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EXTRAIT
DES PAILLETTES D'OR.
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Nouvelle Edition. 4
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MONTRÉAL :
Publiée paj< Z Ghapeleau & Labelle, Libraires
174, Ïlxic3 Notre-Dame
Fw-à-w's te Palais de Justice,
. 1877
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MA DIRECTION
EXTRAIT
DES PAILLETTES D'OR.
Nouvelle Edition.
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MONTREAL :
Publiée par Z. Chapeleau & Labelle, Libraires
\7 4L, Rue lVoti'e-I>am.«
Vis-à-vis le Palais de Justice,
1877
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SERMAND,
Proton, ÂpostoL, Vic.-Gener, ÂvenïaiL
MA DIRECTION
(extrait des Paillettes d'Or.)
Apprenez de moi que
je suis doux et humble
de cœur.
Elle est simple, elle est facile, elle
n'exige rien que ma pauvre âme ne puisse
faire, mais je s^ns qu'elle m'unit à Dieu,
qu'elle me rend plus dévoué, plus soumis
à la souffrance, plus fidèle à mon devoir
et qu'elle me prépare doucement à la
mort.
Depuis que j'en ai fait la règle de ma
conduite elle a toujours eu pour moi une
consolation, une lumière, une force, et
pourtant, mon Dieu, vous savez bien
qu'il y a eu dans ma vie des heures pé-
nibles !
Chères âmes qui, comme moi, voulez
vous faire saintes, je vous la donne dans
toute sa simplicité ; écoutez-la, elle sort
du cœur aimant de Jésus.
Cette direction a pour jjase la suave
parole de Jésus-Christ : Apprenez de
moi que je suis doux et humble de Cœur.
/¥Ù
Sois doux
Doux envers Dieu.
Vivant au jour le jour sous sou regard
paternel et comme dans un milieu où
toutes choses sont arrangées par une Pro-
vidence pleine de sollicitude.
Une mère ne prépare pas avec plus de
soin la chambre où son enfant doit pas-
ser la journée que Dieu ne prépare cha-
que heure qu'il ouvre devant moi.
Ce qui se présente à faire il veut que je
le fas-e, et j'ai pour le bien faire tout ce
qu'il faut de temps, d'intelligence, d'apti
tude, de savoir ;
Ce qui se présente à souffrir il veut que
je le supporte alors même que je n'en
vois pas la raison immédiate, et si la dou-
leur m'arrache une plainte, il me dit :
courage, enfant, c'est moi qui le veux !
Ce qui m'arrête dans mon travail et ce
qui me contrarie dans mes projets, il le pose
exprès parce qu'il voit que trop de succès
me rendrait vaniteux ou trop de facilité
me rendrait sensuel, et il me fait com-
— 5 —
prendre que ce n'est pas le succès qui mène
au ciel mais le dévoilement et le travail.
Aussi, devant ces pensées, comme toute
révolte s'apaise ! Comme tout travail est
commencé, continué, interrompu, repris,
achevé avec paix et bonheur !
Comme sont repoussés avec énergie ces
ennemis de toutes, les heures qui m'assiè-
gent : la paresse l'empressement, la préoc-
cupation du succès, le dégoût à cause de la
difficulté !
Le passé vient- il quelquefois me tour-
menter par le souvenir pénible de tant
d T ann'ées loin du bon Dieu ?
Oh ï sans doute il y a dans mon cœur
une impression bien vive de confusion et
de regret, mais pourquoi perdre la paix ?
Dieu ne m'a-t-il pas dit par la bouche du
prêtre dépositaire de son pouvoir : je te
pardonne ? n'ai-je pas fait ce qu'il me de-
mandait : aveu sincère, soumission com-
plète ; et ne suis-je pas prêt a faire encore
tout ce que me demanderait en son nom
celui à qui j'ai confié mon âme ?
1/ avenir à son tour essaie t-il de m'ef-
f raver ?
f hSô n. 1f 7 ' m ni
— 6 —
Je souris devant ces folles rêveries de
mon imagination ; est-ce que Dieu n'est
pas chargé de mon avenir ?
.Quoi ! ce qui m'arrivera demain, dans
dix ans, dans vingt ans est arrangé, pré-
paré avec un soin maternel par le bon
Dieu, et j'aurais peur que cela ne fût pas
bon pour moi !
O mon Dieu ! restez, restez le maître
et faites mon avenir comme vous le vou-
drez !
Doux envers les événements.
Les événements sont les messagers de la
bonté ou de la justice divine.
Chacun d'eux a une miss ; on à remplir
auprès de moi ; et cette mission qu'il a
reçue de Dieu, pourquoi ne pas la laisser
s'accomplir en paix ?
Pénibles, douloureux, déchirants, - les
événements ne sont que ce que Dieu veut
qu'ils soient.
Maladies, — malveillance, — perte de for-
tune,— séparations, — oubli de l'amitié, —
mépris, — insuccès, — humiliations... Dieu
les a tous envoyés, et quand ils auront
accompli leur œuvre Us passeront, et mon
— 7 —
âme, si elle a été paisible, restera plus
pure et plus sainte.
Les regarder passer, avec un peu d'ef-
froi peut-être et avec un sentiment bien
naturel de terreur, — les Saints leur sou-
riaient à travers leurs larmes, — mais ne
jamais permettre qu'ils emportent la plus
petite partie ni de ma confiance ni de ma
résignation.
Etre doux envers les événements ce
n'est pas les attendre avec cette fermeté
stoïque qui est un effet de l'orgueil ni se
raidir contre eux au point de réprimer
tout gémissement, non.
Dieu permet de les prévenir, de les éloi-
gner, de les fuir si c'est possible, de les
soulager, au moins de les adoucir.
Et ce bon Père, à l'heure môme où il
les envoie messagers de justice, envoie les
moyens de les rendre supportables et
même souvent de les éviter*
Remèdes dans la maladie,
Amitié dans les peines du cœur,
Dévouement dans la privation,
Consolations dans les affaissements,
Larmes dans les douleurs,
C'est Dieu qui a créé tout cela, et qui
prévoyant que. peut-être je ne saurais pas
le trouver, a donné ordre à des âmes pri-
vilé iées de m'aimer, de me consoler, de
me soulager, de me servir et leur a dit :
Ce que vous ferez au plus petit des miens }
je le regarderai comme fait à moi-même.
Oh ! je laisserai donc venir à moi, dans
mes douleurs, la voix amie qui me par-
lera d'espérance !
Je recevrai donc avec amour les soins
empressés de l'amitié.
J'accepterai donc avec reconnaissance
le temps qu'on me consacrera, les priva-
tions qu'on s'imposera pour moi et je prie-
rai Dieu de répéter à ces amis si bons :
Tout ce que vous faites pour lui, je le ferai
pour vous.
ni
Doux envers les autres.
C'est plus difficile qu'envers les événe-
ments parce qu'il semble que les autres
agissent quelquefois par méchanceté.
Mais que de fois ils n'agissent que par
tempérament, égoisme, étourderie, ne vou-
lant que leur bien à eux, et ne pensant nul-
— 9 —
Jement au mal qu'ils me font ; alors pour-
quoi tant m'inquiéter ? Il suffit de me
précautionner.
Laisse aux autres le champ libre quand
il ne s'agit pas d'un devoir à remplir; ne
leur sois jamais un obstacle autant que
possible, et s'ils sont un obstacle pour toi,
tourne-les, ne les heurte pas.
Céder, plier, se retirer un peu, laisser
faire, voilà !a conduite ordinaire à tenir
avec les membres de la famille et avec
ceux que nous appelons nos amis.
Plus tu leur laisseras la facilité de
faire ce qu'ils croient bon, — plus tu abon-
deras dans le sentiment qu'ils ont de leur
importance, — plus tu t'effaceras pour lais-
ser libre b j chemin qu'ils veulent suivre,
plus ils te laisseront la paix et la facilité de
leur être utile. — C'est étonnant comme les
personnes» de la famille que nous ne gê-
nons pas nous livrent l'entrée de leur âme.
Ne t'occupe pas trop de voir les actions
de tes amis dans le im nu détail ni dans
les motifs qui les poussent, — si leurs pro-
cédés manquent de délicatesse, fais sem-
blant de ne pas le comprendre, ou. plus
simplement, pense qu'ils se sont trompés.
Un moyen assuré pour faire tomber
l'antipathie que nous sentons contre quel-
— 10— •
qu'un c'est de lui faire un peu de bien tous
les jours — et le moyen de faire tomber
L'antipathie que quelqu'un a contre nous
c'est de dire un peu de bien de lui tous les
jours.
Ceux qui t'entourent sou t- ils méchante ?
prends des précautions sans doute, mais
demeure en paix, ils ne te nuiront que
jusqu'au degré voulu par Dieu:
Celui qui met un freina la fureur des flots
Sait aussi des méchants arrêter les complots.
Que coûte t-il à Dieu pour arrêter l'ef-
fet d'une calomnie ou d'une médisance ?
Dieu est toujours le bouclier qui s'in-
terpose entre les événements, les créa-
tures et moi.
IV
Doux envers moi-même.
Etre doux envers soi, ce n'est pas se
flatter, se permettre toute chose, s'excuser
en tout,— ma,<s simplement s'encourager^
se relever, se fortifier.
S'encourager pendant le travail mono-
tone, lassant, méconnu. " Dieu veut que
je le fasse et il me voit. — Ce travail occupe
— 11 —
mon intelligence, perfectionne mon âme,
éloigne le mal."
S'encourager pendant ces tristes heu-
res de délaissement universel, alors que
personne ne pense à nous, ne nous donne
la moindre marque de sympathie : " Est-
ce que faire ton devoir ne te suffit pas ?
— Dieu ne veut que cela de toi, et ce de-
voir te mènera au ciel."
Se relever après une chute, une faute hu-
miliante, une faiblesse qui atterre ; mais
se relever charitablement, affectueuse-
ment. " Allons, ma pauvre àme, ce n'est
rien ; tu as affaire à un bon père et à un
maître généreux. — Avoue, humilie-toi, et
en attendant que tu obtiennes le pardon
du prêtre, reprends ta vie avec la môme
activité."
Se fortifier contre l'abandon, contre le
découragement, contre l'oubli des autres.
Il y a deux choses qui fortifient: la
prière et le travail. »
Il «-m est une qui relève : le dévouement.
Ces remèdes sont toujours à ma portée.
— 12--
II
Sois humble.
i «
Humble envers Dieu.
1° Restant habituellement devant lui,
comme un petit enfant, ou môme comme
un petit pauvre qui demande, qui aime,
qui attend, qui sait que rien ne lui est dû,
mais qui sait aussi que, d'heure en heure,
à mesure qu'il en aura besoin, le bon
Dieu enverra en lui et autour de lui tout
ce qui lui est nécessaire et quelque chose
au delà.
Vis en paix sous cette paternelle et mi-
séricordieuse protection de la Providence ;
plus tu te sentiras petit, faible, humilié,
malade, impuissant, malheureux môme
par ta faute, plus tu auras droit à la pitié
et à l'amour du bon Dieu.
Seulement prie bien; que ta prière soit
pieuse et un peu lente, douce et pleine
d'espérance. Le pauvre ira que la prière
qui lui appartienne, mais cette prière
quanti elle monte au cœur d Dieu, hum-
ble et suppliante, oh! comme elle est
paternellement écoutée !
N*aie pas beaucoup de prières variées, ;
que le Notre Père s'épanche souvent de
ton cœur jusqu'à tes lèvres. Aime à ré-
péter au bon Dieu ce do'ux Notre Père que
nous apprit Jésus lui-même pour s'obliger
en quelque sorte à ne jamais nous re-
pousser.
2° Regarde- toi encore comme un servi-
leur à gage que le bon Dieu a loué et à qui
il a promis une magnifique récompense
à la fin de cette journée qui s'appelle la
vie; et tiens-toi chaque matin à sa dispo-
sition pour faire tout ce qu'il voudra, de la
manière qu'il le voudra et avec les moyens
qu'il mettra à ta poftée.
Le travail de chaque jour ne te sera
pas commandé directement par le maître,
ce serait trop doux d'obéir directement à
Dieu lui-même ; mais par des envoyés du
maître. Ces envoyés s'appellent supérieurs,
égaux, inférieurs, ennemis même.
Chacun d'eux a reçu ordre, même sans
qu'il s'en doute, de te sanctifier, l'un, en
domptant ton amour de l'indépendance, — ■
l'autre, en abattant ton orgueil, — l'autre,
en aiguillonnant ta lâcheté.
Chacun dVux, en te transmettant les
ordres de Dieu, le fera à sa manière,
quelquefois brusque, quelquefois mal-
veillante, quelquefois pénible à suppor-
ter, .mais que t'importe pourvu que tu
saches que ce que tu fais et ce que tu souf-
fres, est voulu par Dieu.
Fais donc ton devoir, comme tu peux,
comme tu sais, comme on te le commande ;
de temps à autre, dis à Dieu : Etes-vous
content, Maître ? et malgré l'ennui, malgré
la fatigue, malgré la répugnance, con-
tinue jusqu'à la fin.
Laisse ensuite venir ou l'éloge ou le
blâme ; toi, pauvre et fidèle serviteur,
demeure en paix.
Humble envers Us autres.
Regarde-toi sincèrement, mais sans os-
tentation et sans même qu'on puisse soup-
çonner ton intention, comme le serviteur
de tous.
Répète quelquefois, tout bas, ces paro-
les de la Ste.-Vierge : Voici la servante du
Seigneur, et ces autres de Jésus-Christ:
Je ne suis pas venu pour être servi, mais
pour servir et agis envers tous ceux qui
t'entourent, comme si réellement tu étais
h leur service, les prévenant, les aidant,
— IS-
les écoutant ; étant presque confus de ce
qu'ils font pour toi et te montrant tou-
jours heureux quand ils te commandent
quelque chose.
Oh! si tu savais ce que toutes ces pa-
roles valent de mérites pour le ciel, de joie
et de paix sur la terre, comme tu les
aimerais !
Oh ! si tu parvenais a les laisser domi-
ner dans ta vie et en faire la règle de ta
conduite, comme tu serais heureux et tu
rendrais heureux ?
Heureux par. le témoignage de ta cons-
cience qui te dirait : tu as fait ce qu'aurait
fait Jésus-Chrisl ;
Heu- eux par la pensée de la récompense
promise à celui qui donne un verre d'eau
au nom de Jésus-Christ ;
Heureux enfin par l'assurance que Dieu
fera pour toi ce que tu auras fait pour les
autres.
Oh! qne t'importeraient alors l'ingra-
titude, l'oubli, l'insuccès, le mépris lui-
même. Ils te peineraient sans doute,
mais ne pourraient jamais te décourager
ni t'attrister !
— 16 —
Précieux conseils, inspirés parle Cœur
de Jésus, je vous bénis pour tout le bien
que vous m'avez fait !
La première fois que vos paroles tom-
bèrent dans mon âme, elles y apportè-
rent avec la paix, la force contre le décou-
ragement, 'la déception, l'abandon et la
ferme volonté de vivre plus dévoué,- plus
uni à Dieu, plus content de tout et de mar-
cher plus droit vers le ciel
Encore une lois, je vous bénis !
Souvent, je vous le promets,, je viendrai
vous relire au pied de l'autel, agenouillé
devant la Sainte Eucharistie !
Précieux conseils, éclairez* moi, gardez-
moi, ramenez-moi !