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— 368 —
Une prime de S" classe à M. Chardon, pour ses Céleris et Gardons,
à M. Villard, pour ses Epinards et Fraises,
à M. Villard, pour ses Bégonias,
à M. Guerry, pour ses Pa'ates et Fraises.
à M. Guerrj', pour ses racines de Chervis.
à M. Champalle, pour ses Bégonias de semis,
à M. Boucharlat jeune, pour ses Véroniques à
feuilles panachées et à fleurs rouges,
à M. Messa, pour ses Pensées,
à M. Ballin, pour son Cypripedium insigne,
à M. Crozy, pour ses Dahlias gracilis de semis,
à M. Morel fils, pour l'ensemble de son apport,
à M. Liabaud, pour ses deux Crassula.
à M. Liabaud, pour le reste de son apport,
à M. Rozain, pour ses Chrysanthèmes et plus
particulièrement pour sa variété à fleurs blanches de semis.
Pour les autres apport?, les Commissions demandent l'inscription au
procès-verbal.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
L'assemblée procède ensuite à la nomination du jury pour le concours de
Chi'ysanthèmes des 14 et 15 novembre.
Sont nommés : MM. J. Chrétien, Comte, Jussaud, Belisse, Girard, Lasson-
nerie aîné, Boucharlat aîné, Lassonerie jeune et Charles Laroche.
Renouvellement de la partie sortante du Conseil d'administration.
Sont nommés : M. Therry, M. le D' Ponet, M. Rochet, M. Musset,
M. Pitaval, M. Labruyère.
Sur la proposition de M. Pitaval, l'assemblée décide d'adresser à notre
Président, M. Dutailly, une lettre de félicitations d'avoir été réélu député de
la Haute-Marne.
M. le Secrétaire général est prié de faire parvenir à M. Dutailly la déci-
sion de la réunion.
Vu l'heure avancée, la suite de l'ordre du jour est renvoyée à la prochaine
séance.
La séance est levée à 4 heures un quart. Le Secrétaire- Adjoint, J.Nicolas.
Concours de Chrysanthèmes
Tenu les Samedi 14 et Dimanche 15 Novembre 1885
par l'Association Horticole Lyonnaise. Salle des Réunions
industrielles, Palais du Commerce.
Membres du Jury : MM. B. Co.mte, N. Kelissr, J. Chrétien, Jussald,
Lassonnerie Frères, Laroche et Girard.
Président, M. Co.mte, — Secrétaire, M. Girard.
Premier Concours. — Pour uns ou plusieurs variétés obtenues par
l'exposant et n'étant pas dans le commerce.
Grande médaille d'argent, M. Roziin-Boicharlat, horticulteur à Cuire-lès-
Lyon. — Méd. d'argent, M. de Reydellet, à Valence.
Deuxième Concours.— Collection des 25 plus belles variétés obtenues
et mises au commerce par l'exposant.
Médaille d'argent, M. de Reydellet.
Troisième Concours. — Pour la plus belle collection de 200 variétés
comprenant tous les genres.
Médailles de vermeil {ex-œquo), M. Hoste, horticulteur à Monplaisir-lès-
Lyon, et Rozain-Boucliarlat. — Grande MoJ. d'argent MM. Mercier père et
fils, horticulteurs à Chalon-Jur-Saône. — Méd. d'argent, M. Degressy, liorti-
culteur à Chalon. — Hors concours, M. Valette, amateur à Chaponost
(Rhône).
— 369 —
Quatrième Concours. — Pour la plus belle collection en 100 variétés
comprenant tous les genres.
Grandes Médailles d'argent, {(u'-cpt/un), MM. Hoste et Rozain-Boucharlat.
— Méd. d'argent (ex-œquo), M. Combet-Cordier, fleuriste, place Bellecoar,
à Lyon, et M. Descolle, jardinier clifz M. le comte de Chardonnet, à
Charelte (Isère). — Hors conoour.s : M.VI. de Reydellet, de Valence, Guénard
fils, horticulteur, à Chalon-sur-Saône ; Abel Myard, amateur à Chalon, et
B. Comte, horticulteur à LyonVaise.
Cinquième Concours.— Pour la plus belle collection de 50 variétée
de la série Japonaise.
Grande Médaille d'argent [(ex-œquo), MM. Hoste et Rozain-Boucharlat.
— Méd. d'argent, MM. Mercier père et fils. — Méd. da bronze (ex-œquo),
MM. P. Dâgressy, VlUaVd ot Verne.
Sixième Concours. — Pour les 25 plus belles variétés.
Médaille d'argent, M. Hoslc. — Méd. de bronze, MM. Rozain-Boucharlat,
Emile Geoin et Madame Rampont.
Typha latfolia
Réduit au 10" de sa grandeur.
Vsleriana dioica
Réduit au 1/3 de sa grandeur
Plantes de Marais
Tijplia latifolia (Massette à larges feuilles). — Noms vulgaires :
Masse-d'eau, Cliandelle-d'eau, Masse-au-bedeau , Roseau-des-
étangs, Roseau-de-Ia-Passion, Lambourdeau.
Le genre lyplia est répandu dans toute l'Europe, oi'i il croît
dans les étangs, les fossés aquatiques, les marais et les bords des
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LYON-HOETICOL
REVUE BI-MENSUELLE D'HORTICULTURE
PUBLIEE AVEC LA COLLABORATION DE
L'ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM.
ALPHONSE KARR ,
BELLISSE, A. BERNAIX , BOUCHARLAT aîné, CHARRETON,
CHAUDY. J. CHRÉTIEN, B. COMTE, B. COUSANÇAT, CROZY Fils ainô,
Th. DENIS, Ph. DEVILLE, DUCHER, L -C. GAILLARD, F. GAULAIN, GORRET
HOSTE , C. JACQUIER, J. JACQUIER. LABRUYÉRE Fils.
LIABAUD, L. LILLE, J. MÉTRAL,
Fque MOREL, J. MORIN, MUSSET, J. NICOLAS, PELLETIER, ROCHET,
ROHNER, J. SCHWARTZ. etc., etc..
%édacteur en Chef : VI VI AN D- KO BEI.
LYON
IMPRIMERIE DU SALUT PUBLlG
BELLON , RUE DE LA REPUBLIQUE , 33
18 8 5
1885 JANVIER N°
CHRONIQUE
La (p-effe en hiver. — Je me souviens encore de la joie j^ure que
j'éprouvais il y a bientôt 25 ans, quand Th. C. me dit un certain
soir : « Demain je t'apprendrai à gretïer les Corrca. » Il y avait
six mois que j'avais quitté l'école, et que mon père m'avait mis en
apprentissage. Je rempotais déjà, je bêchais , je bouturais au
besoin, mais je ne greiïais pas. Quand un des garçons jardiniers
de l'établissement racontait qu'il avait gretfé ceci, greffe cela, je
l'écoutais religieusement et je l'admirais ; je ne sais même pas ce
qui me retenait de me jeter à ses pieds en lui criant : Pierre ou
Jacques, vous êtes un grand homme. Quand je pense à cela main-
tenant qu3 je me suis rendu compte des causes qui influent sur la
reprise des greffes, j'ai presque honte n'avoir été si naïf. Et si je
vous narre mes premières impressions, amis lecteurs, c'est pour
éviter à ceux d'entre vous qui en seraient tentés de dire aux gref-
feurs heureux : Vous êtes des grands hommes. Il vaut mieux réser-
ver votre enthousiasme pour une meilleure occasion.
Personne ne s'étonne de voir germer une graine et on s'étonne-
rait de voir se souder deux parties d'un végétal ?
Je n'ai cependant pas l'intention de nier qu'une certaine habi-
leté ne soit très utile pour réussir une greffe, mais je tiens pour
certain que la réussite de cette opération tient davantage aux con-
ditions dans lesquelles se trouvent le greffon et le sujet et surtout le
milieu dans lequel ils sont placés.
Dans ce moment par exemple, ceux qui peuvent disposer d'une
serre à multiplication ou d'une bâche chauffée réussiront les greffes
d'une foule d'espèces telles que : Rosiers, Bignonias, Crattegus,
Genista , Cytises, Lierres en arbre, Daphnés , etc. Que les
greffes soient faites en fente ou en placage, cela ne fait rien à la
chose, l'important est d'avoir de bons sujets et de les maintenir à
une température de 15 à 20" centigrades. Pour un certain nombre
^ 4 —
d'espèces on peut même, à défaut de sujets, greffer sur racines et
obtenir de très bons résultats. Ceux qui ont des sujets mis en godets
l'année précédente ne manqueront pas une grelFe, ceux qui les
mettent en godets après les avoir greffés réussiront tout de même,
mais moins facilement.
Quand on ne dispose pas d'une serre ou d'une bâche chauffée,
il est préférable d'attendre la fin de mars. Pour toutes les greffes
faites directement en plein air il est important de couper les gref-
fons en mars et de les enterrer dans le sable contre un mur au
nord. On greffe au départ de la végétation. Le greffon doit être
très court, la greffe bien mastiquée et au besoin pour les sortes dif-
ficiles à la reprise on entoure le greffon d'une poupée de mousse
ou de chiffon en laissant seulement un bourgeon libre.
Emploi du suif contre le phylloxéra. — M. l'abbé Laborler, curé
doyen de St-Gengoux-le-National (Saôue-et-Loire), a institué des
expériences dans le but de régénérer les vignes attaquées par le
phylloxéra. Ces expériences consistent dans l'emploi du suif en
couche mince dont on enduit les ceps. Ce procédé, paraît-il, réus-
sit à chasser le phylloxéra des vignes, comme il réussit à détruire
une foule d'autres insectes qui attaquent les arbres et les arbustes,
tels que pucerons lanigères, kermès, tigres, etc. Il paraîtrait même,
d'après le rapport de M. Miédan, présenté à la Société d'agricul-
ture do Chalons-sur-Saûne, que le badigeonnage par le suif, pro-
posé et pratiqué par M. Laborler, serait d'une efficacité supérieure
à celui qui est proposé par M. Balbiani.
Flore de Porqucrolles. — M. l'abbé Ollivier publie dans la Revue
horticole des Bouches-du-Rhône, journal des travaux de la Société
d'horticulture et de botanique de Marseille, un catalogue de la flore
de Porquerolles, dans lequel il mentionne à la suite des noms scien-
tifiques les noms vulgaires en langue provençale. Feu le président
Lavallée qui avait bien compris tout l'intérêt qu'il y avait à ratta-
cher aux noms scientifiques des plantes les noms patois usités dans
différentes provinces, aurait certainement consulté ce catalogue
avec intérêt. Ces noms patois outre qu'ils donnent souvent l'expli-
cation étymologique de certains termes obscurs , permettent de
rapporter avec exactitude à leur nom scientifique des espèces que
les gens de la campagne ne connaissent pas autrement et auxquels
ils attribuent quelquefois des vertus médicinales extraordinaires.
Tavelure des Poires. — L'article relatif à la tavelure des poires,
que nous avo.is publié dans le précédent numéro du Lyon-Horticole,
nous a valu la lettre suivante de notre confrère, M. Casai, horti-
culteur-herboriste à Feyzin (Isère) ;
— 5
« J'avais plusieurs poiriers dans mon jardin qui, chaque année,
étaient couverts de tigres et dont les fruits étaient attaqués de la
tavelure. J'avais résolu de les arracher à cause de cela. Mais,
ayant lavé et badigeonné ces arbres Tau dernier avHC de la ma-
tière liquide des fosses, celte année, le tigre et la tavelure ont
complètement disparus. J'ai récolté des fruits parfaitement sains;
je puis montrer les arbres et les fruits aux personnes qui le dési-
reraient. »
Le remède indiqué par M. Casai est trop facile à se procurer,
pour que ceux auxquels il ne répugnerait pas, hésitent à en faire
l'essai.
J'ai moi-même, autrefois, essayé un remède semblable contre
le puceron lanigère, et j'ai parfaitement réussi à le détruire en
badigeonnant à trois reprises ditférentes les pommiers qui en
étaient attaqués.
Cre[[c Noiieue. — « La (jvcfle Aoiselle n'est qu'une bouture de
plantes succulontes établie sur un Caclus Opuntia. Les tiges de
C'rassula, de Sedum, de Cactus Hageliiformis, implantées à la
manière d'une gretïe sur ce sujet ont vécu un an et demi ; mais
elles ont dépéri successivement et n'ont soutenu leur existence
<|u'au moyen de mamelons charnus et de petites racines implantées
dans la substance de la feuille de l'Opuntia et qui se sont éten-
dues même à l'extérieur pour puiser dans l'air la partie aqueuse
nécessaire au maintien de leur faible végétation. Ainsi, c'est bien
une bouture qui a été effectuée par cette opération, seulement
celle-ci a été pratiquée sur une tige vivante, tandis que les autres
s'etfeciuent dans la terre : les résultats sont les mêmes. »
Ce qui précède a été écrit par André Thouin, membre de l'Ins-
titut et professeur de culture au Muséum, mort en 1824. C'était
cependant un malin, le professeur Thouin; mais il ne l'a guère
naontré dans cette circonstance. La greffe des plantes grasses est
bien une greffe et n'a aucun rapport avec une bouture. Seulement,
quand l'opération réussit mal ou ne réussit pas, la greffe, qui peut
vivre très longtemps à l'air libre, développe des racines. Quand
elle réussit, elle n'en développe pas et prospère à merveille.
Nuses iciiues. — Dans le courant de l'automne dernier, M. Abel
Myard, amateur d'horticulture, m'avait fait l'honneur de m'adres-
ser une rose maréchal Niel en parfait état, mais nuancée de cou-
leurs diverses inconnues chez les roses. Les pétales n'étaient
luiUement altérées, comme cela arrive souvent, quand à l'aide de
différents procédés chimiques on veut changer les couleurs natu-
— 6 —
relies des fleurs. Ayant écrit à M. Myard pour lui demander le
moyen qui lui avait si bien réussi pour teindre cette rose maréchal
Niel ; il me répondit que c'était avec de la fuchsine pulvérisée dont
il avait saupoudré les pétales au moment où ils éiaient recouverts
d'une très légère rosée. J'ai répété l'opération avec le même pro-
duit et elle a fort bien réussi.
La Slaltie de Bernard de Jiissieu à Lyon. — On sait que le parc de
la Tête-d'Or est l'emplacement choisi par la ville de Lyon pour
l'élection de la statue du célèbre botaniste lyonnais, B. de Jussieu.
Dernièrement, on a pu voir au Palais du Commerce les projets
définitifs des trois statuaires qui ont concouru pour cette œuvre
d'art
Bernard de Jussieu, professeur de botanique au Jardin-des-
Plantes de Ptiris, est surtout céli'bre par sa nouvelle classification
des plantes et par une foule d'observations qui furent recueillies,
complétées et mises en ordre par son neveu Antoine-Laurent de
Jussieu, qui publia ce fameux Genern plaiitarum, qui devaii anéantir
la classification systématique de Linné, et ouvrir une voie nouvelle
à l'étude de la botanique.
Les Jussieu étaient apothicaires de père en fils, et en cher-
chant bien, on trouverait peut-être leur officine dans la rue Lan-
terne, à Lyon. Un de leurs descendants, Adrien de Jussieu, égale-
ment professeur au Jardin-des-Plantes de Paris, a publié différents
ouvrages de botanique qui ont servi à toutes les personnes qui,
dans ces dernières années, ont étudié la botanique.
V Iwrliculliire à Lyon en 18.38. Sur la proposition de M. Lacène,
la Société d'agriculture et d'histoire naturelle de Lyon organisait
au printemps de l'année 1837 une exposition d'horticulture qui
eut lieu dans l'orangerie du Jardin des plantes (1). L'année suivante
une exposition semblable fut ouverte dans le même local le 24 mai.
Pour sfimuler le zèle des exposants , la Société avait imaginé
d'acheter, à l'aide d'une loterie une partie des fleurs exposées. l;a
séance publique où furent distribuées les récompenses fut ouverte
par le Préfet du Rhône qui prononça un discours. M. le docteur
Bottex, président ordinaire, lui succéda. Après ces deux orateurs
dont les paroles furent couvertes d'applaudissements, M. Grand-
perret, secrétaire de la Commission, fit connaître la décision du
Jury. Puis, sur l'appel de M. Seringc, MM. les horticulteurs qu
Cotte orangerie a été dcmolii^ et, reconstruite sur les mêiueâ plans au Parc de la
Tête-d"Or, eti face de la serre du Jardin botanique.
— 7 -
avaient obtenu des médailles vinrent les recevoir des mains de
M. le Préfet au son des fanfares et au bruit des applaudissements.
Les exposants de Heurs étaient au nombre de 27. On trouve
parmi ces 27 exposants des noms bien connus : Boucharlat, Cou-
sançat, Luizet, Mille, Nérard, Beluze, Lacène, etc. Les plantes
exposée, sont curieuses à noter, mais un grand nombre ont dis-
paru des cultures lyonnaises ; c'étaient surtout des plantes de la
Nouvelle-Hollande: Diauma, Pobjçjala, Mdrosideros, Grevillca, .aca-
cia, PiUosjwnim, Cactus, Fimclea, Kcnncdija, etc. Puis des Roses,
des Œillets, des Fuchsias.
Pontstcmon à feuilles panachées. — MM. Délaux et fils, horticul-
teurs à St-Martin-du-Touch prés Toulouse, sont parvenus à fixer
une variété de Pentstemon à feuilles panachées, qui vient d'être
figurée dans la Bévue dliorùcullure belge cl élramjrre, publiée à Gand,
sous la direction de M. E. Pynaërt. Cette nouvelle variété sera
très convenable pour border les massifs eu les plates-bandes garnis
de ce beau genre.
Colcus Pt incesse de Liçjne. — On est un peu revenu des variétés
nouvelles de Coleus depuis que tous ceux qui sèment ce genre
en obtiennent chacun autant de variétés que d'hidividus. Cepen-
dant parmi le nombre il y a toujours quelques plantes qui s'impo-
sent à l'admiration des amateurs. M. Rochet, horticulteur à la
Croix-Rousse, en a présenté quelques-unes à l'appréciation du
Jury de la dernière exposition qui ont conquis tous les suffrages.
La variété Princesse de Ligne annoncée par M. Pynaërt serait,
paraît-il, aussi une variété vraiment admirable issue de la variété
Princesse des Belges. V. V.-M.
Arrosages artificiels ou composés (1).
Depuis quelques années, on a imaginé une série d'arrosements
faits avec des engrais dissous dans de l'eau, qui ont pour avantage
d'activer la végétation en lui donnant un coup de fouet à son début
et de placer surabondamment à la portée des racines, et sous forme
rapidement assimilable, les éléments utiles de l'engrais. Ces arrose-
ments présentent, dans leur usage, cet autre avantage, qu'en très
peu de temps on peut obtenir d'une plante soumise à ce traitement
son dernier maximum de développement, soit qu'on agisse en vue
(1) Extrait du Cultivateur.
8 —
d'avoir des feuilles ou des tiges, soit qu'on veuille obtenii" des fleurs
ou des fruits.
Cependant, chaque fois qu'on voudra s'en servir, on devra agir
avec une extrême prudence, sons peine de brûler les racines et
parfois les tiges. Pour faire les premiers arrosements, les doses
que nous indiquons plus loin seront plus étendues d'eau ; on habi-
tuera ainsi et progressivement les plantes à ce traitement, en tenant
compte aussi de leur, vigueur et du cube de terre dans lequel les
racines sont engagées.
Chaque arrosement composé sera suivi d'un ou de deux arrose-
ments naturels. Dans les temps froids et humides, on diminuera la
dose d'engrais, qu'on élèvera au contraire dans les temps secs et
chauds.
Ces engrais liquides ont pour base : le guano, le purin de cheval
ou de vache, la viaticre fécale, la colle foi te, le sang des ubailoirs, le mng
desséche, la poudrelle, la corne de cheval, la firnie de pigeon ou de j ouïe,
la chaux aninudisée, la bouse de vache, et même le crotlin de cheval.
Il suffit, pour les obtenir, d'ajouter de l'eau dans de certaines
proportions à ces matières, quelque temps avant de les employer
et de les doser selon les plantes qui recevront l'engrais liquide.
Aussi, comme ce n'est quj depuis quelques annies qu'on s'en sert
dans l'horticulture, le dosage de certains d'entre eux est-il peu
connu. On sait toutefois que le purin, soit de cheval, soit de vache,
étendu dans huit parties d'eau et apphqué sur les Dracénas, les
Azalées, les Camellins, leur procure une végétation magnifique.
Le purin provenant des vaches, employé dans les mêmes propor-
tions, convient tout particulièrement aux Gcsnérias, Gloxinias,
Achimènes, Tydéas, ainsi qu'à beaucoup d'autres plantes de serre
chaude.
Sur les Cannas, les Géraniums Zonales, les Fuchsias et d'autres
plantes à feuillage, il donne d'excellents résultats à la dose de
quatre dixièmes dans six parties d'eau. Avec le sang frais des abat-
toirs, mélangé dans deux parties d'eau, nous avons obtenu des
Cinéraires d'une végétation rapide et presque instantanée.
Le guano est peut-être le meilleur des engrais d'arrosage.
M. Burel en a obtenu des Fuchsias qui ne connaissaient pas de
rivaux, M. Lansezeur des Héliotropes semblables. En ajoutant
500 grammes de cet engrais si puissant dans deux hectolitres
d'eau, M. Malet a fait les plus beaux Pélargoniums de nos expo-
sitions parisiennes.
La eolle forte convient aussi très bien aux Pélargoniums, à la
dose de 250 grammes par hectolitre. Les Pélargoniums, les Pri-
mevères, les Bégonias, les Caladiun.s, les Gloxinias et d'autres
plantes de serre chaude, s'assimilent très bien cet engrais dissous.
— 9
Une poignée de sring dessécliè, déposé sur cliaqiio pot on dans un
bassin qu'on fait au pied de chaque plante, donrip d(?s résultats vrai-
ment remarquables lorsque les arrosements le font peu à peu des-
cendre dans les racines soumises à ce traitement.
La matière fécale, qu'on laisse perdre de tous côtés dans notre
pays, assure les plus belles récoltes à celui qui sait l'employer avec
discernement. A part son odeur qui répugne à tout le monde, elle
n'en est pas moins l'engrais le plus puissant qu'on puisse employer
pour le jardinage. Bien souvent, dans nos Expositions, de bons
jardiniers intelligents nous ont dit tout bas que les Poireaux mons-
trueu.x, les Choux énormes, les Fraises colorées avec lesquels ils
venaient de remporter les premier prix, avaient été cultivés et
arrosés en employant un cinquième de matières par litre d'eau.
Nous connaissons des horticulteurs qui s'en servent très avanta-
geusement, soit en l'appliquant sous forme d'engrais en l'enfouis-
sant, ou bien en la répandant sous forme d'arrosements. Du reste,
dans les deux cas, les résultats sont toujours doubles ou triples de
ceux qu'ils eussent obtenus en employant de maigres fumiers.
Imitons donc nos voisirs et collègues les jardiniers belges, qui
s'entendent si bien à faire produire de beaux et bons légumes en
employant ce système d'arrosement. Lambin.
Cyclamen hederœfolium Auct.
Syuonj'mes : C. neapolitanum Ten., C. hederifilium Koch, C. europeum Thore,
C. flcarifolium Dt? Moul., etc.
Je ne partage pas l'opinion des auteurs de la Flore de France
qui ont adopté pour l'espèce de Cyclamen, ici figurée, le nom de
C. neapolitanum, donné par Tenore à l'ancien Cyclamen à feuille da
lierre. Si le nom proposé par Grenier et Grodron n'était pas un
défi jeté au bon sens peut-être nous l'eussions aussi adopté, mais
nous pensons que la prescription n'existe pas en faveur de ces
sortes d'inepties. Il est certain que l'aire d'extension géographique
de cette espèce de Cyclamen s'oppose absolument à ce que son nom
spécifique la fasse croître spécialement dans la province de Naples.
En effet, on a récolté cette plante en France, en Espagne et pro-
bablement dans d'autres pays ; en Corse elle est d'une abondance
assez grande pour que certains collecteurs puissent en livrer de
beaux tubercules à des prix très modérés. Du reste le Cyclamen
hederœfolium a été assez bien figuré par Daléchamp dans son His-
toire des plantes, publiée à Lyon en 1587 et ensuite par plusieurs
autres bons auteurs, pour qu'il n'y ait pas la moindre confusion à
discerner l'espèce que ces anciens botanistes avaient l'intention de
reproduire.
CYCLAMEN HEDERŒFOLIUM
Le Cyclamen à feuille de lierre est une plante admirable très
robuste, relativement rustique, qui croît très bien dans les endroits
ombragés des jardins. Elle n'a qu'un défaut au point de vue hor-
ticole, celui du fleurir en septembre-octobre, au moment où les
plantes ne se vendent guère et surtout d'épanouir ses fleurs avant
le développement de ses feuilles. Elle ne vaudra jamais à cause de
cela les différentes races du Cyclamen persicum. Aussi est-ce plu-
tôt comme excellente plante vivace que nous recommanderons de
planter cette espèce dans les massifs ombragés des jardins. Après
l'épanouissement de ses fleurs les feuilles se développent toutes
bigarrées et marbrées d'argent et de vert do telle sorte qu'elles
constituent un véritable ornement.
Il y a des variétés très nombreuses dans ce groupe et même des
races locales curieuses et bien caractérisées. Olivier a même
signalé un Cyclamen monstrueux qu'on a décrit dans un bel ouvrage
sous le nom de Cyclamen linearifclium dans lequel le limbe des
feuilles a avorté et où le pétiole s'est développé avec excès et
métamorphosé en une sorte de ruban foliacé. Le Cyclamen en
question également décrit par De CandoUe appartient au groupe
des C. hederœfoUum.
La culture de cette espèce est d'une extrême simplicité , il suffit
d'en semer des graines en juillet, soit en pot, soit en pleine terre
— 11 —
pour les voir germer un mois plus tard et se développer pendant
l'automne et une partie du printemps. Si le froid devient trop vif
et dépasse 8 à 10° centigrades on couvre les plantes de paille ou
de feuilles sèches. Les tubercules se développent rapidement et lors-
qu'ils ont deux ans ils donnent leurs premières fleurs. Cultivés en
pot on procède au rempotage en juillet-août.
Voici ce que disait Daléchamp de l'étjmologie du genre Cycla-
men:
« Cette plante est appelée en latin Cydaminiis, Rapum, Tuber et
Umbilicus terrœ ; par les apothicaires Cyclamen, Panis porclnus, Punis
lerrœ ; en français Painde porceau. Les Grecs l'ont appelée Ictioleron
pour ce qu'elle fait mourir les poissons. Les Romaius l'ont appelée
Bapum lerrœ pour ce que sa racine grossit dans la terre comme une
rave, à raison de quoi elle est aussi appelée Tuber tereœ et Umbilicus
terrœ pour ce que sa racine est ronde et faite à la mode d'un nom-
bril. Quant au nom de Pain de porceau il n'y a point de doute que
les porchers ne lui ayent donné, ayant cogiieu que les porceaux
mangeaient fort volontiers de cette racine. D'autres disent qu'elle
est nommée Panis terrœ pour ce que sa racine n'est pas du tout
ronde, mais un peu large et plate à la façon des pains. »
J. Lantien.
Les asperges.
Je n'ai point, aujourd'hui, l'intention de décrire les différentes
cultures de l'asperge ; si vous les ignorez et que vous vouliez les
connaître, ouvrez le premier ouvrage horticole venu et, avec un
grand luxe de détails, vous trouverez tout ce qui vous intéressera
et au-delà.
Si les renseignements obtenus ainsi ne vous suffisent pas et que
vous teniez à vous beurrer la cervelle d'une quantité de futilités,
prenez alors un de ces livres spéciaux qui vous disent la même
chose en cent ou cent cinquante pages et... vous serez beaucoup
moins satisfait encore, parce que peut-être vous n'y aurez rien
compris.
Je ne doute certainement pas, en disant cela, de votre intelli-
gence, ami lecteur, mais, si je m'exprime ainsi, c'est parce que je
sais pertinemment que pour arriver à faire un volume plus respec-
table et par suite plus cher, les auteurs de traités spéciaux ont
l'habitude de noyer dans un océan de phrases creuses quelques
alinéas sensés.
Je n'ai jamais pu comprendre comment certaines personnes pri-
vilégiées avaient des provisions d'idées suffisantes pour arriver à
écouler tant d'encre sur un seul sujet.
— 12 —
Ecrire un traité gênerai de la culture maraîchère, fruitière, etc.,
choisir même une famille comme les Conifères, les Orchidées, etc.,
ne paraît pas extraordinaire : les matériaux pour de pareils sujets
ne manquent point. Mais arriver à écrire un volume complet en se
donnant simplement pour but de traiter la culture de l'asperge, du
melon ou du fraisier me semble tout à fait anormal.
J'eus une fois l'occasion, moi aussi, de traiter la culture de l'as-
perge. J'en lis une page, et je vous assure que si je n'y dis pas
tout ce qui pouvait être dit sur ce sujet, j'y mis, du moins, tout ce
qu'une personne ignorante devait apprendre pour cultiver conve-
nablement ce légume.
Mais je crois, Dieu me pardonne ! que j'agis comme les auteurs
dont je parle et que je fais des détours pour vous dire toute autre
chose que ce dont j'ai l'intenùon.
— Avez-vous quelquefois acheté des plants d'asperges?
— Oui, sans doute.
— Si vous vous êtes adressé à plusieurs marchands — ce que
je veux bien ne pas supposer — vous avez dû certainement faire
la remarque que chacun vous a offert une variété différente et qu'il
était seul à posséder.
Si vous les avez crus, ne leur en veuillez pas, ils le croyaient
eux-mêmes, et c'est avec la meilleure foi du monde qu'ils ont dû
vous le soutenir.
Ayant affaire moi-même avec un certain nombre de ces produc-
teurs j'ai souvent Toccasion de le remarquer. Si vous leur deman-
dez quelle variété ils cultivent, jamais ils ne vous répondront ;
mais la variété ordinaire que l'on trouve communément sur le mar-
ché, ce sera toujours une variété particulière qu'ils tiennent de
celui-ci ou de celui-là, quand toutefois ils ne l'ont pas produite
eux-mêmes et qu'ils conservent avec la jalousie d'un père pure de
toute iybridation.
Ils sont si convaincus de la vérité de leur croyance qu'ils ne
sèment jamais que leurs propres graines et que, pour n'importe
quel prix, ils n'en achèteraient d'autres.
Leur conviction, à ce sujet, est profondément enracinée. Elle
vient ordinairement de cette raison qu'ils ont vu ailleurs uneasper-
gère, plantée dans des conditions toutes spéciales, c'est-à-dire dans
un terrain qui lui convenait particulièrement, donner des produits
plus beaux que ceux qu'on a l'habitude de voir.
Ils ont immédiatement cru à une variété spéciale. Le pioprié-
taire s'est bien gardé de les détromper et, pour ime pièce assez
ronde, il a consenti à leur en céder un certain nombre de plants.
Ces plants soignés avec sollicitude ont produit des graines, les-
quelles graines ont produit à leur tuur des asperges qui étaient
— 13 —
bien un peu moins grosses que les primitives, mais celles-ci n'étant
pas à côté pour les comparer on ne s'en est pas aperçu, et une
variété nouvelle a pris rang dans le commerce.
Je serai désolé de ruiner les convictions de ces braves gens,
mais la vérité se fait toujours jour et je prétends que ces variétés
particulières ne sont spéciales que chez eux.
Il n'existe, j"en suis convaincu, que deux variétés distinctes d'as-
perges : Wdl. de Hùllande et V^. Itàlice d'Jrcjenleuil ; toutes les
autres distinctions plus ou moins apparentes, que Ton croit
reconnaître comme formant des variétés, ne proviennent que du
sol.
Vous paraissez ne pas me croire ? Eh bien ! mettons-en trois :
VJ. tardive d'^rgenleuii.
Mais je n'y consens qu'à titre de pure condescendance, car il
existe entre ces deux variétés, dont l'une porte le nom de liùiiir
et l'autre celui de tardive, une troisième variété qui s'appelle inter-
médiaire d'Jrgenteuil et qui brouille toutes mes idées à ce sujet.
Je plantai, il y a déjà plusieurs années, une aspergère composée
de trois rangs parallèles et voisins, et qui eurent ainsi même sol
et mêmes soins.
Chacun de ces trois rangs fut garni de plants provenant de cul-
tivateurs différents et fort éloignés les uns des autres. Inutile de
dire que chacun de ces cultivateurs possédaient une variété unique
et précieuse. Depuis longtemps cette aspergère est en production ;
trois jardiniers différents en ont coupé, chaque année, les turions.
Pas un des trois ne m'a fait observer la moindre différence ; c'était
tout simple, je n'y connais jamais rien moi-même.
Un des plus importants pépiniéristes des environs de Lyon, M.
L..., me disait un jour qu'il avait léuni une collection d'asperges
fort importante. Je ne me souviens plus du nombre des variétés,
mais il était, je ci ois, de seize ou dix-huit.
Chaque jour, il faisait couper ces variétés séparément et se les
faisait servir étiquetées sur sa table, mais les caractères distinctifs
se confondaient absolument.
Sachant cela, je ne puis m'erapêcher de rire lorsque je vois des
amateurs d'asperges énormes faire venir à grands frais des plants
d'Argenteuil lorsque, en s'adressant à un marchand sérieux de leur
localité, ils peuvent avoir les mêmes à bien meilleur compte et dont
la réussite serait plus sûre.
Je me résume donc en répétant, qu'il n'3' a que deux variétés
bien distinctes d'asperges — je crois que j'en avais consenti trois
— VJspercje de Hollande qui est celle que l'on trouve le plus commu-
nément soit chez les cultivateurs, soit chez les marchands. Son prix
est toujours moindre ; sa qualité est la même que celle de la sui-
— 14 —
vante, ainsi que la production, mais elle ne produit réellement que
la quatrième année de la plantation.
L'autre, VJspcrge iV ^h-(jenieml , tout en ayant les mêmes avan-
tages, possède en plus celui de produire la troisième atiuée autant
que la précédente la quatrième. Passé cela, on ne les distingue
plus ; cependant elle se maintiendrait aussi plus grosse, les turions
seraient plus beaux.
Eu somme, je crois devoir recommander tout particulièrement
cette dernière variété ; elle vaut bien le prix un peu supérieur
qu'on la fait payer. Stick.
Nous avons l'habitude de laisser toute latitude à nos collabora-
teurs pour exprimer leurs idées, mais nous nous réservons de for-
muler notre opinion quand cela nous paraît otïrir quelque intérêt.
Dans le cas actuel, par exemple, nous ne sommes pas complète-
ment de l'avis de M. Slick. Nous lui accordons bien qu'au point
de la grosseur des turions, les asperges cultivées ne présentent pas
des différences bien considérables si elles sont plantées dans les
mêmes conditions. Mais il est hors doute qu'il y a de nombreuses
variétés d'asperges dont les différences portent sur la précocité,
la couleur des tiges, la vigueur des plantes, la hauteur, et une
foule d'autres caractères dont on ne tient pas compte dans la cul-
ture maraîchère. Il en est de l'Asperge officinale comme beaucoup
d'autres types, elle lenferrae une foule de races voisines méconnues
dont les jardiniers ont souvent cherché à fixer celles qui leur par-
raissaient leur offrir le plus d'intérêt. N. D. L. R.
Les vieux noms de plantes.
J'ai rencontré, sur le quai du Rhône, un vieux bouquin de bota-
nique imprimé en 1584, à Paris. Le livre porte le titre de : His-
toire des Plantes (sans nom d'auteur) et comprend 704 pages et
autant de petites figures sur bois, dont quelques-unes donnent une
idée assez exacte des espèces représentées. En tète de chaque
page se trouve le nom latin, grec, français, allemand, italien et
espagnol de la plante figurée ; sur le côté de la gravure et au bas
des pages, en caractères italiques, les vertus et le Heu où elle
croît : puis, c'est tout.
Malgré son laconisme et ses imperfections, ce livre ne manque
pas d'intérêt, en ce sens qu'il donne l'origine étymologique d'une
foule de vieux noms français, dont un grand nombre ont été con-
servés dans le patois de certaines provinces, et dont on cherche-
rait vainemertt l'origine dans les livres publiés plus tard en langue
15
latine. D'autre part, les petites figures sur bois, dont nous en avons
fait re[iro(.Uiir(> qu('!(|aos-unes, ont un cachet de naïveté qui n'ex-
clut pas tout-à-fait l.i ressemblance. Quant aux vertus des espèces,
exprimées dans ce vieux français de la Renaissance, elles donnent
une idée assez nette de l'éiat de la thérapeutique vers la fin du
XVP siècle.
Les espèces sont disposées sans méthode, — à peine de temps
à autre rencontre-t-on quelques traces d'arrangement systémati-
que, — mais une table alphabétique en français et en latin permet
de trouver les plantes qui peuvent intéresser le lecteur.
Parmi les espèces figurées, quelques-unes, comme l'ivraie
(Lotium lermdentum), \e fourment (froment), etc., sont accompa-
gnées de coqs et de poules. La vraie momie est représentée par
un cadavre sorti d'un sépulcre, La légende suivante nous apprend
comment les « espiciers » fabriquaient ce médicament bizarre :
Aspkaltum, Mumie. — Plusieurs tiennent que la Mumie n'est autre chose
que le Pissasphaltum, duquel e^toient embaumez les corps des pauvres gens
en Grèce et en Arabie : en ceste opinion est Belon, Matlhiole, que la vraye
Mumia est celle des corps embaumez d'aloos, œirrhe et saffran : et se trcn-
pent les espicier.* qui pour faire leur mumie pilent les os et la chair des
corps mors secs. Elle a grâd usage en médecine, et entre autres prise en
breuvage quatre grains, de bol armen, 10 grains, racine de Garance 5 grains,
et de Saffran autant avec Casse solut, soulage grandement ceux qui sont
tombez d'en-haut.
hM
>V3lH
Ma:-
V,%
Momie
wmmA
Dras-ante
Le MoUc {Schinus molle) ou Poivrier d'Amérique, actuellement
planté comme arbre d'alignement dans certaines provinces du
Mexique, était autrefois employé en médecine et à faire des cure-
dents :
Cest arbre vient aux vallées et lieux plains, de la régie Peruane : il a le
goust du fenoil : la décoction de l'escoice est singulière en fomentation pour
les enfleures et douleurs des cuisses : du bois on fait des cure-dents.
Le Dracœna Draco, duquel on extrait la résine vendue dans le
commerce sous le nom àe Sang Draçion, a de tout temps été célèbre
en Portugal. L'an dernier, beaucoup de journaux horticoles ont
donné la figure d'un magnifique exemplaire qui existe dans un jar-
— 16 —
din public de Lisbonne. C'est probablement le même, ou un d's
enfants de celui que nous reproduisons :
Clusius réfère avoir veu cest arbre à Lisbône l'a 1504, resemblant un
pin de loin touiours verdoyanto, avec plusieurs autres ciiconstaaces pour la
cognoisti-9 : l'ay veu à Paris la branche, et le fruit, comme tu le vois por-
traict chés môsienr Guerin apoticaire. La gooimc est fort noire et rouge
dedans. Les branches estans coupées jettent une liqueur rouge ou gomme.
Theuet dit que son fruit est iaune de la grosseur d'une cerise. Cesto larme
a grand faculté d'astreindre tous flux menstruaux et disenteries, crachats de
sang : et rebore les dens et les gencives.
Adonis vernali»
Lolium temulentum
Ceux qui ne connaîtraient pas le Nard sauront qu'on en citait
déjà de plusieurs sortes vers le milieu du XVP siècle: le Nard
celtique n'était autre que la valérienne celtique, — on ne disait
pas encore valériane; — lo Nard sylvestre, le croirait-on, était
yjsarum europeum. Les Lavandes étaient des Nards : Nards mâles
ou femelles, sans compter les Nards d'Inde et d'autres pays. A
l'heure actuelle, on donne lo nom de Nard au Nardus slricta.
Les plantes qui avaient les feuilles divisées en lanières fines
étaient souvent qualifiées de MlllcfcuilU's. Aujourd'hui, on ne con-
naît plus guère sous ce nom que VAch'dlea mUlœfolium. Parmi les
anciennes « millefeuilles » on peut citer Vllollonia paluslris, jolie
plante qui pousse ses feuilles au fond des eaux et jette ses verti-
cilles de fleurs à l'air libre. L'herbe sans couture, ou Langue de
serpent, n'est autre chose que V Ophioglonsum vulgnlum. La Per-
venche était une Clématite. La Serpentine [Plantago serpenlwa) gué-
rissait les morsures des serpents. Dans ce temps-là, la médecine
était relativement pou avancée ; mais, malgré cela, on ne mourait
pas plus qu'aujourd'hui. Au lieu des sels de sodium, de potassium,
de cuivre, de phosphore ou d'autres matières minérales que les
17 —
potares nous font acluellement avaler à petites doses, les « espi-
ciers » du temps jadis gonflaient les malades d'infusions plus ou
moins innocentes.
Priraula auricula
Hottonia paiustris
Valeriana celtica
L<a Dragante est devenue VJdragante, c'est une gomme qui sert
aujour^Fliui dans la fabrication des alhiraeLtes. Ou la retire d'une
papiilonacée, autrefois Tragacantha, maintenant Aslragalus.
{a suivre).
Pomologie.
(Observations sur les Poires.)
Général Canrobert. — Arbre vigoureux auquel toutes les formes convien-
nent, peu fertile. Fruit moyen ayant beaucoup d'analogie avec un Saint-
Germain d'hiver; tantôt bon, tantôt de 2" qualité. Maturité de décembre à.
janvier.
Général Duvivier. — Arbre vigoureux qui se conduit sous toutes formes,
assez fertile. Fruit de grosseur moyenne, souvent plus petit, très bon. Matu-
rité de janvier à fin février.
Général Lainoncière. — Sjn. : Beurré Citron. Arbre vigoureux qui se
condu t sous toutes formes, très fertile. Fruit très bon. Maturité un sep-
tembre.
Générnl de Lourmel. — Arbre vigoureux auquel toutes les formes convien-
nent, mais de préférence les petites, à cause de U grosseur de son fruit qui
est très grjs; les orages les font tomber avant leur maturité; assez fertile.
Fruit très gros, très bon. Maturité de fin octobre à courant novembre.
Général Tottleben. — Arbre vigoureux, greffé sur n'importe quel sujet ,
peu fertile; toutes les foraes lui conviennent. Fruit gros, de 2" qualité, qui
a le défaut c'e pourrir sur l'arbre, et encDre faut-il veiller aie récolter sain,
car il blettit. Maturité fin septembre.
Gilles-o-GUles. — Sjn. : 1° do livre de Bourguignon ; 2° de Seize onces
de Lorraine; 3" Girogille ; i" d'Amour; 5" Gilogilles; 6° Garda-Ecosse;
7° Mazner; 8° de Ris; 9° Garde-Eoosse ; 10° de Trésor ; 11» Gillot-Gille ;
— 18 —
12° Gros fin or d'hiver ; 13° Gros franc-réal d'automne ; 14° Gros Gobet ;
15° Jasseus ; 16° Belle-Garde; 17° Bergamotte-Gérard; 18° Cirée d'hiver ;
19° Gilles; 20° Gilot ; 21° Gros Guy-Grillaud ; 22° Ris-de-Loup. Arbre vigou-
reux, très fertile, auquel toutes les formes conviennent, mais de préférence
les [)etites, à cause de la grosseur de ses fruits que le vent fait tomber. Frui t,
un des plus anciens qu'on connaisse, très gros, parfois moyen ; n'est bon que
cuit. Maturité de novembre à février.
Gloivard. — Arbre vigoureux qui se conduit sous toutes formes, assez
fertile Fruit gros, parfois moyen, de la forme d'un coing du Portugal,
2° qualité. Maturité courant septembre.
Grand-Soleil. — Arbre qu'il faut grefter sur franc pour obtenii' des pyra-
mides ; on peut le conduire an petits buissons comme le pommier Paradis;
assez fertile quand il atteint l'âge adulte. Fruit de grosseur au-dessous de la
moyenne. Certains catalogues l'annoncent gros. Chez moi, il a toujours été
petit, très bon. Maturité de novembre à décembre.
Gradin. — Arbre de vigueur modérée, se conduit sous toutes formes, très
fertile. Fruit moyen, très bon. Maturité courant novembre.
Gros-Iiomsekt. — Syn. : 1° Gros-Rousselet dit de Reims; 2° Qros-Rous-
selet de Reims; 3° Roi d'Eté; 4° de Rousselet. Arbre peu vigoureux ; les
petites formes lui conviennent, très fertile. Fruit petit, très bon. Maturité
courant août.
Grosse- Louise. — Syn. : Louise Bonne Butin; 2° Louise Bonne Hutin.
Arbre vigoureux auquel toutes les formes conviennent; très fertile. Fruit
gros, variable en qualité, selon les saisons plus ou moins pluvieuses. Je l'ai
dégusté très bon et parfois de 3"= qualité; \\ faut l'entrecueiliir, autrement il
devient farineux. Maturité dernière quinzaine d'août.
Gritmkow. — Arbra vigoureux et très fertile auquel toutes les formes con-
viennent, surtout la pyramide, à cau^e de la grosseur de son fruit. Fruit
très gros, de 2' (]ualité. Maturité d'octobre à novembre.
Gustave de Bourgogne. — Arbre vigoureux auquel toutes les formes con-
viennent. Je ne puis rien dire du fruit, car depuis vingt-deux ans que j'ai
cet arbre dans mon école, je n'en ai pas encore récolté; il fleurit et c'est
tout.
Heallieat. — Syn. : 1° Heath Col de Gore ; 2° Goris Heathcot ; 3° Heathcot
de Gore ; 4° Heatheal de Gore. Arbre peu vigoureux, chétif ; ne convient
que pour les petites formes, très fertile. Fruit petit, très bon. Maturité fin
août.
fiébé. — Arbre faible, dépourvu de branches, assez fertile ; les petites
formes lui conviennent bien. Fruit très gros, très bon. Maturité de novembre
à décembre.
Hélène Grégoire. — Arbre de vigueur ordinaire, qui se conduit sous toutes
formes; assez fertile. Fruit moyen, parfois petit, très bon. Maturité en
septembre.
Heliote Dunda^. — Syn.: l»Dundag;2° Rousselet Jamin; 3° Héloïse Dandas ;
Arbre de vigueur moyenne, assez fertile; n'a de mérite que pour les coUee-
tionneurs. Fruit petit, 3" qualité. Maturité en septembre.
Henri Bivort. — Arbre peu vigoureux sur cognassier. Demande à être
greffé sur franc pour les grandes formes ; assez fertile. Fruit gros, parfois
moyen, très bon. Maturité courant à fin août.
Henri Desportes. — Arbre vigoureux qui sa conduit sous toutes formes,
très fertile. Fruit moyen, très bon. Maturité courant août.
Henriette Bouvier. — Syn. : 1° Belle-Henriette; 2° Henriette; 3° Henriette
d'Orléans. Arbre assez vigoureux, convient pour la haute tige, à cause de
de ses branches divergeantes; ne fait pas de jolies pyramides ; assez fertile.
Fruit ne dépassant pas la moyenne en grosseur, très bon. Maturité courant
octobre.
— 19 —
H'Ovey. — Arbre vigoureux auquel toutes las formes conviennent, a3sez
fertile. Fruit moj-en, allongé, de la forme d'une calebasse, très bon. Matu-
rité courant octobre.
Howell. — Sjn. : Pear. Arbre de bonne vigueur, mais il s'épuise vite sur
cognassier, à cause de sa grande fertilité. Dans ce cas, en le taillant, on doit
supprimer beaucoup de boutons a fruits, les fruits seront bien plus gros,
meilleurs, et l'arbre vivra plus longtemps. Fruit mojen, parfois gros, très
bon. Maturité courant septembre.
Incomparable Ilacons. — Sjn. : 1" Celettua; 2° dHacon. Arbre faible, ne
convient que pour les petites formes; très fertile. Fruit moyen ou petit,
très bon. Maturité eu septembre.
Iris Grégoire. — Arbre assez vigoureux, toutes les formes lui conviennent,
mais il préfère l'espalier; peu fertile. Fruit grosseur variable, parfois
moyen, parfois petit, de 2" qualité. Maturité eu novembre. Routin.
Calendrier horticole.
Résumé des travaux et des semis à faire dans les jardins.
(janvier)
Les meilleurs jardiniers sont ceux qui savent bien exécuter les
travaux du métier et surtout qui savent se souvenir à point des
moments les plus favorables à leur exécution. Il suffit, en elïet,
quelquefois d'un simple retard dans l'époque de certains semis pour
faire varier les résultats qu'on se propose d'obtenir. D'autre part,
si le nombre considérable d'opérations qui doivent se faire dans les
jardins, de janvier à décembre, excusent les oublis que peuvent
faire les praticiens et les amateurs, cette excuse ne modifie en
rien les résultats dont elle est cause. C'est pour cela qu'une sorte
d'aide-méraoire, un résumé des travaux de jardinage a sa place
toute marquée dans une publication horticole.
Jardin d'agrément. — Si le jardinier a été prévoyant, il a dû
abriter du froid les plantes et les arbustes délicats ; si la tempéra-
ture s'adoucit il écartera ses abris avec prudence quitte à les
remettre au premier signal. Si le temps le permet, il continuera ou
commencera tous les travaux de terrassement à faire dans son jar-
din, pour avancer sa besogne, vers la fin du mois, il pourra tailler
les rosiers, sauf les Tliés (qu'on fera bien de ne tailler qu'à la fin
du mois) et autres arbustes à fleurs qui fleurissent sur le jeune bois,
les autres se taillent après la floraison. On terreautera les gazons
et les bordures et on transportera le fumier aux endroits où il doit
être enterré. Après la faille des massifs on peut les labourer sans
danger. Bien que la plupart de ces travaux puissent attendre le
mois prochain pour être faits, il ne faut pas hésiter à s'en débar-
rasser quand le temps le permet, car les travaux abondent toujours
les mois suivants.
— 20 —
Sfmis. — Il est encore un peu tùt pour semer les plantes tlora-
les qui doivent servir à rorneoaentation des jardins; cependant,
quand la terre n'est pas gelée, on peut semer en pot les plantes
dures à germer, surtout si on dispose d'un mur au midi.
Jardin potager. — Vers la fin du mois, si le temps le permet,
on sèmera à bonne exposition les pois, oignons, poireaux, laitues,
carottes, cerfeuil, radis et navets hâtifs, cependant dans les terrains
froids et humides il est préférable de ne faire ces semis que dans
le mois de février et môme dans le mois de mars,
Serres. — O.i peut commencer à rempoter les plantes bulbeuses
de serre chaude : Caladium, Gloxinias, Achimenes, Gesneria. Il
est important de faire ce rempotage dans de la terre peu humide
et de ne pas arroser de suite. On mettra pousser les Dahlias pour
en faire des greffes ou des boutures, et on activera celles de Fuch-
sia, Salvia, Héliotropes, Lantana, Coleus, Achyanthes, Alternan-
thera, Bégonia, Ficus, etc. O'est le grand moment de la multipli-
cation de presque toutes les plantes molles. On sèmera en serre ou
sur couche toutes les plantes d'ornement un peu lentes à se déve-
lopper, telles que Pervenche de Madagascar, Wigandia, Coleus,
Solanum divers, Musa Ensete, Dahlias, Bégonias, Gloxinias, Cycla-
mens, etc.
Jardin fruuier. — On peut commencer la taille des arbres à
fruits à pépins surtout si le froid n'est pas trop vif. Dans tous les
cas on peut nettoyer les arbres de la mousse, des lichens, des
vieilles écorces et des branches mortes qu'ils peuvent avoir.
L. S.
REVUE DES CATALOGUES
J. Jasquier, cuUivatôur-graiaiet", quai des Célestios, 8, à Lyon. — Cata-
logue illustré et Pi'ix-GouraQt de graines potagèi'as, fourragères et de fleurs.
Ce Catalogue tnealioaae les meilleures vafiétés de plantes potagères culti-
vées dans la région Ijoauaiae. Un article spécial est réservé aux légumes
nouveaux, rares ou peu répaadu?. Collection de plantes florales ou à feuil-
lage, Ogiions, Rhizomes, Rxpliia, Mastic à grefi'er, etc.
KivoiRE père et fils, horticultears, mai-chands-grainiers, 16, rue d'Algérie,
à Lyon. — Catalogue général illustré, de graines, ognons à fleurs et végé-
taux divers. Nouveautés ou plantes pju connues : collection? diverses des
différents genres de plantes potagères et florales; blanc de champignon, frai-
siers, ognoQS, bulbes divers, rhizomas, plantes vivaces, fouraituras horti-
coles, giano, etc. Ce Catalogue mentionne eu regard des principales plantes
des indications concernant leur culture et leur épojue de floraison.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imprimerie Bkllon, rue de la République, 33.
1885 JANVIER N° 2
CHRONIQUE
Plantes japonaises. — Les bibelots japonais sont à la mode, cha;
cun sait ça. On peut les trouver originaux et ravissants : je n'y
vois nul inconvénient ; en garnir des étagères ou orner les salons :
ce n'est pas mon atFaire ; je laisse aux cousins Pons le soin d'en
apprécier le- mérite. Mais depuis quelque temps je trouve que les
recueils d'horticulture nous vantent un peu trop des japonaiseries
horticoles d'un mérite fort contestable.
On a d'abord voulu nous prouver que la Bardane du Japon
allait détrôner les Scorzonères et les Salsifis. Parmentier y avait
déjà perdu son temps au siècle dernier. Ce mélange de la théra-
peutique et de la cuisine n'a pas trouvé beaucoup d'adhérents.
Dépuratif et fricot ne sympathisent guère ensemble. Les Daïkon ne
valent pas nos radis, et M. Pailleux qui vient de présenter la. Mou-
tarde tubéreuse n'en dit rien qui vaille. C'est vrai qu'elle vient de la
Chine.
Du reste j'engage fortement mes confrères à se mettre en garde
contre beaucoup de plantes du Japon, car un très grand nombre
de variétés de fleurs et de légumes importées de ce pays en Europe
sont des variétés parfaitement connues dans les cultures. Elles sont
pour la plupart originaires du Japon comme votre serviteur de la
Chine. En voici un exemple : Une très importante maison qui
importe directement du Japon à Lyon des soies japonaises avait
fait venir, le printemps passé, des jardins de Yokoama, une cen-
taine d'espèces ou de variétés de plantes potagères ou florales qui
m'ont été remises pour être cultivées et nommées. Or, savez-vous
sur ces 100 plantes combien il y en avait d'origine japonaise ?
Deux ou trois au plus. Dans le nombre il y avait de jolis potirons.
Les poireaux étaient de la ciboule, les Coleus comestibles de la
Pérille, etc. Du reste je n'ai pas complètement perdu mon temps
— 2g —
!\ rnllivor (oulos oos plantes ; j'ai appris qnolqnos mots de japo-
nais. ,Iu}»tv,. Radis so dit Pn'i-koii ; carottos : Mni)u-I>jiii)ir: n;ivi>ts :
A«./<()t(,- pois {gourmand : l'ouilji- Mmiu; \niun\i : /«-(/(nvi.v.si ,■ jx'-rillo :
./o'sisso, past(*ipio : SmiiLa, etc. J'ai appris ('galciiiciU ([u'iiiic ocr-
taiiio sort» de courj^o est ooniosiibU», quand (>11(> n'(>st pas niùro ot
qno, lorsqu'cllo i>sl milro, ou la lait soi-licr au soleil et on so sort
du zeste (dt'pourvii de yraines) comme d'une éponge. Les piments
(poivre long) tiennent lieu d'épices dans la cuisine japonaise. Les
Colens (périlles) serv(>nt à assaisonner la salade, comme ici le cer-
feuil. Au .lapon on mange lieaucoup de salade de eonconibre, et
c'est prineipalemeni dans ce mets qu'on l'ait enlrer les teuillos de
Coleus hachi-es ou decoupt>es. .Vvis ;\ ceux de mes coUtigues qui
manqueront de cerfeuil, d'estragon ou de persil.
Moyen pour irconnailn' lex rhnmpiiinoux rntriicu.r. — La lecture du
procès-verbal de l'une des dernières réunions de la Société natio-
nale d'hortieult)U'e de France a donn(> à M. Huchartre l'occasion
de rappeler (pi'oii ne ct>nnai8sait aucun moyen empirique pour dis-
tinguer les cliaiupignons vénéneux des clianii>igiions comestibles.
Ni la cuisson avec un oignon blanc dépouillé de sa membrane
externe, ni la cuillère d'argent ou la bague d'or, ni la moelle des
joncs qui. dit- on. noircit an contact des mauvais champignons
ne sont des niovens auxquels il faut se tier. Plus d'un empoisonne-
ment a eu lieu après des essais de ce genre. M. Duchartre. à ce
propos, a rappeli» le procédé qui consiste à rendre les champignons
vénéneux parlaitement comestibles. Voici ce procédé connu depuis
longtemps et rends en lumière par M. F. Girard. «On coupe les
champignons en quatre ou huit morceaux et on en met 500 gram-
mes dans un litre d'eau additionnée d'une cuillerée de bon et fort
vinaigre ou de d,nix cuillerées de sel marin. On les laisse macérer
dans ce liquide nu moins pendant deux heures, après quoi on les
lave à grande e;,u. ("ïn les met ensuite dans un vase d'eau l'roide
qu'on pose sur le teu. Après une demi-heiu"e d'ébulli(ioi\ les cham-
pignons ont pen'u tout leur principe nuisible ; on les lave encore et
ils sont dès lors en état d'être préparés pour la table sans que l'on
ait rien à redouter de leur ingestion. »
Fxposilion d\Ho> liciiltufc à Lyon. — La ville de Lyon, à l'occa-
sion du concours régional agricole qui se tiendia sur le coui-s du
Midi, à IVrrache, du 31 mai au 7 juin prochain, organise une
Exposition d'Horticulture comme celle qui eut lieu en ISTT. Le
programme sera incessamment rédigé, mais les horticulteurs peu-
vent, dès à présent, taire leurs préparatifs; ils peuvent être assurés
qu'aucun des produits cultivés dans la région lyonnaise ne sera
omis sur le prognmime.
— 23 —
Legn en faveur de C arjriruUure . — Les horticulteurs de Lille
sont favorisés sous le rapport de la fortune. Apr<;3 M. Rameau,
qui légua quatre cent mille francs à la ville pour lâtir ce splendide
palais qui porte son nom et dans lequel la Société d'horticulture
tient ses réunions, donne des conférences et installe ses exposi-
tions, voici un autre amateur généreux, M. Oscar Villette, qui
lègue dix mille francs à la Société. S'il y a tant de Sociétés d'hor-
ticulture au.xquelles la fortune ne sourit guère, c'est que les Rameau
et les Villette sont rares.
Plante» employéi'S comme guccédanées du café. — On a vanté der-
nièrement, comme susceptible de remplacer le café, les graines de
V /ï>itrala()uii bœiiruK, lAante de la famille des papillonnacées. Pour ma
part, je préfère le vrai Moka ou à son défaut le Bourbon, le Marti-
nique et ses variétés. Du reste, la cherté relative du café a depuis
longtemps déjà mis l'esprit des chercheurs à la torture. On a essayé
succes-sivement les graines d'Iris des marais, de l'Hibiscus esculen-
tus, de pois chiche, de pois des champs, de lupins, de haricots, de
fèves, de chênes, de châtaigniers, de marronniers; les racines de
chicorée, de carottes, de panais, et autres ombellifères, etc. Quand
le café est torréfié, on l'allonge souvent avec du vieux marc, des
fécules, du caramel, de la sciure de bois, de la tannée et une foule
d'autres denrées de même valeur. A propos de café, il n'est pas
inutile de savoir que le café préparé avec de Teau distillée ou, à
son défaut, avec de l'eau de pluie, est infiniment préférable à celui
que l'on prépare avec de l'eau de source, de puits ou de rivière
qui contiennent toujours des sels de chaux qui neutralisent une
partie de la caféine.
De la dégénérescence de$ plantes. — Il ne faut pas prendre à la lettre
toutes les histoires do brigands que quelques jardiniers racontent
sur la dégénérescence des plantes. On peut admettre certaines
variations, mais le bon sens populaire qui dit famiUèrement que
les chiens ne font pas des chats ne me paraît pas encore près
d'être entamé. Louis Noisette, qui était pourtant un excellent
jardinier, n'a cependant pas craint de faire imprimer dans son
Manuel complet du Jardinier, page 453, la phrase suivante : « J'avais
planté dans mon jardin de Paris, rue du Faubourg-Saint-Jacques,
divers sujets provenant de semis de l'Erable de Montpellier. Ils
avaient tous les caractères de l'espèce bien développés. A la troi-
sième année, quelques sujets donnèrent des feuilles d'une dimension
plus ample, et enfin, à la cinquième année, la métamorphose fut
complète : ces arbres, aujourd'hui, n'offrent que très peu de diffé-
rence avec le Sycomore ou y^cer pseudo plalanus. »
— 24 —
Voilà comme on écrit l'histoire et comment on fausse le juge-
ment des masses. Que Louis Noisette ait observé des Sycomores
dans un semis d'Erables de Montpellier, le fait n'a rien d'extraor-
dinaire — il y a tant de chances d'erreurs dans les semis, — mais
-que, sans vérifier l'expérience en question, cet excellent auteur
vienne nous affirmer un fait pareil, cela passe la mesure.
La dégénérescence de certaines races locales s'explique par les
changements de climat et de sol et par des croisements hybrides ;
mais les races sont souvent très voisines, souvent si voisines qu'il
faut un œil très exercé pour les distinguer entre elles. Les types
tranchés, au contraire, ofïrent des différences si profondes qu'il est
très difficile, dans la plupart des cas, de les hybrider entre eux.
Quant à l'aide de semis, sans hybridation, on songe à passer de
l'un à l'autre, c'est absolument perdre son temps.
Plébiscite en faveur du Clirijsanthcme. — La Société d'horticul-
ture de Chalon-sur-Saône vient d'adresser aux horticulteurs et aux
amateurs de tous pays la lettre suivante :
Monsieur,
Dans sa séance du 7 décembre courant, la Société d'horticulture de Chalon-
sur-Saône, conformément à l'idée émise lors de l'Exposition spéciale de
Chrysanthèmes qui s'est tenue sous ses auspices du 13 au 16 novembre
dernier, a décidé de prendre l'initiative d'un Plébiscite international en
faveur du Chrysanthème, et a donné à une Commission spéciale la mission
d'organiser ce plébiscite.
La Commission s'est immédiatement mise à l'œuvre; elle a arrêté les
dispositions suivantes qu'elle a l'honneur de porter à la connaissance de
tous les horticulteurs et amateurs, en les invitant à prendre part au vote :
« Le Plébiscite s'étendra à 50 variétés seulement.
« Chaque horticulteur ou amateur qui voudra y prendre part mentionnera
sur un bulletin du modèle mis à sa disposition par la Commission d'organi-
sation les noms des 50 variétés ckoisies par lui.
t Les bulletins ainsi remplis seront adressés a la Société d'horticulture
de Chalon, où ils seront dépouillés par les soins de la Commission d'organi-
sation.
« Ils seront reçus jusqu'au 10 février prochain, époque à laquelle les
résultats seront proclamés et adressés à chaque votant.
« Tout bulletin contenant plus de 50 variétés sera annulé. »
Nous souhaitons bonne réussite à ce plébiscite. Si les amateurs
et les horticulteurs qui cultivent ce beau genre veulent bien con-
sulter leurs notes, peut-êfre arriveront-ils à élaborer une liste que
les profanes consulteront avec profit. Mais, à notre avis, ce plébis-
cite eût donné de meilleurs résultats à l'époque de la floraison des
Chrysanthèmes.
Âbulilon à fleur double. — La Revue de r Horlicullure belge et étran-
gère publie l'image de ce nouveau gain obtenu l'an dernier en Amé-
rique et vendu sous le nom à'Jbulilon Tliompsoni flore pleno. C'est
— 25 —
une fort jolie plante, qui ne peut manquer de se répandre très
rapidement dans les cultures. La fleur de cette variété, parfaite-
ment double, est à fond jaune canari envahi d'un réseau de
lignes rouges qui se bifurquent à la façon des nervures pennées et
qui deviennent confluentes à la base des pétales. Les feuilles, d'un
vert un peu pâle, sont marmorées et sillonaées en arabesques de
larges lignes ou plaques chlorosées.
La floraison des Abutilons se prolongeant, quand on les rentre
en serre, fort avant dans la belle saison, rend ces arbustes fort
précieux pour la confection des bouquets. V. V,-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 21 décembre 1884 , tenus dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Jules Chrétien, vice-président.
La séance est ouverte à 2 h. 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion qui est adopté.
A propos du procès-verbal M. Viviand-Morel dit que la Commission char-
gée d'apprécier les améliorationsi apportées par M. Dantin à son mastic pour
greffer à froid et cicatriser les plaies des végétaux, ayant reconnu les bons
effets produits par ce perfectionnement propose d'accorder à notre collègue
une médaille d'argent.
Cette proposition mise aux voix est adoptée à l'unanimité.
La correspondance se compose :
1° D'une lettre de la Préfecture du Rhône accusant réception de la
demande, adressée par l'Association horticole lyonnaise, tendant à obtenir
que, ainsi que cela a eu lieu en 1877, une exposition d'horticulture soii
annexée au prochain concours régional agricole de Lyi>n. M. le Préfet nous
fait connaître qu'il a transmis notre demande à M. le Ministre de l'agricul-
ture en l'appuyant d'un avi^ favorable ;
2° Lettre de la Préfecture du Rhône accompagnant l'envoi de trois exem-
plaires d'une fifliche annonçant la tenue du Concours régional agricole à
Lyon et de deux exemplaires de ce programme.
A propos de cette lettie et après une discussion à laquelle prennent part
MM. Hoste, Comte , Schwartz , Viviand-Morel , etc. , l'assemblée décide
qu'une Commission soit nommée pour faire une démarche auprès de l'admi-
nistration municipale et organiser à l'occasion du concours régional une
exposition horticole comme en 1877.
Sont nommés membres de cette Commission MM. Comte, Liabaud, Métrai
et Schwartz.
2* Lettre de M. le D'^Drivon et de M. Masson, directeur du bureau de poste
de la Croix Rousse, remerciant l'Association horticole de les avoir élus mem-
bres de son Conseil d'administration ;
4° Lettre de M. Th. Denis, chef de cultures au Jardin botanique de Lyon,
informant la Société que, sur la recommandation de M. Dutailly, M. le
Ministre de l'agriculture a fait examiner sa communication sur.o la culture
de la vigne en buttes-billons » par des personnes compétentes et qu'il résulte
du raprort adressé à ce sujet à M. le Ministre, qu'il y a lieu de suivre les
expériences entreprises par M. Denis. En conséquence, M. le Ministre fera
— 26 —
constater en temps utile les résultats qui seront obtenus à l'aide de la
méthode indiquée par notre collèj^ue;
5" Lettre annonçant le décès de M. F. -Louis Grannfep, membre de l'Asso-
ciation horticolo lyonnaise. M. Louis Granger, fabricant de poteries, était
estimé de tous ceux qui avaient l'honneur de le connaître. Il est mort assa-
siné dans son domicile le 16 décembre ;
6° Lettre accompagnant le rapport de la visite aux œillets de MM. L.
Pellet et Chavagtion. Ce rapport publié dans le n° 22 du L>/on-/io>-ticoIe con-
cluant à accorder une médaille de vermeil à MM. Pellet et Chavagnon est
mis aux voix et adopté.
Présentations. — Il e-t donné lecture de 23 candidatures sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis membres de notre Compagnie les candidats pré-
sentés à la dernière réunion.
Ce sont MM. :
Dury, jardinier chez M. Cartier, à EouUj, présenté par MM. Cordioux et
Duchet ;
Victor Rousseau, poêlier-fumiste, 37, quai de Jayr, Lyon-Vaise, présenté
par les mêmes ;
Joseph Rousseau, poêlier-fumiste, 37, quai de Jayr, Lyon-Vaise, présenté
par les mêmes;
Vaudray (Etienne), marchand de terre de bruyère, quai de l'Industrie,
présenté par MM. Gaulain, Chrélian et Denis ;
Rivoirat, propriétaire à Chaponost (Rhône), présenté par MM. Fécond
(Benoît) et Chaudy ;
Joland (Sylvain), jardinier maison Bayzelon, à Chaponost (Rhône), pré-
senté par MM. Chaudy et Charraet (Andrp) ;
Villard (François), jardinier ch^z M"" Vaohon-Saulnier à Ecully, présenté
par MM. Boueharlat jeune et Rivoire (A.) ;
Brun (Barthélémy), horticulteur à Ecullj, présenté par MM. Boueharlat
jeune et Rivoire (A.) ;
Guillot (Pétrus), horticulteur-pépiniériste à Pont-de-Chérui (Isère), pré-
senté par MM. Ponsard et J. Jacquier;
Leblanc (Joseph-Toussaint) , propriétaire et maire à Ste-Colomba-les-
Vienne (Rhône), présenté par MM. Perrache et J. Jacquier ;
Ducret (J.), représentant de commerça à Ecully (Rhône), présenté par
MM. J. Cordioux et J. Jacquier);
Cbaninet (Ant.), pépiniériste jardinier à St-Priest (Isère), présenté par
MM. Carie (Laurent) et J. Jacquier ;
Berthier (François), pépiniériste-paysagiste, grande route de St-Genis-
Laval, présenté par MM. A. Berthier et Viviand-Morel ;
Perrier (Louis), horticulteur-pépiniériste à Bourg-les-Valence (Drôme),
présenté par MM. L. Lille et Boney;
Desfarges, horticulteur à St-Cyr-au-Mont-d'Or, présenté par MM. Cor-
dioux et J. Jacquier.
Publications. — M. Viviand-Morol fait l'analyse des revues et journaux
horticoles reçues depuis la dernière séance et fait circuler ceux contenant
des articles intéressants.
Apports sur le bureau. — M. Viviand-Morel appelle l'attention de la réu-
nion sur une des plantes indigènes de la Corso, le Clematis cirrhosa L. ou
Clématite à vrilles. D'après le présentateur cette planta résisterait à 12 de-
grés de froid ; sa floraison commence très tard, puisque las échantillons pré-
sentés quoique en pleine terre sont en fleurs ; on pourrait, dit M. Viviand-
Morel, former avec cette planta de très jolies colonno?, qui seraient rendues
plus ornementales lorsque la plante qui est assez floriféra serait garnie de
fleurs blanches assez grandes.
En outre de cettj Clématite, M. Viviand-Moral présentait des fleurs du
Baccharis Imlimifolia L. ou Séneçon en arbre, des Etals-Unis ; il fait remar-
— 27 —
quer qu'aujourd'hui où le commerce des fleurs sèche" pour garniture do
vag( s en hiver prend de rextension, on pourrait se servir des inflorescences
avaficées da ce Séneçon
Sont déposés sur le bureau :
Par M. Morel âls, à Lyon-Vaise, 1" des fruits du Citri"; tripte.-a DesîÇPseu-
dœgle Sepinrin Mig-.j, récoltés dans ses cultures ; ces fruits que l'on pourrait
nommer les orangées de nos pays ne sont pas comestibles; l'aibuste est très
rusùque, irè.-' ornemerjtal, surtout lorsqu'il est couvert de fruits; ceux pré-
sentés par M. Morel contiennent des graiaes fertiles. 2° Des fruits ou cônes
de Cèdre di-odora, récollés dans les environs de Tarare et qui contiennent
des graines fertiles ;
Par M. Ciozy, des Bégonias âe semis, un pied de Bégonia Dregii et un de
B. corahna, quatre fleurs d'Abutilon de semis, dont une rose carminé assez
grand.^ dont le pédoncule a une tendance à s'ériger ;
P«r M. Liabaud, \x\\ i^ni àe Calant he Veitchii en pleine floraison, plante
remarquable par ses labelles maculés de pourpre à leur base. Cette espèce
perd ses feuilles, lorsque la floraison approche ;
Par M. Page, jardinier chez M™' de Montessuy, un beau pied HCAnthurium
Sch-rzerianum, remarquable comme fort développement et bonne culture ;
Par M. Carie, un œillet de semis, en vase, de la race dite Alégatière. en
pleine floraison. La plante est robuste, couverte de fleurs ; les fleurs sont
bien faites, se tiennent droites sur leur pédoncule, coloris rouge tendre car-
miné, très odorante; quelques fleurs atteignent six centimètres de diamètre.
Cette variété est nommée par l'oblenteur a Souvenir de François Labruyère. »
Par M. Boucharlat jeune. 1» des fleurs de Véroniques de semis, ayant des
épis bien faits, assez longs, d'un blanc rosé, dev?nant blancs en vieillis-
sani ; 2° uni poire de semis ;
Par iM. Hoste, une collection de Chrysanthèmes en pot composée de
25 variétés:
Perle de beauté, amarante foncé.
M. Mancy, carmin bordé blanc.
M. Plancheneau, ro^e saumoné.
M. Sabatier, jaune mordoré.
Erecta superba, lilas foncé.
Etinaelle, rouge marron.
Jeanne d'Arc, blanc jispd lilas.
La Charmeuse, amarante et blanc.
M. Ulrich, amarante bordé blanc. Lady Selbourne, blanc pur.
Alphonse XII, ronge satiné.
Beauté des jardins, amarante.
Belle Paule, blanc liseré lilas.
Belle Valentinoise, jaune.
Boule d'argent, amarante et blanc.
Cérès, blanc d'argent.
Crépuscule, lie de vin.
Dormdlon, lilas satiné.
L'Ile des Plaisirs, rouge et jaune.
L'or de Fi-ance, jaune d'or.
M"" Bouchardier, violet velouté.
Mastic, jaune nuancé.
M. Castel, cramoisi feu.
M. de Brazza, violet pointé blanc.
M. Frémy, orange.
Par M. Corbin, jardinier chez M. le duc de Mortemart à La Chassagne, des
Céleris plein blanc doré. M. Corbin fait ressortir les avantages que présente
cette variété, qui se tient très ferme, a l'avantage de blanchir toute seule tout
en restant très ten dre, il la considère comme une variété très méritante.
Une collection de poires parfaitement bien conservées et presque toutes
bonnes à mani^er : Olivier de Serres, fruit arrondi, chair fine juteuse, très
relevée, de première qualité ; Zéphirin Grégoire, fruit moyen, chair très
fine, relevée, excellent fruit ; Président Pouyer-Quertier, baau fruit, chair
fine, mais manquant un peu de parfum ; Bonne de Maline^, fruit moyen,
chair fine, relevée, bon fruit; Doyenné d'hiver, fruit de toute beauté,
exempt de toute maladie; Président Drouarl, beau et boa friit ; Sœur Gré-
goire, beau fruit, assez bon, mais n'étant pas assez arrivé à maturité pour
pouvoir être apprécié; Beurré Henri Coureelle, fruit bon, paifumé et de pre-
mière qualité ; Louise Bonne de printemps, boa fruit, chair très fine, sucrée
et do première qualité ; Barillet Deschamps, fruit gros, chair cassante, mi-
fine, relevée.
— 28 —
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. Comte, Roohet, Labrujère et Pitavdl pour la floriculture, et de
MM. Cl. Jacquier fils, Berthier, Barret et Pelletier pour la pom^logie.
Ces Commissions, après examen, proposent d'accorder:
A M. Corbin, une prime de 1'= classe pour ses Poires.
A M. Carie, —
A M. Hoste, —
A M. Page, —
A M. Liabaud, —
A M. Morel fils, —
Pour M. Boucharlat, la Commission de floriculture demande l'inscription
au procès-verbal désirant voir les plantes en pot; pour la poire de semis, la
Commission de poœologie déclare ne pouvoir émettre un avis favorable
sur ce semis, le fruit présenté étant trop &v&nné en maturité.
Pour l'apport de ]M. Crozy, la Commission mmirjuant de renseignement--,
demande de renvoyer à une séance ultérieure l'examen de ces plantes jour
pouvoir prononcer un jugement favorable.
Toutes ces propositions mises aux voix sont adoptées à l'unanimité.
L'assemblée prisse ensuite à l'ordre du jour.
Règlement des apports sur le bureau, et après une discussion à laquelle
prennent part MM. Comte. Viviand Morel, Rivoire fils, Berthier, Pitaval,
Gaulain, Schwarlz. etc.. l'ei.semble du projet présenté par l'administration
de la Société mis aux voix est adopté.
ira
—
— son Œillet de semis.
Ire
—
— ses Chrysanthèmes.
1"
—
— son Anthurium comme bonne
culture.
2»
—
— son Calanthe,
2»
—
— ses fruits de Citrus et de Cèdre.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire adjoint, J. Nicolas.
Règlement concernant les apports aux séances de
l'Association horticole.
l" Les plantes apportées sur le bureau seront jugées par une ou plusieurs
Commis-ions nommées séance tenante par le Président de la séance et choi-
sies parmi les membres non exposants ;
2° Des récompenses de deux sortes pourront être proposées par les Com-
missions d'examen. Pour devenir exécutoires les propositions des Commis-
sions devront ètie approuvées par l'f.ssemblée ;
3» Les présentations de plantes nouvelles obtenues de semis ou d'introduc-
tion devront toujours être présentées dans d'excellentes conditions pour être
jugées. Toutt'fois les Commissions pourront, quand elles le jugeront utile, se
réserver le droit de visiter les plantes sur place ;
4° Les Commi.-sions d'examen, autant que possiblo, devront bi^er leur
appréciation plutôt sur le mérite horticole des produits que s>ur leur valeur
vénale ;
5" Los récompenses prendront le nom de certificat pour les plantes nou-
velles et de prime dans les autres cas. Il y en aura de trois classes.
6° Les plantes, fruits et légumes nouveaux seront toujours jugés séparé-
ment; ils devront être présentés avec les noms sous lesquels ils seront mis
au commerce ;
7° Les Commissions pourront, quand les produitj ne sont pas présentés
comme nouveaux, accorder les primes à un ou plusieurs produits du même
exposant ;
8° Un diplôme des certificats et des primes décernes sera donné à la fin
de chaque séance aux sociétaires qui les auront obtenus. Ils seront signés du
Président et du Secrétaire de la séance.
9° La valeur des primes et des cerciflcats est égale et fixée ainsi ;
— 29 —
Certificat et prime de l'" classe : 3 points.
— — 2» — 2 —
L'addition des primes est faite après la séance de décembre,
10° Valeur des points : 3 à 6 points, médaille de bronze ; 7 à 12 points,
médaille d'argent ; 13 à 19 points , médaille d'argent grand module ;
20 points et au-dessus, médaille de vermeil. Une médaille d'or sera décernée
à celui des présentateurs qui aura obtenu le plus grand nombre de points
pendant, l'année. Il ne sera fait aucun report pour Tannée suivante des points
insuffisants pour l'obtention d'une médaille.
Les vieux noms de plantes {Suite).
Comme je l'ai dit au commencement de cette note, on trouve
dans l'ouvrage en question l'étymologie d'une foule de noms de
plantes français dont on chercherait vainement l'explication ail-
leurs. En voici quelques exemples : J'ai cherché autrefois dans
plus de vingt dictionnaires français d'où venaient les mots marron-
nier et marron, appliqués au châtaignier ou à son fruit. Savez-
vous ce que Noël et Carpentier m'ont appris à ce sujet? Jugez un
peu ; Maron, vieux mot français qui s'apphquait aux habitants
des Alpes qui portaient les voyageurs. Se faire marronner signi-
fiait se faire porter par des marrons; ou bien encore, esclave
nègre qui s'est échappé de chez son maître. Nous sommes loin du
châtaignier. On comprend bien que Castanea se soit transformé en
castagne, casiaigne et châtaigne ; mais la transition entre châtaigne et
marron paraît dure. Voici l'explication la plus plausible que j'aie
trouvée : Marron, nom donné par les Espagnols au fruit du châ-
taignier.
A Lyon, les marronniers sont des arbres [OEsculux hippocastanum) ,
ou des industriels qui foat cuire et vendent des marrons. Les mar-
rons de Lyon n'existent que dans l'imagination trop fertile des
marchands ; ils sont récoltés dans l'Isère ou le Var, ou dans quel-
ques localités du département du Rhône.
Connaissez-vous le TU ou Tillet? C'était tout simplement le Til-
leul. Le Coignier que l'on a, — je ne sais pas trop pourquoi, —
changé en Coignassier, s'appelait Cotonea en latin. Depuis, on a
éprouvé le besoin de le faire venir de Cydon, simple histoire de le
rebaptiser Cgdoyna. De Cotonea on a fait Cotoneaster. Les Espa-
gnols nommaient les coings marmellos; ne serait-ce pas là qu'il
faudrait chercher l'origine du mot marmelade ?
Qui a la bugle et la sanicle
Fait aux médecins la nique.
Ce vieux distique boiteux est bien connu; il indique en quelle
grande estime les gens de la campagne tenaient ces deux plantes.
Mais voilà le diable, j'avais toujours pensé que la sanicle était une
— 30 —
ombellifère, — Sankula curopea, — et mon petit bouquin affuble
de ce nom l'Auricule {Primula auriciUa), ça devient gênant pour
faire des emplâtres. Quel est celui d'entre vous qui fera une longue
dissertation pour tirer d'embarras les malheureux malades qui vou-
draient faire la nique aux médecins? Personne, alors suivons.
Pcrvioea
Amadouvier
Serpentine.
Vous savez que les vraies Groseilles portaient losnoms de Ribet-
tes, raisins troutre-mer ou groiselles d'outre-mer. Les Groiseltes
étaient les Ballons ou fruits de VUva crispa.
'^^0m^
Asaruni europeum
Arundo donax
Les Noisilles, Mellines et Avellaines étaient des Noisettes. La
Consoude, comme le roi Midas, avait des oreilles d'âne. La
Chausse-lrapc [Ccnlaurea calcitrapa), le croiriez-vous, était, — oh !
honte, — un Sniujol terrestre. Le Gramen avait le bon esprit, dans
ce temps-là, de ne pas mettre la charrue devant les boeufs, il s'ap-
— 31 —
pelait Dent-de-Chien et non Chien-dent. Les champignons étaient
aussi des potirons et des mousserons ; aujourd'hui les potirons sont
des courges. La Mandragore ou Mande gloire, valait de la corde
de pendu. Le Vitriol était synonyme de Paritoire, comme Paritoire
l'était de Pariélaire.
Pulsalille
Schinus Molle
Les Rhododendrura , Rosage, et Rosagine s'appliquaient à
rOleander ou Nerium oleander. En 1584, personne n'avait encore
eu l'idée d'appeler ces beaux arbustes des Lauriers roses, attendu
que ce ne sont pas des Lauriers, et qu'il en e.xiste de plusieurs
couleurs. C'est etfrayant comme nous avons changé des noms de
plantes, et si j'osais, je vous allongerai là une litanie qui vous
donnerait la clé d'une foule de noms patois. V. V.-M.
Rapport sur l'Exposltioa spéciale de Chrysanthèmes qui a eu lieu
à Ghàlon-sur-Saône du 43 au 16 novenibre 1884.
Ayant eu l'honneur d'être délégué par l'Association horticole Ijonnaise à
l'Exposition de Clifysanthômes organisée par la Société d'horticulture de
Chalon-sur-Saône, comme membre du Jury, je viens en quelques mots vous
rendre compte d'un essai d'exposition spéciale ou d'un seul genre qui avait
vivement intéressé les nombreux amateurs de Clirysanthèmes et dire jusqu'à
quel point une exposition partielle pouvait avoir de l'importance pour nous,
qui sommes à même par le nombre et la richesse des différentes variétés
cultivées à Lyon de faire a^sez fréquemment des expositions d'un seul genre,
tels que : Rijses. Dahlias, Œillets, Pelargonium zonale, etc.
Je dois vous dire tout d'abord que cette exposition da Chrysanthèmes a
été un immense succès pour la Société d'horticulture de Chàlon, car non seu-
lement un grand nombre de sociétaires y ont trouvé l'occasion de mettre en
évidence leurs grandes et belles collections de Chrysanthèmes, mais les
sommités horticoles qui s'oocupent le pluj spécialement de cett« calture, tels
que MM. Délaux, Pertuzès, Lacroix, Peyrot père et fils de Toulouse, de
— 32 -
Reydelletjde Valence et même un exposant de Bergame (Italie) avaient lar-
gement contribué à l'embellissement de cette exposition.
La grande salle des fêtes a l'Hôtel-de-Ville ou se tenait l'exposition était
bondée de fleurs et présentait par son arrangement gracieux uq coup-d'œil
ravissant. Cliaque côté de la salle ainsi que le fond étaient garnis de Chry-
santhèmes en pots et vases; au milieu de la salle se trouvait une immense
table sur laquelle étaient rangées les nombreuses ileurs coupées. Dans une
salle annexe on avait réuni les fleurs de semis, les bouquets, couronnes, sur-
tout» de table, emblèmes, etc., uniquement composés de fleurs de Chrysan-
thèmes dont les exposants dans cette série avaient sa tirer le parti le plus
avantageux.
Le Jury était composé de MM. Henry-Jacotot père, horticulteur à Dijon,
Michaud, vice-président de la Société d'horticulture de Dijon et de votre
délégué. M. Cbevrier, président d'honneur de la Société d'horticulture de
Chalon-sur-Saône a bien voulu s'adjoiodre à nous pour nous aider de ses
utiles conseils. MM.Perrier, vice-président, et Ventouski flls, secrétaire, qui
par le classement judicieux des lots a contribué à rendre notre tâche plus
facile, accompagnaient le Jury. Nous avons vivement regretté l'absence de
plusieurs collègues très compétents qui avaient été désignés comme jurés et
dont le concours nous aurait été très précieux, car les différents apports
soumis à notre appréciation s'élevaient au nombre de quarante-cinq.
Dans le concours de semis les exposants ont été classéa dans Tordra sui-
vant selon le mérite de leurs produits: M. de Reydelht, de Valence,
MM. Délaux fils, Peyrot père et ûls, Pertuzôs et Lacroix, de Toulouse.
M. Boucharlat aîné avait exposé trois plantes provenant de graines reeues
directement du Japon dont une à grande fleur d'un blanc carné était très
belle. MM. Rivoire et fils, hortioulteurs-grainiers à Lyon, avaient apporté
une belle plante à grande fleur imbriquée d'un blanc rosé dont le grand
mérite était d'avoir une odeur agréable assez prononcée.
Pour les plantes en pot, MM. Mercier père et fils, de Chalon-sur-Saône,
ont obtenu la médaille d'or et M. Prosper Degressy, également de Chàlon,
la médaille de vermeil avec félicitations du Jury pour la belle culture de ses
plantes et l'arrangement de son lot. M. Duparray-Dutartre, amateur, à la
Charmée, a obtenu une médaille d'argent. M. Abel Myard, vice-président
de la Société, avait exposé, mais hors concours, une magnifique collection
composée d'environ 150 variétés de choix parmi lesquelles on remarquait un
grand nombre de nouveautés, le tout parfaitement étiqueté. La culture de
ces plantes était irréprochable et l'arrangement en était fait avec un goût
parfait, aussi le Jury ne pouvant récompenser ce lot hors ligne adresse les
félicitations les plus chaleureuses à son propriétaire. M. Myard avait encore
orné de belles plantes de Chrysanthèmes fleuris l'escalier qui conduit à la
salle des fêtes. C'était une heureuse innovation , car elle nous a montré
quel parti on peut tirer de cette riche plante pour l'ornementation des habi-
tations. M. Ceuzin (Jacob), horticulteur à Chàlon, avait également exposé
hors concours une nombreuse collection de variétés choisies d'une culture
qui ne laissait rien à désirer.
Les concours pour les fleurs coupées étaient largement remplis par de
nombreuses et belles collections dont quelques-unes se composaient de 4 à
500 variétés. Pour la plus belle et la plus nombreuse collection les prix ont
été décernés dans l'ordre suivant: 1" M. Delaux fils, de Toulouse ; 2° ex
asquo à MM. Pertuzés, de Toulouse et Rozain-Boucharlat, de Lyon ; 3° ex
œquo MM. Colin, horticulteur à Beaune et Mercier père et fils à Chilon.
M. Guénard fils avait exposé une superbe collection de 400 variétés, compo-
sée de tout ce que le commerce a produit de plus beau. S'étant déclaré géné-
reusement hors concours le Jury a cru de son devoir de le complimenter sur
son remarquable apport. Le concours pour 100 variétés était bifiii représenté,
et les prix ont été décernés comme suit: MM. Peyrot père et fils et Lacroix,
de Toulouse, Bérard-Massard, de Montceau-les-Mines et M. l'abbé Garnier.
— 33 —
Dans le concours pour 50 variétés, c'est M.Malfondet, de Châlon, qui a
remporté le 1" prix, tt M. Goussot, jardinier à Pierre (Saôae-et-Loire), qui
a obtenu le 2° prix.
M. de Reydellet, avec de très belles variétés n'a pu concourir, n'ayant
pas le nombre exigé.
M. Pirotta Pantilio, horticulteur à Calcio (province de Bergame, Italie),
avait envoyé une caisse de 50 fleurs, mais dont les variétés n'étaient pas à
la hauteur de celles cultivéas en France.
Le deuxième concours : Chrysanthèmes japonais, avait pour exposants,
MM. Mercier père et fils, à Châlon, et M. Nicolas, domaine d'Arc-en -Bar-
rois (Haute-Marne).
M. Millet père, de Montagny-lès-Buxy, avait exposé trois corbeilles ou
groupes de jeunes plantes de chrysanthèmes fleuris, cultivés et exposés dans
la mousse; l'ensemble et la bonne venue des plantes produisaient un effet
agréable; mais jusqu'à nouvel ordre, cette culture parait devoir rester dans
le domaine des amateurs, ainsi que les greffes de chrysanthèmes, moyen
d'avoir plusieurs variétés sur le même pied, présentées par M. Renaud-
Guépet, de Châlon.
Le jury a constaté qu'en général les variétés étaient exactement dénom-
mées et que presque tous les lots contenaient, non-seulement de très belles
variétés, mais aussi bsaucoup de nouveautés. J'ai pensé qu'une liste des plus
belles plantes, relevée dans tous les lots, que je donna à la suite de ce
compte -rendu, serait utile pour guider amateurs et horticulteurs dans leur
choix.
Quant au dixième concours : bouquets, corbeilles, couronnes, etc., je le
répète, c'était un des plus intéressants ; car. ici, on pouvait s'attendre à des
innovations, à l'imprévu, en un mot, à l'initiative individuelle.
L'espace occupé par les lots de ce concours était disposé avec beaucoup de
goût, auquel, du reste, les objets exposés se prêtaient d'une manière très
avantageuse et on ne peut que constater que tous ces articles composés uni-
quement de fleurs de chrysanthèmes avaient un cachet particulièrement
gracieux.
Les bouquets, couronnes et surtouts de table, de M°"' Malfondet, De-
gressy et Béraud-Massard étaient confectionnés avec goût et délicatesse;
elles avaient su harmoniser les différentes couleurs avec art, et le jury a été
heureux de leur décerner les prix mis à sa disposition.
M"« Ceuzin (Jacob) avait exposé hors concours un surtout de table qui était
remarquable par l'arrangement coquet des fleurs de choix qui entraient dans
sa composition.
M. Colin fils, de Beaune, avait réussi à représenter très fidèlement l'écus-
son des armoiries de la ville de Châlon sur-Saône.
Les jardinières, cache-pots et candélabres garnis de chrysanthèmes expo-
sés par 1\L Sève, institutiur à Labergement-Sainte-Colombe, prouvent les
goûts artistiques et l'adresse de l'exposant.
M. Proust, de Châlon. nous a fait voir que les chrysanthèmes ornent et
môme embellissent les jolis et nombreux meubles de fantaisie qu'il avait
exposés.
M. Béai avait une très jolie jardinière toute garnie de fleurs.
Un tout jeune homme, M. Gabriel Favrairi, apprenti jardinier, avait com-
posé un large écusson orné de guirlandes imitant une mosaïque, qui dénote
de l'idée et de la persévéran-ie ; votre délégué, avec l'as-sentiment des autres
membres du jury, lui a fait don, en son nom personnel, d'une médaille d'ar-
gent comme prix d'encouragement.
Un grand diplôme d'honneur destiné à récompenser l'exposant qui a la
plus contribué à l'embellissement de l'Exposition, a été décerné à MM. Mer-
cier père et flis.
Le soir, après les opérations du jury, un banquet a été offert en son hon-
neur par la Société; tout le bureau et beaucoup de membres y assistaient.
— 34 —
M. le président a porté un toast aux deux Sociétés d'Horticulture de Lynn
et à celle de Dijon, et s'adressant à leurs délégués, il les a remerciés pour la
tâche délicate et difficile qu'ils venaient de rarnplir à la satisfaction géné-
rale et leur a donné rendez-vous à la prochaine Exposition.
Un des convives a proposé da faire un plébiscite pour les chrysunthèraes
comme on avait fait pour les roses, et de désigner dans les différents genres
les cinquante plus belles variétés dd chr^'santhômes anciennes et nouvelles
qui existent. Cette motion a été adoptée et votre délégué a promis de vous
soumettre cette question.
Il est presque supsrtiu de vous dire. Messieurs, que votre délégué a reçu
l'accueil le plus sympathique du bureau et de la Société d'Horticulture de
Chalon-sur-Saône et qu'il en garde le meilleur souvenir.
HOSTE,
Horticulteur à Monplaisir-Lyon.
Les plantations d'arbres le long des routes (1).
M. Varangot fils, pépiniériste à Melun, vient d'adresser à M. le
Ministre des travaux publics un rapport sur un projet qui nous
paraît absolument digne d'attention. L'idée n'est pas neuve, mais
en France, dans notre malheureux pays presque paralysé par un
fonctionnarisme excessif, il ne suffit pas d'émettre des idées, il faut
en poursuivre l'application par toutes voies et moyens, et M. Varan-
got se trouve avoir le mérite de ne manquer ni de courage ni de
persévérance. Dans sa dernière lettre, il développait les considé-
rations suivantes, que nous abrégeons forcément, la place nous étant
comptée :
Nos soldats de l'armée de terre et de mer sont obligés d'avoir
pour toute boisson de l'eau souvent de mauvaise qualité. Il serait
très facile de leur faire boire de bon cidre à peu de frais. Au lieu
de planter les grandes routes en arbres d'alignements d'essences
stériles, tejs que peupliers, tilleuls, marronniers, que ne les plante-
t-on avec des arbres à fruits, pommiers et poiriers à cidre?
Les arbres à cidre se forment aussi bien par la taille que les
platanes, acacias, couramment employés. Ils ont l'avantage d'être
moins élevés, moins touffus, d'ombrager moins les routes et les
champs des riverains, de porter moins d'humidité sur la chaussée.
Les bois des pommiers et des poiriers à cidre s'emploient très
bien dans l'industrie, et peitvent acquérir ime valeur intrinsèque
au moins aussi considérable que les essences actuellement em-
ployées.
Dans le département de Seinç-et-Marne, il y a plus de deux
cent mille pieds d'arbres plantés le long des routes. Sept à huit
mille hommes de troupes au plus sont casernes dans nos chefs-lieux
(1) Extrait du IVbweHîsfe de Seine-et-Marae.
— 35 —
d'arrondissement. Au bout de dix ans, en plantant seulement
50,000 pieds d'arbres, on aurait une récolte largement suffisante
pour pourvoir aux besoins de toutes nos garnisons.
Quel avantage pour nos soldats !
Une autre idée de M. Varan got, serait de distraire une cinquan-
taine d'hectares de nos forêts et de les planter d'nrbres à cidre.
On pourrait ainsi, non seulement assurer une boisson saine à notre
armée, mais encore faire des distributions complètes aux hospices
et aux indigents.
Pour la récolte et la fabrication du cidre, rien de plus facile.
Chaque caserne dans les villes aurait dans une de ses dépen-
dances un local pour recevoir un pressoir et les tonneaux pour
emmagasiner le cidre.
Quelques hommes de corvée avec les fourgons du régiment,
iraient à l'époque de maturité, fin septembre, faire la récolte des
fruits.
Maintenant, les cantonniers des ponts et chaussées seraient
chargés de la surveillance des arbres à cidre, l'amasseraient les fruits
par tas dans les fossés ou sur le bord de la route.
Voici en quelques mots le projet de M. Varangot ; nous ne savons
si dans les bureaux du ministère il lui sera accordé quelque atten-
tion, mais, à notre avis, il mérite d'être sérieusement étudié.
De l'obtention des variétés horticoles.
Il y a des semeurs qui jouissent d'une excellente réputation et
qui ont enrichi le commerce horticole d'une foule de nouvelles
et excellentes variétés de plantes, tandis qu'il en est d'autres que
le guignon poursuit et qui n'ont jamais eu la main heureuse sous
ce rapport. Les premiers mettent à profit le vieux proverbe
« Aide-toi et le ciel t'aidera » ; les aucres sèment au hasard,
s'endorment sur les deux oreilles, ce qui entre parenthèse est un
peu difficile, et n'obtiennent rien de bien sérieux. Le hasard n'est
pourtant pas toujours un bien mauvais diable, et plus d'un semeur
qui passe pour malin lui doit ses meilleurs gains, Quand je dis le
hasard, c'est une manière de parler, car chacun sait que ce mot ne
doit être considéré que comme exprimant notre ignorance des
vraies causes des phénomènes. Les plus petits événements, les
moindres variations qui, par leur petitesse, semblent ne pas tenir
aux lois de la nature en sont pourtant une suite nécessaire. C'est
à nous d'apprendre à connaître ces lois. Lorsqu'on dit qu'une
variété surgit par hasard dans les cultures c'est que nous ignorons
les causes qui ont agi pour la produire.
— 36 —
Ceux qui ont étudié les mathématiques connaissent ce qu'on
appelle le calcul des probabilités, qui repose eu partie sur notre
ignorance et en partie sur nos connaissances. Ce genre de calcul
pourrait parfaitement être appliqué dans le cas qui nous occupe,
car si nous ne connaissons pas toutes les lois de la variabilité
végétale, nous en connaissons au moins une partie qui permettrait
de trouver par formules les chances que nous avons d'obtenir des
variétés.
Ceux qui ont étudié les plantes vivantes, qui les ont élevées de
graines, connaissent celles qui varient naturellement et dans quel
ordre les variations se produisent. Ceux qui ont fait des hybri-
dations artificielles entre espèces distinctes, ou qui ont étudié les
croisements naturels dus à la fécondation par les insectes connais-
sent également les résultats que produisent ces deux opérations.
Nous allons examiner, si vo\is le voulez bien, successivement celles
de ces connaissances que tout semeur devrait posséder.
Quand on récolte des graines sur un seul individu végétal, on
peut obtenir, en les semant, ou des plantes identiques au porte-
graines ou des plantes variées. Sur les milliers d'espèces que nous
avons semées depuis plus de douze ans, le plus grand nombre se
reproduisait fidèlement.
Quand on récolte des graines en mélange sur des individus
différents quoique appartenant au même type, c'est-à-dire à la même
espèce linnéenne, on obtient presque toujours des variétés. Ceci
prouve que les types renferment des variétés méconnues. Les hor-
ticulteurs savent bien, du. reste, que lorsqu'ils introduisent de leur
pays natal de nombreux individus du même type qu'ils introduisent
en même temps des variétés de ce type. Le fait est trop connu pour
les Orchidées pour être mis en doute.
De ce qui précède, on peut donc déjà conclure qu'il est possible,
en récoltant à l'état sauvage des graines d'une espèce sur des
individus différents, qu'on obtiendra des variétés différentes ; comme
on peut conclure également que si la récolte a lieu sur un seul
individu, la chance d'obtenir des variétés devient très minime étant
donné que les neuf dixièmes des végétaux sauvages se reproduisent
sans variation sensible. Tout le commerce des plantes potagères
repose sur la fixité de ce qu'on appelle des races, dont l'analogue
est représenté à l'état sauvage.
Si une sélection sérieuse est faite des variétés obtenues de semis,
dans le cas où la graine a été récoltée en mélange, et qu'aucune
fécondation croisée ne survienne, les plantes obtenues de cette
manière ne varient plus par la suite. Le semis n'a donné en réalité
que ce qu'il devait donner : un mélange de variétés ou de races
enfermées dans le sac.
— 37 —
Ainsi donc, un semeur peut être certain qu'il a très peu de chance
d'obtenir de nouveaux gains s'il sème purement et simplement une
plante qui ne donne pas habituellement des variétés. Il faut, pour
rompre la fixité des variétés, leur faire subir des croisements avec
des variétés voisines.
A l'état sauvage, les croisements sont assez rares parce que les
plantes sont beaucoup plus dispersées que dans les jardins; aussi
est-ce pour cette raison que les plantes qui ont cette origine varient
beaucoup moins.
Dans bien des cas on peut confier aux abeilles le soin de croiser
certaines plantes ; pour cela il suffit de placer très près l'une de
l'autre, dans un endroit fréquenté par ces insectes, les variétés dont
on veut opérer le croisement. Mais il vaut infiniment mieux se
contenter de très peu de graines et être sûr de leur origine hybride ;
pour cela on doit féconder soi-même, artificiellement quelques
fleurs.
Je sais bien que beaucoup de jardiniers n'ont pas étudié les
organes de la fleur, mais avec un peu de bonne volonté on se fami-
liarise avec les étamines et les pistils. Les étamines (organes
mâles) sont remplies d'une sorte de poussière jaune nommée pollen.
Le pistil (organe femelle) correspond toujours à l'endroit où se
forme la graine.
Pour féconder artificiellement une plante, on doit préalablement
ôter ses étamines avant que le pollen en soit répandu. Pour cela,
on prend de petites pinces et on les enlève délicatement. On récolte
des étamines en assez grand nombre sur la plante qui doit féconder
l'autre et on les met dans une boîte de petite dimension. A l'aide
d'un pinceau à aquarefle, on porte ce pollen sur les pistils de la
plante à féconder. Bien entendu qu'on soustrait ensuite la plante
aux intempéries.
Quand on a obtenu des graines d'une plante ainsi fécondée, si
elles germent et que les plantes qui en naissent soient fertiles, ce
qui n'arrive pas toujours, on peut dire que non seulement on est
en possession de variétés distinctes, mais encore que les générations
futures donneront d'autres variétés.
Il est un fait à peu près constant, c'est celui de la variabilité
des plantes hybrides. C'est à cette variabilité que les semeurs de
rosiers qui ne fécondent pas artificiellement les roses, doivent
d'obtenir de nouvelles variétés.
Mais une voie dans laquelle les hybridateurs devraient entrer
résolument, c'est celle de la fécondation des hybrides par leurs
ascendants, c'est-à-dire par leurs parents. Il y a là une source iné-
puisable de gains nouveaux à obtenir.
— 38 —
Il y a une autre source de variations chez les plantes dont nous
ne connaissons guère les causes, mais que beaucoup d'esprits super-
ficiels ont la prétention de connaître. On fait intervenir la culture,
les engrais, les changements de chmats, la nature chimique du
sol, etc. La vérité est que toutes ces causes mises en avant sont
autant de suppositions absolument gratuites. En expliquant ainsi ce
genre de rariations, on résout la question parla question, enadmet-
tant comme démontré précisément ce qui reste à démontrer. Il
serait vraiment trop comnîode d'obtenir des variétés s'il suffisait
simplement d'appliquer des cultures différentes aux plantes que l'on
voudrait faire varier.
Quoique nous ne connaissions pas les causes qui, en dehors de
l'hybridité, font surgir tout à coup au milieu d'un semis des plantes
qui diffèrent sensiblement des autres individus de la même race,
nous ne devons pas moins les observer avec beaucoup d'attention.
I-es cas de nanisme ou de géantisme, les panachures accidentelles,
l'albinisme, le chromisme que des déformations tératologiques font
naître, etc., qui peuvent quelquefois se reproduire par graines, se
reproduisent presque toujours par greffes ou boutures. On fera
donc bien de surveiller attentivement les semis, afin de ne laisser
échapp<!r aucune variété. Il suffit souvent d'une première variation
chez une race parfaitement pure pour qu'à l'aide de fécondations
artificielles on puisse ensuite obtenir de nouvelles variétés.
Culture potagère
DE LA CAROTTE
M. de Candolle, dans un livre intitulé : Origine des Plantes culli-
vées, indique la carotte comme cultivée depuis plus de deux mille
ans; je m'en rapporte à lui ou aux ouvrages et autres documents
qu'il a pu consulter à ce sujet. Les iardiniers rattachent sans
façon, mais sans preuves, toutes les variétés de la carotte au Dati-
cus carota L. Mon avis, que je pourrai fortement motiver si j'écri-
vais un article de botanique, est tout à fait opposé à cette manière
de voir. La carotte sauvage (Daucus carota), que M. Vilmorin père
a tenté d'améliorer vers 1830, ne lui a donné que des variétés à
racines charnues de qualité fort inférieure, qui n'ont pas tardé à
être abandonnées par la culture. La vérité est qu'on ne connaît
pas les prototypes de nos variétés actuelles, qui sont probablement
originaires de l'Europe orientale ou de l'Asie. Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que les carottes cultivées craignent le froid, et que nos
carottes sauvages y sont insensibles. Les carottes sauvages des
^ 39 —
pays méridionaux sont également frileuses quand elles sont culti-
vées dans les jardins botaniques.
Quoi qu'il en soit, les variétés de carottes sont assez nombreuses
dans les cultures, et nul doute qu'elles le seraient bien davantage,
si la multiplication des variétés de ce genre otïrait plus d'intérêt.
Au point de vue horticole, on peut classer les carottes d'abord par
la couleur de leur racine (rouge, jaune, blanche), et ensuite par
leur forme (subsphérique, conique ou cylindrique). Ou tient compte
également de la précocité et de la qualité, car il y a des sortes qui
ne sont bonnes que pour la nourriture des bestiaux.
Quelles que soient les variétés cultivées dans le potager, il im-
porte d'eu faire plusieurs saisons ; car les racines jeunes sont infi-
niment supérieures /Comme qualité, aux racines plus âgées de
quelques mois. Quand on ne possède pas de châssis, il suffit de
faire trois saisons : on sème d'abord en mars, puis eu mai et enfin
dans la première quinzaine de juillet.
La culture de la carotte est d'une extrême simplicité : Il suffit
d'avoir de bonnes graines, un terrain bien fumé, bêché à point et
profondément, et surtout de semer clair. Quand le semis est trop
épais, il importe de l'éclaircir au plus vite. Des arrosages à l'en-
grais liquide sont également très utiles pour activer la végétation
de ces jeunes plantes. Ceux qui n'ont pas la main juste pour ne
semer que la quantité de graines nécessaire feront bien de semer
enrayons, car les binages sont alors plus faciles. En novembre,
il est utile d'arracher les carottes et de les rentrer dans un endroit
à l'abri du froid ; on peut encore, au lieu d'arracher les carottes,
les couvrir de paillassons ou de feuilles sèches.
Parmi les variétés de carottes les plus recommandables, on peut
citer les variétés suivantes :
C. rouge très courte à châssis, rouge courte hâtive, demi-
longue pointue, demi-longue obtuse, demi-longue nantaise, sans
cœur de Carentan, demi-longue du Luc, rouge longue, longue
sans cœur, longe d'Altringham, pâle de Flandres, jaune lon-
gue, etc.
Les propriétés physiques et chimiques ainsi que les usages
économiques de la carotte sont les suivants : « Les carottes, dit
Berzéhus, ont été analysées par Vauquelin et par Wackenro-
der. Elles contiennent, outre la fil)rine, im suc jaune dans lequel
on trouve du sucre de canne cristallisable et du sucre incristalli-
sable, un peu d'amidon, de l'extractif, du gluten, de l'albumine,
une matière colorante cristallisable appelée carotine, de l'huile vola-
— 40 —
tile, de l'acide pectique et de l'acide malique, et enfin une certaine
quantité des sels qu'on rencontre habituellement dans les racines. «
On rùtit la racine de carotte pour la mêler au café ou à la chi-
corée en diverses proportions. Cette même racine comprimée,
séchée ou réduite en poudre, se conserve pour faire des potag-es
et des ragoûts. On a également retiré de la carotte de bonne eau-
de-vie. Le fruit de la carotte est aromatique et contient une huile
volatile abondante. Il est une des quatre semences chaudes mineu-
res. Il communique à la bière une saveur piquante et une qualité
supérieure.
La racine de carotte est émolliente, résolutive, diurétique, ver-
mifuge et antiseptique. D'' Sacarot,
REVUE DES CATALOGUES
Joseph Puvilland, horticulteur-grainier, 25, cours Vitton, Lyon. — Prix-
courant général de graines potagères, fourrageras et de fleurs. Ce Catalogue
mentionne toutes les espèces ou variétés de plantes potagères habituelle-
ment cultivées dans les jardin; potagers, les variétés de plantes médicinales,
les plus belles plantes florales, annuelles ou vivaces, les balbes, ognons et
rhizomes à fleurs. Un article spécial est consacré aux graines de végétaux,
inédits pour la plupart, et provenant de l'Amérique équatoriale.
Genest-Barge, marchand-grainier, 2, rue de la Barre, Lyon. — Catalo-
gue général de graines. Espèces potagères, fourragères, florales, ognons,
bulbes et rhizomes. — Articles d'industrie horticole, engrais, librairie hor-
ticole.
CusiN ET GuiCHARD, hortlculteurs-grainiortt, rue Octavio-Mpy. 6, à Lycn.
— Catalogue général de graines de plantes potagères, fourragères et flora-
les. Graminées sèches, plantes vivaces. Fournitures horticoles, etc.
{A suivre).
/k\is aux membres de Titfssociatiou horticole
lyouuaise.
Les sociétaires sont informés que la Liste des membres est actuellement
en voie de composition. Ceux dont les noms seraient mal orthographiés sont
priés d'en informer au plus tôt le secrétaire général, rue Viabert, à Villeur-
banne.
Nous rapptilon» aux sociétaires qu'ils ont droit à deux lignes dans la liste
susdite pour y insérer leurs cultures spéciales.
Le Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imprimerie BitLLON, rue de la République, 33.
1885 FÉVRIER N" 3
CHRONIQUE
La laille 'des arbres et la physiologie, — Je ne veux médire ni de
la taille des arbres, ni de ses principes, ni de la physiologie végé-
tale. Les principes sont comme les carottes, on peut les accommoder
à toutes sauces et même sans sauce. Quant à la physiologie végé-
tale, elle renie son passé, retourne sa veste et se jette du côté du
manche, c'est-à-dire du microscope. Après avoir, pendant 150 ans,
juré par le cambium et la sève descendanle , elle propose de déposer
au musée des antiques ces expressions et les idées qu'elles repré-
sentent. Hélas! oui, mes bons amis, cette vieille sève descendante
qui a fait grossir tant de bourrelets et souder tant de greffes ne
descendra plus. Très Haute et très puissante Dame Physiologie l'a
déclaré à tous ceux qui ont voulu l'entendre. Je m'en rapporte aux
savants qui ont étudié la question. Mais que la sève descende en
ligne directe, entre l'écorce et le bois, ou qu'elle prenne le chemin
des écoliers pour arriver à son but, cela importe peu aux jardi-
niers, qui taillent les arbres. Ce qu'il faudrait tirer au clair, ce
serait de savoir jusqu'à quel point il faut s'appuyer sur les principes
pour jouer du sécateur.
Tenez voici un exemple : La physiologie végétale démontre par
expérience que la suppression d'une partie d'un végétal appauvrit
ce végétal. N'enlèverait-on qu'une feuille à un arbre, l'ablation de
cette feuille lui enlève une partie de ses forces d'absorption et
d'élaboration. Voilà qui est bien. Voyons comment le tailleur d'ar-
bres doit appliquer cette loi ou ce principe. Les vieux — nos papas
et nos oncles — disaient : il faut tailler court les branches faibles et
tailler long les branches vigoureuses. Nous, les jeunes — fils et neveux
— qui nous croyons modestement plus malins, nous avons renversé
la proposition, et nous disons : Taillez court les branches vigoureu-
ses et taillez long les branches faibles. Et nous disons cela en vertu
— 42 —
de ce faramineux principe physiologique plus haut énoncé, lequel
prétend que plus on supprime de bois ou de feuilles à un végéial,
plus on l'appauvrit. Toi, grande et forte branche gourmande, tu
n'es pas pauvre, et on va te le montrer en supprimant les trois
quarts de ta longueur, tandis qu'on laissera presque intact ce chétif
rameau qui croît sur l'individu malingre qui t'avoisine. La taille
ainsi pratiquée est-elle à l'abri de toute critique l Pour résoudre
cette question, il faudrait d'abord savoir si on taille les arbres dans
le but de les rendre plus ou moins vigoureux ou bien dans celui de
leur faire porter du fruit. Il est bien évident, si c'est pour obtenir
du fruit qu'il n'y a pas lieu de s'arrêter au plus ou moins de vigueur
que la taille longue ou la taille courte peut imprimer à l'arbre, mais
il faudra rechercher dans quelle mesure les coups de sécateur favo-
risent la production fruitière. <• J'en suis bien revenu, me disait un
bon tailleur d'arbres à Lyon, de cette sorte de taille qui poursuit
la réalisation d'une chimère sans pouvoir y parvenir. On ne peut
pas, sauf dans quelques cas assez rares, faire porter à un poirier
tous les fruits qu'il peut nourrir en lui conservant ces formes con-
tre nature sous lesquelles on le dresse dans les jardins. Je préfère
avoir des poires chaque année et des pyramides un peu moins
belles. J'ai un if devant ma porte que j'arrondis en pain de
sucre, afin de montrer aux amateurs que je pourrais à l'occasion
tailler des poiriers de la même façon. »
La taille courte appliquée aux branches vigoureuses fait dévelop-
per d'autres branches vigoureuses et, malgré les pincements, les
assements et autres opérations analogues, il faut recommencer
l'année suivante pour obtenir encore le même résultat, si on pro-
cède de la même manière.
Quand par hasard on ne taille pas du tout ou qu'on taille à peine
ces branches vigoureuses, toute la sève se porte sur les nombreux
bourgeons qui se changent en brindilles, en dards et quelquefois en
' boutons à fruit au lieu de développer un nouveau prolongement
vigoureux et quelques rameaux latéraux.
Il y a donc lieu toutes les fois qu'on taille des poiriers peu fer-
' tiles et très vigoureux de les tailler modérément si on veut
obtenir du fruit. La forme de l'arbre n'y gague pas toujours, mais
la fertilité vaut bien quelques sacrifices.
Nous avons obtenu en agissant ainsi de belles récoltes sur des
poiriers qui n'avaient, pendant plus de vingt ans, donné que de
très belles branches, parce qu'on les taillait suivant les bons prin-
cipes.
Le plâtre phosphaté. — Les hommes sont des êtres bien curieux;
en voici un exemple : Il y a dans mon voisinage une fabrique de
— 43 —
phosphore qui avait amoncelé plusieurs centaines de mille mètres
cubes de plâtre formé dans la préparation du phosphore. Ce plâtre
qui é'.ait gênant — puisqu'il occupe des terrains d'une assez grande
valeur — fut offert par le directeur de l'usine aux cultivateurs qui
voudraient bien venir le chercher, offert gratuitement, entendez
bien. Pensez-vous qu'il en vint beaucoup à la suite de cette offre?
On ne peut pas dire que personne ne répondit à l'appel, mais les
amateurs de plâtre gratuit no furent pas nombreux. Ils raisonnaient
probablement ainsi : Si on nous offre cette drogue pour rien, c'est
qu'elle ne vaut pas le diable, et ils restaient chez eux.
Le directeur de l'usine changea d'idée ; au lieu de donner son
plâtre gratuitement, il lui ût subir une petite préparation, le des-
sécha, le réduisit en poudre et l'annonça comme engrais. Comme
par le fait c'est un engrais, il eut raison ; il eut d'autant plus rai-
son que ceux qui n'en voulaient pas pour rien jadis viennent en
chercher actuellement à 3 francs les 100 kilos. Et le tas diminue
rapidement.
Rempolarjes. — Qui dit rempotage dit presque plantation. Quand
on empote, on plante en pot; les deux opérations ont donc une
certaine analogie. Seulement un arbre, une fois planté l'est pour
longtemps, tarulis qu'une plante en pot, ayantune nourriture limitée,
demande à être rempotée assez fréquemment. Généralement les
plantations se font eu automne et au printemps, après la chute des
feuilles et avant leur pousse. Pour les rempotages, doit-on agir de
la même manière ? La question n'est pas facile à résoudre parce que
beaucoup de genres fleurissent précisément au moment où il
faudrait les rempoter. Or, comme dans les rempotages on est la
plupart du temps obligé de couper des racines, on paralyserait la
floraison si on rempotait les espèces avant qu'elles aient fleuri.
Comme après tout on cultive les plantes d'ornement pour jouir de
leur floraison, il est clair qu'on doit éviter tout ce qui pourrait la
contrarier. En règle générale, il faut donc rempoter les plantes
florales, telles que les Camellias, Azalées, Ericas, Laurier-Thym,
Rhododendrums, Kalraias, etc., quand la lioraison est terminée. Il
y a même quelques-uns de ces genres qui gagnent à être rempotés,
seulement quand la pousse est faite. Tous les genres qui fleurissent
on été préfèrent être rempotés en février ou mars. On commence
toujours par ceux à feuilles caduques et on continue par les plus
précoces.
Errata. — Une erreur d'impression s'est glissée dans le précédent
numéro du Liiou-Hurlicolf, page 30, la plante figurée sous le nom
d'/irundo donax est VAsarum europcnm; celle figurée sous le nom
^ 44 —
à^^sarmn europeum est V /inindo donax. Celte transposition de noms
a sans doute déjà été rectifiée par tous ceux de nos lecteurs qui
connaissent ces deux plantes.
Fondation d'une Société d' Horticulture à Grenoble. — Il vient de se
fonder à Grenoble (Isère) , sousle nom d\hsociaiion horticole grenobloise,
une Société d'horticulture qui a pour président M. Paul de
Mortillet, arboriculteur d'un grand mérite. Quoique de fondation
très récente cette Société compte déjà plus de 150 membres. De
nouvelles recrues ne tarderont pas d'augmenter le nombre des
adhérents. Nous souhaitons bien sincèrement que l'association
horticole grenobloise réunissent très rapidement tous les éléments
épars de l'horticulture dauphinoise. Que les fondateurs se souvien-
nent que les débuts des Sociétés sont toujours un peu durs ! Mais
avec de la persévérance les moments difficiles sont vite passés.
Qu'ils se souviennent aussi qu'il y a des villes bien moins importantes
que Grenoble qui ont des Sociétés d'horticulture très florissantes.
Exposition d'horticulture à Aleneon. — La Société d'horticulture de
l'Orne organise une exposition générale d'horticulture à laquelle
sera annexé un concours spécial de roses. Cette exposition aura
Heu, à Alençon, du 17 au 21 juin prochain.
Taille des arbustes. — Il n'est pas inutile de rappeler aux jeunes
jardiniers qu'il est très iraporfant, lorsqu'ils taillent les arbustes
dans les jardins, de bien distinguer les genres qui demandent à
être taillés avant la pousse, de ceux qui veulent être taillés après
la floraison. Il n'y a rien de ridicule comme de tailler pendant l'hi-
ver des arbustes qui fleurissent sur les rameaux de l'année précé-
dente, comme les pêchers, amandiers, cerisiers et pruniers à ileurs
doubles, les hlas, forsythia, deutzia, boule-de-neige, groseillers
d'ornement, etc. Pour ces genres, on attend que la floraison soit
finie et on taille en vert. Tout au plus doit-on éclaircir, en les cou-
pant à leur point d'intersection, celles des branches qui font confu-
sion. On doit seulement tailler pendant l'hiver les espèces qui
fleurissent sur le jeune bois, c'e,«t-à-dire presque tous les arbustes
tardifs, tels que : hibiscus, vi'ex, ceanothus, rosiers, etc. Pour les
rosiers non remontants, il faut à peine tailler l'extrémité des pous-
ses de l'année précédente.
Gloxinia gesnerioides. — Les cultivateurs de gesnériacées ont
essayé, depuis fort longtemps déjà, de croiser entre eux les diffé-
rents genres de cette famille si éminemment ornementale. AL A.
Van Geert rappelle à cette occasion, dans la Jîevue d' HorlicuUure
— 45 —
belge ei étrangère, que M. SuKze a obtenu on croisant entre eux une
variété de Gloxinia et le Gemcria Donkelaari, un hybride d'une
valeur réelle, que son obtenteur a nommé Gloxinia gesnerioidcs. Ce
nouvel hybride paraît n'avoir retenu que les qualités de ses ascen-
dants : d'une part la croissance, le port et le feuillage orné des ges-
neria ; d'autre part la l'orme érigée et le coloris rouge de la fleur
du gloxinia. Sa culture, paraît-il, n'est pas plus difficile que celle
des autres gesnériacées.
Le Bambou employé comme memre de temps. — M, A. de Saint-
Foix, dans une note sur les Bambous publiée dans le Journal des
Travaux de la Société d' Horticulture de Marseille, nous apprend, avec
d'autres particularités intéressantes, que les grands bambous fleu-
rissent en Chine vers leur trente-deuxième année. Il paraît que ce
nombre respectable d'années qui sépare la naissance de la floraison
des bambous, a été mis à profit par les Chinois, assez ignorants
pour ne pas connaître leur âge. Aussi, dit-on, dans ce pays, de
quelqu'un qui meurt jeune, qu'il a quitté la vie dans son premier
bambou, d'un vieillard de plus de quatre-vingts-ans, qu'il allait
atteindre son troisième bambou. Cette manière de mesurer le
temps manque bien un peu de précision, mais elle est fort origi-
nale.
Bibliographie. — M. V. Pulliat, professeur à l'Institut national
agronomique ci secrétaire de la Société de Viticulture de Lyon,
vient de publier la deuxième édition du Manuel du grefjenr de
vignes dans les écoles de greffage de la Société de Viticulture de
Lyon (I). ^
M. Pulliat, dont la compétence en viticulture est bien connue,
a su résumer dans une brochure d'une trentaine de pages tout ce
([u'un vigneron a besoin de connaître pour se former à la pratique
de la greife de la vigne. Les ravages exercés par le phylloxéra
dans la plupart des vignobles imposent, pour ainsi dire, aux vigne-
rons l'étude de tous les moyens préconisés pour lutter contre le
terrible insecte. Or, parmi ces moyens, le greffage des vignes
françaises sur plants américains résistants, compte beaucoup d'a-
deptes. A ceux qui s'occupent de la culture de la vigne, nous ne
saunons trop recommander le Manuel en question.
V. V.-M.
(1) En vente chez l'auteur, à Chiroubles (Rhône).
— 46 —
Le rôle de l'Humus dans la végétation (1).
I. — Il n'est pas nécessaire de remonter bien liant dans l'his-
toire de la physiologie végétale pour trouver la théorie expliquant
le phénomène de la vie des plantes par une alimentation directe-
ment puisée dans l'humus. L'observation superticielle montrait, en
elTet, que les sols riches en humus étaient beaucoup plus fertiles
que les terrains dépourvus de cette matière, laquelle n'est autre
que le produit de la décomposition plus ou moins avancée des
débris végétaux.
Dans le premier Congrès scientiiique qui se tint à Lyon, il y a
près de cinquante ans, je me rappelle avoir entendu M. de Saus-
sure développer d'une façon complète le principe de l'assimilation
par l'humus. Ces idées étaient alors assez généralement admises.
Cependant, dès cette époque, les chimistes commençaient à con-
naître, par des analyses exactes, la composition des plantes; ils
déterminaient la qualité et la quantité de leurs éléments constitutifs;
ils constataient la présence de substances minérales, que l'humus
ne contient pas en proportion suffisante pour fournir aux végétaux
celle dont ils ont absolument besoin.
Une réaction ne tarda pas à se produire contre cette théorie do
l'humus, reléguée bientôt dans le domaine des hypothèses gra-
tuites qui ont souvent précédé les vraies données scientifiques.
Aujourd'hui, il est bien établi que si l'acide phosphorique,
l'acide sulfurique, la potasse et la chaux, ahments nécessaires des
plantes, leur sont fournis par le sol; le carbone, l'azote, l'hydro-
gène et l'oxygène leur arrivent, d'autre part, soit par l'atmosphère
directement, soit par l'intermédiaire du sol.
Ces principes ont été vérifiés par des expériences de végétation
obtenue, dans du sable calciné, avec des substances chimiques
exclusivement; la démonstration a paru si probante, qu'on a cru
pouvoir faire de l'agriculture en grand dans ces conditions et
comme dans les vases du laboratoire : le fumier lui-même ne sem-
blait plus nécessaire, et l'humus encore moins.
Cette méthode a reçu des applications étendues, mais les résul-
tats n'ont pas toujours répondu aux espérances, et les indications
très variables qui en découlent ont jeté dans le monde agricole une
grande incertitude sur les avantages des engrais chimiques ainsi
employés.
(1) Extrait du Bulletin des Comices auricoles de V Isère,
— 47 ~
Pour ma part, m'appuyant sur une longue expérience de ces
matières j'ai cherché la cause des insuccès constatés; je l'ai expli-
quée dès l'année 1869, et je vais aujourd'hui la résumer briève-
ment :
1" La plante, être vivant iixé au sol, demande à ce milieu, où
pénètrent ses organes souterrains, de l'eau en abondance, pour
suffire à la circulation séveuse et à l'évaporation considérable qui
se produit par la surface des tissus végétaux aériens ;
2" Les ahments que la sève puise dans le sol sont entraînés par
ce torrent liquide ascensionnel, qui les laisse ou les dépose dans la
plante : c'est ce qu'on appelle Yabsorplion;
3° La plante a la faculté de convertir en sa propre substance
les matières ainsi absorbées sous forme de liquide : c'est ce qu'on
appelle Vassimilalion :
IL — Il est important d'établir une distinction bien tranchée
entre ces deux fonctions physiologiques, — absorplion et assimilalion ,
— qui correspondent assez exactement à celles de Vingeslion et de
la digestion chez les animaux. C'est, en effet, dans cette distinction
bien comprise que l'on peut trouver l'explication des anomalies
constatées dans l'emploi des engrais chimiques solubles.
La nécessité pour la plante d'absorber une forte quantité d'eau
indispensable au maintien de son état aqueux l'oblige à admettre
toutes substances solubles que cette eau peut contenir. La propor-
tion de ces substances ainsi introduites forcément dans l'économie
végétale peut être considérable et sans aucun rapport avec la dose
nécessaire à une nutrition régulière ; la masse liquide ingérée
trouve, d'ailleurs, un réservoir très grand, évalué au moins à la
moitié du volume de la plante et constitué par les canaux séveux,
véritable panse stomacale, où les aliments sont soumis à cette
action lente et continue de l'assimilation.
Si donc on a mis à portée des racines une quantité d'engrais
soluble plus grande que celle assimilable par la plante dans un
temps donné, l'excédent devra rester dans le végétal, où l'analyse
le retrouvera sans modification. De là, perte d'engrais alimentaire
non utilisé, et introduction dans les végétaux d'éléments qui peu-
vent être nuisibles et donner lieu à des inconvénients graves.
L'expérience que j'en ai faite m'a montré la nécessité de régler
l'absorption des aliments solubles, en ne les laissant parvenir aux
plantes qu'à mesure de leurs besoins. C'est pour arriver à ce
résultat indispensable, que rhumus doit être employé comme un
instrument précieux, en raison de so faculté de s'imprégner des
— 48 —
liquides, et de les emmagasiner, pour ainsi dire, pour ne les resti-
tuer que par le lessivage ou la destruction de sa propre substance.
Nous avons une preuve de cette propriété distributive dans
l'action favorable qu'exerce sur la végétation le fumier proprement
dit : les aliments qu'il contient ne peuvent être solubilisés et ingérés
par les plantes, à proportion de leurs besoins, qu'au fur et à me-
sure de la décomposition progressive des parties ligneuses dans
lesquelles ils se trouvent engacrés.
Toutes les matières organiques jouant le rôle d'épongé à l'égard
des engrais solubles pourront de même les rendre seulement solu-
bilisables et satisfaire à cette règle nouvelle, qui peut se formuler
ainsi : Proportionnel la vitesse de solttbilisalion des aliments à la vitesse
d'assimilation des plantes.
Cependant, ce rôle de distribution n'est pas le seul qu'il faille at-
tendre de l'humus. En raison de son état de combustion perma-
nente dans le sol, il produit de l'acide carbonique et de la chaleur
qui décompose les roches et active la solubilisation de leurs parties
alimentaires ; en outre, par l'eifet de sa légèreté et de son élastici-
té, il diminue la densité de la terre, en augmente la porosité, et,
partant, la perméabilité. Enfin, il maintient l'humidité du sol et en
provoque la ni'rification.
III. — L'humus remplit donc plusieurs fonctions importantes, in-
dépendamment des propriétés nutritives qu'on lui attribuait autrefois
et qu'il faut reconnaître partiellement, les débris qu'ils emportent
renfermant encore les éléments constitutifs de leur vie végétale.
L'humus a sans doute encore d'autres propriétés, que nous igno-
rons ; mais, en attendant de nouvelles découvertes, nous pouvons
constater que ce précieux auxiliaire agit puissamment :
1" Comme un régulateur de l'alimentation;
2° Comme un instrument de décomposition des roches ;
3° Comme un modificateur de la densité et de la compacité du
sol ;
4° Comme un conservateur de l'humidité ;
5° Comme un agent de nitrification.
Voilà bien des titres pour la réhabilitation de l'humus. J'en ai
tiré une conclusion pratique, en n'employant les engrais solubles
qu'en mélange avec le fumier de ferme, additionné de toutes les
matières ligneuses que l'on peut se procurer, et je puis affirmer que,
depuis lors, j'ai pu obtenir les récoltes maxima, sans dépenses hors
de proportion avec les produits. Michel Perret,
Présidtnt du Conseil départemental d'agriculture de l'Isère.
49
Sarracenia purpurea L.
Synonymes : Sarracenia canadcnsia Touni.: Coihphi/llnm virijiniunum Moris ; Buca-
nephyllxim americanum Pluk; Limonium pereg i««»>« Bauh.
Etymologie : Dédié par Tournefort à Sarrapin. médecin français.
Patrie ; Canada. Famille des Sarracéniées.
La famille des Sarracéniées se compose d'herbes vivaces dont
la plus anciennement connue est le Sarracenia purpnrea L. Tous
ses représentants ont des mo3urs paludéennes et des caractères qui
les rapprochent des Papavéracées et des Nymphéacées, dont ils
n'ont du resté pas l'allure. Certaines affinités botaniques avec les
Céphalotées, les Népenthécs et les Droséracées ont été rendues
encore plus évidentes par les expériences faites par plusieurs savants
— 50 —
tendant à démontrer que les plantes à urnes ou ascidieit sécrétaient
un suc analogue au suc gastrique des animaux, et que leurs tissus
étaient capables d'absorber les matières animales ainsi préparées.
Quoi qu'il en soit de cette particularité, les Sarracenias sont des
plantes très curieuses par la forme de leurs feuilles que Bauliin,
dans son Pinax, avait parf^iitement caractérisées : « foUis forma floris
Arisiolochiœ, » feuilles en forme de fleur d'Aristoloche.
Philippe Miller dit du S. purpurea « que ses feuilles ont environ
5 à 6 pouces de longueur ; elles sont creusées en forme de cruche,
étroites à leur base et gonflées en dehors au sommet ; leur surface
extérieure est arrondie et leurs côtés inférieurs sont un peu com-
primés et ont de larges bordures feuillées qui coulent longitudina-
lement dans la longueur du tube ; à la partie arrondie de la fouille,
il y a sur le sommet une large oreille ou appendice érigée, d'une
couleur brunâtre qui entoure l'extérieur de la feuille aux deux tiers
environ du sommet ; elle a en outre aux deux extrémités des oreilles
ondées autour de la bordure. » Cette description, pour n'être pas
faite en termes absolument scientifiques, n'en est pas moins assez
exacte.
En dehors de la forme des feuilles, ce qui intrigue le plus dans
la fleur des Sarracenias, c'est le grand stigmate, pétaloïde, pelté,
presque sessile, imitant une sorte de parapluie.
La culture du Sarracenia pvrpurea n'offrirait pas beaucoup de
difficultés si au lieu de le cultiver en serre on se bornait à établir
en plein jardin un endroit tourbeux, marécageux, dans lequel on
planterait de jeunes individus. Pendant l'hiver, on se bornerait à
couvrir les plantes d'un simple châssis, dont au besoin elles pour-
raient se passer, car le S. purpurea croît naturellement dans des
pays où il gèle rigoureusement. Il est vrai que pendant les grands
froids les plantes sont submergées et sont ainsi à l'abri des trop
basses températures. Dans l'organisation d'un marais artificiel il
est absolument utile d'établir un drainage, car les plantes qui crois-
sent dans les endroits analogues n'aiment nullement l'eau croupie.
Je ne crois pas les Sarracenias aussi vivaces qu'on veut bien le dire
et j'estime que de jeunes semis seraient très utiles pour renouveler
les plantes qui ont fleuri plusieurs fois. François Canova.
Des Rosiers sauvages considérés comme sujets
à greffer.
On a déjà longuement discuté sur la valeur des meilleui-s sujets
à employer pour grelîer les Rosiers, mais à mon avis la question a
été à peine ébauchée, ou plutôt on a discuté à côté de la question.
Tant que les rosiéristes n'auront pas trouvé un sujet ne drageon-
— 51 —
nant pas, tout en étant vigoureux et facile à se procurer, le
problème ne sera pas résolu.
D'abord, je ne pense pas qu'on puisse trouver un rosier sauvage
ne drageonnant pas ; mais je crois qu'on atténuera singulièrement
le drageonnement si, au lieu d'un seul sujet, on en cherche
plusieurs.
Chacun sait que le drageonnement a suriout lieu lor sque l'équi-
libre entre les racines du sujet et les rameaux du rosier greffé est
rompu. Cet équilibre est rompu toutes les fois que la vigueur de
la variété greffée est plus faible que celle du sujet. Il y aurait donc
lieu de chercher deux ou trois Rosiers sauvages de vigueur diffé-
rente parmi ceux qui n'ont qu'une faible tendance au drageonne-
ment, afin de pouvoir y greffer les variétés de Rosiers suivant
leur vigueur.
Toute la question eE:t là. De même que certaines variétés de
Poiriers ne prospèrent bien que sur franc ou sur cognassier, il
y a des variétés de Rosiers qui donneront des résultats bien
supérieurs si le sujet sur lequel elles auront été greffées est
approprié à leur mode de croissance.
Il n'y a pas lieu de s'arrêter aux sujets issus de bouture ni à
ceux qu'on arrache dans les champs ou dans les haies. Les pre-
miers, comme le R. Manciii, sont condamnés et leur extinction
complète n'est plus qu'une question de temps : les semis d'églan-
tier les ont tué. Les seconds, lous formés pour haute-tige et ne
demandant aucune culture, resteront tant que les amateurs plan-
teront des hautes-tiges. Pour ces derniers, les rosiéristes n'ont
qu'à les émonder sérieusement, à les recommander à la grâce de
Dieu, et surtout à ne pas les condamner à nourrir des variétés
chétives. C'est tout ce qu'ils peuvent faire pour éviter le drageon-
nement.
Il reste donc à établir quelques recherches parmi les Rosiers
sauvages drageonnant peu et grainant en abondance afin d'y
trouver les deux ou trois types demandés.
On peut éliminer d'emblée, de cette recherche, toutes les espèces
eu variétés des sections suivantes : GuUicamv, Cenlifoiuv, Pimpinel-
lifuliœ, Sabiniœ, Cinnamomea', Alpuw et Eglanleriœ. Les Rosiers
de ces sections sont trop peu vigoureux, trop stolonifères ou trop
rares.
Les recherches devront porter surtout sur les Caniim, Monlanw,
Sijnslijice, Tomfnlosœ et Rubkjmosw,
Les espèces ou variétés de ces cinq dernières sections n'ont
certainement pas toutes la nr.ême valeur considérées au point de
vue qui nous occupe ; aussi, à ceux qui voudraient tenter des
essais, conseillerais-je de commencer par les Caninœ et les
— 52 —
Tomentosœ. Pour les Rosiers destinés aux pays méridionaux ou au
forçage, je crois qu'il conviendrait d'essayer quelques-uns des
y?, sempcrvirens qui sont presque toujours en végétation.
Quand on a conseillé de grelfer sur le Rosa canina, on a oublié de
dire que cette espèce n'était pas une entité mais seulement un
être de raison composé d'un très grand nombre de formes, souvent
très différentes entre elles. Déseglisc en a mentionné plus de cent
dans son catalogue raisonné des espèces du genre Rosier. Ces
espèces de canines ont été nommées par des auteurs dont quelques-
uns ont étudié le genre Rosa d'une manière spéciale. Les Bosa
tomenlosa sont un peu moins nombreux, mais néanmoins plus de
cinquante formes ont été décrites. Chacime des autres sections est
à peu près dans le même cas.
Le rosiériste n'a pas à s'occuper dans ses recherches si les
fruits sont ronds ou ovales, hispides ou glabres, les feuilles dentées,
bidentées, glabres ou velues, etc. Toutefois, il donnera la préfé-
rence aux espèces très fertiles si elles remplissent les conditions
désirées.
Ce que le rosiériste devra rechercher, c'est d'abord une variété
robuste, très vigoureuse, qui ne présentera jjas de drageons;
ensuite, une variété robuste d'une vigueur modérée qui ne dra-
geonnera pas non plus, et enfin une troisième sorte de plus petite
taille ayant également la qualité de ne pas drageonner.
Cette recherche, faite dans un pays où les Rosiers sauvages
sont communs, n'otïrira aucune difficulté. Admettons que l'expé-
rience porte sur une trentaine d'individus, il faudrait jouer de
malheur pour ne pas trouver les sujets demandés. Le semis devra
être fait séparément eu juillet, en pleine terre. Dès le printemps
l'expérience commencera à donner ses résultats. Ceux des églan-
tiers qui seront choisis définitivement seront plantés pour donner
des graines. On les élèvera en colonne sans jamais les tailler. Les
Rosiers sauvages se reproduisent de graines sans varier.
Plantes nouvelles, rares ou intéressantes figurées
ou décrites dans les publications horticoles.
Adiantum Capillus venerift var. o/jlir/uu?7i, Th. Moore. — Cette va-
riété A'Adiantnm se distingue du type si commun dans les grottes
humides des provinces méridionales de l'Europe, par la grandeur et
l'insertion oblique de ses folioles (III. hort. V liv. 1885).
\J Adianlumcapilhis neneris L. remonte jusque dans le Bugey. Nous
l'avons récolté près du fort de Pierre-Châtel, sur les bords du Rhône.
A Lyon, on le trouve aux Etroits, dans la grotte de J.-J. Rouss;eau.
AlocasiaXPucciana . — Hybride obtenu au jardin municipal de Flo-
rence par le croisement artificiel de VAlocasia Ptitzcijsi par le pollen
— 53 —
de VA. T/nbautia/i a. Plante excessivement remarquable, si la figure
coloriée qui en représente la feuille est exacte. Face supérieure de la
feuille à nervures saillantes blanc verdàtre, limbe vert grisâtre réticulé
de lignes blanc d'argent se fondant dans de larges marges blanches
parallèles aux nervures ; face inférieure marron purpurin unie et lui-
sante. (Bill/, soc. (ose. di ortie. Atino X, n° 1.)
Alocasia reginœ N. E. Brnwn. — Nouveauté introduite de Bornéo
par la Compagnie continentale d'horticulture. Pétioles pubescents,
feuilles épaisses, en cœur vert foncé à la face supérieure, pourpres en
dessous. Spatlies blanches avec le tube pointillé de pourpre. Espèce
distincte très l'emarquable. (///. hort. V' livr. 1885.)
Anthurium Margarilœ. — La plante qui porte ce nom vient de fleu-
rir à Gand dans les serres de la Compagnie continentale. C'est un
hybride obtenu par la fécondation de l'A. Schertzerianum par le pollen
de \'A. Andreanum. Les feuilles ont la forme de celles de la mère ;
les fleurs la forme de celles du père et sont d'un coloris rose tendre.
(///. hort. n° 1. A. 1885.)
Bescliorneria Dcconteriana. — Amaryllidée du Mexique. Inflores-
cence haute de 1 m. 50. Fleurs pendantes, longues d'environ 6 cent,
verdâtres avec une bande rouge-brun sur la ligne médiane de chaque
segment du perianthe. Feuilles épaisses, en lanières, longues de 60 à
70 cent., disposées en rosette basillaire. [Bot. Mag. 1884, pi. 6768.)
Cereus paueispinus Engelm. — Cactée originaire du Nouveau-Mexi-
que. Espèce de petite taille à tige ovoïde cylindrique, côtelée et ma-
melonnée. Fleur rouge-ponceau de 6 à 7 cent, diamètre, comprenant
une trentaine de pétales. [Bot. Mag. 1884, p. 6775.)
Dendrohiiim Ha-'iselti Bi. — (Indes Néerlandaises) Serre tempérée.
Tiges érigées, fusiCormes, de 0,30 de longueur, munies d'une gaine
brun grisâtre. Feuilles raides, lancéolées, larges de 2 cent., longues
de 7 cent, canaliculées. acuminées, nombreuses grappes de fleurs rose
pourpré. (///. hort. 1" liv. 1885.)
Evomjmvs eiiropevs foliis argenteo-varirgutis. — Variété du Fusain
d'Europe à feuille colorée de blanc jaunâtre nuancé de rose et de vert
pâle. Obtenue par M. Julis, à Chrudim, en Bohême. [Rev. hort. n° 3,
1885.)
Hœmanthus Kalherinœ Baker. — Amaryllidée originaire de Natal,
introduite en Angleterre par M. Kert. Hampe haute de 30 centimètres,
terminée par une grosse ombelle de fleurs rouge-écarlate. Feuilles réti-
culées par des nervures saillantes reliées entre elles par des veines
nombreuses. [Bot. Mag. 1884, pi. 6778.)
Jxora Pilgrimi. — Cette variété est un semis de Vlxora Wiliiamsi,
obtenue par M. E. Pilgrira, grand amateur de plantes de serre chaude,
à Cheltenham (Angleterre). La plante, qui est vigoureuse, a été mise
au commerce en 1882. Le corymbe est de belle dimension, les fleurs
sont d'un louge éclatant. [Heo. d'Hort. belge et étrang. n° 2, 18S5.)
BhododeiidronXCavroni. — Cette variété, issue du B. Gibsoni, a été
obtenue par M. Oavron, horticulteur à Cherbourg. Ses fleurs, disposées
en corymbes pauciflores, sont grandes de 8 à 9 centimètres de dia-
mètre, d'un blanc pur lavé de rose tendre au sommet et à l'intérieur
des lobes. Rustique dans l'ouest de la France. Terre de bruyère. (Bev.
hort. n" 3, 1885.)
— 54 —
Stephanotis floribwida. Ad. Brgn. — Espèce fort remarquable de
la famille des Asclépiadées ; très commune dans les cultures anglaises,
où elle est surtout cultivée pour la flaur coupée. Fleur blanche agréa-
blement parfumée. Plante grimpante de serre tempérée. Demande la
pleine terre pour bien se développer. [Revi. de illorl. helqe et l'traii'j.
n» 3. 1885.)
Vriesea retroflexa. Ed. Morr. — Plante hybride issue du croisement
du V. scalaris fécondé par le i'. p.nltacina var. Morreniana. Floraison
de longue durée. Inflorescence pendante. Rappelle par le coloris le
V. psiltacina. Cet hybride, obtenu par M. IMorren, offre un phénomène
physiologique déjà observé sur des hybrides d'agives : c'est la florai-
son infantile des drageons qui fleurissent de suite et en même temps
que la touffe principale, [lielg. Iiorl. 1SS4, p. 185.)
Vriesea Wariningi, Eil. Morren. — Espèce nouvelle originaire du
Brésil; dédiée au professeur Warming. Plante de grande dimension.
Inflorescence en épi simple, très allongé (0 m. 50-70). Fleurs nom-
breuses, ascendantes. Bractées florales coriaces, jaune d'or passant au
vert. [Uelfj. hort. 1884, p. 261.)
Calendrier horticole.
Résumé des travaux et des semis à faire dans les jardins.
Février.
Jardin d'agrémenl. — On achève tous les travaux de terrasse-
ment et autres conamencés en janvier. Il est important d'exécuter
tous les labours qui doivent se faire au printemps, car le jardinier
sera suffisamment occupé le mois suivant à d'autres travaux impor-
tants. On peut enlever sans crainte les feuilles, paillis, terreaux, etc. ,
dont on a abrité les plantes frileuses, les froids rigoureux n'étant
plus à craindre. On taillera sans crainte les rosiers et tous les
arbustes qui doivent se tailler avant la poussée des feuilles. On peut
planter les plate-bandes de plantes vivaces, faire des bordures de
Buis, de Mignardises, de Pâquerettes, etc.
Bien qu'il soit encore un peu tôt pour faire des semis, on peut
cependant, à bonne exposition, eu pépinière, eu pots ou en terrine,
semer les espèces suivantes ;
Adonide.
Nigelle
Mufliers.
Belle de jour.
Phiox de Drummond.
Souci.
Bleuet.
Pied d'alouette.
Visparia.
Pavot.
Thlaspi vaiiés.
et3.
Julienne de Mahon.
Campanule miroir.
Némophile.
Cynoglosseà feu'i^* de lin.
Toutes les plantes vivaces rustiques — sauf celles dures à ger-
mer — peuvent être semées en février.
— 55 --
Jardin jjotagcr. — Le jardin potager devra être prêt à recevoir
les semis et les plantations. ( )n se rappellera toujours que i'^ngrais,
c'est-à-dire le iumier et les terreaux, est indispensable aux cultures
potagères. Autant que possible, on changera de place les diffé-
rentes espèces de l'année précédente. Aux légumineuses (Pois,
Haricots, Fèves), on fera succéder les Ognons, Echalottes, Epi-
naids, etc. On peut semer les :
Carottes.
Cresson alénois.
Oseille.
Radis.
Cerfeuil.
Fèves.
Panais.
Seorzonère.
Chicorée.
Lait^Ie^.
Persil.
Choux.
Navets hâtifs.
Poii'eaux.
Epinard.
Ognons.
Pois (divers).
Quand on ne dispose pas de beaucoup d'emplacement, on peut
semer très clair les Radis et Laitues dans les plate-bandes de
Carottes, Ognons et Poireaux. On peut également planter l'Estra-
gon, le Thym, l'Ail, l'Oseille, la Ciboule et autres plantes potagères
vivaces. A bonne exposition, on peut hasarder des Pommes de
terre hâtives qu'on abritera au besoin.
Sur couche, on peut semer tous les légumes dont on veut obte-
nir des récoltes hâtives.
Serres. — C'est le moment de rempoter toutes les plantes de
serre tempérées, à l'exception de celles qui n'ont pas encore fleuri,
telles que les Azalées, Camelhas, Rhododendrum, etc. On ne doit
rempoter celles-ci qu'après la floraison. Quand les genres comme le
Camellia, par exemple, ne font qu'une seule poussée dans l'année,
il est même préférable d'attendre que cette poussée soit faite.
La multiplication doit être très active et tous les genres princi-
paux doivent avoir leurs boutures en bonne voie de reprise.
On peut semer en serre les Bégonias bulbeux, Coleus, Wigan-
dia, Solanum, Gloxinias, Achimenes, Agave, Pétunias, Musa, etc.
et en général toutes les plantes de serre qui fleurissent dans le
courant de l'été.
Sur couches, on peut déjà semer une foule de plantes d'orne-
ment, mais il est préférable d'attendre le mois de mars, afin que
les plants ne viennent pas trop forts avant la belle saison.
Jardin fruitier . — Les arbres à fruit, sauf le Pêcher, doivent
être suivis attentivement. Les vieilles écorces, bois mort, lichen,
etc., doivent être nettoyés avec soin. Les individus envahis par les
insectes, les cryptogames, seront badigeonnés soit avec du pétrole
ou de la matière des fosses qui détruisent les plus dangereux. Le
puceron lanigère lui-même ne résiste pas à plusieurs opérations
analogues. La taille devra être terminée, pour les arbres à fruits à
pépins, vers la fin du mois.
On coupera toutes les sommités des branches des pêchers plein
vent qui menacent de prendre un accroissement trop considérable
— 56 —
au détriment des branches plus faibles. On ne taillera les cour-
sons qu'après la floraison, quand le fruit sera de la grosseur d'une
grosse noisette.
Ou doit terminer au plus vite les plantations, principalement
celles des essences les plus précoces à développer des feuilles et
des radicelles.
Pomologie.
(Observations sur les Poires. — Suite).
Jalousie. — Syn. : 1° d'Or ; 2" de Pucelle ; 3° Gros-Martin seo; 4° Martin
sire. — Arbre très ancien qu'on retrouve rarement ; très fertile. Fruit moyen
de 2° qualité. Maturité courant septembre.
Jalousie de Fontenay. — Syn. : 1° Jalousie de Fontenay- Vendée ; 2» Belle
d'Esquermes; 3° Poire de Fontenay- VeDdée. — Arbre assez vigoureux qui
se conduit sous toutes formes; assez fertile. Fruit moyen, très bon. Maturité
courant septembre.
Jalousie tardive. — Syn. : 1° poire Café de Brest; Cuisse-Dame d'hiver ;
4° Longohiffre. — Arbre de vigueur modérée, qui se conduit sous toutes
formes; assez fertile. Fruit moyen de 2° qualité. Maturité de décembre à
janvier. Routin.
REVUE DES CATALOGUES
DÉLAUX ET FILS, horticulteurs à St-Martin-du-Touch près Toulouse (Haute-
Garonne). — Catalogue des nouveautés inédites, obtenues de semis dans
rétablissement : Ciirysanlhèmes japonais, Ch. à grandes fleurs de la Chine,
Ch. de la Chine à petites fleurs, Ch. de l'Inde à fleurs de renoncules, Ch. à
floraison précoce, Abutilons, Cannas, Géranium zonale à fleurs doubles et à
fleurs simples, Héliotropes, Pentstemons, Verveines, etc.
E. Pynaert-Van Geert, horticulteur, ancienne Porte de Bruxelles à
Oand. — Extrait du prix-courant du printemps 1885. Plantes de serre chaude,
de serra tempérée, de pleine terre. Collectious diverses, Clivias. Poire nou-
velle : Triomphe da Todrnai. Nouveautés diverses.
RozAiN-BoDCHARLAT, sucsesseur de Boucharlat aîné, horticulteur, àCuire-
les-Lyon.- Plantes nouvelles mises au commerce au P' février 1885. Pelar-
goniums à grandes fleurs, zonales à fleurs doubles, zonale à fleurs simples,
peltatum. Fuchsias, Héliotropes, Véroniques, Chrysanthèmes, Pétunias, Ver-
bena.
Bruant, horticulteur à Poitiers (Vienne-France). — Catalogue spécial des
plantes nouvelles mises en vente par l'établissement : Verbeaina Mameana,
Caraguata Andreana, Pitcairnia Maroni, Bégonia, Pelargonium zonale,
Pétunias, Héliotropes, Verveines, Abutilon Thompsoni flore pleno, etc.
Jacquemet et Bonnefond, horticulteurs-marchands-grainiers à Annonay
(Ardèche) et à Lyon, place Bellecour, 2. — Catalogue et piix-courant pour
le printemps et l'automne 1885 de graines et de plantes potagères, fourragè-
res et céréales. Graines d'arbres, d'arbrisseaux, arbres foret-tiers et d'orne-
ment. [A suivre.')
Lk Gkrant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Irapriraerio Bkllon, rue do la Républiquo, 31.
1885 FÉVRIER N° 4
'^A(WVl/w^/^A«^f( I
CHRONIQUE
Les Semis. — Il arrive assez fréquemment qu'après avoir confié
des semences à la terre, le semeur est très étonné de ne pas les
voir germer du tout; alors souvent il accu.^e la trraine d'être de
mauvaise qualité, ce qui arrive bien quelquefois, mais pas toujours ;
ou bien il s'en prend à la lune qui n'en peut pas davantage.
La plupart du temps, si les graines semées ne germent pas, cela
tient aux mauvaises conditions dans lesquelles le somis a été fait.
Il faut qu'on sache que beaucoup d'espèces ne germent pas à toute
époque de l'année, et qu'il y en a un assez bon nombre qui veulent
être stratifiées en teini-s oppcrlun pour germer à leur époque ;
d'autres ne germent pas dès qu'elles sont un peu trop recouvertes,
— de ce nombre sont la plupart des graines fines. — Très souvent
aussi les graines germent en terre et, périssent avant de sortir,
parce que de mauvaises conditions climatériques, — froid, humi-
dité, — succèdent à quelques beaux jours qui ont provoqué la
germination.
Il est donc prudent de ne jamais trop se hâter de semer les
plantes un peu délicates surtout quand on ne dispose pas d"un
châssis.
Pour les graines fines, il convient de battre le sol, do les semer
à la surface et de les recouvrir légèrement de terreau. On recouvre
à peine le semis de paille longue ou de fumier de litière bien
pailleux, afin de pouvoir arroser fréquemment le semis, car il
importe de tenir le terrain frais.
Quand on sème une espèce plus ou moins rare dont on ne
connaît pas la culture, il est utile de la semer en pot afin que dans
le cas où elle ne germerait pas comme les autres on puisse con-
server le semis jusqu'à l'année suivante. Il y a des espèces assez
nombreuses qui mettent souvent de 6 mois à 2 ans pour germer.
— 58 —
Si on tient à liâter la germination d'espèces un peu longues à
germer, on peut très bien les laisser tremper pendant un jour ou
deux dans l'eau et les ttnir ensuite dans un sac de papier placé
entre deux linges humides. On sème ensuite dès que les graines
commencent à germer.
VJnUujUis vulnéraire. — Cette plante a des aptitudes à croître
dans les sols pauvres, de nature et d'expositi(>n variées et sous des
climats différents. Ces qualités ont engagé plusieurs écrivains agri-
coles à appeler sur elle l'attention des cultivateurs. <i Ils avaient,
dit le journal la P'endée, été précédés dans cette voie par les
Allemands qui, avec l'esprit pratique et persévérant qui les carac-
térise, avaient trouvé dans VJnlhyllis une plante merveilleusement
adaptée à la mise en culture fourragère des sables de la Silésie
pruss/enne, sables analogues à ceux de nos landes et qui, autrefois
stériles, ont été fertilisés par la culture des spergules, des sarrasins
et surtout des lupins. »
Dans nos contrées, j'ai rencontré l'Anthyllis vulnéraire, dans des
sols très pauvres, des sables, des terrains caillouteux, où elle croît
admirablement. L'an dernier, je l'ai rencontrée au Charmant-Som,
près de la Grande-Chartreuse, à une altitude de près de 2,000
mètres. La valeur nutritive de ce fourrage est, d'après les analyses
de Broker, plutôt supérieure à celle du trèfle rouge. En méde-
cine, on attribue à cette plante des propriétés astringentes et
vulnéraires. Pilée et appliquée en topique et prise en décoction
aqueuse, on la considère dans les campagnes comme propre à cica-
triser les plaies, à résoudre les contusions et à prévenir les suites
des chutes et des commotions.
Exposition cV horlicnlluro de Mar.wille. — La Société d'Horticul-
ture et de Botanique de Marseille ouvrira, en mai prochain, une
Exposition de Fleurs, Fruits, Légumes, etc., sur le Quinconce des
allées, dont le programme sera publié incessamment.
Du surgreffage. — On sait que le surgreff'age est une opération
qui consiste à. greffer sur un sujet une variété très vigoureuse qui
fournit alors une poussée droite et forte sur laquelle on pose
ensuite la greffe de la variété que l'on veut obtenir en dernier
ressort. On surgrelïe toujours quand on tient à avoir rapidement
de beaux Poiriers parmi les espèces de mo^-enne vigueur. M. Olin,
à St-Etienne, emploie la variété Comtesse de Marne comme sujet à
surgreffer les Poiriers hautes tiges. Ce sujet se prête fort bien à
ce genre d'opération.
— 59 —
M. Carrière, dans la fleruc lioriicole, recommande V lùp-ain Cou-
turier comme très vigoureux et donnant de très beaux résultats.
Cet égrain a été obtenu par M. Couturier, pépiniériste à St-Michel-
de-Bougival. Pour les Pruniers, M. Carrière recommande le /'rtouer
bleu de Perse, sorte locale, peu connue, mais très méritante.
Le Doucin amélioré ou Doucin d'Angers est, d'après le même
auteur, une excellente variété intermédiaire entre le Paradis et le
Doucin. C'est un sujet d'autant plus précieux qu'il a toutes les
qualités du Paradis qui ne pousse plus guère dans certaines
localités.
On obtiendrait très vite d'excellents sujets cà surgrefFer si, dans
les semis de Poiriers, Pruniers et Pommiers, on voulait bien s'oc-
cuper de la question. Au lieu de rechercher les beaux et bons fruits,
il suffirait de chercher les arbres les plus vigoureux et de les
affecter à cet usage. Du reste, toutes les variétés très vigoureuses
émettant des jets droits et forts peuvent être employées au
surgreffage.
Le Rosa polyanllia pour sujet à greffer. — L'an dernier, M. Aléga-
tière a appelé l'attention des rosiéristes sur le flosa pol;/anltia à
fleur simple employé comme sujet à greffer les rosiers. Les
résultats qu'il avait obtenus en greffant des rosiers thé sur des
tronçons de racine de cette espèce japonaise ont tenté plusieurs
rosiéristes, qui y ont essayé la greffe en écusson sur le collet de
la racine. Parmi ces rosiéristes, M. A. Bernaix, horticulteur à
Villeurbanne, a montré dans les séances du 19 janvier et du
15 février dernier, tenues par l'Association horticole lyonnaise,
plusieurs variétés de rosiers greffés sur ce sujet. Les plantes pré-
sentées étaient très vigoureuses et leurs racines bien ramifiées et
garnies de chevelu.
Les mérites du Jiosa pohjatUlm comme sujet à greffer semblent
donc s'affirmer d'une manière précise. D'abord cette espèce est
d'une germination très facile, car les graines lèvent aisément en
un mois ou deux, si on les sème en février ou mars, sans stratifi-
cation préalable. Ensuite les racines ramifiées peuvent entrer dans
des pots de faible calibre et faciliter ainsi, non-seulement l'empo-
tage, mais encore la végétation des plantes. Enfin on dit que le
Rosa polynnlha ne drageonne pas. Si cette dernière affirmation est
exacte et se vérifie partout, nous pouvons prédire un brillant
succès au Rosn polijantha à fleur simple.
Pèche précoce du Cnuaila. — Pfii'mi les nouvelles pêches h;'i(ives,
dit la Ile}'^ linriicolc. il en est une qui. par son mérite, paraît
l'emporter sur toutes les autres. C'est la Prdie précoce du Canada.
— 60 —
L'an dernier, elle a mûri ses fruits chez M. Boucher, horticulteur
à Paris, huit jours avant ceux de la variété Âmsden. Elle est petite,
mais parait avoir un avantage marqué sur la variété Amsden,
celui d'avoir la chair non adhérente au noyau.
L'adhérence ou la non adhérence de la chair au noyau, dans
certains cas paraissent résulter des conditions de sol et de climat
où croissent les pêchers et aussi du degré de maturité des fruits.
Cependant, il est probable que cette qualité ou ce défaut sont
originels et constituent un caractère physiologique plus ou moins
permanent, qui s'accentue ou s'atténue dans certaines conditions.
De (^influence du pollen sur les caradèrcs des hybrides. — On a
disserté à perte de vue à propos de l'influence des parents sur les
caractères des individus d'origine hybride; on a dit que le père,
(c'est-à-dire la plante qui fournit le pollen) n'exerce pas une
influence aussi considérable que la mère (la plante fécondée), et
qu'en général cette dernière semblait communiquer ses propres
caractères d'une manière prépondérante. Cette appréciation n'est
pas toujours juste, et il y a des cas où les hybrides semlilent
déjouer toutes les prévisions. Il y a trois ans, j'ai fécondé artifi-
ciellement le Rosier Thé safrano par un Mosa (jallica à fleur simple
récolté à l'état sauvage aux environs de Lyon. La fécondation,
qui a parfaitement réussi, m'a donné cinq graines qui ont germé.
Les sujets issus de ces cinq graines ne se ressemblaient pas entre
eux. Deux ont péri. Les trois survivants n'ont pas encore fleuri,
mais ils ne ressemblent par le bois, les aiguillons et le feuillage ni
au père, ni à la mère. L'un de ces individus a toutes les allures
d'un Bosa arvensis^ car il émet de longues tiges rampantes, flexibles,
exactement comme cette espèce, type des Ayrshires.
Une Fougère nouvelle pour la Flore française. — M. Blanchard,
jardinier-chef au jardin botanique de Brest, publie dans la Bévue lior-
licole [x\° 3, 1885) une note relative au Laslrca œmula, fougère qui
croit spontanément à Madère, aux Acores et au îles du Cap Vert.
Cette espèce a été découverte par M. Joseph Lafosse qui la ren-
contra d'abord parmi les autres espèces qui croissent au pied de la
montagne du Roule près Cherbourg. Elle a été rencontrée ensuite
par M. Blanchard qui l'a trouvée aux environs de Landerneau en
Bretagne, depuis l'étang du Raal jiisiiue près de la gare de Landi-
visiau.
Exposition inlernationale dlmrlicuUure à Paris. — Nous rappelons
aux horticulteurs que la Société nationale d'horticulture de France
organise dès maintenant une Exposition internationale des produits
— 61 —
de l'horticulture et des industries qui s'y rattachent. Cette exposi-
tion aura lieu à Paris du 20 au 31 mai 1885. Nous engageons
vivement les horticulteurs et les industriels de se faire représenter
à cette Exposition. En associant leurs efforts à ceux de la Société
nationale, ils montreront que l'horticulture française est digne à
tous égards de la haute réputation qu'elle s'est acquise depuis
longtemps. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 17 janvier 1885 , tenue dans l:i
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. B. Comte, vice-président.
La séance estouverte à 2 heures 1/4.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
Correspondance. — La correspondance se compose :
1° Lettre de M. le Secrétaire général de la préfecture da Rhône annon-
çant l'envoi d'une copie de la dépêche ministérielle faisant connaître que
rien ne paraît devoir s'opposer à ce que les sociétés horticoles profitent de
la tenue du concours régional qui se tiendra à Ljon pour y annexer des
expositions particulières ;
2° Copie sus-mentionnée informant M. le Préfet du Rhône que l'adminis-
tration de l'agriculture partage l'opinion formulée le 24 décembre dernier,
au nom de l'Association horticole lyonnaise, par M. Viviand-Morel savoir
« qu'il serait très regrettable que le prochain concours agricole régional qui
se tiendra à Lyon, en 1885, ne fut pas l'occasion d'une grande manifestation
horticole dans un département comme le Rhône où l'horticulture a pris une
grande extension. » L'administration ne peut voir que favorablement les
sociétés horticoles profiter de la tenue du Concours régional dans une ville
pour y annexer des expositions particulières, car le succès de ces exposi-
tions sert en même temps les progrès de l'horticulture et rohausse l'éclat de
l'ensemble du concours ;
3° Lettre de M. Bouffier, adjoint au maire de Lyon, en date du 9 janvier,
en réponse à la pétition adressée parles horticulteurs lyonnais à M. le Maire
de Lyon, en vue d'obtenir que la ville de Lyon annexe au Concours régional
une Exposition d'horticulture. M. l'adjoint pense que rien ne paraît devoir
s'opposer à ce qua cette exposition ait lieu comme en 1877, mais qu'en rai-
son de l'existence de deux sociétés d'horticulture à Lyon il estime qu'une
entente préalable entre les sociétés susdites est indispsnsable pour assurer
à l'exposition projetée une organisation qui ne laisse rien à désirer ;
4° Lettre de M. le Président de la Société d'horticulture pratique du
Rhône, informant l'Association horlicole lyonnaise, que M. le Maire de Lyon
désire voir s'établir une entente entre les deux sociétés pour l'organisation
de l'Exposition plus haut mentionnée et donnant à M. le Secrétaire de la
Société d'horticulture plein pouvoir pour s'entendre le plus rapidement pos-
sible avec le secrétaire de l'Association horticole.
Vu l'urgence des diverses questions contenues dans la correspondance,
l'assemblée décide de procéder immédiatement à la nomination d'une Com-
mission composée de six membres dont deux seront délégués immédiatement
auprès de la Commission de la Société d'horticulture pratique.
Pour faciliter la nomination de cette Commission la séance est suspendue
pendant fsuelques instants.
Il est procédé au scrutin de liste qui donne : votants 50, majorité 26.
— 62
Ont obtenu :
M. Comte . .
M. Cousancat
M. Métrât \ .
M. Musset . .
M. Therrj . .
M. Berihinr ,
49 voix.
49 —
46 —
41 -■
40 —
39 —
En oonséquence, la Commission se compose de MM. Comte, Cousai.cat,
Métrai, Musset, Therry et Berthier.
M. le Secrétaire général dépouille la correspondance imprimée, il signale
les principaux articles intéressant Thorticulture qui sont contenus dans les
Revues et Journaux honicoles reçus par notre Compagnie depuis la dernière
réunion; il appelle en outre l'attention de l'assemblée sur une circulaire de
la Société d'horticulture de Chalon-sur-Saône à propos d'un plébiscite inter-
national du Chrysanthème.
Présentations. — Il est donné lecture de sept candidatures sur lesquelles
conformément au règlement il sera statué à la prochaine réunion.
Admisitons . — Sont admis'MM. :
Desporte (Guy), géomètre diplômé, rue Montagny, à Tarare (Rhône), pré-
senté par MM. Godde et Rivoire fils ;
Rémond, propriétaire à St-Martin-en-Coilleu (Loire), présenté par MM.
Rivoire fils et Glénat ;
Laban (François»), jardinier-chef h l'Ecole d'agriculture pratique d'Ecully,
présenté par MM. Rivoire fils et Viviand-Morel ;
Bcrrjourl (Alphonse), photographe, 2, l'ue des Archers, Lyon, présenté par
MM. Chrétien et François Gaulain ;
Peroet (Anioine), jardinier chez M"« Liandras, quai du Vernay, 53, à
Caluire (Rliône), pié»emé par MM. Goiffon (Beuuîi) ei Gilland (Pierre);
Perillat (Jean), cafetier, 47, cours Lafayeiie, présenté par MM. Chrétien
et Emain ;
Lerouge (Louis), jardinier chez M"" Petrequin, à Fontaines-sur-Saône,
présenté par MM. Beney et C. Lavenir ;
Cl. Cottey, jardinier-fleuriste, 58, Grande-Rue à Oullins (Rhône), présenté
par MM. Juttet et Berthier;
Chftzalet (Benoît), jardinier chez M. Dépinet, à Lapape par Miribel (Ain),
présenté par MM. Chavagneux et Champallo ;
Belmont aîné, iriarchand de métaux à la Tour-du-Pin (Isère), présenté par
MM. Accarie et Schwaitz ;
Sagnant, propriétaire à Tassin-la-Demi-Lune, présenté par MM. Accarie
frères ;
Bonnard (François), chef de culture chez M"' V' Joly, horticulteur, chemin
de St-Alban à Monplaisir, présenté par MM. Cl. Jacquier et Gaulain ;
Mioland. jardinier chez M. de Longeville, au château de Pressy par St-
Bonnet-da-Joux (Saône-et-Loire), présenté par MM. Chrétien, Gaulain et
Hoste;
M. le Docteur Perronnet, 22, rue Thomassin, Lyon, présenté par MM.
Carie et Viviand-Morel ;
Jouffray (Eugène), cafetier, route de Grenoble, à Monplaisir-Lyon, 107,
présenté par MM. Carie et Claude Jacquier ;
Laverrière, cafetier, avenue des Ponts, (30, Lyon, présenté par MM. Carie
et Clapot ;
Sanibet, hôtel du Cheval-Noir, 9, rue deTiion, Lyon-St-Just, présenté
par MM. Carie et Girard;
Tiueb, horticulteur à Bàle (Suisse), présenté par MM. Carie, Claude
Jacquier et Tillet ;
Evaristfl Mertens, horticulteur, à Schaffhouse (Sui-sej, présanté par les
mêmes ;
— 63 —
Henri Pasche, horticulteur en Plan, près Vevay (Suisse), présenté par
MM. Carie et Hoste ;
Boucher, fabricant de serres et chauffage?, à Lausanne (Snisse), présenté
par MM. Carie et Claude Jacquier ;
Pingeon (Albert), horticulteur, 93, rue Jeanoin, à Dijon, présenté par
MM. Bélisse et Viviaod-Morel.
Examen rfes apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Perreton, jardinier chez M. Fittler à Lyon, un beau pied d'Adian-
tum Farleyense remarquable comme bonne culture; deus Primevères de la
Chine d'un joli coloris et à pétales excessivement franges ;
Par M. Chsnjpille, deux œillets en pots de semis, doat un qu'il nomme
M. Etienne Sclinntt, est à fond jaunâtre panaché de rose, l'autre M"° Marie
Valte. est d'un blanc jaunâtre panaché do rose vif ; cas deux variétés sont
présentées comme remontantes; l'apport de M. Chempalle étiit accompagné
de quelques iieurs d'oeillets de coloris variés;
Par M. Liabaud, montée de la Boucle. Lyon, une poire non encore au
commerce, obtenue d'un semis fait il y a environ trente ans et qu'il se pro-
pose de nommer Alexandre Chômer. Le fruit a un peu l'aspect d'une Nouvelle
Futvie, assez gros, à chair blanche, juteuse, fondante, grain fin et de pre-
mière qualité ;
Par M. Bernaix, rosiériste à Lyon, un pied de l'hybride remontant Prin-
cesse of Cambridge et un hybride remontant variété La Reine. Ces deux varié-
tés ont été greffées sur semis de R. Polyantha, comme on procède pour la mul-
tiplication des rosiers greflTés sur collet d'églantier. Les sujets présentés sont
forts et vigoureux, bien enracinés ; les racines sont garnies de nombreux
chevelus.
M. Bernaix dit que les rosierg greffés sur Polyantha sont supérieurs pour
la culture en pots à ceux greffés sur églantier, et ce modo de propagation
rendra de très grands services pour la culture forcée. Les sujets poussent
plus vite et fleurissent de 10 a 15 jours plus tôt que ceux greffés sur églan-
tiers ; ils ont en outre l'avantage de ne pas émettre de rejetons ; les thés
réussiraient tout aussi bien que les hybrides.
M. Bernaix fait encore ressortir les avantages que présenterait le Polyan-
tha pour la culture du rosier : les graines semées au mois de mars lèvent la
même année d'abord; les sujets qu'il présentent ont été semés au mois de février
et grefl'és au mois de septembre; il n'est nullement difficile comme qualité
de terrain. Les semis ont été faits dans un terrain non miné, mais seulement
cultivé à la bêche à une profondeur d'environ 0,50 centimètres. La situation
du terrain était le long d'un mur placé au midi, et, comme on le voit par les
sujets présentés, ils se sont bien accommodés de ce genre de culture, sont
devenus forts et vigoureux et ont émis de nombreuses racines. C'est donc un
sujet qui mérite d'être vu de près et surtout d'être séiieusement étudié;
Par M. J. Jussaud, une botte de chicorée sauvage ou B?>rbe de capucin ou
amère de Paris. Les plantes présentées ont été placées à l'entrée de l'hiver
80US les banquettes de serres dans du sable; elles n'ont reçu de temps à autre
qu'un simple bassinage ; seulement pour obtenir des feuilles excessivement
blanches et surtout tendres comme celles présentées il faut absolument que
peudaut le développement les plantes soient privées de lumière et qu'elles ne
reçoivent pas une trop grande quantité d'air ; il ne s'agit pour cela que de
placer des châssis en bois qui ne laissent circuler que l'air nécessaire au
développement de la végétation.
Pour juger tous ces apports il est nommé deux Commissions dont une
composée de MM. Jacquier fils, F.Morel fils et Berthier pour la pomologie,
et une pour la floriculture, composée de MM. Carie, Bouoharlat et La-
bruyère.
Ces Commissions après examen proposent d'accorder à M. Perreton une
prime de 1" classe pour l'ensemble da son apport.
La Commission prie en outre l'Assemblée de voter des remercîments :
— 64 —
A M. Altxandie Rernaix pour son apport et les renseignements qu'il a
donnés sur la mul'i|licatioti des rosiers par la givffe sur If Rosa polyantha ;
A M. Jussaud pour son apport et les rtinseiguements dont il l'a accom-
pagné.
Piiur les autres apports la Commission demande l'inscription au procès-
veibal. Relalivemeni à la Poii'e Alexandre Chômer, elle prie M. Liabaud de
demander en temps o^iportun la nomination d'une Commission spécile qui
jugi-ra définitivement ce fruit qui paraît très méritant.
Ces diverses propositions mises aux voix sont adoptées à l'unanimité par
l'Afsemblée.
D'xtribiition d-s méilm'lles obtenues pnur n/iporis pendant les séances de l'année
1884. — M. le SeuieiHire ^^éneral di'Dne 1 cture de la litte al^rhabétique des
8(iCiéiairei- qui ont ob enu des pr.mes pnur leurs apports sur le bureau pen-
daiit l'année 1884. 11 rappelle à ce propos l'article du Règlement intérieur
qui fixe ainsi la valeur' des primes : Prime de 1'° classe, 3 points ; prime de
2° classe, 2 points ; prime de 3° classe, 1 point. Le nombre des points néces-
saires pour obtenir des médailles de différente valeur est le suivant: 3 à
6 points, médaille de bronze; 7 à 12 points, médaille d'argent; 13 à 19
points, médaille d'argent grand module ; 20 points et au-dessus, médaille de
vermeil. Celui des sociétaires qui obtient le plus grand nombre de points
pendant l'année reçoit une médaille d'or.
L'addition des points obtenus pendant l'année écoulée donne les résultats
Euivants :
Médaille d'or : M. Liabaud ;
Médaille d'argent grand module : MM. Crozy fils aîné, Francisque Morel et
Sclnvarlz ;
Médaille d'argent: MJL Boucharlat jeune, Chavagneux, Clapot, Hoste,
J. Jacquier fils. Pernet-Ducber, Rivoire fils ;
Médaille de bronze: MM. Alégatière, Boucharlat aîné, Bonnaire, Carie,
Chaudy, Dubreuil, Guillot fils, Lapeute, L. Lille et Benej, Molin, Page,
Rollet, Verne.
M. le Président remet les médailles susdites aux personnes qui les ont
obtenues.
La Commission des finances ayant déposé 8on rapport sur la situation
financière de la Société et sur le budget provisionnel pour 1885, il est donné
lecture du dit rapport.
L'assemblée, sur la proposition de la Commission, vote des remercîments à
M. J. Jacquier, trésorier, pour la régularité et l'ordre avec lesquels les livres
sont tenus, ainsi que pour les bons soins qu'il apporte à la gestion des inté-
rêts de notre compagnie.
L'assemblée décide la suppression de l'abonnement au Gardners-Chronicle.
A propos de la question d'augmentation de la somme de ICO fr. pour gra-
tificHtion au secrétariat. M. Gaillard émet l'avis que cette somme soit portée
à 2( 0 IV. ; plusieurs membres se rallient à la proposition de M. Gaillard,
qui mise aux voix est adoptée à l'unanimité.
L'assemblée vote ensuite des remercîments à M. le Ministre de l'agricul-
ture, à l'administration préfectorale et municipale, au Conseil général du
département, au Conseil municipal, ànotre président, M. le député Dutaillj,
pour les subventions et allocations qu'ils ont bien voulu nous accorder ou
nous faire obtenir, ce qui nous a permis de pouvoir équilibrer favorablement
notre budget.
Sur la proposition de M. Pitaval, l'assemblée vote des remercîments à la
CommissioQ des finances pour le rapport très détaillé qui nous est présenté,.
L'ensemble du rapport mis aux voix est adopté.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Le Secrétaire-adjoint, J. Nicolas.
>- 65 —
Strelitzia reginœ Ait.
Il y a un peu plus d'un siècle que Banks introduisait du cap de
Bonne-Espérance, en Angleterre, une des plus belles et des plus
curieuses plantes qu'il soit possible de voir. A son apparition dans
les collections anglaises, la nouvelle venue produisit une impression
profonde dans le public horticole. Cette plante, que les botanistes
classèrent dans la famille des Musacées, entre le genre Bananier
et l'Arbre des voyageurs, fut dédiée à une reine d'Angleterre, la
reine Charlotte, née duchesse de Mecklembourg-Strelitz, et fut
— 66 —
baptisée StveUizia rer/uiœ. Nous en donnons ci-contre la figure que
nous avons fait reproduire.
La physionomie singulière de l'inflorescence du Strelilzia qui, vu
de loin, imite grossièrement certains rostres d'oiseaux huppés, tel
que celui de la grue couronnée, par exemple, intéresse même le
public le moins connaisseur, qui n'est guère habitué à rencontrer
dans le règne végétal des fleurs de grande dimension d'un aspect
insolite mi-partie jaune d'or et bleu de ciel.
Le fait est que la fleur des Slrelltzia ne se présente pas comme
toutes les autres. Sur une hampe haute de 1 mètre environ, garnie
de bractées écailleuses, engaînaates qui l'emprisonnent, surgit tout
à coup au sommet une grande spathe oblique ployée en nacelle
dont les bords se rapprochent, mais pas assez pour empêcher de
sortir lentement 8 à 10 grandes fleurs dont les sépales assez grands
sont d'un beau jaune d'or, tandis que les pétales érigés divergents
sont colorés en bleu parfaitement pur.
D'autre part, les feuilles, longuement pétiolées, à pétiole canah-
culé en dessus, à limbe élargi ovale oblong trois fois plus court
que le pétiole, sont disposées avec élégance et forment une agréa-
ble garniture à ces fleurs remarquables.
La patrie du Slrelilzia reginœ — le Cap — indique suffisamment
que cette plante doit se cultiver en serre tempérée pendant l'hiver,
et il est probable mieux dans un sol où domine l'élément granitique
que dans un sol calcaire. Pendant l'été, je suppose que la culture
en plein air serait possible, attendu que plusieurs plantes de climat
et de végétation analogues, prospèrent admirablement cultivées en
pleine terre pendant la belle saison. Qu'il suffise de mentionner le
Musa Ensete, les Cannas, les Papyus, etc. Comme la plupart des
plantes ne craignent pas la chaleur de fond, elles poussent beau-
coup plus rapidement quand leurs racines sont stimulées par le
calorique, il est important de placer les jeunes Strelilzia sur une
couche chaude si on tient à accélérer leur végétation. Comme
toutes les plantes à tissus spongieux, à limbe élargi, les Slrelitzia
demandent beaucoup d'eau pendant la végétation. Ceci se com-
prend du reste très bien, car la plante évapore beaucoup d'eau,
non seulement par la surface assez large des feuilles mais encore
par les pétioles qui sont de même consistance. F. G.
De l'Orthographe horticole
Autrefois la publication d'un catalogue était presque exclusive-
ment l'apanage des grands établissements d'horticulture ; aujour-
d'hui il n'en est plus ainsi et un grand nombre d'horticulteurs
— 67 —
usent de cet excellent moyen de publicité. Si parmi ces catalogues
et prospectus publiés par les fleuristes et les pépiniéristes on peut
en citer un certain nombre de bien rédigés, il y en a en revanche
une foule d'autres qui sont émaillés de fautes d'orthographe souvent
grossières. Les lois, usages et coutumes de la nomenclature bota-
nique n'étant pas bien connues de la plupart des jardiniers, nous
allons signaler ici celles qui nous paraissent les plus utiles à con-
naître.
JS'oms de genres. — La première lettre ou lettre initiale des noms
de genres doit toujours être désignée par une capitale.
Noms d'espèces. — La première lettre des noms d'espèces doit
être une minuscule sauf dans les cas suivants :
1° Quand les noms spécifiques sont tirés des noms d'hommes,
de divinités, etc., comme par exemple da.ns Fonda Samleriana,
(dédié à M. Sander), Caladium Chanlini, dédié à M. Chantin, etc.
2° Quand les noms spécifiques sont formés avec les noms des
anciens genres admis par les vieux auteurs. Exemple, Galium Cru-
ciata, Delpliinium Stapliysagria, etc., Cruciala et Siaphysagria étaient
autrefois des genres que Linné a jugé à propos de supprimer. Pour
conserver la mémoire de leur origine on écrit leur lettre iaitialo
par une majuscule.
On ne doit jamais écrire un nom d'espèce en langue française à
la suite d'un nom de genre latin, pas plus qu'il ne faut mettre un
adjectif latin à la suite d'un nom de genre français. Ainsi n'écri-
vez-pas Fusain japonicus, Fusain latifolius, ni Evomjmus à large
feuille; écrivez, Fusain du Japon, Fusain à large feuille, ou Evo-
nymus japonicus, Evomjmus lalifolius. Cette faute est une de celle
qu'on rencontre le plus fréquemment dans les catalogues des pépi-
niéristes.
Quand l'occasion se présente de citer un nom de plante latin,
l'usage veut qu'on emploie le masculin quand bien mâme ce nom
serait féminin. Ainsi les bons écrivains disent un Basa, un Lacluca
et nom une Rosa, une Lacluca, malgré que rose et laitue soient fémi-
nins en français.
Les noms de variétés écrits en langues étrangères ne doivent pas
être traduits en français. Si on veut les traduire il faut mettre la
traduction à la suite de ces noms.
On doit éviter de donner des noms latins aux variétés horticoles
afin de ne pas établir de confusion avec les noms d'espèces.
Malgré tous le.s soins apportés à la rédaction des manuscrits, les
personnes initiées dans l'art typographique avoueront avec regret
qu'il est impossible de pouvoir faire imprimer un catalogue sans
-^ 68 —
fautes. Plusieurs raisons concourent à les multiplier : 1° l'insou-
ciance des auteurs qui ne savent point corriger les épreuves ou
qui, ne voulant pas en prendre la peine, en confient la correction
à des imprimeurs qui, malgré leurs talents, ne connaissant point et
ne pouvant connaître les mots techniques qui leur passent sous les
yeux, laissent nécessairement échapper un grand nombre d'erreurs;
2° l'incorrection des épreuves à la tierce ; 3" les lettres qui s'enlè-
vent des formes mises sous presse, soit que les lignes des pages ne
soient pas bien justifiées, ou que les pages elles-mêmes ne soient
pas assujetties selon les dimensions requises ; 4" la précipitation
avec laquelle les ouvrages sont exécutés ; 5" la mauvaise habitude de
faire les épreuves au rouleau et non point sous la presse.
Il résulte de ce dernier inconvénient que la lecture des épreuves
au rouleau est beaucoup plus difficile, parce que l'empreinte des
caractères étant défectueuse, il n'est guère possible de s'apercevoir
de toutes les fautes, surtout à la fin des lignes, où les lettres sont
sujettes à doubler ou à se remplir : il arrive de là que souvent,
lorsqu'on jette un coup d'œil sur les feuilles sortant de dessous
presse, où le caractère est imprimé avec beaucoup plus de netteté,
on aperçoit des fautes échappées à la lecture des épreuves faites
au rouleau.
De là naissent les erreurs occasionnées par des lettres retour-
nées, doublées, mises l'une pour l'autre; ces dernières sont
désignées, en termes d'imprimerie, sous le nom de coquilles, qui
varient dans les voyelles et les consonnes.
Les coquilles dans les voyelles sont ordinairement beaucoup plus
graves que dans les consonnes, comme on peut en juger en fran-
çais par l'e au lieu de l'o, comme fermé pour formé; par ïi au lieu
de l'o, comme dans mille t^out molle; dans l'a pour l'o, comme dans
Crolalaria latifolia, pour /o«(/b//a. Cette dernière erreur est énorme,
puisqu'elle dénature un nom spécifique où l'on doit lire Crotalaire à
feuilles de Lolier, et non pas Crotalaire à larges feuilles.
Dans les consonnes, les coquilles ne sont jamais aussi graves ; il
en est de même des lettres doublées, comme eommestible pour comes-
tible, qui n'influent point sur le sens ou la valeur des mots.
Il échappe souvent à la lecture des épreuves au rouleau, des
coquilles difficiles à apercevoir, comme c, e ; o, c; o, a; n, r ; u, n;
f, f; et qu'on ne voit que lorsque la feuille est sortie de sous presse.
M. P.
— 69 —
Taille de la Vigne.
Dans les pays où l'hiver n'est pas rigoureux, on pourrait sans
danger tailler la vigne aussitôt après la chute des feuilles , mais il
n'en est pas de même dans les provinces où sévissent habituelle-
ment de forts abaissements de température pendant les mois de
décembre et de janvier, et des gelées avec verglas en février. Les
vignerons savent mieux que nous que le froid peut détruire les
bourgeons de la base des sarments sur lesquels ils établissent
généralement la taille d'un assez grand nombre de variétés, aussi
choisissent-ils habituellement le mois de mars pour tailler la
vigne.
La taille de la vigne est très simple, mais cependant très diffi-
cile, parce qu'il y a une question de tact malaisé à saisir, qui
consiste à faire produire au cep tout le fruit qu'il peut nourrir
sans porter atteinte à sa force et à sa vigueur. Un coup de ser-
pette de trop peut abattre deux raisins, tandis qu'un autre coup
en moins peut épuiser le cep ou le déformer pour plusieurs années.
C'est le milieu entre un excès et un défaut de production qu'il faut
savoir choisir.
Chacun sait que la vigne est un arbrisseau sarmenteux qui ne
donne, — sauf de rares exceptions, — ses fruits que sur le jeune
bois qui s'est développé sur le bois de l'année précédente. Le bois de
l'année qui se développe sur le vieux bois produit rarement des
raisins.
Les raisins sont toujours plus beaux à l'extrémité supérieure des
sarments qu'à leur base.
Sur deux sarments d'égale force, les raisins sont plus gros sur
celui dont les bourgeons forment les nodosités les mieux accentuées.
Ceci dit, la taille consiste à ne pas déformer le cep, — c'est-à-
dire à lui conserver la forme sous laquelle on le dirige, — à lui
faire porter tout le raisin qu'il peut nourrir et en même temps à
conserver le bois nécessaire pour obtenir l'année suivante une
autre récolte semblable.
La taille varie avec la vigueur des ceps, leur écartement et les
différentes sortes de cépages. Si le terrain est pauvre, que la vigne
pousse peu, il faut peu charger le cep ; le contraire doit avoir lieu
là où la vigne se développe avec vigueur.
Deux sortes de taille peuvent être appliquées à la vigne : la
taille à long bois et la taille à deux ou trois bourgeons. La taille à
long bois bien pratiquée est, à notre avis, bien supérieure à la
— 70 —
taille courte, parce i^ue les bourgeons situés à l'extr^'inité des sar-
ments contiennent toujours des grappes mieux conformées que
ceux de la base.
Si, par exemple, la vigne est plantée à un mètre de dislance en
tous sens, on peut laisser presque intact un des sarments de l'année,
tailler à deux yeux un autre sarment et rabattre sur le vieux bois
tous les autres. Le sarment laissé intact, incliné horizontalement
ou ployé en arc, portera les fruits; le sarment taillé à deux yeux
fournira les sarments de remplacement pour l'année suivante.
Quant à la longueur à conserver au sarment qui porte les fruits,
on pourra l'allonger ou la raccourcir, suivant la vigueur qu'auront
acquis les sarments de remplacement. Si, par exemple, on avait
trop chargé la vigne, on verrait un ralentissement dans les bour-
geons de remplacement; alors, il serait prudent de ne pas autant
allonger le sarment qui doit porter les raisins. Quand ou taille de
cette manière, chaque année on rabat complètement le sarment
qui a porté les raisins et on le remplace par un nouveau.
Si la vigne est plantée à grande distance, dans un sol fertile, on
peut laisser deux et même jusqu'à trois sarments producteurs ; on
peut charger de fruits tant qu'on ne s'aperçoit pas que la vigne
ralentit sa végétation.
Pour les vignes en treille, généralement on combine la tailîe
courte et la taille longue, c'est-à-dire qu'on taille un certain nom-
bre de sarments à deux yeux, et ceux des extrémités ou de prolon-
gement, sont tenus plus ou moins allongés. J. T.
CORRESPONDANCE
(A propos des Chrysanthèmes)
Nous avons reçu la lettre suivante de M. Carpentier^ secrétaire
de la Société d'horticulture de l'Orne :
Alençnn, le 2 févriei 1885.
Monsieur et cher Collègue,
Je trouve in.séré dans le dernier numéro ilu Lyon-lorticole un ti es intéres-
«ant rappoit de M. Hoste sur Texpoçitioa da Chrj-santho.-afS de Chalon sur-
Sdône.
Permettez-moi da vous signaler une lacune dans cette insertion.
Page 33, M. Hoste dit : « J'ai pensé qu'une liste des plus belles plantes,
relevées dans tous les lots, q'Je j ; donne à la suite da ce compte-rendu, serait
utile pour guider amateurs et horticulteurs dans leur choix. »
Au nom de notre Compaçnie, qui compte un assez grand nombre d'anaa-
teurs de chrysanthèmes, je viens vous prier de vouloir bien faire imprimer
celte liste dans le prochain numéro du journal.
— 71 —
Cette demande nous paraissant parfaitement justifiée, nous avons
prié M. Hoste de bien vouloir tenir la promesse qu'il avait faite
dans son rapport. A ce propos, il nous a envoyé la liste en ques-
tion qu'il fait précéder de quelques observations que voici :
a Cette liste de 50 variétés de Chrysanthèmes ne contient pas toutes le3
belles variétés. C'est un choix fait parmi les plus belles, et fuit surtout en
vue de varier autant que possible les nuances, cai- j'ai été à même de remar-
quer à l'Esposition de Chalon-sur-Saône, dans les colleotioas de fleurs cou-
pées, que lesi! tons jaune mordoré (1) ou rouille et lilas dominaient à toit, les
coloris rouges et blancs faisaient défaut.
J'ai préféré ne donner dans cette liste que des variétés japonaises à
grandes fleurs, parce que c'est le genre à la mode actuellement; mais je
donnerai volontieis par écrit, aux personnes que cela pourrait intéresser, les
noms des plus belles variétés des autres sections. »
Liste de 50 beaux Chrijianlhèmes à grandes fleurs, dits Japonais
Dont il est question dans le rapport sur l'Exposition de Chalon-sur-Saône.
Admiration (Lacroix), lilas satiné et blanc pur.
Amaratiiioa carminea (Delaux), amarante à revers blanc,
Anne Délaux (Dél.), rouge brillant, bordé jaune.
Aurore boréale (DélJ, rouge aurore, à centre or.
Beauté des jardins (Dél.), amarante clair, centre blanc
Belle Alliauce (L)él.), rouge foncé, à centre chamois.
Bdlle Paule (Pertuzés). blanc de neige, liseré lila*.
Belle Valentinoise (D. Rojdellet). superbe jaune canari.
Brise du malin (Dél.j, rose mauve glacé argent.
Colibri (Dél.), cramoisi iiuancé brun noir.
Eclatante (Lac), rouge feu mordorj, pointé or.
Emblème (Dél.), cramoisi velouté, strié et flimmé jaune.
Erecta superba (Henderson), lilas satiné, fleurs énormes.
Etincelle (Lac), ro'ige marron à revers jaunes.
Faustine (Lemoin»), rose saumoné, coloris unique.
Fernand Féràl (Dél.), rose mousseline et mauve.
Flamme de Punch (Dél.), jaune mordoré clair.
Fleur des Bois (Dél.). rouge Saturne à centre jaune.
Frison (Dél.), pétales étroits en spirale, jaune vif.
Gloire raj'onnante (Bernard), rose lilas vif, pétales tubulés.
Guillaume Delaux (Dél.). rouge grenat foncé.
Ile Japonaise (Dél.j, rose violacé argenté, pointé carmin.
lîidore Ferai (Dél.), rose tendre à centre doré.
Ladj Selbourne, blanc pur, superbe.
L'Or de France (Dél.), fond jaune d'or granité rouge.
Madame Bouch irlat (Dél.), violet velouté foncé.
Madame de Sevin (Dél.), amarante lilacé, centre blanc.
Madame Deveille (Dàl.), rose à centre blanc.
Madame Fera! (Dél.), rose mou-seliue à centre aigenté.
Mlle Antoinette Bruuel (Dél.), péiales tubulés, rose Cirminé.
Mlle Lacroix (Lac), blanc, centre nuincé crème.
(1) Mordoré ; couleur brune mêlée de rouge. En zoologie : couleur dorée mêlée
de noir et de rougeàtre. Vient du latin mort; (maure) ; auralus, doré.
— 72 —
Margot CDél.), rose violacé, centre cliamois, fleurs énormes.
Mastic (Dél.), ocre nuancé paille, coloris unique.
Mignon (Dél.). rose tendre nuancé violet.
M. Astorg (Dél.). blanc argent à revers lilas satiné.
M. Castel (Dél.), riche cramoisi feu à centre et revers jaunes.
M. Cochet (Dél.) blanc argent à revers carmin violacé.
M. Comte (Dél.). amarante brillant, liseré saumon.
M. Deveille (Dél.), marron noir nuancé fea.
M. John Laing (Dél. t. rouge cramoisi, ombré brun.
M. Léon Briinel Dél.), couleur vieil or, pétales tubulés.
M. Maney (Déi.), violet carminé pointes blanches.
M. Moussillac (Dél.), rouge grenat très foncé.
M. Patrolin (Dél.). rose lilas satiné, pétales étroits.
M. Plancheneau (Dél.), rose mauve et blanc, pétales en spatule.
M. Richard Larios (Dél.). rose foncé carminé pointé blanc.
Père Délaux (Dél.). rouge brun velouté, grandes fleura.
Source Japonaise (Dél.), amarante à revers blancs très apparents.
Triomphe de la rue des Chalets (Pert.), saumon nuancé rose.
Souvenir du Caire (Dél.), rouge brique nuancé bleu violacé. Hoste.
REVUE DES CATALOGUES
Ch. MoLiN, horticulteur, msrchand-grainier, 8, place Bellecour. Lyon .
Catalogue et prix-courant de graines potsgères. fourraiçères. de fleurs >
d'ognons à fleurs, plantes, arbres, et arbustes, etc. — Fournitures horticoles.
— Envoi franco sur demande.
J. Nicolas, horticulffur-grainier, rue Bourbon, 12, Lyon. — Catalo-
gue et prix-courant de graines pootagères. fourragères, de fleurs, d'ognons
à fleurs. —Plantes, arbres et arbustes. — Coutellerie horticole, livres d'hor-
ticulture. — Articles divers : étiquettes, raphia, etc. — Envoi franco du ca-
talogue sur demande.
HosTE, horticulteur. 10, rue des Dahlias à Monplaisir, Lyon, — Cir-
culaire contenant les plantes nouvelles obtenues de semis dans l'établisse-
ment et livrables pour la première fois au commerce à partir du 1" février.
— Pélar?onium zonales nouveaux à fleurs doubles et à fleur simples (9 varié-
tés). Fuchsias (2 variétés). Dahlia (1 var.). Abutilon (l var.), Véroniques
(semis Boucharlat jeune).
Crozy aîné, horticulteur, 206, grande rue ds la Guillot'ère, Lyon. —
Prospectus annonçant la mise aucomm'irje de pUntes nouvelles obtenues de
semis dans l'établissement : Abutilons issus de l'ancien A. strialum (7 varié"
tés), Cannas (10 variétés), P/ilo.v decussnfnn-am (5 variétés). Dahlias (ô varié-
tés). Collection de plantes diverses. Envoi franco des catalogues et pros-
pectus.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public — Bellon. r. de la République, 33.
1885 MARS N° 5
CHRONIQUE
Sermon. — J'ai rencontré, l'autre jour, un de mes collègues de
la Société botanique de Lyon, le docteur X..., qui, en m'abordant,
me dit à brûle-pourpoint : « Vous autres, jardiniers, vous man-
quez de méthode et d'esprit scientifique ; vous n'êtes pas savants.,.
La précision n'est pas votre affaire, et dans tous vos travaux, c'est
à peine si la science trouve quelques vagues indications à glaner. »
Je n'ai pas eu trop de peine à démontrer à cet excellent docteur
qu'il avait probablement plus tué de malades que son serviteur
n'avait fait périr de plantes, et que par conséquent, si on voulait
juger de la valeur de la médecine et de l'horticulture aux résultats
qu'elles donnent, le beau rôle resterait aux jardiniers. Comme il
était pressé, il fila sur cette réponse. A quelques jours de là, j'eus
l'occasion de le revoir et de causer avec lui. Vos critiques lui
dis-je, sont un peu fondées : Nous apprenons notre métier de ci,
de là, la bêche à la main, la hotte sur le dos, les arrosoirs aux
bras; tandis que vous, avant de pénétrer à l'amphithéâtre, vous
avez passé quinze ans à étudier les lettres et les sciences. Vous
connaissez les moyens, au sortir de l'école, pour enchâsser dans
de gros volumes quelques hypothèses que vos collègues démolissent
ensuite, en attendant leur tour d'être démoli. Vous assommez les
gens avec votre érudition ; ils préfèrent vous sacrer savants que
de vous lire.
Les jardiniers sèment des choux, plantent des pois, obtiennent
des poires succulentes et des roses doubles que vous qualifiez de
monstres et que tout le monde trouvent jolies. Qu'est-ce que vous
leur voulez, aux jardiniers? Vous voudriez peut-être qu'ils comp-
tent les poils qui hérissent les feuilles de carotte, ou qu'ils vous
expliquent pourquoi les navets préfèrent être, semés après la
— 74 —
moisson? Sachez bien, monsieur le docteur, que si la précision
scientifique est une belle chose, avant de la mettre en pratique en
horticulture, il y a une question plus importante à résoudre.
— Quelle question?
La question du pain, parbleu !
Savez-vous, amis lecteurs, ce qu'il voulait des jardiniers, le
docteur X...'? Il voulait tout simplement, — je lui donne raison
maintenant qu'il n'est plus là, — que toutes les fois que l'occasion
s'en présenterait, que nous fissions des remarques précises sur
toutes les cultures peu connues, que nous notions exactement la
composition de leurs compost ; il voudrait nous voir étudier la
variabilité des plantes, le rôle de l'hybridation, etc., etc., et
de faire ces remarques en prenant des notes sérieuses, de
manière que les résultats indiqués puissent être contrôlés par
l'expérience.
Exposition d'horlicuUure à Marseille. — Il y aura, dans le courant
de mai, deux expositions d'horticulture à Marseille. La première,
qui se tiendra du 13 au 17 mai dans l'enceinte du Vélodrome du
Rond-Point du Prado, est organisée par W-Jssociatiun horlirole mar-
seillaise. Les demandes doivent être adressées à M. Schwaller,
horticulteur à Bonneveine-Marseille. La seconde, qui aura lieu du
22 au 25 mai, au Quinconce des Allées, es! organisée par la
Sociélé d' horlicidlure et de botanique de Marseille. Les demandes
doivent être adressées avant le 30 avril prochain, au Secrétaire
général de la Société d'horticulture et de botanique, rueThubaneau,
n" 52 A, Marseille.
Moyen pour assujétir les arbres nouvellement plantés. — Les racines
sont faites pour être enterrées et les tiges pour vivre hors de terre,
chacun sait ça. Mais il n'est pas rare de voir ceux qui le savent le
mieux planter les arbres trop profondément. Quand on plant(; dans
de bonnes conditions, la terre remuée profondément subit un tasse-
ment qui fait descendre l'arbre beaucoup trop bas ; une partie de
la tige qui devrait être hors de terre se trouve, de ce fait, enterrée.
Pour obvier à cet inconvénient et bien placer le collet de l'arbre
au niveau du sol, on place horizontalement un bâton au milieu du
trou, de manière que ses deux extrémités posent sur les bords
opposés. Sur ce bâton d'appui qui donne le niveau du terrain, on
assujétit solidement l'arbre à planter au point qui marque le collet.
On a soin, du reste, de placer entre ce bâton et l'arbre un vieux
chiffon pour empêcher la meurtrissure. Ce bâton doit rester en
place pendant environ un an .
— 75 —
Hoieia japonira. — Cette plante, qui est devenue si commune
dans les cultures, a été introduite du Japon en Hollande par
Siébold. On a commencé à la cultiver à Paris en 1S34. Elle a
d'abord été vendue sous le nom de Spirœa japonica. Ses caractères
l'éloignant non-seulement des Spirœa, mais encore des autres
rosacées, elle a été dédiée au botaniste japonais Ho-Tei et placée
dans les Saxifragées à côté du genre Ttarella.
Moyen de délruire la mousse sui- les arbi-es fruUiers. — Un horti-
culteur a signalé autrefois le procédé suivant pour débarrasser les
arbres fruitiers de la mousse et des lichens qu'ils peuvent avoir.
Ce procédé, que nous n'avons pas vérifié, consisterait à passer
une couche d'huile de colza, avec une brosse à peindre, sur le
tronc et les branches. D'après l'auteur , cette huile détruit la
mousse, entretient l'élasticité de l'écorce et favorise la végétation.
L'essai n'est ni coûteux ni difficile à tenter.
Deux nouveaux journaux d' horlicullure . — On signale la publica-
tion de deux nouveaux journaux d'horticulture : l'un, le « HetNe-
derlandsche ïuinbouwblad » se publie en Hollande sous la direc-
tion du D' J. Th. Cattie d'Arnhem ; l'autre, le a Gardening illus-
trated World » se publie en Angleterre sous la direction de M. B.
Wjnne, ancien rédacteur du Gardeners'Chronicle.
Prunier japonais à très gros fruit. — On dit beaucoup de bien de
cette nouvelle variété de Prune qui a été introduite du Japon en
Californie en 1871. 11 paraît que le fruit est énorme pour une prune,
qu'il mûrit très tard — fia septembre — et qu'il est d'une Jolie
couleur jaune lavé de rouge brillant. Si on ajoute à toutes ces
qualités une grande fertihté de l'arbre qui se met rapidement à
fruit, je ne sais pas ce que l'on peut demander de plus. On pour-
rait peut être demander que tous ces qualités ne s'évanouissent pas
dans nos vergers quand l'arbre y sera introduit. Ce Prunier est rais
au commerce par MM. Hamon et Cie de Oakland.
y4uahjse chimique des Terres, des Engrais et des Plantes. — On m'a
souvent demandé si, avec un peu d'intelligence, beaucoup de bonne
volonté, les réactifs et les appareils nécessaires et un bon traité de
chimie, un jardinier ne pourrait pas arriver à faire une analyse
passable des éléments qui entrent dans la composition des terres,
des engrais et des plantes. A ceux qui m'ont posé cette question,
j'ai toujours répondu d'une manière négative.
— 76 — ■
A la rigueur, avec ua peu d'iialntude, ou arriverait assez vite à
faire une analyse qualificative ; mais, pour doser exactement les
éléments des terrains et des engrais, cela présente de teiles diffi-
cultés que, plus d'un chimiste de profession, pour en avoir tenté
l'essai, y a laissé une partie de sa réputation. Je ne conseillerai
jamais, sauf aux personnes qui ont beaucoup do loisirs, de s'occuper
de ce genre d'opération.
Falsification des graines de Luzerne. — Girardin signale les mani-
pulations particulières auxquelles ont été soumises des graines
vieilles de luzerne pour leur donner l'apparence de graines fraîches.
Les graines de luzerne blanche ont été légèrement humectées et
passées à la vapeur de soufre. Les graines de luzerne rouge ont été
enfermées dans des sacs avec une petite quantité d'indigo en pou-
dre ou trempées dans une préparation liquide de canipêche addi-
tionnée d'une petite quantité de sulfate de cuivre. Ces graines oinsi
travaillées, ayant été semées, levèrent dans la proportion de cinq
à dix pour cent, tandis que les graines de bonne quahté lèvent dans
la proportion de quatre-vingts à quatre-vingt-dix pour cent. Ces
falsifications sont heureusement assez rares, et les bons marchands
de graines ne s'y laissent pas prendre aisément.
Féiiver. — On se sert de cette racine pour préserver les vête-
ments des attaques des insectes. Elle n'a pas plus d'action que les
feuilles de la santoline, de la tanaisie, des sommités fleuries de
lavande; mais elle aune odeur plus agréable. Le vétiver est la
racine d'une graminée connue sous le nom de Cliien-Dent des Indes
[A)idropo(jon inuricalus). Elle est d'un blanc jaunâtre, tortueuse,
d'une longueur variable, douée d'une odeur forte et persistante
et d'une saveur amère et aromatique. On vend quelquefois sous le
nom de vétiver d'autres espèces d'andropogon appartenant au
même groupe, mais doués d'une odeur moins pénétrante. Les
sommités fleuries de lavande parfument assez agréablement le
lingn et éloignent bien les insectes. Cette plante, bien que d'ori-
gine méridionale, peut croître dans tous nos jardins. Elle a résisté
sous le climat de Lyon aux hivers rigoureux de 1870 et 1880.
OEilleis perpétuels. — 11 fallait autrefois bien du temps pour faire
connaître les plantes nouvelles. En voici un exemple :
« En 1835, M. Dalmais, jardinier de M. Lacène, de Lyon,
remarquait dans ses cultures un œillet ponctué qui fleurissait con-
tinuellement et qu'il attribuait au croisement de l'œillet Saint-
Antoine et d'un œillet grenadin ; il en obtint des graines. Les indi-
— 77 —
vidus qui en naquirent furent eux-mêmes, en 1842, la source de
quinze ou vingt variations remontaulcs ou à floraison continue, qui
en 1843 donnèrent des graines. Celles-ci produisirent vingt-cinq
à trente variations en rouge foncé et en violet; en 1844, elles ont
donné des graines. Ces graines, semées en 1845, ont toutes pro-
duit des œillets à floraison continue. »
Celui qui écrivait ce qui précède était bien placé pour faire
connaître cette nouvelle création : c'était M. Seringe, professeur
de botanique à Lyon. Sept ans plus tanl, en 1847 (mettons cinq
ans), M. Etienne Armand, horticulteur à Ecully-lès-Lyon, avait
envoyé à Paris, au Cercle général d'Horticulture, des échantillons
d'œillets auxquels il donnait le rom d'œillets perpétuels. Le véné-
rable Poiteau, chargé de faire un rapport sur ces œillets, décla-
rait qu'ils offraient des flamands, des anglais et des fantaisies, et
qu'ils n'avaient rien d'extraordinaire, et il ajoutait : « Quant à la
qualification d'œillets perpétuels, nous ne la trouvons usitée ni
dans la pratique ni dans les catalogues; nous voyons bien parmi
les fantaisies quelques œillets remonter fréquemment; dans d'au-
tres séries, il en est qui remontent accidentellement; mais nous
n'avons jamais vu d'œillets remonter perpétuellement. » Le véné-
rable Poiteau, un des doyens de l'horticulture en ce temps-là,
oubliait que le mot « perpétuel » appliqué aux plantes florales,
n'était pas synonyme de perpétuellement. Les roses perpétuelles
ne sont pas perpétuellement en fleurs. De ces remarques, il résulte
que plus de neuf ans après l'obtention à Lyon des premiers œillets
remontants, on ne les connaissait pas encore à Paris. V. V.-M.
De l'empoisonnement du sol (?)
Les progrès réalisés par l'horticulture sont dus en grande partie
à l'association qui, existant depuis longtemps déjà dans les grands
centres, se ramifie de plus en plus, sous des noms difierents, jusque
dans les campagnes.
Toutes ces Sociétés, indépendantes les unes des autres, sont
toutes reliées entre elles par un lien commun, le but : développe-
ment du goût de l'horticulture, encouragement et récompense au
travail et à l'intelligence des horticulteurs.
^! L'organe, la pubhcation de chaque Société va surtout porterie
progrès jusque dans le moindre hameau, et sert de lien entre tous
les membres de la même Société, car là, chacun peut faire part à
tous ses collègues de ses observations et de ses petits secrets, car
aujonrd'hui les secrets professionnels ne se lèguent plus de père
en fils comme autrefois ; la serre à multiplication n'est plus un
— 78 —
sanctuaire fermé où nul profane ne devait pénétrer comme au temps
de nos pères.
Combien de maladies, d'accidents ont trouvé leur cause et par
cela leur remède, ou tout au moins un palliatif, par suite des
recherches et d'études faites sur une observation ou une recette
lues dans un journal.
Il existe encore tant de ces causes inconnues, les observateurs
ont encore un si large champ d'étude, que loin de nous croire
arrivés à la perfection, nous devons rechercher, observer davan-
tage parce que, le chemin nous étant tout tracé, nous devons
fouiller plus profond dans les secrets de la nature.
Un de ces accidents dont les causes sont peu connues, et qui
porte un préjudice considérable à l'arboriculture, est la non
réussite des plantations d'arbres aux emplacements où des arbres
de même essence ont vécu un certain nombre d'années et péri.
Pourtant on ne peut démolir un mur parce que les pêchers n'y
prospèrent plus, et ce mur qui a donné un si beau résultat ne peut
pas rester nu ; il serait donc utile de trouver le moyen de faire
vivre et prospérer de nouveaux pêchers ou autres arbres là où
une génération de même essence a succombé.
Quelle est la cause de cette non réussite ?
Les uns disent « la terre est usée, » erreur, la terre quoique
appauvi^ie peut, par le moyen des engrais, se reconstituer et donner
ensuite les mêmes résultats qu'auparavant.
Les autres disent a la terre est empoisonnée, » c'est mou avis,
mais quelle est la nature du poison ? quelle en est la provenance ?
pour répondre à ces questions, allons rechercher plus haut une
origine à cette cause.
La nature, comme une mère jalouse, nous montre ses splen-
deurs, mais nous cache ses secrets, et parmi ceux-ci il y en a un,
la circulation de la sève dans les végétaux, qui n'est pas résolu,
tant s'en faut ; ou ne peut donner que le résultat des observations,
résultat plus ou moins juste, voilà mon opinion, qui est appuyée
par la cause dont il est question ci-dessus.
Quoiqu'on puisse dire, on ne peut nier qu'il existe une sève
ascendante qui, puisée brute par les racines, monte à la pointe
des rameaux; cette sève, après avoir été élaborée par les feuilles,
comme dans l'estomac d'un animal, redescend entre l'écorce et le
bois et forme l'obier, mais il faut croire que dans cette sève
élaborée il existe des matières non assimilables à la nature du
végétal, lesquelles sonl rejetées par des racines spéciales; donc
je conclus, que les végétaux possèdent une vie semblable à celle
des animaux, qu'ils absorbent la nourriture brute et déjectent des
excréments, que ces fonctions se font par des racines différentes.
— 79 —
La terre serait donc imprégnée de ces déjections lorsqu'un arbre
y a vécu un certain nombre d'années, les arbres congénères à celui
qui y a produit ces excréments ne pourrait s'en nourrir par la
même raison qu'un animal ne se nourrit des déjections de ses
pareils.
La terre étant imprégnée de matières impropres à la vie de ces
mêmes végétaux, il s'agirait de la purifier, de lui rendre son état
normal; par quels moyens ? voilà la difficulté.
L'oxygène de l'atmosphère brûle et purifie la terre, mais à la
condition de la mettre au contact de l'air, ce serait par des défon-
cements fréquents qu'on obtiendrait ce résultat, encore faudrait-il
les faire pendant plusieurs années.
On pourrait changer la terre autour et à une certaine distance
des racines du nouvel arbre planté, et défoncer ou mettre à l'air
au moins deux fois par an la terre où ont pu pénétrer les racines
des arbres occupant antérieurement le terrain, et cela pendant
plusieurs années.
Cette opinion n'étant basée sur aucune expérience, je ne la
mentionne qu'à titre d'hypothèse.
Si la science, qui a fait de si utiles découvertes, nous offrait un
composé brûlant et purifiant la terre sans la rendre impropre à la
nourriture des végétaux, nous pourrions, j'en suis convaincu, la
remercier d'un nouveau et immense service qui serait utile, non
seulement à la cause dont il est question dans cette article, mais
qui serait applicable dans beaucoup d'autres cas(l).
Besson,
Horticulteur, à Voiron (Isère.)
0) Le fait est bien certain, les arbres ou les arbustes appartenant au
même genre languissent ou ne donnent plus une aussi vigoureuse végé-
tation quand on les plante dans un sol où croissaient auparavant leurs
congénères. Le défonçage et la fumure du terrain ne font qu'atténuer sans
faire disparaître la cause qui produit cet appauvrissement de la végétation.
Mais quelle est cette cause, voilà la question ?
Notre collègue, M. Besson. l'attribue à une sorte d'empoisonnement du
sol par les racines qui sécréteraient une substance quelconque dont les
arbres nouvellement plantés ne s'accommoderaient pas. Cette hypothèse
est-elle vraisemblable? Nous n'osons pas dire non, parce que, en effet,
pour arriver à s'assimiler les matières minérales, les spongioles doivent
auparavant aider à leur dissolution en émettant probablement des sucs qui
les rendent solubies et assimilables.
Mais, de là à un empoisonnement du terrain, il y a quelques réserves à
faire. Ne pourrait-on pas, par exemple, faire intervenir l'appauvrissement
du sol ! On sait que les matières minérales, quoique en très grande quantité
dans le terrain, contiennent des éléments immédiatement assimilables
pour les plantes, et d'autres qui ont besoin pour le devenir de subir
l'influence de l'air, de l'eau et de la chaleur. Les engrais, le fumier notam-
ment qui est le plus généralement employé, n'étant pas fait avec des débris
d'arbres ou d'arbustes, ne contient peut-être pas en quantité suffisante les
-' 80
1)}^ '^^
Zingiber officinale Roscoë
(Gingembre officinale).
Synonymes : Amomum Zingiber L., Zingiber majus Rumph.
Les anciens ont donné le nom d'^momtim (du grec : plante
odoriférante) à plusieurs genres de plantes très différents ; c'est
ainsi que les Chcnopodium bolrijs, Solaïuim pscudo-capsicum, Sison
Amomum, Piper Icngum, etc., ont porté le nom de Amomum
officinale, que Linné a donné ensuite au Gingembre officinale.
éléments indispensables aux aibres nouvellement, plantés, et ne peut, par
conséquent, les fournir au sol qui en est provisoirement épuisé. Cette
hypothèse paraît s'appujer sur la théorie des engrais composés en prévision
de la culture de plantes déterminées dont on a préalablement fait l'analj'se
chimique. (.V. d. l. R.)
81
Le Gingembre officiiuile est originaire des Indes orientales et
des îles Molnques ; il a été transporté, il y a bien longtemps, par
les Espagnols au Mexique, d'où il s'est répandu dans les Antilles,
à la Guyane, à la Jamaïque qui en produisent des quantités.
Le Gingembre est un stimulant très énergique, doué d'une
saveur acre et piquante, d'une odeur très aromaiique. Dans les
pays ou trop chauds ou trop froids, on s'en sert pour stimuler la
digestion ; il passe pour aphodisiaque et autiscorbutique. Il entre
dans la fabrication d'une bière anglaise fort en usage dans
le nord de l'Europe. Le Gingembre est également très estimé
comme condiment; les racines fraîclies, confites au sucre, sont
préférables à toute autre espèce de confiture.
Le Gingembre officinale, ainsi que le montre la figure ci-contre,
est formé d'un rizhorae qui s'étend en rampant dans le sol. Au
printemps, plusieurs tiges vertes, semblables à des roseaux,
s'élèvent de GO à 80 centimètres de hauteur et sont garnies de
feuilles étroites, étalées à angles droits et engainantes. Les inflo-
rescences beaucoup moins hautes, — 25 à 30 centimètres, —
sont constituées par des épis terminaux, solitaires, claviformes,
formés de bractées larges, ovales, imbriquées, d'entre lesquelles
sortent les fleurs. La floraison a lieu en septembre. La plante es
dessèche et entre en repos en octobre.
La culture du Gingembre n'est aisée que pour ceux qui dis-
posent d'une serre chaude. Le rempotage se fait en mars et avril ;
on place les rhizomes peu profond et on les recouvre de terre ;
on enterre les pots dans une couche de tannée. Les arrosages
doivent cesser aussitôt que les feuilles commencent à jaunir. La
multiplication doit se faire au moment du rempotage par la sépa-
ration ou le tronçonnement des rhizomes.
Le Gingembre appartient à la famille des Zingibéracées. Cette
famille a porté différents noms : Sciiaminées (R. Br.) ; Àmomèes
(Juss.) ; Alpinlacées (Link.) ; elle a des affinités très étroites avec
les Cannacécs et les Musacées. D'' Fritz.
Quelques mots sur les Véroniques hybrides
d'Andersonii
Les Véroniques, qui font le sujet de cette note, sont de petits
sous-arbrisseaux vivaces, à feuilles persistantes, originaires de la
Nouvelle-Hollande .
Vers 1835, les horticulteurs anglais introduisaient dans les cul-
tures deux espèces précieuses pour l'ornementation et qui ne tar-
dèrent pas, pour cette raison, à se répandre dans les jardins du
continent. Ces deux espèces étaient ;
— 82 —
1° Feronica speciosa à feuilles épaisses, coriaces, brillantes, très
rapprochées, de forme obovale ;
2° Feronica salicifolia à feuilles relativement étroites, presque
linéaires, lancéolées, et les fleurs très nombreuses disposées en longs
épis (grappes) cylindriques, fleurissant pendant une grande partie
de l'année.
Ces deux espèces ont produit par voie de semis (soit que les
fleurs aient été fécondées artiticiellement, soit qu'elles n'aient pas
subi de croisement direct) une assez nombreuse postérité. Parmi
les gains issus de ces semis les horticulteurs sont parvenus à fixer
une race très belle, qui ne varie plus guère que par le coloris de
ses fleurs.
Le premier bybride de Véronique vendu, vers 1840, sous le
nom de Véronique Andersonii était d'origine anglaise. Depuis
cette époque les semeurs français ont à leur tour obtenu de fort
belles variétés. Un de ceux qui, dans ces dernières années, a eu la
main très heureuse est M. Boucharlat jeune, horticulteur à Lyon.
A la suite de semis successifs, cet horticulteur est arrivé à avoir
des variétés bien plus précoces, plus florifères, avec des grappes
plus allongées et à enrichir ce genre de couleurs qui lui man-
quaient.
C'est généralement à l'automne que les Véroniques sont dans
toute leur beauté. Avec des variétés précoces en hivernant des
boutures sous châssis, à froid, et en les mettant en pleine terre dès
les premiers beaux jours, il sera possible de faire de très beaux
massifs dès le mois de septembre jusqu'aux gelées. A cette épo-
que on devra les empoter et elles pourront servir tout l'hiver pour
garnir les vérandas, les orangeries, etc.
On peut encore cultiver et dresser les Véroniques en couronne
comme les petits orangers et les lauriers Tins. Sous cette foi me
ces petits arbustes ne manquent pas d'intérêt.
M. Boucharlat jeune dispose chaque année d'un très grand
nombre de Véroniques parmi les plus belles variétés de ses semis.
Parmi celles mises au commerce ces années dernières on peut citer
les plus belles, ce sont : Riche Violette, La Reine, Gloire de
Lyon, La Fée aux Roses, Reine des Bleues, Rose Boucharlat,
Belle Lyonnaise, etc., etc. Cette année, M. Boucharlat jeune a été
plus heureux encore, et parmi les nombreux semis qu'il avait sou -
mis à l'étude, six plantes ont été choisies, et M. Hoste en fit
l'acquisition pour être mis au commerce au printemps 1885. Ces
six variétés toutes plus belles les unes que les autres ont été appré-
ciées par une Commission de visite composée de MM. Boucharlat
aîné, Hoste, P. Crozy et J. Chrétien.
Elles sont décrites et nommées comme ci-dessous :
— 83 —
1" M"* Marie Lagrange, blanche rosé, rose satiné passant au
blanc ;
2° Louise Giron, rouge violet à étamines scintillantes;
3" Séduisante, rouge à long épi ;
4" Enchanteresse, rouge à très grande fleur ;
5° Gracieuse, l'ouge carmin vif;
6° Nuée bleue, bleu, extra-belle ;
La culture des Véroniques est trop fjicile pour en causer longue-
ment. Les boutures devront être faites de préférence en automne
et au printemps. Lors de la plantation un ou deux pincements suf-
fisent pour faire de très belles plantes. Tous les terrains sont bons
pour les Véroniques, pourvu qu'on n'y économise pas le fumier ;
en été quelques arrosements copieux lors de la sécheresse, car en
général cette plante a besoin d'eau si on veut avoir une bonne végé-
tation. Le Bapporleur, J. CHRÉTIEN,
La Terrine carrée
Il n'y a pas de jardiniers qui n'aient gémi, en plaçant les anti-
ques terrines rondes dans leurs bâches ou sur la banquette de leur
serre, sur la place considérable inutilement perdue.
Ce défaut a d'ailleurs toujours été si bien compris que beaucoup
ont essayé de faire fabriquer des terrines carrées. Mais, jusqu'à
présent, rien de convenable n'avait pu être fait.
Certains fabricants avaient bien essayé de fabriquer les ter-
rines absolument carrées, mais, pour leur donner la résis-
tance nécessaire, ils avaient été obligés de faire des parois fort
épaisses qui ont fait promptement rejeter leurs échantillons.
D'autres, pensant être plus habiles, s'étaient contentés d'apla-
tir les côtés des terrines rondes ; mais, dans ce cas encore, la so-
lution n'était qu'en partie trouvée, une place assez importante était
encore perdue parle contour des angles.
MM. Rivoire père et fils ont présenté sur le bureau de l'Associa-
tion horticole, une terrine carrée qui ne possède aucun des défauts
signalés plus haut. Sa venue m'a paru si importante que je me fais
un plaisir de vous l'annoncer.
Franchement carrée, les parois n'ont pas plus de sept milimètres
d'épaisseur ; un étroit cordon de même épaisseur la ceint à la par-
tie supérieure.
Sa largeur extérieure est de 2S centimètres.
La terre avec laquelle elle est fabriquée est claire et solide et
compacte ; c'est grâce à cette solidité exceptionnelle que l'on a pu
la faire si légère. Sa résistance est très forte.
— 84 —
A ce sujet il me paraît intéressant d'établir, par quelques chilïres,
les avantages de la terrine carrée sur la terrine ronde ; avantages
dont chacun est bien convaincu, mais que fort peu de personnes
connaissent exactement.
Prenons pour exemple cette terrine carrée de 28 centimètres
de côté, et une autre ronde de 2S centimètres de diamètre qui oc-
cuperaient, naturellement, la même place sur une banquette.
Pour la terrine ronde, le calcul nous indique que la surface sur
laquelle on peut faire le semis sera de 615 centimètres carrés.
Tout en n'occupant pas plus de place, la terrine carrée présente
donc une surface utilisable supérieure de 169 centimètres carrés à
celle de la terrine ronde, c'est-à-dire de plus du quart.
Supposons une banquette de serre ou une bâche garnie de dix
terrines.
Si elles sont rondes, la surface qui pourra être utilisée pour les
semis sera de 61 décimètres carrés et demi.
Si elles sont carrées, cette surface sera portée à 78 décimètres
carrés et demi. C'est-à-dire que cette seconde surface sera supé-
rieure de 17 décimètres carrés à la première ; c'est-à-dire encore
que, sans occuper plus de place, on pourra utiliser la valeur de
presque trois terrines de plus.
Sur la croissance des arbres.
L'accroissement des végétaux ligneux peut être considéré sous
deux aspects : l'élévation et la grosseur.
La croissance en hauteur dépend de la situation qu'ils occupent,
c'est-à-dire s'ils sont isolés ou au milieu des taillis. Les expérien-
ces de Duhamel prouvent que ceux qui se trouvent dans le dernier
cas cessent de s'élever dès qu'on a coupé les taillis qui les environ-
naient, quel que soit leur âge à l'époque de la coupe.
Ainsi les baHveaux conservés dans un taillis coupé tous les 20 ans
avaient à cet âge 6 m. 05 de hauteur et rien de plus à 80 ans.
Dans un taillis coupé tous les 25 ans les baliveaux avaient à cet
âge 8 mètres et rien de plus à 100 ans.
Dans un taillis coupé tous les 30 ans des baliveaux conservés
avaient à cet âge 9 m. 07 et rien de plus à 120 ans.
La croissance en grosseur est au contraire plus considérable
dans les arbres isolés. Les baliveaux mesurés dans un taillis soumis
à la coupe tous les 20 ans avaient 0 m. 27 de circonférence à la
première coupe ; 0 m. 65 à 40 ans ; 1 m. 08 à 60 ans et 1 m. 44
à 80 ans, d'où il suit que l'accroissement de la première période
— 85 —
de 20 ans a été plus faible que celui des trois autres périodes, pen-
dant lesquelles les baliveaux étaient isolés. La différence en moins
est de 0 m. 11 avec l'accroissement de la deuxième coupe, de
0 m. Ifi avec celui de la troisième et de Om. 9 avec celui de la
quatrième .
Toutefois, l'accroissement en grosseur des baliveaux conservés
est plus considérable dans ceux qui font partie de taillis soumis à
des coupes faites à de longs intervalles. Ainsi ceux conservés dans
un taillis coupé tous les 20 ans avaient à la première coupe 0 m.
27 de circonférence et 1 m. 44 à la quatrième ; ceux conservés
daus un taillis coupé tous les 30 ans .-ivaient à la première coupe
0 m. 40 de circonférence et à la quatrième 2 m. 37.
Il résulte encore des expériences comparatives du même auteur,
que l'accroissement d'un végétal ligneux est en raison inverse de sa
densité et de sa pesanteur. Ainsi le peuplier dont le pied cube pèse
sec environ 19 kilog. croît annuellement en hauteur de 1 m. 35 et
en circonférence de 0 m. 89, tandis que le chêne dont le pied cube
pèse sec 36 kilog. croît annuellement de 0 m. 30 en hauteur et
de 0 m. 23 en circonférence.
De tous ces faits on peut tirer la conclusion, que d'ailleurs la
pratique confirme, que pour obtenir les arbres les plus beaux en
hauteur et en grosseur, il faut faire les coupes à l'âge le plus
avancé que peut le permettre le terrain que l'on exploite.
Do VERGE.
Mastic pour fixer les vitres des serres chaudes et des endroits
où la tempèiature est élevée et humide.
t( Pour composer ce mastic, dit la France agn'cole, on prend du
vernis d'imprimeur que Ton met dans un mortier chaud, on y
ajoute du blanc d'Espagne pulvérisé, un peu de litharge, et on
mélange le tout pour en former une pâte molle.
On enduit la rainure du cadre dans laquelle doit reposer le verre,
dont on recouvre alors les extrémités avec le même produit.
Si le mastic est bon, il doit être sec en six heures au dehors, en
moins de temps à l'intérieur.
Cetle colle lie si fortement le ver au cadre, que ni l'air ni l'eau
ne peuvent la traverser, quelque temps qu'il fasse ; le bois pourri-
rait que les carreaux ne se détacheraient pas. On s'en sert aussi
pour recoller les vitres ou les cloches cassées ou fendues. On peut
aussi s'en servir pour boucher les arrosoirs percés, en enduisant
une banda de toile qu'on colle sur les trous.
On conserve ce uiastic dans une vessie mouillée tenue dans un
endroit humide. »
— 86
Calendrier horticole.
Jiésumé des Ifavaux cl des semis à faire dans les iwdiiis.
MARS
De tous les mois de l'année, celui de mars tient la première
place pour l'abondance des travaux à exécuter dans les jardins. De
quelque côté qu'il se tourne, le jardinier qui n'a pas su profiter
des beaux jours de l'hiver pour faire une partie de sa besogne,
se sent talonner par la végétation qui lui crie : Dépêche-toi, ça
presse, tu es en retard. C'est en mars que le jardinier devrait —
sous forme de sentence — écrire contre la muraille et en gros
caractères : L'année prochaine, je ferai dans mon jardin, en décem-
bre, janvier et février, tous les travaux qui peuvent sans danger
se faire à cette époque aussi bien qu'en mars.
Jardin d'agrément. — Il faut achever les labours, les plantations
d'arbres, d'arbustes et de plantes vivaces. On refait les bordures,
tond les haies, ratisse les allées, peigne les gazons. Si quelques
élagages ou taille d'arbustes ont été oubliés, ou se hâte de les faire
au plus vite.
On pourra semer en place, en bordure, en pots ou en pépinière,
pour être repiquées plus tard, les espèces suivantes :
Belle de jour.
Belle de mit.
Bleuet.
Clarkia.
CoUinsia.
Coquelicot.
Cori'opsi^.
Julienne de Miihon.
Malope.
Mufliers.
Nemophile.
Nigelles.
Œillets de Chine.
Omphalode.
Phlox '!e Drumniond.
Pied d'alouette,
Tiilaspi.
Valériane.
Viscaria, etc.
Nous ne conseillons pas de semer une foule de plantes vivaces à
cette époque, si on ne dispose pas d'une couche couverte de châs-
sis, sauf un assez petit nombre d'espèces qu'on arrive, par ce
moyen, à faire fleurir dans l'année du semis, la plupart des autres
ou ne germent pas — n'ayant pas été stratifiées — ou si elles ger-
ment, embarrassent inutilement le terrain peadanl six mois de
l'année. Sur couche, on pourra semer toute la siTie des plantes
annuelles qui demandent à être un peu avancées et surtout de la
chaleur pour germer. De ce nombre sont :
Ageratum.
Amarantes diverses.
Argemone.
Balsamines.
Capucines.
Cobœa.
Coleus.
Coreopsis.
Cosmos.
Giroflées.
Immortelles.
Lobelia.
Œillets de Chine.
Œillets d'Inde.
Pervenche de Mada-
gascar.
Reine Marguerite.
Réséda.
Ricin.
Zinnias, etc.
— 87 —
Jardin fruitier. — On achève la taille de tous les arbres à fruit
et des vignes et on laboure au pied des arbres. Si dans le cours de
l'année on a aperçu des sujets atteints de la jaunisse, il faut en
déchausser délicatement les racines, autour desquelles on mettra de
nouvelle terre mêlée de terreau. Si le sol est humide, un bon drai-
nage dans le voisinage des racines sera le meilleur moyen de réta-
blir la santé des arbres malades.
Jardin potager. — Le potager doit être prêt à recevoir les semis,
c'est-à-dire qu'il doit être fumé et labouré.
On débutte les artichauts, on laboure, fume et chausse les asper-
ges. On plante les premières pommes de terre. On replante les
porte-graines de céleri, oignons, navets, carottes, betteraves, etc.
C'est le moment de semer :
Arroche.
Choux-rave-.
Poireaux.
Betteraves à salade.
Choux-navets.
Poirée à cardes (Bettes
Carottes,
Epinards.
ou Blettes).
Cerfeuil.
Fèves.
Pois.
Chicorée sauvage.
Laitues diverses.
Radis.
— améliorée.
Navets hâtifs.
Roquette.
Choux pommés.
Oignons.
Salsifis.
— verts.
Oseille.
Scorzonère.
— de Bruxelles.
Panais.
etc.
Choux-fleurs.
Persil,
On peut également refaire ou multiplier, parla division des sou-
ches, la plupart des plantes vivaces, telles que : Artichaut, Cibou-
lette, Chou-marin, Cresson de fontaine, Estragon, Fraisiers des
Quatre-saisons, Oseille, Perce-pierre, etc.
Serres et châssis. — La plus grande activité doit également régner
dans les serres et châssis. C'est le moment de passer sur couche
chaude les Fuchsias, Héliotropes, Calcéolaires, etc., bouturés le
mois précédent ou hivernes en godets. On sème les Pétunias. Glo-
xinias, Bégonias bulbeux et autres plantes délicates dans leur jeune
âge. Les rempotages doivent s'avancer. On se méfiera des coups
de soleil qui sont dangereux à cette époque. On donnera de l'air
aux serres froides ou tempérées et même, si la chaleur est élevée,
un peu aux serres chaudes. Les arrosements doivent être surveillés
de près. Aussitôt l'apparilion des pucerons, on bassine les plantes
au jus de tabac. On peut commencer l'arrosage à l'engrais liquide
sur toutes les plantes qui poussent vigoureusement.
— 88 —
Pomologie
— ( Observations sur les Poires ) —
Jaloy. — Syn. : 1° Jaloi ; 2° Jalvie. — Arbre assez vigoureux, qui se con-
duit sous toutes formes ; assez fertile. Fruit moyen dfl la forme du bourré
d'Hardempont, de 2* qualité. Maturité de décembre à janvier.
Jaminelte. — Sjn. : 1" Jamisoette; 2' d'Austrasie; 3»S^bine d'hiver; 4° Ber-
gamote d'Austiasie; 5» Mariot; 6° Firolle; 7° beurré d'Austrasie; 8° Colmar
Janninette; 9° Joséphine d'hiver; ] 0° Belle d'Austrasie; 11° Cras-anne
d'Austrasie; 12° Bergamotts Chenninette ; 18° beurré Saint-Hélier ;
14° Maroit ; 15° Marois ; 16° R)i de Rome ; 17° Buisson ; 18° Joséphirje de
France; 19° Wilheralmine d'hiver. — Arbre très vigoureux, peu fertile,
très long à se mettre à fruit. La forme haute tige lui convient le mieux.
Fruit plutôt petit que moyen, de 2° qualité. Maturité de décembre à janvier.
Jean de Wttt. — Syn. : 1» beurré de Hcmptienne ; 2° Passe Colmar Fran-
çois. — Arbre peu vigoureux qu'il faut grelTer sur franc pour les grandes
formes; très fertile. Fruit petit, assez bon. Maturité d'octobre à déiiembre,
Joséphine, de Mulines. — Arbre peu vigoureux; les petites formes lui con-
viennent le mieux ; assez fertile. Fruit petit, très bon. Maturité de novembre
à janvier.
La Juive. — Arbre difficile à cultiver à cause de son peu de vigueur. Je
l'ai greffé sur franc, sur cognassier et sur intermédiaire ; j'ai toujours
obtenu le jnème résultat ; le bois se gerce, reste rabougri al ne rapporte
rien. Fruit : je n'en puis rien dire, n'ayant jamais eu l'avantage de le
récolter.
Jules Bivort. — Syo. : P Délices de Louwenjoul ; 2» Délices de Lavauyau;
3° dé Lavoyau ; 4° Délices de Louvenjoul ; 5° Délices Lavieujan.. — Arbre
vigoureux auquel toutes les formes conviennent; très feitile. Fruit moyen,
parfois gros, très bon. Maturité en septembre.
Kini-Edward's. — Aibre a-sez vig.)ureux, à boi.s très gros ; ne convient
que pour les formes cordon? pour deux motif-; : 1° il est dépourvu de bran-
ches; 2° les orages font tomber ses fruits qui sont très gros; peu fertile.
Fruit de 3» qualité qui a le défaut de blettir vite. Maturité courant sep-
tembre.
Kincjht's Mona7'ck. — Arbre vigoureux, toutes les formes lui conviennent;
assez fertile. Fruic ne dépassant pas la moyenne en grosseur, très bon.
Maturité d'octobre à novembre.
Lahtrand. — Arbre vigoureux greffo sur n'importe quel snjet, sa conduit
sous toutes formes; trè? fertile. Fruit moyen, très bon. Maturité courant
septembre. Routin.
REVUE DES CATALOGUES
F. MoREL et fils, 33, rue du Souvenir, à Vaise, Lyon. — Catalogue annon-
çant des plantes nouvelles ou inédites mises en vente au printemps 1885.
Clématites: F. Moral, Perle d'azur, Eioile violette ; CotODc;ister Davidiana
etianaia; arbres fruitiers; Glaïeuls rustiques; collection de Clématites;
arbustes verts de choix. Magnolias, etc.
Ketten frères, rosiéristas à Luxembourg (Grand Duché). — Nomenclature
descriptive des rosiers nouveaux pour 1785. 78 rosiers nouveaux y compris
le rosier portugais Lusiadas (Costa; soat annoncés dans ce prospectas. Envoi
franco sur demande.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOKEL.
Lyon, — Imp. du Salut Public. — Dellon, r. de la République, 33.
1885 MARS N» 6
CHRONIQUE
Acclimalalion . — Il en est un peu de l'acclimatation comme de
l'âne qui était resté huit jours sans manger et qui mourut le neu-
vième. ((C'est dommaf^e, disait son propriétaire, il commençait
bien à s'y habituer. » Quand on plante des espèces frileuses dans
les jardins, elles supportent tous les hivers qu'elles peuvent sup-
porter, et elles gèlent sans façon dès que le sieur Mercure descend
un peu trop bas dans les petits tubes nommés thermomètres.
Toutes les théories possibles sur l'acclimatation ont reçu comme
cela, de temps à autres, de petits accrocs qui en ont singulière-
ment diminué la valeur. La sélection n'y peut rien, ou si elle y
peut quelque chose, nous sommes bien naïfs de construire à grands
frais des bâches, des orangeries et des serres ; car, en habituant
graduellement au froid les plantes que nous y logeons, nous de-
vrions bien vite trouver des sortes qui se riraient des hivers rigou-
reux. II n'en est malheureusement rien. La sélection, appliquée
dans ce cas, n'a aucune valeur.
Il est cependant bien agréable de pouvoir montrer en pleine
terre, dans son jardin, quelques plantes, arbres ou arbustes rares
des pays chauds. Est-ce complètement impossible? Oui, pour le
plus grand nombre : mais, avec quelques soins, on peut espérer en
conserver quelques sortes au moins pendant un certain nombre
d'années.
A ceux qui voudraient tenter l'essai d'acchmater, dans le centre,
l'est et le nord de la France, des espèces relativement sensibles au
froid, mais qui supportent cependant de 7 à 10' sans périr, je
recommanderai toujours de choisir des pentes abritées et bien
drainées. Plusieurs exemples vraiment curieux peuvent être cités
à l'appui de ce conseil : Dans les environs de Belley (Ain), à Muzin,
il y a une station où croissent plusieurs plantes à l'état sauvage et
qui n'y gèlent jamais. Plantées à Lyon, les mêmes espèces ne sup-
— 90 —
portent pas les hivers les plus ordinaires, et cependant Belley est
incomparablement plus au nord que Lyon ; il y gMe même très
rif^oureusement. Or, ces plantes, parmi lesquelles je citerai le Pis-
tachier et rOsyris alba, croissent dans les fissures des rochers et
les rocailles; elles poussent peu, tieurissent et mûrissent lours
graines, ce qui prouve que les conditions dans lesquelles elles
végètent sont éminemment favorables pour rendre leurs tissus
rustiques.
Dcsiriwiion de l'altixo on tiqud. — L'altiso est un insecte très
leste, ibrt joli, mais inlîaiment désagréable aux cultivateurs. Les
cultures de radis, les semis de navets, de choux et autres cruci-
fères soulfrent beaucoup de leur fréquentation. Comme les altises
s'esquivent lestement quand on les asperge d'un insecticide quel-
conque, M. Duval, horticulteur à Chaville, a autrefois signalé un
moyen pour les éloigner des cultures qu'elles ravagent. Ce moyen
consiste à terreauter les semis avec du crottin de cheval le plus
récemaient sorti de l'écurie. On le bat un peu, pour l'émiotter et
on en garnit le terrain d'une légère épaisseur; on arrose par
dessus et en peu de jours le plaiit sort de terre et n'est jamais
attaqué par les altises. M. Duval attribuait ce fait à l'odeur péné-
trante que répand le crottin de cheval étendu au soleil. Toujours
est-il que ces insectes n'approchent pas et que les jardiniers peu-
vent par ce moyen garantir pendant tout l'été leurs semis de cru-
cifères.
On a également indiqué u.n autre procédé pour détruire les
altises; il consiste à faire tremper pendant quelques heures, dans
une forte saumure, les graines à semer. L'auteur prétend que les
œufs des altises sont détruits par cette immersion dans la saumure
et que ces insectes ne se montrent pas dans les semis dont les
graines ont été ainsi traitées.
Ecliinocereus phœmceus. — J'ai reçu de M. Ménand, horticulteur
à Albany, la plante qui fait le sujet de cette note. Elle était accom-
pagnée de la suscription suivante : « Ne craint pas le froid ; passe
l'hiver ici. » Or, comme ici, c'est-à-dire là-bas en Amérique, près
de New-York, le thermomètre descend souvent à 20 degrés au-
dessous de zéro, cela donnerait à penser que celte cactée serait
absolument rustique sous le climat de la France. J'ai voulu vérifier
le fait et, cette année, VEcItinocercus phœnireits en question a été
abandonné à l'air libre, mais froid de l'hiver. Malheureusement
pour mon expérience, cette saison n'a pas été rude cette année :
8 ou 9 malheureux degrés de froid et c'est tout. La plante n'a pas
du tout souffert.
— 91 —
Transformation des vrilles de la vigne en grappes. — Le Journal
d'Jgricullure pratique a publié une très intéressante lettre de
M. Cil. Laporte, relative aux moyens de transformer en grappes
les vrilles improductives de la vigne. De cette lettre nous extrayons
les passages suivants :
0 On sait, du moins c'est la croyance générale, que les vrilles qui
poussent certaines ani.ées en si grande abondance ne sont autre chose que
des raisins avortés.
« Pénétré de cette pensée, je m'étais demandé bien souvent s'il n'était pas
possible d'obtenir que les vrilles, au lieu de devenir les longues excrois-
sances contournées que l'on conn-iît, et qui épuisent inutilement la vigne,
pussent, iu contraire, produira de beaux et boas raisins. J'ai acquis la
certitude que rien n'est plus facile.
« Si l'on examine la vrille dans 1 s premiers jours de sa croissance, on
remarq'ie qu'elle. est divisée en deux ou trois filaments très ténus. C'est
un de ces filaments qu'il s'agit de ret"anchir ou de pincer avec précaution
toutefois pour r.e pas endommager les autres. Mais on devra éliminer de
préférence celui à la base duquel on remarquera un petit renflement, sorte
de petit follicule tiès exigu. C'est en cela que consiste l'opération; mais
aussitôt après il est merve lieux de voir la rapidité avec laquelle sa formera
le raisin.
« Lorsqu'au printemps 11 température le favorise, trois ou quatre jours
au plus suffisent pour qu'on le voie apparaître. Et tous ceux qu'on aura
ainsi fait naître pendant le mois de mni seront aussi beaux que leurs voisins
venus naturfillemen'. Du reste, tant que la végétation aura a<sez de force,
pendant la mois de juin et même pendant les premiers jours de juillet, on
obtiendra eneore de très bons résultats, dont on sera encore plus assuré si
l'on a soin en mèmj temps de retraueti'jr le gourmand qui se trouve près
de la vrille. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la principale condition
du succès est de saisir le moment où la vrilla vient de naître; car ai l'on
tarde trop, la vrille aura perdu toute sa force et toute sa sève à pousser
ses ramifications, tt le raisin aura avoité. »
Malgré quelques expressions d'une exactitude douteuse (1) qui
ont échappé à l'auteur de cette lettre, le sens en est assez clair
pour être compris par tout le monde, et chacun pourra à son
aise vérifier ce que cette pratique a de fondé. Pour ma part, je
n'y manquerai pas. Cependant j'estime que lorsque la taille de la
vigne a été bien faite les sarments produisent tous les raisins que
le cep peut nourrir, et qu'il n'y a pas lieu de s'occuper à le
surcharger inutilement.
Je ne partage pas l'opinion de l'auteur qui considère les vrilles
comme de longues excroissances contournées qui épuisent la vigne.
Les vrilles ne sont pas des excroissances, mais des productions
très naturelles qui jouent un rôle très important chez la plupart
des végétaux grimpants ou sarmenteus. Elles n'épuisent pas plus
la vigne que les feuilles elles-mêmes.
(1) Fo?/!C«?e, par exemple, qui est une sorte de fruit sêc, n'a aucun rapport avec
le petit renflement dont veut parler l'auteur.
^ 92 —
Deslruction des mulols. — M. Comon, professeur départemen-
tal d'agriculture du Pas-de-Calais, indique le moyen suivant :
On prend 10 litres de blé que l'on fait macérer pendant plusieurs
heures dans une eau contenant par litre 60 grammes de mélasse,
on retire le blé et on le laisse sécher jusqu'à ce qu'il devienne col-
lant : on le roule alors dans 30 grammes d'arsenic, puis dans 600
grammes de farine de blé. On prend avec une spatule 5 ou 6 de
prahnes ainsi formées, et on les place dans un trou que l'on a soin
de boucher d'un coup de talon. Il faut environ 10 litres de blé
pour un hectare.
. Moyen emyloijè pour se garantir des limaces. — M. Henri Pilhe fait
connaître ce procédé que nous indiquons sans en garantir l'effi-
cacité.
Henri Pilhe, qui avait essayé tous les moyens recommandés par
les cultivateurs, les jardiniers et les livres, et qui n'avait eu de sa-
tisfaction avec aucun, eut l'idée d'hacher de la paille très mince et
d'en répandre autour de ses légumes. Il a raconté que le lende-
main il trouva les limaces, petites et grosses, très embarrassées et
mourante au milieu de cette paille menue dans laquelle elles s'é-
taient aventurées et qui s'étaient collées autour de leur corps.
Je ne sais pas jusqu'à quel point ce procédé signalé par Joi-
gneaux dans ses Ephéméridcs est appliquable en grand, mais il ne
coûte pas cher à essayer. Nous préférions cent fois que quelqu'un
voulut bien chercher un toxique bon marché, qu'il suffirait de mêler
au fumier, au terreau, ou de répandre sur le sol pour empoisonner
les limaces. Cela se serait pratique si le produit était bon marché.
Allons chercheurs d'insecticides à l'ouvrage ?
J propos de f espèce. — Les savants se disputent depuis fort long-
temps à propos de l'espèce et la discussion reste ouverte. Chacun
a sa petite opinion sans compter ceux qui ont des opinions succes-
sives sur ce sujet difficile. Les uns réunissent ceci, séparent cela,
et si d'aventure on leur demande pourquoi, ils répondent : c'est
mon opinion. C'est bientôt dit. Je sais bien qu'on ne peut pas for-
cer les gens à ne pas avoir d'opinions personnelles, mais ne pour-
rait-on pas leur demander d'être conséquent avec eux-mêmes? Je
viens de hre par exemple la monographie d'un genre polymorphe,
fort difficile à étudier, dans laquelle l'auteur s'élève avec énergie
contre les «pulvérisateurs d'espèces », ces gens qui embrouillent la
science, ces gens qui, ces gens que... des gaillards en un mot qui
ne sont pas bons à jeter aux chiens. Allons, me dis-je, à la bonne
heure, voilà un malin qui n'envoie pas dire ce qu'il pense du voi-
— 93 —
sîn, voyons comment il traite la question qu'il reproche aux autres
d'avoir si mal traitée. Ah! misère, prenez mon ours, Monsieur !
U nous la baille belle le monographe en question : nobis, nobis, tout
nobis. L'amour du nobis (1) le perd. Les espèces des autres ne
valent rien, mais les siennes; il n'y a plus que les siennes. Il était
inutile de traiter de pulvérisateur un confrère pour pulvériser à son
tour quatre pages plus loin.
J'ai du reste fait cette remarque assez souvent : les Darwinistes
les plus enragés en théorie sont bien différents en pratique. Si je
ne craignais pas citer des noms propres, je pourrais vous montrer
des auteurs en renom qui n'admettent pas toutes les espèces de
Linné et qui élèvent au rang d'espèces avec nobis à la clef de sim-
ples variétés horticoles. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 45 février 1885 , tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. J. Chrétien, vice-président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/2.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
Correspondance. — La correspondance se compose:
Lettre de M. Puvilland, secrétaire, s'eicusant de ne pouvoir assister à la
séance.
M. Viviand-Morel, secrétaire général, dépouille la correspondance impri-
mée et signale les revues et journaux horticoles renfermant des articles
intéressant l'horticulture et fait circuler ceux contenant des illustrations.
Présen/ations. — Il est donné lecture de quatre candidatures sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis sans protestation les candidats présentés à la
dernière réunion.
Ce sont MM. :
Pittet (François), horticulteur à Lausanne (Suisse), présenté pirMM. Jac-
quier (Cl.) et tiUet.
Robert (Jean), rue de la Pyramide, 116, Valse-Lyon, présjnté par MM.
Pagnoa et J. Jusseaud.
Burnichon (Joseph), jardinier chez M. Bradin (Henri), avenue Vailloud, à
S'iinte-Foy-lès-Lyon, présenté par MM. Gaillard (Pierre) et Jusseaud aîné.
Verzieux-Ducai-re, négociant, quai de la Pêcherie, 11, Lyon, présenté par
MM. Ouinant et Deville.
Feuga fils, architecte, place dos Célestins, 6, Lyon, prédenté par MM.
Valette (Eiennej et J. Jacquier.
Descombes (François), jardinier-maraîcher chez M. Lalouette, château de
Moncelard. àTassIn fKhône), présenté par MM. Michaux (Jules et C. Verne.
Cochet, horticulteur, à la Djmi Lurie-Tassin, présenté par MM. Deville
jeune et Accarie.
(1) Nobis. Leg créateurs d'espèces mettent ce mot latin à la suite du nom ppécifj-
que pour indiquer qu'ils sont les créateurs de Tespèce.
— 94 —
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Eugène Duviard, deux pieds de Cileri-rave, excellent légume
d'hiver dont la culture est. à tort, un peu négligée dans iio'.re région. Les
pieds présentés sont d'une belle grosseur.
Par M. Charreton, horiicnltpur à Lyon, quatre pot; de Cydnmen persicum
grandiflonim de toute beauté. Ces plarites sont non seulement, remarquables
par l'abandance et la dimension des Heurs qu'elles présentent, mais encore
par la richesse de leur coloris; ces pUutes, parleur vigueur, dénotent
qu'elles ont été cultivées avec des connaissances de culture tout à fait spé-
ciales que l'on ne peut trouver que chez les spécialistes.
ParM. Cordier-Combet, horticulteur à Lyon, plusieurs pieds de Cjclamen
de Perse à trè;? grandes fleurs, qui ne sont pas m jins remarquables que ceux
du précédent présentateur. Parmi les plantes présentées par M. Oombet,
une est à Heur double. La duplicature n'étant pas due à la transformation des
étamines en pétales, mais à une addition de pétales supplémentaires, il y a
tout lieu de penser que cette variété pourra, d-ins une certaine mesure, sa
reproduire parla graine.
Les Cyclamen de MM. Cordier-Combit et Ch^rreton font honneur à ces
deux horticulteurs, qui ont su cultiver ces belles plantes aussi bien qu'en
Angleterre.
Par M. Corb'n, jardinier-chef chez M. le duc de Mortemart, à Lachassagne
(Rhône), un lot de poires composé des variétés : Prince N-ipoiéoa, Berga-
motte de Montluel et Joséphine de Malines, et plusieurs Pommes de la
variété P. Pigeon.
Un pied de Croton, Baron Jamfs de /iolhsc/iihl. à feuilles grandes d'un brun
rougtâtre et garni depuis la base jusqu'au sommet; le snjet présenté est
remarquable comme bonne culture.
Par M. Schmitt, horticulteur, Lyon :
Clivia miriiala Schmitlii. minium grenat, coloris tout à fait nouveau ;
Cl. m. marmorata, minium orange foncé tout p' intillé et marbré de blanc,
l'extrémité des pétales pointé blanc pur;
Cl. m. valotœfoi-mis, Jltiurs bien érigées, d'i-ne forma parfaite, pétales
larges et ne le recourbant pa*. La fleur minium orange clair est bien évasée,
l'intérieur est blanc pur ;
Ci. m. splendida. ombelle très large, ûenrs bi'n ét\'é3S, couleur orange
minium brillant, beaucoup plus foncée que cellj du Ijpe.
Par M. Bernais, hortioulteur-rosiériste, Lyon, de? pieds de semis de Rosa
polyantka; les sujets présentés sont dés semis d'un an, et comme l'églantier,
mais beaucoup moins que lui, la racine tend à pivoter lorsqu'ils ont été semés
ou placés dans un terrain défoncé profon lé nsnt. M. Bernaix rappelle, ainsi
qu'il a déjà dit pour sa présentation de la précédente séance, que les litsa
pohjanlha. emploj'és commj sujet à greffer sur collet, seront d'un bon secours
pour la culture du rosier.
Par M. Hoste, horticulteur, Lyon-Monijlaisir, un pied de Penstcmon à
feuilles panachées, variété nouvelle qui vient d'être misa au commerjs à la
fin de 1884; cette plunte. quoique le spécimen présenté soit encore petit, a
les feuilles régulièrement panachées de blanc, et lorsque 11 plante est bien
dévelop[:ée, l'effet produit par cette panaohure est très ornemental.
Par M. Liabaud, horticulteur, Lyon-Croix-Rousse, un pied de Du ffam-
6'icAiV! /îô«i(«a;u', m ignifique aroï lée d'un port élégant et d'u' e ci'oissance
assez faîile, produisant p ir ses li-randes feuilles un effet as^ez décoratif; un
pied d^ Franckea rnuquificn. (ou /irun/chin m lynificn). arbris-eau très rwmeux,
à floraison ab )nlant,e, irès agréable pni' U dimension de ses fleurs et leur
coloi'is ; un pied à' Erantliemum s inf/uDwltmi/in, plante assez curieu.'o, à
feuilles d'une grande richesse de pinachures oi'i le vert obscur et le vert pâle
sont rehaussés par des nervures du plus beau carmin, et qui si nt bordées de
cils de même couleur.
— 95 —
Par M. Clapeyron, marcliand de terre de bruyère, à Taluyers, par Mor-
nant (Rhône), quelques mottes de terre de brujôra qui, à première vue,
parait éire de très bonne qualité.
Par M. Page, un fumigateur pour employer soit le soufre ou d'autres
substances int-eoticides.
Par M. RIvoite fil», horticulteur-grainier, Lyon, une terrine carrée (Voir
Lyon- horticole, mars 18S5, n° 5, page 83.)
Par iM. J. Niiîolas horticulteur-grainier, Lyon, une bouteille dâ l'engrais
insecticHe liquid- régénérateur Guilberl, dont il est le dépositaire. Le pré-
semateiir rapjielle les expériences qui ont été faites par divers horticulteurs et
les résultats i-ati.-faisants qui ont été ohienus, soit en employant le Régéné-
rateur comme arrosage alditionné de SD ou 50 liti'es d'eau, suivant l'état
ligneux des végétaux qua l'on se propose de traiter; et comme insecti-
cide, en l'empl yant dans le bissinago des pliintes de serres et de plein aii',
ainsi que pour le treaipjs:e et le lavage des plantes. Il cite les résultats obte-
nus par un horticulteur lyon-iais, M. Rochet. qui l'emiiloie depuis plusieurs
années et qui a pu, en l'employant dan-» le lavage des plantes, te les que
Pandanus, Fhœnix, Châmœrops, etc., se débarras-er des kermès, aoares et
autres parasites. 1\L Nicolas fait aussi remarquer que les expériences faites
pour combattre et atténuer les ravages du ver blanc et des pucerons du
rosier ont été concluantes.
Pour juger ces apports, il est nommé deux Commissions composées :
Pour les fruits et légumes, de MM Pitaval, Berthier et Pelletier.
Pour la floriculuire, de MM. Lsbruyèie, Lille, Gaulain, Musset et Crozy.
Ces Commissions, après examen, proposent d'acjorder les primes et cerli-
fîoais dont suit l'énumération :
A M. Corbin, une prime d-i 2° classe pour ses fruits.
A M. Corbin, une primi de 2'= classe pour le Croton Baron James de
Rolhschid. '
A M. Duviard, une prirne de 3* classe pour le Céleri-rave.
A M. Liabaud, une prime de 2° classe pour son Francisja magnitica, et
une de 2" classe pour le Dieffembachia Bowmani et l'Eranthemum sangui-
nolentum.
A M. Cordier-Combet, une primft de 1" classe pour son Cyclamen à fleur
double, et une de 1"= cl'isse pour celui à fleur simple.
A M. Charreton, une prime de P* classe pour son Cyclamen à fleur rouge,
une de l" classe pour celui à fleur blanche, et une de i'" classa pour celui à
fleur blanche à centre rose. La Commission adresse de vivjs félicitations
aux présentateurs pour l'apport d'un lot aussi méritant.
A M. Schmitt, un cprtifloat de 1"^^ classe pour le Clivia miniala, var.
Sehmittii, ini ceriificat de 2« classa pour le Clivia miniata, var. marmorata,
une dd 2."- classe pour la C. miniata, var. vallotœformis, et une de 2° classe
pour le Cl. miniata var. splendida.
Pour les auties appo.'ts, les Commissions demandent l'inscription au
proeès-verb'>l.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
Les diplômes de piimes et de certificats sont remis aux personnes qui les
ont obtenus.
L'assemblée procède ensuite à la discussion du règlement des concours
spéciaux.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
J. Nicolas, Secrétaire-adjoint.
— 96 —
Acrostichum alcicorne Willem.
Synonymes : Platycerium angustatum Dew ; Ncvroplalyceros aleicorHe.
Bien avant que nos soi-disants ancêtres les singes liabitassent
les forêts de l'Ancien Monde, il y avait une famille végétale nom-
breuse qui peuplait la terre où grouillait alors tant d'animaux bi-
zarres ; cette famille était celle des Fougères.
Nous trouvons dans les anciens terrains de formation houillère
les vieux portraits pétrifiés de ses premiers parenis. A l'heure
actuelle les Fougères sont encore les espèces les plus répandues
sur le globe puisqu'on en connaît plus de 3,000 espèces dispersées
dans les îles ou sur les continents. On les trouve dans les climats
les plus extrêmes, depuis les régions polaires jusque sous les tropi-
ques. Cependant malgré leur grand nombre d'espèces et l'immense
étendue de leur aire de dispersion, on peut dire qu'il faut à la pin-
— 97 —
part des Fougères une réunion particulière de conditions climato-
logiques pour favoriser leur développement. Les endroits secs et
découverts ne leur conviennent que très peu, tandis qu'elles se
développent vigoureusement dans les lieux ombragés, humides et
frais. Malgré cela quelques espèces possklent la faculté de pouvoir
supporter de très longues sécheresses, de se dessécher presque com-
plètement et de renaître aux premières pluies.
h'Âcroslichum alcicorne, dont nous l'eproduisons la figure est une
des plus singulières espèces de cette belle famille. Elle croît sur les
arbres et dans les anfractuosités des rochers des zones intertropi-
cales.
Elle est presque aussi répandue dans les pays chauds que cer-
tains Jsplenium — le Irichomants par exemple — dans les pays
tempérés. L'Acrostic corne d'élan, a été classé dans la tribu des
Poh'podiées ; il est caractérisé par un rhizome épais, chargé d'é-
cailles raides. Il a des feuilles de deux sortes : les unes stériles
très grandes se présentant sous la forme d'une large expansion
réni(ora;ie, sessile, entière, horizontale, et s'appliquant contre le
support de la plante ; les feuilles fertiles, sont dressées, d'aspect
palmé plus ou moins lobé suivant leur vigueur.
La culture de cette espèce doit se faire à la façon de celle des
Orchidées épiphytes indiennes. On les fixe sur un morceau d'écorce
raboteuse que l'on pend dans l'endroit le plus humide de la serre.
Une autre espèce très voisine mais plus belle, V Jcroxiichum
grande se cultive de la même manière. G. Davy.
De l'empoisonnement du sol (?).
Notre collègue, M, Besson, horticulteur à Voiron (Isère), a
soulevé une des plus intéressantes questions horticoles qu'il soit
possible d'étudier dans l'état actuel de nos connaissances techni-
ques. En la présentant sous le vocable de « Empoisonnement du sol » ,
nous avons ajouté un point d'interrogation (?) à la suite du titre,
afin de bien montrer qu'il y avait là une question à résoudre. En
effet, cette question aurait pu également être présentée sous le
titre : Epuisement du sol et même sous d'autres tout aussi liypoltiè-
llques.
L'important était de poser cette question, et ce qui serait émi-
nemment désirable, après l'avoir posée, serait de la résoudre.
Pour t<âcher d'arriver à cette solution, nous donnerons la parole
aux personnes qui voudront émettre leur opinion.
— 98 —
Et, pour commencer, nous recevons deux communications sur
ce sujet qui nous arrivent : la première en da'.e, de Marseille ; la
seconde, de Lyon. Voici ces communications :
Marseille, le 21 mars 1885.
Monsieur Viviakd-Morel,
Vous avez publié dans le n» 5 du Lyon-Hm-tkolc un article de M. Besson,
horticulteur à Voiron ([;ère), in'ilulc : d' l' Em/joisormement du sol, sur leijuel,
puisqu'il e^t présenté sous la forme interrogarive, .ja dé.-ire vous donii'ir mon
opinion. N'étant ni physiologiste, ni chimiste, mon opinion s'appuia surtout
sur ma longue expérience pratique et, si vous voulez, routinière.
Je crois à V empoisonnement du sol, mais seulement par un champignon.
Vous savez que les végétations crjptogamiques cau3f:nt un pi'éjudioe cjnsi-
dérable aux parties aériennes des végétaux ; eh bien ! poï-r être moias appa-
rentes, les déprédations sur les racines n'en existent pas moias. Je ne vous
dirai pas le nom de ce microscopique champignon, mais, quoique peti', il est
facile de le voir à l'œil nu sur tous \ei arbres morts ayant été planté* après
d'autres arbres. Je ne crois même pas à l'insolation d'an arbre; clierohez
toujours le champijjnon sur les racines et vous aurez de suite la certitude
que ce n'est pas le soleil qui est coupable. Un arbre mort de cette manière
est toujours mort des racines, plusieurs jours et quelquefois, dans l'hiver,
plusieurs mois avant la tige et les branches. Je puis vous en tonner la preuve
quand vous voudrez.
Si l'on pouvait trouver un liquide corrosif pour détruire les germes de ce
champignon sans nuire a l'action vJgéiative de la terre. \x chimie, ce jour-là,
aura rendu un immense service à 1 horticulture.
Tout le monde sait que les arbres viennent bien et vieus dans les terrain?
neufs ou vierges et peu ou pas dans las terrains ayant eu depuis peu des
arbres, et tout le monde dit, et moi comme tout la monde : Vous voulez
remplacer ces arbres qui sont morts? alors changez la terre. Et l'on dit vrai;
mais si par hasard on a oublié une simple petite racine de l'ancien arbre,
cela sufiit; celte racine pourrit, engendre le champignon qui se communique
aux racines de l'arbre nouveau, et il suffît souvent de qu-;lques jours seule-
ment pour que le nouvel arbre périsse à so.i tour.
Voilà mon opinion ; un plus savant que moi trouvera probablement mieux,
mais cela me fera plaisir, car généralement de la discu*siou jaillit la lumière
si utile à tous.
Veuillez agréer mes sincères civilités. C. Montel,
Horticulteur à la Turbine. Marseille.
Note de M. Ant. Rivoire sur le même sujet.
En horticulture, le praticien n'est presque jamais écrivain. Cet
axiome est surtout vrai pour l'horticulteur lyonnais.
Dans la conversation, que de choses importantes on apprend de
ces vieux maîtres dont la vie s'est souvent passée en observations !
C'est ainsi qu'on peut recueillir et transmettre les bons procédés.
Mais compter que ces hommes, plus savants cent fois et surtout
plus observateurs que les savants décorés de ce titre, n'écrivent
jamais !
C'est ainsi que la question soulevée dans le Lyon-florlicole,
par M. Besson, sous le titre : Empoisonnemcnl du sol, pourrait
arriver à faire bien du progrès, si ceux qui ont observé voulaient
livrer à la publicité le résultat de leurs réflexions.
— 99 —
Quoique n'étant encore ni vieux, ni savant, j'ai pourtant déjà
mon opinion à ce sujet et, ne serait-ce que pour donner l'exemple,
je veux vous la faire connaître.
Pourquoi, s'est demandé M. Besson, lorsqu'on plante un arbre
à la même place où un autre arbre de même essence a déjà vécu,
ne peut-il y vivre à son tour?
S'appuyant sur ce qu'on dit généralement, que la terre est em-
poisonnée, l'auteur émet l'avis que les racines du premier végétal
ont émis dans le sol certaine substance qu'elles sécrétaieni, et que
cette substance, impropre à la végétation de ce végétal, fait lan-
guir et périr celui de même nature qui le remplace.
Cette opinion peut être bonne, mais elle n'est, ainsi que toutes
les idées qui ne s'appuient pas sur des preuves convaincantes,
qu'une simple hypothèse. Elle a, par conséquent, bien sa valeur,
puisque c'est toujours par hypothèses que l'on procède tout d'abord
à la résolution d'un problème.
Mais en voici une autre qui, à mon avis, doit aussi avoir son
importance ; peut-être même les deux réunies sont-elles la vraie
solution.
Tout végétal est composé d'un certain nombre d'éléments qui
sont en partie fournis par le sol dans lequel il est planté.
L'absorption de ces éléments épuise naturellement la terre et
leur absence condamne forcément le végétal remplaçant à périr
d'inanition.
On me répondra certainement par l'argument des engrais com-
plets; oui, mais voilà, c'est que je ne crois pas aux engrais com-
plets, et je prétends même quil est impossible, en l'étal actuel de la
science^ d'en former.
Prenons pour exemple la vigne.
Autant qu'il a été possible d'en juger par les analyses chimiques,
un cep est composé des éléments suivants : acide phosphorique,
azote, potasse, chaux, soude, magnésie, fer, manganèse, acide
sulfurique, chlore, silice et carbone.
Si on veut former un engrais complet pour la vigne, on y mettra
bien l'acide phosphorique, l'azote, la chaux, la potasse; mais les
autres matières telles que la soude, la magnésie, la silice, le
fer, etc., jamais on n'y songera.
Voudrait-on même les y ajouter, sait-on seulement sous quelle
forme elles devront être employées pour être rendues assimilables?
Il ne suffît pas de mettre un morceau de fer, ou des cristaux
au pi(!d d'une plante pour que celle-ci les absorbe; il faut encore
que ces éléments soient présentés sous une forme que l'on a
justement désignée sous le nom d'assimilable.
Et encore, sait-on bien seulement si la vigne n'est pas composée
de plus d'éléments que j'en indique?
— 100 —
La science a, certes, fait beaucoup de progrès depuis quelque
temps ; nul mieux que moi ne le reconnaît ; mais elle n'a pas non
plus franchi son dernier pas, et rien ne prouve que d'autres matières
aussi essentielles n'existent pas dans les végétaux.
Je sais bien qu'on me répondra que ces corps dont on n'a pas
encore reconnu la présence, en supposant qu'ils existent, le sont
sous un si petit volume, ou en si minime quantité, qu'ils ne peu-
vent pas beaucoup influer sur la composition de l'arbre ou de la
plante.
Qu'en savez-vous?
Qui vous dit que ces corps ne sont pas aussi essentiels que les
autres? Ce n'est ni au volume, ni au poids que l'on peut juger ces
questions-là. Rien n'existe d'inutile dans la nature, chaque chose a
son rôle à remplir, chaque élément d'un végétal doit lui être indis-
pensable; qu'un seul lui soit enlevé et l'équilibre est rompu !
Mais je veux bien supposer que la chimie fasse encore assez de
progrès pour que, dans un avenir plus ou moins éloigné, on puisse
dire, d'une manière certaine, la composition complète d'une plante ;
je veux admettre aussi que cette même chimie arrive à reconnaîtra
sous quelle forme les différents corps doivent être présentés aux
plantes pour qu'elles puissent les absorber ; on se heurtera alors à
une autre presque impossibilité que voici :
Chaque espèce de plantes a une composition différente ; le hêtre,
par exemple, n'est pas formé comme le tilleul ; mais ce qu'on ne
sait pas assez, c'est que chaque variété aussi est différemment
composée.
J'en reviens à l'exemple de la vigne.
Dans une analyse de cépages différents, je relève les écarts sui-
vants (1) :
Nom Matière Azote. Acide Potasse. Chaux. Magnésie,
du cépage. sèche. phosphorique.
gr. kg. kg. kg. kg. kg.
Grosse Cavmenère. 652 14.22 4.53 17.28 17.58 6,09
Montrachet. ... 38 16.36 10.88 12.75 21.02 448
Le tout pour 1,000 kg. de matière sèche.
Cette analyse établit donc, ainsi que je le disais, que le dosage
des éléments varie beaucoup selon les variétés. Un poirier Bon-
Clirélien, par exemple, ne demandera pas le même engrais qu'un
Passe-Crassanne ou autre.
Dans la culture, on ne peut naturellement tenir compte de ces
différences ; un engrais composé pour une variété de blé devra
servir pour toutes les autres variétés ; mais cela ne prouvera pas
moins ce que j'avançais, qu'il est impossible d'établir des engrais
(1) Progrès agricole, n» 12. — 1885.
— loi —
complets et, par suite, impossible de reconstituer intégralement un
sol.
Un autre obstacle qui doit s'ajouter à ceux dont j'ai déjà parlé,
est celui du sol lui-même.
Tous les terrains ne se ressemblent pas; ils varient même énor-
mément. 11 serait donc aussi indispensable d'analyser minutieuse-
ment toutes les parcelles du sol.
Je crois avoir détruit le sens de cette phrase de l'article de
M. Besson :
« Les uns disent : « la terre est usée » ; erreur, la terre quoique
'( appauvrie peut, par le moyen des engrais, se reconstituer et
« donner ensuite les mêmes résultats qu'auparavant. »
Mais ça n'enlève rien à son argumentation. 11 a peut-être rai-
son quand même. Peut-être aussi avons-nous raison tous les deux.
Peut-être, enfin, y a-t-il place pour une troisième opinion.
Ant. RivoiRE,
Marchand-grainier à Lyon.
La Prune d'Ontario (1).
Quoique les variétés de fruits de toutes espèces que l'on possède
actuellement soient innombrables, chaque année en voit mettre
une certaine quantité au commerce. Un grand nombre ne répon-
dent pas aux espérances qu'ont fait naître les éloges intéressés de
leurs producteurs et ne tardent pas à être éliminées des collections
d'élite.
Mais, lorsqu'un fruit nouveau possède un mérite réel, sa répu-
tation s'accroît d'année en année. C'est ce qui nous engage
aujourd'hui à signaler au pépiniériste aussi bien qu'aux amateurs
français une variété américaine qui est encore fort peu répandue.
11 y a quelques années, MM. Ellwanger et Barry, pépiniéristes
àRochester N. Y. (Etats-Unis d'Amérique), mettaient au commerce,
sous le nom de prune d'Ontario (^Ontario plum), une nouvelle
variété pour laquelle il n'a malheureusement pas été fait de
réclame.
Le Prunier d'Ontario a été cultivé et expérimenté avec un
grand succès aux Etats-Unis et au Canada d'abord, puis à Karls-
tadt en Allemagne.
11 croît très bien, greffé sur le prunier St-Julien ou sur le
prunier franc ; il e.ii de vigueur moyenne, et son port est très
touffu. Son grand mérite consiste en sa rusticité et sa fertilité ; il
a passé, sans être endommagé, les hivers les plus rigoureux des
pays du Nord ; sa floraison est tardive et n'est presque pas endom-
(1) Extrait du Moniteur d'H<irticulture.
— 102 —
magée par le froid ou l'humidité ; quant à sa fertilité, plusieurs
notabilités arboricoles déclarent qu'elle est d'un rendement pro-
digieux.
L'époque de maturité des fruits est le mois d'août ; ces derniers,
d'un volume analogue à celui d'un abricot de moyenne grosseur,
sont d'un beau jaune foncé ; la chair d'un vert jaunâtre est très
douce, juteuse, fondante et non adhérente an noyau.
C'est une variété hors ligne pour les pays du Nord ou les
plateaux élevés de nos pays tempérés. Quant aux usages culi-
naires de la prune d'Ontario, s'il faut en croire les éloges qu'en
font les Yankees, elle serait supérieure pour les confitures, marme-
lades et conserves , à notre vieille et bonne prune Reine
Claude (1). O. B.
Note sur les Pivoines en arbre.
Les premières Pivoines en arbre furent introduites de la Chine
en Angleterre en 1789; elles passèrent ensuite dans les cultures
françaises où elles devaient s'enrichir beaucoup plus tard de nom-
breuses et belles variétés obtenues de semis par plusieurs horlicul-
teurs très renommés.
Dumout de Courset, dans son Bolanisle cuUivaleur ,'^\xh\\é en 1811,
fait les réflexions suivantes à propos de la Pivoine en arbre : « La
Pivoine frutescente est une plante encore rare, mais qui, vraisem-
blablement, sera dans peu de temps plus répandue par la facilité de
sa multiplication. On la propage de marcoUes et de boutures, et il
paraît que le succès en est certain. Cette espèce, selon M. Delau-
nai, dans son Bon Jardinier de 1807, se trouve représentée sur les
papiers peints qui viennent de la Chine. Ses fleurs très grandes et
très pleines, dont il y a une assez longue succession, la rendent
d'un véritable ornement. Mais n'aura-t-elle pas un jour le sort de
VHoriense qui a été si recherchée lors de son introduction en Europe
et qui actuellement est tombée en discrédit? Rare, on la trouvait
superbe ; commune, on la trouve sans grâce. La Pivoine frutes-
cente en a-t-elle davantage? non, sans doute; cependant la pré-
vention de la vulgarité à part, elles seront toujours toutes deux
des acquisitions précieuses pour l'ornement de nos jardins et de
nos serres. »
On voit que dans les premières années du 19" siècle, la Pivoine
en arbre était encore assez mal connue, puisque l'auteur que nous
venons de citer — un des bons auteurs du temps — n'en parlait
(1) M. B. Muller Klein, pépiniériste à Karlstadt-sur-le-Mein (Allemagne), est,
& notre connaissance, le seul horticulteur qui ait multiplié jusqu'à présent cette
nouvelle variété ; c'est du reste à cette maison que nous devons son iutroduction en
Europe. N. D. L. R.
— 103 —
que comme d'une nouveauté qu'il n'irait peut-être pas vue, car la
facilité de sa multiplication « par bouture et par marcottes, » qu'il
signale, prouve qu'il n'avait pas lui-même essayé de la multiplier.
Cinq ans après, le Bun Jardinier de 1S17 signalait deux variétés
de la Pivoine frutescente : « une d'une très jolie rose dont les pétales
étaient marqués à la base d'une couleur plus foncée, et une autre
d'un rose pourpre que relève encore le jaune éclatant des étamines,
à pétales plus courts et à odeur d'essence de rose. » On les mul-
tiplie de marcottes ; ses boutures réussissent rarement, ajoutait le
rédacteur.
En 1825, le même Bon Jardiider n'ajoutait rien de plus à la
rédaction de la note précédente.
En 1835, Louis Noisette, dans son Manuel complcl du Jardinier,
signalait déjà quatre variétés de Pivoine en arbre : 1" Pivoine papa-
véracée [P. papavciacea Andrew.); 2° P. Moutan à fleurs doubles:
3° Pivoine odorante ; 4" Pivoine l^Iontan à fleurs rouges. La mul-
tiplication de la Pivoine en arbre n'avait pas encore fait beaucoup
de progrès en 1835, car la même petite note relative à ce sujet, et
qui depuis 1811 accompagnait dans les ouvrages horticoles la des-
cription de l'espèce, se retrouve d xns l'ouvrage de Louis Noisette.
A cette époque, l'auteur que nous \ enons de citer croyait la Pivoine
en arbre peu rustique, puisqu'il recommandait d'en risquer quelques
pieds en pleine terre, avec la précaudon de les couvrir de feuilles
sèches et de litière pendant l'hiver.
Quelques pieds de Pivoine en firbre ayant commencé à donner
des graines dès 1822, MM. Noisette, Cels frères, Mathieu, ainsi
que d'autres horticulteurs distingués, en firent des semis qui aug-
mentèrent le nombre des variétés connues. L'application de la
greffe des Pivoines en arbre sur la racine tuberculeuse des Pivoines
herbacées en favorisa la propagation de telle sorte qu'il se fit plus
de progrès de 1835 à 1S45 qu'il ne s'en était fait pendant les qua-
rante années précédentes. En 1849, Seringe, qui mentionnait dans
sa flore des jardins les espèces que Jacques avait signalées dans
son Manuel gêné) al des plantes, fixe le nombre des variétés connues
ce sont les suivantes
CLLO CjJUlJLlC «
ViUjj
L— (M-IULIC , I..C OÏJllU ICO Ol
uvauica .
Simple.
Hâtive.
Gloire des Belges
Double.
Blanche.
Libon.
Double rose.
Violacée.
Frangée.
Odeur de rose.
Rouge.
Festonnée.
Banks,
Pâle.
Lefèvre.
Lilacee.
Pamchée.
Joséphine.
Angélique.
Lacérée.
Rose.
Pompon.
Papavéracée.
His.
Depuis 1849, la collection de ce genre s'est singulièrement enri-
chie par des variétés nouvelles introduites de la Chine par M. For-
tune et surtout par de nombreux semis qui ont donné des gains
— 104 —
d'une grande valeur. Beaucoup de variétés ont des fleurs d'une
dimension énorme.
Parmi les semeurs qui ont le plus contribué à l'obtention des
nouvelles variétés, on peut ciier : Adrien Sénéclause, Mouclielet,
Gœthals, Guérin et plusieurs horticulteurs italiens et belges.
Nous ne voulons pas énumérer les variétés de Pivoine en arbre
actuellement connues , car le nombre en est relativement considé-
rable ; nous nous bornerons à dire que toutes les nuances dérivées
du rouge, le blanc pur, le rose saumon, le violet, le lilas, l'ama-
rante, se combinent de nombreuses manières et s'associent à des
fleurs doubles, semi-doubles de dimension variable.
Ainsi qu'on a pu le voir au commencement de cette note, les
procédés de multiplication de la Pivoine en arbre se sont bornés au
marcottage et à la séparation des souches. Aujourd'hui ces moyens
sont généralement abandonnés par les cultivateurs qui leur ont
substitué la greffe en fente sur les racines des autres Pivoines
herbacées.
La greffe, pour réussir, demande à être faite en juillet-août.
A cette époque, les racines végètent pour leur propre compte et
non pour celui des feuilles et des fleurs, comme cela a lieu au
printemps. C'est donc à cette époque qu'il faut gretfer. Voici de
quelle manière : On se procure des tubercules assez forts de Pivoines
herbacées que l'on coupe transversalement en haut et sur les-
quelles on pratique une fente longitudinale assez forte pour pouvoir
y introduire un rameau de Pivoine en arbre taillé en coin. On
ligature avec un lien et on entoure la partie greflfée de mastic. On
peut encore faire une entaille triangulaire au sujet et y insérer le
greffon taillé de la même manière. Les greffes faites doivent être
mises en pots et placées sous cloches dans une serre aérée et
ombragée ou au dehors à l'abri des rayons du soleil. Au bout d'un
mois ou deux, la reprise a lieu. On doit habituer insensiblement à
l'air les jeunes gretîes et les hiverner sous châssis. S. T.
REVUE DES CATALOGUES
Ant. Mercier, marchand-graiiiier, caltivate;-r, 43, boulevard du Musée,
Marseille. — Catalogue général de graines, Oignons h lleiiis, Fr.iisiers en
collection, Rosiers, Arbres fruitiers; Collection de plantes diverses : Cannas,
Glaïeuls, Plantes vivaces, etc.
— VilmorinAndrieux et Cie, horticulteurs marchands-grainiers, 4, quai
de la Mégisserie, Paris. — Catalogue contenant un chois de graines et. de
bulbe-, à semer ouàplanterau printemps. Noticesur la culture de l'Asperge
officinale.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREI,.
Lyon, — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33,
1885 AVRIL N" 7
CHRONIQUE
Deux roses de 25,000 francs. — Il y a des gens qui connaissent,
les moyens pour se faire trois mille francs de rente en pratiquant
l'art d'élever les lapins en les nourrissant de trognons de choux ou
de luzerne au rabais. Ce métier est très honorable quand on ne vole
ni les choux, ni la luzerne, mais ce n'est qu'une exception dans
beaucoup d'endroits; du reste, il paraît que pour amasser les trois
mille francs plus haut mentionnés en exerçant cette profession, il
faut commencer très jeune et mourir octogénaire et surtout, si on
vole la luzerne, ne pas insulter le garde champêtre, ni sa femme,
ni son chien. Pauvre profession ! Elle ne vaut pas celle de rosié-
riste ; demandez plutôt à M. Henry Benett : deux coups de pinceau
sur les pistils d'une rose et voilà vinquanle mille francs de gagnés.
Eh! mon Dieu oui, le semeur de Shepperton ayant obtenu deux
fort belles roses ainsi nommées : Roses thé Her Majeslij et irdliam
Francis Bcnell, en a cédé l'édition complète à M. Ch. F. Evans de
Rowlandville (Philadelphie), pour la modique somme de 1,000
guinées chaque variété. Ceci prouve que M. Benett obtient de
belles roses dont il excelle à vanter les qualités et surtout à en
trouver le placement; cela prouve encore que M. Evans est un
hardi et riche commerçant qui sait vendre les rosiers. L'Amérique
enfonce l'Angleterre sous ce dernier rapport.
Quand on obtient une belle rose, pour en trouver le placement il
faut être connu et avoir fait ses preuves, sans cela on ne place rien
du tout et les guinées restent en Amérique.
Repiquage des planls.. — Le repiquage des jeunes semis est une
des opérations les plus essentielles de l;i culture des plantes annuelles
semées en pots, en terrines, sous châssis ou en pleine terre. On
— 106 —
doit excepter seulement les espèces semées directement en place.
Toutes les plantes peuvent se repiquer, mais il y en a, comme le
Réséda et les Pavots, qu'il faut repiquer lursqu'elles sont très
jeunes, sans cela elles reprennent avec difficulté. Le repiquage fait
développer de nombreuses racines et rend les plantes plus vigou-
reuses et plus naines. Il ne faut pas craindre de procéder à plu-
sieurs repiquages successifs avant de livrer les plantes à la pleine
terre. On doit toujours, quand on ne dispose pas d'un châssis,
repiquer par un temps couvert, et si le soleil se montre avant la
reprise, il faut ombrer et bassiner le plant. Quand on dispose de
châssis, il est inutile d'observer ces prescriptions : on se borne,
après le repiquage, à ombrer et à priver d'air pendant quelques
jours.
Corbeille rf'or compacte. — La Corbeille d'or, Àbjssum mxalile,
dont on fait de si jolies bordures printanières, vient de s'enrichir
d'une très bonne variété, bien trapue, compacte, mise au commerce
par AIM. Hubert, horticulteurs à Hyères (Vai). J'ai vu cette plante
au Fleuriste de la Ville. Je ne sais pas si elle se reproduira de
graine ; dans tous les cas, les Alyssum en général reprennent très
bien de bouture.
Trunamission du mildeir. — M. Duchartre a présenté à l'Aca-
démie des sciences, dans la séance du 9 février dernier, une note
de M. Fiéchou sur un nouveau mode de transmission du miklew^
de la vigne.
On croyait jusqu'à présent que la possibilité' de transmission du
mildew, de l'automne au printemps suivant, reposait uniquement
sur l'existence et la germinaiionde la spore dormante. M. Fréchou
signale un second moyen beaucoup plus direct et par suite plus
dangereux. D'après cet expérimentateur, un fragment de vigne
séché et préservé de la pourriture en hiver, peut devenir, dès que
les conditions extérieures se montrent favorables, un véritable foyer
d'infection.
Le Joui nul d'agricullure pratique dit que, d'après les expériences
de M. Mares, le soufrage pratiqué de bonne heure, dès la fin d'avril,
avec du soufie sublimé, c'est-à-dire du soufre légèrement acide, et
continué de quinze jours en quinze jours, est encore le moyen le
plus efficace pour conibattre le mildew, l'oïdium et l'antrachnose.
expositions dans CAmèri(iue du Sud. — Une exposition rurale inter-
nationale aura lieu à Buenos-Ayres à dater du 25 avril.
Une Exposition universelle permanente, suivant l'avis du consul
général du Mexique à Paris, sera prochainement établie à Mexico.
— 107 —
Doit-on laillor un arhrr parce ({u'on le replante .' — M. Chargueraud
a publié, dans le journal de la Société nationale d' horticulture, une
note sur celte question si coiUroversée ; en voici les conclusions :
(( Ne pas tailler ou tailler le moins possible les arbres chez
lesquels on remarque que le bourgeon ou œil qui termine les
rameaux est seul apparent ou le mieux constitué ; — tailler au con-
traire plus ou moins les arbres qui ont les yeux latéraux plus appa-
rents ou plus développés que les yeux t^minaux; — toujours tailler
les arbustes dont les rameaux se dessèchent habituellement dans
une plus ou moins grande partie de leur longueur; — et tailler
d'autant plus court, enlever d'autant plus de branches que les arbres
auront plus souffert de l'arrachage et se trouveront placés dans des
conditions naturelles moins favorables de végétation et sont moins
soignés après leur replantation. »
Ces indications sont très précieuses à retenir, car elles reposei.t
sur des observations pratiques qui concordent parfaitement avec les
lois de la phj'siologie.
Nouvel hybride de Cinéraires. — Notre collègue, M. Jules Chré-
tien, nous a montré, il y a quelques jours, dans les cultures que la
Ville de Lyon a confié à ses soins, des Cinéraires en assez grand
nombre et dont quelques-uns sont absolument remarquables sous
le rapport de la perfection , de la grandeur et du coloris des fleurs
et aussi pour la régularité des inflorescences et' le port trapu des
plantes.
Les Cinéraires, que les horticulteurs ont amené par la culture à
l'état de perfectionnement actuel demandent, pour ne pas retourner
aux Hgules étroites et au port élancé de leurs ancêtres, à subir une
sélection sévère pour éliminer tous les individus imparfaits. Sans
cette précaution, les belles races évoluent rapidement vers l'ancien
type, le Senecio cruentus ; aussi les bons patriciens, qui n'ignorent
pas cette propension des Cinéraires, écartent chaque année les
plantes les plus parfaites sous tous les rapports.
Avec ces belles Cinéraires de cultures, M. Chrétien nous a mon-
tré une demi-douzaine de plantes qui nous ont — quoique infini-
ment moins belles — plus intéressé que toutes les autres ; ces
plantes étaient des hybrides bien caractérisés entre la Cinéraire à
feuille de peuplier et une des variétés actuelles de la Cinéraire
cultivée. La fécondation de la première de ces Jeux espèces (Sene-
cio populifolius) par une variété de la seconde [Senecio ornentiis) a
parfaitement réussi et le résultat en est fort curieux à constater.
On sait que vers la fin du 18° siècle (1777-1880) on iniroduisit
dans les cultures les Cineraria populifolia L'Her. et C. crucnta Mass.
que D. C. fit entrer plus tard dans le genre Senecio. Ces deux
— 108 —
espèces, ainsi que quelques autres fort voisines, étaient originaires
des Canaries et de Madère. On les cultiva pour la beauté de leurs
fleurs et elles restèrent dans les cultures. Cependant l'une d'elles
obtint la prééminence — C. cruenla — et devint une plante i'oit
commune, tandis que l'autre fut beaucoup moins cultivée. L'avan-
tage que prit l'une des deux espèces sur l'autre fut long à venir,
car jusqu'en 1836 les livres d'horticulture n'en parlent guère. A
cette époque on signala l'apparition du Cinernria ./ndersoni , plante
indiquée comme une hybride des C. cruenla et C. aurita. D'autres
hybrides furent signalées un peu plus tard et les cultures parisiennes
pendant longtemps en multiplièrent une variété sous le nom de
Aing, si mes sovvenirs ne me fout pas défaut, qui a complètement
disparu .
Les hybrides obtenus par M. Chrétien ont une tendance à se
rapprocher de cette ancienne variété ; dans tous les cas, ils ne peu-
vent pas cacher leur origine, car ils sont absolument intermédiaires
entre leurs parents.
Primevères de CInne. — C'est le moment de semer la première
saison de cette intéressante plante qui orne les serres et les appar-
tements pendant les mois d'hiver. Ceux qui se livrent à cette cul-
ture ne connaissent pas toutes les belles variétés qui existent actuel-
lement, car sur nos marchés leur nombre est assez restreint.
Aujourd'hui, il ne suffit pas d'avoir des Primevères à grandes fleurs
et de beaux^coloris, il faut à ces qualités que les plantes enjoignent
deux autres : de nombreuses et belles feuilles et une abondante
floraison. On recherche même davantage les sortes dont les hampes
florales émergent juste au-dessus du feuillage. M. Labruyère en
cultive une variété hors ligne sous ce rapport; MM. Chrétien, Lille
et d'autres horticulteurs eu ont également des variétés qui font
l'admiration des connaisseurs. Il y a donc tout à gagner à semer
do belles variétés, car elles se vendent mieux et plus cher que les
autres. Il no faut pas oublier non plus que la Primevère de Chine
aime la bonne terre et les engrais liquides étendus d'eau. La graine
de la récolte précédant le serais est la meilleure ; la graine de trois
ans ne lève plus que par moitié et les pieds qui en sont issus ne
sont pas aussi vigoureux que les autres.
Les Plantes florales de la lille de Lyon. — La belle, la splendide,
l'admirable (Sévigrié à mon secours !) collection d'Azalées que pos-
sède la Ville de Lyon est actuellement en fleur ; le public est admis
àla visiter tous les jours.
Combien il est regrettable que de pareilles plantes soient empilées
dans ce local étroit, mesquin et en ruines que quelques-uns quali-
— 109 —
fient hyperboliquement de serre. Ça une serre? Je me refuse à lui
donner ce nom. Si la Ville n'a pas les moyens de faire construire
autre chose pour loger cette collection, qu'elle la vende et qu'on
n'en parle plus. Ces vieilles carcasses de serres rongées par le
Bissus et les cryptogames supérieurs ne se tiennent vraiment debout
que par un miracle d'équilibre.
Avec les Azalées, quelques belles Orchidées montrent leurs Heurs
originales, et je consoillo aux amateurs de leur rendre visite. Ils
verront, par exemple, dans la grande serre — celle-là ne tombe
pas en ruines — sur laquelle on a écrit en grosse lettres : Serre aux
Palmiers — probablement parce qu'on y a planté des représentants
un peu de toutes les familles — ils y verront, en cherchant bien,
toute une collection de f anda fort remarquable et quelques jolis
sujets de différentes espèces de Uendrobium et autres genres inté-
ressants.
Brumixviijia maçjnifiea. — Voici une Amaryllidée de l'Afrique centrale
figurée dans V IlUiUralion horticole (n"3, 1885) qui se présente avec
des fleurs relativement énormes dont l'aspect rappelle un peu celles
du //(7ii<m /a«c//b/iMire ou s/)ec«o«!(m. Le périanthe est à six divisions
lancéolées, acuminées, longues de 10 centimètres, larges de 3 centi-
mètres, blanc pur traversé dans le sens de la longueur par une
large bande rouge pourpré avec des stries et des lignes parallèles
plus foncées. L'inflorescence en ombelle simple contenant de nom-
breuses fleurs est portée sur une forte hampe.
Le bulbe est très gros sphérique, à tuniques colorées de rouge et
de paille d'où sort une grande toufle de feuilles engainantes, larges
d'environ dix centimètres et profondément canaliculées.
Exposition horticole d'Anvers, — Les journaux belges nous annon-
cent que la société royale d'horticulture et d'agriculture d'Anvers
a reçu du gouvernement la mission d'organiser les quatre grandes
expositions horticoles qui seront ouvertes à Anvers à l'Exposition
universelle qui se tiendra dans cette ville cette année. La société a
obtenu un subside do cinquante mille francs pour cette organi-
sation.
Prix d'ioi Cœlogifne crislala alba. — On a vendu dernièrement ;in
exemplaire de l'orchidée susdite au prix modique de 3,275 franc-.
L'exemplaire avait sept grappes de fleurs blanc de neige. Si lui
jardinier avait acheté cette plante pour en vendre la fleur il aurait
fallu qu'il vendit chaque grappe un peu plus de 23 francs pour
retirer seulement l'intérêt de son argent.
Ce serait un peu cher pour de la fleur coupée. V. V.-M.
— 110 —
La situation agricole, industrielle et commerciale
au Tonkin (1'.
Le Tonkin comprend trois plateaux :
l" La plaine basse ou le delta, formé d'alluvions récentes
accrues chaque année par les apports des nombreux cours d'eau ;
c'est la partie fertile où se pressent les sept dixièmes de la popu-
lation totale ; on y récolte du riz en quantité suffisante pour la
nourriture des habitants, et pour une large exportation ;
2° Au nord du delta, un plateau élevé s'étendant de Lang-Son
à Son-Tay, pays pauvre, peu habité, où l'on renconlre des Anna-
miles, des Chinois et quelques tribus indépendantes ; cette région
est, dit-on, riche en minerais;
3° Au sud, un troisième plateau très élevé qui borde la mer ;
la culture en est difficile ; il ne produit pas assez de riz pour sa
population; on y récolte cependant du coton, des ignames, des
arachides, et on y cultive le miàrier.
Les collines du littoral contiennent quelques gisements de houille
et des traces de mercure. Le deuxième plateau paraît contenir
de la houille, de l'or, de l'argent, du plomb, du cuivre, du
mercure ; mais les gisements sont peu connus et inexplorés.
Sur le troisième plateau, il y a une assez belle mine de cuivre
et un gisement de houille qui s'étendrait jusqu'en Birmanie.
Toutes les mines sont plus ou moins aux mains des Chinois.
Dans le domaine agricole, c'est le riz qui domine. De toutes les
acclimatations tentées, c'est celle du maïs qui a le mieux réussi.
La canne à sucre vient bien dans les terres d'alluvion ; elle
pourra devenir une des principales ressources culturales du pays.
La banane joue un grand rôle'dans l'alimentation ; les oranges
sont réputées les meilleures de l'Asie ; les arbres à fruits de nos
pays réussissent, mais les produits sont médiocres. Le cacao et le
café sont rares. Le thé vert est d'excellente qualité dans quelques
provinces, il demande de grands soins.
Le ricin qui croît partout fournit l'huile d'éclairage ; les huiles
de consommation sont celles de sésame et d'arachide.
Les cotonniers sont rabougris, mais ils exigent peu de soins et
donnent un rendement sûr et de bonne qualité. Le coton brut est
vendu aux Chinois qui fournissent en retour du fil et des tissus.
Presque toutes les familles des plateaux élèvent des vers à soie.
La soie est l'objet d'une exportation considérable ; de plus, les
habitants tissent des crêpes, des brocarts, des satins assez estimés.
(1) Résumé des rapports adressés au ministère de la Marine par le Résidant
général, à Hue, lu par M. Léger à la Société d'Agricuitui-e, il'Histoiro uatarelle et
des Arts utiles de Ljon.
— 111 —
L'indigo, dont il se fait un grand commerce, est la base de
toutes les teintures du pays, pour lesquelles on emploie encore
certaines tourbes, des écorces et quelques tubercules spéciaux.
De tous les végétaux ligneux, c'est le bambou qui sert aux
usages les plus nombreux ; il donne deux pousses par an. Un hec-
tare planté en bambous rapporte annuellement de cent à cent vingt
francs.
Le rotin fournit la matière première des cordages pour les navi-
res et des nattes de luxe.
Les parties marécageuses donnent plusieurs variétés de bois de
fer. Les forêts produisent des bois estimés pour la construction,
entre autres une espèce de frêne, le Noan, qui passe pour incor-
ruptible, et le 7?ac , bois très dur dans lequel on pratique les
incrustations de nacre.
Les produits médicinaux sont : la cannelle, le musc, le benjoin,
le gingembre, le datura stramouium, le bois d'aigle.
Les productions de luxe sont: le bétel, l'arec, la laque, l'aloès,
le camphre, la cire, l'encens, l'opium et les Heurs.
Avant l'arrivée du corps expéditionnaire on ne connaissait, dans
le pays, que les farines de riz ; des boulangers chinois font actuel-
lemeijt un pain très blanc et très léger, avec un mélange de farines
de riz et de froment.
La population ne s'élève guère qu'à dix ou douze millions d'ha-
bitants, de la race jaune parlant l'annamilo et professant la religion
de Bouddha et de Confucius. Leur abord est généralement alïable,
la physionomie intelligente, la stature assez élancée. Ils vivent
sous un régime de république oligarchique dans les communes,
monarchique dans l'ensemble.
Le Tonkin est fréquemment ravagé par des typhons, surtout
d'août'à octobre, quelquefois aussi en mai, aux changements des
moussons. On n'y connaît que deux saisons bien distinctes, la sai-
son chaude, de mars à octobre, puis la saison froide.
Les pluies sont fréquentes et ne sont pas particulières, comme
en d'autres pays à certaines époques de l'année. De juin à septem-
bre, la chaleur, qui s'élève jusqu'à 37", est particulièrement péni-
ble, à cause de l'humidité. En hiver, la température peut varier
de 6 à 22° au-dessus de zéro.
Le pays devient malsain en février et mars, quand les eaux
sont basses; il est alors difficile de se procurer de l'eau potalilc
L'Européen doit surveiller l'hygiène de sa nourriture et de son
vêtement.
La faune sauvage du Tonkin comprend quelques éléphants et
quelques tigres, des cerfs, des chevreuils, des loutres, des lièvres,
e^c.
— U2 —
Parmi les animaux domestiques, on peut citer le buffle, sans
lequel la culture des rizières serait impossible ; le bœuf qui rend,
malgré sa petite (aille, d'importants services, comme animal de
trait : le cheval aussi très petit, mais sobre, intelligent et infati-
gable. Le porc et les animaux de basse-cour, dont nous connais-
sons les types importés en France, font l'objet d'une grande impor-
tation.
La culture, sauf celle du riz, est rudimentaire ; on se contente
de remuer le sol et on n'emploie pas d'engrais. Le riz donne,
dans le Delta, deux récoltes par an.
La métallurgie est dans l'enfance ; ou trouve à peine quelques
fonderies à Hanoï ; l'industrie est à naître, et tout le commerce
est entre les mains des Chinois.
Mandragore officinale
Debout, .sorcières, nécromaiit?,
Stryges, qui loin de tout profane,
La nuit, pour vos encliantemenfs.
Broyez des simples dans un crâne |
Magiciennes, dont la voix
A souvent efirayé l'aurore
Venez, venez au fond des bois.
Venez cueillir la mandragore !
J.-X. Lirou-Bastidk.
J'ai lu, il y a quelques années, dans le grand carré de papier
qui passe, à Lyon, pour le journal quotidien, politique, commer-
cial, etc., le mieux informé, le petit entrefilet suivant, inséré dans
la chronique locale :
« Voici le printemps, la température s'adoucit, les Dents-de-
Lion commencent à croître et nos cultivateurs ne tarderont pas d'en
apporter sur nos marchés. Qu'ils se méfient toutefois de ne pas
nous envoyer en même temps de la Mandragore qui croît dans les
prés avec les Dents-de-Lion et auxquelles elle ressemble beaucoup.
La Mandragore est un poison violent » .
Le rédacteur qui avait, armé des longs ciseaux traditionnels, dé-
coupé la note précédente dans quelque autre journal, ne connais-
sait à coup sur, ni la géographie botanique, ni la l)ent-de-Lion, ni
la Mandragore. La Mandragore ne croît, pas en France, et res-
semble à peu près à une Dent- de-Lion comme une lortue ressemble
à un perroquet.
Cette note lamentable n'eût du reste aucun succès, car le lende-
main, à la place môme ou s'étalait la phrase, c Voici le printemps,
— 113 —
MANDRAGORE OFFICINALE
la température s'adoucit. . . » on pouvait lire ce qui suit : « Il fait
un temps do loup, la neige couvre les toits, nous rentrons en plein
hiver. . . » Laissons cet incident et arrivons à notre sujet. ||.| ^ .
La Mandragore appartient à la famille à laquelle feu le docteur
Socquet se plaisait à trouver « un aspect triste » , à la famille du
Tabac et de la Pomme de terre, aux Solanées ; cette famille si utile
par ses plantes comestibles et si redoutable par ses alcoïdes ter-
ribles.
La Mandragore a joui autrefois d'une telle réputation auprès
des magiciens, charlatans, triacleurs et abuseurs du monde, qu'il
serait vraiment dommage de laisser perdre le souvenir de ces
âneries célèbres.
Pythagore appelait la Mandragore : Jntropomorphos, c'est-à-dire
qui a la figure d'un homme, et on la trouve décrite et figurée sous
ce nom dans plusieurs ouvrages anciens. Les sorciers du temps
jadis prenaient des racines de Bryone qu'ils façonnaient de telle
sorte qu'elles ressemblaient à peu près au corps d'un homme,
puis ils mettaient des graines d'orge et do millet aux endroits que
— 114 —
nature à voulu garnir de poils. Quant les graines de millet étaient
germées ils en coupaient les feuilles, et les racines de ces grami-
nées simulaient les cheveux, la barbe et les poils en question ;
puis montrant ces racines ainsi préparées ils prétendaient qu'elles
avaient poussées sous les gibets où étaient pendus les condamnés.
En outre, ils prétendaient que ceux qui arrachaient ces racines
étaient en grand danger de mort, en raison de quoi il fallait atta-
cher un chien à la Mandragore pour la lui faire arracher et se bou
cher les oreilles pour ne pas entendre le cri de la racine !
Ces pratiques superstitieuses remontent à Théophrasteetà Pline
qui enseignaient la manière d'arracher la Mandragore. Ces auteurs
disaient qu'il fallait faire un cerne avec un couteau, en s'v repre-
nant à trois fois, et la couper en regardant le soleil couchant.
Mathiole estime que cette fable du danger que courrent ceux qui
arrachaient la Mandragore, a pris son origine dans Josephe, qui a
écrit que la racine de cette plante « est de couleur de la flamme du
feu et sur le soir elle étincèle comme les rayons du soleil » et qui
donne assez longuement la manière de l'arracher en évitant une
mort certaine.
En dehors des propriétés purement imaginaires de la Mandra-
gore, les anciens médecins préconisaient cette plante comme hyp-
notique et stupéfiante ; ils y avaient surtout recours avant de prati-
quer les opérations chirurgicales espérant amener chez le sujet un
certain degré d'anesthésie.
La Mandragore participe des propriétés de la Belladone mais
comme elle est beaucoup plus rare on a à peu près renoncé à son
emploi. On s'en est cependant servi avec un certain succès contre
l'aliénation mentale.
La Mandragore n'est guère cultivée que comme un objet de
curiosité. On la sème au printemps et on repique le plant en automne
en ayant soin de le recouvrir de feuilles sèches quand l'hiver est
rigoureux. S. Griphe.
Arachide, Pistache de terre
Arackis hypogœa L.
L'Arachide est une des plus curieuses plantes de la famille des
Papillonacées. Rien de plus intéressant que sa manière de fuctifier
qu'elle partage du reste avec quelques autres espèces, notamment
le Trèfle enterreur (Trifolium subter^'aneum) et le Morisia li!ii'u(jf(t,
singulière petite crucifère qui habite principalement la Corse.
— 115
ARACHIS HYPOGŒA
La figure que nous donnons de l'Arachide nous dispense d'en
faire une description complète. Nous dirons seulement qu'elle a des
lieurs polygames dont les hermaphrodites sont stériles et les fe-
melles fertiles. Le caljce est un tube assez allongé filiforme à limbe
presque bi-partite ; la corolle insérée sur la gorge du caljce a
l'étendard presque orbiculaire, les ailes oblongues pliées en tra-
vers, la carène recourbée terminée en bec. Les étamines sont au
nombre de 10 soudées en un seul faisceau.
L'ovaire est porté sur un pédicelle réfléchi, raide. La gousse
qui est oblonguc, épaisse, réticulée, indéhiscente, presque articu-
lée, s'enterre dans le sol.
Les fleurs fertiles out le calyce, la corolle et les étamines nulles
ou presque nulles.
L'Arachide est cultivée dans beaucoup de pays chauds, soit pour
en manger la graine, soit pour en extraire l'huilo contenue dans
ses cotylédons. Il s'ct) fait chaque année une immense expor-
tation de la côte occidentale d'Afrique, du Brésil et de l'Inde, etc.,
en Europe. L'huile d'Arachide est excellente et sert à falsifier
l'huile d'olive dans laquelle elle entre quelquefois pour un quart et
même plus.
h'Ârachis lii/poçjea paraît être originaire du Brésil.
Dans les pays tempérés ou ne cultive guère cette plante que dans
les jardins botaniques. On la sème eu pot sur couche et on la livre
en pleine terre vers la fin de mai, en plein jardin. Cultivée de cette
manière elle mûrit parfaitement ses graines. L. C.
— 116 —
Culture du Darlingtonia caliîornica (1).
Le DarUiKjlonia californica a poussé chez nous des urnes hautes
(le 65 cm. qui, loin do s'amincir supérieurement en fuseau, sont
robustes et vigoureuses preuve indiscutable que noire méthode de
culture convient à son tempérament.
On le plante de bonne heure, en janvier ou février, dans des
pots de dimensions relativement faibles et pou profonds , pour les
pieds plus vigoureux on fait usage de « terrines » et l'on y dé-
pose une couche de tessons sufdsante pour formor un drainage
efficace.
Le substratum doit être poreux et marécageux. Un mélange de
sphaignes découpés, avec un peu de détritus de bois et de feuillage
et de fragments de tuiles donne d'excellents résultats. Après rem-
potage on dispose les plantes sous châssis abrité contre la gelée
ot maintenu à peu près fermé. Pour obtenir le degré d'humidité
nécessaire à leur croissance, on enfonce les pots dans de la mousse
et on arrose parle haut pendant les journées chaudes et ensoleil-
lées. Il faut donner peu d'eau à la fois, en prenant garde de jamais
laisser les pots se dessécher.
Ija poussée végétative débute on mars et avril ; les hampes flo-
rales apparaissent et se couvrent de fleurs, si étrangement confor-
mées. Après la floraison se développent les nouvelles ascidies.
Pendant les mois de printemps on ferme le vitrage pour faire
monter la température des châssis; on arrose fréquei iment afin de
maintenir l'atmosphère humide. Au début de la poussée végétative
la plante doit être abondamment fournie d'eau et légèrement abri-
tée quand le soleil est trop vif. Ces précautions ont une importance
capitale au printemps aussi bien qu'au commencement de l'été :
elles sont indispensables pour que les urnes poussent rapidement
et acquièrent tout leur développement.
Une fois ce résultat atteint on donne, peu à peu, plus d'air et
de lumière, de façon à l'y accoutumer graduellemenl et à ne plus
devoir l'abriter, pendant l'été, que lors de journées exceptionnelle-
ment chaudes. On peut même dégarnir graduellement les châssis
de leur vitrage quitte à le replacer par des temps secs et chauds,
afin de maintenir suffisamment humide l'atmosphère intérieure. C'est
en habituant ainsi les plantes à l'air et à la lumière qu'on obtient
cette brillante coloration des urnes, moins apparente chez les Par
linglonia, mais si remarquable dans les Sarracenia, Ccphalolus, etc.
(I) Par C. Wisseubach .lu Wilhelmshœhe près Cassel. Traduit de Gartcn Zcilumjy
par la ticlijique horticole.
— 117 —
L'été dernier nous avons, en guise d'essai, placé plusieurs Dar-
lingtonia et Sarracenia dans de larges caisses en zinc remplies
(FeaLi, de façon que le fond des pots vint juste au niveau du li-
quide. Le succès de cette uaétlioùe s'est pleinement affirmé. Lfis
plantes recevaient par dessous une humidité abondante, grâce à l'ap-
provisionement d'eau, et l'atmosphère intérieure se maintenait
mieux saturée qu'au moyen des mousses dont nous faisions usage.
Vers le milieu de l'été se développe habituellement une secoade
pousse, qui atteint son complet développement sans nécessiter une
réclusion aussi complète qu'au printemps.
Vers l'automne on suspend peu à peu les arrosages afin de pré-
parer les plantes au repos liivernal, et on leur fait passer la mau-
saison, non dans la serre, mais sous châssis froid à l'abri des ge-
lées, dont une légère atteinte ne peut du reste leur faire aucun
tort.
La multiplication des Darlingtonia s'effectue sans difficulté au
moyen de rejets que les pieds vigoureux produisent en abondance.
Il faut avant tout apporter un soin spécial à supprimer la
vermine qui pourrait envahir la plante. Un seul puceron suffit,
non pas précisément pour détruire unejeune urne, mais en tous cas
pour la déformer à jamais. Il est facile d'en avoir raison à l'aide
d'aspersions répétées de lessive de tabac.
Nous traitons d'une façon identique les Dionœa muscipula, Ceplm-
tns, Drosera, Sarracrnia variolaris, piirpurea et psiUacina et nous en
obtenons d'aussi bons résultats. Le Ceplicdotus et les Drosera diclio-
loma et capensis passent l'hiver en serre sous température de 5 à 7° c .
Les Sarracenias fluva, Drumniondi , rubra et Clielsoiii cultivés de la
même façon n'ont pas aussi bien réussi ; ils paraissent réclamer
plus de chaleur.
Calendrier horticole.
Résumé des travaux cl des semis à faire dans les jardins.
AVRIL
Jardin d'agrément. — Les travaux de pleine terre consistent sur-
tout dans la bonne tenue des massifs, des plate-bandes, qu'on doit
tenir travaillés. Les plate-bandes qui contiennent des plantes viva-
ces tardives doivent toujours être labourées quand toutes les espèces
sont visibles, sans cela on détruit fréquemment des plantes intéres-
santes ; une bonne précaution consiste, à l'automne, de les marquer
d'un piquet. Les allées seront tenues râtissées et on fauchera les
— 118 —
gazons. Les piaules aniuielles semées en place le mois précédent
seront arrosées à propos avec un peu d'engrais liquide qui en favo-
risera le diîveloppement. Les pensées ne sont réellement belles que
lorsqu'elles reçoivent fréquemment ce genre d'arrosement. On peut
encore diviser toutes les plantes vivaces à floraison tardive. On
sèmera si cela n'a pas été fait le mois précédent :
Argemone.
Balsamine?.
Belle de jour.
Belle d.^ !iuil.
Capucines.
Chi'3'.-anthome caréi:ée
Clarkia.
CiBome.
Collinsia.
Coquilicot.
Co'eopsis.
Eschsch'dtzia.
Gilia.
Gii-oflées qiiftraijtaines
Godctia.
Immortelles.
Lavater.
Mufliers.
Œillets de Chine.
Œilleisd'Ind.-.
Phlix de Druniinotii
Piiurpier.o.
Réséda.
Salpiglofsis.
Zinnias, elc.
Sur couche, on peut semer toutes les espèces annuelles délicates
qui demandent un peu plus de chaleur pour bien se développer.
Quand on sème sur couche, il faut, quand le plant est assez fort,
procéder à un ou deux repiquages successifs. Les plants deviennent
plus beaux cl reprennent mieux quand on les met en place.
Jaid'm potager. — Les travaux du mois précédent doivent se
continuer activement. On doit donner aux semis des arrosements
superficiels à l'engrais liquide étendu d'eau. On œilletonnc les arti-
chauts, dont on peut former de nouveaux carrés. Oh plante égale-
ment les asperges, le thym, l'estragon, les pommes de terre. Il y
a des espèces qui passent promptement ou qui ne sont réellement
bonnes que lorsqu'elles sont jeunes, telles que radis, laitue, etc. Il
est utile de semer ces sortes fréquemment. C'est le moment de
semer :
Bettes à côtes.
Choux-raves.
Persil.
Battes à salade.
Cresson alénois.
Poireaux.
Caroltes.
Epinarda.
Radi.«.
Céleri.».
Haricot!'.
Roi]uette!
Cerf.uil.
Laiiue.«.
Salsifis.
Choux pommé.'.
Oijnon?.
Scorzonère
Choux-fliur?.
Panais.
etc.
Sur couche on sèmera tous les légumes qui craignent le froid,
tels que : Melons, Courges, Cornichons, Tomates, Aubergines,
Piments, etc.
Jardin fruiiicr. — On taillera les arbres trop vigoureux dont la
taille a été retardée pour atténuer leur trop grande vigueur. On peut
également ébourgeonner les bourgeons inutiles qui se développent
sur les arbres. Une bonne précaution consiste à garantir les espa-
liers contre les gelées printaniôres.
Serres. — On continue activement tous les rempotages qui n'ont
pu être faits plutôt. Les serres tempérées seront aérées dès le
— 119 —
matin quand la température n'est pas trop basse. On ombre avec
des claios quand le soleil frappe sur les vitrages. A défaut de claies
on dépolit les vitres en les blanchissant avec un lait de chaux dans
lequel on met un peu do vert. C'est le moment de faire les premiers
semis de Primevères de Chine ; on en sèmera également au 15 mai
et, pour obtenir de bonnes graines, au 15 juin. Dès que les plantes
molles (Fuchsias, Héliotropes, Anthémis, etc.) commenceront à
tapisser légèremeiit les pots où elles auront été empotées, on les
rempotera à nouveau si on veut obtenir des plantes vigoureuses ;
on leur fera — sauf aux Fuchsias, ^ubir plusieurs pincements.
Pomologie.
Observations sur les Poires.
De Lamartine. — Arbre très vigoureux; la forme haute tige lui convient;
très fertile. Fruit petit, de 2" qualité; les fruits son' durs et piirroux.
Maturité courant octobre.
Lansac. — Sjn. : 1" Laasac Dauphine ; 2^ gros Lichefrion ; 3° Liahefiion
d'automne; 4° Dauphine ; 5° Frangepasse d'automne; 6° de Hdzé; 7° Satin ;
8» Sa.ns peau d'automne; 9° Marquis d'Hem ; 10» d'Azay ; 11» Bergamote de
Bussy; 12° Marquis d'Ytem ; 13° Vaudûise. Arbi-o faible ; pour le* grandes
formes il faut la greffer sur franc ; trè^i feriile. Fruit plutôt petiique moyen,
quelquefois bon, autrement de 2° qualité. Maturité courant octobre.
Laure de Glymes. — Arbre faible qui no convient que poar les petites
formas, telles que : Cordons obliques, horizontaux oa buissons; très fertile.
Fruit ne dépassant jamais la moyenne en grosseur, de 2° qualité. Maturité
courant octobre.
Lawrence. — Arbre de vigueur ordinaire ; les petites formes lui convien-
nent le mieux ; très fertile. Fruit moyen. DilTéreuts catalogues le donnent
de 2' et 3" qualité. Quoique rejeté par le Congrès Pomologique de France,
chez moi il est très bon. Je présume que l'exposilion et le terrain lui con-
viennent, car le terrain est léger, siliceux et sur une hauteur.
Léon Grégoire. — Arbre faible qui ne convient qu'en petites formes ;
fertilité ordinaire. Fruit grosseur variable, tantôt de 2° et tantôt de 3= qualité.
Maturité courant novembre.
Léon Leclerc de Laval. — Syn. : 1° Léon Leclerc ; 2° Bési de Caen ;
3° Monarch Knight d'hiver. Arbre de vigueur ordinaire ; toutes les formes
lui conviennent, sauf la haute tige, à causa de la grosseur de son fruit que
les orages font tomber. Fruit très gros, n'est bon que cjit. Mafurité de
décembre à mars.
Léopold 1". — Arbre de vigueur moyenne, qui peut se conduire sous toutes
formes ; peu fertile. Fruit, moyen , de 2» qualité. Maturité d'octobre à
novembre.
Lewis. — Syn. : 1° Lani^ ; 2° Leurs. Arbre vigoureux, mais dépourvu de
branches ; oi peut le conduire sous toutes formas, très fertile. Fruit" pedt ou
moyen, de 2° qualité. Maturité courant octobre.
Lieutenant Poidevin. — Arbre de vigueur ordinaire, peu fertile ; les
formes pyramides et corions lui conviennent le mieux. Fruit très gros qui
n'est bon que cuit. Maturité janvier à mars.
— 120 —
Livre. — Sjn. : 1» Roi de Louvaia ; 2» Liebrale ; 3° Beurre de Louvaio ;
4° Gros râteau gris; 5° d'Amour; Q" à& Gros Reateau. Arbre faible qu'il faut
greffer sur franc pour le conduire à haute ti^^e, et ne pas le tailler, très
fertile dans l'âge adulte. J'en ai vu dans le Bugey et la Savoie qui sont
séculaires et qui rapportent plus de 5(10 kilos de fruits. Fruit très gros,
très bon cuit. Maturité de novembre àjanvior.
Louis-Philippe. — Syn. : 1° Philippe de France; 2» Grand Salomon.
Arbre assez vigoureux, fertilité ordinaire, les formes cordons et pyramides
lui conviennent le mieux à cause du fruit très gros que le vent fait tomber.
Fruit très gros, n'est bon que cuit. Maturité courant septembre à octobre.
ROUTIN.
REVUE DES CATALOGUES
— Gustave Knoderer, horticulteur, rue StEiienna, 55, à Nice (Alpes-
Maritimes). — Catalogue et Prix-courant de graines et de végétaux cultivés
dans l'établissement. Graines potagères et da fleurs : Dahlias, Œillets, Giro-
flées, Pétunias, Palmiers divers, Primevères de Chine, Plantes diverses :
Palmiers, Dracœnas.
— DÉLAUx ET Fils, horticulteurs, à St-Martin-du-Toueh, près Toulouse
(Haute-Garonne). — Catalogue comprenant l'énuméralion et les figures des
nouvelles variétés de Chrysanthème qai seront mises au commercj par
rétablissemeut. Abutilons, Allernanthera, Bégonia, Coleus, Bouvariias,
Cannas. Fuchsias, Dahlias, G. Zonales (nouveautés pour 1885). Grand choix
de plaiites pour corbeilles, etc.
— RozAiN BoucHARL\T, successeur de Boioli^rlat aîné, horticulteur,
30, rue Coste, à Cuire lès-Lyon. — Catalogua et Prix-3oarant, pour 1885. de*
plantes cultivées dans l'établissement. Nouveautés pour 1885 da-is les
genres : Pelargoaium à grandes fleurs, zonales, paltitum; Fuchsia^ Dah ia».
Bégonia, Bouvardias, Véroniques, Abutilons, Lantana, et.'. Gollectiois en
nombreuses variétés àîs mêmes genres.
— Laurent Carle, horticulteur, route d'Heyrieu 218 et 220, Monplaii'ir-
Lyon. — Grande culture spéciale d'Œillets remontants. Nouveautés pour
1885 (trois variétés : Souvenir da François Labruyère, rougj brillant ;
Louise Chiélien, blanc légèrement strié rouge; M"^' J. Charon, centre ros)
carné, largement bordé blanc). Collection très nombreuse des plus bail. s
variétés d'Œillets remontants. Œillets pour la floraison d'hiver ; Mignar-
dises remontantes. Graines d'oeillets,
— J. Pertuzès, horticulteur, 5t5, rue des Chalets, à Toulouse (Hauto-
Garonne). — Catalogue spécial de Chrysanthèmes du Japon, da l'Inde, de la
Chine, avéolifoimes, précoces, etc., etc. Très belle et très nombreus.' collec-
tion comprenant l'élite des variétés. Liste des dernières obtentions do
Chrysanthème accompagnant le Catalogue.
— Lemoine, horticulteur, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). — Catalogue
et Prix-courant pour le printemps et l'été de 1885. Ce Catalogue comprend,
outre les genres habituels cultivés dans l'établissement, les variétés nou-
velles suivantes: Bégonia semperflorens elegans ; Bouvardia doubles à
fleurs écarlates ; Pelargonium à grandes fleurs simples et doubles, Pelar-
gonium zonale, Pelargonium peltatum, etc., etc.
Le Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon, — Irap. du Salât Public. — Bellon. r. de lu République, 33
1885 AVRIL N" 8
CHRONIQUE
Climalolologie trompeuse. — J'ai lu, dans le temps, un livre, la
Logique de Pori Royal, dans lequel on enseigne l'art de bien rai-
sonner. Ce n'est pas pour me vanter que je dis cela, car si j'ai lu
le livre, rien ne prouve que je me sois assimilé sa substance; il y
a des élèves, forts en thème, qui l'ont ruminée pendant dix ans et
qui n'y ont rien compris.
Dans ce livre il y a quelque part un chapitre qui apprend com-
ment on résout certaines propositions par analogie ; je vous con-
seille de vous méfier de ce chapitre qui pêche par la base et perd
son centre de gravité. Exemple :
J'apporte d'Algérie, de Tunisie, de Sardaigne ou du Midi de la
France, une plante annuelle ou vivace que je transporte dans mon
jardin situé plus au nord sur la carte, et je me dis en choisissant
l'endroit le plus chaud, la meilleure exposition pour la planter :
c'est une plante du Midi, il lui faut de la chaleur !
Il fait très chaud d'où cette espèce vient, la logique veut que je
la place dans des conditions analogues. Eh ! bien, la logique dans
ce cas fait fausse route et vous devez raisonner tout différemment ;
par exemple de la manière suivante : cette plante vient d'un pays
chaud : plaçons-là dans l'endroit le plus frais du jardin !
Quel paradoxe, me direz-vous ? Vérité pure cependant, et je le
prouve (?)
Il fait très chaud dans le Midi quand il fait très chaud ;
mais j'aurais pu me souffler dans les doigts à Alger ou à Mosta-
ganem si j'y avais été quand, en janvier ou février, le thermomètre
accuse un ou deux degrés au-dessous de zéro. Il ne fait donc pas
toujours très chaud dans le Midi, ce que personne, à ma connais-
sance, ne conteste, les observations météorologiques étant là pour
mettre à la raison les récalcitrants. Eh bien, s'il ne pas fait toujours
très chaud dans ces pays qu'est-ce qui prouve que les plantes
— \t-2 —
annuelles ou vivaces qui y croissent spontanément préfèrent pour
croître les hautes ou les moyennes températures? Rien. Mais au
contraire il y a des preuves pour démontrer qu'un grand nombre
de plantes de ces pays se sèment ou commencent à se développer
quand l'automne arrive, qu'elles poussent bien pendant l'hiver et
Heurissent au printemps. Quand vient l'été, elles disparaissent.
Pendant les grandes chaleurs, qui coïncident du reste presque tou-
jours avec la période de sécheresse, les plantes annuelles ont mûri
leurs graines ; les bulbeuses, tuberculeuses, rhizomateuses et viva-
ces ont fait leur provision d'amidon, et les unes et les autres atten-
dent des jours meilleurs pour renaître définitivement. On voit donc
que ce serait mal raisonner si, parce qu'une plante vit à l'état sau-
vage dans un pays chaud, on en concluait qu'il faut lui donner
comme emplacement l'endroit le plus chaud du jardin.
La géographie botanique qui rendra, lorsqu'elle sera familière
aux jardiniers, de grands services à l'horticulture, devra ajouter un
chapitre spécial à l'histoire des plantes exotiques et indiquer les
conditions de température dans lesquelles elles croissent. L'altitude
et la latitude ne suffisent pas, même approximativement, pour cela.
Thcophrasla Jitssiœi. — Il y a actuellement, au Parc de la Tête-
d'Or, dans les cultures confiées à M. Gaulain, un fort joli arbris-
seau en fleur : le Ihecphrasla Jassiœi. A St-Domingue, si j'en crois les
on dit, cet arbrisseau serait connu sous le nom de Petit coco et ses
graines broyées serviraient à faire du pain. Si la chose est exacte,
nous devons à ce Thcoplirasta non seulement notre admiration pour
la grâce avec laquelle il porte ses verticilles de feuilles, mais notre
respect pour son utilité. Tous les arbres ne peuvent pas faire du
pain.
Le Theophrasta Jussuei donne des grappes de fleurs assez grandes,
mais sans éclat ; elles ne sont ni blanches, ni jaunes, ni rouges,
ni vertes, mais d'une couleur terne, blanc sale, jaunâtre et grisâ-
tre. Elles sont de consistances charnues, hyalines. Le calice
monosépale à cinq parties est à préfloraison quinconciale. La
corolle tubuleuse, presque pentagonale à cinq lobes obtus, semi-
orbiculaires, a environ trois centimètres d(! hauteur sur un centi-
mètre et demi de largeur. Les étamines sont au nombre de cinq
situées à la base de la corolle laquelle dans cet endroit porte cinq
appendices toujours rapprochés formant une sorte de bourrelet
Congrès international cC liorliculturc à Paris. — M. Léon Say,
informe l'Association horticole lyonnaise que la Société nationale
et centrale d'horticulture de France, dont il est le président, a
pensé devoir tenir pendant la durée de l'Exposition internationale
— 123 —
d'horticulture qui se tiendra à Paris du 20 au 31 mai prochain, un
Congrrs inlornaliunal.
En portant cette décision à la connaissance de l'Association,
Monsieur le Président engage ses membres à prendre part aux
Travaux du Congrès.
Nous espérons que tous ceux de nos confrères qui se rendront
à Paris pour voir l'exposition ne manqueront pas de se rendre à l'ai-
mable et utile invitation adressée par la Société nationale.
Exposition (Chorlicullure à Païenne. — La Soeiela di orliculhirn
(H Palermo, vient de faire paraître le programme de la deuxième
exposition d'horticulture qu'elle tiendra à Palerme du 19 au 27 sep-
tembre prochain. Ce programme contient 8 sections, et de nom-
breux concours dans chaque section. Les personnes qui voudraient
prendre part à cette exposition devront adresser leur demande au
Président de la société au « Palazo Cuto, Via Vittorio Emanuele,
N" 490, Palerme »
Le premier Fuchsia. — Le Gardening Tf'orld raconte que des
exemplaires de plusieurs espèces de Fuchsias furent introduites en
Europe, au siècle dernier, mais que ces jolies plantes trouvèrent
place dans les herbiers et non dans les cultures. La véritable intro-
duction du Fuchsia comme plante d'ornement ne remonte qu'à une
soixantaine d\innées.
« Feu John Lee, l'horticulteur d'Hammersmith, fut un jour
visité par un visiteur qui l'informa qu'on pouvait voir, à une fenêtre
du quartier de l'est à Londres, une johe plante d'un aspect parti-
culier, ayant une fleur en clochette rouge à milieu pourpre. John
Lee se mit à la recherche de la plante et la trouva chez la femme
d'un marin, elle ne voulut d'abord la vendre à aucun prix, mais
la céda enfin en échange de tout l'argent que l'horticulteur avait
sur lui. Celui-ci emporta la précieuse plante, lui enleva tout vestige
de fleurs et à la saison suivante M. Lee se vit possesseur de
300 exemplaires qui se mirent à fleurir. Il les vendit l'un après
l'autre à une guinée la pièce ; sa plante lui rapporta ainsi 300 gui-
nées. »
Je ne sais pas si cette histoire n'est pas apocryphe, mais ce qu'il
y a de certain, c'est qu'il y a plus de soixante ans que le Fuchsia
est répandu dans les cultures. J'ai sous les yeux la huitième édition
du Dictionnaire des jardiniers, de Ph. Millers, édition publiée en
1785, qui en mentionne déjà la culture. Dumont de Courset culti-
vait le Fuchsia en serre chaude, mais il eut l'idée de le passer en
serre tempérée où il réussit admirablement et, en 1799, l'ayant
planté en plein air il se comporta si bien qu'à la fin de la belle
— 124 —
saison il le couvrit de fumier de litière et il subsista dans l'endroit
malgré plusieurs hivers rigoureux.
Fruclifiraiion du Dattier à Montpellier. — M. Sahut, dans une des
précédentes réunions de la Société d /fort i culture de V Hérault, a pré-
senté une partie d'un régime de dattier provenant d'un bel échan-
tillon de cette espèce, qui a fructitié cette année dans le jardin de
M. Faulquier, à Montpelher.
Planté en 1857, ce dattier s'est développé assez rapidement;
son tronc mesure actuellement 1 m. 50 de hauteur, sur environ
1 m. 60 de circonférence. Cet arbre, qu'on ne recouvre pas
l'hiver, a toujours néanmoins parfaitement résisté au froid. Il est
vrai que, d'une part, ce dattier se trouve dans un jardin situé du
côté sud-est de la ville et abrité lui-même contre les vents froids
par des maisons de quatre éiages, au pied de l'une de ces maisons
et à peu de distance de l'angle qu'elles forment dans la direction
du sud-est. D'autre part, ce dattier est planté à une faible distance
d'une serre chauffée. Grâce à ces conditions, cet arbre a pu se
conserver en plein air jusqu'à ce jour sans couverture d'aucune
sorte et résister complètement aux hivers, parfois rigoureux, qu'il
a eu à supporter.
Quoique ce palmier soit isolé el que même il n'er existe pas
d'autres à d'assez grandes distances, il a cependant fructifié
depuis 1879.
Les escargots comvjc engrais. — Notre collègue, M. Hoste, nous a
communiqué une lettre d'un de ses clients dans laquelle nous trou-
vons mentionné les bons résultats obtenus dans la culture des
plantes florales, en introduisant dans les vases une certaine quantité
d'escargots préalablement écrasés. On met les escargots entre deux
couches de terre et on rempote les plantes qui poussent admira-
blement.
Le procédé peut être bon, mais ne peut pas être pratiqué en
grand. Cependant comme les escargots sont des animaux très nui-
sibles dans les jardins et que chacun en poursuit activement la
destruction, il n'est pas inutile de savoir que s'ils sont nuisibles
vivants, ils peuvent être utiles après leur mort.
Tulipa creiica. — Parmi les plantes qui habitent l'île de Crète,
on peut signaler une très singulière tulipe qui se fait remarquer
par l'exiguité de toutes ses parties. Ses feuilles canaliculées,
étalées sur le sol, bordées d'un liseré brun, ont de 5 à 7 cent,
de longueur ; la hampe florale, qui est haute de 3 cent, environ,
porte une fleur, une vraie petite miniature, qui a à peine 2 cent,
de hauteur sur un diamètre d'égale dimension. Le coloris des
— 125 —
pétales est blauc rosé intérieurement, avec une ligne brune ou une
teinte violacée sur le dos.
Cette plante, que nous cultivons depuis deux ans, a été envoyée
en Europe par M. Reverchon, botaniste-collecteur, qui a passé
deux étés en Crète.
Le Tulipa cretica est contemporain pour l'époque de floraison des
T. prœcox, alpeslris et suaveolcns. Nous n'en conseillons pas la
culture aux horticulteurs, bien que la plante soit très remarquable,
parce que sauf quelques amateurs qui savent apprécier le mérite
des raretés, le gros du public n'aime que les fleurs de grandes
dimensions ou de coloris étincelant.
Àrbusle vigoureux. — J'ai lu dernièrement un prospectus con-
tenant rénumération de quarante-deux rosiers nouveaux mis au
commerce par différents obtenteurs en automne 1884. C'est à peu
près la moitié de ceux qui ont été vendus. Les descriptions sont
celles des obtenteurs.
Dans ces descriptions j'ai compté 33 arbustes vigoureux,
huit très vigoureux et un assez vigoureux. C'est une affaire
convenue, les rosiers nouveaux sont vigoureux, très vigoureux et
assez vigoureux ; on ferait donc bien, à mon avis, de laisser la
vigueur de côté dans les descriptions, puisque tout le monde est
d'accord et que personne n'a le courage de qualifier ses enfants de
rachitiques.
Dans les mêmes descriptions il y a 29 fleurs grandes, 7 très
grandes, 5 moyennes et une petite. Les fleurs sont pleines et bien
faites ou ont des formes très parfaites dans les quatre cinquièmes
des cas, pour l'autre cinquième les obtenteurs ont oublié le quali-
ficatatif,
Remonte bien, très remontante, franchement remontante, très
florifère, se rencontrent presque partout, sauf pourtant dans la série
des roses thé , une des sections dont les variétés remontent le
mieux.
Je n'ose rien dire de certaines couleurs, telles que rose foncé
très vif illuminé de cramoisi — quand le rose est foncé ce n'est
plus du rose — joU coloris rose, beau coloris rose, rouge cerise
vif nuancé de grenat écarlate pourpre, etc.
Véritablement des descriptions ainsi faites ne peuvent pas servir
à reconnaître des variétés. Il faudrait être sorcier pour les discer-
ner avec de pareils signalements. Et si on ne peut pas les discerner
à quoi servent ces descriptions? V. V.-M.
ISf. —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 21 mars 1885, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Jacquier, vice-président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4, par la lecture du procès-verbal de la
dernière réunion qui est lu et adopté.
Correspondance . — La correspondance se compose :
1° D'une lettre de l'Association horticole marseillaise demandant à notre
Compagnie l'échange de nos publications contre les siennes dont le titre est :
Marseille horticole ; cet échange est adopté par l'assemblée ;
2° Lettre de M. Jacquier, trésorier de l'Association horticole, informant
M. le Président de la Société que, malgré plusieurs lettres de rappel, quelques
membres ont refusé d'acquitter leur cotisation de l'année 18»4; ce sont
MM. :
Bagé (G.), aux Charpennes ;
Berger (André), horticulteur à Billancourt ;
Cinquin (Claude), jardinier chfz M. Magnio, au Pont-de-Beauvoisin ;
Gaunj (Victor), rue Saint- Pothin ;
Gotteland-Donat, horticulteur aux Charpennes;
Gros-Moreau, cours Gambctta, Lyon,
Modelon, à la Villette;
Moine (Henry), à Tassin ;
Bunnert (Fridolin). à Strasbourg.
Corformément au lèglement, M. le Président met aux voix la radiation
de ces membres et leur inscription au procès-verbal. Ces deux propositions
sont votées à l'unanimité.
Publications. — M. le Secrétaire général signale et fait circuler les
diverses publications illustrées que l'Associaiion horticole a reçues depuis sa
dernière réunion; il appelle en outre l'attention de l'Assemblée sur ce
qu'elles contiennent de plus particulièrement intéressant.
P/ésenlations ■ — Sept candidats au titre de membre titulaire sont pré-
sentés pour faire partie de notre Compagnie. Conformément au règlement,
il sera statué sur l'admission de ces membres à la prochaine réunion.
Admissions. — Après un vote de l'Assemblée, M. le Président proclame
membres de l'Association horticole lyonnaise les candidats présentés à la
précédente réunion.
Ce sont MM. :
Koscow (Pierre), horticulteur à Lentilly (Rhône), présenté par MM. Molin
et Aunier aîné.
Riton (Benoît), Iiorticulteur à Ecully (Rhône), présenté par MM. Cordioux
et A. Bernaix.
Balandra (Jean), chez M. Jacquier, cultivateur-grainier, chemin du Per-
ron, 49, à Pierre-Bénite, présenté par MM. Jacquier père et iils.
Monsieur Gauthier (Etienne), propriétaire à Sainte-Colombe-lès- Vienne
(Rhône), présenté par MM. J. Schwartz et J. Nicolas.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
1° Par M. Chavagneux, jardinier chez M. Lâchât, à La Pape, 6 plantes de
Cinéraires hybrides de vigueur et de coloris remai'quables,
2° Par M. L-abaud, horticulteur Lyon-Croix-Rousse, le Microlepis hirta
cristata, belle fougère de serre di nt le singulier faciès n'est guère connu que
des spécialistes ;
Le Pravciscca calycinn et le C Ivroicndron speciosum fleuris tous les deux;
Un Bégonia rex de semis de fort belle apparence ;
— 127 —
Enfin, du même présantataur, des rameaux fleuris d'un excellent arbuste
de pleine terre : le Forsythia suspensa.
3° Par M. F. Corbin, jardinier chef de M. le duc dd Mortemart, à Lachas-
sagne (Rhône), un lot de G poires parfaitement conservé3s et jugées la plupart
comme de première qualité. Ce sont :
Reine des tardives, excellente;
Doyenrié Bizet, bonne.
Beurré Perrault, extra.
Bergamotte Fortunée, bonne.
Louise- Bonne du printemps, excellente.
Président Drouard, excellente.
Ces deux dernières variétés avaient été précédemment présentées à la
réunion du 21 décembre 1884.
4° Par MM. Rivoire père et fils, marchands-grainiers à Lyon, un pot de
Cinéraire hybride naine de forme parfaite , plus un lot de fleurs coupées de
Cinéraires hybrides dont la dimension peu commune le dispute à l'éclat et la
diversité des fleurs.
5° Par M. Crozy fils, horticulteur à Lyon-Guillotière, deux oUeniions
récentes de M. Lemoine, de Nancy : le Bégonia semperflorem gigantea rosea
et le B. semperflorens gigantea carniinata ; tous les deux sont issus de fécon-
dation entre le B. semperflorens et le B. Roezli. Le premier est extrêmement
florifère durant tout l'été, tandis que l'hiver est l'époque naturelle de florai-
son du second.
6° Par M. J. Nicolas, marchand grainier à Lyon, le Pulvérisateur Riley,
dont il est le seul dépositaire à Lyon, et sur lequel notre collègue appelle
l'attention de notre Com|agnie.
Pour juger ces apports, il est nommé une Commission composée da MM.
Rochet, Hoste, Labruyère, Charreton et Berthier.
Cette Commission, après examen, propose d'accorder à :
M. Chavagneux, une prime de 2" classe pour ses Cinéraires;
M. Liabaud, une prime de 1'= classe pour sa Fougère;
— une prime de 2= classe pour son Franciscea et Clerodendron;
— une prime de 2° c'asse pour son Bégonia rex de semis ;
M. Corbin, une prime de 1"' classe pour l'ensemble de son lot jugé excel-
lent pour la saison ;
MM. Rivoire père et fils, une prime da 2« classe pour leurs belles fleurs
de Cinéraire ;
M. Crozy fils, une prime de P" classe pour ses Bégonias nouveaux.
Enfin, relativement au Pulvérisateur Riley, elle propose l'essai de cet
instrument au Parc de la Tète d'Or, par une Commission composée de
MM. Chrétien, Gaulain et Buisson, qui s'entendront avec le présentateur,
M. Nicolas, pour la fixation du jour et de l'heure de cet essai dont elle devra
faire un rapport à la réunion suivante.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées àrun^nimité.
L'Assemblée passe ensuite à l'ordre du jour.
Une vive discussion s'engage au sujet de l'Exposition projetée pour les
Chrysanthèmes d'automne, que MM. Liabaud et Hoste défendent avec leurs
meilleurs arguments. MM. Labruyère. Métrai et Beithier prennent^ égale-
ment part à la discussion et combattent cette Exposition qu'ils sont d'avis de
transformer en Concours spécial de Chrysanthèmes, qu'on élargirait autant
que le permettrait le local dont on pourra disposer.
Cette dfrnière motion est mise aux voix et l'Assemblée, en grande m>i)o-
rité, vote le principe d'un Concours spécial de Chrysanthèmes d'automne au
lieu d'une Exposition spéciale ; elle décide en outre de fixer à l'ordre ilu
jour de la prochaine réunion la nomination d'une Commission chargée d'éiu-
dier les meilleurs moyens à employer pour obtenir les résultats que se pro-
pose l'Association horticole lyonnaise.
La séance est levée à 4 heures.
Le Sccrélav-e-ail/oint, J. Puvilland.
Lyon, 21 mars 1885.
— 128 —
Shio-Bou ^Iris k.empferi) (1)
J'ai eu le bonheur de passer ma première enfance dans un
jardin. Mon père, musicien, qui a eu son heure de célébrité et
dont on joue encore la musique agréable et facile, était l'un des
deux ou trois qui, avec le secours des frères Erard, changèrent le
clavecin en piano. Il aimait les fleurs, et, avec son ami Méhul, il
avait semé des tulipes. Tous deux, du reste, lors de la folie des
tulipes, et de la guerre qui s'éleva entre les partisans des fonds
jaunes et les partisans des fonds blancs, s'étaient déclarés résolu-
ment pour les fonds blancs, et se faisaient traiter par les autres de
((jeunes gens» et de ((révolutionnaires», épiihètes auxquelles
ils répondaient par celles de « vieux, d'arriérés et de ganaches » .
Je n'ai oublié ni mon premier jardin, à moi, sur la fenêtre d'une
mansarde qui me servait de chambre à douze ans, ni mon étroit
jardin de la rue du Rocher, à Paris, dont je disais plus tard :
J'ai si longtemps aimé
Un tout petit jaHin sentant le renfermé,
ni mes jardins suspendus sur une vaste terrasse servant de toit à
la plus haute maison de la rue Vivienne, en ce même Paris,
jusqu'au moment oii j'ai pu m'envoler aux champs pour ne plus les
quitter.
J'habite depuis plus d'un quart de siècle une région où végètent
vigoureusement, en plein air, tout ce que, dans les autres pays,
on cultive pauvrement en serre tempérée : les orangers, les citron-
niers, les héliotropes, les géraniums, les lauriers-roses, etc.; quel-
ques plantes même que les livres disent de serre chaude : les
Strelitzia reginse, les Olivia, les Njmphœa roses et bleus, les
Nelumbo, les Papyrus d'Egypte, etc. Eh bien! j'ai soigneusement
réservé et conservé la place pour les arbres et les plantes amis de
mes premières années; sous mes orangers, je pense souvent aux
saules et aux peupliers des petites îles de la Seine et de la Marne,
et je les ai amenés ici. Le souvenir aidant, les plus doux plaisirs
que me donne mon jardin ne me viennent pas des plantes (( rares »
et (i chères » , ce sont toujours les aubépines, les lilas, les violettes,
le muguet, le réséda, la giroflée jaune des vieilles murailles, l'iris
violette des toits de chaume en Normandie, qui font refleurir en
même temps qu'elles mes plaisirs, mes suaves tristesses du temps
de ma jeunesse.
C'est des iris que je veux vous parler aujourd'hui et à propos
desquelles je vous ai annoncé et prorais une bonne nouvelle. 0
(1) Fragment d'uu article d'Alph. Karr, extrait du Moniteur tiniversel.
— 129 —
vous qui, comme moi, ne dédaignez pas les fleurs de pauvre, celles
que la bonté divine a faites communes, — les iris, entre autres,
qui, sur la crête des pauvres toits de chaume, leur donnent une
splendeur que l'art ne saurait imiter que de loin, une richesse qui
manque au séjour des rois et même aux palais des voleurs !
Bien peu de fleurs sont aussi peu exigeantes que l'iris, qui se
contente de tous les terrains, fleurit sur la crête des toits de
chaume et dans le moindre trou de rocher contenant une poignée
de terre.
Bien peu de fleurs aussi présentent autant d'espèces et de
variétés dont la succession embellit le jardin pendant une grande
partie de l'année, avec les plus riches et les plus harmonieux
coloris, dans tous les tons du blanc, du bleu, du violet, du jaune,
du brun, du noir. etc. La première fleurit au mois de décembre,
en plein air, à Saint-Raphaël, dans les serres ailleurs, où, du
reste, on ne la voit guère et peut-être pas du tout, parce qu'elle
est oubliée dans les livres ou traitée avec dédain par des gens qui
ne l'ont jamais vue, c'est Vlris scorpioides.
Entre des feuilles relativement larges, monte sur une tige peu
élevée une fleur très large et d'un beau bleu foncé ; elle a une
variété d'un bleu plus clair.
Au mois de janvier fleurit, avec une extrême abondance Vlris
slylosa, d'un bleu pâle. L'Iris slijlosa est encore en fleurs, que paraît
une miniature, VJris de Perse, vêtue de blanc, de bleu, de violet,
d'orangé et exhalant une douce et suave odeur ; c'est la plus
petite, mais peut-être la plus richement vêtue des iris. Parmi les
iris, on peut la comparer, pour la taille et la parure, au colibri
parmi les oiseaux.
En février, Vlris tuberosa à fleurs vertes, dont chaque pétale
porte à son extrémité une tache de velours noir.
A la même époque, Vlris naine, sauvage dans nos contrées,
montrant, selon les variétés, diverses nuances de violet, de blanc
et de jaune.
Au mois de mars, Vlris de Florence aux grandes fleurs d'un blanc
pur, et dont la racine exhalant une forte odeur de violette est si
recherchée pour les sachets.
Fin mars et commencement d'avril, la nombreuse famille des
Iris germaniques, plus de 150 variétés distinctes; quelques-unes ont
l'odeur de fleur d'oranger.
Puis la plus étrange, et presque la plus belle de toutes l'/m de
Suze, la plus grande venant de la Perse, comme la plus petite dont
je parlais tout à l'heure ; sur la fleur d'un gris très pâle, un réseau
étendu comme une dentelle noire.
— 130 —
Puis Viris /iinhiialu, ii'is frangée, que les savants aiment mieux
appeler Mu)m; sur des tiges longues, élégantes, tortueuses, elle
étale des tleurs d'un gris charmant avec une tache orange au
centre.
Jusqu'ici ces iris naissent de racines, de souches, de rhizomes,
voici qu'elles sont remplacées par les iris à oignons. L'Iris Xiphium
et Viris xiphioidcs présentent d'autres couleurs et d'autres nuances,
et tieurissent seulement en juin.
Nous avons encore une iris calomniée du nom de fétide et même
de 1res fétide, parce que son feuillage, mais seulement quand il est
froissé, écrasé entre les doigts, répand une certaine odeur de gigot
à l'ail.
Elle est loin cependant d'être à dédaigner, elle se plaît à l'om-
bre et fait partie du petit nombre de plantes qui ornent volontiers
le dessous des arbres ; son feuillage est d'un vert foncé et luisant.
Elle a une variété dont chaque feuille dans sa longueur est parta-
gée mi-partie de vert et de blanc. Toutes deux font succéder à des
tieurs d'un bleu enfumé peu brillant des capsules qui, en s'entr'ou-
vrant, présentent un amas de graines d'un orange presque couleur
de feu d'un grand éclat à la façon d'une grenade entr'ouverte.
11 est une bien charmante fleur qui a été longtemps une Iris
sous le nom de Iris pavonia, mais que la science botanique a fait
partir de la famille qu'elle honorait cependant, — elle s'appelle
aujourd'hui Pieusseuxia ; il me semble voir une jolie fille quitter
son nom de Marie, de Suzanne, de Jeanne, pour s'appeler madame
Durand. Sa fleur se compose de trois pétales d'un blanc pur, cha-
que pétale marqué à sa base d'une tache du plus beau bleu d'ou-
tremer, ce qui fait que le nom de glaucopis, œil glauque dont la
science a voulu relever som de Fieuiseuxia manque d'exactitude.
L'élégante forme des fleurs de l'Iris et ses brillantes et diverses
couleurs semblent l'objet d'une prédilection particulière de la
nature, car elle l'a plus souvent répétée que bien d'autres et l'a
placée en plus d'endroits ditîérents. Ainsi l'Iris qui fleurit sur les
rochers et sur les toits a ses représentantes également dans les
eaux. L'Iris des marais, pseudo-acorus, orne bien richement les bords
des rivières et des étangs de ses hautes tiges d'un vert émeraude
et de ses fleurs d'un jaune éclatant.
Fleurissent aussi dans l'eau d'autres variétés moins connues,
parce qu'elles ne sont pas indigènes en France :
L'Iris de Monnier d'un jaune de beurre ; Viris fulva, couleur de
café brûlé ; une autre que j'ai reçue, mais que je n'ai pas encore
vu fleurir, qui s'appelle firginica, et qu'on m'a dit avoir des fleurs
lilas.
_ 131 —
Mais nous voici enlin arrivés à la révélation que je vous ai pro-
mise, vous ne trouverez ce document dans aucun livre d'histoire
naturelle, ni de jardinage, ni dans ce vieux « Bon Jardinier » qui
s'est fait lourdement pédant, ni dans l'excellent ouvrage des Vil-
morin « les fleurs de pleine terre » , ni dans Lyon-horticole^ ni dans
le Moniteur d'horticulture, ni dans la Gazette des Campagnes, journal
si véritable, si intelligent , ami des paysans de Louis Hervé.
M. Linden l'ignore, vous le demanderez en vain aux enfants du
célèbre Van Houte, qui cependant possèdent une très belle collec-
tion de riris dont je vais parler.
Depuis un certain nombre d'années, les catalogues portent à l'ar-
ticle « Iris » les Iris Kœmpferii, sans indiquer pour leur cuHure
aucuns soins particuliers. Pour mon compte, j'avais été peu satis-
fait des résultats, et je les avais presque abandonnées.
Enfin Mazel vint.
Les amis de l'horticulture, s'ils ne connaissent pas mon ami
Mazel, connaissent les plantes auxquelles a été donné son nom, le
Bambusa Mazeli, Daphne Mazcli, etc.
Mon ami Mazel reçut un jour du Japon diverses images, parmi
lesquelles il reconnut, mais vigoureuse, mais large, mais riche-
ment vêtue, V Iris Kœmpferii, mais Y Iris Kœmpferii était représentée
dans l'eau. Là était la révélation : V Iris Kœmpferii, à laquelle, pour
mon compte, je restitue son nom japonais de Shio-bou, est une
plante aquatique, comme notre Iris des marais.
Seulement la fleur est plus large et est venue apporter des tons
et des couleurs qu'on chercherait en vain sur les Iris des autres
espèces, — du rose et de l'amarante.
J'ai (enu ma promesse, — je vous donne presque l'Iris Shio-
bou et j'en embellis vos jardins, puisque je vous donne le secret
de la rendre heuieuse, c'est-à-dire de lui permettre de développer
toute sa beauté, qui est très réelle, à votre bénéfice.
ALPHONSE KARR.
Anona squammosa L.
Pomme-Cannelle
« Le pommier cannellier {Anona squammosa) par ses fruits sa-
voureux occupe une des premières places parmi les trésors de la
Pomone des pays tropicaux. Ses fruits ont une chair blanchâtre,
juteuse, odorante, d'une consistance de beurre, d'une saveur douce,
analogue à celle du cassis, on en mange la pulpe iutérieure avec
une cuillère et l'on rejette le péricarpe quia une odeur et une saveur
de thérébentine. Un de ces arbres planté en Algérie, lorsqu'il atteint
— 132 -—
'> ■vf'^ VÀ-''
jfe
ANONA SQUAMMOSA L.
sa 6" ou 7" année de plantation commence à produire ; il peut rap-
porter jusqu'à deux cents fruits, dont les plus beaux sont vendus
75 centimes. »
A la suite de cette petite note publiée en 1883 dans ce jour-
nal et en partie extraite de VJlyêrie agricole, nous recevions une
lettre de notre correspondant, M. Lafay, de Mâcon, dans laquelle
il signalait à Aix-les-Bains la présence de trois de ces arbres qui
portaient fleurs et fruits (1).
(l) Lyon-Horticok, nnuée 1883, f. 13j
— 133 —
La possibilité de la culture de la Pomme-Canelle en Algérie était
déjà un fait intéressant à noter, car on sait que les Anona sont
généralement des arbres dont l'aire de dispersion paraît bornée
aux régions tropicales, comme du reste la plupart des espèces de
la même famille ; mais sa présence, depuis plusieurs années dans
l'exposition chaude, il est vrai, d'Aix-les-Bains, était encore plus
curieuse à signaler et permet d'espérer que des tentatives d'accli-
mation pourront s'opérer avec quelques chances de succès dans les
bonnes expositions du Midi de la France et particuhèrement sur le
littoral de la Méditerranée.
Le genre Anona comprend une vingtaine d'espèces dont VA.
squammosa que nous reproduisons, n'est pas une des moins inté-
ressantes.
Les Anona appartiennent à la famille des Anonacées, très voisine
des Magnoliacées et des Mijrislicées.
« Les Anonacées habitent presque toutes la région tropicale.
Quelques-unes {Asiminia) remontent en Amérique jusqu'au 33* de-
gré de latitude nord. L'Asie et l'Amérique possèdent un nombre
d'espèces à peu près égales ; on en rencontre un peu moins en
Afrique. Les Anona n'ont pas encore été observés en Asie, mais
plusieurs habitent l'Afrique.
<• L'écorce des Anonacées est en général plus ou moins aroma-
tique et stimulante ; les fruits sont aromatiques, poivrés ou presque
inodores et dans ce cas comestibles
« Le fruit du Xylopia grandi/lora fournit aux brésiliens un con-
diment stimulant ; celui du Vtjlopia fruicscens, sert de poivre aux
nègres; celui du A'. longifuUa est compté parmi les meilleurs succé-
danés du quinquina, le X. œlhiopica fournit la denrée usitée chez
les anciens sous le nom de poivre d'Œthiopie. »
Beaucoup d'espèces du genre Anona produisent des fruits sapides
très recherchés sous la zone tropicale ; on peut signaler notamment
avec V Anona sqiiammom, les Anona Cherimolia et muricala qui sont
les plus intéressantes.
h' Anona squammosa s'élève à 4 ou 5 mètres de hauteur, ses
feuilles alternes assez courtement pétiolées, lancéolées, glabres sont
d'un beau vert foncé en dessus et répandent une agréable odeur
quand on les froisse.
Les personnes qui voudront tenter l'acclimatation du Pommier-
cannelher, devront choisir des pentes rocailleuses bien abritées des
vents du Nord. L. J.
— 134 —
Primula mollis Hooker. (Primevère à feuilles molles.
Plante vivace dont la profusion des fleurs et la richesse de leur
coloris remplacent un peu leur grandeur ; également remarquable
par la beauté de son feuillage et la robusticité de sa force végé-
tative.
Plante introduite depuis quelques années seulement au Jardin
botanique de Lyon, qui l'a reçue de graines du Jardin botanique
d'Edimbourg (Ecosse). Cette espèce distincte, originaire des mon-
tagnes du Boostans (Grandes-Indes), fut trouvée par M. Bootor,
naturaliste, qui l'envoya à son ami M. Nuttal de Rainhill, près
Prescott (Angleterre) ; plus tard, les plantes fleuries furent décrites
par sir W. Hooker dans le Botaiùcul Magazine
C'est une plante vivace à feuilles radicales longuement pétiolées,
entièrement recouvertes de poils tomenteux, cordiformes, un peu
sinuées à la base, lobées et crénelées sur les bords, munies de
fortes nervures assez nombreuses et saillantes sur la face inférieure
formant une sorte de réseau élégant.
Quant à la hampe florale, elle est plus longue que les feuilles,
et elle porte trois et souvent quatre verticilles de fleurs d'une
grandeur moyenne et d'un coloris rose foncé superbe.
Involucre muni de deux feuilles linéaires presque spathuléos.
Calice assez long comparativement à la corolle à tube turbiné,
velu, d'un rouge foncé, terminé par cinq dénis aiguës et vertes.
Corolle plus longue que le calice, d'une couleur rouge de brique.
Le tube obhque comprend cinq lobes étalés, duveteux, bifides,
d'un joli rose carminé foncé lançant un rayon correspondant à
chacun des cinq segments , simulant cinq écailles dressées et
disposées en cercle à l'ouverture du tube ; ovaire un peu glan-
duleux.
La réunion de nombreuses fleurs sur la hampe de cette espèce
est une nouvelle preuve des moyens variés qu'emploie la nature
pour protéger les organes débiles sur lesquels repose l'avenir de
leur reproduction,
Culluro. — Cette espèce se multiplie par la séparation des
bourgeons et de semis de graines de l'année; demande une terre
légère, composée de deux tiers de terreau consommé et de un
tiers de terre de bruyère fibreuse. Arrosage de la plante avec de
l'engrais liquide,
Eié, exposition mi-ombre sous châssis ; en hiver, la mettre en
serre tempérée. Th. Denis,
Chef de cultures, au Jardin botanique de Lyon.
Rue fétide,
Ruta graveolens L.
Rue des Jardiiis, — Hue officinale, — Rue commune, —
Herbe de Grâce, — Péganion, etc.
Il y a des plantes qui ont une très mauvaise réputation : Le
Rue fétide est de ce nombre. Je ne me suis jamciis promené
dans un jardin où elle était plantée sans entendre des propos, —
toujours les mêmes, et chacun sait lesquels, — sur son compte.
Dans les jardins publies, elle est toujours coiffée à la Titus,
c'est-à-dire tondue ras par des visiteurs de l'un et l'autre sexe qui
prétendent qu'elle est souveraine en application contre les vers.
Va-t-en voir s'ils viennent... comme dit la chanson. Cependant la
Rue est un excellent anthelmintique qui vaut le semen-contra, et il
serait injuste de ne pas distinguer les personnes qui emploient ce
médicament dans un but utile de celles qui en font un usage
criminel.
Les pharmaciens n'en vendent pas sans ordonnance du médecin,
mais pour cinquante centimes on en a ime forte touffe à Bellecour.
— 136 —
Le fameux antidote tle Mithridate, dont Pompée trouva la
formule dans la gazette de ce Prince, était composé, dit-on, de
20 feuilles de Rue contuse, de deux noix sèches, de deux figues et
d'un peu de sel. Quand on se représente, dit Chaumont, le roi
de Pont avalant chaque matin un semblable mélange, avec la
ferme conviction d'être à l'abri de tout empoisonnement pendant
le jour, pourrait-on s'empèc'ier de rire si l'on ne rétléchissait que
l'ignorance et la crédulité figurent honorablement parmi les nobles
qualités des héros ?
Ce qui a fait la réputation, — réputation archi-surfaite, — de
l'herbe de la Rue, ce sont les soi-disant qualités abortives dont on
l'a gratifiée.
Suivant Martius, on regarde cette plante en Russie comme un
remède contre la rage. On l'a employée contre la surdité, la gale,
la teigne, la phthisie, la syphilis, et surtout comme emménagogue.
Elle entre dans la fabrication de plusieurs liqueurs, notamment
dans l'eau d'arquebuse.
Comme culture, l'herbe de la Rue croît dans tous les jardins,
sans soins particuliers. D' S. G.
REVUE DES CATALOGUES
Henry-Jacotot, horticulteur, avenue du Parc, à Dijon. — Catalogue
général pour 1885 des végétaux cultivés dans l'établissement : Nouveautés,
Plantes de serre chaude, de serre tempérée, vivaces de pleine terre, Arbus-
tes, Arbres verts, Rosiers, Dahlias, Oignons à fleurs, Graines vivaces et
annuelles, arbres fruitiers, forestiers, etc.
B. CousANÇAT, horticulteur, grande rue de Cuire, 88, àCuire-lès-Lyon. —
Catalogue pour le printemps et l'été, des plantes cultivées dans l'établisse-
ment : Plantes de serre et de plein air. Bégonias, Broméliacées, Coleus,
Fougères, Palmiers, Azalées, Cannas, Dahlias, Fuchsias, etc.; Plantes pour
massifs. Nouveautés.
B. Comte, horticulteur, 47, rue de Bourgogne, Vaise-Lyon. — Catalogue
des plantes cultivées dans l'établissement : Plantes nouvelles ou rares ; genres
divers de serre chaude et de serre tempérée; spécialités de serre chaude :
Caladium, Broméliacées, Croton, Dracœna, Fougères, etc. Spécialités de
serre tempérée, Plantes de plein air, collections de plantes de massifs, etc.
J.-M. RocHET, horticulteur, grande rue de la Croix-Rousse. — Catalogue
des plantes cultivées dans l'établissement. — Plantes de serre, Bégonias,
Broméliacées, Coleus, Dracœna, Fougères, Orchidées, Palmiers, Agaves,
Azalées, Camellias, Cannas, Dahlias, Fuchsias, Pelargonium, etc.
(A suivre )
Lk Gérant. V. VIVIAND-MOREL.
LyoD. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 MAI N° 9
CHRONIQUE
Fan Mous el les fruits de mauvahe qual'dè. — Van Mons a travaillé
avec une persévérance extraordinaire pendant plus de cinquante
ans ; il a peut-être eu tort, et je suis d'avis qu'il aura de la peine
à se faire pardonner son excès de zèle. Ni Hardempont, ni Knight,
ni Duhamel, ni aucun autre pomologue ne peuvent lui être com-
parés non seulement sous le rapport du travail accompli, mais,
ce qui est bien préférable, des résultats merveilleux donnés par ce
labeur cinquantenaire.
Cependant, à la longue, peut-être eût-il obtenu la rémission de
ses péchés, s'il ne s'était présenté devant ce qu'on appelle l'histoire
qu'avec ses fruits de semis. Mais (crime impardonnable !) il a
inventé une théorie, une théorie monstrueuse, insensée, renver-
sante, une théorie, en un mot, qui gêne d'autres théories. Ça —
écoute Van Mons — ne se pardonne guère, et tu entendras dire
des choses désagréables sur ton compte, tant qu'il y aura des poires
et des théories pour les obtenir.
Pour commencer, plutôt pour suivre, voici la question que je
trouve imprimée dans le programme du Congrès inlcrnalional iVlior-
ticiiUure qui se tiendra ce mois-ci à Paris :
« Qa'j- a-t-il da fondé dans la théorie de Van Mons selon laquelle il faut
passer, dans l'obtention de variétés de fruits par le semis, par des fruits do
mauvaise qualité avant d'arriver à des fruits de bonne qualité ? »
Vous comprenez , on va discuter là-dessus Van Mons nous
ennuie ; il faut l'éreinter.
Je crois que si Van Mons (1) était là pour répondre il aurait
facilement raison de ses adversaires, quand même il aurait tort dans
le fond.
(1) Van Mons : arbres fruitiers ou pomologie belge, 1835.
Poiteau Théorie de Van Mons ou notice historique sur les moyens qu'emploie
Van Mons pour obtenir d'excellents fruits de semis. Annules de la Société d'agricul-
ture de Parii, tome 16, pages 249, 297 et 353.
— 138 —
Je m'imagine aisément qu'après avoir donné la parole aux ora-
teurs les plus ennuyeux, le Président du Congrès ne la refuserait
pas au coupable pomologue belge : « Messieurs, dirait celui-ci : à
telle époque — mettons 1780 — j'ai récolté sur des poiriers sau-
vages des poires dont j'ai semé les pépins. Eu 1790 j'ai obtenu des
semis en question des fruits bien supérieurs en qualité dont
j'ai ressemé la graine. En 1880 j'ai goûté les poires de cette deu-
xième génération et selon mon habitude j'ai procédé à un nouveau
semis. En 1810, 1820, 1830, même opération... Les fruits que
j'ai obtenus par mon procédé, Messieurs, sont dans tous les jar-
dins...
Que voudriez-vous que des orateurs, entre trente et soixante ans,
dont la plupart n'ont pas semé de poiriers répondent à de pareils
arguments? Rien. Pérorez tant que vous voudrez. Messieurs, si
vous n'avez pas des expériences à fourrer dans les périodes de Van
Mons, vos paroles entreront par les oreilles de votre auditoire et
sortiront par la porte du Congrès.
Mais Van Mons n'étant pas là sera peut-être exécuté. Pauvre
vieux !
En dehors des faits sur lesquels Van Mons appuie si solidement
sa théorie, difficile à ébranler à cause de cela, je ne trouve pas
personnellement qu'elle choque le bon sens comme quelques-uns
de mes amis en sont d'avis. Je suppose, par exemple, que la théo-
rie contraire soit la bonne et qu'il faille semer les fruits les plus
plus parfaits pour en obtenir de supérieurs. Ce serait, si on veut
bien me passer l'expression, la théorie de V amélioration perpétuelle
ou à jet continu. En prenant par exemple la Belle Angevine ou la
Duchesse d'Angoulémc et en les semant pendant plusieurs centaines
de générations on devait obtenir des poires plus grosses que des
potirons romains. Cela n'arrive pas heureusement. Si les fruits
s'amélioraient indéfiniment on en verrait de belles !
Van Mons qui disait qu'il préférait pour ses semis les pépins
d'une petite poire acerbe, de forme nouvelle, à ceux de la meilleure
poire connue, n'était pas sans savoir que la Poire de Sl-Gerr)iaiH , le
Bézy de Chaumonlel, la Bergamottc Sylvanche, la F irgouleuse et plu-
sieurs excellentes autres poires avaient été trouvées à l'Etat sau-
vage à St- Germain, à Chaumontel et ailleurs. Sachant cela et
ayant observé dans les forêts des Ardennes de nombreuses formes
nouvelles de poirier qu'il appelait sous-espèces, il en a conclu que
par la culture et les semis successifs il ferait donner à ces formes
nouvelles tout ce que la culture est susceptible de faire donner à
des types sauvages, tandis que s'il prenait un fruit connu arrivé à
son apogée d'amélioration il ne pourrait obtenir que des fruits infé-
—139—
rieurs. Ce n'est pas le lieu do discuter plus longuement cette ques-
tion, attendons pour la reprendre la publication des actes du Con-
grès.
Boronia megasltyma . — Il n'y a de véritablement nouveau que ce
qui a eu lo temps de vieill'r, a dit, avec quelques raisons, un facé-
tieu.\ philosophe. J'incline à croire à la sagesse de cette proposition.
Je pourrais, pour justifier ma croyance, citer un assez bon nombre
de plantes très anciennes qui ont été débaptisées pour être ensuite
vendues sous des noms nouveaux, mais cela est tellement connu et
si journellement rais en pratique qu'il n'y a pas lieu de s'attarder à
cette justification. Je préfère, à l'occasion de nouveautés, vous
présenter une espèce relativement nouvelle d'un vieux genre qui fit,
il y a quelque vingt ans, l'ornement de nos serres. Il s'agit du
genre Boronia et de l'espèce megasiigma.
Le genre Boronia (dédié à F. Boroni), collaborateur de Smit'i,
appartient à la famille des Diosmées ; il est fort voisin des Erioslemon
et des Crotrea; ses espèces habitent toutes l'Australie, plus connue
autrefois sous le nom de Nouvelle Hollande.
Le Boronia megasiigma, — Boronie à grand stigmate, — a été
présenté dernièrement sur le bureau de la Société nationale d'Hor-
ticulture de France, par M. Godefroy-Lebœuf, horticulteur à
Argenteuil, qui a signalé le grand cas que nos voisins les Anglais
font de ce charmant arbrisseau, pour orner, non pour embaumer
leurs serres à Orchidées, à Caraellias, etc. Il paraît, enefïet, que le
susdit Boronia est cultivé surtout pour l'odeur agréable, persistante
et pénétrante qu'il exhale lorsqu'il est fleuri. Je n'ose pas dire que
cette odeur est magnifique, comme disait je ne sais plus quel Alle-
mand à propos de l'odeur d'une rose, mais si je m'en rapporte aux
impressions suaves éprouvées par les organes olfactifs, vulgaire-
ment les nez, de plusieurs personnes, cette odeur serait analogue
à celles qu'emmettentles roses thé. Espérons que les horticulteurs
du continent voudront bien imiter leurs confrères d'Outre-Manche
et cultiver ce joli petit arbrisseau.
Destruction des Guêpes. — M. Auguste Dubois a publié dans le
Bulletin de la Société horticole du Loiret une note très intéressante,
concernant la destruction des guêpes. Chacun étant bien aise de
débarrasser son jardin de ces hôtes incommodes, pourra s'assurer
de l'efficacité du procédé signalé :
« Un mur planté de vignes, d'une longueur de 80 met. environ,
était surtout ravagé par les guêpes ; 21 ruches étaient formées sous
les chaperons du mur.
140
« Je me suis servi d'une petite seringue à fleurs, laquelle me
sert à l'emploi, de la nicotine pour la destruction des pucerons, sa
longueur est deO'"10 et 0"'02 de diamètre. Sachant que l'huile
détruit les clienilles, courtillières, etc., j'ai essayé en prenant de
l'huile et ai seringue les ruches par les interstices des chaperons,
causés par la chute du mortier ; quel ne l'ut mon étonnement,
toutes les mouches touchées par le liquide moururent en quelques
secondes, pas une n'essayant de s'envoler.
« L'huiLe que j'employais diminuant notablement, et n'en ayant
pas d'autre sous la main, j'y ai ajouté deux tiers d'eau au moins,
mais comme il était difficile de mélanger l'eau et l'huile, j'ai aspiré
avec la seringue en fouettant fortement jusqu'à ce que le liquide
devint blanc comme du lait de chaux, et ai continué mon opéra-
tion , le résultat a été tout à faitle même qu'à l'huile pure.
Cl Le moment choisi était deux heures du soir par un temps vif
et une chaleur de 23° centigrade. On peut agir sans crainte, aucune
guêpe n'a essayé de venir à moi, les larves mêmes furent détruites.
J'ai mis vingt minutes pour détruire mes vingt-sept ruches. »
Poire Bcrgamolte Saunier. — Parmi les apports jugés à la séance
du 9 avril par le Comité d'arboriculture de la Société nationale
d'Horticulture de France, la Poire BcrgamoHe Sannier mérite d'être
signalée aux amateurs car elle a été reconnue de très bonne qualité.
Encore le Puceron lanigère. — M. Gœneutte, un des abonnés
du Monileiir d'Iior lie allure, lui écrit de St-Omer : « Je profite de
cette lettre pour vous faire connaître le résultat d'une opération
que j'ai faite cet été en vue de détruire le puceron lanigère, vérita-
ble peste de nos pommiers. Après bien des essais infructueux, j'ai
pris le parti, à la veille de perdre mes pommiers, d'essayer l'eau
sédative, A cet effet, je me suis servi d'une petite éponge bien
douce, que j'ai imprégnée de ce liquide, et j'ai frotté les branches
de mes pommiers atteintes de cet insecte. Le lendemain et les jours
suivants, je les ai visités et j'ai eu la satisfaction de constater que
les branches très souffrantes avaient une certaine vie et que le
moindre puceron n'avait pas reparu.
« Depuis je n'ai vu qu'à de rares intervalles, et aux aisselles des
branches non badigeonnées, quelques pucerons dont il m'a été
facile de me rendre maître.
« Je constate enfin que l'arbre le plus atteint, loin d'avoir souf-
fert, a repris une nouvelle vigueur. »
Le procédé est simple, peu coûteux, on peut en faire facile-
ment l'essai sur quelques sujets atteints.
— 141 —
Juncus zebrinus. — J'ai signalé il y a plusieurs années dans le
L'jon-horiicole l'erreur clans laquelle étaient tombés les introducteurs
du Juncus zehrinus. L'iniiorescence de cette curieuse Cypéracée ne
laissait en effet aucun doute sur le véritable genre auquel on devait
la rapporter : le genre Scirpus, Les botanistes anglais n'ont du
reste pas tardé à faire la même remarque et, actuellement, elle est
cultivée à Kew sous le nom de Scirpus Tabcniœmonlani var. zchrina.
Le S. Tabvrnmnonlani Gmel. est fort voisin du S. lacuslris, et
quelques auteurs n'en font qu'une variété du type linnéen. C'est
une plante répandue dans tous les paj'S tempérés de l'Europe.
Je pense même que la variété zébrée cultivée actuellement dans
les jardins est plutôt wnèlal o\\\ii:evarialion An Scirpus lacuslris qu'une
variété, car j'ai rencontré plusieurs fois en herborisant le même
pliénomène de décoloration transversale sur d'autres Scirpus,
notamment sur le ,Sch-pus holoschœnus.
Essimplcur et essimplc. — Champenois était le meilleur essim-
pleur de Giroflées de Paris. Ses collègues avaient souvent recours
à ses lumières pour trier avec soin les Giroflées simples dans un
semis. Champenois, excellent homme et bon camarade, ne refusait
jamais ses services à ses confrères. Un jour qu'il avait essimplé
chez l'Angevin, horticulteur renommé, il lui demanda quelques
graines de choux d'York. Celui-ci, qui en était dépourvu, pour
l'obliger, en acheta un paquet et le lui remit. Champenois sema de
confiance, planta un vaste carré de choux et attendit la récolte.
Les choux n'étaient pas des choux d'Yorck, mais une autre qualité ;
ils ne pommèrent pas. Dire ce que pensa l'essimpleur de cette mau-
vaise farce , vous allez le savoir. Il ne souffla mot de sa triste
aventure, mais l'année suivante étant retourné essimpler chez l'An-
gevin, il essimpla à rebours, c'est-à-dire enleva les Giroflées dou-
bles et laissa toutes les simples. A la floraison l'essimplé fit d'amè-
res reproches à l'essimpleur qui le laissa dire, puisle regardant d'un
air goguenard il lui répondit : Mon vieux, je t'ai payé ta graine de
choux. — Quelle graine de choux ? — Tu sais les choux d'York
de l'an dernier, qui ne valaient rien, qui n'ont pas pommé et ont
tenu la place de ceux qui auraient pommé, si je ne m'étais pas fié
à toi. Tu m'as fait une farce, je t'en fais une autre, voilà tout. —
Je croyais la graine bonne, je l'ai achetée pour te faire plaisir. —
Tant pis pour moi, répondit l'autre. Sache une chose, c'est qu'en-
tre jardiniers on ne doit se donner que de la graine dont la
qualité est sûre. Ta graine m'a fait perdre plus de deux cents
francs. V. V.-M.
— 142 —
Destruction des vers blancs et autres insectes
par le sulfure de carbone (1).
Je viens aujourd'hui donner des renseignements complémen-
taires sur l'emploi du sulfo-carbonate de potassium, et principale-
ment du sulfure de carbone, pour la destruction des insectes nuisi-
bles, vers blancs, etc.
En 1881, je croyais devoir donner la préférence au sulfo-car-
bonate de potassium. Telle n'est plus mon opinion. J'avais constaté,
à cette époque, que les plants d' Hydrangea et de IFegclia, traités
par le sulfo-carbonate de potassium, étaient morts par suite de
l'emploi de cette substance. Je ne savais à quoi attribuer cet échec,
quand peu de temps après, au congrès phylloxérique de Bordeaux,
j'eus l'honneur d'être présenté par notre ami, M. Dtiplessis, au
savant M, Mouillefert. Je lui fis parc des essais que j'avais tentés
et des résultats plus ou moins satisfaisants que j'avais obtenus.
M. Mouillefert me fit observer que j'employais le sulfo-carbonate
de potassium trop fort, c'est-à-dire pas assez étendu d'eau, qu'il
fallait que cet insecticide fut dilué dans une quantité d'eau 300 fois
supérieure. Je reconnus dès lors l'impossibilité de continuer à
employer ce produit pour détruire les insectes nuisibles, le remède
devant infailliblement être pire que le mal,
En effet, il résultait des précédents essais qu'il fallait au moins
un litre et demi de cette substance insecticide par 5 mètres carrés
pour tuer les insectes contenus dans le sol.
Or, pour diluer cette quantité de sulfo-carbonate de potassium,
il aurait fallu répandre sur le sol au moins 450 litres d'eau. Quels
sont donc les jeunes plants qui résisteraient à une telle inon-
dation l
Et cependant, je regrettais de ne pouvoir employer cet insecti-
cide, dont l'application n'offrait pas le même danger que celle du
sulfure de carbone , même avec les pals plus ou moins perfec-
tionnés.
C'est alors que j'eus l'occasion de connaître, par l'honorable
M. Daurel, les capsules de M. Etienbled(2). Ces capsules, faites de
gélatine, emprisonnent d'une manière absolue le sulfure de car-
bone, substance cependant bien volatile. L'emploi de cet insecticide
devient ainsi sans danger aucun pour les ouvriers qui l'emploient,
Aussitôt de retour chez moi, je fis venir quelques milliers de ces
(1) Extrait du Bulletin de la Société d'Horticulture d'Orléans et du Loiret.
(2) On peut, au prix de 30 fr. le mille, se procurer les capsules chez M. Remilly,
Creteil (Oise).
— 143 —
capsules et, au printemps suivant, je traitai différents plants attaqués
par la terrible larve.
Les 27, 29 et 30 mai 1882, je traitai les jeunes plants sui-
vants :
10 mètres Rosier multiflore de la Grifferaie.
15 — Chêne rouge d'Amérique.
3 — Hêtre commun.
2 — If pyramidal panaohé, 2 ans.
15 — Rosier Manetti.
29 — Charme commun, 1 an repiqué.
30 — Bouleau commun, 1 an repiqué.
20 — Abies orientalis, 2 ans repiqué.
14 — Sapinette blanche, 2 ans repiqué.
14 — Pin Mugho, 2 ans repiqué.
17 — Abies Fraseri, 2 ans repiqué.
24 — Pin sylvestre, 1 an repiqué.
193 mètres.
Soit un total de 193 mètres carrés.
Dans les essais faits précédemment, j'avais remarqué que la dose
minima du sulfure à employer pour détruire les turcs ()) était de
120 grammes par mètre carré; c'est donc à cette dose que je
m'arrêtai, et voici comment j'opérais : avec une cheville, je faisais
des trous d'environ 25 à 30 centimètres de profondeur, j'y laissais
tomber la capsule, puis avec le talon je tassais fortement la terre à
l'orifice du trou pour le bien boucher.
Les 1"', 2, 5 et 6 juin, je fis des fouilles dans les plants ainsi
traités. Dans ces recherches j'ai trouvé en tout 67 vers blancs,
dont 44 morts, H malades, 12 vivants, ne paraissant pas avoir
souffert du traitement. Comme on le verra par le tableau ci-dessous,
c'est dans les Abies Fraxcri, Abies orienlalis et Sapinette blanche,
que l'effet du sulfure a été le moins sensible. J'attribue cet échec
relatif à ce que les trous ne furent pas suffisamment bouchés (j'en
ai trouvé quelques-uns d'entr'ouverts au moment d'opérer les
fouilles).
Trouvés. Morts. Malades. Vivants.
Rosier Manetti 8 6 2 »
Chêne rouge d'Amérique. .10 7 1 2
Hêtre commun 2 1 » 1
If pyramidal 8 7 1 »
Rosier multiflore 15 9 3 3
Chai-me 2 2 » »
Bouleau 4 2 » 2
Abies orientalis 8 4 2 2
Sapinette blanche .... 3 1 » 2
Pin Mufrho 5 4 1 »
Abies Fraseri 2 1 1 »
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(1) Danj certaines localités, les vers blancs, o'est-à dire les larves de hannetons,
fiont aussi appelés lurcs, mans.
— 144 —
J'appelle vivants les Insectes qu'on trouve en parfait état, et no
paraissant avoir été nullement incommodés par le traitement. Ceux
que je désigne sous la dénomination de malades sont ceux qui, bien
que vivant encore, sont fatigués par les atteintes du sulfure de car-
bone. Leur état maladif se reconnaît facilement à leur couleur. Ils
ont la peau d'une teinte plus jaune; le corps est flasque, et, de
même que les morts, ils ont tout le corps sali par leurs excré-
ments.
Que seraient devenus ces 1 1 individus trouvés en si pitoyable
état s'ils avaient été abandonnés à eux-mêmes dans la terre infestée
de sulfure, dont les effets se font sentir pendant plus de trois semai-
nes? Il est bien permis de croire qu'ils auraient succombé, les
fouilles ayant été faites seulement trois, quatre et huit jours après
le traitement.
On peut considérer , sans exagération , comme mortellement
atteints, la moitié au moins de ces 1 1 malades, soit 5, qui, ajoutés
aux 44, nous donnent un total de 49 morts sur 68 individus trou-
vés ; c'est donc une destruction de 73 pour 100.
Outre les vers blancs, les autres insectes enfouis en terre, tels
que courtilières, lombrics (vers de terre), etc., ont été également
détruits.
Le 29 mai de la même année, je traitai aussi deux planches de
semis nouvellement faits, ravagées par les courtilières. Dans la
première, longue de 15 mètres (semis d'aune commun), je mis
112 capsules; dans la seconde (semis d'orme à large feuille),
longue de 16", 40, j'employai seulement 80 capsules. Le résultat
fut des plus satisfaisants ; deux jours après le traitement, les traces
des courtilières furent bien moins nombreuses, et l'on n'eut plus
besoin, pendant le cours de la végétation, de chercher à prendre
ces insectes par le procédé habituel. Je remarquai même que les
plants de ces deux planches furent d'une plus belle végétation que
leurs congénères des planches voisines, qui n'avaient point été soi-
gnées. Je fis la même remarque pour les plants de Charme et de
Bouleau, dans lesquels on avait mis des capsules pour détruire les
vers blancs. Les plants devinrent plus hauts, leur feuillage fut d'un
vert plus sombre, leur végétation plus luxuriante.
Satisfaits des résultats obtenus au printemps 1882, je recom-
mençai au printemps suivant à traiter les plants les plus infestés
d'insectes.
C'est ainsi que, dans le courant de mai 1883, je fis mettre des
capsules dans les semis suivants : Lilas rouge, films Cotimts, arbre
de Judée, Gingko biloba, Céanothes d'Amérique et autres, Buisson
ardent, etc., qui étaient à ce point bouleversées par les courtilières.
qu'un homme suffisait à peine pour tasser les galeries des insectes
— 145 —
et mettre eti ordre le terrain. Trois ou quatre jours après le traite-
ment, on s'apercevait à peine des dégâts faits de nouveau par les
insectes, et le même homme pouvait, en deux ou trois heures, faire
ce qu'il ne faisait qu'en un jour et encore avec peine. Pour les
courtilières, il sufdt de mettre 6 capsules (00 grammes) par mètre
carré, tandis que, pour détruire les vers blancs, la dose minimum
est 120 grammes pour le même espace de terrain.
Ce même printemps 1883, je traitai les plants suivants, infestés
de vers blancs : Mélèze d'Europe, Hêtre commun, Sapinette noire,
Sapinette blanche, Cryptoméria du Japon, Âbics Douglasii, elc. Je
fus tout aussi satisfait des résultats que des précédents, et, d'après
mes recherches, j'ai constaté de nouveau que la mortalité pouvait
être estimée de 73 à 74 pour 100.
Tels sont les résultats que j'ai obtenus par l'emploi des capsules
au sulfure de carbone de M. Etienbled.
J'ajouterai que mes résultats ne sont pas les seuls offrant le
même degré de bonne réussite ; M. de la Rocheterie, l'honorable
président de la Société d'Horticulture d'Orléans et du Loiret, ayant
usé également de ce remède daus son potager, a obtenu aussi de
très bons résultats.
L'expérience est concluante ; il n'y a donc plus qu'à mettre en
pratique l'emploi de ce remède, vraiment efficace, pour se débar-
rasser des nombreux parasites qui détruisent tous les ans les pro-
duits de l'horticulture. Paul Dauvesse.
Nous rappelons que notre excellent collègue, M. Falconnet,
horticulteur à Villefranche, a publié dans ce journal le résultat de
ses expériences sur la destruction des vers blancs par le sulfure de
carbone. Au lieu d'employer le sulfure en capsule, il l'emploie
directement au moyen d'un pal injecteur. La dose qu'il emploie est
de 10 grammes par mètre carré. Il conseille de procéder au prin-
temps. Voir son article, Lyon-horticole, année 1884, pages 174,
175 et 176. {N. dr la R.)
Les Roses au XVr siècle.
Si les anciens poètes ne se sont pas privés de rimer, en vers
métriques ou syllabiques, des contes sur la rose ; si les historiens
grecs et romains mêlent souvent cette fleur aux narrations des
fêtes, banquets ou orgies célèbres, poètes et historiens ne nous
apprennent pas grand chose sur la famille de cette fleur illustre.
Il ne faut pas chercher dans les livres anciens des renseigne-
ments bien sérieux sur l'histoire naturelle de la rose; car même en
— 146 —
lisant attentivement les agronomes latins : Caton, Varron, Colu-
melle et Palladius, on ne trouve rien sur cette fleur qui vaille la
peine d'être cité.
Cependant Pline signale dans son Histoire naturelle les roses qu'il
trouva mentionnées dans les ouvrages publiés avant lui ou cultivées
de son temps. Mais l'énumération qu'il en a donné a surtout servi
à exercer la sagacité des devineurs ou des devineresses de sphinx
et de rébus ; car les espèces ou variétés suivantes mentionnées par
le naturaliste romain ^ sont dépourvues de description :
Milesia, Grœcula, Trachynia, Prœneslina, Campana, Coroneola,
Alabandica, Spineola et Centifolia.
Pour trouver quelques documents sérieux (encore ?) sur la nomen-
clature des rosiers, il faut franchir d'un seul bond toute la période
qui sépare les publications de Pline de celle des botanistes de la
Renaissance. C'est seulement à cette époque que les sciences et les
arts prirent un essor nouveau.
Dans le cours du XVI° siècle furent établis dans diverses con-
trées de l'Europe des jardins de botanique où furent réunies de
précieuses collections de plantes indigènes ou étrangères. Un des
premiers fut celui de Padoue (1533), puis vinrent ceux de Florence
et de Pise. Ferrari, en 1632, cite les plus remarquables qui
avaient déjà bien des années d'existence : ceux des Médicis, à
Florence ; des Farnèse, à Parme ; des ducs de Brabant, à Bruxelles;
ceux de Vienne, à Salzebourg; d'Eichetet, près de Nurem-
berg, etc. Ce dernier, à ce que nous apprend Stingelius, était un
des plus célèbres et avait été formé par Jean Conrad, évêque de
cette ville ; il était visité par les plus grands médecins de l'époque.
Paris avait un jardin en 1591 et Montpellier en 1598.
Ces jardins publics n'étaient, du reste, pas les seuls où se culti-
vaient les plantes d'ornement ; car il y avait déjà dans ce temps
des curieux de la nature et des amateurs de roses en assez grand
nombre, puisqu'un ancien édit prescrivait de limiter la place où
étaient cultivés les rosiers.
La plupart des jardins célèbres du XVP et du XVIP siècles ont
eu leurs historiens, et c'est dans les ouvrages qu'ont laissés leurs
directeurs qu'on peut retrouver ce qui intéresse l'histoire de la
rose.
En dehors des différents Horlus écrits en latin et qui ont figuré
des rosiers, on trouve dans le Théâtre iCJçiriculture, publié en 1600,
par Ollivier de Serre, de précieux renseignements sur la culture
de ce bel arbuste et sur les espèces connues de son temps. Voici,
en efietj ce qu'on lit dans le chapitre X de cet ouvrage précieux ;
— 147 —
ivosaccntifolia rubm .
\,jïïjbusm(VV(V}kfjafyi.
ROSES CULTIVEES AU XVI' SIECLE
Figures réduites à la moitié de leur diamètre.
— 148 —
« Commençant par les arbustes, dirai que d'iceux les plus
remarquables sont les JRozicrs^ distingués entre quatre principales
espèces : une de rouge, autres d'incarnates ou escarlatines, et deux
de blanches. Les rouges sont celles de Provins propres à faire la
conserve, les incarnates dites de Provence et par d'aucuns zebedéen,
celles d'où distille la bonne eau de rose et servant aux apothicaires
es syrops et autres choses : l'une des blanches, outre la couleur,
est au reste semble à l'incarnate; l'autre est la Damasquine ou
rausquato, ainsi dicte pour sa précieuse senteur. Ceste-ci est fort
petite, composée de cinq feuilles, les autres en ayant beaucoup
davantage, plus toutefois, tant mieux le terroir leur agrée. Outre
ces rozes-ci, y en a des jaunes et rouges plaisantes à voir, non à
flairer ; même la jaune dont la senteur est plus mauvaise que
bonne : la rouge n'étant d'importune odeur, ains seulement est-
elle tant faible et petite, que presques l'on n'y en recognoist
aucune. En nombre et grandeur de feuilles, comme aussi en
ramage, s'accordent ces deux rozes-ci, avec les Damasquines, ce
qui les fait accoupler ensemble, pour communément servir, dont
pour telle diversité le cabinet se rend de plaisante représentation.
Touchant les sauvaiges, appelées canines, de plusieurs espèces s'en
trouvent-ils, par les haies et buissons qui ont de la valeur : sur
toutes lesquelles, les csy.'antines emportent le prix, approchant des
Damasquines. ■>
{A suivre.) Séb. Gryphe.
CALENDRIER HORTICOLE
Ui'sumé des travaux et des semis à faire dans les jardins.
— ( MAI ) —
Culture polagcre. — Les travaux de mai sont nombreux dans le
jardin potager, qui doit être tenu toujours garni. Aux légumes qui
se consomment ou montent à graines, on fait succéder d'autres
légumes. Pendant la première quinzaine, on sème la quantité de
haricots destinés à être récoltés en sec. On en sème aussi pour être
récoltés en vert; du reste, un pareil semis devra être fait tous les
quinze jours successivement. Des semis successifs de laitue, radis,
cerfeuil, épinard seront également faits de temps à autre, On
repique en place tous les plants qui ont été élevés sur couche ou à
l'abri des murs. On pourra semer :
Chicorées. Fenouil.
Choux pommés. Melons.
)) fleurs. Navets noirs.
« raves. Oseille.
Arroche.
Asperges.
Betteraves (de t. sortes)
Cardons.
Carottes.
Céleris.
Concombres.
Courges.
Pois, etc., etc.
— 149 —
On peut aussi diviser l'estragon, repiquer les artichauts et autres
plantes potag-ères qui se multiplient par la division des touffes.
Jardin fruitier. — Le jardinier doit surveiller attentivement les
jeunes bourgeons et favoriser le développement de ceux qui restent
cliétifs ; il doit aussi rabattre les branches du pêcher dont les fruits
ont avorté, et supprimer sur les arbres tout co qui est inutile et ne
concourt ni à la formation des charpentes, ni à la constitution des
rameaux à fruits. Quand les fruits sont trop abondants sur les
arbres, iî est important d'en supprimer un certain nombre ; on
gagnera particulièrement à faire ce travail sur les abricotiers et
pruniers. Au lieu d'avoir de petits abricots, de petites pêches ou
n'importe quel autre fruit en grande quantité, il est préférable d'en
avoir beaucoup moins, mais de leur faire acquérir leur maximum
de développement.
Jardin d'afjrèmenl. — Le mois de mai est l'époque de plantations
de la plupart des plantes d'ornement ; ou peut mettre en pleine
terre les Dahlias, Cannas, Fuchsias, Musa, Héliotropes, Bouvar-
dias, Verveines, Pétunias, etc.
Inutile de dire que les travaux de propreté et d'entretien se
continuent régulièrement, que les plates-bandes, massifs soient
binés, les gazons fauchés, les allées ratissées, etc.
On peut semer en pleine terre toutes les plantes qui craignent le
froid ou dont on veut obtenir une floraison tardive, les vérilabtes
bisannuelles et quelques vivaces. C'est trop tôt pour les vivaces
dures à lever, de même que pour les fausses bisanuelles. On sait
qu'il y a une catégorie de plantes qui doivent se semer en août-
septembre pour fleurir l'année suivante ; si on les sème en mai-
juin, elles deviennent trop fortes et gèlent ou pourrissent pendant
l'hiver. Quant aux plantes vivaces, elles peuvent toutes se semer
en mai ou juin; mais il faudra se garder de jeter les pots
de celles qui ne lèveraient pas dans le cours de l'année, car elles
peuvent germer l'année suivante. Il y a même des annuelles qui
sont dans ce cas; mais ces dernières sont rares.
Serres cl bâches. — On peut mettre à l'air libre toutes plantes
de serre tempérée ou d'orangerie, mais on se gardera bien :
1° De les placer en plein soleil de suite. — On devra pendant
quelque temps les laisser durcir. à l'ombre avant de les mettre en
place ;
2° De sortir celles dont les pousses non aoûtées craindraient
d'être brisées par le vent ou rôties par le soleil. Celles-là resteront
en serre jusqu'à l'aoûtement des pousses susdites ;
3° Celles dont on voudrait avancer la floraison. Les lauriers-
roses sont dans ce cas. En les laissant en plein soleil dans la
— 150 —
serre, ils fleurissent beaucoup plus tôt. Les serres chaudes seront
tenues ombrées et aérées quand il sera utile. Il y a un certain
nombre de plantes de serre chaude qui peuvent parfaitement passer
trois ou quatre mois en plein air, on fera bien d'attendre la tin du
mois pour procéder à leur mise en place. Il y a lieu de s'informer
quand on passe les plantes en plein air, des conditions physiques
qui favorisent le mieux le développement des espèces, c'est-à-dire
si elles préfèrent le plein soleil, ou demandent que ses rayons soient
tamisés par les arbres ou autres obstacles naturels ou artificiels.
Quant aux arrosements, on devra les surveiller attentivement, afin
de ne pas laisser périr de soif certaines espèces, sous prétexte
qu'elles viennent dans des endroits secs, ou en faire pourrir d'autres
en les arrosant trop, parce que, dit-on, elles demandent beaucoup
d'humidité.
Pomologie.
— ( Observations sur les Poires ) —
Louis Vilmoi'in. — Arbre assez vigoureux, très fertile, qui se conduit sous
toutes toimes. Fruit assez gros, très bon; maturité de novembre à
décembre.
Louhe-Bonne. — Syn.: l'Louise-BonnedeDahamel; 2° Saint-Germain blauc
d'Automne; 3° Louise-Bonne ancienne. Arbre très ancien, de viajueur modérée;
se conduit sous toutes formes ; il forme de très jolies pyramides; très fertile.
Fruit moyen ayant la forme et la couleur d'un Saint-Germain d'hiver, mais
un peu plus blanc, de 2' qualité. Maturité de septembre à octobre.
Louise-Bonne de Printemps. — Syn. : 1° Louise-Bonne du printemps. Arbre
faible qui n'est bon que pour les petites formes; il faut le planter dans les
terrains secs ou en espalier au midi ; il est très fertile. Fruit moyen, 2" qua-
lité. Maturité en février.
Louise-Bonne d'Avranches. — Syn.: 1» Prince Germain; 2° Louise de
Jersey ; 3° Louise-Bonne ; 4° Beurré d'Avranches ; 5° Bonne-Louise d'Arau-
doré; 6° Beurré d'Araudoré ; 7° Bonne de Longueval ; 8" Bergamote d'Avran-
ches ; 9" William the Fourth. Arbre assez vigoureux, grefle sur n'importe
quel sujet, très fertile, se conduit sous toutes formes. Fruit moyen de
1'" qualité. Maturité courant septembre.
Louise de Pimsse. — Arbre faible qui ne convient que pour les petites
formes ; peu fertile. Fruit assez gros, passable. Maturité courant septembre.
Lucie Audusson. — Arbre très vigoureux; se conduit sous toutes formes;
assez fertile. Fruit gros, de la forme et de la couleur d'un Bon-Chrétieu
Napoléon. Fruit de 1" qualité. Maturité fin octobre à fin novembre.
Mac Lang/ilin. — Syn. : 1" Mao Langhelin. Arbre faible, ne convient que
pour les petites formes; très fertile. Fruit petit, assez boa. Maturité courant
octobre.
Madame André Leroy. — Arbre de végétation ordinaire, très fertile ; se
conduit sous toutes formes. Fruit très bon, assez gros. Maturité courant
septembre.
Madame Baptiste Desportes. — Arbre peu vigoureux, greffé sur n'importe
quel sujet, très fertile ; convient bien pour cordons. Fruit moyen, très bon.
Maturité courant septembre.
— 151 —
Madame Elisa. — Arbre de vigui-ur modérée, convient pour les petites
formes, surtout en cordons, très fertile. Fruit assez gros, très bon. Maturité
fin septembre.
Madame Milltt. — Arbre faible, assez fertile ; il faut le planter contre les
murs et le conduire en e-palier pour obtenir des fruits de moyenne grosseur
et de 2' qualité. Maturité de février k mars.
Madame Trcyve. — Syn. : Souvenir de Madame Trejve. Arbre faible,
dépourvu de branches ; il faut le greffer sur franc pour obtenir des pyrami-
des ; très fertile. Fruit gros, parfois très gros, l'" qualité. Maturité 15 août
à fin septembre.
Muusuette double. — Syn. : 1» Grande-Bretagne; 2° de Cuisse de Varin ;
3» Grande-Bretagne Mansuette. Arbre vigueur modérée, peu fertile, se con-
duit en toutes formes, préférablement en espalier. Fruit très gros; n'est bon
que cuit. Maturité vers la fin janvier.
Maréchal DUlen. — Arbre assez vigoureux, qui est très fertile ; se conduit
sous toutes formes. Fruit gros, de la forme d'une Duchesse d'Angoulème,
très bon. Maturité de septembre à courant octobre.
Maréchal Vaillant. — Arbre vigoureux, très fertile, qui se conduit sous
toutes formes. Fruit gros, de l'" qualité. Maturité de novembre à décembre.
Marie-Anne de Navy. — Arbre assez vigoureux et assez fertile , qui
convient bien pour la forme haute tige. Fruit petit, de 2° qualité. Maturité
courant aoiit. Convient bien pour l'approvisionnement des marchés.
Marie Benoist. — Arbre vigoureux, très fertile, se conduit en toutes
formes. Fruit moyen, très bon. Maturité de novembre à janvier.
Marie-Louise Delcourt. — Syn.: 1° Marie- Louise Van Mons ; 2° Marie-
I, uise Doukleaar; 3° Marie-Louise Nouvelle: 4° Princesse de Parme ;
5» forme de Marie-Louise Delcourt; 6° Van Donkleaar; 7' Marie-Louise
Nava. Arbre faible, qu'il faut greffer sur franc pour obtenir de jolies pyra-
mides ; trèi fertile. Fruit moyen, de la forme d'un Suini-Germain ; très bon.
Maturité fin septembre à 5d octobre.
Marie Parent. — Arbre peu vigoureux, qui n'est bon que pour les petites
formes; peu fertile. Fruit moyen, de la forme Passa-Colmar ; très bon.
Maturité un septembre. Routin.
Recettes utiles. (Désinfection des vins.)
Un pharmacien de Capendu (Aude), M. Lafïon, a communiqué à
la Société de Pharmacie du Sud-Ouest une note sur la désinfection
du vin et des futailles par la farine de moutarde. Comme toutes
les expériences, celle-ci peut être faite sur une petite quantité.
« L'an dernier, dit M. Laffon, l'extrême sécheresse nous força
à aller chercher de l'eau dans notre petit fleuve de l'Aude. Pour
en faire le transport, nous nous servions d'un muid de 5 hectolitres
environ.
« Quand la décuvaison se tît, il ne vint à l'idée de personne
que ce fiât eût pris mauvaise odeur par le séjour de l'eau de rivière ;
nous le remplîmes de vin sans plus y songer. Il m'est impossible
de vous dire le goût désagréable que ce fiit communiqua à mon
vin. C'est à cette occasion que je dois l'heureuse découverte que
voici ;
152
« J'ai l'habitude, et je pense que beaucoup de mes confrères
l'ont aussi, d'enlever les odeurs fortes avec de la farine de
moutarde. Par analogie, j'imaginai qu'il serait possible de détruire
également la mauvaise odeur de mon vin. Aussitôt, je tentai l'ex-
périence : un premier essai fut incomplet ; j'attribuai mon insuccès
à la dose de moutarde que j'avais employée ; j'ajoutai le double
de farine, et toute odeur disparut comme par enchantement. Ce
résultat si complet se réalisa par 500 grammes de farine de
moutarde dans 5 hectolitres de vin futé, soit 100 grammes par
hectolitre.
« Il m'est donc permis d'écrire que mon procédé est très
expéditif et surtout innofFensif, car la moutarde, tout le monde le
sait, est un condiment recherché.
« Conséquence de ma découverte... Le propriétaire dont le
vin serait moisi n'aurait plus recours à la distillation et le vendrait
sans réduction. Suppression de l'acide sulfurique dans le nettoyage
des futailles. Le petit propriétaire, le plus mal outillé de tous,
boirait toujours du vin franc de goût... «
[Bullelin de la Société de FilicuUure d'Jrbois.)
REVUE DES CATALOGUES
A. Marchand fils, horticulteur, rue du Calvaire, à Poitiers (Vienne). —
Catalogue des plantes pour massifs , des plantes de serre et d'ap-
partement cultivées dans l'établissement. Plantes nouvelles ou rares, à belle
floraison, à feuillage coloré et panaché, à feuillage ornemental; spécialités
de serre chaude et de serre tempérée : Dracoena, Fougères, Crotons, Orchi-
dées, Palmiers, Pandanées, Cjcadées, etc., etc.
HosTE, horticulteur, rue des Dahlias, à Monplaisir-Lyon. — Catalogue
des plantes diverses cultivées dans l'établissement : Abulilons, Fuchsias,
Pelargoniums (toutes les séries cultivées), Lantanas, Véroniques, Verveines,
Weigelia, Pentstemons ; plantes diverses, arbustes de pleine terre, Cannas,
Chrysanthèmes (collections diverses), etc. Tous ces genres sont représentés
par l'élite des variétés nouvelles ou anciennes.
Du même horticulteur. — Catalogue spécial de Dahlias, comprenant une
collection très nombreuse en variétés de choix, dans les sections diverses
de ce genre : D. à grandes fleurs, D.à petites fleurs, D. nains et D. simples.
Alph. Alégatière, horticulteur, chemin Croix-Morlon, à Monplaisir-Lyon.
— Prospectus annonçant la mise au commerce des nouveautés obtenues dans
rétablissement: Œillets mignardises remontants ; l^'^sérij: Fleur à centre
maculé: Sultane, Hercule, C'yclope; 2" série : Fleur sans macule : Darwin,
Surprise, Œillet Flon Alégatière (variété donnant des graines).
(A suivre.)
Lb Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Iinp. du Salut Public. — liellon, r. de la République, 33
1885 MAI N° 10
CHRONIQUE
Panachure. — « Peut-on déterminer une cause de la panachure
et peut-on tracer une marche pour en amener la production ? Telle
était la question proposée aux délibérations du congrès d'horticul-
ture qui s'est tenu dernièrement à Paris. »
Je ne sais pas ce qu'on aura bien pu dire de nouveau sur ce
sujet difficile, mais je parierais volontiers un fusain panaché gretfé
en tête, contre une action de la Banque de France, que personne
n'a pu formuler une réponse convenable à la deuxième partie de la
question.
Et j'ajoute que cela est fort heureux.
Il ne manquerait plus qu'il fût possible d'obtenir des végétaux
panachés à volonté ; vous n'y pensez pas, Messeigneurs l
Autant vaudrait réclamer la production régulière du mouton à
six pattes, du veau à trois têtes et du lapin bicéphale. Ah ! je vous
en prie, savants, ne faites pas cela!
Mon confrère, leD'X..., faisait bien développer le goitre à
volonté à de malheureux caniches, simple histoire de les guérir
ensuite.
Mais le goitre qui orne d'une manière si désagréable les crétins
du Valais n'a heureusement rien de commun avec les panachures
qui sont de purs cas tératologiques.
Les panachures ont été classées dans cette catégorie d'accidents
qui porte le nom cValbinisme incomplet. M. Bleu qui a obtenu des
Caladiums tout blancs a fait de l'albinisme complet.
£jt les albinos dont il a ainsi enrichi la famille des Aroïdées
embêtent énormément les botanistes qui s'occupent de chlorophylle.
Vous comprenez, ces Messieurs ont crié sur tous les tons que la
chlorophylle est indispensable à la vie des plantes, et voilà des
Caladiums qui en paraissent privés et qui se mêlent de vivre. Ceci
est évidemment très désagréable.
— 154 —
Les panachures surviennent toujours accidentellement, et on les
observe bien aussi sur les végétaux vivant à l'état sauvage que sur
ceux des cultures. Ces accidents peuvent se fixer d'une manière plus
ou moins constante soit par le semis — ce qui est assez rare —
soit, plus communément, par la bouture. ou la greffe. Par le semis
on reproduit la Barbarée, le Maïs, etc. ; par la bouture presque
tous les végétaux vivaces ou ligneux.
« Les panachures sont blanches, jaunes, blanchâtres ou jau-
nâtres. Les unes forment des espèces de raies, de lignes, de
rubans, les autres de véritables taches ; quelques-unes sont rédui-
tes à des points.
Dans certains cas les raies peuvent border exactement l'organe,
dans d'autres cas elhs peuvent être sinueuses et disposées irréguliè-
rement, dans d'autres cas encore les raies sont distribuées sur les
diverses parties de l'organe.
Les taches qui ornent les feuilles sont larges ou petites, arron-
dies ou anguleuses ; quelquefois elles n'offrent aucunes figures
déterminées. Les panachures apparaissent accidentellement sur les
plantes qui ont subi une altération, que l'on ne saurait préciser, de
leur tissu. L'altération peut alïecter l'embryon, comme elle peut
affecter un rameau, un bourgeon, une feuille ou seulement une
partie de cette feuille. Tant que la cause qui a fait naître la pana-
chure persiste, la panachure persiste également, mais il n'est pas
rare de la voir disparaître en même temps que la cause qui l'a pro-
duite. Cependant certains genres de végétaux panachés présentent
une grande stabilité.
11 paraît qu'en croisant les races et les variétés entre elles, on
obtient souvent des panachures. Knight ayant fécondé un Chasse-
las blanc et im Frontignan blanc avec la vigne d'Alep obtint des
graines qui produisirent des pieds à feuilles panachées. Mais le fait
en question est loin d'être la règle, puisqu'une foule de végétaux
obtenus par l'hybridation artificielle la mieux caractérisée ne sont
nullement à feuilles panachées.
Soufrage de la rigne. — Le jardinier et le cultivateur doivent
passer une partie de leur existence à lutter contre les innombrables
ennemis — insectes et cryptogames — qui s'attaquent aux plantes
de leurs cultures.
Partout où la même espèce végétale envahit un trop grand
espace do terrain, un ennemi la guette, s'abat sur elle et ne tarde
pas à lui rappeler qu'il faut qu'ici-bas chacun ait sa place. L'infi-
niment petit, le puceron, la spore du champignon, êtres imper-
ceptibles à l'œil nu, stérilisent ou même tuent sans pitié une foule
de végétaux cent millions de fois plus gros et plus forts qu'eux. Il
— 155 —
n'y a poiut de mal à voir ceLte lutte incessante quand elle a lieu
entre plantes ou animaux qui n'intéressent pas directement la nour-
riture de l'homme. Mais quand le contraire arrive, comme pour la
pomme de terre ou la vigne, il faut chercher à réduire à néant ces
intimes myrmidons.
ha. maladie de la vigne, Voidiion, pour l'appeler par son nom,
pour être moins terrible que le phylloxéra, exerce parfois des rava-
ges si considérables sur les raisins qu'il est de la plus haute impor-
tance de le combattre énergiquement.
Le soufre est un remède dont ceux qui ne savent pas s'en servir
ont pu contester la valeur, mais qui a fait ses preuves toutes les fois
qu'il a été employé en temps opportun.
Quand un malade est à toute extrémité, on va chercher le méde-
cin par acquit de conscience, mais le disciple d'Hippocrate ne
ressuscite pas les morts. De même quand l'oïdium a étendu ses
ravages sur les grains de raisins dont il a empoisonné les tissus,
le soufre est un métalloïde absolument inutile.
Mais si on soufre préventivement, c'est-à-dire avant le début do
la maladie, alors celle-ci ne se produit pas ou se présente d'une
manière fort bénigne. Dès que les bourgeons vont se développer,
il faudrait soufrer et ce serait un excellent travail. Ace défaut, on
doit opérer un soufrage à chaque apparition de Voidiani. Une faut
pas craindre au besoin de donnerjusqu'à quatre soufrages par an,
surtout si les conditions de chaleur et d'humidité favorisent le
développement du cryptogame. Le meilleur des soufres offerts par
le commerce est sans contredit celui vendu sous le nom de tleur do
soufre. Il y a également le soufre trituré et surtout des fleurs do
soufre falsifiées dont il faut se méfier.
Falsifiralion du soufre. — Comme tous les corps très cmplo3'és
dans les arts (1), le soufre est sujet à subir des falsifications. La
fleur de soufre employée dans le traitement des vignes atteintes de
l'oïdium est souvent fraudée par l'addition du soufre ordinaire
réduit en poudre plus ou moins fine au moyen de la pulvérisation
directe. Comme, dit Chevalier, il est beaucoup moins actif que le
soufre sublimé ou tleur de soufre, il devient nécessaire do savoir le
distinguer de ce dernier. On y arrive aisément par l'examen du
produit au microscope, car le soufre sublimé se présente toujours
sous forme de globules sphériques, quelquefois très grosses, tandis
que le soufre pulvérisé est en éclats irréguliers et mats de grosseur
(1) On s'en sert pour fabriquer l'acide sulfurique, le sulfure de caibone, les poudres
de guerre, de chasse, le cinabre, le caoutchouo volcanisé, peur sceller le fer dans la
pierre, pour la confection des allumettes, des mèches, pour le blam hiHient de l.i soie,
de la laine, de la pai'le, etc.
— 156 —
'excessivement variable. On falsifie encore le soufre en le mêlant de
sulfate de chaux, de craie, de cendre, de silex, d'alumine, ou autre
corps en poudi'e fine.
Destruction obligatoire du Gui. — La Société nationale d'agricul-
ture vient d'éveiller la sollicitude de l'administration — qui dor-
mait paisiblement depuis la loi sur l'échenillage — en la priant de
rendre la destruction du Gui (Fiscum album) obligatoire. OTeutatès
quelle profanation ! Que vont dire les Gaulois, nos ancêtres, quand
ils sauront que la plante sacrée que leurs druides allaient cueillir
avec la faucille d'or sera condamnée administrativement à dispa-
raître ?
Je comprends bien l'utilité de la destruction du Gui, qui fait un
tort assez sérieux aux pommiers et autres arbres fruitiers, mais
rendre cette destruction obligatoire, cela serait un acheminement
très accentué vers la suppression complète de la liberté. Si on fait
une contravention au propriétaire d'un arbre couvert de gui pour la
seule raison que les oiseaux peuvent porter la graine sur les arbres
du voisin, on ne voit pas bien pourquoi on ne ferait pas également
des contraventions à ceux des cultivateurs qui ne détruiront pas
régulièrement dans leurs champs les mauvaises herbes susceptibles
d'envahir le voisinage. On aurait ainsi la destruction obligatoire du
chien dent de cinq ou six sortes, des chardons {Cirsium arvensc),
des Laitrons {Soncliusarve7isis), etc.
Je crois que les mauvais cultivateurs sont assez pun's par la
diminution de leurs récoltes sans les obliger encore à aller se casser
les reins en tombant du haut des grands arbres où croît le gui.
On sait que le gui croît, suivant les pays, sur toutes sortes d'ar-
bres ; on l'a récolté sur pommiers, poiriers, tilleuls, érables, ormes,
chênes, pins, sapins, etc.
Lesparties veries du gui contiennent beaucoup de glu, mais en
France, on prépare plus communément cette substance avec l'écorce
de houx.
Les druides croyaient que l'eau bénite avec le gui purifiait, gué-
rissait la plupart des maladies, donnait la fécondité, etc.
Procédé pour la conservation des fruits. — On dépose les fruits à
conserver dans un vase approprié à leur nature et on les range
par lits entre lesquels ou sème un lit de chaux éteinte, en poudre,
d'une épaisseur plus ou moins grande. Ce vase, non bouché, est
renversé sur un lit de chaux de un à deux pouces d'épaisseur, dans
lequel son orifice se trouve enterré.
On parvient par ce moyen à conserver d'une récolte à l'autre
des raisins dans un état satisfaisant de fraîcheur.
— 157 —,
Il paraît que dans cette circonstance la chaux éteinte s'oppose
au contact de l'air et garantit les substances végétales qu'elle
enveloppe de son humidité. Elle absorbe l'acide carbonique qui se
dégage peu à peu des fruits pendant la fermentation qui s'opère.
Ce procédé a été signalé autrefois par M. Pépin dans les Annales
de Flore et de Pomone.
beslruciion des vers blancs. — Le Bulletin de la Société d'horti-
culture de Tarare publie un moyen qui doit détruire les vers blancs :
« Un jardinier, M. Louis Schmidt, voyait ses plates-bandes rava-
gées ; elles étaient en partie plantées de fraisiers. Le ravage était
l'œuvre des vers blancs. M. Schmidt essaya un mélange d'eau et
d'acide phénique cristalHsé dans la proportion de quinze grammes
de celui-ci dans quinze htres d'eau, soit un gramme par litre. Il
travailla ses plates-bandes et les arrosa avec cette dissolution : les
fraisiers reprirent avec vigueur. Les laitues et les choux qu'il y
plaça poussèrent à merveille. Apercevant plus tard, an mois d'août,
les mêmes ravages du jardin, il employa le même procédé et réussit
également. »
Chionanthus virginica. — Je signale aux cultivateurs de plantes à
forcer, ce bel arbrisseau déjà bien connu des amateurs et des pépi-
niéristes sous le nom à'Arbre de neige. Présenté en fleur à la séance
du 26 mars dernier de la Sociélé nationale d' horticulture , par M. De-
laville (Léon), il justifie par le seul fait de cette présentation de
son aptitude à être forcé. « Greffé sur frêne, il donne, dès la troi-
sième année, de jolis pieds dont on peut laisser les pots à l'air libre
mais enterrés, pendant l'hiver. Pour les faire fleurir il faut les
rentrer en janvipr ou février. »
Le Chionanthus virginica se multiplie de semis (dans ce cas les
pieds sont longs à fleurir) de marcottes, de boutures herbacées et
de greffes sur frêne. J'en ai greffé aussi sur troène qui ont parfai-
tement repris mais qui m'ont donné des sujets peu vigoureux.
Les Poires du Cap. — 11 paraît que le marché de Covent Garden
à Londres était dernièrement fourni de poires venant du cap de
Bonne Espérance. Les rédacteurs du Gardners' Chronicle ont eu l'oc-
casion de juger des Beurré superflu et autres variétés de cette pro-
venance. Les unes trop avancées en maturité, les autres incomplè-
tement mûres ne leur ont pas permis d'en juger exactement la
valeur.
On sait que la maturité du Beurré super fin arrive, en Europe,
d'août à septembre, d'où nous devons conclure que ce n'est plus
qu'une question de temps pour voir arriver l'époque où les poires
— 158 —
d'été pourront se manger en plein hiver sur notre continent ; et
cela à cause de rintervertissement des saisons et des progrès de
la navigation. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du dimanche 19 avril 1885, tenue
dans la Salle des réunions industrielles, Palais du commerce,
à Lyon.
Présidence de M. J. Chrétien (Vice-président),
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procès-verbal do la dernière réuiiion est lu et adopté.
Corres^.undance. — Lettre de la Société d'horticulture et de botanique de
Marseille, demandant la nomiDation d'un délégué pour ie concours horticole
(|ui doit avoir lieu en Mai, sous les auspices de celte société. M. IMlaval est
nommé délégué.
Lettre de M. ï?olin:nac, horticulteur à Cannes, dans laquelle il donne des
renseignements sur l'emploi du Réqénérateur Gailbert, dans ses cultures, no-
tamment sur les K )siers ; en l'employant dilué dans 40 fois son volume
d'eau. A cette dose employée en bassinages, il a pu préserver ses Rosiers du
blanc ti des pucerons.
Publications. — M. le secrétaire généi'àl fait l'analyse des publications
reçues par la société depuis la dernière réunion et fait circuler celles conte-
Laut des illustrations.
Préstntations.— Il est donné lecture de candidatures sur lesquelles confor-
mément au règlement il sera statué à la prochaine réunion.
A'hmssioiis. — Sont admis sans protestation les candidats présentés à la
dernière léunioo et qui à partir de cejour prennent le titre de membres
titulaires de l'association. Ce sont, MM. :
Plan, directeur de VAsiOcialion typographique, 12, rue de la Barre,
I yon, présenté par MM. le D' Perronnet et Carie.
ftaillat (Loopold-Grégoire), marchand-graiuier, 10, rue Saint-Jean, Lyon,
présenté par MM. Molin et Jean Jacquier.
Dupras (Joseph), horticulteur, rue Saint-Pierre-ie-Vaise, 43, Lyon-
Vaise, présenté par MM. Bélisse et J. Jacquitr.
Comte lils, marchand-grainier, rue Ndtiona'e, à Villefi-anche (Rhône),
présenté par MM. Drevet et Molin.
Paidon (Philibert), jardinier chez M. Besson, à Vernaison (Rhône), pré-
senté par MM. Gooin (Jean) et Guillaume (Antoine).
Durand (Pierre), horticulteur lleuriste, 53, route de Grenoble, Monplaisir-
Lyon, présenté par MM. A. Bernais et Vivian i-.Morel.
^'aolle^ (André), horticulteur lleuriste. route de Grenoble, 53, Monplaisir-
Lyon, présenté par MM. A Bernais et Viviand-Morel.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Liabaud, horticulteur, Lyon -Croix-Rousse, 1" un pied de Cypripe-
dium bin bidum sujterbum ; 2° un pied de C. Duniinianum ; 3° un pied en pot de
la Rose hybride Glitire Lyonnaise (Guillotfils) en fleur ; 1" un pied de Rosier
Pulyunlha l'eik d'or (l)ubreuil).
Par M. Alégatière, lorticulteurà Monplaisir-Lyon, des fleurs de la variété
nouvelle du Rosier l'olyantha obtenue et nomoiée par lui : Miniature, t'ette
variété qui justifie bien son nom formera de jolies potées pour la vente sur
les marchés.
— 159 —
Par M. Caillât,, horticulteur, Lyon-Guillotière, 1° une terrine contenant au
moJDS 12 variétés do Pà]uerettes a fleurs doubles, variées comme coloris ;
2° une collection de légumes de saison, composée de : Laitue frisée de la
Passion, L. brune de la Passion, L. rose de la Passion ; Poireau long; de la
Tarentaise, P. gros de Rouen, Radis du printemps violet rond, R. rond
rose et R. demi-long rose.
Par M. Verne, jardinier, chez M. Godinot, à Tassin, une botte d'asper-
ges d'Argenteuil, assez grosses, qu'il déclare être le produit d'un semis de
4 ans.
Par M. Masson r^cevsur des postes de Ljon-Croix-Rousse, l'aune mflgni-
fique eoUrc'ion de Primula ven's, en pots et en lifurs coupées ; 2° un pol de
Priniula cortusoïdes; 3" des rameaux coupés de Giroflée des murailles, pré-
sentant des fleurs très amples et variées comme coloris.
Par M. Coibii], jardinier chez M. le duc de Mortemart à La Chassagne,
qu«lques poires des variétés Btuiré Petrnulc tt AlfX'indrina M'is.
Par M. Btllandra, jatdmier à Lyon, Saiat-Irenée, des pnquets de radis
demi-long viol«t, qu'il déclare avoir trouvé il j a environ neuf ans dans un
semis de R-idis écarlate, il est aussi précoce ei a le même goût que le R.
écarlate dont il serait issu. D.ins les samis que fait tous les ans le présenta-
teur, celte variété sa reproduirait franchement.
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à Crépieux, un bouquet de
Pensées anglaises à grandes macules; ces fleurs sont tr./s grandes.
Par M. Chavagnieux, jardinier chez M. Ferber, à la Pape, des Pensées
à grandes fleurs et un bouquet de Myosotis alpestris, à fleurs roses; des
laitues de la passion blonde ou mouchetée.
Par M. Rivoire fils, marchand-grainier, à Lyon : 1° Un pied de Lavatera
arborea à feuilles panachées ; quelques pots de Reine-Marguerite naine
(Callistephus sinensis) en fleurs.
Par M. Crozy, un pot de Giroflée naine (suissard), plante très compacte,
formant uue boule très bien faite, sera, si elle est constante, une plante
excellente pour la culture en pots,,
Par M. J. Nicolas, horticulteur-grainier, à Lyon, une collection de
Primula ueris, composée d'au moins 30 variétés.
Par M. Guerry, un Poireau gros de Carentan, à feuilles panachées ; la
panachure de ce poireau est tellemeot bien tranchée qu'avec ses feuilles
longues et larges, cette plante a plutôt l'aspect d'un Dracœna qu'une de nos
platites potagères les plus cultivées; d'après le présentateur, les plantes
provenant de semis ont la panachure bien constante.
Par M. Deville, horticulteur a la Demi-Lune-Lyon, des rameaux fleuris
de Cydonia Japonica de semis et les Magnolias Yulan.
Par M. Jacquier, cultivateur-j;rainier, à Lyon, des navets très hâtifs de
Milan. Cette variété, d'après M. Jacquier, serait très précoce; sa chair
fine et douce est, commrt qualité, supérieure à toutes les variétés connues;
il pi'é--ient<i, comme comme comparaison, le Navet hâtif de Munich, qui,
quoique étant uae bonne variété, lui serait inférieure.
Par M. Galmichtî (Laurent), jardinier chez M. Primat, à la Pouilleuse, un
bouquet da fleurs de Cyclamen de Perse, à grandes fleurs, composé d'au
moins 30 variétés ; ces fleurs soat très grandes, et quelques-unes ont un
coloris bien tranché.
Par M. F. Moral fils, horticulteur-pépiniériste, Lyon-Vaise :
1° Va pol ai Priinulu (jran'Iiflord Croussei, à fleurs pleines. Cette variété
est très remarquable autant par son abonlante floraison que par un coloris
unique, ainsi que par sa grande vigueur et sa robustioité ;
2" Derberis steaoplujlla, variété intermédiaire entre les B. bujcifolia et
B. eni/jetri/utia, dont on prétend qu'il est un hybride;
3" Mulus floribuivla utrosuMjaiaea, variété à fleurs entièrement rouge
carmin foncé, du Malus floribunda qui, lui, a les fleurs rose carmin à l'ex-
térieur, blanc pur à l'intérieur ;
— 160 —
4° Perska (hinensis flore plcnn albo, P. ch. camelliœfloi'a, P. c/i. ro^d'/lm-n.
Ces trois variétés de pêchers de Cliine sont ce qu'il y a de plus tranché dans
celles connues ; les arbres sont plus vigoureux que les variétés à fleurs
doubles du Pocher commua [Persica vulgaris); leurs fleurs sont plus pleines
et d'un coloris plus brillant;
5° Exochorda grand'jhra (Sfjirea (jrandiforii) Hook, spirée du nord de la
Chine, à fleurs d'un blanc légèrement de jaune, ressemblant à. celles d'un
Seringa ;
6° Des rameaux fleuris de Hib^s carncum grandiflorum. M. Morel fils
présente, en outre, deux rameaux fleuris provenant d'individus issus de
semis du Malus floribunda, de quatre rameaux de Maynolia Lenm' de semis.
Par M. J. Nicolas, horticulteur-grainier, à Lyon, un thermomètre de
couche, sj'stème Couturier. Ce thermomètre est renfermé dans une gaine en
zinc verni, qui ne laisse ap,iarente que la partie du tube sur laqualle sont
marqués les degrés, et ne présent'^ pas les inconvénients qu'ont les anciens
thermomètres de couche : la terre, le terreau dans lequel on les enfonce,
entre dins les trous du tube, provoqua la casse des verres et salit les
degrés. Ces inconvénients n'existent plus dans le modèle présenté.
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. L. Lille, Pelletier, Berlhier et Drevet, pour les fruits et les légumes;
de MM. Gaulain, Bernaixet Pitaval, pour les plantes et les fleurs.
Après examen, ces Commissions proposent d'accorder à M. Corbin une
prime de 2" classe pour son apport de Poires, surtout pour la variété
Beurré Perrault qui est reconnue bonne.
A M. Chavagnieux, une prime de 3= classe pour ses Laitues et une de
3" classe pour ses Pensées.
M. Verne, une prime de l'' classe pour ses Asperges.
A M. Caillât, une prime de V' classe pour l'ensemble de son apport.
A M. Jacquier, une prime de 3= classe pour son Navet hâtif de Milan.
A M. Guerry, une prime de 2» classe pour son Poireau à feuilles pana-
chées ; la Commission l'engage à le présenter à nouveau à une séance ulté-
rieure.
A MM. Rivoire fils, une prime de 1" classe pour ses Reine-Mar-
guerite; le Lanatera arborea variegata ayant été primé dans une séance de
1884, la Commission prie de voter des remorcîments au présentateur, ainsi
qu'à M. Alégatière, dont le Rosier Polyantha Miniature a été récompensé,
à l'Exposition de septembre 1884, de notre Compagnie.
A M. Liabaud, une prime de 1" classe pour l'ensemble de son apport,
A M. Masson, une prime de 2° classe pour l'ensemble de son apport.
A. M. Galmiche, une prime de 2" classe pour ses fleurs de Cyclamen.
A M. Champalle, une prime de 2' classe pour ses Pensées à grandes
macules.
A M. J. Nicolas, une prime de 2' classe pour ses Primula veris.
Une prime de V" classse à M. Morel fils pour l'ensemble de son apport.
Les Commissions accordent un certificat de 2" classe à chacun des Ma-
gnolias Lenné, de semis, de M. Morel fils, portant les numéros 5 et 9;
les autres numéros sont renvoyés à l'étude.
Des certificats de 1" classe à chacun des (,'ydonia japonica de semis, de
M. Deville, portant les numéros 4 et 7, et des certificats de 2" classe à ceux
portant les numéros 3 et 6 ; pour les autres numéros de Magnolias de semis,
la Commission propose leur renvoi à l'étude. Une prime de 1" classe est
accordée à M. J. Nicolas pour son thermomètre de couche.
Pour les autres apports, les Commissions demandent l'inscription au
procès-verbal.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
M. le Président décerne les diplômes de Primes et de Certificats à ceux
dont les produits ont été primés.
L'Assemblée procède ensuite à la nomination de la Commission des
finances pour l'année 1885. Sont nommés, MM. Belisse, Cousannat,
Charvolin, Rochet, Therry.
La séance est levée à 4 h. 3/4. Le Secrétaire adjoint, Nicolas.
— 161 —
Les Roses au XVP siècle (Suite).
Gaspard Bauliin, dans son Plnac ou Théàlre bolaniquc, œuvre de
quarante années de travail assidu, publié à Bâle en 1571, énumère
dix-sept espèces de roses cultivées et dix-neuf de roses sauvages.
Les roses cultivées [Rosa saliva), portent dans cet ouvrage les
noms suivants :
Rosa rubra.
Ros
a major prœnestina.
Rosamoschata spinis ca-
» rubra pallidior.
»
alba major.
ren8 major.
» saturiatus rubens.
s
» miner.
B
moschata spinis ca-
» piirpurea.
»
moschitasimplici.
rène minor.
» versicolor.
»
» flore pleno
n
moschata subveridis
B maxima multiplex.
»
mosohata sempervi-
»
folio subrotundo et
» multiples média.
rens.
crispo.
Les roses sauvages [Rosa sijlveslris) du Pinax ont été ramenées
par Linné à cinq ou six espèces, qui à l'heure actuelle, forment
chacune une section différente. Ces sections comprennent de très
nombreuses formes ou espèces décrites par les rhodographes mo-
dernes.
G. Bauhin a établi la concordance des noms donnés par Pline
avec ceux connus de son temps. Mais cette synonymie, qui a du
reste exercé la sagacité des autres commentateurs du naturaliste
romain, ne repose que sur de simples conjectures dont il est diffi-
cile de vérifier la valeur. Quoiqu'il en soit, voici cette concor-
dance :
Milesia, est Rosa rubra.
Grœctda, est Rosa rubic nda saccharina dicta, grœcula canice.
Trachinia, est Rosa purpurea.
Prœnestina, est Rosa major prœnestina Clusii.
Campatia, est Rosa alba vulgaris.
Coroneola, est Rosa moschata flore pleno.
Alabandica, est Rosa sjlvestris flore pleno.
Spineola on Spermonia, est Rosa odore cinamomi flore pleno.
Centifolia, est Rosa alba minor.'
Grœca, que Pline nomme encore fAjchnis, est selon quelques
auteurs le Lijchnis hirsula flore coccineo major • mais, selon Gesner,
c'est la rose à odeur de canelle à fleur simple, et selon Daléchamp,
c'est le Rosa campeslris spinis carens.
Il faut bien convenir que si on devait se borner au simple exa-
men des diagnoses des anciens botanistes ou aux descriptions plus
ou moins exactes d'Ollivier de Serres, il serait assez difficile d'ar-
river à une connaissance certaine des anciennes espèces ou variétés
de Rosiers. Heureusement que si le Piiiax — l'évangile des bota-
nistes du 17^ siècle et d'une partie du 18" siècle — ne contient
que des phrases diagnostiques un peu courtes, VHorttis EijslcUemis,
16Î
R. lutea 11. simplici.
publie en 1613 par Besler, est enriclii de figures représentant toutes
les roses cultivées dans le célèbre jardin des environs de Nurem-
berg-, Or, comme on sait que Gaspard Bauhin a visité à plusieurs
R. ex rubj nigricans fl. pleno.
— \6R
\t. Mile:ïia rubro H. simplex
R . lactea Camerars ,
— 164 —
reprises ce jardin, qu'il cite fréquemment et dont il a mentionné
toutes les espèces, on est autorisé à conclure que les Roses figurées
dans VHortHs Eystpltensis représentent d'une manière assez exacte
les plantes mentionnées par Bauhin.
Du reste, les meilleurs auteurs ont toujours fait l'éloge de ÏHorius
Eijstciietisis, premier grand in-folio qui ait été publié en botanique,
et si quelques critiques ont été adressées à l'ouvrage, elles ne
s'adressent guère qu'au texte explicatif et ne dépassent pas une
certaine limite. Le lecteur pourra, du reste, juger approximative-
ment de la valeur de ces figures que nous avons fait reproduire
pour accompagner cette note.
UHorius Eysleiiensis a donné les figures de 21 roses que nous
allons successivent examiner. En voici d'abord l'énumération par
ordre alphabétique :
R. alba flore simplici.
— — — pleno.
— centifolia rubra.
— cianamomea flore pleno.
— damascîna flore simplici.
— — — pleno.
— eglanteria.
— lacteola camerary.
— lutea maxima flore pleno.
— I — flore simplici.
— Milesia rubra flore simplex.
R. Milesia rubra flore pleno.
— prœrox spinosa flore albo.
— prrenestina variegata.
— provincialis flore incarnato
pleno.
— — flore albo.
— rubicunda saccharina dicta,
— rubra precox fl. simplic.
— — exrubroBigricansfl.pl.
— — sjlvestri.s fl. rubro.
— — — odorata incarnato.
[A Suivre). S. Griphe.
Concours établis par l'Association horticole lyonnaise
AVIS. — Les personnes qui désirent prendre part cette année aux concours ci-
dessous énumérés, devront adresser leur demande à M. Viviand-Morel, cours
Lafajette prolongé, 61, à Villeurbanne-lèe-Lyon, avant le 15 juillet prochain.
CULTURE MARAÎCHÈRE
1» Concours entre les jardiniers maraîchers pour la bonne tenue, la production et
les progrès réalisés dans leurs cultures.
Plusieurs prix, dont le premier sera une médaille d'or, seront attribués à ce con-
cours.
2» Concours pour l'amélioration par semis des races de plattes potagères. Trois
prix seront décernés.
3» Concours établi pour la vulgarisation à Lyon des plantes potagères rarement
cultivées, dont le mérite est cependant bien établi dans d'autres pays. Trois prix
seront décernés.
HORTICULTURE MARCHANDE
L'ancien concours spécial aux établissements commerciaux^ d'horticulture les
mieux tenus et dont les cultures sont le plus en progrès est scindé en . inq catégories
savoir : ,
1° Etablissements consacrés à la culture des plantes de marche.
2° — — aux collections florales.
3o — aux pépinières d'arbres fruitiers et d'ornement.
4» — à la culture des rosiers.
^0 __ — aux plantes cultivées pour graine?.
— 165 —
MAISONS BOURGEOISES
1» Concours spécial établi pour récompenser les jardiniers des maisons bourgeoises
pour la bonne tenue et les progrès réalisés dans les cultures confiées à leurs soins.
Il sera tenu compte des movens mis à leur disposition.
2" Concours spécial aux cultures potagères.
3° Concours pour la bonne direction des arbres fruitiers soumis à la taille et au
pincement.
INSTITUTIONS, ÉCOLES OU ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
1» Concours entre les jardiniers des institutions, écoles ou établissements publics
dont les cultures sont les mieux tenues et le plus en progrès.
ARBORICULTURE
1» Concours entre les propriétaires qui auront créé le plus grand jardin fruitier et
qui l'auront le mieux entretenu ou fait entretenir. Les plantations devront avoir été
faites au moins depuis cinq ans.
2» Concours établi en faveur des garçons jardiniers qui sauront le mieux tailler
les arbres à fruit.
Règlement des Concours.
1» Pour prendre part à ces Concours, les jardiniers de maisons bourgeoises,
d'écoles ou d'établissements p-blics devront accompagner leur demande de l'autori-
sation écrite du propriétaire ou des cbefs du jardin ou des cultures dont ils ont la
direction au moins depuis deux ans.
2° L'Association horticole paie les frais de voyage des Commissions chargées des
■visites des jardins qui ne sont pas situés à plus de trente kilomètres de Lyon. A
partir de 30 kilomètres, les frais de voyage sont à la charge des concourants.
3» Les Commissions sont composées de cinq membres.
4» Tous les membres de l'Association peuvent prendre part à ces Concours. Les
lauréats des grands prix et des premiers prix ne peuvent reconcourir qu'après un
intervalle de cinq années révolues, et les autres lauréats après trois années.
Anciens et Bons Jardiniers.
Les Sociétaires qui désirent obtenir une récompense comme anciens et bons jnrdi-
niers devront également faire parvenir leur demande à la même époque et à la
même adresse. Ces demandes devront être accompagnées d'un certificat du maître
mentionnant la durée du service. La signature de ce certificat devra être légalisée
par le maire de la commune ou réside le demandeur.
Nouveau procédé pour multiplier la Pomme
de terre (1).
Etant donné qu'un grand nombre des anciennes variétés des
pommes de terre sont trop souvent atteintes par la maladie, que
beaucoup de tubercules pourrissent en terre avant la récolte,
qu'une autre partie, non la moins importante, de ceux emmaga-
sinés dans les caves, celliers ou silos subissent le même sort, on a
généralement recours aux innombrables variétés nouvelles fran-
çaises, anglaises, ou américaines, qui paraissent être plus réfrac-
taires à la maladie.
En 1881, je demandai à M. Vilmorin plusieurs variétés nou-
velles de pommes de terre desquelles je voulais obtenir des tuber-
(1) Extrait du Sud-Ett.
— 166 —
cules gros et nombreux. Pour atteindre ce but, je ne laissai qu'une
ou deux tiges à chaque plante ; les bourgeons inutiles furent
enlevés lorsqu'ils eurent atteint 15 à 20 centimètres de longueur.
A ce moment-là, tous les bourgeons que j'avais arrachés sans
prendre de précaution étaient enracinés et se détachèrent assez
facilement des tubercules que j'avais plantés entiers à 6 centi-
mètres de profondeur, les yeux tournés vers le ciel.
Comme je n'avais reçu qu'un ou deux kilogrammes de chaque
variété de pommes de terre, et qu'après avoir utilisé toutes mes
semences nouvelles de betteraves, de carottes, de rutabagas, de
navets, de betteraves, de sorgho, de mais, etc., il me restait
encore un petit carré de terre où je pouvais planter ou semer, il
me vint à l'idée de transplanter dans cet espace vide quelques-uns
des bourgeons enracinés que j'avais enlevés à chaque plante.
A cei effet, je tis un trou en terre avec une pioche, j'appuyai
sur son manche lorsquelle fut enfoncée, pour faire un vide entre
sa lame et la terre, cavité où je glissai un bourgeon enraciné de
pommes de terre; je retirai la pioche, j'appuyai avec le pied sur
la terre qu'elle avait soulevée pour la faire adhérer aux racines du
plant, et, comme la saison était relativement sèche, je l'arrosai
d'un demi-litre d'eau pour assurer sa reprise. Je répétai cette
manoeuvre pour tous les bourgeons enracinés que je transplantai
au nombre de cinquante environ. Leur reprise se fit avec facilité.
Je binai les plants de cette nouvelle culture, toutes les fois que je
donnais ces soins aux autres plantes de raon champ d'expériences;
je les arrosai comme les autres plantes et ils poussèrent vigou-
reusement.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, vers le commencement
de l'automne, je voulus me rendre compte de ma nouvelle culture
de pommes de terre ! Chaque bourgeon enraciné et Iransplanlé amit
produit, réunis au pied du plant, comme chez les topinambours, des
tubercules nombreux, égaux, aussi gros, sinon plus, que ceux des plants
d^oà f avais tiré les plants enracinés.
L'année suivante, en 1882, je répétai cette expérience sur la
pomme de terre éléphant blanc, en améliorant le système de plan-
tation.
Au lieu de procéder à la transplantation, comme l'année précé-
dente, lorsque les deux tubercules que j'avais reçus et plantés
eurent donné des bourgeons de 15 à 20 centimètres de longueur,
je les arrachai d'un coup de bêche, je secouai entièrement la terre,
— opération qui se fait plus rapidement en trempant dans l'eau la
motte renfermant le tubercule; — je détachai ensuite tous les
bourgeons que portait chaque tubercule et les plantai dans une
jauge profonde de 10 centimètres, et à 65 centimètres entre les
— 167 —
lignes et sur les lignes, en ayant soin de bien étaler les racines,
sans casser certaines productions courtes, rigides, plus ou moins
renflées qui, partant du pivot des plants, donneront les tubercules.
Je recouvris les racines de ces plants de 10 centimètres d'épais-
seur de terre meuble; j'assurai, comme l'année précédente, la
reprise des plants, que j'entretins comme les autres, et j'attendis
la récolte qui dépassa en rendement les résultats obtenus la pre-
mière année.
Par ce procédé, ces deux tul)ercules, qui pesaient ensemble
cent cinf]uanl(' gramines , en donnèrent quatre-vingt-dix-huit, qui
pesèrent vingt-deux kilogrammes; et celle variélc, qui est indiquée
comme tardive, fut récoltée entièrement développée et bien mûre un mois
et demi avant tes autres. Ce fait est important à noter, parce que ces
pommes de terre purent être soustraites aux grandes pluies de
l'automne, qui firent pourrir en terre beaucoup de tubercules.
J'exécutai ces expériences pendant deux années consécutives,
en présence des élèves de la ferme-école de Recoulettes (Lozère) ;
M. Gustave Heuzé, inspecteur général honoraire de l'agriculture,
vit lui-même, pendant les années 1881 et 1882, ces plantations.
En 1883, je répétai ces expériences à l'Ecole normale de Rhodez,
où les résultats nouveaux confirmèrent ceux de 1881 et 1882.
Puisqu'on transplante des betteraves, des choux, des ruta-
bagas, etc., on pourrait, le cas échéanf,, transplanter les bourgeons
enracinés des pommes de terre. Oe procédé est éminemment éco-
nomique pour acclimater dans notre département les nouvelles,
bonnes et belles variétés de pommes de terre qu'il importe de
multiplier rapidement, parce qu'elles sont moins exposées à pourrir
que les anciennes pommes de terre du pays. Ce qui démontre
l'utilité de ce procédé, c'est que, lorsqu'on se procure une nouvelle
variété de pomme de terre de bonne qualité et de grand produit,
ce n'est que par de très petites quantités que les détenteurs font
toujours payer fort cher. Par ce moyen, on récolte, l'année de
l'essai, de quoi faire des plantations ordinaires importantes l'année
suivante.
Je termine en formulant un voeu : Que des essais pareils à ceux
que j'ai faits soient répétés en 1885 par ceux qui ont acheté de
nouvelles variétés de pommes de terre; je serais heureux si mes
modestes travaux leur avaient été utiles.
Frederick d'André,
Professeur départemental d'agriculture
de l'Jveyron.
— 168 —
Poxnologie.
Observations sur les Poires.
Mariette de Millepieds. — Arbre faible, qui ne convient qu'en petites
formes ; assez fertile. Fruit gros, très bon. Maturité de février à fin mars.
Marquisf. — Sjn. : 1» Marquise d'hiver; 2' Marchioness. Arbre assez
vigoureux, qui se conduit sous toutes formes ; fertilité ordinaire. C'est un
ancien arbre qu'on ne retrouve guère dans nos contrées; cependant j'en ai
vu aux environs de Poncin (Ain). Fruit assez gros, assez bon. Maturité de
novembre à décembre.
Messire Jean. — Sjrn. : 1° Messire Jean gris ; 2° Messire Jean doré ;
3° Messire Jean blanc; 4° Messire Jeaa Romain; 5° Monsieur John;
6»Chaulis; 7° Poire de la Communauté; 8° Poire du Couvent; 9° St- Jean
d'Anjou ; 10» Saint-Jean musqué; 11» Monsieur; 12° Messire Jean de Cogne;
13° de Ver ; 14" Messire Jean tardif; 15° Messire Jean vert ; 16° Messire
Jean d'hiver; 17° Marion d'Amiens. Arbre faible qu'il faut greffer sur place;
il pousse si peu qu'il faut le greffer en tête pour former les autres tiges, c'est
la forme qui lui convient le mieux pour être fertile, car il n'aime pas la
taille. Fruit moyen, assez bon. Maturité courant octobre.
Messire J3an Goubault. — Arbre assez vigoureux, se conduit sous toutes
formes; très fertile. Fruit gros, de 2° qualité, parfois de 1'% selon les saisons
ou l'exposition.
Milan d'hiver. — Sjn. : Beurré gris d'hiver ancien ; 2° Milan admirable ;
3" Beurré gris d'hiver; A" Milan rond. Arbre assez vigoureux, se conduit en
toutes formes ; assez fertile. Fruit gros, n'est bon que cuit. Maturité de
novembre à décembre.
Mouchalard. — Syn. : Moussalard ; 2° Epine rose ; 3° Epine d'été de Bor
deaux; 4' Belle Epine fondante. Arbre vigueur moyenne ; très fertile; la
forme pyramidale lui convieat bien. Fruit moyen, très bon. Maturité cou-
rant août. RouTiN,
PLANTES NOUVELLES. — CATALOGUES
E. ScHMiTT, hortioalteur à Lyon-Vaisa. — Circulaire annonçant la mise
au commerce de plantes nouvelles, savoir : 1° Anthurium Schcrzerianum var.
.Sc/fmîV^i, plante remarquable par so i beau feuillage et sej bjlles fleurs;
2° 5 variétés de Bégonia iocarnata : M. Chômer, rose fleur de pêcher;
M. Crousse, rose de Chine vermillonné; M. Ed. Pinaert, blanc cari.é nuance
rose purpurin; M. Eug. Vallerand, rouge grenat orangé; M. Jean Sisley,
orange minium
William Paul et Son, Waltham Gros, Herts. Spring. — C:ilalogue 1885.
New Roses, Géraniums, etc. — Ce Catalogue contient la figure de lu Rose
hybride de Thé \V. Francis Bennetl et de Thé Waltham CUnbing, ainsi que
la mise en vente des Roses nouvelles, mises au commerce par différents
obtenteurs en 1883 et 1884.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1888 JUIN N* 11
CHRONIQUE
L'Exposition d'horticulture
a Les Guelfes et les Gibelios ajant
pour la circonstanca fait trêve d'ani-
mosité, la ville de Florence reprit son
aspect habituel... o Machiavel, Hist.
de Flor.
Le 3 juin s'ouvrait à Lyon l'exposition d'horticulture annexée
au Concours régional agricole. L'horticulture lyonnaise trouvait
dans cette circonstance une occasion excessivement favorable pour
exhiber une partie de ses cultures et montrer que si ses expositions
d'automne sont brillantes, grâce à l'adjonction des collections de
fruit, elle peut également au printemps exhiber des genres nom-
breux et intéressants.
Du reste il était difficile à l'horticulture lyonnaise de rencon-
trer en faveur d'une exposition plus de chances de succès réunies :
La Ville de Lyon prenait à sa charge tous les frais d'organisation,
de récompenses etc. De ce coté les Sociétés d'horticulture n'avaient
pas à escompter d'avance les saignées aussi lamentables que tradi-
tionnelles que quarante-huit heures de pluie, en vrai docteur San-
grado, pratiquent habituellement à leur caisse. D'autre part Guelfes
et Gibelins s'étaient mis d'accord et il n'y avait aucune raison
pour que chacun ne fit pas un effort sérieux pour rendre brillante
la future exposition. Avec cela le Concours régional, les expositions
scolaire, séricicole et viticole devaient nécessairement attirer un
public nombreux dont l'horticulture profiterait par incidence.
Malheureusement la place de P«rrache transformée en square
banal, complantée d'arbustes vulgaires, semée d'un gazon gris,
obstruée de balustrades protectrices et par dessus tout ornée d'une
immense fontaine ou l'élément liquide est remplacé par des sapins
— 170 —
de petites dimensions, ne se prétait guère à l'organisation d'une
exposition. Aussi l'effet d'ensemble était-il un peu raté. Au premier
coup d'œil la place de Perraclie paraissait déserte ; rien ne sem-
blait y avoir été cliangé. Mais avec un peu de patience, l'ama-
teur finissait par trouver là de véritables richesses horticoles, les
unes semblant sourdre au milieu des massifs de Fusains ou de Troè-
nes, les autres alignées dans une longue et sombre galerie ; seule les
roses, les fleurs coupées et les légumes étaient bien éclairés, mais
en revanche toutes ces fleurs étaient, de midi à 5 heures du soir,
littéralement rôties par la chaleur ; pour cette raison, ceux des
exposants qui n'avaient pas l'excellente précaution d'apporter chaque
matin des fleurs fraîchement coupées, avaient des lots pitoyables.
En dehors de l'effet d'ensemble que la place de Perrache se refu-
sait absolument à donner à l'Exposition, il faut reconnaître que les
détails de son organisation ne laissaient rien à désirer, et que les
commissaires organisateurs ont su se tirer avec honneur de la beso-
gne ingrate que la Ville leur a\'ait confiée .
Nous allons maintenant jeter un coup d'œil rétrospectif sur
toutes les richesses végétales que les horticulteurs lyonnais avaient
soumises à l'appréciation du Jury.
Mérite agricole. — Avant de commencer l'examen des principa-
les plantes exposées, nous sommes heureux de pouvoir annoncer à
nos lecteurs que la croix du Mérite agricole a été accordée, à l'oc-
casion de l'Exposition, à deux de nos collègues : MM. Liabaud et
B. Comte.
Ces deux nominations ont été vivement applaudies par tous les
horticulteurs lyonnais.
M. Liabaud, qui est un des doyens de l'horticulture lyonnaise,
peut revendiquer non-seulement des gains assez nombreux dans les
genres poirier, abricotier, rosiers, géraniums, etc., mais il est un
des premiers horticulteurs qui aient introduit à Lyon les nouveautés
exotiques. 11 peut dire aussi qu'il a considérablement coopéré au
mouvement horticole qui s'est manifesté à Lyon depuis 25 ans.
M. Comte est cet habile praticien qui, grâce à beaucoup d'éner-
gie et de suite dans les idées, est arrivé, en partant de zéro, à
créer cet établissement remarquable dans lequel on ne sait pas ce
qu'on doit le plus admirer ou des nombreuses et riches collections
qu'il contient ou des cultures vraiment parfaites dont les plantes
sont l'objet. M. Comte qui est un collectionneur intelligent, a égale-
ment obtenu des nouveautés qui se trouvent dans toutes les collec-
tions.
Une autre distinction, mais qui n'a aucun rapport avec l'horti-
culture, a également été accordée à un de nos collègues. Nous vou-
— 171 ~
Ions parler des palmes académiques qui ont été conférées à M. .).
Nicolas. Nous félicitons également M. Nicolas de la distinction
dont il vient d'être l'objet.
Compte- Jtctidti. — Le programme comprenait 152 concours sans
compter les concours imprévus qui, entre parenthèses, sont souvent
plus nombreux que les autres. Les concours étaient classés par sec-
tions : plantes de serre, arboriculture fruitière et ornementale,
plantes vivaces, fleurs coupées, culture maraîchère et industrie
horticole.
Comme nous publions plus loin la liste officielle des récompenses,
nous n'indiquerons pas dans la revue que nous allons faire des prin-
cipaux lots de l'Exposition les médailles qu'ils ont obtenues.
Piaules de serre. ~- Les plantes de serre et de plein air n'étaient
pas les moins bien partagées sous le rapport des concours institués
en leur faveur. Le programme n'en contenait, en effet, pas moins
de 63. Les collections générales étaientau nombre de quatre appar-
tenant à MM. Comte, Schmitt, Devert et Liabaud. Véritablement il
y avait dans les lots de ces horticulteurs des spécimens irréprocha-
bles sous le rapport de la culture et des espèces rares ou d'un intérêt
ornemental hors pair.
Dans la collection de M. Comte, horticulteur à Vaise, il est bon
de mentionner :
Anthurium Andreanum
(fort).
Wallichia oblongifolia.
Livistona Hoogendorpi.
Theophrasta imperialis.
Aralia Ambojnense.
Et en plantes fleuries :
Odontoglossum gloriosum.
— odoratum.
— vexillarium.
— cordatum superbum
— Hystrix .
Arenga Bonneti.
Rhopala oorcovadensis
elegans, etc.
Adianlun Farleyense
(fort).
Alsophila Moorei.
Calamus fipan.
Ptychosperma Alexan-
drie.
Jacaranda mimosœfolia.
Musa vittata.
Angrœcum citratum.
Lycaste tetragona.
Œrides Lobbi.
— affine.
— virens.
Plantes de récente inlrodnclion. — C'est devant ce lot que les
vrais amateurs s'arrêtent plus spécialement pour admirer les
Pandanus d'Haenei,
— discolor.
Alocasia Sanderiana,
Pinanga d'Haenei.
Dieffeabachia Jenmanni.
Phyllanthus Chantrieri.
Nepenthes Mastersi .
Lea amabilis.
— splendens.
Thrinax graminifolia.
Calamus Lindeni.
Bégonia sceptrum.
Metroxylon vitiensis.
Gymnogrammaschisophyllagloriosa.
Les plantes de semis du même exposant comprenaient des Coleus
à très grand feuillage et brillant coloris, uu caladium et un croton;
ce dernier obtenu par dimorphisme et fixé par la greffe.
^ 172 —
Et, puisque je liens M. Comte, je profiterai de l'occasion pour
mentionner les autres concours auxquels il a pris part : il n'y en a
pas moins d'une vingtaine, ainsi qu'on peut le voir sur la liste des
récompenses.
Sa collection de Palmiers — une des plus belles qui existent —
fait toujours envie aux amateurs de rareté. II est vrai qu'il peuvent,
en déliant les cordons de leur bourse, se procurer « les princes du
règne végétal » beaucoup plus facilement que les voyageurs qui
les introduisent au risque d'être scalpés par les sauvages ou tués
par la faim et les fatigues.
On connaît, au moins de nom, la plupart des genres de celte
famille ; je ne citerai donc dans le lot de M. Comte que les plus
beaux et plus rares exemplaires, tels que :
Calamus ciliaris.
Phœnicophoriiim Sechellarum.
Acanlhophf nix Ifeibsti.
Ravenea IMdebrandti.
Atlalea Cohune.
Calamus obloDK'i'».
Zalacea Wagneri.
Ceratolobus concolor.
Latania aurea.
Licuala peltata.
Acanthorriza Warscawiezi.
Plectocomia elona-ata.
M. Comte a commencé à se faire connaître pour un bon cultiva-
teur de Caladium à feuillage coloré, il y a déjà plus de douze ans.
Aujourd'hui, sa collection est très-nombreuse en variétés, et
ses gains dans ce genre peuvent rivaliser avec ceux des meilleurs
semeurs. Nous sommes loin des Caladium Chanlini, Baraquini, etc.,
que Baraquiu introduisait en France et que M. Chantin mettait au
commerce il y a une vingtaine d'années.
Que diraient les bords ombreux du grand fleuve des Amazones,
s'ils pouvaient percevoir quelques sensations? Hélas! diraient-ils,
nous avions des enfants sauvages qu'on a emportés dans les cages
vitrées des pays froids où les hommes les ont complètement méta-
morphosés.
Et de fait, depuis que les horliculteurb se sont mis à croiser arti-
ficiellement les variétés entre elles, ou a obtenu des variétés fort
remarquables.
Citons quelques-unes de principales :
Clio.
John R. Box.
M"" Comto.
Chidinal.
ibis rose.
M"' Meijana
Comtesse ie Condeixa.
Gérard Dow.
Pj'tliagore.
Eojile Guimet.
M. Schmitt, horticulteur à Vaisé, dont nous reparlerons tout à
l'heure, avait également une collection de Caladium en variétés
nombreuses, bien choisies et surtoul! bien cultivées, parmi lesquelles
on peut citer :
Baronne deRotshcliild.
M°= Fritz Kœeh'in.
L'Aurore.
Aurore boréale.
Albo luleura.
Ibis rose.
M. A. Hardj.
Rubens.
Gérard Dow.
Verdi.
Ville de Mulliodse.
Virgioal.
— 173 —
Dracœna. — Je ne me souviens pas exactement de la date, mais
ce doit être en 1858 ou 1859, la Commission municipale de la ville
de Lyon — je ne sais plus à quelle occasion — avait fait une récep-
tion magnifique à celui qui fut Napoléon III. Le souverain fut reçu
dans la grande cour de l'Hôtel-de-Ville, transformée pour la cir-
constance en jardin-d'hiver : Camellias, Magnolias, Lauriers, etc.,
prêtaient l'éclat brillant de leur feuillage aux autres végétaux.
Fleurs de toutes sortes scintillaient à l'ombre , oncques on ne vit
jamais de plus belles choses réunies. Or, savez-vous, amis lecteurs,
ce que les garçons jardiniers de l'époque, se poussant du coude, se
montraient plus spécialement au milieu de ces merveilles végétales
réunies? Quatre ou cinq Dracwna ivdivisa que Débry, le fleuriste
parisien, avait envoyés pour la circonstance ! On a marché depuis,
et le genre Dracœna que les botanistes ont démembré en Cordyline
et autres, a vu, malgré cette séparation violente et l'expulsion d'une
partie de ses enfants, ses variétés tellement augmenter en nom-
bre, qu'on reste volontiers confondu devant une pareille fécondité.
Et puis ces enfants sont gras, frais, dodus, jouflus, vermeils, mar-
rons, noirs, jaunes, blancs, zébrés, jaspés, marmorés et quelque-
fois verts. Toute la gamme chromatique chante, sur leurs feuilles
élégamment arquées, la plus joyeuse et la plus séduisante chanson
des couleurs qu'il soit possible à une rétine bien conformée de per-
cevoir; je n'ose pas dire d'entendre. Aux amateurs, je signalerai les
sortes suivantes, qui m'ont paru les plus remarquables dans le lot
de M. Comte :
Majesiica. Goldieana. Mafsoni.
I.a Franco. Chelsoni. Wilsoni.
Eracla alba. Ampliata. Neo Caledonica.
Lindeni. Vicomtesse de Belleval.
M. B. Comte. Erecta purpurea.
Le mè.me exposant montrait une superbe collection de Maranta-
cées, parmi lesquelles j'ai noté les Maranta illustris, eximia f'eitchi,
Porteana, regalis, Luberri, etc.
Crolons. — Les Crotons ont le désagrément de rappeler au sou-
venir une huile médicinale fort employée. Il est juste de dire qu'elle
n'est pas fabriquée avec les belles plantes d'ornement exposées par
MM. Chômer et Comte, dans les collections desquelles je note quel-
ques variétés d'élite, telles que :
Chantrieri.
Bergmanni.
MusaÏGU?.
Mortefontanensis.
Albert Truffaut.
EuD-ène Chantrier.
Latimaculata.
Général Pajol.
Fougères. — Les fougères sont certainement des plantes à plus de
trente-six quartiers de noblesse, car leur origine se perd si profon-
dément dans la nuit des temps (cliché n" 52), qu'il faut descendre
— 174 —
dans les houillères pour retrouver leurs ancêtres. Ces espèces
qui ont résisté aux tremblements de terre les plus violents, aux
inondations diluviennes, aux soulèvements, effondrements et autres
cataclysmes effroyables, méritaient bien d'être tirées de l'oubli ou
.les anciens horticulteurs les tenaient plongées. Peut-on trouver
dans une famille plus de grâces réunies? Feuillage ciselé comme
un poignard persan ou découpé aussi finement que les plus belles
malines; frondes grandioses ou mesquines, larges ou étroites,
entières ou composées : glabres, hirsutes, tomenteuses, laineuses,
écailleuses, — à moi les adjectifs, — vertes, blondes, grises, noires,
argentées, dorées, rubicondes; — assez, — Des plantes qui crois-
sent aussi bien aux pôles arctiques et au sommet les plus élevés
des montagnes que dans les fourrés épais des forêts tropicales.
Les unes se baignent à l'ombre, un pied dans l'eau, les autres
résistent, cramponnées aux rochers, à des sécheresses incroj'ables
Peut-on, dis-je, trouver dans le règne végétal une famille douée,
d'une aussi prodigieuse diversité de formes et d'attributs. Je ne
le pense pas.
Sans compter la collection de pleine terre exposée par M. F.
More], ni les très remarquables Adiantums admirablement cultivés
par M. Beurrier, de Monplaisir, ni les genres disséminés çà et là
dans les collections générales, nous trouvons deux collections par-
ticulières exposées par MM. B. Comte et Cousançat.
Dans celles de M. Comte, je note quelques-unes des plus belles
sortes, telles que :
DiJjmochlœna trunca-
tula.
Hippoderis Brownii.
Lomaria Patersoni.
Marattia Mooreana.
Angiopteris evect».
— macrophjUa.
Platycerium biforme.
Platjcerium Hjlli.
— grande.
— Willincki.
Dans celle de M. Cousançat, horticulteur à Cuire -lès-Lyon, le
dévoué secrétaire de la Commission d'organisation de l'Exposition,
le nombre et le choix des espèces ou variétés concourent ensemble
pour faire admirer son lot spécial aux Jdianlitm.
J'ai noté les espèces suivantes, qui m'ont paru devoir être
signalées : Jdianlum Ludmannianum, palmalum, concinum Iwlum,
formosum, amabilis.
M. Cousançat exposait aussi une fort belle collection de plantes
à feuillage, dans laquelle on remarquait, au milieu de plantes assez
rares, quelques variétés plus communes, mais bien cultivées et en
beaux spécimens.
Je signale particulièrement dans son lot :
Corypha gebanga.
Aralia Vetchi.
Nidularium princeps.
Nephrolepis davalioïdes
furoans.
Asplenium species nova.
Kontia canterburiana.
Cliamœdorea atrovirens.
Chamcedorea geonomœ-
formis.
Pandanus Vetchi.
1 /O
Broméliacrr.s. — Il suffit d'avoir mangé un ananas mûr à point
et contemplé le bromélia perroquet pour adorer cette famille nidu-
lante. Que de belles choses elle renferme et f[ue je comprends bien
la passion qu'a conçu pour tous ses représentants le professeur
Morren. Dans l'exposition, il y a des Broméliacées dans plusieurs
lots, AI. Comte seul expose une collection composée des plus beaux
genres et des plus belles espèces de la famille. On a simplement
l'embarras du choix pour mentionner les plus curieuses, telles que :
Vri^sea fenestralig. \ VrieseaDuvaliana.
Ortgiesia paliolata. j Tillandsia Lindeni.
Vriesea bellula, — Barilleti,
Tillandsia tesselata.
Vriesea Malziniama.
Cijcadces. — Voir pour l'antiquité, la noblesse, etc., à l'article
Fougères. Belles plantes, mes amis, belles plantes! et raides, et
piquantes, et glauques, et anciennes. Avec ça des noms euphoni-
ques (?) telles que : Encephalarlos, Macrozamia, Dion, Cycas; il n'y
a que les langues grecques et siamoises réunies pour produire de
pareils qualificatifs. Mais je m'aperçois que je qualifie un peu irré-
vérencieusement des plantes qu'on dit fort cher et dont quelques-
unes sont fort belles, notamment les suivantes, du lot de
M. Comte :
Zamia villosa. Zamia Lindeni.
— Denisoni. — pungen?.
Dans la collection générale de plantes de serre chaude exposée
par M. Liabaud, horticulteur à la Croix-Rousse, il y avait plus de
250 espèces ou variétés, parmi lesquelles on peut citer:
Zamia horrida.
Macrozaaiia spiralis.
Anthurium Andreanum.
Cjanophyllum magnificum.
Phœaix rupicola.
Lataaia rubra.
Microlepia hirta cristata.
Corjpha Gebanga.
Zanaia Lelimami.
Dracœna Knerkiana.
— IMassangeana.
— Goldieana.
Meiinella magniiica (lleurij.
Oreopanax dactylifolia (fort).
DiefFenbachia nobilis.
Ntjphrolepis davalioïdes furcans.
Altaooia cristata (deuri). Musa vittata.
Anlhurium Solierzerianum 7ar. Vet- Bégonia diadema.
chi (fleuri). 1 Pritchardia pacifica.
Baetris Binotii. i Pandanus Veitchi.
Sphœrogyne latifolia. [ Vriesea Gla/.iouana.
Le même horticulteur présentait en outre quelques plantes, de
récente introduction, telles que :,
Wormia Burbidgii. [ Gymnogramma schizo-! Nepenlhes Mastersiana.
Adianthum Collisii. ' phylla gloriosa. ' Bégonia gogoensis.
PhjUanthus Chantrierii. Licuala grandis. Piper ornatum, etc.
A citer encore du même exposant un superbe exemplaire d'une
plante assez rare : l'Anthurium Veitchii, puis des Caladiums, Begô-
gonias, Agaves et Roses de semis.
— 176 —
M. Devert, horticulteur à Monplaisir, exposait une collection
générale de plantes de serre chaude, dont les spécimens étaient
irréprochablement cultivés. Il faudrait tout citer dans son lot ; je
me bornerai cependant à quelques espèces, telles que :
reginœ (en
Araucaria glauca.
Curculigo fol. variegata.
Dracœna gloriosa.
Diaoœna Youngi.
Pandamus Vetohii.
Anthurium maciophjl
lum.
Zamia Lehmani.
Slriletzia
fleur).
Le même exposant présentait aussi une superbe collection de
Pélargoniums à grandes fleurs qui a fait l'admiration des visiteurs.
M. Et. Schmitt, horticulteur à Vaise , avait une exposition
composée de genres bien choisis et d'espèces de premier mérite.
Citons :
1" Un lot de cinquante variétés de Rhododondrums en fleurs.
En juin, sous le cUmat de Lyon, il faut retarder les Rhododen-
drums si on veut les avoir en fleurs ; il faut donc ajouter au mérite
des variétés exposées par M. Schmitt celui de la difficulté vaincue
par le travail.
2" Un lot di'Azalea ponlica et indica, de Clématites et de Kalmia
en fleurs ;
3° Deux plantes de semis : un Anthurium Andreanum, variété
naine et très florifère, et un Araucaria excelsa au feuillage plus fin
que le type ;
4" Une collection générale de plantes variées en espèces de
choix dont beaucoup étaient fleuries, quelques-unes représentées
par de forts exemplaires, mais toutes bien cultivées. Il faudrait
tout citer dans ce lot, comme dans beaucoup d'autres, je signalerai
seulement en Orchidées :
Laelia purpurata (fort).
Oâontoglosium Pescatorei.
— hastilabium.
— Texillarium.
— — rubellum.
Cjpripedium lœvigatum.
— Lawrenceanum.
Et d'autres plantes telles que
Diacœna Casanova.
— Thompsoni.
— M°" Leooq-Dumesnil.
— Regalis.
— Perreyi.
Nepenthes (plusieurs).
Latania glaucophj'lla.
— Tillandsia te»sellata.
Olivia miniata superba.
Aiparagus tenuisBimus.
Cjpripedinm Sodeni.
Masdevailia ignea.
— Harrjrans.
— Van Houttei.
— Lindeci.
Oncidium Krammeri.
Luridutu vittatum.
Asparagus plumosus nanns.
Anthurium carneum.
— Scherjierianum, var.
Schmitti.
— Andreanum.
Bégonia incarnata.
— Eug. Yallerand et Ed. Vy-
naert, deux nouvelles variétés du
plus grand mérite.
— 177 —
Pelargoniums grandi jlorum, zonale, lalœripcs, etc. — Les genres
dont les noms précèdent jouent un rôle tellement considérable dans
l'horticulture d'ornement, que chacun s'intéresse aux progrès
qu'ils peuvent faire. On note avec soin les variétés nouvelles, les
gains heureux, les coloris nouveaux, les formes excentriques et
enfin les plantes à effet, floribondes et bonnes à masxi /«?»■, ainsi que
les appelle mon ami Jules Chrétien.
Les exposants de ces catégories de Pctargonium, que beaucoup
persistent à nommer Géranium, étaient au nombre de six: MM.
Rozain-Boucharlat , Hoste, Devert, Beurrier (Jean), Guillet et
Grillet. On trouvera sur la liste des récompenses l'énumératiou de
leurs lots. Je ne les citerai pas tous ici pour ne pas allonger trop
ce compte-rendu. MM. Grillet, Guillet et Beurrier (Jean) ont mon-
tré qu'ils étaient d'excellents et soigneux cultivateurs et que leurs
lots ou leurs collections contenaient l'élite des variétés.
MM. Rozain-Boucharlat et Hoste dont les collections sont bien
connues ont encore prouvé cette année qu'ils ne reculaient pas
devant les dépenses pour se procurer les variétés nouvelles, les
nouveautés comme on dit.
Je note dans les Pelargonium doubles de MM. Rozain-Bou-
charlat, horticulteur à Cuire-les-Lyon, les variétés :
Marquise de Laigle.
M. Roche Alix.
M. Florentin.
Volcan.
Blanc parfait.
Paul Quequignon.
M'"^ Grillet.
Baron Duranteau.
Général Farre.
V. Bleu.
Faidherbe.
Explosion.
La Candeur.
Peter Henderson.
Et dans ceux de M. Hoste, horticulteur à Monplaisir-Lyon.
Alfred Bel, rose éclatant.
Bac-Ninh, saumon à bords roses.
Belle Nancéienne, rose chair, centre
saumon.
Carolus Duran, riche amarante ve-
louté.
Général Millot, pourpre marron
foncé.
Jeaa Liabaud (Hoste), lie de vin Tio-
lacé.
La Vienne, blanc pur.
Le Poitevin, cerise et solférino.
M""" Guilbert, rose pur très frais.
Négro, ponceau velouté très foncé.
Secrétaire Nicolas, rouge garance
éclatant.
Viviand-Morel (Hoste), amarante à
centre ponceau.
Dans les Pelargonium zonales simples, qui valent bien les dou-
bles, on a l'embarras du choix pour noter les plus belles ; je cite
cependant dans le lot de M. Rozain :
Secrétaire Vintouski.
Henry Canell.
Albion.
Etoile polaire.
D' Orton.
F. Brassac.
Béatrix.
Aurore boréale.
Montrouge.
D<>nte.
Blanche neige.
M. Victor Dumoriière.
Scipion.
Gloire Lyonnaisp.
Divine Comédie.
M. Carette.
— 178 —
Et dans celui de M. Hoste
Capitaine Krebs.
Dante.
Divine Comédie.
Gabrielle Hoste.
Henri Martin.
Gloire de Lorraine.
Macbetli.
M'^= de la Roque.
M"» Doublât.
M. Albert Délaux.
M. A. Godard.
M""" Jules Chrétien.
Les Pelargonium peltatum hybrides sont relativement nouveaux
dans les cultures, mais ils y ont très rapidement conquis une place
de premier ordre. Les variétés sont moins nombreuses que dans les
autres genres. Dans le lot de M. Rozain, j'ai remarqué :
E. Lemoine.
Louis Thibault.
Albel Carrière.
Gloire de Nancy.
Ahoodance.
Massecet.
Jeanne d'Arc.
La Rosière.
Dans celui de M. Hoste
Alice Crousse, violet amarante, fleurs énorme?.
Congo, lilas rosé cbatoy.int.
Emile Lemoine, capucine éblouissante.
Général Bnère de rl<'e, beau carmin.
Général Gordon, riche brique orange.
HnDoï, aurore tpinié laque oarminée.
Le Printemps, beau rose vif saumoné.
Louis Thibaut, rouge grenat vif.
Madame Thit^aut, rose de Chine foncé.
Mademoiselle Laure Daix. groseille clair.
Massenet, gro^eille violacé foncé.
Soleil couchant, couleur mauve et giroflée.
MM. Rozain et Guillet montraient aussi chacun une jolie collec-
tion de Zonales à feuilles colorées.
Les Pelargonium â grandes fleurs sont incontestablement supé-
rieurs aux autres genres sous plus d'un rapport; mais comme ils ne
remontent pas ou peu, qu'ils sont plus délicats que les zonales en
plein air, ils sont restés de fort belles plantes de collection, d'ex-
cellentes plantes de marché, mais ils n'ont pas encore pu décrocher
la timbale — petit gobelet qui caractérise la popularité. — Cinq
beaux lots ou collr?ctions de ce genre étaient là pour séduire les
amateurs, et MM. Guillet, Grillet , Rozain, Devert et Beurrier
(Jean) ont été fort complimentés pour leur exposition.
Je note les variétés de Pelargonium à grandes fleurs que j'ai
surtout remarqués dans le lot de M. Rozain :
Bigotte.
De Brazza.
Challemel-Lacour.
Ed. Perkins.
Charles Dikens.
Chimène.
André Mazure.
La Nation.
Prince<8 of Wales.
Sénateur Krautz.
Nec plus ultra.
Qiieen of Stripes.
Claude Bernard.
Madame Boucharlat.
Beauté Lyonnaise.
Le Niagara.
Laplace.
Mélpomène
Elegantissima.
Queen Victoria.
179 —
Colcus. — Il est regrettable que les variétés de cette Labiée
multicolore, si remarquable par la richesse et la prodigeuse diver-
sité des teintes délicates qui ornent son feuillage, soit devenues si
nombreuses, car il est difficile d'en suivre les collections. Cependant
nous ne pouvons qu'applaudir au bon choix des variétés exposées
par M. Rochet, horticulteur, grande rue de la Croix-Rousse, à
Lyon. Parmi les plus belles, nous avons remarqué les suivantes :
Duchesse deMortemart,
Léonard Lille.
Edith Santence.
Periandre.
Chilon.
Petite Marie.
Florent Pauwels.
Le Chinois.
Marcksmann.
Pompadour.
M. Comte avait également un lot du même genre dans lequel
les belles variétés ne manquaient pas non plus.
Fuchsias, Lanlanas, Pétunias. — Encore des plantes populaires
qui se vendent chaque année par centaine de milles. Deux belles
collections de Fuchsias exposées par MM. Rozain et B. Comte, riva-
lisent entre elles pour le choix des variétés ; dans celle de M.
Rozain je note :
Parachute.
Jules Ferry.
Berquin.
Crépuscule.
L'Avenir.
Gracieux.
Boileaa.
Miss Lucj Finis.
AbondHiice
Beautj of Savanley.
La Neige.
Léon XIIT.
Les Pétunias étaient bien représentés par plusieurs lots apparte-
nant à MM. Rozain-Boucharlat et Rivoire père et fils.
Les Lantanas, plantes qui produisent tout leur éclat danslemidi
de la France, et dontM. Ferrand, de Marseille, a obtenu plus d'une
belle variété, étaient représentés par un lot unique appartenant à
M. Comte.
Cannas. — Le genre Canna est désormais inséparable du nom de
M. Crozy, l'heureux et persévérant semeur de ce beau genre. Cha-
que année il obtient des variétés nouvelles qui surpassent les an-
ciennes par leur floribondité, l'éclat ou la grandeur des fleurs.
Mais le Canna est surtout dans toute sa beauté à l'automne et il faut
savoir gré à M. Crozy d'avoir su vaincre les saisons. Je note dans
son exposition les variétés :
Emile Leclerc. | Métrai. IM"'= Gobet.
Commandant Rivière. | Geoffroy St-Hilaire. jAntonin Crozj.
— 180 —
Pervenches, Tieserfas, Capucines. — Trois genres bien connus qui
charment la vue ou titillent agréablement les papilles nasales des
gens qui ont le bonheur d'y voir clair ou de ne pas être perpétuel-
lement affligé de coryza. Le Réséda c'est laid mais ça sent si bon
— et ça se vend ; — les Pervenches, ô Jean-Jacques ! se
cachaient sous les buissons des Charmeltes ou leur grand œil bleu,
te lorgnait indiscrètement. Celles de Madagascar moins timides, se
dressent sur leurs tiges raides, montrent leurs grandes corolles
assises sur des feuilles brillantes: M. Stingue nous montre qu'il sait
les cultiver, comme M. Drevet, horticulteur à Montchat et Molin,
savent cultiver les Résédas.
La jolie collection de Capucines exposée faisait honneur à M. La-
peute horticulteur à Monplaisir.
( J suivre). V. V.-M.
LISTE DES RÉCOMPENSES
accordées à l'Exposition d'Horticulture tenue à Lyon
Place Perrache. du 3 au 7 juin 1885
Crand Prix d'Honneui* décerne à AI. B. Comte
Horticulteur à Ljon-Vaise, pour l'ensemble de son exposition, qui a obtenu
les médailles suivantes :
Plantes de serais non au commerce Or 10 points
Collection de plantes de récente introduction Or 10
Collection générale de plantes de serre Grande or 15
— de plantes de serre tleuries Or 10
— de 60 Palmiers Or 10
— de 25 Cycadées Or 10
— de 150 Fougères herbacées Or 10
— de 80 Broméliacées Or 10
— de 100 Caladiums Or 10
— de 50 Marantacées Or 10
— de 100 Dracœna Grande or 15
— de 50 Croton Or 10
— de 100 Coleus vermeil 6
Pour une plante d'un mérite exceptionnel Gr. vermeil 8
Collection de 50 Agaves, etc vermeil 6
Lot de 25 Araucaria Gr. argent 4
Collection de 80 Fuclisia Gr. argent 4
— de 3J Lantana Gr. argent 4
Total 162 points
— 181 —
Prix d'Donneur donne par m. Henri Vilmorin, président
dn Jnr)', décerné à IllIM. F. Illorci et Fils
Architectes Paysagistes à Ljon-Vaise, pour l'enfemble de leur exposition,
qui a obtenu les médailles suivantes :
Arbres et Arbustes introduits et n'étant pas au commerce. . Or 10 point»
Arbres et Arbustes de serais non au commerce Gr. termeil 8
Collection d'arbres et arbustes récemment introduits. . . . Gr. vermeil 8
Collection d'arbres et arbustes introduits par l'exposant . . Or 10
Collection générale de Conifères Grande Or 15
Collection de 50 Conifères forts Or 10
Lot de 50 Conifères Gr. vermeil 8
Collection d'arb"es et arbustes à feuilles persistantes. . . . Gr. vermeil 8
Collection de Magnolia Gr. vermeil 8
— de 25 Evonymus Argent 2
— de 50 llei Gr. vermeil 8
Lot de 15 Ilex forts Vermeil tj
Collection de 30 Ancuba Gr. argent 4
Lot de 20 Yucca Gr. argent 4
Lot de 10 Bambous Gr. argent 4
Collection de Bambous Gr. argent 4
Collection d'Erables japonais vermeil 6
Collection de 50 Clématites Or 10
Pour un arbre d'un mérite exceptionnel Argent 2
Collection de plantes vivaces Vermeil 6
— de 00 Fougères de plein air Vermeil 6
— de 100 arbres et arbustes en branches coupées . Gr. argent 4
Total 151 points
1" Section : Plantes de serre.
1" Section du Jury: MM. JACQUEMETBONNEFONT, d'Annonay, /Vf sideHt ;
CEUZIN-JACOB, de Châlons ; F. GUNTHERT, de Vevey (Suisse); JAMBON, de
Grenoble; MAZEi., de Marseille, secrétaire.
Plantes de semis, non au commerce. — Médaille d'or, M. Comte. Méd.
de vermeil, M. Schmitt. Méd. do vermeil, M. Rozain-Boucharlat. Méd. d'ar-
gent, M. Stiague.
Collection de plantes de récente introduction. — Méd. d'or, M. Comte.
Grande méd. de vermeil, M. Liabaud.
Collection générale de plantes de serre. — Grande méd. d'or, M. Comte.
Méd. d'or, M. Schmilt. Méi. d'or, M. Devert. Grande méd. de vermeil,
M. Liabaud.
Collection de 100 plantes de serre. — Méd. de vermeil, M. Cousançat.
Collection de plantes fleuries. — Méd. d'or, M. Comte.
Collection de 60 Palmiers. — Méd. d'or, M. Comte.
Lot de 50 Phœni.x. — Grande méd. d'argent, M. Jacquet.
Collection de 25 Cycadées. — Méd. d'or, M. Comte.
Collection de 50 Fougères herbacées. — Méd. d'or, M. Comte.
Lot de 50 Adiantum. — Mé I. d'argent, M. Jean Beurrier.
Collection d' Adiantum. — Méd. d'argent, M. Cousançat.
Collection de 80 Broméliacées. — Méd. d'or, M. Comte.
Collection de 100 Caladium. — Méd. d'or, M. Comte. Méd. d'or,
M. Schmitt.
— 182 —
Collection de 50 Marantacées. — Méd. d'or, M. Comte.
Collection de 100 Dracœna. — Grande méd. d'or, M. Comte.
Collection de 50 Croton. — Grande méd. d'or, M. Chômer. Méd. d'or,
M. Comte.
Collection de 100 Bégonia à feuillage ornemental . — Méd. de vermeil,
M"" veuve Joly.
Lot de Bégonia à feuillage ornemental . — Grande méd. de vermeil,
M. J. Charreton.
Collection de 100 Coleus. — Grande méd. de vermeil, M. Rocliet. Méd.
de vermeil, M. Comte.
Pour une plante d'un mérite exceptionnel. — Grande méd. de vermeil,
M. Comte. Méd. de vermeil, M. Liabaud.
Pour une ou plusieurs plantes remarquables par leur développement.
— Méd. de vermeil, M. Jacquet. Méd. de vermeil, M. Martiohon.
Collection déplantes ligneuses fleuries. — Méd. de vermeil, M. Sohmitt.
Collection de 25 Bruyères. — Grande méd. d'argent, M. Brevet.
Collection de 50 Agaves., etc. — Méd. de vermeil, M. Comte.
Collection de 150 Cactées. — Méd. d'or, M. Lassonnerie jeune.
Lot de 25 Araucaria. — Grande méd. d'argent, M. Comte. Méd. d'argent,
M. Musset.
Lot de 50 Dracœna indivisa. — Grande méd. d'argent, M. Jacquet.
Méd. d'arg !nt, M. Bouoharlat.
Lot de Dasilirion. — Grande méd. d'argent, M. Jacquet.
Lot de 50 Aralia Sieboldii. — Méd. d'argent, M. Drevet.
Lot d'Apidistra. — Grande méd. de vermeil, M. Labrujère.
Lot de 25 Orangers. — Grande méd. d'argent, M. Bellisse.
Lot de Lavatera arborea variegata. — Méd. d'argent, MM. Rivoire
père et fils.
Lot d'Ophiopogon. — Méd. d'argent, M. Labruyère.
PLANTES MOLLES ET HERBACÉES
Collection de 100 Pelargonium grandiflorum. — Méd. d'or, M. Rozain.
Grande méd. de vermeil, M. Guillet.
Lot de 50 Pelargonium grandiflorum. — Grande méd. de vermeil,
M. Jean Bsurrier. Méd. de vermeil, M. Devert. Grande méd. d'argent,
M. Grillet.
Collection de 10() Pelargonium ^onale doubles et simples. — Grande
méd. de vermeil, M. Rozain. Méd. de vermeil, M. Hoste. Grande méd. d'ar-
gent, M. Guillet.
Collection de 50 Pelargonium \onale doubles. — Méd. d'argent, M.
Guillet.
Collection de 50 Pelargonium ^onale simples. — Méd. d'argent, M.
Guillet.
Collection de 50 Pelargonium à feuillage coloré. ' — Méd. d'argent, M.
Rozain. Méd. d'argent, M. Guillet.
Collection de SO Pelargonium peltatum. — Grande méd. d'argent, M.
Rozain. Méd. d'argent, M. Hoste.
Collection de 80 Fuchsia. — Méd. de vermeil, M. Rozain. Grande méd.
d'argent, M. Comte.
Collection de 30 Lantana. — Grande méd. d'argent, M. Comte.
Collection de 60 'Pétunia doubles et simples. — Grande méd. d'argent,
M. Rozain. ■ ■
— 183 —
Collection de 50 Canna. — Méd. de vermeil, M. Crozj.
Lot de Pervenches de Madagascar. — Méd. d'argent, M. Stiugue.
Lot de 50 Reseda. — Grande méd. d'argent, M. Molin. Grande mcd.
d'argent, M. Brevet.
Lot de Capucines. — Méd. d'argent, M. Lapeute.
Lot de 80 Pétunias simples et doubles. — Grando méi. d'argent. MM.
Rivoire père et tils.
2' Section : Arboricnltnrc fi*iiUièrc et orneuieutalc.
2' Section du Jury : MM. TRANSON, d'Orléans, président; TEZIER, de Valence ;
BOCCAHD, de Genève (Suisse); DESFOSSES, d'Orléans, secrétaire.
Arbres et arbustes introduits par l'exposant et non au commerce.— Méd.
d'or, MM. F. Morel et fil>.
Arbres, arbustes et plantes de semis, non au commerce. — Grande méd.
de vermeil. MM. F. Morel et fils. Méd. de vermeil, M. Métrai. Méd. d'argent,
M. Simon Henry. Méd. d'argent, MM. Joannon père et fil?.
Collection d'arbres et d'arbustes, récemment introduits. — Méd. d'or,
M. Jacquier flls. Grande méd. de vermeil, MM. F. Morel et fils. Méd. de
vermeil, M. Lagrange.
Collection d'arbres obtenus ou introduits par l'exposant. — Méd. d'or,
MM. F. Morel et fils.
Collection générale de conifères. — Grande méd. d'or, MM. F. Morel
et flls. Méd. d'or, MM. Cuissard et Barret.
Collection de 50 conifères en forts exemplaires. — Méd. d'or, MM. F.
Morel et fils.
Lot de 50 conifères. — Grande méd. de vermeil, MM. F. Morel et fils.
Lot de Pinus. — Méd. de vermeil, M. Jacquier fils.
Collection de Biota, Thuya et Chamœcj^paris. — Méd. de vermeil, M.
Jacquier fils.
Collection d'arbres et arbustes à feuilles persistantes. — Méd. d'or, M.
Jacquier flls. Graoie méd. de vermeil, MM. F. Morel et flls.
Lot de 12 Magnolia grandi/lora.—GvsLXide méd. de vermeil, M. Jacquier
fils.
Collection de Magnolia. — Grande méd. de vermeil, MM. F. Morel
et fils.
Collection de 25 Enovymus. — Grande méd. d'argent, M. Louis Gorret.
Mél. d'argent, M. Jacquier fil?. Méd. d'argent, MM. F. Morel et flls.
Collection d'Ilex. — Grande méd. de vermeil, MM. F. Morel et fils.
Lot de 15 Ilex en forts exemplaires. — Méd. de vermeil, MM. F. Morel
et fils.
Collection de 30 Aucuba. — Grande méd. d'argent, MM. F. Morel et
fils. Méd. d'argent, M. Louis Gorret.
Lot de 20 Yucca. — Grande méd. d'argent, MM. F. Morel et fils.
Lot de \0\Bambous. — Grande méd. d'argent, MM. F. Morel et fils.
Collection de Bambous. — Grande méd. d'argent, MM. F. Morel et fils.
Lot d'Ilex. — Méd. d'argent, M. Pitrat.
Lot d' Aucuba. — Méd. d'argent, M. Pitrat. Méd. d'argent, M. Revol.
Lot de Buxus. — Méd. d'argent, M. Pitrat.
— 184 —
Lot d'Erables japonais. — Méd. de vermeil, MM. F. Morel et fils.
Collection de 50 Clématites. — Méd. d'or, MM. F. Morel et fils.
Collection de 50 Rhododendron. — Grande méd. de vermeil, M. Schmitt-
Pour un arbre d'un mérite exceptionnel. ^- Grande méd. de vermeil,
M. Jacquier fils. Méd. d'argent, MM. F. Morel et fiU.
Pour un ou plusieurs arbres ou arbustes remarquables par leur déve-
loppement. — Méd. d'argent, M. Jacquet.
PLANTES HERBACÉES
Collection de plantes vivaces, — Méd. de vermeil, MM. F. Morel et fils
Lot de 60 Œillets. — Grande méd. d'argent, M. Drevet. Méd. d'argent,
M. Molin.
Collection de QO Fougères de plein air. — Mé 1. de vermeil, MM. F.
Morel et fils.
Lot de ^Q Anémones. — Grande méd. d'argent, M. Boucharlat.
Lot de 150 Pensées. — MéJ. d'argent, M. Champalle. Méd. d'argent,
M. Chavrier,
Lot de Phlo.x Drummondii. — Grande méd. d'argent, MM. L. Lille et
Benej. Méd. d'argent, M. Molin.
Lot de Zinnia. ~ Mé 1. d'argent, M. Drevet.
Lot de Statice Smuarowi. — Méd. de vermeil, M. Boucharlat.
Lot de Giroflées. — Grande méd. d'argent, MM. Lille et Benej.
Lot de Digitales. — Méd. d'argent, M. Collet.
Lot de Mimulus. — Grande méd. d'argent, MM. Lille et Benej.
ARBORICULTURE FRUITIÈRE
Collection de/niits de la saison. — Grande méd. d'argent, M. F. Villard.
Collection de fruits conservés. — Grande méd. d'argent, M. Bouchard.
Grande méd. d'ai'gont, M. Jultet.
Collection de Cerises. — Grande méd. d'argent, M. Valla.
Lot d'arbres fruitiers. — Grande méd. d'argent, M. Combet (Mathieu).
Vignes greffées en pots. — Méd. d'or, M, Grégoire.
3° Section : Roses, Rosiers et Fleurs «toupées.
3° Section du Jury : MM. Henri VILMORIN, de Paris, président; Eugène
VERDIER. do Paris; COCHET, de Suisnes; PFAFF , de Saint-Charaond ;
E. FORGEOT, de Paris, temtaire.
ROSES
Pour une Rose de semis, non au commerce . — Méd. d'or, M. Lacharme,
pour la rose Clara Cochet. Grande méd. de vermeil, M. Dubreuil, pour la
rose M"" la marquise de Vivons. Méd. de vermeil, M. A. Bernais, pour la
rose M'"° Scipion Coch'^t. Méd. de vermeil, M. A. Bernais, pour la rose
Vicomtesse de Waulhier. Méd. d'argen», M. A. Bernais, pour la rose
M™" A. Etienne.
Collection générale de roses. — Grande raél. d'or, M. A Bernais. Méd.
d'or, MM. J. l'ernel fils-Ducher. G'iande médaille de vermeil, M. Schwartz.
Méd. de vermeil, M. Duché jeune. Grande méJ. d'argent, M. Bonnaire.
— 185 —
Collection de 100 roses. — Méd. de vermeil, M. Dubreuil. Grande méd.
d'argtnt, M. Duché jeune. Méd. d'argent, MM. J.-B. Guillot et fils.
Collection des 50 plus belles roses. — Grande méd. d'argent, M. A. Ber-
nais. Méd. d'argent, MM. J.-B. Guillot et fils.
Collection de 30 variétés de Roses obtenues par l'exposant. — Grande
méd. de vermeil, MM. J. B. Guillot et fils.
ROSIERS
Collection de Rosiers nains. — Méd. d'or, M. Schwartz. Grande méd. de
vermeil, MM. J.-B. Guillot et filf.
Collection de Rosiers tiges. — Méd. d'or, M. Schwartz. Méd. de vermeil,
M. J. Pernet fils-Ducher.
Collection de 50 rosiers en forts exemplaires. — Grande méd. de vermeil,
M. Schwartz. Méd. de vrmeil, M. Gamond. Méd. d'argent, M. Dubreuil.
Collection des 25 meilleurs rosiers pour la culture en pots. — Grande
méd. d'argent, M. Schwartz.
Collection de 25 rosiers obtenus par l'exposant. — Grande médaille de
vermeil, MM. J.-B. Guillot et fils.
PLANTES ET FLEURS COUPÉES
Collection de 100 arbres et arbustes. — Gr.'.nie méd. d'argeut, MM. P.
Morel et fils.
Collection de fleurs coupées. — Méd. de vf r:npil, MM. Léonard Lille et
Benej. Méd. d'argent, MM. Rivoire père et fils.
Collection de 50 graminées en tiges sèches. — Méd. d'argent, M. Molin.
Lot de Pétunias, en /leurs coupées. — Méd. l'argent, M. Guillet.
Lot de Pensées, en peurs coupées. — Méd. d'argent, M. Boucharlat.
BOUQUETS, COURONNES, ETC.
Collection de bouquets, couronnes, milieux de table, etc. — Méd. d'or,
M. Combet-Cordier. Grande méd. de vermeil, M. Musset. MéJ. di vermeil,
M. Desbois.
Lot de 3 bouquets. — Méd. d'argent, M"» Noirot.
Bouquets de fleurs sèches. — Grande méJ. d'argent, M. Molin.
4° Section : Caltare suapaichère.
4« Section du Jnrv: MM. Henri VERILIIAC, d'Annonay, Président; CL.\UZ1ER,
d'Oullins; L. GÂTTEL, de Vienne; CORBIN, de Lachassagne, Secrétaire.
Pour un légume nouveau. — Grande méd. d'argent, M. Chipier. Méd.
d'argent, M. Guerrj.
Collection générale de légumes. — Méd. d'or, MM. Rivoire para et fils.
Grande méd. de vermeil, M. F. 'billard. MéJ. de vermeil, M. Joseph Jacquier
fils. Grande méd. d'argent, M. Guerry. Méd. d'argent, M. Clapot.
Lot d'asperges. — Grande méd. d'argsnt, M. Guichard. Méd. d'argent,
M. Marchand, Méd. d'agent, M. Berthier.
Collection de pommes de terre. — Granie méd. de vermeil, M. Chipier.
Méd. de vermeil, M. Aumiot.
Lot de champignons. — Grande méd. d'argent, MM. Dupuj et 0=.
Collection de 50 variétés de Fraisiers. — Méd. de vermeil, M. Marchand.
Lot de 50 Fraisiers. — Méd. d'argent, M. Valla.
Lot d'Artichauts. — Méd. d'argent, M. Bonnement.
— 186 —
Lot de Pissenlits. — Mention, M. Bonnement.
Culture comparative de Pommes de terre hâtives. — Méd. d'argent, MM.
Rivoire pore ei fils.
Collection de plantes fourragères. — Méd. de vermeil, MM. Rivoire père
et fils.
5' Section : Art et Industrie liorticoles.
5« Section du Jury . MM. BUFFAUD, de Lyon, président ; JOURNOUD, de Lyon;
DESPIËRRE, de Lyon; BABOUL) fils, de Thoissey, secrétaire.
Dessins et plans de jardins. — Médaille d'argent, M. Cordioux. Mention,
M. L. Van der Swaelmen. Mention, M. Chanicei.
Serres et Châssis. — Méd. d'or, M. Burnichon. Grande méd. de vermeil
M. Guinat.
Appareils de chauffage. — Grande méd. de vermeil, M. Brevet. Méd. da
vermeil, MM. Vigué et C Méd. d'argent, M. Paul Lebœuf.
Serrurerie artistique. — Grande mé \. de vermeil, M. Tranchant.
Constructions rustiques, rochers, grottes, pavillons. — Méd. da vermeil,
M. Voland. Méd. de vermeil, M. Joly. Grande méd. d'argent, M. Favier.
Méd. d'argent, M. Pelletier Méd. d'argent, M. Laroche. Méd. d'argent, M.
Jouffraj.
Ameublement de jardins. — Méd. d'or, M. Tranchant. Grande méd. de
vermeil. M. Lespinasse. Méd. de vermeil, MM. Dumas frères. Grande méd.
d'argent, M.Vincent. Méd. d'argent, M. Bourget. Méd. d'argent, M. Voland.
Méd. d'argent, M. Charnaj.
Machines, ustensiles et outils. — Méd. de vermeil, M. Guérin. Grande
méd. d'argent, M. Plisssor.niar. Mé.J. d'argent : MM. Lamur, Pingoon,
Lafaj, Benevolo, Fayel. Mentions : MM.Thomé, Armanet et G=, Berdaguer,
Ferrier, Chemin, Tournu, Weiiz.
Etiquettes de jardins. — Mention, M. Cortot.
Photographies de /leurs et de fruits. — Méd. de vermeil, M. Bernoud.
.Statues. — Méd. d'argent, MM. Goiinella et Barbarin.
Fleurs conservées. — Meulio:i, M. Joie.
Tableaux de plantes sèches. — Mention, M"' Pichat.
Cache-pots et vases en paille. - Mention, M"" Pin.
Terre de bruyère. — Mention, M. Clapéron.
Hors coucolirs.
MM. Luizet père et fils ont exposé, hors concour.J, des Rhododendrons et da.<î
Plans de jardins.
M. Pecoud, horticulteur, rue de la Villette, du Lilas blanc.
M. A. Barriot fils, des Plans de jardins.
M. Gaillot, des Meubles de jardins.
M. Nicolas, l'Insecticide Guilbert, des Thermomètres de couche et des
Graminées sèches.
M. Dantin, son Mastic à greffer.
Certifié conforme aux décisions du Jury.
Lyon, le 3 juin 1885.
L'un des Secrétaires de la Commission, B. Couzaniat.
— 187 —
Concours régional agricole de Falrncc. — Nous sommes heureux
de faire connaître à nos lecteurs que la prime d'honneur à l'horti-
culture décernée à l'occasion du Concours régional qui s'est tenu à
Valence (Drùme) du 16 au 25 mai dernier, a été attribuée à notre
collègue, M. Ch. Reboul, horticulteur-pépiniériste à Montélimar.
On sait que la Prime d'honneur à l'Horticulture consiste en un
objet d'art de 200 fr. et une somme de 1 ,000 fr. Pour son expo-
sition de roses, de conifères, etc., M. Reboul a encore obtenu une
médaille d'argent et une prime de 250 fr.
C'est encore deux de nos collègues, MM. Tezier frères, de
Valence, qui ont obtenu le prix cultural consistant en un objet d'art
de 500 fr. et une somme de 2,000 fr.
Dans l'enceinte du Concours régional, M™'^ veuve Desblanc et
fils, de Valence^ avaient une belle exposition de plantes diverses
do serre chaude ou tempérée qui ont été fort admirées.
M. Prirrier fils, horticulteur à Bourg-lcs- Valence, montrait éga-
lement des plantes très bien cultivées dans les genres Caladium,
Bégonia rex, Pelargonium, etc.
Slachys afflnis. — Les plantes comestibles de la famille des
Labiées ne sont pas communes dans les cultures et je crois qu'on y
rencontre plus de condiments agréables que d'aliments sérieux. Ce
n'est pas encore, je pense, le Slaclvjs af/inis que M. Pailleux a fait
connaître dans le Potager f/'ini curieux, qui aidera à changer les
termes de cette proposition ,
Le pain fabriqué jadis en temps de disette avec les rhizomes de
Slachys palustris avait un goût de pharmacie tellement prononcé que
le plus mauvais pain d'avoine lui était bien préférable ; les Anglais
et les Irlandais n'en furent que très rarement usage. Il y a cepen-
dant deux plantes de la famille qui ont d'assez beaux tubercules,
bien supérieurs en grosseur à ceux du Slachys affiais mentionné par
M. Pailleux ; ce sont les Nepeta et Phlomis luberoia, mais je doute
qu'ils parviennent jamais à remplacer la pomme de terre ou les topi-
nambours.
Le Slachys affmis pourra figurer sur les tables des personnes
friandes de mets nouveaux, mais je ne le crois pas destiné à devenir
un légume important.
Masdemllia. — • M. Ménand, horticulteur à Albany, m'écrivait
un jour : ici, on ne parle plus que d'Orchidées, les amateurs ne veu-
lent plus autre chose. » En Angleterre les amateurs d'Orchidées se
coiuptent par centaines et quelques-uns font de véritables folies
pour quelques espèces rares. En Belgique c'est un peu la même
— 188 —
chose. La France était un peu restée en retard et ne cultivait les
Orchidées que comme on cultive un autre genre ; mais la voilà qui
suit le mouvement. En effet, à chaque séance de la Société natio-
nale d'horticulture de France les horticulteurs parisiens et les jar-
diniers d'amateurs apportent des Orchidées sur le bureau, et ces
plantes bizarres paraissent faire la joie de leurs heureux proprié-
taires. Et pour bien marquer que V orchidomanie ou Vorchidopliilie
s'étend de proche en proche, aux notes, mentions et articles épars
dans les revues horticoles, aux dessins et chromos représentant
différentes espèces, parsemés dans les journaux, ont succédé des
publications spéciales telles que V OrchidopliHe et le Lindcnia qui ne
s'occupent que des mille petits riens qui constituent cette famille
plus bizarre que noble et dont les enfants sont d'autant plus choyés
qu'ils sont plus rares.
Jusqu'à un certain point — puisqu'à des époques déterminées
le public s'engoue d'un genre ou d'une autre — je ne vois aucun
inconvénient à ce que les amateurs s'occupent d'Orchidées, surtout
des belles espèces, qui fleurissent bien et qui montrent autre chose
que des feuilles raides, grisâtres, tachées, plantées sur une vieille
écorce ou dans un panier en sapin raboté que le jardinier seringue
quatre fois par jour. Parmi ces espèces à cultiver M. Duval de
Versailles signale le Masdevallia Feilchi dont une fleur a duré soi-
xante-dix-huit jours, et ajoute qu'un de ses amis garde dans sa
chambre un pied de MasdcvaUia igmva qui s'y porte bien et fleurit
dans ces conditions défavorables.
PLANTES NOUVELLES. — CATALOGUES
P. M. Defour, horticulteur-fleuriste, l^illa des FUurs, à Ântibes (Alpes -
Murilimas). — Circulaire annonçant la mise en vente d'Anémones, R'înon-
oules, Narcisses, Jaointlieg, (Eillots remontants, Fraisiers, etc.
Concours établis par l'Association horticole lyonnaise
AVIS — Les personnes qui désirent prendre part cette année aux concours
MHH'iaux, devront adresser leur demande à M. Viviand-Morel, cours I.afajette
prolongé, 61, à Villeurbanne-lès-Lyon, avant le 15 juillet prochain.
Voir pour les conditions des Concours, Lyon-Horticole n» 10, année 1885.
Lk Gérant. • V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. - Imp, du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 JUIN N" 12
CHRONIQUE
Le pont de la Guillolière. — J'ai lu dans la chronique d'un grand
journal de Lyon une note qui m'a navré ; elle était ainsi conçue :
« Depuis quelques jours on répare le pont de la Guillotière ; il en
a besoin. Les piles sur lesquelles s'épanouissent entre les joints des
pierres de taille une jlore des plus variées ont ëté débarrassées de
cette végétation dont l'action lente mais continue avait déjà sur
plus d'un point désagrégé les énormes blocs de pierre. »
A l'exemple de M. X., qui avait publié la Flore du clocher
d'Jinaij, j'avais l'intention d'énumérer les espèces qui croissent sur
les piles du pont de la Guillotière. Me voilà volé ; je dois renon-
cer à mon projet. J'avais déjà reconnu à l'œil nu plus de cinquante
espèces sans compter le fameux pommier de la troisième pile à
droite, ni le saule Marceau de la cinquième à gauche, et je n'es-
timais pas à moins 150 le nombre des phanérogames qu'une bonne
lunette m'aurait fait découvrir. N'en parlons plus.
Je regrette surtout la disparition du fameux pommier, qui était
peut-être une excellente variété. Ce pommier constituait à mon
actif une mine inépuisable alimentée par tous les incrédules de ma
connaissance. Vous comprenez, amis lecteurs, quand je parlais
d'un pommier qui croissait sur le pont le plus fréquenté de Lyon
on me riait irrévencieusement au nez. Comme aux courses, j'en-
gageai alors chaque fois que la chose arrivait un pari sérieux, un
dîner par exemple, que l'autre perdait, mais qu'il ne payait pas
toujours. Pauvre Yorick ! pauvre pommier! Que deviendront les
botanistes si aux cultivateurs qui défrichent les champs et détruisent
toute végétation spontanée viennent encore se joindre les ingé-
nieurs des ponts et chaussées et les cantonniers de la voirie ? Je
n'ose sans frémir, penser aux résultats d'une pareille collaboration.
— 190 —
M. Lcmoine, chevalier de la Légion Whnnneur. — Bravo, M. le
Ministre, voilà une croix bien placée.
La distinction dont M. V. Lemoine, horticulteur à Nancy, vient
d'être l'objet, honore non-seulement l'habile praticien pour qui les
lois delà fécondation et de l'hybridation n'ont pas de secret, mais
l'horticulture française tout entière.
M. Lemoine, comme chacun sait, a été non-seulement l'obten-
teur de variétés florales hors ligne, le créateur d'hybrides remar-
quables qui ont, pendant vingt ans, alimenté un trafic commercial
important, mais encore avec quelques autres semeurs, il est de ceux
qui ont le plus contribué à maintenir au niveau élevé où nous les
voyons actuellement la plupart des collections déplantes qui ornent
nos jardins.
M. Lemoine a été décoré à l'occasion du Concours régional de
Nancy.
Semis en juillet. — Si la routine n'était pas plus forte que les
meilleurs raisonnements, ne devrait-on pas perdre l'habitude de
semer certaines plantes à des époques qui ne leur conviennent pas.
Je sème en juillet et août des graines qui germent fort bien étant
semées à cette époque, mais qui ne germeraient pas si je les semais
deux ou trois mois plus tard. Les rosiers sauvages lèvent tous au
printemps quand on les sème en juillet. Ils ne germent plus que par
moitié en août et presque pas du tout en octobre.
Les Fraxinelles, Pivoines, Aconit, Smilax, Ruscus, et tant
d'autres sont dans les mêmes conditions.
Il est donc très important de rompre une bonne fois avec la
routine et de faire certains semis aux bonnes époques.
Cladraslis iincloria. — M. L. Neumann, jardinier en chef au châ-
teau de Compiègne , a publié dans la Bévue lioriicole une note
sur le Cladraslis Iincloria, plus connu dans les cultures sous le nom
de FinjUia lulea Mchx. Dans cette note il fait ressortir le mérite de
ce bel arbre qui croît vigoureusement dans les plus mauvais sols et
a résisté aux froids intenses de nos hivers les plus rigoureux.
Le Cladraslis iincloria appartient à la famille des Papillonacées ;
il est originaire de l'Amérique septentrionale, d'où il a été introduit
dans les cultures vers le commencement' de ce siècle. Son bois est
cassant, mais solide.
— 191 —
L'Exposition d'horticulture (Suite)
Cactées. — Chez les plantes comme chez les hommes, l'oubli
suit quelquefois de près la popularité. Où sont-ils ceux qui ont con-
servé le culte des Cactées ? Que sont devenues les belles collec-
tions d'autrefois ? Soyons justes, il y a encore quelques amateurs
de plantes grasses, mais ils sont rares. M. Rebut reste sous sa tente
avec ses spécimens hors ligne, M. Cardona n'a pas le temps d'ex-
poser, et quelques autres préfèrent jouir silencieusement de leurs
raretés que de les montrer au public. Heureusement que M. Lasson-
nerie jeune, horticulteur à Monplaisir, a conservé et augmenté la
collection paternelle, et qu'il ne craint pas de la faire connaître.
Cette collection est riche en espèces et en beaux exemplaires.
Tous les genres y sont représentés : Echinocactes, Mamillaires,
Cierges, Pilocierges, Euphorbes, Opuntias, etc.
Bégonia à feuillage. — Toujours beaux les Bégonia Rex, toujours
brodés ou zones d'argent sur fonds multicolores, et séduisants au
possible. Onn'on compte plus lesvariétés. Chaque graine en donne
une, chaque plante des milliers. Mais toutes sont belles quand elles
sont bien cultivées. C'est le cas pour le lot de M. Charreton, hor-
ticulteur à Lyori-Monplaisir, c'est encore le cas pour la belle
collection exposée par Madame veuve Joly, horticulteur à Mon-
plaisir.
M. Martichon fils, horticulteur à Cannes, est venu prouver aux
Lyonnais qu'avec la collaboration du soleil de la Provence, il s'en-
tend parfaitement à produire des Phœnix (vulgo Dattier) hors
ligne.
Je ne sais pas comment s'y prend M. Jacquet, horticulteur à
Monplaisir, pour nous montrer à chaque Exposition une série de
forts spécimens dans les genres Phcenix, Chamœrops, Evonymus,
etc. Celte année, il ajoutait à ces plantes deux très beaux lots de
Dracœna indivisa et de Dasilirion.
M. Drevet, horticulteur à Lyon-Montchat, collectionne les
Erica, — pauvre vieux genre, si beau et si délaissé, — dont il
nous montre une série d'espèces fort intéressantes. Ses ÀraUa Slc-
boldii méritent bien la récompense qu'ils ont obtenue. Quant à ses
Zinnias, la culture en était parfaite.
Jspidistra. — Comment diable M. Labruyère, horticulteur à
Lyon-Vaise, peut-il produire de pareils Jspidistra ?li est difficile
de rencontrer des spécimens plus forts et aussi bien portants. A
cinquante centimes la feuille, que de monnaie, mes amis, que de
192
monnaie. M. Labruyère présentait en outre un lot à' Ophiopogon qui
a été fort admiré.
araucaria. — M. Musset, fleuriste, place des Terreaux, avec sa
belle exposition de bouquets, montrait une quantité de ces jolis
Araucaria excdsa qui étaient si rares autrefois et qu'on cultive si
bien aujourd'hui, mais dont le prix est encore assez élevé.
Orangers. — M, Bélisse qui expose habituellement les plus beaux
Cycas qu'il y ait sur la place de Lyon, ainsi qu'une foule d'autres
genres qu'il excelle à cultiver, s'est cantonné cette fois dans le
genre Oranger dont il présente de belles variétés en exemplaires
moyens et en jolies têtes portées sur des pieds droits comme un I.
Avis aux amateurs.
Lavalcra arborca. — MM. Rivoire père et fils nous présentent
cette belle malvacée avec des feuilles panachées de blanc sur vert
pâle. Cette espèce, ou plutôt cette variété, est une plante d'un
grand mérite.
Slatice Smvarowi. — M. Boucharlat jeune, horticulteur à la
Croix-Rousse, a toujours quelques plantes relativement nouvelles
à nous montrer. Celle dont le nom précède a étonné bien des gens.
Ses Anémones ont séduit bien des yeux et plus d'un amateur a
marchandé ses Dracœnu indivisa.
Digitales. — Que dirait le grand Linné s'il savait que sa Digitale
pourpre peut se présenter sous tant de formes ? Il remercierait
M. Collet qui, en présentant un joli lot de cette espèce, nous prouve
que les noms spécifiques basés sur la couleur, sont souvent des
noms ineptes.
Pensées. — MM. Champalle et Chavrier ont pensé qu'un beau lot
de pensées figurerait avec honneur à l'Exposition. Et en pensant
cela, ils ne se sont point trompés. D'abord les variétés qu'ils pré-
sentaient avaient des coloris très variés et des fleurs d'une dimen-
sion peu commune.
Œillets. — Les collections de ce genre faisaient un peu beau-
coup défaut, mais en revanche deux très jolis lots en quelques
variétés étaient exposés par MM. Drevet, de Lyon-Montchat, et
Molin, de Lyon. Ceux qui savent avec quels soins nos deux collè-
gues cultivent les plantes se feront aisément une idée de leur expo-
sition.
Mimulus. — Du grec inimos , comédien, allusion à la corolle
qui ressemble au masque des anciens comédiens. Voilà l'étymo-
logiedu mot. Je la trouve bien bonne l'étymologie, et si je n'étais pas
habitué aux ressemblances douteuses et longuement tirées par les
— 193 —
cheveux, que les botanistes trouvent entre les plantes et certains
objets, je ne sais pas trop ce que je devrais penser de celle-là.
Mais laissons l'étymologie à ceux qu'elle intéresse et demandons
plutôt MM. L. Lille et Beney, marchands-grainiers à Lyon, com-
ment ils font pour obtenir des Mimulus pareils. Les fleurs en sont
énormes, presque régulières, tachetées, diaprées d'une façon si
bizarre qu'on ne saurait se lasser de les admirer.
Girollées, PIilox Drummomlii. — Les mêmes exposants présen-
taient encore, cultivées en pots, des Girollées fort belles. La Giro-
flée est une plante populaire, une des vieilles plantes — et elles
sont rares, — qui ont résisté aux injures du temps. L'essimplage
des Giroflées est une des opérations difficiles du métier, j'allais
dire mystérieuse.
Le Plilox Drummondii fait de beaux massifs peu coûteux ; ce qui
est très important quand les finances sont rares. MM. Léonard
Lille et Beney, ainsi que M. Molin, en présentent chacun un joli
massif.
N'oublions pas le Nymphca Cnspari exposé par M. Lagrange ni
les deux plantes nouvelles que M. Métrai soumettait à l'apprécia-
tion du Jury : Sylpliiiim Injbridum et Pliragmites communis, variété
striée fort jolie.
Arborlcnltarc frnidère et ornemenfale.
La deuxième section du programme comprenait une série de
concours dont la plupart ont été admirablement remplis par quel-
ques exposants. Les lots avaient une valeur exceptionnelle tant par
la rareté des espèces présentées que par le nombre et la force des
exemplaires. Seule l'arboriculture fruitière, et cela se comprend
à cette époque , faisait presque défaut. Cependant nous devons
signaler de beaux échantillons d'arbres fruitiers tels que pêchers,
poiriers, pommiers, etc., en hautes et basses tiges, exposés par
M. Mathieu Combet, pépiniériste à Limonest (Rhône). Puis les
fruits conservés de MM. Bouchard, J.-B. Juttet et Villard dont
toutes les variétés seraient à mentionner, la collection de cerises
exposée par M. Valla, horticulteur, rue de Chasse, à Oullins,
demande une mention particulière, car elle était assez nombreuse
en excellentes variétés. Les amateurs de ce fruit tentateur auront
pu noter dans cette collection les sortes précoces et les sortes tar-
dives.
Arbres et arbustes introluils ou obtenus par l'élablissemcnl. — 11 y
avait plusieurs concours relatifs aux arbres ou arbustes introduits
— 194 —
ou obtenus de semis par l'exposant. Ces concours ne se distin-
guaient du reste les uns des autres que par les rubriques : non
encore ou déjà au commerce.
Les concours de ce genre olïrent un grand attrait aux amateurs
de nouveautés et ils stimulent le zèle des horticulteurs qui cherchent
à obtenir des gains nouveaux au moyen du semis ou bien qui enri-
chissent l'horticulture par l'introduction de plantes nouvelles.
MM. F. Morel et fils présentent toute une série d'espèces ou de
variétés fort intéressantes qu'il faudrait non pas seulement men-
tionner, mais décrire et faire connaître plus amplement. Ce sont :
Âbies Sargenli, superbe espèce à feuilles glauques ; Fraxinus
anomala à feuilles entières et à tige carrée ; Cornus irifoUala à feuil-
les profondement lobées ainsi que son nom l'indique.
j4bies Douglasii (deux variétés) ; plusieurs Jucubas, ainsi que des
variétés de Cluimo^cijparis. Boni sicri , de Janiperus chincnsis, un pêcher
quelconque à feuilles panachées. Puis quelques Clématites parmi
lesquelles cette perle qui porte le nom de François Morel.
Les Colonmsler horizonlalis et lanata et plusieurs Céanothes deman-
dent une mention particulière.
M. Cl. Jacquier fils, pépiniériste à Monplaisir, montrait comme
nouveautés :
Fagus purpurea irieolor, Eleagnus macrophylla, Aines Engelmanii
glauna, Buxus rosmarinifulia, Sambucus racemosa plumosa, Frcmonlia
callfurnica, Jrbulus Zimnpani, etc. Quelques-uns de ces arbres et
arbustes sont vraiment très curieux, et il sera intéressant de pou-
voir dans quelques années, lorsqu'ils auront pris un plus grand
développement, juger de leur efïet ornemental.
Un autre arbre malheureusement un peu sensible aux hivers très
rigoureux , mais d'un aspect grandiose , était exposé par M.
Jacquier fils, nous voulons parler de son Araucaria imbricata. Le
spécimen exhibé, parfait de forme, avait plus de trois mètres de
hauteur. 11 a dû tenter bien des gens.
Dans les arbres ou arbustes et plantes de semis non encore au
commerce, la liste des récompenses indique comme ayant pris part
au concours MM. Simon Henry et Joannon père et fils; je regrette
de ne pas avoir vu les espèces qu'ils ont exposées afin de les men-
tionner ici.
Collection générale de Conifères. — Les conifères, les arbres verts,
les résineux, — c'est tout un, — u'ont, comme Tristram Shandy,
pas eu de chance le jour de leur baptême. Conlférc veut à peu
près dire porte cône , or, les fruits de beaucoup de genres sont
— 195 —
sphœriques. Arbres vois : ils sont plutôt noirs que verts d'abord,
ensuite, il ne manque pas d'arbres appartenant à d'autres familles
qui sont également verts. Quant à résincu.v, il n'a jamais pu pren-
dre sérieusement.
Mais, quelque soient les noms dont des parrains malheureux
ont affublé cette noble famille, je me sens attiré vers ses noirs
entants. J'aime beaucoup le sapin, — dans les montagnes, — et
le gin dans les tavernes de Londres. La majesté un peu funèbre
des Willingtonia m'étonne toujours; il n'y a que les ifs taillés en
forme d'animaux qui me laissent un peu froid.
MM. F. Morel et fils ont montré que la collection qu'ils possèdent
comprend non-seulement de très nombreuses espèces, des spéci-
mens de toute beauté, mais encore une série de sortes très rares
dans les cultures. Je ne sais pas trop si je dois énumérer toutes
les variétés qui m'ont intéressé dans leur lot. Il faudrait alors citer
plusieurs Araucarias, des Cèdres bleus et glauques, des Cephalo-
taxus, des Cyprès chauves, plumeux, rudes, dorés, argentés, chan-
geant, pleureur, nain, élevé, etc. Puis des Genévriers, en veux-tu
en voilà ; des Ifs droits, érigés ou recourbés ; des Pins à faire fré-
mir; des Sapins grecs, canadiens, norvégiens, espagnols, numides,
gaulois, japonais, italiens et même parisiens.
On a bien trouvé le moyen d'appeler sapins les Jbics, pourquoi
donc n'a-t-on rien pu mettre à la place de Thuya ? Je sais bien qu'il
y en a qui les qualifient de Cyprès, mais ils confondent ainsi deux
choses distinctes. Quoiqu'il en soit, les Thuj'a do M. Morel étaient
si nombreux, que je renonce à les faire connaître.
MM. Cuissard et Barret, dont les belles. collections de Conifères
sont bien connues, prenaient également part à ce concours et pré-
sentaient à l'appréciation du jury une série de belles espèces, parmi
lesquelles il est bon de signaler :
Abies concolor.
— po)i*a.
— laaioearpa.
— numidica.
Abies cilicica.
Retinospora obtusa aurea
Cedrus deodora robusta.
Cupressus Udbeanaglau-
Enjîelmatii (iro>! c«.
fort sujet). i JuDiperu8 rigida.
Thuja Lobbi.
Thuyopsis borealis.
Taxus variegdta auroa.
Abies orientalis.
— Remonli, etc.
MM. Morel et fils prennent part à deux autres concours concer-
nant les Conifères : l'un relatif à 50 conifères en forts exemplaires,
où chacun a pu admirer des sujets hors ligne ; l'autre, — un lot
de 50 Biola japonica filifonnis, — d'une culture parfaite. Celte
plante mérite d'être notée, car elle est très décorative.
Je signalerai encore, à cette place, du même exposant, quelques
collections qui n'ont pas rencontré de concurrents. Ce sont, notam-
ment :
— 196 —
1" Une collection à'Ilcc fort remarquable qui comprenait l'élite
des variétés en spécimens d'une belle force;
2" Un lot et une collection de Bambous ne comptant que de
bonnes variétés ;
3" Un lot de 20 Vucca, parmi lesquelles on remarquait des
espèces peu communes;
4" Un lot d'Erables japonais, — ce qu'il y a de mieux dans le
genre ;
5" Une collection de 50 Clématites en fleurs.
Pinus. — Ije programme mentionnait une série de concours re-
latifs aux différents genres de Conifères. Les Pins étaient particu-
lièrement bien représentés. La collection de M. Jacquier fils, hor-
ticulteur à Monplaisir, était composée d'exemplaires vigoureux
dont quelques-uns de forte taille. Parmi les espèces intéressantes
de cette collection on peut citer les Pinus Cembra, Sabiniana, Lam-
bcrliana, pungcns, strobus excelsa, nana, etc.
Les Biola, Thiuja, Chamwcij paris du même exposant ne méri-
tent que des éloges, et l'amateur n'avait que l'embarras du choix
pour noter les plus belles variétés de ces beaux genres.
Un concours qui est toujours intéressant c'est celui relatif à la
collection générale d'arbustes à feuilles persistantes. Chaque année
M. Cl. Jacquier fils, nous montre sa riche collection dans ces gen-
res si variés ; elle comprend plus de 250 espèces ou variétés parmi
lesquelles nous notons :
Aucuba Sieboldii.
Carpenteria californica.
Ilex aquifolium hastata.
Phillyrea Vilmoreana.
Hedera latimaculata.
Beiberis elegans.
Berberis glauca, etc.
MM. F. Morel et fils prenaient également part à ce concours et
leur collection également fort nombreuse comprend des plantes
parmi lesquelles il est difficile de faire un choix. Les genres Alaterne,
Alisier, Andromède, Arbousier, Aucuba, Azalée, Buis, Cotoneas-
ter. Fusain, Genêt, Houx, Laurier, Mahonia, etc., étaient repré-
sentés par de bonnes et nombreuses espèces.
31agiiolias. — Les Magnolia grandiflora sont certainement les
plus beaux arbres à feuilles persistantes qu'on puisse planter dans
les jardins. Ils ont non seulement un port élégant, des feuilles lar-
ges, longues, coriaces et brillantes, mais ils produisent des fleurs
très grandes, blanches et odorantes. Aussi depuis que ce genre est
connu il a été choyé de tous les amateurs. MM. Jacquier fils et F.
Morel et âls_en avaient chacun un lot fort joli dont je regrette de
— 197 —
ne pas avoir pris les noms. Cependant autant que jepuis me le rap-
peler il ui>; soiiibio uvuii' \ u il.;i,3 ces do;.:.- loLs les variétés les plus
connues telles que : De la Gallissoniére, Double de Nantes, Précoce du
Mans, etc.
Aucuba. — M. F. Morel et M. L. Gorret exposent chacun une
collection de ce beau genre. Les variétés ont toutes du mérite, mais
les suivantes du lot de M. L. Gorret méritent une mention spéciale:
grandimacutala, bicolor elegans^ macropliylta maculalaniaseiila eifemimea
(deux plantes nouvelles). M. Pitrat, horticulteur à Vaise et M. Re-
vol horticulteur à la Guillotière avaient aussi des lots d'Aucuba très
bien cultivés.
Evowjmus. — Les Fusains à feuilles persistantes sont générale-
ment plus communs dans les cultures que la plupart des autres
genres toujours verts. Ils doivent cette faveur d'abord à leur beauté
particulière et ensuite à la facilité de leur multiplication. Aussi leurs
variétés tendent-elles chaque jour à augmenter en nombre.
Plusieurs collections se disputent les prix. J'ai vu dans celle de
M. Louis Gorret, horticalteur, rue du Bourbonnais, à Lyon- Vaise,
à peu près toutes les variétés connues représentées par des spéci-
mens bien cultivés. J'ai surtout noté :
EvoDrmus latifolia alba variegata.
uuicropliyllus.
pyramidalis.
japonicus aureo maculala.
— — variegata.
Evonjmus pulchsllu-.
— rotundifolias, etc., etc.
— aurea picta stricta.
— albo marginata.
— Silver Germ.
On trouvait également de très belles variétés du même genre
dans le lot de M. Cl. Jacquier fils, ainsi que dans celui de
MM. F. Morel et fils.
J'allais terminer la revue des plantes de la deuxième section,
lorsque je me suis aperçu que j'avais oublié les lots d'Ilcx et de
Buxus de M. Pitrat et le beau massif de Rhododendrum que M.
Luizet exposait hors concours, et surtout les jeunes Figues greffées
exposées par M. Grégoire, de Villefranche . M. Grégoire a trouvé
le moyen de greffer les vignes françaises sur vigne américaine par
un procédé très expéditif. Il peut livrer en godets des greffes bien et
rapidement soudées.
Bosrs cl Iiosiers. — Une Exposition d'horticulture à Lyon dans
laquelle la Rose ne tiendrait pas une place prépondérante, serait
une Exposition incomplète. Aux noirs résineux et à la verdure
envahissante des plantes de serre, dont la monotonie deviendrait
fatiguante à la longue, il est heureux que la plus séduisante des
fleurs vienne prêter l'éclat de ses couleurs chatoyantes.
— 198 —
Cette année, la saison des Roses était un peu en retard, mais
malgré cela, il y en avait partout et do belles, je ne vous dis que
ça. Fleurs coupées. Rosiers en pot, hautes tiges, basses tiges,
francs de pied, greffés rez-terre, etc.
Cinq colleclions générales composées d'un nombre effrayant de
variétés étaient en présence et, comme les trois déesses du mont
Ida, luttaient pour la beauté. On a pu voir sur la liste des récom-
penses dans quel ordre Paris, c'est-à-dire le Jury, les avait clas-
sées sous ce rapport. Je n'y reviendrai pas.
Dans la collection do M. Alexandre Bernaix, horticulteur-rosié-
riste à Villeurbanne (Rhône), renfermant plus de liuil ccius variùih
de roses, parmi lesquelles on remarquait beaucoup de nouveautés.
Dans les hybrides je note :
Grandeur of Cheshunt, Joseph Métrai, Lord Bacon, Madame Wilson,
Boileau, Queen cf Queens, Merveille do Ljon, Duo d'Edimbourg, Turenne,
Malame Duoher, Présiderit Tliieis, Lord Macaulay.
Thés : Madame de WaiteviUe, Anna Ollivier, Edith Gilforil, Hortus
Tolosanus, Princess of WalL's, Perle des Jardins, Thérèse Levet, etc.
Hybrides de thés : La France, Camoëns, Distinction, Lady Mary Filz-
Wiiliam, Madame Alexandre Bernaix, eto.
lle-Bourbo'i : Abbé Girardin. Malmaison rouge, Robusta, Victoire
Fontain. . etc.
Puis des Mousseux, Portlands, Cent-Feuilles, etc.
Provins. — La collection de Provins de M. Bernaix renfermait
plus do vingt variétés. On remarquait surtout :
Belle des Jardins, Cam;iïeu, Commandant Beaiirepaire, Dometil Beccard,
Eulalie Lebrun. Mécèno, Triuoloro de Flandre, Perle des pariachées, Mer-
cedes, Pepiita, La neige, Narcisse de Salvandy, etc.
La collection générale de M. Pernet fils-Ducher était fort belle
et contenait beaucoup de belles variétés obtenues dans l'établisse-
ment. Je note :
William Allen Richardson, Perle de Ljor , M"''' Welche, Marie Van
Houtte, Jean Ducher, Jules Finger, Edouard Gautier. Charles de Légrady,
Aana Ollivier, Amazone, Rêve d'or, Bou \uet d'or, J. Bernacohi, Ville de
Ljon, Gloire de Ducher, Rosiciiste Jacob.
Et dans les autres varii'tcs, on a reml)arras du choixpour choi-
sir les plus belles telles que :
Thérèse Levet, Vicomtesse Decazes, Rubens, Reine Marie Henriette,
Reine des Pays-Bas, Perle dos jardins, Niphetos, Etoile de Lyon, Beauté de
l'Europe, Jean Pernet, Céline Forestier, La France. Boieklieu, Baronne,
Merveille ds Lyon, Ferdinand Chalïolte, Abel Carrière, Louis Van Houtte,
Capitaine Christy, etf.
109
El comme nouveautés :
André Sehwartz, Sunset, M"" de Watteville, Grâce Darling, Ladj Mary
Fitïwilliam, Alphonse Soupert, Julie Gaulain, Souvenir de Gambetta, Henry
Schultheis, Bertha Mackart, Gloire Lyonnaise.
M. Schwartz, rosiériste, route de Vienne, exposait avec d'autres
lots, une collection très complète dans laquelle je note les variétés:
André Schwartz.
Etendard de Jeanne
d'Arc.
Gaston Chandon.
Sunset.
M""" de Watteville.
Comtesse de Pembroke.
Aline Rozey.
Mme patiny de Forest.
Général Appert.
Yictoi' Hugo.
Alphonse Soupert.
Eclair.
Antoine Wintzer.
Eéveil du Printemps.
M. Duché jeune, rosiériste à'Ecully, présentait une collection
dont les variétés bien choisies et très nombreuses avaient des fleurs
de toute beauté. Il faudrait citer la plupart de ces variétés. Nous
nous bornerons aux suivantes :
Merveille de Lyon.
M""" E. Verdier.
Gloire de Bourg-la-Rei-
ne.
M"'« Duuher.
M"-" de Wateville.
A. Richardson.
Souvenir de Gambetta.
Eclair.
Ma Surprise.
Gloire Ij'onnaise.
Etoile d'or.
M""" Wilsoû.
Souvenir de Rambaux.
Etoile de Lyjn.
La collection de M. Bonnaire, rosiériste à Monplaisir, se faisait
remarquer par le bon choix des sortes exposées et comme dans
celles de ses confrères, l'amateur était fort embarrassé pour noter
les variétés les plus belles.
Buses de semis — La liste des récompenses, publiée dans le pré-
cédent numéro de cette revue, a mentionné les médailles que le
juiy a accordées aux Roses nouvelles obtenues cette année par les
rosiéristes lyonnais ; on a pu voir qu'il n'y en a pas eu moins de
six, dont une en or, plusieurs en vermeil ou en argent. Les variétés
exposées feront la joie des amateurs, car la plupart méritent une
mention spéciale. Comme nous pensons pouvoir donner un jour
les descriptions exacte.^ de toutes ces nouveautés, nous n'en dirons
rien de plus pour le moment.
Collections de 100 ef de 50 roses. — Si les vrais colleciionneurs
préfèrent admirer les lots oîi les variétés sont très nombreuses,
combien j'en connais qui portent de préférence leurs regards vers
les collections qu'une sélection judicieuse a un peu réduites. Là, en
effet, le choix est plus facile. De nombreuses nullités ne fixent pas
l'attention au détriment des plantes de choix.
MM. Dubreuil, Duchet et J.-B. Guillot fîls. prenaient part au
concours de 100 roses. M. Dubreuil, rosiériste à Monplaisir, qui
a mis de très belles roses au commerce, obtient le premier prix
dans ce concours. Je note dans son lot :
— 200 —
Adrienne Chiistophle.
B ■'' ' f yotuiHise.
Catherine Mer met.
M"» Chédoinb Guinoi-
."•eai.
Rosiéristo Ratnbaus.
Thérèse Levet.
M""= J. Sisley.
A. -M. Montravel.
Perle d'or.
Aaiiral Courbet.
Beitha Macliard.
Merveille de Lyon.
Lord Bacon, oto.
La collection des 50 plus belles roses trouve deii.x exposants,
MM. A. Bernaix et J.-B. Guillot fils.
Celle de 30 variétés obtenues par l'exposant n'en trouve qu'un,
M. J.-B. Guillot fils. Ce concours n'était pas à la portée de tous,
et cela se comprend ; car on ne met pas trente belles roses au com-
merce en peu de temps. M. Guillot fils, qui est un des meilleurs
semeurs lyonnais, a gagné le prix dans ce concours.
Rosiers en pois. — M. Schwartz prenait part à trois concours
concernant les rosiers en pots :
1" Collection très nombreuse de rosiers nains, comprenant l'élite
des variétés, parmi lesquelles je cite au hasard :
Ch. de Legradj.
Gabriella Brevet.
Baronne de Wermer.
Fannj Pauwels.
Marie de Médicis.
F. Cavendish.
Etendard de Lyon.
Léoa Gambetta, etc.
2° Collection de 300 variétés de rosiers tiges parfaitemen^
fleuris. Ce lot était très beau et avait dû coûter beaucoup de travaij
à son propriétaire . L'énumération des sortes qu'il contenait nous
mènerait un peu loin, je me bornerai à mentionner :
M'"^ Massicault.
Violetie Bouyer.
Baronue Blanche.
Merveille de Lyon.
M""' Pierre Oger.
M"« Isaac Pereire.
Niphetos.
Perle des Jardins.
William Alen Richard-
son, etc.
3° Collection de 50 rosiers remarquables par leur développe-
ment, qu'il faudrait tous citer ;
4° Collection des 25 meilleurs rosiers pour la culture en pots,
parmi lesquels on trouvait :
Merveille de Lyon.
Camcënj.
La France.
Marie Baumann.
Jules Margottin.
Perle des Jardins.
MalmaisoD.
Etoile de Lyon.
Jean Liabaud.
Ferdinand Chaffolte, etc.
MM. J.-B. Guillot et fils, rosiéristes à la Guillotière, présen-
taient, cultivés en pots :
1° Une collection de rosiers nains, qui était fort belle et surtout
bien composée ;
2° Une collection de 25 rosiers obtenus par l'exposant. Si on
voulait signaler les 25 variétés exposées, on trouverait des plantes
de grand mérite, des plantes qui restent dans les collections. Une
seule : La France, suffirait à illustrer une maison.
— 201 —
M. Pernet âls-Ducher, qui avait une si belle collection de roses
en fleurs coupées en présentait également une de rosier tige.
M. Gamond et M. Dubreuil prenaient aussi part au concours de
50 rosiers en forts exemplaires avec de beaux spécimens des
variétés les meilleures pour ce genre de culture.
Plantes cl jlcurs coupées. — Je retrouve MM. F. Morel et fils
qui exposent une collection de 100 arbres et arbustes en rameaux
coupés. Ce concours est fort intéressant, car il permet aux
amateurs et aux jardiniers d'apprendre à connaître des espèces ou
des variétés qui ne sont pas très communes dans les cultures et
qu'il serait difficile de présenter autrement.
MM. Léonard Lille et Beney, marchands-grainiers à Lyon,
exposaient une fort belle collection de plantes vivaces. J'avoue
volontiers que j'aime les plantes vivaces — j'espère que cet aveu
ne me fera pas détester de mes amis — que l'on proscrit de plus
en plus des jardins. Mais, Messieurs, sans les plantes printanières
et rustiques vous n'auriez rien dans vos jardins de février à juin,
car tous vos genres à la mode craignent le froid, tremblent et
gèlent à la première bise suspecte.
Dans le lot de MM. Lille et Beney je remarque tout une série
d'Antirrhinum, d'Iris variés, d'Hesperis, de Saxifrages, d'Iberis,
de Pavots, de Reseda, d'Alstrœmeria, de Mignardises, de Delphi-
nium (très beaux) et d'une foule d'autres genres qu'il serait trop
long d'énumérer.
MM. Rivoire père et fils, marchands-grainiers à Lyon, qui
avaient de beaux lots de légumes que nous mentionnerons plus
loin, présentent aussi une collection de fleurs coupées composée
de renoncules, d'Anémones, plusieurs belles variétés d'Ixia — on
remarquait surtout la variété viridiflora qui est fort curieuse — des
Clarkia, Gilia, Nemophiles, Dianthus, Pyrethres, Giroflées, etc.
Graminées sèclies. — M. Molin exposait une collection de gra-
minées sèches, dont on fait actuellement un si grand usage dans
l'ornementation des salons. Il y avait là des espèces étrangères à
la flore d'Europe, qui ont été fort admirées.
En dehors de sa collection, M. Molin présentait des bouquets de
fleurs sèches, des panaches de Gynerium et une foule d'autres
inflorescences habilement assemblées.
Si je mentionne encore les beaux Pétunias de M. Guillet et les
Pensées de M. Boucharlat jeun-i, présentées en fleurs coupées,
il ne me restera plus, pour régler le compte des plantes d'orne-
ment, qu'à parler des bouquets, couronnes, surtouts, etc.
— 202 —
Là, il y a eu une lutte terrible : un des concourrants a roulé sous
la table et a disparu; l'exposition des deux autres a fait la joie de
ceux qui se plaisent à contempler les fleurs groupées avec art. Et
qu'on ne s'y trompe pas, c'est un art fort difficile que celui de
faire un bouquet. Il faut non-seulement connaître l'harmonie des
couleurs, mais posséder ce sentiment artistique que définit vague-
ment la loi des contrastes.
MM. Combet-Cordier et M. Musset, fleuristes à Lyon, avaient
réuni dans leurs lots tout ce qu'on peut voir de plus beau et de
plus élégant. Mes compliments, mesdames et messieurs.
^jme jvfoirot, successeur de M™" Jacquin, ne présentait que trois
bouquets, mais qu'ils étaient jolis et qu'ils ont dû faire envie aux
visiteurs. {^suivre.) V. V. M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 16 mai i885 , tenu* dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyoo.
Présidence de M. B. Comte, vice-présideat.
La séance est ouverte à 2 heures, par la lecture du procès-verbal de la
dernière réunion qui est lu et adopté sans obsorTations.
Correspondance. — M. le Secrétaire général procède au dépouillement de
la correspondance qui se compose de :
1» Une lettre delà Société d'horticulture de Chalon-sur-Saône demandant
la nomination d'un membre de notre Compagnie pour faire partie du Jury
chargé d'attribuer les récompenses à l'Exposition qu'elle organise à Chalon,
et dont l'ouverture est ûxée au 24 juin prochain. Pour répondre favorable-
ment à la demande de la Société d'horticulture de Chalon-sur-Saône, M. le
Président désigne M. A. Bernaix pour représenter l'Association horticole
Ijonnaise.
2° Une lettre de M. le Président de la Société d'horticulture et de bota-
nique de Marseille remerciant notre Société d'avoir bien voulu désigner
notre collègue M. Pitaval pour la représenter comme membre du Jurj de
l'Exposition qu'elle organise à Marseille pour le mois de mai courant.
3° Une lettre de M. le Ministre de l'agriculture demandant à M. le Prési-
dent de lui faire connaître le nom du délégué que l'Association horticole
lyonnaise aura choisi pour la représenter et prendre part à la délibération
dans laquelle les délégués des Sociétés et des Comices, les membres du Jury
et les exposants du Concours discuteront et proposeront les modifications ou
améliorations qu'il conviendrait d'apporter au programme du Concours
agricole de l'année prochaine. M. Jules Chrétien est nommé délégué pour
représenter l'Association horticole lyonnaise.
4° Une lettre de M. le Préfet du Rhône informant M. le Président que
M. le Ministre de l'agriculture a accordé à notre Société une subvention de
550 francs à distribuer en primes à l'horticulture. Des remercîments unani-
mes sont votés par l'assemblée à M. le Ministre de l'agiiculture.
5° Une lettre de M, le Président de la Fédération des Sociétés lyonnaises
de gymnastique demandant à l'Association horticole lyonnaise de vouloir
bien prendre part à la souscription que ces Sociétés ont ouvertes pour ache-
ter des prix et donner plui d'éclat à la iéte qu'elle donneront à Lyon les 24
— 203 —
et, 25 mai courant. L'Assemblée consultée vote une médaille de vermeil pour
les Concours de gymnastique or^'anisés pir la Fédération das Sociétés de
notre ville.
Publications. — M. le Secrétaire général signale les diverses publications
illustrées ou autres que l'Association a reçues depuis sa dernière réunion ;
et fait circuler celles qui sont le plus particulièrement intéressantes il men-
tionne en outre :
1* Le programme du Congrès international d'horticulture qui se tiendra
à Paris le 25 mai courant ;
2° Le programme de l'Exposition que la Société d'horticulture de Chalon-
sur Saône ouvrira en cette ville le 24 juin prochain ;
3° Un numéro du Bulletin de la Société d'/iorticulture de Genève; enfin,
une brochure intitulée : La Boite de Pandore, dont l'auteur, M. A Massart,
fait hommage à notre Compagnie.
Présentations. — Quatre candidats au titre de membre titulaire sont pré-
sentés pour faire partie de notre Société. Conformément au règlement, il
sera statué sur l'admission de ces membres à la prochaine réunion.
Admissions. — Après un vote de l'Assemblée, M. le Président proalame
membres titulaires de l'Association horticole lyonnaise les candidats présen-
tés à la précédente réunion.
Ce sont MM. :
Pétraz (Francisque), horticulteur-pépiniériste, à Ambérieu (Ain), présenté
par MM. Cl. Jacquier fils et Molin.
Ponthus, négociant, rue Bourbon, 8, Ljon, présenté par MM. Nicolas et
Liabaud.
Perria (François), jardinier chez M. Causse, membre du Conseil général
du Rhône, à Charbonnières (Rhône).
Monroy (Michel), jardinier à Déûines (Isère), présenté par MM. Bernaix
(Al.) et Viviand-Morel.
Faure-Carilhan, juge suppléant à Villefraaohe (Rhône), présenté par
MM. Hoste et Viviand-Morel.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
1» Par M. Pernet fils-Ducher, un lot remarquable de Pivoines fleuries
(fleurs coupées), parmi lesquelles se faisait distinguer le superbe gain de cet
établissement : Souvenir de Duckcr,
Les autres variétés de Pivoines en arbre étaient :
Fragrans maxima.
Kliazi.
Adèle de Cursy.
Kaiser Léopold.
Rinzi.
Rosa mundi.
Van der Maelen.
Desjanir.
Maris.
Colonel Malcoun.
Leopoldo.
Impératrice Joséphine.
Lactea.
Van Houitei.
Madaaie de Montmarin.
Archiduc Ludovic.
Madame de Watry.
Maria Theresa.
Robert Fortune (Chine).
Orgueil d Hong-Kong
(Chine).
Vivid (Chine).
Osiris (Chine),
Salmonea (Chin*^),
2» Par M. Clapot, maraîcher, une série complète des légumes de la saison
remarquables par leur volume, principalement la Bette blonde à cardes bl^n-
ches et le Poireau de Rouen, qui étaient d'une grosseur exceptionnelle.
3» Par M. A. Bernaix, rosiériste à Villeurbanne (Rhône), une belle collec-
tion de roses qui étaient fort jolies malgré la saison encore peu avancée;
étaient particulièrement remarquables :
Boses Noisette : Joseph Barnacchi, Reine Olga de Wurtemberg, William,
A. Richardson, Madame Eugène Mallet, Rêve-d'or, Céline Forestier, etc.
— Hybrides de Thé : Cheshunt, beau coloris rose carminé teinté cerise.
Madame Alexandre Bernaix, etc. — Hybrides de noisette : Madame Alfred
Carrière. — Roses Thé : Balle Lyonnaise, Maréchal Niel ; une fleur de cette
204 —
dernière variété était surtout remarquable par sa grandeur et son beau
coloris jaune foncé.
4° Par M"' veuve Cl. Joly, horticulteur à Monplalsir, un lot de dix varié-
tos nouvelles de Bégonias rex obtenus dans son établissement et récompensés
d'une médaille en 1884 par une Commission spéciale nommée par TAssocia-
tion horticole lyonnaise. Ces variétés seront mises au commerce le 10 juin
prochain et portent les noms suivants :
Président Dutailly.
Madame Gsulain.
Capitaine Locard.
M. Viviand-Morel.
M. Jules Chrétien.
M. Hoste.
Madame Muzatier Cerdon.
Madame Rivoire jeune.
Madame Devillat.
Souvenir du Père Joly.
5» Par MM. Rivoire père et fils, marchands-grainiers à Lyon, deux potées
de NemnphUa atnmoria et de Phacelin campnnularia. Cette dernière plante,
qui est d'un charmant effet décoratif, peut s'employer ea plein air, en cor-
beilles ou isolément; à cet apport était joint un bouquet de nombreuses et
fort jolies variété de Némophiles.
G" Par M. Fr. Morel, horticulteur à Lyon-Vaise, un lot de choix de
Pivoines en arbre en fleurs coupées d'un effet superbe ; ce sont :
Comte de Flandre.
Lactea.
Athlète. Comte de Rambuteau.
Bijou de Chusan. Rosa miuidi.
Elisabeth. Louise Mouchelet.
Madame Lafay. Madame de Wattry.
• 7° Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin (Rhône), une potée
de Pétunia double panaché, d'une jolie forme, qu'il a obtenue de semis et
couverte de fleurs ou de boutons.
8° Par M. Viviand-Morel, au nom de M. Nicolas, marchand-grainier à
Lj'on, un spécimen d'étiquette d'une composition inaltérable à l'humidité et
à la chaleur.
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. Rivoire fils, Berthier et Pelletier pour les légumes ; de MM. Barret,
Boucharlat aîné et Bellisse pour les fleurs et autres apports.
Après examen, ces Commissions proposent d'accorder à :
M. Clapot, une prime de l''° classe pour son apport de légumes.
M. Pernet fils-Ducher, une prime de 1" classe pour ses Pivoines, et men-
tion spéciale pour la variété Souvenir de Ducher.
M. A. Bernaix, une prime de l'^ classe pour ses roses.
M. Fr. Morel, une prime de 1" classe pour fes Pivoines, et mention spé-
ciale des variétés Osiris et Bijou de Chusan.
^niB ye Cl. Joly, une prime de l'''' classe pour ses Bégonias rex.
MM. Rivoire père et fils, une prime de 2° classe pour leur Phacelia.
M. Verne, une prime de 3' classe pour son Pétunia.
Rektivement à l'étiquette présentée par M. Nicolas, la Commission
demande qu'elle soit soumise à une autre Commission qui serait chargée de
justifier de sa durée dans les diverses conditions climatériques où elle doit
être exposée.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
L'ordre du jour portant la nomination d'une Commission chargée de faire
les visites pour les Concours spéciaux en 1885, l'Assemblée consultée décide
qu'il y a lieu de renvoyer cette nomination à la prochaine réunion. Elle fixe
également à l'ordre du jour de sa prochaine séance une question horticole
pleine d'actualité : Quelle peut être l'influence de la culture sur l'asperge en
tant que grosseur et qualité ?
M. le Président remet les diplômes de primes aux personnes qui les ont
obtenus et donne la parole à M. Pitaval au sujet d'une décision du Conseil
demandant à l'Assemblée qu'elle statue d'urgence sur l'achat des accessoires
nécessaires pour l'exposition convenable des apports sur le bureau.
_ 205 —
L'Assemblée, reconnaissant l'insuffisanca des moyens employés jusqu'à
présent, donne, par un vote, plein pouvoir au Conseil d'administration dd
faire acheter ou confectionner tous ustensiles qu'il jugera nécessaires pour
recevoir convenablement tous les apporta qui seront soumis à son examen.
La séance est levée à quatre heures et demie.
Lyon, 10 mai 1885.
Le Secrétaire adjoint, J. Puvilland.
Lychnis (Lampette).
Le mot Lychnis tire son origine de tuchnos, lampe, que les Grecs
avaient donné à une plante de la famille. Mais que de vicissitudes
ce malheureux genre Lychnis a eu à subir depuis sa création. On
lui a successivement enlevé le plus grand nombre de ses espèces
pour en faire des Silè)w, des Jyrosiemma, des Fiscaria, des Corona-
riUf des Pelrocoptis et une foule d'autres genres. Actuellement la
flore française ne mentionne plus comme indigène que les Lychnis
(los cuculi^ flos jovis et coronoria; encore quelques auteurs ont-ils
trouvé le moyen de créer le genre Coccijgantlic pour le L. flos cuciili
— 206 —
et le genre Coronaria pour le Lychnis coronaria, de telle sorte que
par voie d'élision la riche cohorte lychnidienne se trouve réduite
à sa plus simple expression.
Cependant il fut un temps où les Lychnis brillaient du plus vif
éclat. On en citait les espèces comme des merveilles d'élégance et
on les appelait : Rose du Ciel, OEillel de Dieu, Fleur de Jupilcr, Croix
de Malle, Passe fleur, etc. On les cultivait dans tous les jardins,
qu'ils ornaient aussi bien, sinon mieux, qu'une foule d'autres plan-
tes qui les ont remplacés. Les collections de Lycluiis ont été à peu
près abandonnées.
Cependant on fait encore des massifs de Lychnis viscaria, soit de
la variété à fleur simple, soit de celle à fleur double. On emploie
encore pour le même usage le Lychnis cwU-rosa.
Parmi les plus remarquables que j'ai cultivés autrefois, le Lych-
nis grandiflora arrive en première ligne. C'est une fort belle plante
vivace, originaire de la Chine, dont les grandes fleurs écarlates
arrivent en juin-juillet. Il y a bien longtemps que je n'ai pas eu
le plaisir delà revoir. Le dessin ci-contre, considérablement réduit,
n'en donne qu'une faible idée.
Le Lychyiis chalcedonica, plus connu sous le nom de Croix-de-
Malte, est encore dans tous les jardins. Mais pourquoi n'y voit-on
plus que très rarement les belles variétés de Lychnis coronaria, —
simples, doubles, blanches, roses et rouges? — Pourquoi a-t-on
laissé aussi le Lychnis jlos-jovis, que je rencontre toujours avec
plaisir dans mes herborisations de hautes montagnes? C'est une
bien belle plante dont la culture n'est pas difficile et qui , malgré
ses stations alpines ne craint nullement d'être transplantée dans les
plaines. Et ce beau Lychnis fulgens, que nous devons à la Sibérie,
pourquoi est-il devenu si rare.
Ah ! la mode, sous prétexte de nouveauté, est une marâtre qui,
comme Saturne, dévore une partie de ses enfants: elle passe, ou
plutôt nous fait passer notre existence à trouver ridicule aujour-
d'hui ce que nous trouvions superbe la veille.
Heureusement qu'il y a encore de rares amateurs qui ne se lais-
sent pas éblouir par le clinquant de certaines nouveautés et qui
conservent précieusement dans leurs jardins les belles plantes d'au-
trefois. Heureusement encore qu'il suffit au botaniste de gravir les
montagnes pour arracher à leurs altitudes élevées les espèces,
qu'en jardiniers négligents ou volages, nous aurons laissé perdre.
Ch. L.
— «07 —
CALENDRIER HORTICOLE
fiésumi' (h's Iraraux et des semis à faire dans les jardins.
JUILLET
Culture potagère. — Les travaux relatifs à la culture potagère
se divisent, en juillet, en deux catégories : on sème encore tous
les légumes qui peuvent être récoltés avant les gelées et on com-
mence le semis de quelques-uns qui ne seront consommés qu'au
printemps prochain.
Dans la première série, on peut indiquer :
Carottes, Scaroles, Cornichons, Haricots, Laitues, Navets,
Radis, Chicorées frisées et autres, et toutes les fournitures : Persil,
Cerfeuil , Céleri à couper , Chicorée sauvage , Cresson alénois,
Roquette, etc.
Dans la deuxième série : Choux (divers), Oignons blancs. Poi-
reaux, Poirée (Bette), Pissenlit.
Jardin d'agrément. — On peut commencer à relever les oignons
à fleurs dont les feuilles sont desséchées ; si on ne veut pas les
relever, il faut soigneusement marquer les places qu'ils occupent,
afin de ne pas les endommager plus tard en labourant le terrain.
On remplace les massifs printaniers par d'autres plantes œstivales :
Pétunias, Verveine, Phlox Drumraondi, Coreopsis, etc. On peut
marcotter les Œillets et bouturer les sommités des Chrysanthèmes,
si on veut obtenir des plantes naines. On peut également commen-
cer, à l'ombre, le premier semis de Pensées qui fleurissent en
automne.
C'est le bon moment pour semer toutes les graines de plantes,
arbres ou arbustes durs à germer, tels que : Lauréolc, Pivoines,
Aconit, Smilax, Rosiers sauvages, Ruscus, Muguet, Gouet, et en
général toutes les grames de bonne qualité qu'on aura reconnu
pour être d'une germination difficile. On doit semer toutes les
vraies bisannuelles et la plupart des plantes vivaces.
Jardin fruitier. — On continuo les pincements, et le Pécher en
espalier doit être l'objet des soins continuels du jardinier. On com-
mence la récolte des premières poires. On doit se souvenir que la
plupart des variétés de Poirier sont préférables récoitécs tin peu
avant leur maturité.
Serres et châssis. — Les serres chaudes seules contiennent encore
des espèces auxquelles on ne marchande généralement pas les
arrosements, les seringages et une aération suffisante. 11 y a pour-
tant des sortes qui se reposent dans ce moment et demandent à être
— -268 —
ménagées On s'aperçoit qu'une espèce veut entrer en repos quand
malgré la chaleur et l'humidité qu'on lui fournit elle persiste à ne
pas végéter vigoureusement ; on remarque, du reste, chez les sortes
de cette catégorie un ralentissement graduel de la végétation.
Quand ce sont des plantes tlorales, l'époque qui suit la maturité des
graines coïncide généralement avec la période de repos.
On doit profiter des moments de la journée où les travaux de
jardins sont très pénibles, à cause des fortes chaleurs qui régnent
habituellement à cette époque, pour exécuter les réparations de
vitrerie et de peinture dont les châssis ont besoin. On évitera, si
l'on peut, de laisser les cotfres en plein air, car les alternatives de
chaleur et d'humidité les détériorent très rapidement.
PLANTES NOUVELLES. — CATALOGUES
Léonard Lille et Beney, horticulteurs grainiers, 7 et 9, cours Morand, à
Lyon. — Prix-couraot général d'oignons à fleurs et de graines diverses à
semer en juillet et mois suivant : Collections très complètes dans les genres :
Amaryllis, Anémones, Fritillaires, Crocus, Jacinthes, Cyclamen, Iris, Ixia.
Jonquilles, Narcisses, Tulipes, Perce-Neige, Tritoma, Tropeolum, etc. Fian-
çons de Primevère de Chine et de Cinéraires hybrides, Coutellerie et acces-
soires horticoles, étiquettes, mastic à greffer, etc.
Avis auxMembres de l'Association Horticole lyonnaise
Messieurs les Sociétaires qui n'ont pas encore soldé le montant do leur
cotisafiou de l'Année 1.^85, sont informés que M. Jacquier, trésorier
de l'Association horticole lyonnaise leur adressera sous peu, par la poste, un
mandat de 12 francs, montant de la cotisation susdite. Nous prions nos
collègues de réserver un bon accueil à ce mandat.
Concours établis par l'Association horticole lyonnaise
AVIS. — Les personnes qui désirent prendre part cette année aux concours
spéciaux, devront adresser leur demande à M. Viviand-Morel, cours Lafajettc!
prolongé, 61, à Villeurbanne-lès-Lyon, avant le 15 juillet prochain.
Voir pour les conditions des Concours, Lyon-Horticole n» 10, année 1885.
Le Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 JUILLET N" 13
CHRONIQUE
Tarifs à laxe kilométrique décroissante. — Mes pères, disait Pascal. , .
0 disciples d'Escobar, de Nonotte et dePatouillet! 0 vénérables,
illustres et majestueuses Compagnies de chemins de fer! vous avez
pensé que nous étions de purs imbéciles, d'indignes crétins ; qu'on
pouvait non-seulement nous tondre proprement, mais nous écor-
cher avec grâce, le sourire aux lèvres, sans nous faire crier; qu'il
suffisait, avant de passer à la caisse, de dire gravement que vous
ne désiriez que notre bien, — vous ne mentiez pas, mes pères. —
Que vous vouliez prendre nos intérêts, — cela ne fait pas l'ombre
d'un doute ; — que nous étions de braves gens, d'excellents
citoyens payant l'impôt et craignant Dieu ; de bons pères de
famille, de que sais-je quoi encore?
Eh bien ! non, ça n'a pas pris, et les tarifs à taxe kilométrique
décroissante ne seront pas homologués ou, s'ils le sont, ce sera
malgré nous, entendez-le bien, Grandes Compagnies.
Décroissante... on croit rêver. Voilà où en est arrivé la langue
française. La taxe décroît, mais les prix de transport augmentent.
Singulier résultat.
En deux mots, voici l'histoire : Depuis longtemps, les horticul-
teurs qui payent fort cher les transports des végétaux par chemin
de fer, demandaient sur tous les tons l'abaissement des tarifs.
Pétitions d'ici, réclamations de là, tous les moyens furent employés,
et en haut lieu on finit par s'occuper de la question. On s'en
occupa tellement bien, qu'il faudrait presque actuellement recom-
mencer une campagne pour prier ces messieurs de bien vouloir
nous laisser tranquille.
M. Baptiste Desportes, directeur de l'établissement André Leroy,
à Angers, a traité ce sujet à fond et publié un travail important
— 210 —
qui a servi de base à la discussion qui s'est engagée sur cette
question au congrès international d'horticulture qui s'est tenu der-
nièrement à Paris. M. Desportes a clairement démontré que dans
la plupart des cas l'application des tarifs à taxe kilométrique
décroissante, grèveront le transport des produits horticoles de
charges nouvelles assez considérables.
L'Association horticole lyonnaise, réunie en assemblée générale,
a décidé à l'unanimité des membres présents qu'elle s'associait à
M. Desportes et aux membres du congrès pour prier M. le mi-
nistre de refuser l'homologation des nouveaux tarifs proposés par
les Compagnies de chemins de fer et d'obtenir, avec une sage
révision, l'unification des tarifs pour toutes les Compagnies.
Des arrosements pendant les fortes chaleurs. — Il semble tout à fait
naturel, quand le thermomètre marque 30" centigrade à l'ombre,
que le soleil darde perpendiculairement ses raj'ons sur les feuilles,
que l'évaporation est considérable, il semble très-naturel, dis-je,
de penser que de vigoureux arrosements, de l'eau à profusion ne
pourront que favoriser la végétation et aider les plantes à résister
à l'action de ces hautes températures. C'est une grave erreur dans
beaucoup de cas.
Les végétaux sont organisés physiologiquement pour vivre sous
des zones et des climats divers ; sous le même climat, il y a des
espèces qui se plaisent dans les terrains frais, comme il y en a
d'autres qui recherchent les sables secs ou les rochers arides. Les
unes aiment l'humidité (espèces hygrophiles) ; les autres la séche-
resse (espèces xérophiles), et dans beaucoup de cas, — principa-
lement pour les espèces vivaces ou arborescentes, — alternative-
ment la sécheresse et l'humidité. Les espèces, — je ne connais
pas beaucoup d'exception à la règle, — aiment l'humidité pour
développer de nouveaux tissus et ne craignent pas la sécheresse
pour élaborer chimiquement dans leur mystérieux laboratoire les
substances alimentaires qu'elles y ont déposées à la hâte.
Le jardinier doit donc se guider sur ces règles physiologiques.
Une espèce, après avoir poussé vigoureusement (ce qui indique
que le sol et le climat lui convenaient), ralentit-elle sa végétation au
moment des fortes chaleurs, c'est un signe presque certain qu'il
faut très peu l'arroser.
La plante qui est en pleine végétation au moment où il fait
très chaud et qui semble souffrir de cet excès de chaleur, demande
à ce moment un arrosage modéré. Des bassinages matin et soir,
l'arrosement de la surface du sol avoisinant lui aideront mieux à
passer la période difficile, que des arrosements abondants.
— 211 —
Mais trompez ferme toute espèce qui (lemaiide beaucoup do clia-
leur pour se développer et dont c'est l'épo(iue de développement.
Mouillez toujours à fond les plantes quand vous arrosez; il vaut
mieux n'arroser que tous les trois ou quatre jours comme il con-
vient, que d'arroser à moitié et à tout propos, souvent hors de
propos.
Les espèces qui ont fleuri et qui ne remontent pas ne craignent
généralement pas la sécheresse.
Les plantes grasses aiment beaucoup l'eau pendant les fortes
chaleurs, contrairement à ce que beaucoup de gens s'imaginent.
Les bulbeuses qui ont fleuri doivent être tenues au sec.
Les Pelargoniums à grandes fleurs ne recevront que très peu
d'eau.
Les plantes d'Algérie, de Tunisie, du Maroc, de la région médi-
terranéenne, des Canaries, des Açores, j'entends les plantes indi-
gènes vivaces, craignent pour la plupart les arrosements à cette
époque de l'année.
En résumé, tenez au sec les plantes au repos; trempez modé-
rément celles qui craignent la chaleur ; mais arrosez à fond celles
qui paraissent se développer vigoureusement.
Escarbilles de coke. — Depuis fort longtemps on a conseillé
l'emploi du charbon de bois pour maintenir la fraîcheur et Thumi-
dité dans la terre qui sert au rempotage de certaines plantes de
serre telles que : Orchidées, Aroïdées, Fougères, Broméliacées et
autres. Il y a une centaine d'années que Tatin signalait le même
charbon, saturé d'humidité par un procédé spécial, comme très
favorable à la réussite des plantations dans les terrains secs ; mais
malgré les bons résultats donnés par cette pratique, elle n'a pas,
peut-être à tort, rencontré beaucoup d'adhérents.
Il est clair que les végétaux auxquels l'humidité est indispen-
sable ne peuvent que profiter de celle que certains corps tels que
le charbon de bois, par exemple, peut conserver dans leur voisi-
nage.
Les escarbilles de coke jouent à peu près un rôle analogue. Ces
petits fragments poreux se gorgent d'eau, la retienne et main-
tiennent la fraîcheur autour d'eux.
Les boutures réussissent particulièrement bien, pendant l'été,
quand elles sont enterrées dans les escarbilles susdites. Mais il n'y
a pas que les boutures qui se plaisent dans ces conditions, les
plantes qui craignent les excès de sécheresse ou d'humidité sont
dans les mêmes conditions; car si le coke a le privilège de se
gorger d'eau, il a également celui de ne l'abandonner que peu à
peu et juste assez pour favoriser la végétation des plantes.
— 212 —
Une nouvelle source de caoutclioue. — On signale le Prameria
gland itll fera comme une plante qui produit une grande quantité de
caoutchouc pur. Elle provient de la Cochinchine, où elle est très
recherchée comme médicament.
On sait que le caoutchouc est une substance qui se trouve à
l'état émulsif dans le suc laiteux d'un bon nombre de végétaux
appartenant pour la plupart à des familles riches en plantes véné-
neuses. Les Euphorbiacées, Papavéracées, Apocynées, Morées,
etc., en contiennent presque toutes plus ou moins. La plupart des
Figuiers, l'Arbre à pain en recèlent en assez grande quantité.
Le Ficus clastica, parmi les figuiers, peut être signalé comme
une des espèces qui en contient d'assez notables quantités pour
qu'on puisse en exploiter la production. Le Ficus elaslica si com-
mun, actuellement, comme plante d'ornement, sous le nom de
caoutchouc, est loin cependant de produire cette substance en aussi
grande quantité que le Siplionia clastica ou I/évé de la Guyane .
Propriétés el usages du Bambou. — Bien que dans nos pays tem-
pérés le bambou soit plutôt une graminée ornementale qu'une gra-
minée potagère ou industrielle ; il nous a semblé qu'un grand nom-
bre de nos lecteurs s'intéresseraient davantage à cette plante, —
la fortune des orientaux, — s'ils connaissaient quelques-uns des
usages auxquels les Chinois et les Japonais la font servir. C'est à
M. A. de Saint-Foix, qui a publié dans la Jtevue horlicole des Bou-
cltes-du-Bliùne, un article fort remarquable sur le bambou, que nous
empruntons les renseignements qui vont suivre :
u Les Lidiens et les Chinois mangent les jeunes pousses
de bambous comme ici les asperges, ou encore en salade et en
purée ; ils en font aussi des fritures qu'ils trouvent excellentes et
même des confitures; on fait un commerce actif de ses pousses
vertes. On les conserve en les faisant dessécher; en les mettant
dans l'eau tiède, elles redeviennent tendre.
« Dans certaines localités on fait manger les feuilles vertes aux
bestiaux. En Chine et au Japon on peut dire que les habitants les
approprient à tous leurs besoins; ils en font des charpentes, des
écheUes, des maisons, des ponts; on les utihse comme tuyaux pour
les conduites d'eau. On en fait aussi des vases, des pots, des char-
retons à bras, des lits, des fauteuils, des tables, des paniers, des
couteaux. Les bambous servent encore à fabriquer un excellent
papier, des chapeaux, des parapluies, des plumes à écrire, des
éventails, des pipes, des cordages et même des toiles grossières,
etc., etc. » V. V.-M.
— 213 —
L'Exposition d'horticulture (Suite et fin)
CULTURE maraîchère
Si les plantes d'ornement, le 1 arbres et le? arbustes sont à Lyoa l'objet
d'un commerce important, la culture des légumes y tient également une place
considérable. Il suffit du reste, pour en avoir u-ieiléî approximative, d'aller
faire chaque matin, entre cia] et nsuf heures, une promenado sur les quais
de Lyon où se tiennent les marchés : l'aspect des innombrables étalages de
légumes rappellera au promeneur qu'il y a à Lyon près de huit cent mille
mâchoires qui se chargent de débiter les végétaux comestibles.
Les légumes devraient donc se présenter nombreux dans les expositions
et y occuper une place de premier ordre qie justifierait bien leur incontesta-
ble utilité. Mais les légumes ne se pressaient pas nombreux et préfèrent aux
médailles d'or et d'argent des programmas, las espèoes sonnantes des habi-
tants de Lyon.
Le jardinier maraîcher — à quelques excjptions près — se cantonne dans
une routine presque séculaire. L'étude n'est pas sou fait. Il améliora peu
les procédés, encore moins les races, som9 cette année, en pleine lune, dans
tel mois, ce que son aïeul semait sous Louis XV; se lève matin, se couche
tard, travaille comme trois nègres et va au marché le matin. Il fuit les expo-
sitions. Il a tort. Heureusement qu'il y a quelques exceptions à cette règle ;
heureusement que les jardiniers de maisons bourgeoises et les marchands-
grainiers sont là pour nous montrer qu'il y a de nombreuses races de légumes
d'un grand mérite dont nous privent, faute de les connaître, les maraîchers
lyonnais.
MiVr. Rlvoire père et fils, horticulteurs-grainiers à Lyon, avaient réuni une
collection générale contenant près de six cents variétés se décomposant de
la manière suivante : 200 variétés de pommas de terre, 120 de laitues, 80 de
pois, 60 de haricots, 40 da choux et le resta en légumes divers.
Un lot intéressant des mêmes exposants était celui d'une trentaine de
variétés de pommes da terre choisies pjrmi les plus hâtives et présentées
avec leurs fanes et leurs tubercules. Celle qui nouj a paru la plus précoce de
cette collection était étiquetée : Reine des précoces.
IMM. Rivoire père et fils présaataient en outre une centaine d'espèces de
plantes fourragères en jeunes semis. Le semis était fait dans des terrines
carrées.
M. Villard, jardinier chez M"» Vachon-Saulnier, à Eoully, exposait une
série de légumes tout à fait remarquables, soit pour l'époque oii ils étaient
présentés, soit pour la bonne culture dont ils avaient été l'objet. Son lot con-
tenait : 18 variétés da courges bien conservées ; 10 variétés de haricots avec
des gousses bien développées (le haricot beurre nain du Mont-d'Or était par-
ticulièrement bien venu. Toutes cas espèces de haricots étaient cultivées en
pots); 20 variétés de laitues toutes très méritantes; 19 variétés de melons
bien cultivés et amenés à point et en maturité, particulièrement le melon
cantaloup argenté, fond blanc et fond gris galeux; 23 variétés de pommes
de terre, et une foule d'autres sortes appartenant aux genres habituellement
cultivées.
M. Jacquier (Joseph) fils, chef de cultures de M. Jean Jacquier, à Pierre-
Bénite (Rhône), avait une collection générale de légumes dans laquelle les
meilleures sortes potagères figuraient en assez beaux exemplaires : navets,
carotlcf, radis, laitue, chicorée, pois, etc., comptaient chacun un assez bon
nombre d'excellentes variétés.
M. Guerry, jardinier chez M. Coste, à Caluire (Rhône), montrait un beau
lot d'ensemble assorti des meilleures variétés de laitues, chicoréss, pois,
choux, navets, ato.
— 214 —
M. Guerry exposait en outra un superbe poireau à feuilles rubanées de
jaune, dont il est l'obtenteur et que le Jury a fort bien apprécié en le récom-
pensant d'une médaille d'argent.
M. Clapot, horticulteur -maraicher à la Guillotière, dont chacun connaît
les cultures bien tenues, tenait à montrer combien il excelle à faire prendra
un développement énorme aux variétés qu'il cultive. Ses bettes à côtes, ses
navets, seê oigaoas et beaucoup d'autres méritent d'être signalées.
Pommes de terre. — Plusieurs des exposants mentionnés plus haut avaiett
dans leurs lots des variétés de pommes de terre; mais comme il y avait un
concours spécial pour ce genre, deux exposants y prennent part.
M. Chipier (Etienne), à Saint-Martin-en-Haut (Rhône), avait fait un choix
très judicieux parmi les nombreuses variétés qu'il cultive et en présentait
Hne collection d'élite où chaque variété était représentée par de beaux tuber-
cules.
M. Aumiot, horticulteur à Anse, présentait aussi une assez belle collection
de pomme de terra pour la grande culture et de bonnes espèces pour primeur.
Mais quels sont donc les propriétaires de ces belles bottes d'asperges
étendues sur les tables ? Elles appartiennent à MM. Guichard à Ressouze
par Pont-de-Vaux , Berthier, horticulteur à Gi'épieux (Ain) et Rouillard
frères à Ecully. On voit qu'il n'y a pas qu'Argenteuil qui a la spécialité
d'améliorer l'asperge.
Artichauts. — La Gloire de Laon. — M. Bonnement qui n'habite cependant
pas le chef-lieu du département de l'Aisne, puisqu'il reste rue du Midi à
Villeurbanne, trouve le moyen de nous montrer des capitules d'artichauts de
toutes sortes^et bien développés.
Fr'aises. — Je n'ai jamais pu m'habituer à considérer la fraise comme un
légume. Je crois que c'est un fruit. Mais les haricots, les pois, les tomates,
etc., sont également des fruits et il paraît que ce sont des légumes.
M. Valla, horticulteur à OuUins (Rhône), présente une collection composée
d'un très bon choix des meilleures variétés de fraisiers à gros fruit. Ces
fraisiers sont cultivés en pots et ont acquis un développement vigoureux. Les
fruits de quelques sortes sont absolument remarquables.
M. Marchand, horticulteur-grainier, rae du Sacré-Cœur, à la Guillotière,
exposait également une collection de fraisiers à gros fruit, cultivés en pots
comptant l'élite des meilleures sortes. On sait du reste que M. Marchand
s'adonne d'une manière toute spéciale à la culture des fraises.
Il y avait dans son lot une fraise des Quatre-Saisons qu'il a obtenue de
semis, qui mérite d'être propagée.
M. Dupuis, champigQoniste à St-Fons (Rhône), nous a prouvé il y a
déjà quelque temps qu'il s'entend à cultiver les champignons. Les marchands
de comestibles de Lyon font du reste un honneur tout particulier à ses pro-
duits qui sont bien supérieurs à ceux qu'adressent à Lyon les champignonistes
parisiens. Le lot qu'il expose est composé de plusieurs variétés distinctes et
de blanc de champignon (vierge et relevé de vierge). Exposition fort inté-
ressante. La variété la plus recherchée parmi celles exposées est la blanche,
bien qu'elle soit peut-être inférieure en qualité à d'autres.
J. J. et V.-M.
lodastrle Horticole
Mon rédacteur en chef a jugé à propos de me charger de faire un compte-
rendu partiel de l'Exposition. Je n'avais qu'à lui obéir, et c'est pourquoi,
amis lecteurs, vous êtes obligés d'absorber ma prose. Ne vous en prenez
point à moi pourtant, cir si, dans un dîner on sert des merles au lieu do
grives, c'est à l'amphytrion qu'an est la faute et non au cuisinier.
215 —
A tout seigneur, tout honneur. L^s bjuqujts et les couronucî doivent mar-
chbr en tète de ce compte-randu. Aussi bien, c'est avec le plus grand plaisir
que je constate, chiriud anaée, d'une exposition à l'autre, un sensible pro-
grès réalisé. Il n'y a pas dix ans, l'art de faire des couronnes, des bouquets,
des surtout^, était à peu proj ineonnu à Lyon. D -'piis, il s'y est largement
développé, et, je le répète, c'est avea plaisir que nous pouvons ne plus voir
maintenant ces horribles amas de fleurs serrées sans goût par une disgra-
cieuse ficelle.
Les couronnes et les bouquets de M""" Combet Cordier sont précisément
un des termes de ce progrès réalisé. On peut faire aussi bien mais difficile-
mens mieux.
M. Musset continue aussi à progresser. Ses corbeilles de deurs sont ravis-
santes et présentent un ooup-d'œil véritablement artistique.
Une bonne note aussi à M"' Noirot qui exposait uu gracieux lot de trois
bouquets.
Depuis quelques années, les graminées tendent à prendre une grande place
dans la décoration des appartements. Je suis loin de m'en plaindre. Les épis
délicats des Stipa, la sveltesse élégante des Briza, Ei-agrostis, Festuca,
Agros/is, et la facilité avec laquelle on les conserve longtemps contribue à
les faire prendre presque en amitié. Ce sentiment certes, ne peut que croître
quand on voit la belle exposition de M. Molin. Les panaches ondoyants de
ses graminées engageront sans doute nos gracieuses lectrices à en orner
leurs cheminées.
M. Nicolas expose aussi quelques-unes de ces délicates plantes, mais nous
espérons qu'il ne s'endormira pas sur ses palmes et qu'avec son talent accou-
tumé, il nous en montrera à une prochaine exposition, une nombreuse et
belle série.
Dés qu'on entre à l'exposition, on se trouve en présence d'une des statues
qu'ont exposées MM. Gonnella et Barbarin. Ces objets sont, en effet, d'un
grand secours dans l'ornementation des jardins et les sujets exposés par ces
sculpteurs attirent, ajuste titre, l'attention du public.
Nous en dirons autant des kiosques et autres petites constructions édifiées
dans l'enceinte de la place Perraahe. Le très joli kiosque en rocaille-ciment,
de M. Favler, est d'une réelle élégance et l'on y doit faire une agréable
sieste pendant les chaleurs sénégaliennes dont nous sommes agrémentés.
M. Voland qui expose un chalet rustique en bois ainsi que deux pigeon-
niers d'un bel efl'et, a bien saisi les exigences de ce genre de construction,
exigences nombreuses s'il en fut.
Il ne faut pas oublier l'élégante cabane de M. Gaillot que l'on remarque à
gauche de l'entrée. Quant uu pavillon supporté par une grotte en rocailles, et
édifié par M. Joly, c'est presque une œuvre d'art, et, pour ma part, je
regrette de ne pas avoir une propriété d'agrément pour en installer un sem
blable.
Un autre kiosque en ciment, mâchefer et coquilles d'huîtres, présenté
par M. Pelletier père, rocailleur aux Charpennes, est également fort bien
exécuté. La forme qu'il affecte lui a fait donner par son auteur le nom de
grotte-pavillon. Aux environs de Paris on trouve uu grand nombre de cons-
tructions aoalogues, ce qui prouve qu'elles sont fort goûtées.
Une très bonne note aussi aux rooailleurs MM. Laroche et JoufTray; leurs
productions ont très bon air, malgré la difflculté que présente ce genre de
travail.
L'art horticole nous montre encore bien d'autres jolies choses. C'est ainsi
que les plans de jardins, exposés par MM. Luizet père et fiis, Cordioux, Bar-
riot, Chaninet, etc., sont vraiment très bien dressés. C'est là un des principes
de l'art do jardinier-paysagiste, et il y a gros à parier qu'en travaillant
d'après un plan bien établi on aura une grande facilité à mener à bien l'ins-
tallation d'une propriété.
— 216 —
Utile dulcil A côté de l'utile, voici l'agréable, représenté par lea tableaux
de plantes sèches qu'expose M™" Pichat. C'est là ua travail de patience qui
montre que le goût le plus exquis est toujours le pa-rtage des femmes.
On m'en voudrait assurément de ne pas citer les photographies de fleurs
de M. Bernoud. Appliquée aux végétaux, la photographie présente de réelles
difficultés, et plusieurs des planches exposées sont de véritables œuvres
d'art; l'artiste a surmonté tous les obstacles, et sa collection est des plus
remarquables.
J'ai conservé un très bon souvenir de quelques coquets objets exposés par
M. Charnay. Ce sont des cache-pots, des guéridons, etc., en bois rustique qui
font un très joli effet. Ils contribuent, j'en suis certain, à la décoration de
plus d'une maison de campagne.
A remarquer aussi de trèj gracieux vases en paille exposés par M°"=Pin ;
c'est léger, délicat, mais peut-être quelque peu fragile.
Nous retrouvons cette année de vieilles connaissances : le mastic Dantin,
la cueilleuse Dubois, exposée par MM. Ri voire père et fils , le mastic
Rivoire, le guêpier infaillible des mêmes expo3:\nts. On revoit ces objets à
chaque exposition, ce qui indique la vogue méritée dont ils jouissent dans le
public.
M. Cortot a une série importante d'étiquettes de jardins, très pratiques et
très économiques, ce qui est un détail de réelle importance.
Les stores de M. Bourget sont d'une grande élégance ; bien conditionnés,
ils offrent au regard ua assortiment de couleurs gaies sans être criardes et
trouveront leur emploi dans beaucoup de circonstances.
La coutellerie et la taillanderie sont encore bien représentées pas les expo-
sitions de MM. Balland, Lafay et Ferrier. Ces outils si utiles à l'horticul-
teur sont légers, solides, et les exposants sont arrivés à les produire dans de
rares conditions d'élégance et de bon marché.
N'oublions pas le soufreur merveilleux de M. Trozj, exposé par MM. Du-
mas et Forgeot. et qui constitue un progrès réel sur les anciens appareils ;
et la terre de bruyère de M. Claparon à Taluyers par Mornant (Rhône). Ce
dernier produit, si utile à l'horticulteur, avait sa place marquée à l'exposi-
tion, et il la remplit, d'ailleurs, dignement.
Dès que l'on entrait dans l'enceinte du Concours régional, où se trouvait
placée une partie de l'exposition horticole, on était frappé par l'aspect
étrange de cette partie du Concours. Les machines en mouvement, lançant
dans les airs leurs panaches de fumée, les moulins à vent, les locomobiles
aux couleurs criardes, tout cela formait un ensemble qui ne manquait pas
d'un certain pittoresque. Mais il ne faut pas nous arrêter à l'entrée, car c'est
tout à fait au fond, presque contre la Saône, que se trouvent les expositions
qui nous intéressent.
Au premier rang, il faut citer les appareils de chauffage. Dans l'état actuel
de l'horticulture, la serre chauffée est absolument indispensable, et tout per-
fectionnement apporté à ce chauffHge constituera un progrès sérieux. A ce
compte-là, nos coostructeurs de la région tiennent un bon rang. Il suffit de
citer les noms connus de MM. Drevet, Vigué, Lebœuf pour s'en rendre
compte; il est difficile d'avoir des dispositifs plus pratiques et plus économi-
ques à la fois.
La serrurerie artistique est toujours en bonne voie, tant sous le rapport
de la solidité, que sous le rapport de l'élégance : une bonne note, sous ce
rapport, à M. Tranchant. Nous sommes habitués, d'ailleurs, à lui voir tenir
un rang des plus honorables dans toutes les Expositions, et cette année
encore, soit pour ses meubles de jardin, soit pour sa serrurerie, il a obtenu
les premiers prix.
Les serres sont bien représentées aussi par les expositions de MM. Bur-
nichon et Guynat; ces constructions si utiles, sont arrivées, maintenant, à
un rare degré d'élégance, et les exposants lyonnais, sous cê rapport, ont
réalisé des prodiges: légèreté et solidité, tels sont les qualificatifs que l'on
peut adapter à leurs constructions.
— 217 —
Comme les autres années, les machines, ustensiles et outils étaient fort
nombreux. Leur détail entraînerait trop loin. Au surplus, citer des noms
comme Guérin et Thimonnier, Lafay, Berdaguer, Chemin, etc., etc., n'est-ce
pas déjà constater leur mérite? Disons cependant que cette exposition était
des plus intéressantes et se maintenaient bien à la hauteur des expositions
précédentes.
En résumé, si nous jetons un coup d'œil sur l'ensemble de l'Exposilion
d'art et d'industrie horticole, notre impression est qu'il y a un^ tendance de
plus en plus marquée à faire beau, à faire élégant, tout en produisant au plus
bas prix possible. Il faut se réjouir de cette tendance, car c'est encore l'esprit
français qui paraît, qui cherche à se répandre, qui cherche à progresser.
0. M.
R. alba fl. simplici.
Les Roses au XVIe Siècle (suite) (\)
En jetant un coup d'œil rapide sur les noms qui précèdent, on
s'aperçoit bien vite que si on appliquait à ces espèces anciennes le
système de réduction adopté de nos jours par les botanistes de l'é-
cole linaéenne, on en réduirait considii'ablooaînt le no;ubre.
Ainsi les sortes qui nediifèrent entre elles que par la duplicature
ou la coloration des fleurs devraient être rattachées en variétés à
hsur type. D'autre part, plusieurs plantes qui portent des noms très
(1) VoirN"' 9 et 10
— 218 —
différents, ne sont pas assez distinctes entre elles pour être mainte-
nues au rang d'espèce. Mais dans le genre Rosier, les espèces sont
si voisines, si difficiles à caractériser qu'une pareille réduction serait
plutôt nuisible qu'utile. Du reste, il ne paraît pas prouvé que les
anciens aient eu une idée exacte de l'espèce telle que Linné l'a com-
prise ; ainsi pour n'en donner qu'un exemple, le Rosier de Damas à
fleur simple de ÏHorlus eyslettemis n'appartient pas à la même sec-
tion que la variété à fleur double, et ce qu'il y a de plus curieux
c'est que la plante à fleur simple dans laquelle on serait tenté de
voir le type des Damasquines est une rose Cent feuilles.
R. alba A. pleno.
Ces quelques exemples suffisent pour montrer que puisqu'il s'agit
de faire connaître des roses que les anciens botanistes trouvaient
distinctes, il vaut mieux les mentionner toutes, quittes à indiquer cà
quels groupes elles appartiennent, que de réunir celles qui ont de
l'affinité entre elles sous prétexte qu'elles ne doivent pas constituer
des espèces.
jRosa alba jl. simplici. — Philippe Miller dit du Jiosa alba : « Le
Rosier blanc commun est si bien connu qu'il n'exige point de des-
cription : il yen a deux variétés, une à fleur semi-double, qui n'a
que deux ou trois rangs de pétales et l'autre qui est plus basse et
dont les fleurs sont plus petites. »
— 219 —
Mais si à l'époque où écrivait Miller, le Rosier blanc était assez
commun dans les cultures pour dispensercet excellent auteur d'en
faire la description, il n'en est plus de même aujourd'hui. Il dispa-
raît chaque jour davantage et on ne le trouve plus guère que chez
les collectionneurs, dans les jardins abandonnés et dans les haies.
Voici les caractères que Grenier (1) donne au R. alba trouvé « çà et
là dans les haies autour des habitations » :
R. sylvesîris odorata incarnate flore.
• n.albaL.sj). 705, Désàjl. monoçjr. 91. — Arbrisseau d'î 1-2
mètres, trèsrameux, à aiguillons lorts et crochus. Feuilles à pétio-
les velus et glanduleux, aiguillonnés en dessous, folioles 5, ovales,
vertes et glabres en dessus, i'e/«p,« H blanchâtres en dessous, simple-
ment dentées, stipules glabres ou un peu velues en dessous au
sommet. Pédoncules allongés, ordinairement solitaires, rarement
(jè.minés, couvert de soies glanduleuses. Tube du calice ovoïde,
glabre ou hispide à la base, divisions calycinales pennati-séquées,
munies aux bords de glandes stipitées. Corolle grande toujours blan-
che, ord. demi-double. Styles hispides. Fruit oblong. Fleurit en
juin.
On a pu voir que, d'après Bauhin, le Rosier blanc était connu de
Pline qui le mentionne sous le nom de Basa Campana. 11 existait
(1) Flore jurassique, p. 226.
— 220 —
certainement dès la plus haute antiquité puisque les vieux poètes
grecs ont tous narré cette délicieuse histoire des roses blanches
passant au rouge sous l'influence tinctoriale du sang de Vénus.
Mais si la certitude de la haute antiquité horticole de la Rose blan-
che paraît à peu près hors de doute, il n'en est plus de même de
son origine. Quel'e est la patrie de ce rosier; d'où vient-il ? Mystère
impénétrable ! Linné qui était pour les indications vagues dit : in
Europa. Loureiro pense qu'il vient de la Chine ou de la Cochin-
chine, Dumont de Courset le croit autrichien, Seringe, allemand,
Dumortier, belge, Trattinnick, portugais, etc. Le plus clair de l'af-
faire, c'est que le Rosier blanc se trouve à l'état subspontané dans
presque toute l'Europe et que s'il est encore sauvage quelque part,
il est très difficile d'établir une distinction entre la plante autochtone
et les individus échappés des jardins. S. Gryphe. [A suivre.)
R. sjlvestris flore.
Pot à fleurs à double compartiment (1 .
Ce nouveau pot est formé de deux vases qui s'emboîtent l'un
dans l'autre, et n'a que l'épaisseur d'un fond ordinaire ; celui de
l'extérieur est à rebord, il est verni, trois pieds le supportent.
Le vase intérieur est sans rebord (pot, dit godet), il est adhérent
au centre de celui déjà décrit; sa hauteur intérieure est en retraite
sur celui qui le reçoit de 10 à 15 millimètres.
(1) Extrait de YEoirticulteur Chalonnais, avril 1885.
_ 221 —
Il existe alors entre ces deux vases, et par suite de cette combi-
naison, un compartiment ayant une largeur régulière de 2 à 3 cen-
timètres, et c'est dans ce vide que l'on doit verser l'eau qui doit y
séjourner, et que l'on peut renouveler au moyen d'une petite che-
ville placée en dessous du pot. Il est facile d'entretenir cette eau
en bon état en y jetant des morceaux de charbon de bois concassé.
On peut couvrir sa surface d'une légère couche de mousse.
L'eau faisant opposition aux rayons brûlants du soleil, il est
inutile d'enterrer les pots de ce genre.
Le pot du centre, dans lequel vit la plante, est percé, et l'eau
qui l'entoure ne peut pénétrer que par ses pores ; elle entretient
ainsi dans son intérieur un suintement continuel très favorable à la
végétation; ce qui évite d'arroser moins souvent pendant les cha-
leurs tropicales de l'été.
On peut aussi, en employant le ciment, unir deux vases de diffé-
rentes grandeurs ; dans ce cas, il faut rayer assez fortement, avec
un poinçon, les deux parties des pots qui doivent êtRe unies, et on
obtendra ainsi le modèle ci-dessus désigné, et à de bonnes con-
ditions.
Pour les rosiers nains et tiges, on pourrait employer assez
avantageusement ces nouveaux pots pour l'ornement des perrons ;
dans ces conditions, ils produiraient un elïet splendide, et là, la
rose serait réellement à ,sa place.
Tous ces avantages pourraient encore être utilisés pour bien des
genres de plantes, même aquatiques à submerger ; dans ce cas
seul, on boucherait le vase central, et pour toutes les autres espèces
de plantes aquatiques, il serait de terre excessivement poreuse.
Les arums, lauriers-roses, les grenadiers au moment de leur
fructification et bien d'autres plantes, s'accommoderaient assez bien
de cette nouvelle culture, car leurs radicelles seraient toujours au
frais.
En serre chaude, ces pots à double compartiment pourraient
peut-êtie rendre quelques services pour les bromélias, fougères, etc.
Abel MYARD.
Je crois que le pot à double compartiment signalé par M. Myard
pourra rendre de très grands services aux horticulteurs qui font des
semis de plantes délicates, de graines fines ou un peu longues à
germer, C'est à ce point de vue là que j'en apprécie le mérite.
Après avoir lu la description de ce pot à double compartiment, j'en
ai de suite fabriqué plusieurs avec du ciment, et depuis un mois que
— 222 —
je me sers de ces pots pour des semis, j'en suis tellement satisfait,
que je n'hésite pas à en recommander l'emploi.
La partie descriptive de la note relative au pot à fleurs à double
compartiment me paraissant manquer un peu de clarté, je vais indi-
quer le moyen que j'ai employé pour fabriquer quelques-uns de ces
pots.
D'abord, on pourrait très bien faire saisir le mécanisme de ce
pot en disant qu'il n'a qu'nn fond et double paroi. Le fond est
percé et laisse écouler l'eau comme un pot ordinaire ; les deux
parois sont soudées à la base et laissent entre elles un inter-
valle libre dans lequel on peut placer l'eau, qui pénètre seulement
dans le pot par imbibition et capillarité.
Pour fabriquer un pot à double compartiment, on enlève d'abord
le fond à celui qui a le plus grand diamètre, puis on l'abouche sur
le plus petit, comme si on voulait les emboîter l'un dans l'autre.
Ceci fait, il doit y avoir un intervalle au moins d'un centimètre
entre les parois des deux pots. On remplit ensuite de sable l'inter-
valle laissé libre entre les deux pots, sauf dans la partie destinée à
être soudée au moyen de ciment. Quand la soudure est faite, on
enlève le sable qui laisse libre la cavité destinée à recevoir l'eau
d'arrosage.
Si le pot extérieur est verni, l'eau s'évapore beaucoup moins
vite ; mais à défaut de pots vernis, j'ai employé quelques pots ordi-
naires qui fonctionnent admirablement.
Nous pensons que lorsque ces pots seront connus, ils devien-
dront d'un usage journalier. V. V.-M.
Du Buttage des Pommes de Terre (1).
avantages dti hittUtçic Initif. — Inconvénienls du huilage tardif. —
Contrairement à l'usage, nous continuerons à recommander le pro-
cédé du buttage des pommes de terre aussitôt que l'extrémité des
tiges commence à percer la terre et non lorsque celles-ci ont 15, 20
ou 30 centimètres de hauteur.
Dans les innombrables expériences auxquelles nous nous som-
mes livrés depuis vingt ans, nous avons constaté plusieurs faits
importants à l'appui de ce système ; les tubercules formés à la
(1) Extrait du liidletin horticole et agricole, '^wn 1885.
— 223 —
suite du buttage tardif n'ont plus le temps d'arriver à un dévelop-
pement complet. Ils n'atteignent, par conséquent, surtout dans les
plantations tardives, qu'une maturité incomplète, et sont moins
féculents que ceux que nous appellerons de première forma-
tion, c'est-à-dire qui se sont formés dans la couche inférieure avant
le buttage ; enfin, ils sont plus accessibles à la maladie que ceux-ci,
par cela même qu'ils contiennent une plus grande quantité d'eau
de végétation qui n'a pas eu le temps d« se transformer en fécule.
Moins nutritifs que ceux qui ont acquis une maturité complète,
ces tubercules ne donnent pas, d'ailleurs, de bons reproducteurs.
Nous l'avons constaté, et le démontrerons par la série d'expé-
riences que nous espérons commencer à l'automne pour prouver
qu'on peut, comme nous n'avons cessé de le répéter depuis dix-
huit ans, d'un côté, abâtardir la plante, diminuer son rendement
en nombre et en volume et ses qualités féculentes, et la prédisposer
à la maladie; de l'autre côté, la régénérer par une culture ration-
nelle, c'est-à-dire en la plaçant pendant plusieurs années consé-
cutives dans les conditions naturelles de végétation où elle se
trouve dans son pays d'origine.
A l'appui de notre opinion sur les inconvénients du buttage
tardif, nous avons bien des fois constaté ce fait : que dans ce
buttage, il se trouvait un grand nombre de pommes de terre
malades, tandis que, dans la couche inférieure, elles étaient très
rares, ou même il ne s'en trouvait pas.
Il suffit, du reste, de se rendre compte du mode de végétation
de la pomme de terre pour comprendre la nécessité du buttage
hâtif. Nous allons l'expliquer.
Les tubercules se forment, non pas sur les racines de la plante,
mais sur ses tiges souterraines d'abord, et ensuite sur la partie de
ses tiges aériennes ou foliacées, transformées elles-mêmes, par le
buttage, en tiges souterraines (en exposant celles-ci à l'air et au
jour, on peut en faire des tiges foliacées). Dans le premier cas, les
tubercules se forment presque en même temps qu'apparaissent les
tiges souterraines, c'est-à-dire ces espèces de coulants (que l'on
peut comparer à ceux des fraisiers), ayant l'aspect de grosses
racine blanches et se développant latéralement et horizontalement
sur les tiges ascendantes, qui sont le prolongement des germes.
Dans le second cas, c'est-à-dire quand on butte seulement lors-
que les tiges extérieures ont acquis 15, 20 ou 30 centimètres
(certains auteurs, ne s'étant pas rendu compte du mode de végé-
tation de la plante, ont même conseillé de ne butter qu'au moment
où elle va fleurir), ces tiges sont garnies de feuilles et de petits
— 224 —
rameaux latéraux. Eh bien ! ce sont ces feuilles et ces rameaux
que le buttage doit détruire jusqu'à une certaine hauteur le long
des tiges pour provoquer le développement de la végétation souter-
raine, c'est-à-dire de ces espèces de coulants, de ces tiges latérales
et horizontales sur lesquelles, comme aussi le long des ascendantes
elles mêmes, se forment les tubercules.
Puisque la végétation foliacée doit êtra détruite par le buttage
et remplacée par la formation de ces tiges souterraines et tuber-
culifères, pourquoi, au lieu d'interrompre cette végétation souter-
raine, ne pas en provoquer immédiatement la continuation par un
buttage hâtif, c'est-à-dire au moment même où, comme nous l'avons
dit, la lige ascendante de la plante commence à montrer hors de
terre son petit bouquet terminal de feuilles, qui va promptement se
développer au contact de la lumière? Si on ne butte que trois
semaines ou un mois après que les tiges sont apparues et qu'il
faille le même temps pour que la végétation foliacée et les petites
ramifications de ces tiges souterraines produisant les tubercules, on
aura, par le buttage tardif, retardé de six semaines au moins la
formation de ces tubercules. Or, s'ils ont, pour se développer, six
semaines de moins que ceux qu'on peut appeler de première for-
mation, on doit comprendre qu'ils ne peuvent acquérir le même
degré de maturité et la même valeur, comme reproducteur, que
ces derniers. Victor Chatel.
CATALOGUES
A. CiioiNiÈRE fils, horticulteur à Angers, rue de Paris, 212. — Catalogue.
Prix-courant des plantes cultivées dans rétablissement. Plantes de terre de
brujère : Azalée de l'Inde, Camellia, Kalaiia, Rhidodendium. Plantes de
serre chaude : Aralia, Dracœna, Ficus, Palmiers. Plantes de serre froide :
Rosiers, etc.
Avis auxMembres de l'Association Horticole lyonnaise
Messieurs les Sociétaires qui n'ont pas encore soldé le montant de Isur
cotisation de l'Aunée 1J^S5, sont informés que M. Jacquier, trésorier
de l'Association horticole Ijonnaise leur adressera sous peu, par la poste, un
mandat de 12 francs, montant de la cotisation susdite. Nous prions nos
collègues de réserver un bon accueil à ce mandat.
Concours établis par l'Association horticole lyonnaise
AVIS. — Les personnes qui désirent prendre part cette année aux concours
spéciaux, devront adresser leur demande à M. Viviand-Morel, cours Lafajette
prolongé, 01, à Villeurbanne-lès-Lyon.
Voir pour les conditions des Concours, Lyon-Horlicole n» 10, année 1885.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 JUILLET N°14
CHRONIQUE
Sécheresse el binages. — Une personne digne de foi m'a afârmé
très sérieusement qu'il pleuvait quelque part et pas trop loin de
nous. Cette affirmation m'a fait plaisir, car la pluie est l'amie des
jardiniers. Mais, ici, nous sommes au sec depuis longtemps, et
comme sœur Anne, nous ne voyons que de gros nuages aux flancs
noirs qui filent crever à Bourg-en-Bresse.
Chaque matin le maraîcher du coin inspecte le temps, constate
que la bise tient toujours et que le baromètre est à irrs sec. Les
haricots « coulent » , les laitues « montent » , les arrosoirs sont
lourds et le soleil de thermidor tropical.
C'est le moment d'étudier l'influence de la chaleur et de la
sécheresse sur les végétaux des cultures ; c'est le moment d'ap-
prendre à constater l'heureuse influence qu'exercent les binages
sur la conservation de l'humidité dans le sol.
L'humidité,., voilà le grand mot qui gouverne le règne végétal;
elle tue ou vivifie; c'est le véhicule qui transporte, le dissolvant
général, l'aliment qui nourrit, l'élément sms lequel le monde serait
un désert.
L'eau, qui connaît l'importance de soïi rôle, est partout,
libre ou combinée, dans les pierres, dans les plantes, dans les
graines, dans le sol...
Ainsi, lorsque le terrain paraît absolument sec au toucher,
quand il a été desséché par le soleil, il contient encore de l'humi-
dité. Cela paraît curieux, mais c'est ainsi que les choses se pas-
sent et c'est ce qui explique la résistance de certaines plantes aux
longues sécheresses de l'été. Cette propriété que possède le sol de
se pénétrer d'humidité et de n'abandonner que peu à peu l'eau
dont il est imprégné, est variable en intensité. Il y a, comme on
— 226 —
sait, des terrains secs, des terrains humides et toute une série de
terrains intermédiaires. Ce qu'il y a d'utile à constater au point
de vue horticole, c'est que les terrains qui retiennent le mieux
l'humidité pendant l'hiver sont ceux qui l'abandonnent le plus faci-
lement pendant l'été.
Ainsi les plantes, arbres et arbustes plantés dans les terrains
caillouteux de Montchat, près Lyon, quand ils ont une profondeur
suffisante, craignent moins la sécheresse que les mêmes essences
plantées dans les sols argilo-calcaires de la Cité et d-s Charpennos.
On saisirait difficilement la cause de cet effet, si on ne réflé-
chissait pas que les terrains argileux et argilo-calcaires, c'est-à-
dire les terres grasses et compactes, — bèges, comme on dit ici,
— se fendent, se fendillent en tous sens quand l'iiumidité les
abandonne, que ces fentes laissent pénétrer l'air dans l'intérieur
du sol, qu'elles multiplient la surface d'évaporation et souvent
mettent les radicelles au contact de l'air. Au contraire, dans les
terrains secs où l'argile est remplacée par la silice, ces fentes se
produisent plus difficilement, ou si elles se produisent, elles sont
assez vite obstruées par le terrain qui s'émiette et le sable qui les
comble.
Une opération horticole et agricole d'une importance considé-
rable, qui joue un rôle de premier ordre dans le maintien de la
fraîcheur dans le sol, est, comme chacun le sait, le binage. Le
binage vaut mieux que l'arrosage dans une foule de cas, coûte
beaucoup moins et facilito le rôle qu'ont à jouer les agents gazeux
de l'atmosphère dans toute végétation. Le binage réduit l'évapora-
tion, empêche le crevassement des terrains et garantit les racines
contre les hautes températures.
Flore d'Europe, Pardon, c'est Flora Europœ qu'il faudrait dire :
l'ouvrage est écrit en latin; il a déjà cinq volumes et il en aura,
dit-on, une trentaine. — Mince, alors, dirait Gavroche. Auctor,
M. Michel Gandoger. J'avoue volontiers que je n'ai pas lu une
seule ligne des cinq volumes parus, mais je connais le système de
l'auteur, et pour moi cela suffit. Raphaël a eu plusieurs manières
de peindre, mais jusqu'à présent M. Gandoger n'en a qu'une en
botanique, qui consiste à démolir tous les types linnéens ou autres
créés par les auteurs et à les remplacer par autant d'espèces qu'il
a d'échantillons dans son herbier, ce qui revient presque à dire
qu'il y a autant d'espèces qu'il y a d'individus.
Il ne faudrait pas prendre cela pour de l'analyse ; c'est une
manie descriptive poussée au paroxysme le plus extravagant, voilà
tout. M. Gandoger a créé un nombre épouvantable de Rosa et on
— 227 —
ne compte plus dans les autres genres les formes individuelles aux-
quelles il a accolé son nom pour les faire prendre pour des espèces.
Mais cela ne prend guère.
Il est regrettable que M. Gandoger, qui est un infatigable tra-
vailleur, très capable de bien décrire une plante, se soit fourvoyé à
ce point là. L'école analytique, en botanique, prendra le dessus
quand on aura fini de discuter sur l'espèce et qu'on tiendra à con-
naître ce qui est. Mais encore, pour en arriver là, faudrait-il un peu
savoir comment varient les plantes et éviter de prendre les états
individuels pour des caractères spécifiques.
Exposition d'horticulture à Lyon en 1886. — L'Association horti-
cole lyonnaise a décidé, dans son Assemblée générale tenue le
18 juillet, qu'elle organiserait, dans la première quinzaine de septem-
bre 1886, une grande Exp'-'sition d'horticulture à laquelle pourront
prendre part les horticulteurs français et étrangers.
On se souvient comment avait été organisée l'Exposition tenue
par la même Société en 1884, et quel succès elle a obtenu; il faut
espérer que l'Association saura trouver des organisateurs aussi
capables que ceux qu'elle avait nommés l'an dernier, et que la
future Exposition'sera encore plus belle que sa devancière.
Nelumbium. — Le Nelumbium, comme chacun sait, est un9 des
plus belles plantes aquatiques que l'on puisse voir. Ses grandes
feuilles peltees, orbiculaires, ne se laissent pas mouiller par l'eau;
ses fleurs énormes, rouges ou jaunes, et son fruit si singulier ont
de tout temps frappé l'attention. Malgré leur origine méridionale
les Nelumbium sont rustiques. Une fois établis dans un lac, une
rivière, un bassin, ils y jettent en tous sens, avec vigueur, des
stolons, des feuilles et des fleurs.
Malgré cela les Nelumbium sont rares dans les jardins.
A quoi cela tient-il ? Cela lient à la difflculté qu'on éprouve à
les multiplier.
Le semis offre quelques difficultés et les plantas ainsi obtenues
sont longues à fleurir. La division des rhizomes est encore le moyen
le plus rationnel pour les multiplier ; mais il faut saisir le moment
favorable à l'opération si on veut qu'elle réussisse. Voici un moyen
d'obtenir le résultat indiqué : du 15 avril au P"" mai, avant le dé-
veloppement des Nelumbium, couper autant d'entre-nœuds que les
rhizomes pourront en fournir ; les placer, à plat, chacun dans un
pot rempli de vase de rivière ; mettre les pots dans une caisse en
zinc de façon qu'ils soient submergés et recouverts par une nappe
d'eau d'environ cinq centimètres de hauteur. La caisse qui contient
— 228 —
les pots doit être tenue dans l'endroit le plus chaud de la serre
dont la température sera au moins de 20 degrés pendant le jour.
Dans ces conditions chaque bouture de Nelumbium émet des
feuilles d'abord et des racines ensuite. Un peut, en juin, rempo-
ter plus grandement les jeunes sujets, ou les mettre en pleine terre
si la multiplication n'a pas été faite au point de vue commercial.
Bouturage des Camellias. — La deuxième quinzaine de juillet
est l'époque la plus favorable à la reprise des boutures de
camellias. Autant que possible il faut garder un talon au rameau
bouturé ; pour cela on le coupe à son point d'insertion sur la
branche. On conserve toujours au moins deux ou trois feuilles à la
bouture. On peut faire les boutures séparément dans des petits
pots, — de cette manière on n'en perd moins au sevrage, — ou les
planter en grand nombre dans des caisses peu profondes. Dans
tous les cas, on arrose copieusement les boutures et on les place
sous cloches dans une serre ombrée.
C'est également le bon moment pour greffer les sujets du même
genre. La greffe en placage est celle qui réussit le mieux.
Concours relatif aux noms vulgaires des plantes. — On sait que feu
le Président Lavallée avait étabh un concours relatif aux noms
patois ou vulgaires des plantes. Six manuscrits ont été adressés
à la Commission qui a accordé des récompenses dans l'ordre
suivant :
M. Vaillant, à Epinal, médaille d'or ; Godin, Duboul, Cyril
Clerc, médailles d'argent. Mention, MM. Hauguel et Hariot. Il
faut espérer qu'on publiera au moins un des manuscrits. Ce qui
serait mieux, ce serait de prendre dans les six manuscrits tous les
noms patois et vulgaires qui ne font pas double emploi, et de les
mentionner comme synonymes en regard des noms français ou
latins.
Dégénérescence du Tulipa sylvestris. — Un de nos confrères a
signalé, sous le titre qui précède, un fait qui me paraît bizarre.
Il s'agit tout simplement d'une transformation presque complète
du Tulipa sylvestris observée chez les cultivateurs des environs de
Paris. D'après notre confrère, la Tulipe en question donnerait des
variations qui rappelleraient assez bien la forme et la couleur
observées chez les Tulipa Oculus solis ou — ce qui est plus vague —
T. Gesneriana. Comment expliquer le fait en question ? Pour mon
compte, je pense que quelques ognons de Tulipa Oculus solis ou
— 229 —
Gesneriana se seront mêlés accidentellement aux Tuli/m sijlvcftris,
se seront multipliés et auront donné lieu à la remarque en question*
Quoi qu'il en soit, je cultive depuis plus de 15 ans une belle
collection de Tali/ja si/lvcslris ; il y en a en pot et en pleine terre
et jamais je n'ai observé de changement dans les sortes cultivées.
Bilhergia Brcaiileana. — Supsrbe broméliacée issue d'un croise-
ment artificiel entre les Bilbergia pallescens et vitlala, opéré par
M. Bréauté, jardinier de M. Ed. André. D'après l'obtenteur, c'est
une plante d'un grand mérite ornemental , sa tioraison abondante,
la couleur de ses bractées, celle de ses fleurs justifient bien cette
appréciation. Elle sera mise au commerce par M. Bruant, horti-
culteur, à Poitiers.
Remède contre les piqûres d^ abeilles. — La Revue Horticole repro-
duit la lettre d'mi missionnaire dans laquelle celui-ci affirme que
Vapplicalion d'un og^îion rouge coupé frais, sur la piqûre d'un insecte,
du scorpion par exemple, fait disparaître la douleur causée par
cette piqûre. Il ajoute même, là où l'ammoniaque ne réussit pas,
l'ognon est infaillible. C'est bien. Quand les abeilles, scorpions,
moustiques, guêpes, etc., nous auront piqués, nous essaierons le
le remède en question.
L'ognon fait pleurer ou, pour être plus exact, excite un lar-
moiement quand on le coupe, ce qui prouve qu'il contient un
principe très volatil ; il n'y aurait donc absolument rien d'extraor-
dinaire qu'il eût la propriété de paralyser l'action des venins.
L'ognon possède la plupart des qualités de l'ail. L'ognon est un
diurétique puissant. V. V.-M-
ASSOCIATION H0RTIC9LE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 21 juin 1885 , tenue dans la
salle des réunionj industrielles. Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Rochet, conseiller.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4, par la lecture et l'adoptij;! du pro-
cès-verbal de la précédente réunion.
Correspondance. — La Société a reçu depuis sa dernière assecnblcc :
1° Une lettre-circulaire de M. le Ministre de l'instruction publique, accom"
pagnant l'envoi de plusieurs exemplaires d'un Questionnaire relatif aux
mœurs, au régime et à la nidification des oiseaux en France. Ces Question-
naires sont remis à ceux de: sociétaires qui ont Toocasion do s'occuper de
cette question.
230
2° Une lettre do M. le Président do la Société d'horticulture de Clialon-
sur-Saône. remerciant l'Association d'avoir bien voulu déléguer M. A. Ber-
nais pour la représenter dans le jurj de son exposition.
3° Une lettre de M. Valette, nmateur-Iiorticultour à Chaponost, demandant
la nomination d'une Commission pour visiter ses cultures. Ont été désignés
pour faire partie de cette Commission : MM. Th. Denis, J. Chrétien, F.
Ga'llard, Crozy et Nicolas.
4" Lettre-'îircuUira accompagnant l'envoi du discours prononcé par
M. René Goblet, ministre de riDstruoliou publique, des beaux arts et des
cultes, le 11 avril 1885. à la séance de clôture du Congrès des Sociétés
savantes à la Sorbonno. Dans la lettre accompag'nant l'envoi de ce discours,
M. le Ministre appelle l'attention de la Société sui' l'utilité qu'il y aurait à
préparer dès à présent le programme du Congres des Sociétés savantes en
1885, et désirerait recevoir au plus tôt le texte des questions que notre
Société désirerait voir figurer à l'ordre du jour de l'an prochain.
5° Brochure contenant les observations sur les tarifs de chemins de fer à
taxe kilométrique décroissante lues au Congrès international horticole à
Paris, ddns la séance du 21 mai 1885, par M. B;ipii-!te Dasportes, vice-pré -
fident de ce Congrès, directeur des pépinières Aidre Leroj, à Angers.
M. le Secrétaire appelle l'attention des membres de l'Association horticole
sur le travail de M. Dasportes et il en cite des extraits. Sauf de légères
modifications, le Congrès international, tenu à Paris en mai dernier, en a
adopté Iss conclusions qui consistent à prier M. le Ministre d'empêcher l'ho-
mologation des nouveaux tarifs proposés par les compagnies de chemins de
fer et d'obtenir, avec une sage révision, l'unifleitioa du système de% tarifs
pour toutes les Comfagnies.
L'Assemblée, consultée par son Président sur le cas de savoir si l'Asso-
cintion horticole ne devrait pas émettre des vœax semblables à ceux qui ont
été formulés au Congrès, résout celte question affirmativement et charge
son Secrétaire de transmettre son vole à M. Baptiste Desportes et à M. le
Ministre.
6° Une lettre de M. Therry, membre de l'Association horticole et de la
Commission d'organisation de l'Exposition d'horticulture annexée au Con-
cours régional, dont voici la teneur :
« Messieurs et chers Collègues,
« Un fait regrettable et très grave s'est produit à notre dernière Expo-
sition, au mépris de notre règlement et de l'autorité de votre Commission.
a Un de nos membres, non satisfait de la décision du Jury, a détérioré,
détruit et enlevé son lot.
« Ce fait, en dehors de tontes les convenances usuelles, a produit un vrai
scandale qui ne doit pas se renouveler pour le respect tant de notre Associa-
tion que pour celui des hommos vtnant, conviés par nous, des lieux les plus
éloignés du territoire, se faire les jugss impartiaux de nos produits.
0 Eu raison de ce fait, je demande, pour la séance du 16 août prochain,
la mise à l'ordre du jour : de la raliation de ce membr^-, et son exclusion
des Expositions futures.
« .le prie en conséquence le bureau d'aviser ce membre de la mesure de
rigueur demandée contre lui. »
La lecture de cette lettre provoque une discussion à laquelle prennent part
MM. Therry, Roohet, Pitaval i;t Métrai; M. Therry demanda que la question
soit, conformément à sa lettr^', mise à l'ordre du jour de la prochaine séance.
M. Rochet pense, au contrair •, qu'avant de traiter un sujet aussi grave en
assemblée générale, il est bon que le Conseil d'administration de l'Associa-
tion fasse connaître son avis. Cette proposition, mise aux voix, est adoptée
à une forte majorité.
M. le Secrétaire général signale les articles les plus intéressants parus
dans les publications que re(;oit la Société, Il fait circuler celles qui contien-
nent des illustrations.
— 231 —
Six présentations de candidats au titre de membres titulaires, sur lesquelles
il sera statué à la prochaine réunion, ont été faites au cours de la séance.
Admissions. —Sont proclamés membres titulaires de l'Association horticole
lyonnaise les candidats présentés à la séance précédente; ce sont :
MM. Giraud (Aatoiae), jardinier, château de Saint-Bonnet, par Vaugneray
(Rhône), présenté par MM. J. Nicolas et Viviand-Morel ;
Edmond Michel fils, propriétaire au Péage- Je- Roussillon (Isère), pré-
senté par MM. Th. Denis et J. Chrétien.
M°"Noirot, fleuriste, successeur de M"' Jacquin, 4, rue da la Républi-
que, Ljon, présenté par MM. L. Gorret et Viviand-Morel ;
Sutter (Jean), hor'iculteur, à Siint-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône), pré-
senté par MM. Viallon André et J. Jacquier ;
Examen des apports. — Les objets suivants sont déposés sur le bureau :
Par M. Chavagneux, jardinier chez M. Lachard, à La Pape (Ain) : 1» une
collection de Capacine comprenant une dizaine de variétés qui se distinguent
entre elles par différents coloris ; 2° une Laitue blonde de Batavia très belle
pour la saison.
Par M. Rozain-Boiioharlat, à Cuire-lés- Lyon : 1° trois variétés nouvelles
de Pelargonium à grandis fleurs qu'il a obtenues de semis et qui portent les
noms suivants : Madame Rozain, Grandeur et Comte Louis deMargaria». Ces
variétés sont fort belles et ont été bien appréciées par les membres qui assis-
taient à la réunion.
2° La variété « Congrès « du même genre.
Par M. Dabreuil, horticulteur rodériste, chemin de Saint-Romain, à
Mon plaisir, une variété de Rosier — section des Rosa polyantha ou multi-
flores nains — qu'il a obtenue de semis. Cette variété se fait remarquer par le
nombre considérable des boutons à fleurs qui composent ses inflorescences
en corymbe. La couleur en est rose lilacé.
Par M. Villard, jardinier chez M"» Vachon, à Eîully (Rhône) : 1° vingt-
cinq variété4 de Pétunia à fleurs simples et à fleurs doubles de toute beauté
— présentation en fleurs coupées — ; 2° une Fraise de? Quatre-saisons dont
le présentateur fait l'éloge sous le rapport de la fertilité, de la saveur et de
la beauté des fruits. Il la cultive sous le nom de Belle améliorée.
Par M. Guillot fils, horticulteur-rosiériste. chemin des Pins>, à Lyon, un
beau bouquet de la Rfise hybride jiune qu'il a mise au commerce sous le
nom de Gloire lyonnaise.
Par MM. F. Morel et fils, horticulteurs, rue du Souvenir, à Vaise, des
fleurs coupées de la Clématite François Morel qu'ils ont mise au commerce
ce printemps. Les fleurs présentées sont de belle grandeur et d'un coloris
unique dans le genre. C'est actuellement la plus rouge des Clématites.
Par M. Liabaui, horticulteur, montée de la Boucle, à la Croix Rousse :
1° trois pots de Pétunia à fleurs doubles tout à fait remarquables, tant par la
beauté des fleurs que par la bonne culture dont les plantes ont été l'objet;
2° p'usieurs Roses de stmis en ftours coupées.
Pdr M. Masson, receveur du bureau de poste de la Croix-Rousse, une
séri« lie Fraises, entre autres la variété Belle de M eaux ; plus une très belle
Fraise de semis qui a été jugée par la Commission digne de recevoir un cer-
tiâcat de V' classe. D'après M. Masson, cette Fraise serait issue du croise-
ment des variétés Prontys Seedling et Monseigneur Fournier. Le fruit en est
très gros, régulier, ds moyenne miturité, rougJ intense ; chair foncée,
pleine et assez juteuse, très parfumée.
Par M. Marchand, horticulteur, rue du Sacré-Cœur, 111, à Lyon, une
nouvelle variété de Fraisier des Quatra-saisons qu'il a obtenue de semis.
Cette Fraise, dont le parfum délicat est pénétrant et f )rt agréable, est d'une
belle grosseur. Le fruit mesure trois centimètres d^i longueur et un et demi
à deux centimètres dans son plus grand diamètre. Sa forma est longuement
ovoïde, obtuse au sommet et déprinaée & son point d'attache. La couleur, qui
232 —
avant sa complète maturité est carmin nuancé orange, passe au pourpre
brûlé à la maturité.
Far M. Valette, horiiculteui'-amateur à Ghaponost (Rliône), toute une
collection de Fraises à j,'ro3 fruits provenant de sei cultures. Parmi les plus
belles variétés apportées, on remarquait: Nini, Helveiii, Lamberlie. Amiral
Duadas^ Rita. etc.
Les Commissions nommées par M. le Président pour juger les apports sout
composées de MM. Duoliet, Pelletier et Beriliier (Roses et flours diverses) ;
Valla, Roux et Jossermaz (Fraises et Légumes). Après examen, elles propo-
sent d'accorder :
A MM.
Cliavagneux , une prime de 3° classe pour ses Capucines.
Villard — 2» — Pétunias.
Liabaud, — 2* — Pétunias,
— — 3» — Roses.
Valette, — 1" — Fraises.
Guillot fils, rappel de prime de 1'' — Rose Gloire lyonnaise.
MassoD, — l'" — Fraise do semis.
Marchand, — 2" — —
F. Morel et fils, rappel de prime 1"" classe, pour sa Clématite François Morel.
R zain-Boucharlat, un certificat 2° — Pelargouium M°'° Rozain.
' — — 2' ^ — Grandeur.
— — 3° — — Comte L. de Margariat.
Dubreuil, — 3° — — Poljantha floribunda.
La Commission demande l'insoriptioii au procès-verbal pour les autres
produits. Ces conclusions mises aux voix sont adoptées.
Election lie la Commission des uisites. — La C)mmis<iou des visites pour
l'année 1885, après un vote de l'Assemblée, se trouva ainsi composée :
1° Pour la culiura maraîchère, M.M. Grenier, Pelletier, Jacquier (.Jean),
Marchand et A. Bernaix.
2° Pour les visites de maisons bDurgaoises, MM. Musset, Lavenir, Ber-
thier, Rivoire fils et Roux.
3" Pour les étabiissemeatj, MM. .Jacquier (Claude), Gaulaio, Pitaval, L.
Gorret et Métrai.
Vu l'heure avancée, après avoir consulté l'assemblée sur la fixation de
l'ordre du jnur de la projha'uî réunion, M. le Présidant lève la séance à
4 heures 1/2.
Le Secrétaire, Viviand-Morel.
Exposition d'horticulture à Genève.
La ville de Genève a de tout temps attiré les visiteurs par l'in-
comparable panorama que présente les rives de son beau lac ; les
étrangers s'empressent, dès leur arrivée, d'aller sur les ponts con-
templer les Iduc wa'.ers of tlic arrowy Rhône, comme a dit lord Byron,
les eaux bleues du Rhùn'\ rapides comme une llècbe, et les belles
montagnes qui l'environnent : le Salève, le Reposoir, le Mont-
Blanc, l'Aiguille du Midi, le Géant, et tant d'autres que le regard
aperçoit.
Mais si Genève est une ville de plaisance, c'est surtout une ville
industrielle aux environs de laquelle les établissements d'horticul-
ture sont assez nombreux. La ville aux belles eaux est devenue la
— 233 —
ville aux belles fleurs, si on en juge par la qnanlité et la beauté des
plantes exposées sur la promenade des Bastions, du 18 au 23 juin
dernier.
Cette exposition fait honneur à la Société helvéïique d'horlicul-
lure qui en a été l'organisatrice. De nombreux exposants y ont
pris part, et des lots fort remarquables ont lait l'admiration des
visiteurs, dont l'affluence était grande.
Je n'ai pas la prétention, dans ce petit compte-rendu, de men-
tionner tous les lots intéressants qui se trouvaient exposés, je me
bornerai à signaler ceux qui m'ont le plus intéressé, regrettant que
le peu d'espace dont je dispose ne me permette pas de parler de
tout le monde.
L'arboriculture était représentée par deux fort belles collections
générales : l'une de conifères, l'autre d'arbustes à feuilles persis-
tantes, comprenant l'élite des variétés ou des espèces cultivées dans
les jardins. Quelques sortes reladvement rares, ou des spécimens
de toute beauté, rehaussaient encore le mérite de ces collections
qui obtiennent, la première, — celle des conifères, — un grand
prix d'honneur, et l'autre également un prix d'honneur.
S'il Aillait énumércr toutes les espèces qui ont attiré mon atten-
tion dans les collections susdites, exposées par M. Lyand, horti-
culteur à Genève, cela me mènerait un peu loin. Je ne puis cepen-
dant r(''sister à la tentation de signaler la présence de beaux ^bics
nuniidictt, Nordmaninna, Douglasli, tasiocarpa; piiis des Piiim, des
Cephalolaxus, des Belinospora, des Thuya, des. Junipenis, et la plu-
part des autres genres de conifères rustiques. Dans les arbustes à
feuilles persistantes, il y avait de jolis Osmanilms (plusieurs varié-
tés), notamment l'O. ilicifolius argenteus, des Clioysia bien cultivés,
des lierres en arbres; toute la série des Aucuba, etc.
La floriculture compte un plus grand nombre de concourants que
l'arboriculture, et c'est là où la lutte a été assez vive pour l'obten-
tion des premiers prix. C'est d'abord M. Joset-Lang, qui arrive en
tête et montre avec quel soin il surveille ses cultures de plantes à
feuillage, de Bégonia rex, de Cactées, etc.; car les collections
qu'il expose ont été fort admirées. Quelques Pétunias d'un nouveau
type, du même exposant, ne manquaient pas d'intérêt.
Kf. Emile Lance expose un lot de Pelargonium à grande tieur,
qui lui vaut un grand prix d'honneur. J'ai noté dans sa collection
quelipies variétés bien tranchées qui méritent d'être signalées,
entre autres : Jussieu, M""" Boucharlat, Adonis, D'Master, Volupté,
Reine Victoria, Patrie, iNl'"'' Thibaut, etc.
M. VioUon a une collection de Zonales qui comprend plus de
deux cents sortes, elle obtient un prix d'honneur. Plantes bien cul-
tivées et variétéi de choix, parmi lesquelles les beaux o'oris, les
— 234 —
grandes fleurs et les larges ombelles ne manquent pas. Je note
dans cette collection les variétés suivantes : Ponceau, Faidherbe,
M"" Naurois, Reine Olga, Sœur Pauline, M. Marignac, Karl
Kamp, etc.
Un lot de Rosiers nains comprenant un choix très judicieux des
variétés actuellement connues en jolies plantes, vaut à M. Bocquet
un prix d'honneur.
Un prix de même valeur est également et avec justice, accordé
à M. Dentand pour un lot de plantes variées.
M. Vachoux-Duval fixe l'attention des visiteurs avec une série
de Bégonia bulbeux d'une vigueur étonnante, et un choix de rosiers
nains admirablement cultivés. Mentionner parmi ces derniers les
variétés : Merveille de Lyon, Ulrich Brunner, Jean Liabaud, Alfred
Collomb, etc.; c'est donner une faible idée du choix qui a présidé
à la formation de cette collection. Le même exposant nous montre
encore une belle collection de Pelargouium à grandes fleurs comp
tant beaucoup des plus jolies variétés connues.
Les Pelargonium pellatum de M. Fritz Ludi lui valent un premier
prix. Sa collection était composée de quarante-cinq sortes, parmi
lesquelles il est difficile de faire un choix ; cependant j'ai noté
parmi celles qui m'ont paru les plus belles : M""" Lemoine, A. Faille,
Jeanne d'Arc, Massenet, F. de Lesseps.
La Suisse, qui peut se flatter d'avoir les plus belles montagnes
de l'Europe, sur lesquelles se développe à des altitudes élevées,
une flore très remarquable, s'intéresse nécessairement aux végétaux
qui la composent. Aussi de cet intérêt que les horticulteurs suisses
prennent à la flore alpine, — on pourrait presque dire flore natio-
nale, — on trouve des marques dans beaucoup d'établissements?
horticoles ; dans l'enceinte de l'Exposition, deux magnifiques collec-
tions d'espèces montagnardes (quelques-unes habitant exclusive-
ment les hautes cimes et le voisinage des glaciers), sont encore là
pour témoigner quels soins entendus ont dû être prodigués à la
plupart d'entre elles.
AI. Lyand obtient un prix d'honneur pour une collection de
quatorze cents espèces ou variétés de ces végétaux alpins, Le
jardin alpin, d'acclimatation lutte également pour la même cause et
obtient un vrai succès.
Les Roses, — on ne comprendrait pas une exposition sans « la
reine des fleurs » , — sont assez nombreuses. M. Lyand a une
collection de Roses de Provins qui séduit le jury. M. Lapresle,
horticulteur à Chasselay (Rhône), notre compatriote, est venu
montrer aux Genevois sa belle collection de Roses thé, d'hybrides
d'Ile-Bourbon, de Bengale, etc., parmi lesquelles il est difficile de
faire un choix; car la « reine des fleurs » a une progéniture très
— 235 —
nombreuse. Cependant je ne puis m'empécher de mentionner :
Reine Olga, Thérèse Levet, Rosiériste Rambaud, M"' de Watte-
ville, l'Elégante, Thé unique, Niphetos, Riza du Parc, Socrate,
CIO» f G LO»
M. Jacques Neury, jardinier chez M. Revillad, obtient égale-
ment un prix d'honneur pour sa superbe collection,
M. Boccard (hors concours) exposait aussi une collection qui,
certainement, pouvait rivaliser avec celles des autres concourants.
M. Forgeot, marchand grainier à Paris, avait apporté un lot
de fleurs coupées comprenant des Œillets, des Bégonias, des Pen-
sées, des Pjrèthres, des Iris, des graminées, etc. Le même expo-
sant avait aussi apporté une fort belle collection de Pommes de
terre qui comprenait quatre-vingts variétés de choix.
M. Binder, horticulteur à Malagnon, a eu sa collection de
P. zonale récompensée par un prix d'honneur.
Parmi les autres horticulteurs qui ont obtenu des premiers prix,
je note : MM. Delapierre (plantes variées), Bocquet (Fuchsias),
Recordon (Cinéraire, Pelargonium\ Molland (plantes variées),
François Pittet (Gloxinias de semis), Revol Massol (herbier),
M"^ Heimgartner (plantes à feuillage).
Ont encore obtenu d'autres récompenses :
MM. Marc Dubout, François Pittet, plantes vivaces et fleurs
coupées; Delafontaine, A. Soltis, F. Pasche, Borgeaud, Villard,
Livet, Mesnil, etc., etc. Francisque Gorret.
Les Roses au XVI« Siècle (suite) (\).
Rosa centifolia rubra. — Le Rosier à cent feuilles, de Hollande,
se présente actuellement dans les cultures sous différentes cou-
leurs : rouge, rose ou blanche, et c'est certainement à son groupe
qu'il fallait rattacher autrefois les plus belles variétés cultivées. Il
ne paraît pas que les Roses mousseuses, qui en sont sorties par
dimorphisme, aient été connues des anciens, car le caractère si
curieux qui les distingue des autres roses est trop saillant pour
leur avoir échappé ; s'ils les avaient connues, ils n'auraient certai-
nement pas hésité à les mentionner.
De Candolle se demandait si on ne devait pas réunir les Roses
cent-feuilles aux Roses de Provins, et le savant rhodographe Désé-
glise, en rapportant cette question du botaniste genevois, était fort
embarrassé pour la résoudre, aussi ne la résolvait-il pas. Déséglise,
qui était très érudit, ne parle de l'habitat du Rosier cent-feuilles
(1) Voir pages 217 à 220. N" 13.
— 236
que pour dire qu'il lui est inconnu. Il ajoute qu'il était cultivé en
Angleterre par John Gérard en 1596, mais qu'il ignore la date de
son introduction en France.
Malgré toute son érudition rhodographique, Déséglise a com-
plètement manqué de réflexion et d'esprit critique à propos de ce
rosier. Son introduction en France..., mais le Rosier Cent-feuilles
a toujours existé dans les jardins de l'Europe depuis l'époque de
l'occupation romaine et peut-être bien avant. Il est signalé par
Pline et mentionné par plusieurs auteurs bien antérieurs à John
Gérard. G. Bauhin en parle sous le nom de Rosa maxhiia multiplex ;
Charles de l'Ecluse, qui a été un des premiers à le faire connaître
sous le nom de Jiosa cenlifolia Balavica, en indiquait des variétés
blanches et roses.
Rosa nibicimda saccharina dicta
Du reste, si on s'en rapporte aux nombreux synonymes que les
auteurs donnent au Jiosa cenlifolia, il ne doit rester aucun doute sur
le polymorphisme de cette espèce. Ainsi, pour ne citer que quel-
ques uns de ses synonymes, je rappellerai que les Jl ></ provincialis,
Mill r ; canjophullca Poir, inguiculata Desf., varians \.^oh\. Burgun-
d/m Pers., etc , lui ont été attribués.
Linné confondait le Bosa cenlifolia avec le B. damascena; Miller
avec le B. provincialis, ce qui prouve qu'il y a eu dans les cultures
— 237 —
pendant fort longtemps une confusion assez grande à propos de la
Rose cent- feuilles.
Il n'y a aucun doute sur l'origine des Roses mousseuses {B. ?««.<-
(•osa M'ill), qui sont des variétés de Rosier cent-feuilles obtenues par
dimorphisme et fixées au moyen de la bouture ou de la grelïe. Lée
et Kennedy possédaient, il y a plus d'un siècle, des individus qui
produisaient sur le même pied des Roses cent-feuilles et des Roses
mousseuses. Depuis l'époque où ce fait a été signalé, on l'a observé
dans beaucoup d'autres endroits, et j'ai eu moi-même l'occasion de
l'observer dans mon jardin. Il ne peut pas y avoir non plus la
R. Damascena fl. simplici
moindre contestation au sujet de l'origine du R. bipinnnta (Rosier à
feuille de céleri) et de quelques autres variétés tératologiques du
même type :
« James Smilh est porté à croiro avec plusieurs autres, que ce Rosier est
originaire du Midi de l'Europe ; mais rien de ce qui a été dit à cet éga.rJ ne
pouvant faire aLtorilé pour désigner le lieu natal d'une plante aussiginéra-
lement cultivée, c'est pourquoi je préfère placer son origine en Asie, parce
que Bieberstein l'a trouvé dans l'état sauvage sur le coté oriental du Caucase,
d'où il aura vraitemblabjement passé dans nos jardins. Peut-être la célèbre
rose de Cliiras, dont Kojmpfer fait un si grand éloge, n'est que celle-ci ou
le Damascena, nous ne pouvons que le conjecturer; au reste, les fleurs de la
Rose deChiras sont employées à la distillerie, ainsi que csUes du Galiica (l).»
Toutes ces conjectures ne nous apprennent rien.
(1) Lindley, Monogr. du yeurc rosier.
— 238 —
Nous avons donné (page 147) la figure (réduite de moitié) du
Bosa cetuifolia rubra de l'Hortus Eystettensis, si on veut bien s'y
reporter, on vei'ra ce que les auteurs anciens entendaient par cette
espèce.
(A suivre.) Séb. Gryphe,
Hosa Milesia fl. rubro plena
CALENDRIER HORTICOLE
hémmè des travaux el des semis à faire dans les jardins.
AOUT
Culture potagère. — On continue à semer et à planter tous les
légumes qui peuvent être récoltés dans l'année et on commence les
semis des sortes qui ne seront bonnes que l'année prochaine. Dans
la première catégorie, on peut semer :
Carotte courte, arroche, cerfeuil, chicorées diverses, cresson
alénois, roquette, épinards, haricots hâtifs, laitue, mâche, navets,
radis, etc..
— 239 —
Les légumes à semer pour être récoltés l'année prochaine sont
les suivants :
Cerfeuil tubéreux, choux d'York et autres pommés, choux de
Milan, brocoli, épinards, laitue d'hiver, mâche, ognons blancs,
scorsonère, etc.
Il faut arroser fortement les choux-fleurs, les céleris et autres
légumes en voie de développement. On replante les fraisiers, le
thym, l'estragon, la ciboulette, l'oseille, etc.
Jardin fniilier. — On surveille attentivement les poires, car la
plupart des variétés demandent à être entrecueillies c'est-à-dire
récoltées quelques jours avant leur maturité. On palisse, on pince
et on éboure^eonne là où le besoin s'en fait sentir.
'O^
Jardin d'agrément. — En dehors des travaux de propreté qui
doivent se continuer toute l'année dans un jardin bien tenu, on doit
remplacer celle des plantes florales annuelles qui ont terminé
leur floraison. C'est le bon moment pour planter <o«<<?s les plantes
vivaces qui fleurissent au printemps et ne remontent pas en été,
de ce nombre sont les Pivoines, les Fraxinelles, les Lyclmis et une
foule d'autres genres.
C'est le moment de semer en plein air toutes les plantes bisannuel-
les qui ne craignent pas le froid ; celles qui craignent le froid se-
ront semées dans un endroit où on pourra les abriter pendant
l'hiver. On sèmera donc :
Adonis, bleuet, coHinsia, pavot, gaillardes, giroflées, graminées,
ornementales (la plupart telles que : brize, lagurus, polypogon,
agrostis, aira, festuca, etc..) Lunaria biennis, mimulus, myosotis,
mufliers, œillets, pensées, rose trémière, sainfoin d'Espagne,
silène pendante et autres, thlaspi blanc, etc.
Serres et châssis. — Lès serres sont encore vides pour la plupart ,
en août ; seules les plantes de serre chaude demandent des soins
continuels : bassinages, arrosements, ombrage, aération, etc.
On doit multiplier en août préférablement à toute autre époque les
Pélargonium zonales, grandiflorum et autre sortes, et si on dispose
pendant l'hiver de suffisamment de place dans les serres ou les
bâches on peut multiplier les Anthémis, Verbena, et autres espè-
ces d'ornement, qui donneront ainsi au printemps des sujets plus
forts. On rempote les primevères de la Chine et on sème : Calcéo-
laire hybrides, Lobelia, Nierembergia et Réséda (pour l'hiver).
— 240 —
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Traité de Culture potagère par M. J. Dybowski (i).
Pendant fort longtemps l'horticulture a été un métier dont les
bases purement empiriques reposaient sur de prétendus secrets
qui se transmettaient régulièrement de père en fils. La cliimie, la
botanique, et en général toutes les sciences qui servent à expliquer
les phénomènes de la vie végétale, aussi peu avancées elles-
mêmes que l'horticulture, font suffisamment saisir la cause de cette
longue période où l'empirisme régnait en maître dans les jardins.
Aujourd'hui, l'horticulture proprement dite est encore bien arriérée,
mais l'agriculture lui montre la voie où elle doit définitivement
s'engager si elle veut sortir des vieilles pratiques routinières qui
l'étreignent depuis si longtemps.
Les livres de jardinage, qui paraissent do temps à autre, résument
assez bien, — ■ quand les auteurs ne sont pas de simples compila-
teurs, — l'état de nos connaissances techniques et marquent les
progrès accomplis d'une année à l'autre en horticulture. Sous ce
rapport, le Traité de cuUarc pnlaijrir qui vient do publier
M. G. Dybowski, maître de conférences d'hor.icuUure à l'École
nationale d'Agriculture de Grignon, constitue un excellent ouvrage
que tous ceux qui s'occupent de culture potagère auront intérêt
à consulter.
Ce livre, dont les matières sont disposées alphabétiquement,
traite de toutes les plantes potagères cultivées dans nos pays
Chaque type est étudié avec soin et les meilleurs systèmes
de culture sont indiqués pour chaque espèce. La culture forcée,
celle en plein air, la culture pour graines, la récolte, la conser-
vation, les maladies, et les insectes qui s'attaquent aux plantes
font l'objet des observations de l'auteur dont la compétence est
bien reconnue.
Si nous ajoutons que 1 14 figures illustrent et servent à expliquer
le texte, en voilà plus qu'il ne faut pour justifier la recommanda-
tion de cet excellent traité.
iVV X S
Les personnes qui n'ont pas retiré les médailles qu'elles ont obtenues à
l'Exposition tenue par la Ville de Lyon, en juin deriiier. sur la place de
Perruche, sont informées que ces médailles sont déposées chez II. ItliisMet,
fleuriste, place des Terreaux, où elles pourront Its prendre.
(1) Traité de cullnre polaijère, p .r M. J. D)-bowski, un volume )n-l"2 de
490 pages avfc 114 figires. 0. Masson, éditeur, 120, boulevard St-Germaio,
Paris,
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOBEt.
Lyon, — Irap. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 AOUT N° 15
CHRONIQUE
Influence de la température de Veau d^arrosage sur les plantes. —
Messieurs, la question qui nous occupera pendant quelques minutes
est la suivante :
La température de l'eau employée pour l'arrosage a-t-elle une
influence sur les plantes, et si elle en a une, quelle est-elle? Ainsi
s'exprimait, le 28 mai 1885, au Congrès horticole international de
Paris, M. J. Niepraschk, directeur horticole de la Société Flora, à
Cologne (Allemagne).
La question traitée par M. Niepraschk n'est pas du tout nou-
velle, ainsi qu'il le dit lui-même ; au contraire, elle a été bien sou-
vent posée, et la réponse la plus ordinaire qui y a été faite a con-
sisté à exprimer l'opinion qu'il est nuisible aux plantes de les
arroser avec de l'eau froide.
Cette opinion, ainsi exprimée par presque tout le monde, est une
opinion qui ne repose que sur de simples présomptions morales, c'est-
à-dire une hypothèse absolument dénuée de toute valeur scienti-
fique.
Mon ami Jean-Jacques, horticulteur lyonnais, auquel je lis, en la
commentant, la note publiée dans le Journal de la Société nationale
d'Iiurlicullure par l'horticulteur allemand, dont il partage la manière
de voir, se trouve violemment froissé dans son opinion que je com-
bats avec énergie. Voyez donc, me dit-il, tout le monde pense
comme moi, et même ce monsieur de Cologne qui a l'air bien com-
pétent. Notre voisin le maraîcher fait chauifer au soleil l'eau avec
laquelle il arrose, et il assure qu'ainsi chaufïée elle est bonne,
tandis qu'elle ne vaut rien si elle est froide. — C'est absolument
comme le café qui est bon très chaud — Riez si vous voulez ;
— 242 —
c'est mon opinion, c'est mon avis, c'est — C'est votre opinion ;
vous pensez ; je suis d'avis ; tout le monde le dit.... Je les connais
depuis longtemps ces guitares, ces lieux communs, ces banalités,
ces opinions de M. tout le monde, et je m'en méfie.
Au fait, je ne saisis pas bien la raison pour laquelle on préfère
l'eau chaude à l'eau froide pour arroser ; et ce n'est ni l'expérience
du docteur Sachs, savant professeur à Vurzbourg, ni les faits signa-
lés par M. Nieprascht qui me feront changer d'avis ou cesser l'hé-
sitation que j'éprouve à me jeter dans l'eau chaude plutôt que dans
l'eau froide.
Du reste, j'estime que les opinions contraires ont pour utilité
de provoquer la discussion. Ainsi il est convenu que si je soutiens
actuellement que Farrosement à l'eau froide n'est pas aussi perni-
cieux que l'on veut bien le dire, c'est précisément pour tâcher de
prouver que la base d'une des opérations fondamentales de l'horti-
culture ne repose encore à l'heure actuelle que sur de simples
hypothèses.
M. Nieprascht reconnaît qu'il n'y a eu jusqu'à présent aucune
expérience sérieuse établie pour appuyer la théorie des arrosements
à l'eau chaude et combattre ceux à l'eau froide. Cependant il est
bien reconnu qu'il y a « pour l'assimilation qu'opèrent les plantes
et pour leur croissance une température minimum à 5 ou 6", un
optimum ou une température éminemment favorable à 34° et un
maximum à 42", pour la chaleur du sol et qu'il en est de même
pour l'eau. »
On peut accepter ces principes sans s'arrêter aux chiffres qui
varient nécessairement avec les espèces. Je suis persuadé si je
plaçais par exemple la Renoncule des glaciers dans une serre
chaufiée à 34", qu'elle y ferait triste mine.
M. Sachs a reconnu que les racines du Maïs plongées dans l'eau
poussaient dans l'espace de 48 heures: à 17°, de 25 millimètres,
à 26% de 245 millimètres ; à 34% de 550 millimètres ; à 38°, de
250 milUmètres, et à 42°, de 59 milHmètres.
En examinant ces chiff"res on ne peut en effet s'empêcher de
conclure que l'eau chauffée à 34° a donné des résultats bien supé-
rieurs à ceux de l'eau à 17°. L'eau froide se trouve ainsi con-
damnée. Attendez; distinguons.
Ne confondons pas, je vous prie, la température du sol avec
celle de l'eau. L'expérience du D' Sachs sur le Maïs a été faite
dans l'eau qui remplaçait le sol ; mais quand on arrose, l'eau fût-
elle à 7 ou 8°, ne tarde pas à s'échauffer et à prendre la température
du milieu où elle a été versée. Pour s'élever à la température sus-
dite elle absorbe de la chaleur, chacun sait ça. Or, ce qui serait im-
portant de savoir, c'est si le refroidissement momentané du sol
— 24h —
et des racines est pernicieux aux plantes. Toute la question est
là. Et si ce refroidissement n'était pas pernicieux mais favorable,
l'eau chaude serait condamnée.
Si je ne plaidais que les circonstances atténuantes,, je dirais, en
me basant sur la théorie de l'optimum cité plus haut, que toutes
les fois que la température du sol dépassera l'optimum susdit, l'eau
froide, agissant comme réfrigérant, vaudra mieux que l'eau chaude
pour arroser. Si par exemple une espèce quelconque poussait
mieux à 20" qu'à 30", il serait préférable de l'arroser avec de l'eau
à 1 0° qu'avec de l'eau à 25", surtout quand la température du sol
dépasse 20°. Mais je ne me contente pas d'aussi peu et je dis que
l'uniformité de la température du sol n'est pas un facteur qui fa-
vorise la végétation. Les plantes ont besoin pour croître d'alterna-
tives de chaleurs différentes. L'air, les gaz, l'eau et les autres corps
qui pénètrent dans les cellules végétales se dilatent quand il fait
chaud et aident, par la tension qu'ils exercent sur les membranes
des cellules, à l'ascension des sucs nourriciers vers les parties su-
périeures. Quand la température s'abaisse, la tension des cellules,
produite par la dilatation des gaz, diminue et le vide relatif qui en
est la conséquence favorise éminement l'absorption de nouvelles
matières assimilables.
On voit donc qu'il y aurait lieu d'instituer des expériences sé-
rieuses si l'on voulait prouver autrement que par des on-dit, que
l'eau chaude est préférable à l'eau froide pour arroser les plantes.
Quant à moi, je suis persuadé qu'il y a des cas où l'eau froide vau-
drait mieux que l'eau chaude et réciproquement. Simple histoire
de ménager la chèvre et le chou.
Cultures comparatives de l'asperge. — Sur la proposition de l'un de
ses membres, l'Association horticole lyonnaise avait mis à l'ordre
du jour de son assemblée générale du 18 juillet la question fort
intéressante des cultures comparatives de l'asperge. L'heure un
peu avancée à laquelle a commencé la discussion de cette question
n'a pas permis de lui donner tout le développement qu'elle com-
porte. Notre collègue, M. Marchand, horticulteur, rue du Sacré-
Cœur, à Lyon, auquel la brièveté de la discussion n'a pas échappé,
nous écrit la lettre suivante, qui intéressera certainement ceux de
nos lecteurs qui s'occupent d'asperges. M. Marchand est du reste
un bon cultivateur, et je profite de l'occasion pour réparer ici un
oubli que j'ai fait en omettant de signaler dans le compte-rendu de
l'Exposition les 1 1 bottes d'asperges de Lyon qu'il avait exposées
et que le Jury a trouvées assez belles pour leur décerner une mé-
daille d'argeut.
^ 244 —
Voici la lettre de M. Marchand :
Lyon, le 24 juillet 1885.
Monsieur,
A propos de la culture de l'asperge, lors de notre dernière Assemblée,
vous avez dit avec raison que beaucoup de cultivateurs avaient la mauvaise
habitude de planter trop profond. Comme presque tout le monde abondait
dans votre sens, la discussion a été vite close.
De cette discussion, un peu trop écourtée, restera-t-il une bonne note
dans la mémoire des cultivateurs d'asperges ? Il faut l'espérer.
C'est une grande erreur de planter l'asperge à plus de 0,15 cent, de
profondeur. Qu'on la mette en fossés d'une ligne ou en planches de deux ou
trois lignes. Seulement, en février ou mars, il faut procéder au buttage
avec un bon mélange de fumier bien consommé et de la terre qui est autour,
de manière à faire une taupinière au-dessus de la plante. De cette façon,
l'asperge est alors beaucoup plus facile à cueillir, car il suffit d'écarter un
peu la terre pour avoir autant de blanc qu'il est utile. Vers la fin juin,
quand cesse la cueillette, on procode au nivellement du sol et la plante se
trouve dans son état normal.
Bien que l'asperge puisse pousser de très profond (on peut le voir dans
les terrains d'alluvion des îles du Rhône . où l'asperge officinale est
spontanée) ; il ne faudrait pas en conclure que c'est dans de telles
conditions qu'elle prospère le mieux.
A part les espèces botaniques que vous avez bien voulu nous montrer, il
existe certainement plusieurs variétés d'asperges comestibles, qui, à la
vérité, sont bien voisines. Les turions sont plus ou moins roses ou violets,
et plus ou moins hâtifs ou tardifs.
La bonne culture et les soins que l'on apporte à l'établissement d'une
plantation d'asperges, tant par le choix des sujets que par la préparation
du sol, sont beaucoup plus que la qualité du plant la cause d'un bon
rendement. Marchand fils.
Informations. — L'Officiel a publié dernièrement le décret sui-
vant : « Est interdite, jusqu'à nouvel ordre, l'importation d'Espa-
gne en France, par la frontière de terre et de mer, des fruits et
légumes poussant dans le sol ou à niveau du sol. » Voilà certaine-
ment une singulière rédaction. Quels sont, je vous prie, les légu-
mes qui ne poussent pas dans le sol ou à niveau du sol ?
— Le phylloxéra est signalé en Algérie à Mansourah, dans la
région de Tlemcen. Ou a, paraît-il, pris des mesures énergiques
pour arrêter le développement du tiéau. Nous verrons bien.
— M. Thibaut, horticulteur à Sceaux, a été fait chevalier de la
Légion d'honneur. Certes, il le mérite bien.
Je ne puis cependant pas m'empêcher de faire remarquer que
les rubans rouges sont distribués surtout dans le Nord. Paris par
exemple en soutire pour sa part une bonne quantité. Lyon zéro.
— La Société d'horticulture de Villefranche (Rhône) tiendra une
exposition générale et pubhque de fleurs, fruits, légumes, objets
d'art et d'industrie horticoles les 5, 6 et 7 septembre prochain, à
Villefranche, sur la place du Promenoir.
— 245 —
— Il y aura également un Concours et une Exposition horticole
à Mâcon du 3 au 7 septembre.
Il est regrettable que ces deux expositions aient lieu presque en
même temps, car les exposants étrangers qui voudraient y prendre
part seront forcés de faire un choix entre les deux villes.
Haricot et soleil. — Si le Haricot est une plante très sensible au
froid, on peut dire également qu'il n'alïectionne pas non plus
d'une manière exagérée les températures qui dépassent 30" cen-
tigrades. Il prospère admirablement en plein champ, aime le
soleil et, comme beaucoup d'autres légumes, s'étiole quand il croît
à l'ombre. Dire qu'il aime les arrosements, c'est répéter ce que
chacun sait.
Eh ! bien, malgré les arrosements, quand la chaleur persiste
sans interruption pendant quelque temps, il y a tout à gagner à
ombrer les haricots de midi à 4 heures. On peut employer pour
cet usage des toiles très claires, des claies de paille, des branches
d'arbre munies de leurs feuilles, etc. Avec quelques liteaux de
sapins, portés sur des piquets, on construit à peu de frais une
sorte de charpente qui peut recevoir les objets quelconques qui
serviront à intercepter les rayons trop ardents du soleil. Abrités de
cette manière, les haricots fructifieront davantage et demanderont
moins d'arrosement que s'ils sont abandonnés à eux-mèraes.
Jrrosemenl des arbres. — H y a des gens qui ne savent pas que
l'eau qui est nécessaire à l'alimentation des plantes est principale-
ment puisée dans le sol par les radicelles, c'est-à-dire par les
racines les plus jeunes. Si elles connaissaient cette simple particu-
larité de la vie végétale, je suis persuadé que lorsqu'elles arrosent
un arbre elles ne verseraient pas l'eau directement au pied, sauf
dans le cas où celui-ci a les racines pivotantes.
La plupart du temps, quand on arrose les arbres, on creuse une
petite cuvette au pied et on verse l'eau dans l'endroit où elle est le
moins utile. Mauvaise pratique. Pour arroser un arbre, il faut
creuser un petit fossé circulaire à quoique distance du tronc, et y
verser l'eau. Plus l'arbre est gros plus le fossé doit être éloigné
de son centre.
A la longue, quand le terrain est sec, l'eau qui est versée
directement au pied de l'arbre finit bien, en cheminant par voie
d'imbibition et de capillarité, à humecter les radicelles, mais il y a
beaucoup de temps de perdu quand on procède ainsi.
V. V.-M.
— 246 —
R. provincialis fl. albo
Les Roses au XVIe Siècle (suite) (1),
Jiosa damascena flore simplici. — Le vrai rosier de Damas, celui
que les anciens ont connu et célébré restera longtemps, pour ne
pas dire toujours, une énigme indéchiffrable. Sprengel pense qu'il
pourrait bien être celui que Virgile cite dans ses Géorgiques {hifcria
rosaria pœsti). Je n'y vois rien d'impossible, et on pourrait plaider
pour et contre cette hypothèse avec autant de chances d'un côté
que de l'autre de gagner le procès. Ce qu'il y a de bien certain,
c'est que les botanistes anciens ont appliqué ce nom à plusieurs
sortes très différentes. Mathiole confondait la Rose de Damas avec
la Rose musquée, et Lobel avec la Rose de Provins. D'autres n'hé-
sitaient pas à donner ce nom, en même temps, à deux plantes fort
différentes.
Aujourd'hui, plusieurs bons auteurs rattachent en variété aux
R, Gallica et ccnlifolia le Rosier de Damas de Miller.
<( S. James Smith croit que le Rosier de Damas a été introduit
en Europe par le comte de Brie, compagnon d'armes de St-Louis,
à son retour d'Egypte. » Il est bien bon de croire cela, S. James
Smith. Eh bien ! et les Romains, qu'est-ce qu'ils plantaient donc
dans leurs villas des Gaules?
(1) Voir pages 217 à 220. N" 13 et n» 14.
— 247 —
Rosa Milesia. — « Entre les roses les plus estimées, dit Pline,
sont les Prénestines et celles de la terre de Labour. Les autres y
ont ajouté la Milésienne qui est la plus haute en couleur et n'a
point plus de 12 feuilles (pétales). La Trachinienne va après, qui
n'est pas si rouge. »
En France, les vieux auteurs, notamment Dalechamp, pensaient
que la Rose Milésienne des anciens était celle que l'on cultivait
sous le nom de Roses de Provins.
R. cinnamomea.
Linné a réuni plusieurs roses sous le nom de Rom (jallica, et
parmi celles dont nous avons donné les figures, les suivantes peu-
vent parfaitement y être rapportées: R. prœnestina, Milo.sia, provin-
cialis, Damascena, rubicunda, comme à la rigueur on pourrait éga-
lement y rapporter le R. cenlifolia. La figure (page 238) du Rosa
Milesia, de VHorlus eijslellensis, se rapporte évidemment à une Rose
de Provins.
« Lindley dit qu'il est possible que ce rosier (R. de Provins)
qui vient du midi, ait ajouté à la confusion que les anciens bota-
nistes ont produite entre le R. cenlijolia et le (jallica avec lequel il
a tant de rapports. » Je ne comprends pas bien le sens de cette
phrase digne de M. Lapalisse. Les anciens donnaient des noms aux
Roses qui leur paraissaient distinctes et en agissant ainsi ils évi-
taient au contraire la confusion que Lindley leur reproche bien à
— 248 —
tort. Ceux qui ont fait de la confusion c'est Linné d'abord, puis les
autres botanistes de son école qui ont réuni sous une même déno-
mination des êtres qu'ils ne connaissaient pas ou qu'ils connaissaient
mal. Quoi qu'il en soit de ces appréciations, il faut bien convenir
que les Bosa gallica et provincialh sont fort voisines.
R. spinosa H. albo.
« Loiseleur-Deslonchamps , Dicl. des sciences naturelles, dit que
le Rosier de Provins a, dit-on, été rapporté de Syrie à Provins,
par un comte de Brie, au retour des Croisades; mais rien n'est
moins prouvé que ce fait, et il paraît au contraire que cette espèce
a été connue de toute antiquité et que c'est probablement d'elle
qu'Homère a vanté les vertus dans rilliade, » Loiseleur qui rap-
porte des « on-dit » pour les combattre les remplace purement et
simplement par d'autres on-dit, qui ne valent pas mieux. La vérité
est que l'on ne sait rien de sérieux sur l'origine de la Rose de
Provins. Les auteurs modernes la signalent comme croissant à
l'état sauvage en Espagne et eji Italie. En France on la trouve
naturalisée dans le Maine-et-Loire, le Loir-et-Cher, le Cher, le
Rhône, le Var, etc.
249
Rosa pramestina variegata. — A propos des Roses Milésiennes,
j'ai rapporté le passage où Pline déclare expressément qu'entre
les roses les plus estimées, les Prénestines tenaient le premier
rang. Elles étaient rouges.
On peut voir par la tigure que nous donnons du B. prœnestina
variegata (p. 147) que ce coloris n'était pas le seul sous lequel on
pouvait observer la Rose signalée par le naturaliste romain.
Les Provins panachés qui étaient autrefois si communs dans les
cultures ont probablement eu pour ancêtres la rose en question.
Bauhin la mentionne sous le nom de R. versicolor. S. Gryphe.
(A suivre).
Le Littoral de la Provence
SA VÉGÉTATION EXOTIQUE ET SES PRODUCTIONS HIVERNALES
Quand, en hiver, l'habitant du Centre ou du Nord de la France
est subitement transporté par le chemin de fer des régions où
régnent les brouillards et les frimas, sous le ciel bleu et le doux
soleil des côtes méditerranéennes, il croit passer tout à coup sous
une autre latitude.
C'est que, en effet, de Marseille, mais bien plus encore, à partir
d'OUioules, autour de Toulon, puis d'Hyères, (l'Olbie heureuse
des anciens), en suivant la côte, le climat, grâce aux puissants
abris naturels et aux chaudes effluves de la mer profonde est, la
flore et la végétation le disent partout, celui d'une latitude
beaucoup plus méridionale.
Sur les places publiques d'Hyères, comme dans ses immenses et
plantureux jardins qui exportent tant de légumes et de fruits de
primeur dans la France entière, le dattier d'Afrique et d'Asie
élève vers le ciel ses longs stipes couronnés de larges têtes sous
lesquefles pendent les magnifiques régimes de dattes.
D'Hyères à Saint-Raphaël, un bourg hier et aujourd'hui une
coquette ville d'hiver, court une côte incomparable et au dévelop-
pement de près de 80 kilomètres. Sur un point du promontoire le
plus au sud de cette côte est bâti Saint-Tropez, au port de mer
très mouvementé. Cette jolie petite ville est la sentinelle la plus
avancée de la France sur la Méditerranée.
Maintes fois nous avons, en plein hiver et sous un soleil afri-
cain, parcouru cette longue côte partout couverte des vestiges les
plus divers de la domination sarrazine ou mauresque qui y fut
jadis implantée. Des pentes en plein midi allant s'éteindre en mer,
sur le sable fin d'admirables criques, montrent de séculaires dat-
— 250 —
tiers venus de Sardaigne, d'Espagne ou d'Afrique. Sur les fertiles
bords du riant golfe de Saint-Tropez s'élèvent nombreux, sous le
nom de chevaux du golfe, les descendants du svelte, du frugal et
du doux cheval arabe.
Elisée Reclus, le savant géographe, dont la France s'honore à
bon droit, parcourait un jour la côte dont nous parlons, et il écri-
vait d'elle ces mots prophétiques : « Quand cette partie de la côte
méditerranéenne française sera découverte, elle deviendra le jardin
d'hiver de la France. »
La découverte commence. Nous serions heureux, si la chose,
nous était permise, d'écrire ici, surtout dans un journal lyonnais,
les noms de favoris de la fortune, habitants de la seconde ville de
France, qui préparent à cette heure, à Cavalaire, l'un des plus jolis
points de la côte que l'on découvre, une création horticole de
grande importance.
A Saint-Raphaël, à Cannes, au golfe Juan, à Antibes, à Nice,
à Monaco (Dieu garde ceux qui nous lisent de la roulette), à Men-
ton, enfin, la dernière ville française avant Vintimille, où commen-
cent les terres de l'Italie, partout le même ciel, la même végéta-
tion exotique et, en hiver, les mêmes jardins couverts de fleurs.
Grandes sont les richesses exotiques acclimatées dans ces jar-
dins et elles s'augmentent chaque année.
N'encourons aucunes foudres, aucunes excommunications plus
ou moins majeures, à propos des mots acclimaté et acclima-
tation, verbe, adjectif ou substantif, que vient de tracer ou que
pourrait tracer plus loin notre plume.
Nous appelons acclimatation, dans le règne végétal, d'autres
disent naturalisation, mais peu importe le mot, la vie normale en
plein air et en pleine terre, sous un nouveau climat ou sous un autre
hémisphère où ils sont importés, de végétaux indigènes d'autres
climats ou d'un autre hémisphère.
La flore australienne, si intéressante et si jolie avec ses Acacia
ou Mimosa, ses Callislcmon, ses Kennedy a, etc., etc., et si colossale
avec ses gigantesques Eucalyptus (1), est acclimatée sur les côtes
méditerranéennes dont nous parlons. Et cette flore est indigène
d'un autre hémisphère. De plus, les patries locales, sur le vaste
continent austrahen, de plusieurs des espèces ou variétés végétales
de ce continent acclimatées chez nous, jouissent de climats hiver-
naux que nous avons lieu de croire supérieurs au climat de notre
Uttoral.
(I) On peut voir à Hyères dans la cour de l'hôtel et pension du Louvre, cours
Barlière, un Eucalyptus globutus, qui, igé de 20 ans, mesure 25 mètres de hauteur,
son tronc, à un mètre du sol, accuse 3 m. 80 cm. de circonférence.
251
C'est grâce aussi à des acclimatations qui ne sont pas contesta-
bles que nos jardins du littoral voient végéter si bien en plein air
tant d'espèces et de variétés de palmiers originaires de l'Afrique,
de l'Asie et de l'Amérique du Sud ; les Araucaria, les uns du Bré-
sil et les autres des îles de l'Océanie intertropicale ^ de nombreuses
Cycadées de diverses et chaudes patries, etc., etc.
Ces plantes ont pourtant à supporter chez nous, tous les hivers,
des abaissements de température que bon nombre des mêmes
espèces et variétés ne connaissent pas dans leur patrie d'origine.
Il faut le dire, et c'est là ce qui fait l'immense et spéciale valeur
du climat du littoral dont nous parlons, valeur aussi précieuse pour
les êtres affaiblis du règne animal que pour les acclimatations végé-
tales et les productions d'hiver de nos jardins : non seulement ce
climat est bien plus doux en hiver que les régions de latitude ou
correspondante ou même plus méridionale, mais il subit très rare-
ment, même en hiver, de brusques transitions de température.
Sauf de rarissimes exceptions dues à des bourrasques du nord-est
qui amènent jusqu'à près de nous l'air très refroidi en passant sur
les neiges éternelles des sommets alpins, si, sur la côte nous avons
quelques nuits d'hiver où le thermomètre centigrade vient à mar-
quer 2 à 3° ou par extraordinaire 4 à 5° sous zéro, cet abaissement
ne se produit ainsi au maximum qu'après une série de nuits se
refroidissant graduellement.
Sous l'influence de cet abaissement graduel, les végétaux, même
les plus frileux, s'habituent, le mot nous semble vrai, à la tempé-
rature qui descend doucement ; la circulation de la sève s'arrête et
les tissus se durcissent. C'est ainsi que nous croyons explicable
l'immunité dont, sous des abaissements de 4° sous zéro, nous avons
vu jouir dans nos jardins du littoral des végétaux tout-à-fait tropi-
caux, tels que, par exemple, le Ifujandia caracassana et le Musa
Ensete.
Sûrement, ces végétaux ne résisteraient pas à de pareils abais-
sements, s'ils se manifestaient d'une façon brusque.
La précieuse lenteur avec laquelle se produisent les minima
hivernaux sur le littoral qui nous occupe, contribue, au moins
autant que la grande douceur générale des hivers, à faire de ce
littoral la région par excellence pour les acclimatations végétales.
Aussi combien en est-il partout d'intéressantes !
Dans le jardin du grand hôtel du Parc, à Hyères, hôtel que
dirige un Lyonnais bien connu des gourmets, Watebled, est un
Melaleuca linearis, haut de 8 mètres et dont le tronc mesure plus
d'un mètre 80 centimètres de circonférence. Rantonnet, un autre
Lyonnais (Rantonnet était enfant de Millery), a planté cet arbre il
y a plus de 50 ans. Disons en passant que le vieux jardinier dont
— 252 —
nous rappelons ici le nom avec reconnaissance et amour, ainsi que
celui de Lyon, que nous ne saurions oublier, que Rantonnet fut le
premier créateur de l'horticulture hyéroise, aujourd'hui si impor-
tante.
Nice, depuis son annexion à la France, a vu créer autour d'elle
vingt jardins princiers, que peuplent des végétaux de toutes les
parties chaudes du globe.
Le Golfe Juan a eu le jardin exotique de M. Mazel, l'heureux
propriétaire des curieux et riches jardins d'Anduze (Gard) ; il a à
cette heure, couvert de végétaux de splendide développement, le
magnifique jardin d'acclimatation de M. le comte d'Eprémesnil.
Nul jardin sur le littoral, sauf toutefois celui du savant et regretté
docteur Thuret à Antibes, jardin devenu, grâce à uie généreuse
donation, une propriété de l'Etat dirigée par le savant M. Naudin
et encore celui de M. Camille Dognin à Cannes , ne renferme
autant de riches et plantureux végétaux exotiques.
M. Dognin est encore un Lyonnais et ses jardins faits à coups
de centaines de mille francs font le plus grand honneur à l'horti-
culture française.
Gustave Bonnet, le savant et intelligent ingénieur, l'amateur
éminent à qui Lyon doit son remarquable parc de la Tête-d'Or et
ses principaux jardins, avait créé à Hyères autour d'une très
modeste villa (Bonnet n'était ni un Waïsse ni un Hausmann) une
riche collection d'Agaves toujours existante.
Puis Hyères a, sous la direction de la Société d'acclimatation
de France, le plus beau jardin que possède le littoral sous le nom
de jardin d'acclimatation.
Mais il est à l'endroit de la valeur du littoral dont nous par-
lons, autre chose qui n'intéresse pas moins la société en général
que les facilités que présente ce littoral pour les acclimatations
végétales, c'est la production d'hiver et de primeur que donnent
si abondamment déjà et que pourraient donner dix fois plus consi-
dérable encore, et plus variée, les jardins de ce littoral.
Nous ne parlerons aujourd'hui que de la production hivernale
des fleurs telle qu'elle existe à cette heure, et de leur exportation.
Un des écrivains les plus spirituels de nos jours, quittait le sol de
la patrie après le 2 décembre 1851 ; il se réfugiait à Nice afin de
pouvoir, ainsi que le lui écrivait Lamartine : « Manger libre, sur
un sol indépendant. »
Emerveillé par le climat, l'écrivain se fit jardinier, et il euvoya
en plein hiver à Paris des fleurs fraîches de Nice. On s'arracha ces
fleurs cultivées par une main qui gagna tant de batailles contre la
bêtise humaine ; Alphonse Karr avait créé pour le littoral le com-
merce d'exportation hivernale des fleurs fraîches.
— 253 —
Pourtant le vieux jardinier, si français, n'est pas encore décoré
de l'ordre du Mérite agricole.
Il a sans doute oublié de soumettre sa demande .
Il serait trop long de donner le détail de tout ce qu'exporte
aujourd'hui de Heurs fraîches, de novembre à mai, le littoral
méditerranéen français, et ce dans toute l'Europe du Centre et du
Nord.
A Paris, sur le carreau des halles, ces fleurs du Midi sont dési-
gnées sous le nom de fleurs de Nice ; mais cette ville n'a aucune-
ment, de nos jours, le monopole de la production des fleurs d'hiver
d'exportation.
Antibes, le Golfe Juan, Cannes, Saint-Raphaël, Hyères et son
immense région, Toulon, Ollioules, sont tous des centres importants
de production et d'exportation de ces fleurs.
Dans tous ces centres, à l'exception toutefois d'Ollioules, la plus
considérable production est celle des boutons de rose, de ceux sur-
tout du rosier thé Safrunu. Jusqu'à ce jour, nous ne connaissons
pas, ou du moins la généralité des cultivateurs de rosiers, ne
connaissent pas, pour la production des boutons d'hiver d'exporta-
tion, de variété de rosier ayant autant de mérites spéciaux pour
cette production que le rosier que nous venons de nommer.
Pour donner une idée de l'importance de la production hiver-
nale de ce rosier sur le littoral, nous pouvons dire que chez M. Hip-
polyte Dellor, un propriétaire spécialiste d'Hyères, sa roseraie de
Tlié Safrano^ en sujets, largement espacés, complantés sur une sur-
face d'à peine trois hectares, a produit trente mille francs pendant
la saison hivernale 1884-1885.
Mais bien d'autres fleurs sont produites et exportées. •
C'est par wagons que partent de tout le littoral les inflorescences
si élégantes des Acacia ou Mimosa et surtout celles des variétés
dealbala, cuUriformii, falcata et reUnoides.
Les paniers de fleurs de violettes, le Czar, de Parme et surtout
foncée ordinaire et fVilson, chargent aussi des wagons pendant tout
l'hiver : c'est surtout Hyères qui produit ces fleurs de violettes.
De fin décembre à courant février, et d'OUioules spécialement,
s'exportent chaque jour en grandes quantités le Réséda en paquets
et la fleur de la Jacinthe romaine blanche ; OUioules fait la culture de
la Jacinthe en carrés soigneusement divisés en étroits ados et
recouverts pendant la nuit avec des paillassons étendus sur supports
élevés à 0"60 au-dessus du sol. Les cultures de Réséda, à Ollioules
et ailleurs, sont abritées de la même façon.
Nice a ses Œillets remontants d'origine génoise. Ollioules a son
œillet appelé Mahonais .très vigoureux et qui donne abondamment,
en hiver ou au premier printemps, de grandes fleurs rouges chair.
— 254 —
très pleines. Les jardiniers d'Ollioules abritent leurs cultures
d'œillets remontants pendant l'hiver comme ils le font pour leurs
cultures de jacinthes. Nous connaissons de ces jardiniers qui, l'hi-
ver dernier 1884-85, avaient chacun en culture productive 30 et
jusqu'à 40,000 œillets remontants mahonais.
Ajoutons que, à Ollioules comme sur plusieurs autres points du
littoral, un œillet remontant d'origine lyonnaise commence à pren-
dre une place méritée dans les cultures à production des fleurs d'ex-
portation. C'est la variété à si belles et si abondantes fleurs rouge
vif, baptisée du nom de son obtenteur, notre excellent collègue et
ami Alégatièro, l'intelligent et heureux transformateur de l'œillet
remontant, à l'honneur de l'horticulture lyonnaise.
Une variété à'Jnlhemis frulescens, variété lyonnaise aussi, qui
a nom Madame Aunier, et que nous avons été heureux de répan-
dre sur le littoral, a fourni cette année, à Hyères spécialement,
matière à de considérables exportations de ses fleurs blanches, si
abondamment produites sous notre ciel, pendant tout l'hiver, par
cette précieuse variété.
Ainsi que la Jacinlhe romaine blanche se cultivent parchamps aussi,
pour la cueille et l'exportation des fleurs, les Giroflées blanches et
rouges, divers Narcisses, Jonquilles, Tulipes, Glayeuls, et de très
grandes quantités d'anémones et de Renoncules. Chaque année, au
reste, voit surgir la production et l'exportation d'autres fleurs
encore. On commence à produire en certaine quantité et à expor-
ter avec succès les fleurs de quelques variétés à'Echeveria qui fleu-
rissent sous notre climat en hiver et en culture à l'air libre ; ces
fleurs en clochettes de corail sont bien prisées à Paris et ailleurs.
Citons encore les commencements de culture sous de modestes
châssis, du lilas pour la production des fleurs d'hiver. Nous croyons
à l'extension prochaine et lucrative, sous notre ciel, de cette spécia-
lité qui ne fait guère qu'apparaître mais qui fera songera d'autres.
Sûrement le littoral de la Provence est loin, bien loin encore,
privé qu'il est d'assez devrais jardiniers, d'avoir dit tout ce que
son doux climat et son beau soleil peuvent produire en horticulture.
Prochainement, ainsi que nous venons de le faire pour la produc-
tion des fleurs d'hiver d'exportation, nous dirons ce qu'est à cette
heure aussi et ce que produit et pourrait produire l'horticulture si
spéciale du littoral de la Provence en fruits et légumes d'hiver et
de primeurs à exporter et encore en plantes à feuillage d'ornement
offertes au commerce horticole du centre et du nord de la France
et de l'Europe.
Nardy.
— 255 —
Bibliographie. — Dictionnaire des Roses (1).
M. Max Singer, dont nous avons eu de temps à autre l'occasion
de lire quelques notes horticoles, vient de publier un Dictionnaire
des roses. Cet ouvrage, relativement considérable, contient l'énu-
mération, par ordre alphabétique, de plus de six mille variétés de
Roses. Chaque variété est précédée du nom de la série à laquelle
elle appartient: Hybrides, Bengales, Thés, etc., puis elle est suivie
du nom de l'obteoteur, de la description que celui-ci en a donnée et
de l'année de la mise au commerce. Un assez grand nombre de
figures noires, représentant des variétés de Roses, sont dissémi-
nées dans le texte ou tirées à part.
Ce Dictionnaire rendra certainement de grands services aux
rosiéristes et aux amateurs qui s'intéressent à la culture des Roses.
Ils pourront, à l'aide de cet ouvrage, se renseigner sur l'origine
du plus grand nombre des variétés modernes.
Le seul reproche que l'on pourrait peut-être adresser à l'au-
teur, c'est de ne pas avoir retouché les descriptions par trop naïves
que certains semeurs ont données des variétés qu'ils ont mises au
commerce. En signalant seulement la couleur de beaucoup de
sortes, on en saurait tout aussi long qu'en lisant les descriptions
susdites.
Recettes utiles.
Encre au bichromate de potasse. — Résistant à la pluie, recommandable
pour les étiquettes d'expositions.
Pour un litre t
1° Faire dissoudre 20 grammes d'extrait de campèche (coût environ 25
c?nt.) dans un peu d'eau chaude jusqu'à complète dissolution. — Remuer;
2° Verser la dissolution précédente (toute chaude) dans un ustensile assez
grand, où Ton a mis préalablement un peu d'eau chaude ;
3° Rincer le vase où l'on a fait dissoudre l'extrait de campèche pour enle-
ver ce qui pourrait en rester, et l'ajouter à la masse du liquide;
4° Faire dissoudre 7 grammes de bichromate de potasse dans un peu d'eau
chaude; varser cette dissolution dans la masse de celle d'extrait de campèche
en agitant constamment ;
(1) Dictionnaire des Roses, ou Guide général des Rosiéristes, 2 vol. in-12 d'environ
400 pages, chez l'auteur, M. Max Singer, à Tournai (Belgique).
— 256 —
5° Rincer le vase où l'on fait la dissolution de bichromate de potasse. —
Ajouter ce résidu à la masse totale ;
6° Compléter par de l'eau chaude la quantité d'un litre ;
7" Ajouter au tout 20 grammes d'aoide chlorhjdrique ;
8° Ajouter 5 grammes de gomme arabique ;
9» Enfin, mettre dans l'encre un peu de bichlorure de mercure (sublimé
corrosif), un dixième de gramme environ.
Se servir d'un vieil ustensile qui ne puisse plus être employé à un autre
usage.
Le litre de cette encre ne revient pas à 0 fr. 50.
Elle constitue aussi une bonne encre de bureau ; elle est d'un beau noir,
ne dépose pas et sèche rapidement.
Nota. — Nous devons la communication de cette recette à
M. Rivoire, marchand-grainier à Lyon. C'est avec cette encre
qu'il avait étiqueté les produits qu'il avait présentés à la dernière
Exposition. Malgré des bassinages réitérés prodigués aux plantes
pendant toute la durée de l'Exposition, l'écriture des étiquettes
resta parfaitement nette.
ROSES NOUVELLES
Hybride de noisette. — Albane d'Arneville, arbuste très vigoureux, fleur
grande ou moyenne, pleine en forme de coupe, pétales imbriqués, d'un beau
blanc pur, légèrement rose carné, floraison abondante.
Hybrides remontants. — Auguste André, arbuste très vigoureux, fleur
grande, rose tendre argenté, centre rose lilacé, passant au rose pâle, odo-
rante, franchement remontante.
Sotivenir d'Eugène A'air, arbuste vigoureux et franchement remontant,
fleur grande ou moyenne, bombée, pleine, bien faite, rouge écarlate passant
au ponceau, revers des pétales reflété Tiolet bleuâtre, très odorante. — Cette
variété est dédiée à la mémoire du frère d'un de nos plus spirituels écrivains
français et grand amateur de roses, M. Alphonse Karr.
Climbing Monsieur Boncenne, arbuste à rameaux sarmenteux, accident fixé
de M. Boncenne, fleur grande, très pleine, pourpre, noir velouté, superbe
coloris qui manquait et qui était vivement désiré dans la série des Rosiers
sarmenteux.
Climbing Pride of Walthani, arbuste à rameaux sarmenteux, accident fixé
de Pride of Waltham, fleur grande, pleine, bien faite, rose chair ombré de
rose brillant, très belle variété.
Ces cinq variétés ont été obtenues par M. J. Schwartz, rosiériste à Lyon;
elles seront mises au commerce prochainement.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 AOUT N" 16
CHRONIQUE
a C' est un semis ! n — Les mères en général paraissent à peu
près d'accord pour déclarer qu'il n'y a qu'un bel enfant au monde
et que ce marmot leur appartient. Ce petit travers constitue un
sentiment, inotïensif, un développement exagéré de l'amour mater-
nel, qui ne nuit à personne tant qu'il reste cantonné dans l'espèce
humaine. Que voulez-vous que cela me fasse si Madame X. ne
trouve aucune différence entre son fils Quasimodo et l'Apollon du
Belvédère? Rien. Je ne veux pas l'acheter.
Mais quand M. Y., mon confrère, veut me forcer à prendre un
navet pour la pomme des Hespérides sous prétexte qu'il l'a obtenu
de semis, ce petit défaut, qui procède directement de l'autre,
m'exaspère au-delà de toute limite. Comment ! il suffirait de semer
un pépin de poirier, un noyau d'abricot ou une graine de rosier
pour que les produits qui sortiront de ces semis fussent nécessai-
rement des grains mirifiques dignes d'être propagés?
Ah ! mais non, et dans ce cas je n'hésite pas, quand on me
présente une de ces plantes ou un de ces fruits nouveaux, à bien
l'examiner avant de faire chorus avec l'obtenteur. Malgré cette
excellente précaution, ou se trompe quelquefois et les juges décer-
nent souvent à de francs vauriens des certificats de bonne con-
duite.
En propage-t-on assez de ces plantes nouvelles qui ne font
qu'augmenter le nombre des variétés sans marquer aucun progrès
dans l'améUoration des genres?
Les semeurs « heureux » — ils sont tous heureux les semeurs
— ne tombent cependant pas tous dans ce travers qui consiste à
voir de la nouveauté partout et j'en connais qui jugent leurs pro-
pres semis comme si c'étaient ceux du voisin.
— 258 —
Cette manie d'augmenter sans mesure la matière cullecliommble
porte avec soi son châtiment. Non seulement les amateurs elïrayés
abandonnent les collections dès que les genres tombent dans un
polymorphisme indétini, mais, ce qui est plus regrettable encore,
il ne se forme plus d'amateurs.
Je comprends combien il est agréable de lancer dans le com-
merce un produit de « ses œuvres» , un semis, une fixation. On l'a
vu croître, on a passé un an, deux ans, trois ans et même davan-
tage à le surveiller, à prévenir ses désirs, à calmer son appétit.
Un lui a donné à boire quand il avait soif ; on l'a défendu contre
ses ennemis et de chaudes couvertures lui ont souvent aidé à pas-
ser la froide saison. Et on voudrait que toutes ces peines fussent
perdues ? Jamais. Alors on baptise l'enfant ; on lui donne le nom
d'une reine, d'une duchesse, d'un prince et on le fait voyager —
à nos dépens. L'année suivante on a oublié la plupart de ces êtres
erratiques ; mais comme on en a créés d'autres, le tour recom-
mence.
On sait bien que le progrès, dans l'amélioration des variétés, ne
procède pas par bonds et va pianiasimo , mais encore faudrait-il que
cette sage lenteur, cette marche de tortue, ne fût pas agrémentée,
de temps à autre, par un piétinement sur place. Quand les «se-
meurs heureux » n'obtiennent rien de sérieux, ne devraient-ils pas
s'abstenir de vendre des plantes qui n'ont rien de nouveau que le
nom?
Culture retardée du Rosier Malmaison. — Les Parisiens ne com-
prendront pas de quelle variété je veux parler si je ne traduis pas
Malmaison par Souvenir. Aux halles, à Paris, il y a vingt ans, les
horticulteurs disaient : combien « tes souvenirs » , aux jardiniers
qui chaque matin apportaient par « bottes » la Rose qui a rendu
célèbre Beluze, mais qui ne l'a pas enrichi. Hase île Bourbon Souvenir
de la Malmaison, c'est un peu long, et j'approuve l'élision parisienne.
Je ne cache même pas à tous les baptistes qui affublent les plantes
de noms aussi ridiculement longs, que je ferai toujours ce que je
pourrai à l'occasion pour les écourter. Vous souvenez-vous de celui
qui eut un jour l'idée d'appeler une rose : Fiançailles de la Prin-
cesse Amélie-Marie Augustine-Thérèse , etc., etc., et du Prince
Rodolphe-Jacques-Antonin-César, etc. C'était un comble qui eût
été encore plus complet si le prince ou la princesse eussent été
espagnols, Passons. Donc j'avais l'intention de vous dire que
voilà le moment opportun de préparer les Rosiers Souvenir de Mal-
maison à la floraison hivernale. A la fin d'août, coupez toutes les
fleurs ou tous les boutons qui seront sur vos rosiers ; éliminez la
^ 259 —
moitié des menues branches ou brindilles ; gardez intacts les scions
vigoureux et inclinez-les presque horizontalement. Cela t'ait, dans
le courant de septembre, une foule de jeunes boutons se dévelop-
peront sur les branches inclinées, et ces boutons, si vous les garan-
tissez du froid, tîeuriront de novembre à janvier.
Informations. — La Société d'horticulture du Nord de la France
vient de perdre son président M. V. S. T. Meurin, pharmacien de
1"'' classe, adjoint au Maire de Lille, chevalier de la Légion d'hon-
neur etc.
On sait que sous l'habile présidence de M. Meurin la Société du
Nord de la France a pris très rapidement une extension vraiment
considérable; c'est donc une perte très regrettable que viennent
d'éprouver les horticulteurs du Nord.
— Une exposition de Chrysanthèmes, à laquelle sont conviés
les amateurs et les horticulteurs de tous pays, aura lieu à Tou-
louse, du 12 au 16 novembre prochain. Demander les renseigne-
ments à M. le Président de la Société d'horticulture de la Haute-
Garonne, place St-Georges, 14, à Toulouse.
— Un congrès viticole aura lieu à Bordeaux au mois de mars
prochain.
— Le phylloxéra esten train de faire le tour du monde. Onsignale
sou apparition dans l'Asie Mineure, à Smyrne, sur le Bosphore et à
et à Vomtsa en Grèce. Le petit insecte, démontre par A plus B
que les diplomates qui se sont réunis, à l'Ours de Berne, pour
décréter son arrestation, n'ont pas trouvé de gendarmes assez ha-
biles pour lui mettre la main au collet. En revanche ils ont un peu
ruiné les jardiniers. Je ne trouve pas la compensation suffisante.
— Le 9 juin dernier a été inaugurée la statue de DarM-in, placée
au centre de la grande salle du Muséum d'histoire naturelle de
South Kensington.
— Plusieursjournaux allemands signalent une plante nouvelle, le
Plujtolacca cleclrica qui posséderait à un haut degré des propriétés
magnétiques. Attendons de connaître ce végétal électrique pour en
parler plus amplement.
— M. Garnier curé à Serrigny (Côte-d'or) a, dit V HorlicuUeur
rhalunais, obtenu un lilas bleu de ciel sans nuance violette. Espé-
rons que cette variété ne passera pas au bleu île jardinier en vieilis-
sant.
Session de la Société pomologique ; programme. — Article l". — La 27°
sefsioa de la Société po-.JDlogique de France se lieridri, cette anné?, à Bourg.
Elle coiacidera avec une exposiiion générale de fruits.
— 260 —
Art. 2. — La séance d'ouverturo aura lieu le 15 septembre, à 2 heures,
dans la salle du jardin de la Société.
Ai't. 3. — Les Sociétés sont priées de faire counaitre leur adhésion et le
nombre de membres qu'elles enverront à cette Session, à M. le Pi'ésident de
la Société d'horticulture de l'Ain, ou à M. le Président de la Société pomologi-
que de France, au Palais-des-Arts, à Lyon.
Les membres titulaires qui se proposent d'assister à la Session voudront
bien remplir la même formalité.
Art. 4. — Les délégués seront, porteurs de leur lettre de délégation, des
rapports des Commissions de leur Société et de divers docuoieuts propres à
faciliter la comparaison et l'appréciation des fruits.
Art. 5. La Société s'occupera pendant cette Session :
1» De l'appréciation des fruits admis à l'étude;
2° Des fruits spécialement étudiés et présentés, soit par la Commission
permanente des études, soit par les Commissions pomolo^iques locales ;
3° De l'élude et de la dégustation des fruits déposés sur le bureau ;
4* Des fruits adoptés et dont la liste, qui a été adressée aux membres de
l'Association, sera révisée ;
5» De la situation financière de la Société ;
6° Dd la médaille à décerner à la personne qui a rendu le plus de services
à la Pomologie française ;
7» Du lieu où se tiendra la Session suivante.
De Vinftuence de la lumière sur la végélalion des plantes cultivées en
serre. — M. Ed. Pynaërt a publié dans le Bulletin du Congrès
international de botanique et d'horticulture qui s'est tenu à Saint-
Pétersbourg en 1884, une note dans laquelle il traite la question
plus haut citée, en bornant toutefois son étude aux végétaux à
feuilles panachées. M. Pjnaërt est arrivé à conclure qu'une lumière
directe très vive, quand la température n'est pas trop élevée,
favorise le développement de la végétation des végétaux à feuilles
panachées. Au contraire, il y a de nombreux exemples de végétaux
à feuilles panachées dont les panachures perdent leur netteté et leur
caractère ornemental et qui finissent même par disparaître complè-
tement si on les cultive dans un endroit trop ombragé.
M. Pynaërt cite comme exemples, à l'appui de celte règle, les
Dracœna Massangeana et Lindcni et le Pandanus Fvitchi fol. var. qui
ne deviennent vraiment beaux que si on les cultive en plein soleil.
Avis aux cultivateurs de plantes à feuilles panachées.
Sociélé d'horticulture d'Orléans. — Par décret du 6 juin dernier,
rendu officiel il y a quelques jours seulement, la Société d'horticul-
ture d'Orléans et du Loiret a été reconnue comme établissement
d'utilité publique.
Attendue depuis longtemps, cette décision rend hommage à l'une
des plus anciennes Sociétés d'horticulture de France. La Société
d'horticulture d'Orléans et du Loiret compte, en eftet, aujourd'hui,
quarante-six années d'existence, et pendant cette longue période
elle n'a pas organisé moins de cinquante-trois expositions et n'a
pas cessé de prendre en mains, avec un zèle infatigable, la cause
du progrès horticole. V. V.-M.
-^ 261 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 18 juillet 1885 . tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. B. Comte, vice-président.
La séance est ouverte à 2 heures par la lecture du procès-verbal de la
dernière assemblée générale qui est pdopté sans observations.
Correspondance. — M. la Secrétaire général dépouille ensuite la corres-
pondance qui se compose de :
1^ Plusieurs lettres de membres de notre Compagnie demandant à participer
aux divers cincoiirs spéciaux qu'elle a ouverts cette année;
2° Une lettre circulaire émanant de la Préfecture du Rhône et contenant
des formules imprimées dont l'usage est requis pour les expéditions en desti-
nation de l'Allemague. Ces formules sont mises à la disposition des inté-
ressés ;
3° Une lettre de M. Mortillet, président de l'Association horticole Greno-
bloise, et adressée à M. J. Chrétien, dans laquelle il informe notre sympa-
tique vice-président de la formation définitive de cette Société d'horticulture
qui dennande à notre Compagnie d'envoyer un délégué chargé de faire partie
du jury de l'Exposition qu'elle ouvrira le 3 septembre prochain. L'Assem-
blée consultée désigne M. Jules Chrétien pour représenter l'Associatioti
horticole lyonnaise à cette exposition d'horticulture ; elle charge en outra
M. le Secrétaire général d'aviser de cette décision M. le Président de l'As-
sociation horticole grenobloise.
Publications. — M. le Secrétaire général signale les différentes publica-
tions illustrées ou autres reçues par notre Société depuis sa dernière réunion,
il mentionne ce qu'elles contiennent de plus intéressant et fait circuler quel-
ques-unes d'entr'elles représentant des végétaux nouveaux ou peu connus.
Présentations. — Huit candidats au litre de membre titulaire sont présentés
pour faire partie de notre Compagnie.
Suivant le règlement il sera statué sur "l'admission de ces membres à la
prochaine assemblée générale.
Admissions. — Les candidats prisantes à la préjédente réunion sont après
un vote de l'Assemblée, pioclamés par M. le Président, membres titulaires
de l'Association horticole lyonnaise. Ce sont MM. :
F. Jaquemin, treillageur, 30, cours Vitton prolongé, Lyon-Charpennes,
présenté par MM. Chrétien et Viviand-Morel ;
Lafay (Francisque), JHrdinier chez M. A. Blain, propriétaire à Fleurie
(Rhône), présenté par MM. Th. D^nis et J. Chrétien ;
Savoye (Benoit), jardinie" ch^z M. Blger. propriétaire à Fontaine-sur-
Saône (Rhône), présenté par MM. Morel (J.-M.) et Molin ;
Coutier (Charles), jardinier chez M. Perrier à St-Genis-Laval (Rhône),
pr-'senié par MM. Valla et Ber.hier (A.);
Perrier (Au^niste). jardinifr chez Mme Angles à Chaponost (Rhône), pré-
senté par MM. Vaila etBerthier ;
Boiion (Charles), horticulteur à Morestel (Isère), présenté par MM. Bon-
naire et Viviand-Morel.
Apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Hoste, horticulteur à Monplaisir-f^yon :
1» Un bouquet composé de 18 des meilleures va''iété3 de Penstemon gen-
tianoi les, qui sont :
Voie lactée. Sculpteur Birihi'.i, Clan le Gellée, Gil BUs, Saph">, Géniral
Nan'onty, Jean La.nc.nnT, Horace Vernet, Hofgartnar Walter, Charles Dar-
win. Agrippa, Avalanche, Sully, Euterpc, Cli'nois, Carthage, Professeur
Seilz, Trophée.
— 262 —
2° Six variétés de Pelargonium poltatum, en pjts et fleuris: Madame
Tliibaud, Massenet, La Rosière, Général Briére de l'Isle, Floribundum et
M. Tliouvenin ;
3° Trois variétés de Pelirgonium zon&le, ainsi dénommées : Secrétaire
Nicolas, Viviand-Morel, Madame Hoste, et un pied fleuri en pot de Chry-
santhème d'automne : Perpétuel Toulousain.
Par M. Deville, horticulteur, à Tassin (Rhône}, des liges fleuries des
Cfflno^^!/5 ArnoWî, Glo:re de Versailles, et ;de plusieurs autres obtenus de
semis dans son établissement.
Par M. Liabaud, horticulteur, à Lyon-Crois-Rousse :
1° Sept variétés de Coleus de semis obtenus par lui ;
2° Une plante d'introduction récente, la ]J'ormia Burbidgei, en bel
exemplaire et en boutons.
Par M. Verne, jardinier, chez M. Godinot, à Ta?sin (Rhône), un superbe
pied fleuri de Dego ia corallina, dont les racèmes pendants, d'un rouge
corail brillant, sont réellement d'un grand effet. Quoique déjà ancienne,
cette espèce est peu répandue, probablement parce qu'il est souvent impos-
sible de lui donner, durant les mois d'hiver, la somme de chaleur sèche
qu'elle réclame pour ne point se dénuder.
Par M. Boucharlat jeune, horticulteur, à Lyon :
1° UAster gymnocep/ialus fleurit en pot, qu'on peut classer dans les espèces
naines à rameaux dressés, multiples, g irais de patit^s feuilles raides,
entourés d'aiguillons et terminés par de petits capitules violet clair, dont
l'aspect général n'offre rien d'attrayant. Il est possible que cette plante
présentée mieux fleurie produise une mei leure impression ;
2° Une caisse de fleurs coupées de Pétunias doubles de semis, du même
présentateur, réjouit fort à propos la vue; il est, en effet, difûcile de
trouver une plus grande diversité de formes et de coloris.
Par M. Combet, pépiniériste, à Puy-d'Or-Limonest (Rhône), une branche
chargée de pêches Amsden, parfaitement mûres, et dont le noyau n'était que
fort peu adhérent à la chair ; cette particularité est due sans doute à la
parfaite maturité du fruit que le présentateur a cru devoir apporter ooncur-
remment avec une variété de pêches réputée des plus précoces a rouge
de mai ». M. Combat affirme qu'il y a, dans l'époque de maturité de ces
deux variétés, une différence de quinze jours au moins.
Par M. Marchand, horticulteur, marchandgrainier, à Lyon : trois bou-
quets de fraises mûres, des variétés : Ananas, Perpétuel, Roi Henry et
Quatre-SaisoDS, semis de 1882, obtenues dans son établissement. Relative-
ment à son apport, le présentateur fournit des explications intéressantes;
1 donna sur le gain de M. l'abbé Thivollet des conseils qui ne faciliteront
pas l'écoulement du Roy Henry et corroborent du reste les observations
d'autres horticulteurs de notre région.
Par M. Bardin, à Fontaines-sur-Saône, des abricots de semis, obtenus
chez lui, dont le volume et le coloris sont remarquables.
Pour juger ces apports, il est nommé deux Commissions, composées de
MM. Berthier, Falconnet et Chrétien, pour les fruits; de MM. Jussaud,
Rivoire fils, Schmitt et Labruyère, pour les fleurs et autres apports.
Après examen, ces Commissions proposent d'accorder à :
MM. Hoste 1 prime de !■■' classe pour sa collection de Penstemon.
— 1 — — pour le reste de son apport.
Boucharlat jeune 1 prime de 2' classo, pour ses Pétunias.
Verne 1 l'" pour son Bégonia coralina.
Liabaud 1 1" pour son Wormia Burbidgei.
— 12" pour ses Coleus de semis.
Marchand, confirmation de la prime de 2» classe de juin 1885 attribuée à
son semis de Fraise Quatre Saisons améliorée.
203
Ces Commissions proposent on outre pour les autres apports non primés
leur insoription au proeés-verbal et regrettent ne pouvoir juger convena-
blement de la valeur du semis da Ceanothus de M. Deviile dans les condi-
tions où il leur est présenté.
Les conclusions des Commissions, mises aux voix par M. le Président,
sont adoptées sans observation.
La demande écrite de M. Guerry de prendre part aux Concours spéciaux
créés par l'Association horticole lyonnaise obligeant à pourvoir à son rem
placement dans la Commission des visites nommée en juin dernier.'
M. le Président procède à un vote par acclamation qui désigne M. A. Ber-
naix pour fonctionner au lieu et place de M. Guerry.
L'assemblée consultée sur la meilleure époque pour l'exposition qu'elle
ouvrira en 1886, fixe dès à présent comme date la P* quinzaine de sep-
tembre.
La question relative au degré d'influence que peut avoir la culture et la
perfectionnement de la race des asperges sur leur qualité et leur fertilité est
mise en discussion. M. le Secrétaire général donne quelques ren;eignement3
sur les divers modes de culture de l'asperge comparés les un? aux autres
par leur proluction ; il constate que certains cultivateurs ont visé unique-
ment à l'obtention de turions énormes, sans se préoccuper la moins du monle
de la qualité proprement dite de ces légumes de parade.
MM. Berthier et Liabaud apportent à cette intéressante question le
secours de leur longue expérience.
En somme, ils sont d'avis qu'une asperge de grosseur moyenne produit
davantage en tant que poids et quantité et que sa qualité est incontestable-
ment supérieure à celle de ces asperges phénoménales qu'on exposa
parfois dans un but de réclame facile à comprendre.
L'Assemblée fixe ensuite à. l'ordre du jour da sa prochaine réunion, la
nomination d'une Commission chargée de l'organisation du Concours spé-
cial de Chrysanthèmes, vote en principe en assemblée générale de mars der-
nier ; une question horticole sera jointe à cet ordre concurremment à la pré-
cédente.
La séance est levée à 4 heures.
Le Secrétaire-adjoint, .J. Pu^^LLAND.
Les Roses au XVIe Siècle (suite et fin) Cl).
Rosn prœcox spinosa flore albo. — La rose qui portait ce nom au
XVP siècle a été rapportée par les uns au Rosa spinosissiina et par
d'autres au Rosa pimpinellifolia. C'est sous ce dernier nom qu'elle
est le plus fréquemment étiquetée dans les cultures où on en pos-
sède plusieurs variétés à fleurs doubles.
D'assez longues discussions ont été engagées à propos de ces deu.^
appellations. Linné ayant, dans son Manlissa, p. 399, fait la sup-
pression du R. pimpinellifoUa en le réunissant au R. spi)iosissima,
plusieurs auteurs qui ne partageaient pas la manière de voir du
botaniste suédois l'ont vertement critiqué et rétabli les deux espè-
ces. Le R. spinosiisima, avec d'autres caractères, a la fleur blanche
ou blanche avec onglet jaunâtre, tandis que le R. pimpinellifolia a
la fleur rose ou rouge.
(1) Voir Lyon Horticole, N^s 10, 13, 14 et 15.
— 261 —
A l'heure actuelle la section des Roses pimprenelle compte une
vingtaine de formes ou espèces. Le R. pimpinellifolia croît en France
dans les escarpements des Hautes- Vosges, dans les Hautes et
Basses-Alpes, etc. Le B. spinosissima est commun dans toute
l'Europe.
R. rubra prœcox fl. simplici.
Rosa cinnamomea. — Cette espèce qui habite à l'ëtat sauvage
une grande partie de l'Europe, se trouve aussi à l'état subspontané
dans les haies et le voisinage des habitations. Elle est très prolifique
et jette en tous sens dans son voisinage de nombreux stolons qui
vont quelquefois sortir à 5 ou 6 mètres du pied mère. 11 u'j» a
aucune contestation au sujet de l'appellation de cette rose, qui a
toujours été connue sous le nom de R. cinnamomea. Toutefois, se
j'en crois Daléchamp, ce serait celle que Pline aurait signalé
sons le nom de Grœcula. Voici le passage où le vieux médecin
français parle de cette rose : « La rose appelée Grœcula sent fort
bon et fleurit au commencement de l'été, un peu plus tard que celle
de Damas et continue à fleurir tout du long de l'été. Elle a les
feuilles plus larges que celles de Damas blanc et qui ne s'épanouis-
sent pas si on ne les étend pas avec la main, mais sont comme col-
— 265 —
lées et entortillées, comme écrit Pline. L'on dit communément que
cette rose sent la cannelle. » J'avoue que je ne comprends pas
gracd'chose aux explications entortillées de Daléchamp qui m'a l'air
dans cette occasion de faire de la botanique en chambre.
R, eglanteria
La Rose de Mai {R. mamlis) est une rose cannelle, dont la variété
double est connue sous le nom de Rose du St-Sacrement ; c'est
celle dont nous donnons la tigure sous le nom de R. cinnamomea ;
le R. cinnamomea à tieur simple est figuré sous le nom de R. rubra
prœcox flore simplid.
Rosa sijlvcsiris odorala incarnalo flore. — o Rosier commun
sauvage, à fleur odorante et de couleur de chair, nommé
communément Ronce ou Eglantier, Rosier de Chien, etc. » La
plante figurée sous ce nom (fig. p. 219), paraît plutôt se rapporter
au Rosier rubigineux qu'au Rosier des chiens. On sait qu'au-
jourd'hui le Rosa canina constitue à lui seul une vaste tribu de
Roses diverses, mais aucune des formes de cette tribu n'a les
feuilles odorantes comme les Rosiers rubigineux ou des haies :
R. rubiginosa ou sepium.
— 266 —
Le Basa sijlveslris flore rubro [ûg. p. 220) est probablement un
Rosier des chiens, mais il est assez difficile de le démontrer avec
certitude.
Bosa eglanteria. — On trouve d'abord le JRosa eglanteria rat-
taché par Linné au Bosa rubiginosa (Lin. Syst. PL, tome 2.),
pour le retrouver un peu plus tard appliqué par le même auteur
au Basa lulea. La plante de VHorlus eyslellensis ressemble à tout ce
qu'on veut, sauf à l'uns des deux sortes que je viens de mentionner,
Bom Ivlea flore simplici. — « Outre ces Roses ci, y en
a des jaunes et rouges plaisantes à voir, non à flairer ; même la
jaune dont la senteur est plus mauvaise que bonne , la rouge
n'étant d'importune odeur, ains seulement est-elle tant faible et
petite, que presque l'on y en recognoist aucune » Ainsi
s'exprimait Ollivier de Serres, que j'ai déjà eu l'occasion de
citer (1) à propos des Roses jaunes.
Les roses jaunes simples et doubles ont été connues de tous les
anciens botanistes, tels que : Ch. de l'Écluse, Gesner, Césalpin,
Lobel, etc.
Gesner appelait les Roses jaunes : Bosa citrina, mais tous les
autres s'accordaient assez à lui donner le nom de Bosa lulea.
Toutefois, un peu plus tard, on trouve parmi les synonymes des
B. fœtida et des B, clilorop'tytla.
« C'est bien mal à propos, dit Lindley, que quelques botanistes
ont confondu cette espèce avec le sulfurea, comme l'observe
S. James Smith ; il n'existe entre ces deux rosiers que la simi-
larité des couleurs. On sait que Linné ne les distingue point d'abord
et les réunit sous le nom de B. eglanteria. M. de Theïs nous dit
que ce nom devrait être écrit aiglanleria, étant dérivé aig,
du celtique ac, qui signifie pointu. »
Déséglise, malgré les citations des localités européennes, que
la plupart des botanistes signalent dans leurs fiores, Déséglise
pense que ce rosier est originaire d'Asie. Son introduction en
Europe remonte probablement à une époque très ancienne. Il
aurait été introduit en Angleterre, d'après Desportes, par John
Gérard, en 1596.
Le Bosa lulea appartient à la section des Eglanleriœ.
Le Bosa lutea maxima flore plcno [ûg. 4, p. 147), et rapporté par
Lindley, au R. sulphurea, par Déséglise au B. hemisplwrira Hem.
S. Gryphe.
(1) Lyon-Horticole, 1885, p. 148.
— 267 —
Exposition d'Horticulture de Chalon-sur-Saône.
Ayant eu l'honneur d'être désigné par l'Association Horticole
Lyonnaise pour faire partie du Jury chargé d'attribuer les récom-
penses aux lauréats de l'Exposition d'Horticulture qui s'est tenue
à Chalon du 23 au 28 juin, je viens, Messieurs, vous rendre
compte de la tâche que vous m'aviez confiée.
Vous savez tous que l'Exposition dont j'ai à vous rendre compte
a été organisée par la Société d'Horticulture de Chalon à l'occasion
des fêtes qui ont été données dans cette ville en l'honneur de
Nicéphore Niepce, l'inventeur de la photographie, auquel ses
compatriotes viennent d'élever une statue.
L'Exposition était installée sous la coupole de la Halle aux
grains. Une grotte décorait l'entrée de l'enceinte qui était garnie
de plusieurs rangs de tables sur lesquelles éteient installés les
produits exposés.
Le Jury était composé de MM. Treyve, de Trévoux, président;
Chabaud, de Villefranche ; Derussy, de Màcon ; Decorge, de
Genève; Liebert, de Bourg, Sirdey, d'Autun; Gonnot, de Dijon;
Ch. Chevrier, de Rosey, président d'honneur de la Société de
Chalon, et de votre serviteur.
Il était assisté dans ses opérations par M. Druard, président et
Chambrette, secrétaire de la Société.
L'Exposition était divisée en quatre sections et trente-trois
concours. Dans la première section : Cullure maraîchère, le Jury a
été un peu désillusionné, car, comme chacun sait, les environs de
Chalon produisent beaucoup d'excellents légumes, qu'ils doivent
non seulement à la nature particulière du sol, mais aussi aux
talents des nombreux jardiniers qui les cultivent. Etait-ce à
l'annonce tardivement faite de l'Exposition, à sa coïncidence avec
les fêtes de St-Jean et de St-Pierre, ou simplement à l'indifférence
bien connue des maraîchers pour les expositions, que nous devions
d'avoir très-peu de légumes à juger l Je pose simplement la ques-
tion, et ceci dit je mentionnerai deux collections générales exposées
par MM. Caton et Sertilange, auxquels le Jury décerne, au premier
une médaille de vermeil et au second une médaille d'argent.
Les genres particuHers tels que : choux-ileurs, asperges,
melons, fraisiers étaient représentés par de bonnes variétés et de
beaux spécimens exposés par MM. Foyard, Fournier, Terrand-
Nicole, Remondet, Pagnier et Grivot.
M. Thivolet, curé de Chenove, exposait une nouvelle fraise à
gros fruit qu'il dit remontante. Elle porte le nom de Jeanne d' Arc.
— 268 —
Espérons qu'elle remontera mieux que celle dénommée Boi Henry,
par le même obtenteur.
Fleurs coupées. — Par un heureux hasard l'Exposition coïncidait
avec l'époque normale de la floraison des Roses et plusieurs hor-
ticulteurs et amateurs de Chalon qui collectionnent les variétés de
ce beau genre ont pu en exposer quelques jolis lots.
M. Mercier, de Chalon, avait un lot de 330 variétés qui lui vaut
la médaille ofïerte par la Société d'horticulture de Genève.
M. Champion obtient une médaille d'or avec 350 variétés.
M. Prosper Degressis a un lot remarquable par la beauté de sa
floraison.
MM. Poirier, de Chagny, Duparret-Dutartre, Malfondet. Dami-
ron, Grillot, Béai Bertaut et Bret exposent aussi de jolies collec-
tions de roses et reçoivent des médailles.
Notre compatriote M. Dubreuil reçoit une médaille de vermeil
pour une collection de 100 roses, pendant que M. Myard, vice-
président de la Société de Chalon, qui s'est mis hors concours,
nous fait admirer un superbe lot de 225 variétés de choix. Le Jury
lui vote de vifs remercîments.
Boses de semis: — M. Dubreuil, présentait deux roses nouvelles
de semis, la première Thé Marquise de Fivens, lui vaut une médaille
de vermeil: la seconde un Polijanlha dénommé IHoribunda reçoit
une médaille de bronze.
Plantes et Fleurs diverses. — M. Yvon, horticulteur à Paris,
présentait un lot très varié de Potentilles et de Delphinium — en-
viron 40 variétés — remarquables par leurs coloris. Ce lot reçoit
une médaille d'argent.
M. Prosper Degressis obtient deux médailles d'argent grand
module pour ses Pétunias et ses Bégonias bulbeux qui sont fort
beaux les uns et les autres. Le même exposant voit encore son lot
général de plantes de serre récompensé par une médaille d'or,
ofl'erte par M. Chevrier, président d'honneur de la Société.
M. Lebeau, de Chalon-sur-Saône, nous montre toute une série
de belles plantes de serre qui lui valent une médaille d'or. De très
jolis Palmiers, des Araucarias, des Cycas, des Fougères en beaux
spécimens composaient ce lot.
Les ÀnUmrium, Cyanoplnillum, Bœhmoria et autres belles plantes
à feuillage qu'expose M. Damiron, horticulteur à Montceau-les-
Mines, sont récompensées d'une médaille de vermeil, pendant que
ses Caladium à feuilles colorées et ses Géraniums zonales on collec-
tion reçoivent des médailles d'argent.
269
M. Grillot nous montre de beaux Ficus, des Chamœrops et des
Dracœnas, qui obtiennent une médaille d'argent.
N'oublions pas M. Malfonde t, de Chalon, qui exposait une fort
belle collection de plantes à feuillage qui obtient un premier prix,
ni les plantes alpines que M. Myard expose hors concours. A signa-
ler aussi le Géranium zonale grelïé par M. Grillot, et les graines
de M. Berthenet.
Je note encore les Bégonias tubéreux de M. Champion, les Pen-
sées de M, Sertilange et les Impatiens sultani et Coleus de M.
Degressy.
Parmi les plantes de semis, autres que les Roses, qui ont été
soumises à l'appréciation du jury, M. Grillot obtient un premier
prix pour de nombreux Geraaium zonales. M. Mercier, montre des
Delphinium, et M. Bérard, des Pétunias hybrides.
M. Guénard fils, pépiniériste à Chalon-sur-Saône, qui exposait
une très belle collection de Roses coupées et un magnifique lot de
plantes de serre, s'était placé généreusement hors concours, ainsi
que MM. Chambrette, amateur, à Chalon, secrétaire de la Société,
qui montrait des plantes grasses, et Myard, vice-président de la
Société.
La Société, pour récompenser ces trois exposants, leur a accordé
à chacun une prime d'honneur.
MM. Degressy et Damiron ont également eu chacun un prix
d'honneur.
Messieurs, je ne m'arrêterai pas aux objets d'art et d'industrie
qui accompagnent toute exposition d'horticulture ; vous connaissez
tous ces objets de première nécessité ou d'ornement, tels que outils,
rustiques, sculptures, céramiques, treillages, etc., et je ne pourrais
rien vous en dire que vous ne sachiez déjà.
Je tei'minerai ce petit compte-rendu en vous faisant part de
l'excellent accueil que votre délégué, ainsi que tous les autres
membres du jury, ont reçu de la Société d'horticulture de Chalon,
et de l'attention dont ils ont été l'objet depuis leur arrivée jusqu'à
l'accomplissement de leur mission. Un banquet fraternel a réuni
exposants et jurés et joyeusement terminé la fête.
Alexandre Bernaix.
— 270 —
CALENDRIER HORTICOLE
Bi-Munc (les travaux cl des semis à faire dans les jardins.
SEPTEMBRE
C'tillurc polatjère. — Ou aimait ai;tretois à formuler sous forme de
sentences, proverbes, etc., les principales opérations de la culture.
La lune, les fêtes fixes servaient généralement à marquer l'époque
des semis. Ainsi on disait : voulez-vous de bons navets ? semez-
les en juillet » ou bien encore les navets se sèment après la mois-
son ; les épinards ne monlenl plus après la Notre-Dame d'août, etc.
En septembre il y a également une fête de Notre-Dame, aussi
dit-on généralement qu'il faut semer les choux d'York, pain de
sucre, cœur de bœuf, cabbage et autres variétés hâtives entre les
deux Noti'e-Dame, c'est-à-dire entre le 15 août et le 8 septem-
bre. On a raison, car semés plus tôt ces choux tendent à ne pas
pommer, semés plus tard, ils donnent leur produit trop tardivement.
On peut encore semer en septembre des ognons blancs, la mâche,
les laitues d'hiver, les épinards, les navets hâtifs et les fournitures :
cresson alénois, roquette, cerfeuil, persil, pimpreuelle, etc.
On peut semer très clair des graines de poireaux qui seront bons à
consommer quand ceux qui ont été repiqués ne vaudront plus rien.
Jardin d'agrément. — C'est en septembre qu'il faudrait semer
une foule de plantes d'ornement que l'on ne sème malheureuse-
ment, la plupart du temps, qu'au printemps, époque où elles ne don-
nent que de pauvres résultats. De ce nombre sont les espèces ou
genres suivants :
Clarkia, Collinsia, Delphinium, Œnothère, Eucharidium, Gaura,
Gilia, Julienne de Mahon, Luuaria biennis, Mufïiers, Myosotis
alpestris, Nemophiles, Pavots doubles. Silène (diverses), Thlapsi,
Giroflées quarantaines, la plupart des graminées d'ornement, etc.,
puis une foule d'autres qui craignent un peu le froid et demandent
l'abri d'un châssis. Comme il serait difficile et un peu long de signa-
ler toutes les p'antes qui devraient être semées en septembre pour
bien réussir, il suffit que le jardinier sache c\ne les neuf dixièmes
des plantes annuelles qui fleurissent au printemps et même dans le
commencement de l'été sont dans ce cas. On peut planter toutes les
plantes bulbeuses dont les ognons ne craignent pas le froid.
Serres et châssis. — Septembre est le mois qui précède celui où
toutes les plantes devront être rentrées ; il y a même ddjà des espè-
ces de serre tempérée ou de serre chaude qui préfèrent l'abri d'un
vitrage au grand air, surtout vers la fin du mois. On doit préparer
les serres à recevoir leurs hôtes habituels et à cet effet il sera très
utile de procéder à une toilette complète des banquettes, gradins,
coins et recoins des serres et orangeries. Je conseille également
— 271 —
des fumigations énergiques aux vapeurs d'acide sulfureux, d'oxyde
de carbone et d'acide carbonique qu'on obtient en brûlant du soufre
sur un réchaud chaufté au charbon de bois. Ces vapeurs détruisent
les insectes parasites et les spores des cryptogames qui habitent la
serre. Bien entendu que cette opération ne peut se faire que quand
les serres sont vides.
Dans le jardin on déterrera les plantes qui craignent l'humidité,
telles que les bruyères, Azalées et autres espèces déhcates de la
Nouvelle-Hollande et du Cap. Celles dont les racines ont traversé
les pots, soit en dessus, soit en dessous, devront être soulevées
afin d'être sevrées du supplément d'ahmentation qu'elles reçoivent.
11 vaut mieux faire cette opération pendant que la température est
encore douce que d'attendre les gelées.
On peut également procéder à un demi- rempotage pour beaucoup
d'espèces qui ont émis des racines nombreuses à la partie supérieure
du pot. On rempote les Primevères de la Chine et les Cinéraires
qui en ont besoin et on multiplie les plantes qui servent à la planta-
tion des massifs, telles que Géranium, Verveines, Pétunias, Anthé-
mis, Salvias, etc., à moins que l'on ne préfère rentrer de vieux
pieds et les multiplier au printemps.
Modèle de Certificat» d'origine ponr renvoi de produits
agricole» à destination de rAlleuiagne (A).
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
CERTIFICAT DO R I Q I N E
I» DÉCLARATION DE l'eXPÉDITEUR
Je soussigné (I) déclare :
1° Que les plantes vivantes contenues dans (2)
marqué (3) adresse à (4) par le bureau
frontière de (5) proviennent en entier de mon établissement ;
2° Que cet envoi ne contient pas de vignes ;
3» Que les plantes sont emballées (6) leur motte de terre.
(7) A , le 188
(8) L'Expéditeur,
(A) Recueil des Actes administratifs, département du Rhône, n» 19, 1885.
(1) Nom, prénoms, profession et do- 1 (5) Bureau frontière du pays destina-
micile. - taire.
(2) Nombre et nature des colis. | (6) Dire si les plantes sont emballées
(3) Mari|ue et numéro. avec ou sans leur motte de terre.
(4) Adresse complète du destinataire; | (7) Lieu de départ.
nom, profession, domicile. i (8) Signature de l'expéditeur.
2" ATTESTATION DE l'eXPERT OFFICIEL
Le (1) atteste :
1° Que l'envoi des plantes qui doit être fait par M. (2)
provient d'un terrain séparé de tout pied de vigne par un espace de 20 mè-
tres au moins, ou par un obstacle aux racines, jugé suffisant par l'autorité
compétente;
2» Que ce terrain ne contient lui-même aucun pied de vigne;
3* Qu'il n'y est fait aucun dépôt de cette plante ;
4° Qu'il n'y a jamais eu de phylloxéra (A). (Voir le nota qui figure après
le certificat d'origine.)
A , le 188
(3) Le
(1) Commissaire de police de ou le garde champêtre d
(2) Nom, prénoms, profession et domicile de l'expéditeur.
(3) Le commissaire de police ou le garde champêtre.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
CERTIFICAT D'ORIGINE
3» ATTESTATION DE L'AUTORITÉ COMPÉTENTE
Le Maire de atteste sur le rapport de l'expert délégué :
I» Que l'envoi des plantes ci-dessus provient d'un terrain séparé de tout
pied de vigne par un espace de 20 mètres au moins ou par un obstacle aux
racines jugé suffisant par l'autorité compétente ;
2° Que ce terrain ne contient lui-même aucun pied de vigne ;
3° Qu'il n'y est fait aucun dépôt de cette plante ;
4° Qu'il n'y a jamais eu de phylloxéra (A).
A , le 188
Le Maire,
(Cachet de la Mairie.)
(A) Nota. — Au cas oii le phylloxéra aurait existé, le § 4 sera barré et remplacé
par la formule suivante :
« Que l'extraction radicale des ceps phylloxérés autrefois existants a été opérée,
o que des opérations toxiques répétées pendant trois ans et des investigations
• assurent la destruction complète de l'insecte et des racines. ■
CATALOGUES. — NOUVEAUTES.
— Gustave Knoderer,55, rue Saint-Etienne, à Nice. — Graines de Prime-
vères de Chine, dont deux nouveautés : Pourpre unicolore, à fleur non fran-
gée, et Pourpre délicatement ponctué de blanc, à fleur frangée. — Graines de
Giroflée empereur, d'Anémones, de Phormium tenax, récoltées à Nice, etc.
— Trade list of Hardy North American perenial plantes for sale; By Pringle
et Horsford, Charlotte, Vermont, United States of America. — Ce catalogue
contient beaucoup de plantes vivaces : ogcons bulbes, orchidées et fougères
peu fréquemment citées en Europe.
— Jac.Van der Kroft, fleuriste-horticulteuràWassenaar, près de Harlem
(Hollande), représenté à Lyon par M. Th. Chevallier, 53, cours d'Herbou-
ville. — Catalogue comprenant toute la série des plantes bulbeuses cultivées
en Hollande.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOBEL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Ballon, r. de la République, 33
1885 SEPTEMBRE N° 17
CHRONIQUE
Deux jardiniers, l'un grand donneur de conseils, m'a-t-on dit,
l'autre un peu musard, causaient ensemble, élevant fortement la
voix. Passant près d'eux, par hasard, comme ils se disaient des
choses désagréables, concernant les semis, ils me prièrent de les
mettre d'accord. Je ne crus pas devoir refuser ce service à deux
confrères prêts à s'empoigner aux cheveux. Je vais, pensais-je,
éviter un pugilat horticole, écoutons ces brtwes gens.
— Oui! disait le plus petit, d'une voix sifflante, tu m'as con-
seillé de faire stratitier mes graines d'églantier, et malgré la stra-
tification, aucune n'a germé.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, clamait le plus grand, et si
tes églantiers n'ont pas germé, c'est par ta faute, entends-tu,
petit
— Grand Rien n'a levé malgré le pot, le sable, la graine,
la cave et tes conseils. . .
La discussion prenait une tournure peu parlementaire ; le grand
déclarait avoir lu le procédé dans un livre : le petit répondait que
le livre et son lecteur étaient deux imbéciles. C'était le moment
d'intervenir.
Je me fis raconter l'histoire de cette stratification ratée et je ne
tardai pas à m'apercevoir que, comme le gars de Falaise, le
semeur d'églantiers avait oublié d'allumer sa lanterne. Je priai ces
messieurs de s'asseoir et je prononçai devant eux le petit discours
suivant, dont je cherchais le placement depuis six mois.
Messieurs, le mot slratlficalion ne vient pas du grec slralos, qui
veut dire armée, mais du latin slralus, couche. Ainsi, littéralement,
Sitratiâcation signifie disposition par couches ou strates; on emploie
ce mot en géologie, minéralogie, métallurgie et horticulture.
— 274 —
En horticulture, le mot signifie, non pas positivement disposi-
tion des graines par couches alternatives avec une autre substance,
telle que terre, sable, mousse, chiflfon, etc., mais lAuiol prépara-
tion au semis des graines dures à germer. En effet, il est inutile
que les graines soient disposées par couches; entourées de la subs-
tance qui doit les tenir humides régulièrement, cela suffit. Ainsi,
par exemple, mêlez des graines à une quantité déterminée de
sable, brassez, tenez humide et vous obtiendrez une stratification
aussi bonne que si le sable et les graines eussent été disposées par
couches alternatives. Entre nous, la disposition par couches est la
meilleure. Plus rarement, stratification signifie une opcralion qui
sert à conserver la faculté germinative des graines, en les plaçant
par couches entre des substances sèches qui interceptent l'action de
l'air.
Mais, messieurs... je crois que vous bâillez; attendez, je vous
prie, ce n'est pas fini, et surtout faites-moi la grâce de ne pas
dormir.
Messieurs, vous voyez qu'il y a la stratification sèche et la stra-
tification humide, et je dirai mieux, il y a la stratification à chaud
et la stratification à froid. Si j'osais, je dirais : il y aussi la strati-
fication en retard, celle du temps perdu.
Temps perdu
Jardiniers, petits et grands, entendez-vous ? ne vous en laissez
pas imposer par ce vieux proverbe, digne conception du citoyen
Fabricius Prudhomus, dont la bêtise était grande : « Le temps
perdu ne se rattrape jamais. » Prudhomme courait mal, étant boi-
teux et ventru ; mais vous le rattraperez, le temps, vous autres,
aux jarrets d'acier.
En horticulture, principalement dans le cas qui nous occupe, le
temps se rattrape..., mais difficilement, et je vous accorde, avec
les meilleurs horlogers de Besançon et de Genève, que les aiguilles
du cadran solaire sont pli. s difficiles à régler que celles d'un chro-
nomètre de huit cents francs. Cependant, avec le ciel il est des
accommodements, — témoin Josué arrêtant le soleil, — comme
vous allez voir. Ainsi, je vais vous apprendre à procéder à la slra-
lificalion en relard.
Si vous faites stratifier des graines dures à germer, telles que
celles d'églantiers, d'aubépin, desmilax, de pivoine, d'aconit, etc.,
et que la stratification faite suivant les règles de l'art, ait com-
mencé en juillet, vous êtes sûr, si les graines sont bonnes, d'obte-
nir au printemps une germination réguhère. Mais si la même opé-
ration est faite en septembre, il n'y aura plus que la moitié des
graines qui germeront. En octobre, vous avez dix-neuf chances sur
vingt de n'en pas voir lever du tout.
— 275 —
Eh bien! suivez le conseil que je vais vous donner, semeurs émé-
rites, mais négligents, et lâchez de rattraper le temps perdu. En
septembre et octobre, disposez vos graines à stratifier dans des
caisses garnies de sable et placez-les dans l'endroit le plus chaud
du jardin ; tenez humide. En novembre, décembre, janvier et
février, mettez ces caisses dans votre cuisine, si vous n'avez pas
de serre chaude, ou dans n'importe quel endroit chaud (15 à 20");
continuez à tenir humide. De cette façon, vous aurez rattrapé le
temps perdu. Ce secret vaut au moins huit trancs. Messieurs,
allons dîner.
Injormalions. — Le département fédéral de l'agriculture, en
Suisse, vient de prendre des mesures contre le puceron lanigère.
Des commissaires ont été nommés dans tous les cantons pour assu-
rer sa destruction dans les vergers. On sait que cet ennemi des
pommiers se détruit facilement au moyen de badigeonnages réitérés
avec du pétrole, de l'eau sédative, de la matière des fosses, etc.
Opérer depuis la chute des feuilles jusqu'à la floraison.
— La Société d'horticulture du canton de Vaud tiendra, les 26,
27 et 28 courant, une exposition spéciale de fruits à Lausanne.
Une exposition pareille aura lieu à Gand le 20 du même mois.
— M. le D' H. Rousseau conseille la culture du Persil à grosse
racine; peu cultivé en France, ce Persil est consommé en grande
quantité en Saxe. C'est une variété du Persil ordinaire, dont la
racine atteint presque la grosseur d'une carotte.
— Le The Garden recommande la culture du Lconilis leonurus
comme plante ornementale. Ce journal a raison. Cette belle labiée,
d'orangerie pendant l'hiver, fleurit admirablement pendant l'été
en plein air. A Constantinople, on la nomme fleur minaret. Lponolis
veut dire oreille de lion; leonurus, queue de lion. Ce que c'est que
l'imagination !
— Le même journal signale une nouveauté, le Nijmphœa flava,
de la Floride. Cela va réjouir les amateurs de plantes flottantes,
fleur jaune pâle, excepté à l'extérieur des sépales qui sont purpu-
rescents. Cultivé en A.ngleterre.
— La Jievue horticole figure huit variétés de cannas de semis
obtenus par M. Crozy. La planche est fort belle. Ceux qui ont vu
les plantes vivantes chez notre collègue décerneront des éloges au
peintre qui les a si exactement rendues.
— Le Washinglonia robusta est une espèce nouvelle de palmier
que M. E. André recommande pour la région méditerranéenne. On
sait que le genre IFashinglonla a été formé au détriment des Prit-
chardia. Le fV. robusta est originaire des bords du Sacramento,
fleuve de la Californie. Le Prilchardia pilifora, qui atteint déjà de
— 276 —
si belles proportions en pleine terre, en Provence, est aussi un
ff^asliin()tonia .
— Une société de bienfaisance a institué à Frederiksoord (Pays-
Bas) une école d'horticulture qui a été inaugurée le 1 9 mai dernier.
On a également réorganisé, sous le nom de Tuinhoimscliool Jmslvr-
dam, l'ancienne école d'horticulture de Watergraafsmeer.
— L'école d'horticulture de Versailles fera sa rentrée le 1" octo-
bre prochain.
— Un concours de fruits, d'arbres fruitiers, formés ou non,
aura lieu à Montmorency (Seine-et-Oise), les 18 et 19 octobre
prochain.
— MM. Transon frères, horticulteurs à Orléans, ont obtenu une
variété d'Moteia Japonica à feuilles pourpres. Cette plante ne diffère
de l'espèce que par la couleur de ses feuilles et de ses tiges qui est
rouge violacé.
— Deux de nos confrères qui ont eu la complaisance de signa-
ler la décision de l'Association horticole lyonnaise relative à la fixa-
tion de la date de l'Exposition qu'elle tiendra à Lyon l'an prochain,
ont été victimes de la typographie. En effet, l'un annonce cette
Exposition pour 1885, ce qui est une erreur, et l'autre pour 1866,
ce qui est une erreur également, mais d'une espèce particulière.
— Du 18 au 20 septembre, aura lieu à Orléans une Exposition
de fruits. Le but de cette Exposition est de former une collection
destinée à l'exposition universelle d'Anvers.
— Il paraît qu'on a découvert V Edelveiss, en Amérique, sur le
mont Rainier. Cette découverte n'a rien d'agréable pour les tou-
ristes qui s'imaginaient rapporter de leurs excursioiis des hauts som-
mets des Alpes suisses une plante rare particuhère à ces monta-
gnes. L'Edelweis — Lfoniopodium alpinum — croît, du reste, en
France, dans les pâturages escarpés des montagnes, dans les Hautes
et Basses-Alpes, les Pyrénées, le Jura, la Dole, le Reculet, etc.
La Suisse n'en a donc pas le monopole.
— La troisième Exposition nationale de la Fédération horticole
italienne aura heu à Rome, au mois de mai 1886. Le programme,
qui a été rédigé par la Société horticole romaine, contient plus de
200 concours.
Tomates teintes. — On aime les couleurs fraîches et vives : l'in-
carnat de la jeunesse est en effet bien plus séduisant que l'ocre
jaune de l'âge mûr. Le vulgaire préfère le beau vin au bon vin. 11
n'y a pas jusqu'aux cuisinières qui ne soient séduites par la belle
couleur des tomates mûres à point. Cette propension idiosyncrasique
des cordons bleus à préférer les Po^na amoris fructu rtibro (Tomates
à fruit rouge) aux tomates à fruit pâle a été cause que trois maraî-
— 277 —
chers des environs de Paris ont été condamnés récemment chacun
à 100 francs d'amende pour avoir vendu des tomates teintes au
rouge d'aniline. Cela leur apprendra à mêler ensemble la teinture
et l'horticulture.
OEiUcls remuniaids cl jus de tabac. — La culture de l'Œillet remon-
tant est très facile, et cependant, sauf chez les spécialistes, il est
assez rare de rencontrer de beaux individus de cette race. Le rachi-
tisme sous lequel se débattent, dans beaucoup de jardins, l'élite des
meilleures variétés, est dû aux déprédations d'un petit insecte
auquel les entomologistes ont donné le nom générique de Tlirips.
Cet insecte, dont on constate la présence par le rabougrissement
des rameaux et l'aspect tortillé et souffreteux des feuilles, est assez
diificile à observer, tellement il est agile et de petite taille. Toute-
fois, en écartant délicatement les feuilles des sommités des rameaux,
on peut l'apercevoir.
Il n'y a pas de culture d'oeillet possible avec cet hôte dangereux.
Heureusement que le jus de tabac est un toxique auquel les thrips
ne peuvent pas résister. On emploie le jus à la dose d'un dixième en
le mêlant à l'eau L'important est de bassiner tous les quinze jours
tant qu'on aperçoit des thrips.
L'Œillet aime également beaucoup l'engrais Hquide appliqué en
mai-juin. Si on voulait résumer la culture de l'Œillet remontant,
on devrait la formuler de la manière suivante : bouture de septem-
bre à novembre; pincement en avril, mai et juin; engrais et jus
de tabac en mai, juin, juillet et août; floraison en novembre-décem-
bre. Plein soleil.
Exposition de Fillefranchc. — Je ne sais pas si les affaires ont
marché, si les recettes ont été « convenables » — c'est malheureu-
sement une question qui intéresse au premier chef les sociétés
d'horticulture qui organisent des expositions, témoin la société de...
qui coure après plusieurs billets de mille francs qui lui manquent
depuis sa dernière exposition. — Mais ce que je sais, c'est que les
horticulteurs de plus d'un chef-lieu de département seraient heu-
reux de pouvoir présenter d'aussi jolies plantes dans une exposi-
tion a-issi belle que celle que la Société de Fillefrancke avait orga-
nisée dans les premiers jours de septembre àVillefranche-sur-Saùne.
Le jardin anglais, avec pelouses, massifs, pièce d'eau, rocaille,
avait été tracé par M. Falconnet jeune, dont le goût et l'habileté
sont bien connus, le gazon a eu le bon esprit de se niontroï pendant
l'exposition et non après comme cela arrive quelquefois. Ces
tapis verdoyants qui charment la vue, faisaient admirablement
ressortir les vives couleurs des corbeilles fleuries. Au point du vue
— 278 —
horticole on peut donc dire que l'exposition était parfaitement
réussie.
En attendant la publication du rapport détaillé, que ne manque-
ront pas de faire les deux membres du jury délégué par l'Associa-
tion horticole, j'ai tenu à signaler le brillant succès obtenu par nos
confrères de Villefranche.
Quelques horticulteurs se sont particulièrement surpassés : M.
Coindre avec une série de lois : Zonales, Reine-Marguerite, Dra-
cœna, fleurs coupées, plantes à feuillage, etc., décroche un prix
d'honneur, vase de Sèvres, offert par le Président de la Républi-
que, M. Pétrus Dubeuf, chef de culture de M. Perrochet, obtient
plusieurs prix avec des plantes bien cultivées. MM. Poisard, d'Anse,
exibaient des vignes grefïées, une collection de Conifères, des plan-
tes en fleurs coupées, etc., qui leur valent plusieurs récompenses.
M. Longeron avait de bien johs lots qui font honneur à ses talents
de cultivateur. M. Romanet, deux johes collections d'Evonymus et
d'arbustes à feuilles persistantes. M. Guerrier, jardinier chez Ma-
dame Roche Alix, montrait de beaux Zonales et des Cannas vigou-
reux. M. Achard, de Neuville, exposait une belle collection de
fruits, il faut encore signaler, MM. Martin Joseph, Acarit, Roma-
net, Chaboud, etc. Puis des exposants de raisins et de vignes.
MM. Poisard, Grégoire, Dengaud, Merlier, Puliat (Jean), Cha-
boud, etc. Les collections de légumes étaient fort belles, deux sur-
tout qui auraient enfoncé — passez-moi le terme — la plupart
de celles que nous voyons à Lyon et même à Paris. Bravos, Mes-
sieurs Chaboud, Coindre et Labranche. A citer de belles collections
de pommes de terre à MM. Aumiot etPulliat, les fraises et le bou-
quet de légumes de M. Tliiard. Puis la belle exposition de bouquets
en fleurs naturelles ou artificielles, garnitures, de MM. Comte fils
et Longeron, et tant d'autres choses qu'il faudrait signaler sans
compter les objets d'art et la petite pompe actionnée par l'électri-
cité transmise à grande distance,
Jussieua grandiflora. — On peut voir actuellement en pleine flo-
raison une assez grande surface de ce qui reste à combler de l'an-
cien fossé du fort des Brotteaux, à Lyon, qui limitait à l'Est le
parc de la Téte-d'Or, couverte par cette belle plante aquatique.
Jetée là par hasard, peut-être à dessein par un amateur de natu-
rahsalion de plantes exotiques, cette espèce s'y est développée
avec une exubérance dont quelques-unes de nos plantes indigènes
sont seules capables.
Le Jussieua grandiflora Michx est une plante de la famille des
Onagrariées qui habite les bords des lacs de la Caroline ; sa fleur
est d'un beau jaune d'or; oUe commence à se montrer eu juillet et
— 279 —
continue à s'épanouir jusqu'en octobre. Ses tiges sont dressées, ses
feuilles oblongues lancéolées sont d'un vert foncé assez brillant.
C'est une espèce à recommander pour l'ornement des lacs et des
grandes pièces d'eau. Quand les hivers sont très rigoureux, elle
gèle en partie, mais il est rare qu'elle disparaisse complètement.
On peut du reste en rentrer quelques pieds qu'on jette à l'eau en
avril. V. V.-M.
Rocouier — Bixa orellana L.
Le Rixa orellana plus connu sous le nom de Rocouier est un
petit arbre de cinq à six mètres de hauteur, originaire de l'Amé-
riciMo tropicale, mais propagé par la culture dans toute la zone
torride. Il appartient à la famille des Bixacées ou Bixinées, assez
— 280 —
voisine des Cistinées. La figure qui accompagne celte note nous
dispensera d'en faire la description. Nous dirons seulement que
ses feuilles sont persistantes et que ses fleurs d'un rose pâle sont
fort belles ; son fruit est une sorte de capsule déhiscente, à deux
valves, hérissée d'aiguillons.
Le Rocouier produit une substance tinctoriale qu'on extrait des
fruits. Cette substance, généralement connue dans le commerce
sous le nom de Jiocou, est également nommée ruka, uruka, ornullo,
allala, terra orleana, etc. Le rocouest très employé dans la teinture;
on en prépare aussi quelques couleurs à l'eau et à l'huile ; il sert
aussi à colorer les vernis, les huiles, le beurre, les fromages, etc.
La matière colorante du rocou est soluble dans l'eau, l'alcool, les
huiles, l'éther ; la dissolution est jaune orangé, l'acide sulfuriquc
fait passer cette couleur au bleu indigo. Les Caraïbes se tatouent
le corps avec du ro^u pour éloigner les moustiques. Enfin les
graines et la racine de cet arbre précieux sont emploj-ées en mé-
decine.
On rencontre assez rarement le Rocouier dans les serres, si ce
n'est dans les jardins botaniques ou chez les rares amateurs qui
collectionnent les plantes médicinales ou industrielles exotiques.
Cependant en dehors de l'intérêt qui s'attache aux plantes dont les
produits sont employés dans les arts, le Rocouier a des qualités
ornementales qui devraient le faire rechercher. Nous avons dit que
sa fleur et ses feuilles sont fort belles ; nous ajouterons que la
culture en est assez facile lorsqu'on dispose d'une serre chaude, on
peut le cultiver en caisse ou en pleine terre. Sa multiplication se
fait par graines, par boutures ou par greffe sur jeunes sujets
obtenus de semis ; la gretfe donne des arbres qui fleurissent beau-
coup plus vite que le semis lui-même. D.-X. Liroux.
Note sur les Chrysanthèmes d'été.
L'introduction dans les jardins du genre connu des amateurs sous
le nom de Chrysanthème ne remonte guère au-delà de la fin du
siècle dernier. Le type sauvage amélioré par les Chinois, ({ui sont
grands arnateurs des belles variétés de cette plante, passa dans les
cultures en Europe vers 1770, mais il ne se répandit que très len-
tement, et il faut remonter jusqu'au XIX" siècle pour lui voir pren-
dre une importance relative. Miller, dans son encyclopédie des
jardiniers, en fait mention sous le nom de Malricaria indica. Du
reste il faut dire que les Chrysanthèmes ont successivement porté
les noms suivants : Chrysanthcmwn indicum, japonicum, purpurcuni ;
Malricaria indica; Anthcmis grandiflora et Pyrcthrum indicum. C'est
281
Cassini, l'illustre inonographe des Synantlicrécs, qui a définitivement
fixé la place que les Chrysanthèmes doivent occuper dans une clas-
sification, en les faisant entrer dans le genre Pi/rcthrum.
En 181 1 Dumont-de-Courset signale déjà des variétés blanches,
jaunes, rouges et variées ; mais la variété blanche ne devait pas
être très commune, car le Bon jardinier pour l'année 1<S17 dit
« qu'on a vu la variété à tleur blanche pour la première fois en
181 1 et une autre variété à fleur d'un écarlate brillant en 1812. »
La variété « Pourpre ancien » est celle qui paraît avoir été intro-
duite la première.
En 1825 on s'aperçoit que le genre prend de l'importance puis-
qu'à cette époque le rédacteur du Bon jardinier en signale six
variétés à fleur blanche, différant entre elles par la grandeur des
fleurs ou par la forme des fleurons, quatre jaunes et trois pourpres.
Le même ouvrage ajoute : Enfin plusieurs autres variétés se font
admirer dans la collection de M. Noisette qui en a introduit le plus
grand nombre. »
En 1835. Noisetie, qui était un des horticulteurs les plus ins-
truits de son époque, donne la description de 30 variétés.
Ces variétés comprennent déjà ces nuances rouillées, mordorées,
oraujgées, qui devaient devenir si communes plus tard.
D X ans après la publication du livre de Noisetie les variétés de
Chrysanthème deviennent si nombreuses que Jacques, jardinier en
chef du château de Neuilly, se voyait dans la nécessité d'établir
pour elles une classification divisée en 16 sections. Depuis, les
variétés nouvelles ont supplanté les anciennes, et ce serait perdre
son temps que do signaler toutes celles qui ont été obtenues par le
semis.
Tous les auteurs que nous avons consultés, s'accordent assez
pour fixer l'époque habituelle de la floraison des Chrysanthèmes
d'octobre à novembre-décembre. Ainsi jusqu'à 1845, date où nous
avons arrêté nos recherches, aucun auteur ne parle des Chrijsan-
tlu-mcs d'clé, c'est-à-dire des variétés fleurissant en juillet-août. Il
est donc bien difficile d'assigner une date exacte à l'apparition dans
les cultures des variétés susdites.
Cependant si on voulait s'appuyer du témoignage de Miller, qui
fait du reste autorité en horticulture , les Chrysanthèmes d'été
seraient ceux qui auraient été les ]>remiers introduits dans les
cultures, puisque cet auteur décrit son Malricaria indica, que l'on
c onsidère comme le type des premiers Chrysanthèmes introduits,
de la manière suivante :
« Cette espèce se trouve dans plusieurs parties des Indes ; elle
m'a été envoyée de Nimpu où elle croît en abondance ; elle s'élève
à la hauteur d'un pied et demi et se divise en plusieurs branches
_ 282 —
garnies de feuilles anguleuses, ovales, l'urLement sciées sur leurs
bords et d'un vert pâle ; ses Heurs naissent sur des pédoncules qui
sortent des ailes des feuilles ainsi que de l'extrémité des branches.
Toutes celles que j'ai vues étaient doubles. Elles paraissent en
juillet. »
Quoi qu'il en soit de ces remarques, et comme il y a des variétés
plus précoces les unes que les autres et qu'il importe de les distin-
guer entre elles, j'estime que la qualification de Chrysanthème d'été,
au lieu de précoce, désignerait plus clairement les plantes de cette
série, et c'est celle que j'adopterai dorénavant, car c'est en juillet,
août et septembre qu'elles sont dans toute leur beauté. Si on savait
tout le parti qu'on pourrait en tirer comme plante de massifs ou de
plates-bandes, on en verrait dans tous les jardins. Comme le Chry-
santhème d'automne, celui d'été s'accommode de tout terrain, mais il
préfère une exposition très chaude où les plantes forment des touf-
fes basses, bien feuillées et couvertes de fleurs qui se succèdent
pendant des mois, en ayant soin d'enlever les fleurs passées. On
ne taille pas le Chrysanthème d'été, sa floraison le maintient bas,
il exige peu d'eau et même il est probable qu'il peut s'en passer,
c'est un essai à faire. Comme les plantes n'atteignent pas de
grandes dimensions , on peut les mettre plus rapprochées que les
Chrysanthèmes d'automne.
Je pense que ces instructions sommaires contribueront à répan-
dre davantage la culture d'une belle plante encore peu usitée.
Cette plante me semble mériter quelque attention, car elle a
résisté, sans aucune défaillance et avec peu d'eau, à la grande
sécheresse que nous avons subie cette année. Les fleurs ne crai-
guent pas le soleil le plus ardent, et pas une feuille n'est grillée ;
les plantes sont vertes du pied à la tête. Leur culture est tout à
fait élémeutaire ; elles viennent toutes seules, pourvu qu'on les
mette au plein soleil, et qu'on leur donne relativement peu d'arro-
sages. Les boutures faites au printemps, de préférence aux indi-
vidus de touffe, forment de joHs petits arbustes variant de 15 à
35 centimètres de hauteur, et se couvrent littéralement de boutons
et de fleurs qui durent jusqu'à l'arrivée du chrysanthème d'automne.
Les fleurs sont, en général, petites ou moyennes. Les coloris, jus-
qu'à présent, ne peuvent pas rivaliser avec ceux des chrysan-
thèmes d'automne ; mais en faisant un bon choix et grâce à quel-
ques bonnes nouveautés, on peut faire de petites collections assor-
ties.
En Angleterre, on fait grand cas des variétés précoces ou d'été,
parce qu'elles y fleurissent en pleine terre, taudis que les chrysan-
thèmes d'automne sont cultivés en serres; les brouillards, peut-
être plus que le froid gâteraient les fleurs. C'est feu M. Pertuzès
— 283 —
père, de Toulouse, qui a obtenu et édité quelques variétés; mais
les anglais ont dû en obtenir aussi, car outre Liitle Boh, essentielle-
ment anglais, M. Piercy, de Londres, spécialiste du genre, a écrit
que la variété connue sous le nom de itf ""* Pécoul, a été obtenue par
M. Piccol, un des chefs de culture de M. Carter, célèbre mar-
chand-grainier de Londres
Voici une liste des variétées de chrysanthèmes d'été actuelle-
ment les plus recommandables :
Anriita, blanc à centre jaunâtre.
Auréole, carmia siiblé blanc.
Floconde Neige, blanc pnr, pétales
imbriqué?.
Gentillesse, blanc et lila?.
Gremillette, jaune nuancé.
Hermine, blanc pur, petite plante
basse très florifère.
Jardin-des-Plantes, blanc pur, plante
compact-i formant un bouquet.
Jeanre Cousinié, rose tdndre, extra.
La Bien-Aimée, rose vif, base des
péialts blanc.
L:i Njmphe, lilas foncé.
L'Avenir, rose clair pointé amarante.
L'immorielle, blanc camé.
Liule Bob, roujje foncé.
Le Luxembourg, jaune mordoré, ex-
tra.
M""' Djfoj, blanc satiné.
M"* Pecoul, rose tendre.
Ma petite Marie, blanc pur, plante
b:isse très floriforo.
Migndo, jaune brillant, extra.
M. Fréd. Marrouch, rouge pointé
orange.
M. Hipp. Jamain, violet à centre
marron.
Perpétuel-Toulousain, rouge mor-
doré.
Reine-Blanche, blano pur.
Secrétaire-Daurel, rose satiné, pointé
bUnî.
Souvenir, supprbe jaune, très flori-
fère.
Souvenir de M. Raajpont, violet.
Toréador, rougj saturne pointé or.
HOSTE ET V. V.-M.
Visite à l'Exposition d'Anvers.
Au mois de mai dernier s'ouvrait à Anvers la première Exposi-
tion universelle organisée sur le territoire belge. Bien qu'Anvers
ne puisse être comparée ni à Paris, ni à Londres, c'est une fort
belle ville et un port de commerce très remarquable qui compte
de beaux monuments et des curiosités qui valent certainement la
peine d'être visités. En ajoutant à tous les attraits de cette capitale
commerciale de la Belgique les chefs-d'œuvre du travail, des aris
et de l'industrie que toutes les nations ont envoyés dans les immenses
galeries de l'Exposition, c'était fournir une occasion unique aux
visiteurs d'admirer à la fois les uns et les autres.
Mon intention n'est pas de signalei' ici les progrès et les amélio-
rations de toutes sortes que chacun dans sa spécialité examine plus
particulièrement; je me bornerai à rendre compte le plus briève-
ment possible de l'Exposition internationale d'horticulture qui s'est
tenue du 2 au 6 août dernier.
Quoique internationale, l'Exposition comptait très peu d'étrangers
exposants, mais n'en était pas moins belle pour cela, car on sait
— 284 —
qu'à elle seule, la Belgique pourrait, si elle le voulait, faire non
pas une Exposition, mais plusieurs Expositions à la fois.
Précédemment, deux concours horticoles avaient déjà eu lieu
dans l'enceinte de l'Exposition universelle : le premier fut une
merveille ; les Orchidées en faisaient les frais. C'est dire que les
spécimens rares, les espèces choisies abondaient partout. L'autre,
spécial aux Roses, était également fort beau, mais ne parvenait pas
à éclipser ceux de nos Expositions organisées par l'Association
horticole lyonnaise.
Ces deux concours n'étaient que le prélude de la belle Exposition
générale dont je vais vous dire quelques mots.
Cette Exposition a été organisée dans un vaste emplacement
réservé dans l'une des nombreuses galeries qui composent l'en-
semble de l'Exposition universelle. Le tracé quelque peu anglais
comprenait une infinité de petits massifs réservés aux plantes fleu-
ries de petite dimension. Çà et là étaient disséminées de grandes
plates-bandes. Dans les bordures, les organisateurs avaient placé de
forts spécimens qui masquaient les murs et dissimulaient un orgue
immense qui jouait des airs connus mais variés, à la satisfaction des
nombreux visiteurs qui aiment !a musique.
Je n'ose pas trop m'aventurer à vous citer les noms des lauréats
des nombreux concours, cela constituerait une kyrielle de noms
propres dont l'orthographe est assez difficile. Les célébrités horti-
coles de la Belgique avaient, pour le plus grand nombre, pris part
à la lutte, jalouses de conserver à leur pays la suprématie qu'elles
lui ont acquise en horticulture. Les Van Houtte, les Linden, les
Dallière, les Jacob-Makoy, les Van Geert, les Pynaert, les de
Semet, les Le Grelle d'Hanis et tant d'autres étaient là avec leurs
collections d'élite et leurs spécimens de choix.
En dehors des collections générales d'arbres, d'arbustes et de
plantes de serre diverses, parmi lesquelles il serait difficile de faire
un choix, il y avait, comme c'est l'habitude en Belgique, de nom-
breux concours établis en faveur des genres généralement cultivés:
Plantes nouvellement introduites, plantes nouvelles de semis, cul-
ture et floraison , Fougères et Lycopodcs, Cycadées, Conifères,
Palmiers, Pandanées, Musacées, Marantacées, Liliacées, Bromé-
liacées, Orchidées, Plantes carnivores, Euphorbiacées, Protéa-
cées, Araliacées , Bégonias, Cactées, Bertolonia et Sonerila,
Œillets, Rosiers, Fuchsias, Garnitures d'appartement. Bouquets,
Coiffures, Fleurs coupées, etc., etc.
Parmi les plus belles espèces nouvelles introduites en Belgique
depuis trois ans, que MM. Jacob-Makoy, L. Van Houtte et Van
Geert avaient exjtosées, on peut citer plusieurs lielles Broméliacées,
telles que Canujuala Osijana et Pcacockii^ Nidulariuin acanlhocraler et
— 285 —
Eekhaulei, de jolies Aroïdées : Jnlhurium, Dieffenbachia, Alocasia;
de belles Sélaginelles, plusieurs Fougères, des Cycadées, des Pan-
danus et une foule d'autres plantes qu'il faudrait non pas seulement
signaler, mais décrire ou mieux reproduire en couleur.
Les Orchidées En écrivant ce nom, ma plume s'arrête invo-
lontairement, et malgré les notes que j'ai là sur mon carnet, je
sens qu'il m'est impossible, non pas d'énumérer les noms souvent
barbares dont on a affublé ces curieuses tleurs, mais d'exprimer le
charme qu'on éprouve à les admirer. Eu Belgique (ce n'est pas
comme aux environs de Lyon où les amateurs d'Orchidées sont
rares), tout le monde raffole de ces plantes épiphytes.
Les Palmiers étaient représentés par l'élite des plus beaux
genres, les uns, les nouveaux, en petits exemplaires, les autres,
plus anciens dans les cultures, par des spécimens de toute beauté.
MM. VanGeert et Dallière avaient dans ce genre quelques espèces
nouvelles.
La collection générale de Madame Legrelle d'Hanis a été l'objet
de l'admiration de tous les visiteurs : il est difficile de réunir en si
grand nombre d'aussi belles espèces, dont quelques-unes très rares,
et surtout de les présenter aussi irréprochablement cultivées.
M. Van Houtte, avec une foule de plantes de serre fort remar-
quables, présentait un beau lot de Lilium en pleine floraison ; nous
ne voyons guère cela dans nos Expositions ; puis des Nrpenlhcs aux
ascidies énormes. M. Dallière avait un joli lot de ces curieuses
plantes carnivores.
M. Van den Wouwer, horticulteur à Anvers, avait un lot dans
lequel j'ai remarqué un bel Jnlhurium carneum couvert de fleurs,
plusieurs belles Cycadées et une infinité d'autres belles plantes.
M. d'Haenne montrait des Caladiums à feuilles colorées, de
beaux Becjonias rex, de remarquables Crotons, etc.
Les Dracœna de MM. Wartel frères ont également été fort
remarqués.
Il faudrait aussi citer les Fougères en arbre de M. Pynaërt Van
Geert, puis les Fougères variées de M. Vallem. De beaux Gloxi-
nias, des plantes fleuries diverses, des collections de Broméliacées;
les Roses coupées de MM. Soupert et Noting, de Luxembourg, et
tant d'autres plantes que la brièveté de ce compte-rendu m'empêche
de mentionner.
Comme conclusion, je dirai que cette exposition a donné aux
nombreux visiteurs étrangers l'occasion d'admirer réunies une
partie des richesses horticoles dont la Belgique peut à bon droit
être fière. Elle Métral.
— 286 —
Pomologie.
• — ( Observations sur les Poires ) —
Monseigneur Affre. — Arbra de vigueur moyenne; se oonriuit sous toutes
les formes; assez fertile. Fruit moyen, parfois petit. Maturité fin septembre.
La qualité varie selon la vigueur de l'arbre.
Napoléon Savinien. — Arbre de vigueur ordinaire ; la forme haute tige lui
convient bien ; asez ferùle. Fruit moyen, de deuxième qualité. Maturité
courant septembre.
Napoléon 111. — Arbre vigoureux, qui se conduit sous toutes les formes ;
très fertile. Fruit gros, trèa bon. Maturité courant août.
Nec plus Mûris. — Syn.: Beurré d'Anjou, Beurré gris rouge, Ne plus Mûri.
Arbre vigoureux, qui fait à: jol'es pyramides; se conduit sous toutes for-
mes ; assez fertile. Fruit assez gros, assez bon. Maturité fin septembre à
octobre.
Noiaeau Poitcau. — Syn.: Tombe de l'Amateur, Chois d'un Amateur,
Ritour de Rome; c'est à tort qu'on lui attribue ce dernier synonyme, car la
\)0\re Retour de Home diffère beaucoup du Nouveau Poiteau ; eHe e^t plus
petite, toujours jaune. Mûrit fin aoijt; elle est très bonne, tandis que le
Nouveau Poiteau est de 2'= qualité et mûrit courant septembre. Ce dernier
forme de jolies pyramides, et l'autre est pfu vigoureux et dépourvu de
Jbranches
Nouvelle Fulvie. — Syn.: Belle de Jarnac, Fulvie Grégoire. Arbre assez
vigoureux, qui se conduit sous toutes formes ; peu fertile. Fruit moyen, de
2* qualité. Mûrit fin septembre.
Octave Laehambre. — Arbre assez vigoureux, qui se conduit sous toutes
formes, très fertile. Fruit gros, de 1" qualité. Maturité de février à fin
mars.
Oken. — Syn.: Cent Couronnes, Beurré Okin, Oken d'hiver. Arbre vigou-
reux, qui se conduit sous toutes formes, assez fertile. Fruit moyen ou petit,
très bon. Maturité courant octobre.
Omer-Pacha. — Syn.: Sani-Menise. Arbre peu vigoureux, auquel la petits
forme convient ; très fertile. Fruit assez gros, très bon. Maturité courant
septembre.
Orpheline d'Enghien. — Syn.: Beurré d'Arenbert vrai. Petit Beurré d'Har-
dempont, Beurré Buohardt, Arembert parfait, Beurré des Orphelines, Beurré
Deschamps, Dilices des Orphelins, Colmar des champs. Arbre peu vigou-
reux, qu'il faut greffer sur franc pour obtenir des pyramides, très fertile.
Fruit petit, assez bon. Maturité octobre à décembre.
Passe-Colmar. — Syn. Le nombre en est si grand, que je ne cite que les
plus connus : Colmar Preul, Régentiao. Souveraine d'hiver, D'Argenson,
Chapineau, Précel, Roi de Bavière, Ananas d'hiver, Cellite, Fondante de
Mons, Gambier, Marotte sucrée jaune, Présent de Malines, Impératrice,
Colmar de Silly, Suprême grise, Passe-Colmar doré. Arbre faible, divergent,
auquel la forme espalier convient la mieux; très fertile. Fruit moyen,
très-bon. Maturité de novembre àjanvier.
Passe Crassane. — Syn.: Passî Crassane, Boisbunel. Arbra de vigueur
moyenne, assez fertile. Fruit assez gros, très bou. Maturité de décembre à
mars.
Paul Tliébus. — Arbre de vigueur ordinaire, très fertile. Fruit gros, assez
bon. Maturité courant septembre.
Petit-Oin. — Syn.: Merveille, Bouvart, de lard, Petit-Miget, Madame
d'automne, Merveille jaune, Amadoute, Boavart des Angevins, Merveille
. — 287 —
d'hiver. Roussette d'Anjou d'hiver. Crassane du pays de Cauî, Merveille
Bouvart. Arbre vigoureux qu'on peut conduire sous toutes formes, très fer-
tile. Fruit gros ou moyen, de 2' qualité. Maturité d'octobre à novembre.
Pie IX. — Arbre vigoureux qui se conduit sous toutes formes, fertile,
moyen. Fruit assez gros, de 2° qualité. Maturité fin août.
Piton. — Arbre vigoureux qui forme de jolies pyramides, très fertile. Fruit
très gros, de 2« qualité. Maturité octobre à novembre.
Première d'Ecully. — Arbre faible à bois grè'e ; ne convient que pour les
petites formes. Fruit petit, de 2" qualité. Ma urilé courant septembre.
Prévost. — Arbre ohétif qui ne convient que pour les petites formes; assez
fertile. Fruit moyen, parfois petit, de 2° qualité. Miturilé fin novembre afin
janvier.
Prince Albert. — Arbre vig)ureux qui se conduit sous toutes formes, très
fertile. Fruit moyen, da 2' qualité. Maiur.té courant ootobro.
Princ; Impérial de France. — Arbre vigoureux auquel toutes les formes
conviennent ; très fertile. Fruit assez gros, de 2'' qualité. Matuiité courant
septembre.
Princesse Charlotte. — Syn. : Princesse royale de Brabant. Arbre de
moyenne vigueur qui se conduit sous toutes formes, assez fertile. Fruit moyen
ou petit, assez bon. Maturité courant septembre.
Princesse Marianne. — Syn.: Calebasse Miriaarm, G i^ebassa princesse,
Salisbury. Arbre vigoureux, un peu divergent ; la lnute tige lui convieat ;
assez fertile. Fruit moyen, très b^n. Maturité coui'ant septembre.
Princesse royale. — Syn.: Élisa Mathews, Princesse royale de Groom,
Bergamotte Elisa Matliews. Arbre assez vigoureux, se conduit sous toutes
formes ; il n'est fertile que dans l'âge adulte. Fruit moyen, bon, à peau
verte. Maturité courant octobre. Routin.
BIBLIOGRAPHIE (1)
Les Jardins dans la région de l'oranger : Tel est le titre d'un ou-
vrage horticole qui vient d'être publié par M. A. Marchais, ancien
chef de culture au jardin botanique de la villa Thuret, à Antibes.
Le but de cet ouvrage est de faire revivre, de mettre sous les
yeux des amateurs d'horticulture, de botanique et d'acclimatation,
le résultat de l'expérience acquise par les fondateurs du jardin
botanique de la villa Thuret, d'Antibes, MM. G. Thuret et le Dr
Bornet.
Cet ouvrage, écrit dans un style simple et concis, donne, comme
préliminaires, des notes pour l'établissement des jardins et leur
entretien dans ladite région ; quelques éléments de physiologie et
d'organographie ; un calendrier de climatologie et des travaux à
exécuter; une liste de plus de trois mille cinq cent végétaux toujours
verts, cultivés sous le beau ciel de Provence, suivie du calendrier de
leiu' floraison; ensuite un abrégé de ctilturc potagère et d'arboricul-
(ll En vente chez l'auteiir, A. Marchais, rue Pigonnau, à Cannes (Alpes-Mari
times), et chez les principaux libraires du littoral Prix 4 fr.
— ,288 —
ture fruitière ; une liste de plantes médicinales, de fruits exotiques
et de plantes à parfum.
Mais ce qui rendra cet ouvrage particulièrement intéressant aux
horticulteurs, c'est un vocabulaire d'environ trois mille définitions
d'étymologies grecques et latines, les plus employées dans le lan-
gage horticole et botanique.
Ce livre doit trouver sa place dans toutes les bibliothèques hor-
ticoles, il est appelé à rendre de grands services aux jeunes horti-
culteurs qui voudront travailler autrement que par routine.
G. PiTAVAL, horticulteur.
CATALOGUES. — NOUVEAUTES.
Rosiers Nouveaux qui seront mis au commerce le 1" Novembre 1885 par
M. J. M. GoNOD, horticulteur rosiériste, 154, route d'Hejrieux, Moaplaisir-
Lyon.
Rosier Thé: Souvenir de Madame Hélène Lambert (issu de la rose, Beauté
de l'Europe), elle a conservé le bois et la feuillagj de cette variété. Coloris
jaune, fleur moyenne ou grande, extra bien faite, à revers des pétales carné
foncé, deux coloris bien tranchés qui donnent un aspect tout particulier à la
fleur. Variété florifère (sarmeuteuse).
Nota : Cotta variété a été choisie daus mes semis par Monsieur Pierre
Lambert, horticulteur à Trier-sur-Moselle, pour être dédiée au souvenir de
son honorable Mère.
Rosier Hybride Remontant : Rosiériste Chauvry, arbuste vigoureux, à
rameaux droits, très fermes ; pédoncule ferme, fleur grande, pleins, globu-
leuse, bien faite, coloris rouge fau vif (i su de la séria des Victor Verdier).
C'est la variété la plus rouga obtenue jusqu'à co jour dans cette série (très-
belle) (1).
— J. Nicolas, horliculteur-graiuier, rue Victor-Hugo, 12, Lyon. — Catalo-
gue et prix courant de graines de plantes potagères de grande culture four-
ragère et de fleurs. ÛgQons à fleurs plantes vivacas à racine bulbeuse et
autres. Arbres fruitiers, rosiers, etc. Etiquettes pour arbres, mastic à grefl'er,
raphia, coutellerie horticole, enj,'rais régénérateur Guilbert, thermomètre
Couturier. Ce catalogue contient les meilleures variétés de plantes potagères
et florales cultivées dans les jardins,
Joseph Schwartz, horticulteur rosiériste, route de Vienne, 7, Lyon. —
Catalogue et prix-courant des rosiers cultivés dans l'établissement. Nom-
breuses variétés de choix dans les séries diverses de rosiers cultivés : Thés,
Noisettes, Bengales, Ile-Bourbon, Plybrides remontants. Hybrides de Thé,
Hybrides de Noisettes, Polyantha, Mousseux, Rosiers grimpants. Capucine,
Espèces botaniques etc. Phlox vivacas, Chrysanthèmes, plantes vivaces di-
verses.
(1) Les descriptions sont faites par les obtenteurs (N. d. 1. II.).
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Irap. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 SEPTEMBRE N» 18
CHRONIQUE
Lusiadas. — Amère déception ! Cruelle déconvenue ! La tant belle
rose ponctuée, si suave, si jaune, si bombée, refuse de montrer ses
ponctuations à ses admirateurs. C'est bien mal, et je suis tout disposé
àjuger sévèrement sa conduite. Cette manière d'agir de la part d'une
rose ne m'étonne cependant pas outre mesure, car ie suis habitué à
entendre assez régulièrement chanter les louanges fallacieuses de quel-
ques-unes de ses congénères qui ne valent pas un maravédis. Sur cent
roses nouvelles que chaque année voit naître, il y en a bien les neuf
dixièmes qui meurent jeunes et disparaissent des collections. Mais enfin
Lusiadas se présente à nous d'une tout autre manière : elle a été vendue
50 francs, c'est-à-dire deux fois la valeur d'une rose nouvelle ordinaire
et n'est pas nouvelle du tout, puisqu'elle existe dans les collections
depuis 1842, sous le nom de Céline Forestier (1).
Cependant j'ai vu. de mes jeux vu, les ponctuations annoncées. Je
les ai non-seulement vues, mais je les ai fait voir à de nombreuses per-
sonnes, l'obtenteur m'ayant envoyé des fleurs pour les montrer au jury
de l'Expositon tenue à Lyon en 1S84.
M. Abel Myard, amateur à Chalons, pense que les ponctuations qui
étaient sur les pétales des roses présentées étaient artificiellement obte-
nues à l'aide de la fuschine ou d'une autre substance analogue dérivée
du goudron. C'est une opinion, une hypothèse fort plausible, mais que
j'hésite à partager. Voici pourquoi : Plusieurs habiles rosiéristes, à la
vue de la Rose Lusiadas envoyée à l'Exposition, ont tout d'abord déclaré
que les ponctuations qu'on observait sur les pétales étaient le résultat
(1) MM. Soupert et Noting, rosiéristes à Luxembourg, ont été les premiers à signa»
1er ce fait..\vant de publier la note qu'ils ont adressée à ce sujet aux journaux hortico-
les, nous avons tenu à Toir comment Lusiadas fleurirait à Lyon en plein air.
(N. d. 1. R.).
— 290 —
d'une altération maladive, un phénomène de chromîsme, comme il n'é-
tait pas rare d'en voir sur un assez grand nombre de roses blanches,
roses et jaunes, mais que ce phénomène était caractérisé plus énergi-
quement dans ce cas que dans la plupart de ceux qu'ils avaient eu l'oc-
casion d'observer.
Depuis l'époque déjà lointaine où cette opinion a été formulée, j'ai eu
l'occasion d'en vérifier l'exactitude, et tout dernièrement encore, plu-
sieurs fleurs de Bengale Ducher présentaient ce phénomène de chro-
misme à un haut degré.
Ce même phénomène, cet accident n'a-t-il pas pu se présenter en
Portugal sur la variété Céline Forestier ? Pour ma part, je n'en vois
pas l'impossibilité. L'obrenteur aura cru fixer le phénomène et n'aura
rien fixé du tout. Ce qui me fait supposer que celte manière devoir
n'est pas éloignée de la vérité, c'est que la première fleur de Lusiadas
qui a fleuri chez M. Alexandre Bernaix, présentait deux ou trois ponc-
tuations et que celles qui lui ont succédé n'en avaient pas de trace.
Ampéligène. — Le produit qui porte ce nom a déjà, paraît-il, donné
d'excellents résultats dans le traitement des vignes phylloxérées. Le but
recherché par l'inventeur, M. Steph. Girard, fabricant de produits chi-
-miques à Fontaines-sur-Saône (Rhône), était l'association d'un insecti-
cide à longue durée, avec un engrais puissant. M. Girard y est-il par-
venu à l'aide de l'Ampéligène ? L'avenir nous l'apprendra. Ce qu'il y a
de certain, c'est qu'il ne suffit pas, pour combattre efficacement le phyl-
loxéra, d'introduire dans le sol une matière capable de le détruire ; il
faut encore restituer au sol les éléments qui, chaque année, lui sont
-enlevés par la végétation, et permettre ainsi à la vigne, eu augmen-
tant sa vigueur, de résister plus facilement aux attaques de l'insecte.
Je ne me serais pas permis de signaler ce produit si je n'avais pas
-trouvé dans le prospectus annonçant sa mise en vente, le petit avis
suivant :
« Je remettrai gratuitement aux membres des sociétés d'agriculture,
d'horticulture, de viticulture et de comices régionaux 2 kilog. d'ampé-
-ligène ; cette quantité sera suffisante pour traiter 20 pieds de vigne et
se rendre compte par conséquent des eS"ets de ce produit. »
Envoyer pour l'aS'ranchissement par colis postal 60 centimes en tim-
bres-poste.
L'essai ne coûtant rien, il sera facile aux intéressés de se renseigner
sur l'efficacité du produit susdit.
■. Narcissus serotinus. — Ce n'était certainement pas à cette espèce tar-
dive, actuellement en fleur, que Malfilùtre songeait lorsqu'il composait,
en l'honneur du Narcisse, les vers suivants :
— â9i —
Du sein de l'herbe, il sort avec éclat
Un bouton d'or sur une longue tige
Bordé de fleurs d'un tissu délicat,
Feuilles d'argent qu'un léger souffle abat,
Plante agréable et de frêle existence.
Enfant de Flore, à peu de jours borné.
Doux, languissant, symbole infortuné
De la froideur et de l'indifterence.
Car le Narcisse tardif ne sort de l'herbe que très modestement et n'a
pas la grâce des espèces que le printemps voitéclore, mais tel qu'il est,
ce Narcisse est intéressant, parce qu'il fleurit en automne aune époque
où il est seul de son genre à montrer ses fleurs.
Bien que les poètes s'accordent à montrer :
Le Narcisse penché sur l'onde transparente.
Une faut passe fier à cet habitat trompeur, car si quelques Narcisses
aiment les prairies humides, un grand nombre préfèrent les collines
sèches.
Les feuilles et l'amidon. — Il paraîtrait, d'après les récentes recher-
ches du savant physiologiste Sachs, que l'amidon qui se forme dans les
feuilles des plantes pendant le jour disparaît pendant la nuit. Une par-
tie se transforme en sucre et l'autre passe dans le tronc du végétal. Au
lever du soleil, entre -1 et 5 heures, la feuille n'aurait pas d'amidon ;
c'est vers le soir qu'elle en contient le plus. Si ces données se vérifient,
elles pourront trouver leur application dans la pratique toutes les fois
qu'il s''agira de récolter des feuilles qui comme celles de l'oseille, des
épinards, du mlirier, de la betterave, etc., servent à la nourriture de
l'homme ou bien des animaux.
Les dents et l'horliculture. — Un dentiste (brr.. .) avait envoyé à une
société d'horticulture un livre ini\i\x\è:v. Les dents, leurs maladies, etc.->i
dont on ne saisissait pas tout d'abord les rapports avec l'art des jar-
dins. Mais le très ingénieux rapporteur a judicieusement fait remar-
quer: «... qu'une bonne dentition est très utile pour la dégustation
des fruits , en exceptant toutefois les poires fondantes et quelques
variétés de pêches. « Bien trouvé. Mais à ce compte-là les cordonniers,
les sabotiers, les luuettiers (opticiens), etc., pourraient fort bien faire
ressortir combien il est utile pour un jardinier d'avoir de la chaussure
qui ne le gêne pas afin qu'il puisse marcher vite... quand il arrose ou
qu'il évite de prendre une poire pour un navet s'il est myope,
MàrL\ Mùron ou Meuron ? — Question de linguistique. Quel est celui
de ces trois substantifs qu'il faut employer? Dellile a dit :
— 292 —
Ces verdoyants remparts,
Ces murs tissus d'épine où votre main tremblante
Cueille et la rose inculte et la mûre sanglante.
M. Cusin tient pour Mewon, le rédacteur de la Chronique horticole
de r Ain, s'appuyant sur Littré et Bouillet, pour Mûron.
Autrefois on ne disait pas Mûre, mais Meure et ce mot s'appliquait
aussi bien au fruit de la ronce qu'à celui du mûrier. Il croît aussi, dit
Pline, des Meures sur les roices, et Ovide : Et les Meures croissant sur
les fâcheuses ronces (Traduction de Daléchamps).
Les Meures du mûrier se nommaient Franches Meures. Mais puisque
de Meurier on a fait Mûrier et de Meures Mûres, il n'y a pas de raisons
qui s'opposent à faire Mûron de Mure. Meuron serait du vieux français.
Tout ceci à propos de variétés de ronces que les Américains veulent
introduire dans les jardins. Au fait, pourquoi pas ? On a bien depuis
quelques années fait passer du bord des chemins dans les plates-bandes
du jardin potager le vulgaire Pissenlit. Je ne dosespère pas d'y voir
introduire aussi et bientôt le Groin d'âne et la Poule grasse.
Informations. — Un journal anglais annonce qu'un ingénieur amé-
ricain, M. Tichener, vient de prendre un brevet relatif à la fabrication
du beurre au moyen de l'électricité. Mais c'est surtout pour la régéné-
ration du beurre rance que l'électricité est appelée à rendre de grands
services.
— La Gazette du village rappelle un vieux procédé pour éloigner les
fourmis : il suffit de prendre une poignée de charbon de bois et de le
placer dans les endroits qu'elles fréquentent. C'est bien ; mais après où
vont-elles ? Faut-il continuellement avoir le charbon à la main ? Cela
ne vaut pas un insecticide que M. Vicat a inventé, lequel les tue radi-
calement.
M. Carrière signale dans la Revue horticole une plante qui pourra
peut-être un jour entrer dans nos jardins potagers : le Sinapis tube-
rosa, sorte de moutarde à racine tubéreuse napiforme. Elle vient de la
Chine d'où elle a 6té introduite par M. Pailleux. Se cultivera comme
les navets. Vaudra-t-elle mieux?
— M. (/h. Naudin fait connaître dans la Revue horticole un nouvel
Eucalyptus, VE. Mulleri, dont la rapidité de croissance dépasse beau-
coup celle de VE. globulus. Cette espèce qui n'est pas décrite dans la
belle monographie du genre, par le baron F. Muller, vient de fleurir à
Antibes. Elle s'est montrée constamment rustique. Espérons qu'elle
donnera des graines qui serviront à la propager.
— Il y a actuellement des marronniers en fleurs sur la place Belle-
cour ainsi que dans beaucoup d'autres endroits. Simple effet d'une
sécheresse prolongée à laquelle ont succédé des pluies abondantes.
— 293 —
— M. Vivarel signale dans la Provence agricole un procédé pour
transformer dès la première année une jeune greffe de vigne en un
pied de souche composé de 3, 4 ou 5 têtes. Il s'agit tout simplement
quand la greffe a atteint une longueur de 50 à 60 cent, de la rabattre
très bas, c'est-à-dire de lui faire subir en pleine végétation herbacée
une taille analogue à celle d'hiver.
— Un ingénieur anglais a trouvé un nouvel emploi du bois à'Euca-
lyptus: il paraît que, découpé en ânes lamelles, puis jeté dans l'eau, la
gigantesque mjrtacée forme une décoction qui empêche les incrusta-
tions calcaires des chaudières à vapeur. Aimez-vous Y Eucalyptus on
en a mis partout? Il dessèche les marais, anéantit les microbes et les
bactéries de l'impaludisme, construit des navires ou des mâts de coca-
gne, embaume l'air, etc., sans compter qu'il sert à fabriquer l'Euca-
lypmouth, l'Eucalypsinthe et l'Eucalyptreuse, trois liqueurs destinées
à supplanter l'absinthe, le vermouth et la chartreuse.
— h'Orchidophile, dans son dernier numéro, recommande la culture
du Cyrlopodium punctaliim, orchidée originaire du Brésil. C'est une
belle espèce qui, dans son pays natal, croît en plein soleil, les racines
enfoncées dans les détritus végétaux. Elle demande un long repos
d'octobre à février. Culture en pots de grandes dimensions, dans un
compost de terre franche et de bouse de vache bien drainé. Arrosage
copieux pendant la végétation.
— La Société mycologique de France a tenu, à Autun, une session
extraordinaire qui avait pour but l'exploration du Morvan, la récolte
et l'étude des champignons d'automne de cette contrée. Cette session
mycologique coïncidait avec la séance annuelle de la Société des
Sciences naturelles de Saône-et-Loire.
— Après les plantes carnivores auxquelles les savants servaient du
filet de bœuf et du fromage, voici une plante aquatique submergée,
YUtricularia vulgaris, qui se sustente de jeunes chavassons, barbil-
lons, goujons et autres poissons. Une plante ictyophage!!! Et dire
qu'il y a des gens qui pensaient que les minuscules vessies (utricules)
de la plante susdite servaient à la maintenir près de la surface de
l'eau. Erreur, Messieurs, erreur, ces utricules sont de simples
estomacs.
— L'Acranthus Leonei, orchidée fort remarquable, importée par
M. Humblot, des îles Çomores, vient de fleurir dans les serres du
Muséum de Paris.
— M. Lévêque, jardinier chez M"' la marquise de Hamel, signale,
dans le Moiiiteur d'Horticulture, un procédé pour la destruction des
pucerons : il fait infuser dans de l'eau, pendant quelques jours, de
la tannée fraîche sortant de la tannerie. Il met autant d'eau que de
— 294 —
tannée ; quatre bassinages avec l'eau en question ont. paraît-il, raison
des pucerons. Sans garantie bien entendu.
— M. Notin vient d'adresser à la Société nationale d'Agriculture
une note sur l'Asclepias syriaca, qu'il recommande comme plante
textile. C'est une nouvelle édition d'une ancienne recommandation.
— Un concours sera ouvert à Paris, le lundi 26 octobre prochain,
pour la nomination d'un professeur d'économie et de législation
rurales dans les écoles nationales d'agriculture. Le poste de professeur
d'économie rurale à l'Ecole de Grandjouan est vacant par la mort de
M. Loudet.
— Un concours a été ouvert à l'Ecole d'agriculture de Montpellier,
le lundi 21 septembre, pour la nomination d'un professeur de techno-
logie agricole de cet établissement.
Le programme dé ces concours est adressé aux personnes qui en
font la demande au ministère de l'agriculture.
Plantes peu prolifiques. — H y a des plantes très difflciles à mul-
tiplier par boutures pour cette bonne raison qu'elles n'émettent que
très rarement des bourgeons ou des rameaux capables d'être boutu-
rés. De ce nombre, sont beaucoup de plantes acaules, c'est-à-dire
sans tige, telles que certaines Agaves, des fougères, des Saxifrages,
des Ramonda, des Yucca, etc. Quand on veut faire développer des
bourgeons aux plantes susdites afin de pouvoir les multiplier, il faut
faire alropliier leur bourgeon central, en un mot, leur crever le
cœur. On parvient aisément à obtenir ce résultat en enfonçant une
pointe d'acier au centre de la plante ; dans beaucoup de cas, je
taille un petit coin de bois d'un demi-centimètre de diamètre et je
l'enfonce dans le cœur de la plante à l'aide d'un marteau ; une fois
qu'il y est, il y reste. Ce procédé barbare est le seul qui permette
d'obtenir des petits de certaines espèces. Chez les espèces à rhi-
zomes traçants telles que les JspkUslra, Convallaria, Iris, etc., on
peut également faire développer beaucoup de bourgeons latéraux,
qui restent stériles habituellement, eu crevant l'œil terminal.
Certains bulbes ne donnant pas de petits peuvent en donner des
grandes quantités si on opère de la même façon.
On doit opérer dans tous les cas, quand les plantes sont en pleine
végétation.
Jdaplaùon au sol. — En 1876, nous recevions des Basses-Alpes
quelques exemplaires de l'œillet de Séguier [Dianllms Seguieri). Une
partie des plantes reçues furent mises en pots, l'autre en pleine
terre. Comme il nous restait quelques débris de la plantation, nous
eiàmes l'idée de les planter sur un talus caillouteux du voisinage où
ne croissent que quelques herbes sauvages qui n'ont jamais pu par-
— 295—
veniràgazonner l'endroit. La plantation faite fût confiée à la grâce
de Dieu et mise sous la protection de la pluie et du beau temps.
Epilogue : Trois ans plus tard, les œillets de Séguier cultive's en
pots ainsi que ceux mis en pleine terre dans le jardin étaient morlihm.
Ceux du talus avaient pris un beau développement. Neuf ans plus
tard, ces œillets sont mieux portants que jamais. Je viens de les
voir en me promenant avec un ami qui s'occcupe d'acclimatation.
Instruisez-vous, jardiniers, mais ne vous éreintez pas pour faire
crever vos plantes. La nature vous crie qu'en fait de culture, il faut
étudier l'adaptation des espèces au sol. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 16 août 1885 , tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Pitaval. Conseiller.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procés-verbal de la dernière réunion est lu et adopté sans obser-
vations.
Correspondance. — Lettre de la Société d'horticulture de Mâcon, demandant
la nomination d'un délégué pour remplir les fonctions de juré à TExposition
horticole qu'elle doit organiser le 31 septembre prochain. M. Roux est nommé
délégué.
Lettre de la Société d'horticulture de Villefcanche-sur-Saône, demandant
la nomination de deux délégués pour aider- à la composition du jury chargé
d'attribuer les récompenses de l'Exposition horticole qui se tiendra dans cette
ville le 5 septembre. MM. Corbin et Pelletier sont nommés délégués.
Lettre de M. Baptiste Dasportes, accusant réception de la lettre qui lui a
été adressée par notre Société, qui s'associe à une demande de réduction du
prix de tran.sport des végétaux et remercie les membres de l'Association
d'avoir accepté comme point de réclamation les bases de son travail.
M. le Secrétaire géaéral dépouille la correspondance imprimée et signale
les publications contenant des articles intéressant l'horticulture.
Présentations. — Il est donné lecture de cinq candidatures sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, sans protestation et à l'unanimité, les candidats
présentés à la dernière réunion. Ce soLt :
MM. Girard, fabricant de produits chimiques à Fontaines-sur-Saône
(Rhône), présenté par MM. Roux et ViviandMorel.
Badole, jardinier chez M. Waldmann, à Foataines-Saint-Martin
(Rhône), présenté par MM. Roux et Viviand-Morel.
Gouy (Antoine), jardinier, rue des Lanciers, à Vienne (Isère), pré-
senté par MM. Louis Gattel et Etienne Bonnefond.
Coquis (A.), jardinier chez M. Poulenas, grande rue de Cuire, 101,
présenté par MM. Rivoire et Viviand-Morel.
Joannon (Claudius) fils, horticulteur à Saint-Cyr-au-Mont d'Or, pré-
senté par MM. Hoste et Cl. Jacquier.
Deschaux (Emmanuel), jardinier chez MM. Morel père et fils, grande
rue de Cuire, 71, présenté par MM. Morel père et fils.
-- 296 —
MM. Braillon (Léonard), horticulteur, à Fleurie (Rhône), présenté par
MM. Schmitt et B. Comte.
Devert fils, horticulteur, route de Grenoble, à Monplaisir, présenté
par MM. Bénisse et Comte.
M. Alexandre Bernais dépose sur le bureau son rapport sur l'Exposition
de Chalon-sur-Saône, où il a été délégué par l'Association pour prendre part
aux opérations du jury. L'assemblée, à l'unanimilé, en ordonne l'insertion.
Le rapporteur de la Commission des visites de la culture maraîchère
dépose son rapport, qui est envoyé au Conseil d'administration.
M. le Président, au nom de la Société, remercia le rapporteur de la Com-
mission de la célérité avec laquelle elle a accompli son travail.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Clapot, une collection de légumes Je s^aison, tels que : Chicorée
frisée de Meaux, Laitue romaine blonde maraîchère, L. blonde de Versailles,
L. frisée Balavia craquante blonde, L. Lorthois, Radis demi-long écarhxto
liàtif, melon cantaloup fond blanc. Tous ces légumes sont d'un développement
hors ligne et démontrent que notre collègue ne néglige rien pour la culture
de ces plantes.
Par M. Chavagnieux, jardinier chez M. Lachard, à La Pape, un Melon
prescolt cantaloup argenté, fond blanc, variété précoce, fruit très gros,
ayant près d'un mètre de circonférence et pesant 8 kilog; un Bégonia bul-
baux de semis et dix variétés de Zinnia elegans à fleurs doubles.
Par M. Gattel (Louis), à Mont-Saloinon prèsYletne, une collection remar-
quable, soit comme forme de fleurs et coloris, de Zinnia elegans à fleurs
doubles.
Par M. Bellin (Joseph) jardinier chez M. Rosier, une collection de 40
variétés de Pétunia à fleurs doubles.
Par M. Clapot, une Prune variété Golden drop, très bonne et tardive.
Par M. Pelletier, des fruits de Noisette obtenus de la variété Noisette de
Trébizonde, variété cultivée en grand dans certains départements. M.Yiviand-
Morel donne quelques renseignements sur l'apport de M. Pelletier et fait
remarquer combien il est diflicile d'obtenir des variétés nouvelles supérieures
dms le genre noisetier. Une note explicative sera publiée sur ce sujet.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin, un beau pied de
B'igonia incarnata , variété Caroline Schmitt, remarquable comme belle
culture.
Par M. Chaninet, horticulteur à Saint-Priest, des Dahlias liliputiens de
semis.
Par M. Métrai, des tiges de Phrngmites communis variegata alba ; cette
plante sera d'une bonne utilité pour l'ornement des pièces d'eau.
Par M. Liabaud, une magnifique Fougère le Gymnogramma schizophylla
glortosa, plante dont l'effet décoratif est superbe; un pied de Piper ornata et
six Coleus de semis à feuilles très grandes.
Par M. Crozy, un lot de fleurs coupées de Canna composé de 14 variétés ;
les fleurs sont grandes, à coloris vif et bien varié.
Par M. Boucharlat jeune, un pied de Cordiospeî'mum Halicacabum, plante
annuelle de la famille des Sapindacées, qui n'est cultivée que pour la singu-
larité de ses fruits; un pot de Portulaca sedoïdes, plante curieuse très com-
pacte; des Reines-Marguerite, dont 2 variétés d'un port très trapu,
plantes de premier mérite, connues sous les noms de Pt:rle blanche et
Perle l'ose ; une troisième variété non encore livrée au commerce et trèi
recommanJable, que M. Boucharlat nomme Bouquet de roses ; trois autres
plantes de Reines-Marguerite d'autres provenances qui ne sont apportées
que pour servir de comparaison.
Par M. Villars, jardinier chdz M""' Vdchon, à Ecu'ly, un Maloi oantdloup
fond blanc, une collection de Tomates composée des variétés : Itoi Ilumbert,
— 297 —
Uose lisse, Président Gur/ield, et une plante de Tomaie Tropliy améliorée
chargée de fruits qui sont plus pleins que la Tomate Trophy ordinaire,
Par M. Prudent, jardinier, au château de Saint-Priest (Isère), un lot .lo
Tomate Président Garfield,beau et gros fruit pesant au moins 900 grammes.
Par M. Jouteur, des tleurs coupées, doubles et simples, de Bégonia bulbeux
de semis.
Par M. Rou.Y, des Pèches de semis obtenues par M. Barbin.
Par M. Valia, des fleurs de Glaïeuls de semis, P'' floraison.
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à La Pape, des fleurs cou-
pées de Pourpier à fleurs doubles.
Par M. Beurrier (Jean), un Œillet de semis, plante ayant environ 45 cen-
timètres de hauteur, tiges se tenant très droites et très fermes, l'ensemble
formant une jolie plante très trapue; fleurs grandes ayant .'U moins 5 centi-
mètres de diamètre, bien faites, bord des pétales dentés et fimbriés, fond
rose blanchâtre, le calice ne se fendant pas; plante ti r s florifère. Cette variété
est nommée par le présentateur Œillet Jean Beurrier.
Par M. Hoste, une collection de Chrysanthèmes à floraison précoce ou
d'été : Annita, Gremilette, Jardin des Plantes, Jeanne Cousinié, la Bien-
Aimée, la Nymphe, le Luxembourg, Liltle Bob, M""= Dufoy, M""" Lebois,
M"» Pecoul, Ma petite Marie, Mignon, Tor('ador, Souvenir, Perpétuel Tou-
lousain.
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. Durand, Rozain-Boucharlat, Carie, Labruyère, Mercier et Guillaume
pour les fleurs ; MM. Grenier, J. Jacquier, Fouilloux, Corbin pour les fruits
et les légumes. Ces Commissions, après examen, proposent d'accorder :
Une prime de P" classe à AL Chavagnieux, pour son Melon.
— V » à M. Villars, pour ses Tomates.
— 2° » à M. Prudent, pour sa Tomate.
— 2° » à M. Clapot, pour l'ensemble de son apport.
— 3° )) à M. Liabaud, pour Coleus de semis.
— \" 1) à M. Liabaud, pour son Gymnogramma.
— 2" » à M. Métrai, pour son Phragmites.
Un certificat de 2" />. à M. Beurrier, pour son Œillet Jean Beurrier.
Une prime de 3^- » à M. Jouteur, pour ses Bégonias.
— 2° » à M. Bellein, pour ses Pétunias.
— 2' « à ]\L Verne, pour son Bégonia.
— 3° » à M. Chaninet, pour ses Dahlias.
— V° » à M. Gattel, pour ses Zinnia.
— 2" » à M. Boucharlat, pour ses Reines-Marguerite.
— 3" u à 1\L Boucharlat, pour son Portulaca.
— V" » à M. Iloste, pour son lot de Chrysanthèmes pré-
coces, plus particulièrement pour les variétés Jardin des Plantes. Mignon et
la Bien-Aimée.
Une prime de P" classe à M. Crozy, pour l'ensemble de son apport de
Cannas. La Commission a remarqué spécialement les variétés Geofl'roy St-
Hilaire, Antonin Crozy et M"" Gobel.
Toutes ces propositions mises aux voix, ainsi que l'inscription au procès-
verbal des autres apports, sont adoptées.
M. Crozy remet une lettre demandant la nomination d'une Commission
pour examiner des semis de Cannas qu'il se propose de livrer au commerce
au printemps ; sont nommés: MM. Jacquet, Iloste, Chrétien, Liabaud,
Charreton et Durand.
L'assemblée procède ensuite à la nomination d'une Commission d'organi-
sation pour le concours de Chrysanthèmes ; sont nommés : MM. Métrai,
Labruyère, Musset, Rochet et Pitaval.
La suite de l'ordre du jour de la réunion est renvoyée à la prochaine
séance.
La séance est levée à 4 heures et demie. Le Secrétaire- Ad joint ,
J. Nicolas.
- 298 —
Nîgelles
Le genre Nigclla a été connu des plus anciens botanistes, qui le
nommaient Melanlhiim. A l'heure actuelle il est classé dans la
famille des Renonculacées. Il comprend plusieurs espèces dont
quelques-unes sont spontanées en France et dans une grande
partie de l'Europe. Ce sont dans cet ordre la Nig'^Ue de Damas
(Fig, 1), la Nigelle d'Espogne (Fig. 2), la Nipvlie cultivée (Fig. 3)
et la N'igelle des champs. On connai . encore la N. à feui"e de
fenouil, la N. d'Orient, la N. d'.variquée, la N, corniculée, etc.,
sans compter un grand nombre de variétés dans chaque espèce.
Les Nigelles sont nou-seulement des plantes d'ornement d'un
assez grand mérite qui se prêtent très-bien à la confection des
bouquets mais elles jouent ou elles ont joué un rôle assez consi-
dérable dans la thérapie ancienne.
La Nigelle cultivée est cultivée pour la cuisine ; elle est assez
commune en Crète. Elle porte les noms vulgaires de : Nielle de
l'Archipel, Toute-épice, Barbe-de-capucin, Nielle romaine. C'est
le Mèlaniliion des anciens. Ses graines sont très-ai'omatiques.
La Nigelle de Damas croît dans les champs et les vignes du
Midi de la France. Sa graine un peu poivrée servait autrefois
d'épices. Torréfiée, mise en pâte et mélangée à d'autres drogues
elle sert à faire une conserve à laquelle les Egyptiennes attachent
le plus grand prix. On la cultive à fleur double.
La Nigelle d'Espagne dont la fleur est d'un très beau bleu est
une des sortes les plus ornementales.
Les Nigelles se sèment en place en septembre ou en mars.
On sait, ou du moins ou croit savoir, que la Nielle des blés
est rjc/rostcmma Gilhago également connu sous les noms de
Coquelourde et de Lyclinis. En possession de cette donnée peu
scientifique, les uns prétendent que les graines de cette plante
que l'on sépare des grains de blé ou de seigle à l'aide du tamis, du
tarare ou du cylindre trieur, peuvent être données sans danger avi
volailles. Les autres, notamment MM. A. Eloire, Malapert, Rodet,
Baillet, etc., vétérinaires ou savants distingués, sont d'un avis dif-
férent et ils reconnaissent à la Nielle des propriétés toxiques qui
ont toujours déterminé la mort chez les animaux auxquels elle a été
administrée à haute dose.
En présence de ces faits contradictoires. M, G. Heuzé pense que
l'on a confondu les graines, les semences de la Nigelle des champs
(NigeiJjA arvensis) appartenant à la famille des Renonculacées
qui comprend beaucoup de plantes vénéneuses avec la coquelourde
des blés.
— 299 —
Nigelles réduites au 1/3 de leur grandeur.
Les Anciens, en effet, donnaient indistinctement le nom de
Nielle à la Coquelourde et aux diflférentes espèces de Nigelles et
même aux cryptogames connus sous le nom de charbon qui envahis-
sent les blés. Ce n'est pas une raison pour les confondre.
D'abord s'il y a des gavants qui ont dit que la coquelourde n'a-
vait aucune action nuisible sur l'économie, il y a en d'autres qui ont
répondu : « Toutes les parties de cette plante renferment de la
Saponiiie, principe acre, irritant, auquel on a attribué les acci-
dents de forme dyssentérique qui se sont produits chez les personnes
qui mangent un pain où entre la Nielle des champs. »
Voyons, savants, mettez-vous d'accord ; une bonne petite pâtée
de farine de nigelle et une autre de coquelourde administrées à vos
volailles, et la question sera plus vite tranchée qu'avec un discours.
Paul-Emile.
— 300 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
CONCOURS SPÉCIAUX. — ANNÉE 1885
HORTICULTURE MARCHANDE :
Etablissements consacrés à la culture des plantes de marché.
2°"' Prix : Médaille de vermeil. — M. Reverchon, au Moulin-à-Vent.
Etablissemmts consacrés aux Collections florales.
\" Prix : Médaille d'or. — M. Hoste, rue des Dahlias, à Monplaisir.
2' Prix : Médaille de vermeil. — M. Liabaud, montée de la Boucle.
Etablissements consacrés aux Pépinières.
pr Prix ex-œquo : Médaille d'or. — M. Jouteur, horticulteur à Fontaines,
et MM. Poisard frères, horticulteurs à Anse (Rhône).
2' Prix : Médaille de vermeil. • — M. Lapresle, pépiniériste à Chasselay
(Rhône).
CULTURE MARAÎCHÈRE
2° Prix : Médaille de vermeil ex-œquo. — MM. Cbapuis et Drevard.
Maisons bourgeoises.
1" Prix ex-ff^MO ; Médailles d'or. — MM. Jossermoz et Prudon.
2« Prix ex-ccquo : Médaille de vermeil.— MM. Valansot, Gastel et Guerry.
3° Prix : Médaille d'argent l'' cl. — M. Bonnefoy.
-1° Prix : Médaille d'argent. — M. Clayette.
Médailles décernées à la suite de visites spéciales.
Médailles d'or. — MM. Grégoire, à Villefranche (Greffe de la vigne en
godets). — Gaillard, à Briguais (Nouvelle greffe de la vigne). — Valette,
à Chaponost (Culture de fraisiers). — Combat, à Limonest (Culture spéciale
d'arbres à fruits).
Médaille d'argent. — M. Villard, à Ecully (Culture spéciale de tomates).
Anciens et bons jardiniers.
Médailles de vermeil à MM. Gattel, — Ferret (Barthélémy), — Merkly
(Bernard), — Goy (François), — Gallamand (André).
Médaille d'argent à M. Michal (Antoine).
Rapport des Commissions des visites.
1° Culture maraîchère.
Votre Commission pour la visite des cultures maraîchères s'est réunie au
complet mercredi matin 5 août: MM. J. Jacquier, A. Bernaix, Pelletier, Gre-
nier et Marchand désignés pour cette opération se sont transportes :
1» Chez M. Chapuis (Marin), jardinier, rue de la Croix-Morlon à Monplai-
sir. Nous avons vu un jardin potager d'environ 6,000 mètres carrés, entre-
tenu d'une manière régulière et [.ropre par un personnel composé de deux
hommes et deux femmes. Nous avons remarqué une quantité considérable
de chicorées de Meaux prêtes à livrer à la consommation, des poireaux en
abondance, des laitues assez jolies, ainsi que des carottes et des bettes à
cardes blanches. Les murs garnis de vignes ainsi que les espaliers ne lais-
sent rien à désirer ;
2" Chez M. Drevard (Jean), jardinier, route d'Heyrieux également à Mon-
plaisir. En entrant nous avons vu quelques massifs de fleurs (brin de poésie
dans la prose) et un jardin très bien tenu de la contenance d'environ
— 301 —
4,000 mètres, cultivé par quatre porsonaes, deux hommas et deux femmes.
Dans la tenue irréprochable de ce jardin nous avons remarqué du céleri
blanc court hâtif en quantité dont une bonne partis livrable à la consomma-
tion, de jolies bettes à, cardes blanches, du piment camus en bonne quantité
et du cerfeuil en abondance, de la chicorée de Ruffec et des carottes demi-
longues Nantaises. Les vignes qui font le cadre de ce jardin sont d'une bonne
tenue ;
3° Selon votre ordre nou? avons visité les cultures de M. Combet-Mathieu,
pépiniériste à Limonest (Rhône). Cette culture se rapprochant de la culture
maraîchère en ce sens qu'elle est destinée à l'approvisionnement des mar-
chés, à part ses jeunes pépinières d'arbres fruitiers. Nous avons vu: 1° Un
carre d'environ 12,000 mètres complanté de jeunes arbres à fruit : pêchers,
poiriers, pruniers, abricotiers, etc. à tige haute ou à plein vent. Les inter-
valles des lignes sont garnies de fraisiers à gros fruit, principalement la
variété Victoria (Trolopp), des groseilles rouge cerise et des groseilles cassis.
Les arbres à fruit sont tous de bonnes espèce? anciennes et surtout des
meilleures variétés récentes ; 2° un autre carré non loin de là d'environ un
hectare complanté de 22 espaliers de vignes intercalés de 22 espaliers de
poiriers à la distance de chacun deux mètres. Les poiriers sont plantés à
0 m. 50 de distance sur la ligne et forment espalier très régulier, acluelle-
ment sans aucun tuteur ou soutien. On trouve là toutes les bonnes variétés
connues et recherchées pour les marchés. Les vignes sont plantées sur la
ligne à un mètre de distance ; ce sont de bonnes variétés locales. Ces espa-
liers tenus d'une manière irréprochable sont couverts d'une récolte abon-
dante. Toutes ces plantations faites depuis cinq ans sont édifiées sur terrain
d'autrui, à long bail, par M. Combet. Elles prouvent qu'il n'a rien négligé
pour obtenir un bon résultat ;
4° Invités à visiter la culture spéciale de tomates de M. Villard, jardinier
chez M™" Vachon, à Ecully. M. Villard nous a montré un carré de tomates
d'environ 300 plantes, des variétés Président Garfîeld et Trophy ou grosse
lisse. Du premier coup d'œil nous avons reconnu la main du jardinier émé-
rite en voyant des plantes de deux mètres de hauteur palissées sur des
tuteurs (un seul par pied) amenés par la taille et le pincement à produire
une quantité prodigieuse de fruits énormes et bien sains.
On ne saurait trop recommander le progrès à la culture maraîchère, sur-
tout à Lyon où la routine semble encore avoir un peu le dessus.
Comme conclusion nous vous proposons de vouloir bien accorder à:
M. Chapuis (Marin), une médaille de vermeil.
M. Drevard (Jean) — —
M. Combet (Mathieu) — d'or.
M. Villard, — ■ d'argent.
Le rapporlew, Marchand.
2° Maisons Bourgeoises
Les 5, 6 et 10 août 1885, la Commission des Visites de l'Association horti-
cole lyonnaise, composée deMM. Berthier, Laveni". Musset, Roux et Ri voire
fils se rendit dans les propriétés bourgeoises oii eiie était appelée, afin de
juger le travail des jardiniers.
Ces propriétés étaient au nombre de huit. Voici par ordre de mérite le
résultat de ses appréciations :
M. Jossermoz, jardinier chez M""^ Villermoz, à Saint-Genis-Laval. est cer-
tainement le jardinier le plus intelligent que nous ayons eu l'ojeasion de
voir dans nos visites, cette année.
Dans un espace restreint, il a su réunir tout ce qu'une longue expérience,
jointe à un goût parfait, lui permettait de disposer pour le plaisir des yeux.
Rien ne manquait à ce charmant parterre oii de belles, et quelquefois rargs
— 302 —
plantes isolées venaient combler les vides laissés par de très nombreux
massifs. Si à cela nous ajoutons queM.Jossormoz a su réunir une importante
collection de plantes vivaces, d'autant plus méritantes que la mode en est
complètement passée, et qu'il nous a fait admirer une des serres les mieux
fournies qu'on puisse voir, vous jugerez comme nous qu'uQ premier prix ,
médaille d'or, ne saurait être mieux placé.
Le château de Saint-Trys est une vaste propriété princièra de 53 hectares
tracée en parc paysager. Il faut au jardinier, M. Prudon, un travail conti-
nuel et soutenu pour entretenir dans un pareil état de propreté une si vaste
enceinte. Rien n'est négligé ; les parties les plus éloigaées du parc sont l'ob-
jet des mêmes soins que les parties rapprochées du château. Le potager, à
lui seul, grand comme toute une propriété des environs de Lyon, suffirait
pour faire apprécier le mérite de M. Prudon. Nous devons signaler particu-
lièrement douze énormes orangers au feuillage sombre et luisant, preuve des
soins particuliers dont ils sont l'objet, ainsi qu'un charmant parterre situé
en contre-bas d'une terrasse, d'où la vue plonge sur onze immenses massifs
garnis des plantes les mieux appropriées et les plus florifères. Nous croyons
également qu'un premier prix, médaille d'or, nesera que la juste récompense
du travail de M. Prudon.
Le coup d'œil dont on jouit en entrant chez M. Rosset, à Saint-Genis-
Laval, est attrayant. Une vaste pelouse encadrée de beaux arbres verts et
coupée de plusieurs agréables massifs s'étend jusqu'au château. Derrière est
la partie de rapport dans laquelle nous avons surtout remarqué des vignes en
contre-espaliers surchargées de raisins, et un long mur garni de jeunes
pêchers soumis à une taille intelligente et raisonnée. Le potager est bien
approvisionné, mais nous devons surtout signaler une culture que le jardi-
nier, M. Valansot, pratique avec succès, c'est celle du champignon comesti-
ble. Nous regrettons d'avoir trop rarement l'occasion de voir cette culture
pourtant si intéressante et si productive. Un deuxième prix, médaille de ver-
meil, est bien mérité par M. Valansot.
L'intérêt de notre visite chez M. Genin, à Vienne, seconcentre tout entier
surla partie fruitière. Nous avons admiré là quelques 150 énormes pieds de
poirier.'^ admirablement conduits en pyramides ou en espaliers. M. Gattel.
qui est chargé de l'entretien de tous ces arbres, — dont il a lui-même planté
la majeurs partie, — s'est montré un habile praticien, et nous nous plaisons
à rendre hommage à son talent.
A cette culture spéciale, se joint aussi celle des plantes annuelles et des
légumes. Nous attribuons à M. Gattel un deuxième prix, médaille de ver-
meil.
Le travail de M. Guerry, jardinier chez M. Louis Coste, àCaluire est très
étendu. D'immenses murs, garnis dans toute leur longueur de poiriers et de
vignes, nécessitent une surveillance incessante. Le potager est grand et bien
garni; le bon choix des variétés de légumes est à signaler. La partie agréa-
ble qui s'étend autour de la maison d'habitation est bien entretenue et
garnie de plusieurs massifs bien composés, M. Guerry mérite également un
deuxième prix, médaille de vermeil.
La propriété de Mme Martin-Gubian, à Tarare, est extrêmement agréable,
située sur une colline peu élevée, elle est fort bien tracée et admirablement
plantée. On y remarque surtout un grand et beau travail de rocaille. Le
talent du jardinier, M. Bonnefoy, s'est surtout révélé dans la conduite do
poiriers en espaliers. Nous lui avons accordé un troisième prix, médaille
d'argent de 1'= classe.
La propriété que M. Chartron, jardinier, chez M. Clayette, à la Croix-
Rousse, est chargé d'entretenir est petite, mais bien tenue. Son jardin
potager est un des mieux approvisionnés que nous ayons vus cette année.
Nous accordons à M. Chardon un quatrième prix, médaille d'argent.
— 303
Noos devons maintenant exposer la raison pour laquelle nous n'avons pas
cru devoir décerner, cette année, le grand premier prix.
Nous avons, il est vrai, trouvé des jardiniers intelligents et particulière-
ment capables, deux de ceux que nous avons visités se sont spécialement
distingués chacun dans les genras de culture auxquels ils se livrent, mais
nous avons compris que la pensée de l'Association Horticole Lyonnaise, en
créant les Grands Premiers Prix, a surtout été de récompenser l'ensemble
absolument complet qu'on doit trouver dans les propriétés bour:jeoises,
c'est-à-dire des cultures réunies de légumes, arbres fruitiers, tleurs et
plantes de serre, et que, du moment qu'une ou plusieurs de ces cultures
macquent ou laissent à désirer, le grand premier prix doit être réservé.
Berthier, Roux, C. Lavexir, Rivoire. Musset.
Ro&a Lusiadas
Nous sommes persuadés que MM. les amateurs de roses apprendront
avec un sentiment de curiosité que le rosier nouveau « Lusiadas »
tant vanté par son obtenteur, M. Pedro da Costa, de Lisbonne, vient
de fleurir dans notre établissement.
Son annonce a occupé dans différents journaux des pages entières ;
d'après plusieurs certificats les fleurs étaient d'un jaune d'or ponctué
de vermeil carminé, passant au vermeil violet.
Dès le premier moment nous avions remarqué que le bois et le port
de « Lusiadas « et de « Céline Forestier » étaient identiques. L'obten-
teur cependant pouvait présenter dans « Lusiadas » un accident fixé de
l'ancien .rosier Noisette.
Aujourd'hui nous pouvons déclarer que la nouveauté « Lusiadas »
n'est autre chose que l'ancienne variété « Céline Forestier ».
Il sera curieux de savoir que cette variété a déjà été présentée dans
le temps sous un nom nouveau celui de « Liésis ». L'on voit que M. da
Costa qui s'est fait payer 50 fr. les plantes originales de sa nouveauté
et qui ne répond à aucune lettre, où l'ou se plaint de sa manière d'a-
gir, ne nous a servi que du réchauffé préparé à la sauce poivrade.
Luxembourg, 3 avril 1S85.
C. SOUPERT ET NOTING.
Rosiéristes, fournisseurs de la Cour.
Exposition d'horticulture de Marseille
La Société d'horticulture et de botanique de Marseille, a tenu à la
fin de mai dernier, au Quinconce des allées de Meillan, une fort belle
exposition d'horticulture dont l'organisation ne mérite que des éloges.
L^emplacement désigné pour la tenue de cette exposition est plein de
difficultés, mais sous la direction de l'architecte paysagiste M. Ricard,
ces diflicultcs ont été habilement surmontées, car il a su tirer un
parti parfaitement convenable de l'emplacement ci-dessus désigné.
— 304 —
Du reste les efforts des organisateurs ont été absolument couronnés
de succès. Les apports nombreux, dont quelques-uns de très grand
mérite, leur habile classement, sous le rapport de l'effet ornemental,
et surtout un soleil superbe — le soleil de Provence — avaient attiré
une foule considérable, de visiteurs.
Vous excuserez votre délégué de ne pas entrer dans des détails mi-
nutieux sur les lots exposés, car chacun mériterait un juste tribut d'é-
loges que le cadre de votre journal aurait de la peine à contenir. Je
préfère vous donner sommairement la liste des récompenses obtenues
par les exposants, en faisant mon possible pour n'omettre personne.
Avant de passer à cette énumération, je vous dirai que j'ai vu rôuni
dans cette exposition presque tous les genres cultivés dans les serres ou
les jardins, et j'ajouterai qu'un bon nombre d'espèces, parmi les plus
rares, étaient représentées par des spécimens de toute beauté. Les
objets d'art de toutes sortes étaient également fort nombreux et con-
courraient pour une bonne part à rendre l'exposition très pittoresque.
Marseille ou ses environs compte, du reste, un assez bon nombre de
grands amateurs, qui s'intéressent tous à la réussite des expositions,
et à côté d'eux des savants, des botanistes, dévoués à l'horticulture.
Parmi ces derniers je me ferai un véritable plaisir de citer leur doyen
M. Honoré Roux, entouré de l'affection de tous ses confrères, aussi le
jury de l'exposition auquel un exposant avait laissé la latitude de bap-
tiser une Rose nouvelle de semis, a-t-il pensé en lui donnant le nom
de ce savant modeste, que cette dédicace serait approuvée par toute la
société.
Voici la liste des récompenses que le jury a attribué aux exposants :
Prix d'honneur : MM. Darier. — Fouqueray, jardinier-chef chez M. le
comte Gilbert des Voisins. — Antoine Besson. — Biliandou. — Ricard et
Montel (Claude).
Grande Médaille d'or : Société des Horticulteurs de Marseille.
Diplôme d'honneur : L'Avenir viticole. — M. Rouget, propr. à la Pauline
(Var).
Médailles d'or : MM. Darier, plantes de serre chaude en général. — Fou-
queray, Orchidées, Crotons, plantes japonaises. — Ricard, plantes ornemen-
tales, Palmiers, Cycadées, bouquets et parures de fleurs. — Lemasson,
jardinier chez M. Renouard, Azalées, Caladiums. — Bourelly, plantes de
marché. — Montel (Claude), Fougères arborescentes, semis de Caladiums,
Palmiers et Cycadées. — Jules Monge, collection de Coleus et Coleus dd
semis. — Carie, jardinier chez M. le marquis de Clapier, Pelargoniums zona-
les. — Bernard, Pelargoniums zoaales. — Besson (Antoine), Conifères et
arbres d'ornement. — Nabonnand, collection de Roses. — Comte fils, cons-
tructions de serres. — Drevet. fabricant d'appareils de chauffage, à Lyon,
thermosiphons. — Pommier, fabricant d'appareils de chauffage à Marseille.
— Latil, constructeur da serres à Saint-Just-de-Valserry. — Société ano-
nyme de clôtures et rustiques, kiosques et ameublements de jardins. —
Cayol, poterie horticole. — M"" Pathier, reproductions botaniques et her-
bier.— Davin père et fils, belle culture. — Toussaint, outils divers. —
Lefebre, ouvrages horticoles.
— 305 —
Médailles de vermeil. — MM. Darier, Orchidées, Crotons. — Fougueray,
Caladiums. — Gondola (Désiré), Plantes diverses. — Besson (Antoine\
Azalées et Mosaïculture. — Montel (Claude), Plantes d'introduction directe,
Caladiums. — Liautaud, Cjcas et Fougères arborescentes. — Canvain,
Gloxinias de semis. — Lemasson, Bégonias à feuillage. — Astier et Deleuil,
Bégonias à feuillage. — Genest, Araucurias variés. — Monge (Jules), Pélar-
goniums panachés. — M""" V° Bonefoi, Pétunias doubles variéj. — Nicolas
(François), Ananas à feuilles panachées, Fraisiers. - Chipot et Guédan
aîné. Collection de Roses. — M"^ V"^ Germain, de Saint-Pierre, collection de
Roses. — Paul Giraud, fruits divers. — Isambert, Serres et Châssis. — Pou-
jade, Vialle, Martin et Germain, Mobiliers de jardin et fonte artistique. —
Plazenski, fabricant de tentes à Marseille, Tentes et Tentes parasol. —
Moro (J.-B.), rocailles. — Giraud, poterie artistique. — Fenouil, Herbier. —
Mallet, Fusains et autres arbustes. — Victor, rosiers en pots. — Bourelli
(Léandre),Coleus de semis. — Crouzet, Pulvérisateur, — Simonetti, Machi-
nes agricoles.
Médailles d'a?'gent grand module. — MM. Daumas, Asperges. — Mouren
(Jules), Melons, Tomates et Concombres. — Besson (Antoine), plantes déco-
ratives, Neriums, Pivoine, Fruits conservés. — Lemasson (François), Pélar-
goniums à grandes fleurs et à feuilles panachées. — Astier et Deleuil, Coleus,
Pétunias doubles, Mosaïculture. — Mouren (Jules), Bégonias. — Bérenger
(Etienne), Bégonias, Pélargoniums zonales. — Sibily (Marcelin), Pensées à
grandes macules. — Deleuil aîné, Fuschia. — Nicolas (François), Pétunias
doubles. — Tricon (Jacques), Plantes de rocailles. — Malespines, Pélargo-
niums à grandes fleurs. — Montel (Claude), Houx et Aucubis. — Andrie,
Fusains et arbustes variés. — Bernard (Victor), collections de Roses. —
Paul Giraud, collection de Roses. — Rivoire père et fils à Lyon, Pensées à
grandes macules. — Davin père et fils, Penstemons de semis. — Delaurin,
Iris et Delphinium. — Sautel, Bouquets montés. — Percepied, collection de
Pommes de terre. — Guillot (Jacques), Graines et Laitues variées. — Bellot
(Emilien), Tentes. — Bourbon, Ruches d'abeilles. — Capau, Bacs et Paniers
à Orchidées. — Mattet, herbier médicinal. — Mercier (Antoine), marchand-
grainier à Marseille, Grains et Pommes de terre. — La Bibliothèque péda-
gogique des instituteurs de Marseille, Tableaux, scolaires et herbiers. —
Cauvin fils, horticulteur, Cycas revoluta en fruits. — Levenc, engrais. —
Bertrand, ouvrages sur l'agriculture. — Seyfarthe, fleuriste à Nice, col-
lection d'Œillets et de Roses. — Duclaux, de Draguignan, ensemble de ses
grefies de vignes et fruitières. — Barco, Barbaroux et Bourgeois, Guano
naturel concentré.
Médaille d'argent de 2° classe : MM. Gondoin (Désiré), Mimulns. — Besson
(Antoine), Pensées. — Lemasson (François), Calcéolaires — Mouren (Jules),
Coleus. — Genest, Bégoni;i. — Ricard "(François), Pelargonium. — Caries
frères. Plantes grasses. — Malespines, Pelargonium à grandes fleurs. —
Bernard (Victor), Verveines hybrides. — Hugues (Louis), Cerastium et Myo-
sotis. — Petiot, Meubles de jardin. — Chevrier (Paul), Bélier, élévateur. —
Toulouzan, Graines et légumes secs. — Besson (Antoine), Pommes de terre.
— Zicard, Fleurs en perles, — Aubert (François), Fleurs artificielles. —
Devése, Pompes. — Siméon St-Ignace, Appareil servant au déblai des tran-
chées. — Bourre (Marcus), Articles de jardin. — Nicolas, Fuchsia.
Médailles de bronze: MM. Vanden-Swaelen, Plan de jardin. — Rostan
(Antoine), Plans en relief . — Mourin (Jules), Pelargonium sur tiges. — Tricon
(Jacques), Œillets de poète. — Lugues (Louis), Œillets de poète. — Chabot
(François), Pensées. — Besson (Antoine), Rosier en pot. — Giraud (Paul),
Bouquet. — Michel (Joseph), Fruit. — Kleinholn, Plan de jardin. — Che-
vret (Théophile), Plante en zinc. — Puttet (Gustave), Imitation de fleur en
filigrane. — Issorel (Michel), Aquarium. — Picard (François), Coleus. —
306
Sabatier (Hubert), Tente, Parasol. — Audibert (J.), Ouvrage sur le sorglio.
— Bourrilon, Manuscrit : Mojeu de conserver les enfants à l'agriculture. —
Rivière (Charles), Volière rustique. P. Pitaval.
Séchage des prunes.
L'Agenais excelle dans l'art de faire sécher et de préparer ces
pruneaux si renommés, connus sous le nom de Pruneaux d'Agen.
C'est la prune d'Enté, nommée aussi prune d'Agen, qui est la
plus cultivée pour cet usage ; de nombreuses variétés ont été essa-
yées, plusieurs ont été trouvées rebelles à cette opération notamment
la prune Reine-Claude qui a la pellicule trop fine et trop délicate ;
la prune Pond's seedling, qui, d'énorme qu'elle était à l'état frais,
se réduit à peu, et d'autres encore. La prune Coe's golden drop,
plus belle et meilleure à sa maturité que la prune d'Enté, a été
expérimentée, elle se prête assez bien à la dessiccation et fournit
des pruneaux de surchoix, le double plus gros que ceux de la prune
d'Enté. Ces fruits ont peu de vente, cependant, par leur manque
du noir brillant qui distingue la prune d'Enté.
Voici comment on procède dans l'Agenais pour dessécher les
prunes d'Enté : on les cueille à leur complète maturité ; elles sont
alors étendues sur un paillis, bien exposées au soleil brûlant qui
les sèche d'abord et les ride un peu ; au bout de quelques jours
on les place sur des claies qui, par trois fois, vont passer douze
heures au four, pour se reposer douze heures à l'air libre, pendant
qu'où fait réchauffer ces fours destinés à recevoir de nouvelles claies ;
c'est après ces opérations successives que les prunes d'Enté sont
suffisamment desséchées et ont pris cette robe noire et ce lustre
brillant qui flatte si fort l'œil des gourmets.
La Coe's golden drop doit être séchée lentement à l'étuve chauf-
fée modérément, ou passer six à huit fois au four poiu' arriver à
un bon point de dessiccation. Si la Reine-Claude ordinaire ne se
prête pas facilement à cet usage, il n'en est pas de même de la
Reine-Claude violette et de la Reine-Claude tardive de Bavay : celle-
ci prend une teinte de brun foncé ; l'une et l'autre conservent beau-
coup de chair, mais leur couleur terne les fait peu pnser, quoi-
qu'elles soient fort bonnes ; il est vrai que leur peUicule épaisse
leur enlève une partie de leur mérite.
Dans la Côte-d'Or les variétés les plus estimées pour la dessicca-
tion sont la Kouetche d'Italie à gros fruit violet-noir, et très pro-
ductive, et la Kouetche ordinaire ou d'Allemagne à fruits rouges,
moins grosse que la précédente, également très fertile.
Bulletin de la Société d' Horticulture de la Côte-d'Or,
— 307 —
Pomologie.
— { Observations sur les Poires ) —
Prion. — Arbre peu vigoureux auquel les petites formes conviennent; très
fertile. Fruit moyen, parfois assez gros, très bon. Maturité de septembre à
février.
Professeur Barrai. — Arbre de vigueur modérée qui forme de jolies pyra-
mides ; on le dit très fertile. Voilà 15 ans que je le cultive, il n'a fructifié
que deux fois et les fruits sont venus petits; je n'ai pu juger de leur qualité.
Puebla. — Arbre peu vigoureux auquel les petites formes conviennent,
très fertile. Fruit gros, très bon. Maturié courant septembre.
La Quintinye. — Arbre assez vigoureux qui se conduit sous toutes formes,
fertilité ordinaire. Fruit assez gros, de 2" qualité. Maturité de janvier à
mars.
Râteau blanc. — Syn. : Bergamotte Drouet, Angleterre d'hiver, Longue vie,
Tarquin des Pyrénées. Arbre faible, les petites formes lui conviennent, très
fertile. Fruit moyen, n'est bon que cuit. Maturité de mars à mai. Routin.
CALENDRIER HORTICOLE
Résumé des travaux à faire dans le mois d'octobre
Jardin potager . — Les travaux à exécuter dans le jardin potager
ne sont pas très nombreux «m octobre. On prépare les artichauts à
l'hivernage en enlevant les œilletons inutiles et en approchant de leur
voisinage le fumier de litière où les feuilles qui doivent servir à les
abriter. Les tiges d'asperges seront coupées. On repique les ognons
blancs, la chicorée, la laitue, les premiers choux d'Yorck. On plante
■les ails, la ciboule vivace, réclialotte, l'oseille, la rhubarbe. On peut
semer les épinards, du cresson alénois, de la roquette, de la laitue
d'hiver et quelques légumes dures à lever tels que : carvi, cerfeuil bul-
beux, perce-pierre.
Quand la température s'abaisse par trop on peut couvrir avec des
paillassons les légumes que le froid pourrait endommager.
Jardin fruitier. — On continue la récolte des espèces qui arrivent à
maturité. Pour celles qui mûrissent en décembre ou dans les mois sui-
vants il est préférable de les récolter le plus tard possible : elle se con-
servent mieux et se rident moins. Il est très important de préparer les
trous où on veut planter des arbres ; l'air effrite la terre et la ferti-
lise et la plantation se fait alors dans de très bonnes conditions.
Jardin d'agrément. — Il faut se méfier des gelées blanches et autres
qui arrivent dans ce mois, emportant souvent toutes les fleurs. Avec
quelques abris, de simples toiles, des paillassons on peut abriter sur
place les chrysanthèmes, les derniers boutons de roses, ainsi que beau-
coup d'autres. En agissant ainsi quand arrive l'été de la St-Martin on est
bien aise de pouvoir encore faire quelques bouquets dans les jardins.
On rejoint avec soin les feuilles qui tombent des arbres pour abriter
— sos-
ies plantes délicates, ou faire des couches sourdes. On peut semer :
Adonis, phlox vivaces, violettes et à bonne exposition celles des espè-
ces mentionnées pour être semées dans le mois précédent. On peut
replanter toutes les plantes vivaces, surtout celles qui ne craignent pas
le froid.
Serres et châssis. — C'est le moment de préparer pour la rentrée
toutes les espèces qui craignent le froid. On peut cependant retarder
le plus longtemps possible de rentrer celles des plantes qui n'étant pas
à boutons, supportent 5 ou 6° de froid sans danger.
CATALOGUES. — NOUVEAUTES.
F. DuBREUiL, horticulteur-rosiériste, chemin Saint-Romain, à Monplaisir-
Lyon. — Rosiers nouveaux de semis. — Rosier thé. — Marquise de Vivens,
arbuste non sarmenteux, muni d'aiguillons crochus ; feuilles amples de 5 à7
folioles brillantes, lustrées, vert foncé; bouton très allongé, fleur grande,
bicolore, à couleurs atténuées en vieillissant, calice à longs sépales glabres
et vert foncé à l'extérieur, blanchâtres et pulvérulents intérieurement;
pétales, arrondis-obovales, cunéiformes, gracieusement roulés en volute,
dans la sens de la longueur; face supérieure carmin vif sur les bords, s'atté-
nuant en rose de Chine vers le milieu et se fondant insensiblement en jaune
paille vers l'onglet, face inférieure blanc carné nuancé soufre.
Par la forme élégante et nouvelle de ses pétales gracieusement recourbés,
par les fraîches couleurs si diversement nuancées et surtout par l'agréable
contraste qu'elles produisent, cette Rose nouvelle constitue une variété très
méritante, qui n'a aucun rapport avec les variétés déjà au commerce.
PoLYANTHA NAIN REMONTANT. — F loi'ibundu , arbuste buissonnant à rejets
vigoureux terminés par de larges corymbes de 30 à 50 fleurs; boutons
ovoïles, fleurs très doubles, s'épanouissaat bien; pétales rubanés de rose et
de lilas très frais.
Cette variété a le port et la floraison de la charmante variété Anne-Marie
de Montravel, dont elle ne dllfère que par la uuance de ses fleurs.
DÉTRICHÉ FRÈRES, horticulteurs, route des Ponts-de-Cé, à Angers (Maine-
et-Loire). — Prix courant pour marchands de Jeunes plants d'arbres fores-
tiers et d'ornement, d'arbustes à feuilles caduques ou persistantes, de coni-
fères, d'arbres fruitiers ; plantes diverses en godets et en pots. Collection de
Rosiers très complète. Étiquettes. Pierres à aiguiser.
Ketten frères, rosiéristes à Luxembourg (Grand-Duché). — Catalogue
et prix-courant des Rosiers en collection cultivés dans l'établissement.
Rosiers Cent-feuilles, de Provins, de Damas, capucines, moussus, multiflores,
à bractées, Bengales, Thés, Hybrides de thé, Ile-Bourbon, Hybrides remon-
tants, etc. Rosiers nouveaux. Collection très complète.
Ferdinand Gaillard, viticulteur à Briguais (Rhône). — Catalogue, prix-
courant des vignes américaines et franco-américaines cultivées dans l'éta-
blissement. Porte-greff'es (boutures et racines). Producteurs directs (bou-
tures et racines), 12 variétés. Vignes greflees.
Grégoire et C', viticulteurs à ViUefranche (Rhône). ^- Nouveau traite-
ment breveté s. g. d. g. du greffage de la vigue franco-américaine. Prix-
courant des vignes françaises greffées et soudées et des vignes américaines
producteurs directs.
Le Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon, — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 OCTOBRE N° 19
CHRONIQUE
Destruction de C Oïdium. — Chacun connaît l'efficacité du soufre
pour opérer la destruction de l'oïdiuna qui attaque les vignes.
Employé à temps et à plusieurs reprises, le soufre a parfaitement
raison de ce dangereux cryptogame. On a également, pour le
même usage, conseillé l'emploi de cendre de bois, de la poussière
des routes, etc., mais ces substances ont laissé l'oïdium si tran-
quillement faire son chemin que ceux-là mêmes qui les avaient
recommandées les ont abandonnées sans scrupules.
En dehors de l'emploi du soufre, il paraît que la taille de la
vigne, pratiquée à une certaine époque, donnerait également
d'excellents résultats qui empêcheraient l'invasion de l'oïdium.
C'est du moins ce qui paraît résulter de Ja lettre suivante que
nous a écrite M. Joannès Bruyas , horticulteur, à St-Cha-
mond (Loire). Voici cette lettre :
« Des différents moyens employés pour la guérison des vignes
attaquées par l'oïdium, il en est un bien simple, peu coûteux, et
je crois très peu connu, le voici :
« A peu près vers la fin de septembre, tailler la vigne à deux
ou trois yeux au-dessus de la taille qu'on doit lui faire subir plus
tard, la laisser ensuite jusqu'à ce que, au printemps, les yeux
commencent à bien bourgeonner; à ce moment là (mais pas avant)
tailler comme d'habitude.
« Dès la première année, l'on s'aperçoit du bon effet de ce
traitement, et si les vignes ne sont pas complètement guéries,
recommencer la même opération l'année suivante.
« Ce système, employé par mon père depuis plus de trente-cinq
ans, a toujours parfaitement réussi. »
M. Quetier, horticulteur, à Meaux, a également préconisé
l'emploi de la chaux éteinte et réduite en bouillie claire avec
laquelle on badigeonne les souches de vigne.
— 310 —
Sur l'origine du- thou de Bruxelles. — La Bévue horlieole a reçu
d'un de ses correspondants quelques renseignements relatifs à l'in-
troduction en France de la culture du chou de Bruxelles. Quant à
l'origine du chou lui-même, elle n'est pas facile à connaître. Le
correspondant de la Bevuc, M. Morguet, pense que l'introduction
de la culture de cette variété aux environs de Paris ne remonte
pas au-delà de 1835. M. Prillieux, professeur à l'Institut national
agronomique, croit, au contraire, que cette introduction n'est pas
de date aussi récente, puisque d'après certains renseignements
qu'il donne, sous le premier empire, avant 1814, on mangeait
déjà sous le nom de Petits choux, de véritables choux de Bruxelles.
Daléchamp, dans son Histoire des Plantes, publiée en 1653, donne
la figure d'un chou qui ressemble passablement au chou de
Bruxelles. Voici ce que cet ancien auteur dit de cette variété :
a II y a encore une autre sorte de chou cabu appelée en latin
Brassica capilata polijcephalos, c'est-à-dire chou cabu à plusieurs
testes; estant semblable quant à la racine, tige et grandeur, aux
autres choux cabus ; mais il est différent en ce que nature voulant
comme faire parade de sa fertilité en ce chou icy ne luy fait pas
une teste seule, mais plusieurs séparées l'une de l'autre... »
Ce qu'il y a de certain, c'est que sous le nom de chou vert frangé
d'Allemagne ou à rejets du Brabant (où on le nommait spruiljes), on
cultivait, il y a fort longtemps, le chou de Bruxelles, Je le trouve
décrit dans plusieurs « Bons jardiniers » d'une manière si claire,
qu'il est impossible de le confondre avec une autre variété. Le
Bon jardinier pour l'année 1817, que j'ai sous la main, s'exprime
ainsi à propos de ce chou :
« Ce chou produit dans toute sa longueur de petits choux frisés,
gros comme des noix, très tendres, dont on augmente la récolte
en coupant à mesure ceux qui sont bons à manger. »
Je crois que voilà qui est clair, n'est-ce pas?
Pêches américaines — H y a quelques années que les premières
pêches précoces ont fait leur apparition en Europe , en France
notamment ; on a déjà discuté très longuement sur l'adhérence ou
la non-adhérence de la chair au noyau, ce qui prouve, que si on
n'a pas encore tranché la question, on a déjà pas mal mangé de
pêches Âmsden et autres quelconques, remarquables par leur pré-
cocité. Ceci dit, je me demande, étant donnée la rapidité avec
laquelle un semis de pêcher peut donner ses fruits, pourquoi les
horticulteurs français, italiens, espagnols et portugais n'obtien-
pas, ou, s'ils obtiennent, ne mettent pas au commerce de nouvelles
variétés du même ordre. Toutes les nouvelles sortes de pêches pré-
— 311 —
coces que les journaux spéciaux nous annoncent ont des noms amé-
ricains ou anglais qui trahissent leur origine. Les Américains
auraient-ils un secret, ou les horticulteurs de l'ancien continent
n'auraient-ils pas de chance ? Je pose la question, mais je ne mo
charge pas de la résoudre. Quoiqu'il en soit, parmi les deux dou-
zaines au moins de pêches précoces qu'on signale à l'horizon, il n'y
a que des gains américains.
Prix proposés par la Société d'encouragement pour l'industrie natio-
nale.— M. Ed. Becquerel, président de la Société d'encourage-
ment pour l'industrie nationale, nous fait parvenir le programme
des prix que la Société décernera, "s'il y a lieu, en 1886.
Nous reproduisons la partie de ce programme concernant
V Agriculture :
Prix de 2,000 francs pour la meilleure étude sur l'agrioulture et
l'économie rurale d'une province ou d'un département 2.000
Prix de 3,000 francs pour la découverte de procédés perfectionnés
de transmission, à distance, de la force motrice à des machines
d'agriculture 3.000
Prix de 2,000 fr. pour la découverte d'un moyen facile et expé-
ditif de reconnaître les falsifications du beurre 2.000
Prix de 2,000 francs pour la découverte d'un moyen de détruire
le peroBospora de la vigne 2.000
Prix de 1,000 francs pour le meilleur procédé à employer pour la
destruction des courtillères ou des hannetons 1.000
Prix de 1,000 francs pour la découvertd d'an moyen facile et
expéditif de reconnaître les falsifications de l'huile d'olive .... 1.000
Prix de 1,000 francs pour la découverte d'un moyen facile et
expéditif de reconnaître les falsifications des huiles autres que
l'huile d'olive 1.000
Prix de 1,000 francs pour l'emploi, au boisement des terrains
pauvres et arides, d'une essence d'arbres peu utilisée, et dont les
produits soient au moins aussi avantageux que ceux des essences
forestières employées 1.000
Prix de 1,000 francs pour la mise en valeur des terres incultes,
par l'emploi d'arbres fruitiers dont les produits soient utilisés direc-
tement dans l'alimeatation de l'homme 1.000
Prix de 2,000 francs pour la meilleure étude sur les cultures et
le climat de l'Algérie et sur les conditions qu'offre ce pays pour la
colonisation, de façon à fournir des renseignements utiles aux agri-
culteurs qui iraient s'y établir en vue d'une entreprise agricole . . 2.000
Révision du genre Pivoine. — Le Garduers' chronicle a publié une
révision du genre Pivoine qui me semble bien singulière. M. J.-G.
Baker, qui en est l'auteur, a adopté pour les besoins de la cause,
une classification absolument arbitraire qui n'est pas faite malgré
cela pour jeter beaucoup de clarté dans ce genre dont les espèces
sont souvent si voisines.
Si M. J.-G. Baker a pensé qu'en simplifiant la classification
des Pivoines il la rendrait plus facile, à mon avis, il s'est simple-
— 312 —
ment trompé. Du reste, il en est du genre Pivoine cotarae de pres-
que tous les autres, avant d'en faire la synthèse, il conviendrait
d'en faire l'analyse. En botanique on ne doit rien inventer ; les
conceptions les plus hardies ne valent pas la simple constatation
d'un fait.
Par exemple, quand notre auteur décrit les P. obovala et albi-
flora, il se complaît à comparer, comme grandeur, les pétales de
ces deux plantes à ceux du P. ofjlcinalis. Cela me rend... rêveur,
si je montrais à M. Baker toute une série de formes de P. offîœialis
dont les fleurs varient de grandeur, me serait-il permis de lui
demander à laquelle de ces formes il faut comparer les fleurs des
plantes sus-nommées.
La vérité est que l'on ne connaît pas les formes sauvages de la
plupart des Pivoines décrites dans les ouvrages, pas plus qu'on ne
connaît celles des plantes les plus communes. Ceci est tellement
vrai que, dans une des dernières assemblées de la Société botanique
de Lyon, j'ai pu montrer six descriptions fort différentes de l'Armoise
vulgaire. Ces descriptions faites par nos meilleurs Aoristes ne
concordaient nullement entre elles et très peu avec quelques formes
d'armoise que je présentai. Revenons à la classification de
M. Baker. D'abord le genre est divisé en deux sous genres ; Espè-
ces arbustives et espèces herbacées. Les espèces herbacées sont
subdivisées en trois groupes, savoir: 1° Follicules glabres ; 2° Fol-
licules tomenteux érigés ou faiblement étalés ; 3" Follicules tomen-
teux étalés en étoiles lorsqu'ils sont mûrs. Ces groupes ont un tout
petit défaut : celui d'éloigner les variétés des espèces, car dans ce
qu'on est convenu d'appeler espèce il y a des variétés à follicules
glabres, quand l'espèce les a velus. Pour parer à cet inconvénient,
l'auteur a érigé les variétés qui le gênaient au rang d'espèces et
rompu les affinités naturelles. Quand les variétés ne dérangent pas
la classification, l'auteur les conserve comme variétés. Ce n'est pas
ainsi que l'on devrait procéder.
affinité spécifique entre le sujet et la greffe. — Il suffit très souvent
qu'une erreur ait été commise une première fois par un auteur en
renom pour que — en vrais moutons de Panurge — la même
erreur continue à être imprimée par plusieurs générations d'écri-
vains. En botanique — pour cette science la dose est forte — je
pourrais citer des multitudes de descriptions ridicules que les auteurs
se sont « chipées » à tour de rôle sans prendre la peine de cacher
leurs larcins. En horticulture les auteurs étant généralement prati-
ciens, ont un fond de connaissances qui les met en garde contre
cette funeste habitude, qui consiste à faire des livres avec d'au-
tres livres. Cependant comme l'homme n'est pas universel, il arrive
— 313 —
à l'horticulteur, pour certains chapitres, d'aller aux renseignements
chez le voisin qui lui montre Copenhague sur le Danube ou Mos-
cou sur la Neva.
C'est ce qui arrive presque toujours quand quelqu'un traite de
l'affinité spécifique entre le sujet et la greffe. Dernièrement encore,
j'ai trouvé la phrase suivante dans un livre récemment édité : Ainsi,
par exemple, le gretfage du cerisier de Ste-Lucie Cerasus Mahaleb
ne réussit sur aucune espèce de cerisier, » Eh! bien, cette
affirmation constitue une erreur manifeste. Si on avait inlérà à
greffer le cerisier en question, il y a de beaux jours que tout le
monde saurait que la greffe en est possible . La preuve de ce que
j'avance, je la ferai quand on voudra. Il me suffira de montrer des
cerisiers de St-Lucie greffés et vivant sur cerisier des oiseaux
depuis 10 ans.
Informations. — Les personnes qui auraient l'intention de pren-
dre part à l'Exposition rurale internationale qui se tiendra à Buenos-
Ayres (République argentine), du 25 avril au 24 mai 1886, sont
informés que les demandes d'emplacement doivent être transmises
à la gérance de la Société rurale argentine, deux mois avant le
jour fixé pour l'ouverture de l'exposition, s'il s'agit de produits
nationaux, et six mois à l'avance, s'il s'agit de produits étrangers.
On trouvera au ministère de l'agriculture (bureau des encoura-
gements à l'agriculture), 78, rue de Varenne, le règlement, le
programme et les formules d'admission concernant cette exposition.
— M. Van Huile recommande, dans une note publiée dans la
Bévue d'Iiorticullure belge, d'écrire les étiquettes en commençant du
côté opposé à la pointe, parce que, dit-il avec raison, si une partie
du nom vient à s'effacer en l'enfonçant dans la terre, il vaut mieux
que ce soit la terminaison que le commencement. Avec le commen-
cement d'un nom, il est facile de le reconstruire en entier; la chose
est presque impossible avec la seule terminaison. Ceci est un avis
aux jardiniers qui attendent trop longtemps pour refaire leurs
étiquettes.
— L'Espagne vient d'entrouvrir ses frontières aux produits hor-
ticoles, autres que la vigne, provenant de pays non phylloxérés.
L'autorisation d'expédier des plantes en Espagne est subordonné :
P A la production d'un certificat, visé par le consul d'Espagne,
attestant qu'il n'existe pas de phylloxéra dans la région d'où les
envois sont originaires ;
2° De la preuve que les tonneaux ou colis contenant les dites
plantes, arbres ou arbustes, lorsqu'ils ont traversé un autre pays,
n'y ont pas été ouverts ;
— 314 —
3° L'importation des plantes sèches, semences, fleurs coupées,
fruits, bulbes, tubercules est autorisée, quand ces derniers sont
convenablement emballés.
Nécrologie. — Au moment de mettre sous presse nous appre-
nons une douloureuse nouvelle : Un de nos horticulteurs les plus
distingués, M. Joseph Schwartz, rosiériste, chevalier du Mérite-
Agricole, membre de l'Association horticole Lyonnaise, de la
Société d'horticulture du Rhône, de la Société Botanique et de
la Société Linnéenne de Lyon, est décédé dimanche 11 octobre
courant. M. Schvcartz était parmi nos rosiéristes un de ceux qui
ont le plus contribué à développer la culture du genre rosier dans
le Lyonnais.
Doué d'une activité étonnante, il n'épargnait ni le temps ni
l'argent pour augmenter ses collections et étendre ses relations
commerciales. Nous nous faisons un devoir d'adresser à sa famille
nos sentiments de condoléance. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Concours spécial des Chrysanthèmes les 14 et 15 novembre 1885
Conformément à la décision prise dans son assemblée générale du
21 mars dernier, l'Association horticole lyonnaise organise à Lyon un Con-
cours de Chrysanthèmes.
Le Concours aura lieu au Palais du Commerce, Salle des Réunions Indus-
trielles, lieu habituel des Séances de l'Association, les 14 et 15 novembre
1885.
Le Concours est spécial aux Chrysanthèmes présentés en fleu rs coupées.
^installation des lots sera faite par les concourrants ou leurs représentants ;
elle devra être terminée le samedi 14 novembre avant 10 heures du matin.
Les demandes devront être parvenues au secrétariat, cours Lafayette, 61,
Villeurbanne-Lyon, avant le 1" novembre 1885.
Le public sera admis gratuitement à visiter le concours le samedi 14, de
midi à 4 heures du soir, et Je dimanche 15, de 9 heures du matin à 4 heures
du soir.
Un jury composé de 6 horticulteurs ou amateurs, jugera les lots exposés.
Les membres de ce jury pourront exposer mais non concourir.
Le jury entrera en fonction le samedi 14 novembre, à 10 heures du
matin.
Les décisions du jury seront communiquées à tous les journaux quotidiens
de Lyon et la Commission d'organisation du Concours fera placer sur les lots
un carton indiquant la récompense obtenue, ainsi que le nom et l'adresse de
l'exposant.
Les variétés devront être correctement étiquetées ; chaque variété sera
au maximum représentée par trois tiges coupées.
Les récompenses obtenues seront décernées dans la séance de décembre
1885.
La Commission fera disposer les lots suivant ses vues pour l'ornementa-
tioo de la salle.
— 315 —
Concours
1» Pour une ou plusieurs variétés obtenues par l'exposant et n'étant pas
dans le commerce : 1" Prix, médaille d'argent grand module. — 2" Prix,
méd. d'argent. — 3« Prix, méd. de bronze.
2° Collection des 25 plus belles variétés obtenues et mises au commerce
parl'txposant : 1" Prix, grande médaille d'argent. — 2« Prix, méd. d'ar-
gent. — 3° Prix, méd. de bronze.
3° Pour la plus belle collection de 200 variétés comprenant tous les gen-
res : 1'' Prix, méd. de vermeil. — 2' Prix, méd. d'argent grand module. —
3' Prix, méd. d'argent.
4° Pour la plus belle collection de 100 variétés comprenant tous les gen-
res : 1«' Prix, médaille d'argent grand module. — 2" Prix, œôd. d'argent.
— 3« Prix, méd. de bronze.
5» Pour la plus belle collection de 50 variétés de la série japonaise :
l" Prix, méd. d'argent grand module. — 2' Prix, méd. d'argent. — 3" Prix,
méd. de bronze.
6° Pour les 25 plus belles variétés, médaille de bronze.
Plantes naines.
1/a plupart des Species, des Flores, des Horlus, présentent des
variétés qualifiées naines. Il y a des Rosiers nains, des Mûriers
nains, des Pommiers nains, mais il s'en faut de beaucoup que tous
les végétaux ainsi désignés méritent cette qualification. Plusieurs
d'entre eux ne doivent leur apparence naine qu'à un défaut de
nourriture passager, d'autres qu'à certaines opérations do jar-
dinage.
On livre souvent au commerce des marcottes, des boutures, des
plantes mutilées qui restent quelque temps avec une taille fort
petite, mais qui, soumises à une culture même ordinaire, ne tardent
pas à acquérir leurs dimensions habituelles.
On cultive, en Chine, dans les palais des grands seigneurs, des
arbres nains, tels que des Pins, des Orangers, des Chênes qui
portent des fleurs et des fruits comme les arbres ordinaires. Ces
prétendus nains n'atteignent pas plus de deux pieds de hauteur.
Le vrai nanisme est cet état, plus ou moins permanent, d'un
végétal dont toutes les parties offrent une diminution générale de
volume ou une taille au-dessous de son âge.
Les agents extérieurs influent plus puissamment sur les plantes
que sur les animaux. Cette influence peut quelquefois prolonger
l'existence de certains états tératologiques ; mais, dans d'autres
cas, elle s'oppose à ce qu'ils deviennent permanents. Comme les
végétaux n'ont pas de terme à leur croissance, et que nous ne
pouvons juger de leur nanisme qu'en comparant les individus
supposés nains avec d'autres individus du même âge développés
normalement, il suit de là que le nanisme végétal se réduit à une
sorte d'accroissement tardif avec plus ou moins de permanence.
— 316 —
Dans la plupart des ouvrages, on désigne sous le nom de nanus
tout végétal affecté de nanisme; on se sert aussi des adjectifs minor,
minulus, minimus, parvus, parviilus, pumilus, piisillus et pycjmœus.
Ces différentes expressions sont quelquefois employées pour les
dénominations spécifiques de certaines plantes normalement carac-
térisées par une taille fort petite ; de manière que le même mot
peut iudiquer tantôt un état de nanisme, tantôt un état habituel
suivant qu'il est employé pour un nom de variété ou pour un nom
d'espèce.
Le manque d'humidité ou le défaut de nourriture arrêtent l'ac-
.croissement des végétaux et sont des causes de nanisme. Les
plantes qui en éprouvent les effets semblent subir avant l'âge les
infirmités de la vieillesse.
Adanson cite des Soucis développés dans un terrain glaiseux ou
sablonneux qui n'offraient que 13 milimètres de hauteur. Il a vu
des rabougrissements analogues dans la Camomille vulgaire et le
Lcucantliemum vuUjarc. Le Plantain à grandes feuilles ÇPlanlago
major') devient, dans quelques circonstances, si exigu dans toutes
ses proportions, qu'on peut le regarder comme une véritable
miniature de l'espèce. La différence de taille est si prononcée que
plusieurs botanistes n'ont pas hésité à faire de cette variété naine
une espèce séparée. Linné a vu cette même espèce, en Laponie,
s'élever dans un bon sol à la hauteur d'un homme, et avoir à peine
la moitié de la longueur de l'ongle dans un terrain stérile.
Les plantes à station très haute sont, en général, fort petites.
On rencontre fréquemment des variétés naines sur les Alpes, les
Pyrénées, et sur d'autres montagnes, qui ne doivent leurs propor-
tions exiguës qu'à leur genre de station.
Bonnet et Senebier ont obtenu des pieds de Haricots nains en
privant ces plantes d'une partie de leurs cotylédons, après l'appa-
rition des premiers actes de la germination. Dans cette opération,
ils avaient soin de mastiquer la blessure pour la protéger contre
l'humidité.
Si on supprime les cotylédons avant que la semence ait reçu la
première impulsion, le germe ne se développera pas; mais si la
graine reste quelques jours dans l'eau, et si elle commence à se
gonfler, on peut alors amputer les cotylédons sans arrêter les
jeunes pousses. On a remarqué que les proportions du végétal sont
d'autant plus réduites que l'on a retranché une plus grande partie
de ces organes. Bonnet a fait cette expérience sur un Chêne qui a
vécu pendant plusieurs années singulièrement petit.
Moquin-Tandon.
— 317 —
Les Aconits.
« Né du venin subtil que le chien des enfers
Vomit de sou gosier écumant dans les fers,
Sous la voût.' d'un roc, ténébreuse cavern';
S'enfonce un chemin creux, descente de l'Averne,
Oii de la nuit profonde, Hercule, de retour,
Traîna l'affreux Cerbère à la clarté du jour.
Sa triple tète, en vain rejetée en arrière,
Du soleil odieux repoussa la lumière;
Un hurlement sauvage épouvanta les airs;
Une écume de rage infec'a ces déserts,
Et du s c infernal de ce venin livide
Germa de l'aconit la semence homicide. »
(De Saint-Ange, trad. des Métamorphoses.)
Ce n'est pas plus difficile que ça : Hercule étrangle un affreux
caniche du nom de Cerbère et v'ian, ça y est, voilà l'Aconit de ce
monde. C'est un moyen comme un autre pour expliquer la création,
une sorte de transformisme précédant l'autre.
Ces poètes n'en font jamais d'autres. D'après eux, V Aconit était
le principal ingrédient des poisons préparés par Médée. C'est dans
le suc de cette plante que les Gaulois et les Germains trempèrent
leurs flèches pour les empoisonner.
Mais d'abord, qu'est-ce que l'Aconit? Si on s'en rapporte aux
commentateurs de Théophraste, de Dioscoride et de Pline, l'esprit
le plus subtil est bien empêché de résoudre la question. Ces vieux
patriarches commencent â se chicaner sur l'étymologie du nom
Pline dit ({\x AconUum vient du mot grec Jcona qui signifie : rochers
nuds. C'est une allusion à l'habitat de la plante ; Théophraste pease
q\i' Aconit vient du lieu nommé Jcon où il croît en abondance, et
plusieurs autres auteurs donnent des explications différentes. Ne
connaissant pas exactement l'origine du mot Jconil, les anciens ne
paraissent pas non plus d'accord sur la plante à laquelle on doit
appliquer ce nom. La vérité est que le nom à' Jconil a été commun
à plusieurs plantes toxiques. C'est ainsi que l'Herbe aux panthères
actuellement connue sous le nom de Porunicnm Pardalianchcs, était
un Aconit quoique appartenant à la famille des composées, le
Ranunculus Thora était dans le même cas, ainsi que l'Eranthis
hyemahs et p'usieurs autres espèces de Renonculacées.
Les plantes actuellement connues sous le nom d'Aconitum sont
caractérisées par un calice à 5 sépales pétaloïdes ; le supérieur
en casque recouvrant la corolle. Celle-ci a 5 pétales très irréguliers,
les deux supérieurs à onglet allongé et disposé en cornet éperonné
au sommet, les trois inférieurs petits et souvent nuls. Capsules 3-5
(follicules) dressées.
Les Aconits habitent l'Europe, la Sibérie, le Japon, l'Amérique
septentrionale, principalement dans les bois et près des montagnes
élevées.
818
Les espèces qui croissent en France sont au nombre de quatre,
savoir : Jconilum Jnlhora L. (fig. 2) ; ^. paniculalum (fig. 1); J.
Napellus [ûg. 3), et V Aconilum tijcolonum L. Deux de ces Aconits
ont la tleur jaune, ce sont les J. Jnlhora et bjcoclonum; les deux
autres ont la fleur bleue.
Les Aconits sont des plantes très ornementales que l'on trouve
peu dans les jardins — sauf le Napellus qui est cultivé dans beau-
coup d'endroits — , et c'est un tort, car ce sont de fort belles plantes
vivaces très rustiques. Doivent-elles l'oubli dans lequel on les tient
à leurs propriétés toxiques? mais, dans ce cas, il faudrait aussi
détruire l'Hellébore noir, plusieurs Solanées, des Euphorbes et tant
d'autres plantes cultivées que personne ne craint, malgré des qua-
lités analogues.
On multiplie les Aconits par semis — la graine doit être semée
en septembre ; elle lève en mars — et par la division des souches.
Les Aconits jouent un très grand rôle dans la thérapeutique
moderne. D' Liroux.
— 319 —
Exposition d'horticulture à Mâcon (Saône-et-Loire).
Ayant eu l'honneur d'être délégué par l'Association horticole lyonnaise
pour faire partie du jury chargé d'attribuer les récompenses aux exposants
de l'Exposition organisée par la Société d'hortieulture de Màcon, je viens,
Messieurs, vous rendre compte de la tâche que vous m'avez confiée.
L'exposition a été t^nue â Màcon du 3 au 7 septembre dernier ; I9 Jury ■
était ainsi composé : MM. Cliovelot, de Besançon, président : Chambrette.
de Chàlon, secrétaire; Moyret, de Bourg; Hautin, de Villefrancha ; Gui-
chard, de Lyon ; Desportes, de Tarare ; Blonde-Stéphen, de Dijon, et votre
serviteur. Le programme de l'Exposition était divisé en quatre sections et
36 concours.
La première section : Culture maraîchère était repré^nntée par des lots
fort beaux et dignes d'être signalés soit à cause de la beauté des légumes
qui les composaient, soit à cause du bon choix des variétés. D»hs ce con-
cours MM. Chardigny, jardinier à l'Asile départemental, et Groselier, jardi-
nier à Fiacé près Màcon, obtiennent chacun une méiaille de vermeil qu'ils
ont certes bien méritée. M. Martin, horticulteur à Vindecy, montrait une
collection de pommes de terre composée des plus productives et des meil-
leures variétés. L'excellent choix fait par M. Martin montre qu'il s'entend
dans la culture de ce précieux tubercule. Le même exposant montrait égale-
ment deux pommes de terre et deux melons nouveaux, qu'il a obtenus de
semis. Une médaille d'argent et une médaille de bronze récompense cet
exposant.
Les collections de fruits méritent une mention particulière: M. Gagnin,
jardinier-chef à l'école de Cluny, enlève aisément la médaille d'or avec une
collection de 128 variétés de poires, 45 pommes, 15 prunes, 53 raisins et
autres fruits de la saison.
M. Plumet, horticulteur à Màcon, présentait 96 variétés d'excellentes
poires ; son lot est récompensé d'une médaille d'argent.
Chacun s'arrêtait devant le lot de 225 variétés de raisins de table ou de
cuve, exposés par M. Lapray, horticulteur à Mâcon. Cette bel!e et nom-
breuse collection lui vaut une grande médaille d'argent. M. Delhomme,
de St-Martin-des-Vignes, obtient une médaille d'argent pour une collection
moins nombreuse que la précédente.
Dans le même genre, M. Charmocd, horticulteur à St-Clément, présente
des pieds de vignes greffées en plants français sur plants américains, ainsi
que des producteurs directs. Sa belle exposition lui vaut une médaille d'or
grand module. M. Lapray déjà cité gagne aisément une médaille de vermeil
avec sa collection de vignes américainea,
M. Giraud, horticulteur à Màcon, expose un fort joli lot d'arbres fruitiers
qui lui valent une récompense.
M. Plumet exposait on très beau lot d'arbustes à feuilles persistantes ou
caduques avec lequel il gagne aisément une médaille de vermeil. Nous retrou-
vons le même exposant obtenant diverses médailles avec les lots suivants :
Plantes de serre froide, plantes de serre chaude. Pétunias simples et dou-
bles, plantes de marché, Pélaigoniums zonales, collection de Dahlias, Ficus,
bouquets et couronnes.
M. Lemonon est avec l'exposant précédemment nommé celui des horticul-
teurs maçonnais qui a le plus contribué au succès de l'exposition. Il enlève
une grande médaille de vermeil avec un lot do plantes deserre bien choisies
et encore mieux cultivées, parmi lesquelles nous notons des Crotons, des
Anthwiums, des Arbucarias, des Fougères.
M. LemoDon exposait encore : Bouvardia, Héliotropes, Bégonias bulbeux.
Pétunias, Caladium^, Coleus, Bégonias, Fuchsias pour lesquels il obtient des
médailles. Son joli lot de bouquet lui vaut un premier prix ex-œquo avec
M. Plumet. Dans ce concours, M. Giraud obtient une médaille d'argent.
— 320 —
M. Chardigny, déjà cité pour ses baaux légumes exposait aussi de fort
belles Célosies crôte-de-coq avec lesquelles il obtient une médaille de
bronze.
M. Prosper Degressis, horticulteur à St-Cjr. prés Chalon-sur-Saône, gagne
une grande médaille de vermeil avec un lot de roses en fleurs coupées com-
posé des plus belles variétés.
M. Martin qui expose des Dahlias obtient pour son lot une médaille de
bronze.
Comme toujours, les objets d'art sont nombreux aux exposition^, chacun
sachant bien de quoi il s'agit, je me bornerai à signaler les plans de iardins
de MM. Luizet, d'Enullj, et Derussj, de Màaon. Un nouveau chauffage —
que l'on dit très économique — inventé par M. Dulenon, chaudronnier à
Mâcon, demande à être mentionné.
Les membres du Jury ont accordé à M. Derussy. architecte-paysagiste à
Mâcon, un diplôme d'honneur pour le plan et l'exécution des travaux de l'Ex-
position.
En terminant ce compte-rendu, je vous ferai part de l'excellent accueil
que MM. les membres du Jury ont reçu depuis leur arrivée jusqu'à la fin de
l'exposition qui a été suivie d'un banquet fraternel où exposants et jurés
ont joyeusement terminé cette gracieuse fête.
Le rapporteur, J. Roux.
Concour.'B spéciaux. — Année 1885
Horticulture marchande
1° Etablissements consacrés aux collections florales
Etablissement de M. Hoste. — L'établissement d'horticulture de M. Hoste
est situé à Monplaisir-Lyon, rue des Dahlias. Notre collègue, cultivateur
émérite de Dahlia», demeurant précisément dans la seule rue qui porte à
Lyon, et peut êcre en France, le nom de cette fleur, constituerait une coïnci-
dence assez singulière si on ne savait pas que le parrain de la rue susdite
est précisément M. Hoste.
Quoiqu'il en soit de cette remarque, l'établissement de notre collègue
compte parmi les genres à la culture desquels il s'adon ne d'une manière toute
spéciale le genre Dahlri, qui est représenté chez lui par l'élite des plus belles
sortes et par un nombre relativement cDnsidérable d'exemplaires, les uns en
pots, les autres en pleine terre. Je ne citerai aucune variété dans les genres
a grandes ou à petites fleurs, dans la crainte d'oublier les plus belles. Je me
bornerai à une brève indication relative aux variétés à fleurs simples, dont
quelques-unes sont remarquables, notamment : Et7io, Victory, Mistress,
GoUring, Cambridge, Yelow, Gracilis per/ecta, dont les caloris varies et bien
tranchés ont plus particuliéremsnt fixé notre attention.
Les Pélargoniuœs zonales à fleurs simples et à fleurs doubles, ceux à
feuilles bronzées également cultivés en collections, nous donnent l'occasion
d'observer un choix très judicieus des variétés les plus belles de ce genre si
éminemment ornemental. Nous notons quelques-unes des variétés de Pe/a?'-
gonium peltatum (espèce qui. grâce à d'habiles fécondations artificielles, a
tout à coup pris une place très importante dans les jardins), ce sont A/"^
Thibaut, Alice Crousse, Jeanne d'Arc, La Rosière, M'^° Boucharlat, Hanoï,
Emile Lemoine, etc.
Le genre Héliotrope n'étant pas très généreux dans la production des
variétés, donne quelquefois des améliorations assez importantes : Crépus-
cule, Albert, Délaux, P. Garfteld, Firmament, méritent, sous ce rapport, uns
mention. ' ■ •
— 321 —
Parmi les autres genres cultivés en collections par M. Hoste, il faut citer:
Lantana, Pentstemon. Fuchsias, Véroràque^. Abu'.itons, Verbena, et surtout
Chrysanthème qui est représenté par des variétés fort nombreuses. Dans ce
dernier genre, l'époque de notre visite ne nous a pas permis de juger les
variétés tardives.
Ce qui caractérise d'une manière toute particulière l'établissement de
M. Ho3te, c'est un ordre irréprochable dans la tenue des collections, les-
quelles s'enrichi.ssent chaque année des variétés nouvelles et évincent les
plantes inférieures, c'est aussi une propreté exceptionr elle qui règne dans
tout le jardin. Pour ces raisons, la Commission accorde un premier prix,
médaille d'or, à M. Hoste. Le Rapporteur, F. Gaulain.
Etablissement de M. Liabaud. — L'établissement de M. Liabaud, qui est
situé à la Croix-Rousse, montée de la BoucIp, n° 4, est principalement
organisé pour la culture des plantes d'ornement. Le jardin qui est assez
grand, a été complanlé, il y a fort longtemps, d'arbres à fruits dont les écor-
ces rugueuses décèlent l'âge reppec'able. En entrant, à gauche, se trouvent-
les serres; sous des arbres, de nombreux et très forts pieds de Camellias qui,
chaque année, donnent des multitudes de fleurs, et çà et là, un peu de tous
les genres disséminésdans le voisinage des serres, tels que : Fuchsias, Géra-
niums, Lantanas, Dahlias, Cannas, Bégonias tubérer.x. Agaves, Cactées, etc.
Une serre à multiplication de 30 mètres abrite une multitude de plantes
précieuses de la famille des Orchidées ou des genres : Nepenthes, Caladiums,
Bégonias Àntiturium, Bromelia, haranta et Palmiers divers, etc. Notons
encore d'une manière spéciale, dans cette serre, quelques plantes peu
communes, telles que : Wormsia Burbid(jii, Psychctria leucocephala, Licuala
grandis, etc. Cette brève énumération vous prouve que cette serre renferma
des raretés capables de séduire plus d'un amateur.
Une seconde serre un peu plus élevée est garnie de sujets plus forts, appar-
tenant à différents genres tels que Pandanus, Palmiers divers. Fougères en
belles espécs, telles que : Cibotium regale et prince ps, Microlepia hivta, Gym-
itogramwa schizophyUa var. gloriosa. Un Coccoloba a des feuilles qui ne
mesurent pas moins de 80 centimètres de diamètre.
Une troisième serre faisant suite à la précédente est garnie de forts
échantillons de Chamœrops, Latania, Phœnix, Dracœnaet quantité d'autres
plantes de serre froide. Trois autres serres servent a garantir du froid pen-
dant l'hiver les plantes actuellement dis»éminées dans le jardin.
On trouve encore chez M. Liabaud une culture de rosiers, et surtout de
nombreux semis de ce beau genre. Les succès de M. Liabaud comme semeur
de rosiers sont assez connus pour qu'il soit utile d'insister sur ce sujet.
L'énumération des cultures et des plantes rares que nous venons de vous
faire, démontre que M. Liabaud a conservé l'amour des belles plantes et des
espèces rares.
La Commission accorde à M. Liabaud, un deuxième prix, médaille de
vermeil. Le rapporteur, F. Gatjlain.
2* Etablissements de pépiniéristes.
E loblissemenl de M. Jouteur. — L'établissement d'horticulture tenu par
M. Jouteur, horticulteur-pépiniériste à Fontaines-sur-Saône (Rhône) est
divisé on plusieurs sec'ions. La première section (située sur les rives enchan-
tées de la Saône qui offrent dans cet endroit un panorama remarquable)
comprend des cultures d'arbres de diverses sortes et quelques spécimens fort
beaux d'espèces peu cooamunes telles que : Abies Akokiana, Thuya japonica
nova pendula, etc., une collection des plus belles conifères rustiques sous nos
climats comprenant environ quatre-vingt espèces ou variétés.
Isolés sur le gazon d'une charmante pelouse qui égaie l'entrée de l'établis-
sement, nous notons : Eulalia japonica zebrina, plusieurs beaux Gynenum,
— 322
iiotamment la variété connue sous le nom de Roi des pourpres, Sleditschia
Budfotii, bel arbre peu commun d'une force déjà respectable et plusieurs
autres belles plantes. Ud bassin garni de plantes aijuatiiiues nous donne
l'occasion d'admirer les meilleures sortes de ce genre à tort un peu dédaigné
des cultivateurs. Parmi les plantes cultivées par M. Jouteur nous mention-
nerons des Erables et des Fusains en collection, des Bégonias bulbeux très
beaux et bien choisis, des Bégonias à feuillage irréprochablement cultivés,
des Ficus, Dracœnas, Fougères, Gloxinias garnissent une autre serre. Votre
Commission a remarqué dans l'établissement un Pelargonium zonale de
semis très florifère et très trapu qui sera très probablement une excellente
variété à planter en massif.
M. Jouteur s'occupe aussi de culture de vignes américaines et autres : un
mur garni de vignes françaises, conduites à la Thomerj, chargées de nom-
breux raisins mérite d'être mentionné av ec éloges.
Dans la deuxi^me section de l'établissement, M. Jouteur possède une école
de poiriers composée d'environ 140 variétés, plus une grande quantité de
pêchers plantés pour la production des fruits ; la plupart de ces pêchers sont
des variétés précoces telles que : Amsden, Alexander, précoce de Haie, etc.
La troisième et dernière section que votre Commission a visitée est une
pépinière complantée d'arbres d'alignement, d'arbres fruitiers divers, en
parfait état.
Pour la bonne tenue de l'établissement, l'excellente culture des arbres et
des plantes, ainsi que l'ordre qui règne dans les collections, la Commission
a accordé un premier prix, médaille d'or, à M. Jouteur.
Le rapporteur, P. Pitaval.
Etablissement de MM. Poisard. — Les cultures de MM. Poisard frères,
horticulteurs-pépiniéristes, à Anse, divisées en plusieurs parcelles, situées
dans le voisinage de l'établissement principal, sont toutes parfaitement
tenues et la Commission n'a eu que des félicitations à adresser à ces
Messieurs, non seulement pour la propreté et l'ordre qui rè2;i,eut dans
toutes les pépinières qu'elle a visitées, mais encore pour la bonne vigueur
de la plupart des sujets cultivés.
La pépinière située près de la gare est d'une contenance d'environ
3,000 mètres carrés ; elle est complantée d'arbres fruitiers et d'agrément, à
la culture desquels il n'y a que des éloges à adresser.
Dans la pépinière dite de St-Romain se trouvent réunis de beaux sujets
de conifères variés, des arbres et arbustes d'ornement, deux jolies collec-
tions de Rosiers et de Dalhias, et de très beaux arbres à fruits. La superficie
de cette parcelle est d'environ 2,500 mètres carrés.
Deux autres parcelles d'environ 4,500 mètres carrés ont encore donné à
la Commission l'occasion d'admirer une collection d'arbres fruitiers, des
quenouilles soumises depuis longtemps à une taille qui fait honneur aux
connaissances de nos deux collègues, et de nombreuses plantes vivaces.
Une serre et une bâche à multiplication, contenues dans cette partie de
l'établissement, servent à conserver les végétaux frileux ou à multiplier les
espèces qui demandent un abri vitré pour prendre racines.
Dans un autre genre, MM. Poisard ont pu montrer à la Commission une
culture parfaite de vignes gretfées et mises en pleine terre pour être livrées
en automne. La réussite de ces grelfes paraît très bonne, mais ainsi que
pour M. Grégoire la Commission laissera à la Société de viticulture
le soin d'apprécier cette nouvelle culture. Nous ne saurions trop recom-
mander aux planteurs cette culture de vignes greffées et cultivées en pleine
terre, avant d'être définitivement mise en place. La Commission a accordé
un premier prix, médaille d'or, à MM. Poisard.
Le Rapporteur, M. Mbtral.
— 323 —
Etablissement de M. Lapresle, — Le 7 août dernier, la Commission des
visites s'est rendue à Chasselay (Rhône) pour y visiter les pépinières de
M. Lapresle. Son établissement se compose de plusieurs parcelles de
terrain d'une étendue relativement considérable dont la plus grande partie
est complantée en pépinières. La fertilité du sol de Chasselay permet à
M. Lapresle d'obtenir assez rapidement de jolis arbres bons à planter. La
Commission a surtout remarqué de beaux carrés d'arbres fruitiers d'essences
diverses, particulièrement des Pommiers sur paradis d'une excellente
venue, des Pommiers tiges dont quelques-uns greffés en variétés à cidre, des
Abricotiers tiges greffés sur la variété Reine Claude Massot qui parait an
bon sDJet pour surgrefifer et obtenir rapidement des scions vigoureux propres
à recevoir l'écusson, des Pruniers vigoureux, des Poiriers, des Cerisiers,
et enfin de la plupart des arbres à ffuits cultivés dans les jardins. A l'entrée
de l'établissement, sur le bord de la route, se trouvent des Conifères : Abies,
Pinus, Juniperux, etc., ainsi qu'un très grand carré de Rosiers greffés sur
collet d'églantiers ou hautes tiges. Ces Rosiers sont représentés par la
plupart de nos plus belles variétés de jardins.
En dehors des arbres à fruits, forestiers ou d'ornement, M. Lapresle
cultive également les vignes américaines et franco-américaines. La Com-
mission a remarqué avec plaisir qu'un carré de vignes plantées depuis
4 à 5 ans en gamay du Beaujolais était très vigoureuse et chargée de
raisins. Un autre carré très grand de vignes françaises greffées sur vignes
américaines mérite des éloges pour la bonne réussite des greffes. Du reste,
les différentes cultures de M. Lapresle sont assez bien traitées et la
Commission lui accorde un 2"" prix, médaille de vermeil.
Le rapporteur, Cl. Jacquier.
3* Etablissements consacrés à la culture des plantes de marché.
Etablissement de M, Reverchon. — M. Reverchon est le seul horticulteur
s'occupant spécialement de la culture des plantes démarché, qui ait demandé
à prendre part à ce concours institué par l'Association horticole lyonnaise en
faveur de cette catégorie de praticiens. Son établissement — dont il est la
créateur — est situé au Moulin-à-Vent près Lyon. La Commission qui s'y
est rendue pour le visiter, le 10 août 1885, a constaté avec une vive satis-
faction que non seulement sa tenue était parfaite, mais que les plantes qui
étaient cultivées ne laissaient rien à désirer sous le rapport de la culture.
Parmi les principaux genres dignes d'une mention spéciale, soit par leur
nombre, soit par la beauté des individus qui les composent, nous devons
citer : Aralia Sieboldii, Ficus elastica, Bowiardia, oeillets remontants — vrai-
ment beaux pour la saison — Reines-Marguerite bien variées, etc., etc.
L'attention de la Commission a été également attirée par de belles lignes
de poiriers plantées par M. Reverchon. Ces poiriers bien variés dont la plan-
tation remonte à six ou sept ans ont environ trois mètres de hauteur et sont
conduits en pyramides.
La Commission, pour récompenser la bonne culture et la tenue parfaite de
l'établissement de M. Reverchon, lui accorde un deuxième prix, médaille de
vermeil. Le rapporteur, Louis Gorret.
Visites spéciales.
Etablissement de M. Grégoire. — M. Grégoire a innové une culture spéciale
de vignes greffées qui lui permet d'obtenir très rapidement la soudure du
sujet et du greffon. Son établissement, situé à Villefranche (Rhône), a été
créé pour produire en très grande quantité des plants français greffés sur
vigne américaine. Ajoutons que M. Grégoire a parfaitement réussi dans son
innovation.
— 324 —
L'établissement se compose d'un très grand hangar dans lequel il y a trois
tables à greffer et autour de chacune d'elles peuvent prendre place cinq gref-
feurs y compris les chefs de table qui veillent à la bonne exécution des
greffes. Les vignes greffées sont mises par variétés séparées et empilées
avec du gable, ce qui permet de conserver frais et intacts sujets et greffons
pendant cinq ou six mois de l'année et par conséquent de pouvoir greffer
pendant un pareil laps de temps.
Quand l'époque de la végétation de la vigne approche, chaque vigne greffée
est mise en godet, e'est-à-dire rempotée et placée sur coucha chaude où elle
ne tarde pas à se souder. Un très grand nombre de bâches chauffées au sys-
tème de thermosiphon économique de M. Drevet permet de recevoir de très
nombreuses vignes greffées.
La culture en godet faailite la plantation des vignes à toute époque de
l'année tout en favorisant sa réussite.
Cette nouvelle organisation fait honneur à M. Grégoire, et tout en laissant
à la Société de viticulture le soin d'apprécier au point de vue viticole les
résultats de cette culture, la Commission désirant encourager les innovations
utiles, propose d'accorder à M. Grégoire une médaille d'or.
Le rapporteur. B. Métral.
Visite aux cultures de Fraisiers do M. P. Valette, à Cbaponost
(Rhône)
Sur la demande de notre collègue, M. P. Valette, une Commission était
nommée par M. le Président de l'Association horticole lyonnaise pour visi-
ter ses cultures. Cette Commission, composée de MM. Jules Chrétien, Denis,
Crozy, Gaillard, de Brignais, et J.Nicolas, se rendait le 17 juin dans sa
propriété, pour faire l'examen demandé.
Votre Commission m'ayantfait l'honneur de me désigner comme rappor-
teur, je viens. Messieurs, vous rendre compte du résultat de cette visite, je
dois d'abord exprimer un regret, c'est que ce soin n'ait pas été confié à un
membre plus compétent que moi, surtout en ce qui concerce ces questions
d'examen de culture.
Votre Commission a trouvé une propriété tenue avec goût : tout y révèle
l'homme prenant intérêt àse.'ï cultures, et il serait à désirer, dans l'intérêt de
l'horticulture, que les amateurs et propriétaires comme M. Valette fussent
nombreux, car ils donnent un véritable exemple de tout ce que la propriété
peut rendre par une culture soignée, bien entendue, mais encore pour les
jouissances qu'elle procure. On peut dire, en un mot, de M. Valette, qu'il a le
feu sacré, qu'il aime ses plantes.
hea collections de fraises sont nombreuses, et si cela continue, bientôt elles
seront comme les roses, en nombre tel que leur classification deviendra
impossible. Nous avons trouvé dans les cultures de M. Valette une véritable
colitction, et devant ce nombre, grand s'est trouvé l'embarras de votreCom-
mission. Quel choix faire parmi ces centaines de variétés ? Grâce à l'expé-
rience que M. Valette a déjà acquise dans la culture de ses plantes favorites,
nous avons pu vous présenter une liste qui, dans sa propriété, se comporte
très bien et lui donnent de bons résultats.
Parmi les variétés hâtives, M. Valette nous désigne tout spécialement
Abd-el-Kader, gros fruit, forme de crête de coq, fertile, plante moyenne,
Auguste Nicaise, gros fruit, bien fait; Lucie Flamint, beau fruit, fjrosseur
extra, plante peu vigoureuse et demandant beaucoup à& soms \ Sir Joseph
Paxton, Théodore Mullie, Teutonia, très gros fruits fertiles et précoces. Dans
les fruits de maturité moyenne ou demi-hâtive, Flo/lo, très joli fruit rond.
plante très robuste ; i)/"" Rondmu, fruit trèa gros, se tenant bien; Comtesse de
Lanclartye, Belle Lyonnaise, Marie Aicaise, I^iniche, Souvenir deKieff, Favo-
rite, Grasse, Bonne. . .
325
Dans les variétés tardives, Anna de Rothschild, Bony Lass, Cockseomb
Excelsior, variété fertile, donnant des fruits sur les filets de l'année, Great
américain, Jeanne Hachette, Juncunda, jV"" Emma de Plugino, Pierre Valette,
très tardive, fructifie beaucoup, gros fruit, d'un goût acide un peu relavé;
Preciosa, variété qui paraît être excellente pour la vente, fruit assez gros,
légèrement musqué, mûrissant très bien, Rita. etc.
Citer un plus grand nombre de variétés paraît à votre Commission un peu
fastidieux, et en vous signalant ces quelques-unes, elle ne s'est arrêtée qu'à
celles qui, dans les cultures de M. Valette, paraissaient, comme rendement,
lui avoir donné les meill«urs résultats.
M. Valette a moatré à votre Commission plusieurs fraises de semis; elle
s'est arrêtée à une variété qu'elle engage M. Valette à mettre au commerce,
C'est un très bon et très gros fruit de forme conique plus ou moins obtus,
rouge saumon brillant, fruit plein, chair rosée, graines jaunes, enfoncées ;
très juteuse et parfumée, maturité demi-hâtive; feuilles brillantes d'un vert
foncé, ovales-arrondies, grossement dentées, hampes nombreuses et fermes
portant jusqu'à 30 fruits ; nous avons compté plus de 150 fruits (tous très
bien formés) sur une même plante.
Plante très vigoureuse et très rustique, M. Valette, cédant au désir expri-
mé par votre Commission, livrera au commerce oe nouveau gain sous le nom
de Fraise Secrétaire Nicolas.
Votre Commission est heureuse de pouvoir vous dire qu'elle a reçu de
M. Valette l'accueil le plus sjcmpathique.
Devant les résultats obtenus et désirant que les propriétaires comme notre
collègue deviennent nombreux, elle est certaine d'entrer dans vos vues en
récompensant dignement tout effort soutenu et, d'ailleurs, couronné de
succès, tendant à faciliter le développement de la culture des produits horti-
coles dans notre région, a l'honneur de vous proposer d'accorder à notre
collègue, M. Valette, une médaille d'or, vous remerciant d'avance si vous
vouliez bien ratifier sa proposition.
Le rapporteur, J. Nicolas.
Histoire des Herbiers (1)
M. Saint-Lager expose les résultats des recherches qu'il a faites
relativement à l'origine des herbiers. Il a été conduit à cette étude
par la lecture d'un opuscule récemment publié par MM. Camus et
Penzig au sujet d'un herbier de la fin du xvi^ siècle, découvert dans
les archives de Modène. Eu premier lieu, M. Saint-Lager constate
que jamais, dans les écrits des naturalistes de l'antiquité, il n'est
parlé de collections de plantes d'abord séchées et comprimées, puis
réunies en volume. Cependant, il est certain que chez les Grecs, il
V avait des bolanologoï se livrant, comme le nom l'indique, à la cueil-
lette des plantes. On les appelait aussi rhizostomoï (coupeurs de ra-
cines). Ils étaient chargés, particulièrement, d'approvisionner l'offi-
cine des pinjtopolai (marchands de plantes), en latin, herbarii.
Nous savonsaussi qu'un jardin botanique avait été créé à Athè-
nes par Aristote, puis cédé à Théophraste, son élève et successeur
(1) Bull. Soc. bot. deLyon, n° 2, juin 1885.
— 326 —
au Lycée. Par son testament, Théophraste légua à ses disciples,
son jardin, son musée d'histoire naturelle et des logements. Pline
raconte qu'il se plaisait à visiter souvent le jardin où le vénérable
Antonius Castor cultivait toutes les plantes de l'Italie, de la Grèce,
de l'Asie Mineure, de l'Egypte et de l'Inde. Auprès de la célèbre
école de médecine d'Alexandrie, il y avait aussi un jardin botani-
que. Plus tard, au moyen-âge, le foyer des études phytologiquas fut
transporté à Salerne où Matthaeus Silvaticus fonda un jardin qui
servit de modèle à tous ceux qu'on établit ensuite dans plusieurs
villes en Italie, en Hollande, en Allemagne, en Angleterre, en Rus-
sie et en France.
La botanique, étant parmi les sciences naturelles, celle qui a eu
le plus d'adhérents à cause des nombreuses applications qu'on en
faisait autrefois à la médecine, on est surpris, au premier abord,
que l'art de conserver les plantes séchées et comprimées n'ait pas
marché de pair avec celui de les cultiver, et que l'aphorisme de
Linné : « Omni bolanico herbarium necesseanum rsl » n'ait pas été
de tout temps un article fondamental de la charte des botanistes. Il
importe de remarquer que le mot Herbarium, qui pourrait donner le
change, a servi jusqu'au milieu du xvi" siècle, à désigner un traité
de botanique accompagné de dessins en regard du texte. Tels sont
y Herbarium d'Apuléius Platonicus et celui de Giacomo Dondi, le
Grant Herbier en françoys translaté du latin, V Herbarium de Brun-
fels, VHerbario Nuovo de Castore Durante et plusieurs autres dont
M. Saint-Lager montre à l'assemblée des exemplaires publiés pen-
dant la période incunable de l'imprimerie. L'expression de Horlus
siceus (jardin sec) par laquelle on désigna ce que nous appelons
aujourd'hui herbier, n'apparaît que vers la fin du xvi' siècle, et,
d'autre part, les plus anciens herbiers conservés jusqu'à nos jours
sont ceux du chirurgien lyonnais Gréault (1558) qui fut donné à
nos compatriotes de Jussieu, et réuni aux collections du Muséum de
Paris, celui d'Aldrovandi, en seize volumes (1560 à 1568) conservé
à Bologne, l'herbier de Rauwolf, actuellement déposé à Leyde et
formé de 1573 à 1575 pendant le voyage de ce naturaliste en
Orient, enfin, l'herbier d'un botaniste inconnu, trouvé dernière-
ment dans les archives de Modène, et celui de Gaspard Bauhin,
conservé à Bâleetformé de 1576 à 1623.
M. Saint-Lager donne la description, d'après MM. Camus et
Penzig, de l'herbier de Modène et d'après M. Caruel, de l'herbier
beaucoup plus important de Césalpin. Il exprima le regret que nos
prédécesseurs aient eu si peu de souci des herbiers composés par
les botanistes lyonnais. Il ne reste aucune trace des collections de
Daléchamps ; nous n'avons que quelques débris de celles de Goiffon
qui eut l'honneur d'être le maître des Jussieu. L'herbier de Claret
— 327 —
de la Tourrette a été dispersé, sauf les lichens, dans l'herbier géné-
ral du Conservatoire. Jamais personne n'a eu la curiosité de visiter
l'herbier de l'abbé Rosier, dont probablement la plupart des bota-
nistes lyonnais apprendront l'existence à la Bibliothèque du Palais-
des-Arts, parla mention qu'eu vient de faire M. Saint-Lager.
Enfin, on a trouvé ces jours derniers, au Conservatoire de bota-
nique un herbier fait en 1699 par un pharmacien nommé René
Marmion, et qui, à cause de son ancienneté, aurait mérité un meil-
leur sort que d'être dévore par les parasites.
Reste à examiner une question dont jamais personne ne s'est
préoccupé : pourquoi n'a-t-on pas fait d'herbiers avant le xvi" siè-
cle ? Assurément ce n'est pas parce que l'invention exige un grand
effort de génie. Les enfants eux-mêmes savent, sans qu'on le leur
ait enseigné, faire de petits herbiers en insérant des fleurettes entre
les feuilles d'un livre pendant leurs promenades à la campagne. Ce
motdeLivre contieutla réponse à la question proposée. Les anciens
n'ont pas fait des herbiers parce qu'ils ne connaissaient pas l'art de
réunir en forme de livre des feuilles de cet admirable matière, le
papier, qui, sous une très mince épaisseur, offre relativement une
assez grande rigidité. Ils écrivaient sur le papyrus ou sur des feuilles
de parchemin qu'ils roulaient en volumes {volvere). Au surplus,
jamais ils n'auraient osé employer le papyrus, matière chère, ni
même le parchemin à un aussi vulgaire usage.
Auxii* siècle de notre ère, on commença en Europe à fabriquer
du papier avec la soie (charla bombycina) et avec du coton (eharta
colonca), d'après les procédés depuis longtemps connus des Chinois,
mais ce n'est qu'au xvi* siècle qu'on sut faire du papier avec des
chiffons de lin et de chanvre. Toutefois, comme toutes les opéra-
tions se faisaient à la main, le papier était un produit assez cher.
Lorsque l'art de l'imprimerie eut été inventé, vers le milieu du xv°
siècle, les fabricants de papier s'ingénièrent à diminuer les frais de
main-d'œuvre et construisirent des machines propres à triturer les
chifïons et à étendre la pâte sous forme de feuilles sans fin. Or, il
est digne de remarque que l'apparition des herbiers coïncide avec
les perfectionnements mécaniques au moyen desquels on parvint à
fabriquer le papier à bas prix.
Ce résultat économique une fois obtenu, l'idée de conserver les
plantes sèches a dû venir à plusieurs botanistes à la fois, en sorte
qu'il paraît inutile de discuter longuement la question de savoir si
l'inventeur de l'art de composer des herbiers est Lucas Ghini, comme
le soutient Meyer dans sa Geschichle der Botanik, ou l'Anglais Falco-
ner, comme le pensent MM. Camus et Beu^ig. En effet, dit M.
Saint-Lager, le chirurgien lyonnais Gréault faisait un herbier en
— 328 —
même temps que Ghini et Falconer et sans avoir été en rapport avec
eux. Il est probable que d'autres botanistes ont aussi simultanément
réalisé le désir fort légitime de conserver dans leurs bibliothè-
ques les plantes qu'ils aimaient tant à récolter vivantes. La difficulté
ne consiste pas à concevoir l'idée de réunir en volume des plantes
séchées et comprimées, c'est là un jeu d'enfant, mais bien à trou-
ver un support commode et peu coûteux.
CATALOGUES.
J.-M. GoNOD, horticulteur-rosiériste, 154, route d'Heyrieux, Monplaisir-
LyoD. — Catalogue et Prix-courant des Rosiers cultivés dans l'établissement.
Collection très complète de Roses nouvelles et anciennes dans les sections
suivantes : Bengale, Thé, Hybrides de Thé, Noisette, Hybrides de Noisette,
Ile-Bourbon, Hybrides remontants, Mousseux, Centfeuilles, Polyantha, etc.
Bruant, horticulteur, boulevard St-Cyprien, à Poitiers (Vienne). —
Catalogue et Prix-courant des arbres et arbustes fruitiers, forestiers et
d'ornement. Conifères, Rosiers, jeunes plants. Vignes, Fraisiers, plantes
vivaces, etc. Plantes nouvelles. Chrysanthèmes, plantes de serre, etc.
Plantes nouvelles inédites. Passi/lora violacea (indroduction directe du Brésil)
et Bégonia Ameliœ, hybride de Bégonia Bruanti fécondé par le B. Bœzli.
Alexandre Bernaix, rosiériste, cours Lafayette prolongé, 92, à
Villeurbanne-lès-Lyon. Catalogue des Rosiers cultivés dans l'établissement.
Collection très complète dans toutes les séries de Rosiers, telles que :
Bengale, Thé, Hybrides remontants, Noisette, Ile-Bourbon, pimprenelles,
microphylles, multiflores nains, etc., etc. Espèces botaniques. Eglantiers
de semis. Nouveautés.
Jacquemet-Bonnefont père et fils, horticulteurs, à Annonay (Ardèche). —
Catalogue des jeunes plants d'arbres, d'arbrisseaux et arbustes, propres à
former des pépinières, des bois, des haies, etc. Plantes vivaces diverses.
Paul Fontaine, horticulteur -grainier, pépiniériste et fleuriste, à
Blidah (Algérie). — Catalogue général des végétaux et graines disponibles
dans l'établissement. Ce Catalogue renferme une foule de plantes ou arbres
intéressants qu'on ne trouve pas souvent annoncés.
J. Pernet fils et Ducher (successeur de V" Duoher), horticulteur-
rosiériste, 23, chemin des Quatre-Maisons. Lyon-Guillotière. — Catalogue
de.- Rosiers cultivés dans l'établissement. Collection générale de Roses très
complète dans les séries généralement cultivées, telles que : Hybrides
remontants. Thé, Bengale, Noisettes, Ile-Bourbon, Hybrides de Thé et de
Noisette, etc. Rosiers non remontants, types tranchés. Eglantiers de semis.
Collection spéciale de Pivoines en arbre.
V. Lemoinb, rue de l'Etang, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). — Catalogue
n» 101, comprenant les plantes nouvelles mises au commerce, cet automne,
par l'établissement : Pelargonium, Glaïeuls hybrides, Montbretia, Phlox,
arbustes, Lilas doubles. Collections générales diverses.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Iinp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 OCTOBRE N° 20
CHRONIQUE
Baccilcs du Phylloxéra. — Nous vivons à une époque singulière :
l'époque des bacciles et des microbes. On ne jure plus que par des
êtres invisibles à l'œil nu. Fièvre typhoïde : naicrobe ; scarlatine :
microbe ; petite vérole : microbe ; choléra : microbe ; phthisie :
microbe , etc. Le microbe est partout ; quand ce n'est pas le
microbe qui est en scène, c'est le péronospora, l'oïdium ou autres
microcryptogames qui sortent de la coulisse : voilà où nous ont
mené les perfectionnements apportés au microscope. La loupe est
enfoncée, vive le microscope ! Avec la loupe, on voyait le phyllo-
xéra et à l'œil nu la vigne phylloxérée, grâce à M. Luiz Andra de
Corvo, cet instrument d'optique sera considéré comme inutile et le
phylloxéra comme poitrinaire. Qu'il aille, ce triste insecte, mourir
de consomption sur les bords enchantés de la Méditerranée et qu'il
nous débarrasse.
Voilà de quoi il s'agit, d'après M. Corvo, la maladie de la vigne
atteinte par le phylloxéra serait une double maladie, d'abord la
piqûre, puis la tuberculose. La tuberculose serait produite par un
baccile, attaquerait la vigne et le phylloxi'ra tout à la fois. Ce qu'il
y a de particulièrement désagréable, c'est que le phylloxéra se
moque de la tuberculose et que la vigne en meurt. Nous voilà bien
avancés. Ceux qui voudront lire le récit des expériences de M. de
Corvo les trouveront dans le Bulletin de f Académie des sciences.
Comme il est désagréable pour l'humanité de voir la science
constater si aisément les caractères des maladies et être si lente à
trouver les remèdes pour les guérir,
J propos des plantations. — Voilà un sujet très vieux, une his-
toire ancienne que tous les jardiniers connaissent et sur laquelle il
semble difficile de chroniquer: sujet rebattu, ressassé, ingrat et
— 330 —
cependant mal connu de la plupart. C'est si simple de planter un
arbre ! Oui, j'en conviens, mais c'est précisément parce que l'opé-
ration ne paraît demander hi beaucoup d'adresse, ni beaucoup
d'imagination que, neuf fois sur dix, les arbres qui paraissent
plantés dans les meilleures conditions laissent au contraire beau-
coup à désirer sous ce rapport. Faire un trou d'un mètre cube,
étaler les racines avec soin à une profondeur convenable et s'arran-
ger que la terre les entoure exactement; arroser au besoin, mettre
des tuteurs pour que le vent n'ébranle pas l'individu, voilà à peu
près les opérations principales qui constituent une plantation. Eh !
bien, cela n'est pas suffisant quoiqu'on en dise, et je le prouve. Ne
faut-il pas d'abord s'informer quelle est la composition du sol où
doit s'eiïectuer la plantation? N'importe-t-il pas dans tous les ter-
rains humides de drainer pour faciliter l'écoulement des eaux et
éviter la jaunisse ? Si le terrain est compacte ne doit-on pas le lais-
ser s'effriter à l'air?
D'abord le sol d'un jardin pris à un mètre de profondeur pré-
sente souvent des couches de nature différente dont la fertilité varie
beaucoup : faut-il, dans ce cas, avant de planter, mêler exacte-
ment ces couches ou faire ime distinction entre elles. Et si on ne
mêle pas ces couches, faudra-t-il mettre la plus fertile au fond, à la
surface ou autour des racines? Autant de questions qui demandent
à être étudiées séparément. Le drainage des sous-sols humides
s'impose avant toute plantation et dans ce cas le meilleur fumier ne
vaut pas les pierres, les plâtras, les cendres, le mâchefer et les
autres matières de même nature. Les terrains compactes doivent
subir l'influence de la gelée q ui les désagrège et de l'air qui les
oxjde et les fertilise avant d'être replacés autour des racines. Nous
pubhons plus loin sur ce sujet une note dans laquelle un de nos
collaborateurs a résumé les principales choses qu'il faut savoir pour
planter convenablement un arbre.
Plantes rares cl... belles de la ville de Lyon, — Il fatit bien distin-
guer entre une plante rare et une belle plante, car il y a des plantes
rares fort laides et des belles plantes très communes. Du reste,
une plante peut être rare dans un pays et commune dans un autre,
et comme des goiits et des couleurs on ne peut guère sérieuse-
ment discuter, il s'en suit que la beauté et la rareté sont des
qualités relatives. Cependant la ville de Lyon possède actuelle-
ment en fleur, dans les serres dirigées par M. F. Gaulain, deux
rara avis, deux merles blancs (c'est ainsi que je traduis cette ren-
gaine) . Ces deux oiseaux rares, — ciel ! garde-moi dorénavant
des citations latines, — sont deux plantes auxquelles on ne saurait
— 331 —
refuser les deux qualificatifs sus-énoncés ; la première est le Catl-
Icija labiala var autumalis, et l'autre le Fanda suavis Rollissonii.
Callleya et Fanda appartiennent nécessairement aux Orchidées,
végétaux aux fleurs étranges, bizarres, hétéroclites et aux couleurs
variées, dont les riches anglais raiïolent et paient souvent des prix
insensés. Les Caulfiija sont les phénix, les Benjamins choyés, le
genre le plus éminemment ornemental de cette famille nombreuse.
Représentés par une pléiade d'espèces, de variétés et de varia-
tions individuelles, les Cattleya ont presque toujours de grandes
fleurs vivement et délicatement teintées. Ce sont des plantes épi-
phytes, — c'est-à-dire qui croissent sur les arbres, — qui habi-
tent l'Amérique intertropicale et se plaisent assez dans nos serres
tempérées. La variété actuellement fleurie dans les serres du Parc
a des fleurs énormes, étincelantes de couleur; les pétales et les
sépales, qui mesurent 22 centimètres, sont rose vif, brillants,
monochromes, tandis que le labelle undulé-crispé est mi-partie
cramoisi pourpre et jaune d'ocre veiné rose pâle. Le Fanda sumois
Rollissonii, pour être moins éclatant que son voisin, est également
une fort belle variété, très rare dans les collections.
Classification des Bases — Les classificateurs sont quelquefois des
gens bien terribles; j'en ai là sous leô yeux un exemple que jo vais
signaler.
M. Baker, le savant botaniste descripteur de Kew, a publié an
essai de classification des Roses, avec une clé analytique des grou-
pes. Ceci est intéressant, quoique vieux. A la première ligne de ce
travail, on lit : « Feuilles simples, sans stipules : 1'° section, 5m-
plicifoliœ. Si l'on passe ensuite à l'énumération des espèces et sous-
espèces, on trouve énumérées au groupe Simplicifoliœ les deux
plantes suivantes : Rosa simpUcifolia et R. Hardii. Où diable
M. Baker a-t-il vu un Rosa Hardii à feuilles simples et sans
stipules ? Et s'il n'est pas à feuilles simples, pourquoi le glisse-t-il
dans les Simplicifoliœ?
Le Rosa Hardii a été obtenu au jardin du Luxembourg par
M. Hardy en 1834 ou 1835; c'est un hybride entre le Rosa berhe-
ridifolia ou simpUcifolia et le R. clinopliylla. Il a été décrit par Gels
et figuré dans les annales de Flore cl du Pomone, année 1835.
On ne comprend donc guère qu'un rosier dont les feuilles ont
cinq à sept folioles, soit classé avec ceux à feuilles simples.
Du reste, les horticulteurs, par leurs croisements d'espèces,
rendent singuHèrement difficile la tâche du classificateur ; car les
hybrides sont des êtres qui ont, dans la plupart des cas, des carac-
tères qui les éloignent souvent de ceux de leurs parents.
— 832 —
Ce n'est pas le lieu ici de faire de la critique botanique, car
sans cela on pourrait demander à M. Balcer quelles sont les raisons
qui l'ont poussé à supprimer des sections bien naturelles dans le
genre Rosa, telles que les Jndicœ, Àlpinœ, Sabinianœ, Eglanlcriœ, etc.
Il ne faudrait pas s'imaginer que la simplification à outrance soit
une excellente méthode pour apprendre à connaître les plantes :
simplification, au contraire, dans ce cas, est synonyme de confu-
sion.
Une nouvelle poire. — M. Chaninet, horticulteur à St-Priest près
Lyon, a présenté sur le bureau de l'Association horticole lyonnaise,
dans la séance du 18 octobre, une poire fort belle et excellente,
paraît-il — les fruits présentés n'étaient pas encore mûrs — issue du
Beurré Clergeau. Nous reviendrons en temps opportun sur ce fruit
quand son obtenteur l'aura fait juger par les hommes compétents.
Disons de suite que quoique issue du Beurré Clergeau cette poire
en est fort distincte.Très grosse, comme lui, elle est moins allongée
et plus turbinée dans sa forme. Elle se colore vivement au soleil et
paraît devoir se conserver jusqu'en novembre et décembre. Nous
conseillons dès à présent à M. Chaninet de multiplier cette variété.
Mastic pour fixer les vitres desserres chaudes. — Le Journal officiel
a publié la recette suivante : Cette colle joint et lie si fortement
les carreaux avec leurs cadres, que ni l'eau ni l'air, ne peuvent
s'ouvrir un passage à travers, quelque temps qu'il fasse. Pour la
composer, on prend du vprnis d'imprimeur que l'on met dans un
mortier chaud et qu'on mèlc avec du blanc d'Espagne pilé bien fin
et un peu de litharge, de façon à en former une masse molle. On
frotte et on induit de cette composition les bords du cadre sur les-
quels doit reposer le verre dont les extrémités sont aussi recou-
vertes de la même colle, distribuée avec égalité. Si le vernis est
bon, la colle doit être sèche en 6 heures au dehors et plus tôt au
dedans. Elle est si tenace que lors même que le cadre pourrirait,
les carreaux ne se détacheraient que difficilement. Elle sert aussi
pour recoller les vitres cassées ou fendues. On la conserve très
bien dans une vessie mouillée tenue dans un endroit humide.
Informations. — M. Emile Vidal a communiqué à l'Académie des
Sciences les résultats des expériences qu'il a faites pour combattre
le Peronospora viticola, plus eonnu des cultivateurs sous le nom de
Mildiou (mildew). Le moyen de destruction signalé par M. Vidal,
consiste dans l'emploi de l'acide sulfureux mélangé à une quantité
d'air déterminé. A la dose de 1 pour 100, l'acide sulfureux obtenu
par la combustion du soufre a donné d'excellents résultats. Si
— 333 —
l'exactitude des expériences faites par M. Vidal se vérifie l'an
prochain, il ne restera plus qu'à trouver une machine capable de
doser et de projeter l'acide sulfureux sur les vignes atteintes par le
Mildiou.
— Dans le dernier numéro paru du Journal des Roses, figure la
Rose thé Souvenir de Ficlor Hugo, gain magnifique de notre collè-
gue, M. Bonnaire, rosiériste à Monplaisir-Lyon, chemin des
Hérideaux. Cette très belle rose ne tardera pas à être dans toutes
les collections.
— M. Scipion Cochet, horticulteur-rosiériste à Suisnes, met au
commerce trois roses nouvelles : Baron de Girardot (semis Paul
Marmy), Gloire du Bouchet (semis Maxime de la Rochetterie), la
Nantaise (semis A. Boisselot), et Madame Couturier-Mention
(Moser). Les trois premières variétés sont des Roses hybrides
remontantes, la dernière paraît provenir du Rosier cramoisi supé-
rieur.
— Le troisième concours de l'Association pomologique de
l'Ouest se tiendra au Mans du 30 octobre au 9 mars.
— M. Jacob Maag, jardinier au château de Vincy, recom-
mande l'alun à la dose de 150 grammes dans 20 litres d'eau pour
détruire les chenilles qui envahissent les groseillers au printemps.
Bassiner les arbustes avec une seringue.
— MM. Baltet frères, horticulteurs à Troyes (Aube), mettent
au commerce, à partir de cet automne, la poire inédite Pierre
Joigneaux. « Le fruit est gros, de forme pyramidale, ventrue et
tronquée ou turbinée allongée. La chair est pleine, fine, richement
juteuse et sucrée, relevée d'un goût exquis. » L'arbre est si
vigoureux qu'il est recommandé pour surgrelFer les variétés plus
chétives.
— Le Congrès pomologique a accordé cette année deux grandes
médailles d'or, la première à M"' Alphonse Mas, née Sirand, bien
connue de tous les Pomologues, en France comme à l'étranger,
pour la persévérance apportée par elle à achever la publication de
la Pomologie générale laissée incomplète par le décès trop prématuré
de son époux. La seconde, à M. Léon de la Bastie, vice-président
de la Société Pomologique de France et de la Société de l'Ain, pro-
priétaire et créateur d'un vaste jardin fruitier où il réunit et cultive
toutes les variétés de bons fruits, et aussi tous les nouveaux gains
que produisent chaque année les patients semeurs dans diverses,
parties du monde, pour en étudier le mérite, en publier la descrip-
tion, présenter les fruits à la commission des études de la Société
Pomologique ou delà Société d'horticulture de l'Ain.
_ 334 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 19 septembre 1885, tenue dans la
salle des réunions industrielles. Palais du commerce, à Lyon-
Présidence de M. J. Chrétien, Vico-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procôs-verbal de la dernière réunion est lu et f dopté sans obser-
vations.
Correspondance. — M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de
M. F. Gaillard, de Brignais, par laquelle il demande la nomination d'une
Commission pour examiner les avantages que présente un nouveau système
de greife pour la culture de la vigne. 11 a été fait droit à cette demande.
M. Pitaval dépose sur le bureau le compte-rendu de l'Exposition horticole
de Marseille.
M. Roux dépose celui de l'Exposition horticole de Màcon.
Présentations. — Il est donné lecture de 10 candidatures, sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis à l'unanimité et sans protestation, membres de
notre Compagnie, les candidats présentés à la dernière réunion. Ce sont :
MM. Bonevet, jardinier-fleuriste chez M. Duval, propriétaire à Saint-Cjr-
au-Mont-d'Or, présenté par MM. Ferret et Louis Gorret.
Chardon, jardinier chez M. Clayette, rue de l'Enfance, 33, présenté
par MM. Rivoire et Viviand-Morel.
France, jardinier chez M. Barrard, montée Saint- Victor, à Caluire
(Rhône), présenté par MM. Roux et Rivoire.
Dumoulin (Mathieu), marchand de vins, 5, place Perrache, Lyon, pré-
senté par MM. C. Jacquier père et Th. Denis.
Balandras (Antoine), jardinier chez M. Frank, à la Mulatière près
Lyon, présenté par MM. Léonard Lille et Beney.
Il est donné lecture des rapports des visites faites par les Commissions
nommées pour les concours spéciaux : culture maraîcher?, fruitière, établis-
sements horticoles et maisons bourgeoises.
Les conclusions des rapports des Commissions, mises aux voix, sont
adoptées à l'unanimité.
Il est ensuite donné lecture des rapports des Commissions d'examen des
cultures de MM. Gaillard, Valette, Grégoire, Combet, Villard, dont les con-
clusions sont adoptées.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Villard (François), jardinier à Ecully, une collection de Chicorée
et de Laitues : Chicorée de Ruffec, C. frisée de Meaux, C. frisée fine d'été,
Scarole blonde. Scarole verte maraîchère. Laitue pommée craquante, L. de
Pierre-Bénite, L. pommée des Indes occidentales, L. frisée pommée Pelle-
tier, etc.
Cet apport est remarquable comme fort développement des plantes.
Par M. Clapot, jardinier, chemin des Quatre-Maisons, Guillotière, deux
pieds de Céleri Chemin hâtif, des Poireaux de Nîmes et des Scaroles
blondes.
Par M. Gaillard, viticulteur à Briguais, une collection de raisins améri-
cains : Cunningham (œstivalis), Triumph, ISoah, Bacchus (hybride), Black
Eogle (hyb.), Canada, Othello, Jlerbemont, Secretary, Senasqua, Irwing, Cyn-
thvma, Cambridge, Jacqmz, Cottage, Salem, Black-July, Duchess, Delaware,
Black-Défiance, Essee, Èumelar.
Par M. Guerry, jardinier chez M. Coste : 1» une collection de Navets,
composée des variétés : Navet demi-long, blanc d'Alsace, N. rond blanc,
— 335 —
N. rond blanc collet rose d'Auvergne, N. rond noir d'hiver d'Alsace, N. rond
blanc à collet vert, N. long blanc à collet rose, N. rond noir d'Alsace, N.
long blanc de Bresse, N. long des Vertus, race Marteau ; 2'' plusieurs varié-
tés de Chicorée : Belle Lyonnaise, Frisée impériale, Frisée de Meaux, Frisée
de Ruflfec et Bâtarde de Bordeaux.
Par M. Emiel, une pêche de semis, chair adhérente au nojau.
Par M. Boucharlat jeune : 1° un fort pied de Célosie, qu'il présente sous
le nom de Celosia plumosa ; 2" deux Véroniques de semis, dont une à fleurs
blanches et une à fleurs bleues. Los épis floraux de cette dernière sont dis •
posés en panicules ; il la présente sous le nom de Mère de famille ; 3" deux
raisins noirs de semis.
Par M. Crozj, horticulteur à la Guillotière, une trentaine de tiges de
Glaïeuls fleuris, à fleurs très grandes et à coloris très riches et variés.
Par M. Chaninet, horticulteur à St-Priest, 10 Dahlias de semis et une
pomme de semis.
Par M. Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, à la Croix-Rousse :
1° les espèces suivantes cultivées en pots : Piperonia verticillata. Asparagus
plumosus nanus et Cypripedium Chantini (en fleurs); 2« quatre Coleus de
semis ; 3» Deux pêches de semis.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin : P Un Althea de
semis à fleurs doubles violet foncé et des tiges fleuries de Leonotis leonurus,
superbe labiée sous-frutescente; 2° deux légumes à racines charnues, la
Chicorée WittlJof ou à grosse racine et le Persil à grosse racine.
Par M. Deville, horticulteur à la Demi-Lune : 1° un rameau portant des
grappes de raisin variété Valencia ; 2° plusieurs rameaux de Lagerstrœmia
indica en fleurs, appartenant aux variétés violacea, carnea et rubra ; 3° un
rameau fleuri de Desmodium penduliflorum.
Par M. Champalle, jardinier à La Pape, des fleurs de Pourpier double
bien variées.
Par M. Rochet, horticulteur à la Croix-Rousse, quatre Coleus de semis :
Sylphe, Gazelle, Bijou et Robinson.
Par M. Valla, horticulteur à OuUins (Rhône), des fleurs de Bégonia bul-
beux, très grandes et riches de coloris.
Par M. Jean Beurrier, horticulteur à Monplaisir-Lyon, un beau et fort
^\eà A'' Adiantum cuneatum compactum, remarquable comme belle culture.
Par M. Morel fils, horticulteur à Lyon-Vaise, un pied de Yucca filamen-
tosa albo marginata. A' Aster longifolium (ormosum en fleurs, et de Choysia
ternata en pleine floraison.
Par M. Bellin, jardinier chez M. Rosier, montée Rey, Lyon, un beau pied
de Bégonia Rex à feuilles très grandes, remarquable comme belle culture.
Par M. Masson, une Fraise de semis des Quatre-Saisons, fécondée avec une
fraise des bois. Cette variété présentée en 1884, s'est depuis maintenue tou-
jours très fertile, le fruit est devenu plus gros et un peu plus arrondi.
M. Masson nomme cette Fraise : Joseph Schiuartz.
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. Hoste, Boucharlat aîné, D' Ponet, Musset pour la floriculture, et de
MM. Jouteur, Berthier, Pelletier et Métrai, pour la pomologie et la culture
maraîchère.
Ces Commissions, après un sérieux examen, proposent d'accorder à
M. Gaillard une prime de l'^ classe pour sa collection de raisins, et appelle
l'attention sur les variétés Othello, Dachess, Delaware, Triumph, Secretary,
Cynthiana et Senasqua.
A M. Verne, une prime de 1" classe, pour son apport de Persil à grosse
racine et Chicorée.
A M. Guerry, une prime de 1" classe, pour son apport de Navets et Chi-
corées.
A M. Morel fils, une prime de 1" classe pour son apport et plus particu-
lièrement pour le Yucca filamentosa albo marginata.
— 336 —
A M. Villard (François), une primo de l" classe, ponr Tensemble de son
apport.
A M. Jean Beurrier, une prime de 1''° classe, pour son apport d'Adiantum
cuneatum compactum.
A M. Liabaud, une prime de 2° classe pour ses pêches de semis.
A M. Liabaud, une prime de 2° classe pour l'ensemble de son apport de
plantes.
A M. Valla, une prime de 2» classe, pour ses fleurs dd Bégonia bulbeux.
A M. Clapot, une prime de 2° classe pour l'ensemble de son apport.
A M. Çrozy, une prime de 2° classe, pour son apport de Glaïeuls.
A M. Boacharlat jeune, une prime de 2« classe pour sa Véronique Mère
de famille.
Une prime de 3« classe à M. Boucharlat jeune, pour son Celosia plumosa.
Une prime de 3« classe à M. Emiel, pour sa pêche de semis.
Une prime de 3" classe à M. Deville, pour son raisin Valencia.
Une prime de 3' classe à M. Deville, pour l'ensemble de son apport de
planti s fleuries.
Une prime de 3« classe à M. Bellin, pour son Bégonia Rex.
Un certificat de 1" classe à M. Rochet, pour son Coleus Bijou.
Les Coleas Sjlphe, Gazelle, Robinson obtiennent chacun un certificat de
2° classe.
Pour les autres apport?, les Commissions demandent l'inscription au
procès-verbal.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à Tunanimité.
L'assemblée discute ensuite le programme du concours de Chrysanthèmes
organisé par la Société; après une discussion à laquelle prennent part MM.
Hoste, Rozain-Boucharlat, Labruyère, Rochet, Cousançat, Boucharlat aîné,
Viviand-Morel, le programme présenté par la commission, mis aux voix, est
adopté.
La suite de Tordre du jour de la réunion est renvoyée à la prochaine
séance.
La séance est levée à 4 heures et demie. Le Secrétaire- Adjoint,
J. NiCOLASJ.
La Tomate Roi-Humbert
Un journal horticole ayant publié récemment un article sur la
Tomate Roi-Humbert, nous croyons devoir, à notre tour, donner
notre avis sur cette nouveauté, attendu que cet avis est diamétrale-
ment opposé à celui émis par le signataire de l'article.
Que l'opinion soit partagée au sujet d'une plante encore nou-
velle, ce n'est certes pas étonnant. En outre que l'on n'est jamais
bien sûr d'avoir reçu très exactement la variété que l'on a deman-
dée, il peut encore arriver que la nature du sol ou la culture à
laquelle cette plante a été soumise la fassent varier énormément ;
telle plante jugée excellente et digne d'être cultivée dans un
endroit, sera trouvée, au contraire, détestable dans un autre, c'est
aussi une question de goût.
A notre avis, la discussion est nécessaire surtout lorsqu'il s'agit
d'une nouveauté; cela fixe l'opinion.
Voici donc l'impression que nous a causée cette tomate que nous
cultivons depuis deux ans et que nous avons pu, par conséquent,
apprécier.
— 337 —
Tout d'abord, elle nous a paru être bien une nouveauté, et non
pas, comme l'on dit, l'antique Li/copcrsicum pijnjforme. Que ce soit
une amélioration de la Tomate-Poire, c'est probable, mais la dis-
tance entre les deux variétés est assez grande pour qu'elles ne
soientpas confondues.
Le fruit a bien la foi'me poire à l'état vert, mais en mûrissant,
cette forme s'atténue de plus en plus, au point même de disparaître
complètement, en outre, il est plus gros et plus hâtif.
Les fruits, — qui se présentent en grappes, — sont en très
grand nombre sur chaque plante, et nous n'hésitons pas à qualifier
le rendement d'énorme.
On se base sur le volume plus réduit de ces fruits pour prétendre
que les anciennes variétés ordinairement cultivées sont encore pré-
férables, et l'auteur écrit même plaisamment que, si l'on ne consi-
dérait que le nombre, on aurait meilleur compte encore à cultiver
la tomate groseille dont chaque grappe est composée d'une ving-
taine de fruits.
La comparaison est poussée un peu loin, mais pour rentrer dans
laréahté, nous avouons préférer, dans le cas qui nous occupe,
trente fruits pesant un kilog. à vingt autres qui pèseraient
800 grammes, surtout quand il n'y a pas aies peler.
Malgré cela, il ne faudrait pas croire que la moyenne de chacun
soit bien minime, car nous ne connaissons pas encore de prune
qui puisse leur être comparée.
Nous ajouterons encore que le goût de ces fruits est excellent,
— c'est une considération, — et que leur peau est absolument
lisse, de plus, les graines sont, à l'intérieur, en fort petit nombre,
— c'est autant de moins dans les sauces.
Enfin, pour terminer par une appréciation qui ne nous soit pas
personnelle, nous dirons que la Commission des visites de l'Asso-
ciation horticole lyonnaise a remarqué tout particulièrement cette
année la Tomate Roi-Humbert qui était cultivée dans bon nombre
de maisons bourgeoises.
L'opinion générale de cette Commission — qui a été naturelle-
ment formée de l'opinion émise par chacun des jardiniers qui culti-
vaient cette plante — et que cette Tomate pouvait être considérée
comme la plus recommandable de toutes les variétés en culture.
RivoiRE père et fils,
Marchands-grainiers,16, rue d'Algérie — Lyon.
3§è
Fritillaria Meleagris J,. — Variétéa réduites au 1/3 de leur grandeur.
Note sur les Fritillaires. Fritillaria, G. Bauh.
« Linné, fondateur de ce genre, trouvant que les fleurs de
l'espèce type avaient quelques ressemblances à un cornet à rouler
les dés (Jrhillus), lui en imposa le nom. n Ainsi s'exprime
Ch. Lemaire dans son « Essai sur l'histoiro et la culture des
Plantes bulbeuses. » Cette façon de parler constitue une erreur
qu'il estlion de signaler. Linné n'avait pas à créer un genre qui
existait cent ans avant lui, un genre connu de Lobel, de Clusius et
de Bauhin, genre qui comptait quatorze formes ou variétés. Linné
— S39 —
^orotia Impérial is
Polvanthos
Fritillaire impériale à fleurs nombreuses
Réduite au 6« de sa hauteur
Fritillaria persica
(Réduit au 5» de ea grandeur
a seulement fait entrer dans les Fritillaria les espèces suivantes :
persica et imperialis que les anciens classaient dans les Lilium ; mais
il n'a pas eu à s'occuper de savoir ce que voulait dire Fritillaria.
Rendons à César ce qui est à César, . .
Le genre en question est caractérisé par des fleurs axillaires,
généralement penchées, composées d'un périanthe à six divisions
conni ventes en cloche, qui présentent une ligne nectarifère à leur
face interne, au-dessus de leur base ; par des étamines adhérentes
à la base du périanthe ; par un ovaire à trois loges et un style
tri-partite en massue. Capsule de 3 à 6 angles.
Parmi les plus belles espèces de ce beau genre, on peut noter
les suivantes :
1° Fritillaire impériale, Fritillaria imperialis L., PeiUium impé-
riale J. St-Hil., <7o»-o)ia /mperifl/w (anciens auteurs). Noms vulgaires :
Herbe aux sonnettes, Couronne impériale,
La Couronne impériale a été^ dit-on, introduite dans les jardins
en 1570,
^ 340 —
Cette date d'introduction est fort contestable puisqu'on trouve
l'espèce mentionnée dans plusieurs ouvrages antérieurs à cette
époque. Quoi qu'il en , soit, la Couronne impériale est une
magnifique plante qui comprend un assez grand nombre de variétés
dont l'origine est fort obscure. Est-ce à la culture que sont dues
ces variations? c'est ce qui est fort douteux, car, dans une foule
d'autres genres, on rencontre à l'état spontané des variations d'une
valeur analogue. Ce qu'il y a de certain, c'est que les anciens
botanistes connaissaient la plupart des variétés actuellement culti-
vées. Ainsi le Pinnx, publié en 1571 par Gaspard Bauhin, en
mentionne cinq qui offrent des caractères bien tranchés. Les
livres les plus récents n'en signalent pas beaucoup plus, d'où on
est presque autorisé à conclure que les progrès dans ce genre n'ont
pas été bien sérieux. Voici les noms des variétés les plus remar-
quables appartenant à cette espèce : Frilillaire à fleur rouge doichle,
à double couronne, à nombreuses fleurs (Fig. Corona imperialis
poljanthos), maxima, à lige plate, A fleurs jaunes simples, à fleurs
jaunes doubles.
La patrie de cette Fritillaire est douteuse ; les uns lui assignent
la Perse, les autres la Thrace.
Elle est très communément cultivée dans les jardins où, aussitôt
après les grands froids, elle s'élève majestueusement en quelques
jours et montre au sommet de sa tige de nombreuses clochettes
couronnées d'une houpe de feuilles. Toute la plante exhale une
odeur peu agréable qui a attiré l'attention des médecins. Voici ce
que Cazin dit à ce propos : « Toutes les parties de la Fritillaire,
et notamment le bulbe, d'une odeur forte et d'une saveur acre sont
délétères. Orâla a fait périr des chiens auxquels il avait administré
des fleurs confuses. Baraillon assure que c'est un remède aussi
énergique que le colchique contre l'hydropisie. »
Fritillaire de Perse. F. Pcrsica. — Cette espèce est loin d'avoir
la valeur ornementale de la Fritillaire impériale, mais la dispo-
sition de ses nombreuses fleurs, l'élégance et la teinte glauque de
ses feuilles en font néanmoins une excellente plante d'ornement.
La figure que nous en donnons nous dispensera d'en faire la
description. Elle n'a pas donné de variétés, ou si elle en a données,
elles sont si peu importantes que les auteurs n'ont pas jugé à
propos de les signaler. Elle est, comme son nom l'indique, origi-
naire de Perse.
Frilillaire pentade. Frilillaria Mcleagris. Noms vulgaires : Damier,
Mêléagre, OEuf de Fanneau. — Cette espèce est spontanée en
France où elle croît dans les prairies humides et les pâturages
des montagnes. Elle est fréquemment cultivée dans les jardins.
— 341 —
Elle varie : à fleurs d'un blanc pur, blanc maculé de pourpre,
de violet, de rougeàtre, rouges foncées, panachées en forme de
damiers de diverses nuances. Les Frilillaria ptjrenaïca, aquilanica,
delpliinetisis et involucrala appartiennent au groupe des F. Meleagris ;
elles ont été considérées comme des espèces par beaucoup de
botanistes.
La culture des Fritillaires est très facile, car ce sont des plantes
très rustiques. Il suffit d'en planter des bulbes dans les plates-
bandes des jardins et de ne pas les déranger trop souvent. Les
variétés de la F. méléagre aiment les terrains frais et croissent au
besoin dans les gazons. On peut également les multiplier de semis,
dans ce cas il faut semer les graines aussitôt leur maturité ; elles
ne germent qu'au printemps. Les bulbes de semis bien cultivés
fleurissent la 3* ou 4' année. L. L.
Aphorismes horticoles sur les plantations.
Préparation du terrain. — Faire de bons trous larges et profonds,
même pour les petits arbres. A moins d'empêchement, faire les
trous le plus longtemps possible avant la plantation.
Si les couches du sol remué ne sont pas semblables, ne les mêlez
pas ensemble. La partie supérieure du sol est-elle argileuse ou
calcaire, gardez-vous bien alors de la mettre au fond de la jauge ;
mettez-la à la place qu'elle occupait en l'amendant un peu avec de
fins graviers, sable, marne, pierraille, plâtras, etc., c'est-à-dire
avec toutes sortes de matières capables de l'assainir et de la diviser.
Les arbres plantés dans le voisinage de l'endroit où vous devez
effectuer votre plantation ont-ils une tendance à jaunir? n'hésitez
pas alors, si le sous-sol est imperméable à l'eau, d'étabhr un bon
drainage au fond de chaque trou.
Si le sous-sol est marneux, enlevez la marne, parsemez-la dans
votre jardin; ne craignez pas d'en ajouter au terrain qui servira à
combler le trou pratiqué pour la plantation.
Avant de planter, faites un compost dans les conditions sui-
vantes :
Terre prise à la surface du sol, moitié ;
Fumier de vache et de cheval mêlé par moitié, un quart ;
Terre prise au fond du trou, un quart.
Ce compost se mettra surtout autour et dans le voisinage des
racines.
Si vos moyens vous le permettent, ajoutez du fumier aux couches
du sol que vous avez séparées, et en comblant le trou, remettez-les
chacune à peu près à la place qu'elles occupaient.
= 842 —
Le mélange du bon et du mauvais terrain produit rarement de
bons effets ; c'est une mauvaise opération que celle qui consiste à
appauvrir la terre fertile du sol en la mélangeant aux couches
stériles.
Ne craignez pas de mettre à proximité des racines : vieux chif-
fons, rognures de cuir, vieilles laines, os pulvérisés ou non, cor-
nailles, animaux morts et en général toutes les matières animales
ou minérales longues à se décomposer. Dans les terrains graniti-
ques, le plâtre joue un rôle de premier ordre en facilitant l'assimi-
lation des éléments utiles aux arbres contenus dans ces sortes de
terrains. Les cendres de bois font bon effet dans les sols où l'élé-
ment calcaire domine.
Préparation de farbre. — Arrachez ou faites arracher avec
beaucoup de soins les arbres que vous devez planter; payez-les,
s'il le faut, un peu plus cher pour cela.
Affranchissez avec un instrument tranchant les racines meurtries.
Avant de planter, pralinez avec soin les racines et même la tige
de l'arbre. Cette opération du pralinage, qui consiste à plonger les
racines dans une sorte de boue composée d'argile et de fumier de
vache, est très utile pour faciliter l'émission des jeunes radicelles.
(On sait qu'il est utile qu'il y ait adhérence complète entre le sol et
les racines si l'on veut qu'il y ait végétation parfaite.) Or, cette
adhérence est facilement obtenue si l'arbre a été prahné.
Le trou et la terre préparés, placez l'arbre de façon que lorsque
les racines seront entourées déterre, son collet soit à peine enterré.
Méfiez-vous du tassement du sol. Si vous tenez que les racines ne
dépassent pas la place que la nature leur a assignée, placez en
travers du trou un bâton rigide qui portera sur les deux extrémités
du fossé et fixez au moyen d'un lien d'osier l'arbre à ce bâton. De
cette façon, la terre se tassera sans entraîner l'arbre avec elle.
Mettez également un tuteur à l'arbre pour le garantir contre les
coups de vent qui pourraient l'ébranler et le jeter de côté.
Ayez toujours soin de faire entrer la terre exactement entre
toutes les racines, et avant de combler le trou, ne craignez pas de
mouiller à fond la terre qui les entoure.
Taille des rameaux. — Doit-on supprimer des rameaux ou tailler
l'axe central d'un jeune arbre qu'on doit replanter? La question est
complexe, mais, en règle générale, la suppression d'une partie des
racines de l'arbre, leur adhérence moins complète au sol indiquent
tout d'abord que, puisqu'il y a suppression de recettes alimentai-
res, il faut faire des économies de dépenses et que, par conséquent,
il faut rétablir l'équilibre en taillant l'arbre nouvellement planté.
Toute la question est de savoir dans quelle limite doit se faire cette
opération.
— 343 —
D'abord, il ne faut jamais rabattre un arbre à haute tige au-dessous
de la hauteur où. doit se former la couronne. Ceci est élémentaire ;
cependant il y a des cas par exemple, si l'arbre a été mal arraché,
où il pourrait sécher dans sa partie supérieure. Alors il vaut encore
mieux l'empailler et le bassiner quelquefois que de le rabattre.
Quand on taille, il faut toujours conserver les branches sur les-
quelles les yeux ou bourgeons sont les mieux développés.
Si l'arbre a été bien arraché et bien planté, on a intérêt à con-
server le plus de branches possibles ; c'est le contraire qui a lieu si
les racines ont été trop raccourcies.
Pour les arbres nains, qu'on doit élever en pyramides, fuseaux,
espaliers, la taille est de rigueur, à moins qu'on ne veuille voir
s'annuler les yeux de la base du sujet et obtenir un arbre dénudé.
Quelques praticiens préfèrent, dans ce cas, tailler l'arbre l'année
qui suit celle de la plantation. Je ne partage pas cette manière de
voir.
Il vaut mieux planter de suite, quand l'arbre est arraché, que de
le mettre en revourse.
Pour toutes les essences qui émettent déjeunes radicelles dans le
cours de l'hiver, la plantation d'automne est préférable à celle du
printemps.
Un peut cependant planter au printemps sans inconvénient.
Un pépiniériste.
CATALOGUES — NOUVEAUTES
Baudriller, horticulteur-pépiniériste à Gennes (Maine-et-Loire). — Cata-
logue, pris-courant pour marehands. Arbres fruitiers, forestiers et d'orne-
ment en collection, comprenant de nombreuses nouveautés des années pré-
cédentes. Rosiers, arbustes divers, jeunes plantes, etc.
Elle Seguenot, successeur d'Adrien Sénéclauze à Bourg-Argental (Loire).
— Catalogue général des conifères et des végétaux tant indigènes qu'exoti-
gues, de pleine terra ou de serre cultivée dans l'établissement. Rhododen-
drums et Azalées de pleine terre. Pivoine en arbre. Collection nombreuse.
Les conifères sont représentés dans a catalogue par une très nombreuse
collection.
Grandjean, horticulteur-pépiniériste à St-Maurice-de-Rémens par Ambé-
rieu-en-Bugay (Ain). — Catalogue et prix-courant contenant l'énumération
des arbres et arbustes cultivés daus l'établissement. Arbres fruitiers, fores-
tiers, d'ornement. Collection de rosiers.
Baborier, viiiculleur à Chanas par U Péaga (Isèfo). — Pro^pectus-prix-
courant, contenant l'énumération des porte-greifes et cjlleotion de vignes
américaines, ainsi que celles des vignes françaises greffées et soudées.
Rosiers nouveaux obtenus de semis dans l'établissement de M. Liabaud,
horticulteur à la Crois-Rousse et livrables à partir du 1" novembre 1885 :
Madame Gomot, — Arbuste vigoureux, ample feuillage vert foncé, fleur
très grande, presque pleine, rose vif glacé, très belle. Issue de la variété
Reine d'Angleterre.
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Madame Musset. — Arbuste très vigoureux, à rameaux érigés, feuillage
vert foncé touffu, fleur très grande, pleine, beau rouge clair, bien faite,
Buperbe. Issue de la variété Marie Baumann, mais plus vigoureuse.
Madame Rebatel. — Arbuste vigoureux à rameaux droits, feuillage d'un
vert clair, fleur grande ou irès grande, pleine, rose vif nuancé rose tendre,
de forme très élégante, très belle. Issue de la variété la Reine.
Madame Villy, — Arbuste vigoureux à rameaux droits et forts, feuillage
vert foncé, fleur grande ou très grande, pleine, bien faite, rouge amaranthe
brillant. Extra. Cette plante a le port et l'aspect de la variété Duchesse de
Cambacérès.
Poirier- Bergamotte Liabaud.
Rose nouvelle obtenue de semis par M. Bonnaire, horticulteur-rosiériste,
chemin des Hérideaux, 6, à Monplaisir-Lyon :
Thé Souvenir de Victor Bugo. — Arbuste vigoureux à rameaux droits ;
pédoncule ferme; fleur grande, pleine, très bien faite, beau rose de Chine vif
éblouissant, centre jaune capucine; pourtour des pétales argentés et bordés
à l'extrémité d'un beau rouge carmin éclatant et n'ayant point de rapport
avec aucune des variétés déjà livrées au commerce; coloris entièrement nou-
veau.
Joseph Bonnaire, horticulteur-rosiériste, chemin des Hérideaux à Mon-
plaisir-Lyoïi. — Cafalogne et prix-courant des rosiers cultivés dans l'éta-
blissement. Collection très complète de variétés appartenant aux différents
types de rosiers cultivés dans les jardins.
Ch. Reboul, horticulteur-pépiniériste, faubourg St-Lazare à Montélimar
(Drôme). — Extrait du catalogue général comprenant l'énumération des
arbres fruitiers: pêchers, prunier^•, poiriers, abricotiers, vigiies, kakis, etc.,
cultivés dans l'établissement, ainsi que la liste des arbres et arbustes d'orne-
ment à feuilles persistantes ou à feuilles caduques.
G. MoRLET père et fils, horticulteurs à Avon (Seine-et-Marne). Pépinières
duMonceiQ. — Catalogue compreuant l'énumération des meilleurob sortes
d'arbres fruitiers cultivés dans les jardins, vignes, arbres fruitiers formés,
arbres forestiers et d'ornement, arbustes pour massifs, arbustes à feuilles
persistantes, conifères, plantes vivaces, rosiers, etc.
Verilhac (J.) père et fils, horticulteurs à Annonay (Ardèohe). — Prix-
courant de jeunes plants, arbres et arbustes nouveaux, arbres fruitiers, coni-
fères élevés en pots, arbres forestiers, arbrisseaux et arbustes de pleine-
terre, arbustes grimpants, plantes de serre, plantes aquatiques, bulbes, etc.
Bréchon, ci-devant horticulteur à Eoully, actuellement à Tassiti-la-Demi-
Lune, hameau de la Pomme. — Prospectus relatif aux rosiers et aux vignes
cultivés dans l'établissement.
J.-B, QuiLLOT et fils, horliculteu'S-rosiéristes, chemin des Pins, 27, Guil-
lotière-Lyon (Rhône). — Prospectus annonçant la vente du rosier nouveau
obtenu de semis Thé Comtesse de Frigneuse: arbuste vigoureux et très flori-
fère, fleurs grandes, pleines, bien faites, coloris d'un beau jaune cauari écla-
tant, boutons allongés, variété do premier mérite.
Des mêmes horticulteurs, catalogue général et supplément contenant l'énu-
mération des rosiers nouveaux et anciens ciltivés dans l'établissement. Nom-
breuse et riche collection.
Le Gérant: V. VIVIAND-MOREL
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 NOVEMBRE N^ 21
CHRONIQUE
Sécateur el serpette. — Il s'agit, pour le moment, d'une joute
oratoire entre un champion de la serpette et un zélé partisan du
sécateur. Ces deux instruments du supplice des arbres sont à
tour de rôle conspués comme de vulgaires malfaiteurs ou exaltés
comme des archanges; c'est une lutte à coups de plumes, fort
intéressante quoique inolFensive, dans laquelle chacun des deux
combattants s'efforce, comme dans toute lutte sérieuse, de tomber
son adversaire, c'est-à-dire l'idée qu'il défend.
C'est toujours un spectacle divertissant que celui des vives
discussions entre gens d'esprit ; cela repose un peu des banalit-és
à l'eau de rose de la vie ordinaire. Pour mon compte, je m'amuse
beaucoup et je m'instruis encore davantage à lire ces trop rares
polémiques qui surgissent de temps à autre dans les journaux
horticoles. Du reste, elles ne tournent pas au tragique comme le
font trop souvent celles des journaux politiques, et je crois quecela
plaide en faveur de notre corporation qui n'admet pas, même
entre particuliers, que la force, l'adresse ou le hasard priment le
droit ou donnent raison à celui qui a tort.
Je disais donc que M. le i'rère Henry et M. le chanoine
Lefèvre, à propos de serpette et de sécateur, se disaient agréa-
blement, c'est-à-dire en bon langage, des choses désagréables.
C'est le frère qui a commencé l'attaque en publiant dans le Moniteur
d'Iioriiculture un article intitulé : <i La serpette et le sécateur » ,
auquel M. le chanoine a répondu unguibus et roslro dans le
numéro suivant du même journal. Sa réponse a pour titre « Encore
la serpette et le sécateur. »
Le frère Henry tient pour le sécateur qui est plus commode,
avance davantage et ne cause aucun tort aux arbres taillés. Le
chanoine Lefèvre préfère la serpette qui fait de belles coupes et
— 346 —
proscrit le sécateur « instrument de supplice, le favori du chi-
cotier et du fagotier,» «le pelé, le galeux d'où vient tout le mal, »
enfin, pour tout dire, « le père de l'ulcère » . Il ne restait plus,
dit le frère Henry, après cette longue énumération d'injures et de
méfaits, qu'à citer l'invonteur de cet horrible outil, à dire dans
quelle tête mal équilibrée ou dans quel cœur impitoyable une
pareille idée avait pu éclore. Ce n'est pas, ajoute le même
écrivain, M. l'abbé Lefèvre qui s'est avisé le premier de proscrire
le sécateur, l'attaque est venue de plus haut : « d'un ancien jar-
dinier du ministère de l'agriculture et professeur d'arboriculture
de la ville de Paris, M. Dubreuil. La lutte est poursuivie par
M. Gressent, un excellent notaire, qui, pour se délasser de ses
actes et de ses contrats, s'improvisa un beau jour horticulteur et
fit un livre fort peu estimé des hommes du métier; mais malheu-
reusement assez répandu parmi les simples amateurs. »
Pour mon compte personnel, je crois que le sécateur est un
instrument qui mérite considération parce qu'il abrège singulière-
ment le travail, et que lorsqu'il est bien aiguisé il fait des coupes
très franches. La serpette est encore meilleure pour ceux qui
n'ont que quelques arbres à tailler.
Encore le Rosapoltjanllia. — M. Alexandre Bernaix, rosiériste à
Villeurbanne (Rhône), a présenté sur le bureau de l'Association hor-
ticole lyonnaise, deux pieds de Rosiers greffés dans le cours de
l'été 1885 sur Rosa Pohjanlha, dont les sujets plantés au printemps
avaient un an de semis. M. Bernaix avait eu soin de laisser intacts
les sujets et la greffe développés dans le cours de l'année, afin qu'on
puisse juger de visu le beau développement que prennent les raci-
nes et les branches. Cette démonstration de l'excellente qualité du
rosier japonais comme sujet à greffer avait déjà été faite par
M. Alégatière et aujourd'hui ou peut la considérer comme déci-
sive. Les nombreuses racines qu'émettent les Bosa /"o/i/n/îf/m favori-
seront singulièrement la culture en pots des rosiers greifés sur ce
sujet et nous ne pouvons qu'en conseiller l'emploi aux rosiéristes. Si
on ajoute que les graines de B. Polyanlha germent dans l'espace
d'un mois, sans stratification préalable, voilà plus de qualités qu'il
n'en faut pour justifier notre recommandation.
ElJeuiUement. — Quand on se veut rendre compte si une opéra-
tion est bonne, il suffit de dépasser du coup la limite et constater
les résultats qu'elle donne. C'est ce que j'ai fait cette année pour
juger de la valeur de l'elTeuillement. Trois ceps de vigne furent
effeuillés le même jour ; au premier j'enlevai seulement les feuilles
qui cachaient les raisins, au second la moitié des feuilles et au troi-
— 347 —
sième toutes les feuilles. L'opération se fit à la fin d'août au mo-
ment où les raisins commençaient à mûrir. Là où les feuilles furent
toutes enlevées les raisins ne mûrirent pas du tout ; ils mûrirent
fort mal sur le cep où la moitié des feuilles furent ôtées. Quant au
cep qui n'avait que quelques feuilles d'enlevées, la maturité s'eflfec-
tua à peu près comme à l'ordinaire. On peut donc conclure de cet
essai que l'elfeuillement doit toujours s'effectuer avec prudence,
qu'on doit enlever le moins de feuilles possible à un arbre ou à un
arbuste si on tient que ses frui]s acquièrent toutes les qualités
qui les font rechercher. Il ne faut pas perdre de vue que ce sont les
feuilles qui élaborent et qui transforment les matières puisées dans
le sol ou dans l'atmosphère par la plante.
Informations. — Concours agricoles. — Le ministre de l'agri-
culture vient de prendre une décision importante. A dater de
l'année 1887, il n'y aura plus que six concours régionaux au lieu
de douze. Les circonscriptions des concours et les départements
dans lesquels les expositions régionales auront lieu de 1887 à
1 893 sont fixés par un arrêté ministériel qui détermine comme suit
la cinquième circonscription dont fera partie le Rhône :
Corrèze, Loire, Lot, Ardèche, Tarn, Lozère, Cantal, Haute-
Loire, Aveyron, Rhône, Tarn-et-Garonne, Puy-de-Dôme, Creuse.
— Par une lettre-circulaire du 31 octobre dernier, M™° veuve
J. Schwartz annonce que par la suite du décès de son mari, elle
continue la culture spéciale des Rosiers, dans l'établissement d'hor-
ticulture appelé Terre des Roses, fondé en 1837 et situé route de
Vienne, 7, à Lyon-Guillotière.
— On annonce, pour paraître prochainement, un nouveau jour-
nal d'horticulture qui se publiera à Lille sous le nom de le Récapi-
lulaleur et Indicateur horticole du Nord.
— Rectification. — M. Prosper Degressy, horticulteur à Chalon-
sur-Saône, nous informe que c'est par erreur qu'il a été mentionné
dans le compte-rendu de l'Exposition de Mâcon, comme ayant
obtenu une médaille de vermeil pour une collection de roses cou-
pées. Cette médaille a été obtenue par M. J.-B. Champion, rosié-
riste à Saint-Cyr. M. Degressy a obtenu quutre médailles : collec-
tion de Dahlias, de Poires, Dracœna de semis et ensemble de son
exposition.
— Par arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 5 octo-
bre 1885, l'introduction des plants de vignes étrangères et des
plants de vignes provenant d'arrondissements phylloxérés, est auto-
risée dans les arrondissements de Grenoble, La Tour-du-Pin et
Saint-Marcellin (Isère).
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— La Société d'horticulture a décidé de tenir trois expositions
à Paris en 1886. La première, pour les fleurs de printemps, pom-
mes de terre, etc., à la fin de mars; la deuxième, exposition géné-
rale, plantes, fruits, légumes, arts et industrie, à la fin de mai, et la
troisième, pour les fleurs d'automne et les fruits, fin septembre ou
premiers jours d'octobre. Les dates exactes seront fixées ultérieu-
rement.
— Le ministre de la guerre vient de prendre une décision très
importante pour la culture.
Les blés tendres de provenance de l'Inde, dont l'importation de
plus en plus grande est une menace pour nos producteurs, seront,
jusqu'à nouvel ordre, exclus des fournitures à foire pour le service
militaire.
— M. Millardet, professeur à la Faculté des sciences de Bor-
deaux, propose pour préserver les vignes du Mildiou, le mélange
suivant : Faire dissoudre 8 kilog. de sulfate de cuivre dans
100 litres d'eau, et, d'un autre côté, faire avec 30 litres d'eau et
15 kilogrammes de chaux vive un lait de chaux que l'on mélange à
la solution de sulfate de cuivre. On asperge les feuilles avec ce
mélange dès que le mildiou apparaît dans le vignoble.
— M. Perrey propose pour le même usage d'employer le sul-
fate de cuivre en bassinage à l'aide d'un pulvérisateur. La dose
qu'il indique en poids est de 5 kilog. dans 100 litres d'eau.
Employer ce procédé du 1" au 15 juillet. Le sulfate de cuivre et
l'acide sulfureux sont les deux agents qui paraissent jusqu'à présent
avoir donné les meilleurs résultats dans le traitement de vignes mil-
diousées.
— M. Mercier, horticulteur à Thizy (Rhône), qui avait essayé,
sans en être salisfait, diflFérents procédés donnés comme efficaces
pour détruire le puceron lanigère, a eu l'idée de le frotter et de
l'écraser tous les huit jours à mesure qu'il apparaissait. 11 assure
que ce procédé employé cinq fois de suite a réussi à débarrasser
ses pommiers du puceron.
— M. Baudriller, horticulteur-pépiniériste à Gennes (Maine-
et-Loire), annonce la mise en vente de nouveautés inédites de son
établissement, telles que : Bigarreau, de Mezel, à feuilles panachées,
Cornouiller commun, à feuilles ponctuées de jaune au centre, Tilleul
argenté à feuilles maculées.
— Le Cypripedium Jugiisii Regneri est une espèce nouvelle dis-
tincte récoltée par feu A. Régnier, en Cochinchine, et dontM. Go-
defroy-Lebœuf, horticulteur à Argenteuil, estchargé du placement.
— La Gazelle du p'illagc recommande de ne jamais planter de
tilleul dans le voisinage des potagers, parce que cet arbre est fré-
— 349 — .
queuté par la punaise rouge, qui gagne proraptement les arbres
fruitiers et les légumes et dont il est difficile de se débarrasser. Je
crois que cette recomnaandation est bonne, parce que, en effet,
j'ai eu fréquemment l'occasion d'observer l'exactitude de cette
remarque.
— M. A. Bertin, jardinier en chef de la ville de Saint-Quentin,
conseille de cultiver quelques Bégonias tubéreux comme plantes
isolées ; il en signale un exemplaire dans les jardins de la ville
cultivé de cette manière, dont les tiges florales atteignent 1 mètre
de hauteur et dont la toufïe offre un développement de 1 mètre 50
de diamètre. Au moment de la plantation , le tubercule avait
40 centimètres de diamètre. On s'imagine l'effet produit par une
pareille plante.
— La fraise Boi Henry, annoncée comme remontante, n'avait
presque pas remonté l'an dernier chez beaucoup de personnes qui
en avaient planté. Cette année, elle nous a donné d'assez belles
fraises dans le courant de septembre.
— Bien que les pommiers reprennent généralement assez mal
quand on les greffe sur poirier, il paraît que la gretife en question
n'est pas toujours impossible, plusieurs témoignages en font foi.
On pensait même que le pommier ainsi greffé était exempt du
puceron lanigère; malheureusement, il n'en est rien, d'après le
dire de M. Mail, horticulteur à Yvetot, qui vient de signaler le
fait dans la Bévue horticole.
— On signale encore une nouvelle maladie de la vigne, le Black
roi (Phoma iivicola), qui s'attaque aux raisins. Cette maladie a,
paraît-il, fait d'assez grands dégâts dans certains vignobles de
l'Hérault. Pauvre vigne, quand nous serons à cent, nous ferons
une croix : oïdium, pourridié, antrachnose, mildew, phylloxéra,
pyrale . . .
— Le Beurré J'ouqueraij est une fort belle poire nouvelle de pre-
mière qualité, mûrissant du 15 octobre au 15 novembre. Elle a
été obtenue par M. Fouqueray-Gautron, horticulteur à Sonzay
(Indre-et-Loire). La Bévue horticole en a publié une figure coloriée
qui séduira plus d'un amateur. En effet, le fruit est de grosseur
considérable, puisqu'il atteint 25 à 30 centimètres de circonférence
sur 10 à 12 centimètres de hauteur. Il est probable que l'année ne
se passera pas sans que l'arbre soit mis au commerce. •
— M. Cousançat, horticulteur à Cuire-lès-Lyon, a présente
sur le bureau de l'Association horticole, une poire monstrueuse
qui s'est développée directement sur le tronc d'un vieux poirier.
Issue d'un bourgeon à fleur qui émergeait à peine de la vieille
écorce rugueuse, elle était sessile et appliquée contre le tronc. Le
fait est assez rare pour être signalé. V. V.-M.
— 350 —
Correspondance.
Vichy, le 22 octobre 1885.
Monsieur Viviand-Morel, rédacteur en chef
du Lyon-Horlicole.
Dans votre numéro d'octobre, vous parlez des Pêches américai-
nes, et, regrettant que les Italiens, Espagnols, Portugais, Français
ne créent pas de nouvelles espèces, vous déplorez que toutes les
Pêches nouvelles aient des noms américains ou anglais.
J'avoue que votre article m'a rendu perplexe. J'ai vu de près,
j'ai même goûté les Pêches anglaises et américaines, et je ue puis
comprendre comment ce sont ces Pêches qui, d'après ce que vous
constatez, tiennent le haut du pavé.
Il y a là, sans doute, quelque erreur qu'il serait bon d'éclaircir.
A Londres, pendant la saison des fruits, on vend pour six pences
(douze sous) d'excellentes Pêches françaises qui viennent de la
Normandie et des environs de Paris. Dans les magasins de comes-
tibles aristocratiques, on vend des Pêches anglaises qu'on met en
vedette dans les montres avec ces mots caractéristiques : « uarcnlcd
english » , garanties anglaises, et on les fait payer i schelhng (25
sous).
Or, ces fruits sont des boules de baudruche verte remplies d'une
pâte vinaigrée ; on les achète néanmoins avec empressement,
puisqu'elles sont « warented english » : l'Anglais est patriote.
A Nevw-York, Boston, Philadelphie, etc., on vend six pences
des Pêches américaines qu'on appelle d Pêches de Cahfornie » .
Elles n'en viennent pas, comme nous ie verrons; elles sont culti-
vées sur le versant est de l'Amérique où il n'y a, comme en Chine,
qu'un hiver et un été, hiver terrible, été épouvantable, et cela sans
transition, sans printemps, sans automne; aussi ces fruits, assez
colorés, sont coriaces et acides.
Les seuls fruits remarquables dans cette partie de l'Amérique
sont les Bananes et les Ananas, qui viennent du Sud par pleins
bateaux et se vendent quelques sous.
Si l'on se dirige à l'ouest, en Californie, le chmat est tout diffé-
rent; il n'y a qu'un printemps et un automne, sans hiver ni été;
on ne connaît ni les habits de coutil, ni les pardessus fourrés.
Aussi les fruits, les légumes sont merveilleux; grâce aux Chi-
nois, qui sont d'excellents jardiniers, le marché de Sau-Francisco
est le mieux approvisionné du monde entier. Ce n'est plus la pêche
qui coûte six pences, mais le panier de vingt pêches exquises.
— 351 —
Et quelle est la variété qu'on cultive? Les Chinois se sont bien
gardé d'importer leurs fruits, qui sont immangeables ; ils ne plan-
tent les pêchers que pour en admirer la fleur; ils ont simplement
multiplié les pêches de Montreuil, que les Français, premiers occu-
pants de San-Francisco en 1848, ont importées avec tous les
excellents fruits de France.
Mais alors, où se créent les pêches américaines ou anglaises?
Probablement chez nous ; mais comme les Anglo- Saxons paient
très cher la gloire d'avoir des Pêches « warented english » , ils
donnent aux nouvelles espèces un nom anglais et l'orgueil britanni-
que est satisfait.
Du moins je suppose que cela se passe ainsi.
Vous posiez une double question : Les Américains, dites-vous,
auraient-ils un secret, ou les horticulteurs de l'ancien continent
n'auraient-ils pas de chance? A votre double question, je réponds
par un point d'interrogation ; mais peut-être êtes-vous en mesure d'y
répondre.
Voulez-vous maintenant que nous parlions un peu Chrysan-
thèmes.
Vous annoncez pour le 15 novembre un concours de Chrysan-
thèmes. Je ne sais quelles surprises nous préparent les exposants,
mais je serais bien heureux si je trouvais là les superbes fleurs que
j'ai vues au Japon et que je n'ai encore jamais vues en France,
grosses comme des Pivoines et avec des pétales qui se tordent
comme des membres de pieuvres.
Un jour que je parlais de mon désir à M. Lemoine, le célèbre
horticulteur de Nancy ; il me répondit que l'on connaissait très bien
l'espèce dont je parlais, mais qu'on l'avait modifiée, parce que ses
fleurs étaient trop laides.
Eh bien, je déclare que je suis preneur au rabais d'une collec-
tion de Chrysanthèmes du Japon. — Mais, entendons-nous bien,
de ceux dont les fleurs sont trop laides.
Veuillez excuser. Monsieur, la longueur de ma lettre et agréer
l'assurance de ma considération distinguée.
E. GuiMET.
Nous remercions vivement M. E. Guimet de la lettre qu'il nous
a écrite, car elle contient d'excellents renseignements concernant
l'horliculture dont profiteront les lecteurs du Lyon-Horticole. Je me
bornerai seulement à faire remarquer que dans la petite note que
j'ai publiée, je parlais seulement des Pêches précoces, car pour les
autres elles portent des noms bien français et sont infiniment supé-
rieures en qualité à toutes les Amsdem possibles. iV. delalï.
— 352 —
Note sur les Fusains à feuilles persistantes.
Le genre Fusain a été connu des plus anciens botanistes, Théo-
phraste le nommait Evomjmus, nom qui paraît venir d'Evonyme,
divinité mythologique mère des Furies. Fusain est une altération
du mot fuseau, ustensile bien connu qui, paraît-il, était fabriqué
avec le bois des Evonymus. Le mot fusain est également appliqué
pour désigner une sorte de charbon très léger dont se servent les
peintres et les dessinateurs.
Les Fusains, dont l'espèce la plus commune [Evonymus europeus)
est connue en France sous le nom de Bonnet de prêtre, à cause de
la forme de son fruit, comprennent deux séries d'espèces très dis-
tinctes : l'une à feuilles caduques, dont je ne parlerai pas; l'autre à
feuillage persistant, sur laquelle j'ai l'intention de dire quelques
mots.
Il n'y a guère plus d'une cinquantaine d'années que les Fusains
à feuilles persistantes ont commencé à jouer un rôle important en
horticulture. Signalée par Thunberg et Kfempfer, l'espèce la plus
remarquable de ce groupe fut introduite en Europe au commence-
ment de ce siècle ; elle fut d'abord cultivée comme plante d'oran-
gerie sous le nom de Fusain du Japon {Evo)ujmits japonicus) et mit
fort longtemps à se répandre dans les jardins. En 1825, le Bon
jardinier ne la mentionnait pas encore, bien qu'elle existât déjà
dans les cultures, ce qui prouve, dans une certaine mesure, qu'elle
n'était pas très commune à cette époque. Vingt ans plus tard, elle
élait déjà mieux considérée et commençait à se répandre dans les
jardins, et on signalait en même temps que le type, deux variétés
à feuilles panachées.
La facilité de sa multiplication, celle vraiment étonnante de son
adaptation à tous les terrains, même les plus ingrats, son port trapu
et compact, la beauté et la persistance de son feuillage lustré et
brillant ne tardèrent pas à la faire rechercher de tous les amateurs.
A la suite de semis successifs, le Fusain du Japon a donné une
série de variations dont les horticulteurs ont multiplié les mieux
caractérisées. Plusieurs des variétés ainsi obtenues ont également
fournies par dimorphismes des formes panachées (dorées ou argen-
tées), ponctuées ou marginées.
Les variations autres que les panachures, ont surtout porté sur
la vigueur, le port des plantes et la largeur de leur feuillage. On a
eu ainsi les variétés de Fusain du Japon à grandes feuilles (macro-
phylln), à larges feuilles (latifolia), à petites feuilles (microphylla),
à feuilles frisées (calaraistrata), etc. Quant aux panachures, elles
varient du jaune pâle (llavescens) au jaune d'or (aurea) et au blanc
argenté (argentoa). Elles occupent les bords ]j1us ou moins régu-
lièrement et quelquefois le centre (aureo medio-picta). L'intensité
de leur coloration varie avec l'âge . Quelques variétés panachées ne
— 353 —
sont pas très constantes et retournent aisément au type, surtout
dans certains sols; en revanche, il en est d'autres qui sont inébran-
lables.
En dehors des panachures très ornementales qui ornent les
feuilles de certaines variétés, il y a des caractères qui distinguent
et font rechercher plusieurs sortes à feuilles vertes.
Ces caractères, qui s'observent surtout dans le port et la vigueur
des plantes, la grandeur et forme des feuilles se combinent de
difïérentes manières, souvent très heureuses et constituent de
véritables améliorations.
Le Nouveau, jardinier iUuslrc pour 1 868 ne signalait à cette date
que deux variétés A' Evoivjmus japonicus, les variétés argenteus et
aureus. Depuis cette époque, l'amélioration du genre a été très
rapidement.
U Arborelum Segrezianum , publié en 1877 par le regretté Alph.
Lavaliée, mentionne à peu près toutes les variétés importantes
à' Evo7iiimus japonicus connues à cette date ; en voici l'énumération
complète :
Macroplujlla , lalifolia, punclala, flavescens, variegata, tricolor, foliis
aibo marginatis, calami.slrala et microphi/lla.
Les catalogues des pépiniéristes parus depuis 1877 énumèrent
la plupart des variétés cultivées à Segrez, sous des noms souvent
différents, qui varient quelquefois avec chaque maison. Du reste,
les uns les signalent en français, les auti^es en latin, quelques-uns
en style macaronique. Beaucoup élèvent les variétés au rang d'es-
pèces, tandis que d'autres abaissent les espèces parfaitement carac-
térisées comme par exemple, pour n'en citer qu'une, 1'^. radicans,
au rang de simples variétés.
N'ayant pas du tout l'intention de m'ériger en critique, je ne
signalerai les erreurs de personne ; je ferai seulement remarquer
qu'ayant depuis longtemps cherché à me procurer toutes les sortes
de Fusain à feuilles persistantes que je cultive en grande quantité,
il m'est arrivé de recevoir la même variété sous plusieurs noms
différents ; chaque maison ayant souvent sa nomenclature particu-
lière. Ainsi, pour donner une preuve assez tangible de ce que
j'avance à propos de la nomenclature des variétés de Fusain du
Japon, on peut, en consultant une demi-douzaine de catalogues,
enrichir la collection de Segrez de quelques noms différents, ce
qui ne prouve pas du tout que ce procédé puisse l'enrichir d'autant
de variétés distinctes. Aux neuf noms énumérés plus haut comme
variétés de VEvonymus japonicus, on peut ajouter les suivants :
Fuiiis argcnlco-varicgalis, argenica clegantissima, foliis aureo-rarie-
galis, Duc d'' Anjou, lalifolia inarginala aurca, rolundifolia, mediopiclus,
clegaiis, sulfurcus niarginalus^ aurco maculatus, foliis argenleis, argcnteo
— 354 —
marginatis, aureis, aurro medio-picla, sulfurco marginati-i, ovala aurco
variegala, viridis, rodunlifolia aurca, lalifolius albo variegatus^ sempervi-
rens, semporvirens varicgafa; longifolius fuliis argcnlro varicgalis, (lava
maculala, elpgatilifsimus, etc.
J'arrête là cette citation que je pourrais encore beaucoup allon-
ger, car quand il n'y a plus de règles pour nommer les plantes,
que chacun donne le nom qui lui plaît aux variétés qu'il cultive,
on peut augmenter à l'infini le nombre des synonymes. On remar-
quera que dans les deux douzaines environ de noms que je viens
de citer et que j'ai extraits de cinq catalogues, qu'il n'y a que des
variétés de Fusain du Japon ; on remarquera encore que chaque
rédacteur de catalogue ajoute une terminaison différente à ces
adjectifs; on a ainsi des Evo)i!jmusjaponicus et des Evompmis joponica,
des macrophylla et des macrophyllus, des aureo variegalis et des
aurco variegala, etc.
■ Il est bien difficile de se reconnaître au milieu de cette confu-
sion de noms différents se rapportant à des choses identiques, et il
serait vraiment à désirer, lorsque les horticulteurs se réuniront en
congrès, qu'ils voulussent bien traiter cette question.
Si on cherche à établir une sorte de synonymie des variétés de
Fusain, la chose n'est pas aisée; car, comment savoir à quel nom
primitif il faut rapporter les variétés qui portent cinq ou six appel-
lations différentes ?
Cependant, en examinant bien la construction souvent vicieuse
des noms énumérés plus haut, on voit de suite qu'il y en a un cer-
tain nombre qui sont évidemment des synonymes. Par exemple,
V Evongmus acmpervirens variegala ne saurait être différent de F . japo-
nicus variegala, parce que sempervirens , qui signifie, comme chacun
sait, toujours vert, est un nom spécifique de fantaisie que quel-
ques pépiniéristes ont appliqués au Fusain du Japon pour faire
savoir aux amateurs que cet arbre était à feuilles persistantes.
On emploie aussi indistinctement les adjectifs marginé, maculé
et varié (inarginala, maculala et variegala'), bien qu'ils aient chacun
une signification différente. Marginé, veut dire bordé ; maculé,
qui est marqué de taches différentes de celles du fond, et varié se
dit d'une surface qui est ornée de différentes couleurs.
Si chacun de ces termes étaient exactement appliqués, on ne
verrait pas, par exemple, trois noms pour une seule plante comme
cela arrive pour les variétés argenleo variegalis, foliis argenleis et
argenlFo marginala. On arrive à regretter l'emploi des mots signi-
fiant quelque chose, parce qu'on en fiiit un mauvais usage et qu'ils
prêtent à la confusion ; il vaut infiniment mieux nommer les
variétés avec des noms quelconques, comme Duc d'Anjou, qui ne
sont pas susceptibles d'être mal interprétés.
— 355 —
En attendant le moment où la nomenclature des Fusains sera
régularisée d'un commun accord, je vais signaler les noms aux-
quels je me suis arrêté pour les variétés que je cultive.
Louis GoRRET, horlicultcur,
(A luiirc.) Rue du Bourbonnais, Lyou-Vaise.
Plantes de Marais
fiaminrulua Hnqua L. licnonculv langue, vulgairement Grande Douve .
— Parmi les Renoncules susceptibles d'intéresser les jardiniers et
les amateurs, il faut placer en première ligne la Renoncule lan-
gue qui s'élève à un mètre et plus de hauteur, pousse avec exubé-
rance'et donne de larges et brillants boutons d'or. C'est une plante
à recommander pour rornement des pièces d'eau, des bords des
rivières et des endroits humides des jardins. Le seul reproche
qu'on pourrait peut-être lui adresser, c'est d'être un peu envahis-
sante.
On sait que les Renoncules en général sont des plantes véné-
neuses, des poisons acres, dont quelques espèces sont fort redou-
tées des animaux qui, du reste, évitent souvent de les manger. La
Renoncule scélérate, plus connue sous les noms de Mort-aux-
Vaches, Herbe sardonique, a. sous ce rapport, une réputation qui
n'est que trop justifiée. Cependant, on doit dire que le poison des
Renoncules se perd heureusement par la dessiccation, car sans cela
les prés qui en sont garnis, donneraient un foin qui ne pourrait que
nuire à la santé des animaux.
Les Renoncules ont reçu un assez grand nombre de noms vul-
gaires, parmi lesquels il est bon de signaler les plus communs tels
que : Jauneau, Bouton d'or. Patte de Loup, Herbe à la tache,
Grenouillette, Bassinet, Pied de poule, Pied de coq, Pied de cor-
bin. Clair bassin. Rave de Saint- Antoine, etc.
Une autre Renoncule qui a quelques rapports avec la Renoncule
langue, c'est la Renoncule flammette ou Petite Douve, Flammi-
nette. Petite flamme, Herbe de feu. Elle tire ses noms de sa répu-
tation parce que, dit-on, elle brûle comme la flamme. Toutes les
Renoncules sont, en eflPet, rubéfiantes et vésicantes, et peuvent
très bien, sous ce rapport, remplacer les cantharides. Ce nom de
Flammula a également été donné à une Clématite fort jolie qui pos-
sède avec l'Herbe aux gueux {CIcmalis p'ilalba) la même propriété
de rubéfier la peau, propriété que mettaient autrefois à profit les
mendiants de profession pour se faire des plaies afin d'exciter la
pitié. Ils guérissaient ensuite ces plaies en appliquant dessus des
feuilles de Bouillon blanc CVerbascum).
La Rcnoneule aquaiiquc est également une fort jolie plante qui
pourrait servir à orner les pièces d'eau et autres endroits maréca-
— 356 —
geux. Il faut en semer les graines au mois de mars, pour l'avoir
belle toute l'année. On peut la cultiver en'pot tenu immergé dans
l'eau.
RanunculuB lingua L.
Fleurs et^feuilles réduites au 1/3 de] leur grandeur.
Damasonium stellatum
Réduit au 1/3 de sa grandeur»
Damasonium sleUalum, — La Damasonie étoilée ou Alisma étoile,
tire son nom de la propriété qu'elle aurait, dit-on, de détruire
l'effet du venin du crapaud. Les anciens tenaient le Damasonion en
grande estime et lui accordaient des vertus merveilleuses ; malheu-
reusement, comme pour beaucoup d'autres plantes, on ne sait pas
exactement à quelle espèce il faut le rapporter. Les uns pensent
que le Damasonion n'était autre que le Plantain d'eau, tandis que
les autres l'attribuent à la Damasonie étoilée. Quoiqu'il en soit, ce
qu'il y a de certain, c'est que le Plantain d'eau [Jlisma iilanlarjo) a
eu la réputation non seulement de préserver de la rage les hom-
mes et les animaux, mais encore de guérir l'hj'drophobie déclarée.
C'est un remède qui n'a pas tenu tout ce qu'on en avait dit, et je
crois que les inoculations de M. Pasteur seront plus efficaces.
Comme plante d'ornement le Damasonium stellatum n'est pas une
espèce très brillante, mais elle est très curieuse à cause de la forme
de son fruit. Elle aime les terrains argilo-siliceux inondés pendant
— 357
l'hiver et humides pendant l'été. On doit semer les graines en
octobre et repiquer le plant en mai. Dans le Lyonnais on trouve
le Damasonium dans les Bombes où il croît sur le bord des
étangs.
Ranunculus aquatilis L.
Fleurs et, feuille» réduites au 1/3 de leur
grandeur^
Marsilea quadrifolia
Réduit k la moitié de sn grandeur.
Marsilea quadrifolia L. — Le genre Marsilea a été dédié par
Linné à Louis-Ferdinand Marsigli, naturaliste italien, qui vivait à
la tin du XVIP siècle. La seule et unique espèce française qui le
compose est assez rarement cultivée si ce n'est par les botanistes
amateurs qui la plantent quelquefois dans leur pièce d'eau. Les
organes floraux qui offrent beaucoup d'intérêt au savant, laissant
absolument indifférents les jardiniers, car ils sont de la couleur des
feuilles et restent cachés sous l'eau. Malgré cela, une belle potée
de Marsilée, mise au fond d'un bassin ou plantée dans un lac, ne
tarde pas à couvrir une partie de leur surface d'une masse de
petites feuilles flottantes, qui sont charmantes et récréent la vue.
C'est du reste une plante très robuste qui ne craint pas les eaux
profondes, bien qu'elle puisse croître également dans les endroits
constamment humides.
Le Marsilea quadrifolia appartient à la famille des Rhysocarpées
(c'est-à-dire des plantes dont la fructification est située près des
racines), sous-famille des Marsilacées. Th. G.
— 358 —
Les Marronniers de la place Bellecour.
Rapport constatant les résultats obtenus sur ces arbres par les traitements qui leur
ont été appliqués en 18^4 et 1885.
Eft 1883, l'Administration municipale de la Ville de Ljon avait nommé
une Commission chargée d'étudier les causes de dépérissement des marron-
niers de la place Bellecour, dépérissement caractérisé d'une manière fort
nette par une végétation appauvrie et la chute habituellement prématurée
de leurs feuilles. Cette Commission, composée d'hortiaultears, devait égale-
ment indiquer à l'Administration le remède à appliquer à ces marronniers
pour leur rendre une vigueur normale.
La Commission susdite, après examen, a émis l'opinion que la faible végé-
tation des marronniers et la chute hâtive de leurs feuilles étaient dues à
l'épuisement du sol et proposa comme remède « d'enlever autour desraoïnes
des man-onoiers souffreteux une partie du sol épuisé et d'en rapporter d'au-
tre plus fertile. » A la suite de cette décisior- de la Commission nommée par
l'Administration municipale, M. J. Métrai , horticulteur-pépiniériste aux
Charpennes-Villeurbanne, entreprit de démontrer que les marronniers de
Bellecour étaient surtout languisants à cause de la sécheresse pi-esque per-
manente du sol où ils sont plantés. Il publia pour étajer son opinion et
chercher à la faire prévaloir une assez longue note qui parut dans le n° 16
du Lyon- horticole, année 1883. Cette note fut communiquée par son auteur
à toutes les personnes qui s'intéressaient à la question. Comme conclusion
de son étude, M. Métrai proposait d'établir à Bellecour, dans le voisinage
des marronniers, un système de canalisation destiné à apporter aux arbres,
en temps opportun, au mojen de drains, l'eau et les engrais liquides qui leur
manquent.
Il faut croire que le projet présenté par M. Métrai fut reconnu sérieux,
puisque un peu plus tard, dans sa séance extraordinaire du 13 octobre 1883,
le Conseil municipal de liyon prit les délibérations suivantes:
« Art. 1". — Afin d'obtenir l'amélioration des marronniers de la place
Bellecour, il y aura lieu de se conformer aux prescriptions suivantes :
1* Il sera pratiqué autour de l'arbre, à 1 mètre 50 centimètres du tronc,
une tranchée de un mètre carré ;
2° La terre provenant de ces tranchées sera dépouillée des pierres et bri-
quaillons qui pourraient s'y trouver ;
3° Cette terre, après avoir été mélangée de fumier de litière, moitié che-
val, moitié vache, sera replacée dans les endroits d'où elle a été extraits ;
4° Avant de combler la tranchée, on devra avec des pioches dégarnir les
racines de l'arbre à environ 20 centimètres, et on relèvera la terre que ce
piquage aura produite, afin qu'elle soit mélaHgée de fumier. Ce travail devra
être fait avec précaution ;
5° Il sera fait, en même temps, application du procédé Métrai à tous les
arbres qui auront été travaillés; ce système de drainage et d'arrosement
sera efficace pour rendre aux marronniers leur végétation normale. »
Les autres articles de cette délibération ont trait à l'exécution des pres-
criptions sus- énoncées et au vote d'une somme de 6,000 fr. pour subvenir
aux frais occasionnés par ces travaux.
La délibération du Conseil municipal de Lyon fut mise en partie à exécu-
tion, jusqu'à concurrence de l'emploi de la somme votée, dans le cours de
l'année 1884.
Deux étés relativement secs ayant passé depuis que les travaux plus haut
mentionnés ont été exécutés, il devenait possible de constater les résultats
qu'ils ont produits sur la végétation des marronniers.
A cet effet M. Métrai, par une lettre en date du 15 septembre dernier,
demandait à M. le Président de l'Association horticole lyonnaise, la nomi-
nation d'une Commission chargée de faire cette constatation. Cette Commis-
— 359 —
sion qui fut ainsi composée: MM. Liabaud, Deville jeune, Jussaud aîné,
Jacfiiiier fils, Francisque Morel et Yiviand-Morel se réunit le 27 septembre
1885 et fonctionna immédiatement.
M. Méiial miiilra à la Commission, plan en main, les arbres qui avaient
été traités par radminittiation et expii()ua comment la modicité de la somme
votée ne permit pas d'exécuter les travaux autour de tous les marronniers.
Ceci dit. la Commission se trouvait en présence :
1° De marronniers non traités ;
2° De marronniers traités tel qu'il est indiqué dans la délibération du
Conseil n::unicit)al ;
3° De marronniers auxquels on a seulement appliqué le système Métrai;
4' De marronniers auxquels on a seulement changé la terre.
Après avoir attentivement examiné les arbres de la place BeUecour, traités
un non, la Commission a formulé les appréciations suivantes :
1" Les marronniers non traités avaient leurs feuilles presque sèches et
avaient donné à la suite des pluies d'automne de nouvelles pousses. 11 faut
excepter toutefois de cette noio tous les marronniers plantés dans le gazon
du square qui reçoi'ent leur part des arrosements donnés au gazon et aux
massifs. Aucun de ces marronniers n'avait les feuilles séohes, aucun n'a
rf^poussé à l'automne ;
2° Les marronniers traités exactement comme il est indiqué daiis la déli-
bération du Conseil muiaicipal avaient pour la plupart leurs feuilles vertes ;
aucun n'a donné de r.ouvelleg pousses à la suite des pluies d'automne ;
3° Quelques marronniers auxquels on a seulement appliqué le système
Métrai sans changer la terrre avaient leurs feuilles vertes; aucun n'a donné
de nouvelles pousses à l'automne;
4° Les marronniers auxquels on a seulement changé la terre sans leur
appliquer l'arrosage au mojen des drains avaient leurs feuilles presque
fôohes et un grand nombre avaient développé de nouvelles pousses.
El comme conclusion il parait ressortir assez nettement de ces observa-
tions que le système d'arrosage au moyen de drains a donné d'excellents
résultat^', et qu'au co .traire la seule substitution à l'ancien sol qui entourait
les racines des marronniers du sol nouveau plus fertile n'a pas répondu aux
espérances qu'elle avait fait concevoir.
La Commission,
Deville jeune, Viviand Morel, F. Morkl, C. Jacquier fils,
Liabaud, Jussaud.
Cannas de semis.
Visite spéciale faite le 25 août 1885, an nom de l'Association horticold lyonnaise,
chez M. Crozy, horticulteur à Lyon,
par MM. Liabaud, Hoste, Durand, Charton et Jules Chrétien.
L'histoire du Canna est trop connue pour que nous venions vous en donner
tous les détails.
Ce que nous tenons à faire ressortir de notre visite, ce sont les améliora-
tions progressives que nous remarquons chez notre collègue Crozy depuis
longtemps.
Depuis plus de trente ans, le Canna est apprécié comme plante de premier
ordre pour l'ornement des parcs et jardins. Les squares de toutes les villes
de France et même do l'étranger en font un grand usage. La richesse de son
feuillage vfiriant d'un beau vert jusqu'au pourpre noir foncé l'a fait recher-
cher du monde horticole. Celte plante s'élevant de 1 à trois mètres de hau-
teur, peut f e grouper en massif aussi bien qu'en plantes isolées. Elle est
pevenue indispensable à tout amateur et liorticulteur s'occupant de décora-
tion. On est même arrivé aujourd'hui à en faire une plante pour l'approvi-
sionnement des marchés.
— 360 —
C'est principalement à ce point de vue que nous vous prions de bien vou-
loir fixer votre attention, car ju«qu'alors les Cannas n'avaient été considérés
que comme plantes à feuillage. Mais, grâce au savoir' et aux soins persévé-
rants de M. P. Crozy fils, les choses ont complètement changé, d'une plante
à feuillage nous avons une plante florale, mérite incontestable de plus à
ajouter aux qualités anciennes des Cannas.
Dans notre visite, M. Crozy nous a montré toutes les gradations de chan-
gem^.nts successifs qu'il a obtenus depuis plusieurs années : amélioration de
la forme des fleurs, variations de coloris nombreux, multiplicité des rameaux
floraux, sans oublier la richessa du feuillage qui doit être une des premières
conditions à observer chez un Canna.
Nous vous donnons ci-dessous le nom des quelques variétés en fleurs lors
de notre visite; toutes ces variétés font au commerce avec beaucoup d'autres
que nous n'avons pu juger. Huit à dix plantes de semis ont été choisies pour
l'année 1886; M. Croiy en fera la description sur son prochain catalogue et
en annoncera la vente pour cet hiver.
En raison des progrès successifs réalisés par M. J. Crozj fils, habile et
persévérant semeur de ce beau genre,
La Commission propose à l'Association de lui décerner une médaille d'or.
Noms des principaux Cannas en fleur au 28 août 1885.
J. Cordioux.
GeoflVoy de Saint-Hilaire.
Commandant Rivière.
Madame Gaubet.
Antonin Crozy.
Couzançat,
Vivianil-Morel.
Emile Guichard.
Epis d'or.
Crozy père.
Joseph Metral.
Sénateur Millaud.
Le Capricieux.
Pictata.
Le Florifère.
Mont-d'Or.
J. I iabauit.
Safrano.
!.. Lapeute.
Pelletier.
Le Rèbé.
Adolphe Weick.
Clément.
Auguste Flamard
Abel Carrière.
La Rapporteur : J. Chrétien.
CATALOGUES
WiLiAM Paul et Son, horticulleur-rosiéristes à Waltham Cross, Herts
(Augletflrre). — Catalogue illustré des roses cultivées dans l'établissement.
Ce catalogue dont la rédaction ne laisse rien à désirer, lontient l'énùméra-
tion et la description des plus belles variétés cultivées dans les jardins. Cha-
que variété est rapportée à la série à laquelle elle appartient.
François Pittet, horticulteur à Lausanne (Suisse). — Catalogue des
espèces et variétés d'ognons, bulbes, griffes, tubercules de plantes à fleurs,
et plantes vivaces de pleine terre, arbres et arbustes d'ornement. Conifères.
etc. Ce catalogue énumère une fort belle collection de plantes alpines, ainsi
que plusieurs autres collections très complètes.
SouPERT et Notting, cultivateurs de Rcsieis, à Luxembourg (Grand
Duché). — Catalogue do Rosiers contenant de nombreuses illustrations.
Collection très complète comprenant les plus belles roses des cultures, clas-
sées et décrites suivant leurs sections naturelles, telles que Provins, Ben-
gale, Ile-Bourbon, Hybrides remontants, thés, hybrides de thés, Noisettes,
etc.
Lk Gérant: V. VIVIAND-MOKEL.
I^yon, — Irap. du Salut Public. — Bellon, r. do la République, 33
1885 NOVEMBRE N» 212
CHRONIQUE
Concours de Chrysanthèmes. — Qu'aurais-tu dit, ô Goethe ! illustre
auteur de Faust et de Verther, toi qui a si bien exposé et déve-
loppé la théorie des métamorphoses, si tu avais pu voir, dimanche
dernier, les transformations innombrables que nos jardiniers ont
fait subir aux fleurs de chrysanthèmes? Tu aurais sans doute
demandé à mes confrères :
— Mais, mes amis, où sont les variétés de ma jeunesse?
Elles sont allées, mon vieux poèto, rejoiudre les vieilles lunes de
l'eschoHer Villon. Les petits (^pompons » sont partis, chassés par les
« Japonaises » , aux folles et longues ligules, ou les incurvcd Chrij-
sanlhemum des fils de la vieille Albion. Adieu les vieilles fleurs du
temps jadis.
Donc, samedi et dimanche, 14 et 15 novembre, il y avait, —
pour la première fois à Lyon, — un concours de chrysanthèmes
présentés en fleurs coupées. Le susdit concours se tenait dans la
salle des Réunions industrielles, au Palais-du-Commerce.
Les concurrents étaient au nombre de quinze ; les concours de
six. Plus de deux mille bouteilles prêtaient l'appui de leurs goulots
à d'innombrables variétés de ce beau genre que mon concierge
qualifie de fleurs de « semitière » .
Je ne veux pas vous faire l'histoire du genre Chrysanthème,
actuellement et avec raison, — ce qui est rare, — fort à la mode
un peu partout. L'histoire d'une fleur est toujours obscure. Je vous
dirai seulement qu'il y a cent ans, il était à peine connu, qu'il
resta longtemps dans l'oubli, que les braves gens l'appelèrent
Renonculier et que les académiciens jugèrent à propos de décider
qu'il aurait le genre masculin. Chrysanthème veut dire (leur d'or,
même pour ceux qui ne connaissent pas le grec, il était naturel
— 362 —
de dire « une fleur d'or » , c'est-à-dire une chrysanthème. Eh
bien! non, c'est le contraire qui a prévalu. Boileau appelle un
chat un chat et Rollet un fripon. Eh bien, moi qui ne suis pas
Boileau, je dis que le premier qui a eu l'idée de dire « un chry-
santhème » est un imbécile. Il y avait longtemps que je voulais
lui dire son fait, à ce grammairien. Passons.
Les fleurs de chrysanthème, que les botanistes nomment des
capitules ou des calathides, sont formées par la réunion de fleurons
et de demi-fleurons. Les demi-fleurons occupent dans l'espèce
sauvage la circonférence et les fleurons le centre. A l'état primitif,
le genre chrysanthème ressemble à la grande Marguerite de nos
prés. Mais la culture et l'hybridité aidant, tout cela est changé, et
fleurons et demi-fleurons se livrent à une transformation extraor-
dinaire, incroyable, dévergondée, insensée. Les botanistes appel-
lent les résultats de ces métamorphoses des monstres ; c'est le
terme consacré. Monstres, c'est possible; dans tous les cas, ce
■ont des monstres agréables à voir. Les jardinieis, qui aiment
l'ordre, classent les chrysanthèmes dans plusieurs sections, cinq,
je crois, en attendant mieux.
Il y a d'abord les pompons dont les fleurs sont caractérisées
par leur petite dimension; elles ne doivent pas dépasser 3 centi-
mètres de diamètre et être symétriques. Les fleurs ont-elles, avec
la symétrie convenable, plus de 3 centimètres de diamèlre, les
pompons deviennent des chinois. Avec les avéoliformcs, les chrysan-
thèmes nous montrent un ou plusieurs rangs extérieurs de fleurs
ligulécs et une partie des fleurons du centre beaucoup plus longs
que les fleurons jaunes. Les lubuliflores sont caractérisés par des
capitules dont les fleurons du centre sont tubuleux et plus longs
que les ligules de la circonférence. Les Ch. japonais sont, dit-on,
des hybrides des autres sections, à préfloraison tordue ou en
spirale, à longues ligules, à fleurons longs et tubulés, portés sur
des pédoncules généralement longs et grêles. Il faut dire, du reste,
qu'on rencontre des intermédiaires entre tous les types que je
viens d'énoncer et qu'une classification nouvelle s'impose à bref
délai.
J'avais pris de nombreuses notes et j'espérais pouvoir citer les
plus belles sortes exposées par chaque concourrant; mais réflexion
faite, je renonce à ma première idée, car je serais obligé de
répéter trop souvent les mêmes variétés, ou bien si je ne les répé-
tais pas, d'être injuste envers quelques exposants.
Parmi les concourrants étrangers à Lyon, je signalerai en pre-
mière hgne M. de Reydellet, de Valence, le semeur émérite auquel
nous devons tant de belles variétés, qui nous a montré ses gains
nouveaux et anciens. Quatre exposants avaient envoyés de Châlon-
— 363 —
sur-Saône de fort belles collections : c'était d'abord celles de MM.
Abel Myard, amateur, et de M, Guénard fils, horticulteur, dont le
choix des variétés fait honneur aux connaissances de ces messieurs ;
leurs collections étaient présentées hors concours. Puis venaient
celles de MM. Mercier père et fils, et Degressj, beaucoup plus
nombreuses et renfermant les plus belles sortes de chaque section.
M. Hoste, horticulteur à Monplaisir, et M. Rozain-Boucharlat,
horticulteur à Cuire-lès-Lyon, prenaient part à quatre ou cinq
concours, avec un choix de variété de toute beauté. Bien belles
aussi étaient les collections de MM. Comte, horticulteur à Vaise,
et Combet-Cordier, horticulteur place Bellecour. MM. Valette,
amateur, à (/haponost ; Emile Geuiu, Descolle, àCharette; Verne,
à Tassi 1 ; Villard, à EcuUy, ainsi que M'"^ Rampont, avaient aussi
exposé de bien belles variétés. On trouvera, du reste, plus loin la
liste des lauréats.
Boulnrage des Pelargonlums à grandes fleurs. — Tel qui cherche la
petite bête, no parvient pas toujours à la trouver ; en revanche, on
la rencontre quelquefois sans la chercher. Autrefois, quand je culti-
vais les Pelargonlums à grandes fleurs, je prenais un soin tout
particulier des boutures de ce beau genre, et j'en manquais un
certain nombre, ce qui était assez désagréable, étant donné que
c'était toujours les variétés rares qui « fondaient » . Vous savez
s'il a fait chaud cette année, chaud et sec ; eh bien! en juillet,
contre un mur, en plein soleil, j'ai planté une douzaine de boutures
des Pelargonlums en question, et pas une n'a manqué. J'étais
presque vexé de cette réussite. Pensez donc, avoir pendant dix
ans soigné, ombré, bassiné, dorloté des boutures pour arriver plus
tard à apprendre que bassinage, ombrage et dorlotage constituaient
non pas des soins superflus, mais des tracasseries désagréables aux
plantes en question ; cela n'a rien de particulièrement flatteur, au
contraire.
Il ressort très clairement de mon essai que les boutures de
Pelargonium à grandes fleurs ne craignent nullement le grand
soleil ni la sécheresse.
Semis de Noisettes. — M. Pelletier père, horticulteur à Villeur-
banne, a présenté sur le bureau de l'Association horticole lyon-
naise, quatorze variétés de noisettes issues de la Noisette itnpériale
de Trébizonde. Sur cent noisettes de Trébizonde semées en 1878,
les neuf dixièmes environ ont levé l'année suivante ; les quatorze
présentées fructifiaient pour la première fois. De cette expérience,
on peut déjà conclure qu'il faut au moins six ou sept ans à un noi-
setier de semis pour fructifier. On sait que la noisette de Trébi-
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zonde est la plus belle des variétés à fruits globuleux ; elle mesure
25 millimètres dans son plus grand diamètre, et 25 millimètres
de hauteur. Sa cupule, qui est frangée, laciniée et dentée, est très
développée.
Veut-on savoir maintenant quels sont les caractères des semis de
cette variété hors ligne ? La connaissance de ces caractères n'est
pas faite pour encourager les semeurs, car aucune des variétés pré-
sentées ne vaut le type, et celles qui en approchent le plus sous le
rapport de la grosseur sont loin de pouvoir lui être comparées. Du
reste, on observe des variations dans ce semis qui portent non-seu-
lement sur la grosseur du fruit, mais sur sa forme, ainsi que sur
celle de la cupule.
Rose ihè La Neige. — Voici une variété de rose qui fera sensa-
tion. Très double et s'épanouissant bien, très grande et cependant
très gracieuse, d'une forme incomparable et d'un coloris blanc
pur. A demi penchée sur son pédoncule flexible, elle montre ses
longs pétales concaves qu'elle étale largement, laissant entre
chacun d'eux un espace où la lumière se joue en les éclairant de
reflets mats. Niphetos est surpassé.
Dans quelques années « La Neige » sera dans tous les jardins,
éclipsant les plus belles roses blanches.
Cette rose a été obtenue de semis par M. le chevalier Pierre
Perny, pianiste-compositeur, propriétaire de la villa « Champs
des Roses » , dans le département des Alpes-Maritimes, et pré-
sentée sur le bureau de l'Association horticole lyonnaise par M.
Joseph Pernet fils-Ducher, rosiériste, chemin desQuatre-Maisons,
à Lyon-Guillotière. Jugée par des connaisseurs, elle a emporté,
haut la main, un certificat de première classe. Les fleurs jugées
se sont épanouies dans les Alpes-Maritimes. M. Pernet fils a bien
voulu me confier les fleurs de cette rose pour en faire la descrip-
tion que voici :
Arbuste Feuilles variables de forme..., les supérieures voi-
sines des fleurs à trois folioles brillantes, ovales-lancéolées, à
stipules ciliées (comme celles des R. multiIJora et polyaniha) rouges
lie de vin, cahce d'un vert brillant, à sépales très étroits, garnis
de poils glanduleux. Boutons avant l'épanouissement de la fleur
franchement ovoïdes , légèrement terminés en col au sommet.
Corolle épanouie mesurant jusqu'à 12 centimètres de diamètre, à
pétales nombreux, arrondis, s'atténuant en coin à la base, blanc
pur, distant les uns des autres, ne se renversant pas, mais s'éta-
lant franchement en forme de coupe.
Je ne puis rien dire de plus de cette rose, si ce n'est qu'elle est
peu odorante et qu'elle appartient peut-être à une autre série que
celles de « thés » .
— 365 —
Infurmalions. — Chacua a pu voir, à Lyon, où il a été montré
par curiosité, un chêne monstre qui avait été extrait du lit du
Rhône ; ce vénérable représentant du genre Quercus, ce géant des
chênes, comme le nomme l'impressario qui le promène par le
monde, a un concurrent sérieux au jardin botanique de Berne. Ce
concurrent, qui mesure 6 mètres 50 de diamètre, a été découvert
dans les alluvions du canal de de la Zilh, près du petit village de
Scheuren, dans le canton de Berne (Suisse).
— « Le plomb des arbres fruitiers » , tel est le nom donné par
M. Prilleux à une maladie des arbres fruitiers. Dans cette maladie
le feuillage est caractérisé par une teinte toute particulière, glau-
que, avec un reflet métallique qui a pu être très naturellement
comparée à celle du plomb. Elle atteint particulièrement les arbres
à noyaux. M. Prilleux n'indique aucun remède à cette maladie et
ne précise aucune des conditions qui favorisent sa production. Il
se borne à examiner l'état auatomique des organes atteints.
— Voici le procédé que propose M. Muehlberg pour détruire
le puceron lanigère :
« On prend 30 grammes de tabac que l'on mélange avec
50 grammes d'alcool amylique et 2 décihtres d'esprit de vin ; on
laisse infuser pendant quelque temps et ensuite on ajoute 40 gram-
mes de savon mou, puis de l'eau de pluie jusqu'à concurrence
d'un litre. » V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 6 octobre 1885, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. J. Chrétien, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procès-verbal de la dernière réuaioa est lu et adopté sans obser-
vations.
Correspondance. — Lettre de M. Bou'ihxrlat aine, offrant de payer la diffé-
rence pour transformer en uue médaille d'or la médaille de vermeil votée en
assemblée générale pour récompenser la plus belle collection de 200 variétés
de Chrysanthèmes portée au programme du concours. Le programme étant
publié, rassemblée remercia M. Boucharlat ds son offri et regrette de na
pouvoir l'accepter.
Lettre de M. Métrai (Joseph), horticulteur à Villeurbanne, demandant la
nomination d'une Commission chargée d'apprécier lis résultats donnés par
l'application des drains aux Marronniers de la place BîlUcour. D.'-oit a été
fait à cetta demande; ont été nommés : MVI. Liibiul, Jj^saud aine, Devilla
jeune, Morel (Francisque), Cl. Jacquier fils et Viviand-Morel.
Circulaire de M. le Ministre de l'instruction publique, des Beaux-Arts et
des cultes accompagnant l'envoi du Programme des Sociétés savantes en 1886.
Ce programme est divisé eu cinq sections : 1° section d'histoire et de philo-
logie; 2° archéologie; 3° sciences économiques et sociales; 4° sciences
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mathématiques, physiques, chimiques et météorologiques ; 5* sciences natu-
relles et sciences géographiques. Dans cette dernière section, les questions
suivantes intéressent l'horticulture :
Etude des phénomènes périodiques de la végétation, dates du bourgeonne-
ment, de la floraison et de la maturité; coïncidence de ces époques avec
celles de l'apparition des principales espèces d'insectes nuisibles à l'agri-
culture.
Influence des plantations d'Eucaljptus au point de vue de l'assainissement
des terres marécageuses ; utilisation de ces arbres.
Comparaison de la flore de nos départements méridionaux avec la flore
algérienne.
Etude des arbres à quinquina, à caoutchouc et à gutta-percha; quelles sont
les conditions propres à leur culture? De leur introduction dans nos
colonies.
Etudier l'influence de la chaîne des Cavennes dans les limites apportées à
la propagation vers le Nord des esfèces végétales et animales de la région
méditerranéenne.
M. Chrétien dépose sur le bureau et donne lecture du rapport de la Com-
mission chargée d'examiner les cultures et les nouvelles variétés de Cannas
de M. Crozj,
Ce rapport, concluant à accorder à M. Crozy une médaille d'or, les con-
clusions, mises aux voix, sont adoptées, ainsi que l'insertion du rapport dans
le Lyon- Horticole.
Publications. — M. Viviand-Moral dépouille la correspondance imprimée
et appelle l'attention de la Compagnie sur les Revues contenant des articles
intéressant l'horticulture de notre région.
Présentations. — Il est donné lecture de 5 candidatures, sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis à l'unanimité et sans protestation, membres de
notre Association, les candidats présentés à la dernière réunion. Ce sont :
MM, Rosier (Frac cois), propriétaire, 23, montée Rey, Croix-Rousse-Lyon,
présenté par MM, Cl. Jacquier et Viviand-Morel,
Lerte, maître-serrurier à Sainte-Foy-lès-Lyon, présenté par MM.
Jussaud et Desroches.
Charmond (Jules), horticulteur pépiniériste, cultivateur de plants
américains, à Saint-Clémentles-Mâcon (Saône-et-Loire), présenté
par MM. Roux et Viviand-Morel,
Gagnin, jardinier-chef à r<=cole de Cluny (Saône-et-Loire, présenté
par MM, Roux et Viviand-Morel.
Durand, pharmacien à Tassin-la-Demi-Lune, présenté par MM Jouteur
fils aîné et Ponnet.
Billard (André), 59, grande rue du Rhône, Lyon, présenté par MM.
Jules Chrétien et Siraud.
Condamin (Claude), horticulteur à Mornant (Rhône), présenté par
MM. Molin et Joanny Brenier.
Gaillat, marchand de graines, II, grande rue de la Croix-Rousse,
présenté par MM. Molin et Didier-Michel.
Faure, jardinier chez M. de la Bastie, au château de Belvey, par
Pont-d'Ain, présenté par MM. Ponsard et J. Jacquier.
Jamain, jardinier chez M. Galetier, à Tassin (Rhône), présenté par
MM, Ri voire et F, Morel,
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à La Pape, cinq beaux et
forts pieds de Bégonias bulbeux, ainsi que des fleurs coupées ; ces fleurs sont
très grandes, d'un joli coloris, et les plantes ont un port bien érigé,
Pai- M, Chaninet, horticulteur à Saint-Priest : 1° six variétés de Dahlias
de semis ; 2" plusieurs Poires de semis issues du beurré Clairjeau, fruit très
beau et plus renflé que le B, Clairjeau.
— 367 —
Par M. Villard, jardinier chez M. Vachon, à Ecully : 1» un pot et des tiges
coupées de la Fraise Belle améliorée; 2° un beau et fort pied d'Epinard lent
à monter, d'un grand développement, ayant plus de 40 centimètres de
diamètre; 3° un pot de Bégonia Louis VanHoutte et Caroline Sohmitt; ces
deux variétés, placées et cultivées dans le même pot, ont pris une bonne
dimension et sont bien fleuries.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin : 1° des tubercules de
Patates rouges et blanchas ; 2° des racines de Chervis ; 3° des tiges de
Fraises des Quatre-Saisons.
Par M. Ilozain-Boucharlat, horticulteur à Cuire-lès-Ljon, une collection
de Chrysanthèmes bien variés, telles que : Pjnaërt, l'Africaine, Fleur d'été,
J.-H. Lang, Bouquet Estival, Roi des précoces, Lackmé, Madame Blanche,
Mandarin et une de semis à fleurs blanches.
Par M. Crozj, horticulteur, grande rue de la Guillotière, 207, Lyon,
plusieurs variétés de Dahlia gracilis de semis.
Par M. Chardon, jardinier ch'^z M. Clayette, 33, rue de l'Enfance, Lyon,
trois pieds de Céleri turc à grosses côtes et un remarquable échantillon
comme développement de Cardon Puvis inerme.
Par M. Bellin, jardinier chez M. Rozier, montée Rey, 23, Lyon, un pied
de Cypripedium insigne (variété).
Par M. Messa. horticulteur à Rillieux (Ain), une très jolie collection de
Pensées anglaises à très grandes fleurp, bien variées comme coloris.
Par M. Boucharlat jeune, cinq Véioniques de semis dont une d'autre pro-
venance ; deux sont à feuilles panachées et à fleurs rouges disposées en pani-
cules, et une V. Hendersonii à fleurs blanchei».
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, 4, Lyon-Croix-Rousse : 1» un pied
de Crassula stachyura, plante trapue, feuilles courtes obtuses, opposées,
cendrées; inflorescence axillaire formant, comms son nom l'indique, un long
épi fleuri; fleur rose pâle, bouton carmin ; 2° Crassula gracilis, fleur pourpre
foncé, plante naine; 3" un pied en fleurs de Grevillea Pressei ; i" un pot du
remarquable Bégonia Gogoensis à feuilles peltées comme les Nelombium ;
5° Nephrodium Rodigasianum , et 6° Dracœna Goldiœana.
Par M. Morel flls, rue du Souvenir, Lyon-Vaisa : P un pied en pot de
Yucca glaucescens variegata, variété très réguiiècjment panachée de jaune,
d'un bel eff'et, aussi rustique que les Yucca gloriosa,e\,a.\ 2° un pied en pleine
floraison de Spirœa Bumalda, variété qui est en fleur depuis juin jusqu'aux
gelées, fleurs disposées en ombelle, d'un beau rose vif, excellente plante
pour massifs et bordures de massif d'arbustes ; 3° un rameau A' Ampélopsis....
variété à ftuilles panachées fe couvrant dès l'automne de fruits d'un bleu
turquoise; très bonne acquisition pour garnir les tonnelles et les murs.
Par M. Bernaix, rosiériste, cours Lafayette, 63, Villeurbanne, des pieds
de Rosa polyantha de semis. A propos de cette présentation, M. Viviand-
Morel lait ressortir les avantages que présente celte espèce pour la multi-
plication du Rosier. Les sujets déposés sur le bureau, qui sont bien dévelop-
pés, sont des semis de 1884. Contrairement aux autres espèces employées
pour la greffe, les graines de o.lle-ci lèvent la même année et on peut même,
quelque temps après les semis, greifer à œil dormant les sujets qui devienent
forts et vigoureux. Gomma il produit beaucoup de chevelu, ce sera un bon
sujet pour la culture des rosiers en pots.
Le Rosa polyantha présente un mode de multiplication à étudier, et comme
les expériences qui ont été faites n'ont donné jusqu'ici que de bons résultats,
il y a donc lieu de les continuer, afin de les faire admettre au plus tôt dans
le domaine de la pratique horticole.
Pour juger tous ces apports, il est nommé deux Commissions composées
de MM. L. Lille, Boucharlat jeune, Deville, Pelletier et Gorret pour les
apports de la culture maraîchère et fruitière; de MM. Pitaval, Cousançat,
Jussaud, Musset, Hoste, pour les apports de la culture florale.
Ces Commissions, après un sérieux examen, proposent d'accorder :
— 368 —
Une prime de 3° classe à M. Chardon, pour ses Céleris et Cardons.
— 3° » à M. Villard, pour ses Epinards et Fraises,
— 3° )) à M. Villard, pour ses Bégonias.
— 3° » à M. Guerry, pour ses Pa'ates et Fraises.
— 3° » à M. Guerry, pour ses racines de Chervis.
— 2° » à M. Champalle, pour ses Bégonias de semis.
— 1" B à M. Boucharlat jeune, pour ses Véroniques à
feuilles panachées et à fleurs rouges.
— 2" B à M. Messa, pour ses Pensées.
— 3« 0 à M. Bellin, pour son Cypripedium insigne.
— 2° » à M. Crozy, pour ses Dahlias gracilis de semis.
— 2° » à M. Morel fils, pour l'ensemble de son apport.
— 2" » à M. Liabaud, pour ses deux Crassula.
— F" » à M. Liabaud, pour le reste de son apport.
— 2° » à M. Rozain, pour ses Chrysanthèmes et plus
particulièrement pour sa variété à fleurs blanches de semis.
Pour les autres apport?, les Commissions demandent l'inscription au
procès-verbal.
Toutes ces propositions, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
L'assemblée procède ensuite à la nomination du jury pour le concours de
Chrysanthèmes des 14 et 15 novembre.
Sont nommés : MM. J. Chrétien, Comte, Jussaud, Belisse, Girard, Lasson-
nerie aîné, Boucharlat aîné, Lassonerie jeune et Charles Laroche.
Renouvellement de la partie sortante du Conseil d'administration.
Sont nommés : M. Therry, M. le D"' Ponet, M. Rochet, M. Musset,
M. Pitaval, M. Labruyère.
Sur la proposition de M. Pitaval, l'assemblée décide d'adresseï à notre
Président, M. Dutailly, une lettre de félicitations d'avoir été réélu député de
la Haute- Marne.
M. le Secrétaire général est prié de faire parvenir à M. Dutailly la déci-
sion de la réunion.
Vu l'heure avancée, la suite de l'ordre du jour est renvoyée à la prochaine
séance.
La séance est levée à 4 heures un quart. Le Secrétaire- Adjoint, J .Nicolas.
Concours de Chrysanthèmes
Tenu les Samedi 14 et Dimanche 15 Novembre 1885
par l'Association Horticole Lyonnaise. Salle des Réunions
industrielles, Palais du Commerce.
Membres du Jury : MM. B. Comte, N. Helissk, J. Chrétien, Jussaud,
Lassonnerie Frères, Laroche et Girard.
Président, M. Comte, — Secrétaire, M. Girard.
Premier Concours. — Pour une ou plusieurs variétés obtenues par
l'exposant et n'étant pas dans le commerce.
Grande médaille d'argent, M. Roziin-Boicharlat, horticulteur à Cuire-lès-
Lyon. — Méd. d'argent, M. de Roydellet, à Valence.
Deuxième Concours.— Collection des 25 plus belles variétés obtenues
et m.ises au commerce par l'exposant.
Médaille d'argent, M. de Reydellet.
Troisième Concours. — Pour la plus belle collection de 200 variétés
comprenant tous les genres.
Médailles de vermeil (ex-wquo), M. Ilosle, horticulteur à Monplaisir-lès-
Lyon, et Kozain-Boucharlat. — Grande MoJ. d'argent MM. Mercier père et
fils, horticulteurs à Chalori-.'ur-Saône. — Méd. d'argent, M. Degressy, horti-
culteur à Chalon. — Hors concours, M. Valette, amateur à Chaponost
(Rhône).
— 369 —
Quatrième Concours. — Pour la plus belle collection en 100 variétés
comprenant tous les genrea.
Grandes Médailles J'argeni {ex-œqm), MM. Hoste et Rozain-Boucharlat.
— Méd. d'arg:ent {ex-cei/uo)^ M. Combet-Cordier, fleuriste, place Bellecour,
à Lyon, et M. Descolle, jardicier cIipz M. le comte de Chardonnet, à
Charelte (Isère). — Hors concours ; MM. de Reydellel, de Valence, Guanard
fils, horticukeur, à Chalon-sur-Saône ; Abel Mjard, amateur à Clialon, et
B. Comte, horticulteur à Lyon-Vaise.
Cinquième Concours. — Pour la plus belle collection de 50 variétés
de la série Japonaise.
Grande Médaille d'argent [(ex-œquo), MM. Hoste et Rozain-Boucharlat.
— Méd. d'argent, MM. Mercier père et fils. — Méd. da bronze (ex-œquo),
MM. P. Dâgressy, VUlard ot Verne.
Sixième Concours. — Pour les 25 plus belles variétés.
Médaille d'argent, M. Hoste. — Méd. de bronze, MM. Rozain-Boucharlat,
Emile Genin et Madame Rampent.
Typha lat folia
KéJuit au 10« de .sa grandeur.
Valeriana dioïca
Réduit au 1/3 de sa grandeur
Plantes de Marais
lyplia lali folia (Massette à larges feuilles). — Noms vulgaires :
Masse-d'eau, Chandelle-d'eau, Masse-au-bedeau , Roseau-des-
étangs, Roseau-de-la-Passion, Lambourdeau.
Le genre lijplta est répandu dans toute l'Europe, où il croît
dans les étangs, les fossés aquatiques, les marais et les bords des
~ 370 —
ruisseaux. On l'a signalé en Suisse, en Autriche, en Russie, en
Grèce, en Espagne, en Portugal, en France, etc. On en compte
un certain nombre d'espèces quelquefois très voisines ; parmi les
plus répandues, on peut citer les suivantes : T. lalifulia, anguslifolia,
minima, angxistala, slenoplnjUa, Laxynmi, glaiœa, etc. Le TypIialaUfolia,
ci-contre représenté, est une plante très utile qui peut servir à
orner les pièces d'eau. Sa racine (rhizome) sert de nourriture
aux kalmoucks ; elle contient une substance féculente qui devient
rose au contact de l'air. En Europe, on mange en salade, dans
quelques pays, les racines et les jeunes poussés confites au vinaigre.
On fait, avec des feuilles, des couvertures pour les petits bâtiments
ruraux ; on en fait aussi des nattes, des paillassons ; on en rem-
bourre les chaises, calfeutre les bateaux, les tonneaux ; les
jardiniers en attachent quelquefois les greffes. On a fait des
chapeaux avec le duvet qui accompagne les graines; le même
duvet peut remplacer le coton dans la brûlure, et le pollen, qui
est très abondant, remplace souvent la poudre de lycopode.
Caltha palustris fl. pleno.
Sommité réduite au 1/3 de sa grandeur.
Hydrocotyle vulgaris
Réduit k la moitié de sa grandeur.
Comme nous l'avons dit, quelques touffes de Typha font un
bel effet dans une pièce d'eau, mais il importe de ne pas lui laisser
envahir toute la place en le plantant dans un vieux tonneau ou
autre ustensile qui mette obstacle au développement des stolons.
Faleriana dioïca (Valériane dioïque). — Les Valérianes, surtout
la Valériane officinale, sont des plantes bien connues à cause de
leurs propriétés médicinales. On sait, en eiïet, que les racines de
cette plante constituent un remède très efficace dans presque toutes
les maladies nerveuses; c'est un antispasmodique énergique, qui a
donné d'excellents résultats dans le traitement des vapeurs,
migraines, céphalalgie, et surtout dans l'épilepsie.
— 371 —
Les chats sont particulièrement attirés par l'odeur de sa racine ;
ils accourent dans les jardins où elle se trouve et se roulent sur
elle. Elle paraît exercer sur eux une action enivrante.
La Valériane dioïque, ci-contre représentée, possède toutes les
qualités de la V. officinale, mais surtout comme plante pouvant
servir à la décoration des endroits humides que je la signale ici.
C'est une espèce très intéressante, fort robuste, que ses jolies
fleurs blanches recommandent à l'attention des amateurs. Sa
culture ne demande aucun soin particulier ; il suffit de la tenir
constamment humide.
Elle se multiplie par semis et par la division des souches. Elle
croît à l'état spontané dans les marais de toute l'Europe.
Hijdrocolyle vulgaris. — L'Hydrocotyle vulgaire, également
connue sous le nom d'Ecuelle d'eau, est une petite plante indigène
à tiges rampantes, à feuilles petites, orbiculaires, d'un beau vert
brillant qui recouvre très vite le sol où elle croît. Elle pourrait
fort bien former un lapis do verdure, d'un aspect particulier, dan»
les endroits humides des jardins, autour des pièces d'eau, etc.
Sa fleur est absolument insignifiante au point de vue ornemental.
L'Hydrocotyle vulgaire appartient à la famille des Ombelhfères
dont elle n'a du reste nullement l'aspect. Elle était jadis employée
en médecine et avait la réputation d'être détersive, vulnéraire et
diurétique. On la trouve à l'état sauvage dans les marais d'une
grande partie de la France ; c'est assez dire qu'elle est parfaite-
ment rustique et que sa culture n'offre aucune difficulté. Dans le
reste de l'Europe, elle est signalée dans les pays suivants : Suisse,
Autriche, Allemagne, Hollande, Danemark, Iles Britanniques,
Suède et Norwège, Portugal, Espagne, Italie, Crète, Russie.
Son rôle, dans les jardins, se bornerait du reste à faire de
curieuses bordures ou à garnir, comme le ferait un gazon, le
fond d'une plantation d'espèces marécageuses.
Caltlia palusiris. — Le genre Caltha ne comprend guère qu'une
seule espèce, car le Caltha radicans Forst, qui croît en Ecosse,
est plutôt une forme qu'une espèce telle qu'on les admet actuel-
lement. Dans les jardins, on cultive surtout la variété à fleur
double, mais il y a [ilusieurs autres variétés distinctes qui vivent
dans les marais. On a signalé ie Caltha palusiris en France, en
Suisse, en Autriche, en Allemagne, en Suède^ en Norvège, en
Russie, en Hongrie, en Grèce, en Turquie et ailleurs.
Le Callha palusiris est très robuste ; il lui suffit d'être planté
dans un terrain humide pour se développer vigoureusement et
donner de nombreuses et belles fleurs jaunes. La variété à fleur
double est moins vigoureuse que le type, mais ses fleurs durent
— 372 —
beaucoup plus longtemps. Les Calthas se multiplient de semis et
par division des toutfes. Le semis se fait aussitôt la maturité des
graines, la germination a lieu au printemps.
On divise les souches de Caltha au mois de septembre.
On peut très bien le cultiver en pot et en orner les pièces
d'eau ; il faut alors lui donner de grands vases et le rempoter dans
la terre tourbeuse. Th. G.
Note sur les Fusains à feuilles persistantes (suite) (l).
Dans le numéro précédent de ce journal, nous avons montré
quelle confusion régnait dans la nomenclature des variétés de
Fusains du Japon, il nous reste maintenant à signaler les noms que
nous avons adoptés dans nos cultures et à les faire suivre d'une
courte diagnose. Avant de commencer nous dirons que nous avons
adopté la terminaison féminine pour les variétés d'Evonymus, bien
que le genre lui-même, contrairement à la plupart des arbres, soit
masculin. Nous avons adopté cette terminaison parce que le plus
grand nombre des horticulteurs, y compris feu A. Lavallée, sont
de cet avis. En mettant la terminaison féminine on sous-entend
varictas (variété). De très bons auteurs font cependant accorder le
genre des noms de variétés avec celui de l'espèce à laquelle elles
appartiennent. Les avis étant partagés sur cette question, il serait
bon de s'entendre une fois pour toutes et ne pas écrire les uns au
masculin, les autres au féminin.
Evonymus japonicus Thunb.
Variétés horticoles. — 1'" section : Feuilles toutes vertes.
1° Evonymus japonicus type. — Feuilles d'un beau vert foncé,
dressées, elliptiques, courtement pétiolées, crénelées, celles du
sommet des rameaux plus larges que les inférieures ;
2" Pyramidalis (F. pyramidal). — Feuilles planes, luisantes,
elliptiques, quelques-unes presque rondes, arrondies au sommet, à
dents émoussées, très courtes. Plante d'une bonne tenue consti-
tuant une excellente variété ;
3° Firidis (F. verdoyant). — Le nom de cette variété est on ne
peut plus malheureux attendu que tous les Evonymus non pana-
chés sont à feuilles vertes, c'est-à-dire viridis. Plante voisine du
type, mais à feuilles plus petites, d'une ellipse plus allongée, à
crénelures très courtes ;
4" Macrophjlla (F. à grandes feuilles). — Ainsi que son nom
l'indique, a les feuilles très grandes comparées aux autres sortes,
(1) Voir hyon-horlicole n° 21, pages 352 et suivantes.
— 3lS —
presque aussi larges que longues, d'une surface souvent deux fois
plus large que celle du type. Son port est légèrement étalé; la
plante est très robuste et très vigoureuse ;•
5° InterincUia (F. intermédiaire), — Excellente variété, d'une
bonne vigueur, à feuilles intermédiaires, comme grandeur, entre
le Fusain du Japon type et le Fusain à grandes feuilles ;
6° Prunifolia (F. à feuilles de prunier). — On a vendu sous ce
nom trompeur une variété à feuilles vertes, beaucoup plus petites
que celles des sortes précédentes, à port dressé, que j'ai mis à
l'étude ;
7° Lutescens (F. à feuilles jaunâtres). — Je classe la variété lules-
ccns dans les variétés à feuilles vertes. C'est une curieuse variété,
toutes les feuilles sont réticulées de lignes jaunâtres qui ressortent à
peine sur le fond vert brillant du limbe ;
8° Pulchella (F. mignon). — On ne dirait pas que cette sorte
est une variété du Fusain du Japon tellement elle en est distincte.
C'est une plante très naine, compacte, qui pourrait très bien rem-
placer le buis nain pour faire des bordures, à feuilles décussées, à
peine larges d'un centimètre, finement crénelées, denses, d'un vert
sombre.
2" SECTION. — Variétés panachées.
1° Large macule occupant le milieu de la feuille, celle-ci bordée d'une
large marge verte.
9° Àureo-picta (F. orné d'or). — Feuilles relativement étroites,
repliées en forme de tuile, dressées contre la tige, finement créne-
lées, marquées d'une belle macule jaune d'or au centre ;
10° Aureo-picta latifolia (F. orné d'or à larges feuilles). — Plante
voisine de la précédente, mais à feuilles plus larges et presque
planes. Macule centrale jaune d'or;
11° Aureo-picta stricta (F. orné d'or dressé). — Ainsi que son
nom l'indique cette variété a un port raide. La macule centrale est
beaucoup plus large que dans les deux variétés précédentes et d'un
jaune beaucoup plus blanc, comme diaphane. C'est la plus belle des
variétés à centre doré ;
12° Duc d'Anjou. — Variété très vigoureuse, fort distincte, à
feuilles étalées, larges, A'ert sombre, brillant, irrégulièrement
maculé au centre de vert très clair à reflet argenté.
2° Feuilles marginées de blanc ou de jaune.
13" Foliis argenleis (F. à feuilles argentées). — La plus ancienne
des variétés panachées. Feuilles à pourtour irrégulier, comme éro-
dées, bordées d'un fin liséré d'argent avec des taches irrégulières
très pâles, vert argenté ;
— 374 —
14° Foliis arfjenleis longifolia (F. argenté à longues feuilles). —
Variété voisine de la précédente, s'en distingue par des feuilles plus
étroites, une bordure argentée plus nette et des macules plus appa-
rentes ;
15" Flavesccns (F. à feuilles panachées de jaune blanchâtre). —
Marginé de vert jaunâtre sur les bords et panaché de vert pâle
irrégulièrement ;
16° Elegam albo-marginata (F. élégant marginé de blanc). —
Nouveauté d'un grand mérite, très distincte, avec une bordure
blanc d'argent, s'élargissant au sommet et maculées çà et là de
taches vert clair sur fond vert foncé ;
17° Jureo-variegala laiifoUa (F. panaché de jaune à larges
feuilles). — Très belle variété, vigoureuse, avec une large bor-
dure jaune, quelquefois un peu pâle, à crénelures bien marquées,
à pourtour régulier;
18° Jlbo-variegata lalifolia (F. panaché de blanc à larges feuilles).
— Excellente variété, une des meilleures, à feuilles un peu con-
caves , largement bordées de blanc lavé de jaune d'or , avec de
larges stries blanc grisâtre à reflet métallique au centre de la
feuille ;
19° Àrgenlea rolundifolia (F. argenté à feuilles rondes) — C'est
sans contredit la plus belle de toutes les sortes de Fusains du Japon
à feuilles panachées. Ces feuilles ne sont pas rondes, comme sem-
ble l'indiquer son nom, mais elles sont largement elliptiques. Avec
une large marge argentée , de belles stries alternativement gris
d'argent et vert brillant.
En dehors de l'Evonymus japonicus, le Japon possède encore
plusieurs autres espèces distinctes. Ce sont :
1° Evomjmiis radicans Sieb et Zucc. que l'on trouve souvent
dans les cultures sous le nom à'E. japonicus crispa Hort. ; cette
espèce a également une variété ponctuée ;
2° Evomjmiis gracilis Sieb, beaucoup plus souvent nommé parles
horticulteurs E. radicans. Les variétés de cotte espèce que l'on cul-
tive beaucoup sont au nombre de cinq, connues dans le commerce
sous les noms d'^. radicans, E. radicans foliis argenleis^ E. radicans
major, E. radicans major foliis argenteis, E. radicans Iricolor.
Ces variétés sont d'excellentes plantes d'une rusticité à toute
épreuve, très ornementales, qui ont leur place marquée dans tous
les jardins pour garnir les rocailles, tapisser les muraille?, aux-
quelles elles s'attachent à la façon du lierre, faire d'excellentes
bordures ou avec l'aide d'un tuteur constituer de belles colonnes
de verdure.
Greffes sur de belles tiges droites de Fusain d'Europe, le Fusain
du Japon et ses variétés ainsi que le Fusain radicans poussent très
— 375 —
vigoureusement et forment de très jolies têtes qui, avec l'âge,
pourraient jouer un rôle analogue à celui que jouent les Lauriers
d'Apollon en Russie ou dans d'autres pays du nord de l'Europe.
Du reste, comme je l'ai dit en commençant, les Fusains s'ac-
commodent des sols les plus ingrats et des plus mauvaises exposi-
tioBS : partout ils donnent à profusion leur brillante verdure.
Louis GoRRET, horticulteur,
rue du Bourbonnais, Lyou-Vaise.
Les Chrysanthèmes à Londres.
L'Exposition de Chrysanthèmes, organisée chaque année par
« tlie National Chrysan'licmum Society » , se tenait les 11 et
12 novembre dernier au » Royal Aquarium ».
Ce (I Royal Aquarium » est un immense « Hall » , qui n'a
d'aquarium que le nom, comme il y en tant à Londres, et qui, tout
en étant grandes salles de théâtre où se donnent des concerts ou
autres divertissements, servent en même temps aux expositions de
toutes les industries. Grâce à une association très ingénieuse entre
les différentes Sociétés horticoles et autres et les Administrations
de ces hall, chaque société, à peu de frais, peut montrer ses
produits aux amateurs.
Cet arrangement permet donc aux horticulteurs de faire ces
nombreuses expositions partielles, qu'on voit à Londres dans le
cours de l'année.
Pour ces deux journées, malheureusement favorisées par un
temps comme on n'en voit qu'en Angleterre, c'est-à-dire un temps
si sombre qu'on est obligé d'éclairer le gaz à midi, les Chrysan-
thèmes faisaient donc les frais de décoration et le principal attrait
de l'établissement.
L'Exposition comprenait de nombreuses collections de fleurs
coupées, rivalisant toutes de grandeur et de beauté, et des fortes
plantes fleuries, spécimens des meilleures variétés de la plante de
marché couvertes de fleurs, et dont le nombre remplaçait la largeur
des premières citées, destinées celles-là aux bouquets, garni-
tures, etc. Ces multiples collections étaient étalées avec soin sur
de longues tables, tandis que les secondes formaient de gros
massifs aux couleurs variées, surmontés des indispensables
palmiers.
Citer toutes les variétés, cependant dignes d'intérêt pour les
collectionneurs, ce serait rédiger un catalogue ; je citerai donc
seulement les principales. Fleurs coupées, les plus belles japonaises :
— 376 —
Elaine, blanc très pur.
M"« Lacroix, blanche.
Fanny Boucharlat, blanc crème.
M"" Cl. Audiguier, rose.
Baronne de Prailly, rose.
Oracle, rose pourpre.
Peter the great, jaune citron.
Thunberg, jaune clair.
Soleil-Levant, jaune pâle.
Comte de Gerrainy, rayé cramoisi.
Golden Dragon, jaune.
Critérion, jaune.
Enfin, Jeanne Dclaux, sombre violet, dont j'ai mesuré une fleur
de 0"'20 de diamètre .
Dans la section nommée Incurved Chrysanlhemum, les plus remar-
quables étaient :
Jardin des Plantes, jaune.
M. Bunn, jaune.
Golden Empress of India^ jaune or.
Princess Impérial, jaune clair.
Empress of India, blanc pur.
Jeanne d'Arc, blanc rosé.
Queen of England, blanc rosé.
Lord Wolseley, or rouge.
Quelques Anémone- flor a, dans les meilleures
Lady Margaret, blanc. I George Sand, jaune et rouge.
Fleur de Marie, blanc. 1 Gluck, jaune.
Mais la couleur des mêmes variétés varie d'après les genres de
culture, climat, etc.
Les fortes plantes formant les groupes étaient en grande partie
tuteurées en ombelles, d'autres en arbre ou à tige, quelques-unes
en formes pyramidales; parmi elles, je note :
La Nymphe, rosâtre.
Prince of Wales, pourpre panaché.
John Salter, rouge orange.
M" Dixon, jaune.
Guernosey Nugget, jaune.
Golden Empress of India, jaune.
Une Sœur Mélaine, couverte de fleurs blanches, était montée sur
un vrai système de tuteurage, et, quoique n'étant que dans un pot
de 8 pouces environ, formait à elle seule un massif de deux mètres
de diamètre mesuré exactement.
Quelques autres prbfltaient de cette occasion pour exposer quel-
ques fruits et légumes, tous d'une culture et d'une force remar-
quables.
Les exposants étaient pour la plupart des chefs jardiniers de
maisons privées; quelques horticulteurs seulement, parmi lesquels
MM. Cannel et Sons, Davis, Stevens, Weitch, etc.. etc.
Elle MÉTRAL.
CATALOGUES
A. Marchand fils, hnrliculteur- pépiniériste, à Poiliars (Vienne). —
Catalogue prix-courant des arbres Iruiliars, forestiers et d'ornement, arbus-
tes, conifères et rosiers cultivés dans l'Etablissernsnt. — Aztlées de l'Inde,
Bégonias bulbeux, Camellia?, Chamœrops, Jaunes l'iants de lou'.os ^orte^",
Magnolias, Plantes deserre.», Vignes, etc.
— Victor Chanavat jeune, horticuUeur-vitioalteur, marchand grainier,
2, ruo de la Charité, à Vienne (Isère). — Prix-courant de Vignes françaises
greffées et soudées sur l'. Riparia, production directe, etc.
Le GÉRANT : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1885 DÉCEMBRE N» 23
»*AJ»!tM^iM^M*
CHRONIQUE
Rabelais horliculteur. — On a prétendu que Rabelais avait intro-
duit en France la culture de la Romaine ; cela n'est pas bien
démontré, mais ce qu'on sait d'une manière certaine, c'est que
l'illustre auteur de « la vie de Gargantua et de Pantagruel » s'in-
téressait aux choses du jardinage, ainsi qu'on peut le voir au Livre
quatrième, chapitre liv, de la suite du Pantagruel, ayant pour
titre : Comment Ilomenaz donne à Pantagruel des poires de Bon
chrklian .
« En fia de table, Homenaz nous donna grand nombre de
grosses et belles poires, disant :
« — Tenez, amis : poires sont singulières, lesquelles ailleurs ne
trouverez. Non toute terre porto tout : ladie seule porte le noir
ébène ; en Sabée provient le bon encens ; en l'île de Lemnos la
terre sphragitide; en cette île seule naissent ces belles poires.
Faites en si bon vous semble pépinière en vos pays.
« — Comment, demanda Pantagruel, les nommez-vous? Elles
me semblent très bonnes et de bonne eau. Si on les cuisait en
casserons par quartiers avec un peu de vin et de sucre, je pense
que ce serait viande très salubre, tant es malade comme es sains.
« — Non auUrement, répondit Homenaz. Nous sommes simples
gens, puisqu'il plaît à Dieu. Et appelons les figues, figues; les
prunes, prunes; et les poires, poires.
(I — Vraiment, dit Pantagruel, quand je serai en mon ménage,
j'en af fierai (1) et enterai en mon jardin de Touraine, sur la rive
gauche de la Loire, et seront dites poires de bon Christian. Car
onques ne vit christians meilleurs que sont ces bons papimanes... »
(1) Affier, planter, greffer, de affiyo. Enter, greller.
378
On trouve dgalement dans la correspondance de Rabelais,
publiée par les frères Scévole et Louis de Sainte-Marthe, une lettre
datée de Rome, écrite à l'évêque de Maillezais, dans laquelle
maître François donne d'excellents conseils sur la culture potagère.
« Touchant les graines que je vous ai envoyées, écrit-il, je
vous puis bien assurer que ce sont les meilleures de Naples, et
desquelles le Saint-Père fait semer en son jardin secret du Belvé-
dère. D'autres sortes de salades ne ont-ils par de ça, fort le Nasi-
lord cl Carroussa. Mais celles de Legugé me semblent bien aussi
bonnes et quelque peu plus douces et amiables à restomach,même-
ment de votre personne; car celles de Naples me semblent trop
ardentes et trop dures. Au regard de la saison et semailles, il fau-
dra avertir vos jardiniers qu'ils ne les sèment (il s'agissait de
graines envoyées à M""' d'Estissac) du tout si tôt comme on fait de
par de ça ; car le climat n'est pas tant avancé en chaleur comme
ici. Ils ne pourront faillir de semer vos salades deux fois l'an,
savoir et en carême et en novembre, et les cardes ils pourront
semer en août et septembre ; les melons, citrouilles et autres en
mars; et les armer certains jours de jonc et de fumier léger et non
pourri, quand ils se douteront de la gelée. On vend bien encore ici
des œillets (V Alexandrie, des violelles maUonales, d'une herbe dont ils
tiennent en été leurs chambres fraîches, qu'ils appellent Belvédère.
Mais ce serait plus pour M""* d'Estissac. S'il vous plaît de tout, je
vous en enverrai sans faute. »
Arbouse. — « Un nouveau fruit vient de faire son appai'ition à
Paris ; c'est l'arbouse, fruit de l'arbousier, fruit commun en Algé-
rie. Très séduisant d'aspect, l'arbouse ressemble à la fraise ; son
goût est loin de répondre aux promesses de l'enveloppe.
I' Par contre, l'arbouse fournit d'excellentes confitures. »
J'ai lu cette petite note il y a déjà quelques jours dans un jour-
nal de Paris ; elle m'a intéressé parce qu'elle m'a rappelé qu'avant
1870, il y avait de très forts arbousiers au Parc de la Tête-d'Or, à
Lyon, qui donnaient des arbouses bonnes à manger.
A bonne exposition, l'arbousier, arbrisseau de l'Europe méridio-
nale, peut remonter assez haut vers le Nord et y mûrir souvent ses
fruits, car je me souviens d'en avoir vus de forts beaux dans les
jardins des vallées chaudes du Bugey, notamment à BeUey, dans
l'Ain.
L'arbousier n'est pas seulement commun en Algérie, carilest
indigène en France (Bayonne, La Rochelle, etc.), en Espagne
(Aragon, Asturies, Estramadure, etc.), dans les Iles Baléares, en
Portugal, en Italie, dans leTyrol, laCarniole, laDalmatie, la Grèce,
la Turquie, etc. 11 s'agit de YJrbulus Unedo, bien entendu, car
— 379 —
VJrbulus Andrachne. est moins l'épandu. On le signale seulement en
Europe dans la Grèce, la Turquie et la Taurie. l'Arbulus inleijnfuUa
Lam, et Skberi Kl sont des Cretois. On signale encore les Arbutus
procera Dougl. Menziczi Pursli de l'Amérique septentrionale, cuna-
riensisYeiW., etc., etc., et plusieurs autres hybrides ou variétés.
Il parait C[n'Arbulus vient du celtique arbois, fruit raboteux. Vir-
gile nommait son fruit arbiilum, disant :
.... Cum iam glandes atque arbutit sacra;
Deficerent siluœ.
Les Grecs nommaient l'arbousier Comaros et son fruit Memecylon .
Pline nomme le fruit de l'arbousier Vnedo parce que c'est un fruit
peu estimé dont on ne saurait manger plus d'une fois. Galien pré-
tend que rtZ/ief/o n'est pas le fruit de l'arbousier mais de l'Epiraelis,
usant de ces mots :
« L'Epimelis est une plante âpre, et pour mieux dire, un pom-
mier sauvage. Les paysans d'Italie l'appellent Unedo; il en croit à
force eu Calabre n
On appelle également arbousier VArdo-laphijllos Uva-ursi, plus
connu sous le nom de Busserole et de raisin d'ours.
Fleur monslnu'use de Fuschia. — M. B, Chagny, jardinier chef
chez M. de Jerphauion, m'a adressé une tieur monstrueuse qui s'est
développée dans ses cultures sur la variété de Fuchsia connue dans
les collections sous le Jiom de Miss ffelsh. La lieur anormale avait
cela de particulier qu'elle contenait vingt-quatre étamiues, douze
divisions calycinales et un seul pistil très fortement développé. Elle
semblait résumer trois Heurs ordinaires pour la grandeur et le nom-
bre des organes. Elle s'est développée au sommet d'un rameau.
Les anomalies analogues ne sont pas rares sur je Fuchsia qui est
fort souvent affecté de différentes déformations. Engelman en a fait
connaître plusieurs sortes, moi-même j'en ai présenté à la Société
botanique de Lyon de très curieuses.
Au point de vue horticole, il ne faut pas négliger lestleui's mons-
trueuses. Dans beaucoup de cas, elles peuvent, au moyen de la
fécondation, aider à ébranler les types l'ebelles à produire des
variétés.
Miniature. — M. Alégatière, horticulteur à Monplaisir, a pré-
senté sur le bureau de l'Association horticole lyonnaise la variété de
Rosier qu'il a livrée au commerce l'an dernier sous le nom de
Miniature. La présentation en a été faite « en fleurs et à racines nues. »
C'est incroyable comme les fleurs de cette variété sont petites,
mignonnes et nombreuses ; il y avait plus de cent boutons sur l'iu-
— 380 —
dividu en question, et ces cent boutons microscopiques étaient por-
tés par des rameaux dont la hauteur ne dépassait pas 20 centimè-
tres ; la touffe entière n'avait pas un diamètre beaucoup plus consi-
dérable. Le présentateur a fait remarquer que lorsque le Rosier
Miniature était franc de pied, il pouvait très bien se relever de pleine
terre en bouton et continuer de lleurir en serre. Le fait est que le
sujet présenté avait, sans aucun pivot, un chevelu, un réseau de
racines tellement épais que rien ne s'opposait à les faire entrer
entièrement dans un pot de petite dimension.
Le mot Miniature indiquant un caractère est assez bien trouvé.
Mais autrefois ce nom n'aurait rien valu parce que le mot Miniature
(du latin miniumj, était seulement donné aux peintures qui accom-
pagnaient les manuscrits, c'étaient de simples traits marqués en
marge et aux initiales avec le minium. On a ensuite appliqué ce mot
aux petits portraits peints avec le minium et le vermillon, ainsi
qu'aux peintures de petites dimensions. DeliUe a dit, en parlant du
colibri :
Du peuple ailé des airs, brillante miniature
« Il a la goutte en miniature, » dit M"" de La Fayette de son
ami le duc de La Rochefoucauld, qui eu avait un léger accès.
V ébranlement des types, — J'ai soutenu cette thèse : « pour ébran-
ler une espèce qui ne donne pas habituellement de variétés par le
semis et dont on ne peut pas espérer le croisement avec une espèce
voisine, qu'il fallait la croiser avec les individus malades, déformés
ou rachitiques de la même sorte. » On sait, en effet, que certaines
maladies ou déformations sont héréditaires et on peut conclure de
cette hérédité, que les maladies ou déformations susdites affectent
profondément tous les organes de la reproduction. On pourrait citer
à l'appui de cette opinion de nombreux cas de déformations qui se
reproduisent en tout ou en partie par le semis. Qu'il me suffise de
mentionner une foule de plantes panachées qui sont dans ce cas.
Or, un individu végétal déformé peut fournir de très bon pollen,
comme il peut avoir un pistil capable de recevoir la fécondation. Et
si, comme nous le savons pour les plantes d'origine hybride, la
fécondation entre deux individus différents d'une espèce fixe donne
un résultat analogue, nous aurons trouvé le moyen d'obtenir des
variétés.
Cette vérité que j'ai vérifiée sur des espèces peu intéressantes
considérées au point de vue horticole mérite d'être expérimentée
dans certains cas. Je la consigne ici afin que les hybridateurs en
fasse leur profit, et j'ajoute que bien que l'ébranlement d'une
espèce normalement constituée soit obtenue au moyen de la fécon-
— 381 —
datioii par un individu malade, rachitique ou déformé, il ne s'en
suit nullement que les êtres qui naissent de cet accouplement héri-
tent des défauts en question.
Floraison d'un y4gave maciUala. — Le Gardners' chronicle a publié
et figuré, en 1872, la plante qui fait le sujet de cette note. C'est
une espèce fort curieuse, très distincte appartenant au groupe des
Agaves herbacées, que Salisbury avait distinguées des autres en
les classant sous le nom générique de Manfreda. Elle croît à l'état
sauvage dans le Texas et le Mexique septentrional.
Je possédais l'agave maculala depuis plusieurs années, et je la
conservais avec soin à cause de son curieux feuillage et aussi avec
l'espoir de la voir fleurir un jour. Elle a fleuri cette année et m'a
donné non-seulement l'occasion de la comparer au dessin figura
par le Gardners' chronicle, mais encore de féconder ses fleurs avec
le pollen d'autres sortes qui ont fleuri cette année dans la belle
collection de la ville de Lyon.
Je dois dire tout d'abord que le polymorphisme des espèces
à'Jgnve est généralement connu, qu'elles s'hybrident entre elles
avec facilité, même entre sortes très distinctes, ainsi que l'a, du
reste, démontré M. F. Gaulain, chef de culture au Parc de la
Téte-d'Or.
Si le spécimen qui a fleuri chez moi ne ressemble pas exacte-
ment à celui qui a été figuré par le journal anglais, cela prouve
que VAgavfl maculala, comme presque toutes autres sortes, renferme
des formes méconnues, où se présentent sous des états divers.
L'inflorescence du spécimen que je cultive avait 1 mètre 50 c.
de hauteur, y compris la hampe, qui était nue dans les deux tiers
inférieurs et comprenait environ 50 fleurs généralement géminées
à la base des bractées. Le périanthe est à six divisions oblongues,
obtuses; les trois intérieures creusées d'un sillon concave, faisant
saillie au dos et opposées au filet des étamines ; les unes et les
autres d'un vert rembruni au sommet. Les filets des étamines, qui
ont 8 centimètres de longueur, sont subulés, couleur chocolat et
genouillées au moment de l'anthèse. Pendant la floraison, V Agave
macidala exhale une odeur sui generis assez désagréable.
Quant aux feuilles de la plante, elles sont presque nidulantcs et
ressemblent, comme disposition, à celles de quelques Broméliacées;
elles sont épaisses, charnues, flexibles, canaliculées, récurvées et
très finement dentées. Leur couleur est d'un vert clair parsemé de
ponctuations nombreuses, brun foncé, çà et là isolées comme des
îlots, quelquefois confluentes. Ces taches sont beaucoup plus nettes
quand la plante est au soleil que lorsqu'elle est à l'ombre. Dans le
spécimen figuré par le Gardners' chronicle, les fleurs ne sont pas
— 382 —
géminées, mais solitaires, les filets des étaminessont beaucoup plus
courts et les feuilles sont plus étroites et tellement recourbées,
qu'elles paraissent pendantes.
u ÏAi Salria. » Quand j'étais jeune écolier, un jour le professeur
de chimie Bineau, auquel la science est redevable de plusieurs
découvertes, demandait à un de mes camarades les noms vulgaires
des différents oxydes formés par le potassium, le sodium, le
baryum et le calcium. L'élève répondit sans hésiter pour les trois
premiers : potasse, soude et baryte. Quant au quatrième, il cher-
chait et ne trouvait pas; un voisin lui souffla : calci, et il répéta
calci. Un éclat de rire général accueillit ce nom bizarre; le pro-
fesseur rit comme les autres, et ce ne fut qu'au bout d'un instant
qu'il put expliquer au malheureux élève que l'oxyde de calcium
s'appelait de la chaux.
Je me suis rappelé cette anecdote en lisant l'autre jour dans un
journal une note intitulée . « La Sah-ia « . La Salvia, qu'est-ce que
c'est que cela? allez-vous me dire? Eh! mes amis, je n'en sais
rien !
J'avais d'abord songé, — les idées les plus simples étant les
meilleures, — à la sauge, qui porte en latin le nom de Salrin,
mais l'auteur dit que « la Salvia » est le PIcctranihus Iruclicosun, qui
s'appelle Germaine en français. Je rengaine alors ma traduction.
Je poursuis la lecture de l'article et n'y comprends plus rien. L'au-
teur, qui vante sur tous les tons les vertus médicinales de « la
Salvia », lait intervenir Théophraste, Hippocrafe et Dioscoride,
qui la nommaient, dit-il, Ifrrhi sanela, l'herbe sacrée. Or, comme
le Plcriranllins fniclicosiis est une ]al)ioe du cap de Bonne-Espérance
qui a été introduite dans les cultures vers la fin du XVIIP siècle,
il est bien difficile que Théophraste ait pu la connaître, puisque le
cap lui-même n'a été entrevu par Barthélémy Diaz qu'en 1486 et
doublé par Vasco de Gama en 1497. Jy'Herbe sacrée des anciens
botanistes est le Melilis vielissopln/lliim, si commun dans les bois. Il
est regrettable d'être alléché par les qualités sans nombre que
notre auteur donne à la Salvia, et d'être obligé ensuite do ne pas
savoir de quelle espèce il veut parler.
Informations. — A l'occas-'ion de l'Exposition générale, qu'elle ouvrira
du 4 nu 9 mai prochain, la Socii^té nationale d'iiorti cul dire de Francs orga-
riise un Contrrès horticole. Les personnes qui voudrai nt prsndre part aux
travaux de ce Congrès, doivent en informer le Pré-iident de la Société et
faire connaître dans le (.lus bref délai les questions qu'elles pourraient avoir
à traiter ou qu'elles désireraient y voir discuter.
— A l'occasion du Concours régional, il y aura en 1885, à Lille, au palais
Ranaeau, une grande Exposition internationale d'horticulture.
— 383 —
— Vlllustrirte Garlen-Zeiliinti signale une nouvelle variété de V Impatiens
Svltani à feuilles panachées de blanc.
— M. Clarke de Twickeniiam a obtenu sur des Cjclanaens de Perse une
sorte de monstruosité qui donne aux pétales un aspect gaufré. Ce sont des
protubérances qui ont quelques rapports avec celles que présentent les choux
crépus. L'obtenteur parviendra-t-il à fiser cette déformation ?
— Le Cerisier de Virginie (Cernsus serotina), arbre de troisième grandeur,
a été recommandé au Congrès agricole et forestier pour la culture forestière
dans les terrains sablonneux et bien travaillés. Cet arbre, qui ne drageonne
pas, est d'une croissance rapide. Dans le même Congrès, on a également
chaudement recommandé l'Érable de Virginie {A^er d'jsi/carpuni). Aux Etats-
Unis cet arbre est employé dans la plantation des avenues.
— La fameuse collection d'Orchidées de M'"^ S. Morgan, de New-York,
vient d'être vendu? aux enchères. Le total de la vente s'est élevé à 120,000
francs. Les plantes entre 4 et 500 francs n'étaient pas rares. Le Cypripedium
Morganianœ hybride do M. Veitch s'est vendu 3,750 fr., le Cypnyedum Stn-
nei platytœnium 2.250 francs, un Cnttkya exoniensis 1,250 francs, un Cœlo-
gine cristata alba 1,050 franco, un Vandu Sanderiana a été adjugé 4,500 fr.;
ce dernier est pour rien, à ce qu'il paraît : il aurait coûté jadis 10,000 francs
à son propriétaire.
— U Ebouriffée est une variété de Chrysanthème qui vient d'obtenir un
certificat de première classe à Londres. C'est un gain de M. de Reydellet,
amateur à Valence, qui n'en est plus à compter ses succès de semeur. L'an
dernier, sa variété Carmen recevait également du jury anglais un certificatde
méaie valeur. Cette année, M. de Reydellet. qui exposait ses gains à Lyon,
à Paris et à Toulouse, les a vu partout récompensés.
— Il paraît qu'en passant un fer rouge sur le vieux mastic, on le ramollit
suffisamment pour pouvoir ensuite aisément enlever les vieux carreaux de vitre
On sait, en effet, qu'il y a des mastics si durs qu'on est obligé de fi'apper à
coups redoublés et longtemps pour ôter les vitres fêlées.
Note sur la taille et la plantation des arbres
d'avenues.
La ville de Lyon a été surnommée « la ville aux platanes » à
cause du nombre vraiment considérable de ces arbres plantés sur
ses quais et ses principales avenues. Le platane est assez beau, du
reste, pour justitîer, jusqu'à un certain point, l'usage immodéré
que l'édilité lyonnaise en a fait, il y a une vingtaine d'années.
Très robuste, fort commun, d'une croissance rapide, supportant
bien la taille, peu attaqué par les insectes, cet arbre s'imposait par
ses qualités diverses à l'attention des directeurs des plantations de
la ville.
On a donc mis des platanes un peu partout, même dans les
endroits oii sa croissance rapide le condamne, ou à un élagage
perpétuel, ou à rétrécir l'horizon, masquer la vue et rendre sombre
les habitations dans le voisinage desquelles ils sont plantés.
On a obvié à ce grave inconvénient en tronçonnant, de temps à
autre, d'une façon impitoyable les grosses branches latérales et
même la cîme des platanes, de telle façon qu'on a pu, après quel-
— 384 —
ques-unes de ces opérations, les croire ébranchés spécialemert
pour dos arbres à ours. Ce nouveau système d'élagage, qui ne
fait, du reste, pas honneur à celui qui l'a inventé, ne demande pas
beaucoup d'étude ponr être mis en pratique : une bonne scie plus
ou moins babilement maniée par le premier manoeuvre venu, a vite
jeté à terre toutes les branches jugées inutiles. Les bons Lyonnais
trouvent bien un peu étrange cette façon de procéder, mais comme
la plupart s'entendent mieux au commerce et à l'industrie qu'à l'art
du jardinier, on leur fait entendre discrètement, quand par hasard
ils manifestent leur étonnement, que l'élagage en question est tout
nouveau et que c'est le meilleur et même qu'il est indispensable.
Cependant, à défaut de connaissances techniques, le plus simple
bon sens parle bien haut contre cette manière de procéder que rien
ne saurait justifier. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on plante des
avenues et des salles d'ombrage, il y en a de très belles un peu
partout, et au siècle dernier, au temps où les jardins français
étaient à la mode, on savait les entretenir et on ne les traitait pas
d'une façon aussi barbare.
Il suffit pour se faire une idée de ce qu'étaient les avenues avant
l'emploi de l'ébranchage et de la conduite en pyramide, de se sou-
venir de l'incomparable beauté de celle qui va du pont Saint-Clair
à Bellevue. On l'a un peu gâtée, mais telle qu'elle est encore, elle
suffit pour condamner le système d'élagage actuellement employé.
Une ville n'est pas une forêt, et une salle d'ombrage ne saurait
être comparée à un bois.
Il ne s'agit pas de savoir si le platane est plus beau en pyramide
qu'en boule ou en plafond, la question n'est pas là; ce qu'il faut
démontrer, c'est laquelle de ces formes convient le mieux pour
donner de l'ombrage aux promeneurs, sans gêner la vue et cacher
la lumière aux habitants des maisons. C'est ce que je me propose
d'étudier dans cette note en y joignant quelques remarques sur les
plantations nouvelles, c'est-à-dire le remplacement des arbres
morts, ainsi qu'un aperçu sur quelques autres essences d'arbres qui
pourraient être employées dans des plantations nouvelles.
Le platane est un arbre très docile, qui se conduit comme l'on
veut. Les élagages énergiques qu'on lui fait subir à Lj'on prouvent
qu'il supporte aisément les coupes les plus radicalement mal faites.
Les beaux plafonds, avec rideaux latéraux, des salles d'ombrage
de quelques propriétés privées démontrent également qu'il n'est
pas rebelle à cette sorte de direction. On serait donc mal inspiré
si on disait que la conduite en pyramide le rapproche davantage de
sa manière naturelle de se développer. Si par hasard cette façon
de diriger les platanes à Lyon devait être justifiée en l'appuyant sur
des principes d'ordre physiologique, on pourrait aisément répondre
— 385 —
que celte justification n'est pas sérieuse, attendu que les élagages
en général troublent toujours la vie organique et que, puisque
cette opération est absolument indispensable pour atteindre le but
qu'on se propose, il vaut encore mieux adopter le moyen qui
paralyse le moins l'équilibre entre les racines et les branches.
Admettons , si l'on veut , que les arbres n'aient pas plus à
souffrir d'un élagage modéré que d'un ébranchage excessif, et
plaçons-nous au simple point de vue de l'esthétique urbaine.
Tels qu'ils sont actuellement dirigés, les platanes des quais, des
places et des avenues de Lyon (figure l""*") affectent plus ou moins
la forme pyramidale et tendent continuellement à s'élever à une
assez grande hauteur, et leurs premières branches se trouvent
situées à environ 3 mètres du sol.
Fig. 1. — Vue de cûfé des avenues actuelles de la ville de Lyon (Taille et plantation).
Cette forme pyramidale se comprendrait, à la rigueur, si le
platane était d'une croissance lente ; dans ce cas, le développe-
ment en élévation mettrait de longues années avant de causer un
véritable préjudice aux habitants des maisons situées sur les côtés
de la plantation. Mais il n'en est pas ainsi, et en vertu de la direc-
tion qui leur est donnée, la plus grande partie de la force végéta-
tive se porte rapidement au sommet des arbres dont elle augmente
annuellement la hauteur. Avec ce système, on est donc condamné
ou à un écimage fréquent ou à laisser masquer la vue et à mesurer
l'air et la lumière aux habitants, sans aucun profit, du reste, pour
les promeneurs.
— 386 —
D'autre part, la situation des premières branches se trouvant
seulement à 3 mètres du sol, paralyse l'éclairage des avenues, en
ce sens qu3 les lanternes à gaz sont presque cachées par le feuil-
lage et perdent une partie de leur pouvoir lumineux.
Avec la conduite en plafond, telle qu'elle se pratiquait jadis, et
en ayant soin de dégager la voie à 4 mètres de hauteur, aucun des
inconvénients que je viens de signaler n'existe. L'arbre donne
autant d'ombrage qu'on en désire sans s'élever à une grande
hauteur. Ceci se comprend, car quand les arbres sont formés (voir
figures 2 et 3), au lieu d'une flèche qui s'élève rapidement chaque
année en hauteur on obtient une multitude de branches de plus
faible dimension qui se partagent la nourriture que les racines pui-
sent dans le sol. Il suffit ensuite, tous les trois ou quatre ans,
d'abattre ces branches pour qu'il en repousse de jeunes qui donnent
dans l'année même de l'élagage autant d'ombrage qu'il est néces-
saire.
{^fi'>>' fi/ft/.
Fig. 2. — Vue de face de l'avenue taillée en plafond.
On peut non-seulement critiquer avec raison le système d'éla-
gage actuellement employé, mais encore signaler la manière
vicieuse dont les coupes des branches sont faites. Il n'est pas un
sylviculteur, pas un garde forestier qui ne sachent très bien que la
coupe d'une branche doit s'effectuer en biseau, avec une inclinaison
de 45". Au lieu de cette coupe inclinée qui favorise le recouvre-
ment delà plaie, on fait actuellement des sections perpendiculaires à
l'axe des branches. Quand les branches sont verticales, les coupes
sont horizontales ; quand les branches sont inclinées, elles sont
presque verticales. Dans les deux cas, les coupes sont vicieuses.
Quand la coupe est horizontale, les eaux des pluies désorganisent
lentement les tissus du voisinage et forment des sortes de cuvettes
où l'eau séjourne. Quand elle est verticale, le recouvrement s'ef-
fectue également moins bien que si elle est inclinée.
— 387 —
Fig. 3. — Vue de côté de l'avenue taillée en plafond (Taille et plantation).
Remplacement des arbres morts. — On sait que les fuites de gaz
d'éclairage font périr chaque année, dans les avenues, un nombre
variable d'arbres qu'on remplace régulièrement par d'autres.
Actuellement, voici comme on procède : Après avoir ôté la terre
infectée on en rapporte d'autre qui doit servir à nourrir le nouveau
sujet. J'ai représenté (âg. 1) un arbre nouvellement planté. On ne
saurait mieux le comparer qu'à une sorte de grand piquet vertical
qui attend le moment de développer de nouvelles branches. Inter-
callé dans l'avenue, il est presque étouffé par les branches des
voisins et parvient rarement à se mettre à l'unisson des autres.
Non-seulement il manque d'air, mais la terre qui doit alimenter ses
racines devient la pâture de celles des arbres d'à côté, qui ne tar-
dent pas à s'y établir au détriment des siennes. Etouffé par en
haut, affamé par en bas, ces arbres nouvellement plantés finissent
presque toujours misérablement.
Ce n'est pas ainsi que les rebrochages devraient se faire, et un
simple examen de la question indique tout d'abord qu'il faut pro-
téger le jeune sujet contre ses puissants voisins. A mon avis, cette
protection doit s'effectuer de deux manières. On doit d'abord, à
l'aide de planches minces, faire une sorte de caisse sans fond qui
empêche aux racines des vieux arbres de s'infiltrer dans la terre
qui doit nourrir le jeune sujet, car ses racines s'emparent des élé-
ments utiles à la nourriture de l'arbre et dessèche le sol en absor-
bant rapidement l'humidité qu'il contient. En second lieu, au lieu
de planter une sorte de piquet, il faut planter des arbres auxquels
on laisse une partie des branches qu'ils ont développées (fig. 3).
Sur ces branches plus jeunes, les bourgeons mieux constitués se
développent plus vite, et les feuilles aidant, favorisent activement
— 388 —
la vëgétation. Il ne faut pas hésiter non plus de tailler les branches
des arbres voisins qui empêchent au jeune sujet de recevoir direc-
tement l'air et la lumière.
On a également une singulière manière d'arroser les arbres,
manière absolument pernicieuse qui peut leur causer un sérieux
préjudice, sans qu'ils en retirent le moindre profit. Il n'y a pas
besoin d'être grand clerc pour savoir que l'eau est absorbée dans
le sol, surtout par les radicelles, lesquelles sont toujours situées,
— sauf pour les jeunes arbres, — à une assez grande distance du
tronc. Or, actuellement et depuis fort longtemps, on creuse une
sorte de bassin autour de l'arbre dans lequel on verse l'eau. Le
tronc et les grosses racines qui n'en ont pas besoin sont inondées
d'eau, et les radicelles qui en réclament en sont privées. La cuvette
d'arrosage serait infiniment mieux placée entre les deux arbres
qu'au centre de chaque arbre, car de cette façon l'eau pénétrerait
mieux là où elle doit être utilisée. Ces bassins faits aux pieds des
arbres reçoivent également pendant l'hiver toute l'eau des pluies
et entretiennent une humidité constante et au besoin la gelée
autour du tronc et des grosses racines, ce qui ne peut que leur
causer du préjudice.
Dans les préaux des écoles, il serait utile de ne jamais avoir un
ombrage trop accusé; car les enfants qui se livrent avec ardeur à
leurs jeux, risqueraient fort de prendre froid, surtout vers la fin
du printemps. Si les préaux sont plantés de platanes, il est impor-
tant de les tailler presque chaque année et d'éclaircir les branches
de façon que les rayons du soleil soient seulement tamisés par le
feuillage. On pourrait aussi essayer de planter d'autres essences
d'arbres dont le feuillage plus léger donne un ombrage plus discret.
Je ne conseillerai pas d'y planter des Faux-Acacias (Robinia), parce
que c'est un arbre dont les fleurs attirent les abeilles. Le Vernis
du Japon, dont il y a une belle avenue à Montchat, pourrait être
essayé. Le Micocoulier se plaît dans les terrains secs et donne un
ombrage suffisant. Le Ccdrella sinensis. le Sophora, le Catalpa
Kœmpferi, le Tilleul argenté, le Marronnier, le Sycomore, l'Or-
meau et tant d'autres pourraient également donner d'excellents
résultats et aider à rompre cette monotonie arborescente que
l'éternel platane donne à la ville de Lyon.
J. MÉTRAL,
Entrepreneur-Pépiniériste,
Rue Neuve-des-Charpennes, Lyon.
— 389 —
Nouvelle Greffe de la Vigne.
Rapport d'mie Commission composée de MM. Cl. Jacquier, F. Gaulain, J. Métrai,
J. Nicolas, A. Berthier, F. Berthier, Cl. Jiissaud, J. Tlierry et Viviand-Morel.
Messieurs,
Notre collègue, M. Ferdinand Gaillard, viticulteur à Brignais
(Rhône), ayant demandé la nomination d'une Commission pour
constater les résultats donnés par une nouvelle greffe de la Figne,
dont il est l'inventeur, M. le Président de l'Association horticole a
désigné les personnes ci-dessus mentionnées pour se rendre à son
appel. Constituées en commission, elles se sont rendues le dimanche
13 septembre à Briguais (Rhône) et viennent aujourd'hui vous
rendre compte de leur visite.
Une Nouvelle greffe de la Figne! Au seul énoncé de ce titre, nous
sommes persuadés que les personnes qui s'occupent de greffage
d'une manière toute particulière, hausseront volontiers les épaules
ou ébaucheront un sourire d'incrédulité en pensant qu'il s'agit d'une
plaisanterie. Ce sourire ou ce haussement d'épaules sont parfaite-
ment excusables, car dans un sujet pareil, a^ant d'avoir vu et
touché, le doute est permis.
En effet. Messieurs, la greffe en général est une question telle-
ment ressassée, qu'il paraît bien difficile de pouvoir en tirer quel-
que chose de nouveau : agronomes, pépiniéristes, simples cultiva-
teurs s'en sont occupés à l'envi depuis des milliers d'années.
Collumelle, Palladius, Varron, Lucius Atticus, Constantin César,
Térence, etc., dans l'Antiquité, connaissaient la greffe et particu-
lièrement celle de la vigne. Le roi franc Childebert entait des pom-
miers au V siècle, et les moines, dans les jardins de leurs monas-
tères, ont conservé la tradition et l'art de la greffe pendant l'époque
ténébreuse du moyen-àge. A l'époque de la Renaissance, Olivier
de Serres consacre déjà plusieurs chapitres de son Théâtre d'agri-
culture au greffage. Avant lui, un des premiers livres imprimés
portait le titre de aL'Jrl d'enter » . Depuis le XVI^ siècle, les traités
spéciaux relatifs à l'art de greffer sont tellement nombreux qu'il
serait fastidieux de les énumérer.
Les mieux rédigés et les plus complets de ces Manuels de gref-
fage mentionnent et figurent plus de deux cents sortes de greffes,
dont la plupart , hâtons-nous de le dire , sont plus curieuses
qu'utiles.
— 390 —
Nous avons dû rechercher dans ces manuels si la greffe que
nous montrait M. Gaillard avait été figurée on décrite antérieure-
ment : le résultat de nos recherches fut que cette greffe était bien
nouvelle, ou si elle a déjà été employée, elle n'est pas parvenue à
notre connaissance. Avant de vous en faire la description, il nous
a paru utile de vous signaler brièvement les différentes sortes de
greffes plus anciennes employées ou recommandées pour le greffage
de la Vigne.
Lucius Atticus recommandait la greffe en fente simple, bien
connue de tout le monde. Celle à deux greffons au lieu d'un seul,
connue sous le nom à'Eiilc de la Fignc, n'en diffère pas sensible-
ment,
La greffe en double W, qui consiste à fendre le sujet par une
incision plus profonde que dans la greffe en fente simple, de
manière à former deux espèces de cornes dépassent la partie
opérée, n'a pas eu beaucoup d'adeptes.
La greffe Dumont-Courcet ou par enfourchement réussit bien,
mais donne de trop forts bourrelets.
Les greffes par approche en incrustation ou en placage avec
greffon bouture, greffon enraciné ou double bouture, ont été fort
recommandées.
La greffe-provins ou greffe OUivier de Serres a été recommandée
pour favoriser l'émission des racines aux variétés américaines,
rebelles au bouturage. Ollivier de Serres la recommandait pour
transformer rapidement les mauvaises vignes en variétés de bonne
qualité.
La greffe en incrustation, préconisée dans l'Hérault; la greffe
en fente dans l'aubier, la grelFe sur bifurcation, l'écussonnage ont
également été recommandés. Mais de toutes ces greffes les prati-
ciens n'en'ont retenues que deux : la greffe en fente pour les sujets
de forte dimension, et la greffe anglaise quand le sujet et le greffon
sont de même dimension.
C'est à la greffe en fente qu'appartient l'innovation de
M. Gaillard.
On sait que dans la greffe en fente, le sujet est tronçonné au
moment du greffage ; on étête le cep rez-terre et on place le
greffon comme chacun sait.
Dans la greffe Gaillard — c'est ainsi que la commission a dénom-
mé cette greffe — , le sujet, au lieu d'être étêté et tronçonné rez-
terre, ne reçoit qu'une simple entaille qui entame environ le tiers
ou le quart de son diamètre. Cette entaille du sujet n'arrête nulle-
ment sa végétation dans le cours de l'année.
— 391 —
On obtient cette entaille de la manière suivante : après avoir
dégarni le pied de la vigne à greffer, on donne horizontalement
un coup de scie qui pénètre, comme nous l'avons dit, presque au
tiers environ du diamètre du cep et, à l'aide d'un ciseau ou d'une
plaine, on enlève un segment de bois d'environ 20 centimètres de
hauteur, en s'arrangeant de telle sorte que la place laissée vide
par le bois enlevé soit suffisante pour laisser placer le greffon si
on n'en met qu'un seul, ou les greffons si on en met plusieurs. On
ligature ensuite et on enterre la greffe comme à l'ordinaire.
Cette greffe a pour but de transformer une variété inférieure en
une autre variété tout en conservant la récolte sur le sujet greffé
pendant deux ans, c'est-à-dire jusqu'au jour où la greffe a pris
assez de force pour donner elle-même son produit et remplacer
celui du sujet. En agissant de cette manière, le greffon s'aoûte très
bien et donne la première année un bois qui ne craint pas les gelées
et peut au printemps supporter la taille qu'on veut bien lui
appliquer.
La réussite des greffes ainsi faites peut être évaluée à 90 pour
cent des sujets opérés.
Bien que l'essai n'en ait pas encore été fait, il est plus que pro-
bable qu'il sera possible d'appliquer une greff'e analogue à la
restauration des vieux arbres fruitiers. Mais ne diit-elle pas réussir
dans ce cas, les services qu'elle est appelée à rendre à tous ceux
qui s'occupent de la reconstitution de nos vignobles dévastés ou de
nos vignes de jardins envahies par le phylloxéra, sont trop consi-
dérables pour que votre Commission ne vous propose pas de récom-
penser son inventeur. Elle espère, Messieurs, que vous voudrez
bien vous associer à ses conclusions en accordant à M. Ferdinand
Gaillard une médaille d'or.
Avant de terminer ce rapport, nous dirons que la plupart des
membres de cette Commission ayant déjà fait partie de la déléga-
tion qui a visité, il y a deux ans, les vignobles et les collections de
vignes américaines de M. Gaillard, étaient bien aises, tout en exa-
minant la nouvelle greffe pour laquelle ils étaient convoqués, de
vérifier si les résultats observés lors de leur première visite s'étaient
maintenus et si les espérances qu'ils faisaient concevoir pour l'ave-
nir s'étaient vérifiées.
A cet égard, la Commission a été heureuse de constater que
dans la plaine, comme sur le coteau de Brignais, les vignes plan-
tées par M. Gaillard sont non seulement d'une luxuriance peu
commune, mais qu'elles donneront cette année une récolte consi-
dérable
392 —
LEGENDE OU EXPLICATION DES FIGURES
GREFFE GAILLARD
LÉGENDE. — A. Partie évidée du tronc résultant de l'intersection de la coupe horizontale et verticale.
— B. Surface plane produite par la portion enlevée du tronc et au milieu de laquelle se fait la fente destinée
à recevoir le grefl'on ou les greffons. — C, C. Ligatures après l'insertion. — Fig. 1, Greffon préparé pour
l'insertion. — D. Butte bien tassée aboutissant immédiatement au-dessous de l'œil supérieur du ou des
greffons. — E, E, E, E. Cep taillé comme à l'habitude.
Préparation du Greffon,
Nota. — L'opération se fait en avril et mai. — Le point de greffage doit être choisi autant que possible,
à fleur de sol ou plutôt au-dessus qu'au-dessous. Les poussées des greffons doivent être maintenues à l'air et
a la lumière à mesure qu'elles se développent et les poussées du sujet sont pincées courant juin à deux ou
trois feuilles au-dessus de la dernière forme et repincées même plusieurs fois après. L'année suivante le
greffon se taille court à huit ou neuf yeux et dans le courant de l'année les soins sont les mêmes. Au
printemps suivant on supprime le restant du tronc en prolongeant la coupe de la surface plane B. La taille
se fait alors en employant le plus beau sarment des greffes auquel on donne une longueur de 0°5û à l"",
suivant la vigueur et l'espacement des pieds. Par ce moyen on transforme un vignoble sans perdre ni souche
ni récolte.
Véroniques de Semis
M. Boucharlat jeune, horticulteur, rue des Missionnaires, à
Lyon, ayant demandé la nomination d'une commission pour visiter
des Véroniques de semis, M. le président de l'Association horticole
a désigné pour remplir cette mission MM. Boucharlat aîné, Hoste,
Cousançat et J. Chrétien.
La commission a fonctionné le 3 octobre dernier et a chargé <
M. J. Chrétien défaire un rapport de la visite. Voici ce rapport :
« Depuis plusieurs années, M, Boucharlat s'occupe de l'amého-
ration de la Véronique d'Anderson et de ses hybrides ou variétés ;
— 393 —
les amateurs de cette jolie plante d'automne ont pu remarquer les
heureuses modifications que notre collègue a fait subir à l'ancien
type, car les variétés nouvelles qu'il a obtenues, tout en étant très
florifères, sont beaucoup plus précoces que les anciennes. Cette
précocité constitue un mérite très appréciable pour nos contrées,
car cela permettra de jouir de leur floraison avant l'époque habi-
tuelle des gelées. En dehors de la précocité, on remarque chez les
variétés susdites, une générosité de floraison, des grappes plus
denses et des coloris plus variés que chez les autres plantes de la
même section. Jusqu'alors les variétés rouge vif, rose tendre, bleu
d'outre-mer, bleu tendre passant au blanc, avec les tons intermé-
diaires étaient les seules couleurs connues dans ce genre. Il man-
quait à cette race le blanc pur. Cette variété vient d'être obtenue
par M. Boucharlat et n'a rien de commun avec la variété de Feronica
Lindieyana déjà au commerce. La nouvelle venue sera une excel-
lente acquisition pour les cultures florales. Une autre particularité
que la commission a observée dans les cultures de notre collègue,
c'est la transformation des grappes (vulgairement nommées épis)
florales de plusieurs Véroniques en panicule, c'est-à-dire que l'épi
des fleurs ordinaires porte d'autres épis floraux en nombre varia-
ble. En admettant que cette sorte de monstruosité ne constitue pas
une amélioration du genre, elle n'en constitue pas moins une race
ti es curieuse qui demande à être prise en considération. Deux plan-
tes ont été choisies dans cette section ; une à fleur blanche et l'autre
à fleur rouge violet. Enfin, une autre non prolifère à épis bien
nourris, ce qui fait trois plantes nouvelles, dont M. Hoste a fait
l'acquisition et qui seront mises au commerce par lui en 18S6.
« La commission, considérant qu'une partie des Véroniques en
question ont déjà été récompensées par l'Association, adresse de
vifs remerciements à M. Boucharlat.» Le Rapporleur, J. Chrétien.
Culture du Fraisier (1).
Dans l'article paru dans le Bulletin horticole sur la culture du frai-
sier on demande pourquoi le fraisier n'est pas plus cultivé. Je vais
tâcher de répondre à cette question.
Le fraisier n'est pas plus cultivé, du moins de nos cultivateurs
et maraîchers, parce qu'ils estiment qu'avec le mode de culture
suivi généralement, la récolte est insignifiante la première année et
ne compense guère les frais d'établissement d'une fraisière. Voici
maintenant un mode de culture que j'emploie depuis quinze ans et
(1) Bullelin horticole et agricole.
— 394 —
qui a l'avantage d'obvier à cet inconvénient, le fraisier étant traité
en culture dérobée.
Je suppose un carré de jardin planté en pommes de terre hâtives
et entreplantées de choux de Bruxelles. Quand les pommes de terre
sont propres à être livrées à la consommation, elles sont immédia-
tement arrachées, et le terrain qu'elles occupaient est fumé avec un
bon compost renfermant de la chaux et remué avec la fourche.
A ce moment, on doit avoir de bons coulants de fraisiers qu'on
plante entre les lignes de choux de Bruxelles. Ces derniers les abri-
teront du fort soleil et faciliteront leur reprise. En hiver, ils leur
serviront également d'abri contre les froids.
Au printemps, lorsque les choux de Bruxelles sont entièrement
récoltés, on les arrache^ on fume et on bêche le terrain qu'ils
occupaient eu ayant soin de ne pas déranger les fraisiers, si ce
n'est pour les nettoyer proprement.
Les entre-lignes ainsi fumés et labourés pourront recevoir une
plantation de laitues qu'on aura élevées sur couche. Inutile d'expli-
quer que la récolte des fraises doit se faire avec précaution pour
n'endommager ni fraises ni laitues. Lorsque les unes et les autres
sont récoltées, on laboure de nouveau le terrain occupé par les lai-
tues et on y repique des céleris, des poireaux ou tout autre produit
qui occupera le sol jusqu'aux gelées ou jusqu'au pi'intemps suivant.
Les années suivantes, on continuera les mêmes entre-plantations
entre les fraisiers en choisissant, bien entendu, les plantes les plus
profitables et qui s'accommodent le mieux du terrain. On aura soin
de ne pas laisser empiéter les fraisiers sur les entre-lignes en les
maintenant sur leur ligne propre.
On va probablement me demander combien d'années une sem-
blable plantation de fraisiers peut durer. Je n'hésite pas à répondre
qu'elle est pour ainsi dire illimitée. En effet, le plus grand ennemi
du fraisier est souvent le cultivateur lui-même qui, par des sarcla-
ges répétés, aide la plante à se déchausser, et c'est alors qu'elle
finit par périr. Avec le système de culture que je viens de décrire
on n'a pas de déchaussement à craindre, puisqu'après chaque entre-
culture le sol est labouré et fumé, ce qui exhausse toujours plus ou
moins le terrain occupé par les fraisiers si on a la précaution d'y
laisser glisser de la terre en bêchant.
Un bon moyen aussi d'éviter le déchaussement des fraisiers, c'est
de les entourer d'un bon paillis de court fumier bien décomposé ou
de tan. Ce dernier a même l'avantage d'éloigner les limaces , mais,
par contre, il favorise les lombrics. Ceux-ci pourtant ne viennent
pas quand on mélange un peu de chaux au paillis.
E. \'anhamme,
Maraîcher à Liège.
— 395 —
POMOLOGIE
Etude sur les Poires. — (Suite) —
Royal d'hicer. — Syn. : Pera Castiaa , Duchesse de Monteballo. Arbre
vijfouieux, se conduit sous toutes formes, mais de préféreuca eu espalier, au
midi ou au levant, autrement son tVuit vient chétif et gercé. Fruit gros, de
première qualité. Maturité décembre à février.
St-Germain (Thionr. — Sjn. : L'Arteloire, La Fare, St-Germain vert, St-
Germain doré. Arbre assez vigoureux qui se conduit sous toutes formes, mais
da préférence en espalier, au midi, peu fertile. Fruit moyen, très bon. Matu-
rité de janv'ier à mars.
St-Michel- Ai-change. — Arbre de vigueur ordinaire auquel toutes les formes
conviennent, très fertile. Fruit moyen, de première qualité. Maturité courant
septembre.
Sam Pareille da Nord. — Arbre de vigueur ordinaire auquel les petites
formes coaviemient, à cause de la grosseur do son fruit. Fruit énorme, de la
forme d'une calebasse, n'est bon que cuit. Maturité de novembre à janvier.
Sébastopol. — Syn.: Sébastopol d'été. Arbre vigoureux qui se conduit sous
toutes formes, assez fertile. Fruit petit, à peau verte ; il a beaucoup de rap-
port avec le citron des Carmes. Maturité courant juillet. C'est un fruit de
collectionneur.
Serrurier. — Syn. : Fondante de Millot, de Menu-Maison, Belle -Alliance,
Serrurier d'automne. Arbre vigoureux , toutes l = s formes lui conviennent ;
assez fertile. Fruit gros ou moyen, très bon. Maturité de fin septembre à fin
novembre.
Soldat-Laboureur. — Sya. : Beurré de Blumenbach, Auguste Van Mons
Soldat. Arbre vigoureux qui se conduit sous toutes formes, très fertile. Fruit
moyen, assez bon, mais a le défaut d'être très caduc, le moindre vent le fait
tomber. Maturité de septembre à octobre.
Sucrée de Montluçon. — Syn. : Sucrée vert de Rochet, Gros Sucré vert de
Montluçon, Sucré vert. Arbre vigoureux qu'on peutcjnduire sous toutes
formes, très fertile. Fruit moyen, très bon. Maturité cjuraat octobre.
Sicrpassi Maris. — Syn. : Ferdinand de Mesiar, Alexandre Bivort. Arbre
de vigueur modérée auquel la forme pyramide conviant, très fertile. Fruit
moyen, tantôt de 1'''^ qualité, tantôt da 2', selon les saisons plus ou moins
pluvieuses.
Suzette de Bavay. — Arbre de vigueur ordinaire ; forme de jolies pyra-
mides bien touffues. Fruit petit, de 2' qualité. Maturité de décembre à jan-
vier.
Ikéodore Van Mons. — Syn. : Théodore d'été. Arbre vigoureux auquel
toutes les formes conviennent, trésfertile. Fruit moyen, assez bon. Maturité
courant octobre.
De Tongre. — Syn. : Durandeau, Beurré Durandeau. Arbre vigoureux qui
se conduit sous toutes formes, très fertile. Fruit moyen, assez bon. Maturité
courant septembre.
Triomplte de Jodoiyue. — Arbre de moyenne vigueur ; la forme espalier lui
convient, car sa végétation est toute divergente ; très fertile. Fruit groo ou
très gros, tantôt de 1'", tantôt de 2" qualité. Maturité de novembre à
décembre.
Tuerlinckx. — Syn. : Beurré Tuelinckx. Arbre peu vigoureux, peu
fertile, dépourvu de branches. Fruit très gros, parfois énorme, de 2" qua-
lité, très bon cuit.
396
Urbaniste. — S^n. : Ooloma d'dutomne, Beurré Piquerj, Urbanit's
Seedling, Beurré Drapier. Louis Dupont, Louise d'Oiléans, St-Marc.
Arbre vigoureux, tou'es les formes lui convieiioeut, très fertile. Fruit
moyen, très bou, maturité courant octobre.
Van Marum. — Syn. : Bouteil, Beurré Van Marum, Monstrueuse du
Nord, Galbasse royale, Frédéric Lelieur, Grise longue, Calebasse carafon,
Triomphe de Hasselt, Calebasse du Nord, Calebasse monstre, Monstrueuse
de Flandre, Calebasse impériale.
Je ne cite pas davantage de synonymes, les autres différant de peu de
chose de ceux ci-dessus. Arbre peu vigoureux sur Cognassier. Le franc
lui convient pour la fi^rme pyramidale. Fruit très gros, parfois énorme,
2' qualité, m«tuiité courant octobre.
Van Mons Léon Leclerc. — Arbre peu vigoureux, qui a le défaut de
gercer. Il faut le greffer sur franc, peu fertile. Fruit assez gros, de la forme
d'une calebasse, très bon, maturité de fia septembre à fin octobre.
ROUTIN.
CATALOGUES
AuMONiBR Fils, horticulteur à Lagnieu (Ain). — Catalogue des plantes
arbres et arbustes cultivés dans l'établissement. — Collection générale de
Rosiers, Arbres fruitiers, Arbres forestiers et d'ornement. Arbustes à feuilles
persistantes, Graines, Conifères, Plantes vivaces, Pivoines, Plantes de serre,
Camellias, Azalées, etc.
Prosper Degressy, horticulteur, avenue de la Citadelle, à Chalon-sur-
Saône. — Catalogue contenant l'énumération des variétés de Chrysanthèmes
cultivées dans l'établissement, ainsi que les genres d'arbres fruitiers, plantes
de serre, Rosiers, etc.
MoLiN (Ch.), Md grainier, place Bellecour, 8, Lyon. — Prospectus énu-
mérant avec les fournitures diverses relatives à l'horticulture, les fleurs
fraîches de Nice, que peut fournir journellement la maison.
Avis aux Membres de l'Association horticole lyonnaise.
Les Membres de l'Association horticole lyonnaise sont informés qu'un
banquet aura lieu le Dimanche 20 décembre, à six heures, dans les salons de
M. Gruber, place des Terreaux, à l'occasion de la distribution des récom-
penses aux lauréats des concours spéciaux, des visites spéciales, du concours
de Chrysanthèmes, des apports sur le bureau, etc. Le prix de la souscription
a été fixé à 7 francs par personne. On trouvera des cartes de souscription
chez M. Jacquier, trésorier de l'Association, 8, quai des Célestins, à Lyon.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Ii.yon. — Imp. du Salut l'ubUc. — Bellon, r. de la République, 33
1885 DÉCEMBRE N' 24
CHRONIQUE
Dislribulion des prix décernés aux lauréats de l'yJssocialion horticole.
— Dimanche, 20 décembre, après une courte séance, l'Association
horticole lyonnaise distribuait les récompenses qu'elle avait accor-
dées à ses membres dans le cours de l'année 1885. Notre ami et
sympathique président, M. G. Dutailly, ancien professeur de bota-
nique à la Faculté des sciences, député de la Haute-Marne, prési-
dait cette fête horticole, à laquelle un grand nombre de personnes
assistaient. M. le président du Conseil général, absent de Lyon.
M. le maire de Lyon, M. le préfet du département, retenus aux
fêtes de l'inauguration du monument élevé sur le champ de bataille
de Nuits à la mémoire de cette phalange d'héroïques soldats qu'on
appelait les Légions du Rhône, s'étaient fait excuser.
M. Dutailly a ouvert la séance par un excellent discours, plein
d'esprit et d'à propos, dans lequel il a mis en pleine lumière les
bons résultats et les progrès que réahse l'Association horticole
Ivonnaise.
Il a fait ressortir la grande utilité des concours et des visites
spéciales qui stimulent le zèle et l'esprit d'innovation de nos collè-
gues : l'Association horticole étant heureuse de récompenser tous
les mérites et fière d'aider au développement du progrès de l'hor-
ticulture. Il a rappelé, en parlant de la culture maraîchère, un peu
plus lente dans sa marche en avant que les autres branches du
jardinage, un bon mot de M. Oustry, ancien préfet du Rhône.
Passant dans une exposition d'horticulture, devant un lot de légu-
mes où des concombres de belles grosseur côtoyaient des carottes
variées beaucoup plus petites, M. ûustry disait :
(( — Les cornichons progressent toujours: les carottes seules
ne se développent bien qu'en politique. »
— 398 —
A propos du concours de chrysanthèmes, il a montré que si
l'Association savait organiser de brillantes expositions où toutes
les fleurs précieuses, les fruits et les légumes succulents concour-
raient à leur éclat, elle savait aussi à l'occasion extraire du riche
écrin de Flore, un bijou de grande valeur, qu'en joailler adroit
elle présentait au public.
En parlant des récompenses décernées aux anciens serviteurs,
il a dit qu'en récompensant les bons serviteurs on récompensait les
bons maîtres, et a rappelé le mot bien connu, toujours vrai, que
Beaumarchais met dans la bouche de Figaro.
Il a terminé en rappelant le souvenir de feu notre collègue
J. Schwartz, mort si jeune, au moment même où il allait recueillir
le fruit de son infatigable activité.
Le discours de M. Dutailly a été couvert d'applaudissements.
On a procédé ensuite à la distribution des récompenses dans
l'ordre suivant : 1° Concours spéciaux ; 2" Visites spéciales, anciens
serviteurs (Voir Lyon-hoHkole , année 1885, page 300). Concours
de Chrysanthèmes (Voir Lyon-horlicole, année 1885, page 368), et
médailles pour apports sur le bureau.
Le soir, à six heures, un banquet offert à M. Dutailly et à la
presse lyonnaise, réunissait une soixantaine de personnes. Comme
d'habitude, de nombreux toasts out été portés, de joyeuses chan-
sons ont été dites et on s'est quitté en se disant : A l'année pro-
chaine.
Capucine lubèreuse. — L'ennui naquit un jour de l'uniformité,
chacun sait ça depuis qu'on bâille sur la terre. Aux papilles blasées
Dieu donna la moutarde de Dijon, le raifort et les cornichons con-
fits au vinaigre. Mais l'homme, ce bipède sans plumes qui se lasse
de tout, d'autre chose et même des cucurbitacées. dit un jour à
son cuisinier :
— Jean, je te flanque à la porte, si tu me représente encore
de jeunes concombres.
Alors le cuisinier se mit à faire macérer dans l'acide acétique
connu sous le nom de vinaigre d'Orléans, des objets spongieux de
foute nature, tels que piments, ognons, melons, groseilles à ma-
quereau, pêches, abricots, gourde de pèlerin, pomme de mer-
veille, etc., et un tas d'autres denrées plus ou moins raccornies.
L'homme cherche toujours, et dernièrement M. Pailleux trou-
vait, ou plutôt rappelait l'attention du monde horticole sur VYsum
ou capucine tubéreuse, dont on a beaucoup parlé à l'époque de la
première apparition de la maladie de la pomme de terre. M. Pail-
leux conseille de faire macérer l'Ysanos ; il trouve un goût excel-
lent à ce rhizome ainsi préparé ; un autre le trouve détestable ; les
— 399 —
Boliviens le font cuire et geler et s'en régalent. Laissez donc
l'Ysanos aux Boliviens.
Poire Sainle-Jnne. — La poire Sainle-Anne est un « fruit de
grosseur moyenne, de forme ovale arrondi à ses deux pôles, peau
d'un jaune verdoyant, quelquefois d'un beau jaune légèrement
lavé de rosat du côté du soleil et granités de petits points fauves
clairsemés, chair blanchâtre assez fine, beurrée, très juteuse, fon-
dante, très agréablement sucrée. L'arbre est très fertile. »
Cette nouvelle poire, obtenue par MM. Joannon père et fils,
horticulteurs à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, qui la mettent au com-
merce, a l'avantage de mûrir immédiatement après le beurré
Gitfard. Les excellentes poires qui mûrissent dans la première quin-
zaine de juillet sont assez rares pour qu'une nouvelle et bonne
variété de maturité contemporaine, soit la bien venue. La poire
Sainte- Anne a, du reste, été dégustée à plusieurs reprises par la
commission pomologique, qui l'a trouvé digne d'être propagée.
Traitement du Mildiou. — Nous avons signalé dans un des pré-
cédents numéros de ce journal, les résultats du traitement du
Mildiou par le sulfate de cuivre. Dans le midi de la France,
partout où des essais ont été faits en temps convenable, les résul-
tats ont été tels qu'on peut actuellement considérer le sulfate de
cuivre comme un poison de ce cryptogame.
En Bourgogne, des expériences ont également été tentées avec
la même substance, et partout son emploi a donné des résultats
excellents.
Tandis que, dans le Midi, M. Millardet, ainsi que d'autres grands
propriétaires se servaient d'une sorte de lait de chaux, tenant en
suspension ou en dissolution du sulfate de cuivre (1) qu'ils proje-
taient sur les feuilles des ceps de vigne, aux environs de Beaune,
on employait les échalas sulfatés ou badigeonnés avec un lait de
cbaux et de cuivre, on utilisait la paille d'attache de la vigne en la
sulfatant préalablement. D'autre part, M. L. Podichart, de Gigny,
a employé une poudre ainsi composée :
Chaux grasse 100 kilos.
Sulfate de cuivre 20 —
Soufre trituré 10 —
Cendre de bois 15 —
Eau 50 —
qui a donné, paraît-il, des résultats extraordinairement remarqua-
bles. Le mélange ci-dessus a été parsemé dans plusieurs parcelles
(1). Lyon Horticole, 1885, p. 348.
— 400 —
de vignes dans le courant du mois d'août, au moment de l'appari-
tion du Mildew.
Dans tous les mélanges dont on s'est servi, c'est évidemment le
cuivre à l'état d'oxyde ou de sulfate qui a joué le rôle d'agent
toxique.
On savait du resie déjà que le sulfate de cuivre empêchait les
cryptogames de se développer sur les bois qui en étaient impré-
gnés.
Comment agit le cuivre contre le Mildiou ? C'est une ques-
tion qui ne sera peut-être pas facile à résoudre, mais cela importe
peu actuellement, puisque le point capital était de détruire le Mil-
diou. Laissons les savants chercher le secret, il faut bien qu'ils
trouvent quelque chose, puisque c'est le hasard qui a trouvé le
remède.
Noms français cl noms latins. — En classant une série de jour-
naux horticoles publiés, il y a quelques années, j'ai lu avec plaisir
une polémique survenue entre deux horticulteurs lyonnais au sujet
des noms de plantes. L'un voulait employer la langue française
pour nommer les espèces, l'autre soutenait que la latine était pré-
férable.
A cette époque, on parlait beaucoup de cette discussion dans le
lout Lyon horticole, les uns tenant pour le latin, les autres pour le
français. Je me souviens d'avoir entendu à ce propos le dialogue
suivant qui rappelle une des plus jolies anecdotes de Chamfort.
— Comment peut-il y avoir une dispute sur cela, disait M. F. . .?
— Vous avez bien raison, répondait M. S...
— Sans doute, reprit M. F..., c'est la langue latine qu'il faut
employer, n'estilpas vrai?
— Point du tout, dit M. S..., c'est la langue française.
— Il est clair, disait un troisième, pour mettre d'accord ces
Messieurs, que la langue grecque est infiniment supérieure à la
latine et à la française, et il aurait pu ajouter : On commence à y
venir.
11 est certain, étant donné nos relations internationales, qu'il
est absolument nécessaire de se servir d'une glose de convention
pour la nomenclature des plantes. Pour faire accepter ce langage
commun par toutes les nations actuellement vivantes les savants
ont décidé que l'on se servirait d'une langue morte. On a pris le
latin, qu'on assaisonne do grec, quand ce n'est pas le grec qu'on
assaisonne de latin. Puis avec le temps, on a mis des terminaisons
latines à dos noms allemands, russes, anglais, turcs, italiens,
danois, français, etc.
— 401
Informations. — Le 10 novembre dernier, M. Paul GirauJ, de Marseille,
a déposé sur le bureau de la Société d'horticulture de cette ville, une su-
perbe corbeille de Diospyros costata, le meilleur et le plus beau des k'ikis. Co
fruit a également été récolté à Condrieu en pleine maturité à la même date
par un amateur de Lyon, E. Emile Genin.
— On annonce de notre colonie du Congo qu'un des membres de la
mission, M. Menas, a installé à Franceville une fabrique d'eau-de-vie
d'ananas qui fournit un alcool délicieux rappelant le goût de la chartreusa
verte.
— M. Alexis Lepère, horticulteur à Montreuii, a été nommé chevalier du
Mérite Agricole.
— La Cilrus triplera a donné cette année des fruits mûrs, au parc de la
Téte-d'Or, à Lyon ; il en avait déjà donné l'an dernier sur le môme individu.
— Le sixième fascicule de VArbnret'un Scf/rezianum vient de paraître, il
contient les espèces suivantes : Ribes mu/tiflorum, Pinus Bungeanu, Castanei
vulgaris var. penduUfolia, Cerasus Copuli et Herincquiana.
— Un japonais vient de trouver le moyen de transformer les algues ma-
rines en papier très solide ot transparent. 11 paraît même qu'il pourrait rem-
placer le verre à vilre. C'est bien possilile ; mais s'il est moins cassant, il est
probable qu'il résistera aussi bien moins aux influences des agents atmos-
phériques.
— Le Comice agricole de Montdidier (Somme), à l'occasion du centenaire
de la culture de la pomme de terre dans la plaine des Sablons par Parmen-
tier, organise pour lalîn d'avril 1886 une Exposition de pommes de terre, de
tous ses dérivés et de tous les engins qui sont employés pour sa transforma-
tion. L'introduction de la pomme de terre en Europe remonte à la lin du
xvi= siècle; elle a été décrite dans le Pinax et tigurée dans plusieurs ouvra-
ges de botanique ; il y en a un beau dessin dans V/Iortus Bijsletensi^, publié
en 161.3, sous le nom de Papas pcriianorum. Parmentier a le mérite d'avoir
vulgarisé sa culture.
— Le Mildew n'est point une importation américaine ; il est connu depuis
longtemps en Alsace sous le nom de Milrlau (u se prononce ou en allemand).
Le mot Mildon a passé en Amérique avec les nombreux vignerons du palati-
nat émigrés et il nous est revenu anglicisé (Bull. soc. agr. de Fr., 806,
année 85). Ce qu'il y a de certain, c'est que des vignerons très âgés se sou-
viennent très bien l'avoir vu de temps à autre depuis leur jeune âge.
— M. Hutin, pépiniériste à Laval, a mis dernièrement deux nouvelles
poires au commerce, savoii-; 1" François Hutin, fruit gros, souvent très gros,
qui mûrit en octobre, à chair blanche, très fotdinte, juteuse, eiêtaipte de
toute pierre ; 2° Madame Caroline d'Airoles, fruit moyen, souvent gros, rap-
pelant la forme da Doyenné d'hiver. Chair fine, très fondante, juteuse. Eau
abondante, très sucrée, agréablement parfumée. Mûrit en mars-avril. Les
caractères que nous donnons de ces deux poires ont été extraits des descrip-
tions de l'obtenteur.
— M. Besson, pépiniériste à Marseille, met au commerce la nouvelle
variété de vigne Le Commandeur, dont voici la description : vigne très vigou-
reuse, fertile (hybride du Chéiès et du Joanneno), grappe très grande, làcho
et longuement ailée ; grains assez gros, ovoiJes, d'un blanc roux, pulpe cro-
quante, sucrée; très bonne; maturité fin août.
— La Fédération horticole italienne tiendra à Rome, en mai 1886, sa troi-
sième exposition nationale d'horticulture.
— Les Américains du Nord signalent une sorte de groseille à maquereau
(Ribes uva crispa) comme surpassant les variétés les plus productives du
genre. Cette variété qu'ils nomment Winhaais Industrie serait très ferlile.
très vigoureuse et aurait des baies rouges d'une belle grosseur. Espérons
qu'elle passera bientôt du continent américain en Europe.
— 402 —
— M. Gaudot, jardiniiîr de jNI. Chôvrier, dans le département de Saône-
ct-Loire, a récolté cette année des fruits mûrs à'At-ôustus inedo sur un sujet
qui a environ deux mètres. C'est un exemple de plus à signaler de la facilité
avec laquelle cet arbuste originaire des provinces méridionales de l'Europe
peut mûrir ses fruits sous des latitudes relativement froides.
V. Y.-.M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 21 novembre 1885, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Comte, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion qui est
."dopté sans observations.
Correspondance. — Lettre de M. le Préfet du Rhône informant la Société
que, dans sa séance du il septembre dernier, le Conseil général du Rhône
a voté Tinseription au budget départemental de l'exercice de 1886, d'un crédit
de 1,000 fr. à titre de subvention à notre Association.
Lettre de M. le Préfet, accompagnant l'envoi d'un exemplaire du pro-
gramme du Concours général agricole qui se tiendra à Paris, au Palais de
l'Industrie, du 15 février au 4 mars 1886, et de deux affiches annonçant le
susdit concours.
Lettre de M. Dutailly, député de la Haute- Marne, président de l'Associa-
tion ho'-ticole lyonnaise, remerciant notre Société des félicitations qu'elle
lui a adressées à l'occasion de sa réélection comme député, et oifrant une
somme de deux cents francs pour ê*re convertie en médailles à distribuer aux
lauréats de l'Association en 1885.
Lettre de M. Condamin, horticulteur à Mornant, remerciant la Société de
l'avoir admis au nombre de ses membres.
Lettre de M. Boucharlat aîné, remerciant la Société de l'avi ir nommé
membre du jury du concours de Chrysanthèmes, mais déclarant, pour des
raisons particulières, ne pouvoir accepter ces fonctions.
Lettre de M. B. Ghagny, jardinier chez M. de Jerphanion, accompagnant
l'envoi d'une fleur monstrueuse de Fuchsia. Description sera faite de cette
anomalie végétale.
Correspondance imprimée. — M. le Secrétaire général fait circuler les
publications illustrées que reçiit l'Association horticole et appelle l'attention
des membres sur les notes les plus intéressantes qu'elles contiennent.
Présentations. — Il est doniié lecture de 11 candidatures, sur lesquelles
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis membres de la Société, et à l'unanimité, les
candidats présentés à la dernière réunion. Ce sont :
MM. Garret (Pierre), jardinier au château de Crary. par Charolles (Saône-
et-Loire), présenté par MM. Marihouret (Cl.) et J. Jacquiei'.
Reveiller (Jean). horticulteur à Nîmes (Gard), présenté par M\I. Oor-
dioux et Pitaval.
FoUiet. marehand-grainier, à Annecy (Haute-Savoîe), présenté par
MM. F. Morel et Duchet.
Perret (J.-B.), jardinier chez M. le baron de Crouzaz, à Pont-de-
Beauvoisin (Savoie), présenté par MM Comte et Duchet.
Gaillard j^.lules), pépiniériste à Pont-de-Beauvoisin (Isère), présenté
par MM Comte et Duchet.
— 403 —
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Chavagûieux, chez M. Lachard,à La Pape (A.in), deux Choux-raves
hâtif de Vienne, à collet rose, d'un développement dépassant de beaucoup la
grosseur ordinaire qu'atteignent ces légumes. Un des exemplaires présen-
tés pèse 3 kilog. 150 grammes.
Par M. Guerry, jardinier' chez M. Coste, à Caluire, un exemplaire de
Poireau à feuilles panachées; M. Guerry déclare avoir apporté ce spécimen
pour démontrer combien la paaachure était constante ; il rappelle que la
même plante a été déjà soumise à l'attention de la Société et qu'elle a été
présentée au Concours régional de notre ville en mai dernier.
Cet apport était accompagné de beaux exemplaires de Poireau gros de
Rouen et P. de Carentan, ainsi que de belles racines de Scolyme d'Espagne,
dont les plantes, semées au mois de mai, se sont bien développées.
M. Perreton dépose sur le bureau une feuilede Musa Ensetedont une partie
de la nervure médiane s'est divisée et déjetée, ainsi que le limbe de la
feuille ; une feuille de Strelitzia régime présentant deux limbes accolés dos
à dos.
A propos de la feuille de ce Strelitzia, M. Comte dit que ce cas tératolo-
logique se présente assez souvent dans les cultures et que le froid doit être
une des causes principales de cette particularité des feuilles, il ne l'a observé
que lorsque les plantes n'ont pas suffisamment de chaleur.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, rue de l'Enfance. Lyon,
des fruits, des rameaux aussi chargés de fruits et portant encore des fleurs
de framboisiers ; cette variété dont il ignore le nom se recommande par
la bonne qualité de son fruit et par sa fructification prolongée, qui com-
mence en juin et se prolonge jusqu'aux gelées. M. Jacquier père suppose que
c'est la variété Falstoff, mais il ne peut l'affirmer.
M. Chardon avait joint à ces framboises des plantes de Chicorée frisée de
Meaux et de Scarole verte maraîchère à cœur plein.
Par M. Chaninet, horticulteur à St-Priest, une pomme de semis, que
M. Fougère l'a prié de présenter pour être soumise à l'appréciation des
pomologistes de notre Compagnie.
Par M. Hoste, horticulteur, 10, rue des Dahlias, Lyon-Monplaisir, des
variétés de Chrysanthèmes, dont ci-dessous la liste :
L'Incroyable (Délaux) , rouge sombre,
bords jaunâtres.
Le Surprenaut (Délaux), ponceau à re-
vers jaune vif très apparents.
Tricolore, à trois couleurs, jaune, rose et
carmin.
Président Lavallée, rouge brun, fleur
énorme.
Jules Délaux, cramoi.si, fleurs énormes.
M. Viviand-Morel , jaune marginé de
blanc.
Lord Hardinge, rose pointé blanc, forme
incurvée ou pivoine.
Soleil couchant, forme alvéole.
Simon Délaux, grenat, tr. gr fleurs.
La Géante de Valence, blanc carné.
M. Fernère, rose et blanc, alvéole.
Par M. Masson, 20, rue St-Denis, Lyon-Croix-Rousse, une fraise et des
pieds de fraisier de Quatre-saisons d'un semis fait en 1884 de la variéié
Joseph Schwartz, les fruits se maintiennent d'une grosseur égale pendant
toute l'année, coloris rouge cerise passant au blanc rose; les pieds présentés,
quoique la saiison soit très avancée, ont des hampes couvertes de fleurs et de
fruits.
Avec cet apport, M. Masson présentait des plantes de la variété de fraise
des Quatre-saisons Belle de Meaux.
A propos de cette présentation, M. Masson avait apporté des pieds de frai-
sier, issus des coulants de l'année, il fait remarquer, qu'en raison de la séche-
resse qui cette année a été de longue durée, bon nombre d'amateurs et de cul-
tivateurs de C3S plantes ont vu périr une partie de leur collection de fraisiers.
Les coulants étant petits et peu racines, il dit les avoir repiqués en pépi-
nière le 1" septembre dans du sable de rivière et, le 20 du même mois, du
rosettes avaient des racines de 10 centimètres de long et se trouvaient bon-
nes à être mises en place.
~ 404 —
Par M. Pernet-Dao>ier, rosiérisle, chemin des Quatre-Maisons, Lyon, une
Roje thé très remarquable, qui lui a été adressée par M. Pernj", sous le nom
di La F^cige. (Voir Li/on-IJorricote, n° 22.)
Par M. Clapot, maraîcher à Monplaisir, une collection de légumes : Carotte
nantaise sans cœur, Céleri plein blanc, Chemin, Céleri turc, P^^ir^aj de
Carentan, P. long gro; de Nîmes, Scarolle blonde, Navet à collet lo e.
P.ir M. Alégatiére, horticulteur, Lyon-Monplaisir, un pied de Rosier franc
de pied (R. Poljantha) variété Miniature, dont les racines sont garnies de
chevelu et les tiges chargées de boutons et de fleurs; on en compte plus de
100 sur un petit sujet ; le présentateur fait ressortir tous les avantages
de cette nouvelle variété dont il est l'obteateur, soit pour la culture
en pots et le transport; elle supporte très bien les voj'ages et, grâoe à ses
nombreuses racines, elle est d'une loine reprise, et malgré la transplanta-
tion elle continue toujours à fleurir. (Voir Lyon-IJorlicole 1885, w 23.)
M. Alégatière appelle l'attention de l'assemblée sur l'emploi des conferves
qui envahissent nos bassins, pour l'expédition des plantes. Ces algues ont
l'avantage de conserver longtemps l'humidité et tiennent très bien hs racines
en bon état de fraîcheur pendant assez loDgtemps.
Pai- M. Liabaud, montée da la Boucle, 4, Lyon-Croix-Rousse, ua pied
à'AiifJinrium carneum en fleurs. Cette plante est le produit d'un Anthurium
ùrnutuin fécondé par 1'^. Andrcnmim. C'est une variété très robuste, extrê-
mement florifère, dont l^s fleurs durent plusieurs mois sans s'altérer, ce qui
rend cette nouveauté très précieuse pour la décoration des appartements.
Par M. Perrot, montée do la Boucle, 6, Lj'on, un pot d'ŒiUet ardoisé (de
semis) d'un coloris violacé. Cette plante paraît être très remontante.
Par M. Perreton, chez .NL Fittler, montée dd Balmont, 86, L3'ûn-Vaige,
des fleurs coupées d'un Œillet de semis, très odorantes, bien faitis. à pétales
fimbriées, d'un coloris blanc pur, maculé et pointillé de rose légèrement
carminé; les fleurs sont bien pleines et d'une bonne forme et tenue..
M. Viviand-Morel appelle l'attention de la réunion sur un cas de tératologie
végétale que présente une fleur de Fuchsia, variété Miss Welc/ie, adressée
par M. B. Chagny. 11 y a, dit M. Yîviand-Morel, hypertrophie do la corolle,
la fleur a 28 étamines et un seul pistil, il faudrait pouvoir arriver à fixer
cette monstruosité. (Voir Lyon-horticole 1885, n° 23.)
M. Hosta dit avoir observé plusieurs fois des cas de ce genre dans ses cul-
tures.
Pour juger tous ces apports, il est nommé trois commissions.
Pour les cultures maraîchères et les fruits sont nommés MM, Riv)iie fils,
Berthier, Lille, Perretou, Bouoharlat jaune ; pour la floriculture, MM. Chré-
tien, Labruyère, Jusseau, Tjassonnerie ; pour juger et approuver le mérite
de la rose La Neige, MM. Duchet, Charreton et Liabaud.
.Ap ùj t'x men, les commissions proposent d'accorJer :
A M. Clapot, une prime de P" classse, pour l'ensemble de son apport.
A M. Chardon, — 1" — — ses fiamboises.
A — — 2° — — ses légumes.
A M. Liabaud. — 2" — — son Anthurium carneum.
A M. Perrot, — 2' — — son œillet de semis.
A M. Guerry, — 2" — — l'ensemble do son apport mais
plus spécialement pour les Scolymes.
A M. Masson, une prime de 2° classe pour son apport et pour sa rucihode
de multip'lioation des fraisiers des Quatre-saisons par le semis.
A M. Perny. une prime de P^ classe, à la rose présentée par M. Pernet-
Ducher, sous' le nom de La i\eige, la Commission trouve que ce sera une
plante de 1" mérite.
Toutes ces propositions mises aux voii sont adoptées à l'unanimité.
■ Pour les autres apports, l'inscription au prooès-vcrbal est accordée, et la
Commission chargée d'apprécier l'apport de Chrysinthèmes, quoique très
méritant, n'a pas jugé à propos de lui aecorder une récompense, le oonours
de Chrysanthèmes ayant eu lieu il y a peu de jours.
— 405 —
L'assemblée décide, qu'a l'occasion de la distribution des récompenses aux
lauréats des divers concours organisés par notre Société, ainsi que du Con-
cours de Chrysanthèmes et des récompenses accordées aux apports sur le
bureau, la réunion de décembre sera suivie d'une assemblée spéciale et à
laquelle il sera donné une solenn'té particulière.
A la suiti de la distribution des récompenses, un banquet sera ofl'drt au
président de notre Compagnie et à la presse lyonnaise.
La commission chargée d'orga;;iser le banquet, nommée par acclamation,
se compose de MM. Com'e, Musset, Labrujère et Jacquier père.
La prochaine réunion de décembre, la séance est fixée à une heure pré-
cise et la distribution des récompenses à deux heures.
M. Carie rappelle que dans une des précédentes séances, il a été nommé
une commission dite « des intérêts horticoles n, cette commission s'etant
réunie déjà plusieurs fjis, désirerait rendre compte de ses travaux et
demande la mise à Tordre du jour de cette question à la prochaine réuiiion.
Une discussion s'engage à propos de cette question, à laquelle prennent
part MM. Riveire fils, Carie, [;abrujére et Viviand-M^rel. L'assemblée
décide qu'à l'occasion de la distribution des récompenses, qui doit avoir lieu
dans la séance de décembre, cette question soit mise à l'ordre du jour de li
réunion de janvier.
M. Cousançat fait observer que c'est dans cette séance que se fait géné-
ralement le dépôt du i apport de la commission des finances, et demande la
priorité pour la lecture de ce rapport et la discussion du budget.
L'assemblée, consultée sur cette question, émel un avis fnvorable.
En conséquence, l'ordre du jour de la séance de janvier 1886 sera ainsi
fixé :
1° Rapport de la commission des finances ;
2° Discussion du budget provi>ionnel ;
3° Rapport de la comroi.s^ion des intérêts horticole?.
La séance est, levée à quitre h ures. Le Secrctaire- Adjoint, J. ÎSicolas.
Les Fougères qui fleurissent
« Li Fougère fleurit la nuit du plus grand jour de l'an, et à
l'heure même qu'elle est défleurie, sa graine est mûre et tombe en
terre; et si on ne se trouve tout à l'instant, on n'en peut voir la
fleur, ni moins amasser la graine. Les charlatans disent que tout
cela advient la veille de la Saint-Jean. »
11 y a encore de braves gens qui croient à cette vieille histoire ;
j'ai même connu une personne qui paya 25 francs un rhizome de
Fougère mâle, parce que le bisque (colporteur), qui le lui avait
vendu, certifiait que c'était la vraie Feugiérc, que les Grecs nom-
maient Blechnos, et qu'avec cette plante, à l'heure de minuit, le jour
de la Saint-Jean, il pourrait découvrir des trésors cachés. 0 bêtise
humaine ! Et remarquez que le colporteur avait ajouté que cette
Fougère donnait, au moment de sa floraison, une lumière éblouis-
sante.
On sait que les anciens avaient des idées singulières sur les Fou-
gères; sans compter les autres, qu'il me suffise de rappeler qu'ils
croyaient qu'elles guérissaient les plaies faites avec des roseaux. De
cette croyance, ils avaient tiré la conclusion suivante : « Là où il
— 406 —
i\
OphioglosBum vulgatum.
y a beaucoup de roseaux autour de la Feugière,Ia Feugière meurt;
mais là où il y a beaucoup de Feugière autour des roseaux, les
roseaux meurent. »
Linné a donné le nom de Fougère mdle à une espèce bien diffé-
rente de celle que les anciens connaissaient sous ce nom, car leur
Fougère mâle était le Pteris aquilum si répandu partout.
Si dans la plupart des genres de Fougère, la fructification est
cachée sous les feuilles (frondes), il -^ en a en revanche quelques
sortes où cette fructification est beaucoup plus apparente et se pré-
sente d'une manière très évidente sur des frondes spéciales. Parmi
les espèces qui se montrent ainsi, on peut citer VOsmunda irgalis,
VOpliioglossumvulgaUim, le Bolrijcliium Lunaria, etc.
L'Osmonde royale est une des plus belles Fougères qui croissent
en Europe. On la nomme souvent Fougère aquatique. Fougère
royale, Fougère fleurie. Je m'étonne qu'elle ne soit pas plus fi'é-
quemment cultivée, car elle est infiniment plus remarquable que
beaucoup d'autres qu'on rencontre dans tous les jardins. Je pense
que l'ignorance des conditions qui favorisent son développement
est la seule cause de son abandon. Pour croître avec vigueur, il
faut à l'Osmonde royale de l'ombre et beaucoup d'humidité. Elle
vient très bien dans les terrains humides, les fossés des prairies
tourbeuses et autres lieux marécageux. On la trouve dans presque
toute l'Europe : en France, en Suisse, en Allemagne, eu Hollando,
en Danemark, en Suède, en Angleterre, en Turquie, dans la Russie
méridionale.
L' Ophioglossum vulgnlum, plus connu sous le nom de Langue de
Serpent, n'offre aucun intérêt considéré au point de vue horticole,
c'est une espèce botanique singulière, qui ressemble très peu aux
— 407 —
.^cXc24 ■!'':■
Osmunda regalis L.
autres Fougères. On la rencontre également à peu près dans toute
l'Europe.
Le Bolnjcliium Lunaria est dans le même cas que la Langue de
Serpent, c'est une curieuse Fougère qui se plaît dans les hautes
montagnes où les botanistes la récoltent avec plaisir.
L. S.
— 408 —
Conditions dans lesquelles il faut employer le
sulfure de carbone
Nous croyous utile de reproduire ici les conditions dans les-
quelles le sulfure de carbone doit être appliqué pour produire tout
l'effet qu'on est en droit d'en attendre dans le traitement des
vignes phylloxérées. Ces conditions ont été parfaitement étudiées
et très clairement exprimées par M. P. Vinçay, professeur dépar-
temental d'agriculture, et M. le docteur Crolas, professeur à la
Faculté de Médecine de Lyon, dans un rapport sur les Travaux
du Comité et des Syndicats dans le département, adressé à M. le
ministre de l'Agriculture. Nous regrettons que la longueur de ce
document ne nous permette pas de le reproduire en entier; nous
en donnons seulement les conclusions :
« Disons d'abord que l'expérience a prouvé que les résultats
obtenus dans certaines conditions de sol, sans être nuls, ne sont
pas assez complets pour que le vigneron ait intérêt à faire le trai-
tement.
« Ces conditions sont les suivantes : 1" Lorsque le sol, quelle
que soit sa nature, a moins de 30 centimètres de profondeur;
« 2" Lorsqu'il est composé, en grande partie, d'argile qui le
rend compacte et que le sous-sol est imperméable.
« Dans le premier cas, la diffusion des vapeurs de sulfure est
trop rapide, elles ne séjournent pas assez dans le sol.
« Dans le second, la diffusion ne se fait que très difficilement,
ces terrains, appelés vulgairement (jouiieux, étant presque toujours
saturés d'eau.
« Les vignes plantées dans l'une ou l'autre de ces deux caté-
gories de terrains, constituent heureusement l'exception pour
notre région.
(( Toutes les vignes qui sont en dehors de ces deux conditions,
peuvent et doivent être défendues, et le succès est assuré si l'on
suit strictement les indications suivantes :
« 1° Traiter les vignes dès la première apparition de l'insecte-
(( 2° Traiter l'ensemble des vignes envahies et non pas seule-
ment les taches ;
« 3' Appliquer le sulfure à la dose de 18 à 20 grammes par
mètres carrés, ne jamais dépasser cette dose ;
« 4° Faire les injections entre les ceps, de façon à comprendre
chacun d'eux entre quatre trous, en évitant de toucher la souche
avec le pal ;
« 5° Avoir soin de boucher exactement les trous de pals immé-
diatement après l'injection du sulfure ;
6° « Avoir soin de toujours laisser égoutter les terrains forts, qui
retiennent longtemps l'eau, après les pluies abondantes ou la fonte
des neiges ;
— 409 —
7" « Cesser les applications aux deux époques de l'année où la
sève se met en mouvement ;
S° « Cultiver avec soin et fumer convenablement les vignes trai-
tées;
« Les bons résultats qu'ont donnés, soit dans les champs d'expé-
riences, soit chez les propriétaires, les traitements d'été, nous per-
mettent de les conseiller sans arrière-pensée, toutes les fois qu'une
tache fera son apparition dans un vignoble, et que l'on n'aura pas
pu appliquer le sulfure au printemps ou à l'automne par suite du
mauvais temps.
« Nous devons signaler un fait important, sur lequel notre atten-
tion a été attirée par un certain nombre de vignerons, et que nous
avons vérifié nous-mêrae. Pendant la période de l'année où le phyl-
loxéra habite les racines superficielles et le collet des souches,
c'est-à-dire à la fin du printemps et pendant l'été, il y a avantage
à ne pas introduire le sulfure à une trop grande profondeur. Il faut
au contraire le déposer à 15 ou 20 eenlimèlreii ; de cette façon, les
vapeurs, qui sont lourdes et ont toujours une tendance à descendre,
tuent d'abord les insectes qui sont dans les parties du cep, voisines
de la surface du sol, et vont ensuite agir sur ceux qui habitent plus
profondément. »
Médailles accordées pour apports sur le bureau de l'Association
horticole lyonnaise pendant l'année 1885.
Médaille d'or, M. Liabaud.
— d'argent, grand module, MM. Morel et Verne.
— — MM. Boucharlat jeune, Chavagueux, Charre ori,
Ciapot, Corbin, Crozy, Deville joune, Gaerry, Hoste, Masson, Roehet,
Rozaiu-Boucharlat, Rivoire fils, Sjhmitt, Viilard.
Médaille de bronze, MM. Bellin, Beraaix, Beurrier, Caillât, Chardon,
Champalle, Combat-Cordier, F. Gaillard, Gittel, M"" Joly, Messat,
Nicolas, Perny, Pernet-Ducher, Valette.
CATALOGUE
LÉONARD Lille ei Benet, horticulteurs, marchand-grainiers, 7 et 9, cours
Morand, Ljon. — Catalogue, pris-courant général de graines potagères,
fourragères, de fleurs d'arbres, etc.
Ce Catalogue, in-8° de 5G pages, contient, avec de très nombreuse) gra-
vures de légumes, de fleur?, etc., des fac-siiiùk iudiquant ce qui concerne le
semis et la culture des plantes. Nouveautés con: ernant les fleurs et les
légumes; nombreuses variétés des plus beaux genres horticoles : Prime-
vères. Œillets, Balsamines, Mimulus, Cinéraires, Giroflées. Plantes de serre :
Dracœnas, Agave?, Coleus, Calcéolaires, Abutilons, etc. Fournitures horti-
coles, coutellerie, étiquettes, mastic à grefler, librairie horticole, etc.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Abutilon à fleurs doubles. ... 24
Acclimatation 90
Acer dasvcarpum S^ri
Aconits (Note sur les) 3i7
Acros'ichnin alcicorne 96
Adaptation des espèces au sol. . 295
Adiantuni obliquum 52
Adonis vernalis 15
Agave maculata 381
A?ri(ultiire au Tonkin 110
Alocasia Pucciana 52
— rœiinœ 53
Altises (Destruction des) .... 90
Aphorismes sur les plantations . 341
Amadouvier 30
Ampeligèue 2ti0
Andropogon muricatus 76
Anona squamosa 131
Anthurium Margaritœ 53
Antliyllis vulneraria 58
AracUis bvpogœa 114
Arbousiers 378
Arbies (Plamation le long des
routes) 34
Arbuste vigoureux 125
Al rosement pendant les chaleurs. 210
- 241
— des arbres 245
Arundo donax 30
A^arum europeum 30
Asclepias syriaca 294
Asperges (Notes sur les) .... 11
— (Culture comparative) . 243
Association borticole grenobloise. 44
Assujétissement des arbres nou-
vellement plantes 74
Bambous 45 et 212
Bergamotte Sannier UO
Bernard de Jussieu (Statue de) . 6
Beschorneria Descoteriana ... 53
Beurré Fouqueray 349
Bibliographie 240
Bilbergia Breauteana 229
Binages 2:^6
Bixa orellana 279
Boronia megasiigma 139
Bouturage des Camellias. . . . 228
Brunswigia magniÊca 109
Bnttage des pommes de terre. . 2^2
Caltha palustris 370
Camellias (Bouturage des) . . 228
Cannas de semis 359
Caoutchouc (No .velle source de). 212
Carotte (Culture de la) 39
Catalogues, 20, 40, 72, 88, 104,
120, 136, 152, 168, 200, 224.
272, 288. 308, 343, 3fi0. 396
Cattleya autumnalis 331
Cerasus Mahaleb 313
— serotina 383
Ce. eus paucispinjs 53
Certificats d'origine 271
Champignons vénéneux (Connais-
sance des) 22
Chêne gigantesque 365
Pages
Chionanthus virginica 157
Chou de Bruxelles (Origine du) . 310
Chrvsantbèmes (Plébiscite en fa-
veur des). 24, 27, 31, 70
— d'été 280
— japonaises 351
— a Londres 375
Cinéraires hybrides 107
Cnrus triplera 27
Cladrastis tiactoria l'Jl
Climatologie 122
Cœlogyne cristata 109
Coleus 7
Concours de Chrysanthèmes. 314,
368, 361
Concours spéciaux. . 300 à 303, 321
Conservation des fruits 156
Corbeille d"or compacte .... 106
Cordiospermum 296
Crassula stachyura 367
Cr.)issance des arbrcS 85
Culture du Fraisier 393
— potagère 39
Cyclamen hederœfolium .... 9
Cyrtopodium jiunctatum .... 293
Damasonium stellatum 356
Darlingtoniacaiiforuica (Culture) 116
Dattier (Fructification à Mont-
pellier) 124
Dendi'obium Hasselti 53
Dents et horticulture (les) . . . 291
De.-truction de la mousse des ar-
bres 75
Dictionnaire des roses 255
Dracœna Draco 15
Dragante 1.5
Echinocereus phœniceus .... 90
Edelweiss 276
EfieuiUement 346
Empotage 43
Empoisonnement du sol . . 77, 97
Encre au bichromate de potasse. 255
Engrais d'escargots 124
Errata 43
Escarbilles de coke (leur usage). 211
Esp ce {A. propos de 1") 93
Es.-impleur 141
Eucalyptus Mulleri 292
— (Usages ,'e 1") ... 293
Evoi.ynuis europeus variegata. . 53
Es position dWnvers 283
— de Châlons 267
— de Genève 233
— de Lyon, 6, 169, à 186,
191 à 202, 213
— de Mâcon 319
— de Marseille .... 303
— de Villefranche ... 277
Feuilles >.t omidon 291
Flore d'Europe 2'26
— de Porquerolles 4
Fourmis (Eloignement des). . . 292
Fraise Roi Henry 349
FiitiUaires (Note sur les) . . . « 338
Fuchsia (Le premier) 123
— 411
Fuchsia moustrueux. . .
Fusains à feuilles persistantes,
Ginfrembre. . .
Greffe Noisette .
— en hiver .
379
352, 372
81
5
3
312
— de la vigne (Traitement
de la) 293
— Gaillard 389
Guêpes (Destruction des). . . . 139
Gui( id. ) 156
Haricot et soleil 245
Hicmanihus Katherinœ 53
Histoire des herbiers 325
Hoteia japonica 75
Ilottouia palustris 17
Humus (son rôle dans la végéta-
tion) 46
Hydrocotyle vulgaire 370
Impatiens Sultuni panaché . . . 383
Influence de la température de
l'eau d'arrosage sur les plantes 24 1
liis (Espèces d") 130
— Kœmpteri 128
Ixora Pilgrimi 53
Jardins de la rég. de l'oranger . 287
Jussieua granditiora 278
Juncus zebrinus 141
Lastrœa œmula 60
Leontopodum alpinuoi 276
Leonotis leonurus 75
Limaces (Destruction des) ... 92
l.iitoral de )a Provence .... 249
Lumière (Influence sur les plantes
de serre) 200
Luzerne (Falsification des grai-
nes de) 70
Lychnis (Espèces de) 205
Mandragore 112
Marronniers de Bellecour . . . 358
Msrsilea 357
]\!asdevalia 187
Mastic pour les serres chaudes . 85
Matricaria indica 281
Mildew 106, 348
Molle 15
Mulots (Destruction de?) .... 92
Multiplication des plantes uni-
caules 294
Mure, murrn, meuron 291
Narcissus serotinus 290
Nirds 16
Nelumbium (Multiplication des). 227
Nigelles (Note sur les) .... 299
Noisettes 30, 303
Noms de plantes (Les vieux) . . 15
Nouvelle grefl'e de la vigne . . . 389
Nvmphœa flava 275
(Eillet J. Beurrier 297
— perpétuel 76
— remontants-culture . . . 277
Oïdium (Destruction de 1') . . . 309
Orchidées (Prix de quelques) . . 383
Origine de quelques poires. . . 138
Orthographe horticole 67
Panachure 154
Pèches américaines 310, 350
Pages
Pelargonium à grandes fleurs
(bouturage) 363
Pentstemon panaché 7
Peronosposa viticola 332
Persil à grosse racine 275
Pervinca 30
Phylloxéra (Note sur le) .... 4, 329
Physiologie 41
Piqûres d'abeilles (Remède con-
tre les) 229
Pivoines en arbre 102
— (Révision du genre) . . 311
Plantation des arbres 74
— — d'avenue . 383
— (A propos des) . . 330, 341
Plantes (Concours relatif aux
noms vulgaires des). . 228
— (Dégénérescence des). . 23
— ictyophage 293
— japonaises. . , . . . 21
— de marais 355, 369
— naines 315
— succédanées du café . . 23
— (Les vieux noms de) . . 29
Plâtre phosphaté 42
Plectranthus fructicosus .... 382
Plomb des arbres fruitiers . . . 365
Poires du Cap 157
— Pierre Joigneaux. . . . 333
— d'hiver 27
— monstrueuse 349
— nouvelle 332
— (Observations sur les) 17.
56, 88, 119, 150, 168.
286, 307, 395
Pollen (son influence sur les ca-
ractères des hybrides) .... 0
Pommes de terre (Nouveau pro-
cédé de multiplication). . . . 165
Pommes de terre (Buttage des) . 222
Pont de la Guillotière 189
Porlulacca sedoïdes 296
Pots à double compartiment . . 220
Primula auricula 17
Primevère de Chine 108
Primula mollis 134
Pritchardia 275
Prix de la Société d'encourage-
ment 311
Procès-verbaux des séances de
l'Association, 25, 61, 93, 126,
158, :.'02, 229, 261, 295, 334, 365
Prune d'Ontario 101
Prunes (Séchage des) 306
Prunier japonais 75
Pucerons (Destruction des). . . 293
Puceron lanigère (Destruction
des) 140, 275, 365
Pulsatille 31
Pyrethrum indicum 281
Rabelais horticulteur 377
Raisins américains 334
Ranunculus lingua 355
Recettes utiles 151
Règlement des apports 28
Repiquage des plantes 106
Rempotage 43
Rhododeudrnm Cavroni .... 53
— 412
Pages
Rocouier 279
Roses teintes 5
— de 25.000 francs 106
— nouvelles 256
— (Classification des) .... 331
— au xvi<^ siècle, 145, 161,
217, 235, 246, 263
— Lusiadas 303, 389
— Souvenir de Victor Hugo . 333
— La Neige 304
Rosa polyantha . . 59, 63, 346, 367, 379
Rosier (Culture retardée du) . . 258
— sauvage pour li greffe. . 50
Ruta graveolena 135
Salvia 382
Sarracenia purpurea 49
Scirpus zebrinus 141
Sécateur et serpette 345
Séchage des prunes 3U6
Semis (Note sur les) 57
Semis (C'est un) 257
Ser(.ientine 30
Siiio-Boii 128
Soufrage de la vigne 155
Stachys affinis 187
Stephaaotis floribunda 51
Stratification des graines. . . . 273
Strelitzia regiuce 64
Sujets à gretler 59
— et grefie 312
SurgrefFage 59
Pages
Taille des arbres 41
— — nouvellement
ph rites. . . 107
— des arbustes 44
— de la vigne 69
Tarifs des chemins de fer. . . . 209
Tavelure des poires 4
Terrine cari'ée 83
Theoiihrasta Jussieui 122
Tilleul 29
Tomates teintes 277
— Roi Humbert 336
Transformation des vrilUs ... 91
Travaux des jardins, 19, 54, 86,
117, 148, 207, 238, 270, 307
Tulipa cretica 124
— sylvestris 228
Typha latifolia 369
Utricularia 293
Vanda RoUissonii 331
Van Mons (Théorie de) 137
Valeriana celtica 17
— dioica 369
Variétés (De l'obtention des) . . 35
Véronique d'Andt-rson 81, 392
Vers blancs(Dest:uction des). . 142, 157
Vétiver 76
Vriesea retroflexa 54
— - Warm ngii 54
Wash'.ngtoiiia l'ubusta 275
Zini>; ber officinale 80
TABLE DES FIGURES
V: ses
Aconits 318
Acrostichum alcicorne 96
Adonis vernalis 16
Amadouvier 30
Auona squammosa 131
Arachide 114
Arbres d'avenues 385 à 387
Arundo donax 30
Asarum europeum 30
Bixa orellana 279
Botrychiura lunaria 4 '0
Caltha palustris 370
Cyclamen hederœfolium .... 10
Damasonium 356
Dracrona Draco 10
Uragante 15
Fritillaria imperialis 339
— meleagris 338
— pcrsica 339
Greffe (5ailL,rd 392
Hottouiu palustris 17
Hydrocotyle vulgaris 370
l.olium temulentuni 16
Lychnis grand tlora 105
Mandragore officinale ...... 113
Marsilea 357
Nigelles i99
Ophioglossum 406
Osmunda regalis 407
Pervinca 30
Primula auricula
FulsatiUa
Ranuuculus aquatilis
— liugua
Rosa alba 2
— alpiua
— céutifolia
— cinnamomea
— Dama^cena
— eglanteria
— lactea
— lutea
— — sini^lex
— Milesia
— pimpinellifolia
-- prœatstiiia
— prcvincialis
— — U albo. . . .
— lubicunda
— riibro uigricans
— sylvestris ''
Ruta graveolens
Sarracenia purpurea. . .
Schinus molle
Serpentine
Strelitzia reginoî ....
Typha latifolia
Valeriaua celtica ....
— dioica. . . ■ .
Zingibcr officinale. . . .
17,
219,
Pages
17
31
357
350
218
265
147
247
237
265
163
147
162
163
248
147
147
246
236
162
220
135
49
31
30
65
369
17
369
80
Lyon. — Imp. du Salut Publie. — Bellon, r. de la République, 33
HUITIEME ANNEE
18 8 6
LYON-HORTICOLE
REVUE BI-MENSUELLE D'HORTICULTURE
PUBLIÉE AVEC LA COLLABORATION DE
L'ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM.
ALPHONSE KARR,
BELLISSE. A. BERNAIX, BOUCHARLAT aine. CHARRETON.
CHAUDY, J. CHRÉTIEN, B. COMTE, B COUSANÇAT , CROZT FilB aîné,
Th. DENIS, Ph. DEVILLE, DUCHER, L -C. GAILLARD, F. GAULAIN, GORRZT
HOSTE , C. JACQUIER , J. JACQUIER , LABRUTÉRE Fils,
LIABAUD, L. LILLE, J. MÊTRAL.
Fque BIOREL, J. MORIN, MUSSET, J. NICOLAS. PELLETIER, HOCHET,
etc., etc., etc., etc..
Tiédacteur en Chef : VZ V I AN D-MOREZ.
LYON
IMPRIMERIE DU SALUT PUBLIC
33, RUE DE I.A RÉPUBLIQUE, 33
18 8 6
1886 JANVIER N" 1
CHRONIQUE
Les primes d'honneur de l' horticulture et de f arboriculture. — Enfin
nos réclamations n'auront pas été inutiles. L'an dernier, à l'occa-
sion du concours régional du Rhône, une demi-douzaine de con-
currents étaient inscrits pour prendre part au concours relatif à
la prime d'honneur à l'horticulture. Il y avait, si je m'en souviens
bien, cinq pépiniéristes et deux maraîchers, et un seul prix à
décerner. Comment d'abord établir un jugement sérieux entre des
cultures d'arbres et de légumes? Si les arbres sont superbes et
l'établissement bien tenu, les choux et les carottes peuvent être
hors ligne. Devait-on primer les carottes ou les poiriers? Mainte-
nant, si trois concurrents étaient ex-œquo, lequel devait décrocher
la timbale, puisqu'il n'y avait qu'une prime? Un seul devait l'avoir
ou personne.
J'ai eu l'honneur d'être désigné pour faire partie du j'iry, 0:1
compagnie de MM. Sénelar et Vermorel et connaissant les établis-
sements de quelques-uns des candidats, sachant qu'ils avaient une
grande valeur pour la plupart, nous demandâmes à M. le préfet,
de pouvoir, si le cas se présentait, partager la prime. Il nous fut
répondu que la chose n'était pas possible, que le texte ministériel
était formel à cet égard. Nos successeurs prirent sur eux ce par-
tage, et ils firent bien. La preuve qu'ils eurent raison, c'est qu'au-
jourd'hui ce partage pourra se faire légalement.
Voici, en effet, le nouveau texte qui régit la matière :
Par arrêté en date Ju 31 octobre dernier, le ministre de l'Agriculture a
décidé qu'à l'avenir, dans chacun des départements où se tiendront les Con-
cours régionaux agricoles, les prix et récompenses qui suivent .=ePont décer-
nés concurremment avec les récompenses prévues par l'arrête du 28 décem-
bre 1880.
Prime d'honneur à l'arboriculture. — Un objet d'art de 300 francs et une
somme de 2,000 francs seront mis à la disposition du jury pour être décernés
aux cultivateurs établis, uniqu3ment pour la vente des produite maraîchers
— 4 —
ou des fruits qui auront présenté les établissements les mieux tenus et du
meilleur rapport.
Le concurrent classé le premier recevra l'objet d'art à titre de prime
d'honneur et una somme d'argent qui sera déterminée par le jurj.
Prime d'honneur à i horticulture. — Un objet d'art de 300 francs et une
somme de 2,000 francs seront mis à la disposition du jury pour être décernés
aux horticulteurs-fleuristes et aux pépiniéristes présentant les Jardins et les
pépinières les mieux cultivés, les mieux tenus et du meilleur rapport.
L'horticulteur ou pépiniériste classé le premier recevra l'objet d'art à titre
de prime d'honneur et une somme d'argent qui sera déterminée par le jury.
Ces prix étant réservés aux arboriculteurs, horticulteurs et pépiniéristes
de profession, les amateurs, les jardiniers des particuliers, les propriétaires
de parcs et de jardins d'agrément ne seront pas admis à concourir.
Des médailles de bronze accompagneront les prix autres que la prime
d'honneur.
Description de fraises nouvelles. — On sait que la plus mauvaise
gravure vaut mieux, pour faire connaître une plante, qu'une bonne
description, mais ce n'est pas une raison suffisante quand un obten-
tenteur donne en même temps une gravure et une description de
ne pas les faire accorder entre elles. C'est cependant ce que vient
défaire M. de Gœschke. Il publie dans un journal horticole le
dessin de quelques fraises énormes, notamment d'une qui porte le
nom de Kœnig Albert von Sachsen qu'il accompagne de cette dia-
gnose : Fruit énorme, de forme régulière, ovale arrondi, à sépales
appliqués. Couleur rouge cerise orangé brillant ; grains bruns sail-
lants. Chair rose passant au rouge en pleine maturité, d'un goût
aromatique exquis. Plante à végétation vigoureuse et d'une ferti-
lité inouie. Moyenne saison.
Si je regarde le dessin, le fruit est, en effet, énorme (il mesure
près de 10 centimètres dans son plus grand diamètre), mais il n'est
pas du tout de forme régulière , encore moins ovale arrondi.
Quant aux sépales appliqués, j'en aperçois quelques-uns qui se
dressent contre le pédoncule. Et puis, qu'est-ce, je vous prie,
cette couleur rouge cerise orangé ? s'il est cerise, ce rouge, il n'est
pas orangé, l'un excluant l'autre, Fertilité inouïe .... brr, je me
sauve.
Pommes de lerre à Londres. — Dans une exposition spéciale aux
pommes de terre, qui s'est tenu à Londres, dernièrement, des prix
ont été accordés aux variétés suivantes : Cardinal, kidney rouge ;
Schuolmaster, blanche ronde ; Edgcole Seedling, blanche ; Chancellor,
kidney blanche ; Mister Bressec, rose; Beaulij of Hebron, supérieur à
l'Early rose ; ficarof Laleliam, violette tardive et Beading Bussel,
ronde rose demi-hâtive, classée en première ligne.
Des certificats de première classe, dit le Moniteur d^ horticulture ,
ont été décernés aux quatre nouveautés suivantes qui ont subi, avec
— 5 —
trente-huit autres, deux années d'expériences dans les cultures de
Chiswick. Ce sont : Général Gordon, ronde blanche demi-hâiive ;
Failli, ronde blanche hâtive ; The Colonel, kidiiey blanche, donnée
comme très productive et New Fluke, kiduej blanche.
Vue serre de roses La Reine en fleurs le \" janvier. — L'art de
forcer les plantes à fleurir en contre-saison fait tous les jours de
nouveaux progrès; nous en avons la preuve, et c'est notre collègue,
M. Pécoud, horticulteur à la ViJlette, à Lyon, qui se charge de
nous la fournir. En effet, ceux de nos confrères qui s'occupent de
forcer les rosiers savent que si on obtient assez aisément des roses
hybrides en fleurs dans le courant de février et de mars, la chose
n'est plus aussi facile quand il s'agit d'avancer cette époque seule-
ment d'un mois. On donne la température convenable, aussi bien
en novembre et décembre qu'en janvier et février, mais les rosiers
eux donnent des rameaux stériles et non des fleurs. Il paraît que
M. Pécoud, qui se livre du reste avec beaucoup de succès au for-
çage des lilas et des rosiers, a trouvé le « joint » pour que les
rosiers qu'il force fleurissent au commandement. Nous lui avons
rendu visite le 2 janvier de la présente année, et nous avons vu
chez lui une serre entière de roses La Reine et Jules Margottin, qui ;
commençaient à fleurir. Les fleurs sont un peu plus petites que
lorsqu'elles fleurissent en mars, mais elles sont néanmoins bien
constituées. Chaque pied de rosier avait de quatre à cinq fleurs.
On obtient aisément, en les retardant, des Beagales, des Thés et .
des Ile-Bourbon, mais des hybrides, c'est autre chose.
Cerise préeoce du Luc. — « Le directeur du jardin de la Société
llwriiciiltnre du f ar a exposé sur le bureau de cette Socié4 , le
15 avril dernier, des Guignes précoces du Luc, en pleine maturité.
Quoique la fructification ait été peut-être excessive, leur volume
était supérieur à celui des fruits produits par des arbres plantés il y
a quinze ou vingt ans. Ce fait tendrait à prouver la transformation
d'un fruit qui n'a pour attrait que sa grande précocité ; car sa
chair est médiocre et peu abondante, comparée au volume du
noyau ; mais comme il devance de quinze jours les cerises les plus
précoces du Var, les expéditeurs le recherchent et le payent sou-
vent fort cher. Malheureusement, la maturité n'en est pas uniforme,
ce qui oblige à des cueillettes successives sur le même bouquet.
La souche primitive de cette variété est la Guigne sauvage des
Maures, qui est uniforme dans plusieurs contrées de l'Europe tem-
pérée. »
Il paraît qu'il n'existe aucune différence entre k Cerise précoce
du Luc et la Cerise hâtive de Bâle.
— 6 —
Arbres trop enterrés. — Il arrive assez fréquemment que par
suite du tassement du sol, des labours et des apports de terre, que
des arbres qui avaient d'abord été plantés convenablement, se trou-
vent au bout de quelques années beaucoup trop enterrés. Dans les
terrains secs, le mal n'est pas très grand ; mais dans les bas-fonds
humides, il n'en est pas ainsi, car les arbres trop enterrés languis-
sent, jaunissent et finissent souvent par périr. Il y a donc lieu
d'apporter promptement un remède aux arbres qui se trouvent
dans ces conditions. Si l'arbre est jeune, il ne faut pas hésiter à
l'arracher et à le replanter convenablement. Dans le cas contraire,
ou si on ne veut pas se résoudre à cette extrémité, il faut déchaus-
ser le sujet jusqu'au collet, et dans l'espace de la tige qui se trouve
enterrée, pratiquer quelques entailles peu profondes de bas en haut,
et soulever par places quelques lambeaux d'écorce ; on peut égale-
ment donner quelques coups de pointes de serpette dans le sens de
la longueur de la tige. Ces incisions ont pour but de provoquer la
formation de bourrelets, et par la suite de faire développer de nou-
velles racines. Les bourrelets qui se formant ont une organisation
analogue à celle des racines et ne craignent pas d'être recouverts
de terre, comme les tissus ordinaires du bois.
J'ai sauvé par ce moyen des pommiers qui, à la suite d'un rem-
blai de 20 centimètres, étaient voués aune mort certaine.
Un préservatif de la rage. — Tandis que M. Pasteur continue ses
expériences de traitement de la rage par des inoculations de virus
rabique, à Nantes, deux médecins distingués, les docteurs Barthé-
lémy et Viaud-Grand Marais, expérimentent toujours, dans les
mêmes cas, le Hoang-Nan, plante originaire du Tonkin.
Les missionnaires et les médecins de la marine, témoins ou
acteurs des cures merveilleuses obtenues avec cette liane, au Ton-
kin, en ont propagé l'usage dans nos colonies, les Indes et jus-
qu'aux Antilles. En France, son introduction date de 1875. Elle
est due à Mgr Gauthier, vicaire apostolique du Tonkin méridional.
L'efficacité de cette plante comme remède préventif de la rage
chez les personnes mordues par des chiens enragés, ne semble pas
douteuse, car sur vingt personnes mordues et traitées par le Hoang-
Nan, depuis 1882, par les docteurs Barthélémy et Viaud, aucune
n'a été atteinte de rage.
Anal\ise chimique des terres. — Il y a une erreur très accréditée,
qui consiste à croire qu'un chimiste peut analyser une terre de telle
manière que son analyse puisse servir à guider le cultivateur dans
l'emploi des engrais. Jusqu'à un certain point, il peut donner sa
composition exacte, indiquer en chifïre les doses de chaque corps
— 7 —
séparément, mais c'est tout. Il vous dira bien : il y a tant de
potasse, de chaux, de magnésie, d'acide phosphorique, etc., dans
votre sol ; mais il ne vous dira pas si ces corps se présentent sous
la forme assimilable. Donnez-lui du granit, du feldspath, il vous
prouvera que le granit est une source de potasse, que le feldspath
contient tant de silice, tant de soude, tant d'acide phosphori-
que, etc., et vous serez bien renseigné après, si vos plantes ne
peuvent pas tirer parti de ses éléments.
Il y a même des cas où ses réactifs n'accuseront pas la présence
de certains corps, bien que ces corps existent dans le sol. Jamais
les chimistes n'ont trouvé de carbonate de chaux dans les grès
cristallins de la Norwége, et le Saxifraga aïzoon en trouve lui,
puisque ces feuilles en sont gorgées.
Les analyses vraiment utiles doivent être faites par les plantes
elles-mêmes, car les résultats qu'elles donnent sont des résultats
pratiques. Nous donnerons dans le prochain numéro de ce journal
le moyen d'analyser le sol de cette manière.
Les champignons vénéneux cl la pièce (V argent. — Les champignons
bien accommodés constituent un mets excellent quand ils appartien-
nent à des espèces comestibles et un aliment redoutable quand les
espèces sont vénéneuses. Or, il y a un dicton populaire qui affirme
que l'argent noircit quand il est mis en contact avec les mauvais
champignons. La moelle de sureau et les ognons seraient aussi
dans le même cas. Ce dicton que chacun répète, que personne n'a
vérifié, cause chaque année de nombreux empoisonnements. Un de
mes collègues de la Société botanique de Lyon, M. Veuillot, a
voulu s'assurer par expérience ce que ce dicton avait de fondé.
S'occupant spécialement de l'étude des champignons supérieurs, il
a consacré une partie de ses récoltes de l'année dernière à les Sou-
mettre à l'action de la pièce d'argent, de la moelle de sureau et de
l'ognon. Quarante espèces de bolets et d'agarics ont été essayées.
Parmi ces espèces, 22 étaient comestibles, 14 vénéneuses et 4 sus-
pectes. Apràs les avoir fait cuire en contact avec les substances sus-
dites, il a constaté que l'argent sortait beaucoup plue brillant de
l'opération, soit avec les espèces comestibles, soit avec les espèces
vénéneuses. Que pour la moelle de sureau ou l'ognon, la teinte
qu'ils prenaient ne pouvait donner aucune indication utile.
Méfiez-vous , amis lecteurs , des champignons suspects et ne
comptez pas vous assurer de leurs qualités digestives à l'aide du
moyen que chacun connaît, mais qui ne vaut rien.
Protection des plantes peu répandues. — Si cela ne fait point de
bien, cela ne fait point de mal. Il paraît que les botanistes anglais
8 —
étaient jaloux des botanistes suisses, car plusieurs sociëtës vrennent
de se syndiquer pour résister, par tous les moyens possibles, à la
destruction si fréquente des plantes indigènes intéressantes peu
communes dans leur région native.
Douce illusion, que cette ligue protectrice.
11 yen avait des plantes rares aux environs de Lyon, et ce n'est
pas les ligues qui auraient pu les protéger. Allez demander aux
tern.ssiers qui ont transformé les brotteaux de la ferme de la Tête-
d'Or en parc municipal, ce qu'ils ont fait des raretés qui poussaient
là à foison. Que sont devenues les espèces que les Jussieu, les
-Gilibert, les Balbis récollaient au bois de la Carette? Et Roche-
cardon, et Perrache.., et bientôt, peut-être, hélas! le rarissime
Genisla liorrida, qui est encore un peu à Couzon contre les parois
de la grande carrière, n'y sera plus. Je le regretterai, ce Genêt,
bien que j'aie failU me casser les reins en le récoltant, il y a quel-
ques années.
Un exemple de destruction : La flore française ne signalait,
avant sa découverte dans les Pyrénées, le Genisla horrida qu'à
Couzon (Rhône). Chaque botaniste y faisait un pèlerinage, mais
comme l'endroit précis où croît cet arbuste n'est pas facile à trouver
chaque botaniste interrogeait à ce sujet les habitants de l'endroit.
Quelques-uns des susdits habitants s'imaginèrent ud jour que cette
plante avait une grande valeur commerciale, ils en firent une mois-
son énorme et l'apportèrent au marché le lendemain, où elle ne se
vendit pas. Cela n'empêcha pas la localité d'avoir été saccagée.
La Corbeille d'argent de Crète. — Quelques personnes attribuent
le nom de Corbeille d'argent à l'Arabette des Alpes ; c'est une
erreur : c'est VArabis alblda à laquelle il faut le rapporter. C'est,
du reste, une plante bien connue, avec laquelle on fait de jolies
bordures qui fleurissent au premier printemps et rendent d'assez
grands services aux fleuristes qui ont des bouquets à faire à cette
époque où les fleurs sont rares. Je n'insisterai pas plus longuement
sur VJrabis albida des jardins. C'est une espèce qu'on ,a trouvé en
Algérie, au Caucase, en Sicile, dans la Taurie, etc.
Comme tous les types doni la dispersion géographique occupe
une vaste étendue, VJrabis. albida contient des formes, races, sous-
espèces, , — ■ appelez -les comme il vous plaira, — qui ont des
caractères souvent fort tranchés, surtout si on les considère au
point de vue horticole. Ainsi, pour ne parler que de VArabis albida
qui croît en Crète, où M. Revercbon, le botaniste collecteur, l'a
récolté, il y a deux ans, je signalerai sa grande précocité. Voilà deux
années que je le vois fleurir de novembre à janvier. Je suis per-
suadé que celui qui cultiverait cette, race et abriterait ces fleurs
— 9 —
contre le froid en trouverait aisément le placement. Je dirai, tou-
tefois, que la plante en question paraît moins prolifique que l'espèce
ordinaire des jardins.
Bégonia hybride Noèmic Mallel. — La Revue Horticole fait connaître
ce nouveau Bégonia, fort remarquable par son feuillage, paraît-il,
mais dont on n'a encore pas vu la fleur. C'est un hybride entre deux
formes caulescentes : le B. Eldorado et le B. subpeliaïa.
Les feuilles les plus jeunes sont d'un rouge foncé chaud et cha-
toyant comme une étoffe de velours ; les plus vieilles marbrées de
rose nuancé piqueté, sur un fond d'un vert sombre relevé de mar-
brures analogues à celles que présentent certains Bertolonias... Ce
Bégonia a été obtenu par M. Lionnet, jardinier-régisseur au châ-
teau de Jouy-en-Josas. V. V.-M.
Culture des Gloxinias
Vers les premiers jours de janvier, choisir les plus beaux
rhizomes que l'on posera sur un lit de mousse, côte à côte, sans
qu'ils se touchent, dans une serre bien éclairée dont la tempé-
rature sera maintenue à 20" centigrades environ. Bassiner chaque
jour mousse et rhizomes. Quand les jeunes pousses se montrent,
il faut les visiter souvent pour s'assurer que les pucerons ne les
attaquent pas. Si ces insectes apparaissent, quelques bassinages
au jus de tabac les détruisent facilement.
On procède au rempotage environ trois semaines après la mise
en serre; on draine fortement les pots qu'on emplit aux trois quarts
de terre sans la tasser ; on pose délicatement le rhizome dans le
pot qu'on achève de remphr de terre. Un léger tassement suffit. La
meilleure terre à employer est la terre de bois, le terreau de
feuilles, mêlé d'un peu de terre de bruyère et de sable. On doit
très peu arroser les Gloxinias pendant le mois qui suit le rempo-
tage, la température de la serre doit être maintenue de 20 à 25°
centigrades pendant le jour et ne pas trop s'abaisser pendant la
nuit au-dessous de 15". On donne chaque jour si le temps le per-
met un peu d'air à la serre et des bassinages aux plantes jusqu'à
l'époque de la floraison. On doit veiller avec soin que les pucerons
n'envahissent pas les Gloxinias, dont ils sont très friands. Pour
cela, on bassine au jus de tabac de temps à autre et on fait quel-
ques fumigations. Le Gloxinia supporte et se trouve bien des arro-
sements à l'engrais liquide très étendu d'eau.
La floraison passée, on modère les arrosements que l'on sup-
prime tout à fait par la suite. On conserve les rhizomes au sec.
D. L.
— 10 —
Plantes aquatiques.
Cabomba aquatiea Aubl.
Hydiopeltis purpurea Mich,
Lorsque lajeune fille, à la source voisine,
A sous les nénuphars lavé ses bras poudreux,
Ce n'est cependant pas des nénuphars, amis lecteurs, que je
veux vous entretenir aujourd'hui ; mais il m'a semblé que je ferais
bien de mettre cette petite note sous la protection de l'épigraphe
ci-dessus. L'idée de plantes aquatiques appelle nécessairement
dans nos climats celle du nénuphar, comme elle appelle celle de la
fève d'Egypte, ou du Lotos des anciens (Nelumbium), dans les
régions asiatiques où elle sert de nourriture aux Indiens et aux
("liinois. Mais si je ne dis rien du nénuphar ni du nélumbo, je veux
vous dire quelques mots de deux espèces très rares dans les cultures,
appartenant à une famille très voisine : la famille des Cabumbécs.
Cette famille des Cabombées est si voisine des Renonculacées,
qu'à première inspection on prendrait volontiers le Cabomba aqiialica
Aubl. pour une Grenouillette aquatique, et VHydropdlis purpurea
Mich. [Brassenia pdtala Pursh) pour un petit Nymphéa.
Les figures ci-contre de ces deux plantes, nous dispensent d'en
dire plus long sur ce sujet; car qui connaît la grenouillette et lo
nénuphar, ne peut manquer d'être frappé de cette ressemblance.
Les différences ne portent, du reste, que sur des détails de bota-
nique si peu importants que quelques savants ont cru devoir abais-
ser la famille des Cabombées au rang de sous-famille et de l'in-
— 11 —
troduire en compagnie des Nélombonées et des Nymphéacées dans
celle des Nymphéinées.
Le Cabomba aqualica est une plante vivace dont les feuilles sub-
mergées sont composées d'une multitude de divisions très fines,
qui rappellent assez celle de nos Myriophylles ; ses feuilles flo-
tantes sont entières et peltées, ses fleurs sont jaunes. Cette espèce,
qui habite la Guyane, demande à être abritée pendant l'hiver.
Pontederia cordata.
Cypprus papyrus.
Ulhjdropellis purpurca Michx, ou Brassenia pcllata Pursh, n'a pas
la fleur jaune, mais pourpre, ainsi que l'indique le nom spécifique
que lui a donné Michaux. Ses feuilles sont peltées comme celles
des Nélombo. Elle a été introduite de la CaroHne septentrionale en
1759. On la cultive, assez rarement du reste, dans les bassins des
serres tempérées. S. T.
Papyrus aniiquorum. — Avant l'invention de l'imprimerie on ne
connaissait pas le papier; on écrivait sur vélin ou sur papyrus. Ce
papyrus se fabriquait avec la plante figurée ci-contre, connu actuel-
-> 12 —
lement sous le nom de Cyperus pnpyms. Elle est très abondante
dans les marais de la Haute-Egyple. On coupait les libres paral-
lèles de la tige en tranches horizontales et on les appliquait à angle
droit les unes sur les autres ; ces tranches étaient ensuite soumises
à la pression et à la percussion, sous l'influence desquelles elles
s'aplatissaient et formaient un feuillet qu'on lissait ensuite.
Aujourd'hui le Papyrus ne sert plus guère que comme plante
d'ornement dans les jardins. Il peut former de très beaux massifs
en pleine terre dans Vété.
Sa qualification de plante aquatique, que cette note semble lai
donner n'est pas exacte, c'est une simple plante de marais qui vient
très bien dans les terrains frais. On doit la conserver dans une
serre tempérée, où elle passe l'hiver au besoin sous les ban-
quettes. On la met en pleine terre en juin.
Ponlederia cordala. — Il y a un certain nombre de plantes dans
le règne végétal qui font le désespoir des classiâcateurs. Ne sa-
chant à quelle famille les rapporter, ils les promènent un peu par-
tout ; mais comme elles ne sont bien nulle part, les plus sensés
prennent le parti assez sage de leur constituer une famille spéciale.
C'est ce qui est arrivé aux Pontédériacées, que Brongnart avait
mises dans une même classe avec les Broméliacées.
Le genre Ponlederia a "été dédié au botaniste italien Pontedera,
et ses espèces habitent l'Amérique, (^elle que nous figurons, P. cor-
dala, est une des plus belles plantes aquatiques des cultures, et il
y en a peu de plus propres à orner les bassins et les pièces d'eau.
Elle est très rustique sous le climat de la France, ses belles feuilles
oblongues-cordiformes, et surtout ses superbes épis bleus qu'elle
donne en abondance de juin à septembre, justifient bien la faveur
dont elle jouit.
Se multiplie parla division des souches. J. Lambert.
Poires nouvelles.
M""" Elisaheih Galopin. — M. Théophile Lacroix, amateur distin-
gué d'horticulture à Liège, s'occupe avec goût, connaissance et
désintéressemenl de l'obtention de nouvelles variétés fruilières.
Bon nombre de ses semis peuvent être classés parmi les bons fruits,
mais aucun n'a encore atteint le degré de perfectionnement de la
poire nouvelle qu'il vient de dédier à M""" Elisabeth Galopin, la
veuve du grand pomologue hégeois, et qu'il a soumis à l'apprécia-
tion de la Commission du Cercle d'Arboriculture de Liège, le 17 no-
vembre dernier. Ce nouveau fruit provient d'un semis fait en 1873
— 13 —
de la poire Coltnar du Mortier. Les membres de la Commission du
Cercle n'ont pas hésité, après dégustation, de lui reconnaître toutes
les qualités que doit posséder une bonne poire et l'ont trouvée digne
de porter le nom de la dame qui s'occupe de pomologie avec autant
d'autorité que d'intelligence.
I/arbre est vigoureux, d'un beau port, pouvant être parfaite-
ment cultivé en haut vent, ses fruits tenant très bien à l'arbre.
Le fruit, qui a la forme de la variété mère est plutôt gros que
moyen et aplati vers l'œil ; ce dernier est assez développé et est
placé dans une cavité évasée et peu profonde. Le pédoncule est
assez long, de moyenne grosseur et encastré dans une petite ex-
croissance. La peau, d'un vert foncé, est pointillée de gris-jaune,
La chair est fine, fondante, juteuse et très parfumée. Il serait dif-
ficile de fixer maintenant l'époque de maturité de cette bonne et
belle poire. Quand nous l'avons dégustée, le 17 novembre, elle
était parfaitement milre, mais cette année les fruits tardifs mûris-
sent généralement avant leur époque habituelle. Ensuite, pour peu
que le nouveau gain se rapproche de la variété dont il est issu, on
peut prédire qu'il sera de longue garde. [Bullriin horlicole.)
Poire M°" Chervel. — Cette nouvelle poire a été obtenue par
M. Rollet (Jean), horticulteur, route de Limas, à Villefranche
(Rhône), qui la met au commerce. Ce fruit a été dégusté, en 1884,
par une commission composée de MM. Juvanon, Falconnet jeune,
Romanet et Coindre, qui l'a trouvé de toute première qualité. La
chair est fine, juteuse, fondante et très parfumée. Cette poire qui
mûrit en octobre est très grosse, elle mesure 28 centimètres de
circonférence, la peau colorée au soleil est couverte de chaures
grises. R.
Emploi des engrais chimiques en horticulture.
C'est incroyable comme les vérités les mieux démontrées sont
longues à pénétrer dans l'esprit des masses. Un homme intelligent,
un savant, prouve, qu'en dépensant 10 francs, on peut gagner
100 francs : il crie cela pardessus les toits, non seulement le crie,
mais l'écrit, l'imprime, le publie dans les journaux, brochures, etc.,
d'autres savants vérifient l'exactitude de ses assertions, se font les
apôtres de l'idée et vont prêchant un peu partout la bonne nou-
velle ; eh! bien, que pensez-vous qu'il arrive de tout cela? Pas
grand chose, mes amis, pas grand chose. C'est à peine si l'idée
rencontre quelques rares esprits qui s'en emparent et en font leur
— 14 —
profit. La masse, cuirassée d'indifférence reste rebelle aux efforts
des novateurs.
Du reste , ceci se comprend très bien , les novateurs parlent,
hébreu à des peuples qui ne connaissent pas cette langue. D'autre
part, l'esprit de routine est difficile à combattre et l'on sait qu'il
n'est pas de pires sourds que ceux qui ne veulent rien entendre.
A côté de cela, il y a encore les charlatans, les fraudeurs qui vien-
nent paralyser, à leur tour, les esprits de bonne volonté qui sans
enthousiasme ont cru à la parole des savants. C'est une vraie tour
de Babel. Le savant parle de superphosphates, de sulfates, de
nitrates, d'azote, et Jacques Bonhomme, qui n'y entend rien,
ouvre de grands yeux et hoche la tête, surtout quand ces grands
noms nouveaux sont taxés à tant les 100 kilos. Si, par hasard, il
se laisse séduire, Robert Macaire est là qui lui offre au rabais de
la brique pilée pour de l'azote en poudre et des carbonates pour du
superphosphate assimilable. Après cela, allez lui demander son avis
sur l'emploi des engrais chimiques.
Cependant, grâce à quelques riches agronomes qui ont expéri-
menté un peu partout les engrais chimiques, grâce à des commer-
çants loyaux qui vendent à peu près pures les substances qui com-
posent les susdits engrais, leur emploi se généralise de plus en plus
en agriculture.
En horticulture, le mouvement est plus lent, car les horticulteurs
sont la plupart sinon hostiles, au moins très indifférents à l'usage
des engrais chimiques. Pour le jardinier, le fumier et la terre de
bruyère constituent le nec plus ultra des substances fertilisantes.
Le fumier de litière est certainement un excellent engrais, mais
il est loin d'être aussi riche en matières fertilisantes qu'on le sup-
pose généralement. L'analyse chimique démontre, en effet, qu'il
ne contient que 0,40/0 d'azote, 0,2 0/0 d'acide phosphorique et
0,50/0 de potasse. Sa composition varie peu. Il est vrai qu'il joue
un autre rôle dans le sol, un rôle mécanique : il empêche le tasse-
ment du terrain de se faire trop vite. D'autre part, comme il se
décompose lentement , il manifeste ses effets pendant plusieurs
années. Mais c'est là ses seuls mérites. Il est loin d'avoir la puis-
sance des engrais dont tous les principes sont immédiatement assi-
milables, et comme sa composition ne varie guère, de pouvoir don-
ner en assez grande quantité à certaines espèces les éléments dont
elles ont besoin puur atteindre un maximum de développement.
Il y a plusieurs sortes d'engrais qu'on peut toutefois ranger dans
deux catégories, la première celle des engrais complets, c'est-à-dire
ayant les quatre corps indispensables aux plantes qu'on ne trouve
— 15 —
pas sous la forme assimilable dans tous les terrains, et la deuxième
celle des engrais incomplets , c'est-à-dire renfermant seulement
quelques-uns de ces corps.
Sous l'influence d'engrais incomplets, la végétation des plantes,
tout en étant vigoureuse, est souvent anormale et cache, sous un
aspect de santé, le germe de plusieurs maladies qui ne tardent pas
à se développer et à les faire périr. 11 y a donc lieu de ne pas
employer les engrais chimiques légèrement, mais de les approprier
au sol et aux espèces.
Il serait utile, avant d'employer les engrais, de connaître la
composition des plantes auxquelles on veut les appliquer et ensuite
pour ne pas les gaspiller de savoir quels sont les éléments assimi-
lables contenus dans le terrain. Avec ces deux données et de vrais
engrais on obtiendra des résultats vraiment merveilleux.
En attendant que chaque espèce soit analysée, on a simplifié la
méihode pour l'emploi des engrais chimiques dans les jardins en
divisant d'abord les légumes en quatre catégories, savoir :
P Légumes foliacés, tels que choux, salades, épinards, etc.
2° Légumes racines : carottes, navets, céleris, radis, etc.
3° Légumes bulbeux : oignons, échalottes, ail, etc.
4" Légumes secs ; haricots, pois, fèves, etc.
Nous empruntons au Bulletiii de la Socièlé i£ horticulture du Doubs
les doses suivantes d'engrais pour chacune de ces catégories :
Emploi
azote. acide phosphorique. potasse, gr. par métré c.
Légumes foliacés 9..>i 0/0 3.»» 0/0 2.». 0/0 80 à 100
Légumes racines 7.»» 0/0 3.»» 0/0 4.»" 0/0 100 à 150
Légumes bulbeux 10...» 0/0 1.80 0/0 0.90 0/0 80 à 100
Légumes secs 3.50 0/0 6.i» 0/0 8.50 0 0 100 à 150
Asperges 7.»i 0/0 4.50 0/0 4.»» 0/0
Fraisiers 3.»i 0/0 8.») 0/0 15.»» 0/0 150 à 180
Arbres fruitiers et vignes . 4.»» 0/0 9.». 0/0 10. »i 0/0 150 à 200
Pommes de terre 4.»» 0/0 6.»» 0/0 14.»» 0/0 100 à 130
Si on réfléchit que 1,000 kilog. He fumier contiennent de 4 kilo, à
4 kilo;?. 500 d'azote, 1 kilog. 800 à 2 kil:ig. d'acide ph i^phoriqu^, et 4 kilog-.
500 à 5 kilog. de potassi^, on voit combien le fumier est loin de répondre aux
besoins des plaites indiquées ci-dessus.
Plante d'agrément en pleine terre ou en pot. — Pour établir la composition
de l'engrais, on s'est basé sur les piùncipes suivants, démontrés par la pra-
tique : plantes herbacées, moins de minéraux ; Plantes liyneuses, plus de mi-
néraux; Plantes bulbeuses, très-peu de minéraux et beaucoup d'azote.
En effet, si, dans une plante harbacée où l'évaporation par les feuilles est
très-considérable, on emploie un engrais trop riche en minéraux, comme la
potasse, la plante deviendra anéjiique et ne végétera que difficilement.
Pour les plantes bulbeuses, un excès de minéraux amènera la pourriture
des bulbes.
— 16 —
Voici les engrais utiles aux trois catégories de plantes indiquées plus
haut :
l'iantes à tiges hfvbdcées. — Géranium, Bégonia, Primevèr?, Coleus, Age-
ratum, Canna, Antliomis, D^L'ia, etc., azote, 110,0; acide phosphorique,
10 0,0; potasse, 3 0/0.
Emploi : en pleine terre, 80 h 100 grammes par mètre carré ; en pot,
saupoudrer 2 à 3 grammes par pot et par mois.
Plantes à tiges ligneuses. — Ficus, Fuchsia, Abutiion, Rosier, Azalôe, Ma-
gnolia, etc., azote, 10 0/0; acide phosphorique, 7,50 0/0; potasse, 10 0/0.
Emploi : en pleine terre, 100 à 150 grammes par mètre Cdrré ; en pot, lau-
poudrer 2 à 3 grammes par mois.
Plmtt:sà tiges bulbeuses. — Amaryllis, Bégonia, Cyclamen, Lis, Gloiinia,
Tulipe, etc., azote, 15 0/0; acide phosphorique, 2,50 0/0 ; potasse, 1,50 0/0.
Emploi : en pleine terre, 60 à 80 grammes par mètre carré ; en pot, 2 à
3 grammes par mois.
Ces trois types d'engrais peuvent être employés à l'état liquiie. Faire
dissoudre 10 à 12 grammes dans un ou deux litres d'eau. Ce liquide servira
pour 10 pots moyens par quinzaine.
Il est utile de faire connaître les différents sels chimiques qui
contiennent l'azote, l'acide pliosphorique et la potasse assimila-
bles, afin que chacun puisse fabriquer directement ses engrais :
1° Jzole. — Le sulfate d'ammoniaque contient 20 0/0 de son
poids d'azote;
Le nitrate de soude fournit 15 {>/0 d'azote;
Le nitrate de potasse (salpêtre) contient 13 0/0 d'azote.
2° Jcide phosphorique. — Le superphosphate de chaux du com-
merce contient environ 12 à 15 0/0 d'acide phosphorique assimi-
lable.
3" Potasse. — L'azotate de potasse du commerce contient 44 0/0
de potasse pure et 13 0/0 d'azote;
Le chlorure de potassium contient 50 0/0 de potasse pure.
Ajoutons que le superphosphate de chaux contient à peu près
60 0/0 de sulfate de chaux ou plâtre.
Etant donnée la composition des sels ci-dessus, on pourra tou-
jours, lorsqu'on ne voudra pas acheter des engrais chimiques tout
composés, les associer dans des proportions déterminées.
L. H.
Etude sur le chancre des pommiers.
M . Duhamel a publié dans le BuUctIn de la Société d'horticulture
de rOrne, une étude sur le chancre des pommiers, que nous rejjro-
duisons sans garantie, bien entendu. En effet, on verra que d'après
M. Duhamel, le chancre serait dii à un état pathologique originel
que les jeunes sujets issus de certaines graines recèlent dans leurs
tissus dès leur plus jeune âge.
— 17 —
Il n'est pas impossible cependant que M. Duhamel soit dans le
vrai dans certains cas, car le chancre du pommier est encore mal
connu. On sait bien que sa forme la plus commune est due à un
champignon de l'ordre des sphœriacées, que Tulasne a nommé
Nrclria ditissima ; mais il se présente également sous d'autres as-
pects. On a découvert une autre forme de chancre, dans laquelle
les parties attaquées prennent là disposition d'un rayon de miel, et
représentent quelque ressemblance avec les cicatrices causées par le
Resldia lacerata. Dans tous les cas où le chancre se produit sur les
pommiers on conseille d'enlever jusqu'au vif les parties malades et
d'enduire avec du goudron chaud, du mastic à grefïer ou de l'on-
guent de St-P'iacre.
Si la sélection des plants de pommier que propose M. Duhamel
pouvait réellement donner des arbres rebelles à cette maladie, il
aurait certainement rendu un grand service à la Pomologie.
N. D. L. R.
« Le Chancre du Pommier que tous les pépiniéristes connaissent,
est cause souvent de la ruine complète de cet arbre, et de grandes
déceptions ou de grandes pertes pour ceux qui le cultivent. Il n'a
jamais été étudié par personne.
« Les uns croient que c'est une maladie engendrée par le ter-
rain, d'autres, que certains engrais en sont la cause, d'autres en-
core prétendent que ce mal est contagieux : c'est-à-dire que dans
une pépinière, s'il se trouve quelques arbres chancres, leurs voisins
peuvent gagner le mal.
0 Après de longues et minutieuses recherches, j'ai reconnu que
toutes ces théories étaient autant d'erreurs et, j'ai trouvé V origine
On mal sinon la cause ; ce qui est bien ; mais ce qui est mieux et
plus utile, j'ai trouvé le moijende le prévenir ; mais je n'ai pas trouvé
le moyen de le guérir par une l'aison majeure c'est que ce mal est
' incurable.
« Origine du Chancre. — Le Chancre est une maladie héréditaire ;
les semis récoltés sur des pommiers chancres, ou d'espèces sûres ou
aigres produisent des pépins ou plants qui, dès leur naissance, por-
tent en eux le germe très facile à reconnaître du mal conslilulif des
arbres qui les ont produits.
« C'est au collet que ce germe existe et qu'il peut être reconnu faci*
lement parle moyen que j'indique ci-après.
« Motjen de connaître les pépins et les arbres attaqués du Chancre. —
Lorsqu'on retaille le Pépin d'un an pour le mettre en pépinière, il
est indispensable de le couper brin à brin, avec une serpette bien
aiguisée à deux ou trois centimètres environ du collet ; alors on
— 18 —
examine très attentivement la laille et si l'on aperçoit la moindre
tache noire, jaune ou brune, soit au cœur, soit au bois, soit au liber,
c'est le signe certain que plus tard cet arbre sera chancre.
« Plus la ou les taches sont apparentes onnombreuses, plus vite la
maladie se déclare extérieurement.
« Il faut se garder de planter ces sujets tachés, et si, quelques-
uns ont échappé à l'observation, au bout de f/eux ans lorsqu'on
rabat la pépinière, on examine encore la coupe avec attention, et si
l'on remarque les symptômes ci-dessus indiqués, c'est-à-dire des
taches sur quelques sujets, on doit les arracher pour les remplacer.
« Par les mêmes symptômes, les taches, on reconnaît aussi si les
arbres qu'on arrache aujourd'hui dans les péninières, créées autrefois
sans aucun souci d'éviter le chancre, portent en eux le germe du
mal. On trouve les taches en coupant une de leurs principales raci-
nes et rino de leurs principales branches.
« La présence des taches est un signe certain de leur maladie
originelle. Il faut rejeter ces arbres qui n'ont aucune valeur, mais
un grave défaut, celui de faire dépenser une dizaine de francs inuti-
lement et perdre deux ou trois ans au malheureux ignorant qui les
achète.
« Le Chancre est malheureusement une maladie incurable. Si
à force d'enlailles et de soint on en cautérise un, d'autres repa-
raissent et finissent toujours par faire mourir le sujet qui en est
attaqué.
« Le choix éclairé du semis est le seul moyen d'éviter la propagation
du Chancre. — Lorsqu'on veut semer du Pépin, il importe de ré-
colter les pommes d'où on extrait, sur des pommiers sains, jeunes,
d'espèces douces ou amères et d'un bois vigoureux.
« Les pommes sûres ou aigres portent toutes en elles le germe du
Chancre. Leur pépin est malade.
('Autrefois, ceux qui semaient du pépin le récoltaient eux-mêmes,
mais, comme ce travail est long et cmiuyeux beaucoup préfèrent
maintenant acheter le semis tout récolté, il coûte relativement bon
marché ; on no s'occupe pas d'où il vient : pourvu qu'il lève bien,
c'est assez. Eh bien ? Ce pépin qui généralement vient de Bretagne
est produit par des solages de pommes sûres ou aigres telles que les
pommes de Bénoche de Gros et de Petit Cazo. *
« Cette année, j'ai acheté à Lizieux 2,300 de pépins inférieurs
d'une part, et 2,000 de supérieurs de l'autre ; dans le lot de 2,000,
il n'y en avait pas plus de 12 à 15 pour 100 exempts de taches et
encore! Je n'en ai planté que pour continuer mes expériences.
— 19 —
Dans le lot de 2,300, je n'en ai pas écarté à la sélection plus de
8 à 10 jwur cent.
« Pour celui qui ne connaît pas mon système, le mauvais valait
au moins le double du prix du bon. Cet exemple donne une idée du
marché au pépin qui est une vcrilablv loterie et cesserait de l'être, si
mon procédé était vulgarisé.
« J'ai remarqué que dans des bons pépins, c'étaient ceux qui
avaient l'apparence la meilleure et la plus vigoureuse qui étaient mala-
des. C'était probablement parce que quelques pommes sûres ou
quelques pommes récoltées sur des sujets chancres s'étaient trouvées
mêlées avec les douces.
« Messieurs, mon procédé mérite d'être vulgarisé, je vous le
livre, mes moyens ne me permettent pas d'aller plus loin pour le
répandre, mais j'ai la satisfaction d'avoir accompli une œuvre qui
épargnera des sommes considérables complètement perdues, à mes
collègues qui cultivent le pommier, lorsqu'ils connaîtront mon sys-
tème. Duhamel.
INFORMATIONS
— M, Chiselton Dyer a été nomme directeur des jardins de Kew. Il a
succédé à son beau-père sir Williams Hooker, l'illustre collaborateur de
Bentham. •
— La Bévue horticole signale de nouveaux hybrides de Calcéolaires her-
bacés et de la variété Triomphe de Versailles. M. Jules Chrétien, qui est, je
crois, l'obtenteur de cette dernière variété, avait, il y a deux ou trois ans,
obtenu des hybrides à peu près pareils en procédant de la même manière.
Le Calcéolaire Triomphe de Versailles, qui est si beau dans le nord de la
France, est beaucoup plus délicat à Lyon.
— M. Bleu a également obtenu, en croisant deux Caladium bulbosum à
feuilles pâles et délicates, une variété hybride d'une vigueur et d'une taille
exceptionnelles pour le genre.
Concours international d'appareils antl-cryptogamiques
et insecticides.
Nous recevons la communication suivante :
Le ministère d'agriculture, industrie et commerce du royaume d'Italie,
dans le but de favoriser et de faciliter l'application des remèdes en solution,
en poudte ou en mélanges, contre les cryptogames et les insectes parasites
des plantes cultivées, et surtout l'usaga du lait de chaux coatre le peronos-
pora de la vigne (mildiou), a établi d'ouvrir un coucours international qui
aura lieu à l'Ecole royale de viticulture et œnologie de Conégliano (près
de Venise).
1° Le concours comprendra : pompes et instruments d'arrosement, d'irri-
gation et de pulvérisation.
— 20 —
Les prix destinés sont les suivants :
1" Médaille d'or et 300 francs ;
2° MédailUs d'argent et 100 francs chacune ;
3° Médailles de bronze.
2° Le ministre fera l'acquisition d'appareils primés pour la somme de
1,000 francs, afin de les distribuer aux dépôts de mauhiaes agricoles et aux
écoles pratiques et spéciales d'agriculture du royaume.
3" Les concurrents devront envojor les demandes d'admission, avec une
brève description des objets, à la direction de ladite Ejole royale de viticul-
ture, avant le 22 février 1886. A ces demaiide-i on devra encore noter les
prix de chaque objet que l'on envoie au concours.
4» Les constructeurs, nationaux et étrangers, ou leurs représentants,
devront faire parvenir les machines mises au concours à la ferme modèle de
l'Ecole royale de viticulture et œaologie de Conégliaao, pour le l'"' mars
1886.
5° Le 2 mars et jours suivants, auront lieu les expériences de comparai-
son, auxquelles les propriétaires et les viticulteurs pourront assister.
6° Le jury nommé pour décerner les prix présentera, dans le terme de
vingt jours après la clôture du concours, une relation sur les instruments
exposés, laquelle sera publiée dans le Bolletino di notizie agrarie du ministère
d'agriculture.
NOUVEAUTES — CATALOGUES
F. Monnet, horticulteur à Milan (Italie), 33, via degli Orti. — Rosier
hybride remontant (nouveau), mis au commerce par l'obtenteur :
M'"" Rosa Monnet (F. Monnet). — ArbLi>te très vig.)ureux. Heur grande,
pleine, de forme parfaite, superbe coloris amarante vif et très frais, nuancé
de reflets bleoâtres quand les fleurs sont épanouies, avec un parfum des plus
agréables, s'ouvrant par n'importe quai temps et franahement remontante.
Cette superbe variété a en outre la qualité ai se prêter très biea et avec
succès aux cultures forcées.
Bruant, horticulteur à Poitiers (Vienne). — Catalogue annonçint princi-
palement des plantes nouvelles : Bilbjigia Breauteana, Passiflora violacea,
Bégonia Bruanti, var. rosea nana, B.Amelia?, Pelargoaium, Liutanas, Pétu-
nias, Verveines, etc.
J. Jacqtiier, horticulteur, marjhand-grainier, 8, quai des Cilestins, Lyon.
— Catalogue spécial aux graines potagères, fourragères. Je fleurs et ognons
de fleurs. Plantes vivaces. Gdnres divers représentés par l'élite des meilleurs
variétés.
RivoiRE pore e' fils, marcliands-grainiers, 16. rue d'Algérie, à Lyon. —
Catdlogue général, illustré de graiues, ognons à fleurs ei végétaux divers.
Nouveautés en fleurs et légumes. Colleoiions d'espéc .'S potagères, florales,
plantes vivacjs. Librairie horticole. Objets et accessoires h )rticoles, etc.
Nota: ce catalogue meiitionne en regard de chaque espèce des indications
très utiles pour la culture, telles que: époque du semis, repiquage, etc.
Lh Gèhant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Sulut I^ublic. — Bellon. r. de la République, 33
1886 FÉVRIER N° 2
CHRONIQUE
De C obienlion des variétés tardives. — Avouons sans fausse honte
que c'est presque toujours au hasard que sont dues, dans les jardins,
les obtentions des variétés horticoles. En dehors de l'hybridation
l'horticulteur n'a qu'une action très limitée sur la variabilité des
plantes. Et encore dans l'hybridation le hasard préside en maître
et gouverne à sa guise les résultais.
Qu'est-ce donc que le lia.<ard, cet être capricieux qui se plaît à
déjouer nos meilleures combinaisons et se jette en travers de nos
opérations les plus rationnelles?.
Le hasard est-il, comme le disait Fontenelle «le premier auteur
de toutes les découvertes » , ou bien, suivant l'avis de de Pradt
« la divinité des aveugles servi par l'irréflexion » , ou encore
« l'associé toujours désavoué et toujours puissant dans les affaires
humaines » ? Eh ! non, amis lecteurs, le hasard n'est rien de tout
cela ; le hasard est un mot, un simple mot qui signifie à peu près
littéralement difficile dans la langue arabe, mais qui en français ex-
prime tout bonnement notre ignorance des vraies causes des phé-
nomènes.
En horticulture nous ignorons les vraies causes de la variabilité :
nous ne connaissons pas la loi qui les régit. La physiologie a beau
faire des progrès nous sommes à peu près aussi avancés que si elle
n'en faisait pas. Nous obtenons des variétés, mais nous ne pouvons
pas leur assigner d'avance des qualités déterminées. Cela est très
désagréable.
Cependant mon avis est que nous n'observons pas assez com-
ment les espèces se comportent dans l'état sauvage et, pour ne
parler que d'une des qualités que l'on recherche assez souvent chez
les variétés cultivées, la tardiveié, sait-on bien quel est le facteur le
plus important qui aide à la produire ? Je suis persuadé que la
plupart des horticulteurs et ajoutons des botanistes ne la connais-
sent pas, ou, s'ils la connaissent, ils ont évité d'en faire mention. Ce
— 22 —
facteur important dans la production des variétés à floraison et à
pousses tardives est Vhabilat prolongé du porlc-graine dans un pays
froid, comme l'habitat prolongé dans un pays chaud, constitue l'ac-
tion la plus certaine sur les porte-graines destinés aux variétés pré-
coces. Voilà le secret.
L'habitude, a-t-on dit avec raison, est une seconde nature. Or, —
je prends des exemples — dans les montagnes oà la température
moyenne est inférieure à celle des plaines, les espèces et variétés
y fleurissent toujours plus tard. Si on transporte dans la plaine un
individu d'une espèce originaire de la montagne, cet individu est
toujours plus tardif que celui qui est né dans la plaine. Ce qui s'ob-
serve pour les plantes qui croissent à des altitudes ditFéientes, se
remarque également pour les espèces qui habitent des latitudes
diverses. UOrchis rubra d'Alger, est toujours fleuri deux mois
avant VOrcIns rubra de Neyron (Ain) quand on les cultive tous
deux parallèlement.
Ceci-dit, je suis persuadé que, pour obtenir des variétés à florai-
son tardive, la chose la plus importante à faire est de choisir les
graines sur des individus, de race déjà tardive, cultivés dans les
pays froids.
Dessiccation drs fleurs de Cactées. — Tous ceux qui s'occupent
de dessécher les plantes savent quelles difficultés on éprouve à
conserver la couleur des fleurs. Cette difficulté, qu'on arrive assez
facilement à surmonter chez certaines espèces, demande au con-
traire un talent particulier pour être vaincue dans certains cas. Les
plantes grasses, les Cactées, Euphorbiacées, etc., sont particuliè-
rement rebelles à la dessiccation. Cependant il faut croire qu'il y a
quelque procédé particulier qui facilite bien cette dessiccation, car
j'ai reçu, il y a quelques jours, de M. P. Console, libraire, via
Macqueda, 242, à Palerme ('Sicile), un assez bon nombre de fleurs
de Cactées admirablement conservées. Parmi les espèces que j'ai
reçues, je citerai d'une manière spéciale les suivantes :
Echinopsis Pentlandi.
Ecliinocereus tuberosus.
— cinerascens.
— Blariki
— Erhenbergi.
— glycimor[jhus.
PhjllocacLus phyllanthoïdes.
Cereus speeiosissimus.
— Chalybeus.
— nyclicalus.
— Murtini.
— longispinus.
— geotnetrisans.
— Labouretianus.
Cleistocactus colubrinus.
— Baumanii.
Pilooereus tilophorus.
— Gonsolei.
— polypticus.
— vircn?.
Mamillaiia sphacelata.
— longimamma.
Ecliinocactu.s raamillosns.
— Màelheni.
— longihamatus.
— obvallatus.
Opontia dirers.
— 23 —
C'est une bonne idée qu'a eue M. Console de conserver les
belles fleurs que donnent les plantes de cette bizarre famille. Les
amateurs de Cactées, les cactograpbes, les collectionneurs de plantes
sècbes seront bien aises de pouvoir se procurer des types végétaux
qui sont mal connus et très rares dans les collections.
Àbricol précoce de BoiUbon. — Si on tenait à connaître une des
manières — car il y en a plusieurs — de créer les synonymes, il
n'y aurait qu'à bien retenir le nom de cette variété d'abricot. En
effet, il a été très bien décrit dans un excellent journal d'horticul-
ture, sous le nom d'Abricot précoce de Boullon. Voilà ce que c'est
que de mal former la lettre h. Malheureusement, il n'y a en France
aucun village du nom de Boullon ; il y a Boulbon dans les Bouches-
du-Rhône, au pied des Alpines, près de Tarascon.
Avec le temps on pourra, en supprimant précoce, avoir Abricot
Boullon, puis Abricot boule, c'est-à-dire Abricot rond. Il est fâcheux
que ce fruit s'éloigne un peu de la forme sphérique, sans cela il y
gros à parier que les étymologistes de l'avenir trouveraient cette
explication fort raisonnable.
L'abricot précoce de Boulbon, que AL F. Morel a présenté jadis
sur le bureau de l'Association horticole lyonnaise, est un fort bel
Abricot, remarquable par sa précocité. L'arbre est fertile et
robuste. C'est une variété à planter dans tous les jardins.
Barbarée. — J'ai dîné un jour dans un restaurant où on m'a
servi de la Barbarée. Qu'est-ce cela ? dis-je au garçon en lui mettant
mon assiette sous le nez. — Messieu, c'est du cresson, me répon-
dit-il. — Eh ! que non, garçon, c'est l'herbe de Sainte-Barbe, la
Roquette des marais, la Barbarée officinale, Eruca lulea laiifolia,
sive Barbarea, ou Fnjsimum Barbarea ou Barbarca piœcox, ou
le malheureux s'enfuit épouvanté.
Eh bien ! je le déclare, la Barbarée est excellente en salade, et
ça Tient, ça pousse dans les jardins comme l'herbe dans les allées
mal tenues.
Au fait, pourquoi ne cultiverait-on pas cette plante dans le pota-
ger comme on y cultive actuellement le Pissenlit? Sa culture est
facile, elle vient à l'ombre aussi bien et même mieux qu'au soleil.
Elle a une saveur et des propriétés analogues à celles du cresson
de fontaine; c'est une plante bisannuelle.
La pierre à champignons. — Le Bulletin de la Sociélc royale Lin-
nêenne a signalé le fait suivant :
« On vend en Italie des blocs de pierre appelés pietra fungaja
(pierre à champignons) ; ces blocs ont souvent plus d'un pied de
— 24 —
diamètre. En les examinant avec soin, on voit qu'ils sont formés
de pierre durcie mélangée de ramifications noires, qu'on a recon-
nues être le mycélium d'une espèce de bolet (Boletus tuberaster),
fort recherchée à Naples et dans d'autres endroits.
« Ces pierres mises dans une cave et arrosées donnent, quand
on le désire, du jour au lendemain, une récolte de champignons.
Ces blocs se vendent fort cher; ils sont exportés jusque dans le
nord, mais là ils dégénèrent souvent, et même dans la plus grande
partie de la France, une serre est indispensable pour ce genre de
culture. »
Ce serait assez agréable d'avoir dos cailloux comme ça; personne
n'en aj'ant jamais jeté dans mon jardin, ni dans ma cave, je n'ose
guère en garantir l'inépuisable fécondité.
Tiop de soins. — M. Brécj a présenté un Eucomis puncUda sur
le bureau de la Société nationale d'horticulture dont il a fait l'his-
toire. Histoire d"un bulbe martyiisé par son propriéiairo. Ce bulbe,
reçu très gros, était arrivé à force de soins à n'avoir plus que la
peau et les os, c'est-à dire réduit à quelques écailles. Quelques
années do plus, et il était perdu. Voyant que tous les soins que
recevait cet lùicomis n'avaient pour résultat que de le faire périr
de consomption, M. Brécy le planta dans le plus mauvais coin de
son jardin, dans une terre calcaréo-marneuse, où il l'abandonna à
la grâce de Dieu, et voilà notre plante ressuscitée.
Ah ! combien il y en a dans les serres de ces pauvres souffre-
douleurs, de ces êtres otiques, de ces plantes qui réclament le
grand air, la lumière, pour vivre vigoureusement.
Et il n'y a pas que les plantes qui souffrent des soins maladroits,
que d'enfants riches calfeutrés dans la laine et les chauds apparte-
ments périssent, emportés par des maladies auxquelles les pauvres
va-nu-pieds plus robustes résistent aisément.
Pcclies prccocrs. — Il résulte d'observations faites par M. Paul
Giraud, aux environs de Marseille que, parmi les pêches précoces,
c'est toujours la variété .Jinsdcn qui mûrit la première ; la Rouçic de
mai de Bi ifjlii la suit do très près. UAlcxamlcr, qui est bien une des
meilleures du groupe, arrive à quelques jours d'intervalle, ainsi que
Miisscr, Cumbcrland, U'alciioo, Donning. D'ildcr, Earlij liivcrs, Pelile
Madeleine.
Il y a un mois d'intervalle entre Amsdcn et Précoce de Haie,
Mignonne à bec, Large Earlij Mignonne, Double de Troyes, Marguerile,
Earlg York et Pourprée hàlivc.
On peut citer encore parmi celles qui suivent ces derniers comme
époque de maturité : Anne précoce de Fay , Grosse mignonne luUive,
Chevreuschàlive, Early Victoria, Madeleine jaune, etc.
— 25 —
M. P. Giraud a également constaté que toutes les pêches de la
Floride, qui mûrissent en juin, ont la chair plus ou moins adhé-
rente au noj-au et cela quelles que soient les conditions de culture.
V. V.-M.
Restauration ou changement progressif d'espèces
de fruits par la greffe perfectionnée Réfrogaet.
Restaurer un arbre, changer l'espèce fruitière, ces opérations
n'ont absolument rien de nouveau ; mais chacun a sa manière, et
chacun opère à sa fa<;on.
Il j a vingt et quelques années, j'étais chargé de la conduite
d'un espalier de poiriers d'une douzaine d'années de plantation :
c'étaient des formes en palmettes assez bien réussies, seulement
beaucoup d'entre elles laissai-int à désirer sous le rapport de la qua-
lité du fruit, et c'est alors que pour changer les espèces j'eus re-
cours à la greffe. Plusieurs systèmes de gretfage ont été mis en
pradque, mais celui qui m'a donné le meilleur résultat est un sys-
tème que j'ai perfectionné moi-même, et voilà en quoi il consiste :
Tous mes greffons avaient été coupés en février, et enterrés au
pied d'un mura l'exposition du nord, comme cela se pratique habi-
tuellement; sur la fin d'avril, quand mes arbres ont été bien en sève,
je me suis mis à l'œuvre.
Je commençai d'abord par supprimer le premier étage de ma
palmette, et faire une coupe horizontale à mon arbre, à 0'",30 cen-
timètres du sol ; elle pouvait atteindre comme profondeur le tiers
environ de l'épaisseur de l'arbre, et ensuite une autre coupe à dix
ou douze centimètres plus haut, mais dirigée de haut en bas, jus-
qu'à ce qu'elle rencontre celle faite horizontalement, de manière
que l'opération faite, la coupe représente une petite entaille ana-
logue à celle que font les bûcherons en abattant les taillis.
Mon entaille faite, je choisis un greffon bien constitué ayant do
bons yeux bien saillants et surtout bien disposés pour le commen-
cement d'une palmette. Mon greffon convenablement choisi, je le
taille de manière que l'œil du haut se trouve en avant et que ceux
de la base soient placés de chaque côté, je pratique à sa base, du
côté opposé à l'œil terminal, une entaille en bec do tiùte très allongé,
en finissant à zéro au-dessus de l'entaille ; j'entame jusqu'au bois
en y faisant un petit talon, et je termine ma préparation en eidevant
de chaque côté de mon entaille un petit fil d'écorce, de manière que
le liber soit à découvert de chaque côté. Ceci fait, je présente le
greffon devant l'entaille que j'ai faite au sujet à greffer, je le mets
juste au millieu de l'entaille à la place qu'il doit occuper, de ma
nière que le talon du greffon porte juste sur l'entaille : je le tiens
— 26 —
solidement d'une main, et avec l'autre main, à l'aide du greffoir ou
d'une serpette, je fais une coupe longitudinale de chaque côté du
greffon, de la profondeur de l'écorce. Je soulève cette lanière, et
j'y introduis ma greffe qui coïncide parfaitement, et les libers se
trouvent eu contact sur toute leur étendue. Je replace la petite
lanière sur la greffe, je ligature et couvre toutes les plaies avec du
mastic à greffer et l'opération est terminée.
:^-^
Grekfe Refrogxet,
[A. Greffe vue de côté. — B. Grefte vue de face. — Greffon,
Danf5 le courant de l'année, il faut veiller avec soin au dévelop-
pement des trois bourgeons, et surtout les accoler à chacun un
tuteur : les tuteurs seront placés un peu en avant de l'arbre, pour
que les rameaux qui se développeront sur le greffon y soient palis-
sés plus librement, de sorte qu'à la fin de l'année, l'ensemble de la
greffe ait l'aspect du commencement d'une palmette d'un an de
formation.
A partir de là, on n'a plus qu'à continuer la formation de son
arbre. Au fur et à mesure qu'on obtient les étages du jeune, on
supprime ceux du vieux, et on ne peut faire l'ablation totale de
l'arbre à supprimer que quand le jeune est à moitié ou aux trois quarts
formé, ce qui permet à la récolte de ne pas être interrompue,
attendu que quand l'un disparaît, l'autre est en état de produire.
— 27 —
J'ai fait cette greffe plusieurs fois sur pêcher, sur amandier, et
sur des sujets manques en écusson, et elle m'a donné de très bons
résultats, de sorte que je ne n'hésite pas à la recommander pour
tous les arbres fruitiers. P. Réfrognet,
Arboriculteur à Dijon.
Jardins réguliers.
Le temps est passé où les jardins se calquaient presque tous sur
les plans dressés par Le Nôtre pour les résidences royales ou sei-
gneuriales. Le style régulier a fait son temps. Le plus minuscule
jardinet, dont l'horizon est limité par quatre murailles, veut avoir
sa pelouse vallonnée, ses massifs bombés et son Gynerium isolé
sur un petit tertre de gazon : c'est la mode. Cette manie de vouloir
imiter en tout et partout la belle nature, de faire du paysage en
chambre est bien un peu bébête, mais que voulez-vous, c'est la
mode, et il paraît très économique. Que signifient, je vous demande,
ces mouvements de terre désordonnés, ces lambeaux de pelouse
ravinés qui jouent à la colline ondulée, dans un rectangle de
50 mètres carrés? Pour ma part, j'avoue humblement que je n'ai
jamais rien pu comprendre à cette ordonnance bizarre des petits
jardins.
Si le style régulier était contestable quand il était appliqué à de
vastes étendues de terrain, personne ne dit plus maintenant qu'il
est déplacé dans des espaces restreints, et l'usage qu'en font jour-
nellement les paysagistes, justifie suffisamment le regain de faveur
qu'il a conquis depuis un certain nombre d'années.
L'excès appelle l'excès : le style régulier trônant en maître
pendant deux siècles s'est vu tout à coup honni et conspué et rem-
placé par le « paysage » . Après les lignes droites , les lignes
courbes et rien que les lignes courbes. La réaction a été lente à
venir, mais les esprits sensés n'ont pas tardé à comprendre que
c'était Dure folie que de se priver de gaîté de cœur d'une foule
d'heureuses combinaisons, et ils se sont dit : pourquoi, quand l'har-
monie le réclame, ne mélangerions -nous pas les lignes droites et
les lignes courbes.
On a donc dans un assez grand nombre de cas mêlé le style
régulier au a style paysager » . D'ingénieuses combinaisons des deux
styles permettent souvent d'associer l'harmonie architecturale des
bâtiments à l'harmonie du paysage, et c'est dans ces cas surtout
que l'esthétique gagne à cette heureuse collaboration.
Les .cas où le style régulier gagne à être employé simultanément
avec le style « paysager » étant assez fréquents, nous donnerons
quelques-uns des plus jolis modèles de jardins réguliers, afin que,
le cas échéant, on puisse s'inspirer de leur composition.
-a#l
4.
^^ï.^' u. t» "i, ii» i ■^^Xv tC. ^ î»
^%%'^ <ii.^'è.
Jardin français du xviii' siècle d'après un dessin de Liger.
LÉGENDE : 1 Façade de la maison. — 2 Parterre] en deux pièces. — 3 Jets d'eau. —
-(Boulingrins. — 5 Bosquets. — 6 Salles de diverses façons. — 7 Cabinets. — 6 Salons
— 9 Parterre de gazon.
— 29 —
L'Analyse du sol par les plantes.
Un botaniste, à la seule inspection de la flore locale, sait de
quelle nature est le sol où croissent les espèces sauvages. En effet,
si un grand nombre de plantes sont ubiquistes, c'est-à-dire vien-
nent dans tous les terrains, il y a certaines sortes qu'on ne trouve
que dans les terrains calcaires, granitiques, argileux ou salés.
Partout où vous rencontrerez la digitale pourpre, soyez certain que
vous êtes en plein terrain granitique ; il en est de même pour le
châtaignier et le genêt à balais. Ceci se comprend très-bien, car les
plantes consomment des éléments déterminés se naturalisent de
préférence dans les endroits où ces éléments sont en abondance.
Tout le monde n'étant pas botaniste, il y a lieu de laisser de
côté l'analyse par la flore sauvage et de la remplacer par celle des
plantes cultivées.
Partout où le blé prospère et donne un bon rendement, si les
pois n'y réussissent pas, soyez certain que le sol est riche en
potasse et pauvre en azote, et par conséquent il faut employer la
potasse comme engrais.
L'observation inverse, c'est-à-dire la terre où les pois viennent
bien et où le blé réussit mal, indique que le sol est riche en potasse
et pauvre en azote. Employez l'azote comme engrais.
Si le blé et les pois viennent bien, mais que le maïs et le chou-
rave soient chétifs, c'est un terrain où domine l'azote et la potasse
mais où l'acide phosphorique fait presque défaut. Ajoutez de l'acide
phosphorique au terrain.
Si les pois, le maïs et le blé viennent bien, le sol est pourvu de
tous les éléments nécessaires à toutes les plantes cultivées. Quand
les trois plantes sus-mentionnées viennent mal, c'est que c'est un
terrain pauvre auquel il manque de la potasse, de l'azote et de
l'acide phosphorique.
On a remarqué que les espèces sus-mentionnées consommaient
de préférence et en plus grande quantité certains éléments : les
unes préfèrent l'azote, les autres la potasse ou l'acide phosphori-
que. Les agronomes ont établi sur cette affinité des plantes pour
des éléments déterminés, ce qu'on appelle la loi des dominantes,
et «'est sur cette loi qu'est basée l'analyse du sol par les plantes.
Veut-on connaître maintenant comment les éléments sont répartis
dans l'intérieur du sol et jusqu'à quelle profondeur sont enfouis les
éléments de fertilité, il suffit pour cela de prendre deux plantes
ayant la même dominante, dont l'une à racine pivotante. Ainsi,
par exemple, la betterave vient-elle bien quand le blé reste chétif.
— 30 —
cela veut dire que l'azote est dans les couches profondes. On peut
également prendre à des profondeurs déterminées une certaine
quantité de terrain, le placer dans des caisses et cultiver les plantes
citées plus haut ; leur développement indiquera la dispersion des
éléments minéraux.
On peut encore procéder à l'analyse du sol au moyen des
engrais. Pour cela, on choisit dans le jardin quatre parcelles de
terre de même grandeur. Dans la première, on met 120 grammes
par mètre carré de l'engrais suivant :
Sulfate d'ammoniaque 2''4C8e'.
Superphosphate de chaux 3 334
Nitrate de potasse » 910
Sulfate de ehaus (plâtre) 3 348
10 "000
Dans la seconde parcelle, la même dose d'engrais minéral san
azote. On compose cet engrais de la manière suivante :
Superphosphate de chaux 4 kil.
Chlorure de potassium 2 »
Sulfate de chaux (plâtre) 4 »
Dans la troisième parcelle on met de l'engrais azoté sans miné-
raux.
On laisse la quatrième parcelle sans engrais.
Il ne reste plus maintenant qu'à semer du blé dans les quatre
parcelles ainsi préparées.
Le blé est toujours beau dans la première parcelle.
Si le blé est beau dans la seconde, c'est qu'il y a de l'azote dans
le sol ; s'il est mauvais, c'est que l'azote fait défaut.
Dans la troisième parcelle, si le blé est bon, c'est que les miné-
raux assimilables abondent dans le sol ^ le sol en est pauvre dans .le
cas contraire.
Si le blé est chétif dans la quatrième parcelle, qui n'a eu aucun
engrais, c'est que le sol est pauvre; s'il est beau, c'est qu'il est
riche en principes assimilables.
Les matières premières pour faire ces analyses ne coûtent pas
très chers. Achetées en gros, le superphosphate contenant 15 0/0
d'acide phosphorique, varie de 14 à 15 fr. les 100 kilog.; le chlo-
rure de potassium à 50 0/0, de 27 à 30 fr.; le sulfate d'ammo-
niaque, 50 à 60 fr.; le nitrate de potasse, 68 à 75 fr.; le plâtre
est le meilleur marché. G. L.
— 31 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 20 décembre 1885, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Dutailly, Député, Président.
La séance est oaTerte à une heure 1/4 par la lecture et Tadoption du
procès-verbal de la dernière séance.
Correspondance. — Elle se compose :
1* D'une lettre signée de 20 membres titulaires de l'AsPociation demandant
une modiflcation daas la rédaotioa du paragraphe VII des Statuts de l'Asso-
ciation, ainsi que quelques changements du règlement intérieur relatifs au
fonctionnement des Commissions chargées de juger les apports sur le bureau
et les plantes de semis à domicile.
Confoimément au règlement de la Société, ces propositions seront mises
à l'ordre du jour de la prochaine séance, dans laquelle elles seront discutées.
2* Lettre de la Préfecture du Rhône réclamant l'envoi du compte-rendu
annuel des travaux accomplis pendant l'année 1885 par l'Association horti-
cole jyonnaise.
3° Lettre de la Société Nationale d'horticulture de France informant
l'Association qu'elle organise un Congrès horticole à l'occasion de l'Expo-
•ition générale qu'elle ouvrira, du 4 au 9 mai prochain, à Paris.
4° Lettres de présentation de candidats au titre de membres titulaires.
Admissions. — Aucune opposition n'ayant été faite, sont admis membres
de la Société les candidats présentés à la dernière réunion. Ce sont :
M"* du Bourg, rue Saint-Joseph, 20, Lyon, et château de Franquières,
à Biviers par Meylan (Isère), présentée par MM. Viviacd-Morel
et L. Lille.
MM. Devers, horticulteur à St-Symphorien-sur-Coise (Rhône), présenté
par MM. Viviand-Mor^l et B. Comte.
Dumas, fleuriste à Bourg-de-Thizy (Rhône), présenté par MM.
Mercier et L. Lille et Beney.
Descolle, jardinier au château de M. le comte de Chardonnet, à
Charrette, par Montailleu (Isère), présenté par MM. Valla et
J. Chrétien.
Desvignes (Stéphane), 78 bis, cours Vitton, Lyon, présenté par
MM. Viviand-Morel et A. Bernaix.
Gaultier de Biauzat, pharmacien, 69, route de Grenoble, Monplai-
sir-Lyon, présenté par MM. Alégaiiére et Lassonnerie.
Renaud, coutelier, rue Constantine, 14, Lyon, présenté par MM.
Musset et Drevet.
D' Rebatel, rue des Archers, 4, Lyon, présenté par MM. Liabaud
et Comte.
Perussel, jardinier chez M. Légat, chemin de la Garde, à Sl-Just-
les-Lyon, présenté par MM. Pagnon et Gaulain.
Pommier, propriétaire, au Bois-d'Oingt, présenté par MM. Rosier
et Cl. Jacquier.
Fabre (Gabriel), jardinier-maraîcher, chemin de la Cr.nx-Morlon,
Monplaisir-Lyon, présenté par MM. Lassonnerie et Clapol.
La séance est suspendue à une heure 3/4 et reprise à 2 heures j.our la
distribution des récompenses aux lauréats de l'Association.
M. le Président donne d'abord lecture de deux lettres, l'une de M. le Maire
de Lyon et l'autre de M. le Président du Conseil général, tous deux absents
de Lyon, et s'excusant de ne pouvoir assister à notre assemblée. M. le Maire
do Ljon, ret«nu dans la Côte-d'Or à l'inauguration du monument élevé à
Nuits, à la mémoire des soldats des légions du Rhône tombés en défendant
leur pajs, se serait fait, ainsi que M. le Président du Conseil général, un
vrai plaisir de venir décerner eui-mémes les médailles à nos liuréat?.
Avant de procéder à la distribution des récompenses. M. le Président pro-
nonce une allocution dont la sténographie seule pourrait rendre tou'. le
charme, et que j'hésite à analyser, craignant, non pa^ de travestir ses peu ■
sées, mais de les dépouiller des qualités de style qui ont servi à les déve-
lopper.
M. Dutailly remercie d'abord ses collègues de l'Association de l'accueil
chaleureux et amical dont il a été l'olijet, et U le fait d'une maniera si déli-
cate, que ses paroles sont couvertes d'applaudissements.
Il examine ensuite les principaux actes accomplis par rAssojiatioa horti-
cole pendant l'année écoulée. A propos du Concours de Chrysanthèmes, sorte
d'exposition partielle, il dit que sa réussite ne pouvait étonner personne, car
on sait comment l'Association sait organiser ses grandes et belles expositions
où chaque genre est dignement représenté, et il espère que l'an prochain la
Société saura encore se surpasser et rendre son exposition future encore plus
brillante que ses devancières.
Abordant les Concours spéciaux que l'Association a institués en faveur des
jardiniers de maisons bourgeoises, des chefs d'établissements et des jardiniers
maraîohers, il en vante le mérite et regrette que les spésialisies de la culture
potagère les délaissent un peu. Si le gros du public pas-^e avec indifférence
devant les lots de légumes, les personnes intelligentes suivent toujours avec
intérêt les progrès réalisés dans cette branche de l'horiiculture. A ce propo.*,
il cite un bm mot de M. Oustry, ancien préfet du Rhône, qui aimait beau-
coup à visiter nos expositions :
« En fait de progrès, il s'étonnait que seuls la» cornichons progressaient
bien comme bon développement ils atteignent, disait-il, des dimensions
énormes ; mais les carottes, dans la culture, restent stalionnaires et ne se
trouvent en progrès que dans la politique. »
Ne nous inquiétons pas trop, ajoute M. Dutailly, si le public passe quel-
quefois avec indifférence à côté des légumes, coatinuons 1 js bonnes et Siines
traditions de l'horticulture et n'imitons pas les Chinois qui n'ont encore pu
arriver à faire pommer les choux. (Applaudissements.)
Une autre institution utile de notre Association e^t celle des récompenses
qu'elle accorde chaque année aux bons et anaieas jardiniers ; voilà, dit
M. Dutailly, une institution vraiment sociale. Les récompenses accorlées
aux bons serviteurs honorent autant les maîtres que les jardiniers qui les
reçoivent, car, ne l'oublions pas, ce sont les bons maîtres qui font les bons
serviteurs, comme les bons serviteurs font les bons maîtres.
Notre Association ne néglige pas non plus les autres branches do l'agri-
culture nui peuvent rendre à notre pays son ancienne prospérité, et enacfor-
dant une médaille d'or à M. F. Gaillard pour une nouvelle application de la
greffe de la vigne, elle a montré tout l'intérêt qu'elle prenait aux innovations
utiles.
Si à côté de toutes ses joies nous jetons un regard en arrière, nous avons
à déplorer la perte de plusieurs de nos ollègues et surtout d'un des plus
dévoués serviteurs de l'horticulture; je veux [larler de J. Sohwartz. Il venait
de racevoir la croix du Mérite agricole comme récompense de ses travaux;
des morts comme celle-là sont poignantes : mourir si jeune, si plein d'acti-
vité, ce serait désespérant, si nous n'avions pas devant nous l'exemple des
vieux, des anciens, vieux par l'âge, mais jeunes par l'activité; notre modèle,
c'est le vétéran et brave Liabaud, qui bientôt va recevoir une médaille d'or
pour las apports remarquables déposés sur le bureau pendant cet exercice.
Cette récompense est justement méritée et elle prouve quo notre doyen est
un de ceux, et des premiers, qui fait tous ses efforts pour le développement
des progrès de l'hortijulture dans la région lyonnaise. C'est un beau et salu-
taire exemple qui est donné aux jeunes qui tous les jours viennent augmenter
le nombre des adhérents à notre œuvre, et les jeunes suivant les bons exem-
— 33 —
pies donnés par les vetéracs, promettent un long avenir à notre chère Asso-
oiaiioii. (Triples salves d'applaudissements.)
M. le Secrétaire s'énéral donne lecture de la liste des récompenses. (Voir
Lyon-Horticole.ho2'4, 1885.)
Avant de laver la séance. M. Dutailly remercie les personnes qui ont bien
voulu assister à cette réunion et donne rendez vous à l'exposition prochaine
qui doit avoir lieu en septembre 1885.
La séance est levée à 4 heures. Le Secrétaire-adjoint, 3. Nicolas.
VARIETES
Un Centenaire.
La mode en est à présent aux centenaires. Oa fête les grands hommes
longtemps après leur mort, leur rendant bien tard unejustice qu'ils n'ont pu
obtenir de leur vivant. Or, j'ai voulu commencer la nouvelle année 1886, en
fêaiit, moi aussi, mon centenaire, et certes on en aura célébré de moins utiles
et surtout de moins modestes. Voilà cent ans qu'un bienfaiteur de l'humanité
a vu le jour et c'est son souvenir que je veux rappeler.
Quand il parut, il eut le sort de toutes les grandes choses et de tous les
grands hommes: il fut méprisé, honni, conspué. Pour un peu on l'aurait mis
en prison, seulement il fallait, le pouvoir. Pourtant un roi de France le pro-
tégeait ouvertement, mais malgré cette protection il courait fort la chance
de passer inaperçu sans l'adversité qui vint le fdire apprécier à sa juste
valeur.
Mais, ami lecteur, je m'aperçois que je vous parle par apologue et que j'ai
omis d'allumer ma lanterne. Je vous parle du centenaire de quelqu'un dont
je fie vous ai pas encore dit le nom. E<t-ce qu-ilque grand homme ? Non !
Quelque ami de l'humanité ? Oh oui ! alors. — M=iis qui est-ce doac? — Qui
c'est ! C'est un légume, un vulgaire tubercule, c'est la pomme de terre.
Vous riez ? Cela ne m'étonne nullement. On est tellement habitué à la
pomme de terre, que l'on ne peut pas concevoir une époque où elle n'ait pas
existé. Et cependant, il n'y a guère plus de cent ans que cela était ainsi ;
faites en sorte de vous imaginer una société, un peuple, un état tout entier
sans le précieux tubercule et convenez que l'alimentation n'y devait pas être
commode. Je n'en veux pour preuve que les famines qui ont sévi avec tant
de torce, même au siècle dernier et que La Bruyère a si bien décrites, famines
telles que M"= de Maintenoj en était réduite à manger du pain d'avoine. Or,
si la maîtresse d'en roi de France en était réduite à cette nourriture, quelle
devait être celle du peuple?
Que les économistes et les politiciens viennent dans de pompeuses phrases
nous exposer tout au long les raisons concluantes, d'après eux, des anciennes
misères du peuple; ils oublient tous la meilleure : le manque de pommes de
terre. Et, en effet, on n'avait pas avant elle de végétal capable de suppléer
au blé; d'une culture facile, d'un rendement généreux, et quand le blé man-
quait, il ne restait rien à manger. Du jour où la pomme de terre parut, la
famine cessa. Ce fut une révolution sociale qui apportait à chacun le pouvoir
de vivre, alors qu'en même temps une révolution politique lui en donnait la
liberté.
Permettez-moi donc, en quelques lignes, de vous retracer l'histoire de
cette plante vulgaire, qui se trouve à présent dans tous les pays, sous toutes
les latitudes, presque à toutea les hauteurs, et qui est même la seule culture
que peut se permettre l'habitant des régions glacées des Alpes.
La pomme de terre, que les botanistes appellent Solanum tuberosum est
originaire d'Amérique. C'est, on peut le dire, avec la Quinquina les deux plus
grands bienfaits dont nous soyions redevables au Nouveau-Monde. Cultivée
depuis les temps les plus reculés dans l'Amérique occidentale, la pomme de
terre était presque inconnue en Europe, lorsqu'un grand savant, un véritable
— 34 —
philanthrope, voulut en propager chez nous la culture. ParmenCier, le savant
en question, était un chimiste français qui vécut de 1737 à 1813. Frappé des
services que la morelle tubéreuse pouvait rendre aux classes pauvres, 11 vou-
lut ea rendre l'usage général. Mais il fallait combattre la routine, et ce n'est
pas, certes, chose facile ! Cependant quand on a foi en son œuvre, qu'on
dépense pour atteindre son but toute l'énergie, toute l'intelligence possibles,
qu'on j dépense son temps et même sa fortune, peut-être peut-on espérer
réussir. Parmentier voulut frapper un grand coup et prendre la chose de
haut: il intéressa à ses idées humanitaires le roi Louis XVI qui, dans une
grande féie donnée à sa cour, se montra paré d'un bouquet de fleurs de notre
végétal. Les grands seigneurs imitèrent leur maître et, pour lui faire leur
cour, envoyèrent à leurs fermiers l'ordre de cultiver le nouveau tubercule.
Mais, en France, nous sommes un peu frondeurs, c'est là notre moindre
défaut, et les ordres donnés, par cela même qu'ils étaient des ordres, furent
jeu ou point exécutés. A peine If s fermiers jugèrent-ils la pomme de terre
digne d'être donnée comme aliment à leurs bestiaux.
Parmentier ne se découragea pas pour si peu; il fit planter, dans les envi-
rons de Paris de grar.ds champs de pommes de terre ; la première année il
en vendit les produits aux paysans à un prix des plus minimes ; à peine
eut-il quelques acheteurs. L'année suivante, il les donna : personne n'en
voulut. Vous avouf rez qu'il y avait de quoi se décuurager. Mais Parmentier
eut un trait de génie : il connaissait sans doute le caractère de cet animal
plu5 ou moins domestique qui s'appelle l'homme, et il mit en culture à Vin-
cennes de nouveaux champs de pommes déterre. Puis, y plaçant des gardes,
il leur donna pour consigne d'arrêter sans pitié quiconque voulrait s'empa-
rer de quelques tubercules, et il lit pnblier à son de trompe cette ordon-
dance dans tous les pays environnants. Seulement, les gardas avaient aussi
l'ordre de tourner le dos aux voleurs, pendant la nuit, de soi te que bientôt
les champs furent dév.istés de fond en comble ; ce que c'est tout de même
que l'attrait du fruit défendu ! Chaque jour c'étaient de nouveaux méfaits
que l'in rapportait à Parmentier ; tout était pillé, et il en pleurait de joie.
Dès lors la pomme de terre avait acquis son droit de cité qu'elle n'a fait
que confirmer depuis. A présent elle est indispensable à tous, soit sur la table
du riche, soit sur celle du pauvre, elle fournit à tous un mets délicieux et
nourrissant. Non contents de ce rôle, les chimistes l'ont torturée, et par
maintes manipulations, ont extrait de ses flancs de l'amidon et de l'alcool.
N'est-ce pas admirable ? Et comment a-t-on gardé le souvenir de ce bien-
faiteur qui a nom Parmentier ? Il n'a même pas encore une statue 1 Ah 1 l'in-
gratitude humaine Pendant quelques années on a donné aux pommes de
terre le nom de Parmentières, puis le nom commun, mais sans valeur, a pria
le dessus, et les tubercules de la morelle ont conservé ce nom de pomme de
terre qui non seulement ne signifie rien, mais consacre encore une erreur.
Pourquoi ne reviendrions nous pas à ce vieux n)m de Parmentières î Ne
serait-C3 pas là un moyen de conserver, de perpétuer le souvenir de celui
qui, il y a cent ans, a doté l'humanité d'un produit utile entre tous 1
Et voilà pourquoi, moi aussi, j'ai voulu fêter mon centenaire 1
Paul Emyck,
Syndicat des horticulteurs de la région lyonnaise.
11 vient de se fonder à Lyon, sous le titre de Syndicat des horticulteurs de
la légion lyonnaise, une Association qui aura pour but exclusif de s'occuper
des intérêts de l'horticulture et de favoriser son développement.
Voici, d'ailleurs, un extrait des Statuts qui donnera une idée des princi-
paux travaux auxquels le Syndicat pourra se livrer :
— 36 —
Art. 15. — La ChamlDre syndicale examine les affaires contentieuses
qui lui sont renvoyées par le président, ou qui sont portées directement Je-
vant elle par les membres du Syndicat; elle les concilie, si taire se peut, ou
rend à leur égard sa sentence
Art. 20. — Le Syndicat a pour objet général l'étude et la défense des inté-
rêts économiques de l'horticulture.
Art. 21. — 11 se propose spécialement :
1° D'examiner toutes les mesures économiques et toutes les réformes
législatives que peut exiger l'intérêt de l'iiorticultare, et d'en réclamer la
réalisation des autorités et pouvoirs compétents;
2° D'organiser des réunions périodiques pour faciliter les rapports entre
les horticulteurs et développer le commerce horticole ;
3'' De préparer, encourager, soutenir la création d'institutions économi-
ques, telles que : Sociétés de crédit horticole, Sociétés de production, Caisse
de seeoui's mutuels contre la grêle, etc.;
4" De créer des offices de renseignements et d'entremise pour la vente des
produits, pour l'acquisition des terres de bruyère, poteries et autres matières
utiles à l'horticulture, etc.;
5° De créer un office de renseignements, afln d'éviter les pertes que subis-
sent actuellement les horticulteurs ;
6° De fournir des arbitres et experts pour la solution des questions horti-
coles litigieuses ;
7» De faire la rentrée des créances.
li n'est pas nécessaire de faire ressortir les avantages commerciaux que
tous les adhérents au syndicat retireront de leur association; car l'énoncé
des statuts en fait d'emblée saisir l'importance. La cotisation annuelle a été
fixée à 10 fr. par an.
Voici la composition de la chambre syndicale pour l'année 1886 :
Président : M. B. Comte, horticulteur ;
Vice- Président : M. V. Viviand-Morel ;
Secrétaire : M. Antoine Rivoire flls, marchand grainier;
Trésorier : M. Musset, fleuriste ;
Membres : MM. Belisse, L. Carle, Charreton, Gousançat, Ci. Jacquier
fils, Labruyère, F. MoREL, Et. Schmitt.
Toutes les communications et adhésions doivent être adressées au secré-
taire, M. A. Rivoire, 16, rue d'Algérie, à Lyon.
Réunions commeroiales hebdomadaires das horticulteurs.
La Chamb7'e syndicale des horticulteurs de la région lyonnaise a décidé la créa-
tion, à Lyon, de réunions périodiques pour faciliter les rapports entre les
horticulteurs et développer le commerce horticole.
Ces réunions auront lieu tous les samedis, de 7 heures à 11 heures du soir,
dans un salon réservé à la brasserie Grubar, au premier étage, place des
Terreaux (en face de l'Hôtel-de-Ville).
A ces réunions seront centralisés et affichés tous les renseignements pou-
vant intéresser les horticulteurs : expositions annoncées, modifications aux
règlements, décrets ou lois concernant la circulation das végétaux, modifica-
tions des tarifs de traasport, ventes de plantes, concours, adjudications, pla-
cements de jardiniers, etc.
De plus, un tableau d'offres et de demandes sera exposé. Chacun aura le
droit d'y inscrire les articles dont il peut disposer ou dont il a besoin.
Tous les horticulteurs appartenant ou non au syndicat ont droit d'y assister.
Les horticulteurs étrangers à Lyon que leurs affaires appellent quelquefois
dans notre ville seront toujours siirs de trouver dans ces réunions le plus
bienveillant accueil.
— 36 —
INFORMATIONS
Parmi les diverses décorations décernées dernièrement et intéressant
l'horticulture, signalons, dans la Légion d'honneur, celles de MM. Pulliat,
viticulteur, Joret, créateur du commerce d'exportation des fruits et pi imeur»,
et Salomon, viticulteur, à Thomerj (Seine-et-Marne), et dans l'ordre du
Mérite agricole celles de MM. Fortin, jardinier en chef de laferme-école des
plaines, Fougnon (Georges), de Màcon, Garet, horticulteur, à Rouen, La-
touche, à Pontoise. Thouvenin, jardinier en chef du Parc de Versailles.
— On vend actuellement, à Paris, la bibliothèque de fcu le ducteur Four-
nier, qui a rédigé pendant longtempe le Bulletin bibliographique de lu Société
botanique de France.
— M. Ch. J0I7, vice-président de la Société nationale d'horticulture,
vient de publier une étude sur les Eucalyptus géants de l'Australif, dans la-
quelle il résume tout ce qui intéresse ces arbres.
— M. A. de la Eevansaye fait connaître, dans la Revue horticole, une nou-
velle espèce de l'hilodendrum, le Ph. Andreanum, fort remarquable par la
forme élégante de ses feuilles et le ton velouté et chatoyint de leur limbe.
Originaire de la Nouvelle-Grenade.
NOUVEAUTES — CATALOGUES
Louis Blanc, horticulteur-fleuriste, à Hjèrej (Var). — Citalogue de^
ognons à Heurs, plantes et graines, cultivées dans l'établiss meut. Fleurs
fraiohes coupées pendant l'hiver: Rose?, Violettes, Œillets, Naicisses,
Mimosas, Rés-éda», Giroflées, Orangers, etc. Iridées, Liliacées, Renoncule-',
Dracœi as, Chamœrops, Phœnix, etc.
Simon DÉLAUX fils aîné, horticulteur, à St-Marlin-du-Touch, p'èi Tou-
louse (Haute-Garonne). — Catalogue contenant les nouveautés iné iiies obte-
nues (le semis dans l'établifsement et livrables de suite. Clirysaiithèmes :
japonais, tubulés, hjbride, de l'Inde, pompon, à fl)raison précoce (japonais
et à fleurs de renoncules). Abjtilon, Pelargoniums zonales, pellatum, Bégo-
nia, Goleus, Héliotropes, etc.
De Reydeli.et, à Valence (Drôme). — Catalogue mentionnant les nou-
veautés pour 1886 en Chrysanthèmes japonais et hybeides à grandes fleurs
provenant des semis de l'obienteur ; quarante variétés nouvelles sont décrites
dans ce catalogue, ainsi que quarante variétés mises au commerce en 1885 ;
variétés plus anciennes.
Avis aux meiubrcs de l'Assoclatiou horticole lyonnaise
Les membres de l'Âssociatioa horticole lyonnaise sont informés quo la
liste générale des membres titulaires est en voie de composition. Ceux dont
les noms prénoms et adresses seraient incorrects sur la liste précédente sont
priés d'en informer le Secrétaire généra! de la Société avant le 15 février au
plus tard.
Nous rappelons aux sociétaires qu'ils ont droit sur la liste suslite à deux
Zi'^nes supplémentaires pour aanoncer leurs spécialités.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
L^on. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 FÉVRIER N» 3
CHRONIQUE
La glace el f horliculiure . — La glace n'est pas en odeur de sain-
teté dans l'église horticole, car les jardiniers ne rêvent que thermo-
siphons et chaulîages de toutes sortes : ils craignent la gelée pour
les plantes. Et cependant il y aurait peut-être une fortune à faire
à celui qui saurait emploj'er la glace à propos.
La chaleur c'est le vieux jeu. M. Brevet, de la Villette,
vous en donne en veux-tu, en voilà; mais du froid, les glaciers
n'en fournissent pas encore aux horticulteurs qui sont à la merci de
tous les sirocos africains.
Je questionnai un jour un de mes amis qui avait abrité contre
un mur au nord, après les avoir martyrisés de toutes façons, 5 ou
600 rosiers Jules Margottin, qu'il espérait voir « arriver à point »
pour la St-Jean. Eh! bien, lui disaisje le 30 juin, avez-vous
réussi dans votre spéculation ? Ah ! mon pauvre vieux, me répondit-
il, je suis arrivé huit jours trop tôt et j'ai fait une lessive com-
plète. — Sans savon ni cendre, ajoutais-je. — Cependant j'avais
pris d'excellentes mesures; j'avais arraché, laissé sécher, taillé en
contre-saison tous mes rosiers, mais ils ont vite, sous l'influence
de la chaleur, rattrapé le temps perdu. Moi, je cours après mon
argent, et je n'espère pas le ravoir cette année.
Si, au lieu de torturer de malheureuses plantes pour retarder
l'époque de leur floraison, vous les placiez simplement dans une
glacière pour les empêcher de « partir » trop tôt, je crois que cela
vaudrait infiniment mieux que tout ce que vous pourriez faire pour
atteindre le même but. Et ceci n'est pas un paradoxe. Allez, si
vous voulez vous assurer de la réalité du fait, vous promener en
juillet sur les sommets neigeux des hautes montagnes, et vous y
trouverez, dans tout l'éclat de leur splendeur, les tieurs qui s'épa-
nouissent chez vous en avril et mai. Elles sont en retard, ces
plantes montagnardes, tout simplement parce que la température
des hautes cimes est inférieure à celle des plaines.
— SS-
II y aurait donc lieu, dans certains cas — et je suis persuadé
qu'elles rendraient bien autant que les serres chaudes — de cons-
truire des serres-glacières, sorte d'abris de paille, placées à l'om-
bre et dans lesquelles on substituerait de la glace à la terre des
banquettes. Dans ces serres-glacières on pourrait retarder une foule
de plantes qui arrivent trop tût pour certaines fêtes. Mais la glace
n'est pas en odeur de sainteté dans l'église horticole, et je parie-
rais bien que personne ne suivra mon conseil.
Deslruclion de la Cochenille. — Nous empruntons à la Revue horti-
cole la petite note suivante, qui intéressera à coup sûr nos confrères
les horticulteurs-fleuristes :
« Tous les horticulteurs savent combien il est difficile de se
débarrasser des cochenilles qui attaquent si communément cer-
taines plantes dans les serres chaudes. M. E. Rivoiron, stagiaire
de l'Ecole d'horticulture de Versailles, en ce moment en Angle-
terre, nous informe que certains horticulteurs anglais tiennent leurs
plantes, les Gardénias, par exemple, complètement exempts de
cochenilles en les seringuant deux fois par jour avec de l'eau addi-
tionnée de pétrole, dans la proportion d'environ un verre à liqueur
de pétrole pour un arrosoir d'eau. On le voit, la chose est facile
et la dépense à peu près nulle; aussi, n'est-il pas douteux que le
procédé sera employé par nos compatriotes.
Céleri à cœur plein en forme de scarole. — M. Forgeot annonce la
nouvelle variété de céleri dont le nom précède et dont l'emploi est
exactement le même que celui des céleris non tuberculeux. Au lieu
d'avoir les feuilles dressées et en nombre limité comme ses congé-
nères, elles sont très nombreuses, relativement courtes, entremêlées
et étalées sur le sol. Il forme des sortes de touffes crépues, imitant
assez bien celles de certaines scaroles et qui peuvent atteindre plus
de 30 centimètres de diamètre.
On saura bientôt à quoi s'en tenir sur le mérite de cette nouvelle
variété dont la saveur ne laisse rien à désirer et qui se reproduit
franchement. Elle a été récompensée par la Société nationale d'une
prime de première classe.
Rappelons à cette occasion que le céleri est une plante sponta-
née en France où il croît dans les provinces baignées par la Médi-
terance, l'Océan et dans l'intérieur autour des salines. C'est donc
une plante halophile (qui aime le sel). On trouve encore le Céleri
sauvage dans le Tyrol, l'Allemagne du Nord, le Danemark, en
Norwège, en Angleterre, dans les îles Baléares, la Dalmatie, la
Hongrie, la Transylvanie, en Grèce, en Macédoine, etc. Le Céleri
est également connu sous le nom d'Ache et servait à l'ornementa-
tion des tombeaux chez les anciens.
— 39 —
Pomme de terre Joseph Rifiaull. — Cette pomme de terre qui a été
obtenue en 1883 par M. J. Rigault, est issue, paraît-il, du croise-
ment de la Marjolin Tèliird et de la M. à feuille (fortie. Cultivée
depuis cette époque dans beaucoup de jardins, elle a largement
tenu les promesses qu'elle faisait concevoir à son apparition. La
Société nationale d'horticulture lui a décerné une grande médaille
d'argent. Le tubercule est longuement ovoïde, avec de très faibles
dépressions à la place des yeux ; sa chair est ferme et d'uji beau
jaune ainsi que d'excellente qualité. On ne saurait trop recomman-
der la culture de cette excellente pomme de terre.
A propos de pomme de terre il n'est pas inutile de rappeler que
l'époque de ma'.uriié des tubercules varie avec les variétés et qu'il
importe de savoir à quel moment chaque variété doit être consom-
mée pour avoir toutes ses qualités. Malheureusement il n'est pas
aussi facile de juger les pommes de terre que les poires ou les
pommes. Cependant quelques remarques peuvent être faites par les
consommateurs, car on s'aperçoit assez vite du changement de
goût que prennent à la cuison les tubercules qui commencent à
passer. En notant l'époque où ce changement survient et en ins-
pectant les tubercules dans cet état, on arrive assez vite à se for-
mer un jugement solide sur cette question.
Omphalode printanicre. — M. le docteur Gilot, botaniste distin-
gué, qui habite Autun, dans une communication qu'il a faite à la
Société de botanique de Lyon, a signalé quelques plantes intéres-
santes nouvelles pour la flore du département de Saône-et-Loire.
Ces plantes ont été découvertes par des inslituteurs du départe-
ment qui s'occupent de botanique dans leurs moments de loisirs.
M. Gilot a fait judicieusement observer que les instituteurs étaient
on ne peut mieux placés pour arriver à la connaissance exacte de
toutes les plantes sauvages qui croissent dans les communes d'un
département.
Parmi les plantes signalées, l'Omphalode printanière, Ompha-
lodes verna Mnch, Cynoglossum Omphalodex L., qui couvre plusieurs
hectares de la commune de Chavisy, est une des plus intéressantes.
On sait que cette espèce est cultivée dans les jardins où elle se
plaît dans les terrains frais et ombragés. Sa jolie fleur bleu d'é-
mail avec son œil blanc, en fait une des [)lus séduisantes migna-
tures vernales qu'on puisse voir. On la connaît aussi sous le nom
de Petite Consoude, Myosotis, Ne m'oubhez pas, etc.
C'est une plante qui est certainement sauvage en Piémont, en
Lombardie, en Hongrie, en Croatie, etc., mais qui a probable-
ment été naturalisée en France.
— 40 —
Hybrides. — Il est toujours utile de rappeler, de temps à autre,
dans les journaux, certaines questions mal connues de la plupart
des lecteurs. L'hvbridité est de ce nombre, et j'en veux dire deux
mots aujourd'hui.
On appelle hybride le produit végétal ou animal issu du croise-
ment de deux espèces. On qualifie souvent les hybrides de muleis ou
de mules. Les vrais hybrides sont stériles, si aucun pollen étranger ne
vient les féconder. — je parle seulement pour le règne végétal. —
Les hybrides sont susceptibles d'être fécondés par un de leurs
ascendants (père ou mère'* et de donner des produits fertiles. Je ne
me souviens plus du nom de l'auteur qui appelait ces produits
ainsi obtenus, des bàlards quarterons. On appelle métis le produit du
croisement de deux variétés, de deux races ou de deux espèces
voisines. Les métis sont fertiles, c'est ce qui les distingue des
vrais hybrides. Les métis et les bâtards quarterons donnent presque
toujours, quand on les sème, autant de variétés que d'individus.
Cependant les caractères de ces variétés ont un champ de varia-
bilité limité. Un métis ou un bâtard quarteron donne au premier
semis presque tout ce qu'il doit donner. Si le jardinier ou l'amateur
n'obtient rien au premier semis, ils peuvent continuer à semer,
mais dans les neuf dixièmes des cas, il vaudrait mieux féconder à
nouveau le métis ou le bâtard.
Nous nous proposons de revenir sur cette question très impor-
tante en horticulture, pour la traiter plus longuement.
Les plantes malades et l'eau chaude, — Traiter les plantes à la macière
des médecins de Molière, voilà une étrange manière de les guérir. Et
cependant, rien n'est plus sérieuï, si l'on en croit M. Willermoz, qui pré-
tend avoir restauré complètement par ce moyen des plantes en pots.
11 s'agit tout simplement d'arroser d'eau chaude les plantes malades, après
avoir remué un peu la terre, mais sans toucher aux racines. L'eau qui sor-
tira par le fond du vase sera d'abord claire, puis légèrement brune et don-
nera une réaction acide: ca" c'est à la présence de substances acides dans le
sol que M. Wiliermoz attribue l'état maladif des plantes, l'eau chaude aurait
pour rôle d'éliminer une partie de ces substances. Ce traitement continué
donnerait une noaveile et vigoureuse croissance a la plante.
Le promoteur de cette manière da faire ne nous dit pas si elle est appli-
cable aux plantes en pleine terre, ni à quel degré il faut employer l'eau
chaude en question.
Nous le regrettons.
Elle est bien drôle, cette petite histoire racontée sérieusement
par un journaUste quelconque. C'est à se tordre.
D'abord, qu'est-ce que c'est que de l'eau chaude? Entre 1 et
100% il y a cent qualités d'eau chaude. Faut-il employer de l'eau
à 25, 30, 35, 40 ou ôO''? Faut-il cuire les racines! Autant de
questions que l'auteur laisse dans l'ombre discrète de sa nouvelle
thérapeutique végétale.
— 41 —
Il est regrettable que la théorie de o l'eau chaude » ne soit pas
mieux connue, car beaucoup de jardiniers qui ont été obhgés de
renoncer à certaines cultures de plantes « qui persistent à être
malades » malgré tous les traitements employés pour les guérir,
auraient là une excellente occasion de reprendre les cultures fruc-
tueuses qu'ils ont abandonnées par force.
abricotiers d'ornement. — J"ai toujours préféré un vrai cerisier
à un cerisier d'ornement, un pêcher à fruit à un pêcher à fleur
double, une reine-Claude à un prunelUer; car j'estime que les
cerises, les pêches et les prunes constituent aussi un ornement.
Mais puisque tous les goûts sont dans la nature, il est juste de
faire connaître la suite des amygdalées ornementales.
Après les cerisiers, les pruniers et les pêchers, voici les abri-
cotiers qui s'avancent en bataillons serrés. Ils ne viennent pas du
Tonkin, ni de l'Annam, mais du Japon.
M. de Mortillet, pépiniériste à Grenoble, en annonce au moins
une demi-douzaine de variétés. Les fleurs sont généralement
grandes et doubles, variant du blanc pur au rouge foncé, en
passant par les tons intermédiaires. Deux variétés sont à rameaux
pendants.
Les fruits en sont petits et immangeables.
Les caractères de ces nouveUes sortes sont un peu intermé-
diaires entre ceux des pruniers et des abricotiers. V. V.-M.
Correspondance. — A propos de la greffe en fente.
Nous avons reçu de M. Jean Sisley la lettre suivante qui inté-
resse tous ceux qui s'occupent de grelFes :
« Monsieur Vivian d-Morel,
« A propos des greffes en fente dont vous entretenez vos lec-
teurs depuis quelque temps, je crois devoir vous dire que, contrai-
rement à ce qui est enseigné dans les traités d'horticulture, où il
est dit que la greffe en fente doit se faire en mars, l'expérience m'a
appris qu'il vaut mieux greffer pendant l'hiver, quand la sève est
en repos. Car alors, à l'époque où les arbres commencent à pous-
ser, tout part en même temps, et les greffons poussent vigoureu-
sement, tandis que les greffes faites en mars restent souvent sta-
tionnaires et poussent moins vigoureusement que les autres
rameaux.
« C'est pourquoi, sans doute, les Hollandais, que j'ai vus à l'œuvre
il y a 70 ans, arrachent dans les pépinières les sujets sur lesquels
— 42 —
ils veulent grelfer, les mettent en jauge dans un endroit couvert,
tel qu'un hangar, où ils les greffent sur les genoux quand la neige
couvre la terre et les empêche de travailler au dehors. Ces sujets
greffés sont rerais en jauge et plantés en pépinière en mars.
« Vous savez sans doute cela depuis longtemps, mais beaucoup
de vos lecteurs l'ignorent. « Jean Sisley. »
Les traités de la greffe, les « art de greffer » recommandent en
effet comme principales époques du greffage le printemps et la fin
de l'été. M. Ballet dit que « dans le midi de la France, où l'action
des hivers rudes est à peu près nulle, on réussit dès le mois de
décembre. Vers le nord, ajoute-t-il, on ne peut guère commencer
avant mars ou avril. Dans les pays où la végétation est prolongée,
le greffage d'été est souvent pratiqué sous les noms de greffage de
printemps, greffage d'automne. »
On voit, si on s'en rapporte aux spécialistes, que les époques
recommandées pour greffer en fente — à l'air libre- — varient avec
les climats, et que l'automne, l'hiver et le printemps sont également
recommandés.
Il est sûr que sous le chmat de Lyon, on manquera plus de
greffes en fente en avril qu'en mars. On place bien les grefïons
contre un mur au nord pour les empêcher de pousser trop vite,
mais conmie on ne peut pas également y placer l'arbre à greffer,
il arrive fréquemment que la «sève» afflue en telle quantité autour
de la partie greffée qu'elle noie le greffon. N. D. L. R.
Emploi du Prunier pour la formation des haies (1).
La question des haies fruitières fut beaucoup agitée, et s'il est
un genre d'arbre fruitier qui convienne tout particulièrement pour
cet usage, c'est assurément le Prunier.
Je ne connais aucun genre de forme pouvant faire produire aux
Pruniers de plus nombreux et bons fruits, que celle en haie, et
dont voici les principaux avantages que j'ai maintes fois constatés :
rapidité ou précocité de production, abondance et beauté des fruits;
grâce à la situation des fleurs au centre de la haie, elles se trou-
vent en grande partie protégées des gelées ; facilité de la récolte
et plus de fruits avariés par leur chute, comme ceux qui se trouvent
sur des arbres à haute tige. Enfin, la structure ou enchevêtrement
des branches paralj'^se complètement l'œuvre des coups de vent.
Au point de vue ornemental, c'est un coup d'œil féerique que
l'aspect d'une haie de Pruniers de diverses variétés où l'on voit
(!) Juurnal de vulijarisalioii de t'horticuUure.
— 43 —
tous ces fruits de différentes couleurs mélangés les uns dans les
autres. Comme clôture, c'est une haie impénétrable, qui a; l'avan-
tage de croître et de prospérer dans les plus mauvais terrains.
La première haie de ce genre que j'ai pu faire planter existe à
Bourges, dans le parc du Petit-Séminaire ; depuis sa plantation,
elle a chaque année fourni une grande quantité de fruits, et, comme
exemple de prompte mise à fruit, il me suffira de dire qu'après
deux ans de plantation ou de mise en place, on commença à man-
ger des fruits, la troisième année, on fit une bonne récolte et depuis
cela va crescendo.
Pour procéder à la plantation de ces haies, il suffit de faire un
fossé de O^SO de largeur sur 0°70 de profondeur, puis l'on place
les sujets dans cette tranchée ainsi préparée à l'avance, en les pla-
çant sur un seul rang, à O^ôO les uns des autres; ensuite, l'on
termine l'opération comme lorsqu'il s'agit de la plantation d'autres
arbres .
Comme taille, après la plantation, on rabat les sujets qui sont
des greffes d'un an, à 0"'bO de hauteur, afin de favoriser le déve-
loppement des yeux de la base en bourgeons vigoureux, dans le but
d'obtenir une haie bien garnie à partir du sol. Les tailles suivantes
se font sans précaution et en vue de former la haie, ce dont les
arbres ne paraissent pas souffrir. Je ne veux pas dire cependant
que quelques soins ne seraient pas récompensés largement par une
belle réco'te.
Pour les variétés très vigoureuses ayant une tendance adonner
beaucoup de branches gourmandes, il faut faire filer les branches
dans les arbres voisins et rogner à long bois. J. Chaput,
horliculteur à Bourges.
Note sur les Diospyros.
Il faut toujours un laps de temps plus ou moins long pour que
les plantes intéressantes, les légumes, les fruits nouveaux se vulga-
risent en pénétrant un peu partout. Quand on pense qu'il a fallu
plus de deux siècles pour que la Pomme de terre quitte les jardins
d'amateurs pour passer dans la grande culture, il n'y a pas lieu de
s'étonner outre mesure de la lenteur avec laquelle d'autres végé-
taux intéressants se propagent dans les jardins.
Voici, par exemple, un arbre fruitier, le Diospyros Kaki, pour
l'appeler par son nom scientifique, sorte de Plaqueminier qui abonde
en Chine et au Japon, qu'on connaît depuis cent ans; il est rusti-
que— au moins dans toute la région moyenne de la France, — ces
fruits sont fort intéressants, et leur couleur varie depuis la nuance
iaune d'or de la mandarine jusqu'à celle rouge sombre de la tomate;
44 -
ils mûrissent à une époque où poches, prunes et raisins ont disparu
de la consommation courante ; ils sont contemporains des oranges
et des grenades, assez gros, séduisants à l'œil et d'une saveur assez
agréable. L'arbre rappelle par son port celui des Pommiers nor-
mands, et quand ses feuilles tombent il laisse à découvert sa récolte
écarlate. Ses fruits verts, qui sont très astringents, ont un usage
dans l'industrie. Eh bien ! croirait-on que, malgré toutes ces qua-
lités, le Kaki n'est encore chez nous qu'un objet de simple curiosité
relativement rare,
f'-^kèm
■-SI
Diospyros Lotus L.
Nos compatriotes qui ont habité le Japon nous ont fait connaître
cet arbre qui supporte dans sa patrie des froids souvent excessifs,
et nous sommes encore à nous demander s'il est rustique. On en a
récolté à l'île de Wigtli, à Condrieu, et M. Coignet a vu le ther-
momètre 4 14" au-dessous de zéro dans le pays aux Kakis, et nous
— 45 —
n'essayerions pas d'en planter? Allons donc, essayons toujours,
cela ne nous ruinera pas.
Il parait fort probable que les Kakis sont susceptibles d'être cul-
tivés non pas seulement dans la région de l'olivier, et du figuier,
comme quelques esprits timides le supposent, mais dans toute la
région des vignes. Du reste, le Dio^pyros Kaki est un arbre au moins
aussi polymorphe que notre poirier, car on eu observe des formes
t-ès diverses qui mûrissent à des époques qui peuvent varier de
Dioapyros Kaki var. cDsfata.
septembre à décembre. Il serait bien extraordinaire, à notre avis,
étant donné ce polymorphisme, qu'il n'y ait pas quelques formes
rustiques dans le cas où quelques-unes seraient plus frileuses.
Le genre Diospyros était connu de Théopliraste sans qu'on sache
bien exactement à quelle sorte de plante il faut rapporter ce genre.
On a cru reconnaître le Lotus des anciens dans le fruit de l'espèce
que Linné a dénommé Diospyros lotus, mais cela paraît sujet à con-
testation, car Homère raconte que les compagnons d'Ulysse « qui
avaient tâté du Lotus » ne voulaient plus s'en aller de l'endroit où
il croissait ; il fallut leur donner des coups de bâton pour les faire
partir. Or, si les compagnons d'Ulysse n'avaient eu à mander que
les fruits du D. Lotus que nous connaissons, il est plus que probable
qu'ils n'eussent pas été séduits par sa saveur au point de se laisser
donner la bastonnade. Les lotophages devaient manger autre
chose.
Diospyros est un mot composé tiré du grec ; il signifie à peu près
littéralement : nourriture divine.
— 46 —
Repris par Linné qui l'a emprunté aux anciens, le genre Dios-
pyros appartient actuellement aux Ebénacées, famille végétale
relativement nouvelle formée aux dépens des Styracées. Il a
pour caractères botaniques d'avoir des fleurs dioïques par avorte-
ment, un calice profondément divisé, une corolle urcéolée à 3-4-6
divisions. Les fleurs mâles ont les étamines insérées au fond de la
corolle, en nombre double et rarement quadruple, les filets sont
doubles et l'ovaire rudimentaire. Les fleurs femelles ont les étamines
stériles, un ovaire à huit ou douze loges uniovulées, 2 ou 4 styles
ordinairement bibobés; les stigmates sont ponctiformes. Le fruit est
une baie.
Les Ebénacées — dont plusieurs sortes produisent l'ébène —
croissent pour la plupart dans les régions tropicales de l'Asie, au
cap de Bonne-Espérance, dans l'Australie, dans les contrées chau-
des de l'Amérique ; une seule est spontanée en Europe, c'est le
Diospyros Lotus.
Le £)iosp;/ros Lolua (voir la figure), qu'on croyait autrefois origi-
naire d'Afrique, paraît parfaitement spontané dans l'Italie conti-
nentale, la Dalmatie, la Croatie, l'Albanie, la Turquie et en Taurie
dans la Russie méridionale. Cet arbre, qui atteint de 6 à 7 mètres
de hauteur, est, du reste, planté dans beaucoup de jardins où il
est connu sous le nom de Plaqueminier d'Italie. Il y en avait un
pied remarquable au Jardin botanique de Padoue, dont la descrip-
tion a été donnée par plusieurs anciens botanistes, sous le nom de
Guaiacum patavinum. Le Diospyros lotus ne peut offrir d'intérêt que
comme arbre d'ornement (à moins qu'on ne trouve un moyen d'uti-
liser son fruit dans l'industrie) et comme sujet à greffer les D. Kaki.
Le Diospyros virginiana (Plaqueminier d'Amérique) dont la rusticité
est bien connue, a été plus vite répandu dans les contrées du Nord
que le précédent, puisque Miller dit du D. Lotus : « Il n'y a en
Angleterre aucun arbre de cette espèce, si l'on excepte ceux qui
ont été élevés depuis peu dans le jardin de Chelsea...» , tandis que
pour le D. virginiana le même auteur ajoute: «les semences de cette
espèce qui est aujourd'hui très commune dans les pépinières des en-
virons de Londres, ont été fréquemment apportées de la Virginie
et de la Caroline où cet arbreestextrêmement répandu. Miller, écri-
vait cela vers le milieu du siècle dernier ; le célèbre jardinier de
Chelsea ajoutait, à propos du D. virginiana : « Il produit en Angle-
terre une quantité de fruits qui ne mûrissent jamais ; les habitants
de l'Amérique conservent ces fruits jusqu'à ce qu'ils soient devenus
mous comme les nèfles, et ils les trouvent alors très agréables » .
Le Diospyros de Virginie est, comme tous les types linnéens, un
arbre polymorphe ; on en distingue plusieurs variétés, en autres les
suivantes : hicida, angustifolia, calycina, pulescens, etc ; il peut
_ 47 —
atteindre 6 à 7 mètres de hauteur. C'est également un arbre d'or-
nement, dont on peut se servir comme sujet à greffer le D. Kaki...
Pour terminer ce qui concerne ces deux espèces, comme nous
ne nous en occupons que par ce qu'elles servent à greflfer les
D. Kaki, nous dirons que les Z). /on« et CTVgm/wHft se multiplient
parfaitement de semis en pleine terre ; mais qu'on peut en les se-
mant en pot et sur couche, au printemps, avoir dans la même
année des sujets forts et vigoureux.
Le Diospijros Kaki ou D. chinensis a été introduit dans les cultu-
res en 1789. Il est originaire du Japon. Dumont de Courset, en
181 1, le décrivait dans « le Botaniste » . Ce fruit, dit-il est recom-
mandable par son fruit qu'on dit excellent, — ce on dil prouve
qu'il n'en avait pas goûté — et qu'on nomme figue caque. 11
ajoute : « Cet arbre est plus délicat que les autres de ce genre. Il
demande l'orangerie dans le nord de la France et quand on peut le
mettre en pleine terre, une bonne exposition et des abris en hiver.
On l'obtient par ses graines tirées de son pays et on le multiplie
soit par marcottes, soit par la grefte sur les autres Plaquemi-
niers » .
Pendant fort longtemps l'histoire du Kaki a été fort obscure,
comme du reste la plupart de celles des plantes de l'Extrême-
Orient. Mais depuis que les ingénieurs français ont pénétré au
Japon, on est un peu mieux renseigné ; ce qui ne prouve pas
cependant qu'on le soit d'une manière parfaite.
On sait par exemple que la Figue-caque, Diospijros Kaki, n'est pas
une entité, mais représente une collection de variétés végétales
très nombreuses, souvent bien tranchées. Le fruit du Kaki n'affecte
pas une forme unique, il peut être ovale, elliptique, subsphœrique,
déprimé, turbiné, conique, etc.; il ressemble en cela à notre
poirier commun. Comme lui il possède des variétés à fruits très
gros, pendant que d'autres sont relativement petits.
M. Dupont a non seulement fait connaître, quelques-unes des
variétés de Kaki cultivées au Japon, mais il a réussi à en intro-
duire vivantes un certain nombre. Dans les notes publiées par M.
Dupont sur les Kakis, il classe ces fruits en trois groupes savoir :
1" Kakis sauvages, 2° Kakis sucrés, 3" Kakis amers. Il signale
avec leurs noms japonais quatres variétés dans le premier groupe,
dont les fruits sphœriques varient de 2 centimètres 1/2 à 4 centi-
mètres de diamètre. Leur maturité varie de tin octobre à décembre;
ils sont répandus dans tout le Japon. Parmi les vingt variétés de
Kakis sucrés qu'il signale comme étant cultivées à Tokio, Kioto,
Chinano et Kaï, on eu trouve d'allongées, de pointues, de sphœri-
ques ou sphœriques déprimées. Quelques-unes atteignent jusqu'à 8
à 9 centimètres ; leur maturité varie de fin août à décembre. Les
— 48 —
Kakis amers ou Kakis d'iiiver ne perdent leur amertume que long-
temps après leur cueillette. Le Dennaï qui est un kaki amer mesure
jusqu'à 12 centimètres de diamètre.
La variété costata, reproduite en figure est également une des
plus jolies sortes qu'on puisse voir.
Nous extrayons du Journal de la Société centrale d'horticulture
ainsi que d'autres journaux quelques notes relatives à la multiplica-
tion du D. Kaki.
« Leur multiplication se fait par la greffe sur le Diospyros virgi-
niana ou sur le D. Lotus ; le premier de ces sujets ramifie considéra-
blement ses racines, ce qui en rend la transplantation difficile, tan-
dis que le second offre l'inconvénient inverse. La greffe offre elle-
même de la difficulté pour la reprise à cause de la dureté du bois
et aussi parce que la greffe tend à entrer en végétation de meilleure
heure que le sujet. Au Japon, on greffe en fente et on enveloppe
le point opéré avec de la mousse ou de la paille. Là, cette simple
précaution assure le succès, à cause de l'extrême humidité du cli-
mat ; mais en Provence, le climat étant sec, il a fallu protéger
plus efficacement la greffe jusqu'à la reprise. Les mastics ont même
été souvent insuffisants ; il faudrait donc tenir les jeunes pieds gref-
fés sous cloche ou en pot. Un Kaki greffé sur Diospyros Loius au
bout de trois années, dépasse la taille d'un homme et commence à
fleurir. Les fleurs, venant de bonne heure, pourront souffrir des
gelées du printemps ; mais les arbres fleurissent plusieurs fois suc-
cesivement et même jusqu'au mois d'août. Les fruits venus de ces
floraisons tardives pourront encore miîrir en Provence. »
M. le comte de Castillon a obtenu, paraît-il, d'excellents résultats
en employant la greffe sur tronçons de racines et sous châssis
froid.
Nous pensons que greffes en fente rez-terre et buttées à peu
près de la même façon que la vigne, les greffes réussiraient bien,
parce que dans la plupart des cas c'est la dessiccation du grefl^on
qui l'empêche de se souder avec le sujet.
Un autre moyen de réussite certaine serait la culture préalable
des sujets en pots, et ensuite la greffe en serre, en bâche ou sous
cloches. S. G.
Les Varangots.
Parmi les nombreux centenaires que l'on voit poindre à l'horizon
prochain, il en est un qu'il convient de ne pas oublier. Nous vou-
lons parler de Parmentier, qui a introduit et vulgarisé en France
la culture de la pomme de terre. A ce titre, Parmentier est un
véritable bienfaiteur de l'humanité. Il est vrai qu'il n'a pas encore
-. 49 —
de statue. Un publiciste fait remarquer qu'on pourrait du moins
atténuer cette injustice en appelant la pomme de terre pnrmcnlièrc
Mais a-t-on donné le nom de Christophe Colomb à l'Ame. ique? Il
est bien difficile d'aller contre un usage invétéré.
On pourrait peut-être empêcher de pareilles injustices à l'avenir.
Tenez , il y a à Melun un homme , un simple arboriculteur,
M. Varangot, qui se démène depuis des annnées pour arriver à
faire planter des arbres fruitiers le long des routes. Ce serait d'un
excellent rapport et, dit-il, on pourrait, en faisant du cidre destiné
pour la troupe, fournir à nos soldats une autre boisson que de
l'eau. Cela ne coûterait rien : les soldats eux-mêmes feraient la
récolte et le cidre.
Lorsque le ministre de Henri IV, Sully, baron de Rosny, com-
mença à planter des arbres le long des routes, on fut tellement
émerveillé de cette nouveauté qu'on appela ces arbres des rosnys.
Le mot ne s'est pas encore perdu dans certaines campagnes.
En Seine-et-Marne, on s'est mis à faire les plantations d'arbres
à cidre dont nous parlions plus haut. Le Conseil général a adopté
la proposition de M. Varangot et M. l'ingénieur en chef fait pro-
céder à l'exécution.
Eh bien ! voyons, pourquoi n'appellerait-on pas ces arbres des
varangols? Il y a là une question d'équité que nous soumettons au
bon sens public. Quant à nous, nous adoptons le mot. Que nos
confrères se joignent à nous et l'usage s'étabUra bien vite de dire
des varangols pour désigner les arbres des nouvelles plantations
routières. V. F.
[L'Avenir de Seine-el-Marne.)
Congrès horticole à Paris en 1886.
Un congrès horticole organisé par la Société nationale d'Hor-
ticulture de France, se tiendra pendant la durée de l'Exposition
qui aura lieu du 4 au 9 mai 1886, dans l'hôtel de la Société, rue
de Grenelle, 84. L'ouverture de ce congrès, dont nous donnons
ci-dessous le programme, aura lieu le jeudi 6 mai, à deux heures.
Une carte d'admission pour les séances du congrès sera délivrée
gratuitement à tous les membres adhérents ne faisant pas partie de
la Société.
Pour faciliter l'organisation du congrès, on est prié de faire
parvenir les réponses et adhésions au siège de la Société, rue de
Grenelle, 84, avant le 15 avril prochain.
Questions proposées :
1° Examen des tarifs des Compagnies de chemins de fer, pour : A, le
transport des végétaux vivants; B, le transport des denrées horticoles.
— 50 —
2' De l'intervention des Consuls relativement aux conventions phylloxé-
riques. Leur signature est-elle iariispansable pour donner à un certificat une
valeur ofiîiielie ? Le service des douanes des diflférants pajs peut-il refuser
rentrée das vég'étaux, lorsque le certificat d'origine porto seulement la
signature du fonctionnaire chargé de délivrer ce certificat?
3" Dans quelle mesure et dans quel sens convieiulrait-il de développer
renseignement de l'horticulture dans les écoles primaires supérieures et
dans les écoles d'agriculture ?
4° Quelle influence l'àgcj des graines a-t-elle sur la qualité et la quantité
des pl;inles qui proviennent do ces graines?
5° Peut-on cultiver artificiellement les champignons comestibles autres
que l'agaric champêtre (Champignon de couche) ?
6" Quelles sont Its causes du dessèchement sur les treilles de la rafle des
grappes des raisins de table? Connaît-on un moyen de l'empêcher de se pro-
duire?
7° Quelle est la causa qui donne naissance à la maladie connue sous le
nom de blanc des racines, dont les eff"ets se font particulièrement sentir sur
les racines du pécher, et subsidiairement sur oellos des autres arbres frui-
tiers?
8" Du Mildiou {Peronospora viticola) et des moyens d'en préserver ou d'en
guérir les vi;;nes dans les serres et les jardins.
9" Quels peuvent être les avantages du bout irage des arbres à fruits à pé-
pins. Moyens pratiques de réussite.
10° Quels sont les fruits les plus avantageux à faire en grande culture
pour l'approvii-ionnement des marchés?
Jl" Des moyens de mettre en bon état de rapport des terres de médiocre
qualité ou peu productives, par l'emploi d'arbres ou d'arbrisseaux fruitiers
dont les proluits soient directement utilisés dans l'alimentation.
12° Influence des engrais chimiques en horticulture. Leur emploi.
13° De la vaporisation des insecticides; ses avantages et ses inconvé-
nients.
14° De l'emploi des engrais liquides dans la culture des plantes en pots
ou en caisses.
15° A quelle cause attribuer la grande différence qui existe souvent dans
la germination des graines et la croissance des jeuues plants d'un même
semis ?
1G° Quelle explication peut-on donner de la différenca que l'on remarque
dans la végétation et la floraison des plantes vivaces multipliées par le bou-
turage ou par la division des pieds?
17° E'ude de l'emploi des matière? qui peuvent entrer dans la construc-
tion des couches. Leur influence sur l'élévation et la durée de la température
qu'elles produisent.
18° Maladies du Pelargonium zonale. Traitements à suivre.
19° Des moyens pratiques d'éviter la chute de la buée dans la construction
des serres.
20' Faire ressortir comparativement les avantages ou les inconvénients
de l'emploi de la fonte, du fer, de l'acier et du catvre dans la construction
des appareils de chaufl'dge des serres.
21° De l'emploi de la vapeur pour chaufl'er l'eau des thermodphons.
22° Utilité en horticulture des instruments météorologiques (baromètres,
thermomètres, hj'g omètres). Leur mode simplifié d'emploi.
23° l)es perfectionnements apportés à l'hydraulique horti:olo et de ceux
dont elle peut être encore l'objet.
21° Du rôle et de l'influence des différentes sortes Je terres dans la culture
des végétaux ligneux en plein air.
— 51
INFORMATIONS
Le Ministre de l'agriculture vient de créer une Ecole d'agriculture prati-
que dans le département du Pas-de-Calais, dans le domaine de Bertlionnal,
près Mont-Saint-Eloi,
C'est la première école agricole établie dans cette région.
M. Ephème de Roosmalen, qui a été pendant quinze aus sous-directeur à
l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon, en a été nommé le directeur.
Il y sera joint une école d'horticulture sous la direction de M. Loiseau, qui
était attaché aux cultures du pare de Versailles. Vingt-trois élèves sont déjà
installés, et avant la fin de l'année, il y aura de nouveaux examens.
M. Ephème de Roosmalen est le neveu de M. J. Sisley.
— Le Concours régional agricole de notre circonscription se tiendra cette
année dans le département du Puy-de-Dôme, et s'ouvrira à Clermont-Fer-
rand le 19 juin. Sa durée est de huit jours.
— La Société d'Horticulture de la Haute-Marne tiendra à Chaumont, du
3 au 6 juillet 1886, une Exposition consacrée spécialement à la culture ma-
raîchère, aux primeurs, aux fleurs coupées et aux plantes de serre et d'ap •
partement. Le règlement et le programme en seront publiés prochainement.
— Une Exposition d'horticulture aura lieu à Nantes, du 7 au 9 mai pro-
chain. Les horticulteurs ne pourront présenter, sous peine d'être mis hors
concours, (.ue des produits de leur culture.
— Une Exposition est organisée par la Société d'Horticulture de la
Oironde et se tiendra à Bordeaux du 29 mai au 15 juin prochain.
— L'Anthurium hybride Archiduc Joseph (A. Andreano-Lindeni), vient
d'être mis au commerce parla Société continentale d'horticulture.
— A l'occasion du Concours régional, il y aura, à Lille, au palais Rameau,
une Exposition internationale d'horticulture. Cette exposition se tiendra du
16 au 20 mai prochain.
— Parmi les cadeaux offerts à la princesse Marie d'Orléans à l'occasion
de son mariage, on cite une collection d'orchidées évaluée à la somme de
25,000 francs. La chronique dit que le donateur est M. la baron E. de
Rothschild.
— Il y aura au mois de mai 1887, une Exposition internationale d'horti-
culture à Dresde, capitale du royaume de Saxe. Cette Exposition se tiendra
dans le grand jardin royal.
— U Illustration horticole figure, comme no«veauté, sous le nom de Labi-
sia? Malouiana, une belle plante à feuillage ornemental appartenant aux
Myrsinées. Elle i;st originaire des montagnes de Rajah, dans l'intérieur de
Bornéo, où elle a été découverte par M. Teuscher. La large macule centrale
pointillée de blanc qui parcourt la feuille dans toute sa longueur lui constitue
un attrait caractéristique.
— Le même journal figure aussi une autre nouveauté sous le Lom de
Microstylis bella dont les petites fleurs en grappe allongée n'ont rien de bien
remarquable.
— A l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de sa naissance, le
D' Asa Gray a reçu de ses compatriotes botanistes un superbe cadeau, un
beau vase d'argent orné en relief de différents genres de plantes. On sait
que le D' Asa Gray a décrit de nombreuses plantes de la flore nord-améri-
caine.
— M. Dallé a présanté sur le bureau de la Société nationale d'horticulture
de France une souche de Cycas revoluta qui, après avoir été dépotée, jetée
et complètement abandonnée pendant trois ans et exposée aux influences les
plus diverses, avait cependant produit une belle couronne de feuilles. De
cette robusticité, M. Dallé a conclu qu'il ne serait peut-être pas impossible
de cultiver cette espèce en pleine terre, en l'abritant contre l'humidité.
— 52 —
— La Revue d'horticulture be/ge et étrangère fait connaîtra une forme de
Sumac fastet à rameaux retombants, sous Is nom de Rhus cot'mus penduln. Ce
sera une excellente variété à planter isolément.
— Dans une de ses dernières séances, la Société d'agriculture, d'horti-
culture et d'acclimatation du Var, dont le siège est à Toulon, a émis, pour
être transmis au Ministre, le vœu suivant: m que les augmentations de mini-
mum do poids et de prix de transport résultant apportées à leurs tarifs par
les Compagnies de cheoains de for soient suppi'imées et que le transport des
fruits^ légumes, (leurs, liège et en général dd tous les produits agricoles du
Midi, soit encore opéré dans les conditions existantes avant ces modifica-
tions, en attendant qu'il puisse être donna satisfaction d'une manière plus
large aux demandes d'abaissement général des tarifs. »
— Dans la même séance tenue par la Société ci-iessus dénommée, M. Raoul
Crozet, directeur du Champ d'essai, a présenté une collection fort intéres-
sante de neuf variétés d'olives, qni se distinguent des autres sortes par leur
grande fécondité et leur remarquable précocité. — Il en est de l'olivier d'Eu-
rope comme de nos arbres fruitiers ; c'est un être de raison composé de très
nombreuses variétés.
NOUVEAUTÉS — CATALOGUES
RozAiN-BoucHARLAT, horiiculteur à Caire-les-Lyon. — Catalogua des nou-
veautés mises au coLumerce par l'établissement dans les gear^js suivants :
Pelargonium à grandes fleurs, zonales, Fuchsia, Chrysanthèmes, Véroniques,
Verveines, Pétunias.
Jacquemet Bonnefont père et fils, horticulteurs marchands-graiaiers à
Annonay et à Ljon, place Bellecour. — Catalogue de graines de plantes
potagères, fourragères, céréales et de fleur.'. Graines d'arbres, arbrisseaux
et arbustes forestiers.
L. RosTAN à Valdonne (Bouehes-du-Rhône). — Prix-courant de vignes
américaines et franco-américaines. Vignes françaises greffées et soudées sur
Riparia et Solonis. Nombreuses variétés.
V. Lemoine, horticulteur, rue de l'Etang à Nancy. — Catalogues de plan-
tes nouvelles que l'établissement met en vente. Fuchsia, Bégonia tubéreux,
Pétunias doubles. Pentstemon, Lilas doubles, graines diverses.
.AVIS
Le LY0i\-H0RTICOLE parait régulièrement deux /ois par mois (le 15 et le
30). Malgré la régularité du service d'expédition il arrive quelquefois que des
numéros s'égarent en route et ne parviennent pas à leur destination. Nous
prions les personnes à qui cela arrive de bien vouloir nous réclamer les
numéros qu'elles n'auraient pas reçus.
Réunion lioi'tîcole. — Par suite des changements survenus dans la
gérance et l'organisation de la bi-asseiie Giiiber, la réiinloM horticole
aura lien, à partir dn 13 février, au
C4FÉ DE LA GAULE,
19, rne Pults-Galllot, à •côté de l'ilôtel-de-VIIle (entrée faculta-
tive, soit par le café, soit par l'allée u" 15. au rez-ie-chaussée). Tous les
horticulteurs, sans exception, sont invités à assister à cette réunion, qui a
lieu tous les samedis, à 7 heures du soir.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 FEVRIER N» 4
CHRONIQUE
Noms de variétés, — Heureux, trois fois heureux les polyglottes,
surtout s'ils sont jardiniers ! On nous défend de traduire en français
les noms de variétés de fruits ou de fleurs obtenus par des peuples
qui bavardent autrement que nous; nous devons écrire littérale-
ment, transcrire voyelles, consonnes, apostrophes, trémas. Quant
à prononcer avec l'accent phonétique étranger, n'y songeons pas :
les Anglais et les Allemands nous riraient au nez comme quand
nous les entendons parler français.
Je trouve cette loi sur la nomenclature des variétés simplement
absurde, et je pense que les législateurs qui l'ont commise ont
gagé entre eux qu'ils ressusciteraient en' horticulture la confusion
qui régnait entre maçons et goujats aux temps lointains de la tour
de Babel.
Tenez, amis lecteurs, voici le nom d'une cerise nouvelle alle-
mande : Zœschencrokloberhnorpclkirsclw ; il y a trente lettres et un peu
de kirsch à la fin; que pensez-vous de ce petit nom?
Mon avis est qu'il faut avoir mangé de la chucrute pendant dix-
sept ans au moins pour le prononcer sans faire de cuir allemand.
Je sais bien que les jardiniers français ne sont guère plus logi-
ques, et si on voulait citer des exemples de phrases entières don-
nées comme noms de variétés par nos compatriotes, on n'aurait
que l'embarras du choix. Parlez-moi plutôt de la langue latine et
de la grecque pour construire des noms, de la grecque surtout, si
expressive et si sonore. Cependant, il ne faudrait pas non plus vou-
loir trop prouver, car avec les mots de cet idiome habilement com-
binés, on arriérait à des noms d'une longueur très respectable.
Exemple : un auteur (lisez farceur) a proposé de nommer la carotte
comestible, connue sous le nom de Daucus Carola, de la manière
suivante : Micromacyogliicoxaiilhocnjlltrolcurorhizos, ce qui veut dire
Racine petite ou grosse, jaune, blanche ou rouge et sucrée. Mal-
gré tous les petits renseignements utiles que ce nom fournissait sur
la carotte, personne n'a voulu l'adopter.
— 54 —
Revenons aux noms des variétés ; mon avis est que lorsque ces
noms ne sont pas construits en grec ou en latin, chaque nation
devrait les traduire dans sa langue, en ayant soin de mettre enti'e
parenthèse le nom de l'auteur ou sa patrie. Do cette manière, chaque
peuple comprendrait de quoi on lui parle ; ensuite les a baptistes »
de tous les pays, pour ne pas se « voir traduire » emploieraient
pour nommer leurs gains des noms propres intraduisibles. Au
moins en agissant ainsi, on ne serait pas obligé de lire ces lon-
gues phrases allemandes qui servent de noms aux cerises.
Le fruil en abondance pour lous. — Tel est le titre d'une brochure
anglaise (Out door Fruit for the million), dont je trouve le résumé
suivant dans le Bulletin de la Sociêlé liorlicole du Havre :
« Cette brochure indique un moyen simple et non coûteux pour
produire le fruit en quantité considérable et d'une façon constante.
(( L'auteur estime qu'il existe trois sortes de racines dont le rôle
est différent : la racine pivotante, qui sert à fixer l'arbre au sol et
lui permet de résister aux vents et aux tempêtes ; le chevelu, très
voisin de la base, qui fait le fruit, et enfin les racines qui vont cher-
cher au loin les matières constitutives du bois et des feuilles. Par-
tant de ce point, l'auteur anglais coupe à l'entour de l'arbre avec
sa bêche les racines qui font le bois, et, au moyen d'une cuvette
pratiquée au pied de l'arbre, il nourrit le chevelu avec d'abondants
engrais liquides. L'auteur n'a pas la prétention d'avoir inventé la
taille des racines pratiquée depuis longtemps par les jardiniers qui
savent le bien qu'en éprouvent les arbres, mais il réclame la prio-
rité de la découverte du rôle des racines et surtout la détermina-
tion de la distance scientifique à laquelle la taille doit être opérée ;
selon lui, elle doit avoir lieu à l'endroit où cesse le chevelu, c'est-
à-dire à une distance de l'arbre double environ de la circonfé-
rence, »
Nous ne savons pas si cette théorie est exacte ; mais il n'y aurait
rien d'absohiment extraordinaire que, à l'exemple des branches et
des bourgeons qui donnent des feuilles ou des fleurs, il y eut des
racines dont le rôle ne serait pas identique. C'est aux praticiens à
véritier l'exactitude du procédé en question.
Poires nouvelles. — M. A. Saunier, horticulteur à Rouen, met
au commerce les poires nouvelles suivantes :
Secrvlaire Alfred fujneau. Arbre pyramidal et fertile, vigueur
moyenne, venant très bien à haute tige; fruit moyen ou gros, de
forme conique, œil ouvert, peau lisse et passant au jaune à sa ma-
turité ; chair fine, fondante et parfumée, eau abondante et sucrée;
ïruit exquis. Maturité novembre à janvier.
— 55 —
Bon Clircùon /cnnoul. Arbre vigoureux, fruit gros, affectant la
ibrnie de la Hellc Ângevina, chair iiiie et parfumée, eau abondante
et sucrée. Maturité octobre.
SccrcUiirc Marcschitl. Fruit de moyenne grosseur; chair très fine,
juteuse et parfumée; ce fruit, de première qualité, mûrit en no-
vembre et décembre.
Les descriptions de ces trois poires nouvelles sont celles de l'ob-
tenteur.
Eèsislancc au froid. — Un refroidissement considéralilo de lo
température est survenu dans le courant de janvier, aux environs
de Marseille. Lo thermomètre a marqué de 3 à 7" sous zéro pen-
dant une période de temps relativement assez longue.
A ce propos, M. L. G. signale dans la Rnnic horticole dea Bou-
chcs-du'BJiùne, quelques-uns des végétaux d'ornement qui ont gail-
lardement supporté cette épreuve. En première ligne, il signale le
Phœnix tcnuis ou canaricnsis (Dattier des Canaries), qui est décidé-
ment, dit-il, le plus beau, le plus ornemental de tous les palmiers
de pleine terre, he Pritchardia fdifcra, le Brahca RœzU, le Cocos ans-
Iralis n'ont pas souffert non plus ; par contre, le TVashinçjionia robiisla
paraît bien endommagé.
Diospijros Kaki. — MM. Baltet, horticulteurs- pépiniéristes à
Troyes (Aube), ont déposé sur le bureau de la Société nationale
d'Horticulture un fruit mùr de Diospyros Kaki, qui est venu et est
arrivé à sa maturité sur un arbre en espalier dans leur établisse-
ment. Troyes, ajoute le journal de la Société, est certainement la
localité la plus septentrionale où on ait vu jusqu'à ce jour cet arbre
japonais mûrir son fruit. Il est plus que probable que certaines
variétés précoces de Kaki mûriraient parfaitement leurs fruits beau-
coup plus au nord. La question est de planter ces arbres, d'en
faire des semis avec des fruits importés du Japon et de choisir les
variétés les plus hâtives et les plus rustiques. Il est démontré que
le Diospyros Kaki supporte au Japon des Idvers souvent rigoureux.
Description rapide de la culture du Chou-Fleur de Chàlon-sur- Saône.
— M. Fournier, jardinier-maraîcher à Saint-Jean-des-Vignes, a
publié dans Vllorik'ullcur chdlonnais, bulletin delà Société d'Horticul-
ture de Châlon, une note sur la culture du chou-fleur. Cette note >
est laconique et substantielle, mérite noa commun, savez-vous?
Elle a une douzaine de lignes qui valent mieux que douze pages.
La renommée nous apprend que la culture maraîchère en géné-
ral, et celle du chou-fleur en particulier, se font à la perfection aux
environs de Châlon. C'est donc avec un vrai plaisir que nous repro-
— sé-
duisons la note de M. Fournier, qui a su condenser en quelques
mots les préceptes de cette intéressante culture.
« Le chou-lleur de Chalon doit être semé sous châssis, à froid,
du 15 au 20 septembre, arraché au 10 octobre pour repiquer sous
châssis en terrain préparé et fertile. Un panneau de quatre pieds
carrés en contient 250. Il doit être bon à planter à demeure,
sous châssis, dans le courant de décembre; on en plante six par
châssis. En pleine terre, le même chou-fleur doit être planté du
15 février au 15 mars, à 50 centimètres de distance.
« Cullure d'aulomne. Il doit être semé en pleine terre du 20 mai
au 15 juin, pou.' être planté de la fin de juin au 15 a(>ût; il peut
être consommé du 1" octobre au 1" décembre. Il supporte assez
bien une gelée de 5 à 6 degrés. 11 doit être recouvert de feuilles,
à seule fin qu'il soit toujours blanc. Il atteint, en bon terrain, de
80 centimètres à I mètre de pourtour. »
N'oubliez jamais que le chou-fleur, qui a un appétit vorace, est
un grand mangeur d'engrais. N. d. 1. R.
Pêches Coulombicr cl Alexis Lcpèrc. — Je trouve l'appréciation
suivante sur les deux variétés de pêches que je viens de nommer,
dans un rapport sur les arbres dirigés par M. Alexis Lepère, rap-
port publié dans le Journal de la Société nationale d'Horticulture :
« Il y a peu de sortes capables, à notre avis, de lutter avec ces
deux variétés, soit pour le coloris, soit pour la beauté et la qualité.
Partout où nous les avons vues, elles éclipsaient totalement leurs
voisines: Grosse Mignonne, Belle Beauce, Bon Ouvrier, etc.
Nous ne saurions donc trop chaleureusement recommander ces
deux variétés. » V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 16 janvier 1886, tenue dans la
salle des réunions iudastrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Comte, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la précédente réunion, qui est
îdopté sans observation.
Correspondance. — Elle se compose :
1° Lettre de Li Préfecture du Rhône accompagnant l'eavoi d'un exem-
plaire d'une affiche relative aux concours régionaux agricoles qui auront
lieu, en IS'86, dans un certain nombre da départements. M. le Préfet nous
invite à faire placarder cette afficha dans la salle de nos réunions. A cette
affiche étaient joints deux exemplaires de l'arrêté par lequel M. le Ministre
de l'agriculture a réf^\é les dispositions du Concours alférent à la région dont
le département du Rhône fait partie.
— 57 —
2° Lettre du directeur de la Société d'organisation du Crédit agiicole en
France, demandant l'appui et le concoure de l'Association pour ai ter cette
Société à orjjaniser le Crédit agricole dans la Rhône. A. cette lettre était
.jointe ui e brochure explicative
3° Lettre-circulaire du Comice agricole de l'arrondissement de Mont-
didier, recommandant l'œuvre du Cinienairc de Parmenlier.
4° Lettre-cil culaire de la Société Nationale d'hortijulture de France,
annonçant que la. Société, voulant faciliter la présence de tous ses membres
au Congrès horticole qu'elle doit tenir du 6 au 9 juin prochain, en même
trimps que son exposition générale, a obtenu des Compagnies de chemins de
fer une réduction de 50 0/0 sur le prix du transport en faveur de tous les
sociétaires.
M. le Secrétaire de l'Association devra demander si la réduction susdite
fiera également accordée aux adhérents au Congrès ne faisant pas partie de
la Société Nationale d'horticulture.
M. ViviandMorel appelle l'attention de la réunion sur l»;s publications
reçues par la Société depuis la dernière séance.
Il présente divers échantiloas do Cactées desséchées par M. Console,
libraire à Palerme, et une photographie, exocu'ée par notre collègue,
M. Be.'noud, photographe i Ljon. d'une v\riélé cri«tée de C^reus flagelli-
formis prreffée .«ur un Cereus speciosissimus.
M. Viviand-Morel f/iit lessortir les avantages que présente la photographie
pour las dessins des plante», surtout lorsque les épreuves sont exécutées
avec un art fini, comme fdit notre collègue, M. Bernoud.
Pi'ésentations. — Il est donné lecture de 6 candidatures, sur lesquelles
conformément au lèglement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, à l'unanimilé et sans protestation, les candidats
présentés à la dernière séance.
Ce sont :
MM. Garda (Antoine), horticulteur-maraîcher à Isieux, par St-Chamond
(Loire), présenté par MM. Fraisse et J. Jacquier.
Renaud (Ant.), jardinier chez M. Chevollon, (.ropriétair.) à Sainl-Cyr-
au-Montd"Or (Rhône), présenté par MM. Jarrj et Ch. Laroch .
Daujas (Jean-Marie), jardinier-chef chez M. le comte de Miribel, au
château de Vors, par Lancé (Isère), présenté par MM. Corbin et
Viviand-Morel.
Franco (Pierre), jardinier, à Caras-Nice, présenté par MM. Carie et
Louis Bernard.
Plumet (Louis), marchand de cornailles et de poudre d'os, hôtel de la
Bombarde, rue de la Bombarde, 17, Lyon, présenté par MM. Rosier
et Cl. Jacquier.
Besson, horticulteur-rosiériste, rue des Platanes, à Monplaisir-Lyon,
présenté par MM. Boucharlat jeune et Viviand Morel.
Grumel, chemin de St-Priest à Mon plaisir-Lyon, présenté par MM.
Routin et Berthier.
GrifFont, horticulteur, chemin de Gerland, 77, aux Rivières-Lyon-
Guillotière, présenté par MM. Reverchon et Gamon.
Brosse (Jean), horticulteur, tailleur d'arbres, chemin de Gerland, 77,
anx Rivières-Lyon-Guillotière, présenté par MM. Reverchon et
Gamon.
Ravut (François) fils, serrurier à St-Cyr-au Mont-d'Or, présenté par
MM. Ferret et L. Gorret.
Cartan (E.), boisselier, marchand de vannei'ie, brouettes, caisses à
Heurs et autres articles concernant l'agriculture, gran le rue de
Vaise, Lyon, présenté par MM. Comte et Laroche.
Perny (Pierre), pianiste-compositeur, à Nice (villa Champ-ies-Roses),
présenté par MM. Pernet fils et Viviand-Morel.
Levât (Etienne) fils aîné, rosiérisle, 73, route d'Heyrieux àMoiipldi-
sir-Lyon, présenté par MM. Pernet fils et Viviand-Morel.
— 58 —
MM. Chabrel (Joseph), horticulteur, faubourg St-Jdaques, à Valence
(Drôme), présenté par MM. A. Bernaix et J. Jacquier.
Fréze (Didier), arehitecte-paysa^iste, route de Criôres à Grenoble
(Isère), présenté par MM. F. Morel et Cl. Lavenir.
Petit (Louis), jardinier chez M"" Thomas, rue de Plaisance, à Saint-
Chamond (Loire), présenté par MM. Glenat et Rivoire.
Faivre (Joseph), jardinier chez M. Ducôté, à Crépieux (A.in), présenté
par MM. Balandras (François) et J. Jacquier.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par !M. Beurrier (Jean), horticulteur à Lyon-Monplaisir, un fort pied de
Bégonia incaniata en pleine floraison.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, Lyon-Croix-Roussc, deux
navets ronds à collet rose, d'une bonne grosseur, dont un présente un déve-
loppement de 5 bourgeons.
Par M. Liabaud, horticulteur, Lyon-CroixRouase, un piei en fleurs de
Echinostachys Pinellianus.
Pour juger ces apports, il est nonemé une Commission composée de
MM. Cousançat. Labruyère, Girard, pour les fleurs, et de MM. Combet,
Rivoire, Jean Jacquier, pour les légumes.
Ces Commissions, après examen, proposent d'accorder :
A M. Liabaud, une prime de 2° classe;
A M. Chardon, une prime de S" classe ;
A M. Jean Beurrier, une prime de 3» classe.
Il est donné lecture du budget provisionnel et du compte-renlu 3nancier
de la Société, présenté par la Commission des finances, qui est adopté.
Des remerciments sont votes par l'assemblée à la Commission des finances
ainsi qu'au rapporteur, M. Cousaroit, pour la clarté avec laquelle la situa-
tion financière de notre Compagnie a été présentée.
Les conclusions du rapport, demandant que des remerciments soient votés
au trésorier de notre Société, M. J. Jacquier, pour les soins qu'il apporte à
la gestion des intérêts de notre Compagnie, mises aux voix, sont adoptées à
l'unanimité.
Il est donné lecture des modifications et changements à apporter au règle-
ment et statuts de l'Association horticole.
Après une observation présentée par M. Chaudy, les modifications et
changements, mis aux voix, sont adoptés à l'unanimité.
L'assemblée procède ensuite à la nomination de la Commission d'Exposi-
tion pour 1886.
Sont nommés : MM. Labruyère, Jussaud aîné. Métrai, Bernaix, Girard,
Belisse, C. Jacquier père, Musset, Rivoire fils, Carie, Therry et Û. Meyran.
Pour faciliter la nomination des Commissions chargées de juger les
apports sur le bureau et pour les visites à faire dans les établissements à
propos des semis présentés aux séances, il est nommé une Commission
composée de MM. Cousançat, Rivoire, Jussaud aîné, Bernaix, qui soumet
à l'Assemblée la liste suivante :
Commission des plantes florales : MM. Rochet , Schmitt , Labruyère,
Belisse, Chiéiien.
D'arboriculture : MM. Jacquier fils, Berihier, Pilrat, Louis Gorret, Routin.
Des Roses : MM. Bernaix, Guillot fils, Pernet-Duclier, Duchet, Dubreuil.
De culture maraîchère : MM. J. Jacquier père, Pelletier, A'erne, Yillard,
Grenier.
Ces listes, mises aux voix, sont adoptées à l'unanimité.
La séance est levée à 4 heures.
Le Seaélaire-Adjoint, J, Nicolas.
— 59 —
L'Art des Jardins (1)
Sous ce titre, l'éditeur, M. J. Rothschild, vient de publier un magnifique
ouvrage, qui présente un intérêt général à tous le^ amateurs de jardins, aux
municipalités des grandes villes des deux mondes, et aux amateurs de
beaux livres.
Autrefois édité en deux petits volumes, le livre qui paraît aujourd'hui,
est Hu cootraire un superbe volume in-4'', entièrement remanié par
M. Alphand, directeur des travaux de la Ville de Paris depuis 1854, et connu
dans le monde entier.
L'ouvrage est le plus complet, qui ait paru jusqu'ici sur la matière ; il est
divisé en deux parties, dont l'une comprend Vhistoire, l'autre la théorie.
Cascade do la Villa Aldobrandiui.
Dans la partie historique, les auteurs ont rassemblé tout ce qu'on sait des
jardins de l'antiquité égyptienne, grecque et romaine ; ils ont passé en
levue les Edens de l'Inde et de Cachemire, les jardins chinois si différents
des autres; les plus belles créations de la Renaissance française et italienne,
etc., etc.
Arrivant au xvii" siècle, ils ont montre le génie de Le Nôtre, imposant ses
conceptions au monde civilisé.
(1) VArl des jardins. — Parcs, Jardins et Promenades. Etude historique, prin-
cipes de la composition, plantations, décoration pittoresque et artistique. Traité pra-
tique et didactique, par le baron Ernouf, 3'^ éditior\ entièrement refondue et publiée
avec le concours de M. Alphand, dirediur des Iruraux de laviUedc Paris, insjiecteur
ijpiièral des ponts et chaussées. Publication de lixe in-4°, ornée de 512 vigaettes repré-
.sentant des plans de jardins anciens et modernes, petits jardins, parcs modernes,
jardins de ville, kiosques, maisons d'habitation, ponts, tracés, détails pittoresques,
accidents de terraiu, arbres, eft'ets d'arbres, plantes ornementales, etc.; augmentée
des plus jolis squares de la ville de Paris avec leur disposition, des plantes et des
plans des parcs et jardins les plus réussis de MM. Alphand, le comte Choulot,
Barillet-Descharaps, Meyer, Kemp, Neumann, Siebeck, etc., etc., pouvant servir
d'excellents modèles. Ouvrage essentiellement pratique à l'usage de tout propriétaire
de jardin (du plus petiot au plus grand parc), des ingénieurs, régisseurs, architectes,
etc. — Un fort volume in-4'', imprimé jvec luxe sur papier teinté fort et sous couver-
ture peau d'àue en couleur, 20 fr. — En reliure, 25 fr. Edition sur papier de Hol-
lande, 30 fr. Sur Japon, 40 fr. Envoi franco contre mandat-poste. — Paris, J. Roths-
child, éditeur, 13, rue des Saints-Pères.
60
Ils racontent avec une grande imparlialité la grande révolution horticole
du -iècle dernier, la substitution au style régiilier, au régime des architec-
tures vertes, du style irrégulier ou paysager.
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Jardin La Flora à Cologne.
Dans la deuxième partie, les préceptes relatifs aux terrassements, aux
plantations, à la conduite des eaux, à la o 'nfeclion des ponts, des édieules,
etc., se recommandent de Ja grande autorité da M. Alphaud et mi'ritent
toute l'attention des amateurs et artitrtes.
— 61 —
Nous en dirons autant des chapitres consacrés à l'étude des belles créa-
tions modernes et notamment des Promenades de Paris, œuvre philanthro-
pique autant qu'artistique, qui a obtenu, comme celle de Le Nôtre, un succès
cosmopolite et qu'on doit considérer comme l'inauguration d'une ère nou-
velle dans l'art des jardins. . ,,,,..
Enfin, l'illustration de ce volume, qui comprend 512 gravures, a ete 1 objet
de soins tout particuliers. .
On s'est efforcé d'y joindre l'attrayant à l'utile, utile dulci, en y faisant
figurer les végétaux dont l'emploi est le plus avantageux pour l'ornementa-
tion, les plans et les vues des plus belles œuvres anciennes et modernes, qui
peuvent fournir des indications intéressantes dans la pratique.
Ce livre, rédigé dans un large éclectisme mérite donc de n'être pas confondu
avec certains ouvrages du même genre ou plutôt publiés sous le même litre,
qui n'ont d'autre valeur que celles des gravures, ou bien avec ceux dont les
auteurs se sont préoccupés uniquement de leurs œuvres personnelles.
Jardin paysager dessiné et exécuté par feu Barillet-Deschamps.
•• Pour bien faire ressortir le véritable côté pratique de cette belle publica-
tion, nous croyons devoir en détacher l'avant-propos de l'éditeur :
La première ébauche de cet ouvrage, formant deux petits volumes, n paru
en 1868.
Un deuxième tirage, mis en vente quelques années après, a été prompte-
ment épuisé, et c'est pour satisfaire aux nombreuses demandes qui nous sont
adressées que nous publions cette troisième édition, qui est en réalité une
oeuvre nouvelle.
Pour ce travail, entièrement refondu, noi;s avons obtenu le précieux con-
cours de M. Alphand, qui a bien voulu y reproduire les préceptes formulés
dans l'introduction de son grand ouvrage sur les Promenades de Paris.
Les annales de l'Art des Jardins en France offrent deux périodes mémora-
bles. Le Nôtre avait inauguré la première en donnant à sas créations un
— 62 —
caractère essentiellement aristocratique : Paris a vu commencer la seconde,
il y a quelques années.
Ses nouvelles promenades ont obtenu, comme jadis les œuvres do Le Nôtre,
un succès cosmopolite et cette impulsion s'est étendue jusqu'aux jardins par-
ticuliers. C'est donc la ville de Paris qui a eu l'initiative de cette évolution,
conforme aux tendances de l'esprit moderne.
La question d'art joue désormais un rôle considérable en toute chose; des
monuments, elle s'est étendue à la décoration intérieure, aux appartements.
Chaque fondation, chaque conception publique ou privée, doit en porter le
cachet et attester cette préoccupation; elle se redète partout, à tous les
degrés de l'échelle sociale.
Les jardins, soit au point de vue du plan général, soit à celui de leur amé-
nagement de détail, de la couleur, de l'harmonie et du dessin, devaient aussi
daus une large mesure à ce mouvement progressif. On peut dire, en effet,
que toutes les branches de l'art trouvent leur emploi dans leur création : l'ar-
chitecture, dont ils furent, à l'origine, uue dérivation immédiate; la sculp-
ture, qui concourut de tout temps à leur décoration ; la peinture qui fournit
surtout des enseignements indispensables pour les jardins du genre dit irré-
gulier. Comment, en effet, composer des scènes dans le stjle paysager, si
l'on ne sait pas d'abord ce que c'est qu'un paysage? Cette considération si
simple nous a aussi déterminé à ajouter un chapitre entièrement nouveau
sur le paysage.
Dans la partie historique, il forme une transition naturelle entre l'ère des
compositions régulières, des architectures vertes, et l'avènement d'un ge nre
absolument opposé, quand l'idée d'imiter la nature dans ses beaux endroits
prévaut sur celle des combinaisons géométriques.
Cette manifestation fut le témoignage non équivoque d'une évolution psy-
chologique, dont les grands paysagistes du xvii" siècle ont été les précur-
seurs.
L'ouvrage est divisé en deux parties principales : l'une historique, l'autre
didactique.
Dans la première, qui est un résumé des travaux les plus mémorables
accomplis jusqu'à nos jours, les auteurs ont tâché do rassembler les indica-
tions les plus curieuses et surtout celles dont il peut ressortir des enseigne-
ments pratiques. Ils ont apprécié avec une grande impartialité la révolution
horticole du siècle dernier.
Le premier chapitre dé la partie didactique contient les préceptes du genre
irrégulier ou paysager, d'après les maîtres les plus autorisés : Loudon, Mac
Intosh, Kemp, Decaisne, Choulot, Barillet-Deschamps, Hirschfeld, Piickler-
Muskau, Siebeck, Meyer, Petzhold, Neumann, etc.
On trouvera dans ces pages l'exposé de la méthode et des opérations di-
verses au moyen desquelles il est possible d'arriver à la fusion, dans un
ensemble harmonieux, des formes les plus agréables de la nature et de l'art,
fusion sans laquelle il n'existera jamais de jardin.
Le deuxième chapitre donne les règles du tracé des jardins réguliei's,
qu'on a encore assez souvent l'occasion de mettre en pratique, au moins par-
tiellement.
Viennent ensuite : les préceptes spéciaux pour l'établissement des jardins
de villes ; une revue sommaire des plus importantes créations modernes en
France et à l'étranger.
Un dernier chapitre, consacré aux squares et promenades, contient des
renseignements techniques qui pourront être utiles aux aiministrations muni-
cipales disposées à suivre de loin l'exemple de Paris et aux propriétaires qui
voudraient exécuter, sur une échelle moins vaste, des travaux analogues, tels
que la transformation d'un bois ordinaire en parc ou jardin paysager.
L'illustration de ce volume a été l'objet de soins tout particuliers. On s'est
efforcé de lui donner, dans toutes ses parties, un caractère à la fois attrayant
et utile.
— 03 —
Aux nombreux dessins, plans de parcs et de jardins anciens et modernes de
tous les pays du monde, de plantes b\ d'arbiei» d'oriiement, nous avons ajouté
un grand iiombre d'exeiuples d'autres tires des livres les plus rares, repré-
sentant des œuvres imporiauies, dont plusieurs ont été modifiés ou n'existent
plus.
Citons par exemple les célèbres parcs et jardins du Quirinal, Ludovisi Far-
nèse, Frascati, (iiusli a Veione et autres spéeimens intéressants des villas
italiennes de l.i Renaissance, les parts aiigluis Klw, Bailersea, Biikenhead,
— G4 —
Sydenham, etc. ; des œ ivres française?, comme Gaillon, Clagny, Chantilly
Lourois, etc. ; des créations allemandes, Schwetzingen. Heidelberg, Sagan,
Muskau, Potsdam, Wilhelmshœhe, etc. ; les paroa espagools de la Granja,
d Aranjuez ; le bois de la Cambre (Belgique), etc.
Thalia d.'albala. (Extrait de VArt des Jardiiif.)
Nous n'avons pas négligé non plus, à l'occasion, les effet? de contraste
résultant de l'aspect antérieur ou ultérieur des mêmes localités. Ainsi, on
trouvera, en regard du parc actuel des Buttes-Chaumont, un ancien plan qui
donne une juste idée de la physionomie sinistre et repoussante qu'offraient
autrefois ces parages si heureusement transformés.
Au chapitre du paysage, nous avons joint la roprcduclion de plusieurs des
ceuvres les plus^magistrales du Poussin, Claude Lorrain, Cstade, Pynaker,
etc., etc.
— 65 —
Comme un grand nombre Je ces illustrations n'offrent pas seulement un
attrait de pure curiosité, mais peuvent fournir des renseignements pratiques,
et qu'elles appartiennent par conséquent autant à la théorie qu'à l'histoire,
nous avons cru devoir les répartir, en proportion à peu près égale, dans les
deux parties de ce volume, historique et didacti jue. L'harmonie de l'ensem-
ble y a gagné, sans que la logique ait eu à en souffrir.
L'ouvrage se termine par un tableau sommaire des travaux de la transfor-
mation de ParivS exécutés d'api es un plan d'ensemble, et par l'indication des
prix principaux des travaux do jardinage à Paris, dos documents d'un sérieux
intérêt pratique
Nous serions largement récompensés de nos peines, si ce travail pouvait
contribuer à propager le goiit de l'agriculture d'agréinenl; s'il pouvait don-
ner eux jardiniers paysagistes une plus haute idée de leur art et ramener
aussi nos jaunes architectes aux grandes traditions du seizième siècle, épo-
que où les plus illustres artistes, à la fois peintres, sculpteurs, ingénieurs,
architectes, ne croyaient pas déroger ou plutôt n'auraient pas cru leur œu-
vre complète, s'ils n'y avaient pas compris l'étude des jardins, corollaire et
complément des édifices.
Nojs espérons aussi que ce rappel do l'œuvre à la fois artistique etphilan-
tropique de la transformation de Paris encouragera les municipalités à sui-
vre cet exemple et à établir, dans de plus modestes proportions, dos prome-
nade-', des squares, propices aux joyeux ébats de l'enfance, au délassement
des habitants laborieux, et dont la vue repose à la fois l'esprit et les yeux.
Les Cannas
Cette belle plante est connue depuis très longtemps par les
botanistes sous le nom de Canna Indtca, mais on ne la rencontrait
il y a quarante ans que dans les serres des jardins botaniques et
elle n'était pas cultivée dans les jardins particuliers, sans doute
parce que à cause de son origine exotique on la présumait de
serre chaude.
En 1846 elle fut importée du Chili par M. Année qui avait été
Cousul de France à Valparaiso.
Il alla s'établir à Nice et là fit des expériences qui lui démon-
trèrent que cette plante pouvait se cultiver dans les jardins pen-
dant l'été, comme les Dahlias et autres plantes tuberculeuses.
Jtais ce ne fut qu'en 1855 qu'elle parut dans les jardins publics
de Paris par les soins de Barillet-Deschamps, et depuis elle est
l'un des plus beaux ornements de tous les jardins.
Vers 1860, M. Crozy père, de Lyon, s'en occupa et se livra
à la fécondation artificielle, et il en obtint bon nombre de variétés,
et en 1862 il m'enseigna cette fécondation à laquelle je me livrai
avec succès, car j'obtins : Député Hénon, Daniel Hoïbrenk,
Jean Vandaël et Edtaiard Morren, et cette dernière variété figure
encore sur les catalogues.
M. Crozy fils aîné suivit l'exemple de son père et s'appliqua
surtout à obtenir des variétés plus naines et plus florifères et il y
réussit, et aujourd'hui cette belle plante n'est pas seulement l'orne-
— 66 —
ment de nos jardins, mais est aussi cultivée en pots et peut
servir à la culture forcée et à l'ornementation des vérandas et
des appartements, où elle tranche par son beau feuillage avec
les autres plantes cultivées à cette intention. J. Sisley.
CORRESPONDANCE
Nous avons reçu de M. Elie Métrai, actuellement à Londres, la
lettre suivante qui intéressera certainement un grand nombre de
nos lecteurs :
LondreSj le 17 Février 1886.
J'ai lu dans la chronique du dernier numéro du Lyon- Horticole
une note intitulée : « Destruction de la Cochenille » .
Dans cette note, M. E. Rivoiron donne le remède employé par
les anglais contre ces insectes. Ayant passé mes trois premières
semaines de travail en Angleterre à nettoyer des Stephanotis et des
Gardénias avec le pétrole, je vais vous indiquer la manière dont
j'ai opéré :
Dans un baquet contenant environ 100 Hlres d'eau, on met en-
viron 1/2 litre de pétrole ; et pendant qu'un ouvrier tient les plan-
tes bien au-dessus du baquet la plante un peu plus basse que le pot,
un autre seringue fortement tous les coins et recoins où sont instal-
lés les insectes et a bien vite raison d'eux ; l'eau tombant dans le
baquet ne se perd pas, et ne détériore pas les plantes ou terrain
d'alentour ; mais il faut remuer très souvent, car le pétrole surnage
toujours. Après cela ou couche les plantes sur le sol, toujours très
horizontalement afin de laisser égoutter les feuilles, ayant bien soin
de ne pas tremper le pot dans cette eau pétrolée car ce serait un
moyen infaillible de tuer les plantes.
Ce travail ne demande pas plus de 2 ou 3 minutes par plante.
Puis, une fois en serre, les plantes sont un peu passées en revue, et
finies d'être nettoyées à l'aide d'un petit pinceau pour les tiges, et
les feuilles épongées avec de l'eau chaude additionnée d'un liquide
appelé Fir trec oil (huile de pin) employé pour nettoyer toutes sor-
tes de plantes et d'un grand usage ici, mais que vous pouvez
remplacer par du jus de tabac et du savon, je crois. Quant à bas-
siner les plantes 2 fois par jour avec de l'eau pétrolée, je pense
qu'il faut agir avec précaution, car j'ai vu toute une serre de
Gardénia qui avait perdu leurs feuilles pour avoir été traités d'une
manière analogue.
Les feuilles ne paraissent pas trop souffrir des bassinages au
pétrole mais les racines ne sont pas dans ce cas. Il y a donc lieu
d'éviter que l'excès de l'eau de bassinage ne tombe pas sur les
pots. Elie Métral.
— 67 —
Du traitement des productions fruitières du poirier,
Par M. FORNEY, professeur d'arboriculture.
Nous extrayons d'une longue note publiée dans le Journal de la So-
ciété nationale et centrale d horticulture de France les notions suivan-
tes, enseignées par M. Forney, et qui établissent les règles à suivre
dans la culture des poiriers. En cela, comme en toute chose, la pra-
tique raisonnée amène des exceptions basées sur la nature du sol, sur
le climat, sur la force, la situation et la vigueur des arbres, le sujet sur
lequel ils sont greffés, les variétés, etc. ; mais on ne doit pas perdre de
vue les principes qui suivent:
« Heureux le jeune jardinier qui. à ses débuts, n'a pas reçu comme
règle de conduite que, pour agir sur l'arbre, il faut le torturer par un
excès de soins, de pincements et d'attaches et le soumettre à des formes
géométriques compliquées ou réduites à l'excès. Celui qui a eu le mal-
heur de recevoir un pareil enseignement marchera de déceptions en
déceptions. Dès ses débuts, plein de zèle, il couvre le jardin de palis-
sades en fer les plus coûteuses, qui forment obstacle à la libre circula-
tion de l'air et de la lumière Si, au contraire, en suivant les con-
seils d'un arboriculteur expérimenté, il avait pris pour règle: aider la
végétation sans la contraindre ; s'il s'était contenté de soumettre ses
arbres aux formes les plus simples et le plus en rapport avec le mode
de végétation particulier à chaque espèce, le succès aurait couronné
ses efforts Quoiqu'il fasse, la nature reprendra ses droits, et de
ses arbres taillés et rapprochés à l'excès il n'aura pour résultat final
que des pousses à bois dans un sol fertile, que l'épuisement dans un sol
médiocre.
On l'oublie trop souvent, la taille n'a pas pour but de former des des-
sins avec nos arbres fruitiers, mais d'obtenir des fruits.
L'étude des productions fruitières du Poirier est l'une de celles qui
laissent le plus à désirer en arboriculture, celle pour laquelle on a émis
le plus de principes erronés; et cependant, est-il un point plus impor-
tant que celui de la mise à fruit d'un arbre l
Ces considérations nous font soumettre les principes suivants, prin-
cipes que nous ne donnons pas comme absolus, mais qui, appliqués à
propos, permettront à l'agriculteur d'agir siirement et de raisonner ses
opérations.
Les productions fruitières qui se développent le long des branches
n'ont qu'une durée limitée ; elles se dessèchent vers la sixième année,
et la branche se dénude à partir de cette époque. De plus, sur les arbres
à fruits de table soumis à la taille, si ces productions étaient abandon-
nées à elles-mêmes, elles s'épuiseraient par excès de floraison et la
fructification serait irrégulière et imparfaite.
Mettant en première ligne la quantité du produit obtenu, lorsqu'il
s'agit d'arbres de verger pour fruits à boisson, et ne tenant nul compte
du volume et de la beauté du fruit, on cherchera avant tout une forte
récolte eu poids. Pour obtenir ce résultat, on s'attachera à cultiver une
variété vigoureuse, rustique et à fruits moyens ou petits, les arbres de
verger à petits fruits étant plus et plus sûrement fertiles, et étant plus
— 68 —
sûrement restaurés par une année de non-production qui suit une année
de fertilité excessive.
Pour les arbres à gros fruits fondants, dits de table, il n'en est pas
de même. Ces variétés ne donnent de beaux fruits que si la production
fruitière est bien constituée ; que si le bouton à fleurs qu'elle supporte
est d'un fort volume. Or, ce n'est qu'à l'aide d'une taille raisonnée et
continue, par la réduction de la charpente de l'arbre et par un traite-
ment sévère de la production fruitière, que l'on peut espérer obtenir ce
résultat.
Sur un arbre parfaitement conduit, le bouton à fleurs est double de
volume. C'est le signe le plus certain de l'excellence de la méthode sui-
vie par le jardinier. Quelque régulier que puisse être un arbre, si son
bouton est grêle et pointu, la taille est mauvaise.
1° Les produclions fruilicres doivent être de force moyenne, mais
bien constituées. Trop faibles, elles sont promptement ruinées ; trop
fortes, elles s'emportent à bois ;
2° Elles doinent être parfaitement éclairées, aérées et abritées. Toute
production privée d'air et de lumière, ou exposée à des courants d'air
trop vifs, ne formera que des rosettes de feuilles, fleurira sans fructifier,
ou ne donnera qu'une fructifiation imparfaite. La Poire doit recevoir
l'action directe de la lumière, et ne doit jamais être touchée par les
feuilles, sans toutefois que celles-ci soient par trop éloignées. Les Poi-
riers en pj'ramide plantés dans les jardins enclos et en plaine, ceux
qui sont plantés le long des chemins de fer sont rarement productifs,
exposés qu'ils sont à des courants d'air trop vifs :
3° Elles doivent être maintenues à la longueur motjenne de 0°" 08
{celle du doigt). Sur les arbres non taillés, l'ensemble des productions
se maintient à cette longueur en moyenne; si elles dépassent cette lon-
gueur, elles s'emportent à bois ou dépérissent ; si elles sont tenues plus
courtes et ne donnant qu'une seule fructification, elles sont faibles et
complètement ridées. Cette longueur moyenne variera naturellement
en raison de l'âge et de la vigueur de la production.
En taillant, si la production est plus courte que O" 08, on allongera
peu à peu. Si elle est plus longue, on descendra, tout en profitant des
boutons supérieurs ;
4° On ne cotiservera pas plus de trois bifurcations aux productions
fruitières. On sait qu'une production fruitière se ramifie avec l'âge ;
durcie à l'excès, elle finit par s'épuiser et par ne constituer que de
maigres boutons incapables de fructifier.
On ne conservera qu'une des divisions sur les productions faibles.
Mettre toutes les productions sur un seul brin est le procédé le plus sûr
de restaurer un arbre affaibli par l'excès de fructification. On laissera
deux divisions sur les productions de force moyenne, trois au plus sur
les productions plus âgées. Ce n'est que par exception, et sur les fortes
branches qu'on augmentera ce nombre ;
5° On ne laissera sur la production fruitière qu'un seul bouton prêt
à fleurir. On choisit le plus gros et le mieux placé ; comme il profite
seul de la sève, la fructification sera plus assurée. Cependant, on peut
laisser deux boutons sur les productions vigoureuses et sur les arbres
peu fertiles.
Los autres boutons supprimés seront occupés en conservant leur base
ridée, sur laquelle se développera une rosette de feuilles qui fructifiera
par la suite ;
— 69 —
6° Le bouton prêt à fleurir doit être terminal. Un caractère distinctif
des espèces à pôpins, c'esf que le bouton à fleurs est terminal, placé à
l'extrémité d'un support ridé plus ou moins long. On doit rabattre sur
le bouton toute la partie supérieure de la production qui dépasse ; on
le fait profiter de toute la sève et on a l'avantage de diminuer le déve-
loppement de certaines productions trop fortes. La production, parfois
un peu raccourcie, tendra du reste à s'allonger en se divisant sur la
base du bouton à fleurs ;
7° Le boulon à fleurs ne fructifie parfaitement que s'il s'est constitué
en (rois végétations. On trouve, il est vrai, quelques boutons à fleurs
sur le bois de l'année précédente ; mais ces boutons, surtout lorsqu'ils
terminent le rameau, sont mous et fructifient difficilement. Si le bouton
dépasse trois végétations sans fleurir, il peut s'allonger indéfiniment
en se terminant tous les ans par une rosette de feuilles, ce qui provient
de ce que la production est privée d'air et de lumière.
On ne peut compter sur de pareilles productions ; il faut les rabattre
et revenir sur une lambourde plus jeune, ou la faire développer à l'aide
d'une rosette de feuilles ;
8° Toute production fruitière complètement ridée tend à disparaître ;
on ne la rencontre plus sur les branches âgées. La nature, et il faut
l'imiter, tend à rajeunir ces productions en faisant développer sur elles
une production à bois lisse, dard ou brindille. On sait qu'une produc-
tion complètement ridée n'est pas lignifiée ; sa consistance est charnue
et elle se casse net comme une pointe d'asperge. On doit provoquer sur
cette lambourde le développement d'une pousse à bois lisse et conser-
ver pour le moins une certaine longueur de cette partie lisse à la taille,
ne fût-elle que de un ou deux centimètres, cette partie ligneuse suffi-
sant pour assurer la durée de la production. S'il s'était développé un
rameau à bois, on pourrait l'enlever complètement sur son empâtement,
car on peut être sûr que la production ridée conservée est assez forte
pour développer d'autres pousses par la suite;
9° On taille sur le bois lisse si on veut obtenir du bois, et sur les rides
si on veut obtenir du fruit. En établissant ce principe que tout jardi-
nier devrait connaître, nous donnons la certitude du résultat d'une
taille. Tout œil sur bois lisse devenu terminal par la taille donne une
pousse à bois lisse ; toute taille faite sur les rides qui se trouvent sur
les coudes à la base d'une pousse, fera sortir des productions fruitières
sur ces rides, qui contiennent des germes mal constitués.
Si on taille, par inadvertance, une production fruitière sur partie
lisse sur les yeux d'un rameau qui se serait développé sur elle, on la
fera partir à bois. Cette taille vicieuse est la cause qui fait qu'il se ren-
contre une masse de gourmands sur les branches pendant le cours de
la végétation.
Si on taille l'extrémité d'une branche sur une partie ridée où se trou-
vait une rosette de feuilles, sur un coude, la branche se terminera par
une production fruitière. On peut être parfois forcé de tailler une pro-
duction fruitière sur le bois lisse ; on cassera alors plutôt que de tailler
pour aâ"aiblir la production ; cependant, on peut tailler sur bois lisse
quand on taille sur un bouton prêt à fleurir, car on ne craint plus de
le faire partir à bois ;
10" Si une production fruitière est formée par une seule longueur
de bois lisse [une pousse de l'année, dard ou cassement), et si cette
pousse est suffisamment longue et garnie d'une ou deux futures lam-
— 70 —
bo2irdes, on ne devra pas conseruer la seconde longueur de bois lisse
qui se serait dcvclopp/'e sur elle (brindille ou cassement). Cette seconde
longueur, étant terminale, absorberait toute la sève et le bout de pro-
duction inférieur resterait dénudé.
On ne conserve une seconde longueur de bois lisse que lorsque la
première longueur est trop courte et dégarnie, étant alors forcé d'aller
chercher le fruit sur la nouvelle pousse ;
11° Toutes les productions fruitières d' une branche doivent s'équi-
librer entre elles. Quoique les productions fruitières qui se trouvent le
long de la branche, lambourdes, dards, brindilles ou cassements, diffé-
rent entre elles comme force et longueur, on les équilibrera selon l'âge
et la force de la branche. Ainsi, on ne laissera pas fie forts cassements
à la partie élevée d'une branche faible et garnie de lambourdes sur sa
partie inférieure ;
12" Les productions fruitières doivent être convenablement espacées
entre elles le long de la branche. Les yeux sont souvent si rapprochés
entre eux que, lorsqu'ils se développent, il forment un fouillis de pous-
ses infertiles, parla masse des feuilles qui privent d'air et de lumière
les futurs boutons (Duchesse, nergamote). Ces faibles lambourdes accu-
mulées finissent par se dessécher.
On espacera les productions fruitières en faisant en sorte que l'on
puisse mettre les quatre doigts entre elles ; on supprimera dans ce cas
les productions trop fortes qui tendent à s'emporter à bois, et celles.
trop faibles et ridées, qui tendent à disparaître ;
13° // ng aura pas excès de boutons à fleurs sur une jeune branche.
Parfois une jeune branche se couvre de boutons prêts à fleurir sur
toute la longueur ; c'est pour plus tard un présage de ruine et d'infer-
tilité. On devra retrancher une partie de ces boutons et choisir les plus
beaux, en n'en laissant rigoureusement qu'un tous les 15 centimètres.
On coupera les autres boutons en conservant leur base ridée, sur la-
quelle se développeront des pousses feuillues, espoir d'une récolte
future ;
14° On ne doit pas conserver deux productions fruitières sur le
même empâtement. Elles se nuisent et leur base prend un tel dévelop-
pement que la circulation de la sève est arrêtée dans la branche. Cette
règle négligée est la cause principale de ces affreuses têtes de saule
qui couvrent les branches de certains arbres.
On choisira naturellement pour la conserver, la pousse la mieux
constituée pour la fructification.
15° On doit retrancher tonte reproduction fruitière qui s'est dévc'
loppée sur le bourrelet d'un coude de taille d'une branche. Ces pousses
formant un empâtement sur le coude, gênent fortement la circulation
de la sève;
16» On 7ie doit pas conserver de productions fruitières sur la lon-
gueur d'une tige. Cette production gêne la circulation de la sève,
sont peu productives, étant le plus souvent peu aérées et, de plus,
elles sont la cause, par leur empàLement ridé, du remplacement de
l'écorce lisse par l'écorce rugueuse et crevassée. On sait que ses rugo-
sités commencent toujours au pourtour de l'empâtement d'une produc-
tion laissée sur la tige.
— 71 —
17° La base (Tune branche formée devra être dégarnie de produc-
tions fniiticres sur une longueur de 15 centimètres. Ces productions,
le plus souvent ruinées et infertiles, empêchent la sève de pénétrer
dans la branche.
Une pyramide dont les branches sont dénudées à leur base n'en sera
que mieux constituée, l'air pénétrant librement au centre de l'arbre;
18° Une branche ne doit jamais être terminée par U7ie production
fruitière. Elle n'a plus d'accroissement en force et longueur, et
dépérit;
19» Une branche âgée et forte est plus disposée à développer des
pousses à bois qu'à se couvrir de productions fruitières. Ce fait se
reconnaît surtout sur l'ensemble des arbres âgés d'un jardin vieux
planté, On n'a d'autre ressource, dans ce cas, que d'allonger, de cou-
cher le long des branches, des brindilles entières ou des boutons de
rameaux faibles, sur lesquels la fructification s'établira. Une branche
qui dépasse une certaine force (celle d'un manche à balai) doit donc
être traitée autrement que les branches moins fortes sur lesquelles
la fructification se constitue à peu de distance de la branche.
Voilà les principes qui doivent guider dans la conduite de la produc-
tion fruitière du Poirier. On se rappellera, premièrement, que le bon
donne le bon ; que les bons yeux donnent les bonnes productions; que
celles-ci se couvrent de gros boutons qui seuls produisent de beaux
fruits. On ne conservera que ce qui est bon, en suivant rigoureuse-
ment ce premier principe de taille ; qu'il n'y ait pas dans un jardin
une seule branche, une seule production fruitière qui ne soit parfaite -
ment éclairée et aérée.
En résumé, la règle de conduite sera de ne conserver qu'un nombre
convenable de branches pour qu'elles soient garnies de bonnes pro-
ductions fruitières, bien nourries et convenablement espacées et
éclairées. »
L'incision annulaire de la vigne
M. Louis Pinsan, propriétaire à Preignac (Gironde) donne clans
le Journal de la f-'igne, les conseils suivants aux viticulteurs :
Au moment où les travaux de la taille de la vigne vont s'ouvrir,
je crois qu'il n'est pas hors de propos de faire connaître, dans
l'intérêt des viticulteurs, le succès que j'ai obtenu par l'incision
annulaire sur mes vignes.
Je pratique, depuis trois ans, cette incision et il est hors de
doute que j'ai doublé le rendement de mes vignes, tout en amé-
liorant de beaucoup la qualité du vin. L'effet de l'incision active
la maturation et par suite, le raisin se trouve plus sucré et mieux
nourri que celui des vignes non incisées.
Beaucoup de propriétaires, dans le département, l'ont essayée
l'année dernière, et partout où l'on a opéré avant la floraison elle
a produit l'excellent résultat qu'on en attendait. S'il est vrai que
cette opération n'ait pas répondu à l'attente de quelques-uns,
l'insuccès ne doit être imputé qu'à une incision mal faite, ou accom-
plie pendant ou après la floraison.
— 72 —
Cette opération a été pratiquée à d'autres époques, probable-
ment à la suite d'intempéries qui provoquaient la coulure ; mais
des années plus prospères étant survenues avaient fait délaisser
puis oublier ce moyen. Pour parer aux intempéries, qui depuis
bon nombre d'années, désolent nos vignobles, la pratique de l'in-
ci^ion s'impose de nouveau; elle aura ses détracteurs comme du
reste les ont eues toutes les nouvelles découvertes ; le soufre, le
sulfure de carbone, les vignes américaines ont les leurs, et ces
dernières par ceux surtout qui n'en ont jamais planté; et pourtant
tous ces moyens ont donné et donnent d'excellents résultats lors-
qu'ils sont employés avec discernement.
Il est entendu que l'incision doit se faire sur la taille à long
bois (aste ou tirole, ou branche à fruit qu'on renouvelle tous les
ans), au-dessus du 2" bourgeon à partir de la naissance de la
branche; la largeur de la bague doit être de 3 millimètres pour
les pieds à peu de végétation et de 5 millimètres pour les plus
vigoureux; les 2 bourgeons au-dessous de l'incision donneront des
bois dont l'un sera taillé à courson l'année suivante; on aura soin
aussi de rapporter l'asle ou tirole de l'autre côté du pied, pour
équilibrer la végétation et éviter l'épuisement amené par la pro-
duction si elle était tenue tous les ans sur la même partie du pied.
NOUVEAUTÉS — CATALOGUES
— Cii. MoLiN, horticulteur-fleuriste, M'^-grainier, 8, place Bellecjur, à
Lyon. — Catalogue prix courant généial illustré de graines potagères,
fourragères, de Heurs, d'ognons g fleurs, plaijtef, aibrcs et arbustes. —
Plantes nouvelles ou recommandïbles, collecliori da variétés choisies clans
les plus beaux genres de fleurs et les meilleurs légumes. — Fournitures
horticoles. — Fleurs fraîches et fleurs sèches pour bouquets, etc.
— P. Rebut, à Chazay-d'Azergues (Rhônt). — Catalogue de Cactées et
Plantes grasses diverses. La collection de Cactées de M. Rebut est une des
plus belles et des plus considérables d'Europe. Envoi franco du Catalogue.
— Pertuzès, horticulteur, 59, rue des Chalets, Toulouse (Hte-Garonne).
Supplément au Catalogua général contenant l'énuméralion et. la doscri[)tiou
des Nouveautés de Chiysanthèmes pour 1886. La collection complote do ces
nouveautés comprend une cinquantaine de variétés, appartenant à toutes
les séries.
— HosTE, horliculteur, 10, rue des Dahlias, Monplaisir-Lyon.— Catalogue
des plantes nouvelles mises au commerce par rétablissement : Pelargoniums
zonales nouveaux (simples et doubles), Fuchsias, Dahlia Lilliput, Véroniques
et Chryaanthèmes.
— Ketten Frères, rosiéristes à Luxembourg (Gr. Dunhé). — Catalogue
en allemand et en français), des Rosiers nouveaux de 1886. Ce Catalogue
mentionna avec leurs descriptions toutes les variétés mises au commerce
par les différents semeurs français et étrangers.
Le Gékant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 MARS N° 5
CHRONIQUE
Graines et semis. — Un amateur très estimable, un curieux de la
nature, comme on disait au temps jadis, m'écrivit, l'année der-
nière, une assez longue lettre dont j'ai retenu le passage suivant :
(I Je vous mande la chose la plus incroyable, la plus bizarre, la
plus singulière, la plus étonnante, la plus désagréable, la plus... »
Allons, me disais-je, après avoir pris connaissance de l'épître
susdite, M. C... a lu M°" de Sévigné; il écrit admirablement,
s'exprime avec clarté et concision, dit de bien belles choses ;
mais, entre nous, raisonne comme un tambour quand il parle
germination.
Cet excellent amateur, l'esprit bourré de ses classiques épisto-
laires, trouvait bizarre, incroyable, singulière, étonnante, une
chose, un fait simple comme bonjour, désagréable, j'en conviens
et ne saurait le contredire, mais selon moi, fort naturel et depuis
longtemps prévu par le créateur des graines et des plantes.
Et savez-vous quelle était la cause de ce débordement d'ad-
iectifs?
« J'ai moi-même, disait-il, récolté l'an dernier de la graine de
laitue romaine ; cette graine était mûre, très-mûre, excellente,
éprouvée ; j'ai semé cette graine dans des conditions telles qu'au-
cun praticien ne saurait trouver mauvaises et cette graine n'a pas
germé. Comment expliquez-vous, monsieur, le caprice de ma
graine de laitue?
J'avais bien envie, pour me débarrasser au plus vite de l'expli-
cation désagréable qu'on me demandait, de mêler l'astre des nuits
à l'affaire et d'accuser le paisible éclat de la lune de ce méfait
antigerminatif. Il était, du reste, facile de procéder ainsi, la
réponse aurait porté en épigraphe les vers suivants :
C'était, dans la nuit bruoe,
« Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un i
— 74 —
J'aurai continué en prose et démontré par A plus B que pas mal
de crétins et quelques rares gens d'esprit étaient d'avis que la lune
faisait filer les haricots, monter les épinards, empêchait de pom-
mer les choux, produisait les chenilles, les escargots, les limaces,
les hannetons et même le phylloxéra. J'aurais conclu très naturelle-
ment qu'un astre capable de produire de pareils phénomènes avait
bien pu frapper d'atonie la graine de laitue et la rendre rebelle à
la germination. Mais, comme je n'ai qu'une confiance très limitée
dans l'influence que peut exercer la lune sur la végétation en
général et sur la germination en particulier, j'ai hasardé l'expli-
cation que voici :
Les mauvaises germinations font partie des forces contingentes
qui règlent les rapports entre les végétaux qui habitent la sui'face
du globe. Pas de mauvaises germinations et l'harmonie générale
est rompue. Que deviendrions-nous, grand Dieu, si toutes les graines
de pavots, d'amarantes, de pissenlits, de groins-d'ânes et de cette
multitude de plantes qui vivent à l'état sauvage dans les deux
hémisphères germaient et arrivaient à bonne fin? Ce qui arriverait,
on le devine aisément : nous serions envahi par les plantes proli-
fiques ; elles étoufferaient les autres, qui succomberaient sous le
nombre. Heureusement, — pas pour le jardinier, cependant, —
les mauvaises germinations sont là qui mettent un frein à la repro-
duction à outrance.
Quand je dis mauvaises germinations, j'élargis l'idée qu'elles
représentent, et j'entends non-seulement les graines qui ne ger-
ment pas, mais toutes celles qui, après avoir germé ne donnent
aucuns résultats positifs, soit que les jeunes semis deviennent les
victimes des intempéries ou la proie des insectes qui les dévorent.
Ah ! oui, elles en ont des ennemis, les malheureuses graines,
depuis le soleil et l'eau, qui les font germer, pour noyer ensuite
leurs jeunes embryons, jusqu'à la gelée qui les ébranle et cristallise
leurs jeunes tissus !
Aussi le semeur doit-il être d'une vigilance à toute épreuve lors-
qu'il confie sa semence au sol.
Pour éloigner les insectes, il préparera longtemps d'avance le
terrain où il doit semer, afin que ceux-ci n'ayant rien à dévorer
pendant un laps de temps assez long, émigrent dans d'autres
parages plus hospitaliers.
Quand le jardin est froid, qu'il ne se hâte pas trop de semer;
il est bon de se méfier des premiers beaux jours, qui traînent sou-
vent après eux un cortège de vents violents et glacés dont pâtissent
les jeunes semis.
Qu'il sache que les graines fines veulent être peu recouvertes et
semées sur terrain uni et tassé. Qu'il n'oublie pas non plus que le
terrain doit être tenu humide constamment.
— 75 —
Pour les graines de plantes des pays chauds, qu'il n'oublie
jamais, s'il n'a ni couche chaude, ni serre chauffée, qu'il vaut
mieux attendre mai et juin, que de semer même en avril.
L'engrais liquide étendu d'eau devra hâter le jeune semis à
passer rapidement la période délicate de l'enfance. Qu'il n'hésite
pas non plus à faire stratifier ses graines un peu longues à germer.
Fenlilalion des serres. — La ventilation des serres repose sur ce
principe bien connu des physiciens, savoir que lorsque deux gaz,
par exemple l'air et l'acide carboniqtie sont en présence, ils se
mélangent intimement malgré leurs densités différentes. L'air vicié
par la respiration des plantes se répand dans la serre ; de là l'uti-
lité de faire arriver du dehors de l'air pur.
D'autre part, les rayons solaires laissent pénétrer à travers les
carreaux le calorique dans les serres dont ils élèvent souvent la
température bien au-dessus du degré qui convient aux plantes ;
dans ce cas, il importe de chasser cet excès de calorique en lui
offrant des issues.
Mais il importe de bien distinguer les deux cas. Dans le premier,
on ne cherche pas à obtenir un abaissement de température, on
veut seulement renouveler l'air. Ce renouvellement devrait^pouvoir
se faire dans la partie la plus basse de la serre et l'air arriver près
des tuyaux de chaleur. Dans le second cas, le contraire doit avoir
lieu, et c'est vers la partie la plus élevée de la serre qu'on doit
laisser des issues à l'air trop chaud.
L'air chaud, chacun sait ça, est plus léger que l'air froid; il
monte vers le vitrage, se refroidit au contact du verre, se dessèche
en déposant son humidité contre les vitres et retombe vers le sol,
où il se réchautfe à nouveau. C'est ce qui fait que dans l'hiver il
importe de répandre fréquemment de l'eau dans les chemins des
serres chaudes, si on ne veut pas que les plantes languissent dans
une atmosphère trop sèche.
Exposition et Lauréats, — La Société d'Horticulture d'Orléans et
du Loiret a envoyé ses collections de fruits à l'Exposition interna-
tionale de la Nouvelle-Orléans, où elle a obtenu 3 médailles et
995 dollars. Elle les a obtenus, et malgré ses réclamations, dollars
et médailles sont encore à toucher. Il faut espérer que les^autorités
compétentes sauront faire rendre justice, médailles et dollars à nos
compatriotes.
Racines montantes. — Le rôle des racines est de s'enfoncer dans
le sol ; cependant, il y a des cas où elles ne craignent pas de se
redresser verticalement et de s'élever quelquefois presque aussi
— 76 —
haut que la plante elle-même. Je viens d'en avoir sous les yeux un
exemple superbe. Les racines d'un figuier commun situé à 3 mè-
tres de distance d'un tas de fumier consommé de deux mètres de
hauteur, ont complètement envahi le susdit fumier. L'arbre ayant
été recépé, les branches les plus élevées n'étaient pas plus hautes
que le chevelu de ses racines.
Les praticiens savent très-bien que lorsqu'on paille certains
arbustes pendant l'été, il arrive presque toujours que les racines
remontent à la surface du pot en envahissant le fumier dans lequel
elles trouvent, outre une excellente nourriture, le degré d'humi-
dité qui convient aux radicelles. Ceci prouve que les racines ne
sont pas aussi inconscientes qu'on le suppose et qu'elles savent fort
bien discerner et au besoin aller chercher là où ils sont les éléments
qu'elles aiment.
: > Semis de Gui. — Le Gui qui croît sur les pommiers,
les sorbiers, le poirier et presque sur tous les arbres, était
révéré chez les anciens peuples de la Gaule, qui voyait un emblème
mystérieux dans un arbrisseau végétant et se reproduisant sans
toucher terre. On l'a employé en médecine comme antispasmodique
et anti-épileptique, ainsi que dans l'industrie, car il partage avec
d'autres plantes le mérite de fournir la glu, sorte de matière vis-
queuse élastique qui tient le milieu entre la résine et le caoutchouc.
•;,. Le gui, dont je ne sais plus quel législateur voulait décréter
la destruction obligatoire, se reproduit par semis sous l'influence
des oiseaux qui disséminant ses graines non digérées sur les bran-
ches d'arbres. Mais je n'avais pas eu connaissance jusqu'à présent
que les jardiniers ou les amateurs se fussent occupés de semer eux-
mêmes cette plante curieuse. Dans beaucoup de jardins botaniques le
Gui est représenté par une superbe étiquette, qui fait honneur au
fabricant, mais ne parvient pas à donner une idée même approxima-
tive de celte Loranlhacée. Or on peut semer le Gui très facilement,
ainsi que l'a très bien démontré ^wir expérience M. Cardona, ama-
teur à Lyon. Sur un jeune pommier dont il a légèrement raclé l'é-
piderme il a posé des graines de gui accompagnée de la matière
visqueuse qui les entoure, puis il les a liées avec de la laine, comme,
on lie un écusson, en serrant peu toutefois, et la germination a été
régulière. Aujourd'hui les deux touffes de Gui issues de ce semis
sont très volumineuses.
Disjmrilion des Orchidées indigènes. — M. de Confevron, deFlugez
(Haute-Marne), a adressé à la Société d'acclimatation une commu-
nication dans laquelle il constate que le fauchage des pelouses et
prairies où croissent les orchidées indigènes cause leur disparition.
— 77 —
M. de Confevron n'avance cependant pas des propos en l'air, puis-
qu'il affirme avoir vérifié son assertion dans une pelouse de sa
propriété dans laquelle croissait de nombreuses orchidées.
Le fait en question me paraît avoir été mal interprété, car je
cultive depuis fort longtemps les orchidées indigènes, dont j'ai
récolté des milliers d'exemplaires à la campagne. Très fréquem-
ment je les récolte en fleurs, en boutons même, je leur coupe
souvent toute la tige, ne plantant que le tubercule, et elles ne
périssent pas pour cela. Dans beaucoup de prés des communes
avoisinant Lyon, où il y a des orchidées, on fauche le foin et on
retrouve des orchidées l'année suivante. Du reste, il n'y aurait
plus d'orchidées dans les prés, si le fauchage habituel les détrui-
sait réellement. Il est donc très probable que si les orchidées ont
disparu de la pelouse de M. de Confevron, cela tient à une cause
qui aura passé inaperçue. V. V.-M.
Réponse à quelques objections relatives à l'arrosage
des arbres au moyen des drains.
J'ai publié dans le Lyon-honicole, en 1883, un assez long article
relatif à l'arrosage des arbres d'avenues au moyen de drains. Avec
le système que j'ai fait connaître il devient possible de faire arri-
ver l'eau directement à sa destination, c'est-à-dire de mouiller
copieusement la partie du sol où les radicelles sont situées, et,
dans les terrains stériles ou épuisés, les engi-ais liquides capables
d'entretenir une végétation plus active.
Le système que j'ai fait connaître a d'ailleurs été appliqué à la
fin de l'année 1883 aux arbres de la place Bellecour, situés sur le
côté méridional de cette place, entre la rue Bourbon et la place de
la Charité, conformément à la délibération du Conseil municipal
en date du 23 octobre 1883. J'ai même demandé à l'administra-
tion d'appliquer moi-même mon système (1) à mes risques et périls,
ne demandant aucune rétribution dans le cas où ce genre d'arro-
sage ne donnerait pas les résultats prévus.
Je demandais seulement que l'on mît à ma disposition les appa-
reils d'arrosage nécessaires et la permission de puiser l'eau aux
bouches voisines.
L'administration a cru devoir remettre à plus tard l'adoption de
ma proposition, bien qu'un rapport des agents techniques constate
(1) J'ai pris connaissance d'un rapport des a.^^ents tecliniques de l'administration
municipale dans lequel il est dit que ce système d'arrosage par les drains n'est pas
nouveau. Quand on ne craint pas d'affirmer un fait de cette importance, il me
semble qu'un simple propos en l'air ne sutRt pas comme démonstration, et qu'il
conviendrait d'en faire la preuve. Est-ce que par liasard le titre d'agent technique
équivaudrait à un brevet d'infaillibité ?
— 78 —
qu' « il résulte des observations qui ont été faites cette année
(1885) pendant la période de sécheresse que nous venons de tra-
verser, que les plantations irriguées par le procédé en question se
sont mieux comportées que les autres. » Un autre rapport d'une
commission composée spécialement d'horticulteurs ne concluait pas
autrement.
Et cependant mon procédé n'a pas été employé d'une manière
rationnelle.
Plusieurs personnes qui s'intéressent à ce système d'arrosage
m'ont demandé des renseignements sur la manière d'opérer. Ne
pouvant pas répondre à toutes directement, je prends le parti de
consigner dans cette revue les indications relatives à cette ques-
tion. Je profiterai de l'occasion pour répondre à quelques objec-
tions qui m'ont été faites au sujet de l'obstruction des drains par
les racines des arbres.
Sur la place Bellecour, MM. les agents techniques ont com-
mencé les arrosements dans la deuxième quinzaine de juin, pensant
sans doute qu'il suffisait d'alimenter les marronniers par. les hautes
températures. Ils n'ont pas étudié la végétation de ce bel arbre.
S'ils avaient étudié sa végétation ils auraient remarqué que le mar-
ronnier «débourre» de bonne heure au printemps, témoin le légen-
diaire marronnier du 20 mars, qu'il fleurit abondamment et ne
donne qu'une pousse normale chaque année. Or, pour donner cette
pousse et ces fleurs, un marronnier a besoin, précisément au mo-
ment où cela se passe, de se sustenter avec énergie ; il a besoin
d'eau et de matières fertilisantes en abondance. S'il ne rencontre
qu'un sol ingrat et sec, il fait cette pousse misérable et chétive au
détriment de sa propre substance. Ce n'est pas dans le sol battu
par la foule et incliné de Bellecour que l'eau des pluies peut péné-
trer aisément.
Pour toutes ces raisons les arrosements des arbres doivent com-
mencer en mars et être continués une ou deux fois par mois jusqu'à
la tin de juillet. Dans les terrains stériles ou épuisés on arrosera de
temps à autre avec de l'engrais liquide étendu d'eau, tels que purin
de litière, guano, engrais chimiques, etc. En agissant ainsi on sera
étonné de l'exubérance de végétation que prendront les arbres ; on
ne les verra plus perdre leurs feuilles à la fin d'août comme cela
arrive chaque année.
Il ne faut pas s'imaginer qu'il suffit de donner de l'eau aux
arbres seulement quand il fait chaud et sec ; dans nos climats la
chaleur et la sécheresse constituent presque une période de repos
pour la végétation arborescente. C'est au printemps et dans le
commencement de l'été que les arrosements aident à l'alimenta-
tion de l'arbre, à sa constitution et à sa résistance aux sécheresses
-^ 79 —
de l'été. Ce n'est pas quand le blé est en épi, qu'on doit lui donner
de l'engrais. Ainsi en est-il de toutes les plantes qui veulent au
moment où elles se développent que l'eau qui sert de véhicule et
de dissolvant aux matières fertilisantes, soit à la portée de leurs
racines. Ainsi donc, je le répète, les arrosements doivent commen-
cer dans le mois de mars et èlre continués jusqu'à la fin de juilllet.
Une objection qui a été faite par des personnes peu compétentes
en pareille matière est celle qui consiste à supposer que les drains
pourront être obstrués « plus ou moins complètement par des
queues de renard, résultant soit de la pousse des racines, soit de
toute autre chose. »
On appelle queue de renard des faisceaux de racines fines ou des
filaments d'algues, qui par leur agglomération simulent plus ou
moins la queue de cet animal.
Les queues de renard peuvent bien s'infiltrer dans des conduites
d'eau continuellement pleines de ce liquide, si par hasard elles
rencontrent un joint pour y pénétrer ; elles rencontrent dans Teau
un élément où elles peuvent vivre. Mais il est complètement impos-
sible que la chose arrive dans des drains aérés (1) où l'eau ne
séjourne pas. La preuve de ceci ressort du domaine de l'expé-
rience et de celui de la physiologie végétale. Elle ressort de l'ex-
périence parce que partout où des conduites pareilles ou à peu près
ont été construites depuis longtemps il n'est jamais parvenu à ma
connaissance qu'elles aient été obstruées par des queues de renard.
Elles ressortent du domaine de la physiologie parce qu'il est dé-
montré que les racines ne peuvent pas se développer dans un cou-
rant d'air, que si elles y ébauchaient par hasard un commencement
de végétation, les moisissures et autres cryptogames seraient là pour
les arrêter. On fait bien développer des jacinthes dans des carafes
remplies d'eau, eh ! bien, qu'on essaye voir un peu de les faire
pousser dans des carafes remplies d'air et on verra comment elles
se comporteront, quand même l'air de la carafe serait saturé
d'humidité.
Du reste le simple bon sens à défaut de connaissances. pratiques
ne nous dit-il pas que les racines ayant à choisir entre une couche
de terre fertile et un courant d'air perpétuel pour se développer,
choisiront toujours la terre qui est leur élément naturel. Ce sont de
ces objections qu'on ne devrait pas discuter, car on ne discute pas
avec l'absurde. J. Métral,
Pépiniériste-Entrepreneur, aux Charpennes-I.yon.
(1) Je ferai du reste remarquer que dans l'établissement des drains établis sur la
place Bellecour on a complètement oublié de laisser plusieurs regards pour l'ae'ra-
tion des drains. Ces .égards sont absolument indispensables pour le bon fonctionne-
ment des drains.
80 "
ANEMONES
N'° 1. A. hortensia stellata à fleura doubles.— 2. A. coronariaii U. pourpres. — 3. A. hortensia à â. pourpre Tiolet
Note sur les Anémones des jardins.
Parmi les nombreuses espèces d'anémones que les jardiniers et
les amateurs cultivent, il n'en est guère de plus belles que celles
que Linné a classées sous les noms spécifiques à'^nemone coronaria
et horlensis.
La mode n'a pas encore réussi à les expulser des jardins comme
■elle l'a fait pour une foule d'autres belles fleurs anciennes. Car elles
sont très anciennes ces anémones, si anciennes, qu'il est assez
- 81 —
ANEMONES
No i, A. hortensia k fleurs doubles. — 5. A. coronaria à fl. doubles. — 6. A. palraata (fleurs jaunes).
7, A. hortensis pavonina.
difficile de leur assigner une date d'introduction dans les cultures.
Les premiers florins publiés vers la fia du XVP siècle en parlent
avec éloge et figurent les variétés connues au moment de leur
publication.
Sans compter Bauhin qui, en 1571, en énumérait, dans le
Pinax, une longue kirielle, nous trouvons dans Besler et surtout
dans le Floritegium publié par Swertius, à Amsterdam en 1631,
— 82 —
plus de quarante variétés d'anémones nomnaées et figurées et
appartenant toutes aux deux espèces linnéenoes ci-dessus dénom-
mées.
Les plus anciens traités de jardinage nous en ont également fait
connaître la culture.
Pline, un des plus anciens auteurs, dit que l'Anémone est appe-
lée/"Aan/on, peut-être à cause qu'elle resplendit de loin. Commen-
tant Dioscoride, le naturaliste romain, pensait qu'il y avait deux
espèces d'anémones, l'une sauvage et l'autre cultivée.
(( Quaat à la cultivée, il s'en trouve qui fait les fleurs rouges et
d'autres qui les fait blanchâtre, ou de couleur de lait ou de cou-
leur de pourpre. » Et il ajoutait : « Nous avons parlé ci-dessus
des espèces d'anémones dont les bouquetiers se servent, il reste à
parler maintenant de celles qui servent eu médecine. »
Or, comme Pline vivait à peu près au commencement de l'ère
chrétienne, nous avons une preuve bien certaine de l'emploi que
les bouquetiers romains et grecs faisaient, il y a deux mille ans,
des fleurs de l'anémone.
Olivier de Serre, au sixième livre de son Théàlre d'agriciillure,
parle de la manière suivante de l'anémone :
« Aussi par bulbe vient cette plante. La bulbe au pousser fait
des petites feuilles comme celle de la pimprenelle, rampant à terre
en rond. De là sort la tige, montant de la hauteur d'un pied, et à
la cime portant une belle fleur colorée d'incarnat éclatant... »
Après Olivier de Serre, tous les ouvrages d'horticulture se font
un devoir de causer des anémones et d'enseigner, avec grand ren-
fort de soins superflus, l'art de les cultiver. Vers la fin du XVIIP
siècle, le célèbre jardiner de Chelsea, Philippe Millers s'exprimait
ainsi à propos des deux espèces dont nous parlons :
« Les Anémone coronaria et ho7-lensis, dont les racines ont d'a-
bord été apportées des Indes, ont été depuis si considérablement
améliorées par la culture, qu'elles sont devenues un des principaux
ornements de nos jardins au printemps ; les couleurs principales de
ces fleurs sont le rouge, le blanc, le pourpre et le bleu. »
Ph, Millers, comme la plupart des naturalistes ses contempo-
rains, n'avaient que de vagues notions de géographie botanique, et
il ne faut pas trop leur en vouloir de leur ignorance à cet égard.
Pour eux, les Indes exprimaient des pays vagues. L'Amérique,
l'Asie, l'Afrique et même une partie de l'Europe orientale étaient
(( les Indes » .
Ainsi donc, il était permis à l'anglais Miller d'ignorer la patrie
exacte des Anémones qui nous occupent, et de supposer que les
premières apportées « venaient des Indes » .
— 83 —
Bien que l'Anémone couronnée passe pour être indigène de la
Turquie méridionale, on la trouve vivant à l'état sauvage dans la
France méridionale, l'Espagne méridionale, les îles Baléares,
l'Italie continentale, la Sicile, la Sardaigne, la Dalmatie, la Grèce,
la Turquie, les îles de l'Archipel grec, le nord de l'Afrique, etc.
L'Anémone des jardins (J. hoilmsis h.) est également signalée
comme spontanée dans la plus grande partie de l'Europe méridio-
nale, du nord de l'Afrique et de la Turquie d'Asie.
En France, VJ. coronariaaéié trouvée à l'état sauvage à Grasse,
Draguignan, Hyères, Toulon, Montpellier, Toulouse, etc.
UÀncmone liorlensis à Grasse, Fréjus, Navarreins, Dax, Toulon,
Nîmes, etc.
Avant de continuer cette note, il serait peut-être utile de savoir
ce que l'on entend par J. coronaria et ^. liorlensis, et quels sont
les caractères qui séparent ces deux espèces linnéennes.
Si le lecteur veut bien jeter un coup d'œil sur les planches ci-
contre, il saisira la différence qui les fait distinguer au premier
coup d'œil. Le n" 2 représente une Anémone couronnée, les n"' 1
et 3 une Anémone des jardins. Si aux segments étroits des feuilles
tripennées de VJ. coronaria on compare les feuilles palmées à lobes
cunéiformes incisés dentés de VJ. liorlensis, la confusion n'est pas
possible. Ajoutons que l'involucre de VJ. coronaria a les folioles
laciniées, tandis que celui de VA. liorlensis a les segments très peu
incisés. La fleur est également un peu plus grande dans l'Anémone
couronnée que dans l'Anémone des jardins.
J'ai déjà dit que le Florileginm de Swertius contenait plus
de quarante formes d'Anémones parfaitement figurées et qu'on
peut rapporter aux deux espèces linnéennes dont nous venons de
parler.
Cette variation des J. liorlensis et coronaria a du reste exercé la
sagacité des botanistes modernes qui ont élevé au rang d'espèces
plusieurs de leurs formes les plus tranchées. C'est ainsi que VA.
coronaria L. a donné pour sa part :
V A. cyanea Risso, à fleur bleue ;
2' A. Fenlreana Hanrj, à fleurs blanches ou panachées ;
3° A. rosea Hanry, à fleu»'s roses pâles ;
4° A. coccinea Jord, à fleurs d'un rouge écarlate ;
5° A. nobilis Jord, à fleurs grandes, pourpre violacé ;
6° A. prcslabilis Jord, à fleurs rouge ponceau;
7" A. Rissoana Jord, à fleurs rose carné.
Ces espèces afflues présentent souvent elles-mêmes des variétés
de coloration.
\JA. horlensis L. n'est pas moins varié que le précédent. On en
a distrait les formes suivantes :
— 84 —
A. vcrsicolor Jord, considérée comme une plante hybride ;
A. lepida Jord, à sépales d'un rouge violet ;
A. stcllata Lamk., de couleur variable ;
A. fulgens Gay, d'un rouge écarlate vif;
J. pavonina D. C, plus souvent cultivé à fleurs doubles;
J. occellata Mogg., marquée d'une tache à la base de ses pétales.
Aujourd'hui, comms au temps des Grecs et des Romains, les
anémones servent « aux bouquetiers » qui en reçoivent les fleurs
coupées des établissements d'horticulture du littoral de la Méditer-
ranée ; on les emploie aussi pour l'ornemeatation des parterres et
des plates-bandes des jardins.
Voici comment il faut les cultiver :
Choisir une plate-bande bien perméable à l'eau et surtout abon-
damment fumée. Faire une première plantation des « pattes » ou
tubercules de septembre à la fin d'octobre. La plantation faite à
cette époque donne de très bons résultats quand les hivers ne sont
pas trop rigoureux, c'est-à-dire quand la température ne descend
pas au-dessous de 8 à 10" centigrades. Les anémones gèlent au-
dessous de 10° si elles ne sont pas couvertes. On peut les abriter
avec de la paille au besoin.
Quand on craint les hivers rigoureux, on attend que le mois de
janvier soit passé et on plante en février et même jusqu'au 15 mars
les pattes d'anémones. La plantation de printemps ne donne jamais
d'aussi bons résultats que la plantation d'automne : les fleurs sont
moins belles et plus tardives.
Quand les anémones ont terminé leur végétation, ce qui se
reconnaît au jaunissement des feuilles qui finissent par se dessé-
cher, on doit arracher les pattes et les rentrer au sec oii on les
conserve dans des boîtes ou des pots.
On peut cependant cultiver les anémones plusieurs années de
suite à la même place, surtout quand le terrain est sain ; dans ce
cas, il faut chaque année, en septembre, donner un bon sarclage
dans l'ancienne plantation et la couvrir ensuite d'une couche de
2 à 4 centimètres de fumier bien consommé, ou de terreau de
fumier.
Les pattes d'anémones se plantent à 8 ou 10 centimètres de
profondeur dans les pays oii le froid est rigoureux, et de 5 à 6
seulement dans ceux où les gelées ne sont jamais de longue durée.
Pour l'écartement à donner aux pattes, il est variable ; toutefois,
quand on a l'intention de laisser la plantation plusieurs années à la
même place, il est important de ne pas trop les rapprocher. En
les mettant à 20 centimètres de distance en tous sens, l'écartement
est suffisant dans ce cas. Quand on arrache les pattes chaque an-
née, on peut les rapprocher davantage.
— 85 —
On doit toujours placer les pattes dans un terrain meuble, sans
les briser, en ayant soin de tourner l'œil du bon côté.
Les anémones se multiplient par la division des griffes, dont on
sectionne les extrémités munies d'un bourgeon et qu'on plante
comme les pattes elles-mêmes.
Le semis est également un excellent moyen, non-seulement
pour multiplier les anémones, mais encore pour obtenir des
variétés nouvelles.
On doit semer les graiues d'anémones aussitôt leur maturité,
dans des pots, des terrines ou des caisses. Juin et juillet sont les
mois qui conviennent le mieux pour ce travail. On recouvre très
peu les graines, — un demi-centimètre de terreau, — mais par-
dessus le semis on paille avec de la mousse ou du long fumier de
litière et on tient mouillé. Quand les graines germent on enlève la
mousse ou le fumier qui servait à protéger le semis. La germina-
tion se fait généralement au bout d'un mois. Les jeunes plantes se
traitent comme les adultes. Seb. Gryphe.
CORRESPONDANCE
Usages et préparations des Kakis.
Un Japonais, M. T. Takasima, actuellement à l'Eoole forestière de Nancj,
a bien voulu écrire à M. Jean Sisley une assez longue lettre dans laquelle il
explique les usages et les préparations que les Japonais font subir aux
K^kis. Nous devons à Tobligeance de M. Sisley la communication de cette
lettre dont nous extrayons les passages suivants qui intéresseront certaine-
ment ceux de nos lecteurs qui s'occupent d'arboriculture.
Le Kaki (Diospyros Kaki) est un arbre très répandu dans presque tout le
Japon. Le nombre des variétés obtenues par les horticulteurs est considérable;
malheureusement les communications étant assez difficiles, il doit arriver
certainement que des variétés différentes obtenues dans des provinces éloi-
gnées les unes des autres reçoivent le même nom ; il arrive aussi que la même
variété porte des noms différents selon la province où elle a été obtenue
Je diviserai si vous le voulez bien les Kakis en deux groupes : 1» Kakis
sauvages; 2° Kakis cultivés.
Les Kûkis saui'ages ont de ^eliia traits (au maximum 0,01 c), âpres, très
astringents, mais non amers, ils sont en forme de rognon, de cône ou de
sphère aplatie à l'un des pôles.
Dans le centre du Japon on les cultive comme les arbres fruitiers. On laisse
le fût s'élever droit jusqu'à une hauteur de trois à quatre mètres; alors on
le laisse pousser librement. Les fruits cueillis verts au mois de juillet sont
broyés et pressés «îomme des pommes dont on voudrait faire du cidre ; le jus
recueilli dans des tonneaux ou des cruches de grès est mélangé avec une colle
faite de l'amidon qu'on obtient en pulvérisant des racines du Pteris aquilina
(on obtient cette colle en mélangeant l'amidon avec de l'eau bouillante).
Cette colle au jus de Kaki est employée à de nombreux usages : à coller
les papiers'fermant les boîtes à thé, ceux qui forment les lanternes, les para-
pluies, ceux qu'on applique sur les ouvrages en bois, etc., etc.
Le jus de Kakis a la propriété de durcir les bois, de les rendre plus solides
et plus résistants à l'action de l'humidité ; aussi, l'emploie-t-on à peindre les
objets en bois, dont on veut augmenter la solidité et la durée.
— 86 —
Quand les montagnards désirent avoir des fruits très abondants, ils coupent
quelques grosses branches des Kakis, les jeunes branches qui poussent près
la section donnent plus de fruits que les autres.
Le bois du Kakis analogue au bois d'ébène est très recherché en ébénis-
terie. Afin de lui donner une belle couleur uniformément noire, dès que les
troncs sont abattus, on les plonge dans des marais où on les laisse séjourner
deui ou trois ans.
Les Kakis cultivés peuvent se subdiviser en Kakis à fruits âpres et en Kakis
à fruits sucrés. Je fais cette subdivision, parce qu'il y a des Kakis naturelle-
ment sucrés et d'autres qui ne le sont que parce qu'on leur fait subir certaine
opération qui leur enlève toute leur âpreté.
Les Kakis âpres que je connais ne sont pas aplatis comme les Kakis
sucrés, ils affectent ou la forme d'un cœur comme le Mino Kaki ou la forme
d'un boulet comme le Saïjo Kaki.
Les Kakis à fruits âpres alteigaent une hîuteur de 25 mètres, leurs fruits
mesurant au maximum 12 à 13 cent, et au minimum 4à5cent. de longueur;
les meilleurs sont ceux qu'on récolte dans le centre et le midi du Japon.
Quand on veut en extraire le jus, on procoia comma pour les Kakis sau-
vages, mais on les prépare aussi pour être servis sur nos tables. Pour cela il
faut leur enlever leur âpreté. Voici comment on s'y prend: quand le fruit est
mûr, le Saïjo par exemple, on le cueille avant qu'il devienne mou ; on fait,
en enfonçant près de la queue une grosse aiguille en bambou ou en métal,
un trou d'environ trois centimètres da profondeur ; les fruits ainsi préparés
sont mis dans un tonneau défoncé et rempli d'eau chaude (à 40 ou 50») dans
lequel on les laisse 12 à 15 heures.
Cette partie de la préparation est assez délicate, et on n'acquiert de l'habi-
leté que par la pratique, car il faut enlever toute l'âpreté du fruit, sans pour
cela le ramollir, ce qui arriverait si on le laissait trop longtemps dans l'eau
ou si on versait dessus de l'eau trop chaude.
Les fruits ainsi préparés ne doivent jamais être mangés sans être pelés et
sans qu'on en ait ôté l'espèce de moelle (continuation de la queue des fruits)
qui les traverse dans toute leur longueur.
Le Kaki Saijo ainsi préparé est le meilleur da tous les Kakis, mais toutes
les autres variétés de Kakis âpres, le Mino Kaki excepté, peuvent être ren-
dues mangeables de la même manière.
Voici une seconde manière de les préparer:
On pèle le fruit mûr, et on le suspend à l'ombre pour le faire sécher pen-
dant trois à quatre semaines ; au bout de ce temps, on enlève les pépins du
fruit en pratiquant une petite fente allant de la pointe au milieu du fruit.
On roule ensuite le Kaki dans da la farine de blé on de sarrasin, on les
aplatit un peu et on les place \=s uns sur les autres dans des boîtes ; ils
prennent ensuite un aspect analogue à celui des figues sèches mises en boite.
Au bout d'un mois environ on peut les manger, ils sont alors très sucrés et
ont une belle cou'eur jaune, transparente, semblable à celle des veines de
récaille
Les Mino Kakis peuvent être séohés de la manière précédente, mais on en
emploie encore une autre. Voici comment on procède : on prend les plus
longues pailles qu'on puisse se procurer et on les lie à une des extrémités,
écartant alors les brins pràj de la ligatura, on place un Kaki au milieu, le
Kaki se trouvant ainsi entouré da paille, on lie de nouveau, de façon à ce
qu'il se trouve maintenu, ou plaça un second Kaki et on lie da nouveau, ainsi
da suite. On obtient alors une sorte de chapeUt da Kikis revêtue de palle,
mais séparés les uns des autres par un lian, on le suspend à l'ombre pour le
faire sécher, au bout d'un mois les fruits sont mous et très sucrés.
Ce sont ceux que las Européens habitant la Japon préfèrent.
Il y a une troisièmi manière de les rendra mangeables. On prend une
grande caisse pouvant contenir environ 50 kilog. da riz, on couvre le fond
de cette caisse d'un lit de riz assez épais ; sur ce lit on place les Kdkis assez
espacés, et on verse du riz de façon à les couvrir entièrement et à laisser
— 87 —
au-dessus d'eux une certaine épaisseur de graines de riz, on fait un nouveau
lit de Kakis et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait mis à peu prés une ving-
taine de fruits, on remplit la caisse, au bout de qainze jours ou trois semaines
les fruits sont doux et sucrés. Le riz n'a subi aucune avarie et peut être
employé comme s'il n'avait pas servi à cet usage.
Les Kakis à fruits sucrés sont en général moins grands que les Kakis à
fruits âpres, les fruits sont en général aplatis et souvent très déprimés à la
queue ou en forme de pèche.
Pour obtenir des fruits plus abondants, on plie et on étale les jeunes bran-
ches sur des cannes de bambou fixées au tronc de l'arbre lui-même, mais les
branches étant très cassantes, il faut prendre des précautions et ne pas plier
outre mesure.
Les Kakis sucrés se mangent frais venant d'être cueillis, mais la saveur
est souvent moias agréable que celle des Kakis âpres bien préparés. L'extré-
mité du fruit est toujours bonne, mais il arrive quelquefois que toute la par-
tie entourant la queue est âpre. Dans certaines provinces les montagnards
coupent les Kakis, sans les peler, en tranches très minces qu'ils font sécher
au feu ou au soleil; quaud elles sont complètement sèches, ils les pulvérisent
et passent au tamis. Ils se servent de la poudre ainsi obtenue pour faire une
sorte de boisson qu'ils préparent de la même manière que le chocolat à l'eau.
Je désirerais savoir si les personnes qui ont mangé des Kakis au Japon et
qui ont pu se procurer de ces fruits venus en Europe leur ont trouvé la même
saveur, si elle diffère ? Préparés de la même manière que je vous indique
plus haut, ils seront peut-être aussi bons. Il y a un an et demi, en voyageant
en Italie, j'ai vu à Florence de très baaux fruits de Kakis cultivés, mais on
ne connaissait pas la manière de les préparer.
Comme arbre d'ornement, le Kaki est très joli au Japon ; à Nagato où
j'habite, je connais une variété de Kaki âpre nommée Hagakouci Kaki (litté-
ralement Kaki à feuilles cachées), nom bien mérité, car les fruits sont si
nombreux qu'ils cachent non seulement les feuilles, mais les branches et les
rameaux disparaissent sous leur nombre, leurs branches invisibles plient sous
le poids de leurs beaux fruits rouge tomate.
Je ne sais pas si cette variété de Kaki est connue en France. Je crois que
presque toutes les variétés de Kakis réussiraient en Fraiica, dans la région
des vignes, ainsi qu'on le dit dans l'article du Lym-horticole.
Je vous envoie tous ces renseignements sur les diverses manières de pré-
parer les Kakis, parce que je pense que si on n'a pas essayé davantage de
les cultiver, c'est parce qu'on ne savait pas les préparer et les rendre
mangeables. T. Takasima.
Nancy, 22 février 1886.
La culture artificielle du cresson.
Jusqu'à présent, on a cru qu'il était indispensable, pour se pro-
curer du cresson, de posséder une source ou tout au moins un mo-
deste réservoir.
Je vais essayer de détruire cette idée préconçue.
Depuis 1867, je cultive le cresson d'une autre façon et je dois
mon procédé au hasard, dans les conditions suivantes :
J'habitais à Saint-James, une propriété au millieu de laquelle se
trouvait un bas fond que le propriétaire résolut un jour de faire
combler. L'entrepreneur chargé du travail apporta une quantité de
détritus, entre autres des ordures ménagères parmi lesquelles se
trouvaient des épluchures de cresson.
— 88 —
Quelques jours après je fus très étonné de voir sortir un cresson
magnifique, d'une végétation extraordinaire. L'idée me vint d'en
planter une plate-bande, au nord: la réussite dépassa mon attente.
Voici ma manière de procéder :
Après avoir bien préparé la terre et l'avoir bien tassée, on borde
les côtés de la planche sur 0"05 au moins ; on remplit la différence
en fumier très consommé, presque du terreau, et on mouille très
fortement. On plante son cresson à 0"'10 en tous sens par petites
pincées. Entretenir l'eau pendant les chaleurs.
Le cresson dont je me suis servi jusqu'ici est celui qu'on
trouve sur tous les marchés. Après en avoir abattu la tête, je plante
le bas de la botte, ce que l'on jette habituellement.
Une plate-bande de 1"'20 de large sur 4 de long peut certaine-
ment fournir à la consommation d'une maison d'une certaine impor-
tance. — A. Vigneau. [La Maison de Campagne),
Inforinatfons. — Madame la duchesse de Filz-James, bieu connue par
ses publications et les succès qu'elle a obtenus dans son domaine viticole
de Saint-Benezet (Gard), a communiqué à l'Académia des sciences le résultat
de ses expériences entreprises pour combattre le mildiou (mildew^ Elle a
employé le lait de chaux répandu à plusieurs intervalles sur les feuilles
des souches de vigne. Elle affirme avoir obtenu un bon résultat.
— Une exposition des insectes utiles et de leurs produits et des insectes
nuisibles et de leurs dégâts aura lieu, en 1886, par les soins de la So:iété
d'agriculture et d'insectologie, du 1" au 3 septembre.
— La Société nationalo d'agriculture a adopté les conclusions du rapport
de M. Jules Besnard, concernant la destruction obligatoire de la cuscute, et
a décidé de transmettre au Ministre de l'agriculture un vœu favorable à
l'adoption, pour la France, de mesures législatives propres à assurer l'exé-
cution de cette mesure. Quelle manie de légiférer; gendarmes, en prison le
délinquant. Détruisez donc aussi le chiendent par mesure législative.
NonTeaatés — Catalogues. — Crozy aîné, horticulteur, 206, Grande
rue de la Guillotiéro, Lyon. — Calalogue contenant la description de dix
Cannas nouveaux dont les noms suivent et qui sont mis au commerce dès à
présent: Président Dutailly, Amiral Courbet, Souvenir de Jeanne Charre-
ton, Lutea splendens, Victor Gaulf^in. Madame Just, Louise Chrétien,
Souvenir de Madame Liabaud, Ulrich Brunner, Cinabarina. Cannas mis au
commerce les années précédentes et choix des plus belles parmi les ancien-
nes variétés. Bégonia Carrieri, etc.
AVIS.— Le LYON-HORTICOLE paraît régulièrement deux fois par
f?(0!s(le 15 et le 30). Malgré la régularité du service d'expédition il arrive
quelquefois que des numéros s'égarent en route et ne parviennent pas à leur
destination. Nous prions les personnes à qui cela arrive de bien vouloir
nous réclamer les numéros qu'elles n'auraient pas reçus.
Rénnion horticole. — Tous les samedis à 7 heures du soir, réunion
des horticulteurs, Cafiî de la Gaule, 19, rue Puits-GaïUot, Lyon. —
Ordre du jour: Ventes et achats, offres et demandes. Itenaeignements divers.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 MARS N' 6
CHRONIQUE
V engrais chimique. — Et il vint ua jour où un malin soup-
çonna que les plantes, pareilles dans ce cas à l'homme et aux ani-
maux, ne devaient pas spécialement vivre d'amour et se sustenter
d'eau fraîche. La chose fit sourire les doctes de ce temps-là. Ce
malin eut un fils qui passa son existence à prouver que les soup-
çons de monsieur son papa n'étaient pas aussi ridicules que les
académiciens voulaient le donner à entendre. Le fils fut traité de
crétin et le père d'imbécile. Cependant, quelques années plus tard,
les soupçons du mahn se changèrent en certitude et son crétinisme
se transforma en « génie supérieur », — ce qui prouve qu'il ne
faut désespérer de rien ici-bas.
Bien longtemps avant que cette grande découverte eut étonnée
les gens naïfs, de bons paysans, de simples Jacques, a^ aient
remarqué que le fumier était une excellente chose, qui rendait les
choux cabus, les laitues pommées et les poireaux énormes. On dit
même que plusieurs voyageurs qui passèrent dans la Limagne de
l'Auvergne, vantèrent jusqu'à l'hyperbole la grosseur de ses
navets, — que les habitants nomment rabioulcs, — et l'excellence
de ses châtaignes, en affirmant que les qualités que présentaient le
fruit et la racine de ces deux végétaux, étaient la résultante de
l'inépuisable fécondité du sol. Les jardiniers napolitains citent des
exemples de fertilité de la terre natale auxquels le Vésuve, disent-
ils, n'est pas étranger.
Tous ces faits, ces suppositions, ces soupçons réunis avec des
milliers d'autres, ajoutés aux vertus mirifiques du guano, de la
colombine et de la poudrette, ne tardèrent pas à ébranler les
convictions les plus profondes, et l'épaisse couche d'ignorance que
l'humanité agricole avait accumulée sur sa boîte crânienne depuis
les temps préhistoriques diminua de deux millimètres. C'est bien.
Les chimistes s'étant mis à l'ouvrage, creusets, cornues, chalu-
meaux, acides, oxydes et réactifs de toute sorte eu mains, ils
— 90
arrachèrent aux plantes le secret de leur composition et à la terre
qui les nourrit celui de sa fécondité. Les successeurs des alchi-
mistes, ces grands chercheurs de la pierre philosophale, plus heu-
reux que leurs prédécesseurs, trouvèrent la véritable formule pour
faire de l'or, en prenant les végétaux nourriciers pour auxiliaires
et en indiquant les moyens de doubler, tripler et même quadrupler
leur production.
La pratique ne tarda pas à vérifier l'exactitude des données de
la science. C'est de ce jour seulement que date la culture ration-
nelle.
En effet, n'est-ce pas une chose merveilleuse que de pouvoir
dire : telle espèce a besoin de tant de potasse, tant d'azote, tant
de chaux, tant d'acide phosphorique, pour acquérir le maximum de
son développement? N'est-ce pas plus merveilleux encore de pou-
voir ajouter : le terrain dans lequel je cultive cette espèce ne con-
tient que telle ou telle quantité de chacun de ces éléments, j'ajoute
ce qui manque et la voilà placée dans les meilleures conditions
possibles d'alimentation?
Je l'ai déjà dit, et je le répète après les meilleurs esprits de ce
temps, les engrais chimiques ou naturels, parfaitement dosés, doi-
vent devenir la base fondamentale de toutes les cultures. Savoir
dépenser dix pour récolter quarante, c'est la meilleure économie
que je connaisse. Seulement, il faut dépenser à propos. Si votre
sol n'a pas besoin de tel ou tel élément, gardez-vous de jeter votre
argent par la fenêtre. Votre vigne donne-t-elle trop de bois et pas
assez de raisins? Vendez votre fumier, vous aurez double bénéfice :
l'argent du fumier d'abord, et des raisins en plus grand nombre
ensuite.
Le fumier est un excellent engrais, j'en conviens, et cependant
c'est le plus grand ennemi des engrais. Il se présente comme un
mastodonte volumineux ; il a pour lui la routine invétérée de qua-
rante siècles d'agriculture, et fort de son omnipotence, il paralyse
la diffusion, la connaissance du vrai rôle des éléments fertilisants.
Aux neuf dixièmes des cultivateurs, ne dites pas que le fumier
n'est pas le meilleur engrais, car vous seriez honni et conspué. Eh
bien ! je le dis et je le dirai toujours, le fumier n'est pas le meilleur
engrais.
Il n'y a pas de meilleur engrais, si on prend ce mot dans un
sens général, puisque cliaque genre de plante absorbe à peu près
les mêmes éléments, mais en quantités différentes; d'où je tire la
conclusion bien naturelle, que le meilleur engrais pour une espèce,
n'est pas le meilleur pour une autre.
Et pour terminer cette petite note, je dirai aux horticulteurs:
Essayez des engrais, tâtonnez s'il le faut, allez doucement, et sur-
tout ne vous laissez pas voler.
— 91 —
Le vol en matière d'engrais est doublement criminel en ce sens
que, non-seulement il s'empare du bien d'autrui, mais encore qu'il
détruit chez le volé le peu de confiance que lui inspirent les théo-
ries scientifiques et le font retomber dans la routine ruineuse.
Synonyme cl Synonymie. — On dit que deux mots sont synonymes
quand ils ont à peu près la même signification. En botanique, on
appelle synonyme les noms différents donnés par plusieurs auteurs
à la même espèce. Seulement comme les auteurs ne s'entendent pas
sur l'exacte signification du mot espèce, il s'en suit naturellement
qu'il y a des synonymes qui ne sont pas du tout synonymes. Exem-
ples : si je considère le lîosa canina comme une espèce, je dirai que
toutes les roses de ce groupe élevées au rang d'espèces par les
rbodographes modernes, sont des synonymes du Rosa canina, et
j'aurai raison; il en sera de même pour les Mosa rubiginosa, alpina,
gallica et tous les types linnéens qui ont été morcelés par les bota-
nistes depuis Linné. Les auteurs qui ont créé ces nouvelles espèces
no seront pas contents et n'admettront pas cette synonymie. Voilà
donc une catégorie de synonymes suspects.
Ceci me revient à propos des Rosa muUijlora et polyanllia. Ces
deux noms qui ont exactement la même signification grammaticale
représentent assurément des plantes distinctes qu'aucun amateur de
roses ne confondi'a entre elles. Les Rosiers muhifloros yrimpanls cons-
tituent un groupe, et les Rosa polyanllia ou R. multiflores nains un
autre groupe. Au point de vue botanique, si j'admets l'espèce large,
ces deux groupes seront synonymes ; mais si je la morcelle, ils ne
le seront peut-être plus. 11 faudrait, pour trancher la question,
aller faire un petit voyage en Chine, en passant par le Japon ; c'est
un peu loin. Dans le cas où les types sauvages des Rosa muUiflora
et polyanllia seraient identiques, on serait autorisé à conclure que
la grande diversité qui existe dans les jardins entre les variétés de
ces deux types, tient à l'origine hybride de ces variétés.
Problème horlicole. — Un de nos abonnés qui habite le Portugal
nous prie de poser à MAL les rosiéristes le problème suivant :
« Nous avons un rosier ayant trois rameaux taillés chacun au-
dessus du troisième bourgeon ayant la probabilité d'obtenir neuf
branches fleuries. Nous désirerions obtenir directement de ces neuf
bourgeons une production triple. Quelle opération devons-nous
faire pour atteindre ce résultat ? /)
Le problème n'est pas facile à résoudre, parce qu'il y a trop de
termes inconnus. On sait bien qu'il y a trois rameaux et trois bour-
geons sur chaque rameau qui donneront 1res probablemenl neuf
rameaux, mais déjà ce n'est pas absolument certain, car le déve-
— 92 —
loppement de chacun des bourgeons est subordonné aux conditions
suivantes : 1° A la vigueur du sujet; 2" A la nature du sol qui
peut être plus ou moins favorable à la végétation du rosier ; 3° Aux
caractères physiologiques de la variété qui peut avoir plus ou moins
de propension à pousser au développement régulier de lous les
bourgeons ou seulement de quelques-uns.
Si on avait toutes ces données peut-être trouverait-on la solu-
tion du problème. Quoiqu'il en soit, si quelques-uns de nos lecteurs
se sentent assez fort pour éclairer notre correspondant, nous les
prions de bien vouloir nous faire parvenir leur réponse à la ques-
tion posée.
Du repiquage des planls. — Le repiquage des plaats est une des
opérations les plus utiles de l'horticulture, et il est bon de se rendre
compte exactement des résultats qu'elle donne. Repiquer un plant,
c'est l'arracher et le replanter ensuite, après avoir coupé l'extré-
mité de ses racines. Quand on coupe une jeune racine, on l'em-
pêche de s'étendre dans le sens de sa longueur, mais on favorise
le développement de jeunes radicelles qui naissent quelque temps
après. La multiplication des jeunes radicelles met un arrêt au déve-
loppement des racines pivotantes et provoque dans tout le système
radiculaire uno énergie particulière dont la plante profite ensuite.
Cette énergie est causée par l'afïluence des matières nutritives qui
se portent en plus grande quantité vers les parties des racines qui
ont été coupées.
Le repiquage rend les plantes annuelles plus naines et favorise
leur ramification ; il facilite la reprise de tous les arbres ou arbustes
à racines pivotantes. La transplantation des plantes repiquées se
fait aussi sans difficulté. 11 n'y a aucun inconvénient à repiquer
plusieurs fois le même plant.
Dans un certain nombre de cas, il faut repiquer le plant quand
il est très jeune, sans cela, il y a des espèces qui ne le supportent
pas aisément : le réséda, les pavots sont dans ce cas, ainsi qu'un
certain nombre d'espèces à racines nettement pivotantes.
Les arbres et arbustes se repiquent aussi fort bien quand ils ont
seulement quelques feuilles; il y a même quelques sortes qui ne
peuvent se repiquer qu'à ce moment de leur existence. Toutes les
fois qu'on procède à un repiquage, il importe de couper les pivots
et de garantir le plant repiqué contre les rayons du soleil ou les
vents violents.
Prêscrvalion des vignes contre la gelée. — Sous ce titre, le journal
le Midi vinicole publie un article qui m'a paru digne d'être commu-
niqué.
— 93 —
On est à la recherche, depuis longtemps déjà, d'un procédé
simple, peu coûteux et efficace pour préserver la vig-ne contre les
gelées tardives.
Deux systèmes sont en présence : les nuages artificiels et les
arbris en paille.
Ceux-ci ont, paraît-il, toujours donné des preuves certaines de
leur efficacité.
En Bourgogne, différentes formes sont données à ces abris, mais
la meilleure et la plus recommandée est celle en éventail, par les
raisons suivantes: 1° elle exige moins de paille; 2" elle n'entrave
pas le développement des bourgeons ; 3° la paille ne touchant pas
la terre n'est pas sujette à pourrir, comme dans les autres systè-
mes, et peut être employée pour litière alors que toute crainte de
gelée a disparu ; enfin, cette forme permet d'élever l'éventail à une
hauteur plus ou moins grande autour de l'échalas, suivant l'ampleur
de la végétation, puisqu'il est mobile et laisse l'air circuler libre-
ment autour du cep.
M. Gras, chef de culture à Beaune, a trouvé récemment un
moyen bien simple de former l'éventail.
Il prend les deux bouts d'une poignée de paille longue de 60 à
70 centimètres et, tourné vers l'est, il appuie le milieu de la paille
contre l'échalas, ramène et croise devant lui en forme d'X les deux
parties séparées et fait une ligature soit avec de la paille, soit avec
de l'osier ou du chanvre.
Cela fait, il n'a plus qu'à écarter les brins de paille pour former
l'éventail.
En opérant ainsi, on obtient un éventail parfait, bien homo-
gène, qui, tout en pouvant glisser suivant la longueur de l'échalas.
ne peut dévier ni à droite ni à gauche, malgré les plus grands
vents.
Le premier ouvrier venu peut former cet abri avec la plus grande
facihté et protéger, dans une journée ordinaire de travail, près de
4 ares 28 centiares.
Les cépages américains et les gelées d'hiver. — Nous trouvons con-
signé dans la Gazelle du village le fait suivant : a Le 12 et le 13 dé-
cembre dernier, une forte gelée a produit de grands dégâts dans
quelques vignobles du Nord et du centre. Dans les Vosges, aux
environs de Mirecourt, par exemple, le mal est très grand sur les
cépages du pays et surtout dans les bas-fonds. M. Millot a cons-
taté qu'au contraire les vigues américaines n'ont pas souffert du
tout de la gelée, tandis que les cépages indigènes ont les yeux
des sarments gelés , les yeux des cépages américains sont très
sains. V. V.-M.
— 94 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 21 février 4886, tenue dans la
salle des réunions Industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M, J. Chrétien, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/2.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et fdopté.
Correspondance. — Elle se compose :
1° Lettre de la Préfecture du Rhône, en date du 22 janvier, demandant
un extrait du procès-verbal de la séance dans laquelle les modifications das
statuts ont été acceptées ;
2° Lettre de la Préfecture du Rhône, accompagnant un arrêté du Préfet
autorisant l'Association horticole Ij'onnaise à modifier le paragraphe VII de
ses statuts, conformément à la demande que la Société lui avait adressée ;
3'' Lettre de M. le Secrétaire général de la Société nationale d'horticul-
ture de France, informant l'Association que des démarches sont faites pour
que les adhérents au Congrès d'horticulture qui aura lieu en mai prochain,
à Paris, à l'occasion de l'Exposition, puissent profiter de la réduction du prix
des places accordée par les Compagnies de chemins de fer aux membres de
la Société nationale. Avis sera donné aux intéressés si ces démarches abou-
tissent.
4» Lettre de la Société des agriculteurs de France informant l'Association
que la réunion annuelle des sociétaires et des délégués des Sociétés aflîliées
aura lieu le 22 février, au siège de la Société, à Paris.
Lettre de la Société horticole de Grenoble, demandant l'échange des publi-
cations.
Lettre-circulaire du Ministre de l'instruction publique, accompagnant
l'envoi d'une note du Comité des travaux historiques et scientifiques relatives
à l'étude « des assemblées générales de communautés d'habitants sous l'an-
cien régime ».
Lettre de M. Frèze, de Grenoble, remerciant la Société de l'avoir reçu au
nombre de ses membres.
La Société a reçu également plusieurs programmes et règlements de l'Ex-
position générale des [>roduits de l'horticulture qui aura lieu* à Paris du 4
au 9 mai prochaia.
Présentations. — Il est donné lecture de 16 candidatures, sur lesquelles
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, à l'unanimité et sans protestation, comme mem-
bres titulaires de notre Compagnie :
MM. Bouvet (Joseph), horticulteur à Chaponost (Rhône), présenté par
MM. Valette et J. Nicolas.
Birochon (Jean), horticulteur, tailleur d'arbre», cours de la Républi-
que, 9 et 11, Villeurbanne, présenté par MM Yiviand-Morel et
Nicolas.
Perret (Joseph) fils, horticulteur à la Chaléassière, Saint-Etienne
(Loire), présenté par MM. Léonard Lille et Beney.
Poulaillon (Etienne), horticulteur, avenue Vailloud, à Sainte-Foy-lès-
Lj'on, présenté par MM. Pierre Gaillard et A. Jussaul.
Guillermoz (Claude), horticulteur à Crépieu par Caluire (Rhône), pré-
senté par MM. Rivoire fils et Viviand-Morel.
M"" V« Schwartz, horticulteur-rosiériste, 7, route devienne, à Lyon,
présentée par MM. Nicolas et Viviand-Morel.
Paillet (Eugène), fabricant de poterie fine, à Fejsin (Isère), présenté
par MM. Carie et Viviand-Morel.
— 95 —
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Villard, jardinier chez M™" Vachoa-SaulDier, à Ecallj, un pot da
violette, le Czar, en pleine floraison ; une collection de 30 variétés de Camcl-
lia, dont les plus remarquables sont : Ciiandleri panaché, Picturata, Monti-
ronii, Ciiandleri elegans, Marguerite Gouillon.Targioni, Jubilée, Villageoise,
Triumphans, Hendersonii, Colletti, Giardini Franchetti.
La Commission propose d'accorder à cette colleetion de Camellia une prime
de 2' classe.
Par M. Bonnard, chemin de Saint-Alban, Lyon, un pied de Bégonia Rex,
de semis 1885, d'une belle végétation, garni de fleurs; les feuilles ont 0,25
centimètres de long sur 0,20 de largeur, se tiennent très fermes, d'un vert
foncé bronzé parsemé de macules argentées.
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, Lyon, un bel exemplaire fleuri de
Cypripedium Harrmanum, auquel la Commission propose d'accorder une
prime de 2' classe.
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à La Pape. 3 échantillons da
paniers en osier pouvant servir comme suspension de plantes diverses.
Par M. Métra, impasse du Collège (Caluire), un échantillon de Bac carré
se démontant, présentant un avantage pour le rempotage surtout des grosses
plantes cultivées en pots.
La Commission propose l'insciiption au procès-verbal, avec mention par-
ticulière pour tous les objets non primés.
Les propositions de la Commission, mises aux voix, sont adoptées.
L'assemblée procède à la nomination de la Commission des visites pour
l'année 188*5.
Sont nommés : MM. Chrétien, L. Gorret, Grenier, Cl. Jacquier, J. Jac-
quier, Cl. Jussaud, Labruyère, Liabaud, L. Lille, J. Métrai, Musset, Ri voire
fils, Rozain, Brevet.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire-Adjoint, J. Nicolas.
L'Œillet remontant
Dianlhus CaroijphjUus semperflorens
La culture do l'œillet type, si l'on en croit certains écrivains
horticoles, remonte à plus de 2,000 ans.
Nous ne savons rien de ce qui se pratiquait à cette époque et la
science horticole ainsi que toutes les autres, ne datent guère que
d'un siècle, nous ne pouvons retracer que l'histoire contemporaine
de l'œillet.
L'œillet remontant a été créé à Ljon, ce fut M. Dalmais, jardi-
nier chez M. Lacène (ce zélé patron de l'horticulture lyonnaise et
le fondateur de la première société d'horticulture dans notre région)
qui obtint le premier œillet franchement remontant, il y a environ
46 ans (vers 1840). Il mit au commerce en 1844, Atim, qui était
le produit de la fécondation artificielle d'une (soi-disant) espèce,
connue sous le nom vulgaire d'Œillet de Mahon ou de la Saint-
Martin (parce qu'il fleurissait presque régulièrement vers la mi-
novembre) par l'œillet Bichon (ou des Dames).
^ 96 —
Ce premier gain fut ensuite fécondé par des oeillets flamands et
fantaisies, et il en sortit dès 1856 une nombreuse série de variétés
de coloris les plus divers.
M. Schmitt un des horticulteurs lyonnais les plus zélés et des
plus intelligents suivit M. Dalmais dans la voie qu'il lui avait tracée
et augmenta les collections de plusieurs variétés remarquables
telles que Arc-en-Ciel et Etoile Polaire, qui étaient encore culti-
vées il y a peu d'années, mais sont perdues aujourd'hui étant
remplacées par des variétés plus méritantes. Mais vers 1860 une
maladie s'étant déclarée dans ses oeillets, M. Schmitt se décou-
ragea et les délaissa.
Ce fut vers cette époque que M. Alphonse Alégatière s'adonna à
cette culture et en peu de temps lui fît faire des progrès énormes
et c'est à cet habile et persévérant horticulteur que nous devons les
nombreuses variétés naines et remontantes si estimées en Angle-
terre, en Allemagne et en Italie et aussi les moyens de les bien cul-
tiver que nous vous décrivons plus loin.
M. Alégatière ne s'est pas contenté de varier à l'infini les œil-
lets remontants et de les mettre au niveau des anciens œillets des
fleuristes, dans la culture desquels les Belges et les Hollandais
excellaient jusqu'alors, mais il s'était imposé la tâche de nous don-
ner des œillets remontants à tiges florales raides, ce qu'il obtint en
1866.
Et l'on peut dire que M. Alégatière a créé un genre ou une es-
pèce, car ce type se continue parles semis (1). Cette espèce a
donc les mêmes mérites que l'Œillet Flon et a l'avantage sur lui,
d'avoir de grandes fleurs et très variées de nuances (2).
La culture et la multiplication de l'œillet sont des plus faciles
quoiqu'on aient dit certains auteurs. A une époque, pas très éloi-
gnée, l'on disait et imprimait en parlant de la culture de l'œillet :
Le bouturage, vu le peu de chanee de réussite qu'il offre, est le plus
rarement emploijé.
Et alors l'on recommandait de fendre le bas de la bouture et d'y
introduire un grain de blé, d'avoine ou d'orge, d'autres un petit
caillou pour maintenir l'écartement.
Nul doute que par ce moyen le bouturage offrait peu de chances
de réussite, car l'une des parties de latente se pourrissait et si la
plante provenant de cette bouture ne périssait pas, elle restait lan-
guissante. Le bouturage était en conséquence condamné et le mar-
cottage, qui est l'enfant de l'art horticole, était prôné.
(1) Une race permanente est presque une espèce que nous avons cr^é..
(Henri Lecoq).
(2) M. Carie, le successeur de M. Alégatière, continue avec beaucoup de succès
l'amélioration du genre. Les amateurs lui doivent toute une véritable collection
d'ŒiUets remontants qu'il a obtenus de semis à la suite d'hybridations artificielles.
N. ci. la R.
— 07 —
Aujourd'hui que la routine cède le pas à l'observation, à l'étude
intelligente des faits, il est généralement admis que le bouturage
est le meilleur moyen de multiplication pour toutes les plantes.
Ensuite, il est démontré que l'on peut faire plus de boutures d'une
plante que l'on ne peut en obtenir de marcottes ; car les boutures
coupées, la plante chei'che à remplacer ses amputations, à réparer
les pertes qu'on lui a fait subir et reproduit de nouveaux rameaux,
tandis que la plante que l'on soumet au marcottage nourrit ses
membres à moitié amputés, sans songer encore à les remplacer.
Les œillets quoiqu'on ait écrit sur ce sujet prennent très facile-
ment de boutures, qui font certainement, incontestablement, de meil-
leures plantes que les marcottes.
Les boutures d'œillets, dit M. Alégatiàre, peuvent se faire en
toutes saisons, mais pour ceux qui ont des serres et veulent multi-
plier grandement, la meilleure époque est l'hiver, c'est-à-dire jan-
vier et février et ils obtiendront des plantes qui pourront être livrées
à la pleine terre en avril et mai, seront vigoureuses dans le courant
de l'été et fleuriront en automne.
Pour faire ces boutures, point n'est besoin de cloches, les châssis
de la serre suffisent. Le sol de la couche, ainsi que l'air de la serre
doivent être maintenus à une température de 15 à 20 degrés centi-
grades.
Il n'est pas nécessaire d'indiquer comment il faut préparer les
boutures. Tout jardinier sait cela. Mais, un point essentiel pour
la réussite est d'enlever tous les jours les feuilles qui jaunissent, et
il ne faut pas craindre d'enlever les boutures, au contraire, car les
changer de place et de terre ou de sable de temps en temps hâte
souvent la reprise. Pourquoi? Parce qu'il arrive qu'une partie du
talon ou la partie qui l'environne sont moisies, ce qui peut, si cela
ne fait pas périr la bouture, retarder le développement des racines.
De fréquents bassinages sont indispensables, mieux vaut pour
l'œillet l'excès d'humidité que la sécheresse.
Les boutures faites en hiver reprennent généralement en trois
ou cinq semaines, selon les variétés. Jean Sisley,
Monplaiair-Lyon.
Note sur une fascie des rameaux du
Gereus flagelliformis Haw.
Le Ccrcus flaç/clU forints Haw est une des plus anciennes Cactées
connues dans les cultures. Linné l'avait "nommé Cactus jlayriformls.
Avant lui les botanistes de la Renaissance lui donnaient les noms
suivants: PlujUarthus (Neck), Opuntia... (Slan, Bosh, etc.). Ficus
(Ray), Nopalxoch Guezakiquizi (Hern.), Heliotropium , etc. Labou-
ret, auteur d'une monographie des Cactées, lui assigne pour patrie
^ 98 —
toute l'Amérique chaude et il ajoute : « il se rencontre aussi dans
l'Arabie. >> Sans rechercher ce que peut avoir de fondé une aire
de dispersion géographique aussi singulière, je ferai remarquer
toutefois que le Ccreus flagelliformis supporte facilement quelques
degrés de froid et qu'il est beaucoup moins délicat que plusieurs
de ses congénères qui n'habitent pas l'Amérique chaude.
D'après Seringa, le C. flagcUiformis (1) (cierge en serpent)
aurait été introduit du Pérou au Jardin des plantes de Paris par
Bernard de Jussieu en 1734. Quoiqu'il en soit de ces remarques,
le C. Ilmielliformis, dans son état naturel a une tige rampante,
mince, très rameuse, à rameaux presque cyhndriques munis de 10 à
12 rangs de tubercules formant des côtes peu prononcées. Les
aréoles sont à peine cotonneuses ; ses aiguillons courts, un peu
raides. sont au nombre de 8 à \2, rembrunis, disposés en étoile,
et de 3 ou 4 au centre, dorés au sommet et un peu plus longs.
Les fleurs sont très nombreuses, fort élégantes, d'un beau rouge
carmin.
J'ai, il y a déjà quelques années, rencontré sur un individu volu-
mineux et très vigoureux de C. flagcUiformis, un rameau dont l'extré-
mité au lieu d'être cylindrique était aplatie et allait en s'élargissant
de la base au sommet. Je coupais la partie déformée de cette tige
et je la greffais au sommet d'un rameau de C. speciossimtis dont je
pouvais disposer.
Sous l'influence de la greffe, la déformation en question, qui
n'était pas autre chose qu'un cas de fasciation nettement caracté-
risé, prit les formes les plus bizarres que l'on puisse imaginer et
poussa au développement de rameaux tantôt pendants, tantôt
dressés, cylindriques ou aplatis, tourmentés, tortillés, cristés, etc.
Le dessin ci-contre donnera du reste une idée beaucoup plus exacte
que toutes les descriptions qu'on pourrait faire de cette anomalie.
Les cas de fasciation ne sont pas très rares dans la famille des
Cactées, car on signale et on cultive plusieurs variétés de Mainil-
laria, iVEcliinopsis, à'Opunlia, de Cereus et autres genres qui sous
les noms de crislala et de monslriwsa ne sont pas autre chose que
des cas connus en tératologie sous le nom de fascie ou d'expansion
fasciée, suivant l'expression de De Candolle.
« Dans l'état de fasciation, les organes cauUnaires ordinaire-
ment plus ou moins cylindriques, adoptent une forme aplatie et
comme demi-foliacée ; les fibres ou nervures paraissent à peu près
parallèles ou convergentes vers le sommet, mais simples et non pas
épanouies comme celles des organes foliacés (2). »
(1) Flagelliformis (Hngeltum fouet, forma forme).
(-2) D. C, Phys. vcyél., t. Il, p. 195.
'J'J —
Cereus flagelliformis var. cristatus greffé sui* Cereus speciossitnus
Réduit au 1/3 de sa grandeur, d'après une photographie de M. Bernoud, photographe, à Lyon
Le développement des rameaux fasciés a un terme. Après s'être
élargis d'une manière variable , ces rameaux émettent d'autres
rameaux qui à leur tour peuvent reprendre le caractère fascié ou
bien retourner au type normal.
Dans le Cereus flagelliformh cristatus les rameaux qui paraissent
normalement constitués reprennent quand on les gretfe, la forme
cristée. Je n'ai jamais observé de Heurs sur la variété en question;
on sait que l'espèce ordinaire est au contraire très florifère.
On a observé des cas de fasclation sur un nombre considérable
d'espèces qu'il serait fastidieux d'énumérer ici, mais qu'on trouvera
consigné dans tous les Traités de tératologie.
— 100 —
Jardins réguliers.
Loin 'ionc ces froids jardins, colifichets champêtres,
lasipiiles réduits, dont l'insipide maître
Vous vante, en s'admirant, ses arbres bien peignés ;
Ses petits salons verts, bien tondus, bien soignés ;
Son plan bien symétrique, où, jamais solitaires,
Chaque allée a sa sœnr, chaque berceau son frère.
Ses sentiers ennuyeux d'obéir au cordeau.
Son parterre brodé, son maigre lilet d'eau.
Ses buis tournés en globe, en pyramide, en vase.
Et ses petits bergers bien guindés sur leur base.
Laissoz-le s'applaudir de son luxe mesquin.
.Je préfère un champ biut à son triste jardin.
Delille.
Nous avons donné dans le numéro 2 de notre revue la reproduc-
tion d'un jardin français en la faisant précéder d'une courte note
relative au rôle que doivent jouer les formes régulières dans la
composition des jardins. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir
s'y reporter. Dans cette note nous annoncions que nous donnerions
quelques-uns des plus jolis modèles de jardins de styles réguliers,
afin que le cas échéant ceux de nos lecteurs qui auraient à raccor-
der « un paysage » avec la partie architecturale d'une propriété
puissent s'inspirer de leur composition. Nous tenons notre parole
en publiant aujourd'hui un autre modèle de jardin français.
Quand on discute sur 1' « An des jardins n suivant le point de
vue où on se place, la discussion prend quelquefois une tournure
singulière très amusante. J'espère un jour vous raconter une his-
toire sur ce sujet.
En attendant, voyez si Delille éreinte assez les jardins français
qu'exaltaient les poètes des siècles de Léon X et de Louis XIV ?
Colifichets, insipides réduits, arbres bien peignés, sentiers ennuyés,
etc. ; aucune expression désagréable ne manque à ces pauvres
jardins.
Je ne comprends pas pour ma part qu'on discute un paysage et
quand il s'agit d'une vaste étendue de terrain à transformer en jar-
din, je ne sais pas si je donnerais la préférence au Poussin, à
Claude Lorrain, à Rousseau, à Millet, à Corot, à Daubigny, à
Appian ou à tant d'autres « grands peintres paysagistes » , si tou-
tefois ils étaient encore tous de ce monde et qu'ils voulussent bien
s'occuper de cette transformation ? La « belle nature »> se présente
sous tant d'aspects enchanteurs qu'il est bien permis d'hésiter entre
les mille manières de la trouver belle. Mais quand je vois vallonncr
des pelouses grandes comme des mouchoirs de poche, transformer
en chemin creux un square de 100 mètres carrés, sous prétexte
qu'il y a quelque part des vallons et des collines. Ah ! je vous
prie, laissez-moi rire et malgré Delille et ses vers j'ai envie de
— 101
i^X^^^ÂXl 0.<è.4€4^4V
41
4.
4.4.4.4.44.4.
_ 4Aa.<^4a444.^4^4.4.4.abâ.C
Jardin français du xviii" siècle, d'après un dessin de Liger.
Légende : 1 Façade' de la maison — 2 Terrasses. — 3 Cascades. — 4 Parterres. — 5 Pièces d'eau.
6 Statues. —7 Bosquets. — 8 Boulingrins. — 9 Bois percés.
crier bien haut : Vive le jardin français ! mais je crains que ce cri
factieux me fasse lapider comme autrefois le diacre Etienne, et je
ne tiens pas à être lapidé. S. Gryphe.
— 102 —
Chauffage des serres
De tous les genres de chauffage dont j'ai eu l'occasion de faire
l'essai, aucun jusqu'ici ne m'a donné plus de satisfaction, sous le
rapport de l'économie et capacité de chauffage, que le système du
therraosiphon par compression. J'ai réussi à modifier le système de
Parkinson (qui nécessitait une pression de 75 à 100 kilog., et par
conséquent dangereux), en employant des tuyaux à vapeur de six
centimètres de diamètre, en proportion d'un quart de ceux employés
pour le chauffage au thermosiphon ordinaire.
Au heu de chaudière, je me sers seulement d'un retort en spi-
rale qui peut être simple, double ou triple, selon la quantité d'eau
à circuler. Une pression de 5 à 10 kilos, réglée par une soupape
de sûreté et quelque peu d'espace pour expansion, est suffisant
pour garantir de tout danger.
Il est tout naturel, que pour produire la pression, l'appareil
doit être fermé hermétiquement et à peu près plein d'eau.
Les avantages que j'ai obtenus par ce procédé, sont d'abord une
économie nette de 50 pour 100 dans la construction de l'appareil,
aussi bien que dans l'emploi du combustible, charbon de pierre
(ou anthracite) ; la quantité d'eau à chauffer étant diminuée des
trois quarts, avec une circulation très prompte et très rapide,
qu'une fois établie, se maintient avec fort peu de feu (qui doit
être placé au centre du retort). La chaleur de l'eau sous compres-
sion est égale à la vapeur, plus permanente que celle-ci, et ne
demande pas plus de soins qu'un chauffage ordinaire.
La nécessité d'employer des chauffages à toute épreuve, se com-
prendra facilement, avec un climat aussi rigoureux que celui de
l'Amérique du Nord, où la température descend très souvent de
25 à 35° centigrades en dessous de zéro, des serres n'étant jamais
couvertes en hiver, et forçage continuel pour se procurer des fleurs
pendant la morte saison. Denys Zirngiebel.
Needham Massachusetts, 26 février 1886.
Repiquage des melons en caisses (l).
Une innovation ingénieuse est due aux recherches de M. Boulât,
et sera adoptée bien certainement par tous les primeuristes dès
qu'elle sera connue. Nous voulons parler du repiquage des melons
en caisses.
Ces caisses, destinées à recevoir chacune deux pieds de melon,
ont O^.éS de longueur, O'^jSO de largeur, et 0™, 12 de hauteur.
(1) Estrait d'un Rapport de M. Oudiné sur les cultures de M. Boulât, jardinier
à Troyes. Bull. soc. d'hort. de l'Amibe.
— 103 —
Le fond est remplacé par un simple fil de fer, cloué en zigzag sur
les côtés de la boîte.
Au commencement de février, le primeuriste établit une couche-
mère sur laquelle il sème les melons de T" saison, comme pour la
culture ordinaire.
Une seconde couche, destinée au repiquage^ et sur laquelle sont
placées les caisses (18 par châssis double), est établie en temps
opportun.
Une fois repiqués dans les caisses, les plants peuvent y subir
jusqu'à quatre tailles avant d'être mis en place, ce qui est très
avantageux, puisque, à cette époque, les châssis sont encore im-
mobilisés par la première culture qui est en plein rapport.
Dès que les châssis deviennent disponibles, les couches sont éta-
blies et les melons plantés.
La mise en place est des plus simples. Il suffît de ménager ou
de faire le trou destiné à recevoir le contenu de la caisse. On met
cette caisse en place ; puis, après avoir décloué le fil de fer, qui,
comme nous l'avons dît, est fixé sur les côtés, on enlève le cadre,
sans que les racines soient mises à nu, et alors au lieu de languir,
le plant retrouve une nouvehe chaleur qu'il ne recevait plus de
son ancienne couche déjà épuisée, il pousse avec une nouvelle
vigueur.
La Commission a pu constater de visu que des fruits noués avant
la mise en place n'en avaient nullement souffert. Elle est donc au-
torisée à préconiser ce mode de culture, tout en laissant à chacun
le soin de choisir telle variété de fruits qui lui conviendra.
Rose William-Francis Bennett
Cette rose proclamée et annoncée depuis déjà quelques années,
vendue à N. Evans en Amérique, au prix f^ibuleux de 5.000 dol-
lars, fait enfin cette année son entrée sur le continent européen.
L'heureux obtenteur et vendeur de cette rose est un amateur
anglais W. F. Bennett, qui depuis quarante ans, s'est occupé avec
prédilection de l'élevage et de la multiplication des rosiers, en se
procurant chaque année les nouvelles variétés livrées au commerce
par les rosier isles semeurs de Lyon et Paris.
M. Bennett n'était ni rosîériste, ni horticulteur, il s'occupait
d'agriculture et principalement de l'amélioration des races bovines
en procédant par des croisements judicieux, et en sélectionnant les
produits. Connaissant à fond les lois de la nature et l'immense
champ de découvertes encore à explorer dans le domaine de la
reine des fleurs, il se décide à travailler cette plante. Dans ce but
il fit un voyage sur le continent, visitant les principaux semeurs,
cherchant à connaître ce qu'ils faisaient réellement pour l'obtention
— 104 -^
de nouvelles roses, il ne tarda pas à constater de visu que la plu-
part des semeurs renommés opéraient, pour l'obtention de nou-
velles sortes, à peu près de la même manière que les éleveurs de
bestiaux des prairies de l'Amérique, c'est-à-dire laissant faire le
hasard et la nature (1).
Frappé de cet état de choses, M. Bennett résolut de perfectionner
cette culture. Il ne se fit pas d'illusions sur les difficultés à vaincre,
avant d'obtenir un résultat. Il fallait chercher et avoir de la pa-
tience. Son but était de trouver par fécondation artificielle des
hybrides à fleurs jaunes et blanches pures, ainsi que des thés et
hybrides de thés de coloris rouge foncé, remontant facilement,
comme tous leurs congénères. Ses premiers essais furent couron-
nés de succès, quoiqu'en disent ses détracteurs. Los roses de Ben-
nett ne sont pas des roses de pleine terre proprement dites, c'est
pourquoi elles sont peu aimées sous nos climats, en Amérique, en
Angleterre et eu Allemagne, par contre les variétés de Bennett
font fureur parce qu'elles fleurissent facilement sous verre et elles
sont cultivées en quantités considérables pour la fleur coupée ; ses
rosiers cultivés en pots fleurissent à chaque pousse, et les fleurs
se renouvellent incessamment pourvu qu'ils soient cultivés convena-
blement et rationnellement.
La rose W. F. Bennett est le plus beau gain obtenu par ce se-
meur, c'est une plante de la série des hybrides de thés, issue d'un
croisement du Thé Président (Adam) et Hybride Xavier Olibo ;
comme forme elle ressemble au thé Niphetos, boutons allongés,
de la couleur Général Jaqueminot, excessivement remontante, et
extra pour floraison d'hiver.
Les quelques pieds originaux que je possède en pleine terre sous
verre, et que je n'ai pas employés pour la multiplication sont au-
jourd'hui couverts de boutons et de fleurs. L'avenir décidera si tous
les éloges prodigués à cette reine des fleurs sont sincères.
U. Brunner Fils, Rosiériste.
Lausanne, le 10 mars 1886.
(1) Si M. Bennett est un bon semeur de roses, c'est à coup sûr un très mauvais
diplomate, car s"il eut été seulement de la force je ne dis pas de Taleyrand, mais
d'un simple secrétaire d'ambassade, il aurait peut être mis trois jours i\ apprendre,
— mais il l'aurait appris, — qu'à Lyon, par exemple, s'il y avait des rosiéristes qui
attendaient leurs gains du hasard, il y en avait d'autres qui connaissaient les lois de la
fécondation artificielle, ainsi que celle de la production des hybrides, mulets, bâtards
quarterons et autres. Il aurait pu apprendre que Gnillot, Dncher, Laeharme, Levet
Rambaud et tant d'autres savaient parfaitement porter le pollen d'une variété sur les
stigmates d'une autre, et si MM Bennett avait poussé sea investigations plus Ion il
aurait encore pu apprendre que l'obtention de certains métis, qui ne sont pas très
beaux, donnent, quand on sème leurs graines, presque régulièrement de très belles
variétés nouvelles et qu'il faut un («c( spécial pour juger de la valjur des métis
susdits. Cela, simplement pour montrer que si M. Bennett est un bon fécondateur
de roses, il n'est pas le premier qui a eu l'idée de féconder les roses.
{Noie de la Bèdaction.)
— 105 —
Les engrais de la vigne
Une très intéressante conférence sur les engrais de la vigne a
été faite par M. Joulie à la Société d'agriculture de Vaucluse, au
mois de décembre dernier. Recueillie par M. Ricard, secrétaire de
la Société, cette conférence a été publiée, et nous allons en extraire
quelques renseignements dont nos lecteurs feront leur profit.
M. Joulie a recherché, par de nombreuses analyses chimiques,
les proportions relatives des éléments essentiels qui entrent dans la
composition des cépages de plusieurs variétés, à diverses périodes
de leur végétation ; il a étudié l'influence particulière de chaque
élément sur la végétation et la fructification de la vigne, et il a pu
ainsi en déduire des indications précises sur la nature et la compo-
sition des engrais à employer pour cette culture dans les différents
sols.
Une première constatation se dégage de ces études : c'est que la
nature des produits de la vigne, c'est-à-dire leur composition et
leur qualité, dépend surtout du cépage et n'est que faiblement in-
fluencée par la composition du sol, tandis que le développement de
l'arbuste et l'abondance de ses produits sont, au contraire, en rap-
port direct avec la richesse en éléments essentiels.
Ces éléments essentiels sont, en première ligne, la chaux, puis
l'azote ; la potasse est au troisième rang ; viennent ensuite l'acide
phosphorique et la magnésie. La chaux, l'azote et la magnésie
intervieanent surtout pour la production des bois et des feuilles ; la
potasse et l'acide phosphorique jouent un rôle prépondérant dans
la formation du fruit.
Pour que la vigne se développe régulièrement et normalement,
dit M. Jouhe, il faut que le sol où elle est cultivée lui fournisse les
éléments minéraux (acide phosphorique, potasse, chaux, magnésie)
dont elle est elle-même composée dans les proportions suivantes :
pour 1 d'acide phosphorique, 3 de potasse, 4 de chaux et 1 de
magnésie. Si le sol ne présente pas naturellement une composition
capable d'alimenter la vigne dans ces proportions, de deux choses
l'une : ou elle refusera d'y prospérer si les écarts sont trop grands,
ou, s'ils sont moins importants, elle y poussera d'une manière anor-
male et produira peu.
Si la chaux et la magnésie sont abondantes pendant que l'acide
phosphorique et la potasse font relativement défaut, la vigne pro-
duira du bois et des feuilles, mais très peu de fruits. Si, au con-
traire, la potasse et l'acide phosphorique sont abondants et la chaux
et la magnésie rares, l'arbuste se développera relativement moins,
mais produira une quantité de fruits proportionnellement élevée*
Si la potasse est abondante, les grains de raisin seront nombreux et
— 106 —
bien développés ; si elle vient à manquer pendant que l'acide phos-
phorique abonde, les grains seront rares, petits, et contiendront
des pépins nombreux.
L'azote joue un rôle fort important ; la vigne en contient pres-
que autant que de chaux. Mais, d'après M. Joulie, cet élément peut
être fourni en partie par l'atmosphère, autrement on ne s'explique-
rait pas qu'elle puisse végéter sur des coteaux arides et prospérer
dans des sols qui produisent à peine quelques mauvaises herbes.
Dans les terrains riches en matières azotées, la vigne pousse
avec trop de vigueur et elle produit beaucoup de bois et de feuilles
aux dépens d'une bonne fructification.
Supposons la vigne plantée en sol calcaire d'une composition
favorable, et voyons avec M. Joulie quels engrais on doit employer
et à quelle dose il faut les appliquer.
La composition de l'engrais est théoriquement indiquée pour 1
d'acide phosphorique, 3 de potasse, 4 de chaux, 1 de magnésie et
4 d'azote. Mais l'expérience ayant montré que la vigne s'emporte
sous l'influence des engrais organiques trop abondants, on peut sans
inconvénient supprimer l'azote partout où la vigne pousse suffisam •
ment, et le réduire, dans tous les cas, à une proportion à peu près
égale à celle de l'acide phosphorique. Quant à la magnésie, elle se
trouve généralement en quantité suffisante dans le sol pour qu'on
en puisse faire l'économie. En définitif, l'engrais type à employer
est donc composé de 3 de potasse, 4 de chaux, 1 d'azote et 1 d'a-
cide phosphorique.
Il va sans dire que la composition de l'engrais propre à la vigne
ne doit pas être partout la même. Dans certains cas, il importe de
supprimer ou d'augmenter la dose de ses composants pour des
raisons physiologiques spéciales. Ainsi, par exemple, il est non
seulement inutile, mais nuisible, de mettre de l'azote quand la vi-
gne pousse d'une façon exubérante ; de même que ce serait dé-
penser son argent en pure perte que d'ajouter de la potasse à un
sol qui en est suffisamment pourvu. L'analyse de la terre donne à
cet égard au viticulteur des indications dont il doit tenir compte.
Selon M. Joulie, une terre est convenablement fertile pour la vigne
quand elle contient, dans 100 kilos, 10() grammes d'acide phospho-
rique, 250 grammes de potasse, 5 kilos de chaux, 200 grammes
de magnésie et 50 grammes d'azote. Toute terre dont les dosages
en acide phosphorique, potasse, chaux ou magnésie, sont égaux
ou supérieurs à ceux que nous venons d'indiquer, n'a besoin d'au-
cun engrais contenant ces éléments (1).
Or, la vigne exige en moyenne 2 gr. 20 centigr, d'acide phos-
phorique pour produire 1 kilo de raisin, soit 11 kilos d'acide
(]) Extrait de la Fcauce ag'rJco?e.
— 107 —
phosphorique par hectare pour une récolte de 5,000 kilos de rai-
sin, donnant 30 hectolitres de vin. Donc, l'engrais nécessaire pour
une récolte de 30 hectolitres de vin par hectare doit contenir au
moins 11 kilos d'acide phosphorique, 33 kilos de potasse, 44 kilos
de chaux et 1 1 kilos d'azote. Mais, dit M. Joulie, on ne peut es-
pérer que l'engrais mis en terre sera totalement absorbé par les
racines, sans aucune déperdition. D'ailleurs, une récolte de 5,000
kilos de raisin à l'hectare n'est pas considérable et il n'est pas rare
d'obtenir deux ou trois fois cette quantité, suivant que l'on cultive
des cépages plus ou moins favorables. 11 est donc de bonne pratique
d'augmenter la dose d'engrais dans la mesure nécessaire pour faire
face à la production maximum que l'on peut espérer. Cette dose
doit être augmentée surtout quand il s'agit de relever une vigne
affaiblie qui reçoit des engrais pour la première fois.
loforiuatiou». — Les déclarations des horticulteurs étrangers pour
rintroduction en France des plantes, arbres et arbustes autres que la vigne,
seront désormais débarrassées de la formalité du timbre et de la légalisation
consulaire. Cette simple mesure permettra de pouvoir, par exemple, intro-
duire d'Angleterre en France des plantes sans avoir à dépenser 13 francs
pour chaque eipéditioa de plantes.
— M. Ch. Baltet, horticulteur à Troyes, vient d'être nommé chavalier de
Tordre de Léopold.
— Un concours pour l'emploi de professeur du cours municipal et dépar-
temental d'arboriculture aura lieu à Paris le 10 mai 1886.
— L'Exposition d'horticulture qui devait s'ouvrir à Paris du 4 au 9 mai
prochain s'ouvrira le 11 mai pour se terminer le 16. Le Congrès s'ouvrira le
13 mai.
— Du 20 au 30 mai, la Société horticole du Loiret tiendra à Orléans une
Exposition d'horticulture. Adresser les demandes avant le 1" mai à M. Fou-
card, président de la Société, route d'Olivet, à Orléans.
— La Société d'horticulture de la Côte-d'Or fera à Dijon, du 29 mai au
6 juin IS^ô, une Exposition d'horticulture. Adresser les demandes, avant le
l'' mai, au secrétaire de la Société, 12, rue Vauban, à Lyon.
— On annonce la mort di M. Ed. Morren, professeur de botanique à
rUniversité de Liège, directeur de la Belgique horticole. La botanique et
l'horticulture perdent en M. Morren un savant des plus distingué?. M. Ed.
Morren, qui s'occupait de toutes les branches de la bolan'que horticole, s'était
plus particulièrement voué à l'étude des Broméliacées.
— On annonce la mort de M. Tulasne, botaniste, qui s'occupait surtout
de cryptogamie, et celle, à un âge très avancé, de Duby, l'auteur du Bota-
nicon yallicum.
— Des concours pour la nomination de professeurs d'agriculture seront
ouverts en 1886, dans les départements suivants : Morbihan, Oise, 3 mai;
Cantal, Marne, 10 mai ; Ardèche, Haute-Saône, 14 mai.
— Le gouvernement tunisien, sur l'avis de notre résident général, vient
de rendre un décret prohibant expressément l'entrée en Tunisie des ceps et
feuilles de vigne, plants d'arbres et arbustes et en général toute espèce de
végétaux. Exception est faite pour les provenances d'Algérie.
L'Exposition d'horticulture qui devait avoir lieu à Hyères (Var) en mars
1S86 a été renvoyée en février 1887.
— 108 —
— La 149" Exposition florale organisée par la Société royale d'agriculture
et de botanique de Gand aura lieu au Casino de cette ville les 11 et 12 avril
1886.
— Sur la proposition de M. Jules Ginot, la Société d'agriculture de la
Loire a émis le vœu que l'Etat et le gouvernement s'occupent de l'instruction
technique agricole des femmes, dont le rôle est si important dans l'adminis-
tration d'un domaine ; elle demande, en conséquence, que des écoles d'agri-
culture pour les femmes soient promptement créées.
— 'L'Officiel vient de publier un arrêté annexant au concours régional
agricole de Dijon de 1886 un concours spécial d'appareils, instruments et
procédés contre les cryptogames et les insectes nuisibles à la viticulture et à
l'agriculture.
— La Ville de Paris a résolu de fonder en Algérie une école d'agriculture
ouverte aux enfants du département de la Seine et destinée à former une
pépinière de bons travailleurs agricoles pour notre colonie.
L'établissement sera principalement aifecté à la viticulture, qui s'étend de
jour en jour en Algérie.
A la sortie de l'école, chaque jeune colon recevra, après avoir satisfait à la
loi militaire, une concession de terrain qui lui appartiendra en toute pro-
priété.
— Le ministre de l'agriculture vient de décider que les concours spéciaux
d'instruments propres à appliquer les remèdes contre le mildew auront lieu,
cette année, dans les concours régionaux agricoles d'Agen, Bourges, Cler-
mont-Ferrand et Marseille.
Des prix seront attribués de la manière suivante :
1° Aux instruments servant à répandre les liquides par pulvérisation ou
aspersion ;
2° Aux instruments servant à répandre les matières semi-fluides ;
3° Aux instruments servant à répandre les matières pulvérulentes.
Catalogne». Nouveaiifés. — Laurent Carle, horticulteur, routd
d'Hejrieux, 128, Monplaisir-Lyon. — Catalogue spécial aux Œillets remon-
tants, contenant l'énumération et la description de très nombreuses variétés
nouvelles et anciennes. Choix de variétés très florifères cultivées en très
grand nombre pour la floraison d'hiver. Graines d'ŒiUets remontants fécon-
dés artificiellement. Notice sur la culture de l'Œillet
V. Lemoine, horticulteur, rue de l'Etang, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
— Catalogue des espèces et des variétés cultivées dans l'établissement.
Plantes nouvelles dans les genres suivants : Bouvardia, Pelargonium (gran-
des fleurs, zonales), Delphinium, Potentilles doubles, Clématites. Plantes de
serre chaude, de serre tempérée, d'orangerie et de pleine terre.
Ed. Pynaert-Van Geert, horticulteur, porte de Bruxelles, à Gand (Bel-
gique).— Catalogue illustré de 110 pages, contenant l'énumération de toutes
les plantes cultivées dans l'établissement. Plantes nouvelles, rares ou peu
répandues. Bégonias hybrides, Coleus, etc. Plantes de serre chaude, de serre
tempérée, d'orangerie et de pleine terre. Arbres et arbustes.
AVIS.— Le LYON-HORTICOLE paraît régulièrement deux fois par
mois{[e 15 et le 30). Malgré la régularité du service d'expédition il arrive
quelquefois que des numéros s'égarent en route et ne parviennent pas à leur
destination. Nous prions les personnes à qui cela arrive de bien vouloir
nous réclamer les numéros qu'elles n'auraient pas reçus.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Ballon, r. de la République, 33
1886 AVRIL N" 7
CHRONIQUE
Poire Filai. — Malgré tout le respect que nous devons à la Po-
mologie en général et aux pomologistes en particulier, nous sommes
obligés de constater que la partie technique de l'art horticole qui
s'occupe de décrire et de classer les fruits de nos pays, principale-
ment les poires et les pommes, ne fait pas des progrès aussi ra-
pides que la chimie ou la mécanique, par exemple. Il y a de savants
pomologues, il faut en convenir, mais je pense que si on les réu-
nissait tous on aurait de la peine à remplir les quarante fauteuils de
l'Académie. C'est une science difficile que la pomologie, et sur-
tout bien singuHèrement constituée : elle n'a ni commencement,
ni fin ; je crois même quelle commence par le milieu.
On a écrit de gros livres sur les poires, d'énormes bouquins
sur les pommes, de petits in-octavo sur les pêches, des brochures-
plaquettes, etc., sur les prunes, les cerises, et la science n'en est
pas plus avancée pour cela ; c'est du moins l'avis de mon voisin,
homme peu instruit, c'est vrai, mais, à mon avis, très savant dans
l'art du gros bon sens. lime disait (un jour que je lui montrais sept
ou huit volumes dans lesquels il y avait des descriptions de poires
en assez grand nombre) : « A quoi cela te sert-il, ces gros livres-
là? » — A trouver le nom des poires que je ne connais pas.
— « Cause toujours, mon vieux, me dit-il familièrement, je te
tiens. Attends-moi dix minutes. » Il m'apporta un instant après
quelques poires et des branches et ajouta : « Dis-moi le nom de
cette poire et je t'offre à dîner. »
« La pomologie, vois-tu, c'est les pomologues, elle commence
dans les vergers, elle continue dans les vergers et finit dans les
vergers. Plus ta collection sera nombreuse, plus tu connaîtras de
poires, si tu es apte à les connaître. Ne sors pas de là, et ne fais
pas le malin, car quand même tu connaîtrais toutes les poires dé-
crites dans tes livres, tu ne les connaîtrais pas toutes. Il j en a de
nombreuses variétés localisées çà et là un peu dans tous les pays où
il y a des poires. Ainsi tout récemment on a découvert que la
Poire Filai valait la peine d'être cultivée. Un simple cultivateur de
Cergy (Seine-et-Oise) avait remarqué, il y a quelque chose comme
quatre-vingts ans, un sauvageon de poirier qu'il prit sous sa protec-
tion. Et le sauvageon se trouva plus tard d'un bon rapport et pourvu
d'excellentes qualités. »
Ah ! qu'il y en a par le monde des poires Vital.
Exposition dliorticullure de Grenoble. — La Société horticole Dau-
phinoise organise à Grenoble, pour les 18, 19, 20 et 21 juin pro-
chain, une exposition d'horticulture à laquelle le département du
Rhône est appelé à prendre part. De nombreuses récompenses
seyont décernées aux lauréats des concours.
Déjà l'an dernier, en septembre, la jeune Société grenobloise
tenait une exposition qui a été très brillante sous tous les rapports,
et qui a réussi au-delà des espérances de ses organisateurs. Nous
espérons que, cette année, nos collègues du département du Rhône
ou des autres départements voisins voudront bien aller à Grenoble
contribuer à l'éclat et à la réussite de cette exposition. Ils peuvent
être sûrs qu'ils seront bien accueillis par leurs confrères grenoblois.
Et moi je leur affirme qu'ils ne perdront pas leur temps, ni leur
argent en allant montrer leurs produits dans la capitale de l'ancien
Dauphiné. Pour les demandes d'admission, s'adressera M. le Se-
crétaire de la Société horticole Grenobloise, rue Créqui, 32, à
Grenoble, ou à M. Hoste, horticulteur, rue des Dahlias, à Lyon-
Monplaisir.
Lilas à fleurs roses. — Dans une note publiée dans les Annales de
la Société nantaise d^ horticulture, M. Renault conteste « la nou-
veauté » du lilas à fleurs roses mis au commerce par M. Scipion
Cochet, sous le nom de Syringa vidgaris var. Clara Cochet. M. Renault,
qui, du reste, ne met pas en doute la bonne foi de M. S. Cochet,
prétend que cette variété n'est nullement nouvelle, qu'il la possède
depuis douze ans, et qu'elle était connue dans l'Orne depuis nombre
d'années.
M. Renault sentant bien l'objection qu'on pourrait lui faire,
c'est-à-dire que la variété qu'il possède et celle de M. Cochet sont
deux variétés distinctes, va au-devant de la question et s'en rap-
porte non-seulement à l'image publiée, mais encore à la description
qui l'accompagne. Malheureusement la citation de la description
n'est pas faite pour démontrer l'identité de deux variétés, attendu
que dès Je début de cette citation, à propos de la longueur des
— 111 —
thyrsesdu lilas Clara Cochet, il ouvre la parenthèse suivante : « Ici
une légère différence à l'avantage du mien, dont les thyrses présen-
tent un développement plus considérable; cela tient-il à l'influence
du climat ou à celle du sol? Je l'ignore. »
Etant donné le grand nombre de variétés de lilas cultivées, les
caractères physiologiques peu tranchés qui séparent la plupart
d'entre elles ; étant donné également qu'il existe plusieurs variétés
de lilas à fleurs roses connues dans les cultures, sans pour cela être
identiques sous d'autres rapports (précocité, vigueur, générosité
ou avarice florales, port de l'arbre, etc.), ne pourrait-il pas se
faire que la variété Clara Cochet soit distincte de celle cultivée par
M. Renault?
Je pense qu'une simple description horticole, même accom-
pagnée d'une image, ne suffît pas pour trancher la question. Il fau-
drait pour cela faire une étude sur le vif ou cultiver parallèlement
les deux variétés.
V acide phénlque emploijc comme chaulage. — Nous trouvons dans
la Francr fl(/nco/e la petite note suivante, qui intéressera certaine-
ment )a plupart de nos lecteurs :
« Les Anglais emploient l'acide phénique comme chaulage. C'est
un produit qui donne d'excellents résultats, mais qui exige beau-
coup d'attention ; à de très faibles doses, il détruit la propriété
germinative du blé.
« Dix grammes d'acide phénique suffisent pour donner à un
hectolitre d'eau assez d'odeur pour éloigner les insectes, mais alors
il faut mouiller le grain et l'égoutter immédiatement, il ne faut,
pour ainsi dire, pas de contact. A ce sujet, qu'il ma soit permis de
citer un exemple utile à la culture.
« Un de mes amis, cultivateur, sème chaque année du maïs en
mai. Pour le soustraire à la voracité des corneilles, il est obligé
de faire garder ses semis. Cette année, sur mon conseil, il a sim-
plement trempé les grains de maïs dans de l'eau phéniquée, pas
un grain n'a été touché par les corneilles.
(( Dans son jardin, le même cultivateur s'affranchit de limaces
en entourant les plants ou fleurs à protéger par des cailloux trem-
pés dans de l'eau phéniquée et placés à la surface du sol. »
Piriphilie. — Sous ce titre, le frère Louis publie, dans le Sud-
Est, une petite note dans laquelle il indique le procédé suivant pour
obtenir, en trois ou quatre ans, la fructification des poiriers de
semis. Voici ce procédé : du 15 septembre au 30 octobre de la
première année de végétation du jeune poirier de semis, «je lui
— 112 —
coupe la tête, j'enlève les feuilles ras les boutons et je greffe cette
tête sur une branche charpentière d'une pyramide déjà à fruit. Au
printemps de la troisième année d'existence de cette greffe, on sup-
prime les rameaux inutiles et, dès le commencement de juillet, on
examine les branches qui paraissent avoir le plus de chance de
produire des boutons à fruit, on prend un fil de fer très doux et à
mi-tige on fait une ligature qui équivaut à une incision annulaire ;
la sève descendante est arrêtée à la ligature et des boutons flori-
fères se forment. Du 15 septembre au 15 octobre on greffe les
boutons à fleurs produits à l'extrémité d'une autre branche char-
pentière. On protège au printemps la floraison des boutons à fruits
greffés, au moyen d'une petite cloche volante qu'on enlève quand
les fruits sont noués. La même pyramide peut recevoir autant de
variétés qu'elle compte de branches charpentières. Avis aux semeurs.
Poireau perpétuel. — M. Carrière signale un singulier poireau
qu'il a reçu de M. A. Got, grainier à Vilmoutiers (Orne). Cette
variété est cœspiteuse, c'est-à-dire qu'elle produit plusieurs tiges
au lieu d'une seule. Elle est vivace comme tous les poireaux. Je
souligne ces trois derniers mets, parce que quelques-uns suppo-
sent bien à tort que les poireaux sont annuels. On les cultive
comme plantes annuelles, j'en conviens, mais ils sont très vivaces.
Voulez-vous vous en assurer, l'expérience est simple ; ne les arra-
chez pas pour les manger et vous les verrez vivre et pousser en
touffe comme le poireau perpétuel. A ce compte- là il ne serait pas
difficile de transformer toutes les plantes vivaces en plantes annuel-
les : il suffirait de les arracher au bout de six mois.
fj emploi du sable dans les repiquages et les plantations. — Il est dif-
ficile de faire réussir les repiquages et les plantations des espèces
délicates ou à racines fragiles dans les terrains « gras » , c'est-à-
dire argileux ou argilo-calcaires. Quelques jardiniers, mal inspirés,
pratiquent un trou qu'ils remplissent de terreau pour y recevoir la
jeune plante. Savez-vous le résultat qui se produit neuf fois sur
dix à la suite de cette opération ? Tous les lombrics ou vers de
terre du voisinage ne tardent pas à venir prendre part au festin
que le jardinier leur a préparé, dévorent le terreau, mettent les
racines de la jeune plante à nu et lui donnent un excellent coup
de main pour la faire trépasser. Si ce n'est pas le résultat que l'on
cherche, c'est malheureusement celui que l'on obtient.
Voulez-vous planter ou repiquer ces sortes de plantes dont je
viens de parler dans les terrains en question avec la certitude de
voir réussir repiquage et plantation? Employez le sable au lieu de
terreau et vous êtes sûr que les racines et les radicelles en forma-
— 113 —
tion ne seront pas dérangées, ébranlées et déterrées par les vers.
On me dira que le sable n'est pas un engrais, j'en suis d'avis ; mais
avant de chercher à « engraisser » une plante il faut d'abord
tâcher de la faire vivre et on prend le meilleur chemin pour la
faire périr en mettant ses racines en contact direct avec le terreau.
Les plantes cultivées en godets destinées à la pleine terre doi-
vent également, pour bien réussir dans les terrains gras ou peu
fertiles, être rempotées dans de la terre franche ou être aux trois
quarts démottées lors de la plantation.
Chancre des arbres. — On a tort d'assimiler les maladies des
plantes à celles de l'homme et des animaux. En procédant de cette
manière on a identifié, au moins par l'appellation, des choses fort
distinctes qui ne devaient pas être confondues. C'est ainsi que sous
le nom générique de chancre on a classé le plus grand nombre des
lésions qui surviennent chez les tissus des arbres. Un mauvais séca-
teur qui mâche le bois et provoque sa désorganisation produit un
chancre; un cryptogame, qui envahit et détruit des tissus donne
aussi un chancre ; chancre les coups de soleil ; chancre les cica-
trices mal fermées des coups de grêles; chancre enfin toutes les
ulcérations possibles.
On voit bien qu'aucun helléniste habile n'a étudié la question,
sans cela nous aurions une foule de noms nouveaux et harmonieux
pour désigner particulièrement chacune des lésions chancreuses
qui affligent les arbres. Le traitement de ces diverses sortes de
maladies accidentelles ne serait certainement pas le même dans
tous les cas, car il est clair que l'onguent de St-Fiacre, le mastic
à greffer ou autres ingrédients ne suffisent pas, même après l'en-
lèvement des parties désorganisées, à guérir et extirper toutes les
sortes de chancres. Si la question eut été mieux étudiée, on aurait
certainement fait entrer en jeu dans le traitement les sels comme
le sulfate de cuivre, le sulfate de fer, le soufre, etc., qui exercent
une action destructive sur les cryptogames parasites. Je suis per-
suadé que si on entrait dans cette voie beaucoup de ces plaies hi-
deuses qui rongent les pommiers, la gomme qui épuise nos arbres
à noyaux et tant d'autres qu'il serait trop long d'énumérer ne tar-
deraient pas à disparaître de nos vergers. V. V.-M.
Culture des Violettes.
Dans l'emploi du système suivant, je suis tout à fait certain
qu'on trouvera de bons résultats. Je commencerai par signaler lus
meilleures variétés cultivées et me Umiterai à trois variétés doubles
— 114 —
et deux simples, savoir: Napolitain (bleu clair), Marie Louise bleu
sombre), Comte de Brazza (blanc), Tzar et le Russe simple.
Mulliplicalion. — Au milieu ou à la fin de février, préparer à
cet effet une bâche sur un fond dur et sec, située au soleil, et évi-
ter les gouttières des châssis. Etendre sur le sol une couche de
feuilles fraîches de huit pouces d'épaisseur et bien les tasser, puis "
quatre pouces d'une composition légère et damer. Diviser ensuite
quelques traces des plus robustes touffes et les piquer sur la cou-
che préparée à trois pouces de distance les unes des autres ; les
bassiner convenablement, avec l'eau de pluie, de préférence, et les
bien paneauter. N'admettre que peu ou pas d'air jusqu'à ce que les
plantes aient fait de nouvelles racines, c'est-à-dire un mois envi-
ron. Les bassiner souvent durant les chaudes journées, s'il y a heu,
et les garantir du soleil. Après qu'elles sont enracinées, les habituer
graduellement à l'air et au soleil, après quoi, ôter entièrement les
châssis dans les belles journées, et à mi-avril les découvrir com-
plètement. Tenir bassiné, les matinées, et arroser suivant le be-
soin.
Silualion. — En été la meilleure place pour les violettes est en
bordure au long d'un mur allant du nord au sud ; de préférence
côté est, car de cette façon elles sont à l'abri du soleil à deux
heures de l'après-midi, et, exposées toute la journée à l'ardeur du
soleil, la réussite sera incertaine.
Sol. — Le meilleur terrain pour les violettes est un sol argi-
leux riche et profond. Après avoir nettoyé l'emplacement, labou-
rer à deux fers de bêche de profondeur en sillons. A la fin d'avril
étendre une couche de la composition ci-après, trois pouces d'épais-
seur et bien mélanger avec le sol superficiel :
2 parties de bonne et fraîche terre argileuse.
1 partie de débris de bois brûlé ou herbes, ordures.
1 » de terreau de feuilles, engrais, etc.
1/10 » de vieux os broyés.
Planlalion. — Lever soigneusement les plantes de la bâche, un
jour sombre de préférence, et les planter à un pied de distance
entre chacune. Les tenir ombrées pendant une dizaine de jours jus-
qu'à leur reprise et les seringuer fréquemment, sarcler et biner de
temps à autre et les seringuer matin et soir des beaux jours, cou-
per aussi les nouvelles traces et ne pas laisser manquer d'eau.
Hivernaçjc. — Vers la fin de septembre, il sera nécessaire de
placer les plantes dans l'abri qui leur est destiné; une bâche située
au soleil est le meilleur. Remplir le fond de la bâche d'une couche
de feuilles jusqu'à 0,35 c. des châssis et la pente dans le même
sens que les vitres et bien piétiner. En levant les plantes des mas-
— rll5 —
— «
sifs ou bordures, laisser d'aussi grosses mottes possibles et les pla-
cer en rangs sur la couche, remplissant les intervalles laissés entre
les touffes d'un sol léger et les bassiner. Les ouvrir seulement en
cas de gelées ou de grandes pluies. Y regarder souvent et les net-
toyer des feuilles mortes ou autres, et couvrir de nattes ou autres
lorsqu'il gèle ou donner un peu d'air lorsque le temps est beau ;
arroser un peu et même d'eau d'engrais très claire. De cette ma-
nière les plantes donneront constamment des violettes du commen-
cement d'octobre jusqu'au milieu de mai.
Quand le temps reste froid et que très peu de lumière et d'air
peuvent être donnés, les fleurs ne s'écloreront pas ausi vite ; on
pourrait chauff'er si l'on a des tuyaux, mais comme règle, le moins
de chaleur donnée, plus belles sont les fleurs, et chaleur sans air
épuise les plantes (1).
Poire Bergamotte Alfred Lacroix.
Gain que son obtenteur, M. Th. Lacroix, amateur des environs
de Liège (Belgique), a dédié à son frère.
Provient d'un semis de pépins de la Bergamotte parfumée. L'arbre,
dit le Bulletin horticole et agricole, est fertile, vigoureux et de conduite
facile, convenant parfaitement pour la culture en haut vent.
Le bois est gros, de couleur brun rougeâtre foncé.
Le fruit moyen ou assez gros, en forme de Bergamotte et fon-
dant, sucré et parfumé tout particulièrement. N'étant ni astringent,
ni verreux, comme celui dont il est issu, il lui sera souvent pré-
féré.
La peau est rude , d'un vert foncé, passant au jaune fauve,
pointillé et couvert de taches de couleur jaune rouille à la maturité.
L'œil est suffisamment développé dans un léger enfoncement. Le
pédoncule est moyen, long d'environ deux centimètres, s'élargis-
sant au point d'attache du fruit. Les fruits récoltés sur un arbre
plein-vent mesuraient de 6 à 7 centimètres dans leur plus petit
diamètre et de 8 à 9 dans le plus grand.
Maturité, cette année, fin février.
La Commission du Cercle royal d'arboriculture de Liège ayant
à se prononcer sur le valeur de cette poire lui a reconnu, à l'una-
nimité de ses membres, les mérites d'un fruit de premier ordre et a
exprimé le désir de le voir multiplier et propager. -
(1) Notes prises et traduites du Gardner's CAronic/e par Elie Mëtral.
— 116 —
Primula elaîior, flore plcno 1/2 grandeur Primula officinalis, 1/2 g"andeur.
Exemple de duplieature par remboltement
de plusieurs corolles.
Duplicature des Primevères
... Du printemps modeste avaiit-courricre
Sur le gazon la tendre primevère
S'ouvre et jaunit dès les premiers beaux jours.
Parnt.
11 ne nous reste guère du vieil adjectif français prime ou prin (du
latin privuts, premier), qui entrait dans la composition de plusieurs
mots comme primesanlt, primesautier, prinsoir, prinsoœe, que
.primevinc et printemps. Primevère signifie à peu près littéralement
fleur du printemps, comme printemps signifie première saison :
Ronsard dit la prime saison pour le printemps.
Les poètes ont appelé le printemps, la jeunesse, l'aurore, le
matin de l'année et ont glissé habilement la primevère dans un nom-
bre incalculable de vers métriques ou syllabiques. Cela n'est pas
étonnant, car de toutes les fleurs vernales ont peut dire que la Pri-
117 —
Primula grandiflora flore pleno, 1/2 grandeur.
Exemple de duplicature par transformation des étaniines
et des pistils eu pétales.
mevère est peut être celle qui se montre la première dans le plus
grand nombre de pays.
Si les poètes ont chanté la primevère, les médecins l'ont fait
entrer dans la thérapeutique sous les noms à'fferba arlhrilica,
Paralijseos licrba, à'herhe de la paralysie. Elle est connue en France
sous le nom de Brayes de cocu, cocu, coucou, etc.
Sous le nom générique de Primevère {Primula). Linné a englobé
une toule de plantes qui ont quelques caractères génériques com-
muns, mais dont un assez grand nombre ne sauraient être confon-
dues avec celle que les personnes dépourvues de notions botaniques
nomment simplement Primevère. Cette Primevère commune est un
agrégat de quelques sortes très distinctes dont la plupart se croi-
sent entre elles avec une extrême facilité et constituent une 'posté-
rité qui embarrasse souvent les botanistes descripteurs.
Les principales sortes ont été baptisées de la manière suivante :
Primevère à grande fleurs {P. grandiflora Lamk) ; Primevère
officinale {P. officinalis Jacq.) ; Primevère variable {Primula varia-
bilis Goupil.) et Primevère élevée {Primula clalior iJâcq.)
Je ne compte pas le menu fretin des espèces affines que l'on
trouve décrites dans les flores locales.
Linné avait classé les Primevères susnommées sous le nom de
Primula veris et avait fait de simples variétés de la plupart d'entre
elles. .
— 118 —
Il n'y a peut-être pas de plantes cultivées dans les jardins qui
soient douées d'une aussi grande facilité de variation que le genre
Primula. En efïet, en dehors de la duplicature des fleurs sur
laquelle j'ai l'intention de dire quelques mots dans cette note, on a
observé sur les Primula des exemples de pohjpclnlic (transformation
d'une corolle gamopétale), de c«/'/3oma/i/e(augmentation du nombre
des carpelles) A'hypeiirophie, de viresccnco, à'alhinismc, de chromisme,
etc., etc. Aussi l'hybridité et les altérations tératologiques aidant,
le Primula veris de Linné a produit dans les jardins un nombre
incroyable de variétés excessivement curieuses qui présentent des
colorations de toutes sortes,
Primula graudiflora, flore simples; 1/2 grandeur.
La duplicature chez les Primevères, comme chez beaucoup d'au-
tres genres, peut être due à plusieurs causes très distinctes ,
savoir :
1° Par la métamorphose des étaraines en pétales ;
2° Par la métamorphose des étamines et des pistils en pétales ;
3° Par la multiplication des pétales sans transformation d'éta-
mines ;
4° Par l'addition de corolles supplémentaires ;
5° Par la transformation du calice en pétales.
Quand la duplicatui'e des Primevères a pour cause la transfor-
mation complète des étamines en pétales, si le pistil est bien cons-
titué, la fécondation peut encore avoir heu avec le pollen des
plantes voisines, mais si le pistil est atrophié ou hypertrophié, les
— 119 —
plantes sont stériles. L'ancienne Primevère de Chine à fleur double
que l'on cultivait autrefois en grand nombre était absolument sté-
rile, il en est de même de plusieurs variétés de Prinuda grandifhra
cultivées dans les jardins. Nous donnons ci-contre un exemple de
ce genre de duplicalure. Les Primnla clalior et officinalis, qui sont
deux plantes très voisines, n'ont pas donné de fleurs doubles ayant
une origine pareille à celle de l'espèce précédente, mais on a
observé de curieuses transformations du calice et surtout des cas
de dédoublement de la corolle fort singulier. On voit naître une
deuxième corolle dans la première, une troisième corolle dans la
seconde, quelquefois une quatrième dans la troisième.
On cultive des Primevères de Chine à fleurs doubles, dont la
duplicature ne provient ni de la transformation des étamines, ni de
celle des pistils, aussi donnent-elles des graines assez réguliè-
rement. 0. Briot.
L'^rt de bouturer.
L'art de bouturer les plantes demande, à défaut d'une longue
pratique, une connaissance parfaite des lois physiologiques qui
gouvernent le développement des plantes. Il faut savoir, par
exemple, que les tissus d'un végétal ne sont jamais complètement
en repos et qu'il y a constamment dans l'intérieur des cellules et
des vaisseaux, un mouvement de diffusion des sucs nourriciers qui
se transforment et s'élaborent de différentes manières. De même
qu'après avoir germé, la graine d'une espèce annuelle donne une
plante qui grandit, fleurit et produit de nouvelles graines, les tissus
d'une plante ligneuse se livrent à un travail intérieur qui, pour
n'être pas apparent, n'en est pas moins nécessaire à leur exis-
tence. Ce travail intérieur parcourt un cycle annuel. La plante se
développe et emmagasine des aliments qu'elle élabore pour les
dépenser ensuite.
Celui qui bouture doit savoir :
1° Quand les aliments emmagasinés par le végétal sont assez
élaborés pour être dépensés ;
2" Quelles sont les conditions qui favorisent le mieux cette dé-
pense d'aliments.
Faisons saisir par des exemples ce raisonnement un peu abstrait.
Voici, par exemple, un sarment de vigne, si nous le plantons avant
qu'il ait poussé, il contient encore toute la provision accumulée
dans ses tissus, si nous le plantons après, une partie de cette pro-
vision a été dépensée pour donner de nouvelles feuilles et de nou-
veau bois. Dans le premier cas, le sarment est bon à bouturer;
dans le second, il est mauvais.
— 120 —
Ce même sarment, coupé en octobre, ne vaudra pas celui qui
«era coupé en février (à moins qu'il soit placé dans d'excellentes
conditions), parce que, entre octobre et février, il restera cinq
mois sans recevoir les aliments que lui auraient fournis les racines
et les grosses branches.
Pour la vigne, qui émet facilement des racines, on n'y regarde
pas toujours d'aussi près ; mais pour une foule d'autres plantes, il
n'en est pas ainsi.
On peut donc, sauf pour de très rares exceptions, poser la règle
suivante :
Le moment le plus favorable pour bouturer les plantes est celui
où leurs tissus sont gorgés de provision élaborée.
Ceci, me dira-t-on, est facile à énoncer; mais à quoi peut-on
reconnaître que les tissus sont gorgés de provision élaborée !
Un bon microscope trancherait peut-être assez vite la difficulté,
mais comme cet instrument coûte cher et n'a pas encore été utilisé
par les multiplicateurs de plantes, il y a lieu de chercher un autre
moyen pour arriver au même résultat.
Distinguons, comme on disait autrefois dans la scolastique; il y
a d'abord les plantes à feuilles caduques, j'entends les arbres et les
arbrisseaux, chez lesquels il est facile de saisir ce moment, attendu
qu'il coïncide toujours avec la chute des feuilles. Le bon moment
pour bouturer ces sortes de plantes se trouve donc entre l'époque
de la chute des feuilles et celui où les bourgeons se gonflent pour
développer de nouvelles feuilles. Dans ce cas, l'hésitation n'est pas
possible. Il y a cependant des arbres et arbustes à feuilles cadu-
ques qui peuvent très bien se bouturer avec leurs feuilles. Dans ce
éas, ils sont traités comme les plantes à feuilles persistantes dont
je vais parler.
Les plantes à feuilles persistantes (ou les plantes à feuilles cadu-
ques, quand elles ont des feuilles) peuvent se bouturer un peu à
toutes les époques ; car les feuilles que l'on conserve aux boutures
contiennent non-seulement de la 'provision, mais encore elles en
fabriquent et entretiennent la bouture en végétation continuelle.
Quand la bouture n'a pas de feuilles, l'émission de se", racines
est entièrement confiée aux matières amylacées contenues dans
ses tissus; de là l'utilité de saisir le moment où ses tissus sont riches
en provision accumulée.
Quand la bouture a des feuilles, au contraire, l'émission de.s
racines est mi-partie confiée aux feuilles elles-mêmes et mi-partie
à la provision contenue dans le rameau. Les boutures faites ainsi
demandent surtout à être placées dans des conditions capables de
les entretenir dans un excellent état de végétation,
P B
îouti
2"
»
3"
»
40
»
5°
»
6°
»
70
))
8°
»
— 121 —
Il y a plusieurs sortes de boutures ; je vais énutnérer les princi-
pales :
Bouture de feuille avec bourgeon à sa base ;
» sans »
d'un bourgeon sans feuille ;
de rameaux de l'année (herbacés) ;
» » (ligneux) , avec feuilles ou
sans feuilles ;
de rameaux plus âgés ;
de tiges ou en plançons;
de racines.
Les huit sortes de boutures, ci-dessus cnumérées, peuvent être
coupées ou taillées de différentes façons, dont voici quelques-unes :
1° Avec talon, 2° sans talon, 3" sous un bourgeon, 4° entre deux
bourgeons, 5° sur un bourgeon, 6° sur un fragment de vieux bois
(crossette).
La coupe peut être circulaire, elliptique ou conique; elle peut
avoir lieu après ligature ou demi-éclatement préalable. Elle peut
également être accompagnée de décortication ou d'incision.
La bouture avec talon, la plus fréquemment employée, quand on
dispose d'assez de bois, est aussi la meilleure. Elle consiste à couper
le rameau de l'année à son point d'insertion sur le rameau qui le
porte. Quand on peut éclater ce rameau, c'est le moyen le plus
commode pour bien préparer la bouture; dans le cas contraire, on
coupe la bouture aussi près que possible du vieux bois.
La bouture sans talon gagne cependant à être coupée, quand
rien ne s'y oppose, dans la partie du rameau où les yeux sont les
plus rapprochés les uns des autres. La raison pour laquelle les
boutures préfèrent être coupées là où les yeux sont abondants est
facile à comprendre, car c'est dans cet espace du rameau où la vie
est la plus active, où la provision destinée au développement des
nouveaux tissus existe en plus grande quantité.
La bouture coupée sous un bourgeon distant des autres, se fait
toutes les fois qu'il est impossible de faire la coupe là où les yeux
sont rapprochés. Ce qui force très fréquemment de tailler les bou-
tures de cette manière, c'est la longueur exagérée des rameaux qui
demandent à être sectionnés en plusieurs parties. Ainsi, par
exemple, si le rameau a 50 ou 60 centimètres, on peut en faire
4 ou 5 boutures.
La coupe entre deux bourgeons se pratique rarement et elle n'est
guère usitée que pour les espèces qui s'enracinent très facilement,
quelle que soit la manière dont on les taille. Il y a cependant des
cas où les racines adventives sortent plus aisément entre deux
bourgeons qu'à leur base proprement dite.
— 122 —
La taille de la bouture sur le bourgeon lui-même, qui se trouve
par le fait coupé en deux, gagne à être faite ainsi sur les branches
terminales des œillets remontants et autres. Je ne sais pas trop sur
quels phénomènes physiologiques m'appujer pour justifier l'utilité
d'une pareille manière de tailler les boutures d'oeillets ; mais ce
qu'il y a de certain, c'est que la pratique a reconnu que les racines
se développaient bien plus facilement quand ces boutures étaient
ainsi préparées.
La taille en crossette, bien connue pour être journellement
employée dans le bouturage de la vigne, consiste à laisser adhérer
au rameau de la bouture une petite crosse de vieux bois. C'est une
coutume dont il serait difficile de justifier l'utilité, les boutures
s'enracinant aussi bien en leur conservant un simple talon.
Pour certaines espèces difficiles à s'enraciner, on peut préala-
blement faire développer un bourrelet sur la bouture en pratiquant
sur la plante qui la porte une ligature avec un fil de fer, une inci-
sion annulaire, un cassement partiel, ou une décortication latérale.
On détache complètement la bouture quand le résultat désiré a été
obtenu. Dans ce genre de bouturage, on imite absolument le mar-
cottage aérien, avec cette différence que les rameaux incisés, cassés
ou hgaturés au Heu d'émettre des racines dans des pots suspendus,
les émettent plu tard sous cloche.
Considérée au point de la forme à donner à la partie qui doit
être enterrée, la surface de la coupe peut être circulaire, plus ou
moins en biseau (ou elliptique), on conique. On fait rarement la
coupe circulaire — sauf quand la bouture a été préalablement liga-
turée, — parce qu'on peut se couper les doigts en la faisant de
cette manière, et qu'il est plus rationnel de laisser la plus grande
surface possible à la bouture, soit pour faciliter l'absorption de
l'eau, soit encore pour que le bourrelet devienne moins volumineux.
La taille en forme de cône ou de pyramide se fait pour les boutures
en plançons. On sait que ces boutures se font avec de grosses
branches — le saule peut servir d'exemple — qu'on enfonce dans
le sol. La manière dont on les taille sert à faciliter leur enfonce-
ment dans le sol.
Du reste, la manière de faire la coupe n'influe pas beaucoup sur
l'émission des racines, car nous en avons fait de toutes les formes
possibles qui se sont très bien comportées. L'important est que les
surfaces soient nettes et obtenues avec un instrument bien aiguisé.
Il suffit souvent d'une parcelle mortifiée pour engendrer la pourri-
ture des boutures.
Nous avons fait connaître autrefois, sous le nom de bouture-
marcotte, une bouture ordinaire qui taillée en biseau à sa base était
accompagnée d'une profonde incision qui soulevait un fragment
d'écorce et de bois.
— 123 —
Bouture de feuille avec bourgeon à sa hase. — La bouture de feuille
avec bourgeon à sa base se fait surtout dans les établissements
d'horticulture qui multiplient les plantes nouvelles. Dans ces éta-
blissements, il faut aller rite et pouvoir livrer les nouveautés aussitôt
qu'on les a reçues. On a donc recours à la bouture par feuilles qui
permet de faire avec une seule plante un plus grand nombre de
boutures. Ce genre de bouture demande beaucoup de soin pour
réussir, et surtout une très bonne serre.
Il y a deux manières de les préparer : la première consiste à
couper le rameau en biseau sous chaque bourgeon et de conserver
à la feuille bouture un fragment du rameau; dans la seconde, on
ne conserve que la feuille et le bourgeon qui est à sa base. On enlève
ce bourgeon de la même façon que dans la greffe en écusson, avec
cette différence qu'on ne conserve que la portion d'écorce et de
bois qui portaient le bourgeon et la feuille avant qu'ils fussent
détachés.
La bouture de feuille faite avec un bourgeon à sa base se pré-
pare de la première manière ci-dessus indiquée pour les plantes
ligneuses, et de la seconde pour les plantes molles.
Bouture de leuille sans bourgeon à sa base. — Ce genre de bouture
se fait surtout chez les plantes à feuilles charnues, comme les Bégo-
nias, les Pépéronia, les Gesnériacées, les Crassulacées, etc. Les
feuilles de ces plantes possèdent la faculté d'émettre des protubé-
rances charnues, qui donnent naissance par la suite à des bour-
geons bien constitués dont le développement est aussi normal
que s'ils avaient une origine ordinaire. On peut procéder de plu-
sieurs manières pour faire ces sortes de boutures. Avec une feuille,
on peut faire une ou plusieurs boutures. Si on veut faire plus d'une
bouture, on divise la feuille en plusieurs parties, en ayant soin
toutefois de conserver à chaque partie un fragment du talon ou
base de la feuille ou, à défaut du talon, un fragment de la nervure
médiane de la feuille. Quand on ne veut faire qu'une bouture avec
une feuille, on conserve un court pétiole à la bouture, si la feuille
est pétiolée, ou on la plante dès la base si elle est sessile. Dans le
cas où la feuille bouturée est de grande dimension, on doit couper
une partie du limbe, de façon que la bouture ne soit pas trop volu-
mineuse. On bouture encore les feuilles en les posant à plat, de
façon que toutes les parties de leur limbe touchent le sol ; ceci
fait, à l'aide d'un greffoir, on pratique des entailles sur les princi-
pales nervures. Les endroits entaillés donnent naissance à des pro-
tubérances d'où naissent de nouvelles plantes.
(^ suivre.)
— 124 —
Informations. — M. Pasteur a présenté à rAcadémie des sciences,
au nom de M. Duclos, une note intitulée : De lu germination des plantes dans
un sol exempt de microbes. Il paraîtrait que, comme le sabre de M. Pru-
dhomme, qui servait à défendre et au besoin à combattre nos institutions,
les microbes donneraient la vie et au besoin la mort aux êtres organisés.
Des pois et des haricots ayant été semés dans un sol exempt de microbes
n'ont pas germé.
— Un prix consistant en une médaille d'or grand module, accompagné
d'une somme de 4,000 francs, sera décerné au meilleur traité sur l'exploita-
tion de l'Alfa (^'<!;;a tenacissima) en Algérie. Envoyer les mémoires, rédigés
en français, avant le l'^"' octobre 1886, au gouvernement général de
l'Algérie.
— Sous le titre de Iteichenbachia, va paraître en Angleterre une Revue
polyglotte destinée à glorifier les Orchidées.
— Tout récemment on a signalé la fructification d'un Cycas revoluta au
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
— M. Ch. Joly, vice-président de la Société nationale d'horticulture de
France, vient de publier une note très intéressante sur l'enseignement agri-
cole en France et à l'étranger.
— La belle collection d'Azalées de l'Inde que possède la ville de Lyon est
actuellement en pleine floraison. Avis aux amateurs.
— Il y a également dans les serres chaudes du Parc de la Tête-d'Or un
assez grand nombre de belles Orchidées en fleurs; notamment dans les genres
Vanda, Phalœnopsis, Dendrobium, etc.
— Le prix de 300,000 francs, créé par la loi du 22 juillet 1874, au profit
de l'inventeur du moyen efficace de détruire le phylloxéra, est réserv<^.
Catalogue.— Rozain-Boucharlat, horticulteur, grande rue de Cuire, 81,
Cuire-les-Lyon. — Catalogue des plantes cultivées dans l'établissement. Nou-
veautés dans les genres : Pelargoniums à grandes fleurs, P. zonales à fleurs
doubles et à fleurs simples, P. peltatum; Fuchsias. Véroniques, Chrysan-
thèmes, Verveines, Héliotropes, etc. Collection très complète de variétés plus
acciennes dans les mêmes genres. Plantes diverses.
— Bruant, horticulteur, boulevard Saint-Cyprien, à Poitiers (Vienne). —
Catalogue général des plantes florales cultivées dans l'établissement. Plantes
nouvelles obtenues ou récemment introduites par l'établissement. Collections
de la plupart des genres cultivjs dans les serres ou les jardins. Plantes
alimentaires, Fraisiers à gros fruits et quarantaines. Plantes de serre
chaude, etc.
— HosTB, horticulteur, rue des Dahlias, 10, à Lyon-Monplaisir. — Cata-
logue contenant l'énumération et la description des plus belles variétés des
genres suivants cultivés dans les jardins: Fuchsias, Pelargoniums zonales à
fleurs simples et à fleurs doubles, P. peltatum, Peiitstemons, Lantanas, Hé-
liotropes, Véroniques, Abutilons, Weigelia, Hortensias nouveaux, Bégonias,
Œillets, Ageratum, Chrysanthèmes, etc. Nouveautés dans tou§ ces genres.
— HosTE, horticulteur, rue des Dahlias, à Lyon-Monplaisip. — Catalogue
spécial de Dahlias comprenant l'énumération d'une très nombreuse collection
de ce genre à fleurs simples et à fleurs doubles. Envoi franco.
— SouPERT ET NoTiNG, rosiéristes, à Luxembourg. — Catalogue illustré
des rosiers nouveaux de 1886, contenant l'énumération et la description des
variétés mises au commerce par les semeurs français et étrangers.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
LyoD. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
18BÔ AVRIL N° 8
CHRONIQUE
La glace ilnns les culliwes de piaules jloralcs, — J'ai pulilié, dans
le n" 13 de cette revue, une note intitulée « La glace cl l'horiicul-
lure » , dans laquelle je laissais entrevoir que l'emploi de la glace
pourrait rendre quelques services aux horticulteurs qui désirent
arriver à jour fixe sur les marchés avec des plantes fleuries. L'idée
que j'émettais paraît un peu paradoxale à première lecture, mais,
pour peu qu'on y rétiéchisse, on s'aperçoit assez vite qu'il y aurait
intérêt, dans certains cas, à pouvoir ralentir la vitesse de la végé •
tation. A propos de cette note, un de nos bons correspondants.
M. Ménand, horticulteur à Albany, Etals-Unis d'Amérique, m'a
écrit une lettre intéressante dans laquelle il traite le même sujet.
Voici quelques extraits de cette lettre :
« D'abord il est plus facile de produire de la chaleur arti-
ficielle que de la glace — c'est-à-dire du froid — au moins pour
les nécessités de l'horticulture. Par exemple, ici, avec un froid de
25° sous zéro Fahrenheit, nous pouvons tenir de très grandes
serres à GO ou 70 degrés de chaleur, ce qui fait une ditFérence de
80 à 90 degrés Fahr. (1). En été, au contraire, avec tous les
moyens de réfrigération, c'est à peine si nous pouvons obtenir
6 à 8 degrés de moins dans nos serres qu'à l'air libre Quant
aux serres glacières, laissez-moi vous conter une épisode... C'était
en 1856, le 17 avril, je portai à une Exposition horticole à New-
York trois espèces de C\jpyipcdiam en fleur, les C. insigne, acaulc
et pubescois. Ces deux dernières espèces ne surprirent personne.
(1) Lo thermomètre Fahrenheit est surtout employé en Angleterre et aux Etals-
Unis. Voici la formule pour réiluirj les degrés de ce thermomètre en degrés centi-
grades: 1° Pour les degréâ au-dessus de 0. il faut déduire d"aborJ 3'^" et multiplier
le résultat par 5/0, soit 0,555. Pour les degr.53 au-dessoaa de 0, il faut au contraire
ajouter 32 et multiplier la pomme par 0,555.
— 126 —
C'étaient deux plantes légèrement forcées, mais Is Cypripedium insi-
gne mit tout le monde en émoi ; chacun se demandait comment
j'avais pu garder cette espèce si tard eu tleur. Quand j'eus répondu
aux questions qu'on me posait à cet égard, que c'était en la con-
servant dans une serre froide, dans une glacière, chacun contesta
mon assertion et mes amis ou ceux qui se disaient tels ne se pri-
vèrent pas de rires ironiques. En voilà une bonne ! une plante
de l'Hindostan, du Népaul conservée tout l'hiver dans une gla-
cière ! Vous êtes de Marseille ? me dit un Français qui se trouvait
là par hasard. Un compatriote d'Ossian me mit les mains sur les
épaules et me regardant dans le blanc des yeux me posa cette
question : « Damné Iranclimann, nous prenez-vous pour des oies ? »
Non. Les oies ont sauvé le capitole. Vous dire quelle longue dis-
cussion j'eus à soutenir pour expliquer le retard de la lloraison de
mon Cypripedium insigne, vous ne me croiriez pas. Quand je parlais
glace on me répondait: tropique. »
Gigot du vendredi. — Mon ami et collègue, M. Jossermoz, jardi-
nier chez M™' Willermoz, me priait dernièrement de présenter sur
le bureau de l'Association horticole lyonnaise un échantillon de ses
cultures potagères, un énorme tubercule de Patate [Convolvalus Bala-
las ou. Balalas edulis). 11 m'écrivait: «... On appelle ce tubercule
le gigot du vendredi, et vous pouvez voir qu'il est assez gros pour
justifier son nom vulgaire. » En effet, l'échantillon présenté mesu-
rait 0,30 centimètres de longueur et comme il atrectait la forme
d'un fuseau son plus grand diamètre était de 13 à 14 centimètres.
Mis sur le plateau d'une balance, il a accusé un poids de près de
2 kilos. Ce gigot fait honneur au jardinier qui a su l'extraire sans
.douleur, le sol aidant, de la plante qui le nourrissait.
On sait que la Patate est un excellent légume exotique qui a
besoin pour atteindre tout son développement d'une somme de cha-
hur assez élevée. Sous nos climats la Patate demande au moins
pendant la première phase de sa végétation l'emploi de chaleur
artificielle: cloche, châssis, couche ou serre. Dans l'été on doit
éviter de laisser s'enraciner les tiges sur le sol.
Jeune ! — On dit souvent à quelqu'un : Ah ! que vous êtes jeune .
Je traduisais autrefois cette apostrophe par : Ah ! que vous êtes
bête : c'était souvent bien exact. On dit encore : il est jeune à un
élève auquel on s'intéresse, quand il a commis quelque étourderie.
11 y a des gens qui sont jeunes toute leur vie.
J/àge qui modifie si profondément la physionomie et le carac-
tère des hommes, exerce aussi une influence sur lesplantes. Depuis
^ 127 —
la plante annuelle qui n'a d'abord que des feuilles radicales, jusqu'au
grand arbre qui met de longues années avant de rapporter des
fruits, tous les végétaux passent par divers états.
Elles ne sont pas rares les fleurs, ils ne sont pas rares les fruits
qui se présentent d'abord avec de piètres qualités que l'âge amé-
liore par la suite. Il y a même des espèces qui se métamorphosent
presque complètement en passant de l'âge juvénile à l'âge adulte ;
voyez le lierre, les acacias à phylloies, les eucalyptus, quelles trans-
formations ils subissent !
Ceci est pour m'ameni,'r à dire qu'il ne faut pas désespérer lors-
qu'il manque quelques qualités à une fleur ou à un iVuit obtenus de
semis : l'âge peut les améliorer. Le semeur ne doit pas se défaire
des variétés avant de les avoir jugées à plusieurs reprises.
Si l'âge améliore les plantes, l'âge amène aussi, malheureuse-
ment, leur décrépitude et finalement leur mort. De là cette néces-
sité d'obtenir déjeunes variéu's pour remplacer celles dont le Temps,
le grand maître à tous, a raison tous les jours.
Belle race de cinéraire. — J'étais allé herboriser à Couzon, il y a
quelques jours, un peu pour récolter quelques orchis et autres jolies
plantes vernales qui abondent dans ce village, et beaucoup pour
m'assurer si les quelques survivants de la belle et ancienne colonie
du rarissime Genista liorrida existaient toujours contre les parois des
rochers de la grande carrière, lorsque ma boîte pleine et ma cons-
tatation faite, rentrant au village, je rencontrais notre collègue
M. Rivoire, marchand-grainier à Lyon, qui a ses cultures dans le
pays. Il tenta ma curiosité en me parlant de Cinéraires, tout-à-
fait remarquables, dont il avait actuellement une pleine serre en
fleur.
Je fus les voir et je ne regrettais pas ma visite. En eff'et, il y
avait là réunies toutes les nuances veloutées et brillantes que les
horticulteurs ont su arracher au vieux Senecio cruenlus, ancêtre des
belles cinéraires des cultures.
La race cultivée par M. Rivoire est non-seulement remarquable
par la grandeur des fleurs, la perfection des corymbes, mais sur-
tout par leur port trapu et leur tendance au nanisme.
Consulte horticole. — Mon ami, le docteur X., avec qui j'herbo-
rise quelquefois, me disait un jour : a C'est incroyable, la quantité
de consultes gratuites que je donne sans le vouloir ; jamais je
ne deviendrai riche... » Eh ! bien, et moi, croyez- vous que je
n'en donne pas des consultes gratuites, lui répoudis-je ; je ne fais
que cela toute la journée; c'est vrai que je ne deviens pas riche
non plus.
— 128 —
Tenez, avant do vous rencontrer, il y a un instant, M'"'' R. m'a
posé une série de questions que je n'hésite pas à qualifier de con-
sulte. Hier, M. G. me demandait ce qu'il fallait faire à son pom-
mier de reinette qui a les feuilles toutes jaunes ; c'est une consulte
aussi, je pense. Et un tel qui me crie de loin : « tu sais, mon
caoutchouc a perdu une feuille en haut et trois en has, qu'est-ce
qu'il a? » Consulte, sans hésiter, cela.
— Que lui répondites-vous, à l'homme au caoutchouc? — Etant
familier avec lui, je lui indiquais la recette d'une pommade à
l'aire repousser les cheveux et les feuilles. Cela ne prit pas,
Je conseillais alors d'arroser le Ficus avec de l'eau chaude, à 30".
En arrivant chez lui il versa sur son malade une casserole d'eau
bouillante. Le surlendemain le caoutchouc était à feuilles caduques.
— Et quelles questions vous posait M""^ R. il y a un instant l —
Comment sèrae-t-on le Réséda? J'ai une plante dont je voudrais
savoir le nom. Faut-il mettre mon Fuchsia au soleil? Mon rosier
ne fleurit pas, etc.
Ce qu"il y a de plus amusant, je dirai presque d'assommant, c'est
la manie qu'ont cerlaines personnes de vous donner des sphinx à
deviner. — J'ai une plante qui aies feuilles grandes, d'un beau vert,
des llcurs rouges, des graines noires, pourriez-vous m'en dire le
nom? — Réponse: non^ apportez des feuilles, des fleurs et des
fruits et on verra ; il y a cent mille espèces sans compter les
ciyptogames ; je ne suis pas sorcier
— Oui, cela ressemble à mes consultes, me dit le D' X., en
récoltant un Carex liumiiis, — Et nous continuâmes notre excur-
sion.
Les fniils en mcileciiio. — Le docteur Lewis, do Philadelphie,
préconise l'usage des fruits comme très utiles en thérapeutique, de
préférence à certains remèdes plus désagréables à prendre, et cer-
tainement moins efficaces :
Dans la catégorie des laxatifs, dit M. Lewis, les oranges, les
figues, les prunes, le tamarin, les mûres, les dattes, les brugnons
peuvent être avantageusement utilisés ; les grenades, les mûres de
ronces, les framboises, les baies du sumac, l'épine-vinette sont des
astringents; les raisins, les poires, les coings, les fraises, les figues
de Barbarie, les groseilles à maquereau, les graines de melon sont
des diurétiques; les groseilles ordinaires, les courges et le melon
sont des réfrigérants ; les citrons et les pommes sont des réfrigé-
rants et des sédatifs de l'estomac.
Prise à jeun chaque matin, l'orange agit efficacement comme
laxatif, quelquefois même comme purgatif, et tout estomac peut
la supporter.
— 129 —
Les grenades sont très astringentes et excellentes pour le gosier
et la luette. L'écorce de la racine du grenadier, sovis forme do
décoction, est un vermifuge très efficace; on peut l'uùliser sans
crainte pour combattre le tœnia.
Les figues, ouvertes et fendues, sont d'excellents cataplasmes
pour les brûlures et les petits abcès.
Les fraises et le citron rendent de véritables services contre le
tartre des dents.
Les pommes sont un utile correctif des nausées, du mal do mer
et des vomissements de la grossesse.
Les amandes amères contiennent de l'acide hydrocyanique et
arrêtent souvent la toux ; mais elles procurent souvent une sorte
d'urticaire semblable aux piqûres d'ortie.
L'iiuile extraite de la noix de coco est souvent substituée à
l'huile de foie de morue, et très souvent employée par les méde-
cins allemands dans le traitement do la phthisie.
Les raisins sont très nutritifs et éminemment émollients. La
« cure de raisins, » par exemple, est très suivie en France et en
Suisse pour le traitement des maladies de l'estomac et du foie, la
scrofule et la tuberculose. Elle consiste en plusieurs livres do
raisin par jour, avec adjonction exclusive de pain et d'eau.
Les coings, outre leurs qualités astringentes, procurent, api'ès
leur infusion dans l'eau bouillante, une excellente lotion pour les
maladies des yeux.
Bcmarqucs sur la (jerminaiion. — Il passera encore bien des mè-
tres cubes d'eau sous le pont de la Guillotière avant que les jardi-
niers aient découvert les lois qui régissent la germination des
graines. Il est même plus que probable qui si personne no s'occupe
de leur découverte ce n'est pas le grand dieu Jupiter qui s'en occu-
pera à notre place ; c'est pourquoi, simple jardinier, je butine ça
et là des foits qui pourront un jour servir à quelque savant con-
frère qui voudra bien s'occuper de la question. Voici ces faits :
Le 23 mars 1885, j'ai semé les plantes annuelles suivantes qui
n'ont germé que dans le courant d'avril 188G : Daucus Carola
(Carotte sauvage), Impalims parvipora (Balsamine à petite fleur),
Falcriant'lla dcnlala (Mâche dentée) et Galeopsis Tclraliil. Je n'expli-
que pas, je constate.
En novembre 1884, j'ai semé Aconilum Jnlhora, Cliœrophijllum
alpestre, Convallaria ma'ialls, Pivoine corail, Lis de St-Bruno (Czac-
liia Liliaslrum) et ces plantes ont germé dans le courant d'avril
1886.
Ne jetez donc jamais vos semis dont les graines n'ont pas germé
de suite. Il faut de la patience dans le métier de jardinier.
— 130 ^
La suie csl un bon engrais pour les rosiers. — Songeons, dit le
Journal d'agriculture de rOuesl^ à faire provision de suie, c'est un
riche engrais qui paie largement les frais de ramonage. Nous la
répandrons au printemps sur les oignons du potager, sur nos prés
pour les débarrasser de la mousse, sur nos céréales d'automne, et,
par-dessus la neige, sur nos jeunes pousses de trèfle où elle fera
merveille, et enfin nous en formerons un engrais liquide pour nos
rosiers, que nous laissons trop longtemps dans la même terre sans
la fumer suffisamment, et qui finissent par ne plus émettre que des
rameaux grêles comme des fils de fer, rameaux qui ne nous don-
nent que de petites fleurs sans couleur.
Pour cela, mettez la suie dans un vieux sac, et jetez ce sac dans
un baquet d'eau pendant quelques jours. Quand l'eau aura pris la
couleur du vin de Porto (et ce sera du vrai vin pour vos rosiers),
vous donnerez un léger labour à la corbeille, vous ménagerez une
cuvette autour de chaque pied, et vous y verserez à volonté l'eau
de suie en question ; ne craignez pas d'en mettre trop et jusqu'à ce
que le sol ne l'absorbe plus.
En procédant de cette manière au départ de la végétation, les
feuilles des rosiers deviendront d'un beau vert foncé, les pousses
seront fortes et donneront de belles fleurs.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 20 mars 1886, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de. M. J. Comte, Vice -Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et rdopté.
Co7-respondance. — Elle se compose :
1° Lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, annonçant à la
Soîiété que i'ouvert.ure du Congros des Sociétés savantes s'ouviira le niai'di
27 avril prochain. La morne Itillre indique les conditions à remplir pour
profiter de la réduction accordée à cette occasion à ceux des sociétaires qui
voudraient prendre part au susdit Congrès;
2° Lettres de MM. Comte et Sehmitt remerciant la Société d'avoir bien
voulu les nommer membres de la Commission d(s visites pour 1866, mais
déclarant qu'il leur est impossible, cette année, d'acceptpr les fonctions que
leurs collègues leur ont confiées ;
3° Lettres de MM. Léonard Lille, Rozain-Boucharlat et Grenier, remer-
ciant la Société d'avoir bien voulu les nommer membres de la Commission
des visites pour 18S6 et acceptant d'en remplir les fonctions ;
4° Programme de l'Exposition générale d'horticulture et d'industrie horti-
cole qne tiendra à Orléans, du 2 au 14 juin prochain, la Société d'horticul-
ture d'Orléans et du Loiiet :
— 131 —
5° Lettre de M. le Ti'ésoriei' de l'Association horticole informant M. le
Président que, malgré deux rappels sucjessifs, les membres titulaires dont
les noms suivent ont refusé de pajer leur cotisation de l'année 1885 :
Caibimnct (Pierre), rooailleur, à Bourg; Charozé frères, horticulteurs à
Angers; Claperon, marchand de terre de bruyère à Talujers ; Delamonica
(Charles), vitrier, à Villeurbanne , Diiplaf, marchand-grainier à Paris; Fau-
yw, jardinier chez M. Ritton, à Dardilly; Joôlot (Laurent), horticulteur
aux Charpennes ; Lambert, propriétaire, rue Gasparin, Lyon; Lucciardi, à
Santo-Pietro (Corjie) ; iMurin, lurticuUeur à la Mouche ; Pacquin (Paul),
jardinier chez M. Enfantin, àCollongas (Rhône).
M. Viviand-Morel, Secrétaire génère), passe en revue les publications
reçues par la Société depuis la dernière séance et fait circuler celles conte-
nant des illustrations.
Présentations. — Il est présenté 4 candidatures, sur losqiielles, confor-
mément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, à l'unanimité et sans protestation, membres
titulaires de notre Compagaie, les candidats présentés à la dernière séance.
Ce sont :
MM. Vignat (Claude), jardinier chez M. Bellingard, à Limonest (Rhône),
présenté par MM. Rivoire fils et Carlo.
Touohebœuf, horticulteur-pépiniériste, 84, chemin du Pont-d'Alaï,
Lyon, présenté par MM. Marthouret (Cl.) et Perrin.
Viard aîné, secrétaire de la Société d'horticulture de la Haute-Marne,
à Langres (Haute-Marne), présenté par MM. Viviand-Morel et
J. Jacquier,
Fournier (Louis), horticulteur, marchand-grainier à Jallieu-Bourgoin
(Isère), présenté par MM. Hoste et Rivoire.
Chevalier, architecte-paysagiste, à St-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône).
présenté par MM J. Jacquier et Hoste.
Chevrotât (Antoine), régisseur chez M^'Harel, à St-Cyr-sur-le-Rhône
(Rhône), présenté par MM. Hoste et Jacquier fils.
Ruet, marchand de charbons, chemin de la Maladière, Lyon-Vaise,
présenté par MM. Comte et Labruyère.
Rossignol (Antoine), jardinier chez M™" Escollier, propriétaire à
Francheville-le-Bas (Rhône), présenté par MM. Valla et Viviand-
Morel.
Dalmais (Ch.), employé jardinier chez M.Corbin, jardinier chez M. le
duc de Mortemart, à La Chassagne (Rhône), présenté par MM.
Chrétien et Corbin.
Grolet jeune, fabricant d'engrais chimiques, usine da Montmorency,
à Villeurbanne, présenté par MM. Âlonroy et Viviand-Morel.
ChatagnoD, cafetier, cours Gambetta, 19, Lyon, présenté par MM.
Monroy et Viviand-Morel.
Zucco, directeur du Bureau de placement, n" 1, quai St-Aatoine,
Lyon, présenté par MM. Monroy et Alexandre Bernaix.
Claverolas, maître-maçon, rue de la Pyramide, 18, Lyon-Vaise,
présenté par MM. Comte et Jussaud.
Lacroix (Hippolyte), jardinier chez M. Cusin, chemin de Merlus, à
Ou'lins (Rhône), présenté par MM. Viilard (F.) et Brun (B.) .
Bernard (Henry), jardinier chez M. Daubarède, à St-Genis- Laval
(Rhône), présenté par MM. Jaltet et J. Jacquier.
Chaverot (J.-B.), jardinier chez M. Mayet, à Grézieu-la-Varenne,
présenté jar MM. Péquet et Cousancat.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau et jugés par la Com-
mission de floricalture, complétée par l'adjonction de M. Gaulain ;
Par M. Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, Lyon : 1° un beau et
fort pied de Pondimvs Weitcfiii, auquel la Commission propose d'accorder une
prime de 3" cl?.sse ;
— 132 —
2" Un pied magnifique de liurlvKjtonia fragrans en floraison. La Commis-
sion demande pour ce», apport une prime de 1'° classe ;
3° Un pied de Nidularium Innocenli. (Inscription an procès-verbal.)
Par M. Villard, jardinier ciiez M"° Vaolion. à Eeully : 1» un pot de frai-
siers en pleine floraison, fraise dos Quatre-saisons Belle améliorée ; des tuber-
cules de pommes de terre Marjolin liàtivf, assez bien venus. Pour cet apport,
la Commission propose d'accorder une prime de 2' classa ;
2° Une collection de ileurs coupées de Camellia, composée de : Fulion,
Duchesse des Cars, Chandleri panaché. Latifolia Alba, Caserelte, Heine des fleurs,
Learia iupcrba, etc.
La Commission ne croit pas devoir accorder une récompense fi celte pré-
sentation de Camellias, quoique étant méritante, les cultures de co genre
confiées aux soins de M. Villard ayant été visitées récemment par une com-
mission spéciale ; elle demande l'inscription au procès- verbal.
Les propositions de la Commission, mises aux voix, sont adoptées à l'una-
nimité.
L'Assemblée procède ensuite à la nomination des membres qui seront
' désignés comme délégués aux expositions des Sociétés correspondantes.
Sont nommés : pour la floriculture, MM. Chrétien, Gaulain, Hoste et
Musset; pour l'arboriculture, MM. Falconnet, A. Jacquier fils, Métrai et
Morel (Francisque; ; pour les roses, MM. A. Bernaix, Charreto>i, Duchet et
Guillotfils (1)-
Cinq fleuristes ayant été nommés, M. Comte, qui avait été élu à une forte
majorité, a déclaré se désister pour régulariser le vote sans procéder à un
deuxième tour de scrutin.
L'assemblée pr;céde ensuite à la nomination de 3 membres de la Commis-
sion des visites. Sont nommés MM. Pelletier, Clap>. et A. Bernaix.
La séance est levée à 4 heures 1/4.
Le Secrétaire-Adjoint , J. Nicolas.
Plantes potagères à surprise
Beaucoup de gens connaissent ces plantes annuelles, de la
famille des Légumineuses, dont les fruits imitent assez bien certai-
nes sortes d'animaux, tels que chenilles, vers escargots, etc. ; on
les introduit quelquefois dans les salades avec l'iatentionde causer
des surprises iuolîensives aux invités qui ne sont pas initiés aux
formes singulières de ces fruits. Ce sont en effet de curieuses peti-
tes plantes qui méritent d'être connues et dont chaque jardin pota-
ger devrait cultiver au moins quelques individus de chaque espèce,
car elles ne tiennent pas trop d'espace et procurent en revanche la
satifaction de montrer aux amis quelques-unes des singularités du
règne végétal.
Notre intention, dans cette note, est de signaler les principales
espèces cultivées et d'y ajouter quelques autres sortes peu connues,
(1) Dans sa séance du 18 avril, le Conseil d'adrainislration, au moyen du tirage au
sort, a établi l'ordre dans lequel seront désignés les délégué». Voici l'ordre dans
lequel sont sortis les l1oms :
MM. Gaulain, A. Bernaix, Chrétien, Duchet, Charreton, Métrai, Giiillot fils, Cl.
.Jacquier (ils, Falcnnuct, Musiset, Hoste et Francisque Morel.
— 133 —
qui pourraient jouer dans les jardins un rôle analogue aux pré-
cédentes.
Coronilla scorpioïdes, 1/2 grandeur.
Coronille faux scorpion.
Les plus généralement cultivées des plantes potagères à sur-
prises sont sans contredit les « chenilles » dont il y a plusieurs
sortes connues sous les noms de grosse chenille, chenille velue,
chenille rayée. Elles appartiennnent au genre Scorpiurus dont la
signitication étymologique est littéralement : Queue de Scorpion.
Les Scorpiurus sont des plantes annuelles indigènes dans l'Europe
méridionale ; elles doivent leur nom générique français de chenilles
à l'aspect de leurs gousses, bizarrement contournées, cylindriques,
ou aplaties d'un côté, articulées et hérissées de tubercules, de
poils ou d'aspérités courtes. La culture des « Chenilles » est des
plus simples : il suffit de semer en place en avril, mai, et de laisser
croître les plantes. Cependant il est préférable de semer en pot,
sur couche, en mars et de repiquer le plant en avril.
Les «limaçons», «escargots» et autres plantes à fruit en forme
de coquillage appartiennent au genre Mcdicago dont une espèce est
bien connue de tout le monde sous le nom de luzerne. Les Medicago
orbieularis et sulcala dont les fruits lisses, circulaires, à plusieurs
tours de spirales, sont ceux qu'on cultive le plus fréquemment. On
pourrait y ajouter quelques autres sortes telles que le M. lumdata dont
les fruits très larges sont agréablement contournés et fimbriés, le
M. lilloratis à spirales nombreuses, serrées, lisses et cylindriques. Ces
Médicago se cultivent comme les Scorpiurus et donnent des fruits
abondants.
— 134
Medicago lunulata, 1/2 grandeur.
Luzerne en forme de lune.
Medicago orbicularis, 1/2 grand.
' I^uzerne orbiculaire.
On appelle vers les gousses de l'Astragale en hameçon [Jslragalus
liamosus L.) papillonacée, qui habite à l'état sauvage l'Europe mé-
Hippocrepis contorta, 1/2 grandeur.
Ilippocrépide contourné Fer-à-Cheval.
Hippocrepis unisiliquosa, 1/2 grand,
Hippocrépitle à une silîque.
ridionale et qui, dans nos jardins, s'élève, quand elle est en terrain
propice, jusqu'à 0"',50 cent, de hauteur. Elle fleurit en grappes
courtes, donne des petites fleurs blanchâtres auxquelles succèdent
— 135
des gousses cylindriques, g-lobuleuses, recourbées en forme d'hame-
çon. On cultive cette plante comme les précédentes et on l'emploi
au même usage.
Ornithopus perpusillus, 1/2 grandeur.
Pied d'oiseau.
Astragalus hamosus, 1/2 grandeur.
Vers, .astragale en hameçon.
On appelle « Fer-à-cheval » certains Hippocrcpis annuels tels
que les H. conforta etinuUisiliquosa, etc. dont les gousses articulées,
contournées et comme percées de trous, simulent assez bien cet
objet. Bien qu'on ne les rencontre pas aussi fréquemment dans les
cultures, ils sont aussi intéressants, sinon davantage, que les
«chenilles, vers et limaçons ». L'Hippocrépide à une gousse, n'a
pas son fruit contourné. La culture des Hippocrepis annuels est ana-
logue à celle des genres précédents et on pourrait l'employer au
même usage.
La Coronille faux scorpion et le Pied d'oiseau, ci-contre figurés,
mériteraient une place dans les jardins potagers au même titre que
les genres précédents. Les gousses de la coronille simulent assez
bien les cornes arquées du chamois; la réunion, la forme et la
position respective de celles de V Ornithopus perpusillus leur donne
une ressemblance étonnante avec un pied d'oiseau, ressemblance
qui leur a valu leur nom populaire. Dans les jardins si on voulait
cultiver les « Pied d'oiseau » il serait préférable de substituer
V Ornithopus sativus qui est plus grand, plus vigoureux et plus
robuste à l'O. perpusillus dont les proportions sont un peu
exiguës.
La culture de la Coronille faux scorpion et celle du Pied d'oi-
seau ne diffèrent pas des précédentes. Léonard Lille.
Marehand-grainiir, à Lyon.
— 136 —
Cépage nouveau : L'Herbemont Touzan (1).
Description. — Plante très vigoureuse, de port et d'aspect pres-
que complètement européens.
Bois ancien de couleur brune-châtaine , dans les intervalles
récemment mis à nu par le retrait des lanières extérieures de
l'écorce.
Bois de l'année mûrissant facilement, fort, châtain-clair, très
légèrement pruineux à maturité. Entrenœuds de longueur moyenne
(10 à 15 centimètres), sarments principaux présentant à la base,
sur une hauteur de 5 à 8 cent., de nombreux poils subulés, roux
(caractère d'/Esiivalis). Extrémité des pousses duveteuse-laineuse,
roussâtre ou grisâtre, nuancée de violet.
Feuillage d'un vert clair moins foncé que celui de Vllerbcmont.
Feuilles grandes à pétiole généralement long et fort, arrondi et
très pubescent sur les feuilles anciennes.
Limbe encore plus découpé que celui de VHerbemont, générale-
ment à cinq lobes séparés par des sinus profonds rhomboïdaux,
arrondis à la base. Lobes quelquefois sinués lobés à leur tour, de
forme allongée lancéolée. Dents très inégales, subaiguës à bord
très peu révoluté supportant çà et là, surtout au fond des sinus
dentaires, quelque poils subulés. Sinus pétiolaire de forme variable,
quelquefois moyen et ouvert comme celui de VHerbemont, le plus
souvent, sur les vieilles feuilles, étroit et fermé par le croisement
des deux lobes basilaires au devant du pétiole.
Face supérieure de la feuille glabre, luisante, non gaufrée. Face
inférieure de teinte mate, offrant d'abord sur toutes les nervures
quelques flocons de poils laineux aranéeux qui plus tard sont dissi-
mulés par une très abondante production de poils subulés qui émer-
gent de toutes les nervures, même des plus petites, ce qui donne
alors à la face inférieure une teinte grisâtre.
Raisin très gros et pesant (variant généralement pour le poids
entre 300 et 600 grammes), de forme conique pyramidale, irré-
guHère, presque toujours ailé. Aile très caractéristique, constituée
par un grapillon arrondi appendu à l'extrémité d'un pédicelle très
long (8 à 12 centimètres) légèrement flexueux. Grappe très rameuse
et compacte, glabre, pinceau incolore ou un peu rosé.
Grains presque sphériques, de grosseur submoyenne (12 à 15
millimètres de diamètre), sensiblement de même couleur que ceux
de V Hcfbemont à maturité, c'est-à-dire d'un noir rougeâtre, prui-
neux, entremêlés de quelques grains de verjus. Peau du grain
(1) l'roi/rh aijriiiilf de Lot-et-Garonne, n" 1, 18SG.
13-
solide, parsemée à l'extérieur de fines ponctuations brunâtres,
saillantes, tapissée en dedans d'une très mince couche de pigment
d'un rouge violacé. Pulpe transparente, très juteuse et fondante,
incolore ou légèrement verdàtre. Pépins 2, assez souvent 3, plutôt
petits (7 millimètres de longueur maximum), de forme européenne,
mais rappelant d'une manière non é(iuivoque par quelques traits
(brièveté du bec, — saillie de la chalaze, —extrémité supérieure
entière, non bilobée) les types .Estivalis et Cinerca.
Saveur absolument neutre, plus agréable que celle de V Herbc-
mont, très sucrée. Maturité fin septembre dans la plaine de la
Garonne (Lot-et-Garonne).
Observations. — Ce cépage provient d'un semis à'' Herbcmonl fait
en 1880 par M. Lauze, pépiniériste à Agen. A la fin de cette
même année, îf. G. Sentou, vétérinaire à Sérignac (1 ot-et-
Garonne), acheta à M. Lauze cinquante individus issus de semis
dont il vieni d'être question. Il les planta dans sa propriété de
Bellerive, où j'ai pu voir les plus beaux le 20 septembre de cette
année.
Pour le moment, une seule de ces plantes offre de l'intérêt, c'est
celle qui fait l'objet de cette notice. Elle est d'une vigueur admira-
ble, puisque j'ai pu mesurer quinze mètres de l'extrémité de l'une
de ses pousses à celle du plus long sarment du côté opposé.
La plante, cultivée en cordon, portait, lors de ma visite, cin-
quante raisins superbes, dont le plus gros, sacrifié pour la photo-
graphie, pesait 575 grammes. Comme le cep n'a pas encore six
ans d'âge, il est probable que cette grosseur pourra être encore
dépassée par la suite. Il est vrai que le sol qui nourrit ce superbe
végétal est de première qualité. C'est dans ces terres que l'on cul-
tive le tabac.
Mais la grande fertilité de ce nouveau cépage n'est pas sa
moindre qualité, la résistance au miidew est des plus remarqua-
bles : un peu inférieure à celle de VHerbemonl, elle surpasse nota-
blement celle de VOlheUo.
La résistance au phylloxéra est encore inconnue, quelques pieds
ont été plantés, il y a un an, dans un vignoble phylloxéré, qui
seront arrachés et étudiés en temps utile.
Malgré les analogies que présente la plante dont je parle avec
V Jlerbemont , elle semble beaucoup plus voisine de la vigne euro-
péenne que ce type américain. Serait-elle le produit d'une hybri-
dation nouvelle {Vlierbe^nonlciaid déjà, comme je l'ai démontré, un
hybride)? Le fait me paraît d'autant plus probable qu'à cinq mètres
de V lîerbenioni sur lequel M. Lauze a recueilli les graines qui ont
servi au semis, se trouvent des Malbecs, et à dix mètres des Touzans
(nommés aussi Tou^sans et Gros-BouchaUs dans le pays). Or, le 7b«-
— 138 —
zan présente avec notre plante des analogies remarquables dans la
feuille, le bois et la grappe. Plusieurs viticulteurs qui se trouvaient
sur les lieux au moment de ma visite, me les ont fait remarquer
d'un commun accord, et je ne puis que cqnfirmer la justesse de
leur observation. C'est pour cette raison que j'impose à la plante
dont je parle le nom à' Hcrhcmonl-Tonzan. Je ne saurais, je crois,
en trouver un meilleur.
Conclusion. — En résumé, V Herbemonl-Touzan, par sa vigueur,
sa grande fertilité et sa résistance au mildew, constitue un gain
très sérieux et mérite d'être chaudement recommandé. Il porte
fruit cette année pour la troisième fois et ne semble pas sujet à la
coulure. Le vin sera certainement alcoolique, fin, de vinosité et
de coloration moyennes, supérieur à celui de VHerbemonl.
J'ai cédé avec plaisir aux sollicitations de AI. Sentou qui désirait
mon appréciation sur ce nouveau cépage, en écrivant cette notice
qui résume ses caractères et mes impressions.
MiLLARDET,
Professeur à la Faculté des sciences.
De la classification des espèces et variétés
de Gitrus ou Agrumes (1).
Ce sujet a fait la matière de plusieurs mémoires publiés par le
professeur italien L. Savastano, et les principaux résultats en ont
été résumés, de la manière suivante, dans le recueil précité :
D'abord, il y a lieu de présenter une observatipn générale. La
langue italienne possède le mot Jgrumi par lequel elle désigne
toutes les Aurantiacées cultivées pour leurs fleurs ou leurs fruits ;
la langue française n'a que des mots spéciaux applicables aux
principales de ces espèces : Oranger, Citronnier, Limonier, etc.
Il serait donc commode de transporter ce mot dans notre langue,
en en modifiant légèrement la terminaison et d'appeler Jg'-umcs
collectivement tous ces arbres. Un autre usage s'est introduit en
français et entraîne un assez grand inconvénient : c'est l'appli-
cation vague qui est faite du mot Citronnier, (ju'on emploie
parfois pour le vrai Citronnier, parfois aussi et plus souvent pour
le Limonier. Le Bon Jardinier, par exemple, fait ces deux mots
synonymes : Limoniers ou Cilronnierf!, écrit-il, tandis que les
botanistes regardent ces deux types comme deux espèces distinctes.
Toutefois, dans le Manuel de Cawalear des Jardimi. par MM. J.
Decaisne et Ch. Naudin, ces deux types sont considérés plutôt
comme deux races d'une même espèce botanique que comme deux
(1) Provence agricole.
— 139 —
vraies espèces, ce qu'avait déjà fait de Candolle, dans la Flore
française. Le fait est que les ditïérences sont bien faibles. Quoi
qu'il en soit à cet égard, voici les espèces botaniques qu'énumère
d'abord M. Savastano parmi les Agrumes et les caractères par
lesquels il les distingue :
Cilrus vuhjaris (Bigaradier). — Pousses vertes, pétiole ailé,
pétales blancs, fruit sphérique, jaune orange, mésocarpe (partie
blanche et spongieuse de la peau), peu épais, pulpe orangée, d'un
goût acre et désagréable.
C. Jurnnliam (Oranger). — Caractères identiques à ceux du
précédent, mais la pulpe du fruit est douce. — Ajoutons toutefois.
à ces caractères, que le fruit du Bigaradier est plus déprimé,
couvert d'une peau moins unie que celle de l'Orange, et que les
glandes à huile essentielle y sont en creux au lieu d'être en relief
comme dans l'Oranger, En outre, les fleurs du Bigaradier sont les
plus parfumées de toutes.
C. Limonium (Limonier, fort improprement appelé Citronnier). —
Pousses violacées, pétiole non ailé, pétales lavées en dehors de
violet, fruit oblong, omboné, c'est-à-dire surmonté d'un gros
mamelon saillant, peau lisse, de couleur jaune, mésocarpe mince,
pulpe acide.
C. Medica (Citronnier vrai ou Cédratier). — Caractères iden-
tiques à ceux du précédent, à l'exception de la peau qui est
rugueuse, et du mésocarpe qui est épais.
C. Limetla (Limelier). — Pousses vertes, pétales blancs, fruit
presque rond, à peau lisse, jaune verdàtre .avec des glandes d'un
arôme spécial, mésocarpe mince, pulpe acide comme celle du
Limonier.
C. Deciimana (Pamplemousse, Pompoléon, Chadec). — Pétiole
ailé, fruit arrondi, volumineux, à peau lisse, jaune verdàtre,
mésocarpe épais, pulpe amère.
Les principaux résultats auxquels M. Savastano a été conduit
par l'examen comparatif de nombreuses variétés de ces arbres
sont :
1° Que relativement à la pulpe ou partie comestible de leur
fruit, les espèces des Agrumes ont une remarquable puissance de
variabilité. Une simple variété peut différer, sous ce rapport, de
l'espèce type à laquelle elle appartient, plus qu'une espèce ne
diffère de sa voisine.
2° Qu'on peut regarder l'Oranger à fruit doux comme une
variation de Bigaradier ou Oranger à fruit amer, laquelle, par la
suite des générations, aura fixé son caractère distinctif.
3° Que, de même, le Citronnier vrai ou Cédratier est une
variation fixée du Limonier, dont une seconde variation également
140
fixée et plus fortement différenciée, serait le Limetier, et dont une
troisième variation est le Bergamotier, dans lequel les caractères
distinctifs ne sont pas encore complètement fixés.
L'Art de bouturer. — Suite.
Bouture d'un bourgeon sans feuille. — On peut comparer la bouture
d'un bourgeon sans feuille à un véritable semis. Qu'est-ce, en effet,
qu'un semis? Le dépôt dans le sol d'un bourgeon spécial nommé
graine. Les exemples de semis de bourgeons ne sont pas très rares.
On peut semer ou planter tous les bourgeons des plantes vivipares,
si fréquentes accidentellement chez les graminées, les Fougères et
beaucoup d'autres familles do plantes. On sème toutes les Liliacées
bulbifères, etc. Certains Dranœna se multiplient le plus souvent en
coupant les tiges par tronçons contenant un ou plusieurs bourgeons.
Pour les plantes ligneuses à feuilles caduques, on peut semer
les bourgeons ordinaires d'un assez grand nombre d'espèces, avec
la chance de les voir se développer. On doit toujours conserver à
ces bourgeons un fragment de tige d'environ un centimètre de
hauteur.
Ces boutures demandent pour réussir beaucoup de soins et uae
connaissance parfaite des conditions de chaleur et d'humidité qui
favorisent le mieux le développement des espèces bouturées de cette
manière.
Boulures de rameaux de l'année [lierbacéi). — On peut distinguer
les boutures des rameaux de l'année en deux catégories : les bou-
tures herbacées et les boutures ligneuses. Les boutures herbacées,
qu'elles appartiennent à des espèces ligneuses ou à des plantes
molles, se font toujours avec des rameaux feuilles, tandis que les
boutures hgneuses se font très fréquemment avec des rameaux
dépourvus de feuilles.
Dans les boutures herbacées, on enlève seulement une ou deux
feuilles de la base de la bouture, afin de faciliter la plantation. Ces
boutures, sauf de rares exceptions, ne dépassent Jamais 10 centi-
mètres de longueur. Comme il faut établir l'équilibre entre la
recette de la bouture, c'est-à-dire l'eau qu'elle tire du soi, et sa
dépense qui consiste dans l'évaporation de l'eau qu'elle a tirée du
du sol, on coupe souvent une partie du limbe des feuilles, afin que
l'évaporation soit moins considérable. On emploie également les
cloches, châssis et de fréquents bassinages pour obtenir le même
résultat. Sous cloche et sous châssis, l'air étant saturé d'humidité,
met un obstacle à l'évaporation par les feuilles.
— 111 —
Bouliurs iKjncuscs. — Les boutures ligneuses se divisent en trois
classes : la première comprend toutes les boutures faites avec les
rameaux de l'année et auxquels on conserve une partie de leurs
feuilles ; la deuxième toutes les boutures de rameaux de l'année
dépourvus de leurs feuilles, et enfin la troisième, qui comprend les
boutures faites avec des rameaux ou tiges de plus d'un an.
Les boutures de rameaux de l'année auxquels on conserve une
pariie des feuilles se font et se traitent exactement comme les bou-
tures herbacées. Elles demandent des cloches, des châssis ou de
fréquents bassinages.
L.-iS bouuires de rameaux de l'année auxquels on a supprimé les
feuilles, ou dont les feuilles ont tombé naturellement, ne deman-
dent pas nécessairement l'emploi des cloches ou des châssis ;^ on
les fait souvent un peu plus longues que les autres.
Les boutures faites avec du bois de plus d'un an sont assez
connues sous le nom de plançons. Les saules, ainsi que nous l'avons
dit plus haut, dont on enfonce quelquefois dans le sol d'énormes
branches qui s'enracinent aisément, peuvent donner une idée assez
exacte de ce genre de boutures qu'on fait toujours sans feuilles.
Les plantes à feuilles persistantes se bouturent toujours avec une
partie de leurs feuilles. Leur époque de repos varie avec les espè-
ces. Sous nos climats, celles qui supportent la gelée, peuvent
presque toutes se bouturer de novembre à mars, c'est-à-dire depuis
le moment où elles ne poussent plus jusqu'à celui où elles vont
émettre de nouvelles pousses.
Elles peuvent également se multiplier après que leur première
pousse est aoûtée, c'est-à-dire, dans le plus grand nombre des cas,
de juillet à septembre. Les plantes des régions chaudes ne suivent
pas d'autres règles ; le meilleur moment d'en faire des boutures
coïncide avec celui où leur repos va se terminer.
Les plantes qui poussent contiiuiellement quand la chaleur et
l'humidité ne leur font pas défaut, se bouturent quand on veut, sur-
tout quand la saison est favorable. Août, septembre, février, mars,
etc., sont des mois qui conviennent généralement à la multiplica-
tion de ces espèces.
Il faut, autant que possible, couper les boutures sur des pieds
vigoureux et bien portants que l'on empêchera de fleurir.
Il y a encore une autre sorte de boutures faites avec du bois de
plus d'un an ; elle consiste à couper des tiges par fragments de
quatre à cinq centimètres de longueur et à les coucher horizontale-
ment sur le sol que l'on recouvre de sable ou de terre fine. Ou
emploie ce genre de boutures pour la multiplication des Dracrena et
autres liliacées arborescentes.
— 142 —
Les boutures de racines se font en coupant par tronçons de cinq
à dix centimètres de longueur des racines d'une grosseur moyenne ;
les tronçons se recouvrent légèrement de terre fine. (// suivre.)
VA R I ÊTES
Quelques phrases à effet à l'usage des orateurs horticoles
Pour tromper l'ennui d'une trop longue attente, je feuilletais un jour les
distours de quelques personnages haut placés dans les cérémonies horticoles,
comme si, hélas ! la distraction pouvait se trouver entre les ligues d'écrits
toujours pompeux ou flatteurs.
J'y fis la remarque que dans certains de ces discours les citations abon-
daient, par trop quelquefois, et je me pris à relever les plus intéressantes de
ces phrases à e/ftt.
Les voici à peu près textuellement; elles pourront encore servir à d'autres
auxquels j'éviterai ainsi la peine de les chercher, dans une foule de livres,
sans avoir d'autre mérite, pour moi-même, que de laisser courir ma plume
une demi-heure sur le papier sans aucun eflort d'intelligence.
Habilement introduites d'ailleurs dans un discours, elles placent l'orateur
très haut dans l'estime de ses auditeurs, toujours disposés à admirer sa vasta
érudition.
Pour partir de pluâ loin, un de ces personnages remontait une fois jusqu'au-
delà des bornes du monde, dans le paradis terrestre.
a Suivant l'autorité incontestable de la Genèse, dit-il, Dieu voulant donner
B à l'homme un bonheur parfait, le plaça dane un jardin délicieux où crois-
« salent spontanément des arbres magnifiques chargés de fruits excellents et
« le premier châtiment de sa désobéissance fut l'expulsion de ce séjour dont
« le nom nous a été conservé comme l'expression de toutes les conditions
« qui peuvent assurer le bonheur. »
Ne trouvant ensuite pas grand'chose à dira avant le déluge, faute de ren-
seignements sans doute, on nous fait, sauH transition, assister à une leçon de
taille donnée par Moitié lui même à son peuple :
« Retranchez, dit-il, pendant les trois premières années, tous les traita
« des arbres que vous plantez ; consacrez au Seigneur ceux de la quatrième
a pousse et ce n'est que la cinquième année qu'il vous sera permis d'en
« manger. »
A partir de ce moment-là les faits abondent, les peuples et les dates se
mêlent et te confondent.
Trois cents ans avant Jésus-Christ, ThéopUraste et Acosta nous apprennent
ainsi l'origine de la taille du rosier:
« En parlant de rosiers qui poussaient si vigoureusement qu'ils ne don-
« naient point de roses, ils disent que le feu prit par hasard à un de ces
« arbustes qu'il n'en resta que quelques jets qui, l'année suivante, donnèrent
a des roses en quantité: de cette observation naquit la taille. »
Ce trait n'a-t-il pas grande parenté avec l'âne inventeur de la taille de la
vigne et la chèvre découvrant les propriétés du café !
« Au dernier siécla avant l'ère chrétienne, Virgile s'immortalisait déjà
0 par ses Géorgiques dans lesquelles il traçait, ea vers magnifiques, les pré-
ce ceptes de l'agriculture. »
a A la même époque, Horace, le chantre deTibur, trouvait dans ses fleurs,
« ses vignes et ses bois, les odes à jamais remarquables qu'il a écrites sur le
a bonheur de la vie rustique. »
« Pline l'ancien se rendait à jamais célèbre par ses écrits sur l'histoire
« naturelle, u
— 143 —
0 Golumelle ne nous est connu que par ses traités sur l'agriculture. »
« Serranus ensemençait son champ Ijrsqu'on lui apprit qu'il venait d'être
« nommé consul. »
« Cincinnatus était après labourer lorsque l'huissier du Sénat vint lui
« annoncer qu'il était dictateur. »
« L'illustre Caton, lorsqu'il veut lousr un homme, ne croit pas pouvoir
« mieux le flatter qu'en l'appelant un bon labournur. »
« Varron, guerrier et écrivain, nous montre dans son Traité de la vie ru$-
a tique Tétai de l'agriculture au oommeiicemeut du siècle d'Auguste. »
« Dans une lettre adressée à Ciceron, Marius, favori d'Auguste, sa vanta
a d'avoir appris aux Romains à greff'er. »
« En Chine, une fête annuelle est consacrée à l'agriculture et la Fils du
« Ciel — autrement dit l'empereur — pour ennoblir la charrue, trace lui-
« même le premier sillon. »
« Au seizième siècle, Charles-Quint, empereur d'Aulriehe, oubliait dan?.
« la culture des plantes — d'autres disant des horloges, peut-être des deux
« — au cloître de St-Just, en Espagne, les grandeurs du monda devenues
« trop lourdes à porter, o
« Au dix-septième sièle, Condé, le vainqueur de Rooro.y, charmait ses
« loisirs par la culture de l'œillet. »
0 Louis XIV, taillait et dirigjait les ifs de son château de Versailles. »
« Grégoire XVI se plaisait à embellir les jardins de son palais, d'où il na
« sortait que lorsque ses devoirs l'exigeaient impérieusement. »
« Plus récemment, la maréchal Bugeaud ne dut-il pas sa popularité, sa
« célébrité, autant à sa science agronomique qu'a ses actoins d'éelat en
0 Afiique ?»
(( De nos jours, enfin, à St-Raphaë', Alphonse Karr, l'immortel auteur
« des Guêpes, s'est fait jardinier. »
Et enfln dominant tout cela :
« Jésus-Christ, voulant récompenser la repentir fondé sur l'amour en choi-
« sisîant Madeleine pour le premier témoin de sa résurrection, se présenta
a à elle sous les traits et le oostume d'un jardinier, b
« Les Genner, les Bernardin de St-Pierre, les Delille et tant d'autres ont
a aimé les champs, les jardins et les ont chantes avec passion. »
Veut-on faire montra de connaissances bibliographiques ? on peut citer :
« Claude Mollet, jardinier du roi Henri IV (1589-1610) composa sous ce
a titre : L:; théâtres des plants et jardinages, un ouvrage que ses fils
a publièrent après sa moit et dont il existe una élition ds 1652.
« Dans l'édition de 1651, Olivier de Serres comprit les arbres fruitiers
« dispersés dans les campagnes et les jardins.
a En 1053, le R. P. Trinquet, prieur de St-Maïc, fit paraître une Instntc-
« tion pour les arbres fruitiers.
« En 1661, première édition du Jardinier français, par Nicolas Bonne-
a fond.
a En 1687, don Claude St-Iillien:.e donna les Nouvelles Instructions
a pour connaître les bons fruits.
a En 1697, la Quintinie publia son Instruction sur les jardins fruitiers
« et potagers.
a En 1702, La culture parfaite des Jardins fruitiers et potagers, par
a Liger.
a En 1718, Observations sur la culture des arbres fruitiers, par
« Colombot.
a En 1732, Traité des Jardins, par Saussay.
a En 1705, Traité des Arbres fruitiers, par du Ilamel du Monceau,
« En 1781, Y Ecole du Jardin fruitier, par de La Bretonnerie.
« En 17S5_ Dictionnaire des Jardiniers, par L. H. .Miller.
« En 1789, Traité des Jardins, parL) Berryais,
— 144 —
M En 1804, YAmi des Jardiniers, par Poinsot.
0 E a 1805, Traité général des Pépinières, par Etienne Calvel.
a En 1810, Traité raisonné des Arbres fruitiers, par T. -Y. Catros. »
A partir de ce moment les livres deviennent trop nombreux et il n'y a plus
aucun mérite à les signaler.
Il ne reste plus qu'à parler des jardins historiques, deux exemples sufliront.
« L'histoire mentionna les jardins magnifiques que, dix-huit cenls ans
« avant l'ère chrétienne, une souveraine asiatique fit élever sur les murs et
0 les terrasses de son palais, en vue de l'Euphrate, à Babylone, capitale de
« la Chaldée.
<r Au Mexique, les lacs qui entourent la capitale étaient sillonnés de chi-
<i iiampas — l'emploi de quelques mots étrangers augmente l'intérêt — ou
a jardins flottants, formés d'un radeau do roseaux recouvert de la vase
0 prise au fond du lac. Une brillante végétation se développait sur ce ter-
0 rain riche et humide et l'on voyait des plantes, des fleurs et jusqu'à des
0 arbres glisser ainsi sur les eaux dont la surface reflétait les parcs de Tez-
« cuco et de Mexico. » Eriovira.
Infopmallons. — On vient d'aoquérir la certitude que le Rosier de
Lady Banks [/{osa Bxnksiœ) est un rosier chinois. M. l'abbé Delavây l'a
découvert dans le Yun-Nan et en a récolté plusieurs spécimsns en fleur et
en fruit sur le mont Mo-so-yn.
— La Société Philomatique de Bordeaux a décidé de réunir, le 20 septem-
bre prochain, un Congrès international ayant pour objet l'enseignement
technique, commercial et industriel.
— L'Association pomologique de l'Ouest, présidée par M. Lechartier, a
décidé qu'elle tiendrait son concours et son cang.ès annuels à Versailles, à
l'automne prochain. La villf de Versailles et les associations agricoles du
département prêteront leur concours à cette solemnité ; à côté du concours
de fruits à cidre, la Société d'hortiouUura de Saine-et-Oise organisera un
concours de fruits à couteau.
— L'Exposition Industrielle de Marseille s'ouvrira le 8 mai prochain et
sera inauguré par trois jours de fête, cavalcades, courges, fêtes nautiques,
— I! y aura en Belgique, cette année, des expositions d'horticulture aux
■dates suivantes: Anvers, 27juinet8 août; Bruxelles. 29 août; Gand, 12sep-
.embre ; Liège, 2 mai ; Louvain, 20 juin ; Mons, 20 juin et 3 octobre ; Tour-
nay, 12 septembre.
— On signale la fructification, à Lisbonne, d'un Jubœa spectubilis. L'exem-
plaire de ce palmier assez rare dans les cultures du continent est âgé d'en-
viron 35 ans. Il a une tige (stipe) de 5 m. 60 de haut.
— MM. Veitch, de Londres, viennent de voir fleurir dans leur établisse-
ment un nouvel hybride d'Orchidée, le Phakenopsis iatermedia, résultant de
la fécondation des Ph. amabilis et roscn. Il eût été préférable de nommer le
nouTeau venu Ph. roseo-amabilis ou Pli. amabilo-rosea qui aurait rappelé sa
descendance.
— On signale un Wehmtschia vivant, à Paris, au Jardin d'acclimatation.
Catalogncs. — Simoîi Delau:^, horticulteur à Saint-Martin-du-Touch
pris Tou'iouse. — Catalogue abrégé des plantes cultivées dans l'établis-
sement : Abutilons, Ageratum, Bégonias, Bouvardia, Coleps, Calcaires,
Cannas, Chysanthèmes nouveaux, Dahlias, Fuchias, Géranium zonales et
autres, Pélargonium, etc. Plantes pour massifs. Nouveautés, etc.
Le GinAKT : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r, do la République, 33
1886 MAI N' 9
CHRONIQUE
La Pomme. — Il y a des gens qui s'imaginent que la pomme est
tout simplement le fruit du pommier, excellent arbre cultivé dans
presque tous les jardins. Quelle erreur ! La pomme... mais c'est
un monde. Ce n'est pas seulement le fruit auquel les Normands
doivent le cidre, car il faut convenir que si elle descend étjmolo-
giquement du latin ^jonatm, elle ne descend pas toujours du Punis
malus. En effet, Dorât a pu dire, sans que pour cela les botanistes
ou les jardiniers le traitassent d'imbécile :
Des pommes d'or parfument l'oranger.
Voltaire, qui avait beaucoup d'esprit, mais qui n'était ni jardi-
nier ni botaniste, a glissé quelque part ces deux vers dans lesquels
il fait connaître une autre espèce de pomme :
Un beau bouquet de roses et de lis
Est au milieu de deux pommes d'albitre.
Il y a aussi la pomme de discorde que le berger Paris, fils du
roi Priam, présenta à ces dames de l'Olympe ; puis la pomme des
Hespérides, que Junon apporta en dot au grand dieu Jupiter.
Croire que l'on tient la pomme des Hespérides
Et presser tendrement un navet sur son cœur.
Sans remonter à Eve et à la pomme dont le trognon resta au
gosier du premier homme — c'est pour cela, dit-on, que le carti-
lage de notre larynx qu'on appelle la pomme d'Adam est si déve-
loppé — nous trouvons des tomates et d'autres solanées sous le
nom de Pommes d'amour, puis la pomme de merveille (sorte de
cucurbitacée), la pomme épineuse (jusquiame) ou pomme du diable,
la pomme de chien (mandragore), la pomme de paradis (banane),
la pomme rose (sorte de citron), la pomme de pin, la pomme de
ckou, la pomme de laitue et un grand nombre d'autres fruits qui
portent ce nom. sans compter la pomme de terre, qui sauva le
genre humain de la famine et fit la gloire de Parmentier.
— 146 —
La pomme, comme on peut le voir par ces courtes citations,
n'est pas toujours ce que les pépiniéristes pensent ; elle a eu le
privilège d'être employée métaphoriquement par les poètes, les
botanistes, les serpents bibliques, les bergers troyens, les méde-
cins, les déesses et les introducteurs du Sulanum tuberosum.
Comme ce n'est pas du Nord qu'est venue la lumière en premier
lieu, mais de l'Orient, on pourrait presque affirmer que la première
pomme n'était pas une pomme, mais une orange ; peut-être un
abricot. Le vieux Dioscoride, dont les pharmaciens se servent du
buste comme enseigne, compte comme espèces de pommes : les
communes, les coings, les pèches et les abricots. Il distingue parmi
les communes les Melimeles, les Epirotiques et les sauvages. Il y a
de quoi perdre tout son grec à chercher à connaître les espèces
dont il veut parler.
Pline, qui a beaucoup copié, à tort et à travers, glisse les citrons
et les jujubes parmi les pommes.
Les agronomes romains signalent les variétés de pommes les
plus estimées cultivées de leur temps. Il y avait parmi le nombre :
les Apiennes, Claudiennes, Sceptiennes, Scantiennes, Petisiennes,
Grecques, Melapiennes, etc.
Floraison tardive des Glaïeuls. — Pour obtenir les glaïeuls en
fleurs vers la fin de la saison, c'est-à-dire en octobre, il faut retarder
la plantation des bulbes jusqu'à la fin mai. En opérant de cette
manière, ces belles Iridées donnent leurs longs épis presque jusqu'aux
gelées. On sait que si on coupe les inflorescences des glaïeuls et
qu'on les place ensuite dans un vase rempli d'eau, les fleurs s'épa-
nouissent successivement jusqu'à la dernière, pourvu toutefois que
la température de l'appartement dans lequel on les place ne soit pas
trop basse.
Moyen de dciruire les cloporlcs dans les serres. — Monsieur Boizard
l'inventeur de l'emploi du jus de tabac à l'état de vapeur, pour
détruire les insectes dans les serres, a fait connaître, dernièrement,
dans le Bullelin de la Soeiété nationale d'horlicuUurc de France, une
manière de se débarrasser des cloportes, insectes désagréables qui
causent quelquefois de vrais dégâts dans les cultures. Voici ce
moyen : Tous les jardiniers qui ont des serres connaissent ces petits
animaux nocturnes ; je les appelle ainsi, parce qu'ils ne font leurs
ravages que la nuit, ce qui en rend la destruction très difficile,
surtout dans les serres à Orchidées où ils trouvent beaucoup de
refuges contre le jour qu'ils redoutent.
Aussitôt la nuit venue, ils sortent et s'en vont chercher leur
nourriture sur les plantes. Ils s'attaquent aux jeunes pousses, aux
— 147 —
tiges à fleurs et aux jeunes racines. Je n'ai pas besoin d'énumérer
ici toutes les pla-ntes auxquelles ils s'attaquent ni tous les procédés
qui sont employés pour leur destruction ; ceux-ci sont tous plus ou
moins pratiques et demandent beaucoup de temps. Je les ai tous
essayés, et je me suis arrêté au suivant, qui est très simple et peu
coûteux. Il consiste à avoir quelques balais de bouleau, aies mettre
dans la serre, couchés ou debout toujours dans un endroit obscur,
dans les sentiers ou sous les gradins et même entre les plantes.
Ces balais offrent aux cloportes un refuge qu'ils préfèrent à
tout autre pour y passer la journée. Tous les deux ou trois jours,
vous prenez vos balais et vous les secouez fortement, pour en faire
tomber les cloportes que vous écrasez immédiatement. Si vous avez
un seau d'eau chaude, vous pourrez y tremper vos balais ; il faut
pour cela de l'eau presque bouillante, car ces animaux ont la vie
très dure. 11 m'est arrivé souvent de trouver aussi sous mes balais,
de grosses limaces que j'avais cherchées bien longtemps. Par ce
procédé fort simple, on détruit beaucoup de mille-pattes qui affec-
tionnent également ces sortes de refuges. Ce que je voudrais voir
dans les serres, ce sont des rainettes. Ces petites grenouilles vertes
qui ne vivent exclusivement que d'insectes et de petits animaux,
tels que cloportes, loches et mille-pattes, méritent d'être considé-
rées comme des auxiliaires très utiles aux jardiniers dans les serres.
Stachys affinis. — Il parait que c'est une plante potagère que
M. Prilleux a signalée dans le Potager d'un curieux. Elle croît en
Chine, dit-on. Présentée par un amateur, M. Chappelier, sur le
bureau de la Société nationale d'horticulture, on la trouve aussi
mentionnée un peu dans toutes les publications horticoles. Elle
produit de petits tubercules qu'il suffit de laver avant de les faire
cuire. Voyez d'ici, comme les cuisinières vont rire. Il faut racler les
salsifis et peler les pommes de terre ; cette besogne peu agréable
sera supprimée. Et puis ce Starliijs — en français Epiaire —
appartient aux labiées, une famille qui n'avait encore rien fournie
à la cuisine, si ce n'est des condiments, comme le Thym, le Roma-
rin et la Sarriette.
Je me suis laissé dire, par un malin, que le susdit Slacinjs était
proche voisin, peut-être son frère, à coup sûr quelqu'un des siens,
de notre Slaclnjs paluslris, qui est si commun dans les prairies humi-
des et sur le bords des ruisseaux, non seulement de la France,
mais d'une grande partie de l'Europe. Sachant cela, l'autre jour,
j'ai pris ma boîte deDillenius et ma houlette, et je fus à la recherche
del'espèce que j'ai trouvée, bien entendu, et dont j'ai fait un plat
accommodé au beurre. Excellent, i.ie direz-vous? Euh! Euh ! On ne
peut pas dire que c'est mauvais cependant, mais je crois, si je ne
— l-i8 —
m'abuse, que je préfère les pommes de terre. Enfin que voulez-
vous ? il faut du nouveau à l'iiomme. Quand il n'y en aura plus on
trouvera bien encore quelques Slaclnjs qui auront eu le temps de
vieillir.
Ne connaissant pas encore h Stacliys alfinis ^e n'en puis rien dire,
mais ce qu'il y a de certain c'est que le Siaclnjs pahislris^ dont il y
a du reste des variétés, est comestible, et n'a aucun goût désagréa-
ble. Je ne conseille cependant à personne de le cultiver, avant que
quelqu'un ait réussi à diminuer le nombre et à augmenter le poids
de ses rhizomes en cbapelet.
Proleclion des poires contre les insectes. — J'ai vu, il y a quelques
jours, à Montchat, près Lyon, dans un petit jardinet, des poiriers
singulièrement habillés. Chaque bouton à fleurs était vêtu d'une
chemise de tulle blanc, ayant la forme des sacs que l'on met aux
raisins quand ils approcliei-it de leur maturité. « Vous voyez, me
dit le propriétaire du jardin, que j'ai soin de mes poires et que je
crains qu'elle deviennent véreuses.
Depuis quelques années j'emploie ce procédé pour les garantir
contre les ravages des insectes de plusieurs ordres qui viennent
déposer leurs œufs dans les fruits naissants et je men trouve bien.
Mes poires se conservent et arrivent régulièrement à maturité.
Auparavant la moitié des fruits tombaient jeunes, un quart un
peu plus tard et souvent l'autre quart étaient piqués. Je sais bien,
ajouta-t-il, que mon procédé n'est guère praliquable en grand,
mais, moi qui ai le temps, cela m'amuse et je trouve du bénéfice à
protéger ainsi les poires de mes jeunes arbres. Si je réussi à sau-
ver ma petite récolte je suis d'avis que je n'ai pas perdu mon
temps. »
Le fait est que dans beaucoup de cas, surtout dans certaines
localités, les poiriers coûtent plus qu'ils ne rapportent. Si on compte
la taille et les pincements, la place qu'ils occupent, l'ombrage qu'ils
donnent, et la terre qu'ils mangent, il serait utile qu'ils voulussent
bien donner quelques poires comme récompense. Ils donnent bien
des poires, mais si les insectes viennent les prendre adieu les beaux
desserts !
Somme toute, je crois que le moyen employé par le petit pro-
priétaire de Montchat, n'est pas trop mauvais et j'engage ceux qui
ont quelques loisirs de le mettre à exécution au printemps prochain
sur quelques-uns de leurs arbres.
Expérience. — J'ai fait dernièrement une expérience bien désa-
gréable : je devrais dire une « boulette » . Cependant je ne la
regrette pas, parce que j'ai remarqué, depuis que j'ai l'âge de rai-
— 149 —
son qu'on n'apprend réellement bien « à vivre» qu'à ses de'pens.
L'adversité est souvent une rude, mais toujours bonne école. Voici
ma boulette, pardon, mon expérience :
M. L. Lille, avait bien voulu me remettre quelques douzaines de
graines à' Araucaria excelsa, que j'avais confiées à la douce chaleur
d'une couche. S.îmées suivant les règles de l'art c'est-à-dire la
pointe en bas et très peu enterrées, au bout d'un mois, les graines
commencèrent à montrer l'extrémité de leur radicule. Enchanté de
ce résultat, comme la laitière du pot-au-lait, j'établissais déjà dans
mon esprit une foule de calculs, que la bise a singulièrement
dérangés.
Il faisait un soleil superbe, le thermomètre accusait 15° à l'om-
bre, allons, me dis-je, il faut repiquer en godets ces Araucarias,
afin de no pas déranger leurs racines plus tard. Le lendemain le
soleil étant de plus en plus superbe, pour éviter deux façons, au lieu
de remettre les graines germées sur la couche, j'enterrais en plein
jardin les godets dans lesquels je les avais mises : Je n'eus pas à
me louer de cette inspiration économique. Le soleil se cacha, la
bise survint et le thermomètre descendit pendant quinze jours
entre 5 et 8° centigrades. Il arriva ceci, les radicules qui commen-
çaient à sortir, se putréfièrent et les Araucarias passèrent bien jeu-
nes de vie à trépas. Quelques graines moins hâtives que les autres
échappèrent seules au désastre.
Il faut conclure de cette expérience que lorsqu'une graine est en
voie de germination il est indispensable que la température ne s'a-
baisse pas au-dessous du degré minima susceptible de la faire ger-
mer. Une plante adulte supportera sans danger ce minima ; le
jeune embryon ne saurait le supporter. V. V.-M.
Les "Vignes réfractaires 8U milde'w(I).
Il se-'ait sans doute très avantageux d'avoir des vignes qui résis-
tent au mildew, mais encore faut-il que ces vignes donnent de bons
produits et en suffisante quantité pour que leur culture soit rému-
nératrice.
M. Reich recommande dans la ri(]ne américaine deux cépages
dont la résistance, dit-il, a été absolue partout : ce sontr%/u'
blanc et la Coanoisc. h'Vijni blanc est un cépage vigoureux et très
fertile qu'on ne trouve guère que dans la Provence. Quanta la Cou-
noise ou Counoyse, dont MM. Reich et Loubet ont constaté la résis-
tance, on ne trouve sa description ni dans le Firjnoble de MM. Mas
et Pulliat, ni dans V Essai d'une ninpélographic uniccrsellc de M. le
(1) Provence agricole cl liorlkole.
— 150 —
comte de Rovasenda. M. Reich dit que ce cépage donne un raisin
noir se rapprochant du Cinsaut, mais ayant le grain plus petit, la
grappe plus allongée, les feuilles moins découpées et plus duve-
teuses. On le cultive surtout dans le Comtat ; on en trouvait beau-
coup autrefois dans les vignes de Châteauneuf-du-Pape.
« J'ai vu souvent, joute M. Reich, au milieu de vignes abso-
lument ravagées où il ne restait plus une feuille sur la plupart des
souches, quelques pieds isolés de Counoisc eià^Ugni blanc conservant
toute leur vigueur, mûrissant bien leurs raisins et aoûtant le bois
jusqu'au bout de leurs sarments ; au commencement de novembre,
on trouvait encore des feuilles sur ces souches. »
M. PuUiat cite, parmi les vignes résistantes au mildew, le Cas-
tels àa Bordelais. «Mais, ajoute-t-i!, aucune variété jusqu'ici n'a eu
autant d'amateurs et de partisans que le Portugais bleu, qui a le
double avantage de conserver ses feuilles sous les invasions les plus
intenses du mildew et de mûrir ses grappes avant l'époque où cette
maladie fait ses plus grands ravages. Il a été vendu à un prix très
élevé dans la région du Midi, et ce raisin, très précoce, a un ave-
nir comme fruit à expédier sur les marchés du Nord ; il a atteint,
dans la Haute-Garonne, des prix vraiment extraordinaires. Il s'y
est vendu, nous écrit-on, jusqu'à 1 fr. 50 la bouture. Et, même à
ce prix-là, des détenteurs qui en possèdent d'assez grandes quanti-
tés aiment mieux planter que vendre. »
Anémone hépatique (Anémone Hepatica h.)
Si/imiiijmcs français : Herbe de la Ti'inité, Hépatique trilobée.
Si/noiiijmcs Inliiis : Hepatica triloba Cliaix, Hepatica nobilis Rechb.
Si/iioni/mcs iiiicicns : Trifolium hepaticum, Hepaticum trifolium, etc.
Ihthihtl : Les régions montiieuses et subalpines d'une grande pirtie de l'Europe.
Eu France, dans le Jura, les Pyrénées, les Vosges, la Lorraine, les .\lpes, etc.
On donnait autrefois le nom d'Hépatique à plusieurs sortes
d'herbes parce qu'on supposait qu'elles étaient capables de guérir
le foie des maladies dont il pouvait être affligé, comme on appli-
quait celui de Pulmonaire aux espèces qui intéressaient les pou-
mons. Aujourd'hui le nom d'Hépatique n'est resté qu'à l'Anémone
assez connue en français sous le nom d'Herbe de la Trinité.
L'Hépatique se présente vivant à l'état sauvage sous trois cou-
leurs différentes: Le blanc, le bleu et le rose, reliées entre elles
par toute une série de tons intermédiaires; elle présente également
des variétés physiologiques assez nombreuses mais peu distinctes
ou inutiles à distinguer au poiut de vue horticole. Dans les cultu-
res on cultive l'Hépatique à fleur double, principalement la bleue
et la rose.
151 —
Hépatique à fleurs doubles. — 1/2 grandeur.
La grande précocité des Hépatiques, l'éclat de leurs nombreuses
fleurs si variées les a toujours fait rechercher des amateurs. On
peut en faire de très belles bordures qui, au bout de deux ans,
lorsqu'elles sont bien installées, produisent un etïet admirable. Il
n'est pas utile de les cultiver en terre de brujère comme quelques
Hépatique à fleurs simples — 1/2 grandeur.
livres l'indiquent, car elles viennent très bien en terre franche.
Elles aiment l'ombre, au moins pendant une partie de la journée.
On les multiplie par semis; semer la graine aussitôt la maturité,
ou par division des souches en automne.
— 152
Omphalode printauière. — 1]2 grandeur.
Omphalode printanière [Omphalodes verna Mœnch).
SijHoni/)iics frrinrais : Cynoglosse printanière, Petite consoude.
Si/iinni/incs liiliiis : Cynoglo^sum omphalodes L., Picotia verna Ra?m. et Schultz.
Si/ntuii/iiH's (iHciviis : Sympliitum minus, S. pumilum. Borrago minima, Asarum mûri,
Hubilat : Aut iclie. Hollande, Belgique, Espagne, Piémont, Lombardie, Hongrie,
Croatie, Transylvanie, Taurie, etc.; rare en France. Cultivée dans les jardins.
L'Omphalode printanière que beaucoup de gens appellent impro-
prement Myosotis et Ne-m'oubliez pas est une des plus jolies petites
plantes vernales qu'il soit possible de voir. Dès le premier prin-
temps elle montre de charmantes petites grappes de fleurs d'un
bleu d'émail dont l'éclat est encore singulièrement rehaussé par la
gorge blanche de la corolle. L'espèce est vivace, robuste quand
elle est plantée à l'ombre dans un sol un peu frais. Assez com-
mune dans quelques pays, elle est plus rarement cultivée dans d'au-
tres. Elle est très propre à faire de jolies bordures ou à garnir les
rocailles ombragées.
On la multiplie par division des souches. L'opération se fait en
septembre ou au printemps avant la lloraison.
— 153 —
PLANTES NOUVELLES LYONNAISES
Œillet Pion Alégatière. — Nouveau genre d'Œillet Flon iss;i de l'Œillet
Mignardise remontant, fécondé par l'Œillet de Chine. Cette nouveauté ressemble,
par Eon port et par son feuillage, à l'ancien Œillet Flon, seulement elle a sur son
aîné l'avantage de grainer, ce qui nous promet pour l'avenir de nombreuses varié-
tés ; tandis que l'ancien Œ-iUet Flon, qui ne graine pas, n'a donné que par accident
deux ou trois variétés qui n'ont jamais été bien fixées par la bouture, car ces varia-
tions qui se produisent sur un même pied, retournent souvent au type.
ISS3, plante vigoureuse, très remontante, s'élevant à 30 centimètres, fleurs bien
faites ,1e double plus grandes que l'ancien Flon; son coloris est d'un beau rose car-
miné brillant. Cette nouvelle race si précieuse pour la fleur coupée, peut par sa pré-
cocité, s'expédier .simplement en touftV, en boutons, en automne, et donner une
abondante floraison tout l'hiver à partir du mois de décembre.
Œillets mignardises remontants. — Sullanc, plante vigoureuse, fleurs
grande?, blanc cie nacre, centre pourpre presque noir.
Hercule, plante très remontante, fleurs rose violacé, maculé cramoisi ombré.
Ci/rlapc, plante vigoureuse, ti'ts florifère, fleurs simples de ô centimètres de dia-
mètre et d'une forme parfaitement arrondie, coloris rose vif, centre maculé
cramoisi.
Darwin, plante formant un gazon épai.s, d'où sortent de nombreuses tiges florales,
ne s'élevant que de 10 à 45 centim'-tres, fleurs pleines, petites et bien faites, d'un
beau coloris rose de Chine, type nouveau, sans rivale pour les bordures.
Surprise, plante de 20 à 25 centimètres de hauteur, tenant de l'Œillet de Chine
par sa végétation, fleurs d'un coloris violet nuancé rose, le calice se fend, mais c'est
le plus remontant de tous les Œillets.
Plantes obtenues et mises au commerce, en 1886, par
M. Alég-atière, horticulteur à Lyon-Monplaisir.
Nouvelles variétés d'Aucubas
Les quatre variétés A'Aiicuba japonica dont les noms et les des-
criptions suivent ont été obtenues de semis par M. P. Durand, hor-
ticulteur à Lyon-Monplaisir, et présentées par lui sur le bureau
de l'Association horticole lyonnaise , séance du 18 avril
dernier :
Jucuha japonica var. Durandii. — Feuilles elliptiques longue-
ment atténuées aux deux extrémités, de 20 à 25 centimètres de
longueur et de 5 à 7 centimètres de largeur, à peine marquées
dans leur tiers supérieur de quelques dents rudimentaires obscuré-
ment sinueuses. Limbe envahi dans la plus grande partie de sa
surface par une longue et large macule jaune d'or mat, passant au
jaune pâle lavé de blanc crème. Cette large macule est bordée d'un
liseré ou d'une zone vert clair parsemée de ponctuations jaunes.
Arbuste d'une belle viguaur et d'un aspect séduisant.
Âucuba japonica var. Madame f'aclicr. — Feuilles de forme et
de dimensions à peu près semblables à celles de la variété précé-
dente. Limbe vert pâle lustré, marmoré de plaques irrégulièrement
— 154 —
grandes, jaune d'or et jaune verdâtre, nettes ou confluentes ou de
ponctuations et de taches de même couleur les unes et les autres,
plus claires au centre. Jolie variété,
Àucuha japonica var. Lemoinci. — Feuilles de 15 à 20 centi-
mètres de longueur, sur 6 à 8 de largeur, dentées dans leur tiers
supérieur, à dents grosses, de profondeur variable. Limbe nette-
ment nuancé de blanc crème et de jaune paille ponctué, granité,
marbré, jaspé de vert chlorose. Variété remarquable par ses nom-
breuses ponctuations et sa vigueur.
Aucuba japonira var. ilicifolia. — Cette variété est fort curieuse
par la forme de ses feuilles, qui sont très courtes et offrent assez la
forme qu'ont celles de certaines variétés de houx non spinescentes.
Ces feuilles ont environ 10 centimètres de longueur sur 5 de lar-
geur, sont grossièrement dentées (4 à 5 dents profondes arrondies)
et affectent la forme elliptique acuminées.
L'Art de bouturer (Suile et /in).
Conditions pliijsiques^ météorologiquos cl chimiques qui favorisenl démis-
sion des racines des boulures. — En règle générale on peut dire que
l'influence de la composition chimique du sol dans lequel les bou-
tures sont plantées n'est pas bien importante. Cependant, dans les
cas où l'émission des racines est difficile, on doit en tenir compte.
On doit également, toutes les fois que les boutures sont plantées en
godets (une par godet), donner à la terre dans laquelle elles sont
bouturées une composition analogue à celle du compost qui favorise
le mieux le développement de l'espèce. Ces deux observations sont
faciles à justifier. Les espèces qui croissent dans la terre de bruyère
ou dans les terrains granitiques jaunissent de suite dans les sols où
les éléments qui leur sont nécessaires font défaut. Il en est de
même pour les espèces qui veulent le calcaire, la silice, etc.
Les conditions physiques du sol jouent un rôle considérable dans
la reprise des boutures. En effet, il suffit que le sol dans lequel
elles sont plantées soit trop perméable à l'eau pour qu'il favorise
leur dessiccation, comme s'il est compact et retient trop l'humidité,
les boutures risquent de pourrir avant de s'enraciner. D'autre part,
si la bouture est trop fortement serrée cela peut gêner la formation
du bourrelet et quelquefois empêcher l'émission des racines ; si elle
n'est pas assez serrée, dans certains cas le même résultat a lieu,
surtout si l'humidité fait défaut.
Voici un compost excellent pour toutes sortes de boutures :
sable très fin de rivière : une moitié, terre de bruyère tourbeuse :
un quart, terreau de fumier très consommé : un quart. Le tout
passé au tamis fin. Serrer modérément.
— 155 —
Ce compost par sa composition chimique répond aux besoins de
la plupart des espèces ; par sa composition physique il permet de
serrer suffisamment la terre sans l'agglutiner et surtout laisse suffi-
samment écouler l'eau des arrosements.
Les conditions méléoi'ologiquea (Ij, voilà le facteur important dans
la reprise des boutures. Faites une boutur(î suivant toutes les règles
de l'art, taillez-la en biseau ou autrement, qu'elle soit longue ou
courte, plantée dans la meilleure terre et arrosée à propos, si vous
ne la placez pas dans de bonnes conditions météorologiques, toutes
vos précautions auront été inutiles. Au contraire, laissez faire la
bouture par un apprenti, un scieur de long ou un tailleur : que la
bouture préparée par ces messieurs reçoive les soins d'un jardinier
intelligent, la façon vicieuse dont elle aura pu être faite ne l'empê-
chera pas de s'enraciner.
La chaleur doit être réglée dans une serre à boutures ; elle
varie d'intensité avec les espèces. Les plantes de serre froide ou
tempérée s'enracinent mieux quand la chaleur de fond ne dépasse
pas 18°, sauf exception. Celles de serre chaude préfèrent être
chauffées de 20 à 28" (chaleur de fond).
Les boutures s'enracinent plus facilement quand la température
de la serre est un peu inférieure à celle du sol où elles sont plantées.
Les boutures s'enracinent mieux et plus vite quand l'air de la
cloche est souvent changé et subit chaque jour un abaissement
momentané (une heure ou deux) de sa température habituelle.
Un thermomètre de couche est indispensable pour guider la
température du sol, de la chaleur de fond, comme on dit habi-
tuellement.
Il est important que la couche de tannée ou de sable dans
laquelle on place les boutures ait une bonne épaisseur afin d'y
maintenir plus aisément une chaleur régulière.
L'humidité de la couche de tannée, de sable ou de terrain, ainsi
que celle du sol, doit toujours être suffisante pour que le talon de
la bouture — qui lui sert provisoirement de racines — puisse
absorber l'eau nécessaire à l'entretien des feuilles ou à la diffusion
des matières élaborées dans les cellules ; elle ne doit pas cepen-
dant être trop abondante pour provoquer la pourriture des tissus.
Pour indiquer le degré d'humidité qui convient le mieux aux
boutures, il y a une question de tact et d'habitude techniques diffi-
ciles à exprimer. Cependant on pourrait dire que dans la majorité
des cas il faut que la terre ne soit ni trop sèche, ni trop humide. On
obtient ce degré d'humidité en mêlant par moitié de la terre très
sèche et de la terre saturée d'eau.
(1) Je place dans les (( Conditions météorologiques > la chaleur, l'humidité, l'hy-
groscopicité, l'aération des cloches et châssis, l'intensité de la lumière, etc.
— 156 —
La lumière qui doit éclairer les boutures ne doit jamais être trop
intense, sauf dans de très rares exceptions, surtout quand elles ont
des feuilles et qu'elles sont sous cloches ou sous châssis. Un «coup
de soleil» tombant sur des boutures feuillées suffit quelquefois pour
les briller.
La lumière ordinaire des jours « sans soleil » de novembre et de
janvier peut être prise comme exemple d'une intensité favorable à
la vie des boutures.
Quand le soleil frappe directement sur les cloches il faut ombrer
immédiatement. Il suffît quelquefois d'une simple toile, d'une
feuille de papier, de menues pailles, pour tamiser suffisamment ses
rayons ; d'autrefois il faut un paillasson épais.
Ce qu'il y a de mieux comme éclairage c'est de placer les bou-
tures de manière qu'elles ne reçoivent jamais directement la lumière
solaire, la lumière diffuse suffit. Un mur, un paillasson, un écran
quelconque aident à obtenir ce résultat.
Il arrive souvent dans les établissements où la multiplication par
bouture se fait en grand, qu'on place les cloches en plein jardin.
Dans l'été on couvre ces cloches de paillassons de neuf heures du
matin à quatre heures du soir. De cette manière les boutures reçoi-
vent la lumière directe pendant huit heures. Les boutures ainsi
faites réussissent très bien.
Cloches, châssis et serres à ioulurcs. — Nous avons dit que les
boutures feuillées ne recevant pas assez d'eau, flétrissaient lors-
qu'elles étaient plantées en plein air. Pour obvier à ce grave
inconvénient, on les place sous cloches, sous châssis ou simple-
ment dans des serres basses. Sous cloches, l'atmosphère étant
toujours calme et saturée de vapeur d'eau, l'évaporation est pres-
que nulle; les boutures n'y flétrissent pas. Les châssis jouent le
même rôle avec un peu moins d'intensité. Les serres basses sont
dans les mêmes conditions et laissent un peu plus de liberté à
l'évaporation. Dans les serres où les boutures se font sans cloches
et sans châssis, on bassine fréquemment les boutures et le sol dans
lequel elles sont plantées, de façon à saturer la serre de vapeur
d'eau. Du reste, toutes les boutures de plantes dures préfèrent la
cloche ou le châssis; les plantes molles seules vont assez bien sans
cloches.
Les cloches et les châssis empêchant l'évaporation par les feuilles,
il y a des boutures auxquelles ce traitement ne convient pas. Les
boutures de ces plantes ainsi étouffées ne tardent pas à pourrir ;
la plupart des végétaux à tissus succulents sont dans ce cas. Il
convient donc de ne jamais placer sous cloches ce genre de plantes :
— 157 —
les Cactées, Crassulacées, Euphorbiacées, certaines Composées,
quelques Géraniacées, Bégoniacées, etc., sont dans ce cas. La
serre, le plein air, quelquefois le plein soleil, dans certains cas,
favorisent beaucoup mieux l'émission des racines que la cloche ou
le châssis.
En règle générale, la température, la lumière, l'arrosage étant
réglés, il convient de donner de l'air tous les jours pendant une
heure aux boutures placées sous cloches, d'essuyer celles-ci et
d'enlever toutes les moisissures au moment où elles apparaissent.
Des matières minérales nécessaires à l'alimentation
des végétaux (1).
Une plante est composée d'organes qui se constituent, sous
l'influence de conditions diverses, au moyen d'éléments minéraux
qu'ils trouvent dans le sol, dans Vair et dans Veau. La graine fine
et légère d'un grand arbre, jetée dans la terre, lui arrache chaque
année une quantité relativement considérable de matières minérales
qu'elle organise de différentes façons, et chaque espèce petite ou
grande agit exactement de la même manière.
Le vieux dicton populaire : « C'est la terre qui nourrit tout »
formule assez bien le rôle que joue le sol dans le règne des êtres
vivants. Ce dicton est d'une exactitude absolument mathématique.
Nous le retrouvons exprimé dans la formule biblique : « Tu n'es
que poussière.» Hélas ! En elFet les plantes vivent du sol, les ani-
maux herbivores vivent des plantes et les carnassiers mangent les
herbivores. L'homme a le privilège de manger les plantes, les fruits
et les animaux. Mais en fin de compte la dépouille des êtres
retourne au sol d'où ils l'avaient extraite.
La terre renferme tous ces corps que nous connaissons, soit à
l'état simple, soit à l'état composé.
On sait qu'un corps simple est celui que les réactifs chimiques
les plus puissants n'ont jamais pu parvenir à décomposer. Un corps
composé renferme à l'état de combinaison plusieurs corps simples.
Le fer, le cuivre, l'oxygène sont des corps simples. La rouille, le
vert-de-gris, l'eau sont des corps composés.
Nos chimistes ont découvert que les plantes étaient composées
des corps simples suivants combinés entre eux de différentes maniè-
(1) Extraits d'une conférence préparatoire à l'étude du rôle des engrais chimiques
en horticulture, faite par M. Viviand-Morel dans la séance tenue par l'Association
hurlicole le 18 avril 1886.
— 158 —
res : carbone, oxygène, hydrogène, azote, potasse, soude, chaux,
silice, phosphore, fer, magnésie et quelques autres qui paraissent
n'exister dans l'intérieur des tisssus qu'à l'état accidentel.
Ils ont découvert en outre que les corps susnommés existaient
dans toutes les plantes mais en quantité très variables suivant les
espèces et même les variétés.
Les agronomes aidés des chimistes, poussant plus loin leurs
investigations voulurent se rendre compte du rôle que joue particu-
lier chacun de ces corps et forcer la nature à leur dévoiler ses
secrets. Ce sera l'éternel honneur des Boussingault, des Liebig,
des Georges Ville et de tant d'autres d'avoir, sinon résolu complè-
tement ce difficile problème, mais d'en avoir pour ainsi dire donné
une solution partielle
Ayant cultivé du blé dans' un sol stérile (du sable calciné), en
l'arrosant avec de l'eau distillée, ils obtinrent une végétation ché-
tive et malingre qui indiqua d'emblée ce que la plante empruntait à
la graine, à l'eau et à l'atmosphère.
Le même blé cultivé dans le même sol stérile , auquel on
ajouta , séparément d'abord , et réunis de différentes manières
ensuite, tous les corps qui entrent dans la composition d'une terre
fertile, indiqua les rôles respectifs que jouaient chacun de ces
corps qui composent la terre.
On apprit à connaître par ce moyen la nature des aliments dont
les plantes se nourrissaient. Ce sont ces aliments que je me pro-
pose de passer rapidement en revue devant vous, pour vous les
présenter, car vous aurez plus tard l'occasion de les utiliser quand
vous voudrez composer vous-même des engrais chimiques appro-
priés à vos différentes cultures.
Voici ces corps :
Potasse. — La potasse est ce que l'on appelle un alcali ; elle
résulte de la combinaison du potassium et de l'oxygène et porte les
noms vulgaires de pierre à cautère ou potasse caustique. On extrait la
potasse des cendres de tous les végétaux dans lesquels elle se trouve
combinée à l'acide carbonique. Les roches feldspathiques qui com-
posent une bonne partie de l'écorce terrestre contiennent de la
potasse combinée à l'acide silicique et au silicate d'alumine.
Les granits, les gneiss, les micaschistes, les porphyres, les grès
et autres roches composées de silicates alcalins terreux, ainsi que
la plupart des marnes, forment des terrains où la potasse est l'élé-
ment dominant.
On a remarqué qu'un certain nombre de plantes sauvages suivent
fidèlement les terrains qui renferment beaucoup de potasse. De ce
— 159 —
nombre sont la Digitale pourpre, les Bruyères, la grande Fou-
gère, le Genêt à balai, etc.
Parmi les plantes cultivées on signale la vigne, la pomme de
terre, la betterave, les navets comme enlevant le plus de potasse
au sol.
La potasse se combine avec tous les acides et forme des sels
dont la plupart sont bien connus. De ce nombre sont le salpêtre
(azotate ou nitrate de potasse), le lissieu sec (carbonate de potasse),
l'eau de Javelle (hypochlorite dépotasse), le sulfate de potasse que
l'on extrait directement des eaux de la mer, etc. La poudre comme
on sait est un mélange de soufre, de charbon et de nitrate de
potasse.
Le rôle de la potasse étant de premier ordre dans la végétation,
tous les engrais chimiques la renferment sous différents états.
(// suivre.^
Inforiualions. — Le Sempervirens annonce que l'administration com-
fflunale de Ousdhoorne a fait renaettre à chacun des élèves de l'école com-
munale au nombre de 225, deux potées de Jacinthes. On ne saurait trouver
un meilleur procédé pour développer chez les enfants le goût de l'horti-
culture.
— Il vient de se fonder ea Hollande sous le nom Een National Belang une
société disposant de capitaux déterminée dans le but de garnir de planta-
tions fruitières et autres les talus de chemins de fer et les routes. On a vu
dans le n" 3 de cette revue que le département de Seine-et-Marne avait
commencé à mettre à exécution un projet analogue chaudement recom-
mandé par M. V. Yarangot, horticulteur à Melun.
— L'Illush-ation horticole dit que le plus grand verger de pêchers du
monde est celui de M. John H. Parnell, dans la Géorgie (Etats-Unis d'Amé-
rique). Ses plantations s'étendent sur une surface de 810 hectares compre-
riant environ 150.000 arbres plantés à quatre mètres de distance et con-
duits en buissons et à basses tiges de façon à permettre la cueillette des
fruits sans échelle. Près de 70.000 de ces arbres appartiennent à une seule
variété la Pêche Parnell.
— La Société d'acclimatation de Paris vient de décerner une médaille
d'or à M. F. von Mueller, fjui a tant contribué à répandre la culture des
Eucalyptus dans les contrées méridionales de l'Europe et septentrionales
de l'Afrique.
— Il y aura k Dijon, les 4 et 5 juin proîhain, dans la salle des Thèses,
à l'Ecole de droit, des réunions publiques qui auront pour objet l'étude de
toutes les questions relatives aux maladies da la vigne. Un concours spécial
de viticulture sera annexé à l'Exposition d'horticulture.
— A l'occasion du concours régional d'Agan (Lot-et-Garonne), il y aura,
du 19 au 22 mai, dans la grands salle des Conférences, à l'Hôtel-de-Ville,
une série de conférences relatives à là culture de la vigne et une concernant
la préparation du pruneau ; celle-ci sera faite par M. Issartior, sénateur de
la Gironde.
— La Société des agriculteurs et horticulteurs et maraîchers a adressé à
M. le maire de Marseille une pétition dont le but est d'obtenir un meilleur et
160 —
plus vaste emplacement que celui du marché actuel. Entre autres choses
contenues dans cette pétition, il faut signaler les suivantes :
1" a Les revendeuses devront être exclues du grand marché central ou
être cantonnées sur un point spécial, afin qu'il n'y ait point de confusion
entre elles et le producteur;
2" a La liberté du grand marché devrait être complète, les agriculteurs
pourraient faife vendra leurs produits directement par qui bon leur semble-
rait, c'est-à-dire par toute personne en qui ils auraient confiance.
0 Devraient être admis sur le marché contrai tous les produits des terres
des agriculteurs sans exception, notamment les poules, pigeons, œafs, lapins,
fleurs à paquets, etc. »
— \SObstgarten signale une nouvelle variété d'abricotier du nom Blor
Ziran, obtenu par M. Scharrer, directeur des jardins de Tiflis (Géorgie). Le
seul mérite de cet abricotier serait d'être rustique dans les pays froids.
— M. Lebatteux, horticulteur, qui soutenait depuis plusieurs années un
procès contre la ville du Mans, vient d'obtenir gain de cause. Il a obtenu
10,400 francs de dommages-intérêts. M. Lebatteux avait une très belle col-
lection d'orchidées qui avaient presque toutes péri asphyxiées par la fumée
d'un immense incendie qui s'était déclaré dans un amas de détritus apparte-
nant à la ville du Mans.
— La Société centrale d'horticulture de Nancy a résolu d'ouvrir un Con-
cours et d'affecter une somme de 600 francs répartie et trois prix qui seront
attribués aux plantations d'arbres fruitiers faites sur des terrains incultes ou
impropres à l'agriculture dans le département de Meurthe-et-Moselle.
Catalogncs. — B. Comte, horticulteur, rue de Bourgogne, 47, Lyon.
— Catalogue des plantes de serre chaude, de serre tempérée, serre froide
et plein air cultivées dans ^établi3semen^ Collections générales de Bégonias,
Broméliacées, Caladiums, Aroïdées, Coleus, Crotons, Draoœna, Fougères,
Lycopodes, Gloxinias, Maranta, Orchidées, Palmiers, Dahlias, Pelargoniums,
Chrysanthèmes, etc. Nombreuses espèces diverses.
— B. Coi'SANOAT, horticulteur, grande rue de Cuire, à Cuire les-Lyon. —
Catalogue des plantes de serre et de plein air. Bigonias, Broméliaoées,
Coleus, Fougères, Palmiers, Aloès, Cannas, Dahlias, Fuchsias, Sempervi-
vum, Bouvardias, etc. Plantes vivaces, Arbustes grimpants, Plantes pour
massifs, etc. Collections.
— A. Marchand fils, horticulteur, rue du Calvaire, à Poitiers (Vienne). —
Catalogue des cultures florales, des plantes de serre et d'appartement et des
nouveautés de l'établissement. Plantes variées pour massifs. Collections
d'Abutilons, Chrysanthèmes, Dahlias, Fuchsias, Bégonias, Géraniums, Lan-
tanas, Plantes à feuillage, Plantes de serre chaude et de serre tempérée, etc.
— Louis Blanc, horticuUeur à Hyères (Var). — Prix courant d'oignons
à fleurs cultivés en grand par l'établissement. AUium, Iris de Suze, Jacin-
thes, Lis, Jonquilles, Sparaxis, Triteleia, etc.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon, — Imp. du Salut Public. — Bellon,r. de la République, 33
1886 MAI N» 10
CHRONIQUE
Donner du romarin. — Donner du romarin est une locution popu-
laire que M. Du Bois-Mély a expliquée dans son Glossaire du
XVF siècle. « Donner du romarin, dit-il, signifie refuser; en
parlant d'une femme refuser une demande en mariage. — L'usage
étant très probablement dans certaines provinces de faire connaître
tacitement à un prétendant qu'il était éconduit, en lui envoyant un
bouquet de romarin.
Dans quelques localités du pays romand et notamment à Genève,
on entend dire parfois dans les conversations féminines, à propos
d'un célibataire qu'on soupçonne avoir eu plus d'une déception de ce
genre : il a reçu bim des paniers ! Selon nous, cette locution surannée,
que se transmettent encore les jeunes filles, doit s'entendre de
« paniers de Heurs » . Ce serait une dernière réminiscence de
l'antique usage que nous signalons» .
Le Romarin est un petit sous-arbrisseau, très commun dans les
contrées que baignent la Méditerranée. Il croit en si grande
abondance en Languedoc, que ceux du pays, dit un ancien auteur
français, en font du feu tous les jours à défaut d'aulre bois. On
l'appelle vulgairement Romarin des troubadours Encensier,
Herbe aux couronnes.
Le miel de Narbonne doit ses qualités aromatiques à l'existence
du romarin près des ruches. Anguillara estime que le Romarin et
le Cn(;urus noir de Théophraste, et la Cassia noir de Higinus, de
laquelle les abeilles sont fort friandes : « à raison de quoi il faut le-
planter autour des ruches. »
La vieille renommée du Romarin est surtout une renommée
méridionale, éclose sous le chaud soleil de la Provence et du Lan-
guedoc. Elle remonta bien vers le Nord, mais comme l'arbrisseau
ne la suivit pas dans ses pérégrinations, elle eut de la peine à y
prendre droit de cité.
— 162 —
L'auteur de la chanson de Mabrough prend le Romarin pour un
arbre.
A l'entour de sa tombe
Romarins l'on planta
Sur la plus haute branche
Le Rossignol chanta.
(( Le Romarin dit un vieux médecin préserve la maison de
contagion si on en brûle dedans » .
Il est encore tenu aujourd'hui en bonne estime par les herboris-
tes.
La célèbre eau de'^ la reine de Hongrie compte le Romarin
comme un des principaux produits qui entrent dans sa fabrication.
Abonne exposition, planté sur des pentes abritées des vents du
Nord, ou dans un sol caillouteux, le Romarin supporte les hivers
ordinaires du centre de la France. Planté dans les terrains fertiles,
où il pousse vigoureusement, il gèle très facilement.
Il y a des Romarins à fleurs bleu foncé, bleu pâle et à Heurs
blanches.
y^rbres pleureurs . — Les jardiniers traduisent singulièrement le
latin : de pendula ils ont tiré pleureur. Saule pleureur, Sophora
pleureur, Frêne pleureur, etc. Jamais ces arbres, dont les
rameaux sont pendants, n'ont versé, une larme, si ce n'est, toute-
fois, quand on les taille un peu tard, au printemps.
On se demande pour quelle raison on a ainsi appliqué l'adjectif
pleureur à toute une catégorie de végétaux, car enfin je ne trouve
pas personnellement que le Saule ou le Sophora pendants aient
l'air larmoyants, tristes ou affligés. Je sais bien que Musset a dit :
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plante/, un saule au cimetière,
J'aime son feuillage éploré;
La pâleur m'en est douce et chère
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.
Mais ce n'est pas une raison, car vous savez que tout est permis
aux poètes. Verdure éplorée, c'est très joli; mais enfin Musset
n'a pas dit saule pleureur, il a dit saule tout court ; saule pleureur
eût été poncif.
• Pendant qu'on était à faire pleurer les arbres, on aurait dû indi-
quer des nuances. Les variétés pleurant mal auraient été «pleur-
nicheuses » ; celles dont l'aspect est triste « pleurardes » et si la
locution n'eût pas été un peu longue, on aurait pu dire de quelques
unes qui pleurent immodérément u variété pleurant comme un
veau.» C'est égal c'est une drôle d'idée que d'avoir fait pleurer les
arbres.
— 163 —
Le sulfate de soude cl le mildew. — On parle d'essayer le sel de
Glaubcr (sulfate de soude), au lieu et place de sulfate de cuivre,
pour la destruciiou du mildiou. Il n'est pas bien certain que ce sel
de sodium puisse remplacer le composé cuivrique. La raison qu'on
fait valoir pour essayer d'opérer cette substitution ne me paraît pas
de la force de quarante chevaux. Jugez plutôt : « Mathieu de
Dombasle avait, dans le temps recommandé l'emploi du sel de
Glaubcr pour le sulfatage des blés. Pourquoi ce sulfate de soude
qui réussit à détruire les spores des cryptogames qui se trouvent
sur les blés, ne pourrait-il pas empêcher la germanisation des spo-
res du mildew l » Et oui, pourquoi, je vous le demande ? Bone
dcus, eh ! bien et le soufre ne détruit-il pas l'oïdium qui je crois est
un cryptogame ? Pourquoi alors ne pas employer le soutre contre
le mildew qui est aussi un cryptogame.
La thérapeutique n'est pas aussi simple que cela. Enfin on peut
bien essayer ; cela coûte si peu.
Dcslruclton des limaçons de la vigne. — Voici un procédé infailli-
ble, paraît-il, pour détruire les limaçons qui font tant de dégâts
aux jeunes pousses de la vigne. Nous l'empruntons à La /'i(jne fran-
çaise. On prend :
Sulfate de cuivre. ... 25 parties.
Eau 100 —
Farine 1 —
Ocre 5 —
Faire dissoudre le sel de cuivre dans l'eau bouillante, ajouter la
farine et l'ocre de manière à faire une bouillie liquide.
A l'aide d'un pinceau trempé dans cette colle, on trace une
ligne circulaire au pied de chaque cep et de son échalas.
A partir de ce moment les limaçons ne dépassent plus la limite
qu'on leur a tracé ; et, lorsque pressés par la faim, ils voudront la
franchir, leur mort sera certaine. En effet, aussitôt ils jettent leur
bave, se refoulent dans leur coquille et peu à près roulent ina-
nimés.
Lorsque celte pâte est appliquée par un temps sec elle résiste
assez bien aux pluies et son effet est de durée.
Il est bon de se rappeler que les limaçons ainsi empoisonnés
constituent eux mêmes un poison pour les animaux de basse-
cour. ))
Âllium neapolitcanum, variété grandiflorum /fermillii. — On sait
quelle consommation vraiment considérable les fleuristes des gran-
des villes font de cet Ail napolitain, que les horticulteurs de la
région méditerranéenne leur envoient, dès janvier, sous le nom
(W-Jllium album. C'est une espèce que la couleur pure, la disposition
16A
en ombelle et la boniio tenue des fleurs ont fait classer dans la
série des bonnes plantes à « bouquets. »
M. César Hermitte, liorticulteur à Ollioules, en cultive une
variété obtenue et fixée par lui, qui, parait-ii, est bien supérieure
aux variétés déjà connues. Une commission, nommée par la Société
d'Horticulture et d'Acclimatation du Var, a reconnu que la plante
de M. Hermitte est assez ressemblante au iy\)e, dont elle ditï'ère
seulement par le développement considérable et inusité de toutes
ses parties ; elle a proposé de nommer cette plante ÀUium ncapoli-
teanum Ncnnilli grand lllorum.
On sait que VJUium ncapolileanum porte également le nom à\Il-
lihin lacteum ; il vit sauvage dans la France méridionale, l'Espagne,
l'Italie, la Corse, la Dalmatie, la Grèce, etc.
Soufraiic de la vigne. — Voici le moment ou, bien souvent,
l'oïdium fait son apparition dans nos vignes en treilles. Nous rap-
pelons qu'il vaut mieux soufrer préventivement que d'attendre qu'il
y ait trace d'oïdium. Les treilles qui ont été attaquées l'année pré-
cédente par le cryptogame sont surtout celles auxquelles il est
urgent de faire subir un soufrage préventif. En procédant de cette
manière, on ne court pas la mauvaise chance de voir sa récolte
compromise par négligence.
Réséda en arbre. — « Je voudrai de la graine de Réséda en
arbre... » Telle était la drmande qu'un amateur adressait, en avril
dernier, à un marchand de graines. Celui-ci répondit qu'il n'y avait
de Réséda en arbre que celui que le jardinier amenait à cet état.
Longue dissertation à ce sujet dont je vous fais grâce.
Le marchand avait raison. Pour obtenir du réséda un arbre, on
prend du Réséda en herbe et on le traite de la manière suivante :
On peut semer directement dans le pot plusieurs graines et ne con-
server que le plus joli pic 1 ; ou bien repiquer très jeune un pied de
Réséda au milieu d'un pot. On commence par un vase de petit
calibre (godet de 3 pouces) et on procède à des rempotages succes-
sifs dans le cours de l'année.
Le Réséda émet plusieurs branches qu'il faut pincer, en conser-
vant la centrale à laquelle on met un tuteur. Quand la fleur se
montre au sommet de la branche-tige, on la pince et on choisit un
des rameaux que ce pincement fait développer pour continuer la
tige principale et on pince les autres rameaux tout près de leur
naissance. On continue de cette manière jusqu'à ce que la tige ait
atteint la hauteur convenue. A partir de ce moment on forme « la
tête » en pinçant toutes les fleurs qui se présentent. La « tête for-
mée » , on laisse fleurir.
— 165 —
Origine du Fraisier des Quatre- Saisons. — Je ne prends pas, pour
le moment, la chose au sérieux et je comprends bien le reproche
que m'adressait le D'' X., l'autre jour, quand il me disait : « Vous
autres jardiniers, vous n'apportez pas assez de ménagement, dans
les conclusions que vous tirez d'expériences faites au hasard » .
Comme il a raison ce bon docteur. Voici maintenant que plusieurs
bons horticulteurs, tiennent absolument à faire descendre les Frai-
siers des Quatre-Saisons du Fraisier à gros fruit. Ah ! je vous en
prie, confrères, ne continuez pas ; laissez cette généalogie de côté.
J'ai semé, dit celui-ci, des Fraisiers à gros fruits et j'ai obtenu
dans le semis des Fraisiers des Quatre-Saisons. J'ai semé, dit l'au-
tre, des Fraisiers des Quatre-Saisons et je n'ai pas obtenu de Frai-
siers à gros fruits. Un troisième conclut : « Donc le l'raisier des
Quatre-Saisons descend du Fraisier à gros fruit ; tandis que le
Fraisier à gros fruit ne descend pas du Fraisier des Quatre-Sai-
sons. Malheureusement !
J'ai semé des cinéraires et j'ai trouvé dans le semis du Séneçon
vulgaire et du Mouron des oiseaux, donc je conclus que le Séneçon
descend dts îles Canaries et. . . . Laissons cela.
Le Fraisier des Quatre-Saisons était connu et cultivé en Europe
avant qu'on ait introduit d'Amérique les Fraisiers à gros fruits. Il
est du reste parfaitement spontané dans beaucoup de hautes mon-
tagnes de l'Europe.
Remède contre le puceron laniyère el la cloque. — Je suis persuadé
qu'un statisticien trouverait ample matière à statistique s'il voulait
s'occuper de relever lo nombre de remèdes, d'insecticides, de cryp-
togamicides, etc., qui ont été signalés depuis l'invention de l'im-
primerie, pour guérir les maladies, éloigner ou détruire les insec-
tes et les cryptogames. Ce qu'il y a de procédés, c'est effrayant :
chacun a le sien. Le journal agricole de la province d'Anvers le
fMndman, en édite deux nouveaux, l'un pour le puceron lanigère,
l'autre pour la cloque: les voici S. G. D. G. bien entendu.
« Pour éloigner le, puceron lanigère du pommier, il suffit de
planter, au pied, des capucines et de les laisser monter le long de
l'arbre.
«J'ai fait l'expérience cette année et n'ai plus vu des pucerons.»
Autre remède que j'ai fait expérimenter, ajoute l'auteur, et qui
a donné de bons résultats :
'( Pour préserver les pêchers de la cloque et des pucerons, il
faut planter, au pied, des oignons, des échalottes, des aulx ou des
poireaux, et leur laisser porter des graines. » V. V.-M.
— IciO
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séaace du 18 avril 1886, tenue daas la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de. M. B. Comte, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procès-verbal de la dernière réunion est la et adopté.
Correspondance. — La Société a reçu :
1° Une lettre de M. le Président de la Société liorliole dauphinoise,
demandant la nomination d'un délégué pour faire parue du Jurj chargé
d'attribuer les récompenses aux lauréats de l'exposition d'horticulture qu'elle
ouvrira à Grenoble le ISjuia prochain.
M. Jules Chrétien a été désigné pour remplir ces for.ctio.is.
2° Une lettre semblable à la précédente émanant de la Société d'horti-
culture de laCôte-d'Or dont l'exposition aura lieu à Dijon du 29 mai au 6 juin
prochain.
M. Gaulain a été désigné pour être délégué à Dijon.
3" Lettre de M. Hoste, horticulteur, rue des Dahlias, à Monplaisir, infor-
mant M. le Secrétaire qu'il vient de faire imprimer de nouveaux certificats
d'origine pour l'expédition des végétaux dans lei pays étrangers. Ces certi-
ficats imprimés évitant beaucoup d'écriture à l'expert, officiel, éviteroct à
l'expéditeur de faire deux courses pour obtenir l'estampille officielle.
M. Hoste tient gracieusement des certificats en question à la disposition de
ses collègues ;
4» Lettre-circulaire de la Commission d'orginisation de l'Union commer-
ciale des horticulteurs et marchinls-grainiers de France accompagnant
l'envoi des statuts de ce syndicat en voie de formation.
Correspondance imprimée. — M. Viviand-Morel passa en revue les publi-
cations reçues par la Société depuis sa dernière réunion et appelle l'atten-
tion sur les articles intéressant la région lyonnaise ou l'horticulture en
général.
Présentations. — 11 est donné lecture de huit candi latur^s sur lesquelles
conformément au règlement il sera statué à la prochaine assemblée.
Admissions. — Aucune protestation n'étant parvenue au bureau sur les
présentations faites à la dernière réunion, sont admis à l'unanimité membres
de notre Compagnie :
MM.
Plissonnier, fabricant d'instruments agricole?, cours Lafayette, 162, Lyon,
présenté par MM. Musset et Viviand-Morel ;
Couchoud fils, Antoine, treillageur-ru-tiqueur, cours d'Hcrbouville, 78,
Lyon, présenté par MM. Chardon et Viviand-Morel ;
Hyver, Julien, jardinier, chemin de la Groix-Morlon, 37, Monplaisir Lyon,
présenté par MM. A Bernaix et J. Jacquier ;
Barrât, Noël, jardinier, rue du Garrat, à St-Julien-en-Jarret (Loire), pré-
senté par MM. J, Jacquier et Molin.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, Lyon : 1^ un pied de
Bkclinum corcovodense dont, il y a 25 ans, le présentateur fil l'acquisition.
De cette plante il obtint de semis une variété à feuilles rougdà'res qui se
reproduit parfaitement ; un pied à' Eclates rubro venosa; 3° un semis à%Cmna
iridi/lora, issu d'un croisement avec le Canna variété Jean Liabaud.
La Commission propose d'accorder une prime de 2° classe pour Tensemble
de l'apport.
— 167 —
Par M. Masson, rue St-Denis, Ljon-Croix-Rousse : 1° une collection de
primevères de jardin en plantes et en fleurs coupées très bien variées ; 2" des
primevères de jardin, de semii?, à fleurs très grandes et d'un beau coloris.
Parmi ces semis figurent deux plantes nommées .)/"" Lacroix et M°'* Nicolas.
La Commission propose d'acoorder une prime de 2» classe pour la collec-
tion et une de 1'" classe pour les primevères de semis.
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à la Pape : 1° un Pelargo-
nium M'^" de Suvoion. Cette variété est semi-doubla et elle est issue d'un
rameau de la variété à fleur simple Gloire de Corbénj, dont les fleurs pré-
sentaient un cas de duplicatura, qui a été fixé par le présentateur ; 2° dos
variétés de tulipes en fleurs, à feuille panachée, PonacAe'e d'Orléans; François
Bernard, variété bsnne à forcer, rouge ponceau bordé blanc; Souvenir de
Victor Hugo, variété présentée comme ayant été obtenue de semis, rouge
ponceau fond jaune clair.
La Commission demande qu'on accorde une prime de 3° classe pour là fixa-
tion du Pelargonium et une de 3" classe pour les tulipes.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin : 1° un lot de Pensées
bien variées; 2° des fleurs de Fritillaria imperialis; 3° des échantillons
de Crambe maritime.
Les Commissions proposent d'accorder une prime de 3» classe pour les
Pensées et une de 3" classe pour le Crambe.
Par M. Chavagneux, horticulteur à Villeurbanne, une collection de Pen-
sées à laquelle la Commission propose d'accorder une prime de 3' classe.
Par M. Chazallet, jardinier chez M. Randu, à Crépieux, une collection de
Pensées, pour laquelle il est demandé une prime de 3« classe.
Par M. Messat, jardinier à Rillieax (Ain) : 1» un lot de Pensées variées et
quelques-unes d'un coloris bleu clair et bleu foncé : 2° un Pissenlit amélioré
à cœur plein.
Les Commissions demandent qu'il soit accordé une prime de 3* classe aux
Pensées et une de 3« classe pour le Pissenlit.
Par M. Villard, jardinier chez M"" Vachon, à Ecully : 1» une collection de
tulipes composée des variétés : Le Blason, Cramoisi fidèle, Tournesol, La
Candeur, Boyard plaisant, Fol empire. Rose luisante, Rex rubrorum, Impera-
tor rubrorum. Duc d'Orange, Duchesse de Parme, Murillo, Archiduc d'Au-
triche, Caméléon, etc. ; 2° des plantes de haricot noir hàtif de Belgique, en
fruit; 3° un pot de fraisier Triomphe de Liège, en fruit, 4» un bouquet de
fraisiers des Quatre-Saisons, belle améliorée, obtenue par forçage.
Les Commissions demandent qu'il soit accordé une prime de 3° classe pour
les tulipes et une de 2° classe pour l'ensemble du lot de primeurs.
Par M. Dury, jardinier chez M. Cartier, à Ecully, un lot de Pensées
variées et un bouquet de Giroflées à fleurs doubles jaunes.
La Commission demande qu'il soit accordé à cet apport une prime de
3' classe.
Par M.M. Jossermoz, jardinier chez M""' Willermoz, à St-Genis-Laval, un
beau tubercule de Patate pour lequel la Commission demande qu'on
accorde une prime de 3« classe.
Par M. Durand, horticulteur, Lyon-Monplaisir, quatre Aucuba de semis
auxquels la Commission propose d'accorder une prime de 2' classe.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, rue de l'Enfance, 33, Lyon :
1° des beaux spécimens de poireau monstrueux de Carentan, qui ont été
repiqués en place fin septembre; 2° des belles asperges violettes de Hollande,
cueillies sur une aspergière dont la plantation ne daterait que de 4 ans, et
3° des fortes plantes d'épinard monstrueux de Viroflay.
La Commission demande qu'il soit accordé comme belle culture une prime
de 3" classe.
168
Par M. Chemin, fabricant, 128, Grande rue à Oullins, une caisse à fleurs,
très élégante, et, en même temps paraissant être très solide et très appropriée
à la culture des plantes.
Par M. Grillet, Inrticalteui', route do Grenoble, Lyon-Monplaisir, un
échantillon ds flaurs de PelarLi^onium à grande fleur, de semis, la fleur est
grande et d'un coloris rose pourpré.
Par M. Pernet fils-Duchor, rosiériste, chemin des Quatre-Maisons, Lyon,
un rosier en pot. en bouton, de la variété William Froncis Benvett. M. Pernet
fils rappelle que l'obtenteur avait primitivoraent vendu cette variété comme
un thé, lorsqu'elle n'est qu'un hybride de thé. Le présentateur dit l'avoir vu
fleurir en octobre dernier, sur déjeunes greffes, le bouton était très allongé,
mais la flaur au point de vue de la duplicature n'était pas des plus parfaite.
Cette vaiiété. dit M. Pernet fils, paraît bien boutonner sous verre.
Par M. Nicolas, horticulteur-grainier, Lyon, des tubercules d'une pomme
de terre nouvelle, J iseph Rigault, variété hâtive, cultivée aux environs de
Paris et dont on fait beaucoup d'éloges.
Les membres faisant partie des commissions d'examen des apports n'étant
pas en nombre, il est adjoint aux membres présents, pour la Commission de
floricultnre. ^L .Musset, et la culture maraîehére, M. L. Lille.
Les propositions et conclusions des Commissions mises aux voix sont rati-
fiées par l'assemblée.
Il est donné lecture du programme de l'exposition horticole, organisée par
notre compagiiie en septembre prochain. Après quelques observations et une
discussion à laquelle prennent part MM. Rozain- Bouoharlat, Labruyère,
Peinetfils, Ducher. Rivoire, Viviand-Morel , etc.. qui apporte quelques
modifîcalioiis au travail de la Commission d'Exposition, le programme mis
aux voix est adopté.
M. Viviand-Morel fait une conférence sur les engrais chimiques, leur
théorie et les avantages que leur emploi présente en horticulture.
M. le Présilent remercie le secrétaire général de son intéressante commu-
cication.
La suite de celte communication est renvoyée à la prochaine réunioD.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire adjoint^ J. Nicolas.
Déformations des Feuilles
Les plantes, comme les animaux, présentent souvent quelques-
uns de leurs organes, sous des formes qui ne sont pas habituelles.
Les savants appellent monstres toutes les déformations accidentelles
qu'ils observent chez les êtres organisés. Une tleur double est une
fleur monstrueuse, les faciès , les torsion.*, les pélories, les
soudures, les disjonctions, etc., sont considérées comme des
altérations monstrueuses. On appelle 2'éralolocjie,Véiwàe des mons-
truosités. Une foule d'auteurs s;; sont occupés accidentellement de
Tératologie végétale. Depuis Linné, il serait difficile de citer un
botaniste qui n'ait pas signalé un de ces mille accidents que
présentent les plantes les plus humbles, comme les arbres les plus
élevés. L'horlicullurea su, du reste, mettre à profit quelques-unes
de ces anomalies végétales . Les variétés à rameaux pendants,
celles à feuilles panachées, les fleurs doubles, les fixations de colo-
— 169
ris accidentels qui se produisent sur certains genres peuvent être
considérés comme des cas de Tératologie fixés par les jardiniers.
Il y a cependant certaines déformations que les botanistes ont
classées dans la Tératologie végétale et qui ne sont pas des déforma-
tions monstrueuses, mais de simples états que prennent les espèces
sous l'influence de certains milieux dans lesquels elles vivent,
Moquin-Tandon, notamment, dans son traité de Tératologie végétale ,
s'exprime ainsi en parlant (^e la déformation rubanée :
Sagittaire à feuilles rubanées très réduites.
Sagittaire. Feuille et fleurs
normales très réduites.
«Lorsque la Sagittaire croît hors de l'eau, ses feuilles ont un
pétiole et un limbe bien distincts. Quand cette plante est acciden-
tellement submergée, son limbe avorte presque toujours, et le
pétiole au lieu d'avoir une forme triangulaire ou cylindrique, prend
l'apparence d'un long ruban, plane, foliacé, terminé par une petite
callosité. Il n'est pas rare de trouver des Sagittaires qui portent les
deux sortes de feuilles, parce qu'ils se développent moitié à l'air,
moitié dans l'eau. Gaspard Bauhin a pris les pétioles rubanés de
)a Sagittaire pour les feuilles d'une graminée ; Linné etGunner les
ont regardé comme celles de la Vallisnérie, et Poiret les a décrits
comme des feuilles d'une nouvelle espèce de ce dernier genre,
qu'il a nommée Fallisneria bulhosa.
« On s'est assuré que le Plantain d'eau est sujet à offrir le même
phénomène. M. Emeric de Gastellane a vu cette plante, très
abondante dans les eaux de l'Eygoutier, près Toulon, affecter la
forme du feuillage des ValUsnéries.
— 170
« Les caractères de la déformation rubanée se rencontrent dans
l'état habituel d'un grand nombre de végétaux ; et c'est ici surtout
qu'on peut reconnaître que ce qui est monstrueux pour une espèce
peut se trouver normal dans une autre . »
Plantain d'eau à feuilles rubanées très
réduites.
VaUisnèrie en spirale.
Fleurs normales, feuilles très réduites.
Les faits rapportés par Moquin-Tandon sont parfaitement
exacts, mais je ne pense pas que les déformations en question doi-
vent être classées dans les anomalies. J'irai plus loin et je dirai
même que ce ne sont pas des déformations, mais des états très
naturels qui se produisent régulièrement toutes les fois que les
plantes en question se trouvent profondément submergées.
En elfet, la Sagittaire, les Plantains d'eau et un nombre assez
grand d'espèces monocotylédones développent toujours des feuilles
rubanées quand elles vivent dans les eaux profondes.
Nous donnons ici les figures de ces plantes ainsi développées,
et comme terme de comparaison celle très réduite de la Vallisnérie.
Les feuilles des Potamogeion semblent pour la plupart privées de
limbe et réduites à des pétioles rubanées ; toutefois certaines sor-
tes, notamment le Potamogeion nalans, développent deux sortes de
feuilles, les unes flottantes d'un aspect très différent de celles qui
sont submergées.
Le Trapa nalans, bien connu sous le nom de châtaigne d'eau,
a d'abord des feuilles très-découpées et ensuite d'autres feuilles
flottantes à hmbe presque entier. Les Renoncules aquatiques
— 171 —
présentent des caractères analogues. Mais, je le répète, on ne
doit pas prendre pour des anomalies des états très naturels, que
les végétaux présentent quand il se dévoloppent sou l'intluence de
conditions particulières. Louis Millaud.
Feuilles diverses du Trapa nataiis.
Feuilles flottantes du Potamogeton natans.
Histoire d'un Haricot
Un cultivateur des environs de Lyon, reçut un jour d'un ami
habitant un autre pays, une variété d'haricot qu'il ne connaissait
pas, et dont on lui fit beaucoup d'éloges.
Soigneusement cultivés, ces haricots se montrèrent si supérieurs
à tout ce qui existait jusqu'à ce jour, que ce cultivateur résolut de
le garder pour lui seul.
Ses cosses, d'une longueur extraordinaire, étaient rondes et
fines ; son rendement était considérable ; sa résistance à la séche-
resse parfaite , de plus encore, la facilité avec laquelle les cosses
se conservaient fraîches, une fois cueillies, le rendait précieux pour
la vente ; toutes les qualités, même celle du goût, étaient réunies
dans cette variété de haricot ; sa vente, au marché, était toujours
assurée.
Cependant, avec le temps, cette variété parvint quand même
à se répandre, et fut bientôt entre toutes les mains.
— 172 —
Sur ces entrefaites, nous eûmes l'occasion de commencer dans
ce pays des visites bien souvent répétées depuis. On nous parla de
ce haricot, et le résultat de l'étude que nous en fîmes fut que au
printemps suivant, nous le mettions au commerce.
Mais quel nom lui donner P
Après beaucoup de recherches, qui remontèrent même jusqu'au
premier possesseur connu, c'est-à-dire jusqu'à celui qui avait donné
ce haricot au cultivateur dont nous nous parlions en commençant,
nous apprîmes que cet haricot lui avait été donné à lui-même, sous
le nom de Petite Princesse.
Voilà donc le Haricot Petite Princesse au commerce car, naturel-
lement, nous ne lui changeâmes pas son nom.
Mais l'individu qui en était resté seul propriétaire, pendant
plusieurs années le voyant enfin répandu, en donna aussi à un
autre marchand grainier de ses amis.
Ce marchand grainier, le baptisa du nom de celui qui le lui
donnait et l'appela Haricot Etienne.
Donc deux noms déjà pour la même variété.
L'année suivante, un autre marchand grainier de Lyon reçut ce
même haricot d'une personne qui habitait, paraît-il, la commune
de Rillieux ; comme tout le monde, il le jugea très méritant et le
mit au commerce à son tour sous le nom de Haricot jaune
de Rillieux.
C'était un troisième nom, toujours pour la même variété. Mais,
avant que de poursuivre, nous ferons remarquer que ce dernier nom
était mal choisi, puisque le Haricot de Rillieux avait déjà existé et
qu'il est toujours dangereux de donner le même nom à deux
variétés différentes. Le mot jaune, il est vrai, le distingue ; mais
chacun sait que les noms s'usent à l'usage et tendent constamment
à se raccourcir le plus possible — on devrait toujours prévoir ce
cas et ne donner que des noms courts et faciles à retenir — et il
ne restera bientôt plus que Haricot de Rillieux, d'où confusion.
Enfin, l'année passée, nous envoyâmes des échantillons de ce
haricot à deux des principaux marchands grainiers de Paris.
L'un, ne voulant sans doute rien devoir à l'horticulture lyonnaise,
nous répondit après l'avoir essayé : « Votre haricot est excellent,
mais ne se vendrait pas dans notre clientèle ! » — Nous pari-
rerions néanmoins volontiers qu'il sera l'année prochaine dans son
catalogue .
L'autre en fait, cette année, un grand éloge dans l'ouvrage le
Bon Jardinier, mais, — pour mettre, sans doute, les Lyonnais
d'accord, — il le baptise d'un quatrième nom et l'appelle : Haricot
nain jaune Li/onnais, à très long cosse.
— 173 —
Malgré sa longueur et son inexactitude, il est à craindre que ce
ne soit ce dernier nom qui reste, étant donnée la préférence exa-
gérée que les provinciaux -- c'est ainsi que les Parisiens nous
appellent dédaigneusement — professent pour tout ce qui vient de
Paris.
Mais, à tout prendre, nous préférerions certainement qu'il en
fût ainsi, plutôt que de voir persister une si regrettable confusion.
RiVOIRE PÈRE ET FILS,
Marchands-grainiers, à Lycii.
Des époques de semis des variétés d'Epinard.
M. Alpli. de Candolle, dans son ouvrage sur l'origine des plan-
tes cultivées, dit que l'Epinard était inconnu aux Grecs et aux
Romains. Il était nouveau en P^urope au xvi* siècle, et l'on a dis-
cuté pour savoir s'il devait s'appeler Spa»achia, comme venant
d'Espagne, ou Spinacia, à cause des épines du fruit.
Malgré la date relanvement récente de son introduction dans les
cultures potagères, l'Epinard y a pris une place des plus impor-
tantes, à cause de l'excellence de ses qualités culinaires. On pour-
rait même dire que la consommation de ce légume est tellement
entrée dans nos habitudes, que lorsque la saison de l'année n'est
pas favorable à sa culture, on cherche à suppléer à son absence
par l'emploi d'autres plantes , parmi lesquelles je signalerai la
Tétragone, la Baselle, la Bette à tondre et plusieurs autres.
Les ouvrages de botanique ne sont pas bien d'accsrd sur nom-
bre d'espèces d'Epinard. Quelques-uns n'en admettent qu'une
seule, avec une variété; les autres en admettent deux : l'Epinard
ordinaire ou Epinard piquant et l'Epinard à graine ronde.
Los jardiniers potagers connaissent un certain nombre de varié-
tés d'Epinard qui se ressemblent beaucoup entre elles et sont sou-
vent difficiles à distinguer, si on ne les cultive pas comparative-
ment. En efïet, la seule inspection des feuilles, dont la forme et la
vigueur sont variables avec la fertilité du sol, ne fournit pas des
caractères saffîsammeni nets pour établir une distinction sérieuse.
Il faut, pour cela, avoir recours au semis comparatif des variétés,
suivre ce semis depuis sa germination jusqu'à l'époque de la matu-
rité de ses graines. Alors, en opérant ainsi, on s'aperçoit aisé-
ment que semées en même temps et dans les mêmes conditions, il
y a des variétés d'Epinard qui ne se comportent pas de la même
façon. Les unes poussent plus vigoureusement à l'automne que d'au-
tres et montent plus vite à graines. Au contraire, on remarque
certaines sortes qui restent chétives pendant l'automne donnent de
belles récoltes au printemps.
— 171 —
J'ai voulu m'assurer cette année de quelle manière se compor-
tait comparativement les variétés dont les noms suivent :
1° Epinard de Virollay ; "2° Epinard à feuilles de laitue;
3" Epinard lent à monter.
Semées dans la même plate-bande et le même jour, ces trois
variétés d'épinard se sont présentées avec des caractères différents,
très appréciables au point de vue de la culture. L'Epinard de Viro-
flay est le plus hàlif et convient surtout pour le semis d'automne,
car il donne avant l'hiver une belle récolte.
L'Epinard à feuille de laitue vient en seconde ligne comme pré-
précocité.
L'Epinard lent à monter est le plus tardif, ainsi que l'indique
son nom. 11 fleurit au moins quinze ou vingt jours plus tard que
l'Epinard de Viroflay. Sous ce rapport, il rend de réels services
au jardin potager, car il permet d'attendre la récolte des semis de
printemps.
On sait que les Epinards aiment le terrain meuble et bien
amendé, et qu'il ne faut pas les semer trop épais. Si on veut qu'ils
prennent un beau développement, il est très important d'éclaircir
le plant. Ou peut semer les Epinards pendant presque toute l'année,
mais ce sont les semis de la fin de l'été et du commencement du
printemps qui donnent les plus belles récolles.
Les semis faits en août-septembre servent à la consommation
pendant l'automne et l'hiver, les semis d'octobre donnent leurs
produits sn avril et mai; ceux de février et mars se consomment
en mai-juin. Léonard Lille,
Marchand grainier, à Lyon.
Des matières minérales nécessaires à l'alimentation
des plantes [Suite et Fin).
Soude. — Cette base que les chimistes nomment protoxyde de
sodium, se trouve le plus souvent à l'état de chlorure bien connu
sous le nom commun de sel marin et de sel gemme, et par les usages
innombrables auxquels il est employé dans l'économie domestique.
On le trouve à l'état de sel gemme dans les sources salées et l'eau
de la mer.
La soude remplace la potasse dans l'alimentation des plantes
qui vivent dans les eaux marines, ou qui habitent les rivages mari-
times. Pour ne pas parler que des plantes cultivées, je citerai
comme vivant de soude le céleri, la betterave, le cresson alénois,
le pourpier de mer, etc.
On emploie la soude dans la fabrication du savon ; le carbonate
de soude tend à remplacer celui de potasse dans le commerce à
cause de eon bas prix,;
Sauf pour quelques plantes particulières, les sels de soucie sont
peu employés clans la fabrication des engrais. Cependant, comme
l'azotate de soude, également connu dans le commerce sous le nom
de salpêtre du Chili, est d'un prix beaucoup moins élevé que le
salpêtre ordinaire (azotate de potasse), il est employé quelquefois
dans les engrais comme source d'azote.
le salpêtre du Chili est employé pour fabriquer l'azotate de
potasse.
Liebig avait pensé qu'il était possible de substituer les sels de
soude aux sels de potasse dans l'alimentation des plantes, et par
conséquent de les faire entrer dans la composition des engrais.
On a reconnu que, sauf pour une catégorie d'espèces particu-
lières, cette supposition n'était pas fondée.
Chaux. — La chaux est le résultat de la combinaison du
calcium avec l'oxygène. Comme elle partage avec les oxydes de
strontium et de barium la propriété cï'absorber l'acide carbonique
de l'air, on ne la trouve jamais isolée dans la nature. On la trouve
combinée avec l'acide sulfurique pour former le gypse ; avec l'acide
phosphorique (phosphate de chaux) ; avec l'acide silicique (silicate
de chaux), et surtout avec l'acide carbonique et constitue la craie,
la pierre calcaire, les marbres, les coquilles des mollusques et une
foule d'autres minéraux.
On se sert du carbonate de chaux pour fabriquer la chaux et du
sulfate de chaux pour préparer le plâtre.
L'analyse des cendres des plantes décèle toujours la présence de
la chaux, et la plupart du temps sa prédominance dans une foule
d'espèces, principalement les arbres, les légumineuses, etc.
La chaux est peut-être le seul des composants des engrais chi-
miques dont la valeur n'ait pas été discutée par les praticiens :
On connaît en effet depuis très longtemps les bons effets du chau-
lage et du plâtrage des terrains.
Le chaulage ou le plâtrage n'a pas du reste pour simple résultat
d'introduire l'élément calcaire dans les sols qui en sont pauvres,
mais il favorise surtout la décomposition des silicates, de l'humus
et des débris organiques déposés dans le sol.
Phosphore. — Le phosphore a été découvert en 1617 par
Brandt, alchimiste de Hambourg, qui cherchait dans les urines la
pierre philosophale.
C'est un corps qui se trouve à l'état de combinaison dans les os
des animaux et dans presque tous les terrains. L'analyse des cendres
a démontré que le phosphore existe à l'état de phosphate de chaux
et de magnésie dans toutes les plantes et surtout dans les
graines.
— 176 —
La présence des phosphates en quantités relativement considé-
rables dans les semences indique leur incontestable utilité dans la
végétation. Aussi fait-on actuellement une très grande consomma-
tion des substances qui contiennent de notables quantités de phos-
phate de chaux, tels que les os, le guano, les phosphates fossiles,
les cendres lessivées, le noir des raffineries, etc.
La découverte du rôle joué par le phosphate de chaux dans la
végétation est une découverte toute moderne, tandis que la pra-
tique du chaulage, celle de l'épandage des cendres et de la marne .
remonte à une antiquité très reculée.
Les principaux phosphates susceptibles d'être employés daus la
composition des engrais sont les phosphates de chaux, d'ammo-
niaque, ammoniaco-magnésien, de magnésie, etc.
Le phosphate ammoniaco-magnésien, qui se produit dans l'urine
humaine en voie de putréfaction, donne une activité incroyable à la
végétation. Il est regrettable que ce produit soit un peu cher pour
entrer dans la composition des engrais.
Magnésie. — La magnésie est presque toujours associée à la
chaux dans la constitution des terrains calcaires. Sous le nom de
dolomie on trouve dans la nature des quantités considérables de
chaux et de magnésie carbonatée. Cette substance est probable-
ment la source première de toute la magnésie des terres arables et
des eaux.
On trouve la magnésie dans les cendres de presque toutes les
plantes et dans toutes les eaux naturelles.
Le rôlo de la magnésie, pour n'être pas aussi considérable que
celui de la chaux dans l'alimentation des plantes, n'en est pas
moins très important ; mais comme l'élément magnésien est
presque toujours assez abondamment répandu dans le sol ou même
dans les substances calcaires qu'on introduit dans la composition
des engrais, on a jusqu'à présent négligé son e^nploi spécial.
Fer. — Le fer à l'état d'oxyde, plus connu sous le nom vul-
gaire de rouille, se trouve presque dans tous les terrains. C'est le
sesquioxyde de fer qui donne la couleur rouge ou jaune aux argiles
et aux ocres.
L'oxyde de fer n'est pas moins indispensable à la constitution de
la chroropliylle ou matière verte des feuilles qu'à celle des globules
du sang de l'homme et des animaux.
L'oxyde de fer, par son oxygène, favorise aussi la production de
l'acide carbonique en décomposant les matières végétales enfouies
dans le sol.
Mais comme les plantes Ji'absorbent pas le fer en très grande
quantité, et que la plupart des sols en contiennent suffisamment,
on ne fait pas entrer ce minéral dans les engrais chimiques.
177
Jzole. — L'azote est un des deux gaz qui par leur mélange
constituent l'air dans lequel nous vivons. On le trouve dans le sol
à l'état de carbonate d'amrooniaque et de nitrates alcalins.
L'efficacité du fumier est due en partie aux matières azotées
qu'il contient.
L'action énergique imprimée à la végétation par l'addition au
sol des sels ammoniacaux démontrent l'utilité incontestable de
de l'azote dans la végétation.
Jcide carbonique. — La décomposition de l'acide carbonique
sous l'influence de la lumière est peut-être le fait le plus important
de la vie des plantes.
Cette masse considérable de carbone que produit le règne végé-
tal est en partie tirée de l'atmosphère et aussi comme constituant
la plus grande partie des détritus végétau.x.
Acide stilfurique. — L'acide sulfurique combinée à la chaux
forme le plâtre, dont personne aujourd'hui ne s'aviserait de contes-
ter l'utilité sur les plantes de la famille des légumineuses. Le plâ-
tre sert également à saupoudrer les fumiers, afin de transformer le
carbonate d'ammoniaque qui est volatil en sulfate d'ammoniaque
qui est â.xe et empêcher ainsi la perte des matières azotées.
Le plâtre est surtout utile comme agent aidant à la décomposi-
tion des silicates et des matières organiques contenues dans le sol.
y^cide silkique. — L'acide silicique est abondamment répandu
dans tous les terrains. Le cristal de roche, le quartz, le silex, la
pierre meulière, etc., ne sont que des formes dilïérentes d'acide
silicique. Il existe à l'état de silicate dans la plus grande partie des
roches et des terrains. On le trouve également dans les tissus de
toute les plantes auxquelles il donne leur rigidité.
Les bons effets produits dans la culture par les cendres, ainsi
que par l'écobuage démontrent assez le rôle important que jouent
dans la végétation l'acide silicique combiné aux bases alcalines ou
alcalino-terreuses.
V Alumine. — L'alumine combinée à l'acide sihcique et aux
silicates alcaUn constitue l'argile. On ne trouve pas d'alumine
dans l'analyse des cendres des plantes.
Si l'alumine n'est pas absorbée par les plantes, c'est elle qui
détermine surtout le degré de consistance du sol et qui le maintient
dans un état d'humidité favorable à la végétation.
Je m'étonne même qu'aucun chimiste n'ait proposé l'emploi de
l'alumine pour donner du corps aux sols mouvants où la silice
domine, c'est-à-dire aux sols sablonneux.
— 178 —
Les Araignées et l'Agriculture.
M. le docteur Blanchard, naturaliste distingué, a fait derniè-
rement, à la mairie de Passy-Paris, une conférence fort intéres-
sante sur les araignées.
C'est, a-t-il dit , une espèce à réhabiliter. A part quelques
espèces de la zone tropicale, pourvues d'un appareil venimeux,
presque sans elfet, d'ailleurs, sur les vertèbres et, en particulier,
sur l'homme, l'araignée, la célèbre tarentule comprise, est com-
plètement ii-ioffensive. Il y a mieux, elle est, par son alimentation,
un puissant auxiliaire pour l'agriculture, surtout pour l'arboricul-
ture, et à ce titre elle mérite d'être étudiée de près.
Nous n'avons pas à suivre ici le conférencier dans la descrip-
tion qu'il a donnée de l'anatomie et des mœurs si curieuses du
petit animal tisseur ; nous arrivons aux considérations par lesquelles
il a terminé la conférence et qui ont trait à l'agriculture. En voici
le résumé.
Si les araignées (celles des tropiques exceptées) sont, par la
conformation de leur corps, très faibles pour l'attaque, elles ont,
en revanche, des moyens très ingénieux, très efficaces, pour sub-
venir à leurs besoins et se garantir de leurs ennemis. Aussi, ainsi
armées par la nature, sont-elles des auxiliaires de premier ordre
pour l'agriculture.
M. Keller, inspecteur général des forêts dans la Suisse alle-
mande, a récemment établi, à Li suite d'observations nombreuses
et pleinement scientifiques, qu'il y a un rapport entre les pucerons
et cochenilles qui s'attaquent aux forêts elles araignées.
On sait que ces pucerons, ces cochenilles, vivent sur les parties
tendres des végétaux et qu'ils peuvent devenir assez formidable-
ment nombreux pour absorber toute la sève à leur profit, et, par
suite, causer la mort de la plante, de l'arbuste, de l'arbre même
sur lequel ils se propagent.
Les araignées se trouvent bien à propos mélangées à ces légions
dévastatrices dont elles font, pour se procurer leur nourriture,
d'effroyables exterminations. Plus nombreux deviennent les puce-
rons, plus grand aussi devient le nombre des araignées, en sorte
que si on compte les premiers par milliards, les secondes se comp-
tent par millions, maintenant un certain rapport qui permet à la
végétation forestière de se développer sans dommages sensibles.
C'est surtout autour des galles, où viennent s'établir en para-
sites les pucerons et les cochenilles, que les araignées concentrent
leurs efforts. Elles enveloppent comme dans un coton ces galles
— 179 —
d'où ces petits ravageurs ne sortent que pour trouver la oaort. SI
les femelles plus vives, plus ardentes, parviennent à percer ce filet,
comme elles peuvent aller déposer plus loin de nombreuses géné-
rations, la besogne de ces premières araignées se trouveraient
singulièrement amoindrie.
Âlais d'autres espèces tendent dans tous les sens d'autres filets
à mailles plus résistantes, faisant à leur tour et journellement une
ample provision de parasites.
Le même ordre de faits se passe dans les champs et dans les
jardins. Aussi, M. le docteur Blanchard déclare, en terminant sa
remarquable conférence, que l'araignée a droit à la bienveillance
de toutes les branches de l'agriculture. La loi protège certains
oiseaux qui sont plus nuisibles par hurs pillages qu'utiles. Pour lui,
il n'hésite pas à placer l'araignée avant l'oiseau au point de vue
dos services rendus, l'araignée qui, sans rien piller de ce qui est
utile à l'homme, extermine en quantités prodigieuses les pires
ennemis de toute végétation.
[Le Pelit Cidlivaleur). E. de Grez.
Extrait du Programme des Prix proposés pour l'année 1887 par la
Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. — Paris,
44, rue de Rennes, 44.
AGRICULTURE
Prix de 2.0)0 francs pour la meilleure étude sur l'agriculture et Téco-
nomie rurale d'une province ou d'un départemeut 2.000
Prix de 3.000 francs pour la découverte de procddf's perfectionnés de
transmission, à distance, de la force motrice à des machines
d'agriculture 3.000
Prix de 1.000 francs pour la découverte d'un moyen facile et expéditif
de reconnaître les falsifications des huiles autres que l'huile d'olive. 1.000
Prix de 1 .DUO francs pour l'emploi, au boisement des terrains pauvres et
dont les produits soient au moins aussi avantageux que ceux des es-
sences forestières employées 1.000
Prix de 1 .000 francs pour la mise en valeur de terres incultes, par l'em-
ploi d'arbres fruitiers dont les produits soient utilisés directement
dans l'alimentation de l'homme 1.000
Prix de 3 .000 francs pour la meilleure étude sur la coastitution et la com-
position chimique comparée d'une des régions naturelles (ou agrico-
les) de la France, par exemple de la Brie, de la Beauce, du pays de
Caux, etc 3.000
Prix de 2,000 francs pour l'étude des maladies de la vigne désignées sous
le nom d'Aubernage, de Cottis et de Pourridié 2.000
Pi'ix de 1.500 francs, pour une étude sur les qualités de l'eau de l'Isère
pour l'irrigation l.oOC
Prix de 3.000 francs pour una étude expérimentale sur les variétés des
blés et sur les modes de culture favorables aux meilleurs rendements 3.000
— 180 —
Les modèles, mémoires, descriptions, renseignements, échantillons et pièces
destinées à constater les droits des concurrents seront adressés an secrétaire de la
Société d'encouragement pour l'industrie nationale, rue de Rennes, 44 ; ils devront
être remis avant le l'^'' janvier'de l'année de la distribution des pris. Ce terme est
de rigueur.
On délivre gratuitement, au siège de la Société, les programme.? détaillés des
prix mis au^concours, où se trouvent tous les renseignements utiles aux concurrents.
Informations. — Le Gardners Chronide donne la description du Pri-
mula Reedi (Primevère de Reed). C'est une espèce originaire des montagnes
de Kumaou dont les^fleurs sont blanches.
M. Develle, ministre de l'agriculture, a fait signer plusieurs décrets
portant réorganisation de la direction générale des forêts, dont le nombra
des sections est réduit de cinq à quatre.
Sont, en outre, supprimés les postes : d'inspecteur général des services
centraux, d'inspecteur-chef de section et de plusieurs commis.
Ecifin, les quatre sectioaj sont réunies en deus bureaux ayant chacun un
conservateur à leur tête. Ces d-3us conservateurs sont MM. Charlemagne et
Sédillot.
Un décret spécial nomme à la dirdolion gânérala des forêts, M. Gabé,
ancien inspecteur général des servicas centraux, en remplacament de M. Col-
nenne, décédé.
■ — Le phylloxéra a été découvert en Australie, dans les vignobles du dis-
trict de Qeelon (Victoria) oi^i sas r.ivagjs s'étendent très rapidement.
Une exposition franc iiss hlimantaire et d'économie domestique s'ouvrira à
Tunis du 1"' au 15 novembre ; elle durera trois mois. Des concours d'a'iimaux,
de plantes, de flîurs, omplétarjat cjlte eipositioa. Las sociétés mlritimJS
ainsi que les compagnies de cliemin de fer organiseront des voyages circu-
laires à prix réduits.
On annonce la germination de graines à.'' Angrœcum Leonis, orchiiée
découverte aux îles Comores, sur la côte occidentale de l'Afrique, par
M. Humblet. Cette germination a eu lieu au Muséum d'histoire naturelle de
Paris.
— Le Comice agricole de Villeurbanne se tiendra le dimanche 5 septem-
bre prochain à Venissieux (Rhône). Les agriculteurs qui voudraient prendre
part à ce concours sont invités à adresser leurs demandes, avant le 1" juin
prochain, à M. Godard, rue des Maisons-Neuves, 6, à Villeurbanne.
CATALOGUES
William Paul et Son, horticulteurs-rosiéristes, WaUli im Cross, Heris,
Angleterre. Spring catalogue, 1883. —Roses nouvelles. Géranium et Pelar-
gonium, Camellias, Chrysanthèmes, Dahlias, Fuchsia', etc.
Le Géiunt : V. VIVIAWD-MORBL.
Lyon, — Imp. thi Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 JUIN N° 11
CHRONIQUE
Avis. — La Commission d'orgaaisation de l'Exposition d'horticulture et
de viticulture que l'Association horticole lyonnaise tiendra à Lyon, du 9 au
13 septembre prochain, a l'honneur d'informer les membres de la Société,
qu'elle met au concours et en adjudication au rabais :
1" La création du jardin et son entretien pendant la durée de l'exposition;
2° La construction des clôtures, entrée monumentale, galeries, tentes,
tables, gradins et autres travaux de charpentes relatifs à l'installation de
l'Expos.tion.
Les personnes qui désirent concourir et soumissionner, pour l'exécution de
ces travaux , devront avoir déposé leurs plans et leurs soumissions chez
M. Jacquier, trésorier de l'Association, 8, quai des Célestins, avant le
8 juillet 1886. Ils trouveront déposés à la même adresse le cahier des charj^es
et conditions à remplir pour prendre part aux susdits concours.
Ce concours est réservé aux membres de l'Association.
Le président de la Commission d'organisation de l'Exposition,
J. Therry.
Saccharogénial ! — Ce mot est bien longuement construit : A lui
seul il composerait un vers hexamètre. Si nous le coupons en deux
parties nous avons d'un côté saccharo, qui peut se traduire par
sucre, et génial, qui signifie à peu près, étant associé à l'autre,
f engendre ou je fabrique.
Ah ! c'est une bien belle chose que d'avoir appris la grammaire
étant « tout petit » : cela sert quand on est grand. On fabrique un
mot long comme un jour sans pain, qu'on extrait du grec ou qu'on
tire du latin ; un mot gigantesque, ronfianl, magique et légèrement
nébuleux ; on invente un produit quelconque, et celui-ci portant
celui-là, les deux s'en vont cahin-caha, clopin-clopant, apprendre
au monde civilisé, mais naïf et jobard, que l'art de faire du
terreau avec des cailloux roulés vient d'être mis en formule
algébrique.
Ces réflexions mélancoliques me sont venues bien naturellement
à l'esprit en lisant, dans la France agricole, la petite note ci-dessous,
— 182 —
que je lui emprunte, car j'estime qu'on ne saurait lui donner une
publicité trop grande. Voici cette note :
Quelques industriels sans vergogne inondent en ce moment la province
d'une brochure prônant les merveilleux effets d'un nouvel engrais propre
à la fois, dit le boniment, à produire des betteraves volumineuses et
riches en sucre.
De coHcert avec M. Hanoteau, ingénieur-directeur de la sucrerie de
Sombreffe, M. A. Damseaax, professeur à l'Institut agronomique de
Gembloux, a eu l'idée de faire analyser ledit engrais, qui porte le nom
pompeux d' o engrais saccharogénial ».
L'analyse en a été faite par M. Petermann, directeur de la station
agronomique de Gembloux. Voici le bulletin qu'il a remis à MM. Haaoteau
et Damseaux :
N° 17,143. — Echantillon d'engrais saccharogénial adressé par M. Ha-
noteau, le 127 février 1886 :
Eau 40 59
Matières organiques. . . 21 91
Matières minérales ... 37 50
100 »
Observation. — La personne qui vous a offert cet engrais comme con-
venant à la culture de la betterave à sucre a voulu vous tromper ou
elle est d'une ignorance complète dans la matière. Une matière fertili-
sante qui ne renferme ni azote ammoniacal, ni azote nitrique, ni une dose
d'acide phosphorique suffisante et immédiatement assimilable, est absolu-
ment impropre à la culture de la betterave. L'engrais analysé a une
valeur théorique largement comptée et sac compris de 4 fr. les 100 kil.,
et même à ce prix il serait irrationnel de l'acheter, car on paye par
wagon de 5,000 kil. les frais de transport de 2,000 kil. d'eau.
18 mars 1886.
Signé : Petermann.
L'engrais chimique est une bonne claose, mais il est de la der-
nière importance de bien examiner la marchandise avant d'ouvrir
son porte-monnaie.
L'engrais de poule. — L'engrais de poule est, pour les jardins,
un puissant auxiliaire, mais il faut savoir en user. \J Aviculteur nous
donne, à ce propos, les conseils suivants :
« L'engrais de poule recueilli directement dans les poulaillers et
mis en tas sans mélange, sèche difficilement et forme une masse
pâteuse à peu près impossible à étendre régulièrement sur le ter-
rain ; ainsi employé, il tue les plantes au lieu d'en activer la végé-
tation. Reçu sur de la paille, il forme un trop grand volume et ne
contient pas assez d'humidité pour amener la fermentation et la
transformer en fumier. La paille reste dans son entier et ne peut
être utilisée au potager. On a essayé de garnir de sable le sol des
poulaillers : l'engrais s'y mélange bien, mais il devient lourd à
transporter et le sable ne convient qu'à quelques rares terrains,
encore n'en faut-il pas abuser.
— 183 —
« C'est en présence de ces divers inconvénients que la plupart
du temps les déchets du poulailler sont tout simplement jetés sur le
fumier et considérés comme n'ayant aucune valeur.
« A force d'essais, on a fini par trouver un véhicule parfait pour
l'engrais de poule, qui en permet l'emploi partout et en tout
temps, en facihte la récolte et lui donne une réelle valeur : c'est
le tan.
« En jardinage, le tan est employé sans mélange. On l'utilise
comme paillis pour les fraisiers, pour les salades et môme pour bien
des fleurs. Une couche de quelques centimètres de tan au pied
de chaque arbre y entretient la fraîcheur avec le moindre
arrosage. »
Les cendres sont employées chez nous pour recueillir cet engrais ^
placées dans le poulailler, les cendres ont de plus l'avantage d'em-
pêcher la propagation de la vermine des poules.
Production de belles pommes de terre. — Le Bulletin de la Société
d'horticulture de Brioude indique un procédé pour obtenir d'énormes
pommes de terre : « Lorsque mes touffes de pommes de terre ont
dix centimètres de haut, dit M. Fleury de Verneuil, l'auteur du
procédé, j'enlève toutes les tiges de la circonférence qui sont les
moins vigoureuses et je n'en laisse qu'une ou deux au centre. Ces
deux tiges suffisent pour alimenter les tubercules. La sève n'est pas
gaspillée par des tiges inutiles, et les tubercules deviennent
énormes et plus nombreux que par le système ordinaire. »
M, Fleury a obtenu à l'exposition de Blois une médaille d'or
pour un lot de gros tubercules obtenus au moyen de la culture sus-
indiquée. Le procédé en question est tellement facile et coûte
si peu, que chacun voudra en tenter l'essai au moins sur quelques
plantes.
Incision annulaire de la vigne. — Je conseille à tous ceux qui ont
des ceps de vigne dans leur jardin de faire subir à quelques-uns de
leurs sarments à fruits une incision annulaire. Ils se rendront
compte ainsi de l'influence qu'exerce cette opération sur la coulure,
le développement et l'époque de maturité des grappes.
L'incision annulaire est pratiquée en grand dans certains pays
et donne de très bons résultats. On a même inventé des instruments
spéciaux pour aller plus vite.
Voici comment on fait une incision annulaire : à l'aide d'un
greffoir on pratique à la base des branches à fruits qui doivent être
enlevées à la taille suivante deux coupes circulaires, à environ un
centimètre l'une de l'autre, lesquelles permettent d'enlever un
anneau d'écorce sans attaquer le bois. La sève n'affluant plus en
184
aussi grande abondance dans la branche incisée, diminue la coulure
et hâte la maturité des raisins.
Les Cryptogames. — On connaît, mal il est vrai, un peu plus d'une
quinzaine de mille espèces de cryptogames dont les uns vivent sur
les matières végétales ou animales en voie de décomposition et les
autres, malheureusement, sur les êtres vivants. Ces petits végétaux
sont devenus célèbres, surtout quelques-uns d'entre eux, depuis
qu'ils se sont fait craindre.
Los cultivateurs les ont d'abord pris pour « des brouillards, » con-
fondant ainsi le véhicule qui transporte leurs semences légères et
la cause qui les fait germer et aide à leur développement avec le
cryptogame lui-même.
Les savants ont démontré la chose et petit à petit le brouillard a
disparu pour laisser voir l'oïdium, l'anthracnose et le peronos-
pora.
Ce que beaucoup de personnes ne savent pas et qu'elles auraient
intérêt à connaître, c'est que certains cryptogames se métamorpho-
.sent et passent sous différents états, d'un végétal à l'autre.
Après avoir vécu sous la forme élégante de VMcidlmn de l'Epine -
Vinette, les spores envahissent les champs de blé auxquels ils com-
muniquent la rouille.
M. Maxime Cornu a constaté dernièrement que les ravages exer-
cés sur les feuilles des Pins étaient dues au Peridermium Fini (var
Corlicolum), qui passe la première partie de son existence sur le
Séneçon des champs.
Le cryptogame qui attaque l'écorce du même arbre est le Cro-
narlium asckpiadeum qui vit d'abord sur le Dompte-venin.
En admettant qu'il y ait peut-être d'autres plantes portant des
espèces très voisines capables de produire les mêmes cryptogames,
la métamorphose n'en reste pas moins certaine. Et comme conclu-
sion pratique la destruction de toute mauvaise herbe portant cryp-
togames devrait être détruite par le feu.
Er'mcum cl mildiou. — Beaucoup de gens prennent les galles de
l'Erineura pour le mycélum du mildew. Cela n'a du reste rien de
bien extraordinaire, puisque pendant longtemps Igs botanistes ont
considéré les susdites galles comme de vulgaires cryptogames aux-
quels ils ont donné le nom générique d'Erineum.
Il y avait l'Erineum des érables {E. aecrinion), que Bulliard nom-
mait Mneor fenugineus, celui du Tilleul (E. tiliaccum), celui de la
vigne (E. vilis), et quelques autres.
Les galles de l'Erineum qui viennent sur la vigne sont produites
par la piqûre d'un tout petit acarien le Plajloplus Filis.
— 185 —
On trouvera plus loin les caractères et les moyens de distinguer
VErincum du mildiou, tels que les a fait connaître M. Foëx, le
directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Î^Iontpellier.
Un catalogue curieux. — Emile de Girardin avait, paraît-il, une
idée nouvelle par jour. Cette richesse d'imagination n'est, heureu-
sement pas commune ; car, que deviendraient les vieilles mais bon-
nes idées, si, comme ça tous les matins chacun inventait quelque
chose?
J'en frémis rien que d'y penser.
Cependant, j'estime qu'il ne faut pas toujours marquer le pas et
qu'un peu de progrès, par-ci, par-là, est utile même aux jardi-
niers.
Ceci, à propos du Calalogue de la Roseraie de A. Schwaller, liorti-
cuUeur à Marseille. Eh! quoi, me direz-vous, de la réclame? Eh!
non, mes amis ! Je vous signale simplement un fait, une invention,
dont peut-être quelques-uns de vous pourront tirer profit ; un fait
qqfi j'aurais pu intituler : a Moyen de faire imprimer un catalogue gra-
tis. »
Vous ouvrez l'œil et il me semble entendre dire à ceux d'entre
vous qui donnent annuellement 400 francs à l'imprimeur : Diable !
voilà qui est intéressant. En effet, trouver le moyen de faire tra-
vailler les typographes pour rien, eux qui prennent si cher, mérite
considération, salutations et félicitations.
Ce catalogue n'est cependant pas fait autrement que la plupart
des catalogues. Très bien rédigé du reste, il mentionne un grand
nombre de variétés de rosiers, avec leur description.
Savez-vous ce qui le distingue de ses congénères? Dix pages
d'annonces industrielles. Ce n'est pas plus difficile que cela. Ce
sont les industriels qui paient l'impression et le papier.
Fieillcs branches d'arbres. — Il est très important de prendre
quelques précautions quand on veut rajeunir les branches d'arbres
que l'âge a rabougries. Une forte ligature de fil de fer faite un an
ou deux d'avance au-dessus de l'cnîplacement où l'on désire rabat-
tre la branche favorise le développement de bourgeons vigoureux
qui remplaceront avantageusement la partie sacrifiée. Coupées sans
précaution les vieilles branches hésitent à repousser et ne donnent
souvent que des rameaux qui restent longtemps chétifs.
V. V.-M.
— 186 —
Instructions pratiques pour combattre le Mildew (1)
M, Foëx, directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Mont-
pellier, vient de publier les instructions suivantes que nous signa-
lons à l'attention des viticulteurs ; elles résument pour la région
méridionale, comme M. Seillan l'a fait, dans sa brochure pour la
région du Sud-Ouest, l'état des connaissances acquises jusqu'à ce
jour sur le Mildiou et les moyens de le combattre :
A. — Moyens de reconnaitre la maladie. — Les feuilles atteintes
par le Peronospora présentent à leur face inférieure des taches blan-
ches, de forme plus ou moins irrégulières, ayant l'aspect d'un petit
dépôt de sel très finement pilé ; à ces taches en correspondent
d'autres à la face supérieure qui ont d'abord une teinte jaunâtre
et passant peu à peu à la couleur feuille morte. Lorsque le mal se
prolonge, la portion de la feuille correspondant aux taches finit par
se détruire, la feuille peut même, si elle est entièrement envahie,
se désorganiser dans son ensemble et tomber prématurément.
On confond parfois le mildew avec VErincum, qui est la galle
d'un petit acarien parasite [Fliyiopius vilin). Les feuilles attaqilies
par le Peronospora ne sont jamais gaufrées, tandis qu'elles le sont
toujours à la face supérieure quand elles sont atteintes de VErineum.
Les poils blancs qui remplissent la face inférieure des galles à'Eri-
neum, n'ont jamais la teinte blanc laiteux que présente le Peronos-
pora et ils sont fortement adhérents, tandis que ce dernier est facile
à détacher, la partie de la feuille gaufrée par VErincum reste tou-
jours verte à la face supérieure , lorsque les galles vieillissent les
poils prennent une teinte roussâtre qui devient de plus en plus foncée.
Vers la fin de la végétation, les feuilles se marquent de points
jaunes et brunâtres, hmités par les sous nervures que M. Maxime
Cornu a comparées à des points de tapisserie ; plus tard, quand la
feuille se décolore, certains de ces points restent marqués en vert.
Le Mildew se rencontre également sous forme d'eiîlorescences
blanches sur toutes les parties vertes de la vigne : sur les fleurs
dont il entraîne la coulure, sur les jeunes rameaux, sur les pédon-
cules et les pédicelles des grappes, il détermine sur ces organes un
brunissement spécial et un affaissement du tissu et jamais d'exco-
riations ; lorsqu'il atteint le pédoncule ou les pédicelles, il entraîne
la dessiccation de la partie de la grappe supportée par ces organes
et quelquefois une perte de récolte notable, comme cela s'est vue
en beaucoup de lieux sur les Jacquez en 1885.
Les grains de raisin ne sont atteints par le Mildew qu'à l'état
jeune et assez rarement ; ils sont parfois avant la véraison entière-
(1) Exirait do la Viym' frimçnhi'.
187
ment blancs de fructifications de peronospora et leur développement
est arrêté dans ces conditions. Lorsqu'ils sont attaqués plus tard,
après la véraison, on les voit quelquefois brunir autour du pédicelle,
et cette altération progresse peu à peu vers le sommet.
B. — Mode de développement de la maladie. — Le MilJew est
produit par un champignon microscopique : le peronospora viticola.
Les taches blanchâtres que l'on rencontre à la face inférieure des
feuilles, et dont il vient d'être parlé sont formées par des espèces de
petits arbuscules chargés de conidies ou organes reproducteurs de
champignon. Ces conidies se détachent et sont disséminées un peu
partout, quelques-unes adhèrent à la face supérieure des feuilles,
grâce à la présence de la vapeur d'eau condensée des rosées ou
aux gouttelettes résultant d'une légère pluie ; elles ne tardent pas
à germer en émettant un tube qui pénètre dans les tissus de la
feuille, laquelle est bientôt complètement envahie ; le réseau de
filaments qui en résulte constitue le Mycélium du champignon et
fait apparition à la face inférieure de la feuille en y développant
les arbuscules chargés de corps reproducteurs dont il a été parlé
précédemment.
Le Peronospora possède, en outre, un second mode de reproduc-
tion. Sur le trajet des filaments du mycéhum apparaissent des
corps ovoïdes et, tout à côté, des rentlements un peu plus petits,
ce sont les éléments mâles et femelles du parasite ; de leur union
naît un gerbe fécondé, wuf de peronospora. Les œufs tombent avec
les feuilles, leur épaisse membrane les protège contre les intempé-
ries de l'hiver, ils germent au printemps et donnent naissance à des
conidies qui dissémineront le parasite dans les vignobles voisins.
Il y aurait donc intérêt à pouvoir se débarrasser des fouilles qui
renferment ces œufs d'hiver du Mildetv ; on a proposé de les faire
manger par des moutons.
Des expériences faites à l'Ecole d'agriculture de Montpellier ont
démontré que les œufs n'étaient altérés en rien par leur séjour
dans le tube digestif de l'animal, et l'on commettrait une sérieuse
imprudence en transportant dans une vigne le fumier de moutons
nourris avec des feuilles de ceps mildiousés.
On a recommandé aussi de brûler les feuilles sn automne, mais
il faudrait que le traitement fût pratiqué partout, pour que le vigno-
ble sur lequel on opère ne soit pas réenvahi au printemps par les
germes provenant des vignes voisines.
REMÈDES A EMPLOYER.
1. Bouillie cuivreuse de la Gironde. — À. Description du procédé. —
Un procédé qui a été découvert récemment dans la Gironde a
donné, en 1885, les résultats les plus complets. 11 consiste à
188
asperger les vignes pendant leur végétation avec un mélange de
sulfate d« cuivre et de chaux ; ce mélange est préparé de la
manière suivante : on fait dissoudre dans 100 lit. d'eau froide 6 à
8 kilog. de sulfate de cuivre d'une part ; on délaye, d'autre part,
15 kil. de chaux grasse éteinte dans 30 litres d'eau. Lorsque la
dissolution de sulfate de cuivre est complète et que la chaux forme
une bouillie homogène, on verse cette dernière dans la dissolution
de sulfate de cuivre en remuant au fur et à mesure le mélange.
On obtient ainsi, si le sulfate de cuivre est pur, un précipité bien
clair qui se dépose au fond du baquet dans lequel se fait cette
opération.
Cette matière doit être agitée au moment où on va l'employer
afin de la remettre en suspension dans l'eau.
B. Aclion du remède. — L'action du remède que nous venons
d'indiquer est due au cuivre qu'il contient ; ce métal, renferme
même en très petite quantité dans l'eau condensée des rosées ou
des pluies à la face supérieure des feuilles, empêche la germination
des spores des conidies qui y ont été apportées par les vents On
prévient ainsi le mal, qui ne peut s'établir sur ces organes.
C. Mode d'application du remède. — La bouillie cuivreuse doit
être disséminée par aspersion en petites masses du volume d'une
lentille sur la face supérieure des feuilles. Deux ou trois des taches
ainsi produites suffisent pour préserver complètement une feuille et,
dès qu'elles ont pu sécher, elles acquièrent une adhérence et une
cohésion suffisantes pour persister jusqu'au moment de la chute des
feuilles.
Les aspersions ont été faites dans la Gironde en 1885 avec un
simple balai en bruyère que l'on plongeait dans un seau ou un
arrosoir renfermant la bouillie. Cette manière d'opérer donne des
résultats satisfaisants au point de vue de la distribution de la ma-
tière, elle offre seulement l'inconvénient d'être un peut lente et
d'exiger beaucoup de main-d'œuvre ; aussi, a-t-on cherché des appa-
reils qui permettent d'opérer plus rapidement et avec une moindre
dépense de main-d'œuvre. Celui qui a donné les meilleurs résultats
aux Concours qui ont eu lieu à Montpellier, à Marseille, à Bordeaux,
en 1886 est celui de M. Delord, 9, rue St-Gilles, Nîmes.
D. Epoque à laquelle doit être eflfectuc le traitement. Les sels de cui-
vre ayant pour effet, comme nous l'avons vu, d'empêcher la mala-
die de s'établir, leur emploi doit être préventif.
On devrait donc traiter les vignes au 15 mai, époque à laquelle
le Peronospora a quelquefois fait son apparition sur certains points
du département de l'Hérault. Mais, en opérant d'aussi bonne heure,
on ne pourrait atteindre qu'une petite partie des feuilles, le plus
— 189 —,
grand nombre ne devant se développer que depuis cette époque
jusqu'à la fin de juin ; il vaut donc mieux probablement, en pratique,
sacrifier au besoin quelques-unes des premières feuilles et n'eflfec-
tuer le traitement que lorsque la végétation a déjà atteint le déve-
loppement suffisant, c'est-à-dire, dans l'Hérault, du 1" au 15 juin.
2. Poudre Podechard. — On a obtenu également de bons résul-
tats, dans la Côte-d'Or, par l'emploi d'une poudre fabriquée de la
manière suivante. On prépare un lait de chaux avec : Chaux 5 kilog.
Eau lOkil. puis une dissolution de sulfate de cuivre avec sulfate
de cuivre 10 kilog. Eau bouillante 20 kilog.
On laisse refroidir jusqu'à 25", on mélange les deux liquides et
on les verse sur 100 kilog. de chaux vive que l'on laisse fuser.
Cette poudre agit vraisemblablement comme la bouillie cuivreuse
de la Gironde.
Ce remède, qui adonné des preuves de son efficacité en Bour-
gogne, n'a pas été expérimenté dans le Midi, et il est par suite
impossible de savoir encore s'il se prêtera aux conditions résultant
du climat de cette région. 11 mérite cependant d'être essayé avec
soin à cause de sa facilité d'apphcation, qui est plus grande que
celle de la bouillie cuivreuse.
3. Echalas sulfalés. — Les échalas sulfatés en vue de leur
conservation ont suffi pour protéger complètement certaines
vignes de la Côte-d'Or. Le petit nombre des rameaux pro-
duits par chaque cep qui sont attachés en faisceaux de trois
ou quatre sur l'échalas, et les pluies fréquentes qui viennent laver
ce dernier et entraîner sur les feuilles qui en sont voisines le sulfate
de cuivre dissous expliquent ce phénomène. On a proposé, afin
d'augmenter l'efficacité de cette dissolution, de lier les rameaux
avec des liens de paille trempés dans le sulfate de cuivre L'emploi
de ces moyens qui, du reste, seraient assez coûteux dans le Midi,
où l'on se passe habituellement d'échalas, n'a donné aucun
résultat dans la région méditerranéenne, probablement par suite du
défaut d'humidité pendant l'été et du développement très consi-
dérable que prennent les vignes.
4. Procédé Judoijnaud. — M. Audoynaud a proposé d'appliquer
le cuivre sur les feuilles sous la forme d'eau céleste ou de sulfate
de cuivre ammoniacal, ce qui permet de l'obtenir à un état de divi-
sion très grand et de réduire beaucoup les quantités indiquées par
hectare. La liqueur se prépare de la manière suivante :
Dans un vase en grès ou en verre on place un kilogramme
de sulfate de cuivre sur lequel on verse de deux à trois litres
d'eau chaude, on agite avec une baguette de bois ou de verre pour
hâter la dissolution. Quand le liquide est froid ou ajoute environ
— 190 —
un litre d'ammouiaque du commerce marquant 22° Beaumé, on
mélange enfin ce liquide dans une futaille bien propre avec de
l'eau nécessaire pour obtenir les 100 ou 150 litres qui doivent être
répandus sur un hectare. Le pulvérisateur Rilley paraît être l'ins-
trument le plus convenable pour répandre ce liquide.
Bien que ce procédé n'ait pas encore été appliqué pratiquement,
il est probable qu'il donnera des résultats, à la condition d'être
employé préventivement comme la bouillie cuivreuse.
D. — Choix des matières. — Le sulfate de cuivre est un sel que
l'on trouve dans le commerce sous forme de gros cristaux trans-
parents, d'un bleu d'azur; il renferme, lorsqu'il est pur: oxyde de
cuivre, 31.84: acide sulfurique, 32.06; eau combinée, 36.10:
total 100.00.
Le cuivre étant l'élément actif contre le Peronospera, il est impor-
tant de s'assurer de la pureté des sulfates que l'on achète. Or, on
trouve fréquemment dans le commerce des sulfates doublés de
cuivre et de fer, ou de cuivre et de zinc qui sont vendus comme
sulfate de cuivre. M. Millardet donne les moyens suivants de
reconnaître la pureté de ce sel :
En versant quelques gouttes d'eau de chaux, ou de lait de
chaux dans une dissolution de sulftite de cuivre au dixième, on
obtient un précipité d'un bleu de ciel pour le sulfate double de
cuivre pur ; d'un bleu rouillé pour le sulfate double de cuivre et de
fer; d'un blanc sale pour le sulfate double de cuivre et de zinc.
La chaux qui a donné les meilleurs résultats jusqu'ici est la chaux
grasse.
E. — Jijpareils cl récipients propres à renfermer les composés cuivreux.
— Le sulfiite de cuivre, attaquant le fer et le zinc, doit être ren-
fermé dans des récipients en cuivre, en plomb, en bois ou en terre.
Bèsumé. — Bien que fous les procédés qui viennent d'être indi-
diqués, sauf les échalas sulfatés, méritent d'être expérimentés dans
le midi, la bouillie cuivreuse peut seule être employée immédiate-
ment en grand avec certitude de succès.
Son action ne sera pas vraisemblablement limitée à la destruction
du Pcronospora, mais elle s'étendra probablement à celle de plu-
sieurs autres maladies cryptogamiques de la vigne.
G. FoEX,
Diroclcur de C Ecole nationale d'agriculture
de Mo)Upellier .
— 191
Nelumbium speciosum (très réduit)
Nelumbium luteum (très réduit)
Culture des Nélombo
La plus belle, la plus remarquable, la plus étonnante des plantes
aquatiques rustiques, est assurément le Nélombo. La magnificence
de ses grandes feuilles peltées, larges comme des ombrelles ; l'écla-
tante et fraîche couleur de ses admirables fleurs roses, ressemblant
à d'énormes tulipes et jusqu'à la forme bizarre de son fruit conique,
alvéolé comme un nid de guêpes, tout concourt à lui assurer la
prééminence sur toutes les autres espèces lacustres ou paludéennes.
Les descriptions où les louanges exagérées se mêlent aux termes
techniques des savants, les dessins les plus beaux, les aquarelles
les plus manifestement exactes, ne peuvent donner qu'une idée
très imparfaite de l'effet produit par un groupe de Nélombo en
fleurs.
Le Nélombo (^Nelumbium spccosium) était le fameux Lolos des
Egyptiens ; ils en ont représenté les feuilles peltées sur leurs monu-
ments et les statues de leurs divinités ; ses pédoncules fructifères
ont servi de modèles aux colonnes de leurs édifices. Ces fruits
nommés anciennement fèves cVE(iypic, servent encore de nourriture à
quelques peuples de l'Asie. Les Chinois imitant en cela les anciens
Egyptiens, représentent souvent le Nélombo sur leurs étoffes et
leurs tentures et donnent à ses fleurs l'éclat de la pourpre.
Etant donné le mérite ornemental universellement reconnu du
Nélombo, on est en droit de se demander pourquoi ce merveilleux
végétal n'est pas dans tous les jardins où se trouvent, non pas un
lac, non pasun ruisseau, mais une vulgaire pièce d'eau, et à défaut
de pièce d'eau d'un simple et modeste tonneau. L'absence du
— 19g ^
Nélomho dans les jardins me fait Teifet d'un parterre dont on
aurait banni la rose si universellement appréciée.
J'ai cherché la cause de cet abandon de la plus belle des plantes
aquatiques rustiques dans le climat moyen de la France et j'ai cru
la trouver dans les erreurs de cultures que la plupart des livres de
jardinage ont propagées, un peu partout, infestant ainsi l'esprit des
masses d'idées aussi fausses que saugrenues.
En effet, la culture du Nélombo a été longtemps regardée comme
impossible en France, à l'air libre, puisqu'il est originaire des pays
chauds. La pratique a fait connaître l'erreur de cette appréciation
et l'on sait aujourd'hui qu'il peut très bien végéter dans nos pièces
d'eau et s'y conserver pendant l'hiver, pourvu que la glace n'attei-
gne pas les rhizomes.
Pour obtenir une superbe floraison, il suffit qu'il soit exposé en
plein soleil. Il ne vit pas en pot, il lui faut de grands baquets en
bois, où mieux, la pleine terre dans un bassin.
Je le cultive moi-même avec succès, depuis 20 ans dans un bas-
sin rectangulaire de 10 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur
et 0,60 de profondeur , ce bassin est situé en plein soleil, il n'est
ombragé par aucun arbre.
_ La moitié de la profondeur est remplie par la terre qui est com-
posée de 1/4 de sable siliceux du Rhône, l/-i de bon terreau de
couche, 1/2 de terre franche forte; il reste donc 0,30 d'épaisseur
d'eau.
La plantation doit se faire en juin ou juillet, à cette époque l'eau
a une température assez élevée ce qui en accélère la reprise, et
comme il y a encore deux bons mois de chaleur le plant a assez de
temps pour s'enraciner profondément et mûrir ses rhizomes qui
peuvent alors supporter l'hiver sans aucun abri.
Pour que la reprise soit plus certaine, il faut rapprocher le plant
"de la surface de l'eau au moyen de petits monticules de terre, dans
l'eau et sans les déranger du panier dans lequel ils ont été
élevés.
J'ai essayé la culture de plusieurs espèces de Nélombo, notam-
ment du Nclumh'mm luteum, qui habitent les lacs de la Louisiane et
de la Caroline où les hivers sont très rudes, ainsi que celle de plu-
sieurs autres sortes, mais j'ai reconnu que la meilleure était sans
contredit la variété à grande fleurs rose vif et c'est à celle-là que
j'ai borné ma culture. On peut dire que cesNélombos poussent chez
moi à l'état spontané, car ils ne l'eçoivent aucun soin, aucun abri.
LaG RANGE,
Horticulteur à Oullins,
193 —
Chauffage des serres en Amérique
Notre correspondant, M. Denis Zirng-iebel, a eu l'obligeance de
nous communiquer des photographies de plusieurs sortes de chauf-
fages employés aux Etats-Unis, où, comme chacun sait, si les étés
sont chauds, les hivers sont longs et rudes. Ces photographies, que
nous avons fait graver, étaient accompagnées d'une lettre qui
explique et complète la note publiée par notre correspondant à la
page 102 de cette revue.
Voici cette lettre :
Necdham-Mass, april 3/86.
Cher Monsieur,
J'ai fait copier, comme vous le désiriez, trois différentes formes
de chaudières dont je me sers pour chauffage. La première (fig. 1)
Fig. 1 .
est de mon invention, et est également adoptée pour thermosiphon
ordinaire ou compressé. Dans ce dernier cas on doit s'en servir
avec un aller et retour seulement. Elle contient 400 pieds de
tuyaux (en fer battu) de 3 centimètres de diamètre et est capable
de chauffer aisément 3,000 pieds de tuyaux de 12 centimètres.
Les n°* 2 et 3 sont pour chauffage compressé seulement ; je
préfère le n" 3, qui est aussi plus simple et qui pourrait être cons-
truit douVjle ou triple, laissant assez d'espace au centre pour con-
tenir la chaleur.
Les tuyaux se posent tout-à-fait comme au therraosiphon ordi-
naire, seulement il faut se servir de tuyaux en fer battu de 2 pouces
de diamètre et du môme calibre que ceux à vapeur. Comme je vous
le disais dans ma lettre précédente, l'appareil doit être fermé her-
métiquement, en laissant quelque peu d'espace pour expansion ou
gonflement de l'eau à mesure qu'elle s'échaufïe, avec une soupape
de sûreté au plus haut point de l'appareil pour prévenir les explo-
— 194 —
sions. J'ai rarement servi plus de 10 kilog. de pression , 5 kilog
est ma moyenne.
Fig. 2. Fig 3.
Les tuyaux sont attachés aux chaudières et doivent être joints
ensemble comme pour conduits à vapeur. Je comprends qu'une
personne étrangère à ce mode de chaufîage, si simple cependant,
éprouve du premier abord quelque peine à le comprendre. Il est
intermédiaire entre le chauiïage à vapeur ordinaire et le thermo-
siphon simple et de bien supérieur à ces deux-là sous tous les
rapports
Denis Zirngiebel.
Compte-rendu de l'Exposition d'Horticulture tenue à Paris du
11 au 16 Mai, par la Société nationafe d'Horticulture de France.
Le 11 mai dernier, la Société nationale d'Horticulture de France ouvrait
la splendide Exposition qu'elle organise tous les ans avec tant de succès ;
aussi l'horticulture parisienne trouvait-elle là une occasion favorable pour
exhiber les genres nombreux qui forment le fond de ses importantes
cultures.
Il serait difficile d'imaginer un groupement plus gracieux de fleurs plus
belles et déplantes plus magnifiques; en un mot, l'Exposition de cette année
na le cède en rien à ses devancières, et on peut féliciter MM. les Commissaires
organisateurs de l'Exposition du goût artistique qu'ils ont mis dans tous
les détails de l'organisation de cette Exposition.
A l'entrée, deux haies de Fusains verts bordaient l'avenue principale; à
droite on voyait le pavillon de la ville de Paris et ses annexes. Entre la
façade postérieure du palais de l'Industrie et ledit pavillon étaient groupés
les instruments de jardinage, ceux, notamment, qui ont trait à l'arrosage, et
tout autour de l'Exposition étaient disposés tous les produits industriels se
rattachant à l'Horticulture, tels que : serres, bâches, constructions rus-
tiques, ponts, kiosques, statues, etc. ; c'est dans une de ces serres qu'étaient
groupées les Orchidées de M. Lindea, de Gand, 'ainsi que ses plantes d'iatro-
duciion nouvelle, lesquelles ont valu à cet exposant un prix d'honneur.
Dans la collection d'Orchidées il est bon' de mentionner :
195 —
Cjpripedium villosum (ne comptant
pas moins de 40 fleurs).
Cattleya Mossiœ.
— Mendelii Mossiœ.
Masdevallia Lindenii.
— maculata.
— Weitchii.
Les deux charmantes mignatures :
Masdevallia rosea. — Maslevallia armini.
Les plantes d'introduetion nouvelle,
en 1866 :
Alocasia marmorata (Iles Molluques).
— auguatiana (Papouasie).
— imperialis (Bornéo).
— nigrescans (Papouasie).
— Lindeni (Papouasie).
Litrobrocliia robusta, —
Sagenia mamillosa (Nouvelle-Guinée).
Orcliidantha borneensis (Bornéo).
Calamus ferugineus (Iles Célèbes).
Cuf ania denticulata (Papouasie).
Puis trois variétés d'Anthurium :
Anthurium SchertzerianumVerveanum |
— Devansayanumrotundifolium |
toutes in'roluites par l'exposant
Aphelandra MaceJoïana (Brésil).
Helioonia albo-spica (Tonkin).
Labisia rubro coslata (Bornéo).
— alata —
— malouana —
Pandanus Augusli (Iles Molluques).
— Hardyanus.
— Kercbovii (lies Comores).
— Liaisianus —
Anthurium variété de Thibaut (par
Weitch).
Le centre principal d'attraction résidait dans le Pavillon de la ville de
Paris où s'abrita ent des massifs de fleurs jetés avec gov'lt sur la pelouse, et
les superbes plahtes de serre de MM.Chantin, Dallé, Saison-Lierval, Landry
et Duval, qui en décoraient si admirablement le pourtour.
S'il me fallait énumérer toutes les espèces qui ont attiré mon attention,
ce travail deviendrait trop long et peut-être fastidieux. Je me bornerai
donc à citer, dans le lot de M. Chantin :
Katakidozamia Mac-Leyi.
Anthurium Antonii (introduit en Eu-
rope par l'exposant en 1884).
Gleichenia ruspestris glauca.
Asplenium colensoi.
Polypodium aureum glaucum.
Quelques Orchidées :
./Erides Veitehii.
Anguloa species?
Lcelia purpurata.
Angiopteris evecta.
Sabal urabraculifera.
Zamia horrida.
— Van Gertii.
Cycas revoluta (beau spécimen).
Dendrobium thyrsiflorum.
Cymbidium Loweanum.
Odontoglossum odoratum.
Dans les collections de M. Dallé (Louis), on peut citer :
Kentia Balmoreana.
Cyathea dealbata (fort).
En groupes fleuris
Gardénia grandiflora,
Cytisus Everestianus.
Eiica cylindrica.
— coocinea.
Hydrangea alba.
Une superbe potée bien en fleuri
d'Odontoglossum Pescatorei.
Hoteia palma fidarosea.
Deutzia gracilis.
Pelargonium M^^ Clouet.
— M. François.
M. Savoje , horticulteur à Bois-Colombes ('Seine), avait des lots de
plantes de serre fort admirés ; j'ai noté parmi ces dernières :
Areca Bœuerii.
— sapida.
— luttscens.
Latania borbonica.
Aralia Sieboldii.
Croton Andreanum.
Croton interruptum.
— undulatum.
— Baronne de Rothschild.
Araucaria glauca.
Bougainvillea glabra, en fleur.
.(Eschynanthus zebrinus.
— 196 —
Dans le lot de M. Landry, citons
Zamia species ?
Cocos Blumenovia.
Cycas Thercaissi.
Hibiscus Cooperi.
Rodea japonica variegata
Dracœna Alex Hardy.
— Verlotii.
— majestiea.
A côté de M. Landry se trouvaient les beaux lots de M. Truffaut, de
Versailles ; les Orchidées surtout faisaient l'admiration de tous les
visiteurs.
Voici les nonos des plantes qui ont le plus attiré naon attention :
Cattleya Mossioe.
— nobilior.
— Mendelii.
— citrina.
— Kimerii.
— Ocklandiœ.
Oncidium cucullatiim.
— concolor.
Quelques belles plantes de seire :
Dracœna Lindenii.
— Gladsfonei.
— Amerleyensis.
— alba Tdiiegata.
Croton variegatum elegans.
Lœlia purpurata alba.
Dendrobium crjstallinum.
— thyrsiiîorum.
Odontoglosaum glorio»um.
— luteo pnrpureum.
— triomphans.
— vexillarium.
Vanda tricolor.
Selaginella cîesia arborea.
Aralia Chabrierii.
Anthurium Hanisii pulchrum.
— Andreanum.
— crjstallinnm.
M. Saison-Lierval, horticulteur au Parc de Neuillj (Seine), exposait un
pied de Latania Borbonica de force extraordiuaire ; il obtient pour cette
plante une grande naédaille d'argent.
Quittons ces Palmiers géants, ces Fougères arborescentes, et passons aux
massifs de fleurs non moins intéressants.
Ici ce sont les charmants Bégonias tubéreux de M. Robert, horticulteur
au Vésinet, et les superbes Gloxinias de MM. Vallerand et E. Couturier.
Mais on est particulièrement entraîné vers les Caladiums et Orchidées de
M. Bleu ; j'ai noté surtout :
Caladiums. — Perles du travail, Phébu?, M"" Imbert, Kœchlin, l'Automne,
Comtesse Du Berthier, Virgile, Gandidum, M"" Willaume, Aristée, Gaze de
Paris (feuillage aussi léger et transparent que son nom l'indique).
Les massifs de Rododendrums et d'Azalées de plein air, de MM. Moser et
Croui, offrent aux nombreux admirateurs d'énormes bouquets de fleurs aux
coloris variés et charmauts,
M. Truffant avait aussi un massif d'Azalées, de l'Inde, dont les téies
étaient bien taites et dans le plein de leur superba floraison.
M. Boucher, de Paris, et M. Christen, de Versailles, exposaient deux
charmants massifs de Clématites. Dans le premier, citons :
Clématites coccinea.
— Lucie Lemoine.
— Jackmanii.
— Marie Boisaelot.
M. Christen avait :
Clématite bicolor.
— Ville de Paris.
— M™« Méline.
— Barillet Desehamps.
Clématites Président Grévy.
— Baronns de Kothschild.
— Peile d'azur.
— Viticella rubra.
Clématite Star of indica.
— vestale.
— hybrida perfecta.
Atragène des Indes.
197 —
M. Christen exposait à côlé de son massif de Clématites un superbe lot de
rosiers grimpants tels que :
Belle Lyonnaise.
Baron Gonela.
Rêve d"or.
Mme Alfred Carrière.
Gloire de Dijon.
Bouquet d'or.
J'allais oublier les splendides massifs de Crotons et de Dracœnas de
M. Chantrier qui faisaient l'admiration de tous les visiteurs, et ses lots d'An-
thurium nouveaux encore plus intéressants pour les amateurs.
Voici leurs noms avec quelques détails sur chaque plante.
Variétés obtenues par M. Chantrier et n'étant pas encore au commerce :
Anthurium Eduardii (fleur ayant le coloris de la variété parisienne mais à fleurs
beaucoup plus grandes).
— carneum grandiflorum (fleurs énormes).
— cruentum (issu de l'Anth. Weitchti comme mère et de l'Anth. Andrea-
num comme père).
— Houlttianum de semis (issu de l'Anth. Andreanum comme père et de
l'Anth. Hoiiletianum comme mère).
— Andreanum à fleur rouge sang (issu de l'Anth. Andreanum comme mère et
de l'Anth Houletianum comme père).
— Mortfontanense (issu de l'Anth. Weitehii comme père et da l'Anth. Andrea-
num comme mère).
Puis : Alooasia Piitzeisii.
— regina.
— Sanderiana.
Je ne voudrais pas quitter ce pavillon si splendidement décoré sans parler
des charmants bouquets, couronnes, jariinières, gerbes, surtouts de table,
etc., de M. Bories, de M"" E. Lion et de M. Debrie.
Sous la grande tente annexée au pavillon sont les belles roses de MM.
Levêque, Ch. Verdier et A. Rothberg.
Dans les lots de M. Levêque, voici les variétés que j'ai notées :
Merveille de Lyon.
Joseph Tasson.
Souvenir d'un ami.
Marie Guillot.
Capitaine Chrysti.
Persian Yellow.
Thyra Hammerich.
Rêve d'or.
M°"= Falcot.
Jean Ducher.
Jean Pernet.
Clotilde.
Maréchal Niel.
Rivoli Charles.
Dans les lots de M. Ch, Verdier citons :
Perle de Lyon.
Jean Ducher.
David Pradel.
Camoëns.
M™« de Yatry.
Homère.
Marie Guillot.
Sir El Elisa.
Niphetos.
L'Elégante.
Abel Carrière.
Mm" Margottin.
De Monplaisir.
Joseph Bernachi.
Belle Lyonnaise.
Marie Van Houte.
Perle des jardins.
Adrienne Christophe.
Comtesse Riza du Parc.
M. A. Rothberg, pépiniériste à Geanevilliers, avait des Thés magnifiques
dont voici les plus beaux spécimens :
Hybride thé Distinction.
Marie Van Houtte.
Mm" Gaillard.
Comtesse de Brossard.
Safrano rouge.
Marie d'Orléans.
Mme Trombez.
Mont-Rosa.
Mme Bravy.
Mme Lombard.
Mme Nabonnand.
Francisa Kruger.
Regulus.
Reine Emmad. Pays-Bas.
MM. Ch. Verdier et Paillet avaient deux lots superbes de fleurs coupées
de Pivoines en arbres dont les plus remarquables étaient ;
— 198 —
Schœne Van Coin.
Jules Pierlot.
Georges Paul.
Jeanne d'Arc.
Mrac Thibaut.
Rose odorante.
Dûment de Courset.
Salmonea.
Duchesse de Parme.
Docteur Bowiiug.
Trioraplie de Gand.
Gloire des Belges.
Moris.
Zenobia.
Lambertine.
Bijou de Chuzan.
Elisabeth.
Osiris.
Comte de Flandres.
M. Jolibois, jardinier-chef au Luxembourg, ornait cette annexe d'une
belle collection de Broméliacées qui lui ont valu un diplôme d'honneur.
Comme plantes annuelles c-t bisannuelles citons les charmants massifs de
MM. Vilmorin. Andrieux et C" et de M. A. Lecaron. MM. Vilmorin avaient
en outre des Calciolaires et des Cinéraires hybrides et doubles de toute
beauté.
M. Lemoine de Naacj, exposait 3 variétés de lilas à fleurs doubles malheu-
reusement ces fleurs avaient mal supportées le voyage et étaient passées dès
le deuxième jour de l'exposition.
C'était :
Lilas Comte Horace de Choiseul.
— Président Grévy.
— Michel Buchner, primé à Paris en 1885.
Une exposition de printemps sans Pensées serait une exposition incom-
plète aussi ne manquaient-elles pas, et MM.Daplat et Dupanloup en avaient-
ils de forts belles.
M. Poirier, de Versailles, expose un lot de Pélargoniumzonale à fleurs dou-
bles fort admiré qui lui vaut une grande médaille d'argent.
Comme variété citons :
Jules Chrétien. | Monsieur d'Astis. 1 Emile Girardin.
Duchesse des Cars. | Monsieur Strutt. | Avalanche.
M. Terrier, jardinier chez M. le D' Pournier à Neuilly (Seine), obtient une
médaille d'or pour son beau massif de plantes de serre à feuillage panaché.
M. Simon exposait un massif d'Euphorbia, de Cactées et d'Aloès.
Un massif qui attirait le plus grand nombre des visiteurs était le massif
d'arbres fruitiers forcés de M. Margottin père.
Voici pour les cerisiers les plus belles variétés.
Early rivers. 1 Bigareau de mai, (étaitl Elton.
Anglaise hâtive. | superbe). | Impératrice Eugénie.
Pour les pêchers.
La pêche la plus précoce ou du moins celle qui était la plus avancée était:
Précoce Alexandre ; Tenait ensuite : Amsden's June.
Arboriculture fruitière et ornementale,
La seconde partie du programme comprenait diiférents concours] que 'j'ai
déjà mentionnés plus haut.
Mais j'avais oublié de parler de la superbe collection de cent Conifères de
M. Defresne pour laquelle il obtient un prix d'honneur. Je ne puis m'abste-
nir de citer :
Abies concolor et violacea.
— Parryana.
— Alcokiana.
— Weitchii.
— cœrulea Hudsonii.
— Patonii.
Abies polita.
— pieca dumosa.
— Engelmani.
— nobilis glauca.
— Hookei'iana.
— Albertiana.
— 199
Abies lasiocarpa.
— nordmaniana.
— numidica.
Biota Defresneana.
Welliugtonia gigantea pendula.
— — nana.
Thuyopsis dolabrata variegata.
Pinus Silv. Beuvronensis.
Retinospora leploclada.
Libocedi'us sinensis glauca.
Pinus manophylla.
Cedfus atiantica glauca.
— atiantica cinerascens.
— Libanl comte de Dijon.
— Deodora variagata.
Cryptomeria Jap. spiralis.
— — monstrnosa.
— — compacta.
Chamcecyparis dubia.
CupressLis Law. Turnerii.
— — Fraseiii.
— — albd pendula.
— — pendula.
Araucaria imbricata.
Fitz-Roya patagonica.
Saxe-Gothea conspicua.
Séquoia sempervirens variegata.
Thuyopsis lœfeviren?.
Retinospora squarrosa.
Un massif de plantes vertes comprenant les genres Fusains, Aucuba, Ligus-
trum, Mahonia, Yucca, Arbutus, Ilex, Eleagnus, Hedera, et pour lequel
M. Defresne obtient une médaille d'or.
M. Croux exposait un massif d'Acer negundo à feuilles panachées en bor-
dure, et comme centre du massif un superbe pied de Hètra pourpre.
Sur une pelouse à l'entrée de l'Exposition se trouvait un superbe pied do
Xinthorœa hastillis (Smith) envoyé par M. Th. Villard.
MM. Salomon et Bertrand avaient chacun un lot de fruits conservés vrai-
ment admirables.
Parmi les mieux conservés, j'ai noté :
Poires Pomme.i
Catillac.
Bergamote Philippot.
Besi des Vétérans.
Beurrée Bretonneau.
Bon Chrétien d"hiver.
Doyenné d'hiver.
Beui'rée Perrault.
Belle Angevine.
Calville blanc.
— des femmes,
— d'Anjou.
Reinette du Canada.
Reinette d'Angleterre.
Pomme de Hollande.
Reinette grise.
Culture Maraîchère.
Les produits maraîchers complétaient honorablement cette magnifique
exposition.
M. Lhérault avait un prix d'honneur pour ses asperges toujours de gros-
seur si extraordinaire. Il exposait, en outre, un lot de fraisiers qui lui a valu
une grande médaille de varmei!.
Les fertiles meules de champignons de M. A. Duvillard, les salades de
MM. Vilmorin-Andrieux et C° et les beaux spécimens de choux-fleurs de
M. 0. Arlet étaient tels que les yeux les désirent dans l'intérêt de la
bouche.
MM. Chommetet J. Rigault exposaient chacun une collection de pommes
de terre dignes de faire les honneurs du centenaire de Parmentier.
La Société de secours mutuels des Jardiniers de la Seine obtient un prix
d'honneur pour un superbe lot d'ensemble de légumes forcés.
Comme iastruction horticole, citons les plans de jardins et dessins de
rochers de M. Combàzi, à Passy, ainsi que ceux de M. Faubry, de Nantes,
et les splendides aquarelles de fleurs de M. Jubert, de l'école de Grignon.
Les herbiers de MM. C. Moreau, H. Rousseau et Sosson contenant 500 et
600 variétés de fougères, et 500 espèoes de plantes médicinales ou indus-
trielles.
— 200 —
Les collections d'insectes do MM. A. Ramé, Sosson et C. Moreau.
Et la collection fort belle do plantes artificielles pouvant servir à l'ensei-
gnement horticole de M"° Marie Fortier, qui obtient une médaille d'or.
J.-B. Perrier fils.
laformaflons. — M. Simon Delaux, l'habile cultivateur de chrysan-
thèmes de St-Martin-du-Touch près Toulouse, vient d'off'rirdeux prix, l'un de
(JOO francs et l'autre de 100, à une société d'horticulture de Londres, qui s'occu-
pe chaque année d'organiser une Exposition spéciale de Chrysanthèmes :
L'Ecole forestière. — M. Dovelle a fait signer au président de la République
un décret instituant une commission chargée d'étudier la réorganisation de
l'Ecole nationale forestière, et de reviser le programme de l'enseignement.
— Voici les noms des Lauréats des Prix culturaux au concours régional
de Marseille : Diplôme d'honneur hors concours et objet d'art spécial à M.
A. Besson, horticulteur, au Pont-de-Vivaux. Primo d'honneur : Objet d'art
et 1000 francs à M. Montel, horticulteur à St-Barnabé. Médaille d'argent à
M. Schwaller, horticulteur à Bonneveine.
Introduction des vignes américaines. — L'introduction des vignes étrangères
et des vignes provenant des arrondissements non phylloxerés a été autorisée
dans les arrondissements suivants : Châteauroux, Leblanc, La Châtre (Indre);
Lombez et Lectoure (Gers) et Chambéry (Savoie).
Les concours régionaux. — Les délégués des Sociétés d'an;riculture et des
Comices au concours régional de Lille, ainsi qu'un grand nombre d'exposants,
ont signé une pétition au ministre de l'agriculture, lui demandant le retour
pur et simple à l'organisation des douze concours régionaux et à l'ancien
nombre des circonscriptions.
— La société des Agriculteurs de France a ouvert les concours suivants :
Monographie forestière d'une région de la France. — Maladies des mûriers et
moyen de les combattre. — Dessiccation des fruits. — Etude générale du
vignoble français. — Etude sur la culture des cépages américains et les
meilleurs procédés de vinification de ces mômes cépages. — Destruction du
Peronospora viticola. Déposer les mémoires, avant le 31 décembre 1886, au
siège de la Société, 21. Avenue de l'Opéra à Paris,
— La même société ouvre un concours pour la création de fermes fruitiè-
res. Ce concours aura lieu en 1890. Pour la désignation du lauréat, on
prendra en considération :
1° L'importance de la plantation ; 2' les soins pris pourassurerla réussite;
3° le choix des espèces et variélôs qui devront être appropriées au sol et
au climat et déterminées au point de vue de l'emploi assuré des fruits, soit
pour le marché, soit pour l'usage industriel ; 4° les plantations intercalaires
telles que celles des Groaeillers, Framboisiers, légumes et autres végétaux
alimeniaires pouvant donner un produit avant les arbres.
— La société horticole, vigneronne et forestière, de l'Aube, ouvrira sa
dixième Exposition générale du jeudi 16 au lundi 20 septembre 1886, à
Troyes. Les demandes d'admission devront être parvenues au Secrétariat de
la société avant le 1" septembre. Expositions annoncées : Douai, du 11 au
16 juillet; Valogne, du 7 au 10 août ; leRaincy, les 8 et 9 août ; Alençon, du
6 au 10 octobre.
Lk Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Imp. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 JUIN N' 12
CHRONIQUE
Concours spéciaux. — Les membres de l'Association horticole
lyonnaise qui désirent prendre part aux concours spéciaux organisés
par la Société sont informés que le dernier délai pour faire par-
venir leur demande au Secrétariat, cours Lafayette, 61 (Villeur-
banne), a été tixé au 20 juillet prochain.
Les demandes de prendre part aux récompenses à décerner
aux bons et anciens jardiniers seront reçues jusqu'à la même
date.
Nous rappelons aux jardiniers de maisons bourgeoises :
1° Que les demandes relatives aux concours spéciaux doivent
être accompagnées de l'autorisation écrite du maître de la propriété
confiée à leurs soins ;
2° Que les demandes de prendre part aux récompenses comme
ancien et bon jardinier doivent être accompagées d'un certificat
flu maître attestant la durée des services rendus. La signature
de ce certificat devra être légalisée par le maire de la
commune.
Boses nouvelles. — J'ai entendu gémir des amateurs de roses et
j'en ai vu qui, dans leur douleur, étaient aussi inconsolables que
Calypso, la déesse immortelle, avant l'arrivée de Télémaque dans
S')n île.
Ils n'avaient du reste aucune nymphe pour les servir.
L'écho m'a renvoyé leurs lamentations sur un rythme plaintif :
j'en ai le cœur ulcéré.
Les gazetiers rhodophiles ont formulé, dans le langage du pays,
l'expression des plaintes, gémissements et lamentations de la patrie
ennuyée — je n'ose pas dire en deuil. Ah ! disait l'un d'eux,
n'est-ce pas atfreux de voir notre fleur favorite aussi prodigieuse-
ment féconde ? — Ça en est ridicule, lui répondait une voix caver-
neuse. — Un troisième, montrant le poing, disait : « Des nou-
— 202 —
veaulés comme ça, j'en ai plein le dos. — Attendez un moment,
nous allons y mettre ordre, ajoutait un quatrième. »
Se plaindre de la fécondité de la rose, blâmer la reine des lleurs
d'être trop prolifique, mais c'est la révolution qui se glisse
dans l'empire de Flore ! Malheur des temps ! Abomination de la
désolation !
Des esprits chagrins que la naissance de nombreux petits der-
niers ou petites dernières rend furieux, menacent de soumettre la
malheureuse fleur au régime des abortifs. Ils ne parlent ni plus ni
moins que d'organiser un congrès pour réglementer sa progéniture
à venir et flanquer de suite à la porte des jardins, c'est-à-dire
assassiner une partie de ses enfants.
Cruels ! y pensez-vous ? Un congrès de rosiéristes ? Malheureuse
mère ! Rose infortunée ! J'en frémis rien que d'y penser. Il me
semble vous voir déjà réunis, là ou ailleurs, discutant à propos de
roses. Vous éliminerez celle-ci, qui convient à Jean et à Claude,
pour peu que vous soyez trois sur cinq pour lui trouver des défauts,
car vous serez la majorité. Les fils de la « perfide Albion » vote-
ront en bloc contre les enfants de la chaude Provence. Que d'héca-
tombes à prévoir. Voilons-nous la face.
La seule chance qui vous reste de ne pas dévaster par décret ce
beau royaume des roses, d'éviter un massacre épouvantable, c'est
de ne pas prendre votre rôle trop au sérieux. Que votre président
futur soit un homme gai et, pour éviter que la discussion tourne au
funèbre, qu'il vous permette d'émailler vos discours, interruptions,
apostrophes, demandes et réponses, de jeux de mots plus ou moins
spirituels. Que l'un d'entre vous, par exemple, bon patriote, pro-
clame, dès le début, la suprématie de La France, superbe rose
obtenue par Guillot, sur Y Empereur du Maroc, au noir coloris ^ qu'il
démontre, par A plus B, que la Baronne de Holhschild, rose ou
blanche, quoiqu'elle ait le sac, n'est pas la Perle des Jardins, Que
de liêvcs d'or à faire en passant des Iles Bourbon aux Bengales ! Que
de souvenirs à se rappeler, sans compter celui de la Malmaison, en
prenant le Tliê à Proviiis ! Qa' un voisin, agréablement titillé par ces
allusions transparentes, efface, par un sourire, son aspect de rosier
rugueux; que Paul Neyron avoue avoir trouvé son chemin de Damas
en flairant une rose musquée sur un buisson à cent feuilles, moussu,
garni de pompons et de noisettes.
Croyez-moi, glissez sur le général Jacqueminot et sur le maré-
chal Niel : évitez la guerre. Mais malheur à vous, congressistes,
si vous abandonnez cette voie féconde en calembours ! La Discorde
est là qui vous guette, prête à vous barrer le chemin.
Un congrès de rosiéristes pour juger des roses nouvelles
Quelle fumisterie ! Je comprends, à la rigueur, que Monsieur Trois-
— 203 —
Etoiles cherche à prouver â Monsieur Ixe qu'il est un parfait crétin
en soutenant qu'une variété do rose quelconque est préférable à
une autre. Je me fais également une idée parfaitement nette de
Pierre demandant l'expulsion et la radiation d'une rose Thé qui lui
déplaît et finissant par l'obtenir à force d'arguments.
Mais ce que je ne conçois pas bien, ailleurs qu'à Charenton, c'est
une assemblée délibérant sur l'Hybride nouvelle que personne ne
connaît, sur la Noisette fraîche émoulue, sur le petit Polyantha du
célèbre semeur ou encore sur un Bengale nouveau qu'un inconnu a
l'audace do vouloir mettre au commerce. Je me suis fait pousser
plus d'un cheveu blanc en tachant de deviner sur quelles bonnes
raisons, sur quels arguments irrésistibles le tribunal rosicole pour-
rait asseoir un jugement sévère mais juste, sur toutes ces intri-
gantes de roses nouvelles qui réclament leur place au soleil? J'avoue
humblement que je n'ai rien trouvé.
Mais je les connais, vos jugements, rosiéristes ! Savez-vous que
quelques-unes de nos plus belles roses, celles dont une seule suffi-
rait à établir la réputation d'un semeur, ont été présentées à vos
expositions et soumises à vos suffrages ? Savez-vous qu'elles ont
été battues par des variétés que l'indifférence a, plus tard, chassé
des jardins ?
Ce n'est pas une chose aussi facile qu'on le pense, qu'un juge-
ment à porter sur une rose nouvelle. Présentées dans de certaines
conditions, elles sont toutes belles. Adroitement préparées, elles
décuplent leurs charmes et font miroiter aux yeux de fallacieuses
couleurs. Pouvez- vous deviner quelle part revient à la fertilité du
sol, à l'altitude, à la chaleur du soleil, à la vigueur du sujet et aux
mille conditions qui influent sur leur développement ? Non : le règne
des sorciers est passé. "Tout ce que vous pouvez faire, c'est d'at-
tendre que le Temps, ce grand maître, ait donné son avis. Du reste,
telle variété qui triomphe dans le Midi ne vaut rien dans le Nord,
et vice-versâ. Celles qui sont belles partout sont rares.
Le progrès, dans les fleurs, ne procède pas par soubresaut, et
parmi les nombreuses variétés vendues chaque année, il y en a
toujours quelques-unes que leurs qualités distinguent nettement
des autres et qui marquent une amélioration réelle du genre.
La seule conclusion sérieuse sur cette question des roses nou-
velles a été formulée par Alphonse Karr : « Si vous avez de
l'argent et de l'espace pour les planter, achetez-les toutes. » Je
partage complètement cette manière de voir.
Falsification du sulfate de cuivre. — Plusieurs journaux donnent,
bien sincèrement sans doute le moyen pour distinguer le sulfate de
cuivre pur du sulfate de cuivre. . . falsifié. Je ne conseille pas aux
— 204 —
personnes qui auront la le procédé on question, procédé parfaite-
ment exact du reste, de le mettre à exécution. Voici pourquoi :
Le sulfate de cuivre parfailcmenl pur est usité seulement dans
les laboratoires, et tous les sulfates de cuivre du commerce con-
tiennent du sulfate de fer ou du sulfate de zinc, en plus ou moins
grande quantité, puisqu'ils sont tirés généralement des pyrites
cuivreuses grillées qui contiennent du fer et du zinc.
Cependant comme on purifie presque toujours le sulfate de cui-
vre ferrugineux, il y a des marchands qui livre ce sel important
à un degré de pureté bien suffisant pour l'usage auquel les horti-
culteurs le font servir. Qu'est-ce que cela peut bien faire pour le
sulfatage des bois de sapin, des semences ou des vignes atteintes
du mildiou, que le sulfate de cuivre contienne un peu de sulfate
de fer? Rien, cependant il est important de ne pas acheter du sul-
fate de cuivre ordinaire pour du sulfate de cuivre à peu près
pur, attendu qu'il y a une grande différence de prix entre
l'un et l'autre. Il suffit pour apprendre à distinguer le vrai
sulfate de cuivre du commerce du sulfate de cuivre ferrugi-
neux, d'en avoir vu un échantillon de chaque sorte ; on ne peut
plus les confondre ensuite. En résumé, on trouve dans le commerce
trois sortes du sulfate de cuivre : 1" le sulfate de cuivre pur ou à peu
près pur ; 2" le sulfate connu sous le nom de Filriol de Sahhourg
dont il y a trois qualités suivant qu'il contient plus ou moins de
cuivre ^ 3" le Filriol mixte de Clnjpre (qu'on tire des mines de Chessy,
près Lyon) qui est un sulfate double de cuivre et de zinc.
Le vitriol de Salzbourg et le vitriol mixte valent de 25 à 40 fr.
les 100 kilog., tandis que le sulfate de cuivre pur vaut plus de
100 fr. les 100 kilog.
Pli]l>iioln(jie et culture du Blè. — M. Eug. Risler, directeur de
l'Institut agronomique, vient do publier à la Librairie Hachette
et (y''', un petit volume in-16, contenant tout ce qui peut intéresser
les agriculteurs sur l'importante question de la culture du blé.
L'ouvrage ne coûtant que 0 fr. 50, sera bientôt dans toutes les
mains de ceux qui ont souci d'augmenter leurs revenus.
Voici les litres des principaux chapitres de cet excellent petit
ouvrage :
Le climat. — Le sol et les engrais. — Propriétés physiques
des terres et développement des racines. — Place dans les asso-
lements et cultures préparatoires du blé. — Variétés de blé. —
Choix et préparation des semences. — Quantité de semence à
employer par hectare. — Epoque des semailles. — Profondeur
des semis. — Semailles à la volée ou en lignes. — Automne et
hiver. — Soins à donner au blé au printemps. — Floraison du blé.
— Maturation et moisson, — Battage et produit.
~ 205 —
Les engrais convenant aux arbres à cidre. — Nous trouvons dans
la France agricole la petite note suivante qui contient des renseigne-
ments très utiles à connaître et qui pourraient, croyons-nous, aussi
bien s'appliquer aux pommiers en général, qu'à une classe spéciale
de pommier. Voici cette note :
« Tous les engrais ne conviennent pas aux arbres à cidre : les
fumiers de cheval et de mouton attirent le puceron lanigère, qui
épuise les arbres et donne naissance aux chancres; le fumier de
vache attire les vers blancs ; les fumiers non fermentes engendrent
le blanc des racines.
« Les engrais liquides et les marcs de pommes sont surtout à
recommander. On obtient d'excellents résultats en arrosant au pied
des pommiers avec du purin, de la colombine, du guano ou des
matières fécales, chacun de ces engrais étant délayé et largement
étendu d'eau.
<c Les marcs de pommes mélangés avec du phosphate fossile pul-
vérisé, dans la proportion de 15 à 200 kil. de phosphate par
10() kil. de marcs, agissent aussi très efficacement.
« Le varech et les algues marines, — qu'on utilise dans le même
but le long des côtes, — donnent beaucoup de vigueur aux arbres
et empêchent les vers blancs d'attaquer les racines. »
Greffe des Solanécs. — M. E. Strasburger a exposé dans une
note intitulée : sur la greffe el ses conséquences, quelques-uns des
résultats qu'il a obtenus en greffant les unes sur les autres diffé-
rentes sortes de Solanées. 11 a réussi à grefïer et à faire prospérer
sur la pomme de terre les Dalura Siramonium et arborca, le Tabac et
l'Alkekenge. La pomme de terre, à son tour, prospère étant greffée
sur le Stramoine [Dalura Siramonium). Dans une deuxième série
d'expériences M. Strasburger a pu greffer sur la pomme de terre
la Jusquiame noire, la Belladone, le Tabac rustique et le Pétunia.
Le Dalura Siramonium , le Plnjsalis et le Nicoliana Tabacum ont par-
faitement fleuri el les greffons ont atteint un bon développement.
Il résulte des expériences de M. Strasburger que dans certaines
familles les genres les plus différents peuvent être greffes les uns
sur les autres.
Pour ma part j'ai greffé, jadis, presque tous les genres de la
famille des Proléucws sur le Grcvilca robusla et la plupart des greffes
ainsi faites ont parfaitement vécu pendant plusieurs années.
TÀlas chinois. — 11 paraîtrait, d'après les observations faites
dernièrement par M. A. Franchet sur les Syringa du nord de la
Chine, que les Syringa Emodi Dcne et Josikca Jacq. devraient être
rapportés en synonymes au Syringa villosa Vahl, récolté aux envi-
— 206 —
rons de Pékin par P. d'Incarville. D'autre part, le Syringa villosa
Dcne ne serait pas diiFérent du Syringa pubcsccns Turcz.
Les deux autres espèces de Syringa appartenant à la flore de
Chine sont le S. obUita Lindl. et le S. cliinensia Willd., qui a pour
synonymes S. rolhomagensis Mirb. et S. dubia Fers. C'est le véri-
table Lilas Varin des horticulteurs.
En résumé, d'après les observations de M. Franchet il y aurait
quatre espèces chinoises de Lilas, savoir S. villosa Vahl, S. pubes-
cens Turcz., S. oblala Pers., S. chincnsis WiWd.
Syringa et Seringa, — H y a deux arbrisseaux également com-
muns dans les jardins qui portent, l'un en grec latinisé, l'autre en
français, des noms qui se ressemblent beaucoup et qui ont, à peu
de chose près, la même consonnance. Cette affinité nominale
donne lieu quelquefois à des quiproquos désagréables. L'un de ces
arbustes est le Syringa plus connu en français sous le nom de Lilas.
L'autre est le Seringa dont le nom technique est Philadelphus.
L'amateur qui veut acheter des Seringas doit éviter d'écrire
Syringa s'il ne veut pas recevoir des Lilas à la place.
Sidéralion. — On appelle sidéralion la pratique de l'enfouissement
des plantes vertes, pour servir d'engrais. Les plantes, comme on
sait, ont la propriété d'absorber et de fixer dans leurs tissus, le
carbone et l'azote contenus dans l'air atmosphérique.
Ce carbone et cet azote ainsi fixés peuvent être incorporés au
sol et jouer un rôle analogue à celui du fumier. Les espèces de la
famille des Papillonacées, telles que le trètle, la luzerne, les féve-
roles, les lupins, etc., sont particulièrement aptes à capter l'azote
atmosphérique et constituent, étant enfouies à l'état vert, un
engrais de grande valeur.
Cette pratique de la sidéralion n'est du reste pas nouvelle, puis-
que l'on nous apprend que les Romains semaient du lupin en
septembre pour l'enterrer dans leurs champs au mois de mai.
M. Georges Ville, qui depuis quelque temps s'occupe beaucoup de
celte question conseille l'emploi de la sidération toutes les fois
qu'on veut remplacer dans les cultures, le fumier absent ou les
engrais azotés souvent trop cher.
Ce mot de sidéralion vient de ce que le soleil est le principal
agent de la transformation de l'azote gazeux en azote solide.
Dans beaucoup de cas en horticulture, on aurait intérêt à em-
ployer la sidération. L'enfouissement en vert d'un semis de trèfle,
de lupin, de féverole, de pois ou autres légumineuses équivaut à
une forte fumure en fumier. V. V.-M.
— 207 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 15 mai 1886, tenue dans la
salle des réunions Industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Cl. Jacquier, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4 par la lecture du procès-verbal de la
dernière réunion, qui est adopté après une observation de M. Valla. horti-
culteur à OuUins, disant que c'est par erreur qu'on a attribué à M. Villars
UB apport de Tulipes qui a été fait par lui et récompensé par une prime de
3° classe. Cet apport sera mis à l'actif de M. Valla.
Coi'respondance. — L'Association a reçu :
1° Une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, priant l'Asso-
ciation de vouloir faire un relevé des manuscrits qu'elle pourrait avoir en sa
possession ;
2» Lettre de M. le Ministre de Tagriculture, relative au Concours régional
agricole de Clerraont-Ferrand, demandant, dans le cas où la Société désire-
rait envoyer un délégué pour la représenter à ce Concours et prendre part
à la délibération qui aura lieu le vendredi qui précédera le jour fixé pour la
distribution des récompenses, de bien vouloir lui faire connaître le nom da
ce délégué ;
3° Lettre de M. Ant. Rivoire priant l'Association de vouloir bien le rem-
placer comme membre de la Commisssioa des visites, des circonstances
indépendantes de sa volonté l'empêchant, cette année, de prendre part aux
travaux de cette Commission;
4° Programme et règlement de l'Exposition d'horticulture que tiendra à
Grenoble la Société horticole dauphinoise du 18 au 21 juin prochain ;
4° Lettre-circulaire du a Crédit agricole, Union des syndicats agricoles de
France », Société de nouvelle fondation dont le siège est à Paris, 9, rue
Massolier. Cette circulaire indique le but économique de cette Société ano-
nyme dont le capital est de 5 millions de francs;
6" Lettre de M. Falconnet, horticulteur à Villefranche-sur-Saône, remer-
ciant ses collègues d'avoir bien voulu le porter sur la liste des délégués aux
Expositions des Sociétés correspondantes.
Présentations, — Il est présenté 6 candidatures, sur lesquelles, confor-
mément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, à l'unanimité et sans protestation, les candi-
dats présentés à la dernière réunion.
Ce sont :
MM. Burillon (Antoine), jardinier chez M"" Foray, à Fontaine-St-Martin
(Rhône), présenté par MM. B. Comte et Viviand-Morel.
Gauthier (Louis), jardinier chez M"*' Falcot, 57, route de Grenoble,
Lyon-Monplaisir, présenté par MM. B. Comte et Viviand-Morel.
Guillon (Louis), jardinier, chez M. Grammont, à Pont-de-Chérui (Isère),
présenté par MM. Pernet fils et Viviand-Morel.
Rey (Louis), treillageur, rue du Sacré-Cœur, 49, Lyon, présenté par
MM. Pernet fils et Elie Lambert.
Dulevron, place de la Pyramide, à Màcon (Saône-et-Loire), présenté
par MM. Lemonon et E. Schmitt.
Dubuisson, jardinier-fleuriste, 33, rue Montesquieu, Lyon, présenté
par MM. Rivoire et Viviand-Morel.
Lapray (J.-M.), jardinier chez M°" Fleurdelix, à Lissieu par Chasse-
lay (Rhône), présenté par MM. Corbin et Viviand-Morel.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau les objets suivants :
— 208 —
Par M. Villard, jardinier chez M. Vaohon, à EauUy : 1° un Melon canta-
loup prescott à fond blanc ; 2° des boaus échantillons de Poireau ijpos long
de Nîmes et P. monstrueux de Carentan ; 3» une Laitue de la Passion bi'une
et L. de la Passion blonde.
La Commission propose d'accorder pour ce lot une prime de l" classe.
Par M. Clapot, jardinier, chemin des Qaatre-Maisons, Monplaisir : 1° une
collection de Laitues composiie des variétés Laitue de la Passion brune, L.
de la Passion dorée. L. frisée turque. L. romaine blonde; 2' des spécimens
trèi bien venus de Navet rond blanc hâtif, N. blanc hà'if a collet rose, Rvdis
lond blanc, Oignon blanc plat hâtif et un Chou algérien prinianier.
La Commission demande pour cet apport une prime de 1" classe.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, 33, rae de l'Enfance, Lyon:
1° un bouquet d'Anaolies à fleurs doubles bien variées ; 2" plusieurs Laitues,
entre autres : L. de la Passion, L. chou de Naples, L. romaine brune
d'hiver.
Pour cet apport, il est demandé une prime de 2' classe.
Par M. J. Jacquier, marchand-grainier, 8, quai des Céleslias, Lyon, une
Laitue d'hiver pommée blanche, grosse paresseuse d'hiver. Cette laitue serait,
d'après le présentateur, très peu connue. Elle se sème dés la première quin-
zaine de septembre, elle viendrait immédiatement après les laitues d'hiver
de la Passion, époque oii les laitues sont rares.
La Commission demande qu'il soit accordé au présentateur une prime de
3° classe.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin, un lot de Laitues
composé des variétés suivantes : Laitue Batavia brune, L. Batavia blonde,
L. Pelletier, L. de la Passion blonde, L. de la Passion verte, L. de la Pas-
sion brune, L. de la Passion mouchetée hâ'ive.
Une prime de 2^ classe est demandée pour cet apport.
Par MM. Joanon père et fils, pépiniéristes à St-Cyr-lès-Lyon, une Poire
de semis n° 43.
La Commission, tout en proposant d'accord-jr à ce fruit une prime de
2° classe, en demande le renvoi à une Commissioa.
Par M. Rougy, une pomme de semis de grosseur moyenne et se conssrvant
jusqu'à fin juin.
La Commission propose d'accorder une prime de 2' classe et en deman le
le renvoi à une Commission.
Par M. Coudurier, pépiniériste à l'Arbresle, un pot de Bais nain à feuilles
de myrthe, d'un jaune d'or. Le présentateur recommande particulièremen
cette variété qu'il croit nouvelle et dont il possède une assez grande quantité
Elle forme d'admirables bordures nuancées or qui produisent un bel effe
dans les jardins..
Par ^L Masson, rue St-Denis, 31, Lyon, des spécimens de P>-imulu fari-
nosa. jolie espèce qui fleurit de mai à juin et se rencontre en très grande
quantité dans quelques prairies très humides de certaines montagnes, à une
altitude de 8 à 900 mètres.
Par M. Champalle, jardinier chez M. Besson, à La Pape, par Miribel (Ain),
un rameau de (.'ytisus laburnum, dont une des branches donne des fleurs
jaunes, mais ayant une teinte rouge brun et quelques macules d'une teinte
rose.
Par M. Pitaval, horticulteur, chemin des Grandes Terres, Lyon-St-lrénée,
un cas de tératologie végétale que présente un Duphne iii'licu. L'échantillon
présenté par M. Pitaval constitue un des plus remarquables exemples de
fasciation ramifiée qu'il soit possible de voir.
Par M. Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, Lyon : 1° un beau pied
à^ Alocûsia Sanderiana, Aroïdée nouvelle, que le présentateur dit être très
robuste et végétant bien tout l'hiver.
La Commission propose d'accorder pour cet apport une prime de 1" classe.
— 209 —
2° Un pied de Bertholonio Van-Huuttei. M. Liabaud fait observer que pen-
dant la belle saison, cette plante peut se cultiver à l'air libre; 3" un bel
éohanlillon à'Anthurium Lindigi en fleurs; 4° deux Orchidées en pleine florai-
son : Liparis eleganlisfima et Cypripediwn barhutum floribundfi ; 5° un échan-
tillon de Sempervirum Younghii en fleur.
Pour cet apport, la Commission demande que Ton accorde une prime de
2° classe.
Par M. Bernaix, rosiériste, cours Lafayette prolongé, 63, Villeurbanne,
une collection de Roses grimpantes. Noisette : M"" Schullz, M"" Alfred
Carrière. Céline Forestier, Réve-d'Or, Margarita, Joseph Bernachi, Bouquet
d'Or, Reine Olga de Wurtembsrg.
Bengale grimpant : Souvenir ilu Centenaire de lord Brougham.
Thés : M""- Bérard, Maréchal Niel, Reine Marie-Henriette, M"» Barthé-
lémy Levé*. Climbing Devoniensis.
Rose Bengale la Vésuve, Rosa Eglanteria, var. Capucine Harrisson.
La Commission propose d'accorder une prime de 1'" classe pour l'ensemble
de cet apport, qu'elle juge fort beau.
Par M. Pernet-Ducher, rosiériste, chemin des Quatre-Maisons, Lyon, au
nom de M. Perny, pianiste- compositeur, à Nice, plusieurs Roses de semis :
Rose n° 1. — Bengale sarmenteus, Reine Marguerite d'Italie, fleur rouga
pourpre velouté, beau coloris, irès double.
La Commission demande pour cette variété une prime de 2' classe, et
regrette que la tenue do celte rose, qui est fort belle, ne soit pas meilleure.
Rose n° 2. — Thé Gracituse, fleur moyenne, pleine, d'un blanc carné, se
lenanl très bien, très jolie fleur et beau tonton, semis de 1880.
Prime de 1" classe.
Rose n° 3. — Thé ISice-, variété d'un coloris rose nuancé de blanc et de
rose foncé.
Rose n» 4. — Noisette Princesse Marie de Lu^ignan, fleur moyenne,
pleine, coloris d'un jaune paille, plus foncé à l'intérieur et presque blanc en
s'épanouitsant ; elle ressemble à un Camellia avec ses pétales renversés,
arbuste presque nain. D'après l'obtenteur, la plante serait très florifère et
belle comme forme et feuillage.
Prime de 2= classe.
Rose n° 5. — Noisette La Belle Blanche, arbuste sarmenteux, florifère,
rieur moyenne, d'un blanc pur.
Prime de 2' classe.
La Commission chargea déjuger cet apport, composée de MM. Duchat,
Besson et Perrier, tout en accordant des récompenses aux variétés les plus
méritantes, déclare na pas formuler une opinion sans réserve, les Roses
présentées demandant, pour être jugées définitivement, à être vues cultivées
dans nos régions.
Les autres Commissions chargées de juger les apports étaient ainsi com-
posées :
Culture maraickère, JL\L Pelletier, Rivoire fils et Ver Jet;
Arboriculture, MM. Chaudy, Métrai et Cl. Jacquier;
Floriculture, MM. Cousaneat, Bouoharlat et Roehet.
Les propositions des Commissions, à propos des primes décernée^, mises
aux voix, sont adoptées à l'uaanimilé ; pour les autres apports, l'iascriptinn
au procès-verbal étant demandée est accordée.
M. Viviand-Morel continue la conférence commencée à la dernière réunion
sur la chimie horticole, et s'occupe spécialement des terres en général et
surtout de la composition de la terre de biuyère.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire-Adjoint, J. Nicolas.
— 210 -
— 211 —
Tivoli.
Tivoli s'appelait autrefois Tibur c'était là qu'Horace avait sa
maison de campagne. Située seulement à 26 kilomètres N.-E. de
Rome, sur une colline, à la gauche du Teverone, qui y forme
plusieurs cascades, Tivoli a toujours été renommé par l'aspect dé-
licieux et pittoresque de ses environs.
Le cardinal Plippoljte d'Esté y fit bâtir ces fameux jardins qui
rendirent la Villa d'Esté, si célèbre. La Villa d'Esté commencée
en 1540 fut terminée seulement en 1553.
Nous avons découvert récemment une vieille gravure italienne,
très rare, représentant ces fameux jardins et fontaines à l'époque
où ils venaient d'être achevés. Nous en donnons ci-contre une re-
production réduite pour le format de cette revue. En voici la
légende :
Dessin où l'on représente le vrai endroit des jardina et fontaines
avec des merveilles et des ornements très ingénieux que l'on voit
à Tivoli, bâties par Don Hippolyte d'Esté, cardinal de Ferrare.
LÉGENDE. — 1. Le palais. — 2 Le jardin secret. — 3. Fontaine de l'Alicorne. —
4. Pavillon avec quatre fontaines qui jettent de l'eau en forme de miroir. — 5. Jeu
de paume. — 6. Escaliers du palais, et au milieu la fontaine de Léda. — 7. Fontaine
de Tétliys. — 8. deux Fontaines d'Esculape. — 9. Fontaine d'Arëihuse. — 10. Fontaine
de Padcre. — II. Fontaine de Pomone. — 12. Fontaine de flore. — 13. Allée qui
traverse le jardin en toute sa longueur; et où il y a trois conduits d'eau posés un
dessus l'autre et d'où sort l'eau en diverses manières produisant un effet admirable.
— 14. Fontaine de Pégase. — 15. Fontaine de Bacchus. — 16. Grotte de Venus
dans laquelle il y a une fontaine avec une Vénus au milieu et autour quatre enfants
nus qui jettent de l'eau dans quatre très beaux récipients. — 17. La grande fontaine
en haut de laquelle il y a trois .statues colossales. — 18. Fontaine des empereurs. —
19. Grotte des Sibylles. —20. Gi'otte de Diane dans laquelle il y a deux fontaines une
Diane et l'autre de Pallas avec beaucoup d'autres statues et de très beaux travaux
en mosaïque. — 21. Grande fontaine qui représente Rome avec ses sept collines, ses
temples, ses statues etc. — 22. Fontaine des oiseaux. Il y a ici plusieurs oiseaux sur
des arbres en cuivre qui au moyen de l'eau chantent chacun avec leur voix naturelle;
à l'arrivée d'une chouette ils se taisent tous pour recommencer ensuite quand elle a
disparu. — 23. Fontaine des dragons avec un jet d'eau au milieu montant bien haut,
et faisant un bruit semblable à celui du canon. — 24. Fontaine de la déesse de la
Nature, où il y a un orgue qui joue au moyen de l'eau. — 25. Fontaine d'Antinous.
— 26-27 Bassins. — 28. Fontaine de Neptune représentant au milieu l'Océan. —
29. Fontaine de Vénus. — 30. Fontaine du Trion. — 31. Labyrinthes. — 32. Jardins.
— 33. Escaliers. — 34. Entrée du jardin, avec deux fontaines rustiques. — 35.
Petits lacs hors du jardin.
Emploi des Hélianthèiues
Les Hélianthèmes sont pour la plupart de tout petits arbuscules
qui croissent dans les terrains secs d'une grande partie de l'Europe.
Ils appartiennent à la famille des Cistinées. On ne les emploie
guère dans l'ornementation des jardins. Cependant j'en ai vu tirer
un parti fort avantageux par le jardinier d'un e grande propriété
bourgeoise, qui avait réussi à en planter un massif tricolore vrai-
ment admirable, surtout le matin.
— 212 —
Hélianthème pulvérulent, réduit au 1;3 de sa grandeur.
La place occupée par ce massif était située sur une pente ro-
cailleuse et abrupte presque dépourvue de terre végétale qui ne
pouvait réellement donner asile qu'à des végétaux sobres et peu
délicats.
En créant ce massif dans la place sus-indiquée, le jardinier
avait montré qu'il connaissait bien les conditions dans lesquelles
peuvent croître certaines plantes, mais il avait surtout été bien ins-
piré en choisissant trois espèces d'Hélianthèraes à fleurs de coloris
différent.
Le milieu du massif était garni d'Hclian'Iicmc à lleur rose
[Hclianlhemum roscum ; une large zone venait ensuite complantée
d'Hélianthème pulvérulent à fleurs blanches; la bordure était faite
d'Hélianthème vulgaire dont les fleurs sont jaunes.
Il est évident qu'on pourrait faire des massifs unicolores, bariolés
ou à zones concentriques autrement disposées. Cependant il est im-
portant dans tous les cas de savoir que certains Hélianlhèmes res-
tent toujours plus nains que d'autres. Le seul reproche qu'on
pourrait adresser aux massifs d'Hélianthèmes c'est de n'être bien
fleuris que pendant la moitié de la journée. En revanche ils peu-
vent garnir des espaces très-arides.
Les Hélianthèmes se multiplient parfaitement de semis. On
peut également en faire des boutures sous cloche qui s'enracinent
facilement. Quant à la plantation il faut la faire au printemps.
J. C.
— 213 —
Précocité des Cépages (1).
Pour faire de bon vin rouge, il faut que les raisins contiennent
trois éléments principaux : le sucre ou alcool, la couleur et un bon
goût. Personne n'ignore quelles énormes quantités de vins se
fabriquent actuellement sans raisins ni vendanges, en ajoutant sim-
plement à l'eau do la rivière : de l'alcool de grains ou de pommes
de terre, de la couleur végétale ou minérale, et du bouquet, au
choix, en flacons de 1 à 2 francs pour un hectolitre. Mais ces
liquides, j'allais dire ces poisons, ne sont pas du vin et ceux qui les
fabriquent n'ont aucune prétention à être des viticulteurs.
Le viticulteur qui ne veut demander qu'à sa vigne et à ses rai-
sins l'alcool, la couleur et le bouquet qui font le bon vin, doit com-
poser son vignoble de cépages qui, soit seuls et se suffisant à
eux-mêmes — ce qui est assez rare — soit réunis ensemble, s'en-
tr'aidant, se soutenant et se complétant les uns les autres, — ce qui
est plus facile à trouver, contiennent, en proportions convenables,
ces trois éléments essentiels.
Je n'ai ni la place, ni le temps, ni les moyens d'indiquer ici le
choix de ces cépages, qui varie d'une région et même d'un vigno-
ble à l'autre, et que chaque viticulteur doit connaître mieux que
moi. Mais je me permettrai de donner aux viticulteurs novices une
règle et un conseil ; n'oubliez jamais que, pour que chaque cépage
puisse développer tous les éléments qu'il contient, il est une con-
dition qui prime tous les autres, c'est la complète maturité du
raisin; ne jamais planter en grande culture que des variétés assez
précoces pour que leur complète maturité soit toujours assurée,
même dans les années les plus défavorables.
Il faudra, pour cela, abandonner d'abord une vieille coutume
assez répandue, qui consiste à faire venir ses plants du midi, du
côté d'en bas, comme on dit chez nous ; il faudra renoncer à cette
petite gloriole qui porte chacun de nous à croire qu'il possède chez
lui une petite Provence ou une petite Sicile, dans laquelle prospè-
rent des variétés qui ne mûriraient pas chez le voisin ; il faudra,
enfin, avant de planter en grand une variété, bien s'assurer que son
époque de maturité concorde avec la région où on la plante.
Les cinq époques que je considèrent comme exactes correspon-
dent à peu près à cinq régions, qui peuvent être caractérisées cha-
cune par un ou deux arbres fruitiers : la 5" par l'oranger ou le
citronnier, la 4" par l'olivier, la 3" par le figuier, la 2" par l'abri-
cotier ou le pêcher en plein vent, la 1'" par le bigarreau tier.
(1) La Fntnrc Ai/riiulc.
— 214 —
Les variétés de chaque époque, en grande culture de pleine
terre, ne peuvent acquérir, en saison convenable, toutes leurs qua-
lités que dans leur région, ou dans les régions méridionales, ou sur
zone assez étroite de la région supérieure. Cette dernière règle ne
peut évidemment pas s'appliquer aux abris artificiels, espaliers,
châssis, serres chaudes, qui permettent de créer partout des tem-
pératures, on pourrait dire des régions artificielles comme eus ,
elle ne s'applique pas non plus aux abris naturels, pentes, criques;
entonnoirs, protégés contre le froid par des rochers et des mon-
tagnes. Mais ces sortes d'oasis, d'avant-poste détachés, d'îles de
chaleur, semées çà et là parfois très loin de leur région , au milieu
d'une région plus froide, ces petits fragments de Provence ou de
Sicile, égarés loin du soleil méditerranéen, sont bien rares et bien
exceptionnels, et ceux qui n'en sont pas les heureux et rares posses-
seurs feront toujours l>ien de choisir leurs cépages de grande cul-
ture plutôt dans une région plus froide que dans une région plus
chaude que la leur.
Quoique je sois dans la S*' région, celle du figuier et presque sur
la limite de l'olivier, je préfère aux brillants compagnons de celui-ci:
Aramon, Ahcante, Carignan, Mataro, Brun-Fourca, Bobal, Bénis
Carlo... les cépages de la 2' et même de la V époque : Durif,
Gamay, Pineau, Saint-Laurent précoce, Portugais bleu... parce
que ces compatriotes de l'abricotier, du pêcher et du bigarreautier,
enchantés sans doute de se trouver, outre le voisinage des arbres
de leur connaissance, en compagnie du figuier, mûrissent chez moi
quelques jours plus tôt que les innombrables variétés de ma région,
et si je fais exception en faveur de l'Herbemont, c'est parce que,
ses raisins ne pourrissant jamais, ses feuilles restant indéfiniment
sur la souche, inattaquables par les maladies aériennes, il peut tou-
jours arriver tôt ou tard k complète maturité.
S'il est vrai que les vins gagnent à monter vers le nord, il n'est
pas moins vrai que les vignes aiment à descendre vers le soleil, et
les raisins bien mûrs et bien sains d'un cépage de qualité infé-
rieur donneront un meilleur vin que les raisins verts ou pourris des
premières variétés du monde. Aimé Champin,
Viticulteur au château de Salettes (Drôme).
Usurpation de Médailles
La loi sur l'usurpation de médailles et récompenses industrielles
vient d'être promulguée. En voici le texte tel que le donne le Jour-
nal Officiel :
Article premier. — L'usage des médailles, diplômes, mentions,
récompenses ou distinctions honorifiques quelconques, décernés
— 215 —
dans des expositions ou concours, soit en France, soit à l'étranger
n'est permis qu'à ceux qui les ont obtenus personnellement, et à la
maison de commerce en considération de laquelle ils ont été dé-
cernés.
Celui qui s'en sert doit faire connaître leur date et leur nature,
l'exposition ou le concours où ils ont été obtenus et l'objet
récompensé.
Art. 2. — Seront punis d'une amende de 50 à 6.000 fr. et
d'un emprisonnement de trois mois à deux ans, ou de l'une de ces
deux peines seulement : 1° ceux qui, sans droit et frauduleuse-
ment, se seront attribué publiquement les récompenses ou distinc-
tions mentionnées à l'article précédent ; 2° ceux qui dans les mê-
mes conditions, les auront appliquées à d'autres objets que ceux
pour lesquels elles avaient été obtenues, ou qui s'en seront attribué
d'imaginaires ; 3'' ceux qui les auront indiquées raensongèrement
sur les enseignes annonces, prospectus, factures, lettres ou papiers
de commerce ; 4° ceux qui s'en seront indûment prévalus auprès
des jurys des expositions ou concours.
Art. 3. — Seront punis des mêmes peines ceux qui, sans droit
et frauduleusement, se seront prévalu publiquement des récom-
penses, distinctions, approbations accordées par des corps savants
ou des sociétés scientifiques.
Art. 4. — L'omission des indications énumérées dans le second
paragraphe de l'article premier sera punie d'une amende de 25 à
3.000 fr.
Art. 5. — Les tribunaux pourront. prononcer la destruction ou
la confiscation au profit des parties lésées, des objets sur lesquels
les fausses indications auront été appliquées. Ils pourront pronon-
cer l'affichage et l'insertion de leurs jugements.
Art. 6, — L'article 463 du code pénal est applicable aux
délits prévus et punis par la présente loi.
La culture des Frsdsiers
Rien n'est plus facile que de bien cultiver les fraisiers et cepen-
dant on rencontre de mauvaises cultures dans bien des jardins et,
par suite le fruit laisse beaucoup à désirer sous le double rapport
de la quantité et la qualité.
Aussitôt la récolte terminée, on peut commencer les nouvelles
plantations, c'est le moyen de se procurer une bonne récolte l'an-
née suivante.
Il est nécessaire de maintenir les lignes et surtout l'écartement.
Le rapprochement excessif des plantes est très nuisible à la fruc-
tification, car ces plantes s'étoutïent, s'abaissent, fleurissent peu et
fructifient encore moins. Tous ceux qui ont des fraisiers dans leurs
jardins ont pu se rendre compte de ce fait.
— 216 —
Il faut donc supprimer les coulants ou stolons au fur et à me-
sure qu'ils se produisent. Lorsque l'on a besoin de plants, on laisse
quelques rosettes s'enraciner, en ne conservant jamais que le pre-
mier nœud du coulant ; c'est le meilleur et le plus rapproché de la
plante mère, et c'est par conséquent celui qui dérange le moins
les lignes, on ne doit aussi laisser qu'un ou deux coulants par cha-
que plante. On bine et on ratisse de temps en temps entre les
lignes, on y étend une couverture, ce qui vaut encore mieux, du
fumier long, de la tannée, etc. La tannée, revenant à un prix peu
élevé, est surtout à recommander, car elle dégage une odeur bien
propre à éloigner les insectes, particulièrement la larve des hanne-
tons, le grand ennemi du fraisier.
Les couvertures entretiennent autour de la plante une douce et
bienfaisante fraîcheur et elles empêchent le fruit de se salir au con-
tact de la terre. La récolte des fraises non remontantes terminées,
on enlève les jeunes plantes enracinées, en ayant soin de les pren-
dre avec la motte, et on les met autant que possible, en place défi-
nitive, ou en pépinière pour attendre le moment de les replanter.
Après cette opération, on coupe les feuilles des vieilles plantes,
afin de procéder avec plus de facilité aux binages et aux sarcla-
ges. Les couvertures de fumier sont enfouies par un labour à la
bêche, les autres de longue paille sont enlevées pour êtres remises
après les façons données au terrain. La tannée vieille, entièrement
décomposée, constitue un assez bon engrais et peut être enfouie
avec avantage. On active la décomposition de la tannée en versant
sur le tas une dissolution de sulfate de fer et on l'enrichit en y
ajoutant de l'engrais liquide.
Certains horticulteurs pensent que l'enlèvement des feuilles affai-
blit les plantes ; une expérience comparative a été faite à l'école
de Vilvorde. En voici les résultats : une ligne de fraisiers dont les
feuilles avaient été coupées après la fructification présentait, à la
vérité, moins de vigueur qu'une autre ligne ayant conservé ses
feuilles, mais, par l'abondance des fruits, la première l'emportait sur
la seconde. Ce qui me semble démontrer qu'une trop grande vigueur
ne convient pas plus aux fi-aisiers qu'aux grands arbres fruitiers.
C'est de règle générale : une végétation modérée est toujours fa-
vorable à la fructification.
Lorsque les fraisiers sont convenablement étabhs et bien soignés,
ils donnent de fortes récoltes et des fruits magnifiques. Cette cul-
ture demande beaucoup d'engrais et des arrosages chaque jour.
(B%Uletin (lu Comice agricole (VAmiens). F.-C. Damikn.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
LyoD. — Irop. du Salut Public. — Bellon, r. de la République, 33
1886 JUILLET N" 13
CHRONIQU
5r?mi's, Semaison, Semaille. — Il y a des gens qui se disent
jardiniers et qui ne sont pas de vrais jardiniers. C'est absolument
comme dans l'opérette d'Olîenbach où il y avait des gens qui se
disaient Espagnols et qui n'étaient pas de vrais espagnols.
La première condition pour être jardinier, c'est, je crois, si je
ne m'abuse, de savoir multiplier les plantes: or, comme le semis
est un des principaux moyens employés pour atteindre ce résultat,
j'en conclus naturellement qu'une des premières conditions pour
être un vrai jardinier, c'est de connaître le temps de Ih semaison, la
qualité de la semaille et la manière de faire le se»i/s.
Je me souviens fort bien qu'il y a une douzaine d'années, j'eus
l'occasion, pour la première fois, de semer des carottes et des
laitues. Ah ! mes amis, quoi semis je fis là, on aurait dit un petit
gazon fin et serré de carottes et do laitues. — « Vous vous entendez
mieux à cultiver les plantes de serre et à greffer les poiriers, qu'à
semer les carottes, me dit un « maraîcher » qui vit mou chef-
d'œuvre. » Oui, mon ami, moque toi de moi, pensais-je. Et en ce
temps là, je me croyais un vrai jardinier, le disant au besoin et me
faisant passer pour tel. Je suis revenu avec l'dge à des sentiments
moins présomptueux. Passons.
J'ai parlé de semaison, et je vous entends dire queLdxôlo de
français parle-t-il là l En effet, semaison n'est pas dans le diction-
naire de l'Académie, tandis que moisson et fenaison s'y trouvent.
On a perdu semaison et on a eu tort. Lisez Ménage et les vieux
auteurs français, vous trouverez ce mot employé à propos, Semaille
et semis ne sont pas ses équivalents. Semaille signifie aussi bien la
semence que l'action de semer. Semis est un pur terme de jardinier,
Semaison étant tombé dans l'oubli, n'essayons pas de l'en tirer et
causons semis puisque c'est le terme consacré.
Causer de semis en Messidor, mais ce n'est pas le moment; c'est
de la moutarde après dîner, me dirons quelques-uns. Nous verrons
bien.
— 218 —
Les navels se sèment après la moisson : chacun sait ça, pour peu
qu'il ait un jardin et qu'il aime ce légume également connu suus
les noms de rave, rabioule, navau, turneps, etc. C'est un axiome
de jardinier. Un poète de mirliton a bien voulu, au temps jadis,
s'occuper de ce légume et formuler ainsi son époque de semaison.
Voulez-vous de bons navets?
Semez-les ea juillet.
A vrai dire je ne sais pas si le malheureux qui a commis ce dis-
tique a voulu rimer de la prose ou proser de la rime, mais la chose
importe peu et il suffit qu'il ait parfaitement indiqué le mois où la
graine des navets doit être mise en terre.
Et ne pensez pas que cette époque de semis soit particulière aux
navets. Le soleil de juillet est au contraire très-favorable à la ger-
mination d'une foule de plantes que les amateurs sèment souvent
plus tût — ce qui les avance à rien — ou plus tard ce qui est une
mauvaise opération.
Les Navets semés trop tôt, deviennent coriaces ou montent à
fleurde suite ; semés trop tard ils oublient de donner des navets et
produisent des salsifis c'est-à-dire des navets minces et effilés. Ce
qui arrive aux navets, se produit dans un autre ordre d'idées sur
toute une catégorie de plantes bisannuelles.
Il serait trop long d'énumérer toutes les espèces qui demandent
à être semées en juillet pour fleurir l'année suivante, cependant j'en
citerai quelques-unes parmi les plus généralement cultivées telles
que : Rose trémière, Corbeille d'or, Arabette, Aubrietia, Digitale
pourpre, Giroflées, Lunaire, Myosotis, Œillets, Pensées, Sainfoin
d'Espagne, etc.
On pourrait même dire que juillet et août sont les mois par
excellence pour semer les neuf dixièmes des espèces bisannuelles et
même un grand nombre de plantes vivaces.
C'est aussi en juillet qu'il convient de semer toutes les graines
dures à germer, telles que: Eglantiers, Pivoines, Lauréole, Daphné,
Aconits et autres.
Epouvanlails à moinmux. — Malgré les services que les moineaux
rendent, dit-on, à l'agriculture, il est certain qu'un grand nombre
de cultivateurs les regardent de travers, car ils trouvent, non sans
raison, qu'ils payent un peu cher les prétendus bienfaits de ces
volatiles.
Ce sont, du reste, de rusées petites bêtes, que les moineaux, et
il est difficile de les épouvanter et de les f;iire déguerpir des endroits
où ils trouvent table mise. On peut, toutefois, en montant la garde
avec un fusil autour des champs ou des arbres à protéger, en avoir
— 219 —
raison. Mais, outre que le gendarme ou le garde champêtre ne
permettent pas la chasse en temps prohibé, ce procédé n'est pas
pratique. Cependant, j'ai vu chez MM. Léonard Lille et Beney un
épouvantail à pierrots si parfaitement confectionné, qu'il a réussi,
m'a dit M. Lille, à les éloigner du voisinage où il était installé.
Cet épouvantail était une sorte de faquin ou mannequin très bien
habillé, coitïé d'un chapeau presque neuf, dont les figures, — il en
avait deux, l'une devant, l'autre derrière, — avaient été obtenues
avec des masques de carnaval.
Nous empruntons à la Gazelle du Fillage une lettre d'un de ses
correspondants qui fait connaître un procédé qui éloigne également
les moineaux :
« Tous les ans, les moineaux du voisinage avaient pris l'habi-
tude de dévaliser un cerisier d'anglaise hâtive que j'ai sous mes
fenêtres. Ils s'y prenaient de bonne heure, dès que les cerises
passaient du jaune au rose, et leur pillage finissait avant que la
maturité fût complète.
(1 Vous pensez bien que ceci ne faisait point mon alTaire. Donc,
pour éloigner les moineaux, j'essayai de divers procédés recom-
mandés dans les livres, mais sans aucun succès. Il ne me restait
plus qu'à employer, soit des bouts de papier ou d'étoffe à couleur
vive, soit de la laine rouge filée. Comme j'avais une pelotte de
celle-ci sous la main, on s'en est servi tant bien que mal, croisant
le fil et le recroisant à l'extérieur et à l'intérieur de l'arbre.
« Eh bien ! les moineaux qui, pourtant, ne manquent pas d'au-
dace, ont eu peur de la laine rouge, ont lâché leur cerisier de
prédilection et se sont rabattus sur un malheureux petit bigarreau-
tier qu'on avait oublié de protéger. En somme, j'ai pleinement
réussi, et me voilà fixé sur l'antipathie du moineau pour la couleur
rouge. J'ai sauvé des coups de bec mes anglaises hâtives. »
Aux environs de Chasselay, j'ai vu, cette année, des drapeaux
rouges au sommet de tous les cerisiers. J'ai cru un instant qu'on
avait proclamé la Commune dans le pays. Il n'en était rien. Un
habitant me fit savoir que le susdit drapeau eflrayait les moineaux.
Routine. — La première fois que je vis cette plante, elle flottait
dans le bassin d'une serre chaude : c'est le Ponlederia crassipes, me
dit le confrère auquel je rendais visite.
Pendant plus de vingt ans je l'ai revu flotter dans d'autres bas-
sines avec ses feuilles obtuses et ses pétioles en forme d'outre. Je
ne lui ai jamais vu de fleurs.
Il y a comme cela des plantes qui ne fleurissent pas pendant
longtemps sans qu'on sache bien exactement pourquoi, et surtout
sans que personne s'occupe sérieusement de rechercher les causes
— 220 —
de cette stérilité. Dans le cas qui nous occupe, c'est à notre nature
indolente et routinière que nous devons notre ignorance. En elfet,
le Ponleileria crassipes ne fleurissait pas dans les cultures :
1" Parce que le premier jardinier qui l'a cultivé a eu l'idée de le
laisser flotter et de l'abreuver spécialement d'eau claire. ;
2" Parce que si le deuxième jardinier a imité le premier, le
troisième aurait cru manquer à son devoir en ne faisant pas comme
le second ;
3" Parce qu'il est nécessaire que l'histoire des moutons de
Panurge soit démontrée véritable d'âge en âge.
Cela dit, le Gardners' Chronidc qui signalait dernièrement la
rareté de la floraison du susdit Ponleileria, a reçu à ce sujet une
lettre de M. Monteiro, qui explique à notre confrère anglais que
cette absence de floraison est due uniquement à ce que la plante
est traitée comme flottante. Plantée en terre argileuse, elle forme
des tiges allongées et fleurit abondamment. Il la traite comme une
plante à cultiver en pot. La floraison a lieu en juin- juillet.
En Portugal, la plante ne requiert pas l'abri d'une serre.
Ulilisalion des Fougères. — Par le temps qui court, on ne rêve
plus que potasse, acide phosphorique et azote, trois bonnes choses
pour la culture ; un peu cher toutefois. A l'égard de la potasse la
Semaine agrieolc indique le moyen de l'extraire du sol, en se ser-
vant des fougères ÇPleris aqiidina) si communes dans certains pays.
« Les fougères sont des plantes riches en potasse et dont on
peut tirer bon parti en les employant comme litière. Mais, d'après
M. Heuzé, il faut les couper quand elles sont vertes et les faire
sécher ensuite ; récoltées quand elles sont complètement sèches,
elles se divisent difficilement, absorbent moins bien les urines et
se décomposent avec une très grande lenteur. — On doit donc,
dit M. Heuzé, faucher la fougère lorsqu'elle est encore en végéta-
lion, c'est-à-dire en septembre, la laisser en tas sur le sol jusqu'à
ce qu'elle soit presque sèche et la conserver en meules. De Saus-
sure a constaté que plus la fougère est jeune, plus elle contient de
potasse. En ajoutant du phosphate de chaux au fumier provenant
de cette litière, on obtient un excellent engrais. »
Genêl d'Espagne. — On s'instruit tous les jours. Je viens d'ap-
prendre que le genêt d'Espagne était autrefois un cheval ; main-
tenant c'est un arbrisseau. C'est du darwinisme à rebours. Lisez
Régnier. Voyez satire V le vers suivant :
Tallonne le genêt et le dresse aux passades.
Ou encore satire VI :
Saffisaat de crever uq genêt de Sardaigne.
— 221 —
Un genêt en Espagne est une sorte de cheval entier. Autrefois
en français le genêt se disait genest. On a remplacé Vs par un
accent circonflexe. Il est donc utile de ne pas oublier cet accent
quand on écrit genêt d'Espagne. Le genêt est le sparlion des
anciens.
Eckardonnagc obligatoire. — M. de la Morvonnais, dans le Jour--
nalde C agriculture, parlant de chardon conclut à l'adoption d'une
loi sur l'échardonnage. Le chardon dont parle M. de la Morvon-
nais n'est pas un chardon, c'est un cirse, le cirse des champs. Il y
a quelque temps, un autre Monsieur demandait aussi une loi décla-
rant la destruction du Gui obligatoire. Je ne désespère pas de voir
demander d'autres destructions non moins obligatoires concernant
une série de plantes désagréables, telles que : Renoncules, Poten-
tilles, Chiendent, Séneçon, Mouron et autres mauvaises herbes.
Qu'on nomme députés tous ces demandeurs et nous sommes sûrs
que les champs et les jardins vont se trouver, comme par enchan-
tement, « propres » par décret, à moins, toutefois, qu'imitant les
ivrognes, lesquels se grisent beaucoup plus depuis qu'on a fabriqué
une loi pour réprimer l'ivresse publique, les plantes se mettent à
pulluler horriblement dès que le garde-champêtre voudra verbaliser
contre elles.
Incision annulaire. — Le Bulletin agricole du Midi rapporte, d'a-
près le Giornale vinicolo italiano, le résultat des expériences insti-
tuées par un savant agronome italien, le professeur Ottavi, dans le
but de déterminer la valeur de l'incision annulaire.
« Mon maître, le professeur Ottavi, dit M. G. Marchese, a pra-
tiqué l'incision sur des vignes vieilles et sur des vignes placées à
côté d'autres non incisées, se trouvant bien par suite dans des con-
ditions identiques.
« Or, voici quels ont été les résultats obtenus :
« Au moment de l'incision, il y avait :
Sur les vignes noa inoiséas vieilles 110 grappes
— — jeunes 116 —
Sur les vignes incisées vieilles 125 —
— — jeunes 1^0 —
« Quarante jours après, on trouvait :
Sur les vignes non incisées vieilles 51 —
— — jeunes 80 —
Sur les vignes incisées vieilles 122 —
— — jeunes 115 —
Conclusion : grâce à l'incision, on a perdu seulement 8 grappes,
tandis que sur les plantes non incisées, on en perdait 92.
V. V.-M.
— 222 —
Compte-rendu de l'Exposition d'horticulture
de Grenoble.
Mon cher Rédacteur en Chef,
M. F. Morel, me prie de voire part de vous adresser quelques
notes sur notre exposition d'horticulture qui vient d'avoir lieu du
18 au 21 juin. Je suis flatté de votre confiance, mais vous auriez
pu confier ce travail à une plume plus habile que la mienne. Je
vais toutefois essayer de vous faire connaître tout ce que j'ai trouvé
de plus intéressant à l'exposition de la Société horticole Dauphi-
noise.
De fondation récente, cette société montrait au public sOn
2°"' concours moins complet et moins réussi que le premier qui
a eu lieu en septembre dernier.
Malgré l'activité et la bonne volonté des organisateurs, l'empla-
cement choisi se prêtait peu du reste au groupement et à l'effet des
lots beaucoup trop disséminés dans le jardin «creux» del'Hôtel-de-
Ville.
Je commence ma revue par les légumes placés à la gauche de
l'entrée. Cette section était une des mieux remplies et contenait
de fort beaux lots et des collections assez complètes en légumes très
beaux de la saison. Il faut en excepter toutefois les primeurs qui
brillaient par leur absence : ce genre de culture étant encore à l'état
d'enfance à Grenoble. Les plus intéressants et les plus nombreux
étaient d'après le classement :
M. Merlin chef des cultures de l'Hospice de Grenoble, grand
prix d'honneur, M. Falcoz, chef de culture à l'Asile de St-Robert,
médaille d'or du ministre de l'agriculture ; M. Lancelon, grande
médaille de vermeil ; puis MM. Guitton, médaille de vermeil, Ja-
non, médaille d'argent et Amodru médaille de bronze.
Les conifères et les arbustes à feuilles persistantes, n'étaient
représentés que par deux exposants. M. Bernard, pépiniériste à
St-Robert obtient un rappel de médaille d'or pour deux lots forts
complets des uns et des autres. M. Ginet avec quatre ou cinq col-
lections, comprenant conifères, arbustes persistants, plantes grim-
pantes et vivaces ne se voit récompensé que pour son exposition
fort intéressante de plantes alpines d'une médaille de vermeil grand
module (1). C'est sur l'observation, m'a t-on dit, de notre président
qu'il n'était étabU que depuis six mois que le jury a passé l'éponge
sur tout le reste.
(1) Parmi les espèces exposées par M. Ginet on pouvait aoter : Lychnis
flos Jovis, Lilium croceum, Androsane carnea ot vilios», Voronioa saxatilis,
Ei'inus alpiuus, Ramondia pjrtinaica, Alsiiie striuta, Tlilaspi rotundif'olium,
Oentiana punctata, Hieraeium aurantiacuœ, Silène quadriiida. Notons encore
— 223 —
La galerie des roses coupées a fait l'admiration de tous les visi-
teurs et en particulier des amateurs de ce beau genre, grâce sur-
tout il faut bien le dire aux forts apports de MM. Bernaix et Per-
net-Ducher, de Lyon. Leurs deux collections composées chacune
d'environ 600 variétés étaient des plus remarquables. Au lieu de
juger les lots séparément, le jury bloquant les quatre à cinq semis,
forts beaux du reste, de M. Bernaix, a accordé à celui-ci un
grand prix d'honneur (objet d'art), et à M. Peruet une médaille
d'or. Les autres lots moins nombreux en variétés, mais très méri-
tants sont à MM. Mourret, médaille de vermeil, et Berger mé-
daille d'argent, tous deux horticulteurs à Grenoble.
Je ne saurais passer sous silence le remarquable lot des amateurs
réunis, non pins que celui de M. de Mortillet qui avait en plus une
très curieuse collection de plantes vivaces en fleurs coupées.
Parmi les roses de semis, laissez-moi vous dire que j'ai vu avec
un vif plaisir, la plus belle, dédiée àM"" Viviand-Morel. Elle porte
un nom bien connu et bien sympathique à l'Association horticole
lyonnaise.
Si des roses coupées je passe aux plantes de serres je trouve
chez MM. Lallemand père et lils, horticulteurs à la Tronche, quel-
ques jolis spécimens de plantes à feuillage, des collections fort bien
cultivées de Bégonia àfeuillage etàfleur; ainsi que des Pélargo-
nium zonales et à grandes fleurs, des bouquets, couronnes et sur-
touts, etc. Le tout récompensé d'une médaille d'or et d'une médaille
de vermeil grand module. Je remarque un superbe lot de Coleusde
semis admirables de végétation et de coloris exposé par M, Dru-
guet jardinier régisseur chez M. le vicomte de Godemaris, qui lui
vaut une médaille de vermeil.
M. Millet, jardinier chez M. Duhamel à la Tronche, a des secrets
pour la belle et bonne culture, ses massifs de Bégonia et Géranium
lui mérite une médaille d'argent, M. Morinos jardinier chez M°"
Giroud-Perrier obtient une médaille d'argent avec de très jolis
pétunias de semis. Un étudiant en médecine, M. Bonnet,
préparateur de botanique, avait un remarquable et très-curieux lot
de fleurs alpines coupées. Cet apport lui vaut une médaille d'argen:^
grand module (1).
mais non fleuries, les Anémones nai-cissiflora, alpina et Halleri, Atraganeal-
pina, Dryas ootopetala, Papaver alpinum, Petrocailis pyrenaica, Pinguicula
alpina et vulgaris, PotentiUa Ditida, Pi'imula viscosa, auricula et farinosa,
Saxifraga aspera, bryoides, androsacœfolia et oppositifolia, Ranunculus
pyreneus, alpestiis, Segueri et Thora, Loiseleiiria procumbens, Empelrum
riigrum, Aquilegia alpina, Lycopodium selago ^^etc, etc.)
(1) La collection de M. Bonnet était composée des espèces suivantes :
Orchis, palustiis, globosa, nigra, militaris, conopsea, bifolia, simia, hircina,
— 224 —
Pour compléter les plantes de serres je ne vois plus guère main-
tenant que le lot de votre serviteur, qui avait aussi sa part de plantes
à feuillage et à fleurs, quelques plantes et graines de récente intro-
duction, des collections de Clématites cultivées en pots, de Pélar-
goniums, Bégonia rex et à fleurs, Fuchsia ainsi que des couronnes
bouquets,surtouts, etc. Conclusion: Un grand prix d'honneur pour
l'ensemble de son exposition.
Les plans de jardins de M. Frèze lui font décerner la médaille de
vermeil grand module offerte par M. Hoste à notre société.
MM. Luizetpère et fils avaient exposé hors concours de forts beaux
plans de parcs et jardins. Un diplôme à M. Cheminet de St-Priest
pour plans et fruits colorés.
■ Le matériel horticole comptant peu d'exposants, je ne citerai
que M. Debernardy, à Moirans, pour la poterie artistique, fort belle.
Le jury lui accorde une médaille de vermeil grand module.
MM. Antoine, de Grenoble, pourla coutellerie, et Chemin, fabricant
de caisses à fleurs, à OuUins (Rhône), obtiennent chacun une mé-
daille d'argent. Un appareil de chauffage ihermosyphon dont on dit
beaucoup de bien tant sous le rapport de la chautfe que de son éco-
nomie, vaut à MM. Daujas et Melin, ses inventeurs, une médaille
d'argent.
Je terminerai ma promenade à travers l'exposition en vous disant
que le jury accorde à la Ville de Grenoble uu diplôme d'honneur
pour la beauté et la conservation de ses orangers. C'est un hommage
qu'il faut reporter surtout sur son jardinier en chef, le savant et re-
gretté M. Verlot, qui lésa soignés pendant plus de 40 ans.
Eu outre de l'absence regrettable d'horticulteurs et d'amateurs
dont les serres sont bien connues, nous avons eu un temps déplo-
rable pendant toute la durée de l'exposition, ce qui en a compromis
en partie le succès et la caisse. J. Jambon.
Actea racemosa L.
Synonymes : Cimkifucja serpcntaria Pursh.; Chrislophcriana Amerkana.
Elle guérit les morsures des vipères en général et celles du ser-
pent à sonnettes en particulier. On me l'a dit, du moins, mais je
ne me porte pas garant de son efficacité. Le dangereux et redou-
table reptile n'existe heureusement pas en Europe ailleurs que dans
les ménageries et pour nos vipères indigènes, fussent-elles veni-
pyramidalis, maciilata ; Aceras, antbropophora, fuoifera, araniffra, apifara,
muscifera; Epipaciia rubra, latifolia ; Hermiaium clandeftinum ; Neolti^
œstivalis, LiiLodorum abortivum c-t un magnifique bouquet de Cypripe-
dium o:>lceolu.', de Rhododeninim ferrugineum et de Polygala chamœbusus.
(N. de la R.)
225 —
Actea racemosa L.
meuses comme celle dite « à museau » qui habite le Mout-Pilat,
un flacon d'alcali, me paraît plus sûr que toutes les herbes du
monde.
U Actea racemosa — Actée à grappe — est une des plus remar-
quables plantes vivaces de la flore nord-américaine qu'on ait
introduite dans les jardins de l'ancien continent. Les Américains
— 226 —
qui la cultivent aussi la connaisse mieux sous le nom de Cimicifufja
serpenlaria. Cimicifuga signifie à peu près « Je fais fuir les
punaises » . Une espèce, le Cimifuya Iwlida, a en etfet, cette pro-
priété. On a aussi pendant fort longtemps appelé les Jctea
Clirisiophoriaiia, nom sous lequel on les trouve décrites dans plu-
sieurs anciens ouvrages. Une seule espèce à'^clea existe en
Europe, c'est V^^i-lea spicaia dont les noms vulgaires d'Herbe de
St- Christophe, Faux Hellébore noir, Actée des Alpes, laissent
assez deviner que c'est égilement une plante employée en médecine.
h'Aclea racemosa est une espèce absolument rustique dont les
tiges florales atteignent souvent plus de cinq pieds de hauteur. Sou
inflorescence au lieu d'tkre toujours érigée comme dans le dessin
ci-contre est souvent élégamment arquée-pendante. Ses fleurs sont
constituées par de nombreuses étamines saillantes, raides, simulant
d'élégantes aigrettes blanches produisant un effet ornemental très-
particulier.
C'est surtout dans les parties ombragées du jardin, ou en bor-
dure des grands massifs d'arbustes que l'Actée à grappe produit
tout son eifet.
Malgré sa beauté et sa physionomie spéciale l'Actée à grappe
n'est pas commune dans les jardins.
On la multiplie de graines qui sont dures à germer et aussi par
la division des souches. Louis Sirdey.
Les Semis et la Greffe
Monplaisir, 30 juin 1886.
Monsieur Viviand-Morel,
Je viens de lire dans le Progrès de ce jour l'article intitulé Cau-
serie agricole, où il est dit :
« Tous ceux qui s'occupent ou se sont occupés de la culture des
« arbres fruitiers savent parfuilemenl que la graine d'où ils pro-
ie viennent ne reproduit jamais exactement les caractères ouïes
« qualités du sujet qui a fourni cette graine.
« Ce n'est que par la grefl'e que l'on peut arriver à corriger les
« résultats de ce grave défaut de nature. Ouire les facilités de
« multiplication et de propagation inhérentes à l'application de la
« greffe, personne n ignore que les arbres greffés donnent beaucoup
« plus tôt, comme beaucoup plus tard, des fruits plus abondants,
« plus beaux et plus savoureux. »
Je me permets d'appeler votre attention sur ce qui précède,
surtout sur ce que l'écrivain (j'ignore son nom) appelle un grave
défaut de nature.
— 227 —
Car, où en serions-nous, si on n'avait pas semé des fruits comme
on a lait des fleurs ?
Aurions-nous les beaux fruits que nous possédons?
Est-ce que l'auteur de l'article en question ignore que les varié-
tés de fruits disparaissent avec le temps , comme tous les êtres
vivants ?
Et que par conséquent, si on n'avait pas semé des poires et des
pommes, nous n'en aurions peut-être plus.
Quant à l'utilité de la gretfe, elle est incontestable du moins pour
la prompte et facile juullijjlicalion.
Mais, l'opinion, que les arbres fruitiers provenus de greffes don-
nent des fruits en plus grande abondance, plus beaux et plus savoureux
n'est pas générale, et les Américains du Nord qui sont gens pra-
tiques sont d'un avis contraire et maintenant transforment tous
leurs vergers par des arbres francs de pieds.
Ils ont établi pour cela des pépinières, où ils greffent les varié-
tés qu'ils désirent propager en fente sur tronçons de racines, et au
bout de deux ou trois ans les greffons s'affranchissent et font des
francs de pieds qui vont peupler les vergers, et ils le font parce
qu'ils ont acquis par expérience la conviction que ces francs de
pieds sont plus 7ntstiques, vivent plus longtemps, produisent plus
abondamment et que les fruits sont de meilleure qualité.
Je doute qu'en Europe l'on ait par expérience acquis la convic-
tion de ce que l'écrivain du Progrès avance, et je pense que la pra-
tique usitée dans nos pépinières n'est que le résultat de la routine
et non de l'observation.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais j'ai déjà été long
et je pense qu'avec votre plume vous jugerez peut-être utile d'ap-
peler l'attention du public horticole sur ce sujet.
Je vous salue cordialement. Jean Sisley.
M. Jean Sisley a parfaitement su séparer l'ivraie du bon grain
qui se trouvent mêlés ensemble dans la note publiée par h Progrès
et par la même occasion nous a fait connaître un procédé de mul-
tiplication fort intéressant. N. de la r.
Rhododendrons anglais.
La floraison des Rhododendrons touche, ici, à sa fin. Le climat
brumeux de l'Angleterre est particulièrement favorable à la culture
de ce bel arbuste ; aussi en ai-je vu dans les parcs et jardins de
Londres des spécimens splendides.
J'ai pensé que l'énumération do quelques-unes des plus belles
variétés que j'ai eu l'occasion de voir pourrait offrir quelque inté-
— 228 —
rêt aux lecteurs de cette Revue. Une exposition spéciale de ce
beau genre m'a, du reste, pernais de faire un relevé rapide des
sortes qui méritent d'être notées.
MM. Waterer et Sons, horticulteurs à Bagshat (Surrey), spécia-
listes en Rhododendrons, exposent dans Cadogan Gardens leurs
plantes d'élite abritées sous des tentes transparentes qui tamisent
la lumière et ne laissent passer que des rayons affaiblis, dont la
douceur rehausse encore l'éclat de ces belles fleurs.
Là, chaque année, au printemps, les fortes plantes nouveautés
etc., sont mises en pleine terre et forment des massifs admirables.
Voici les variétés que je crois devoir noter :
-- Kate "Waterer, rose clair, avec une large marque jaune ;
plante vraiment remarquable.
— Magnificum, rose léger.
— Album grandiflorum, blanc fin.
— Duchess of Bedford, cramoisi, centre clair.
— Earl of Haddington, rose clair.
— Eclipse, cramoisi chocolat, très large.
— Frederick Waterer, plus beau cramoisi, grande fleur, beau
feuillage.
— James Mason, centre léger, bords écarlates.
— Lady Falmouth, rose clair, tache noir.
— Lord Selborne, cramoisi intense.
— Madame Carvalho, blanc fin, taches verdâtres.
— Michael Waterer, écarlate brillant, belle forme.
— Mrs. Holford, cramoisi, saumon.
— Mrs. John Penn, rose saumon, bords laque.
— Mrs. AVilliam Agnew, rose pâle, brillant sur les bords, cen-
tre jaune.
— Pelopidas, beau cramoisi.
— Princess of Wales, centre pâle, bords brillants.
— Lady Hillington, blanc, centre jaune.
— W.-E. Elliot, rose pâle, centre carmin.
— Bertram, rouge pâle au centre.
— The Countess of Dudley, blanc, tache jaune.
Quelques-uns, très florifères, sont :
— Fastuosum florepleno, lilacé.
— Gloriosum, blanc, large fleur.
Enfin, Delicatissimum, — Duchess of Cambridge, — Fleur-de-
Marie, — John Waterer, — Mrs. Arthur Walter, — Mrs.
Russel Sturgis, — William-Ewart Gladstone, sont encore des
bonnes variétés à noter.
Elle MÉTRAL.
Londres, le 24 juin 1886.
— 229 —
Race de Poireaux
Plusieurs jardiniers qui s'occupent spécialement de culture pota-
gère pour l'approvisionnement des marchés, m'ont affirmé qu'il n'y
avait qu'une seule race de poireau et que toutes celles que l'on ven-
daient dans le commerce sous des noms différents n'existaient que dans
l'imagination trop fertile des marchands-grainiers. Cette opinion
n'est heureusement pas générale et les bons spécialistes savent à
quoi s'en tenir sur sa valeur'. Mais enfin telle qu'elle est formulée
elle indique plusieurs choses dont la principale est que les races de
poireaux sont très-voisines et difficiles à distinguer entre elles.
En efï'et, il faut un œil bien exercé pour trier dans une planche
de poireau, les races qui s'y trouvent souvent confondues. Avec de
nombreuses variations individuelles plusieurs des races susdites ne se
distinguent que par des caractères très-vagues quoique d'une valeur
incontestable. Je m'explique. Voici par exemple deux races de poi-
reaux qui se ressemblent suffisamment comme aspect pour paraître
à peu près identiques à première inspection et tromper même les
connaisseurs. Il ne s'en suit nullement qu'elles soient semblables,
car l'une peut être très-rustique, c'est-à-dire résister aux gelées les
plus rigoureuses, tandis que l'autre n'y résistera pas. C'est ce qu'on
a pu observer pendant l'hiver de 1879-80. D'autre part, quelques
caractères relatifs à la précocité ne se distinguent bien qu'à un mo-
ment déterminé.
La démonstration de l'existence dans les cultures de races de
Poireau distinctes est lacile à faire quand une fois on a réussi à se
les procurer pures: il suffit de les cultiver comparativement. C'est
ce que nous avons fait cette année.
Sous le nom de Poireau de pays, nous cultivons une race très-
rustique que nous ne saurions confondre avec les autres. Ce poireau
est d'un beau vert, devient très gros, et a des feuilles longues et
dressées qui se recourbent au sommet.
Le Poireau lonrj de Paris est d'un vert plus blond que le précédent.
Ses feuilles sont très espacées, un peu retombantes, et sa tige beau-
coup plus longue que celles des autres sortes permet d'obtenir des
poireaux très longs et blancs sous un plus grand espace.
Le Poireau jaune du Poitou se distingue aisément à sa taille peu
élevée, à ses feuilles en petit nombre, vert-clair et un peu tordues.
Il est rustique à Lyon. C'est une variété précoce qui est bonne à
cultiver en première saison.
Le Poireau de Carenlan a les feuilles dressées, larges, raides très-
rapprochées. Sa tige est courte. Cette sorte de poireau est assez
voisine du P. de Rouen.
— 230 —
Le Poireau gros court de Nîmes est plus hâtif et moins rustique
que le précédent, c'est une excellente sorte à fiiire en première
saison.
Poireau perpétuel. — On a vendu récemment cette nouvelle race
qui est vraiment fort distincte de toutes les autres. Je l'ai mise à
l'étude. On sait que les poireaux sont des plantes vivaces que l'on
traite comme des plantes bisannuelles. On sème habituellement en
mars en pépinière et on repique en place dès que le plant est assez
fort. Cependant on peut semer du reste à plusieurs époques soit
pour avancer la production, soit pour retarder l'époque où ils mon-
tent à graine. L. Lille,
Marchand grainier à Lyon.
Lychnis Haageana Hort.
Parmi les nombreuses espèces de plantes vivaces cultivées, il y
en a qui sont peu connues de la plupart des amateurs et des jardi-
niers, bien qu'elles soient dignes de figurer à côté des plus belles.
Depuis la Rose de Noël (Hellébore noir) jusqu'aux Chrysanthèmes
il y a toute une série d'adaiirables plantes capables de lieurir suc-
cessivement le jardin pendant toute l'année et cela sans être obligé
de semer et de replanter à chaque saison, comme pour les espèces
annuelles ou vivaces frileuses.
Parmi ces espèces que chacun devrait avoir je signale la
Lychnide de Haage {Lijchnis Haageana) ,onginaive de l'Altaï, que l'on
connaît également sous les noms de Lychnis Bungeana Fisch, L.
fulgens liybrida et Siebokiii fulgens Hort.
C'est une plante faiblement velue, rameuse, élevée de 30 à 50
centimètres. Ses feuilles sont sessiles, ovales, un peu aiguës. Ses
fleurs qui ont de 4 à 5 centimètres de diamètre sont réunies par
3 ou 4 au sommet des rameaux et portées par des pédoncules très
velus. Leur couleur est variable avec les variétés. Il y en a de
rouge vermillon éclatant, de rouge orange pâle, de blanc pur et de
blanc jaunâtre.
Ce très beau Lychnis peut être uiilisé avantageusement non
seulement pour l'ornement des plates-bandes et des bordures de
massifs de plantes vertes, mais encore faire de belles potées pour
garnitures. Sa floraison a lieu de mai à juillet.
On le multiplie par éclat au printemps ou par semis qu'on fait
en mai-juin en terre légère et fraîche pour être repiqués à demeure
ou en pépinière et utilisés au moment des besoins. On peut aussi
semer en mars sous châssis : ce semis produit des individus qui fleu-
rissent en septembre -octobre de la même année. Il serait bon ])en-
231
dant les mois d'hiver rigoureux dépassant 10° au-dessous de 0,
de couvrir les gritfes de feuilles ou de litières. On pourrait en ren-
trer en serre quelques potées qui pousseraient de lionne heure et
donneraient une floraison printanière.
Jh. Jacquier,
chef de culture, grainier à Pierre-Bénite.
La Vigne en Perse
M. Bernay, consul de France à Tauris, a fait à la Société d'ac-
climatation la communication suivante au sujet de la vigne persane.
« M. le secrétaire général m'a demandé de fi^ire connaître ici
la culture de la vigne de Perse; c'est en etfet un sujet qui doit inté-
resser la viticulture de notre pays, car il y a soixante espèces de
vignes en Perse. Je ne vous les énumérerai pas toutes, ce serait
trop long, je parlerai seulement des meilleures : nous avons là-bas
trois principales espèces de vignes, la première produit d'énormes
grappes à grains noirs, longs et gros comme la moitié du pouce,
dont on fait un vin extrêmement capiteux et coloré, ce raisin est
nommé «châhâni», c'est-à-dire royal ^ la deuxième, «askéri»,
donne des grappes plus petites que la précédente, les grains sont
de grosseur ordinaire, très sucrés, juteux, et l'enveloppe en est si
mince qu'il est difficile de les détacher lorsqu'ils sont un peu miirs;
les pépins sont presque invisibles; c'est surtout un raisin de table
très apprécié des Persans; on en fait un vin blanc très capiteux et
de bonne qualité. — Nous avons une troisième espèce de vigne,
celle-là produit d'énormes grappes, dont les grains sont longs de 4
à 5 centimètres: on la nomme «riche baba» (barbe de vieux)
dans le sud de la Perse et » guélin harmaghi» (doigt de mariée)
dans le nord. Les personnes pauvres en font leur principale nour-
riture, car on ne fait pas de vin avec ce raisin, qui manque de jus
et de fondant.
« J'ai apporté en France quelques bouteilles de vin de Tauris
fabriqué par moi, je suis donc siîr qu'il n'y a aucun ingrédient étran-
ger dedans; je pense que c'est un vin qu'il serait utile de faire
connaître parce qu'il peut offrir des ressources pour la con-
sommation. Je me propose aussi d'envoyer des boutures des prin-
cipales espèces de vignes de Perse, à Trébizonde; je m'entendrai
avec quelqu'un qui les mettra dans des pots, les fera raciner et les
enverra ensuite en France ; il est grandement à désirer que la cul-
ture des vignes persanes soit répandue dans nos pays.
« Le phylloxéra n'a pas encore pénétré en Perse, je crois que
cela tient à une chose capitale, c'est que là-bâs"les vignes sont" plan-
tées dans des sillons profonds d'un mètre et demi à deux mètres;
— 232 —
on les arrose en hiver et au printemps, au moyen d'eau courante
qui baigne les racines et les ceps pendant un jour ou deux chaque
fois. En été, on procède au même arrosage, seulement une fois par
semaine, car il ne pleut plus pendant les mois de juin, juillet, août
et septembre dans le sud et le centre de la Perse; dans le nord, il
-j a quelquefois des orages au commencement de l'été, l'eau est
donc fort rare dans cette contrée.
« Il est difficile, dans ces conditions, que les insectes qui s'atta-
quent, en général, aux racines des vignes, ne soient pas noyés.
Le plant de la vigne est exposé ordinairement sur le côté sud du
talus dont je viens de parler; quoiqu'il fasse très chaud dans ce
pays-là, les Persans croient que cette exposition donne une meil-
leure qualité de raisin.
Amélioration de la culture de l'Asperge par des semis en place et
en pleine terre, méthode la plus simple, la moins coûteuse et la
plus productive (I).
1" ANNÉE
Vers la première quinzaine de mars, choisir un terrain fertile et
léger, bien exposé, y creuser des rayons de 50 centimètres de
large sur 10 de profondeur, en déposer la terre de chaque côté
pour former des à-dos; de cette manière, les rayons auront une
profondeur de 20 centimètres. La distance des rayons entre eux
doit être de un mètre du milieu de l'un à l'autre. Du 15 mars au
15 avril, former dans le fonds de ces rayons de petits monticules
de terre végétale en forme de taupinières à un mètre les uns des
autres, les écarter avec la main pour y déposer 3 graines en pied
de pot, que l'on recouvre de O^OS c. de terre. A partir de l'ense-
mencement, arracher soigneusement les herbes, et vers la fin de
juillet ou août, quand les pousses atteindront 10 centimètres de
hauteur, il sera temps d'arracher les deux plus faibles, faire ensuite
un premier binage et déclarer une guerre acharnée à toute herbe
étrangère qui deviendrait une redoutable ennemie pour ces jeunes
pousses. — Vers le mois de novembre, couvrir les rayons d'un
bout à l'autre de 2 centimètres de fumier de cheval et laisser
passer ainsi l'hiver.
2°" ANNÉE
Vers la seconde quinzaine de février, faire un léger binage, dé-
poser dans les rayons 5 centimètres de fumier de cheval bien
(I) Extrait du Journal de la Société d'horticulture du eanton de Yaud (Suisse).
— 233 —
consommé, le recouvrir de 5 centimètres de terre végétale ou sable
de route, mettre de bons piquets à chaque bout des rayons, que
l'on enfoncera bien solidement en terre et auxquels on attachera
un fil de fer galvanisé n" 12, à la hauteur de 50 à 80 centimètres,
ce qui permettra de pouvoir y fixer les tiges d'asperges que les
grands vents pourraient déchausser.
Au commencement de novembre, couper les turions d'asperges
à 15 centimètres du sol, enlever les fils de fer, les rouler et les
conserver pour les remettre en place au prochain été.
S"" ANNÉE. — PREMIÈRE CUEILLETTE.
Vers la seconde quinzaine de février, tirer les vieux turions
coupés en novembre précédent, biner et arracher les herbes, vider
les rayons jusque sur les pieds d'asperges, déposer dans ces rayons
5 centimètres de fumier et 5 centimètres de terre végétale ou
sable de route, les combler au niveau du sol, et à chaque pied
d'asperge former de petites buttes de terre ou de sable de route,
hautes de 10 centimètres. — Lorsque les asperges auront dépassé
les dites buttes de 3 centimètres, écarter un peu la terre et les
récolter ; on se sert pour cette opération d'un oulil appelé gouge
avec manche, que l'on trouve chez M. Richard, coutelier, rue des
Changes, à Chartres.
La cueillette des asperges se fait du moment où elles paraissent
jusqu'au 20 juin, époque à laquelle il faudra la cesser pour ne pas
altérer le plant; laisser ensuite les pousses se développer librement,
remettre les fils de fer pour y fixer les tiges au fur et à mesure de
leur pousse.
Au commencement de novembre de cette troisième année,
comme pour les suivantes, couper les turions à 15 centimètres du
sol, enlever les fils de fer, les rouler et les conserver pour les
remettre en place au prochain été.
Telle est la méthode que j'ai l'honneur de proposer à tous les
horticulteurs et amateurs. Les plantations d'asperges faites par
semis, dans les conditions ci-dessus mentionnées, seront de beau-
coup préférables aux plantations par griffes, l'asperge n'aimant
pas à être transplantée. De plus, considérant que la durée de ces
semis peut être d'une vingtaine d'années, il est donc de tout
intérêt d'essayer cette méthode dont j'ai fait l'heureuse expérience.
Charpentier ,
Amateur, à Chartres.
— 234 ^
L'art d'avoir de gros fruits.
■ Ce que nous dirons s'applique aux poires, pommes, aux melons,
aux courges, c'est-à-dire à tous les fruits charnus en général. Si
on observe ces organes dès leur naissance, on remarque qu'ils
occupent tous une position invariable : ils sont dressés ; des pédon-
cules rigides les tiennent élevés au-dessus d'eux. Mais les fruits
grossissent peti à peu ; ils augmentent en poids dans la même pro-
portion qu'ils ont augmenté en volume, et leurs pédoncules trop
faibles ne pouvant les supporter, s'inclinent, deviennent pendants,
de dressés qu'ils étaient. Cette position pendante est une des grandes
raisons pour laquelle le grossissement des fruits est tout d'un coup
entravé. La sève arrive moins abondante et avec plus de difficulté;
alors la poire, la courge, mise à la diète, cesse de prendre de l'em-
bonpoint.
Or, c'est par un moyen artificiel, en maintenant dressés tous les
fruits, quels qu'ils soient, qu'on arrive à leur faire atteindre le
maximum de leur volume.
Il y aurait avantage aussi à ce que, non seulement le pédoncule,
mais encore la branche qui le porte fut dressée, qu'elle occupât,
par conséquent, une position ascendante. Dans ce cas, plus le fruit
serait voisin de l'extrémité de cette branche et plus il aurait chance
de grossir, à cause de l'afflux continuel de sève qu'il y a toujours
aux extrémités verticales des parties aériennes d'une plante.
L'année dernière, un de nos plus déhcats amateurs d'horticul-
ture avait, sur une couche, près d'un mur, garni de treillage un
pied de courge lurban, variété dont les fruits atteignent en moyenne
de 5 à 6 kilogrammes.
Jusque-là, M. X... avait cultivé les fleurs ; cette fois, il voulut
bien servir la déesse des légumes, une gaillarde peu difficile, dit-on,
que je me figure forte, joufflue et bien portante.
Le potiron planté, on le soigna beaucoup ; mais une de ses bran-
ches ne s'avisa-t-elle pas de s'égarer sur le treillage du mur. Elle
monta, et grâce aux liens dont on la soutint, elle put fleurir là-haut,
au diable, à deux mètres du sol (1). La fleur noua : on avait rogné
la tige à une feuille au-dessus-d'elle. Le fruit développé devint si
pesant qu'il fallut lui donner un support ; une sorte de console fut
installée au-dessous de lui. La courge, bien disposée sur cet appui
et attachée solidement au treillage, pouvait désormais grossir ; c'est
(1) Ce potiron, en pleine floraison au 1" juillet, fut récolté le 22 août. De la flo-
raison à la maturité complète, il s'est doue écoulé sept semaines.
— 335 —
ce -dont elle s'acquitta avec une certaine ampleur, car au mois de
septembre, quand on la cueillit, elle pesait quarante livres.
Quarante livres, bon Dieu ! qu'aurait dit Garo, si au lieu d'un
gland il avait reçu cela sur le nez i
[BiiUclin de la Sociilé. d' liorlicullure de Coiiipiê<jne.)
Intorniatloutt. — La Société des agriculteurs de France a émis le
vœu que les jardins dds instituteurs communaux fusst'Ut appropriés f» l'en-
seignement de l'horticulture sous le rapport théorii^ue et pratique, et que
les jardins des écoles normales et des fermes-écoles fussent disposés en
vue d'une instruction solide à donner aux élèves; enfin que l'obligation soit
imposée aux cahdidats à l'obtention des brevets d'instiluieurs de répondre
à un examen sur la connaissance de l'agricultuie et de l'horticulture.
— La chaire de viticulture à l'école nationale d'agriculture de Montpellier
a été déclaré vacante. Les clemanles des caudidats à cette ch-iire di<vront
être adressées le 15 juiU.t au plus lard, au ministère de l'agriculture.
— On signale la sciure de bois comme capable de faire une excellente
litière pour les animaux. Cette litière, donne, paraît-il, un excellent engrais
si on a le suin chaque jour de répandre sous les pieds des auimaux une
certaine quantité de phosphate de chHUX.
— On vient de découvrir aux environs de Philippeville (Algérie) un
nouveau foyer phjlloxérique. On a immédiatement brûlé les souches et
inondé le terrain avec l'acide sull'urique.
— Le D'' Regel, de St-Pétersbourg, recommande la culture du Fedia
C(i: nucopiw, &oi le de Valériane fort, jolie. CettJ plante annuelle est assez
fréquemment cultivée en France. Oj pourrait la manger en salade comme
la Mâche.
— Wlllusirirte Gartcn-Zeituny, de Vienne, recommande le nitrate de soude
(salpêtre du Chili) à la dose de 170 graiumes par litre d'eau pour détruire
le» chenilles des groseillers. Asperger deux fois.
— Vllhislration Horikole dit que M. B. Stein signale le Mimulas moha-
vertsis, comme devant bientôt, faire une concurrence marquée aux Achyran-
thcs, Iiesme, Alternantheru, et autres plantes à mosaïque. Ce Mimulus est
louge vif. Il a été découvert en 1881, on Californie.
— Un Odontoglossum Pescatoreî. petit exemplaire de deux bulbes et portant
une demi douzaine de fleur-, a été vendu chez M. Steven? à Londres, pour
le prix de 4,125 francs.
— Lrt Dracœna M'"'^ Lucien Linden est signalé par VJllwitration comme
une nouveauté issu du croisement des D. Robinsoniana et stricla. Ce dernier
ajant fourni le pollen.
— Le Coryanthes rnaculata vient de fleurir chez M. Finet, à Argenteuil.
Cette orchidée de la Guyane fleurit rarement dans les serres.
— Le Comice agricole d'Alger informe qu'uc concours est ouvert jusqu'au
15 juin 1887 pour un ouvrage traitant de l'Agriculture algérienne on gêné- ,
rai. Un prix de 4,000 fr. dû au Gouvernement général, sera décerné au
meilleur mémoire.
— La session du Congrès pomologique se tiendra cette année à Nantes.
du 18 au 23 septembre. La Société nantaise d'horticulture tiendra une expo-
Eition à la même époque.
— M. Ch. Parmentier, directeur de la Société internationale des Tou-
ristes, à Bruxelles, vient d'organiser une excursion horticole en Angleterre,
L'excursion durera 10 jours, du 15 au 25 courant, départ d'Anvers.
— 336 —
— M.',Ed. Pjnaert, horticulteur à Gand, a présenté au dernier meeting
horticole de cette ville un Hèlre pourpre tricolor qui a obtenu un certificat
de mérite.
— La Société rojale d'agriculture et de botanique qui vient d'organiser
au Casino, à Gand, une exposition de roses, organisera à l'exeiufjle des
Sociétés anglaises, en octobre prochain une grande exposition interna-
tionale de Chrysanthèmes.
— Un prix de 15,000 fr. est offert par la Société centrale d'agriculture
du département de la Seine-Inferieure, à l'auteur du mémoire faisant
connaître avec précision les moyens à employer pour produire économique-
ment à retable la meilleure viande de boucherie.
Les mémoires devront être adressés au président de la Société centrale
d'agriculture du département, avant le 1'^'' avril 1888.
— Le Bulletin du Ministère des travaux publics vient de publier un état
des plantations sur les routes nationales au 1" juin 1885. D'apiès cet état
sur une longueur totale de 37.982 kilomètres, ces routes en comportent
23,993 susceptibles d'être plantés; des plantations existent sur 14.607 kilo-
mètres, et il en reste 9,336 à planter. Le nombre total des arbres sur les
parties plantées est de 2,871,384; les principales essences soiit : l'orme, le
frêne, le sycomore, le tilleul. Les plantations dans un certain nombre de
départements, renferment aussi, mai< en plus petit nombre, les essences
suivantes : noyers, châtaigniers, pommiers, miiriors, cerisiers, piiriers,
cormiers, etc. 11 serait à souhaiter, suivant le vœu émis par les associations
agricoles, que les plantations fruitières devinssent la règle, au lieu de
rester l'exception.
— Il vient de se fonder à Tours une société sous le nom de Société de
botanique d'Indre-et-Loire. L? bureau a pour président M. Tourlet, phar-
macien à Chinon.
— Le Disa atropurpurea, espèce d'orchidée très rare, a fleuri en avril
dernier, chez M. William E. Gumbleton, à Belgrave, près de Queenstown en
Irlande.
— La chaire de botanique occupée à Liège par le regretté Elouard
Morren vient d'être confiée à M. le docteur Gravis, son assistant.
— h'Jllustrirte Garten-Zeitung a donné la photograph'e d'un exemplaire
de Musa Ensete qui ne mesurait pas moins de 6 mètres 72 de hauteur et une
largeur de 7 m. 14. La feuille centrale avait 3 m. 35 de long, sur 0,75 de
large.
Catalogue. — Léonard Lille et Bsnoy, horticulteurs marchands-grai-
niers, 7 et 9 cours Morand, Lyon. — Catalogue giinèral illustré d'oignons à
fleurs et de graines diverses. Jacinthes de Hollande en collection, Jacinthes
romaines, Tulipes simples et doubles. Crocus, Amaryllis, Anémones, Cou-
ronne impériale. Cyclamen de Perse, Iris, Raiioncu'es, Iritoma, etc. Graines
diverses à semer en juillet. Fournitures horticoles.
Avis aux membres de l'Association horticole.
Les membres titulaires de l'Association horticole lyonnaise qui n'ont pas
encore acquitté le montant de leur cotisation de 1886, sont informés que Id
Trésorier de la Société leur fera présenter incessamment, par la poste, un
mandat de 12 franc-', montant da 1* susdite cotisaliou.
Le bureau de l'Association prie les Sociétaires de réserver un bon accueil
à ce mandat.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Ljon, — Impr. du Salut Publie. — Bellon, 83, rue de la République, 33.
1886 JUILLET N° 14
CHRONIQUE
Sève descendante. — Je vais choquerune idée admise. Que dis-je,
choquer? Choquer n'est pas le mot propre, c'est une métaphore,
simple tieur de réthorique, façon vicieuse de m'exprimer. Peut-
être me comprendrez-vous mieux, amis lecteurs, si je dis : Je vais
rechoquer une idée admise? car vous savez, entre nous, je suis
coutumier du fait et peut-être ferais-je bien d'ajouter à rechoquer
les verbes rabâcher et ressasser, dont personne n'ignore la sig-nifi-
cation, moi, particulièrement moins qu'un autre. Un jour que j'ex-
pliquais pour la dixième fois au moins, à plusieurs de mes amis,
la théorie de l'espèce, l'un d'eux m'apostropha ainsi :
« — Mais tu nous rases; tu rabâches, tu ressasses toujours la
même idée. »
Dévouez-vous donc à la propagation des bonnes doctrines! C'est
ainsi que j'appris la véritable signification des verbes rabâcher et
ressasser, dont je me faisais, avant cette aventure, une idée con-
fuse et incertaine; cela s'appelle apprendre la grammaire à ses
dépens.
Je vais donc choquer une idée admise, en disant, criant, hur-
lant par-dessus les toits, avec une voix, moins forte que celle de
Tamberlick, sonore néanmoins : Non I il nif a pas sève descendante ^
Arrangez-vous de cela, amateurs de cambium, et rétablissez, je
vous prie, convenablement la théorie de la taille des arbres. Du
reste, je déclare que je n'ai pas inventé la doctrine que je soutiens.
Je suis un simple apôtre voué à sa diffusion.
S'il n'y avait que les vieux livres qui fussent remplis de sève deS'
cendante et de cambium, on patienterait, car l'épicier est là, heu-
reusement, qui use feuille à feuille le plus grand nombre, et les
gamins le reste. Mais on en imprime tous les jours; c'est co qui est
désastreux ; jusqu'aux journaux qui s'en mêlent.
Ah ! ils m'ennuient, avec leur cambium.
— 338 —
Je l'ai assez cherché, pendant dix ans, avec feu le professeur
Faivre, la sève descendante. Je ne l'ai jamais trouvée. Dieu seul
sait combien j'en ai décortiqué, incisé, de branches et de racines!
Le professeur y gagna la croix; mais il ne trouva pas le cambium,
néanmoins. C'est un résultat incomplet.
Si la croix ne m'est pas venue à chercher la sève descen-
dante, je n'ai pas, néanmoins, perdu complètement mon temps;
car actuellement, par exemple, je puis causer do la chose très
naturellement et avec quelque autorité. C'est un résultat qui en
vaut un autre.
Parce qu'un physicien anglais qui s'appelait Harwey, je crois,
a eu l'idée de lier la patte d'une biche pour démontrer la double
circulation du sang chez les animaux, les physiologistes du siècle
dernier et ceux de la moitié au moins de celui-ci, ont pensé qu'en
liant les branches des arbres, en les incisant, eu glissant des lames
d'étain entre l'écorce et le bois, il leur serait facile de faire une
démonstration analogue pour le règne végétal. Ils ont suivi une
fausse piste, voilà tout. Les bourrelets, les renflements qui se pro-
duisent au-dessus des branches Hgaturées ou incisées les ont induits
en erreur.
Et pendant un siècle on a répété, imprimé et professé que la
sève montait par les couches ligneuses du bois et descendait entre
l'écorce et le bois.
On appelait cette sève du cambium.
A l'heure actuelle, c'est encore le cambium susdit qui tient le
haut du pavé.
Du cambium, il n'y en a pas. De la sève descendante, pas da-
vantage.
Je ne sais pas si vous avez jamais monté dans la colonne Ven-
dôme. II y a dans cet édifice un couloir en spirale très étroit. Si
par hasard vous montez dans ce couloir quand quelqu'un en descend,
il vous faut redescendre, à moins que celui qui descend veuille
bien remonter pour vous laisser le chemin libre. Eh bien ! l'inté-
rieur d'un arbre possède sous les noms de vaisseaux, trachées,
cellules, etc., une masse de canaux par où la sève montante
circule. Cette sève monte toujours, s'empare de tous les chemins
et les emplit. Elle monte du I" janvier à la Saint-Sylvestre, le jour
et la nuit. Par où passerait, je vous prie, le cambium, c'est-à-dire
la sère descendante, pour vaquer à ses petites affaires? Voilà la
question.
On a eu tort de comparer la sève des plantes au sang des ani-
maux. Les plantes n'ont pas des artères et des veines, c'est-à-dire
des tubes différents constitués pour une double circulation.
Essayez un peu d'arrêter la circulation ascendante de la sève et
— 339 —
vous m'en direz des nouvelles. Coupez une branche feuilléo et
laissez-là au soleil, vous verrez si le cambium la sauvera d'une
mort certaine. Oubliez d'arroser cette plante en pot et dites-moi,
si la pluie ne survient pas, le sort qui l'attend.
Cependant il descend quelque chose dans l'intérieur des arbres,
mais ce n'est pas de la sève, encore moins du cambium. Ce qui
circule en dehors de la sève puisée dans le sol par les racines, ce
sont les matières élaborées par les feuilles, par les cellules, parles
parties vertes de l'écorce ; ce sont les sels puisés dans le terrain.
Et toutes ces denrées alimentaires se promènent de haut en bas,
de bas en haut, de gauche à droite, de droite à gauche et en tra-
vers, c'est-à-dire dans tous les sens, à peu près comme les poissons
dans l'eau. Elles circulent continuellement, allant d'ici, de là,
partout où il y a un vaisseau à entretenir, une cellule a former.
Il y a une foule de lois qui expliquent cela rationnellement. Mais
la place manque, le sujet est aride, et ce n'est pas le lieu de faire
ici un cours de physiologie. Il suftit que celui que la question inté-
resse sache qu'il est dans une fausse voie, s'il pense que la sève
descend entre l'écorce et le bois, sous le nom de cambium.
Grejfe des Rosiers. — H y a des gens qui pensent faire d'excel-
lente besogne en rognant les branches des églantiers qu'ils vien-
nent de gretïer. Quelques-uns les rognent de suite, d'autres atten-
dent huit jours, d'autres quinze jours. C'est une opération qui ne
vaut rien dans aucun cas. Elle appauvrit le sujet et ne fortifie pas
le greffon, au contraire. Quand par hasard les branches des églan-
tiers se développent au début de la végétation avec une vigueur
extraordinaire, on peut, quand elles ont atteint 50 centimètres, en
pincer l'extrémité. Avant la greffe, ce pincement ne porte pas tort
au sujet et fait refluer la sève à la base, à l'endroit même où doit
être posé l'écusson et maintient cet endroit en état d'être grelfé
pendant un temps beaucoup plus long quo si on n'a point fait de
pincement. Le pincement pratiqué à ce moment fait également
développer plusieurs branches plus faibles et par conséquent moins
embarrassantes que la branche unique qu'on a pincé.
Quand l'écusson a été posé sur le sujet, il faut éviter tout pince-
ment. Si par hasard l'écusson poussait dans le cours de l'année,
cela ne doit rien changer à la chose. On le laisse développer en
même temps que l'églantier, voilà tout. Mais, je le répète, si vous
voulez avoir des rosiers vigoureux, évitez de rogner les branches
sur lesquelles vous avez posé les écussons.
Le sulfate de cuivre et la maladie de la pommes de terre. — On sait
que la maladie de la pomme de terre est occasionnée par un cham-
— 340 —
pignon appartenant au genre Peronospora, Le succès obtenu dans
le traitement du mildiou de la vigne par le sulfate de cuivre, — le
mildiou est également un Peronospora, — a donné à penser à plu-
sieurs personnes, notamment à M. Ricaud, de Beaune, que l'emploi
du sel de cuivre empêcherait aussi l'apparition de la maladie de la
pomme de terre.
Il paraît qu'il faut renoncer à cette espérance. M. Duchartre,
le savant bien connu, a donné sur ce sujet à la Société nationale
d'Horticulture, des explications qui ne laissent malheureusement
aucun doute sur l'inefficacité du susdit traitement.
Haricots. — Les haricots aiment la chaleur pour se développer
et mûrir leurs fruits. Cependant quand la température se maintient
quelque temps entre 28 et 30° avec un ciel pur, c'est-à-dire un
soleil ardent, cela porte un préjudice sérieux à la récolte : les fleurs
brûlent, les gousses ne se forment pas « l'haricot coule » comme
on dit. Dans les jardins il y a un moyen de parer à ce grave in-
convénient. Il suffît de tendre au-dessus des planches de haricots,
de onze heures à quatre heures, des toiles à emballages claires, ou,
à leur défaut, des claies de paille de seigle très facile à construire
avec des lattes de plâtrier. La dépense que cet ombrage occasionne
est très minime. Les toiles peuvent servir ensuite à d'autres usages
principalement pour garantir en automne les dernières fleurs contre
les gelées peu intenses qui surviennent souvent à la fin d'octobre
ou dans la première quinzaine de novembre.
Verres bleus. — M. Marceau, jardinier à Pareh, qui cultive les
mêmes plantes, c'est-à-dire les mêmes espèces, dans deux serres
différentes, l'une vitrée en verre bleu, l'autre en verre blanc or-
dinaire, voit celles qui sont dans la serre vitrée en verre bleu,
perdre leurs forces et finir par périr.
Les unes et les autres reçoivent les mêmes soins. M. Duchartre,
dans le journal de la Société nationale d'horticulture fait remarquer
que l'explication du fait en question est facile à donner. Les rayons
bleus de la lumière étant presque sans influence sur la décom-
position de l'acide carbonique par les plantes, il s'en suit naturel-
lement que la végétation des espèces soumises à l'influence de ces
seuls rayons, ne peut-être que précaire et misérable.
On pourrait peut-être tirer de cette observation, un enseigne-
ment pratique, savoir: Il faut éviter d'introduire du vert ou du
bleu, dans la chaux ou le blanc de Troyes dont on se sert souvent
pour peindre pendant l'été, les verres des serres et châssis.
— 341 —
Une pratique vicieuse. — On recommande assez fréquemment de
semer les graines fines dans une terre légère que l'on obtient
en mêlant du sable de rivière à une terre franche quelconque
additionnée de terreau ou de terre de bruyère.
L'introduction de sable, matière inerte et infertile, dans un com-
post quelconque , a pour but de diviser les particules terreuses
agglutinées par l'argile contenue dans le sol et d'obtenir par ce
moyen un écoulement facile des eaux de pluie ou d'arrosage.
Le but proposé est en effet atteint en agissant de cette manière,
et le compost, ainsi préparé, laisse d'autant mieux filtrer l'eau
qu'il contient davantage de sable.
Mais si on a obtenu le résultat qu'on désirait, on s'aperçoit
bien vite qu'on en a en même temps obtenu un autre qu'on ne
cherchait pas et qu'on devrait éviter.
Ce résultat qu'on ne cherche pas et qu'on obtient, c'est celui de
la dessiccation rapide de la surface du semis.
Or, on sait que toutes les graines veulent, pour germer, un con-
tact continuel de l'humidité. D'autre part les graines fines demaa-
dent à être très peu recouvertes. Nous avons donc d'un côté une
terre qui ne retient pas l'eau et de l'autre côté des graines qui ont
besoin de son contact immédiat pour germer; soit, en résumé, les
plus mauvaises conditions de germination qu'il soit possible de ren-
contrer.
J'ai pris l'habitude pour remédier à ce grave inconvénient de
recouvrir la surface du terrain où je dois semer des graines fines
d'une couche très mince (demi-centimètre) d'une substance avide
d'humidité et qui la retient bien: la terre de saule joue admirable-
ment ce rôle. La tourbe finement tamisée, la terre de bruyère tour-
beuse, le terreau de fumier, la vieille tannée, et enfin toutes les
substances analogues peuvent être employées à cet effet.
V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 20 juin 1886, tenue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Rochet, Conseiller.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Le procès- verbal de la dernière réunion est lu et f dopté.
Correspondance. — Le Secrétaire général procède au dépouillement de la
correspondance, qui se compose des lettres suivantes :
1° Lettre de M. Dutailly, député, président de TAssociatioD, informant la
Société qu'il sera à Lyon pour l'Exposition et priant le Secrétaire de bleu
vouloir l'inscrire d'office pour une somme de deux cents fi-ancs à convertir
en médailles qui seront décernées à l'occasion de la susdite Exposition.
— 342 —
L'Association, sur la proposition du Président de la séance, vote à l'una-
nimité des remercîments à M. Dutailly.
2° Lettre de M. Péan, architecte -paysagiste, à Paris, offrant à l'Associa-
tion un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de L" Ar-
chitecte-puysaghte.
La Société remercie M. Péan du don de son ouvrage et charge M. le Secré-
taire général d'en faire un rapport.
3° Lettre de la Préfecture du Rhône, relative à la réinscription au budget
départemental de 1887 de la subvention accordée à l'Association par le Con-
seil général du Rhône.
4» Lettre de la Société d'horticulture de Villefranche, en date du 24 mai,
priant l'Association de désigner un délégué pour faire partie d'un jury
chargé de juger les apports qui se feront les 13 et 14 juin à Villefranche.
Cette lettre étant arrivée trop tardivement, il n'a point été possible d'y
donner une suite favorable.
5° Plusieurs circulaires du Ministère de l'instruction publique relatives
au Congrès des Sociétés savantes, ou à un Questionnaire du Comité des tra-
vaux historiques et scientifiques.
Publications. — M. Viviand-Moral, Secrétaire général, fait l'analyse des
publications reçues depuis la dernière séance et appelle l'attention de la
réunion sur les articles et les plantes intéressant notre région.
Présentations. — Il est donné lecture de 12 candidatures, sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Aucune observation n'ayant été faite sur les candidats pré-
sentés à la dernière réunion, sont admis membre titulaires de notre
Société :
MM. Stefen-Blonde, horticulteur, 5, rue des Roses, à Dijon (Côte d'Or),
présenté par MM. Schmitt et Labruyère.
Champin (Jean-Louis), horticulteur, à Ste- Colombe -les- Vienne
(Rhône), par Vienne (Isère), présenté par MM. J. Perrache et
J. Jacquier.
Piroir (Louis), propriétaire à Ste-Colombe-les-Vienne (Rhône), par
Vienne (Isère), présenté par MM. Perrache et J. Jacquier.
Bernichon (Emery), jardinier au château de Haute-Pierre, par Cré-
mieu (Isère), présenté par MM. Marchand et J. Jacquier.
Gaillard, jardinier chez M. Desbois, à Meyzieu (Isère), présenté par
MM. Rivoire et Viviand-Morel.
Saunier (Claude), jardinier chez M"» la marquise de Ruolz, à Franche-
ville (Rhône), présenté par M. Court (Louis) et Viviand-Morel.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Clapot, jardinier, chemin des Quatre-Maisons, à Monplaisir :
1" des beaux .spécimens de Laitue Lorlhois, L. grosse craquante. L. Batavia
dore» ; 2* Chou d'York ; 3° Carotte jaune brillant ; 4° Bette ou Poirée verte
à larges cotes ayant 18 centimètres de large, et quelques fleurs d'Œillet
fantaisie rouge cramoisi, fleur très large, pétales fimbriées, calice ne s'ou-
vrant pas.
La Commission d'examen demande qu'il soit accordé à cet apport une
prime de 1" classe comme bonne culture.
Par M. Villard, jardinier chez M""» Vachon, à Ecully : 1° des pommes de
terre violettes, variété Reine des hâtives ; d'après le présentateur, cette nou-
velle variété ferait plus précoce que la Marjolin ; 2° des Artichauts de semis
très gros et des plantes d'Oseille de semis à feuilles très larges.
La Commission propose qu'il soit décerné à cet apport une primo de
2" classe pour l'ensemble.
M. Villard présente en outre un pot d'Amaryllis Gravinœ en pleino flo-
raison.
Une prime de 3" classe est demandée pour cette plante.
— 343 —
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, 33, rue de l'Enfance, Lyon :
1° une collection de Laitues : Laitue Bossin, L. craquante de Pierre-Bénite,
L. pommée mouchetée à bord roup;e, etc.; 2° des fruits et des rameaux char-
gés de fruits de Framboisier des Quatre-saisons. Cette variété, dont le bois
est rouge, serait, d'après le présentateur, très productive et la production se
prolongerait jusqu'en novembre.
Pour les Framboises, la Commission demande que l'on accorde une prime
de 3° classe.
Par M. Gabriel Favre, jardinier-maraîcher, chemin de la Croix-Morlon,
Lyon-Monplaisir : un beau pied d'Epinard à feuilles pointues, que le présen-
tateur recommande comme montant très difficilement et très tard; 2» des
échantillons de Chou algérien, Chou Milan de la Saint-Jean, d'un fort déve-
loppement, pomme très dure et résistant très bien à l'hiver; 3» des spéci-
mens de Navet do Milan, rond, très hâtif; 4° Laitue pommée petite de
Caluire.
La Commission propose d'accorder à cet apport une prime de l'" classe,
et désirerait qu'il soit nommé une Commission pour examiner dans les cul-
tures le Chou Milan delà Saint-Jean, variété qu'elle reconnaît très intéres-
tante, autant par sa grosseur que par son prompt développement, le sujet
présenté provenant de semis faits au printemps.
Par M. Masson, rue Saint-Denis, 31, Ljon-Croix-Rousse : 1» des Fraises
de semis dont quelques-unes, telles que semis n" 11 et un semis de Fraise
des bois, resteront encore à l'étude. Fraise de semis à gros fruit, Madame
Borivent, variété provenant de Docteur Morère et Anna de Rothschild, fruit
gros, arrondi, rouge foncé, à col très prononcé se détachant bien du calice,
très sucré, parfumé, plante ayant un aspect très robuste, fertile; 2° Fraise
des Quatre-saisons Joseph Schwartz, issue de la variété Marquise de Morte-
mart et d'une fraise des bois, fruit ayant presque deux centimètres de dia-
mètre, de forme ronde, s'allongeant parfois, rouge clair, plante robuste et
productive; 3° les variétés de Fraises Belle de Meaux (Quatre-saisons), doc-
teur Morère, Anna de Rothschild, Prouty's Seedlings et Gaillon rouge de
semis.
La Commission propose, pour l'ensemble de cet apport, une prime de
1" classe.
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, Lyon : 1" un pied d'Orchidée,
Cattleya labiata, var. Warneri ; 2° un pied de Spirœa palmata à fleur rose
et deux Bégonia Rex de semis.
La Commission demande qu'il soit accordé une prime de 2' classe au
Cattleya et une de 3« classe pour les deux Bégonia Rex.
Par M. Deville jeune, pépiniériste à la Demi-Lune-Lyon, une collection
d'Œillets-mignardise de semis, diverses plantes vivaces : Omphalodes longi-
flora, Campanula persicœfolia, une Campanule de semis, blanc violacé, issue
de C. macrantha, une Potentille de semis semi-double, jaune foncé, fond des
pétales pourpre, issue du P. Nepalensis, Nermn Oleander, variété Géant des
batailles, N. Carneum plénum.
La Commission demande, pour les semis de Mignardise, qu'il soit accordé
une prime de 3° classe, et une prime de 3° classe pour l'ensemble de l'ap-
port, en citant plus particulièrement le Laurier rose Géant des batailles.
Par M. J. Jacquier, 8, quai des Célestins, Lyon, un bouquet varié de
Lychnis Haagena (1).
La Commission propose d'accorder à cet apport uae prime de 3° classe.
Par M. Rozain-Roucharlat, 84, Grande rue de Cuire, Lyon :
1° Un Pelargonium à grande fleur, de semis, variété M. Aldrufeu, fleur
grande, d'un coloris ilanc, maculé cramoisi et légèrement carminé ;
2° Une collection de Pelargonium à grande fleur, composée des variétés
suivantes : Congrès (Rozain), fleur extra grande, rouge carminé pourpré
(1) Voir Lyon horticole, n' 13.
— 344 —
M. Bradgio, Prince Humbert, André Maziure, De Brazza, Mozart, Des-
fontaine, Bougainville, Volonté Claudio, Baron Ducrest de Langes:
vermillon maculé cramoisi centre blanc, Claade Bernard, Labilliardière,
Fascination, Teniers, Phidias, Gaspard Rozain (Rozain) : fleur grande
blanc rosé marbré de rose carminé, orangé au centre des pétales, Gloire
de Tours, J.-B. Boulej. Dans les variétés à fleurs doubles, Benuty of Oxton,
fleur marron maculé plus foncé, bordé blanc; Duke oj Albany, cramoisi
marron bordé blanc; A/"» Pape Carpentier, fleurs serai-doubles, légère-
ment aigrettées sur les pétales supérieurs.
La Commission propose d'accorder une prime de 1" classe à la collection
et un certificat de 2" classe au Pelargoninm de semi8.
Par M. Dupy, jardinier chez M. Cartier à Ecully, une collection de roses
composées des variés suivantes : Thés Adrienne Christophle, Auna Olivier,
Etoile de Lyon, Homère, Comtesse Riza du Parc, Belle Lyonnaise, M°" Fal-
cot. M"" Lombard, Perle de Lyon, Maréchal Niel, Perle des Jardins, Gloire
de Dijon, M"" Bérard, Jean Ducher, Marie Van-Houtte, Azélie Imbert,
Reine Marie-Henriette, André Schwartz, Bougère, Jules Finger, Cornelia
Kock, Francisca Kruger, Charles de Legrady, Souvenir de Georges Sand ;
dans les hybrides remontants, Baronne de Rothschild, Capitaine Christy,
Baronne Blanche, Elisa Boëlle, Louis Van-Houtte, Paul Neyron. Prince
Camille de Rohan, Souvenir de William Wood, Gloire Lyonnaise ; hybride
de Thé: La France; Noisette: Ophirie, William Allen Richardson ; hybride
de noisette: Pavillon de Prégny. etc., etc.
Pour l'ensemble de cet apport la Commission propose d'accorder une prime
de 2« classe.
Par M. Pelletier, cours de la République, à Villeurbanne, deux rofes de
semis. Souvenir de M. Feuga, hybride remontant issu de Victor Verdier,
coloris rouge tendre, fleur grande, bien pleine (Prime de 2« classe).
Souvenir de M. Coin, hybride remontant, bouton allongé, fleur grande,
rouge feu, passant au rouge violacé.
Par M. Jober, 2, rue St-Gervais à Monplaisir-Lyon, deux roses de semis,
dont une issue de Victor Verdier et l'autre de La Reine.
Par M. Lapierre, horticulteur à Champagne près Lyon, une rose hybride
de semis, rouge clair.
Par M. Besson, rue des Platanes, Lyon-Mon plaisir, deux roses de semis
hybride remontant :
1° Docteur Antonin Joly^ plante vigoureuse, genre Baronne de Rothschild,
ayant les mêmes caractères de végétation, fleur grande, mesurant \2 centi-
mètres de diamètre, pleine, bien faite, en coupe, rose brillant à fond vif
éclairé et ombré de saumon (Prime de 1" classe) ;
2° Orgueil de Lyon^ fleur moyenne, cramoisi ponceau velouté éclairé de
vermillon à reflet feu, pétales gaufrés à l'épanouissement, fleur se tenant
bien ; plante fleurissant comme les hybrides de thés.
Par M"° V" Schwariz, 7, route de Vienne, Lyon, trois hybrides remon-
tants de semis n°' 1, 2 et 3.
Le n° 1 porte nom M. M. Baron, fleur grande, odorante, rouge violacé
foncé, bouton allongé (Prime da 2' classe),
M"' Sohwartz présentait en outre les hybrides remontants Général Appert,
Victor Hugo, M. Francisque Rive, Secrétaire J. Nicolas, M""^ Massicault,
Colonel Félix Breton, M. Benoît Comte, Souvenir d'Eugène Karr, M.Auguste
André, Climbing, M. Boncenne ; thés : André Schwartz, Comtesse Riza du
Parc, M°" J. Sch-narlz; Polyantha : Jeanne Drivon ; hybride de thé : Ca-
moëns; hybride de noisette: Albane d'Arneville.
La Commission demande pour cet apport étant des semis de l'établissement
une prime de P" classe.
Par MM. Guillot et fils, chemin des Pins, 27, Lyon, quatre roses de semis
n" 1, 2, 3 et 4.
N» 1. — Thé Luciole issu du Thé Safrano, à fleur rouge, fleur grande,
pleine, bien faite, bouton allongé, coloris rose de Chine, carminé très vif,
— 345 —
teinté jaune safran, avec fond jaune cuivré, revers des pétales bronzé, très
odorante (Prime de 1'= classe).
N« 2. — Thé J.-B. Warrone, issu du Thé Comtesse de Labarihe, fleur
grande, pleine, bien faite, bouton allonge, coloris variant du rouge magenta
au violet et au rose pourpre avec fond nuaticé de jaune, revers des pétales
rayé de blaro (Prime de 2" classe).
N° 3. — M'^' J. DesOo's. issue de fécondation artificielle de Baronne da
Rothschild, fécondé par le Thé M™= Falcot, fleur très grande, de 14 à lo cen-
timètres de diamètre, pleine, très bien faite, coloris, blanj carné très tendre
à centre plus vif (Prime de t" classe).
N° 4. — Multiflore nain remoniant Gloire des Pobjantha, issu de M ^nirj-
nette, fleur petite, de 3 à 4 centimètres de liamètre, p'eine, très bien faite,
pétales imbriqués, coloris rose vif à fond blanc, revers des pétales rose pâ'e,
floraison très abondar.te en panioules de 60 '^ 80 fleurs (Prime da V classe).
Hjbride de ihé : G our Lyonnais-', ou hjbrile jaune, fl-ur grande, bien
faite, pleine, jaune chrome, péiales bordés blanc.
Hybride de Thé William-Francis Bennett ou laro^e de 5 0)0 «loUars, tieur
très grande, semi-pleine, lolori'! rouge vif velouté pa>"sant au violet.
Thé à bois sarmenteux Waliham Climbing n" 2, issu des Gloires de Dijon,
fleur grande, très pleine, coloris rouge crdmo'si cla r.
Par M. F. Gautit-r, mécanijien, rue Denfert-Rocherean, 65, Lyon, des
échantillons de grillage a maille en fil de fer, pour clôture, p )UVint s'éta-
blir en mhille de grandeur variable, une note da prix a^corapugne les
échantillons, et ils sont très modérés.
Plusieurs membres des Commissions des apports étant absents, sont nom-
més pour juger les proJuits déposés sur le bureau. Florticalture : MM. Du-
rand, Cousançnt, GuiUauoje ; roses: Duch ■(, Gorret, Laroche, C. Jacquier
fils ; culture maraîchère: J. Jacquier, Verne et Pelletier.
Les propositions des Commissions, ainsi f;ue la demande d'inscription au
procès-verbal des objets non primés, misis aux voix, sont adop'ées à l'una-
nimité.
M. Bernoux, photographe, rue des Archers, 2, Lyon, présente une photo-
graphie artistument exécutée d'un rosier Aimé Vibert grimpant, garnissant
une superficie de 180 mètres. Ce roder planté il y a huit ans par M. Duoliet.
montée des Roches (Ecully) est chargé de lieuis.
M. Guillot tils présente au nom de M. Pier'reOger, de Caen, quelques b)îii-s
d'un mastic nommé cire du rosiérisle. Ces bidies sont remises à MM.Pi'aval,
Goiret, Darjud, Deville, qui après expériences voudront bien co amuiiiiiuer
leur résultat à une prochaine séance.
L'assemblée procède ensuite à la norainat'on des membres dijury pour
l'exposition de septembre et décide que le dernier délai pour l'alini-sion à
prendre part aux concours spéninux et récompensas aux anciens serviteurs
est fixé pour les demandes au 20 juillet.
La séance est levée à 4 heures 1/2. L-i Secrétaire-Adjoint . J. Nicolas.
L'architecte paysagiste
Théorie et pratiqua de la création et dé ',oratioa de» parcs et j ardins (1).
Les ouvrages spéciatix publiés sur « l'Art des jardins » ne sont
pas rares dans les bibliothèques. On en trouve de tous les formats
et d'épaisseur variable. Depuis la modeste brochure imprimée sur
(1) L'Architecte paysagiste, théorie et pratique de la création et décoration des
Parcs et jardina, suivi d'un cours d'aquarelle en quatre leçons, etc., par Armand
Pean, architecte paysagiste. Un fort volume illustré de nombreuses gravures. Paris,
A. Goin, éditeur, 62, rue des Ecoles.
— 34(5 —
papier à chandelle jusqu'au grand in-folio, édité avec un luxe qui
fait honneur à la corporation des imprimeurs typographes. Mais il
s'en faut que le sujet soit épuisé. Quelques-uns des ouvrages en
question sont de purs livres de bibliophiles, à relier en chagrin
sans rogner les marges ni couper les feuillets ; livres à serrer pré-
cieusement dans un meuble.
Léa Jardins. — Propriété créée par H. de Balzac.
Si par hasard on les ouvre, c'est pour en admirer les illustrations.
Leur lecture, quelquefois très attrayante, apprend de belles anec-
dotes, fait connaître des documents curieux ou rares sur l'histoire
des jardins, le tout habituellement présenté en style pompeux et
redondant, mais eu fait « d'Art des jardins » il y en a aussi
peu que possible.
— 347 —
Ce qu'on peut reprocher à la plupart des auteurs qui ont écrit sur
« l'Art des jardins » , c'est d'avoir sacrifié la partie principale, la
partie technique, celle qui sert à quelque chose, avec laquelle on
peut réellement apprendre à créer un jardin, c'est d'avoir, dis-je,
sacrifiée la meilleure partie de l'ouvrage au plaisir de faire preuve
Propriété de M. Tisserant à Clermont (Oise), — Avant-projet.
d'érudition historique ou de pasticher les descriptions de Rousseau,
de Bernardin de St-Pierre, de Chateaubriant, etc., sur « les
beautés de la nature » les paysages, les sites champêtres, les val-
lons ombreux, les ruisseaux qui murmurent, les lacs paisibles, les
sombres forêts et autres guitares pareilles.
Projet défiaitif. — Jardin exécuté en 1877, chez M. A. Tisserant, à Clermont (Oise).
Soyons juste. Tous les livres qui traitent du tracé des jardins, r.e
sont heureusement pas calqués sur le même plan, et on en pourrait
citer plusieurs dont les auteurs ont bien voulu se souvenir, vers le
milieu du volume, quelques-uns à la fin, qu'ils avaient autre chose
à faire que de rééditer les vieilles histoires des Parcs célèbres.
— 348 —
M. Armand Péan, l'auteur du livre que nous allons examiner a
heureusement rompu avec la tradition et n'a pas calqué son ouvrago
sur les précédenis. Il a parfaitement compris que si quelques pages
d'histoire n'étaient pas déplacées dans un ouvrage technique, c'était
à la condition expresse qu'elles fussent courtes. L'histoire, c'est le
côté accessoire du sujet ; on est mal inspiré à lui donner un déve-
loppement excessif.
Nous féhcitons donc bien sincèrement l'auteur d'avoir eu la force
de résister à la tentation de se montrer érudit, tentation dans la-
quelle sont tombés beaucoup de ses prédécesseurs.
M. A. Péan a non seulement écrit un excellent livre, mais il a
ouvert une voie. Il a publié un vrai manuel; praticien, il a écrit
en praticien, simplement et clairement. Son livre s'adresse tout
particulièrement, dit-il, aux débutants qui trouveront dans cet
ouvrage la solution pratique des difficultés qu'ils rencontrent sou-
vent dès leurs premiers pas dans la carrière. M, Péan est trop
modeste, son livre s'adresse non seulement aux débutants, mais je
suis persuadé que plus d'un praticien consommé y trouvera quel-
que chose à apprendre et en fera son profit. Du reste, tous les
traités techniques sont d'excellents aides-mémoire que les maîtres,
les auteurs mêmes, ont souvent besoin de consulter.
Le livre de M. Péan est divisé en trois parties et chaque partie
en plusieurs chapitres. Les chapitres sont eux-mêmes subdivisés en
plusieurs paragraphes. La première partie qui est très courte est
consacrée à l'histoire des jardins : jardins de l'antiquité, de la
Renaissance, architecturaux, paysagers, etc.
Le chapitre premier de la- deuxième partie contient la théorie
sur l'ensemble qui comprend les paragraphes suivants : Du plan ;
de la perspective ; du style ; lointains et vues ; règles à observer
(classification des allées, allée de ceinture, intermédiaire, de détail,
carrefours et bifurcations; massifs, pelouses, etc.); l'eau dans
une propriété d'agrément, rochers, etc. Le même chapitre enseigne
l'art d'esquisser un plan: plan minute, manière d'ébaucher un
plan, orientation d'un plan, etc.
Le chapitre II contient plusieurs études de la configuration de
quelques terrains : terrains anguleux, rectangulaires, de formes
variées.
Le chapitre III traite de l'architecture pittoresque : cabanes et
chalets, kiosques, berceaux, ponts, rochers, grottes, serres, oran-
gerie, murs, grilles, barrières, etc.
La troisième partie de l'ouvrage, la plus importante, est consa-
crée à la pratique : Etude du sol, du tracé, de l'application des
profils, gros terrassements, défonces, empierrements, bordures,
transports, canalisation, etc.
— 349 —
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Parc de la Ville de Neyer».
— 350 —
Il serait trop long d'énumérer toutes les questions que l'auteur
a traitées; nous préférons renvoyer le lecteur que la question inté-
resse à l'ouvrage lui-même, persuadé qu'il nous saura gré de lui
avoir donné ce conseil.
Si j'ajoute que l'ouvrage contient 130 gravures se rapportant
aux sujets traités, gravures dont nous donnons plusieurs spécimens,
il ne nous restera plus qu'à remercier l'auteur d'avoir bien voulu
nous donner l'occasion d'apprécier un des meilleurs livres qui aient
été écrits sur l'art de l'architecte paysagiste. V. V.-M.
Les Guêpes et les Frelons (1).
MOYENS DE LES DETRUIRE.
Les guêpes, que tout le monde connaît, que chacun cherche à
éviter et qu'il ne faut pas confondre avec les abeilles, sont des
insectes de couleur noire ou brune mélangée de jaune, toujours
disposés à attaquer, même quand on ne les taquine pas, dont le
dard est fort dangereux et la voracité insatiable.
Les guêpes appartiennent à l'ordre des hyménoptères, elles
présentent trois sortes d'individus : les mâles, qui n'ont pas d'ai-
guillon, les femelles et les ouvrières, qui ont un aiguillon.
Dans nos jardins, on rencontre surtout deux espèces du genre
guêpe : d'abord le frelon ou grosse guêpe {vesna crabo'), dont la
piqûre est extrêmement douloureuse et dangereuse, et ensuite la
guêpe (yespa indgaris) commune, qui est beaucoup plus répandue.
Ces hyménoptères vivent en sociétés plus ou moins nombreuses;
leur nid est toujours à l'abri de l'air, soit à terre, soit dans quelque
creux d'arbre. La matière dont il est construit est formé par le
vieux bois que les femelles et les ouvrières coupent et mâchent
jusqu'à le réduire à la consistance d'une pâte analogue au carton.
En Amérique, dans les environs de Cayenne, il existe une espèce
de guêpes dont le nid est fait en véritable carton aussi dur, aussi
solide que celui qu'emploient actuellement les relieurs ; la guêpe de
ce pays va chercher au bord des marais, des ruisseaux, les fibres
ligneuses et les racines qui, après avoir été préalablement séchées
au soleil, ont ensuite séjourné quelque temps dans l'eau, l'insecte
recueille par petites parties ce produit de fabrication plus ou moins
désagrégé, coupe avec ses mandibules des fragments quelquefois
aussi gros qu'elle-même ; elle les rend semblables au chanvre roui
et en les humectant de sa salive visqueuse, elle réunit les parties
les unes aux autres et en forme une sorte de pâte ressemblant à du
(1) La France agricole.
— 351 —
papier mâche. Toutes les ouvrières travaillant ensemble arrivent
rapidement à un résultat surprenant, et c'est avec cette substance
qu'elles construisent leurs nids de carton.
M. Ramé affirme que les nids des guêpes de notre pays sont
généralement faits en papier parfaitement collé et imperméable
qui, étant satiné, pourrait très bien recevoir l'écriture ; selon cet
auteur, la seule différence que l'on puisse signaler, c'est que le
papier fabriqué par la main de l'homme est blanchi et que celui des
guêpes ne l'est pas.
Les cellules des nids de guêpes ne contiennent pas de provi-
sions comme celles des abeilles; elles servent simplement de loge-
mentaux œufs, aux larves et aux nymphes; les larves sont nour-
ries journellement par les ouvrières à l'aide des sucs élaborés des
fruits et des insectes qu'elles dévorent. Le< lemeHes qui ont échappé
aux rigueurs de V hiver commencenl la société, et c'est là un fait impor-
tant sur lequel nous tenons à insister; les premiers œufs pondus ne
donnent toujours que des ouvrières, qui dès leur naissance s'em-
pressent d'aider la mère à agrandir la demeure commune; la
seconr'e ponte, la troisième et ainsi de suite, donnent toujours des
ouvrières, de sorte que l'incubation des larves durant huit jours,
leur état de nymphe un temps égal, permettent deux couvées par
mois. Ce n'est habituellement qu'à la fin de l'été, vers le mois d'oc-
tobre, que commencent à paraître les jeunes mâles et les jeunes
femelles. Quand arrivent les froids de l'hiver, les ouvrières arra-
chent des cellules et mettent à mort toutes les larves et les nymphes
qui s'y trouvent; elles-mêmes périssent avec les mâles, et il n'é-
chappe que quelques femelles fécondées qui sont destinées à renou-
veler la société au printemps suivant : c'est pour cela qu'au prin-
temps et en été les guêpes sont si rares. La nature, en portant ces
insectes à se détruire eux-mêmes, nous a rendu un grand service;
car ce sont des déprédateurs impitoyables et dangereux que les
horticulteurs ont grandement raison de placer au premier rang de
leurs ennemis, et leur nombre est des plus considérables. Ainsi, on
a calculé que quelques sociétés sont quelquefois, à la fin de l'au-
tomne, composées de douze à quinze mille individus!
Les entomologistes et les arboriculteurs sont complètement divi-
sés sur la question de savoir si les guêpes entament ou non la peau
des fruits; mais tous s'accordent à reconnaître combien ces insectes
sont éminemment nuisibles; il faut donc s'appliquer à les détruire
par tous les moyens possibles. Du reste, il est facile d'y arriver,
et, si l'on voulait s'entendre, en fort peu de temps l'espèce dispa-
raîtrait, ou du moins diminuerait beaucoup. Ainsi, on prétend qu'à
Thomery, près Fontainebleau, là où le raisin de table est si beau
et si estimé, les guêpes sont à peu près inconnues, grâce à la
— 352 —
guerre que leur font les gardes champêtres et les enfants payés
pour cela; sans doute ils détruisent tous les nids, mais ce n'est
pas tout, et il est un autre moyen qu'ils employent toujours et que
nous tenons essentiellement à propager (c'est même dans ce but
que nous faisons paraître cet article). Il ne faut pas attendre la
multiplication des guêpes pour détruire leurs nids; il faut, au
printemps, chasser au filet et écraser les mères guêpes que l'on
rencontre, qui ont seules passé l'hiver et qui doivent pondre les
colonies nouvelles, si funestes, si nombreuses en automne. Rappe-
lons-nous qu'en tuant une seule guêpe en avril ou mai, cela revient
au même que si nous exterminions plusieurs milliers de ces insectes
quelques mois plus tard. Faisons-leur donc une chasse acharnée, et
souvenons-nous qu'à cette époque de l'année c'est surtout sur les
fleurs des arbres fruitiers qu'on les trouve et qu'elles butinent par-
ticulièrement sur les inflorescences de toutes les variétés de gro-
seilliers, d' h. r.
— M. Tabar. hortiîulleur à Sarcelles (Seiaeet-Oise) a obtenu de semis
un Pelargoriium zonale à fleur double qui pi'ésente un cas de dimorphisme
intéressant. Celle variéti^ a des fleurs rouge fiu vif sur une inflorescence et
sur d'autres des fleurs à peine rosées et légèrement lignées de rouge.
— M. Lavallée a présenté sur le bureau de la Société nitionale d'horti-
culture le? arbustes suivints: 1° Exochorda Korolkoivi (sorte de Spiien),
e.opèce nouvelle qui a été découverte, en 1878, par le général Koroikow ;
2° Rosa chlorocarpa, rosier de la section des Pimprdnelles, à fleurs colorées
en rose tendre, parfois réticulées de b'anc.
— M. Gaetano Cantoni . directeur de l'Esole d'agriculture de Milan,
signale une nouvelle maladie des mûriers et des pêchers et qui sévit dans
plusieurs communes de la vallée du Lambro. Cette maladie occasionnée par
un insecte du groupe des Kermès se manifeste par l'apparition d'un duvet
blanc qui recouvre presque complètement le? rameaux da daux et da trois
ans.
— M. H. Vilmorin signale à nouveau une observation qui a déjà été faite
sur la rouille du blé. Cette année les espèces américaines de blé, surtout
celles provenant de l'Amériqu? du Nord, sont attaquées par la rouille d'une
façon générale, tandis que les espèces européennes sont à peine atteintes.
— Le tribunal de Saint-Quentin a rendu, h 24 juin, son jugement dans le
procès correctionnel intenté par M. Fauveraaux au Journal de Saint-Quentin
et à M. Vivien, le chimiste bien connu, pour les appréciations publiées au
sujet du fameux engrais saccharogénial dont nos lejtaurs n'ont pas perdu le
souvenir. M. Fauvereaux a été débouté de sa plainte, condamné à 1 franc da
dummages-intérêts (somme demandée par M. Vivien), aux dépens du procès
et à l'inseition du jugement dans huit journauï. M. Vivian a donc gagné
complètement sa cause, qui était celle de la science agricole.
— M. Courantin, membre de la Société d'horticulture de la Charente,
vient d'obtenir un Cyclamen persicum à fleur double. L'an dernier l'obtention
de pareilles plantes a été signalée dans plusieurs tndrjits, notamment à
Rouen.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Ljon — Impr. du Salui Public. — Hellon, 33, rue de la Ki'i'Ubliquc, 33.
1886 AOUT N» 15
tfOnAAMMMMntfWMW^^MAtfttftM
"VIS
L'Association Plorticole Lyonnaise a riionneur d'informer les
personnes qui désirent prendre part à l'Exposition d'iiorticulture et
de viticulture, ainsi que des objets d'art ou d'industrie s'y ratta-
chant, qu'elles trouveront des Prog-rammes chez M. J. JacQUiER,
trésorier de la Société, 8, quai des Céleslins.
L'Exposition se tiendra à Lyon, sur le Cours du Midi, à
Perrache, du 9 au 13 septembre prochain.
— Nous rappelons aux Exposants que les demandes relatives à
l'exposition des objets d'art ou d'industrie de grande dimension,
tels que kiosques, chalets, serres, barrières, etc., devront être
parvenues au Secrétariat avant le 25 août courant. Les autres
demandes seront reçues jusqu'au 1" septembre.
— Le Secrétaire général de l'Association prie instamment ceux
de ses collègues qui ont le dessein de prendre part à l'exposition
de ne pas attendre au dernier moment pour se faire inscrire. En
cédant à cette prière ils faciliteront singulièrement l'organisation
de l'Exposition.
CHRONIQUE
Terre de bruyère. — On se fait généralement, en horticulture,
beaucoup d'illusions sur la fertilité de la terre de bruyère. Parce
que cette substance est indispensable au développement de quel-
ques espèces, on en conclut souvent qu'elle doit convenir à toutes
les espèces. Cette conclusion constitue, à mon avis, une déplorable
erreur de culture, qui aide singulièrement à vider la poche des
jardiniers.
Cette excellente réputation de la terre de bruyère court les rues,
et on rencontre de très braves gens, d'honnêtes bourgeois, ama-
teurs de Flore et Pomone, qui ne se gênent pas pour affirmer,
l'ayant entendu dire aux gens du métier, que l'absence de terre de
bruyère dans un compost est la cause directe, principale, unique,
qui empêche la germination des graines, celle qui paralyse l'émis-
— 354 —
sion des racines chez les boutures et, s'ils osaient, ils ajouteraient :
celle qui cause la mort de plantes très robustes.
Jean-Claude, brave garçon, un peu naïf, vint nie trouver un
jour, portant un petit sac sous le bras, pour que je le lui emplisse
de terre de bruyère,
— J'ai semé, me dit-il, des Pétunias sur ma fenêtre, qui ne
veulent pas germer.
— Et tu penses que la terre de bruyère les fera germer ?
— J'en suis sûr, la fruitière d'en bas me l'a dit.
— Ah ! Et d'où le sait-elle, la fruitière ?
— Elle le tient d'un jardinier qui cherche la rose bleue et espère
la trouver.
Vous comprenez, amis lecteurs, que devant les autorités réunies
d'une fruitière et d'un jardinier qui espère trouver la rose bleue,
il ne me restait plus qu'à remplir le petit sac.
— Va, Jean- Claude, lui dis-je, va semer tes Pétunias mainte-
nant; mais n'oublie pas de faire ton semis en jeune lune ; évite un
vendredi et surtout le 13; va, Jean-Claude, mon ami, va semer
tes Pétunias.
J'eus un remords quand il fut parti, je le rappelais :
— Surtout sème clair, recouvre très peu les graines et tient
frais.
A quelque temps de là, je le rencontrais; il était rayonnant :
ses Pétunias étaient superbes. Une terre si noire! une terre si
douce! me dit-il, rien ne pouvait y résister.
Les jardiniers, je parle de quelques-uns seulement, ne sauraient
justifier autrement que Jean-Claude , l'emploi de la terre de
bruyère dans certaines culture*. Ils la trouvent douce, noire ou
chocolat, et si celui qui a fait leur éducation horticole n'espère
pas trouver la rose bleue, cela ne change rien à leur raisonnement.
Ne leur demandez pas d'explication plausible, convaincante, car
ils vous répondraient comme Jean-Claude : Elle est si douce ! elle
est si noire! heureux s'ils n'ajoutent pas : Elle est si bonne! elle
coûte .«■ citer! Douce, noire, bonne et chère; que diable voulez-vous
répondre à cela? C'est la tarte à la crème. Terre de bruyère, c'est
comme jambon de Mayence, moutarde de Dijon, artichauts de
Laon, drap d'Elbeuf et bonbons à la vanille. Il faut en rabattre,
cependant, et je suis d'avis que beaucoup de mes confrères feraient
bien de mettre une sourdine à leur enthousiasme pour cette subs-
tance.
Nous pubhons plus loin, à ce propos, une petite note malheu-
reusement fort incomplète, dans le but d'attirer l'attention des
horticulteurs sur ce sujet, qui demande à être étudié d'une manière
toute spécale.
— 355 —
Tavelure des Poires. — On signale de plusieurs côtés l'emploi du
pol^'sulfure de potassium pour combattre la tavelure des poires.
Cette tavelure, produite par un champignon parasite, arrête le
développement des fruits, qui se gercent, se crevassent et ne par-
viennent pas à maturité.
M. Vigan, du Havre, emploie le sulfure de potassium à la dose
de 25 à 30 grammes par litre d'eau. Il asperge, avec cette solu-
tion, les arbres qui sont attaqués par la tavelure. Par l'application
en temps opportun de cette substance ainsi diluée, le champignon
meurt rapidement et la peau du fruit répare bien vite sa substance
un instant frappée d'atonie.
On conseille également l'emploi de la même substance pour
combattre l'oïdium.
On trouve le sulfure de potassium chez tous les droguistes.
Il sert à préparer les bains de Barège artificiels.
On peut, au besoin, préparer le polysulfure de potassium en
faisant bouillir de la potasse avec un excès de soufre. Ou bien
encore en fondant ensemble un mélange de lissieux sec (carbonate
de potasse), de soufre et de charbon. Le polysulfure de potassium
est composé de soufre (67,16) et de potassium (32,84). Il est très
soluble dans l'eau. C'est un sel difficile à conserver pur.
Fil de plomb pour greffage. — M. Abel Myard, amateur àChâlon,
a décidément l'esprit inventif. Après avoir imaginé le pot à double
fond, qui peut rendre de grands services, il produit un instrument
« à fabriquer les bouquets » . Aujourd'hui, il signale le fd de plomb
comme pouvant remplacer la laine dans le gi'otïage des rosiers. Je
crois que le procédé en question n'entrera pas dans le domaine de
la pratique habituelle. Le plomb est trop lourd et trop cher. La
laine, on en emploie les rognures. A défaut de laine, le raphia est
excellent. A défaut de raphia on peut employer les feuilles de
massette, de rubanier, de joncs, etc. Mais il est toujours bon de
savoir qu'un métal peut remplacer une matière textile dans la
greffe des rosiers.
Bouturage des espèces dures à s'enraciner. — U American agrirul-
turisi recommande un procédé de bouturage bien connu, mais qui
fi'est cependant pas très fréquemment employé. J'en ai fait usage
dans plusieurs cas difficiles et je m'en suis bien trouvé. Ce procédé
consiste à casser le rameau de la bouture de manière à no pas le
détacher complètement de la plante-mère. Soutenus seulement par
un lambeau d'écorce et quelques fibres ligneuses, les rameaux ainsi
cassés ne tardent pas à émettre un bourrelet. Quand ce bourrelet
— 356 —
est obtenu, on détache complètement le rameau-bouture qu'on
traite comme une simple bouture.
Je ne conseille l'emploi de ce mode de bouturage que pour les
plantes difficiles à la reprise.
Un autre système à employer dans les mômes cas, consiste à
faire d'abord sur le rameau à bouturer une incision longitudinale,
assez profonde, analogue à celle qu'on pratique dans les marcot-
tages. On glisse entre les parties incisées une feuille de papier, un
lien de laine ou de raphia, ou de toute autre substance inerte qui
empêche les parties incisées de se ressouder et de se briser. Au
bout de quelques jours, il se produit un bourrelet à l'endroit incisé.
On détache alors la bouture du rameau et on la traite comme à
l'ordinaire.
On peut encore beaucoup plus simplement obtenir un excellent
résidiat en pratiquant une ligature solide avec un fil de fer de très
petit calibre sur les rameaux à bouturer. Quand la partie supérieure
du rameau ainsi ligaturée est plus grosse que la partie inférieure
et que les feuilles commencent à prendre une teinte blonde, on
coupe le susdit rameau au-dessous de la ligature et on le plante
comme s'il n'avait pas été hgaturé.
Comice agricole de Lyon. — Le Comice agricole de Ly(>n vient
de publier le programme du Concours qui aura lieu le dimanche
22 courant à Neuville-sur-Saùne. Cette réunion annuelle paraît
devoir être très intéressante. Le Comice y distribuera de nom-
breuses primes. Pour terminer la fête un repas commun réunira
tous les membres de Comice. Les membres du bureau du Comice
sont MM. H. Chassaignon, président, Mas, J., vice-président,
Joannard, trésorier, E. Bourgeois, secrétaire général. Baron, se-
crétaire archiviste, Fayolle G., Gonin E., Jacquemin J., Ri-
voire M., conseillers.
Conservation des prunes. — Je trouve dans le Jardinier suisse^ un
procédé qu'il signale pour conserver les prunes fraîches, notam-
ment les Reine-Claude, pendant deux ou trois im'-'^. « On les
cueille un peu avant la maturité et après les avoir exposées un peu
à l'air et qu'elles sont bien sèches, on les enveloppe avec un papier
doux et fin, qu'on nomme vulgairement papier de soie, et on les
met dans un endroit fermé à l'abri de l'humidité, un tiroir, une
caisse, une armoire, etc. Lorsqu'on les retire dans le courant de
l'automne, leur aspect est un peu défraîchie mais elles n'en sont
pas moins sucrées et excellentes » .
Le procédé est si aisé à mettre en pratique et colite si peu qu'il
faudrait être absolument insensible à tout progrès pour ne pas
l'essajer.
— 357 —
Fcgèlalion souterraine. — Un de mes amis cueille dans un journal
habituellement sérieux, la phrase suivante extraite d'un article sur
Vcxploilalion des mines à travers les âges :
«Les savants qui ont retrouvé ce8 travaux abandonnés depuis plus de mille
ans y ont pénétré par un puits vertical de 20 métras de profondaur. Après
avoir débouché l'entrée d'une gali?rie latérale descendant en plan incliné, et
dont la long-ueur était d'environ 80 mètres, ils arrivèrent à une excavation
ayant de 40 à 50 mètres d'élévation, et dans laquelle les captifs -Assujettis au
travail souterrain avaient fait un séjour prolongé ».
a Tout le sol que le pas des galériens et des ar^ousins romains avait si
souvent foulé était couvert de gazon du plus merveilleux aspect (!) où une
flore gracieuse et délicate (!!'> avait prodigué ses merveilles loin de la
lumière du jour (!!!) ».
Eh ! mon Dieu, pourquoi pas ? On a bien prétendu que des pê-
cheurs palermitains avaient, autrefois, en jetant leurs filets dans la
baie de Girgenti, retiré deux savants en habits noirs qui se trou-
vaient là depuis huit jours. L'un deux avait le visage couvert d'une
production végétale de deux mètres de longueur très voisine de
VUsnea barbata, mais qu'on dénomma plus tard Anlhropothricus sicu-
lus. Et ces savants vivaient ! et les plantes aussi ! ! C'est comme le
gazon à l'autre 1 ! !
Le pr^uplier du pont Royal. — Nous lisons dans un journal de
Paris la note suivante :
Tous les Parisiens ont remarqué le peuplier gigantesque, aux
racines dénudées, qui s'élevait au Pont Royal, à droite de l'entrée
de la rue du Bac, devant le café d'Orsay.
C'était le plus beau des arbres qui ombrageaient jadis les deux
rives du fleuve, et que la construction des quais avait épargnés.
La nuit dernière, à trois heures et quart du matin, le peuplier,
miné lentement par les eaux, s'est écroulé dans le fleuve avec des
craquements sinistres, qui ont fait croire aux gens du quartier
qu'une maison s'eflfrondrait.
Aujourd'hui, le service des ponts et chaussées a lancé sur
cet antique débris une armée de travailleurs qui cherchent à débar-
rasser l'arche du pont de l'énorme obstacle. Une foule de curieux
suivent l'opération du haut du pont Royal.
Le peuplier va aller rejoindre, chez les marchands de bois les
débris de la frégate qu'il ombragea si longtemps.
L'arbre le plus vieux, sinon le plus grand, qui reste sur les rives
de la Seine, dans la traversée de Paris, après celui qui vient de
s'écrouler, est un vieux saule encastré auprès du pont Notre-Dame,
non loin de la maison qu'habilJiit Abeilard, dont le séjour est
rappelé par une plaque en marbre. V. V.-M.
— 358 —
Une machine à fabriquer les bouquets.
Voici, dit le Courrier de Saône-el- Loire, une invention des plus
simples et qui est appelée à rendre de grands services à l'industrie
des tleuristes.
Faire deux ou trois bouquets à la main, pour les personnes du
métier, ce n'est qu'un jeu ; mais, par exemple, lorsqu'il s'agit d'en
préparer un très grand nombre pour une noce, pour une soirée,
pour une fête de saint dont le patronage est très répandu, les
Jean, les Pierre, les Marie, etc., le jeu devient un travail des plus
fatigants. Et il n'est pas rare de voir les fleuristes les plus experts
avoir les bras éreintés et les mains coupées par la ficelle.
Si, au contraire, vous avez devant vous une machine qui vous
permette de faire votre bouquet aussi vite, sinon plus vite qu'à la
main, sans fatigue et sans écorchure, il est certain que cette ma-
chine sera vivement appréciée au jour des commandes nombreuses
et pressées.
C'est un problème que vient de résoudre un de nos compatriotes,
qui est en même temps un de nos horticulteurs les plus distingués,
M. Abel Myard.
Nous avons vu hier fonctionner sa bouquetière mécanique pour
laquelle, du reste, il a pris un brevet ; et nous avons été étonné du
résultat obtenu, car le premier venu, doué d'un peu de goût, peut
au bout de quelques minutes monter un bouquet avec autant de
régularité dans la forme que la plus habile bouquetière.
Voici en quelques lignes la description sommaire de l'instru-
ment :
Il se compose d'une petite tablette en bois ou en fonte, sur la-
quelle sont disposées deux petites figes montantes en acier, d'une
hauteur de 50 à 60 centimètres. Ces deux tiges présentent un
écartement entre elles de 35 centimètres. Elles sont reliées à la
partie supérieure par une tige de fer, qui donne à l'ensemble l'as-
pect d'un portique de gymnastique en miniature.
L'une des tiges montantes porte une grosse bobine, sur laquelle
est enroulé le fil; l'autre est percée de trous à diverses hauteurs,
daas lesquels passe une broche que l'on peut placer plus ou moins
haut, suivant la hauteur à donner au bouquet. Cette tige est le
pivot, l'axe même, autour duquel vont se ranger les fleurs; elle
est mobile et présente à sa partie inférieure un petit pignon arrêté
par un cliquet.
Le fil de la bobine est rattaché à cette tige, et après avoir placé
la fleur contre cette dernière, d'un simple mouvement des doigts
elle tourne et la queue de la fleur est prise par le fil et fixée. Le
359
cliquet maintient la tension du fil, qui est aussi forte que l'on veut
et empêche la tige mobile de revenir sur elle-même.
Pour continuer le bomiuet, on n'a plus qu'à apporter chaque
fleur, l'une après l'autre, auprès de sa voisine, en la fixant comme
la première.
La machine est posée sur uae table devant l'opérateur, qui a son
bouquet vertical devant lui et les mains absolument libres.
Pour varier la forme du bouquet, sur la tige supérieure glisse à
volonté une autre petite tige verticale qui retient un ressort plat
en acier, fixé au sommet de la tige d'axe. Ce ressort, qui prend
toutes les courbes possibles, donne le gabarit du bouquet; avec
son aide, vous pouvez donner à celui-ci la forme que vous voulez :
ronde, pyramidale, ovoïde, etc.
Une fois le bouquet terminé, vous enlevez la broche fixée au
centre du bouquet, puis vous retirez simplement la tige d'axe, et
le travail est fini.
L'invention de M. Myard permet d'exécuter des bouquets de
toutes les dimensions; en effet, les deux tiges étant espacées de
3.5 centimètres, on peut donner à son bouquet jusqu'à 70 centi-
mètres de diamètre, ce qui dépasse les mesures ordinaires.
Du reste, il suffirait d'écarter davantage les deux tiges mon-
tantes dans un modèle spécial pour atteindre toutes les dimensions
possibles.
La bouquetière de M. Myard est, on peut le dire, une invention
des plus utiles et des plus ingénieuses.
Rapport sur rExposition de Dijon, 29 mai 1886.
Le 29 mai dernier la Société d'horticulture de Dijon inaugurait
l'exposition qu'elle avait organisée de concert avec le concours
régional qui avait lieu dans cette ville du 29 mai au 6 juin.
L'emplacement choisi était l'avenue du Parc à Dijon, déjà fort
belle de son naturel. Cette avenue en ligne droite, au bout de
laquelle on aperçoit une gerbe d'eau ainsi que ses rangées d'arbres
multiples à droite et à gauche, rappelle en petit les belles avenues
de Versailles. Une partie de la place et l'entrée de l'avenue en ques-
tion avait été cédée à la Société d'horticulture pour y installer son
exposition.
Cet emplacement avait été confié aux soins de M. Franoy, ar-
chitecte paysagiste à Dijon, qui, pour la circonstance, l'avait trans-
formé en un jardin très coquet dans lequel rien n'avait été oublié :
chaumière, rocaille, rivière, pont rustique etc. Tout en ménageant
l'elïet décoratif de ce jardin, M. Franoy avait tenu à rendre l'accès
— 360 —
facile à tous les lots, ce qui est très agréable aux visiteurs et aux
exposants.
Le jury a décerné à M. Franoy deux médailles de vermeil, l'une
pour ses travaux de jardin, l'autre, offert') par la ville de Dijon,
pour chaumière et rocaille.
Au fond du jardin, deux tentes étaient installées pour recevoir
les plantes de serre et les bouquets. Si les abords extérieurs des
lots installés dans le jardin étaient faciles, je n'en dirai pas autant
de ceux installés dans les tentes susdites, qui étaient défectueuses
comme éclairage et espace disponible. C'est une fâcheuse
circonstance pour les produits qui avaient la malechance de
s'y trouver, car ils étaient beaux et en très grand nombre. Le di-
manche ilyavait une telle afHuence de visiteurs qu'une (ois engagé
il fallait attendre son tour pour en sortir; prendre des notes, il ne
fallait pas y songer.
En entrant en fonction il a été remis à chacun des jurés un pro-
gramme indiquant les récompenses qui étaient à la disposition du
jury, ainsi qu'un petit cahier correspondant au programme, nous
n'avions qu'à ajouter le n" d'ordre et la récompense à chaque lot.
Cette façon de procéder est très expéditive.
M. Henri Jacototfils prenait part à 28 concours, ce qui lui a valu
le grand prix d'honneur; une médaille d'or pour le lot d'ensemble
de plantes de serre, cinq de vermeils, pour Fougères exotiques,
Orchidées, plantes à feuillages panachés, Azalées indiennes et Ro-
siers; vingt et une d'argent et une de bronze pour différents lots.
M. Stetfen-Blonde a obtenu, pour le lot d'ensemble de plantes
de serre, la médaille d'or offerte par la ville de Dijon, trois mé-
dailles de vermeil pour ses lots Bégonia rex, Caladium amazonium,
plantes à mosaïque, ainsi que sept d'argent.
Le concours de bouquets montés, coiffures de bal et garnitures
était vivement disputé.
M""-" Henry-Jacotot fils a obtenu le prix d'honneur, médaille d'or
offerte par M. Lévèque, président de la société.
M"'" Steffen-Blonde, vermeil grand module, offerte par M. le
Ministre des finances.
M""" Paul Olivier, vermeil grand module, offerte par M. Bau-
din, secrétaire général de la Société.
M'"" Hubert Pingeon, vermeil grand module, offerte par M. Jo-
bert, vice-président de la Société.
Tous ces lots méritaient des éloges.
M. Viennot, pour son lot d'ensemble de rosiers fleuris a obtenu
le prix d'honneur , médaille d'or offerte par M. le Ministre de
l'agriculture, une d'argent pour vingt-cinq variétés de choix de
— 361 —
rosiers fleuris ; pour ses roses coupées : médaille de vermeil et un
objet d'art offert par le président de la Commission d'organisation.
Trois médailles vermeil pour arbres formés, plantes à feuilles
persistantes et un lot de Conifères, ainsi qu'une médaille argent
pour un lot de 20 plantes les mieux cultivées.
M. Paul Olivier, pour son lot d'ensemble de rosiers fleuris, une
médaille de vermeil ; pour roses coupées, argent ; lot d'ensemble
de plantes de serre, argent 1'" classe; Pelargonium peltatum, ar-
gent; Conifères, argent l'" classe et une de bronze pour des Iris.
M. Loisier, pour les Conifères, a eu la médaille d'or; de même,
pour lot d'ensemble de rosiers, médaille d'or ; pour arbres formés,
médaille d'argent ; arbustes à feuilles persistantes, médaille d'ar-
gent.
M""" Hubert-Pingeon, pour lot d'ensemble de plantes de serre,
une médaille de vermeil grand module offerte par la ville de Dijon.
M. Gonot, pour le même lot que le précédent obtient une mé-
daille d'argent de V classe.
Les légumes étaient aussi en abondance. La Société d'horticul-
ture de Dôle a obtenu pour lot d'ensemble un diplôme d'honneur.
M. Perrot, jardinier au Castel, à Dijon, une médaille d'or.
M. Gonot, jardinier chez M. Jobard, propriétaire à Dijon, mé-
daille de vermeil.
Une médaille de vermeil à M. Tisserand-NicoUe à Varennes-les-
Ruffey pour ses asperges.
De même, pour asperges une médaille d'argent de la ville de
Dijon à M, Remondet, propriétaire à Sassenay (Saône-et-Loire), et
enfin une d'argent à M. Bard à Marsanay-la-Cùte.
Lyon, le 24 juillet 1886. F. GaULAIN.
Jardins Japonais
Ce qui m'a surtout frappé dans mes voyages en Europe, c'est la
différence qui existe entre les jardins que j'y ai vus et ceux du
Japon.
Je pense que cette question peut vous intéresser, aussi je vous
envoie ci-joint une petite aquarelle représentant le jardin d'un
de nos Daïmios.
Il y a au Japon deux sortes de jardins: les uns, jardins de bour-
geois, ne contiennent que des fleurs et quelques arbres et arbustes
qui croissent en liberté; les autres, jardins des princes, jardins où
s'élèvent les temples, jardins publics des villes, sont des réductions
de sites qu'on rencontre dans la nature. On y trouve toujours de
l'eau, lacs, cascades, ruisseaux; mais jamais de jets d'eau; les ar-
bres y sont taillés à chaque printemps, excepté ceux qui bornent
— 362 —
l'horizon, encore les taille-t-on quelquefois d'une manière parti-
culière .
Chez vous, il faut des années pour se créer un jardin ; chez nous
deux mois suffisent. Nous allons trouver un grand dessinateur qui
nous montre, non des plans comme ceux de vos jardiniers européens
mais, des aquarelles analogues à celle-ci, représentant le jardin vu
des fenêtres ou pour mieux dire des côtés ouverts de nos salons qui
s'ouvrent comme vous savez, entièrement sur deux côtés et demi.
On choisit, et unjardinier habile sous la surveillance du dessinateur
vous crée votre jardin. La tâche lui est facile: car on trouve chez
les arboriculteurs des arbres de toutes grandeurs et de toutes for-
mes, pouvant se transplanter sans aucun danger. Au bout de quel-
ques mois, comme je vous l'ai dit, le jardin est donc créé et
son aspect général ne changera pas grâce aux tailles du printemps.
L'horizon, comme vous le voyez, est borné par de grands arbres.
A cet effet on mélange des arbres à feuilles persistantes et des ar-
bres à feuilles caduques ; parmi ces derniers ont met beaucoup d'éra-
bles du Japon, dont les feuilles prennent, les uns au printemps, les
autres en automne, une teinte rouge qui se marie très bien au vert
sombre des résineux.
Ces espèces de piliers situés au-dessous des grands arbres sont
des pieux supportant des treillis de bambou. On fait grimper autour
de ces pieux des plantes de glycine qui s'enchevêtrent dans le treil-
lage. Au printemps, lorsque les grappes de fleurs lilas retombent
sous cette sorte de galerie de verdure et qu'elles sont balancées
par le vent l'effet est fort joli. C'est à cette époque de l'année
qu'on vient dîner ou prendre le thé en cet endroit.
Ces grands arbres tortus sont des pins taillés et tordus à dessein
par les jardiniers; cette longue branche qui s'avance supportée par
un pieu sur les eaux du lac est très gracieuse.
Sur quelques-uns de ces pins sont placées des plantes retom-
bantes, ainsi que vous pouvez le voir sur celui qui s'avance au-
dessus du pont. Ce pont est formé de deux demi-ponts de pierre
dont les extrémités viennent se poser à côté l'une de l'autre sur
une traverse maintenue par des pieux.
Les trois petites constructions de granit qui chez nous rempla-
cent les statues de vos jardins, sont destinées à contenir des lam-
pes. On les nomme Yukimi-doro (littéralement lumière pour la
neige), parce qu'on y allume des lampes quand on veut jouir des
effets de neige pendant les belles nuits d'hiver. Elles ont encore
leur utilité en été quand on reçoit, on allume les lampes des Yukimi-
doro, quelque temps avant celles du salon; les insectes s'y portent
et ne pénètrent pas dans le salon où on se tient
363 —
<
».
a.
c"
a
o
B
— 364 —
Les rivages du lac sont couverts de petites prairies de massifs
d'azalées à fleurs rouges, de houx, d'ifs, de chênes verts et autres
arbres à feuillage persistant.
Comme vous le remarquerez, nous n'avons, dans ces sortes de
jardins, d'autres fleurs que celle des arbres et des arbustes.
Il y a sur les bords de l'eau, dans l'eau, mélangées aux massifs et
le long de la cascade qui est à droite du croquis, des roches dont
les formes, les couleurs sont toujours mélangées avec beaucoup
d'art afin de produire à l'œil le plus bel effet possible. Le prix
d'achat de ces roches gris violet, vert clair, et rouges blanches dé-
passe toujours celui des arbres qui entrent dans la composition du
jardin.
Vous aurez, j'espère, une idée de ces sortes de jardins quand je
vous aurai dit qu'ils sont séparés de la maison par un très large
espace vide. Takasima.
Note sur la Terre de Bruyère.
Je ne sais plus qui a défini Y lioriicuUure de la manière suivante :
» C'est à la fois une science, un art et un métier. »
A coup sûr, c'était un horticulteur qui tenait à ennoblir sa pro-
fession; car, si l'horticulture est une science, il faut avouer que
c'est une science à l'état embryonnaire, une science qui en
est encore à l'âge des couteaux en silex taillé.
Et je le prouve :
Il y a une substance qu'on appelle terre de bruyère, qui coûte fort'
cher, qu'on use en grande quantité, et qu'on ne connaît pas.
Cela paraît fort, mais c'est ainsi.
De cette terre de bruyère, qui est indispensable à l'alimentation
des plantes de quelques familles, il y en a presque autant de qua-
lités que de pays de production : il y en a de bonne, de médiocre,
de très bonne, de passable et de mauvaise. On en trouve en Bel-
gique, dans l'Anjou, à Fontainebleau, à Meudon, à Vaugneray, à
Pont-de-Vaux, et en général dans tous les pays granitiques. Ce
qu'il y a de curieux, c'est que les qualités de chacune de ces terres
sont diversement appréciées. Tel praticien trouve celle d'un lieu
quelconque excellente, tandis que son voisin est loin d'en vanter
la qualité. Ne demandez pas à ces praticiens sur quelle base scien-
tifique ils s'appuient pour justifier leur préférence, car ils vous
répondraient en chœur :
« C'est mon opinion. »
L'opinion de Pierre n'est pas celle de Paul, pas plus que celle
de Jean-Jacques n'était celle d'Arouet. En fait d'opinion, il y en a
presque autant que d'individus. Et, ce qu'il y a de curieux, c'est
— 365 —
qu'au fond celui qui n'estime pas beaucoup la terre que son voisin
trouve excellente, a de bonnes raisons pour cela et prouverait au
besoin par un raisonnement en règle, que lui seul apprécie exacte-
ment la qualité de cette terre. 11 est vrai que l'autre, par une
démonstration longuement motivée, réfuterait cette argumentation
fantaisiste et prouverait à son tour comme deux et deux font trois,
que son voisin est un âne bâté.
Ce que je dis là est plus vrai qu'on ne pense.
Les qualités variables des terres de bruyère proviennent de la
diversité de leurs compositions chimiques et de leurs états physi-
ques.
Les différences d'appréciation de ces qualités par les praticiens
ont pour cause, ou des cultures d'espèces différentes, ou pour les
mêmes espèces, une façon différente de cultiver. Exemple : le
camellia se plaît il mieux que le rhododendron dans une terre don-
née? Cela fait dire au cultivateur des camellias que la terre qu'il
emploie est bonne. Le cultivateur de rhododendrons répond qu'elle
est exécrable. Ils ont raison tous les deux.
Si par hasard deux praticiens cultivent la même espèce dans une
terre pareille, il pourra encore se produire des opinions divergentes.
La terre est-elle poreuse ? Celui qui arrose beaucoup obtiendra de
bons résultats? celui qui arrose peu se plaindra amèrement. Ce
sera l'inverse qui aura lieu si la terre est tourbeuse à l'excès...
On peut classer toutes les terres en deux grandes catégories :
les terres à base minérale et les terres à base organique.
La terre de bruyère, la terre de saule, le terreau de feuilles, le
terreau de fumier, la terre des marais, etc., etc , sont des terres à
base organique,
La terre de bruyère est formée par l'accumulation lente des dé-
bris des végétaux, principalement ceux des bruyères, mousses et
lichens. A ces débris composés de feuilles, rameaux et racines,
viennent s'ajouter les poussières et les sables mouvants apportés
par le vent ou entraînés par les eaux.
Les débris organiques se décomposent, les uns très lentement,
les autres plus ou moins vite et se transforment en humus.
On ne trouve en abondance les terres de bruyère que dans les
terrains sihceux ou argilo-siliceux. En général, leurs gisements
caractérisent les sols les plus infertiles.
Les terres de bruyères ont une composition chimique qui accuse
toujours à peu près les mêmes éléments, mais en quantité très
variable.
Cette variation de composition influe nécessairement sur leurs
propriétés physiques.
366
On ne possède pas encore une série d'analyses chimiques des
diiférentes sortes de terre de bruyère, et cela est infiniment regret-
table. Si ces analyses existaient, il serait facile de juger de la
valeur de chacune d'elles et les cultivateurs pourraient, dans beau-
coup de cas, fabriquer leurs compost d'une manière rationnelle, ce
qui n'est guère possible actuellement.
Cependant Payen a donné les résultats de l'analyse de la terre
de bruyère de Meudon, dans laquelle il a trouvé :
Sable siliceux, 62.
Humus, 16,
Débris végétaux, 20.
Carbonate de chaux, 0,10.
Matière soluble dans l'eau, 1 ,90.
Si on examine les chitfres de cette analyse, la première chose
qui frappe, c'est la quantité relaiivement considérable de sable
qu'elle indique, tandis que l'humus n'est représenté que par un
sixième du poids total.
On est également étonné de voir le carbonate de chaux, subs-
tance très importante, n'entrer dans la susdite composition que dans
la proportion de un millième.
A.vant d'étudier séparément, au poiat de vu^ chimique, les diffé-
rents corps qui entrent dans la composition des terres de bruyère,
il est bon de jeter un coup d'œil sur leurs propriétés physiques en
général, car sauf pour une catégorie toute spéciale d'espèces, les
terres de bruj'ère entrent surtout dans les cultures en mélange
dans les compost, dont elles modifient la ténacité, le pouvoir hygro-
métrique, la densité, etc.
La terre de bruyère parfaitement sèche a une densité inférieure
à l'eau et se laisse, dans cet état, difficilement mouiller.
L'humus qui entre dans sa composition est au som.met de l'échelle
des terres pour sa faculté d'imbibition. L'humus retient l'eau et ne
la laisse évaporer que très lentement. Il possède également un
pouvoir absorbant qui ne peut être comparé qu'à celui de la ma-
gnésie carbonatée. Par sa couleur noire il possède au plus haut
degré la faculté de fixer le calorique. Quand l'humus est imbibé
d'eau il offre peu de résistance aux racines et les entoure exacte-
ment ; par la dessiccation son retrait est peu considérable. En ré-
sumé, l'humus possède à un très haut degré un ensemble de quali-
tés physiques éminemment propres à la circulation de l'eau et des
gaz si nécessaires à la végétation.
Le sable au contraire conserve peu l'humidité et n'a aucune
cohésion, mais en vertu même de ses propriétés, il atténue celles
que l'humus possède à un si haut degré.
— 367 —
On est donc en droit de conclure que les terres de bruyère, quand
l'humus et le sable qui les composent sont mêlés dans de bonnes
proportions, constituent un excellent support très favorable aux fonc-
tions des racines.
Les matières végétales, bois et racines mortes, qui se trouvent
dans la terre de bruyère de Meudon dans la proportion de 20 0/0
et dans d'autres terres , notamment dans celle de Vaugneray
(Rhône), dans une proportion beaucoup plus considérable, sont
quelquefois éliminées au- moyen du criblage par des praticiens
maladroits. Ces matières végétales doivent être battues, concas-
sées et incorporées au reste. Ce sont ces matières qui entretiennent
la production de l'humus ; elles sont également une source très
importante d'acide carbonique. Les terres chez lesquelles les ma-
tières végétales en voie de décomposition dépassent une certaine
proportion ne conviennent pas aussi bien à la culture des vraies
plantes dites de terre de bruyère, que celles où la proportion en est
moins élevée, mais elles sont supérieures à toutes les autres pour
faire partie des compost où les terres à base minérale entrent pour
une grande proportion.
Au point de vue physique les susdites matières végétales empê-
chent la stagnation de l'eau dans les particules terreuses et les
garantissent contre un tassement exagéré. Tout en servant de
moyen de drainage, comme elles sont avides d'humidité, elles peu-
vent être considérées comme un important réservoir d'eau qu'elles
ne cèdent aux matières minérales terreuses que peu à peu et seule-
ment quand celles-ci sont desséchées.
Malheureusement les qualités chimiques des terres de bruyère
■ ne répondent pas à leurs qualités physiques. Ce sont des terres très
peu fertiles, parce qu'il leur manque un certain nombre d'éléments
indispensables d'alimentation aux neuf dixièmes des plantes. La
végétation qui se montre dans ces sortes de terre est chétive et
rabougrie. L'herbe y vient courte; les arbuscules y restent petits.
Si on en excepte les plantes de quelques rares familles, telles que
les Erica, Faccinium, Àndromeda, Saxifraga, etc., la plupart des
végétaux ne se comportent pas bien dans ces sortes de terre. C'est
un fait incontestable.
On voit donc que si l'introduction de terre de bruyère dans les
composts est une excellente chose considérée au point de vue phy-
sique, c'est-à-dire pour les rendre doux, humides ei élastiques, il
ne faut point en abuser toutes les fois qu'on voudra obtenir une
végétation luxuriante.
Dans les composts où la terre de bruyère domine, il faut faire
entrer des engrais complets. Les seules matières azotées ne suffi-
sent pas. Quand les engrais employés dans ces sortes de compost
~ 368 —
ne contiennent pas les minéraux nécessaires à la constitulion des
plantes qu'on y cultive, celles-ci y poussent quelquefois vigoureu-
sement d'abord, irop vigoureusement même, mais venues dans ces
conditions anormales leur existence est de courte durée.
L'élément chimique, le plus important des terres de bruyère est
sans contredit l'humus.
L'humus, ainsi que les matières végétales en voie de décomposi-
tion lente qui le produisem., est une source inépuisable d'acide car-
bonique, un producteur important de carbone, cet clément principal
qui constitue le squelette végétal.
{A suivre) V. V.-M.
Le Vin de Raisins secs.
Le ralentissement continu de la production des vins, depuis
quelques années, a donné naissance à une industrie nouvelle qui a
atteint, depuis 1880, un grand développement. Nous voulons par-
ler de la fabrication des vins de raisins secs.
Si nous en croyons le Blessager de Paris, l'outillage et la manipu-
lation qu'exige cette fabrication sont des plus simples. D'un autre
côté, les taxes fiscales perçues sur les produits sont très peu éle-
vées. Le plus souvent même, les fabrications échappent à tout
impôt. Il n'en faut pas davantage pour expliquer la faveur que
cette industrie a prise et qu'elle conservera aussi longtemps que la
législation fiscale lui assurera un régime exceptionnel.
Quelques chiffres vont faire juger du progrès de la fabrication
actuelle : ils sont fournis par les quantités de raisins secs importés
en France :
« Si l'on remonte à l'époque à laquelle la fabrication des vins
de raisins secs était à peu près inconnue et où le fruit n'était
demandé que pour les préparations de cuisine ou des desserts de
table, on constate que les importations réunies de tous les pays de
provenance étrangère s'élevaient en moyenne par année à 7 ou
8 millions de kilogrammes.
« Ces chifïres ont considérablement augmenté à partir de l'in-
vasion du phylloxéra. Ils s'étaient élevés, en 1880, à 77 millions
de kilogrammes. Depuis lors, ces importations ont peu varié. Elles
étaient, l'année dernière, de 65 millions de kilogrammes.
« D'après les rendements de l'industrie, on considère que les
raisins secs importés représentent en raisins frais, comme produits
de vendange, une quantité de 270 millions de kilogrammes de rai-
sins frais. Ce qui revient à dire que nous faisons du vin avec
270 millions de kilogrammes de raisins achetés à l'étranger...
— 369 —
« Les raisins secs importés nous viennent principalement de la
Turquie, de l'Espagne, de la Grèce et de l'Italie; c'est la Turquie
qui nous en envoie le plus, puis la Grèce, dont l'importation
annuelle dépasse 30 millions de kilogrammes.
« Ces raisins sont vendus aux fabricants moyennant un prix
moyen de 60 centimes le kilogramme. Malgré le développement
de la consommation, le pris n'a pas varié. Il était même, en 1875,
légèrement supérieur.
« Quant aux droits de douane, ils sont très peu élevés. En
1875, ces droits ne dépassaient pas 30 centimes par 100 kilog.
Ils ont été portés à 6 iv. depuis 1882. Mais c'est là une taxe des
plus modiques, en comparaison du prix de vente du produit fabri-
qué dont le raisin est la base.
« La préparation du vin est très simple et très facile. Il n'y a
pas besoin, pour s'y livrer, d'être un négociant exercé, et le pre-
mier particulier venu peut l'entreprendre.
« Il suffit, d'après les indications fournies par M. Boussingault,
dans un récent rapport adressé au département de l'agriculture,
de jeter le raisin sec dans un tonneau ou un foudre avec de l'eau à
la température de 20 degrés, pour 100 kilogrammes de raisins
secs, on verse 400 kilogrammes d'eau. Quelquefois, on y ajoute
une petite quantité de sucre, afin d'activer la fermentation.
« Cette fermentation se manifeste assez rapidement, et elle se
maintient pendant six à huit jours. Au bout de ce temps, le liquide
est soutiré et le vin est fait. En général, il a une coloration très
peu prononcée : si on veut lui donner l'apparence complète d'un
vin de table, il suffit d'y verser, dans une proportion convenable,
du vin d'Espagne très chargé de couleur.
« La proportion d'alcool que renferme le produit est , en
moyenne, de 7 à 10 degrés. Mais les vins ainsi obtenus ont très
peu de tannin et ne sont pas, par conséquent, d'une longue con-
servation. On doit les consommer de suite.
€ Lorsque le vin de raisins secs est préparé avec soin dans les
conditions précédentes, il peut être obtenu, on le comprend, à un
prix de revient très bas.
« Cent kilogrammes de raisins coûtent, y compris le droit de
douane, 66 francs, et peuvent produire 400 kilogrammes de vin.
En y comprenant les prix de quelques fournitures accessoires,
l'hectolitre revient à 20 fr. au plus. Il est livré au commerce de
détail à un prix plus que double. On voit de suite quelle moyenne
il y a pour le bénéfice de la fabrication. »
— 370 ~
BIBLIOGRAPHIE
Les vignes américaines, leur greffage et leur taille (1).
Il y a livre et livre comme il y a fagot et fagot. En horticul-
ture et en agriculture il y a de bons livres ; ceux-là sont rares ; les
livres médiocres puluUent; les mauvais ne manquent pas. Je n'ai
garde de parler de ceux dont les auteurs se sont bornés à copier le
voisin : je ne saurais où les placer. Aussi je considère comme une
bonne fortune quand j'ai la chance de rencontrer un ouvrage sé-
rieux. J'avoue que je suis difficile et que je ne me laisse pas éblouir
par la magie du style : je cherche autre chose que des fleurs de
rhétorique. Faut-il vous l'avouer ? je préfère un praticien à un sa-
vant pour les livres techniques. Si le praticien donne de temps à
autre quelque entorse à la syntaxe ou écrit pipe avec trois p, il est
rare qu'il outrage le bon sens. Pour moi c'est le principal. Chez le
savant qui veut parler de ce qu'il connaît mal c'est le contraire qui
arrive. Quand le praticien er-t doublé d'un savant, tout est pour le
mieux. C'est le cas pour l'ouvrage intitulé: « Les vignes améri-
caines » dont l'auteur M. F. Sahut vient de faire hommage à l'As-
sociation horticole lyonnaise.
M. Sahut est avant tout horticulteur. Il est de plus vice-prési-
dent de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault,
ce qui indique en quelle estime le tiennent ses concitoyens. Très ins-
truit sur tout ce qui touche à l'horticulture, il connaît parfaitement
la question des vignes américaines. Le premier en compagnie
de M. Planchon, il a découvert le phylloxéra qui fut, d'abord,
comme on sait baptisé Bhiznphis vnstalrix, nom qu'il échangea contre
celui sous lequel il est malheureusement trop connu.
Connaissant la question pour l'avoir étudiée à fond, habitant le
pays même où les essais les plus divers ont été tentés pour la re-
constitution de nos vignobles dévastés , ayant fait une étude spé-
ciale des vignes américaines bien longtemps avant qu'elles eussent
passionné les esprits, M. Sahut ne pouvait que bien parler sur un
pareil sujet. C'est ce qui est arrivé.
Je n'essaierai pas d'analyser les « Vignes américaines » mais
j'en ferai connaître l'esprit général. L'auteur n'est ni un optimiste
qui trouve comme Pangloss, que tout et pour le mieux dans le meil-
leur des mondes, ni un pessimiste qui ne rêve que plaies et bosses :
Il se garde aussi bien de l'engouement irréfléchi que du dénigrement
systématique dont les vignes américaines ont été et sont encore le
(1) Les vij^nes améj'icaines, leur greffage et leur taille par Félix Sahut. un vol.
in-S" lie 536 pages. En -vente chez l'auteur, avenue du Pont-Juvénal, à Montpellier.
— 371 —
sujet. Il juge sainement et raisonnablement les choses, ne s'em-
balle pas, et s'il vante les qualités de certaines variétés c'est tou-
jours avec quelque restriction.
lia parfaitement posé la question. Avec tous les esprits sensés il
a compris que la reconstitution de nos vignobles, soit au moyen de
la grelïe des plants français sur espèces ou variétés américaines,
soit au moyen des producteurs directs, ne devait pas être trop pré-
cipitée si on voulait qu'elle fut durable.
La solution du problème ne sera vraiment définitive que lorsque
(•ha(|ue plant, porte-grelfe ou producteur direct aura trouvé ses
nieillour^îs conditions d'adaption au sol et au climat. C'est l'œuvre
du temps, l'œuvre de chaque province, de chaque canton, de cha-
que commune. Inutile de disserter plus longtemps sur ce sujet. Si
le plant ijue vous vantez dans le Midi ne vaut rien dans l'Est, s'il
préfère le granil à la chaux, craint l'humidité ou la sécheresse, je
serai bien avancé, quand l'ayant planté dans d'autres conditions,
sous un autre climat, je constaterai trois ans après que j'ai perdu
mon temps, mon argent, car ma plantation n'aura pas réussi.
M. Sahut a su faire ressortir tout cela habilement. Ses consi-
dérations sur chaque plant, son étude sur la greffe demandent à
être lues et ceux que la question intéresse ne pourront que gagner
à se procurer l'ouvrage, s'ils ne le possèdent pas déjà.
V. V. M.
lufoi'niatioHS. — La commission d':ir^aQisation du Congrès viticola
national de Bordeaux vient de publier la programme des questions qui y
seront discutée?. Le Congiès so tiendra du 30 août au 3 septembie; il y sera
joint une exposition, qui sera ouverte du 28 aoiit au 5 septembre.
M. Delavil e, grainier-fleuriste , à Paii-î, siyçDalo le Crassula jasminea
comme « une charmante petite plante dont les fleurs blanche', agréablement
odorantes, rappellent celles des jasmins et des Bouvardias, saronttrès bonnes
pour la confection des bouquets. Sa floraison est de longue durée. »
— La Société d'horiicuUure pratique dj Moutreu;l-sou3-Bois (Seine) tien-
dra sa deuxième exposition du 5 au 13 septembre 1886. Quatre-vingt-dix
concours, sans compter les imprévus, sont ouverts à rhorticultare, à l'arbo-
riculture et a l'icdustiie horticole.
— Par arrêté du gouverneur général de l'.'^.lgirie, le concours ouvert en
1884 et 1885, pour l'attribution d'un prix au meilleur procé lé de destruction
de l'altise de la vigne, restera ouvert pendant la campagne 1886. Le prix est
de 5,000 fr. et une médaille d'or.
— La Société d'agriculture de la L'îire organise à Firminy, pour les 21,
22 et 23 août, un grand Concours agricole et horticole. Pour les renseii^ne-
ments, s'adi essor à M. F. Maire. 14, rue St-Louis, à St-Eiienne.
— On annonça que deux vignerons de Garlowitz (Croatie) paraissent avoir
trouvé un moyen pratique de c imbaltrj !o phylloxéra. Il s'agirait simple-
ment di planter au pied des vi^jnes du mais, doit la sub*tance plus tendre
serait préférée par l'insecte. Causez toujours, vignerons croates ! Je vous
écoute, mais je ne vous crois pas.
— M. Ant. Magnin a été nommé professeur de botanique à la Faculté des
sciences de Besançon. Précédemment, il avait été fait officier d'Académie.
Je suis heureux, pour uaa part, de signaler ces deux nominations, cir
M. Ant. Magnin est un savant qui a laissé d'excellents souvenirs à Lyon.
372 —
— Le gouverneur général de l'A-lgèrie vient de prendre un arrêté insti-
tuant un concours pour l'attribution d'un prix de 4,000 fr. et d'une médaille
d'or au meilleur traité sur la culture et l'exploitation de l'alta en Algérie.
Le traité classé second aura une médaille d'argent et un piii de 1,000
francs.
Le concours sera clos le 1" octobre prochain.
— M. Delaunaj, inspecteur des forêts à Bar-sur-Audc, signale l'apparition
de VŒcidium pini da.ns les pineraies de la commune de Bayel. Il paraîtrait
que ce crjtogame attaque surtout les Pins sylvestres. Le Pin d'Autriche jouit,
paraît-il, à cet égard d'une immunité qu'il est bon de signaler.
— M. Cadet, à Montgueux, signale comme plante potagère TAngéliqua
Livêche (Lcvisticftnm officinale), dont les jeunes pousses encore tendres peu-
vent être utilisées à la façon du Céleri.
— M. Bleu (Alfred), secrétaire général de la Société nationale d'horticul-
ture de France, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
— Ont été nommés chealiers du Mérite agricole : M\L Ossaye, président
de la Société d'horticulture du Puy-de-Dôme; Fezais, professeur d'arbori-
culture ; Gabè, directeur des forêts ; Laruella, horticulteur à Amiens; H.
Denis, arcliitecte-paysagiste ; Pavard, professeur d'arboriculture à Ver-
sailles; Hortensia Robinet, professeur d'arboriculture à Toulouse.
— Le Syndicat des horticulteurs lyonnais vient de faire don d'une
médaille de vermeil qui sera décernée en son nom à ua des lauréats de
rEyposition que tiendra l'Association horlicole lyonnaise du 9 au 13 sep-
tembre prochain.
— Une Exposition spéciale de fruits et d'arbres fruitiers, aura lieu du 25
au 31 octobre, à Versailles.
— M. Burvenich Dewinne, dans une conférence faite sur les Palmiers à la
Société régionale d'horticulture du Nord de la France, a affirmé qu'une
graine seule du Coco de Séchelles {Lodoicea seckellarum) avait été payée
700 franci. C'est bien possible, mais ce n'est pas la valeur réelle de .celte
graine. J'en ai payé autrefois une cinq francs qui était fort belle.
— Le Parlement des Etats-Unis, afin de sauvegarder les intérêts agri-
coles, a imposé la margarine et l'oléo-margarine d'un droit de 1 fr. 20 le
kilog.
On ne ferait peut-être pas mal de prendre la même mesure en France, ot'i
le beurre pur sera bientôt un mythe, si personne n'y met ordre. Sous le nom
de liberté commerciale, on possède actuellement, dans notre beau pays, la
liberté de l'empoisonnement.
— M"" Millet-Robinet, l'auteur de la Maison rustique des Dames, a été
nommée officier d'Académie.
Catalogne». — J. Nicolas, horticultenr-grainier, rce Victor Hugi', 12,
— Catalogue contenant l'énumération des graines de fleurs et potagères,
ognons et balbes : Tulipes, Jacinthes. Crocus, Canna?, Dahlias, Glaïeuls,
Anémones, Renoncules, plantes vivaces diverses, Rosiers en collection,
Engrais divers, Graminées sèches. Fournitures horticoles diverses.
Ce Catalogue mentinniie et donne les descriptions de deux variétés nou-
velles de Fraisiers : ,1/°"= Borivent (Masson), variété à gro? fi'uit, et Jose/th
Schwartz (Masson), variété dite des Quatre-Saisons.
— Ant. Mercier, horticulteur, marchand-grainier, 43, boulevard du
Musée, à Marseille. — Catalogue contenant l'énumération des espèces ou
variétés de plantes bulbeuses à griffes ou à rhizomes suivantes : Jacinthes,
Anémones, Renoncules, Crocus, Ixia, etc. Graines diverses.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Impr. du Salut Public. — Bellon, 33, rus de la République, 33.
1886 AOU T N' 16
CHRONIQUE
Exposition iVliorlicuUure et de viticulture. — L'exposition d'horti-
culture et de viticulture que l'Association horticole Lyonnaise
organise sur le cours du Midi, à Lyon, aura des proportions gran-
dioses, si on les compare à celles qu'avaient les expositions des
années précédentes.
En effet, au lieu d'une partie du côté gauche du cours du Midi,
qu'elles comprenaient autrefois, elle s'étendra cette année sur le
côté gauche tout entier.
Le jardin improvisé aura de plus grandes dimensions, les gale-
ries latérales seront plus considérables et la grande tente centrale
aux plantes exotiques couvrira une superficie presque double .
L'Association horticole Lyonnaise ne néglige rien pour assurer
la réussite de cette exposition.
Elle tient à honneur de montrer à ses compatriotes ainsi
qu'aux étrangers que l'horticulture et la viticulture lyonnaises sont
dignes de la deuxième ville de France.
L'Association horticole fait son devoir, il reste maintenant aux
sociétaires : horticulteurs, viticulteurs et industriels dont les pro-
duits se rattachent à la culture, à faire le leur.
Qu'ils se préparent donc à nous montrer des produits nombreux
et remarquables.
M. le Président de la République a gracieusement accordé à
l'Association horticole un vase Stephanus de la manufacture de
Sèvres qui sera décerné à l'occasion de cette exposition.
M. le Ministre de l'agriculture a bien voulu également se
dessaisir en notre faveur d'une médaille d'or et de deux médailles
d'argent. Si on ajoute à ces Ubéralités du Gouvernement, celles
de M. Dutailly, puis les nombreuses médailles votées par l'Associa-
tion, on peut affirmer que le Jury pourra à son aise récompenser
les exposants.
— 374 —
Jrbrcs slcrilcs. — J'ai de la peine à mettre d'accord la parabole,
évangélique, qui condamne les arbres stériles à être coupés et
jetés au feu, avec un certain dicton que les marchands de baume
formulent ainsi : Guérissez ; n'arrachez pas !
Cependant j'espère y parvenir.
Distinguons con-.rae disaient les Pères du Moyen- âge.
Il y a plusieurs sortes d'arbres stériles : les arbres stériles
vigoureux et les arbres stériles grêles, misérables, souffreteux et
infirmes.
Guérissez les premiers ; ne les arrachez pas. Je vous abandonne
les autres. Cependant j'hésite encore. Car, voyez-vous, arracher un
arbre est une chose grave et le bonhomme Lafontaine en savait
quelque chose quand il disait :
Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge.
Si on venait me demander conseil quand il s'agit de détruire un
arbre, je répondrais invariablement aux quémandeurs par le petit
discours suivant que j'aurai le soin d'apprendre :
Il y a un proverbe arabe qui recommande de tourner sept fois
sa langue dans sa bouche avant de parler. Ce proverbe, est un des
plus sages parmi les plus sages. Que de bêtises, que d'âneries, que
de sottises, que de médisances on dirait en moins si les hommes
avaient l'esprit de le mettre en action ! Malheureusement jamais
bavard n'en tint compte ; et les bavards sont nombreux. Je con-
viens volontiers, Monsieur, qu'il serait cruel de vouloir astreindre
l'homme à faire tourner ainsi sa langue dans sa bouche ; j'avoue
même que la conversation deviendrait languissante et que cet exer-
cice serait fatiguant à la longue. Mais ce proverbe arabe, ce frag-
ment de la Sagesse des Nations, inapplicable quand il s'agit de mo-
difier la vitesse de la parole humaine, appliquez-en le principe aux
arbres que vous voulez détruire et vous viendrez me remercier plus
tard. Réfléchissez non pas sept fois, mais dix fois, mais vingt fois
avant d'arracher un arbre quelconque, car vous savez grands du
monde : banquiers, rentiers, commerçants, généraux, avocats, no-
taires, et vous aussi petits propriétaires, simples ouvriers, et toi
aussi Jenny l'ouvrière, vous savez, dis-je, que s'il suffit de quatre
coups de cognées pour jeter à bas cet arbre, il faudra de longues
années avant que la terre et le soleil en fassent pousser un autre.
Avez vous un beau poirier qui ne donne pas de poires? Aidez ce
malheureux à devenir fertile, forcez-le à vous donner du fruit, ap-
pliquez lui cette greffe, que Gabriel Luizet, d'Ecully, a cherché à
vulgariser, mais, je vous en prie, ne l'arrachez pas.
La greffe des boutons à fruits, voilà une excellente opération
dont je n'ai jamais eu qu'à me louer. Celui qui greffe des boutons
— 375 —
à fruits ne perd pas sa journée, je vous l'assure. Vous savez com-
ment on procède. On prend les boutons à fruits surabondants d'un
arbre, principalement ceux des variétés à gros fruits telles que :
William, Clairgeau, Duchesse, Doyenné, etc. ; et on les grelfe de
côté sous l'écorce. On enlève les feuilles du greffon et on le taille en
biseau, puis on l'introduit sous l'écorce et on ligature solidement. Il
faut opérer dans la deuxième quinzaine d'août.
Taille tardive de la vigne. — J'a'me les gens qui font des expé-
riences ; je déteste les moutons de Panurge. Ce n'est pas en sau-
tant tous par la même porte que nous ferons de brillantes décou-
vertes. J'aime surtout les expérimentateurs qui montrent les résul-
tats qu'ils ont obtenus. A ce compte-là, M. Alégatière, horticulteur,
rue de la Croix-Morlon, à Monplaisir-Lyon, est un de mes bons
amis.
Venez voir mes raisins, me dit-il l'autre jour, et si vous êtes
favorablement impressionné, vous direz dans le Lyon- Horticole que
j'invite tous ceux qui s'intéressent à la vigne, qu'ils viennent voir
les résultats qu'on obtient en faisant subir à cet arbrisseau conduit
en treille et en espalier une taille très tardive pendant six années
consécutives. J'y fus avec MM. Lassonnory et A. Bernaix. Nous
trouvâmes une vigne bien conduite, chargée de raisins et d'une
bonne vigueur.
Que gagnez-vous à pratiquer cette taille tardive demandai-je à
M. Alégatière l Je mats ma vigne à l'abri de la gelée pendant les
trois semaines où le froid est le plus à craindre. Je n'ri ni plus ni
moins de raisins quand il ne gèle pas, mais quand il gèle mon voi-
sin boit de l'eau et ma taille me permet de boire du vin.
Allez voir cela, amis lecteurs, si la question vous intéresse.
Session de la Société Poniologique de France. — La 28" session de
cette société se tiendra à Nantes, le 20 septembre 1886, sous les
auspices de la Société Nantaise d'Horticulture. Elle coïncide
avec une exposition générale de fruits.
La séance d'ouverture aura lieu le 20 septembre, à 2 heures.
Les Sociétés sont priées de faire connaîlre leur adhésion et le
nombre de membres qu'elles enverront à cette session, à M. le
Président de la Société nantaise d'horticulture, ou à M. le Prési-
dent de la Société Pomologique de France, au Palais-des-Arts, à
Lyon .
Les membres titulaires qui se proposent d'assister à la session
voudront bien remplir la même formalité.
La Société s'occupera pendant cette session :
1° De l'appréciation des fruits admis à l'étude ;
— 376 ~
2" Des fruits spécialement étudiés et présentés , soit par la
Commission permanente des études, soit par les Commissions po-
mologiques locales ;
3" De l'étude et de la dégustation des fruits déposés sur b
bureau ;
4" De la situation financière de la Société ;
5° De la médaille à décerner à la personne qui a rendu le plus
de services à la Pomologie française ;
6° ])u lieu où se tiendra la session suivante.
Dcslruciion des vers de (erre par le sulfure de carbone, — M. Mussat
a fait connaître, dans une des séances de la Société nationale
d'Horticulture, un procédé avec lequel il a réussi à se débarrasser
des vers de terre ou lombrics. Il s'agit d'arroser la terre avec de
l'eau contenant en dissolution 2 grammes environ do sulfure de
carbone par litre. Une solution plus concentrée altère les plantes.
On obtient la dissolution du sulfure de carbone dans l'eau en
mettant cette substance en excès dans un vase plein d'eau ; le len-
demain on obtient une solution saturée qui peut contenir 4 1/2 à
5 grammes de sulfure. On dédouble cette solution pour en faire
usage.
Nous recommandons aux personnes qui voudraient faire usage
de ce procédé, de commencer leurs expériences sur des plantes de
peu de valeur, attendu que M. Mussat, au début de ses essais, a
tué en même temps les plantes qu'il voulait sauver et les vers
qu'il voulait détruire. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 17 juillet i886, tenue dans la
salle des réunions industrielles. Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Therry, Conseiller.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion.
A propos de ce proeès-verlal, M. Masson fait observer qu'i la dernière
séance il avait présenté diverses Fraises do semis, pour l'ensemble desquelles
il a oblcnu une [irime da 1'° classo>, il dit être très fiatié de la récompense
qui a été attribuée à son apport, mais qu'il ijjnore si les fraises nouvelles
présentées sont toutes reconnues méritontes par la Commission.
Apres cette observation, le procès-verbal est adopté.
Correspondance. — Elle se compose des lettres suivantes :
1» Lettre de M. le Président de la Société d'horticulture de Villefranche
demandant à la Société de dési^'ner un délégué pour faire partie du jury
chargé d'attribuer les récompenses aux exposants de son Exposition des 29
et 30 août prochain.
2° Lettre do la Préftcluro du Rhône nous informant que M. le Ministre
de ^Agriculture a accordé à l'Association horticole lyonnaise une subvenAbn
— 377 —
de 550 francs pour primes aux exploitations agricoles las mieux tenues ;
primes à l'horticulture et aux bons serviteurs. Ea outre des affectations ci-
dessus indiquées, rAsso3iatioa devra employer le cinquième de sa subvention
à la création de champs de démonstration d'engrais et de semences, destinés
à enseigner de visu aux cultivateurs les moyens d'améliorer leurs culture?.
3° Lettre-circulaire du ministère de l'Instruction publique demandant
l'avis de l'Association sur l'utilité qu'il j aurait à changer l'époque de la
réunion annuelle des Sociétés savantes.
4" Brochure contenant le discours prononcé par M. René Goblet, ministre
de l'Instruction publique, le l'' mai 1836, à la séance de clôture du Congrès
des Sociétés savantes à la Sorbonne.
Présentations, — Il est donné lecture de 14 candidatures, sur lesquelles
il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Aucune observation n'ayant été faite sur les présentations
de la dernière séance, sont proclamés, à l'unanimité, membre titulaires de
notre Compagnie :
MM. Berry (Antide), jardinier chez M. Fougasse, à Sainte -Foy-lès-Lyon,
présenté par MM. Desroches et Jusseaud aîné.
Sénevas (Louis), jardinier chez M. Colcombst, à Sainte-Foy-lès-Lyon,
présenté par MM. Desroehes et Jusseaud aîné.
David (Joseph), maître-valet chez M. Cusin, chemin de Merlu, à
OuU-'ns (Rhône), présenté par MM. Villard et Lacroix.
Brunand (A.), horticulteur. 7, rue Sidoine, Lyon-Guillotière, présenté
par MM. A. Bernaix et Viviand-Morel.
Granier (Pierre), jardinier chez M. Bros, 11, chemin des Contreban-
diers, Lyon-Vaise, présenté par MM. L. Gorret et Viviand-
Morel.
Comarmont (Claude), jardinier chez M. Crozier, à Saint-Didier-au-
Mont-d'Or (Rhône), présenté par MM. Laperrière et Gorret
(Louis).
Cambrillat, horticulteur-pépiniériste, à Brindas (Rhône), présenté par
MM. Pequet et Lapeute.
Schwartz (Charles), jardinier chez M™° V° Schwartz, rosiéristo, 7,
route do Vienne, Lyon, présenté par MM. J. Nicolas et Viviand-
Morel.
David (Louis), propriétaire-viticulteur, à Ampuis (Rhône), présenté
par MM. Perrache (Jean) et J. Jacquier.
Chaize (Antoine), proprié'aire-jarciinier, à Sainte-Colomba-les-Vienne
(Rhône), présenté par MM. Perrache (Léon) et J. Jicquier.
Annuel (Benoît) , jardinier à Saiate-Colombe-les-Vienne (Rhône),
présenté par MM. Perrache (J.) et J. Jacquier.
Rumatif (.François), marchand grainier, à Saiate-Colombe-les-Vienae
(Rhône), pré.»enté par MM. Perrache (J.) et Jacquier.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Villard, jardinier chez M"" Vachon, à Ecully : 1° un pot de Fran-
ciscea calycina var ma/or ei\ i^aav; 2° divers échantillons de Pois à rames,
tels que : Pois sans parchemin beurre, nouveau. Pois ridé de Knight, Pois
gourmand ou Pois nain gourmand, variété nouvelle; 3° Chicorée amère
blonde pommée.
La Commission de culture maraîchère reconnaît très méritante et devant
être propagée la variété de Pois à rames beurre, comme étint parfaitement
sans parchemin et à gousse très pleine. Pour l'apport de légumes, elle
demande qu'il soit accordé une prime de l'" classe.
Par M. Chardon, jardinier ch^z M. Clayette, 33, rue da l'Ëafance, Lyon :
1» de beaux échantillons de Chou rava et de Chou JoJinnet; 2" Bitte à
larges feuilles blanches ;Je Lyon; 3" llairs de P.tvot-coquelicit dou'île.
Cet apport est récompensé d'une prime de 3" classe.
— 378 —
Par M. Verne, jardinier chez M. Godiaot, à Tassin : 1° des ileurs de
Dahlias Juarezi ou Etoile du Diable ; 2° des tiges en fleurs de VHyacinthus
candicans ; 3° un bel échantillon de Fenouil de Florence, pour lequel la Com-
mission demande qu'il soit accordé une prime de 3' classe.
Par M. Hjvert, jardinier, chemin de la Croix-Morlon, Lyon-Mohpkisir :
1° des Pêches Amsdem récoltées en plein vent. — Prime de 3" classe;
2° Chicorée frisée mousse de Monpiaisir, Chicorée scarole veite; 3° Laitue
craquante de Pierre-Bénite, L. pommée de Versailles ; 4° Poireau lono: de
Nîmes; 5° Carotte demi-longue nantaise sans cœur; ()" Céleri plein blanc
Chemin et C. Turc.
Une prime de 1" classe est accordée à M. Hyvert.
Par M. Favre, jardinier, chemin de la Croix-Morlon, à Lyon-Monplaisir :
1° un rameau de Poirier-citron des Carmes ayant une lambourde portant onze
fruits; 2° les Pommes de terre suivantes : Maijolin hâtive, Blanchard, très
bonne, hâtive ; violette, très grosse, pouvant êir3 cultivée dans la grande
culture, très productive; 3° Ail rouge; 4» divers Oignons : blanc de Paris,
gros, 0. jaune pailla Suisse, 0. plat de Provence et une variété de ce dernier,
mais beaucoup plus pâle.
Une prime de 2," classe récompense cet apport.
Par M. Clapot, jardinier, chemin des Quatre-Maisona, Lyon-Monplaisir,
des Choux frisés Milan, des Vertus, et Choux de Brunswick à pied coiirt,
remarauables comme bonne culture, et d'une telle dimension qu'ils pèsent
environ 9 kilogrammes.
La Commission lui accorde une prim-i de 2"^ classe.
Par M. Gaillard, pépiniériste à Briguais, une corbeille d'Abricots de
semis très gros et très bons.
La Commission reconnaît cet Abricot comme très méritant et lui aocurde
une prime de 1" classe.
Par M. Valla, horticulteur, à OuUins : 1° une corbeille de Pêches Ams-
dem très grosses, quelques-unes ont plus de 10 centimètres de diamètre ;
elles ont été récollées en plein vent, sur des arbres de quatre ans de plan-
tation. — Prime de 2" classe ; 2^ une collection de Bégonia tubéreux, très
jolie comme coloris et à fleurs très grandes.
Prime de 2" classe.
Par M. Morel fils, pépiniériste, rue du Souvenir, 33, Lyon-Vaise, une
Pèjhe d'origine américaine, Pécha Waterloo, très bonne, assez grosse et
bien avancée en maturité ; la chair se détache bien du noyau.
La Commission reconnaît du mérite à cette variété et en demande l'inser-
tion au procès-verbal avec mention spéciale.
2° liobinia pseudo-acacia stmperflor'ns, supeibe variété en fleurs et dont la
flbraison durerait toute l'année; 3° Hvdera grandidentata, magnifique lierre,
très vigoureux et à très larges feuilles ; 4" Hydrangea Japonica rosea alba,
arbuste dont les fleurs durent tout l'été, coloris rose carmin très vif; 5° Cra-
tœgus oxyacanthu semperflorein, charinante aubépine en fleurs et dont la flo-
raison se piolonge jusqu'à l'automne; b" Dracitcephalam virginianun album,
bonne plante vivace pouvant rendre de? services pour la confection des bou-
quets; 7° un beau et fort pied en pot de Strutkiopteris germanica, une de nos
plus belles fougères de pleine terre.
Pour ces six plantes de choix et la Fougère, la Commission demande qu'il
soit accordé une prime de 1'' classe.
Par MM. Joannon père et fils, pépiniéristes, à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or :
1° un Abricot de semis se colorant très bien, gros, chair dure, beau fruit
très coloré.
La Commission déclare que ce fruit n'est pas assez m\\r pour pouvoir être
jugé;
2° Abricot Vondière trouvé à CoUonges, ilans une vigne, fruit très gros ;
d'après le présentateur, l'arbre serait très vigoureux ; 3" Pèche Wilder ;
4» Cerise Valpurgis, fruit tardif, gros, noir.
379
5° Poire Ste-Aone, gain du présentateur, aaûrissant du 20 juillet au
10 août, mise au ccmmerce en 1885.
Pour l'ensemble du cet appjrc il est demandé une prime de 1" classe.
Par le'< mêmes : 1° des rameaux du Spirea Buni'ildt don', quelques feuilles
sont panachées de blanc et d'autres de jaune; 2° des rameaux fleuris de
Ceanoihus rose carmin; 3° des rameaux de Prunus Pissardi, avec fruits,
Prime de 2= classe pour l'ensemble.
Par M. G. Jacquier fiU, pépiniériste à Lyon-Monplaisir, une collection de
Clématites à grandes tliurs, composée des varis'é'î suivantes : Xerxès,
Grpsi queen, Coccinea, M"'" Thibaiild, Bine Geme, Jeanne d'Arc,
Countess of Lovelace, Star of India. The Prjsident, A/""" Van Houtte,
Viticella kennesina. A/"" Granger , Thomas Moore , Integri/olia
Durandi, M'^' Durand. Herbert Spencer. Jackmanii, Jackmanii siiperba,
Viticella riibra grandi/lora, AT'" Elisa Schenck. Velutina purpurea._
Viticella venosa ûuchess ofTheck, Viticella modest.i, V. alba, Duke of
Norfolk, Atragene de ITnde, Hybrida splendida,Sophia cœrulea plena,
etc. Cette belle collection reçoit une prime de l'" classe.
Par M. Dury, jardinier chez M. Cartier, à Eeully : 1° plusieurs variétés
d'œ llels de fantaisie de semis, très jolis comme fjrme de fleurs et colori-;
2° des Peiargonium zonale, doubles de semis en 17 échantillons ; 3° Pétunias
à fleurs simples et à rieurs double».
Prime de 2'= classe pour l'ensemble de cet apport.
Par M. BnUen, jardinier chez M. Rizier, montée Rey , 23, Lyon :
1» B'gonia Rex, unique, r'^marquabla comme grandeur de feuilles et bdlle
culture; 2» 5 Coleus de semis, à très grandes feuilles, beau coloris; 3° un
pot de Mesembryanthcmum crisiallinum. Cet appon reçoit une prime de
2= classe.
Par M. Liabaud. montée de la Boucle, Lyon : Clerodendrwnfallax,
jEchmœa Wolbachii et Bégonia Gogoensis. Pour ces trois plantes de
choix cultivées en po's, la Commission propose d'accorder une prime de
1" classe, et cite spécialement le Bégonia Gogoensis.
Par M. E. Masson, rm Si-Dinis, 31. Lyon, une collection de Pentsfe-
mon composée des variétés Eu'erpe, Jocelyn. Sir Trevelyn, Gil Blas,
Alphonse Daudet, Erckraann Chairian, Jules Claretie, Ai Charville, etc., des
fleurs d'œillels remontants de semi-i; des pi 'ds de fraisiers (laillon, bien
développés, semis d'un an. Prime de 3° classe.
Par M. Bernais, rosiériste, cours L^^f^yelte prolongé, 92, Villeurbanr.e,
une rose de semis, Mademoiselle Joséphine Burland, section dos Mulli-
flores nains remontants; fleurs 1res doubie;, à pétales longuement aeunainés,
dressés au centre, inclinés aux rangs moyens et recourbés sur les bords.
Coloris blanc pur en s'épanouissant, se nuançint de rose curmin avec 1 âge.
Variété appartenant aux Ilosa Polyantha, par la dimension et l'abondance
des fleurs, mais s'en distinguant par sa floraison non en corymbe qui per-
mettra de l'utiliser pour la confection des bju ,'i3ts. Prime de l'" classe.
Par M. Dubreûil, rosiériste, route de Grenoble, 146, Lyon-Monplaisir,
3 variétés de roses dont deux de semis : 1° Thé Duchesse de Bragance,
fleur très-pleine, à pédoncule tré^-ferme, d'un beau jaune canari au centre,
plus pâle sur les bords, pétales de la uirc inférenoe gracieusement recourbés
au sommet, ai buste vigoureux, très florifère.
Prime de 2°"= classe.
2 Hybrides de Thé, Attraction, fleur assez grande, pleine, carmin clair
nuance, rose de Chine, avec un liseré plus pâle sur ies bords ; pétales conca-
ves, muuronés imbriqués dans les rangs extérieurs, à onglet jtunâlre à la
base. Arbuste vigoureux, florifère, inflorescencj dressée disposée en corymbe.
Rose d'une belle duplicature, et d'une oleur intermédiaire entre la rose
Cent-feuilies et les roses Thés.
Prime de 2"'° classe.
— 380
The Marquise de Vivens, nouveauté de 1885, fleur grande, carmin vif
sur les bords, s'atténuant en rose de Chine vers le milieu, se fondant insensi-
blement en jaune paille vers l'onglet.
Prime de 2"° classe.
Par M. Bonnaire, rosiériste, 6, chemin des Hérideaux,Lyon, une rose de
semis Thé Madame Ckauvry, fleur très grande, ayant près de 12 centimètres
de diamètre, pétales nombreux imbriqués, coloris jaune nankin au moment
de l'épanouissement, se nuançant de rose de Chine au revers des pstale?
et de jaune cuivre à leur partie supérieure. Cette variété paraît devoir être
d'un grand mérite pour la fleur coupée. Prime de 2"' classe.
Les commissions d'examen des apports sur le bureau ne se trouvant pas
complètes, soit par l'absence de quelques-uns des membres, ou par suite des
apports qui ont été faits par d'autres, M. le Président propose de nommer
pour examiner les apports de la séance : Arboriculture. MM. Louis Gorret,
C. Jacquier fils, Corbin ; Floriculture, MM. Béiisse, Chrétien, Rochet ; Cul-
ture Maraîchère, MM. Jacquier, Pelletier, Gonichon ; Roses de semis, MM.
Alégatiôre, Besson, Laroche.
Cette proposition mise aux voix est adoptée, l'Assemblée ratifie à l'unani-
mité les primes accordées par la Commission.
A propos des apports sur le bureau M. le Secrétaire général fait observer
que, à chaque séance, les apports devenant très nombreux, il serait urgent
qu'ils fussent accompagnés d'une note explicative pour faciliter la tâche des
Secrétaires, qui malgré tout leur bon vouloir peuvent faire des omissions
regrettables et involontaires.
M. le Président et divers membres des Commissions d'examen apprécient
les observations de M. Viviand-Morel, et demandent qu'à ce propos, il soit
pris une mesure générale.
Sur la proposition du Secrétaire général, l'Assemblée décide que tout
apport de plantes, ou autres objets déposés sur le bureau qui ne sera pas
accompagné de notes indicatives, ne sera pas jugé.
L'Assemblée procède ensuite à la nomination d'un membre de la Commis-
sion des visitas, en remplacement de M. Rivoire fils, démissionnaire. A
l'unanimité l'Assemblée nomme M. Valla membre de la Commission.
Vu l'heure avancée, la suite de Tordra du jour est renvoyée à la
prochaine réunion.
La séance est levée à 4 heures. Le Secrétaire-Adjoint, J. Nicolas.
Un Rosier remarquable.
*
L'homme est un être qui aime le merveilleux, l'invraisemblable,
l'extraordinaire. Il se complaît à admirer les géants, les nains, les
monstres et en général tous les êtres qui sortent d'an moule diffé-
rent de celui qui est particulier aux communs des mortels.
A défaut de vrais géants, de nains authentiques, de monstres
véritables, l'imagination des Homère, des Virgile, des Camoëns et
autres rapsodes lui en a fabriqué de toutes pièces une quantité vrai-
ment incroyable.
Si ce n'était pas sortir de mon sujet, je pourrais montrer que
celte propension idiosjncrasique de l'espèce humaine n'a pas dégé-
néré depuis ces temps lointains. Que Milon de Crotone, Alcide et
Hercule se sont changés en Porthos sous la plume d'Alexandre
Dumas ; que Marco Polc^, le célèbre voyageur, dit avoir vu des
— 381 —
monstres auprès desquels le Sphinx, le Dragon à sept têtes et les
Centaures ne sont que de la petite bière. J'ajouterais si je ne crai-
gnais pas d'être irrévérencieux envers mes semblables, que la terre
est une vaste Gascogne où chaque individu rencontre toujours un
être plus gascon que lui. Aux choux gros comme une maison les
marmites grandes comme une cathédrale ne manquent pas ! Mais
ce serait sortir de mon sujet.
Il s'agit d'un rosier, d'un rosier noisette Aimé Vibert. Je vous
le présenterai tout à l'heure.
Je disais donc plus haut que si ce n'était pas sortir de mon sujet,
je vous montrerais l'homme comme un être ami du merveilleux et
des actions extraordinaires, l'homme dressant des statues, bâtis-
sant des cathédrales, élevant des obélisques. . . l'homme consignant
dans ses archives une multitude de faits, de dates, d'actions, qui
sortent du niveau de la vie habituelle. Je vous le montrerais encore
— et c'est là où je voulais en venir — mesurant les arbres dont
les dimensions dépassent le niveau commun aux plantes et aux
arbres. Je vous le montrerais vous informant qu'il y avait :
Un ormeau, à Morges, sur les bords du lac de Genève, qui
avait 10 mètres de circonférence ;
Un lierre, situé à Gigeau, entre Montpellier et Pezenas, dont
le tronc avait 1 m. 10 de circonférence;
Un tilleul de 12 mètres de circonférence, à Neustadt ;
Des Wellingtonia dans le tronc desquelles on trace des routes ;
Des chênes-chapelles; le châtaignier des Cent-Cavaliers ;
Le fameux Dracœna du jardin Franchi, à Oratava, dans l'île
TéneritFe, si vieux qu'on ne sait au juste quel âge lui attribuer (1).
Et tant d'autres qu'il serait trop long d'énumérer.
Ce qui a été fait pour les arbres dont les grandes dimensions
s'imposent à l'attention même des ignorants, ne l'a pas été aussi
réguUèrement pour les arbrisseaux, les arbustes dont les propor-
tions moins considérables ne peuvent bien être remarquées que des
connaisseurs.
Un exemple : le rosier, qui est bien le genre le plus populaire
parmi les végétaux d'ornement, le rosier que les poètes ont chanté
sous toutes les formes, le rosier qu'on connaissait déjà dès la plus
haute antiquité, le rosier qui a eu des historiens spéciaux, le rosier,
le croirait-on, ne présente qu'un très petit nombre de ses repré-
sentants qui sortent d'une longévité ordinaire et des dimensions
habituelles particulières à son espèce.
11 me souvient cependant avoir lu l'histoire mirifique d'un églan-
(1) Ce doyen de la Tégétation arborescente n'existe plus. Il a été détruit par un
ouragan il y a quelques années.
— 382 —
tier qui a^ait des proportions extraordinaires que je regrette de
n'avoir pas conservées.
J'ai vu il y a une vingtaine d'années, chez René Paré, horticul-
teur, à Paris, un rosier de Lady Banks qui couvrait tout un côté
de son habitation.
Le Docteur Jeannel,a signalé en 1882(1) parmi les principales
richesses horticoles de la villa Vigier, à Nice, un rosier Maré-
chal Niel, gretfé sur R. Banksiœ, qui garnissait à lui seul les murs
et balcons d'un vaste chalet. Ce rosier n'était âgé que de huit ans;
ses rameaux fleuris couvraient une surface de 70 mètres carrés. Le
sujet qui le portait avait cinq centimètres de diamètre. La greffe,
plus volumineuse que sa mère nourrice, mesurait S centimètres de
diamètre. »
Mais parmi les plus beaux spécimens de rosiers que j'ai eu l'occa-
sion de voir, je n'en coni-iais poiut dont les dimensions égalent
celles de l'individu représenté ci-contre.
Ce rosier appartient à la variété bien connue, sous le nom de
Noisette Aimé Vibert. 11 a été planté pendant l'hiver de 1877-78
par M Duchet,.rosiériste à EcuUy (Rhône), et couvre actuellement
la façade d'une maison de deux étages contiguë à l'établissement
de M. Duchet. Cette façade tournée au sud-est mesure une super-
ficie de plus de 160 mètres carrés.
Le spécimen en question a été greffé sur le collet de la racine
d'un églantier, ainsi que cela se pratique à Lyon et ailleurs. Le
terrain dans lequel il est planté a une bonne profondeur ; on y a
mêlé autrefois des débris de démolitions.
A la sortie du sol, il forme deux tronçons qui ont chacun 26
centimètres de circonférence, et se divise ensuite en 12 hanches
dont les deux principales ont à 1 met. 50 du sol, 12 centimètres de
tour, et les plus petites 5 centimètres. Toutes ces branches s'entre-
lacent, se dirigent à gauche, à droite, montent, redescendent et
font un cadre de verdure et de fleurs aux cinq croisées de la
maison.
La façade dont nous avons donné la superficie a un peu plus de
18 mètres de longueur sur 9 mètres de hauteur
Au moment ou M. Duchet, à fait photographier ce beau rosier
par notre habile collègue M. Bernoux, il était littéralement couvert
d'une myriade de fleurs blanches dont le dénombrement exact au-
rait lassé la patience du plus habile comptable.
Les seuls soins que reçoit ce rosier consistent dans la taille en
vert des branches gourmandes, le passage des petits rameaux et
l'enlèvement des fleurs passées. V. V.-M.
(1) Journal de la Soc. Rég. d'hort. du nord de la France.
— 383
Rosier Noisette Aimé Vibert. tapissant la far-t-le d'un*» maison de deux étages, à EcuUy (Rhône)
D'ajjres une photograpliie de M. Alfh. Bernoux.
Excursion botaniqus et horticole à La Moucherotte.
La Moucherotte, ou le Moucherotte — les uns écrivent le nom
de cette montagne au masculin, les autres au féminin — est élevée
de 1905 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle fait partie du
plateau des Quatre 3Ionla(jii('S, ou montagnes du Laiis ou f'iUard-de-Lans,
constituées par le calcaire néocomien. « Ces montagnes plongent
sur l'Isère, à leur extrémité septeutrionale, par le beau promon-
toire du Bec-de-l'Echaillon, au pied duquel la rivière, qui depuis
Grenoble coulait vers le nord, décrit un demi-cercle pour se diri-
ger vers le sud-ouest et longer la partie occidentale du massif,
comme elle vient d'en longer la partie orientale. Les montagnes
du Lans renferment des sites charmanis bien connus des touristes :
La vallée d'Autraus, celle de la Bourne, celle où coule la belle
384
source du petit Vaucliise, les délicieux vallons qui s'ouvrent sur le
Drac et l'Isère et surtout la faille grandiose au fond de laquelle
coule le Furon, aux environs de Sassenage. » Les points culmi-
nants de ces montagnes sont la grande Moucherotte, 2289 mètres,
et la Moucherotte dont l'altitude a été indiquée plus haut.
La Société botanique de Lyon avait décidé qu'elle ferait cette
année sa grande excursion annuelle dans cette partie du massif
en question, qu'elle n'avait pas encore explorée mais dont elle
connaissait les richesses que les botanistes du pays ont fait con-
naître au monde savant.
Malgré l'attrait que peut exercer la perspective d'une ample
récolte d'espèces rares, peu de nos collègues se décident à affron-
ter la température sénégalienne qui règne au moment du départ :
c'est une défection en règle . . .
Nous sommes huit seulement à la gare de Perrache, ce sont
Messieurs Veuillot, D'' Guillot, Olagnier, Rabast, Louis Lille, et
votre serviteur, puis Madame H. A et Mademoiselle P
Nous couchons à Grenoble.
A trois heures du matin, nous sommes brusquement tirés d'un
sommeil calme et profond par le garçon de l'hôtel où nous avons
couché. Cet être inhumain frappe à coups redoublés contre les
portes de nos chambres et nous réveille en sursaut. Je quitte à re-
gret le pâle Morphée et j'entrouve ma fenêtre en bâillant. Je ne
vois pas encore l'Aurore « aux doigts de rose » , mais je distingue
dans l'ombre la silhouette de M. Richard, pharmacien à Grenoble.
Il me semble même percevoir la phrase suivante qu'il vient d'arti-
culer: « ohé ! ohé! hop! . . . Dépêchez-vous, les autres sont déjà
au Pont du Drac !
Les autres ce sont les Grenoblois aux pieds légers, que nous
allons, mais vainement, tâcher de suivre pour escalader la Mou-
cherotte aux flancs rapides.
. . . Ils sont là une quinzaine, hommes et dames, qui regardent
couler le Drac en nous attendant. Armés de grandes cannes ferrées
et de toutes petites boîtes de Dillenius, ils nous souhaitent le bon-
jour. Civilement nous leur rendons leur salut.
Leurs grands alpenstocks ne me disent rien de bon; leurs boîtes
minuscules me donnent à penser qu'ils ne porteront pas un bien
bien grave préjudice à la flore du pays. Sur le tard j'ai acquis la
certitude que j'avais dès le matin formulé une appréciation par-
faitement exacte à cet égard.
Nous franchissons le Drac sur un pont suspendu. Coût 5 centi-
mes. Le Drac est une belle rivière dont les eaux rapides ont une
limpidité douteuse et un aspect noirâtre. « Il prend ses sources
dans les montagnes qui rehent le Mourre-Froid (2995 m.) à la
— 385 —
Dublée (2910 m.), passe à Orcière (1328 m.), se double par la
jonction du Drac de Champoléon, arrose la belle vallée de Champ-
saur, alimente l'important canal qui doit irriguer 4.000 hectares
dans la vallée de Gap, reçoit la Rouane, baigne St-Bonnet, se gros-
sit de laSeveraissetteetde la Severaisse, entre au-dessous d'Aspres-
les-Corps, dans le département de l'Isère, traverse le défilé du
Saut-du-Loup, passe au dessous de Corps, reçoit la Souloise (670
m.), la Bonne, la Jonche, l'Ebron (438 m.), passe près des sour-
ces de la Motte-les-Bains, reçoit la Romanche et la Gresse, passe
sous le Pont-de-Claix et va se jeter dans l'Isère à 3 kilomètres 1/2
en aval de Grenoble. »
Ce Drac qui a tant reçu de torrents et de ruisseaux dans son
parcours de 140 kilomètres, reçoit donc nos cinq centimes et nous
partons en longeant l'allée des Balmes-de-Fontaines. Je jette un
coup d'œil distrait sur la végétation qui m'entoure; elle ne parvient
pas à m'intéresser.
La caravane s'enfonce dans les bois et nous voilà tous à la
queue leu leu grimpant le coteau par les sentiers perdus. Une flore
où les espèces méridionales croissent pêle-mêle avec les espèces
plus frileuses se montre à nous. Nous récoltons le Sumac fustet,
l'Erable de Montpellier, le Buphtalme à grandes fleurs, le Pista-
chier thérébinthe, le Lonicera elrusca, la Cupidone bleue, le Léonto-
don crépu et plusieurs autres plantes intéressantes.
Château de Beauregard, Désert de Jean-Jacques Rousseau, cinq
minutes d'arrêt. Le Désert de Jean-Jacques n'offre rien de parti-
culier si ce n'est un écriteau sur lequel je lis : Défense d'entrer.
J'entre malgré cela en méditations. Pendant cinq minutes trottent
dans ma tête Rousseau et Madame de Warens, Grimm et Diderot,
d'Alembert et les Charmettes, la nouvelle Héloïse, Emile et les
lettres sur la botanique. Pendant ce temps les Grenoblois aux pieds
légers, qui se moquent de Rousseau et de son Désert, continuent à
grimper le coteau. J'oublie de récolter le Scrophularia umbrosa,
qu'on m'avait indiqué par là, pour les suivre. Nous voici au
Parizet.
On nous montre dans ce village la Tour-sans-Venin, une des
sept merveilles du Dauphiné. J'ouvre des yeux énormes, M. Lille
met son lorgnon, M. Rabast braque une jumelle marine sur l'édi-
fice et, malgré ce renfort d'instruments d'optique nous ne parve-
nons pas à distinguer la Tour-sans-Venin, une des sept merveilles
du Dauphiné. Un vieux pan de muraille est tout ce qui reste de
cette fameuse tour. Mais si nous ne voyons pas la Tour-sans-
Venin, une des sept merveilles du Dauphiné, ce qui est regretta-
ble, nous donnons, dans cet endroit, à nos papilles linguales et
palatiales la douce satisfaction d'être agréablement titillées par une
386 —
tasse de café au lait. Cet aliment sulistautiel nous réconcilie avec la
Belle Nature 'lUe je commençais, pour mon compte, à trouver ridi-
cule. Je récolte, en grimpant la montagne :
Gentiana acaiilis.
Alsine ro.^ti'ata.
Cytisus sessifolius.
Melamiiyruin nemoro-
Riim.
A.opleniiim Halleri.
— viride.
Ramiiiculus aùmicus.
Heliaiilhemmii ilalicum.
Laserpitiiim siler.
Pyrola SfCimHa.
Campanula rhomboidalis.
Cystopteris fragilis.
Galium lœvis'atiun.
Verbascum Gliaixi.
Veronica uticœfolia.
A?(ragalns monspessnla-
ii'.i».
Di'aba aïzoïdps.
La niontag'ne est au levant; un vieu.x: liguier au tronc rabougri
m'indiquerait que nous sommes en terrain therm.ophile, si les gouttes
qui me pci-lont au front, plusieurs fois essuyées, ne me Pavaient déjà
suffisamment fait connaître. Les fougères abondent d;ins les rochers
et les tapissent de leurs frondes élégantes. Le Raisin d'ours [/Irbiis-
tus Uva-uri) est là dans foute sa gloire. Ses grands rajncau.i ram-
pants forment de vrais tapis de verdure. li vit en nom])re considé-
rable, avec la fameuse vigne du Mont Ida, cette fameuse vigne qui
n'est pas une vigne. Ils sont bien jolis quand même ces deux arbus-
cules malgré les noms ineptes dont les ont atî'ublés les baptistes
anciens. On les voit descendre dans les bois et rocailles jusque
dans la région inférieure des montagnes, et on les retrouve en
compagnie du Rosage ferrugineux et du Genévrier des Al.nes, jus-
qu'à 2000 mètres d'altitude. Je remarque dans un cliemin creux
un de ces arbousiers dont les rameaux chargés de fruits ont pr'è^ do
deux mètres de longueur.
Trois Digitales à fleur jaune croissent en abondaiice sur les bords
du chemin que nous gravissons. Ce sont les Digilulls grand iflora,
mcdia et parviflo7-a. Le DkjUaUs mcdla est assez rare. Quelques bota-
nistes regardent cette espèce comme une hybride des deux autres.
Je ne sais pas si le seul fait d'avoir des caractères intermédiaires
entre les espèces plus haut citées suffît pour justifier cette asser-
tion. 11 serait facile de s'en assurer par l'hybridation directe. La
Digitale à grandes fleurs est, pour sa part, assez variée, et on on
rencontre dont les corolles sont fort distinctes.
Laissons les Digitales et enfonçons-nous dans la forêt de sapins
où nous attendent une ombre salutaire, d'épais tapis de mousse et
d'excellentes airelles [f'accinhnn myrlillus) . Nous faisons honneur à
tout cela pendant un instant, trop court hélas ! car les Grenoblois
aux pieds légers, aux boîtes minuscules et aux grands alpenstocks
continuent leur course folle vers le village de St-Nizier. Ceci com-
mence à m'ennuyer. Je les laisse aller et je récolte :
Monotropa hypopitys.
Dmtaiia piuiiata.
Epilobium raonlanum.
Saxifraffa rotuacHfolia.
Galium rotundifoliiim.
Calamontha grandiflora.
Gnaphalium sylvatlcum.
Pyi'ola minor.
Lonicera alpigena.
Actfea spicata.
Luzula nivea.
MœhriDgia muscosa, etc.
387 —
J'aperçois )e clocher de St-Nizier, clocher bizarre, tout blanc,
avec des plaques de Lichens, mais peu élevé. Dans ce village il y a
une auberge dans laquelle nous déjeunons. Déjeunons! Eu! Eu!
Nous absoibons rapidement quelque nourriture, car les Grenoblois
aux pieds de plus eu plus légers, qui n'ont ni faim, je n'ose pas
dire ni soif, ne nous perineltent pas d'achever notre modeste repas.
Ils courent, grimpent, s'entilent dans la Cheminée et ou ne les
revoit plus qu'au sommet de la montagne. Ah ! que j'ai envie de les
perdre. Enfin nous suivons la caravane qui s'égrène par les prés
tieui'is. Il y a un de ces prés qui demanderait deux heures de visite,
uu vrai paradis. Et les autres qui courent. J'ai à paiue le temps de
récolter la Grande Astrance, la Cirse des rivages, uae Liuaigrette,
un Carev paradoxa, le Soi/eriii pidndosa^ une Sanguisorbe hâtive,
que je n'aperçois plus de Grenoblois.
Je comprends que ces messieurs et ces dames ont bâte d'arriver
au sommet pour jeter un coup d'oeil sur la belle vallée du Drac et
redescendre à Grenoble, mais ceci ne fait pas mon alïaire, ni celle
de mes compagnons. Nous sommes venus surtout pour chercher des
plantes. On ne cherche pas les plantes au pas gymnascique. Ceux
qui les cherchent de cette manière ne les trouvent pas. Combien
nous eussions été mieux inspirés de prendre un guide moins pressé!
Car il n'y a pas à dire, malgré une très belle récolte nous avons
manqué quelques plantes très rares qui croissent dans le pays. J'en
suis vexé au-delà du possible.
On fait l'ascension de la Moucherotte en passant par un endroit
désigné sous le nom de Cheminée. Cette Cheminée est difficile à gra-
vir et il faut s'aider des mains pour l'escalader. Les plantes y sont
abondantes ; c'est là que j'ai récolté :
Anthyllis raontana.
Aiiricula.
Bellidiastrum Miclieli.
Cotoneaster tomeritosa.
Gypsophila repeus.
Keriiera saxafilis.
Seniperviviim tectorum.
BupleTiMim petreum.
— ranunculoïdes.
Sedum atratiiin.
Arenaria ciliati.
Avena setacea.
Carex serapervirens.
Eiinus alpinus.
Homoyyne alpina.
Poa alpina,
Sideritis alpeslris.
Valeriana montana.
Pinus unoinata
Viola calcarata.
Athamentha ci-etensi?.
Silène glareosa.
Corouilla vagiiialis.
Globularia cord.folia.
— nudicaulis.
Polygala calcarea.
Silène quadrifida.
Thesiurn alpinum.
Veronica bellidioïdes.
Carex tenuis, etc.
La Cheminée escaladée, les chemins deviennent plus agréables.
L'air est vif et pur. On rencontre sur le flanc de la montagne plu-
sieurs petites sources très fraîches dont l'eau est excellente. On se
désaltère, comme vous pensez. C'est 1:\ où il faudrait déjeûner. Je
récolte autour de ces sources :
Pinguiciila alpina.
Soldanella alpina.
Epilobium alpinum.
Tofieldia calyciilata.
Aspidium lonchitis.
Myosotis alpestris.
Scrophularia Hoppii.
Ti'ifoliuru Thalii.
Orchis globosa, etc.
388 —
Les sources explorées à la hâte, nous nous étendons à l'ombre
d'un Pinus uncinata, arbre résineux que nous retrouverons au som-
met en vieux individus rabougris, haut comme ça. Le nanisme des
arbres est un des caractères les plus curieux de la végatation alpes-
tre. Quand on songe à la stature du saule herbacé qui atteint un ou
deux centimètres de hauteur à Belledone, il n'y a pas lieu de s'é-
tonner outre mesure de la taille fantastique des habitants de l'île de
Lilliput. On trouve des sapins et des pins qui ont cent ans au moins
et un mètre au plus ; ils s'allongent à peine d'un centimètre par an.
Il s'agit maintenant d'escalader les pentes qui mènent aux crêtes
de la Moucherotte. C'est dur. Le docteur G. qui soufle comme un
bœuf échoue à mi-coteau. «Je vousattends là, dit-il; jeconnaisle
coup d'œil » . Mlle P. regarde amèrement à droite et à gauche si
personne ne vient à son secours. Au détour du coteau, deux ani-
maux hirsutes, au poil fauve, se montrent à nos regards. Ce sont
de jeunes ours, dit un monsieur, un grenoblois aux pieds moins
légers que ceux de ses compagnons. C'est le secours attendu.
Mlle P. effrayée par l'apparition de ces animaux qui se dirigent de
son côté, file comme une flèche et atteint le sommet où elle arrive
essouflée. Ces jeunes ours étaient deux chiens de berger. « Y-a
t-il pire mal de dents que quand les chiens vous tiennent aux jam-
bes, dit Panurge. » .
Il n'y a pas de plateau au sommet ; une pente abrupte d'un côté,
des précipices de l'autre, une longue arête, déchiquetée en den-
telle, un coup d'œil splendide, tel se présente à nos yeux le som-
met do la montagne que nous venons de gravir. Nous avons bien
payé par nos fatigues ce majestueux spectacle.
Comme les hommes sont petits, vus d'en haut ! Ou dirait des
fourmis. Contre les parois des rochers je détache au risque de me
rompre les os, un magnifique échantillon de Nerprun [Rhamnus
pumila) d'un âge que je renonce à connaître, tout couvert de fruits
et mesurant 15 centimètres de longueur. Il était là, entre les fis-
sures de la roche, depuis bien longtemps. Un peu plus bas, une
touffe énorme, blanche et rose, m'attire et me fascine. Mais il y a
un précipice affreux, sept ou huit cent mètres, environ qui la
défend contre mes projets. J'y renonce ; je l'ai retrouvée plus
loin dans un endroit moins dangereux : c'est VÀnlhiUis monlana su-
perbe dans ces parages.
Je récolte encore :
Androsaee villosa.
Dryas octopetala.
Bistoi'ta vivipara.
Athameatha cretensis.
Hieraciiim villosum.
Juniperus alpina.
Polygala calcarea.
Avena setacea.
Arenaria ciliata.
Acinos alpinus.
Buplevrum petrœum.
<i Btellatum.
Nigritella angustifolia.
Ranunculus aduncus.
Silène quadrinda.
Botrychium lunaria.
Ântennaria di'iica.
Draba aïzoides.
SaxilVaga aïzoon.
» muscoides.
Oi'cUis vii'idis.
Ileliantheraum italiciim, eto
— 389 —
Les grenoblois ont disparu. Que Dieu les assiste et les préserve
du danger. Je ne leur en veux plus ; je les laisse aller. Nous res-
tons trois au sommet qui ne pouvons nous décider à tirer le
rideau devant le panorama merveilleux qui s'oiFre à nos regards.
Enfin M. Ollagner, pharmacien à l'Arbresle, finit par m'arracher
âmes contemplations. Ma boîte et pleine ; elle contient 140 espè-
ces. Je descend en zig-zag, en fumant un excellent cigare. Ah !
que la nature serait belle si nos estomacs ne criaient pas famine.
La descente s'effectue par le même chemin. Nous retrouvons
les sources, le grand Pinus uncinala,\e berger et ses deux chiens,
et la Cheminée. Ici nous constatons qu'il est plus aisé de monter
dans la gaine que d'en descendre, et c'est à grand renfort d'acroba-
tie que nous parvenons à nous retirer de ces éboulis compliqués
de rochers verticaux, horizontaux et inclinés.
Dans la forêt je constate un phénomène de végétation que je
signale au risque d'enfoncer une porte ouverte. Les jeunes sapins
qui sont à la base de la montagne restent pendant longtemps nains
et rabougris ; ils forment des touffes coniques, très compactes. Tout-
à-coup, sans que rien n'indique celte transformation, àla végétation
lente et chétive de leurs premières années, succède un développe-
ment rapide qui étonne au premier abord. On dirait qu'une espèce
différente a été greffée sur leurs flèches rabougries.
Nous sommes de recour à St-Nizier à sept heures. Nous restons
cinq dans le village pour y souper et passer la nuit. A l'aube, je
range ma récolte dans ma boite ; un peu plus tard, à 6 heures du
matin, nous descendons vers Grenoble en herborisant le long des
chemins et sentiers tracés dans les bois.
Notre retour s'effectue par les gorges d'Engin et Sassenage.
•Ah ! mes amis, le beau coup d'œil. Si jamais vous allez là haut,
je vous conseille de redescendre par là. Cependant, non, attendez.
Il y a un certain Pas du curé à traverser qui donne le frisson rien
que d'y penser. C'est un sentier iocUné, taillé dans le roc, large de
0,60 centimètres, où le temps dure. On sent à côté de soi un
précipice épouvantable qui attire d'une manière désagréable. C'est
beau mais dangereux. Ne passez pas là si vous craignez le vertige.
Après avoir suivi le Furon pendant 8 kilomètres nous débou-
chons à Sassenage accompagnés par le chant des cigales. Sasse-
nage, dîner; truites excellentes. Retour à Lyon par le chemin de
fer du Sénégal : 40" dans les wagons.
V. V.-M.
— 390 —
Moyen de reconnaître la nature des troubles du vin
en tonneaux.
Lorsque la couleur trouble du vin donne à craindre qu'il ne
tourne, il faut en filtrer un peu à travers du papier. Si le vin ainsi
filtré a vilaine couleur ou mauvais goût, c'est un signe qu'il est
gâté ou on voie de se gâter* si, au contraire, on ne remarque ni
couleur, ni goût, on peut être sûr que le trouble qu'il présente
n'est occasionné que par une fermentation temporaire, qu'il se cla-
rifiera de lui-même et qu'il reviendra, dans un temps plus ou moins
long, dans son état naturel.
Valeur agricole des Gadoues de Paris (1).
On désigne sous le nom de gadoue les balayures des rues mélan-
gées aux ordures ménagères. Il y a un peu de tout dans ces détri-
tus : des épluchures de légumes, des débris de poissons, des intes-
tins de volailles, des plumes, des cendres, etc., qui peuvent être
utilisés comme engrais ; des morceaux de verre et de porcelaine,
des bouchons, des ustensiles brisés et autres objets qui n'ont
absolument aucune valeur. Toutes ces matières, telles qu'on les
recueille chaque jour dans les rues constituent la gadoue verie:
lorsqu'elles ont fermenté en tas pendant un certain temps, elles
donnent ce qu'on appelle la gadoue noire.
Dans les environs des villes, autour de Paris notamment, les
gadoues sont employées depuis longtemps pour fumer les terres;
elles sont surtout fort appréciées à Argenteuil pour la culture
des asperges.
MM. A. Muntz, professeur, et Ch. Girard, préparateur à l'Ins-
titut national agronomique, ont voulu se rendre compte de la
valeur réelle de cet engrais, et ils ont fait dans ce but plusieurs
analyses, dont les résultats sont consignés dans le BulleUn du minis-
tère de l'agriculture,
Un échantillon de gadoue verte prélevé dans les voitures dont
le déchargement s'elïectue dans des bateaux au quai de Javel,
contenait 0,38 pour cent d'azote, 0,41 d'acide phosphorique, 0,44
de potasse et 2,57 pour cent de chaux. — C'est à peu près la
richesse du fumier de ferme ordinaire.
La gadoue recueillie aux halles centrales est formée en majeure
partie de débris de paille et de légumes ; elle est, paraît-il, plus
estimée que les autres par les cultivateurs. Elle contient à l'état
vert 0,26 pour cent d'azote, 0,31 d'acide phosphorique, 0,24 de
(1) Semaine populaire.
— 391 —
potasse et 3,20 pour cent de chaux. Elle est donc moins riche en
principes fertihsants que la gadoue du quai de Javel, et on ne s'ex-
plique pas dès lors la préférence dont elle est l'objet.
ÂIM. Muntz et Girard ont analysé des gadoues noires prises à
Bagneux et à Gentilly, où elles étaient en tas depuis six mois. Ils
ont trouvé dans les premières : azote, 0,45; acide phosphorique,
0,58; potasse, 0,52; chaux, 3,75 pour cent, et, dans les secon-
des : azote, 0,39; acide phosphorique, 0,45; potasse, 0,29; chaux,
2,92 pour cent.
On voit que les gadoues sont loin d'avoir partout la même com-
position ; leur teneur en éléments fertilisants varie selon les quar-
tiers où elles sont recueillies. Les cultivateurs en situation d'utiliser
des boues de la ville, ne doivent donc pas manquer d'en faire faire
au préalable l'analyse, afin de savoir exactement à quoi s'en tenir.
La conclusion générale du travail de MM. Muntz et Girard,
c'est que les gadoues vertes ou noires restituent au sol à peu près
autant de principes fertilisants que le fumier de ferme normal ;
mais que les gadoues noires étant à un état de décomposition plus
avancé, et transformées pour ainsi dire en terreau, doivent être
d'un emploi plus avantageux pour l'agriculture.
En évaluant l'azote organique à 1 fr. 501ekilog., l'acide phos-
phorique à 0 fr. 30, la potasse à 0 fr. 50 et la chaux à 1 cent, le
kilog., la valeur intrinsèque des gadoues vertes n'est pas inférieure
à 6 fr. 30 et s'élève jusqu'à 9 fr. 30 les 1,000 kilog.; celle des
gadoues noire est comprise entre 9 et 11 fr. 40 les 1,000 kil.
Il est donc hors de doute que les gadoues sont des matières fer-
tilisantes qu'on peut employer avec profit dans le voisinage des
lieux de production, là où leur prix n'est pas augmenté par des
frais de transport.
A Lyon, la gadoue porte le nom d'équevilles. A Paris, autrefois,
on appelait gadoue, non-seulement les immondices, les boues et
autres fumiers de ville, mais encore les vidanges des latrines.
Aujourd'hui on distingue entre toutes ces matières. Les Lyonnais
ont cependant conservé, en l'altérant, le mot de gadoue; ils en
ont fait gandou et gandouse. A Paris, l'ouvrier qui vide les fosses
d'aisance s'appelle un gadouard; à Lyon, un gandou. R.
— Une école d'agriculturj. due à rinitiaùpe privée, vient d'être ouverte
à Hole Park (Kent); l'enseignement est théorii]ii3 et pratique. La fdrnae
contient 520 heclares de terres, Je prés, etc. Ls bit est de former des régis-
seurs, dos aijriculteurs pour les colonies, etc.
— M. E. Chirtiér, jardinier à Montmorency, a obtenu un Adiantum
mncrophyllnm à feuilles striées ia blanc. Il raste i s%voir si la pinaehure en
question est bien stable et, dans le cas atfirmatif, si la multiplication de la
variété est facile à faire.
— 392 —
— M. F. Sahut, horticulteai- à Montpellier, a obtenu une médaille d'or
de la Société nationale d'agriculture, pour son livra sur le greffage des
vignes américaines.
— M. Boisselot a recommandé la greffe sur rosier Banks des variétés
vigoureuses de rosier thé, telles que Maréchal Niol, Balle Lyonnaise. La
chose n'est guère pratique; cependant, dans quelques cas exceptionnels,
l'essai pourra en être tenté.
— U Illustration horticole signale et figura les plaates nouvelles suivantes:
1° Gymnogrammu fariniferuvi, variété qui provient, paraît-il, du G. scldzo-
phyllum; 2° Alocasia Lindeni , aroïdée remarquable par la couleur des
pétioles blancs, des nervures jaunes et du limbe vert brillant de ses feuilles.
Originaire dd la Papouasie ; 3° Dendrobium stratiotes, orchidée également
originaire de la Papouasie.
— La sécheresse est telle dans la Nouvelle Galles du Sud (Australie),
qu'on a vendu des moutons 1 fr. 20 la pièce. C'est dans ce pays que le gigot
ne doit pas être cherl
Roses nouvelles Lyonnaises
Thé (non sarmenteux) : Baronne de Fonvielle. — Arbuste vigoureux, à
rameaux droits, très-fermes, très-fiorifères, presque inermes, feuillage vert
foncé, l'impaire très-grande, finement dentelée, deur grande, pleine, bien
faite, pédoncule ferme, coloris jaune cuivré, à revers des pétales rouge-
laque; variété très-odorante. Issue de la variété Beauté de l'Europe.
Rosiers hybrides remontants : Stéphanie Charretton. — Arbuste très-vi-
goureux, florifère, à rameaux droits, fermes, feuillage à cinq larges fol-
lioles, l'impaire ovale, très-grande, finement dentelée, Ûaur grande, pleine,
très-bien faite, la coloris des trois premiers rangs de pétales extérieurs est
blanc, légèrement rosé, le centre delà fleur est rose-cerise vif.
Louis Rollet, arbuste extra vigoureux, remarquable par son développe-
ment, à bois rouge, gros aiguillons de même couleur, feuillage à cinq larges
folioles; au printemps le feuillage est rouge comme un Coleus Verschaffelti,
fleur grande, pleine, rouge-pourpre, très-remontante.
Les descriptions de ces trois roses sont faites par l'obtenteur M. J.-M.
Gonod, rosiériste, rou^e d'Heyrieux, 154, Monplaisir-Lyon.
Catalogne. — Chinard, marchand-grainier, 15, quai St-Ancoine, Lyon.
Catalogue contenant l'énumération des graminées séparées ou en mélange
ainsi que des céréales d'automne. Engrais chimiques spéciaux.
Des cartes d'entrée valables pour nue tIsKc à l'exposition sont
mises à la disposition des sociétaires qui désirent en faire cadeau à leurs
amis.
Ces cartes dont le prix est de 0,75 centimes seront déposées jusqu'au sept
septembre, chez M. Jacquier, 8, quai des Célestins, Lyon.
Passé ce délai, il ne sera plus vendu de cartes.
Des cartes pcrsounelles valables pendant la durée de l'Exposition
seront livrées au public moyennant la somme de 5 francs.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Iiupr. du Siilut Public. — Bellon, 33, rue de la République, 33.
1883 SEPTEMBRE N° 17
CHRONIQUE
V Exposition cf horticulture. — Ouf! Je respire. Merci, mon Dieu,
merci ! lie gentil jardin que M. Cordioux avait tracé sur le cours
du Midi a disparu sous la pelle des terrassiers. L'herbe âne et
drue, le vert gazon a vécu. La rocaille va devenir la victime d'un
maître maçon; les tentes iront se reposer dans quelque hangar pen-
dant que les charpentes soigneusement empilées chez M. Darties
attendront une occasion favorable pour clore l'emplacement d'une
autre exposition. C'est fini, tout est nivelé. Les horticulteurs remet-
tent en place les plantes qu'ils avaient apportées et classent leurs
récompenses dans les médaillers. C'est le moment de jeter un coup
d'œil rétrospectif sur l'Exposition qui vient de fermer ses portes.
Et ce coup d'œil est d'autant plus utile à jeter que cette expo-
sition ne ressemblait à aucune de celles qu'on a pu voir à Lyon
depuis l'an de grâce 1838, époque où fut tenue la première dans
l'Orangerie du Jardin des Plantes.
Cent soixante-dix exposants ont apporté 370 lots. Notez ce
chiffre. En 1882, il y avait 100 lots de moins. Les légumes, les
fruits et les objets d'industrie contribuaient pour la plus grande
part à cet accroissement inusité d'objets exposés. Ce qui manquait,
vous qui avez visité l'exposition en détail, vous le savez mieux que
moi : c'étaient quelques collections de serre chaude qu'on avait
l'habitude de voir telles que : Caladium, Dracœna colorés, Marai.ta
et autres. Cette absence était d'autant plus sensible que l'emplace-
ment qui leur avait été réservé était plus considérable.
En dehors de cela tout était pour le mieux.
Le Jury a fonctionné le mercredi 8 septembre à partir de midi
et a en partie terminé son travail le même jour. Le lendemain,
9 septembre, ouverture à 8 heures. A 2 heures, réception des
__ 394 —
autorités. La musique du bataillon des sapeurs pompiers et une
musique militaire se sont fait entendre pendant la soirée.
Le même soir, à 7 heures, la Société offrait dans les salons de
M. Casati un banquet à MM. les jurés, à la presse lyonnaise et
aux autorités. Notre aimé président, M. Dutaill}^ a remercié cha-
leureusement MM. les jurés et MM. les représentants de la presse
du concours dévoué qu'ils ont prêté dans cette circonstance à l'As-
sociation horticole. M. Crousse, horticulteur, à Nancy, a répondu
en fort bons termes, au nom du Jury, M. Gandret, au nom de la
presse. M. Mercier, de Marseille, a soulevé la question des entra-
ves apportées à la circulation des végétaux. M. Labruyère a porté
un toast au lauréat du prix d'honneur, M. F. Morel. Puis la soirée
s'est terminée par des chants.
Ceci dit, nous allons, le programme eu main, nous promener un
peu dans le jardin et dans les galeries de l'Exposition.
Je trouve d'abord les légumes en tête du programme, les
légumes, choses utiles par excellence, et c'est par eux que je vais
commencer.
CuUure maraîchère. — Comme je suis un peu végétarien, c'est-
à-dire grand partisan des pommes de terre frites, des épinards au
jus, du fricandeau à l'oseille, du bœuf aux carottes, de la salade de
laitue et autres menues herbes, c'est toujours avec le plus grand
intérêt que je visite la partie des expositions consacrée aux plantes
potagères. Ce n'est pas très beau, les légumes, j'en conviens, et
vous aussi, n'est-ce pas? Mais combien c'est utile à la sustentation
de nos individus ! Je partage bien sincèrement l'opinion de ceux
qui aiment à flairer la douce odeur qu'exhale l'Héliotrope, je m'ex-
tasie sans façon devant les grâces de la rose, et je ne suis pas de
ceux qui restent insensibles aux séductions trop nombreuses que
Flore étale à mes regards. Cependant faut-il encore pour perce-
voir avec toute l'intensité désirable ces douces sensations n'avoir
pas l'estomac trop délabré.
Hélas ! il en est ainsi et l'humaine nature ne vit pas d'amour et
d'eau fraîche. Saluons donc d'un grand coup de chapeau les repré-
sentants de la culture maraîchère et arrêtons -nous devant les lots
de légumes qu'ils ont apportés.
Le programme comportait trois geores de concours : concours
général, concours de belle culture et concours de spécialités. A mon
avis les concours les plus intéressants sont les concours de spécia-
lités: choux, laitue, pomme déterre, melon, etc., et ils le seraient .
bien davantage si on pouvait voir réunis dans une exposition quatre
— 395 —
ou cinq collections d'un genre quelconque cultivé dans autant de
localités distinctes dont le sol et l'exposition seraient diiïérents. On
pourrait alors comparer les mêmes sortes cultivées dans tous ces
endroits et s'assurer des conditions qui favorisent le mieux leur
venue.
Ceci dit, ce desiderata formulé, examinons ce que nous avons
sous les yeux.
M. Verne, jardinier chez M. Godinot à Tassin, est celui des ex-
posants qui a le lot le plus considérable.
On rencontre dans son exposition 230 variétés de choix dans
tous les genres, tels que ch&ux, navets, haricots, pois, laitue, chi-
corée, bettes, carottes, etc., et tout cela cultivé irréprochablement.
M. Verne a obtenu la médaille d'or du Ministre. Il nous a du
reste habitué depuis longtemps à des exhibitions en séance qu'il
sait rendre très intéressantes.
M. Charrault, jardinier chez M. Exupert Girier, obtient aussi
une médaille d'or pour sa collection d'ensemble. Pour un coup
d'essai c'est un coup de maître.
M. Favre (Gabriel) et M. Guillet (Pierre) ont des collections
moins nombreuses en variétés mais d'une culture qui fait honneur à -
leur talent de jardinier.
M. Tronche, jardinier chez M. Carrier, dans le 2°" concours
relatif à la belle culture de légumes, présente un très beau lot au-
quel le jury n'hésite pas a donner le premier prix.
Viennent ensuite (ex-œquo) , qui le suivent de très près,
MM. H. Perrier et Garnier (Claude). Ces deux jardiniers ont su
montrer que la culture maraîchère n'a pas de secret pour eux.
Le concours relatif aux légumes nouveaux et peu connus n'avait
qu'un seul exposant, MM. Rivoirepèreet fils, marchands-grainiers.
rue d'Algérie, à Lyon. Je trouve dans leur lot le Céleri scarole,
très singulière variété dont le nom expressif est parfaitement
exact, on dirait en effet une Chicorée scarole. Je ne sais pas ce
que l'avenir réserve à cette sorte singulière qui a le mérite de
blanchir facilement seule. Une autre plante dont ont a beaucoup
parlé se trouve dans ce lot, c'est le Slachis affinis, C'est une labiée
voisine de notre Epiaire des marais. Je ne lui prédis aucun succès.
A signaler encore, le chou de Milan frisé de mai; il parait que cette
sorte est très méritante. Puis deux piments : le P. à bouquet et le
P. géant de Proscoppe, et deux pommes de terre : Reine des hâ-
tives et Lyonnaise.
Les semis de légumes sont représentés par de magnifiques va-
riétés de pommes de terre exposées par M. Chipier, horticulteur à
— 396 —
St-Martin-en Haut (Rhône) et par M. Aumiot,à Anse (Rhône^l. M.
Chipier a plus de 100 variétés. M. Aumiot, 53. Ces Messieurs ont
également chacun une collection de variétés nommées, fort belles
et dignes d'éloges. Les amateurs ont longuement étudié ces nom-
breux et beaux tubercules. Il n'y avait pas du reste que ces deux
collections. M. Guillet (Pierre), jardinier, chez M. Rendu, à Grézieu,
M. Jambon, jardinier à Rochetaillée, M. Favre. jardinier àMonplai-
sir, et M. F. Dervieux, jardinier à Cusset (Rhùne), en présentaient
chacun une en variété plus ou moins nombreuse.
Cucmbilacées. — Je ne sais pas, amis lecteurs, si vous partagez
mon opinion relativement aux cucurbitacées ; je les admire mais je
n'en mange pas. Quelques-unes ont des formes insoUtes ; il y en a
d'énormes, comme le potiron romain, et de toutes petites comme
des œufs. J'en ai remarqué qui se tordaient en serpentin. Et les
cornichons, et les gourdes de pèlerin. Quelle bizarre famille, M.
Jambon gagne avec ces fruits singuliers une grande médaille d'ar-
gent. Il gagne encore une médaille de vermeil avec une superbe
collection de melons. L'exposition de M. Jambon est une de celles
qui ont été le plus remarquées.
ARBORICULTURE ET VITICULTURE
Fruits. — Je crois que l'avenir appartient aux fruits. On ne tire
pas du poirier, du pêcher, du prunier, de l'abricotier, tout ce qu'ils
pourraient rendre. Sans la pommier les Normands en seraient
réduits à la boisson des grenouilles. Vous me direz que nous avons
le vin, mais vous me permettrez de vous répondre que cette excel-
lente boisson est entrain de disparaître — et le train marche vite. —
La fuschine, l'acide tartrique, l'eau et l'alcool de betterave sont en
voie de le supplanter. L'esprit de vin a déjà disparu, le cognac
aussi. Actuellement voici la formule du cognac vieux:
Alcool de pommes de terre, de blé, etc.
Eau.
Ammoniaque liquida et ciramel.
Chauffez, clarifiez, laissez refroidir et servez.
C'est pourquoi je dis que l'avenir est aux fruits. Les beaux fruits
iront sur les tables ; les inférieurs au cuvier et du cuvier à l'alam-
bic. L'alcool de fruit est un produit sain et excellent qui se vend et
se vendra toujours, tandis que les alcools obtenus avec les grains et
autres féculents attaquent la moelle épinière et provoquent la folie.
Actuellement il n'y a rien d'organisé pour tirer parti de l'excès
de production fruitière, et quand il y a surabondance c'est par mil-
lions de kilogrammes que les fruits qui ne se conservent pas vont
— 397 —
au terreau ou se donnent à vil prix sur les marchés. Les Améri-
cains, gens pratiques, font des confitures, de la conserve et de
l'eau de vie de tout ce qui ne peut se vendre frais.
Il y a cinq grandes collections générales de fruits, cinq collec-
tions de poires, une collection de pêches, trois collections de poi-
res et de pommes réunies et cinq collections de raisins.
Dans la collection de MM. F. Morel et fils, horticulteurs à Lyon-
Vaise, je note quelques fruits relativement nouveaux : coing de
Bourgeaut et Rea's mammouth ; nèfle sans pépin; pêche Alexis
Lepère, Superbe de Choisy, Nectarine Victoria;, poire Anne de
Bretagne, Auguste Droche, Bergamotte Liabaud, Beurré Fouque-
ray, Charles Cognée, Charles Ernest, La France, M'"" Chaudy,
Marguerite Mœrillat, Roi Christian, etc.
MM. Poisard frères, pépiniéristes-horticulteurs, à Anse (Rhône),
avaient un lot qui ne laissait rien à désirer et dans lequel on pou-
vait noter les plus beaux fruits qu'on trouve dans les collections,
tels que :
Beurré Clergeau, Duchesse d'Angoulême , Passe-Crassane,
Doyenné d'hiver, M"'" Chaudy, Beurré Millet, Nec plus meuris.
Bon Chrétien Napoléon, Beurré superfîn, Beurré Diel, Beurré
d'Hardenpont, Passe - Colmar, Bergamotte Esperen , Bonne
d'Ezée, etc.
M. Cl. Jacquier fils, pépiniériste entrepreneur, rue des Tuiliers,
à Monplaisir, nous montre également ce qu'il y a de mieux parmi
les poires, les pommes et les raisins. Dans les poires je note :
M™" Chaudy, Triomphe de Vienne, Belle d'Ecully, Beurré Per-
rault, Passe-Crassanne, Beurré de Luçon, Marguerite MariHat,
Beurré Clergeau, etc. Dans le même lot, quelques pommes remar-
quables : Belle Dubois, Pomme Nèfle, Grand Alexandre, etc. ;
puis Chasselas de Negrepont, Blanc d'Ambre, Diamant Traub,
Frankenthal, etc.
M. Fouilloux, horticulteur à St-Germain-au-Mont-d'Or, pour
avoir une exposition un peu moins complète (les raisins manquaient)
que les précédentes, avait dans son lot des fruits superbes, bien
nommés et en variété de choix parmi les meilleures.
Un exposant, M. MeUn, horticulteur à Chantelle (Allier), avait
envoyé un choix judicieux de poires et de pommes vraiment
fort belles, parmi lesquelles je note: Maréchal Dillen, Fortuné
Boisselot, Howel, Prince Napoléon, Duchesse de Mars, Délices
d'Ardenpont, Colmar d'Arenberg, Beurré gris d'automne, Olivier
de Serres, Bergamotte Sageret, etc. Puis les pommes Fenouillet,
Belle Joséphine, Calville St— Sauveur, Reine des reinettes. Belle
Dubois, etc.
— 398 —
Collections de Poires, — C'est, je le répète, dans les genres spé-
ciaux que les concours sont vraiment sérieux et faciles à juger.
Voici par exemple M. X. qui bat M. Y. dans la collection géné-
rale de fruits, et cependant le jury qui l'a mis second, troisième ou
quatrième ne disconvient pas qu'il peut être le premier pour les
poires, pour les pommes ou pour les pêches. Il est «brossé» quand
même par son voisin parce que sa collection est inférieure dans
certains genres.
Je m'explique, voici par exemple M. Routin, notre excellent
pomologue, qui obtient la médaille d'or pour sa collection de poi-
res ; dix pommes, cinq pêches, quatre prunes, trois raisins, et une
noisette à son lot, il était classé dans la collection générale et ob-
tenait peut être une petite médaille d'argent.
Quoiqu'il- en soit M. Routin, horticulteur à Fontaines, nous mon-
tre des poires bien dénommées, fort belles et des variétés très
nombreuses, ce qu'il y a de mieux en un mot..
MM. Fayard père et fils, horticulteurs, route de Lyon, ont
montré qu'ils connaissaient également bien les poires, qu'ils en
avaient de fort de fort belles, parmi les meilleures variétés.
M. Valla, horticulteur, rue de Chasse, à Oullins, ainsi que M.
Givord, pour avoir des collections un peu moins nombreuses en
variétés n'en avaient pas moins des lots d'un grand mérite, dans
lesquels les amateurs pouvaient noter les meilleures sortes.
M. Tronche nous a également prouvé qu'il s'intéressait aux
collections.
M. Mathieu Combet, àLimonest (Rhône), est le seul horticulteur
qui expose dans le 22™" concours relatif aux pêches en collection.
Il a un lot magnifique. Plus d'un visiteur aura désiré s'assurer par
la dégustation si ses fruits étaient aussi bons que beaux.
M. Favre (Gabriel) horticulteur à Lyon-Monplaisir, décroche
une grande médaille d'argent, pour une collection de fruits non
désignés dans les précédents concours.
La collection de 25 variétés de poires et de 20 variétés de pom-
mes, met en présence M. Besson, horticulteur à Irigny (Rhône),
M. Danjou et M. F. Dervieux. Le jury a été fort embarrassé pour
donner les prix car ces trois lots se recommandaient par un choix
judicieux des meilleures variétés.
{J suivre). V. V.-M.
— 399 —
Di«icoiirs prononcé pai* M. Dntailly, Président de IMssocla-
tiou liortii-ole l^ounai^c, à Toccaslon de la distribution
des récoiupcnse» aux lauréats de l'Exposition.
Messihurs,
Lundi dernier, lorsque le banquet de l'Association allait prendre fin, le
délégué de Marseille, très compétent, très autorisé, se leva et but à la santé
de l'horticulture lyonnaise : a Ljon, dit-il, est presque la capitale horticole
de la France. »
Messieurs, quand on est fort et que l'on a conscience de sa puissance, la
modestie est un devoii'. Ce que la ville de Marseille a eu la gracieuseté de
dire à la ville de Lyon, nous n'oserions le penser et nous n'avons point la
présomption de prendre le pas sur Paris.
Et pourtant qui ne sait que Lyon est la capitale des roses. Nulle part, il
n'y en a autant, ni de plus belles, ni de plus variées. Lyon, fière des bons
fruits dont elle a peuplé les tables, peut revendiquer la production d'innom-
brables variétés de fruits. L'œillet, que quelques-uns nomment le roi des
lleurs, a été grandement perfectionné chez nous, et l'œillet remontant est
lyonnais.
Ce n'est pas tout : jaloux de nos traditions, nous ne cessons de poursuivre
partout le progrès avec acharnement. Un lyonnais, M. Crozy, n'est-il pas
en train de transformer le Canna et de donner au somptueux feuillage de la
plante indienne un couronnement digne de lui ? Ses quelques maigres fleurs
d'autrefois se sont multipliées et élargies ; et maintenant le Canna se pare
de lleurs étincelantes comme celles des Glaïeuls, qui se pressent et s'étagent
en épis magnifiques à floraison prolongée. En changeant de patrie, le Canna
du vieux Linné a changé de parure, et le voici qui devient le balisier de
Lyon.
Nous perfectionnons le Canna, mais nous simplifions le Dahlia. Celui-ci
s'était peut-être trop civilisé à notre contact. En se doublant, il s'était alourdi,
et son impeccable régularité heurtait quelque peu nos récentes idées artisti-
ques où l'art léger du Japon, qui a horreur de la symétrie, tient une si grande
place. Nous avons donc tenté de ramener le Dahlia aux jours de la sauvage-
rie primitive; mais on peut voir par les collections qui s'étalent ici que nous
avoGS conservé de jolies mouchetures à ce qui lui restait de pétales. Tel qu'il
est aujourd'hui, il produit le meilleur effet dans nos jardins et la ville de
Lyon a contribué plus que toute autre à faire do ce sauvageon une plante
aimable et charmante.
Messieurs, je me garderai de vous promener à nouveau dans tous les re-
coins de cet immense jardin. Les plus humbles légumes y coudoient les plus
orgueilleuses fleurs et, pour la première fois, on peut dire que l'exposition
maraîchère est digne des autres. Il y faudrait peut-être un peu plus de
variété dans les produits exposés ; mais cette critique en tous cas ne s'appli-
que point aux pommes de taire dont vous avez vu les collections superbes,
où l'utile Parmentier, s'il revecait parmi nous, serait fort empêché de retrou-
ver le tubercule lype, qu'en homme politique habile il faisait protéger par
des soldats, pour que tout le monde eût la tentation d'y toucher.
11 faui voir tout cela en détail et bien d'autres choses : les vignes greffées
et les hybrides, les espérances de la lutte que nous soutenons contre le phyl-
loxéra; il faut contempler c3S longues files de tablettes où gisent des collec-
tions fruitières, hors de pair, s'en aller visiter les plantes de serre sous
leur vaste pavillon et voir enfin tout cela dans le cadre simple et élégant
tracé par M. Cordioux. Partout c'est l'abondance, l'initiative, le goût, le pro-
grès. D'ajtres s'enthousiasmeni tt se demandent où l'on a pu trouver tout
cet amoncellement de fleurs, de fruits et de légumes. Il faut leur dire la
vérité : s'ils allaient chez les producteurs, ils en verraient bien davantage.
Tout ce que vous avez sous les yeux n'est en réalité qu'une collection de
— 400 —
bouquets que des centaines d'exposants ont cueillis chacun dans son jardin,
pour les mettre sous vos yeux, en concurrence avec le bouquet du voisin.
Eli bien ! il y a ceni voisins de plus qu'à la dernière exposition, et c'est
sur quoi j'appelle toute votre attention. Ces cent exposants nouveaux sont
tous de petits horticulteurs qui s'abstenaient naguère et qui reconnaissent
aujourd'hui que nous avons des réconapenses pour tous les efforts réels, même
les plus humbles. Mais, en même temps, certains de nos grande exposants,
ceux que nous aimons le plus pourtant et que nous admirons encore davan-
tage, s'il est possible, se tiennent à l'écart cette année. Leur renom est uni-
versel, ils le savent et ils se reposent. Ils veulent aussi, disent-ils, laisser les
grandes médailles aux jeunes, et cette galanterie n'est pas pour nous laisser
froids.
On a dit à ce propos, que l'exposiiion se démocratisait, qu'elle se faisait
plutôt par les petits que par les grands. Messieurs, permettez à un président
qui vous doit la vérité et vous aime assez pour ne vous la point cacher, per-
mettez-moi de vous dire que ce n'est poiiit ainsi qu'il faut comprendre la
démocratisation de l'horticulture. Nous ne voulons point de l'égalité dans
ramoindris=!ement. Ce qu'il nous faut c'est de l'égalité vers les sommets. Nos
grands horticulteurs sont pour nous des porte-drapeaux. Vous apprenez à
bien faire en regardant ca qu'ils font. Et bien faire c'est vous efforcer de
faire ce qu'ils ont fat. S'ils nous faisaient défaut, il nous manquerait des
guides et des conseils. Et quant à eux, qu'ils n'oublient pas que noblesse
oblige. Il j a une chose pur laquelle on ne saurait se blaser, c'est l'accueil
empressé des amateurs. Q'je penserait-on d'eux si au lieu de venir sous notre
tenue ils restaient sous la leur?
Messieurs les exposants, qui que vous soyez, petits ou grands, vous avtz
cette favriur du public lyonnais, toujours si am')ureux des belles plantes.
Et ce n'est pas tout. Je vois ici, à mes côtés, M. Dubois, le représentant
de la Municipalité lyonnaise, qui vous prouve, par sa présence, que les
pouvoirs publics ont l'œil sur vous et rendent justice à vos mérites. Il y
a quelques jours, c'était M. le Préfet qui venait assister à l'inauguration,
et nous lui avons été profondément reconnaissant, de cette marque d'inté-
rêt. Ceux qui ne peuvent venir ne nous oublient pas. Voici l'admirable vase
de M. le Président de la République qui vieut récompenser un infatigable
travailleur, M. Morel. Il y a là encore les médailles d'or et d'argent du
ministre de l'agriculture et, dans tout ce monceau de médailles, les subven-
tions de l'Etal, de la ville et du département entrent pour une bunne part.
Messieurs, remercions nos honorables visiteurs et nos généreux bienfai-
teurs. Et puis, disons-nous, que pour accumuler sur nous tant et aussi signi-
ficatives sympathies, il faut bien que notre œuvre &oit utile et méritoire.
Oui, vous tous, membres de l'Association horticole lyonnaise, vous êtes
dans la bonne voie et notre Société, n'en doutez pas, qui a déjà le présent
pour elle, a pareillement l'avenir.
Bouturage du Rosier
(Avec figures explicatives.)
Il est assez difficile de bien faire saisir sa pensée quand il s'agit
de démontrer certaines opérations techniques. Le professeur a beau
avoir « la langue bien pendue » , l'écrivain un style « clair et
précis » s'ils n'ont ni l'un ni l'autre des tableaux à montrer, ils en
sont pour leurs frais d'éloquence. C'est pourquoi j'ai prié un de
mes amis de me dessiner les trois figures ci-contre qiu serviront
d'explication à cette note concernant le bouturage du rosier.
401 —
Fig. l. — Bouture de Rosier avec talon;
Tig- 3. — Bouture de Rosier, taillée en biseau.
Je classe le rosier dans deux catégories quand il s'agit de le
bouturer : le rosier à feuilles persislanles et le rosier à feuilles cadu-
ques. Je prie les malins de ne pas trop se presser de me rire au nez
parce que je parle de rosiers à feuilles persislantes ou presque persis-
tantes. Je n'entends pas parler du Hosa sewpcrvirens seulement, mais
de tous les rosiers indiens, dont les feuilles sont longues à tomber
si les froids rigoureux ne surviennent pas trop vite en hiver.
Je comprends que les Rosiers à feuilles persistantes constituent,
dans mon esprit, un groupe qu'on ne trouve pas dans les catalo-
gues, mais ce n'est pas une raison pour en nier l'existence.
Je distingue donc, quand il s'agit de faire des boutures, les
rosiers en deux catégories. Dans la première, que j'appelle R. à
feuilles persistantes je place :
Les rosiers de l'Ile-Bourbon, les rosiers Bengale, les rosiers
Thés et les rosiers de Noisette, pour ne citer que les plus commu-
nément cultivés.
— 402 —
Dans la deuxième catégorie, les Hybrides remontants et non
remontants, les Cent-feuilles, les Damas, les Provins, etc.
Ceci dit, il me reste à donner la raison qui m'a décidé à établir
les deux catégories ci-dessus dénommées. La voici : Les rosiers de
la première catégorie (R. à feuilles persistantes) ne reprennent
bien de boutures que lorsque celles-ci sont faites en leur conser-
vant une partie de lè«rs feuilles (voir fig, 1 à 3), tandis que ceux
de la deuxième catégorie (R. à feuilles caduques) peuvent s'en-
raciner sans que la bouture soit feuillée.
Fig. 3. — Boutare de Rosier avec incision.
J'ajouterai que les boutures de rosiers de la première catégorie
peuvent se faire de juin à octobre en plein jardin, et d'octobre à
juin en seri'e. Dans les deux cas il faut que le bois soit aoûté
autant que possible.
Les rosiers de la deuxième catégorie peuvent se bouturer de
septembre à mars en plein jardin.
Il faut des cloches ou des châssis pour bouturer les rosiers dont
les boutures sont feuillées. Il n'en faut pas pour les autres.
Dans l'été si on veut bouturer des rosiers à feuilles caduques, il
faut les traiter comme s'ils appartenaient à la catégorie de ceux
que j'ai appelé R. à feuilles persistantes.
— 403 —
On ne doit jamais enfoncer trop profondément les boutures de
rosiers faites pendant l'été. Trois centimètres suffisent. Il faut
les placer sous cloches à l'ombre, tenir le sable dans lequel elles
sont piquées, frais sans trop le mouiller cependant.
Pour la quantité de feuilles à laisser, les Fig. 1 à 3 en disent
plus qu'une longue phrase.
La Fig. 1 indique la forme de la coupe qu'on doit donner à la
bouture, toutes les fois qu'on peut la détacher directement du
rameau qui la porte. C'est ce qu'on appelle une bouture avec talon.
La Fig. 2 représente une bouture sans talon. Elle est coupée en
biseau sous un bourgeon.
La Fig. 3, représente une bouture avec entaille, dont je n'ai eu
qu'à me louer. Les racines se développent aussi bien et même
mieux que dans une bouture ordinaire.
Le bénéfice que procure cette entaille consiste à empêcher la
bouture de noircir et de pourrir après s'être enracinée, ce qui
arrive quelquefois. (Voir pour de plus amples renseignements sur
cette bouture, Lijon-florlicole, année 1883).
Les boutures faites on les plante, comme je l'ai dit, à quatre ou
cinq centimètres l'une de l'autre, sous cloche ou sous châssis que
l'on tient à l'ombre.
Les boutures ainsi faites s'enracinent très viie. On les sèvre en
les rempotant dans de petits pots qu'on tient sous cloches et ombrée
pendant quelques jours. V. V. -M.
CORRESPONDANCE
Grenoble, le 26 août 1886.
Mon cher Monsieup Viviand-Morel,
Dans le compte-rendu que je vous ai adressé sur l'Exposition
d'horticulture de Grenoble, j'ai commis deux erreurs, involontaires
de ma part, touchant les récompenses obtenues entre MM. Ber-
naix et Pernet-Ducher d'un côté, et les Hospices de Grenoble et
l'asile de Saint-Robert de l'autre.
Malgré les pancartes portant « grand prix d'honneur » qui ont
été laissées pendant toute la durée de l'Exposition à deux des
exposants, à la distribution des récompenses et d'après le i-apport
officiel de l'Exposition que je viens de recevoir, l'appel de ces
différents lots a été fait comme il suit :
1" prix {ex-œquo), M. Bernaix, — objet d'art. -» M. Pern«t-
Ducher, — médaille d'or. — De même pour les deux établisse-,
ments de Grenoble.
• Sur la demande de M. Pernet-Ducher, je me fais un devoir de
vous demander de vouloir bien faire cette juste rectification dans
votre prochain numéro. J. Jambon, horl. à Grenoble.
_ 404 —
EXPOSITION D'HORTICULTURE & DE VITICULTURE
TENUE A LYON
Par l'Association Horticole Lyonnaise du 9 au 43 Septembre 1886
sur le Cours du Midi, à Perrache.
Distribution des Récompenses
Grand Prix d'honneur : (Vase de Sèvres, offert par M. le
Président de la République).
M. F. Morel et fils, horticulteur-pépiniériste, rue du Souvenir, à Ljoq-
Vaise.
CULTURE maraîchère
Membres du Jury, MM. Ceuzin-Jacob (de Chalon), Grenier (de
Lvon), MoNTiAS (de Neuville), Napouer (délégué de la Société
de Tarare), et Poizat (de Neuville).
1" Concours. — Collection générale de légumes. —
Grande médaille d'or, offerte par M. le Mnisfre, à M. Verne. —
médaille d'or, offerte par M. Dutailly, à M. Charrault, jardinier
chez M. E. Girier, à la Verpillièce. — Grande méd. d'argent, M. Favre
Gabriel, jardinier à Lyon-Monplaisir. — Grande méd. d'argent, M.
Guillet Pierre, jardinier chez M. Rendu, à Grézieu (Rhône).
2^ — LÉGUMES VARIÉS REMARQUABLES PAR LEUR BELLE CULTURE.
— Médaille d'or, M. Tronche (Atnable), jardinier chez M. Carrier,
route de Vienne. — Méd. de vermeil, M. Perrier H., jardinier chez
M. Andrié è Lyon-Monplaisir. — Méd. de vermeil, M. Garnier
(Claude), cultivateur à Bron (Rhône).
3". — LÉGUMES nouveaux ou peu connus dans la région. —
Grande méd. d'argent, MM. Rivoire père et fils, march, -grain., rua
d'Algérie, à Lyon. — Méd. de bronze, M. B., capitaine d'infanterie.
6'. — Semis de légumes. — Méd. de vermeil, M. Chipier, pé-
piniériste à St Martin-en-Haut (Rhône) (Pommes dt) terre).— Grande
médaille d'arj;ent, M. Aumiot, à Anse jRhôaej (Pommes de terre). —
Médaille de bronze, M. Eoaery. j»rd. à la Demi-Lune (Laitue).
Méd. de bronze, M. Emery (Chicorée).
7^. — Pommes de terre en collection. — Méd. de vermeil, M.
E. Chipier, pépiniériste, à St-Martin-en Haut (Rhône). — Méd. da
vermeil, M. Guillet (Pierre), jard. chez M. Rendu. — Grande méd.
d'argent, M. Aumiot, à An.>ie. — Grande méd. d'argent, M. Jambon,
jard. à Rochetaillée (Rhône). — Méd. d'argent, M. Favro (Gabriel),
jard. à Lyon-Monplaisir. — Méd. de bronze, M. Dervieui F., horti-
culteur à Cusset (Khône).
9^ — CucuRBiTACÉES. — Grande méd. d'argent, M. Jambon, jard.
à Rochetaillée (Rhône).
10'. — Melons en collection. — Méd. de vermeil, M. Jambon,
jard. à Rhochetaillée (Rhône).
\2^(bis). — Choux. — Grande méd. d'argent, M. Boucharlat jeune,
horticulteur, rue des Missionnaires, à Lyon-Croix-Rousse. — Méd.
d'argent, MM. L. Lille et Beney, march. -grain., quai St Antoine, à
Lyon.
— 405 —
17" (bis). — Semis de fraises. — Méd. d'argent, M. Marchand,
horlicuUeur, rue du Sacré-Cœur, à Lyon.
ARBORICULTURE & VITICULTURE
Membres du Jury : MM. Albeht Schopfer, délégué de la Société
d'horticulture de Lausanne), Lyand (de Genève), D'' Grobon,
(délégué de la Société d'horticulture de Bourg), Honoré De-
fresne (de Vitry-sur-Seine), Dauvesse (d'Orléans), Guénard,
(délégué de la Société d'horticulture de Chàlon),FRÈZE (Didier),
(délégué de la S.ciété d'horticulture de Grenoble}.
19" Concours. — Collection générale de fruits. — Grande
méd. d'or, M. P. Moral et Fils. — Grande méd. d'or. MM. Poisard
frères, horticulteurs h Anse. — Méd. dj vermeil, M. Ci. Jsciuier Fib,
horticulteur, rue de Tuiliers, à LyonMonplaisir. — Grande méJ. d'ar-
gent offerte par M. le Mini-tre, à M. Fouilioux. horticulteur, à Saint-
Germain-au-Mont-d'Or. — MéJ. d'argent, M. Melin, hirliculteur, à
Chantelle (Allier).
20'. — Poires en collection. — Méd. d'or offerte par M. Dutaillj,
à M. Routin, horticulteur, à Fontaines-sur-Saône. — Méd. de ver-
meil, MM. Fayard père et fil», horticulteurs, à Francheville (Rhône).
— Grande méd. d'argent, M. Valla, hortioulleui', à Oullins (Rhône).
— Grande méd. d'argent, M.Givord, horticulteur, à Oullins (Rhône).
— Méd. d'argent, M. Tronche (Amab'e), jardinier chez M. Carrier.
22". — PÈCHES en collection. — Grande méd. d'argent, M. Ma-
thieu Combet à Limonet (Rhône).
23°. — Fruits. — Collection non désignée dans les précé-
dents concours. — Grande méd. d'argent, M. Favre Gabriel, horticul-
teur, à Monplaisir.
24^ — Poires et Pommes en collection. — Méd. de vermeil,
M. Danjou, jardinier chez M. de Virieux, à Cailloux-sur-Fontaine. —
Grande méd. d'argent, M. Besson, horticulteur à Irigny (Rhône). —
Méd. d'argen*, M. F. Dervieux, horticulteur à Cusset- Villeurbanne.
25^ — Collection de Raisins. — Méd. d'or, M. Magat, horticul-
teur à Chazay-d'Azergues. — Méd. d'or, M. Rolland et Arnaud-Coffln,
à Villefranche (Rhône). — Grande méd. d'argent, M. Périgny, à Ver-
naison (Rhône). — Méd. d'argent, M. Chavagneux, hort., Château-
Gaillard. — Mél. de bronze, M. Favre Gabriel, hort. à Monplaisir.
28^ — Fruits de semis. — Les membres du jury soussi-
gnés ont d'un commun accord décidé de renvoyer à une commis-
sion spéciale, nommée par la Société, les fruits de semis : A. Schop-
fer, L. Lyand, Guénard, Dauvesse, D. Frèze.
29\ — Arbres et Arbustes nouvellement introduits. — Méd. de
vermeil, M. F. Morel et Fils. — Grande méd. d'argent, M. Reboul,
hort. à Muntélimar.
30". — Arbustes, semis de l'exposant. — Grande ncéd. d'argent,
MM. Durand frères, hort. ro ite di Grenoble, Lyon Monplaisir. —
Méd. d'argent, M. F. Morel et fils. — Méd. d'arg., M. F. Morel et fils.
— 406 —
3P. — CoLLECTior^ d'Arbustes a feuilles persistantes. —
Grande méd. d'or, M. F. Morel et fils. — Grande méd. d'or, M. Cl.
Jacquier fils, hort. rue des Tuiliers, Lvon-Monplaisir. — Grande méd,
d'argent, de M. le Ministre, à M. R^boul, hort. à Montélimar.
32'. — Collection de Conifères. — Grande méd. d'or, M. F.
Morel et fils, hort. Lyon-Vaise. — Méd. de vermeil, M. Pitrat, hort.
rue du Chapeau-Rouge, Lyon-Vaise.
33". — Conifères de force supérieure. — Méd. de ver-
meil, M. F. Morel et fils, hort., Ljon-Vaise.
35" bis. — Collection de Buis. - Méd. d'argent, M. Pitrat (Amé-
dée), hort., Lyon-Vaise.
37°. — AucUBAS. — Grande méd. d'argent, M. Louis Gorret, hort.,
rue du Bourbonnais, Lyon-Vaise. — Méd. d'argent, M. Roux,
hort., à Fontaines-sur-Saône.
38°. — Yuccas — Méd. d'argent, M. Pitaval, hort., chemin des
Grasdes-Terres, à Lyon-St-Iréiiée.
38" bis. — Fusains. — Grande Méd. d'argent. M. Louis Gorret,
hort., rue du Bourbonnai». Lyon-Vaise. — Méd. d'argent, M. F
Morel et fils, hort., Lyon-Vaise.
44". — Belle culture. — Méd. de bronze, M. Pitaval, hort., à
Lyon-St-Irénée. (Aucubas). — Méd. de bronze, M. Jacquet, rue
de Villion, à Lyon-Monplaisir. (Laurier Cerise.) — Méd. de bronze,
M. F. Morel et fils. (Arbuste divers.)
Erables du Japon. — Méd. de vermeil, M. Cl. Jacquier fils, hort.,
Lyon-Monplaisir.
Arbres Fruitiers. — Grande Méd. d'argent, M. Roux, hort. à Fon-
taines-sur-Saône. — M. A. Seux, hort. à Valence (Drôme).
VIGNES GREFFÉES ET NON GREFFÉES
Méd. d'or, MM. Rolland et Arnaud-Cofiin, viticulteurs, à Villefranche.
— (ofi'erte par M. Dutailly), M. Magat, vitic. à Chazaj-d'Azergues.
— MM. Poisard trères, hort. -pépiniéristes, à Anse (Rhône).
Méd. de vermeil, M. Roux, hort. à Fontaines-sur-Saône.
Méd. d'argent, M. Bonnamour, rue de Condé, 39.
PLANTES DE SERRE
Membres du Jury : M, Ciiantin (de Paris), M. Crousse (de
Nancy), M. Montel (délégué de la Société d'horticulture de
Marseille), M. Weber (délégué de la Société d'horticulture de
la Côte-d'Or), M. Lemonon (délégué de la Société d'horticulture
de Mâcon), M. V. Davin.
46" Concours. — Semis de plantes de serres — Médaill. d'or'>
M. Crozy,horticult., 206, grande rue de la Guillotière, Lj'on. (Cannas-'
Grande Méd. d'argent, M. Drevet, hort., rue Julien, Lyon-Moncha'''
(Coleus). — Méd. d'argent, M. Marchand, rue du Sacré-Cœur, Lyon*
(Géranium). — Méd. de bronze, M. Valla, hort., montée des Rochesi
à Oullins (Rhône). (Coleus). — Méd. de bronze, M. Dory. (Pelar-
gonium zonales.)
— 407 — .
47^. — Collection générale de plantes de serre —
Grande Méd. d'or, M. Devert fils, hort., route de Grenoble, Lyon-
Monplaisir. — Méd. d'or, M. Schmitt, hort., rue St-Pierre, Lyon-
Vaise.
48®. — Collection de 50 Plantes a feuillage ornemental. —
Méd. de vermeil, M. Bélisse, hort.. rue du Bourbonnais, Ljon-Vaise.
— Grande Méd. d'argent, M. Couzançat, horticulteur, gr. rue de
Cuire, Cuire-Ljon,
50®. — Collection de Fougères de serre. — Médaille d'argent,
M. Cousançat, hort., Cuire-les-Lyon.
6 P. — BÉGONIAS à feuillage ornemental, en collection. —
Méd. de vermeil, M. Cousançat, hort., Cuire-les-Lyon. — Grande
Méd. d'argent, M. Charreton, hort., avenue des Ponts, Lyon-Guil-
lotière.
61"^ bis. — Espèces diverses de Bégonias. — Médaille d'argent,
M. Cousançat, hort., à Cuire-les-Lyon.
66". — Coleus en collection de 100 variétés. — Médaille de
vermeil, M. Rochet, hort., grande rue de la Croix-Rousse, Lyon.
69", — Collection générale de Pelargoniums zonales. —
Médaille d'or, M. Rozain-Boucharlat, hort. à Cuire-les-Lyon.
70" . — Collection de Pelargoniums zonales en 50 variétés. —
Grande méd. d'argent, M. Guillet, jardinier, chez M. Rendu. — Méd.
de bronze, M. Collet, jard. chez M. Bouoaut, à la Mulatière-Lyon.
71". — Pelargoniums en collection. — Espèces diverses. —
Grande méd. d'argent, M. Guillet (Pierre), jardinier chez M. Rendu,
à Grézieu-la-Varenne. — Méd. d'argent, M. Patichoud, hort., rue
Coste, Cuire-les-Lyon.
72". — Collection de Fuchsias. — Méd. de vermeil (offerte par
M. Dutailly), M. Gindre, amateur, à Lyon.
73". — Collection de Fuchsias en 50 variétés. — Méd. d'ar-
gent, M. Galmiche, hort. à Grand-Croix (Loire).
78". — Cannas en collection. — ■ Méd. de vermeil, M. Crozy, hort.,
grande rue de la Guillotière, Lyon.
81". — Cactées en collection. — Grande Méd. d'argent, M. Torto-
rotot, impasse des Manèges, Lyon-la Villette.
81" bis. — Collection d'ALOÈS. — Méd. de bronze, M. Cousançat,
hort. à Cuire-les-Lyon.
Lot de Furcroya. — Méd. d'argent, M. ■ Pitrat (Amédée), hort.,
Lyon-Vaise.
82". — Bruyères en collection. — Méd. d'argent, M. Drevet, hort.,
rue Julien, à Lyon-Montchat.
84". — Collection de Plantes de marché. — Grande méd. d'ar-
gent, M. Grillet, hort., route de Grenoble, Lyon-Monplaisir. —
Méd. d'argent, M. Stingue, hort., montée de la Boucle, Lyon.
85". — Massif de 50 Plantes d'une seule espèce. — Médaille de
vermeil, M. Beurrier aîné, hort., route de Grenoble, Lyon-Mon-
plaisir. (Adiantum). — Grande méd. d'argent, M. Beurrier (Jean),
hort.. rue Saint-Maurice, Lyon-Monplaisir. (Adiantum,) — Grande
médaille d'argent, M. Drevet, horticult., rue Julien, Lyon-Mon-
p'.aisir. (Aralia.) — Méd. d'argent, M. Beurrier aîné, hort., Lyon-
Monplaisir. (Aralia.) — Grande méd. d'argent, M. Verne, jard. chez
M. Godinot. (Bégonia L. Van-Houtte.) — Grande Méd. d'argent,
M. Musset, hort., chemin de Francheville par Lyon. (Bégonia
— 408 —
bolbejx). — Méd. d'argent, M. Stingue, hort., montée de la Boucle,
Lyon. (Bégonia Stingue). — Grande méd. d'argent. M. Siingue,
hort.. montée de la Boucle, Lyon (Bouvaidia.) — Médaille d'aigeot,
M. Musset, hort., 19, chemin de Franeheville par Lyon. (Bou-
varlia). — Méâ. d'argent, M. Devert, hort., route Je Grenoble. (Ce-
losia.). Méd. de bronze, M. Gousançat, hoit. à Cuire-les-Lyon. (Cha-
marops). — Grande méd. d'argent,'M. P. Morel et fils, hort., Lyon-
Vaise. (Choysia). — Méd. de vermeil, MM. Morel père et fils, hort.,
grande rue de Cuire Cioix-Rousse. (Cletra). — Grande Méd. d'argent,
M. Beurrier (Jean), hort. à Lyon-Monplaisir. (Cyclamen.). — Méd.
de vermeil, M. Boucharlat, hort.. rue des Missionnaires. Lyon.
(Dracœna indivisa). — Grande méd. d'argent, M. Drevet, hort.,
rue Julien, Lyon-Montchat. (Dracœna indivisa). - Médaille d'argent,
M. Devert, horticulteur, route de Grenoble. (Dracœna indivisa.) —
Méd. d'argent. MM. Morel père et fils, grande rue de Cuire, Croix-
Rousse. (Gloxinia.) — Méd, d'argent, M. Valla, montée des Roches,
à Oullins. (Bégonias.) — Grande méd. d'argent. M. Devert, hort.,
route de Grenoble, à Monplaisir. (Phœnix Canarierisis). — Grande
méd. d'argent, M. Beurrier (Jean), hort., rue St-Maurice, Lyon-Mon-
plaisir. (Ficus). Méd. de bronze, M. Musset, hort., chemin de Fran-
eheville, 19. (Ficus). — Méd. d'or, M. Drevet, hort., route de
Grenoble, Lyon-Monplaisir. (Kentia). — Méd. de vermeil, M. Bélisse,
hort., rue du Bourbonnais, Lyon-Vaise. (Latania). — Méd. d'or,
M. Devert, horticult., route deGrenoble, I yon-Monplaisir. (Latania.)
— Méd. de bronze, M. Drevet, hort., rue Julien. I yon-Montchat.
(Lauiier-Tin). — Méd. de vermeil, M. Grume), hoit., chemin de
St-Priest, Lyon-Monplaisir. (Qililletp.) — Méd. de vermeil. M. Beur-
rier (Jean), hort., rue St-Maurice, Lyon-Monp'aisir. (Œilieis). —
Grande méd. d'argent, M. Chavagnon flis, horticult., route d'Hey-
rieux, Lyon-Monplaisir. (ŒiUel.o). — Grande méd. d'argent, M. Cha-
vagnon fils, horticult., route d'IIeyrieux, Lyon-Monplaisir. (Œillets.)
— Grand3 mél. d'argent, M. Beurrier aîné, horlijuU., route de
Grenoble, Lyon-Monplaisir. (Œillets.) — Méd. d'argent, M. Char-
reton, hort., avenue des Ponts, Lyon-Guillolière. (Œillets). — MéJ.
d'argent. M. Chavagnon père, hort., chimin de la Croix-Murlon,
lyon Monplaisir. (Œillets). — Méd. de bronze, M. Devert, hort.,
route de Grenoble, Lyon-.Monplaisir. (Œillets.) — Méd. de vermeil,
M. Patichou'1, hortiei'lt. rue Coste, Lyon-Monplaisir. (Ro.-iers.) —
Méd. d'argent, M. Lapeute, hort., route d'IIeyrieux, Lyon-.Monplai-
sir. (Phlox.).
86^ — Belle culture. _ MéJ. d'or, M. Devert fils (Phœnix). —
Mél. de vermeil offerte par M. Dutailly, M. Belisse, hort. rue du
Bourboniiai'?. Lyon-Vaise (Cyc9s). — Méd. de vermeil. M. Jacquet,
Tiort., rue Villion, Lyon-Monplaisir (Areca lutescens). — Méd. de
vermeil, M. Jacquet, hort., rue Villion, L^'on Monplaisir (Phor-
mium). —Méd. de vermeil, M. Jacquet, hort., lue Villion, Lyon-
Monplaisir (Chamœrops). — Grande méd. d'argent, M. Musset,
hort., 19, chemin de Franeheville, Lyon (Cycas). — (irande méd.
d'argent, M. Jacquet, hort., rue Villion, Lyon-Moiplaisir (Cocos
insignisj. — Grande méd. d'argent, M. Devert, hort., rou»o d'IIey-
rieux. Lyon-Monplaisir (Chamduops). — Giande méd. d'argent,
M. Guichard, jard. chez M. Duviaid, Croix-Rousse (Lanlana et
Zonale). — Grainde iijéd. d'argent, M. Jacqtei, hort., rue Villion,
Lyon-Monplaisir (2 Ph'rnix). — Grande méd. d'argent, M. Jacquet,
hort., rue Villion, Lyon-Monplaisir. (Phœnix canariensis). — Méd.
d'argent, M. Combet, hort. à Limonest (Rhône)(Cereu3 monstruosus).
— Méd. d'argent, M. Falconnet, hoi-t. à Villefranche (Rhône).
(Araucaria excelsa). — Méd. de bronze, M. Thomas. (Ficus).
— 409 —
PLANTES VIVACES ANNUELLES
ET FLEURS COUPÉES
Membres du Jury : MM. Poirier (de Versailles), Cochet-Aubin
(de Suisne), Michel (de Paris), Coste (de Marseille), E. Verdier
(délégué de h. Société centrale d'horticulture de France).
88". —Plantes alpines. — MéJ. de bronze, M. F. Morel et fils,
hort.. rue du Souvenir, Lyon-Vaise.
9r. — Collection de 100 Œillets. — Méd. de vermeil du Syn-
dicat de3 Horticulteurs de la région lyonnaise, M. Carie, hort. route
d'Heyrieux, Lyon Monplaisir.
92'". — Collection de 30 Œillets. — Grande méd. d'argent,
M. Ch^vagnon fil?, hort.. route d'Heyrieux, Lyon-Monplaisir.
97". — Plantes de Massifs. — Grande méd. d'argent, MM. L.
Lille et Beney, mardi. -grainiers, quai Saint-Antoine (G.dllardia). —
Grande méd. d'argent. MM. L. Lille et Beney, mardi. -grainiers,
quai Saint-Antoine (Zinnia>). — Méd. d'argent, M. Boucharlat,
hort., rue des Missionnaires, Lyon-Croix-Rousse (Amarante). —
Méd. d'argent, M. Molin, march.-grainier, place Bellecojr, Lyon.
(Tubéreuses). — Méd. de bronze, MM. Rivoire père et fils, mar-
chands-grainiers, rue d'Algérie, Lyon (Phlox Di-um)nii). — Méd. de
bronze, M. Boucharlat, hort., rue des Missionnaires, Lyon-Croix-
Rou--se (Purtulacc^).
98^ — Semis de plantes vivaces. — Grande méd. d'argent,
M. Boucharlat, hort., rue des Missionnaires (Véronique de semis).
FLEURS COUPÉES
99* Concours. — Collection générale de plantes vivaces
et annuelles. — G. andeméd. d'argent, MM. L. Lille et Banej', mar-
chands grainiers, quai St-Antoine, Lyon. — Grande méd. d'argent,
M. Molin, marchand grainier, place Bellecour.
100". — Collection CxÉnérale de roses. — Grande méd. d'or,
M. Pernet fils-Daoher, rosiériste, chemin des Qaatre-Maisons, Lyon-
Guilloiière.— Méd. d'or. M. Duché jeune, rosiériste à Kcully (Rhône).
— Méd. d'or, M. Bonnaire, rosiériste, chemin des Hérideaux, Lyon-
Monplaisir. — Méd. de vermeil, M. Levet jeune, rosiériste, avenue des
Ponts, Lyon-Guillotière. — Grande méd. d'argent, M. A. Bernaix,
cours Lafayetta prolongé, Villeurbanne. — Méd. d'argent offerte par
M. Dutailly, M. Perrier, rosiériste, chemin des Culattes, Li Mouche-
Lyon.
19P'. — Collection de roses en 200 a'ariétés. — Mél. d'or,
M. F. Dubreuil, rosiériste, route d'Heyrieux, Lyon-Monplaisir. —
Grande méd. d'argent, M. Laparricre, rosiériste, à Champagne-au-
Mont-d'Or (Rhône). — Méd. d'argent, M. Reboul, horticulteur, à
Wontélimar (Drôme).
102''. — Collection en 100 variétés. — Méd. de vermeil,
M. Dubreuil, rosiériste, route d'Heyrieux, Lyon-Monplaisir. — MéJ.
de vermeil, M. Dury, jardinier chez M. Cartier, à Ecully. — (irande
méd. d'argent, M. A. Bernaix, rosiériste, cours Lafayette, à Villeur-
banne. — Méd. d'argent, M. Brechon, horticulteur, à Ecully (Rliône\
— 410 —
Rose de semis. — Grande méd. d'argent, M. Lavet jeune, rosiériste,
avenue des Ponts, Lyon.
/{osiers greffés sur liosn Polyantha. — Grande méd. d'argent, M. A.
Bernaix, rosiériste, cours Lafajette, à Villeurbanne.
Althéas en colleciion. — Méd. de bronze, M. Magat, horticulteur, à
Chazay-d'Azergues.
104% — Collection de Dahlias. — Méd. do vermeil, M.Rozain.
Boucharlat, horticulteur, à Cuire-les-Lyon. — Grande méd. d'argent
M. Guillet (Pierre), jardinier chez M. Rendu. — Méd. d'argent,
M. Collet (Ant.) , jardinier chez M. Reverdy. — Méd. d'argent,
M, Valla, horticulteur, montée des Roches, à Oullins (Rhône).
Dahlias simples de semis. — Méd. d'argent, MM. L. Lille et Beney,
marchands-grainiers, quai St-Antoine, Lyon.
105% — Glaïeuls. — Grande méd. d'argent, M. F. Morel et fils
horticulteur, à Lyon-Vaise. — Méd. d'argent, M. Crozy, horticulteur.
Grande rue de la Guillotière, Lyon. — Méd. de bronze offerte par
M. Dutailly, M. Valla, horticulteur, à Oullins. — Méd. de bronze,
M. Molin, marchand grainier, place Bellecour, Lyon.
109'. — Zinnias. — Méd. d'argent, M. Charrault , jardinier chez
M. E. Girier.
Bouquets de graminées. — Méd. de vermeil, M. Molin, marchand-
grainier, place Belleoour-Lyon. — Méd. d'argent, M"'^ Pitaval, fleu-
riste, chemin des Grandes-Terres, Lyon-St-Irénée.
112% — Concours de bouquets. — Méd. de versaeil, W" Cauvin,
fleuriste, à Marseille. — Grande méd. d'argent. M"* Jacjuin, fleu-
riste, rue de la Bourse, Lyon.
113*. — Collection de trois bouquets. — Méd. de vermeil,
M"« Pitaval, fleuriste, chemin des Grandes-Terres, St-Irenée.
Pour deux couronney et deux bouquets. — Méd. de vermeil, M. Cam-
brillat, horticulteur, à Brindas (Rhône).
INDUSTRIE HORTICOLE ET VITICOLE
Membres du Jury : MM. Bupfaud, Despierre, Tillier,
Dupuis, L. Jarosson.
117' Concours. — Dessins et plans de jardins. — Rappe
d'une méd. de vermeil, M. Bernoux, photographe, rue des Archers, 8,
Lyon. — Grande méd. d'argent, M. Gobât, hort. à Bourg (Ain). —
Méd. de bronze, Mlle Poissonnié, peintre, rue de Sèze, à Lyon. —
Mention honorable, Mlle Rampon, peintre, à Lyon.
118% — Serres et châssis. — Méd. d'or, M. Tranehand, place
d'Helvétie, à Lyon. — Méd. de vermeil, M. Cordier, à Ecully. — Méd.
de vermeil, MM. Raoul et Thermoz, cours Lafayette, à Lyon. —
Grande méd. d'argent, M. Burnichon, à la Demi-Lune. — Grande
méd. d'argent, M. Salla, rue Tronchet, à Lyon. — Méd. de bronze,
M. Voisin, à Venissieux (Rhône).
119% — Chauffage DE serres. — Méd. de vermeil, M. Drevet,
rue de la Villette, à Lyon. — Méd. d'argent, M. Dulevron, à Màcon.
— Méd. d'argent, M. Daujas et Melin, à Lancey (Isore).
— 411 —
12P. — Constructions rustiques. — Méd. de vermeil, M. Jouf-
fray, roeailleur, route de Grenoble, 107. Lyon-Monplaisir. — Grande
méd. argent, M. Favier, rocailleur, rue de Trion, à Saint-Just-Lyon.
122^ — Chaumières, Pigeonniers, etc. — Méd. de vermeil,
M. Voland, treillageur à OuUins (Rhône).
123°. — Ameublement de jardins, — Grande mé^!. d'argent, M.
Bourget, treillageur, rue de la Duchôre, à Lyo.i-Vaise. — Méd. d'ar-
gent, M. Voland, treillageur, à OuUins (Rhône). — Méd. de bronze,
offerte pai M. Dulaillj, à M. Vincent, rue de la République, s Lyon.
124\ — Jardinières, Aquariums, etc. — Méd. d'argent, M.
Charnay, rue de Seze, Lyon. — Méd. de bronze, M. Grasselli, quai de
Serin, Lyon. — Mention honorable, M. Bertier, rue de Jarente, Lyon.
125°. — Pompes, Appareils d'arrosage, etc. — Méd. de ver-
meil, M. Delpuy, à Collonges fRhône). — Méd. de vermeil (rappel),
M. Collin, à Lamure (Rhône). —Méd. d'argent, M. Livet, à Monplai-
sir-Lyon. — Méd. d'argent, M. Aubrun, rue Delandine, Lyon. —
Méd. d'argent, M. Plissonnier, cours Lafayette, Lyon. — Méd. d'ar-
gent, M. Tournus, quai de Serin, 30. — Méd. d'argent, M. Valloton,
cours Lafayette, Lyon. — Mention honorable, M. Supéry, rue Bos-
suet, Lyon.
126°. — Coutellerie horticole. — Grande méd. d'argent,
M. Crespin, à St-Rambert (Ain). — Méd. d'argent, M. Renaud, rue
Constantine, Lyon.
127°. — Instruments de jardinage autres que la coutellerie. —
Méd. d'argent, machine à faire les bouquets de M. Myard, à Chalons
(Saône-et-Loire).
128°. — Treillages, grillages, claies, etc. — Grande méd.
d'argent, M. Lerte, à Ste-Foy-les-Lyon.
131^ — Statues et groupes d'ornement. — Grande méd. d'ar-
gent, M. Bouvard, rue des Prêtres, Lyon.
132°. — Enseignement horticole. — Méd. de bronze, M. Mu-
nier, jardinier chez M. Lassonnerie.
133°, — Ustensiles et outils (caisses à fleurs). — Grande méd.
d'argent, M. Chemin, à OuUins (Rhône). —Méd. d'argent, M. Lamur,
à Collonges (Rhône). — Méd. d'argent, M. Cartan, Grande rue de
Vaise, Lyon. — Méd. de bronze, M. Ravut, à St-Cyr-au-Mont-d'Or.
— Méd. de bronze, M. Nigoul, rue St-Pierre, Lyon-Vaise.
134°. — Fleurs artificielles. — Méd. de vermeil, M. Cordenot,
rue Mercière, Lyon. — Méd. de vermeil, M. Sambet, rue de la Cha-
rité, Lyon.
135°. — Pressoirs. — Méd. de vermeil, M. Marmonier, avenue du
Château, Lyon. — Méd. d'argent, M. Meunier, rue Neuve-St-Miohel-
Lyon. — Mdd. de bronze, M. Monier, à Vernaison (Rhône).
186°. — Appareils et instruments divers. — Méd. de vermeil,
M. Weitz, cours du Midi, Lyon. — Grande méd. d'argent, M. Guy,
rue Part-Dieu, Lyon. —■ Méd. d'argent, M. Gonin, rue St-Catherine.
Lyon. — Méd. d'argent, M. Vermorel, à Villetranche (Rhône). —
Méd. de bronze, M. Piquemil, quai de l'Hôpital, Lyon. — Méd. de
bronze, M. Carrayrou, rueCondé, Lyon. — Méd. de bronze, M. Trazy,
rue de l'Arquabuse, Lyon. — Mention honorable, M. Appaix, Grande
rue de la Guillotière, Lyon. — Mention honorable, MM. Mayet et
Coton, à Givors (Rhône). — Mention honorable, M. Déplâtre, ruo
Joseph-Bonnet, Lyon.
— 412 —
137^ CÉRAMIQUE, FOURNITURES HORTICOLES, ETC. ^ Méj. de
vermeil. M. Chabrol, rue Centrale, Lyon. — Méd. de bronze, M. Mo-
lin, marchand grainier, place Bellecour, Lyon.
Exposants hors concoars snr leur demande.
M. Kettemann, pépiaiériste, à la Dami-Lune. — Conifères et arbustes à
feuilles persistantes. (Félicitations du Jury.)
M. B. Comte, horticulteur, rue de Bourgogne, Lyon Valse. — Plantes de
serre chaude. (Félicitations du Jury.)
M"e V« Schwarlz, r^siériste, route de Vienne, Lyon-Guillotière. — Col-
lection de roses.
M. J.-B. Guillot et fils, chemin des Pins, Ljon- G ailloli ère. — Collection
de roses.
M. Barriot, Lyon-Champvert. — Plans de jardins.
M. Cordioux, architecte, à Ecully (Rhôae). — Plans de jirdios.
M. Guynat, à Franoheville (Rhône). — Serres et châssis.
M. Lespinasse, à la Demi-Lune (Rhône). — Treillages.
M. Lafay, rue de la Barre. — Coutellerie.
M. Bardaguer, rue Childebert. — Coutellerie.
CONCOURS SPÉCIAUX ET VISITES
A DOMICILE
1'" SECTION. — Etablissements. — Grand prix (grande méJ. d'oi'
MM. J.-B. Guillot et fils, liort. -rosier. — chemin des Pin, Lyon. —
1" prix, méd. d'or, M. Bonnaire, rosiériste, chemin dos Héridaux, Lyon-
Monplaisir.
Culture Maraîchèic. .:— l" prix, méd. d'or, M. Favre (Gabriel), jard.
Lyon-Monplaisir. — 2°"= prix, méd. de vermeil, M. Hyvert, jard.
Lyon-Monplaisir.
Chef dk culture d'établissements. — 1" prix, méd. d'or, M. C. Lav^nir,
chef de culture chez MM. F. Moral et fils, Lyon-Vaise.
2°'° SECTION. — Maisons Bourgeoises. — Grand prix (grande méd. d'or),
M. Fr. Charles, jard. chez M. Oriol, à St-Chamond (Loire). — 1" prix,
méd. d'cr, M. Maitin, jard. chez M. Hébrard, à Miribel (Ain). — 2""
prix (ex-œquo), méd. de vetmeil, M. Jambon, jard. chez M. Letourneur,
k la Demi Lune, et M. Clailte, jard. chez M. Péricaud, à la Balme
(Isère). — S""" prix, méd. d'argent, M. Pierre Champalle, j^rd. chez
M. Besson, à la Pape.
Visite spéciale. — Méd. d'or, M. Vi. lard (François), jard. chez Mme Vachon,
à Ecully.
ANCIENS ET BONS JARDINIERS
Méd. de vermeil, M. Dubost, chez M. Bellon, à St-Cyr-au Mont- d'Or.
Méd. de vermeil, M. Rouet, ch'z M. Jourdan, à Anjou.
Grande méd. d'argent, M. Chardon, cliez M. Clayette, à Lyon.
Grande méd. d'argent, M. Perrier, chez M. Andrié, à Monplaisir.
Grande méd. d'argent, M. Nabert, chez M. Ducoing, à Villeurbanne.
Grande méd. d'argent, M. Dury, chez M. Cartier, à Ecully.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon — Impr. du Salut Public. — Bellon, 33, rue de la République, 33.
1886 SEPTEMBRE N' 18
CHRONIQUE
Fruits ou Léyumes? — Mon excellent ami, maître Aie. Nasier,
jardinier-chef de l'abbaye de Thélème, me demandait l'autre jour
à quoi je distinguais les fruits des légumes. Jo lui ai répondu que
je n'en savais rien ; simple histoire de ne pas me compromettre.
J'ai, en effet, là, sous les jeux, un énorme Dictionnaire rédigé par
de savants linguistes, gens qui méritent considération, très instruits
sur l'itos et le pathos, lesquels rae paraissent barbotter singulière-
ment dans les définitions et explications qu'ils donnent de ces deux
termes.
Ces braves gens ne s'entendent pas avec les jardiniers. Il est
vrai que les jardiniers se tournent le dos quand ils raisonnent sur
le même sujet.
Demandez à M. X..., qui avait placé les fraises dans les fruits,
à notre dernière Exposition. Le jury des légumes cherchait le lot
et ne le trouvait pas, n'ayant pas l'idée qu'on avait pu le mettre
ailleurs que dans le voisinage des melons et des tomates.
— Que veulent-ils qu'on fasse de ces fraises, répondaient à leur
tour les pomologues, nous ne sommes pas chargés de juger les
légumes.
Pour un peu, les fraises n'étant ni légumes ni fruit, ni chair ni
poisson, se trouvaient assises, le calyce à terre entre deux sections
du jury.
Vous comprenez maintenant, amis lecteurs, pourquoi j'ai ré-
pondu évasivement à mon tant bon ami Aie. Nasier, quand il me
demandait de lui faire saisir la différence qu'il y a entre les fruits
et les légumes.
Voilà, en effet, d'habiles gens : rédacteurs de gros livres, mem-
bres d'un jury, organisateurs d'expositions, qui ne savent pas au
iuste ce qu'ils doivent penser de la chose, et vous voudriez que.
— 414 —
moi chc'tif, j'eusse la prétention de les mettre d'accord. Oh ! que
nenni.
•— Va, Nasier, lui dis-je, je t'écoute ; tu repasseras quand j'au-
rai étudié la question.
Et plus j'étudie la question, plus je trouve difficile de contenter
tout le monde et son père.
Les uns veulent que le fruit soit le produit de la lleur des végé-
taux.
Dans ce cas, le haricot, qui est bien un légume, deviendrait un
fruit. Et le melon, et le cornichon, la courge romaine, des fruits,
n'est-ce pas? Et le fruit sec de l'école, et les autres, tels que :
le fruit défendu, les fruits du Saint-Esprit, les fruits industriels,
les fruits civils, etc.
Il faudra cependant bien que les jardiniers finissent par trouver
une ligne de démarcation nette entre les fruits et las légumes; car
ce n'est pas pour eux, je pense, que l'arbre de la science (horticole)
porte encore du fruit défendu.
Les Marronniers de Bcllecour. — Un grand nombre des marron-
niers de la place Bellecour, à Lyon, sont actuellement dans un
état navrant. Quelques-uns sont lleuris comme de simples mar-
ronniers du 20 mars, avec cette différence, toutefois, qu'ils ont
pris l'équinoxe d'automne pour celui du printemps. De maigres et
rares feuilles chlorosées ont succédé au luxuriant feuillage qui les
a vêtu pendant la belle saison. Ceux qui n'ont pas repoussé sont
roux et le moindre vent emporte au loin leurs feuilles qu'une cadu-
cité précoce laisse à sa merci. Le spectacle n'est pas réjouissant.
On dirait qu'un souffle empoisonné a passé sur ces beaux arbres et
les a dépouillés de leur parure.
Les Lyonnais n'ont pas le droit, actuellement, d'être fiers de
leurs marronniers favoris.
Tous ces arbres ne sont cependant pas aussi décatis les uns que
les autres. Si on les examime séparément, on reconnaît que ceux
qui ont été arrosés au moyen du système de drains préconisés par
M. Métrai, ont conservé leurs feuilles qui, sans être d'un beau
vert, n'ont pas une teinte aussi rouillée que la plupart des autres.
Ceux auxquels on a changé la terre pour en remettre de meilleure,
mais qu'on n'a pas arrosé, sont aussi laids que ceux qui vivent dans
l'ancien sol.
Epouvanluil pour chasser les moineaux. — Nous avons re(,;u de
M. Jean Sisley, la lettre suivante que nous nous faisons un devoir
de publier :
« Vous avez signalé dans le Li/on-Horlicok le mannequin que vous aviez
TU chez M. Léonard Lille, pour chasser \ei oisjaux qui attaquant les fruits.
— 415 —
« J'emploie depuis 20 ans uq procédé beaucoup plus simple, facile et peu
coûteux.
u Je ne vous l'ai pas signalé parce que je le croyais très-commun ; rna's
d^puiv^ quelques jours bon nombre de visiteurs sont surpris en le voyant.
« Je m'empreise donc de vous en envoyer un éciiantillon. Ce bout de pa-
pier s'aitache à une biguette de 2 à 3 mètres de lon^aeur, et se place en
li-iut de cliaque arbre^ ou contre les murs pour les raisins.
a II faut que la baguette soit un peu incîiuée pour que le papier flotte faci-
lement, ce qui a lieu par la moindre brise, et éloigne tous les oiseaux.
« Je vous serre la main,
« Jean Sisley. »
Le morceau de papier qu'emploie M. Sisley a exactement la
forme d'un triangle dont la base aurait 12 centimètres et les deux
autres côtés égaux entre eux 25 à 30 centimètres. Ce procédé
pour chasser les moineaux est si peu coiiteux et d'une exécution
si facile qu'on serait inexcusable de ne pas en tenter l'essai.
Moyen de se débarrasse)- des chenilles. — Ce moyen, comme l'in-
dique le Gacjne-PelU , est l'emploi du pétrole recommandé par
M. Durieu de Maisonneuve :
« Un nuage de pétrole d'une excessive ténuité, dit-il, est pro-
jeté directement, par le bec qui surmonte le pulvérisateur, sur les
agglomérations de chenilles et sur les nids où elles se rassemblent,
et à l'instant elles sont frappées de mort en s'appliquant, sans tom-
ber à terre, sur le support même, nids, feuilles ou branches, où
elles étaient réunies. A peine un léger brouillard les a-t-il enve-
veloppés qu'après un court moment de torsion sur elles-mêmes,
elles restent tout à coup immobiles pour ne plus donner signe de
vie ; elles se £i.xent et sèchent sur le point où elles sont frappées
de mort.
« On pourrait craindre qu'un certain nombre de chenilles,
garanties du jet direct par leur position sous les feuilles ou autres
objets, échapperaient à la mort. Les faits ont démontré le con-
traire. En effet, dans les expériences faites, on a remarqué des
chenilles évidemment protégées par leur position de l'atteinte
directe, s'agiter convulsivement et chercher à s'éloigner ; mais au
bout de très peu de temps elles se fixaient et mouraient sur place
comme les autres, sans avoir gagné du terrain.
« 11 n'a pas été remarqué une seule de ces dernières qui soit
parvenue à se sauver. Il semble donc démontré que toute chenille
enveloppée dans l'atmosphère du brouillard de pétrole périra infail-
liblement. V. V.-M.
— 416 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de l'Assemblée générale tenue salle des réunions
industrielles, Palais du commerce, le 15 i oût 1886.
Présidence de M. Pitaval, Conseiller.
En l'absence des Vice-Présidents, M. Pitaval est prié de présider la réu-
nion.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion, qui est
adopté.
A propos du procès-verbal, M. le Secrétaire général insiste à nouveau sur
l'observation faite à la dernière séance, à propos des apports. Il répète qu'il
est désirable que chaque présentation de plantes soit accompagnée d'une
note qui devra être posée sur le lot présenté et ensuite relevée par les SPoré-
laires; de cette manière, on évitera des erreurs involontaires et on faciliteia
le travail des Commissions chargées déjuger les apports. C'est pour n'avoir
pas suivi ces indications que le Francisco cximia, présenté par M. Villard, a
été, dans la dernière réunion, attribué à M. Liabaud.
M. le Président appuie les obser-'ations de M. Viviand-Morel, et fait
remarquer que cette nouvelle organisation facilitera la tâche des Commis-
sions, qui pourront peut-être juger un peu plus rapidement les apports; de
telle sorte qu'il pourra rester au moins dans chaque séance quelques instants
pour traiter une question horticole. M. le Président ajoute qu'il ser.ii* peut-
être utile, afin que les séances ne soient pas interrompues, de donner une
autre place dans la salle de nos réunions, aux tables destinées à recevoir
les apports.
Correspondance. — La correspndance S3 compose des lettres suivantes :
1" Lettre émanant du Sj'ndicat des Horticulteurs de la région lyonnaise
offrant à l'Association horticole lyonnaise une Médaille de venneil pour être
attribuée par le jury de l'Exposition prochaine au plus beau lot de plantes de
marchés.
2° Lettre de M. Magat, horticulteur à Chazay-d'Azergues, demandant la
nomination d'une Commission pour constater les résultats qu'il a obtenus en
greffant les plants français sur v'gna américaine.
3" Lettre de M. Sahut, accompagnant l'envoi des brochures ou livres sui-
vants, dont il est l'auteur, et qu'il offre généreu-etnent à l'Associatioa horti-
cole lyonnaise : 1" Les Vignes américaines, leur gre/fage et leur taille;
2° Compte-rendu des opérations du Jury de l'Exposition qui s'est tenue à
Montpellier en 1885; 3° Rapport sur un ouvrage de M. Charles Naudin. de
l'Institut, intitulé : Mémoire sur les Eucalyptus introduits dans la région médi-
terranéenne.
La Société a également reçu de M. Eugène Delaire, secrétaire général de
la Société d'Horticulture d'Orléans et du Loiret, une brochure intitulée :
Les Tarifs de Chemins de fer pour les végétaux.
Présentations. — Il est donné lecture de cinq candidatures sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Aucune observation n'ayant été faite sur les piésentations
de la dernière séance, sont proclamés, à l'unanimité, membres titulaires de
iiotre Compagnie :
MM.
Dumont, jardinier chez M. Pichet, à CoUongas (Rhône), présenté par MM.
Rivoire et Viviand-More'.
Guignard (Auguste), jardinier chez M. Coudurier, 102, route de Bourgogne,
Lyon-Vaise, présenté par MM. Lavenir et Rivoire.
— 417 —
Perrin (Charles), 9, cours d'Herbouvi lie, Ljon, présenté par MM. Rivoire et
Viviand-Morel.
Bourdelin (Pierre), horticulteur-iailleur d'arbres, à St-Didier-au-Mont-d'Or,
présenté par MM. Laroche et Triboulet.
Passot (.Jean), jardinier-chef chez M. le marquis de Barbantanne, château
de Saïut-Jean, par Màcon (Saône-et-Loire), présenté par MM. Tilliet
et Cl. Jacquier.
Charrault, jardinier chez M. Exuper Girier, à La Verpillière (Isère), pré-
senté par MM. Cl. Jacquier père et fils.
Chinard (Louis), marchand-grainier, quai Saint-Antoine, 15, Ljon, présenté
par MM. Comte et Cl. Jacquier fils.
Bourgeois (Jean), jardinier chez M. Mulsan, à Pommiers, par Villefranche-
sur-Saône (Rhône), présenté par MM. Corbin et Nicolas.
Yvroud (Jean), j .idinier chez M. Mainguet, négociant à Belleville-sur-
Saône (Rhône), présenté par MM. Alexandre Bernais et Viviand-
Morel.
David (Louis), jardinier-propriétaire, chemin des Sablonnières, Monplaisir-
Lyon, présenté par MM. Jacquier père et Ch. Molin.
J. Faijg.y fils, horticulteur à Saint-Fons (près la gare) (Rhône), présenté par
MM. Voisin et J. Jacquier.
Henry Corbin fils, chez M"" la baronne James de Rothschild, île de Piiteaux
(Seine), présenté par MM. Corbin et Nicolas.
Perrier (Joseph), jardinier chez M. Cl. Martin, propriétaire à Belmonl-
Tramonet (Savoie), présenté par MM. Rozain et Comte.
Hervier, jardinier chez M. Pierre Arbel, à Rive-de-Gier (Loire), présenté
par MM. Glénat et A. Rivoire.
Examen des appâtas. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Duchet, rosiériste, montée des Roches, à E'iully, un bouquet de
Muflier nain, très joli comme coloris et bien varié.
Par M. Ballandra, jardinier, chemin de Francheville, 58, un beau spéci-
men de Bette à larges côtes, de Lyon; les feuilles en sont très longues et
très tendres.
La Commission accorde à cet apport une prime de 3= classe.
Par M. Tronche, jardinier chez M. Carrier, L33, route de Vienne, Lyon ;
1° deux pit'ds de Céleri nain, dont un est plus allongé, ne drageonnant pas
et paraît être rustique ; 2" deux pieds d'oseille a très large feuille.
Il est demandé pour cet apport une prime de 3« classe.
Par M. Hyvert, jardinier, chemin de la Croix-Morlon, 37, Monplaisir :
1° un pied de Céleri turc, très blanc, blanchi au moyen de deux ligatures de
paille; 2» de beaux échantillons de Panais rond ; 3" Haricot nain Bagnolet
gris. Le présentateur fait observer que cette variété remonte parfois si on a
le soin, après la première récolte, de rabattre un peu la plante, lui donner
quelques arrosage?, elle donne une seconde production.
Il est accordé une prime de 2« classe à cet apport.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, 33, rue de l'Enfance, Lyon :
1° une forte plante de Bette à larges côtes ; 2° des gousses de Haricot venant
d'Hanoï (Tonkin), chaque gousse contient trois graines et sont longues de
10 centimètres, larges de 3 centimètres. M. Viviand-Morel déclare que ces-
gousses appartiennent à la plante coanue sous le nom de Dolichos Lablab ;
3° des fleurs de Dahlias doubles et simples, de semis.
La Commission demande pour les Dahlias une primo de 2° classe.
Par M. Clapet, jardinier, chemin des Qiiatre-Maisons, Monplaisir : 1° dei x
plantes de Céleri nain blanchissant seul; 2° uh pied de Céleri nain; 3° deux
pieds de Chicorée frisés de Meaux, deux de Chicorée-Scaiole ronde, verte;
4» deux do laitues de Versailles, deux de Laitue craquante de Pierre-Bénite.
Toutes ces plantes sont présentées en forts exemplaires, remarquables
comme développement et belle culture.
La Commission proposa de leur accorder une prime de 2° classe.
— 418 —
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, Lyon : 1° un beau Palmier, Licuala
grandis, auquel la Commission accorde une prime de 1" classe; 2° un Bégo-
nia Rex, M""» Henry Gâche, prime de 2' classe, et quatre Coleus de semis.
Par M. Durj, jardinier chez M. Cartier, à EouUy, des Zinnia doubles à
grandes fleurs bien variées, auquel la Commission décerue une prime de
3'= classe.
Par M. Gatel, jardinier chez M. Genin, à Vienne, des Zinnia doubles, bien
■variés comme coloris et bonne forme de fleurs.
Cet apport obtient une prime de 3" classe.
Par M. Valla, horticulteur, Grande-Rue, à OuUins, seize fleurs de Dahlias
à grandes fleuri, et douze fleurs de Dahlias lilliputs.
Prime de 3° classe.
Par M. Belisse, horticulteur, rue du Bourbonnais, Yaise, des tiges de
Glaïeuls, semis de 1883-1884, à très grandes fleurs et de coloris bien variés.
Prime de 2' classe.
Par M. Morel fils : 1» des grappes de Raisin duc de Malakoff, très belle
variété, à grosse grappe, grains gros, blancs, précoce, mûrissant commen-
cement d'août. La Commission demande pour cet apport une prima de
1'» classe: 2° un arbuste en pot Cornus brachypoda variegata, nouvelle espéaa
de Cornouiller ayant une panachure bien constante et un port horizontal.
Plante à efi"et décoratif.
Prime de 2" classe.
Par M. Parvenaud, jardinier chez M. Bonnet, à SaintGenis-Laval, des
Ageratum blancs nains.
Prime de 3° classe.
Par M. Joseph Bellen, jardinier che!-. M. Rozier, montée Rey, 23, Lyon,
quarante fleurs de Pétunia doubles, de semis.
Prime de 2° classe.
Pour juger ces apports, les membres de la Commission d'examen, sauf
MM. J. Jacquier et Verne, n'assistant pas à la séarice, l'assemblée nomme
M. Gatel pour la culture maraîchère, et la Commission se trouve ainsi com-
posée de MM. Gatel, J. Jacquier et Verne; pour la floriculture, MiVI. Gau-
lain, Musset et Lassonnerie aîoé.
Les propositions de la Commission, mises aux voix, sont adoptées à l'una-
nimité et l'inscription au procès-verbal est accordée pour tous les apports
non primés.
M. Viviand-Morel fait une conférence sur la question de l'hybridation des
végétaux.
A la suite de cette communication, M. Gatel, de Vienne, cite un fait dont
il serait bien aise de connaître la signification. Ayant semé des œillets, il
a obtenu des variétés dont la pr'eruiére fleur était très double et celles qui
lui succédaient presque simples. M Viviand-Morel dit qu'on ne peut émettre
que des hypothèses sur les causes probables du fait en question, qui appar-
tient sans contestation possible, à la catégorie des anomalies végétales, qui
se produisent irrégulièrement, de temps à autre, sur les plantes, sans qu'il y
besoin, pour cela, qu'elles soient d'origine hybride.
La séance est levée à 4 heures 1/2. Le Secrétaire-adjoint, Nicolas.
Culture du Ramonda pyrenaica Bich.
Voici une espèce de plante dont l'ëtat civil a été plusieurs fois
révisé. Appelée d'abord Ferbascum Myconi par Linné, puis Mtjconia
borraginea par Lapeyrouse, qui lui donna encore plus tard le nom
de Chaixia Myconi, elle parait arrivée aujourd'hui au terme de ses
incarnations avec celui de Ramonda^ que lui a donné Richer. C'est
— 419
Kamoiida pyrenaïca (réduit à la moitié de sa grandeur).
le nom do Ramond, un botaniste qui a beaucoup exploré les Pyré-
nées. Celte plante n'a pas eu plus de chance avec sa parenté, car
elle a été successivement reniée par les différentes familles où les
botanistes l'avaient introduite. Après avoir été réunie avec les
P'crbascum au.K Solanées, elle dut brusquement sortir de cette famille
pour devenir une Scrophulariacée. Mais Godron, l'auteur de la
Hore de I orraine, reconnaissant que son fruit uniloculaire dépourvu
do colonne centrale, ses ovules anatropes et son embryon ortho-
trope lui interdisaient le voisinage du tabac, de l'aubergine et de
la pomme de terre ; qu'elle ne pouvait guère non plus, à cause de
ses fleurs régulières à cinq étamines et son ovaire uniloculaire,
rester dans le voisinage des Jnlirrhimon et des Scrophulaires, prit
le très sage parti (voyant qu'il y avait toujours quelque chose à
— 420 —
redire dans sa classification) de lui créer une famille à elle toute
seule; elle appartient donc, depuis cette décision, aux Raraonda-
cées : cela n'est pas trop tôt.
Je cultive cette plante en assez grand nombre : cinq ou six cents
pots. Au moment de sa tloraison, qui arrive dans les premiers jours
de mai et se continue pendant près d'un mois, c'est une vraie mer-
veille que de voir ces innombrables fleurs bleu violacé, et pour
l'horticulteur, si le premier sentiment éprouvé est de l'admiration,
le deuxième se traduit par la réflexion suivante : pourquoi ne cul-
tive-t-on pas cela? C'est certainement une de nos plus jolies plantes
françaises ; la culture en est facile et, en suivant les quelques indi-
cations que nous donnons plus loin, on est st\r de la réussite. Mais
avant il est utile d'en donner une petite description, qui permettra,
autant que peut le faire une description, d'en juger les caractères.
L'image ci-contre fera, du reste, connaître l'espèce.
C'est une plante acaule, c'est-à-dire dépourvue de tiges, à feuilles
réunies en rosettes denses et étalées, ovales obtuses, couvertes en
dessous de longs poils mous, profondément crénelées, contractées
à la base en un court pétiole. Les fleurs sont portées par plusieurs
hampes florales en nombre variable sur chaque hampe, habituelle-
ment 5 à 7; la corolle est grande, rotacée, d'une belle couleur
bleu violacé, quinquépartite, à lobes obovés, finement ciliés.
Cette espèce, comme son nom l'indique, habite les Pyrénées
dont elle est un des plus beaux ornements. Sa culture est assez
facile ; si on veut l'avoir en pot, il suffit de la rempoter en terre
de bruyère, en ayant soin de bien drainer le vase, de la tenir à
l'ombre et de ne pas ménager les arrosements pendant les mois les
plus chauds de l'année. En pleine terre, elle demande également
l'ombre, se plaisant plus spécialement dans les massifs de Rhodo-
dendrons qu'elle peut servir à border, ou bien dans les rocailles arti-
ficielles ou naturelles des parcs. Elle se multiplie de graines et en
divisant les touffes. D"" Micheli.
Compte-rendu de l'Exposition horticole {Suite;
Baisins. — Je sacrifierais volontiers aux dieux éternels, deux
coqs, quatre poules et un mouton gras, si je savais que mon
sacrifice puisse aider le raisin à recouvrer son antique splendeur.
Ah ! mon pauvre vieux raisin, Bacchus t'abandonne ! les maladies,
les insectes, les cryptogames se sont ligués pour amener ta perte !
Galien et Hippocrate y perdent leur sulfure de carbone ! C'est
affreux. Cependant ne perdons pas tout espoir, car il y a bien d'au-
tre fléaux qui ont affligé le monde depuis sa création ; les fléaux ont
disparu et le monde reste. Ceci dit, comme préambule, examinons
les raisins qui sont là sous nos yeux.
— 421 —
M. Magat, viticulteur à Chazay-d'Azergues, est l'exposant qui
apporte une des plus belles collections. Il obtient du reste deux
médailles d'or qu'il a bien méritées. Il présente en même temps
que sa collection de raisins, des vignes françaises greffées sur
vignes américaines qui font l'admiration des connaisseurs. On ne
saurait voir des greffes mieux soudées et plus chargées de fruits.
MM. Rolland et Arnaud-Coffin obtiennent aussi deux médailles
d'oi'. L'une est décernée à la collection de raisins, l'autre aux
vignes greffées par un procédé rapide.
MM. Poisard frères, horticulteurs à Anse (Rhône), ont égale-
ment des vignes greffées sur vignes américaines, qui reçoivent une
médaille d'or.
Citons encore comme exposants de raisins, M. Périgny (de Ver-
naison) ; M, Chavagneux, de Château-Gaillard, à Villeurbanne;
M. Favre Gabriel et M. Bonamour.
Une observation à propos de raisins. Ne serait il pas utile, une
autre année, de distinguer les cépages dont les fruits mûrissent
dans la zone lyonnaise, des cépages qui n'y mûrissent jamais?
Quelques amateurs peuvent se laisser séduire par des raisins
obtenus sous un autre climat et planter des cépages qui ne leur
procureront par la suite que des déboires.
Les œrhres el les arbusies. — André Theuriet a publié autrefois
dans le Fiyaro un conte qui a pour titre Les sapins : C'est l'histoire
d'une de ces espiègleries comme nous en avons tous sur la
conscience.
J'ai trouvé ce conte charmant si parfaitement conforme aux
idées que je professe à propos des arbres, qu'on m'excusera, je
l'espère, d'avoir pris sa péroraison pour épigraphe du compte-
rendu qui va suivre.
Deux écoliers condamnés aux arrêts, pour avoir traité de bla-
gueur Dordelu l'antique, leur professeur, avaient vu commuer cette
punition en celle de la transplantation de trois cents plants d(!
sapins Cette opération fut d'abord agréable, puis la chaleur et
la courbature arrivèrent, la soif s'en mêla... si bien que furieux
nos deux planteurs mirent une partie des sapins la tête en bas, les
racines en l'air. Quelques jours après, le professeur qui était myope
et n'avait pas vu de suite le chef-d'œuvre de ses élèves, retourna
vers sa plantation Drôles, dit-il aux deux coupables, vous allez
me suivre vers mon terrain. Arrivés devant le corps du délit, il les
apostropha ainsi :
« Messieurs, si vous ne respectez pas votre professeur, vous
devriez au moins avoir le respect des arbres ! . . . Savez-vous ce que
c'est qu'un arbre? C'est un être vivant' comme vous et moi. C'est
la joie de la terre à laquelle il donne l'eau des sources qui l'arro-
— 422 —
sent et l'humus qui la féconde ; c'est la santé de l'air que sa ver-
dure purifie... Un bel arbre, c'est une fête pour les yeux, et des
milliers d'arbres, cela fait la forêt, le manteau de la terre, cette
richesse d'une nation !.. . Un pays qui n'a plus de forêts est un pays
fini !... Un arbre, mais c'est la charpente de votre maison, c'est
le mât des vaisseaux , c'est la chaleur de votre foyer qui vous
donne un soleil en plein hiver?.. . Celui qui plante un arbre est un
bienfaiteur de l'humanité ; celui qui en détruit un inutilement est
un criminel... Et maintenant jugez-vous vous-mêmes? Dans vingt
ans, ces deux cents jeunes plants que vous avez assassinés seraient
grands et beaux ; ils auraient été la gaieté de cette friche inculte,
ils auraient rendu de précieux services à nos enfants et à nous-
mêmes... Et pour satisfaire une espièglerie d'écolier, vous avez
supprimé deux cents arbres, vous avez deux cents meurtres sur la
conscience ! Songez-y ! . . . Ce sera votre punition ; maintenant,
allez :...
» Et en même temps, au moment où nous y pensions le moins.
et pour mieux graver sans doute son discours dans notre esprit, il
nous allongea au bas du dos deux formidables coups de pied qui
nous firent dégringoler, tout penauds, sur le chemin communal.
« Je ne sais quel effet produisit cette harangue sur mon cama-
rade ; quant à moi, elle me toucha doublement. Ce fut mon chemin
de Damas, et depuis lors j'ai eu le respect des arbres. »
(^e plaidoyer en faveur des arbres devrait trouver sa place dans
les livres qu'on met entre les mains des enfants, afin que tous
sachent, quand ils seront hommes, que les arbres doivent être res-
pectés. C'est pour avoir détruit leurs forêts, que certains pays,
autrefois fertiles, se sont changés en déserts ; et qui sait si ce n'est
pas à la même cause qu'il faut attribuer la rapidité avec laquelle
les maladies cryptogamiques et autres se propagent sur nos végé-
taux cultivés?
Quoi qu'il en soit de cette dissertation, j'aime, pour ma part,
les arbres et les arbustes rustiques sous notre climat, et je regrette
bien sincèrement que quelques beaux représentants de la fiore
forestière exotique ne puissent point résister à nos hivers rigou-
reux.
L^ premier Concours du pro^'pamrae concernant l'arboriculture, était
celui relaiif aux arbres et arbu-ites de nouvelle introduction. Deux exposants
pî'eii lient part à oe concours.
Cest d aborl M. P. Mirel, de Lj'on-Vaise, qui no .s montre quelques jolis
conifères, tels que : Retinospora tctragona aiirea, Abies Sargenli, Thuiop-
sis borcalis aiireo van'eg.jt.i. Cr}^ptomeria jap. albospica. Libocedrus
tetragona.Torreya nucifera ; ouii dilféreuies autres espèces a[i()irtenant
a li autri^s tamilles, telles i|ua : Friî.r;nu5 anomala, Cotoneaster hjn\on-
talis. Cornus brachypoda argentea, etc.
A leni, ensuite M. R/^houl, lioiiicuHeur de Montélimar, qui nou- ap[iiite
Lniiius m,//ili.i ci/imisf.i al.i (inolitj, I.inriis Henanlii.
— 423 —
Alaternus compacta (inédit), Mahonia Fremonti, Euonymus, Sylver gems,
Ampélopsis striutu sempervirens etc.
M. Reboul présentait encore une féi'ie de Diospyros Kaki, parmi les-
quels on trouvait les variétés suivantes : Costuta, GuiboscM, Mazeli,
Kourocouma, yacoumi\ etc.
Les arbustes de semis, obtenus par l'exposant, sont représentés par de
fort jolies variétés d'Aiicuba japonica, pvésentés par MM. Durand frères,
horlieulteurs, route de Grenoble, à Monplaisir-Lj'on. Il faudrait une des-
cription détaillée pour plusieurs des gains présentés par ces messieurs.
M. F. Morel présente aussi quelques Aucubas de semis, très méritants,
et un Cupressus Lawsoniana à feuilles bleuâtres.
Le concours pour la plus belle coUectioa d'arbustes à feuilles persistantes,
les Conifères exceptés, a été l'un des mieux remplis de toute l'Exposition.
Trois exposants se trouvaient en présence : MM. Cl. Jacquier fils, horticul-
teur à Lyon-Monplaisir; F. Morel et fils, horticulteurs à Lyon-Vaise, et
M. Reboul, horticulteur à Moutélimar. Le Jury a été bien embarrassé pour
attribuer le premier prix, aussi a-l-il tranché la difficulté en classant ex-
œqiio les deux horticulteurs lyonnai?. M. Reboul, qui avait été obligé de
faire transporter ses plantes par le chemin de fer, avait des sujets un peu
plus faibles que ses concurrents, son lot était cependint fort beau.
Dans la collection de M. F. Morel, je note des Lierres en arbres variés,
les plus belles variétés de Houx en f «rtes plantes, des Mahonias, des Elea-
gnus, le Prinos glaber, le Genista horrida, plusieurs beaux Osmanthus, le
Cerisier de Portugal à feuilles de myrthe, de beaux Aucubas, des Ataternes
variés, des Buis, des Filaria, et en général les meilleures variétés des gen-
res habituellement cultivés sous le climat moyen de la France.
Dans la collection de M. Cl. Jacquier fils, j'ai noté également ce qu'il y a
de mieux parmi les espèces à feuilles persistantes : Belles variétés de Houx,
de Berberis, d'Aucuba, de Ligustrum, de Crata^gus, d'Alaternus, de Ceano-
thus, de Lierre, de Fusain du Japon, de Cotoneaster, de Buis, une singulière
composée : le Diplopappus chiysophj^llits et toute une série d'autres espè-
ces intéressantes.
Dans le lot de M, Reboul :
Lauracerasus Bertini, rotundifolia, cameliœfoU'i ; Ligustriim coriacoum,
lucidtim, rosmariiiifohum, etc. Evonymus japonicus divers. Phyllirea,Makoiiia,
Choysid ti/niato, Cratcegus, etc.
Conifères. — La collection générale de Conifères rustiques compte dt;ux
exposmits : M. F. Morel et fils, et M. Améiée Pitrat, horticulteur, rue du
Chapeau-Rouge, à Lyon-Vaise.
Les espèces et variétés exposées par M. F. Morel sont très nombreuses et
surtout quelques-unes des plus belles présentées en f irt beaux exempl^irps.
Je note particulièrement, dans ce lot : Tcrreya myristica, Cupressiis
glaiica, Abies : concolor. lasiocarpa, excelsa investa, nobilis, poUta,
excelsa Premontii ; puis les Ce^Yriw atlantica glaitca, et deodora glaitca,
Thiiiopsis dolabrata et sa variété à feuilles argenlées ; P/;n(5 l'rcmon-
tiana, Wellingtonia gigantea pendilla, etc., etc.
M. Pitrat avait aussi une très jolie collection, bien variée, en sujets de
choix, un peu plus petits que ceux de la précédente.
M. Kettemann, pépiniériste à la Demi-Lune, près Lyon, avait clnisi dans
ses pépinières les meilleures espèces de Conifères et un choix A^a pi .s belles
plfintes vertes. Le Jury a vivement félicité M. Kettemann, qui s'était placé
hors concours.
M. F. Morel n'a pas de peiue à obtenir le premier prix avec six Conifères
de force supérieure, personne n'étant en concurrence avec lui. Les plantes
qu'il présente sont, du reste, très fjrtes et bien choisies.
M. Pitrat, déjà nommé, est également seul pour exposer une collection de
Buis, on ne trouve des variétés de csi genre que dans les collections gêné-
— 421 —
raies — M. Pitrat a su réunii- l'élite des plus belles sories ornementales
pour en composer une jolie collection.
M. Louis Gorret, horticulteur, rue du Bourbonnais, à Lyon-Vaise, cultive
et collectionne les Fusains et las Auouba d'une manière toute spéciale. Les
collections qu'il présente dans ces deux genres sont les plus belles de l'Expo-
siiion, aussi obtient-il facilement les premiers prix.
Dans sa collection de Fusains, je note : Evonymus : latifolius alba
viiriegata, macrophj^llus liicida, pyramidalis, aiirco maculata^ aurea
variegata, pidchclliis, radicans. etc.. etc.
Je renonce à noter les variétés Au-uba, qu'il faudrait toutes ciier.
M. Roux, horticulteur à Fontaines-sur-Saône, prenait part au concours
relatif aux Aucuba, et en présentait une collection bien choisie.
Je trouve encore dans l'arboriculture : M. F. Morel, qui présente des
Fusains en collection et un massif en mélange; M. Pitaval, horticulteur,
55, chemin des Grandes-Terres, à Saint-Irénée, qui gagne deux médailles
avec de beaux Yuccas et de forts baaux Aucuba, et M. Jacquet, horticulteur
rue Villion, à Monplaisir, (jui montre deux énormes Lauriers-Cerises à
feuilles rondes.
Arbres fruitiers. — M. Alph. Siix vie:it de Valencs avec de superbes
échantillons d'aibres fruitiers arrachés dans ses pépinières. Ces arbres
appartiennent à tous les genres hibituellement cultivés et sont fort beaux.
M. Roux, horticulteur à Fjntaines-sur-Saôae, présente ui lot analogue
aussi beau que le précédent.
Plantes de serre.
Le concours relatif aux plantes de serres obtenues par l'exposant compre-
nait des Cannas, dej Col^us, des Bégonias, des Peiargonium zonales et un
Aralia de Siebold. Le jurj s'est montré dur pour la plupart des plantes pré-
sentées, mais pas pour toutes cependant. C'est ainsi qu'il a récompensé d'une
médaille d'or les Cannas nouveaux de M. Crozj, horticulteur, grande rue de
la Guillotière, à Lyon. C'était juitice. Les nouveaux gains de cet habile
semeur sont en eff-t fort beaux et bien dignes de la haute récompanse qu'ils
ont obtenue. Les Coleus, qui paraissent tourner dans un cercle vicieux et
ont de la peine à sortir de la gamme chromatique habituelle, étaient piésen-
tés par plusieurs horticulteurs. Une série de variétés à grand feuillage a
copendanl trouvé grâco et a obtenu une médaille d'argent grand module.
Elle était présentée par M. Urevet, horticulteur, rue Julien, à Montchat. Un
autre exposant, M. Valla, voit son apport couronné d'une médaille de
bronze.
M. Marchand, rue du Sacré-Cœur, obtient une médaille d'argent pour un
P. zonale, et M. Durj une médaille de bronze.
Collection générale. — La lutte n'a pas été aussi vive cette année, dans
ce concours, que les années précédentes. M. Liabaud, le vétéran des expo-
sitions, n'a pas exposé ; M. Comte n'a mis qu'un seul lot et s'est placé hors
concours. En revanche, M. Devert, horticulteur, route de Grenoble, à Mon-
plaisir. et M. Schmitt, horticulteur, rue Saint-Pierre, ù Vaise, avaient cha-
cun deux très remarquables collections. Dans le lot de M. Devert, composé
de forts exemplaires, je note de très beaux Dracœna, d'élégants Palmiers,
notamment des Arcca, des Pritchardia, des Seqfortia, des Latanias, des
Corypha, etc., des Cycadées : Zamia Lehmani, Cycas revoluta. circina-
les; de beaux Dieffcmbachia admirables de vigueur, puis des Maranta,
des Broméliacées et une foule d'autres espèces. J'ai noté dans ce lot un
Asparagus pliimosus iianus qui avait 1 mètre 70 cent, de hauteur ; nomina
incptum, ai-je pensé. J'ai retrouvé la môme plante dans un autre lot égale-
ment très élevée. Pourquoi nanus alors ?
M. Schmitt a des plantes moins fortes, mais très variées et arrangées avec
talent. D'admirables Heurs, des Orchidées, des Broméliacées, des Aroïdées,
des Bégoniacées prêtent l'éclat de leurs vivss couleurs aux belles espèces
— 425 —
riches seulement de leur feuillage. J'ai noté dans ce lot de beaux Maranta,
des Tillandsia, de*; Vriesca, lo Gusmania tricolor, le Caraguata Zahni,
des Kœnipferia, le Miltonia spectabilis, V Odontoglossum Alexandrœ.
un beau Cattleya, puis trois remarquables Anthurium, les A. Lindigi
carneum et Andreamim. Je note encore des Cycas, des Zamia, des ^Iraw-
caria, le Ficus J'arceli, des Crotons. des Fougères, des Caladium colorés,
etc., etc.
M. Comte, horticulteur, rue de Bourgogne, à Lyon-Vaise, exposait, hors
concours, un lot des plus beaux spécimens de ses collections. Comme tou-
jours, les plnntos de cet habile jardinier sont irréprochablement cultivées.
Citons quelques-unes des espèces les plus remarquables de ce lot, toiles que:
Cocos Bonneti, Kentia Balmoreana, Arenga saccharifera, Pritchardia
aurea, Kentia Vendlandi, Areca Verschaffelti, Ptychosperma robiista,
Livistona Hoogendorpi, Aralia Jilicifolia , spectabilis et Victoria;
Phyllanthus Seemanni. Ciirctuna rosceana, Gymnogramma schi\ophylla
var. gloriosa, Nepenthes Mastersi, Phalœnopsis amabilis, etc.
Le lot de 50 espèces à feuillage comptait deux exposants : MM. Bélisse et
Cousançat. M. Bélisse, horticulteur, route du Bourbonnais, à Lyon-Vaise, a
montré aux amateurs qu'il possédAit et cultivait à marveille les espèces les
plus éminemment ornementales propres à la décoration des appartements.
Son lot était irréprochable et les sortes bien choisies. On sait qu'il faut, pour
qu'une plante sut « propre à la décoration des appartements », qu'elle soit
susceptib'e de lutter contre les conditions antivégétatives dans lesquelles
elle est habituellement placée.
M. Cousançat, horticulteur, grande rue de Cuire, à Cuire-les-Lyon, avait
un lot du même genre dont les espèces avaient également écé habilement
triées parmi les meilleures.
Fougères. — 0 plantes aux noces cachées ! Dites-moi, vous dont les
fleurs se dissimulent à nos regards, vous dont la graine est une poussière
impalpable qu'emportent au loin les vents du soir, dites-moi, je vous prie,
pourquoi je vous admire sans corolles, pourquoi je vous aime sans fruits?
Esl-ce parce que je vous ai rencontrées à l'ombiedes grands bois, sur le bord
des ravins, dans l'intérieur des grottes et des cavernes ? Est-ce parce qu3 j'ai
vu la scolopendre suspendue au-dessus des torrents de nos montagnes, ou
bien parce que vous vêiissez les rochers arides d'un manteau de verdure?
Malgré cette invocation lyrique, les Fougères ne me répondent pas. Je vais
répondre pour elles : On aime l'îs Fougères parce qu'elles nous montrent
réunies au même degré, sous mille formes différentes, l'élégance gracieuse
du feuillage le plus varié, le plus légèrement découpé qu'il soit possible de
voir. Aussi, les horticulteurs ont-ils soustrait aux lieux sauvages ott ils sont
nés, pour en orner les serres, les jardins et les salons, les plus beaux genres
de cette immense et belle famille.
Il y a des Fougères un peu dans plusieurs lots, mais il n'y a que M. Cou-
sançat, horticulteur, à Cuire-les-Lyon, qui en présente une collection dans
laquelle les genres les plus divers sont représentés.
Je retrouve encore un peu plus loin M. Cousançat qui obtient une médaille
de vermeil et une grande médaille d'argent pour deux collections de Bégo-
nias, l'une composée de variétés à feuillage ornemental et l'autre d'espèces
diverses. Il y avait dans ses deux lots la plupart des variétés d'élite culti-
vées de nos jours.
Coleus. — Les Coleus de semis ne manquaient pas, mais les collections
étaient rares. M. Rocket, horticulteur, grande rue de la Croix-Rousse, le
lauréat habituel de ce genre de plantes est la seul qui expose cent, variétés
nommées. M. Roohet est fidèle à ce genre dont il s'occupe d'une manière
particulière. Son lot était bien étiqueté et les plantes d'une belle venue ; il
obtient une médaille de vermeil.
Pélargonium zoiiale. — C'était la première fois que l'Association horticole
lyonnaise inscrivait une mélailla d'or dans son programma pour la plus
— 426 —
belle collection de Pélargonium zonale. M. Rozain-Boucharlat, horticul-
teur à Cuire-lès-Lyon, a le bon esprit de la décrocher. J'ajoute qu'il ne l'a
pas volée, car il avait su réunir ce qu'il y a de plus beau et de plus nouveau
dans le genre.
Je cite particulièrement les variétés suivantes à Heurs simples qui m'ont
paru dignes d'être mentionnées : Téléphone, Albion, Blanche-neige, Aurore,
Arc en- Ciel, Louis Ulback, M'^" Poiseau. Scipion, Abbé Garnier, La Gloire,
Candeur, Secréluire Vintouskij, Gloire Lyonnaise, etc., puis parmi les doubles :
Priant, Gloire de France, M""' Grillet, Sp. de Grenoble, Vésuve, M"" Guil-
bert. Contraste, Perle blanche, Président Dutailly, M""" Hoste, etc.
Viennent ensuite, qui exposent aussi dej plantes da mêm3 gdnre :
M. Guillet (Pierre) jardinier chez M. Rendu, qui nous montre qu'il s'y en-
tend à tenir en ordre une collection; M. Patiohoud, horticulteur à Cuire-:ès-
Lyon, M. Galmiche à Grand'Croix (Loire) et M. Collet, jardinier chez M.
Boucaut, à la Mulatiôre. Tous ces exposants montraient les variétés les plus
florifères.
Fuchisas. — Un amateur M. Gindre, et un horticulteur, M. Galmiche à
Grand'Croix (Loire) sont les seuls exposants dans ce genre populaire. Ces
Messieurs présentaient l'élite des plus belles variétés qu'il faudrait toutes
citer si la place ne faisait pas défaut.
Cannas. —::. M. Crozy n'avait pas de concurrent pour ce genre dans le-
quel il s'est taillé une réputation européenne. Voilà le résultat de la persévé-
rance dans les cultures. Je renonce à citer les variétés qu'il expose ce sont
les plus belles, la plupart obtenues par lui.
Cactées. — J'aime les cactées, j'en conviens, depuis que j'ai vu celles
de M. Rebut, Lassonnerie et Cardonna. Il est regrettable que ces
Messieurs montrent si rarement leurs collections. A leur défaut M. Tortoro-
tot, impasse des Manèges à la Alllette, expose quelques-unes des plus jolies
espèces des genres de cette curieuse famille.
M. Cousançat, n'a pas de cactées, mais il montre des Aloés en collection.
M. Pitrat, horticulteur à Vaise, exhibe des Furcroya qui lui valent une mé-
daille d'argent.
M. Brevet, horticulteur, rue Julien, à Montehat, a une collection à'Erica
composée de variétés qu'on ne trouve plus guère dans les établissements,
depuis que les plantes à feuillage ont tué le.i plantes florales du Cap et de la
Nouvelle-Hollande.
Plantes de marché. — Votre serviteur, qui était apprenti jardinier vers
1860, se souvient fort bien qu'à cette époque, relativement récente, il aurait
été impossible aux horticulteurs lyonnais do cultiver, comme ils le font
aujourd'hui, une masfe aussi formidable de plantes de toutes sortes. En ce
temps-là l'oatillage était rare et défectueux, les méthodes de culture d'une
simplicité primitive et le débit modéré. C'était le temps où le pommier d'a-
mour triomphait en compagnie du basilic; que do chemin parcouru depuis
vingt ansl Les établissements sont .actuellement de véritables usines, de
\raies fabriques de plantes, et c'est par dizaines, quelquefois par centaines
de mille, que la même espèce est cultivée. On expédie un peu partout les
œillets, les ficus, les aralia?, les dratœna, et une foule d'autres genres de
plantes d'ornement, dont les plus beaux ont été exposés en groupes distincts
sur le cours du Midi. Il y avait là un grand nombre de massifs qui repré-
sentaient assez bien cotte branche deThoriioulture lyonnaise, que les pro-
grammes classent sous la rubrique de Plantes de marché.
Enumérons ces lots de plantes remarquables parleur belle culture :
M. Grillet, horticulteur, route de Grenoble, à Lyon-Monplaisir, avait une
collection de cinquante espèces représentées par deux exemplaires de chaque
sorte.
M. Stingue, montée de la Boucle, à Lyon, une collection semblable à la
précédente, un massif de Bégonia Stingue, dont il est l'obtenteur, et un lot
de Bouvardist Humboldtii.
— 427 —
M. Beurrier aîné, route de Grenoble, à Lyon-Monplaisir, présentait des
massifs ou lots d'œillets, d'Adianttim et d'Aralia Sieboldii.
M. Beurrier (Jean), rue Saint-Maurice, à Lyon-Monplaisir, des Adiantum,
des Cyclamen en fleurs, des Ficus et des Œillets.
M. Drevet, rue Julien, à Lyon-Montchat, des Lauriers-Tins, des Aralias,
des Dracœna indivisa.
M. Musset route de Francheville, 19, par Lyon, des Bégonias bulbeux, des
Bouvardias, des Ficus et un superbe Cycas.
M. Devert, route de Grenoble (auquel je m'empresse de restituer la mé-
daille d'or attribuée à ses Kentia, que les typographes lui ont sorti pour là
donner à M. Drevet), avait des Celosia, des Dracœna, des Phœnix cana-
riensis, de» Kentia, des Lalanias, des Œillets.
M. F. Morel et fils, des Chqysia ternata.
M. Cousançat, à Cuire-lès-Lyon, des Chamœrops.
M. Boucharlat jeune, rue des Missionnaires, à la Crois-Rousse, des Dra-
cœna, des Pourpiers, des Amarantes.
M. Valla, rue de Chasse, à Oullins, des Bégonias bulbeux.
M. Bélisse, rue du Bourbonnais, à Lyon-Vaise, des Latania borbonica,
et dans le concours de belle culture le plus beau spécimen de Qycas revo-
luta de l'Exposition.
M. Grumel, chemin de St-Priest, à Lyon-Monplaisir, des Œillets.
M. Patichoud, rue Coste, à Lyon-MonpUisir, des Rosiers.
M. Charreton, avenue des Ponts, Lyon-Guillotière, des Œillets.
M. Lapeute, route d'Heyrieux, à Lyon-Monplaisir, des Phlox en fleurs.
M. Chavagnon fils, horticult., route d'Heyrieux, plusieurs lots d'Œiliets.
M. Verne, un lot de Bégonia.
Belle culture. — Il y a un concours de balle culture qui est surtout affecté
aux plantes de fortes dimensions. C'est dans ce concours que M. Jacquet,
rue Villion, à Monplaisir, gagne six médailles; il exposait de beaux spéci-
mens des espèces suivantes ; Areca lutescens, Phormium, Chamœrops,
Cocos insignis, Phœnix, Phœnix canariensis.
M. Musset, route de Francheville, un tiés beau Cycas.
M. Devert, route de Grenoble, des Chamœrops.
M. Guichard, de très beaux Lantanas et d'énormes Pelarg. zonale.
M. Combet, à Limonest, un gros Cereus monstruosus .
M. Falconnet, à Villefranche (Rhône), un bel exemplaire à' Araucaria
excelsa.
M. Thomas, un Ficus elastica.
PLANTES VIVACES ANNUELES ET FLEWRS COUPEES
Nous voici dans la section du programme où la lutte est toujours vire
et ardente, surtout quand on arrive aux fleurs coupées, aux Roses plus
particulièrement.
Le lot de plantes alpines do M. F. Morel garnissait la rocaille. Dissémi-
nées un peu partout, elles étaient mal placées pour être rapidement jugées ;
le Jury leur a accordé une médaille de bronze. Il est vrai que les membres
du Jury de cette section étaient surtout des rosiéristes et îles fleuristes qui
ne sont pas tendres pour les « herbes des Alpes ».
Nous trouvons ensuite deux collections d'Œiliets : une était exposée par
M. Carie, horticulteur, route d'Heyrieux, à Lyon-Monplaisir; elle compre-
nait cent variétés parfaitement choisies. Elle a obtenu la médaille de ver-
meil du Syndicat des horticulteurs lyonnais. L'autre collection, composée de
trente sortes, avait été apportée par M. Chavagnon fils, route d'Heyrieux, à
Lyon-Monplaisir, dont on ne peutque louer le bon goût dontil a fait preuve
ddns l'assemblage des nuances qu'il a su choisir pour composer son lot.
Plantes de massifs. — Nous trouvons, dans ce concours :
MM. Léonard Lille et Baney, marchands-grainiers, quai Saint-Aatoine,
Lyon, qui gagnent deux grandes médailles d'argent, l'une avec un superbe
— 428 -
massif de Zinnias, et l'autre avec un lot de Gaillardes irréprochablement
cultivés.
M. Molin avait un lot de Tubéreuses qui a été fort admiré et qui a embau-
mé les visiteurs pendant toute la durée de l'exposition. Le Jurj lui octroie,
pour les susdites Tubéreuses, une médaille d'argent.
MM. Rivoire père et fils ont moins de cliance avec leurs Phlox Drum-
mondi qui reçoivent «ne médaille de bronze.
M. Boucharlat jeune, dont nous avons mentionné les lots à l'article Plantes
de marché, est un des meilleurs semeurs de Véroniques, un semeur particu-
lièrement heureux. Il voit un de ses derniers gains dans ce genre récom-
pensé par une grande médaille d'argent.
Fleurs coupées, — La collection générale de fleurs coupées comprend une
macédoine gigaitesque où les plantes vivaces coudoient les annuelles; on y
trouve de tout et même autre chose. L'éclatant Glaïeul, le brillant Tritoma,
le Zinnia écarlate, la Verveiue ans tons multiples, l'Œillet de Chine aux
nuances moirées, la Reine-Marguerite et ses collerettes tuyautées, rehaussent
l'éclat des plantes plus humbles ou de couleurs plus assombries.
Dans ce concours, MM. Léonard Lille et Benej, marchands-grainiers,
quai Saint-Antoine, présentent l'élite des plus belles ûeurs qu'on rencontre
dans les jardins qu'elles parent pendant l'été.
M. Molin marchand-grainier. place Bellecour, exposait également une
collection générale qui a fait l'admiration des visiteurs, tant par la beauté
que par le nombre des espèces présentées.
Roses. — Je vais prendre une épigraphe, en vers, que j'ai fait composer
à Delille tout exprès pour orner ce chapitre.
Et qui peut refuser un hommage à la Rose ?
La Rose dont Vénus compose ses bosquets,
Le Printemps sa guirlanda et l'Amour ses bouquets ;
Qu'Anacréon chanta, qui formait avec grâce
Dans les jours de festin la couronne d'Horace.
Ça rime bien. Voilà ce que c'est que d'avoir des amis « dans la poésie ».
J'en ai comme cela plusieurs qui « biiohent » pour moi, de temps à autre.
Tenez, Ronsard, avec qui j'ai dîné l'autre jour, m'a adressé aussi os morceau
par la poste :
Mignonne, allons voir si la Rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
N'a point jmrdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au votre pareil.
Ronsard est un bon garçon, mais n'est plus à la hauteur do la situation.
Les belles roses maintenant sont les ro.-es jaunes. Plus elles sont jaunes,
plus el!es sont belles. Quand nous en aurons des larges comme un'chapeau,
jaunes cornme le baudrier du brigadier à' qui Pandore donnait raison, tout
ira bien. On les cherche et on y arrivera. On a déjà desPersian, mais il faut
que « ça remonte » ; si ça ne remonte pas. adieu. On les fera remonter.
Que de roses, que de roses, mes amis i J'en ai là, sous les jeux, de quoi
effrayer Calchas. Elles s'étagent gracieusement sous la galerie en une longue
enfilade qui n'en finit plus. Et quand je pense que pour être agréabl ) et juste
avec tous les exposants, il faudrait me faire l'éditeur d'un petit catalogue,
j'en suis consterné. Ah! c'est qu'ils sont nombreux, les exposants:
Je trouve d'abord M. Pernet fils-Duoher, rosiériste, chemin des Quatre-
Maisons, Lyon-Guiliotière, qui a un lot magnifique, dans lequel il a eu la
bonne idée de mettre en première vue les gains magnifiques que l'établisse-
ment qu'il dirige a mis autrefois au commerce.
M. Duché, rosiériste, montée des roches à Ecully, a dans son jardin une
végétation luxuriante qui se trahit par l'éclat et la dimension qu'elle commu-
nique aux fleurs qu'il expose.
— 429 —
M. Bonnaire, chemin des Hérideaux, n'a pas des moins belles fleurs que
son confrère.
M. F. Dubreuil, route de Grenoble, 146, prend part à deux concours et
trouve le mojen d'être le premier partout.
Citons eacore les belles ooUeotiins de MM. Levet jeune, roîiériste, avenue
des PoQts, à Lyon ; Alexandre Bjrnaix, rosiéi-isie, fi3ars Lafayeite, à Vil-
leurbanne; Perrier, chemin des Calattes, à la Mouche ; Laparrière, rosié-
riste à Champagne-au-Mont-d'Or ; Reboul, horticulteur à Montélimar
(Drôme) ; Dury, jardinier chez M. Cartier à Ecullj, et Brechon, rosiériste à
EcuUy.
J'allais oublier les belles collections de M"» V Sohwartz, route de Vienne,
à Lyon, et de M. J.-B. Guillot et fils, chemin des Pins, qui exposaient hors
concours.
Dans tous les lots je note l'élite des plus belles sortes parmi lesquelles je
n'hésite pas à citer plus particulièrement :
La France, Souvenir de la Malmaison, Merveille de Lyon, Perle des
Jardins, W. 04 lien Itichardson; Beauté de l'Europe, Jules Finger, Jean
Diiclier, Jean Ternet, Mignonetie, Mignature, "Pâquerette, Rosiériste
Rambaud, B. Comte. Boiëldieu, La Rosière. Terle d'or. Reine Marie-
Henriette, Madame Bérard, Maréchal Niel, Niphetos, Ferdinand Cliaf-
fotte, Ulrich Brunner, Devoniens>s, Taul Neyron, Madame Q4lexandre
Bernaix, Marie Van-Houtte, Marquise de Vivens, C4bbé Girardin, etc.
Je vous le disais au début, il faudrait éditer un catalogue, heureusement
que ces Messieurs en ont tous et sont disposés à l'adresser à tous les ama-
teurs qui le demanderont.
Je n'ose pas dire grand chose des semis, il y en avait cependant de fort
beaux. Un seul a été médaillé, il a été exposé par M. Levet jeune dont le
père a mis tant de belles choses au commerce.
Du reste il ne faut pas toujours prendre au mot les sentences portées par
les jurés quand il s'agit de semis. Exemple: la plus belle des roses, La
France, a jadis été battue, à Paris, par des variétés dont on ne parle plus
actuellement. L'exemple est topique, n'est-ce pas ?
Je trouve encore dans l'exposition un lot de Rosiers greffés sur /?. pohjan-
tha. Ce lot est exposé par M. Alexandre Bernaix déjà n^mmé. Ces Rosiers
ont une vigueur qui plaide vigoureusement en faveur de ce nouveau sujet qui
a le mérite de donner de nombreuses racines et de ne pas drageonner. Si on
ajoute à ces mérites divers celui qu'ont les graines de cette sorte de germer
rapidement en voilà plus qu'il en faut pour engager les rosiéristes à suivre
l'exemple de M. Bernaix.
Dalhias. — La fleur d'automne par excellence; se conserve dans la cave
pendant l'hiver. Parlez moi des plantes comme celles-là. Des pompons énor-
mes, frais, gracieux, tuyautés avecdes coloris blancs, roses, violets, marrons,
noirs, ou à ligules mouchetées, bigarrées, striées, marmorées ponctuées et
réticulées. Chaque année les pessimistes crient aux échos que le Dalhia est
à son apogée et chaque année les semeurs donnent un démenti aux pro-
phètes grincheux, en produisant des variétés plus belles. Il y a plusieurs ex-
posants qui apportent de très belles collections. Ce sont MM. Rozain-Bou-
charlat, horticulteur à Cuire-lès-Lyon, M. Guillet (Pierre), jardinier chez M.
Rendu à Grézieu, M. Collet (Ant.), jardinier chez M. Reverdy et MM. Valla,
horticulteur à Oullins. Ces Messieurs ont tant de belles variétés que je suis
embarrassé pour faire un choix.
Dalhias simples. — Avec les Cannas de M. Crozy, ce sont les Dalhias
simples de semis exposés par MM. Léonard Lille et Beney, march.- grain.,
quai St-Antoine, qui ont eu le plus d'admirateurs, 11 y avait la toute une sé-
rie de plante hors-ligne avec des panachures de toutes couleurs, des teintes
nouvelles, fraîches, éclatantes et veloutées. Heureux semeurs !
Les Glaïeuls comptaient également plusieurs exposants qui montraient au
public l'élite des plus belles variétés de ce beau genre qui en compte tant de
— 430 —
belles. Citer les lots de M. F. Morel et Fils, de M. Crozj, de M. Molin, et
de M. Valla c'est mentionner les plus beaux.
Un lot de Zinnia, exposé par M. Cliarrault, qui avait réuni tout ce qu'il y
a de bien dans le genre, puis la coUejtioa d'Althéas de M. Magat, et j'ai ter-
miné la partie concernant les fleurs coupées.
Bouquets. — Il reste les bouquets. M"" Cauvin, de Marseille, est venue
nous montrer qu'elle était une grande artiste. M"'' Jaoquin, fleuriste rue de
la Bourse à Lyon, pour qui l'art d'arranL,''or habilement les fleurs n'a pas de
secret, .-ivait une belle belle exposition. Dirais-je qae M™" Pitaval, fleuriste
chemin des Grandes-Terres, à St-Irénée, est toujours la première dans le
concours auquel elle prend part ? Cliacun le sait et admire la facin dont elle
sait présenter les fleurs. M. Cambrillat, de Brindas. s'entend également bien
a faire les couronnes et les bjuquets, et le Jury lui a montré qu'il savait
apprécier son travail.
M"" Molin nous montre quel parti on peut tirer des Graminées sèches, car
elle sait les arranger avait un art infini. Les soyeuses panicules deGynerium,
les épis, les grappes élégantes de tout espèces d'herbes prennent sous sa
main un aspect gracieux.
M™« Pitaval, expose aussi de très balles gerbes de graminées sèches que
le Jury et les visiteurs ont parfaitement su apprécier.
(A suivre.) V. V.-M.
Omission. Il faut ajouter à la liste des exposants hors concours sur leur
demanda qui a été publiée dans le précédent n° de ce journal, M. C. Gaillot,
treillageur, 126, rue de la Pyramide, 126, Lyon-Yaise. M. Gaillot exposait
tous les produits de son industrie.
Arbres ou arbustes nouveaux.
Poirier Secrétaire Alfred Vigneron. — Arbre pyramidal et fertile,
vigueur moyenne, venant très bien à haute tige ; fruit moyen ou gros, de
forme conique, œil ouvert, peau lisse et passant au jaune à sa maturité ;
chair fine, fondante et parfumée, eau abondante et sucrée ; fruit exquis.
Maturité de novembre en janvioi'.
Ce beau et magnifique fruit a été dédié à M. Alfred Vigneau, horticulteur
à Montmorency, Secrétaire du Cercle pratique d'Arborioultui-a et de Viticul-
ture de Seine-et-Oise, Chevalier du Ménie agricole, homme d'un grand
mérite et dévoué à la pomologie.
Poirier Bon-Chrétien Vennont. — Aibre sain et vigoureux, fruit gros
affectant la forme de la Belle Angevine, chair fine et parfumée, eau abon-
dante et sucrée.
Poirier Secrétaire Mareschal — Fruit de moyenne grosseur ; la chair
est fine, juteuse et parfumée ; ce fruit, de première qualité, mûrit en novem-
bre et déceml re.
Ces trois variétés ont été obtenues et décrites par M. Arsène Saunier,
pépiniériste à Rouen.
Amandier Commun boule. — Sous-variété de l'amandier pêche ou à pulpe,
à large feuillage vert luisant ; dift'ère de ce dernier par ses rameaux nom-
breux, formant une véritable touft'e compacte et serrée.
Abricotier à feuilles blanches ponctuées de vert au centre. — Variété à
feuillage tout blanc, avec une légère tache vert sombre au centre. Issue de
l'Abricotier Pèche.
Abricotier nouveau à feuilles panachées. — Sorte d'Abricotier-Pèche, à
feuilles largement panachées de jaune d'or ; bien différent de l'ancienne
variété commune panachée, la panachure au lieu d'être au centre est répar-
tie sur tout le feuillage.
Châtaignier commun à feuilles glauques marginées. — Variété à feuil-
les ondulées, glauques, bordées de jaune.
— 431 —
A\erolier coccinc m.vbré. — Nouveauté à feuilles marbrées de jaune
d'or.
Cytise Aiibour pleureur nouveau. — Plus |ileureup q'ie l'ancienne
variété ; cet arbre se dislingue par ses feuilies contournées, réunies en fais-
ceaux le long de ses nombreux rameaux retomb.int jusqu'à terre.
Prunier Damas noir à feuilles marginées. — C'est le Prunier Dimai noir
à feuilles élégamment bordées de jaune ; variété très constaa'.o dins sa pana-
chure.
Chêne cerris pleureur nouveau. — Ce Chèae, par ses longj rameaux pen-
dants, tranche bien avec tous ses congénères.
Sureau commun pleureur à feuilles panachées. — S jus variété du Sam-
bucus nigra pcndula, panachées de blanc jaunâtre.
Lilas commun blanc, à feuilles en cuiller, panachées de vert au centre.
— Nouvelle vaiiété à fleurs blanches et à feuilles creusées en cuiller, pres-
que entièrement blanc jaunâtre, avec une légère macule verte au centre.
Lilas commun doré de Joreau. — A feuilles dcrées ; la teinte jaune per-
siste toute l'année dans cette nouvelle variété.
Lilas commun "Prince Impérial panaché. — Sous-variété du Lilas Prince
Impérial, à feuilles largement panachées de jaune.
LHas commun à feuilles poudrées tricolores. — Toutes petites feuilles
blanches toutes parsemées dépeints verts, à bords souvent ciispés; les jeunes
pousses ont les feuilles d'un beau rose poudré de vert et de blanc.
Orme champêtre tricolor. — Variété à feuilles panachées de blanc, de
jaune et de vert ; résistant bien au soleil.
Hou.x à feuilles contournées panachées. — Nouvelle variété de Houx à
feuilles contournées et fortement panachées de blanc jaunâtre au centre.
Epicéa nain de Joreau. — Petite miniature, à rameaux courts et serrés;
variété bien différente de l'ancienne variété naine.
Cèdre de l'G^tlas co;n^ac/e. — Sous-variété duCèdre de l'Atlas, à rameaux
érigés, serrés et compactes.
Mélèze d'Europe glauque. — Nouvelle variété, à feuillage complètement
glauque.
Mélèze d'Europe doré. — Conservant pandint tout:3 la belle saisoi une
nuance dorée.
Rhouodekdrv^iI Clotilde Baudriller. — Beaux bouquets de trèi grandes
fleurs laque carminé, le bord des pétales plus foncé, les trois lobes supérieurs
largement macules de rouge brique, éclairé rose.
Khododendrum iVf™° Geynet. — Superbe fleur, rose éclairé de blanc,
tous les pétales lignés, striés et pointillés de carmin vif, forte impériale ocre
sur le lobe supérieur, donnant un reflet métallique du plus grand effet; genre
(yllstrœmeriœflorum.
Rhododendrum iV/''' Thérèse .Godard. — Beaux bouquets de fleurs à centre
blanc rosé, le pourtour de chaque pé'.ale d'un rose vif; forte macule ocre,
nuancé verdàtre sur le loba supérieur ; très florifère.
Rhodode.ndrum Ornement de Joreau. — Grandes fleurs d'un beiu roso
violacé, macuH rouge sur fond noir; très florifère.
Les 23 arbres ou arbustes précédents ont été décrits, nommés et obtenus
par M. Baudriller, pépiniériste à Gennes (Maine-et-Loire).
Roses nouvelles.
Uosier thé. — Ddchesse de Bragance. — Arbuste très rameux, à rameaux
dressés, parsemés d'aiguillons rares. Feuillage vert fonci à jeunes pousses
rouges. Calice rubescant a l'état jeune, à sépales foliacés dépassant le bou-
t'ii ; celui-ci ovale. Fieur très pleine et s'épanouissant bien, pédoncule très
ferme, d'un beau jaune canari vif au centre, plus pâle sur les bords ; pétales
de la circonférenc) gracieusement recourbés au sommet. Plante d'un grand
mérite poiir la fleur coupée.
— 432 —
Rosier hybride de Thé, — Attraction. — Arbuste d'une bonne vigueur,
très florifère et extra remontant, à feuillage sombre mat en dessus, glauces-
cent en dessous. Inflorescence dressée, en corjmbe composé de 3 à 5 fleurs
érigées en pédoncules fermes. Boutons ovoïdes. Pétales nombreux, concaves,
mucronés, imbriqués dans les rangs extérieurs, carmin clair nuancé rose de
Chine, avec un liseré plus pâle sur les bords, à onglet jaunâtre à la base.
Rose d'une belle duplicature et d'une odeur intermédiaire entre la roseCent-
Feuilles et les roses thés. — Plante extra.
Ces deux roses nouvelles ont été obtenues par M. F. Dubreuil, rosiériste,
route de Grenoble, à Ljon-Monplaisir.
Thé, — Luciole. — Arbuste vigoureux, fleur graode, pleine, bien faite,
bouton allongé et d'une belle tenue, coloris rose de Chine carminé très vif,
teinté jaune safran avec fond jaune cuivré, revers des pétales bronzé. Une
des plus odorantes dans cette série. Variété extra (issue de Safrano à fleur
rojge).
Hybride de Thé remontant. — Madame Joseph Deseois. — Arbuste très
vigoureux, fleur très grande, de 14 à 16 centimètres de diamètre, bien pleine,
très bien faite et d'une belle tenue, coloris blanc carné à centre rose sau-
mcné très tendre, variété exti'a. Cette belle rose est issue de técondation
artificielle ; Baronne Ad. de Rothschild fécondé par le thé Madame Falco*.
Ces deux variétés ont été obtenues par M. J.-B. Guillot et fils, rosiériste,
chemin des Pins, Ljon Guillotière.
Hy brides Remontants. — Comte de Paris. — Arbuste très vigoureux,
fleurs grandes, pleines, très bien faites, rouge ponceau, nuancé et éclairé
de pourpre vif de brun, de cramoisi très vif, magnifique de coloris et de
forme. C'est une des plus belles sortes que nous avons obtenues jusqu'à ce
jour, extra.
Aly Pacha Chérif. — Arbuste très vigoureux, fleurs grandes, pleines,
très bien faites, beau coloris rouge vermillon peu nuancé et velouté de pour-
pre noirâtre, extra.
A. Drawiel. — Arbuste vigoureux, fleurs grandes, pleines, forme par-
faite, globuleuse, rouge ponceau noiiâtre, éclairé de carmin. Une des plus
belles roses foncées obtenues jusqu'à ce jour, (très-belle).
M™° Edouard de Bonnières de Vriére. — Arbuste vigoureux, fleurs
grandes, pleines, très bien faites, beau rouge amarante, illuminé de pon-
ceau et de carmin, plante hors ligne.
M"" LÉON Halkin. — Arbuste vigoureux, fleurs grandes, pleines, forme
parfaite, globuleuse, beau rouge cramoisi vif nuancé de pourpre éclatant,
par sa forme, son colons brillant, c'est une variété hors ligne.
M"" Thiéeaut aîné. — Arbuste vigoureux, fleurs grandes, pleines, très
"bien faites, beau rose cerise vif, bord des pétales S'ouvent liserés de blanc;
sorie très distincte et magniflque de forme, très belle.
Baronne de Saint-Didier. — Arbuste vigou''eux, fleurs très grandes,
pleines, rouge cramoisi ou cerise très vif, ombré de lilas et de pourpre, les
extrémités des pétales sont souvent liserés de blanc ; très belle et très dis-
tinguée.
Les sept variétés précédentes ont é^é obtenues de semis par MM.
Lévêque et fils, horticulteurs à Yvry-sur-Seine près Paris.
Les descriptions de ces roses ont é'é faites par les obtenteurs. (.4 suivre.)
Le Gérant : V. VIVIAND-^MOREL.
Lyon — Impr. du Salut Public. — Bellon, 33, rue do la République, 33.
1886 OCTOBRE N' 19
CHRONIQUE
C'est un article de foi chez les Turcs de croire que Mahomet a
fait un trou dans la lune pour aller au ciel. Tout invraisemblable
que paraisse ce moyen de locomotion il y a des millions d'Arabes
qui sont profondément persuadés que « c'est arrivé » . Laissons ces
braves gens à leur croyance, elle ne gêne personne. Cela rentre
dans le domaine spirituel qui n'a rien à voir avec l'horticulture.
Mais je ne me serais jamais imaginé que l'art d'élever les plantes,
— je sais bien qu'il adoucit les mœurs — fût capable de commu-
niquer à quelques-uns de ses adeptes, une dose si pharamineuse
de foi naïve, dans les vertus mirifiques du fameux éhxir de Catho-
licon d'Espagne, connu sous le nom de Terre de bruyère.
La terre de bruyère... j'ai eu l'occasion de lui dire son fait il y
a quelque temps et j'ai engagé ceux de mes confrères qui consi-
dère cette substance comme une panacée de l'apprécier à sa juste
valeur et à la faire rentrer dans ses modestes attributions. La note
que j'ai pubUée à ce sujet m'a valu de M. Ménand, horticulteur à
Albany (Etats-Unis), une lettre aimable de laquelle j'extrais le pas-
sage suivant, une perle, comme vous allez en juger :
« Il y a plus de trente ans je rendais visite à un jardinier écos-
sais et au maître qui l'occupait, riche amateur américain. Après
avoir fait le tour du jardin ils me montrèrent un Àrbulus Unedo ou
peut-être un Andromeda polifolia, — je ne sais plus exactement
lequel — qui venait d'arriver mort d'Angleterre. L'amateur qui
s'était réjoui par anticipation.
L'œil morne maintenant et la têia baissée,
contemplait avec amertume son arbuste desséché; il gémissait sur
la fin prématurée de cet arbrisseau. Le jardinier l'air sombre et
consterné
Semblait se conformer à sa triste pensée.
— 434 —
« Tout à coup son visage prit un aspect moins mélancolique et
poussant un soupir à fendre l'âme, comme s'il venait de perdre son
père et sa mère, il posa la main sur le cadavre de sa plante et
s'écria : y^li! if dhad on ly some peal ! — Ah! si seulement j'avais
de la terre de bruyère. Sous entendez : Comme je vous ferai
revenir cette espèce à la vie.»
Pas de commentaires n'est-ce pas?
N'arrachez plus vos vignes françaises. — Tel est le titre d'un
article publié dans r^gri(?u/(eur de Béziers par M. Elle Mirepoix.
L'auteur, propriétaire au domaine de Roux-les-Grèzes près Carcas-
sonne, affirme que les vignes françaises traitées par le sulfure de
carbone dissous dans l'eau, reviennent admirablement, dans tous
les terrains, Toute vigne possédant encore cette année vingt cen-
timètres de végétation normale peut être sûrement régénérée avec
profit. Ce disant, M. Elle Mirepoix invitent les amateurs à aller se
rendre compte de ce qu'il avance, dans son domaine d'abord, puis
chez une dizaine de grands propriétaires de Narboune, Carcassonne
ou aux environs.
Il reste maintenant à M. E. Mirepoix à faire connaître le pro-
cédé pour obtenir la dissolution du sulfure de carbone dans l'eau,
et l'époque à laquelle il emploie cette dissolution et la dose conve-
nable.
On sait que le sulfure de carbone ne se dissout pas sensiblement
dans l'eau, à laquelle toutefois il communique son odeur.
Maceron. — Avez-vous mangé du Maceron ? Vous savez le
Maceron qu'on cultivait du temps de Charlemagne.Je parle hébreu,
n'est-ce-pas? Si vous ne connaissez pas le Maceron, sachez, Mon-
sieur, que ce n'est pas autre chose que le Smijrnium Olusalruvi. Y ous
voilà bien avancé. Maceron, Smyrnium, c'est tout un, c'est-à-dire la
même chose. C'est une plante potagère que M. Djbowski veut
ramener dans la marmite.
Le fait est que si le proverbe qui dit qu'il n'y a de nouveau que
ce qui a eu le temps de veiUir est exact, le Maceron a toutes les
qualités requises pour constituer une nouveauté de premier ordre.
Voici ce qu'en dit A. De CandoUe dans son Origine des piaules
cultivées :
« De toutes les ombellifères servant de légumes, celle-ci a été
une des plus communes dans les jardins pendant environ quinze
siècles, et maintenant elle est abandonnée. On peut suivre ses com-
mencements et sa fin. Théophraste en parlait comme d'une plante
officinale sous le nom de Jpposelinon, mais trois cents ans plus tard
Dioscoride dit qu'on en mangeait la racine ouïes feuilles à volonté,
— 435 —
ce qui fait supposer une culture. Les latins l'appelaient Olus-atrum,
Charlemagne Olisaliim, et il ordonnait d'en semer dans ses fermes.
(( Les italiens l'ont beaucoup employée sous le nom de 31acerone.
<i A la fin du XVIP siècle la tradition existait que cette plante
était jadis cultivée; ensuite les horticulteurs anglais et français n'en
parlent plus. »
Galien dit quelque part : leSmijrnium n'est pas de mauvais goût,
aussi se vend-il bien à Rome.
On ne mangeait déjà plus de smyrnion au commencement du
XVIP siècle ; Ollivier de Serre n'en dit rien et les botanistes anciens
ne le signalent pas comme une plante potagère.
J'ai goûté cette espèce que je cultive depuis longtemps et qui se
ressème seule dans le jardin. Elle ne remplacera pas les salsifis.
Elle gèle dans les hivers rigoureux. C'est une sorte bi ou tri-
annuelle.
^cer colchicum (ricolor. — Saluons, messieurs, cette nouvelle
variété. A vrai dire je ne la connais pas. J'en ai entendu parler
car elle a fait du bruit dans Lauderneau. La Bévue de l'horticuUure
belge et élrangère en a donné une belle image qui séduira plus d'un
de ses lecteurs. M. Carrière qui s'y entend et ne « s'emballe pas
souvent » , l'ayant vue à Orléans, à l'exposition du mois de mai
dernier, en a fait une description qui fait venir l'eau à la bouche.
Pensez donc cette nouvelle sorte dépasserait, par sa beauté, le Ne-
gundo panaché . Supposons que «dépasserait» soit légèrement hyper,
bolique c'est-à-dire excessif et que égalerait soit l'expression exactes
cela ne suffit-il pas? Le Negundo Iraxinifolia (Jcer Neguudo) n'est pas
un de ces arbres panachés de pacotille comme il y en a tant et une
autre espèce qui produit un efïet de même valeur avec d'autres
tons et un autre aspect, mérite l'assurance d'une considération aussi
haute que distinguée.
Cette nouvelle variété a été obtenue par dichroi'sme (par accident)
chez M. A. Gouchault, pépiniériste à Orléans, sur un pied à'Jcer
colchicum rubrum. Elle se multiplie par la greffe en écusson sur
V^cer colchicum type. Il paraît qu'elle ne brûle pas au soleil.
V exposition horticole de Sceaux, — Le jury de l'exposition hor-
ticole tenu à Sceaux, à la fin de septembre dernier présidé par
M. Roux, directeur des affaires départementales, a décerné les
récompenses suivantes :
Prix d'honneur du, président rfr? la République. — Objet d'art,
MM. Bruneau et Jost.
Deuxième grand prix d'honneur. — Objet d'art, offert par le
ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, M. Félix
Moreau, neveu.
— 436 —
Troisième grand prix d'honneur. — Médaille d'or, offerte par
le ministre de l'agriculture : M. Croux fils.
Quatrième prix d'honneur. — Médaille d'or, offerte par le
préfet de la Seine, établissement de Saint-Nicolas d'Issy.
Cinquième prix d'honneur. — Médaille d'or, offerte par le
département de la Seine, M. Maxime Jobert, jardinier du duc de
La Rochefoucault-Bisaccia.
Le lauréat est parvenu au bout de dix jours de patience, à com-
poser au parc de Sceaux, à l'aide de seize mille pois de (leurs natu-
relles, le blason du député de la Sarthe.
Sixième prix d'honneur. — Médaille d'or offerte par le conseil
municipal de Sceaux, M. Malet, horticulteur.
Septième prix d'honneur. — Grande médaille des habitants de
Sceaux, M. Loreil fleuriste.
Huitième prix d'honneur. — Grande médaille d'or, offerte par
le canton de Sceaux, M. Lequin, horticulteur.
On voit que les organisateurs de l'Exposition susdite ne font pas
comme les Lyonnais qui ne veulent inscrire dans leur programme
qu'un seul prix d'honneur.
La culture sur ados. — La Gazette du Fillage donne à ce propos,
à ses abonnés, les conseils suivants, dont nous engageons ceux de
nos lecteurs, que cette question intéresse à faire leur profit :
« Tout le monde n'est pas parfait observateur. On ne voit pas
toujours bien ce qu'on a l'air de regarder du matin au soir. On a,
par exemple, l'œil ouvert toute la journée sur des coteaux exposés
au midi, on voit les vignes y mûrir leurs grappes plus tôt que dans
la plaine et on n'en cherche pas toujours la cause. On ne se dit pas
que l'action du soleil se fait sentir plus vivement sur une surface
inclinée tournant le dos au nord que sur une surface plane ; on ne
se dit pas non plus que les eaux et les neiges s'en vont plus vite
dans le premier cas que dans le second.
« Vous pensez bien que si tout le monde se disait cela, il y a
belle heure qu'on verrait des ados dans tous les potagers, tandis
que l'on n'y en voit pas. Et voilà pourquoi nous appelons là-dessus
l'attention de nos lecteurs.
« Supposez un mur adossé au midi ; adossez à ce mur de la terre
en forme de talus à pente donce. de 1 mètre à peu près de largeur
sur 30 centimètres de hauteur contre le mur. Cela représenterait
en miniature une sorte de coteau regardant le soleil et tournant le
dos au nord. Eh bien, c'est tout simplement l'ados des jardiniers.
Quand le mur est garni d'arbres fruitiers, on peut former le talus à
1 mètre de distance en deçà de la plate-bande. Rien n'empêche
même de faire plusieurs ados parallèles les uns aux autres, en ayant
- 437 —
soin de laisser entre eux des passages assez larges pour que l'ombre
d'un ados ne nuise pas à l'ados voisin.
« Je n'insiste pas davantage ; tout le monde comprendra. Un
praticien du jardinage a dit quelque part qu'une heure de soleil vers
midi produit plus d'effet sur une pente que deux matinées enso-
leillées sur une culture à plat. Or, avec l'ados, on a le plein soleil
et l'abri contre les vents froids.
« C'est en octobre qu'on forme les ados, et c'est à partir de
novembre jusqu'en février que l'on y repique des choux hâtifs, des
laitues d'hiver, qu'on y sème des fèves et des pois, que l'on y plante
des pommes de terre marjolin.
« Moyennant de faciles précautions, c'est-à-dire avec des clo-
ches quand on en possède, ou, à défaut de cloches, avec de la
paille pendant les nuits dures, cloches et paille qu'on enlève dans
les journées douces, on arrive à gagner une avance de 15 jours à
trois semaines sur les cultures à plat. C'est fort joli, convenez-en,
et très avantageux pour la vente.
« Lorsque les récoltes sont finies, on démolit les ados et l'on a
des planches plates de terre renouvelée, excellentes pour les haricots
et divers légumes de saison. »
La Ramie. — M. Fremy a donné lecture dernièrement, à ses
collègues de l'Académie des sciences, d'une intéressante communi-
cation sur la ramie, plante textile originaire de Chine qui pros-
père dans le midi de la France, particulièrement aux environs de
Montpellier.
La ramie, d'après le savant professeur du Muséum, pourrait, si
elle était exploitée comme plante textile, nous affranchir du tribut
de 180 millions que nous payons annuellement au pays producteur
du coton.
« Cette plante précieuse, le colon français, soulagera, ajoute-t-il,
les souffrances de notre agriculture ; elle pousse vigoureusement
dans nos départements du Midi, frappés par l'abandon delà garance;
elle réussira dans nos colonies, menacées dans leur exploitation de
la canne à sucre. On comprend la supériorité, au point de vue du
prix de la main-d'œuvre, que nous donnent les réactifs chimiques
sur la pratique des Chinois qui extraient les fibres du liber de la ra-
mie à l'aide d'un petit couteau. Je considère comme résolues les
principales questions que la science pouvait aborder dans le traite-
ment de la ramie ; je m'en réfère à cet égard aux mémoires que
j'ai communiqués antérieurement à la Compagnie, et je place sous
les yeux de mes confrères des échantillons qui prouvent que la pu-
rification et l'extraction des fibres sont obtenues de la manière la
plus complète et par des procédés rapides et peu coûteux. J'espère
— 438 —
que nos agriculteurs n'hésiteront plus aujourd'hui à entreprendre la
culture de la ramie et que nos habiles filateurs sauront utiliser les
fibres en leur conservant leur éclat soyeux, comme cela se pratique
de temps immémorial en Chine. La France possédant ainsi un tex-
tile végétal qui ressemble à la soie, donnera un exemple nouveau
des services que la science peut rendre lorsqu'elle s'allie à l'agri-
culture et à l'industrie. »
CORRESPONDANCE
Monsieur le Rédacteur en Chef,
Vous avez inséré dans le n° 17 du Lyon-Horlicole une lettre rec-
tificative écrite par M. Jambon, auteur du Compte-rendu de l'Ex-
position d'horticulture qui s'est tenue au printemps, à Grenoble.
Dans cette lettre me concernant d'une manière particulière,
M. Jambon s'accuse d'avoir commis deux erreurs involontaires
relatives aux récompenses obtenues à la susdite exposition, entre
MM. Alex. Bernaix et Pernet flls-Ducher d'un côté et les Hospices
de Grenoble et l'Asile St-Robert de l'autre.
J'ai d'abord cru aune mauvaise plaisanterie, et je ne me serai
pas inquiété davantage de cette rectification tardive pensant qu'elle
n'avait rien de fondée, mais la chose prend une autre tournure
et me force, bien malgré moi, de rompre le silence que j'avais
l'intention de garder à ce propos. Vous allez voir pourquoi.
J'ai reçu dernièrement, quelque temps après la publication de la
rectification de M. Jambon, une lettre de M. Pernet fils-Ducher
m'enjoignant d'avoir oà sulstiluer immédiatcmcnl la mention l" Prix
« à celle de Grand Prix d'honneur, soil sur mes annonces, soit sur mes
» Catalogues. »
Qu'est-ce que cela veut dire? — Me serais-je, sans le vouloir,
paré des plumes du paon?— Cela n'entre pas dans mes habitudes.
Cependant j'ai vu sur mon lot, ainsi que M. Jambon le dit lui-
même dans sa lettre, une pancarte sur laquelle était écrit Grand
Prix d'honneur. Cette pancarte que tous les visiteurs de l'exposition
ont pu voir, dont plus de vingt de mes confrères ont constaté la
présence, d'où venait-elle, et qui est-ce qui l'avait placée? Etait-
elle tombée du ciel ou simplement comme c'est la vérité, des mains
du Jury. Pourquoi est-elle restée sur ce lot pendant toute la durée
de l'exposition? N'y avait-il à Grenoble personne qui fut chargée
de rectifier séance tenante les erreurs matérielles qui pouvaient se
produire?
Malgré la pancarte qui est restée sur mon lot pendant toute la
durée de l'exposition, malgré l'objet d'art que l'on m'a décerné et
qui est là sur ma cheminée, je n'étais pas encore parfaitement sûr
^ 439 —
de ne pas avoir eu la berlue pendant plusieurs jours, tellement la
lettre de mon confrère m'a stupéfié. J'ai voulu en avoir le cœur
net. J'ai écrit à M. le Président du Jury qui a été assez aimable
pour me répondre que je ne rêvai pas et que le Jury m'avait bien
accordé à l'unanimité un Gi'and Prix tChonneur. Je conserve pré-
cieusement sa lettre.
Je ne veux être désagréable à personne, c'est pour cela, Mon-
sieur le Rédacteur, que je ne veux pas rechercher quels sont les
auteurs de la mauvaise plaisanterie qui m'a été faite.
Veuillez agréer, etc. Alexandre Bernaix,
Rosiériste à Villeurbanne-lès-Lyon.
Les Asphodèles.
On rencontre assez fréquemment, à Lyon, postés aux coins des
rues et des quais, des marchands ambulants qui étalent aux yeux
des profanes, de grosses racines fusiformes, fasciculées, des oignons
de tous calibres, des bourgeons de marronniers soigneusement
ficelés et enmoussés (qu'ils vendent pour des pivoines en arbre), et
quelques autres tubercules plus ou moins communs, le tout illustré
d'images grossièrement enluminées, représentant des plantes, des
arbres absolument fantastiques. Ces industriels se promènent aussi
dans la campagne où. ils dupent les ignorants en leur vendant, très-
chers les rebuts des pépinières qu'ils ont achetés à vils prix. Ces
colporteurs sont connus sous le nom de bisques dans le Lyonnais.
Je m'étais approché, un jour, d'un de leurs petits étalages pour
examiner à quelles espèces appartenaient toutes ces grosses racines.
11 y avait surtout des tronçons de Grande Gentiane , de Tamus
communis et à' asphodèles diverses. Je demandais au marchand d'où il
tirait ses Asphodèles auxquelles il donnait un nom bizarre. Ça vient
du Brésil, me dit-il. — Je te crois, marchand, mais tu ne m'en
vendras pas, lui répondis-je.
Les Asphodèles sont de fort belles plantes vivaces qu'on cultive
dans tous les jardins qu'elles décorent très-bien au printemps, sur-
tout au moment de leur floraison. Elles appartiennent à la famille
des Liliacées. Je me dispenserai d'en faire la description, car la
figure ci-contre en donne une image fidèle. J'ajouterai que l'inflo-
rescence atteint souvent plus de l^ôO de hauteur. Les fleurs sont
blanches.
Beaucoup de gens ne savent pas que la culture en grand des
Asphodèles offrirait une ressource précieuse si nous n'avions pas la
Pomme de terre, car les bulbes desséchés fournissent une subs-
tance amylacée très uourissaute, dont on peut faire une sorte de
pain, soit seule, soit en l'associant à la farine de froment.
— 440 —
Àaphodelus ramosus L.
— 441 —
Les racines d'Asphodèles contiennent un principe acre que l'eau
bouillante enlève, et une matière féculente l'inuline, principe qui se
rapproche de l'amidon, mais qui s'en distingue parce qu'il ne fait
pas empois et en ce qu'il jaunit par l'iode au lieu de bleuir ; on le
transforme facilement en sucre qui, par (ermentation et distillation
donne Valcool d'Asphodèle que l'on fabrique aujourd'hui en grand en
Afrique .
La racine d'Asphodèle a été proposée pour combattre la gale.
— Elle est inusitée aujourd'hui en médecine.
Les Asphodèles ne croissent nullement au Brésil, ainsi que le
marchand voulait me le faire accroire.
Voici les noms des principales espèces et les pays où on les
trouve :
Asphodelus ramosus L. France méridionale, Espagne, Iles Baléares,
Portugal, Italie, Tyrol, Dalmatie et Hongrie.
asphodelus microcarpusViv. (Corse), A. Audibertii Soleirol (Corse).
J. œstivus Brot, Portugal.
J. albus Mill., Suisse (Tessin), Tyrol, Carniole, France méri-
dionale, Espagne, Portugal, Italie continentale, Hongrie, Croatie,
Dalmatie, Grèce, Bosnie, Macédoine.
A. neglectus Schult, Hongrie, Croatie, Dalmatie.
A. fislulosush., France Méridionale, Espagne, Portugal, Italie,
Grèce, Turquie, Crête.
Les botanistes modernes ont démembré les anciens types Lin-
néens et en ont créé des espèces parmi lesquelles il est bon de
citer les suivantes : Asphodelus occidenlalis Jord., A. spliœrocarpus
Gr. et God, A. africanus Jord., A. Fillarsii Y er\ot, A. ambigens.
Jord, A. crinipes Jord. etc.
II n'est pas question ici des Asphodelus luteus, lauricus, liburnicus
et creticus que Rechembach a classé dans un autre genre, le genre
Asphodeline.
La culture de ces belles liHacées n'offre aucune difficulté, car
elles poussent vigoureusement dans tous les jardins. On les multi-
plie par semis et par division des souches. On sème les graines en
pépinière et on repique les plants en place la deuxième année. Dans
les hivers tout à fait rigoureux les espèces recueillies en Afrique ou
sur le httoral méditerranéen gèlent quelquefois, mais le cas est
très-rare. Avec un peu de paille on garantit aisément les sortes les
plus frileuses. S. Gryphe.
— 442 —
Congrès d'horticulture de Paris en 1886.
Les jardiniers de tous pays sont des êtres éminemment sociables
qui éprouvent le besoin de se réunir en congrès. C'est bien de leur
part. On gagne à se fréquenter et on s'instruit en voyageant. Il est
vrai, comme dit le proverbe grec, que tout le monde ne peut pas
aller à Corinthe, mais les congrès, qui sont bons enfants, trans-
portent Corinthe un peu partout, pour être agréables aux jardi-
niers.
Cette année le congrès d'horticulture se tenait à Paris, comme
il s'est tenu depuis 1864 dans diverses grandes villes d'Europe,
telles que Bruxelles, Londres, Pétersbourg, Florence, Amsterdam,
Gand, Anvers. Un grand nombre de personnes avaient adhéré au
congrès qui avait été organisé à l'occasion de la tenue d'une expo-
sition par la Société nationale d'horticulture de France.
La première séance a eu lieu le jeudi 13 mai dernier, sous la
présidence de M. Hardy, premier vice-président de la Société
nationale d'horticulture. Deux cent dix membres sont présents et
assistent à la discussion.
M. Henry Chatenay dénonce aux autorités compétentes le sort
déplorable fait aux arbres vivants par les compagnies de chemin
de fer, dans la classification générale des marchandises. 11 demande
instamment que les arbres soient classés en 3"°* série, comme tous
les autres produits du sol. La proposition de M. Chatenay est
adoptée par le Congrès, malgré les observations de MM. Baptiste
Desportes, d'Angers, et Bruant, de Poitiers, qui préconisent une
autre solution à la question des tarifs.
M. Hédiard présente et fait adopter les conclusions d'un mé-
moire relatif au poids des colis postaux dont il voudrait voir la
limite portée à 10 kilos , il désirerait également obtenir une réduc-
tion sur le tarif pour le transport des fruits en grande vitesse.
La deuxième question à l'ordre du jour est ainsi conçue : « De
l'intervention des consuls relativement aux conventions phylloxéri-
ques. Leur signature est-elle indispensable pour donner à un certi-
ficat une valeur officielle? Le service des douanes des différents
pays peut-il refuser l'entrée des végétaux, lorsque le certificat d'ori-
gine porte seulement la signature du fonctionnaire chargé de déli-
vrer ce certificat ? »
A ce sujet M. Audibert (J), de la Crau (Var), donne lecture
d'un écrit qui conclut en ces termes :
« Le Congrès des horticulteurs de France émet le vœu :
1° Que les certificats d'origine soient supprimés pour les végé-
taux autres que la vigne ;
— 443 —
2° Que les produits agricoles et horticoles venant de l'étranger
ne soient admis en France qu'aux mêmes conditions auxquelles les
nôtres sont admis dans les mêmes contrées ;
3° Que, par voie diplomatique, le Gouvernement français prenne
l'initiative de la proposition devant annuler la convention de Berne
en ce qui concerne les végétaux autres que la vigne. »
M. Doumet-Adanson se rallie, au nom de la Société d'horticul-
ture de l'Hérault, aux vœux formulés par M. Audibert, lesquels sont
adoptés par le Congrès.
Il y a loin de la coupe aux lèvres et le Congrès pour n'avoir pas
assez médité sur la valeur du proverbe « qui trop embrasse mal
étreint » pourrait bien avoir fait plus de bruit que de besogne.
M. de Bosschère a cependant rappelé que le Congrès d'Anvers
avait reconnu l'impossibilité de réclamer l'abrogation de la conven-
tion de Berne, et qu'entre deux maux il valait mieux choisir le
moindre, c'est-à-dire obtenir l'unification des certificats d'origine.
On ne l'a pas écouté, pas plus qu'on n'aécouté M. Cornu, le lende-
main, quand il est venu montrer avec quelle « âpreté et quels soins
jaloux certaines puissances défendent leur horticulture » pour espé-
rer qu'elles renonceront facilement aux bénéfices que leur procure
la convention.
Jlea jacta esl. On y reviendra l'année prochaine. Les horticul-
teurs, dans ces questions internationales, devraient bien s'imaginer
qu'il ne suffit pas de vouloir ce qui paraît juste pour l'obtenir. Dans
notre propre pays même si les sociétés d'horticulture et les congrès
réclament l'abrogation des entraves mises, à propos du phylloxéra,
à la circulation des végétaux, il y a des sociétés agricoles, comi-
ces et autres qui voudraient qu'elles fussent encore plus sévères.
Une des questions à l'ordre du jour a été très mal posée, à mon
avis, c'est la suivante : « Quelle influence l'âge des graines a-l-il sur
la qualité et la quantité des plantes qui proviennent de ces graines ? »
Cela reviendrait presque à demander : Quelle influence exerce
l'âge sur la reproduction des animaux ! Animaux, c'est bientôt dit.
Est-ce que le rat se comporte pour la reproduction de sa race
comme le chat ou l'éléphant ? Pour les plantes, c'est un peu la
même chose, et la graine de palmier, de chêne, de radis et de
poireau a autant de manières de se comporter qu'il y a d'espèces
citées.
La graine de mâche [Falerianella) germe bien mieux et plus vite
à l'âge de deux ans que lorsqu'elle est fraîchement récoltée.
La graine de lierre, celle d'araha et de plusieurs autres plantes
ne germe que fraîche et ne vaut plus rien à deux ans.
Par ces quelques exemples il est facile de voir que la question
demande à être scindée et traitée séparément pour chaque espèce
de plantes.
— 444 —
Même scindée et traitée séparément, on a pu voir, au Congrès,
les opinions les plus contradictoires se trouver en présence. Les
uns parlaient de l'influence de l'âge sur la germination, tandis que
les autres s'occupaient de son action sur la plante qui en est issue.
M. H. de Vilmorin est d'avis que toutes conditions égales d'ail-
leurs, les graines âgées sont inférieures aux graines fraîches. Son
opinion est confirmée par celle de M. Millet, de Bourg-la-Reine,
et combattu en détail par MM. Bellair et Bazin qui prétendent que
dans certains cas, notamment pour les choux et les Balsamines, la
graine vieille donne des plantes qui ont moins de tendance à mon-
ter que si la graine est fraîche.
Finalement on ne s'entend pas et M. le président déclare la
question réservée.
La cinquième question relative à la possibilité de la culture des
champignons autre que l'agaric champêtre donne lieu à une petite
observation de M. Doumet-Adanson qui tendrait à faire croire que
la chose n'est pas impossible. Je crois bien.
Sur les causes du dessèchement sur les treilles de la rafle des
Raisins de table et sur le moj^en de l'empêcher de se produire,
M. Jamain et M, le Président disent quelques mots qui ne feront
pas beaucoup avancer la question.
Sur le Blanc des racines qui attaquent les arbres et se fait parti-
culièrement sentir sur les pêchers, une longue discussion s'établit
entre MM. Bazin, Jamin, Vitry, Verdier, Robinet, Michelin,
Cornu et Solignac. Il résulte de cette discussion que la question est
réservée ; ce qui prouve que les renseignements fournis ne sont ni
assez nombreux ni assez concluants pour la trancher dans un sens
ou dans un autre. Il paraît cependant résulter des débats que le
Blanc des racines est le mycélium d'un cryptogame se développant
d'abord sur les matières végétales en voie de décomposition qui
se trouvent enfouies dans le sol et attaquant ensuite les racines, et
que par conséquent il importe, dans les labours et défoncements de
bien ôter les vieilles racines des arbres arrachés. Il convient égale-
ment de ne pas employer pour fumer les arbres des fumiers
non consommés.
Le bouturage des arbres à fruits à pépins qui vient ensuite à
l'ordre du jour ne paraissant conduire à aucun résultat pi'atique est
enterré en première classe.
Quels sont les fruits les plus avantageux à faire en grande culture
pour l'approvisionnement des marchés? Sur cette question M. Baltet
donne lecture d'une note portant nomenclature des espèces recom-
mandées. M. de Boschère estime que ces nomenclatures sont sans
utilité, qu'elles sont interminables, que chaque Congrès en adopte
une, qui varie avec le lieu où se tient le congrès. Ce qui serait
— 445 —
pratique ce serait la confection d'une carte pomologique indiquant
aux horticulteurs et pépiniéristes quelles sont, dans chaque région,
les variétés qui réussissent le mieux. Voilà qui est bien^parlé.
A quand la carte?
On réserve dix questions pour une autre année et on en retient
quatre. Sur celle qui est ainsi posée : Des moyens de mettre en
bon état de rapport des terres de médiocre qualité ou peu productives,
par l'emploi d'arbres ou d'arbrisseaux fruitiers dont les produits
soient directement utilisés dans l'alimentation. M. Audibert dépose
un mémoire qu'il demande la permission de ne pas lire.
La question quinze est ardue : On est en plein pays d'hypothèses.
Il s'agit de savoir à quelle cause il faut attribuer la grande diffé-
rence qui existe souvent dans la germination des graines et la
croissance des plantes d'un même semis. M. Mussat, professeur
à l'École d'agriculture de Grignon, vient déclarer que la question
est très-importante et très-difficile. Tout le monde est d'accord avec
lui. Il parle longuement et bien sur le mémoire publié par M. Bleu ;
M. Bleu lui répond. Somme toute, la question est réservée.
Personne n'éprouvant le besoin d'étudier les matières qui peuvent
entrer dans la construction des couches, on passe à la question
suivante ainsi formulée : Du rôle et de l'influence des différentes
sortes de terre dans la culture des végétaux ligneux de plein air.
Sur cette question, M. Chargueraud se référant aux termes de son
mémoire, répète qu'il a remarqué qu'en général on attribuait trop
d'importance à la composition minérale du sol; quant à son influence
sur la végétation son avis est que ce qu'il faut surtout connaître
ce sont ses propriétés hygrométriques.
M. le Président Hardy déclare le Congrès clos. Avant la clôture
il y a eu des remercîments et des félicitations mutuels entre les
Membres du Congrès et M. le Président qui a su diriger les débats
avec un tact dont l'a loué M. de Bosschère, délégué de Belgique.
Fox.
Compte-Rendu de l'Exposition (Suite)
Objets d'art ou d'industrie. — Dans cette section les exposants sont
nombreux et exhibent les objets les plus divers. M. Bernond, l'habile photo-
graphe de la rue des Archers, soumet à l'appréciation des amateurs toute
une série de photographies représentant des fleurs, des plantes et des fruits
reproduits en grandeur naturelle. On ne saurait mieux faire. M"« Suzanne
Poissonnier, peint admirablement les fleurs et montre des roses, des
œillets et des fruits ravissants. M"° Rampon, n'est pas aussi habile : les
couleurs qu'elle emploie sont criardes et les lignes de ses dessins sont trop
nettement accusées.
Des plans de jardine, qu'en dirai-je T II j en a beaucoup et j'en ai sous les
jeux de quoi satisfaire les architectes les plus difficiles. Vous comprenez,
du reste, que MM. Cordioux, Barriot et Gobet, qui sont d'habiles dessina-
— 446 —
teurs pour qui l'art de dresser un plan n'a pas do secrets, n'ont pas apporté
ce qu'ils avaient de moins beau.
Serres et châssis. — Ce concours n'est pas celui qui tient le moins de
place dans l'exposition; ce n'est pas le moins intéressant non plus pour les
jardiniers. Sans serres pas de plantes frileuses. Aussi chacun s'empresse-
t-il d'aller visiter les améliorations que les constructeurs ont apportées à
leurs derniers modèles. M. Tranohand, place d'Helvétie, M. Cordier, à
à Ecully, M. Guynat, à Francheville, MM. Raoul et Thermoz, cours
Lafayette, à Lyon, M. Burnichon, à la Demi-Lune, présenteat chacun des
serres aussi élégantes que gracieusement construites. L'élégance dont je
parle n'exclue ni la solidité, ni le boa marché si je m'en rapporte pour cette
dernière remarque aux prix qui m'ont été communiqués.
M. Salla, rue Tronchet, expose un châssis perfectionné que le jury a fort
apprécié. J'en dirai autant da châssis-cloche que M. Voisin, de Venissieux,
présente aux amateurs. Ce châssis dispense du coffre.
Les exposants de Thermosiphons pour le chaufTaj^e des serres sont au
nonibre de trois. C'est l'appareil de M. Brevet, constructeur à la Villette
qui obtient le premier prix. Cet appareil est trop avantagausement connu
des horticulteurs pour que je m'y attarde plus longtemps. MM. Daujas
et Melin, constructeurs à Lancey (Isère) et M. Dulevron, canstructeur à
Màoon, montrent d'autres systèmes qui sont loin d'être sans valeur. Ceux
qui en ont fait usage en sont satisfaits. Du reste, pour juger un chauffage, il
laut l'avoir essayé.
Constructions rustiques. — Les amateurs qui ont des rooailles à faire
exécuter dans leurs parcs peuvent s'adresser sans crainte à M. JoufTray,
route de Grenoble, ou à M. Favier, rue de Trion à St-Just, qui ont fait
preuve de goût et de talent dans les constructions rustiques qu'ils ont
exposées.
M. Voland, treillageur à Oullins, expose une chaumière, des pigeonniers
et autres objets rustiques qui montrent une fois de plus que si on peut faire
aussi bien que lui il est difficile de faire mieux. Ces ameublements de jardin
méritent également d'être signalés.
M. Bourget, expose aussi des ameublements de jardins, et un fruitier qui
a du faire plus d'ua envi;ux. A citer également dans le même concours
l'exposition de M. Vincent.
M. Charnay, rue de Sèze a des jardinières pour tous les goûts ; M. Qra-
selli, des découpages de toutes sortes et M. Berthier, un aquarium dans
lequel je remarque un poisson rouge. Le même exposant veut que nous
buvions de l'eau claire et nous présente des filtres de toutes grandeurs.
Pompes et appareils d'arrosage. — On n'a pas encore trouvé de pompes
qui marchent toutes seules, mais il y en a vraiment qui sont fort douces à
manier; il est vrai qu'elles ne pompent pas l'eau d'une bien grande profon-
deur. Signaler celles de MM. Delpuy, constructeur à Collonges ; Livet, à
Monplaisir; Aubrun, à Lyon; Plissonnier, cours Lafayette; Tournus, quai de
Serin, c'est citer celles qui m'ont paru les mieux construites.
Coutellerie, — Que dirais-je de la coutellerie ? M. Renaud, rue Constan-
tine, a un assortiment complet de tout ce qui est utile à un jardinier;
M. Crespin, à Saint-Rambert (Ain) est dans les mêmes conditions et fabri-
que des outils de premier choix. M. Lafay, rue de la Barre, est un ouvrier
renommé qui se place hors concours et nous montre des greffoirs, des ser-
pettes et des sécateurs de tous calibres. Même remarque pour M. Berdaguer.
Machine à faire les bouquets. — M. Myard, de Chalon-sur-Saône, présente
sa machine à faire les bouquets, et la fait fonctionner devant les intéressés.
C'est un instrument qui rendra de réels services aux fleuristes.
— 447 —
Les treillagesi, comme tonjours, se présentent avec l'intention de clore de
vastes terrains. Il y en a des petits, des grands et des moyens. M. Lespi-
nasse, de la Demi-Lune; M. Gaillot, du Pont-d'EcuUy; M. Voland. d'Oullins;
M. Bourget, de Vaise, ont apporté ce qu'ils ont de mieux. Je signale tout
particulièrement nne claie en '.er creux, très-légère, exposée par M. Lerte,
serrurier à Sainte-Foy. Cet ustensile ne tardera pas à remplacer les claies
de bois.
Il y a deux statues quelconques, exposées par M. Bouvard, je n'ai pas eu
le temps de m'assurer ei elles avaient quelques rapports, comme exécution,
avec celles qu'un certain Michel Ange taillait dans le marbre à temps perdu.
M. Mugnier, jardinier chez M. Lassonnerie a une patience, mais nne pa-
tience d'ange, comme on dit. En a-t-il assez aligné de ces petits grelots
d'Erica pour constituer le dessin qu'il montrait 1
Les Caisses à fleurs ne demandent qu'une chose : recevoir un compost quel-
conque pour y rempoter au plus vite un bel oranger, un rouge grenadier,
un laurier rose ou tout autre individu dont le rôle est de remplir les caisses
à fleurs. Les tonneliers qui fabriquent cet article se sont distingués cette
année. Depuis le modeste bac qui s'adresse dans sa simplicité aux bourses
peu renflées, jusqu'au luxueux réceptacle verai comme un meuble et cher
comme lui, il y a de tout : caisses ordinaires ou à panneaux ouvrants,
caisses à pommeaux ou sans pommeaux, etc. M. Chemin, grande rue à
Oullins ; M. Lamur, à CoUonges ; M. Cartan, à Lyon-Vaise ; M. Ravut à
Saint-Cyr-au-Mont-D'Or ; M. Nigoul, à Vaise, sont les exposants de ce
genre d'articles. M. Lamur a également des chariots à transporter les
caisses susdites.
M"« Sambet, rue de la Charité, a dû passer souvent devant les belles
fleurs des champs et des jardins, car elle les imite à la perfection avec des
perles, de la porcelaine, du papier, des étoffes diverses. Ces couronnes et
bouquets sont montés en véritable artiste. M. Cordenot, rua Mercière, a
aussi une exposition de fleurs artificielles que le public a beaucoup apprécié.
Et des Pressoirs, Bone Deiis, y en a-t-il ! Dire qu'il y a tant de pressoirs
et si peu de raisins à presser, c'est navrant. Au fait, il y a des pressoirs de
tous les calibres et il m'a semblé que les petits étaient en plus grand nom-
bre. C'est bien cela. MM. Marmonnier, Meunier et Monier sont des cons-
tructeurs dans ce genre d'instruments auxquels ceux qui ont encore des
raisins peuvent s'adresser sans crainte.
Il y a encore dans l'exposition une foule d'appareils et d'instruments
divers, forts intéressants parmi lesquels je note le pulvérisateur de
M. Gonin de St-Etienne (Loire), celui da M. Vermorel, de Villefranche
(Rhône), qui fonctionnent bien l'un et l'autre. La machine à découper les
pommes de terre inventée par M. Carayrou est très ingénieuse. M. Pique-
mil, quai de l'Hôpital, a toute une série d'instruments plutôt agricoles et
vitiooles qu'horticoles. MM. Weitz avaient installés un petit chemin de fer à
l'usage de jardiniers qui désirent beaucoup arroser. Braves gens, je vous
remercie de chercher ainsi à faire progresser l'horticulture en soulageant les
jardiniers. Merci, Messieurs, encore une fois.
Plusieurs exposants tendent des pièges aux animaux trotte-menu, par-
ticulièrement aux rats, qui, les naïfs s'y l'aissent prendre commî de simples
jobards. Les industriels qui travaillent à la destruction des souris et autres
petits mammifères du même ordre sont MM. Appaix et Déplâtre. Je vais les
signaler à la Société protectrice des animaux qui me donnera une médaille
de bronze, ce sera la seule récompense que j'aurai obtenu en vous exposant
ce que les exposants avaient exposés. Amen. V. V.-M.
— 448 —
Du Chaulagefl).
La chaux constitue une partie importante des principes minéraux
enlevés au sol par les récoltes ; aussi une terre ne peut-elle être
fertile en l'absence complète de cet élément. Mais la chaux n'a pas
pour rôle unique de fournir un aliment aux plantes ; car, dans ce
cas, sauf les terrains acides provenant des défrichements de landes,
les terrains dérivés de roches granitiques et les terrains tourbeux,
tous les sols contiennent en général assez de calcaire pour subvenir
aux exigences de nos récoltes; elle a une action indirecte considé-
rable absolument essentielle à la fertihté, que nous allons tâcher
d'expliquer le plus simplement possible.
Les matières organiques apportent à la plante l'azote; mais cet
azote organique, cet azote engagé dans des combinaisons com-
plexes, non minérales, n'est susceptible d'être assimilé par les
plantes qu'autant qu'il a subi une transformation radicale, c'est-à-
dire qu'il a passé à l'état d'ammoniaque et d'acide nitrique. Les
travaux de M. Boussingault et de M. Schlœsing ont démontré
d'une manière absolue que les végétaux, dans aucun cas, n'absor-
bent l'azote organique et ne peuvent emprunter au sol que l'azote
engagé sous forme de combinaisons ammoniacales et nitriques. Or,
cette transformation est aujourd'hui parfaitement connue ; elle est
due, soit à une action chimique, soit à l'action physiologique d'un
ferment spécial découvert et étudié par MM, Schlœsing et Mùntz ;
elle ne peut, dans les deux cas, s'opérer qu'en présence du calcaire.
Tout le monde sait que les landes de Bretagne et de Sologne ont
été complètement modifiées par le chaulage ; ces terrains conte-
naient une quantité de matières organiques riches en azote, souvent
telle que leur couleur était presque noire ; et pourtant ces terrains
étaient stériles ; il a suffi d'y incorporer la chaux pour mettre en
circulation le stock de matières fertilisantes jusqu'ici inactives et
amener la fertilité là où régnait la misère.
La chaux agit également sur les éléments minéraux du sol et
met en liberté certains principes qui, sans son intervention, reste-
raient inertes. Les phosphates, les granités, les argiles, etc., sont
formés par des silicates d'alumine et de potasse (contenant de 3 à
5 0/0 de potasse) dont la décomposition est extrêmement lente.
Si on ajoute de la chaux peu à peu, elle entre en combinaison
avec la silice et met en liberté de la potasse qui s'oflfrira aux
récoltes sous un état assimilable et pourra ainsi contribuer à aug-
menter les rendements.
(1) La France agricole.
— 449 —
Comment s'assurer qu'une terre a besoin d'être chaulée? L'agro-
nome qui étudie la constitution géologique d'une contrée, saura
très facilement et sans recherches spéciales, si le chaulage est
utile ou superflu. On peut affirmer d'une façon presque certaine,
qu'il est utile, indispensable même, dans tous les terrains dérivant
des roches primitives : feldspath, mica, schiste, gneiss, granité,
etc. A celui qui ne possède pas ces connaissances spéciales ou qui
n'a pas affaire à une formation géologique nettement déterminée,
l'examen des plantes qui viennent spontanément peut fournir des
indications précieuses; toutes les fois qu'on voit végéter en abon-
dance les fougères, les bruyères, les petits joncs, les mousses, les
oseilles, on peut conclure que le sol manque de chaux.
Nous indiquerons enfin une opération chimique très simple et à
la portée de tout le monde. Prenez une poignée de terre, débar-
rassée de cailloux; mettez-la dans un verre, arrosez d'un peu d'eau,
puis versez de l'acide chlorhjdrique ou bien du vinaigre fort : s'il
se produit une effervescence assez vive, un bouillonnement avec
dégagement de gaz, le chaulage ne sera pas utile; si au contraire
ce dégagement est nul, ou s'il est à peine sensible, le chaulage
produira sûrement de bons effets. Mais le moyen le plus certain,
en cas de doute, c'est encore d'adresser à une station agronomique
un échantillon de terre. L'analyse sera un guide infaillible. Enfin,
pour comble de prudence, avant d'opérer en grand, il est recom-
mandable d'opérer la première année en petit; les effets de la
chaux se font sentir dès la première récolte.
La chaux s'obtient par la cuisson des pierres calcaires^ si l'on
soumet le carbonate de chaux à une forte température, l'acide
carbonique est chassé et la chaux reste à l'état de chaux vive.
Arrosez très légèrement d'eau cette chaux vive, vous la voyez
s'cchauff'er, foisonner et se déliter, c'est-à-dire se réduire en pous-
sière fine. C'est à cet état qu'on l'emploie pour le chaulage des
terres.
Les qualités des chaux sont diff'érentes, suivant la nature du cal-
caire employé. On distingue :
V La chaux grasse, qui contient très peu de sable, se déUte rapi-
dement et foisonne beaucoup ; c'est la plus estimée de toutes ;
2° La chaux maigre est accompagnée d'une proportion plus ou
moins forte de matières siliceuses, son foisonnement est moindre,
son délitement plus lent ; est moins bonne que la précédente ;
3" La chaux hydraulique s'éteint lentement ; on ne doit l'employer
que lorsqu'elle est complètement éteinte, car elle pourrait durcir
les sols humides en formant pâte ;
4° La chaux magnésienne est très active et plus épuisante que les
précédentes; elle apporte au sol de la magnésie, élément qui n'est
pas sans valeur.
— 450 —
La dose de chaux pour un hectare varie beaucoup suivant les
pays ; c'est ainsi que dans les environs de Dunkerque et dans la
Mayenne, on emploie 40 à 50 hectolitres par hectare tous les dix
ou douze ans; dans la Sarihe, 8 ou 1(> hectolitres tous les trois
ans; dans l'Ain, 60 à 80 hectolitres tous les neuf ans; dans le Cal-
vados, 5,000 kil. tous les quatre ou cinq ans. En général, on peut
dire que la dose moyenne à adopter est de 3 à 5 hectolitres tous les
ans pour un hectare.
Ceux qui, les premiers, ont employé la chaux ont été tout d'a-
bord surpris des magnifiques résultats qu'on en obtenait, et ils
négligeaient de fumer leurs terres devenues fertiles, considérant la
chaux comme un engrais. C'est, qu'en efïet, comme nous l'avons
expliqué plus haut, la chaux mettait subitement en circulation un
stock de matières fertilisantes accumulées depuis longtemps ; mais
une fois le stock épuisé, la fertilité disparut et les terres devinrent
stériles ; c'est de cette observation maintes fois vérifiée qu'est né
ce vieil adage agricole : La chaux enrichit le père et ruine le fils. Il ne
faut pas tomber dans cette grosse erreur agricole; une terra chau-
lée doit être soutenue par des fumures d'autant plus fortes, que le
chaulage est plus énergique. A cette condition seulement, le chau-
lage produit des effets remarquables.
La manière d'employer la chaux varie suivant les pays, mais
c'est toujours à l'état de chaux éteinte qu'on la répand sur le sol.
Pour éteindre la chaux, on peut exposera l'air libre la pierre cuite,
son délitement s'opère vite; mais si la pluie survient, il se forme
une boue peu maniable, à moins d'opérer dans un endroit couvert.
On peut encore placer la chaux vive dans des paniers d'osier et
la plonger dans l'eau pendant deux minutes à peine ; le délitement
est alors instantané ; ce procédé fait gagner du temps, mais les
transports de cette matière en poudre sont plus coûteux.
La manière la plus simple et la plus communément adoptée con-
siste à déposer sur le sol même la chaux par petits tas et à la
recouvrir de terre; au bout de deux semaines, quatre au plus, la
chaux est déUtée; on recoupe à la bêche le mélange et on le
répand aussitôt.
Enfin, quand on a des curures de fossés, d'étangs, des vases,
etc., on peut avantageusement stratifier avec de la chaux vive qui,
en se délitant, dessèche et divise la masse ; on recoupe à la bêche
comme précédemment, et on obtient un excellent engrais qui se
répand à la volée sur les prairies ou s'enfouit par le labour comme
du fumier.
On doit répandre la chaux par un temps sec, puis donner un
coup de herse et ensuite un labour peu profond, 15 ou 20 centi-
mètres. On peut souvent se procurer à très bon marché la chaux
— 451 —
provenant des usiaes à gaz, ayant servi à l'épuration du gaz d'éclai-
rage; celte chaux d'épuration est très bonne, à la condition expresse
qu'on aura soin de la laisser exposée à l'air pendant un mois au
moins avant de s'en servir; car elle contient du sulfate de calcium
qui exerce une funeste action sur les végétaux ; l'exposition à l'air
permet l'oxydation des sulfures et leur transformation en sulfates.
Roses Nouvelles
Rosiers thés. — Archiduchessk Marie immaculata (Marie Lambert X
Socrate). — Arbuste vigoureux, fleur grande, pleine, belle forme, pétales
extérieurs très larges ; coloris brique clair nuancé de chamois luisant ; centre
vermillon doré ; très odorante. Variété extra.
Directeur C. Bernard (Abel Grand X Adèle Jourgeaut). — Arbuate
vigoureux, florifère, fleur grande, très pleine, bien imbriquée ; coloris rose
magenta très tendre sur fond argenté ; bord des pétales de pourtour souvent
violet clair ; très odorante. Variété très belle.
Rosier hybride remontant. — Théodore Liberton. — Arbuste vigoureux,
fleur grande, pleine, forme de Cent-Feuilles, coloris rouge carminé éclatant
nuancé de rose garance, passant au rose foncé ; revers des pétales pourpre
clair. Parfum des plus agréables.
Ces trois variétés ont été obtenues par MM. Soupert et Noting, rosiéristes
à Luxembourg.
■ nformations. — On annonce la mort de M. Honnorati, de Toulon, le
cultivateur des Kakis du Japon, qu'avait importés en France M. l'ingénieur
Dupont.
— Il semble résulter d'une courte discussion entre M. le Président du
comité de culture potagère et M. Forgeot, que le céleri nain pommé, en
forme de scarole ne constitue pas encore une variété parfaitement fixée.
Espérons qu'elle se fixera.
— M. P. Viala, a été nommé professeur de viticulture à l'école d'agri-
culture de Montpellier. M. Foëx son prédécesseur conserve la direction de
l'école.
— 11 y aura à Tarare (Rhône) le 20 octobre, une exposition de chry^an-
llièmes. C'est trop lôt; à cette époque les belles sortes ne sont pas fleuries.
— M. Maurice Girard, l'entomologiste horticole, vient de mourir. C'est
une perte bien sensible pour l'horticulture.
— A l'occasion de la tenue du Congrès Pomologique à Nantes, la société
Nantaise d'horticulture avait organisée une exposition d'horticulture où les
fruits tenaient une bonne place. M. Boisselot, F. Maran et MM. Bernède et
Faure de Bordeaux ont obtenu des médailles pour des fruits de semis. MM.
Aldophe Lefièvre et fils, pépiniéristes, obtiennent un diplôme d'honneur et
une grande médaille d'or pour une collection splendide de poires. Le frère
Louis, directeur de l'établissement des sourds-muets avait également un lot
très remarquable.
Les médailles d'or décernées à chaque session par la société Pomologique
de France, aux deux membres qui ont rendu le plus de services à la Pomo-
logie ont été attribuées cette année à MM. Hortolès, de Montpellier, et
Bernède, de Bordeaux.
Catalogues. — F. Morel et fils, horticulteurs, rue du Souvenir,
Lyon-Vaise. — Supplément du catalogue général, comprenant l'énumération
et la description d'espèces nouvelles ou peu connues dans les genres ceri-
sier, cognassier, poirier, pêcher, abricotier, prunier, néflier, pommier, etc.
— 452 —
Max Singer, rosiériste à Kain-les-Tournai (Belgique). — Catalogue com-
prenant l'énumératioa et la description de très nombreuses variétés de roses,
classées suivant leur série: hybride, tlié, hybride do thé, noisette, Ile-Bour-
bon, Bengale, etc.
Bruant, horticulteur à Poitiers (Vienne). — Catalogue n" 182, compre-
nant rénumération et la description de Palmiers, Cycadées, Broméliacées,
Dracœna, Bégonias, Orchidées et autres plantes de serre à fleur ou à feuil-
lage ornemental, etc.
Baudriller, horticulteur à Gennes (Maine-et-Loire). — Catalogue com-
prenant rénumération des arbres fruitiers, forestiers et d'ornement, arbus-
tes, rosiers, conifères, etc., cultivés dans l'établissement. Nouveautés.
F. Marchand, horticulteur, 114, rue du Sacré-Cœur, Lyon. — Catalogue
contenant la description d'une belle collection de fraises cultivées dans l'éta-
blissement.
Victor Chanavat, horticulteur, rue de la Charité, à Vienne (Isère). —
Catalogue comprenant 1 enumération des vignes américaines cultivées dans
l'établissement.
Gayet, pépiniériste à Pontanevaux (Saône-et-Loire). — Catalogua des
vignes greffées et des porte-greffes cultivés dans l'établissement.
Ketten frères, rosiéristes à Luxembourg. — Catalogue illustré, contenant
rénumération et la description d'une nombreuse collection de rosier.'» culti-
vés dans les jardins. Ces rosiers sont classés par série et par couleur. Une
table alphabétique permet les recherches.
A. Bernaix, rosiériste, cours Lafayelte, à Villeurbanne (Rhône). — Cata-
logue des variétés de rosiers cultivés dans rétablissement. Variétés nou-
velles et anciennes dans t.outos les séries: Thés, Bengales, Hybrides, Noi-
sette, Ile-Bourbon, etc. Espèces botaniques et autres. Belle collection.
Ch. MoLiN, marchand graiaier, 8, plaça Belleoour, Lyoa. — Catalogue des
ognons, bulbes, rhizomes, fleurs sèches et autres fouraitures horticoles.
Jacinthes et Tulipes en collection, Gramioées, Immortelles, etc.
P. Ddbreuil, rosiériste, routa de Grenoble, Lyon-Moaplaisir. — Supplé-
ment au catalogue général, comprenant les variétés nouvelles de rosiers
cultivées dans l'établissement.
Jacquemet-Bonnefond père et fils, horticulteurs à Annonay (Ardèche). —
Catalogue de jeunes plants d'arbres, arbrisseaux et arbustes propres à for-
mer des pépinières, des bois, des haies, etc.
Marmillùd aîné et fils, horticulteurs-pépiniéristes à Montélimar (Drôme).
— Prix courant de vio-nes françaises et américaines et arbres fruitiers.
Mme ye ScHWARTZ, horticulteur-rosiéristc, route de Vienne, 7, Lyon. —
Catalogue illustré de rosiers cultivés dans l'établissement. Collection da
rosiers remontants comprenant les plus belles variétés anciennes ou nou-
velles, rosiers non remontants, espèces types ou botaniques, plantes vivaces,
Ch. Reboul, horticulteur à Montélimar (Drôme). — Catalogue des arbres
fruitiers, forestiers, d'avenue, arbustes divers, collection de rosiers, jeunes
plants d'arbres fruitiers, forestiers et d'arbustes,
J.-B. GuiLLOT et fils, rosiéristes, 27, chemin des Pins, Lyon-Guillotière •
— Catalogue général des rosiers cultivés dans l'établissement. Variétés nou-
velles et anciennes, remontantes ou non remontantes, classées dans leurs
séries respectives. Belle collection.
RivoiRE père et fils, marchands grainiers, rue d'Algérie, à Lyon. — Cata-
logue des ognons et bulbes à fleurs vendus par la maison : Tulipes, Crocus,
Anémones, Renoncules, Ixias, etc.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
L^on, — Impr. du Salut Public. — Bellon, 33, rue de la République, 33.
1886 OCTOBRE N' 20
CHRONIQUE
Les arbres fruitiers se reproduisent-ils de graines^, — Diable! mais
je croyais celte question résolue négativement depuis cent ans et
plus. Il paraît qu'il n'en est rien.
C'est incroyable comme nous sommes savants en horticulture !
Nous connaissons tout, comme ça, en l'air; mais dès qu'un malin,
un esprit sérieux, quoique grincheux, examine attentivement de
quoi se compose notre science, il ne trouve, hélas! qu'un bagage
mince et peu encombrant. Nous croyons ceci, cela ou autre chose,
parce que, étant tout jeune, on nous l'a appris comme on apprend
aux écoliers que deux et deux font quatre.
Quelquefois aussi nous lisons dans les livres et les journaux un
tas de balivernes idiotes, débitées sérieusement par des hommes
graves, que nous croyons sur parole, étant donnée leur réputation.
Et voilà pourquoi il y a plus de vessies que de lanternes dans la
science horticole.
Du reste, beaucoup s'imaginent que tout est connu, qu'il n'y a
plus rien à faire qu'à se croiser les bras et attendre le beau temps.
Des preuves, ils n'en demandent pas; du reste, il n'y en a point;
ils affirment et tout est dit.
C'est ainsi que se forment les opinions et se constitue la science
horticole.
Il faudra changer cela, mes amis, et ne point nous payer de
mots. Des preuves, des expériences, voilà ce qu'il faut. Ne bâtis-
sons pas sur le sable.
J'admire M. Carrière, le doyen de la presse horticole, et j'ai
envie de lui crier :
— Bravo ! maître, voilà qui est bien parlé !
C'est égal, — entre nous, n'est-ce pas? — je le trouve un peu
hardi de venir nous informer de notre ignorance, sans crier gare,
sans respect pour les maîtres qui nous ont instruits.
— 454 -
Il nous demande si les arbres fruitiers se reproduisent de
graines. Belle question, ma foi ! et nous voilà bien logés, et lui
aussi, par exemple; car il n'en sait pas plus que nous sur ce sujet.
Seulement, il a cette supériorité de savoir qu'il ne sait rien, —
grand mérite, savez-vous? — tandis que nous autres, nous pen-
sions que la question était étudiée, jugée et enterrée. C'est une
éducation à refaire.
Des gens habiles prétendent que les variétés d'arbres fruitiers
ne se reproduisent pas; d'autres gens, non moins habiles, affirment
le contraire. Entre ces deux affirmations, nous voilà le bec dans
l'eau. Si on met la question aux voix, les premiers gagnent la vic-
toire, et les seconds une veste large et longue.
Eh bien ! malgré leur veste, les partisans de la reproduction
■ sont peut-être plus près de la vérité que les autres. Pour le mo-
ment, ils ont tort.
Mon avis, le voici : Il y a des variétés qui se reproduisent de
semis et d'autres qui ne se reproduisent pas. La question demande
à être traitée en détail pour être résolue.
Le semeur qui a confié à la terre des pépins de Beurré blanc,
de Doyenné d'hiver, de Martin-Sec, de Duchesse d'Angoulême ou
de tout autre variété de poires, attend dix ans, quinze ans, sou-
vent plus, la première récolte pour constater que ces bons fruits
lui ont donné d'indignes sauvageons. Il conclue que « ça ne se
reproduit pas » . Conclusions trop précipitées, à mon avis.
Combien y en a-t-il parmi nous à qui papa a dit cent fois, lors-
que nous étions gamins : Tu ne feras jamais rien ! En prenant de
l'âge, nous changeons, souvent à notre profit. De même pour
juger les arbres, il faut aussi du temps. Que de semis ont été cou-
pés et jetés au feu comme ne valant rien, qui auraient, dix ans
plus tard, constitués d'excellentes variétés.
Nous recauserons de cela un jour.
Jîosc JV.-F. Benell. — Le Journal des Roses a publié plusieurs
notes émanant d'amateurs et de rosiéristes qui, la plupart, ne disent
pas grand bien de la rose W.-F, Bennelt, plus connue sous le
nom de Rose des 5,000 dollars. Ces messieurs ont peut-être tort,
et je trouve qu'ils se hâtent trop de formuler un jugement. La
rose en question est une rose à forcer, qui a été vendue comme
telle; qu'ils la forcent et nous donnent leur avis. Peut-être, alors,
sera-t-il différent? Du reste, la plupart des pieds achetés très
jeunes, ont à peine eu le temps de s'enraciner et ne sauraient avoir
produit des fleurs normales.
Quelques-uns se plaignent que sa duplicature laisse à désirer.
On ne peut pas tout avoir. Safrano, non plus, n'est pas très dou-
— 455 —
ble, et Alphonse Karr, qui en a enrichi les jardins du littoral de la
Provence, a plus fait pour le commerce des roses coupées, que s'il
y eut introduit trois cents roses très doubles, la Malmaison en
tête. Chacun son avis. Je considère le vulgaire Bengale ordinaire
qui est presque simple, comme une excellente rose et comme on
pourrait croire que j'ai le goût dépravé, je connais beaucoup de
gens qui partagent mon opinion à ce sujet. Ce Bengale donne des
fleurs quand les autres belles roses doubles n'en ont plus, et il se
dépèche au printemps d'en fournir de nouvelles, bien avant les plus
précoces des hybrides.
Du reste, il est encore possible que la cose fF. -Francis Benell soit
une variété dont l'aire géographique sera limitée à des climats dé-
terminés, ainsi que cela a lieu pour beaucoup d'autres sortes.
Le sulfate de cu'vrc sur les arbres fruitiers. — Nous lisons dans la
Gazette du Fillage :
« Tout dernièrement, M. Prilleux racontait à la Société natio-
nale d'horticulture de Paris, un fait intéressant dont il a été témoin
à Beaune, chez M. Jules Ricaud. Voici le fait :
« Des Doyennés d'hiver qui avaient eu à souffrir de taches
cryptogamiques aux feuilles et de tavelures aux fruits, en ont été
préservés ou guéris par l'emploi de la bouillie bordelaise, c'est-à-dire
d'un mélange de solution de sulfate de cuivre et de chaux. Le
feuillage, traité ainsi à l'aide d'un pulvérisateur, est d'un beau vert
foncé et les fruits ne laissent rien à désirer.
« M. Jules Ricaud pense que deux opérations préventives, l'une
avant l'hiver et l'autre un peu avant l'entrée en sève, rendraient
un grand service aux arboriculteurs.
« La bouillie bordelaise a un inconvénient, c'est de consommer
une assez forte quantité de sulfate en pure perte, puisque l'effet
s'en trouve amoindri par la proportion de chaux également forte.
M. Jules Ricaud est porté à croire que l'on arriverait à d'aussi
bons résultats, rien qu'avec une solution cuivrique à la dose de
4 grammes de sulfate ou 400 grammes par hectolitre. Rien n'em-
pêcherait de blanchir le liquide avec une proportion insignifiante
d'eau de chaux qui n'amoindrirait pas l'effet de la solution cuivri-
que et ne servirait qu'à marquer, en les blanchissant un peu, les
places traitées, soit au pulvérisateur, soit à l'aide d'un balai.
« Nous recommandons ces essais à ceux de nos lecteurs qui
nous ont envoyé si souvent cette année des feuilles de poiriers
couvertes de taches. » V. V.-M.
— 456 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 18 septembre 1886, tenue salle deB
Réunions industrielles, Palais du Commerce, place de la Bourse.
Présidence de M. Comte, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heures 1/4.
11 est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion, qui est
adopté.
Correspondance. — La Société a reçu :
1° Lettre informant l'Association que M. le Président de la République
accorde un vase de Sèvres à l'Association, pour être déoarné à l'ooeasion de
l'Exposition.
2° Lettre de M. le Ministre de l'agriculture, informant l'Association qu'il
lui est accordé une médaille d'or et deux médailles d'argent pour être
décernées à l'occasion de l'Eiposition.
3° Lettre de la Société d'horticulture de Tarare et du canton, demandant
la nomination d'an délégué pour faire partie du Jurj de l'Exposition qui se
tiendra à Tarare le 18 septembre 1886. M. Charreton a été délégué par l'As-
sociation pour remplir les fonctions de juré.
4" Lettre de M. F. Pelletier demandant la nomination d'une Commission
pour constater la belle réussite des greffes qu'il a faites l'an dernier chez
MM. J.-B. Guillot et fils. Après une courte discussion, l'assemblée est d'avis
qu'il n'y a pas lieu de donner une suite favorable à cette demande, ce genre
de visites n'entrant pas dans le programme de ses travaux.
Présentations. — 11 est donné lecture de candidatures sur lesquelles,
conformément au règlement, il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Sont admis, sans protestation, membres titulaires de notre
Compagnie, les candidats présentés à la derni ère séance.
MM.
Michaud (Pierre), jardinier chez M"« V° Degallion , à Aix-les-Bains
(Savoie).
Ollion, propriétaire, rue Guillon, à Lyon-Monplaisir, présenté par MM.
Jacquier père et fils.
Demeure (Jean), jardinier chez M. Saint-Olive, à St-Didier-au-Mont-d'Or,
présenté par MM. Comte et Viviand-Morel.
M. Mazenod, horticulteur, à Aix-les-Bains (Savoie), présenté par MM.
Métrai (Joseph) et J. Jacquier.
L. Cordenot, rue Mercière, 50, à Ljon, présenté par MM. Viviand-Morel
et J. Jacquier.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Berthier, horticulteur à Crépieux (Ain), deux pêches de semis et
une pomme de semis.
Par M. Guerrj, jardinier chez M. Coste, notaire à Caluire, un beau spé-
cimen de Melon cantaloup (jros prescott argenté, pesant 10 kilog. 300 grammes
et auquel la Commission accorde une prime de P' classe.
Par M. Revol, horticulteur, rue du Béguin, 35, Lyon, une collection de
Cannas en fleurs coupées, composées de 16 variétés, savoir : Pierre Dupont,
M"^» Denis, Papillon, maréchal Vaillant, Distinction, Président Faivre,
Enfant de Cahors, Gloire de Provence, Jean Raisin, Nardy, Brillant, Bon-
netii excelsa. M. Combet, Léonard-Lille, Etendard et Auguste Buchner. Une
prime de 2" classe est attribuée à cet apport.
Par MM. Joannon père ot fils, horticulteurs à St-Cyr-au-Mont-d'Or, trois
poires de semis étiquetées Lœlia, qui sont renvoyées à l'étude.
— 457 —
Par M. Chavagneux, horticulteur, chemiQ de Château-Gaillard, Villeur-
banneles-Lyon : 1° une collection de Raisins composée de Chasselas blanc
de Fontainebleau, Chasselas de Mongré, Ch. de Montmeillan, Ch. de Fleurie,
Ch. greo rose ; 2° diverses Pommes, variétés : Grand Alexaniro, Joséphine,
et des Poires Duchesse d'Angoulème. Une prime de Z' classe est accordée à
cet apport.
Par M. Charrault, jardinier chez M. Girier, à la Verpillère, une collection
de légumes composée de : 1" Chou rouge conique (nouveau); 2» Artichaut
gros de Laon, A. violet de Lyon, A. camus de Bretagne ; 3° Aubergine vio-
lette longue hâtive, A. blanrhe longue, A. ronde da Chine, A. naine très
hâtive; 4° Piment du Chili, P. de Cayenne, P. jaune carré doux, P. cerise,
P. gros carré doux, P. jaune long, P. rouge long; 5° Tomate cerise, T. gro-
seille, T. jaune ronde, T. Roi Humbert, T. poire, T. violette ronde, T. grosse
rouge hâtive; 6° Coloquinte bicolore, jaune et verte, C. ronde miniature, G.
poire miniature, C. pomme hâtive, C. poire bicolore, C. poire rayée, C. plate
rayée. Courge poire à poudre, C. pèlerine très grosse, C. pèlerine miniature,
Courge massue très longue, ayant 1" 10 de long. D'après le présentateur,
cette variété se serait accrue dans quinze jours de 0°'80 de long. La Commis-
sion décerne à cet apport une prime de 2» classe.
Par le même, une collection de fleurs coupées de Zinnia à grandes fleurs.
Œillet de Chine, Chrysanthèmes à carène double et simple. Immortelles à
bractées. Séneçon double très nain, Amarantoïdes variées. Cet apport obtient
une prime de 2' classe.
Par M. Dury, jardinier chez M. Cartier, à Ecully, un Pelargoni'im zonale
à fleur simple rouge, de semis, auquel il donne le nom de Erlotant. La Com-
mission accorde un certificat de 2" classe ; 2° sept Coleus de serais.
Par M. Chardon, jardinier chez M. Clayette, rue de l'Enfance, Lyon :
1° des Chicorées frisées de Ruffec, Epinard die Qandry et des fruits de Iram-
boises remontantes ; 2° des Dahlias de semis et des fleurs de Zinnia à grande
fleur, et une variété da Dahlia Juarezi ou Etoile du Diable, à laquelle la
Commission décerna une prime de 2° classe.
Par M. Bellen, jardinier chez M. Rozier, montée de la Boucle, trois
Coleus de semis, qui obtiennent une prime de 3' classe.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin, un pot de Bégonia
Innocenti et Eugène Vallerand, et un de semis issu du Bégonia Carrieri
(Crozy) et du semperflorens; la plante est très naine et est couverte de
jolies petites fleurs roses. L'ensemble de cet apport reçoit une prime de
2« classe.
Par M. Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, 4, Lyon, un beau pied
de Cyanophyllinn magnificum et un bel exemplaire de Ficus Pearceli, A cet
apport, la Commission accorde une prime de 1" classe.
Par M™" Y" J. Schwartz, 7, rou'e de Vienne, Lyon, trois Roses nouvelles
et non encore nommées. La Commission déclare ne pouvoir se prononcer
sur l'examen d'une seule fleur et désire voir les plantes sur place pour pou-
voir émettre un jugement.
La Commission d'examen des apports sur le bureau n'étant pas complète,
la plupart des membres n'assistant pas à la réunion, M. le Président nomme
pour la culture maraîchère, MM. Chavagnon, J. Jacquier et Verne ; pour la
floriculture, MM. Rozain-Boucharlat, Couzançat et Viviand-Morel ; pour les
Roses, MM. Dubreuil et Berthier; pour les fruits, MM. Métrai, Chaudy et
Berthier.
Les propositions des Commissions, mises aux voix, sont aloptées et l'ins-
cription au procès-verbal est ordonnée pour les plantes non récompensées.
M. Viviand-Morel donne quelques renseignements sur le bouturage du
Rosier. (Voir Lyon-Horticole, 8' année, n° 17, page 400.)
La séance est levée à 4 heures. Le Secrétaire- Adjoint , J. Nicolas.
— 458 ^
Note sur une nouvelle Fraise des Quatre-Saisons
Le premier auteur qui ait parlé de la Fraise des Quatre-Saisons
est Césalpin qui la signalait comme croissant dans les Alpes
Bargéénnes, nom qu'on donnait alors aux montagnes des environs
de Bargenon, petite ville du diocèse de Fréjus. D'autres auteurs,
tels que Jean et Gaspard Bauhin, Parkinson, Rai, Morison et
Tournefort, qui ont également signalé cette fraise, n'ont fait que
copier Césalpin. Mais l'introduction de cette sorte dans les cultures
ne remonte pas au-delà de la deuxième moitié du xviii" siècle.
Duchesne, l'auteur de V Histoire naturelle des Fraisiers, bien en situa-
tion pour juger la chose, ne laisse subsister aucun doute à cet
égard. Miller qui est habituellement fort bon juge, rapporte, par
erreur sans doute, la Fra/st' rfe foHS }«o/s au Fraisier de Firginic, et
dit que les Hollandais donnaient à cette plante le nom de Fraisier
perpélufl ou de tous mois. Elle a également porté le nom de Fraise
des Alpes.
Depuis l'époque déjà lointaine, c'est-à-dire depuis plus d'un
siècle, que la Fraise des Quatre-Saisons a passé, des Alpes, où
elle croît à l'état spontané, dans les jardins où on la cultive, elle
a été l'objet d'une foule de tentatives d'amélioration. On trouve-
rait si on voulait consulter les anciens catalogues, plusieurs variétés
qui ont eu leur moment de célébrité qu'on a laissé perdre ou
qu'une trop longue suite de multiplications par stolons a épuisé et
fait dégénérer.
Une loi fondamentale bien que peu connue en culture, est
celle-ci : Les variétés qui ne se multiplient que par greffe, bou-
tures, stolons ou éclats, n'ont qu'une durée limitée, telles sont
comme tous les êtres, elles naissent, grandissent, atteignent l'apo-
gée de leurs caractères, déclinent et meurent. Le cycle qu'elles
parcourent embrasse un espace de temps plus ou moins long,
suivant les genres, mais elles le parcourent fatalement, comme
nous, du reste, hélas !
Les variétés vieillissent donc et ont besoin d'être régénérées
par la voie du semis. C'est pour cela qu'il faut encourager les
semeurs qui obtiennent de nouvelles sortes plus jeunes, plus fer-
tiles et plus vigoureuses que celles que le temps, ce grand maître,
tend à faire disparaître. Et il n'est pas tout rose le métier de
semeur, car il faut semer beaucoup pour obtenir souvent bien peu
de chose. Du reste il faut un talent tout spécial pour distinguer
une bonne plante, au milieu de plusieurs centaines d'autres qui lui
sont inférieures. Il ne suffit pas, puisqu'il s'agit de fraises, qu'une
variété ait un fruit exceptionnel comme grosseur, il faut encore
que la plante soit fertile et prolifique. Il ne suffit pas qu'elle soit
— 459 —
grosse, fertile et prolifique, mais elle doit aussi être robuste,
vivace, rustique et résister aux intempéries qui pourraient stériliser
ses fleurs et faire avorter ses fruits.
Fraise des Quatre-Saisons La Géncrciise.
Il me souvient avoir vu chez un cultivateur de Fraisiers des
Quatre-Saisons, plusieurs plate-bandes de deux variétés plantées
le même jour, dans le même terrain. Les deux variétés étaient
fort belles, et paraissaient à première vue difficile à distinguer.
Je vais détruire cette sorte, me dit le cultivateur, elle me rapporte
moins que l'autre.
— 460 —
L'histoire de la Fraise des Quatre-Saisons La Généreuse, qui a
été obtenue par M. Marchand, horticulteur, rue du Sacré-Cœur,
à Lyon, comme celle de plusieurs autres bonnes variétés, a une
origine incertaine. L'obtenteur n'a pas la prétention de l'avoir
gagnée à la suite d'une fécondation artificielle, il l'a observée
dans un semis assez considérable qu'il avait fait en 1882, des
variétés : Marquise de Mortemart, Belle de Montrouge et Brune
de Gilbert. La Généreuse, à défaut d'une généalogie exacte, peut
donc revendiquer trois sortes de parentés. Et qui sait si une sève
croisée ne circule pas dans ses cellules?
Quoiqu'il en soit de son origine, la Généreuse constitue une
variété très vigoureuse d'une fertilité peu commune. Ses stolons
naissent en très grand nombre et sont à peine formés qu'ils pro-
duisent des fleurs et des fruits presque avant d'être enracinés. Ses
feuilles sont grandes et d'un beau vert.
Le fruit (voir la figure) qui est ovale allongé, mesure dans sa
plus grande longueur 30 à 35 miUimètres et vers le milieu 18 à
20 millimètres de diamètre. Il est d'un beau rouge rembruni sur la
face exposée au soleil. Son parfum est exquis et pénétrant. Au
printemps la hampe qui porte les fleurs dépasse les feuilles ; pen-
dant l'été au contraire elles sont moins longues et souvent munies
de feuilles et de racines ; le fruit est alors dissimulé par le feuillage
et ne brûle pas au soleil.
En résumé, la variété en question est digne de figurer avanta-
geusement dans tous les jardins à côté des sortes les plus recom-
mandables. V. V.-AI.
Les Dalhias simples de l'Exposition de Lyon.
Comme on l'a pu voir à l'exposition tenue à Lyon, au mois de
septembre dernier, un nouvel essor vient d'être donné à l'amélio-
ration d'un genre de plantes fort à la mode : nous voulons parler
du genre Dalhia.
En eflfet, les Dalhias à fleurs simples, exposés par MM. Léonard
Lille et Beney, horticulteurs, Mds-grainiers, à Lyon, ont produit
une sensation profonde et ont attiré tous les regards. Aussi nous
faisons-nous un devoir de signaler à l'attention des amateurs qui
n'ont pas visité l'exposition cette nouvelle série de Dalhias.
11 fut un temps où les Dalhias à fleurs simples étaient impitoya-
blement bannis des collections dans lesquelles le Dalhia à fleurs
doubles de forme irréprochable était seul reçu. Ce temps-là est
passé, car aujourd'hui les amateurs cultivent indistinctement les
uns et les autres.
— 461 —
La mode des Dalhias simples nous est venue d'Angleterre et
s'est vite implantée un peu par toute l'Europe. Ce fait n'a du reste
rien de bien extraordinaire, car le Dalhia simple répond à un
véritable besoin et ne fait pas double emploi avec son congénère,
dont la duplicature est si parfaite.
En dehors de l'effet qu'il produit dans le jardin, le Dalhia simple
a un rôle spécial à remplir dans la confection des bouquets. Il joue
à l'Anémone du Japon avec une élégance toute particuUère et pos-
sède une légèreté spéciale associée à des nuances qu'on chercherait
en vain dans d'autres fleurs.
Les variétés de forme parfaite et de coloris éclatants ou si bizar-
rement panachés qu'ont exposées MM. Léonard Lille et Beney
méritent, avons-nous dit, de fixer l'attention de tous les amateurs,
car elles constituent une série incontestable de nouveautés curieu-
ses. Chez les variétés en question les hgules qui constituent par
leur assemblage symétrique la couronne florale sont souvent creu-
sées en nacelle, ou planes et marquées de plis concentriques. Quel-
ques-unes sont planes sur les bords et convexes au milieu ou ondu-
lées plissées. Leur forme la plus ordinaire est sub-orbiculaire ou
largement elliptique, quelquefois réfléchis, rapprochés par les bords
et se recouvrant jusqu'au sommet.
La gamme chromatique presque toute entière, colore ces ligules
élégantes et le blanc, le jaune, le rouge ponceau, le rouge cerise,
le rouge cinabre, le rouge magenta, le minium, le marron, le pour-
pre foncé curieusement associés leur dessinent des stries et des
panachures régulières ou se fondent dans des tons impossibles à
décrire. Quelques variétés sont unicolores et ne sont pas moins
belles que les autres.
Nous avons vu ces variétés sur place, et nous pouvons affirmer
qu'elles ne s'élèvent pas trop haut et donnent des fleurs nombreu-
ses qui se succèdent sans interruption pendant tout l'été. C'est plus
de quahtés réunies qu'il en faut pour leur assigner une place d'élite
dans tous les jardins. Th. Denis,
Chef lie culture au Jardin botanique de la ville de Lyon.
Poire Echasserie.
Synonymes ; Eehasseri/, Bcsi de Chasscric, Bcsi de Villandry, Muscat de l'EchasseriCy
Muscat de Villandri), Bcsidcri-Landrij , Verte longue d'hiver, etc.
II y a dans le jardin dont je dirige les cultures un poirier qui
m'a intrigué pendant fort longtemps. C'est celui qui fait le sujet de
cette note.
Conduit en pyramide et taillé suivant les règles de l'art par mes
prédécesseurs, il s'était toujours refusé à donner des fruits. Pen-
— 462 —
dant trois années j'imitais mes trop habiles confrères : pendant
trois années il ne donna que du bois et des feuilles. Je pris le sage
parti de ne plus exercer sur ses rameaux mes talents (?) de tailleur
d'arbres et je l'abandonnais à son malheureux sort.
Vous voyez d'ici le tableau et vous devinez ce qui arriva :
l'arbre stérilisé par la serpette et le sécateur, l'arbre mutilé avec
art, se changea en un sujet fertile dont le fruit est excellent : il
donne depuis dix ans, chaque année plusieurs boisseaux de poires.
J'ai pendant fort longtemps cherché à connaître son nom et sa
patrie. Les pomologues auxquels je l'ai montré à plusieurs reprises,
branlaient la tête, se grattaient le front et j'étais Gros-Jean comme
devant. J'avais renoncé à être renseigné sur l'état civil de cet
enfant du mystère quand, cette année, j'eus la bonne fortune d'en
trouver un représentant dans le lot de fruits que M. Melin, horti-
culteur, à Chan telle (Allier), avait envoyé à l'Exposition organisée
à Lyon, par les soins de l'Association horticole lyonnaise.
Ce représentant était étiqueté Besi de rEchasserie. J'avais hâte
d'arriver chez moi pour vérifier l'identité de ma poire avec celle
du lot en question. C'était bien elle. Eh! mais pensais-je si l'expo-
sant s'était trompé. Et me voila hsant, compulsant et comparant
toutes les descriptions de cette variété. Les auteurs étaient d'ac-
cord entr'eux ou à peu près, ce qui n'est pas toujours le cas.
La Poire £c/(asse?7e, j'adopte l'orthographe moderne, et je n'écris
pas Echassery avec un y, comme quelques auteurs, tire probable-
ment son nom de la localité où elle a été obtenue ou remarquée
pour la première fois. André Leroy signale trois hameaux qui,
dans l'Anjou, porte le nom de l'Echasserie. he Diclionnairc des Postes
n'en mentionne que deux, savoir : L'Echasserie (commune d'Alen-
çon), Maine-et-Loire, et l'Echasserie (commune de la Ronde),
Deux-Sèvres.
Parmi les synonymes que j'ai cités en tête de cette nota on
remarquera que les suivants : Bési de Villandry et Muscat de Vil-
landry portent également le nom d'un village important de la
Touraine, et il n'y aurait rien de bien extraordinaire que la
Poire Echasserie fut originaire de cette dernière province.
Que V Echasserie soit de l'Anjou ou de la Touraine, le fait n'a
pas une grande importance, et je ne pense pas que Villandry et
l'Echasserie se disputent jamais l'honneur de lui avoir donné le
jour, bien que ce soit une très bonne poire.
On commence à trouver des traces de l'existence de cette variété
vers le milieu du XVIP siècle. Merlet et La Quintynie l'ont fait
connaître vers 1675 et depuis cette époque elle est mentionnée
dans tous les ouvrages un peu importants. Tournefort lui consacre
la description suivante : fi Pynis saliva, fructu brumali, gtoboso, /laves-
Formes diverses de la Poire Echasserie, récoltées sur le même arbre.
(Silhouettes obtenues par la coupe longitudinale du fruit.)
— 464 —
cenle, punctata, in ore liquescenle, saccltarala^ odoratissimo . » Cette des-
cription quoique écourtée est exacte et on trouve la traduction
française amplifiée dans plusieurs traités de pomologie.
Miller lui donne la forme d'un citron, Duhamel dit qu'il (le fruit)
est rond ovale, diminué vers la queue, assez ressemblant à l'Am-
bre tte ; quelquefois de la forme d'un citron. M. de Mortillet le dit
ovoïde plus ou moins allongé, s'atténuant vers la queue.
Ce qu'il y a de certain c'est que le fruit de l'Echasserie est un
peu polymorphe, ainsi qu'on pourra aisément s'en apercevoir si on
veut bien jeter un coup-d'œil sur la planche ci-contre. Les
silhouettes figurées ont été obtenues au moyen de coupes, dans le
sens de la longueur, pratiquées sur plusieurs poires récoltées cette
année sur le même arbre; elles sont donc parfaitement exactes.
Les figures données par plusieurs auteurs indiquent également des
différences assez appréciables entre elles.
Je ne sais pas si cela tient à des conditions d'adaptation tout à
fait spéciales que cette variété aurait rencontrées dans le jardin
dont j'ai parlé, mais ce qu'il y a de certain c'est une des sortes les
plus fertiles de l'endroit : elle ne saisonne pas. Les branches de
l'arbre sont flexibles; la queue et longue et solidement attachée,
ce qui lui permet de résister jusqu'à la un de la saison aux grands
vents qui surviennent pendant l'année. Rentrée au fruitier elle s'y
conserve bien souvent jusqu'en janvier.
Le seul reproche qu'on pourrait peut-être adresser à l'Echasse-
rie, c'est d'être, comme toutes les variétés bi-centenaires, un peu
sujette aux atteintes des maladies cryptogamiques. Cependant je
n'ai pas eu trop à me plaindre du sujet dont je parle.
Voici du reste la description que j'ai faite de l'arbre que je cul-
tive et des fruits qu'il porte :
Arbre d'aspect buissonneux, de vigueur très modérée, à ra-
meaux de l'année nombreux, droits, minces, grêles, fluets et
flexibles.
Boutons à fruits, nombreux, portés sur des rameaux courts,
de faible grosseur.
Feuilles longuement pétiolées, ovales, le plus souvent ovale très
allongées, quelques-unes presque lancéolées. Entrenoeuds (méri-
thalles) rapprochés.
Fruit souvent en bouquet, quelquefois solitaire, dans ce cas
atteignant un développement un peu plus fort, souvent subsphé-
rique ou en ellipse raccourcie; quelquefois ovoïde et atténué aux
deux extrémités.
Peau rude au toucher, d'un vert pâle, semée de ponctuations
grisâtres, vert clair et passant au vert blond à la maturité.
— 465 ~
Œil petit, ouvert, à divisions courtes, brunes, placé dans une
dépression faible.
Queue ou pédoncule long, aminci vers le milieu, gros vers le
sommet, solidement attaché, flexible et portant des rudiments de
bourgeons, s'insérant dans une légère dépression formée par le
fruit.
Cbair blanche, fine, fondante, un peu graveleuse, eau abondante
très sucrée, à peine musquée, excellente.
Maturité de novembre à janvier. V. V,-M.
Compte-rendu de l'Exposition d'horticulture tenue à
Villefranche (Rhône), le 29 Août 1886.
Délégué par l'Association horticola lyonnaise pour aider à la formation
du Jury chargé d'attribuer les récompenses aux exposants du concours qui
s'est tenu à VillefraDohe (Rhône), le 29 août dernier, je viens rendre compte
du mandat qui m'avait été confié.
En entrant dans la salle où se tenait l'exposition, j'ai été vivement im-
pressionné, car je venais, légionnaire du Rhône, de reconnaître l'endroit
même où, en 1870, nous fûmes désarmés pour aller ensuite assister à l'exécu-
tion de trois de nos camarades condamnés par la Cour martiale, pour des pé-
cadilles, à être fusillés. Triste chose que la guerre !
J'oublie bien vite ce triste épisode de ma vie militaire pour melivrer tout
entier à l'admiration que produit sur moi l'aspect ravissant de cette salle
garnie de fleurs, de fruits et de légumes. Elle représente un carré long,
meublé de gradins sur les côtés, d'une grande estrade au fond et à l'entrée
d'une tribune où s'entassent les objets exposés.
Voici l'ordre dans lequel ont été décernées les récompenses :
Le Grand pris d'honneur, vase de Sèvres off'ert par M. le Ministre de
l'Agriculture est gagné par M. Ceindre, de Villefranche ; son exposition était
composée : l'd'un lot de Glaïeuls, de roses coupées, Pétunias simples et dou-
bles, Zinias, Penstemons, Amaranthes, Phlox, Reine-Marguerite, Dalhias
doubles et simples, et d'un lots de bouquets, couronnes, corbeilles, etc.
Prix d'honneur, grande médaille d'argent du Ministre, à M. Chaboud,
horticulteur à Villefranche, pour un lot de légumes variés, un lot de fruits,
dans lequel nous avons remarqué de belles poires telles que Notaire Lepin,
excellent fruit d'hiver, un lot de fleurs coupées, Roses, Dalhias, Phlox,
Glaïeuls.
Médaille de vermeil, à M. Ponceblanc à Villefranche, pour roses coupées,
Reines-Marguerite, Zinnias, et bouquets, couronnes, surtout de table, cor-
beilles de graminées et fleura sèches.
Grande médaille d'argent, à M. Juvanon à Rive-de-Gier, qui a su nous
présenter un beau lot de fruits.
Grande médaille d'argent, M. Longeron à Limas, pour un lot de vignes
greffées et producteurs directs en arrachis. Nous avons dégusté avec plaisir
du vin récolté en 1886, de précoce de Venise, raisin noir à vin gris très bon
et fort eu alcool, id. vin muscat do Lunel, moins musqué que l'indique le
nom.
Grande médaille d'argent, à MM. Poisard frère?, à Anse, lot de roses cou-
pées, Dalhias grande et petite fleurs.
Médaille d'argent à M. Romanet à St-Georges-de-Reneins, collection de
Houblons : H. de Bohême très productif, H. d'Ulm très précoce.
Grande médaille à M. Lablache, jardinier chez M. le comte de Longe-
vialle à Gleizé, pour un lot de fruits variés. Glaïeuls, et fleurs coupées de
Géraniums, Dalhias et Pétunias.
— 466 —
firande médaille d'argent, M. Charbonnel, jardinier chez M. le vicomte
de Lauriston. à Theizé pour collection de Coleu3 de semis, très variés ; dans
le nombre, nous avons remarqué une plante naine dont les feuilles ne me-
surent pas moins de 34 c. de longueur sur 25 c. de largeur. Ce Co'eus a été
dédié à Mme la vicomtesse de Lauriston.
Médaille de bronze du Ministre, à M. Guerrier, jardinier chez M. Roche-
Alix à Villefranche, pour une collection bien choisie de Dalhias.
Médaille de bronze à M. Dubessj à Villefranche, pour une collection de
raisins et bocaux dans lesquels il y avait un Malon, et deux avea Cornichon
serpentin bien réussis.
Je suis très flatté de la bonne réception que nous a fait l'aimable société
caladoise présidée par M. Marmonier, député du Rhône, assisté deM. Guyot
sénateur, de M. le Maire de Villefraiche, et plusieurs représentants des
corps élus. Duché.
Concours spéciaux organisés par l'Association
horticole lyonnaise.
1° CULTURE maraîchère
Rapport de la Gommission des visites, composée de MM. Grenier,
J. Jacquier, Clapot, Verne et Pelletier père.
La culture maraîchère est sans contredit la partie la plus utile de l'horti-
culture, et il est vraiment regrettable qu'elle ne soit pas prise en meilleure
considération par un plus grand nombre de praticiens. La plupart ne s'y
adonnent qu'à regret et n'ont pas pour elle cet. attachement vivace qu'on
remarque dans d'autres branches horticoles.
La culture des légumes donne pourtant des résultats avantageux à ceux
qui s'en occupent avec amour et intelligence. «■
Si nous recherchons les causes qui empêchent la culture maraîchère d'at-
tirer à elle un plus grand nombre d'adeptes fervents, nous trouvons d'abord
à placer en première ligne les pénibles et incessants travaux qui fatiguent
le corps et auxquels tous les hommes ne sont pas aptes à se plier sans mur-
murer. D'autre part, les espèces comestibles qui servent à l'alimentation de
l'homme, ne sont pas très nombreuses et ne font qu'apparaître dans les jar-
dins. Le maraîcher n'a donc pas le temps de s'attacher aux plantes qu'il
cultive, de la même façon que le fleuriste ou le pépiniériste qui, pendant de
longues années, vit constamment au milieu de ses fleurs ou de ses arbres.
De là l'immigration dans d'autres cultures.
Ces réflexions nous sont venues à la suite de nombreuses visites faites
depuis plusieurs années chez les horticulteurs maraîchers. Nous remarquons
que le petit carré consacré aux fleurs dans chaque jardin tend toujours à
s'agrandir, et même souvent un beau jour elles envahissent toute la place
et le maraîcher devient fleuriste.
Pourquoi ce changement? Nous l'avons déjà dit : la culture des fleurs est
plus agréable ot moins pénible que celle des légumes. Ensuite, il faut bien
le dire, le commerce des plantes établit des rapports journaliers entre con-
frères et élargit la sphère d'action individuelle. Des réunions entre confrères
sont fréquentes et l'on y cause avec plaisir du métier.
La culture maraîchère n'offre pas les mêmes agréments. Les maraîchers
sont peu communicatifs, — est-ce à tort ou à raison? nous pensons que c'est
à tort. Ils se cachent les uns des autres ce qu'ils peuvent savoir; ne disent
jamais à leur voisin à quelle époque ils sèment leurs graines, se taisent sur
leur qualité et leur provenance. Ils sont coutumiers, quelques-uns routi-
niers, et il est très difficile de leur faire adopter un légume nouveau pour la
contrée, quand bien même ce légume pourrait rendre de grands services aux
consommateurs.
— 467 —
De ce qui précède, il ne faudrait pas conclure que le maraîcher soit sans
mérite, au contraire. S'il est routinier et peu communicatif, cela tient au
métier qui exige de dire peu et de faire beaucoup.
Si le maraîcher ne cultive pas des plantes qui ont le don de plaira comme
les fleurs, en revanche, c'est à lui qu'est échu le lot le plus utile et le plus
important. Da reste, chacun a bien compris cela, et nos ministres de l'agri-
culture qui encouragent cette branche spéciale de l'horticulture d'une ma-
nière tonte particulière, le savent mieux que personne.
Visite chez U. Hyvert, chemin de la Croix-Morlon, à Monplaisir.
Lacoramission s'est réunie le 24 juin et a commencé ses visites par le jardin
de M. Hyvert. Comme le plus grand nombre des jardins maraîchers de la
contrée, le jardin en question est clos de murs garni do vignes conduites en
espalier Plusieurs contre-espaliers de vignes sillonnent également la pro-
priété. Dire que l'entretien de ces vignes feraient honneur à plus d'un vigne-
ron, c'est rendre justice à celui qui les conduit. Entie les contre-espaliers
en question se trouve la culture maraîchère très proprement tenue. De beaux
produits de la saison s'alignent en de nombreuses plates-bandes, tels que
céleri, chicorée, carottes, laitues, etc., cultivés avec beaucoup de goût. La
belle tenue de ce jardin, la vigueur des légumes qu'il contient fait honneur
au travail de M. Hjvert. Quelques fleurs parsemées çà tt là, dans la jardin,
sont également l'objet des soins de notre collègue.
La commissioB, très satisfaite de sa visite, accorde une médaille de ver-
meil à M. Hyvert.
"Visite chez M. Favre, chemin de St-Alban, Monplaisir.
Les cultures de M. Favre sont de beaucoup plus grandes que celles do
M. Hyvert et contiennent plus de gros légumes : choux variés, pommes
de terre en collection, navets variés, carottes, ogaons, etc.
Ces cultures sont, également closes de murs, garnies de vignes et de
contre-bordures de poiriers, dont l'entretien prouve que M. Favre aime
l'arboriculture et la met en pratique à en juger par la tenue de ses arbres.
Dans ses cultures maraîchères nous remarquons des navets très hâtifs
violet, en général d'une dimension extraordinaire ; ce qui surtout attire
notre attention, c'est une variété de chou dit Milan, que M. Favre avait
déjà montré sur le bureau de l'Association horticole lyonnaise, à la précé-
dente réunion. Nous avons le plaisir de coastator qae la plaça qu'avait
occupé ses choux était presque vide à part quelques-uns qui avaient échappé
au couteau de lajardinière, ce qui prouve sa précocité. C'est un gain d'un
réel mérite.
La Commission accorde une médaille d'or à M. Favre pour l'ensemble de
ses cultures et spécialement pour la variété du chou Milan précoce.
La Commission invite M. Favre à faire connaître plus amplement cette
variété de chou qu'elle n'a pas pu juger comme elle l'aurait fait, si sa
visite avait eu lieu un peu plus tôt. Le Rapporteur, Pelletier père.
Visite aux cultures de M. J.-B. Guillot et fils, rosiéristes,
Chemin des Pins, à Lyon
La Commiî^sion chargée de juger les Etablissements d'horticulture était
composée de MM. Liabaud, Métrai, E. Labruyère, Drevet et Chrétien. Elle
s'et rendue le 27 juillet, pour procéder à ses opérations, chez MM. J.-B.
Guillot et fils, rosiéristes, à Lyon-Guillotière.
L'établissement de MM. Guillot est divisé en trois parties:
La première, qui est le siège principal de l'établissement, est réservée au
semis, aux variétés à l'étude et à la collection. Celle-ci est composée d'envi-
ron 2,000 variétés classés par genres, et constitue une école hors ligne et
— 468 —
de grande valeur où les amateurs de roses peuvent rapidement juger et
comparer entra elles les variétés les plus méritantes. L'ordre le plus parfait
a présidé à l'arrangement de ces nombreuses variétés toutes bien étiquetées.
Nous remarquons là l'élite des variétés connues et nous citons quelques
unes des plus belles ou des plus nouvelles telles que : Gloire lyonnaise,
W. Francis Benett, Honorable Edith Gifjford, M'°-° Eugène Verdier, Lady Marie
Fitz-Villiom, Heim-ich Schultes, Merveille de Lyon, Antoine Merviet, Grâce
Darling, .V"° A. Bernaix, Pierre Guillot, Le Vésuve, Bemté de l'Europe,
Etoile de Lyon, Marie Vanf/outte, Charles Lefèbre, Jean Liabaud, etc.
Nous remarquons aussi des sortes inédites qui seront mises au commerça
par l'établissement, telles que: M™« J. Desbois, issue de Baronne de Roths-
child et de Madame Falcot; Luciole, fort belle variété de thé.
La deuxième et la troisième section de l'établissement, destinées au s
cultures pour la vente sont situées aux environs du dit établissement dans
deux clos d'une superficie d'environ 12 bicherées lyonnaises. De nombreux
rosiers les garnissent complètement et sont irréprochables comme culture.
Un étiquetage soigné garantit les variétés contre les erreurs de nomencla-
ture qui pourraient se commettre. La culture est partagée en hantes-tiges,
demi-tiges et nains greffés sur collet d'églantier, en tout environ 50 à 55,000
pieds de rosiers disponibles.
La Commission très satisfaite de la belle tenue de l'établissement de MM.
Guillot et fils, leur accorde ua grand prix, grande médaille d'or.
Le Rapporteur, J. Chrétien.
Visite aux cultures de M. Bonnalre, rosiérlste, chemin des
Hérideaux, à Lyon-Monplaisir.
L'établissement de M. Joseph Bonnaire, horticulteur rosiériste, avenue
des Ponts et chemin des Hérideaux, à Lyon-Monplaisir. est entièrement
coueacré à la culture des rosiers et recouvre une superficie d'environ 8 à
10 mille mètres carrés.
Tous les genres de rosiers sont cultivés par M. Bonnaire, et sa collection
est composée de l'élite des plus belles roses, représentés par des sujets d'une
vigueur peu commune.
En entrant, nous remarquons un carré de magnifiques tiges d'églantiers
propres à recevoir la greff'e. Plus loin deux autres grands carrés, l'un
d'hybrides remontants, l'autre de rosiers thés, ne méritent que des éloges,
tellement la réussite des greffes est régulière, et la ramification des sujets
parfaite. On ne saurait voir plus belle marchandise que ces 20 à 25 mille
rosiers bons à la vente.
La collection de M. Bonnaire fe compose d'environ 800 variétés choisies
parmi les meilleures variétés anciennes ou nouvelles.
La Commission très satisfaite de sa visite, a constaté que M. Bonnaire
était un habile cultivateur. Pour le récompenser elle lui décerne un pre-
mier prix, médaille d'or. Le Rapporteur, Drevet.
Rapport de la Commission des Visites
(Section des propriétés bourgeoises.)
Le 4 août, la Commission, composée de MM. Cl. Jacquier, L. Gorret,
A. Bernaix, Rozain, Jusseaud et Valla, s'est rendue à St-Chamond (Loire),
dans la propriété de M. Oriol dont M. François Charles est le jardinier.
Quatre hectares environ sont sous sa direction et il se tire de leur culture
avec honneur. On remarque de nombreuses corbeilles disposées et compo-
sées avec gotît :
1° Sur une partie tracée à la française il y a huit corbeilles, une partie à
l'italienne, les autres en mosaïques de différentes formes, très -régulières et
composées de plus de 15,000 plantes de tous genres avec des contrastes de
bon goût, et imitant chacune différents dessins.
— 469 —
Tous les massifs d'arbres, arbustes et plate-bandes de la propriété sont
bordés de différentes variétés de Géranium, Ageratum, Coleus et autres
plantes à feuillage rouge, jaune ou blanc, ce qui produit un effet saisissant.
Deux serres sont garnies de belles plantes, Fougères, Caladium, Bégonia, etc.
Le jardin potager est très-bien tenu, il est garni de beaux légumes très-
variés.
La Commission accorde à M. F. Charles un grand premier prix et une
grande médaille d'or.
Le6aoiit la Commission b'est rendue à Miribel dans la propriété de
M. Hébrard, dont M. A. Martin est le jardinier, il nous a montré que dans
une petite propriété l'on pouvait réunir beaucoup de choses quand chacune
d'elles est à sa place. Tout est bien varié, les massifs bien composés de Gé-
ranium. P. -L. Courrier, M.Thibaut, Victor Millot, et autres en mosaïques bien
distinctes. Corbeilles et plate-bandes de rosiers très-bien étiquetées; le tout
ressort sur des pelouses régulièrement tondues et arrosées ce qui rend un
aspect frais et agréable.
Les arbres fruitiers sont en bon état et, quoique jeunes, garnis de fruits.
Plusieurs parties de jardin potager où sont tous les légumes de choix, même
quelques genres en collection, tels que choux, melons, tomates garnies de
superbes fruits, panais, pissenlits améliorés, bettes gaufrées, fraisiers quatre-
saisons de semis, etc.
La Commission a accordé à M. Martin un premier prix et une médaille d'or.
Le 5 août la Commission s'est rendue chez M. Letourneur, à la Demi-Lune,
dont M. Jambon est le jardinier. Tout y est cultivé et disposé avec art; le
choix des plantes est du meilleur goût. Les Géraniums dont 150 variétés de
différents genres, sont les uns en bordures, les autres en corbeilles. Chaque
caisse de laurier-rose et d'oranger est ornée en dessus de géranium pelta-
lum et entourée de Géraniums zonales, autant de caisses autant de variétés
différentes, ce qui produit un bel effet. Des corbeilles d'hortensia les uns
bleus, les autres rouges sont couverts d'une quantité de fleurs. Une corbeille
est composée d'héliotropes alternés de Géranium de différentes nuances,
rose, rouge, saumon, blanc. Comme plantes isolées quelques Cannas jetés
çà et là sont entourés d'une bordure desauge panachée. De superbes pelouses
qui outre ces beaux massifs sont parsemées çà et là de plantes à beau feuil-
lage : Acanthes, Rhubarbes, Eulalias, etc. '
La Commission accorde à M. Jambon un deuxième prix et une médaille de
vermeil.
Le 29 juillet la Commission s'est rendue chez M"» Péricaud, à la Balme,
dont M. Claitte est le jardinier.
Cette vaste propriété, dont 10 hectares environ sont confiés aux soins du
jardinier qui s'en acquitte avec intelligence. Nous y avons remarqué de
magnifiques corbeilles d'Anthémis, Cannas, Caladium, Coleus, Géranium, etc.
Lo jardin potager est très bien garni de différents légumes de la saison et
orné de plate-bandes bien fleuries, et de divers arbres fruitiers en bon état
et garnis de beaux fruits. Quoique très grande l'ordre dans la propriété rési-
dait partout ; les plantations d'arbres et d'arbustes sont faites aussi avec un
soin particulier.
La Commission accorde à M. Claitte un 2°'«prix, médaille do vermeil.
Le 6 août la Commission a été à La Pape, chez M. Besson, qui a pour jar-
dinier M. Pierre Champalle. La propriété est de deux hectares, et demi dont
une partie seulement peut être utilisée comme agrément et jardin potager; le
reste est une pente.
— 470 —
Dans la partie d'agrément on remarque de beaux Cannas, des Bégonias
tubéreux et semperflorens ; quelques plantes isoléas : Arundos panachés,
Musa?, Mimosas, etc.
Le jardin potager est garni des légumes de la saison, de quelques arbres
fruitiers et de vignes.
La Commission accorde un 2"° prix, méJaille d'argent, à M. Champalle.
Le Rapporteur^ Cl. Jusseaud.
Visite des cultures dirigées par M. G Lavenir, jardinier chez
M. F. Morel, pépiniériste, à Lyon-Vaise.
Les chefs d'établissement d'horticulture se plaignent assez généialement
de la difficulté qu'ils éprouvent à recruter un boa personnel : les garçons
jardiniers instruits daus las choses du métier, actifs et laborieux devenant
de jour en jour plus rares. Mais si les bons garçons jardiniers deviennent
rares et difficiles à recruter, c'est bien autre chose quand il s'agit des chefs
capables de diriger les cultures d'un établissement.
La Commission a donc été particulièrement satisfaite de voir que la race
des bons chefs de cultures n'était pas encore éteinte, en visitant l'établisse-
ment de M. Fraucisque Morel, confiée aux soins de M. Lavenir. Sa satisfac-
tion a été complète, car en même temps qu'uue propreté et un ordre parfaits
régnaient dans tout l'établissement, elle a pu juger avec quelle habileté
M. Lavenir multipliait et cultivait certaines plantes peu communes. La Com-
mission a pu apprécier aussi combien l'étiquetage des collections horticoles
très nombreuses dans l'établissement, était régulier.
M. Cl. Lavenir s'est particulièrement surpassé dans la multiplication des
Clématites, Pivoines, Lierres en arbres, P'usains grelféj, Erables du Japon,
Genêt hérisson, Chojsia ternata et une foule d'arbustes rares qu'il serait
trop long d'énumérer.
La Commission des visites pour récompenser ;le talent et les mérites pro-
fessionnels de M. Lavenir lui accorde une médaille d'or.
Le liojijiorteur, 3. Métral.
Visite de la collection de Camellias, cultivés par M. Villard, jardi-
nier chez Mme Vachon-Saunier, à Ecully.
M. Villard, jardinier chez M""' Vachon-Saunier, àEcullj, ayant demandé
à faire visiter les camellias dont il dirige la culturo, an moment où ils
étaient en fleurs, l'Association horticole lyonnaise a désigné MM. Liabaud,
Cl. Jacquier, Rozain, L. Gorret et Jules Chrétien, pour se rendre à l'appel
de notre Collègue.
La Commission qui s'est rendue le 16 mars dernier chez M™° Vachon, vient
de rendre compte de sa visite.
Les camellias en question remplissent une très belle orangerie et deux
grandes serres à deux pentes. Ils sont cultivés en caisse et élevés pour la
plupart en pyramides variant entre un et trois mètres de hauteur. Il y a un
peu plus de cent plantes en cinquaate variétés.
La richesse de la végétation de ces camellias est vraiment exubérante et
fait honneur au talent de cultivateur de M. Villard. Au moment de
notre visite la floraison est à son a^^ogée et nous pouvons à notre aise admi-
rer toutes nos bonnes et anciennes variétés parmi lesquelles je citerai :
Oc/trok'uca , Saccoï-Nova , Caryophylloides , C/iandleri eleijans , pncturata ,
trico/o)-, Marguerite Gowllon, Jubilé, LmcIi/ Gru/fon, Turgioni etc., etc.
Les Camellias sont bordés dans ces trois serres par des plantes ornemen-
tales pour les garnitures d'appartement, et toutes en bonne état de culture,
tel que : Azo/ées de l'Inde, Habtotuninus, Eupaturiuin, Lauriers Tins,
P/iormiiim tenax , Dracœua variés, Chumœrops varp's, Fougères variées.
Cinéraires, Primevères etc., etc.
— 471 —
En dehors de ses serres, M. Villard, nous a fait voir une calture maraî-
chère très bien combinée, le tout sous châssis sur couches, et là, il y avait
de tout ce qui faut pour l'aménagement d'une maison bour^feoise. On j
voyait: pommes de terre, haricots, fraisiers, salades et légumes da saison,
sous châssis à froid.
La Commission voulant récompenser les soins et le zèle de ce bon prati-
cien, lui accorde une médaille d'or. Le /{opporteirr, J. Chrétien.
Cépage nouveau.
Vigne Gamay précoce, dit Ganiay de Juillet. — Plant très vigoureux, d'une
grande fertilité (deurissant jusqu'à trois fois par saison). Grappe assez grosse
et compacte à grain moyen ou assez gros, noir cendré bleuàtra, de bonne
qualité, mûrissant sous notre climat (Troyes) variable et tempéré, de la fin
de juillet à la fin d'aoiît, et permettant ainsi de vendanger un mois avant
l'époque ordinaire.
A. rExposition du 16 septembre dernier, qui s'est tenue à Troyes, la vin
de 1886 fabriqué avec cette espèce a valu à M. Lescuriot, propriétaire-viti-
culteur, qui a fait connaître ce cépage, la médaille de la Société des Agri-
culteurs de France.
Description extraite du Catalogue de MM. Baltet frères, à Troyes (Aube).
Roses Nouvelles
Orgueil de Lyon (Hyh.) — Plante vigoureuse, fleur moyenne, bien faite,
sssez pleine, coloris cramoisi ponceau velouté, éclairé de vermillon à reflet
f'Mi, pétales gaufrés à l'épanouissement, fleurissant abondamment, bois
droit et peu épineux.
Docteur Antonin Joly (Hyb.) — Plante vigoureuse, genre Baronne do
Rothschild, dont elle est issue et aconservé les caractères et la végétation,
fleur ayant en moyenne 12 à 15 cent, de diamètre, très pleine, bien faite, en
forme de coupe, coloris rose brillant à fond vif et éclairé de saumon, plante
extra. — Cette variété a obtenu un certificat de première classe (séance du
20 juin de l'Association horticole).
Ces deux rosiers ont été obtenus et sont mis au commerce par M. A.
Ecsson, rosiériste à Lyon-Monplaisir.
Madame Treyve-Marie. — Arbuste très vigoureux, à rameaux droits et
touffus, beau feuillage vert clair à deux paires de foUioles, fleur grande,
pleine, d'un beau coloris rouge clair, nuancé orange, passe au bronze au
déclin, coloris nouveau et distinct. Franchement remontant.
Mademoiselle Marie Dauphin. — Arbuste très -vigoureux, à rameaux droits,,
forts, beau feuillage vert foncé à trois paires de folioles, fleur très grande,
pleine, d'un beau rose tendre reflété d'un lilas très frais au centre, coloris
nouveau et distinct.
Monsieur Emile Masson. — Arbuste trèJ vigoureux, à rameaux droit.",
beau feuillage vert foncé à deux paires de folioles, aiguillons moyens et peu
nombreux, fleur grande, pleine, rouge poui'pre velouté. Franchement re-
montante.
Monsieur Jules Deroudilhe. — Arbuste très vigoureux, à rameaux droits,
toufi'us, beau feuillage vert clair à deux paires da folioles, fleur moyenne ou
grande, pleine, rouge pourpre cramoisi, forme on coupe parfaite. Constam-
m jnt fleuri.
Ces quatre rosiers ont été obtenus de semis et sont mis au commerce par
M. Liabaud, horticulteur à Lyon-Croix-Rousse.
— 472 —
Catalogues. — Baltet Frères, hortioulteurs-pépiniéristes à Troyes
(A.ube). — Catalogue des espèces ou variétés d'arbres fruitiers, forestiers,
d'ornement, d'arbrisseaux toujours verts, d'arbustes grimpants, conifères,
jeunes plantes vivaces, plantes de serre, etc.
Ferdinand Gaillard, viticulteur à Brignais près Lyon. — Catalogue et
prix courant des Vignes américaines cultivées dans l'établissement. Produc-
teurs directs et porte-greifes. Vignes franco-américaines, pépins de vignes
américaines. Variétés de collection.
Grandjean, pépiniériste à St-Maurice de Rémens. — Catalogue des arbres
à fruits (Pommiers, poiriers, pêchers, cerisiers, etc.) et des rosiers en col-
lection cultivés dans l'établissement.
Verilhac J. père et fils, horticulteur à Annonay (Ardèche). — Catalogue
des jeunes planta d'arbres, d'arbustes, conifères, etc. Arbres fruitiers, fores-
tier», rosiers, graines, plantes vivaces, vignes américaines, etc.
Elle SÉGUENOT, horticulteur à Bourg-Argental (Loire). — Catalogue com-
prenant rénumération d'une très belle et très nombreuse collection de coni-
fères ainsi que d'arbres ou d'arbustes forestiers et d'ornement, d'arbres frui-
tiers, plantes vivaces et autres, jeunes plants, etc.
— Société d'encouragement à l industrie nationale. — La Société d'encoura-
gement pour l'industrie nationale vient de publier le programme des
prix divers proposés et mis au concours pour les années 1887 et 1889. Nous
en extrayons ce qui se rapporte aux questions horticoles et agricoles.
1» Prix de 2,000 fr. pour la meilleure étude sur l'agriculture et l'économie
rurale d'une province ou d'un département.
2° Prix de 3,000 fr. pour la décoaverte de procédés perfectionnés de trans-
mission à distance de la force motrice à des machines d'agriculture.
3» Prix de 1,000 fr. pour la découverte d'un moyen facile et expéditif de
reconnaître les falsifications des huiles autres que l'huile d'olive.
4° Prix de 1,000 fr. pour l'emploi au boisement dos terrains pauvres et
arides, d'une essence d'arbre peu utilisée, et dont les produits soient au
moins aussi avantageux que ceux des essences forestières employées.
5° Prix de 1,000 fr. pour la mise en valeur de terres incultes, par l'em-
ploi d'arbres fruitiers dont les produits soient utilisés directement dans
l'alimentation de l'homme.
6° Prix de 2,000 fr. pour l'étude des maladies de la vigne désignées sous
les nems d'Aubernage, de Cottis et de Pourridié.
7» Prix de 3,000 fr. pour une étude appuyée de faits expérimentaux pré-
cis et bien constatés sur les variétés de blés à grand rendement les mieux
appropriées à des c(>nditions déterminées du sol, de climat, et avec mention
détaillée des caractères de ces variétés, des procédés da culture employé*
et des résultats obtenus.
8" Prix de 1,500 fr. pour l'emploi des eaux de l'Isère en irrigations.
■ 9"» Prix de 2,000 fr. pour la meilleure étude sur la constitution physique
et la composition chimique comparée des terrains d'une des régions natu-
relles (ou agricoles) de la France, par exemple de la Brie, de la Beauce, du
pays de Caux, etc., etc.
10° Prix de 2,000 fr. pour la meilleure étude sur les cultures et le climat
de l'Algérie, et sur les conditions qu'offre ce pays pour la colonisation, de
façon à fournir des renseignements utiles aux agriculteurs qui iraient s'y
établir en vue d'une entreprise agricole.
Les mémoires destinés à constater les droits des concurrents seront
adressés au secrétariat de la Société d'encouragement pour l'industrie natio-
nale, rue de Rennes, 44, à Paris. Ils devront être remis avant le 1" janvier
de l'année tle la distribution des prix; ce terme est de rigueur.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Irapr. du Salut Public. — Bellon, 33, rue de la République, 33.
1886 NOVEMBRE N° 21
CHRONIQUE
Quand faitl-il tailler les arbres fruitiers? — Telle est la question
que M. Carrelet se pose dans la Bévue horticole, simple histoire de
se donner la satisfaclion de la résoudre.
Taillez-les quand il vous plaira, dit-il, ou mieux lorsque vous
pourrez, c'est-à-dire quand vous aurez le temps. C'est parler d'or.
Et, comme les disciples de Saint Fiacre sont moins pressés en hiver
qu'au printemps, M. Carrelet ne voit nul inconvénient à leur
laisser tailler les arbres fruitiers même avant l'hiver.
Les objections contre cette théorie ne sont pas nombreuses, et
il suffira d'énoncer la principale pour juger de la valeur des autres.
On dit que c'est par crainte de la gelée des bourgeons qu'il faut
se garder de faire fonctionner le sécateur ou la serpette, tant que
les froids excessifs sont à craindre. J'ai dit, on dit. Qui on? Tout le
monde, parbleu! Et où tout le monde a-t-il appris que les bour-
geons avoisinant les parties taillées étaient plus frileux que les
autres? Je n'en sais rien, mais je crois deviner que c'est par abus
du raisonnement. Le raisonnement, voilà ce qui nous trompe. On
raisonne trop; on raisonne mal en ayant l'air de bien raisonner,
parce que le point de départ est faux. On fait ce qu'on appelle à
l'école une pétition de principe. C'est de l'abus de la pétition de
principe que nous vient tout le mal. Vous savez ce que c'est? C'est
une sorte de sophisme baptisé par Aristote, qui consiste à supposer
vrai ce qui est en question, c'est-à-dire à admettre comme démon-
tré précisément, ce qui reste à démontrer.
Et pour en revenir à la question, voilà comment raisonne le
professeur :
« Messieurs, il ne faut pas tailler les arbres avant l'hiver, parce
que la gelée pénétrerait incontinent par les tissus mis à nu par la
taille, et cristalliserait les bourgeons avoisinant la coupe. Le bois,
la moelle, n'ayant plus d'écorce pour les protéger, seraient soumis
— 474 —
à toutes les influences néfastes, désorganisatrices des basses tem-
pératures. »
Quelle profondeur de raisonnemei.t ! dit l'élève; c'est si mou, la
moelle, ajoute-t-il.
En etïet, c'est un raisonnement profond comme un gouffre, qui
séduit et qu'on adopte sans sourciller. Pensez-donc, la moelle
mise à nu, mais ça doit geler; la moelle située au centre des ra-
meaux, protégée par l'écorce, le jeune bois, le vieux bois, les
tissus cellulaires et vasculaires, c'est-à-dire par cinq ou six man-
teaux, cela doit geler de suite, même avant qu'il gèle sérieuse-
ment.
N'essayez plus, après cela, d'arracher de l'idée de votre élève
que la moelle n'aidera pas les bourgeons de vos arbres à s'éva-
nouir au moindre brouillard un peu froid.
Si le premier qui s'est avisé de tenir ce raisonnement pour le
transmettre aux races futures, se fût dit : Je vais essayer de tailler
un de mes arbres avant l'hiver, pour m'assurer si la gelée aura
une influence sur les bourgeons. Une seule expérience lui aurait
appris où était la vérité. Il aurait su que le bois et la moelle ne
laissent pas mieux pénétrer la gelée que l'écorce elle-même, et il
n'aurait pas fait une pétition de principes en admettant comme
vrai, ce qu'il ignorait complètement.
Et s'il eût agi ainsi, une idée fausse et vicieuse ne circulerait
pas aujourd'hui à la place de la vérité et ne hanterait pas le cer-
veau de trop nombreux disciples de Saint Fiacre.
Sauf pour des cas particuliers, comme par exemple quand on
veut affaiblir un arbre trop vigoureux en le taillant lorsqu'il a déjà
poussé, on peut sans inconvénient tailler depuis le moment où il
ne pousse plus, jusqu'à celui où il va pousser.
Exposition d' korlicuUure de Paris. — C'est avec plaisir que nous
apprenons que l'horticulture lyonnaise était représentée à l'Expo-
sition que la Sociélé nalioncde cl eenlralc d'horlicuUure de France a
tenu dernièrement à Paris.
MM. Léonard Lille et Beney y avaient porté leurs beaux Dalhias
simples panachés et striés, que le public lyonnais a pu voir à Lyon
au mois de septembre dernier.
A Paris comme à Lyon, cette nouveauté a été très appréciée
des amateurs et du Jury, qui lui a décerné la plus haute récom-
pense accordée aux nouveautés obtenues de semis.
Parmi les autres récompenses décernées par les divers jurys,
nous signalons les suivantes :
Collection de fruits. — Grande médaille d'or : MM. Croux et fils,
à la vallée d'Aulnay ; grandes médailles de vermeil : MM. Bruneau
— 475 —
et Joste, à Bourg-la-Reine ; G. Boucher, à Paris; l'établissement
de St-Nicolas, à Ignj; Jamet, à Chambourcy.
Collections de raisins. — Grande médaille d'or : M. Salomon, à
Thomery ; médaille d'or : M. Louis Lhérault, à Argenteuil; grande
médaille de vermeil : M. Crapotte, à Contlaos-Saiute-Honorine.
Jnanas. — Médailles d'or : MM. Cremons jeune et Cremons
aîné, à Sarcelles.
Arbres fruitiers. — Grandes médailles d'or : MM. Bruneau et
Joste d'une part, et de l'autre, MM. Croux et fils.
Orchidées fleuries dans les collections de la ville de Lyon. On sait que
la ville de Lyon possède une assez riche collection d'orchidées épi-
phytes, tirées un peu de tous les côtés, mais dont la plupart ont
appartenu au marquis de St-Innocent. Il y a là quelques belles
plantes au milieu d'espèces purement botaniques; celles-ci plus
nombreuses que celles-là, malheureusement. Peu de nouveautés,
hélas! La ville n'achète presque rien, si toutefois elle achète quel-
que chose, et laisse ces habitudes de luxe aux amateurs anglais,
belges ou américains, qui sont assez riches pour suivre la mode.
On ne dira pas que nos édiles gaspillent l'argent des contribuables
en achetant des plantes nouvelles.
Actuellement, — on ne s'en douterait pas à Lyon, — la mode
est aux Orchidées. Il faut être pauvre, dans certains pays, pour
ne pas avoir quelques-unes de ces plantes bizarres. Il y a des
amateurs anglais qui ont payé jusqu'à quatre, cinq et même six
mille francs, des spécimens rares de certains genres.
Les Orchidées ne produisent pas autant d'effet que les Azalées,
les Rhododendrons, les Pelargoniums et plusieurs autres genres;
mais, en revanche, elles possèdent une variation incroyable défor-
mes souvent étranges, d'odeurs suaves et de coloris singuliers,
quelquefois brillants.
On pouvait voir fleuries, il y a quelques jours, dans la collection
de la ville, toute une série de Fanda, notamment les F. suavis,
Lcopoldii, Fan-Geerli, Pescatorii, etc.; les Cypripedium Ashhurtoniœ,
JRœzli, Sedeni, barbatum; plusieurs Oneidium, des Epidendrtun, un
Zygopelalum, etc.
Un bon exemple. — M. de Cherville raconte que, bien jeune en-
core, il se promenait dans la campagne avec un grand seigneur,
vénérable débris de la cour de Charles X. Nous suivions, dit-il,
un sentier herbeux entre deux champs; un cheval y avait laissé
tomber ce que Molière appelait le superflu de la nourriture; il se
trouvait là en quantité suffisante à démontrer que l'animal avait
plantureusement dîné. A ma grande surprise, je vis l'ancien pair
— 476 —
de France pousser du bout de sa botte ces crottins dans le blé
voisin et les éparpiller soigneusement sur le sillon.
— Ce champ est donc à vous? lui demandai-je.
— Ma foi non, me répondit-il, je n'en connais même pas le
propriétaire; mais vous saurez, mon enfant qu'il ne faut jamais
laisser se perdre ce qui peut être utile à quelqu'un. Qui sait si les
grains de blé que ce fumier fera pousser n'empêcheront pas, ne
fût-ce qu'un oiseau, de mourir de faim?
De la dégénérescence des anciennes variétés de fruits. — Un de mes
amis a offert de parier qu'il reconnaîtrait dans un jardin quelcon-
que, la plupart des anciennes variétés de poires. Je ne suis pas
pomologue, tant s'en faut, disait-il; mais j'ai remarqué que les
neuf dixièmes des variétés d'origine ancienne produisent des fruits
difformes, fendillés, tachés; qu'elles sont les premières envahies
par les cryptogames, tandis que les variétés d'obtention plus récente
ne présentent pas ces signes précurseurs de caducité.
Je crois qu'il a raison.
J'observe, en effet, sur deux ou trois cents poiriers de semis,
âgés de vingt-cinq ans environ, que je cultive et donnant tous des
fruits, qu'il n'y en a pas un qui présente des poires malades ou mal
conformées. Dans le même jardin, au contraire, le Doyenné d'hi-
ver, le Beurré blanc, le Beurré gris, le Besi de Chaumontel,
l'Echasserie, la Crassanne, le Saint-Germain sont très souvent ger-
cés, pierreux, tachés et rabougris.
Il faut conclure de cette observation, qu'il est utile de substituer
dans les plantations aux anciennes variétés, des sortes plus récentes
de même valeur.
Les meilleures variétés de pommes de terre. — La France agricole
publie la petite note suivante que nous lui empruntons :
« Pendant l'année 1886 l'Institut agricole de Beauvais a conti-
nué les études expérimentales sur les pommes de terre commencées
il y a plus de vingt ans sous l'habile direction du frère Eugène -
Marie.
« Cette année, les expériences ont porté sur la nature du ter-
rain, le climat, l'époque de la plantation, la profondeur, l'écarte-
ment, le buttage, les divers engrais, etc.
« Voici l'ordre de classement des variétés d'après les expérien-
ces :
« Pommes de terre hâtives. — Brésée polific, a donné 25,000
kilogr. par hectare ; Early rose, 26,000 kilogr. Viennent ensuite :
Joseph Rigault, Shaw, Jaune plate de Roscoff.
« Demi-hâtives. — Semis de l'Institut, 34,800 kilogr. Eléphant,
— 477 —
27,500 kilogr. Puis: Séguin, Burbank's seedling, Adirondack,
Magnum bonum.
« Tardives. — Red'skinned flour bail, 29,800 kilogr. Lorraine,
Idaho.
« Ces résultats ont été obtenus en grande culture sur plusieurs
hectares cultivés normalement à la charrue.
« Les terres de l'Institut de Beauvais sont limoneuses, à sous-
sol crayeux et caillouteux. Les pommes de terre ont reçu de 60 à
60,000 kilogr. de fumier par hectare.
Chou asperge. M. Delanoue a publié dans le Bulletin de la Société
Tourangelle d'horticulture une note par laquelle il recommande la
culture de cette variété de chou. « Cette variété, dit-il, a une
qualité qui, si elle était connue, la ferait répandre promptement et
apprécier de tous : elle se consomme à une époque où tous les
autres choux font complètement défaut.
« Le nom d'asperge lui a été donné, non à cause de sa forme,
qui est celle de tous les choux en général, mais parce que les tiges
qui supportent les fleurs sont moelleuses, tendres, et que cuites elles
rappellent par leur forme et leur goût l'asperge si connue. Cette
variété est très estimée en Angleterre où , avec le chou marin
(Grambe mariiima) ils forment le plat national, paraissant sur la
table du pauvre, aussi bien que sur celle du riche.
« Sa culture est des plus faciles, il résiste aux hivers les plus
rigoureux. Je le sème en avril-mai, en terrine, et je repique les
jeunes plants en pépinière pour les mettre en place du 15 juillet
au 15 août, espacés entre eux de 50 à 70 centimètres. Quel-
ques arrosages seulement suffiront dans les derniers mois de l'été.
Quelques sarclages en automne seront les seuls soins à donner aux
plantes dont la récolte commence en février pour se terminer en
avril. »
L'auteur de cette note dit qu'il ignore d'où vient le chou-asperge
dont il a reçu la graine d'Angleterre.
Le choux asperge n'est pas autre chose que le chou cavalier,
également connu sous les noms de chou arbre , chou arbre de
Laponie, grand chou à vache, grand chou de Bretagne, chou sans
tête, etc.
La variété en question qui atteint souvent une grande dimension
est surtout cultivée pour la nourriture du bétail qui en consomme
les feuilles. Avis à ceux qui voudraient l'employer à un autre usage
et s'assurer si les tiges florales valent les turions d'asperge.
V. V--M.
— 478 —
Souscription volontaire en faveur des horticulteurs
des environs de Paris, dont les cultures ont été
ravagées par la grêle.
La Société nationale d'horticulture de France a adressé à tous
ses membres ainsi qu'à foutes les sociétés correspondantes la lettre
suivante :
Monsieur et cher CoLLÉarE,
Les ravages causés à l'horticulture par le terrible ouragan de pluie et de
grêle du 23 août dernier ont été considérables dans le département de la
Seine.
Le Conseil d'administration de la Société nationale d'horticulture de France
s'est ému de ce triste état de choses, et une Commission a été chargée par lui
d'évaluer approximativement l'importance des dégâts et de lui en rendre
compte.
Il résulte de l'enquête à laquelle s'est livrée cette Commission que le total
des pertes subies atteint environ cinq millions cinq cent mille francs, qui se
répartissent ainsi: horticulture d'ornement 2,500,000 fr., culture maraîchère
1,500,000 fr., arboriculture fruitière et d'agrément 1,500,000 fr.
L'énormité de ce chiffre a encore pour circonstance aggravante qu'il est
atteint sur une surface de quelques kilomètres seulement, de sorte que, dans
la population qui a subi ce désastre, beaucoup d'horticulteurs ont tout perdu
et restent sans ressources. Aussi, sur la proposition qui lui a été faite par la
Commission d'enquête, le Conseil a-t-il décidé, comme première mesure à
prendre, qu'une souscription volontaire serait ouverte par la Société, pour
venir en aide aux personnes les plus éprouvées, et que les sociétés affiliées
seraient invitées à y prendre part.
Nous venons en conséquence, monsieur et cher collègue, vous demander
de vouloir bien apporter votre gén'^reux concours à cette œuvre fraternelle,
et nous aider à lui assurer un succès aussi complet que possible.
Veuillez agréer, monsieur et cher collègue, l'assurance de notre parfaite
considération.
Le Secrétaire général, Le Président,
A. BLEU. LÉON SAY.
NOTA. — Les souscriptions seront reçues et centralisées entre les naains du Tré-
sorier de la Société nationale et centrale d'horticulture de France, rue de Grenelle,
Paris.
Les horticulteurs de la région, les membres de l'Association hor-
ticole lyonnaise ne voudront pas laisser passer cette occasion de
prouver que la solidarité horticole n'est pas un vain mot, et en
présence de l'étendue du désastre qui a frappé leurs confrères pari-
siens, ils enverront tous leur obole à la Société chargée de répartir
les secours les plus urgents. V. V.-M.
Nouveau traitement des Vignes phylloxérées (Ij.
Un habile viticulteur, M. Jullien, vient de pubHer un très
intéressant compte-rendu des expériences qu'il a faites en vue de
découvrir un traitement à bon marché des vignes phylloxérées.
(1) Gmetle agricole et viticolc.
— 479 —
L'expérimentateur a voulu appliquer à la vigne les propriétés
si bien et si universellement connues et constatées du soufre et de
ses composés en se servant d'un dissolvant à la portée de tout le
monde.
Reconnaissant l'efficacité absolue des sulfo-carbonates, il a
recherché le moyen pratique de les fabriquer, et nous croyons qu'il
y est parvenu.
Voici comment il compose le désinfectant qu'il préconise :
Faire dissoudre et digérer pendant un ou deux mois, suivant la
température, dans des récipients clos, cent kilog. de soufre en
poudre dans cinq mètres cubes de vidange. Remuer de temps
en temps. Ensuite, verser dans ces eaux de vidange ainsi poly-
sulf urées, par fraction et en brassant cinquante kilogr. de sulfure
de carbone.
Afin d'éviter l'évaporation du sulfure de carbone pendant le
brassage, on peut opérer de la manière suivante : Dans un tonneau
d'un ou deux hectolitres qu'on remplit aux deux tiers de vidange
sulfurée, on verse dix ou vingt kilogr. de sulfure de carbone.
Après l'avoir bouché, on brasse en le roulant et le soulevant alter-
nativement. On le vide ensuite dans les eaux de vidange et on
recommence l'opération jusqu'à épuisement du sulfure de carbone.
Enfermées en récipients clos, ces eaux de vidange ainsi traitées,
se conservent indéfiniment.
Voici maintenant comment on emploie cet insecticide engrais :
Après avoir pioché ou labouré le terrain, arroser le pied de cha-
que souche avec un litre de ce liquide étendu d'eau. Ces arro-
sages doivent être faits l'hiver par une température voisine de
0 degré.
Le traitement d'un hectare de vigne, sans compter la main-
d'œuvre, peut être ainsi évalué :
5 mètres cubes de vidange 25 fr.
100 kilogr. de soufre en poudre 18
50 kilogr. de sulfure de carbone. . , . . . 20
Soit par hectare 63 fr.
Nous avons dit que le traitement devrait être fait à l'hiver,
cependant il est prudent de le répéter plusieurs fois : l'un après la
vendange, l'autre en janvier ou février.
Le traitement de septembre détruira le phylloxéra, celui de
février achèvera les pucerons épargnés par la première application.
Ce traitement, si simple et si économique, s'impose à l'attention
et aux expériences des intéressés. D' Agricola.
— 480 —
Note sur le dépérissement des vignes greffées. —
Ses causes. — Les imperfections de la greffe (1).
Aujourd'hui que les vignes américaines ont fait leurs preuves
et qu'on a été obligé de reconnaître leur résistance au phylloxéra,
on crie de tous côtés que ces vignes greffées ne vivent pas, parce
qu'elles ne durent que trois ou quatre ans au plus.
Il est certain qu'il existe de nombreux cas de dépérissement
qu'il serait inutile de nier; mais il faut aller voir, étudier, se rendre
compte des causes qui peuvent les déterminer. C'est ce que j'ai
fait, et voici le résultat de mes observations.
Le dépérissement des vignes greffées, que nous voyons se pro-
duire, est attribué aux circonstances suivantes :
1° Affranchissement du greffon; — 2° Défaut d'adaptation; —
3° Imperfection de l'opération du greffage.
C'est sur ce dernier point que je veux appeler particulièrement
l'attention des viticulteurs.
Il n'existe pas de motifs sérieux pour douter de la durée d'une
greffe bien faite, non affranchie, sur porte -greffe résistant. La
cause principale du dépérissement réside dans les mauvaises sou-
dures ; or, il y a imperfection :
1" Quand on emploie un greffon taillé inégalement, c'est-à-dire
quand la moelle ne paraît que d'un côté ;
2° Quand on fait la fente du porte-greffe plus longue que le
biseau du greffon ;
3° Quand on enfonce trop le greffon et que les parois du porte-
greffe portent sur l'épiderme du greffon;
4° Quand on ne fend pas le porte-greffe au milieu, surtout s'il
est jeune;
5° Quand les mérithales étant trop courts, on néglige de couper
le nœud en fendant ;
6° Quand le biseau du greffon est trop mince.
Toute greffe qui présente une des imperfections que je viens de
citer, est fatalement condamnée à périr. Voici, d'ailleurs, un
exemple qui justifiera ce pronostic :
J'ai déraciné dernièrement un pied de vigne au milieu d'un
vignoble qui fait l'admiration de tous les viticulteurs, et pourtant
je puis pressentir et affirmer que l'année prochaine ce vignoble
aura à subir une perte de 10 0/0, et que dans trois ans, la moitié
des greffes seront perdues par suite de l'imperfection de l'opération
du greffage.
(1) BulUtin de la Société d'agriculture et d'horticulture du Var.
— 481 —
Je me tiens, d'ailleurs, à la disposition de tous les propriétaires
qui voudront bien me faire l'honneur de me consulter, et je leur
démontrerai, en théorie et en pratique, les causes de l'imperfec-
de la greiFe en leur faisant connaître les moyens de les éviter.
Aujourd'hui, avec les plants exotiques, il ne faut pas songer à
greffer par routine , mais on doit, au contraire, apporter un soin
extrême à cette opération, par une bonne et intelligente appli-
cation.
Après mes expériences dans l'Hérault et la visite de quelques
vignobles que j'ai faite dans le Var, j'aurais cru manquer à mon
devoir si je n'avais pas fait connaître mon opinion sur une ques-
tion qui préoccupe, avec juste raison, tous les agriculteurs.
Gazelle, vilicuUeur.
Poires nouvelles.
Les belles variétés de poires dont nous donnons ci-dessous les
figures très exactes, ont été obtenues de semis par M. Arsène
Saunier, pépiniériste, rue Morris, à Rouen. Elles seront mises au
commerce cet automne par leur obtenteur, qui a bien voulu nous
en adresser des fruits que nous avons fait dessiner et graver, ainsi
que des rameaux feuilles pour aider à la description.
Poire Bon Chrétien Fermonl^ A. Saunier. — Fruit gros, pyriforme,
ventru, atténué vers la queue, obtus vers l'œil, à surface à peine
bosselée. L'échantillon figuré mesurait exactement 11 centimètres
de longueur et 8 centimètres vers son plus grand diamètre.
Peau mince, fine, vert clair, passant au jaune citron à la matu-
turité, semée de très nombreux points fauves.
Œil moyen, presque fermé, placé dans une dépression peu pro-
fonde.
Queue moyenne, terminant le fruit, placée obliquement dans
l'échantillon figuré.
Maturité..,., (dégustée le 20 octobre en parfait état).
Chair blanche, très fine, fondante, beurrée, eau abondante,
relevée.
Arbre , rameaux gros, courts, d'un vert jaune grisâtre.
Feuilles à limbe épais, vert brillant à la face supérieure, vert très
pâle inférieurement, ovales acuminées, dentées en scie, à dents
émoussées, arrondies.
Si l'arbre est très fertile, cette nouvelle sorte ne tardera pas à
prendre une place d'élite dans tous les jardins fruitiers, car le fruit
en est fort beau et de toute première qualité,
— 482
Pjire Bon Chretiea Vermont (A. Sanaier).
Poire Rémy Chatenay (A. Saunier).
Poire Rémy Chatenay. — Fruit de 7 à 10 centimètres de longueur
et de 6 à 7 centimètres de diamètre, ovoïde, raccourci, tronqué
vers l'œil, atténué vers la queue.
Peau presque lisse, pointillée de fauve, vert pâle.
Queue courte, d'un centimètre et ' demi à deux centimètres,
enfoncée dans une cavité peu profonde.
Chair Maturité
Œil peu ouvert, à divions rapprochées, enfoncé dans une cavité
profonde.
— 483 —
Feuilles la plupart elliptiques, acuminées, dentées en scie, à
dents non émoussées.
Arbre dressé, de moyenne vigueur, se formant bien en pyra-
mide et pouvant se cultiver en plein vent.
Nous n'avons pas encore goûté cette poire, dont la maturité se
prolonge jusqu'en avril; mais voici ce qu'en dit son obtenteur,
M. Sannier :
« Fruit de bonne grosseur, à chair ferme et fondante. Il se
conserve jusqu'en avril. Ce fruit provient du Doyenné cC hiver; il est
appelé à faire le tour du monde à cause de sa qualité et de sa lon-
gue conservation. »
Comme nous avons deux poires de cette variété, nous ferons
connaître plus tard aux lecteurs du Lyon-horlicole notre apprécia-
tion sur cette variété. V. V.-M.
Fosa polyantha grandiflora.
Il y a peu de roses qui aient autant fait parler d'elles que l'es-
pèce connue sous le nom de Rosa polyanlha Sieb. et Zucc. Les hor-
ticulteurs et les botanistes s'en sont occupés à l'envie depuis son
introduction dans les cultures. Elle a successivement porté les noms
de R. ihyrsiflora Leroy, R. inlcrniedia Carr., R. ff^churœ K. Kocli
jusqu'au jour où quelqu'un s'est aperçu que Siebold l'avait décrite
sous le nom de R. pobjanl^m. Gardera-t-elle ce dernier nom? On
parle de la rattacher au Rosa rnulliflom Thunberg, espèce introduite
en Angleterre par Th. Evans, en 1804, et en France par Bour-
sault, en 1808.
Au point de vue horticole auquel nous nous plaçons le fait
importe peu de savoir ce que feront plus tard les botanistes quand
ils auront mieux étudié la question. Ce qu'il y a de certain c'est
que la progéniture actuelle du R. polyantha ne saurait être confon-
due avec celle du R. muliiflora.
On sait en effet que le R. polyanlha introduit du Japon a produit
une série de variétés remarquables par leur petite taille, leur abon-
dante floraison et leurs roses minuscules. Chaque année, des gains
nouveaux viennent encore en enrichir la collection déjà nombreuse.
Le R. polyanlha type a également fait parler de lui à un autre point
de vue : c'est un excellent sujet pour servir à gretfer les autres
rosiers. Plusieurs fois, dans ce recueil, nous avons appelé l'atten-
tion des rosiéristes sur le mérite de cette espèce. M. Alégatière a
démontré qu'il était aussi vigoureux que l'églantier, qu'il ne tra-
çait pas comme lui et que ses racines plus ramifiées et moins pivo-
tantes le signalaient d'une manière particulière aux jardiniers qui
cultivent le rosier en pot. Si on ajoute à ces mérites celui qu'ont les
— 484 —
Bosft poUantha grandi/Jora (s( mis y^lexaiidie Beinaix) ri^duit au 1/4.
graines de germer l'année même du semis c'est plus de qualités
qu'il en faut pour constituer un excellent sujet.
Cependant si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur la figure ci-
contre, représentant, au quart de sa grandeur, une variété nou-
velle à fleur simple que M. Alexandre Bernaix, rosiériste, à Villeur-
banne (Rhône) a nommé Rosa polijanlha grandi (lora, on sera vite
convaincu qu'elle est infiniment supérieure au type. En effet, elle
est plus grande et plus vigoureuse dans toutes ses parties. Ses
fleurs sont très nombreuses et ses graines très abondantes. En
— 485 —
dehors de son mérite ornemental qui ne sera peut-être pas appré-
cié par les amateurs de Heurs doubles, elle s'impose à l'attention
des rosiéristes par sa fécondité et aux hybridateurs par la facilité
avec laquelle elle peut être croisée avec d'autres races et produire
des variétés nouvelles.
Pour obtenir des jeunes plants bons à greffer elle ne tardera pas
à remplacer toutes les autres variétés de R. polyanlha à Heurs sim-
ples. On en trouvera la description à l'article rosiers nouveaux,
V. V.-M.
Culture de la Rhubarbe au point de vue comestible
La Rhubarbe est généralement cultivée dans notre pays comme
plante ornementale, mais elle présente d'autres qualités qui, si
elles étaient bien appréciées, la ferait plus rechercher qu'elle ne
l'est en réalité.
Cette belle plante est originaire de Tartarie et appartient à la
famille des Polygonées ; elle peut entrer avec succès dans le jardin
potager pour l'emploi des pétioles de feuilles, avec lesquelles on
fait des confitures et des gâteaux et dont le hmbe remplace avan-
tageusement l'épinard en été. Il se prépare de la même manière ;
SOS racines, légèrement purgatives, propres à réveiller les fonc-
tions de l'estomac, ont une odeur forte et une saveur amère.
Les principales variétés sont :
Le Rheum Fidoria, le plus estimé à cause de ses pétioles gras et
charnus.
Le Rheum undulalum, dont les feuilles sont plissées et ondulées.
Le Rheum australe.
La Rhubarbe demande un sol profond, argilo-siliceux et frais,
elle réussit cependant bien dans toute terre de potager profonde et
fraîche.
La propagation se fait par semis et par la séparation des touffes.
On sème au printemps en pépinière, sur une plate-bande bien
terreautée, et quand les jeunes plantes ont 2 ou 3 petites feuilles,
on les repique à une distance de 10 à 12 centimètres. Pendant
le courant de l'été, on mettra un léger paillis et on arrosera au
besoin. La mise en place a lieu en automne ou au printemps
suivant.
La multiplication par la séparation des touffes se fait dans le
but de conserver les variétés ; elle se pratique au printemps en
mettant les divisions immédiatement en place.
La plantation se fait en planches de 1,25 de largeur et séparées
(1 ) Bulletin agricole et horticole.
— 486 —
par des sentiers de 0,40 centimètres. Dans le milieu de chacune
d'elles, on fait des trous distancés de 1.25 et plus ou moins pro-
fonds selon la force de la plante. On mélange à une bonne moitié
de terreau avant d'y poser le plant. La plantation terminée, on
arrose et on met au paillis pour maintenir la fraîcheur. J'ai dit
qu'il fallait établir des planches de l^So de largeur, c'est dans le
but de les soumettre plus facilement à la culture forcée, que je
décrirai prochainement.
Pendant le courant de l'été on bine et on arrose quand le besoin
s'en fait sentir, et on supprime les tiges florales qui ne font que
nuire au développement des feuilles. A l'automne, on supprime
également les feuilles et on donne un léger buttage pour préserver
la plante des gelées. Au printemps suivant, on laboure le sol, on y
met du fumier court et on arrose à l'engrais liquide. Pour favoriser
le développement en longueur des pétioles, on peut placer sur
chaque touffe un tonneau défoncé des deux bouts.
On peut commencer la nîcolte dans le commencement de mai et
elle se prolongera jusqu'au moment où l'on s'aperçoit que les
pétioles deviennent durs et qu'ils prennent trop d'acidité, ce qui
arrive habituellement vers la fin de juillet ou le commencement
du mois d'août.
La Rhubarbe vit un assez grand nombre d'années, mais à partir
de la b" ou 6% la récolte diminue insensiblement. C'est pourquoi,
arrivé à ce moment, il est à conseiller de renouveler la plantation
si l'on veut continuer à obtenir une bonne production.
WOLDOR HOUSSIAUX.
Plantes Nouvelles
Aubépine de Korolkow. — Arbrisseau (originaire du Tui'questan), ramifié
à feuillage grand et bien découpé. Inflorescence en bouquets corjmbifères à
floraison toute printaniére. Fruit rond, jaune, ambré et comesiible.
Pîimitr Mirobolan à fleur rouge double. — Arbuste buissonneux et élancé,
ses rameaux sont à écorca brune ot se couvrent, dèj la fin do marti, de nom-
breuses fleurs semi-doubles, rouga vineux h l'intérieur ot violet lilacé plus
foncé au revers. Introduit directement du Japon.
Ces doux arbustes sont mis au commerce par MM. Baltet frère», horticul-
teurs à Trojes (Aube).
Brugnon vineux (Nectarine), Henri de Monicourt. — Fruit de grosseur
moyenne, subsphérique, un peu aplati à sa basa, très faiblement sillonné
d'un côté, portant au sommet un court, mais assez fort raucronule, penché,
entouré d'une auréole blanc jaunâtre. Peau luisante, trèi lisse, d'un rouge
sang violacé, à fond terne et comme lavé ou maculé de brun, souvent fine-
ment piqueté de blanchâtre.
Chair rouge sang sous la peau, puis blanc flamcaé ou Vdiné rougoitra,
parfois presque blanc, puis rouge sang dans la parlia qui touche au noyau,
non adhérente ou laissant parfois des filamants placentaires insérés. Eau
assez abondante, sucrée parfumée, d'une saveur particulière.
Trouvé en 1872 dans les vastes vignobles du château de Chagnaud, le
Brugnon vineux H, de Manicourt comble une impartante lacune pomologique,
— 487 —
puisqu'il est au groupe Bi'ugnon ce que sont les pèches vinpuses au groupe
pêchers, la poire vineuse au genre poirier, la pomme Museau de lièvre à
chair sanguine au genre pommier, etc.
Ce bon et joli fruit mûrit ici dans la première quinzaine de septembre,
c'est-à-dire une quinzaine de jours plus tard que les variétés de Brugnons et
Nectarines répandues dans les cultures, ce que les amateurs savent apprécier.
L'arbre qui le porte est vigoureux et fertile, et se soumet volontiers à la
forme en plein vent comme à la forme en espalier.
Description extraite d'an prospectus de M. Gagnaire, pépiniériste à Ber-
gerac (Dordogne).
Rosiers nouveaux.
Madame A. Etienne (thé). Arbuste développant continuellement, pendant
la belle saison, de très nombreux rameaux, relativement courts, tous termi-
nés par des fleurs, s'épanouissant successivement.
Feuillage brillant, à folioles grêles. Bouton allongé ; calice à sépales lon-
guement aigus, réfléchis, tomenteux intérieurement, rougeâtres extérieure-
rement.
Fleur en coupe, à pétales des rangs eitérieurâ très larges, nombreux,
faussement imbriqués, légèrement distants eiitre eux, à peine concaves, fer-
mes, rose vineux sur les bords, se fondant insensiblement en rose pâle pour
passer au blanc pur au centre ; pétales du centre beaucoup plus petits, chif-
fonnés avant l'épanouissement complet, d'un rose frais et vif qui relève, par
son éclat, la teinte plus pâle des pétales extérieurs. Couleur très coquette,
d'une fraîcheur incomparable. Plante très méritante, odorante.
Madame Scipion Cochet (thé). Arbrisseau s'élevant environ à 80 centimètres
de hauteur, ramifié dès la base. Rameaux non sarmenteux, rougeâtres, gar-
nis, sauf au sommet, d'aiguillons fermes mais à peine crochus, à entrenœuds
rapprochés. Feuilles nombreuses, épaisses, à 5-7 folioles, croissant en dimi-
nuant de la base au sommet du pétiole ; foUioles eliptiques, acuminées,
dentées en scie, à dents terminées par un mucron spinescent, rougeâtre, d'un
vert sombre, brillant, lustré comme celui d'un Camellia à la face supérieure,
glaucescent en dessous.
Fleur solitaire, érigée au sommet d'un pédoncule légèrement hérissé de
soies courtes et raides. Calice à sépales tomenteux intérieurement, lancéo-
lés, aigus et réfléchis sur l'ovaire. Corolle grande, fleur très double, à bou-
ton ovoïde, brusquement atténué au sommet en une sorte de col ; pétales
des rangs extérieurs régulièrement et longuement concaves, parfaitement
imbriqués, de couleur rose très pâle, nuancé blanc mat sur fond jaune clair;
pétales du centre placés plus irrégulièrement, jaune canari abricoté, à reflets
purpurins. Variété bien tranchée et de premier mérite.
Vicomtesse de Wautier (thé). Arbuste assez vigoureux, feuillage d'un vert
sombre. Rameaux non sarmenteux, de grosseur moyenne, munis d'aiguillons
crochus et assez rapprochés. Bouton allongé, fleur grande, pleine, assez bien
faite. Beau coloris rose teinté jaunâtre à l'extérieur des pétales et blanc rosé
à l'intérieur: ce blanc rosé est souvent strié de rose. Le centre de la fleur
est d'une couleur rose très foncé, ce qui produit un superbe efi"et. Belle
variété.
Madame A. Sckwaller (hyb. de thé). Arbuste buissonneux, à rameaux
rougeâtres, de grosseur moyenne, munis d'aiguillons courts et menus.
Feuillage moyen, d'un vert tendre. Icfloresoence en corymbe composé de 3
à 4 fleurs dressées, portées sur des pédoncules raides. Tenue parfaite. Fleur
globuleuse en s'épanouissant, sétalant en coupe lorsqu'elle est ouverte.
Pétales de f>>rme parfaite, symétriquement arrangés dans les rangs exté-
rieurs, non réfléchis, papillotes au centre, uniformément rose incarnat à
leur base, atténué au sommet. Plante extrêmement florifère, d'un coloris
très frais. Belle variété.
— 488 —
R. polyantha grandiflora. Arbuste d'une vigueur peu commune, à rameaux
stériles, gros, ayant l'aspect de ceux des variétés de Roses Noisettes grim-
pantes. Feuilles brillantes, ovales, longuement elliptiques, glabres et bril-
lantes. Aiguillons rares, gros et crochus. Stipules ciliées, à poils glanduleux.
Fleurs grandes, mesutant 4 à 5 centimètres de diamètrj, simples, blanches,
disposées en corymbes ; pétales obovales, fortement échancrés au sommet,
stigmates libres.
Variété issue directement de somis du R. poljantha Sieb. et Zuoo. (type),
remarquable par sa vigueur et sa fertilité, exceptionnelles pour la sec'ion.
Excellente pour greflfer toutes les variétés de rosiers cultivés, auxquels elle
communique sa vigueur et sa précocité. Elle fructifie abondamment, quatre
ou cinq fois plus que le type, et ses fruits, plus gros, contiennent bien plus de
graines que la plante sauvage. Semées en février-mars, ses graines lèvent
au bout d'un mois et les jeunes plants, en bon terrain, peuvent être greffés
la même année. Ce sujet a le grand avantage de ne pas drageonner. Par la
précocité qu'il communique aux rosiers, il a aussi un réel mérite pour la cul-
ture forcée. Plante recommandable.
Mademoiselle Joséphine Burland (polyantha). Arbuste très rameux , de
vigueur moyenne, peu épineux, sa couvrant du fleurs sans interruption pen-
dant toute la belle saison. Fleurs très doubles, à pétales longuement aoumi-
nés, drossés au centre, incliaés aux rangs moyens et recourbés sur les bords.
Coloris blanc pur en s'épanouissant, se nuançant do blanc avec l'âge. Variété
du R. Polyantha par la dimension et l'abomiance des flîurs, mais s'en distin-
guant par sa floraison non en corymbe, ce qui permet de l'utiliser avec avan-
tage pour la confection des bouquets. Planta bien tranchée et très méri-
tante.
Les six variétés de Roaiers dont la description précède ont été obtenues et
sont mises au commerça par M. Alexandre Bernaix, rosiériste. à Villeurbanne
(Rhône).
luformatious. — Les jouraaui anglais signalent l'extermination du
Spiranthes Romanzoviana, orchidée indigène dans deux endroits du comté de
Kork. Il paraît que les champs où croissait celte espèce ont été labourés et
plantés de pommes de terre. On trouva, en France et presque dans toute
l'Europe, deux autres espèces de Spiranthes, les ^. Œstlvalis et Autumnalis .
— Il résulte d'expériences très sérieuses, que la Figue de Barbarie (sorte
à'Opuntia), si commune eu Algérie, peut donner par la fermentation et la
distillation, une quantité assez considérable d'alcool, plus agréable au goût
et plus facile à rectifier que les alcools retirés actuellement des différents
tubercules ou graines amylacées.
Catalogne». — Catalogue of Roses. — Cultivated for sale By Wm.
Paul E Son. Roses Growers by appointement to her majesty th3 queen.
Pauls' murseries and seed Warehonsa VaUham Gross Herts.
Ce Catalogue, spécial aux Roses, est illustré de deux chromos représen-
tant les Roses nouvelles, Grand Moyul et Silcer Queen, mises au commerce
cette année par l'établissement, et de gravures noires figurant des variétés
plus anciennes. Les variétés sont classées en séries distinctes.
Simon Délaux, horticulteur, à St-Martin-du-Touch près Toulouse, annon-
çant la mise en vente de 100 variétés nouvelles de Chrysanthèmes obtenues
de semis dans l'établissement.
Bruant, horticulteur, boulevard St-Cyprien, à Poitiers (Vienne). — Cata-
logue des arbres et arbustes fruitiers, forestiers et d'ornement, Conifères,
Rosiers, jeunes plants, etc.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon, — Impr. du Salut Public. — Bellon, 33, rue de la République, 33.
1886 NOVEMBRE N» 22
CHRONIQUE
Des planlalions. — J'assistais, l'autre jour, en simple spectateur,
à la plantation d'un poirier qu'un propriétaire de Villeurbanne
venait d'effectuer.
— Vous voyez, me dit-il, avec quel soin j'arrange les racines,
et comme je mets de la terre fine autour. Je ne travaille pas
comme un de vos confrères, un jeune homme, qui a planté ce pru-
nier qui pousse peu et a les feuilles jaunes. Je m'y entends, aux
plantations. Qu'en pensez-vous?
— Ce que j'en pense, je regrette d'être obligé de vous le dire,
puisque vous me faites l'honneur de me le demander. Vous vous
entendez aux plantations à peu près comme moi en sanscrit, dont
je ne connais pas la première lettre.
— Vous êtes bien dur.
— Je dis la vérité.
— Vous m'inquiétez ; alors, mon poirier est donc mal planté?
— Horriblement. Je ne plantais pas autrement quand j'étais
apprenti jardinier.
Que signifie ce trou ridicule dans lequel vous avez fourré cet
arbre? Ça, un irou, un fossé à plantation? Jamais! Arrachez-moi
ce poirier et le plantez autrement. Fouillez mieux ce terrain ;
enlevez 80 centimètres de terre en tout sens, mettez les couches
de différentes natures à part. C'est un sous-sol imperméable, allez
plus profond et drainez sérieusement, afin de faire écouler l'eau.
Ceci fait, mêlez tout le sous-sol avec les trois quarts de celui de la
partie supérieure. Ajoutez-y des engrais longs à se décomposer,
tels que cornaille, vieux cuir, poussière d'os, etc. Mêlez du fumier
bien consommé avec le quart restant de la terre, que vous placerez
autour des racines. Tassez fortement, arrosez idem, et allez vous
asseoir. Surtout orientez bien les tissus do votre arbre. Cette der-
nière recommandation a rendu rêveur cet excellent propriétaire.
Elle a pourtant son importance dans certains cas, car une bonne
orientation évite les coups de soleil à certains arbres à tissus spon-
— 490 —
gieux. Cela ne coûte rien, dans la plantation, de présenter du côté
du midi la face de l'arbre qui était tournée au midi dans la pépi-
nière.
On ne prend pas assez de soin, dans beaucoup de cas, aux plan-
tations qu'on effectue. Il vaudrait mieux ne planter que dix arbres
dans d'excellentes conditions, que vingt et même trente avec négli-
gence. J'appelle excellentes conditions, de bons fossés, bien drai-
nés dans les sols goutteux, des engrais de longue durée, un mé-
lange intelligent des couches arables, un tassement convenable, un
arrosage copieux et de la terre fine autour des racines. Celles-ci
bien affranchies et pralinées, et surtout ne jamais les enterrer plus
profond qu'il ne convient. Plantés ainsi, les arbres poussent et ne
jaunissent pas.
Tarifs de iransporl des ptantes. — Nous venons de recevoir la
lettre suivante :
Lyon, le 23 novembre 1886.
Une modification importante, concernant les horticulteurs, vient d'être
apportée aux tarifs de la CompEgnie P.-L.-M.; la majoration de 50 0(0 est
supprimée dans rapplication du tarif spécial {G. V.) n" 10.
Dans ce tarif spécial (grande vitesse) sont comprises les plantes expédiée.i
en cais!>*e et ayant un poids minimum de 50 kilogr.; plusieurs cai.'ses, —
pourvu qu'elles soient adressées au même destinataire, — peuvent être
réunies sur une même déclaration pour atteindre ces 50 kilogr. exigés. Les
horticulteurs ont tout intérêt à demander l'application de ce tarif, ainsi
qu'on va le voir par l'exemple ci-après :
Une expédition de 200 kilogr. de plantes en paniers est faite de Lyon-
Porrache à Marseille. Cette expédition est de droit classée au tarif général et
paiera un port de 47 fr. 40.
Une autre expédition de même, c'est-à-dire de 200 kilogr. est faite pour
la même destination ; mais ces plantes sont en caisse, ce qui nous permet de
réclamer l'application du tarif spécial.
Cette deuxième expédition p liera seulement, — malgré que le poids et la
distance soient les mêmes, — 21 fr. 30.
Voilà ce qu'il importe de faire connaître aux horticulteurs, et bon nombre
de vos lecteurs pourront en faire leur profit.
Veuillez agréer, etc. Aut. Rivoire fils,
Secrétaire de la Chambre syndicale des horticulteurs.
Exposition nationale à Toulouse. — La ville de Toulouse organise
en ce moment, sous le patronage de l'Etat, sa neuvième Exposi-
tion nationale; cette Exposition s'ouvrira le 15 mai 1887 et durera
cinq mois. Les produits de la France, de l'Algérie et des colonies
françaises y seront admis, ainsi que ceux provenant des pays limi-
trophes de race latine : Italie, Espagne et Portugal. Des groupes
spéciaux y sont consacrés aux produits de l'agriculture, de la viti-
culture et de l'horticulture, ainsi qu'au matériel et aux procédés des
exploitations agricoles. Les demandes d'admission doivent être
adressées avant le 1" décembre à la mairie de Toulouse, où l'on
— 491 —
trouvera, d'ailleurs, tous les renseignements nécessaires sur cette
Exposition.
La gommose des arbres fruitiers. — Nous extrayons du Compte-
rendu de l'Académie des sciences ce passage d'une communication
de M. Prillieux sur cette afïection si redoutée des horticulteurs :
« L'étude, dit-il, que j'ai faite de la gomme et des phénomènes
qui l'accompagnent lors de sa formation dans les tissus, permet
d'établir que son écoulement constitue une véritable maladie que
je désignerai sous le nom de gommose.
« Tous les cultivateurs, tous les propriétaires ruraux possèdent
des arbres fruitiers; beaucoup de ces arbres sont atteints de cette
maladie.
« Quand la gomme se déclare, les fonctions normales des tissus
sont détournées de leur destination ordinaire ; car les substances
alimentaires mises en réserve dans les profondeurs des tissus, au
lieu de servir à la croissance de la plante, sont employées à la
production de la gomme.
« Parmi les moyens curatifs proposés pour la guérison de la
gomme, il en est un qui a produit de très bons résultats : c'est la
scarification de l'écorce. Des arbres fruitiers atteints par la mala-
die et ne poussant plus que des petits rameaux faibles et chétifs,
se sont rétablis à la suite d'incisions longitudinales faites sur les
branches et ont produit ensuite des branches vigoureuses.
« Les heureux résultats obtenus par cette pratique peuvent s'ex-
pliquer ainsi : la gomme étant une transformation nuisible des
principes nécessaires à la formation des nouveaux tissus des arbres,
pour guérir cette maladie, il faut que ces principes reviennent à
leur destination primitive. C'est le résultat obtenu par la scarifica-
tion, qui fait comme un puissant dérivatif. »
Le sulfate de fer et les plantes cidorosées. — A-i-on assez chanté
sur tous les tons les vertus curatives du sulfate de fer employé
contre la chlorose! Une plante, un arbre avaient-ils les feuilles
jaunes, vite un bassinage au sulfate de fer, et plantes et arbres
redevenaient verdoyants. Quand, par hasard, — ce qui, entre
parenthèses, arrivait souvent, — malgré le bassinage, les feuilles
avaient la mauvaise grâce de garder la jaunisse, on conseillait un
arrosage, deux arrosages, plusieurs arr jsages avec le même médi-
cament. Si la chlorose résistait à ce traitement, les plantes n'a-
vaient pas cette présomption et périssaient misérablement empoi-
sonnées par l'agent ferrugineux.
On vient de mettre hors de doute, à Dowton et à Ferryhill,
l'action malfaisante du sulfate de fer sur la végétation. A la dose
de 250 kil. à l'hectare, le sulfate en question est un vrai poison
— 492 —
pour les plantes. Il a suffi de l'addition de cette quantité relative-
ment faible de ce sel de fer, dans un champ, pour faire tomber la
récolte à 2,000 kil. Dans une parcelle analogue fumée au super-
phosphate, la récolte s'est élevée à 18,000 kil.
Il faut retenir ceci de l'expérience en question, c'est que le
sulfate de fer ne doit jamais être employé, ni comme engrais, ni
comme remède contre les plantes chlorosées.
Dialyse. — Il est indispensable, pour bien cultiver les plantes,
de connaître un peu de physiologie végétale. Il faut savoir, par
exemple, que les racines n'absorbent pas que les solutions saUnes
qui les avoisinent. Les racines, en vertu de cette propriété connue
sous le nom de dialyse, que possèdent les membranes végétales et
animales, de permettre au liquide qui les baignent d'un côté, de
dissoudre les corps solides avec lesquels elles sont en contact de
l'autre côté, peuvent absorber les sels insolubles dans l'eau qui
sont nécessaires à leur ahmentation.
Cette propriété des racines doit être connue de tous les jardi-
niers. Elle fera comprendre à ceux qui pourraient l'ignorer, quelle
importance il faut attacher au mélange parfait des terres et des
terreaux et de tous les composts employés dans la culture. Si le
mélange n'est pas parfait, l'alimentation n'est ni rapide ni régu-
lière, les radicelles ne rencontrant pas un sol homogène dans toutes
ses parties.
Les horticulteurs anglais, qui sont si habiles, ne connaissent
peut-être pas tous les phénomènes de dialyse végétale ; mais aucun
n'hésite à passer de longues heures à remuer et brasser, à des
époques différentes, tous les composts qu'ils destinent au rempotage
des plantes.
Pouvoir absorbant du sol. — Des expériences qui ne laissent sub-
sister aucun doute à cet égard, démontrent que les sels les plus
solubles dans l'eau, tels que ceux d'ammoniaque et de potasse, les
phosphates alcalins et plusieurs autres perdent rapidement leur
solubilité dans la terre franche. Ces sels, ajoutés aux autres élé-
ments de la terre, forment avec eux une combinaison presque inso-
luble et assez stable pour résister aux lavages réitérés que la pluie
exerce sur le sol. Ou a désigné cette propriété des terres franches
sous le nom de pouvoir absorbant. Quelques éléments font excep-
tion à la règle, ce sont : la chauE dans les sols calcaires, la soude
et l'acide nitrique.
On voit que sauf pour quelques exceptions, il n'y a pas d'in-
convénient à répandre les engrais pendant l'hiver, alors qu'ils ne
doivent jouer leur rôle qu'au printemps. V. V.-M.
— 493 —
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du t7 octobre 1886, tenue salle des
Réunions iadustrielles, Palais du Commerce, place de la Bourse.
Présidence de M. Comte, Vice-Président.
La séance est ouverte à 2 heares 1/4.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière réunion, qui est
adopté sans observations.
Correspondance. — La Société a reçu :
Lettre de la Préfecture du Rhône nous informant que, dans sa séance du
10 septembre dernier, le Conseil général du Rhône a voté l'inscription, au
budget départemental de 1887, d'un crédit de 1,000 francs à titre de sub-
vention à l'Association horticole.
Sur la proposition du Président, l'assemblée vote des remercîments au
Conseil général.
Lettre de la Préfecture du Rhône accompagnant l'envoi d'un exemplaire
du programme du Concours général agricole qui se tiendra à Paris, au Palais
de l'Industrie, du lundi 31 janvier au jeudi 17 février 1887. L'exemplaire
du susdit programme était accompagné d'une affiche relative à ce Cjnoours.
Lettre de la Société nationale d'Horticulture de France, informant l'Asso-
ciation qu'une souscription serait ouverte et qu'un appel serait fait non seu-
lement à ses membres, mais encore à ceux des Sociétés avec lesquelles elle
entretient das relations amie îles, afin d'aider à réparer les pertes matérielles
qu'a fait éprouver à l'horticulture da la région parisienne la trombe de grêle
qui a ravagé et même anéanti les cultures sur une partie du département de
la Seine.
Lettre de M. Liabaud, horticulteur, 4, montée da la BducIo, demandant
la nomination d'une Commission pour juger deux Cannas nouveaux hj'brides
et une Poire de semis. Ont été désignés pour constituer cette Commission :
MM. Crozy, Labruyère, Musset, Rozain, Drevet et Chrétien pour les Cannas,
et MM. Gorret, Cl. Jacquier, Juseaud, Cl., Métrai, Valla et Routin pour la
Poire.
Lettre de MM. Cl. Jacquier et J. Chrétien, vice présidents de l'Association
horticole lyonnaise, et de M. le docteur Drivon, conseiller, qui, étant arrivée
au terme de leur mandat, remercient sincèrement leurs collègues de l'hon-
neur qu'ils leur ont fait en les investissant pendant plusieurs années des
importantes fonctions de vica-pré^idents et de conseiller, et déclarant que
leurs occupations ne leur permîttent plus d'être candidats à la vice-prési-
dence, aux élections qui vont avoir lieu.
Lettre de la Société d'horticulture e*, da viticulture de Tarare, demandant
la Bomination d'un délégué pour faire partie du Jury d'une exposition de
Chrysanthèmes que cette Société organise, pjur les 23 et 24 octobre, à
Tarare.
Lettre de M. Therry, président de U Commission d'Exposition demandant
le vote d'un crédit de 5,000 franc? pour finir de solder les dépenses de l'Ex-
position.
Présentations. — Il est donné lecture de 8 candidatures au titre de
membre titulaire, sur lesquelles il sera statué à la prochaine réunion.
Admissions. — Aucune réclamation n'étant parvenue au bureau de la
Société depuis sa dernière réunion, l'assemblée admet au titre de membres
titulaires les candidats présentés à la dernière séance.
Ce sont MM. :
Côte (Auguste), libraire, plaoj Billeoour, 8, Lyon, présenté par MM.
Therry et Viviand-Morel.
Coromp (Michel), jardinier chez M. Blanc, avenue Vailloud, à Ste-Foy-les-
Lyon, présenté par MM. Ji^sseaud et Reverchon.
— 494 —
Seux (Alph.), horticulteur, faubourg Faventine, à Valence (Drôme),
présenté par MM. Liabaud et Viviand-Morel.
Romanet, horticulteur-pépiniériste, à St-Qeorges-ie-Reneins (Rhône),
présenté par MM. Roux et Viviand-Morel.
Tarascon (Charles), horticulteur-pépiniériste, à Cabannes (Bouches-du-
Rhône), présenté par MM. Viviand-Morel et Alexandre Bernaix.
Bernardin, pépiniériste à Couzon, par Fontaines (Rliône), présenté par
MM. Rivoire et Viviand-Morel.
Kettmann (J.-B.) fils aîné, horticulteur-pépiniériste, grande route du
Bourbonnais, à la Demi-Lune prés Ljon, présenté par MM. Schmitt et
Viviand Morel.
Valloton, fabricant d'instruments agricoles, cours Lafayette, 170, Lyon,
présenté par MM. Raoulx et Viviand-Morel.
Gobet (Francisque), horticulteur-pépiniériste, route de Lyon, à Bourg
(Ain), présenté par MM, Morel père et fils.
Rollet, directeur du Cercle du Divan, place Bellecour, Lyon, présenté par
MM. Métrai et Pitaval.
Vincent (J.), quincaillier, rue de la République, 42, Lyon, présenté par
MM. Viviand-Morel et J. Jacquier.
Emery (Joseph), jardinier à la Demi-Lune-les-Lyon, présenté par MM.
Monvernay et J. Jacquier.
Déplâtre, rue Joseph-Bonnet, 7, Lyon-Croix-Rousse, présenté par MM.
Rochet et J. Jacquier.
Crespin (Gabriel), fabricant de coutellerie, à St-Rambert-en-Bugey (Ain),
présenté par MM. Ponsard (F.) et Jean Jacquier.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Viltard, jardinier chez M°" Vachon, à Ecully : 1» une collection de
Courges composée des variétés suivantes : Courge de l'Ohio, C. de Naples,
C. de Virginie (non coureuse), C. Olive verte, C. Olive panachée, C. Pastè-
que panachée; 2» Bette à larges côtes blanches, à fauilles dorées de Lyon-
variété nouvelle tout à fait reeommandable. La Commission chargée d'exa-
miner les apports accorde à cette présentation une prime de 1" classe,
3» un Amaryllis en fleur, variété A. Pirloteana. Cette plante reçoit pour son
beau développement une prime de 3" classe; 4" deux Chrysanthèmes à fleurs
blanches : M"" Castex-Desgranges et Lady Selbourne.
Par M. Guerry, jardinier chez M. Coste, notaire à Caluire-les-Lyon :
1° une collection de Radis de Chine, composée des variété* suivantes : R.
rond blanc, rond rose, long rose d'hiver et long blanc; 2° Chou-rave dans
terre. Rutabaga oa Navet de Suède, Ch.-rave hors terre, blanc hâtif de
Vienne, Ch.-rave hors terre violet hâtif de Vienne; 3» Piment bijou nain,
variété ornementale par ses petits fruits. L'ensemble de cet apport obtient
une prime de 2° classe.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin, une collection de
légumes nouveaux ou recommandables, savoir : P Piment petit bijou ; 2° Chou
(le Chine Pe-tsaï, variété très peu cultivée et étant cependant d'un certain
mérite ; 3° Stachys af finis ou Chai-o Ji ; 4° Moutarde de Chine à racine tubé-
rease, se cultivant comme les navets et se consommntde même; cette plante
constitue un excellent légume ; 5» Piment jaune, cydonoeformis, fruit en
forme de coinj. A cet apport très intéressant, la Commission attribue une
prime de 1" classe.
Par M. Duruy, jardinier chez M. Cartier, à Ecully, une collection de Chi-
corées, composée des variétés : frisée impériale, frisée de Rouen, frisée fine
d'été, frisée de Meaux, frisée de Louviers, frisée fine d'Italie, frisp» d >
Ruff"ec, Mousse très fine, Scarole ronde maraîchère. La Commission :,c-ui(Jo
à cet apport une prime de 2' classe.
Par M. Clapot, maraîcher, chemin des Qua>re-Maisons, Lyon-Monplaisir:
Deux variétés de Laitue craquante de Pierre-Bénite, Navet de Milan, Céleri
plein blanc, et un Chou-Palmier ayant prés de deux mètres de hauteur. Il
est décerné à cet apport une prime de 2° classe. ,
— 495 —
Par M. Tronche, jardinier chez M. Carrier, 138, roule de Vienne, Lyon
deux plantes d'Aubergine monstrueuse do New-York, ayant des fruits pré-
sentant un diamètre d'au moins 15 centimètres. Prime de 3° classe.
Par M. Hyvert, maraîcher, chemin de la Croix-Morlon, Lyon, des Raisins
noirs, variété Corbeau et Morning, des Pommes reinettes du Canada d'une
très belle dimension. L'ensemble de cet apport reçoit une prime de 2' classe.
Par M. Deville, horticulteur à Charly (Rhône), une pêche dont la chair
est adhérente au noyau, m'.turité très tardive et pouvant se conserver assez
longtemps au fruitier, comme les pommes et poires à maturité automnale. Ce
fruit est de moyenne grosseur, bien coloré, d'un rouge violacé, chair très
dure, ce qui le rend précieux pour l'exportation. A ce fruit la Commission
décarne un prix de 2' classe.
Par M. Berthier, pépiniériste à St-Genis-Laval, une poire de semis, de
tout premier mérite, chair fine et fondante, fruit de la grosseur du Beurré
Diel. La Commission lui accorde une prime de l" classe.
Par M. Fougère, pépiniériste à St-Priest (Isère), une poire de semis por-
tant le n» 544 et qu'il nomme Fondante Fougère ; d'après le présentateur elle
serait issue du Doyenné d'hiver, le semis aurait été fait en 1871 et la pre-
mière fructification de l'arbre en 1879. Chair fine et fondante. Poire n» 24,
issue du Doyenné d'hiver; semis fait en 1860, première fructificatioa 1870.
Fruit peu méritant, chair dépourvue d'eau. Poire n" 1198, issue du Doyenné
d'hiver, semis fait en 1860, première fructification 1883, fruit ayant beaucoup
de rapport avec la poire Bon Chrétien William. Cet apport obtient une
prime de \" classe, mais plus spécialement pour la poire Fondante Fougère,
les deux autres variétés ne devant être qu'inscrites au procès-verbal.
Par M. Michel Didier, Grande rue, 76, Cuire les-Lyon, une poire dont il
désire savoir nom ; il la donne o mrae étant très moiilante, le fruit est d'une
bonne grosseur, est bien attaché a l'arbre, tombe très diiHcilement, résiste à
tous les coups de vent et à de violents orages.
Par M. Jean Colomb, jardinier chez M"« Guillermain, chemin de la Demi-
Lune, Lyon-Champvert, cinq tiges d'Hortensia, variété Otaxa , ombelles
ayant plus de 30 centimètres de diamètre. '
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, Lyon, un fort pied de Sphœrogyne
latifolia, auquel la Commission accorde une prima de 1" classa ; un pied de
Phyllanthus Chnntrieri et de Leea excelsa. Pour ces deux plantes il est alloué
une prime de 2" classe.
Par M. Crozy, horticulteur, Grande rue de la Guillotière, 206, Lyon :
1° des tiges florales de Canna, que le présentateur apporte pour faire remar-
quer la grande abondance de fleurs qu'ont ces tiges, malgré la saison avan-
cée ; 2° trois Bégonia Carrieri hybrides, auxquels la Commission accorde une
prime de 2= classe; 3° des Dahlias gracilis à fleurs simples de semis, varié-
tés unicolores, panachées sur fond blanc et fond rose ou bordées rose. Prime
de 3° classe.
Par M. Touchebœuf, des fleurs d'œillet d'un jaune clair, que le présenta-
teur dit être une variété nouvelle. La Commission l'invite à présenter une
plante à une séance ultérieure.
Par M. Boucharlat jeune, horticulteur, rue des Mistionnaires, 22, Lyon,
un bouquet et des plantes de Véronique d'Anderson, semis de 1885. Les épis
floraux de ces plantes sont très longs, de coloris blanc violacé, rose chair,
rouge grenat, rouge violacé, violet, rose vif; une variété à feuilles pana-
chées, naine, à fleurs rouge violacé. La Commission décerne une prime de
1" classe aux variétés d'un blanc pur et d'un rose vif.
Par MM. Lille et Beney, marchands-fcrainiers, quai St-Antoine, 36, Lyon :
1° un bjuquet magnifique de Dahlias à fleurs simples, grandes, striées, ponc-
tuées, unicolores, d'un coloris rose sur fond blanc, jaune sur fond rouge,
rouge grenat, écarlate, etc. La Commission accorde à cet apport méritant
une prime de V' classe ;
2° Des fleurs de Gaillarde à grandes fleurs, ayant un diamètre de 12 cen-
timètres. Inscription au procès-verbal.
— 496 —
Les Commissions chargées de juger les apports étaient composées de
MM. Chrétien, Labrujère et Roohet, pour la floriculture; MM. Achard,
Lavenir et Routin, pour les fruits ; MM. Corbin, J. Jacquier et L. Lille, pour
la culture maraîchère.
Les propositions des Commissions, mises aux voix, sont adoptées à l'una-
nimité.
L'Assemblée, conformément au paragraphe 8 des statuts, procède au
renouvellement du bureau et de la partite sortante du Conseil.
L'élection du Président, sur la proposition de M. Pitaval, est faite par
acclamation, et M. Dutailly est acclamé Président à l'unanimité.
Election des vice-présidents : Votants 93, majorité 47. M. Comte 92 voix,
M. Rochet 87, M. Métrai 72. MM. Comte, Rochet et Métrai sont proclamés
vice-présidents.
M. Pitaval dit que pour l'élection du Secrétaire général il fera les mêmes
observations que pour le Président et demande que l'on vote par acclama-
tion. M. Viviand-Morel est réélu, à l'unanimité, Secrétaire général.
E'ection des secrétaires-adjoints. Votants 96, majori'é 49. M. J. Nicolas
88 voix, M. L. Carie 61. MM. Nicolas et Carie sont proclamés secrétaires
adjoints.
L'élection du trésorier a lieu par acclamation, et M. Jean Jacquier est
réélu trésorier de notre Compagnie à l'unanimité.
Election des six membres du Conseil d'administration. Votants 92, majo-
rité 47.
M. Masson 88 voix, M. Béliese 87, M. Gorret 81, M. Jusseau aîné 81,
M. Bernaix 80. M. Berthier, de Sl-Genis-Laval, 79. Ces Messieurs sont
proclamés membres du Conseil d'administration de l'Association.
11 est procédé à l'élection d'un membre du Conseil d'administration en
remplacement de M. Rochet, nommé vice-président. Cette élection donne
lieu à deux tours de scrutin qui, ne donnant pas do résultat, est renvoyée à
la prochaine réunion.
La séance est levée à 4 h jures. Le Secrétah-e-AdJoint, J. Nicolas.
Erodium Manescavi Boub.
La famille des Géraniums — des Géraniacées comme disent les
botanistes — ne comprend guère que quatre genres un peu impor-
tants, savoir Géranium, Pclargonium, Erodium et Monsonia. Dans
les cultures on confond volontiers les trois premiers sous le nom
de Géraniums. C'est ainsi que les Pélargoniums zonales sont plus
connus sous le nom de Géraniums zonales que sous leur nom
véritable. Beaucoup de jardiniers disent aussi volontiers : Géra-
nium à feuille de lierre, Géranium à la rose, etc., pour Pélargo-
nium à feuille de lierre ou Pélargonium à la rose. Nous avons
même souvent entendu dire Géranium musqué pour Erodium
musqué.
Quoiqu'il en soit de ces erreurs de nomenclature, il est bien cpr-
tain que lors même qu'il n'y aurait pas de caractères ann'.ouiiques
nécessitant la séparation des trois genres en question, les horticul-
teurs ne devraient pas hésiter à les distinguer les uns des autres,
car ils n'ont entre eu.x, au point de vue de la culture, que de très
— 497 -
lointains rapports. C'est ainsi, par exemple, que les Pélargoaiums
craignent presque tous le froid et gèleat au-dessous do 8 à 4° sous
zéro, tandis que les vrais Géraniums et les Erodiums sont des
plantes de pleine terre à peu près toutes rustiques.
Nous ne nous attarderons pas plus longtemps dans des générali-
tés relatives à la famille des Géraniacées et nous arriverons de suite
au sujet principal auquel cette note est consacrée.
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Erodium Manescavi. — Plante réduite au 1/3 de sa grandeur.
Si les Pélargoniums comptent plusieurs espèces et un très grand
nombre de variétés livrées à la culture, si les vrais Géraniums eux-
mêmes peuvent revendiquer plusieurs sortes très remarquables qui
servent à l'ornement des jardins, le genre Erodium est presque
absolument délaissé. C'est à peine si les ^rorfùtJM moschalum et cigo-
nium se rencontrent quelquefois par ci, par là, le premier à
cause de son odeur, le second parce que ses longues aiguilles sont
hygrométriques et servent à fabriquer des hygromètres à bon
marché.
_ 498 —
Cependant nous cultivons depuis deux ans un Erodium absolu-
ment remarquable, rustique et vigoureux qui mériterait d'être pro-
pagé et cultivé dans tous les jardins. 11 mériterait d'être cultivé à
cause de la beauté de ses fleurs, de leur abondance et de leur suc-
cession ininterrompue depuis le mois de juin jusqu'aux premiers
jours d'octobre.
Cet Erodium que nous avons fait dessiner et graver est connu
des botanistes sous le nom à' Erodium Manescavi Boub. On en trou-
vera ci-dessus deux figures, l'une représentant une plante réduite
au tiers de sa hauteur et l'autre une ombelle de fleurs de grandeur
normale.
Erodium Manescavi. — Fleurs de grandeur naturelle.
En voici la description :
Souche vivace, sans tiges herbacées, courtes, ligneuses et produi-
sant à son sommet les feuilles et les hampes florales. Feuilles toutes
radicales, poilues, hérissées, pinnatiséquées. Hampes toutes radi-
cales, dépassant les feuilles, de 2 à 5 décimètres de longueur, por-
tant des ombelles de 5 à 15 fleurs grandes, mesurant jusqu'à
2 centimètres de diamètre, entourées d'un involucre monophylle.
Pétales d'un beau violet nuancé amarante.
Cette espèce ornementale se cultive avec beaucoup de facilité et
se cultive à peu près dans tous les terrains. Dans notre jardin des
— 499 —
Charpennes, dont le sol est argilo-calcaire, compact, elle s'y est
comportée le mieux du monde et n'a cessé de donner des fleurs
pendant toute la belle saison.
Elle se multiplie de graines qui fleurissent l'année même du
semis. L. Lille et Beney,
Marchands-grainiera à Lyon.
Nierembergia fructescens flore albo. — Réduit au 1/4 de sa hauteur.
Nierembergia frutescens alba.
Une des nouveautés à signaler de cette année, est le Nierember-
gia frutescens alba.
Trop peu de jardiniers connaissent la Niérembergie frutescente
de couleur lilas, et quand le seul mérite de la nouvelle N. blanche
serait de rappeler l'attention sur celle-là, il serait déjà considéra-
— 500 —
ble. Mais ce n'est pas le seul : la Niérembergie est, en effet, une
plante charmante, et ses fleurs ont une délicatesse'gracile que peu
d'autres possèdent. Le feuillage est menu, délié, d'un vert un peu
sombre qui fait ressortir agréablement les fleurs nombreuses qui
l'émaillent.
Le seul défaut à signaler serait peut-être un léger manque de
tenue, auquel on remédie facilement en les repiquant serrées , elles
se ramifient, d'ailleurs, abondamment, et le défaut dont je viens
de parler est réparé par elles-mêmes dans les premiers mois de
leur floraison.
Car elle dure longtemps, leur floraison : de mai ou juin, suivant
l'époque du repiquage, jusqu'aux gelées. Même, s'il n'est pas trop
rigoureux, elles passent l'hiver en pleine terre.
L'espèce primitive, le Nierembergia graciiis avait été dédiée, au
xvii" siècle, à Eusebius Nieremberg, jésuite espagnol, natura-
hste distingué. L'espèce qui nous occupe, le N. frulesccns, a été
introduite du Chih, vers 1866, et vulgarisée par M. Durieu de
Maisonneuve, directeur du jardin de Bordeaux. Primitivement
lilas, ses fleurs sont devenues blanches dans la nouvelle variété que
le dessin ci-joint représente ; il ne reste de l'ancienne couleur vio-
lacée, qu'une légère teinte bleuâtre qui, colorant le fond de la
coupe florale, ne sert qu'à mieux faire ressortir le blanc pur de la
plus grande partie de la fleur.
On sème le A. frulesccns en mars, sur couche; on repique en
pépinière ou en place, ou de suite en place. On le sème aussi en
août-septembre, et on le repique dans des pots qu'on hiverne sous
châssis : la floraison serait alors plus hâtive que par la méthode
précédente.
On fait de cette plante do très jolis massifs. La floraison est
d'autant plus abondante, que la plante est plus exposée au soleil.
RivoiRE père et flls,
Marchamls-gi-ainiers, à Lyon.
Correspondance.
Lyon, le 12 novembre 1886.
Monsieur le Rédacteur en chef du Lyon-horticole,
Mon intention était de ne pas répondre à la lettre de M. Alexandre Ber-
nais, rosiériste à Villeurbanne, que vous avez insérée dans le n" 19 du Lyoa-
horticole, mais comme mon collègue malgré mes justes protestations conti-
nue à s'attribuer un Grand ptix d'honneur qu'il n'a pas obtcnn et que dans
diverses publications, notamment dans le n" 11 du Journal des Roses, je
501
trouve à nouveau cette distinction comme lui ayant été accordée par le Jury
de l'Exposition de Grenoble, 18 juin 1886, je tiens essentiellement à rétablir
la vérité et dire que dans ce concours il n'y a pas eu de grand prix d'honneur
affecté aux roses.
Il vous sera facile de vériûer mes assertions en consultant le rapport du
Jury dudit concoure et signé: la président-rapporteur, Gabriel Lnizet.
Rapport paru dans le Bulletin trimestriel (août 1886) de la Société horti-
cole dauphinoise, et à la page 8 vous pourrez lire ligne 17: poses con-
pées :
1" prix {ex-œquo), M. Bernaix, de Villeurbanne,
Va objet d'arf.
M. Pernet fils-Ducher, de Lyon,
Une médaille d'or.
Résultat proclamé publiquement à la distribution solennelle des récom-
penses le 20 juin 1886, où M. Bernaix et moi étions prkse.vts. Pour-
quoi mon collègue, puisque nous avons eu un i" pris (ex-aequo), marque-l-il
grand prix d'honneur?
Est-ce parce qu'il lui a été décerné un objet d'art. Soit, mais cala ne veut
pas dire grand prix d'honneur.
Si je me reporte à quelques pages plus loin dans le même Bulletin, je
trouve le rapport sur l'exposition à là page 10, dû à la plume de M. le comte
de Oalbert et tout comme moi vous pourrez lire au folio 19, ligne 5, à propos
des récompenses:
« Le Jury leur a attribué (MM. Bernaix et Pernet fils-Ducher) un 1'' prix
ex-œquo. Les roses des deux exposants étaient en parfait état, malgré la
pluie tombée toute la semaine. M. Bernaix, de Villeurbanne, avec 6 à 700
variétés bien choisies, nous montrait des semis ravissants, de couleur toute
nouvelle, et ce sont eux qui lui ont valu la seule différence entre les deux
récompenses objet d'art et médaille d'or. »
M. A Bernaix a le tort, je le répète, de s'attribuer un titre de récompense
qui ne lui appartient pas. Qa'il marque \" prix objet d'art, je n'ai rien à dire,
mais se décerner un grand prix d'honneur, lorsque le rapport du Jury, qui
aujourd'hui est public n'en fait pas mention, le droit de protestation et de
rectification m'appartient et c'est ce que je fais.
Je ne mets pas en doute que vous publierez ma trop longue lettre, ce dont
je vous remercie d'avance.
Recevez, Monsieur le rédacteur en chef, l'assurance de ma haute considé-
ration. J. Pernet fils-Ducher,
Rosiériste à Lyon.
Mode de plantation des plants racines.
Dans le numéro du mois de juin de la Figne américaine, dit
M. Martial Drageon, dans la Provence agricole, M. Gillis préconi-
sait un mode de plantation économique de la vigne, qui consistait
à couper aux racines de Riparia destinés à être plantés, les radi-
celles à 1 centimètre ou 1 centimètre 1/2, puis, avec une grosse
— 502 —
barre, à faire un trou de 35 à 40 centimètres et à planter ensuite
au fond de ce trou.
M. J. Rouget écrit dans ce même journal (numéro du mois
d'août) qu'il trouve ce procédé très bon, mais trop long et trop
coûteux.
« Mon système, dit -il, est plus radical. Je coupe les racines au
niveau même de la tige, et je plante au pal comme s'il s'agissait
d'une simple bouture.
« Je possède, ajoute-t-il, à la Garde, près Toulon, un vignoble
de 20 hectares. J'ai planté moitié en bouture et moitié par cette
méthode; mes vignes sont splendides de végétation. L'an dernier,
j'ai fait une expérience sur deux hectares. L'un a été planté avec
des racines d'un an à la méthode ordinaire, l'autre avec des plants
provenant de la même pépinière, les racines complètement enle-
vées et la plantation faite aa pal; je fus fort surpris de voir que les
racines, que j'appellerai racinés-boulures, étaient plus beaux et plus
vigoureux que les racines ordinaires; en outre, au printemps der-
nier, j'ai pu greffer 97 0/0 de mes racines-boutures, tandis que je
n'ai pu greffier que 85 0/0 des autres, »
Le savant professeur de viticulture, M. PuUiat, a planté, lui
aussi, comparativement le plant racine, à côté de ses voisins plan-
tant les mêmes vignes, après leur avoir rogné les racines jusque
contre le bourrelet, et il n'a jamais pu remarquer que la végétation
de ses vignes fût inférieure à celle de ses voisins; il a toujours vu,
au contraire, qu'à la première année, ses vignes donnaient de plus
fortes pousses que celles de ses voisins.
M. le général Rose, propriétaire à Saint-Nazaire (Var), qui
emploie également ce mode de plantation depuis plusieurs années,
en a toujours été très satisfait. Son vignoble est, du reste, dans
un parfait état de végétation.
Visite aux cultures de vignes de M. Magat.
M. Magat, horticulteur à Chazay-d'Azergues (Rhône) ayant demandé la
nomination d'une Commission pour visiter ses cultures spéciales de vignes.
L'Association horticole lyonnaise a désigné MM. Bernaix, Duché, Musset,
Pitaval et Jusseaud pour se rendre à l'appel de notre collègue.
La Commission a fait sa visite le 19 août dernier.
Les cultures de vignes de M. Magat s'étendent sur une superficie de trois
hectare» environ divisés en six sections différentes.
La première section est plantée en jeunes boutures d'un an des variétés
riparia, Gloire de Montpellier, rupestris, Vialla, l'oi'k Madeira. L'écartemant
entre chaque bouture, destinée à devenir un pied-mère varie entre 1 mètre
— 503 —
50 centimètres et 2 mètres, suivant les sortes. Les intervalles entre chaque
bouture sont utilisés pour cette année seulement, par d'autres boutures ou
greffes-boutures destinées à être livrées au commerce.
La, deuxième section comprend des variétés de vignes américaines et
hvbrides plantées depuis trois ans comme producteurs directs parmi les-
qu«lles nous notons Scnasqua, Othello et autres. Nous trouvons également
d'excellents porie-greffes, d'une vigueur très grande, qui recouvrent le sol
d'une épaisse couche de longs sarments.
La troisième section est plantée depuis deux ans en Alicante Henry Bous-
cket, Gamay de Bouze, Teinturier de Hongrie, Petit Bouschet et autres varié-
tés et commençant à avoir une moyenne récolte.
La quatrième section comprend une plantation de trois à quatre ans gref-
fée sur Vialla en diverses variétés et couvertes de beaucoup de raisins, elle
est cultivée à la charrue.
La cinquième section comprend une autre plantation de deux ans en plants
français greffés également sur Vialla d'une végétation luxuriante.
La sixième section est située près de l'habitatioa, dans un superbe clos
presque complètement planté en vignes de différents produits soit comme
raisin de table, soit pour cuva. Nous j avons remarqué les Aramon teinturier
Bouschet, Alicante Henri Bouschet et pour ainsi dire toute cette collection
d'hybride de Bouschet chargé de leurs beaux produits richement colorés.
Une quantité considérable de greffes de l'année, 200,000 environ, d'une
réussite presque complôce et d'une grande vigueur. Enumérer toutes les
variétés greffées serait trop long; les meilleures y sont en très grande quan-
tité, surtout les gumays, les mondeuses, les montmeillans, ainsi que toutes les
variétés déjà nommées tant anciennes que nouvelles, toutes très bien étique-
tées et en bon ordre.
En général, toutes les cultures de M. Magat sont d'une propreté irrépro-
chible, ce qui est toujours un grand point pour la bonne réussite des pro-
duits. La Commission a été unanime à le féliciter de ces beaux et bons
résultats.
Le rapporteur, Jusseabd.
Nécrologie.
Le 20 octobre dernier, s'éteignait, à l'âge de 64 ans, M. Marins Jacquemet-
Bonnefont, le chef vénéré de l'importante maison d'horticulture et d'arbori-
culture Jacquemet-Bonnefond père et fils, d'Annonay, membre de la Société
nationale centrale d'Horticulture, de la Société des agriculteurs de France
et de toutes les Sociétés horticoles et agricoles de la région, lauréat de la
prime d'honneur pour l'horticulture au Concours agricole d'Aubenas, 1S82.
L'origine de la maison Jacquemet-Bonnefont remonte à 1780. Elle fut
fondée par Jean-Baptiste Bonnefont. Son fils François, né en 1789, après
être venu à Paris étudier, sous le célèbre André Thouin, mourut en 1849,
laissant un nom universellement respecté. A son tour, son fils Marins vint à
Paris se perfectionner dans l'art de l'horticulture. Il y puisa, dans les grands
établissements horticoles et sous la direction habile de MM. Poiteau, Neu-
mann et autres professeurs du Jardin des Plantes de Paris, cette connais-
sance approfondie de sa profession, qui le guida pendant sa longue carrière
de travail. Il revint, ses études terminées, jeune et plein d'ardeur, se placer
sous la direction de son père dont il mit à profit l'expérience, les observa-
tions et les méthodes. A tous ces avantages, il joignit une parfaite honora-
bilité dans les affaires et une affection profonde pour ses nombreux employés
au milieu desquels il était regardé plutôt comme un père que comme un
maître.
— 504 —
En visitant ses cultures, il rencontrait souvent les fils de ceux qui avaient
servi son père, et rion n'était touchant comme la vénération dont il était
entouré. C'est ce qui explique le progrès rapide de cette maison, l'estime
qu'elle s'est acquise et l'immense développement qu'elle a pris dans un nombre
d'années relativement restreint.
A deux reprises différentes, la Société centrale d'Horticulture de France
s'est plu à décernera cette maison la plus haute récompense dont elle dispose
pour la large et habile organisation qu'elle a su implanter et perfectionner
dans un établissement aussi important.
La mort de M. Marius Jacquemet-Bonnefond est une perte considérable
pour l'horticulture française; elle est aussi un deuil cruel pour ces nombreux
et loyaux subalternes qui travaillaient avec amour sous la direction respectée
de leur bon maître.
M. Bonnefont ne laisse pas d'héritiers de son nom, mais, depuis plus de
dix ans, il s'était associé deux de ses neveux, MM. Gabriel Percie du Sert
et Louis Graillât. Ce dernier, emporté par une mort prématurée, a précédé
d'un an son oncle vénéré dans la tombe. M. du Sert demeure donc seul à
porter ce redoutable fardeau ; mais il est préparé de longue date au manie-
ment des affaires, et il soutiendra avec honneur la belle réputation de ce
magnifique établissement. J. M.
Informations. — La Société d'Horticulture, dans sa séance du 3 cou-
rant, a décidé qu'une expositioa internationale, comprenant tous les produits
horticoles et ceux industriels y ayant rapport, aura lieu à Chalon, en sep-
tembre 1887, à l'oocasiou d'un congrèa viticole que la Société d'Agriculture
doit y organiser.
La date en sera ultérieurement fixée.
— Le Conseil d'administration de la Société nationale d'Horticulture de
France a décidé qu'un Congrès analogue à celui de 1836 se tiendrait à Paris
en 1887, en même temps que l'Exposition d'horticulture da printemps.
— La Société d'horticulture de Genève a tenu, le 7 novembre dernier, une
Exposition de Poires d'hiver et de Chrysanthèmes.
— La culture de l'Immortelle jaune occupe, dans la région provençale,
1,200 hectares, dont les produits sont expédiés dans toutes les parties du
monde. Cette plante donne des prix très rémunérateurs, et, si l'on veut s'en
convaincre, il sulfît do consulter un mémoire intéressant portant pour titre :
Mémoire sur la production des fleurs d'Immortelle en Provence, publié par
M. Gros, professeur d'agriculture dans le département des Alpes-Maritimes.
Catalogne». — Baborier père et fils, horticulteurs à Chanas (Isère). —
Prospectus contenant l'énumération des 'V'ignes françaises et américaines
cultivées dans l'établissement : Vignes à vins et Vignes de collection,
F. MoREL et fils, 33, rue du Souvenir, à Vaise-Lyon. — Catalogue général
descriptif et raisonné des meilleurs arbres et arbustes fruitiers. Ce catalogue
comprend, outre l'énumération des espèces et variétés cultivées dans l'éta-
blissement, des indications très utiles sur les soins à donner aux arbres
fruitiers.
J. Pernet filsDucHER , rosiéristo, 23, chemin des Quatre-Maisons, à
Lyon-Guillotière. — Catalogue spécial aux Roses, comprenant l'énuméra-
tion et la description de très nombreuses sortes de Rosiers. Ces Rosiers sont
classés, dans l'ordre alphabétique, dans leur série respective.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Iinpr. du Salut Public. — BoUon, 33, rue de la République, 33;
1886 DÉCEMBRE N' 23
CHRONIQUE
Jrbres fruitiers franca de pied. — Depuis quelque temps, la presse
horticole a réveillé un chat qui dormait, en soulevant, je ne sais
plus trop à quel propos, la question des arbres fruitiers francs de
pied. Si mes souvenirs sont exacts, je crois que les pépiniéristes
américains sont pour quelque chose dans l'aiïaire, ayant parlé de
greffer les poiriers sur tronçons de racines.
Ce chat qui dormait et qu'on a réveillé en lui tirant les mousta-
ches, ne me déplaît pas. C'est un sujet intéressant quoique vieux,
très important, à mon avis; admirable matière à mettre, sinon en
vers latins, tout au moins, si je ne me trompe, capable d'entretenir
pendant vingt, ans et plus les discussions, controverses, polémiques
et autres formes variées du langage.
Du reste, cette question, comme Janus, se présente sous deux
faces bien différentes, et avant d'essayer de la résoudre, il serait •
peut-être bon de la poser sous ses deux aspects.
Plusieurs jardiniers en causaient, l'autre jour, en ma présence,
et ne semblaient pas devoir se mettre d'accord.
— Qu'entendez-vous par « francs de pied » ? demandait celui
d'entre eux qui paraissaic attacher le plus d'importance à la valeur
des expressions.
— Diable ! répondait l'autre, ce terme ne serait-il pas clair?
— Je te crois, ajoutait un troisième, il y a le franc de pied de
semis, le franc de pied de boulure ou de marcotte, et le franc de
pied qui s'est affranchi de son sujet.
— Qu'appelles-tu s'affranchir, ajouta un quatrième.
— J'envoyai cet indiscret à M"'' la duchesse de Fi tz- James et
M. Hébrard, qui ont chacun une manière différente d'expliquer ce
verbe. M. Hébrard lui donne un sens actif : celui qui s'affran-
chit est celui qui vit et non celui qui meurt. Ainsi, par exemple :
si le sujet tue la greffe, c'est le sujet qui s'est affranchi; si le
contraire arrive, c'est la greffe qui s'est affranchie.
Sujet à contestations, comme vous voyez.
— 506 —
N'élargissons pas trop le débat. La question est plus simple
qu'elle n'en a l'air; mais cependant difficile à résoudre.
Procédons par ordre.
Voici d'abord des renseignements que je dois à l'obligeance de
M. Jean Sisley. M. Sisley, qui s'intéresse à toutes les questions
horticoles, a demandé à M. Daniel Hooïbrenk, l'émiuent horticul-
teur de Hietzing, près Vienne (Autriche), ce qu'il pensait des
arbres fruitiers francs de pied.
Voici sa réponse :
Vous m'avez demandé mon avis sur les arbras fruitiers francs de pied.
J'ai fait des milliers de semis. Ce sont maintenant de très beaux arbres
de vingt à vingt-cinq ans. — Tous les fruits à noyaux : Pèches, Abricots,
Prunes et Cerises sont beaucoup plus savoureux, plus productifs que ceux
qui sont greffés, et aussi plus durables. Et il doit en être de mêma des fruits
à pépins : Pommes et Poires.
On remarquera que cette lettre contient des faits et une suppo-
sition. Les faits se rattachent aux arbres fruitiers cà noyaux; la
supposition, aux arbres à fruits à pépins.
Admettons pour un moment que la lettre de M. Hooïbrenk ne
contienne que des affirmations, devons-nous conclure à la substi-
tution du semis à la greffe dans les plantations ? Je n'en suis pas
d'avis pour plusieurs raisons, savoir :
D'abord, les arbres obtenus de semis restent souvent de longues
années avant de donner des fruits. Premier point à considérer.
D'autre part, il faudrait, notamment pour le poirier, renoncer à
toutes les petites formes et même aux espaliers; car cet arbre ne
fructifie qu'aux extrémités des branches, quand il est issu de semis.
Deuxième inconvénient. Enfin, l'on sait qu'il suffit de très peu de
chose pour transformer une excellente variété de poires en un
fruit détestable. Dans ce dernier cas, il faudrait donc, pour admet-
tre la substitution de l'arbre franc de pied à l'arbre grefïé, que la
reproduction des variétés se fasse sans aucune variation.
Voilà bien des inconvénients.. Seraient-ils compensés dans la
création d'un verger par les qualités que M. Hooïbrenk signale
dans sa lettre. Voilà la question.
Quant au système de greffe que les pépiniéristes américains
emploient, M. Jean Sisley l'a également fait connaître, et plu-
sieurs journaux l'ont signalé. Je trouve une mention de ce procédé
dans le Bulletin du Syndical agricole du Calvados, qui laisse supposer
qu'il a déjà été expérimenté en France. Jugez plutôt :
Depuis quelques années, les Américains ce greffent pUs leurs arbres de
vergers quels qu'ils soient, ni sur franc, ni sur un autre sujet. — Ils les font
francs do pied, par le procédé suivant fort simple, et qui amènera une révo-
lution dans la pratique agiicole.
Ils greffent tout simplameat sur racines de môme e--pèce. — Cjs greffes
abritées sous terre ne craignent pas les influences atmosphériques, poussent
très vite et s'affranchissent rapidement.
- 507 —
Les \méiicains obtiennent ain,i, cinq ou six ans plus lot que nou?, des
arbres parfaitement sains, très vigoureux et surtout beaucoup plus produc-
tifs.
Cette méthoJe est déjà appliquée chez un pépiniériste de Doué-la-Fon-
taine, qui a des pooamiers de deux ou trois ans, élevés par celte méthode et
dont les tiges sont faites.
Diospyros coslala. — On se souvient peut-être qu'à l'Exposition
tenue à Lyon au mois de septembre dernier, M. Reboul, horticul-
teur à Montélimar (Drôme), avait exposé toute une collection de
kakis japonais. Malheureusement son exposition ne pouvait donner
aucune idée de la beauté des fruits que produisent ces arbres. Pour
parer à cet inconvénient, M. Reboul a eu l'heureuse idée d'en-
voyer sur le bureau de l'Association horticole une branche d'une
des plus belles sortes — D. coslala — absolument couverte des
fruits en question.
Cette branche, longue de 60 centimètres, ne comptait pas
moins d'une douzaine de kakis de la grosseur d'une orange ordi-
naire. Par cet échantillon, on pouvait se faire une idée de l'effet
que produirait un arbre gros comme un pommier ordinaire, par
exemple, couvert de ses fruits rouge orange. M. Reboul avait
accompagné son envoi d'une lettre de laquelle nous extrayons les
quelques renseignements suivants concernant les kakis :
« Les fruits demeurent longtemps après la chute des feuilles,
offrant ainsi un aspect tout particulier, qu'aucun arbre fruitier de
nos contrées ne saurait nous en donner une idée.
« Pour que ces fruits soient mangeables, il faut qu'ils soient
blets à la façon des nèfles ou des sorbes; leur couleur jaune clair
actuelle tourne alors au rouge sombre, presque transparent ; leur
goût fade a besoin d'être relevé d'un peu de rhum ou de sucre
« Les fruits de cette variété sont presque toujours infertiles.
« Bien avant de tomber ses feuilles prennent une belle teinte
variant du rouge clair au pourpre foncé. »
Le provignage chinois. — Les journaux sont quelquefois obligés
de donner des titres bizarres à certains articles sur lesquels ils dési-
rent attirer l'attention de leurs lecteurs. C'est, je pense, pour
obtenir ce résultat, que le Messager de Toulouse signalait, dans une
de ses chroniques agricoles, sous le nom de Provignage chinois, un
procédé de multiplication de la vigne qui n'est pas nouveau et dont
les fils du Ciel n'ont pas le monopole. Il est surtout employé pour
multiplier rapidement certaines sortes rares.
Voici, en substance, en quoi consiste le susdit procédé :
« Une fosse de 0"'25 environ de profondeur est creusée à partir
du pied mère ; un sarment convenablement choisi est tendu hori-
— 508 —
zontalement à 0'"06 ou 0"08 au-dessous du niveau du sol au moyen
de petits piquets auxquels on l'attache solidement. On enlève ensuite
tous les yeux intermédiaires entre le point de départ du sarment et
l'endroit où il pénètre dans l'excavation.
« Lorsque la plante entre en végétation, chaque bourgeon se
développe, et quand les rameaux qui en proviennent ont atteint
0"15 à 0'"20 de longueur, on comble la fosse avec la terre précé-
demment extraite, que l'on fume si elle est médiocre ou mauvaise.
« Si le sol manque de fraîcheur, il faut le couvrir d'un paillis ou
l'arroser, tin été, des racines nombreuses se développent sur l'an-
cien sarment et sur les rameaux qui en dérivent. Lorsque arrive le
moment de la plantation, on n'a plus qu'à relever le provin et à le
diviser en autant de fragments qu'il y a de rameaux enterrés.
Chacun d'eux constitue un bon plant enraciné.
« Quand ou opère sur des sarments aoûtés, l'époque de la chute
des feuilles est la meilleure pour ce provignage. Quand on fait
usage de rameaux herbacés, on doit les enterrer dès qu'il ne sont
plus trop cassants pour être courbés sans danger de se rompre. »
Frucli ficalion des araucarias. — M. Vincent Ostinelli, jardinier-
chef de la villa du prince de Trabia et Butera, à Palerme, signale
dans le Bullelino delta R. Societa Toscana di oriicuUura la fructifica-
tion de plusieurs Araucarias dans la villa en question.
« Depuis trois ans, dit M. V. Ostinelli, un superbe exemplaire
ù.' Jraucaria BidwiUi produit de gros strobiles, de forme sphérique,
dont quelques-uns pèsent jusqu'à 4 kilog. Cette année, je les ai
fécondés avec le pollen de VJraucaria Cooki. L'arbre mesure
12 mètres de hauteur, garni depuis sa base de branches qui cou-
vrent une circonférence de 35 mètres. Le tronc, à 80 centimètres
du sol, mesure 1 mètre 70 de tour. Son aspect pyramidal est très
élégant, et j'ose affirmer que c'est l'exemplaire le plus grand et le
plus beau de toute l'Italie.
« Une autre espèce, qui n'est pas inférieure à la précédente en
majesté et grandeur, V Araucaria Cunninghamii, est également
chargée de fruits iécondés. Il y a également V.J. Cooki qui a donné
des fruits cette année pour la première fois. Ce sont les premiers
fruits de cette espèce que l'on voit en Sicile et probablement dans
le reste de l'Italie. J'ajouterai en dernier lieu qu'il existe dans ce
jardin divers autres beaux Araucaria excelsa, qui produisent des
fruits tous les ans et dont les graines n'arrivent à complète matu-
rité qu'après dix-huit mois, »
— 509 —
Des grosses fraises au mois d'août. — « Un apport qui a particuliè-
rement attiré l'attention des visiteurs de l'Exposition temporaire
du Cercle royal d arboricullure de Liège des 28 et 30 août dernier,
c'est l'assiette de belles et grosses fraises, exposées par M. Lam-
bert Dabée, chef de culture chez M. le baron Gaston de la Rousse-
lière, au château des Bruyères (Chênée). De grosses fraises à la
fin du mois d'août, d'un beau rouge ^vermillon et d'un aspect des
plus appétissants, c'est quelque chose qui excite la curiosité. Si
l'exposant n'avait pas indiqué que ces fraises provenaient de
plantes de la variété Marguerite (Lebreton) soumises à une culture
retardée, beaucoup de visiteurs auraient cru qu'on avait enfin
trouvé le fameux fraisier à gros fruits donnant depuis le printemps
jusqu'aux gelées, et qu'on a faussement annoncé sous les noms
pompeux de Roi-Henri, de Jeanne-d'Arc, etc.
Les belles fraises que M. Dabée avaient exposées provenaient
de plantes qu'il avait forcées en hiver. Après la fructification, il les
a laissées un peu souffrir, coupé une partie de leurs feuilles et les
a replantées en pleine terre, où il les a arrosées abondamment.
Elles se sont remises en végétation, ont bien fleuri et donné de
beaux et bons fruits pendant le mois d'août et une partie de celui
de septembre.
Cette production hors saison, dit M. Jules Belot, dans le Bulletin
liorlicole, n'a cependant rien d'extraordinaire; car elle s'obtiendra
chaque fois qu'on voudra traiter, comme nous venons de l'indiquer,
les fraisiers qu'on aura soumis à la culture forcée, soit en serre ou
sur couche. Ceci devrait encore engager les jardiniers à généra-
liser davantage la culture forcée de ce bon fruit ; ils pourraient
ainsi le fournir pendant une bonne partie de l'année. »
Olivier de Serres el la taille des arbres. — Olivier de Serres recom-
mande de tailler les arbres au printemps, et qualifie d'ignorants
ceux qui les taillent à une autre époque.
Voici le passage de son Théâtre d'agriculture, où il traite cette
question :
« Le temps en est après l'hiver, lorsque les arbres sont en
sève, afin que par icelle la plaie de la coupe soit tôt recouverte :
ce qu'on ne pourrait espérer, prenant les arbres encore endormis,
comme plusieurs ignorants font, ce que je redis pour l'importance
de ce raesnage. Car les taillant en hiver, avant qu'ils fassent sem-
blant de pousser, la tranche se sèche en noircissant, sans se pou-
voir jamais recouvrir, ou bien à tard, souventes-fois à la ruine de
l'arbre. Mais par le contraire, l'humeur de la sève se trouvant
preste, secourt subitement la plaie, quand on la fait au temps nou-
veau ; chose qui se preuve par l'expérience et bien apparemment
— 510 —
par les entes faicts à l'écusson, qui faillent à se reprendre,
desquels en très peu de temps la cicatrice de l'incision faite au
sauvageon et très bien consolidée par la sève intervenant là-des-
sus. »
Cet excellent Olivier de Serres pousse un peu les choses au noir,
car une coupe bien faite, même en automne, se recouvre parfaite-
ment dans le cours de l'été. Du reste le conseil qu'il donne est bon
à suivre, surtout lorsque les arbres qu'on doit tailler ne sont pas
trop nombreux, car en mars les occupations ne manquent pas aux
jardiniers.
Expcrieuecs h instUiier dans les jiirdius pour jii^er de la
valent* fertilisante des engrais cliiiuiqiies.
Les chimi-ites qui se sont occupés de l'analyse des plantes ont. trouvé
qu'elles contenaient toutes, dans des proportions variées et combinées de dif-
férentes manières, quatoize éléments ou corps simples.
Ces quatorze éléments, qui composent la substance végétale, soat tirés
directement du sol ou de l'atmosphère par les racines et les feuilles des
plantes.
A la suite d'expériences très nombreuses, les chimistes ont reconnu que
quatre des élémenis en question jouaient un rôle tellement prépondérant
comme a.,'ent de fertilité qu'il suffisait da les assjcier entre eux, dans
différentes proportions, pour constituer des engrais de premier ordre.
Ces quatre éléments sont : l'acide phosphorique, l'azote, la potasse et la
chaux. C'est avec eux qu'on a composé tous l35 engrais chimiques. Ce sont
ces éléments qui communiquent aux fumiers, guanos, poudrettes, matières
fécales, guadoues, etc., ainsi qu'à la terre arable leur action fertilisante.
Il est prouvé que l'acide phosphorique, la potasse, la chaux et une matière
aïotée communiquent aux plus mauvaises terres le plus haut degré de ferti-
lité.
Ces quatre substances partout efficaces ne manifestent leur action qu'autant
qu'elles sont associées entre elles et réunies toutes les quatre. La suppres-
sion d'une seule d'entre elles frappe les autres d'inertie.
On a reconnu que, suivant les espèces, ces quatre orps n'avaient pas le
même degré d'utilité; qu'ils avaient à tour de rôle une action prépondérante
ou subordonnée.
La composition de la plupart des engrais spéciaux n'est basée que sur la
connaissance de la substance prépotidérante à laquelle on adonné le nom do
dominunte.
La dominante pour les céréales, le colza, la betterave est la matière azotée.
Dans la composition d'un engrais pour les plantes en question, c'est donc la
matière azotée qui doit dominer.
Pour le maïs, la canne à sucre, le rutabaga, la dominante est Vacide phos-
phorique.
C'est la. potasse pour les légumineuses et la pomme de terre.
Toute la question pour arriver à composer un engrais rationnel pour une
plante déterminée est de trouver sa dominante, c'est-à-dire celle des quatre
substances plus haut énoncées qui a un? action prépondérante sur sa végé-
tation.
Pour les cultures agricoles les expériences ont été faites. Elles sont à faire
pour l'horticulture.
Si tous les sols avaient la même composition la question serait très simple,
mais comme cette composition varia beaucoup et qu'elle entre forcément en
— 511 -
ligne de compte dans la composition des engrais, il s'en suit que l'expérience
faite dans un sol ne prouve rien pour un autre sol de différante nature. De
là la nécessité pour chaque cultivateur d'arriver d'abord à la connaissance
de son terrain.
Ceux qui ne sont pas initiés à l'étude des engrais s'imaginent volontiers
qu'il sufDi de faire analyser le sol par un chimiste pour coan lître sa compo-
sition. Oui, un chimiste dira Je quoi se compose un teirain, mais jamais,
entendt-z bien, il ne vous renseignera sur les qualités horticoles de ce ter-
rain : Tenez, un exemple: la potasse n'est-elle pas en très grande abondance
dans les sables feldspathiques ? et cependant présentée sous cette forme à la
plante la potasse n'a presque aucune action sur elle. Il en est de même pour
l'acide phosphorique associé à l'alumine, au fer et même dans certains cas à
la chaux.
Renoncez donc, croyez-moi, à l'analyse chimique de vos terrains. Faites-
les analyser par vos plantes. Elles vous répondront plus sûrement que le
meilleur chimiste. Dans leur mystérieux laboratoire les plantes ont des
instiutnents d'une précision inestimable qu'on n'a pas encore remplacés.
Avant d'indiquer comment cette analysa des terres peut se faire au moyen
des engrais il est utile d'expliquer comment ceux-ci doivent être composés.
Les engrais se divisent en quatre catégories, savoir : engrais complets,
engrais incomplets, engrais intensifs, engrais homologues.
Les engiais complets varient de composition suivant la dominante. Voici
des exemples d'engrais complets donnés par Georges Ville :
Engrais complet à dominante azote employé pour le jardinage:
Superphosphate de chaux. 4 kil. » pour 100 mètres carrés.
Nitrate de potasse. ... 2 » » — —
Sulfate d'ammoniaque . . 2 » 500 — —
Sulfate de chaux (plâtre). 3 » 590 — —
L'azote est fourni par le nitrate de potasse d'un côté et par le sulfate
d'ammoniaque de l'autre.
Engrais complet à dominante potasse, employé pour la vigne et les arbres
fruitiers :
Superphosphate de chaux . . 6 kil. pour 100 mètres carrés.
Nitrate de potasse 5 — —
Sulfate de chaux 4 — —
Engrais à dominante acide phosphorique :
Superphosphate de chaux . . 6 kil, pour 100 mèlres carrés.
Nitrate de potasse 2 — —
Sulfate de chaux 4 — —
Pour transformer ces trois sortes d'engrais complets en engrais intensifs,
il suffit d'élever le chiffre de la dominante. Exemple : Au lieu de 2 kil. 500
de sulfate d'ammoniaque indiqués dan» la première formule, il faut porter la
dose à 3 kil. 500. Même opération pour les engrais suivants, en ayant soin
d'élever la dose de potasse ou d'acide phosphorique.
Les engrais incomplets sont ceux dont on supprime une des quatre subs-
tances. Les engrais incomplets sont employés dans les sols qui contiennent
largement, sous la forme assimilable, la substance supprimée dans l'engrais.
Un sol est-il sutBsamment riche en potasse, on supprime la potasse dans
l'engrais ; est-ce le phosphate de chaux qui est abondant dans le terrain, on
supprime le phosphate de chaux dans l'engrais.
Il reste à dire quelques mots des engrais homologues, qu'on aurait pu
appeler engrais économiques. Ces engrais sont composés avec des substances
qui fournissent dans ctrtains cas les principes utiles aux plantes sous d'au-
tres formes. C'est ainsi que l'azote peut être fourni pas le nitrate de soude,
la potasse par le chlorure da potassium, l'acide phosphorique par le phos-
phate précipité ou le phosphate fossile.
Ces substances sont généralement moins chères que celles qui entrent dans
la composition des engrais dont nous avons donné les formules.
— 512 —
La fabrication des engrais homologues ne doit être entreprise que lorsqne
le cultivateur s'est rendu un compte exact du rô'e des engrais complets ordi- '
naires.
Supposons un horticulteur voulant juger par lui-même Tinflutnca qu'eier-
cent des engrais chimiques sur les différentes plantes qu'il cultive. Voici
l'expérience qu'il doit instituer, en admettant qu'il se soit procuré 30 kilog.
de superphosphate de chaux, 10 tilogr. de nitrate de potasse, 10 kilogr. de
sulfate d'ammoniaque et 12 kilogr. de plâtre.
1» Engrais complètement intensif : 5 kilogr. de superphosphate ; 2 kilogr.
250 nitrate de potasse ; 2 kilogr. 5'30 sulfate d'ammoniaq'ie : 3 kilogr. 500
plâtre, pour 100 mètres carrés.
2° Engrais moins l'azote : Supprimer dans la formule précédente les
2 kilogr. 500 de sulfate d'ammoniaque.
Nota. Pour constituer un engrais absolument .'«ans azote, il faudrait remplacer le
nitrate de potasse par une dose équivalente de chlorure de potassium.
3° Engrais sans potasse : 5 kilogr. de superphosphate; 2 kilogr. 500 sul-
fate d'ammoniaque ; 2 kilogr. '500 piâtre.
4° Engrais sans acide phosphorique : 2 kilogr. 250 nitrate de potasse;
2 kilogr. 500 sulfate d ammoniaque ; 2 kilogr. 500 plâtre.
5° Le même que le précédent, en supprimant le plâtre.
Mélanger exactement chacune des doses indiquées, de façon à constituer
un tout parfaitemniot homogène. Ensuite afin de 'aciliter l'épandage, addi-
tionner chaque engrais de 10 fois son volume d'une substance de peu de
valeur, telles que terre sèche, sable, vieille tannée, vieux terreau, etc.
Les cinq engrais plus haut cités étant composés pourront servir à cent
mètres carrés chacun.
Je supposa maintenaTt que l'horticulteur veuille trouver la dominante du
Rosier, du Fusain, du choux, du Poirier, de l'Hortensia, etc.; afin de savoir
quelle sera la fitrinula de l'engrais la plus profluible dans son terrain, à ses
différentes plantes, nue doit-il faire ?
Il doit dire a'jx engrais : analysez mon terrain, an alj.?ez mes plantes, et
les engrais analyseront plantes et sol, mieux que Boussingault et Georges
Ville eux-mêmes.
Première expérience. — Analyse dti terrain. — Supposons une culture de
rosiers de GO mètres carrés. Diviser le terrain en six paities de 10 mètres
carrés. La première partie recevra l'engrais complet ; la deuxième, l'engrais
sans azote; la troisième, l'engrais sans potasse; la quatrième, l'engrais i.ans
acide phosphorique ; la cinquième, l'ergrais sans plâtre ; la sixième, aucun
engrais. A la fin de la saison la plante aura répondu. Si le terrain manque
de l'un des quatre éléments supprimés dans l'engrais, ou verra la parcelle
où cette suppression a été faite chélive et misérable. Au contraire, le ter-
rain est-il riche et fourni des quatre éléments en question sous la forme assi-
milable la suppression d'un des éléments n'influera pas sur la végétation.
Nous avons un terrain riche dont il suffira d'entretenir la fertilité en lui
ajoutant chaque année les substances que les plantes auront consommées.
Deuxième expérience. — Analyse de la plante. — Diviser comme précé-
demmeni une surface de terrain cultivée en rosiers en six parties égales.
Mettre dans chacune des quatre premières parties un engrais intensif à domi-
nante différente, dans la cinquième partie, un engrais sans dominante et
laisser la sixième partie sans engrais. Celle des quatre premières parties qui
aura donné le meilleur résultat indiquera la dominante du rosier ou de tous
autre plante qu'on aura cultivée.
Comme on le voit il n'j a rien de plus simple pour le cultivateur que de
se rendre compte de la valeur fertilisante des différentes substances qui en-
trent dans la fabrication des engrais.
Après cette première expérience, quand il connaîtra la nature de son ter-
rain et les besoins des plantes qu'il cultive, quand il sera familier en un mot
avec les sels de phosphore, de potasse, de matières azotées et autres subs-
— 513 —
tances, il pourra, facilement essayer la fabrication des engrais homologues,
qui coûtent moins cher et donnent souvent d'excellents résultats.
Nous aurons du reste l'occasion de revenir sur cette importante question
en faisant connaître le résultat des expériences que nous nous proposons
d'établir au printemps prochain.
Nous avons indiqué les doses à employer pour 100 mètres carrés. Dans la
culture des plantes en pots il y aura lieu de procéder avec circonspection.
Nous pensons qu'il sera utile au début do ne pas mettre plus de 1,500 gram-
mes d'engrais par mètre cube de terre. L'engrais ayant été mêlé de dix fois
son poids sera dune incorporé dans la terra en rempotage à raison de 15 kilos
par mètre. On pourra varier cette dose en l'élevant successivement. Cet essai
ne devra porter que sur quelques plantes de chique espèce.
Rosa sempcrvirens. — Rosier toujours vert.
Rosier toujours vert. — Rosa sempervirens L.
Les variétés de Rosier toujours vert (^. sempervirens) culti-
vées dans les jardins ne sont pas très nombreuses ; c'est à peine si
les catalogues des rosiéristes les plus renommés en mentionnent
— 514 —
une demi-douzaine, telles que Anatole de Monlesquieu, Félicilè perpé-
tuelle, — quelques-uns écrivent Félicité Perpétue, Flore, Galand et
rampante.
En revanche, les botanistes signalent un assez bon nombre de
formes de Rosa sempervirens qui croissent à l'état sauvage en Europe.
Plusieurs de ces formes ont été élevées au rang d'espèces dans ces
derniers temps.
D'après Lindley les fiosa scandens Mil!., halearica Desf. , alrovirens
Viv., capreolata Neil., microplnjlla Desf. et proslrata Lindl. devraient
être considérés comme de simples synonymes du Rosier toujours
vert.
Déseglise a modifié cette appréciation du botaniste anglais. Il
considère commes espèces légitimes le B. scandens Mill., auquel il
rapporte comme synonymes les B. moscliala Mutel et R. inicrophijUa
Desf.
Je n'ose pas poursuivre plus loin l'énumération sèche et fasti-
dieuse des synonymes du R. sempervirens, cela constituerait un
méli-mélo auprès duquel celui de la rue Meslay ne serait qu'un
petit garçon. Quand j'aurais dit que le Rosier musqué, de Lapey-
rouse, n'est qu'un Rosier toujours vert qui n'a aucun rapport avec
le Rosier musqué de Mutel, lequel n'est, paraît-il, pas autre chose
que le Rosier sarmenteux R. [scandens) de Miller, serions-nous bien
avancé pour cela ? Que les botanistes débrouillent, s'ils le peuvent,
la question ; c'est leur affaire et non la nôtre.
Nous devons conclure, néanmoins, de l'embarras des botanistes
dans cette question que le rosier toujours vert n'est pas une entité,
mais un groupe de formes nommées autrefois un peu à tort et à
travers par ceux qui se sont occupés de cataloguer les espèces sau-
vages des différentes parties de l'Europe.
Le Rosa sem/crvirens a été figuré dans V/fortus Ellhamensis par
Dillenius, dans le Flora grœca par Siblhorp, par Redouté, le roi des
peintres de fleurs, par Miss Lawrence et par plusieurs autres. La
figure que nous en donnons est une copie réduite de celle de l'Hor-
tus Ellhamensis.
Le Rosier toujours vert vit à l'état sauvage en France, surtout
dans le Midi et dans l'Ouest, en Espagne, en Italie, en Turquie,
en Grèce, en Algérie et au Maroc.
On a voulu rapporter la rose du comté d'Ayr (Rosa Jijrshirea), si
commune dans les jardins, au R. sempervirens, mais il est certain
que cette sorte appartient au groupe des Rosa arvensis.
Le Rosier toujours vert, ainsi que ses variétés horticoles sup-
porte facilement nos hivers même les plus rigoureux. Ils garnissent
en peu d'années un treillage, un mur, ou forment de belles colon-
nes de verdure qui donnent au printemps d'innombrables fleurs.
— 515 —
11 serait à désirer que les rosiéristes, qui nous donnent chaque
année tant de variétés nouvelles de Roses, voulussent bien s'occu-
per de féconder artificiellement le Rosier en question avec, quel-
ques-unes de ces belles sortes de Thés, de Noisettes ou d'hybrides
remontants qui sont si nombreuses dans les jardins. Cela nous
sortirait, un peu des sentiers fleuris mais battus des Roses
modernes. S. L.
De la Restauration des Arbres à fruit (1).
On juge de la vigueur d'un arbre, non par la quantité de fruits,
mais par la force et la longueur des pousses produites dans l'année.
Quand la somme des pousses diminue, c'est que la végétation se
ralentit : l'arbre est fatigué. Quand la somme est nulle ou presque
nulle, c'est que la végétation est arrêtée : l'arbre est épuisé. La
fatigue est le résultat de causes accidentelles et passagères : c'est
tantôt une récolte surabondante, tantôt une sécheresse excessive ou
un sol amaigri, tantôt une maladie ou une invasion d'insectes des-
tructeurs. Les causes de la fatigue étant diverses, les remèdes
seront en rapport avec elles. Une année de repos qui succède ordi-
nairement à une année d'abondance, une fumure plus copieuse,
une visite d'entretien plus sérieuse suffiront pour rendre à l'arbre
toute sa force et sa vigueur.
La fatigue prolongée conduit à l'épuisement, et l'épuisement con-
duit à la mort. L'arbre fatigué ne pousse plus de rameaux, et par-
tant plus de racines. La sève monte trop rare dans le tronc et dans
les branches, sur lesquels les vers exercent impunément leurs rava-
ges. La mousse, les lichens envahissent les écorces, les insectes
dévorants se multiplient à loisir. Tout concourt à l'épuisement de
l'arbre, jadis si vigoureux; il tombe dans une vieillesse préma-
turée, et bientôt il succombe.
Il a fallu vingt, trente ans et plus pour former un arbre ; il suffit
de quelques heures de travail, sinon pour lui rendre la vigueur
première, du moins pour prolonger de longues années son exis-
tence et doubler ses produits. Les lui refuserez-vous ? Ce serait
bien mal comprendre vos intérêts. La restauration de vos arbres
est facile. Je vais vous le démontrer par un exemple.
Je me trouvais, il y a quinze ans environ, en présence d'un
arbre jeune encore, mais déjà complètement épuisé. C'était une
ancienne pyramide, devenue par la suppression des branches infé-
rieures, un arbre à haute tige. L'arbre était dans un tel état, que
(1) Bulletin de la Société d'horticulture de l'Orne.
— 516 —
le propriétaire l'avait condamné au bûcher. Je demandai à le res-
taurer, et j'entrepris sa guérison.
Je commençai par les égorges : c'était attaquer les ennemis dans
leur fort. Un jour, que les écorces étaienl bien trempées par une pluie
prolongée, je inarmai d'un (jralloir et je raclai le tronc cl les branches.
Dieu ! quel spectacle voilaient toutes ces écorces fendillées, cou-
vertes de mousses et de lichens! Des chancres, des ulcères, des
plaies de 10, 20 et même 30 centimètres de long, sur une largeur
égale au quart, au tiers et quelquefois à la moitié de la circonfé-
rence; des chicots, restes de branches mal coupées ; et surtout des
insectes, des œufs, de la vermine, de quoi monter au printemps
tout un musée d'entomologie. Je me conduisis en vrai Vandale; et,
sans égard pour la beauté et les charmes futurs de ces êtres divers,
je recueillis le loul avec les raclures, et je les jetai au foyer, où les œufs
détonnèrent comme de petits pétards, et où les insectes rôtirent,
maudissant le trop zélé arboriculteur.
Plus irrités encore furent les vers dont je venais de troubler les
douces jouissances. J'en trouvai un grand nombre, se délectant des
sucs del'écorce, sur le tronc et surtout à la naissance des branches.
En vain, ils m'opposèrent la loi de la prescription; je n'écoutai
rien, tous furent écrasés.
A quelques jours de là, je revis mon arbre. Je fus charmé de
son petit air de propreté. Le temps humide avait attendri de nouveau
les écorces. Aum quelques coups de rdcloir eiirenl-ils bientôt complété sa
toilette ; et je n'eus plus à m'occuper que des ulcères, des chancres,
des chicots et des branches.
Les ULCÈRES consistent dans la désorganisation du tissu ligneux,
lorsque, meurtri par un instrument mal tranchant, il est resté sou-
mis à l'action délétère de l'air, du soleil et de la pluie.
Les ulcères étaient nombreux sur mon arbre. Quelques-uns
étaient peu profonds. J'enlevai avec ta serpette, jusqu'au vif, la partie
malade, et je recouvris la plaie de mastic à greffer. La plupart avaient
une profondeur qui ne me permit pas d'aller jusqu'au vif; je dus me
contenter d'enlever ce qui était tout à fait décomposé et de mastiquer. Je
trouvai même un ulcère très profond, formant une cavité où l'eau
séjournait. On rencontre quelquefois sur les arbres de ces trous
profonds dans lesquels les oiseaux font leurs nids. // faut, après les
avoir nettoyés le mieux possible, les remplir entièrement d'un épais béton
au mortier hydraulique. C'est ce que je fis.
Les CHANCRES sont une désorganisation de Vecorce provenant de
meurtrissures, de coups de soleil, de la grêle, de la gelée. Ils
étaient en petit nombre. Pour les guérir, je coupai, avec une serpette
— 517 —
bien tranclianie, loule la parue de Cécorce alleinte, ayant bien soin de
NE LAISSER AUCUNE TRACE DU MAL : Condition essentielle à la gué-
rison de la maladie qui, sans cela, ne tarde pas à reparaître. Une
des branches avait un chancre couvrant les trois quarts de la circonférence ;
il me parut plus utile de supprimer l'extrémité de la branche, et de la
couper immédiatement au-dessous du chancre.
Dans le même jardin se trouvaient quatre pommiers de quinze à
à vingt ans, de très belle venue, mais couverts de chancres nom-
breux. Pendant plus de six ans, je leur avais prodigué inutilement
tous mes soins. Les chancres succédaient aux chancres, et, chaque
année, ils reparaissaient plus nombreux. C'est que, sur ces pom-
miers, les chancres ne provenaient pas d'un accident, d'une cause
passagère ; c'était chez eux une maladie, un mal originel; je finis par où
f aurais dû commencer, c'est-à-dire par les abattre.
Les CHICOTS furent faciles à traiter : je les coupai tout ras sur le
tronc et sur les branches.
Les BRANCHES me demandèrent plus de temps et de savoir-
faire .
Je commençai par retrancher plusieurs branches mortes, mourantes,
ou faisant confusion. Rien de plus élémentaire que la suppression
d'une branche ; cependant, il est des ouvriers qui ne savent pas la
faire avec art. Ceux qui avaient soigné l'arbre avant moi étaient
de ce nombre. Tantôt ils avaient coupé la branche trop loin du
tronc et formé les chicots dont j'ai parlé; tantôt ils l'avaient taillé
trop près et fait une plaie d'une étendue double de ce qu'elle aurait
dû avoir. Cette plaie ne s'était pas guérie, elle était dégénérée en
ulcère. Tantôt, ils avaient scié le dessus de la branche sans pré-
caution et la branche s'était brisée, formant des esquilles dans le
bois, et produisant une grande déchirure sur l'écorce.
Ces ouvriers ignoraient :
1° Que la coujie doit être faite à 2 oic 3 centimètres du tronc, à l'en-
droit rétréci où finit l'empâtement et où commence la branche;
2° Que, pour prévenir toute déchirure, il faut soutenir la branche, et,
quand elle est volumineuse, faire, AU-DESSOUS, avec la scie une incision
dr 1 à 5 centimètres de profondeur, selon le volume de cotte branche,
avant de commencer à scier au-dessus ;
3° Que la plaie faite par la scie doit être ravivée à la serpette et cou-
verte de mastic;
4° Que, s'il est utile quelquefois de laisser un chicot, ce chicot doit
être enlevé après deux ou trois ans, avant que la mortalité ne soit deS'
ccndue au point où la branche aurait dû être coupée.
— 518 —
J'ai conseillé de laisser un chicot sur les arbres nouvellement
plantés et sur les arbres en formation ; je le conseille encore, pour
les mêmes raisons, sur les arbres en restauration, et aussi sur les
arbres vigoureux quand la branche à supprimer est d'un volume
considérable par rapport au tronc ou à la branche qui la porte.
Ce chicot sera le préservatif de l'ulcère, pourvu qu'on le supprime
à temps.
A la suppression des branches inutiles ou nuisibles, succéda la visite
des branches conservées. Elles s'étaient courbées sous le poids des
fruits et leur sommet, incliné vers le sol, avait cessé de s'allonger.
Je ne trouvai de pousses nouvelles que sur les courbures, où des
gourmands s'étaient formés. Je choisis ceux de ces gourmands dont je
crus pouvoir me so-vir pour réformer la ckarpenle, je coupai les antres,
puis je rafraîchis C extrémité des branches inclinées.
Les rameaux multipliés outre mesure, et les lambourdes déme-
surément allongées, formaient un ensemble dans lequel l'air et la
lumière pouvaient difficilement pénétrer. Afin de rajeunir les lam-
bourdes, je leur enlevai presque toutes leurs ramificatiom, et je suppri-
mai les boutons à fruit ; puis, pour terminer, je fis dans les rameaux un
élagage minutieux et inlelligenl.
J'ai vu des coupeurs d'arbres pratiquer un émondage plus sim-
ple et plus rapide. Ils abattent quelques grosses branches, coupent
sur les autres une ou deux des ramifications principales, et l'opé-
ration est parfaite. Des vides ont été produits dans la tête de
l'arbre, et tous les fouillis sont restés. Il eut mieux valu ne rien
faire.
Au mois de mars, mon arbre (ut blanchi au lait de chaux, afin
d'achever la destruction des parasites qui auraient pu échapper au rârloir;
il reçut une abondante fumure ; je fis sur les écorces durcies des incisions
longitudinales; je m'assurai que toutes les plaies étaient inastiquées ou
goudronnées, et je le livrai à lui-même.
Pendant l'été, je prenais plaisir à le visiter, à faire admirer aux
amateurs son vert feuillage, ses belles pousses et les bourrelets déjà
en formation autour de ses plaies. J'encourageai sa bonne volonté
par quelques arrosements à l'engrais liquide, c'est-à-dire au purin
mélangé de trois quarts d'eau. A la fin de la végétation, le malade
était en pleine convalescence, les plaies avaient diminué d'étendue,
les gourmands avaient fourni de longs prolongements, et les
racines développé un abondant chevelu.
Je me suis borné, les années suivantes, aux soins ordinaires de
Veiuretien : suppression des pousses inutiles, — enlèvement des
chicots, — rapprochement successif des rameaux inclinés près des
— 519
nouvelles branches fournies par les gourmands, — propreté des
écorces.
Les plaies du tronc et des branches se sont fermées; il ne reste
en bonne voie de guérison, que les deux plus considérables. Je
n'oublie pas de les (joudronner , chaque année pour prévenir la carie.
Mon condamné est devenu un arbre de taille moyenne et d'un
bon rapport, mais il ne sera jamais un colosse; car, même dans le
règne végétal, l'âge mûr, et plus encore la vieillesse, sou/fre de la
mauvaise éducation de l'enfance et des vices de l'adolescence.
Goyavier
Parmi les plantes exotiques dont les fruits pourraient aider à
varier nos desserts il faut citer les Goyavii^rs. Très faciles à culti-
ver, ne demandant pendant l'hiver que l'abri d'une serre tempé-
rée, ils se mettent très vite à fruits et donnent chaque année une
récolte assez abondante.
Les Goyaviers w^^ ^^^^ qu'une es-
sont cultivés dans ^^^^ pèce de Goyavier
différentes parties ^^P^ vi'Sr^^^'^^^ qu'ils nomment
de l'Amérique. ^^^^^I^s^^^^ Psidium Guayava.
On les trouve à t^^^^^^^ D'autres en si-
l'état sauvage aux ^ja». TJp^liir^ , gnalent plusieurs
Antilles, au Mexi- ^^^^^^^^§^fÊ^^^ parmi lesquelles
que, dans l'Ame- j^^^^^^^^^^^^ i' ^^^ '^^^ ^® °^"
rique central.!, le "^^^^.^^^^^ ^^^^*^ ^^'^ ^^^ ^' Z^^""/'^'
Venezuela, le Pé- .^^^^^^^^©^^ *""* ^' pyriferum.
rou, la Guyane ^^^^if ^S*^ Ces arbrisseaux
et le Brésil, | ^^ dont le fruit res-
Quelques bota- | semble à une gre-
nistes n'admet- Goyavier nade, se multi-
(Psidium fiomiferum)
plient aisément par graines et par boutures. Ils donnent des fruits
dès la troisième année. On doit peu les arroser pendant l'hiver.
Pendant l'été on les place en plein jardin, en ayant soin de ne
pas les exposer de suite en plein soleil quand on les sort de la
serre. Il faut pendant quelque temps les tenir abrités. Ces arbris-
seaux demandent une terre substantielle composée de 2/3 de
bonne terre branche, d'un sixième de terre de bruyère et d'un
sixième de terreau de fumier.
Le Goyavier en dehors de l'intérêt qu'offre ses fruits, est un
fort bel arbrisseau tout aussi ornemental qu'une foule d'espèces
moins intéressantes qui encombrent les serres. Jules Nivard.
— 520 —
Informations. — M. Auguste Van G-eert, ancien horticulteur membre
du Conseil d'administration de la Société rojale d'agrisullure et de botani-
que da Belgique, chevalier de l'ordre de Léopold, etc., est décédé à Gand,
le 23 novembre dernier.
— On sait que M. Alphand continue en ce moment à organiser le per-
sonnel de l'Exposition.
L'horticulture doit avoir pour directeur M. Bartet, ingénieur en chef des
promenades de Paris, et pour jardinier-chef, M. Rafaria, un des horticul-
teurs attachés à la ville de Paris, et qui a dirigé, en 1867, les travaux du
concours horticole.
— Le commerce des plantes. — Le Juu7-nol Officiel a.naonae que, par déeret
en date du 11 novembre 1886, le bureau de douane de Ri^contout CPont -de-
Neuville), département du Nord, est ouvert à l'importation des plantes et
produits des pépinières, jardins, serres et orangeries venant de l'étranger.
A cette ociasion, nous devons signaler les protestations élevées par la
Société d'agriculture des Alpes-Maritimes contre les entraves apportées par
les douanes italiennes au commerce des fleurs et d3s plantes d'ornement, qui
constitue une branche importante de la production agricole de ce départ»-
ment. Il serait utile et opportun de voir ces entraves disparaître.
— Les importations de plants de vignes. — Par arrêté du ministre da l'agri-
culture, eu date du 13 novembre 1886, l'introduclion des plants de vignes
étrangères et des plants de vignes provenant d'aiTondissements phjlloxérés
est autorisée dans l'arrondissement de Pithiviers (Loiret).
— La production des fruits en Angleteire. — La culture des arbres fruitiers
a pris, depuis dix ans, un développement remarquable dans la Grande Breta-
gne, Tandis que les statistiques anglaises n'accusaient, en 1875, que 61,712
hectares en plantations arbustives, elles en ont accusé 79,015 hactares en
1885, soit une augmentation de 17,302 hectares. Cet accroissement est cons-
taté en Angleterre, dans le pays da Galles et en Ecosse, mais surtout dans
les Comtés de Kent, de Worcesteret de Gloucester. D'après une note récem-
ment publiée par M. Charles Whitehead, le progrès a porté surtout sur les
plantations de fruits de table ; il y a eu accroissement dans les comtés de
Devon, de Hereford et de Somerset, où lafabrioalioa du ciJpdse fait sur une
grande échelle, mais elle est moin Ire que dans les comtés précédemment
indiqués.
Catalogne». — Duché jeune, rosiériste à Eeully-lès-Lyon, — Catalogue
spécial aux rosiers cultivés dans l'établissement, comprenant l'énumération
d'une très nombreuse collection de ce beau genre. Espèces nouvelles et
anciennes dans toutes les séries, telles que Thés, Hybrides remontant-î, Ile-
Bourbon, Bengale?, Noisettes, etc.
A. Mercier, horticulteur marchand-grainier, 66, boulevard du Musée, à
Marseille. — Catalogue général illustré de graines, Ognons à fleurs, Frai-
siei's et végétaux divers. Plantes vivaces, arbres fruitiers, rosiers, etc.
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
Lyon. — Impr. du Salut Public Ballon, 83,rue de laRépublique, 33.
1886 DÉCEMBRE N' 24
CHRONIQUE
Des hybrides. — On m'a posé dernièrement une question bien
désagréable. Imaginez-vous, amis lecteurs, qu'un amateur de
rosiers est venu me prier de lui expliquer ce qu'on entendait par
hybride remontant, hybride de thé, hybride de noisette, etc., toute
la kyrielle des hybrides, en un mot.
Voyez, rosiéristes, dans quel pétrin vous m'avez mis !
Je vous demande cela, me dit cet amateur, parce que je trouve
ces expressions formulées en titre dans plusieurs catalogues ; elles
doivent signifier quelque chose ou j'y perds mon laUn. — Oui, je
crois qu'elles doivent signifier quelque chose ; mais que diable
peuvent-elles signifier ? lui répondis-je. Il me regarda d'un air nar-
quois et semblait vouloir me tirer d'embarras en parlant d'autre
chose. Cela ne pouvait me convenir de paraître plus ignorant que
mes confrères ; je ramenais habilement la conversation sur les
hybrides en général et particulièrement sur ceux qui ont été inven-
tés par les rosiéristes. C'était pour moi une excellente occasion de
placer un discours en souffrance sur ce sujet scabreux et de passer
aux yeux de cet amateur pour un homme bien renseigné.
Je commençai le plus simplement du monde à lui expliquer l'éty-
mologie du mot hybride. Je n'eus garde d'omettre l'histoire du
mulet, produit de l'âne et de la jument. Dix minutes me suffirent
à peine pour me tirer des métis ou du métissage. En cinq minutes
je réglais le compte aux bâtards quarterons, petits gens, menus
hybrides qui ne méritent guère considération. — L'amateur com-
mençait à bailler. — Voyez-vous, Monsieur, il existe aujourd'hui
un certain trouble moral au sujet de l'hybridité. Les uns en voient
partout ; les autres n'en voient nulle part. Les premiers s'évertuent
à nous prouver que toutes les vessies sont des lanternes. Les
seconds ne mettent pas moins d'acharnement à démontrer que deux
et deux font cinq. — Ce sont des imbéciles, me dit-il, mais quel
est votre avis sur les hybrides remontants et... les autres? et il
— 5?2 —
ajouta : dites-moi cela, sans phrases, simplement, je ne demande
pas à devenir savant. Je continuais sans l'écouter.
L'hybridation est une opération qui a pour but de marier entre
elles deux plantes appartenant à des espèces différentes. Elle con-
siste à supprimer les étamines de l'espèce à hybrider et d'apporter
le pollen d'une autre sorte sur ses pistils. On appelle hybride le pro-
duit du croisement ainsi opéré.
Dans la pratique on a élargi le sens primitif du mot hybridation :
11 a été appliqué indistinctement à toutes les fécondations croisées.
Le croisement entre deux races devrait porter le nom de métissage,
et le produit de ce croisement celui de métis. Mais comme une défi-
nition rationnelle de l'espèce n'existe pas encore et que quelques
savants n'étabhssent aucune distinction sérieuse entre la race et
l'espèce, on est porté à excuser la confusion volontaire que les pra-
ticiens ont établi entre les hybrides et les métis.
Les véritables hybrides ont une physionomie spéciale, car ils
procèdent de deux types distincts.
Les métis au contraire sont toujours moins distincts, parce qu'ils
sortent de deux races du même type.
Les hybrides sont très rares à l'état sauvage ; cependant on en
cite un assez grand nombre dans les Flores. Ces citations dans
beaucoup de cas sont purement arbitraires, car certains floristes
sont portés à déclarer hybrides de bonnes espèces dont les carac-
tères intermédiaires entre deux autres espèces excusent jusqu'à un
certain point cette supposition. Les mots hybrida, liybridum, qui
accompagnent fréquemment les noms de genre, ne doivent donc
être acceptés que sous bénéfice d'inventaire.
Schiede etKoch ont proposé la nomenclature trinominale suivante
pour établir l'état civil des hybrides à parenté connue: D'abord le
nom du genre, ensuite celui de l'espèce qui porte les graines, ter-
miné par une désinence en 0, puis celui de l'espèce qui a fourni
le pollen. On obtient ainsi, par exemple, pour l'hybride de Dianllms
cariophyllus et de Dianllms sinensis le nom de Dianllms caryopliyllo-
sinensis. Et ainsi pour les autres.
Les jardiniers n'ont pas accepté cette nomenclature. Ils se bor-
nent à séparer les deux espèces par une croix. Ce système passe
en langue écrite, mais en langue parlée il a le désagrément de
changer le nom de l'hybride en une véritable phrase hybride de
latin et de français. On a pour l'hybride d'œillet plus haut cité la
phrase suivante : Dianllms caryophyllus croisé par Dianllms sinensis
ou plus simplement Dianllms caryophyllus croisé sinensis. Je n'ai pas
besoin de faire remarquer combien cette nomenclature est défec-
tueuse.
- 523 —
J'en étais arrivé là de mon explication, quand l'amateur qui
m'écoutait m'arrêta net. Je reviendrai vous demander la fin pro-
chainement, je regrette d'être obligé de partir de suite. Et il s'en
alla en me saluant civilement.
Une plante hémoslallque . — M. Romanet du Caillaud vient, dans
VAUjérie agricole, d'appeler l'attention des médecins sur une plante
mexicaine, la Ferba del Polio, l'herbe du coq ou du poulet, qui jouit
de propriétés hémostatiques analogues à celles de certaines subs-
tances minérales.
Les Mexicains emploient cette plante, dont le nom botanique est
Tradescanlia ereda, pour guérir les blessures qui sont faites aux coqs
de combat par des poignards tranchants de cinq à six centimètres
de long, attachés aux éperons de ces coqs.
« Les Indiens du Mexique font également usage de cette herbe
pour arrêter le sang des blessures traumatiques, coupures, déchi-
rures, etc. Elle s'applique sur la blessure, mâchée si elle est sèche,
mâchée ou pilée si elle est fraîche. La tige jouit des mêmes pro-
priétés que la feuille.
« S'il s'agit d'un saignement de nez, on enfonce des boules de
cette plante mâchée ou pilée, jusqu'au fond des narines. Ainsi
employée, elle a guéri un homme d'un saignement de nez qui durait
depuis deux jours et qu'aucun moyen de la médecine ordinaire
n'avait pu arrêter.
Le Tradescanlia erecla est une plante annuelle qui peut atteindre
jusqu'à un mètre de hauteur. Il se sème en avril et peut être bou-
turé dans le cours de l'été car il s'enracine avec facilité.
Emploi des engrais minéraux dans la culture de la vigne. — Le
Journal de l'Agriculture donne, à ce propos, les conseils suivants :
« L'emploi des engrais minéraux pour la vigne est certainement
recommandable ; on peut les employer, soit en alternant leur
emploi avec celui du fumier de ferme, soit en les mélangeant au
fumier. Pour l'usage des engrais minéraux seuls, voici des formules
qui ont donné de bons résultats : superphosphate de chaux,
600 kil. par hectare; nitrate de potasse, 200; nitrate de soude,
200; sulfate de chaux, 300 (on opère le mélange avant de répan-
dre les engrais); — mélange de 1,100 kil. de tourteaux de colza
et de 150 kil. de sulfate de potasse, soit 1,250 kil. du mélange
par hectare; — mélange de sulfate d'ammoniaque, de chlorure de
potassium et de superphosphate, dans la proportion de 400 kil.
pour chaque élément par hectare. Le sulfure de potassium et le
sulfate de potasse se diffusent rapidement dans la plupart des terres;
c'est à cette circonstance qu'on attribue généralement l'action plus
— 524 —
marquée que ces sels de potasse paraissent exercer sur la végéta-
tion. — Voici des exemples de fumures combinées au fumier de
ferme et aux engrais commerciaux : 10,000 kil. de fumier,
400 kil. de superphosphate et 400 kil. de sulfure de potassium;
5,000 kil. de fumier et 200 kil. de chlorure de potassium. On
répand les engrais, dans tous les cas, au pied des souches. On doit
porter les fumiers, les tourteaux et les superphosphates pendant
l'hiver; quant aux sels solubles, le printemps est la meilleure épo-
que pour les répandre. »
Moyen d^ obtenir des fraises énormes. — Le Bulletin de la Société
autunoise d' horliculture a publié une note qui porte le titre alléchant
qu'on vient de lire. Admettons que le qualificatif énorme soit un
peu exagéré et puisse être remplacé par un synonyme diminutif,
et que nous nous trouvions seulement en présence d'un procédé de
culture susceptible de donner de très grosses fraises, c'est déjà quel-
que chose qui mérite considération. Aussi n'hésitons-nous pas à
reproduire la partie de cette note qui contient le procédé en ques-
tion.
Voici cette note :
« Pour les amateurs qui tiennent à avoir des fruits extraor-
dinaires, voici en quoi consistait mon procédé :
« Aussitôt les premiers froids venus, je soulevais pied par pied
les feuilles de mes plantes, et, pendant que je les tenais d'une
main, je les paillais fortement de l'autre, de façon à ce qu'un petit
creux restât au milieu des feuilles, mais tout en les maintenant
droites. Les fortes gelées arrivant un peu plus tard, je répandais
sur la planche entière une couche de paille assez épaisse pour cou-
vrir les plantes, tout en laissant de l'air à toutes.
« Puis l'hiver passé, c'est-à-dire au moment où je ne craignais
plus de fortes gelées, j'enlevais paille et pailiis, ainsi que toutes les
feuilles mortes, et, après avoir fait un binage sérieux, en évitant
d'atteindre les racines ; je relevais soigneusement les feuilles viva-
ces et je garnissais chaque plant d'un bon terreau, toujours disposé
comme le pailiis, afin que le cœur du fraisier ait de l'air. Ensuite,
après les avoir placées, je binais à nouveau légèrement de temps à
autre, et j'arrivais à avoir des fraises énormes, quinze jours avant
mes voisins, au moins, et en quantité considérable.
« Mais à mes fraisiers de produit, que je renouvelais tous les
trois à quatre ans, je pinçais rigoureusement tout coulant qui venait
à naître. Je ne laissais pousser les coulants qu'aux planches desti-
nées à être détruites. »
— 525 —
Figuier commun. — Habituellement, sous le climat de Lyon, on
plante, non sans motif, les Figuiers dans les endroits chauds et
abrités des jardins. Quand les hivers sont rigoureux on les abrite
de paille, ce qui n'empêche pas, très souvent, la première récolte
de geler. Si la température moyenne de l'automne n'atteint pas un
certain maximum, la seconde récolte ne mûrit presque jamais; de
sorte que l'amateur en est réduit à contempler de fort belles
feuilles, il est vrai, mais c'est tout, et c'est mince.
i Contrairement aux habitudes ordinaires, un figuier que j'avais
planté contre un mur au nord, pour dissimuler un tonneau à sul-
ater les échalas, un figuier qui ne voit jamais le soleil, a donné
cette année deux récoltes de figues excellentes qui sont toutes par-
venues à maturité.
Je ne veux pas conclure de ce fait que le nord soit l'exposition
favorite des figuiers; mais cela prouve que lorsque la température
de la fin de l'été et du commencement de l'automne atteint une
moyenne déterminée, le figuier se contente parfaitement de la sus-
dite exposition.
En revanche, dans le même jardin, trois sortes de figuiers,
plantés contre un mur en plein midi, ne donnent jamais une figue
bonne à manger. Ils se couvrent chaque année d'une multitude de
figues-fleurs, comme on les nomme dans certains pays, lesquelles
tombent avant leur maturité. Les figuiers en question ont été obte-
nus de semis, il y a environ quinze ans. On voit que ce ne sont pas
des sortes à propager.
Peut-être ces figuiers appartiennent-ils à ces espèces auxquelles
les cultivateurs sont obligés de faire subir la caprificalion. On sait
que la caprification est une opération qui consiste à apporter sur
les figuiers certains insectes du genre Cijnips, qui piquent les fruits
et en avancent la maturité.
Le plus gros pommier. — Le plus gros pommier ne serait-il pas
en Normandie? Le Journal de C ÀgricuUurc nous apprend que, sui-
vant le rapport du secrétaire du conseil de la Société d'agriculture
du Connecticut, en 1878, un pommier monstre est situé sur la
propriété de M Delos Hotchkis, dans le comté de Chester. Suivant
l'opinion de la famille, l'arbre peut avoir cent soixante-quinze ans.
Le tronc est de forme symétrique, presque rond et en parfait état.
Il a huit grosses branches, dont cinq donnent des fruits une
année; les trois autres branches ne produisent que l'année suivante.
La circonférence de l'arbre est de 4 m. 15 à 0 m. 50 du sol; sa
hauteur est de 20 mètres, et la circonférence totale des branches
est de 33 mètres. Dans certaines années, la récolte sur la moitié
— 526 —
de l'arbre a été de 40 bushels (14 hectolitres). L'état actuel de ce
remarquable pommier fait espérer qu'à moins d'ouragans excep-
tionnels, il végétera longtemps encore. V. V.-M.
ASSOCIATION HORTICOLE LYONNAISE
Procès-verbal de la séance du 20 novembre 1886, teaue dans la
salle des réunions industrielles, Palais du commerce, à Lyon.
Présidence de M. Comte, Vice-Président,
La séance est ouverte à 2 1/4.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.
Correspondance. — La Société a reçu :
Lettre de M. G. Dutailly, remerciant les membres de l'Association horti-
cole lyonnaise de l'honneur qu'ils lui ont fait en le choisissant comme pré-
sident de leur Société.
Lettre de la Préfecture du Rhône demandant la justification de l'emploi
de la partie de la subvention ministérielle qui devait être affectée à l'achat
d'engrais et de semences.
Lettre de M. Reboul, horticulteur à Montélimar ^^Drôme), accompagnant
l'envoi d'une branche de Dîospyros Kaki var. costata couverte de fruits d'une
très belle grosseur. Des renseignements intéressants contenus dans cette
lettre ont été publiés dans le précédent numéro du Lyon- Horticole.
Lettre de M. Crespin, fabricant de coutellerie et de taillanderie à Saint-
Rambert (Aio), remerciant l'Association horticole de l'avoir admis au nom-
bre de ses membres titulaires. La lettre da M. Crespin contient en outre
de judicieuses remarques sur les insuccès qui surviennent souvent dans le
greffage de la vigne à la suite de l'emploi de greffoirs défectueux générale-
ment de fabrication étrangère .
A propos de cette lettre, M. Lapresle, pépiniériste à Chasselay, fait remar-
quer que les insuccès qui surviennent dans le greffage des vignes, tiennent
aussi et pour une bonne part à l'emploi de sujets trop faibles en
diamètre et non complètement aoù*ées. M. Falconnet, pépiniériste à
Villefranche (Rhône), exprime un avis semblable. M. Besson, fait remarquer
que la question du greft'jga de la vigne française sur la vigne américaine est
trop complexe et trop récemment mise à l'étude pour être jugée d'une ma-
nière définitive.
Lettre de M. Schwaller, horticulteur à Bonneveine (Marseille), accompa-
gnant l'envoi d'une caisse de poires. M. Schwaller désire que la Commission
d'arboriculture examine ces poires, referme soigneusement la caisse pour
les revoir à nouveau à la séance du 19 décembre prochain. Les poires en
question ont été préparées par un procédé qui consiste, pour assurer leur
conservation, à les tremper dans un liquide que tout le monde peut boire.
L'inventeur du procédé est M. Colombet, de Marseille.
Lettre de M. Routin accompagnant l'envoi du rapport de la Commission
chargée de juger la poire Alexandre Chômer, obtenue de semis par M. Lia-
baud. A propos de cette lettre, l'Assemblée décide que la Commission qui a
jugé cette poire à la séance du 17 janvier 18S5, Commission composée
de MM. Jacquier fils, Morel fils tt Berthier, devra se joindre a celle qui
a examiné l'arbre et déposé son rapport, et que les conclusions dp? deux
Commissions seront soumises au conseil et à la ratitioation de rasse:ublee
générale.
Présentations. — Il est donné lecture de 12 candidatures comme membres
titulaires de notre compagnie. Conformément au règlement, elles sont ren-
voyées à la prochaine réunion, pour statuer sur l'admission des candidats.
— 527 —
Admissions. — Aucune protestation n'étant parvenue au bureau depuis la
dernière réunion, l'assemblée prononce l'admission comme membres titulai-
res des candidats présentés à la dernière séance. Ce sont :
M"= Sambet, fleuriste, 13, rua de la CUaricé, présentée par MM. Fransis-
que Morel et Cousançat.
MM. Marie-Pierre frère, directeur de l'Institut des sourds-muets au Puy
(Haute-Loire), présenté par MM. L. Gorret et Viviand-Morel.
Crozet (Joseph), horticulteur, à Loy par Meximieux, présenté par
MM. L. Gorret et Viviand-Morel.
Chipier (E.), pépiniériste, à St-Martin-en-Haut (Rhône), présenté
par MM. Devert et Viviand-Morel.
Vallet (Claudius), fabricant de poteries, à St-Martin-en-Coailleux
par St-Chamond fLoire), présenté par MM. Viviand-Morel
et F. Marchand.
Veil (François), jardinier, chez M. Cadgène. chemin des Pins, 5S, à
Monpiaisir-Ljon, présenté par MM. Marchand et Viviand-
Morel.
Lacombe (Marins), serrurier, rue du Sacré-Cœur, 82, LyoJi Gail-
lotière, pré-enté par MM. Marchand et Viviaad-Morel.
Tcherassj (Raphaël), jardinier au château d'Andert (Ain), présenté
par MM. Jussaaud et Brechon.
Examen des apports. — Sont déposés sur le bureau :
Par M. Saunier Claude, jardinier chez Mme la Marquise de Ruolz, château
de Francheville (Rhône), deux beaux échantillons de Raue ronde d'Auvergne,
à collet rose dont une pèse Skilogr. Ces exemplaires proviennent d'un semis
fait dans la seconde quinzaine de juillet. La Commission accorde à cetapport
ute prime de 3° classe.
Par M. Gabriel Favre, jardinier, chemin de la Croix-Morlon, Lyon-Mon-
plaisir : 1° des racines de Scorsonère, bien venues et très grosses, d'un semis
fait le 20 avril 1886; 2'' des échantillons de poires, variétés Catillac, Berga-
motte de la Pentecôte, Beurré Clairgeat, Curé. La Commission décerne à cet
apport de poires, remarquables par leur grosseur, une prima de 2° classe.
Par M. Verne, jardinier chez M. Godinot, à Tassin : 1" une collection de
légumes composée des variétés suivantes : Carotte rouge ciurte de Paris,
Chou rutabaga jaune à collet vert, Cliou rave blanc hors terre. Céleri rave,
Navet blanc plat à feuilles entières, Radis demi-long rose de Chine, Radis
long noir d'hiver, Radis rond noir d'hiver. La Commission demande pour cet
apport une prime de 2° classe.
Par le même, une collection de Chrysanthèmes en fleurs coupées, compo-
sée de 57 variétés , parmi lesquelles nous notons l'élite des plus belles
sortes.
La Commission attribue à cette collection une prime de 1" classe.
Par M. Dury, jardinier chez M. Cartier, à Ecuily, une collection de Chry-
santhèmes composée de 100 variétés très belles et fort remarquables.
La Commission récompense cet apport d'une prime de l'" classe.
Par M. Guerry, jardinier chez M. Coste, notaire à Caluire, des tubercules
de Patates et des racines de Scolyme, auxquels la Commission accorde une
prime de 3« classe.
Par M. Antoine Martin, jardinier chez M. Hébrard, à Miribel (Ain), une
collection de légumes composée de : Céleri rave gros lisse de Paris, Céleri
rave géant de Prague, que le présentateur dit être moins avantageux que
le précédent, Céleri plein blanc court à grosse côte, Poireau de Carentan,
Bette gaufrée ou Poirée à cardes, un Céleri de semis, trapu, les feuilles ont
une grande ressemblance avec celles du céleri rave.
La Commission demande pour cet apport une prime de 1" classe.
— 528 —
Par M. Rozain-Boucharlat, horticulteur à Cuire-les-Lyon (Rhône"), une
collection de Chrysanthèmes japonais. Parmi les principales variétés pré-
sentées nous notons :
Arlequin.
Alfred Ghantrier.
Charlotte de Moucabrier.
Don Quichotte.
L'or du Japon.
Lady Mathason.
Mme Hoste (Rey).
Mme Chrétien.
Mireille.
M. Lassali.
Salomon Plena.
Walter Scott.
Candeur.
Domination.
Eugène Mezard.
Gloire de Valence.
Jupiter.
La Pointillée.
D' Audignier.
Diane.
Etoile du Midi.
Flamme de punch.
Froufi'ou.
Le Chinois.
L'Ai réole.
La Surprenante.
La France.
M. Boucot.
M. Kous.
M. Vintousky.
M. Yvon.
M. Kablé.
Pélican.
Soleil japonais.
Sapho.
Troubadour.
Vénus.
Belle Paule.
Belle du Japon.
Boule dorée.
Commandant Rivière.
Dr Master.
M. John Laing.
M. Dynant Van Geert.
M. Asiory.
M"'= Cabro!.
Souvenir du Caire.
Souvenir d'Haarlem.
Ville de Toulouse.
La Comnission décerne à cette collection une prime de P" classe et elle
accorde un certificat de 2" classa à la variété dj semis M. B.Cousançat, pré-
senté par le même horticulteur.
Par M. Villard, jardinier chez M. Vachon, à Ecully, une collection d^
Chrysanthèmes, composée d'un choix de belles variétés, pour lesquelles l^
Commission demande une prime de Poêlasse, et l'inscription au procés-verbal
pour un pied d'Epiphyllum truncatum en fleurs.
Par M. Morel fils, pépiniériste, rue du Souvenir, Lyon-Vaise, des rameaux
chargés de fruits du Cratœgus populifolius. arbuste à feuilles persistantes, à
fruits rouges, dans le genre du Cratœgus Lolandi, des tiges fleuries de Cros-
comia ourea.
La Commission décerne à cet apport une prime de 2° classe.
Par M. Liabaud, montée de la Boucle, Lyon, 1° un pied de Vriesea incur-
Vûta en fleurs et un pitd de Clilorin ternata en fleur-:. La Commission demande
pour l'ensemble de cet apport une prime do 2° classe. 2° 4 Bégonias hybrides
du Bégonia liex et du B. diadema. Ces plantes sont très remarquables par 1^
coloris et la découpure de leur feuille. La Commission propose de leur accor-
der une prime de l" classe.
Par M. Bellen, jardinier chez M. Rosier, montée Rey, 23, Lyon, un Cypri-
pedium insigne en fleurs, auquel la Commission accorde une prime de
2" classe.
Par M. Reboul, horticulteur à Montélimar (Drôme), un rameau de Diospy-
ros costota chargé de fruits de toute beauté, auxquels la Commission accorde
une prime de P" classe.
Par M. Sihwaler, horticulteur à Bonneveine-MarseiUe, uns caisse de
poires conservées par un procédé spécial. Cette caisse sera visitée dans la
prochaine séance.
Les Commissions chargées d'examiner les apports étaient composées, pour
la floriculture, de MM Cousaneit, Viviand-Morel, Besson ; pour les fruits,
MM. Roulin, Falconnet, Lapresle ; pour les légumes, MM. Villars, J. Jac-
quier et Gorret.
Les conclusions des Commissions mises aux voix sont adoptées à l'unani-
mité.
Election d'un membre du Conseil d'administration en roiiplaceiuent de
M. Rochet, nommé vice-président.
M. Durand, horticulteur à Monplaisir, est nommé à une forte majorité
membre du Conseil d'administration pour l'année 1887.
— 529
M. le secrétaire général donne lecture d'un rappo;'t qui conclut à l'achat
de matières prenaières pour engrais, lesquelles gèrent remises à dis socié-
taires.
L'assemblée ratifie les conclusions du rapport et nomme MM. Grenier et
et F. Ballandra (culture maraîchère), Jussaud et A. Berthier (pépinières),
Bernaix et Duché (rosiers). Comte et Liabaud (plantes de serre), Belisse et
Cousançat (plantes de terre de brujôre), qui institueront des expériences et
feront connaîtra les résultats qu'ils auront obtenus.
M. le secrétaire général fait ensuite part à l'assemblée d'un vœu émis par
le Conseil d'administration de la Société qui aurait pour but de revenir à
l'ancien système pour le jugement des apports sur le bureau. La plupart des
membres faisant partie des commissions étant souvent ou absents des réu-
nions ou apporteurs sur le bureau.
L'assemblée donne une adhésion favorable à ce vœu et sur la proposition
du président cette question est misu à l'ordre du jour de la prochaine réu-
nion.
La séance est levée à 4 heures 1/2. Le Secrétaire- adjoint, Nicolas.
Thalictrum aquilegifolium L.
Pigamon à feuille d'Ancolie. — (Réduit au 1/3 de sa grandeur.)
Le genre Thaliclrum, qui fait le désespoir des botanistes descrip-
teurs, ne compte que deux ou trois espèces vraiment ornementales
pour servir à la décoration des jardins. Parmi ces espèces, il faut
mettre en première ligne celle qui porte le nom de Tli. aquilegifo-
lium, en français : Pigamon à feuilles d'Ancolie, ou encore Colom-
— 530 —
bine pluraeuse. C'est assurément la plus belle, la plus robuste, la
moins traçante de toutes les sortes. Si elle n'a pas le feuillage fin
et découpé du petit Pigamon [Tli. minus), que M. Alfred Smée,
l'auteur de « Mou Jardin » , prit, lorsqu'il le vit pour la première
fois à Zermatt, pour un capillaire, ni la corolle renonculiforme du
Pigamon tubéreux, en revanche ses étamines lui forment une multi-
tude d'aigrettes roses ou blanches d'une élégance rare.
Le Th. aquilegifolium est une plante vivace très robuste qui habite
la région moyenne des montagnes de l'Europe et qu'on cultive
dans les jardins, à cause de la beauté de ses fleurs. Elle a été
signalée à l'état sauvage dans les pays suivants : France, Suisse,
Autriche, Espagne (Asturies), Italie continentale, Dalmatie, Hongrie,
Turquie (Mont Rhodope), Podolie, etc.
El'e se multiplie par semis; les graines doivent être semées à
leur maturité; et par divisions des souches. Elle vient dans tous les
sols et à toutes les expositions, n'.ême dans les endroits ombragés.
La racine du Thaliclrum flavuni, qu'on a employée autrefois pour
teindre en jaune, est purgative et connue sous le nom de Rhubarbe
des pauvres. En Russie, selon Martius, la susdite racine serait
employée contre la rage. d'' a. n.
Souci prolifère
On a annoncé comme une loi générale que toute fleur esl terminée
relativement à son support. D'autres ont dit (.Une fleur est- un
rameau terminé dans sa végétation » .
Les fleurs prolifères font exception à cette règle. Elles consti-
tuent des monstruosités, des accidents de végétation dont quelques-
uns sont héréditaires par voie de semis et d'autres seulement par
boutures, marcottes ou greffes.
Dans les fleurs prolifères l'axe floral s'accroît avec excès, dé-
passe la limite de son développement, traverse les vénielles floraux
et produit à son sommet des fleurs ou des feuilles.
Il y a plusieurs sortes de prolifîcation des fleurs, savoir:
1° Les prolilîcations médianes (quand l'axe s'allonge, sort du
milieu des organes ; 2° les prolifications axillaires (quand l'axe sort
des aisselles des organes) ; 3° les prolifications latérales (quand
l'axe sort du côté des fleurs). Les prolifications latérales ne s'obser-
vent que dans les composés ou les ombellifères. Le Souci prolifère
dont nous donnons la figure est un exemple bien caractérisé de pro-
lification latérale. Nous l'avons observé cette année dans un serais
de Calendula. Cette anomalie se présente du reste quelquefois
dans la culture. M. Richard, pharmacien à Grenoble en a montré
un cas semblable, il y a quelques années à la Société de botanique
de Lyon.
— 531 —
La pâquerette, connue dans les cultures sous le nom de Mère de
Fanaille, appartient à la même catégorie de prolificatious.
La liste serait longue des genres chez lesquels des prolificatious
ont été observées. Assez fréquentes chez les roses, Redouté en
a figuré d'assez beaux exemples. Linné, Duhamel, Engelmann,
Sweert, Charles Bonnet, De Candolle, Schimper, Rœper et beau-
coup d'autres botanistes en ont signalé un peu dans toutes les
familles.
Souci prolifère.
Dans les jardins, il serait utile d'essayer de fixer les prolificatious
quand elles se présentent, car elles constituent des déformations
qui ne manquent pas d'un certain charme. R. F.
Les repeuplements forestiers.
Voici, sur cette haute question, d'excellents conseils que nous
extrayons de V/4nii des campagnes :
« Tout d'abord, d'une manière générale, préférez les plantations
aux semis à l'égard des arbres résineux. Nous rappellerons que les
reboisements sont plus faciles et moins coûteux sur les sols légers
que dans les terres compactes; que le pin noir d'Autriche préfère
— 532 —
les sols calcaires, les pins sylvestres et maritimes les terrains sili-
ceux; que le mélèze est plutôt une essence de la haute montagne
que de la plaine, où il donne de mauvais résultats, comme utilisa-
tion de son bois et production en argent, etc., etc.
« Dans les stations où le sapin pectine et l'épicéa se plaisent
également bien, donnez la préférence à ce dernier, toujours plus
rustique et d'une croissance plus rapide; laissez pour les parcs et
les jardii-is de plaisance le cèdre du Liban, le séquoia, le crypto-
meria du Japon, ainsi que le pinsapo et les thuyas.
(( On préfère toujours, pour les arbres feuillus, les plantations
aux semis, sauf pour les chênes ou les châtaigniers.
« A l'égard de ces derniers eux-mêmes, nous préférons, en
règle générale, le repiquage des plants aux semis.
« Si l'opération est un peu plus coûteuse, elle est certaine, tan-
dis que le semis est très aléatoire.
« Les sylviculteurs savent que l'aulne recherche les sols
humides; l'orme, les terrains frais; le robinier, les terres légères,
calcaires ou siliceuses; l'érable, un terrain riche en humus; le châ-
taignier prospère bien sur les granités et redoute les calcaires ; aux
chênes, les terres fortes; aux bouleaux, les sols légers et sableux.
Le charme vit bien en mélange avec le hêtre et le chêne. L'acacia
préfère se trouver seul en massif clair, ainsi que l'orme et l'allante
glanduleux ou vernis du Japon, qui se plaît tout particuhèrement
sur les terres légères, sableuses ou calcaires, pour lesquelles il
semble avoir une prédilection spéciale.
« Dans un des plus beaux parcs du centre de la France, nous
avons vu des billes d'allante de 30 centimètres de diamètre qui
portaient trente couches annuelles seulement.
« La croissance de l'allante est donc aussi rapide que celle du
peuplier, et son bois analogue à celui du platane, du hêtre ou du
sycomore, est d'une valeur supérieure à celle des bois blancs. »
Capparis spinosa — Câprier — Câpres.
Il y a bien longtemps — quinze ans au moins — qu'un de mes
amis me mena presque de force dans une petite propriété qu'il
avait à Orliénas (Rhône), pour m'y montrer en pleine floraison une
plante dont il me cachait le nom. « Vous verrez, me disait-il, le
plus merveilleux petit sous-arbrisseau qu'il soit possible de voir ;
je n'en connais pas deux pareils dans le Lyonnais » . L'homme ne
m'avait pas trompé. Une multitude de fleurs grandes, d'un blanc
rosé, d'où sortaient des aigrettes d'étamines, tapissaient la muraille
— 533 —
câprier épineux
(Sommité d'un rameau
réduit au 1/3 de sa
grandeur)
qui avoisinait la maison. Vous n'en faites donc pas des câpres,
lui dis-je. — « En faire des câpres ! me prenez-vous pour un van-
dale? Je m'en moque de vos câpres; j'en fais des cornichons qui
ne valent guère mieux, mais au moins je jouis de toute la floraison
de mon arbrisseau. » Le fait est que son arbrisseau était splen-
dide.
Sur ma demande, il m'en conta l'histoire.
(( Je l'ai reçu de Toulon ; il y aura quatre ans
au printemps qu'un de mes parents qui habite
là-bas me l'a envoyé. J'ai pris de la peine pour
l'amener à l'état où vous le voyez. J'ai d'abord
fait un fossé carré que j'ai rempU de pierres et
de terre mêlées, et j'ai planté là-dessus. Quand
l'automne arrive, je couvre la souche de feuilles
sèches et chaque année mon Câprier fleurit abon-
damment. »
Le Câprier compte plusieurs espèces qui habi-
tent l'Europe méridionale , savoir : Capparis
rupeslris, C. ovata, C. sicula, C. herbacca et C.
spinosa; ce dernier est le plus commun et le plus
généralement cultivé,
On sait que les câpres sont les boutons ou les fleurs non encore
épanouis du Câprier. On les confit dans le vinaigre. On confit aussi
l'ovaire quand il a atteint la grosseur d'une olive , ainsi préparés,
ces ovaires portent le nom de cornichons de Câprier.
La culture du Câprier mériterait d'être essayée dans tous les
jardins qui possèdent une exposition chaude. Il est certain que
c'est une culture qui offre quelques difficultés, car cet arbrisseau
n'aime pas à être dérangé.
On peut le multiplier par marcottes, par boutures et surtout par
semis. C'est par ce dernier moyen que j'ai réussi à l'obtenir. Le
semis doit se faire au printemps, sur couche. Le mieux est de
semer quelques graines seulement par pots. Lorsque la germination
a eu lieu, on ne laisse qu'un pied par pot. En juin, on dépote la
jeune plante avec soin dans un endroit bien exposé et bien drainé,
au coin d'un mur, par exemple, où elle ne tarde pas à prendre un
bon développement. On supprime les arrosements dès que la végé-
tation s'arrête. La première année, on abrite le jeune Câprier avec
une cloche, et quand le froid devient excessif, on couvre le tout de
paille ou de fumier. On peut encore cultiver le Câprier dans de très
grands pots, bien drainés, qu'on rentre l'hiver en orangerie, en
serre froide ou simplement dans une cave. R. 0.
— 534 —
Culture forcée des Fraisiers (1).
Le climat brumeux de l'Angleterre, peu favorable à la matura-
tion de bien des espèces de fruits, a eu pour effet d'obliger les cul-
tivateurs à employer la culture forcée, c'est-à-dire en serre ou sous
châssis, et, dans cette spécialité, nous reconnaissons qu'ils sont
arrivés à d'excellents résultats.
Aucune essence fruitière n'a échappé à leurs études, à leurs
essais, et, dans des proportions évidemment restreintes, ils ont su
remplacer les avantages de climat que la nature ne leur a pas
donnés.
A ce propos, le Journal of horticulture a récemment publié une
intéressante étude au sujet de la culture forcée des Fraisiers, et les
données qu'elle contient sont si pratiques, que nous l'avons traduite
pour les lecteurs de la Bévue.
Rien n'est plus facile que le forçage des Fraisiers, dès que l'on
possède un endroit vitré quelconque, serre, bâche, châssis, etc., où
l'on peut établir des tablettes.
C'est surtout dans les serres à arbres fruitiers. Vignes, Pêchers
ou Ananas, que l'on peut ainsi utiliser des espaces considérables,
habituellement inemployés.
Pour la plupart des variétés, notamment pour la Fraise ricom-
tesse Héricarl de Tliury, une des plus employées, les plants doivent
être rempotés, vers la fin de juin, dans des pots de 15 centimètres
de diamètre. On emploie une bonne (erra substantielle et on dispose
les potées par planches, en pleine terre. Vers la fin d'octobre, on
remplace la terre à la surface des pots, sur une épaisseur de 3 à 4
centimètres, par un mélange de terre franche et de crétin de cheval
tamisé, et on les place sous châssis, près du verre, sur une couche
de feuilles récemment faite. Il faut, à ce moment, laver soigneuse-
ment les feuilles. Au bout d'un mois environ, les Fraisiers sont en
fleurs, et c'est alors qu'on les rentrera en serre, ou en bâche, près
du verre, sur tablettes, après avoir nettoyé les pots.
Afin d'avoir une récolte successive et bien échelonnée, on
pourra distancer de dix en dix jours la rentrée en serre des
Fraisiers.
La température doit être maintenue entre 10 et 12° la nuit, 14
et 16° pendant le jour.
Aussitôt que les fruits sont formés et jusqu'à ce qu'ils se colo-
rent, on bassine les Fraisiers trois ou quatre fois par jour, ce qui
leur donne, pendant la nuit, une humidité superficielle qui remplace
la rosée du plein air.
(1) Jîet>!(e horticole.
— 535 —
Pendant la floraison, ainsi que pendant la maturation des fruits,
une bonne aération est nécessaire.
Les arrosages doivent être distribués judicieusement. On don-
nera en même temps, et en alternant, des arrosages d'engrais
liquide, en ayant soin de ne pas en verser sur les fruits.
Au moment de la floraison et pour faciliter la fécond ation, il est
bon de passer successivement un pinceau sur les fleurs, vers le
milieu de la journée, alors que les organes sexuels sont secs.
Lorsque les fruits sont noués, on choisit les dix ou do uze les
mieux conformés et aussi les mieux répartis, et l'on pince toutes les
autres fleurs.
Les variétés presque exclusivement cultivées en Angleterre par
la culture forcée, sont les suivantes : f'icomtesc Hérkurl de Tliury,
lo Grosse Sucrée, Keens Scccilinçi, Président, Sir Joseph Paxlon, et
James Feilch. Celte dernière est cultivée plutôt pour la grosseur de
ses fruits que pour leur qualité. L'araignée rouge et la mouche
verte sont les seuls ennemis des Fraisiers. On s'en débarrassera à
l'aide de fumigations de tabac, de bassinages énergiques, ou enfin,
en répandant de la fleur de soufre sur les tuyaux de chauffage.
{Revue liorticole.) Ch. Thays.
L'emploi des nih-ates. -- Le Bullcliii agricole du Midi fait à ce pro-
pos les réflexions suivantes :
« L'emploi des nitrates en agriculture a fait découvrir que dans
certains cas leurs effets fertilisants étaient à peu près nuls, et
comme ces sortes d'engrais sont passablement coûteux, certains
propriétaires en étaient venus à supposer qu'ils avaient été trompés
par leurs fournisseurs. Cependant, il y a des circonstances où les
nitrates ne sont d'aucune utilité, c'est lorsque la terre est compacte
ou humide.
(1 C'est ce qui ressort d'expériences méticuleuses faites par
MM. Gayon et Dupetit. Ces messieurs ont découvert que les
nitrates étaient détruits et décomposés par des microbe? auxquels
on a donné le nom de Bacterium denitrificans (dénitriflant).
« Ces bactéries ne donnent pas lieu à une fermentation, mais à
une combustion avec dégagement de chaleur, d'azote et de proto-
xyde d'azote.
(( De leur étude, il ressort que cette combustion n'est pas à
redouter dans les terres labourées souvent, meubles et bien aérées,
où l'oxygène pénètre et empêche ces microbes de naître et d'exer-
cer leur fâcheuse influence réductrice; mais que si la terre est
recouverte d'eau et imprégnée d'humidité, l'air ne circule pas et
les microbes détruisent les engrais nitreux, surtout en été. »
— 536 —
Ces observations ont leur utilité, car en temps de submersion et
d'irrigation des vignes, elles expliquent bien les insuccès dont on
n'avait pu se rendre compte.
Destruction des courlilicres ou taupes-grillons. — L'animal que
Linné a nommé Gryllus gryllotalpa et Latreille GnjHolalpa vulgaris
est un insecte de l'ordre des Orthoptères, section des sauteurs. Ce
Grillon Taupe-grillion (Linné) oui aupegrillon vulgaire (Latreille) est
plus connu dans les jardins sous les noms de courlilière, et de
courlerolle. C'est un animal désagréable dont le jardinier aime à se
débarrasser, mais dont il ne se débarrasse pas facilement. Nous
empruntons au Bulletin agricole du Midiles différents procédés géné-
ralement employés pour la destruction de cet insecte :
Arroser les trous des courlilières et les alentours avec une disso-
lution de sulfo carbonate de potassium à raison de 10 grammes
par 30 litres d'eau.
Ou bien verser quelques centimètres cubes d'huile à brûler dans
le trou formé par l'insecte. Le liquide pénètre dans la galerie,
atteint la courtilière, obstrue ses stigmates et l'étouffé en s'oppo-
sant à la respiration.
Il paraît que l'huile lourde de gaz rend les mêmes services que
l'huile ordinaire.
Le même résultat est obtenu en versant, le matin, une cuillerée
de goudron à l'orifice de chaque trou. Quand la taupe-grillon veut
sortir le soir, elle s'enduit de goudron au seuil de sa retraite et y
succombe.
Un mélange d'huile et d'eau saponifiée au savon noir est aussi
un remède efficace.
En Hollande, ou tue beaucoup de courtilières en faisant çà et là
dans la terre de petits tas de fumier où les parasites se réfugient.
Il est facile alors de les massacrer en bloc.
En Allemagne, on enfoncée cinq centimètres au-dessous du sol
des pots à fleurs contenant environ 30 gouttes d'huile de térében-
thine. Les courtiUères viennent y choir et s'y asphyxier.
Avis aa rolloiiF. — Le présent volurae (huitième année ixi Lyon-Horticole), contient 410 pages.
C'est par suite d'une erreur typographique, que la pagination en indique 54Û. La susdite erreur
s'est produite k la page qui suit immédiatement 231. Au lieu de 235, le typographe a écrit 33o.
Cette erreur ne change rien à l'exactitude de la table des matières
Le Gérant : V. VIVIAND-MOREL.
— 537
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Abricot de Boulbon 23
Abricotiers 41, 160, 430
Acer colchicum tricolor 435
Acide phénique (emploi de 1') . . . 111
Actœa racemosa 224
» spicata 226
Adiantum macrophyllum 391
AUium napoliteanum 163
Alocasia Lindeni 392
Amandiers nouveaux. ...... 430
Analyse chimique des terres ... 6
>) du sol par les plantes. . . 29
Anémone coronaria 82
Anémones des jardins (note sur les) 80
Anémone hépatique 150
• hor(en.-is 83
Angrœcum leonis 180
Anthurium hybride, Archiduc Jo-
seph 51
Arabis albida 8
Araignées (les) et l'agriculture . . 178
Araucaria excelsa 149
Araucarias (fructification des). . . 508
Arbres (restauration des) 25
» à fruits (restauration des) . 515
f fruitiers francs de pied (sur
les) 505
» pleureurs 162
» stériles 374
» trop enterrés 6
Architecte paysagiste (1") 345
Arrosage des arbres au moyen des
drains (sur 1') 77
Art de bouturer . ... 119, 140, 154
Art des jardins 59
A?perges (amélioration de la cul-
ture des) 232
Asphodèles (les) 439
Asphodelus ramosus 441
Astragalus hamosus 434
Aubépine de Korolkow 486
Aucuba japonica (variétés nou-
velles) 153
Azérolier cocciné marbré. .... 431
Barbarée 23
Bégonia hybride, Noémie Mallet . 9
Blé (physiologie et culture). . . . 204
Bouturage (l'art du) 119
» des espèces dures à s'en-
raciner 355
» du rosier 400
Branches d'arbres (vieilles) . ... 185
Brassenia peltata 10
Brugnon vineux, H. de Monicourt. 486
Ca bomba aquatica 16
Cactées (dessiccation des fleurs). . 22
Calcéolaires herbacées 19
Cannas (les) 65
Cascade de la vilH Aldobrandini . 59
Cassia noir de Higinus 161
Catalogues, 20, 36, 52, 72, 88,
108, 124, 144, 160, 180, 372,
392, 451, 472, 488, 504, 520
Cèdre de l'Atlas compacte .... 431
Céleri scarole 38
Centenaire de Parmentier .... 33
Cépages nouveaux 136, 471
1) américains 93
i> (précocité des) 213
Cereus flagelliformis cristatus. . . 97
)i speciosissimus 98
Cerise du Luc 5
Champignons vénéneux 7
» (pierre à) 23
Chancre des arbres 113
» des pommiers (étude sur le) 16
Châtaigner nouveau 430
Chauffage des serres 102
Chaulage (du) 448
Chenilles (mojen de se débarrasser
des) 415
Choux-tleur (culture des) 55
Cimicifiiga fœtida 226
Cinéraire (race de) 127
Citrus ou Agrumes (classification
des variétés de) 118
Cloportes dans les serres (moyen
de détruire les) 146
Cneurus noir de Théophraste. . . 161
Cochenille (destruction de la) . 38, 66
Compte-reudu de l'Exposition de
Grenoble 222
Compte-rendu de l'Exposition de
Lyon 420, 445
Compte-rendu de l'Exposition de
Villefranche 465
Concours régional 51, 200
» spéciaux. . . 201, 412, 460
Congrès d'horticulture à Paris . . 442
B de rosiéi'istes (à propos
d'un) 204
a horticole de Paris .... 49
Consulte horticole 127
Corbeille d'argent de Crète .... 8
Crassula jasminea 371
Cresson (culture artificielle). ... 87
Cronartium asclepiadeum .... 184
Cryptogames 184
Culture sur ados 436
Cycas revoluta 51
Cyclamen persioum 352
Cynoglosse printanière 39
Cyperus papyrus 12
Cytise Aubour pleureur nouveau. . 431
— 538 —
Dalhias simples de l'Exposition . .
Dégénérescence des anciennes va-
riétés de fruits
Dendrobium stratiotes .......
Dialyse
Diospyros (note sur les)
» kaki, variété costata. 55,
11 Lotus
» virginiara
Disa atropurpurea
Discours de M. Dutailly
Disti'ibution des récompenses de
l'Exposition de septembre . . .
Duplicature (exemples de) ....
Pages
460
476
392
492
43
507
46
336
336
399
404
116
Echardonnage obligatoire .... 221
•Engrais chimiques (emploi en hor-
ticulture) 13
Engrais chimiques (Expériences à
faire pour juger de la valeur fer-
tilisante des) 510
Engrais chimiques. 89
» de poule 182
» de la vigne 105
Epicéa nain de joreau 431
Epiuard (époque de .«génois) .... 173
Epouvantails à moineaux. . . 218, 414
Brineum et mildew 184
Erodium Muncscavi 496
Eucalyptus géants 36
Eucomis punctata 24
Excursion à la Moucherotte . . . 383
Exochorda Korolkowi 352
Exposition de Paris (compte-rendu) 194
t de Dijon 359
t d'horticulture à Lyon. . 373
» » à Grenoble 110
» « de Paris . 474
» Il de Sceaux 435
» d'horticulture de Lyon
(compte-rendu) . . . 393
> nationale de Toulouse . 490
Fedia cornucopise 335
Feuilles (déformation des) .... 168
Fil de plomb pour greft'age .... 355
Fougères (utilisation des) .... 220
Fraise des quatre saisons 458
Fraises nouvelles 4
» (grosses) au mois d'aoiit . . 509
Fraisiers (culture) 215
i> des quatre saisons. . . . 165
Fruits (production en Angleterre) . 520
I (art d'avoir de gros) .... 234
> en médecine 128
» et légumes 413
Gadoue? de Paris (valeur agricole
de.) 390
Genêt d'Espagne 220
Genista horrida 8, 127
Germination (sur la) 129
> des plantes dans u i sol
exempt de microbes. 124
Gigot du vendredi 126
Glace (de la) dans les cultures de
plantes florales 125
Pages
Glace (la) et l'horticulture .... 37
Glaïeuls (floraison tardive) .... 146
Gloxinia (culture des) , 9
Gommose des arbres fruitiers. . . 491
Goyavier 519
Graines et semis 73
Greffe en fente (à propos de la) . . 41
» Refrognet 25
Guêpes et frelons 350
Gui (semis de) 76
Guignes sauvages des Maures. . . 5
Gymnogramma fariniferum. . . . 392
Haricot (histoire d'un)
Haricots (note sur les)
Hélianthème pulvérulent
Hélianthèmes (emploi des) . . . .
Herbemont-Touzan
Hippocrepis contorta
Hoang Nan
Houx à feuilles contournées pana-
chées . . . . •
Hybiides végétaux
Hydropeltiï purpurea
171
340
212
211
136
135
6
431
40
10
Incision annulaire 71, 221
Jardins japonais 361
Jardins de Tivoli 211
» l'éguliers 27, 100
Kakis (usage et préparation)
85
La Flora (jardin) 60
Levistichum officinale 372
Lilas à fleurs roses 110
» chinois 205
Limaçon de la vigne (destruction). 163
Lodoicea sechellarum 372
Lychnis Haageana 230
Maceron
Machine à fabriquer les bouquets .
Marronniers de Bellecour ....
Matières minérales nécessaires à
l'alimentation des plantes . 157,
Médaille (usurpation de)
Medicago littoralis
» lunulata
» orbicularis
Mélèze nouveau
Melons en caisse (repiquage des) . .
Métis végétaux
MicroEtylis bella
Mildew (moyen de combattre le) . .
> et sulfate de soude ....
» (instructions pour combat-
tre le)
Mimulus mohavensis
Mûriers et pêchers (nouvelle mala-
die des)
Musa ensete
Nécrologie
Nelorabo (culture),
Nelumbium luteum
> speciosum
Nierembergia fructescens fl. albo .
334
358
414
174
214
133
133
133
431
102
40
51
88
163
186
335
352
336
503
191
192
191
499
539 —
Pages
(Monfoglossum Pescatorei .... 335
Œciilium pini 372
Œillets nouveaux lyonnais .... 153 .
Œillet remontant 95
Olives (variétés) 52
Omphalode printanière. . . , 39. 152
Orchidées indigènes (disparition
des) 73
Orchis rubra 22
Orme champêtre tricolor 43!
Ornithopus perpusUlus. ...... 135
Papyrus antiquorum Il
Paralyseos herba 117
Pèches nouvelles 56
(( précoces 24
Peridermium pini 184
Phalœnopsis intermedia 144
Philodendrum Andreanum .... 36
Phœnix tenuis 55
Phrases à eftet à l'usage des ora-
teurs horticoles 142
l'hylloxéra (moyen de combattre le) 371
» en Australie 180
Piriphillie 111
Plantation d'arbres , . 6
Plantations 489
Plantation des plants racines ... 501
Plantes (de l'âge des) 126
» (protection des) 7
» aquatiques 10
» malade et l'eau chaude . . 40
» potagères à surprise ... 132
Plants (repiquage des) 92
Poire Bergamotte, Alfred Lacroix. 115
.. Vital 109
» Echasserie 461
Poireau perpétuel 112, 230
Poires (protection des) contre les
insectes 148
» nouvelles 12, 51, 481
Poirier (du traitement des produc-
tions fruitières du) ... 67
I nouveaux 430
Pomme (la) 145
Pomme de terre
» » (maladie des) . . 339
» » Joseph Rigault. . 39
Pommes de terre (exposition de). . 4
» » ( production de
belles) .... 183
» » (variétés de). . . 476
Pomologie (à propos de) 109
Pontederia cordata 12
» crassipes 219
Potamogeton natans 170
Pouvoir absorbant du sol 492
Pratique vicieuse 341
Préservation des vignes contre la
gelée 92
Primes d'honneur de l'agriculture. 3
Primevères (duplicature des) ... 116
» (note sur les) .... 116
Primula elatior 119
» grandiflora 118
» Reedi 180
Pages
Primula veris 118
Pritchanlia filifera 51
Problème horticole 95
Procès-verbaux, 31, 56, 92, 130,
166, 207, 336, 341, 376, 416.
456, 493
Provignage chinois 507
Prunes (conservation) ...... 357
Prunier pour la formation des haies
(emploi du) 42
1) mirobolan à fleurs rouges
doubles • . . 486
» nouveau 431
P^idium pomiferum 519
Puceron lanigère et la cloque (re-
mède contre le) 165
Rabioules 80
Races de poireaux 229
Racines montantes 75
Ramée Ha) 437
Ramonda pyrenaica (culture) . . . 418
Rapport le la Commission des visi-
tes 463
Réséda en arbre 164
Résistance au froid des palmiers . 55
Rhododendrons anglais 227
Rhododendrum nouveau 431
Rhubaibe (culture) 485
Rhus cotinus pendula 52
Romarin (sur le) 161
Rosa Banksioi 144
» chlorocarpa 352
» polyantha grandiflora . . . 483
» W.-F. Beneit 454
Roses forcées 5
» nouvelles (note sur les). . . 201
M » lyonnaises 392, 451, 471
Rosier remarquable 380
Rosiers (greffe des) 339
> nouveaux 487
» toujours vert 513
Sable dans les repiquages et les
plantations (du) 112
Saccharogénial 181
Scorpiurus 133
Semis du gui 76
Semis et grefî'es 226
> semaison, semaille 217
Serres (chaufl'age des) 102
» (chauffage en Amérique). . 193
• (ventilation des) 75
Sève descendante 337
Sidération 206
Solanées (greffe des) 205
Spiranthes Romanzowiana .... 488
Stachys aflSnis 147
» palustris 148
Stipa tenacissima 124
Suie (engrais pour les rosiers) . . 130
Sulfate de cuivre (falsification) . . 203
» sur les arbres fruitiers . . 455
• de fer et plantes chlorosées. 491
Syndicat des horticulteurs de la ré-
gion lyonnaise 34
— 540 —
Pages
Synonyme et synonymie 91
Syringa et seringa 286
Tavelûr- des arbres (sur la). . . . 509
> » fruitiers. . . . 473
B des racines 54
Tarifs de transport des plantes . . 490
Tavelure des poires 355
Tératologie végétale 169
Terre de bruyère (note sur la) . . 364
» » 353, 434
Terres (analyse des) 6
Thalia deabata 65
Trapa natans 170
Troubles du vin (moyen de recon-
naître les) 390
Vallisneria bulbosa 169
Varangots (le«) 48
Variétés (noms de) 53
» tardives (obtention de). . 21
Végétation souterraine 357
Verger le plus grand ....
Verres bleus (influence des) .
Vers de terre (destruction des)
Vigne eu Perse
» (incision annulaire). . .
» (soufiVage de la)
>) (taille tardive de la) . . . .
Vignes américaines. .... 200,
» françaises (sur les) ....
» greftees (dépérissement des)
D phyllosérées (nouveau trai-
tement)
» (préservation contre la ge-
lée)
» réfractaires au mildew . .
Vin de raisins secs
Violettes (culture)
Visitft aux cultures de vignes de M.
Magat
Wasbingtonia robusta
Welwitsebia vivant
Pages
159
340
376
231
183
171
164
375
370
434
480
92
92
149
368
113
502
55
144
TABLE DES FIGURES
Actea racemosa
Anémone coronaria à fleurs doubles
Anémone coronaria à fleurs pour-
pres.
Anémone hortensis à fleurs dou-
bles
Anémone hortensis à fleurs pour-
pre violet
Anémone hortensis pavonina . . .
Anémone hortensis stellata à fleurs
doubles
Anémone palmata (fleurs jaune?)
Asphodelus ramosus
Astragalus hamosus
Cabomba aquatica
Câprier
Cascade de la villa Aldobrandini .
Cereus flagelliformis, var. cristatus
Chauflages américains . . . 193,
Coronilla scorpioïdes
Cyperus papyius
Diospyros Kaki, var. costata . . .
Diospyros lotus
Erodium Manescavi 497,
Fraise La Généreuse
Goyavier
Grefl'e Refrognet
Hélianthème pulvérulent
Hépatique à fleurs simples ....
» à fleurs doubles ....
Hippocrepis contorta
» unisiliquosa
Hydropeltis purpurea
Jardies (les) propriété de M. H. ds
Balzac
Jardins et fontaines de Tivoli . . .
Jardins français auxviii« siècle 28,
Jardin japonais
Jardin La Flora, à Cologne. . . .
Jardin paysager. .
225
81
80
81
80
81
80
81
440
135
lu
533
59
99
194
133
11
45
44
198
459
519
26
212
151
151
134
134
10
316
210
101
363
60
61
Medieago lunulata ( Luzerne er
forme de lune)
Medieago orbicularis (Luzerne or-
biculaire)
Nelumbium luteum
» speciosum
Nierembergia frutescens flore albo
Omphalode printaniére
Ornithopus perpusillus
Parc de la ville de Nevers ....
Parc des Buttes-Chaumont ....
Plantain d'eau à feuilles rubanées.
Poire Bon Chrétien Vermont . . .
Poire Echasserie
Poire Rémy Chatenay
Pontederia cordata
Potamogtton natans
Primula elatior flore pleno ....
» grandiflora flore pleno . .
» grandiflora flore simples .
» oflncinalis.
Propriété de M. Tis^erant, à Cler-
mont. Avant-projet et projet dé-
finitif
Ramonda pyrenaica
Rosa polyantha grandiflora. . . .
Rosa sempervirens
Rosier (Bouture avec incision) . .
» (Bouture avec talon). . . .
» (Bouture taillée en biseau) .
» Noisette A. Vibert, tapissant
la façade d'une maison à EcuUy.
Sagittaires à feuilles rubanées . .
Sagittaires à feuilles et fleurs nor-
males
Souci prolifère
Thalia dealbata
Thalictrum!
Trapa natans
Vallisnérié en spirale
134
134
191
191
499
152
135
349
03
170
482
463
482
11
ni
116
117
118
116
347
419
•184
513
402
401
401
383
169
169
531
64
529
171
170
Lyon. — Impr. du Salut Publie» — Bellon, 33, rue de laRépublique, 33.
Nevj York Bolanical Garden Librar\
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