  C.  plate 
rayée.  Courge  poire  à  poudre,  C.  pèlerine  très  grosse,  C.  pèlerine  miniature, 
Courge  massue  très  longue,  ayant  1"  10  de  long.  D'après  le  présentateur, 
cette  variété  se  serait  accrue  dans  quinze  jours  de  0°'80  de  long.  La  Commis- 
sion décerne  à  cet  apport  une  prime  de  2»  classe. 

Par  le  même,  une  collection  de  fleurs  coupées  de  Zinnia  à  grandes  fleurs. 
Œillet  de  Chine,  Chrysanthèmes  à  carène  double  et  simple.  Immortelles  à 
bractées.  Séneçon  double  très  nain,  Amarantoïdes  variées.  Cet  apport  obtient 
une  prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Ecully,  un  Pelargoni'im  zonale 
à  fleur  simple  rouge,  de  semis,  auquel  il  donne  le  nom  de  Erlotant.  La  Com- 
mission accorde  un  certificat  de  2"  classe  ;  2°  sept  Coleus  de  serais. 

Par  M.  Chardon,  jardinier  chez  M.  Clayette,  rue  de  l'Enfance,  Lyon  : 
1°  des  Chicorées  frisées  de  Ruffec,  Epinard  die  Qandry  et  des  fruits  de  Iram- 
boises  remontantes  ;  2°  des  Dahlias  de  semis  et  des  fleurs  de  Zinnia  à  grande 
fleur,  et  une  variété  da  Dahlia  Juarezi  ou  Etoile  du  Diable,  à  laquelle  la 
Commission  décerna  une  prime  de  2°  classe. 

Par  M.  Bellen,  jardinier  chez  M.  Rozier,  montée  de  la  Boucle,  trois 
Coleus  de  semis,  qui  obtiennent  une  prime  de  3'  classe. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin,  un  pot  de  Bégonia 
Innocenti  et  Eugène  Vallerand,  et  un  de  semis  issu  du  Bégonia  Carrieri 
(Crozy)  et  du  semperflorens;  la  plante  est  très  naine  et  est  couverte  de 
jolies  petites  fleurs  roses.  L'ensemble  de  cet  apport  reçoit  une  prime  de 
2«  classe. 

Par  M.  Liabaud,  horticulteur,  montée  de  la  Boucle,  4,  Lyon,  un  beau  pied 
de  Cyanophyllinn  magnificum  et  un  bel  exemplaire  de  Ficus  Pearceli,  A  cet 
apport,  la  Commission  accorde  une  prime  de  1"  classe. 

Par  M™"  Y"  J.  Schwartz,  7,  rou'e  de  Vienne,  Lyon,  trois  Roses  nouvelles 
et  non  encore  nommées.  La  Commission  déclare  ne  pouvoir  se  prononcer 
sur  l'examen  d'une  seule  fleur  et  désire  voir  les  plantes  sur  place  pour  pou- 
voir émettre  un  jugement. 

La  Commission  d'examen  des  apports  sur  le  bureau  n'étant  pas  complète, 
la  plupart  des  membres  n'assistant  pas  à  la  réunion,  M.  le  Président  nomme 
pour  la  culture  maraîchère,  MM.  Chavagnon,  J.  Jacquier  et  Verne  ;  pour  la 
floriculture,  MM.  Rozain-Boucharlat,  Couzançat  et  Viviand-Morel  ;  pour  les 
Roses,  MM.  Dubreuil  et  Berthier;  pour  les  fruits,  MM.  Métrai,  Chaudy  et 
Berthier. 

Les  propositions  des  Commissions,  mises  aux  voix,  sont  aloptées  et  l'ins- 
cription au  procès-verbal  est  ordonnée  pour  les  plantes  non  récompensées. 

M.  Viviand-Morel   donne   quelques    renseignements   sur  le  bouturage    du 
Rosier.  (Voir  Lyon-Horticole,  8'  année,  n°  17,  page  400.) 
La  séance  est  levée  à  4  heures.  Le  Secrétaire- Adjoint ,  J.  Nicolas. 


—  458  ^ 

Note  sur  une  nouvelle  Fraise  des  Quatre-Saisons 

Le  premier  auteur  qui  ait  parlé  de  la  Fraise  des  Quatre-Saisons 
est  Césalpin  qui  la  signalait  comme  croissant  dans  les  Alpes 
Bargéénnes,  nom  qu'on  donnait  alors  aux  montagnes  des  environs 
de  Bargenon,  petite  ville  du  diocèse  de  Fréjus.  D'autres  auteurs, 
tels  que  Jean  et  Gaspard  Bauhin,  Parkinson,  Rai,  Morison  et 
Tournefort,  qui  ont  également  signalé  cette  fraise,  n'ont  fait  que 
copier  Césalpin.  Mais  l'introduction  de  cette  sorte  dans  les  cultures 
ne  remonte  pas  au-delà  de  la  deuxième  moitié  du  xviii"  siècle. 
Duchesne,  l'auteur  de  V Histoire  naturelle  des  Fraisiers,  bien  en  situa- 
tion pour  juger  la  chose,  ne  laisse  subsister  aucun  doute  à  cet 
égard.  Miller  qui  est  habituellement  fort  bon  juge,  rapporte,  par 
erreur  sans  doute,  la  Fra/st' rfe  foHS  }«o/s  au  Fraisier  de  Firginic,  et 
dit  que  les  Hollandais  donnaient  à  cette  plante  le  nom  de  Fraisier 
perpélufl  ou  de  tous  mois.  Elle  a  également  porté  le  nom  de  Fraise 
des  Alpes. 

Depuis  l'époque  déjà  lointaine,  c'est-à-dire  depuis  plus  d'un 
siècle,  que  la  Fraise  des  Quatre-Saisons  a  passé,  des  Alpes,  où 
elle  croît  à  l'état  spontané,  dans  les  jardins  où  on  la  cultive,  elle 
a  été  l'objet  d'une  foule  de  tentatives  d'amélioration.  On  trouve- 
rait si  on  voulait  consulter  les  anciens  catalogues,  plusieurs  variétés 
qui  ont  eu  leur  moment  de  célébrité  qu'on  a  laissé  perdre  ou 
qu'une  trop  longue  suite  de  multiplications  par  stolons  a  épuisé  et 
fait  dégénérer. 

Une  loi  fondamentale  bien  que  peu  connue  en  culture,  est 
celle-ci  :  Les  variétés  qui  ne  se  multiplient  que  par  greffe,  bou- 
tures, stolons  ou  éclats,  n'ont  qu'une  durée  limitée,  telles  sont 
comme  tous  les  êtres,  elles  naissent,  grandissent,  atteignent  l'apo- 
gée de  leurs  caractères,  déclinent  et  meurent.  Le  cycle  qu'elles 
parcourent  embrasse  un  espace  de  temps  plus  ou  moins  long, 
suivant  les  genres,  mais  elles  le  parcourent  fatalement,  comme 
nous,  du  reste,  hélas  ! 

Les  variétés  vieillissent  donc  et  ont  besoin  d'être  régénérées 
par  la  voie  du  semis.  C'est  pour  cela  qu'il  faut  encourager  les 
semeurs  qui  obtiennent  de  nouvelles  sortes  plus  jeunes,  plus  fer- 
tiles et  plus  vigoureuses  que  celles  que  le  temps,  ce  grand  maître, 
tend  à  faire  disparaître.  Et  il  n'est  pas  tout  rose  le  métier  de 
semeur,  car  il  faut  semer  beaucoup  pour  obtenir  souvent  bien  peu 
de  chose.  Du  reste  il  faut  un  talent  tout  spécial  pour  distinguer 
une  bonne  plante,  au  milieu  de  plusieurs  centaines  d'autres  qui  lui 
sont  inférieures.  Il  ne  suffit  pas,  puisqu'il  s'agit  de  fraises,  qu'une 
variété  ait  un  fruit  exceptionnel  comme  grosseur,  il  faut  encore 
que  la  plante  soit  fertile  et  prolifique.    Il  ne  suffit  pas  qu'elle  soit 


—  459  — 


grosse,  fertile  et  prolifique,  mais  elle  doit  aussi  être  robuste, 
vivace,  rustique  et  résister  aux  intempéries  qui  pourraient  stériliser 
ses  fleurs  et  faire  avorter  ses  fruits. 


Fraise  des  Quatre-Saisons  La  Géncrciise. 

Il  me  souvient  avoir  vu  chez  un  cultivateur  de  Fraisiers  des 
Quatre-Saisons,  plusieurs  plate-bandes  de  deux  variétés  plantées 
le  même  jour,  dans  le  même  terrain.  Les  deux  variétés  étaient 
fort  belles,  et  paraissaient  à  première  vue  difficile  à  distinguer. 
Je  vais  détruire  cette  sorte,  me  dit  le  cultivateur,  elle  me  rapporte 
moins  que  l'autre. 


—  460  — 

L'histoire  de  la  Fraise  des  Quatre-Saisons  La  Généreuse,  qui  a 
été  obtenue  par  M.  Marchand,  horticulteur,  rue  du  Sacré-Cœur, 
à  Lyon,  comme  celle  de  plusieurs  autres  bonnes  variétés,  a  une 
origine  incertaine.  L'obtenteur  n'a  pas  la  prétention  de  l'avoir 
gagnée  à  la  suite  d'une  fécondation  artificielle,  il  l'a  observée 
dans  un  semis  assez  considérable  qu'il  avait  fait  en  1882,  des 
variétés  :  Marquise  de  Mortemart,  Belle  de  Montrouge  et  Brune 
de  Gilbert.  La  Généreuse,  à  défaut  d'une  généalogie  exacte,  peut 
donc  revendiquer  trois  sortes  de  parentés.  Et  qui  sait  si  une  sève 
croisée  ne  circule  pas  dans  ses  cellules? 

Quoiqu'il  en  soit  de  son  origine,  la  Généreuse  constitue  une 
variété  très  vigoureuse  d'une  fertilité  peu  commune.  Ses  stolons 
naissent  en  très  grand  nombre  et  sont  à  peine  formés  qu'ils  pro- 
duisent des  fleurs  et  des  fruits  presque  avant  d'être  enracinés.  Ses 
feuilles  sont  grandes  et  d'un  beau  vert. 

Le  fruit  (voir  la  figure)  qui  est  ovale  allongé,  mesure  dans  sa 
plus  grande  longueur  30  à  35  miUimètres  et  vers  le  milieu  18  à 
20  millimètres  de  diamètre.  Il  est  d'un  beau  rouge  rembruni  sur  la 
face  exposée  au  soleil.  Son  parfum  est  exquis  et  pénétrant.  Au 
printemps  la  hampe  qui  porte  les  fleurs  dépasse  les  feuilles  ;  pen- 
dant l'été  au  contraire  elles  sont  moins  longues  et  souvent  munies 
de  feuilles  et  de  racines  ;  le  fruit  est  alors  dissimulé  par  le  feuillage 
et  ne  brûle  pas  au  soleil. 

En  résumé,  la  variété  en  question  est  digne  de  figurer  avanta- 
geusement dans  tous  les  jardins  à  côté  des  sortes  les  plus  recom- 
mandables.  V.  V.-AI. 

Les  Dalhias  simples  de  l'Exposition  de  Lyon. 

Comme  on  l'a  pu  voir  à  l'exposition  tenue  à  Lyon,  au  mois  de 
septembre  dernier,  un  nouvel  essor  vient  d'être  donné  à  l'amélio- 
ration d'un  genre  de  plantes  fort  à  la  mode  :  nous  voulons  parler 
du  genre  Dalhia. 

En  eflfet,  les  Dalhias  à  fleurs  simples,  exposés  par  MM.  Léonard 
Lille  et  Beney,  horticulteurs,  Mds-grainiers,  à  Lyon,  ont  produit 
une  sensation  profonde  et  ont  attiré  tous  les  regards.  Aussi  nous 
faisons-nous  un  devoir  de  signaler  à  l'attention  des  amateurs  qui 
n'ont  pas  visité  l'exposition  cette  nouvelle  série  de  Dalhias. 

11  fut  un  temps  où  les  Dalhias  à  fleurs  simples  étaient  impitoya- 
blement bannis  des  collections  dans  lesquelles  le  Dalhia  à  fleurs 
doubles  de  forme  irréprochable  était  seul  reçu.  Ce  temps-là  est 
passé,  car  aujourd'hui  les  amateurs  cultivent  indistinctement  les 
uns  et  les  autres. 


—  461   — 

La  mode  des  Dalhias  simples  nous  est  venue  d'Angleterre  et 
s'est  vite  implantée  un  peu  par  toute  l'Europe.  Ce  fait  n'a  du  reste 
rien  de  bien  extraordinaire,  car  le  Dalhia  simple  répond  à  un 
véritable  besoin  et  ne  fait  pas  double  emploi  avec  son  congénère, 
dont  la  duplicature  est  si  parfaite. 

En  dehors  de  l'effet  qu'il  produit  dans  le  jardin,  le  Dalhia  simple 
a  un  rôle  spécial  à  remplir  dans  la  confection  des  bouquets.  Il  joue 
à  l'Anémone  du  Japon  avec  une  élégance  toute  particuUère  et  pos- 
sède une  légèreté  spéciale  associée  à  des  nuances  qu'on  chercherait 
en  vain  dans  d'autres  fleurs. 

Les  variétés  de  forme  parfaite  et  de  coloris  éclatants  ou  si  bizar- 
rement panachés  qu'ont  exposées  MM.  Léonard  Lille  et  Beney 
méritent,  avons-nous  dit,  de  fixer  l'attention  de  tous  les  amateurs, 
car  elles  constituent  une  série  incontestable  de  nouveautés  curieu- 
ses. Chez  les  variétés  en  question  les  hgules  qui  constituent  par 
leur  assemblage  symétrique  la  couronne  florale  sont  souvent  creu- 
sées en  nacelle,  ou  planes  et  marquées  de  plis  concentriques.  Quel- 
ques-unes sont  planes  sur  les  bords  et  convexes  au  milieu  ou  ondu- 
lées plissées.  Leur  forme  la  plus  ordinaire  est  sub-orbiculaire  ou 
largement  elliptique,  quelquefois  réfléchis,  rapprochés  par  les  bords 
et  se  recouvrant  jusqu'au  sommet. 

La  gamme  chromatique  presque  toute  entière,  colore  ces  ligules 
élégantes  et  le  blanc,  le  jaune,  le  rouge  ponceau,  le  rouge  cerise, 
le  rouge  cinabre,  le  rouge  magenta,  le  minium,  le  marron,  le  pour- 
pre foncé  curieusement  associés  leur  dessinent  des  stries  et  des 
panachures  régulières  ou  se  fondent  dans  des  tons  impossibles  à 
décrire.  Quelques  variétés  sont  unicolores  et  ne  sont  pas  moins 
belles  que  les  autres. 

Nous  avons  vu  ces  variétés  sur  place,  et  nous  pouvons  affirmer 
qu'elles  ne  s'élèvent  pas  trop  haut  et  donnent  des  fleurs  nombreu- 
ses qui  se  succèdent  sans  interruption  pendant  tout  l'été.  C'est  plus 
de  quahtés  réunies  qu'il  en  faut  pour  leur  assigner  une  place  d'élite 
dans  tous  les  jardins.  Th.   Denis, 

Chef  lie  culture  au  Jardin  botanique  de  la  ville  de  Lyon. 


Poire    Echasserie. 

Synonymes  ;  Eehasseri/,  Bcsi  de  Chasscric,  Bcsi  de  Villandry,   Muscat  de  l'EchasseriCy 
Muscat  de    Villandri),  Bcsidcri-Landrij ,    Verte  longue  d'hiver,  etc. 

II  y  a  dans  le  jardin  dont  je  dirige  les  cultures  un  poirier  qui 
m'a  intrigué  pendant  fort  longtemps.  C'est  celui  qui  fait  le  sujet  de 
cette  note. 

Conduit  en  pyramide  et  taillé  suivant  les  règles  de  l'art  par  mes 
prédécesseurs,  il  s'était  toujours  refusé  à  donner  des    fruits.   Pen- 


—  462  — 

dant  trois  années  j'imitais  mes  trop  habiles  confrères  :  pendant 
trois  années  il  ne  donna  que  du  bois  et  des  feuilles.  Je  pris  le  sage 
parti  de  ne  plus  exercer  sur  ses  rameaux  mes  talents  (?)  de  tailleur 
d'arbres  et  je  l'abandonnais  à  son  malheureux  sort. 

Vous  voyez  d'ici  le  tableau  et  vous  devinez  ce  qui  arriva  : 
l'arbre  stérilisé  par  la  serpette  et  le  sécateur,  l'arbre  mutilé  avec 
art,  se  changea  en  un  sujet  fertile  dont  le  fruit  est  excellent  :  il 
donne  depuis  dix  ans,  chaque  année  plusieurs  boisseaux  de  poires. 

J'ai  pendant  fort  longtemps  cherché  à  connaître  son  nom  et  sa 
patrie.  Les  pomologues  auxquels  je  l'ai  montré  à  plusieurs  reprises, 
branlaient  la  tête,  se  grattaient  le  front  et  j'étais  Gros-Jean  comme 
devant.  J'avais  renoncé  à  être  renseigné  sur  l'état  civil  de  cet 
enfant  du  mystère  quand,  cette  année,  j'eus  la  bonne  fortune  d'en 
trouver  un  représentant  dans  le  lot  de  fruits  que  M.  Melin,  horti- 
culteur, à  Chan telle  (Allier),  avait  envoyé  à  l'Exposition  organisée 
à  Lyon,  par  les  soins  de  l'Association  horticole  lyonnaise. 

Ce  représentant  était  étiqueté  Besi  de  rEchasserie.  J'avais  hâte 
d'arriver  chez  moi  pour  vérifier  l'identité  de  ma  poire  avec  celle 
du  lot  en  question.  C'était  bien  elle.  Eh!  mais  pensais-je  si  l'expo- 
sant s'était  trompé.  Et  me  voila  hsant,  compulsant  et  comparant 
toutes  les  descriptions  de  cette  variété.  Les  auteurs  étaient  d'ac- 
cord entr'eux  ou  à  peu  près,  ce  qui  n'est  pas  toujours  le  cas. 

La  Poire  £c/(asse?7e,  j'adopte  l'orthographe  moderne,  et  je  n'écris 
pas  Echassery  avec  un  y,  comme  quelques  auteurs,  tire  probable- 
ment son  nom  de  la  localité  où  elle  a  été  obtenue  ou  remarquée 
pour  la  première  fois.  André  Leroy  signale  trois  hameaux  qui, 
dans  l'Anjou,  porte  le  nom  de  l'Echasserie.  he  Diclionnairc  des  Postes 
n'en  mentionne  que  deux,  savoir  :  L'Echasserie  (commune  d'Alen- 
çon),  Maine-et-Loire,  et  l'Echasserie  (commune  de  la  Ronde), 
Deux-Sèvres. 

Parmi  les  synonymes  que  j'ai  cités  en  tête  de  cette  nota  on 
remarquera  que  les  suivants  :  Bési  de  Villandry  et  Muscat  de  Vil- 
landry  portent  également  le  nom  d'un  village  important  de  la 
Touraine,  et  il  n'y  aurait  rien  de  bien  extraordinaire  que  la 
Poire  Echasserie  fut  originaire  de  cette  dernière  province. 

Que  V Echasserie  soit  de  l'Anjou  ou  de  la  Touraine,  le  fait  n'a 
pas  une  grande  importance,  et  je  ne  pense  pas  que  Villandry  et 
l'Echasserie  se  disputent  jamais  l'honneur  de  lui  avoir  donné  le 
jour,  bien  que  ce  soit  une  très  bonne  poire. 

On  commence  à  trouver  des  traces  de  l'existence  de  cette  variété 
vers  le  milieu  du  XVIP  siècle.  Merlet  et  La  Quintynie  l'ont  fait 
connaître  vers  1675  et  depuis  cette  époque  elle  est  mentionnée 
dans  tous  les  ouvrages  un  peu  importants.  Tournefort  lui  consacre 
la  description  suivante  :  fi  Pynis  saliva,  fructu  brumali,  gtoboso, /laves- 


Formes  diverses  de  la  Poire  Echasserie,  récoltées  sur  le  même  arbre. 
(Silhouettes  obtenues  par  la  coupe  longitudinale  du  fruit.) 


—  464  — 

cenle,  punctata,  in  ore  liquescenle,  saccltarala^  odoratissimo .  »  Cette  des- 
cription quoique  écourtée  est  exacte  et  on  trouve  la  traduction 
française  amplifiée  dans  plusieurs  traités  de  pomologie. 

Miller  lui  donne  la  forme  d'un  citron,  Duhamel  dit  qu'il  (le  fruit) 
est  rond  ovale,  diminué  vers  la  queue,  assez  ressemblant  à  l'Am- 
bre tte  ;  quelquefois  de  la  forme  d'un  citron.  M.  de  Mortillet  le  dit 
ovoïde  plus  ou  moins  allongé,  s'atténuant  vers  la  queue. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  que  le  fruit  de  l'Echasserie  est  un 
peu  polymorphe,  ainsi  qu'on  pourra  aisément  s'en  apercevoir  si  on 
veut  bien  jeter  un  coup-d'œil  sur  la  planche  ci-contre.  Les 
silhouettes  figurées  ont  été  obtenues  au  moyen  de  coupes,  dans  le 
sens  de  la  longueur,  pratiquées  sur  plusieurs  poires  récoltées  cette 
année  sur  le  même  arbre;  elles  sont  donc  parfaitement  exactes. 
Les  figures  données  par  plusieurs  auteurs  indiquent  également  des 
différences  assez  appréciables  entre  elles. 

Je  ne  sais  pas  si  cela  tient  à  des  conditions  d'adaptation  tout  à 
fait  spéciales  que  cette  variété  aurait  rencontrées  dans  le  jardin 
dont  j'ai  parlé,  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  une  des  sortes  les 
plus  fertiles  de  l'endroit  :  elle  ne  saisonne  pas.  Les  branches  de 
l'arbre  sont  flexibles;  la  queue  et  longue  et  solidement  attachée, 
ce  qui  lui  permet  de  résister  jusqu'à  la  un  de  la  saison  aux  grands 
vents  qui  surviennent  pendant  l'année.  Rentrée  au  fruitier  elle  s'y 
conserve  bien  souvent  jusqu'en  janvier. 

Le  seul  reproche  qu'on  pourrait  peut-être  adresser  à  l'Echasse- 
rie, c'est  d'être,  comme  toutes  les  variétés  bi-centenaires,  un  peu 
sujette  aux  atteintes  des  maladies  cryptogamiques.  Cependant  je 
n'ai  pas  eu  trop  à  me  plaindre  du  sujet  dont  je  parle. 

Voici  du  reste  la  description  que  j'ai  faite  de  l'arbre  que  je  cul- 
tive et  des  fruits  qu'il  porte  : 

Arbre  d'aspect  buissonneux,  de  vigueur  très  modérée,  à  ra- 
meaux de  l'année  nombreux,  droits,  minces,  grêles,  fluets  et 
flexibles. 

Boutons  à  fruits,  nombreux,  portés  sur  des  rameaux  courts, 
de  faible  grosseur. 

Feuilles  longuement  pétiolées,  ovales,  le  plus  souvent  ovale  très 
allongées,  quelques-unes  presque  lancéolées.  Entrenoeuds  (méri- 
thalles)  rapprochés. 

Fruit  souvent  en  bouquet,  quelquefois  solitaire,  dans  ce  cas 
atteignant  un  développement  un  peu  plus  fort,  souvent  subsphé- 
rique  ou  en  ellipse  raccourcie;  quelquefois  ovoïde  et  atténué  aux 
deux  extrémités. 

Peau  rude  au  toucher,  d'un  vert  pâle,  semée  de  ponctuations 
grisâtres,  vert  clair  et  passant  au  vert  blond  à  la  maturité. 


—  465  ~ 

Œil  petit,  ouvert,  à  divisions  courtes,  brunes,  placé  dans  une 
dépression  faible. 

Queue  ou  pédoncule  long,  aminci  vers  le  milieu,  gros  vers  le 
sommet,  solidement  attaché,  flexible  et  portant  des  rudiments  de 
bourgeons,  s'insérant  dans  une  légère  dépression  formée  par  le 
fruit. 

Cbair  blanche,  fine,  fondante,  un  peu  graveleuse,  eau  abondante 
très  sucrée,  à  peine  musquée,  excellente. 

Maturité  de  novembre  à  janvier.  V.    V,-M. 


Compte-rendu  de  l'Exposition  d'horticulture  tenue  à 
Villefranche  (Rhône),  le  29  Août  1886. 

Délégué  par  l'Association  horticola  lyonnaise  pour  aider  à  la  formation 
du  Jury  chargé  d'attribuer  les  récompenses  aux  exposants  du  concours  qui 
s'est  tenu  à  VillefraDohe  (Rhône),  le  29  août  dernier,  je  viens  rendre  compte 
du  mandat  qui  m'avait  été  confié. 

En  entrant  dans  la  salle  où  se  tenait  l'exposition,  j'ai  été  vivement  im- 
pressionné, car  je  venais,  légionnaire  du  Rhône,  de  reconnaître  l'endroit 
même  où,  en  1870,  nous  fûmes  désarmés  pour  aller  ensuite  assister  à  l'exécu- 
tion de  trois  de  nos  camarades  condamnés  par  la  Cour  martiale,  pour  des  pé- 
cadilles,  à  être  fusillés.  Triste  chose  que  la  guerre  ! 

J'oublie  bien  vite  ce  triste  épisode  de  ma  vie  militaire  pour  melivrer  tout 
entier  à  l'admiration  que  produit  sur  moi  l'aspect  ravissant  de  cette  salle 
garnie  de  fleurs,  de  fruits  et  de  légumes.  Elle  représente  un  carré  long, 
meublé  de  gradins  sur  les  côtés,  d'une  grande  estrade  au  fond  et  à  l'entrée 
d'une  tribune  où  s'entassent  les  objets  exposés. 

Voici  l'ordre  dans  lequel  ont  été  décernées  les  récompenses  : 

Le  Grand  pris  d'honneur,  vase  de  Sèvres  off'ert  par  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture  est  gagné  par  M.  Ceindre,  de  Villefranche  ;  son  exposition  était 
composée  :  l'd'un  lot  de  Glaïeuls,  de  roses  coupées,  Pétunias  simples  et  dou- 
bles, Zinias,  Penstemons,  Amaranthes,  Phlox,  Reine-Marguerite,  Dalhias 
doubles  et  simples,  et  d'un  lots  de  bouquets,  couronnes,  corbeilles,  etc. 

Prix  d'honneur,  grande  médaille  d'argent  du  Ministre,  à  M.  Chaboud, 
horticulteur  à  Villefranche,  pour  un  lot  de  légumes  variés,  un  lot  de  fruits, 
dans  lequel  nous  avons  remarqué  de  belles  poires  telles  que  Notaire  Lepin, 
excellent  fruit  d'hiver,  un  lot  de  fleurs  coupées,  Roses,  Dalhias,  Phlox, 
Glaïeuls. 

Médaille  de  vermeil,  à  M.  Ponceblanc  à  Villefranche,  pour  roses  coupées, 
Reines-Marguerite,  Zinnias,  et  bouquets,  couronnes,  surtout  de  table,  cor- 
beilles de  graminées  et  fleura  sèches. 

Grande  médaille  d'argent,  à  M.  Juvanon  à  Rive-de-Gier,  qui  a  su  nous 
présenter  un  beau  lot  de  fruits. 

Grande  médaille  d'argent,  M.  Longeron  à  Limas,  pour  un  lot  de  vignes 
greffées  et  producteurs  directs  en  arrachis.  Nous  avons  dégusté  avec  plaisir 
du  vin  récolté  en  1886,  de  précoce  de  Venise,  raisin  noir  à  vin  gris  très  bon 
et  fort  eu  alcool,  id.  vin  muscat  do  Lunel,  moins  musqué  que  l'indique  le 
nom. 

Grande  médaille  d'argent,  à  MM.  Poisard  frère?,  à  Anse,  lot  de  roses  cou- 
pées, Dalhias  grande  et  petite  fleurs. 

Médaille  d'argent  à  M.  Romanet  à  St-Georges-de-Reneins,  collection  de 
Houblons  :  H.  de  Bohême  très  productif,  H.  d'Ulm  très  précoce. 

Grande  médaille  à  M.  Lablache,  jardinier  chez  M.  le  comte  de  Longe- 
vialle  à  Gleizé,  pour  un  lot  de  fruits  variés.  Glaïeuls,  et  fleurs  coupées  de 
Géraniums,  Dalhias  et  Pétunias. 


—  466  — 

firande  médaille  d'argent,  M.  Charbonnel,  jardinier  chez  M.  le  vicomte 
de  Lauriston.  à  Theizé  pour  collection  de  Coleu3  de  semis,  très  variés  ;  dans 
le  nombre,  nous  avons  remarqué  une  plante  naine  dont  les  feuilles  ne  me- 
surent pas  moins  de  34  c.  de  longueur  sur  25  c.  de  largeur.  Ce  Co'eus  a  été 
dédié  à  Mme  la  vicomtesse  de  Lauriston. 

Médaille  de  bronze  du  Ministre,  à  M.  Guerrier,  jardinier  chez  M.  Roche- 
Alix  à  Villefranche,  pour  une  collection  bien  choisie  de  Dalhias. 

Médaille  de  bronze  à  M.  Dubessj  à  Villefranche,  pour  une  collection  de 
raisins  et  bocaux  dans  lesquels  il  y  avait  un  Malon,  et  deux  avea  Cornichon 
serpentin  bien  réussis. 

Je  suis  très  flatté  de  la  bonne  réception  que  nous  a  fait  l'aimable  société 
caladoise  présidée  par  M.  Marmonier,  député  du  Rhône,  assisté  deM.  Guyot 
sénateur,  de  M.  le  Maire  de  Villefraiche,  et  plusieurs  représentants  des 
corps  élus.  Duché. 

Concours  spéciaux  organisés  par  l'Association 
horticole  lyonnaise. 

1°    CULTURE   maraîchère 

Rapport  de  la  Gommission  des   visites,  composée   de  MM.  Grenier, 
J.  Jacquier,  Clapot,  Verne  et  Pelletier  père. 

La  culture  maraîchère  est  sans  contredit  la  partie  la  plus  utile  de  l'horti- 
culture, et  il  est  vraiment  regrettable  qu'elle  ne  soit  pas  prise  en  meilleure 
considération  par  un  plus  grand  nombre  de  praticiens.  La  plupart  ne  s'y 
adonnent  qu'à  regret  et  n'ont  pas  pour  elle  cet.  attachement  vivace  qu'on 
remarque  dans  d'autres  branches  horticoles. 

La  culture  des  légumes  donne  pourtant  des  résultats  avantageux  à  ceux 
qui  s'en  occupent  avec  amour  et  intelligence.  «■ 

Si  nous  recherchons  les  causes  qui  empêchent  la  culture  maraîchère  d'at- 
tirer à  elle  un  plus  grand  nombre  d'adeptes  fervents,  nous  trouvons  d'abord 
à  placer  en  première  ligne  les  pénibles  et  incessants  travaux  qui  fatiguent 
le  corps  et  auxquels  tous  les  hommes  ne  sont  pas  aptes  à  se  plier  sans  mur- 
murer. D'autre  part,  les  espèces  comestibles  qui  servent  à  l'alimentation  de 
l'homme,  ne  sont  pas  très  nombreuses  et  ne  font  qu'apparaître  dans  les  jar- 
dins. Le  maraîcher  n'a  donc  pas  le  temps  de  s'attacher  aux  plantes  qu'il 
cultive,  de  la  même  façon  que  le  fleuriste  ou  le  pépiniériste  qui,  pendant  de 
longues  années,  vit  constamment  au  milieu  de  ses  fleurs  ou  de  ses  arbres. 

De  là  l'immigration  dans  d'autres  cultures. 

Ces  réflexions  nous  sont  venues  à  la  suite  de  nombreuses  visites  faites 
depuis  plusieurs  années  chez  les  horticulteurs  maraîchers.  Nous  remarquons 
que  le  petit  carré  consacré  aux  fleurs  dans  chaque  jardin  tend  toujours  à 
s'agrandir,  et  même  souvent  un  beau  jour  elles  envahissent  toute  la  place 
et  le  maraîcher  devient  fleuriste. 

Pourquoi  ce  changement?  Nous  l'avons  déjà  dit  :  la  culture  des  fleurs  est 
plus  agréable  ot  moins  pénible  que  celle  des  légumes.  Ensuite,  il  faut  bien 
le  dire,  le  commerce  des  plantes  établit  des  rapports  journaliers  entre  con- 
frères et  élargit  la  sphère  d'action  individuelle.  Des  réunions  entre  confrères 
sont  fréquentes  et  l'on  y  cause  avec  plaisir  du  métier. 

La  culture  maraîchère  n'offre  pas  les  mêmes  agréments.  Les  maraîchers 
sont  peu  communicatifs,  —  est-ce  à  tort  ou  à  raison?  nous  pensons  que  c'est 
à  tort.  Ils  se  cachent  les  uns  des  autres  ce  qu'ils  peuvent  savoir;  ne  disent 
jamais  à  leur  voisin  à  quelle  époque  ils  sèment  leurs  graines,  se  taisent  sur 
leur  qualité  et  leur  provenance.  Ils  sont  coutumiers,  quelques-uns  routi- 
niers, et  il  est  très  difficile  de  leur  faire  adopter  un  légume  nouveau  pour  la 
contrée,  quand  bien  même  ce  légume  pourrait  rendre  de  grands  services  aux 
consommateurs. 


—  467  — 

De  ce  qui  précède,  il  ne  faudrait  pas  conclure  que  le  maraîcher  soit  sans 
mérite,  au  contraire.  S'il  est  routinier  et  peu  communicatif,  cela  tient  au 
métier  qui  exige  de  dire  peu  et  de  faire  beaucoup. 

Si  le  maraîcher  ne  cultive  pas  des  plantes  qui  ont  le  don  de  plaira  comme 
les  fleurs,  en  revanche,  c'est  à  lui  qu'est  échu  le  lot  le  plus  utile  et  le  plus 
important.  Da  reste,  chacun  a  bien  compris  cela,  et  nos  ministres  de  l'agri- 
culture qui  encouragent  cette  branche  spéciale  de  l'horticulture  d'une  ma- 
nière tonte  particulière,  le  savent  mieux  que  personne. 

Visite  chez  U.  Hyvert,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  à  Monplaisir. 

Lacoramission  s'est  réunie  le  24  juin  et  a  commencé  ses  visites  par  le  jardin 
de  M.  Hyvert.  Comme  le  plus  grand  nombre  des  jardins  maraîchers  de  la 
contrée,  le  jardin  en  question  est  clos  de  murs  garni  do  vignes  conduites  en 
espalier  Plusieurs  contre-espaliers  de  vignes  sillonnent  également  la  pro- 
priété. Dire  que  l'entretien  de  ces  vignes  feraient  honneur  à  plus  d'un  vigne- 
ron, c'est  rendre  justice  à  celui  qui  les  conduit.  Entie  les  contre-espaliers 
en  question  se  trouve  la  culture  maraîchère  très  proprement  tenue.  De  beaux 
produits  de  la  saison  s'alignent  en  de  nombreuses  plates-bandes,  tels  que 
céleri,  chicorée,  carottes,  laitues,  etc.,  cultivés  avec  beaucoup  de  goût.  La 
belle  tenue  de  ce  jardin,  la  vigueur  des  légumes  qu'il  contient  fait  honneur 
au  travail  de  M.  Hjvert.  Quelques  fleurs  parsemées  çà  tt  là,  dans  la  jardin, 
sont  également  l'objet  des  soins  de  notre  collègue. 

La  commissioB,  très  satisfaite  de  sa  visite,  accorde  une  médaille  de  ver- 
meil à  M.  Hyvert. 

"Visite   chez  M.  Favre,    chemin   de   St-Alban,    Monplaisir. 

Les  cultures  de  M.  Favre  sont  de  beaucoup  plus  grandes  que  celles  do 
M.  Hyvert  et  contiennent  plus  de  gros  légumes  :  choux  variés,  pommes 
de  terre  en  collection,  navets  variés,  carottes,  ogaons,  etc. 

Ces  cultures  sont,  également  closes  de  murs,  garnies  de  vignes  et  de 
contre-bordures  de  poiriers,  dont  l'entretien  prouve  que  M.  Favre  aime 
l'arboriculture  et  la  met  en  pratique  à  en  juger  par  la  tenue  de  ses  arbres. 

Dans  ses  cultures  maraîchères  nous  remarquons  des  navets  très  hâtifs 
violet,  en  général  d'une  dimension  extraordinaire  ;  ce  qui  surtout  attire 
notre  attention,  c'est  une  variété  de  chou  dit  Milan,  que  M.  Favre  avait 
déjà  montré  sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  lyonnaise,  à  la  précé- 
dente réunion.  Nous  avons  le  plaisir  de  coastator  qae  la  plaça  qu'avait 
occupé  ses  choux  était  presque  vide  à  part  quelques-uns  qui  avaient  échappé 
au  couteau  de  lajardinière,  ce  qui  prouve  sa  précocité.  C'est  un  gain  d'un 
réel  mérite. 

La  Commission  accorde  une  médaille  d'or  à  M.  Favre  pour  l'ensemble  de 
ses  cultures  et  spécialement  pour  la  variété  du  chou  Milan  précoce. 

La  Commission  invite  M.  Favre  à  faire  connaître  plus  amplement  cette 
variété  de  chou  qu'elle  n'a  pas  pu  juger  comme  elle  l'aurait  fait,  si  sa 
visite  avait  eu  lieu  un  peu  plus  tôt.         Le  Rapporteur,  Pelletier  père. 

Visite  aux  cultures  de  M.  J.-B.  Guillot  et  fils,  rosiéristes, 
Chemin  des  Pins,  à  Lyon 

La  Commiî^sion  chargée  de  juger  les  Etablissements  d'horticulture  était 
composée  de  MM.  Liabaud,  Métrai,  E.  Labruyère,  Drevet  et  Chrétien.  Elle 
s'et  rendue  le  27  juillet,  pour  procéder  à  ses  opérations,  chez  MM.  J.-B. 
Guillot  et  fils,  rosiéristes,  à  Lyon-Guillotière. 

L'établissement  de  MM.  Guillot  est  divisé  en  trois  parties: 
La  première,  qui  est  le  siège  principal  de  l'établissement,  est  réservée  au 
semis,  aux  variétés  à  l'étude  et  à  la  collection.  Celle-ci  est  composée  d'envi- 
ron 2,000  variétés  classés  par  genres,  et  constitue  une  école  hors  ligne  et 


—  468  — 

de  grande  valeur  où  les  amateurs  de  roses  peuvent  rapidement  juger  et 
comparer  entra  elles  les  variétés  les  plus  méritantes.  L'ordre  le  plus  parfait 
a  présidé  à  l'arrangement  de  ces  nombreuses  variétés  toutes  bien  étiquetées. 

Nous  remarquons  là  l'élite  des  variétés  connues  et  nous  citons  quelques 
unes  des  plus  belles  ou  des  plus  nouvelles  telles  que  :  Gloire  lyonnaise, 
W.  Francis  Benett,  Honorable  Edith  Gifjford,  M'°-°  Eugène  Verdier,  Lady  Marie 
Fitz-Villiom,  Heim-ich  Schultes,  Merveille  de  Lyon,  Antoine  Merviet,  Grâce 
Darling,  .V"°  A.  Bernaix,  Pierre  Guillot,  Le  Vésuve,  Bemté  de  l'Europe, 
Etoile  de  Lyon,  Marie  Vanf/outte,  Charles  Lefèbre,  Jean  Liabaud,  etc. 

Nous  remarquons  aussi  des  sortes  inédites  qui  seront  mises  au  commerça 
par  l'établissement,  telles  que:  M™«  J.  Desbois,  issue  de  Baronne  de  Roths- 
child et  de  Madame  Falcot;  Luciole,  fort  belle  variété  de  thé. 

La  deuxième  et  la  troisième  section  de  l'établissement,  destinées  au  s 
cultures  pour  la  vente  sont  situées  aux  environs  du  dit  établissement  dans 
deux  clos  d'une  superficie  d'environ  12  bicherées  lyonnaises.  De  nombreux 
rosiers  les  garnissent  complètement  et  sont  irréprochables  comme  culture. 
Un  étiquetage  soigné  garantit  les  variétés  contre  les  erreurs  de  nomencla- 
ture qui  pourraient  se  commettre.  La  culture  est  partagée  en  hantes-tiges, 
demi-tiges  et  nains  greffés  sur  collet  d'églantier,  en  tout  environ  50  à  55,000 
pieds  de  rosiers  disponibles. 

La  Commission  très  satisfaite  de  la  belle  tenue  de  l'établissement  de  MM. 
Guillot  et  fils,    leur  accorde  ua  grand  prix,  grande  médaille  d'or. 

Le  Rapporteur,  J.  Chrétien. 

Visite    aux    cultures    de    M.    Bonnalre,    rosiérlste,    chemin   des 
Hérideaux,    à   Lyon-Monplaisir. 

L'établissement  de  M.  Joseph  Bonnaire,  horticulteur  rosiériste,  avenue 
des  Ponts  et  chemin  des  Hérideaux,  à  Lyon-Monplaisir.  est  entièrement 
coueacré  à  la  culture  des  rosiers  et  recouvre  une  superficie  d'environ  8  à 
10  mille  mètres  carrés. 

Tous  les  genres  de  rosiers  sont  cultivés  par  M.  Bonnaire,  et  sa  collection 
est  composée  de  l'élite  des  plus  belles  roses,  représentés  par  des  sujets  d'une 
vigueur  peu  commune. 

En  entrant,  nous  remarquons  un  carré  de  magnifiques  tiges  d'églantiers 
propres  à  recevoir  la  greff'e.  Plus  loin  deux  autres  grands  carrés,  l'un 
d'hybrides  remontants,  l'autre  de  rosiers  thés,  ne  méritent  que  des  éloges, 
tellement  la  réussite  des  greffes  est  régulière,  et  la  ramification  des  sujets 
parfaite.  On  ne  saurait  voir  plus  belle  marchandise  que  ces  20  à  25  mille 
rosiers  bons  à  la  vente. 

La  collection  de  M.  Bonnaire  fe  compose  d'environ  800  variétés  choisies 
parmi  les  meilleures  variétés  anciennes  ou  nouvelles. 

La  Commission  très  satisfaite  de  sa  visite,  a  constaté  que  M.  Bonnaire 
était  un  habile  cultivateur.  Pour  le  récompenser  elle  lui  décerne  un  pre- 
mier prix,  médaille  d'or.  Le  Rapporteur,  Drevet. 

Rapport    de     la    Commission    des    Visites 

(Section  des  propriétés  bourgeoises.) 

Le  4  août,  la  Commission,  composée  de  MM.  Cl.  Jacquier,  L.  Gorret, 
A.  Bernaix,  Rozain,  Jusseaud  et  Valla,  s'est  rendue  à  St-Chamond  (Loire), 
dans  la  propriété  de  M.  Oriol  dont  M.  François  Charles  est  le  jardinier. 
Quatre  hectares  environ  sont  sous  sa  direction  et  il  se  tire  de  leur  culture 
avec  honneur.  On  remarque  de  nombreuses  corbeilles  disposées  et  compo- 
sées avec  gotît  : 

1°  Sur  une  partie  tracée  à  la  française  il  y  a  huit  corbeilles,  une  partie  à 
l'italienne,  les  autres  en  mosaïques  de  différentes  formes,  très -régulières  et 
composées  de  plus  de  15,000  plantes  de  tous  genres  avec  des  contrastes  de 
bon  goût,  et  imitant  chacune  différents  dessins. 


—  469  — 


Tous  les  massifs  d'arbres,  arbustes  et  plate-bandes  de  la  propriété  sont 
bordés  de  différentes  variétés  de  Géranium,  Ageratum,  Coleus  et  autres 
plantes  à  feuillage  rouge,  jaune  ou  blanc,  ce  qui  produit  un  effet  saisissant. 
Deux  serres  sont  garnies  de  belles  plantes,  Fougères,  Caladium,  Bégonia,  etc. 

Le  jardin  potager  est  très-bien  tenu,  il  est  garni  de  beaux  légumes  très- 
variés. 

La  Commission  accorde  à  M.  F.  Charles  un  grand  premier  prix  et  une 
grande  médaille  d'or. 

Le6aoiit  la  Commission  b'est  rendue  à  Miribel  dans  la  propriété  de 
M.  Hébrard,  dont  M.  A.  Martin  est  le  jardinier,  il  nous  a  montré  que  dans 
une  petite  propriété  l'on  pouvait  réunir  beaucoup  de  choses  quand  chacune 
d'elles  est  à  sa  place.  Tout  est  bien  varié,  les  massifs  bien  composés  de  Gé- 
ranium. P. -L.  Courrier,  M.Thibaut,  Victor  Millot, et  autres  en  mosaïques  bien 
distinctes.  Corbeilles  et  plate-bandes  de  rosiers  très-bien  étiquetées;  le  tout 
ressort  sur  des  pelouses  régulièrement  tondues  et  arrosées  ce  qui  rend  un 
aspect  frais  et  agréable. 

Les  arbres  fruitiers  sont  en  bon  état  et,  quoique  jeunes,  garnis  de  fruits. 
Plusieurs  parties  de  jardin  potager  où  sont  tous  les  légumes  de  choix,  même 
quelques  genres  en  collection,  tels  que  choux,  melons,  tomates  garnies  de 
superbes  fruits,  panais,  pissenlits  améliorés,  bettes  gaufrées,  fraisiers  quatre- 
saisons  de  semis,  etc. 

La  Commission  a  accordé  à  M.  Martin  un  premier  prix  et  une  médaille  d'or. 

Le  5  août  la  Commission  s'est  rendue  chez  M.  Letourneur,  à  la  Demi-Lune, 
dont  M.  Jambon  est  le  jardinier.  Tout  y  est  cultivé  et  disposé  avec  art;  le 
choix  des  plantes  est  du  meilleur  goût.  Les  Géraniums  dont  150  variétés  de 
différents  genres,  sont  les  uns  en  bordures,  les  autres  en  corbeilles.  Chaque 
caisse  de  laurier-rose  et  d'oranger  est  ornée  en  dessus  de  géranium  pelta- 
lum  et  entourée  de  Géraniums  zonales,  autant  de  caisses  autant  de  variétés 
différentes,  ce  qui  produit  un  bel  effet.  Des  corbeilles  d'hortensia  les  uns 
bleus,  les  autres  rouges  sont  couverts  d'une  quantité  de  fleurs.  Une  corbeille 
est  composée  d'héliotropes  alternés  de  Géranium  de  différentes  nuances, 
rose,  rouge,  saumon,  blanc.  Comme  plantes  isolées  quelques  Cannas  jetés 
çà  et  là  sont  entourés  d'une  bordure  desauge  panachée.  De  superbes  pelouses 
qui  outre  ces  beaux  massifs  sont  parsemées  çà  et  là  de  plantes  à  beau  feuil- 
lage :  Acanthes,  Rhubarbes,  Eulalias,  etc.  ' 

La  Commission  accorde  à  M.  Jambon  un  deuxième  prix  et  une  médaille  de 
vermeil. 

Le  29  juillet  la  Commission  s'est  rendue  chez  M"»  Péricaud,  à  la  Balme, 
dont  M.  Claitte  est  le  jardinier. 

Cette  vaste  propriété,  dont  10  hectares  environ  sont  confiés  aux  soins  du 
jardinier  qui  s'en  acquitte  avec  intelligence.  Nous  y  avons  remarqué  de 
magnifiques  corbeilles  d'Anthémis,  Cannas, Caladium,  Coleus,  Géranium, etc. 
Lo  jardin  potager  est  très  bien  garni  de  différents  légumes  de  la  saison  et 
orné  de  plate-bandes  bien  fleuries,  et  de  divers  arbres  fruitiers  en  bon  état 
et  garnis  de  beaux  fruits.  Quoique  très  grande  l'ordre  dans  la  propriété  rési- 
dait partout  ;  les  plantations  d'arbres  et  d'arbustes  sont  faites  aussi  avec  un 
soin  particulier. 

La  Commission  accorde  à  M.  Claitte  un  2°'«prix,  médaille  do  vermeil. 

Le  6  août  la  Commission  a  été  à  La  Pape,  chez  M.  Besson,  qui  a  pour  jar- 
dinier M.  Pierre  Champalle.  La  propriété  est  de  deux  hectares,  et  demi  dont 
une  partie  seulement  peut  être  utilisée  comme  agrément  et  jardin  potager;  le 
reste  est  une  pente. 


—  470  — 

Dans  la  partie  d'agrément  on  remarque  de  beaux  Cannas,  des  Bégonias 
tubéreux  et  semperflorens  ;  quelques  plantes  isoléas  :  Arundos  panachés, 
Musa?,  Mimosas,  etc. 

Le  jardin  potager  est  garni  des  légumes  de  la  saison,  de  quelques  arbres 
fruitiers  et  de  vignes. 

La  Commission  accorde  un  2"°  prix,    méJaille  d'argent,  à  M.  Champalle. 

Le  Rapporteur^  Cl.  Jusseaud. 

Visite  des  cultures  dirigées  par  M.  G    Lavenir,  jardinier  chez 
M.  F.  Morel,  pépiniériste,  à  Lyon-Vaise. 

Les  chefs  d'établissement  d'horticulture  se  plaignent  assez  généialement 
de  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  à  recruter  un  boa  personnel  :  les  garçons 
jardiniers  instruits  daus  las  choses  du  métier,  actifs  et  laborieux  devenant 
de  jour  en  jour  plus  rares.  Mais  si  les  bons  garçons  jardiniers  deviennent 
rares  et  difficiles  à  recruter,  c'est  bien  autre  chose  quand  il  s'agit  des  chefs 
capables  de  diriger  les  cultures  d'un  établissement. 

La  Commission  a  donc  été  particulièrement  satisfaite  de  voir  que  la  race 
des  bons  chefs  de  cultures  n'était  pas  encore  éteinte,  en  visitant  l'établisse- 
ment de  M.  Fraucisque  Morel,  confiée  aux  soins  de  M.  Lavenir.  Sa  satisfac- 
tion a  été  complète,  car  en  même  temps  qu'uue  propreté  et  un  ordre  parfaits 
régnaient  dans  tout  l'établissement,  elle  a  pu  juger  avec  quelle  habileté 
M.  Lavenir  multipliait  et  cultivait  certaines  plantes  peu  communes.  La  Com- 
mission a  pu  apprécier  aussi  combien  l'étiquetage  des  collections  horticoles 
très  nombreuses  dans  l'établissement,  était  régulier. 

M.  Cl.  Lavenir  s'est  particulièrement  surpassé  dans  la  multiplication  des 
Clématites,  Pivoines,  Lierres  en  arbres,  P'usains  grelféj,  Erables  du  Japon, 
Genêt  hérisson,  Chojsia  ternata  et  une  foule  d'arbustes  rares  qu'il  serait 
trop  long  d'énumérer. 

La  Commission  des  visites  pour  récompenser  ;le  talent  et  les  mérites  pro- 
fessionnels de  M.  Lavenir  lui  accorde  une  médaille  d'or. 

Le  liojijiorteur,  3.  Métral. 

Visite  de  la  collection  de  Camellias,  cultivés  par  M.  Villard,  jardi- 
nier chez  Mme   Vachon-Saunier,  à  Ecully. 

M.  Villard,  jardinier  chez  M""'  Vachon-Saunier,  àEcullj,  ayant  demandé 
à  faire  visiter  les  camellias  dont  il  dirige  la  culturo,  an  moment  où  ils 
étaient  en  fleurs,  l'Association  horticole  lyonnaise  a  désigné  MM.  Liabaud, 
Cl.  Jacquier,  Rozain,  L.  Gorret  et  Jules  Chrétien,  pour  se  rendre  à  l'appel 
de  notre  Collègue. 

La  Commission  qui  s'est  rendue  le  16  mars  dernier  chez  M™°  Vachon,  vient 
de  rendre  compte  de  sa  visite. 

Les  camellias  en  question  remplissent  une  très  belle  orangerie  et  deux 
grandes  serres  à  deux  pentes.  Ils  sont  cultivés  en  caisse  et  élevés  pour  la 
plupart  en  pyramides  variant  entre  un  et  trois  mètres  de  hauteur.  Il  y  a  un 
peu  plus  de  cent  plantes  en  cinquaate  variétés. 

La  richesse  de  la  végétation  de  ces  camellias  est  vraiment  exubérante  et 
fait  honneur  au  talent  de  cultivateur  de  M.  Villard.  Au  moment  de 
notre  visite  la  floraison  est  à  son  a^^ogée  et  nous  pouvons  à  notre  aise  admi- 
rer toutes  nos  bonnes  et  anciennes  variétés  parmi  lesquelles  je  citerai  : 
Oc/trok'uca ,  Saccoï-Nova  ,  Caryophylloides  ,  C/iandleri  eleijans ,  pncturata  , 
trico/o)-,  Marguerite  Gowllon,  Jubilé,  LmcIi/  Gru/fon,   Turgioni  etc.,  etc. 

Les  Camellias  sont  bordés  dans  ces  trois  serres  par  des  plantes  ornemen- 
tales pour  les  garnitures  d'appartement,  et  toutes  en  bonne  état  de  culture, 
tel  que  :  Azo/ées  de  l'Inde,  Habtotuninus,  Eupaturiuin,  Lauriers  Tins, 
P/iormiiim  tenax ,  Dracœua  variés,  Chumœrops  varp's,  Fougères  variées. 
Cinéraires,  Primevères  etc.,  etc. 


—  471  — 


En  dehors  de  ses  serres,  M.  Villard,  nous  a  fait  voir  une  calture  maraî- 
chère très  bien  combinée,  le  tout  sous  châssis  sur  couches,  et  là,  il  y  avait 
de  tout  ce  qui  faut  pour  l'aménagement  d'une  maison  bour^feoise.  On  j 
voyait:  pommes  de  terre,  haricots,  fraisiers,  salades  et  légumes  da  saison, 
sous  châssis  à  froid. 

La  Commission  voulant  récompenser  les  soins  et  le  zèle  de  ce  bon  prati- 
cien,  lui  accorde  une  médaille  d'or.  Le  /{opporteirr,  J.  Chrétien. 


Cépage  nouveau. 

Vigne  Gamay  précoce,  dit  Ganiay  de  Juillet.  —  Plant  très  vigoureux,  d'une 
grande  fertilité  (deurissant  jusqu'à  trois  fois  par  saison).  Grappe  assez  grosse 
et  compacte  à  grain  moyen  ou  assez  gros,  noir  cendré  bleuàtra,  de  bonne 
qualité,  mûrissant  sous  notre  climat  (Troyes)  variable  et  tempéré,  de  la  fin 
de  juillet  à  la  fin  d'aoiît,  et  permettant  ainsi  de  vendanger  un  mois  avant 
l'époque  ordinaire. 

A.  rExposition  du  16  septembre  dernier,  qui  s'est  tenue  à  Troyes,  la  vin 
de  1886  fabriqué  avec  cette  espèce  a  valu  à  M.  Lescuriot,  propriétaire-viti- 
culteur, qui  a  fait  connaître  ce  cépage,  la  médaille  de  la  Société  des  Agri- 
culteurs de  France. 

Description  extraite  du  Catalogue  de  MM.  Baltet  frères,  à  Troyes  (Aube). 


Roses     Nouvelles 

Orgueil  de  Lyon  (Hyh.)  —  Plante  vigoureuse,  fleur  moyenne,  bien  faite, 
sssez  pleine,  coloris  cramoisi  ponceau  velouté,  éclairé  de  vermillon  à  reflet 
f'Mi,  pétales  gaufrés  à  l'épanouissement,  fleurissant  abondamment,  bois 
droit  et  peu  épineux. 

Docteur  Antonin  Joly  (Hyb.)  —  Plante  vigoureuse,  genre  Baronne  do 
Rothschild,  dont  elle  est  issue  et  aconservé  les  caractères  et  la  végétation, 
fleur  ayant  en  moyenne  12  à  15  cent,  de  diamètre,  très  pleine,  bien  faite,  en 
forme  de  coupe,  coloris  rose  brillant  à  fond  vif  et  éclairé  de  saumon,  plante 
extra.  —  Cette  variété  a  obtenu  un  certificat  de  première  classe  (séance  du 
20  juin  de  l'Association  horticole). 

Ces  deux  rosiers  ont  été  obtenus  et  sont  mis  au  commerce  par  M.  A. 
Ecsson,  rosiériste  à  Lyon-Monplaisir. 

Madame  Treyve-Marie.  —  Arbuste  très  vigoureux,  à  rameaux  droits  et 
touffus,  beau  feuillage  vert  clair  à  deux  paires  de  foUioles,  fleur  grande, 
pleine,  d'un  beau  coloris  rouge  clair,  nuancé  orange,  passe  au  bronze  au 
déclin,  coloris  nouveau  et  distinct.  Franchement  remontant. 

Mademoiselle  Marie  Dauphin. —  Arbuste  très -vigoureux,  à  rameaux  droits,, 
forts,  beau  feuillage  vert  foncé    à  trois  paires  de  folioles,  fleur  très  grande, 
pleine,  d'un  beau  rose  tendre  reflété  d'un  lilas  très  frais  au  centre,   coloris 
nouveau  et  distinct. 

Monsieur  Emile  Masson.  —  Arbuste  trèJ  vigoureux,  à  rameaux  droit.", 
beau  feuillage  vert  foncé  à  deux  paires  de  folioles,  aiguillons  moyens  et  peu 
nombreux,  fleur  grande,  pleine,  rouge  poui'pre  velouté.  Franchement  re- 
montante. 

Monsieur  Jules  Deroudilhe.  —  Arbuste  très  vigoureux,  à  rameaux  droits, 
toufi'us,  beau  feuillage  vert  clair  à  deux  paires  da  folioles,  fleur  moyenne  ou 
grande,  pleine,  rouge  pourpre  cramoisi,  forme  on  coupe  parfaite.  Constam- 
m  jnt  fleuri. 

Ces  quatre  rosiers  ont  été  obtenus  de  semis  et  sont  mis  au  commerce  par 
M.  Liabaud,  horticulteur  à  Lyon-Croix-Rousse. 


—  472  — 

Catalogues.  —  Baltet  Frères,  hortioulteurs-pépiniéristes  à  Troyes 
(A.ube).  —  Catalogue  des  espèces  ou  variétés  d'arbres  fruitiers,  forestiers, 
d'ornement,  d'arbrisseaux  toujours  verts,  d'arbustes  grimpants,  conifères, 
jeunes  plantes  vivaces,  plantes  de  serre,  etc. 

Ferdinand  Gaillard,  viticulteur  à  Brignais  près  Lyon.  —  Catalogue  et 
prix  courant  des  Vignes  américaines  cultivées  dans  l'établissement.  Produc- 
teurs directs  et  porte-greifes.  Vignes  franco-américaines,  pépins  de  vignes 
américaines.  Variétés  de  collection. 

Grandjean,  pépiniériste  à  St-Maurice  de  Rémens.  — Catalogue  des  arbres 
à  fruits  (Pommiers,  poiriers,  pêchers,  cerisiers,  etc.)  et  des  rosiers  en  col- 
lection cultivés  dans  l'établissement. 

Verilhac  J.  père  et  fils,  horticulteur  à  Annonay  (Ardèche).  —  Catalogue 
des  jeunes  planta  d'arbres,  d'arbustes,  conifères,  etc.  Arbres  fruitiers,  fores- 
tier», rosiers,  graines,  plantes  vivaces,  vignes  américaines,  etc. 

Elle  SÉGUENOT,  horticulteur  à  Bourg-Argental  (Loire).  —  Catalogue  com- 
prenant rénumération  d'une  très  belle  et  très  nombreuse  collection  de  coni- 
fères ainsi  que  d'arbres  ou  d'arbustes  forestiers  et  d'ornement,  d'arbres  frui- 
tiers, plantes  vivaces  et  autres,  jeunes  plants,  etc. 


—  Société  d'encouragement  à  l  industrie  nationale.  —  La  Société  d'encoura- 
gement pour  l'industrie  nationale  vient  de  publier  le  programme  des 
prix  divers  proposés  et  mis  au  concours  pour  les  années  1887  et  1889.  Nous 
en  extrayons  ce  qui  se  rapporte  aux  questions  horticoles  et  agricoles. 

1»  Prix  de  2,000  fr.  pour  la  meilleure  étude  sur  l'agriculture  et  l'économie 
rurale  d'une  province  ou  d'un  département. 

2°  Prix  de  3,000  fr.  pour  la  décoaverte  de  procédés  perfectionnés  de  trans- 
mission à  distance  de  la  force  motrice  à  des  machines  d'agriculture. 

3»  Prix  de  1,000  fr.  pour  la  découverte  d'un  moyen  facile  et  expéditif  de 
reconnaître  les  falsifications  des  huiles  autres  que  l'huile  d'olive. 

4°  Prix  de  1,000  fr.  pour  l'emploi  au  boisement  dos  terrains  pauvres  et 
arides,  d'une  essence  d'arbre  peu  utilisée,  et  dont  les  produits  soient  au 
moins  aussi  avantageux  que  ceux  des  essences  forestières  employées. 

5°  Prix  de  1,000  fr.  pour  la  mise  en  valeur  de  terres  incultes,  par  l'em- 
ploi d'arbres  fruitiers  dont  les  produits  soient  utilisés  directement  dans 
l'alimentation  de  l'homme. 

6°  Prix  de  2,000  fr.  pour  l'étude  des  maladies  de  la  vigne  désignées  sous 
les  nems  d'Aubernage,  de  Cottis  et  de  Pourridié. 

7»  Prix  de  3,000  fr.  pour  une  étude  appuyée  de  faits  expérimentaux  pré- 
cis et  bien  constatés  sur  les  variétés  de  blés  à  grand  rendement  les  mieux 
appropriées  à  des  c(>nditions  déterminées  du  sol,  de  climat,  et  avec  mention 
détaillée  des  caractères  de  ces  variétés,  des  procédés  da  culture  employé* 
et  des  résultats  obtenus. 

8"  Prix  de  1,500  fr.  pour  l'emploi  des  eaux  de  l'Isère  en  irrigations. 
■    9"»  Prix  de  2,000  fr.  pour  la  meilleure   étude  sur  la  constitution  physique 
et  la  composition   chimique  comparée   des  terrains   d'une  des  régions  natu- 
relles (ou  agricoles)  de  la  France,  par  exemple  de  la  Brie,  de  la  Beauce,  du 
pays  de  Caux,  etc.,  etc. 

10°  Prix  de  2,000  fr.  pour  la  meilleure  étude  sur  les  cultures  et  le  climat 
de  l'Algérie,  et  sur  les  conditions  qu'offre  ce  pays  pour  la  colonisation,  de 
façon  à  fournir  des  renseignements  utiles  aux  agriculteurs  qui  iraient  s'y 
établir  en  vue  d'une  entreprise  agricole. 

Les  mémoires  destinés  à  constater  les  droits  des  concurrents  seront 
adressés  au  secrétariat  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  natio- 
nale, rue  de  Rennes,  44,  à  Paris.  Ils  devront  être  remis  avant  le  1"  janvier 
de  l'année  tle  la  distribution  des  prix;  ce  terme  est  de  rigueur. 

Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Irapr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rue   de  la  République,  33. 


1886  NOVEMBRE  N°   21 


CHRONIQUE 


Quand  faitl-il  tailler  les  arbres  fruitiers?  —  Telle  est  la  question 
que  M.  Carrelet  se  pose  dans  la  Bévue  horticole,  simple  histoire  de 
se  donner  la  satisfaclion  de  la  résoudre. 

Taillez-les  quand  il  vous  plaira,  dit-il,  ou  mieux  lorsque  vous 
pourrez,  c'est-à-dire  quand  vous  aurez  le  temps.  C'est  parler  d'or. 
Et,  comme  les  disciples  de  Saint  Fiacre  sont  moins  pressés  en  hiver 
qu'au  printemps,  M.  Carrelet  ne  voit  nul  inconvénient  à  leur 
laisser  tailler  les  arbres  fruitiers  même  avant  l'hiver. 

Les  objections  contre  cette  théorie  ne  sont  pas  nombreuses,  et 
il  suffira  d'énoncer  la  principale  pour  juger  de  la  valeur  des  autres. 
On  dit  que  c'est  par  crainte  de  la  gelée  des  bourgeons  qu'il  faut 
se  garder  de  faire  fonctionner  le  sécateur  ou  la  serpette,  tant  que 
les  froids  excessifs  sont  à  craindre.  J'ai  dit,  on  dit.  Qui  on?  Tout  le 
monde,  parbleu!  Et  où  tout  le  monde  a-t-il  appris  que  les  bour- 
geons avoisinant  les  parties  taillées  étaient  plus  frileux  que  les 
autres?  Je  n'en  sais  rien,  mais  je  crois  deviner  que  c'est  par  abus 
du  raisonnement.  Le  raisonnement,  voilà  ce  qui  nous  trompe.  On 
raisonne  trop;  on  raisonne  mal  en  ayant  l'air  de  bien  raisonner, 
parce  que  le  point  de  départ  est  faux.  On  fait  ce  qu'on  appelle  à 
l'école  une  pétition  de  principe.  C'est  de  l'abus  de  la  pétition  de 
principe  que  nous  vient  tout  le  mal.  Vous  savez  ce  que  c'est?  C'est 
une  sorte  de  sophisme  baptisé  par  Aristote,  qui  consiste  à  supposer 
vrai  ce  qui  est  en  question,  c'est-à-dire  à  admettre  comme  démon- 
tré précisément,  ce  qui  reste  à  démontrer. 

Et  pour  en  revenir  à  la  question,  voilà  comment  raisonne  le 
professeur  : 

«  Messieurs,  il  ne  faut  pas  tailler  les  arbres  avant  l'hiver,  parce 
que  la  gelée  pénétrerait  incontinent  par  les  tissus  mis  à  nu  par  la 
taille,  et  cristalliserait  les  bourgeons  avoisinant  la  coupe.  Le  bois, 
la  moelle,  n'ayant  plus  d'écorce  pour  les  protéger,  seraient  soumis 


—  474  — 

à  toutes  les  influences  néfastes,  désorganisatrices  des  basses  tem- 
pératures. » 

Quelle  profondeur  de  raisonnemei.t  !  dit  l'élève;  c'est  si  mou,  la 
moelle,  ajoute-t-il. 

En  etïet,  c'est  un  raisonnement  profond  comme  un  gouffre,  qui 
séduit  et  qu'on  adopte  sans  sourciller.  Pensez-donc,  la  moelle 
mise  à  nu,  mais  ça  doit  geler;  la  moelle  située  au  centre  des  ra- 
meaux, protégée  par  l'écorce,  le  jeune  bois,  le  vieux  bois,  les 
tissus  cellulaires  et  vasculaires,  c'est-à-dire  par  cinq  ou  six  man- 
teaux, cela  doit  geler  de  suite,  même  avant  qu'il  gèle  sérieuse- 
ment. 

N'essayez  plus,  après  cela,  d'arracher  de  l'idée  de  votre  élève 
que  la  moelle  n'aidera  pas  les  bourgeons  de  vos  arbres  à  s'éva- 
nouir au  moindre  brouillard  un  peu  froid. 

Si  le  premier  qui  s'est  avisé  de  tenir  ce  raisonnement  pour  le 
transmettre  aux  races  futures,  se  fût  dit  :  Je  vais  essayer  de  tailler 
un  de  mes  arbres  avant  l'hiver,  pour  m'assurer  si  la  gelée  aura 
une  influence  sur  les  bourgeons.  Une  seule  expérience  lui  aurait 
appris  où  était  la  vérité.  Il  aurait  su  que  le  bois  et  la  moelle  ne 
laissent  pas  mieux  pénétrer  la  gelée  que  l'écorce  elle-même,  et  il 
n'aurait  pas  fait  une  pétition  de  principes  en  admettant  comme 
vrai,  ce  qu'il  ignorait  complètement. 

Et  s'il  eût  agi  ainsi,  une  idée  fausse  et  vicieuse  ne  circulerait 
pas  aujourd'hui  à  la  place  de  la  vérité  et  ne  hanterait  pas  le  cer- 
veau de  trop  nombreux  disciples  de  Saint  Fiacre. 

Sauf  pour  des  cas  particuliers,  comme  par  exemple  quand  on 
veut  affaiblir  un  arbre  trop  vigoureux  en  le  taillant  lorsqu'il  a  déjà 
poussé,  on  peut  sans  inconvénient  tailler  depuis  le  moment  où  il 
ne  pousse  plus,  jusqu'à  celui  où  il  va  pousser. 

Exposition  d' korlicuUure  de  Paris.  —  C'est  avec  plaisir  que  nous 
apprenons  que  l'horticulture  lyonnaise  était  représentée  à  l'Expo- 
sition que  la  Sociélé  nalioncde  cl  eenlralc  d'horlicuUure  de  France  a 
tenu  dernièrement  à  Paris. 

MM.  Léonard  Lille  et  Beney  y  avaient  porté  leurs  beaux  Dalhias 
simples  panachés  et  striés,  que  le  public  lyonnais  a  pu  voir  à  Lyon 
au  mois  de  septembre  dernier. 

A  Paris  comme  à  Lyon,  cette  nouveauté  a  été  très  appréciée 
des  amateurs  et  du  Jury,  qui  lui  a  décerné  la  plus  haute  récom- 
pense accordée  aux  nouveautés  obtenues  de  semis. 

Parmi  les  autres  récompenses  décernées  par  les  divers  jurys, 
nous  signalons  les  suivantes  : 

Collection  de  fruits.  —  Grande  médaille  d'or  :  MM.  Croux  et  fils, 
à  la  vallée  d'Aulnay  ;  grandes  médailles  de  vermeil  :  MM.  Bruneau 


—  475  — 

et  Joste,  à  Bourg-la-Reine  ;  G.  Boucher,  à  Paris;  l'établissement 
de  St-Nicolas,  à  Ignj;  Jamet,  à  Chambourcy. 

Collections  de  raisins.  —  Grande  médaille  d'or  :  M.  Salomon,  à 
Thomery  ;  médaille  d'or  :  M.  Louis  Lhérault,  à  Argenteuil;  grande 
médaille  de  vermeil  :  M.  Crapotte,  à  Contlaos-Saiute-Honorine. 

Jnanas.  —  Médailles  d'or  :  MM.  Cremons  jeune  et  Cremons 
aîné,  à  Sarcelles. 

Arbres  fruitiers.  —  Grandes  médailles  d'or  :  MM.  Bruneau  et 
Joste  d'une  part,  et  de  l'autre,  MM.  Croux  et  fils. 

Orchidées  fleuries  dans  les  collections  de  la  ville  de  Lyon.  On  sait  que 
la  ville  de  Lyon  possède  une  assez  riche  collection  d'orchidées  épi- 
phytes,  tirées  un  peu  de  tous  les  côtés,  mais  dont  la  plupart  ont 
appartenu  au  marquis  de  St-Innocent.  Il  y  a  là  quelques  belles 
plantes  au  milieu  d'espèces  purement  botaniques;  celles-ci  plus 
nombreuses  que  celles-là,  malheureusement.  Peu  de  nouveautés, 
hélas!  La  ville  n'achète  presque  rien,  si  toutefois  elle  achète  quel- 
que chose,  et  laisse  ces  habitudes  de  luxe  aux  amateurs  anglais, 
belges  ou  américains,  qui  sont  assez  riches  pour  suivre  la  mode. 
On  ne  dira  pas  que  nos  édiles  gaspillent  l'argent  des  contribuables 
en  achetant  des  plantes  nouvelles. 

Actuellement,  —  on  ne  s'en  douterait  pas  à  Lyon,  —  la  mode 
est  aux  Orchidées.  Il  faut  être  pauvre,  dans  certains  pays,  pour 
ne  pas  avoir  quelques-unes  de  ces  plantes  bizarres.  Il  y  a  des 
amateurs  anglais  qui  ont  payé  jusqu'à  quatre,  cinq  et  même  six 
mille  francs,  des  spécimens  rares  de  certains  genres. 

Les  Orchidées  ne  produisent  pas  autant  d'effet  que  les  Azalées, 
les  Rhododendrons,  les  Pelargoniums  et  plusieurs  autres  genres; 
mais,  en  revanche,  elles  possèdent  une  variation  incroyable  défor- 
mes souvent  étranges,  d'odeurs  suaves  et  de  coloris  singuliers, 
quelquefois  brillants. 

On  pouvait  voir  fleuries,  il  y  a  quelques  jours,  dans  la  collection 
de  la  ville,  toute  une  série  de  Fanda,  notamment  les  F.  suavis, 
Lcopoldii,  Fan-Geerli,  Pescatorii,  etc.;  les  Cypripedium  Ashhurtoniœ, 
JRœzli,  Sedeni,  barbatum;  plusieurs  Oneidium,  des  Epidendrtun,  un 
Zygopelalum,  etc. 

Un  bon  exemple.  —  M.  de  Cherville  raconte  que,  bien  jeune  en- 
core, il  se  promenait  dans  la  campagne  avec  un  grand  seigneur, 
vénérable  débris  de  la  cour  de  Charles  X.  Nous  suivions,  dit-il, 
un  sentier  herbeux  entre  deux  champs;  un  cheval  y  avait  laissé 
tomber  ce  que  Molière  appelait  le  superflu  de  la  nourriture;  il  se 
trouvait  là  en  quantité  suffisante  à  démontrer  que  l'animal  avait 
plantureusement  dîné.  A  ma  grande  surprise,  je  vis  l'ancien  pair 


—  476  — 

de  France  pousser  du  bout  de  sa  botte  ces  crottins  dans  le  blé 
voisin  et  les  éparpiller  soigneusement  sur  le  sillon. 

—  Ce  champ  est  donc  à  vous?  lui  demandai-je. 

—  Ma  foi  non,  me  répondit-il,  je  n'en  connais  même  pas  le 
propriétaire;  mais  vous  saurez,  mon  enfant  qu'il  ne  faut  jamais 
laisser  se  perdre  ce  qui  peut  être  utile  à  quelqu'un.  Qui  sait  si  les 
grains  de  blé  que  ce  fumier  fera  pousser  n'empêcheront  pas,  ne 
fût-ce  qu'un  oiseau,  de  mourir  de  faim? 

De  la  dégénérescence  des  anciennes  variétés  de  fruits.  —  Un  de  mes 
amis  a  offert  de  parier  qu'il  reconnaîtrait  dans  un  jardin  quelcon- 
que, la  plupart  des  anciennes  variétés  de  poires.  Je  ne  suis  pas 
pomologue,  tant  s'en  faut,  disait-il;  mais  j'ai  remarqué  que  les 
neuf  dixièmes  des  variétés  d'origine  ancienne  produisent  des  fruits 
difformes,  fendillés,  tachés;  qu'elles  sont  les  premières  envahies 
par  les  cryptogames,  tandis  que  les  variétés  d'obtention  plus  récente 
ne  présentent  pas  ces  signes  précurseurs  de  caducité. 

Je  crois  qu'il  a  raison. 

J'observe,  en  effet,  sur  deux  ou  trois  cents  poiriers  de  semis, 
âgés  de  vingt-cinq  ans  environ,  que  je  cultive  et  donnant  tous  des 
fruits,  qu'il  n'y  en  a  pas  un  qui  présente  des  poires  malades  ou  mal 
conformées.  Dans  le  même  jardin,  au  contraire,  le  Doyenné  d'hi- 
ver, le  Beurré  blanc,  le  Beurré  gris,  le  Besi  de  Chaumontel, 
l'Echasserie,  la  Crassanne,  le  Saint-Germain  sont  très  souvent  ger- 
cés, pierreux,  tachés  et  rabougris. 

Il  faut  conclure  de  cette  observation,  qu'il  est  utile  de  substituer 
dans  les  plantations  aux  anciennes  variétés,  des  sortes  plus  récentes 
de  même  valeur. 

Les  meilleures  variétés  de  pommes  de  terre.  —  La  France  agricole 
publie  la  petite  note  suivante  que  nous  lui  empruntons  : 

«  Pendant  l'année  1886  l'Institut  agricole  de  Beauvais  a  conti- 
nué les  études  expérimentales  sur  les  pommes  de  terre  commencées 
il  y  a  plus  de  vingt  ans  sous  l'habile  direction  du  frère  Eugène - 
Marie. 

«  Cette  année,  les  expériences  ont  porté  sur  la  nature  du  ter- 
rain, le  climat,  l'époque  de  la  plantation,  la  profondeur,  l'écarte- 
ment,  le  buttage,  les  divers  engrais,  etc. 

«  Voici  l'ordre  de  classement  des  variétés  d'après  les  expérien- 
ces : 

«  Pommes  de  terre  hâtives.  —  Brésée  polific,  a  donné  25,000 
kilogr.  par  hectare  ;  Early  rose,  26,000  kilogr.  Viennent  ensuite  : 
Joseph  Rigault,  Shaw,  Jaune  plate  de  Roscoff. 

«  Demi-hâtives.  —  Semis  de  l'Institut,  34,800  kilogr.  Eléphant, 


—  477  — 

27,500  kilogr.  Puis:  Séguin,  Burbank's  seedling,  Adirondack, 
Magnum  bonum. 

«  Tardives.  —  Red'skinned  flour  bail,  29,800  kilogr.  Lorraine, 
Idaho. 

«  Ces  résultats  ont  été  obtenus  en  grande  culture  sur  plusieurs 
hectares  cultivés  normalement  à  la  charrue. 

«  Les  terres  de  l'Institut  de  Beauvais  sont  limoneuses,  à  sous- 
sol  crayeux  et  caillouteux.  Les  pommes  de  terre  ont  reçu  de  60  à 
60,000  kilogr.  de  fumier  par  hectare. 

Chou  asperge.  M.  Delanoue  a  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
Tourangelle  d'horticulture  une  note  par  laquelle  il  recommande  la 
culture  de  cette  variété  de  chou.  «  Cette  variété,  dit-il,  a  une 
qualité  qui,  si  elle  était  connue,  la  ferait  répandre  promptement  et 
apprécier  de  tous  :  elle  se  consomme  à  une  époque  où  tous  les 
autres  choux  font  complètement  défaut. 

«  Le  nom  d'asperge  lui  a  été  donné,  non  à  cause  de  sa  forme, 
qui  est  celle  de  tous  les  choux  en  général,  mais  parce  que  les  tiges 
qui  supportent  les  fleurs  sont  moelleuses,  tendres,  et  que  cuites  elles 
rappellent  par  leur  forme  et  leur  goût  l'asperge  si  connue.  Cette 
variété  est  très  estimée  en  Angleterre  où ,  avec  le  chou  marin 
(Grambe  mariiima)  ils  forment  le  plat  national,  paraissant  sur  la 
table  du  pauvre,  aussi  bien  que  sur  celle  du  riche. 

«  Sa  culture  est  des  plus  faciles,  il  résiste  aux  hivers  les  plus 
rigoureux.  Je  le  sème  en  avril-mai,  en  terrine,  et  je  repique  les 
jeunes  plants  en  pépinière  pour  les  mettre  en  place  du  15  juillet 
au  15  août,  espacés  entre  eux  de  50  à  70  centimètres.  Quel- 
ques arrosages  seulement  suffiront  dans  les  derniers  mois  de  l'été. 
Quelques  sarclages  en  automne  seront  les  seuls  soins  à  donner  aux 
plantes  dont  la  récolte  commence  en  février  pour  se  terminer  en 
avril.  » 

L'auteur  de  cette  note  dit  qu'il  ignore  d'où  vient  le  chou-asperge 
dont  il  a  reçu  la  graine  d'Angleterre. 

Le  choux  asperge  n'est  pas  autre  chose  que  le  chou  cavalier, 
également  connu  sous  les  noms  de  chou  arbre ,  chou  arbre  de 
Laponie,  grand  chou  à  vache,  grand  chou  de  Bretagne,  chou  sans 
tête,  etc. 

La  variété  en  question  qui  atteint  souvent  une  grande  dimension 
est  surtout  cultivée  pour  la  nourriture  du  bétail  qui  en  consomme 
les  feuilles.  Avis  à  ceux  qui  voudraient  l'employer  à  un  autre  usage 
et  s'assurer  si  les  tiges  florales  valent  les  turions  d'asperge. 

V.  V--M. 


—  478  — 

Souscription  volontaire  en  faveur  des  horticulteurs 
des  environs  de  Paris,  dont  les  cultures  ont  été 
ravagées  par  la  grêle. 

La  Société  nationale  d'horticulture  de  France  a  adressé  à  tous 
ses  membres  ainsi  qu'à  foutes  les  sociétés  correspondantes  la  lettre 

suivante  : 

Monsieur  et  cher  CoLLÉarE, 

Les  ravages  causés  à  l'horticulture  par  le  terrible  ouragan  de  pluie  et  de 
grêle  du  23  août  dernier  ont  été  considérables  dans  le  département  de  la 
Seine. 

Le  Conseil  d'administration  de  la  Société  nationale  d'horticulture  de  France 
s'est  ému  de  ce  triste  état  de  choses,  et  une  Commission  a  été  chargée  par  lui 
d'évaluer  approximativement  l'importance  des  dégâts  et  de  lui  en  rendre 
compte. 

Il  résulte  de  l'enquête  à  laquelle  s'est  livrée  cette  Commission  que  le  total 
des  pertes  subies  atteint  environ  cinq  millions  cinq  cent  mille  francs,  qui  se 
répartissent  ainsi:  horticulture  d'ornement  2,500,000  fr.,  culture  maraîchère 
1,500,000  fr.,  arboriculture  fruitière  et  d'agrément  1,500,000  fr. 

L'énormité  de  ce  chiffre  a  encore  pour  circonstance  aggravante  qu'il  est 
atteint  sur  une  surface  de  quelques  kilomètres  seulement,  de  sorte  que,  dans 
la  population  qui  a  subi  ce  désastre,  beaucoup  d'horticulteurs  ont  tout  perdu 
et  restent  sans  ressources.  Aussi,  sur  la  proposition  qui  lui  a  été  faite  par  la 
Commission  d'enquête,  le  Conseil  a-t-il  décidé,  comme  première  mesure  à 
prendre,  qu'une  souscription  volontaire  serait  ouverte  par  la  Société,  pour 
venir  en  aide  aux  personnes  les  plus  éprouvées,  et  que  les  sociétés  affiliées 
seraient  invitées  à  y  prendre  part. 

Nous  venons  en  conséquence,  monsieur  et  cher  collègue,  vous  demander 
de  vouloir  bien  apporter  votre  gén'^reux  concours  à  cette  œuvre  fraternelle, 
et  nous  aider  à  lui  assurer  un  succès  aussi  complet  que  possible. 

Veuillez  agréer,  monsieur  et  cher  collègue,  l'assurance  de  notre  parfaite 
considération. 

Le  Secrétaire  général,  Le  Président, 

A.  BLEU.  LÉON  SAY. 

NOTA.  —  Les  souscriptions  seront  reçues  et  centralisées  entre  les  naains  du  Tré- 
sorier de  la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture  de  France,  rue  de  Grenelle, 
Paris. 

Les  horticulteurs  de  la  région,  les  membres  de  l'Association  hor- 
ticole lyonnaise  ne  voudront  pas  laisser  passer  cette  occasion  de 
prouver  que  la  solidarité  horticole  n'est  pas  un  vain  mot,  et  en 
présence  de  l'étendue  du  désastre  qui  a  frappé  leurs  confrères  pari- 
siens, ils  enverront  tous  leur  obole  à  la  Société  chargée  de  répartir 
les  secours  les  plus  urgents.  V.  V.-M. 


Nouveau  traitement  des  Vignes  phylloxérées  (Ij. 

Un  habile  viticulteur,  M.  Jullien,  vient  de  pubHer  un  très 
intéressant  compte-rendu  des  expériences  qu'il  a  faites  en  vue  de 
découvrir  un  traitement  à  bon  marché  des  vignes  phylloxérées. 

(1)  Gmetle  agricole  et  viticolc. 


—  479  — 

L'expérimentateur  a  voulu  appliquer  à  la  vigne  les  propriétés 
si  bien  et  si  universellement  connues  et  constatées  du  soufre  et  de 
ses  composés  en  se  servant  d'un  dissolvant  à  la  portée  de  tout  le 
monde. 

Reconnaissant  l'efficacité  absolue  des  sulfo-carbonates,  il  a 
recherché  le  moyen  pratique  de  les  fabriquer,  et  nous  croyons  qu'il 
y  est  parvenu. 

Voici  comment  il  compose  le  désinfectant  qu'il  préconise  : 

Faire  dissoudre  et  digérer  pendant  un  ou  deux  mois,  suivant  la 
température,  dans  des  récipients  clos,  cent  kilog.  de  soufre  en 
poudre  dans  cinq  mètres  cubes  de  vidange.  Remuer  de  temps 
en  temps.  Ensuite,  verser  dans  ces  eaux  de  vidange  ainsi  poly- 
sulf urées,  par  fraction  et  en  brassant  cinquante  kilogr.  de  sulfure 
de  carbone. 

Afin  d'éviter  l'évaporation  du  sulfure  de  carbone  pendant  le 
brassage,  on  peut  opérer  de  la  manière  suivante  :  Dans  un  tonneau 
d'un  ou  deux  hectolitres  qu'on  remplit  aux  deux  tiers  de  vidange 
sulfurée,  on  verse  dix  ou  vingt  kilogr.  de  sulfure  de  carbone. 
Après  l'avoir  bouché,  on  brasse  en  le  roulant  et  le  soulevant  alter- 
nativement. On  le  vide  ensuite  dans  les  eaux  de  vidange  et  on 
recommence  l'opération  jusqu'à  épuisement  du  sulfure  de  carbone. 

Enfermées  en  récipients  clos,  ces  eaux  de  vidange  ainsi  traitées, 
se  conservent  indéfiniment. 

Voici  maintenant  comment  on  emploie  cet  insecticide  engrais  : 

Après  avoir  pioché  ou  labouré  le  terrain,  arroser  le  pied  de  cha- 
que souche  avec  un  litre  de  ce  liquide  étendu  d'eau.  Ces  arro- 
sages doivent  être  faits  l'hiver  par  une  température  voisine  de 
0  degré. 

Le  traitement  d'un  hectare  de  vigne,  sans  compter  la  main- 
d'œuvre,  peut  être  ainsi  évalué  : 

5  mètres  cubes  de  vidange 25  fr. 

100  kilogr.  de  soufre  en  poudre 18 

50  kilogr.  de  sulfure  de  carbone.    .    ,   .    .    .        20 

Soit  par  hectare 63  fr. 

Nous  avons  dit  que  le  traitement  devrait  être  fait  à  l'hiver, 
cependant  il  est  prudent  de  le  répéter  plusieurs  fois  :  l'un  après  la 
vendange,  l'autre  en  janvier  ou  février. 

Le  traitement  de  septembre  détruira  le  phylloxéra,  celui  de 
février  achèvera  les  pucerons  épargnés  par  la  première  application. 

Ce  traitement,  si  simple  et  si  économique,  s'impose  à  l'attention 
et  aux  expériences  des  intéressés.  D'  Agricola. 


—  480  — 

Note   sur  le    dépérissement   des   vignes   greffées.    — 
Ses  causes.  —  Les  imperfections  de  la  greffe  (1). 

Aujourd'hui  que  les  vignes  américaines  ont  fait  leurs  preuves 
et  qu'on  a  été  obligé  de  reconnaître  leur  résistance  au  phylloxéra, 
on  crie  de  tous  côtés  que  ces  vignes  greffées  ne  vivent  pas,  parce 
qu'elles  ne  durent  que  trois  ou  quatre  ans  au  plus. 

Il  est  certain  qu'il  existe  de  nombreux  cas  de  dépérissement 
qu'il  serait  inutile  de  nier;  mais  il  faut  aller  voir,  étudier,  se  rendre 
compte  des  causes  qui  peuvent  les  déterminer.  C'est  ce  que  j'ai 
fait,  et  voici  le  résultat  de  mes  observations. 

Le  dépérissement  des  vignes  greffées,  que  nous  voyons  se  pro- 
duire, est  attribué  aux  circonstances  suivantes  : 

1°  Affranchissement  du  greffon;  —  2°  Défaut  d'adaptation;  — 
3°  Imperfection  de  l'opération  du  greffage. 

C'est  sur  ce  dernier  point  que  je  veux  appeler  particulièrement 
l'attention  des  viticulteurs. 

Il  n'existe  pas  de  motifs  sérieux  pour  douter  de  la  durée  d'une 
greffe  bien  faite,  non  affranchie,  sur  porte -greffe  résistant.  La 
cause  principale  du  dépérissement  réside  dans  les  mauvaises  sou- 
dures ;  or,  il  y  a  imperfection  : 

1"  Quand  on  emploie  un  greffon  taillé  inégalement,  c'est-à-dire 
quand  la  moelle  ne  paraît  que  d'un  côté  ; 

2°  Quand  on  fait  la  fente  du  porte-greffe  plus  longue  que  le 
biseau  du  greffon  ; 

3°  Quand  on  enfonce  trop  le  greffon  et  que  les  parois  du  porte- 
greffe  portent  sur  l'épiderme  du  greffon; 

4°  Quand  on  ne  fend  pas  le  porte-greffe  au  milieu,  surtout  s'il 
est  jeune; 

5°  Quand  les  mérithales  étant  trop  courts,  on  néglige  de  couper 
le  nœud  en  fendant  ; 

6°  Quand  le  biseau  du  greffon  est  trop  mince. 

Toute  greffe  qui  présente  une  des  imperfections  que  je  viens  de 
citer,  est  fatalement  condamnée  à  périr.  Voici,  d'ailleurs,  un 
exemple  qui  justifiera  ce  pronostic  : 

J'ai  déraciné  dernièrement  un  pied  de  vigne  au  milieu  d'un 
vignoble  qui  fait  l'admiration  de  tous  les  viticulteurs,  et  pourtant 
je  puis  pressentir  et  affirmer  que  l'année  prochaine  ce  vignoble 
aura  à  subir  une  perte  de  10  0/0,  et  que  dans  trois  ans,  la  moitié 
des  greffes  seront  perdues  par  suite  de  l'imperfection  de  l'opération 
du  greffage. 

(1)  BulUtin  de  la  Société  d'agriculture  et  d'horticulture  du  Var. 


—  481  — 

Je  me  tiens,  d'ailleurs,  à  la  disposition  de  tous  les  propriétaires 
qui  voudront  bien  me  faire  l'honneur  de  me  consulter,  et  je  leur 
démontrerai,  en  théorie  et  en  pratique,  les  causes  de  l'imperfec- 
de  la  greiFe  en  leur  faisant  connaître  les  moyens  de  les  éviter. 

Aujourd'hui,  avec  les  plants  exotiques,  il  ne  faut  pas  songer  à 
greffer  par  routine ,  mais  on  doit,  au  contraire,  apporter  un  soin 
extrême  à  cette  opération,  par  une  bonne  et  intelligente  appli- 
cation. 

Après  mes  expériences  dans  l'Hérault  et  la  visite  de  quelques 
vignobles  que  j'ai  faite  dans  le  Var,  j'aurais  cru  manquer  à  mon 
devoir  si  je  n'avais  pas  fait  connaître  mon  opinion  sur  une  ques- 
tion qui  préoccupe,  avec  juste  raison,  tous  les  agriculteurs. 

Gazelle,  vilicuUeur. 


Poires   nouvelles. 

Les  belles  variétés  de  poires  dont  nous  donnons  ci-dessous  les 
figures  très  exactes,  ont  été  obtenues  de  semis  par  M.  Arsène 
Saunier,  pépiniériste,  rue  Morris,  à  Rouen.  Elles  seront  mises  au 
commerce  cet  automne  par  leur  obtenteur,  qui  a  bien  voulu  nous 
en  adresser  des  fruits  que  nous  avons  fait  dessiner  et  graver,  ainsi 
que  des  rameaux  feuilles  pour  aider  à  la  description. 

Poire  Bon  Chrétien  Fermonl^  A.  Saunier. — Fruit  gros,  pyriforme, 
ventru,  atténué  vers  la  queue,  obtus  vers  l'œil,  à  surface  à  peine 
bosselée.  L'échantillon  figuré  mesurait  exactement  11  centimètres 
de  longueur  et  8  centimètres  vers  son  plus  grand  diamètre. 

Peau  mince,  fine,  vert  clair,  passant  au  jaune  citron  à  la  matu- 
turité,  semée  de  très  nombreux  points  fauves. 

Œil  moyen,  presque  fermé,  placé  dans  une  dépression  peu  pro- 
fonde. 

Queue  moyenne,  terminant  le  fruit,  placée  obliquement  dans 
l'échantillon  figuré. 

Maturité..,.,  (dégustée  le  20  octobre  en  parfait  état). 

Chair  blanche,  très  fine,  fondante,  beurrée,  eau  abondante, 
relevée. 

Arbre ,   rameaux  gros,    courts,    d'un  vert  jaune    grisâtre. 

Feuilles  à  limbe  épais,  vert  brillant  à  la  face  supérieure,  vert  très 
pâle  inférieurement,  ovales  acuminées,  dentées  en  scie,  à  dents 
émoussées,  arrondies. 

Si  l'arbre  est  très  fertile,  cette  nouvelle  sorte  ne  tardera  pas  à 
prendre  une  place  d'élite  dans  tous  les  jardins  fruitiers,  car  le  fruit 
en  est  fort  beau  et  de  toute  première  qualité, 


—  482 


Pjire  Bon  Chretiea  Vermont    (A.  Sanaier). 


Poire  Rémy  Chatenay  (A.  Saunier). 


Poire  Rémy  Chatenay.  — Fruit  de  7  à  10  centimètres  de  longueur 
et  de  6  à  7  centimètres  de  diamètre,  ovoïde,  raccourci,  tronqué 
vers  l'œil,  atténué  vers  la  queue. 

Peau  presque  lisse,  pointillée  de  fauve,  vert  pâle. 

Queue  courte,  d'un  centimètre  et  '  demi  à  deux  centimètres, 
enfoncée  dans  une  cavité  peu  profonde. 

Chair Maturité 

Œil  peu  ouvert,  à  divions  rapprochées,  enfoncé  dans  une  cavité 
profonde. 


—  483  — 

Feuilles  la  plupart  elliptiques,  acuminées,  dentées  en  scie,  à 
dents  non  émoussées. 

Arbre  dressé,  de  moyenne  vigueur,  se  formant  bien  en  pyra- 
mide et  pouvant  se  cultiver  en  plein  vent. 

Nous  n'avons  pas  encore  goûté  cette  poire,  dont  la  maturité  se 
prolonge  jusqu'en  avril;  mais  voici  ce  qu'en  dit  son  obtenteur, 
M.  Sannier  : 

«  Fruit  de  bonne  grosseur,  à  chair  ferme  et  fondante.  Il  se 
conserve  jusqu'en  avril.  Ce  fruit  provient  du  Doyenné  cC hiver;  il  est 
appelé  à  faire  le  tour  du  monde  à  cause  de  sa  qualité  et  de  sa  lon- 
gue conservation.  » 

Comme  nous  avons  deux  poires  de  cette  variété,  nous  ferons 
connaître  plus  tard  aux  lecteurs  du  Lyon-horlicole  notre  apprécia- 
tion sur  cette  variété.  V.   V.-M. 


Fosa  polyantha  grandiflora. 

Il  y  a  peu  de  roses  qui  aient  autant  fait  parler  d'elles  que  l'es- 
pèce connue  sous  le  nom  de  Rosa  polyanlha  Sieb.  et  Zucc.  Les  hor- 
ticulteurs et  les  botanistes  s'en  sont  occupés  à  l'envie  depuis  son 
introduction  dans  les  cultures.  Elle  a  successivement  porté  les  noms 
de  R.  ihyrsiflora  Leroy,  R.  inlcrniedia  Carr.,  R.  ff^churœ  K.  Kocli 
jusqu'au  jour  où  quelqu'un  s'est  aperçu  que  Siebold  l'avait  décrite 
sous  le  nom  de  R.  pobjanl^m.  Gardera-t-elle  ce  dernier  nom?  On 
parle  de  la  rattacher  au  Rosa  rnulliflom  Thunberg,  espèce  introduite 
en  Angleterre  par  Th.  Evans,  en  1804,  et  en  France  par  Bour- 
sault,  en  1808. 

Au  point  de  vue  horticole  auquel  nous  nous  plaçons  le  fait 
importe  peu  de  savoir  ce  que  feront  plus  tard  les  botanistes  quand 
ils  auront  mieux  étudié  la  question.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est 
que  la  progéniture  actuelle  du  R.  polyantha  ne  saurait  être  confon- 
due avec  celle  du  R.  muliiflora. 

On  sait  en  effet  que  le  R.  polyanlha  introduit  du  Japon  a  produit 
une  série  de  variétés  remarquables  par  leur  petite  taille,  leur  abon- 
dante floraison  et  leurs  roses  minuscules.  Chaque  année,  des  gains 
nouveaux  viennent  encore  en  enrichir  la  collection  déjà  nombreuse. 
Le  R.  polyanlha  type  a  également  fait  parler  de  lui  à  un  autre  point 
de  vue  :  c'est  un  excellent  sujet  pour  servir  à  gretfer  les  autres 
rosiers.  Plusieurs  fois,  dans  ce  recueil,  nous  avons  appelé  l'atten- 
tion des  rosiéristes  sur  le  mérite  de  cette  espèce.  M.  Alégatière  a 
démontré  qu'il  était  aussi  vigoureux  que  l'églantier,  qu'il  ne  tra- 
çait pas  comme  lui  et  que  ses  racines  plus  ramifiées  et  moins  pivo- 
tantes le  signalaient  d'une  manière  particulière  aux  jardiniers  qui 
cultivent  le  rosier  en  pot.  Si  on  ajoute  à  ces  mérites  celui  qu'ont  les 


—  484  — 


Bosft  poUantha  grandi/Jora  (s(  mis  y^lexaiidie  Beinaix)  ri^duit  au  1/4. 

graines  de  germer  l'année  même  du  semis  c'est  plus  de  qualités 
qu'il  en  faut  pour  constituer  un  excellent  sujet. 

Cependant  si  l'on  veut  bien  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  figure  ci- 
contre,  représentant,  au  quart  de  sa  grandeur,  une  variété  nou- 
velle à  fleur  simple  que  M.  Alexandre  Bernaix,  rosiériste,  à  Villeur- 
banne (Rhône)  a  nommé  Rosa  polijanlha  grandi (lora,  on  sera  vite 
convaincu  qu'elle  est  infiniment  supérieure  au  type.  En  effet,  elle 
est  plus  grande  et  plus  vigoureuse  dans  toutes  ses  parties.  Ses 
fleurs  sont  très  nombreuses  et  ses  graines  très  abondantes.   En 


—  485  — 

dehors  de  son  mérite  ornemental  qui  ne  sera  peut-être  pas  appré- 
cié par  les  amateurs  de  Heurs  doubles,  elle  s'impose  à  l'attention 
des  rosiéristes  par  sa  fécondité  et  aux  hybridateurs  par  la  facilité 
avec  laquelle  elle  peut  être  croisée  avec  d'autres  races  et  produire 
des  variétés  nouvelles. 

Pour  obtenir  des  jeunes  plants  bons  à  greffer  elle  ne  tardera  pas 
à  remplacer  toutes  les  autres  variétés  de  R.  polyanlha  à  Heurs  sim- 
ples. On  en  trouvera  la  description  à  l'article  rosiers  nouveaux, 

V.  V.-M. 

Culture  de  la  Rhubarbe  au  point  de  vue  comestible 

La  Rhubarbe  est  généralement  cultivée  dans  notre  pays  comme 
plante  ornementale,  mais  elle  présente  d'autres  qualités  qui,  si 
elles  étaient  bien  appréciées,  la  ferait  plus  rechercher  qu'elle  ne 
l'est  en  réalité. 

Cette  belle  plante  est  originaire  de  Tartarie  et  appartient  à  la 
famille  des  Polygonées  ;  elle  peut  entrer  avec  succès  dans  le  jardin 
potager  pour  l'emploi  des  pétioles  de  feuilles,  avec  lesquelles  on 
fait  des  confitures  et  des  gâteaux  et  dont  le  hmbe  remplace  avan- 
tageusement l'épinard  en  été.  Il  se  prépare  de  la  même  manière  ; 
SOS  racines,  légèrement  purgatives,  propres  à  réveiller  les  fonc- 
tions de  l'estomac,  ont  une  odeur  forte  et  une  saveur  amère. 

Les  principales  variétés  sont  : 

Le  Rheum  Fidoria,  le  plus  estimé  à  cause  de  ses  pétioles  gras  et 
charnus. 

Le  Rheum  undulalum,  dont  les  feuilles  sont  plissées  et  ondulées. 

Le  Rheum  australe. 

La  Rhubarbe  demande  un  sol  profond,  argilo-siliceux  et  frais, 
elle  réussit  cependant  bien  dans  toute  terre  de  potager  profonde  et 
fraîche. 

La  propagation  se  fait  par  semis  et  par  la  séparation  des  touffes. 

On  sème  au  printemps  en  pépinière,  sur  une  plate-bande  bien 
terreautée,  et  quand  les  jeunes  plantes  ont  2  ou  3  petites  feuilles, 
on  les  repique  à  une  distance  de  10  à  12  centimètres.  Pendant 
le  courant  de  l'été,  on  mettra  un  léger  paillis  et  on  arrosera  au 
besoin.  La  mise  en  place  a  lieu  en  automne  ou  au  printemps 
suivant. 

La  multiplication  par  la  séparation  des  touffes  se  fait  dans  le 
but  de  conserver  les  variétés  ;  elle  se  pratique  au  printemps  en 
mettant  les  divisions  immédiatement  en  place. 

La  plantation  se  fait  en  planches  de  1,25  de  largeur  et  séparées 

(1  )  Bulletin  agricole  et  horticole. 


—   486  — 

par  des  sentiers  de  0,40  centimètres.  Dans  le  milieu  de  chacune 
d'elles,  on  fait  des  trous  distancés  de  1.25  et  plus  ou  moins  pro- 
fonds selon  la  force  de  la  plante.  On  mélange  à  une  bonne  moitié 
de  terreau  avant  d'y  poser  le  plant.  La  plantation  terminée,  on 
arrose  et  on  met  au  paillis  pour  maintenir  la  fraîcheur.  J'ai  dit 
qu'il  fallait  établir  des  planches  de  l^So  de  largeur,  c'est  dans  le 
but  de  les  soumettre  plus  facilement  à  la  culture  forcée,  que  je 
décrirai  prochainement. 

Pendant  le  courant  de  l'été  on  bine  et  on  arrose  quand  le  besoin 
s'en  fait  sentir,  et  on  supprime  les  tiges  florales  qui  ne  font  que 
nuire  au  développement  des  feuilles.  A  l'automne,  on  supprime 
également  les  feuilles  et  on  donne  un  léger  buttage  pour  préserver 
la  plante  des  gelées.  Au  printemps  suivant,  on  laboure  le  sol,  on  y 
met  du  fumier  court  et  on  arrose  à  l'engrais  liquide.  Pour  favoriser 
le  développement  en  longueur  des  pétioles,  on  peut  placer  sur 
chaque  touffe  un  tonneau  défoncé  des  deux  bouts. 

On  peut  commencer  la  nîcolte  dans  le  commencement  de  mai  et 
elle  se  prolongera  jusqu'au  moment  où  l'on  s'aperçoit  que  les 
pétioles  deviennent  durs  et  qu'ils  prennent  trop  d'acidité,  ce  qui 
arrive  habituellement  vers  la  fin  de  juillet  ou  le  commencement 
du  mois  d'août. 

La  Rhubarbe  vit  un  assez  grand  nombre  d'années,  mais  à  partir 
de  la  b"  ou  6%  la  récolte  diminue  insensiblement.  C'est  pourquoi, 
arrivé  à  ce  moment,  il  est  à  conseiller  de  renouveler  la  plantation 
si  l'on  veut  continuer  à  obtenir  une  bonne  production. 

WOLDOR  HOUSSIAUX. 

Plantes    Nouvelles 

Aubépine  de  Korolkow.  —  Arbrisseau  (originaire  du  Tui'questan),  ramifié 
à  feuillage  grand  et  bien  découpé.  Inflorescence  en  bouquets  corjmbifères  à 
floraison  toute  printaniére.  Fruit  rond,  jaune,  ambré  et  comesiible. 

Pîimitr  Mirobolan  à  fleur  rouge  double. —  Arbuste  buissonneux  et  élancé, 
ses  rameaux  sont  à  écorca  brune  ot  se  couvrent,  dèj  la  fin  do  marti,  de  nom- 
breuses fleurs  semi-doubles,  rouga  vineux  h  l'intérieur  ot  violet  lilacé  plus 
foncé  au  revers.  Introduit  directement  du  Japon. 

Ces  doux  arbustes  sont  mis  au  commerce  par  MM.  Baltet  frère»,  horticul- 
teurs à  Trojes  (Aube). 

Brugnon  vineux  (Nectarine),  Henri  de  Monicourt.  —  Fruit  de  grosseur 
moyenne,  subsphérique,  un  peu  aplati  à  sa  basa,  très  faiblement  sillonné 
d'un  côté,  portant  au  sommet  un  court,  mais  assez  fort  raucronule,  penché, 
entouré  d'une  auréole  blanc  jaunâtre.  Peau  luisante,  trèi  lisse,  d'un  rouge 
sang  violacé,  à  fond  terne  et  comme  lavé  ou  maculé  de  brun,  souvent  fine- 
ment piqueté  de  blanchâtre. 

Chair  rouge  sang  sous  la  peau,  puis  blanc  flamcaé  ou  Vdiné  rougoitra, 
parfois  presque  blanc,  puis  rouge  sang  dans  la  parlia  qui  touche  au  noyau, 
non  adhérente  ou  laissant  parfois  des  filamants  placentaires  insérés.  Eau 
assez  abondante,  sucrée  parfumée,  d'une  saveur  particulière. 

Trouvé  en  1872  dans  les  vastes  vignobles  du  château  de  Chagnaud,  le 
Brugnon  vineux  H,  de  Manicourt  comble  une  impartante  lacune  pomologique, 


—  487  — 

puisqu'il  est  au  groupe  Bi'ugnon  ce  que  sont  les  pèches  vinpuses  au  groupe 
pêchers,  la  poire  vineuse  au  genre  poirier,  la  pomme  Museau  de  lièvre  à 
chair  sanguine  au  genre  pommier,  etc. 

Ce  bon  et  joli  fruit  mûrit  ici  dans  la  première  quinzaine  de  septembre, 
c'est-à-dire  une  quinzaine  de  jours  plus  tard  que  les  variétés  de  Brugnons  et 
Nectarines  répandues  dans  les  cultures,  ce  que  les  amateurs  savent  apprécier. 
L'arbre  qui  le  porte  est  vigoureux  et  fertile,  et  se  soumet  volontiers  à  la 
forme  en  plein  vent  comme  à  la  forme  en  espalier. 

Description  extraite  d'an  prospectus  de  M.  Gagnaire,  pépiniériste  à  Ber- 
gerac (Dordogne). 

Rosiers  nouveaux. 

Madame  A.  Etienne  (thé).  Arbuste  développant  continuellement,  pendant 
la  belle  saison,  de  très  nombreux  rameaux,  relativement  courts,  tous  termi- 
nés par  des  fleurs,  s'épanouissant  successivement. 

Feuillage  brillant,  à  folioles  grêles.  Bouton  allongé  ;  calice  à  sépales  lon- 
guement aigus,  réfléchis,  tomenteux  intérieurement,  rougeâtres  extérieure- 
rement. 

Fleur  en  coupe,  à  pétales  des  rangs  eitérieurâ  très  larges,  nombreux, 
faussement  imbriqués,  légèrement  distants  eiitre  eux,  à  peine  concaves,  fer- 
mes, rose  vineux  sur  les  bords,  se  fondant  insensiblement  en  rose  pâle  pour 
passer  au  blanc  pur  au  centre  ;  pétales  du  centre  beaucoup  plus  petits,  chif- 
fonnés avant  l'épanouissement  complet,  d'un  rose  frais  et  vif  qui  relève,  par 
son  éclat,  la  teinte  plus  pâle  des  pétales  extérieurs.  Couleur  très  coquette, 
d'une  fraîcheur  incomparable.  Plante  très  méritante,  odorante. 

Madame  Scipion  Cochet  (thé).  Arbrisseau  s'élevant  environ  à  80  centimètres 
de  hauteur,  ramifié  dès  la  base.  Rameaux  non  sarmenteux,  rougeâtres,  gar- 
nis, sauf  au  sommet,  d'aiguillons  fermes  mais  à  peine  crochus,  à  entrenœuds 
rapprochés.  Feuilles  nombreuses,  épaisses,  à  5-7  folioles,  croissant  en  dimi- 
nuant de  la  base  au  sommet  du  pétiole  ;  foUioles  eliptiques,  acuminées, 
dentées  en  scie,  à  dents  terminées  par  un  mucron  spinescent,  rougeâtre,  d'un 
vert  sombre,  brillant,  lustré  comme  celui  d'un  Camellia  à  la  face  supérieure, 
glaucescent  en  dessous. 

Fleur  solitaire,  érigée  au  sommet  d'un  pédoncule  légèrement  hérissé  de 
soies  courtes  et  raides.  Calice  à  sépales  tomenteux  intérieurement,  lancéo- 
lés, aigus  et  réfléchis  sur  l'ovaire.  Corolle  grande,  fleur  très  double,  à  bou- 
ton ovoïde,  brusquement  atténué  au  sommet  en  une  sorte  de  col  ;  pétales 
des  rangs  extérieurs  régulièrement  et  longuement  concaves,  parfaitement 
imbriqués,  de  couleur  rose  très  pâle,  nuancé  blanc  mat  sur  fond  jaune  clair; 
pétales  du  centre  placés  plus  irrégulièrement,  jaune  canari  abricoté,  à  reflets 
purpurins.  Variété  bien  tranchée  et  de  premier  mérite. 

Vicomtesse  de  Wautier  (thé).  Arbuste  assez  vigoureux,  feuillage  d'un  vert 
sombre.  Rameaux  non  sarmenteux,  de  grosseur  moyenne,  munis  d'aiguillons 
crochus  et  assez  rapprochés.  Bouton  allongé,  fleur  grande,  pleine,  assez  bien 
faite.  Beau  coloris  rose  teinté  jaunâtre  à  l'extérieur  des  pétales  et  blanc  rosé 
à  l'intérieur:  ce  blanc  rosé  est  souvent  strié  de  rose.  Le  centre  de  la  fleur 
est  d'une  couleur  rose  très  foncé,  ce  qui  produit  un  superbe  efi"et.  Belle 
variété. 

Madame  A.  Sckwaller  (hyb.  de  thé).  Arbuste  buissonneux,  à  rameaux 
rougeâtres,  de  grosseur  moyenne,  munis  d'aiguillons  courts  et  menus. 
Feuillage  moyen,  d'un  vert  tendre.  Icfloresoence  en  corymbe  composé  de  3 
à  4  fleurs  dressées,  portées  sur  des  pédoncules  raides.  Tenue  parfaite.  Fleur 
globuleuse  en  s'épanouissant,  sétalant  en  coupe  lorsqu'elle  est  ouverte. 
Pétales  de  f>>rme  parfaite,  symétriquement  arrangés  dans  les  rangs  exté- 
rieurs, non  réfléchis,  papillotes  au  centre,  uniformément  rose  incarnat  à 
leur  base,  atténué  au  sommet.  Plante  extrêmement  florifère,  d'un  coloris 
très  frais.  Belle  variété. 


—  488  — 

R.  polyantha  grandiflora.  Arbuste  d'une  vigueur  peu  commune,  à  rameaux 
stériles,  gros,  ayant  l'aspect  de  ceux  des  variétés  de  Roses  Noisettes  grim- 
pantes. Feuilles  brillantes,  ovales,  longuement  elliptiques,  glabres  et  bril- 
lantes. Aiguillons  rares,  gros  et  crochus.  Stipules  ciliées,  à  poils  glanduleux. 
Fleurs  grandes,  mesutant  4  à  5  centimètres  de  diamètrj,  simples,  blanches, 
disposées  en  corymbes  ;  pétales  obovales,  fortement  échancrés  au  sommet, 
stigmates  libres. 

Variété  issue  directement  de  somis  du  R.  poljantha  Sieb.  et  Zuoo.  (type), 
remarquable  par  sa  vigueur  et  sa  fertilité,  exceptionnelles  pour  la  sec'ion. 
Excellente  pour  greflfer  toutes  les  variétés  de  rosiers  cultivés,  auxquels  elle 
communique  sa  vigueur  et  sa  précocité.  Elle  fructifie  abondamment,  quatre 
ou  cinq  fois  plus  que  le  type,  et  ses  fruits,  plus  gros,  contiennent  bien  plus  de 
graines  que  la  plante  sauvage.  Semées  en  février-mars,  ses  graines  lèvent 
au  bout  d'un  mois  et  les  jeunes  plants,  en  bon  terrain,  peuvent  être  greffés 
la  même  année.  Ce  sujet  a  le  grand  avantage  de  ne  pas  drageonner.  Par  la 
précocité  qu'il  communique  aux  rosiers,  il  a  aussi  un  réel  mérite  pour  la  cul- 
ture forcée.  Plante  recommandable. 

Mademoiselle  Joséphine  Burland  (polyantha).  Arbuste  très  rameux  ,  de 
vigueur  moyenne,  peu  épineux,  sa  couvrant  du  fleurs  sans  interruption  pen- 
dant toute  la  belle  saison.  Fleurs  très  doubles,  à  pétales  longuement  aoumi- 
nés,  drossés  au  centre,  incliaés  aux  rangs  moyens  et  recourbés  sur  les  bords. 
Coloris  blanc  pur  en  s'épanouissant,  se  nuançant  do  blanc  avec  l'âge.  Variété 
du  R.  Polyantha  par  la  dimension  et  l'abomiance  des  flîurs,  mais  s'en  distin- 
guant par  sa  floraison  non  en  corymbe,  ce  qui  permet  de  l'utiliser  avec  avan- 
tage pour  la  confection  des  bouquets.  Planta  bien  tranchée  et  très  méri- 
tante. 

Les  six  variétés  de  Roaiers  dont  la  description  précède  ont  été  obtenues  et 
sont  mises  au  commerça  par  M.  Alexandre  Bernaix,  rosiériste.  à  Villeurbanne 
(Rhône). 

luformatious.  —  Les  jouraaui  anglais  signalent  l'extermination  du 
Spiranthes  Romanzoviana,  orchidée  indigène  dans  deux  endroits  du  comté  de 
Kork.  Il  paraît  que  les  champs  où  croissait  celte  espèce  ont  été  labourés  et 
plantés  de  pommes  de  terre.  On  trouva,  en  France  et  presque  dans  toute 
l'Europe,  deux  autres  espèces  de  Spiranthes,  les  ^.  Œstlvalis  et  Autumnalis . 

—  Il  résulte  d'expériences  très  sérieuses,  que  la  Figue  de  Barbarie  (sorte 
à'Opuntia),  si  commune  eu  Algérie,  peut  donner  par  la  fermentation  et  la 
distillation,  une  quantité  assez  considérable  d'alcool,  plus  agréable  au  goût 
et  plus  facile  à  rectifier  que  les  alcools  retirés  actuellement  des  différents 
tubercules  ou  graines  amylacées. 

Catalogne».  —  Catalogue  of  Roses.  —  Cultivated  for  sale  By  Wm. 
Paul  E  Son.  Roses  Growers  by  appointement  to  her  majesty  th3  queen. 
Pauls'  murseries  and  seed  Warehonsa  VaUham  Gross  Herts. 

Ce  Catalogue,  spécial  aux  Roses,  est  illustré  de  deux  chromos  représen- 
tant les  Roses  nouvelles,  Grand  Moyul  et  Silcer  Queen,  mises  au  commerce 
cette  année  par  l'établissement,  et  de  gravures  noires  figurant  des  variétés 
plus  anciennes.  Les  variétés  sont  classées  en  séries  distinctes. 

Simon  Délaux,  horticulteur,  à  St-Martin-du-Touch  près  Toulouse,  annon- 
çant la  mise  en  vente  de  100  variétés  nouvelles  de  Chrysanthèmes  obtenues 
de  semis  dans  l'établissement. 

Bruant,  horticulteur,  boulevard  St-Cyprien,  à  Poitiers  (Vienne).  —  Cata- 
logue des  arbres  et  arbustes  fruitiers,  forestiers  et  d'ornement,  Conifères, 
Rosiers,  jeunes  plants,  etc. 

Le    Gérant    :    V.     VIVIAND-MOREL. 

Lyon,  —  Impr.  du  Salut  Public.  —  Bellon,  33,  rue  de  la  République,  33. 


1886  NOVEMBRE  N»    22 


CHRONIQUE 


Des  planlalions.  —  J'assistais,  l'autre  jour,  en  simple  spectateur, 
à  la  plantation  d'un  poirier  qu'un  propriétaire  de  Villeurbanne 
venait  d'effectuer. 

—  Vous  voyez,  me  dit-il,  avec  quel  soin  j'arrange  les  racines, 
et  comme  je  mets  de  la  terre  fine  autour.  Je  ne  travaille  pas 
comme  un  de  vos  confrères,  un  jeune  homme,  qui  a  planté  ce  pru- 
nier qui  pousse  peu  et  a  les  feuilles  jaunes.  Je  m'y  entends,  aux 
plantations.  Qu'en  pensez-vous? 

—  Ce  que  j'en  pense,  je  regrette  d'être  obligé  de  vous  le  dire, 
puisque  vous  me  faites  l'honneur  de  me  le  demander.  Vous  vous 
entendez  aux  plantations  à  peu  près  comme  moi  en  sanscrit,  dont 
je  ne  connais  pas  la  première  lettre. 

—  Vous  êtes  bien  dur. 

—  Je  dis  la  vérité. 

—  Vous  m'inquiétez  ;  alors,  mon  poirier  est  donc  mal  planté? 

—  Horriblement.  Je  ne  plantais  pas  autrement  quand  j'étais 
apprenti  jardinier. 

Que  signifie  ce  trou  ridicule  dans  lequel  vous  avez  fourré  cet 
arbre?  Ça,  un  irou,  un  fossé  à  plantation?  Jamais!  Arrachez-moi 
ce  poirier  et  le  plantez  autrement.  Fouillez  mieux  ce  terrain  ; 
enlevez  80  centimètres  de  terre  en  tout  sens,  mettez  les  couches 
de  différentes  natures  à  part.  C'est  un  sous-sol  imperméable,  allez 
plus  profond  et  drainez  sérieusement,  afin  de  faire  écouler  l'eau. 
Ceci  fait,  mêlez  tout  le  sous-sol  avec  les  trois  quarts  de  celui  de  la 
partie  supérieure.  Ajoutez-y  des  engrais  longs  à  se  décomposer, 
tels  que  cornaille,  vieux  cuir,  poussière  d'os,  etc.  Mêlez  du  fumier 
bien  consommé  avec  le  quart  restant  de  la  terre,  que  vous  placerez 
autour  des  racines.  Tassez  fortement,  arrosez  idem,  et  allez  vous 
asseoir.  Surtout  orientez  bien  les  tissus  do  votre  arbre.  Cette  der- 
nière recommandation  a  rendu  rêveur  cet  excellent  propriétaire. 
Elle  a  pourtant  son  importance  dans  certains  cas,  car  une  bonne 
orientation  évite  les  coups  de  soleil  à  certains  arbres  à  tissus  spon- 


—   490  — 

gieux.  Cela  ne  coûte  rien,  dans  la  plantation,  de  présenter  du  côté 
du  midi  la  face  de  l'arbre  qui  était  tournée  au  midi  dans  la  pépi- 
nière. 

On  ne  prend  pas  assez  de  soin,  dans  beaucoup  de  cas,  aux  plan- 
tations qu'on  effectue.  Il  vaudrait  mieux  ne  planter  que  dix  arbres 
dans  d'excellentes  conditions,  que  vingt  et  même  trente  avec  négli- 
gence. J'appelle  excellentes  conditions,  de  bons  fossés,  bien  drai- 
nés dans  les  sols  goutteux,  des  engrais  de  longue  durée,  un  mé- 
lange intelligent  des  couches  arables,  un  tassement  convenable,  un 
arrosage  copieux  et  de  la  terre  fine  autour  des  racines.  Celles-ci 
bien  affranchies  et  pralinées,  et  surtout  ne  jamais  les  enterrer  plus 
profond  qu'il  ne  convient.  Plantés  ainsi,  les  arbres  poussent  et  ne 
jaunissent  pas. 

Tarifs  de  iransporl  des  ptantes.  —  Nous  venons  de  recevoir  la 
lettre  suivante  : 

Lyon,  le  23  novembre  1886. 

Une  modification  importante,  concernant  les  horticulteurs,  vient  d'être 
apportée  aux  tarifs  de  la  CompEgnie  P.-L.-M.;  la  majoration  de  50  0(0  est 
supprimée  dans  rapplication  du  tarif  spécial  {G.  V.)  n"  10. 

Dans  ce  tarif  spécial  (grande  vitesse)  sont  comprises  les  plantes  expédiée.i 
en  cais!>*e  et  ayant  un  poids  minimum  de  50  kilogr.;  plusieurs  cai.'ses,  — 
pourvu  qu'elles  soient  adressées  au  même  destinataire,  —  peuvent  être 
réunies  sur  une  même  déclaration  pour  atteindre  ces  50  kilogr.  exigés.  Les 
horticulteurs  ont  tout  intérêt  à  demander  l'application  de  ce  tarif,  ainsi 
qu'on  va  le  voir  par  l'exemple  ci-après  : 

Une  expédition  de  200  kilogr.  de  plantes  en  paniers  est  faite  de  Lyon- 
Porrache  à  Marseille.  Cette  expédition  est  de  droit  classée  au  tarif  général  et 
paiera  un  port  de  47  fr.  40. 

Une  autre  expédition  de  même,  c'est-à-dire  de  200  kilogr.  est  faite  pour 
la  même  destination  ;  mais  ces  plantes  sont  en  caisse,  ce  qui  nous  permet  de 
réclamer  l'application  du  tarif  spécial. 

Cette  deuxième  expédition  p  liera  seulement,  —  malgré  que  le  poids  et  la 
distance  soient  les  mêmes,  —  21  fr.  30. 

Voilà  ce  qu'il  importe  de  faire  connaître  aux  horticulteurs,  et  bon  nombre 
de  vos  lecteurs  pourront  en  faire  leur  profit. 

Veuillez  agréer,  etc.  Aut.  Rivoire  fils, 

Secrétaire  de  la  Chambre  syndicale  des  horticulteurs. 

Exposition  nationale  à  Toulouse.  —  La  ville  de  Toulouse  organise 
en  ce  moment,  sous  le  patronage  de  l'Etat,  sa  neuvième  Exposi- 
tion nationale;  cette  Exposition  s'ouvrira  le  15  mai  1887  et  durera 
cinq  mois.  Les  produits  de  la  France,  de  l'Algérie  et  des  colonies 
françaises  y  seront  admis,  ainsi  que  ceux  provenant  des  pays  limi- 
trophes de  race  latine  :  Italie,  Espagne  et  Portugal.  Des  groupes 
spéciaux  y  sont  consacrés  aux  produits  de  l'agriculture,  de  la  viti- 
culture et  de  l'horticulture,  ainsi  qu'au  matériel  et  aux  procédés  des 
exploitations  agricoles.  Les  demandes  d'admission  doivent  être 
adressées  avant  le  1"  décembre  à  la  mairie  de  Toulouse,  où  l'on 


—  491    — 

trouvera,  d'ailleurs,  tous  les  renseignements  nécessaires  sur  cette 
Exposition. 

La  gommose  des  arbres  fruitiers.  —  Nous  extrayons  du  Compte- 
rendu  de  l'Académie  des  sciences  ce  passage  d'une  communication 
de  M.  Prillieux  sur  cette  afïection  si  redoutée  des  horticulteurs  : 

«  L'étude,  dit-il,  que  j'ai  faite  de  la  gomme  et  des  phénomènes 
qui  l'accompagnent  lors  de  sa  formation  dans  les  tissus,  permet 
d'établir  que  son  écoulement  constitue  une  véritable  maladie  que 
je  désignerai  sous  le  nom  de  gommose. 

«  Tous  les  cultivateurs,  tous  les  propriétaires  ruraux  possèdent 
des  arbres  fruitiers;  beaucoup  de  ces  arbres  sont  atteints  de  cette 
maladie. 

«  Quand  la  gomme  se  déclare,  les  fonctions  normales  des  tissus 
sont  détournées  de  leur  destination  ordinaire  ;  car  les  substances 
alimentaires  mises  en  réserve  dans  les  profondeurs  des  tissus,  au 
lieu  de  servir  à  la  croissance  de  la  plante,  sont  employées  à  la 
production  de  la  gomme. 

«  Parmi  les  moyens  curatifs  proposés  pour  la  guérison  de  la 
gomme,  il  en  est  un  qui  a  produit  de  très  bons  résultats  :  c'est  la 
scarification  de  l'écorce.  Des  arbres  fruitiers  atteints  par  la  mala- 
die et  ne  poussant  plus  que  des  petits  rameaux  faibles  et  chétifs, 
se  sont  rétablis  à  la  suite  d'incisions  longitudinales  faites  sur  les 
branches  et  ont  produit  ensuite  des  branches  vigoureuses. 

«  Les  heureux  résultats  obtenus  par  cette  pratique  peuvent  s'ex- 
pliquer ainsi  :  la  gomme  étant  une  transformation  nuisible  des 
principes  nécessaires  à  la  formation  des  nouveaux  tissus  des  arbres, 
pour  guérir  cette  maladie,  il  faut  que  ces  principes  reviennent  à 
leur  destination  primitive.  C'est  le  résultat  obtenu  par  la  scarifica- 
tion, qui  fait  comme  un  puissant  dérivatif.   » 

Le  sulfate  de  fer  et  les  plantes  cidorosées.  —  A-i-on  assez  chanté 
sur  tous  les  tons  les  vertus  curatives  du  sulfate  de  fer  employé 
contre  la  chlorose!  Une  plante,  un  arbre  avaient-ils  les  feuilles 
jaunes,  vite  un  bassinage  au  sulfate  de  fer,  et  plantes  et  arbres 
redevenaient  verdoyants.  Quand,  par  hasard,  —  ce  qui,  entre 
parenthèses,  arrivait  souvent,  —  malgré  le  bassinage,  les  feuilles 
avaient  la  mauvaise  grâce  de  garder  la  jaunisse,  on  conseillait  un 
arrosage,  deux  arrosages,  plusieurs  arr  jsages  avec  le  même  médi- 
cament. Si  la  chlorose  résistait  à  ce  traitement,  les  plantes  n'a- 
vaient pas  cette  présomption  et  périssaient  misérablement  empoi- 
sonnées par  l'agent  ferrugineux. 

On  vient  de  mettre  hors  de  doute,  à  Dowton  et  à  Ferryhill, 
l'action  malfaisante  du  sulfate  de  fer  sur  la  végétation.  A  la  dose 
de  250  kil.  à  l'hectare,  le  sulfate  en  question  est  un  vrai  poison 


—  492  — 

pour  les  plantes.  Il  a  suffi  de  l'addition  de  cette  quantité  relative- 
ment faible  de  ce  sel  de  fer,  dans  un  champ,  pour  faire  tomber  la 
récolte  à  2,000  kil.  Dans  une  parcelle  analogue  fumée  au  super- 
phosphate, la  récolte  s'est  élevée  à  18,000  kil. 

Il  faut  retenir  ceci  de  l'expérience  en  question,  c'est  que  le 
sulfate  de  fer  ne  doit  jamais  être  employé,  ni  comme  engrais,  ni 
comme  remède  contre  les  plantes  chlorosées. 

Dialyse.  —  Il  est  indispensable,  pour  bien  cultiver  les  plantes, 
de  connaître  un  peu  de  physiologie  végétale.  Il  faut  savoir,  par 
exemple,  que  les  racines  n'absorbent  pas  que  les  solutions  saUnes 
qui  les  avoisinent.  Les  racines,  en  vertu  de  cette  propriété  connue 
sous  le  nom  de  dialyse,  que  possèdent  les  membranes  végétales  et 
animales,  de  permettre  au  liquide  qui  les  baignent  d'un  côté,  de 
dissoudre  les  corps  solides  avec  lesquels  elles  sont  en  contact  de 
l'autre  côté,  peuvent  absorber  les  sels  insolubles  dans  l'eau  qui 
sont  nécessaires  à  leur  ahmentation. 

Cette  propriété  des  racines  doit  être  connue  de  tous  les  jardi- 
niers. Elle  fera  comprendre  à  ceux  qui  pourraient  l'ignorer,  quelle 
importance  il  faut  attacher  au  mélange  parfait  des  terres  et  des 
terreaux  et  de  tous  les  composts  employés  dans  la  culture.  Si  le 
mélange  n'est  pas  parfait,  l'alimentation  n'est  ni  rapide  ni  régu- 
lière, les  radicelles  ne  rencontrant  pas  un  sol  homogène  dans  toutes 
ses  parties. 

Les  horticulteurs  anglais,  qui  sont  si  habiles,  ne  connaissent 
peut-être  pas  tous  les  phénomènes  de  dialyse  végétale  ;  mais  aucun 
n'hésite  à  passer  de  longues  heures  à  remuer  et  brasser,  à  des 
époques  différentes,  tous  les  composts  qu'ils  destinent  au  rempotage 
des  plantes. 

Pouvoir  absorbant  du  sol.  —  Des  expériences  qui  ne  laissent  sub- 
sister aucun  doute  à  cet  égard,  démontrent  que  les  sels  les  plus 
solubles  dans  l'eau,  tels  que  ceux  d'ammoniaque  et  de  potasse,  les 
phosphates  alcalins  et  plusieurs  autres  perdent  rapidement  leur 
solubilité  dans  la  terre  franche.  Ces  sels,  ajoutés  aux  autres  élé- 
ments de  la  terre,  forment  avec  eux  une  combinaison  presque  inso- 
luble et  assez  stable  pour  résister  aux  lavages  réitérés  que  la  pluie 
exerce  sur  le  sol.  Ou  a  désigné  cette  propriété  des  terres  franches 
sous  le  nom  de  pouvoir  absorbant.  Quelques  éléments  font  excep- 
tion à  la  règle,  ce  sont  :  la  chauE  dans  les  sols  calcaires,  la  soude 
et  l'acide  nitrique. 

On  voit  que  sauf  pour  quelques  exceptions,  il  n'y  a  pas  d'in- 
convénient à  répandre  les  engrais  pendant  l'hiver,  alors  qu'ils  ne 
doivent  jouer  leur  rôle  qu'au  printemps.  V.  V.-M. 


—  493  — 
ASSOCIATION    HORTICOLE  LYONNAISE 


Procès-verbal  de  la  séance    du  t7  octobre    1886,  tenue    salle    des 
Réunions  iadustrielles,  Palais  du  Commerce,  place  de  la  Bourse. 

Présidence  de  M.  Comte,  Vice-Président. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heares  1/4. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  réunion,  qui  est 
adopté  sans  observations. 

Correspondance.  —  La  Société  a  reçu  : 

Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  nous  informant  que,  dans  sa  séance  du 
10  septembre  dernier,  le  Conseil  général  du  Rhône  a  voté  l'inscription,  au 
budget  départemental  de  1887,  d'un  crédit  de  1,000  francs  à  titre  de  sub- 
vention à  l'Association  horticole. 

Sur  la  proposition  du  Président,  l'assemblée  vote  des  remercîments  au 
Conseil  général. 

Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  accompagnant  l'envoi  d'un  exemplaire 
du  programme  du  Concours  général  agricole  qui  se  tiendra  à  Paris,  au  Palais 
de  l'Industrie,  du  lundi  31  janvier  au  jeudi  17  février  1887.  L'exemplaire 
du  susdit  programme  était  accompagné  d'une  affiche  relative  à  ce  Cjnoours. 

Lettre  de  la  Société  nationale  d'Horticulture  de  France,  informant  l'Asso- 
ciation qu'une  souscription  serait  ouverte  et  qu'un  appel  serait  fait  non  seu- 
lement à  ses  membres,  mais  encore  à  ceux  des  Sociétés  avec  lesquelles  elle 
entretient  das  relations  amie  îles,  afin  d'aider  à  réparer  les  pertes  matérielles 
qu'a  fait  éprouver  à  l'horticulture  da  la  région  parisienne  la  trombe  de  grêle 
qui  a  ravagé  et  même  anéanti  les  cultures  sur  une  partie  du  département  de 
la  Seine. 

Lettre  de  M.  Liabaud,  horticulteur,  4,  montée  da  la  BducIo,  demandant 
la  nomination  d'une  Commission  pour  juger  deux  Cannas  nouveaux  hj'brides 
et  une  Poire  de  semis.  Ont  été  désignés  pour  constituer  cette  Commission  : 
MM.  Crozy,  Labruyère,  Musset,  Rozain,  Drevet  et  Chrétien  pour  les  Cannas, 
et  MM.  Gorret,  Cl.  Jacquier,  Juseaud,  Cl.,  Métrai,  Valla  et  Routin  pour  la 
Poire. 

Lettre  de  MM.  Cl.  Jacquier  et  J.  Chrétien,  vice  présidents  de  l'Association 
horticole  lyonnaise,  et  de  M.  le  docteur  Drivon,  conseiller,  qui,  étant  arrivée 
au  terme  de  leur  mandat,  remercient  sincèrement  leurs  collègues  de  l'hon- 
neur qu'ils  leur  ont  fait  en  les  investissant  pendant  plusieurs  années  des 
importantes  fonctions  de  vica-pré^idents  et  de  conseiller,  et  déclarant  que 
leurs  occupations  ne  leur  permîttent  plus  d'être  candidats  à  la  vice-prési- 
dence, aux  élections  qui  vont  avoir  lieu. 

Lettre  de  la  Société  d'horticulture  e*,  da  viticulture  de  Tarare,  demandant 
la  Bomination  d'un  délégué  pour  faire  partie  du  Jury  d'une  exposition  de 
Chrysanthèmes  que  cette  Société  organise,  pjur  les  23  et  24  octobre,  à 
Tarare. 

Lettre  de  M.  Therry,  président  de  U  Commission  d'Exposition  demandant 
le  vote  d'un  crédit  de  5,000  franc?  pour  finir  de  solder  les  dépenses  de  l'Ex- 
position. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  8  candidatures  au  titre  de 
membre  titulaire,  sur  lesquelles  il  sera  statué  à  la  prochaine  réunion. 

Admissions.  —  Aucune  réclamation  n'étant  parvenue  au  bureau  de  la 
Société  depuis  sa  dernière  réunion,  l'assemblée  admet  au  titre  de  membres 
titulaires   les  candidats  présentés  à  la  dernière  séance. 

Ce  sont  MM.  : 

Côte  (Auguste),  libraire,  plaoj  Billeoour,  8,  Lyon,  présenté  par  MM. 
Therry  et  Viviand-Morel. 

Coromp  (Michel),  jardinier  chez  M.  Blanc,  avenue  Vailloud,  à  Ste-Foy-les- 
Lyon,  présenté  par  MM.  Ji^sseaud  et  Reverchon. 


—  494  — 

Seux  (Alph.),  horticulteur,  faubourg  Faventine,  à  Valence  (Drôme), 
présenté  par  MM.  Liabaud  et  Viviand-Morel. 

Romanet,  horticulteur-pépiniériste,  à  St-Qeorges-ie-Reneins  (Rhône), 
présenté  par  MM.  Roux  et  Viviand-Morel. 

Tarascon  (Charles),  horticulteur-pépiniériste,  à  Cabannes  (Bouches-du- 
Rhône),  présenté  par  MM.  Viviand-Morel  et  Alexandre  Bernaix. 

Bernardin,  pépiniériste  à  Couzon,  par  Fontaines  (Rliône),  présenté  par 
MM.  Rivoire  et  Viviand-Morel. 

Kettmann  (J.-B.)  fils  aîné,  horticulteur-pépiniériste,  grande  route  du 
Bourbonnais,  à  la  Demi-Lune  prés  Ljon,  présenté  par  MM.  Schmitt  et 
Viviand  Morel. 

Valloton,  fabricant  d'instruments  agricoles,  cours  Lafayette,  170,  Lyon, 
présenté  par  MM.  Raoulx  et  Viviand-Morel. 

Gobet  (Francisque),  horticulteur-pépiniériste,  route  de  Lyon,  à  Bourg 
(Ain),  présenté  par  MM,  Morel  père  et  fils. 

Rollet,  directeur  du  Cercle  du  Divan,  place  Bellecour,  Lyon,  présenté  par 
MM.  Métrai  et  Pitaval. 

Vincent  (J.),  quincaillier,  rue  de  la  République,  42,  Lyon,  présenté  par 
MM.  Viviand-Morel  et  J.  Jacquier. 

Emery  (Joseph),  jardinier  à  la  Demi-Lune-les-Lyon,  présenté  par  MM. 
Monvernay  et  J.  Jacquier. 

Déplâtre,  rue  Joseph-Bonnet,  7,  Lyon-Croix-Rousse,  présenté  par  MM. 
Rochet  et  J.  Jacquier. 

Crespin  (Gabriel),  fabricant  de  coutellerie,  à  St-Rambert-en-Bugey  (Ain), 
présenté  par  MM.  Ponsard  (F.)  et  Jean  Jacquier. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Viltard,  jardinier  chez  M°"  Vachon,  à  Ecully  :  1»  une  collection  de 
Courges  composée  des  variétés  suivantes  :  Courge  de  l'Ohio,  C.  de  Naples, 
C.  de  Virginie  (non  coureuse),  C.  Olive  verte,  C.  Olive  panachée,  C.  Pastè- 
que panachée;  2»  Bette  à  larges  côtes  blanches,  à  fauilles  dorées  de  Lyon- 
variété  nouvelle  tout  à  fait  reeommandable.  La  Commission  chargée  d'exa- 
miner les  apports  accorde  à  cette  présentation  une  prime  de  1"  classe, 
3»  un  Amaryllis  en  fleur,  variété  A.  Pirloteana.  Cette  plante  reçoit  pour  son 
beau  développement  une  prime  de  3"  classe;  4"  deux  Chrysanthèmes  à  fleurs 
blanches  :  M""  Castex-Desgranges  et  Lady  Selbourne. 

Par  M.  Guerry,  jardinier  chez  M.  Coste,  notaire  à  Caluire-les-Lyon  : 
1°  une  collection  de  Radis  de  Chine,  composée  des  variété*  suivantes  :  R. 
rond  blanc,  rond  rose,  long  rose  d'hiver  et  long  blanc;  2°  Chou-rave  dans 
terre.  Rutabaga  oa  Navet  de  Suède,  Ch.-rave  hors  terre,  blanc  hâtif  de 
Vienne,  Ch.-rave  hors  terre  violet  hâtif  de  Vienne;  3»  Piment  bijou  nain, 
variété  ornementale  par  ses  petits  fruits.  L'ensemble  de  cet  apport  obtient 
une  prime  de  2°  classe. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin,  une  collection  de 
légumes  nouveaux  ou  recommandables,  savoir  :  P  Piment  petit  bijou  ;  2°  Chou 
(le  Chine  Pe-tsaï,  variété  très  peu  cultivée  et  étant  cependant  d'un  certain 
mérite  ;  3°  Stachys  af finis  ou  Chai-o  Ji ;  4°  Moutarde  de  Chine  à  racine  tubé- 
rease,  se  cultivant  comme  les  navets  et  se  consommntde  même;  cette  plante 
constitue  un  excellent  légume  ;  5»  Piment  jaune,  cydonoeformis,  fruit  en 
forme  de  coinj.  A  cet  apport  très  intéressant,  la  Commission  attribue  une 
prime  de  1"  classe. 

Par  M.  Duruy,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Ecully,  une  collection  de  Chi- 
corées, composée  des  variétés  :  frisée  impériale,  frisée  de  Rouen,  frisée  fine 
d'été,  frisée  de  Meaux,  frisée  de  Louviers,  frisée  fine  d'Italie,  frisp»  d  > 
Ruff"ec,  Mousse  très  fine,  Scarole  ronde  maraîchère.  La  Commission  :,c-ui(Jo 
à  cet  apport  une  prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Clapot,  maraîcher,  chemin  des  Qua>re-Maisons,  Lyon-Monplaisir: 
Deux  variétés  de  Laitue  craquante  de  Pierre-Bénite,  Navet  de  Milan,  Céleri 
plein  blanc,  et  un  Chou-Palmier  ayant  prés  de  deux  mètres  de  hauteur.  Il 
est  décerné  à  cet  apport  une  prime  de  2°  classe.    , 


—  495  — 

Par  M.  Tronche,  jardinier  chez  M.  Carrier,  138,  roule  de  Vienne,  Lyon 
deux  plantes  d'Aubergine  monstrueuse  do  New-York,  ayant  des  fruits  pré- 
sentant un  diamètre  d'au  moins  15  centimètres.  Prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Hyvert,  maraîcher,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  Lyon,  des  Raisins 
noirs,  variété  Corbeau  et  Morning,  des  Pommes  reinettes  du  Canada  d'une 
très  belle  dimension.  L'ensemble  de  cet  apport  reçoit  une  prime  de  2'  classe. 

Par  M.  Deville,  horticulteur  à  Charly  (Rhône),  une  pêche  dont  la  chair 
est  adhérente  au  noyau,  m'.turité  très  tardive  et  pouvant  se  conserver  assez 
longtemps  au  fruitier,  comme  les  pommes  et  poires  à  maturité  automnale.  Ce 
fruit  est  de  moyenne  grosseur,  bien  coloré,  d'un  rouge  violacé,  chair  très 
dure,  ce  qui  le  rend  précieux  pour  l'exportation.  A  ce  fruit  la  Commission 
décarne  un  prix  de  2'  classe. 

Par  M.  Berthier,  pépiniériste  à  St-Genis-Laval,  une  poire  de  semis,  de 
tout  premier  mérite,  chair  fine  et  fondante,  fruit  de  la  grosseur  du  Beurré 
Diel.  La  Commission  lui  accorde  une  prime  de  l"  classe. 

Par  M.  Fougère,  pépiniériste  à  St-Priest  (Isère),  une  poire  de  semis  por- 
tant le  n»  544  et  qu'il  nomme  Fondante  Fougère  ;  d'après  le  présentateur  elle 
serait  issue  du  Doyenné  d'hiver,  le  semis  aurait  été  fait  en  1871  et  la  pre- 
mière fructification  de  l'arbre  en  1879.  Chair  fine  et  fondante.  Poire  n»  24, 
issue  du  Doyenné  d'hiver;  semis  fait  en  1860,  première  fructificatioa  1870. 
Fruit  peu  méritant,  chair  dépourvue  d'eau.  Poire  n"  1198,  issue  du  Doyenné 
d'hiver,  semis  fait  en  1860,  première  fructification  1883,  fruit  ayant  beaucoup 
de  rapport  avec  la  poire  Bon  Chrétien  William.  Cet  apport  obtient  une 
prime  de  \"  classe,  mais  plus  spécialement  pour  la  poire  Fondante  Fougère, 
les  deux  autres  variétés  ne  devant  être  qu'inscrites  au  procès-verbal. 

Par  M.  Michel  Didier,  Grande  rue,  76,  Cuire  les-Lyon,  une  poire  dont  il 
désire  savoir  nom  ;  il  la  donne  o  mrae  étant  très  moiilante,  le  fruit  est  d'une 
bonne  grosseur,  est  bien  attaché  a  l'arbre,  tombe  très  diiHcilement,  résiste  à 
tous  les  coups  de  vent  et  à  de  violents  orages. 

Par  M.  Jean  Colomb,  jardinier  chez  M"«  Guillermain,  chemin  de  la  Demi- 
Lune,  Lyon-Champvert,  cinq  tiges  d'Hortensia,  variété  Otaxa ,  ombelles 
ayant  plus  de  30  centimètres  de  diamètre.  ' 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  Lyon,  un  fort  pied  de  Sphœrogyne 
latifolia,  auquel  la  Commission  accorde  une  prima  de  1"  classa  ;  un  pied  de 
Phyllanthus  Chnntrieri  et  de  Leea  excelsa.  Pour  ces  deux  plantes  il  est  alloué 
une  prime  de  2"  classe. 

Par  M.  Crozy,  horticulteur,  Grande  rue  de  la  Guillotière,  206,  Lyon  : 
1°  des  tiges  florales  de  Canna,  que  le  présentateur  apporte  pour  faire  remar- 
quer la  grande  abondance  de  fleurs  qu'ont  ces  tiges,  malgré  la  saison  avan- 
cée ;  2°  trois  Bégonia  Carrieri  hybrides,  auxquels  la  Commission  accorde  une 
prime  de  2=  classe;  3°  des  Dahlias  gracilis  à  fleurs  simples  de  semis,  varié- 
tés unicolores,  panachées  sur  fond  blanc  et  fond  rose  ou  bordées  rose.  Prime 
de  3°  classe. 

Par  M.  Touchebœuf,  des  fleurs  d'œillet  d'un  jaune  clair,  que  le  présenta- 
teur dit  être  une  variété  nouvelle.  La  Commission  l'invite  à  présenter  une 
plante  à  une  séance  ultérieure. 

Par  M.  Boucharlat  jeune,  horticulteur,  rue  des  Mistionnaires,  22,  Lyon, 
un  bouquet  et  des  plantes  de  Véronique  d'Anderson,  semis  de  1885.  Les  épis 
floraux  de  ces  plantes  sont  très  longs,  de  coloris  blanc  violacé,  rose  chair, 
rouge  grenat,  rouge  violacé,  violet,  rose  vif;  une  variété  à  feuilles  pana- 
chées, naine,  à  fleurs  rouge  violacé.  La  Commission  décerne  une  prime  de 
1"  classe  aux  variétés  d'un  blanc  pur  et  d'un  rose  vif. 

Par  MM.  Lille  et  Beney,  marchands-fcrainiers,  quai  St-Antoine,  36,  Lyon  : 
1°  un  bjuquet  magnifique  de  Dahlias  à  fleurs  simples,  grandes,  striées,  ponc- 
tuées, unicolores,  d'un  coloris  rose  sur  fond  blanc,  jaune  sur  fond  rouge, 
rouge  grenat,  écarlate,  etc.  La  Commission  accorde  à  cet  apport  méritant 
une  prime  de  V'  classe  ; 

2°  Des  fleurs  de  Gaillarde  à  grandes  fleurs,  ayant  un  diamètre  de  12  cen- 
timètres. Inscription  au  procès-verbal. 


—  496  — 

Les  Commissions  chargées  de  juger  les  apports  étaient  composées  de 
MM.  Chrétien,  Labrujère  et  Roohet,  pour  la  floriculture;  MM.  Achard, 
Lavenir  et  Routin,  pour  les  fruits  ;  MM.  Corbin,  J.  Jacquier  et  L.  Lille,  pour 
la  culture  maraîchère. 

Les  propositions  des  Commissions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées  à  l'una- 
nimité. 

L'Assemblée,  conformément  au  paragraphe  8  des  statuts,  procède  au 
renouvellement  du  bureau  et  de  la  partite  sortante  du  Conseil. 

L'élection  du  Président,  sur  la  proposition  de  M.  Pitaval,  est  faite  par 
acclamation,  et  M.  Dutailly  est  acclamé  Président  à  l'unanimité. 

Election  des  vice-présidents  :  Votants  93,  majorité  47.  M.  Comte  92  voix, 
M.  Rochet  87,  M.  Métrai  72.  MM.  Comte,  Rochet  et  Métrai  sont  proclamés 
vice-présidents. 

M.  Pitaval  dit  que  pour  l'élection  du  Secrétaire  général  il  fera  les  mêmes 
observations  que  pour  le  Président  et  demande  que  l'on  vote  par  acclama- 
tion. M.  Viviand-Morel  est  réélu,  à  l'unanimité,  Secrétaire  général. 

E'ection  des  secrétaires-adjoints.  Votants  96,  majori'é  49.  M.  J.  Nicolas 
88  voix,  M.  L.  Carie  61.  MM.  Nicolas  et  Carie  sont  proclamés  secrétaires 
adjoints. 

L'élection  du  trésorier  a  lieu  par  acclamation,  et  M.  Jean  Jacquier  est 
réélu  trésorier  de  notre  Compagnie  à  l'unanimité. 

Election  des  six  membres  du  Conseil  d'administration.  Votants  92,  majo- 
rité 47. 

M.  Masson  88  voix,  M.  Béliese  87,  M.  Gorret  81,  M.  Jusseau  aîné  81, 
M.  Bernaix  80.  M.  Berthier,  de  Sl-Genis-Laval,  79.  Ces  Messieurs  sont 
proclamés  membres  du  Conseil  d'administration  de  l'Association. 

11  est  procédé  à  l'élection  d'un  membre  du  Conseil  d'administration  en 
remplacement  de  M.  Rochet,  nommé  vice-président.  Cette  élection  donne 
lieu  à  deux  tours  de  scrutin  qui,  ne  donnant  pas  do  résultat,  est  renvoyée  à 
la  prochaine  réunion. 

La  séance  est  levée  à  4  h  jures.         Le  Secrétah-e-AdJoint,  J.  Nicolas. 


Erodium  Manescavi  Boub. 

La  famille  des  Géraniums  —  des  Géraniacées  comme  disent  les 
botanistes  —  ne  comprend  guère  que  quatre  genres  un  peu  impor- 
tants, savoir  Géranium,  Pclargonium,  Erodium  et  Monsonia.  Dans 
les  cultures  on  confond  volontiers  les  trois  premiers  sous  le  nom 
de  Géraniums.  C'est  ainsi  que  les  Pélargoniums  zonales  sont  plus 
connus  sous  le  nom  de  Géraniums  zonales  que  sous  leur  nom 
véritable.  Beaucoup  de  jardiniers  disent  aussi  volontiers  :  Géra- 
nium à  feuille  de  lierre,  Géranium  à  la  rose,  etc.,  pour  Pélargo- 
nium  à  feuille  de  lierre  ou  Pélargonium  à  la  rose.  Nous  avons 
même  souvent  entendu  dire  Géranium  musqué  pour  Erodium 
musqué. 

Quoiqu'il  en  soit  de  ces  erreurs  de  nomenclature,  il  est  bien  cpr- 
tain  que  lors  même  qu'il  n'y  aurait  pas  de  caractères  ann'.ouiiques 
nécessitant  la  séparation  des  trois  genres  en  question,  les  horticul- 
teurs ne  devraient  pas  hésiter  à  les  distinguer  les  uns  des  autres, 
car  ils  n'ont  entre  eu.x,  au  point  de  vue  de  la  culture,  que  de  très 


—  497  - 

lointains  rapports.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  les  Pélargoaiums 
craignent  presque  tous  le  froid  et  gèleat  au-dessous  do  8  à  4°  sous 
zéro,  tandis  que  les  vrais  Géraniums  et  les  Erodiums  sont  des 
plantes  de  pleine  terre  à  peu  près  toutes  rustiques. 

Nous  ne  nous  attarderons  pas  plus  longtemps  dans  des  générali- 
tés relatives  à  la  famille  des  Géraniacées  et  nous  arriverons  de  suite 
au  sujet  principal  auquel  cette  note  est  consacrée. 


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Erodium   Manescavi. —  Plante  réduite  au  1/3  de  sa  grandeur. 


Si  les  Pélargoniums  comptent  plusieurs  espèces  et  un  très  grand 
nombre  de  variétés  livrées  à  la  culture,  si  les  vrais  Géraniums  eux- 
mêmes  peuvent  revendiquer  plusieurs  sortes  très  remarquables  qui 
servent  à  l'ornement  des  jardins,  le  genre  Erodium  est  presque 
absolument  délaissé.  C'est  à  peine  si  les  ^rorfùtJM  moschalum  et  cigo- 
nium  se  rencontrent  quelquefois  par  ci,  par  là,  le  premier  à 
cause  de  son  odeur,  le  second  parce  que  ses  longues  aiguilles  sont 
hygrométriques  et  servent  à  fabriquer  des  hygromètres  à  bon 
marché. 


_  498  — 

Cependant  nous  cultivons  depuis  deux  ans  un  Erodium  absolu- 
ment remarquable,  rustique  et  vigoureux  qui  mériterait  d'être  pro- 
pagé et  cultivé  dans  tous  les  jardins.  11  mériterait  d'être  cultivé  à 
cause  de  la  beauté  de  ses  fleurs,  de  leur  abondance  et  de  leur  suc- 
cession ininterrompue  depuis  le  mois  de  juin  jusqu'aux  premiers 
jours  d'octobre. 

Cet  Erodium  que  nous  avons  fait  dessiner  et  graver  est  connu 
des  botanistes  sous  le  nom  à' Erodium  Manescavi  Boub.  On  en  trou- 
vera ci-dessus  deux  figures,  l'une  représentant  une  plante  réduite 
au  tiers  de  sa  hauteur  et  l'autre  une  ombelle  de  fleurs  de  grandeur 
normale. 


Erodium  Manescavi.  —  Fleurs  de  grandeur  naturelle. 


En  voici  la  description  : 

Souche  vivace,  sans  tiges  herbacées,  courtes,  ligneuses  et  produi- 
sant à  son  sommet  les  feuilles  et  les  hampes  florales.  Feuilles  toutes 
radicales,  poilues,  hérissées,  pinnatiséquées.  Hampes  toutes  radi- 
cales, dépassant  les  feuilles,  de  2  à  5  décimètres  de  longueur,  por- 
tant des  ombelles  de  5  à  15  fleurs  grandes,  mesurant  jusqu'à 
2  centimètres  de  diamètre,  entourées  d'un  involucre  monophylle. 
Pétales  d'un  beau  violet  nuancé  amarante. 

Cette  espèce  ornementale  se  cultive  avec  beaucoup  de  facilité  et 
se  cultive  à  peu  près  dans  tous  les  terrains.  Dans  notre  jardin  des 


—  499  — 

Charpennes,  dont  le  sol  est  argilo-calcaire,  compact,  elle  s'y  est 
comportée  le  mieux  du  monde  et  n'a  cessé  de  donner  des  fleurs 
pendant  toute  la  belle  saison. 

Elle  se  multiplie  de  graines  qui  fleurissent  l'année  même  du 
semis.  L.  Lille  et  Beney, 

Marchands-grainiera    à   Lyon. 


Nierembergia  fructescens  flore  albo. —  Réduit  au  1/4  de  sa  hauteur. 


Nierembergia  frutescens  alba. 


Une  des  nouveautés  à  signaler  de  cette  année,  est  le  Nierember- 
gia frutescens  alba. 

Trop  peu  de  jardiniers  connaissent  la  Niérembergie  frutescente 
de  couleur  lilas,  et  quand  le  seul  mérite  de  la  nouvelle  N.  blanche 
serait  de  rappeler  l'attention  sur  celle-là,   il  serait  déjà  considéra- 


—  500  — 

ble.  Mais  ce  n'est  pas  le  seul  :  la  Niérembergie  est,  en  effet,  une 
plante  charmante,  et  ses  fleurs  ont  une  délicatesse'gracile  que  peu 
d'autres  possèdent.  Le  feuillage  est  menu,  délié,  d'un  vert  un  peu 
sombre  qui  fait  ressortir  agréablement  les  fleurs  nombreuses  qui 
l'émaillent. 

Le  seul  défaut  à  signaler  serait  peut-être  un  léger  manque  de 
tenue,  auquel  on  remédie  facilement  en  les  repiquant  serrées ,  elles 
se  ramifient,  d'ailleurs,  abondamment,  et  le  défaut  dont  je  viens 
de  parler  est  réparé  par  elles-mêmes  dans  les  premiers  mois  de 
leur  floraison. 

Car  elle  dure  longtemps,  leur  floraison  :  de  mai  ou  juin,  suivant 
l'époque  du  repiquage,  jusqu'aux  gelées.  Même,  s'il  n'est  pas  trop 
rigoureux,  elles  passent  l'hiver  en  pleine  terre. 

L'espèce  primitive,  le  Nierembergia  graciiis  avait  été  dédiée,  au 
xvii"  siècle,  à  Eusebius  Nieremberg,  jésuite  espagnol,  natura- 
hste  distingué.  L'espèce  qui  nous  occupe,  le  N.  frulesccns,  a  été 
introduite  du  Chih,  vers  1866,  et  vulgarisée  par  M.  Durieu  de 
Maisonneuve,  directeur  du  jardin  de  Bordeaux.  Primitivement 
lilas,  ses  fleurs  sont  devenues  blanches  dans  la  nouvelle  variété  que 
le  dessin  ci-joint  représente  ;  il  ne  reste  de  l'ancienne  couleur  vio- 
lacée, qu'une  légère  teinte  bleuâtre  qui,  colorant  le  fond  de  la 
coupe  florale,  ne  sert  qu'à  mieux  faire  ressortir  le  blanc  pur  de  la 
plus  grande  partie  de  la  fleur. 

On  sème  le  A.  frulesccns  en  mars,  sur  couche;  on  repique  en 
pépinière  ou  en  place,  ou  de  suite  en  place.  On  le  sème  aussi  en 
août-septembre,  et  on  le  repique  dans  des  pots  qu'on  hiverne  sous 
châssis  :  la  floraison  serait  alors  plus  hâtive  que  par  la  méthode 
précédente. 

On  fait  de  cette  plante  do  très  jolis  massifs.  La  floraison  est 
d'autant  plus  abondante,  que  la  plante  est  plus  exposée  au  soleil. 

RivoiRE  père  et  flls, 

Marchamls-gi-ainiers,  à  Lyon. 


Correspondance. 

Lyon,  le  12  novembre  1886. 

Monsieur  le  Rédacteur  en  chef  du  Lyon-horticole, 

Mon  intention  était  de  ne  pas  répondre  à  la  lettre  de  M.  Alexandre  Ber- 
nais, rosiériste  à  Villeurbanne,  que  vous  avez  insérée  dans  le  n"  19  du  Lyoa- 
horticole,  mais  comme  mon  collègue  malgré  mes  justes  protestations  conti- 
nue à  s'attribuer  un  Grand ptix  d'honneur  qu'il  n'a  pas  obtcnn  et  que  dans 
diverses  publications,  notamment  dans  le  n"  11   du  Journal  des  Roses,  je 


501 


trouve  à  nouveau  cette  distinction  comme  lui  ayant  été  accordée  par  le  Jury 
de  l'Exposition  de  Grenoble,  18  juin  1886,  je  tiens  essentiellement  à  rétablir 
la  vérité  et  dire  que  dans  ce  concours  il  n'y  a  pas  eu  de  grand  prix  d'honneur 
affecté  aux  roses. 

Il  vous  sera  facile  de  vériûer  mes  assertions  en  consultant  le  rapport  du 
Jury  dudit  concoure  et  signé:  la  président-rapporteur,  Gabriel  Lnizet. 

Rapport  paru  dans  le  Bulletin  trimestriel  (août  1886)  de  la  Société  horti- 
cole dauphinoise,  et  à  la  page  8  vous  pourrez  lire  ligne  17:  poses  con- 
pées  : 

1"  prix  {ex-œquo),  M.  Bernaix,  de  Villeurbanne, 

Va  objet  d'arf. 

M.  Pernet  fils-Ducher,  de  Lyon, 

Une  médaille  d'or. 

Résultat  proclamé  publiquement  à  la  distribution  solennelle  des  récom- 
penses le  20  juin  1886,  où  M.  Bernaix  et  moi  étions  prkse.vts.  Pour- 
quoi mon  collègue,  puisque  nous  avons  eu  un  i"  pris  (ex-aequo),  marque-l-il 
grand  prix  d'honneur? 

Est-ce  parce  qu'il  lui  a  été  décerné  un  objet  d'art.  Soit,  mais  cala  ne  veut 
pas  dire  grand  prix  d'honneur. 

Si  je  me  reporte  à  quelques  pages  plus  loin  dans  le  même  Bulletin,  je 
trouve  le  rapport  sur  l'exposition  à  là  page  10,  dû  à  la  plume  de  M.  le  comte 
de  Oalbert  et  tout  comme  moi  vous  pourrez  lire  au  folio  19,  ligne  5,  à  propos 
des  récompenses: 

«  Le  Jury  leur  a  attribué  (MM.  Bernaix  et  Pernet  fils-Ducher)  un  1''  prix 
ex-œquo.  Les  roses  des  deux  exposants  étaient  en  parfait  état,  malgré  la 
pluie  tombée  toute  la  semaine.  M.  Bernaix,  de  Villeurbanne,  avec  6  à  700 
variétés  bien  choisies,  nous  montrait  des  semis  ravissants,  de  couleur  toute 
nouvelle,  et  ce  sont  eux  qui  lui  ont  valu  la  seule  différence  entre  les  deux 
récompenses  objet  d'art  et  médaille  d'or.  » 

M.  A  Bernaix  a  le  tort,  je  le  répète,  de  s'attribuer  un  titre  de  récompense 
qui  ne  lui  appartient  pas.  Qa'il  marque  \"  prix  objet  d'art,  je  n'ai  rien  à  dire, 
mais  se  décerner  un  grand  prix  d'honneur,  lorsque  le  rapport  du  Jury,  qui 
aujourd'hui  est  public  n'en  fait  pas  mention,  le  droit  de  protestation  et  de 
rectification  m'appartient  et  c'est  ce  que  je  fais. 

Je  ne  mets  pas  en  doute  que  vous  publierez  ma  trop  longue  lettre,  ce  dont 
je  vous  remercie  d'avance. 

Recevez,  Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  l'assurance  de  ma  haute  considé- 
ration. J.  Pernet    fils-Ducher, 

Rosiériste  à  Lyon. 


Mode  de  plantation  des  plants  racines. 


Dans  le  numéro  du  mois  de  juin  de  la  Figne  américaine,  dit 
M.  Martial  Drageon,  dans  la  Provence  agricole,  M.  Gillis  préconi- 
sait un  mode  de  plantation  économique  de  la  vigne,  qui  consistait 
à  couper  aux  racines  de  Riparia  destinés  à  être  plantés,  les  radi- 
celles à  1  centimètre  ou  1   centimètre  1/2,  puis,  avec  une  grosse 


—  502  — 

barre,  à  faire  un  trou  de  35  à  40  centimètres  et  à  planter  ensuite 
au  fond  de  ce  trou. 

M.  J.  Rouget  écrit  dans  ce  même  journal  (numéro  du  mois 
d'août)  qu'il  trouve  ce  procédé  très  bon,  mais  trop  long  et  trop 
coûteux. 

«  Mon  système,  dit -il,  est  plus  radical.  Je  coupe  les  racines  au 
niveau  même  de  la  tige,  et  je  plante  au  pal  comme  s'il  s'agissait 
d'une  simple  bouture. 

«  Je  possède,  ajoute-t-il,  à  la  Garde,  près  Toulon,  un  vignoble 
de  20  hectares.  J'ai  planté  moitié  en  bouture  et  moitié  par  cette 
méthode;  mes  vignes  sont  splendides  de  végétation.  L'an  dernier, 
j'ai  fait  une  expérience  sur  deux  hectares.  L'un  a  été  planté  avec 
des  racines  d'un  an  à  la  méthode  ordinaire,  l'autre  avec  des  plants 
provenant  de  la  même  pépinière,  les  racines  complètement  enle- 
vées et  la  plantation  faite  aa  pal;  je  fus  fort  surpris  de  voir  que  les 
racines,  que  j'appellerai  racinés-boulures,  étaient  plus  beaux  et  plus 
vigoureux  que  les  racines  ordinaires;  en  outre,  au  printemps  der- 
nier, j'ai  pu  greffer  97  0/0  de  mes  racines-boutures,  tandis  que  je 
n'ai  pu  greffier  que  85  0/0  des  autres,  » 

Le  savant  professeur  de  viticulture,  M.  PuUiat,  a  planté,  lui 
aussi,  comparativement  le  plant  racine,  à  côté  de  ses  voisins  plan- 
tant les  mêmes  vignes,  après  leur  avoir  rogné  les  racines  jusque 
contre  le  bourrelet,  et  il  n'a  jamais  pu  remarquer  que  la  végétation 
de  ses  vignes  fût  inférieure  à  celle  de  ses  voisins;  il  a  toujours  vu, 
au  contraire,  qu'à  la  première  année,  ses  vignes  donnaient  de  plus 
fortes  pousses  que  celles  de  ses  voisins. 

M.  le  général  Rose,  propriétaire  à  Saint-Nazaire  (Var),  qui 
emploie  également  ce  mode  de  plantation  depuis  plusieurs  années, 
en  a  toujours  été  très  satisfait.  Son  vignoble  est,  du  reste,  dans 
un  parfait  état  de  végétation. 


Visite  aux  cultures  de  vignes  de  M.  Magat. 

M.  Magat,  horticulteur  à  Chazay-d'Azergues  (Rhône)  ayant  demandé  la 
nomination  d'une  Commission  pour  visiter  ses  cultures  spéciales  de  vignes. 
L'Association  horticole  lyonnaise  a  désigné  MM.  Bernaix,  Duché,  Musset, 
Pitaval  et  Jusseaud  pour  se  rendre  à  l'appel  de  notre  collègue. 

La  Commission  a  fait  sa  visite  le  19  août  dernier. 

Les  cultures  de  vignes  de  M.  Magat  s'étendent  sur  une  superficie  de  trois 
hectare»  environ  divisés  en  six  sections  différentes. 

La  première  section  est  plantée  en  jeunes  boutures  d'un  an  des  variétés 
riparia,  Gloire  de  Montpellier,  rupestris,  Vialla,  l'oi'k  Madeira.  L'écartemant 
entre  chaque  bouture,  destinée  à  devenir  un  pied-mère  varie  entre  1  mètre 


—  503  — 

50  centimètres  et  2  mètres,  suivant  les  sortes.  Les  intervalles  entre  chaque 
bouture  sont  utilisés  pour  cette  année  seulement,  par  d'autres  boutures  ou 
greffes-boutures  destinées  à  être  livrées  au  commerce. 

La,  deuxième  section  comprend  des  variétés  de  vignes  américaines  et 
hvbrides  plantées  depuis  trois  ans  comme  producteurs  directs  parmi  les- 
qu«lles  nous  notons  Scnasqua,  Othello  et  autres.  Nous  trouvons  également 
d'excellents  porie-greffes,  d'une  vigueur  très  grande,  qui  recouvrent  le  sol 
d'une  épaisse  couche  de  longs  sarments. 

La  troisième  section  est  plantée  depuis  deux  ans  en  Alicante  Henry  Bous- 
cket,  Gamay  de  Bouze,  Teinturier  de  Hongrie,  Petit  Bouschet  et  autres  varié- 
tés et  commençant  à  avoir  une  moyenne  récolte. 

La  quatrième  section  comprend  une  plantation  de  trois  à  quatre  ans  gref- 
fée sur  Vialla  en  diverses  variétés  et  couvertes  de  beaucoup  de  raisins,  elle 
est  cultivée  à  la  charrue. 

La  cinquième  section  comprend  une  autre  plantation  de  deux  ans  en  plants 
français  greffés  également  sur  Vialla  d'une  végétation  luxuriante. 

La  sixième  section  est  située  près  de  l'habitatioa,  dans  un  superbe  clos 
presque  complètement  planté  en  vignes  de  différents  produits  soit  comme 
raisin  de  table,  soit  pour  cuva.  Nous  j  avons  remarqué  les  Aramon  teinturier 
Bouschet,  Alicante  Henri  Bouschet  et  pour  ainsi  dire  toute  cette  collection 
d'hybride  de  Bouschet  chargé  de  leurs  beaux  produits  richement  colorés. 

Une  quantité  considérable  de  greffes  de  l'année,  200,000  environ,  d'une 
réussite  presque  complôce  et  d'une  grande  vigueur.  Enumérer  toutes  les 
variétés  greffées  serait  trop  long;  les  meilleures  y  sont  en  très  grande  quan- 
tité, surtout  les  gumays,  les  mondeuses,  les  montmeillans,  ainsi  que  toutes  les 
variétés  déjà  nommées  tant  anciennes  que  nouvelles,  toutes  très  bien  étique- 
tées et  en  bon  ordre. 

En  général,  toutes  les  cultures  de  M.  Magat  sont  d'une  propreté  irrépro- 
chible,  ce  qui  est  toujours  un  grand  point  pour  la  bonne  réussite  des  pro- 
duits. La  Commission  a  été  unanime  à  le  féliciter  de  ces  beaux  et  bons 
résultats. 

Le  rapporteur,  Jusseabd. 

Nécrologie. 

Le  20  octobre  dernier,  s'éteignait,  à  l'âge  de  64  ans,  M.  Marins  Jacquemet- 
Bonnefont,  le  chef  vénéré  de  l'importante  maison  d'horticulture  et  d'arbori- 
culture Jacquemet-Bonnefond  père  et  fils,  d'Annonay,  membre  de  la  Société 
nationale  centrale  d'Horticulture,  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
et  de  toutes  les  Sociétés  horticoles  et  agricoles  de  la  région,  lauréat  de  la 
prime  d'honneur  pour  l'horticulture  au  Concours  agricole  d'Aubenas,  1S82. 

L'origine  de  la  maison  Jacquemet-Bonnefont  remonte  à  1780.  Elle  fut 
fondée  par  Jean-Baptiste  Bonnefont.  Son  fils  François,  né  en  1789,  après 
être  venu  à  Paris  étudier,  sous  le  célèbre  André  Thouin,  mourut  en  1849, 
laissant  un  nom  universellement  respecté.  A  son  tour,  son  fils  Marins  vint  à 
Paris  se  perfectionner  dans  l'art  de  l'horticulture.  Il  y  puisa,  dans  les  grands 
établissements  horticoles  et  sous  la  direction  habile  de  MM.  Poiteau,  Neu- 
mann  et  autres  professeurs  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  cette  connais- 
sance approfondie  de  sa  profession,  qui  le  guida  pendant  sa  longue  carrière 
de  travail.  Il  revint,  ses  études  terminées,  jeune  et  plein  d'ardeur,  se  placer 
sous  la  direction  de  son  père  dont  il  mit  à  profit  l'expérience,  les  observa- 
tions et  les  méthodes.  A  tous  ces  avantages,  il  joignit  une  parfaite  honora- 
bilité dans  les  affaires  et  une  affection  profonde  pour  ses  nombreux  employés 
au  milieu  desquels  il  était  regardé  plutôt  comme  un  père  que  comme  un 
maître. 


—  504  — 

En  visitant  ses  cultures,  il  rencontrait  souvent  les  fils  de  ceux  qui  avaient 
servi  son  père,  et  rion  n'était  touchant  comme  la  vénération  dont  il  était 
entouré.  C'est  ce  qui  explique  le  progrès  rapide  de  cette  maison,  l'estime 
qu'elle  s'est  acquise  et  l'immense  développement  qu'elle  a  pris  dans  un  nombre 
d'années  relativement  restreint. 

A  deux  reprises  différentes,  la  Société  centrale  d'Horticulture  de  France 
s'est  plu  à  décernera  cette  maison  la  plus  haute  récompense  dont  elle  dispose 
pour  la  large  et  habile  organisation  qu'elle  a  su  implanter  et  perfectionner 
dans  un  établissement  aussi  important. 

La  mort  de  M.  Marius  Jacquemet-Bonnefond  est  une  perte  considérable 
pour  l'horticulture  française;  elle  est  aussi  un  deuil  cruel  pour  ces  nombreux 
et  loyaux  subalternes  qui  travaillaient  avec  amour  sous  la  direction  respectée 
de  leur  bon  maître. 

M.  Bonnefont  ne  laisse  pas  d'héritiers  de  son  nom,  mais,  depuis  plus  de 
dix  ans,  il  s'était  associé  deux  de  ses  neveux,  MM.  Gabriel  Percie  du  Sert 
et  Louis  Graillât.  Ce  dernier,  emporté  par  une  mort  prématurée,  a  précédé 
d'un  an  son  oncle  vénéré  dans  la  tombe.  M.  du  Sert  demeure  donc  seul  à 
porter  ce  redoutable  fardeau  ;  mais  il  est  préparé  de  longue  date  au  manie- 
ment des  affaires,  et  il  soutiendra  avec  honneur  la  belle  réputation  de  ce 
magnifique  établissement.  J.  M. 

Informations.  —  La  Société  d'Horticulture,  dans  sa  séance  du  3  cou- 
rant, a  décidé  qu'une  expositioa  internationale,  comprenant  tous  les  produits 
horticoles  et  ceux  industriels  y  ayant  rapport,  aura  lieu  à  Chalon,  en  sep- 
tembre 1887,  à  l'oocasiou  d'un  congrèa  viticole  que  la  Société  d'Agriculture 
doit  y  organiser. 

La  date  en  sera  ultérieurement  fixée. 

—  Le  Conseil  d'administration  de  la  Société  nationale  d'Horticulture  de 
France  a  décidé  qu'un  Congrès  analogue  à  celui  de  1836  se  tiendrait  à  Paris 
en  1887,  en  même  temps  que  l'Exposition  d'horticulture  da  printemps. 

—  La  Société  d'horticulture  de  Genève  a  tenu,  le  7  novembre  dernier,  une 
Exposition  de  Poires  d'hiver  et  de  Chrysanthèmes. 

—  La  culture  de  l'Immortelle  jaune  occupe,  dans  la  région  provençale, 
1,200  hectares,  dont  les  produits  sont  expédiés  dans  toutes  les  parties  du 
monde.  Cette  plante  donne  des  prix  très  rémunérateurs,  et,  si  l'on  veut  s'en 
convaincre,  il  sulfît  do  consulter  un  mémoire  intéressant  portant  pour  titre  : 
Mémoire  sur  la  production  des  fleurs  d'Immortelle  en  Provence,  publié  par 
M.  Gros,  professeur  d'agriculture  dans  le  département  des  Alpes-Maritimes. 


Catalogne».  —  Baborier  père  et  fils,  horticulteurs  à  Chanas  (Isère). — 
Prospectus  contenant  l'énumération  des  'V'ignes  françaises  et  américaines 
cultivées  dans  l'établissement  :  Vignes  à  vins  et  Vignes  de  collection, 

F.  MoREL  et  fils,  33,  rue  du  Souvenir,  à  Vaise-Lyon.  —  Catalogue  général 
descriptif  et  raisonné  des  meilleurs  arbres  et  arbustes  fruitiers.  Ce  catalogue 
comprend,  outre  l'énumération  des  espèces  et  variétés  cultivées  dans  l'éta- 
blissement, des  indications  très  utiles  sur  les  soins  à  donner  aux  arbres 
fruitiers. 

J.  Pernet  filsDucHER ,  rosiéristo,  23,  chemin  des  Quatre-Maisons,  à 
Lyon-Guillotière.  —  Catalogue  spécial  aux  Roses,  comprenant  l'énuméra- 
tion et  la  description  de  très  nombreuses  sortes  de  Rosiers.  Ces  Rosiers  sont 
classés,  dans  l'ordre  alphabétique,  dans  leur  série  respective. 

Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 

Lyon.  —  Iinpr.  du  Salut  Public.  —  BoUon,  33,  rue    de   la  République,  33; 


1886  DÉCEMBRE  N'    23 


CHRONIQUE 


Jrbres  fruitiers  franca  de  pied.  — Depuis  quelque  temps,  la  presse 
horticole  a  réveillé  un  chat  qui  dormait,  en  soulevant,  je  ne  sais 
plus  trop  à  quel  propos,  la  question  des  arbres  fruitiers  francs  de 
pied.  Si  mes  souvenirs  sont  exacts,  je  crois  que  les  pépiniéristes 
américains  sont  pour  quelque  chose  dans  l'aiïaire,  ayant  parlé  de 
greffer  les  poiriers  sur  tronçons  de  racines. 

Ce  chat  qui  dormait  et  qu'on  a  réveillé  en  lui  tirant  les  mousta- 
ches, ne  me  déplaît  pas.  C'est  un  sujet  intéressant  quoique  vieux, 
très  important,  à  mon  avis;  admirable  matière  à  mettre,  sinon  en 
vers  latins,  tout  au  moins,  si  je  ne  me  trompe,  capable  d'entretenir 
pendant  vingt,  ans  et  plus  les  discussions,  controverses,  polémiques 
et  autres  formes  variées  du  langage. 

Du  reste,  cette  question,   comme  Janus,  se  présente  sous  deux 
faces  bien  différentes,  et  avant  d'essayer  de  la  résoudre,  il  serait  • 
peut-être  bon  de  la  poser  sous  ses  deux  aspects. 

Plusieurs  jardiniers  en  causaient,  l'autre  jour,  en  ma  présence, 
et  ne  semblaient  pas  devoir  se  mettre  d'accord. 

—  Qu'entendez-vous  par  «  francs  de  pied  »  ?  demandait  celui 
d'entre  eux  qui  paraissaic  attacher  le  plus  d'importance  à  la  valeur 
des  expressions. 

—  Diable  !  répondait  l'autre,  ce  terme  ne  serait-il  pas  clair? 

—  Je  te  crois,  ajoutait  un  troisième,  il  y  a  le  franc  de  pied  de 
semis,  le  franc  de  pied  de  boulure  ou  de  marcotte,  et  le  franc  de 
pied  qui  s'est  affranchi  de  son  sujet. 

—  Qu'appelles-tu  s'affranchir,  ajouta  un  quatrième. 

—  J'envoyai  cet  indiscret  à  M"''  la  duchesse  de  Fi tz- James  et 
M.  Hébrard,  qui  ont  chacun  une  manière  différente  d'expliquer  ce 
verbe.  M.  Hébrard  lui  donne  un  sens  actif  :  celui  qui  s'affran- 
chit est  celui  qui  vit  et  non  celui  qui  meurt.  Ainsi,  par  exemple  : 
si  le  sujet  tue  la  greffe,  c'est  le  sujet  qui  s'est  affranchi;  si  le 
contraire  arrive,  c'est  la  greffe  qui  s'est  affranchie. 

Sujet  à  contestations,  comme  vous  voyez. 


—  506  — 

N'élargissons  pas  trop  le  débat.  La  question  est  plus  simple 
qu'elle  n'en  a  l'air;  mais  cependant  difficile  à  résoudre. 

Procédons  par  ordre. 

Voici  d'abord  des  renseignements  que  je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  Jean  Sisley.  M.  Sisley,  qui  s'intéresse  à  toutes  les  questions 
horticoles,  a  demandé  à  M.  Daniel  Hooïbrenk,  l'émiuent  horticul- 
teur de  Hietzing,  près  Vienne  (Autriche),  ce  qu'il  pensait  des 
arbres  fruitiers  francs  de  pied. 

Voici  sa  réponse  : 

Vous  m'avez  demandé  mon  avis  sur  les  arbras  fruitiers  francs  de  pied. 

J'ai  fait  des  milliers  de  semis.  Ce  sont  maintenant  de  très  beaux  arbres 
de  vingt  à  vingt-cinq  ans.  —  Tous  les  fruits  à  noyaux  :  Pèches,  Abricots, 
Prunes  et  Cerises  sont  beaucoup  plus  savoureux,  plus  productifs  que  ceux 
qui  sont  greffés,  et  aussi  plus  durables.  Et  il  doit  en  être  de  mêma  des  fruits 
à  pépins  :  Pommes  et  Poires. 

On  remarquera  que  cette  lettre  contient  des  faits  et  une  suppo- 
sition. Les  faits  se  rattachent  aux  arbres  fruitiers  cà  noyaux;  la 
supposition,  aux  arbres  à  fruits  à  pépins. 

Admettons  pour  un  moment  que  la  lettre  de  M.  Hooïbrenk  ne 
contienne  que  des  affirmations,  devons-nous  conclure  à  la  substi- 
tution du  semis  à  la  greffe  dans  les  plantations  ?  Je  n'en  suis  pas 
d'avis  pour  plusieurs  raisons,  savoir  : 

D'abord,  les  arbres  obtenus  de  semis  restent  souvent  de  longues 
années  avant  de  donner  des  fruits.  Premier  point  à  considérer. 
D'autre  part,  il  faudrait,  notamment  pour  le  poirier,  renoncer  à 
toutes  les  petites  formes  et  même  aux  espaliers;  car  cet  arbre  ne 
fructifie  qu'aux  extrémités  des  branches,  quand  il  est  issu  de  semis. 
Deuxième  inconvénient.  Enfin,  l'on  sait  qu'il  suffit  de  très  peu  de 
chose  pour  transformer  une  excellente  variété  de  poires  en  un 
fruit  détestable.  Dans  ce  dernier  cas,  il  faudrait  donc,  pour  admet- 
tre la  substitution  de  l'arbre  franc  de  pied  à  l'arbre  grefïé,  que  la 
reproduction  des  variétés  se  fasse  sans  aucune  variation. 

Voilà  bien  des  inconvénients..  Seraient-ils  compensés  dans  la 
création  d'un  verger  par  les  qualités  que  M.  Hooïbrenk  signale 
dans  sa  lettre.  Voilà  la  question. 

Quant  au  système  de  greffe  que  les  pépiniéristes  américains 
emploient,  M.  Jean  Sisley  l'a  également  fait  connaître,  et  plu- 
sieurs journaux  l'ont  signalé.  Je  trouve  une  mention  de  ce  procédé 
dans  le  Bulletin  du  Syndical  agricole  du  Calvados,  qui  laisse  supposer 
qu'il  a  déjà  été  expérimenté  en  France.  Jugez  plutôt  : 

Depuis  quelques  années,  les  Américains  ce  greffent  pUs  leurs  arbres  de 
vergers  quels  qu'ils  soient,  ni  sur  franc,  ni  sur  un  autre  sujet.  —  Ils  les  font 
francs  do  pied,  par  le  procédé  suivant  fort  simple,  et  qui  amènera  une  révo- 
lution dans  la  pratique  agiicole. 

Ils  greffent  tout  simplameat  sur  racines  de  môme  e--pèce.  —  Cjs  greffes 
abritées  sous  terre  ne  craignent  pas  les  influences  atmosphériques,  poussent 
très  vite  et  s'affranchissent  rapidement. 


-  507  — 

Les  \méiicains  obtiennent  ain,i,  cinq  ou  six  ans  plus  lot  que  nou?,  des 
arbres  parfaitement  sains,  très  vigoureux  et  surtout  beaucoup  plus  produc- 
tifs. 

Cette  méthoJe  est  déjà  appliquée  chez  un  pépiniériste  de  Doué-la-Fon- 
taine,  qui  a  des  pooamiers  de  deux  ou  trois  ans,  élevés  par  celte  méthode  et 
dont  les  tiges  sont  faites. 

Diospyros  coslala.  —  On  se  souvient  peut-être  qu'à  l'Exposition 
tenue  à  Lyon  au  mois  de  septembre  dernier,  M.  Reboul,  horticul- 
teur à  Montélimar  (Drôme),  avait  exposé  toute  une  collection  de 
kakis  japonais.  Malheureusement  son  exposition  ne  pouvait  donner 
aucune  idée  de  la  beauté  des  fruits  que  produisent  ces  arbres.  Pour 
parer  à  cet  inconvénient,  M.  Reboul  a  eu  l'heureuse  idée  d'en- 
voyer sur  le  bureau  de  l'Association  horticole  une  branche  d'une 
des  plus  belles  sortes  —  D.  coslala  —  absolument  couverte  des 
fruits  en  question. 

Cette  branche,  longue  de  60  centimètres,  ne  comptait  pas 
moins  d'une  douzaine  de  kakis  de  la  grosseur  d'une  orange  ordi- 
naire. Par  cet  échantillon,  on  pouvait  se  faire  une  idée  de  l'effet 
que  produirait  un  arbre  gros  comme  un  pommier  ordinaire,  par 
exemple,  couvert  de  ses  fruits  rouge  orange.  M.  Reboul  avait 
accompagné  son  envoi  d'une  lettre  de  laquelle  nous  extrayons  les 
quelques  renseignements  suivants  concernant  les  kakis  : 

«  Les  fruits  demeurent  longtemps  après  la  chute  des  feuilles, 
offrant  ainsi  un  aspect  tout  particulier,  qu'aucun  arbre  fruitier  de 
nos  contrées  ne  saurait  nous  en  donner  une  idée. 

«  Pour  que  ces  fruits  soient  mangeables,  il  faut  qu'ils  soient 
blets  à  la  façon  des  nèfles  ou  des  sorbes;  leur  couleur  jaune  clair 
actuelle  tourne  alors  au  rouge  sombre,  presque  transparent  ;  leur 
goût  fade  a  besoin  d'être  relevé   d'un  peu  de  rhum   ou   de  sucre 

«  Les  fruits  de  cette  variété  sont  presque  toujours  infertiles. 

«  Bien  avant  de  tomber  ses  feuilles  prennent  une  belle  teinte 
variant  du  rouge  clair  au  pourpre  foncé.  » 

Le  provignage  chinois.  —  Les  journaux  sont  quelquefois  obligés 
de  donner  des  titres  bizarres  à  certains  articles  sur  lesquels  ils  dési- 
rent attirer  l'attention  de  leurs  lecteurs.  C'est,  je  pense,  pour 
obtenir  ce  résultat,  que  le  Messager  de  Toulouse  signalait,  dans  une 
de  ses  chroniques  agricoles,  sous  le  nom  de  Provignage  chinois,  un 
procédé  de  multiplication  de  la  vigne  qui  n'est  pas  nouveau  et  dont 
les  fils  du  Ciel  n'ont  pas  le  monopole.  Il  est  surtout  employé  pour 
multiplier  rapidement  certaines  sortes  rares. 

Voici,  en  substance,  en  quoi  consiste  le  susdit  procédé  : 
«  Une  fosse  de  0"'25  environ  de  profondeur  est  creusée  à  partir 
du  pied  mère  ;  un  sarment  convenablement  choisi  est  tendu  hori- 


—  508  — 

zontalement  à  0'"06  ou  0"08  au-dessous  du  niveau  du  sol  au  moyen 
de  petits  piquets  auxquels  on  l'attache  solidement.  On  enlève  ensuite 
tous  les  yeux  intermédiaires  entre  le  point  de  départ  du  sarment  et 
l'endroit  où  il  pénètre  dans  l'excavation. 

«  Lorsque  la  plante  entre  en  végétation,  chaque  bourgeon  se 
développe,  et  quand  les  rameaux  qui  en  proviennent  ont  atteint 
0"15  à  0'"20  de  longueur,  on  comble  la  fosse  avec  la  terre  précé- 
demment extraite,  que  l'on  fume  si  elle  est  médiocre  ou  mauvaise. 

«  Si  le  sol  manque  de  fraîcheur,  il  faut  le  couvrir  d'un  paillis  ou 
l'arroser,  tin  été,  des  racines  nombreuses  se  développent  sur  l'an- 
cien sarment  et  sur  les  rameaux  qui  en  dérivent.  Lorsque  arrive  le 
moment  de  la  plantation,  on  n'a  plus  qu'à  relever  le  provin  et  à  le 
diviser  en  autant  de  fragments  qu'il  y  a  de  rameaux  enterrés. 
Chacun  d'eux  constitue  un  bon  plant  enraciné. 

«  Quand  ou  opère  sur  des  sarments  aoûtés,  l'époque  de  la  chute 
des  feuilles  est  la  meilleure  pour  ce  provignage.  Quand  on  fait 
usage  de  rameaux  herbacés,  on  doit  les  enterrer  dès  qu'il  ne  sont 
plus  trop  cassants  pour  être  courbés  sans  danger  de  se  rompre.   » 


Frucli ficalion  des  araucarias.  —  M.  Vincent  Ostinelli,  jardinier- 
chef  de  la  villa  du  prince  de  Trabia  et  Butera,  à  Palerme,  signale 
dans  le  Bullelino  delta  R.  Societa  Toscana  di  oriicuUura  la  fructifica- 
tion de  plusieurs  Araucarias  dans  la  villa  en  question. 

«  Depuis  trois  ans,  dit  M.  V.  Ostinelli,  un  superbe  exemplaire 
ù.'  Jraucaria  BidwiUi  produit  de  gros  strobiles,  de  forme  sphérique, 
dont  quelques-uns  pèsent  jusqu'à  4  kilog.  Cette  année,  je  les  ai 
fécondés  avec  le  pollen  de  VJraucaria  Cooki.  L'arbre  mesure 
12  mètres  de  hauteur,  garni  depuis  sa  base  de  branches  qui  cou- 
vrent une  circonférence  de  35  mètres.  Le  tronc,  à  80  centimètres 
du  sol,  mesure  1  mètre  70  de  tour.  Son  aspect  pyramidal  est  très 
élégant,  et  j'ose  affirmer  que  c'est  l'exemplaire  le  plus  grand  et  le 
plus  beau  de  toute  l'Italie. 

«  Une  autre  espèce,  qui  n'est  pas  inférieure  à  la  précédente  en 
majesté  et  grandeur,  V Araucaria  Cunninghamii,  est  également 
chargée  de  fruits  iécondés.  Il  y  a  également  V.J.  Cooki  qui  a  donné 
des  fruits  cette  année  pour  la  première  fois.  Ce  sont  les  premiers 
fruits  de  cette  espèce  que  l'on  voit  en  Sicile  et  probablement  dans 
le  reste  de  l'Italie.  J'ajouterai  en  dernier  lieu  qu'il  existe  dans  ce 
jardin  divers  autres  beaux  Araucaria  excelsa,  qui  produisent  des 
fruits  tous  les  ans  et  dont  les  graines  n'arrivent  à  complète  matu- 
rité qu'après  dix-huit  mois,  » 


—  509  — 

Des  grosses  fraises  au  mois  d'août. —  «  Un  apport  qui  a  particuliè- 
rement attiré  l'attention  des  visiteurs  de  l'Exposition  temporaire 
du  Cercle  royal  d  arboricullure  de  Liège  des  28  et  30  août  dernier, 
c'est  l'assiette  de  belles  et  grosses  fraises,  exposées  par  M.  Lam- 
bert Dabée,  chef  de  culture  chez  M.  le  baron  Gaston  de  la  Rousse- 
lière,  au  château  des  Bruyères  (Chênée).  De  grosses  fraises  à  la 
fin  du  mois  d'août,  d'un  beau  rouge  ^vermillon  et  d'un  aspect  des 
plus  appétissants,  c'est  quelque  chose  qui  excite  la  curiosité.  Si 
l'exposant  n'avait  pas  indiqué  que  ces  fraises  provenaient  de 
plantes  de  la  variété  Marguerite  (Lebreton)  soumises  à  une  culture 
retardée,  beaucoup  de  visiteurs  auraient  cru  qu'on  avait  enfin 
trouvé  le  fameux  fraisier  à  gros  fruits  donnant  depuis  le  printemps 
jusqu'aux  gelées,  et  qu'on  a  faussement  annoncé  sous  les  noms 
pompeux  de  Roi-Henri,  de  Jeanne-d'Arc,  etc. 

Les  belles  fraises  que  M.  Dabée  avaient  exposées  provenaient 
de  plantes  qu'il  avait  forcées  en  hiver.  Après  la  fructification,  il  les 
a  laissées  un  peu  souffrir,  coupé  une  partie  de  leurs  feuilles  et  les 
a  replantées  en  pleine  terre,  où  il  les  a  arrosées  abondamment. 
Elles  se  sont  remises  en  végétation,  ont  bien  fleuri  et  donné  de 
beaux  et  bons  fruits  pendant  le  mois  d'août  et  une  partie  de  celui 
de  septembre. 

Cette  production  hors  saison,  dit  M.  Jules  Belot,  dans  le  Bulletin 
liorlicole,  n'a  cependant  rien  d'extraordinaire;  car  elle  s'obtiendra 
chaque  fois  qu'on  voudra  traiter,  comme  nous  venons  de  l'indiquer, 
les  fraisiers  qu'on  aura  soumis  à  la  culture  forcée,  soit  en  serre  ou 
sur  couche.  Ceci  devrait  encore  engager  les  jardiniers  à  généra- 
liser davantage  la  culture  forcée  de  ce  bon  fruit  ;  ils  pourraient 
ainsi  le  fournir  pendant  une  bonne  partie  de  l'année.   » 

Olivier  de  Serres  el  la  taille  des  arbres.  —  Olivier  de  Serres  recom- 
mande de  tailler  les  arbres  au  printemps,  et  qualifie  d'ignorants 
ceux  qui  les  taillent  à  une  autre  époque. 

Voici  le  passage  de  son  Théâtre  d'agriculture,  où  il  traite  cette 
question  : 

«  Le  temps  en  est  après  l'hiver,  lorsque  les  arbres  sont  en 

sève,  afin  que  par  icelle  la  plaie  de  la  coupe  soit  tôt  recouverte  : 
ce  qu'on  ne  pourrait  espérer,  prenant  les  arbres  encore  endormis, 
comme  plusieurs  ignorants  font,  ce  que  je  redis  pour  l'importance 
de  ce  raesnage.  Car  les  taillant  en  hiver,  avant  qu'ils  fassent  sem- 
blant de  pousser,  la  tranche  se  sèche  en  noircissant,  sans  se  pou- 
voir jamais  recouvrir,  ou  bien  à  tard,  souventes-fois  à  la  ruine  de 
l'arbre.  Mais  par  le  contraire,  l'humeur  de  la  sève  se  trouvant 
preste,  secourt  subitement  la  plaie,  quand  on  la  fait  au  temps  nou- 
veau ;   chose  qui  se  preuve  par  l'expérience  et  bien  apparemment 


—  510  — 

par  les  entes  faicts  à  l'écusson,  qui  faillent  à  se  reprendre, 
desquels  en  très  peu  de  temps  la  cicatrice  de  l'incision  faite  au 
sauvageon  et  très  bien  consolidée  par  la  sève  intervenant  là-des- 
sus. » 

Cet  excellent  Olivier  de  Serres  pousse  un  peu  les  choses  au  noir, 
car  une  coupe  bien  faite,  même  en  automne,  se  recouvre  parfaite- 
ment dans  le  cours  de  l'été.  Du  reste  le  conseil  qu'il  donne  est  bon 
à  suivre,  surtout  lorsque  les  arbres  qu'on  doit  tailler  ne  sont  pas 
trop  nombreux,  car  en  mars  les  occupations  ne  manquent  pas  aux 
jardiniers. 


Expcrieuecs  h  instUiier  dans  les  jiirdius  pour  jii^er  de  la 
valent*  fertilisante  des  engrais  cliiiuiqiies. 

Les  chimi-ites  qui  se  sont  occupés  de  l'analyse  des  plantes  ont.  trouvé 
qu'elles  contenaient  toutes,  dans  des  proportions  variées  et  combinées  de  dif- 
férentes manières,  quatoize  éléments  ou  corps  simples. 

Ces  quatorze  éléments,  qui  composent  la  substance  végétale,  soat  tirés 
directement  du  sol  ou  de  l'atmosphère  par  les  racines  et  les  feuilles  des 
plantes. 

A  la  suite  d'expériences  très  nombreuses,  les  chimistes  ont  reconnu  que 
quatre  des  élémenis  en  question  jouaient  un  rôle  tellement  prépondérant 
comme  a.,'ent  de  fertilité  qu'il  suffisait  da  les  assjcier  entre  eux,  dans 
différentes  proportions,  pour  constituer   des   engrais  de  premier  ordre. 

Ces  quatre  éléments  sont  :  l'acide  phosphorique,  l'azote,  la  potasse  et  la 
chaux.  C'est  avec  eux  qu'on  a  composé  tous  l35  engrais  chimiques.  Ce  sont 
ces  éléments  qui  communiquent  aux  fumiers,  guanos,  poudrettes,  matières 
fécales,  guadoues,  etc.,  ainsi  qu'à  la  terre  arable  leur  action  fertilisante. 

Il  est  prouvé  que  l'acide  phosphorique,  la  potasse,  la  chaux  et  une  matière 
aïotée  communiquent  aux  plus  mauvaises  terres  le  plus  haut  degré  de  ferti- 
lité. 

Ces  quatre  substances  partout  efficaces  ne  manifestent  leur  action  qu'autant 
qu'elles  sont  associées  entre  elles  et  réunies  toutes  les  quatre.  La  suppres- 
sion d'une  seule  d'entre  elles  frappe  les  autres  d'inertie. 

On  a  reconnu  que,  suivant  les  espèces,  ces  quatre  orps  n'avaient  pas  le 
même  degré  d'utilité;  qu'ils  avaient  à  tour  de  rôle  une  action  prépondérante 
ou  subordonnée. 

La  composition  de  la  plupart  des  engrais  spéciaux  n'est  basée  que  sur  la 
connaissance  de  la  substance  prépotidérante  à  laquelle  on  adonné  le  nom  do 
dominunte. 

La  dominante  pour  les  céréales,  le  colza,  la  betterave  est  la  matière  azotée. 
Dans  la  composition  d'un  engrais  pour  les  plantes  en  question,  c'est  donc  la 
matière  azotée  qui  doit  dominer. 

Pour  le  maïs,  la  canne  à  sucre,  le  rutabaga,  la  dominante  est  Vacide  phos- 
phorique. 

C'est  la. potasse  pour  les  légumineuses  et  la  pomme  de  terre. 
Toute  la  question  pour  arriver  à  composer  un  engrais  rationnel  pour  une 
plante  déterminée  est  de  trouver  sa  dominante,  c'est-à-dire  celle  des  quatre 
substances  plus  haut  énoncées  qui  a  un?  action  prépondérante  sur  sa  végé- 
tation. 

Pour  les  cultures  agricoles  les  expériences  ont  été  faites.  Elles  sont  à  faire 
pour  l'horticulture. 

Si  tous  les  sols  avaient  la  même  composition  la  question  serait  très  simple, 
mais  comme  cette  composition  varia  beaucoup  et  qu'elle  entre  forcément  en 


—  511    - 

ligne  de  compte  dans  la  composition  des  engrais,  il  s'en  suit  que  l'expérience 
faite  dans  un  sol  ne  prouve  rien  pour  un  autre  sol  de  différante  nature.  De 
là  la  nécessité  pour  chaque  cultivateur  d'arriver  d'abord  à  la  connaissance 
de  son  terrain. 

Ceux  qui  ne  sont  pas  initiés  à  l'étude  des  engrais  s'imaginent  volontiers 
qu'il  sufDi  de  faire  analyser  le  sol  par  un  chimiste  pour  coan  lître  sa  compo- 
sition. Oui,  un  chimiste  dira  Je  quoi  se  compose  un  teirain,  mais  jamais, 
entendt-z  bien,  il  ne  vous  renseignera  sur  les  qualités  horticoles  de  ce  ter- 
rain :  Tenez,  un  exemple:  la  potasse  n'est-elle  pas  en  très  grande  abondance 
dans  les  sables  feldspathiques  ?  et  cependant  présentée  sous  cette  forme  à  la 
plante  la  potasse  n'a  presque  aucune  action  sur  elle.  Il  en  est  de  même  pour 
l'acide  phosphorique  associé  à  l'alumine,  au  fer  et  même  dans  certains  cas  à 
la  chaux. 

Renoncez  donc,  croyez-moi,  à  l'analyse  chimique  de  vos  terrains.  Faites- 
les  analyser  par  vos  plantes.  Elles  vous  répondront  plus  sûrement  que  le 
meilleur  chimiste.  Dans  leur  mystérieux  laboratoire  les  plantes  ont  des 
instiutnents  d'une  précision  inestimable  qu'on  n'a  pas  encore  remplacés. 

Avant  d'indiquer  comment  cette  analysa  des  terres  peut  se  faire  au  moyen 
des  engrais   il  est  utile  d'expliquer  comment  ceux-ci  doivent  être  composés. 

Les  engrais  se  divisent  en  quatre  catégories,  savoir  :  engrais  complets, 
engrais  incomplets,  engrais  intensifs,  engrais  homologues. 

Les  engiais  complets  varient  de  composition  suivant  la  dominante.  Voici 
des  exemples  d'engrais  complets  donnés  par  Georges  Ville  : 

Engrais  complet  à  dominante  azote  employé  pour  le  jardinage: 
Superphosphate  de  chaux.  4  kil.    »     pour  100  mètres  carrés. 
Nitrate  de  potasse.    ...  2    »      »  —  — 

Sulfate  d'ammoniaque  .    .  2     »     500  —  — 

Sulfate  de  chaux  (plâtre).   3    »     590  —  — 

L'azote  est  fourni  par  le  nitrate  de  potasse  d'un  côté  et  par  le  sulfate 
d'ammoniaque  de  l'autre. 

Engrais  complet  à  dominante  potasse,  employé  pour  la  vigne  et  les  arbres 
fruitiers  : 

Superphosphate  de  chaux  .    .  6  kil.  pour  100  mètres  carrés. 

Nitrate  de  potasse 5  —  — 

Sulfate  de  chaux 4  —  — 

Engrais  à  dominante  acide  phosphorique  : 

Superphosphate  de  chaux  .    .   6  kil,  pour  100  mèlres  carrés. 

Nitrate  de  potasse 2  —  — 

Sulfate  de  chaux 4  —  — 

Pour  transformer  ces  trois  sortes  d'engrais  complets  en  engrais  intensifs, 
il  suffit  d'élever  le  chiffre  de  la  dominante.  Exemple  :  Au  lieu  de  2  kil.  500 
de  sulfate  d'ammoniaque  indiqués  dan»  la  première  formule,  il  faut  porter  la 
dose  à  3  kil.  500.  Même  opération  pour  les  engrais  suivants,  en  ayant  soin 
d'élever  la  dose  de  potasse  ou  d'acide  phosphorique. 

Les  engrais  incomplets  sont  ceux  dont  on  supprime  une  des  quatre  subs- 
tances. Les  engrais  incomplets  sont  employés  dans  les  sols  qui  contiennent 
largement,  sous  la  forme  assimilable,  la  substance  supprimée  dans  l'engrais. 
Un  sol  est-il  sutBsamment  riche  en  potasse,  on  supprime  la  potasse  dans 
l'engrais  ;  est-ce  le  phosphate  de  chaux  qui  est  abondant  dans  le  terrain,  on 
supprime  le  phosphate  de  chaux  dans  l'engrais. 

Il  reste  à  dire  quelques  mots  des  engrais  homologues,  qu'on  aurait  pu 
appeler  engrais  économiques.  Ces  engrais  sont  composés  avec  des  substances 
qui  fournissent  dans  ctrtains  cas  les  principes  utiles  aux  plantes  sous  d'au- 
tres formes.  C'est  ainsi  que  l'azote  peut  être  fourni  pas  le  nitrate  de  soude, 
la  potasse  par  le  chlorure  da  potassium,  l'acide  phosphorique  par  le  phos- 
phate précipité  ou  le  phosphate  fossile. 

Ces  substances  sont  généralement  moins  chères  que  celles  qui  entrent  dans 
la  composition  des  engrais  dont  nous  avons  donné  les  formules. 


—  512  — 

La  fabrication  des  engrais  homologues  ne  doit  être  entreprise  que  lorsqne 
le  cultivateur  s'est  rendu  un  compte  exact  du  rô'e  des  engrais  complets  ordi-  ' 
naires. 

Supposons  un  horticulteur  voulant  juger  par  lui-même  Tinflutnca  qu'eier- 
cent  des  engrais  chimiques  sur  les  différentes  plantes  qu'il  cultive.  Voici 
l'expérience  qu'il  doit  instituer,  en  admettant  qu'il  se  soit  procuré  30  kilog. 
de  superphosphate  de  chaux,  10  tilogr.  de  nitrate  de  potasse,  10  kilogr.  de 
sulfate  d'ammoniaque  et  12  kilogr.  de  plâtre. 

1»  Engrais  complètement  intensif  :  5  kilogr.  de  superphosphate  ;  2  kilogr. 
250  nitrate  de  potasse  ;  2  kilogr.  5'30  sulfate  d'ammoniaq'ie  :  3  kilogr.  500 
plâtre,  pour  100  mètres  carrés. 

2°  Engrais  moins  l'azote  :  Supprimer  dans  la  formule  précédente  les 
2  kilogr.  500  de  sulfate  d'ammoniaque. 

Nota.  Pour  constituer  un  engrais  absolument  .'«ans  azote,  il  faudrait  remplacer  le 
nitrate  de  potasse  par  une  dose  équivalente  de  chlorure  de  potassium. 

3°  Engrais  sans  potasse  :  5  kilogr.  de  superphosphate;  2  kilogr.  500  sul- 
fate d'ammoniaque  ;  2  kilogr. '500  piâtre. 

4°  Engrais  sans  acide  phosphorique  :  2  kilogr.  250  nitrate  de  potasse; 
2  kilogr.  500  sulfate  d  ammoniaque  ;  2  kilogr.  500  plâtre. 

5°  Le  même  que  le  précédent,  en  supprimant  le  plâtre. 

Mélanger  exactement  chacune  des  doses  indiquées,  de  façon  à  constituer 
un  tout  parfaitemniot  homogène.  Ensuite  afin  de  'aciliter  l'épandage,  addi- 
tionner chaque  engrais  de  10  fois  son  volume  d'une  substance  de  peu  de 
valeur,  telles   que  terre  sèche,  sable,  vieille  tannée,  vieux  terreau,  etc. 

Les  cinq  engrais  plus  haut  cités  étant  composés  pourront  servir  à  cent 
mètres  carrés  chacun. 

Je  supposa  maintenaTt  que  l'horticulteur  veuille  trouver  la  dominante  du 
Rosier,  du  Fusain,  du  choux,  du  Poirier,  de  l'Hortensia,  etc.;  afin  de  savoir 
quelle  sera  la  fitrinula  de  l'engrais  la  plus  profluible  dans  son  terrain,  à  ses 
différentes  plantes,  nue  doit-il  faire  ? 

Il  doit  dire  a'jx  engrais  :  analysez  mon  terrain,  an  alj.?ez  mes  plantes,  et 
les  engrais  analyseront  plantes  et  sol,  mieux  que  Boussingault  et  Georges 
Ville  eux-mêmes. 

Première  expérience.  —  Analyse  dti  terrain.  —  Supposons  une  culture  de 
rosiers  de  GO  mètres  carrés.  Diviser  le  terrain  en  six  paities  de  10  mètres 
carrés.  La  première  partie  recevra  l'engrais  complet  ;  la  deuxième,  l'engrais 
sans  azote;  la  troisième,  l'engrais  sans  potasse;  la  quatrième,  l'engrais  i.ans 
acide  phosphorique  ;  la  cinquième,  l'ergrais  sans  plâtre  ;  la  sixième,  aucun 
engrais.  A  la  fin  de  la  saison  la  plante  aura  répondu.  Si  le  terrain  manque 
de  l'un  des  quatre  éléments  supprimés  dans  l'engrais,  ou  verra  la  parcelle 
où  cette  suppression  a  été  faite  chélive  et  misérable.  Au  contraire,  le  ter- 
rain est-il  riche  et  fourni  des  quatre  éléments  en  question  sous  la  forme  assi- 
milable la  suppression  d'un  des  éléments  n'influera  pas  sur  la  végétation. 
Nous  avons  un  terrain  riche  dont  il  suffira  d'entretenir  la  fertilité  en  lui 
ajoutant  chaque  année  les  substances  que  les  plantes  auront  consommées. 

Deuxième  expérience.  —  Analyse  de  la  plante.  —  Diviser  comme  précé- 
demmeni  une  surface  de  terrain  cultivée  en  rosiers  en  six  parties  égales. 
Mettre  dans  chacune  des  quatre  premières  parties  un  engrais  intensif  à  domi- 
nante différente,  dans  la  cinquième  partie,  un  engrais  sans  dominante  et 
laisser  la  sixième  partie  sans  engrais.  Celle  des  quatre  premières  parties  qui 
aura  donné  le  meilleur  résultat  indiquera  la  dominante  du  rosier  ou  de  tous 
autre  plante  qu'on  aura  cultivée. 

Comme  on  le  voit  il  n'j  a  rien  de  plus  simple  pour  le  cultivateur  que  de 
se  rendre  compte  de  la  valeur  fertilisante  des  différentes  substances  qui  en- 
trent dans  la  fabrication  des  engrais. 

Après  cette  première  expérience,  quand  il  connaîtra  la  nature  de  son  ter- 
rain et  les  besoins  des  plantes  qu'il  cultive,  quand  il  sera  familier  en  un  mot 
avec  les  sels  de  phosphore,  de  potasse,  de  matières  azotées  et  autres  subs- 


—  513  — 


tances,  il  pourra,  facilement  essayer  la  fabrication  des  engrais  homologues, 
qui  coûtent  moins  cher  et  donnent  souvent  d'excellents  résultats. 

Nous  aurons  du  reste  l'occasion  de  revenir  sur  cette  importante  question 
en  faisant  connaître  le  résultat  des  expériences  que  nous  nous  proposons 
d'établir  au  printemps  prochain. 

Nous  avons  indiqué  les  doses  à  employer  pour  100  mètres  carrés.  Dans  la 
culture  des  plantes  en  pots  il  y  aura  lieu  de  procéder  avec  circonspection. 
Nous  pensons  qu'il  sera  utile  au  début  do  ne  pas  mettre  plus  de  1,500  gram- 
mes d'engrais  par  mètre  cube  de  terre.  L'engrais  ayant  été  mêlé  de  dix  fois 
son  poids  sera  dune  incorporé  dans  la  terra  en  rempotage  à  raison  de  15  kilos 
par  mètre.  On  pourra  varier  cette  dose  en  l'élevant  successivement.  Cet  essai 
ne  devra  porter  que  sur  quelques  plantes  de  chique  espèce. 


Rosa  sempcrvirens.  —  Rosier  toujours  vert. 

Rosier  toujours  vert.  —  Rosa  sempervirens  L. 

Les  variétés  de  Rosier  toujours  vert  (^.  sempervirens)  culti- 
vées dans  les  jardins  ne  sont  pas  très  nombreuses  ;  c'est  à  peine  si 
les  catalogues  des  rosiéristes  les  plus  renommés  en  mentionnent 


—  514  — 

une  demi-douzaine,  telles  que  Anatole  de  Monlesquieu,  Félicilè  perpé- 
tuelle, —  quelques-uns  écrivent  Félicité  Perpétue,  Flore,  Galand  et 
rampante. 

En  revanche,  les  botanistes  signalent  un  assez  bon  nombre  de 
formes  de  Rosa  sempervirens  qui  croissent  à  l'état  sauvage  en  Europe. 
Plusieurs  de  ces  formes  ont  été  élevées  au  rang  d'espèces  dans  ces 
derniers  temps. 

D'après  Lindley  les  fiosa  scandens  Mil!.,  halearica  Desf. ,  alrovirens 
Viv.,  capreolata  Neil.,  microplnjlla  Desf.  et  proslrata  Lindl.  devraient 
être  considérés  comme  de  simples  synonymes  du  Rosier  toujours 
vert. 

Déseglise  a  modifié  cette  appréciation  du  botaniste  anglais.  Il 
considère  commes  espèces  légitimes  le  B.  scandens  Mill.,  auquel  il 
rapporte  comme  synonymes  les  B.  moscliala  Mutel  et  R.  inicrophijUa 
Desf. 

Je  n'ose  pas  poursuivre  plus  loin  l'énumération  sèche  et  fasti- 
dieuse des  synonymes  du  R.  sempervirens,  cela  constituerait  un 
méli-mélo  auprès  duquel  celui  de  la  rue  Meslay  ne  serait  qu'un 
petit  garçon.  Quand  j'aurais  dit  que  le  Rosier  musqué,  de  Lapey- 
rouse,  n'est  qu'un  Rosier  toujours  vert  qui  n'a  aucun  rapport  avec 
le  Rosier  musqué  de  Mutel,  lequel  n'est,  paraît-il,  pas  autre  chose 
que  le  Rosier  sarmenteux  R.  [scandens)  de  Miller,  serions-nous  bien 
avancé  pour  cela  ?  Que  les  botanistes  débrouillent,  s'ils  le  peuvent, 
la  question  ;  c'est  leur  affaire  et  non  la  nôtre. 

Nous  devons  conclure,  néanmoins,  de  l'embarras  des  botanistes 
dans  cette  question  que  le  rosier  toujours  vert  n'est  pas  une  entité, 
mais  un  groupe  de  formes  nommées  autrefois  un  peu  à  tort  et  à 
travers  par  ceux  qui  se  sont  occupés  de  cataloguer  les  espèces  sau- 
vages des  différentes  parties  de  l'Europe. 

Le  Rosa  sem/crvirens  a  été  figuré  dans  V/fortus  Ellhamensis  par 
Dillenius,  dans  le  Flora  grœca  par  Siblhorp,  par  Redouté,  le  roi  des 
peintres  de  fleurs,  par  Miss  Lawrence  et  par  plusieurs  autres.  La 
figure  que  nous  en  donnons  est  une  copie  réduite  de  celle  de  l'Hor- 
tus  Ellhamensis. 

Le  Rosier  toujours  vert  vit  à  l'état  sauvage  en  France,  surtout 
dans  le  Midi  et  dans  l'Ouest,  en  Espagne,  en  Italie,  en  Turquie, 
en  Grèce,  en  Algérie  et  au  Maroc. 

On  a  voulu  rapporter  la  rose  du  comté  d'Ayr  (Rosa  Jijrshirea),  si 
commune  dans  les  jardins,  au  R.  sempervirens,  mais  il  est  certain 
que  cette  sorte  appartient  au  groupe  des  Rosa  arvensis. 

Le  Rosier  toujours  vert,  ainsi  que  ses  variétés  horticoles  sup- 
porte facilement  nos  hivers  même  les  plus  rigoureux.  Ils  garnissent 
en  peu  d'années  un  treillage,  un  mur,  ou  forment  de  belles  colon- 
nes de  verdure  qui  donnent  au  printemps  d'innombrables  fleurs. 


—  515  — 

11  serait  à  désirer  que  les  rosiéristes,  qui  nous  donnent  chaque 
année  tant  de  variétés  nouvelles  de  Roses,  voulussent  bien  s'occu- 
per de  féconder  artificiellement  le  Rosier  en  question  avec,  quel- 
ques-unes de  ces  belles  sortes  de  Thés,  de  Noisettes  ou  d'hybrides 
remontants  qui  sont  si  nombreuses  dans  les  jardins.  Cela  nous 
sortirait,  un  peu  des  sentiers  fleuris  mais  battus  des  Roses 
modernes.  S.   L. 

De  la  Restauration  des  Arbres  à  fruit  (1). 

On  juge  de  la  vigueur  d'un  arbre,  non  par  la  quantité  de  fruits, 
mais  par  la  force  et  la  longueur  des  pousses  produites  dans  l'année. 
Quand  la  somme  des  pousses  diminue,  c'est  que  la  végétation  se 
ralentit  :  l'arbre  est  fatigué.  Quand  la  somme  est  nulle  ou  presque 
nulle,  c'est  que  la  végétation  est  arrêtée  :  l'arbre  est  épuisé.  La 
fatigue  est  le  résultat  de  causes  accidentelles  et  passagères  :  c'est 
tantôt  une  récolte  surabondante,  tantôt  une  sécheresse  excessive  ou 
un  sol  amaigri,  tantôt  une  maladie  ou  une  invasion  d'insectes  des- 
tructeurs. Les  causes  de  la  fatigue  étant  diverses,  les  remèdes 
seront  en  rapport  avec  elles.  Une  année  de  repos  qui  succède  ordi- 
nairement à  une  année  d'abondance,  une  fumure  plus  copieuse, 
une  visite  d'entretien  plus  sérieuse  suffiront  pour  rendre  à  l'arbre 
toute  sa  force  et  sa  vigueur. 

La  fatigue  prolongée  conduit  à  l'épuisement,  et  l'épuisement  con- 
duit à  la  mort.  L'arbre  fatigué  ne  pousse  plus  de  rameaux,  et  par- 
tant plus  de  racines.  La  sève  monte  trop  rare  dans  le  tronc  et  dans 
les  branches,  sur  lesquels  les  vers  exercent  impunément  leurs  rava- 
ges. La  mousse,  les  lichens  envahissent  les  écorces,  les  insectes 
dévorants  se  multiplient  à  loisir.  Tout  concourt  à  l'épuisement  de 
l'arbre,  jadis  si  vigoureux;  il  tombe  dans  une  vieillesse  préma- 
turée, et  bientôt  il  succombe. 

Il  a  fallu  vingt,  trente  ans  et  plus  pour  former  un  arbre  ;  il  suffit 
de  quelques  heures  de  travail,  sinon  pour  lui  rendre  la  vigueur 
première,  du  moins  pour  prolonger  de  longues  années  son  exis- 
tence et  doubler  ses  produits.  Les  lui  refuserez-vous  ?  Ce  serait 
bien  mal  comprendre  vos  intérêts.  La  restauration  de  vos  arbres 
est  facile.  Je  vais  vous  le  démontrer  par  un  exemple. 

Je  me  trouvais,  il  y  a  quinze  ans  environ,  en  présence  d'un 
arbre  jeune  encore,  mais  déjà  complètement  épuisé.  C'était  une 
ancienne  pyramide,  devenue  par  la  suppression  des  branches  infé- 
rieures, un  arbre  à  haute  tige.  L'arbre  était  dans  un  tel  état,  que 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'horticulture  de  l'Orne. 


—  516  — 

le  propriétaire  l'avait  condamné  au  bûcher.  Je  demandai  à  le  res- 
taurer, et  j'entrepris  sa  guérison. 

Je  commençai  par  les  égorges  :  c'était  attaquer  les  ennemis  dans 
leur  fort.  Un  jour,  que  les  écorces  étaienl  bien  trempées  par  une  pluie 
prolongée,  je  inarmai  d'un  (jralloir  et  je  raclai  le  tronc  cl  les  branches. 
Dieu  !  quel  spectacle  voilaient  toutes  ces  écorces  fendillées,  cou- 
vertes de  mousses  et  de  lichens!  Des  chancres,  des  ulcères,  des 
plaies  de  10,  20  et  même  30  centimètres  de  long,  sur  une  largeur 
égale  au  quart,  au  tiers  et  quelquefois  à  la  moitié  de  la  circonfé- 
rence; des  chicots,  restes  de  branches  mal  coupées  ;  et  surtout  des 
insectes,  des  œufs,  de  la  vermine,  de  quoi  monter  au  printemps 
tout  un  musée  d'entomologie.  Je  me  conduisis  en  vrai  Vandale;  et, 
sans  égard  pour  la  beauté  et  les  charmes  futurs  de  ces  êtres  divers, 
je  recueillis  le  loul  avec  les  raclures,  et  je  les  jetai  au  foyer,  où  les  œufs 
détonnèrent  comme  de  petits  pétards,  et  où  les  insectes  rôtirent, 
maudissant  le  trop  zélé  arboriculteur. 

Plus  irrités  encore  furent  les  vers  dont  je  venais  de  troubler  les 
douces  jouissances.  J'en  trouvai  un  grand  nombre,  se  délectant  des 
sucs  del'écorce,  sur  le  tronc  et  surtout  à  la  naissance  des  branches. 
En  vain,  ils  m'opposèrent  la  loi  de  la  prescription;  je  n'écoutai 
rien,  tous  furent  écrasés. 

A  quelques  jours  de  là,  je  revis  mon  arbre.  Je  fus  charmé  de 
son  petit  air  de  propreté.  Le  temps  humide  avait  attendri  de  nouveau 
les  écorces.  Aum  quelques  coups  de  rdcloir  eiirenl-ils  bientôt  complété  sa 
toilette  ;  et  je  n'eus  plus  à  m'occuper  que  des  ulcères,  des  chancres, 
des  chicots  et  des  branches. 

Les  ULCÈRES  consistent  dans  la  désorganisation  du  tissu  ligneux, 
lorsque,  meurtri  par  un  instrument  mal  tranchant,  il  est  resté  sou- 
mis à  l'action  délétère  de  l'air,  du  soleil  et  de  la  pluie. 

Les  ulcères  étaient  nombreux  sur  mon  arbre.  Quelques-uns 
étaient  peu  profonds.  J'enlevai  avec  ta  serpette,  jusqu'au  vif,  la  partie 
malade,  et  je  recouvris  la  plaie  de  mastic  à  greffer.  La  plupart  avaient 
une  profondeur  qui  ne  me  permit  pas  d'aller  jusqu'au  vif;  je  dus  me 
contenter  d'enlever  ce  qui  était  tout  à  fait  décomposé  et  de  mastiquer.  Je 
trouvai  même  un  ulcère  très  profond,  formant  une  cavité  où  l'eau 
séjournait.  On  rencontre  quelquefois  sur  les  arbres  de  ces  trous 
profonds  dans  lesquels  les  oiseaux  font  leurs  nids.  //  faut,  après  les 
avoir  nettoyés  le  mieux  possible,  les  remplir  entièrement  d'un  épais  béton 
au  mortier  hydraulique.  C'est  ce  que  je  fis. 

Les  CHANCRES  sont  une  désorganisation  de  Vecorce  provenant  de 
meurtrissures,  de  coups  de  soleil,  de  la  grêle,  de  la  gelée.  Ils 
étaient  en  petit  nombre.  Pour  les  guérir,  je  coupai,  avec  une  serpette 


—  517  — 

bien  tranclianie,  loule  la  parue  de  Cécorce  alleinte,  ayant  bien  soin  de 
NE  LAISSER  AUCUNE  TRACE  DU  MAL  :  Condition  essentielle  à  la  gué- 
rison  de  la  maladie  qui,  sans  cela,  ne  tarde  pas  à  reparaître.  Une 
des  branches  avait  un  chancre  couvrant  les  trois  quarts  de  la  circonférence  ; 
il  me  parut  plus  utile  de  supprimer  l'extrémité  de  la  branche,  et  de  la 
couper  immédiatement  au-dessous  du  chancre. 

Dans  le  même  jardin  se  trouvaient  quatre  pommiers  de  quinze  à 
à  vingt  ans,  de  très  belle  venue,  mais  couverts  de  chancres  nom- 
breux. Pendant  plus  de  six  ans,  je  leur  avais  prodigué  inutilement 
tous  mes  soins.  Les  chancres  succédaient  aux  chancres,  et,  chaque 
année,  ils  reparaissaient  plus  nombreux.  C'est  que,  sur  ces  pom- 
miers, les  chancres  ne  provenaient  pas  d'un  accident,  d'une  cause 
passagère  ;  c'était  chez  eux  une  maladie,  un  mal  originel;  je  finis  par  où 
f  aurais  dû  commencer,  c'est-à-dire  par  les  abattre. 

Les  CHICOTS  furent  faciles  à  traiter  :  je  les  coupai  tout  ras  sur  le 
tronc  et  sur  les  branches. 

Les  BRANCHES  me  demandèrent  plus  de  temps  et  de  savoir- 
faire  . 

Je  commençai  par  retrancher  plusieurs  branches  mortes,  mourantes, 
ou  faisant  confusion.  Rien  de  plus  élémentaire  que  la  suppression 
d'une  branche  ;  cependant,  il  est  des  ouvriers  qui  ne  savent  pas  la 
faire  avec  art.  Ceux  qui  avaient  soigné  l'arbre  avant  moi  étaient 
de  ce  nombre.  Tantôt  ils  avaient  coupé  la  branche  trop  loin  du 
tronc  et  formé  les  chicots  dont  j'ai  parlé;  tantôt  ils  l'avaient  taillé 
trop  près  et  fait  une  plaie  d'une  étendue  double  de  ce  qu'elle  aurait 
dû  avoir.  Cette  plaie  ne  s'était  pas  guérie,  elle  était  dégénérée  en 
ulcère.  Tantôt,  ils  avaient  scié  le  dessus  de  la  branche  sans  pré- 
caution et  la  branche  s'était  brisée,  formant  des  esquilles  dans  le 
bois,  et  produisant  une  grande  déchirure  sur  l'écorce. 

Ces  ouvriers  ignoraient  : 

1°  Que  la  coujie  doit  être  faite  à  2  oic  3  centimètres  du  tronc,  à  l'en- 
droit rétréci  où  finit  l'empâtement  et  où  commence  la  branche; 

2°  Que,  pour  prévenir  toute  déchirure,  il  faut  soutenir  la  branche,  et, 
quand  elle  est  volumineuse,  faire,  AU-DESSOUS,  avec  la  scie  une  incision 
dr  1  à  5  centimètres  de  profondeur,  selon  le  volume  de  cotte  branche, 
avant  de  commencer  à  scier  au-dessus  ; 

3°  Que  la  plaie  faite  par  la  scie  doit  être  ravivée  à  la  serpette  et  cou- 
verte de  mastic; 

4°  Que,  s'il  est  utile  quelquefois  de  laisser  un  chicot,  ce  chicot  doit 
être  enlevé  après  deux  ou  trois  ans,  avant  que  la  mortalité  ne  soit  deS' 
ccndue  au  point  où  la  branche  aurait  dû  être  coupée. 


—  518  — 

J'ai  conseillé  de  laisser  un  chicot  sur  les  arbres  nouvellement 
plantés  et  sur  les  arbres  en  formation  ;  je  le  conseille  encore,  pour 
les  mêmes  raisons,  sur  les  arbres  en  restauration,  et  aussi  sur  les 
arbres  vigoureux  quand  la  branche  à  supprimer  est  d'un  volume 
considérable  par  rapport  au  tronc  ou  à  la  branche  qui  la  porte. 
Ce  chicot  sera  le  préservatif  de  l'ulcère,  pourvu  qu'on  le  supprime 
à  temps. 

A  la  suppression  des  branches  inutiles  ou  nuisibles,  succéda  la  visite 
des  branches  conservées.  Elles  s'étaient  courbées  sous  le  poids  des 
fruits  et  leur  sommet,  incliné  vers  le  sol,  avait  cessé  de  s'allonger. 
Je  ne  trouvai  de  pousses  nouvelles  que  sur  les  courbures,  où  des 
gourmands  s'étaient  formés.  Je  choisis  ceux  de  ces  gourmands  dont  je 
crus  pouvoir  me  so-vir  pour  réformer  la  ckarpenle,  je  coupai  les  antres, 
puis  je  rafraîchis  C extrémité  des  branches  inclinées. 

Les  rameaux  multipliés  outre  mesure,  et  les  lambourdes  déme- 
surément allongées,  formaient  un  ensemble  dans  lequel  l'air  et  la 
lumière  pouvaient  difficilement  pénétrer.  Afin  de  rajeunir  les  lam- 
bourdes, je  leur  enlevai  presque  toutes  leurs  ramificatiom,  et  je  suppri- 
mai les  boutons  à  fruit  ;  puis,  pour  terminer,  je  fis  dans  les  rameaux  un 
élagage  minutieux  et  inlelligenl. 

J'ai  vu  des  coupeurs  d'arbres  pratiquer  un  émondage  plus  sim- 
ple et  plus  rapide.  Ils  abattent  quelques  grosses  branches,  coupent 
sur  les  autres  une  ou  deux  des  ramifications  principales,  et  l'opé- 
ration est  parfaite.  Des  vides  ont  été  produits  dans  la  tête  de 
l'arbre,  et  tous  les  fouillis  sont  restés.  Il  eut  mieux  valu  ne  rien 
faire. 

Au  mois  de  mars,  mon  arbre  (ut  blanchi  au  lait  de  chaux,  afin 
d'achever  la  destruction  des  parasites  qui  auraient  pu  échapper  au  rârloir; 
il  reçut  une  abondante  fumure  ;  je  fis  sur  les  écorces  durcies  des  incisions 
longitudinales;  je  m'assurai  que  toutes  les  plaies  étaient  inastiquées  ou 
goudronnées,  et  je  le  livrai  à  lui-même. 

Pendant  l'été,  je  prenais  plaisir  à  le  visiter,  à  faire  admirer  aux 
amateurs  son  vert  feuillage,  ses  belles  pousses  et  les  bourrelets  déjà 
en  formation  autour  de  ses  plaies.  J'encourageai  sa  bonne  volonté 
par  quelques  arrosements  à  l'engrais  liquide,  c'est-à-dire  au  purin 
mélangé  de  trois  quarts  d'eau.  A  la  fin  de  la  végétation,  le  malade 
était  en  pleine  convalescence,  les  plaies  avaient  diminué  d'étendue, 
les  gourmands  avaient  fourni  de  longs  prolongements,  et  les 
racines  développé  un  abondant  chevelu. 

Je  me  suis  borné,  les  années  suivantes,  aux  soins  ordinaires  de 
Veiuretien  :  suppression  des  pousses  inutiles,  —  enlèvement  des 
chicots,  —  rapprochement  successif  des  rameaux  inclinés  près  des 


—  519 


nouvelles  branches  fournies  par  les  gourmands,   —  propreté  des 
écorces. 

Les  plaies  du  tronc  et  des  branches  se  sont  fermées;  il  ne  reste 
en   bonne  voie  de  guérison,  que  les  deux  plus  considérables.  Je 
n'oublie  pas  de  les  (joudronner ,  chaque  année  pour  prévenir  la  carie. 

Mon  condamné  est  devenu  un  arbre  de  taille  moyenne  et  d'un 
bon  rapport,  mais  il  ne  sera  jamais  un  colosse;  car,  même  dans  le 
règne  végétal,  l'âge  mûr,  et  plus  encore  la  vieillesse,  sou/fre  de  la 
mauvaise  éducation  de  l'enfance  et  des  vices  de  l'adolescence. 


Goyavier 


Parmi  les  plantes  exotiques  dont  les  fruits  pourraient  aider  à 
varier  nos  desserts  il  faut  citer  les  Goyavii^rs.  Très  faciles  à  culti- 
ver, ne  demandant  pendant  l'hiver  que  l'abri  d'une  serre  tempé- 
rée, ils  se  mettent  très  vite  à  fruits  et  donnent  chaque  année  une 
récolte  assez  abondante. 

Les  Goyaviers  w^^  ^^^^    qu'une    es- 

sont  cultivés  dans  ^^^^  pèce  de  Goyavier 

différentes  parties  ^^P^      vi'Sr^^^'^^^    qu'ils      nomment 

de    l'Amérique.  ^^^^^I^s^^^^  Psidium  Guayava. 

On  les   trouve  à  t^^^^^^^         D'autres    en    si- 

l'état  sauvage  aux      ^ja».  TJp^liir^  ,  gnalent   plusieurs 

Antilles,  au  Mexi-  ^^^^^^^^§^fÊ^^^  parmi  lesquelles 
que,  dans  l'Ame-    j^^^^^^^^^^^^  i'  ^^^  '^^^  ^®  °^" 

rique  central.!,  le  "^^^^.^^^^^  ^^^^*^  ^^'^  ^^^  ^'  Z^^""/'^' 
Venezuela,  le  Pé-  .^^^^^^^^©^^  *""*  ^'  pyriferum. 

rou,    la    Guyane  ^^^^if  ^S*^  Ces  arbrisseaux 

et  le  Brésil,  |  ^^  dont  le  fruit  res- 

Quelques  bota-  |  semble  à  une  gre- 

nistes     n'admet-  Goyavier  nade,     se   multi- 

(Psidium    fiomiferum) 

plient  aisément  par  graines  et  par  boutures.  Ils  donnent  des  fruits 
dès  la  troisième  année.  On  doit  peu  les  arroser  pendant  l'hiver. 
Pendant  l'été  on  les  place  en  plein  jardin,  en  ayant  soin  de  ne 
pas  les  exposer  de  suite  en  plein  soleil  quand  on  les  sort  de  la 
serre.  Il  faut  pendant  quelque  temps  les  tenir  abrités.  Ces  arbris- 
seaux demandent  une  terre  substantielle  composée  de  2/3  de 
bonne  terre  branche,  d'un  sixième  de  terre  de  bruyère  et  d'un 
sixième  de  terreau  de  fumier. 

Le  Goyavier  en  dehors  de  l'intérêt  qu'offre  ses  fruits,  est  un 
fort  bel  arbrisseau  tout  aussi  ornemental  qu'une  foule  d'espèces 
moins  intéressantes  qui  encombrent  les  serres.      Jules  Nivard. 


—  520  — 

Informations.  —  M.  Auguste  Van  G-eert,  ancien  horticulteur  membre 
du  Conseil  d'administration  de  la  Société  rojale  d'agrisullure  et  de  botani- 
que da  Belgique,  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold,  etc.,  est  décédé  à  Gand, 
le  23  novembre  dernier. 

—  On  sait  que  M.  Alphand  continue  en  ce  moment  à  organiser  le  per- 
sonnel de  l'Exposition. 

L'horticulture  doit  avoir  pour  directeur  M.  Bartet,  ingénieur  en  chef  des 
promenades  de  Paris,  et  pour  jardinier-chef,  M.  Rafaria,  un  des  horticul- 
teurs attachés  à  la  ville  de  Paris,  et  qui  a  dirigé,  en  1867,  les  travaux  du 
concours  horticole. 

—  Le  commerce  des  plantes. — Le  Juu7-nol  Officiel  a.naonae  que,  par  déeret 
en  date  du  11  novembre  1886,  le  bureau  de  douane  de  Ri^contout  CPont -de- 
Neuville),  département  du  Nord,  est  ouvert  à  l'importation  des  plantes  et 
produits  des  pépinières,  jardins,  serres  et  orangeries  venant  de  l'étranger. 

A  cette  ociasion,  nous  devons  signaler  les  protestations  élevées  par  la 
Société  d'agriculture  des  Alpes-Maritimes  contre  les  entraves  apportées  par 
les  douanes  italiennes  au  commerce  des  fleurs  et  d3s  plantes  d'ornement,  qui 
constitue  une  branche  importante  de  la  production  agricole  de  ce  départ»- 
ment.  Il  serait  utile  et  opportun  de  voir  ces  entraves  disparaître. 

—  Les  importations  de  plants  de  vignes. — Par  arrêté  du  ministre  da  l'agri- 
culture, eu  date  du  13  novembre  1886,  l'introduclion  des  plants  de  vignes 
étrangères  et  des  plants  de  vignes  provenant  d'aiTondissements  phjlloxérés 
est  autorisée  dans  l'arrondissement  de  Pithiviers  (Loiret). 

—  La  production  des  fruits  en  Angleteire. — La  culture  des  arbres  fruitiers 
a  pris,  depuis  dix  ans,  un  développement  remarquable  dans  la  Grande  Breta- 
gne, Tandis  que  les  statistiques  anglaises  n'accusaient,  en  1875,  que  61,712 
hectares  en  plantations  arbustives,  elles  en  ont  accusé  79,015  hactares  en 
1885,  soit  une  augmentation  de  17,302  hectares.  Cet  accroissement  est  cons- 
taté en  Angleterre,  dans  le  pays  da  Galles  et  en  Ecosse,  mais  surtout  dans 
les  Comtés  de  Kent,  de  Worcesteret  de  Gloucester.  D'après  une  note  récem- 
ment publiée  par  M.  Charles  Whitehead,  le  progrès  a  porté  surtout  sur  les 
plantations  de  fruits  de  table  ;  il  y  a  eu  accroissement  dans  les  comtés  de 
Devon,  de  Hereford  et  de  Somerset,  où  lafabrioalioa  du  ciJpdse  fait  sur  une 
grande  échelle,  mais  elle  est  moin  Ire  que  dans  les  comtés  précédemment 
indiqués. 

Catalogne».  —  Duché  jeune,  rosiériste  à  Eeully-lès-Lyon,  —  Catalogue 
spécial  aux  rosiers  cultivés  dans  l'établissement,  comprenant  l'énumération 
d'une  très  nombreuse  collection  de  ce  beau  genre.  Espèces  nouvelles  et 
anciennes  dans  toutes  les  séries,  telles  que  Thés,  Hybrides  remontant-î,  Ile- 
Bourbon,  Bengale?,  Noisettes,  etc. 

A.  Mercier,  horticulteur  marchand-grainier,  66,  boulevard  du  Musée,  à 
Marseille.  —  Catalogue  général  illustré  de  graines,  Ognons  à  fleurs,  Frai- 
siei's  et  végétaux  divers.  Plantes  vivaces,  arbres  fruitiers,  rosiers,  etc. 


Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 


Lyon.  —  Impr.  du  Salut  Public Ballon,  83,rue  de  laRépublique,  33. 


1886  DÉCEMBRE  N'    24 


CHRONIQUE 


Des  hybrides.  —  On  m'a  posé  dernièrement  une  question  bien 
désagréable.  Imaginez-vous,  amis  lecteurs,  qu'un  amateur  de 
rosiers  est  venu  me  prier  de  lui  expliquer  ce  qu'on  entendait  par 
hybride  remontant,  hybride  de  thé,  hybride  de  noisette,  etc.,  toute 
la  kyrielle  des  hybrides,  en  un  mot. 

Voyez,  rosiéristes,  dans  quel  pétrin  vous  m'avez  mis  ! 

Je  vous  demande  cela,  me  dit  cet  amateur,  parce  que  je  trouve 
ces  expressions  formulées  en  titre  dans  plusieurs  catalogues  ;  elles 
doivent  signifier  quelque  chose  ou  j'y  perds  mon  laUn.  —  Oui,  je 
crois  qu'elles  doivent  signifier  quelque  chose  ;  mais  que  diable 
peuvent-elles  signifier  ?  lui  répondis-je.  Il  me  regarda  d'un  air  nar- 
quois et  semblait  vouloir  me  tirer  d'embarras  en  parlant  d'autre 
chose.  Cela  ne  pouvait  me  convenir  de  paraître  plus  ignorant  que 
mes  confrères  ;  je  ramenais  habilement  la  conversation  sur  les 
hybrides  en  général  et  particulièrement  sur  ceux  qui  ont  été  inven- 
tés par  les  rosiéristes.  C'était  pour  moi  une  excellente  occasion  de 
placer  un  discours  en  souffrance  sur  ce  sujet  scabreux  et  de  passer 
aux  yeux  de  cet  amateur  pour  un  homme  bien  renseigné. 

Je  commençai  le  plus  simplement  du  monde  à  lui  expliquer  l'éty- 
mologie  du  mot  hybride.  Je  n'eus  garde  d'omettre  l'histoire  du 
mulet,  produit  de  l'âne  et  de  la  jument.  Dix  minutes  me  suffirent 
à  peine  pour  me  tirer  des  métis  ou  du  métissage.  En  cinq  minutes 
je  réglais  le  compte  aux  bâtards  quarterons,  petits  gens,  menus 
hybrides  qui  ne  méritent  guère  considération.  —  L'amateur  com- 
mençait à  bailler.  —  Voyez-vous,  Monsieur,  il  existe  aujourd'hui 
un  certain  trouble  moral  au  sujet  de  l'hybridité.  Les  uns  en  voient 
partout  ;  les  autres  n'en  voient  nulle  part.  Les  premiers  s'évertuent 
à  nous  prouver  que  toutes  les  vessies  sont  des  lanternes.  Les 
seconds  ne  mettent  pas  moins  d'acharnement  à  démontrer  que  deux 
et  deux  font  cinq.  —  Ce  sont  des  imbéciles,  me  dit-il,  mais  quel 
est  votre  avis  sur  les  hybrides  remontants  et...  les  autres?  et  il 


—  5?2  — 

ajouta  :  dites-moi  cela,  sans  phrases,  simplement,  je  ne  demande 
pas  à  devenir  savant.  Je  continuais  sans  l'écouter. 

L'hybridation  est  une  opération  qui  a  pour  but  de  marier  entre 
elles  deux  plantes  appartenant  à  des  espèces  différentes.  Elle  con- 
siste à  supprimer  les  étamines  de  l'espèce  à  hybrider  et  d'apporter 
le  pollen  d'une  autre  sorte  sur  ses  pistils.  On  appelle  hybride  le  pro- 
duit du  croisement  ainsi  opéré. 

Dans  la  pratique  on  a  élargi  le  sens  primitif  du  mot  hybridation  : 
11  a  été  appliqué  indistinctement  à  toutes  les  fécondations  croisées. 
Le  croisement  entre  deux  races  devrait  porter  le  nom  de  métissage, 
et  le  produit  de  ce  croisement  celui  de  métis.  Mais  comme  une  défi- 
nition rationnelle  de  l'espèce  n'existe  pas  encore  et  que  quelques 
savants  n'étabhssent  aucune  distinction  sérieuse  entre  la  race  et 
l'espèce,  on  est  porté  à  excuser  la  confusion  volontaire  que  les  pra- 
ticiens ont  établi  entre  les  hybrides  et  les  métis. 

Les  véritables  hybrides  ont  une  physionomie  spéciale,  car  ils 
procèdent  de  deux  types  distincts. 

Les  métis  au  contraire  sont  toujours  moins  distincts,  parce  qu'ils 
sortent  de  deux  races  du  même  type. 

Les  hybrides  sont  très  rares  à  l'état  sauvage  ;  cependant  on  en 
cite  un  assez  grand  nombre  dans  les  Flores.  Ces  citations  dans 
beaucoup  de  cas  sont  purement  arbitraires,  car  certains  floristes 
sont  portés  à  déclarer  hybrides  de  bonnes  espèces  dont  les  carac- 
tères intermédiaires  entre  deux  autres  espèces  excusent  jusqu'à  un 
certain  point  cette  supposition.  Les  mots  hybrida,  liybridum,  qui 
accompagnent  fréquemment  les  noms  de  genre,  ne  doivent  donc 
être  acceptés  que  sous  bénéfice  d'inventaire. 

Schiede  etKoch  ont  proposé  la  nomenclature  trinominale  suivante 
pour  établir  l'état  civil  des  hybrides  à  parenté  connue:  D'abord  le 
nom  du  genre,  ensuite  celui  de  l'espèce  qui  porte  les  graines,  ter- 
miné par  une  désinence  en  0,  puis  celui  de  l'espèce  qui  a  fourni 
le  pollen.  On  obtient  ainsi,  par  exemple,  pour  l'hybride  de  Dianllms 
cariophyllus  et  de  Dianllms  sinensis  le  nom  de  Dianllms  caryopliyllo- 
sinensis.  Et  ainsi  pour  les  autres. 

Les  jardiniers  n'ont  pas  accepté  cette  nomenclature.  Ils  se  bor- 
nent à  séparer  les  deux  espèces  par  une  croix.  Ce  système  passe 
en  langue  écrite,  mais  en  langue  parlée  il  a  le  désagrément  de 
changer  le  nom  de  l'hybride  en  une  véritable  phrase  hybride  de 
latin  et  de  français.  On  a  pour  l'hybride  d'œillet  plus  haut  cité  la 
phrase  suivante  :  Dianllms  caryophyllus  croisé  par  Dianllms  sinensis 
ou  plus  simplement  Dianllms  caryophyllus  croisé  sinensis.  Je  n'ai  pas 
besoin  de  faire  remarquer  combien  cette  nomenclature  est  défec- 
tueuse. 


-    523  — 

J'en  étais  arrivé  là  de  mon  explication,  quand  l'amateur  qui 
m'écoutait  m'arrêta  net.  Je  reviendrai  vous  demander  la  fin  pro- 
chainement, je  regrette  d'être  obligé  de  partir  de  suite.  Et  il  s'en 
alla  en  me  saluant  civilement. 

Une  plante  hémoslallque . —  M.  Romanet  du  Caillaud  vient,  dans 
VAUjérie  agricole,  d'appeler  l'attention  des  médecins  sur  une  plante 
mexicaine,  la  Ferba  del  Polio,  l'herbe  du  coq  ou  du  poulet,  qui  jouit 
de  propriétés  hémostatiques  analogues  à  celles  de  certaines  subs- 
tances minérales. 

Les  Mexicains  emploient  cette  plante,  dont  le  nom  botanique  est 
Tradescanlia  ereda,  pour  guérir  les  blessures  qui  sont  faites  aux  coqs 
de  combat  par  des  poignards  tranchants  de  cinq  à  six  centimètres 
de  long,  attachés  aux  éperons  de  ces  coqs. 

«  Les  Indiens  du  Mexique  font  également  usage  de  cette  herbe 
pour  arrêter  le  sang  des  blessures  traumatiques,  coupures,  déchi- 
rures, etc.  Elle  s'applique  sur  la  blessure,  mâchée  si  elle  est  sèche, 
mâchée  ou  pilée  si  elle  est  fraîche.  La  tige  jouit  des  mêmes  pro- 
priétés que  la  feuille. 

«  S'il  s'agit  d'un  saignement  de  nez,  on  enfonce  des  boules  de 
cette  plante  mâchée  ou  pilée,  jusqu'au  fond  des  narines.  Ainsi 
employée,  elle  a  guéri  un  homme  d'un  saignement  de  nez  qui  durait 
depuis  deux  jours  et  qu'aucun  moyen  de  la  médecine  ordinaire 
n'avait  pu  arrêter. 

Le  Tradescanlia  erecla  est  une  plante  annuelle  qui  peut  atteindre 
jusqu'à  un  mètre  de  hauteur.  Il  se  sème  en  avril  et  peut  être  bou- 
turé dans  le  cours  de  l'été  car  il  s'enracine  avec  facilité. 

Emploi  des  engrais  minéraux  dans  la  culture  de  la  vigne.  —  Le 
Journal  de  l'Agriculture  donne,  à  ce  propos,  les  conseils  suivants  : 

«  L'emploi  des  engrais  minéraux  pour  la  vigne  est  certainement 
recommandable  ;  on  peut  les  employer,  soit  en  alternant  leur 
emploi  avec  celui  du  fumier  de  ferme,  soit  en  les  mélangeant  au 
fumier.  Pour  l'usage  des  engrais  minéraux  seuls,  voici  des  formules 
qui  ont  donné  de  bons  résultats  :  superphosphate  de  chaux, 
600  kil.  par  hectare;  nitrate  de  potasse,  200;  nitrate  de  soude, 
200;  sulfate  de  chaux,  300  (on  opère  le  mélange  avant  de  répan- 
dre les  engrais);  —  mélange  de  1,100  kil.  de  tourteaux  de  colza 
et  de  150  kil.  de  sulfate  de  potasse,  soit  1,250  kil.  du  mélange 
par  hectare;  —  mélange  de  sulfate  d'ammoniaque,  de  chlorure  de 
potassium  et  de  superphosphate,  dans  la  proportion  de  400  kil. 
pour  chaque  élément  par  hectare.  Le  sulfure  de  potassium  et  le 
sulfate  de  potasse  se  diffusent  rapidement  dans  la  plupart  des  terres; 
c'est  à  cette  circonstance  qu'on  attribue  généralement  l'action  plus 


—  524  — 

marquée  que  ces  sels  de  potasse  paraissent  exercer  sur  la  végéta- 
tion. —  Voici  des  exemples  de  fumures  combinées  au  fumier  de 
ferme  et  aux  engrais  commerciaux  :  10,000  kil.  de  fumier, 
400  kil.  de  superphosphate  et  400  kil.  de  sulfure  de  potassium; 
5,000  kil.  de  fumier  et  200  kil.  de  chlorure  de  potassium.  On 
répand  les  engrais,  dans  tous  les  cas,  au  pied  des  souches.  On  doit 
porter  les  fumiers,  les  tourteaux  et  les  superphosphates  pendant 
l'hiver;  quant  aux  sels  solubles,  le  printemps  est  la  meilleure  épo- 
que pour  les  répandre.   » 

Moyen  d^ obtenir  des  fraises  énormes.  —  Le  Bulletin  de  la  Société 
autunoise  d' horliculture  a  publié  une  note  qui  porte  le  titre  alléchant 
qu'on  vient  de  lire.  Admettons  que  le  qualificatif  énorme  soit  un 
peu  exagéré  et  puisse  être  remplacé  par  un  synonyme  diminutif, 
et  que  nous  nous  trouvions  seulement  en  présence  d'un  procédé  de 
culture  susceptible  de  donner  de  très  grosses  fraises,  c'est  déjà  quel- 
que chose  qui  mérite  considération.  Aussi  n'hésitons-nous  pas  à 
reproduire  la  partie  de  cette  note  qui  contient  le  procédé  en  ques- 
tion. 

Voici  cette  note  : 

«  Pour  les  amateurs  qui  tiennent  à  avoir  des  fruits  extraor- 
dinaires, voici  en  quoi  consistait  mon  procédé  : 

«  Aussitôt  les  premiers  froids  venus,  je  soulevais  pied  par  pied 
les  feuilles  de  mes  plantes,  et,  pendant  que  je  les  tenais  d'une 
main,  je  les  paillais  fortement  de  l'autre,  de  façon  à  ce  qu'un  petit 
creux  restât  au  milieu  des  feuilles,  mais  tout  en  les  maintenant 
droites.  Les  fortes  gelées  arrivant  un  peu  plus  tard,  je  répandais 
sur  la  planche  entière  une  couche  de  paille  assez  épaisse  pour  cou- 
vrir les  plantes,  tout  en  laissant  de  l'air  à  toutes. 

«  Puis  l'hiver  passé,  c'est-à-dire  au  moment  où  je  ne  craignais 
plus  de  fortes  gelées,  j'enlevais  paille  et  pailiis,  ainsi  que  toutes  les 
feuilles  mortes,  et,  après  avoir  fait  un  binage  sérieux,  en  évitant 
d'atteindre  les  racines  ;  je  relevais  soigneusement  les  feuilles  viva- 
ces  et  je  garnissais  chaque  plant  d'un  bon  terreau,  toujours  disposé 
comme  le  pailiis,  afin  que  le  cœur  du  fraisier  ait  de  l'air.  Ensuite, 
après  les  avoir  placées,  je  binais  à  nouveau  légèrement  de  temps  à 
autre,  et  j'arrivais  à  avoir  des  fraises  énormes,  quinze  jours  avant 
mes  voisins,  au  moins,  et  en  quantité  considérable. 

«  Mais  à  mes  fraisiers  de  produit,  que  je  renouvelais  tous  les 
trois  à  quatre  ans,  je  pinçais  rigoureusement  tout  coulant  qui  venait 
à  naître.  Je  ne  laissais  pousser  les  coulants  qu'aux  planches  desti- 
nées à  être  détruites.   » 


—   525  — 

Figuier  commun.  —  Habituellement,  sous  le  climat  de  Lyon,  on 
plante,  non  sans  motif,  les  Figuiers  dans  les  endroits  chauds  et 
abrités  des  jardins.  Quand  les  hivers  sont  rigoureux  on  les  abrite 
de  paille,  ce  qui  n'empêche  pas,  très  souvent,  la  première  récolte 
de  geler.  Si  la  température  moyenne  de  l'automne  n'atteint  pas  un 
certain  maximum,  la  seconde  récolte  ne  mûrit  presque  jamais;  de 
sorte  que  l'amateur  en  est  réduit  à  contempler  de  fort  belles 
feuilles,  il  est  vrai,  mais  c'est  tout,  et  c'est  mince. 
i  Contrairement  aux  habitudes  ordinaires,  un  figuier  que  j'avais 
planté  contre  un  mur  au  nord,  pour  dissimuler  un  tonneau  à  sul- 
ater  les  échalas,  un  figuier  qui  ne  voit  jamais  le  soleil,  a  donné 
cette  année  deux  récoltes  de  figues  excellentes  qui  sont  toutes  par- 
venues à  maturité. 

Je  ne  veux  pas  conclure  de  ce  fait  que  le  nord  soit  l'exposition 
favorite  des  figuiers;  mais  cela  prouve  que  lorsque  la  température 
de  la  fin  de  l'été  et  du  commencement  de  l'automne  atteint  une 
moyenne  déterminée,  le  figuier  se  contente  parfaitement  de  la  sus- 
dite exposition. 

En  revanche,  dans  le  même  jardin,  trois  sortes  de  figuiers, 
plantés  contre  un  mur  en  plein  midi,  ne  donnent  jamais  une  figue 
bonne  à  manger.  Ils  se  couvrent  chaque  année  d'une  multitude  de 
figues-fleurs,  comme  on  les  nomme  dans  certains  pays,  lesquelles 
tombent  avant  leur  maturité.  Les  figuiers  en  question  ont  été  obte- 
nus de  semis,  il  y  a  environ  quinze  ans.  On  voit  que  ce  ne  sont  pas 
des  sortes  à  propager. 

Peut-être  ces  figuiers  appartiennent-ils  à  ces  espèces  auxquelles 
les  cultivateurs  sont  obligés  de  faire  subir  la  caprificalion.  On  sait 
que  la  caprification  est  une  opération  qui  consiste  à  apporter  sur 
les  figuiers  certains  insectes  du  genre  Cijnips,  qui  piquent  les  fruits 
et  en  avancent  la  maturité. 

Le  plus  gros  pommier.  —  Le  plus  gros  pommier  ne  serait-il  pas 
en  Normandie?  Le  Journal  de  C ÀgricuUurc  nous  apprend  que,  sui- 
vant le  rapport  du  secrétaire  du  conseil  de  la  Société  d'agriculture 
du  Connecticut,  en  1878,  un  pommier  monstre  est  situé  sur  la 
propriété  de  M  Delos  Hotchkis,  dans  le  comté  de  Chester.  Suivant 
l'opinion  de  la  famille,  l'arbre  peut  avoir  cent  soixante-quinze  ans. 
Le  tronc  est  de  forme  symétrique,  presque  rond  et  en  parfait  état. 

Il  a  huit  grosses  branches,  dont  cinq  donnent  des  fruits  une 
année;  les  trois  autres  branches  ne  produisent  que  l'année  suivante. 
La  circonférence  de  l'arbre  est  de  4  m.  15  à  0  m.  50  du  sol;  sa 
hauteur  est  de  20  mètres,  et  la  circonférence  totale  des  branches 
est  de  33  mètres.  Dans  certaines  années,  la  récolte  sur  la  moitié 


—  526  — 

de  l'arbre  a  été  de  40  bushels  (14  hectolitres).  L'état  actuel  de  ce 
remarquable  pommier  fait  espérer  qu'à  moins  d'ouragans  excep- 
tionnels, il  végétera  longtemps  encore.  V.  V.-M. 

ASSOCIATION   HORTICOLE  LYONNAISE 

Procès-verbal   de  la  séance  du  20  novembre  1886,    teaue  dans  la 
salle  des  réunions  industrielles,  Palais  du  commerce,  à  Lyon. 

Présidence  de  M.  Comte,  Vice-Président, 

La  séance  est  ouverte  à  2  1/4. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion  est  lu  et  adopté. 

Correspondance.  —  La  Société  a  reçu  : 

Lettre  de  M.  G.  Dutailly,  remerciant  les  membres  de  l'Association  horti- 
cole lyonnaise  de  l'honneur  qu'ils  lui  ont  fait  en  le  choisissant  comme  pré- 
sident de  leur  Société. 

Lettre  de  la  Préfecture  du  Rhône  demandant  la  justification  de  l'emploi 
de  la  partie  de  la  subvention  ministérielle  qui  devait  être  affectée  à  l'achat 
d'engrais  et  de  semences. 

Lettre  de  M.  Reboul,  horticulteur  à  Montélimar  ^^Drôme),  accompagnant 
l'envoi  d'une  branche  de  Dîospyros  Kaki  var.  costata  couverte  de  fruits  d'une 
très  belle  grosseur.  Des  renseignements  intéressants  contenus  dans  cette 
lettre  ont  été  publiés  dans  le  précédent  numéro  du  Lyon- Horticole. 

Lettre  de  M.  Crespin,  fabricant  de  coutellerie  et  de  taillanderie  à  Saint- 
Rambert  (Aio),  remerciant  l'Association  horticole  de  l'avoir  admis  au  nom- 
bre de  ses  membres  titulaires.  La  lettre  da  M.  Crespin  contient  en  outre 
de  judicieuses  remarques  sur  les  insuccès  qui  surviennent  souvent  dans  le 
greffage  de  la  vigne  à  la  suite  de  l'emploi  de  greffoirs  défectueux  générale- 
ment de  fabrication  étrangère  . 

A  propos  de  cette  lettre,  M.  Lapresle,  pépiniériste  à  Chasselay,  fait  remar- 
quer que  les  insuccès  qui  surviennent  dans  le  greffage  des  vignes,  tiennent 
aussi  et  pour  une  bonne  part  à  l'emploi  de  sujets  trop  faibles  en 
diamètre  et  non  complètement  aoù*ées.  M.  Falconnet,  pépiniériste  à 
Villefranche  (Rhône),  exprime  un  avis  semblable.  M.  Besson,  fait  remarquer 
que  la  question  du  greft'jga  de  la  vigne  française  sur  la  vigne  américaine  est 
trop  complexe  et  trop  récemment  mise  à  l'étude  pour  être  jugée  d'une  ma- 
nière définitive. 

Lettre  de  M.  Schwaller,  horticulteur  à  Bonneveine  (Marseille),  accompa- 
gnant l'envoi  d'une  caisse  de  poires.  M.  Schwaller  désire  que  la  Commission 
d'arboriculture  examine  ces  poires,  referme  soigneusement  la  caisse  pour 
les  revoir  à  nouveau  à  la  séance  du  19  décembre  prochain.  Les  poires  en 
question  ont  été  préparées  par  un  procédé  qui  consiste,  pour  assurer  leur 
conservation,  à  les  tremper  dans  un  liquide  que  tout  le  monde  peut  boire. 
L'inventeur  du  procédé  est  M.  Colombet,  de  Marseille. 

Lettre  de  M.  Routin  accompagnant  l'envoi  du  rapport  de  la  Commission 
chargée  de  juger  la  poire  Alexandre  Chômer,  obtenue  de  semis  par  M.  Lia- 
baud.  A  propos  de  cette  lettre,  l'Assemblée  décide  que  la  Commission  qui  a 
jugé  cette  poire  à  la  séance  du  17  janvier  18S5,  Commission  composée 
de  MM.  Jacquier  fils,  Morel  fils  tt  Berthier,  devra  se  joindre  a  celle  qui 
a  examiné  l'arbre  et  déposé  son  rapport,  et  que  les  conclusions  dp?  deux 
Commissions  seront  soumises  au  conseil  et  à  la  ratitioation  de  rasse:ublee 
générale. 

Présentations.  —  Il  est  donné  lecture  de  12  candidatures  comme  membres 
titulaires  de  notre  compagnie.  Conformément  au  règlement,  elles  sont  ren- 
voyées à  la  prochaine  réunion,  pour  statuer  sur  l'admission  des  candidats. 


—  527  — 

Admissions.  —  Aucune  protestation  n'étant  parvenue  au  bureau  depuis  la 
dernière  réunion,  l'assemblée  prononce  l'admission  comme  membres  titulai- 
res des  candidats  présentés  à  la  dernière  séance.  Ce  sont  : 

M"=  Sambet,  fleuriste,  13,  rua  de  la  CUaricé,  présentée  par  MM.  Fransis- 

que  Morel  et  Cousançat. 
MM.  Marie-Pierre  frère,  directeur  de  l'Institut  des  sourds-muets  au  Puy 

(Haute-Loire),  présenté  par  MM.  L.  Gorret  et  Viviand-Morel. 
Crozet  (Joseph),  horticulteur,  à  Loy   par  Meximieux,    présenté    par 

MM.  L.  Gorret  et  Viviand-Morel. 
Chipier  (E.),  pépiniériste,  à  St-Martin-en-Haut   (Rhône),    présenté 

par  MM.  Devert  et  Viviand-Morel. 
Vallet  (Claudius),  fabricant  de    poteries,   à   St-Martin-en-Coailleux 

par  St-Chamond  fLoire),  présenté  par  MM.  Viviand-Morel 

et  F.  Marchand. 
Veil  (François),  jardinier,  chez  M.  Cadgène.  chemin  des  Pins,  5S,  à 

Monpiaisir-Ljon,  présenté  par  MM.  Marchand  et  Viviand- 
Morel. 
Lacombe  (Marins),  serrurier,  rue   du  Sacré-Cœur,    82,    LyoJi  Gail- 

lotière,  pré-enté  par  MM.  Marchand  et  Viviaad-Morel. 
Tcherassj  (Raphaël),  jardinier  au  château  d'Andert  (Ain),  présenté 

par  MM.  Jussaaud  et  Brechon. 

Examen  des  apports.  —  Sont  déposés  sur  le  bureau  : 

Par  M.  Saunier  Claude,  jardinier  chez  Mme  la  Marquise  de  Ruolz,  château 
de  Francheville  (Rhône),  deux  beaux  échantillons  de  Raue  ronde  d'Auvergne, 
à  collet  rose  dont  une  pèse  Skilogr.  Ces  exemplaires  proviennent  d'un  semis 
fait  dans  la  seconde  quinzaine  de  juillet.  La  Commission  accorde  à  cetapport 
ute  prime  de  3°  classe. 

Par  M.  Gabriel  Favre,  jardinier,  chemin  de  la  Croix-Morlon,  Lyon-Mon- 
plaisir  :  1°  des  racines  de  Scorsonère,  bien  venues  et  très  grosses,  d'un  semis 
fait  le  20  avril  1886;  2''  des  échantillons  de  poires,  variétés  Catillac,  Berga- 
motte  de  la  Pentecôte,  Beurré  Clairgeat,  Curé.  La  Commission  décerne  à  cet 
apport  de  poires,  remarquables  par  leur  grosseur,  une  prima  de  2°  classe. 

Par  M.  Verne,  jardinier  chez  M.  Godinot,  à  Tassin  :  1"  une  collection  de 
légumes  composée  des  variétés  suivantes  :  Carotte  rouge  ciurte  de  Paris, 
Chou  rutabaga  jaune  à  collet  vert,  Cliou  rave  blanc  hors  terre.  Céleri  rave, 
Navet  blanc  plat  à  feuilles  entières,  Radis  demi-long  rose  de  Chine,  Radis 
long  noir  d'hiver,  Radis  rond  noir  d'hiver.  La  Commission  demande  pour  cet 
apport  une  prime  de  2°  classe. 

Par  le  même,  une  collection  de  Chrysanthèmes  en  fleurs  coupées,  compo- 
sée de  57  variétés  ,  parmi  lesquelles  nous  notons  l'élite  des  plus  belles 
sortes. 

La  Commission  attribue  à  cette  collection  une  prime  de  1"  classe. 

Par  M.  Dury,  jardinier  chez  M.  Cartier,  à  Ecuily,  une  collection  de  Chry- 
santhèmes composée  de  100  variétés  très  belles  et  fort  remarquables. 
La  Commission  récompense  cet  apport  d'une  prime  de  l'"  classe. 

Par  M.  Guerry,  jardinier  chez  M.  Coste,  notaire  à  Caluire,  des  tubercules 
de  Patates  et  des  racines  de  Scolyme,  auxquels  la  Commission  accorde  une 
prime  de  3«  classe. 

Par  M.  Antoine  Martin,  jardinier  chez  M.  Hébrard,  à  Miribel  (Ain),  une 
collection  de  légumes  composée  de  :  Céleri  rave  gros  lisse  de  Paris,  Céleri 
rave  géant  de  Prague,  que  le  présentateur  dit  être  moins  avantageux  que 
le  précédent,  Céleri  plein  blanc  court  à  grosse  côte,  Poireau  de  Carentan, 
Bette  gaufrée  ou  Poirée  à  cardes,  un  Céleri  de  semis,  trapu,  les  feuilles  ont 
une  grande  ressemblance  avec  celles  du  céleri  rave. 

La  Commission  demande  pour  cet  apport  une  prime  de  1"  classe. 


—  528  — 


Par  M.  Rozain-Boucharlat,  horticulteur  à  Cuire-les-Lyon  (Rhône"),  une 
collection  de  Chrysanthèmes  japonais.  Parmi  les  principales  variétés  pré- 
sentées nous  notons  : 


Arlequin. 

Alfred  Ghantrier. 

Charlotte  de  Moucabrier. 

Don  Quichotte. 

L'or  du  Japon. 

Lady  Mathason. 

Mme  Hoste  (Rey). 

Mme  Chrétien. 

Mireille. 

M.  Lassali. 

Salomon  Plena. 

Walter  Scott. 

Candeur. 

Domination. 

Eugène  Mezard. 

Gloire  de  Valence. 

Jupiter. 


La  Pointillée. 

D'  Audignier. 

Diane. 

Etoile  du  Midi. 

Flamme  de  punch. 

Froufi'ou. 

Le  Chinois. 

L'Ai  réole. 

La  Surprenante. 

La  France. 

M.  Boucot. 

M.  Kous. 

M.  Vintousky. 

M.  Yvon. 

M.  Kablé. 

Pélican. 

Soleil  japonais. 


Sapho. 

Troubadour. 

Vénus. 

Belle  Paule. 

Belle  du  Japon. 

Boule  dorée. 

Commandant  Rivière. 

Dr  Master. 

M.  John  Laing. 

M.  Dynant  Van  Geert. 

M.  Asiory. 

M"'=  Cabro!. 

Souvenir  du  Caire. 

Souvenir  d'Haarlem. 

Ville  de  Toulouse. 


La  Comnission  décerne  à  cette  collection  une  prime  de  P"  classe  et  elle 
accorde  un  certificat  de  2"  classa  à  la  variété  dj  semis  M.  B.Cousançat,  pré- 
senté par  le  même  horticulteur. 

Par  M.  Villard,  jardinier  chez  M.  Vachon,  à  Ecully,  une  collection  d^ 
Chrysanthèmes,  composée  d'un  choix  de  belles  variétés,  pour  lesquelles  l^ 
Commission  demande  une  prime  de  Poêlasse,  et  l'inscription  au  procés-verbal 
pour   un    pied   d'Epiphyllum   truncatum   en  fleurs. 

Par  M.  Morel  fils,  pépiniériste,  rue  du  Souvenir,  Lyon-Vaise,  des  rameaux 
chargés  de  fruits  du  Cratœgus populifolius.  arbuste  à  feuilles  persistantes,  à 
fruits  rouges,  dans  le  genre  du  Cratœgus  Lolandi,  des  tiges  fleuries  de  Cros- 
comia  ourea. 

La  Commission  décerne  à  cet  apport  une  prime  de  2°  classe. 

Par  M.  Liabaud,  montée  de  la  Boucle,  Lyon,  1°  un  pied  de  Vriesea  incur- 
Vûta  en  fleurs  et  un  pitd  de  Clilorin  ternata  en  fleur-:.  La  Commission  demande 
pour  l'ensemble  de  cet  apport  une  prime  do  2°  classe.  2°  4  Bégonias  hybrides 
du  Bégonia  liex  et  du  B.  diadema.  Ces  plantes  sont  très  remarquables  par  1^ 
coloris  et  la  découpure  de  leur  feuille.  La  Commission  propose  de  leur  accor- 
der une  prime  de  l"  classe. 

Par  M.  Bellen,  jardinier  chez  M.  Rosier,  montée  Rey,  23,  Lyon,  un  Cypri- 
pedium  insigne  en  fleurs,  auquel  la  Commission  accorde  une  prime  de 
2"  classe. 

Par  M.  Reboul,  horticulteur  à  Montélimar  (Drôme),  un  rameau  de  Diospy- 
ros  costota  chargé  de  fruits  de  toute  beauté,  auxquels  la  Commission  accorde 
une  prime  de  P"  classe. 

Par  M.  Sihwaler,  horticulteur  à  Bonneveine-MarseiUe,  uns  caisse  de 
poires  conservées  par  un  procédé  spécial.  Cette  caisse  sera  visitée  dans  la 
prochaine  séance. 

Les  Commissions  chargées  d'examiner  les  apports  étaient  composées,  pour 
la  floriculture,  de  MM  Cousaneit,  Viviand-Morel,  Besson  ;  pour  les  fruits, 
MM.  Roulin,  Falconnet,  Lapresle  ;  pour  les  légumes,  MM.  Villars,  J.  Jac- 
quier et  Gorret. 

Les  conclusions  des  Commissions  mises  aux  voix  sont  adoptées  à  l'unani- 
mité. 

Election  d'un  membre  du  Conseil  d'administration  en  roiiplaceiuent  de 
M.  Rochet,  nommé  vice-président. 

M.  Durand,  horticulteur  à  Monplaisir,  est  nommé  à  une  forte  majorité 
membre  du  Conseil  d'administration  pour  l'année  1887. 


—   529 


M.  le  secrétaire  général  donne  lecture  d'un  rappo;'t  qui  conclut  à  l'achat 
de  matières  prenaières  pour  engrais,  lesquelles  gèrent  remises  à  dis  socié- 
taires. 

L'assemblée  ratifie  les  conclusions  du  rapport  et  nomme  MM.  Grenier  et 
et  F.  Ballandra  (culture  maraîchère),  Jussaud  et  A.  Berthier  (pépinières), 
Bernaix  et  Duché  (rosiers).  Comte  et  Liabaud  (plantes  de  serre),  Belisse  et 
Cousançat  (plantes  de  terre  de  brujôre),  qui  institueront  des  expériences  et 
feront  connaîtra  les  résultats  qu'ils  auront  obtenus. 

M.  le  secrétaire  général  fait  ensuite  part  à  l'assemblée  d'un  vœu  émis  par 
le  Conseil  d'administration  de  la  Société  qui  aurait  pour  but  de  revenir  à 
l'ancien  système  pour  le  jugement  des  apports  sur  le  bureau.  La  plupart  des 
membres  faisant  partie  des  commissions  étant  souvent  ou  absents  des  réu- 
nions ou  apporteurs  sur  le  bureau. 

L'assemblée  donne  une  adhésion  favorable  à  ce  vœu  et  sur  la  proposition 
du  président  cette  question  est  misu  à  l'ordre    du  jour   de  la  prochaine  réu- 
nion. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2.  Le  Secrétaire- adjoint,  Nicolas. 


Thalictrum  aquilegifolium  L. 

Pigamon  à  feuille  d'Ancolie. — (Réduit  au  1/3  de  sa  grandeur.) 


Le  genre  Thaliclrum,  qui  fait  le  désespoir  des  botanistes  descrip- 
teurs, ne  compte  que  deux  ou  trois  espèces  vraiment  ornementales 
pour  servir  à  la  décoration  des  jardins.  Parmi  ces  espèces,  il  faut 
mettre  en  première  ligne  celle  qui  porte  le  nom  de  Tli.  aquilegifo- 
lium, en  français  :  Pigamon  à  feuilles  d'Ancolie,  ou  encore  Colom- 


—  530  — 

bine  pluraeuse.  C'est  assurément  la  plus  belle,  la  plus  robuste,  la 
moins  traçante  de  toutes  les  sortes.  Si  elle  n'a  pas  le  feuillage  fin 
et  découpé  du  petit  Pigamon  [Tli.  minus),  que  M.  Alfred  Smée, 
l'auteur  de  «  Mou  Jardin  »  ,  prit,  lorsqu'il  le  vit  pour  la  première 
fois  à  Zermatt,  pour  un  capillaire,  ni  la  corolle  renonculiforme  du 
Pigamon  tubéreux,  en  revanche  ses  étamines  lui  forment  une  multi- 
tude d'aigrettes  roses  ou  blanches  d'une  élégance  rare. 

Le  Th.  aquilegifolium  est  une  plante  vivace  très  robuste  qui  habite 
la  région  moyenne  des  montagnes  de  l'Europe  et  qu'on  cultive 
dans  les  jardins,  à  cause  de  la  beauté  de  ses  fleurs.  Elle  a  été 
signalée  à  l'état  sauvage  dans  les  pays  suivants  :  France,  Suisse, 
Autriche,  Espagne  (Asturies),  Italie  continentale,  Dalmatie,  Hongrie, 
Turquie  (Mont  Rhodope),  Podolie,  etc. 

El'e  se  multiplie  par  semis;  les  graines  doivent  être  semées  à 
leur  maturité;  et  par  divisions  des  souches.  Elle  vient  dans  tous  les 
sols  et  à  toutes  les  expositions,  n'.ême  dans  les  endroits  ombragés. 

La  racine  du  Thaliclrum  flavuni,  qu'on  a  employée  autrefois  pour 
teindre  en  jaune,  est  purgative  et  connue  sous  le  nom  de  Rhubarbe 
des  pauvres.  En  Russie,  selon  Martius,  la  susdite  racine  serait 
employée  contre  la  rage.  d''  a.   n. 

Souci     prolifère 

On  a  annoncé  comme  une  loi  générale  que  toute  fleur  esl  terminée 
relativement  à  son  support.  D'autres  ont  dit  (.Une  fleur  est- un 
rameau  terminé  dans  sa  végétation  »  . 

Les  fleurs  prolifères  font  exception  à  cette  règle.  Elles  consti- 
tuent des  monstruosités,  des  accidents  de  végétation  dont  quelques- 
uns  sont  héréditaires  par  voie  de  semis  et  d'autres  seulement  par 
boutures,   marcottes  ou  greffes. 

Dans  les  fleurs  prolifères  l'axe  floral  s'accroît  avec  excès,  dé- 
passe la  limite  de  son  développement,  traverse  les  vénielles  floraux 
et  produit  à  son  sommet  des  fleurs  ou  des  feuilles. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  de  prolifîcation  des  fleurs,  savoir: 

1°  Les  prolilîcations  médianes  (quand  l'axe  s'allonge,  sort  du 
milieu  des  organes  ;  2°  les  prolifications  axillaires  (quand  l'axe  sort 
des  aisselles  des  organes)  ;  3°  les  prolifications  latérales  (quand 
l'axe  sort  du  côté  des  fleurs).  Les  prolifications  latérales  ne  s'obser- 
vent que  dans  les  composés  ou  les  ombellifères.  Le  Souci  prolifère 
dont  nous  donnons  la  figure  est  un  exemple  bien  caractérisé  de  pro- 
lification  latérale.  Nous  l'avons  observé  cette  année  dans  un  serais 
de  Calendula.  Cette  anomalie  se  présente  du  reste  quelquefois 
dans  la  culture.  M.  Richard,  pharmacien  à  Grenoble  en  a  montré 
un  cas  semblable,  il  y  a  quelques  années  à  la  Société  de  botanique 
de  Lyon. 


—  531  — 

La  pâquerette,  connue  dans  les  cultures  sous  le  nom  de  Mère  de 
Fanaille,  appartient  à  la  même  catégorie  de  prolificatious. 

La  liste  serait  longue  des  genres  chez  lesquels  des  prolificatious 
ont  été  observées.  Assez  fréquentes  chez  les  roses,  Redouté  en 
a  figuré  d'assez  beaux  exemples.  Linné,  Duhamel,  Engelmann, 
Sweert,  Charles  Bonnet,  De  Candolle,  Schimper,  Rœper  et  beau- 
coup d'autres  botanistes  en  ont  signalé  un  peu  dans  toutes  les 
familles. 


Souci    prolifère. 

Dans  les  jardins,  il  serait  utile  d'essayer  de  fixer  les  prolificatious 
quand  elles  se  présentent,  car  elles  constituent  des  déformations 
qui  ne  manquent  pas  d'un  certain  charme.  R.   F. 


Les  repeuplements  forestiers. 


Voici,  sur  cette  haute  question,  d'excellents  conseils  que  nous 
extrayons  de  V/4nii  des  campagnes  : 

«  Tout  d'abord,  d'une  manière  générale,  préférez  les  plantations 
aux  semis  à  l'égard  des  arbres  résineux.  Nous  rappellerons  que  les 
reboisements  sont  plus  faciles  et  moins  coûteux  sur  les  sols  légers 
que  dans  les  terres  compactes;  que  le  pin  noir  d'Autriche  préfère 


—  532  — 

les  sols  calcaires,  les  pins  sylvestres  et  maritimes  les  terrains  sili- 
ceux; que  le  mélèze  est  plutôt  une  essence  de  la  haute  montagne 
que  de  la  plaine,  où  il  donne  de  mauvais  résultats,  comme  utilisa- 
tion de  son  bois  et  production  en  argent,  etc.,  etc. 

«  Dans  les  stations  où  le  sapin  pectine  et  l'épicéa  se  plaisent 
également  bien,  donnez  la  préférence  à  ce  dernier,  toujours  plus 
rustique  et  d'une  croissance  plus  rapide;  laissez  pour  les  parcs  et 
les  jardii-is  de  plaisance  le  cèdre  du  Liban,  le  séquoia,  le  crypto- 
meria  du  Japon,  ainsi  que  le  pinsapo  et  les  thuyas. 

((  On  préfère  toujours,  pour  les  arbres  feuillus,  les  plantations 
aux  semis,  sauf  pour  les  chênes  ou  les  châtaigniers. 

«  A  l'égard  de  ces  derniers  eux-mêmes,  nous  préférons,  en 
règle  générale,  le  repiquage  des  plants  aux  semis. 

«  Si  l'opération  est  un  peu  plus  coûteuse,  elle  est  certaine,  tan- 
dis que  le  semis  est  très  aléatoire. 

«  Les  sylviculteurs  savent  que  l'aulne  recherche  les  sols 
humides;  l'orme,  les  terrains  frais;  le  robinier,  les  terres  légères, 
calcaires  ou  siliceuses;  l'érable,  un  terrain  riche  en  humus;  le  châ- 
taignier prospère  bien  sur  les  granités  et  redoute  les  calcaires  ;  aux 
chênes,  les  terres  fortes;  aux  bouleaux,  les  sols  légers  et  sableux. 
Le  charme  vit  bien  en  mélange  avec  le  hêtre  et  le  chêne.  L'acacia 
préfère  se  trouver  seul  en  massif  clair,  ainsi  que  l'orme  et  l'allante 
glanduleux  ou  vernis  du  Japon,  qui  se  plaît  tout  particuhèrement 
sur  les  terres  légères,  sableuses  ou  calcaires,  pour  lesquelles  il 
semble  avoir  une  prédilection  spéciale. 

«  Dans  un  des  plus  beaux  parcs  du  centre  de  la  France,  nous 
avons  vu  des  billes  d'allante  de  30  centimètres  de  diamètre  qui 
portaient  trente  couches  annuelles  seulement. 

«  La  croissance  de  l'allante  est  donc  aussi  rapide  que  celle  du 
peuplier,  et  son  bois  analogue  à  celui  du  platane,  du  hêtre  ou  du 
sycomore,  est  d'une  valeur  supérieure  à  celle  des  bois  blancs.    » 


Capparis  spinosa  —  Câprier  —  Câpres. 

Il  y  a  bien  longtemps  —  quinze  ans  au  moins  —  qu'un  de  mes 
amis  me  mena  presque  de  force  dans  une  petite  propriété  qu'il 
avait  à  Orliénas  (Rhône),  pour  m'y  montrer  en  pleine  floraison  une 
plante  dont  il  me  cachait  le  nom.  «  Vous  verrez,  me  disait-il,  le 
plus  merveilleux  petit  sous-arbrisseau  qu'il  soit  possible  de  voir  ; 
je  n'en  connais  pas  deux  pareils  dans  le  Lyonnais  »  .  L'homme  ne 
m'avait  pas  trompé.  Une  multitude  de  fleurs  grandes,  d'un  blanc 
rosé,  d'où  sortaient  des  aigrettes  d'étamines,  tapissaient  la  muraille 


—  533  — 


câprier    épineux 

(Sommité  d'un  rameau 
réduit  au  1/3  de  sa 
grandeur) 


qui  avoisinait  la  maison.  Vous  n'en  faites  donc  pas  des  câpres, 
lui  dis-je.  —  «  En  faire  des  câpres  !  me  prenez-vous  pour  un  van- 
dale? Je  m'en  moque  de  vos  câpres;  j'en  fais  des  cornichons  qui 
ne  valent  guère  mieux,  mais  au  moins  je  jouis  de  toute  la  floraison 
de  mon  arbrisseau.  »  Le  fait  est  que  son  arbrisseau  était  splen- 
dide. 

Sur  ma  demande,  il  m'en  conta  l'histoire. 
((  Je  l'ai  reçu  de  Toulon  ;  il  y  aura  quatre  ans 
au  printemps  qu'un  de  mes  parents  qui  habite 
là-bas  me  l'a  envoyé.  J'ai  pris  de  la  peine  pour 
l'amener  à  l'état  où  vous  le  voyez.  J'ai  d'abord 
fait  un  fossé  carré  que  j'ai  rempU  de  pierres  et 
de  terre  mêlées,  et  j'ai  planté  là-dessus.  Quand 
l'automne  arrive,  je  couvre  la  souche  de  feuilles 
sèches  et  chaque  année  mon  Câprier  fleurit  abon- 
damment. » 

Le  Câprier  compte  plusieurs  espèces  qui  habi- 
tent l'Europe  méridionale  ,  savoir  :  Capparis 
rupeslris,  C.  ovata,  C.  sicula,  C.  herbacca  et  C. 
spinosa;  ce  dernier  est  le  plus  commun  et  le  plus 
généralement  cultivé, 

On  sait  que  les  câpres  sont  les  boutons  ou  les  fleurs  non  encore 
épanouis  du  Câprier.  On  les  confit  dans  le  vinaigre.  On  confit  aussi 
l'ovaire  quand  il  a  atteint  la  grosseur  d'une  olive ,  ainsi  préparés, 
ces  ovaires  portent  le  nom  de  cornichons  de  Câprier. 

La  culture  du  Câprier  mériterait  d'être  essayée  dans  tous  les 
jardins  qui  possèdent  une  exposition  chaude.  Il  est  certain  que 
c'est  une  culture  qui  offre  quelques  difficultés,  car  cet  arbrisseau 
n'aime  pas  à  être  dérangé. 

On  peut  le  multiplier  par  marcottes,  par  boutures  et  surtout  par 
semis.  C'est  par  ce  dernier  moyen  que  j'ai  réussi  à  l'obtenir.  Le 
semis  doit  se  faire  au  printemps,  sur  couche.  Le  mieux  est  de 
semer  quelques  graines  seulement  par  pots.  Lorsque  la  germination 
a  eu  lieu,  on  ne  laisse  qu'un  pied  par  pot.  En  juin,  on  dépote  la 
jeune  plante  avec  soin  dans  un  endroit  bien  exposé  et  bien  drainé, 
au  coin  d'un  mur,  par  exemple,  où  elle  ne  tarde  pas  à  prendre  un 
bon  développement.  On  supprime  les  arrosements  dès  que  la  végé- 
tation s'arrête.  La  première  année,  on  abrite  le  jeune  Câprier  avec 
une  cloche,  et  quand  le  froid  devient  excessif,  on  couvre  le  tout  de 
paille  ou  de  fumier.  On  peut  encore  cultiver  le  Câprier  dans  de  très 
grands  pots,  bien  drainés,  qu'on  rentre  l'hiver  en  orangerie,  en 
serre  froide  ou  simplement  dans  une  cave.  R.  0. 


—  534  — 
Culture  forcée  des  Fraisiers  (1). 

Le  climat  brumeux  de  l'Angleterre,  peu  favorable  à  la  matura- 
tion de  bien  des  espèces  de  fruits,  a  eu  pour  effet  d'obliger  les  cul- 
tivateurs à  employer  la  culture  forcée,  c'est-à-dire  en  serre  ou  sous 
châssis,  et,  dans  cette  spécialité,  nous  reconnaissons  qu'ils  sont 
arrivés  à  d'excellents  résultats. 

Aucune  essence  fruitière  n'a  échappé  à  leurs  études,  à  leurs 
essais,  et,  dans  des  proportions  évidemment  restreintes,  ils  ont  su 
remplacer  les  avantages  de  climat  que  la  nature  ne  leur  a  pas 
donnés. 

A  ce  propos,  le  Journal  of  horticulture  a  récemment  publié  une 
intéressante  étude  au  sujet  de  la  culture  forcée  des  Fraisiers,  et  les 
données  qu'elle  contient  sont  si  pratiques,  que  nous  l'avons  traduite 
pour  les  lecteurs  de  la  Bévue. 

Rien  n'est  plus  facile  que  le  forçage  des  Fraisiers,  dès  que  l'on 
possède  un  endroit  vitré  quelconque,  serre,  bâche,  châssis,  etc.,  où 
l'on  peut  établir  des  tablettes. 

C'est  surtout  dans  les  serres  à  arbres  fruitiers.  Vignes,  Pêchers 
ou  Ananas,  que  l'on  peut  ainsi  utiliser  des  espaces  considérables, 
habituellement  inemployés. 

Pour  la  plupart  des  variétés,  notamment  pour  la  Fraise  ricom- 
tesse  Héricarl  de  Tliury,  une  des  plus  employées,  les  plants  doivent 
être  rempotés,  vers  la  fin  de  juin,  dans  des  pots  de  15  centimètres 
de  diamètre.  On  emploie  une  bonne  (erra  substantielle  et  on  dispose 
les  potées  par  planches,  en  pleine  terre.  Vers  la  fin  d'octobre,  on 
remplace  la  terre  à  la  surface  des  pots,  sur  une  épaisseur  de  3  à  4 
centimètres,  par  un  mélange  de  terre  franche  et  de  crétin  de  cheval 
tamisé,  et  on  les  place  sous  châssis,  près  du  verre,  sur  une  couche 
de  feuilles  récemment  faite.  Il  faut,  à  ce  moment,  laver  soigneuse- 
ment les  feuilles.  Au  bout  d'un  mois  environ,  les  Fraisiers  sont  en 
fleurs,  et  c'est  alors  qu'on  les  rentrera  en  serre,  ou  en  bâche,  près 
du  verre,  sur  tablettes,  après  avoir  nettoyé  les  pots. 

Afin  d'avoir  une  récolte  successive  et  bien  échelonnée,  on 
pourra  distancer  de  dix  en  dix  jours  la  rentrée  en  serre  des 
Fraisiers. 

La  température  doit  être  maintenue  entre  10  et  12°  la  nuit,  14 
et  16°  pendant  le  jour. 

Aussitôt  que  les  fruits  sont  formés  et  jusqu'à  ce  qu'ils  se  colo- 
rent, on  bassine  les  Fraisiers  trois  ou  quatre  fois  par  jour,  ce  qui 
leur  donne,  pendant  la  nuit,  une  humidité  superficielle  qui  remplace 
la  rosée  du  plein  air. 

(1)  Jîet>!(e  horticole. 


—  535  — 

Pendant  la  floraison,  ainsi  que  pendant  la  maturation  des  fruits, 
une  bonne  aération  est  nécessaire. 

Les  arrosages  doivent  être  distribués  judicieusement.  On  don- 
nera en  même  temps,  et  en  alternant,  des  arrosages  d'engrais 
liquide,  en  ayant  soin  de  ne  pas  en  verser  sur  les  fruits. 

Au  moment  de  la  floraison  et  pour  faciliter  la  fécond  ation,  il  est 
bon  de  passer  successivement  un  pinceau  sur  les  fleurs,  vers  le 
milieu  de  la  journée,  alors  que  les  organes  sexuels  sont  secs. 

Lorsque  les  fruits  sont  noués,  on  choisit  les  dix  ou  do  uze  les 
mieux  conformés  et  aussi  les  mieux  répartis,  et  l'on  pince  toutes  les 
autres  fleurs. 

Les  variétés  presque  exclusivement  cultivées  en  Angleterre  par 
la  culture  forcée,  sont  les  suivantes  :  f'icomtesc  Hérkurl  de  Tliury, 
lo  Grosse  Sucrée,  Keens  Scccilinçi,  Président,  Sir  Joseph  Paxlon,  et 
James  Feilch.  Celte  dernière  est  cultivée  plutôt  pour  la  grosseur  de 
ses  fruits  que  pour  leur  qualité.  L'araignée  rouge  et  la  mouche 
verte  sont  les  seuls  ennemis  des  Fraisiers.  On  s'en  débarrassera  à 
l'aide  de  fumigations  de  tabac,  de  bassinages  énergiques,  ou  enfin, 
en  répandant  de  la  fleur  de  soufre  sur  les  tuyaux  de  chauffage. 
{Revue  liorticole.)  Ch.    Thays. 

L'emploi  des  nih-ates.  --  Le  Bullcliii  agricole  du  Midi  fait  à  ce  pro- 
pos les  réflexions  suivantes  : 

«  L'emploi  des  nitrates  en  agriculture  a  fait  découvrir  que  dans 
certains  cas  leurs  effets  fertilisants  étaient  à  peu  près  nuls,  et 
comme  ces  sortes  d'engrais  sont  passablement  coûteux,  certains 
propriétaires  en  étaient  venus  à  supposer  qu'ils  avaient  été  trompés 
par  leurs  fournisseurs.  Cependant,  il  y  a  des  circonstances  où  les 
nitrates  ne  sont  d'aucune  utilité,  c'est  lorsque  la  terre  est  compacte 
ou  humide. 

(1  C'est  ce  qui  ressort  d'expériences  méticuleuses  faites  par 
MM.  Gayon  et  Dupetit.  Ces  messieurs  ont  découvert  que  les 
nitrates  étaient  détruits  et  décomposés  par  des  microbe?  auxquels 
on  a  donné  le  nom  de  Bacterium  denitrificans  (dénitriflant). 

«  Ces  bactéries  ne  donnent  pas  lieu  à  une  fermentation,  mais  à 
une  combustion  avec  dégagement  de  chaleur,  d'azote  et  de  proto- 
xyde  d'azote. 

((  De  leur  étude,  il  ressort  que  cette  combustion  n'est  pas  à 
redouter  dans  les  terres  labourées  souvent,  meubles  et  bien  aérées, 
où  l'oxygène  pénètre  et  empêche  ces  microbes  de  naître  et  d'exer- 
cer leur  fâcheuse  influence  réductrice;  mais  que  si  la  terre  est 
recouverte  d'eau  et  imprégnée  d'humidité,  l'air  ne  circule  pas  et 
les  microbes  détruisent  les  engrais  nitreux,  surtout  en  été.  » 


—  536  — 

Ces  observations  ont  leur  utilité,  car  en  temps  de  submersion  et 
d'irrigation  des  vignes,  elles  expliquent  bien  les  insuccès  dont  on 
n'avait  pu  se  rendre  compte. 

Destruction  des  courlilicres  ou  taupes-grillons.  —  L'animal  que 
Linné  a  nommé  Gryllus  gryllotalpa  et  Latreille  GnjHolalpa  vulgaris 
est  un  insecte  de  l'ordre  des  Orthoptères,  section  des  sauteurs.  Ce 
Grillon  Taupe-grillion  (Linné)  oui  aupegrillon  vulgaire  (Latreille)  est 
plus  connu  dans  les  jardins  sous  les  noms  de  courlilière,  et  de 
courlerolle.  C'est  un  animal  désagréable  dont  le  jardinier  aime  à  se 
débarrasser,  mais  dont  il  ne  se  débarrasse  pas  facilement.  Nous 
empruntons  au  Bulletin  agricole  du  Midiles  différents  procédés  géné- 
ralement employés  pour  la  destruction  de  cet  insecte  : 

Arroser  les  trous  des  courlilières  et  les  alentours  avec  une  disso- 
lution de  sulfo  carbonate  de  potassium  à  raison  de  10  grammes 
par  30  litres  d'eau. 

Ou  bien  verser  quelques  centimètres  cubes  d'huile  à  brûler  dans 
le  trou  formé  par  l'insecte.  Le  liquide  pénètre  dans  la  galerie, 
atteint  la  courtilière,  obstrue  ses  stigmates  et  l'étouffé  en  s'oppo- 
sant  à  la  respiration. 

Il  paraît  que  l'huile  lourde  de  gaz  rend  les  mêmes  services  que 
l'huile  ordinaire. 

Le  même  résultat  est  obtenu  en  versant,  le  matin,  une  cuillerée 
de  goudron  à  l'orifice  de  chaque  trou.  Quand  la  taupe-grillon  veut 
sortir  le  soir,  elle  s'enduit  de  goudron  au  seuil  de  sa  retraite  et  y 
succombe. 

Un  mélange  d'huile  et  d'eau  saponifiée  au  savon  noir  est  aussi 
un  remède  efficace. 

En  Hollande,  ou  tue  beaucoup  de  courtilières  en  faisant  çà  et  là 
dans  la  terre  de  petits  tas  de  fumier  où  les  parasites  se  réfugient. 
Il  est  facile  alors  de  les  massacrer  en  bloc. 

En  Allemagne,  on  enfoncée  cinq  centimètres  au-dessous  du  sol 
des  pots  à  fleurs  contenant  environ  30  gouttes  d'huile  de  térében- 
thine. Les  courtiUères  viennent  y  choir  et  s'y  asphyxier. 


Avis  aa  rolloiiF.  —  Le  présent  volurae  (huitième  année  ixi  Lyon-Horticole),  contient  410  pages. 
C'est  par  suite  d'une  erreur  typographique,  que  la  pagination  en  indique  54Û.  La  susdite  erreur 
s'est  produite  k  la  page  qui  suit  immédiatement  231.  Au  lieu  de  235,  le  typographe  a  écrit  33o. 
Cette  erreur  ne  change  rien  à  l'exactitude  de  la  table  des  matières 


Le    Gérant    :    V.    VIVIAND-MOREL. 


—  537 


TABLE     DES     MATIÈRES 


Pages 

Abricot  de  Boulbon 23 

Abricotiers 41,  160,  430 

Acer  colchicum  tricolor 435 

Acide  phénique  (emploi  de  1') .    .    .  111 

Actœa  racemosa 224 

»       spicata 226 

Adiantum  macrophyllum 391 

AUium  napoliteanum 163 

Alocasia  Lindeni 392 

Amandiers  nouveaux.   ......  430 

Analyse  chimique  des  terres  ...  6 

>)        du  sol  par  les  plantes.    .    .  29 

Anémone  coronaria 82 

Anémones  des  jardins  (note  sur  les)  80 

Anémone  hépatique 150 

•         hor(en.-is 83 

Angrœcum  leonis 180 

Anthurium  hybride,   Archiduc  Jo- 
seph   51 

Arabis  albida 8 

Araignées  (les)  et  l'agriculture   .    .  178 

Araucaria  excelsa 149 

Araucarias  (fructification  des).    .    .  508 

Arbres  (restauration  des) 25 

»       à  fruits  (restauration  des)   .  515 
f       fruitiers  francs  de  pied  (sur 

les) 505 

»      pleureurs 162 

»       stériles 374 

»      trop  enterrés 6 

Architecte  paysagiste  (1") 345 

Arrosage  des  arbres  au  moyen  des 

drains  (sur  1') 77 

Art  de  bouturer  .    ...    119,   140,  154 

Art  des  jardins 59 

A?perges  (amélioration  de    la  cul- 
ture des) 232 

Asphodèles  (les) 439 

Asphodelus  ramosus 441 

Astragalus  hamosus 434 

Aubépine  de  Korolkow 486 

Aucuba    japonica     (variétés    nou- 
velles)    153 

Azérolier  cocciné  marbré.    ....  431 

Barbarée 23 

Bégonia  hybride,  Noémie  Mallet  .  9 

Blé  (physiologie  et  culture).    .    .    .  204 

Bouturage  (l'art  du) 119 

»          des  espèces  dures  à  s'en- 
raciner   355 

»           du  rosier 400 

Branches  d'arbres  (vieilles) .    ...  185 

Brassenia  peltata 10 

Brugnon  vineux,  H.  de  Monicourt.  486 

Ca bomba  aquatica 16 

Cactées  (dessiccation  des  fleurs).   .  22 

Calcéolaires  herbacées 19 


Cannas  (les) 65 

Cascade  de  la  vilH  Aldobrandini   .  59 

Cassia  noir  de  Higinus 161 

Catalogues,    20,    36,    52,   72,   88, 

108,    124,    144,    160,    180,  372, 

392,  451,  472,  488,  504,  520 

Cèdre  de  l'Atlas  compacte   ....  431 

Céleri  scarole 38 

Centenaire  de  Parmentier  ....  33 

Cépages  nouveaux 136,  471 

1)         américains 93 

i>         (précocité  des) 213 

Cereus  flagelliformis  cristatus.    .    .  97 

)i       speciosissimus 98 

Cerise  du  Luc 5 

Champignons  vénéneux 7 

»             (pierre  à) 23 

Chancre  des  arbres 113 

»         des  pommiers  (étude  sur  le)  16 

Châtaigner  nouveau 430 

Chauffage  des  serres 102 

Chaulage  (du) 448 

Chenilles  (mojen  de  se  débarrasser 

des) 415 

Choux-tleur  (culture  des) 55 

Cimicifiiga  fœtida 226 

Cinéraire  (race  de) 127 

Citrus   ou    Agrumes  (classification 

des  variétés  de) 118 

Cloportes  dans  les  serres    (moyen 

de  détruire  les) 146 

Cneurus  noir  de  Théophraste.    .    .  161 

Cochenille  (destruction  de  la)  .   38,  66 
Compte-reudu    de    l'Exposition   de 

Grenoble 222 

Compte-rendu    de   l'Exposition   de 

Lyon 420,  445 

Compte-rendu   de    l'Exposition    de 

Villefranche 465 

Concours  régional 51,  200 

»         spéciaux.    .    .   201,  412,  460 

Congrès  d'horticulture  à  Paris  .    .  442 
B        de    rosiéi'istes    (à    propos 

d'un) 204 

a       horticole  de  Paris   ....  49 

Consulte  horticole 127 

Corbeille  d'argent  de  Crète  ....  8 

Crassula  jasminea 371 

Cresson  (culture  artificielle).   ...  87 

Cronartium  asclepiadeum    ....  184 

Cryptogames 184 

Culture  sur  ados 436 

Cycas  revoluta 51 

Cyclamen  persioum 352 

Cynoglosse  printanière 39 

Cyperus  papyrus   12 

Cytise  Aubour  pleureur  nouveau.  .  431 


—  538  — 


Dalhias  simples  de  l'Exposition  .    . 

Dégénérescence  des  anciennes  va- 
riétés de  fruits 

Dendrobium  stratiotes  ....... 

Dialyse 

Diospyros  (note  sur  les) 

»         kaki,  variété  costata.  55, 

11        Lotus 

»         virginiara 

Disa  atropurpurea 

Discours  de  M.  Dutailly 

Disti'ibution  des  récompenses  de 
l'Exposition  de  septembre   .    .    . 

Duplicature  (exemples  de)  .... 


Pages 
460 

476 
392 
492 

43 
507 

46 
336 
336 
399 

404 
116 


Echardonnage  obligatoire   ....  221 
•Engrais  chimiques  (emploi  en  hor- 
ticulture)   13 

Engrais  chimiques  (Expériences  à 
faire  pour  juger  de  la  valeur  fer- 
tilisante des) 510 

Engrais  chimiques. 89 

»       de  poule 182 

»       de  la  vigne 105 

Epicéa  nain  de  joreau 431 

Epiuard  (époque  de  .«génois)  ....  173 

Epouvantails  à  moineaux.    .    .  218,  414 

Brineum  et  mildew 184 

Erodium  Muncscavi 496 

Eucalyptus  géants 36 

Eucomis  punctata 24 

Excursion  à  la  Moucherotte   .    .    .  383 

Exochorda  Korolkowi 352 

Exposition  de  Paris  (compte-rendu)  194 

t          de  Dijon 359 

t          d'horticulture  à  Lyon.    .  373 

»                      »             à  Grenoble  110 

»                     «            de  Paris  .  474 

»                     Il            de  Sceaux  435 
»           d'horticulture    de    Lyon 

(compte-rendu)  .    .    .  393 

>          nationale  de  Toulouse  .  490 

Fedia  cornucopise 335 

Feuilles  (déformation  des)    ....  168 

Fil  de  plomb  pour  greft'age ....  355 

Fougères  (utilisation  des)     ....  220 

Fraise  des  quatre  saisons 458 

Fraises  nouvelles 4 

»       (grosses)  au  mois  d'aoiit .    .  509 

Fraisiers  (culture) 215 

i>         des  quatre  saisons.    .    .    .  165 

Fruits  (production  en  Angleterre)  .  520 

I       (art  d'avoir  de  gros)  ....  234 

>       en  médecine 128 

»       et  légumes 413 

Gadoue?  de  Paris  (valeur  agricole 

de.) 390 

Genêt  d'Espagne 220 

Genista  horrida 8,  127 

Germination  (sur  la) 129 

>  des  plantes  dans  u  i  sol 

exempt  de  microbes.  124 

Gigot  du  vendredi 126 

Glace  (de  la)   dans  les   cultures  de 

plantes  florales 125 


Pages 

Glace  (la)  et  l'horticulture   ....  37 

Glaïeuls  (floraison  tardive)  ....  146 

Gloxinia  (culture  des)    , 9 

Gommose  des  arbres  fruitiers.    .    .  491 

Goyavier 519 

Graines  et  semis 73 

Greffe  en  fente  (à  propos  de  la) .    .  41 

»       Refrognet 25 

Guêpes  et  frelons 350 

Gui  (semis  de) 76 

Guignes  sauvages  des  Maures.    .    .  5 

Gymnogramma  fariniferum.    .    .    .  392 


Haricot  (histoire  d'un) 

Haricots  (note  sur  les) 

Hélianthème  pulvérulent 

Hélianthèmes  (emploi  des)  .    .    .    . 

Herbemont-Touzan 

Hippocrepis  contorta 

Hoang  Nan 

Houx  à  feuilles  contournées  pana- 
chées .    .    .    .    • 

Hybiides  végétaux 

Hydropeltiï  purpurea 


171 
340 
212 
211 
136 
135 
6 

431 
40 
10 


Incision  annulaire 71,  221 

Jardins  japonais 361 

Jardins  de  Tivoli 211 

»       l'éguliers 27,  100 


Kakis  (usage  et  préparation) 


85 


La  Flora  (jardin) 60 

Levistichum  officinale 372 

Lilas  à  fleurs  roses 110 

»     chinois 205 

Limaçon  de  la  vigne  (destruction).  163 

Lodoicea  sechellarum 372 

Lychnis  Haageana 230 


Maceron 

Machine  à  fabriquer  les  bouquets  . 

Marronniers  de  Bellecour   .... 

Matières    minérales    nécessaires    à 

l'alimentation  des  plantes   .    157, 

Médaille  (usurpation  de) 

Medicago  littoralis 

»         lunulata 

»         orbicularis 

Mélèze  nouveau 

Melons  en  caisse  (repiquage  des) .    . 

Métis  végétaux 

MicroEtylis  bella 

Mildew  (moyen  de  combattre  le) .    . 
>       et  sulfate  de  soude  .... 
»       (instructions  pour  combat- 
tre le) 

Mimulus  mohavensis 

Mûriers  et  pêchers  (nouvelle  mala- 
die des) 

Musa  ensete 

Nécrologie 

Nelorabo  (culture), 

Nelumbium  luteum 

>  speciosum 

Nierembergia  fructescens  fl.  albo  . 


334 
358 
414 

174 

214 

133 

133 

133 

431 

102 

40 

51 

88 

163 

186 
335 


352 
336 
503 
191 
192 
191 
499 


539  — 


Pages 

(Monfoglossum  Pescatorei  ....  335 

Œciilium  pini 372 

Œillets  nouveaux  lyonnais  ....  153  . 

Œillet  remontant 95 

Olives  (variétés) 52 

Omphalode  printanière.    .    .    ,   39.  152 
Orchidées     indigènes     (disparition 

des) 73 

Orchis  rubra 22 

Orme  champêtre  tricolor 43! 

Ornithopus  perpusUlus.   ......  135 

Papyrus  antiquorum Il 

Paralyseos  herba 117 

Pèches  nouvelles 56 

((       précoces 24 

Peridermium  pini 184 

Phalœnopsis  intermedia 144 

Philodendrum  Andreanum  ....  36 

Phœnix  tenuis 55 

Phrases  à  eftet  à  l'usage   des  ora- 
teurs horticoles 142 

l'hylloxéra  (moyen  de  combattre  le)  371 

»           en  Australie 180 

Piriphillie 111 

Plantation  d'arbres ,    .  6 

Plantations 489 

Plantation  des  plants  racines  ...  501 

Plantes  (de  l'âge  des) 126 

»       (protection  des) 7 

»       aquatiques 10 

»       malade  et  l'eau  chaude  .    .  40 

»       potagères  à  surprise  ...  132 

Plants  (repiquage  des) 92 

Poire  Bergamotte,  Alfred  Lacroix.  115 

..      Vital 109 

»     Echasserie 461 

Poireau  perpétuel 112,  230 

Poires  (protection  des)  contre  les 

insectes 148 

»       nouvelles 12,  51,  481 

Poirier  (du  traitement  des  produc- 
tions fruitières  du) ...  67 

I        nouveaux 430 

Pomme  (la) 145 

Pomme  de  terre 

»             »         (maladie  des)    .    .  339 

»             »         Joseph  Rigault.   .  39 

Pommes  de  terre  (exposition  de).   .  4 
»             »        (  production      de 

belles)  ....  183 

»             »        (variétés  de).   .    .  476 

Pomologie  (à  propos  de) 109 

Pontederia  cordata 12 

»           crassipes 219 

Potamogeton  natans 170 

Pouvoir  absorbant  du  sol 492 

Pratique  vicieuse 341 

Préservation   des  vignes  contre  la 

gelée 92 

Primes  d'honneur  de  l'agriculture.  3 

Primevères  (duplicature  des)  ...  116 

»          (note  sur  les)    ....  116 

Primula  elatior 119 

»         grandiflora 118 

»        Reedi 180 


Pages 

Primula    veris 118 

Pritchanlia  filifera 51 

Problème  horticole 95 

Procès-verbaux,   31,    56,  92,   130, 
166,    207,   336,    341,  376,  416. 

456,  493 

Provignage  chinois 507 

Prunes  (conservation)   ......  357 

Prunier  pour  la  formation  des  haies 

(emploi  du) 42 

1)       mirobolan  à  fleurs  rouges 

doubles •    .    .  486 

»       nouveau 431 

P^idium  pomiferum 519 

Puceron  lanigère  et  la  cloque  (re- 
mède contre  le) 165 

Rabioules 80 

Races  de  poireaux 229 

Racines  montantes 75 

Ramée  Ha) 437 

Ramonda  pyrenaica  (culture)  .    .    .  418 
Rapport  le  la  Commission  des  visi- 
tes      463 

Réséda  en  arbre 164 

Résistance  au  froid  des  palmiers   .  55 

Rhododendrons  anglais 227 

Rhododendrum  nouveau 431 

Rhubaibe  (culture) 485 

Rhus  cotinus  pendula 52 

Romarin  (sur  le) 161 

Rosa  Banksioi 144 

»     chlorocarpa 352 

»     polyantha   grandiflora    .    .    .  483 

»     W.-F.  Beneit 454 

Roses  forcées 5 

»      nouvelles  (note  sur  les).    .    .  201 

M           »         lyonnaises  392,  451,  471 

Rosier  remarquable 380 

Rosiers  (greffe  des) 339 

>       nouveaux 487 

»       toujours  vert 513 

Sable  dans    les   repiquages   et   les 

plantations  (du) 112 

Saccharogénial 181 

Scorpiurus 133 

Semis  du  gui 76 

Semis  et  grefî'es 226 

>      semaison,  semaille 217 

Serres  (chaufl'age  des) 102 

»       (chauffage  en  Amérique).    .  193 

•  (ventilation  des) 75 

Sève  descendante 337 

Sidération 206 

Solanées  (greffe  des) 205 

Spiranthes  Romanzowiana  ....  488 

Stachys  aflSnis 147 

»        palustris 148 

Stipa  tenacissima 124 

Suie  (engrais  pour  les  rosiers)   .    .  130 

Sulfate  de  cuivre  (falsification)    .    .  203 

»      sur  les  arbres  fruitiers   .    .  455 

•  de  fer  et  plantes  chlorosées.  491 
Syndicat  des  horticulteurs  de  la  ré- 
gion lyonnaise 34 


—  540  — 


Pages 

Synonyme  et  synonymie 91 

Syringa  et  seringa 286 

Tavelûr- des  arbres  (sur  la).   .    .    .  509 

>                 »        fruitiers.    .    .    .  473 

B       des  racines   54 

Tarifs  de  transport  des  plantes  .    .  490 

Tavelure  des  poires 355 

Tératologie  végétale 169 

Terre  de  bruyère  (note  sur  la)   .    .  364 

»                »         353,  434 

Terres  (analyse  des) 6 

Thalia  deabata 65 

Trapa  natans 170 

Troubles   du  vin  (moyen  de  recon- 
naître les) 390 

Vallisneria  bulbosa 169 

Varangots  (le«) 48 

Variétés  (noms  de) 53 

»         tardives  (obtention  de).    .  21 

Végétation  souterraine 357 


Verger  le  plus  grand  .... 
Verres  bleus  (influence  des)  . 
Vers  de  terre  (destruction  des) 

Vigne  eu  Perse 

»      (incision  annulaire).  .    . 


»       (soufiVage  de  la) 

>)       (taille  tardive  de  la)  .    .    .    . 
Vignes  américaines.    ....  200, 
»       françaises  (sur  les)   .... 
»       greftees  (dépérissement  des) 
D       phyllosérées  (nouveau  trai- 
tement)     

»       (préservation  contre  la  ge- 
lée)   

»       réfractaires  au  mildew  .    . 

Vin  de  raisins  secs 

Violettes  (culture) 

Visitft  aux  cultures  de  vignes  de  M. 

Magat 

Wasbingtonia  robusta 

Welwitsebia  vivant 


Pages 
159 
340 
376 
231 
183 
171 
164 
375 
370 
434 
480 

92 

92 
149 
368 
113 

502 

55 

144 


TABLE     DES     FIGURES 


Actea  racemosa 

Anémone  coronaria  à  fleurs  doubles 
Anémone  coronaria  à    fleurs  pour- 


pres. 


Anémone  hortensis  à  fleurs  dou- 
bles  

Anémone  hortensis  à  fleurs  pour- 
pre violet    

Anémone  hortensis  pavonina  .    .    . 

Anémone  hortensis  stellata  à  fleurs 
doubles 

Anémone  palmata  (fleurs  jaune?) 

Asphodelus  ramosus 

Astragalus  hamosus 

Cabomba  aquatica 

Câprier 

Cascade  de  la  villa  Aldobrandini   . 

Cereus  flagelliformis,  var.  cristatus 

Chauflages  américains    .    .    .    193, 

Coronilla  scorpioïdes 

Cyperus  papyius 

Diospyros  Kaki,  var.  costata  .   .    . 

Diospyros  lotus 

Erodium  Manescavi 497, 

Fraise  La  Généreuse 

Goyavier 

Grefl'e  Refrognet 

Hélianthème  pulvérulent 

Hépatique  à  fleurs  simples  .... 
»  à  fleurs  doubles  .... 

Hippocrepis  contorta 

»  unisiliquosa 

Hydropeltis  purpurea 

Jardies  (les)  propriété  de  M.  H.  ds 
Balzac 

Jardins  et  fontaines  de  Tivoli  .    .    . 

Jardins  français  auxviii«  siècle  28, 

Jardin  japonais 

Jardin  La  Flora,  à  Cologne.    .    .    . 

Jardin  paysager. . 


225 

81 

80 

81 

80 
81 

80 

81 

440 

135 

lu 

533 

59 

99 

194 

133 

11 

45 

44 

198 

459 

519 

26 

212 

151 

151 

134 

134 

10 

316 
210 
101 
363 
60 
61 


Medieago  lunulata  (  Luzerne  er 
forme  de  lune) 

Medieago  orbicularis  (Luzerne  or- 
biculaire)     

Nelumbium  luteum 


»  speciosum 

Nierembergia  frutescens  flore  albo 

Omphalode  printaniére 

Ornithopus  perpusillus 

Parc  de  la  ville  de  Nevers   .... 

Parc  des  Buttes-Chaumont  .... 

Plantain  d'eau  à  feuilles  rubanées. 

Poire  Bon  Chrétien  Vermont  .    .    . 

Poire  Echasserie 

Poire  Rémy  Chatenay 

Pontederia  cordata 

Potamogtton  natans 

Primula  elatior  flore  pleno  .... 
»  grandiflora  flore  pleno  .  . 
»  grandiflora  flore  simples  . 
»        oflncinalis.        

Propriété  de  M.  Tis^erant,  à  Cler- 
mont.  Avant-projet  et  projet  dé- 
finitif   

Ramonda  pyrenaica 

Rosa  polyantha  grandiflora.    .    .    . 

Rosa  sempervirens 

Rosier  (Bouture  avec  incision)  .  . 
»  (Bouture  avec  talon).  .  .  . 
»  (Bouture  taillée  en  biseau)  . 
»  Noisette  A.  Vibert,  tapissant 
la  façade  d'une  maison  à  EcuUy. 

Sagittaires  à  feuilles  rubanées    .    . 

Sagittaires  à  feuilles  et  fleurs  nor- 
males   

Souci  prolifère 

Thalia  dealbata 

Thalictrum! 

Trapa  natans 

Vallisnérié  en  spirale 


134 

134 
191 
191 
499 
152 
135 
349 

03 
170 
482 
463 
482 

11 

ni 

116 
117 
118 
116 


347 
419 

•184 
513 
402 
401 
401 

383 
169 

169 
531 
64 
529 
171 
170 


Lyon.  —  Impr.  du  Salut  Publie»  —  Bellon,  33,  rue  de  laRépublique,  33. 


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