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Full text of "Mandements, lettres pastorales, circulaires et autres documents publiés dans le diocèse de Montréal depuis son erection jusquà l'année 1869"

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MANDEMENTS, 

LETTRES  PASTORALES,   CIRCULAIRES 

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AUTRES    DOCUMENTS. 


MANDEMENTS 

LETTRES  PISTORUES 


CIRCULAIRES 


j^UTRES   DOCUMENTS 

PUBLIÉS  DANS  LE 

DIOCÈSE  DE  MO^TRÉAI. 

DEPUIS 

SON  ERECTION  JUSQU'A  L'ANNEE  1869. 

TOME     PREMIER. 


MONTREAL 

TYPOGRAPHIE  LE    NOUVEAU  MONDE 

23,  Rue  St.  Vincent. 

1869 


Nous  prenons  la  liberté  de  dédier  le  présent 
Recueil  au  vénérable  Clergé  du  Diocèse  de  Mont- 
réal, persuadé  qu'il  accueillera  avec  faveur  un 
livre  qui  lui  est  tout  spécialement  destiné. 
L'ouvrage  ne  renferme  rien  de  nous,  qu'un  peu 
de  travail  de  compilation  et  d'analyse,  et  encore 
est-ce  à  d'autres  que  nous  devons  jusqu'à  l'idée  de 
réunir  et  de  publier  ainsi  dans  leur  ordre,  les 
documents  qui  en  font  seuls  tout  le  prix  et  le 
mérite. 

Les  Mandements,  Lettres  Pastorales,  et  autres 
Instructions  des  Evêques  sont  comme  l'histoire 
particulière  d'un  Diocèse,  ou  du  moins,  comme  le 
fond  de  cette  histoire.  A  notre  sens,  cela  suffirait 
pour  donner  à  ce  Recueil  une  valeur  plus  qu'or- 
dinaire, et  lui  assurer  une  place  dans  toutes  les 


IV  PRÉFACE. 

bibliothèques  ecclésiastiques.  Mais,  à  part 
l'intérêt  qui  s'attache  pour  tout  prêtre  aux 
événements  dont  une  semblable  collection  pré- 
sente le  tableau  le  plus  authentique  et  le  plus 
complet,  l'importance  de  cet  ouvrage  au  point  de 
vue  de  la  théologie  pratique,  de  la  conduite  des 
âmes,  de  l'administration  des  paroisses  et  de  tout 
ce  qui  se  rattache  aux  sciences  liturgiques  et 
disciplinaires,  ne  saurait  manquer  de  frapper 
l'attention  du  lecteur.  Remarquons  qu'il  est 
cependant  bien  peu  de  personnes  qui  possèdent 
aujourd'hui  une  suite  complète  de  ces  documents 
pourtant  si  nécessaires,  et  encore  moins  peut-être 
qui  puissent  réellement  utiliser  ceux  qu'elles 
possèdent,  faute  d'une  honne  table  de  Références  et 
des  matières.  Combien  d'excellentes  règles  pra- 
tiques et  de  prescriptions  même  qu'il  était 
impossible  de  retrouver,  surtout  pour  un  jeune 
prêtre,  dans  des  masses  de  feuilles  détachées  et 
mêlées,  sans  se  soumettre  à  un  travail  considé- 
rable !  C'est  ce  travail  que  nous  avons  fait,  dans 
le  double  but  de  l'épargner  à  d'autres,  et  de 
placer,  en  même  temps,  dans  une  nouvelle  lumière 
les  œuvres  de  deux  grands  Evêques. 

Evôché  de  Montréal,  ce  ler  Mars  1869. 

G.  LAMARCHE,  Ptre. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 

SUR 

MONSEIGNEUR  J.  J.  LAETIGUE, 

PREMIER  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 


M.  J.  J.  Lartigue  naquit  à  Montréal,  le  20  juin  1777,  de  M.  Jacques 
Lartigue,  médecin  de  cette  ville  aussi  religieux  que  zélé  dans  sa  pro- 
fession, et  de  Marguerite  Cherrier  dont  la  haute  piété  a  fait  longtems 
rornement  de  cette  ville  et  dont  la  famille  se  rattache  à  ce  qu'il  y  a  de 
plus  distingué  dans  cette  Province.  Né  après  plusieurs  années  de 
mariage,  il  fut  regardé  comme  un  présent  que  le  ciel  accordait  aux 
vœux  ardens  de  ses  vertueux  parens,  qui,  en  reconnaissance,  s'atta- 
chèrent à  lui  former  l'esprit  et  le  cœur  par  une  excellente  éducation  et 
par  toutes  sortes  de  bons  exemples.  Ses  premières  années  furent 
marquées  par  cette  vivacité  d'esprit,  qui  fait  augurer  un  génie  trans- 
cendant. Aussi  fit-il,  sous  la  direction  des  MM.  de  St.  Sulpice,  des 
études  dont  le  succès  semblait  annoncer  qu'il  était  appelé  à  de  grandes 
choses.  Il  est  à  remarquer  que  sa  classe  a  été  la  première  qui  ait 
terminé  son  cours  dans  l'ancien  collège  de  Montréal,  dont  les  élèves 
allaient  auparavant  faire  leur  philosophie  à  Québec.  Il  n'avait  que 
14  ans  quand  son  père  mourut.  La  perte  de  ce  père  qu'il  aimait  avec 
une  tendresse  plus  qu'ordinaire  et  dont  il  était  aussi  extraordinaire- 
ment  aimé,  lui  causa  une  si  grande  douleur  qu'elle  influât  sur  son 
caractère,  qui  d'enjoué  qu'il  avait  été  jusqu'alors,  devint  grave  et 
sérieux.  Ce  fut  à  cette  époque  que  le  jeune  étudiant  se  livra  à  l'étude 
avec  une  ardeur  incroyable. 

Ayant  achevé  son  cours  en  1793,  il  étudia  d'abord  la  langue  anglaise, 
puis  la  Loi,  successivement  sous  M.  Foueher  et  M.  Bédard,  avocats  de 
cette  ville.  Il  commença  dès  lors  à  faire  connaître  son  talent  admirable 
pour  la  parole,  en  s'exerçant  à  la  déclamation  devant  ses  compagnons 
de  cléricature,  qui  se  plaisaient  à  l'entendre  débiter  les  plaidoyers  qu'il 
composait  pour  se  préparer  à  faire  triompher  un  jour  la  justice  et  la 
vérité.  Il  étudia  la  Loi  avec  beaucoup  d'application;  et  il  fit  ensuite 
servir  à  l'avantage  de  la  Religion  les  connaissances  du  Droit  Civil, 
qu'il  acquit  alors.  En  même  temps,  il  apprenait  la  Loi  Divine  en 


VI  NOTICE  BIOGRAPHIQUE 

étudiant  avec  ardeur  la  Religion  et  ses  dogmes  sacrés,  pour  pouvoir 
défendre  sa  foi  contre  les  attaques  des  incrédules  qu'il  devait  rencon- 
trer dans  le  monde  ;  et  ce  fut  avec  un  tel  succès,  qu'il  lui  arrivât  de 
dire  ingénument,  après  son  élévation  à  l'Episcopat  :  <  J'étais  aussi 
«  capable  de  soutenir  les  intérêts  de  la  Religion  contre  l'impiété  des 
«  Philosophes,  pendant  que  j'étais  dans  le  monde,  que  maintenant.i 

Mais  le  monde  n'était  pas  digne  de  lui  ;  aussi  lui  dit-il  adieu  pour 
toujours,  à  l'âge  oîi  tous  les  plaisirs  semblaient  conspirer  à  l'y  retenir. 
Quoiqu'il  piit  prétendre  aux  situations  les  plus  honorables  de  la 
société,  dont  il  lui  était  facile  de  devenir  un  des  brillants  ornemens, 
néanmoins  il  ne  résista  pas  à  la  volonté  de  Dieu,  qui  voulut  faire 
servir  plus  directement  à  l'avantage  de  la  Religion  les  riches  talens 
dont  il  était  orné.  La  vie  édifiante  qu'il  menait  dans  le  monde  l'avait 
préparé  à  la  grâce  de  sa  vocation.  Voici  un  trait  de  sa  déUcatesse  de 
conscience.  Pendant  qu'il  suivait  son  cours  de  droit,  il  s"était  lié 
d'amitié  avec  un  jeune  clerc-avocat,  protestant,  doué  de  beaucoup  de 
talens  et  qui  montrait,  en  toute  occasion,  une  grande  réserve.  Un  jour 
qu'ils  se  promenaient  tous  deux  aux  environs  de  l'Hôtel-Dieu  de  cette 
ville,  la  conversation  tomba  naturellement  sur  les  Religieuses  qui 
l'administrent  et  sur  les  services  qu'elles  rendent,  par  leurs  soins 
charitables,  à  l'humanité  souffrante.  Pendant  cet  entretien,  qui 
leur  offrait  des  réflexiens  d'un  bien  utile  intérêt,  il  arriva  au  jeune 
protestant  de  dire  :  qu'il  regrettait  une  seule  chose:  c'était  de  voir  que 
ces  bonnes  Religieuses  ne  se  mariassent  point  ;  et  qu'il  était  impossible 
pour  elles  de  vivre  ainsi  sans  tomber  dans  le  libertinage.  «  Vous  me 
«  prenez  donc  pour  un  libertin,  moi  aussi,  puisque  je  ne  suis  pas 
♦  marié,  >  reprit  avec  vivacité  M.  Lartigue  qu'un  pareil  discours  jeta 
dans  un  grand  étonnement  ;  «  vous  êtes  donc  vous-même  un  débauché, 
«  puisque  vous  n'êtes  pas  marié,  vous  non  plus?  »  Une  réponse  aussi 
ferme  dut  rendre  son  ami  plus  discret  à  l'avenir. 

Dégoûté  du  monde  et  docile  à  la  voix  de  Dieu  qui  l'appelait  au 
service  de  l'Eglise,  il  se  présenta  à  Monseigneur  Pierre  Denaut, 
Evêque  de  Québec,  qui  l'admit  dans  la  milice  sacrée  en  lui  conférant 
la  tonsure  et  les  Ordres  moindres,  le  23  Septembre  1797,  le  jour  même 
que  ce  prélat,  qui  résidait  à  Longueuil,  faisait  son  entrée  épiscopale 
dans  l'église  paroissiale  de  Montréal.  Il  ne  prévoyait  pas  sans  doute 
que  cette  entrée  à  Ville-Marie  dût  être  marquée  par  une  grâce  aussi 
singulière  que  celle  de  lui  préparer  son  premier  évoque.  Mais  il  suffisait 
que  cela  fût  réservé  dans  les  vues  de  la  Divine  Providence.  Les  MM. 
de  St.  Sulpice  le  demandèrent  à  TEvêque  et  l'envoyèrent  à  leur  collège 
où,  sous  ces  habiles  maîtres,  il  étudia  la  théologie  avec  un  succès 
distingué.  Mais  son  application  trop  soutenue  à  une  étude  aussi 
sérieuse,  le  fit  tomber,  en  1799,  dans  une  maladie  grave  dont  les  suites. 


SUR  MONSEIGNEUR  J.  J.  LARTIGUE.  vn- 

furent  d'afTaiblir  si  considérablement  son  tempérament,  et  de  le  réduire 
lui-même  à  un  tel  état  de  langueur  que,  pendant  sept  ans,  il  ne  fut  pas- 
un  seul  instant  sans  souffrir  ;  en  sorte  qu'il  avait  perdu  la  sensation 
délicieuse  que  fait  éprouver  la  santé. 

Monseigneur  Denaut,  qui  avait  un  discernement  admirable  pour 
découvrir  les  hommes  de  mérite,  et  un  rare  talent  pour  en  tirer  parti 
au  profit  de  l'Eglise,  voulut  s'attacher  M.  Lartigue  comme  secrétaire. 
Il  l'avait  fait  Sous-Diacre  le  30  Septembre  1798  ;  il  l'ordonna  Diacre 
le  28  Octobre  de  l'année  suivante  et  alla,  le  21  Septembre  1800,  lui 
conférer  la  prêtrise  à  St.  Denis,  dont  M.  Gherrier,  son  oncle,  Vicaire 
Général  et  homme  d'un  mérite  distingué,  était  Curé.  L'application  du 
nouveau  secrétaire  aux  affaires  du  diocèse,  son  talent  pour  discuter  et-- 
approfondir  toutes  les  matières  ecclésiastiques,  son  ardeur  à  acquérir 
de  nouvelles  connaissances  par  une  étude  méthodique,  sa  prudence  et- 
sa  discrétion,  jointes  à  ses  autres  qualités,  le  mirent  bientôt  en  état 
d'aider  puissamment  au  gouvernement  de  l'Eglise.  Aussi  son  évêque 
ne  voulut-il  jamais  consentir  à  se  priver  de  ses  services  jusqu'à  sa 
mort,  qui  arriva  le  17  Janvier  1806,  quoique  celui-ci  lui  eût  souvent 
demandé  la  permission  d'entrer  à  St.  Sulpice.  Ce  fut  avec  une  égale 
appréciation  de  ses  talens  qu'il  le  recommanda  à  son  successeur 
Monseigneur  J.  O.  Plessis,  comme  un  sujet  digne  de  l'Episcopat,  si,. 
par  la  suite,  il  se  trouvait  dans  la  nécessité  de  présenter  au  St.  Siège- 
quelque  prêtre  pour  occuper  ce  poste  éminent.  Il  est  aisé  de  remarquer 
en  tout  ceci  l'action  de  la  Providence,  qui  préparait  de  loin  son  serviteur 
à  remplir  le  haut  ministère  dont  elle  devait  le  charger  un  jour. 

Monseigneur  Denaut  étant  mort,  M.  Lartigue  n'éprouvait  plus 
d'obstacle  pour  entrer  à  St.  Sulpice.  où  ses  inclinations  le  portaient 
depuis  longtemps.  Monseigneur  Plessis  ayant  donné  son  consentement, 
les  MM.  du  Séminaire  reçurent  ce  nouveau  membre  à  bras  ouverts  et 
le  regardèrent  comme  une  acquisition  précieuse  pour  leur  maison.  Il 
entra  dans  cette  Compagnie  le  22  Février  1806,  et  le  1er  Février  de- 
l'année  suivante,  il  fut  agrégé  comme  directeur.  Pendant  quinze  ans, 
il  fut  l'ornement  de  cette  communauté  par  son  zèle  infatigable,  par 
son  rare  talent  pour  la  prédication,  son  ardeur  incomparable  pour  la 
conversion  des  plus  grands  pécheurs  et  sa  grande  charité  envers  les 
pauvres.  Malgré  les  nombreuse  occupations  qui  devaient,  ce  semble, 
absorber  tout  son  temps,  il  mettait  un  si  bel  ordre  dans  l'accomplisse- 
ment de  ses  devoirs,  qu'il  trouvait  toujours  le  loisir  de  visiter  réguliè- 
rement les  faubourgs  dont  on  l'avait  chargé,  d'y  maintenir  l'ordre, 
comme  l'attestent  les  personnes  qui  ont  eu  le  bonheur  d'être  sous  son 
administration,  de  passer  une  partie  considérable  de  la  journée  au 
confessionnal,  d'étudier  avee  profit  la  théologie  et  l'Ecriture  Sainte,, 
comme  le  prouvent  les  manuscrits  qu'il  a  laisses,  et  de  se  tenir  encora- 


^iii  NOTICE  BIOGRAPHIQUE 

au  courant  de  toutes  les  afTaires  de  son  pays  qui  l'intéressa  toujours 
hien  vivement. 

Le  gouvernement  n'eut  qu'à  se  féliciter  de  son  habileté  à  manier  les 
esprits  de  ses  concitoyens,  pendant  la  dernière  guerre  américaine.  Car, 
un  certain  Légiste,  d'origine  britannique,  ayant  essayé  de 'persuader 
aux  milices  Canadiennes,  alors  sur  pied,  qu'on  ne  pouvait  pas  légale- 
ment les  retenir  au-delà  d'une  certaine  époque,  elles  menaçaient  de  se 
débander.  Sur  l'invitation  du  gouverneur  général.  Sir  George  Prévost, 
M.  Roux  se  décida  à  envoyer  un  des  Messieurs  de  sa  maison,  pour 
retenir  ces  braves  miliciens  dans  la  ligne  de  leur  devoir.  Le  choix  du 
Supérieur  tomba  sur  M.  Lartigue  qui  n'eut  pas  plutôt  paru  au  milieu 
-de  ses  chers  concitoyens  que  l'ordre  fut  à  l'instant  rétabli. 

Monseigneur  Plessis,  qui  avait  hérité  de  son  prédécesseur  de  l'estime 
et  de  la  haute  idée  qu'il  avait  conçue  de  M.  Lartigue,  voulut  que  tout 
son  Diocèse  partageât  avec  Montréal  les  fruits  abondans  que  produi- 
saient, dans  cette  ville,  ses  vertus  et  ses  prédications.  11  le  lira  six  fois 
de  sa  chère  solitude  de  St.  Sulpice  pour  le  produire  au  grand  jour, 
en  l'associant  aux  travaux  de  son  vénérable  Goadjuteur,  Monseigneur 
B.  C.  Panet,  pour  les  visites  Episcopales.  Dieu  qui  le  destinait  au 
gouvernement  spirituel  du  district  de  Montréal,  disposa  toutes  choses 
pour  que  ce  zélé  coopérateur  des  travaux  de  l'Episcopat  fût  principa- 
lement et  presque  exclusivement  envoyé  vers  les  paroisses  de  cette 
partie  de  la  province  qui  forme  aujourd'hui  un  diocèse  ;  de  manière 
qu'il  eut  constamment  occasion  de  connaître  les  besoins  du  district 
dont  il  devait  un  jour  être  si  spécialement  chargé.  On  peut  donc  dire 
que,  depuis  1799  qu'il  entra  au  secrétariat,  il  ji'a  pas  discontinué, 
jusqu'à  sa  mort,  de  travailler  pour  le  bien  général  du  Diocèse  de 
Montréal. 

L'on  sait  que  l'année  1819  fut  l'époque  oîi  quelques  agents  secrets 
engagèrent  le  gouvernement  de  la  métropole  à  faire  des  tentatives 
pour  dépouiller  le  Séminaire  de  Montréal  de  ses  biens.  Cette  maison 
députa  aussitôt  vers  le  ministère  M.  Lartigue,  que  ses  connaissances 
légales  et  sa  qualité  de  sujet  britannique  rendaient  très-propre  à  faire 
triompher  la  justice  de  cette  cause.  Il  eut  l'avantage  de  faire  le 
voyage  avec  Monseigneur  Plessis  et  M.  F.  Turgeon  son  secrétaire, 
qui  fut  Evêque  de  Québec.  Il  s'acquitta  de  cette  mission  délicate 
avec  tout  le  zèle  qu'on  devait  attendre  de  son  attachement  à  sa 
communauté.  Quoique  fort  des  solides  raisons  que  lui  fournissaient 
les  titres  et  la  longue  et  paisible  possession  des  biens  contestés  au 
Séminaire,  il  comprit  qu'il  devait,  pour  assurer  le  succès  de  sa  cause, 
employer  les  ressources  de  la  prudence  humaine  et  recourir  à  l'immense 
influence  que  Monseigneur  Plessis  venait  d'acquérir,  en  rendant  au 
gouvernement  des  services  signalés  pendant  la  guerre  de  1812.    Il 


"SUR  MONSEIGNEUR  J.  J.  LARTIGUE.  ix 

demanda  et  obtint  de  ce  prélat,  pendant  la  traversée,  un  mémoire 
conçu  en  des  termes  si  énergiques,  que  Sir  J.  C.  Sherbrooke  (à  qui  ce 
mémoire  fut  communiqué  avant  d'être  présenté  au  lord  Bathurs,  alors 
ministre  de  Sa  Majesté  George  III,)  déclara  qu'il  le  trouvait  si  con- 
cluant, qu'il  craignait  qu'il  ne  pût  nuire  aux  autres  affaires  que  Sa 
Grandeur  allait  traiter  avec  le  gouvernement.  Il  fut  néanmoins 
présenté,  parce  qu'il  était  du  devoir  de  l'Evêque  de  ne  rien  épargner 
pour  soutenir  les  droits  d'une  communauté  si  chère  à  l'Eglise  et  si 
précieuse  au  Diocèse.  L'envoyé  du  Séminaire  n'hésitait  pas  à  dire 
que,  SI  les  ministres  avaient  cessé  alors  de  poursuivre  cette  affaire,  il 
fallait  l'attribuer  principalement  au  crédit  de  l'Evêque  de  Québec. 
Lorsqu'en  1826,  quelques  mois  après  la  mort  de  cet  illustre  prélat,  les 
poursuites  recommencèrent  contre  St.  Sulpice  de  Montréal,  M. 
Lartigue  dit  à  quelqu'un  qui  lui  était  familier  :  on  voit  bien  que  Slgr. 
Plessis  est  morl. 

Pendant  que  M.  Lartigue  s'occupait,  à  Londres,  des  affaires  de  sa 
maison.  Monseigneur  Plessis  pressait,  à  Rome,  l'exécution  du  plan, 
qu'il  avait  formé,  de  faire  diviser  son  diocèse  en  quatre  districts 
épiscopaux,  dont  le  premier  devait  [comprendre  le  Haut-Canada,  le 
second  être  formé  du  district  de  Montréal,  le  troisième  du  Nouveau- 
Brunswick  etc.,  et  le  quatrième  du  territoire  de  la  Baie  d'Hudson. 
Dans  cette  même  circonstance,  ce  prélat  obtint  du  St.  Siège,  en  faveur 
de  M.  J.  J.  Lartigue,  deux  brefs  apostoliques  en  date  du  1er  Février 
1820,  dont  l'un  le  nommait  à  l'évèché  de  Telmesse  en  Lycie,  et  l'autre 
le  préposait  au  gouvernement  spirituel  du  district  de  Montréal,  en 
qualité  de  suffragant  et  auxiliaire  de  l'évêque  de  Québec.  L'obéissance 
seule  obligea  ce  vertueux  prêtre  à  accepter  la  charge  terrible  que  lui 
imposait  le  chef  de  l'Eglise. 

Muni  de  ces  pouvoirs,  et  pleinement  autorisé  par  la  cour  de  Rome, 
Monseigneur  de  Québec  revint  en  Canada,  où  il  arriva  le  20  juillet 
1820,  accompagné  de  M.  Turgeon  et  du  nouvel  élu  M.  Lartigue,  qu'il 
présenta,  sous  ce  titre,  aux  messieurs  du  Séminaire  de  Montréal, 
comme  une  nouvelle  preuve  de  la  confiance  et  de  l'estime  qu'il  avait 
toujours  reposées  dans  les  membres  de  cette  maison.  Néanmoins  des 
raisons  diverses  fhent  que,  cet  arrangement  présentant  quelques 
difficultés,  le  sacre  de  l'évêque  de  Telmesse  fut  différé  jusqu'au  21 
Janvier  de  l'année  suivante.  A  celte  époque.  Monseigneur  Plessis 
monta  lui-même  à  Montréal  et  fit  la  con? écration  du  nouveau  suffragant, 
dans  l'église  paroissiale  de  cette  ville,  au  milieu  d'un  concours  consir 
dérable  de  fidèles  qui  s'applaudissaient  de  pouvoir  conserver,  au 
milieu  d'eux,  le  pasteur  bien  connu,  dont  la  providence  venait  de  les 
gratifier.  Le  20  février  suivant,  fut  donné  le  mandement  qui  annon- 
çait au  clergé  et  aux  fidèles  du  district,  qu'ils  eussent  désormais  à 


X  NOTICE  BIOGRAPHIQUE 

recourir  à  Monseigneur  J.  J.  Lartigue,  dans  tous  les  cas  où  ils  recour- 
raient auparavant  à  l'évoque  diocésain  ;  de  plus,  qu'ils  lui  rendissent 
tous  les  honneurs  qu'on  rendrait  à  l'Ordinaire  lui-même,  s'il  était  sur 
les  lieux.  On  sait  que  cette  mesure  ne  rencontra  pas  l'approbation 
générale;  cependant  le  mandement  du  22  décembre  1822,  tranquillisa 
un  peu  l'agitation,  qui  toutefois  se  fit  encore  un  peu  sentir  jusqu'en 
1836,  que  l'érection  de  la  ville  et  du  district  de  Montréal  en  Evêché, 
réunit  parfaitement  tous  les  partis.  S.  E.  lord  Gosford,  qui  tenait  alors 
le  gouvernement-général  de  cette  colonie,  ne  fit  aucune  difTiculté  de 
recevoir  le  serment  de  Monseigneur  Lartigue,  comme  évèque  en  litre, 
et  de  le  reconnaître  comme  tel  au  nom  de  son  gouvernement.  Cette 
mesure  avait  été  non  seulement  agréée,  mais  même  sollicitée  par  tout 
le  clergé  du  district  de  Montréal,  qui,  en  septembre  1835,  en  avait  fait 
la  demande  au  St.  Siège,  par  une  requête  générale,  et  déposée  aux 
pieds  de  Sa  Sainteté  le  Pape  Grégoire  XVI,  par  le  vénérable  évèque 
de  Juhopolis,  qui  l'appuya  de  toute  son  influence. 

Nous  avons  touché  à  une  époque  bien  critique  de  la  vie  de  noire 
illustre  évèque.  Fonder  un  siège  èpiscopal,  opérer  ce  difficile  ouvrage 
sur  des  plans  qui  n'étaient  pas  goûtés  de  tout  le  monde,  avoir  contre 
soi  l'opinion  civile,  être  gêné  par  le  découragement  des  faibles,  manquer 
des  ressources  pécuniaires  indispensables  pour  une  si  grande  œuvre, 
telles  étaient  quelques  unes  des  difficultés  nombreuses  et  tout-à-fait 
graves,  qui  se  présentaient  tout  d'abord  contre  la  formation  d'un 
évêché,  et  même  contre  la  résidence  d'un  évèque  à  Montréal.  Ce 
furent  cependant  ces  obstacles  divers  que  l'intrépide  fondateur  de 
l'établissement  de  St.  Jacques,  en  celte  ville,  sut  noblement  surmonter. 
D'une  part,  justifier  son  droit  par  la  force  de  ses  écrits,  de  l'autre,  se 
procurer  l'assistance  des  personnes  et  des  choses  nécessaires  à  l'exécu- 
tion prompte  et  complète  de  cette  mission  apostolique,  tel  fut  le  grand 
mérite  de  M.  Larligue,  sous  le  titre  d'évèque  de  Telmesse.  Cet  ouvrage 
il  le  commença  en  1821  et  le  termina  en  1825.  Pendant  la  construction 
de  son  palais  et  de  son  église,  l'évèque  de  Telmesse  résida  chez  les 
Religieuses  de  l'Hùtel-Dieu  de  Montréal,  avec  son  secrétaire  M.  Ignace 
Bourget,  le  fidèle  confident  de  ses  pensées,  l'infatigable  coopérateur 
de  ses  travaux  et  son  digne  successeur  dans  l'épiscopat. 

Ce  terait  bien  à  tort  que  pour  expliquer  les  difficultés  et  les  dissi- 
dences qui  se  rencontrèrent  sur  celte  carrière  orageuse,  on  voudrait 
s'en  prendre  à  l'ambition  ou  aux  vues  particulières  du  personnage  qui 
fut,  si  longtemps,  l'objet  d'une  opposition  locale  ou  étrangère,  faite 
dans  des  intentions  sans  doute  plus  louables  qu'utiles.  Non  !  en 
excusant  l'homme,  rendons  plutôt  justice  aux  sacrifices  pénibles  que 
lui  imposa  le  devoir  de  défendre  ses  droits,  qu'il  croyait  ceux  de  la 
religion  et  de  son  pays.    D'ailleurs,  ne  sait-on  pas  que  la  même 


SUR  MONSEIGNEUR  J.  J.  LARTIGUE.  xi 

obéissance  aux  ordres  du  St.  Siège,  qui  lui  fit  accepter  la  charge 
épiscopale,  le  força  encore  de  la  retenir,  lorsque  deux  fois  il  demandait 
si  instamment  sa  démission  ;  prêt  à  se  sacrifier,  comme  le  prophète 
Jonas  dont  il  empruntait  les  paroles  avec  St.  Grégoire  de  Nazianze,  si 
propler  me,  etc.  Si  c'est  par  rapport  à  moi  que  cette  tempête  s'est 
élevée,  jelez-moi  à  la  mer.  Mais  quand  la  tombe  s'est  refermée  sur 
cet  homme  qui  aima  toujours  si  sincèrement  ceux  mêmes  qui  l'opposè- 
rent, nous  ne  devons  avoir  d'amères  paroles  pour  personne.  La  mort 
est  un  grand  conciliateur. 

Nous  ne  devons  pas  omettre  ici  un  autre  fait  bien  propre  encore  à 
faire  connaître  le  courage  invincible  de  l'héroïque  évêque  de  Telmesse  ; 
nous  voulons  parler  de  sa  force  admirable  à  supporter  la  terrible 
épreuve  que  lui  ménagea  la  providence,  en  1835,  lorsque  par  la  mort 
inattendue  de  M.  Ant.  Tabeau,  au  moment  même  oii  le  St.  Siège  le 
lui  donnait  pour  coadjuteur,  sous  le  titre  d'évêque  de  Spiga,  il  sembla 
que  tous  ses  plans  dussent  être  abandonnés,  puisque  le  ciel  lui  refusait 
ce  puissant  soutien.  Néanmoins  le  ciel  fléchi,  se  hâta  bientôt  de 
récompenser  ce  grand  sacrifice,  en  facilitant,  plus  que  jamais,  la 
création  d'un  évêché  à  Montréal,  et  la  promotion  d'un  nouveau  coad- 
juteur dans  la  personne  de  l'évoque  actuel. 

Enfin,  comme  si  aucun  genre  de  mérite  ne  dût  manquer  à  sa  vertu, 
la  tempête  même  de  nos  jours  mauvais  est  venu  l'assiéger  à  ses  heures 
dernières,  et  contrister  son  cœur.  Mais  cette  fois  encore  il  n'a  pas 
failli  sous  l'épreuve  ;  et  l'orage,  au  lieu  de  l'ébranler,  ne  servit  qu'à 
l'affermir.  C'est  ce  dont  la  postérité  tiendra  compte  mieux  que  nous 
encore.  Au  surplus,  rien  n'a  été  plus  prompt  que  la  réhabilitation, 
dans  l'opinion  publique,  de  cet  homme  que  son  pays  a  successivement 
applaudi,  injurié  et  béni.  Il  faut  apparemment  qu'il  y  ait  dans  cette 
éternelle  séparation  qui  nous  attend  tous,  quelque  chose  à  la  fois  de 
bien  inviolable  et  de  bien  touchant,  pour  qu'à  la  vue  du  tombeau  les 
passions  se  taisent,  le  cœur  s'émeuve  et  chacun  se  hâte  d'être  juste 
pour  celui  qui  ne  demandera  et  auquel  on  n'enviera  plus  rien. 

Homme  de  lutte  et  d'action,  ce  pontife  fut  donc  véritablement  le  mur 
d'airain,  dont  parle  l'Ecriture,  mis  autour  d'Israël,  pour  défendre 
l'Eglise  de  Dieu.  Prêtre  intrépide,  il  aurait  pu,  fort  de  sa  conscience 
et  sûr  de  son  devoir,  se  poser  seul,  s'il  l'eut  fallu,  en  face  d'un  pouvoir 
quelconque  et  lutter  contre  lui,  pendant  de  longues  années,  pour  les 
droits  de  l'Eglise,  le  triomphe  de  la  vérité,  et  cela  avec  la  constance 
d'un  martyr  et  la  grandeur  d'un  apôtre. 

Maintenant  si,  des  actes  publics  de  la  vie  de  Monseigneur  J.  J. 
Lartigue,  nous  descendons  au  détail  de  sa  conduite  privée,  nous 
trouverons  encore  abondante  matière  à  la  louange.  D'abord,  une 
tendre  piété  dans  ses  exercices  spirituels,  auxquels  il  fut,  jusqu'à  ses 


XII  NOTICE  BIOGRAPHIQUE 

derniers  momens,  scrupuleusement  attaché;  son  assiduité  à  l'étude, 
comme  à  tous  ses  autres  devoirs  ;  son  obéissance  au  St.  Siège,  qu'il 
regardait  comme  la  source  des  lumières,  et  pour  lequel  il  avait  une 
vénération  sans  bornes  ;  sa  modestie  dans  son  ameublement  et  dans 
tout  ce  qui  servait  à  son  usage  ;  sa  bonté  de  cœur,  qui  n'a  jamais  été 
bien  connue  que  par  ceux  qui  ont  eu  l'avantage  de  vivre  avec  lui,  parce 
qu'elle  fut  cachée  sous  l'écorce  d'un  caractère  vif,  qui  donna  beaucoup 
d'exercice  à  sa  vertu  et  que  Dieu  lui  laissa,  sans  doute,  comme  un 
voile  qui  l'empêchât  de  voir,  avec  complaisance  en  lui,  des  qualités 
éminentes  ;  sa  charité  pour  les  pauvres,  qui  lui  fit  sacrifier  tout  son 
patrimoine,  tant  qu'il  fut  au  séminaire,  et  qui  lui  donnait  la  force  de 
surmonter  tout  respect  humain,  lorsqu'il  fallait  remplir  une  bonne 
œuvre  :  c'est  ainsi  qu'on  le  vit  traverser  la  ville,  portant  lui-même  la 
nourriture  du  pauvre,  ou  les  vêtements  dont  il  allait  couvrir  les 
membres  de  Jésus-Christ,  fournissant  les  ustensils  de  cuisine  qui 
étaient  nécessaires  à  ceux  à  qui  il  avait  procuré  des  alimens,  vendant 
secrètement  les  objets  dont  il  pouvait  disposer,  afin  d'avoir  de  quoi 
satisfaire  ce  penchant  qu'il  goûtait  à  faire  du  bien. 

Le  même  zèle  qui  l'a  porté  à  se  sanctifier,  l'a  embrasé  d'ardeur  pour 
la  sanctification  du  prochain.  Ce  zèle  a  été  éclairé,  parce  qu'il  fut 
toujours  dirigé  par  les  règles  de  l'Eglise,  dont  ce  savant  théologien  ne 
cessa  jamais  d'étudier  la  discipline  et  les  lois  ;  ce  zèle  a  été  ardent, 
comme  le  prouvent  les  grandes  œuvres  qu'il  lui  a  fait  opérer  ;  efficace, 
comme  l'atteste  le  succès  qu'a  eu  l'exercice  de  son  ministère.  M. 
Lartigue  a  été  aussi  un  évêque  attentif,  qui  ne  cessa  de  veiller  sur  son 
troupeau  pour  le  préserver  du  poison  de  l'erreur,  discernant  avec  une 
précision  admirable  le  vrai  du  faux,  et  sonnant  le  premier  l'alarme, 
lorsque  la  vérité  était  en  danger;  calculant  aussi,  dans  toutes  les 
mesures  publiques,  ce  qu'il  y  avait  d'avantageux  ou  de  nuisible,  pour 
l'encourager  ou  en  détourner  ;  étant  d'ailleurs  lui-même  le  pasteur 
vigilant  et  intrépide  qui  s'exposait  généreusement  le  premier,  en  toute 
occasion,  à  la  fureur  des  ennemis  de  l'Eglise,  chaque  fois  qu'il  fut 
question  de  maintenir  les  règles  saintes  de  la  discipline  ecclésiastique, 
ou  la  doctrine  de  l'Evangile;  s'épuisant  enfin  de  travaux  et  de  fatigue 
à  faire  les  visites  pastorales,  malgré  sa  faible  santé  qui  succomba  enfin 
en  1837,  oîi  il  faillit  mourir,  par  deux  fois,  des  suites  de  la  pénible 
mission  qu'il  avait  entreprise,  malgré  le  dépérissement  visible  de  ses 
forces. 

Rappelons  encore  son  assiduité  au  confessional  où  affluait,  sans 
cesse,  un  très-grand  nombre  de  pénitents  qui  ne  se  retiraient  jamais 
que  la  conscience  soulagée  et  le  cœur  contrit,  comme  l'attestaient 
souvent  les  larmes  qu'on  leur  voyaient  répandre  en  abondance.  Puis, 
quels  fruits  précieux  de  salut  ne  produisaient  pas  ses  énergiques 


SUR  M.ONSEIGNEUR  J.  J.  LARTIGUE!  xiir 

prédications  !  elles  retentissent  encore,  toutes  les  chaires  de  ce  diocèse, 
du  bruit  de  sa  majestueuse  éloquence,  qui  nous  a  si  souvent  dédomma- 
gé de  n'avoir  pas  entendu  les  Ghrysostôrae,  les  Basile,  les  Bourdaloue 
et  les  Masillon.  En  un  mot,  il  a  été  un  pasteur  accompli,  grand  par 
ses  éminentes  qualités,  utile,  nécessaire  par  ses  vastes  connaissances, 
ses  vues  profondes  et  ses  immortels  travaux.  Que  Montréal  donc  se 
réjouisse  d'avoir  été  son  berceau,  et  que  ce  nouveau  diocèse  se  glorifie 
de  l'avoir  eu  pour  fondateur:  il  est  la  pierre  angulaire  de  ce  brillant 
édifice,  qui  ne  s'élève  aujourd'hui,  avec  tant  de  hardiesse,  que  parce 
qu'il  repose  sur  ce  solide  fondement. 

Une  vie  si  pleine  de  bonnes  œuvres,  devait  être  couronnée  par  une 
fin  digne  d'elle.  Le  premier  évêque  de  Montréal  avait  achevé 
glorieusement  .la  forte  tâche  que  le  ciel  lui  avait  imposée  ;  il  avait 
soutenu  ses  combats,  passé  à  travers  les  jours  mauvais,  sanctifié  son 
âme  dans  la  tribulation,  puis  fondé  canoniqueraent  et  civilement  un 
évêché  ;  mètne,  par  les  bienfaits  de  ses  amis  et  de  ses  parents,  il  avait 
assez  richement  doté  celte  création  nationale  et  reliigeuse  ;  sa  mission 
était  donc  remplie.  Il  ne  lui  restait  plus  qu'à  recevoir  le  juste  prix  de 
ses  travaux,  il  acheva  de  s'en  rendre  digne  par  les  souffrances  de  ses 
dernières  heures. 

Déjà  depuis  quelques  mois,  son  état  habituel  de  langueur  et  de 
débilité  avait  pris  un  caractère  très-prononcé  qui  annonçait  une  fin 
prochaine.  Il  fallait  donc  le  déterminer  à  laisser  entièrement  l'ouvra "•e, 
qui  pour  lui  avait  été  si  longtemps  une  jouissance  et  un  besoin,  plutôt 
qu'un  travail  ;  bien  plus,  il  fallut  le  décider  à  aller  recevoir  les  soins  des 
vertueuses  hospitalières  qui,  non  contentes  de  l'avoir  si  bien  accueilli, 
lors  de  sa  sortie  du  Séminaire,  voulaient  encore,  à  la  fin,  lui  rendre  les 
précieux  devoirs  de  leur  intarissable  charité.  Monseigneur  Larti^ue 
fit  alors  courageusement  son  éternel  adieu  à  tout  ce  qu'il  avait  possédé 
et  fait  à  St.  Jacques,  pour  la  religion,  et  se  laissa  conduire  à  l'Hôtel- 
Dieu  où  les  soins  les  plus  empressés  des  religieuses  et  des  prêtres  d» 
la  ville,  ne  cessèrent  de  lui  être  prodigués  jusqu'à  son  dernier  moment. 
Convaincu  qu'il  allait  bientôt  quitter  la  terre.  Monseigneur  vit  arriver 
le  terme  de  ses  jours  avec  le  calme  et  la  fortitude  d'un  apôtre.  Il  donna 
ses  derniers  et  impérissables  conseils,  reçut  les  secours  de  la  relio'ion, 
le  viatique  des  mourants,  ce  gage  si  doux  de  l'immortalité  ;  puis,  ce 
vénérable  pontife  bénit  ses  assistants,  les  communautés  religieuses,  les 
prêtres  de  son  dioc^e,  enfin  son  diocèse  tout  entier.  Ce  furent  Mo-r 
Bourget,  son  Coadjuteur,  et  M.  le  G.  Y.  Quiblier,  Supérieur  du  Sémi- 
naire, qui  l'assistèrent  dans  cette  triste  et  solennelle  eirconsiance.  De 
ce  moment,  le  vénérable  prélat  ne  tint  plus  à  la  terre.  Le  mal  qui  le 
minait  avait  purifié  tous  ses  membres  ;  déjà  sa  vue  s'était  éteinte,  ses 
mains  et  ses  pieds  avaient  perdu  leur  mouvement  ;  la  faiblesse,  qui 


XIV     NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  Mgr.  J.  J.  LARTIGUE. 

répuisait  avait  réduit  tout  son  corps  à  une  impuissance  complète,  il 
n'y  avait  plus  que  son  esprit  qui  put  agir  et  son  cœur  qui  palpitât.  Le 
malade  prolongea  de  la  sorte  sa  douloureuse  existence  jusqu'à  huit 
jours,  et  rendit  enfin,  dans  un  calme  parfait,  son  dernier  soupir,  le 
dimanche,  19  avril,  jour  de  Pâques,  à  midi  et  un  quart,  is^o. 

Sa  mort  fut  un  jour  de  deuil  pour  le  diocèse,  et  changea  la  joie  de 
■nos  solennités  pascales  en  accens  de  douleur.  Les  devoirs  funèbres 
furent  acquittés  arec  un  élan  d'unanimité  qui  proclamait  bien  haut 
le  mérite  du  défunt.  II  y  eut  chapelle  ardente  à  l'Hôtel-Dieu,  pendant 
les  deux  premiers  jours  ;  le  troisième,  on  transporta  le  corps  à  l'église 
paroissiale  où  la  tenture  était  magnifique  et  le  catafalque  des  plus 
élégants.  Le  service  fut  chanté  pontificalement,  et  M.  Quiblier 
prononça  l'éloge  de  cet  illustre  pontife.  Après  les  absoutes,  le  convoi 
funèbre  se  dirigea  vers  l'église  cathédrale  de  St.  Jacques,  où  devaient 
être  déposés  les  restes  lu  fondateur  évêque.  Le  clergé  était  exlraordi- 
nairement  nombreux,  la  foule  immense,  et  cette  affluence  inouïe 
donnait  à  cette  pompe  lugubre  l'air  religieux  d'un  véritable  triomphe. 
Le  jeudi,  eut  lieu  le  troisième  service  solennel  ;  l'évêque  successeur  y 
ofGcia  et  prononça  une  seconde  oraison  funèbre,  avec  un  pathétique 
^ui  excita  encore  bien  vivement  l'émotion  générale. 

Avec  le  cérémonial  d'usage,  la  dépouille  mortelle  du  vénérable 
pontife  fut  descendue  dans  la  voûte  qui  se  trouve  immédiatement  sous 
le  sanctuaire,  et  placée  dans  un  caveau  particulier  en  brique,  en  face 
du  maître  autel.  Là  repose  le  premier  des  évèques  de  Montréal,  que 
l'histoire  placera  sans  doute  à  un  rang  bien  élevé,  parmi  les  pontifes* 
.  qui  ont  illustré  la  chaire  épiscopale  sur  ce  continent. — [Extrait  des 
Mélanges  Religieux.) 


CIVITATEM  ET  DISTRICTUM  MONTIS  Rl!,GII,  SEU  MARIANOPO- 
LITANI  IN  INFERIORI  CANADA,  A  DIŒCESI  QUEBEOENSI 
DISJUNGIT,  ET  IN  PROPRIE  DICTAM  DIŒCESIM  AB  APOSTO- 
LICA  SEDE  IMMEDIATE  DEPENDENTEM  ERIGIT. 


GREGORIUS  PP.  XVI. 

Ad  Perpeluam  rei  memoriam.  Apostolici  Ministerii  raunus  Nobis 
licel  immerentibus  in  Divi  Pétri  persona  ab  alto  commissi  requirit  ut 
de  Religionis  bono  in  remotissimis  etiam  regionibus  amplificando  soUi- 
citudinem  Nostrara  impendentes,  nihil  omittamus  quod  cum  fldei 
catholicse  incremento  quacumque  ratione  conjunctum  sit.  Itaque 
cum  indubiis  gravibusque  testimoniis  acceptis  Nobis  consliterit  valdc 
opportunum  futurum  Religionis  utilitati  in  Canadensi  Regione  procu- 
randee,  si  civitas  Marianopolitana,  quœ  in  inferiori  illius  provinciœ 
parte  sita  est,  et  regio  tola  quse  Marianopolitano  districlu  continetur, 
a  Diœcesi  Quebecensi  separata  in  peculiarem  Dioecesioi  ab  Aposlolica 
Sede  immédiate  dependentem  erigatur,  non  omisimus  ea  prœscribere 
quee  ad  grave  hoc  negolium  absolvendum  opportuna  esse  judicavimus. 

Communicato  igitur  cum  VV.  FF.  Nostris  S.  R.  E.  Cordinalibus 
Propagandse  Fidei  prsepositis  consilio,  eorumque  communi  suiïragio 
de  novse  hujus  Diœcesis  erectione  libenter  probato,  de  qua  facienda 
non  modo  consensum,  sed  preces  etiam  a  Venli  Fratre  Josepho  Signay 
Archiepiscopo  Quebecensi  accepimus,  hœc  decernenda  esse  arbitrati 
sumus  Motu  scilicet  proprio,  et  ex  certa  scientia  ac  deliberatione  Nostra 
deque  Apostolicte  potestatis  plenitudine,  Mariancpolilanam  Civitatem 
in  inferiori  Canada,  totamque  Regionem  quœ  Marianopolitano  Districtu 
continetur  a  Diœcesi  Quebecensi  perpetuo  séparantes,  Civitatem  illani 
totumque  ejus  Districtum  in  peculiarem  Episcopatum  erigimus  qui 
huic  Apostolicse  Sedi  immédiate  subjectus  esse  debebit,  cujusque  sedes 
sit  Civitas  ipsa  Marianopolitana,  ex  qua  ejusdem  Episcopatus  litulus 
seu  appellatio  derivetur.  Statuimus  prteterea  ul  Cathedralis  Ecclesia 
Episcopi  a  Nobis  in  ea  Civltate  instituendi,  sit  Templum  Deo  in 
honorem  S.  Jacobi  Apostoii  dicatum  recenti  memoria  inibi  conditum. 
Tribuimus  Episcopo  a  Nobis  instituendo  facultatem  Cathédrale  Capilu- 
lum  statuendi  eo  modo,  et  forma  quibus  pro  judicio,  ac  prudenlia  sua 
magis  in  Domino  expedire  compererit.  Yolumus  prœsentem  Clerum 
ad  Civitatem  et  Districtum  Marianopolilanumpertinentem  sub  Episcopi 
Marianopolitani  esse  jurisdiclione.     Deciaramus  denique  eos,  qui  vel 


ivi  GREGORIUS  PP.  XVI. 

origine  vel  domicilio  ad  Districlum,  ac  Civilatem  illam  spectant,  et 
in  Ecclesiasticis  Ordinibus  sunt  consUtuti,  vel  litulo  iliius  Missionis 
ad  Sacros  Ordines  sunt  promoti  in  Episcopi  Marianopolilani  depea- 
dentia  esse  debere.  Hœc  sunt,  quaî  ad  novam  istam  Dioecesim  rite 
instituendam  decernenda  esse  censuimus.  Gonfidimus  autem  futurum, 
ut  Deo  Optimo  Maximo  initum  a  Nobis  consilium  benedicente,  et 
laboribus  obsecundante,  quos  Ecclesiastici  viri  illa  regione  pro  fidei 
catholicse  propagations,  et  in  animarum  salute  procuranda  alacriter 
impendunt,  Rôligio  Nostra  amplioremq  uotidie  splendorem  illic  conse- 
quatur.  Decernentes  bas  prentes  Litteras,  firmas,  validas  et  efficaces 
existere,  et  fore,  suosque  plenarios,  et  intègres  effectus  sortiri,  et 
obtinere,  ac  iliis  adquos  spectat,  et  spectabit  quomodolibet  in  futurum 
inviolabiliter  observari.  Sicque  in  praemissis  per  quoscumque  Judices 
Ordinarios,  et  Delegatos,  etiam  Causarum  Palatii  Aplici  Auditores 
judicari  et  definiri  debere,  ac  irritum  et  inane  si  secus  super  his  a 
quoquamquavis  auctoritate  scienter,  vel  ignoranter  contigerit  attentari. 
Nonobstantibus  Nostra  et  Gancellarise  Apostolicee  régula  de  jure 
quaesito  non  tollendo,  aliisque  Constitutionibus  et  sanclionibus 
Apostolicis,  cœterisque  etiam  speciali,  individua  et  expressa  mentione, 
ac  derogatione  dignis  in  contrarium  facientibus  quibuscumque.  Datum 
Romae  apud  S.  Petrum  sub  annulo  Piscatoris  die  XIII  Mensis  Mail 
MDCCCXxxvi,  Pontificatus  Nostri  anno  sexto. 

E.  Gard.  De  Gregorio. 

Tanquam  Vicarius  generalis  Reverendissimi  Quebecensi  Episcopi 
hoc  preesens  Brève  vidimus,  et  authenticum  declaramus.  Marianopoli, 
die  7â  Septembris  1836. 

t  J.  N.  Episcopus  Juliopolitanensis. 


Ven.  Fri.  Joanni  Jacobo  LartigueEpiscopo  Thelmessen  in  parlibus. 

GREGORIUS  PP.  XVI. 

Venerabilis  Frater  Salutem  et  Apostolicam  Benedictionem  Aposto- 
latus  offîcium  mentis  licet  imparibus  Nobis  ex  allô  commissum,  quo 
Ecclesiarum  omnium  regimini  Divina  dispositione  praîsidemus,  utiliter 
exequi,  adjuvante  Domino,  capientes,  solliciti  corde  reddimur  et 
solertes,  ut  cum  de  Ecclesiarum  ipsarum  regiminibus  agitur  commit- 
tendis,  taies  eis  in  Pastores  praîficere  studeamus,  qui  populum  suae 
curœ  creditum  sciant  non  solum  doctrina  verbi,  sed  etiam  exemple 
boni  opcris  informare,  commissasque  sibi  ecclesias  in  statu  pacifico  et 
tranquille  velint,  et  valeant  auctore  Domino  salubriter  regere,  felici- 
terque  gubernare.  Dudum  siquidem  provisiones  Ecclesiarum  omnium 
ordinationi   et  provisioni    Nostnc  rcservimus  decernentes  ex   tune 


GREGORIUS  PP.  XVI.  xvn 

irrigere,  et  inane  si  secus  super  his  a  quoquarn  quavis  auctoritate 
scienter  vel  ignoranter  contigerit  attentari.  Cum  igitur  per  alias 
Nostras  similes  Litteras  hoc  ipso  die  éditas,  quarum  tenorem  praesen- 
tibus  pro  expressis  haberi  volumus  plenius  continetur,  novus  Episco- 
patus  in  inferiori  Canada  fuerit  erectus,  qui  Givilatem  Marianopolita- 
nam  et  tolam  regionem  inmetropolitano  Districtua  Diœcusi  Quebecen. 
distractas  comprehendat  et  cujus  sedes  esse  debeat  in  Urbe  Mariano- 
politana,  ac  Cathedralis  Ecclesia  Templum  S.  Jacobi  recenti  memoria 
Marianopoli  conditum,  et  qui  denique  Nobis  et  huic  Aplee  Sedi 
immédiate  subjectus  esse  débet,  Nos  ad  hujusmodi  novae  Episcopali» 
Ecclesiae  provisionem  celerem,  atque  felicem  in  qua  nullus  praeter  Nos 
se  potest  intromittere  reservatibne  et  décrète  obsistere  supradictis, 
paterne  ac  sollicito  studio  intendentes,  post  deliberationem,  quam  de 
prœfîciendo  eidem  ecclesiae  personam  utilem  ac  fructuosam  cum  VV. 
FF.  NN.  S.  R.  E.  Gard,  negotiis  Propagandae  fidei  prsepositis  habuimus 
deligentem,  ad  Te  qui  nunc  Episcopus  Thelmessensis  in  partibus 
infidelium  existis  et  qui  hactenus  summa  cum  laude  tanquam  Vicarius 
generalis  suffraganeus  auxiliaris  Archiepiscopi  Quebecensis  ecclesi- 
astico  illius  Civitatis  et  Districtus  regimini  prEcfuisti,  atque  ea  in 
regione  de  Gatholica  religione  optime  meritus  es,  prout  ex  fide  dignis 
testimoniis  Nobis  innotult  oculis  mentis  Nostrgs  direximus.  Rébus 
itaque  omnibus  maturo  examine  perpensis,  atque  eamdem  novam 
Episcopalem  Ecclesiam  Marianopolitanam  de  persona  tua  Nobis,  et 
memoratis  Gardinalibus  ob  tuorum  exigentiam  meritorum  accepta,  de 
eorumdem  VV.  FF.  consilio  providere  valentes,  Teque  a  quibusvis 
excommunicationis,  suspensionis,  fit  interdicti,  aliisque  ecclesiasticis 
censuris,  sententiis  et  pœnis  quovismodo,  et  quacumque  de  causa  latis, 
si  quas  forte  incurristi,  hujus  tantum  rei  gratia  absolventes  et  absolu- 
tum  fore  censentes.  Te  ab  Episcopatu  Thelmessensi  in  partibus  infide- 
lium in  illam  transferimus,  Teque  in  Episcopatum  Marianopolitanae 
Ecclesiae  praeficimus  atque  pastorem,  curam,  regimen,  et  administra- 
tionern  illius  Tibi  in  spiritualibus  et  temporalibus  plenarie  commit- 
tendo  in  Illo,  qui  dat  gratiam  et  largitur  dona  confici,  quod  dirigente 
Domino  actus  tuos  dicta  Marianopolitana  Ecclesia  tuse  circumspectionis 
industria  et  studio  utiliter  et  prospère  dirigetur,  grataque  in  ipsis 
spiritualibus  et  temporalibus  incrementa  suscipiet.  Jugum  igitur 
Domini  tuis  impositum  humeris  prompta  animi  devotione  accipiens, 
curam  et  administrationem  supradictas  ita  studeas  fidehter  pruden- 
terque  exercere,  ut  Marianopolitana  Ecclesia  provido  gubernatori,  et 
fructuoso  administratori  se  gaudeat  esse  commissam,  Tuque  prêter 
seternae  retributionis  preemium  Nostram  quoque  et  Sedis  Apostolicae 
uberius  exinde  consequi  merearis  benedictionem  et  gratiam.  Nonob- 
stantibus  Apostolicis  atque  in  Universalibus,  Provincialibusque  et 
Synodalibus  Gonciliis  editis,  generalibus  et  specialibus  Gonstitutionibus 


xvui  PxREGORIUS  PP.  XVI. 

et  Ordinalionibus,  necnon  commemorata;  Quebecensis  Ecclesise  ad 
quam  regiones,  de  quibus  habita  menlio  est,  pertincbant  etiam 
juramento  conlirmatione  Aposlolica,  vel  quavis  firmitatealia  roboratis, 
statutis  et  consuetudinibus,  ceterisque  contrariis  quibuscumque. 
Datum  Romse  apud  S.  Pelrum  sub  annulo  Piscatoris  die  XIII  Maii 
MDCCcxxxvi  Pontificatus  Noslri  anno  sexto. 

Pro  Domino  Cardinali  De  Gregorio, 
A.  PiccHio.xi  Substitutus. 

Tanquam  Vicarius  generalis  Reverendissimi  Quebecensis  Episcopi 
hoc  préesens  Brève  vidimus  et  authenticum  declaramus.  Marianopoli, 
die  7d  Septembris  1836. 

f  J.  N.  Episcopus  Juliopolitanensis. 


MANDEMENTS, 

LETTRES  PASTORALES,   CIRCULAIRES 

ET 

AUTRES   DOCUMENTS. 


MANDEMENT 

d'entrée   dans  son   diocèse   par  monseigneur   JEAN   JACQUES 
LARTIGUE    ÉVÊQUE    DE    MONTRÉAL. 


Jean  Jacques  Lartigue,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  Saint  Siège  Apostolique  premier  Evéque  de  Montréal 
dans  le  Bas-Canada^  sujjragant  immédiat  de  ce  même 
Siège  Apostolique^ 

Au  clergé,  et  à  tous  les  fidèles  de  notre  nouveau  diocèse  :  Salut  et 
Bénédiction  en  Jésus-Christ. 

Quoique  le  titre  de  Pasteur  et  d'Evêque.  n'appartienne 
proprement  et  éminemment  qu'à  celui  que  St.  Pierre 
appelle  le  Pasteur  par  excellence  et  l'Evêque  de  nos  âmes,  1 
à  Jésus-Christ  qui  a  donné  sa  vie  pour  ses  ouailles,  et  les 
nourrit  encore  tous  les  jours  de  sa  chair  et  de  son  sang  ; 
il  n'en  est  pas  moins  vrai,  Nos  Très  Ghers  Frères,  que  ce 
divin  Sauveur  Nous  a  appelé  depuis  longtemps^  malgré 
notre  indignité,  à  exercer,  sous  la  direction  de  l'Esprit 
Saint  2,  les  fonctions  sublimes  de  l'Apostolat,  et  qu'il 
a  confié,  depuis  déjà  plus  de  quinze  ans,  le  soin  de  votre 
salut  à  notre  ministère  épisoopal.  Or  voilà  que  dernière- 
ment vous  avez  tous  appris  la  volonté  du  St.  Siège  Apos- 
tolique, qui  vient  de  Nous  unir  à  vous  par   des  liens 

1  1  Pelr.  2,  25. 

2  Ad.  20,  28. 


î  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

encore  plus  intimes,  en  érigeant  votre  Ville  et  son  District 
en  Evêché,  dont  il  Nous  a  institué  le  premier  Evêque,  et 
dont  Nous  avons  pris  possession  le  huit  de  ce  mois. 

Devenu  par  là  même  héritier  des  Apôtres,  et  Pasteur 
immédiat  du  troupeau  que  Nous  régissons  déjà  en  qualité 
d'Auxiliaire,  comment  pourrions-Nous  ne  pas  redoubler 
d'affection  pour  vous;  et  comment  pourriez-vous  mécon- 
naître en  Nous  celui  qui  entre  par  la  porte  dans  la  ber- 
gerie 1,  celui  que  toutes  les  brebis  sont  obligées  d'écouter, 
et  de  suivre  ?  Aussi  avons-Nous  lieu  d'espérei-  qu'avec  la 
grâce  de  Dieu,  Nous  continuerons  à  remplir,  vous  et  Nous, 
le  premier  devoir  que  Nous  imposent  ces  rapports  mutuels  ; 
Nous,  en  tâchant  de  bien  connaître  les  brebis  dont  Nous 
avons  la  charge,  et  vous,  en  reconnaissant  pour  Pasteur, 
celui-là  seul  que  l'Eglise  Catholique,  cette  sainte  épouse 
de  Jésus-Christ  députe  pour  vous  gouverner:  cognosco 
meas  et  cognoscunt  me  meœ  2.  Mais  hélas  !  Si  Nous  sommes 
par  notre  mission  incontestable  le  Pasteur  légitime, 
pourrions-Nous  dire  également  que  Nous  sommes  ce  bon 
Pasteur  qui,  à  l'exemple  de  notre  divin  modèle,  procure 
à  ses  brebis  une  nourriture  salutaire,  et  sacrifie  même  sa 
propre  vie  pour  les  arracher  à  la  mort  ?  Ah  !  Nos  Très- 
Chers  Frères,  Nous  osons  le  dire  après  le  Grand  Apôtre  : 
le  Seigneur  m'est  témoin  combien  je  vous  chéris  tous 
dans  les  entrailles  de  Jésus  Christ  3  ;  et  il  me  semble 
qu'avec  le  secours  d'en  haut,  je  serais  prêt  à  donner,  s'il 
était  nécessaire,  les  restes  de  ma  misérable  vie  pour  l'âme 
du  dernier  d'entre  vous.  4 

Cependant,  sans  Nous  arrêter  davantage  au  vain  projet 
d'un  sacrifice,  dont  Nous  n'aurons  probablement  jamais 
l'occasion,  et  dont  Dieu  nous  jugerait  peut-être  indigne. 
Nous  nous  ferons  du  moins  un  devoir  de  vous  offrir  selon 
les  circonstances,  l'aliment  céleste  de  la  parole  divine, 
que  le  Souverain  Pasteur  Nous  ordonne  spécialement  de 

1  Joan  10.  2d3. 

2  Ibid.  VAL 

3  Philip.  1,8. 

4  2  Cor.  12,  15. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  3 

VOUS  distribuer,  afin  que  vous  ayez  la  vie,  et  que  vous 
l'ayez  en  abondance  :  ut  vitam  habeant^  et  abundantius 
habeant  1.  Oui,  disait  autrefois  St.  Paul  à  ceux  qu'il  avait 
engendrés  à  la  grâce,  malheur  à  moi  si  je  n'évangélise 
pas  2  ;  car  j'y  suis  strictement  obligé.  0  mon  Dieu,  quel 
fardeau  redoutable  vous  avez  mis  sur  mes  faibles  épaules  ! 
Ce  sont  des  âmes  rachetées  au  prix  du  sang  de  Jésus- 
Christ  que  vous  Nous  avez  données  en  charge,  imposuisti 
homines  super  capita  nostra  3  ;  aidez-Nous  donc  vous- 
même  à  le  porter. 

Et  vous,  Nos  Très-Chers  Frères,lâchez,  par  votre  docilité, 
de  Nous  rendre,  s'il  est  possible,  ce  fardeau  moins  acca- 
blant ;  car  telle  était  anciennement  la  reconnaissance  dont 
se  piquaient  nos  pères  dans  la  Foi  envers  les  Ministres  de 
l'Evangile.  Mais  celle  que  Nous  attendons  de  vous  n'a 
point  pour  motif  nos  propres  intérêts  :  la  seule  gratitude 
que  Nous  exigions,  est  que  vous  profitiez  des  instructions 
et  des  services  que  vous  recevez  de  vos  Pasteurs,  pour 
vous  sanctifier  de  plus  en  plus.  Vivez  conformément  à 
ce  qu'ils  vous  enseignent;  et  ils  se  trouveront  dédomma- 
gés de  tous  leurs  travaux.  C'est  ce  que  nous  demanderons 
sans  cesse  au  Père  des  lumières,  de  qui  descend  toute  grâce 
et  tout  don  parfait  4  ;  et  c'est  dans  cette  vue  que  Nous  lui 
adresserons  dès  aujourd'hui,  pour  le  troupeau  que  Jésus- 
Christ  Nous  a  confié,  la  prière  qu'il  fit  à  son  Père  pour 
ses  disciples  dans  la  dernière  Cène. 

«  Père  saint,  j'ai  manifesté  votre  nom  à  ceux  que  vous 
m'avez  donnés  5  :  je  ne  leur  ai  caché  aucune  des  vérités 
que  vous  m'avez  prescrit  de  leur  dire  ;  et  ils  ont  reconnu 
que  vous  m'avez  envoyé  vers  eux.  Je  vous  prie  donc  pour 
ce  troupeau  chéri,  qui  n'est  à  moi  que  parcequ'il  est  à 
vous,  et  je  vous  conjure  de  le  conserver  en  votre  nom, 
afin  que  tous  ceux  qui  le  composent  ne  soient  qu'un  entre 

1  Joan.  10,  10. 

2  1  Cor. 'à,  16. 

3  Ps.  63,  12. 

4  Jac.  1,  17. 

5  Joan.  17,  6  etc. 


4  .MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

eux,  comme  vous  ne  faites  qu'un  avec  votre  Fils.  Je  ne 
demande  pas  que  vous  les  ûtiez  de  ce  monde  pervers,  pour 
lequelJésus-Ghrist  lui-même  n'a  pas  voulu  prier,  mais  que 
vous  les  préserviez  de  ses  mauvais  exemples  et  de  ses 
maximes  corrompues  :  qu'ils  soient  dans  le  monde  sans  lui 
appartenir,  et  que  me  sanctifiant  moi-même  tous  les  jours, 
je  puisse  les  sanctifier  aussi  dans  la  vérité.  Père  juste, 
votre  Fils  bien-aîmé  ne  leur  a  révélé  la  lumière  de  son 
Evangile,  qu'afm  qu'ils  eussent  entre  eux  la  môme  union 
que  vous  avez  avec  lui  :  unissez-les  donc  tous  par  les 
liens  d'une  charité  constante,  afin  qu'ils  soient  consommés 
et  invariablement  établis  dans  votre  unité.  Père  infiniment 
bon,  tous  mes  vœux  sont  que  l'amour  dont  vous  avez  aimé 
votre  Fils  se  communique  à  chacun  d'eux  ;  afin  qu'ils 
puissent  un  jour  habiter  la  môme  demeure  que  ce  premier- 
né  de  toute  créature,  et  contempler  de  leurs  yeux  la 
splendeur  dont  vous  l'avez  fait  briller  avant  la  création  du 
monde.  Mais,  Seigneur,  souvenez-vous  aussi  que  vous 
m'avez  donné  d'autres  brebis,  qui  ne  sont  pas  encore 
dans  le  bercail  1  :  ah  !  daignez  leur  faire  entendre  votre 
voix  puissante,  et  les  ramener  dans  les  gras  pâturages  de 
votre  sainte  Loi;  afiu  qu'étant  nourries  de  votre  saine 
doctrine,  elles  puissent  toutes  entrer  dans  le  repos  éternel 
d'e  la  Jérusalem  céleste,  où  il  n'y  aura  plus  qu'une  seule 
bergerie  et  un  seul  Pasteur. 

C'est  là,  Nos  Très-Ghers  Frères,  le  sens  des  souhaits  que 
Nous  présenterons  tous  les  jours  à  Dieu  en  votre  faveur, 
espérant  que  vos  prières  seront  aussi  fréquentes  pour  Nous, 
et  que  vous  Nous  y  donnerez  part  principalement  le  huit 
septembre  do  chaque  année,  et  le  vmgt-un  janvier  qui  est 
l'anniversaire  de  notre  consécration  pontificale  :  dans  la 
messe  de  ce  dernier  jour,  vous  joindrez,  sub  eddem  con- 
clusione,  les  Oraisons  pour  l'Evoque  a  celles  de  la  Fête, 
selon  les  règles  de  la  Rubrique. 

Gomme  Nous  n'avons  pour  le  moment,  rien  de  mieux 
à  faire  qu'à  maintenir  les  règles  éprouvées  et  les  sages 

1  Joan.  10,  16. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUiMENTS.  5 

coutumes  du  Droit  ecclésiastique,  depuis  longtemps  établi 

en  Canada  ; 
A  ces  causes,  Nous  avons  statué  et  ordonné,  statuons  et 

ordonnons  : 

lo.  Que  tous  les  Mandements  et  Ordonnances  des  Evêques 
(excepté  en  ce  qui  concerne  les  changements  de  rites 
nécessités  par  les  circonstances,  et  ci-après  énoncés),  ainsi 
que  les  autres  lois  canoniques,  jusqu'à  ce  jour  en  force 
dans  notre  Diocèse,  sont  par  le  présent  renouvelles  et 
confirmés,  en  tant  que  de  besoin  :  Nous  y  comprenons 
expressément  la  circulaire  de  Monseigneur  l'Evêque  de 
Québec  au  sujet  du  Rituel,  datée  le  28  du  mois  dernier, 
et  que  Nous-même  avions  prié  Sa  Grandeur  de  publier 
dans  le  District  de  Montréal. 

2°.  Nous  renouvelons  de  même  et  confirmons  tous  les 
pouvoirs  et  facultés  spirituelles  qui  ont  été  donnés  par 
écrit,  et  non  révoqués,  par  les  Supérieurs  ecclésiastiques, 
soit  au  dedans,  soit  au  dehors  de  ce  Diocèse,  Nous  réser- 
vant néanmoins  de  re viser,  quand  Nous  le  jugerons  à 
propos,  les  induits  du  St.  Siège  qui  se  sont  introduits  dans 
le  District;  et  Nous  continuons  aux  Prêtres  du  Diocèse 
actuel  de  Québec  la  même  juridiction  qu'ils  pouvaient 
avoir,  comme  Curés,  sur  les  parties  limitrophes  du  District 
de  Montréal,  avant  la  séparation. 

3°.  En  vertu  d'un  Induit  du  5  Juin  dernier,  accordé 
pour  dix  ans,  Nous  renouvelons  pour  ce  même  espace  de 
temps,  en  faveur  de  tous  les  Prêtres  approuvés  dans  ce 
Diocèse,  ainsi  que  de  ceux  qui  le  seront  par  la  suite,  la 
faculté  de  donner  aux  Fidèles  in  articulo  mortis  la  Béné- 
diction et  l'Indulgence  plénière,  selon  la  formule  prescrite 
par  Benoit  XIV,  d'heureuse  mémoire,  et  usitée  jusqu'à  ce 
jour  en  ce  pays. 

4°.  Nous  déclarons  premier  Patron  de  notre  Diocèse  le 
St.  Nom  de  Marie,  dont  la  Fête  se  fera  partout,  de  première 
classe  et  avec  Octave,  le  Dimanche  infra  octavam  de  la 
Nativité  de  la  T.  S.  Vierge  ;  et  St.  Joseph,  Epoux  de  Marie, 
deviendra  second  Patron  de  ce  même  Diocèse,  avec  le  rite 
d'une  Fête  de  seconde  classe,  mais  en  gardant  sa  solennité. 


«  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

5».  St.  Jacques  le  Majeur,  Apôtre,  étant  premier  Titu- 
laire de  notre  Cathédrale,  le  Clergé  en  fera,  dans  son  jour, 
l'office  par  tout  le  Diocèse,  comme  double  de  première 
classe  avec  Octave  :  mais  la  solennité  pour  le  Peuple  ne 
s'en  célébrera  que  le  Dimanche,  comme  ci  devant  ;  et  St. 
François  Xavier  qui,  de  second  Patron  du  pays  devient 
second  Titulaire  de  la  Cathédrale,  aura  pour  son  office  et 
sa  solennité  le  même  rite  qu'auparavant. 

6».  St.  Louis  restera  aussi  double-majeur,  pour  son  office 
comme  pour  sa  solennité,  quoiqu'il  n'ait  point  de  titre 
dans  la  Cathédrale  de  cette  ville  ;  et  la  Conception  de  la 
Très  Sainte  Vierge  sera  célébrée  à  l'avenir  de  seconde 
classe,  comme  dans  le  pur  Romain. 

70.  Enfin  la  Fête  anniversaire  de  la  Dédicace  des  Eglises 
de  notre  Diocèse  continuera,  jusqu'à  nouvel  ordre,  à  se 
solenniser  au  temps  ordinaire  ;  et  rien  de  ce  qui  est  statué 
ci-dessus  ne  sera  censé  diminuer  ou  augmenter  ici  le 
nombre  des  Fêtes  d'obligation  et  de  dévotion,  mais  seule- 
ment régler  le  rite  des  offices  et  des  solennités. 

Sera  le  présent  mandement  lu  et  publié,  en  chapitre 
dans  toutes  les  Communautés  religieuses,  et  au  Prône 
dans  toutes  les  Eglises  paroissiales,  ou  dans  celles  qui 
célèbrent  les  offices  publics,  le  premier  Dimanche  après 
sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le 
contre-seing  de  notre  Secrétaire,  le  quinze  de  Septembre 
rail-huit-cent-trente-six. 


L.  fS. 


■\-  J.  J.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur. 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS, 
MANDEMENT  DE  VISITE  PASTORALE. 


Jean  Jacques  Lariigue^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  St.  Siège  Apostolique  premier  Evéque  de  Montréal 
dans  le  Bas-Canada.,  et  suffragant  immédiat  du  Siège  de 
Rome. 

A  tout  le  Clergé  et  aux  Fidèles  de  ce  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction  en 
Notre  Seigneur. 

En  commençant,  cette  année,  Nos  Très-Ghers  Frères, 
lalquatrième  visite  générale  de  ce  District,  avec  un  nouveau 
titre  à  votre  bienveillance,  et  sous  un  nom  qui  exprime 
mieux  les  liens  sacrés  qui  Nous  unissent  à  vous,  c'est 
toujours  avec  le  même  amour  pour  nos  ouailles,  le  même 
désir  de  votre  salut  éternel,  la  même  volonté  de  Nous 
sacrifier  pour  vos  âmes,  (comme  Nous  vous  l'avons 
témoigné  dans  nos  trois  Visites  précédentes),  que  Nous 
[nous  proposons  de  répandre  encore  une  fois  sur  vous  les 
bénédictions  du  Seigneur.  Car  si  déjà  vous  Nous  étiez 
chers  quand  Nous  n'étions  qu'Auxiliaire  de  votre  premier 
Pasteur,  combien  l'êtes-vous  devenus  davantage  à  notre 
cœur  depuis  que  Jésus  Christ,  l'Evêque  des  Evêques, 
Nous  a  imposé,  par  l'autorité  de  son  Vicaire  en  terre,  la 
terrible  responsabilité  de  vos  âmes,  en  nous  établissant 
pour  gouverner  en  chef  cette  partie  de  son  bercail  spiri- 
tuel ?  Ah  !  Nos  Très-Chers  Frères,  Nous  aurions  bien 
droit  d'en  être  effrayé,  si  Nous  ne  mettions  toute  notre 
confiance  en  celui  qui  Nous  a  appelé  :  mais  si  Nous  avons 
osé  Nous  charger,  pour  l'amour  de  vous,  d'un  fardeau  si 
redoutable,  que  ne  devez-vous  pas  faire  de  votre  côté  pour 
nous  aider  aie  soutenir?  Eh  quoi  !  Ne  trouveriez  vous  pas 
que  nos  peines  sont  assez  cuisantes,  nos  travaux  assez  mul- 
tipliés, nos  périls  assez  évidents,  pour  que  vous  ne  tâchiez 
de  Nous  adoucir  les  amertumes  de  notre  ministère  ?  Or, 
c'est  en  correspondant  aux  grâces  extraordmaires,  attachées 
à  notre  Visite  Pastorale,  que  vous  allégerez  pour  Nous  le 
joug  du  Seigneur.  Vous  Nous  le  rendrez  plus  supportable, 


8  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

nos  Vénérables  Frères  et  nos  Go-opérateurs  dans  l'œuvre 
de  Dieu,  si  Nous  trouvons  en  vous  des  serviteurs  fidèles 
de  notre  commun  Maître,  toujours  prêts  à  rendre  au  Père 
de  famille  un  compte  exact  de  leur  administration  :  vous 
Nous  ferez  oublier  les  misères  de  notre  charge,  Chrétiens 
de  notre  Diocèse,  si  vous  êtes  ponctuels  à  exécuter  les 
règles  que  Nous  vous  prescrivons,  en  conformité  aux 
Saints  Canons  de  l'Eglise:  tous  enfin  soulageront  notre 
sollicitude,  s'ils  montrent,  par  leur  conduitB  édifiante,  le 
.fruit  qu'ils  ont  retiré  de  nos  premières  Visites.  Voilà, 
NosTrès-Chers  Frères,  ce  que  Nous  attendons  de  vous,  en 
vous  annonçant  la  Nouvelle  Visite  que  vous  recevrez  de 
Nous  pour  votre  sanctification  ;  et  c'est  ainsi  que  vous 
deviendrez,  comme  les  Philippiens  l'étaient  pour  St.  Paul, 
notre  joie  et  notre  couronne  :  gaudium  meum  etcjrona  mea.  1 

A  ces  causes,  le  Saint  nom  de  Dieu  invoqué.  Nous 
avons  statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  réglons  et 
ordonnons  ce  qui  Suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite. 

jo.  Nous  nous  rendrons  à  le  prochain,  après 

midi.  Peu  après  notre  arrivée,  on  fera  une  instruction 
familière  ou  conférence,  à  l'issue  de  laquelle  Nous  ferons 
notre  entrée  à  l'Eglise  en  la  manière  prescrite  dans  le 
Rituel  ;  et  après  une  exhortation  de  notre  part,  on  donnera 
la  Bénédiction  du  Saint  Sacrement. 

2°.  Le  lendemain,  il  y  aura  des  Messes  distribuées  dans 
la  matinée  pour  la  commodité  des  communiants.  A  dix 
heures,  la  Messe  de  la  Visite  et  le  Sermon  :  après  quoi. 
Nous  donnerons  le  Sacrement  de  Confirmation  aux 
personnes  à  jeun,  préparées  par  les  Confesseurs,  et  jugées 
suffisamment  instruites  par  leur  Curé,  dont  elles  présen- 
teront un  billet  pour  témoignage  de  science  et  bonnes 
mœurs. 

3°.  Nous  terminerons  la  Visite  le  avant  midi,  par  le 
Salut  ou  la  Bénédiction  du  Saint  Sacrement. 

4o.  Nous  ferons,  dans  le  temps  qui  Nous  sera  le  plus 
commode,  la  visite  du  Tabernacle,  des  Ornements,  des 

1   Philip,  i,  1. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  9 

Fonts-Baptismaux  et  du  Cimetière,  ainsi  que  l'examen 
des  comptes  de  la  Fabrique,  que  les  Marguilliers  tiendront 
prêts  à  Nous  être  présentés.  M.  le  Curé  pourvoira  aussi 
à  ce  qu'un  inventaire  du  linge  et  des  ornements  de  l'Eglise 
sQit  dressé)  et  qu'un  tableau  des  Messes  de  fondations 
et  des  Induits  de  Rome,  s'il  y  en  a,  Nous  soit  soumis. 
Nous  rechercherons  particulièrement  si  les  Ordonnances 
données  par  l'Evêque  dans  les  Visites  précédentes  ont  été 
exécutées. 

5°.  MM.  les  Curés  auront  soin  de  préparer  par  de 
fréquents  catéchismes,  ceux  qui  se  disposent  à  la  Confir- 
mation, et  de  conserver  les  billets  qui  renferment  les 
noms  des  Confirmés,  jusqu'à  ce  qu'ils  les  aient  inscrits 
dans  les  Registres  de  la  Paroisse,  lis  feront  aussi  en  sorte 
quïl  y  ait  un  nombre  suffisant  de  confessionnaux  ou  de 
grilles,  pour  tous  les  Confesseurs  dans  la  Visite. 

6°.  Les  Confesseurs  nommés  pour  la  Visite  auront,  tant 
qu'elle  durera  dans  chaque  Paroisse,  le  pouvoir  d'absoudre 
des  censures  et  cas  réservés,  avec  les  facultés  les  plus 
amples  pour  la  réconciliation  des  pénitents. 

7°.  Par  Induit  du  Souverain  Pontife,  daté  le  cinq  Juin 
1836,  tous  les  Fidèles  qui,  s'étant  confessés  avec  une 
véritable  contrition,  communieront  pendant  la  Visite,  et 
prieront  pour  les  nécessités  de  l'Eglise  suivant  son  inten- 
tion, gagneront  une  Indulgence  plénière. 

8o.  Chaque  Paroisse  ou  Mission,  après  que  Nous 
l'aurons  visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre 
suite,  les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la 
Paroisse  suivante. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  Prône  de  la 
Messe  Paroissiale,  le  premier  Dinaanche  après  sa  réception- 
Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing,  le  sceau  du  diocèse, 
et  le  contre-seing  de  notre  Secrétaire,  le  premier  d'avril 
mil-huit-cent-trente-sept. 

L.  f  S. 

j  J.  J.  EvÉQUE  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur. 

A.  F.  Truteau,  Ptre,,  Secrétaire, 


10  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT 

POUR    l'installation    de   MESSIRE    IGNACE    BOURGET     COMME 

COADJUTEUR  DE  l'ÉVÊCHÉ  DE  MONTRÉAL  DANS  LE 

BAS-CANADA. 

Jean  Jacques  Lartique,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  St.  Siège  Apostolique  premier  Eve  que  de  Montréal^  etc. 

A  tout  le  Clergé  et  à  tous  les  fidèles  de  notre  Diocèse:  Salut  et 
Bénédiction. 

Nous  avons  toujours,  Nos  Très-Chers  Frères,  ressenti 
quelque  joie  en  notre  cœur,  chaque  fois  que  Nous  avons 
lu  dans  l'Homélie  8e.  du  Grand  St.  Chrysostôme  sur  St. 
Matthieu,  que  ceux  sur  lesquels  le  Seigneur  a  des  vues  de 
miséricorde  et  de  bonté,  ont  communément  une  vie  semée 
de  vicissitudes  temporelles,  et  presque  également  entre- 
mêlée de  prospérités  et  d'adversités  ;  d'adversités,  pour 
que  l'orgueil  n'enfle  pas  les  cœurs  ;  de  propérités,  afin 
que  leur  faiblesse  ne  les  décourage  pas  dans  la  poursuite 
des  bonnes  œuvres  qu'ils  ont  entreprises  pour  la  gloire 
de  Dieu  :  car,  c'est  ce  que  Nous  avons  souvent  éprouvé 
Nous-même,  depuis  que  la  Divine  Providence  Nous  a 
spécialement  chargé  de  votre  conduite.  Nous  ne  nous 
plaindrons  point  des  chagrins  cuisants  qui  ont  signalé 
notre  Episcopat  :  ils  ne  sont  que  le  juste  châtiment  de  nos 
iniquités  ;  et  Nous  les  avons  reçus  comme  tels,  avec 
résignation,  de  la  main  paternelle  de  celui  qui  ne  nous 
punit  que  parcequ'il  nous  aime.  Mais  aussi  nous  devons 
rendre  hautement  gloire  à  Dieu  pour  tous  les  biens  par 
lesquels  il  a  tempéré  nos  peines,  principalement  lorsqu'il 
vient  de  Nous  accorder  une  nouvelle  faveur,  dont  Nous 
avons  à  vous  faire  part,  parcequ'elle  vous  intéresse  d'une 
manière  toute  particulière. 

Dès  que  le  St.  Siège  Apostolique  Nous  eût  chargé  en 
chef  du  Gouvernement  du  nouveau  Diocèse  de  Montréal, 
Nous  sentîmes  aussitôt  notre  insuffisance  à  soutenir  seul 
le  poids  d'un  pareil  fardeau;  et  Nous  nous  adressâmes 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  1  r 

immédiatement  au  Souverain  Pontife  pour  lui  exposer 
que  notre  âge,  nos  infirmités,  et  les  travaux  dont  Nous 
sommes  accablé,  Nous  obligeaient  à  lui  demander  un  aide 
proportionné  à  nos  besoins,  et  à  ceux  du  troupeau  qu'il 
Nous  avait  confié.  Le  St.  Père,  voulant  accéder  charita- 
blement à  nos  désirs,  comprit  aussitôt  qu'outre  les  qualités 
éminentes  qui  doivent  orner  l'Episcopat,  le  Goadjuteur 
qui  serait  le  plus  propre  à  Nous  aider,  à  partager  nos 
peines,  à  Nous  succéder  pour  l'exécution  des  projets  que 
nous  avions  formés  relativement  à  votre  bonheur,  devrait 
être  assez  jeune  pour  seconder  nos  vues  après  même  notre 
retraite  de  la  scène  du  monde  ;  qu'il  serait  plus  utile,  s'il 
joignait  à  l'expérience  des  affaires  une  connaissance 
parfaite  de  tout  ce  qui  s'est  passé  depuis  les  commence- 
ments de  notre  Episcopat  à  Montréal  ;  et  qu'il  Nous- 
soulagerait  plus  efficacement,  s'il  était  pour  ainsi  dire  un 
autre  Nous-même. 

En  conséquence,  et  d'après  le  choix  de  Sa  Sainteté,  Nous 
avons  le  plaisir  bien  sensible  de  vous  annoncer  que,  par 
un  bref  Apostolique  du  dix  mars  de  la  présente  année, 
Elle  a  conféré  au  Révérendissime  Messire  Ignace  Bourget, 
Prêtre  de  ce  diocèse  et  notre  Vicaire  Général,  le  titre 
d'Evêque  de  Telmesse  in  partibus  infidelium^  vacant  par 
notre  promotion  au  Siège  de  Montréal  ;  et  que,  par  un 
autre  bref  de  la  même  date,  Elle  nous  a  assigné  cet  Evêque 
pour  Goadjuteur  cum  futurd  mccessione  au  Siège  Episcopal 
de  cette  ville.  Nous  ajouterons,  avec  actions  de  grâce, 
que  Son  Excellence  le  Gouverneur  en  Ghef  de  cette 
Province,  a  bien  voulu  agréer  notre  susdit  Goadjuteur  au 
nom  de  Sa  Majesté,  et  le  reconnaître  civilement  comme 
tel,  en  recevant  le  serment  de  fidélité  qu'il  a  prêté  à  notre 
Souverain  es  dites  qualités. 

Réjouissons-nous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  et  remercions 
le  Dieu  de  toute  consolation,  de  ce  qu'il  a  daigné  perfec- 
tionner son  ouvrage,  en  assurant  la  succession  de  l'Epis- 
copat dans  la  nouvelle  Eglise  de  Montréal  qu'il  vient  de 
fonder,  et  de  ce  qu'il  l'a  pourvue  d'un  si  digne  Prélat,  capa- 


12  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

ble  de  réparer  par  la  suite  les  fautes  qui  auront  pu  Nous 
échapper  dans  un  si  redoutable  ministère.  Obéissez  donc 
tous  à  ses  Mandements  et  Ordonnances  avec  la  même 
ponctualité  qu'aux  nôtres,  comme  le  prescrit  Notre  Saint 
Père  le  Pape  dans  le  bref  même  où  il  le  nomme  notre 
Coadjuteur  ;  et  qu'on  rende  partout  à  son  rang  élevé  les 
honneurs  qui  lui  sont  dus  ;  car  Nous  permettons  qu'il  soit 
reçu  avec  le  même  rit  que  Nous,  particulièremeut  dans 
les  visites  Episcopales  qu'il  pourra  faire  de  notre  part  aux 
différentes  Paroisses  et  autres  lieux  de  notre  Diocèse,  à 
l'exception  de  l'usage  du  baldaquin  et  des  Diacres  Assis- 
tants, réservés  à  l'Evêque  Diocésain. 

Enfin,  Nous  désirons  la  présence,  à  Montréal,  de  tous 
les  Prêtres  du  Diocèse  qui  le  pourront  sans  nuire  à  leurs 
devoirs,  lors  de  la  consécration  Episcopale  de  l'Illustris- 
sime Evêque  élu  de  Telmesse,  que  Nous  nous  proposons 
.de  célébrer  dans  la  Cathédrale  de  cette  ville,  le  vingt-cinq 
•de  Juillet  prochain. 

Sera  notre  présent  Mandement  lu  et  publié  à  la  Messe 
principale  de  toutes  les  Paroisses  et  autres  Eglises  de 
notre  Diocèse,  ainsi  que  dans  les  chapitres  de  nos  Commu- 
nautés religieuses,  le  premier  jour  de  Dimanche  ou  de 
Fête  chômée  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  vingt  de  Mai  mil-huit-cent-trente- 
sept,  sous  notre  seing,  le  sceau  du  Diocèse,  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire. 

L.  f  S. 

-\-  J.  J.  Evêque  de  Montréal. 

Par  Monseigneur. 

A.  F.  Truteau,  Pire  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  13 

LETTRE  CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS    LES    CURÉS    ET    AUTRES    PRETRES    DU    DIOCÈSE 
DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  le  10  Août  1837. 
Monsieur, 

"Vu  que  j'ai  reçu  dernièrement  avis  officiel  de  la  mort 
de  Sa  Majesté  Guillaume  IV.,  notre  Souverain,  d'heureuse 
mémoire,  et  de  l'avènement  à  la  Couronne  du  Royaume- 
Uni  de  la  Grande  Bretagne  et  d'Irlande  par  l'Illustre 
Princesse  Alexaxdrixa-Victoria,  d'après  ses  droits  légi- 
times de  succession  au  Trône  ;  me  conformant  à  la  juste 
et  louable  pratique  des  Evèques  qui  m'ont  précédé, 
d'engager  leurs  Diocésains  à  implorer  avec  piété  et  recon- 
naissance, le  secours  du  Ciel  sur  le  règne  de  chacun  de 
nos  nouveaux  Monarques,  j'ordonne  que  : 

1«.  Le  Dimanche  après  la  réception  de  la  présente,  vous 
parlerez  au  Peuple  qui  vous  est  confié,  dans  le  Prône  de 
votre  Messe  paroissiale,  de  l'accession  de  la  Reine  Victoria, 
première  du  nom,  à  la  Puissance  souveraine  en  Angleterre 
et  dans  ses  dépendances  ;  et  vous  ferez  chanter,  immédia- 
tement après  cette  Messe,  un  Te  Deiim  solennel,  en  action 
de  grâces  pour  son  joyeux  avènement,  suivi  du  Psaume 
Exaucliat.  et  de  l'Oraison  ordinaire  pour  le  Roi. 

2".  Dans  les  offices  publics  à  l'avenir,  il  ne  sera  rien 
changé  dans  les  versets  de  l'Ecriture,  Domine^  salvum  fac 
Regern^  et  Deusj'udicium  tuum  Régi  da  ;  mais  on  dira  comme 
suit  rOraison  pour  Sa  Majesté  :  «  Qusesumus,  Omnipoîens 
«  Deus,  ut  Regina  nostra  Victoria^  quss  tuâ  miseratione 
«  suscepit  Regni  gubernacula,  virtutum  etiam  omnium  perci- 
«  piat  incrementa  ;  quitus  decenter  prnata,  vitiorum  monstra 
«  devitare^  hostes  superare^  et  ad  te  qui  via^  veritas  et  vita  es, 
«  gratiosa  valeat  pervenire.     Per  Christum.  » 

3».  Comme  j'ai  été  informé  depuis  peu  qu'on  a  répandu 
avec  profusion,  dans  quelques  Paroisses  de  ce  Diocèse^ 


14  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  «  Paroles  d'un  Croyant^  »  vous  rechercherez  sans  bruit 
et  avec  prudence,  si  ce  livre  pernicieux  circule  dans  les 
limites  de  votre  desserte,  et  s'il  en  était  ainsi,  votre  devoir 
sera  d'avertir  en  particulier  ceux  de  vos  Paroissiens  qui 
pourraient  s'en  servir,  qu'ils  ne  doivent  lire  ni  retenir  cet 
ouvrage,  dont  les  doctrines  perverses  ont  été  condamnées 
par  le  St.  Siège  Apostolique. 

4».  Si  vous  jugez  à  propos  de  faire  part  à  vos  ouailles  de 
la  présente  circulaire,  vous  ne  leur  en  lirez  publiquement 
que  le  préambule,  avec  le  premier  article. 

Je  suis  bien-sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

■j  J.  J.  EvÉQUE  DE  Montréal. 

(Vraie  copie,) 

R.  Robert,  Pire.,  Sec.  ad  hoc 


PREMIER  MANDEMENT 

A    l'occasion    des    troubles    de    1837. 


Jean  Jacques  Lartigue^  Premier  Evéque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  fidèles  de  notre  Diocèse:  Salut  et  Bénédiciiou 
en  Notre  Seigneur. 

Depuis  longtemps.  Nos  Très-Chers  Frères,  Nous  n'en- 
tendons parler  que  d'agitation,  de  révolte  même,  dans  un 
Pays  toujours  renommé  jusqu'à  présent  par  sa  loyauté,  son 
esprit  de  paix,  et  son  amour  pour  la  Religion  de  ses  Pères. 
On  voit  partout  les  frères  s'élever  contre  leurs  frères,  les 
amis  contre  leurs  amis,  les  citoyens  contre  leurs  conci- 
toyens; et  la  discorde,  d'un  bout  à  l'autre  de  ce  Diocèse, 
semble  avoir  brisé  les  liens  de  la  charité  qui  unissaient 
entre  eux  les  membres  d'un  même  corps,  les  enfants  d'ime 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  15 

même  Eglise,  du  Catholicisme  qui  est  une  Religion  d'unité. 
Dans  des  conjonctures  aussi  graves,  notre  seul  parti  ne 
peut  être  sans  doute  que  de  nous  en  tenir,  je  ne  dis  pas  à 
l'opinion  que  Nous,  et  nos  fidèles  Coopérateurs  dans  le 
Saint  Ministère,  aurions  droit  cependant  d'émettre  comme 
citoyens  aussi  bien  que  les  autres,  mais  à  l'obligation 
stricte  que  Nous  impose  l'Apôtre  des  Nations  lorsqu'il 
disait  :  Malheur  à  moi  si  je  ne  prêche  pas  l'Evangile  ;  I 
car  la  nécessité  m'y  oblige,  nécessitas  enim  mihi  incumhit 
Non,  N.  T.  C.  F.,  aucun  de  vous  n'ignore  que  les  devoirs 
des  divers  Membres  du  Corps  Social,  aussi  bien  que  ceux 
de  la  Famille,  appartiennent  essentiellement  à  la  Morale 
Chrétienne  ;  que  cette  Morale  divine  fait  partie  du  dépôt 
sacré  de  la  Foi,  qui  Nous  a  été  transmis  par  le  canal  très- 
pur  de  l'Ecriture  et  de  la  Tradition  ;  et  que  Nous  sommes 
tenus  de  vous  le  transmettre  aussi  fidèlement  en  notre 
qualité  de  successeur  des  Apôtres. 

Nous  ne  saurions  d'ailleurs  vous  être  suspect  sous  aucun 
rapport  :  comme  chez  vous,  le  sang  Canadien  coule  dans 
nos  veines  :  Nous  avons  souvent  donné  des  preuves  de 
l'amour  que  Nous  avons  pour  notre  chère  et  commune 
patrie  ;  et  ainsi  que  l'Apôtre,  Nous  pourrions  prendre  Dieu 
à  témoin  que  Nous  vous  chérissons  tous  dans  les  entrailles 
de  Jésus-Christ  2  :  vous  savez  enfin  que  Nous  n'avons 
jamais  rien  reçu  du  Gouvernement  Civil,  comme  nous 
n'en  attendons  rien,_que  la  justice  due  à  tous  les  Sujets 
Britanniques;  et  nous  rendons  témoignage  à  la  vérité, 
quand  nous  attestons  solennellement  que  Nous  vous 
parlons  ici  de  notre  propre  mouvement,  sans  aucune 
impulsion  étrangère,  mais  seulement  par  un  motif  de 
conscience. 

Encore  une  fois,  Nos  Très-Chers  Frères,  Nous  ne  vous 
donnerons  pas  notre  sentiment,  comme  Citoyen,  sur  cette 
question  purement  politique,  «qui  a  droit  ou  tort  entre  les 
diverses  branches  du  Pouvoir  souverain;  (ce  sont  de  ces 

l  Cor.  9,  16. 
1  Philip.  1,1. 


IC  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

choses  que  Dieu  a  laissées  aux  disputes  des  hommes,) 
mundum  Iradidit  dispulalioni  eoriim  1  .•»  mais  la  question 
morale,  savoir  «quels  sont  les  devoirs  d'un  Catholique  à 
l'égard  de  la  Puissance  civile,  établie  et  constituée  dans 
chaque  Etat,»  cette  question  religieuse,  dis-je,  étant  de 
notre  ressort  et  de  notre  compétence,  c'est  à  votre  Evêque 
à  vous  donner  sans  doute  toute  instruction  nécessaire  sur 
cette  matière,  2  et  à  vous  de  l'écouter  ;  car,  dit  le  célèbre 
Lamenais  «  les  Evêques  étant  chargés  par  l'Esprit  Saint 
de  gouverner,  sous  la  conduite  du  Souverain  Pontife, 
l'Eglise  de  Dieu,  nous  faisons  profession  de  croire  qu'en 
tout  ce  qui  tient  à  l'administration  spirituelle  de  chaque 
Diocèse,  Prêtres,  et  Laïques  doivent  fidèlement  obéir  aux 
Ordres  de  l'Evoque  institué  par  le  Pape.  »  3 

Voici  donc  ce  que  vous  enseignent  là-dessus  les  divines 
Ecritures:  «Que  tout  le  monde,  dit  St.  Paul  aux  Romains, 
«  soit  soumis  aux  Puissances  supérieures  :  car  il  n'y  a  point 
«  de  puissance  qui  ne  vienne  de  Dieu  ;  et  c'est  lui  qui  a 
«  établi  toutes  celles  qui  existent.  Celui  donc  qui  s'oppose 
«  aux  Puissances,  résiste  à  l'ordre  de  Dieu  ;  et  ceux  qui 
«  résistent,  acquièrent  pour  eux-mêmes  la  damnation.  Le 
«Prince  est  le  Ministre  de  Dieu  pour  procurer  le  bien  ;  et 
«  comme  ce  n'est  pas  en  vain  qu'il  porte  le  glaive,  il  est 
«  aussi  son  Ministre  pour  punir  le  mal.  Il  vous  est  donc 
«  nécessaire  de  lui  être  soumis,  non  seulement  par  crainte 
«  du  châtiment,  mais  aussi  par  un  devoir  de  conscience. 
«  Soyez  donc  soumis,  ajoute  St.  Pierre  le  Chef  des  Apô- 
■i  très,  à  toutes  sortes  de  personnes  par  rapport  à  Dieu  5, 
«  soit  au  Roi,  comme  étant  au-dessus  des  autres  ,soit  aux 
«  Chefs  qu'il  vous  envoie  pour  punir  les  méchants  et 
«  louer  les  bons  ;  car  telle  est  la  volonté  de  Dieu.  Etant 
«  libres,  ne  vous  servez  pas  de  cette  liberté  comme  d'un 

1  Ecoles,  i,  11. 

2  Ad.  20,  28. 

3  Déclaration  présentée  au  St.  Siège  i)ar  les  Rédacleurs  du  Journal 
V Avenir. — 'L'Avenir  du  6  Février  1831. 

4  Rom.  13,  1,2,4,  5. 

5  Petr.  2,  13,  14,  15,  IG,  17,  18,  19. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS,  17 

«  voile  pour  couvrir  de  mauvaises  actions;  mais  (agissez) 
«  comme  des  serviteurs  de  Dieu.  Rendez  honneur  à  tous, 
«  aimez  vos  frères,  craignez  Dieu,  honorez  le  Roi.  Servi- 
«  teurs,  soyez  soumis  et  respectueux  envers  vos  Maîtres, 
«  non-seulement  à  l'égard  de  ceux  qui  sont  bons  et  doux 
«mais  aussi  envers  ceu^  qui  sont  bizarres  et  fâcheux; 
(I  car  c'est  un  effet  de  lagrâce,  si  en  vue  de  Dieu,  l'on 
«souffre  avec  patience  d'injustes  traitements.» 

Voilà,  N.  T.  G.  F.  les  oracles  de  l'Esprit  Saint,  tels  que 
nous  les  trouvons  dans  la  Sainte  Bible  :  voilà  la  doctrine 
de  Jésus-Christ,  telle  que  les  Apôtres  Pierre  et  Paul 
l'avaient  apprise  de  la  propre  bouche  de  leur  divin 
Maître.  Mais  quelque  claires  que  soient  par  elles-mêmes 
ces  paroles  de  vérité,  un  chrétien  n'interprète  jamais  la 
parole  de  Dieu  par  son  esprit  privé  :  il  sait  que  c'est  un 
dogme  fondamental  de  sa  foi  que,  comme  l'assure  St. 
Pierre  l,  les  saintes  écritures  ne  doivent  pas  être  entendues 
selon  le  sens  particulier  de  chacun  ;  et  qu'il  n'appartient 
qu'à  l'Eglise  Catholique,  notre  Mère,  de  nous  en  donner 
l'intelligence,  selon  cette  sentence  de  J.  G.  dans  l'Evan- 
gile: celui  qui  7i  écoute  pas  l'Eglise^  regardez-le  comme  un 
Payen  et  un  Publicain^  sit  tibi  sicut  Ethnicus  et  Publicanus  2. 
Or,  le  Pape  actuel,  Grégoire  XVI,  du  haut  de  sa  Chaire 
Pontificale,  s'est  expliqué  sur*  ces  textes  de  l'Ecriture  :  il 
a  interprêté,  à  la  suite  des  Sts.  Pères,  et  d'après  la 
Tradition  perpétuelle  de  l'Eghse  depuis  son  établissement 
jusqu'à  nos  jours,  ces  passages  des  Livres  saints  que  Nous 
vous  avons  cités  ;  et  il  en  a  dicté  le  vrai  sens  à  l'Univers 
Chrétien,  dans  son  Encyclique  du  15  Août,  183-2,  qu'il 
adressa  aux  Evêques  du  monde  entier  au  commencement 
de  son  Pontificat.  Pas  un  seul  Evèque  depuis  cette 
Epoque  n'a  réclamé  contre  la  doctrine  de  cette  lettre,  en 
sorte  qu'elle  a  reçu  l'assentiment,  du  moins  tacite,  de 
toute  l'Eglise  enseignante,  et  qu'on  doit  la  regarder 
conséquemment  comme  une  décision  dogmatique. 

i  Petr.  I,  20. 
2  MaUh.  18,  17. 


18  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  Comme  Nous  avons  appris,  »  dit  le  Saint-Père,  (car 
ici,  ce  n'est  pas  notre  parole  que  vous  allez  entendre  : 
c'est  celle  du  Vicaire  de  Jésus-Christ)  comme  «  Nous 
«  avons  appris  que  des  écrits  semés  parmi  le  Peuple 
«  proclament  certaines  doctrines  qui  ébranlent  la  fidélité 
«  et  la  soumission  dues  aux  Princes,  et  qui  allument 
«  partout  les  flambeaux  de  la  révolte,  il  faudra  empêcher 
«  avec  soin  que  les  peuples  ainsi  trompés  ne  soient 
«  entraînés  hors  de  la  ligne  de  leurs  devoirs.  Que  tous 
«  considèrent  que,  suivant  l'avis  de  l'Apôtre,  il  n'y  a  point 
«  de  puissance  qui  ne  vienne  de  Dieu.  Ainsi,  celui  qui 
«  résiste  à  la  Puissance  résiste  à  l'ordre  de  Dieu  ;  et  ceux 
«  qui  résistent  s'attirent  la  condamnation  à  eux  mêmes. 
«  Les  lois  divines  et  humaines  s'élèvent  donc  contre  ceux 
«  qui  s'efforcent  d'ébranler,  par  des  trames  de  révolte  et 
«  de  sédition,  la  fidélité  aux  Princes,  et  de  les  précipiter 
((  du  trône.  C'est  pour  cela,  et  afin  de  ne  pas  conlracter 
«  une  telle  souillure,  que  les  premiers  Chrétiens,  au 
«  milieu  de  la  fureur  des  persécutions,  surent  cependant 
«  bien  servir  les  Empereurs,  et  travailler  au  salut  de 
«  l'Empire,  comme  il  est  certain  qu'ils  le  firent.  Ils  le 
((  prouvèrent  admirablement,  non-seulement  par  leur 
«  fidélité  à  faire  ce  qui  leur  était  ordonné,  dès  qu'il  n'était 
«  pas  contraire  à  la  religion,  mais  encore  en  répandant 
«  même  leur  sang  dans  les  combats.  » 

((  Les  soldats  Chrétiens,  dit  St.  Augustin,  servaient  un 
«  Empereur  Infidèle  1  ;  mais  s'il  était  question  de  la  cause 
«  de  Jésus-Christ,  ils  ne  reconnaissaient  que  celui  qui  est 
«  dans  les  Cieux.  Ils  distinguaient  le  Maître  éternel  du 
«  Maître  temporel  ;  et  cependant  ils  étaient  soumis  pour 
«  le  Ma.Ure  éternel  même  au  Maître  temporel.  C'est  ce 
<(  qu'avait  devant  les  yeux  l'invincible  Martyr  Maurice, 
«  Chef  de  la  Légion  Thébaine, lorsque,  comme  le  rapporte 
«  St.  Eucher,  il  répondit  à  l'Empereur  2  :  Nous  sommes 

1  St.  Aug.  in  psalm.     1*24,  No.  7. 

2  D.  Rainart  Act.  88.  Maurice  el  Comp.  No  4. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  19 

-«  VOS  soldats,  Prince,  mais  en  même  temps  serviteurs  de 
«  Dieu  ;  et  maintenant  même  le  danger  où  nous  sommes 
«  de  perdre  la  vie  ne  nous  pousse  point  à  la  révolte  :  nous 
«  avons  des  armes,  et  nous  ne  résistons  point  ;  parceque 
«  nous  aimons  mieux  mourir  que  de  tuer.  Cette  fidélité 
«des  anciens  Chrétiens  brille  aven  bien  plus  d'éclat;  si 
«  l'on  remarque,  avec  Tertullien,  qu'alors  les  Chrétiens 
'«  ne  manquaient,  ni  par  le  nombre,  ni  par  la  force,  s'ils 
«  eussent  voulu  se  montrer  ennemis  déclarés  de  l'Etat.»  l 

«  Ces  beaux  exemples  de  soumission  inviolable  aux 
«  Princes,  qui  étaient  une  suite  nécessaire  des  préceptes 
«  de  la  Religion  Chrétienne,  condamnant  l'erreur  de  ceux 
'I  qui,  enflammés  d'ardeur  pour  une  liberté  effrénée,  s'ap- 
«  pliquent  à  ébranler  et  renverser  les  droits  des  Puis- 
«  sauces,  tandis  qu'au  fond  ils  n'apportent  aux  Peuples 
«  que  la  servitude  sous  le  masque  de  la  liberté.  C'est  là 
«  que  tendaient  les  coupables  desseins  des  Vaudois,  des 
«  Béguards,  des  Wicléfistes,  et  des  autres  qui  ont  été  si 
«  souvent  frappés  d'anathême  par  le  Siège  Apostolique  ; 
«  et  ceux  qui  travaillent  pour  la  même  fin,  n'aspirent 
<(  encore  qu'à  se  féliciter  avec  Luther  d'être  libres  à  l'égard 
(I  de  tous  et  de  toutes  choses.  » 

«  Le  devoir  vous  oblige,  »  ajoute  le  même  Pontife  dans 
son  Bref  de  Juillet  183'2  aux  Evêques  de  Pologne,  «  de 
«  veiller  avec  le  plus  grand  soin  à  ce  que  des  hommes 
«  mal  intentionnés,  des  propagateurs  de  fausses  doctrines, 
«  ne  répandent  parmi  vos  troupeaux  le  germe  de  théories 
<!  corruptrices.  Ces  hommes,  prétextant  leur  zèle  pour 
■«  le  bien  public,  abusent  de  la  crédulité  des  gens  de  bonne 
«  foi  qui,  dans  leur  aveuglement,  leur  servent  d'instru- 
«  ments  pour  troubler  la  paix,  et  renverser  l'ordre  établi. 
«  Il  convient  que,  pour  l'avantage  et  l'honneur  des 
«  Disciples  de  Jésus  Christ,  leurs  fausses  doctrines  soient 
«  mises  dans  leur  jour  :  il  faut  réfuter  leurs  principes  par 
<î  la  parole  immuable  de  l'Ecriture  Sainte,  et  par  les 
H  monuments  authentiques  de  la  Tradition  de  l'Eglise.  » 

1  Tertul.  Apolog.  Ch.  37. 


20  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Telle  est  la  doctrine  du  Souverain  Pasteur  des  âmes,  du 
Pontife  vénérable  maintenant  siégeant  sur  la  chaire  éter- 
nelle, jointe  à  l'enseignement  de  l'Eglise  de  tous  les  temps 
et  de  tous  les  lieux  ;  et  vous  devez  voir  à  présent,  N.  T.-C. 
F.,  que  Nous  ne  pouvions  sans  blesser  nos  devoirs  et  sans 
mettre  en  danger  Notre  propre  salut,  omettre  d'éclairer 
votre  conscience  dans  un  pas  si  glissant.Gar  il  ne  s'agit  pas  ici 
de  moins  pour  vous  que  de  maintenir  les  lois  de  votre  Reli- 
gion, ou  de  les  abandonner  :  puisque,  pour  un  Catholi- 
que, il  ne  saurait  y  avoir  de  partage  en  matière  de  foi  ; 
et  que  selon  l'Apôtre  St.  Jacques,  celui  qui  manque  à 
un  seul  article  de  la  loi,  est  coupable  sur  tous  les  autres 
points.  1 

Ne  vous  laissez  donc  pas  séduire,  si  quelqu'un  voulait 
vous  engager  à  la  rébellion  contre  le  Gouvernement  établi, 
sous  prétexte  que  vous  faites  partie  du  Peuple  Souverain  '• 
la  trop  fameuse  convention  Nationîile  de  France, quoique 
forcée  d'admettre  la  souveraineté  du  Peuple  puisqu'elle 
lui  devait  son  existence,  eut  bien  soin  de  condamner  elle- 
même  les  insurrections  populaires,  en  insérant  dans  la 
Déclaration  des  droits  en  tète  de  la  Constitution  de  1795, 
que  la  souveraineté  réside,  non  dans  une  partie,  ni  mêm& 
dans  la  majorité  du  Peuple,  mais  dans  l'universalité  des 
Citoyens  2  ;  ajoutant  que  nul  individu,  nulle  réunion 
partielle  des  Citoyens^  ne  peut  s'attribuer  la  Souverai- 
neté. 3  Or  qui  userait]  dire  que,  dans  ce  -pajs.la totalité  des 
Citoyens  veut  la  destruction  de  son  Gouvernement  ? 

Nous  finissons,  Nos  Très-Chers  Frères,  par  en  appeler  à 
vos  cœurs,  toujours  nobles  et  généreux.  Avez-vous  jamais 
pensé  sérieusement  aux  horreurs  d'une  guerre  civile? 
Vous  êtes  vous  représenté  des  ruisseaux  de  sang  inondant 
vos  rues  ou  vos  campagnes,  et  l'innocent  enveloppé  avec 
le  coupable  dans  la  même  série  de  malheurs  ?  Avez-vous 
réfléchi  que,  presque  sans  exception,  toute  Révolution 

1  Jac  2,  10. 

2  Art.  17. 

3  Art.  18. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  21 

populaire  est  une  œuvre  sanguinaire,  comme  le  prouve 
l'expérience  ;  et  que  le  Philosophe  de  Genève,  l'auteur  du 
Contrat  Social^  le  grand  fauteur  de  la  souveraineté  du 
Peuple,  dit  quelque  part  qu'une  Révolution  serait  achetée 
trop  cher,  si  elle  coûtait  une  seule  goûte  de  sang  ?  Nous 
laissons  à  vos  sentiments  d'humanité  et  de  Christianisme 
ces  importantes  considérations. 

Que  la  grâce  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ^  la  charité  de 
Dieu^  et  la  communication  de  VEsprit  Saint  demeure  avec 
vous.  1  Amen. 

Sera  notre  présent  Mandement  lu  et  publié  à  la  Messe 
Paroissiale  ou  principale  de  chaque  Eglise,  et  au  Chapitre 
de  chaque  Communauté  de  notre  Diocèse,  le  premier  Di- 
manche ou  jour  de  Fête  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  vingt- quatre  d'Octobre,  mil  huit- 
ceut-trente-sept,  sous  notre  Seing  et  Sceau,  avec  le  contre- 
Seing  de  notre  Secrétaire. 

L.  -|-  S.  J.  J.  EvÊQUE  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur. 
A.  F.  Truteau.  Ptre,  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE   DE    iMONTRÉAL. 


Montréal,  le  26  Décembre  1837. 
Monsieur, 

L'adresse  aux  trois  Branches  du  Parlement  Britannique 
en  faveur  de  nos  peuples,  qui  avait  été  soumise  à  vos 
signatures,  et  que  vous  avez  signée  en  effet,  était  conve- 
nable sans-doute  à  l'époque  où  elle  fut  rédigée,  c'est-à-dire, 
au  commencement  de  Novembre  ;  et  Son  Excellence,  le 
Gouverneur-en-Chef,  en  avait  alors  agréé  le  projet,  s'en- 
gageant  aie  transmettre  au  Gouvernement  Métropolitain  : 
mais  depuis  les  événements  désastreux  qui  ont  eu  lieu 
dans  la  Province  immédiatement  après,  nous  avons  senti 

1  2  C&r.  13.  13. 


-22  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

qu'une  autre  Pétition  devait  être  substituée  à  la  première  ; 
parce  que  nous  ne  pouvons  plus  demander  avec  le  même 
avantage,  depuis  la  révolte  flagrante  qui  a  éclaté  dans 
quelques  parties  de  ce  District,  et  que  néanmoins  il  est 
plus  que  jamais  de  notre  devoir  d'intervenir,  dans  lacrise 
actuelle,  en  faveur  de  notre  Troupeau,  et  de  donner  au 
Gouvernement  Britannique  une  nouvelle  assurance  de 
notre  fidélité.  Je  vous  envoie  donc  ci-joint  le  modèle  de 
la  nouvelle  pétition  projetée,  en  demandant  votre  agré- 
ment pour  que  j'annexe  à  celle-ci  votre  signature  déjà  en 
ma  possession,  au  lieu  de  le  faire  à  la  première,  qui  restera 
supprimée.  Après  que  vous  aurez  pris  connaissance  de 
cette  nouvelle  Adresse,  veuillez  bien  me  signifier  au  plus 
tôt  si  vous  consentez  à  ce  que  votre  signature  soit  trans- 
férée de  la  première  Pétition  à  la  seconde  ;  et  que  vous 
serez  satisfait  si  la  dernière  est  présentée  à  Sa  Majesté 
seulement,  comme  je  le  désire.  J'ai  l'assurance  que  Son 
Excellence,  le  Gouverneur-en-Chef,  se  prêtera  volontiers 
à  ce  changement,  et  aura  la  bonté  de  faire  parvenir  notre 
Pétition  au  pied  du  Trône. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  engager  Messieurs  les  Curés 
du  Diocèse  à  faire  signer,  le  plus  tôt  possible,  dans  leurs 
paroisses  respectives,  et  particulièrement  dans  celles  où  il 
y  a  eu  plus  de  troubles  politiques,  des  Adresses  de  loyauté 
à  Sa  Majesté,  priant  notre  Gouverneur-en-Chef  de  les 
transmettre  en  Angleterre  :  outre  la  convenance  de  sem- 
blables Adresses  par  tous  les  sujets  Britanniques  de  ce  pays 
dans  les  circonstances  présentes,  elles  pourront  servir  de 
rétractation  publique  pour  ceux  des  signataires  qui,  ayant 
scandalisé  par  des  propos  ou  actes  de  rébellion,  ne  peu- 
vent approcher  dignement  des  Sacrements  sans  avoir  réparé 
.ces  scandales. 

Je  suis  véritablement, 
Monsieur, 
Votre  trés-humble  et  obéissant  Serviteur, 

f  J.  J.,  EvÉQUE  DE  Montréal. 
(Vraie  Copie, ^  J.  0.  Paré,  S.  D., 

S.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  23 

A  LA  TRÈS-EXCELLENTE  MAJESTÉ  DE  LA  REINE. 

La  très-humble  Requête  de  TEvêque  et  son  Coadjutateur,  des  Vicaires 

Généraux,  Curés  et  autres  Membres  du  Clergé  Catholique  du  Diocèse 

de  Montréal,  dans  la  Province  du  Bas-Canada. 
Qu'il  plaise  à  Voire  Majesté  : 

Nous,  les  soussignés,  Evèqaes,  Vicaires  Généraux. 
Curés  et  autres  Membres  du  Clergé  Catholique  de  la 
Ville  et  du  District  de  Montréal,  dans  la  Province  du 
Bas-Canada,  supplions  qu'il  nous  soit  permis  de  déposer 
au  pied  du  Trône  les  sentiments  de  notre  vénération  pro- 
fonde, aussi  bien  que  de  notre  attachement  inviolable 
envers  votre  personne  auguste,  et  de  lui  représenter  : 

Que  ce  Clergé  a  vu  avec  une  rxtrême  affliction  l'état  de 
division,  d'agitation  et  même  d'insubordination  politique, 
dans  lequel  s'est  trouvée  plongée  une  partie  de  cette  Pro- 
vince, et  particulièrement  le  District  de  Montréal,  où, 
malgré  les  efforts  des  Pasteurs  catholiques  et  des  autres 
loyaux  sujets  de  Votre  Majesté,  on  a  eu  à  déplorer  l'insur- 
rection d'une  portion  de  six  ou  sept  comtés,  sur  le  nombre 
de  vingt-et  un  renfermés  dans  ce  District  :  mais  que  la 
rébelhon  ayant  été  promptement  réprimée,  chacun  est 
rentré  au  plus  tôt  dans  son  devoir  ;  et  les  paroisses,  même 
les  plus  entachées  dans  les  six  ou  sept  Comtés  susdits,  ont 
certifié  leur  vif  regret  de  ces  attentats  criminels,  et  leur 
persévérance  future  dans  une  loyauté  inébranlable,  par 
diverses  adresses  à  notre  Gouverneur-en-Chef,  pour  être 
transmises  à  Votre  Majesté. 

Que  vu  l'impéritie  politique  de  la  plupart  de  ceux  qui 
ont  alors  oublié  leur  devoir,  qui  sont  d'ailleurs  en  très- 
grande  minorité  dans  cette  Province,  et  qui  ont  été  perni- 
cieusement trompés  et  déçus  par  quelques  sujets  Britan- 
niques, de  diverses  origines,  qu'ils  ont  eu  le  tort  de 
croire,  pendant  un  temps,  zélés  pour  le  bien  de  leur  Patrie, 
vos  Pétitionnaires  osent  espérer  et  en  môme  temps  supplier 
très-humblement  Votre  Majesté,  que  les  heureux  habitants 
de  cette  Colonie  ne  soient  pas  privés,  pour  le  crime  de 


24  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

quelques-uns,  des  avantages  et  privilèges  dont  ils  ont  joui 
jusqu'à  présent  sous  l'Empire  Britannique,  auquel  il  est 
à  souhaiter  qu'ils  soient  unis  pour  toujours  ;  et  que  dans 
leur  humble  opinion,  cet  acte  de  clémence  de  Votre 
Majesté  sera  le  moyen  le  plus  efficace  pour  appaiser  les 
troubles  qui  menacent  de  ruiner  le  Bas-Canada,  si  paisible 
jusqu'à  cette  fatale  époque;  et  si  distingué  par  la  loyauté 
de  sa  population. 

Vos  Pétitionnaires  concluent  en  priant  humblement 
Votre  Majesté  de  prêter  une  oreille  favorable  à  leur 
intervention  respectueuse  en  faveur  de  leur  troupeau  ; 
protestant  qu'après  une  telle  grâce,  le  Gouvernement 
Britannique  sera  plus  que  jamais  béni  dans  une  Province 
à  laquelle  il  aura  rendu  la  paix,  et  qu'il  aura  de  plus  en 
plus  affectionnée  à  la  Mère-Patrie. 

Et  vos  Pétitionnaires  ne  cesseront  de  prier  pour  la 
prospérité  du  règne  de  Votre  Majesté. 

District  de  Montréal,  en  Décembre  1837. 


SECOND  MANDEMENT 

A  l'occasion  des  troubles  de  1837. 


Jean  Jacques  Lartlgue,_  par  la  miséricorde  divine,  et  la  grâce 
du  St.  Siège  Apostolique,  Evcque  de  MontréaL  etc. 

Au  Clergé  elà  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction, 

Quelle  misère,  Nos  Très-Ghers  Frères,  quelle  désolation 
s'est  répandue  dans  plusieurs  de  vos  campagnes,  depuis 
que  le  fléau  de  la  guerre  civile  a  ravagé  cet  heureux  et 
beau  pays,  où  régnait  l'abondance  et  la  joie,  avec  l'ordre 
et  la  sûreté,  avant  que  des  brigands  et  des  rebelles  eussent, 
à  force  de  sophismes  et  de  mensonges,  égaré  une  partie 
de  la  population  de  notre  Diocèse  !  Que  vous  reste-til  de 
leurs  belles  promesses,  sinon  l'incendie  de  vos  maisons 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  25 

et  de  vos  Eglises,  la  mort  de  quelques-uns  de  vos  amis  et 
de  vos  proches,  la  plus  extrême  indigence  pour  un  grand 
nombre  d'entre  vous  ?  Mais  surtout,  pour  plusieurs,  la 
honte  d'avoir  forfait  à  la  fidélité  due  au  Souverain  laquelle 
avait  caractérisé  de  tout  tems  votre  pays  ;  d'avoir  méconnu 
la  Religion  Sainte,  qui  vous  défendait  avec  tant  d'énergie 
de  pareils  attentats  ;  d'avoir  été  sourds  à  la  voix  de  la 
conscience  qui,  malgré  l'étourdissement  des  passions, 
réclame  toujours  contre  le  désordre  :  ah  !  voilà  principa- 
lement ce  qui  doit  répandre  l'amerlune  dans  vos  âmes; 
voilà  ce  que  vous  devez  déplorer  encore  bien  plus  que  la 
perte  des  biens  matériels.  11  est  vrai  que  les  temples  de 
Dieu,  les  objets  les  plus  saints,  ont  été  profanés  ;  et  vos 
cœurs  se  soulèvent  avec  raison  contre  ces  sacrilèges  ;  mais 
outre  que  le  plus  vaillant  Capitaine,  quelque  humain  et 
quelque  généreux  qu'il  soit  ne  peut  toujours,  dans  ces 
occasions,  maîtriser  la  fougue  du  soldat,  à  qui  doit-on 
attribuer  la  première  cause  de  ces  malheurs  ?  N'est  ce  pas 
à  ceux  qui  y  ont  plongé  la  Province  par  leur  Propagande 
de  rébelhon  ?  N'est-ce  pas  à  ces  meneurs  de  révolte,  qui 
ont  osé  s'emparer  eux-mêmes  de  la  Maison  de  Dieu,  afin 
de  s'en  servir  comme  de  fort  et  de  redoute  pour  différer 
le  châtiment  qui  les  menaçait  ? 

Et  comme  d'après  l'Ecriture,  un  abyme  conduit  ordinai- 
rement à  un  autre  abyme  1,  à  peine  le  drapeau  de  la 
rébellion  a-t-il  été  arboré  que  ces  prétendus  patriotes  ont 
cornmencé  à  vous  faire  ressentir  quelle  espèce  de  gouver- 
nement ils  vous  préparaient.  En  effet,  est-ce  le  régime 
électif,  qu'ils  appelaient  cependant  le  Palladium  de  toutes 
les  libertés,  qui  a  proclamé  les  soi  disant  Généraux, 
Colonnels  et  autres  Officiers  de  ces  bandes,  que  l'habitant 
de  la  campagne  n'a  connues  que  par  leurs  pillages  ?  Est- 
ce  le  vœu  de  la  majorité  du  pays,  qui  néanmoins  selon 
leurs  principes  doit  régler  tout  dans  un  Etat,  est-ce  cette 
volonté  générale  qui  a  dirigé  les  opérations  militaires  des 
insurgés  ?  Vous  trouviez-vous  libres,  lorsqu'en  vous 
menaçant  de  toutes  sortes  de  vexations,  de  l'incendie  et 

1  Ps.  'il,  8. 


26  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  la  perte  de  tous  vos  biens,  de  la  mort  même  si  vous  ne 
vous  soumettiez  à  leur  effrayant  despotisme,  ils  forçaient 
plus  de  la  moitié  du  petit  nombre  qui  a  pris  les  armes 
contre  notre  auguste  Souveraine,  à  marcher  contre  ses 
armées  victorieuses?  Ils  ont  montré  ce  qu'était  la  liberté 
qu'ils  vous  promettaient,  lorsqu'ils  ont  dépouillé  vos 
granges  et  vos  maisons,  qu'ils  ont  enlevé  vos  bestiaux,  et 
vous  ont  réduits  à  la  dernière  pauvreté,  afin  de  se  gorger 
de  butin  dans  leurs  camps,  où  ils  démoralisaient  notre 
jeunesse  en  l'entretenant  dans  un  état  habituel  d'ivrogne- 
rie, pour  étourdir  ses  remords.  Ils  ont  fait  voir  ce  qu'ils 
entendaient  par  libéralité,  quand  ils  ont  massacré  de 
sang-froid,  non  en  bataille  rangée,  mais  avec  toute 
l'atrocité  de  l'assassinat,  des  hommes  qui  n'avaient  d'autres 
torts  à  leurs  yeux,  que  celui  de  ne  pas  partager  leurs 
opinions  politiques, 

Tels  sont  les  fruits  amers  d'une  première  faute.  Hélas  ! 
qui  vous  eût  dit,  dès  le  commencement  de  vos  divisions 
entre  co-sujets  et  compatriotes,  qu'une  agitation  illégale 
conduirait  bientôt  à  l'insurrection  et  à  la  rébellion  ouverte, 
celle-ci  au  vol  et  au  meurtre,  et  tous  ces  crimes  aux 
malheurs  affreux,  qui  vous  ont  ensuite  accablés  :  un 
semblable  Prophète  sans  doute  aurait  alors  passé  parmi 
vous  pour  visionaire  ;  et  pourtant,  il  n'aurait  prédit  que 
la  vérité.  Oui,  c'est  ce  qui  vous  a  été  annoncé  d'avance 
par  vos  Prêtres,  par  votre  Evêque,  par  ceux  qui  avaient 
su  lire  et  comprendre  l'histoire  de  tous  les  siècles,  et  en 
tirer  des  leçons  salutaires  pour  l'avenir  ;  pourquoi  donc 
n'a-t-on  pas  voulu  les  écouter,  et  profiter  des  lumières  de 
la  Révélation,  de  la  sagesse  des  âges,  de  l'expérience,  et 
des  événements  qui  se  passent  encore  tous  les  jours  en 
France,  en  Espagne,  en  Portugal,  dans  l'Amérique  du 
Sud,  et  partout  où  l'on  a  prétendu  essayer  de  ces  systèmes 
funestes  d'insurrection  ?  Oh  1  combien  on  eût  épargné  au 
Canada  de  peines  et  de  douleurs,  de  crimes  et  de  remords, 
si  chacun  eût  suivi  les  avis  de  son  Pasteur  ! 

Mais  il  vous  est  aisé   maintenant  de  distinguer  vos 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  27 

rentables  amis,  les  vrais  patriotes,  ceux  qui  vous  veulent 
du  bien,  d'avec  ceux  qui  ne  visaient  qu'à  s'élever,  à 
dominer  dans  un  nouvel  Etat  chimérique,  et  à  prendre  la 
place  de  ceux  qu'ils  pourraient  dépouiller  ;  car  c'est,  en 
dernière  analyse,  le  résultat  de  t3utes  les  Révolutions. 
Que  devez-vous  penser  aujourd'hui  de  votre  Clergé,  quia 
fait  tous  ses  efforts  pour  vous  prémunir  contre  des 
doctrines  perverses,  qui  a  même  encouru  la  haîne  de 
plusieurs,  parce  qu'il  ne  vous  parlait  pas  dans  le  sens  des 
coryphées  d'une  faction,  dont  malheureusement  quelques 
uns  d'entre  vous  étaient  alors  engoués?  Des  hommes 
trompeurs  vous  ont  dit  qu'il  ne  fallait  pas  écouter  vos 
Prêtres,  quand  ils  vous  parleraient  de  ce  que,  dans  leur 
langage,  ces  sophistes  dangereux  appelaient  purement 
politique  ;  comme  si  la  recommandation  de  l'obéissance 
envers  tous  nos  Supérieurs,  entr'autres  à  l'égard  de  ceux 
que  la  Providence  a  placés  sur  nous  pour  le  gouvernement 
civil,  ne  faisait  pas  partie  intégrante  du  dépôt  sacré  de  la 
foi,  qui  nous  a  été  confié  pour  en  faire  part  à  toutes  nos 
ouailles,  sans  en  omettre  aucun  article. 

Lorsque  Nous  avons  voulu  aussi  vous  instruire  Nous- 
mêmes  sur  ces  matières,  par  notre  Mandement  du  24 
octobre  dernier,  ils  ont,  ces  mêmes  hommes,  induit,  à 
force  d'intrigues,  plusieurs  de  nos  brebis  bien-aimées  à 
ne  pas  écouter  la  voix  de  leur  premier  Pasteur,  en  les 
entraînant  scandaleusement  hors  du  lieu  Saint,  pour  les 
constituer  pleinement  dans  la  mauvaise  foi  ;  car  comment 
pourrait-on  se  croire  dans  la  bonne  foi,  quand  on  fuit  la 
lumière,  pour  se  complaire  dans  son  aveuglement? 
Omnis  enim  qui  malè  agit,  odit  lucem  1.  Mais  vous  n'oublierez 
plus  à  l'avenir  que,  lorqu'il  s'agit  d'éclairer  votre  cons- 
cience sur  des  questions  difficiles,  délicates,  et  qui  regar- 
dent le  salut  de  vos  âmes,  c'est  à  vos  Pasteurs  qu'il  faut 
Yous  adresser,  à  ceux  à  qui  Jésus-Christ  a  dit  «celui  qui 
vous  écoute  m'écoute,  et  celui  qui  vous    méprise  me 

1  Joan.  3,  20. 


28  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

méprise  »  1  ;  non  pas  à  des  flatteurs  qui,  avec  les  grands 
mots  de  liberté  et  d'indépendance,  ne  cherchent  à  vous 
endoctriner  que  pour  leur  avantage  personnel,  et  qui 
d'ailleurs  en  savent  souvent  moins  que  vous  sur  les  seuls 
véritables  intérêts  du  chrétien,  sur  les  grands  intérêts  de 
l'éternité.  Pour  vous  servir  de  règle  dans  les  circonstances 
importantes  où  vous  vous  êtes  trouvés,  vous  aviez  assez 
de  notre  premier  Mandement,  où  Nous  vous  avions 
démontré  le  dogme  Catholique  sur  la  soumission  due  aux 
•Puissances  établies  dans  l'ordre  civil,  par  l'autorité  irréfra- 
gable de  l'Ecriture  Sainte,  par  la  Tradition  constante  des 
Pères  et  des  Docteurs  de  l'Eglise  dans  tous  les  temps  et 
dans  tous  les  lieux,  par  l'enseignement  actuel  de  tous  les 
Evêques  du  monde  chrétien,  ayant  à  leur  tête  le  Souverain 
Pontife.  Gomment  est-il  donc  arrivé  que  quelques-uns  ont 
refusé  d'entendre  la  voix  de  leur  Pasteur?  Ne  voyaient- 
ils  pas  que  par  là-même  ils  se  séparaient  du  Troupeau  de 
Jésus-Christ?  Car  ce  divin  Sauveur  nous  assure  que  ses 
véritables  brebis  entendent  la  voix  du  Pasteur,  et  le 
suivent  2:  parceque  l'étranger  ne  vient  que  pour  piller, 
tuer  et  perdre  le  troupeau  ;  au  lieu  que  le  vrai  Pasteur 
ne  cherche  qu'à  donner  à  ses  brebis  la  vie  la  plus  abon- 
dante. 3 

Pleurons,  donc  Nos  Très-Chers  Frères  sur  les  maux  de 
notre  Patrie  :  pleurons  sur  les  plaies  de  ceux  qui  sont 
tombés,  sur  les  fautes  de  ceux  qui,  dans  cette  occasion, 
ont  si  étrangement  oublié  leur  devoir;  car  parmi  les 
chrétiens,  dit  St.  Paul,  et  entre  les  membres  d'un  même 
Corps,  si  quelqu'un  d'eux  souffre,  tous  les  autres  y  com- 
patissent. 4  Qui  sait  si  ceux  dont  nous  déplorons  la  chute 
n'avaient  pas  besoin  de  cette  humiliation,  pour  se  relever 
meilleurs  chrétiens  que  jamais  ?  Qui  sait  s'ils  ne  surpas- 
seront pas  par  la  suite  en  loyauté  ceux  qui  gémissent 
aujourd'hui  sur  leur  défection  ?    Ils  conçoivent  à  présent 

1  Luc.  10,  16. 

2  Joa)i.  10,  27. 

3  Jbid.  F.  10. 

4  1  Cor.  12,  2G. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  29 

toute  l'énormité  de  leur  crime,  comme  le  prouvent  les 
assurances  de  repentir  et  d'une  nouvelle  fidélité  qu'ils 
ont  adressées  de  toutes  parts  à  leur  Souveraine  :  ils  savent 
les  ordres  que  Nous  avons  donnés  à  nos  Co-opérateurs 
dans  le  Saint  Ministère,  de  n'admettre  aux  sacrements  de 
l'Eglise,  même  à  l'heure  de  la  mort,  sans  une  réparation 
préalable,  aucun  de  ceux  qui  se  sont  montrés  scandaleu- 
sement rebelles,  et  de  refuser  la  sépulture  ecclésiastique 
à  ceux  qui  mourraient  sans  s'être  acquittés  de  cette  juste 
réparation.  1  Indubitablement,  ils  ne  voudi^aient  jamais 
retourner  à  leur  ancien  égarement,  ni  s'exposer  à  mourir 
comme  des  gens  sans  religion  et  sans  honneur. 

A  ces  causes,  le  Saint  nom  de  Dieu  invoqué,  Nous 
avons  ordonné  et  réglé,  réglons  et  ordonnons  ce  qui  suit: 

lo.Dans  chaque  église  de  notre  diocèse  où  l'on  a 
coutume  de  faire  des  ofTices  publics,  il  sera  chanté,  le 
premier  jour  libre  après  le  Dimanche  où  ce  Mandement 
aura  été  publié,  une  Messe  Solennelle  pro  remissione  pecca- 
torum^  sous  le  rit  pro  publicâ  Ecclesix  causâ^  laquelle  sera 
suivie  du  Trait  Domine  non  secundum^  etc.,  avec  le  verset 
Fiat  misericordia,  etc.,  et  l'oraison  Ne  despicias,  etc.,  pro 
qudcumque  tribulatione,  inter  diversas  ;  le  tout  terminé 
par  Divinum  auxilium,  etc. 

2°  Cette  Messe,  dans  l'intention  de  celui  qui  la  dira  et 
de  ceux  qui  l'entendront,  sera  pour  faire  à  Dieu  réparation 
publique  de  tous  les  sacrilèges,  meurtres,  pillages,  trahi- 
sons et  autres  crimes,  commis  dans  ce  district,  pendant  la 
crise  insurrectionnelle  que  nous  avons  éprouvée  ;  et  pour 
en  obtenir  miséricorde. 

3o  Nous  exhortons  tous  nos  Diocésains  à  recourir,  ce 
jour  là  particulièrement,  aux  œuvres  que  l'Ecriture  nous 
apprend  être  les  plus  propres  à  appaiser  la  colère  de  Dieu, 
qui  sont  le  jeûne,  l'aumône  et  la  prière  ;  et  Messieurs  les 
Curés  à  exciter  leurs  peuples  à  la  pénitence. 

4°  Comme  la  paix  intérieure  paraît  généralement  réta- 
blie dans  ce  Diocèse,  les  Prêtres  omettront  dans  leurs 

1  2  Pelr.  2,  22. 


30  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Messes,  après  le  jour  de  rOffice  ci-dessus  ordonné,  l'oraison' 
Ne  despicias^  etc.  ;  et  les  Goramunaulés  religieuses  pourront 
s'exempter  des  prières  prescrites  par  noire  Mandement  du 
24  octobre  dernier. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  à  la  Messe 
paroissiale  ou  principale  de  chaque  Eglise,  et  au  chapitre 
de  chaque  Communauté  régulière  de  notre  Diocèse,  le 
premier  Dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  huit  de  Janvier,  mil-huit-cent- 
trente-huit,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 


[..  i  S. 


-f  J.  J.  EvÈQL'E  DE   Mo>'TRÉAL. 

Par  Monseigneur. 

A.  F.  Truteau,  Ptre.^  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 


A  MESSIEURS  LES  CURES  ET   AUTRES  PRETRES   A  CHARGE  D  AME* 
DANS  LE  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 

Montréal,  6  février  1838. 
Monsieur, 

Après  nous  être  efforcés  d'appaiser  la  justice  Divine  par 
un  office  Expiatoire  pour  tous  les  crimes  commis  en  ce 
Diocèse,  pendant  l'odieuse  rébellion  de  l'an  passé  contre 
le  Gouvernement  établi  dans  cette  Province  Britannique, 
comme  nous  avons  fait  en  vertu  de  mon  Mandement  du 
8  janvier  dernier,  il  convient  aussi  que  nous  rendions  à 
la  Providence  du  Seigneur  de  très-humbles  actions  de 
grâces,  pour  la  prompte  répression  d'une  révolte  si 
menaçante,  par  les  armes  puissantes  de  Sa  Majesté,  ainsi 
que  par  l'énergie  de  ses  fidèles  sujets,  qui  heureusement 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  51 

surpassent  immensément  en  nombre  les  hommes  déloyaui 
ou  égarés,  et  pour  là  paix  interne  qui  règne  maintenant 
dans  tout  le  Bas-Canada. 

C'est  pourquoi  vous  annoncerez,  le  dimanche  de  la 
Quinquagésime,  au  prône  de  votre  messe  paroissiale,  que 
le  lendemain,  vingt-si.T  du  présent  mois,  sera  observé 
dans  ce  Diocèse  comme  jour  d'actions  de  grâces  publiques 
pour  la  paix  intérieure  rendue  à  cette  Province  ;  et  qu'il 
sera  chauté  pour  cet  objet,  au  jour  susdit,  dans  l'Eglise  de 
votre  Paroisse,  une  Messe  Solennelle  sub  ritu  Missx  pro  re 
gravi,  suivie  du  Te  Deum  avec  son  oraison  et  celle  pour  la 
Reine.  Nous  vous  prescrivons,  à  cette  occasion,  d'instruire 
vos  peuples  sur  leurs  devoirs  consciencieux  envers  la 
Puissance  Civile,  conformément  à  la  doctrine  Apostolique. 

Je  suis  véritablement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur. 

7  J.  J.  EvKQUE  DE  Montréal. 

(Pour  vraie  copie,) 

J.  0.  Paré,  S.  D  ,  5.  Secrétaire. 


MANDEMENT 


Jean  Jacques  Lanigue,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  St.  Siège  Apostolique  premier  Eve  que  de  Montréal 
dans  le  Bas-Canada,  et  suffragant  immédiat  du  Siège  de 
Rome. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  fidèles  de  notre  Diocèse  ;  Salut  et  Bénédiction. 

Nous  vous  annonçons  avec  joie,  Nos  Très-Chers  Frères, 
que  Nous  avons  reçu  dernièrement  du  St.  Père  un  rescript, 
daté  le  7  Janvier  1838,  qui  nous  autorise  à  établir  dans 
notre  Diocèse  l'Institution  connue  sous  le  titre  d' Associa- 


32  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

tion  pour  l'Œuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi,  telle  qu'ap- 
prouvée pour  l'Eglise  de  Lyon,  en  France,  par  Pie  VII. 
le  15  Mars  1823,  et  pai-  Léon  XII.  le  11  Mai  1824,  pour  les 
Missions  étrangères. 

Malgré  des  difficultés  nombreuses  et  particulièrement 
le  manque  de  dotation  pour  notre  Evéché,  Nous  avons 
envoyé  depuis  le  commencement  de  notre  Efiscopat, 
plusieurs  Missionnaires  en  partie  de  ce  Diocèse,  où  les 
Catholiques  éloignés  ne  pouvaient,  faute  de  moyens, 
pourvoir  par  eux-mêmes  au  maintien  de  Prêtres  résidents 
parmi  eux,  ni  à  l'érection  d'Eglises  et  Presbytères,  ou  à 
l'acquisition  d'autres  objets  nécessaires  au  Gul!,e  :  depuis 
deux  ans  surtout.  Nous  avons  adressé  aux  Sauvages 
Infidèles  du  Lac  Témiskaming,  et  à  d'autres  Tribus  isolées 
et  barbares,  des  Prêtres  zélés  et  courageux,  lesquels  ont 
converti,  à  la  vraie  foi  plusieurs  de  ces  infortunés,  assis 
dans  les  ténèbres  et  les  ombres  de  la  mort  1,  qui  sont 
devenus  ensuite  la  consolation  de  leurs  Missionnaires  ;  et 
Nous  sommes  résolu  à  continuer,  chaque  année,  cette 
oeuvre  de  miséricorde,  si  la  Providence  divine  veut  bien 
nous  fournir  pour  cela  des  ressources  suffisantes.  C'est 
principalement  dans  cette  vue  que  Nous  avons  impétré 
du  Siège  Apostolique,  pour  notre  Diocèse,  l'établissement 
d'une  œuvre  si  sainte,  avec  tous  les  privilèges.  Indulgences, 
et  autres  avantages,  que  la  Chaire  seule  de  Pierre  pouvait 
y  attacher. 

Nous  n'avons  pas  cru,  Nos  Très-Chers  Frères,  pouvoir 
vous  offrir  de  moyen  plus  propre  à  satisfaire  votre  piété 
et  votre  charité,  que  celui  de  propager  notre  divine 
Religion  parmi  les  Nations  Infidèles,  répandues  encore 
dans  une  partie  de  ce  Diocèse,  et  de  la  soutenir  chez 
ceux  que  St.  Paul  appelle  les  domestiques  de  la  foi  2,  chez 
tant  de  Chrétiens  destitués  d'un  temporel  capable  de  leur 
procurer  plus  facilement  les  biens  spirituels  du  salut;  et 
de  faire  tout  cela  par  les  voies  qui  nous  sont  le  plus  forte- 

1  Luc,  I,  79. 

2  Galal.  6,  10. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS,  33 

ment  recommandées  dans  l'Ecriture-Sainte,  l'aumône  et 
la  prière  1  :  l'aumône,  qui  délivre  de  la  mort,  qui  efface 
les  péchés,  et  qui  donne  la  vie  éternelle,  comme  nous 
l'apprend  le  St.  Esprit:  et  la  prière,  qui  obtient  de  Dieu 
tout  ce  qu'elle  demande  de  bon,  petite,  et  dabitur  vobis  2  : 
l'aumône  qu'on  vous  demande  si  légère,  qu'elle  est  à  la 
portée  même  des  pauvres;  et  la  prière,  qui  ne  saurait 
vous  détourner  de  vos  affaires,  puis  qu'elle  exige  si  peu 
de  temps  pour  remplir  les  devoirs  de  l'Association.  Vous 
savez  comme  ont  fleuri  autrefois  en  Canada  les  Missions 
chez  les  Sauvages,  qui  sont  tombées  à  peu  près  en  même 
temps  qae  la  célèbre  compagnie  de  Jésus;  combien  les 
Religieux  de  cette  illustre  Société  ont  répandu  de  sang 
et  de  sueurs  pour  faire  fructifier  ces  établissements  :  ne 
montrons  donc  pas  moins  de  zèle  pour  ces  âmes  délaissées, 
qu'on  l'a  fait  dans  les  temps  anciens;  et  puisqu'il  doit 
vous  en  coûter  si  peu  pour  un  bien  immense,  ne  négligez 
pas  cette  occasion  de  vous  assurer  le  ciel  par  l'aumône  de 
la  veuve,  si  louée  dans  l'Evangile  3,  et  de  mettre  dans  le 
chemin  du  salut  u  n  grand  nombre  de  vos  frères  en  Jésus- 
Christ,  qui  périront  éternellement,  si  vous  les  priviez  de  ce 
secours. 

Si  Jésus-Christ  nous  assure  qu'il  ne  laisseia  pas  sans 
récompense  un  verre  d'eau  froide  4  donné  au  prochain 
pour  plaire  à  Dieu,  quelle  sera  donc  la  vôtre,  lorsque  vous 
co-opérerez  avec  zèle  à  la  réfection  de  tant  d'affamés,  qui 
demandent  à  grands  cris  le  pain  de  la  divine  parole,  5 
sans  trouver  personne  qui  le  leur  rompre.  L'aumône  d'un 
sou  par  semaine,  et  une  minute  de  prières  par  jour,  sans 
même  vous  détourner  de  vos  occupations  ordinaires,  sont 
peu  de  choses  sans  doute,  si  on  les  regarde  en  elle;^- 
mêmes:  mais  autant  l'âme,  par  sa  nature  immortelle, 
est   au-dessus  du  corps  condamné  à  retourner  en  pous- 

1  Tobie.  12,  9. 

2  Luc.  11,9. 

3  Luc.  21,  3eH. 

4  Mail.  10,  42. 

5  Jerem.  Lamenl.  4,  4. 


34  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALE^, 

sière  1,  autant  l'aumône  sjnrituelle  surpasse  la  corporelle  ; 
etc'estd'aprèsles  services  que  vous  aurez  rendus  aux  autres 
hommes,  que  le  Seigneur  réglera  l'arrêt  qu'il  prononcera 
sur  votre  sort  éternel  au  jour  du  Jugement,  comme  il 
le  promet  dans  l'Evangile  2,  Oui,  réjouissez-vous,  Nos 
Très-Ghers  Frères  et  tressaillez  d'allégresse,  lorsqu'un 
moyen  aussi  facile  vous  est  offert  de  gagner  le  ciel,  en 
procurant  la  gloire  de  Dieu  et  la  sanctification  des  âmes. 
Réjouissez-vous,  humbles  Chrétiens  qui,  par  votre  état 
séculier,  sembliez  n'avoir  à  vous  occuper  que  de  votre 
propre  salut  ;  car,  moyennant  l'Association  où  vous 
pouvez  entrer,  vous  aiderez  puissamment  les  hommes 
Apostoliques,  qui  se  sont  consacrés  à  la  conversion  des 
Infidèles,  à  aller  leur  porter  les  lumières  de  la  foi,  avec 
les  biens  infinis  qui  en  sont  la  suite,  la  civilisation,  les 
bonnes  œuvres,  l'amour  de  Dieu  et  du  prochain  :  aussi, 
quand  de  fervents  Missionnnaires  prêcheront  ces  Infidèles, 
quand  ils  leur  administreront  le  baptême  et  les  autres 
sacrements,  quand  ils  sauveront  tant  d'âmes  des  supplices 
éternels,  ce  sera  vous  qui,  sans  aucun  danger  pour  vous- 
mêmes,  les  soutiendrez  dans  un  si  pénible  ministère  ;  et 
le  salut  de  tant  de  peuples,  ne  sera  pas  moins  votre 
ouvrage  que  le  leur.  Quelle  consolation  pour  vous  pendant 
la  vie,  et  surtout  à  l'heure  de  la  mort. 

Entre  toutes  les  œuvres  inspirées  par  la  charité  Catho- 
lique, on  peut  dire  qu'il  est  impossible  d'en  trouver  de  plus 
admirables,  de  plus  glorieuses  à  Dieu  et  de  plus  utiles  au 
prochain,  que  celle  de  la  propagation  de  la  foi  puisqu'elle 
soutient  et  continue  ces  Missions  précieuses  qui  font  tant 
d'honneur  à  la  Religion,  ces  Missions  qui,  depuis  la  nais- 
sance du  christianisme,  ont  été  le  caractère  propre  de  la 
véritable  Eglise,  laquelle  est  seule  féconde  pour  engendrer 
des  enfants  innombrables  à  Jésus-Christ  son  époux,  et  pour 
qui  il  a  été  dit  comme  à  l'époux  lui-même:  «demandez- 
moi,  et  je  vous  donnerai  toutes  les  Nations  pourhérita- 

1  Gènes,  i,  19. 

2  Mail.  25,  35  el  30. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  35 

ge  1  ;  et  vos  possessions  n'auront  d'autres  bornes  que  celles 
de  la  terre.  L'œuvre  de  la  propagation  de  la  foi  n'est  que 
l'accomplissement  de  l'ordre  donné  par  le  Sauveur  à  ses 
apôtres  d'aller  enseigner  toutes  les  nations  et  de  les 
baptiser  au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  St.  Esprit  2, 
leur  apprenant  à  garder  chacun  des  commandements  qu'il 
leur  avait  prescrits,  et  leur  promettant  d'être  continuelle- 
ment avec  eux,  dans  la  consommation  de  ce  grand  ouvrage, 
jusqu'à  la  fm  des  siècles.  Voilà  la  mission  honorable  à 
laquelle  vous  participerez  efficacement,  en  vous  enrôlant 
dans  cette  noble  milice. 

Or,  Nous  vous  le  demandons,  Nos  Très-Ghers  Frères, 
est-il  un  bonheur  semblable  à  celui  de  sauver  les  âmes  ; 
des  âmes  créées  à  l'image  de  Dieu,  et  rachetées  au  prix  du 
sang  de  Jésus-Christ;  des  âmesdoni  il  désire  ardemment 
le  salut,  et  dont  chacun  peut  dire  aussi  véritablement 
que  l'Apôtre  :  un  Dieu  m'a  aimé^  et  s'est  livré  pour  moi  à 
la  mort  3;  des  âmes  enfin  qui,  sans  vous,  périront  pour 
une  éternité?  Aurions-nous,  après  cela,  le  triste  courage 
de  leur  refuser  nos  secours,  de  les  abandonner  à  leur 
aveuglement?  N'aurions-nous  pas  à  craindre  que  le 
Seigneur  punît  un  jour  notre  indifférence,  ou  plutôt 
notre  dureté  à  leur  égard  ?  L'Ecriture  nous  enseigne 
que  chacun  est  obligé  de  prendre  soin  de  son  prochain  4  ; 
et  l'Apôtre  de  la  charité  nous  dit  que  nous  devons  même, 
en  certaines  circonstances,  donner  notre  vie  pour  nos 
frères  5.  Mais  si  ce  commandement  oblige  en  quelques 
occasions,  n'est-ce  pas  surtout  dans  la  nécessité  extrême 
où  se  trouvent  les  infidèles,  privés  de  la  connaissance  du 
vrai  Dieu?  Tout  homme  est  donc  tenu,  par  ce  précepte 
impose  dès  le  commencement  6,  de  procurer  autant  qu'il  le 
peut  le  salut  de  ses  frères  ;  et  malheur  à  lui,  s'ils  viennent 

1  Ps.  2,  8. 

2  Matt.  28,  19  d  20. 

3  Gaèal.  2,  20. 

4  Eccli,  17,  12. 

5  t  Joan,  3,  16. 
ê  1 .  Joa?i.  2,  7. 


36  MANDEMENT8,  LETTRES  PASTORALES, 

à  se  perdre  lorsqu'il  aurait  pu  les  en  empêcher:  il  en 
répondra  au  tribunal  du  Souverain  Juge.  Hélas!  les 
maux  temporels  d'un  homme  inconnu  nous  touchent  : 
dès  que  nous  le  savons  malheureux,  nous  nous  intéressons 
naturellement  à  son  sort.  N'y  aurait  il  que  pour  les 
misères  spirituelles  de  nos  frères  que  nous  aurions  un 
cœur  de  glace?  D'où  vient  cela?  N'est-ce  pas  de  notre 
peu  de  foi  en  la  parole  de  Dieu,  et  de  notre  peu  de 
charité  envers  le  prochain  ?  Car  enfin,  pouvons-nous  dire 
que  nous  aimons  véritablement  Dieu,  si  nous  abandonnons 
des  âmes  qu'il  a  tant  aimées,  qu'il  nous  commande  encore 
d'aimer  comme  nous-mêmes  1  ;  et  cependant,  «  celui  qui 
n'aime  pas  demeure  dans  la  mort,  »  2  dit  St.  Jean. 

A  ces  causes,  le  saint  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  d'après 
l'induit  Papal  du  7  Janvier  1838.  Nous  avons  établi  et 
établissons  par  les  présentes,  dans  le  Diocèse  de  Montréal 
en  Canada.  «  l'Association  pour  l'œuvre  de  la  Propagation 
de  la  Foi,»  avec  tous  les  privilèges,  Indulgences  et  autres 
avantages,  accordés  à  cette  société  par  les  Souverains 
Pontifes  ;  implorant  de  tout  notre  cœur  les  bénédictions 
abondantes  du  Tout-Puissant  sur  cette  pieuse  institution. 

Le  but  de  cette  Société,  comme  vous  venez  de  le  voir, 
Nos  Très-Chers  Frères,  est  1'^  d'unir  ensemble  toutes  les 
personnes  de  l'un  ou  l'aui.re  sexe  en  ce  Diocèse,  capables 
d'attirer  par  leur  conduite  les  miséricordes  du  Seigneur 
sur  la  bonne  œuvre  projetée,  afin  de  faire  par  des  prières 
comra'uies  et  ferventes,  une  sainte  violence  au  ciel,  pour 
iîjiroduire  le  Christianisme  chez  les  Infidèles,  et  le  fortifier 
dans  le  cœur  de  ceux  qui  ont  déjà  le  bonheur  de  le 
posséder:  2»  pour  fournir,  par  les  aumônes  des  Associés, 
les  moyens  d'établir  des  Missions  chez  les  Payens,  et 
aussi  chez  les  Catholiques  dénués  de  ressources  pour 
l'exercice  décent  du  Culte  :  3°  pour  vous  enrichir  de  biens 
spirituels,  par  les  Indulgences  que  vous  gagnerez  en 
coopérant  à  l'œuvre  de  Dieu. 

1  Malh.  19,  19. 

2  l.Joan.  3,  14. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  37 

Les  devoirs  de  chaque  associé  sont:  Iode  réciter  tous 
les  jours,  pour  la  Propagation  de  la  Foi,  un  Pater  et  un 
Ave,  avec  cette  invocation  :  «  St.  François-Xavier,  priez 
pour  nous  ;  »  mais  il  suffit  de  diriger,  une  fois  pour  toutes, 
à  cette  intention  le  Pater  et  VAve  de  la  prière  du  matin  ou 
du  soir  :  2°  de  donner,  en  aumône  à  la  Société,  un  sou  par 
semaine. 

Les  avantages  attachés  à  l'Association  seront  de  pouvoir 
gagner  1°  une  Indulgence  plénièie  le  3  mai.  Fête  de 
l'Invention  de  la  Ste.  Croix,  et  jour  anniversaire  de 
l'institution  de  cette  Société  :  2»  une  seconde  Indulgence 
plénière  le  3  Décembre,  Fête  de  St.  François-Xavier,  qui 
est  Patron  de  l'Association  :  3°  une  autre  Indulgence 
plénière  une  fois  chaque  mois,  dans  un  jour  au  choix  de 
l'Associé  ;  et  afin  de  gagner  ces  diverses  Indulgences 
plénières,  qui  peuvent  toutes  être  appliquées  aux  âmes 
du  Purgatoire,  il  faut,  pour  le  jour  où  l'on  veut  gagner 
l'indulgence,  se  confesser,  communier,  et  prier  dans 
l'Eglise  de  sa  Paroisse  à  l'intention  du  Souverain  Pontife  : 
4»  cent  jours  d'Indulgence  chaque  fois  qu'étant  contrit, 
on  fait  les  prières  de  l'Association,  ou  quelqu'aumône  en 
faveur  dés  Missions,^ou  enfin  quelqu'autre  œuvre  de  piété 
©u  de  charité  ;  mais  on  ne  peut  gagner  aucune  des  Indul- 
gences susdites,  à  moins  d'être  Associé,  et  d'accomplir 
fidèlement  les  devoirs  ci-dessus  mentionnés  de  l'Associa- 
tion. 

Sera  notre  présent  Mandement  lu  et  publié  au  prône  de 
toutes  les  Eglises  de  notre  Diocèse,  le  premier  dimanche 
après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing,  le  sceau  du 
Diocèse,  et  le  contre-seing  de  notre  Secrétaire,  le  dix  huit 
d'Avril  mil-huit  cent-trente-huit. 

L.  f  S. 

-f-  J.  J.  EvÉQUE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire' 


.38  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE  DE    MONTRÉAL,  EN   LUI   ADRESSANT    LE 
MANDEMENT  DU   18  AVRIL   1838. 

Montréal,  le  20  avril  1838. 
Monsieur, 

Nous  avons  fait  sortir,  le  18  de  ce  mois,  un  Mandement 
public  pour  l'Etablissement  de  l'Association,  destinée  à  la 
propagation  de  la  Foi  dans  notre  Diocèse;  et  la  présente 
vous  est  adressée  en  particulier,  pour  vous  intéresser  et 
vous  diriger  dans  l'accomplissement  d'une  œuvre  si 
désirable. 

Vous  pourrez  voir,  par  le  règlement,  ci-contre,  de  cette 
Société,  lequel  sera  joint  aussi  à  une  courte  Notice  sur  les 
Missions  de  ce  Diocèse,  imprimée  à  part,  que  Nous  avons 
pris  ici,  comme  on  a  fait  ailleurs,  les  moyens  d'éloigner 
du  Clergé  tout  soupçon  de  vues  d'intérêt  propre,  et 
l'impossibilité  môme  de  procédés  arbitraires,  dans  la  dispo- 
sition des  aumônes;  et  ces  Règles  vous  présenteront  une 
organisation  toute  laïque,  en  ce  qui  concerne  la  collection 
de  ces  aumônes,  ainsi  que  leur  distribution.  Néanmoins, 
Nous  sommes  parfaitement  convaincus  que  le  succès  de 
l'entreprise  dépendra,  après  Dieu  du  zèle  du  Clergé  ;  et 
quoiqu'il  soit  statué  en  ce  Règlement  que,  dans  chaque 
Paroisse,  l'Association  peut  commencer  par  la  première 
personne  qui  voudra  se  joindre  aux  neuf  autres  à  son 
choix  pour  favoriser  cette  œuvre,  Nous  n'ignorons  pas 
que  partout  il  faudra  que  le  Pasteur  marche  à  la  tête  de 
son  troupeau  pour  suggérer  les  meilleurs  moyens  de 
parvenir  au  but  de  la  Société.  Ce  ne  serait  pas  rendre 
justice  à  notre  Clergé,  si  Nous  ne  comptions  avec  assu- 
rance sur  sa  coopération  efficace  dans  une  entreprise, 
d'autant  plus  nécessaire  que  Nous  avons  moins  de 
ressources  personnelles  pour  soutenir  les  Missions  déjà 
existantes  dans  ce  Diocèse,  et  pour  en  instituer  de 
nouvelles  dont  le  besoin  est  urgent. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  39 

Pour  organiser  en  peu  de  temps  une  si  louable  inslitu 
lion  dans  votre  Paroisse,  il  nous  parait  qu'après  avoir  fait 
lecture  de  notre  Mandement  du  18  avril  1838,  (que  vous 
pourrez  relire  également  dans  d'autres  circonstances, 
selon  que  vous  le  trouverez  avantageux)  et  après  avoir 
exhorté  vos  peuples  à  entrer  dans  cette  pieuse  Association, 
tant  pour  leur  avantage  privé  par  les  Indulgences  dont 
ils  peuvent  s'enrichir,  que  pour  celui  de  la  Religion  en 
général  par  les  piières  et  aumônes  de  la  Société,  il  sera  à 
propos  de  lire  immédiatement  le  «  Règlement  de 
l'Association,  >»  en  y  ajoutant  les  explications  que  vous 
jugerez  utiles.  Recommandez  ensuite,  dans  le  particulier, 
à  plusieurs  personnes  pieuses  de  votre  Paroisse  de 
s'adjoindre  chacune  neuf  autres  personnes,  dont  elles 
recueilleront  les  aumônes.  Il  arrivera  que,  par  cette  voie, 
vous  aurez  constitué  comme  autant  de  syndics  pour  la 
propagation  de  l'œuvre;  et  il  suffira  que  vous  ayez  fait 
exécuter  cette  recommandation  à  dix  personnes,  pour  vous 
assurer  de  cent  Associés.  En  faisant  la  môme  opération 
à  l'égard  de  dix  autres  personnes,  qui  en  recruteront 
encore  chacune  neuf,  et  ainsi  de  suite  pour  chaque 
centaine  de  Sociétaires,  il  vous  sera  possible  d'associer 
bientôt  à  l'œuvre  en  question  presque  toute  votre 
Paroisse. 

Gomme  tous  les  gens  de  bonne  volonté  ne  sont  pas 
également  doués  de  l'activité,  du  pouvoir  ou  de  l'industrie, 
nécessaires  pour  réussir,  vous  aurez  soin  de  faire  former 
et  diriger  toutes  les  sections,  composées  chacune  de  dix 
personnes  de  l'un  ou  l'autre  sexe,  par  ceux  ou  celles  en 
qui  vous  connaîtrez  plus  de  zèle  et  d'habileté  ;  et  les 
femmes,  par  leur  loisir,  leur  vie  sédentaire,  leur  influence 
sur  les  diverses  classes  de  la  Société,  et  leur  ardeur  pour 
le  bien,  ayant  ordinairement  plus  d'aptitude  que  les 
hommes  à  promouvoir  les  actes  de  charité  et  de  piété,  il 
sera  bon  de  les  placer  le  plus  souvent  à  la  tête  des  sections 
pour  les  composer,  quoique  les  hommes  puissent  aussi  y 
être  employés,  quand  ils  seront  qualifiés  pour  cela:  mais 


iO  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  chefs  de  sections  tâcheront,  autant  qae  possible,  de 
prendre  leurs  neuf  Associés  dans  leurs  propres  familles, 
ou  dans  leur  voisinage,  afin  de  correspondre  plus 
aisément  avec  eux. 

Nous  ne  doutons  pas,  Monsieur,  que  vous  joindrez  vos 
prières  aux  nôtres,  pour  attirer  les  bénédictions  divines 
sur  une  œuvre  si  glorieuse  à  l'Eglise,  et  que  vous  devez 
regarder  comme  digne,  par  sou  objet,  d'une  sollicitude 
toute  particulière. 

Je  suis  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

'l  J.  J.  EvÈQUE  DE  Montréal. 

(Pour  Copie.) 

A.  F.  Truteau,  Pire.  Secrétaire. 

Règlement  de  l'Association  pour  la  Propagation  de  la  Foi  dans 
le  Diocèse  de  Montrécd. 

Art.  I.  L'association  peut  commencer  dans  chaque 
Paroisse  par  la  première  personne  qui  désirera  favoriser 
cette  œuvre;  et  pour  cela,  cette  personne  doit  s'en 
associer  neuf  autres  qui  correspondront  avec  elle  et  lui 
remettront  leurs  aumônes,  soit  toutes  les  semâmes  ou 
tous  les  mois  :  ces  dix  personnes  associées  formeront  alors 
une  section.  Il  pourra  donc  se  former  dans  chaque 
Paroisse  autant  de  sections  qu'il  y  aura  de  fois  dix 
personnes  associées  pour  la  bonne  œuvre.  La  personne 
qui  sera  à  la  tête  de  chaque  section  pourra  avoir  une 
liste  de  ses  associés,et  fera  en  sorte  que  ceux  qui 
manqueront  par  mort,  absence  ou  autrement,  soient 
remplacés. 

IL  Dans  tous  les  lieux  où  le  nombre  des  sections 
s'élèvera  à  dix  ou  plus,  il  sera  bon  de  former  une  ou 
plusieurs  centuries  dont  les  chefs  seront  une  des  dix 
personnes  qui  se  trouveront  à  la  tète  des  sections;  et  ces 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  41 

chefs  de  centuries  seront  élus  par  les  chefs  de  sections. 
Lorsqu'il  y  aura  des  centuries  dans  une  Paroisse,  les  chefs 
de  sections  rendront  compte  aux  chefs  de  ces  centuries 
des  aumônes  qu'ils  auront  recueillies. 

III.  Dans  chaque  Paroisse,  on  choisira  une  personne, 
connue  comme  solvahle  et  digne  de  la  confiance  publique, 
pour  lui  conférer  la  charge  de  trésorier  ou  trésorière,  et 
dépositaire  des  aumônes.  Ce  choix  se  fera  par  les  chefs 
de  sections,  qui  s'assembleront  à  cette  fin,  sur  l'avis  et 
sous  la  présidence  de  M.  le  Curé.  La  personne  élue 
demeurera  en  charge  aussi  longtemps  qu'elle  et  ses 
électeurs  le  voudront  ;  et  quand  il  s'agira  de  la  remplacer, 
une  autre  sera  choisie  de  la  même  manière.  C'est  à  elle 
que  les  aumônes  seront  remises,  soit  par  les  chefs  de 
centuries,  soit  par  les  chefs  de  sections  s'il  n'y  a  pas  de 
centuries.  Le  dépositaire  des  aumônes,  dans  chaque 
Paroisse  de  la  campagne,  aura  soin  de  tenir  un  état  de 
compte  exact  des  sommes  qui  lui  auront  été  remises  : 
mais  dans  la  ville  de  Montréal,  le  Caissier  général  de 
l'Association,  ci-après  mentionné,  tiendra  lieu  de  ce 
trésorier  particulier  de  paroisse. 

IV.  Chaque  année,  dans  le  cours  de  Février,  les  dépo- 
sitaires des  aumônes  de  chaque  Paroisse,  les  feront 
parvenir  au  Grand  Vicaire  de  ce  Diocèse  le  plus  voisin  ; 
€t  dans  le  mois  de  Mars  suivant,  le  Grand  Vicaire  auquel 
ces  aumônes  auront  été  envoyées,  les  fera  parvenir,  avec 
■un  état  de  ce  que  chaque  Paroisse  aura  fourni,  au  Caissier 
.qui  sera  établi  à  Montréal.  Messieurs  les  Curés  sont  priés 
d'assister  les  dépositaires  d'aumônes  dans  l'envoi  qu'ils 
auront  à  faire  à  Messieurs  les  Grands  Vicaires. 

V.  Il  sera  établi  à  Montréal  un  Conseil  composé  de  huit 
personnes  laïques,  auxquelles  un  des  Grands  Vicaires 
sera  prié  de  se  joindre.  Ce  Conseil  fera  choix,  parmi  ses 
Membres,  d'un  Président  de  l'Association,  d'un  Vice- 
Président,  d'un  Secrétaire  et  d'un  Caissier.  C'est  à  ce 
Caissier  que  seront  remises  les  sommes  d'abord  envoyées 


42  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

à  Messieurs  les  Grands  Vicaires,  comme  il  a  été  dit  ci- 
dessus,  art.  IV. 

VI.  Le  Conseil  se  recrutera  par  lui-même  ;  c'est  à-dire 
qu'avenant  la  mort,  absence  ou  rés/'gnation  d'un  de  ses 
Membres,  les  autres  le  remplaceront  par  voie  d'élection. 

VII.  Au  commencement  d'Avril  de  chaque  année,  le 
Conseil  s'assemblera.  C'est  dans  cette  assemblée  que 
l'Evoque  de  Montréal  exposera  par  le  Grand  Vicaire  qu'il 
aura  nommé  Membre  du  dit  Conseil,  ou  par  tout  autre 
qu'il  aura  choisi  à  cet  effet,  les  besoins  de  chaque  Mission  ; 
et  c'est  aussi  dans  cette  assemblée  que  se  fera  la  distri- 
bution des  aumônes,  suivant  l'exigence  respective  des 
Missions. 

VIII.  Dans  le  cours  de  l'été  de  chaque  année,  le  Conseil 
dressera  un  rapport  de  la  distribution  des  aumônes  à  lui 
confiées  ;  et  ce  rapport  sera  envoyé  à  Messieurs  les  Curés, 
pour  l'information  des  Membres  de  l'Association  dans  les 
différentes  Paroisses. 

Par  ordre  de  Monseigneur. 


CIRCULAIRE 

A  MÏSSIEURS  LES  CURÉS  DU  DIOCÈSE  DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  le  4  Juin  1838. 
Messieurs,  ' 

Je  vous  informe  par  la  présente,  que  le  Comité  ou 
Conseil  qui,  sur  mon  invitation,  s'est  assemblé  la  première 
fois  le  21  Mai  dernier,  afin  d'administrer  l'Association 
établie  pour  la  Propagation  de  la  Foi  dans  le  Diocèse  de 
Montréal,  est  composé  de  MM.  Paul  Joseph  Lacroix,  Jules 
Quesnel,  Olivier  Berthelet,  Bernard  Leprohon,  tous  de  la 
ville  de  Montréal,  Alexis  Sauvageau  de  Laprairie,  Joseph 
Larocque  de  Longueuil,  Joseph  de  la  Broquerie  de  Bou- 
cherville,  et  le  Docteur  Caseneuve  de  l'Assomption,  aux- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  43- 

quels  a  bien  voulu  se  joindre  M.  Joseph  Quiblier,  mon 
Grand-Vicaire  et  Supérieur  du  Séminaire  ;  et  que  les 
membres  suivants  ont  été  élus  unanimement,  pour  Prési- 
dent du  dit  Conseil,  oules  Quesnel  Ecuier,  Vice-Président 
P  J.  Lacroix  Ecuier,  Trésorier  ou  Caissier  Olivier  Ber- 
Ihelet  Ecuier,  Secrétaire  Bernard  Leprohon  Ecuier. 

Il  a  été  convenu,  entr'autres  choses,dans  cette  assemblée, 
que,  quand  il  y  aura  dans  une  Paroisse,  ou  dans  plusieurs 
réunies,  dix  Centuries  ou  plus  d'Associés,  les  Chefs  de 
chaque  Centurie  choisiront  un  Chef  de  Division  ou  de 
mille  Associés,  auquel  tous  les  Centeniers  remettront, 
dans  les  quinze  premiers  jours  de  chaque  mois,  les 
aumônes  qu'ils  auront  reçues  des  Chefs  de  Sections, 
chacun  les  faisant  passer  ensuite,  et  dans  le  temps,  à  qui 
il  est  prescrit. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  prévenir  Messieurs  les 
Curés  du  Diocèse,  qu'ayant  reçu  du  St.  Siège  un  Induit 
du  7  Janvier  de  la  présente  année,  qui  m'autorise  à 
supprimer,  quand  je  le  jugerai  à  propos,  les  OfTices  des 
Fêtes  de  dévotion,  je  n'ai  pas  néanmoins  voulu  le  faire 
sans  les  consulter  là-dessus  :  je  demande  donc,  Messieurs,. 
votre  avis  motivé  et  par  écrit  sur  ce  point. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

f  J.  J.  Etèque  de  Montréal. 
[Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 


4'»  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  ifeîôs'TRÉAL, 

Montréal,  le  7  août  1838. 
Messieurs, 

Je  désire  que  vous  me  répondiez  au  plus  tôt,  s'il  vous 
plaît,  aux  questions  suivantes  : 

Combien  il  y  a  d'écoles  de  garçons  dans  vos  Paroisses  ; 

Combien  d'écoles  de  filles; 

Combien  d'écoliers  ou  d'écolières  fréquentent  ces 
écoles  ; 

Enfin,  ce  qu'on  enseigne  dans  ces  écoles,  de  plus  que 
la  lecture  et  l'écriture. 

Dans  les  Paroisses  où  il  se  trouve  plus  que  de  petites 
écoles,  par  exemple  des  espèces  de  Collèges  ou  d'Acadé- 
mies, il  faudrait  marquer  les  diverses  sciences  qu'on  y 
enseigne. 

Ces  renseignements  seront  utiles,  non-seulement  pour 
l'Evêque,  qui  doit  connaître  l'état  de  l'enseignement  dans 
son  Diocèse,  mais  aussi  par  rapport  aux  correspondances 
que  nous  pourrions  avoir  avec  le  gouvernement  sur 
l'éducation  du  pays  :  car  je  sais  d'une  manière  positive, 
qu'on  a  tâché  d'insinuer  aux  étrangers  qu'il  n'y  a  aucune 
espèce  d'instruction,  ou  presqu'aucune  dans  nos  cam- 
pagnes ;  et  il  est  important  que  la  vérité  soit  rétablie. 

Je  suis  véritablement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  Serviteur, 

7  J.  J.  EvÉQUE  DE  Montréal. 
(Pour  Copie.) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  45 

CIRCULAIRE 

A  MESSIEURS  LES  CURÉS  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 

ivlontréal,  le  20  Novembre,  1838. 
Monsitfdr, 

Les  derniers  troubles  civils  qui  malheureusement  ont 
éclaté  dans  notre  Diocèse,  et  Nous  ont  accablé  de  douleur 
exigent  que  nous  recourions  de  nouveau  à  l'auteur  et 
distributeur  de  toutes  grâces,  pour  implorer  sa  miséricorde 
infinie,  et  nous  efforcer  d'appaiser  sa  justice  ;  et  comme  le 
jeûne,  l'aumône  et  la  prière  sont  les  moyens  les  plus 
propres  à  conjurer  les  fléaux  de  la  colère  divine,  Nous 
vous  enjoignons  d'engager  fortement  vos  Paroissiens  à 
ces  bonnes  œuvres,  le  premier  Dimanche  après  la  récep- 
tion de  la  présente,  au  prône  de  la  Messe  paroissiale,  leur 
recommandant  de  notre  part  de  s'abstenir,  le  Vendredi 
sept  de  Décembre  prochain,  de  toute  œuvre  servile,  et  de 
rendre  leurs  prières  et  aumônes  plus  propitiatoires  en 
jeûnant  ce  jour-là.  Le  même  jour,  sept  de  Décembre,  vous 
aurez  soin  qu'il  soit  chanté  dans  votre  Eglise,  pour  obtenir 
un  retour  entier  de  la  tranquillité  publique,  la  Messe  pro 
qudcumque  necessitate^  sans  Gloria  ni  Credo ^  suivie  par  le 
chant  du  Trait  Domine  non  secundùm^  avec  le  verset  Ostende 
JiobiSy  l'oraison  Ne  despicias  et  le  Divinum  auxilium. 

Je  suis  véritablement. 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

(Signé)  \  J.  J.  EvÊQUE  de  Montréal. 

{Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau  Pire.,  Secrétaire. 
5 


46  .MANDEMEMS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT. 


Jean  Jacques  Lartir/ue,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  Saint  Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal^  et 
svffragant  immédiat  de  la  Sainte  Eglise  Romaine. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse:  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Rien  ne  relève  pins,  Nos  Très  -  Chers  Frères,  la 
majesté  du  culte  de  Dieu,  ne  réjouit  plus  le  Peuple 
chrétien,  et  n'est  plus  propre  à  réveiller  la  dévotion  des 
Fidèles  dans  les  pratiques  salutaires  de  la  religion,  que 
les  Fêtes  instituées  par  l'Eglise,  soit  pour  célébrer  nos 
mystères,  soit  pour  honorer  les  saints;  aussi  le  Prophète 
nous  représente-t  il  comme  le  comble  du  malheur  pour 
Sion  la  cessation  de  ses  solennités,  en  nous  montrant  les 
portes  de  son  sanctuaire  détruites,  ses  Prêtres  dans  les 
gémissements,  ses  vierges  dans  le  deuil,  et  elle-même 
plongée  dans  l'amertume.  1  Mais  quand  ceux  sur  qui 
l'Eglise  avait  répandu  ces  richesses  précieuses  de  la  grâce 
viennent  à  les  mépriser,  à  en  abuser,  à  l9s  changer  même 
en  une  source  de  nouveaux  péchés  pour  eux  en  les 
profanant,  alors  l'Eglise  de  Jésus-Christ  toujours  vigilante 
sur  le  bien  de  ses  enfants,  les  prive  de  ces  solennités  dont 
ils  s'étaient  fait  un  sujet  de  condamnation,  et  qu'ils 
avaient  fait  tourner  par  leur  pervisité  au  déshonneur  de 
la  Religion,  fai  en  horreur  vos  solennités.,  2  dit  le  Seigneur 
par  la  bouche  du  Prophète  Isaïe  ;  et  il  n'en  donne  pas 
d'autre  raison  que  les  iniquités  de  son  Peuple.  Ce  sont 
les  mêmes  causes,  ou  du  moins  l'insouciance  des  Fidèles 
de  ce  Diocèse  pour  l'observation  des  Fêtes,  qui  engagea 
en  1793  nos  Prédécesseurs-Evêques  à  retrancher  de  la 
liste  des  Fêtes  d'obligation  sept  de  celles  qui  parurent 
moins  faciles  à  observer  par  le  Peuple  ;  et  d'après  les 

1  Jerem.  1,4. 

2  Is.  1,  14  e/  15, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  47 

ordres  du  St.  Siège,  feu  Monseigneur  Hubert  ôta  le 
précepte  de  les  chômer  et  d'entendre  ces  jours-là  la  sainte 
Messe. 

Mais  depuis  cette  époque,  quoiqu'on  eût  conservé  en  ces 
jours-là  la  solennité  des  Offices  pour  satisfaire  la  piété  de 
ceux  qui  désireraient  y  assister,  l'esprit  de  religion,  loin 
d'augmenter,  a  bien  diminué  parmi  nous,  comme  le  prou- 
vent depuis  deux  ans  les  troubles  civils  et  religieux  qui 
ont  régné  dans  ce  diocèse  ;  car  si  nous  avions  suivi  fidè- 
lement les  règles  de  la  Foi,  qui  nous  avaient  été  proposées 
par  nos  Pasteurs,  jamais  nous  n'aurions  été  plongés  dans 
les  malheurs  qui  sont  venus  fondre  sur  nous.  De  plus,  il 
Nous  est  revenu,  de  la  part  de  nos  coopérateurs  dans  le 
saint  ministère,  une  infinité  de  plaintes  sur  les  péchés 
énormes  et  continuels  auxquels  donnait  occasion  pour  les 
mauvais  chrétiens  la  célébration  de  ces  Offices;  et  mal- 
heureusement Nous  nous  sommes  assurés  que,  depuis 
longtemps,  ces  jours  de  Fêtes,  sources  de  grâces  pour  un 
très  petit  nombre  d'âmes  ferventes,  servaient  généralement 
de  prétexte  à  l'oisiveté  scandaleuse  et  aux  désordres  de 
toute  espèce  commis  par  la  grande  majorité  de  ceux  qui, 
sans  mettre  le  pied  dans  l'église  ces  jours-là,  les  passent 
dans  les  excès,  dont  le  moindre  est  la  dissipation  et  l'inu- 
tilité. Sur  la  totalité  des  Pasteurs  que  Nous  avons  consul- 
tés dans  les  différentes  Paroisses  sur  cet  objet,  à  peine 
s'en  trouve-t-il  une  douzaine  qui  ne  voie  pas  la  nécessité 
urgente  de  la  suppression  des  Offices  publics  dans  les  Fêtes 
de  dévotion,  tandis  que  les  autres  demandent  instamment 
cette  mesure,  et  motivent  fortement  leur  demande. 

A  ces  causes,  le  saint  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  muni 
d'un  Induit  du  St.  Siège  du  7  Janvier  1838  qui  Nous  y 
autorise,  Nous  statuons  et  ordonnons  ce  qui  suit. 

De  ce  jour  à  l'avenir,  les  Prêtres  à  charge  d'âmes  dans 
ce  diocèse  ne  célébreront  plus  d'Offices  publics  dans  leurs 
Eglises,  les  seconde  et  troisième  Fériés,  dans  l'Octave  de 
Pâques,  les  seconde  et  troisième  Fériés  dans  l'Octave  de 
la  Pentecôte,  le  dernier  jour  de  l'Octave  de  la  Fête-Dieu, 


48  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

excepté  le  salut  du  saint  Sacrement  qu'ils  donneront  le 
soir  comme  dans  les  autres  jours  de  cette  octave,  ni  le  26 
et  le  27  de  décembre,  à  moins  que  ces  jours  ne  tombent 
le  Dimanche  ;  et  en  cela  Nous  dérogeons  expressément 
aux  divers  Mandements  de  nos  Illustres  Prédécesseurs  sur 
cette  matière,  et  spécialement  à  celui  du  28  octobre  1793. 
Nous  exhortons  les  Fidèles  à  vaquer  tous  ces  jours-là  aux 
travaux  ordinaires  de  leur  profession,  de  leur  métier,  ou 
de  leur  emploi,  en  sorte  qu'il  ne  leur  reste  point  de  temps 
dans  la  journée  pour  s'adonner  à  ce  qui  serait  défendu. 

Nous  devons  aussi,  Nos  Très-Ghers  Frères,  vous  engager 
de  tout  notre  pouvoir  à  multiplier  les  Ecoles  Chrétiennes 
pour  l'éducation  de  vos  enfants,  objet  qui  devrait  être  si 
cher  à  vos  coeurs  ;  et  si  ce  sont  des  Ecoles  établies  sous  la 
conduite  et  le  contrôle  des  Fabriques,  conformément  aux 
statuts  provinciaux  do  1824  et  1827,  Nous  serons  toujours 
disposé  à  les  favoriser  et  à  les  encourager,  autant  qu'il 
sera  compatible  avec  la  décence  du  Culte  public,  par 
l'apphcation  des  deniers  de  l'église  à  cette  bonne  œuvre, 
quand  on  Nous  le  demandera.  Mais  remarquez  que  ce 
doit  être  des  Ecoles  vraiment  Chréliennes^  où  l'on  ne  se 
contente  pas  de  donner  l'instruction  littéraire,  qui  est  la 
plus  petite  partie  de  l'éducation  d'un  homme  civilisé  ;  et 
qu'on  y  insiste  principalement  sur  ce  qui  forme  la  jeu- 
nesse aux  bonnes  mœurs  et  à  la  piété  :  qu'elles  soient  par 
conséquent  tenues  par  des  Maîtres  et  Maîtresses  Catholi- 
ques, reconnus  capables  parla  régularité  de  leur  conduite 
et  leur  science,  qui  n'y  admettent  pas  ensemble  des  per- 
sonnes de  différent  sexe  en  opposition  aux  lois  canoniques 
et  civiles,  qui  soient  aussi  jaloux  de  rendre  leui-s  élèves 
habiles  dans  les  dogmes  et  les  devoirs  de  la  rehgion  que 
dans  les  lettres,  et  qui  ne  les  instruisent  que  dans  des 
livres  approuvés  par  l'Eglise.  Car  il  se  répand  depuis  quel- 
que temps,  même  dans  les  campagnes,  une  foule  de  livres 
dangereux  ou  suspects,  dont  vous  devez  sagement  vous 
défier,  des  Bibles  ou  Nouveaux  Testaments  falsifiés,  des 
pamphlets  hérétiques  ou  d'une  morale  toute  humaine 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS,  49 

Souvenez-vous  qu'un  Catholique  ne  peut  lire  dans  toute 
sa  pureté  l'Ecriture  sainte,  quoiqu'elle  soil  une  partie  de 
la  parole  de  Dieu,  qu'à  l'aide  de  la  Tradition  qui  est  l'autre 
partie  de  cette  parole  divine,  et  avec  tout  le  respect  qui 
lui  est  dû,  et  selon  les  règles  prescrites  par  l'Eglise  ;  et  que 
les  autres  livres,  dont  la  doctrine  vous  est  inconnue,  ne 
devraient  jamais  être  lus  sans  l'examen  et  l'aveu  de  vos 
Pasteurs.  Ah  !  si  tous  vos  enfans  pouvaient  être  instruits, 
dès  leurs  tendres  années,  par  les  Frères  des  Ecoles  Chré- 
tiennes et  par  les  Sœurs  de  la  Congrégation-Notre-Dame, 
comme  plusieurs  ont  le  bonheur  de  l'être  dans  notre  ville 
épiscopale,  quels  fruits  heureux  n'en  résulterait-il  pas  pour 
vos  familles  !  Mais  il  dépend  en  grande  partie  de  vous  de 
procurer  ces  pieux  établissements  à  vos  Paroisses  respec- 
tives, en  favorisant  la  vocation  de  ceux  et  celles  de  vos 
compatriotes  qui  seraient  propres  à  ce  saint  état,  et  en 
leur  fournissant  des  élèves  qui  ensuite  en  formeraient 
d'autres  pour  vos  arrondissements. 

Enfin  Nous  vous  recommandons  de  nouveau  la  société 
inappréciable  de  la  Propagation  de  la  Foi  chez  les  Nations 
sauvages  et  dans  les  autres  Missions  de  ce  diocèse,  telle 
que  Nous  l'établîmes  l'année  dernière,  comme  une  source 
de  salut  pour  vous,  et  pour  vos  frères  à  qui  vous  procure- 
riez par  de  légers  sacrifices  les  biens  éternels.  Non,  il 
n'est  point  au  monde  d'œuvre  plus  méritoire,  plus  hono- 
rable à  la  religion  sainte  dont  vous  faite  profession,  et 
moyennant  laquelle  il  vous  soit  plus  facile  de  gagner  le 
Ciel  et  de  l'^tssurer  aux  autres. 

Et  vous.  Ministres  du  Seigneur  qui  entrez  en  partage  de 
notre  sollicitude  Pastorale,  si  de  simples  Laïques  doivent 
montrer  tant  de  soin  pour  l'éducation  chrétienne  de  leurs 
enfants,  quel  doii  donc  être  le  vôtre  pour  la  formation 
d'Ecoles  Chrétiennes  dans  vos  paroisses,  qui  puissent  vous 
aider  à  l'instruction  ds  chacun  de  ceux  dont  vous  répon- 
dez âme  pour  âme  ?  Cette  bonne  œuvre  est  au  dessus  de 
toutes  les  autres  que  vos  revenus  pourraient  vous  per- 
mettre d'exécuter  dans  vos  bénéfices,  parce  qu'elle  vous 


50  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

assurera  l'influence  raisonnable  que  vous  devez  avoir  sur 
la  jeunesse  confiée  à  vos  soins.  Il  est  défait  que  de  grands 
efforts  sont  en  marche  ou  en  projet  pour  décatholiciser  le 
pays  par  le  moyen  de  l'éducation.  C'est  donc  à  vous  à 
vous  lever  en  masse  pour  défendre  vos  droits  religieux,  et 
arracher  vos  brebis  à  la  gueule  affamée  du  loup  ravissant, 
en  élevant  dans  vos  dessertes  autant  d'Ecoles  Chrétiennes 
qu'il  vous  sera  possible  :  des  dépenses  pour  cet  objet  doi- 
vent même  paraître  plus  urgentes  à  vos  yeux  que  la  déco- 
ration des  églises,  pourvues  d'un  nécessaire  décent  ;  car, 
selon  Tesprit  de  Jésus  Christ,  il  vaut  mieux  orner  les 
temples  vivants  du  St.  Esprit,  que  nos  temples  matériels, 
quelque  respect  qu'ils  méritent.  Mais  surtout  armez-vous 
de  vigilance  pour  empêcher  la  dissémination  dans  vos 
paroisses  de  livres  hétérodoxes  ou  dangereux  :  répandez  y 
vous  mêmes  des  ouvrages  pieux  et  solides,  qui  puissent 
servir  de  contre-poison  au  déluge  de  pamphlets  pernicieux 
dont  on  prétend  inonder  le  pays  ;  et  que  la  doctrine  ainsi 
que  la  conduite  des  Maîtres  et  Maîtresses  d'Ecoles  soit 
l'objet  principal  de  votre  attention. 

Nous  n'avons  pas  besoin  d'exciter  votre  zèle  pour  l'éta- 
blissement de  l'Association  de  la  Propagation  de  la  Foi  en 
ce  Diocèse  :  vous  en  connaissez  trop  bien  l'importance,  et 
vous  savez  assez  à  quoi  votre  état  môme  vous  oblige  pour 
l'extension  du  Royaume  de  Dieu  :  mais  Nous  devons 
observer  que  celte  œuvre,  quelqu'érainente  qu'elle  soit, 
ne  réussira  jamais,  du  moins  dans  l'étendue  dont  elle  est 
susceptible,  sans  que  vous  y  mettiez  vous-même  la  main, 
surtout  pour  former  les  sections,  les  renouveler  quand 
elles  se  dissolvent,  les  tenir  en  union  et  correspondance 
entre  elles  et  avec  les  centuries,  enfin  dissiper  les  préjugés 
et  les  prétextes  qui  pourraient  en  retarder  la  marche  ;  car 
c'est  ici  l'œuvre  de  Dieu  par  excellence,  et  conséquem- 
ment  le  monde  doit  la  contredire. 

Nous  avons  vu  avec  plaisir  que  l'année  dernière  un 
grand  nombre  d'entre  vous  se  sont  portés  d'eux-mêmes  à 
se  renouveler  dans  des  Retraites  Spirituelles,  où  ils  se  sont 


CIRCULA.1RES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  51 

édiliés  mutuellement,  sans  parler  du  bien  immense  qui  en 
a  rejailli  ensuite  sur  leurs  Paroisses;  car  quelque  fervents 
que  vous  puissiez  être,  il  est  impossible,  dit  le  Grand  St 
Léon,  que  les  cœurs,  même  les  plus  religieux,  ne  contrac- 
tent quelque  souillure  par  le  commerce  qu'ils  sont  obligés 
d'avoir  avec  le  monde,  et  qu'ils  n'aient  souvent  besoin  de 
quelques  exercices  extraordinaires  pour  se  renouveler 
dans  leur  ferveur  primitive  :  necesse  est  de  mundano 
pulvere  etiam  religiosa  corda  sordescere.  1  Nous  vous  enga 
geons  donc  fortement  à  continuer,  et  même  à  généraliser 
une  si  louable  pratique  ;  et  de  notre  côté.  Nous  ferons 
tout  ce  qui  est  en  notre  pouvoir  pour  la  favoriser. 

Par  induits  du  Siège  Apostolique,  datés  le  11  décembre 
1837,  Nous  introduisons  dans  ce  Diocèse  l'Office  et  la 
Messe  du  Bienheureux  Alphonse  de  Liguori,  Confesseur- 
Pontife,  et  de  Ste.  Philomène,  Vierge  et  Martyre,  confor- 
mément aux  feuilles  de  Rubriques  que  Nous  avons  fait 
dresser  et  déposer  chez  l'Imprimeur  du  présent  Mande- 
ment; et  Nous  ordonnonsque  ces  Fêtes,  Doubles- mineurs, 
seront  par  vous  célébrées  chaque  année  à  l'avenir,  la  pre- 
mière le  deux  d'Août,  et  la  seconde  le  onze  du  même 
mois.  Vous  n'ignorez  pas.  Messieurs,  avec  quelle  dévotion 
s'est  étendu  par  toute  l'Europe,  et  même  en  Canada,  le 
culte  de  Ste.  Philomène  depuis  l'heureuse  invention  de 
ses  Reliques  ;  et  vous  savez  avec  quelle  activité  le  Bien- 
heureux Evêque  de  Ste.  Agathe  s'est  employé  durant  sa 
longue  vie  à  la  sanctification  du  Clergé.  Ce  sont  ces  motifs 
qui  Nous  ont  excité  à  proposer  ces  nouveaux  modèles  de 
vertus  à  votre  imitation,  et  à  vous  les  donner  pour  protec- 
teurs, en  vous  les  faisant  honorer  d'une  manière  plus 
spéciale. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  Prône  de  la 
Messe  dans  toutes  les  Paroisses  et  au  Chapitre  dans  toutes 
les  Communautés  Religieuses  de  ce  Diocèse,  le  premier 
Dimanche  après  sa  réception. 

l  Serm.  4,  de  Quadragesim. 


b1  MANDEAIEÎ^TS,  LETTRES  PASTORALES, 

Donné  à  Montréal  le  douze  Mars  mil-huit-cent-tiente- 
neuf,  sous  notre  Seing,  le  Sceau  du  Diocèse,  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire. 

L   i  S. 

J.  J.  EvÈQUE  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur^ 

A,  F.  Truteau.  Pire,  Secrétaire 

N.  B.— On  ne  lira  au  Prône  que  la  première  partie  de 
ce  Mandement  qui  regarde  le  peuple  :  le  reste,  qui  com- 
mence par  Et  vous^  Ministres  du  Seigneur,  et  ne  concerne 
que  les  Prêtres,  est  pour  la  lecture  des  seuls  Ecclésiasti- 
ques ;  et  celui  qui  lira  le  Mandement  au  Prône,  dès  qu'il 
aura  fini  ces  mots,  et  de  rassurer  aux  autres,  passera  immé- 
diatement à  ceux-ci,  Sera  le  présent  Mandement,  etc.,  jusqu'à 
la  fin. 


CIRCULAIRE 

A  Messieurs  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal. 


Montréal,  le  20  Avril  1839. 
Messieurs, 

Il  Nous  est  revenu  de  diverses  parties  de  ce  Diocèse 
qu'un  grand  nombre  de  familles  et  de  personnes  se  trou- 
vent en  ce  moment  plongées  dans  une  profonde  misère, 
avec  peu  ou  point  de  ressources  pour  se  procurer  un  meil- 
eur  avenir.  Notre  cœur  saigne  à  la  vue  de  tant  de  maux 
accumulés  sur  notre  patrie  ;  et  nous  ne  doutons  pas  que 
les  vôtres,  sensibles  comme  ils  le  sont,  et  animés  par  les 
plus  vives  émotions  de  la  charité  chrétienne,  ne  s'empres- 
sent à  secourir  ceux  qui  souffrent  dans  chacune  de  vos 
Paroisses  respectives,  surtout  en  fournissant  aux  pauvres 
gens  de  la  campagne  les  moyens  d'ensemencer  la  terre 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  53 

dans  la  saison  présente.  Je  vous  exhorte  donc  dans  les 
entrailles  de  Jésus-Christ  de  rassembler  tous  vos  Parois- 
siens les  plus  aisés,  dont  il  y  a  toujours  un  certain  nombre 
dans  chaque  paroisse,  et  de  les  engager  à  former  des 
Comités,  auxquels  vous  donnerez  vous-mêmes  les  soins 
les  plus  assidus,  comme  de  bons  Pasteurs  qui  ont  à  cœur 
de  paître  leurs  brebis,  afin  d'amasser  et  de  distribuer 
équitablement  de  la  nourriture  à  ceux  gui  ont  faim,  des- 
habits à  ceux  qui  sont  nus,  et  particulièrement  de  quoi 
semer  à  ceux  qui  désirent  récolter  par  leur  travail.  Vous 
vous  montrerez  par  là  les  enfants  de  votre  Père  Céleste, 
et  les  parfaits  observateurs  de  sa  Loi  :  qui  enim  diligit 
proximum,  legem  implevit  :  Rom.  13,  8. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Messieurs, 

Votre  très-humble  et  obéissant  Serviteur, 

j   J.   J.,    EvÈQUE  DE  MONTRÉAL- 

(Pour  Copie,) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

A     MESSIEURS    LES   PRETRES    ET    AUTRES    ECCLÉSIASTIQUES    DU 
DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  le  21  Juilllet  1839. 
Messieurs, 

Nous  vous  informons  que  les  dernières  nouvelles  d'Eu- 
rope attestent  d'une  manière  certaine  que  la  cérémonie  de 
la  Canonisation  du  Bienheureux  Alphonse-Marie  de  Liguori. 
dont  Nous  avons  déjà  introduit  TOffice  dans  le  Calendrier 
de  ce  Diocèse,  a  eu  lieu  à  Rome  le  26  de  Mai  dernier  ;  et 
qu'en  conséquence,  cet  illustre  Pontife  doit  à  l'avenir  être 
honoré  dans  la  Messe  et  dans  le  Bréviaire  sous  le  titre  de- 
Saint. 


:54  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Nous  VOUS  avertissons  aussi  que,  par  Induit  du  Souve- 
rain Pontife,  daté  le  17  de  Février  dernier,  tous  les  Ecclé- 
siastiques obligés  au  Bréviaire  dans  ce  Diocèse  seront 
tenus  à  l'avenir  de  réciter,  le  Vendredi  après  l'Octave  du 
Saint  Sacrement,  l'Office  du  Sacré  Coeur  de  Jésus,  comme 
Fête  double-majeure  ;  et  que  les  Prêtres  qui  célébreront 
la  Messe  ce  jour-là  diront,  avec  des  ornemens  blancs,  la 
Messe  de  cette  même  Fête,  telle  qu'elle  est  usitée  à  Rome  : 
on  trouvera,  chez  l'Imprimeur  de  la  présente  circulaire, 
l'Office  et  la  Messe  ci-dessus  annoncés. 

De  plus,  notre  devoir  Nous  force  à  vous  prévenir  qu'une 
nouvelle  Propagande  hérétique,  dont  Nous  n'avons  connu 
que  dernièrement  l'existence,  a  eu  la  confiance,  le  8  Avril 
dernier,  de  s'afficher  publiquement  en  cette  ville,  sous  le 
titre  ou  avec  le  dessein  avoué  de  former  une  Société  de 
Missionnaires  pour  la  conversion,  disent-ils,  des  Canadiens- 
Français.  Leur  plan  semble  lié  avec  le  projet  d'introduire 
en  ce  pays  un  certain  nombre  de  Maitres-d'école,  Apostats 
ou  autres  anti-Catholiques  parlant  Français,  avec  un 
déluge  de  Bibles  corrompues  ou  interprêtées  à  leur  guise, 
et  une  foule  d'autres  pamphlets  analogues.  Ils  ont  même 
osé  donner,  pour  motif  de  cette  recrudescence  parmi  eux 
d'un  zèle  si  peu  mesuré,  une  prétendue  diminution  de 
l'influence  des  Curés  Catholiques  sur  leurs  Paroissiens  en 
ce  pays  :  mais  Nous  sommes  convaincu  que  vous  faire 
connaître  le  mal,  c'est  assez  vous  en  indiquer  le  remède  ; 
et  que  vous  veillerez  si  bien  sur  votre  Troupeau  pour  le 
préserver  de  la  fureur  des  loups,  que  les  ennemis  de  notre 
Sainte  Religion  tireront  de  leurs  calomnies  contre  elle 
toute  la  confusion  qu'ils  méritent. 

Pour  ce  qui  concerne  l'obligation  qu'ont  les  Pasteurs 
des  âmes  de  résider  personnellement  dans  leurs  Paroisses, 
quelques  abus,  qui  paraissent  s'introduire  en  certaines 
parties  de  notre  Diocèse,  Nous  engagent  à  avertir  charita- 
blement ceux  qui  partagent  avec  Nous  le  fardeau  du  Saint 
Ministère,  que  cette  résidence,  qu'ils  peuvent  regarder 
•comme  de  Droit  divin,  doit  être  à  peu  près  continuelle  pour 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  55 

eux  ;  en  sorte  qu'il  leur  faut  de  graves  raisons  pour  s'ab- 
senter de  leur  Troupeau,  d'après  le  Saint  Concile  de 
Trente.  (Sess.  23,  cap.  1,  de  Réform.)  :  que  les  sacrées 
Congrégations  de  Rome  ont  déclaré  que  les  Pasteurs  ne 
peuvent  s'absenter  une  semaine  sans  permission  par  écrit 
de  l'Evêque,  même  en  laissant  à  leur  place  un  Prêtre  qui 
ait  jurisdiction  ;  et  que  le  Concile  Romain,  sous  Benoit 
XIII,  en  1725,  défend  aux  Curés  de  quitter  leurs  Paroisses 
pour  plus  de  deux  jours  sans  permission  par  écrit  de 
l'Ordinaire.  Nous  ne  prétendons  pas  néanmoins  urger 
strictement  l'exécution  littérale  de  ces  Décrets  dans  notre 
pays  :  mais  ces  décisions  respectables  peuvent  donner  du 
moins  aux  Curés  une  idée  de  leurs  obligations  en  fait  de 
résidence  ;  et  Nous  ordonnons  qu'aucun  Prêtre,  ayant  la 
conduite  des  âmes,  ne  s'absente  à  l'avenir  de  ce  Diocèse 
sans  une  permission  écrite  de  notre  part,  excepté  pour  se 
rendre  à  quelque  lieu  sur  lequel  il  aurait  déjà  jurisdic- 
tion dans  un  autre  Diocèse. 

Mais  le  point  le  plus  important,  et  qui  fait  l'objet  prin- 
cipal de  cette  circulaire,  c'est  la  Retraite  spirituelle,  que 
Nous  vous  annonçons  comme  devant  avoir  lieu  pour  les 
Prêtres  de  ce  Diocèse  dans  le  cours  du  mois  prochain,  et 
à  laquelle  Nous  invitons  seulement  Messieurs  les  Curés 
pour  cette  fois,  à  cause  du  besoin  que  Nous  aurons  des 
autres  Prêtres  pour  suppléer  les  Retraitants  pendant  ce 
temps  là.  Depuis  plusieurs  années,  nous  avions  appris  de 
diverses  parts  et  à  différentes  reprises  qu'on  désirait 
ardemment  voir  s'établir  dans  ce  Diocèse  des  Exercices 
spirituels  et  annuels  pour  les  Ecclésiastiques  ;  et  qu'un 
grand  nombre  des  Membres  du  Clergé  se  plaignait  d'être 
privé  d'un  secours  si  important,  accordé  à  beaucoup  d'au- 
tres Diocèses  du  monde  chrétien  :  mais  il  Nous  avait  été 
impossible  de  satisfaire  là-dessus  les  vœux  des  Prêtres  de 
bonne  volonté,  qui  étaient  aussi  les  nôtres.  Maintenant 
donc  que  Nous  croyons  levés  tous  les  obstacles  qui  s'y 
opxjosaient,  Nous  nous  hâtons  de  vous  en  prévenir  avec 
joie.  Nous  avons  maintenant  les  moyens  de  remplacer 


56  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

dans  leurs  Paroisses  tous  les  Curés  en  leur  absence.  Mes- 
sieurs du  Séminaire  de  St.  Sulpice  offrent  bien  volontiers 
leur  vaste  Collège,  avec  la  Chapelle  y  attenante,  pour  être 
un  lieu  de  réunion  à  tous  les  Retraitants;  et  ils  se  porteront 
d'ailleurs,  avec  tout  le  zèle  qu'on  leur  connaît,  à  favoriser 
ces  exercices,  soit  en  se  dévouant  à  la  direction  de  la 
Retraite,  soit  en  allant  garder,  comme  les  autres  Prêtres 
libres,  les  Cures  vides.  D'autres  circonstances,  ménagées 
par  la  Providence,  Nous  persuadent  qu'aujourd'hui  Nous 
pouvons  vous  dire,  comme  autrefois  Jésus-Christ  à  ses 
Apôtres;  Vinite  seorsum  in  desertum  locum ;  et  requiescite 
pusillum.  Marc.  6,  31.  En  conséquence, 

1»  Nous  engageons  corde  magno  et  animo  volenti,  sans 
pourtant  leur  en  faire  un  précepte,  tous  les  Curés  de  notre 
Diocèse  à  se  rassembler,  cette  année,  dans  le  Collège  de 
Montréal,  pour  y  faire  ensemble  la  Retraite  Spirituelle, 
qui  commencera  le  Mercredi,  21  au  soir  du  mois  prochain, 
et  finira  le  Vendredi  matin,  30  du  môme  mois. 

2o  Nous  espérons  pouvoir  aussi  procurer  le  môme  avan- 
tage aux  autres  Prêtres,  dans  quelque  temps  de  l'année 
dont  ils  seront  avertis. 

3"  Nous  avons  réglé  comme  suit  la  desserte  des  Cures, 
pour  que  rien  n'y  souffre  en  l'absence  de  leurs  Pasteurs. 
Mr.  gardera  , 

avec  les  pouvoirs  ordinaires  des  Vicaires  du  Diocèse  dans 
ces  Paroisses  ;  et  il  y  binera  le  Dimanche.  Les  Curés  de 
ces  lieux  s'entendront  ensemble  pour  envoyer  chercheret 
ramener  ce  Prêtre  desservant,  afin  qu'il  réside  dans,  ou 
visite  chacune  de  ces  Paroisses  en  des  jours  déterminés 
qui  seront  annoncés  aux  Paroissiens  ;etque  ceux-ci  sachent 
où  aller,  quand  ils  auront  besoin  de  son  Ministère. 

4°  Le  Dimanche  avant  le  commencement  de  la  Retraite, 
il  serait  utile  que  chaque  Curé  prévînt  ses  Paroissiens  du 
temps  et  des  motifs  de  son  absence  ;  les  exhortant  à  unir 
leurs  prières  à  celles  des  Retraitants,  pour  obtenir  que 
l'esprit  ecclésiastique  se  répande  abondamment  sur  tout 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  57 

le  Corps  Pastoral  :  une  telle  annonce,  bien  faite,  ne  peut 
être  qu'un  grand  sujet  d'édification  pour  les  Fidèles. 

50  Gomme  il  est  nécessaire  de  connaître  d'avance  le 
nombre  des  Retraitants,  afin  de  déterminer  et  faire  les 
préparatifs  convenables  pour  une  honnête  réception  ; 
vous  voudrez  bien  Nous  marquer,  aussitôt  que  possible, 
si  vous  vous  rendrez  à  cette  Retraite  :  car,  quoique  Nous 
n'en  imposions  à  personne  l'obligation,  Nous  sommes 
persuadé  que  chacun  de  vous  s'en  fera  un  devoir,  et 
s'empressera  de  profiter  d'un  moyen  si  efficace  pour  se 
renouveler  dans  l'esprit  intérieur  de  sa  sainte  vocation.  Eph- 
4,23. 

Je  suis  bien  sincèrement. 

Messieurs, 

Votre  très  humble  serviteur, 

-|-  J.  J.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
(Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 

N.  B. — Ceux  qui  se  sont  chargés  de  pourvoir  au  matériel 
pendant  la  Retraite,  désirent  que  chacun  apporte  avec  soi 
un  Nouveau  Testament  ou  une  Bible,  une  Imitation  de 
Jésus-Christ,  et  quelques  livres  qui  traitent  des  devoirs 
ecclésiastiques. 

A.  F  T.,  P.  S. 


CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS   LES    CURÉS   DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  le  24  Octobre  1839. 
Monsieur, 

Monseigneur  l'Archevêque  de  Québec  ayant  adressé,  le 
29  Août  dernier,  une  Circulaire  aux  Curés  de  son  Diocèse, 
pour  les  engager  à  faire  exécuter,  en  faveur  de  leurs 
EgUses,  l'Ordonnance  du  Conseil  Spécial  qui  permet  aux 


58  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Paroisses,  et  autres  Congrégations  religieuses,  établies  à 
la  Campagne,  d'acquérir  des  terrains  ;  j'ai  cru  devoir 
adopter,  pour  le  Diocèse  de  Montréal,  cette  même  circu- 
laire, afin  qu'il  y  ait  conformité  entre  les  deux  Diocèses 
dans  les  procédures  à  suivre  pour  parvenir  aux  fins  de 
cette  Ordonnance.  Je  n'ai  fait  qu'insérer  dans  celle-ci  les 
changements  requis  par  le  local. 

Le  but  principal  de  la  présente  est  de  vous  inviter  à 
profiter  des  dispositions  de  l'Ordonnance  de  la  2e  Victoria, 
chap.  26,  passé  récemment  par  le  Conseil  Spécial,  pour 
assurer  à  votre  paroisse  la  propriété  du  terrain  (ou  des 
terrains)  dont  elle  est  maintenant  en  possession. 

Pour  cela,  il  s'agit  d'envoyer  d'ici  au  19  Mars  1841,  au 
Greffe  de  votre  District,  pour  y  être  enregistrés,  les  titres 
de  terrain  (ou  de  ces  terrains)  avec  la  description  d'icelui 
(ou  d'iceux),  dressée  en  bonne  forme  par  un  arpenteur 
juré.  Vous  aurez  donc  soin,  aussitôt  après  la  réception 
de  la  présente,  d'assembler  les  Marguillers  de  votre 
paroisse,  pour  les  engager  à  mettre  à  effet,  conjointement 
avec  vous,  ma  présente  recommandation,  et  surtout  à  faire 
arpenter  sans  délai  le  terrain  (ou  les  terrains)  sus-men- 
tionné,  s'il  n'a  pas  été  déjà  arpenté,  afin  que  le  procès 
verbal  de  l'arpenteur  soit  joint  aux  titres  en  vertu  des 
quels  la  fabrique  de  votre  paroisse  jouit  du  dit  terrain  (ou 
des  dits  terrains),  lorsque  ces  titres  seront  envoyés  au 
Greffe. 

Il  serait  à  propos  que,  dans  le  cas  ou  le  dit  terrain  (ou 
les  dits  terrains)  n'aurait  pas  encore  été  borné,  l'on  profitât, 
de  cette  occasion  pour  faire  cette  opération  avec  le  concours 
des  voisins  qui  devraient  y  être  appelés  comme  parties 
intéressées.  Si  ceux-ci  refusaient  leurs  concours,  l'on  se 
contenterait  de  faire  mesurer  simplement  le  terrain  (ou 
les  terrains)  dont  la  fabrique  a  la  jouissance. 

Il  faudra  joindre  aux  titres  et  au  procès  verbal  que  l'on 
enverra  au  greffe  pour  l'enregistrement,  une  résolution 
de  fabrique  rédigée  à  peu  près  dans  la  forme  ci-jointe, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  59' 

cette  formalité  paraissant  convenable,  d'après  un  proviso 
de  la  seconde  clause  de  TOrdonnance  précitée. 

A  défaut  de  titres  prouvant  que  votre  fabrique  a  la 
propriété  de  tel  terrain  (ou  de  tels  terrains),  il  faut  envoyer 
au  greffe  un  certificat  authentique  de  sept  propriétaires 
ou  tenanciers  de  votre  paroisse  ou  des  environs,  attestant 
que  la  dite  fabrique  est  en  paisible  possession  du  dit  terrain 
(ou  des  dits  terrains)  depuis  dix  ans,  avec  la  mesure  et 
description  d'icelui  (oud'iceux)  faite  par  un  arpenteur  juré. 
Je  joins  à  la  présente  un  modèle  dont  on  pourra  faire 
usage  dans  le  rédaction  de  ce  certificat. 

Si  votre  fabrique  se  trouve  dans  l'obligation  de  faire- 
faire  un  procès  verbal  d'arpentage  du  terrain  (ou  des 
terrains)  qui  lui  appartient,  ayez  soin  de  recommander  à 
l'arpenteur  de  mentionner  dans  son  procès  verbal  qu'il  a 
été  requis  d'opérer  par  Messieurs  N.  Curé  de  la  Paroisse 
de  N.  Comté  de  District  de  et  N.  N.  et  N. 

Marguillers  en  exercice  de  la  Fabrique  de  la  dite  paroisse.- 

J'ai  pensé  que,  pour  suivre  une  marche  uniforme  de 
prévenir  toute  méprise  de  la  part  des  commissaires  que 
vous  pourriez  charger  de  présenter  au  greffe  les  pièces  en 
question,  il  serait  avantageux  qu'il  y  ait  en  ce  District  un 
agent  à  qui  vous  puissiez  confier  ce  soin  avec  la  certitude 
de  voir  vos  intentions  remplies  à  la  lettre.  M'étant  assuré, 
pour  cet  objet,  des  services  de  Messieurs  Thomas  Bédouin 
et  Z.  J.  Truteau,  Notaires  en  cette  ville,  je  vous  invite  à 
leur  transmettre,  selon  l'occurrence,  les  papiers  dont  il  est 
fait  mention  plus  haut.  J'autorise  d'avance  votre  fabrique 
à  faire,  à  même  les  deniers  dont  elle  a  l'administration, 
toutes  les  dépenses  nécessaires,  tant  pour  payer  les  frais 
de  l'arpentage  et  du  greffe,  que  pour  rémunérer  l'agent  de 
son  travail. 

Lorsque  vous  adresserez  à  l'agent  les  papiers  en  ques- 
tion, faites  en  sorte  qu'ils  soient  accompagnés  d'une  somme 
suffisante  pour  payer  les  honoraires  du  greffier,  tels  que 
fixés  par  la  quatrième  clause  de  l'Ordonnance,  laquelle 
doit  être  maintenant  entre  vos  mains. 


-êO  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Si  votre  fabrique  ne  possède  qu'une  petite  étendue  de 
terrain,  et  qu'elle  soit  en  moyen  d'en  acquérir  une  plus 
grande,  je  vous  engage  à  faire  tous  vos  efforts  pour  qu'elle 
profite  de  l'occasion  que  lui  offre  l'Ordonnance,  de  faire 
une  acquisition  qui  pourrait  lui  être  utile  par  la  suite^ 
.ainsi  qu'à  sa  paroisse. 

Quant  aux  Missions,  ou  autres  Congrégations  religieu- 
ses, qui  ne  sont  pas  reconnues  comme  paroisses  au  Civil, 
elles  suivront  les  directions  suivantes  dans  l'acquisition  de 
terrains. 

Les  paroisses  qui  ne  sont  pas  érigées  civilement,  ou  les 
congrégations  religieuses  qui  se  trouvent  dans  quelques 
lieux  non  compris  dans  les  limites  de  paroisses  légales, 
peuvent  acquérir  la  quantité  de  200  acres  de  terrain  qui 
seront  amorties  à  leur  profit,  en  observant  les  formalités 
suivantes  : 

1. — Convoquer  en  la  manière  accoutumée  une  assem- 
iDlée  des  habitants  francs-tenanciers  de  la  dite  paroisse  ou 
de  la  congrégation  religieuse  de  telle  seigneurie  ou  partie 
de  seigneurie,  ou  de  tel  township  ou  partie  de  township, 
à  l'effet  d'élire  des  syndics  qui  auront  le  droit  d'acquérir 
et  de  posséder  au  nom  de  la  dite  paroisse  ou  congrégation 
religieuse  une  quantité  de  terrain  n'excédant  pas  200 
acres. 

2. — Dans  cette  assemblée  nommer  un  ou  plusieurs 
syndics  (le  nombre  de  cinq  est  celui  qui  convient  le  mieux), 
dont  un  devrait  être  le  curé  ou  desservant  de  la  dite 
paroisse  ou  congrégation  religieuse.  Dresser  un  acte 
•d'élection  dans  la  forme  suivante  : 

«  Aujourd'hui  le  N.  du  mois  de  N  de  l'année  de  N.  à 
une  assemblée  de  la  paroisse  (ou  congrégation)  catholique 
de  N.  dans  le  Diocèse  de  Mont-éal,  convoquée  selon  l'usage 
par  nous  soussigné  curé  ou  desservant  de  la  dite  paroisse 
/ou  congrégation  religieuse),  la  susdite  assemblée  a  choisi 
comme  syndics  pour  acquérir  et  posséder  au  profit  de  la 
'dite  paroisse  (ou  congrégation)  une  quantité  de  terre 
n'excédant  pas  200  acres,  en  vertu  de  l'Ordonnance  de  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  61 

2de  Victoria,  chap.  26,  Messieurs  N.  prêtre,  curé  ou  des- 
servant de  la  dite  paroisse  ^ou  congrégation)  et  N.  N. 
habitants  de  la  même  paroisse  (ou  congrégation),  dont  les 
successeurs  es  dites  qualités  seront  toujours  le  prêtre  des- 
servant de  la  dite  paroisse  ou  congrégation,  et  quatre 
habitants  du  lieu  qui  seront  nommés  par  la  majorité  des 
syndics  eux-mêmes,  à  mesure  qu'il  y  aura  vacance  dans 
la  place  de  l'un  d'entr'eux,  sans  qu'il  soit  besoin,  pour 
leur  élection  d'une  nouvelle  assemblée  de  paroisse  (ou 
congrégation);  et  cela  jusqu'à  ce  que  la  susdite  paroisse 
(ou  congrégation)  étant  civilement  reconnue  comme  pa- 
roisse légale,  la  quantité  de  terrain  acquis  comme  dit  est 
ci-dessus,  tombe  sous  l'administration  de  Messieurs  les 
curés  et  marguilliers  de  la  dite  paroisse.  Fait  au  dit  lieu 
de  N.  les  jour  et  an  que  dessus;  et  ont  signé  avec  nous 
les  sieurs  N.  et  N.  » 

3. — Après  leur  élection,  les  syndics  acquerront  la  quan- 
tité de  terrain  qu'ils  pourront  se  procurer,  en  un  ou  plu- 
sieurs lots,  pourvu  qu'elle  n'excède  pas  200  acres.  Ils 
auront  soin  préalablement  de  faire  mesurer  le  dit  terrain 
par  un  arpenteur  juré  qui  dressera  procès-verbal  de  cettt 
opération. 

4. — Dans  l'acte  d'acquisition  du  dit  terrain,  il  sera  fait 
mention  de  la  manière  dont  se  fera  la  succession  des  dits 
syndics  ;  le  notaire  qui  dressera  l'acte  pourra  se  servir  à 
cet  effet  des  expressions  employées  dans  le  modèle  d'acte 
d'élection  ci-dessus  donné. 

5. — Transmettre  à  Messieurs  Thomas  Bédouin  ou  Z.  J. 
Truteau,  Notaires  à  Montréal,  l'acte  d'élection  des  dits 
syndics,  l'acte  de  l'acquisition  par  eux  faite,  et  le  procès- 
verbal  do  l'arpenteur,  pour  que  le  tout  soit  enregistré  au 
greffe. 

-le  saisis  l'occasion  de  cette  lettre  pour  vous  informer 
que  la  procession  de  St.  Marc,  avec  son  abstinence,  se  fera 
désormais  conformément  à  la  Rubrique  suivante,  en  tout 
fondée  sur  le  rit  Romain  :  «  Si  occurrat  dies  25  april.  in 
«  Dom.  Resurrectionis  Dni.,  tune  juxta  Rubricam  Missalis 


62  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  Rom.  et  Décret.  S.  G.  R.  25  sept.  1627.  Processio  et  Litanise 

«  Majores,  cum  missâ  ejusdem  processionis,  transferuntur 
«  in  fer.  3.  oct.  Pascli.  Si  vero  prœdicta  dies  25  April.  occur- 
«  rat  in  aliâ  quâcumque  die  infrâ  Octav.  Paschœ,  seraper 
«  die  illâ  fit  processio  in  Litaniis  major,  cum  missâ  de 
«  Rogat.  et  prœf.  Pasch.  Tune  etiam  dicuntur  Communi- 
«  cantes  et  Hanc  igitur  Oct.  Pasch.  propria.  Gavant,  tom.  I- 
«  pars.  IV.  titul.  XL  No.  10.  Seraper  autem  fit  abstinentia 
«  à  carnibus  in  Litaniis  Majoribus,  exceptis  Dominicis  et 
«  biduo  post  Dom.  Paschaî.» 

Je  crois  devoir  aussi  vous  annoncer  que,  dans  le  cours 
de  l'été  dernier,  j'ai  reçu  deu.x  députalions  de  difTérenles 
Tribus  sauvages  qui  habitent  la  partie  supérieure  de  ce 
Diocèse,  demandant  comme  une  grande  faveur  d'avoir  des 
Missionnaires  résidents  parmi  eux.  Je  sentais  déjà  aupara- 
vant la  nécessité  de  fixer  dans  ces  quartiers  éloignés,  quel- 
ques Prêtres  qui  fussent  uniquement  consacrés  à  l'instruc- 
tion de  ces  pauvres  infidèles.  Mais  cet  empressement 
qu'ont  montré  ces  Nations  à  rechercher  d'elles-mêmes  le 
bienfait  de  la  foi  me  fait  espérer  que  le  temps  des  miséri- 
cordes est  arrivé  pour  elles.  Je  vous  annonce  cette  heureuse 
nouvelle  afin  que  vous  ayez  un  nouveau  motif  à  offrir  à 
vos  Paroissiens  pour  les  presser  de  tendre  une  main 
secourable  à  des  hommes  si  bien  disposés,  en  s'associant 
à  la  Propagation  de  la  Foi  ;  car  cet  encouragement  m'est 
nécessaire  pour  me  mettre  en  état  d'exécuter  un  plan  si 
désirable,  et  qui  assurerait  le  salut  d'un  grand  nombre 
d'âmes.  Les  besoins  des  Missions  étant  trop  pressants  pour 
attendre  le  temps  ordinaire  où  les  souscriptions  des  associés 
ont  coutume  de  se  payer,  je  vous  prie  d'engager  les  per- 
sonnes chargées  de  les  recevoir  dans  vos  Paroisses,  de 
vouloir  bien  envoyer  au  plutôt  au  trésorier  de  Montréal 
celles  qu'elles  ont  perçues  jusqu'ici.  Elles  serviront  à 
encourager  la  bâtisse  de  plusieurs  chapelles  maintenant 
en  chantier,  et  à  fournir  aux  dépenses  courantes  des  Mis- 
sions. 

Il  est  encore  une  bonne  œuvre  que  je  vous  prie  de  favo- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  63 

riser  :  c'est  l'assistance  que  pourraient  accorder  vos  Fabri- 
ques en  cédant  à  ces  pauvres  Missions  les  Ornements. 
Linges,  Livres,  Vases  sacrés,  etc.,  etc.,  qui,  à  cause  de  leur 
vétusté  sont  de  peu  de  service  dans  les  Eglises  abondam- 
ment fournies,  mais  qui  seraient  une  grande  ressource 
pour  les  Chapelles  naissantes,  qui  manquent  de  tout.  S^ 
vos  Marguilliers  consentent  à  donner  quelques  secours  à 
ces  Missions,  je  donne  toute  permission  nécessaire  à  cet 
effet.  Tous  ces  objets  pourront  être  envoyés  à  mon  Secré- 
taire, qui  sera  chare:é  de  les  faire  réparer  au  besoin  et  de 
les  distribuer  ensuite. 

Agré^,  Monsieur  le  Garé, 

L'assurance  de  mon  sincère  attachement, 

-|-  J.  J.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
(Pour  vraie  copie,) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.  Secrétaire. 

P.  S. — Les  Eglises  de  ce  Diocèse  qui  ont  déjà  acquis 
quelques  terrains  sous  mon  nom,  doivent  s'adresser  au 
plutôt  à  moi  pour  que  je  leur  assure  immédiatement  ces 
terrains  par  donations  entre  vifs,  avant  que  leurs  agents 
puissent  procéder  comme  il  est  marqué  dans  cette  circu- 
laire. 

Y  J.  J.  Ev.  DE  Montréal. 


FORMULE  DACTE  D  ASSEMBLEE,  POUR  PROCEDER  A  L  AMORTISSE- 
MENT DE  LEURS  TERRAINS. 


L'an  mil  huit  cent ,  le jour  du  mois  de 

à  une  assemblée  de  l'OEuvre  et  Fabrique  de  la  Paroisse 

de Comté  de District  de convoquée 

suivant  l'usage,  furent  présents  Messieurs  N.,  Curé  de  la 
dite  Paroisse,  N.  N.  et  N.,  Marguilliers  composant  avec  le 
dit  Sieur  Curé  l'OEuvre  et  Fabrique  de  la  dite  Paroisse  ; 


64  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

lesquels  ont  résolu, — lo.  Que,  pour  assurer  à  icelle 
Paroisse  la  propriété  du  terrain  (ou  des  terrains)  dont  elle 
est  actuellement  en  possession,  il  convient  de  profiter  des 
dispositions  de  l'Ordonnance  de  la  2de  Victoria,  chap.  26, 
à  cet  effet; — 2o.  Que  le  dit  Sieur  Curé,  conjointement 
avec  le  dit  Sieur  N.  Marguillier  en  exercice,  soit  autorisé 
à  faire  les  déboursés  nécessaires  pour  faire  mesurer  le 
dit  terrain  (ou  les  dits  terrains]  par  un  Arpenteur  juré, 
lequel  dressera  un  Procès-verbal  de  son  opération,  et  pour 
faire  enregistrer  le  dit  Procès-verbal  ainsi  que  les  titres 
du  dit  terrain  (ou  des  dits  terrains)  au  Greffe  de  la  Cour 

du  Banc  du  Roi  du  District  de en  cojiformité  à  la 

dite  Ordonnance.  Et  ont  signé  les  dits  Sieurs  N.  N.  et 
N.  ;  les  autres  ayant  déclaré  ne  le  savoir  faire. 


FORMULE  DE  CERTIFICATS   POUR    ATTESTER   LA   POSSESSION"    DES- 
TERRAINS  DE  FABRIQUE. 


Par  devant  les  Notaires,  etc.    Sont  comparus  A,  B,  C, 
D,  E,  F,  G,  tous  propriétaires  de  terres  dans  la  Paroisse 

de Comté  de District  de lesquels  à 

la  demande  et  réquisition  de  M.  N.  Curé  de  la  dite 
Paroisse,  etc.  et  0,  P,  R,  Marguilliers  de  l'Œuvre  et 
Fabrique  d'icelle,  ont  dit,  déclaré  et  certifié,  disent, 
déclarent  et  certifient  par  le  présent,  que  la  Fabrique  de 

la  susdite  Paroisse  de a  été  depuis  plus  de  dix  ans 

et  est  encore  actuellement  en  possession  paisible,  publique 
et  à  titre  de  propriétaire,  du  terrain  (ou  des  terrains) 
désigné  dans  le  Procès-verbal  ci-annexé,  dressé  et  signé 
par  Mtre.  B.,  Arpenteur  juré  [ici  mettez  le  lieu  et  la  date,) 
contenant  le  mesurage  et  description  du  dit  terrain  ; 
desquels  dires,  déclaration  et  certificat  il  nous  a  été 
demandé  acte,  lequel  a  été  octroyé  par  nous  dits 
Notaires,  pour  servir  ce  que  de  raison.     Fait  et  passé,  etc- 

(Pour  copie,) 

A.  F.  T.  P.  S. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  65 

TABLEAU    DES   ARCHIPRETRÉS   ET    DES   ARCHIPRÈTRES    DANS    LE 
DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL,    A  LA  FIN  DE   1839. 


N.  B. — Cette  liste  authentique  déroge  spécialement  à  tout  ce  qui 
avait  été  statué  au  contraire  avant  cette  époque,  sur  les  circons- 
criptions des  lieux  et  les  pouvoirs  juridictionnels  des  personnes, 
dans  les  commissions  précédentes. 

M.  J.  F.  Gagnon.— Ste.  Geneviève  de  Berthier.  St.  Cuth 
bert  de  Berthier.  St.  Barthélemi  du  Chicot.  Ste.  Elisabeth 
de  Bayonne.  St.  Thomas  de  North-Jersey.  St.  Gabriel  de 
Maskinongé.  Ste.  Mélanie  de  Daillebout.  St.  Joseph  de  la 
Noraye. 

M.  ViAU,  V.  G. — L'Assomption  de  la  Ste.  Vierge  à  St. 
Sulpice.  St.  Antoine  de  la  Valtrie.  St.  Sulpice  de  l'Assomp- 
tion. La  Purification  de  Repentigny.  La  Conversion  de 
St.  Paul  à  la  Valtrie.  St.  Henri  de  Mascouche. 

M.  RoMUALD  Paré. — St.  Jacques  le  Majeur  de  l'Achigan. 
St.  Roch  de  l'Achigan.  St.  Lin  de  Lachenaye.  St.  Esprit 
de  l'Assomption.  L'Immaculée  Conception  de  Rawdon. 
St.  Ambroise  de  Kildare. 

M.  DucHARME. — Ste.  Thérèse  de  Blainville.  St.  Augustin 
des  Miile-Isles.  St.  Louis  de  Terrebonne.  Ste  Anne  des 
Plaines.  St.  Eustache  de  la  Rivière  du  Chêne.  St.  Martin 
de  risle-Jésus.  Ste.  Rose  de  l'Isle-Jésus. 

M.  Nie.  Dufresne. — Ste.  Scholastique  du  Lac.  St.  Be- 
noit du  Lac.  St.  Hermas  du  Lac.  St.  André  d'Argenteuil. 
St.  Colomban  du  Lac.  St.  Jérôme  des  Mille-Isles.  Notre- 
Dame  de  Pitié  à  Granville.  Notre-Dame  de  Bonsecours  à 
la  Petite-Nation.  Les  autres  Missions  en  remontant  l'Ou- 
tawa. 

M.  Raizenne. — St.  Charles  de  La  Chenay.  St.  Joseph  de 
la  Rivière-des-Prairies.  L'Enfant- Jésus  de  la  Pointe-aax- 
Trembles.  St.  François  de  la  Longue-Pointe.  La  Visita- 
tion du  Sault  au-Récollet.  St.  Vincent-de-Paul  à  l'isle- 
Jésus. 


66  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

M.  Lefebvre. — Ste.  Geneviève  de  l'Isle  de  Montréal. 
St.  Raphaël  de  l'Isle  Bizard.  St.  Laurent  de  l'Isle  de  Mont- 
réal. Les  Sts.  Anges  Gardiens  de  La  Chine.  St.  Joachim  de 
la  Pointe-Glaire.  Ste.  Anne  du  Bout  de  l'Isie. 

M.  Paul  Archambault.— Ste.  Jeanne  de  Chantai  àl'Isle- 
Perrôt.  St.  Michel  de  Vaudreuil.  Ste.  Magdeleine  de  Ri- 
gaud.  St.  Joseph  de  Soulanges.  St.  Ignace  du  Coteau  du 
Lac.  St.  Polycarpe  de  la  Nouvelle-Longueuil.  L'Annon- 
ciation du  Lac  des  Deux-Montagnes. 

M.  Kelly.— St.  Pierre  de  Sorel.  La  Visitation  de  l'Isle 
du  Pads.  St.  Ours  de  la  Rivière  Chambly.  La  Ste.  Trinité 
de  Contrecœur.  St.  Aimé  de  Barrow. 

M.  Frs,  Demers,  V.  G. — St.  Denis  delà  Rivière  Chambly. 
St.  Antoine  de  Contrecœur.  St.  Jude  de  St.  Ours.  St.  Bar- 
nabe de  St.  Ours.  St.  Charles  de  St.  François  le  Neuf.  St. 
Marc  de  Cournoyer. 

M.  Ed.  Crevier. — St.  Hyacinthe  d'Yamaska.  La  Présen- 

ation  de  St.  Hyacinthe.  St.  Hugues  de  Ramsay.  St.  Simon 

de   Ramsay.    Ste.  Rosalie    d'Yamaska.    St.    Dominique 

d'Yamaska.  St.  Pie-Cinq  de  St.  Hyacinthe.  St.  Damase  de 

St.  Hyacinthe. 

M.  MiGNAULT. — St.  Jean-Baptiste  de  Rouville.  St.  Hiiaire 
de  Rouville.  St.  Mathieu  de  Belœil.  St.  Mathias  de  Cham- 
bly. St.  Césaire  de  St.  Hyacinthe.  St.  Joseph  de  Chambly. 

M.  Morisset. — St.  Jean  Dorchester.  Ste.  Marie  de  Mon- 
noir.  St.  Grégoire  le-Grand  de  Monnoir.  St.  Athanase  de 
Bleury.  St.  George  de  Noyan.  St.  Valentin  de  Léry.  St. 
Luc  de  la  Baronie  de  Longueuil.  Ste.  Catherine  de  Bed- 
ford. 

M.  Manseau,  V.  G. — St.  François-Xavier  de  Verchères. 
Ste.  Anne  de  Varennes.  La  Ste.  Famille  de  Boucherville. 
St.  Antoine  de  Longueuil. 

M.  Power. — La  Nativité  de  la  Prairie.  Ste.  Marguerite 
de  Blainflndie.  St.  Jacques  le  Mineur  de  Léry.  St.  Phi- 
lippe de  la  Prairie.  St.  Cy[.>rien  des  Côtes.  St.  Edouard  de 
St.  George.  St.  Basile  de  Sherrington. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS,  67 

M.  Jos.  Marcoux. — St.  Joachim  de  Ghâteauguay.  St. 
Isidore  de  Ghâteauguay.  Ste.  Philomène  de  Ghâteauguay. 
St.  Rémy  de  la  Salle.  St.  François-Xavier  du  Sault  St. 
Louis.  St.  Gonstant  des  Sauvages. 

N St.  Glément  de  Beauharnois.  Ste.  Martine  de 

Beauharnois.  St.  Timothée  de  Beauharnois.  St.  Anicet  de 
Godmanchester.  St.  Régis  des  Iroquois.  St.  Patrice  d'Hin 
chinbrook.    St.  Malachie  d'Ormstown.  St.  Jean  Ghrysos- 
tome  de  Russeltown.  Les  autres  Missions  en  remontant  le 
St.  Laurent. 

P.  S. — Les  personnes  des  cantons  où  il  n'y  aura  pas 
d'archiprêtre  nommé  pourront  s'adresser,  en  attendant,  à 
celui  qui  se  trouvera  le  plus  à  leur  commodité. 

A  Montréal,  le  21  Novembre  1839. 

J.  J.  EvÉQUE  DE  Montréal. 
{Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 


ADMINISTRATION 

MONSEIGNEUR  IGNACE  BOURGET 

SECOND  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 


Monseigneur  Ignace  Bourget  est  né  à  la  Pointe-Lévi,  le  30  Octobre 
1799.  II  fut  élu  Evêque  de  Telmesse  in  imrtihus  et  Coadjuteur  de 
l'Evèque  de  Montréal  cum  fulura  siiccessione,  le  10  Mars  1837,  et 
consacré  sous  ce  titre  le  25  Juillet  de  la  même  année. 

Le  23  Avril  1840,  il  prit  possession  du  Siège  Episcopal  de  Montréal. 


DILEGTO    FILIO    PRESBYTERO   IGNATIO 
BOURGET. 


GREGORIUS  PP.   XVI. 

Dilecte  Fili,  Salutem  el  Apostolicam  benediclionem.  Cum  Venera- 
bilis  Frater  |Joannes  Jacobus  Lartigue  Episcopus  Marianopolitanu& 
in  inferiori  Canada  a  Nobis  petierit  ut  ei  jam  annum  œtatis  sexagesi- 
mum  agenti,  infirma  valetudine  laboranti,  Coadjutor  cum  jure  futurae 
successionis  deslinetur,  quocum  labores,  curasque  suas  partir!  queat. 
Nos  post  diligentissimam  institutam  totius  rei  et  adjunctorum  omnium 
considerationem,  de  VV.  FF.  NN.  S.  R.  E.  Gard,  negotiis  propagandae 
Fidei  prœpositorum  consilio,  rébus  omnibus  negotium  hoc  respicien- 
libus  mature  perpensis,  Te,  de  cujus  pietate,  doctrina,  morum  integri- 
tate  et  prœcipua  rerum  ad  diœcesim  Marianopolitanam  spectanlium 
peritia  gravissima  acoepimus  testimonia  in  ejusmodi  Coadjutorem 
eligeie  Statuimus.  Quamobrem  Te,  quem  Episcopum  Thelmessensem 
in  partibus  infideiium  per  alias  Nostras  Apostolicas  Litteras  in  simili 
forma  Brevis  hoc  ipso  die  datas  renuntiavimus,  a  quibusvis  excommu- 
nicationis,  suspensionis  et  interdicli,  aliisque  ecclesiasticis  sententiis, 
censuris,  ac  pœnis  quovis  modo,  vel  quavis  de  causa  latis,  si  quas 
forte  incurreris,  hujus  tantum  rei  gratia  absolventes,  ac  ahsolutum 
fore  consentes,  Te  in  Coadjutorem  Memorati  Episcopi  Mananopolitani 
in  inferiori  Canada,  Aucloritate  Nostra  Apostolica  tenore  preesentium, 
eligimus,  constituimus  el  deputamus,  ila  tamen  ut  ipso  Jeanne  Jacobo 
vivenle,  in  exercitio  el  administratione  Episcopatus  hujusmodi  nonnisi 
quantum  et  quatenus  idem  Joannes  Jacobus  ordinaverit  Te  ingérera 
possis,  ex  vero  quœ  ipse  hac  in  re  madaverit  Tibi  omnia  prœstare  et 
adimplere  tenearis.  Si  autem  idem  Joannes  Jacobus  ab  humanis  décé- 
dât, aut  forsan,  quod  absit,  jani  decesserit,  seu  prœdictus  ejus  Episco- 
patus alio  quocumque  modo  ex  persona  ejus  vacaverit,  Te  ejus  loco 
Episcopum  Marianopolitanum  in  inferiori  Canada,  dimisso  lilulo  Epis- 
copali  Thelmessensi,  cum  omnibus  el  singulis  facullatibus  quce  eidem 
Joanni  Jacobo  ratione  Episcopatus  hujusmodi  ab  hac  Apostolica  Sede 
hactenus  quomodolibet  concessaî,  attributse  fuerunt,  nunc  pro  tune 
Aucloritate  et  tenore  praesentis  facimus  et  instituimus,  salva  tamen  in 
praemissis  aucloritate  eorumdem  Gardinalium.  Mandamus  idcirco  in 
virtute  S.  Obedientiae  omnibus  el  singulis  ad  quos  spécial  pro  tempore. 
Te  ad  offîcium  Coadjuloris,  el  tempore  suo  ad  illud  Epis-copalus  Maria- 


72  GREGORIUS  PP.  XVI. 

nopolitani  in  inferiori  Canada,  ejusque  liberum  exercitium  juxta  earum- 
dern  prœsentium  lenorem  recipiant  et  admitlant,  Tibique  ia  omnibus 
quae  ad  hujùsmodi  officium  pertinent  praeslo  sint,  atque  obedianl, 
tuaque  salubria  monita  et  mandata  reverenter  suscipiant,  et  eflicaciter 
adimpleant,  alioquin  sententiam,  sive  pœnam,  quam  rite  tuleris,  seu 
statueris  in  rebelles  ratam  habebimus  et  faciemus,  auctorante  Domino 
usque  ad  salisfaclionem  condignam  inviolabiliter  observari.  Non 
obstantibus  Constitutionibus  et  Sanclionibus,  ceterisque  contrariis 
quibuscumque. 

Datum  Roraee  apud  S.  Petrum  sub  annulo  Piscatoris  die  X  Marlii 
MDCCCXXXVII.  Pontificatus  Nostri  anno  septimo. 

E.  Gard,  de  Gregorio. 


MANDEMENTS, 

LETTRES   PASTORALES,   CIRCULAIRES 

ET 

AUTKES   DOCUMENTS. 


CIRCULAIRE 

A    MESSIEURS   LES    CURÉS   DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  le  19  Avril  1840. 
Monsieur, 

C'est  avec  la  plus  profonde  douleur  que  je  vous  annonce 
la  mort  de  Monseigneur  J.  J.  Lartigue,  Evêque  de  Mont- 
réal, qui  vient  de  décéder  à  l'Hôtel-Dieu  de  cette  ville. 
Sans  m'arrêter  à  déplorer  ici  la  perte  immense  que  vient 
de  faire  ce  nouveau  Diocèse,  qui  avait  encore  lant  de 
besoin  des  qualités  éminentesqui  brillaient  dans  ce  digne 
fondateur,  parce  que  vous  la  ressentez  aussi  vivement 
que  moi,  je  vous  invite  à  joindre  vos  prières  aux  miennes 
pour  le  repos  de  son  âme.  Je  vous  exhorte  à  lui  faire 
chanter  un  service  solennel  dans  votre  Eglise,  au  plustct 
possible  ;  et  comme  la  plupart  des  Eglises  de  ce  diocèse 
sont  enrichies  des  Indulgences  attachées  à  l'exercice  du 
Chemin  de  la  Croix,  qu'il  a  cherché  à  établir  partout,  vos 
Paroissiens  ne  manqueront  pas  de  sentir  la  convenance 
de  lui  appliquer  les  Indulgences  dont  ils  sont  en  grande 
partie  redevables  à  son  zèle.  Je  suis  persuadé  que  vous  ne 
manquerez  pas  d'exhorter  vos  paroissiens  à  lui  témoigner 
ainsi  leur  reconnaissance,  si  la  Voie  de  la  Croix  se  trouve 
déjà  fondée  dans  votre  Eglise. 


74  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Les  obsèques  du  vénérable  défunt  se  feront  jeudi  pro- 
chain, à  la  Cathédrale,  vers  les  neuf  heures  du  matin. 
Vous  y  êtes  invité. 

Je  suis  bien  sincèrement. 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur, 

7  Ignace  Ev.  de  Telmesse. 
(Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau,  Ptre., 

Secrétaire  du  Diocèse. 


MANDEMENT 


d'entrée    de    monseigneur    IGNACE   BOURGET   ÉVEQUE 
DE    MONTRÉAL. 

I/jnace  Bourget^  par  la  wiséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal.,  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse  :  Salul  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Ce  n'est  pas  sans  une  profonde  douleur  que  vous  aurez 
appris,  Nos  Très-Chers  Frères,  la  mort  de  Monseigneur 
J.  J.  Lartigue,  premier  Evoque  de  Montréal.  Vous  con- 
naissez tous  les  vertus  qui  brillaient  dans  cette  Illustre 
Fondateur  ;  les  grandes  entreprises  qu'il  a  formées  et  si 
heureusement  exécutées  pour  la  gloire  de  Dieu  ;  les  tra- 
vaux de  tout  genre  auxquels  il  s'est  voué  pour  l'avantage 
de  l'Eghse,  et  la  vigueur  apostolique  qu'il  a  déployée  pour 
la  défense  de  la  saine  doctrine.  Il  serait  inutile  de  vous 
parler  de  sa  sollicitude  infatigable  pour  ses  ouailles,  de  sa 
tendre  charité  pour  les  pauvres,  de  ses  vastes  connais- 
sances et  de  son  rare  savoir,  de  sa  fidélité  et  de  son  talent 


CIRCULATRÈS  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  75 

admirable  à  annoncer  la  parole  divine,  en  un  mot,  du 
courage  avec  lequel  il  a  soutenu  la  Maison  du  Seigneur 
dans  les  temps  les  plus  difficiles.  Vous  avez  tous  pu  appré- 
cier par  vous-mêmes  les  dons  excellents  dont  la  nature  et 
la  grâce  l'avaient  comblé  Ces  qualités  éminentes,  que 
vous  avez  tant  de  fois  admirées  en  lui  avec  complaisance, 
parce  qu  elles  tournaient  autant  à  l'honneur  de  son  pays 
qu'à  la  gloire  de  la  religion,  vous  feront  sans  cesse  bénir 
le  Seigneur  de  vous  avoir  donné,  dans  sa  miséricorde,  un 
si  bon  Pasteur,  dont  la  mémoire  sera  à  jamais  en  béné- 
diction parmi  vous. 

Le  regret  que  vous  cause  sa  mort  est  d'autant  plus  amer 
que  vous  ne  pourriez,  Nos  Très-Ghers  Frères,  vous  conso- 
ler de  cette  perte  immense,  envoyant  le  fardeau  de  l'Epis- 
€opat  passer  à  un  sujet  si  peu  qualifié  pour  remplacer 
auprès  de  vous  ce  savant  et  vertueux  prélat.  Hélas  !  que 
nous  sommes  loin  d'avoir  les  dispositions  nécessaires  pour 
remplir  dignement  les  sublimes  fonctions  de  l'Apostolat  ; 
et  qu'il  est  à  craindre  que  Dieu  n'ait  permis  notre  éléva- 
tion que  pour  nous  punir  de  nos  innombrables  péchés,  et 
vous  châtier  vous-mêmes  du  mépris  que  vous  auriez  fait 
des  grâces  que  vous  avez  reçues  par  le  ministère  de  cet 
excellent  Pontife  !  Voilà,  n'en  doutez  pas,  ce  qui  porte 
dans  notre  âme  l'amertume  et  l'effroi.  Nous  savons  que 
le  Souverain  Pasteur  nous  impose  le  stricte  devoir  de 
veiller  sur  vos  âmes,  comme  devant  en  rendre  un  compte 
rigoureux  ;  et  que  s'il  s'en  perd  une  seule  par  notre  négli- 
gence, il  nous  faudra  donner  âme  pour  âme  et  vie  pour 
vie.  Nous  connaissons  que  Nous  sommes  redevable  à 
tous,  aux  savants  comme  aux  ignorants,  aux  riches  comme 
aux  pauvres;  que  nous  devons  nous  consumer  de  soins^ 
nous  immoler,  nous  saarifier  pour  votre  salut.  Nous  ne 
pouvons  nous  dissimuler  qu'il  y  a  des  plaies  profondes  à 
guérir,  des  abus  invétérés  à  corriger,  des  scandales  déplo- 
rables à  réprimer.  Nous  ne  pouvons  nous  cacher  que 
l'indifférence  et  l'irréligion,  l'ivrognerie  et  les  excès  de  la 
débauche  ont  fait  parmi  vous  d'étranges  ravages.  Nous 


76  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

voyons  avec  une  douleur  inexprimable  que  plusieurs 
parmi  vous  vivent  dans  une  coupable  négligence  des 
devoirs  les  plus  sacrés  de  la  religion  :  que  beaucoup  ont 
cessé  de  fréquenter  les  tribunaux  de  la  pénitence  et  ne 
paraissent  jamais  à  la  table  du  Seigneur.  Nous  n'ignorons 
point  que  les  jours  du  Seigneur  sont  indignement  profa- 
nés par  des  jeux  et  des  dissolutions  de  toute  espèce,  par 
des  ventes  et  trafics  sordides,  à  la  honte  des  lois  de  l'Eglise 
et  de  l'Etat.  Nous  apprenons  avec  frayeur  les  efforts 
incroyables  que  font  les  ennemis  de  la  foi  pour  pervertir 
les  brebis  dont  le  Seigneur  nous  a  confié  la  garde,  en 
répandant  parmi  vous  des  livres  corrompus  et  en  établis- 
sant des  écoles  qui,  si  elles  étaient  encouragées  par  vous, 
produiraient  bientôt  des  fruits  bien  amers.  Voilà  ce  qui 
multiplie  nos  craintes  et  nos  alarmes.  Oh  !  que  le  poids 
de  la  charge  pastorale  est  accablant,  Nos  Très-Chers 
Frères  !  Nous  vous  conjurons  donc,  au  nom  de  Jésus- 
Christ,  de  l'alléger  par  votre  obéissance  à  l'Eglise,  votre 
ferveur  dans  les  saintes  pratiques  de  la  religion,  votre 
respect  pour  vos  Pasteurs,  en  un  mot  par  votre  horreur 
pour  le  vice,  et  votre  fidélité  à  tous  vos  devoirs  religieux. 
Car  c'est  là  tout  ce  que  nous  vous  demandons  en  recon- 
naissance des  peines  et  des  travaux  auxquels  nous  allons 
nous  assujétir  pour  votre  amour.  Oui,  s'il  est  une  chose 
capable  de  nous  consoler  ici-bas,  au  milieu  de  nos  tribu- 
lations, ce  sera  de  vous  voir  marcher  dans  les  voies  de  la 
justice,  vous  tous  que  nous  aimons  dans  les  entrailles  de 
Jésus-Christ,  et  que  nous  désirons  avec  tant  d'ardeur  pou- 
voir présenter,  au  dernier  jour,  purs  et  sans  taches,  au 
tribunal  du  Souverain  Juge.  Puissions-nous,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  sauver  tous  ceux  dont  Dieu  nous  établit 
aujourd'hui  le  Pasteur,  afin  qu'en  ce  jour  terrible  où  nous 
irons  rendre  compte  de  tout  ce  que  nous  aurons  fait  dans 
l'exercice  de  notre  ministère,  nous  ayons  le  bonheur  de 

dire  avec  Jésus-Christ  :  «  0  Père  Saint j'ai  gardé  ceux 

que  vous  m'avez  donnés,  et  aucun  d'eux  n'a  péri,  si  ce 
n'est  le  fils  de  perdition.» 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  77 

Mais  si  d'un  côté  la  vue  de  nos  misères  nous  consterne, 
nons  nous  sentons  fortifié  par  la  pensée  que  Dieu  se  plait 
quelquefois  à  choisir  les  sujets  les  plus  méprisables  pour 
mieux  faire  éclater  sa  puissance  et  sa  gloire.  Ce  qui  sert 
encore  à  nous  rassurer,  c'est  que  ce  diocèse  a  été  mis  par 
notre  illustre  prédécesseur,  d'une  manière  spéciale,  sous  la 
protection  de  la  Mère  de  Dieu,  et  qu'il  est  à  espérer  que 
cette  Mère  si  tendre  gardera  et  le  Pasteur  et  les  brebis. 
Nous  sommes  aussi  consolé  et  encouragé  par  l'affection 
et  le  zèle  que  nous  témoignent  les  membres  de  notre 
clergé  dont  la  fidèle  co-opération  à  toutes  nos  entreprises 
produira,  nous  l'espérons,  les  plus  heureux  résultats  pour 
le  bien  de  la  religion.  Nous  reconnaissons  dans  la  sincé- 
rité de  notre  cœur,  que  nous  étions  le  dernier  auquel  il 
fallait  penser  pour  ce  poste  éminent.  Mais  nous  voyons 
que  tous  ces  généreux  collaborateurs  considèrent  en 
Nous,  non  la  faiblesse  de  l'homme,  mais  le  représentant 
de  Jésus-Christ.  Enfin,  ce  qui  Nous  inspire  un  vrai  cou- 
rage, c'est  que  toutes  les  œuvres  que  Nous  allons  entre- 
prendre pour  votre  salut  éternel,  ont  été,  depuis  de  longues 
années,  projetées  par  notre  illustre  prédécesseur.  Car, 
dans  son  vaste  génie,  qui  embrassait  plusieurs  siècles,  et 
dans  ses  immenses  calculs  pour  le  bien  de  son  cher  trou- 
peau, il  a  prévu  tout  ce  qui  pouvait  contribuer  à  son  bon- 
heur. Aussi  est-ce  dans  le  sein  de  la  confiance  dont  il 
nous  a  honoré,  que  nous  avons  puisé  tout  ce  que  nous 
avons  à  faire  pendant  notre  Episcopat.  Si  sa  vie,  hélas  ! 
trop  courte,  ne  lui  a  pas  sufii  pour  réaliser  tous  ses  plans, 
il  nous  a  chargé  de  leur  exécution.  C'est  surtout  dans  les 
derniers  jours  de  sa  vie  que,  ranimant  toutes  ses  forces  et 
laissant  parler  toutes  sa  tendresse  pour  ses  brebis,  il  nous 
a  tracé  la  marche  que  nous  avions  à  suivre,  pour  la 
réforme  des  abus  et  l'établissement  des  solides  vertus. 

Mais,  pour  nous  acquitter  dignement  des  devoirs  si  im- 
portants de  notre  charge,  nous  avons  besoin  de  ces  dons 
parfaits  qui  ne  peuvent  venir  que  du  Père  des  lumières. 
Aussi,  nous  n'eûmes  pas  plustôt  recueiUi  les  derniers  sou- 


78  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pirs  de  notre  prédécesseur,  que  nous  nous  jetâmes  aux 
pieds  du  Seigneur  pour  nous  soumettre  humblement  à 
sa  sainte  volonté,  et  lui  demander  avec  Salomon  cette 
divine  sagesse  qui  nous  est  si  nécessaire  pour  conduire, 
dans  les  voies  de  la  justice,  tant  de  milliers  d'âmes  que 
nous  avons  en  charge,  et  ne  pas  mettre  son  Eglise  en 
danger  de  périr  par  notre  inexpérience.  Gomme  nos  prières 
sont  trop  faibles  pour  mériter  toutes  les  grâces  qui  nous 
sont  nécessaires  pour  le  bon  gouvernement  de  l'Eglise, 
nous  vous  conjurons.  Nos  Très  Ghers  Frères,  avec  l'Apô- 
tre 1,  par  Notre  Seigneur  Jésus-Ghrist  et  la  charité  du 
St.  Esprit,  de  nous  aider  parles  prières  que  vous  adresserez 
pou^  nous  à  Dieu.  Nous  désirons  ardemment  établir  cette 
union  de  prières  entre  le  Pasteur  et  les  brebis  ;  union  qui 
doit  contribuer  efficacement  au  salut  de  nos  âmes.  Pour 
cela,  nous  croyons  devoir  vous  informer  que  notre  illustre 
prédécesseur,  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  a  fondé 
une  messe  basse,  qui  doit  se  dire,  à  perpétuité,  tous  les 
jours,  dans  la  Gathédrale,  en  l'honneur  de  la  très  sainte 
Mère  de  Dieu,  pour  tous  les  Pasteurs  et  les  fidèles  de  ce 
diocèse.  Nous  observerons  religieusement  ce  dernier  acte 
de  la  volonté  de  ce  bon  Pasteur  :  mais  nous  espérons  que 
vous  vous  unirez  à  nous,  vous,  ministres  de  la  religion, 
lorsque  vous  serez  au  saint  Autel;  et  que  vous  inviterez 
votre  peuple  à  faire  chaque  jour,  en  famille,  quelque 
prière  à  cette  intention,  ne  fut-ce  qu'un  Pater  et  un  Ave. 
Ce  sera  surtout  le  24  Juillet,  jour  anniversaire  de  notre 
consécration  épiscopale,  que  vous  nous  recommanderez 
au  glorieux  Apôtre  St.  Jacques,  sous  la  protection  duquel 
nous  mettons  notre  Episcopat. 

Gomme  les  lois  d'une  sage  discipline,  que  notre  illustre 
prédécesseur  a  reçues  de  l'Eglise  de  Québec,  sont  en 
vigueur  dans  ce  diocèse,  nous  nous  ferons  un  devoir  de 
les  maintenir  avec  tout  le  zèle  possible. 

A  ces  causes,  le  saint  Nom  de  Dieu  invoqué,  Nous  avons 
statué  et  ordonné,  statuons  et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

1  Rom.  15,  30. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  79 

loj_Nous  renouvelons  et  confirmons,  en  tant  que  de 
besoin,  tous  les  mandements  et  ordonnances  desEvêques, 
ainsi  que  les  autres  lois  ^canoniques,  jusqu'à  ce  jour  en 
force  dans  notre  diocèse  ;  et  en  particulier  celui  de  notre 
illustre  prédécesseur  du  15  Septembre  1866,  et  tous  les 
autres  ainsi  que  les  circulaires  qui  ont  été  publiées  dipuis 
cette  époque. 

2o — Nous  renouvelons  de  même  et  confirmons  tous  les 
pouvoirs  et  facultés  spirituelles  qui  ont  été  donnés  par 
écrit,  et  non  révoqués,  par  les  supérieurs  ecclésiastiques, 
soit  au  dedans,  soit  au  dehors  de  ce  diocèse. 

3o — En  vertu  d'un  induit  du  7  Janvier  1833,  accordé 
pour  un  an  à  compter  de  la  mort  de  notre  illustre  prédé- 
cesseur, nous  renouvelons  pour  ce  même  espace  de  temps, 
en  faveur  de  tous  les  prêtres^approuvés  dans  ce  diocèse, 
ainsi  que  de  ceux  qui  le  seraient  par  la  suite,  la  faculté 
de  donner  aux  fidèles  in  articulo  mortis  la  Bénédiction  et 
l'Indulgence  plénière,  selon  la  formule  prescrite  par 
Benoit  XIV  d'heureuse  mémoire,  et  usitée  jusqu'à  ce 
jour  en  ce  pays. 

4°— Nous  vous  faisons  part  d'un  induit  du  St.  Siège  du 
23  Février  de  cette  année,  qui  étend  à  la  Cathédrale  et 
aux  autres  églises  et  oratoires  publics  de  ce  diocèse  la 
faculté  réservée  aux  églises  paroissiales,  dans  lesquelles 
seules  les  fidèles  associés  à  la  Propagation  de  la  Foi  pou- 
vaient jusqu'ici  gagner  les  indulgences  plénières  accor- 
dées par  le  Souverain  Pontife  à  cette  pieuse  Association  : 
pourvu  qu'ils  remplissent  toutes  les  autres  conditions 
expliquées  dans  les  règles  de  la  dite  Association. 

Sera  le  présent  mandement  lu  et  publié  en  chapitre 
dans  toutes  les  communautés  religieuses,  au  prône  dans 
toutes  les  églises  paroissiales,  et  dans  celles  où  se 
célèbrent  les  of&ces  publics,  le  premier  dimanche  après 
sa  réception. 


80  MA.NDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le- 
çon tre-seing  de  notre  Secrétaire,  le  3  Mai  1840. 

L.  f  S.  -|-  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 
(Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau.  Ptre.,  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

AUX  PRÊTRES  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 


Montréal,  le  4  Août  1840. 
Messieurs, 

Lorsque  mon  vénérable  prédécesseur,  dans  sa  Circu- 
laire du  21  Juillet  de  l'année  dernière,  vous  eût  adressé 
ces  paroles  de  Notre  Seigneur  à  ses  Apôtres  :  Venite  seorsum 
in  desertum  locum  ;  et  requiescite  pusillùm.  vous  imitâtes  la 
docilité  de  ces  premiers  Disciples,  en  vous  portant  avec 
zèle  aux  exercices  solennels  de  la  retraite  qui  s'ouvrait 
pour  la  première  fois  dans  ce  diocèse.  Dieu  sait  l'Impres- 
sion profonde  qu'a  laissée  dans  le  cœur  de  ce  bon  Pasteur 
le  souvenir  de  votre  ferveur,  dans  ces  jours  fortunés  ;  et 
combien  de  fois  il  a  béni  le  Père  de  toute  consolation  des 
grâces  signalées  que  vous  avez  reçues  pendant  cette 
retraite.  Si  la  dernière  année  de  la  vie  de  cet  illustre 
Pontife  a  été  signalée  par  une  faveur  si  distinguée,  j'es- 
père que  Dieu  voudra  bien  m'accorder  un  semblable 
bienfait  au  commencement  de  mon  administration.  Mes- 
sieurs du  Séminaire  de  St.  Sulpice  voulant  bien  continuer 
l'excellente  œuvre  commencée  l'année  dernière,  je  m'em- 
presse de  vous  inviter  à  venir  vous  délasser,  dans  la  soli- 
tude, de  vos  pénibles  travaux.  Nous  y  gémirons  ensemble 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  81 

de  nos  infidélités  ;  nous  ranimerons  nos  forces  épuisées; 
nous  nous  renouvellerons  dans  l'esprit  intérieur  de  notre 
sainte  vocation:  nous  ressusciterons  en  nous  la  grâce  de 
Dieu  que  nous  avons  reçue  par  l'imposition  des  mains. 
Unis  de  cœur  et  de  sentiment,  nous  exposerons  humble- 
ment à  Dieu  les  maux  spirituels  de  notre  peuple,  et  nous 
concerterons  ensemble  les  mesures  les  plus  efficaces  pour 
régénérer  ce  diocèse,  hélas  !  si  déchu  de  son  antique  fer- 
veur. Si  Moïse,  sur  la  montagne,  put  seul  obtenir,  en 
tenant  ses  mains  élevées  vers  le  ciel,  une  victoire  com- 
plète à  son  peuple  qui  combattait  dans  la  plaine,  espérons 
que  nos  prières  réunies  auront  l'heureux  effet  de  faire 
violence  au  ciel  et  pourront  remédier  aux  plaies  de 
l'Eglise  dans  ces  jours  mauvais,  où  tant  d'ennemis  ont 
conjuré  de  nous  enlever  le  précieux  dépôt  de  la  foi.  En 
conséquence  : 

lo — Je  vous  engage  à  vous  rassembler  de  nouveau  dans 
le  Collège  de  Montréal,  pour  y  faire  la  retraite  spirituelle 
qui  commencera  le  mercrerli  soir,  19  du  courant,  et  finira 
le  vendredi  matin,  28  de  ce  même  mois. 

•20 — Ceux  qui  garderont  les  paroisses  pendant  la  Re- 
traite, pourront  se  réunir  à  St.  Jacques  pour  faire  la  leur 
en  commun,  depuis  le  mercredi  soir,  7  Octobre  prochain, 
jusqu'au  vendredi  matin,  16  du  même  mois. 

30 — J'ai  réglé  comme  suit  la  desserte  des  Cures,  pour 
que  rien  n'y  souffre  en  l'absence  de  leurs  pasteurs  : — 
M.  gardera 

avec  les  pouvoirs  ordinaires  aux  Desservants  de  ce  dio- 
cèse et  il  y  binera  le  dimanche. 

4° — Comme  il  serait  bon  que  chaque  curé,  le  dimanche 
avant  le  commencement  de  la  retraite,  prévint  ses  parois- 
siens du  temps  et  des  motifs  de  son  absence,  et  comme  cette 
annonce  devrait  se  renouveler  chaque  année,  en  pareille 
occasion,  j'ai  cru  devoir,  pour  l'uniformité  de  conduite, 
ajouter  à  la  présente  une  formule  dont  chacun  pourra 
faire  l'usage  qu'il  jugera  à  propos,  et  qu'il  serait  conve- 


82  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

nable  d'annexer  au  Rituel  pour  servir  au  besoin.  Cette 
année,  chaque  curé  voudra  bien,  après  avoir  recommandé 
aux  prières  de  ses  paroissiens  le  succès  de  la  retraite, 
solliciter  les  suffrages  des  fidèles,  en  faveur  de  la  visite 
que  je  me  propose  de  faire,  en  Septembre  prochain,  dans 
toutes  les  missions  de  l'Ottawa.  Elle  est  de  nature  à 
intéresser  vivement  la  foi  de  tous  les  bons  catholiques  et 
principalement  la  piété  des  associés  de  la  Propagation  de 
la  Foi. 

5o — Vous  voudrez  bien  apporter  avec  vous  un  Nouveau 
Testament,  une  Imitation  de  Jésus-Christ,  quelques  livres 
qui  traitent  des  devoirs  ecclésiastiques,  des  rubriques  et 
cérémonies  de  l'Eglise. 

60 — Ceux  qui  appartiennent  à  la  Caisse  diocésaine  de 
St.  Jacques  sont  informés,  par  la  présente,  que  le  bureau 
annuel  de  cette  société  se  tiendra  dans  une  des  salles  du 
Collège,  le  28  du  courant,  aussitôt  après  la  clôture  de  la 
retraite. 

70 — Je  prie  chacun  des  retraitants  de  vouloir  bien  se 
rendre,  le  19,  à  St.  Jacques,  vers  les  dix  heures  du  matin. 

Je  suis  bien  sincèrement, 

Messieurs, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

'-J-  Ig.  Ev.  de  Montréal. 


(Vraie  copie,) 


J.  0.  Paré,  Ptre., 

Pro.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  83 

FORMULE    DONT  ON    POURRA    SE    SERVIR    POUR    ANNONCER    LA 

RETRAITE   ECCLÉSIASTIQUE,    LE    DIMANCHE    QUI 

PRÉCÉDERA    SON   OUVERTURE. 


Monseigneur  l'Evêque  de  Montréal  ayant  réglé  que  la 
Retraite  Ecclésiastique  commencerait  cette  année  le 

pour  se  terminer  le 
Je  vous  annonce  que  je  serai  absent  tout  ce  temps.    M- 
étant  chargé  de  la  desserte  de  cette 
Paroisse,  ainsi  que  celle  de  , 

vous  vous  adresserez  à  lui  pour  tous  vos  besoins  spirituels. 
Il  résidera  ici  et  à 

Comme  ce  Monsieur  sera  obligé  de  dire,  Dimanche  pro- 
chain, deux  Messes,  celle  qu'il  célébrera  en  cette  Paroisse 
commencera  à  et  les  Vêpres 

se  chanteront  à 

Lorsque  vos  Pasteurs  se  réunissent  pour  les  exercices 
de  la  Retraite,  ils  ont  en  vue  non  seulement  leur  propre 
sanctification,  mais  encore  le  salut  de  vos  âmes.  Ils  imi- 
tent Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  le  saint  des  saints,  qui, 
pendant  qu'il  exerçait  sur  la  terre  son  divin  ministère,  se 
se  retirait  de  temps  en  temps  avec  ses  Apôtres  pour  vaquer 
avec  eux  à  la  prière  et  à  la  contemplation  des  vérités  qu'il 
prêchait  ensuite  aux  hommes.  Formés  sur  cet  adorable 
modèle,  les  Apôtres  et  ceux  qui  leur  ont  succédé  dans  le 
saint  ministère  ont  toujours  compris  la  nécessité  qu'il  y 
avait  pour  eux  de  s'éloigner  de  temps  en  temps  du  monde 
et  de  se  retirer  dans  la  solitude,  pour  y  traiter  avec  Dieu 
de  la  grande  affaire  de  leur  salut  éternel  et  de  celui  des 
Fidèles  confi.és  à  leurs  soins.  C'est  là  qu'ils  gémissaient 
des  fautes  échappées  à  la  fragiUté  humaine,  et  qu'ils 
imploraient  avec  larmes  la  divine  miséricorde  sur  les 
peuples  qu'ils  étaient  chargés  de  conduire  dans  les  voies 
du  salut.  Ainsi  vous  voyez,  M.  C.  F.,  que  le  temps  consacré 
par  vos  pasteurs  à  la  Retraite  est  pour  vous  un  temps  de 
grâces.     Priez  donc  pour  eux,  et  demandez  à  Dieu  qu'il 


84  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

leur  donne  de  nouvelles  lumières  pour  connaître  vos 
besoins  spirituels,  et  de  nouvelles  forces  pour  corriger  les 
abus  qui  font  des  progrès  si  alarmants  parmi  vous.  Priez 
pour  cette  vénérable  assemblée  qui  doit  donner  une  idée 
du  Cénacle  où  les  premiers  Disciples  du  Seigneur,  après 
une  Retraite  de  dix  jours,  furent  tous  remplis  du  St- 
Esprit  qui  leur  donna  des  grâces  abondantes  pour  leur 
faire  prêcher  l'Evangile  à  tous  les  peuples  de  la  terre.  A 
cette  fin,  je  vous  exhorte  à  vous  réunir  le  soir  en  famille, 
tout  le  temps  que  durera  la  Retraite,  pour  faire  quelques 
prières  (par  exemple  le  Chapelet  ou  cinq  Pater  et  cinq  iutf), 
afin  que  Dieu,  par  l'intercession  de  la  Ste.  Vierge,  qui  est 
la  Reine  du  Clergé,  comble  tous  vos  Pasteurs  de  ces 
richesses  spirituelles  et  de  ses  dons  parfaits  qu'ils  vous 
communiqueront  ensuite  avec  abondance. 


INDULGENCES 


QUE  LE  SOUVERAIN  PONTIFE  OU  SON  DELEGUE,  EN  BENISSANT  LES 
COURONNES,  ROSAIRES,  CROIX,  CRUCIFIX,  PETITES  STATUES, 
MÉDAILLES,  ACCORDE  AUX  FIDÈLES  QUI  PORTANT  SUR  EUX 
OU  GARDANT  A  LEUR  MAISON  QUELQU'UN  DES  OBJETS  SUS- 
DITS, REMPLIRONT  LES  OEUVRES  PIES  CI-APRÈS  MENTION- 
NÉES. 

Sa  Sainteté  exige  avant  tout,  que  les  Fidèles  de  l'un  et 
de  l'autre  sexe  soient  avertis,  que  pour  gagner  les  Indul- 
gences accordées  par  la  Bénédiction  ci-dessus  mentionnée, 
il  est  nécessairement  requis  de  porter  sur  soi,  ou  de  garder 
à  sa  maison,  quelqu'une  des  susdites  Médailles,  Couron- 
nes, etc. 

De  même,  que  chacun  est  tenu  de  réciter  avec  dévotion, 
comme  conditions  requises  pour  gagner  les  Indulgences, 
les  oraisons  et  prières  dévotes  marquées  plus  bas,  ou  en 
portant  sur  soi  une  Couronne,  un  Crucifix,  etc.;  ou  si,  on 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  8S 

ne  les  porte  point  sur  soi,  de  les  garder  dans  sa  chambre, 
ou  dans  un  autre  lieu  décent  de  sa  demeure,  et  de  faire 
en  leur  présence  les  prières  respectives. 

En  outre,  Sa  Sainteté  exclut  de  cette  Bénédiction  les 
Images,  soit  gravées,  soit  peintes,  ainsi  que  les  Croix, 
Crucifix,  petites  Statues,  Médailles,  qui  sont  faits  de  fer, 
d'étaim,  de  plomb,  ou  de  toute  matière  fragile,  ou  facile 
à  se  détruire. 

Enfin,  Sa  Sainteté  veut  que  les  Images  ou  Tableaux  à 
bénir  représentent  les  Saints,  ou  déjà  canonisés,  ou  insérés 
dans  le  Martyrologe  Romain. 

Après  ce  qui  est  marqué  ci-dessus  pour  plus  grande 
intelligence,  vient  un  tableau  des  Indulgences  que  chacun 
peut  gagner,  et  une  notice  des  œuvres  pies  à  remplir? 
comme  suit,  savoir  : 

Quiconque  récitera  une  fois  chaque  semaine  la  Couronne 
de  Notre-Seigneur,  ou  de  la  Bienheureuse  Vierge,  ou  le 
Rosaire,  ou  le  Chapelet,  ou  le  Bréviaira,  ouïe  Petit  Office 
de  la  Bienheureuse  Vierge,  ou  celui  des  Défunts,  ou  les 
Sept  Psaumes  de  la  Pénitence,  ou  les  Psaumes  Graduels  ; 
ou  est  dans  l'usage  d'enseigner  les  premiers  principes  de 
la  Foi,  ou  de  visiter  les  prisonniers,  ou  les  malades  de 
quelqu'Hôpital,  ou  de  secourir  les  pauvres,  ou  d'entendre 
la  Messe,  ou,  s'il  est  Prêtre,  de  la  célébrer,  si  étant  vrai 
ment  repentant,  et  s'étant  confessé  à  un  Prêtre  approuvé 
par  l'Ordinaire,  il  reçoit  le  Saint  Sacrement  de  l'Eucha- 
ristie, en  quelqu'un  des  jours  ci-après  nommés,  savoir  :  aux 
Fêtes  de  Noël,  de  TEpiphanie,  de  l'Ascension,  de  la 
Pentecôte,  de  la  Très-Sainte  Trinité,  et  de  la  Fête-Dieu, 
et  aux  jours  de  la  Purification,  de  l'Annonciation,  de 
l'Assomption  et  de  la  Nativité  de  la  Bienheureuse  Vierge 
Marie,  de  même  qu'aux  jours  de  la  Nativité  de  St.  Jean- 
Baptiste,  aux  fêtes  des  Saints  Apôtres  Pierre  et  Paul, 
André,  Jacques,  Jean,  Thomas,  Philippe  et  Jacques, 
Barthélémy,  Mathieu,  Simon  et  Jude,  Mathias,  de  St. 
Joseph,  Epoux  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  et  de 
Tous  les  Saints,  et  adressera  à  Dieu  de  ferventes  prières 


86  MAMDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pour  l'extirpation  des  hérésies  et  des  schismes,  pour  la 
paix  et  l'union  entre  les  Princes  chrétiens,  et  les  autres 
nécessités  de  l'Eglise  Romaine,  gagnera  une  Indulgence 
plénière  dans  chacun  des  jours  susdits. 

Celui  qui  fera  les  mêmes  œuvres  aux  autres  fêtes  de 
Notre  Seigneur,  ou  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie, 
gagnera,  en  chacune  de  ces  fêtes,  une  Indulgence  de  sspt 
ans  et  d'autant  de  quarantaines  ;  quiconque  accomplira 
les  mêmes  œuvres  en  quelque  Dimanche  que  ce  soit,  ou 
en  toute  autre  fête  de  l'année,  gagnera  une  Indulgence  de 
cinq  ans  et  d'autant  de  quarantaines.  Enfin,  celui  qui  les 
fera  en  un  jour  quelconque  de  l'année,  gagnera  une 
Indulgence  de  cent'jours. 

Quiconque  est  dans  l'usage  de  réciter  au  moins  une  fois 
par  semaine,  ou  le  Rosaire,  ou  l'Ofiîce  de  la  Bienheureuse 
Vierge  Marie,  ou  celui  des  Défunts,  ou  les  Vêpres,  ou  au 
moins  un  Nocturne  avec  les  Laudes,  ou  les  sept  Psaumes 
de  la  Pénitence  avec  les  Litanies  et  les  Prières,  en  quelque 
jour  qu'il  le  fasse,  gagnera  une  Indulgence  de  cent  jours. 

Quiconque  recommandant  dévotement  son  âme  à  Dieu 
à  l'article  de  la  mort,  et  la  recevant  avec  résignation  et 
soumission  de  la  main  du  Seigneur,  et  étant  vraiment 
repentant,  s'étant  confessé  et  ayant  communié,  s'il  le  peut  ; 
autrement  étant  contrit  invoquera  de  bouche,  s'il  le  peut, 
sinon  au  moins  de  cœur,  le  nom  de  Jésus,  gagnera  une 
Indulgence  plénière. 

Quiconque,  avant  la  célébration  de  la  Messe  ou  la 
Communion,  ou  la  récitation  do  l'Office  divin,  ou  du  petit 
Office  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  fera  quelque 
pieuse  préparation,  gagnera  une  Indulgence  de  cinquante 
jours,  chaque  fois  qu'il  le  fera. 

Celui  qui  visitera  les  prisonniers  ou  les  malades  dans 
les  Hôpitaux,  en  les  soulageant  par  quelque  bonne  œuvre, 
ou  enseignera  la  Doctrine  chrétienne  dans  l'Eglise,  ou  à 
sa  maison,  à  ses  enfants  ou  ses  proches,  ou  ses  domesti- 
ques, gagnera  autant  de  fois  une  indulgence  de  deux  cents 
jours. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  87 

Celui  qui,  au  son  de  la  cloche  de  quelqu'église,  le  matin, 
ou  le  midi,  ou  le  soir,  dira  les  prières  accoutumées 
Angélus  Domini^  etc.,  ou  s'il  les  ignore,  une  fois  V Oraison 
Dominicale  et  la  Salutation  Angélique,  ou  au  signal  donné 
à  l'entrée  de  la  nuit  de  prier  pour  les  défunts,  récitera  le 
De  Profwidis,  ou  s'il  ne  le  sait  pas,  VOraison  Dominicale  et 
la  Salutation  Angélique,  gagnera  chaque  fois  une  Indul- 
gence de  cent  jours. 

Celui-là  gagnera  pareillement  la  môme  Indulgence  qui, 
le  Vendredi,  pensera  dévotement  à  la  Passion  et  à  la  Mort 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  et  récitera  trois  fois 
VOi'aison  Dominicale  et  la  Salutation  Angélique. 

Quiconque,  étant  vraiment  repentant,  se  proposera 
fermement  de  s'amender  des  péchés  qu'il  a  commis, 
examinera  sa  conscience,  répétera  dévotement  trois  fois 
VOraison  Dominicale  et  la  Salutation  Angélique  en  l'honneur 
de  la  Très-Sainte  Trinité,  et  qui,  par  honneur  pour  les 
cinq  Plaies  de  Jésus-Christ  récitera  avec  dévotion  cinq  fois 
la  môme  Oraison  et  Salutation,  gagnera  la  même  Indul- 
gence. 

Chacun  pourra  ou  gagner  pour  soi-même  toutes,  et 
chacune  des  susdites  Intelligences  aux  jours  ci-dessus 
mentionnés,  ou  les  appliquer  aux  Fidèles-défunts  par 
voie  de  suffrage. 

De  plus,  Sa  Sainteté  déclare  que,  par  la  concession  des 
Indulgences  susdites,  Elle  ne  déroge  en  aucune  manière 
aux  Indulgences  que  d'autres  Souverains  Pontifes  se3 
Prédécesseurs  ont  déjà  accordées  pour  quelques-unes  des 
oeuvres  indiquées  plus  haut,  voulant  que  les  mômes 
concessions  de  ses  Prédécesseurs  restent  en  force. 

Dans  la  distribution  de  ces  Couronnes,  Croix,  &c.'  et 
dans  l'usage  qu'on  en  fera,  Notre  Saint  Père  le  Pape 
ordonne  que  l'on  observe  le  Décret  D'Alexandre  VIL 
d'heureuse  mémoire.,  donné  le  6  Février  1652,  savoir  que 
les  Indulgences  appliquées  aux  Couronnes,  Croix,Rosaires, 
etc.,  bénits  comme  ci-dessus,  soient  attachées  à  la  personne 
de  ceux  à  qui  ils  ont  été  accordés,  ou  à  qui  ils  sont 


•^  MANDEMENS,  LETTRES  PASTORALES. 

.^distribués  par  eux  une  première  fois;    qu'aucune  des 

vchoses  susdites  venant  à  se  perdre  ne  puisse  en  aucune 
manière,  être  suppléée  par  une  autre,  nonobstant  toute 

concession  ou  privilège  à  ce  contraire  ;  que  ces  mêmes 
objets  ne  puissent  être  prêtés  ni  donnés  à  titre  d'emprunt 
dans  l'intention  de  communiquer  les  Indulgences, 
<ju'autrement  ils  perdent  les  Indulgences  déjà  accordées  ; 
et  que  même  les  objets  susdits  ne  puissent  être  vendus, 
après  la  Bénédiction  Pontificale  ;  suivant  la  disposition 

'du  Décret  de  la  sacrée  Congrégation  des  Indulgences  et  des 

iSacrées  Reliques  donné  le  5  Juin  1721. 

De  plus  Sa  Sainteté  confirme  le  Décret  de  Benoit  XIV. 
d'heureuse  mémoire  donné  le  \^  Août.,  1752,  par  lequel  il 

•déclare  expressément  que  les  Messes  dites  à  un  Autel 
(sur  lequel  se  trouve  placée  de  quelque  manière  que  ce 
soit  quelqu'Image  des  objets  susdits  soit  de  Crucifix,  soit 
de  médaille),  ou  célébrées  par  un  Prêtre  portant  sur  lui 
une  telle  image,  ne  jouissent  absolument,  en  vertu  de 

•  cette  Image,  d'aucun  privilège. 

En  outre.  Sa  Sainteté  défend  qu'aucune  personne,  assis- 
tant des  malades  dans  leurs  derniers  moments  n'ose,  en 
vertu  d'une  telle  Image,  leur  donner  la  Bénédiction  avec 
l'Indulgence  plénière  à  l'article  de  la  mort  sans  une  per- 
mission particulière  obtenue  par  écrit,  puisqu'il  a  été 
déjà  assez  pourvu  à  cet  effet  par  la  Constitution  de  Benoit 
XIV,  commençant  par  ces  mots  Pia  Mater. 

Traduit  fidèlement  de  l'original  latin,  envoyée  de  Rome 
par  la  Sacrée  Congrégation  de  la  Propagande  à  Monsei- 
gneur l'Evêque  de  Montréal. 


Jos.  OcT.  Paré,  Ptre., 

Pro,  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  iT 

CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS   LES    CURÉS,    MISSIONNAIRES   ET    AUTRES   PRÊTRES 
DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 

Montréal,  le  9  Septembre  1840. 

Messieurs, 

En  vertu  d'un  Induit  ad  decennium,  que  j'ai  reçu  du  St, 
Siège,  en  date  du  31  Mai  dernier,  je  vous  autorise  à 
appliquer,  selon  les  formes  ordinaires,  l'indulgence  in 
articula  mortis. 

Je  profite  de  la  présente  pour  vous  informer  que  le 
quantième  de  la  fête  de  St.  Pierre  aux  Liens  est  fixée  pour 
ce  Diocèse  au  neuvième  jour  d'Août. 

Il  m'a  été  rapporté  qu'il  se  vendait  en  divers  lieux  de 
ce  Diocèse,  contre  la  défense  des  Souverains  Pontifes, 
des  Chapelets  et  Médailles  indulgenciés.  Pour  prévenir 
toute  erreur  sur  ce  point,  je  vous  prie  d'avertir  vos 
paroissiens  qu'ils  ne  sauraient  gagner  aucune  indulgence 
sur  les  chapelets,  médailles,  etc.,  qui  ont  été  vendus  après 
avoir  été  bénis  et  indulgenciés.  Mais  pour  que  les 
fidèles,  qui  les  ont  achetés  de  bonne  foi,  ne  soient  pas 
frustrés  des  avantages  précieux  attachés  à  ces  objets  de 
leur  piété,  je  communique  aux  Curés  et  Missionnaires  de 
ce  diocèse,  en  faveur  de  tous  leurs  paroissiens  indistinc- 
tement, la  faculté  exprimée  dans  la  clause  suivante  d'un 
Induit  papal,  du  31  Mai  dernier,  dont  ils  pourront  user 
jusqu'au  1er  Janvier  prochain  exclusivement  :  Benedicendi 
Coronas  precatorias,  Cruces^  et  Sacra  Numismata,  eisque 
applicandi  Indulgentias  juxtà  folium  typis  impressum  ae 
insertum  nec  non  Divx  Birgitx  nuncupatas. — La  feuille  des 
Indulgences  des  Apôtres  ci-dessus  mentionnée  a  été 
fidèlement  traduite  en  français  pour  l'usage  des  fidèles  et 
vous  a  déjà  été  adressée.    Celle  des  Indulgences  de  Ste. 


90  MENDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Brigitte  se  trouve  à  la  fin  de  la  présente.  Cette  faveur 
accordée  à  vos  paroissiens  ranimera  sans-doute  leur 
dévotion  pour  l'excellente  prière  du  Chapelet,  quand 
vous  leur  aurez  expliqué  et  accordé,  au  nom  de  Notre 
Très  Saint  Père  le  Pape,  les  grâces  abondantes  que 
l'Eglise  y  a  attachées.  Dans  toutes  les  paroisses  où  est 
établie,  où  dans  lesquelles  sera  par  la  suite  établie 
la  Confrérie  du  St.  Rosaire,  les  Curés  pourront  user  de  la 
faculté  ci-dessus  mentionnée,  en  faveur  de  tous  les 
diocésains  de  Montréal  qui  sont  ou  seront  par  la  suite  de 
la  dite  confrérie  et  cela  pour  dix  ans,  à  compter  du  31 
Mai  dernier,  à  moins  que  Dieu  ne  me  retire  du  monde 
avant  ce  temps.  J'ai  cette  ferme  confiance  que  si  nous 
prêchons  avec  zèle  le  Rosaire,  nous  pourrons  purger  ce 
diocèse  de  toutes  les  erreurs  damnables  qui  y  régnent,  et 
y  ramener  les  bonnes  mœurs,  comme  a  fait  St.  Dominique 
dans  toutes  les  provinces  où  il  a  si  merveilleusement 
renouvelé  la  face  du  christianisme. 

D'ailleurs  nous  avons  besoin  du  secours  des  fidèles 
parmi  lesquels  il  se  trouve  encore  heureusement  un 
grand  nombre  de  bonnes  âmes  dont  les  ferventes  prières 
doivent  attirer  efficacement  les  bénédictions  du  ciel  sur 
nos  travaux.  Voilà,  entr'autres,  une  œuvre  qui  prend 
naissance  dans  le  Diocèse  et  qui  aura,  si  elle  réussit,  le 
plus  avantageux  résultat  pour  le  salut  des  âmes  confiées  à 
nos  soins.  Pendant  la  dernière  Retraite  nous  avons 
demandé  ensemble  à  Dieu  qu'il  voulût  bien  accorder  à 
ce  Diocèse  un  établissement  précieux,  savoir  celui  des 
Missions  et  des  Retraites  pour  le  peuple.  J'ai  la  consola- 
tion de  vous  apprendre  que  ce  Dieu,  qui  entend  toujours 
les  prières  qui  se  font  dans  l'union  des  cœurs,  a  déjà 
exaucé  nos  vœux.  La  Divine  Providence  a  dirigé  vers 
nous  Monseigneur  l'Evoque  de  Nancy  pour  créer  ici  ce 
qu'il  a  fait  avec  tant  d'avantage  ailleurs.  Pour  commen- 
cer, ce  digne  Prélat  a  bien  voulu  se  charger  de  diriger 
prochainement  une  Retraite  que  je  viens  d'annoncer  à  la 
Paroisse  de  Terrebonne.    J'espère  que  le  succès  répondra 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  91 

à  son  zèle,  et  qu'il  continuera  à  travailler  parmi  nous  à 
une  œuvre  si  importante  et  si  chère  à  son  cœur.  Pour  le 
seconder  efficacement  je  nommerai,  pour  l'assister  dans 
ces  Retraites  ou  Missions,  autant  de  Prêtres  qu'il  en  aura 
besoin.  Ainsi,  Messieurs,  cette  grande  œuvre  va  être 
pour  le  moment  \otre  œuvre^  puisque  vous  en  partagerez 
avec  cet  Evêque  Missionaire,  les  travaux  et  les  succès. 
En  cela  je  ne  ferai  qu'exécuter  un  plan  formé  par  mon 
vénérable  Prédécesseur.  Car  l'automne  dernier,  appre- 
nant que  le  fondateur  des  Missionnaires  de  France  était 
arrivé  à  New- York,  et  espérant  qu'il  aurait  le  bonheur  de 
le  posséder  quelque  temps  dans  son  Diocèse,  il  se  propo- 
sait de  l'engager  à  y  donner  des  Missions.  Ça  été  là,  pour 
ainsi  dire  un  des  derniers  soupirs  de  ce  bon  Pasteur  pour 
la  sanctification  de  son  cher  troupeau.  Vous  sentez  que 
sous  ce  rapport  je  dois  avoir  fort  à  cœur  le  succès  de  cette 
entreprise  dont  l'exécution  est  un  des  legs  que  m'a  faits 
ce  Père  de  l'Eglise  de  Montréal.  Avec  la  grâce  de  Dieu, 
nous  aurons  sous  peu  des  hommes  qui  seront  dévoués  au 
service  des  Missions,  et  qui  retraceront  parmi  nous  la 
vie  Apostolique.  Ce  sera  pour  vous  un  nouveau  motif 
de  ranimer  le  zèle  de  vos  Paroissiens  pour  l'Association 
de  la  Propagation  de  la  Foi. 

Comme  il  ne  sera  pas  possible  de  donner  pour  le  moment 
un  grand  nombre  de  retraites,  je  choisirai  les  Paroisses 
centrales,  pour  y  faire  les  exercices  de  celles  qui  pourront 
avoir  lieu,  afin  que  les  Paroisses  environnantes  en  profi- 
tent. Je  sais  que  cette  bonne  œuvre  rencontrera  vos 
vues  ;  et  je  compte  beaucoup  sur  votre  coopération  efficace 
pour  son  succès. 

Je  vous  informe  que  la  seconde  Retraite  Ecclésiastique 
qui  devait,  d'après  ma  dernière  Circulaire,  se  faire  au 
commencement  d'Octobre,  sera  différée  jusqu'à  mon 
retour  de  la  Visite  des  Missions  de  l'Ottawa.  Je  me  ferai 
un  devoir  d'en  donner  alors  avis  à  ceux  qui  n'ont  pu  se 
trouver  à  la  première. 


92  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

"'Acceptez  les  sentiments  du   sincère  attachement  que 
j'ai  pour  vous  tous  et  croyez-moi  bien-affectueusement. 

Messieurs, 

Votre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur, 

f  Ignace  Ev.  de  Montréal. 

(Pour  copie,) 

J.  0.  Paré,  Ptre., 
Pro-Secrétaire. 


INDULGENCES 

ATTACHÉES  AUX  CHAPELETS  DE  STE.  BRIGITTE,   BÉNIS   PAR    CEUX 
QUI   EN   ONT   REÇU    LE   POUVOIR. 

Indulgences  Plénières. — lo.  une  fois  l'année  pour  ceux 
qui  récitent  chaque  jour  le  Chapelet  de  Ste.  Brigitte  ; 
2o.  le  jour  de  la  fête  de  Ste.  Brigitte  ;  3o.  un  jour  de  cha- 
que mois  ;  4o.  à  l'article  de  la  mort. 

Indulgences  Partielles. — lo.  sept  ans  et  sept  quaran- 
taines pour  chaque  réeitation  du  Rosaire  de  quinze 
dizaines  ;  2o.  cent  jours  pour  chacun  des  Credo^  Pater  et 
Ave  récités,  pour  chaque  fois  qu'on  entend  la  messe,  ou 
qu'on  écoute  la  parole  de  Dieu,  ou  pour  toute  bonne 
œuvre  faite  en  l'honneur  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ, 
de  la  Ste.  Vierge  ou  de  Ste.  Brigitte,  en  récitant  trois 
Pater  et  Ave;  4o.  quarante  jours  chaque  fois  qu'on  prie  à 
genoux,  au  son  de  la  cloche,  pour  un  agonisant  ;  4o.  vingt 
jours,  lorsqu'on  fait  l'examen  de  sa  conscience,  si  on 
récite  trois  Pater  et  Ave. 

Ces  indulgences  ont  été  accordées  et  confirmées  par 
plusieurs  Papes,  et  notamment  par  Benoit  XIV,  le  9 
Février  1743. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  Oî 

Voici  les  décrets  authentiques  qui  règlent  et  détermi- 
nent quelques-uns  de  ces  privilèges  : 

«  ladulgentix  Rosariis,  seu  Coronis,  quas  S.  Birgitlœ  vocant  à 
Summis  Pontificibus  Concessœ. 

«  Léo  X,  P.  M.,  per  litteras  suas  incipientes — Ex  clcmenti,. 
datas  6  idus  Julii  1515,  concedit  omnibus  et  singulis 
utriusque  sexus  Ghristifidelibus  qui  per,  et  super  Rosaria 
seu  Coronas  S.  Birgittœ  dévote  oraverint,  pro  qualibet 
Oratione  Dominica  centum  dies,  et  totidem  pro  saluta- 
tione  angelicâ  et  pro  quolibet  symbolo,  si  dixerint,  vel 
recitaverint,  etiam  centum  dies  Indulgentiarum  :  nec  non 
pro  qualibet  psalterio  (idest  Rosario  aut  Gorona  qunide- 
cim  Decadum  B.  M.  Virginis)  super  illis  intègre  per 
eosdem  Gliristifideles,  per  seipsos  aut  cum  socio,  vel 
farailiari,  qui  eamdem  induigentiam  consequatur,  dicto^ 
vel  recitato,  septem  annos  et  totidem  quadragenas.  it — 
(Décret  de  laS.  Gongrégation  des  Indulgences  du  4  Décem- 
bre 1744.) 

De  plus,  Glément  XI  accorde  l'indulgence  plénière  une 
fois  l'année  aux  termes  d'un  bref  du  22  Septembre  1714  : 

«  SSraus.  Dnus.  Xoster  Glemens  XI,  P.  M.,  in  suo  brevi 
quod  incipit — De  sainte  Gregis  Dominici,  datum  22  Sept. 
1714,  concedit  omnibus  et  singulis  utriusque  sexus  Ghris- 
tifidelibus confessis  et  S.  Gommunione  refectis,  ac  pro 
Ghristianorum  principum  concordia,  héeresium  extirpa- 
tione  ac  S.  Matris  Ecclesiœ  exaltatione  orantibus,  qui  quo- 
tidie  per  integrum  annum  coronam  S.  Birgittse,  dummodo 
sit  saltem  quinque  decadum  recitaverint,  semel  in  anno 
die  per  unumquemque  Ghristifidelem  eligenda  plenariam 
indugentiam  omnium  peccatorum  cum  facultate  etiam 
eamdem  plenariam  induigentiam  applicandi  animabus 
in  purgatorio  existentibus. 

K  Ad  lucrandum  hujusmodi  indulgentias  requiritur,  ut 
coronce  a  PP.  Superioribus  Monasteriorum  aut  ab  aiiis 


94  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Religiosis  Ordinis  SSmi.  Salvaloris,  seu  S.  Birgiltae  ad  id 
spécial! ter  deputatis  suit  benedictœ.» 

On  a  demandé  si,  lorsque  les  Indulgences  de  Ste.  Bri- 
gitte sont  attachées  à  un  chapelet  ordinaire,  on  peut  les 
gagner  en  récitant  le  dit  chapelet  more  consueto,  ou  bien 
s'il  faut  que  chaque  dizaine  soit  composée  de  dix  Ave  Maria, 
d'un  Palcr  et  d'un  Credo  ? 

La  S.  Congrégation  des  Indulgences  déclare  là  dessus 
que  lorsqu'on  récite  les  cinq  ou  les  quinze  dizaines  du 
Rosaire  ordinaire  avec  le  Chapelet  de  Ste.  Brigitte,  on 
n'est  pas  tenu  de  réciter  le  Credo  à  chaque  dizaine. 

«  P.  Utrum  in  singulis  decadibus  prseter  decem  Ave 
Maria  et  Palcr  dicendus  sit  Credo? 

«  S.  C.  respondit  affirmative,  si  recitetur  stricte  loquedo 
corona  S.   Birgittœ   nuncupata   de  qua  ipsamet   auctrix 

fuit négative  autem  si  cum  prcedicta  corona  reci- 

tentur  quinque';vel  quendecim  décades  rosarii,  seu  sim- 
plicis  et  communis  coronje.  »  «> 

Cette  décision  fut  rendue  en  183G.  (1) 

Pour  gagner  les  indulgences,  il  faut  porter  les  chapelets 
sur  soi,  ou  les  garder  chez  soi,  et  toucher  chaque  grain, 
en  récitant  la  prière  correspondante.     Les  personnes  qui 

(1)  Une  autre  réponse  de  la  S.  Gong,  donnée  le  15  Sept.  1841,  à  une 
consulUition  venue  du  diocèse  d'Arras,  porte  que  : 

I  Corona  divœ  Birgitlaj  nuncupata,  rêvera  constat  se.\  decadibus,  el 
in  quaiibet  décade  recilatur  oratio  dominica,  angelica  salutatio  decies 
repelita  et  apostolorum  symbolum,  et  in  Une  aliud  Pater  noster,  cum 
tribus  aliis  angelicis  salulationibus.  At  vero  ex  pluribus  decreti» 
adservatis  in  actis  S.  C.  indulgentise  Sanctœ  Birgittse  lucrari  possunt 
cum  coronis  etiam  ordinariis,  sive  quindecim,  sive  quinque  tantum 
decadum,  dummodo  sint  benedictfe  ab  hebenlibus  l'acultatem  cum 
indulgenliis  quoque  divœ  Birgittas  nuncupatis.» 

Remarquons  enlin  que  la  méditation  des  quinze  mystères  qui  est 
requise  pour  gagner  les  indulgences  accordées  à  la  récitation  du 
Rosaire,  ne  l'est  pas  lorsqu'on  a  un  chapelet  ordinaire  auquel  les 
indulgences  de  Ste.  Brigitte  ont  été  appliquées  par  faculté  spéciale  du 
Siège  Apostolique.    Cela  résulte  d'un  décret  rendu  le  1er  Juin  1839. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  95 

récitent  les  prières  avec  celle  qui  a  le  chapelet  brigitté 
gagnent  les  mêmes  indulgences  qu'elle. 

La  coutume  s'est  introduite  de  dire,  avant  toute  autre 
intention,  trois  chapelets  :  le  premier  pour  le  Pape,  le 
second  pour  l'Eglise,  le  troisième  pour  celui  qui  l'a  béni. 
On  peut  attacher  au  même  chapelet  les  indulgences  de 
Ste.  Brigitte  et  celles  des  Apôtres.  Toutes  ces  Indulgences 
sont  applicables  aux  défunts. 

Quand  on  a  un  Chapelet  bénit  par  un  Prêtre  qui  a  reçu 
du  Pape  le  pouvoir  spécial  d'y  attacher  les  indulgences 
de  Ste.  Brigitte,  on  gagne  les  indulgences  sus-mentionnées, 
lesquelles  sont  attachées,  comme  on  peut  le  voir,  à  l'ob- 
jet matériel  bénit  et  à  la  récitation  même  du  chapelet 
qu'il  faut  tenir  à  la  main  en  le  récitant.  Ces  faveurs 
sont  très  précieuses,  puisque  chaque  Credo^  Pater  et  Ave^ 
procurent  une  Indulgence  de  cent  jours  ;  ce  qui  fait  cinq 
mille  cinq  cents  jours  pour  la  récitation  de  chaque  cha- 
pelet, et  seize  mille  cinq  cents  jours  chaque  fois  qu'on  dit 
le  Rosaire  :  de  plus,  dans  ce  dernier  cas,  on  gagne  encore 
une  indulgence  de  sept  ans  et  sept  quarantaines,  outre  les 
indulgences  plénières  indiquées  plus  haut. 

Un  chapelet  ne  perd  pas  les  Indulgences  qui  y  sont 
attachées,  quoique  le  fil  se  coupe  et  soit  renouvelé,  et 
môme  quoiqu'il  s'en  détache  quelques  grains  ;  on  pour- 
rait les  remplacer  :  il  suffit  que  le  chapelet  reste  morale- 
ment le  même. 

Par  ordre  de  Monseigneur, 

J.  0.  Paré,  Ptre., 

Pro-Secrélaire. 


96  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

LETTRE  PASTORALE. 

DE    MONSEIGNEUR    L'ÉVÉQUE    DE    MONTRÉAL  A  TOUS 
SES  DIOCÉSAINS. 

Ignace  Bourget,  par  la  iviséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St, 
Siège  Apostolique,  Evéque  de  Montréal^  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiclioa 
en  Notre  Seigneur. 

Nous  croyons,  Nos  Très  Chers  Frères,  devoir  vous  faire 
part  des  bénédictions  que  Dieu  a  daigné  répandre  sur  la 
visite  que  nous  fîmes  sur  la  rive  Nord  de  l'Ottawa,  en 
Septembre  et  Octobre  derniers. 

Des  occupations  multipliées  qui  nous  attendaient  à 
notre  retour,  ne  Nous  ont  pas  permis  plustôt  de  vous  faire 
part  des  consolations  spirituelles  dont  le  Seigneur  a  favo- 
risé cette  mission  lointaine.  Pendant  plus  d'un  mois  que 
Nous  avons  mis  à  parcourir  tout  le  territoire  qui  s'étend 
le  long,  de  la  Grande  Rivière  depuis  Grenville  jusqu'à 
l'Ile  des  Allumettes,  comprenant  une  étendue  de  près  de 
quatre-vingt  lieues.  Nous  n'avons  cessé  de  recueillir  les 
fruits  de  grâces  et  de  salut  qu'il  plaisait  à  Dieu  de  répandre 
sur  nos  travaux  et  ceux  de  nos  zélés  collaborateurs.  Nous 
pouvons  dire  avec  vérité  de  tous  les  habitants  de  ces 
missions  reculées  ce  que  que  St.  Paul  assurait  des  Galates  : 
que  Nous  avons  été  reçu  comme  un  Ange  de  Dieu,  et  comme 
Jésus-Christ  même.  L'empressement  que  ces  brebis  si 
chères  à  notre  cœur  ont  témoigné  à  voir  et  entendre  leur 
Premier  Pasteur  ;  l'ardeur  qu'elles  ont  manifestée  pour 
profiter  des  grâces  que"  nous  allions  leur  offrir  ;  leur  zèle 
à  approcher  des  sacrements  ;  les  larmes  de  componction 
que  Nous  leurs  avons  vu  répandre  dans  ces  jours  de  salut  ; 
la  joie  qu'elles  goûtaient  de  pouvoir  exercera  notre  égard 
l'hospitahté  la  plus  cordiale  dans  leurs  humbles  demeures  ; 
la  paix  où  Nous  les  avons  laissées,  après  les  avoir  régéné- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  97 

rées  ;  tout,  Nos  Très  Ghers  Frères,  contribuait  à  Nous  faire 
oublier  les  fatigues  inévitables  auxquels  il  a  fallu  Nous 
assujétir  pour  leur  procurer  de  si  grands  biens.  En  tout 
cela,  Nous  n'avons  fait  que  remplir  un  stricte  devoir,  et 
Nous  devons  avouer,  selon  le  pj  écepte  du  Sauveur,  que 
Nous  ne  sommes  encore  qu'un  serviteur  inutile.  Car  étant 
obligé  de  donner  notre  vie  pour  le  salut  des  brebis  con- 
fiées à  no5  soins,  Nous  devons  considérer  comme  peu  de 
chose  le  sacrifice  de  nos  aises  et  de  nos  commodités. 

Dans  le  cours  de  cette  visite,  nous  avons  planté  la  croix 
du  Sauveur  en  huit  endroits  où  ce  signe  de  salut  n'avait 
pas  encore  été  publiquement  arboré  et  vénéré.  Nous  avons 
béni  solennellement  quatre  chapelles  qui  se  sont  trouvées 
assez  finies  pour  que  les  exercises  de  la  mission  s'y  soient 
faits  avec  décence.  Nous  avons  institué  le  Chemin  de  la 
Croix  dans  sept  Eglises  différentes  ;  nous  avons  érigé  huit 
nouvelles  missions  et  désigné  la  place  de  trois  nouvelles 
chapelles,  les  quelles,  à  en  juger  par  le  zélé  des  Catho- 
liques de  ces  lieux,  devront  être  prêtes  sous  peu  de  temps, 
à  servir  au  culte  du  Seigneur.  La  confirmation  a  été 
administrée  à  près  de  neuf  cents  personnes,  et  plus  de  mille 
sept  cent  cinquante  personnes  ont  participé  au  banquet 
Eucharistique.  Vous  pensez  bien.  Nos  Très  Chers  Frères, 
que  notre  cœur  a  été  plus  d'une  fois  attendri  en  voyant 
que  Jésus  Christ  allait  entrer  en  possession  de  son  héri- 
tage, qu'il  allait  avoir  des  Eghses  pour  y  fixer  son  séjour 
et  habiter  avec  les  hommes,  ce  qu'il  déclare  dans  l'écriture, 
être  l'objet  de  ses  délices  ;  en  pensant  enfin  que  les 
louanges  du  Seigneur  et  de  sa  divine  Mère,  pourraient 
retenir  désormais  dans  des  lieux  où  ci  devant  l'on  n'en- 
tendait guère  que  des  blasphèmes,  des  imprécations,  ou 
des  discours  licencieux.  Quïl  fesait  beau,  Nos  Très  Chers 
Frères,  de  voir  ce  bon  peuple  se  presser  autour  des  croix 
que  Nous  venions  de  bénir,  versant  des  larmes  de  joie,  et 
prouvant  par  là  que  leur  foi,  qui  se  réveillait  d'une  ma- 
nière si  fiappante  pendant  ces  touchantes  cérémonies, 
était  encore  bien  vive  en  eux. 


98  MAMDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

En  érigeant  ainsi  de  nouvelles  missions  et  fixant  U 
place  de  quelques  chapelles  de  distance  en  distance,  Nous 
avons  tâché  de  pourvoir  au  salut  de  tous  ceux  de  nos 
Diocésains  qui  habitent  en  ces  lieux,  et  qui  pour  la  plu- 
part étaient  privés  de  tous  les  secours  de  la  Religion  ;  et 
par  cet  arrangement,  tous  ceux  qui  à  peine  voyaient  un 
Prêtre  une  fois  l'an,  pourront  prochainement  être  desser- 
vis tous  les  quinze  jours,  ou  toutes  les  trois  semaines. 

En  vous  donnant  ces  détails,  N.  T.  C.  F.,  Nous  avons 
été  animé  de  plusieurs  motifs. 

|o. — Parce  que  les  succès  de  notre  mission  sont  dûs, 
après  Dieu,  aux  prières  que  vous  n'avez  cessé  de  faire 
pour  cet  objet. 

2o. — Parce  que  les  frais  considérables  qu'il  Nous  a 
fallu  faire  ont  été  supportés  par  les  fonds  de  la  Propa- 
gation de  la  Foi  ;  ce  qui  vous  prouve,  sans  autre 
raisonnement,  le  bien  immense  que  vous  faites  en 
appartenant  à  cette  charitable  institution. 

30. — Parce  qu'étant  édifiés,  en  apprenant  l'heureuse 
nouvelle  que  Dieu  sera  désormais  glorifié  et  servi  dans 
ces  lieux  où  il  était  auparavant  si  méconnu  et  outragé, 
vous  en  ressentirez,  sans  doute,  une  joie  spirituelle  qui 
sera  comme  la  récompense  anticipée  de  cette  bonne  œuvre. 

Il  est  encore  une  autre  raison  qui  vous  paraîtra  d'un 
intérêt  majeur.  Nous  avons  trouvé  réunis  dans  ces  lieux 
écartés  des  gens  de  la  plupart  des  Paroisses  de  ce  Diocèse, 
qui  passent  quelquefois  plusieurs  années  dans  les  chan- 
tiers, courant  les  plus  grands  risques  pour  leurs  âmes  et 
exposés  à  mourir  sans  les  secours  si  consolants  de  la 
Rehgion.  Connaissant  depuis  longtemps  que  ces  chantiers 
étaient  pour  les  jeunes  gens  une  source  de  désordres,  les 
Curés  n'ont  cessé  d'exhorter  leurs  Paroissiens  à  retenir 
leurs  enfants  sous  le  toit  paternel  ;  mais  il  ne  leur  a  pas 
été  possible  de  les  détourner  de  ces  dangereux  voyages  où 
ils  ont  tout  à  souffrir  dans  ce  monde  et  tout  à  risquer 
pour  l'autre.  Depuis  longtemps  Nous  cherchions  un 
remède  à   un  si  grand  mal  ;    Nous  avions  même  fait 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  99 

quelques  tentatives  qui  n'ont  pas  été  sans  succès.  Pendant 
notre  mission  de  l'Ottawa,  partout  où  il  Nous  a  été  possible 
d'offrir  les  grâces  de  notre  saint  ministère  à  ces  chrétiens 
délaissés,  partout  nos  travaux  ont  été  suivis  d'une  abon- 
dante moisson.  Et  Nous  avons  eu  à  bénir  le  Père  des 
miséricordes  de  qui  vient  tout  don  parfait^  de  Nous  avoir 
suggéré  le  moyen  efficace  de  paître  toutes  nos  brebis, 
quelque  part  qu'elles  se  trouvassent  :  Nous  avons  pris 
des  mesures,  de  concert  avec  les  Bourgeois  des  divers 
lieux,  pour  que  les  Missionnaires  que  Nous  nous  proposons 
d'envoyer  puissent  parcourir  les  chantiers  et  continuer 
une  œuvre  si  heureusement  commencée.  Cette  œuvre 
doit  vous  paraître  bien  intéressante,  et  vous  devez  l'avoir 
fort  à  cœur,  puisqu'il  s'agit  des  plus  chers  intérêts  de  vos 
proches  et  de  tous  vos  frères  en  J.  G.  Ce  sera  pour  les 
pères  et  mères  une  inquiétude  de  moins  que  de  savoir 
que  leurs  enfants  seront  à  l'avenir  pourvus  de  secours 
spirituels  dans  cette  partie  éloignée  de  notre  Diocèse. 

Ces  fruits  abondants  de  salut  par  lesquels  la  Providence 
a  bien  voulu  encourager  la  première  visite  pastorale  faite 
en  ces  lieux,  Nous  ont  déterminé  à  entreprendre  sous  peu 
celle  des  Missions  situées  au  sud  du  Fleuve  Sf.  Laurent, 
lesquelles  n'offrent  pas  à  votre  foi  et  à  votre  piété  un 
intérêt  moindre  que  celles  de  l'Ottawa.  Aussi,  Nous 
attendons  de  vous,  N.  T.  C.  F.,  une  co-opé ration  très- 
efficace  à  tous  nos  travaux,  par  la  continuation  de  vos 
prières  et  de  vos  bonnes  œuvres,  comme  nous  avons  eu 
occasion  de  vous  y  exhorter  dans  notre  Mandement 
d'Entrée. 

Ce  simple  exposé  que  nous  venons  de  faire,  encouragera, 
Nous  l'espérons,  chaque  Paroisse  à  faire  d'instantes 
prières  pour  la  Propagation  de  la  Foi,  et  particulièrement 
le  jour  de  la  Fête  de  St.  François- Xavier,  et  déterminera 
chique  fidèle  à  s'enrôler  dans  cette  Association  si  émi- 
nenment  Catholique.  Aussi,  Nous  avons  compté  sur  le 
zèle  de  tous  nos  Diocésains,  en  promettant  des  secours 


ÎOO  MENDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

abondants  à  ces  nouvelles  Missions  que  nous  avons 
formées,  et  nous  avons  la  ferme  espérance  que  nous  ne 
serons  pas  trompé  dans  notre  attente. 

Il  est  encore  un  nouveau  sujet  de  joie  pour  Nous, 
N.  T.  G.  F.,  dont  nous  devons  vous  faire  part  en  vous 
adressant  cette  lettre,  c'est  d'apprendre  que  plusieurs 
Paroisses  forment  des  vœux  empressés  pour  que  les 
bienfaits  des  Missions  ou  Retraites,  telles  qu'il  s'en  est  fait 
une  à  Terrebonne,  soient  répandus  dans  toutes  les  parties 
de  ce  Diocèse  ;  Nous  le  souhaitons  aussi  Nous,  très- 
ardemment,  et  Nous  attendons  de  la  Divine  Miséricorde 
qu'elle  Nous  mettra  sous  peu  en  état  de  satisfaire  vos 
pieux  désirs.  Pour  vous  préparer  à  ces  grâces  signalées, 
Nous  vous  conjurons,  N.  T.  G.  F.,  de  vous  rendre  Dieu 
propice  en  vivant,  comme  vous  y  invite  l'Apôtre,  dans  la 
sobriété,  la  justice  et  la  piété.  Prenez  garde  que  vos 
cœurs  ne  s'appesantissent  par  l'excès  des  liqueurs 
enivrantes;  craignez  qu'ils  ne  se  laissent  corrompre  par 
l'attrait  de  la  volupté  ;  et  pour  cela  que  les  jeunes  gens 
évitent  soigneusement  les  veillées  seul  à  seul,  veillées 
toujours  fécondes  en  désordres  et  que  des  parents  cnrétiens 
ne  doivent  jamais  souffrir  dans  leurs  maisons. 

En  conformant  ainsi  toutes  vos  actions,  en  rapportant 
toutes  vos  démarches  aux  règles  de  cette  vigilance 
chrétienne  qui  en  sera  la  sauvegarde,  vous  attirerez  sur 
vous  et  sur  vos  familles  les  grâces  de  Dieu,  et  sur  touies 
vos  entreprises  les  bénédictions  du  Giel. 

Enfin  Nous  vous  souhaitons  à  tous  la  paix  du  Seigneur, 
ce  don  qui,  selon  l'Apôtre,  surpasse  tout  sentiment.  Que 
celte  paix  garde  vos  cœurs  et  vos  esprits,  qu'elle  se 
manifeste  constamment  devant  Dieu  comme  devant  les 
hommes,  par  ce  calme  religieux  avec  lequel  vou? 
accomplirez  toute  loi  émanée  de  vos  Supérieurs,  sot 
Ecclésiastiques,  soit  Givils,  vous  reposant  sur  la  Diviie 
Providence  du  soin  de  tout  le  reste. 

Voilà  ce  que  le  tendre  intérêt  que  notre  cœur  -ous 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  101 

porte  à  tous,  Nous  a  suggéré  de  vous  dire  dans  les  cir- 
constances, et  ce  que  l'esprit  de  la  foi,  ainsi  que  les  vraia 
Drincipes  de  la  Religion,  vous  feront  apprécier. 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  et  publiée  en 
chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  et  au 
Prône  dans  toutes  les  Eglises  Paroissiales,  le  premier 
Dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  25  Novembre  mil-huit-cent-qua- 
rante, sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le  contre-seing  de 
notre  Pro-Secré taire. 


L.  f  S. 


-J-  Ig.  Evèque  de  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

Jos.  OcT.  Paré,  Ptre., 

Pro-Secrétaire. 
[Pour  copie.) 

J.  0.  Paré,  Ptre., 

Pro-Secrétaire. 


P.  S. — MM.  les  Curés  qui  ont  en  main  quelqu'argent 
pour  la  Propagation  de  la  Foi  sont  priés  de  le  faire  remet- 
tre le  plustôt  possible  au  Trésorier  de  l'Association. 

J.  0.  P.,  P.-S. 


102  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

LETTRE    PASTORALE 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE    MONTRÉAL   AUX    FIDÈLES    DE 

LA  VILLE   ET    DE   LA   PAROISSE    DE  VILLE-MARIE   POUR 

ANNONCER   l'oUVERTURE   d'uNE   RETRAITE. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  gréce  du  St- 
Siège  Apostolique,  Eve  que  de  Montréal. 

A  tous  les  Fidèles  de  notre  Ville  Episcopale  :   Salut  et  bénédiction  en 
Notre-Seigneur. 

Depuis,  Nos  Très-Cher  Frères,  qu'il  à  plu  à  Dieu  de 
JNous  imposer  le  fardeau  de  l'Episcopat,  Nous  ressentons 
pour  vous  tous  une  tendresse  spéciale,  en  sorte  que  Nous 
pouvons,  dans  sincérité  de  notre  cœur,  dire  de  vous  ce 
que  l'Apôtre  disait  des  habitants  de  la  ville  de  Phihppe  : 
«  Dieu  m'est  témoin  avec  quelle  tendresse  je  vous  aime 
tous  dans  les  entrailles  de  Jésus-Christ.  »  (Phil.  1.  8).  Et 
comment  n'aimerions  Nous  pas  une  ville  qui  est  l'objet 
de  l'affection  maternelle  de  la  divine  Marie  ;  une  ville 
qui  portent  le  glorieux  nom  de  Marie,  a  été  bâtie  sur  les 
solides  fondements  de  la  piété  de  vos  pères  pour  cette 
Reine  de  l'univers  ;  une  ville  qui  renferme  dans  son  en- 
ceinte tant  de  monuments  précieux  élevés  et  religieuse- 
ment conservés  à  Marie  ;  une  ville  qui  compte  parmis  ces 
nombreux  habitants  tant  d'âmes  dévouées  à  Marie  ;  une 
ville  enfin  qui,  après  avoir  été  le  berceau  de  Notre  véné- 
rable Prédécesseur,  est  devenue  le  siège  d'honneur  où 
cet  illustre  Prélat,  lui-même,  la  gloire  d'une  ville  déjà  si 
distinguée,  est  venu  se  reposer,  sur  les  dernières  années 
de  sa  laborieuse  et  infatigable  carrière  ?  Aussi,  Dieu 
Nous  est  témoin,  Nos  Très-Chers  Frères,  que  Nous  ne  cessons 
de  penser  à  vous  dans  nos  prières,  et  que  Nous  désirons  vous 
faire  part  des  dons  spirituels  que  Nous  sommes  chargé  de 
vous  communiquer,  pour  vous  affermir  dans  la  pratique 
de  vos  devoirs  religieux  (Rom.  I.  9.  10.  1 1.) 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  lOî 

En  qualité  de  Pasteur  des  âmes  Nous  pouvons  et  Nous 
devons  dire,  en  toute  confiance,  ce  que  le  chef  des  Pas- 
teurs disait  aux  juifs  :  «  je  suis  venu  pourque  mes  brebis 
aient  la  vie  et  quelles  l'aient  avec  la  plus  grande  abon- 
dance. »  (Joan  10.  10). 

Nous  trahirions  notre  ministère  si,  allant  porter  la  nou- 
riture  et  la  vie  à  celles  de  Nos  brebis  qui  vivent  dans  des 
lieux  reculés,  Nous  négligions  celles  qui  sont  habituelle- 
ment près  de  Nous  et  qui  forment  la  partie  la  plus  noble 
du  troupeau  de  Jésus-Christ  :  <  les  brebis  qui  se  trouvent 
continuellement  près  du  Bon  Pasteur  sont  toujours  les 
plus  favorisées  et  les  plus  en  assurance,  »  dit  Ste. 
Thérèse. 

Vous  avez  donc  un  droit  particulier  à  Notre  sollicitude  ; 
et  cette  sollicitude  doit  être  d'autant  plus  inquiète  et  em- 
pressée que  vous  êtes  plus  exposés  au  danger  de  périr 
éternellement,  parce  que  le  séjour  de  la  ville  que  vous 
habitez  est  de  soi  une  occasion  des  plus  dangereuses  à 
votre  innocence.  Qu'il  est  à  craindre  qne  le  commerce 
que  vous  avez  avec  le  monde  ne  refroidisse  votre  Foi  ! 
Qu'il  est  dangereux  ce  monde  que  vous  êtes  comme  forcés 
de  voir,  de  fréquenter  et  d'entendre  1  Aussi  voyons-nous 
avec  la  plus  vive  douleur,  que  l'indifférence  a  pris,  chez 
un  grand  nombre,  la  place  de  cette  sainte  ferveur  qui 
animait  vos  pères  dons  la  Foi.  Si  Nous  avons  à  Nous 
réjouir  des  œuvres  toutes  saintes  que  pratiquent  encore 
un  certain  nombre  d'âmes  qui  sont  notre  gloire  et  notre 
couronne^  Nous  avons  à  gémir  bien  amèrement  de  ce 
qu'il-y-a  dans  les  autres  des  desordres  qui  font  blasphé- 
mer le  Saint  Nom  de  Dieu  par  ceux  qui  n'appartiennent 
pas  à  notre  Foi  :  et  de  ce  que  plusieurs  (hélas  !  le  nombre 
n'en  est  que  trop  grand)  ne  s'approchent  plus,  ou  ne  s'ap- 
prochent que  très  rarement  du  tribunal  de  la  Pénitence 
et  de  la  Table  Sainte,  ce  qui  esi  la  source  de  tous  les.- 
meaux  spirituels  qui  nous  aflligent.  Oh  !  serait-il  possible 
gue  l'on  put  vous  apphquer  ces  paroles  de  l'Apôtre  aux- 


;Î04  MA.NDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Galates  :  «  Il  est  aîsé  de  reconnaître  ici  les  œuvres  de  la 
chair,  qui  son  la  fornication,  l'impureté,  la  dissolution, 
'l'idolâtrie,  les  inimitiés,  les  dissentions,  les  jalousies,  les 
animosités,  les  querelles,  les  divisions,  les  meurtres,  les 
ivrogneries,  les  débauches  et  autres  choses  semblables.» 
(Gai.  6.  19.  20.  21).  Il  n'est  que  trop  facile  de  voir  que  ces 
œuvres  d'iniquités  font  sentir  partout  leur  funeste  conta- 
gion. Quelles  en  doivent  être  les  tristes  suites  ?  Hélas  ! 
selon  que  nous  l'atteste  le  môme  Apôtre,  «  ceux  qui  com- 
mettent ces  crimes  ne  seront  point  héritiers  du  royaume 
de  Dieu.»  (Id.  ib.  21.)  En  comparant  les  mœurs  pures  et 
paisibles  de  nos  pères  avec  les  crimes  qui  inondent  cette 
cité  malheureuse,  n'avons  Nous  pas  de  pressants  motifs 
d'emprunter  les  cantiques  douleureux  de  l'inconsolable 
Jérémie,  et  de  Nous  écrier  avec  lui  :  par  quel  malheur 
les  éminentes  vertus  qui  brillaient  dans  cette  Ville  se  sont- 
elles  obscurcies!  «  Quomodo  obscuratum  est  aurum,  ma- 
tatus  est  color  optimus  !  (Jer.  4.  1).  0  Ville-Marie,  0  fille 
de  Sion,  lu  as  donc  perdu  l'éclat  de  ta  beauté,  en  perdant 
tes  mœurs  antiques  et  si  douces!  «  Egressus  est  à  Filià 
Sion  omnis  décor  ejus.  »  (Jer  1.  6).  Ces  œuvres  de  piété 
et  de  ferveur  ont  été  changées  en  des  œuvres  de  ténèbres 
qui  ont  souillé  toutes  tes  démarches.  «  Sordes  ejus  in 
pedibus  ejus.»  (Id.  1.9).  Ceux  qui  autrefois  mettaient 
leurs  délices  à  se  nourrir  du  pain  des  Anges  dans  le 
palais  du  Roi  des  rois,  ont  été  dégradés  jusqu'au  point  de 
ne  plus  trouver  de  plai.sir  que  dans  la  satisfaction  des  pas- 
sions les  plus  humiliantes.  «Qui  nutriebantur  croceis 
amplexati  sunt  stercora.  »  (Id.  4.  5).  Des  malheurs  de  tous 
genres,  des  épreuves  sans  nombre,  des  morts  subites  et 
vraiment  tragiques  qui  presque  tous  les  jours  enlèvent 
-quelques-uns  de  tes  habitants  et  répandent  le  deuil  dans 
toutes  les  classes  de  la  société,  t'avertissent  que  le  Sei- 
gneur est  irrité  de  tes  crimes.  Voilà,  Nos  Très  Ghers 
Frères,  voilà,  n'en  doutez  pas,  ce  qui  tous  les  jours  tient 
notre  cœur  paternel  dans  de  cruelles  angoisses,  craignant 
4ïue  nos  crimes,  comme  ceux  des  cinq  villes  coupablerj 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  105  • 

«  ne  crient  vers  le  ciel  pour  demander  vengeance.  »  (Gen, 
19.  13.)  Voilà  ce  qui  Nous  a  porté  à  chercher  quelques 
moyens  extraordinaires  pour  remédier  à  tous  nos  maux 
spirituels. 

Comme  la  prière  est  l'unique  ressource  du  pauvre  et 
de  l'affligé,  Nous  avons  recouru  au  Père  des  miséricordes 
et  à  la  Divine  Marie,  pour  en  obtenir  le  secours  qui  nous 
est  si  nécessaire  dans  ces  jours  malheureux.  Nous  avons 
été  surtout  occupé  de  l'importante  affaire  de  votre  régéné- 
raiiou  à  la  grâce,  pendant  et  depuis  la  dernière  Retraite 
Pastorale  qui  s'est  donnée  dans  cette  ville,  et  dont  le 
spectacle  si  imposant  n'aura  pas  manqué  de  faire  sur  vos 
cœurs  une  impression  salutaire.  Occupé,  avec  nos  fervents 
collaborateurs,  à  méditer,  pendant  ce  saint  temps,  les 
années  éternelles,  et  comblé  avec  eux  des  douceurs  de  la 
solitude,  Nous  conjurâmes,  dans  l'union  des  cœurs,  le 
Dieu  de  bonté  de  vouloir  bien  faire  part  à  Notre  peuple 
du  bonheur  dont  Nous  jouissions  en  vaquant  aux  exercices 
de  la  Retraite,  dont  l'effet  propre  est  de  régénérer,  en  peu 
de  temps,  les  villes  et  les  campagnes.  Dieu  qui  se  plait  à 
prêter  l'oreille  aux  cris  des  humbles  et  des  petits,  a  entendu 
Nos  soupirs,  en  dirigeant  vers  nous  les  pas  d'un  illustre  et 
vénérable  Prélat,  dont  les  courses  Apostoliques  n'ont 
d'autre  but  que  de  sanctifier  le  monde.  Il  Nous  a  donné 
une  preuve  non  équivoque  que  Nos  gémissements  avaient 
touché  son  cœur  paternel.  Les  admirables  succès  qu'ont 
eu  les  Retraites  données  en  ce  pays,  à  Québec  et  à  Terre- 
bonne,  par  cet  homme  puissant  en  œuvres  et  en  paroles, 
Nous  assurent  d'avance  les  heureux  fruits  que  nous  atten- 
dons de  celle  (^u'il  veut  bien  donner  à  cette  ville,  avec 
l'aîde  de  vos  zélés  et  vertueux  pasteurs.  C'est  donc  avec 
confiance  que  nous  vous  annonçons,  de  la  part  du  Dieu 
tout  bon  et  miséricordieux,  que  le  temps  favorable,  que  les, 
jours  de  salut  sont  arrivés  pour  vous.  «  Ecce  nunc  tempus 
acceptabile,  ecce  nunc  dies  salutis.  »  (2  Cor.  6.  2). 

Le  Seigneur,  en  vous  appelant  à  la  Retraite,  veut  par- 
ler à  vos  cœurs.     Il  veut    vous    éclairer    d'une    vive 


'106  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

iumièra,  toucher  vos  âmes,  vous  faire  comprendre  que 
tout  ici  bas  n'est  que  vanité  et  folie.  Il  désire  guérir  les 
■plaies  profondes  que  le  péché  vous  a  faites,  et  vous 
'donner  des  forces,  afin  de  secouer  les  chaînes  de  vos  ini- 
quités. En  un  mot,  il  veut  vous  affermir  dans  les  sentiers 
de  la  justice  et  vous  faire  goûter  la  paix,  cette  paix  déli- 
cieuse qui  surpasse  tout  sentiment.  «  Préparez  donc  les 
voies  du  Seigneur  et  rendrez  droits  ses  sentiers.  »  (Marc. 
1.  3.).  Quittez  toutes  les  occasions  du  péché  :  «  fuyez  du 
millieu  de  Babylone,  et  que  chacun  sauve  son  âme.  » 
{Jer  5t.  6.).    Renoncez  à  ses  sociétés  dangeureuses  qui 

■  furent  toujours  si  funestes  à  votre  innocence.  «  Couver 
tissez  vous  au  Seigneur  de  tout  votre  cœur,  dans  le  jeûne, 
les  pleurs  et  les  gémissements.  »  (Joël.  2.  12.).  Soyez  fer- 
vents dans  la  prière  ;   demandez  avec  confiance  la  grâce 

■  de  votre  conversion,  et  vous  la  recevrez.  Rachetez  vos 
péchés  par  des  aumônes  selon  vos  moyens;  car,  «l'au- 
mône délivre  de  tout  péché  et  de  la  mort  ;  et  elle  ne  lais- 
sera pas  l'âme  dans  les  ténèbres.  Elle  donnera,  à  tous 
ceux  qui  la  font,  une  grande  confiance  quand  ils  paraî- 
trant  devant  le  Dieu  Très-Haut.  »  (Job.  4.  1 1,  12.).  «  Sonnez 
de  la  trompette  dans  Sion  »  (Joël.  2.   1.)    0  Pasteurs  des 

-âmes.  «  Ululate,  Pastores,  et  clamate.  »  (J^r.  25-  34.),  en 
"voyant  vos  brebis  exposées  à  périr  éternellement.  Placés 
entre  le  vestibule  pt  l'autel,  ne  cessez  de  crier;  «  pardon- 
nez, Seigneur,  pardonnez  à  votre  peuple.  »  (Joël.  2.  17.)  ; 
et  ne  permettez  pas  que  cette  ville,  qui  est  votre  héritage, 
soit  toujours  un  sujet  d'opprobre  pour  votre  Eglise. 

Et  vous,  vierges  chrétiennes,  présentez  vous  au  céleste 
époux  que  vous  servez  avec  tant  de  fidélité  ;  fléchissez 
par  vos  prières  la  colère  du  Seigneur.  Et  vous,  âmes 
saintes,  qui  gémissez  depuis  tant  d'années  en  voyant  les 
scandales  que  vous  avez  tous  les  jours  sous  les  yeux, 
joignez  vos  humbles  supplications  à  celles  qu'adressent 
au  ciel  tant  de  cœurs  purs  et  innocents.  Et  vous,  pécheurs, 
faites  entendre  dans  le  temple  du  Seigneur  la  prière  de 
l'humble  publicain  :  «  0  Dieu,  ayez  pitié  do  moi  qui  suis 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  107 

un  pécheur  »  ;  et  vous  vous  en  retournerez  comme  lui 
justifiés. 

0  Marie,  nous  recommandons  à  votre  tendresse  mater- 
nelle les  exercices  de  cette  Retraite  que  Nous  annonçons 
en  ce  jour  à  une  ville  qui  vous  fut  toujours  si  chère  et 
que  vous  avez  toujours  merveilleusement  protégée  dans 
le  temps  même  qu'elle  semblait  vous  rejeter.  Marie  !  0 
nom  sous  lequel  il  ne  faut  jamais  désespérer.  0  Marie, 
notre  unique  espérance,  entendez  les  gémissements  qne 
nous,  misérables  enfants  d'Adam,  poussons  vers  vous, 
retenus,  comme  nous  le  sommes,  dans  cette  vallée  de 
larmes,  daignez  abaisser  vers  nous  les  yeux  de  votre  misé- 
ricorde, et  nous  ouvrir  les  entrailles  de  notre  charité.  0 
Marie,  si  tendre,  si  compatissante,  si  bonne  pour  nous 
tous,  prenez  sous  votre  puissante  protection  cette  ville  qui 
doit  être  sainte  parce  qu'elle  est  a  vous.  Régénérez  la 
pendant  ces  exercices  spirituels.  Du  haut  du  ciel  inspirez 
au  prédicateur  et  aux  confesseurs  tout  ce  qu'ils  ont  à 
faire  pour  rendre  vos  enfants  saints.  0  Marie,  sanctifiez 
le  Pasteur  et  les  brebis 

A  ces  causes,  Nos  Très  Chers  Frères,  Nous  vous  annon. 
çons  que  les  exercices  Spirituels  de  la  Retraite  générale 
commenceront  dans  l'Eglise  Paroissiale  de  cette  ville,  le 
treize  du  présent  mois.  L'ouverture  de  cette  Retraite  sera 
annoncée  par  le  son  des  clochps  de  toute  la  ville  pendant 
une  heure,  avant  le  chant  du  Veni  Creator.  Elle  sera  pré- 
sidée par  l'Illustrissime  et  Révérendissime  Comte  de  Forbin 
Janson,  Evêqne  de  Nancy  et  deToul,  Primat  de  Lorraine 
à  qui  Nous  voulons  qu'on  rende,  dans  toute  l'étendue  de 
Notre  Diocèse,  les  mêmes  honneurs  qu'à  Nous,  tant  qu'il 
y  résidera.  Elle  durera  tout  le  temps  qui  sera  jugé  néces- 
saire par  ceux  qui  la  dirigeront. 

Les  fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui  vaqneront  au 
moins  pendant  trois  jours  aux  dits  exercices,  et  qui  s'étant 
confessés  et  ayant  communié,  prieront  quelque  temps  à 
l'intention  du  Souverain  Pontife,  gagneront  une  Indul- 


108  MANDEMENS,  LETTRES  PASTORALES. 

gence  plénière.  Afin  de  rendre  les  travaux  de  notre  minis- 
tère plus  fructueux,  Nous  vous  exhortons  instamment. 
Nos  Très-Ghers  Frères,  à  faire  chaque  jour,  dans  vos 
familles,  des  prières  ferventes,  en  union  de  celles  qui  se 
feront  dans  toutes  les  églises  de  la  ville.  A  cette  fin,  Nous 
enjoignons  à  tous  les  prêtres  qui  célébreront  dans  les 
diverses  ég-lises  de  cette  ville,  de  dire,  pendant  tout  le 
temps  de  la  Retraite,  l'oraison  «  Pro  petitione  lacrymarum^)) 
en  se  conformant  aux  règles  de  la  Rubrique.  De  plus, 
chaque  jour  on  dira  cinq  Pater  et  cinq  Ave  après  la  Messe 
du  Diocèse  dans  la  Cathédrale,  après  celle  de  la  Retraite 
dans  l'église  Paroissiale  et  après  la  Messe  conventuelle 
dans  les  autres  églises;  et  les  Dimanches  et  Fêtes,  ces 
prières  se  diront  après  la  Messe  solennelle  partout  où  il-y 
a  office  public. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  et  publiée  au 
Prône  de  la  Messe  solennelle  dans  la  Cathdrale  et  dans 
l'église  Paroissiale  de  cette  ville,  le  premier  Dimanche 
après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal  le  douze  Décembre  1840,  sous  Notre 
seing  et  Sceau  avec  le  contre-seing  de  Notre  Secrétaire. 

-J-  Ig.  Ev.  de  Montréal, 

Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  109 

CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS  LES   CURÉS,   MISSIONNAIRES    ET  AUTRES   PRÊTRES 
DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 


Montréal,  le  21  Décembre  1840. 
Monsieur, 

Ne  soyez  pas  surpris  de  recevoir  aussi  souvent  de  mes 
lettres  circulaires  :  car  c'est  pour  moi  un  délassement  et 
une  consolation  d'avoir  à  correspondre  avec  tous  les 
membres  du  clergé,  pour  les  tenir  au  courant  des  princi 
pales  affaires  du  Diocèse  ;  et  j'en  attends  d'heureux 
résultats  pour  l'église  dont  les  intérêts  nous  sont  également 
chers,  et  au  bien  de  laquelle  nous  avons  tous  à  concourir 
dans  l'union  la  plus  parfaite. 

J'appellerai  d'abord  votre  attention  sur  un  sujet  très- 
important.  Vous  savez  que  Messieurs  les  Commissaires, 
nommés  en  vertu  de  l'ordonnance  de  la  2de.  Victoria, 
chap.  29.  pour  la  reconnaissance  civile  des  Paroisses 
canoniquement  érigées,  n'ont  pu  procéder  sur  les  Paroisses 
formées  par  l'autorité  Ecclésiastique  depuis  la  le.  Guil- 
laume IV,  chap.  51,  parce  que  d'après  la  susdite  Ordon- 
nance, ils  n'étaient  autorisés  à  reconnaître  pour  Paroisse 
que  celles  qui  auraient  été  érigées  par  FEvêque,  après  la 
passation  d'icelle  ordonnance.  Pour  lever  cet  obstacle, 
un  amendement  était  nécessaire  ;  et  il  a  toujours  été 
attendu  jusqu'ici,  pour  éviter  tous  les  inconvénients  qu'il 
y  aurait  eu  à  recommencer  les  Procédures  Ecclésiastiques. 
Mais  comme  cet  amendement  et  quelques  autres,  qui  ont 
été  demandés  par  MM.  les  Commissaires  susdits,  n'ont  pas 
été  obtenus,  et  que  la  dite  Ordonnance  doit  expirer  le  4 
Mars  prochain,  il  n'y  a  plus  à  temporiser  :  et  je  crois 
devoir  vous  recommander  de  faire  tous  vos  efforts  pour 
parvenir  promptement,  et  sans  frais  considérables,  aux 
fins  de  cette  Ordonnance.  Quoiqu'il  faille  recommercer 


110  MANDEMENS,  LETTRES  PASTORALES. 

toute  la  procédure  canonique,  tout  se  réduira  néanmoins 
à  envoyer  un  Commissaire  ecclésiastique,  qui  procédera 
suivant  les  formes  voulues  par  la  dite  Ordonnance  de  la 
2de  Victoria,  ch.  29  ;  mais  se  contentera  de  ne  changer 
que  les  noms  et  les  dates  des  Requêtes,  Procès- Verbaux  et 
autres  papiers  qui  sont  entrés  dans  la  Procédure  déjà 
faite,  selon  la  direction  qui  lui  sera  donnée  :  ce  qui 
sauvera  beaucoup  de  frais  et  épargnera  bien  de  la  besogne. 
Quant  aux  simples  Missions,  il  faudra,  pour  obtenir  des 
décrets  ecclésiastiques,  procéder  en  la  manière  que  vous 
connaissez  ;  et  le  plustôt  possible.    Je  vous  préviens  que 

N n'est  qu'une   mission,  afin  que    vous  agissiez 

en  conséquence.  Je  vous  engage  à  faire  amortir  sans 
délai  le  terrain  de  votre  Eglise,  s'il  ne  l'a  pas  encore  été  ; 
et  je  vous  informe  que  l'insinuation  des  contrats  qui 
assurent  aux  Eglises  certains  bien-fonds  doit  être  faite  au 
greffe  du  Protonotaire  à  Montréal,  et  non  aux  greffes  des 
campagnes. 

Je  ne  vous  ai  point  laissé  ignorer  que  ma  mission,  en 
succédant  au  vénérable  Evêque  que  nous  regrettons,  est 
de  mettre  à  exécution  les  plans  que  son  génie  transcen- 
dant lui  a  fait  former  pour  le  bonheur  du  Diocèse  dont  il 
a  été  le  fondateur.  Un  de  ses  projets,  comme  vous  savez, 
était  de  créer  un  Chapitre,  afin  d'entourer  l'Evêque 
d'hommes  capables  de  l'aider  dans  le  gouvernement  de  ce 
vaste  Diocèse,  où  des  affaires  multipliées  s'encombrent  tous 
les  jours,  si  on  ne  les  expédie  à  mesure  qu'elles  se  pré- 
sentent. Si  cet  illustre  Prélat,  avec  des  talents  brillants 
et  une  expérience  consommée  dans  les  affaires,  a  compris 
le  besoin  d'un  semblable  secours,  vous  sentez  que  j'ai  les 
plus  puissants  motifs  d'entrer  dans  ses  vues  et  d'exécuter 
au  plutôt  un  plan  qui  me  donnera  des  moyens  sûrs  et 
efficaces  d'exécuter  les  autres,  qui  se  dérouleront  selon 
les  circonstances  que  ménagera,  je  l'espère,  la  Divine 
Providence.  J'ai  à  bénir  cette  aimable  Providence  qui  a 
inspiré  à  un  certain  nombre  de  Prêtres,  le  généreux  des- 
sein de  seconder  les  vues  et  plans  de  mon  Prédécesseur. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  1 1 1 

en  s'attachant  à  ma  personne,  dans  le  seul  intérêt  de 
l'Eglise.    Depuis  que  nous  sommes  ensemble,  nous  nous 
sommes  occupés  de  la  formation  de  ce  Chapitre,  afin  qu'il 
y  ait  dans  ce  Diocèse,  comme  il  y  a  dans  tant  d'autres,  un 
Sénat  Apostolique  et  un  coîisistoire  sacré^  qui,  attaché  par 
état  et  par  devoir  à  la  Chaire  Episcopale^  aide  l'Evêque  à 
gouverner  l'EgUse,  selon  les  Sts.  Canons.    Cette  Institu- 
tion est  de  nature  à  vous  inspirer  une  juste  confiance  dans 
la  direction  épiscopale,  en  voyant  votre  Chef  environné 
d'hommes  dont  tous  les  soins  sont  exclusivement  de  pro- 
curer avec  lui,  dans  l'union  des  cœurs,  l'avancement  du 
règne  de  Jésus-Christ.    Par  cet  arrangement,  vous  trou- 
verez toujours,  à  l'Evêché,  des  hommes  au  courant  des 
affaires  pour  répondre  à  vos   besoins,  lorsque    je  serai 
absent  de  cette  ville  ;  ce  qui  arrivera  fréquemment  :  car 
les  maux  spirituels  du  Diocèse,  qui  sont  immenses,  m'en 
gageront  à  aller  souvent  partager  vos  travaux,  pour  vous 
aider  à  sanctifier  le  troupeau  qui  est  à  nous  tous.    La 
disette  d'ouvriers  évangéliques  nous  obligera  néeessaire- 
ment  à  nous  multiplier  et  à  faire  l'impossible  pour  dé 
fendre  la  bergerie  du  Seigneur,  si  violemment  attaquée, 
dans  ce  temps  orageux.    Aussi  compté-je  sur  votre  zèle 
et  sur  votre   cordiale  et  courageuse  co-opération,  pour 
remplir  le  ministère  qui  m'est  confié.    Or,  ces  temps  d'ab- 
sence n'arrêteront  pas  le  cours  des  affaires  du  Diocèse  ;  et 
la  sollicitude  épiscopale  qui  doit,  sans  interruption,  s'ex- 
ercer sur  toutes  les  églises  de  c^  Diocèse,  n'en  souffrira 
aucunement.    J'ai  cru  que  le  jour  le  plus  convenable, 
pour  installer  les  premiers  Chanoines  de  la  Cathédrale, 
était  celui  où  le  premier  Evêque  de  Montréal  était  devenu 
par  sa  consécration,  la  pierre  fondamentale  de  l'Episcopat 
dans  ce  district,  afin  de  donner  à  ce  jour  (21  Janvier)  un 
nouveau  degré  d'intérêt  dans  l'histoire  de  notre  Eglise,  et 
honorer  ainsi  la  mémoire  du  glorieux  Pontife  que  Dieu 
nous  avait  donné  dans  sa  miséricorde.     Vous  êtes  tous 
invités  à  cette  cérémonie,  comme  à  toutes  les  autres  qui  se 
célébreront  dans  la  Cathédrale,    sans   qu'il  soit  besoin 


112  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

d'aucune  invitation  particulière.  Vous  vous  arrangerez, 
entre  vous,  pour  la  desserte  de  vos  Paroisses  pendant  ce 
temps. 

C'est  avec  beaucoup  de  consolation  que  j'apprends  les 
heureux  fruits  que  produisent  les  Retraites,  qui  se  font 
dans  diverses  Paroisses  du  Diocèse  ;  et  pour  les  encoura- 
ger, je  permets  de  chanter  solennellement  le  Ve^ii  Creator 
pour  l'ouverture  de  ces  Exercises  Spirituels,  ainsi  qu'un 
salut  et  le  Te  Deum  pour  la  clôture.  De  plus,  je  donne  à 
tous  les  Prêtres  approuvés,  qui  seront  appelés  par  les 
Curés  à  travailler  à  ces  Retraites,  le  pouvoir  de  prêcher  et 
de  confesser,  avec  la  faculté  d'absoudre  des  censures  et 
cas  réservés  tant  au  Pape  qu'à  l'Evêque. 

Je  pars  aujourd'hui  pour  la  visite  de  quelques  Town- 
ships  du  Sud,  qui  ont  pu  être  préparés  aux  grâces  de  la 
Visite  Episcopale.  Les  bonnes  nouvelles  que  me  donnent, 
de  temps  en  temps,  les  Missionnaires  de  l'Ottawa,  des 
fruits  durables  de  la  Mission  qui  a  eu  lieu  dernièrement 
dans  cette  partie  intéressante  du  Diocèse,  m'encouragent  à 
ne  rien  négliger  pour  porter  ailleurs  les  grâces  abondantes 
qui  découlent  nécessairement  du  Chef,  quelque  soit  l'in- 
dignité du  sujet.  Plusieurs  Curés  m'ont  aussi  fait  con- 
naître que  les  efforts  incroyables  qu'a  faits  dernièrement 
l'ennemi  du  salut  pour  pervertir  leurs  ouailles,  ont  été 
vains  et  inutiles  et  ils  attribuent  cette  protection  visible  à  un 
secours  puissant,  qui  leur  a  été  accordé  parlaSte.  Vierge  ; 
ce  que  moi-même  j'attribue  aussi  à  la  bonté  compatissante 
de  cette  Mère  de  miséricorde.  J'en  excepte  une  Paroisse, 
où  l'hérisie  a  fait  des  progrès  vraiment  allarmants, 
comme  vient  de  me  l'écrire  le  curé  du  lieu  ;  en  sorte  que, 
si  nous  avons  à  nous  réjouir  d'un  côté,  de  l'autre  nous 
avons  à  nous  humilier  et  à  gémir.  J'aurai  à  vous  écrire, 
dans  quelque  temps,  sur  ce  sujet.  En  attendant,  redou- 
blons nos  efforts  et  implorons,  avec  plus  de  ferveur  que 
jamais,  le  secours  d'en-haut. 

11  m'est  revenu  aussi  que  nos  pauvres  Canadiens  qui 


J 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  113 

sont  au-delà  des  lignes  sont  en  grand  danger  pour  leur 
foi,  si  on  ne  va  promptement  à  leur  secours. 

Plusieurs  Prêtres  me  demandent  quelle  conduite  ils 
doivent  tenir  envers  ceux  de  leurs  Paroissiens  qui  fré- 
quentent les  bals,  ne  sachant  jusqu'à  quel  point  ils  doivent 
s'opposer  à  ces  divertissements  populaires.  Avant  de  rien 
établir  là-dessus,  pourqu'il  y  ait  uniformité  de  conduite, 
j'ai  cru  devoir  vous  demander  votre  avis.  Connaissant 
mieux  le  peuple  que  moi,  parce  que  vous  le  suivez  de  plus 
près,  vous  pourrez  juger  des  bons  ou  mauvais  effets  que 
pourrait  avoir  l'indulgence  dont  on  userait  à  cet  égard. 
Au  lieu  de  défendre  absolument  ce  plaisir,  qui  de  soi 
n'est  pas  mauvais,  ne  vaudrait-il  pas  mieux  le  régler  de 
manière  à  l'isoler  de  toutes  les  circonstances  capables  de  le 
rendre  criminel  :  v.  g.  en  ne  tolérant  que  les  rassemble- 
ments de  parents  et  de  voisins,  en  obligeant  les  pères  ou 
les  mères  à  suivre  leurs  enfants,  et  prescrivant  à  tous  de 
se  retirer  de  bonue  heure,  etc.  Veuillez  bien  m'écrire  au 
plus  tôt  ce  que  vous  en  pensez. 

J'ai  le  plaisir  de  vous  apprendre  que  la  présente  Circu- 
laire est  le  premier  ouvrage  sorti  de  la  presse  Ecclésias- 
tique que  l'on  s'est  procurée  pour  l'impression  des 
Mélanges  Religieux.  Je  vous  prie  de  nouveau  de  vouloir 
bien  favoriser  cette  publication,  qui  est  toute  entière  dans 
les  intérêts  de  la  Religion,  comme  vous  n'en  doutez  pas. 

Cette  lettre  ne  devant  vous  parvenir  que  vers  le  com- 
mencement de  la  nouvelle  année,  je  préviens  tous  vos 
vœux,  en  vous  donnant  de  grand  cœur,  au  nom  du  Sou- 
verain Pasteur,  qui  lui-même  est  béni  par  son  divin  Père, 
la  bénédiction  paternelle  que  chaque  Prêtre  a  droit 
d'attendre  de  son  Evêque.  Si  Dieu  daigne  écouter  mes 
prières,  nous  travaillerons  en  paix  et  avec  succès  à  la 
grande  œuvre  de  la  régénération  spirituelle  de  ce  Diocèse  ; 
et  le  Seigneur  coopérant,  nous  honorerons,  par  nos  œu- 
vres, le  sublime  ministère  que  nous  avons  à  remplir. 
C'est  avec  la  même  effusion  de  cœur  que  je  bénis  tous  les 


114  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Fidèles  confiés  à  vos  soins,  afin  qu'ils  soient  tous  dociles 
à  votre  voix. 

Gomme  la  circonstance  exige  que  j'ouvre  en  votre 
faveur  les  trésors  de  l'Eglise,  j'accorde  à  tous  les  Prêtres 
approuvés,  de  ce  diocèse,  le  pouvoir  d'appliquer,  pendant 
le  cours  de  l'année  prochaine,  les  Indulgences  des  Apô- 
tres et  celles  de  Ste.  Brigitte  aux  Chapelets,  Croix  et 
Médailles  qu'ils  béniront  à  cet  eiîet,  dans  la  desserte  à  la- 
quelle ils  seront  appelés,  mais  en  faveur  de  leurs  sujets 
seulement,  et  en  se  conformant  à  ce  qui  a  été  réglé  dans 
ma  Circulaire  du  9  Septembre  dernier,  et  avec  cette  restric- 
tion, que  le  pouvoir  ci  dessus  ne  pourra  s'exercer,  qu'aux 
jours  des  fêtes  qui  portent  indulgence  plénière  pour  ceux 
qui  récitent  le  Chapelet,  selon  qu'il  est  prescrit  par  le 
St.  Siège  dans  la  feuille  mentionnée  dans  la  dite  Circu- 
laire et  celle  qui  y  est  jointe.  Je  vous  engage  à  avertir, 
au  prône,  les  fidèles  des  jours  où  ils  pourront  gagner 
cette  indulgence  plénière,  afin  qu'ils  s'y  préparent  par  les 
œuvres  ordinaires  et  qu'ils  présentent  les  objets  de  piété 
qu'ils  désireront  faire  indulgencier.  Cet  usage  va  s'intro- 
duire à  la  Cathédrale.  J'ai  la  ferme  confiance  qu'au 
moyen  du  Chapelet,  nous  ferons  sortir  de  la  bergerie  tous 
les  loups  qui  menacent  notre  troupeau,  et  que  même 
nous  changerons  ces  loups  en  agneaux.  J'espère  que  j'au- 
rai ma  bonne  part  à  toutes  les  prières  de  ces  fervents 
serviteurs  de  Marie. 

Agréez    les    sentiments  du  sincère   attachement  que  « 

j'ai  pour   vous  tous  ;    et  croyez-moi  bien   affectueuse-  \ 

ment, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur, 
-}-  Ignace  Ev.  de  Montréal. 

(Pour  copie,) 

J.  0.  Paré,  Ptre., 
Pro-Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  115 

MANDEMENT 

DE    MONSEIGNEUR   l'ÉVÊQUE  DE   MONTRÉAL,  POUR   l'ÉTABLIS&E- 

MENT      DE     l'aRCHICONFRÉRIE      DU     TRÈS -SAINT     ET 

IMMACULÉ  COEUR  DE  MARIE,  DANS  SON  DIOCÈSE. 


Ignace  Bourgct^  par  la  wiséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  dit  St 
Siège  Aposloliqioc^  Evéque  de  Montréal^  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Depuis  que  nous  portons.  Nos  Très-Ghers  Frères,  le 
fardeau  de  l'Episcopat,  nous  n'avons  cessé  de  solliciter  le 
secours  de  vos  prières,  ayant  cette  ferme  confiance  que  le 
Père  des  miséricordes  entendrait  favorablement  les  voix 
réunies  de  tant  d'âmes  ferventes,  qui  s'élèveraient  vers  son 
trône,  de  toutes  les  parties  de  ce  vaste  Diocèse.  Gomme 
l'auguste  Marie  est,  d'après  les  dispositions  de  son  admi- 
rable providence,  le  canal  sacré  qui  nous  apporte  ses 
grâces,  selon  que  nous  l'enseignent  les  Docteurs  de 
l'Eglise,  nous  avons  compris  que  nous  devions  vous 
exciter,  avec  tout  le  zèle  dont  nous  sommes  capable,  à 
recourir  pour  nous  à  cette  puissante  protectrice  de  ce 
Diocèse  ;  et  afin  que  nos  exhortations  fussent  plus  efficaces, 
nous  avons  plusieurs  fois  ouvert  les  trésors  de  l'Eglise  en 
faveur  de  ceux  qui  entendraient  notre  voix.  Nous  n'avons 
pas  été  trompé  dans  notre  espérance  ;  et  nous  nous  sommes 
aperçu  que  vous  aviez  fait  au  ciel  une  sainte  violence,  en 
louchant  de  compassion  le  cœur  de  Marie,  par  la  récitation 
si  multipliée  du  chapelet,  par  les  pratiques  salutaires  de 
l'association  de  la  Propagation  de  la  Foi,  par  votre  ardeur 
à  faire,  dans  presque  toutes  les  paroisses,  les  pieux  exer- 
cices du  Ghemin  de  la  Croix,  et  par  tant  d'autres  bonnes 
œuvres  et  prières  que  vous  avez  adressées  à  Dieu  pour 
nous.  L'élan  général  que  l'on  remarque  vers  les  principes 
religieux,  la  visite  d'un  homme  aposlohque  qui  a  parcouru 


1 16  MAMDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ce  Diocèse,  annonçant  partout  les  jours  de  salut,  les 
conversions  étonnantes  qui  s'opèrent  en  tous  lieux,  Tardeur 
incomparable  qui  se  fait  sentir  dans  les  paroisses,  et 
l'empressement  général  pour  les  Retraites,  la  protection 
visible  de  Dieu  pour  la  conservation  de  la  foi,  malgré  les 
efforts  incroyables  employés  pour  arracher  de  vos  cœurs 
ce  don  précieux,  l'Jiorreur  que  vous  avez  montrée  pour 
toutes  les  nouveautés  profanes  et  pour  ces  livres,  empoi- 
sonnés que  l'on-  a  cherché  à  répandre  parmi  vous,  ce 
courage  héroïque  et  ce  zèle  digne  des  premiers  siècles  que 
beaucoup  de  fidèles  ont  déployés  pour  résister  aux  minis- 
tres de  l'erreur,  la  régénération  spirituelle  de  la  Ville 
Episcopale,  pour  laquelle  le  Seigneur  a  fait  de  grandes 
choses,  l'ébranlement  de  toutes  les  paroisses  pour  rentrer 
dans  les  sentiers  de  la  justice,  l'institution  d'un  Séminaire 
pour  la  formation  du  Clergé,  l'érection  d'un  Chapitre  pour 
aider  le  premier  Pasteur  dans  le  gouvernement  général 
de  cette  église,  ce  sont-là  les  grâces  de  choix  qui  nous 
prouvent  que  le  Seigneur  vaincu,  pour  ainsi  dire,  par 
l'importunité  de  vos  prières,  a  ouvert  ses  trésors  pour  nous 
combler  de  toutes  les  richesses  de  sa  miséricorde.  Tant 
de  faveurs,  Nos  Très  Chers  Frères,  méritent  sans  doute 
une  vive  reconnaissance  de  notre  part  :  sans  quoi  nous 
montrerions  la  plus  noire  ingratitude  :  ingratitude  qui 
dessécherait  immanquablement  ces  fleuves  de  grâces  qui 
coulent  avec  tant  d'abondance  sur  nous  tous.  Notre 
charge,  qui  nous  oblige  à  prévoir  tout  ce  qui  pourrait 
attirer  sur  vous  un  grand  malheur,  nous  impose  le  devoir 
d'élever  un  monument  public,  qui  atteste  à  toutes  les 
générations  à  venir  ce  que  le  Seigneur  a  bien  voulu  faire 
pour  nous,  et  ce  que  nous  avons  fait  pour  lui  témoigner, 
autant  que  possible,  la  reconnaissance  qui  lui  est  due 
pour  tant  de  bienfaits.  Or  ce  Monument  Public  et 
Solennel  par  lequel  nous  désirons  éterniser  la  mémoire 
des  grâces  dont  nous  sommes  enrichis,  c'est  l'Archicon- 
frérie  au  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie,  que  nous 
érigeons  pour  tout  ce  Diocèse,  par  le  présent  Mandement. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  117 

En  cela,  nous  ne  faisons  que  suivre  l'esprit  de  Dieu, 
communiqué  à  l'Eglise  qui,  dans  divers  siècles,  a  institué 
des  fêtes  et  érigé  des  Confréries  en  l'honneur  de  l'Auguste 
Reine  du  ciel,  pour  reconnaître  quelque  faveur  singulière, 
obtenue  par  sa  puissante  intercession;  comme  l'atteste 
l'établissement  des  fêtes  du  Saint  Nom  de  Marie,  du 
Rosaire,  de  Notre-Dame  de  la  Victoire,  etc.  L'association 
que  nous  proposons  à  votre  piété,  Nos  Très  Chers  Frères, 
a  déjà  produit  dans  l'Egli&e  des  fruits  admirables  de  Salut, 
par  la  conversion  d'une  multitude  de  pécheurs,  qui  lui  doi- 
vent la  vie  de  la  grâce  et  le  bonheur  dont  ils  jouissent  depuis 
leur  heureux  retour  à  Dieu.  C'est  pourquoi  nous  nous 
somm5s  décidé  à  l'établir  dans  notre  Cathédrale  pour  la 
répandre  de  là  dans  toutes  les  Paroisses  de  Notre  Diocèse 
où  nous  désirons  ardemment  qu'elle  se  propage.  Notre 
intention,  en  faisant  un  tel  établissement,  est:  lo.  de 
remercier  Dieu  des  grandes  faveurs  qu'il  a  bien  voulu 
verser  sur  ce  Diocèse,  par  la  médiation  de  Marie,  qui  a 
prouvé  par  des  traits  si  touchants  de  sa  bonté,  que  vrai- 
ment elle  a  pris  cette  église  sous  sa  protection  ;  2o.  de 
vous  engager  à  honorer  religieusement  le  très  Saint  a 
Immaculé  Cœur  de  Marie^  ce  cœur  plein  de  grâces  et  de 
vertus,  ce  cœur  si  tendre  et  si  compatissant  pour  les 
pécheurs,  ce  cœur  de  la  meilleure  de  toutes  les  mères  ;  3o 
de  vous  rendre  les  imitateurs  de  ce  cœur  si  Saint,  par  la 
pratique  de  toutes  les  vertus  qui  caractérisent  les  vrais 
serviteurs  de  cette  Vierge  Immaculée  ;  4o.  de  vous  faire 
participants  des  richesses  inépuisables  cachées  par  la 
Divine  Miséricorde  dans  le  cœur  de  la  Mère  de  tous  les 
chrétiens  ;  5o.  de  tenir  ouvert  sur  tous  les  besoins  de  ce 
Diocèse,  par  une  continuité  d'hommages,  ce  cœur  mater- 
nel, qui  a  laissé  couler  sur  nous,  dans  ces  temps  heureux, 
tant  de  grâces  ;  60.  de  former  un  centre  de  réunion  pour 
tous  les  cœurs  des  fidèles  confiés  à  nos  soins,  afin  de 
parvenir  à  n'avoir  tous  qu'un  cœur  et  qu'une  âme,  comme 
il  est  dit  des  premiers  Chrétiens  dont  l'union  et  la  Charité 
faisaient  la  plus  salutaire  impression  sur  les  ennemis  de 


118  MENDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

la  Foi.  Car  cette  Archiconfrérie  est  une  œuvre  Diocésaine, 
une  œuvre  qui,  intéressant  la  gloire  de  la  Protectrice  de 
ce  Diocèse,  devient  l'œuvre  propre  de  tous  les  Pasteurs  et 
Fidèles.  C'est  pour  cela  que  nous  avons  confié  le  soin  de 
la  propager  au  zèle  de  nos  Très-Ghers  Frères  les  Chanoines 
qui  composent  le  Chapitre  de  notre  Eglise  Cathédrale, 
lequel  le  Seigneur  nous  a  fait  la  grâce  de  fonder  le  vingt 
un  Janvier  dernier.  Oh  !  Nos  Très-Chers  Frères,  nous 
sentons  nos  entrailles  trésaillir  de  joie  en  vous  donnant  le 
Cœur  de  Marie  pour  être  votre  trésor  et  faire  votre  bon- 
heur. Nous  avons  l'espérance  que  ce  Cœur  débonnaire 
multipliera  le  nombre  des  ouvriers,  qui  travaillent  à  la 
sanctification  de  vos  âmes  ;  qu'il  affermira  la  vertu  des 
justes,  qu'il  convertira  les  pécheurs,  qu'il  attirera  dans  le 
sein  de  l'Eglise  les  hérétiques  et  les  infidèles,  sur  le 
malheureux  sort  desquels  nous  ne  cessons  de  gémir.  Il 
sera  ce  cœur  plein  de  grâces,  dans  le  champ  que  nous 
cultivons,  comme  cette  belle  Olive  dont  parle  l'écriture, 
qui  répand  partout  la  douceur  et  l'onction  des  biens 
célestes,  quasi  oliva  speciosa  in  campis.  Il  sera  ce  Cœur 
puissant  (Lit.  de  la  B.  Y.)  comme  cette  tour  de  David  qui 
présente  mille  boucliers  pour  la  défense  de  ceux  qui  lui 
seront  tout  dévoués.  Il  sera  surtout  le  refuge  des  pécheurs 
et  c'est  principalement  sous  cette  qualité  si  consolante 
que  nous  l'offrons,  Nos  Très-Chers  Frères,  à  votre  vénéra- 
tion ;  et  le  présent  Mandement,  qui  est  l'acte  le  plus 
solennel  de  l'Evêque,  quand  il  veut  faire  entendre  sa  voix 
à  ses  Diocésains,  est  pour  proclamer  par  tout  ce  Diocèse 
Marie  le  refuge  des  pécheurs  dont,  hélas  !  nous  sommes  le 
premier  :  quorum  primus  ego  sum. 

A  ces  causes,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  la  Cathédrale, 
nous  avons  réglé  et  statué,  réglons  et  statuons  ce  qui 
suit  : 

lo.  Notre  Saint-Père  le  Pape  Grégoire  XVI,  par  un 
Induit  du  trente-un  Mai  dernier,  nous  ayant  accordé  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  119 

faculté  d'ériger,  dans  toute  l'étendue  de  notre  Diocèse, 
toutes  et  chacunes  des  Confréries  approuvées  par  le  Saint 
Sié£:e,  avec  le  pouvoir  de  donner  à  tous  les  Fidèles  de  l'un 
et  de  l'autre  sexe  qui  s'y  aggrégeraient  toutes  les  Indul- 
gences et  les  Privilèges  que  les  souverains  Pontifes  ont 
attachés  à  ces  Confréries,  nous  érigeons  dans  l'Eglise 
Cathédrale  de  cette  ville,  par  le  présent  Mandement, 
l'Archiconfrérie  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie 
établie  dans  l'Eglise  paroissiale  de  Notre-Dame  des 
Victoires  à  Paris,  et  approuvée  par  Sa  Sainteté  dans  son 
Bref  du  vingt-quatre  Avril,  mil-huit-cent-trente-huit. 

2o.  Cette  pieuse  Association  de  prières  en  l'honneur  du 
Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  la  Sainte  Vierge  sera  pour 
obtenir,  par  l'intercession  de  la  Mère  de  Miséricorde,  la 
conversion  des  pécheurs. 

3o.  La  dite  Archiconfrérie  sera  dirigée  selon  les  Statuts 
et  Règlements  que  nous  avons  approuvés  et  permis  d'im- 
primer par  une  lettre  en  date  de  ce  jour.  Ces  Règlements 
sont  les  mêmes,  à  quelques  changemens  près,  que  ceux  qui 
gouvernent  l'Archiconfrérie  de  Paris,  tels  qu'approuvés 
par  feu  Monseigneur  Quélen  Archevêque  de  cette  ville,  et 
confirmés  ensuite  par  notre  Saint  Père  le  Pape. 

4o.  Quoiqu'il  sufBse  pour  appartenir  à  la  dite  Archicon- 
frérie de  se  faire  inscrire  comme  membres  de  cette  Asso- 
ciation, et  de  faire  en  général  quelques  prières  ou  bonnes 
œuvres  pour  la  conversion  des  pécheurs,  néanmoins  nous 
recommandons  à  chaque  associé  de  réciter,  chaque  jour,  à 
cette  fin,  un  Ave  Maria  a.\ec  celle  courte  invocation  :  3Iarie, 
refuge  des  'pécheurs,  priez  pour  nous. 

5o.  Nous  permettons  aux  associés  de  célébrer  les  fêtes 
de  l'association  et  nous  leur  accordons,  en  vertu  de 
l'Induit  Papal  susdit,  la  faculté  de  participer  aux  Indul- 
gences mentionnées  dans  le  dit  Règlement. 

60.  Nous  nommons  pour  Directeur  de  l'Archiconfrérie 
Mr.  Manseau,  premier  Chanoine  Titulaire  de  la  Cathédrale 
de  St.  Jacques  de  Montréal  et  notre  Vicaire  Général,  avec 


120  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

le  pouvoir  de  s'adjoindre  pour  Sous-Directeur  quelqu'un 
des  Chanoines  de  la  dite  Cathédrale. 

7o.  Nous  autorisons  MM.  les  Curés,  missionnaires, 
confesseurs  et  Chapelains  de  communautés  religieuses,  ou 
séculiers,  Supérieurs  et  Directeurs  des  Séminaires  ou 
Collèges,  d'agréger  à  la  dite  Archiconfrérie  tous  les  fidèles 
qui  s'adresseront  à  eux  pour  obtenir  cette  faveur,  en  se 
conformant  à  l'art,  du  dit  Règlement. 

80.  Dans  toutes  les  Eglises  de  ce  Diocèse  où  l'on  fait 
l'oflice  public,  l'on  chantera,  le  Dimanche  de  la  Quinqua- 
gésime,  ou  celui  qui  suivra  immédiatement  la  réception 
du  présent  Mandement,  avant  la  Grand'Messe,  le  Veni 
Creator  avec  le  verset  emitte  &c.,  et  l'oraison  Deus  qui  corda 
Fidelium^  &c,  pour  attirer  les  bénédictions  de  Dieu  sur 
nette  Institution.  Après  les  vêpres  de  ce  même  Dimanche? 
il  y  aura  Salut  du  Très  Saint  Sacrement,  à  la  suite  duquel 
on  chantera  solennellement  le  Te  Deum  et  l'oraison  pour 
l'action  de  grâces,  afin  de  remercier  Dieu  des  faveurs  qu'il 
a  bien  voulu  répandre  sur  tout  ce  Diocèse. 

Enfm,  Nos  Très-Ghers  Frères,  voulant  récompenser 
l'ardeur  que  vous  avez  montrée  à  profiter  des  grâces  que 
vous  offrait  la  Divine  Miséricorde,  nous  communiquons, 
en  vertu  d'un  Induit  du  Saint  Père,  du  31  Mai  1840,  à  tous 
les  Prêtres  qui  travaillent  dans  ce  Diocèse  au  salut  de  vos 
âmes,  un  pouvoir  qui  vous  sera  bien  avantageux  ;  c'est 
celui  de  privilégier  un  Autel  quelconque  sur  lequel  ils 
célébreront  la  Messe  des  Morts  tous  les  lundis  de  chaque 
semaine,  si  ces  jours  sont  libres  ;  sinon  le  jour  qui  suivra 
immédiatement;  et  de  délivrer,  selon  leurs  intentions,  les 
âmes  des  peines  du  purgatoire  par  manière  de  suffrage. 
Cette  faculté  est  accordée  pour  dix  ans,  à  compter  du  31 
Mai  1840,  à  moins  que  le  Siège  de  Montréal  ne  vienne  à 
vaquer  avant  cette  époque,  par  notre  mort  ou  autrement. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  dans  notre 
Cathédrale  le  Dimanche  de  la  Septuagésime  avant  la 
cérémonie  de  l'Institution  de  la  dite  Archiconfrérie;  il 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  121 

sera  aussi  lu  en  Chapitre  dans  les  Communautés  Reli- 
gieuses et  publié  au  Prône  des  Messes  de  Paroisses  et 
dans  les  Chapelles  des  Séminaires  et  Collèges,  après 
l'Evangile  des  Messes  de  Communauté,  le  premier  Diman- 
che après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  deux  Février,  mil-huit-cent- 
quarante  un  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-sceau 
de  notre  Secrétaire. 

f  Ig.  Evéque  de  Montréal. 
L.  -]-  S. 

Par  Monseigneur^ 

A.  F.  Truteau,  Ptre., 
Chan.  Secrétaire. 

P.  S.  à  MM.  les  Curés. — Je  profite  de  l'occasion  pour  vous 
informer  que  le  Conseil  Spécial  vient  de  passer  un  amen- 
dement à  l'ordonnance  de  la  2de  Victoria  ch.  28,  qui 
autorise  les  Commissaires  nommés  aux  fins  de  la  dite 
Ordonnance,  à  reconnaître,  pour  les  effets  civils,  toutes  les 
paroisses  érigées  canoniquement  avant  la  passation  du  dit 
Acte  ;  et  qu'ainsi  il  n'y  a  plus  de  nécessité  de  recommen- 
cer les  procédures  ecclésiastiques  à  l'égard  des  dites 
Paroisses.  Cette  Ordonnance  n'expirera  que  le  premier 
Novembre  1845. 

Je  vous  informe  aussi  que  l'Ordonnance  de  la  2de 
Victoria,  chap.  26,  qui  regarde  l'amortissement  des  biens 
d'Eglise,  a  été  rendue  permanente  par  l'Acte  du  Conseil 
Spécial  de  la  3e.  Victoria,  chap.  16,  art.  VII.  En  vous 
donnant  avis  de  ce  que  le  gouvernement  de  Sa  Majesté  a 
bien  voulu  faire  en  faveur  de  l'Eglise,  par  rapport  à  ces 
deux  points  importants,  je  vous  invite  à  presser  vos  parois- 
siens de  profiter  de  ces  deux  Ordonnances  qui  pourraient 
peut-être  être  révoquées  par  la  suite.  Vous  trouverez 
dans  les  deux  Actes  ci-dessus  cités  et  dans  la  Circulaire  de 
Monseigneur  défunt  du  24  Octobre   1.839,  la  marche  à 


122  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

suivre  pour  parvenir  à  l'érection  légale  de  vos  paroisses, 
ou  à  l'amortissement  des  biens  de  vos  églises. 

Quant  aux  paroisses  qui  ont  été  légalement  érigées, 
soit  par  le  Règlement  de  1722,  soit  en  vertu  du  Statut 
Provincial  de  la  1ère.  Guill.  IV,  ch.  51,  et  dont  la  Puis- 
sance Ecclésiastique  seule  a,  depuis  le  temps  de  leur 
érection,  changé  la  circonscription,  il  est  nécessaire  de 
s'adresser  aux  Commissaires  civils  pour  la  reconnaissance 
du  Pouvoir  temporel. 

1g.  Ev.  de  m. 


NOTICE  ABREGEE 

DE  l'Établissement  de  l'archiconfrérie  du  très-saint  et 

LMMACULÉ  COEUR  DE  MARIE. 

Dans  les  premiers  jours  de  Décembre  1836,  une  pieuse 
pensée  fut  inspirée  à  M.  l'abbé  Desgenettes,  curé  dç  la 
paroisse  de  Notre-Dame  des  Victoires  (à  Paris),  celle  de 
consacrer  sa  paroisse  au  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de 
Marie,  pour  obtenir,  par  sa  protection,  la  grâce  de  la 
conversion  des  pécheurs.  Aussitôt  le  plan  et  les  statuts 
d'une  association  de  prières  sont  dressés  :  Monseigneur 
l'Archevêque  de  Paris  approuve  cette  dévotion  :  et  par 
son  Ordonnance  du  16  décembre  1836,  il  érige  l'associa- 
tion. 

Le  troisième  dimanche  de  l'A  vent,  1 1  décembre,  les 
exercices  commencèrent  par  le  chani  des  vêpres  de  la 
Sainte  Vierge,  célébrées  à  sept  heures  du  soir.  L'assistance 
était  plus  nombreuse  qu'aux  offices  paroissiaux  les  jours 
de  fêtes.  On  y  remarquait  un  nombre  considérable 
d'hommes  qu'on  n'y  voyait  jamais  dans  d'autres  circon- 
stances. La  douce  et  puissante  protection  de  Marie  se 
faisait  déjà  sentir.  L'instruction  qui  suivit  les  Vêpres 
expliqua  les  motifs  et  le  but  de  la  dévotion  :  ils  furent 
compris  et  sentis.  Au  salut  du  Saint-Sacrement  qui  suivit 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  123 

l'instruction,  l'invocation  à  Marie,  dans  ses  litanies,  Refu- 
gium  peccatorum^  et  le  Parce  Domine,  furent  chantés  avec 
une  ardeur  et  une  effusion  de  sentiments  qui  annonçaient 
qu'il  se  trouvait  dans  cette  assistance  un  nombre  considé- 
rable de  pécheurs  qui  sentaient  peut-être  pour  la  première 
fois  depuis  longtemps,  le  besoin  qu'ils  avaient  de  la 
miséricorde  divine,  et  qui  Fimploraient  par  la  médiation 
de  la  Reine  du  ciel  et  de  la  terre. 

Le  pasteur,  à  qui  la  pieuse  pensée  de  former  cette  asso- 
ciation avait  été  inspirée,  était  à  genoux  devant  le  Saint- 
Sacrement  ;  à  ces  cris  de  repentir  et  d'amour,  son  cœur 
tressaillit  de  joie  ;  il  leva  ses  yeux  baignés  de  larmes  vers 
l'image  de  Marie  et  lui  dit  :  a  Oh  !  ma  bonne  mère,  vous 
<(  les  entendez  ces  cris  de  l'amour  et  de  la  confiance  ;  vous 
((  les  sauverez  ces  pauvres  pécheurs  qui  vous  appellent 
<(  leur  refuge.    0  Marie  !  adoptez  cette  pieuse  association. n 

L'association  fut  donc  fondée  en  ce  jour,  sous  la  protec- 
tion spéciale  du  Cœur  sacré  de  celle  qui  peut  tout  dans  le 
ciel  et  sur  la  terre,  et  dont  le  pouvoir  ne  le  cède  qu'à  celui 
du  Tout-Puissant  lui-même.  Monseigneur  l'Archevêque 
de  Paris  fixa  au  22  Janvier  de  l'année  suivante,  1837, 
l'ouverture  du  registre  de  l'Association,  et  dix  jours  après 
deux  cent  quatorze  associés  s'y  étaient  déjà  fait  inscrire. 
C'était  beaucoup  plus  qu'on  n'eût  osé  espérer  en  si  peu  de 
jours.  Mais  ce  à  quoi  on  ne  pouvait  penser,  c'est  l'exten- 
sion subite  et  prodigieuse  qu'a  prise  cette  oeuvre  qui 
n'avait  d'abord  été  commencée  que  pour  la  paroisse  de 
Notre-Dame  des  Victoires.  C'est  ici  surtout  que  la  protec- 
tion de  la  divine^  Marie  s'est  montrée  d'une  manière 
sensible,  et  pour  ainsi  dire  palpable.  Ce  n'est  plus  Paris 
seulement  qui  présente  des  fidèles  qui  associent  leurs 
hommages  au  très-saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie, 
pour  obtenir,  par  ses  mérites,  la  conversions  des  pécheurs  ; 
il  y  a  peu  de  diocèses  en  France  qui  ne  comptent  parmi 
leurs  fidèles  des  associés  au  Saint  Cœur  de  Marie.  Cette 
dévotion  se  propage  même  à  l'étranger  ;  on  compte  des 
associés  dans  presque  toute  l'Europe.  Le  nouveau  monde 


Î24  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

n'est  pas  demeuré  en  arrière  dans  une  institution  si 
éminemment  pieuse  :  il  y  a  des  associés  qui  prient  à 
Boston,  à  New-York,  à  Charlestown,  dans  le  nouveau 
diocèse  de  Dubusque,  au  Détroit,  aux  Iles  Bermudes,  sur 
les  bords  du  Lac  Supérieur,  à  la  Martinique,  à  Saint- 
Domingue.  Si  donc  une  œuvre  si  humble  et  si  petite 
dans  son  principe  a  pu  se  répandre  en  si  peu  de  temps  et 
dans  des  lieux  si  différents  et  si  distants  les  uns  des  autres, 
de  la  Martinique,  des  bords  du  Mississipi  à  ceux  de  la 
Neva,  du  Canada  à  la  Russie  ;  si,  dans  toutes  ces  contrées 
si  éloignées,  il  s'élève  vers  le  ciel  et  comme  simultané- 
ment, un  concert  de  prières  pour  demander  à  Dieu  la 
conversion  des  pécheurs  par  la  médiation  du  Très-Saint  et 
et  Immaculé  Cœur  de  Marie,  on  ne  peut  attribuer  ce 
prodige  qu'à  la  protection  de  l'auguste  souveraine  dont 
l'empire  s'exerce  dans  le  ciel  et  sur  la  terre.  C'est  la  mère 
de  la  clémence  et  de  la  miséricorde  qui  a  réuni  tant  de 
cœurs,  de  nations,  de  langues  si  différentes,  dans  la  pieuse 
pensée  d'en  appeler  à  sa  toute-puissance  et  à  la  tendre 
compassion  de  son  cœur  pour  le  salut  des  pécheurs. 

Mais  ce  qui  donne  à  cette  association  une  durée  stable 
et  permanente,  et  ce  qui  en  assure  le  succès,  c'est  que 
celui  à  qui  le  salut  du  monde  est  confié,  le  successeur  de 
saint  Pierre,  le  vicaire  de  Jésus-Christ  sur  la  terre.  Notre 
Saint-Père  le  Pape,  Grégoire  XVI,  instruit  des  grâces  et 
des  bénédictions  que  la  divine  miséricorde  se  plaît  à 
répandre  sur  cette  pieuse  association,  abaisse  lui-même  un 
regard  de  bienveillance  et  d'amour  sur  cette  portion  de 
l'immense  famille  dont  il  est  le  père.  Ministre  et  déposi- 
taire de  la  toute-puissance  de  Jésus-Christ,  il  ouvre  les 
trésors  de  l'Eglise  CathoHque  ;  il  y  puise  des  grâces,  de 
nombreuses  indulgences  dont  il  enrichit  à  perpétuité 
l'Association  et  tous  et  chacun  de  ses  membres  qui  invo- 
queront en  faveur  des  pécheurs  la  tendresse  et  la  compas- 
sion du  cœur  de  Marie. 

De  plus,  Sa  Sainteté,  par  un  bref  apostolique  donné  à 
Rome,  à  St.  Pierre,  le  24  Avril  1838,  scellé  de  l'anneau  du 


CIRCULAIUES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  125 

Pécheur,  élève  la  petite  Association  érigée  dans  l'église 
paroissiale  de  Notre-Dame  des  Victoires,  à  Paris,  à  la 
dignité  d'Arcliiconfrérie  ;  institution  bien  rare  dans  l'Eglise 
Catholique  ;  donne  à  perpétuité  à  tous  les  curés  de  Notre- 
Dame  des  Victoires,  comme  directeurs  de  l'Archiconfrérie, 
le  pouvoir  d'y  agréger  toutes  les  associations  déjà  établies 
ou  qui  s'établiront  dans  la  suite,  ;jflr  toute  la  terre^  de  leur 
communiquer,  pourqu'elles  en  puissent  jouir,  toutes  les 
facultés,  droits,  privilèges  et  indulgences  dont  le  Saint. 
Père  a  enrichi  l'Archiconfrérie,  et  qui  sont  énoncés  dans 
son  bref. 

Tant  de  bénédictions  de  la  part  du  Père  commun  des 
chrétiens,  cette  dignité  d'Archiconfrérie  universelle,  à 
laquelle  ce  digne  successeur  de  St.  Pierre  a  élevé  cette 
pieuse  association,  lui  prépare  une  destinée  glorieuse  ;  lui 
ouvre  une  carrière  immense,  c'est  le  monde  entier  qu'il 
lui  est  donné  de  parcourir  ;  c'est  par  toute  la  terre  qu'elle 
doit  aller  arborer  l'étendard  du  Très-Saint  et  Immaculé 
Cœur  de  Marie  ;  elle  reçoit  la  sainte  mission  d'inspirer  à 
tous  les  cœurs  chrétiens  le  désir  et  le  vœu  de  la  conversion 
de  cette  masse  de  pécheurs  qui  se  perdent  au  milieu  de 
tant  d'indifférence.  Aussi  cette  association  compte-t-elle 
déjà  plusieurs  centaines  de  mille  associés  répandus  dans 
les  différentes  parties  du  monde.  Que  de  vœux  charitables, 
que  de  prières  ferventes  prononcées  autour  de  l'autel 
consacré  au  Dieu  des  miséricordes,  sous  l'invocation  du 
Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie,  sont  donc  déjà 
montées  jusqu'au  trône  de  grâce  sur  lequel  est  glorieuse- 
ment assise,  auprès  du  Tout-Puissant,  l'auguste  Reine  du 
ciel  et  de  la  terre,  qui  ne  dédaigne  pas  d'être  appelée  la 
consolation  des  cœurs  affligés,  la  ressource  des  chrétiens, 
le  refuge  assuré  des  pécheurs. 

C'est  afin  de  faire  participer  ses  diocésains  aux  grâces  et 
aux  avantages  immenses  de  cette  pieuse  association,  que 
Monseigneur  l'Evêque  de  Montréal,  qui  n'oublie  rien  de 
ce  qui  peut  ranimer  la  piété  et  la  dévotion  à  Marie  dans 
?on  diocèse,  qui  est  spécialement  dédié  à  cette  bonne  et 

10 


126  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

miséricordieuse  Mère,  a  établi  dans  sa  Cathédrale,  le  7  du 
présent  mois,  l'Archiconfrérie  (1)  du  sacré  cœur  de  Marie  ; 
conformément  au  pouvoir  que  ce  digne  Evoque  a  reçu  du 
Saint  Siège  d'ériger  dans  son  diocèse  toute  confrérie 
approuvée  par  le  Souverain  Pontife  ;  et  son  plus  ardent 
désir  est  de  voir  les  fidèles  confiés  à  ses  soins  s'agréger  à 
cette  pieuse  association,  s'enrôler  sous  la  sainte  bannière 
de  l'admirable  cœur  de  Marie,  afin  que  les  prières  de  ses 
diocésains  unies  à  celle  de  tant  de  milliers  d'âmes  ferventes 
répandues  sur  toute  la  surface  de  la  terre,  sollicitent  et 
obtiennent  de  Dieu  la  grâce  de  la  conversion  des  pauvres 
pécheurs. 


STATUTS  ET  REGLEMENTS 

DE  l'aRCHICONFRÉRIE  DU  TRÈS-SAINT  ET    IMMACULÉ  COEUR 
DE    MARIE. 

ARTICLES  PRÉLIMLNAIRES. 
ARTicLK   ler. 

Le  but  de  cette  Association  est  d'honorer  par  un  acte  de 
vénération,  d'hommages  et  de  prières,  le  Cœur  Immaculé 
de  la  Très-Sainte  Vierge  Marie,  Mère  de  Jésus  Christ,  Fils 
unique  de  Dieu,  incarné  par  amour  pour  nous,  et  mort 
sur  une  croix  pour  la  rémission  des  péchés  et  le  salut  de 
tous  les  hommes  ;  ce  Cœur  admirable  qui,  comme  principe 
du  sang,  a  fourni  celui  dont  a  été  formé  le  corps  Sacré  de 
Jésus-Christ,  et  par  conséquent  son  divin  Cœur  qui  a  été 
la  source  du  sang  adorable  qu'il  a  versé  pour  nous;  ce 

(1)  Le  nom  ôiArcJiiconfrérie  signilie  conlVérie  mère.  La  société  qui 
porte  ce  titre  a  le  droit  de  s'associer,  de  s'agréger  des  sociétés  particu- 
lières, pourvu  qu'elles  aient  le  même  but,  de  les  faire  participer  à 
toutes  les  faveurs  qui  lui  ont  été  personnellement  accordées.  Ces 
sociétés  ^une  fois  agrégées  deviennent  et  restent  les  membres  de 
l'archiconfréiie. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  127 

Cœur  si  brûlant  d'amour  pour  Dieu,  si  rempli  de  tendresse 
et  de  compassion  pour  tous  les  hommes.  Les  associés  se 
proposeront  de  lui  rendre  les  hommages  d'une  religieuse 
vénération,  comme  au  cœur  de  la  Mère  de  leur  divin 
Sauveur  ;  d'une  piété  tendre  et  fiUale,  comme  au  cœur  de 
la  meilleure  de  toutes  les  mères;  d'un  amour,  d'une 
confiance  et  d'une  reconnaissance  sans  bornes,  en  retour 
de  toutes  les  bénédictions  et  de  toutes  les  grâces  que  son 
amour  et  sa  puissance  auprès  de  Dieu  nous  obtiennent  à 
chaque  instant  de  notre  vie. 

En  unissant  tous  leurs  actes  de  religion,  leurs  bonnes 
œuvres  et  leurs  prières  aux  mérites  précieux  du  Saint 
Cœur  de  Marie,  ils  se  proposeront  encore  de  rendre  avec 
lui  et  par  lui  au  divm  Cœur  de  Jésus  et  à  l'Adorable 
Trinité  tous  les  tribus  d'adoration,  d'amour,  d'obéissance 
et  de  fidélité  qu'ils  ont  droit  d'attendre  de  nous. 

ARTICLE    2. 

Le  but  de  l'Association  est  d'obtenir  de  la  divine  misé- 
ricorde, par  la  protection  et  les  prières  de  Marie,  la  con- 
version de  tous  les  pécheurs.  Dans  cette  fin,  les  associés 
s'animeront  d'un  saint  zèle  pour  la  gloire  de  Dieu,  leur 
propre  salut  et  celui  de  leurs  frères  ;  ils  considéreront 
souvent  combien  sont  énormes  les  iniquités  qui  affligent 
le  monde,  combien  est  grand  le  nombre  des  pécheurs  ;  ils 
penseront  avec  effroi  au  sort  affreux  qui  attend  les  coupa- 
bles dans  l'éternité,  s'ils  ne  font  pénitence  et  ne  se  con- 
vertissent; ils  considéreront  surtout  les  liens  qui  les 
attachent  personnellement  à  tant  de  coupables,  et,  pressés 
par  tant  de  motifs  de  douleur  et  de  crainte,  ils  les  offriront 
à  Marie,  mère  de  Jésus  ;  à  Marie  qui,  à  la  parole  de  Jésus, 
nous  a  tous  conçus  spirituellement  au  pied  de  la  Croix  ;  à 
Marie,  médiatrice  toute  puissante  entre  Jésus  et  les 
hommes,  et  refuge  assuré  des  pécheurs.  Ils  invoqueront 
son  cœur  maternel,  ils  le  prieront  d'agréer  leurs  vœux, 
leurs  sentiments,  de  daigner  les  présenter  lui-même  à  la 
bonté,  à  la  miséricorde  divine.     Et  Marie,  car  il  n'est  pas 


128  MANDE-MENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

permis  d'en  douter,  retirera  des  abîmes  du  péché  des 
âmes  qui,  sans  sa  sainte  intervention,  se  seraient  perdues 
pour  l'éternité. 

Il  faut  remarquer  que  l'esprit  de  l'Association  est  tout- 
à-fait  catholique  ;  qu'ainsi,  après  avoir  prié  le  Cœur  de 
Marie  pour  un  pécheur  qui  nous  intéresse  particulière- 
ment, un  époux,  un  fils,  un  bienfaiteur,  un  ami,  on  ne 
doit  pas  négliger  d'intercéder  pour  tous  les  pécheurs  en 
général,  et,  sous  cette  dénomination,  on  doit  entendre  les 
impies  quipersécntent  l'Eglise  de  Jésus-Christ  etattaquent 
sa  religion;  les  pécheurs  qui,  dans  le  sein  de  l'Eglise 
catholique,  l'affligent  et  le  déshonorent  par  leur  conduite; 
les  schismatiques,  les  hérétiques,  les  Juifs,  môme  les 
idolâtres  ;  car,  il  n'y  a  en  Jésus-Christ,  ni  grec,  ni  scythe, 
ni  barbare  :  nous  sommes  tous  frères,  enfants  du  même 
père,  qui  est  Dieu  ;  et  Jésus-Christ,  son  divin  Fils,  est 
mort  pour  sauver  tous  les  hommes  sans  en  excepter  un 
seul. 


STATUTS    DE    L  ASSOCIATION. 
I 

Une  Association  de  prières  en  l'honneur  du  Cœur 
Immaculé  de  la  Très-yainte  Vierge  Marie,  pour  obtenir 
par  ses  mérites  la  conversion  des  pécheurs,  est  établie 
dans  l'église  Cathédrale  de  Montréal. 

IL 

Tous  les  catholiques,  de  quelque  âge,  de  quelque  sexe, 
de  quelque  nation  qu'ils  soient,  sont  appelés  à  entrer 
dans  cette  association.  On  leur  recommande  d'y  apporter 
le  zèle  de  la  gloire  de  Dieu,  du  salut  de  leurs  frères  et  un 
saint  désir  d'imiter,  chacun  dans  son  état,  les  vertus  dont 
Marie  a  donné  de  si  admirables  exemples. 

III. 

Chaque  personne  associée,  pour  participer  aux  avan- 
tages spirituels  de  l'Association,  devra  donner  ses  noms 
de  baptême  et  de  famille  pour  être  inscrits  sur  le  registre 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  129 

de  l'Association,  et  elle  recevra  un  billet  d'admission 
signé  du  directeur  ou  de  son  député.  Elle  présentera 
aussi  au  moment  de  son  admission,  pour  être  bénite  et 
indulgenciée,  la  Médaille  dite  de  l'Immaculée  Conception, 
connue  sous  le  nom  de  Médaille  Miraculeuse  (à  moins 
qu'elle  ne  l'ait  déjà);  elle  portera  sur  elle  cette  Médaille,  et 
elle  sera  invitée  à  réciter  de  temps  en  temps  la  prière  qui 
y  est  gravé  :  0  Marie^  conçue  sans  jjcché,  pries  pour  nous 
qui  avons  recours  à  vous. 

IV. 

Le  l*-'!'  Chanoine  titulaire  de  la  Cathédrale  sera  ordinai- 
rement le  directeur  de  l'Association.  En  cette  qualité,  il 
admet  et  inscrit  sur  le  registre  les  personnes  qui  entrent 
dans  l'Association,  signe  leur  certificat  d'admission,  il 
est  le  gardien  du  registre.  Il  nomme,  s'il  le  juge  à  propos, 
un  ou  plusieurs  sous-directeurs,  parmi  les  Chanoines  de 
la  Cathédrale,  pour  le  représenter  en  toute  occasion  et  le 
suppléer  au  besoin. 

V, 

Les  associées  feront  en  sorte  d'offrir  et  de  consacrer, 
tous  les  matins,  au  saint  cœur  de  Marie,  toutes  les  bonnes 
œuvres,  prières,  aumônes,  actions  de  piété,  mortifications, 
pénitences,  qu'ils  feront  dans  le  cours  de  la  journée. 
Leur  intention  sera  de  les  unir  aux  mérites  de  ce  saint 
Cœur,  aux  hommages  qu'il  rend  sans  cesse  à  la  divinité, 
d'adorer  avec  lui  la  très-sainla  Trinité,  le  divin  cœur  de 
Jésus,  et  d'implorer  par  son  infinie  miséricorde  la  grâce 
de  la  conversion  des  pécheurs. 

VL 

Outre  les  intentions  qui  viennent  d'être  mentionnées, 
les  associés  réciteront  une  fois  par  jour  dévotement,  et 
plus  encore  de  cœur  que  de  bouche,  la  Salutation  Angé- 
lique :  Je  vous  salue,  Marie,  etc.,  ou  Ave  Maria,  etc.,  et  cette 
invocation  touchante  qui  convient  si  bien  à  leurs  senti- 
ments :  ilaria  refagium  peccatorum,  ora  pro  nobis.    Marie, 


130  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

refuge  des  pécheurs^  "priez  pour  nous.  Ils  sont  exhortés  à 
réciter  ces  prières  le  plus  souvent  possible,  ainsi  que  la 
supplique  :  Memorare,  ô  piissima  Virgo  Maria  !  en  français  : 
Souvenez-vous.,  ô  très-pieuse  Vierge  Marie!  etc. 

VIL 

Les  associés  se  souviendront  que  c'est  surtout  par  la 
pureié  de  cœur  qu'ils  mériteront  la  protection  du  saint 
Cœur  de  Marie  ;  ils  s'efforceront  de  se  la  procurer  par  de 
bonnes  et  fréquentes  confessions  et  communions,  et  sur- 
tout aux  jours  de  fêtes  de  l'association. 

VIII. 

La  fête  principale  de  l'association  est  fixée  au  dernier 
dimanche  de  chaque  année  après  l'Epiphanie,  et  précé- 
dant immédiatement  le  dimanche  de  la  Septuagésime. 
Les  autres  fêtes  sont  la  Circoncision,  la  Purification, 
l'Annonciation,  la  Compassion,  la  Nativité,  l'Assomption, 
et  l'Immaculée  Conception  delà  Sainte  Vierge,  la  Con- 
version de  St.  Paul  (25  Janvier],  et  la  fête  de  Sainte  Marie- 
Magdeleine  (22  Juillet).  Tous  les  samedis  de  l'année, 
particuhèrement  les  premiers  samedis  de  chaque  mois, 
sont  des  jours  de  dévotion  au  saint  Cœur  de  Marie.  On 
exhorte  les  associés  à  s'attacher  à  l'honorer  d'une  manière 
spéciale  chacun  de  ces  jours. 

IX. 

Tous  les  dimanches  et  fêtes  chômées  pendant  l'année, 
ainsi  qu'à  celles  mentionnées  dans  l'article  précédent,  les 
associés  s'assembleront  dans  l'Archiconfrérie,  à  l'heure 
qui  sera  jugée  la  plus  commode  selon  la  saison,  et  qui 
leur  sera  indiquée  au  prône  ;  dans  celte  assemblée  on 
récitera  soit  un  office,  soit  d'autres  prières  en  l'honneur 
du  saint  Cœur  de  Marie,  selon  la  direction  qui  en  sera 
donnée  ;  quelques  fois  on  y  fera  une  procession  avec  la 
statue  de  la  Ste.  Vierge,  au  chant  soit  des  litanies,  soit  des 
hymnes  ou  des  cantiques  en  son  honneur  ;  il  y  sera  fait 
une  instruction  ou  lecture  pieuse  ;  le  tout  se  terminera 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  131 

par  la  bénédiction  du  Très-Saint  Sacrement  avec  le  St. 
Ciboire,  en  chantant  une  antienne  au  Saint  Sacrement,  le 
Sub  tuum,  le  Parce  domine,  et  les  oj'aisons  analogues.  Ces 
exercices  ne  dureront  ordinairement  pas  plus  de  trois- 
quarts  d'heure. 

X. 

Tous  les  samedis  de  l'année,  excepté  le  Samedi-Saint,  le 
saint  sacrifice  de  la  messe  sera  offert  à  sept  heures,  dans 
la  Cathédrale,  à  l'autel  de  l'association,  en  l'honneur  du 
saint  Cœur  de  Marie  et  au  nom  de  tous  les  associés  répan- 
dus sur  toute  la  terre,  pour  demander  à  Dieu,  par  l'inter- 
cession de  ce  Saint  Cœur,  la  conversion  des  pécheurs  en 
général,  et  de  ceux  qui  auront  été  recommandés  particu- 
lièrement aux  prières  des  associés.  Le  prêtre,  avant  de 
commencer  cette  messe,  récitera  à  genoux  au  pied  de 
l'autel,  la  supplique  Memorare,  ô  piissima  Virgo  Maria,  et 
après  la  messe,  le  Sub  tuum  prœsidium,  VAve  Maria,  et 
l'invocation.  Maria  refugium  peccatorum,  etc. 

Notre  Saint  Père  le  Pape  a  accordé  une  indulgence  de 
cinq  cents  jours  à  tous  les  fidèles  indistinctement  qui 
assistent  à  cette  messe  et  y  prient  dévotement  pour  la 
conversion  des  pécheurs. 

Tous  les  premiers  samedis  de  chaque  mois,  le  saint 
sacrifice  sera  offert  pour  le  repos  éternel  de  tous  les 
confrères  défunts.  Après  cette  messe,  le  prêtre  récitera 
le^Dc  profundis. 

XL 

Tous  les  curés  et  missionnaires,  les  confesseurs  et 
chapelains  de  communautés  rehgieuses  et  séculières,  les 
supérieurs  et  directeurs  des  séminaires  ou  collèges,  ont 
le  pouvoir  d'agréger  les  fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe 
h  i'Archiconfrérie.  Lorsque  cette  association  sera  établie 
dans  l'église  paroissiale,  les  élèves  et  autres  personnes 
appartenant  aux  séminaires,  collèges,  couvents  et  autres 
établissements,  devront  recourir  au  prêtre  desservant  la 
dite  église,  conformément  à  la  constitution  apostolique  de 


132  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Clément  VITI,  qui  règle  qu'une  confrérie  ne  pourra  être 
établie  qu'en  une  seule  église  dans  la  même  paroisse. 

XII. 

Dans  toutes  les  paroisses  où  l'Arcliiconfrérie  sera  établie 
en  vertu  du  mandement  du  2  février  1841,  les  curés  ou 
missionnaires  pourront  faire,  aux  heures  qu'ils  jugeront 
convenables,  les  exercices  marqués  dans  ce  règlement  pour 
la  Cathédrale.  Ces  exercices  pourraient  se  faire  en  été  à 
sept  heures,  temps  où  les  personnes  qui  sont  établies  aux 
environs  de  l'église  aimeraient  à  s'y  réunir  pour  faire  en 
commun  la  prière  du  soir. 

XIII. 

Quoiqu'il  n'y  ait  aucune  cérémonie  prescrite  pour 
l'admission  dans  l'Archiconfrérie,  il  est  néanmoins  con- 
venable de  donner  quelque  solennité  à  cette  admission. 
En  conséquence,  il  serait  bon  de  ne  recevoir  les  associés 
que  les  jours  où  il  y  a  office  public  pour  l'Archiconfrérie. 
A  l'issue  de  ces  offices,  les  nouveaux  agrégés  se  présente- 
ront devant  l'autel  sur  lequel  on  allumera  les  cierges, 
chacun  d'eux  tenant  un  cierge  allumé,  et  s'étant  mis  à 
genoux,  le  directeur  ou  autre  prêtre  autorisé  à  recevoir 
dans  l'Archiconfrérie,  récitera  le  Ven%  Sancte  Spiritus,  etc., 
avec  le  verset  et  oraison  correspondants,  ajoutant  un  Ave^ 
llaria,  avec  l'invocation,  Maria^  refugium  peccato)-um,  oro 
pro  nobis.  Il  pourra,  ensuite,  adresser  quelques  mots  à 
ceux  qui  se  présentent  pour  appartenir  à  l'association, 
pour  leur  en  expliquer  les  règles  et  les  avantages,  puis 
leur  fera  faire  l'acte  de  consécration  qui  se  trouve  ci- 
joint;  il  le  fera  lire  par  l'un  d'eux,  ou  le  lira  lui-même 
si  aucun  d'eux  n'est  capable  de  le  faire.  Il  est  à  désirer 
que  chacun  des  associés  apprenne  par  cœur  cette  prière 
pour  la  faire  le  matin  ou  le  soir,  afin  de  renouveler  chaque 
jour  son  acte  de  consécration  au  Cœur  maternel  de  la 
bienheureuse  Vierge.  On  lui  en  donnera  une  copie,  s'il 
sait  lire,  et  il  la  conservera  précieusement. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  133 

INDULGENCES 

ACCORDÉES   AUX  ASSOCIÉS    DE  l'aRCHICONFKÉRIE. 

!«  Indulgence  plénière,  à  chacun  des  confrères  et 
consœurs,  pour  le  jour  de  leur  admission,  pourvu  qu'étant 
véritablement  contrits,  ils  se  soient  confessés  et  reçoivent 
la  sainte  communion  ce  jour  là. 

2"  Indulgence  plénière  toutes  les  fois  qu'à  l'article  de 
la  mort,  étant  vraiment  contrits  et  confessés,  ils  auront 
reçu  la  sainte  communion,  ou  que,  n'ayant  pas  pu  le 
faire,  ils  auront  invoqué  de  bouche  ou  au  moins  de  cœur 
le  très-saint  Nom  de  Jésus. 

3»  Indulgence  plénière  aux  mômes  confrères  et  con- 
sœurs qui,  ayant  reçu  le  sacrement  de  Pénitence,  s'appro- 
cheront de  la  sainte  Table  le  dimanche  de  chaque  année 
qui  précède  immédiatement  celui  de  la  Septuagésime, 
ainsi  qu'aux  fêtes  de  la  Circoncision  de  Notre  Seigneur  et 
de  la  Purification,  de  l'Annonciation,  de  la  Nativité,  de 
l'Assomption,  de  la  Conception  et  de  la  Compassion  de  la 
bienheureuse  Vierge  Marie,  de  la  conversion  de  Saint 
Paul  apôtre  et  de  la  fête  de  sainte  Marie-Magdeleine. 

40  Indulgence  plénière  que  chacun  des  confrères  et 
consœurs  pourra  gagner  le  jour  anniversaire  de  son 
baptême,  pourvu  qu'il  s'approche,  ce  jour-là,  des  sacre- 
ments de  Pénitence  et  d'Eucharistie,  et  qu'il  ait  récité 
pieusement  tous  les  jours  la  Salutation  Angélique,  pour 
la  conversion  des  pécheurs. 

Toutes  ces  indulgences  peuvent  se  gagner  également 
dans  toutes  les  églises  et  oratoires  où  l'association  est 
établie.  Tout  peu  s'y  faire  comme  au  chef-lieu  de  l'asso- 
ciation ;  mais  il  faut  qu'à  la  fin  de  l'année,  les  listes  des 
associés  soient  envoyées  au  directeur  pour  être  ajoutées 
au  grand  livre  de  Tarchiconfrérie  déposé  dans  les  archives 
du  Chapitre. 


134  MENDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


ACTE    DE    CONSECRATION   AU    COEUR    DE    MARIE. 

0  Cœur  sacré  de  Marie  toujours  Vierge  et  immaculée^ 
Cœur  ie  plus  saint,  le  plus  pur,  le  plus  parfait,  le  plus 
noble,  le  plus  auguste  que  la  main  toute  puissante  du 
Créateur  ait  formé  dans  une  pure  créature;  source  inta- 
rissable de  grâces,  de  bonté,  de  douceur,  de  miséricorde 
et  d'amour;  modèle  de  toutes  les  vertus,  image  parfaite 
du  Cœur  adorable  de  Jésus-Christ,  qui  brûlâtes  toujours 
de  la  charité  la  plus  ardente,  qui  avez  aimé  Dieu  vous 
seul  plus  que  les  Séraphins,  plus  que  les  Anges  et  les 
Saints,  qui  avez  donné  plus  de  gloire  à  la  suprême  Trinité 
que  ne  lui  en  ont  donné  les  autres  créatures  par  leurs 
actions  les  plus  héroïques  ;  Cœur  de  la  Mère  du  Rédemp- 
teur, qui  avez  ressenti  si  vivement  nos  misères,  qui  avez 
tant  souffert  pour  notre  salut,  qui  nous  avez  aimés  avec 
tant  d'ardeur  et  de  tendresse,  et  qui  méritez,  par  tous  les 
motifs  possibles,  le  respect,  l'amour,  la  reconnaissance  et 
la  confiance  de  tous  les  hommes,  daignez  agréer  mes 
faibles  hommages. 

Prosterné  devant  vous.  Cœur  sacré  de  la  Mère  de  misé- 
ricorde, je  vous  honore  avec  le  plus  profond  respect  dont 
je  suis  capable.  Je  vous  remercie  des  sentiments  de 
miséricorde  et  d'amour  dont  vous  avez  été  si  souvent 
touché  à  la  vue  de  mes  misères  ;  je  vous  rends  grâces  de 
tous  les  bienfaits  que  m'a  obtenus  votre  maternelle  bonté  ; 
je  m'unis  à  toutes  les  âmes  pures,  qui  trouvent  leurs 
délices  et  leur  consolation  à  vous  honorer,  louer  et  aimer. 

Vous  serez,  ô  Cœur  tout  aimable,  vous  serez  désormais, 
après  le  Cœur  de  votre  cher  et  divin  Fils,  l'objet  de  ma 
vénération,  de  mon  amour  et  de  ma  plus  tendre  dévotion. 
Vous  serez  la  voie  par  où  j'irai  à  mon  Sauveur,  et  ce  sera 
par  vous  que  je  recevrai  ses  grâces  et  ses  miséricordes. 
Vous  serez  mon  refuge  dans  mes  afllictions,  ma  consola- 
tion dans  mes  peines,  mon  secours  dans  tous  mes  besoins. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  135 

J'irai  apprendre  de  vous  la  pureté,  l'humilité,  la  douceur, 
et  puiser  dans  vous  l'amour  du  sacré  Cœur  de  Jésus-Christ 
votre  Fils.    Ainsi  soit-il. 


LETTRE  PASTORALE 

DE    iMONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE    MONTRÉAL. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  salut  st  bénédiction. 

Les  grands  et  chers  intérêts  de  vos  âmes,  qui  nous 
obhgent,  Nos  Très-Chers  Frères,  de  vous  faire  souvent 
entendre  notre  voix,  sont  aussi,  chaque  jour,  le  sujet  de 
nos  inquiétudes  et  de  notre  sollicitude  la  plus  vive  r 
car,  plus  nous  vous  aimons  en  Jésus  Christ,  plus  nous 
sentons  redoubler  nos  craintes  à  la  vue  des  dangers  qui 
vous  menacent.  Ce  qui  nous  remplit  de  frayeur  en  ce 
moment,  ce  sont  les  efforts  incroyables  que  font  les  enne- 
mis de  notre  sainte  religion,  pour  vous  ravir  le  précieux 
dépôt  de  la  foi,  en  faisant  circuler  au  milieu  de  vous  le 
poison  de  l'erreur,  au  moyen  d'une  foule  de  bibles  corrom- 
pues et  de  petits  livres  empoisonnés,  que  l'on  voudrait 
vous  faire  lire  malgré  vous.  Oh  !  Nos  Très  Chers  Frères, 
l'acharnement  de  ces  ennemis  nouveaux,  leurs  blasphè- 
mes contre  l'auguste  Marie  dont  ils  voudraient  vous  sépa- 
rer, en  vous  faisant  croire  les  grossières  injures  que  leurs 
bouches  impies  ne  craignent  pas  de  proférer  contre  cette 
Reine  des  Vierges,  qui  est  plus  pure  que  les  Anges  ;  leur 
témérité  qui  les  porte  à  rejeter  le  culte  des  Saints,  qui 
furent  toujours  vos  puissants  protecteurs  auprès  de  Dieu  ; 
leur  hardiesse  à  condamner  la  nécessité  des  bonnes  œuvres 
et  l'utilité  des  pratiques  salutaires  du  catholicisme;  tout 
doit  assez  vous  faire  connaître  les  projets  de  ces  hommes 
qui  ont  publiquemant  avoué  leur  noir  complot  :  celui  de 


13G  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

VOUS  déshériter  de  l'antique  foi,  qui  fit  le  bonheur  de  vos 
pères.  Ils  l'ont  écrit  et  signé  cet  affreux  projet  d'arracher 
du  cœur  des  canadiens  cette  religion  sainte  qui  seule  peut 
se  glorifier  d'être  Une,  Catholique  et  Apostolique,  et  par 
là  même  d'être  la  religion  de  Jésus-Christ.  Mais  nous 
avons  la  ferme  confiance  que  vous  refuserez  constamment 
de  recevoir  aucun  livre  de  ces  mains  sacrilèges;  car  ce 
seraient  des  serpents  que  vous  nourririez  dans  vos  mai- 
sons. Nous  nous  flattons  aussi  que  vous  honorerez,  en 
dépit  de  toutes  leurs  clameurs,  votre  foi  par  des  œuvres 
de  justice.  Nous  sommes  convaincu  même  que  vous  ven- 
gerez la  gloire  de  Marie,  en  redoublant  de  ferveur  et  de 
piété  pour  cette  bonne  Mère.  Nous  vous  avertissons  donc 
que  ces  suppôts  de  l'enfer  ne  sont  ainsi  pleins  de  rage 
contre  l'Auguste  Mère  de  Dieu  que  parce  qu'elle  est  comme 
une  armée  rangée  en  bataille  pour  la  défense  de  l'Eglise  ; 
et  qu'il  lui  a  été  donné  un  glorieux  privilège,  celui  d'écra- 
ser la  tête  du  Serpent  et  de  détruire  toutes  les  hérésies 
qui  naissent  dans  le  monde. 

Malgré  la  confiance  que  nous  reposons  en  votre  fidélité, 
Nos  Très-Chers  Frères,  il  est  une  chose  qui  nous  alarme, 
c'est  que  nous  n'avons  pas  assez  d'ouvriers  pour  nous 
aider  à  cultiver  la  vigne  dont  le  père  de  famille  nous  a 
chargé.  Oui,  nous  avons  la  douleur  de  voir  la  plupart  de 
vos  Pasteurs  tellement  surchargés  par  les  soins  inquiétants 
de  votre  sanctification  qu'ils  ne  pauvent,  malgré  leur  zèle 
infatigable,  répondre  à  vos  besoins  multipliés.  Ils  se  plai- 
gnent à  nous,  ces  bons  Pasteurs,  d'être  dans  l'impuissance 
de  vous  porter  tous  les  secours  nécessaires.  Hélas  1  nous 
ne  pouvons  leur  dire  autre  chose,  sinon  ces  paroles  de 
Notre  Seigneur  :  Rogatc  ergô  Dominum  messis  ut  mittat 
operarios  in  messem  suam  :  Priez  donc  le  maître  de  la  moisson 
/fcnvoycr  des  ouvriers  dans  sa  nioisson.  En  outre,  il  est  plu- 
sieurs missions  lointaines  complètement  abandonnées, 
malgré  les  humbles  supplications  que  ne  cessent  de  nous 
adresser  ces  brebis  d'autant  plus  chères  à  notre  cœur 
qu'elles  sont  plus  délaissées  et  par  là  même  plus  exposées 


CIRCULAlflES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  137 

à  la  fureur  de  ce  Lion  rugissant  qui,  comme  nous  l'assure 
l'Apôtre  St.  Pierre,  rôde  sans  cesse  autour  d'elles,  cherchant 
à  les  dévorer  ;  voilà  ce  qui  nous  fait  gémir  jour  et  nuit,  et 
nous  porte  à  demander  à  Dieu  qu'il  nous  donne  des  Pas- 
teurs selon  son  cœur,  qui  par  leur  doctrine  pure  et  leurs 
salutaires  exemples ,  puissent  assurer  votre  bonheur 
éternel. 

Nous  sentons  aussi  bien  vivement  un  autre  besoin  qui 
ne  peut  que  s'accroître,  c'est  celui  d'une  bonne  éducation 
pour  vos  enfants.  Il  est  vrai  que  Dieu  nous  a  envoyé  un 
puissant  secours  en  dirigeant  vers  nous  les  humbles 
enfants  du  vénérable  M.  de  la  Salle,  qui  ont  déjà  rendu 
un  service  immense  à  l'éducatLon  dans  cette  ville,  depuis 
le  peu  d'années  qu'ils  y  sont.  Mais  leur  nombre  est  trop 
petit  pour  qu'ils  puissent  de  longtemps  se  répandre  dans 
vos  campagnes  ;  ce  que  pourtant  nouo  désirerions  ardem- 
ment. Il  n'y  aurait  d'ailleurs  qu"un  certain  nombre  de 
paroisses  en  état  de  se  procurer  ces  habiles  instituteurs. 
Cependant  vos  besoins  sont  urgents;  et  il  n'y  a  pas  de 
temps  à  perdre.  Puissions-nous  trouver  bientôt  les  moyens 
de  procurer  à  vos  paroisses  des  maîtres  capables  de  former 
l'esprit  et  le  cœur  de  vos  enfants,  capables  d'aider  vos 
Pasteurs  à  leur  enseigner  les  éléments  de  la  religion,  la 
science  du  chant  et  l'exécution  de  nos  cérémonies  dont  le 
spectacle  est  si  propre  à  nourrir  la  piété. 

Ces  besoins  et  beaucoup  d'autres  qui  serait  trop  long  de 
détailler  ici,  nous  occupent  sérieusement  depuis  longtemps. 
Nous  avons  prié  et  fait  prier  à  cette  fin  ;  en  union  avec  les 
âmes  pieuses,  nous  avons  recouru  à  celle  que  St.  Bernard 
ne  craint  pas  d'appeler  toute  son  espérance  tota  ratio  spei 
meœ.  C'est  pour  cela  que  nous  nous  sommes  adressé  an 
Cœur  de  cette  bonne  Mère,  en  établissant  pour  tout  le 
Diocèse,  par  notre  Mandement  du  2  Février  dernier,  l'Ar- 
chiconfrérie  du  Très  Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie^  »'ec 
l'espérance  bien  fondée  que  cette  protectrice  ferait  valoir 
pour  nous  auprès  de  son  Divin  Fils  ce  grand  crédit  que 
St.   Alphonse  de  Ligouri   appelle,  d'après   un   vénérable 


138  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

auteur,  un  secours  tout-puissant,  omnipotens  auxilium.  Les 
grâces  innombrables  qu'elle  a  déjà  fait  couler  sur  ce  Diocèse 
depuis  cet  instant  heureux,  nous  prouvent  que  ce  n'est 
jamais  en  vain  que  l'on  s'est  adressé  à  elle,  comme  nous 
l'atteste  son  dévot  serviteur  St.  Bernard.  Mais  jusqu'ici  ces 
grâces  nous  ont  avant  tout  fait  comprendre  plus  intime- 
ment la  grandeur  de  nos  besoins.  Car  la  foule  des  pauvres 
pécheurs  qui  viennent  se  jeter  à  nos  pieds  permet  à  peine 
à  nous  et  à  nos  zélés  collaborateurs  de  respirer.  Encore  si 
nous  pouvions  répondre  à  leurs  besoins,  nous  ne  regrette- 
rions pas  de  nous  consumer  de  travaux  pour  une  si  belle 
cause.  Mais  reconnaissant  plus  que  jamais  notre  insufTi- 
sance,  nous  avons  dû  recourir  au  Père  des  lumières,  à  celui 
de  qui  vient  tout  don  parfait,  afin  de  connaître  les  moyens 
que  nous  devions  adopter  pour  ne  pas  laisser  périr  tant 
d'âmes,  qui  implorent  sans  cesse  notre  sollicitude  pasto- 
rale. Oh  !  Nos  Très-Chers  Frères,  s'il  est  déchirant  pour 
le  cœur  d'un  père  de  n'avoir  pas  de  pain  à  distribuer  à  des 
enfants  tendrement  aimés  qui  lui  en  demandent  avec 
larmes,  il  l'est  bien  d'avantage  à  un  Pasteur  de  ne  pouvoir 
conduire  dans  les  gras  pâturages  de  la  religion  des  brebis 
chéries,  qui  périssent  de  faim  et  de  misère.  Hélas  !  com- 
bien n'y  en  a-t-il  pas  de  réduites  à  cette  nécessité  extrême, 
non  seulement  dans  les  parties  éloignées,  mais  encore 
dans  Tintérieur  du  Diocèse,  dans  la  ville  môme  épisco- 
pale  ! 

Attendj'i  par  toutes  ces  considérations  et  plein  de  con- 
fiance en  la  bonté  du  Tout-Puissant,  nous  avons  cru  recon- 
naître que  la  volonté  du  ciel  était  que  nous  allassions 
nous  jeter  aux  pieds  du  Souverain  Pontife  qui  est  assis 
sur  la  chaire  de  St.  Pierre,  pour  diriger  non  seulement 
les  agneaux,  mais  encore  les  brebis,  c'est-à-dire  les  Evo- 
ques et  tous  les  pasteurs  aussi  bien  que  les  simples  fidèles. 
Ain*i  pour  correspondre  aux  desseins  de  Dieu  sur  vous  et 
sur  nous,  nous  quittons  tout  et  nous  allons  nous  embar- 
quer sans  délai  pour  la  Ville  Sainte,  afin  d'exposer  au 
Vicaire  de  Jésus  Christ  nos  doutes  et  nos  besoins,  et  con- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  139 

certer  avec  lui  les  meilleurs  moyens  de  remédier  à  tous 
vos  maux  spirituels.  Nous  y  allons  avec  confiance,  parce 
qu'il  lui  a  été  donné  par  Notre  Seigneur  lui  môme  d'affer- 
mir dans  la  foi  et  les  bonnes  œuvres  qui  en  découlent,  les 
Evèques  qui  sont  ses  frères  :  confirma  fratres  tuos.  Il  nous 
en  coûte,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  nous  séparer  de  vous; 
mais  nous  avons  la  consolation  de  penser  que  c'est  pour 
l'amour  de  vous  que  nous  nous  déterminons  à  interrompre 
quelque  temps  le  cours  de  nos  travaux,  qui,  grâce  à  la 
miséricorde  divine  et  à  vos  bonnes  dispositions,  ont  été 
accompagnés  de  beaucoup  de  bénédictions. 

En  entreprenant  ce  voyage  pour  vos  plus  grands  mté- 
rèts,  nous  pourrions,  à  l'exemple  des  Evèques  qui  habitent 
les  pays  de  missions  et  qui  vont  à  Rome,  demander  au 
Père  commun  l'hospitalité  qu'il  fait  exercer  gratuitement 
avec  une  bonté  qui  le  fait  reconnaître  pour  le  Patriarche 
de  tous  les  peuples  chrétiens  ;  mais  considérant  que  nous 
sommes  à  la  tète  d'un  Diocèse  où  règne  l'opulence  et 
sachant  que,  par  les  malheurs  des  temps,  les  ressources 
du  St.  Père  sont  à  peu  près  épuisées,  nous  faisons,  en  toute 
confiance,  un  appel  à  votre  générosité.  Car  vous  savez 
que  l'établissement  de  St.  Jacques  ne  peut  supporter  une 
dépense  aussi  considérable.  En  prenant  l'administration 
de  ce  Diosèse,  nous  nous  sommes  fait  un  devoir,  à  l'exem- 
ple de  l'Apôtre,  de  nous  glorifier  de  notre  pauvreté  et  de 
nous  contenter  de  l'habit  et  de  la  nourriture  que  la  Divine 
Providence  ne  refuse  pas  à  ceux  qui  mettent  leur  con- 
fiance en  elle.  Mais  en  même  temps,  nous  avons  compté 
que,  lorsqu'il  serait  question  de  quelque  œuvre  importante 
pour  le  bien  de  la  religion,  vous  ne  nous  manqueriez  pas. 
En  effet,  chaque  fois  que,  dans  des  occasions  particu- 
lières, nous  avons  reclamé  le  secours  des  personnes  cha- 
ritables pour  l'avantage  des  missions  que  nous  avons  eu 
occasion  de  visiter,  nous  avons  toujours  trouvé  un  zèle 
digne  de  tout  éloge  ;  et  un  mot  de  notre  part  a  toujours 
suffi  pour  exciter  la  générosité  des  personnes  bienveil- 
lantes dont  nous  ne  cesserons  jamais  de  reconnaître,  avec 


140  MA.NDEMENTS,  LETTRES  PAST(JRALES, 

actions  de  grâces,  la  charité  et  la  ferveur.  Mais  voici  la 
première  occasion  qui  se  présente  de  faire  un  appel- 
général  à  tous  nos  Diocésains,  parce  qu'il  s'agit  ici  du 
bien  général  de  tout  le  Diocèse.  Dans  des  années  d'abon- 
dance, nous  nous  serions  contenté  de  recourir  à  ceux  que 
nous  savons  être  tout  dévoués  à  la  cause  sacrée  de  la 
Religion.de  nos  dignes  co-opérateurs  dans  le  St.  Minis 
tère,  qui,  l'an  dernier,  après  le  décès  de  notre  vénérable 
Prédécesseur,  se  portèrent  d'eux-mêmes  à  se  mettre  à 
contribution  pour  subvenir  à  nos  besoins,  mais  que  nous 
remerciâmes  alors  de  leurs  bonne  volonté  pour  nous, 
parce  (|[u'il  s'agissait  de  pourvoir  à  notre  subsistance 
privée  ;  ce  à  quoi  la  Divine  Providence  a  daigné  pourvoir 
elle-même.  Aujourd'hui  les  années  de  stérilité,  qui 
affligent  ce  Diocèse,  ne  leur  permettent  pas  de  faire  autan r, 
qu'ils  le  désiraient  ;  d'ailleurs  les  œuvres,  au  succès  des- 
quelles il  s'agit  de  contribuer  vous  regardent  d'une  ma- 
nière spéciale.  Enfin  les  largesses  que  vous  ferez  dans 
cette  occasion  seront  de  vraies  aumônes  pour  le  bien  de 
la  Religion,  et  les  modiques  contributions  de  chacun, 
réunies  à  celles  de  tous  leurs  frères  en  Jésus  Christ, 
pourront  défrayer  les  dépenses  considérables  qu'entrai- 
nera  nécessairement  notre  voyage  dans  la  capitale  du 
monde  chrétien.  Nous  laissons  à  MM.  les  Curés  d'aviser 
aux  moyens  de  recevoir  les  contributions  de  leurs  parois- 
siens; il  nous  parait  toutefois  que  le  plus  court  serait 
d'annoncer  et  de  faire  eux-mêmes  la  collecte  dans  leurs 
églises,  le  Dimanche  qui  suivra  celui  où  se  fera  la  lecture 
de  la  présente  Lettre  Pastorale. 

Mais  ce  que  nous  désirons  surtout,  N.  T.  C.  F.  et  ce  dont 
nous  avons  plus  de  besoin,  c'est  le  secours  de  vos  prières, 
qui  seront  une  aumûne  spirituelle  encore  plus  efficace 
pour  obtenir  la  bénédiction  du  ciel  sur  les  affaires  impor- 
tantes que  nous  allons  traiter  avec  le  St.  Siège.  Nous 
vous  conjurons  de  ne  pas  nous  oublier  dans  les  prières 
que  vous  ferez  en  famille,  dans  vos  pieuses  réunions  pour 
les  offices  de  confréries,  et  dans  la  récitation  du  chapelet. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  141 

En  outre,  nous  recommandons  à  tous  les  Prêtres  du 
Diocèse  de  réciter  à  la  Messe  l'Oraison  Deus  qui  Trans- 
tulisti,  etc.  tous  les  jours  où,  selon  la  rubrique,  il  est 
permis  de  réciter  l'Oraison  prescrite  par  l'Evêque.  De 
plus,  nous  désirons  que  tous  les  Dimanches  et  Fêtes  l'on 
dise,  à  la  suite  de  l'office  du  matin,  cinq  Pater  et  cinq 
Ave  à  notre  intention. 

De  notre  côté,  nous  ne  vous  oublierons  pas,  N.  T.  G.  F., 
lorsque  nous  serons  sur  le  tombeau  des  SS.  Apôtres  et 
que  nous  visiterons  ces  monuments  vénérables,  que  la 
Religion  a  élevés  et  consacrés  dans  la  ville  éternelle. 
Vous  serez  avec  nous,  lorsque  nous  serons  prosterné  aux 
pieds  du  Chef  Suprême  de  l'Eglise,  de  Notre  St.  Père  le 
Pape  ;  nous  lui  offrirons  vos  vœux  aussi  bien  que  les 
nôtres  et  nous  ne  manquerons  pas  de  l'assurer  qu'il  a, 
dans  tous  les  membres  de  notre  clergé  et  dans  tous  les 
Fidèles  de  notre  Diocèse,  des  enfants  respectueux  qui  pro- 
fessent une  doctrine  et  des  sentiments  capables  de  con- 
soler son  cœur  paternel.  Nous  ne  manquerons  pas  non 
plus  de  solliciter  pour  vous  toutes  les  faveurs  spirituelles 
qui  pourront  vous  affermir  dans  votre  foi  et  vous  aider  à 
mériter  le  ciel.  Tel  est  le  plus  ardent  de  nos  vœux. 
Puisse  notre  pèlerinage  au  tombeau  des  SS.  Apôtres  y 
contribuer  efficacement. 

Nous  vous  informons  que  nous  laissons  l'administra- 
tion de  ce  Diocèse  à  M.  Ant.  Manseau,  notre  Vicaire- 
Général,  avec  des  pouvoirs  très-amples,  pour  que  notre 
absence  ne  vous  prive  pas  des  biens  spirituels  que  vous 
devez  attendre  de  vos  Pasteurs. 

Nous  profitons  de  l'occasion  pour  recommander  de 
nouveau  à  vos  prières  notre  Vénérable  Prédécesseur 
dont  nous  célébrerons  le  service  anniversaire  le  29  du 
courant,  dans  l'église  cathédrale  de  cette  ville,  et  nous  y 
invitons  tous  ceux  qui  pourront  y  assister. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  et  publiée  en 
chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  et  au 


142  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Prône  dans   toutes  les  églises   Paroissiales,  le   premier 
Dimanche  après  sa  réception, 

Donné  à  Montréal,  le  douze  Avril  mil  huit  cent  qua- 
rante-un, sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 

-]-  la.  Ev.  DE  Montréal. 
L.  j-  S. 

Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Ptre.,  Chan.  Sec. 
(Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Chan.,  Sec. 

P.  S. — Gomme  nous  sommes  plein  de  confiance  dans  le 
succès  de  l'appel  que  nous  venons  de  faire  à  nos  diocé- 
sains, il  est  probable  que  nous  profiterons  de  la  première 
opportunité  qui  se  présentera,  au  commencement  de  mai, 
pour  nous  mettre  en  route,  avant  même  que  nous  ayons 
reçu  tous  les  retours.  En  ce  cas,  veuillez  toujours 
adresser  vos  offrandes  à  l'évêché,  où  l'on  avisera  au 
moyen  de  nous  les  faire  tenir  en  main  sûre. 


Montréal,  le  12  Avril  1841. 

Monsieur, 

Je  m'empresse  de  profiter  de  la  présente  pour  vous 
envoyer  une  copie  de  la  lettre  que  je  viens  de  recevoir  du 
Cardinal  Fransoni  et  pour  vous  communiquer  les  facultés 
qu'il  a  plû  à  Sa  Sainteté  de  vous  donner.  Je  ne  doute  pas 
que  vous  ne  receviez  avec  une  profonde  vénération  et 
une  vive  reconnaissance  les  bénédictions  et  les  faveurs 
dont  elle  vous  comble,  et  que  vous  ne  vous  fassiez  un 
devoir  d'expliquer  à  votre  peuple  quelles  sont  les  grâces 
auxquelles  il  aura  le  bonheur  de  participer. 
Je  suis,  etc. 

f  Ig.  Evêque  de  Montréal, 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMExNTS.  143 

No.  3. 

R.  p.  D.  IGXATIO  BOURGET.  ") 

Ep.  Mariaxopolitano,  >-      Illme  et  R.me  Dne. 

Mariapoli.  3 

SSmus  Dominus  Noster  Gregorius  PP.  XVI.  suminâ 
benevolentiâ  accepit  litteras,  quas  A.  T.,  et  Glerus  omnis 
Marianopolitanus  die  22  Aiigusti  ad  eum  scripsit, quœque 
perspicuum  continent  tui,  et  Gleri  Marianopolitani  erga 
Apostolicam  Sedem  observantiœ  testimonium.  Gonfidit 
autem  Sanctitas  Sua  vos  omnes  unitatis  centro  tanta 
aninii  veneratione  conjunctos,  cum  magna  Religionis 
iitilitate,  in  istâ  Vinese  Domini  parte  semper  esse  labora- 
turos.  Vos  omnes  prœterea  singulan  benignitate  respi- 
ciens  SSmus  DnusApostolicaBenedictione,  prout  petistis, 
libeuter  cumulavit. 

Rescriptum  denique  huic  epistolœ  adjectum,  faculta- 
tum  a  SSmo  Dno  Ntro  concessarum,  ostendet  votis  tuis 
in  eâ  re  plene  satisfactum  fuisse. 

Precor  Deum  mterea  ut  A.  T.  diù  sospitem,  ac  felicem 
servet. 

Amp.  Tuœ, 

Romfe  ex  OEdibus  S.  G.  de  Prop.  Fide, 
die  23  Januarii  1841, 

Uti  frater  studiosissimus, 
(Signatus)      J.  Ph.  Gard.  Fransonius,  Prœft. 
(Signatus)  /.  Arçh.  Edessen  a  Sec. 


BEATISSIME  PATER. 

Episcopus  Glerusque  Marianopolitanensis  Sanctitatem 
Vtram  suppliciter  deprecantur,  ut  sequentes  gratias  ipsis 
ad  decennium  bénigne  concédât. 

1.  Lucrandi  ab  iis  qui  diversis  confraternitatibus  asso- 
ciati  sunt,  vel  erunt  ad  dicendum  unam  aut  très  missas 
pro  anima  cujuslibet  defuncti  Sure  Societatis  Indulgen- 
tiam  Plenariam,  ratione  uni  us  aut  trium  missarum 
supradictarum  applicabilem  animœ  hujus  defuncti. 


Î44  MA.NDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

2.  Lucrandi  partialem  septem  annorum  Indulgentiam' 
totidemque  quadragenarum,  quoties  per  dimidiam  horam 
orationi  mentali,  vel  per  idem  tempus  scripturse  sacrœ 
lectioni,  vel  per  quartam  partem  horse  visitationi  SSmi 
sacramenti  vel  spiritual!  lectioni  vacaverint.  Pro  ils  qui 
ratione  proprii  officii,  vel  aliter  erunt  moraliter  impediti, 
ad  lucrandam  talem  indulgentiam  prsedictis  exercitiis  per 
aliquod  tempus  vacare  satis  erit. 

3.  Ut  quotiescumque  tam  Episcopus,  quàm  sacerdotes 
in  Marianopolitanensi  Diœcesi  manentes,  ordinariam  con- 
fessionem  audiverint,  indulgentiam  vigenti  annorum 
lucrari  sibi  possint  et  ipsi  pœnitentes  hac  eâdem  indul- 
geiatiâ  frui  possint  ac  valeant,  si  postconfessionem  sacram 
ijûmmunionem  receperint. 

4.  Ut  quotiescumque  tam  Episcopus,  quàm  Sacerdotes 
in  supradicta  Diœcesi  degentes  generalera  confessionem 
necessariam  aut  utilem  per  absolutionem  expleverint, 
Indulgentiam  Plenariam  lucrari  possint  ac  valeant,  ac 
ipsi  pœnitentes  earadem  Indulgentiam  Plenariam  obtinere 
possint,  modo  confessi  ac  Sacra  communione  refecti  in 
aliqua  Ecclesia  aut  publico  oratorio  ad  mentem  Summi 
Pontificis,  et  pro  S.  Fidei  propagatione  oraverint.  Quare 

Ex  Audientiâ  SSmi  habita  die  2  Januarii  1841.  SSraus 
Dominus  Noster  Gregorius  Divina  Providentia  PP.  XVI., 
referente  me  infrascripto  sacrse  congregationis  de  Pro- 
paganda  Fide  Secretario,  perpensis  expositis  bénigne 
omnes  Indulgentias  tam  Plenarias,  quàm  partiales  in 
libello  supplici  petitas  ad  Decennium  concessit.  Gon- 
trariis  quibuscumque  non  obstantibus. 

Dat.  Romœ  ex  sed.  die.  Sac.  Gongnis,  die  et  anno  quibus 
supra.  Gratis  sine  ulla  omnino  solutione  quocumque 
titulo. 

(Signatus)      J.  Arch.  Edessen. 
Loco  7  Sigilli. 

Supradictum  Indultum  vidimus  et  approbavimus. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  145 

Datum  Marianopoli,  die    lia  Aprilis  1841,  sub  signo 
sigilloque  nostris  ac  Secretarii  nostri  subscriptione. 

f  Ig.  Epus.  Marianopolitanensis. 
Loco  f  Sigilli. 

De  mandato  Illmi.  ac  Revm. 

D.  D.  Marianopolitanensis  Episcopi. 

A.  F.  Truteau,  Can.  Sec. 


CIRCULAIRE 


A    MESSIEURS   LES   CURES,    MISSIONNAIRES    ET  AUTRES   PRÊTRES 
DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  le  1er.  Mai  1841. 
Monsieur, 

La  santé  de  M.  le  Grand-Vicaire  Manseau  que  je  vous 
ai  annoncé,  dans  ma  lettre  du  12  Avril  dernier,  devoir 
être  administrateur  de  ce  Diocèse  pendant  mon  absence^ 
s'altérant  sensiblement  et  faisant  craindre  qu'il  ne  puisse 
porter  seul  le  poids  de  l'administration,  j'ai  pensé  qu'il 
était  de  mon  devoir  de  lui  donner  de  l'aide.  En  consé- 
quence, j'ai  créé  mon  Vicaire-Général  M.  H.  Hudon,  et 
l'ai  nommé  administrateur,  conjointement  avec  M.  Man- 
seau, par  des  lettres  en  date  du  29  ultimo.  J'ai  la  pleine 
confiance  que  vous  agréerez  ce  choix,  que  je  n'ai  fait  que 
dans  le  seul  intérêt  du  Diocèse,  et  pour  prévenir  les 
grands  inconvénients,  qui  résulteraient  inévitablement 
de  l'interruption  de  l'exercice  de  la  juridiction  que  j'ai 
conférée,  avec  la  permission  du  St.  Siège,  à  ces  deux 
délégués.  Je  vous  informe  que  cette  délégation  de  pou- 
voirs est  aussi  ample  que  possible,  et  que  vous  pourrez 
vous  adresser  à  l'un  d'eux  pour  tous  vos  besoins  et  ceux 
de  vos  paroissiens;  qu'ils  ont  la  faculté  d'ériger  canoni- 
quement  les  paroisses,  instituer  les  confréries,  chemins  de 
la  Croix,  etc. 


146  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  prier  de  donner  des 
extraits  de  baptême  aux  enfants  illégitimes,  que  l'on 
envoie  à  l'Hôpital-Général  de  cette  ville,  et  de  faire  en 
sorte  que  ceux  qui  seront  dans  le  cas  de  les  apporter  soient 
informés  de  la  nécessité  de  se  pourvoir  d'un  pareil  acte. 
Peut-être  que  quelques  avis  à  votre  prône  auraient  l'effet 
désiré.  Je  vous  donne  cette  information,  parce  qu'il 
m'est  revenu  que  l'on  est  dans  le  plus  grand  en:barras 
au  dit  Hôpital-Général,  au  sujet  du  baptême  des  enfants 
qui  y  sont  exposés  ;  parce  que  l'on  a  vérifié  que  ceux  qui 
les  apportent,  s'imaginant  que  les  Sœurs  ne  les  rece- 
vraient pas  s'ils  n'étaient  baptisés,  disent  qu'ils  l'ont  été  ; 
ce  qui  est  ensuite  très-difficile  à  constater  à  cause  de 
l'éloigneraent  des  lieux  où  il  faut  aller  chercher  des  ren- 
seignements, et  de  la  difficulté  d'identifier  ces  enfants.  Il 
en  résulte  que  l'on  est  exposé  à  violer  les  lois  de  l'Eglise 
en  réitérant  le  baptême,  ou  à  laisser  mourir  quelques-uns 
de  ces  enfants  sans  baptême.  Vous  voudrez  bien  infor- 
mer aussi  vos  paroissiens  que  leurs  malades,  qui  sont 
quelquefois  envoyés  à  l'Hôtel-Dieu,  doivent  être  conduits 
par  des  personnes  charitables.  Car  les  règles  de  cet 
établissement  de  charité  empêchant  de  recevoir  les  per- 
sonnes atteintes  de  certaines  maladies,  il  est  arrivé  que 
quelques-unes,  qui,  pour  cela,  ne  pouvaient  y  être  admi- 
ses, ont  été  laissées  dans  les  rues  par  leurs  conducteurs 
qui  ne  voulaient  pas  les  ramener  chez  eux.  Je  suis  heu- 
reux, en  quittant  le  Diocèse,  de  rendre  ce  service  aux 
membres  de  Jésus-Christ  souffrant,  et  de  pouvoir  espérer 
par-là  d'avoir  quelque  part  à  leurs  bénédictions. 

Je  vous  informe  aussi  que  l'oraison,  prescrite  dans  ma 
dernière  Lettre  Pastorale,  tiendra  lieu  de  l'oraison  ad 
libitum. 

Je  suis,  on  ne  peut  plus,  attendri  de  l'intérêt  que  vous 
voulez  bien  mettre  à  la  mission  dont  me  charge  la  divine 
Providence.  C'est  pour  moi  un  consolant  pressentiment 
de  son  succès  que  Dieu  voudra  bien  accorder  à  vos 
prières  et  à  celles  de  votre  peuple,  sans  avoir  égard  à 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  I  H 

mon  insuffisance.  J'espère  que  ce  Dieu  de  bonté  me 
fera  la  grâce  de  vous  revoir  tous,  pour  pouvoir  travailler 
ensemble  à  faire  profiter  les  biens  spirituels  dont  va  nous 
enrichir  sa  miséricorde.  C'est  avec  ces  sentiments  que 
je  suis,  en  union  de  vos  prières  et  SS.  Sacrifices  de  la 
JVIesse, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur, 
7  Ignace  Ev.  de  Montréal. 

(Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau,  Ghan.,  Sec. 


CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 

Rome,  le  25  Juin  1841. 
Monsieur, 

Mon  premier  acte,  après  mon  arrivée  à  Rome,  est  de 
vous  adresser  la  présente,  pour  vous  informer  que  par  le 
secours  de  vos  prières  et  de  celles  des  fidèles  confiés  à  vos 
soins,  je  suis  heureusement  arrivé  à  la  Ville-Sainte. 
Ayant  rendu  grâces  à  Dieu  et  m'étant  recommandé  aux 
SS.  Apôtres,  je  vous  devais,  avant  tout,  cette  marque  d'at- 
tention, en  reconnaissance  de  votre  bonne  volonté  et  des 
sacrifices  que  vous  avez  faits  pour  seconder  mon  voyage 
et  lui  procurer  tout  le  succès  qu'il  peut  avoir  pour  le  bien 
de  la  religion. 

Comme  les  affaires  que  je  vais  maintenant  traiter  sont 
de  la  plus  haute  importance,  et  qu'il  me  faut  user  de  Ja 
plus  sage  discrétion  pour  ne  pas  compromettre  les  grands 
intérêts  de  l'Eglise,  je  sens  plus  que  jamais  la  nécessité 
de  recourir  au  Père  des  lumières,  qui  donne  l'intelli- 
gence à  ceux  qui  sont  petits  à  leurs  yeux.    Pour  attirer 


148  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

en  moi  plus  abondamment  les  dons  de  l'Esprit-Saint, 
avant  de  procéder  à  l'expédition  des  affaires,  je  vais  con- 
sacrer huit  jours  à  ma  retraite  annuelle  que  je  ferai  ici, 
ne  pouvant  pas,  cette  année,  la  faire  avec  vous;  ayant  la 
ferme  confiance  que  le  Dieu  de  toute  miséricorde  voudra 
bien,  pendant  ce  saint  temps,  parler  à  mon  cœur  et  m'ins- 
pirer  ce  que  je  devrai  entreprendre  pour  sa  plus  grande 
gloire.  Ces  affaires  sont  aussi  les  vôtres,  puisqu'elles  sont 
celles  de  la  religion.  J'ai  donc  lieu  d'espérer  que  vous 
vous  unirez  à  moi  pour  les  faire  prospérer,  et  que  vous 
continuerez  de  prier  dans  ce  but  si  important. 

Je  verrai  probablemennt  demain  Notre  Saint-Père  le 
Pape,  à  l'église  de  St.  Pierre,  mais  je  n'aurai  audience 
que  dans  les  premiers  jours  de  juillet,  parce  que  Sa 
Sainteté  est  en  ce  moment  accablée  d'affaires.  Mais  je 
vais  prendre  la  liberté  de  lui  écrire  avant  la  St.  Pierre, 
pour  le  prier  de  diriger  vers  le  Canada  la  bénédiction 
pontificale  qu'il  doit  donner  en  cette  fête  urbi  et  orbi,  en 
lui  exposant  nos  plus  pressants  besoins,  afin  qu'il  nous  en 
obtienne  un  prompt  remède,  dans  un  jour  si  heureux 
pour  Rome  et  pour  le  monde  chrétien.  Que  Dieu  donc 
nous  comble  de  toutes  ses  bénédictions  spirituelles  en 
Jésus-Christ,  notre  Seigneur  ! 

Je  suis,  bien  cordialement. 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 
[Signé.] 

\  Ig.  Evéque  de  Montréal. 
[Pour  copie) 

A.  F.  Truteau,  Ptre., 

Chan.  Secrétaire. 
p.  s. — M.  le  Vice-Président  de  la  société  ecclésiastique 
de  St.  Jacques,  pour  le  diocèse  de  Montréal,  prévient  MM. 
les  membres  que  le  bureau  annuel  de  cette  association 
se  tiendra  à  l'évêché,  mercredi  1er.  de  Septembre. 

A.  F.  T. 
Montréal,  il  Août  1841. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  I43> 

CIRCULAIRE 

AU   CLEBGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  23  Septembre  1841. 
Monsieur, 

Je  crois  devoir,  par  la  Pastorale  ci-jointe,  informer  le 
Diocèse  du  résultat  de  mon  voyage  en  Europe,  sans  pou.'- 
tant  entrer  dans  aucun  détail  ;  étant  suffisant  qu'il  con- 
naisse en  général  que  Dieu  a  daigné  bénir  ce  voyage, 
pour  l'avantage  de  la  Religion  dans  cette  partie  de  la 
vigne  du  Seigneur  confiée  à  nos  soins.  Il  n'en  sera  pas 
ainsi  de  vous,  Messieurs,  qui  m'êtes  donnés  pour  Collabo- 
rateurs, et  dont  la  coopération  cordiale  et  affectueuse 
m'est  si  nécessaire  pour  l'accomplissement  des  desseins 
de  Dieu  en  ce  nouveau  diocèse.  Depuis  que  la  divine 
Providence  m'en  a  confié  l'administration,  j'ai  toujours, 
comme  je  vous  l'ai  plusieurs  fois  répété,  été  vivement 
pénétré  de  cette  pensée  que  je  n'avais  aucun  bien  à  faire 
dans  le  poste  éminent  que  j'occupe,  si  je  n'étais  pas  assez 
heureux  pour  vous  associer  à  toutes  mes  œuvres,  et  par 
vous  tous  les  fidèles;  afin  de  les  rendre  toutes  des 
œuvres  diocésaines,  eii  leur  imprimant  le  sceau  de  l'union 
la  plus  intime.  Mais  cette  pensée  m'a  fait  une  singulière 
impression,  tout  le  temps  que  j'ai  été  à  même  de  voir  le 
bien  qui  s'opère  ailleurs.  En  visitant  diverses  églises  de 
la  chrétienté,  et  entrant  dans  le  détail  des  œuvres  admi- 
rables qu'y  opère  un  généreux  dévouement  pour  la  cause 
sacrée  de  la  religion,  je  me  suis  convaincu  que  l'évêque 
de  Montréal,  s'il  est  bien  uni  au  clergé,  peut,  avec  le 
secours  d'en  haut,  donner  l'élan  et  faire  prospérer  ici 
celles  de  ces  œuvres  qui  se  rattachent  à  nos  besoins 
L'expérience  du  passé  m'ayant  convaincu  que  je  pouvais 
compter  sûrement  sur  votre  bonne  volonté,  j'ai  agi  en 
conséquence,  en  prenant  des  arrangements  pour  augmen- 
ter le  nombre  des  ouvriers  évangéliques,  et  multiplier 


i50  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

nos  moyens  d'exercer  la  charité  et  de  donner  une  éduca- 
tion religieuse  aux  garçons  et  aux  filles;  arrangements 
qui  ne  seraient  que  des  projets  présomptueux,  si  vous 
n'en  faisiez  votre  affaire,  comme  j'en  ai  une  jjleine  assu- 
rance ;  parce  que,  tout  en  comptant  souverainement  sur 
la  divine  Providence,  l'on  ne  doit  pas  certainement  la 
tenter.  C'est  pour  cela  que  plusieurs  de  ces  arrangements 
n'ont  pas  été  complètement  conclus  ;  et  que  j'ai  dû  pru- 
demment en  susprendre  l'exécution,  pour  avoir  le  temps 
de  m'entendre  avec  vous. 

Vous  recevrez  sous  peu  du  renfort  pour  vous  aider  à 
porter  le  terrible  poids  du  ministère,  qui  écrase  un  grand 
nombre  d'entre  vous.  Ce  secours  est  pour  ce  moment 
fort  au-dessous  de  vos  besoins  ;  mais  il  va  ouvrir  la  porte 
à  de  plus  grands.  Je  suis  persuadé  que  vous  aurez  dans 
ces  nouveaux  ouvriers  des  auxiliaires  qui  ne  viennent  ici 
que  pour  vous  aider  à  porter,  dans  l'union  et  la  charité, 
le  poids  de  la  chaleur  et  du  jour.  Le  zèle  avec  lequel 
vous  avez  favorisé  mon  voyage,  dont  le  principal  objet 
vous  était  connu,  m'a  parfaitement  convaincu  de  vos 
dispositions  là-dessus  ;  et  je  n'ai  pas  à  craindre  que  l'har- 
monie, qui  heureusement  règne  parmi  nous,  n'en  soit 
aucunement  troublée. 

Autant  que  j'ai  pu  en  juger,  nos  resrources  pour  encou- 
rager l'éducation  et  la  retenir  par  là  même  entre  nos 
mains,  comparées  à  celles  du  clergé  des  diverses  diocèses 
que  j'ai  visités,  sont  immenses;  et  il  est  certain  que  si 
nous  pouvons  former  de  bons  maîtres  et  de  bonnes 
maîtresses  pour  toutes  les  paroisses  de  la  campagne,  nous 
conserverons  sur  l'éducation  du  peuple  linfluence  que 
nous  devons  avoir  par  notre  état.  Nous  paralyserons, 
sans  bruit  et  sans  coup  férir,  tous  les  efforts  que  l'on 
paraît  disposé  à  faire  pour  nous  dépouiller  d'un  droit  si 
légitime.  J'ai  été  tout  occupé,  dans  mes  diverses  excur- 
sions, de  ce  besoin  auquel  il  faut  apporter  un  prompt  et 
salutaire  remède.  J'espère  que  le  diocèse  se  ressentira, 
dans  peu  d'années,  des  dispositions  que  j'ai  prises  à  cet 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  151 

égard  ;  et  que  bientôt  nous  ne  serons  pas  en  arrière  des 
diocèses  que  j'ai  trouvés  les  mieux  organisés  sous  ce 
rapport.  Cet  article  important  nécessitera  une  commu- 
nication ultérieure  de  ma  part  :  en  attendant,  croyez  que 
je  ferai  tout  en  mon  pouvoir  pour  mener  à  maturité  les 
plans  que  je  n'ai  pu  qu'ébaucher.  S'il  est  un  point  où  il 
faut  que  nos  forces  soient  réunies,  c'est  sans  doute  ce 
point  important,  que  je  recommande  à  votre  zèle  et  à  vos 
prières  d'une  manière  bien  spéciale. 

Les  Bréviaires  imprimés  depuis  un  certain  nombre 
d'années  contenant  un  grand  nombre  de  nouveaux  oflTices, 
j'ai  cru  que  mon  voyage  à  Rome  était  une  occasion  favo- 
rable pour  obtenir  du  St.  Siège  le  pouvoir  de  les  intro- 
duire dans  notre  calendrier.  J'ai  obtenu  à  cet  effet  un 
Induit,  qui  laisse  à  ma  discrétion  le  temps  que  je  jugerai 
convenable  pour  rendre  ces  divers  offices  obligatoires. 
Avant  de  rien  statuer  là-dessus,  je  crois  devoir  vous  en 
adresser  un  tableau  que  vous  trouverez  ci-dessous,  en 
vous  priant  de  me  marquer,  au  plustôt,  quels  sont  les 
offices  et  messes  correspondantes,  qui  ne  se  trouvent  dans 
aucun  de  vos  Bréviaires  et  Missels,  et  si  vous  pourriez 
vous  en  procurer  de  nouvelles  éditions  qui  en  contien- 
nent le  plus  grand  nombre,  afin  de  diminuer  l'embarras 
et  les  inconvénients  de  suppléments  sur  feuilles  volantes- 

Je  profite  aussi  de  l'occasion  pour  vous  engager  à  vous 
assurer  si  vos  Missels  contiennent  toutes  les  messes  cor- 
respondantes aux  divers  offices,  qui,  depuis  quelques 
années,  ont  été  successivement  introduits  dans  ce  diocèse, 
afin  que,  par  le  moyen  de  suppléments  que  l'on  vous 
adresserait,  ils  fussent  tous  mis  au  complet. 

L'office  du  St.  Sacrement  que  nous  aurons  l'obligation 
de  réciter'plus  fréquemment  nourrira  notre  piété  pour 
ces  redoutables  mystères,  que  nous  célébrons  si  souvent, 
et  nous  disposera  à  faire  quelque  chose  de  bien  impor- 
tant que  je  me  réserve  de  vous  proposer,  lorsque  le 
temps  en  sera  venu,  et  que  je  regarde  comme  un  moyen 
efficace  de  témoigner  à  Notre  Seigneur,  résidant  dans  la 


152  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Ste.  Eucharistie,  la  reconnaissance  et  l'amour  que  nous 
lui  devons.  Les  offices  en  l'honneur  de  la  Passion,  fixés 
aux  divers  vendredis,  qui  se  rencontrent  depuis  le  sexa- 
gésime  jusqu'à  celui  dans  la  semaine  de  la  Passion,  nous 
donneront  occasion  d'entretenir  la  dévotion  aux  souffran- 
ces de  Jésus-Christ  :  dévotion  qui  se  répand  partout  avec 
tant  d'édification  et  de  si  grands  avantages.  Je  regrette 
beaucoup  de  n'avoir  pu  rencontrer  un  certain  person- 
nage de  qui  j'espérais  recevoir  une  partie  de  la  vraie 
Croix  de  Notre  Seigneur  assez  considérable  pour  en  dis- 
tribuer des  parcelles  à  chaque  paroisse  et  mission.  Je  ne 
désespère  pas  encore  de  pouvoir  procurer  cet  avantage 
au  diocèse.  Alors  il  vous  sera  permis  d'exposer  cette 
relique  précieuse  à  la  vénération  des  fidèles,  chacun  de 
ces  vendredis  et  toutes  les  fois  que  vous  ferez  solennelle- 
ment le  chemin  de  la  Croix,  avec  pouvoir  de  donner  à  la 
fin  la  bénédiction  avec  l'instrument  sacré  qui  est  pour 
nous  la  source  de  toutes  les  grâces.  Jusqu'à  présent  j'ai 
refusé  d'appliquer  les  Indulgences  de  la  voie  de  la  Croix 
à  de  simples  crucifix  et  pour  de  simples  particuliers  ;  et 
cela  pour  me  conformer  à  la  pratique  de  mon  Prédéces- 
seur dont  l'attachement  aux  règles  de  l'EgUse  vous  est 
connu.  Rendu  à  Rome,  j'ai  vérifié  que  c'était  là  la  pra- 
tique du  Saint-Père.  Néanmoins  comme  il  accorde  cette 
faveur  à  ceux  qui  sont  légitimement  empêchés  de  se 
rendre  aux  lieux  où  est  institué  ce  pieux  exercice,  j'ai 
profité  de  cette  condescendance  pour  obtenir  un  Induit 
qui  m'autorise  à  en  faire  autant.  En  conséquence  je  suis 
disposé  à  bénir,  pour  chaque  paroisse  et  mission,  un 
certain  nombre  de  croix  ou  images,  qui  pourront  être 
distribuées  par  vous  aux  personnes  que  vous  jugerez  être 
raisonnablement  empêchées,  par  quelqu'infirmite,  de  faire 
le  Chemin  de  la  Croix  aux  lieux  où  il  se  trouve  étabh. 
L'on  vous  dira  à  l'évêché  ce  qu'il  y  a  à  faire  pour  cela. 
J'ai  la  consolation  de  vous  apprendre  que  cet  exercice  de 
piété  est  érigé  en  quatre-vingt  douze  lieux  divers  de  ce 
diocèse  ;  ce  qui,  je  n'en  doute  pas,   contribue   efficace- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  153 

ment  à  ce  renouvellement  prodigieux  qui  s'opère  partout. 

Comme  il  s'est  élevé,  en  différents  temps,  quelques 
doutes  par  rapport  à  la  validité  de  l'érection  du  Chemin 
de  la  Croix  dans  quelques  paroisses  où  l'on  n'avait  pas 
suivi  toutes  les  formes  exigées  par  certains  auteurs,  j'ai 
cru  devoir  demander  au  Saint-Père  de  vouloir  bien  ad 
cautelam  guérir  in  radice  toutes  ces  diverses  érsctions. 
C'est  ce  qu'il  a  fait  par  un  Induit  du  29  juillet  de  la  pré- 
sente année.  L'on  pourra  donc  être  tranquille  pour  tous 
les  actes  qui  ont  été  faits  jusqu'ici. 

En  ajoutant  à  notre  calendrier  l'office  de  l'Immaculée 
Conception  tous  les  samedis  qui  sont  libres,  et  en  intro- 
duisant plusieurs  fêtes  nouvelles  en  l'honneur  de  la  Mère 
de  Dieu,  j'espère  reconnaître,  en  quelque  chose,  les 
grâces  innombrables  qu'elle  a  obtenues  de  Dieu  pour  le 
diocèse,  et  en  attirer  de  nouvelles,  pour  le  succès  de 
toutes  les  entreprises  que  nous  formerons  d'un  commun 
accord  pour  le  bien  de  la  religion.  Les  fêtes  du  sacré 
Cœur  de  Marie  et  de  Notre-Dame  Auxiliatrice  nous 
doivent  surtout  intéresser.  Je  vous  invite  à  continuer 
avec  zèle  à  propager  de  plus  en  plus  la  dévotion  au  Ti^ès- 
Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie.  Celle  à  Notre-Dame 
Auxiliatrice,  déjà  heureusement  répandue  dans  beau- 
coup de  paroisses,  deviendra  pour  nous,  dans  la  saite, 
l'objet  de  notre  sollicitude.  Ayant  eu  occasion  de  remar- 
quer que,  dans  plusieurs  diocèses  d'Europe,  l'on  ajoutait 
aux  Litanies  de  la  Ste.  Vierge  ces  mots  sine  lahe  concepta  ; 
et  que  Ton  chantait  à  la  Préface  et  te  in  immaculatâ  con- 
ceptione,  avec  la  permission  du  St.  Siège,  j'ai  obtenu,  le 
29  juillet  dernier,  le  même  privilège,  afin  que  la  louange 
due  à  Marie,  pour  la  grâce  singulière  de  son  Immaculée 
Conception.,  retentit  ju?qu'au  bout  du  monde,  et  dans  ce 
diocèse  surtout  qui  lui  est  si  particulièrement  consacré. 
Je  m'empresse  de  vous  communiquer  cet  Induit,  afin  que 
l'on  dise  désormais  aux  Litanies,  après  Sancta  Maria,  ces 
mots  si  glorieux  à  Marie  :  sine  lahe  concepta  ;  et  qu'à  la 
Préface  l'on  ajoute  cet  autre  imwat^u/aîa,  comme  ci-dessus. 


154  MENDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

J'ai  la  plus  grande  confiance  que  la  fête  de  la  Fureic  de 
la  Bienheureuse  Vierge  Marie  nous  attirera  les  grâces 
qui  nous  sont  si  nécessaires  pour  vivre  dans  la  pratique 
de  cette  céleste  vertu  qui  fait  la  gloire  et  l'ornement  de 
notre  état,  et  pour  faire  régner  en  tout  lieu  la  pureté  des 
mœurs. 

J'ai  toujours  aimé  à  recevoir  de  mon  clergé  les  avis 
qu'il  jugeait  bon  de  me  donner.  Avant  mon  départ  pour 
l'Europe,  un  certain  Curé  me  fit  observer  que  les  sociétés 
de  tempérance,  qui  paraissaient  prendre  si  bien  en  tout 
lieu,  et  surtout  dans  les  paroisses  qui  avaient  eu  l'avan- 
tage d'être  régénérées  par  les  exercices  spirituels,  auraient 
plus  de  succès  et  de  stabilité,  si  on  les  soumettait  à  cer- 
taines règles  uniformes  ;  si  par  là  on  en  fesait  une  œuvre 
diocésaine.  J'ai  singulièrement  goûté  cet  avis,  et  me 
suis  occupé  des  moyens  de  le  mettre  à  profit.  J'ai  obtenu 
du  St.-Siége  des  grâces  particulières  pour  encourager  les 
dites  sociétés  ;  et  j'ai  demandé  au  célèbre  Père  Mathieu, 
en  Irlande,  les  règles  suivies  dans  ce  pays,  afin  de  pou 
voir  profiter  de  l'expérience  de  ce  zélé  fondatenv  de  la 
Tempérance.  Vous  recevrez,  dans  quelque  temps,  le  recueil 
de  ces  règlements  et  le  tableau  des  faveurs  accordées  à 
l'observation  d'iceux.  L'ivrognerie  étant  le  mal  capital 
de  ce  pays,  et  menaçant  de  ruiner  la  fortune  comme  la 
religion  de  beaucoup  de  nos  compatriotes,  nous  avons 
une  obligation  bien  stricte  de  diriger  tous  nos  efforts 
pour  le  déraciner  et  pour  faire  régner  à  sa  place  l'ines- 
timable vertu  de  la  tempérance  qui  ramènera,  infaillible- 
ment, la  paix  et  l'abondance  dans  nos  villes  et  dans  nos 
campagnes. 

Depuis  longtemps  l'on  sent  l'extrême  nécessité  de  ne 
point  laisser  courir  de  côté  et  d'autre  les  pauvres  qui 
n'ont  pas  d'autres  ressources  pour  vivre  que  la  charité 
publique.  C'est  pour  cela  que  généralement  vous  refusez, 
avec  beaucoup  de  raison,  de  donner  des  billets  de  recom- 
mandation à  vos  pauvres,  afin  de  les  empêcher  de  sortir 
de  vos  paroisses,  pour  surprendre  la  bonne  foi  des  per- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  155 

sonnes  compatissantes  dans  les  lieux  où  ils  ne  sont  pas 
connus.    Mais  jusqu'ici  nous  n'avons  pu  nous  organiser, 
ni  prendre  des  moyens  pour  qu'ils  ne  trompassent  pas  là- 
dessus    votre   vigilance,   et  nous    avons    à    gémir    sur 
plusieurs  abus  d'autant  plus  déplorables,  qu'ils  dégradent 
les  membres  souffrants  de  Jésus-Christ  et  refroidissent  la 
charité  des  fidèles.    Il  y  a  donc  quelque  réforme  à  faire 
en  ce  point  si  important,  afm  que  notre  charité  et  celle 
de  notre  peuple  soit  sage  et  industrieuse,  autant  quelle 
doit  être  tendre  et  affectueuse.  Il  n'est  guère  de  paroisses 
qui  ne  puisse  nourrir  ses  pauvres  ;  et  qui  n'ait  l'avantage 
d'avoir  un  certain  nombre  de  personnes  vertueuses  ayant 
assez  de  loisir  pour  s'occuper  des  oeuvres  de  miséricorde 
spirituelle  et  corporelle.    L'essentiel  est  qu'elles  soient 
bien  dirigées  et  qu'il  y  ait  unité.    A  cette  fin,  je  vous 
adresserai  certaines  règles  basées  sur  celles  qui  dirigent, 
en  Europe,  les  œuvres  de  charité  qui  m'ont  tant  édifié. 
J'ai  aussi  obtenu,  pour  ces  associations  de  charité,  des 
grâces  du  St.  Père,  qui  serviront  à  les  étendre  et  propager. 
Afin  de  profiter  de  votre  expérience,  je  vous  adresserai  le 
projet  de  ces  divers  règlements  pour  les  sociétés  de  tem- 
pérance et  de  charité,  pour  que  vous  me  donniez  vos 
conseils  qui    me    serviront    grandement  à  diriger  ces 
œuvres  pour  le  plus  grand  bien  de  nos  ouailles. 

En  passant  parles  Etats-Unis,  j'ai  pu  vérifier  jusqu'à 
un  certain  point  ce  que  l'on  m'avait  déjà  rapporté  de 
l'abandon  où  se  trouvent,  par  rapport  aux  secours  reli- 
gieux, nos  pauvres  Canadiens,  qui  y  sont  établis.  Plu- 
sieurs néanmoins  m'ont  donné  de  leur  foi  vive  des 
preuves  bien  sensibles  et  bien  touchantes.  Malgré  la 
gêne  où  nous  nous  trouvons  par  rapport  à  la  desserte  de 
nos  sujets,  je  me  crois  en  quelque  chose  obligé  de  porter 
secours  à  ces  brebis,  qui,  pour  être  hors  du  diocèse,  ne 
nous  doivent  pas  être  étrangères,  soit  à  cause  des  liens 
du  sang  qui  nous  unissent  à  elles,  soit  parce  que  plusieurs 
de  ces  infortunés  n'étant  dans  ces  lieux  que  pour  peu 
d'années  et  devant  revenir  dans  leurs  paroisses,  il  est  à 


156  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

craindre  qu'ils  n'apportent  avec  eux  cet  esprit  d'indiffé- 
rence pour  leurs  devoirs  religieux  et  d'insubordination  à 
l'égard  de  leurs  pasteurs,  qu'ils  y  puisent  et  qui  les  ren- 
draient des  objets  de  scandale.  Je  ne  doute  pas  que 
chacun  de  vous  ne  réponde  avec  empressement  à  l'invi- 
tation que  j'aurai  occasion  de  lui  faire,  pour  exercer 
encore  cette  œuvre  de  charité. 

Je  vous  informe  qu'en  vertu  d'Induits  perticuliers  je 
puis  lo.  établir  des  Neuvaines  en  l'honneur  du  Bie^iheu- 
reux  Alphonse  de  Rodriguez,  par  l'intercession  duquel  le 
Seigneur  a  daigné  accorder  des  faveurs  singulières  à 
diverses  personnes  de  ce  diocèses;  2o.  accorder  des  Indul- 
gences plénières  les  jours  de  consécration  d'églises  ou 
d'autels,  et  pendant  leurs  octaves,  ainsi  qu'aux  jours  anni- 
versaires et  pendant  leurs  octaves  ;  3o.  donner  des  Indul- 
gences plénières  le  jour  de  la  Toussaint  et  pendant  toute 
l'octave,  aux  conditions  ordinaires.  Si  ces  temps  d'indul- 
gences accomodent  vos  paroisses,  je  serai  toujours  prêt  à 
leur  accorder  ces  faveurs.  Je  vous  informe  aussi  que 
l'Indulgence  de  la  Retraite  pourra,  en  vertu  d'un  Indulc 
du  11  Juillet  dernier,  se  gagner  par  vous,  aussi  bien  en 
recevant  la  sainte  communion  qu'en  célébrant  la  sainte 
Messe  ;  et  que  j'ai  obtenu  toutes  celles  que  plusieurs  Curés 
m'ont  prié  de  solliciter  pour  leurs  paroisses. 

Il  s'élève  souvent  des  difficultés  sur  la  validité  des 
mariages  que  certains  individus  de  ce  pays  vont  con- 
tracter dans  les  Etats-Unis.  En  attendant  que  je  puisse 
vous  transmettre  quelques  décisions  importantes  du  St. 
Siège,  qui  pourront  vous  diriger  là-dessus,  je  recom- 
mande de  publier  le  décret  Tametsi,  en  la  forme  prescrite 
au  Rituel,  page  342,  si  votre  paroisse  a  été  canonique- 
ment  érigée,  et  d'en  réitérer  la  publication  aussi  souvent 
qu'il  est  requis  par  le  dit  Rituel. 

Les  ressources  de  la  Propagation  de  la  Foi  devant  nous 
être  plus  que  jamais  nécessaires  pour  pouvoir  évangéliser 
les  pauvres,  et  conserver  la  foi  dans  les  lieux  où  elle  est 
en  si  grand  danger  de  périr,  je  compte  sur  votre  zèle  à 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  Ii7 

propager  cette  Association.  Je  vous  prie  de  vouloir  bien 
envoyer  au  plutôt  au  Trésorier-Général  les  fonds  que 
vous  aurez  perçus,  afin  de  pouvoir  payer  les  dépenses 
qu'il  faut  faire  maintenant  pour  le  passage  des  mission 
naires  que  j'attends  sous  peu  de  semaines,  et  les  missions 
qu'ils  vont  bientôt  entreprendre. 

Gomme  la  retraite  publique  ne  peut  se  faire  cette  année, 
je  vous  invite  à  la  faire  en  particulier,  afin  que  les  fleuves 
de  grâces  qui,  depuis  la  première  retraite  pastorale,  n'ont 
cessé  de  couler  sur  nous  et  sur  nos  ouailles,  continuent  à 
arroser  le  champ  que  nous  devons  cultiver  avec  d'autant 
plus  de  soins,  que  nous  recueillons  maintenant  plus  de 
fruits  de  nos  travaux.  Réunissons  nos  prières  pour  obte- 
nir la  persévérance  de  tant  de  pécheurs  que  la  divine 
miséricorde  a  ramenés  dans  les  sentiers  de  la  justice. 
Enfin,  je  crois  devoir  vous  faire  connaître  le  désir  que 
j'ai  d'être  informé,  quand  il  sera  question  de  donner  les 
exercices  spirituels  à  quelque  paroisse,  afin  d'agir  de 
concert  et  d'union -pour  que  ces  retraites  soient  plus 
fructueuses. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

j  ÎG.  EvÈQUE  DE  Montréal. 
(Pour  copie I 

A.  F.  Truteau,  Ghan.  Sec. 


OFFICES   NOUVEAUX   A    INTRODUIRE    DANS    LE    DIOCESE    DE 
MONTRÉAL. 

1*^  Des  EpouaSdilles  de  la  Ste.  Vierge,  double  majeur, 
•23  Janvier. 

2°  Ste.  Jeanne  de  Valois,  veuve,  double  mineur,  6 
Février. 

3»  Ste.  Catherine  de  Ricci,  Vierge,  double,  13  Février 

4°  St.  Jean  Nepomucène,  double,  15  Mai. 

00  Notre-Dame  de  Bonsecours,  double  majeur,  24  Mai. 

12 


158  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

G"  Ste.  Pulchérie,  Imp.  Vierge,  double,  6  Juillet. 

70  Ste.  Ursule  et  ses  compagnes,  Vierges,  double,  v  i 
Octobre. 

8"  De  la  Passion  de  Notre  Seigneur  Jésus-Chrisl,  double 
majeur,  le  Vendredi  après  le  dimanche  de  la  Sexagésime. 

9°  De  la  T.  S.  Couronne  d'Epines,  double  majeur,  le 
Vendredi  après  le  dimanche  de  la  Quinquagésime. 

10"  De  la  Lance  et  des  Clous,  double  majeur,  le  Ven- 
dredi après  le  1er  dimanche  de  Carême. 

11"  Du  St.  Suaire,  double  majeur,  le  Vendredi  après  le 
Terne  dimanche  de  Garèrae. 

12"  Des  cinq  Plaies,  double  majeur,  le  Vendredi  après 
le  Sème  dimanche  de  Carême. 

13"  Du  très-précieux  Sang,  double  majeur,  le  Vendredi 
après  le  4ème  dimanche  de  Carême. 

14"  Du  cœur  très-pur  de  la  B.  V.  M.,  double  majeur^ 
le  dimanche  après  l'octave  de  l'Assomption. 

15"  De  la  maternité  de  la  B.  V.  M.,  double  majeur,  "2ème 
dimanche  d'Octobre. 

IG"  De  la  Pureté  de  la  B.  V.  M.,  double  majeur,  4ème 
dimanche  d'Octobre. 

17"  St.  Stanislas  Koslka,  Confesseur,  double. 

IH"  St.  Isidore  le  laboureur.  Confesseur,  double. 

19"  St.  François  de  Hieronymo,  Confesseur,  double. 

20"  St.  Jean  Joseph  de  la  Croix,  Confesseur,  double. 

21"  St.  Pacifique,  Confesseur,  double. 

22"  Ste.  Véronique,  Abbesse,  Vierge,  double. 

23"  Du  Bienheureux  Alphonse  Rodriguez,  Confesseur. 
double. 

24"  De  St.  Irénée,  Confesseur,  double. 

25"  De  St.  Roch,  Confesseur,  double. 

26"  L'Office  de  l'Immaculée  Conception  de  la  B.  V.  M.. 
tous  les  samedis  libres  ;  avec  celui  du  T.  S.  Sacrement  de 
l'autel,  tous  les  jeudis  non  empêchés. 

27o  Par  un  décret  du  Pape  actuel,  l'on  fait,  sous  le  rite 
double,  les  fêtes  de  tous  les  saints  Papes  qui  se  trouvent 
dans  le  Calendrier  Romain. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  lôfJ 

I.ETTRE  PASTORALE 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE     MONTRÉAL   ANNONÇANT    SON 
RETOUR    D'eUROPE. 


Ignace  Boicrget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  el  la  grâce  du  St. 

Siège  Apostolique^  Evêque  de  Montréal. 
Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  Noire  Diocèse  :  Salul  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Nous  sommes  de  retour,  Nos  Très-Ghers  B>ères,  du 
voyage  lointain  que  nous  entreprîmes  pour  vos  intérêts 
spirituels,  en  mai  dernier  ;  et  nous  nous  empressons  de 
vous  en  informer,  tant  pour  vous  exprimer  la  joie  que 
nous  ressentons  de  nous  retrouver  au  milieu  de  vous,  que 
nous  aimons  dans  la  vérité  1,  que  pour  vous  annoncer  que 
nous  sommes  prêt  à  répondre,  comme  ci-devant,  à  tous 
vos  besoins,  selon  la  mesure  de  grâces  qu'il  a  plu  au  Sei- 
gneur de  nous  accorder.  Nous  avons  été  2,  en  arrivant, 
rempli  de  consolation,  en  apprenant  les  succès  qui  ont 
couronné  le  zèle  de  l'homme  apostolique,  qui  a  passé  àa.ns 
ce  diocèse,  en  faisant  du  bien  à  tous.  Nous  sommes  aussi 
réjoui  en  voyant  que  sous  la  sage  administration  de  ceux 
à  qui  nous  avions  confié  le  soin  de  vos  âmes,  et  par  le 
zèle  ardent  de  vos  pasteurs,  vous  ave::  été  comblés  de  toutes 
sortes  de  bénédictions  spirituelles.  Car,  à  l'exemple  de 
l'Apôtre  de  la  charité,  nous  n'avons  pas  de  plus  grande  joie 
que  d'apprendre  que  nos  fils  en  Jésus  Christ  marchent  dans  la 
vérité  et  la  justice.  3 

Si  les  biens  innombrables  dont  vous  êtes  enrichis  prou- 
vent sensiblement  que  le  Seigneur  est  demeuré  avec  vous, 
la  protection  spéciale  dont  il  nous  a  environné,  pendant 
le  cours  de  notre  voyage,  montre  aussi  qu'il  ne  nous  a 
pas  abandonné  ;  mais  qu'il  a  fait  marcher  devant  nous 
son  St.  Ange,  pour  aplanir  toutes  les  difficultés  et  prépa- 

1.  lIJoan  1. 

2.  Id.  4. 

3    III  Joan  4. 


160  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Ter  les  voies  au  succès  de  toutes  les  entreprises  que  nous 
avions  en  vue,  pour  sa  plus  grande  gloire  et  l'avantage 
de  la  religion.  Eli!  comment  ne  nous  aurait-il  pas  accordé 
son  divin  secours,  ce  Dieu  de  miséricorde  !  lorsque  vous 
ne  cessiez,  par  vos  ferventes  prières  pour  nous,  de  lui  faire 
violence,  et  que  vous  le  forciez  en  quelque  sorte  de  nous 
être  favorable,  malgré  notre  indignité.  Oui!  N.  T.  C.  F., 
s'il  est  une  circonstance  dans  notre  vie  où  nous  ayons 
pu  expérimenter,  d'une  manière  évidente,  la  vérité  de  cet 
oracle  de  la  Sainte  Ecriture  :  que  la  prière  continuelle  du 
Juste  est  crime  grande  valeur  1,  c'est  assurément  dans  toute 
la  suite  de  notre  voyage,  où  nous  avons  eu  sans  cesse  à 
admirer  et  à  bénir  les  traits  touchants  de  la  Divine  Provi- 
dence, qui,  dans  ses  dispositions  secrètes,  et  par  des  moyens 
qixi  nous  étaient  inconnus,  a  tout  réglé,  pour  que  nos 
efforts,  de  soi  impuissants,  attsignissent  le  but  proposé  ; 
afin  que  l'homme  ne  pût  s'attribuer  la  gloire  qui  n'est 
due  qu'à  Dieu  :  Soli  Deo  honor  et  gloria  2. 

Aussi  avons-nous  été,  comme  nous  le  devions,  unique- 
ment occupé  de  vos  plus  chers  intérêts  ;  et  n'avonsnons 
j-ien  épargné  de  tout  ce  qui  était  en  notre  pouvoir,  pour 
vous  procurer  les  secours  et  les  avantages  que  nous  j  ugions 
vous  être  nécessaires.  Après  avoir  passé  les  journées  à 
expédier  les  affaires  que  nous  avions  à  traiter,  nous  pre- 
nions sur  les  nuits  le  temps  qu'il  nous  était  nécessaire 
pour  aller  visiter  les  plus  célèbres  pèlerinages,  ou  aller 
prier  sur  les  tombeaux  des  SS.  Apôtres  auprès  desquels 
nous  nous  étions,  pour  ainsi  dire,  établi,  afin  d'obtenir, 
par  l'intercession  de  St.  Pierre,  la  grâce  de  mettre  tous  7ws 
■soins  à  bien  paitre  le  troupeau  de  Dieu  3,  non  pas  par  force^ 
mais  volontairement^  et  pour  apprendre  du  maître  des 
nations  à  7ious  immoler  de  grand  cœur  pour  vos  âmes  et 
votre  salut  éternel.  4 

5.  Jac.  5,  IG. 
t.  I  Tira.  I. 

3  I  Pet.  c.  5. 

4  II  Cor.  12,  15. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  161 

Vos  plus  chers  intérêts  étant  h  seul  objet  de  notre 
voyage,  nous  ne  vous  avons  pas  perdus  de  vue  un  seul 
instant,  et  selon  la  promesse  que  nous  vous  en  avions 
faite,  vous  étiez  avec  nous  en  tout  temps  et  en  tous  lieux. 
Vous  y  étiez  lorsque  nous  assistions  à  ces  pompeuses 
solennités  qui  se  succcèdent  sans  interruption  dans  cette 
heureuse  cité,  et  que  nous  visitions  ces  monuments  sacrés 
qui,  par  leur  multitude,  semble  ne  faire  de  cette  grande 
ville  qu'un  seul  et  magnifique  temple.  Mais  surtout  vous 
étiez  avec  nous  chaque  fois  que  nous  nous  sommes  pré- 
senté devant  le  vénérable  Pontife  qui  préside  au  gouver- 
nement de  l'Eglise  universelle.  Oh  !  N.  T.  C.  F.,  nous 
l'avons  vu  de  nos  yeux  le  chef  des  Pasteurs,  le  Vicaire 
de  Jésus-Christ,  le  Successeur  de  St.  Pierre.  x\ous  l'avons 
vu  porté  en  triomphe,  et  entouré  de  toute  la  gloire  dont 
l'environne  l'Eglise  pour  honorer  dans  sa  personne  la 
personne  sacrée  de  Notre-Seigneur  Jésus  Christ.  Nous 
l'avons  vu  plusieurs  fois  célébrer  les  saints  Mystères  avec 
cette  piété  tendre,  qui  tire  de  ses  yeux  des  larmes  abon- 
dantes, que  font  couler  son  amour  pour  Dieu  et  sa  charité 
pour  ses  brebis.  Nous  l'avons  vu  aussi  dans  le  secret  de 
la  vie  privée,  retraçant  le  spectacle  du  Divin  Maître  qui 
étant  riche  a  bien  voulu  néanmoins  se  faire  pauvre  pour 
nous.  Nous  avons  conversé  avec  notre  chef  et  notre  père, 
à  qui  nous  devons  le  respect  le  plus  profond  et  l'obéis- 
sance la  plus  aveugle.  Nous  lui  avons  exposé  nos  doutes 
et  nos  besoins  spirituels.  Nous  lui  avons  humblement 
baisé  les  pieds  et  pour  vous  et  pour  nous;  et  ce  Père 
tendre  a  daigné  nous  relever  pour  nous  serrer  contre  son 
cœur  et  nous  y  laisser  puiser  quelques  étincelles  de  ce 
feu  sacré  qui  l'embrase  de  zèle  pour  le  salut  de  toutes  ses 
brebis.  Aussi  éprouvons-nous,  depuis  le  bienheureux 
moment  où  il  a  daigné  épancher  son  cœur  dans  le  nôtre, 
une  nouvelle  ardeur  pour  travailler  à  notre  perfection  et 
à  la  sanctification  de  vos  itmes.  La  charité  de  Jésus-Christ 
nous  presse  plus  que  jamais  l,  depuis  que  nous  avons  en 

1  II  Cor.  5,  li. 


162  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

quelque  sorte,  participé  à  la  faveur  du  Disciple  bien -aimé 
qui  reposa  sur  le  cœur  sacré  de  Jésus,  et  y  puisa  ces 
lumières  abondantes  et  cette  tendre  charité,  qui  répan- 
dirent ensuite  tant  de  bénédictions  sur  les  travaux  de  son 
Apostolat. 

Nous  ne  vous  ferons  point  part  aujourd'hui  de  ce  que 
nous  avons  fait  pour  vous  en  Europe  ;  j)arce  que  nous 
voulons  que  plus  tard  vous  sachiez  quelle  a  été  notre  solli 
citucle  pour  vous  1,  afin  que  vos  cœurs  soient  consolés  2,  en 
vous  voyant  comblés  de  richesses  spirituelles  par  Notre 
Seigneur  Jésus-Clirist,  en  qui  sont  cachés  tous  les  trésors  de 
la  sagesse  et  de  la  science  3.    Seulement  nous  vous  dirons 
qu'en  prenant  congé  du  Souverain-Pontife,  nous  le  sup- 
pliâmes de  vouloir  bien,  dans  sa  bonté  paternelle,  bénir 
notre  Clergé,  nos  communautés,  et  tous  les  fidèles  confiés 
à  nos  soins.    11  voulut  bien  se  rendre  à  nos  vœux  en 
donnant,  sur  le  champ,  trois  bénédictions  distinctes;  et 
de  son  propre  mouvement  nous  enjoignit  de  donner  la 
Bénédiction  Papale,  à  notre  retour  dans  ce  Diocèse.  Nous 
espérons  que  cette  bénédiction  fera  couler  sur  nous  les 
biens  que  celle  donnée  autrefois  par  Pie  VII,  d'heureuse 
mémoire,  procura   à  une  ville  célèbre  que  nous  avons 
^•isitée  sur    notre   route;    et  qui,   depuis    cet    heureux 
moment,  est  devenue  fameuse  par  une  multitude  d'œuvres 
saintes,  qui  sont  comme  ces  fleuves  vivifians  dont  parle  le 
Prophète,  qui  réjouissent  la  cité  de  Dieu  4;  et  qui  font  dire 
de  ses  vertueux  habitants  :  heureux  le  peuple  que  le  Seigneur 
a  béni...  heureux  le  peuple  à  qui  ont  été  accordés  tant  de 
biens!  5  Nous  ne  donnerons  cette  solennelle  bénédiction 
qu'au  grand  jour  de  la  Toussaint;  d'abord  afin  de  vous 
donner  le  temps  de  vous  préparer  par  la  pénitence  et  par 
de  bonnes  confessions  aux  grâces  innombrables  qui  vous 
sont  promises;  et  ensuite  pour  vous  procurer  l'avantage 

1  Col.  2,  1. 

2  Col.  2. 

3  Col.  3. 

4  Ps.  45,  5. 

ô  P?.  143,  15. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  1G3 

de  la  puissante  intercession  de  tous  les  bienheureux,  que 
l'on  honore  en  cette  auguste  solennité.  Ce  sera  dans 
l'Eglise  Cathédrale  qu'au  nom  du  Souverain  Pontife, 
nous  lèverons  vers  le  ciel  nos  mains  suppliantes,  pour 
conjurer  le  Seigneur  de  détourner  de  dessus  vo'as  sa  colère, 
en  vous  faisant  produire  de  dignes  fruits  de  pénitence;  de. 
vous  bénir  tous  du  haut  de  Sion^  afin  que  vous  voyiez  les 
biens  de  Jérusalem  l,  dans  le  renouvellement  de  ces 
mœurs  antiques  qui  vous  rendront  cette  heureuse  fécon- 
dité qui  vous  permettra  de  voir  les  fils  de  vos  fils  et  la  paix 
sur  Israël  2,  cette  paix  de  Dieu  qui  surpasse  tout  sentiment^ 
qui  gardera  vos  cœurs  et  vos  esprits  et  vous  fera  produire 
tous  les  fruits  de  salut  3.  Telle  est,  N.  T.  C.  F.,  la  Béné- 
diction du  Seigneur  que  nous  allons  vous  donner,  au  nom 
de  son  représentant  sur  la  terre.  Oui.  c'est  ainsi  que  nous 
allons  vous  bénir  au  nom  du  Seigneur  lui-rnénie. 

Les  personnes  qui,  étant  contrites,  s'étant  confessées  et 
ayant  communié,  assisteront  à  la  dite  bénédiction  en 
priant  à  l'intention  du  St.  Père,  gagneront  une  indul- 
gence Plénière.  Il  serait  consolant  pour  nous  de  voir 
tout  notre  peuple,  réuni  avec  ses  pasteurs,  assister  à  cette 
imposante  cérémonie,  et  recevoir  tous  ensemble  les 
grâces  innombrables  que  le  ciel,  ouvert  en  ce  jour  avec 
les  clefs  de  Pierre,  versera  en  abondance  sur  nous.  Oh  ! 
ce  serai.t  alcrs  que  nous  emprunterions  les  paroles  comme 
les  sentiments  de  Salomon  pour  nous  écrier  avec  lui  : 
Nous  avons  vu  avec  une  grande  joie  votre  peuple,  qui  s'est 
trouvé  ici  pour  vous  offrir  des  dons  4. 

Mais  comme  cela  n'est  pas  possible,  vous  ne  manquerez 
pas  d'y  suppléer  par  votre  foi,  en  vous  tenant,  ce  jour-là 
en  esprit  aux  pieds  du  Souverain  Pasteur  de  vos  âmes, 
qui  réside  dans  vos  églises,  et  qui  ne  manquera  pas  de 
vous  combler  de  toutes  sortes  de  bénédictions.     De  notre 

1  Ps.  127. 

2  Phil.  4,  7. 

3  Ps.  128. 

4  I  Par.  29,  17. 


1G4  MENDEMEiNTS,  LETTRES  PASTORALES, 

côté,  nous  vous  ferons  part  de  la  faveur  que  nous  a 
permis  de  dispenser  le  Souverain  Pontife  ;  c'est  que,  cette 
année,  tous  ceux  qui  n'ayant  pu  moralement  assister  à 
la  dite  Bénédiction  Pontificale,  et  qui  néanmoins,  étant 
contrits  et  s'étant  confessés  et  ayant  communié  le  jour  de 
la  Toussaint  ou  l'un  des  jours  de  l'Octave,  prieront  à  son 
intention  dans  quelque  Eglise  ou  Oratoire  Public,  gagne 
ront  aussi  une  indulgence  plénière,  applicable  aux  âmes 
du  Purgatoire  par  manière  de  souffrages. 

Cette  faveur,  jointe  à  tant  d'autres,  ne  manquera  pas, 
nous  l'attendons  de  votre  piété,  de  vous  attacher  plus 
fortement  que  jamais  au  Saint-Siège  Apostolique  :  elle 
vous  remplira  de  respect  pour  toutes  ses  décisions  :  vous 
fera  avoir  en  horreur  toutes  ces  doctrines  corrompues  et 
ces  livres  impies,  qu'il  condamne,  et  qui  circulent  plus 
que  jamais  dans  le  monde.  Elle  vous  fera  aimer  et  chérir 
le  Bon  Pasteur,  que  Dieu  vous  a  donné  dans  sa  misé- 
ricorde. Elle  vous  fera  entendre  la  voix  de  cet  unique 
Pasteur  et  vous  retiendra  dans  cette  seule  bergerie,  hors 
de  laquelle  vous  seriez  infailliblement  dévorés  par  les 
loups.  Elle  ramènera  dans  le  bercail  celles  de  nos  chères 
brebis  que  l'homme  ennemi  de  tout  bien  nous  a  enlevées  ; 
elle  convertira  les  pécheurs  et  perfectionnera  les  justes  ; 
enfin  elle  vous  ajj'crmira  pour  toujours,  afin  que  vous  viviez 
sans  crime^  jusqu'au  jour  de  l'avènement  de  Noire-Seigneur 
Jésus-Christ.  1  Loin  de  nous,  N.  T.  G.  F.,  cette  monstrueuse 
ingratitude  qui  nous  ferait  méconnaître  la  Mère  de  toutes 
les  Eglises,  et  nous  porterait  à  mépriser  les  soins  louchants 
qu'elle  prend  de  nous.  0  Sainte  Eglise  Romaine,  Chaire 
de  vérité.  Arche  de  salut,  champ  sacré  qui  oiTre  seul  de 
gras  pâturages  aux  brebis  du  Seigneur  qui  y  paissent  en 
assurance,  que  notre  main  droite  soit  en  oubli^  si  jamais 
nous  vous  oublions  ;  que  notre  langue  se  sèche  à  notre  palais, 
si  nous  ne  nous  ressouvenons  pas  de  vous  et  de  vos  bienfaits  2  ; 

1  I  Cor.  1,8. 

2  P?.  136. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  165 

si  voire  prospérité  spirituelle  et  temporelle  n'était  pas  le 
principe  et  l'objet  de  notre  joie.  Hélas  !  il  se  trouve  des 
ennemis  cachés,  des  enfants  d'Edon  qui  ne  craignent  pas 
de  dire,  dans  leurs  projets  insensés  :  renversez-la  cette 
ville,  renversez-la  de  fond  en  comble.  Mais,  Seigneur,  sou- 
venez vous  de  ces  orgueilleux  ennemis  et  confondez 
leurs  noirs  et  sourds  complots,  au  jour  où  vous  traiterez 
Jérusalem  dans  votre  bonté. 

Toutes  les  grâces  dont  nous  sommes  comblés  méritent 
de  notre  part  la  plus  vive  reconnaissance.  Aussi,  nous 
n'avons  pas  manqué,  en  arrivant,  de  nous  conformer  au 
précepte  que  fit  l'Archange  St.  Raphaël  au  jeune  Tobie  1, 
qu'il  avait  conduit  dans  un  long  et  dangereux  voyage, 
d'adorer  Dieu,  et  de  lui  rendre  grâces.,  dès  qu'il  serait  entré 
dans  la  maison  de  son  père.  Mais  nous  comprenons  que 
nous  ne  nous  sommes  acquitté  que  d'une  partie  de  notre 
devoir  ;  parce  que  les  biens  que  le  Seigneur  nous  a  faits 
devant  retourner  à  l'avantage  de  tout  le  Diocèse,  nous 
avons  à  lui  en  rendre  tous  ensemble  des  actions  de  grâces 
publiques  et  solennelles.  C'est  encore  l'Ange-compagnon 
de  notre  voyage,  qui  nous  instruit  de  nos  obligations  par 
ces  paroles  m.émo râbles  :  Bénissez  le  Dieu  du  Ciel.,  et 
louez  le  devant  tous  les  hommes^  parce  qu'il  vous  a  fait  mise 
ricorde.  Car  il  est  bon  de  garder  le  secret  d'un  Roi  ;  mais  il 
est  honorable  de  faille  connaître  et  de  confesser  les  œuvres  de 
Dieu  2.  A  cette  fin,  nous  ordonnons  que  le  jour  de  la 
Toussaint,  après  la  Grand'  Messe  solennelle  dans  les 
églises  cathédrale  et  paroissiales,  et  après  la  messe  con- 
ventuelle dans  les  Communautés  Religieuses  ou  autres 
où  l'on  fait  l'Office  public,  l'on  chante  solennellement  le 
Te  Deum  avec  les  versets  et  oraison  d'actions  de  grâces, 
auxquelles  on  ajoutera  les  oraisons  pour  le  Pape  et 
l'Evèque  sub  und  conclusione.  Les  prières  publiques 
ordonnées  dans  notre  Pastorale  du  douze  avril  dernier 

1  Tob.  Il,  7. 

2  Tob.  1-2,  G,  7. 


166  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

devront  se  dire  jusqu'alors,  parce  que  nous  allons  con- 
tinuer à  nous  occuper,  par  nous-même  et  par  les  deux 
Prêtres  que  nous  avons  laissés  en  Europe,  des  affaires 
importantes,  qui  ont  été  l'objet  de  notre  voyage.  Mais  «i 
les  prières  publiques  doivent  cesser  le  jour  de  la  Tous- 
saint, nous  avons  une  ferme  confiance  que  vous  ne  nous 
oublierez  pas  dans  celles  que  vous  ferez  en  famille  et  en 
particulier.  Pour  votre  amour,  N.  T.  C.  F.,  nous  nous 
sommes  chargé  d'une  responsabililé  bien  terrible,  et  nous 
avons  entrepris  plusieurs  œuvres  qui  nous  doivent  attirer 
beaucoup  de  tribulations.  Nous  ne  le  regrettons  pas, 
pourvu  que  vous  nous  assistiez  de  tout  votre  pouvoir  par 
vos  humbles  supplications.  Nous  vous  demandons  de 
nouveau  ce  que  nous  vous  avons  déjà  demandé  dans 
notre  Mandement  d'entrée,  savoir,  au  moins  un  Pater  et 
un  Ave  par  jour.  De  notre  côté,  nous  vous  assurons  que 
nous  serons  sans  cesse  occupé  de  vos  besoins.  Eh!  Loin 
de  nous  ce  péché  que  nous  commetlrions  contre  le  Seigneur, 
si  nous  cessions  jamais  de  prier  pour  vous  1.  Que  la  r/rdce 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  demeure  avec  vous  2. 

Sera  la  présente  Lettre  lue  dans  toutes  les  églises  cathé- 
drale et  paroissiales,  le  premier  Dimanche  après  sa  récep- 
tion, et  en  Chapitre  dans  toutes  les  Gammunautés  Reli- 
gieuses, le  jour  qu'elle  aura  été  reçue. 

Donné  à  Montréal,  le  vingt-trois  Septembre  mil  huit 
cent  quarante-un,  sous  notre  seing  et  sceau,  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire. 

lo.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur^ 

A.' F.  Trute.\u,  Ghan.  Sec. 
(Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Ghan.  Sec. 

1  I  Reg.  [1,  23. 

2  1  Cor.  16,  23. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  IG7 

LETTRE  PASTORALE 

:de  monseigneur  l'évéque  de  Montréal  au  clergé  et  aux 
fidèles  de  la  ville  et  paroisse  de  imontréal,  pour 

RECOMMANDER  A  LEUR  CHARITÉ  l'aSILE  DE  LA  PROVIDENCE 
DES  FEMMES  ÂGÉES  ET  INFIRMES. 

Ifjnace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint-Siège  Apostolique^  êvcque  de  Montréal,  etc.^  etc. 

Au  clergé  et  à  tous  les  lidèles  de  noire  ville  bien-aimée  ;  Saiul  et 
BénédicUon  en  Noire  Seigneur. 

Dès  le  début  de  notre  épiscopat  nous  avons  compris, 
i\03  Très  Chers  Frères,  qu'une  de  nos  obligations  très- 
étroites  était  d'avoir  soin  des  pauvres,  des  veuves,  et  des 
orphelins.  Car  c'est  surtout  aux  évoques  que  sont  adressées 
€63  paroles  de  la  Sainte  Ecriture  :  Vous  serez  le  protecteur 
de  V orphelin;  et  (îes  autres  :  à  lui  est  confié  le  soin  de  tous 
les  malheureux.  St.  Paul  la  comprenait  vivement  cette 
stricte  obligation,  lorsqu'il  rappelait  aux  fidèles  de  la  ville 
de  Galate  que  les  apôtres  St.  Pierre,  St.  Jacques  et  St. 
Jean,  qui  étaient  les  colonnes  de  l'Eglise,  en  favorisant 
l'exercice  de  son  ministère  chez  les  nations  infidèles, 
n'avaient  insisté  que  sur  ce  point  important,  savoir  :  qu'il 
se  ressouvint  des  pauvres  :  tantùm  ut  pauperum  memores 
essemus.  Plût  à  Dieu  que  nous  eussions  accompli  cet  ordre 
aussi  fidèlement  que  ce  grand  ami  des  pauvres,  pour 
pouvoir  dire  avec  lui  :  «c'est  avec  sollicitude  que  nous 
nous  sommes  acquitté  de  ce  devoir  si  cher  à  notre  cœur  ; 
quod  etiam  sollicitas  fui  hoc  ipsum  facere.  Mais  les  devoirs 
de  notre  charge  nous  imposent  tant  d'autres  obligations 
qu'il  devient  impossible  d'entrer  dans  tous  les  détails 
qu'exigerait  le  soin  paternel  de  tous  nos  pauvres,  la  plus 
chère  portion  de  notre  troupeau,  et  l'objet  le  pins  tendre 
de  notre  sollicitude  ;  en  sorte  qu'il  nous  est  indispensable- 
ment  nécessaire  de  nous  décharger  sur  d'autres  de  ce  soin, 
qui  aurait  pourtant  un  attrait  si  doux  pour  notre  cœur.  En 


IGS  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

cale,  nous  nous  conformons  ù  l'exemple  de  SS.  Apôtres, 
qui  ne  pouvant  allier  l'exercice  de  leurs  fonctions  sacrées, 
avec  le  service  des  pauvres  que  l'Eglise  nourrissait,  firent 
élire  par  les  fidèles  sept  Diacres  pour  leur  confier  le  soin 
des  tables,  et  leur  dirent  par  la  bouche  de  Saint  Pierre  : 
«  Pour  nous,  nous  vaquerons  avec  ard'eur  à  la  prière  et 
au  ministère  de  la  prédication  ;  «  nos  vero  orationi  et  tninis- 
terio  verbi  instantes  erimus.  » 

Toutefois  nous  comprenons  que  quelqu'empressés  que 
soient  les  soins  de  vos  pasteurs  et  des  maisons  religieuses 
de  ce  Diocèse  pour  les  membres  soufî'rants  de  Jésus-Christ, 
il  nous  reste  encore  l'obligation  d'exercer  notre  surveil- 
lance sur  toutes  les  œuvres  de  charité.  Car,  si  par  notre 
négligence  quelque  pauvre  souffre  de  la  faim  et  de  la 
nudité,  nous  en  sommes  le  premier  responsable  devant 
Dieu.  Nous  avons  pour  nous  faire  trembler  là-dessus 
l'exemple  de  St.  Grégoire  le  Grand,  qui  se  croyait  telle- 
ment obligé  de  pourvoir  aux  nécessités  de  ses  pauvres, 
dont  il  avait  une  liste  exacte,  qu'un  d'entr'eux  ayant  été 
un  jour  trouvé  mort  dans  les  rues  de  Rome,  il  se  regarda 
comme  grandement  coupable  de  ce  malheur  ;  et  pour  s"en 
punir,  il  s'abstint  pendant  plusieurs  jours  de  célébrer  le 
Saint  Sacrifice  de  la  Messe. 

Profondément  pénétré  de  la  grandeur  de  nos  obligations 
en  un  point  si  important,  nous  avons  dû  nous  en  occuper, 
pendant  notre  voyage  en  Europe,  uniquement  entrepris- 
pour  nous  mettre  en  état  de  remplir,  autant  que  possible, 
tous  les  devoirs  attachés  à  notre  charge.  Hélas  !  qu'elle 
est  pesante  cette  charge,  que  nous  portons  pour  l'amour 
de  vous  !  Afin  de  profiter  de  l'expérience  des  autres,  et  de 
suppléer  en  cela  à  ce  qui  nous  manquait,  nous  avions 
visité  soigneusement  tous  les  établissements  de  charité, 
qu'il  nous  a  été  possible  de  voir,  afin  de  nous  rendre 
capable  de  diriger  avec  quelques  succès  les  œuvres  de 
miséricorde  que  nous  nous  croyons  obligé  de  recomman- 
der à  nos  Diocésains.  Car,  Nos  Très  Ghers  Frères,  nous 
savions  très-bien  que  nous  avions  le  bonheur  de  posséder 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  161) 

dans  notre  Diocèse,  et  en  particulier  en  cette  ville,  un 
grand  nombre  d'âmes,  qui  ont  reçu  en  partage  les  dons 
parfaits  de  la  charité  ;  et  qu'il  suffisait  de  les  mettre  en 
mouvement  et  de  les  bien  diriger  pour  leur  faire  produire 
ces  œuvres  de  miséricorde,  qui  découlent  de  la  compassion 
chrétienne.  Nous  avons  surtout  porté  notre  attention  sur 
les  divers  établissements  que  dirigent  en  France  les 
admirables  filles  de  l'immortel  St.  \  incent  de  Paul,  les 
Sœurs  delà  charité.  Oh  !  Nos  Très  Chers  Frères,  qu'heu- 
reuses sont  les  villes  à  qui  le  Seigneur  dans  sa  miséricorde 
a  fait  un  pareil  présent!  Qu'heureux  sont  les  pauvres  qui 
ont  des  mères  si  compatissantes!  Qu'heureux  sont  les 
riches  qui  ont  en  elles  des  distributrices  si  industrieuses 
-de  leurs  aumônes  !  Qu'heureux  sont  les  gouvernements, 
qui  ont  à  leur  service  pour  toutes  les  œuvres  publiques  de 
charité  de  si  sages  administratrices  ! 

Mais  il  est  inutile  de  nous  étendre  sur  les  différentes 
œuvres  qu'embrassent  ces  héroïnes  de  la  charité,  parceque 
leurs  infatigables  travaux  sont  connus  de  vous  tous;  ce 
qu'il  vous  importe  le  plus,  c'est  d'avoir  vous-mêmes  quel- 
ques-unes de  ces  bonnes  et  tendres  mères  des  pauvres. 
Or,  C'est  à  quoi  nous  avons  pensé.  Nous  avons  fait  des 
démarches  et  pris  des  mesures  pour  que  cette  ville  pût 
ressentir  les  effets  de  leur  charité  le  plus  tôt  possible. 
Comme  nous  avons  l'intime  conviction  que  notre  princi- 
pal devoir  est  le  soin  des  pauvres,  et  que  les  bénédictions 
et  les  prières  des  pauvres  peuvent  seules  faire  fructifier 
les  travaux  de  notre  Saint  Ministère,  nous  n'avons  rien  eu 
de  plus  pressé,  à  notre  retour  d'Europe,  que  de  travailler 
à  trouver  à  ces  ferventes  rehgieuses  un  établissement 
convenable. 

La  divine  Providence  avait  elle-même  préparé  les  voies 
à  cette  œuvre,  en  inspirant  à  quelques  personnages  élevés 
dans  la  société,  la  pensée  de  solliciter  un  acte  de  la  légis. 
lature  pour  incorporer  l'établissement  de  la  Providence, 
fondé  en  partie  par  un  riche  particulier  de  cette  ville,  et 
dirigé  par  une  vertueuse  veuve,  qui  employait   tout  son 


170  Mi5,NDEMENT8,  LETTRES  PASTORALES, 

modique  patrimoine  à  satisfaire  l'attrait  que  le  Seigneur 
lui  avait  donné  pour  soulager  les  femmes  âgées  et  infirmes. 
Gomme  cette  mesure  n'avait  nullement  été  concertée 
entre  nous  et  ceux  qui  admislraient  le  diocèse  en  notre 
absence,  nous  avons  reconnu  que  le  doigt  de  Dieu  était  là, 
et  que  le  Saint-Esprit,  qui  en  Europe  nous  avait  donné  la 
pensée  de  demander  pour  cette  ville  des  Filles  de  la 
charité,  avait  inspiré  ici  à  ceux  qu'il  lui  avait  plu  de 
choisir  pour  être  les  instruments  de  ses  volontés,  les 
moyens  de  les  établir  solidement.  Vous  savez,  Nos  Très 
Chers  Frères,  que  la  loi  passée  à  ce  sujet  incorpore  douze 
Dames  ou  Demoiselles  de  cette  ville  pour  posséder,  en 
main-morte,  des  fonds  suffisants  pour  produire  une  rente 
de  mille  livres  courant,  pour  le  soutiea  des  femmes  âgées 
et  infirmes. 

Après  avoir  rendu  grâces  à  Dieu  d'une  faveur  si  signalée., 
nous  avons  procédé  à  mettre  cette  loi  à  exécution.  Nous 
avons  pour  cela  tenu  plusieurs  assemblées  des  Dames  de 
cette  charitable  corporation.  Les  résultats,  heureux  de 
ces  assemblées  nous  prouvent  de  plus  en  plus  que  Dieu 
daigne  bénir  celte  œuvre.  Car  déjà  un  terrain  a  été 
acquis  pour  le  prix  de  douze  cents  livres  du  cours  actuel., 
et  la  résolution  prises  de  jeter  les  fondements  d'une 
maison  assez  spacieuse  pour  mettre  ces  filles  de  la  charité,, 
qui  doivent  en  avoir  l'administration,  en  état  de  remplir 
leur  mission,  dont  l'objet  sera  non  seulement  d'avoir  soin 
des  femmes  infirmes  de  l'Asile  de  la  Providence,  mais 
encore  d'instruire  les  petites  filles,  de  visiter  les  pauvies 
et  les  malades  à  domicile,  d'aller  porter  des  secours  aux 
prisonniers,  de  préparer  les  mourants  à  la  mort,  enfin 
d'exercer  toutes  les  œuvres  de  miséricorde  spirituelles  et 
et  corporelles;  et  cela  au  nom  des  riches  qui  ne  peuvent 
par  eux-mêmes  entrer  dans  tous  ces  détails.  Il  sera  donc 
possible  et  facile  même  à  nous  tous  d'imiter  St.  Grégoire 
le  Grand;  qui  ne  manquait  pas  de  faire  porter  des  bouil- 
lons dans  les  différentes  rues  de  Rome  et  d'envoyer  porter 
aux  pauvres  les  mets  qu'il  fesait  ôter  de  sa  table  pour 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  171 

partager  sa  nourriture  avec  Jésus-Christ,  qui  en  récom- 
pense, se  fit  voir  un  jour  à  lui  parmi  les  pauvres  à  qui  il 
lavait  les  pieds. 

Vous  comprenez,  Nos  Très  Ghers  Frères,  qu'en  faisant 
cette  entreprise,  nous  comptons  sur  votre  co-opération  et 
sur  les  secours  que  vous  ne  manquerez  pas  de  fournir 
pour  assurer  le  succès  de  cette  œuvre,  qui  doit  tourner 
à  la  plus  grande  gloire  de  Dieu  et  à  l'honneur  de  cette 
ville.  Vous  connaissez  que  la  modicité  de  nos  revenus  ne 
nous  permet  pas  de  faire  pour  cela  de  grands  sacrifices, 
mais  vous  les  ferez  pour  nous.  A  l'exemple  de  l'Apôtre, 
nous  nous  réjouissons  de  notre  pauvreté,  non  seulement 
parce  qu'elle  nous  rend  plus  semblable  à  Notre  Seigneur 
Jésus-Christ,  qui  étant  riche  s'est  fait  pauvre  pour  nous; 
mais  encore,  parce  que  ce  sera  pour  nous  une  occasion 
précieuse  d'augmenter  le  trésor  de  vos  bonnes  œuvres, 
en  favorisant  celles  que  nous  croyons  devoir  recomman- 
der à  votre  charité.  Nous  aurions  pu,  pendant  que  nous 
étions  en  Europe,  profiter  de  la  bienveillance  de  certaines 
personnes,  qui  offraient  de  nous  procurer  des  secours  abon- 
dants, parce  qu'elles  croyaient  qu'étant  Evoque  dans  un 
pays  de  mission,  nous  devions  être  dans  la  nécessité  où 
se  trouvent  tant  d'autres  Evêques  de  notre  Continent,  de 
recourir  aux  largesses  de  nos  frères  qui  habitent  l'ancien 
monde.  Nous  nous  sommes  bien  gardé  d'accepter  leurs 
offres,  et  nous  leur  avons  répondu  qu'à  la  vérité  l'évêché 
de  Montréal,  qui  est  depuis  peu  d'années  érigé  n'est  pas 
encore  richement  doté,  mais  qu'étant  à  la  tète  d'un 
diocèse  où  règne  l'opulence,  nous  laissons  ces  secours  à 
d'autres  qui  en  avaient  plus  besoin,  que  nous  comptions 
sur  nos  diocésains  pour  en  tirer  tous  les  secours  qui  nous 
étaient  nécessaires,  afin  de  mettre  à  exécution  les  diffé- 
rents projets  que  nous  avions  formés  pour  leur  plus 
grand  bien.  Nous  pouvions  et  nous  devions  parler  ainsi, 
parce  que  vos  contributions  pour  payer  les  frais  de  notre 
voyage  ayant  évidemment  montré  quelles  étaient  vos  dis- 
positions à  cet  égard,  vous  auriez  eu  droic  de  vous  plaindre 


172  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  nous  comme  n'ayant  pas  convenablement  répondu  à 
ces  témoignages  de  votre  générosité,  et  ayant  compromis 
votre  honneur,  puisque  très-certainement  votre  évêque 
n'a  pas  besoin  de  secours  étrangers.  Nous  en  avons 
toujours  été  si  convaincu,  ainsi  que  l'était  notre  illustre 
Prédécesseur,  que  nous  n'avons  voulu  faire  aucune  dé- 
marche auprès  du  gouvernement  pour  en  obtenir  des 
gratifications,  comme  tant  d'autres  évoques  catholiques 
de  l'empire.  A  l'exemple  de  ce  prélat  si  desintéressé, 
nous  ne  voulons  attendre  de  Sa  Majesté  que  la  protection 
due  à  tout  sujet  fidèle  et  loyal.  Pour  tout  ce  qui  est  de 
notre  personne,  nous  ambitionnons  de  ressembler  en 
quelque  chose  au  grand  Apôtre,  qui  protestait  à  la  face 
de  lùute  l'Eglise  que  personne  ne  lui  ravirait  la  gloire 
d'être  pauvre  avec  Jésus-Christ,  lui  qui  avait  rempli 
l'univers  du  bruit  de  sa  prédication,  et  enrichi  le  monde 
entier  des  trésors  de  l'Evangile.  Gomme  lui,  nous  sommes 
■content,  pourvu  que  nous  ayons  la  nourriture  et  l'habit  ; 
ce  que  le  Seigneur  ne  nous  a  jamais  refusé,  et  ce  qu'il 
voudra  bien  continuer  de  nous  donner  dans  sa  bonté. 

La  seule  oblation,  que  nous  ayons  acceptée  en  Europe, 
a  été  sur  le  champ  appliquée  en  France  au  bien  des 
Missions  et  pour  la  propagation  de  la  Foi  dans  la  Corée  et 
autres  pays  qui  sont  aujourd'hui  arrosés  par  le  sang  des 
Martyrs.  Nous  pouvons  donc  vous  dire,  comme  St.  Paul 
au.x  Philippiens,  «qu'aucune  Eglise  ne  nous  a  fait  part  de 
ses  richesses  ;  que  vous  êtes  les  seuls»  qui  ayez  pourvu  à 
nos  besoins.  Nous  pouvons  donc  aussi  à  l'exemple  du  St. 
Apôtre,  vous  recommander  de  faire  des  collectes  en  faveur 
des  Saints,  c'est-à-dire,  des  pauvres,  des  veuves,  des  orphe- 
lins et  de  tous  les  membres  de  Jésus-Christ  souffrant. 

C'est  à  cet  exercice  de  la  charité  que  vous  a  si  vivement 
exhorté  notre  frère  bien-aimé  en  Jésus  Christ,  l'illustre 
évêque  de  Nancy,  dans  les  adieux  si  touchants  qu'il  vous 
fit  le  quatre  de  ce  mois,  en  vous  pressant  de  contribuer  à 
toutes  les  œuvres  de  bienfaisance.  Sans  doute  qu'elle 
vous  fit  une  sainte  impression  cette  voix  éloquente  qu'ani- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  173 

mait  l'accent  de  la  charité  la  plus  douce  et  la  plus  persua- 
sive. Nous  l'entendîmes  aussi  nous  cette  voix,  dont 
l'expression  vive  et  amoureuse  ne  s'effacera  jamais  de 
notre  cœur. 

Nous  vous  invitons  en  ce  jour.  Nos  Très  Chers  Frères,  à 
profiter  des  derniers  avis  de  cet  homme  puissant  en  paroles 
et  en  œuvres,  et  à  vous  y  conformer  fidèlement,  comme 
aux  dernières  dispositions  de  son  testament  en  votre 
faveur.  Nous  vous  exhortons  à  contribuer  généreusement 
A  l'établissement  de  ces  charitables  hospitalières  des 
pauvres  qui  ne  nous  seront  données  qu'autant  que  nous  les 
mettrons  en  état  d'exercer  leurs  saintes  œuvres.  Ce  serait 
de  grand  cœur  que  nous  nous  assujettirions  à  aller  dans 
les  maisons  de  chacun  de  vous  pour  vous  encourager  de 
vive  voix  à  contribuer  à  une  entreprise  si  digne  de  votre 
foi;  mais  nos  occupations  innombrables  nous  en  empê- 
chant, nous  faisons  ce  que  faisait  St.  Paul,  qui  se  reposait 
sur  des  âmes  charitables  du  soin  de  faire  les  collectes 
qu'il  annonçait  aux  fidèles  en  faveur  des  pauvres,  et  qui 
se  chargait  ensuite  d'aller  les  verser  dans  le  sein  des 
églises  qui  étaient  dans  l'indigence.  Nous  vous  annon- 
çons donc  que  nous  avons  prié  les  douze  dames  qui 
forment  la  Corporation  de  la  Providence  pour  V Asile  des 
femmes  âgées  et  infirmes,  avec  celles  qu'elles  jugeront  à 
propos  de  s'adjoindre,  de  faire  circuler  une  souscription, 
chez  tous  les  citoyens  de  cette  ville.  En  les  envoyant  vers 
vous,  Nos  Très  Chers  Frères,  nous  empruntons  encore  les 
paroles  de  l'Apôtre  pour  dire  à  chacun  de  vous  :  Aidezles' 
ces  Dames  toutes  dévouées  à  une  œuvre  si  belle  qui 
travaillent  avec  nous  pour  que  la  charité  qui  nous  est  tant 
recommandée  dans  V Evangile  soit  pratiquée  dans  toute  sa 
perfection  :  adjuva  illas  quœ  mecum  laboraverunt  in  Evan- 
gelio.  Nous  espérons  qu'elles  vous  trouveront  préparés 
lorsqu'elles  iront  solliciter  votre  secours,  et  que  nous  n'au- 
rons pas  à  rougir  de  les  avoir  envoyées  en  vain.  Aidez-les  ; 
car  il  y  va  de  vos  plus  grands  intérêts,  du  salut  éternel  de 
vos  âmes,  puisqu'il  est  certain  que  de  l'accomplissement 

13 


174  [MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

du  grand  précepte  de  la  chanté  fraternelle  dépend  votre 
bonheur  ou  votre  malheur  éternel.  Il  faut  que  nous  vous 
l'avouions,  Nos  Très  Chers  Frères,  nous  tremblons  pour 
vous  et  pour  nous,  chaque  fois  que  nous  nous  rappelons  la 
terrible  sentence  que  doit  prononcer  le  Juste  Juge  contre 
les  réprouvés,  parce  que  nous  y  voyons  clairement  qu'il 
suffit  pour  être  damné  d'omettre  et  négliger  les  œuvres 
de  miséricorde.  Voilà  pourquoi  voulant  assurer  davan- 
tage notre  élection  à  la  vie  éternelle,  nous  vous  pressons 
au  nom  de  Jésus-Christ  d'embrasser  l'œuvre  sainte  que 
nous  recommandons  à  tous  ;  parce  que  si  tous  y  contri- 
buent selon  leurs  moyens,  nous  pourrons  tous  paraître 
avec  confiance  au  Tribunal  du  Souverain  Juge.  Car  nous 
aurons,  par  le  secours  qu'il  est  question  de  nous  procurer, 
accompli  les  œuvres  de  toute  justice,  qui  nous  mériteront 
cette  sentence  favorable  :  fcii  eu  faim  et  vous  m'avez  donne 
à  manger  :  fai  eu  soif  et  vous  m'avez  donné  à  boire  :  fêlais 
étranger  et  vous  m'avez  reçu:  fêtais  nu  et  vous  ni  avez 
habillé  :  fêtais  malade  et  vous  m'avez  visité:  fêtais  en  prison 
et  vous  êtes  venu  me  voir.  Car  ces  excellentes  filles  de  St. 
Paul  ont  reçu  du  ciel  la  mission  et  la  grâce  de  remplir 
avec  perfection  toutes  ces  œuvres,  non  seulement  pour 
elles,  mais  encore  au  nom  de  tous  les  fidèles  qui  veulent, 
par  leurs  aumônes,  se  décharger  sur  elles  de  ce  devoir 
important  et  si  indispensable  ;  mais  il  est  superflu  de  vous 
écrire  plus  au  long  de  ce  ministère  de  charité  qui  doit 
s'exercer  envers  les  saints^  à  vous  qui  avez  un  désir  si 
ardent  d'être  placés  à  la  droite  de  Jésus-Christ  et  qui  avez 
l'espérance  d'entendre  ces  douces  paroles,  qui  seront  la 
récompense  de  votre  charité  :  venez  les  bien-aimés  de  mon 
Père^  possédez  le  royaume  qui  vous  a  été  préparé  depuis  le 
commencement  du  monde.  Car  7wus  connaissons  votre  dispo- 
sition à  faire  promptement  ce  que  nous  vous  demandons  : 
disposition  qui  a  été  pour  nous  en  Europe  un  sujet  de 
nous  glorifier  en  vous.  Mais  ce  n'est  pas  tout,  Nos  Très 
Chers  Frères,  de  vous  inviter  à  ouvrir  vos  mains  pour 
remplir  le  sein  des  pauvres  de  vos  aumônes.  Nous  devons 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  175 

par  dessus  tout  solliciter  le  secours  de  vos  prières  afin  que 
cette  entreprise  réussisse  pour  la  plus  grande  gloire  de 
Dieu,  et  l'avantage  des  malheureux.  Adjuvantibus  et  nobis 
in  oratione  pro  nobis:  ut  ex  multorum  jjersonis,  ejus  quœ  in 
nobii  est  donationis  per  multos  gratise  agantur  pro  nobis. 
«  Et  les  prières  que  vous  ferez  pour  nous  y  contribueront 
«  aussi,  afin  que  la  grâce  que  nous  avons  reçue  en  consi- 
X  dération  de  plusieurs,  soit  aussi  reconnue  par  les  actions 
«de  grâces  que  plusieurs  rendront  pour  nous.»  Nous 
avons  si  souvent  expérimenté  votre  crédit  auprès  de  Dieu, 
lorsque  vous  le  priez  pour  nous,  que  nous  ne  cesserons,  à 
l'exemple  de  l'Apôtre,  de  reclamer  ce  secours  qui  nous 
est  si  nécessaire. 

Que  la  grâce  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  soit  avec 
vous.  Amen. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  en  Chapitre  dans 
les  Communautés  Religieuses  et  au  Prône  des  Eglises 
Cathédrale  et  Paroissiale  et  autre?  où  se  célèbre  roffice 
public,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  huit  novembre  mil  huit  cent 
quarante-un,  sous  notre  seing,  le  sceau  du  diocèse  et  le 
contre-seing  de  notre  Secrétaire. 

Tg.  Evéque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur^ 

A.  F.  TnuTEAu.  Chan.  Sec. 


176  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


MANDEMENT 

DE     MONSEIGNEUR     L'ÉVÊQUE     DE     MONTRÉAL,     ORDONNANT    UN 

Te  Deum  d'actions  de  grâces  pour  la  naissance  du 

PRINCE   de   galles. 


Ignace  Bourget^  par  la  wiséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique,  Evéque  de  Montréal.^  etc. 

Au  Clergé  et  aux  Communautés  régulières  et  séculières  et  à  tous  les 
Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  bénédiction  en  Notre-Seigneur. 

C'est  un  devoir  pour  nous  tous,  N.  T.  G.  F.,  de  prier 
pour  ceux  que  le  Seigneur  a  préposés  au  gouvernement 
de  l'Empire  sous  lequel  nous  vivons.  Car  l'Apôtre  écri- 
vant à  son  disciple  Timothée  1,  pour  lui  enseigner  com- 
ment il  devait  gouverner  l'Eglise  de  Dieu,  lui  recom- 
mande avant  tout,  et  le  conjure  même  de  faire  faire  des 
sujypli cations^  des  prières,  des  demanies,  des  actions  de 
grâces  pour  tous  les  hommes,  pour  les  Rois,  et  tous  ceux  qui 
sont  constitués  en  dignités,  afin  que  Dieu,  leur  faisant  la 
grâce  de  bien  user  de  l'autorité  qu'il  leur  a  confiée,  nous 
menions  une  vie  paisible  et  tranquille,  dans  toute  sorte  de 
piété  et  dlionnéteté.  Car.,  ajoute  le  docteur  des  nations, 
ceci  est  bon  et  agréable  à  Dieu  notre  Sauveur,  qui  veut  que 
tous  les  hommes  soient  sauvés  et  parviennent  à  la  connais- 
sance de  la  vérité.  D'où  vous  pouvez  conclure,  N.  T.  G.  F., 
qu'en  nous  acquittant  de  ce  devoir  de  piété  envers  les 
souverains  qu'il  plait  à  Dieu  de  députer  pour  gouverner 
les  sociétés  humaines,  nous  nous  rendons  agréables  à 
Dieu,  qui  nous  en  fait  un  précepte;  nous  attirons  sur 
Qous  des  grâces  abondantes  pour  couler  sur  la  terre  des 
jours  heureux  dans  les  douceurs  de  la  paix  ;  nous  pouvons 
sous  la  protection  des  lois,  vivre  dans  la  piété  et  la  pra- 
tique de  nos  devoirs  religieux  ;  enfin,  il  nous  est  permis 
de  prétendre  à  la  récompense  promise  à  notre  humble 

1   I.  Tim.  c.  î,  V.  1  et  suiv. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  177 

soumission,  puisque  St.  Paul  nous  assure  qu'elle  est 
agréable  à  Dieu  qui  veut  ainsi  sauver  tous  les  hommes. 
Nous  pourvoyons  donc  à  vos  plus  grands  et  à  vos  plus 
chers  intérêts,  quand  nous  accomplissons  ce  précepte  si 
doux  et  si  consolant  pour  un  bon  peuple.  Aussi  l'Eglise 
Catholique,  dans  ses  offices,  ne  manque  pas,  comme  vous 
avez  dû  l'observer  souvent,  de  recommander  à  Dieu  tous 
ceux  qui  gouvernent  l'Etat,  afin  qu'il  les  remplisse  de 
grâces,  de  lumières  et  de  sagesse  pour  le  bonheur  du 
peuple  qui  leur  est  conûé.  Et  en  cela  elle  ne  fait  que  suivre 
le  précepte  de  l'Apôtre  St.  Paul,  si  clairement  exprimé 
dans  les  paroles  que  nous  venons  de  citer.  Vous  ne  devez 
donc  pas  être  surpris,  N.  T.  G.  F.,  si  de  temps  en  temps 
Nous  vous  rappelons  ce  devoir  de  la  piété  chrétienne  ;  en 
vous  invitant  à  venir  dans  nos  temples  joindre  vos  prières 
aux  nôtres,  pour  obtenir  du  Dieu  des  miséricordes  ses 
grâces  en  faveur  de  tous  ceux  qui  veillent  sur  nos  inté- 
rêts. Mais  c'est  surtout  pour  notre  Auguste  Souveraine 
que  nous  devons  former  des  vœux  ardents,  et  faire  d'ins- 
tantes prières  pour  qu'il  plaise  au  Seigneur  de  lui  accorder 
un  règne  long  et  glorieux.  Un  événement  heureux  qui 
remplit  de  joie  tout  l'Empire,  savoir:  la  naissance  d'un 
Prince  qui  doit,  un  jour,  gouverner  cette  puissante 
nation  qui  étend  sa  domination  ou  son  influence  sur 
toutes  les  parties  du  globe,  est  pour  nous  un  nouveau 
motif  de  bénir  le  Seigneur,  et  de  faire  des  supplications^ 
des  prières  et  des  demandes  pour  cet  auguste  enfant,  afin 
qu'il  soit  digne  du  trône  éclatant  que  lui  assure  le  droit 
de  sa  naissance.  C'est  à  nous  à  lui  préparer  un  règne 
heureux,  en  lui  obtenant  par  nos  ferventes  prières,  toutes 
les  qualités  qui  font  les  grands  Rois.  Qne  vos  prières 
entourent  son  berceau  pour  en  écarter  tous  les  dangers 
qui  pouri aient  menacer  ses  jours  si  précieux  à  l'Etat. 
Que  vos  prières  lui  obtiennent  la  protection  du  Dieu  de 
Jacob,  et  qu'elles  fassent  descendre  de  la  céleste  Sion  le 
secours  et  l'assistance  qui  lui  sont  nécessaires,  pour  que 
les  grandeurs  du  siècle  ne  le  corrompent  pas.     Deman- 


J78  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

dons  qu'il  soit  un  Roi  selon  le  cœur  de  Dieu  ;  qu'il  soit  le 
père  de  son  peuple;  qu'il  soit  sage  et  prudent  dans  ses 
conseils,  fort  et  puissant  à  la  tête  de  ses  armées.  Alors 
nous  pourrons  nous  réjouir  d'avoir  contribué  à  le  rendre 
digne  des  complaisances  du  Roi  des  Rois,  qui  nous  assure 
dans  la  Sainte  Ecriture,  que  c'est  par  lui  et  par  sa  volonté 
que  les  Rois  de  la  terre  régnent.  Et  comme  Dieu  réserve 
de  bons  Princes  aux  peuples  qui  l'aiment,  en  récompense 
de  leur  fidélité  à  sa  loi,  travaillons  N.  T.  G.  F.,  à  mériter 
cette  faveur  par  notre  attachement  inviolable  à  la  foi  de 
nos  pères,  par  l'observation  constante  de  tous  nos  devoirs 
religieux,  par  notre  soumission  à  toutes  les  autorités 
constituées,  par  la  pratique  fidèle  de  toutes  les  vertus  qui 
font  les  fervents  chrétiens,  et,  par  une  conséquence  néces- 
saire, tous  les  bons  citoyens. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  la  Cathédiale, 
Nous  avons  ordonné  et  réglé,  ordonnons  et  réglons  ce 
qui  suit  ; 

■\''  Le  jour  des  Rois,. les  Prêtres  qui  célébreront  le  St. 
Sacrifice  de  la  Messe,  ajouteront  à  l'oraison  du  jour  la 
collecte  marquée  au  missel  pour  l'action  de  grâces: 

2"  Dans  toutes  les  églises  où  se  fait  l'office  public,  l'on 
chantera,  après  la  Grand'Messe,  le  Te  Dcum  avec  les 
verset  et  oraison  d'actions  de  grâces.  Mais  dans  les  com- 
munautés, on  le  chantera  après  la  messe  conventuelle. 

3"  Le  Te  Deum  sera  suivi  du  chant  joyeux  du  Psaume 
Exaudiat^  avec  les  verset  et  oraison  correspondants,  tel 
qu'au  Processionnal. 

4"  Dans  toutes  les  Paroisses  et  missions  où  le  présent 
Mandement  ne  serait  pas  arrivé  à  temps,  l'on  observera 
tout  ce  qui  est  prescrit  ci-dessus  le  Dimanche  qui  suivra 
le  jour  de  sa  réception. 

Sera  notre  présent  Mandement  lu  en  Chapitre  dans 
toutes  les  Communautés  Religieuses  le  jour  même  qu'il 
sera  reçu,  et  dans  toutes  les  Eglises  Cathédrale,  Parois- 
siales et  autres  où  se  célèbrent  les  offices  publics,  le  pre- 


CIRCULAIRES  P:T  AUTRES  DOCUMENTS.  179 

mier  Dimanche,  ou  jour  de  Fête   d'obligation,   après  sa 
réception. 

Donné  à  Montréal,  le  trente  Décembre,  mil  huit  cent 
-quarante-un,  sous  Notre  seing  et  sceau  et  le  contre  seing 
de  Notre  Assistant-Secrétaire. 

-|-  Ig.  Evèque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur. 

J.  0.  Pare,  Ghan.  Assist.  Sec. 
(Vraie  copie.) 

J.  0.  Paré,  Ghan.  Assist.  Sec. 


GIRGULAIRE 

AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 

Montréal,  5  janvier  1842. 


Messieurs, 


Je  vous  adresse,  avec  la  présente,  un  Mandement 
dans  lequel  j'invite  tous  vos  paroissiens  à  s'enrôler  dans 
les  Associations  de  Tempérance  et  de  Gharité,  que  j'ai 
cru  devoir  former,  pour  vous  aider  à  détruire  le  vice  de 
l'ivrognerie  et  à  établir  le  règne  de  la  charité  dans  vo 
paroisses.  Se  suis  bien  persuadé  que  vous  ferez  tous  vos 
efforts  pour  faire  prospérer  ces  œuvres  diocésaines  ;  et 
j'espère  que  Dieu  couronnera  vos  travaux  par  un  heureux 
succès. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  donner  diverses 
informations  et  m'entendre  avec  vous  pour  l'exécution 
de  certains  projets  qui,  étant  de  nature  à  contribuer  au 
bien  général  du  diocèse,  ne  manqueront  pas  par  là  même 
de  vous  intéresser. 

Je  viens  d'établir  un  Petit  Séminaire  à  Ste.  Thérèse, 
sur  le  plan  tracé  par  le  saint  Goncile  de  Trente  (Sess. 
xxni,  c.  xvni),  dont  j'ai  suivi  scrupuleusement  les  dispo- 
sitions. J'ai  l'espérance  que  cet  établissement,  qui  est  en 
tout  conforme   à  l'Esprit  de   l'Eglise,   sera  ici    comme 


180 


MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


ailleurs  une  pépinière  de  bons  prêtres,  en  alimentant  le 
Grand  Séminaire  qui  déjà  promet  beaucoup  pour  l'avenir. 
Quoique  le  Concile  autorise  l'Evèque  à  établir  une 
espèce  de  taxe  sur  tous  les  biens  ecclésiastiques  de  son 
diocèse  pour  fonder  et  doter  son  Petit  Séminaire,  je  suis 
bien  éloigné  de  vouloir  me  prévaloir  de  ce  privilège  : 
parce  que  votre  bonne  volonté  à  seconder  toutes  les 
œuvres  que  je  puis  vous  recommander,  me  suffit,  et  que 
je  serai  toujours  assuré  de  vous  trouver  au  besoin,  surtout 
quand  il  sera  question  d'un  établissement  aussi  vital  pour 
nous  que  l'est  celui-ci.  La  cérémonie  de  l'établissement 
de  ce  Petit  Séminaire  se  fera  le  21  courant,  vers  les  9 
heures  du  matin,  à  Ste.  Thérèse.  "Veuillez  bien  recom- 
mander à  Dieu  cette  importante  affaire.  Ceux  qui  pour- 
ront y  aller  seront  les  bienvenus. 

Vous  connaissez  l'Acte  passé  dans  la  dernière  session 
du  Parlement  Provincial  au  sujet  de  l'éducation  en  c& 
pays.  L'on  peut,  tel  qu'il  est,  en  tirer  un  bon  parti,  et  s'en 
servir  avec  avantage  pour  encourager  l'établissement  de 
bonnes  écoles  dans  toutes  nos  campagnes  ;  quoique  l'on 
soit  disposé  toutefois  à  faire  des  tentatives  pour  obtenir 
de  nouveaux  amendements,  et  qu'il  y  ait  chance  de 
succès.  Mais  pour  répandre  les  bienfaits  de  l'éducation, 
à  la  faveur  de  cette  ordonnance,  il  nous  faudrait  avant 
tout  avoir  de  bons  Instituteurs.  Or,  ce  ne  sera  pas  de 
sitôt  que  nous  en  aurons  en  nombre  suffisant  pour' 
répondre  à  nos  besoins,  si  nous  ne  prenons  des  moyens 
efficaces  pour  en  faire  former.  Voici  ce  que  je  crois 
devoir  vous  proposer,  après  m'être  entendu  avec  M.  le 
Supérieur  du  Séminaire  : — Les  Frères  des  Ecoles  Chré- 
tiennes sont  prêts  à  donner  des  leçons  à  tous  ceux  que 
l'on  jugera  à  propos  de  leur  envoyer,  et  ils  se  feront  un 
devoir  de  les  mettre  au  fait  de  leur  méthode  d'ensei- 
seignement,  autant  qu'elle  peut  être  applicable  à  des 
écoles  où  il  n'y  a  qu'un  seul  précepteur.  Plusieurs  écoles 
à  la  campagne  sontàma  connaissance  maintenant  dirigées 
d'après  cette  excellente  méthode,  et  obtiennent  un  succès 


J 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  181 

qui  fait  désirer  que  toutes  les  autres  soient  mises  sur  le 
môme  pied.  Ne  vous  serait-il  pas  possible  d'envoyer 
quelques-uns  de  vos  instituteurs  passer  à  Montréal  tout  le 
temps  suffisant  pour  être  bien  formés,  en  suivant  le  cours- 
d'instruction  de  nos  bons  Frères  et  en  les  voyant  opérer 
dans  leurs  classes  ?  Pour  faciliter  l'exécution  de  ce  projet, 
vous  pourriez  faire  donner  maintenant  les  vacances  à  vos 
écoles,  et  engager  les  marguilliers  à  payer  sur  les  deniers 
de  l'Eglise,  les  pensions  de  ceux  qui  seraient  trop  pauvres 
pour  le  faire,  en  fesant  telles  conditions  que  vous  jugeriez 
convenables,  pour  que  ces  avances  ne  fussent  pas  perdues. 
S'il  s'en  trouve  un  nombre  suffisant,  qui  veuillent  venir 
en  cette  ville,  je  prendrai  des  arrangements  pour  qu'ils- 
soient  tous  en  pension  dans  la  maison  d'école  qui  est  sur 
le  terrain  de  l'évêché,  et  sous  la  survf^illance  d'un  prêtre- 
qui  donnera  à  ceux  qui  sont  susceptibles  d'y  être  formés, 
des  leçons  de  plain-chant  et  des  exercices  de  cérémonies,- 
afm  qu'ils  puissent  vous  aider  à  former  vos  chœurs  et  à 
les  rendre  dignes  de  la  Divine  Majesté.  Si  nous  ne 
prenons  des  mesures  efficaces  pour  nous  procurer  de  bons 
maîtres,  nous  aurons  bientôt  la  douleur  de  nous  voir 
enlever  l'éducation  et  avec  elle  l'influence  salutaire  que 
nous  exerçons  sur  notre  troupeau.  Un  des  articles  de 
l'Acte  précité  charge  le  comité  de  faire  l'examen  des 
maîtres  qui  seront  appelés  à  donner  l'enseignement.  Ce 
sera  une  raison  pour  vous  d'insister  auprès  de  vos  Institu- 
teurs qui  voudront  avoir  la  paie  du  Gouvernement,  pour 
qu'ils  se  rendent  capables  de  subir  un  examen,qui  pourrait 
bien  être  sévère  et  rigoureux.  D'ailleurs  vous  sentez; 
quel  immense  avantage  ce  serait  pour  l'éducation  si 
toutes  nos  écoles  pouvaient,  ce  printemps,  commencer  à 
être  tenues  sur  le  pied  que  je  viens  de  dire.  Veuillez 
bien  me  dire  ce  que  vous  pourrez  faire  là-dessus,  afin  que 
je  prenne  avec  vous  des  arrangements  définitifs  pour  en 
venir  à  une  conclusion,  que  j'espère  devoir  être  avanta- 
geuse à  la  Religion  et  à  l'éducation.  L'élection  des  com- 
missaires doit  se  faire  le  dix  du  mois  prochain.    Je  vous 


182 


MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


conseille  de  favoriser  Je  toute  votre  inlluence  le  choix  de 
ceux  qui  pourront  s'entendre  avec  vous  pour  promouvoir 
plus  efficacement  l'éducation  en  ce  pays  ;  de  vous  laisser 
élire  pour  commissaire  ;  en  un  mot  de  faire  tout  en  votre 
pouvoir  pour  que  ce  Bill  réussisse.  J'entretiens  avec  Son 
Excellence  l'Administrateur,  une  correspondance  sur  cet 
objet  important  ;  laquelle  aura,  j'espère,  un  heureux 
résultat. 

Comme  il  n'a  pas  été  possible  de  donner  cette  année 
une  Retraite  Pastorale,  j'invite  ceux  qui  voudront  faire 
la  leur  en  commun,  et  qui  seront  libres  depuis  le  21 
Janvier  au  soir  jusqu'au  29,  à  venir  la  faire  à  l'évèché. 
J'autorise  par  la  présente  ceux  qui  garderont  les  Paroisses 
des  Retraitants  à  biner  au  besoin  ;  et  je  donne  les  pouvoirs 
de  Vicaires  à  ceux  qui  n'auraient  aucune  juridiction  sur  les 
Paroisses  qu'ils  voudraient  bien  garder,  pendant  la  retraite 
de  leurs  Curés.  Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  infor- 
mer que  par  un  Induit  Papal,  du  11  juillet  de  l'année 
dernière,  l'Evêque  et  les  Prêtres  de  ce  Diocèse  peuvent, 
après  avoir  vaqué  pendant  cinq  jours  aux  Exercices 
Spirituels,  gagner  l'indulgence  plénière  déjà  obtenue  par 
un  Induit  précédent,  en  communiant,  sans  qu'il  leur  soit 
nécessaire  de  célébrer,  comme  cela  était  prescrit  jusqu'à 
ce  jour. 

Vous  jouirez  cette  année  de  la  faculté  que  je  vous 
accordai  dans  ma  lettre  du  21  décembre  1840,  d'appliquer 
les  Indulgences  aux  Chapelets,  croix  et  médailles,  en 
suivant  les  clauses  y  spécifiées.  Afin  qu'il  y  ait  unifor- 
mité, je  crois  devoir  vous  envoyer  ci-jointe  une  formule 
d'annonce  que  vous  pourriez  annexer  à  votre  Rituel  pour 
vous  en  servir  au  besoin.  Je  n'ai  nul  doute  que  les  grâces 
admirables  des  conversions  qui  se  sont  opérées,  et  qui 
s'opèrent  journellement  dans  toutes  les  Paroisses  de  ce 
Diocèse,  ne  doivent  être  attribuées  à  la  protection  de  la 
Mère  de  miséricorde  et  à  la  dévotion  du  peuple  pour  le 
Chapelet,  qui  fait  couler  de  son  cœur  maternel  ces  biens 
innombrables  dont  nous  sommes  comblés.    Notre  devoir 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  183 

est  donc  de  tenir  ouvertes  ces  sources  sacrées  qui  nous 
apportent  tant  de  grâces  et  de  bénédictions. 

Je  vous  annonce  avec  consolation  que  les  Missionnaires 
Oblats,  arrivés  à  Montréal  le  2  décembre  dernier,  ont 
commencé  à  donner  des  Missions  et  Retraites  dans  diverses 
Paroisses  du  Diocèse.    Il  est  à  espérer  que  le  Seigneur 
bénira  leur  généreux  dévouement  secondé  de  votre  zèle 
à  partager  leurs  travaux  ;  et  que  nos  Paroisses  et  Missions 
se  ressentiront  bientôt  des  fruits  de  salut  que  le  Seigneur 
se  plaît  à  produire  par  le  ministère  de  lous  ceux  qui  n'ont 
en  vue  que  sa  plus  grande  gloire,  et  qui  travaillent  en 
union  et  charité.     Ecce  guam   boimm  et  quam  jucundum 
habitare  fratres  in  unum  !  Je  compterai  toujours  sur  votre 
bonne  volonté,  qui  m'est  parfaitement  connue,  chaque  fois 
qu'il  sera  nécessaire  de  vous  appeler  au  secours  de  ces 
bons  Missionnaires.    Néanmoins  je  me  ferai  un  devoir  de 
ne  pas  vous  déranger,  lorsque  les  besoins  de  vos  Paroisses 
exigeront   votre   présence.      Pour  qu'il  n'y  ait  pas   de 
difficulté   par    rapport   aux   pouvoirs  que   vous  pouvez 
exercer  pendant  ces  Retraites  ou  Missions,  je  donne,  par 
la  présente,  à  tous  ceux  qui  seront  invités  à  y  travailler, 
outre  la  permission  de  confesser  et  de  prêcher,  la  faculté 
d'absoudre  des  censures  et  cas  réservés  au   Pape  et  à 
l'Evêque,   de   commuer  les   vœux    simples  en  quelques 
autres  œuvres  pies,  et  de  dispenser  de  l'empêchement  ad 
usum  matrimonii^  tous  ceux  qui  auraient  perdu  le  droit 
conjugal,  en  imposant  aux  coupables  une  pénitence  salu- 
taire.    Ces  pouvoirs  ne  sont  que  pour  le  for  intérieur.    A 
propos  de  ces  Missions  ou  Retraites,  qui  se  succéderont 
dans  vos  paroisses,  je  vous  engage  à  faire  faire  des  confes- 
sionnaux et  des  Grilles  commodes  et  en  nombre  suffisant, 
pour  que  chaque  Confesseur  puisse  être  à  son  aise  et  en 
règle   en   même   temps,   en    entendant    les  confessions. 
Gomme  la  doctrine  de  St.  Alphonse  de  Liguori  sert  de 
règle  aux  Missionnaires  Oblats  ;  et  qu'il  est  très  impor- 
tant qu'il  y  ait  entre  nous  uniformité  de  conduite,  j'en 
prends  occasion  de  vous  répéter  ce  que  je  vous  ai  déjà  dit  : 


184  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

que  ce  Saint  et  savant  Théologien  est  le  Docteur  de  ce  Dio- 
cèse ;  qu'il  est  très-avantageux  pour  nous  de  le  prendre 
pour  notre  guide,  en  étudiant  sa  morale,  que  chaque  con- 
fesseur peut  suivre  en  toute  sûreté  de  conscience,  comme 
l'a  décidé  la  Sacrée  Pénitencerie,  le  5  juillet  1831.  En 
adressant  à  chacun  de  vous  ce  conseil  de  l'Apôtre  à  son 
Disciple  :  Attende  lectioni^  je  me  l'applique  à  moi-même, 
parce  que  je  comprends  plus  que  jamais  le  besoin  de 
l'Ecriture  et  de  la  Théologie,  qui  est  pour  le  Prêtre  cette 
eau  vive  qui  rejaillit  jusqu'à  la  vie  éternelle. 

Comme  c'est  pour  moi  une  jouissance  et  un  délassement 
que  de  vous  écrire  avef.  toute  la  confiance  et  la  cordialité 
qui  caractérissent  des  frères  qui  n'ont  qu'un  cœur  et 
qu'une  âme  pour  travailler  à  la  même  œuvre,  je  crois 
devoir  recommander  à  votre  attention  la  Caisse  Diocésaine 
et  les  Mélanges  Religieux  qui  vous  appartiennent  comme  à 
moi,  et  dont  le  sort,  j'en  suis  convaincu,  vous  intéresse 
aussi  vivement  que  moi.  Ces  deux  œuvres  n'ont  pas 
encore  pu  recevoir  tout  l'accroissement  et  l'importance 
dont  elles  sont  susceptibles,  et  qu'elles  auront  un  jour,  il 
faut  l'espérer,  si  Dieu  veut  bien  les  bénir.  Mais  nous 
sommes  tous  appelés  à  contribuer,  selon  nos  moyens 
présents,  à  leur  donner  chaque  jour  un  nouveau  degré  de 
perfection.  Je  vous  invite  à  faire  quelques  fois,  dans  vos 
réunions,  votre  affaire  de  la  prospérité  de  ces  deux  œuvres, 
et  à  me  transmettre,  avec  vos  projets  d'améliorations, 
votre  part  de  travail.  Comme  le  bien  général  de  la  Reli- 
gion et  l'honneur  de  notre  Corps  sont  les  seuls  objets  que 
nous  ayons  eu  en  vue  en  les  entreprenant,  je  suis  persuadé 
que  chacun  de  nous  fera  volontiers  le  sacrifice  de  ses 
opinions  particulières  pour  assurer  plus  efficacement  le 
bien  général. 

Je  vous  prie  de  répondre  aussitôt  que  possible  à  la 
présente  et  de  me  transmettre,  avec  votre  réponse,  la  liste 
de  vos  Paroissiens  qui  se  sont  agrégés  à  l'Archiconfrérie 
du  Très-Saint  et  immaculé  Cœur  de  Marie. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  185 

Agréez  les  sentiments  affectueux  avec  lesquels  je  suis 
bien  sincèrement, 

Messieurs, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

■\-  Ici.  EvÊQUE  DE  Montréal. 

N.  B. — Le  Mandement,  dont  il  est  parlé  au  commencement  de  cette 
Circulaire,  ne  pourra  vous  être  envoyé  que  dans  quelques  jours. 

{Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Chan,  Sec. 


ANNONCE  QUE  PEUT  FAIRE  LE  CURE  LE  DIMANCHE  QUI  PRE- 
CEDERA CHACUNE  DES  FETES  CNDESSOUS  MENTIONNÉES. 

Ceux  qui  ont  la  louable  coutume  de  réciter,  au  moins 
une  fois  par  semaine,  Ja  couronne  de  notre  Seigneur,  ou 
de  la  bienheureuse  Vierge,  ou  le  Rosaire,  ou  au  moins  le 
Chapelet,  ou  le  Bréviaire,  ou  le  petit  office  de  la  Sainte 
Vierge,  ou  celui  des  Morts,  ou  les  sept  Psaumes  de  la 
Pénitence,  ou  les  Psaumes  Graduels  ;  comme  aussi  tous 
ceux  qui  ont  coutume  de  pratiquer  les  bonnes  œuvres 
suivantes,  savoir  :  d'enseigner  le  Catéchisme,  ou  de  visiter 
les  prisonniers,  ou  les  malades  de  quelque  hôpital,  ou  de 
secourir  les  pauvres,  ou  d'entendre  la  Messe,  ou  de  la 
célébrer,  si  l'on  est  prêtre,  gagneront  une  indulgence 
plénière,  si,  étant  vraiment  repantants  et  s'étant  confessés 
et  ayant  communié  le  jour  de  qui  se  célébrera 

de  cette  semaine,  prieront  avec  ferveur  pou.r 
l'extirpation  des  schismes  et  des  hérésies,  pour  la  propa- 
gation de  la  foi  catholique,  pour  la  paix  et  l'union  entre 
les  Princes  Chrétiens  et  les  autres  nécessités  de  la  sainte 
Eglise  Romaine.  Comme  je  pourrai  ce  jour-là  appliquer 
les  indulgences  à  tous  les  Chapelets,  Croix  et  Médailles 
que   l'on  me   présentera,  j'exhorte   ceux  qui  n'ont  pas 


18G  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

encore  eu  l'avantage  de  se  procurer  ces  objets  de  piété  de 
me  les  apporter,  afin  de  pouvoir  gagner  un  grand  nombre 
d'indulgences  très-précieuses,  en  s'adonnant  aux  prati- 
ques ordinaires  de  piété  et  de  charité  que  je  viens  de 
détailler. 
Fêtes  où  les  fidèles  qui  remplissent  habituellement,  les  œuvres 

ci-dessus  mentionnées  peuvent  gagner  une  indulgence 

plénière. 

Noël,  Epiphanie,  Ascension,  Pentecôte,  Ste.  Trinité, 
Fête-Dieu,  Purification,  Annonciation,  Assomption- 
Nativité  de  la  Bienheureuse  Vierge,  Nativité  de  St.  Jean- 
Baptiste,  des  SS.  Apôtres  Pierre  et  Paul,  de  St.  André,  de 
St.  Jacques  le  Majeur,  de  St.  Jean,  de  St.  Thomas,  de  St. 
Philippe  et  de  St.  Jacques  le  Mineur,  de  St.  Barthélemi, 
de  St.  Mathieu,  de  St.  Simon  et  de  St.  Jude,  de  St.  Mathias, 
de  St.  Joseph,  époux  de  la  Bienheureuse  Vierge,  et  de 
Tous  les  Saints. 

N.  B. — CeUe  l'orniulo  pourrait  èlre  anniixi'e  au  Rituel,  pour  survu'  au 
besoin;  et  l'on  pourrait  prendre  occasion  de  l'annonce  ci-dessus  pour 
donner  de  temps  en  temps  quelque  instruction  sur  le  Chapelet.  Le 
traité  de  Monseigneur  Bouvier  sur  les  Indulgences,  le  Rituel  de 
Belley,  les  feuilles  imprimées  à  Montréal  et  envoyées  ces  années  der- 
nières aux  Curés,  les  instructions  sur  les  Indulgences,  etc.,  peuvent 
l'ournir  tous  les  matériaux  nécessaires  pour  cela. 


MANDEMENT 


DE   MONSEIGNEUR    L  EVEQUE    DE    MONTREAL   POUR    L  ET.A.BLISSE- 
MENT  DES  SOCIÉTÉS  Dfi  TEMPÉRANCE  ET  DE  CHARITÉ. 


Ignace  Bourgct,  par  la  misérioorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint-Siège  Apostolique^  évéque  de  Montréal,  etc.,  etc. 

Au  clergé  et  à  tous  les  lidèles  de  notre  ville  bien-aimée  :  Saiul  et 
Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Depuis  qu'il  a  plu  au  Seigneur  de  nous  placer,  malgré 
notre  indignité,  à  la  tète  de  ce  Diocèse,  nous  avons.  Nos 
Très  Ghers  Frères,  compris  que  nous  étions  dans  une 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  187 

étroite  obligation,  à  l'exemple  du  Prophète  Jérémie, 
d'arracher  1,  de  détriure^  de  perdre  et  de  dissiper  les  vices 
qui  y  régnent,  et  ensuite  à'élever  l'édifice  des  vertus,  et  de 
planter  les  arbres  qui  produisent  les  fruits  de  salut.  Il 
nous  a  donc  fallu  entrer  dans  le  détail  et  prendre  connais- 
sance de  foutes  les  habitudes  vicieuses,  qui  seraient  un 
obstacle  à  votre  salut  éternel,  afin  de  vous  faire  connaître 
quels  sont  les  ennemis  spirituels  qui  en  veulent  à  vos 
âmes,  et  quels  sont  les  moyens  que  vous  avez  à  prendre 
pour  les  vaincre.  En  cela,  nous  ne  faisons  que  nous 
acquitter  du  devoir  stricte,  que  nous  impose  le  Souverain 
Pasteur,  en  nous  disant  comme  au  Prophète  :  Je  vous  ai 

établi  sentinelle  sur  la  maison  d'Israël Si  lorsque  f  aurai 

dit  à  rimpie^  «  Impie,  vous  mourrez^»  vous  ne  le  lui  annoncez 
pas Il  mourra  dans  son  iniquité^  mais  je  vous  redeman- 
derai compte  de  son  sang  2. 

Ces  paroles  effrayantes  vous  font  voir  la  grandeur  de  nos 
obligations  à  votre  égard,  et  la  sévérité  des  peines  qui 
nous  attendent,  si  nous  ne  nous  en  acquittons  avec  fidélité 
jusqu'à  la  mort.  Sentinelle  placée  sur  le  haut  de  la  mon- 
tagne de  Sion,  nous  apercevons  une  multitude  d'ennemi?, 
qui  semblables  à  des  lions  rugissants,  rôdent  sans  cesse 
autour  de  vos  âmes,  cherchant  à  les  dévorer.  Nous  nous 
empressons  de  vous  les  faire  connaître  et  de  vous  dire  que 
tous  ces  dangereux  ennemis  sont  engendrés  par  cette 
triple  concupiscence  dont  parle  l'Apôtre  St.  Jean,  savoir, 
la  concupiscence  de  la  chaire^  la  concupiscence  des  yeux^  et 
l'orgueil  de  la  vie  3,  qui  causent  tous  les  désordres  qui 
régnent  dans  le  monde. 

L'orgueil  de  la  vie  a  produit  cette  multitude  d'erreurs 
qui,  semblables  aux  sauterelles  dont  il  est  parlé  dans 
l'Apocalypse,  sont  sorties  de  la  fumée  de  Vabime  et  se  sont 
répandues  sur  la  terre^  ayant  reçu  une  puissance  telle  qu'en 

1  Jer.  1,  10. 
2Ezech.  23,  8 
3  I.  Joan.  2,  16. 


488  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ont  les  scorpions  de  la  terre.  C'est  avec  une  vraie  frayeur 
que  nous  les  avons  vus  se  glisser  parmi  vous  ces  ennemis 
de  votre  foi,  qui,  par  les  richesses  dont  ils  sont  les  distri- 
JDuteurs  et  tous  les  moyens  séducteurs  dont  ils  savent  si 
l)ien  user,  oni  reçu  de  l'Enfer  un  pouvoir  très-grand  pour 
yous  arracher  ce  précieux  dépôt  que  vous  ont  légué  vos 
/peines.  C'est  avec  une  vraie  frayeur  que  nous  les  avons 
vus  entrer  dans  notre  bergerie  ces  loups  affamés  qui  ne 
cherchaient  qu'à  nous  arracher  nos  brebis,  l'objet  de 
notre  amour  et  de  notre  solhcitude,  pour  les  dévorer  en 
les  privant  du  don  de  la  foi  sans  laquelle  il  est  impossible  de 
plaire  à  Dieu^  et  par  conséquent  de  nous  sauver,  comme 
nous  l'assure  l'Apôtre. 

La  concupiscence  de  la  chaire,  c'est-à-dire  l'amour  des 
plaisirs,  a  suscité  contre  nous  une  multitude  d'ennemis, 
entfautres  le  vice  capital  de  l'ivrognerie  qui,  selon 
l'Apôtre,  est  la  cause  de  l'impureté  in  que  est  luxuria\  et 
qui  produit  des  maux  innombrables,  comme  nous  le 
démontrent  la  foi  et  la  raison.  Hélas  !  c'est  ce  vice  affreux 
qui  tous  les  jours,  comme  vous  le  savez,  abrutit  les  carac- 
tères les  plus  nobles,  qui  arme  les  pères  contre  les  fils  et 
les  fils  contre  les  pères,  les  époux  contre  les  épouses,  les 
amis  contre  les  amis,  qui  transportent  de  fureur  les  enfans 
contre  les  auteurs  de  leurs  jours  et  leur  plonge  dans  le 
sein  le  fer  meurtrier,  qui  change  en  bêtes  féroces  les 
les  hommes  les  plus  doux,  qui  aviht  les  personnes  les 
plus  estimables  en  les  poussant  à  des  excès  d'impureté  qui 
font  rougir  la  nature,  qui  déshonore  tant  de  familles  res- 
pectables, qui  ruine  tant  de  fortunes  brillantes,  qui  est 
cause  de  ces  emportements  de  jeux  si  funestes  à  ceux  qui 
s'y  livrent,  qui  porte  tant  d'enfants  à  voler  leurs  parents 
pour  satisfaire  leur  détestable  passion,  qui  excite  ces  que- 
relles, ces  emportements,  ces  batailles,  ces  scandales  qui 
troublent  le  repos  public,  qui  fait  mourir  de  douleur  tant 
d'épouses  vertueuses,  tant  de  mères  infortunées  qui, 
semblables  à  Ste.  Monique,  ne  cessent  de  pleurer  sur  les 
■éo-arements  de  leurs  maris  et  de  leurs  enfants,  que  le 


CIIiCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  189 

spectacle  affreux  de  la  misère  à  laquelle  les  a  réduits  leur 
brutale  passion,  ne  saurait  toucher  de  compassion,  qui 
souille  les  noces  des  chrétiens  en  y  introduisant  les  abus 
les  plus  coupables,  qui  trouble  en  quelque  sorte  les  céré- 
monies religieuses  du  baptême  en  conduisant  les  parrains 
et  marraines,  au  sortir  du  saint  lieu,  dans  ces  maisons  où 
ils  s'empressent  d'aller  ensevelir  dans  les  fumées  de  la 
boisson,  les  promesses  qu'ils  viennent  de  faire  à  Dieu  pour 
les  tendres  enfants  qu'ils  semblent  vouloir  aller  offrir  au 
démon  de  l'intempérance,  aussitôt  après  avoir  contribué  à 
les  revêtir  de  la  robe  d'innocence,  en  les  tenant  sur  les 
fonds  sacrés,  qui  en  un  mot  fait  tant  de  malheureux  sur 
la  terre,  et  mène  tant  d'âmes  dans  les  enfers. 

La  concupiscence  des  yeux^  c'est-à-dire  l'amour  des  riches- 
ses a  aussi  introduit  beaucoup  d'abus  déplorables;  car 
l'Apôtre  a  bien  caractérisé  ce  vice  et  nous  en  a  fait  con- 
naître les  suites  étranges,  en  nous  disant  que  la  cupidité^ 
la  soif  des  richesses,  est  la  racine  de  tous  les  maux  l.  Or  ce 
qui  excite  en  nous  ce  désir  insatiable  des  biens  périssables 
de  la  terre,  et  cause  ces  innombrables  injustices  que  l'on 
commet  pour  les  acquérir,  ce  qui  fait  tomber  tant  d'âmes 
imprudentes  dans  les  pièges  tendus  a  leur  innocence,  c'est 
le  luxe,  c'est,  la  vanité,  c'est  l'amour  de  la  parure,  c'est  la 
vaine  ostentation  des  richesses,  c'est  le  désir  de  se  distin- 
guer par  de  superbes  ameublements,  c'est  la  passion  de  la 
gloire  humaine.  Oh!  heureuse  simplicité  de  nos  pères, 
qu'êtes-vous  devenue  ?  Ces  belles  provinces  qu'ils  quittè- 
rent pour  venir  peupler  ce  pays,  et  que  nous  avons  tra- 
versées, attestent  encore  ce  qu'ils  étaient  et  ce  que  nous 
serions  nous-mêmes,  si  nous  n'avions  pas  dissipé  ce 
précieux  héritage.  C'est  le  luxe,  n'en  doutez  pas,  Nos 
Très-Chers  Frères,  ijui  éteint  en  nous  cet  esprit  de  charité 
et  nous  rend  durs  pour  les  pauvres  ;  et  c'est  cette  dureté 
pour  les  pauvres  qui  serait  la  cause  de  notre  malheur 
éternel.    Les  paroles  terribles  qu'adressera  le  Souverain 

l  I  Tim.  G,  10. 

14 


190  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Juge  aux  méchants,  au  jour  des  vengeances,  nous  en 
doivent  bien  convaincre  :  fai  eu  faim,  et  vous  ne  m'avez 

pas  donné  a  manger fai  été  nu^  et  vous  ne  m'avez  pas 

habillé fai  été  malade,  et  vous  ne  m'avez  pas  visité  1.  11 

est  donc  vrai  qu'il  y  en  aura  qui  sans  avoir  d'autres  vices, 
seront  condamnés  pour  avoir  négligé  d'accomplir  le  pré- 
cepte de  l'aumône  !  Tremblons,  Nos  Très-Ghers  Frères, 
et  craignons  d'être  enveloppés  dans  cette  terrible  sentence, 
qui  jetait  l'alarme  dans  les  cœurs  des  saints,  de  ceux-là 
mêmes  qui  se  dépouillaient  de  tout  pour  assister  les 
membres  souffrants  de  Jésus-Christ.  Car  il  est  évident 
que  ce  qui  rétrécit  en  nous  les  entrailles  de  la  charité, 
c'est  l'amour  de  la  parure  ;  que  ce  qui  nous  fait  négliger 
les  bonnes  œuvres,  c'est  la  vanité  ;  que  ce  qui  nous  rend 
incapables  d'accomplir  le  précepte  de  l'aumône  dans  toute 
son  étendue,  c'est  que  nous  ne  savons  rien  nous  refuser 
de  ce  qui  peut  flatter  notre  luxe  et  notre  mollesse.  Oh  ! 
croyez-le,  Nos  Très-Chers  Frères,  si  chaque  riche  donnait 
au  pauvre  son  superflu  comme  il  y  est  strictement  obligé, 
nons  n'aurions  pas  continuellement  sous  les  yeux  le 
spectacle  de  tant  de  misères,  et  les  malheureux  seraient 
abondamment  soulagés  :  et  nous,  nous  serions  comblés 
de  richesses  spirituelles  et  temporelles.  Au  contraire,  les 
malheurs  nous  accablent,  la  famine  désole  nos  campa- 
gnes, les  maladies  font  sentir  leurs  ravages,  nos  entre- 
prises n'aboutissent  à  rien,  les  familles  les  plus  opulentes 
tombent  dans  l'indigence,  les  propriétés  de  nos  pères 
passent  entre  les  mains  des  étrangers,  parce  que  les 
pauvres  crient  contre  nous,  et  qu'ils  vont  porter  au  Ciel 
leurs  plaintes  et  leurs  gémissements,  au  Ciel  où  est  le 
Dieu  qui  s'est  chargé  lui-môme  de  les  venger. 

Pénétré  de  cette  vérité  que  Vunion  nous  était  donnée 
comme  une  arme  puissante  dans  tous  les  combats  que 
nous  avions  à  livrer  contre  la  triple  concupiscence,  source 
malheureuse  de  tant  de  maux,  nous  avons  constamment 

I  Math.  25. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  191 

en  vue  de  l'établir  solidement  parmi  vous,  comme  nous  le 
recommande  l'Apôtre  :  afin  que  n'ayant  qu'un  même  cœur 
et  une  même  bouche  vous  glorifiez  Dieu  le  Père  de  Notre 
Seigneur  Jésus- Christ  [. 

Tous  les  établissements  que  nous  avons  fait  jusqu'ici  et 
que  le  Seigneur  a  daigné  bénir  dans  sa  miséricorde,  parce 
qu'il  les  a  vu  élevés  sur  les  fondements  de  l'union  et  de 
la  charité,  n'étaient  que  les  préparatifs  du  grand  combat 
qu'il  faut  livrer  maintenant  contre  tous  les  ennemis  de 
votre  salut.  Nous  serons  forts  dans  ce  combat,  Nos  Très 
Ghers  Frères,  et  nous  serons  victorieux,  si  nous  sommes 
bien  unis  pour  combattre  la  triple  concupiscence  dont 
nous  avons  parlé. 

Déjà  l'Association  de  la  Propagation  de  la  Foi,  établie 
par  notre  illustre  Prédécesseur,  a  prouvé  par  ses  heureux 
résultats,  combien  on  est  fort  quand  on  vit  dans  l'union . 
Car  ce  sont,  nous  n'en  doutons  pas,  les  prières  et  les 
bonnes  œuvres  des  associés  qui  ont  rendu  presqu'inutiles 
tous  les  efforts  qui  ont  été  faits  par  des  sociétés  puissantes, 
qui  se  sont  publiquement  glorifiées  de  pouvoir  vous  ôter 
votre  Religion  ;  et  qui  ont  en  conséquence  cherché  à 
ébranler  votre  foi  en  employant  les  moyens  les  plus 
capables  de  vous  séduire.  Mais,  grâces  au  Dieu  de  misé- 
ricorde, vous  avez  été  fermes  et  votre  foi  a  vaincu  le  monde 
qui  avait  conjuré  contre  vous  2.  Mais  ce  n'est  pas  assez  pour 
l'association  d'avoir  préservé  les»  catholiques  du  malheur 
de  faire  naufrage  dans  la  foi,  une  mission  bien  sublime 
lui  est  de  plus  donnée  ;  car  elle  est  chargée  de  faire  entrer 
dans  la  bergerie  les  brebis  qui  en  sont  absentes,  afin 
qu'elles  aient  le  bonheur  d'entendre  la  voix  du  Souverain 
Pasteur;  et  qu'il  n'y  ait  plus  qu'un  seul  troupeau  sous 
un  seul  et  mémo  Pasteur.  Oh  !  Nos  Très  Ghers  Frères, 
redoublez  de  zèle  pour  cette  œuvre  si  glorieuse  à  la  Reli- 
gion ;  agrégez-vous  à  une  association  chargée  par  le  Giel 

1  Rom.  13,  6. 

2  I.  Joan  2,  4. 


192  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  rétablir  l'unité  de  la  Foi.  Aidez-nous  par  la  sainteté 
de  votre  vie,  qui  sera  la  plus  touchante  comme  la  plus 
éloquente  des  prédications,  à  ramener  nos  frères  séparés. 
Car  leur  salut  nous  intéresse  vivement  ;  et  nous  ne  ces- 
sons de  gémir  sur  leur  malheureux  état.  Oh  !  nous 
voudrions  leur  faire  entendre  à  tous  ces  paroles  que 
St.  Augustin  adressait  aux  Donatistes  :  «  Que  ceux-là  vous 
«  traitent  avec  rigueur,  qui  ne  savent  pas  combien  il  est 
«  difficile  de  trouver  la  vérité  et  d'éviter  l'erreur  ;  que 
«  ceux-là  vous  traitent  avec  rigueur  qui  ignorent  combien 
«  il  y  a  de  la  peine  à  s'élever  au  dessus  des  fantômes  dont 
«  on  est  une  fois  rempli....  Mais  pour  nous,  nous  sommes 
(I  bien  éloigné  de  suivre  cette  doctrine  envers  des  personnes 
«  divisées  d'avec  nous,  non  par  des  erreurs  qu'elles  aient 
«  inventées  elles-mêmes,  mais  pour  s'être  trouvées  dans 
f(  l'égarement  des  autres.  Nous  offrons  au  contraire  nos 
«  prières  à  Dieu,  afin  qu'en  réfutant  les  fausses  opinions  de 
«  ceux  que  vous  suivez  avec  une  préoccupation  que  nous 
«  taxons  plutôt  d'imprudence  que  de  malice,  il  nous 
«  fasse  la  grâce  de  n'y  apporter  qu'un  esprit  qui  ne  soit 
«  touché  ni  d'autres  impressions  que  de  celles  de  la  cha- 
(I  rite,  ni  d'autres  intérêts  que  de  ceux  de  Jésus-Christ,  ni 
«  d'autres  désirs  que  de  celui  de  votre  salut  1.  »  Entrons 
tous,  Nos  Très-Chers  Frères,  dans  ces  beaux  et  nobles  senti- 
ments du  grand  St.  Augustin  à  l'égard  de  nos  frères 
séparés.  Tout  en  détestant  les  erreurs  dans  lesquelles  ils 
ont  le  malheur  de  vivre,  soyons  dévorés  de  zèle  pour  leur 
conversion.  Prions  Dieu  tous  les  jours  pour  qu'il  daigne 
leur  ouvrir  les  yeux  et  dissiper  leurs  préjugés  ;  pour  qu'il 
les  mette  au-dessus  du  respect  humain,  qui  est  le  plus 
grand  obstacle  à  leur  conversion  ;  parce  qu'il  est  très- 
difTicile  de  mépriser  les  discours  et  les  railleries  que 
lancent  contre  ceux  qui  embrassent  la  vérité  ceux  que 
l'esprit  d'aveuglement  retient  dans  le  parti  de  l'erreur. 

L'association  de  la  Propagation  de  la  Foi  étant  comme 

l  st.  Aug.  contrà  Epist.  fund.  Cap.  2. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  193 

un  puissant  corps  d'armée  qui  a  combattu  avec  tant  de 
succès  l'esprit  d'orgueil  qui  se  manifeste  par  la  révolte 
contre  l'Eglise  de  Dieu,  qui  est  la  colonne  et  le  soutien  de 
la  vérité,  nous  éprouvons  une  ferme  confiance  que  si 
vous  vous  enrôlez  dans  les  sociétés  de  Tempérance  et  de 
charité,  que  nous  établissons  par  ce  Mandement,  nous 
détruirons  deux  formidables  ennemis  qui  nous  restent  à 
vaincre,  savoir,  l'intempérance  et  la  soif  des  richesses.  Le 
présent  Mandement  est  comme  la  trompette  qui  vous 
avertit  que  l'heure  du  grand  combat  est  arrivée  ;  qu'il  est 
temps  de  se  ranger  sous  la  bannière  de  Jésus-Christ  pauvre 
et  abreuvé  de  fiel,  pour  combattre  le  démon  de  l'intem- 
pérance et  le  dieu  des  richesses.    Levez  les  yeux  de  la 
foi  et  voyez  combien  est  petit  le  nombre  de  ceux  qui 
suivent  ce  chef  incomparable  ;  et  au  contraire  combien 
est  grand  le  nombre  des  partisans  de  Satan,  qui  marchent 
aveuglément  sous  son   étendard,  disant  dans  leur  joie 
insensée,  comme  les  intempérans  dont  Isaie  nous  a  fait  le 
portrait  :  Mangeons  et  buvons,  car  demain  nous  mourrons  1. 
Nous  aurions  honte  sans  doute  de  laisser  presque  seul 
notre  divin  Capitaine  combattre  cet  ennemi  acharné  à 
notre  perte.    Nous  nous  empresserons  sans  doute  de  nous 
engager  à  son  service  pour  lui  aider  à  détruire  le  règne 
de  ces  puissants  ennemis  de  sa  gloire.  Nous  aurons  tous 
sans  doute  du  zèle  pour  aller  détacher  du  parti  de  Satan 
nos  frères  qui   ont  le   malheur  d'être   les  esclaves  de 
l'ivrognerie,  ou  qui  vivent  dans  l'oubli  des  devoirs  de  la 
charité  Chrétienne.    Le  temps  est  venu  de  vous  déclarer  : 
il  n'y  a  plus  a  balancer.    Malheur  à  celui  qui  voudra 
combattre  seul  et  hors  des  rangs  :  Vœ  soli  2  :  car  il  périrait 
comme  ces  infortunés  Juifs  qui,  jaloux  de  la  gloire  des 
frères  Machabées,  voulurent  se  signaler  en  attaquant  seuls 
et  sans  ordre  les  ennemis  de  leur  nation  3. 

Voici  maintenant,  NosTrès-Chers  Frères,  les  principales 

1  Isai.  22,  13. 

2  Eccl.  4,  10. 

2.  I.  Mach.  5,  62. 


194  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

raisons  qui  nous  ont  engagé  à  établir  les  Associations  de 
Tempérance  et  de  Charité^  qui  vont  désormais  devenir 
l'objet  de  notre  sollicitude. 

D'abord  pour  ce  qui  regarde  la  société  de  Tempérance^ 
nous  croyons  devoir  vous  la  proposer  pour  les  motifs  sui- 
vants : 

1.  Les  succès  prodigieux  qu'à  obtenus  cette  société  en 
Irlande  où  plus  de  sept  millions  d'hommes  combattent  gé- 
néreusement sous  sa  bannière  pour  déraciner  l'ivrognerie 
de  ce  beau  mais  infortuné  pays,  les  bénédictions  (Jue  lui 
a  donnés  Notre  Saint  Père  le  Pape,  les  honneurs  dont  il 
a  comblé  le  célèbre  Père  Mathieu,  qui  en  est  le  fondateur 
chez  les  catholiques,  et  le  renouvellement  heureux  et 
consolant  qu'elle  opère  en  tous  les  lieux  où  elle  s'établit, 
nous  font  croire  que  cette  œuvre  est  divine,  et  qu'elle  est 
un  de  ces  moyens  extraordinaires  que  Dieu  à  donnés  au 
monde,  dans  sa  miséricorde,  pour  le  régénérer,  et  auquel 
par  conséquent  nous  devons  recourir,  pour  remédier  à 
nos  maux  spirituels.  A  la  vérité,  cette  société  a  origine 
chez  nos  frères  séparés.  Cette  circonstance  ne  prouve 
rien  contre  elle  ;  mais  montre  seulement  que  ces  frères 
séparés  de  nous  ont  leur  zèle  pour  le  renouvellement  des 
mœurs  et  la  régénération  des  peuples.  Elle  nous  donne 
cette  confiance  que  Dieu,  qui  récompense  un  verre  a'eau 
froide  donné  au  pauvre  pour  son  amour,  récompensera 
ce  zèle  pour  les  maux  publiques  en  fesant  briller  de  nou- 
veau le  flambeau  de  la  foi  aux  yeux  de  ces  nations  tombées 
malheureusement  depuis  plusieurs  siècles  dans  des  erreurs 
damnables  que  l'Eglise  a  été  obligée  de  frapper  de  ses 
anathèmes,  afin  de  conserver  intact  le  dépôt  sacré  de  la 
révélation. 

2.  Ce  qui  nous  fait  encore  espérer  fermement  que  la 
société  aura  ici  de  grands  et  heureux  résultats,  comme  en 
Irlande,  c'est  que  le  Souverain  Pontife  a  daigné  la  bénir 
et  l'approuver  d'une  manière  spéciale  pour  ce  Diocèse. 
En  lui  rendant  compte  de  notre  administration,  nous 
l'avons  informé  que   les  belles  qualités  et  les   mœurs 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  D(3CUMENTS.  195 

douces  de  notre  peuple  étaient  malheureusement  ternies 
par  l'ivrognerie  qui  est  la  passion  dominante.  Ce  père 
tendre  et  compatissant  à  toutes  les  misères  spirituelles  de 
ses  enfants,  en  quelque  lieu  du  monde  qu'ils  se  trouvent, 
leva  les  yeux  au  ciel,  d'où  lui  vient  tout  son  secours  pour 
remédier  aux  maux  de  l'église,  et  poussa  un  profond 
soupir,  en  apprenant  qu'il  régnait  ici  un  si  grand  désordre 
Sans  doute  que  ce  soupir  du  Père  commun  des  fidèles  a 
touché  le  cœur  de  Dieu  et  l'a  disposé  à  nous  accorder  ces 
grâces  abondantes,  qui  nous  sont  nécessaires  pour  l'éta- 
blissement solide  de  la  société  de  Tempérance,  qu'il  a 
bien  voulu  encourager  en  l'enrichissant  de  précieuses 
indulgences. 

3.  En  établissant  cette  association  pour  tout  le  Diocèse 
et  en  lui  donnant  des  règles  uniformes,  nous  pensons  que 
cette  uniformité  en  fera  la  force  et  en  assurera  le  succès. 
Les  actes  multipliés  de  mortification  qu'elle  exige,  les 
prières  qu'elle  prescrit,  les  communions  qu'elle  fera  faire, 
attireront  sur  les  associés,  des  grâces  puissantes  pour  for- 
tifier les  faibles.  Cette  union  de  bonnes  œuvres  obtien- 
dra le  secours  du  ciel  pour  que  les  personnes  constituées 
en  autorité  fassent  leur  devoir  et  ne  donnent  de  licences 
qu'à  ceux  qui  sont  capables  de  maintenir  l'ordre  dans 
leurs  maisons;  pour  que  les  aubergistes  ne  se  laissent 
pas  dominer  par  le  désir  du  gain,  en  vendant  les  jours 
consacrés  au  Seigneur,  en  souffrant  des  discours  impudi- 
ques, des  blasphèmes,  des  jeux  défendus  et  autres  désor- 
dres. L'association  réformera  cette  fausse  idée  populaire 
qui  fait  croire  que  l'on  ne  peut  recevoir  poliment  ses 
parents  et  ses  amis  sans  leur  offrir  des  liqueurs  et  sans  en 
boire  avec  eux.  Que  de  désordres  sont  causés  par  cette 
funeste  habitude. 

4.  Nous  proposons  deux  dégrés  de  tempérance,  l'un 
pour  ceux  qui  veulent  faire  de  grands  sacrifices  pour 
l'amour  de  Dieu,  en  s'engageant  à  ne  jamais  user  de 
liqueurs  fortes,  et  l'autre  pour  ceux  que  des  raisons  de 
santé  ou  autres  empêchent  de  prendre  cet  engagement  si 


196  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

parfait,  et  qui  se  contentent  de  promettre  de  ne  jamais 
faire  d'excès  d'intempérance  ;  et  s'assujétissenl  pour  cela 
aux  règles  de  l'association.  Les  personnes  qui  ont  un 
grand  zèle  pour  le  salut  du  prochain,  et  qui  considèrent 
qu'en  s'imposant  pour  pénitence  de  ne  jamais  user  de 
boissons  enivrantes,  elles  pourront  travailler  efficacement 
à  la  conversion  de  beaucoup  d'ivrognes,  s'imposeront 
volontiers  un  sacrifices  qui,  quoique  très-pénible  à  la  na- 
ture, est  cependant  bien  léger,  si  on  le  compare  avec  ce 
que  notre  Seigneur  a  fait  pour  le  salut  de  ces  pauvres 
pécheurs.  Ceux  à  qui  l'expérience  démontre  qu'ils  ne 
sauraient  être  vraiment  tempérants  qu'en  s'agrégeantàla 
Tempérance  totale  devront  se  trouver  heureux  d'être  asso- 
ciés avec  des  âmes  justes  qui  feront  pénitence  pour  eux. 
Gomme  les  sacrifices  qu'auront  à  faire  ceux  qui  embras- 
seront la  Tempérance  totale  demanderont  plus  de  combats 
et  que  pour  cela  il  leur  faudra  plus  de  moyens  pour 
assurer  leur  persévérance,  nous  leur  avons  donné  aussi, 
au  nom  du  Souverain  Pontife,  de  plus  grandes  faveurs. 

Quant  à  l'association  de  charité,  nous  croyons  devoir 
aussi  en  faire  une  œuvre  Diocésaine  ;  et  en  voici  les 
principales  raisons. 

1.  Depuis  longtemps  l'on  comprend  généralement  qu'il 
y  a  de  graves  inconvénients  à  ce  que  ceux  qui  sont  dans 
la  nécessité  aillent  demander  l'aumône  dans  des  Paroisses 
étrangères;  et  l'on  est  convaincu  que  chaque  paroisse  est 
en  état  de  soutenir  ses  pauvres.  Néanmoins  aucune 
mesure  n'a  encore  été  prise  pour  remédier  aux  maux 
étranges  qui  résultent  de  cet  état  de  choses.  En  vous 
proposant  la  présente  association,  nous  nous  flattons  de 
détruire  cet  abus  dans  sa  racine,  parceque  nous  vous 
engageons  à  ne  donner  l'aumône  qu'aux  pauvres  de  votre 
paroisse  et  à  ne  regarder  ceux  qui  viendront  d'ailleurs 
que  comme  des  vagabonds,  qui  ne  sortent  de  leur  paroisse 
que  parcequ'ils  y  sont  connus. 

2.  Chaque  année  un  grand  nombre  de  familles  viennent 
de  la  campagne  s'établir  en  ville.  îl  s'y  rend  aussi  un  bon 


4 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  197 

nombre  de  jeunes  gens  qui  cherchent  de  l'ouvrage  et 
surtout  beaucoup  de  jeunes  filles,  qui  ont  l'intention  de 
se  placer  en  service.  L'on  a  observé  que  ces  différentes 
personnes  courent  de  grands  dangers  pour  leur  vertu  ;  et 
qu'il  y  aurait  de  sages  précautions  à  prendre  pour  qu'elles 
conservassent  la  foi  et  la  piété  qu'elles  apportent  de  la 
campagne.  L'association  de  charité  que  nous  établissons 
pour  toutes  les  paroisses  de  la  campagne  devant  être  en 
rapport  avec  celle  de  la  ville,  il  sera  facile  aux  dames  de 
correspondre  entr'elles,  afin  que  l'expérience  des  personnes 
qui  arrivent  en  ville  ne  soit  pas  funeste  à  leur  innocence. 
Les  dames  de  la  ville  se  chargeant  de  procurer  des  maisons 
honnêtes  aux  filles  vertueuses  qui  viendront  de  la  campa- 
gne avec  de  bonnes  recommandations  des  Dames  de  la 
Charité  établies  dans  les  paroisses,  l'on  peut  concevoir  de 
grandes  espérances  que  leur  innocence  sera  mise  à  l'abri 
des  dangers  si  grands  auxquels  elles  sont  maintenant 
exposées.  Les  familles  pauvres  seront  également  préser- 
vées, par  leurs  sages  conseils,  du  malheur  de  se  loger  dans 
des  maisons  qui  n'offriraient  à  elles  et  à  leurs  enfants  sur- 
tout que  de  pernicieux  exemples  de  blasphèmes,  d'ivro- 
gnerie, de  mauvais  discours  et  d'autres  excès  scandaleux. 

3.  Ce  qui  fait  le  malheur  de  la  société  et  ce  qui  rend 
les  pauvres  méchants,  c'est  en  grande  partie  l'oisiveté. 
Chaque  paroisse  ayant  son  association  de  charité  pourra 
aisément  s'organiser  pour  les  faire  travailler  et  les  préser- 
ver par  là  des  vices  que  produit  la  paresse. 

Enfin,  sans  entrer  dans  plus  de  détails,  nous  ne  pouvons 
nous  dispenser  de  vous  faire  remarquer  que,  de  tout  temps, 
on  nous  a  reproché  de  n'avoir  pas  d'union,  de  manquer 
d'esprit  public  et  de  ne  savoir  pas  sympathiser  pour  tendre 
au  bien  général.  Nous  concevons  l'espérance  que  la  reli- 
gion formera  cet  esprit  d'association,  qui  fait  la  force  et  le 
bonheur  de  tout  peuple  qui  en  est  animé. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  nos  vénérables  Frères  les  Chanoines  de  la  Cathédrale, 
Nous  avons  établi  etétablissons,par  le  présent  Mandement. 


198  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES^, 

deux  associations  de  piété,  l'ane  que  nous  nommons 
Société  de  Tempérance  pour  détruire  le  vice  de  l'ivrognerie 
et  l'autre  que  nous  appelons  Association  ou  Confrérie  de 
Charité  pour  ranimer  le  zèle  des  bonnes  œuvres  dans 
toutes  les  parties  de  notre  diocèse  et  ne  faire  de  tous  ceux 
qui  le  composent  qu'une  seule  et  même  famille,  qui  n'aura 
qiûun  cœur  et  qu'une  âme.  Nous  avons  approuvé  et  approu- 
vons pour  chacune  de  ces  pieuses  sociétés  des  règles  par- 
ticulières pour  leur  bon  gouvernement;  et  nous  voulons 
pour  l'uniformité  qu'elles  soient  suivies  ponctueliemenl. 
Que  si  dans  certaines  localités  il  devenait  nécessaire  d'y 
faire  quelques  changements,  ils  devront  nous  être  soumis 
avant  de  faire  règle  dans  le  lieu  pour  lequel  ils  auront  été 
faits. 

Nous  donnons  aux  associés  de  la  Tempérance  et  de  la 
Charité  les  indulgences  plénières  et  partielles  mentionnées 
dans  les  règlements  cités  ci-dessus. 

Les  communautés,  en  observant  leurs  saintes  règles, 
remplissant  abondamment  les  vues  du  St.  Siège,  qui  en 
accordant  ces  indulgences  a  voulu  encourager  et  bénir 
toutes  les  œuvres  de  charité,  spirituelles  et  corporelles, 
pourront  participer  à  toutes  ces  indulgences.  Nous  leur 
recommandons  d'offrir  souvent  leurs  prières  pour  obtenir 
la  bénédiction  de  Dieu  sur  ces  associations. 

Pour  attirer  les  bénédictions  célestes  sur  ces  deux  œu- 
vres, nous  célébrerons,  dans  notre  Cathédrale,  le  deux 
Février  prochain,  qui  est  le  jour  où  nous  instituâmes 
l'Archiconfrérie  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie, 
qui  a  fait  couler  sur  nous  tant  de  grâces,  depuis  ce  jour 
fortuné,  une  grand'messe  solennelle  qui  sera  précédée  du 
chantdu  Veni  Creator  et  des  verset  et  oraison  du  St. Esprit. 
Nous  engageons  chaque  paroisse  a  en  faire  autant,  le  jour 
qui  sera  jugé  convenable. 

Tels  sont,  Nos  Très-Chers  Frères,  les  grâces  et  biens 
spirituels  que  nous  vous  communiquons  au  nom  de  Jésus- 
Christ  et  de  son  Vicaire  sur  la  terre.  Désormais,  les  quatre 
associations  diocésaines,  savoir:   La  Propagation  de   la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  100 

Foi,  l'Archiconfrérie  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de 
Marie,  la  Tempérance  et  la  Charité,  semblables  aux  quatre 
fleuves  qui  arrosaient  le  Paradis  terrestre,  après  être 
sortis  de  la  même  source,irontporterleurs  eaux  vivifiantes 
dans  toutes  les  parties  de  ce  diocèse  qui  en  se  régénérant 
deviendra  comme  un  jardin  fortuné,  et  produira  des  fruits 
de  toutes  vertus,  qui  seront  beaux  à  la  vue  et  délicieux 
au  goût.  Puissent  ces  fleuves  d'eau  vive,  qui  prennent 
leur  source  au  trône  de  Dieu  même  et  coulent  vers  nous 
en  passant  par  le  Cœur  de  Marie,  fertiliser  toutes  les  par- 
ties de  ce  vaste  diocèse  !  Puissent  ces  eaux  vivifiantes 
répandre  partout  la  paix,  la  joie,  l'abondance  et  tous  les 
fruits  de  salut!  Alors  nous  nous  réjouirone,  avec  le  grand 
Apôtre,  de  ce  que  vous  avez  été  enrichis  de  toutes  sortes  de 
biens.  1 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  Prône  des  Eglises 
Cathédrale  et  Paroissiales  et  au  Chapitre  dans  toutes  les 
communautés  religieuses,  le  premier  dimanche  après  sa 
réception. 

Donné  à  Montréal,  le  vingt-cinq  Janvier,  mil  huit  cent 
quarante-deux,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing 
de  notre  secrétaire. 

-j-  Ict.  Evèque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur., 

A.  F.  TRUTE.A.U,  Chan.  Sec. 


Vraie  copie.,] 


A.  F.  Trute.^u,  Chan.  Sec. 


1. 1  Cor.  I,  .1. 


200  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT  DE  VISITE  PASTORALE. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  S(. 
Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Ayant  plu  à  Jésus-Christ  le  souverain  Pasteur  et  T  Eve  que 
de  nos  unies  1,  de  Nous  charger,  malgré  notre  indignité, 
du  gouvernement  de  cette  Eglise,  en  Nous  faisant  connaî- 
tre sa  volonté  par  la  bouche  de  son  vicaire  sur  la  terre, 
Nous  comptons  tellement  sur  la  promesse  qu'il  a  faite  à 
ses  Apôtres  et  à  tous  leurs  successeurs  dans  le  St.  Minis- 
tère, d'être  tous  les  jours  avec  eux,  jusqu'à  la  fin  dumonde  2, 
que  Nous  espérons  fermement  pouvoir,  à  son  exemple, 
donner  la  vie  à  toutes  nos  brebis  et  la  leur  donner  avec  la  plus 
■grande  abondance  3. 

Ce  divin  modèle  qui  se  fait  connaître  à  Nous  sous  la 
qualité  si  aimable  de  Bon  Pasteur.,  ayant  passé  les  trois 
années  de  sa  vie  publique  à  parcourir  les  villes  et  les 
bourgades  4,  prêchant  partout  que  le  Royaume  des  Gieux 
approchait,  courant  après  les  brebis  égarées  de  la  Maison 
d'Israël  5,  signalant  son  passage  par  des  bienfaits  sans 
nombre,  Nous  en  concluons  que  pour  lui  ressembler. 
Nous  devons  visiter  assidûment  les  brebis  dont  il  Nous  a 
confié  la  garde.  D'ailleurs,  il  Nous  avertit  lui-même 
qu'étant  le  bon  pasteur,  il  commit  ses  brebis  6,  et  que  ses  brebis 
le  connaissent,  qu'elles  entendent  sa  voix  et  qu'elles  le  suivent; 
que  pour  lui  il  leur  donne  la  vie  étemelle.  Or,  Nous  ne 
pourrions  Nous  acquitter  de  ce  devoir  si  important,  si 

1.  Pet.  -2.  5. 

2.  Math.  28,  20. 

3.  Joan.  10,  10. 

4.  Math.  4,  17 

5.  Id.  10,  6. 

C.  Joan.  10,  14. 


Il 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  20 1 

Nous  ne  Nous  rendions  auprès  de  vous,  pour  connaître 
tous  vos  besoins  et  y  remédier  par  l'exercice  de  nos  sainte& 
fonctions. 

Aussi  Dieu  Nous  est  témoin,  Nos  Très-Chers  Frères,  que 
Nous  Nous  souvenons  sans  cesse  de  vous  1,  lui  demandant 

toujours  dans  nos  jjrières qu'il  Nous  facilite  les  moyens 

d'aller  vers  vous  :  car  nous  désirons  vous  voir,  pour  vous  faire 
part  des  grâces  spirituelles,  attachées  à  notre  St.  Ministère, 
afin  de  vous  affermir  dans  la  pratique  de  vos  devoirs  reli- 
gieux  et  de  nous  consoler  mutuellement  les  uns  les  autres 

par  la  foi  qui  nous  est  commune. 

C'est  avec  ces  sentiments,  Nos  Très-Chers  Frères,  que 
Nous  entreprenons  de  faire  la  visite  pastorale  dans  votre 
paroisse  "2  ;  et  Nous  vous  avertissons,  au  nom  de  l'Eglise, 
que  l'objet  de  cette  visite  est  :  1"  d'accorder  aux  âmes  de 
ceux  qui  sont  décédés  dans  la  paix  du  Seigneur  la  rémis- 
sion des  peines  qu'elles  endurent  pour  achever  de  se  puri 
fier  ;  2"  de  voir  si  vous  entretenez  avec  zèle  la  Maison  du 
Seigneur  et  tout  ce  qui  sert  à  son  culte  ;  3"  de  rechercher 
s'il  y  a  parmi  vous  des  désordres  publics,  tels  que  des 
adultères,  fornications  et  sacrilèges,  afin  d'user  de  toute 
l'autorité  dont  le  Seigneur  Nous  a  revêtu,  pour  corriger 
ces  scandales  qui,  sans  cela,  produiraient  la  ruine  de  vos- 
âmes  ;  4"  de  faciliter  aux  grands  pécheurs  les  moyens  de 
se  réconcilier  avec  Die^^  par  l'absolution  des  censures  et 
cas  réservés,  que  Nous  aurons  la  consolation  de  leur 
donner,  s'ils  s'y  préparent  par  de  dignes  fruits  de  péni- 
tence :  de  Nous  montrer  à  notre  peuple  avec  les  entrailles 
de  la  charité  de  Jésus-Christ  3,  toujours  prêt  à  entendre 
ceux  qui  auront  besoin  de  nos  avis  dans  les  nécessités 
spirituelles  ;  5«  d'administrer  la  Confirmation  à  ceux  qui 
ne  l'ont  point  encore  reçue,  et  qui  s'y  seront  préparés  en 
acquérant  la  science  et  les  vertus  qu'exige  ce  grand  sacre- 
ment. Vous  voyez,  Nos  Très-Chers  Frères,  que  l'Eglise 

1.  Rom.  1,  9,  10,  11,  12. 

2.  Pont.  Romain. 

3.  Philip.  1,  8. 


202  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

est  toute  occupée  de  vos  plus  chers  intérêts,  quand  elle 
envoie  les  premiers  pasteurs  vous  porter  les  secours  de  la 
religion  ;  et  que  cette  bonne  mère  étend  sa  compassion  et 
sa  tendresse  jusqu'aux  âmes  de  vos  parents  et  amis,  qui 
partagent  avec  vous  tous  les  biens  célestes  que  nous  allons 
vous  distribuer. 

Mais  pour  participer  à  tant  d'avantages,  vous  devez,  Nos 
Très-Ghers  Frères,  préparer  les  voies  du  Seigneur  1,  et 
rendre  droits  ses  sentiers.  Voici  un  temps  bien  favorable  2  ; 
voici  des  jours  de  salut  qui  vous  arrivent  ;  car  voici  Jésus- 
Christ  lui-même  qui,  sous  l'humilité  de  notre  personne, 
va  visiter  votre  paroisse,  faisant  du  bien  à  tous,  et  guéris- 
sant tous  eeux  qui,  par  leurs  criminelles  habitudes,  se 
seront  mis  sous  l'esclavage  du  démon. 

Redoublez  de  ferveur,  vous,  bons  et  fidèles  serviteurs 
de  Jésus-Christ.  Voici  V époux  de  vos  âmes  gui  arrive  : 
allez  au-devant  de  lui  3,  en  augmentant  ces  trésors  de  bonnes 
œuvres  dont  vous  vous  enrichissez  tous  les  jours  pour  le 
Ciel.  Sondez  bien  vos  cœurs;  et  vous  y  trouverez  une 
multitude  de  fautes  qui  vous  feront  gémir,  parce  qu'elles 
contristent  l'Esprit-Saint.  Humiliez-vous  donc  sous  la  main 
puissante  de  Dieu,  afin  qu'il  vous  exalte  au  temps  de  sa 
visite  4. 

Et  vous,  pauvres  pécheurs,  qui  traînez  des  jours  si  mal- 
heureux sous  le  joug  de  vos  passions,  ô  pécheurs,  le  plus 
tendre  objet  de  notre  sollicitude,  parce  que  vous  êtes 
dans  un  danger  éminent  de  vous  perdre  éternellement,  le 
Seigneur  Nous  charge  de  vous  faire  entendre  cette  pres- 
sante exhortation.  Convertissez-vous  à  moi  de  tout  votre 
cœur  5,  recourez  au  jeûne,  aux  pleurs  et  aux  géinissements^ 
et  déchirez  vos  cœurs  par  le  repentir  amer  de  vos  longs 
égarements.    S'il  en  est  parmi  vous  qui  aient  eu  le  mal- 

1.  Isaï.  40,  3. 

2.  2  Cor.  6,  2. 
.3  Math.  25,  6. 

4  1  Pet.  5,  6. 

5  Joël.  2,  12,  13 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  203 

heur  de  profaner  les  sacrements,  le  temps  précieux  de  la 
Visite  vous  est  offert  pour  sortir  de  ce  funeste  état. 

Gomme  la  charité  de  Jésus-Christ  Nous  presse  1,  Nous 
vous  exhortons  tous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  mettre 
ordre  aux  affaires  de  vos  consciences,  en  travaillant  à 
résister  à  tous  vos  mauvais  penchants,  en  réparant  les  torts 
que  vous  avez  faits  au  prochain,  en  pardonnant  de  bon 
cœur  à  tous  vos  ennemis,  en  renonçant  aux  dissentions 
qui  ont  régné  parmi  vous,  en  redonnant  à  vos  Pasteurs  la 
confiance  que  méritent  les  soins  qu'ils  se  donnent  pour 
votre  salut  éternel,  en  vous  éloignant  des  maisons  où 
jusqu'ici  vous  avez  fait  des  excès  d'intempérance  et  d'ivro- 
gnerie, en  abandonnant  ces  fréquentations  où  votre  inno- 
cence a  fait  si  souvent  un  triste  naufrage,  en  fuyant  ces 
modes  indécentes,  ces  compagnies,  ces  jeux,  ces  divertis- 
sements qui,  hélas!  vous  furent  toujours  si  funestes. 
Enfin,  Nous  vous  conjurons,  avec  l'Apôtre  St.  Pierre,  de 
vous  abstenir  des  désirs  charnels  qui  combattent  contre  Vdme  2. 
Mais  ce  n'est  pas  tout  de  ne  pas  faire  le  mal,  vous  devez 
de  plus  laire  le  bien,  pour  vous  disposer  aux  grâces  abon- 
dantes, que  Nous  allons  vous  porter  au  Nom  du  Seigneur. 
Pour  cela,  reprenez,  Nous  vous  en  conjurons,  la  pratique 
de  vos  devoirs  religieux.  Soyez  assidus  aux  Saints  Offices  ; 
recourez  au  Sacrement  de  Pénitence  ;  mortifiez-vous,  en 
pratiquant  plus  scrupuleusement  les  jeûnes  et  l'abstinence 
de  l'Eglise  ;  rachetez  vos  péchés  par  des  aumônes,  suivant 
vos  moyens  ;  implorez  la  miséricorde  divine  par  des  prières 
ferventes,  et  intéressez  en  votre  faveur  la  Mère  de  Dieu, 
en  lui  offrant  chaque  jour,  en  famille,  l'excellente  prière 
du  Ghapelet.  Nous  finissons  par  uoiis  conjurer  3,  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  de  nous  aider  par  les  prières  que  vous  ferez  à 
Dieu  pour  Nous afin  qui' étant  plein  de  joie,  nous  puis- 
sions vous  aller  voir,  pour  accomplir  la  volonté  de  Dieu,  et 
jouir  avec  vous  d'une  consolation  mutuelle.  En  attendant, 
que  la  paix  de  Dieu  soit  avec  vous  tous.    Amen. 

[  1  Cor.  5,  14. 

2  1  Pet.  2,  11. 

3  Rom.  15,  30,  32,  33. 


204  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

A  ces  causes,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  Nous  avons 
statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  réglons  et  ordonnons 
ce  qui  suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite. 

1" — Nous  Nous  rendons  à  le  prochain, 

après  midi.  Environ  uce  demi-heure  après  notre  arrivée, 
on  fera  une  instruction  familière  ou  conférence,  à  l'issue 
de  laquelle  Nous  ferons  notre  entrée  à  l'Eglise  en  la 
manière  prescrite  dans  le  Rituel  :  puis,  après  une  courte 
exhortation,  nous  donnerons  la  Bénédiction  du  St.  Sacre- 
ment. 

2o — Le  lendemain,  il  y  aura  des  messes  distribuées 
dans  la  matinée  pour  la  commodité  des  communiants.  A 
dix  heures,  la  messe  de  la  Visite  et  le  sermon  :  après  quoi, 
Nous  donnerons  la  Confirmation  aux  personnes  à  jeun, 
préparées  par  les  confesseurs,  et  jugées  suffisamment 
instruites  par  leur  Curé,  dont  elles  présenteront  un  billet. 
Nous  réglerons  sur  les  lieux  les  autres  exercices  de  la 
visite. 

30 — Nous  ferons  dans  le  temps  qui  nous  sera  le  plus 
commode,  la  visite  du  Tabernacle,  des  ornements,  des 
fonds  baptismaux  et  du  cimetière,  ainsi  que  l'examen  des 
comptes  de  la  Fabrique,  que  les  marguilliers  tiendront 
prêts  à  Nous  être  présentés.  M.  le  Curé  pourvoira  aussi  à 
ce  qu'un  inventaire  du  linge  et  des  ornements  de  TEglise 
soit  dressé,  aussi  bien  qu'un  tableau  des  indulgences  et 
messes  de  fondation,  s'il  y  en  a.  Nous  rechercherons  par- 
ticulièrement si  les  ordonnances  données  par  Nos  Sei- 
gneurs les  Evêques  dans  les  visites  précédentes  ont  été 
exécutées. 

40 — Messieurs  les  Curés  auront  soin  de  préparer  par  de 
fréquents  catéchismes  ceux  qui  se  disposent  à  la  Confir- 
mation, et  de  conserver  les  billets  qui  renferment  les  noms 
des  confirmés,  pour  les  inscrire  ensuite  sur  les  registres 
de  la  paroisse. 

50 — Les  confesseurs  nommés  pour  la  visile  auront,  tant 
qu'elle  durera,  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures  et  cas 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  20b 

réservés,  et  les  facultés  les  plus  amples  pour  la  réconci 
lialion  des  pénitents. 

6° — Par  un  Induit  du  Souverain  Pontife,  tous  les 
fidèles  qui,  s'étant  confessés  avec  une  véritable  contrition^ 
communieront  pendant  la  visite,  et  prieront  pour  les. 
nécessités  de  l'Eglise  suivant  son  intention,  gagneront 
une  indulgence  plénière. 

70 — Voulant  favoriser,  autant  qu'il  est  en  Nous,  la 
dévotion  des  fidèles  envers  la  Ste.  Vierge,  Nous  Nous 
fesons  un  devoir  d'appliquer,  chaque  jour  de  la  visite,  les 
indulgences  aux  Croix,  chapelets  et  médailles  qui  nous 
seront  présentés,  pourvu  que  l'on  se  conforme  à  ce  qui 
est  prescrit  dans  la  feuille  ci-jointe. 

80 — Chaque  paroisse  ou  mission,  après  que  Nous  l'aurons 
visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre  suite 
les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la  paroisse 
suivante. 

90 — Nous  terminerons  la  visite  le  avant  midi,  par 

le  salut  ou  la  bénédiction  du  St.  Sacrement. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  pubUé  au  prône  de  la 
messe  paroissiale,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le 
contre-seing  de  notre  secrétaire,  le  dix-neuf  mars  mil  huit 
cent  quarante-deux. 

j;-    ÎG.    EvÊQUE    DE    MoNTRÉAL. 

Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec, 


DIVERSORUM  CASUUM   SOLUTIONES. 

Ihrtus  cUversarum  decisionum  sacrœ  Riluum  congregalionis  circa 
varias  inclulgenliarum  casus,  quique  receniiiis  clero  hitjus  diœ' 
cesis  iradiius  est,  sic  se  liabendus  el  reformandus  est  : 

«  Quœritur   1"  Utrùm   sacerdos   satisfaciat    obligation! 

celebrandi  Missam  pro  defuncto,  servando  ritum  feriœ 

vel  cujuscumque  sancti  etiamsi  non  sit  semiduplex  vel 

duplex? 

15 


1 


206  MA.NDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  Quseritur  2»  Utrùm  qui  privilegium  habet  personale 
pro  quatuor  Missis  in  hebomadis  singulis,  debeat  cum  para- 
mentis  nigro  colore  celebrare,  diebus  non  impeditis,  ut 
possit  indulgentiam  plenariam  pro  animabus  def unctorum 
lucrari  ? 

«  Quœritur  3°  Utrùm  qui  célébrât  in  Altari  privilegiato 
pro  singulis  diebus,  debeat  semper  uti  paramentis  nigris, 
diebus  non  impeditis,  ut  indulgentiam  privilegii  conse- 
quatur  ? 

«  Quseritur  4»  Utrùm  ad  lucrandam  indulgentiam  ple- 
nariam Orationi — 0  bone  et  dulcissime  Jesu....  concessam, 
necesse  sit  aliam  orationem  addere  prointentione  summi 
Pontificis  ? 

(t  Quseritur  5°  Utrùm  ad  indulgentias  applicabiles  cru- 
cibus,  rosarlis,  etc.,  alius  ritus  sit  necessarius  prœterquam 
signum  crucis  à  sacerdote  qui  hanc  facultatem  accepit, 
factum  ? 

«  Quseritur  6°  Utrùm  indulgentia  concessa  cadat  solum 
in  Gbristo  ex  œre,  ligno  vel  aliaquâque  materiâ  facto,  ità 
ut  possit  ex  unâ  cruce  in  aliam  transferri  absque  periculo 
amittendi  indulgentiam  ipsi  collatam? 

«  Sacra  congregatio  indulgentiis  sacrisque  reliquiis 
prœposita  ad  superiora  dubia  sic  respondendum  esse  cen- 
suit. 

a  Ad  primum. — Affirmative.  «  Ad  quartum. — Négative. 
«  Ad  sectindum. — Négative.  «  Ad  quintum. — Négative. 
«  Ad  tertium. — Ut  in  secundo.    «  A  sextum — Affirmative. 

«  In  quorum  fidem,  etc.  Datum  Romœ  ex  secretariâ 
ejusdem  sacrée  congregationis  indulgentiarum,  die  II 
aprilisi840. 

«  Loco  '\-  sigilli.  )! 

«  G.  Gard.  G.-vstracane,  prxfectus. 
«  Hannibal  Gin'nasi,  secret. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  207 

AllcV  eirca  varia  dubia  soluliones. 

«  Dabium  I.  Per  DecretumS.  Gongregationis  Indulgen- 
tiarum  datum  die  12  jnnii  1822  conceditur,  confessioiiem 
sacramentalem  peractam  infra  hebdomaden}  antefestivitatem 
suffragari  posse  ad  Indulgentiam  lucrandam. 

«  Quceritur  l^^  An  verba  infra  hebdomadem — significent 
octo  dies  tantum,  quœfestivitatem  immédiate  pr^ecedunt  : 
an  vero  hebomadem  illam  îotam  et  integram,  quœ  ante 
Festum  decurrit,  ita  ut  ex.  gr.  confessio  facta  die  Dominica 
suffragetur  ad  lucrandam  Indulgentiam  die  sabbati  hebdo- 
madœ  sequentis,  in  quam  diem  Festum  incideret,  tametsi 
tune  13  dies  inter  confessionem  et  Festivatatem  interces- 
sissent. 

«  Quseritur  2"^  An  confessio  octavo  die  ante  Festivitatem 
peracta  vi  hujus  indulti  suffragetur  tantum  ad  unam 
Indulgentiam  lucrandam,  an  vero  per  hanc  confessionem 
aliœ  etiam  lucrifieri  possint  Indulgentiœ,  quœ  infra  prte- 
dictum  tempus  occurrent,  et  ad  quas  lucrandas  sacr-imen- 
talis  confessio  cœteroquin  requireretur. 

<(  Dabium  II.  Quœritur  an,  cum  in  Bulla  vel  Brevi  quo 
conceditur  Indulgentia,  confessio  tanquam  conditio  sîiic 
qua  non  prœscribitur,  necessesit  utsacramentalisabsolutio 
pcenitentibus  detur  ad  Indulgentiam  lucrandam. 

Sacra  Gongregalio  Indulgentiis  sacrisque  Reliqniisprœ- 
posita  respondendum  esse  censuit  : 

((  Ad  dubium  primum  : 

«Ad  primum. — Affirmative  quoad  primam  partem  ;  ne 
gativè  quoad  secundam  ; 

«  Ad  secundum. — Négative  quoad  primam  ;  affirmative 
quoad  secundam  ; 

«  Ad  dubium  secundum  : 

«  Respondetur  :  Négative. 

«  In  quorum  fidem,etc.  Datum  Romœ  ex  Secret,  ejusdem 
sacrœ  Gongregationis  Indulgentiarum,  die  15  decembris 
1841. 

«  G.  Gard.  Gastracane,  Prssf, 


208  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Responsa  S.  RU.  Congr.  ad  dubia  a  RR.  DD,  Episcopo  Cœnomanensi 
inferius  prœfala,  qnx  uliima  cdilio  induUj.  Iraclalus  non 
conlinel. 

»  Beatissime  Pater. — In  variis  Galliarum  diœcesibus  et 
specialiter  in  diœcesi  Cenomanensi,  permultœ  extant  con- 
fraternitates  SS.  Rosarii,  B.  M.  de  Monte  Çarmelo,  SS. 
Gordis  Jesu,  etc. 

((  Diversœ  ilke  confraternitates  ex  spécial!  S.  Sedis  facul- 
tate  ab  episcopis  cum  brevi  formula  fuerunt  erectœ  : 
nomina  confratrum  et  consororum  in  particularibus  regis- 
tris  inscribuntur,  sed  ad  directorern  archiconfraternitatis 
non  mittuntur,  nec  administratores  pro  unaquàque  frater 
nitate  eliguntur. 

«  Cenomanensis  episcopus,  omnes  fidelium  anxietates 
prcBcavere  aut  sedare  volens,  à  Beatitudine  Vestrâ  humi- 
liter  expostulat: 

«  lo  An  aliqua  determinati  formula  necessaria  fuerit 
sub  pœnâ  nullitatis. 

((  2o  An  necesse  sit  sub  eâdem  pœnâ  ut  administratores 
eligantur. 

«  In  utrâque  hypothesi,  omnes  fraternilates  nunc  erecta' 
essent  nullœ. 

«  3°  An.  episcopus  designare  possit  directorem  uniuscu- 
jusque  confraternitatis  suîe  diœcesis  sive  jam  existentis, 
sive  ab  ipso  ex  speciali  apostolicà  facultate  erectœ. 

«  4'^  An  director  ab  episcopo  sic  designatus  eo  ipso  rosaria 
cum  applicatione  indulgentiarum  et  scapularia  benedicere 
ac  imponere  possit. 

«  Valdè   optendum  est   ut  ciarœ   et  faciles    tradantur 
reo'ukc  circa  hoc  punctum  quotidinœ  praxis.  » 
•   «  Sacra  Gongregatio  Rituum  sacrisque  Reliquiis   pni'- 
posita  adprœfata  dubia  respondendum  esse  duxit  ut  infrà. 

((  Ad  primum  :  Négative,  quià  formula  prœscribitur 
tantùm  pro  erectione  sodalitatum  à  regularibus  pera- 
rendâ. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  209 

Ad  secundum  :  Négative,  quià  administratorum  electio 
erit  tantùm  ad  bonum  sodalitatum  regimen,  minime  vero 
ad  validitalem  erectionis  necessaria. 

«  Ad  tertium  :  Affirmative. 

(t  Ad  quartum  :  Négative,  nisi  in  liujusmodi  concessio- 
nibus  facta  sit  mentio  de  facultate  rectoribus  pro  tempore 
tradendâ  pro  rosariorum,  coronarum  seu  scapularium 
benedictione.  In  quorum  fidem..  Datum  Romœ  ex  secre- 
tariâ  S.  Congregationis  Indulgentiarum,  die  18  novemlDris 
1841. 

((  (Locus  sigilli.i  Sig.  G.  Gard.  Gastracane,  Prœf.,  H. 
GiNNASi,  Sec.» 

'(  Responsio  S.  Gongregaiionis  Indulgentiarum  circà 
altaria  privilegiata. 

Quœritur,  si  à  S.  Sede  indultum  locale  aitaris  privilégiât! 
concedatur,  neque  ulla  facta  sit  mentio  nec  in  supplie! 
libello,  nec  in  rescripto,  de  qualitate  aitaris  situe  fixum 
scilicet,  vel  portatile,  an  altare  censeri  posset  privilegia- 
tum,  etiamsi  sit  portatile. 

Resp.  S.  Gongregatio  :  Négative. 

In  quorum  fidem,  etc.  Datum  Romae,  etc.,  1841.» 


GIRGULAIRE 


A    MESSIEURS    LES    CURES,    MISSIONNAIRES   ET   AUTRES   PRETRES 
DU    DIOCÈSE   DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  2  Avril  1842. 
Monsieur., 

Dans  ma  circulaire  du  5  Janvier,  je  vous  informais  que 
les  Frères  des  Ecoles  Glirétiennes  étaient  prêts  à  ensei- 
gner leur  méthode  à  ceux  de  nos  instituteurs  que  nous 
jugerions  à  propos  de  leur  confier.  Pour  faciliter  à  ces 
instituteurs  le  moyen  de  passer  quelque  temps  à  Montréal 
pour  se  former  sous  ces  habiles  maîtres,  j'offrais  la  maison 
d'école  qui  est  sur  le  terrain  de  Févêché,  pour  qu'ils  y  fus- 


2J0  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sent  sous  la  direction  d'un  prêtre,  qui  dans  leur  temps 
libre  donnerait  des  leçons  de  cérémonies  et  de  plain-chant. 
Il  m'a  fallu  attendre  vos  réponses  avant  de  tenter  cette 
entreprise.  Maintenant  que  j'ai  la  certitude  qu'un  certain 
nombre  de  bons  sujets  se  décident  à  se  rendre  à  mon  invi 
tation,  je  vous  informe,  par  la  présente,  que  nous  serons 
prêts  à  recevoir  tous  ceux  que  vous  nous  adresserez,  le 
1er  Mai  prochain.  La  pension  sera  de  sept  piastres  par 
mois. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  transmettre  quelques 
décrets  de  la  S.  Congrégation  des  Rites,  qui  vous  serviront 
à  résoudre  certaines  difficultés  qui  peuvent  quelquefois 
s'élever  sur  les  indulgences.  11  sont  tirés  de  VAmi  de  la 
Religion^  dans  son  numéro  du  19  Octobre  1841. 

«  1°  Quceritur:  Utrum  ad  lucrandam  indulgenciam  ple- 
nariam,  orationi  :  0  bone  et  dulcissime  Jesii^  etc.,  concessam, 
necesse  sit  aliam  orationem  addere  pro  intentione  summi 
Pontificis  ? 

«Sacra  congregatio  Indulgentiarum et  SS.  Reliquiarum 
respondit  :  Négative.  Die  11  aprilis  1840. 

«20  Quœritur  :  Utrum  sacerdos  satisfaciat  obligationi 
celebrandi  Missam  pro  defuncto,  servando  ritum  Feriae 
vel  cujuscumque  Sancti,  etiamsi  non  sit  Semiduplex  aut 
Duplex  ? 

«R.  Affirmative. 

«  3°  Utrum  qui  privilegium  habet  personale  pro  quatuor 
Missis  in  hebdomadis  singulis,  debeat  cum  paramentis 
colore  nigro  celebrare,  diebus  non  impeditis,  ut  possit 
indulgentiam  plenariam  pro  animabus  defunctorum  lu- 
crari  ? 

«  R.  Négative. 

«4°  Utrum  qui  célébrât  in  altariprivilegiato  pro  singulis 
diebus,  debeat  semper  uti  paramentis  nigris,  diebus  non 
impeditis,  ut  indulgentiam  privilegii  consequatur? 

«R.  Négative. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  511 

«  5°  Utrum  indulgentia  concessa  cadat  solùmin  Christo, 
œre,  ligno,  vel  alia  quaque  materia  facto,  ita  ut  possit  ex 
ima  cruce  in  aliam  transferri,  ahsque  periculo  amittendi 
indulgentiam  ipsi  collai am  ? 

((Et  sacra  congregatio  Indulgentiarum  et  SS.  Reliquia- 
rum  respondit  :  Affirmative.  Die  11  aprilis  1840. 

Sign.  Hannibal  Ginnasi,  secîT^.  » 

Je  crois  devoir  vous  prévenir  que  je  désire  introduire 
dans  le  diocèse  l'usage  du  chapeau  tricorne  et  du  manteau 
romain,  parce  que  cet  uniforme  me  parait  devoir  contri- 
buer à  relever  davantage  la  dignité  de  l'habit  ecclésiasti- 
que. Mais  je  ne  veux  point  en  faire  d'ordonnance,  laissant 
à  chacun  la  liberté  de  faire  là-dessus  ce  qu'il  jugera  le  plus 
convenable. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

Tg.  Evéque  de  Montréal. 
[Pour  copie.) 

A.  F.  Truteau,  Chan.  Secrétaire. 


MANDEMENT 


DE    MONSEIGNEUR   L  EVEQUE   DE    MONTREAL   POUR     LE 
JUBILÉ   DE    1842. 


Ignace  Bourget.,  par  la  wiséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  et  aux  Communautés  régulières  et  séculières  et  à  tous  les 
Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  bénédiction  en  Notre-Seigneur. 

Nous  avons  reçu  tout  dernièrement,  Nos  Très-Ghers 
Frères,  des  Lettres  Apostoliques  dans  lesquelles  Notre- 
Saint  Père  le  Pape  accorde  une  Indulgence  plénière  en 
forme  de  Jubilé  à  tous  les  peuples  catholiques,  afin  do  les 


212  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

engager  à  implorerle  secours  de  Dieu  pour  le  malheureux 
royaume  d'Espagne.  Nous  vous  l'avouons,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  la  lecture  de  ces  Lettres  que  nous  avons 
faite  à  genoux,  comme  si  nous  avions  été  aux  pieds  de 
Jésus  Christ,  a  fait  passer  dans  notre  cœur  le  sentiment 
de  la  profonde  douleur  qui  accable  celui  du  Père  com- 
mun des  fidèles. 

L'objet  de  ces  Lettres  est,  comme  vous  le  verrez,  de 
faire  connaître  les  maux  déplorables  dans  lesquels  est 
tombé  ce  royaume  autrefois  si  catholique  et  si  florissant 
en  môme  temps,  et  de  nous  en  indiquer  les  remèdes.  Le 
Saint  Père,  après  avoir  en  vain  tenté  divers  moyens  de 
ramener  à  leur  devoir  ceux  qui,  dans  ce  royaume  désolé, 
abusent  de  leur  autorité  pour  opprimer  l'Eglise  de  Dieu, 
croit  devoir  recourir  aux  prières  de  l'Eglise  universelle. 
Il  a  pour  se  modeler,  dans  un  acte  si  important,  l'exemple 
de  St.  Paul,  sur  le  tombeau  duquel  il  élève  une  Basilique 
dont  la  magnificence  fait  tant  d'honneur  à  ba  haute  piété 
et  à  son  goût  pour  les  beaux  arts.  Je  vous  en  conjure  donc, 
mes  frères,  disait  ce  grand  Apôtre  aux  fidèles  de  son 
temps,  par  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  et  par  la  charité  du 
St.  Esprit,  de  m'aider  par  les  prières  que  vous  ferez  à  Dieu 
pour  moi,  afin  que  je  sois  délivré  des  infidèles  1.  Aujourd'hui 
le  successeur  de  St.  Pierre  prouve  que  c'est  le  même 
esprit  qui  gouverne  maintenant  l'Eglise  qu'aux  temps 
apostoliques.  Car  si  pour  être  délivré  des  infidèles,  qui 
mettaient  obstacle  aux  progrès  de  l'Evangile,  St.  Paul 
avait  besoin  des  prières  des  chrétiens,  et  s'il  les  réclamait 
avec  tant  d'instance,  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  notre  glo- 
rieux Pontife,  pour  délivrer  l'Espagne  des  maux  dont 
l'abreuve  l'impiété  de  ce  siècle,  recourt  au  même  moyen. 
Voulant  porter  secours,  nous  écrit-il  à  tous,  à  nos  fidèles 
hien-aimés,  qui  tendent  depuis  si  longtemps  vers  nous  leurs 
mains  suppliantes,  nous  avons  résolu,  à  V exemple  de  nos  pré- 
décesseurs de  recourir  aux  prières  de  PEglise  universelle,  et 

I.  Rom.  15.30,31. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  213 

de  réveiller^  avec  tout  le  zèle  dont  nous  sommes  capable^  la 
piété  de  tous  les  catholiques  envers  cette  nation  affligée. 

La  voix  du  Pontife  qui,  semblable  à  la  tourterelle,  n'a 
à  opposer  à  la  violence  de  ces  hommes  impies  qui  oppri- 
ment la  religion,  que  les  plaintes  et  les  gémissements, 
sera  sans  doute  entendue  dans  toutes  les  parties  du  monde. 
Vox  turturis  audita  est  in  terra  nostrd  1.  Du  levant  au  cou- 
chant, des  millions  de  voix  se  mêlant  à  celle  de  ce  Bon 
Pasteur  qu'accable  le  sentiment  des  maux  que  souffre 
l'Eglise,  feront  une  sainte  violence  au  ciel.  Bientôt  le 
triomphe  de  l'Eglise  que  doit  assurer  cette  ligue  puissante 
d'âmes  ferventes  qui  vont,  de  tous  les  points  de  l'univers, 
crier  vers  le  ciel,  nous  permettra  de  dire  avec  l'accent  de 
la  foi  la  plus  vive  :  Pourquoi  les  nations  ont-elles  frémi  ? 
Pourquoi  les  peuples  ont-ils  formé  de  vains  projets  ?  On  verra 
ce  que  peut  l'univers  catholique  prosterné  aux  pieds  du 
Père  des  miséricordes  pour  seconder  les  vœux  du  Pasteur 
universel. 

Nous  nous  empressons  de  nous  conformer  aux  ordres 
que  nous  avons  reçus  du  Vicaire  de  Jésus-Christ,  en  pu- 
bhant  le  Jubilé  qu'il  a,  dans  son  ardente  charité,  accordé 
pour  engager  les  fidèles  de  tout  ordre,  de  tout  rang,  de  toute 
condition,  à  redoubler  de  prières. 

L^îs  principaux  motifs  qui  nous  animent  sont:  1".  de 
témoigner  notre  profond  respect  et  notre  soumission 
entière  à  la  voix  de  celui  qui  est  pour  nous  sur  la  terre  le 
représentant  de  Jésus-Christ  dont  il  exerce  les  pouvoirs  et 
distribue  les  grâces  ;  2o.  de  pouvoir  participer  en  quelque 
chose  à  la  sollicitude  du  chef  des  pasteurs,  et  avoir  quelque 
part  au  mérite  de  ses  immenses  travaux  pour  le  bien  de 
l'Eglise  ;  3'\  de  contribuer  conjointement  avec  vous  à  la 
gloire  de  conserver  la  foi  dans  le  royaume  d'Espagne 
autrefois  si  florissant,  dont  les  rois  prenaient  avec  com- 
plaisance, comme  leur  plus  beau  titre,  celui  de  Roi  Catho- 
lique.    Si,  comme  nous   l'assure   St.   Jacques,  il    est  si 

l  Canl.  2,  12. 


I 


214  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

avantageux  de  convertir  un  pécheur,  quels  trésors  de 
grâces  n'aurons-nous  pas  à  attendre  de  la  divine  miséri- 
corde si,  dociles  à  la  voix  de  notre  pasteur,  nous  entrons 
dans  cette  sainte  armée  de  priants  qui  veut  soumettre 
l'Espagne  à  l'empire  de  la  religion  qui  fit  toujours  son 
bonheur.  Nous  bénissons  en  même  temps  la  Providence 
de  nous  avoir  ménagé  les  faveurs  d'un  Jubilé  précisément 
à  une  époque  séculaire  pour  ce  pays,  celle  du  deux-cen- 
tième anniversaire  de  la  fondation  de  notre  ville  ;  et  nous 
acceptons  comme  un  heureux  présage  pour  les  années  qui 
vont  suivre  cette  coïncidence  providentielle. 

Toutes  les  nations  vont,  comme  nous  n'en  doutons  pas, 
faire  monter  vers  le  ciel  leurs  humbles  supplications  pour 
obéir  à  la  voix  du  chef  des  pasteurs.  Quant  à  nous,  nous 
avons  une  raison  particulière  d'entrer  dans  les  vues  du 
Père  commun  des  fidèles.  La  voici  :  l'Espace  à  laquelle 
il  faut  maintenant  prêter  le  secours  de  nos  prières,  a  été 
conquise  à  Jésus-Christ  par  le  bienheureux  Apôtre  St. 
Jacques,  qui  dans  divers  siècles  du  christianisme  a  dé- 
ployé son  crédit  auprès  de  Dieu  en  faveur  de  celte  noble 
portion  de  son  Eglise.  Lorsque  les  révolutions  qui  déso- 
lent ce  royaume  éclatèrent,  notre  illustre  prédécesseur 
voyant  que  l'impiété  allait  en  chasser  ce  grand  Saint, 
l'invita  à  se  réfugier  dans  cette  partie  du  Canada  que  nous 
habitons.  Il  lui  érigea  un  temple  et  mit  sous  sa  puissante 
protection  le  nouveau  diocèse  de  Montréal.  C'est  à  nous, 
Nos  Très-Ghers  Frères,  à  rendre  à  notre  glorieux  Patron 
l'héritage  qu'il  s'est  acquis  en  Espagne  par  ses  sueurs  et 
ses  travaux  apostoliques.  C'est  à  nous  à  l'installer  de 
nouveau  à  Compostelle,  ville  où  reposèrent  en  paix  pen- 
dant tant  de  siècles  ses  reliques  précieuses,  qui  ont  rendu 
ce  lieu  un  des  plus  célèbres  pèlerinages  du  monde.  Hélas  ! 
maintenant  que  l'impiété  règne  sur  cette  terre,  qui  a  donné 
à  l'Eglise  tant  de  saints  ;  que  les  temples  sont  pillés,  les 
autels  renversés,  les  ministres  de  la  rehgion  massacrés  ou 
exilés;  nous  avons  à  nous  écrier  avec  le  Prophète:  par 
quel  malheur  est-elle  demeurée  déserte  cette  ville  sainte 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  215. 

OÙ  affluaient  autrefois,  de  toutes  les  parties  du  monde,  tant 
de  pieux  pèlerins,  qui  y  accouraient  pour  vénérer  les  reli- 
ques précieuses  de  cet  Apôtre  qui,  par  le  bruit  éclatant  de 
sa  prédication,  a  mérité  le  glorieux  titre  à'enfant  du  ton- 
nerre. Quomodo  sedet  sola  civitas  plena  i^opulo  !  Les  chemins 
qui  conduisent  à  cette  nouvelle  Sion  pleurent  de  ce  qu'il  n'ij 
a  plus  personne  qui  aille  à  ses  solennités  Toutes  ses  portes  ont 
été  détruites:  les  prêtres  sont  dans  les  gémissements;  les 
vierges  sont  joâles  et  défigurées.  Les  ennemis  de  la  religion 
sont  parvenus  à  s'emparer  du  pouvoir.  Ils  sont  enrichis  des 
dons  magnifiques  qu'y  avait  déposés  la  piété  des  peuples. 
Parmi  tous  les  amis,  qui  autrefois  couraient  au  tombeau 
de  son  glorieux  Apôtre,  il  n'y  a  personne  pour  la  consoler- 
Oh!  Nos  Très-Ghers  Frère»,  allons  par  nos  prières,  nos 
aumônes  et  nos  mortifications,  au  secours  d'un  royaume, 
qui  nous  tend  des  mains  suppliantes,  d'un  royaume  qui 
est  l'objet  de  la  sollicitude  du  bon  pasteur  qui  gouverne 
aujourd'hui  l'Eglise  universelle,  d'un  royaume  qui  fut 
le  théâtre  des  traraux  du  grand  Apôtre  qui  alla  y  planter 
la  foi,  et  qui  est  venu  chercher  chez  nous  un  temple  et 
des  autels,  en  attendant  qu'il  rentre  dans  l'héritage  que  le 
Seigneur  lui  a  donné  sur  la  terre. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué  et  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  la  Cathédrale 
de  St.  Jacques,  nous  avons  réglé  et  ordonné,  réglons  et 
ordonnons  ce  qui  suit: 

1°  Par  le  mandement  que  nous  vous  adressons  aujour- 
d'hui, nous  publions  les  Lettres  Apostoliques  de  Notre  St. 
Père  le  Pape,  en  date  du  vingt-deux  février  dernier,  dans 
lesquelles  Sa  Sainteté  accorde  à  l'univers  une  indulgence 
plénière  en  forme  de  Jubilé,  pour  inviter  tous  les  fidèles 
à  joindre  leurs  prières  aux  siennes,  afin  d'attirer  sur  l'Es- 
pagne désolée  les  miséricordes  du  Seigneur  ;  nous  ordon- 
nons que  ces  Lettres  Apostoliques  soient  lues  à  la  suite  du 
mandement. 

2o  Ce  Jubilé  commencera,  pour  ce  diocèse,  le  jour  de 


216  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

la  Fête-Dieu.  Il  sera  annoncé  la  veille  au  soir  par  le  son 
de  toutes  les  cloches,  pendant  une  heure  avant  VAngelus  : 
et  l'on  chantera  dans  toutes  les  églises,  avant  la  grand"- 
messe,  le  Vetii  Creator  avec  les  verset  et  oraison  du  St. 
Esprit.  Gomme  il  nous  est  permis,  par  un  rescrit  que  nous 
venons  de  recevoir  de  Rome,  de  prolonger  cet  keureui 
temps  de  Jubilé  jusqu'à  six  mois,  nous  laissons  à  messieurs 
les  curés  d'assigner  celui  qu'ils  jugeront  convenir  le  plus 
au  hien  spirituel  de  leurs  paroissiens.  Néanmoins  il  nous 
semble  convenable  que  les  paroisses  ou  missions  que  nous 
devons  visiter  cette  année,  se  préparent  aux  grâces  que 
nous  allons  y  répandre,  par  les  exercices  du  Jubilé,  de 
manière  que  le  i5e  jour  du  Jubilé  soit  le  dernier  de  la 
visite  pastorale. 

3»  Dans  chaque  paroisse  le  Jubilé  durera  quinze  jours. 
Pour  gagner  l'indulgence  accordée  par  le  St.  Père,  il  faut, 
d'après  les  Lettres  Apostoliques  sus-mentionnées,  outre  la 
confession  sacramentelle  et  la  Ste.  communion  faites  avec 
de  bonnes  dispositions,  assister  au  moins  trois  fois  aux 
prières  solennelles,  déterminées  parl'éveque,  et  prier  trois 
fois  à  la  même  intention,  dans  l'espace  de  ces  quinze 
jours,  dans  l'éghse  désignée  par  le  môme  évêque.  En 
conséquence,  nous  déterminons  pour  églises  de  stations 
toutes  les  églises  paroissiales  et  chapelles  de  missions,  en 
faveur  de  tous  les  fidèles  de.  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui 
voudront  participer  aux  précieux  avantages  du  Jubilé. 
Dans  la  ville  de  Montréal,  nous  assignons  comme  églises 
de  stations  la  cathédrale,  l'église  paroissiale  et  celle  de 
Bonsecours.  Quant  aux  rehgieuses  cloîtrées,  leurs  novices 
et  leurs  postulantes,  elles  auront  pour  église  de  stations 
l'oratoire  de  leur  monastère.  Voici  les  prières  solennelles 
que  nous  assignons  comme  nécessaires  pour  gagner  l'in- 
dulgence plénière.  Le  St.  Sacrement  sera  exposé  pendant 
la  messe  chaque  jour  du  Jubilé,  et  le  soir  il  y  aura  salut 
et  bénédiction  du  St.  Sacrement  avec  une  amende  hono- 
rable pour  toutes  les  horribles  profanations  qui  ont  été 
commises  en  Espagne  dans  ces    ours  de  désolation.    A 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  217 

chaque  salut,  l'on  chantera,  pour  se  conformer  plus  par- 
faitement aux  intentions  du  St.  Père,  des  hymnes  ou 
antiennes  en  l'honneur  du  St.  Sacrement,  de  la  bienheu- 
reuse Vierge,  des  Apôtres  St.  Pierre  et  St.  Jacques  le 
Majeur,  avec  le  Domine  non  secundum  et  les  oraisons  cor- 
respondantes. 

4»  Nous  recommandons  à  tous  les  fidèles  de  ce  diocèse 
d'ofTrir  à  l'intention  du  Souverain  Pontife,  toutes  les 
prières,  les  aumônes  et  les  pénitences  qu'ils  feront  pendant 
les  quinze  jours  du  Jubilé.  Nous  dirigeons  à  cette  même 
intention  toutes  les  bonnes  oeuvres  de  ce  diocèse,  qui  se 
feront  pendant  ce  saint  temps.  Nous  espérons  que  tous 
ceux  qui  vivent  dans  des  habitudes  criminelles,  se  met- 
tront, par  une  véritable  conversion,  en  état  de  pouvoir 
prier  pour  le  salut  de  l'Espagne,  en  union  avec  tant  d'âmes 
saintes  qui  vont,  pendant  ces  jours  de  grâces,  mettre  beau 
coup  de  parfums,  c'est  à-dire  beaucoup  de  prières  ferventes 
dans  l'encensoir  d'or  que  tient  dans  ses  mains  vénérables, 
l'Ange  de  la  terre,  Notre  Saint  Père  le  Pape  qui  est  debout 
à  la  droite  de  l'autel,  pour  faire  monter  au  ciel  les  vœux 
et  les  soupirs  de  toute  l'Eglise. 

0"  Le  Jubilé  finira  pour  toutes  les  paroisses  ou  missions 
de  ce  diocèse,  le  six  novembre  prochain.  L'on  chantera  ce 
jour-là  dans  toutes  les  églises  où  se  seront  faits  les  exer- 
cices du  Jubilé,  le  Te  Deuni  et  l'on  sonnera  pendant  une 
heure  toutes  les  cloches  après  V Angélus,  du  soir.  Nous  per- 
mettons que  l'on  suive  dans  chaque  paroisse,  pour  l'ouver- 
ture et  la  clôture  du  Jubilé  particulier  qui  s'y  fera,  tout 
ce  qui  est  ici  prescrit  pour  le  Jubilé  général,  quant  au 
chant  du  Veni  Creator  et  du  Te  Dcum  et  aussi  pour  ce  qui 
regarde  la  sonnerie. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  prône  de  notre  église 
cathédrale,  et  à  celui  de  toutes  les  églises  paroissiales  et 
au  chapitre  dans  toutes  les  communautés  religieuses  le 
premier  dimanche  après  sa  réception. 


218  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Donné  à  Montréal,  le  12  mai  de  l'année  mil  huit  cent 
quarante  deux,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre  seing 
de  notre  secrétaire. 

4-  Ig.  Evêque  de  Montréal. 
L.  f  S 

Par  Monseigneur^ 


{Pour  copie,) 


A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec. 
A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec. 


LETTRES   APOSTOLIQUES 

DE    NOTRE    TRÈS-SAINT    PÈRE,     LE    PAPE    GRÉGOIRE    XVI,     ORDONNANT    DES 

PRIÈRES,    SOUS   FORME   DE   JUBILÉ,  POUR  DE   ROYAUME   D'eSPAGNE. 

— GRÉGOIRE   PAPE,    XVImE.    DU   NOM,    POUR  LA 

PERPÉTUELLE    MÉMOIRE. 


Les  intérêts  de  la  religion  catholique,  confiés  à  notre 
humilité  par  Jésus-Christ,  prince  des  pasteurs  et  réparateur 
du  genre  humain  qu'il  a  tant  aimé,  et  la  chaiilé  qui  nous 
anime  pour  tous  les  peuples  et  toutes  les  nations,  nous 
pressent  et  nous  aiguillonnent  avec  tant  de  force,  que  nous 
ne  pouvons  rien  omettre  de  ce  que  nous  croyons  néces- 
saire, pour  garder  dans  son  intégrité  le  dépôt  de  la  foi,  et 
pour  empêcher  la  perte  des  âmes.  Or,  on  ne  connaît  que 
trop  dans  quel  état  sont  les  affaires  de  la  religion  en  Espa- 
gne, et  avec  quelle  profonde  affliction  nous  sommes 
réduits,  depuis  plusieurs  années,  àpleurer  les  tristes  vicis- 
situdes de  l'Eglise  dans  ce  royaume.  Ce  peuple,  loin  de 
s'être  écarté  des  saints  enseignements  de  ses  pères,  est 
fortement  attaché  à  la  foi  orthodoxe  ;  la  plus  grande  partie 
de  son  clergé  combat  avec  courage  les  combats  du  Sei- 
gneur ;  et  presque  tous  les  pontifes,  bien  qu'éprouvés  par 
de  cruelles  vexations,  ou  jetés  en  exil,  et  accablés  des 
plus  vives  souiîrances,  veillent,  chacun  selon  ses  forces, 
au  salut  de  leur  troupeau.  Mais  des  Jiommes  de  perdition. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  219 

et  le  nombre  n'en  est  pas  petit,  liés  entre  eux  par  une 
association  criminelle,  et  jetant  sur  ce  pays  le  désordre  de 
leurs  pensées,  comme  l'écume  des  flots  sur  une  mer 
irritée,  font  au  Christ  et  à  ses  saints  une  guerre  acharnée  ; 
et,  après  a^^oir  causé  les  plus  grandes  pertes  à  la  religion 
catholique,  ils  s'efforcent,  dans  leur  impiété,  de  la  renver- 
ser, si  cela  était  possible. 

Pour  nous,  élevant  notre  voix  apostolique,  comme  le 
réclamait  notre  ministère,  nous  n'avons  pas  négligé  de 
déplorer  publiquement  les  profondes  blessures  que  le 
gouvernement  de  Madrid  a  faites  à  l'Eglise.  Tous  les  actes 
que  le  pouvoir  civil  s'est  permis  contre  les  droits  et  les 
lois  de  cette  Eglise  sainte,  nous  les  avons  déclarés  nuls  et 
sans  valeur.  En  outre,  nous  nous  sommes  plaint,  avec 
véhémence  et  avec  tous  les  témoignages  de  la  douleur,  des 
atroces  injures  et  des  maux  que  l'on  a  fait  subir  à  nos  véné- 
rables frères  les  évoques  de  ce  royaume,  ainsi  qu'aux  mem- 
bres du  clergé  tant  réguher  que  séculier,  de  l'abomina- 
tion établie  dans  le  lieu  saint,  de  la  spoliation  sacrilège, 
de  la  vente  et  de  l'afTection  au  trésor  public  des  biens 
ecclésiastiques  ;  rappelant  en  même  temps  les  peines  et 
les  censures  que  les  conciles  œcuméniques  ont  déclarées 
encourues  ipso  facto  par  les  téméraires  qui  ne  redoutent 
pas  de  commettre  de  tels  attentats.  Ce  devoir  que  nous 
imposait  notre  charge  apostolique,  nous  l'avons  rempli 
une  première  et  une  seconde  fois  dans  les  deux  allocu- 
tions que  nous  avons  adressées  à  nos  vénérables  frères  les 
cardinaux  de  la  sainte  Eglise  romaine,  dans  les  consis- 
toires tenus  aux  calendes  de  février  de  l'année  1836,  et 
aux  calendes  de  mars  de  l'année  1841  :  nous  avons  môme 
ordonné  qu'elles  fussent  imprimées,  afin  qu'elles  devins- 
sent un  monument  pubhc  et  perpétuel  de  notre  soUici- 
lude  apostolique  et  de  notre  réprobation. 

Nous  avions  l'espérance  que  notre  voix,  qui  s'échappait 
du  cœur  afligé  du  père  commun  de  tous  les  fidèles,  serait 
entendue,  et  que  nos  avertissements,  ainsi  que  nos  suppli- 
cations réitérées,  feraient  cesser  cette  dure  persécution 


220  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

contre  la  religion  catholique.  A  cet  effet,  prostrené  nuit 
et  jour  aux  pieds  de  Jésus  crucifié,  nous  n'avons  jamais 
cessé  de  lui  demander,  aveclarmes  et  gémissements, dans 
l'humilité  de  notre  cœur,  de  tendre,  en  vertu  de  son 
immense  miséricorde,  une  main  secourable  à  la  nation 
espagnole  si  éprouvée,  et  de  montrer  à  ceux  qui  s'égarent 
la  lumière  de  sa  vérité,  afin  qu'ils  pussent  rentrer  dans  la 
voie  de  la  justice.  Mais,  par  un  jugement  impénétrable 
de  Dieu,  l'événement  n'a  point  répondu  jusqu'ici  à  notre 
espérance;  au  contraire,  dans  ces  contrées,  nous  voyons 
le  mai  s'accroître  de  jour  en  jour,  comme  si  on  y  avait 
ouvertement  entrepris  la  complète  destruction  de  la  reli- 
gion catholique.  Sans  parler  ici  de  beaucoup  d'autres 
actes,  assez  connus,  qui  ont  été  récemment  décrétés  contre 
les  très-saintes  lois  de  l'Eglise  et  les  droits  de  ce  Siège 
apostolique,  ou  qui  même  ont  été  accomplis,  nous  déplo- 
rons qu'il  en  soit  venu  à  ce  point  de  scélératesse  de  pro- 
poser, par  une  perversité  diabolique,  aux  assemblées 
suprêmes  du  royaume  une  loi  exécrable,  tendant  princi- 
palement à  détruire  de  fond  en  comble  la  légitime 
juridiction  ecclésiastique,  et  à  établir  l'opinion  impie  que 
la  puissance  laïque  doit  commander,  par  son  droit  suprême, 
à  i'EgliFe  même  et  aux  choses  de  l'Eglise. 

En  effet,  cette  loi  déclare  que  la  nation  espagnole  ne 
doit  tenir  aucun  conipte  de  ce  Siège  apostolique  ;  qu'il 
faut  rompre  toute  communication  avec  lui  pour  les  grâces 
ecclésiastiques,  induits  et  concessions  de  quelque  nature 
que  ce  soit,  et  elle  punit  sévèrement  ceux  qui  récisteront 
à  une  pareille  prescription.  Elle  déclare  encore  que  les 
lettres  apostoliques  et  autres  rescrits,  émanés  du  St.  Siège, 
h  moins  qu'ils  ne  soient  demandés  d'Espagne,  non-seule- 
ment ne  devront  pas  être  observés  et  demeureront  de  nul 
effet,  mais  même  qu'ils  devront  être  dénoncés  sous  le 
plus  bref  délai,  par  ceux  auxquels  ils  seront  parvenus,  à 
l'autorité  civile,  pour  être  remis  par  celle-ci  au  gouverne- 
ment, et  une  peine  a  été  portée  contre  quiconque  enfrein- 
drait cette  disposition.    De  plus,  il  est  déclaré  que  les 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  221 

empêchements  au  mariage  seront  soumis  à  la  juridiction 
des  évêques  du  royaume,  jusqu'à  ce  que  le  code  civil 
établisse  une  distinction  entre  le  contrat  et  le  sacrement; 
qu'aucune  cause  touchant  les  matières  religieuses  ne  peut 
être  déférée  d'Espagne  à  Rome  ;  qu'enfin  jamais  à  l'avenir 
aucun  nonce,  ni  aucun  légat  du  St.  Siège  ne  sera  admis 
dans  ce  royaume  avec  pouvoir  d'accorder  des  grâces  ou 
des  dispenses,  même  gratuites.  Quoi  de  plus  !  On  mécon- 
naît absolument  le  droit  sacré  qui  appartient  au  pontife 
romain  de  confirmer  ou  de  rejeter  les  évêques  élus  en 
Espagne  :  et  on  punit  de  la  peine  de  l'exil  soit  les  prêtres 
désignés  pour  quelque  église  épiscopale,  qui  demande- 
raient au  St.  Siège  leur  confirmation  ou  des  lettres  apos- 
toliques, soit  les  mètropoHtains  qui  solliciteraient  le  jml- 
lium.  Après  ces  dispositions,  il  faut  s'étonner  assurément 
que  l'on  déclare  dans  cette  loi  reconnaître  comme  le  centre 
de  l'Eglise  ce  pontife  romain  avec  lequel  on  n'autorise 
aucune  communication,  si  ce  n'est  sous  le  bon  plaisir  et 
la  surveillance  du  gouvernement. 

Au  milieu  de  cette  perturbation  si  grande  de  la  religion 
catholique  en  Espagne,  désirant  de  tout  notre  cœur  arrê- 
ter, autant  qu'il  est  en  nous,  les  maux  qui  s'aggravent 
dans  cette  contrée,  et  voulant  porter  secours  aux  fidèles 
bien-aimés  qui  tendent  depuis  si  longtemps  vers  nous 
leurs  mains  suppliantes,  nous  avons  résolu,  à  l'exemple 
de  nos  prédécesseurs,  de  recourir  aux  prières  de  l'Eglise 
universelle,  et  d'exciter,  avec  tout  le  zèle  dont  nous  som- 
mes capable,  la  piété  de  tous  les  catholiques  en  faveur  de 
cette  nation  afO-igèe.  Et  véritablement,  puisque  personne 
ne  peut  être  étranger  à  cette  commune  affliction,  et  que. 
dans  un  si  grand  péril  pour  la  religion  et  la  foi,  il  y  a  pour 
tous  un  même  sujet  de  doulenr,  il  doit  y  avoir  également 
pour  tous  un  même  motif  de  secourir  leurs  frères.  Ainsi, 
en  môme  temps  que  nous  renouvelons  et  confirmons,  par 
les  présentes  Lettres,  les  plaintes  et  les  allocutions  men- 
tionnées plus  haut,  en  même  temps  que  nous  réprouvons, 
abrogeons  et  déclarons  de  nulle  valeur  tous  les  actes  du 

16 


222  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

gouvernement  de  Madrid  faits  jusqu'ici  contre  les  droits 
et  la  dignité  de  l'Eglise  et  de  ce  Siège  apostolique,  notam- 
ment la  loi  récemment  proposée,  nous  nous  adressons  à 
nos  vénérables  frères  les  patriarches,  primats,  archevê- 
ques et  évoques  en  grâces  et  en  communion  avec  le  St. 
Siège,  aussi  loin  que  s'étend  le  monde  catholique,  les 
exhortant  avec  instance,  au  nom  de  cette  charité  par 
laquelle  nous  ne  sommes  qu'un  dans  le  Seigneur,  au 
nom  de  cette  foi  par  laquelle  nous  ne  formons  qu'un  seul 
et  même  corps,  de  mêler  leurs  larmes  avec  les  nôtres  pour 
fléchir  la  colère  divine,  d'implorer  unanimement  la  misé- 
ricorde du  Dieu  tout-puissant  en  faveur  de  l'infortunée 
nation  espagnole,  et  de  s'appliquer  avec  force  à  enflammer 
le  zèle  du  clergé  et  du  peuple  qui  leur  sont  confiés,  afin 
qu'ils  adressent  à  Dieu  de  continuelles  prières  à  ce  sujet. 
Nous  voulons  et  ordonnons  que  nos  vénérables  frères  les 
archevêques  et  évêques,  dans  tous  les  diocèses  de  nos 
états  pontificaux,  aient  soin,  par  tous  les  moyens  qui  leur 
sembleront  les  plus  utiles  dans  le  Seigneur,  de  faire 
adresser  au  Père  des  miséricordes  des  prières  publiques, 
pour  obtenir  que,  par  les  mérites  du  sang  de  son  Fils,  qui 
a  été  répandu  pour  tous,  les  jours  d'épreuve  soient  abré- 
gés dans  le  royaume  d'Espagne.  Et  afin  que  Dieu  incline 
plus  facilement  l'oreille  à  nos  prières,  que  tous  implorent 
humblement  la  \ierge,  Mère  de  Dieu,  protectrice  toute- 
puissante  de  l'Eglise,  notre  tendre  Mère  à  tous,  et  fidèle 
patronne  de  l'Espagne  ;  qu'ils  réclament  aussi  les  suff'rages 
du  Prince  des  Apôtres,  que  Jésus-Christ  a  établi  comme 
la  pierre  fondamentale  de  son  Eglise,  contre  laquelle  ne 
prévaudront  jamais  les  portes  de  l'enfer,  et  ceux  de  tous 
les  habitants  du  ciel,  principalement  des  saints  qui  ont 
illustré  l'Espagne  par  l'éclat  de  leurs  vertus,  de  leur  sain- 
teté et  de  leurs  miracles.  Pour  que  les  fidèles  de  tout 
ordre,  de  tout  rang,  de  toute  condition,  se  portent  à  ces 
prières  et  à  ces  supplications  avec  une  charité  plus  ardente 
et  des  fruits  plus  abondants,  nous  avons  résolu  d'ou%Tir 
d'une  main  libérale  les  trésors  des  grâces  célestes.    En 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  223 

conséquence,  nous  accordons,  sous  forme  de  jubilé,  une 
indulgence  plénière  à  tous  les  fidèles  de  Jésus-Christ,  qui, 
dûment  purifiés  par  la  confession  sacramentelle  et  nourris 
de  la  très-sainte  eucharistie,  assisteront  trois  fois  au  moins 
aux  prières  solennelles  déterminées  par  la  volonté  de 
chaque  ordinaire,  et  qui  auront  prié  trois  fois,  à  la  même 
intention,  dans  l'espace  de  quinze  jours,  dans  l'église  que 
les  ordinaires  auront  désignée. 

Nous  avons  la  ferme  confiance  que  les  anges  de  la  paix, 
portant  dans  leurs  mains  les  vases  d'or  et  l'encensoir  d'or, 
offriront  au  Seigneur,  sur  l'autel  d'or,  nos  ferventes  et 
humbles  prière,  ainsi  que  celles  de  toute  l'Eglise,  en  faveur 
de  toute  l'Espagne  ;  et  nous  espérons  que  le  Seigneur,  qui 
est  riche  en  miséricordes,  les  accueillant  avec  un  regard 
de  bienveillance,  daignera  exaucer  les  vœux  communs  de 
tous  les  fidèles,  et  faire  en  même  temps  que,  délivrée  par 
sa  droite  et  le  bras  de  sa  force  des  adversités  et  des  erreurs 
qui  désolent  cette  contrée,  notre  sainte  mère  l'Eglise  y 
respire  enfin  à  la  suite  de  tant  de  malheurs  et  jouisse  de 
cette  paix  et  de  cette  liberté  dont  le  Christ  l'a  dotée  ! 

Afin  que  ces  présentes  lettres  parviennent  plus  facile- 
ment à  la  connaissance  de  tous  et  que  personne  ne  puisse 
prétexter  cause  dignorance,  nous  voulons  et  ordonnons 
qu'elles  soient  publiées,  suivant  la  coutume,  par  l'un  de 
nos  officiers,  devant  les  portes  de  la  basilique  du  Prince 
des  Apôtres,  de  la  chancellerie  apostolique,  de  la  cour 
générale  sur  le  mont  Citatorio,  et  aussi  dans  le  champ  de 
Flore,  et  qu'il  en  soit  laissé  un  exemplaire  affiché  à  cha- 
cun des  dits  endroits. 

Donné  à  Rome,  près  de  St.  Pierre,  sons  l'anneau  du 
Pêcheur,  le  vingt-deuxième  jour  de  Février  de  l'an  1842, 
et  de  notre  pontificat  le  douzième. 


A.  CaRû.  LAMBRUSCmNI- 


2-24  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU   DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  12  Mai  1842. 
Monsieuj^, 

Pour  que  vous  ne  soyez  pas  embarrassé  sur  les  pouvoirs 
que  vous  pourrez  exercer  pendant  le  Jubilé,  je  vous 
adresse  une  copie  des  instructions  que  je  viens  de  recevoir 
de  Rome.  Je  crois  devoir  vous  faire  remarquer,  en  vous 
communiquant  ce  rescrit,  que  l'ayant  reçu  hier,  le  Jubilé 
ne  pourra  se  faire  après  le  11  novembre  prochain.  J'en  ai 
annoncé  néanmoins  la  clôture  pour  le  G  novembre,  afin 
qu'elle  se  fit  le  dimanche. 

FACULTATES  A  SANCTISSIMO  DOMINO  NOSTRO  GREGORIO 
PP.  XVI  CONCESS^ 

Sacerdoiibus  Sacramenli  Poenilenliae  adminisbis  tempore  Jubilaei, 
quod  per  Aposlolicas  litleras  die  22.  Febniarii  anno  1842,  éditas  a 
Sanditate  Sua  indictum  est. 

Sanctitas  Sua  declaravit,  omnes  cujusque  Diœceseos 
pœnitentise  Sacramenti  administros,  hoc  tempore  Jubilœi, 
iis  facultatibus  uti  posse,  quas  de  Apostolicœ  Suœ  potes- 
tatis  plenitudine  RomcC  concessit,  et  sunt  qucesequuntur- 

Et  primo,  omnibus  utriusque  sexus,  et  cujusque  condi- 
tionis,  et  Instituti  etiam  religiosi  Ghristi  fidelibus  facul- 
tatera  concedit,  sibi  eligendi  queralibet  Presbyterum  con- 
fessarium  Sœcularem,  vel  cujusque  Ordinis  Regularem 
ex  approbatis  in  propria  Diœcesi.  Confessariis  vero  hac 
vice  d'umtaxat,  amplam  tribuit  facultatem  absolvendi 
Ghristi  fidèles,  eosque  liberandi  in  foro  conscientiœ  ab 
omni  excommunicationis,  suspensionis,  et  interdicti  sen. 
tentiâ,  aliisque  ecclesiasticis  censuris,  sententiis,  ac  pœnis 
a  Sacris  Canonibus,  et  Judicibus,  quâvis  occasione,  et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  225 

causa  latis,  atque  ab  omnibus  peccatis,  licet  gravibus,  et 
enormibus,  etiam  quovis  modo  Ordinariis  locorum,  vel 
Summo  Pontifici,  aut  ApostoliCce  Sedi  reservatis,  ex  qua- 
cumque  Constitutione  Sanctitatis  Suée,  vel  aliorum  Roma- 
norum  Pontificum  ejus  Prœdecessorum,  quœ  spécial! 
quoque  mentione  indigeret,  ne  excepto  quidem  hœretico 
dogmatizante,  vel  illo,  qui  sui  delicti  complices  habet  non 
tamen  in  re  turpi.  Prœtereà  iisdem  Gonfessariis  faculta- 
tem  impertitur,  commutandi  quacumque  vota  exceptis 
tamen  semper  votis  Castitatis  perpetuœ,  et  Religionis,  in 
alla  pia  opéra,  ita  tamen  ut  salutarispoenitentia,  vel  aliud 
in  omnibus  expressis  casibus  imponatur  pro  eu  jusque 
Gonfessarii  arbitrio. 

Verum  Sanctitas  Sua  neque  dispensât,  neque  concedit 
facultatem  dispensandi,  vel  liabilitandi,  et  restituendi  ad 
pristinum  statum,  etiam  in  foro  conscienliœ,  super  aliqua 
publica,  vel  occulta  irregularitate,  aut  nota,  defectu,  et, 
uti  dicunt,  incapacitate,  inhabilitate,  quovis  modo  ex 
defectu  contracta. 

Insuper  déclarât,  hujusmodi  Jubilœum,  neque  posse, 
neque  debere  suffragari  iis,  qui  à  Summo  Pontifice,  vel 
ab  Apostolica  Sede,  vel  ab  aliquo  Prœsule,  aut  Judice 
ecclesiastico  nominatim  excommunicati,  suspensi,  inter- 
dicti  fuerint,  vel  denuntiati,  nisi  intra  hujusmodi  Jubilœi 
tempus,  partibus  satisfecerint,  vel  cum  ipsis  concordiam 
inierint. 

EX  AUDIENTIA  SANGTISSIMI 

Die  25.  Mariii  1842. 

Cum  in  vastissimis  regionibus,  quarum  ecclesiastica 
negotia  Sacrum  Consilium  Ghristiano  Nomini  Propagande 
prœpositum  moderatur,  evenire  plerumque  possit,  ut 
propter  locorum  amplitudinem,  ac  difficultates,  et  ob 
Sacerdotum,  qui  in  iisdem  sacro  ministerio  funguntur, 
inopiam  ;  tam  salutari  Indulgentiae  Pienarise  in  forma 
Jubilœi  beneficio,  quod  Sanctissimus  Dominus  Noster 
Gregorius  Papa  XVI  litteris  Apostolicis,  quarum  initium 


226  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

est  CathoUcse  Religionis  causa  die  22  Februarii  anno  1842, 
editis  largitus  fuit,  Fidèles  careant,  nisi  Apostolica  aucto- 
ritate,  iisdem  subveniatur  ;  Sanctitas  Sua,  referente  me 
infrascripto  ejusdem  Sacri  GonsiliiSacretariohœc  bénigne 
statuere,  ac  concedere  dignata  est.  Videlicet  I.  Goncessit 
omnibus  Patriarchis,  Primatibus  Archiepiscopis,  Epis- 
copis,  Vicariis  Apostolicis,  Prœfectis,  ac  Superioribus 
Missionum  facultatem,  ut  ad  Sex  menses  a  die  hujus 
rescripti  receptionis  computandos,  prorogare  possint  tem- 
poris  spatium  in  memoratisliteris  Apostolicis  statutumad 
Indulgentite  Plenariai,  seu  Jubilœi  consequuntionem. 
IL  Ut,  dispensando  super  peragendis  injunctis  visitatio- 
nibus  alicujus  templi,  atque  interventu  ad  preces  f  undendas 
in  aliqua  Ecclesia,  quam  secundum  eas  litteras  Apostolicas, 
Ordinarii  locorum  designare  debuissent  ;  possint  Gonfes- 
sarii  in  Sacramenti  Pœnitentiœ  administratione,  injuncta 
opéra  immutare,  atque  alias  preces,  seu  pia  opéra,  pro 
eorumdem  arbitrio,  ac  judicio  statuere,  quibus  absolutis, 
Fidèles  Jubilœum  lucrabuntur  veluti  si  praïscripta  in 
litteris  illis  Apostolicis  opéra  penitùs  implevissent  ;  dam- 
modo  tamen,  durante  Jubilœi  tempore,  sacramentali  con- 
fessione  rite  expiati,  ac  Sanctissimâ  Eucharisliârefecti,  ad 
mentem  Sanctitatis  Suae  Deum  oraverint.  III.  Declaravit 
SSmus  Dominus  Noster,  omnes,  et  singulas  facultates, 
quas  pro  liujus  Jubilœi  tempore  Gonfessariis  ab  initio 
impertitus  est,  toto  etiam  prorogationis  tempore  esse  dura- 
turas. 

Datum  Romœ  ex  ^dibus  S.  Gongregationis  de  Propa- 
ganda  Fide  die  et  anno,  quo  supra. 

ICtNATIUS, 

Achiepiscopus  edessenus  sacri  concilii  secretarius. 

Je  profite  de  l'occasion  qui  se  présente  pour  vous  infor- 
mer que  la  Retraite  Pastorale  se  fera  cette  année  au  lieu 
ordinaire,  et  commencera  le  24  août  à  quatre  heures  et  se 
terminera  le  vendredi,  2  septembre  au  matin.  Vous  vou- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  227 

drez  bien  VOUS  pourvoir  des  petits  objets  qui  vous  seront 
nécessaires,  comme  ces  années  dernières. 

J'ai  appris  que  le  Séminaire  n'a  rien  voulu  recevoir  pour 
la  pension  des  prêtres,  pendant  les  deux  retraites  pastorales 
qui  ont  eu  lieu  jusqu'ici.  Vous  pourrez  donner  à  mon 
secrétaire  pour  aider  à  payer  la  pension  de  quelques 
ecclésiastiques  pauvres,  ce  que  vous  jugerez  équivaloir  au 
montant  de  la  dépense  que  vous  ferez.  M.  gardera 

votre  paroisse  avec  les  pouvoirs  de  desservant  et  celui  de 
biner  le  dimanche.  Ceux  qui  garderont  les  cures  sont 
invités  à  venir  se  recueillir  à  St.  Jacques,  où  l'on  fera 
quelques  exercices  de  retraite  depuis  le  14  septembre  pro- 
chain jusqu'au  23  du  même  mois. 

Si  quelques-uns  de  ceux  qui  sont  invités  à  la  retraite 
prévoyaient  qu'ils  ne  pussent  pas  y  venir,  ils  sont  priés 
d'en  donner  d'avance  avis  à  l'Evêché  afin  que  l'on  pourvoie 
aux  changement  que  leur  absence  occasionnerait. 

Je  suis  bien  sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

7  Ig.  Evêque  de  Monte  É.4.L. 
[Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau.  Chan.-Sec. 


CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTTEAL. 

Montréal,  16  Février  1843. 
Monsieur, 

Vous  comprenez  aussi  bien  que  moi  qu'il  n'est  rien  de 
si  important  que  l'uniformité  de  conduite  chez  ceux  qui 
exercent  le  St.  ministère  dans  un  même  diocèse.  C'est 
pour  l'établir,  que  j'ai  cru  devoir  en  plusieurs  occasions 


228  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

VOUS  engager  à  suivre,  pour  direction,  les  principes  établis 
ar  St.  Alphonse  de  Liguori  dans  sa  Théologie  Morale- 
Ça  été  aussi  pour  atteindre  ce  but  si  désirable  que  je  vous 
proposai,  pendant  la  dernière  retraite  pastorale,  diverses 
questions  sur  lesquelles  il  importait  beaucoup  de  se  bien 
entendre.  Comme  plusieurs  d'entre  vous  n'ont  pu  assister 
à  ces  entretiens,  j'ai  pensé  qu'il  était  de  mon  devoir  de 
faire  de  tout  ce  que  je  vous  dis  alors  le  sujet  d'une  circu- 
laire, afin  que  l'on  sût  à  quoi  s'en  tenir  sur  tous  ces  points. 
J'y  ajouterai  quelques  observations  sur  d'autres  objets 
qui  échappèrent  alors  à  mon  attention. 

Vous  êtes  plus  que  moi  à  même  de  connaître  les  désor- 
dres qu'occasionnent  les  fréquentations  des  jeunes  gens 
qui  veulent  se  marier.  Cet  article  importe  tellement  à  la 
conservation  des  moeurs,  que  nous  devons  y  voir  d'une 
manière  bien  spéciale,  et  surtout  suivre  une  pratique  très- 
uniforme.  Voici  les  règles  qu'établit  sur  ce  point  de  mo 
raie  St.  Liguori,  dans  sa  Praxis  Confessarii,  No.  65.  Après 
avoir  prouvé  par  l'expérience  que  de  semblables  fréquen- 
tations sont  ordinairement  une  occasion  prochaine  de 
péché  mortel,  il  cite  le  règlement  que  Pic  de  la  Miranaole, 
évêque  d'Albano,  avait  donné  aux  confesseurs  de  son 
diocèse  :  «  Per  Edictum  suos  admonuit  Gonfessarios  ne 
«  taies  adamantes  absolverent,  si  postquàm  ter  ah  aliis 
«  jàm  fuissent  adraoniti,  ab  hujusmodi  amorem  sectando 
<(  non  abstinuissent,  prœsertim  tempore  nocturno,  aut 
«  diù,  aut  clam,  aut  intrà  domos  (cum  facili  periculo 
«  osculorum,  et  tactuum),  aut  contra  parentum  prœceptum, 
«  aut  cùm  altéra  pars  prorumpit  in  verba  obscœna,  aut 
«  cum  scandalo.  » 

Appuyés  sur  l'opinion  de  ces  grands  docteurs,  nous 
devons  veiller  à  ce  que  ces  fréquentations  soient  exemptes 
de  ces  graves  inconvénients  ;  et  exiger  lo  que  ces  veillées 
ne  soient  pas  nocturnes,  o'est-à  dire  qu'elles  ne  soient  pas 
prolongées  au  delà  de  9  à  10  heures  ;  2»  qu'elles  ne  se 
fassent  pas  pendant  de  longues  années  par  des  jeunes 
gens  qui,  n'étant  pas  prêts  à  se  marier,  fréquentent  cepen- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  229 

dant  les  filles  pour  passer  le  temps,  (les  parents  étant  assez 
faibles  pour  leurs  enfants  que  de  leur  donner  des  che- 
vaux, aussitôt  qu'ils  ont  fait  leur  première  communion, 
pour  qu'ils  puissent  se  procurer  ce  plaisir  si  dangereux)  ; 
3"  qu'elles  aient  toujours  lieu  sous  les  yeux  des  parents 
ou,  en  leur  absence,  sous  ceux  de  quelques  personnes 
respectables,  et  jamais  dans  des  appartements  où  les  jeunes 
gens  seraient  sans  témoins,  et,  ce  qui  serait  encore  pire, 
sans  lumière  ;  4'^  qu'elles  ne  soient  jamais  accompagnées 
d'embrassements,  de  regards,  d'attouchements  contraires 
à  la  modestie  ;  5°  qu'elles  soient  toujours  faites  du  con- 
sentement des  parents  ;  6'^'  que  l'on  ne  s'y  permette  aucune 
parole  indécente,  aucune  sollicitation  à  des  actes  impu- 
diques. L'on  doit  veiller  également  à  ce  que  les  jeunes 
gens  qui  se  fréquentent,  ne  fassent  pas,  seuls  dans  une 
même  voiture,  des  voyages  ou  promenades  dans  leurs 
paroisses  ou  ailleurs,  et  surtout  en  ville,  quand  il  est 
question  pour  eux  de  faire  les  préparatifs  des  noces,  ou  de 
venir  chercher  leurs  dispenses.  Il  faut  ordinairement 
refuser  l'absolution,  non  seulement  aux  jeunes  gens  eux- 
mêmes,  mais  encore  à  leurs  parents  ou  leurs  maîtres  et 
maîtresses,  s'ils  ne  veulent  pas  se  conformer  à  ces  règles 
qui  souffrent  peu  d'exceptions,  et  sont  d'une  extrême 
importance. 

11  est  à  propos  de  remarquer  que  notre  St.  docteur  in- 
terdit toute  fréquentation  aux  jeunes  gens,  une  fois  qu'ils 
se  sont  fait  les  promesses  de  mariage,  et  qu'ils  ont  ainsi 
contracté  fiançailles.  Voici  comme  il  s'explique  au  livre 
6,  Trait.  4,  n.  452,  au  mot  Bicit  :  «  Ego  experientiâ  doctus 
«  vix  semel  vel  iterùm  permitterem  sponso  ad  domum 
«  sponsse  accedere,  vel  sponsae  aut  parentibus  illum  in 
«  domo  excipere  ;  raro  enim  reperi,  qui  in  taliaccessu  non 
«  peccaverit,  saltem  verbisaut  cogitationibus,  etc.»  Gomme 
il  est  ici  question  de  tous  ceux  qui  ont  contracté  les  épou- 
sailles, il  faut  en  conclure  que  l'on  doit  insister  fortement 
pour  qu'il  n'y  ait  pas  trop  de  temps  entre  les  promesses 
et  le  mariage,  parce  que  ce  temps  est  toujours  très-dange- 


il30  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES 

reux  pour  l'innocence  des  époux.  11  serait  important  d'in- 
sister aussi  sur  l'obligation  pour  les  jeunes  gens  de  ne  pas 
faire  légèrement  des  promesses  de  mariage,  en  leur  faisant 
connaître  les  suites  fâcheuses  qu'elles  entraînent  si  sou- 
vent. En  terminant  ce  point  essentiel,  qui  doit  assurer  la 
persévérance  de  tous  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de  se 
donner  à  Dieu  pendant  les  heureux  temps  qui  viennent 
de  s'écouler,  je  crois  devoir  vous  engager  à  établir  dans 
vos  paroisses  des  congrégations  de  filles  sur  le  plan  de 
celle  dont  je  vais  faire  imprimer  le  règlement  ;  lequel 
vous  pourrez  vous  procurer,  si  vous  le  jugez  à  propos. 

Il  est  aussi  extrêmement  important  d'établir  l'uniformité 
de  conduite  par  rapport  aux  bals  et  autres  réunions,  où 
.  les  jeunes  gens  seraient  exposés  pour  leurs  mœurs.  Voici 
d'abord  les  principes  sur  lesquels  il  faut  s'appuyer  pour 
éviter  le  rigorisme  et  le  relâchement,  qui  sont  deux  écueils 
également  à  craindre  dans  la  morale.  Nous  les  trouverons 
dans  la  Théologie  Morale  de  St.  Liguori.  (Lib.  III,  Tract. 
IV,  n.  429.)  «  Choreœ,  nisi  malo  fine  fiant,  aut  cum  péri 
«  culo  alios  aut  seipsum  incitandi  ad  libidinem,  aut  cum 
(I  aliâ  circumstantiâ  malâ,  secundum  se  non  sunt  mais, 
«  nec  actus  libidinis,  sed  lœtitise.  a  Si  l'on  veut  obtenir 
que  les  jeunes  gens  s'abstiennent  de  tous  les  plaisirs  illici- 
tes, il  faut  leur  en  permettre  qui  soient  honnêtes.  Voici 
les  règles  que  je  crois  devoir  vous  suggérer  pour  atteindre 
un  but  si  important.  Je  les  trouve  chez  St.  Antonin,  cité 
par  St.  Liguori,  aux  livre,  traité  et  nombre  susdits.  «  Gho- 
«  reœ  per  se  licitœ  sunt,  modo  fiant  à  personis  sœcularibus, 
«  cum  personis  honestis,  et  honesto  modo.» 

D'après  ces  principes,  je  crois  qu'il  faut  admettre  dans 
la  pratique  que  les  bals,  avec  certaines  précautions,  sont 
permis.  Or,  telles  sont  les  principales  précautions  à  pren- 
dre pour  qu'ils  ne  soient  pas  dangereux.  Avant  tout,  ces 
réunions  ne  doivent  se  faire  que  chez  des  personnes  re- 
connues pour  honnêtes,  et  être,  autant  que  possible,  for- 
mées de  parents,  voisins  et  amis  respectables.  De  plus,  on 
y  doit  prendre  les  précautions  suivantes  et  exiger  :  l'^  qu'il 


4 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  23  1 

n'y  ait  ni  paroles,  ni  chansons,  ni  gestes,  ni  danses,  ni 
jeux  contraires  à  la  pudeur  ;  2'j  Que  les  parents  y  condui- 
sent eux-mêmes  leurs  enfants,  sans  jamais  laisser  leurs 
filles  y  aller  seules  avec  les  jeunes  gens  qui  les  fréquen- 
tent ;  3'^  Que  ces  assemblées  ne  soient  pas  longtemps  pro- 
longées dans  la  nuit;  4°  Qu'il  n'y  ait  pas  de  boisson, 
excepté  aux  repas  de  famille,  qui  peuvent  accompagner 
ces  réunions. 

Les  mêmes  règles  doivent  se  suivre  aux  noces,  où  très- 
souvent  il  y  a  plus  de  désordres  qu'aux  bals.  Il  faut  sur- 
tout veiller  à  ce  que  les  conviés  ne  couchent  pas  pêle-mêle 
dans  les  maisons  des  époux,  mais  voir  à  ce  que  chacun  se 
retire  à  une  heure  convenable.  Tout  en  tolérant  ces  réu- 
nions, cependant,  pour  éviter  de  plus  grands  maux,  nous 
devons  souvent  rappeler  au  peuple  ce  mot  de  St.  François 
de  Sales,  qu'il  en  est  des  bals  comme  des  champignons 
dont  les  meilleurs  ne  valent  rien. 

Nous  avons  à  exercer  une  vigilance  bien  stricte  sur  les 
écoles.  Car  tout  en  travaillant  avec  zèle  à  en  établir  de 
bonnes,  il  faut  préserver  notre  peuple  du  malheur  d'en 
avoir  de  mauvaises,  où  les  enfants  courraient  risque  de 
perdre  la  foi  ou  les  mœurs.  Pour  cela,  il  est  nécessaire 
que  les  maîtres  et  les  maîtresses  soient  catholiques  et 
d'une  conduite  irréprochable  ;  et  qu'ils  n'enseignent  pas 
des  enfants  de  différent  sexe.  Voici  ce  qu'enseigne  St. 
Alphonse  de  Liguori  sur  ce  dernier  point,  dans  ses  Instruc- 
tions sur  le  Décalogue  :  «  Que  le  père  de  famille  ne  permette 
((  pas  qu'un  homme  étranger  enseigne  à  lire  à  ses  filles, 
a  c'est  très-dangereux.  Souvent,  au  lieu  d'apprendre  à  lire, 
<(  elles  apprennent  à  commettre  des  péchés  mortels.  Qu'on 
n  les  fasse  instruire  par  une  femme,  ou  par  un  de  leurs 
«jeunes  frères.  Je  dis  jeunes,  parce  qu'il  y  a  du  danger 
«  quand  ils  sont  grands,  n 

Néanmoins  dans  les  lieux  où  il  serait  impossible  d'éta- 
blir des  écoles  sans  réunir  les  deux  sexes,  je  permets  que 
l'enseignement  soit  confié  à  des  maîtresses  respectables 
par  leur  âge  et  leur  conduite  régulière,  pourvu  que  les 


232  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

garçons  et  les  filles  soient  bien  séparés,  et  que  l'on  prenne 
de  sages  précautions  pour  que  ces  enfants  en  allant  ou 
revenant  ne  soient  pas  exposés  pour  leur  innocence.  Quant 
à  la  fréquentation  des  écoles  protestantes,  il  faut  les  inter- 
dire, avec  prudence  néanmoins,  pour  ne  pas  aigrir  nos 
frères  séparés.  Il  est  pourtant  des  lieux  où  il  faut  fermer 
les  yeux  sur  cet  abus,  en  attendant  qu'il  soit  possible  de 
remédier  à  ce  mal.  Ce  sera  à  chaque  curé  à  s'entendre 
pour  cela  avec  l'évêque,  lorsqu'il  croira  prudemment  ne 
pas  devoir  défendre  aux  enfants  catholiques  de  fréquenter 
de  semblables  écoles. 

11  est  un  grave  abus  qui  se  répand  partout  et  qui  peut 
exposer  beaucoup  de  mères  à  perdre  la  vie,  et  beaucoup 
d'enfants  à  mourir  sans  baptême  :  c'est  l'ignorance  de  plu- 
sieurs sages  femmes,  qui  s'ingèrent  d'elles-mêmes  dans 
une  profession  à  laquelle  elles  ne  sont  pas  formées,  et 
l'usage  de  certains  médecins  qui  exercent  l'embryotomie 
dans  les  accouchements  laborieux.  Pour  remédier  à  ces 
inconvénients,  il  faut  refuser  l'absolution  aux  sages  fem- 
mes qui  n'ont  pas  une  capacité  reconnue.  Il  est  nécessaire 
pour  cela  qu'un  médecin  leur  donne  un  certificat  qui 
constate  leur  habileté  ;  et  que  vous  vous  assuriez  de  leur 
capacité  à  donner  le  baptême,  en  leur  faisant  subir  là-  7 

dessus  un  examen  strict  sur  tous  les  cas  embarrassants  ;* 

dans  lesquels  elles  peuvent  se  trouver,  et  leur  donnant 
vous-mêmes  des  exercices  sur  l'administration  de  ce  sacre- 
ment. Là-dessus  il  faut  autant  que  possible,  se  conformer 
au  Rituel  :  Art.  X.  Des  sages  femmes.  Quant  aux  médecins, 
il  faut  que  vous  vous  assuriez  aussi  s'ils  savent  tout  ce 
qui  regarde  le  baptême  des  enfants,  avant  ou  après  leur 
naissance,  lorsqu'ils  sont  en  danger.  Vous  pourriez  leur 
faire  lire  l'art.  3  de  l'ancien  Rituel,  qui  a  pour  titre  du 
ministre  du  sacrement  de  baptême. 

11  faut  que  vous  tâchiez  de  savoir,  d'eux-mêmes  ou  des 
personnes  qui  les  voient  opérer,  quels  sont  leurs  principes 
sur  l'embryotomie  et  prendre  des  mesures  efficaces  pour 
qu'ils  n'aient  jamais  recours  à  cette  opération  inhumaine. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  233 

Pour  qu'il  y  ait  uniformité  en  toute  notre  conduite  et 
pour  que  nous  ayons  part  aux  précieux  avantages  qui 
découlent  de  l'union,  je  crois  devoir  toucher  en  passant 
plusieurs  points  importants,  auxquels  se  rattachent  nos 
intérêts  communs  et  ceux  de  l'Eglise.  Ayez  avec  l'évêque 
autant  de  rapports  qu'il  vous  sera  possible  pour  le  gouver- 
nement de  vos  paroisses  ;  car  il  est  le  père  du  clergé  ;  et  il 
a  grâces  d'état  pour  donnera  tout  le  mouvement  et  la  vie. 
Rendez  lui  compte  chaque  année  de  l'état  de  la  religion 
dans  vos  paroisses,  pour  qu'il  sache  quels  sont  ceux  qui 
ne  remplissent  pas  leur  devoir  paschal  et  autres.  Enten- 
dez-vous avec  lui  pour  réformer  les  abus  qui  se  glissent 
comme  nécessairement  dans  les  meilleures  paroisses,  et 
y  établir  les  saintes  pratiques  qui  peuvent  les  conserver 
dans  la  ferveur.  Les  efforts  incroyables  que  font  les  enne- 
mis de  tout  genre  qui  nous  environnent,  doivent  resserrer 
de  plus  en  plus  les  liens  qui  nous  unissent. 

Ayez  soin  que  les  ordonnances  de  visite  soient  promp- 
tement  exécutées  ;  car  il  résultera  un  très-grand  bien  de 
cette  humble  obéissance.  Il  est  consolant  pour  moi  de 
pouvoir  vous  dire  que  je  me  trouve  heureux  de  n'avoir 
communément  à  statuer  et  à  ordonner,  pendant  les  visites, 
que  sur  des  choses  qui  paraissent  peu  importantes,  à  cause 
du  bon  ordre  dans  lequel  sont  tenus  presque  partout  les 
églises  et  tout  ce  qui  sert  au  culte  de  Dieu.  Il  est  pourtant 
un  point  essentiel  sur  lequel  il  faut  insister  :  c'est  la  red- 
dition des  comptes  des  marguilliers,  qui  doit  se  fait  régu- 
lièrement tous  les  ans.  Pour  l'uniformité,  il  serait  beau- 
coup à  désirer  qu'il  y  eut  un  même  tarif  pour  toutes  les 
paroisses,  afin  que  les  droits  de  l'église  fussent  moins 
odieux  par  la  comparaison  qui  se  fait  souvent  de  ceux  qui 
s'exigent  dans  les  diverses  églises  de  ce  diocèse.  Je  laisse 
la  chose  à  vos  réflexions  et  à  votre  zèle  pour  le  bien  com- 
mun. Il  serait  également  à  souhaiter  que  l'on  suivit  une 
méthode  uniforme  dans  la  tenue  des  livres  de  comptes  et 
la  rédaction  des  actes  de  délibérations  des  fabriques.  Je 


234  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

crois  que  les  Notes  diverses  contiennent  des  formules  bien 
rédigées  ;  et  je  vous  conseille  de  vous  en  servir. 

Ayons  l'esprit  de  corps,  puisque  nous  en  formons  un, 
afin  de  veiller  à  tous  les  intérêts  et  à  l'honneur  du  clergé. 
Encouragez  de  tous  vos  efforts  la  belle  œuvre  de  la  Pro- 
pagation de  la  Foi.  Un  bon  moyen  pour  cela  serait  de 
former  des  arrondissements  de  quatre  paroisses  et  de  vous 
réunir  un  jour  par  semaine  dans  chacune  d'elles  ad  tur- 
7ium,  pour  confesser  les  associés  et  les  faire  participer  à 
l'indulgence  plénière  accordée  une  fois  par  mois  par  le 
Souverain  Pontife.  Dans  ces  réunions  il  serait  facile  de 
former,  avec  le  temps,  un  grand  nombre  de  sections  et 
d'entretenir  le  zèle  pour  cette  œuvre  par  les  rapports  qui 
vous  seraient  donnés  sur  les  progrès  admirables  que  fait 
partout  notre  sainte  religion.  Ce  moyen  est  employé  avec 
succès  dans  le  diocèse  de  Québec.  Afin  d'obtenir  à  cette 
œuvre,  si  éminemment  catholique,  des  bénédictions  plus 
abondantes  et  de  nouveaux  succès,  je  voua  autorise,  en 
vertu  d'un  Induit  Papal,  à  dire  la  messe  votive  Pro  Fidel 
propagatione^  dont  vous  recevrez  un  exemplaire  avec  la 
présente.  Gomme  la  société  de  Tempérance  produit  des 
effets  admirables  dans  tous  les  lieux  où  elle  est  établie, 
ainsi  que  l'Archiconfrérie  du  Très-Saint  et  Immaculé 
Cœur  de  Marie,  je  suis  persuadé  que  vous  en  ferez  votre 
affaire,  et  que  vos  paroissiens  en  recueilleront  les  heureux 
fruits. 

Je  crois  devoir  vous  engager  de  nouveau  à  diriger  les 
âmes  et  surtout  les  jeunes  gens  d'après  les  règles  de  St. 
Liguori,  consignées  dans  la  Praxis  Confessarii^  à  encoura- 
ger autant  que  possible  le  cbant  et  les  cérémonies,  pour 
que  les  divers  offices  soient  célébrés  avec  plus  de  pompe 
et  de  majesté,  et  à  travailler  à  détruire  le  luxe  et  la  vanité, 
les  jeux  criminels,  les  parures  indécentes,  les  blasphèmes, 
les  fraudes  et  les  injustices,  qui  se  répandent  d'une  ma- 
nière si  alarmante.  Veillez  soigneusement  à  ce  que  les 
mères  observent  la  loi  de  l'Eglise,  qui  leur  défend  de 
mettre  coucher  avec  elles  leurs  petits  enfants.  Veuillez 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  Î35 

recommander  à  vos  paroissiens  d'avoir  soin  de  leurs  pau- 
vres, et  ne  souffrez  pas  que  ceux-ci  aillent  ailleurs.  Vous 
pourrez  exeicer  pendant  toute  l'année  1843  1a  faculté  que 
je  vous  ai  déjà  donnée,  dans  ma  circulaire  du  5  Janvier 
1842,  d'indulgencier  les  croix,  chapelets  et  médailles. 

Je  vous  adresse  avec  la  présente  diverses  décisions  qui 
vous  intéresseront,  je  n'en  doute  pas,  parce  qu'elles  vous 
serviront  à  décider  beaucoup  de  cas  pratiques,  qui  se 
rencontrent  tous  les  jours. 

En  attendant  que  nous  puissions  nous  procurer  les 
Bréviaires,  qui  nous  sont  nécessaires  pour  faire  les  offices 
qui  doivent  être  sous  peu  introduits  dans  ce  diocèse,  je 
vous  autorise,  en  vertu  d'un  Induit  spécial  du  St.  Siège,  en 
date  du  11  Juillet  1841,  à  faire  ceux  du  St.  Sacrement  et 
de  l'Immaculée  Conception  de  la  B.  V.  Marie,  en  suivant 
la  Rubrique  suivante  : 

OFFICIUM   DE    SS.    CORPORE    CHRISTI. 

BecUanclum  siib  rilu  semiduplici  omnibus  Feriis  quinlis  non  impe- 
(lilis  Feslo  tiovem  leclionum  eliam  Iranslato  ;  excepto  Advenlu,  Qua- 
dragessimâ,  Vigiliis,  ac  eliam  feriâillâ,  in  quâ,  secundum  Rubricas, 
Ofjicium-  Dominicœ  aliquando  erit  apponendum. 

Omnia  dicuntur  prout  in  die  Fesli,  omisso  alléluia.  Si  occurrat 
aliquod  festitm  simplex,  fit  de  eo  commemoratio  et  nona  Leclio  de-  eo 
legiiur.  Deindè  fiuni  Commemoraliones,  suffragia,  ut  in  psallerio,  si 
f'acienda  sint.  Ad  Complelorium,  et  per  Horas,  in  fine  hymnorum  dici- 
lur  :  Gloria  tibi,  Domine,  seu  Jesu,  tibi  sit  Gloria, 
Qui  natus  es  de  Virgine,  etc. 

Ad  Maluiinum,  Lectiones  primi  Nochumi  de  Scriplura  occurenle, 
cum  Responsoriis  ex  primo  Noclurno  diei  Fesli.  Lectiones  vero  secundi 
et  tertii  Noclurni  cum  responsoriis,  sumunlur  ex  Octavâ  ejusdem,  ut 
inferiùs  Ordine  Mensium  disponunlur. 

Mensibus  Màio  et  Junio,  ex  Ferliâ  Ilposl  Dominicaminfrà  Oclavam. 

Mensibus  Julio  et  Augusto,  ex  Feriâ  Jll  post  Dominicam  infrà 
Octavam. 

Mensibus  Seplembri  et  Octobri,  ex  Feriâ  IV  post  Dominicam  infrà 
Octavam. 

Mensibus  Novembri  el  Decembri,  ex  Feriâ  Vposl  eamdem  Dominicam 
infrà  Oclavam. 

Mensibus  Januario  et  Februario,  ex  Sabbato  infrà  Oclavam. 

Mensibus  Marlio  et  Aprili,  ex  Dominica  infrà  Oclavam  ejusdem  Fesli. 


1 


236  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

OFFICIUM    CONCEPTIONIS   BEAT^    MARLE   VIRGINIS. 

Quod  recilari  potest  ritu  semiduplici,  quolibet  Sabbalo  anni,  (extra 
Adventura,  Qjmdragesimam  et  Sabbalum  Vigiliarum  et  Quatuor  Tem- 
porum,)  non  iUpedilo  Festo  novem  Leclionum,  eliam  translate,  excep- 
tis  tantum  lis  Sabbatis  in  quibus  sit  reponendum  Officium  Dominicse. 
Omnia  dicuntur  ut  in  Festo,  die  VII  Decemb.  omisso  liodie,  et 
dicendo  voiiva  commemoraiio  loco  soUmnUalis.  Ad  matutinum,  lec- 
liones  primi  Nocturni  de  Scripturâ  occurrente  ;  lectioaes  vero  Secundi 
et  tertii  Nocturni  ex  Octavâ,  ut  inferiiis  ordine  Mensium  disponuntur. 
Mensibus  Maïo  et  Junio,  ex  die  111. 
"        Julio  et  Augusto,  ex  die  V. 
"        Septembri  et  Octobri,  ex  die  VII. 
"        Novenibri  et  Decembri,  exdie  VIII. 
"        Januario  et  Februario,  ex  die  Festi. 
"        Martio  et  Aprili,  ex  die  II. 

L'on  me  demande  depuis  longtemps  de  donner  au  peuple 
le  Nouveau-Testament  en  français,  afin  de  l'empêcher  de 
lire  des  bibles  falcifîées.  Je  me  rends  aux  instances  qui 
m'ont  été  faites  là-dessus  ;  et  après  m'être  entendu  avec 
Mgr.  l'évêque  de  Québec,  nous  allons  donner  le  Nouveau- 
Testament  en  langue  vulgaire,  lequel  pourra  être  un  livre 
d'école.  Je  voudrais  savoir  au  plus  tôt  combien  d'exemplai- 
res vous  désirez  vous  en  procurer,  et  s'il  vous  serait  pos- 
sible de  payer  quelque  chose  d'avance  pour  aider  aux 
frais  d'impression. 

Je  me  recommande  instamment  à  vos  ferventes  prières 
et  saints  Sacrifices  de  la  messe.  De  mon  côté,  je  puis  vous 
assurer  qu'il  ne  se  passe  pas  un  jour  que  je  ne  conjure 
le  Seigneur  de  vouloir  bien  vous  faire  à  tous  la  grâce 
d'exercer  dignement  le  terrible  ministère  qui  vous  est 
confié,  afin  que  nous  puissions  tous,  en  sauvant  les  autres, 
nous  sauver  nous  mômes. 

Je  suis  bien  afl'ectueusement, 
Monsieur, 
Votre  très-humbb  et  très-obéissant  serviteur, 

-J-  Ig.  Bourget,  Evéque  de  Montréal. 
[Vraie  copie^) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Assist.  Sec. 


1 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  -237 

QU/ESTIONES 

CIRCA  MATRIMONIA  MIXTA  A  SACRA    CONGREGATIONE   DE    PROPA- 

GANDA  FIDE  DECLMA  SEPTIMA  DIE  NOVEMBRIS  ANNI  MILLE- 

SIMI  OCTINGENTESIMI    TRIGESBII   QUINTI  SOLUT-.E. 

Cùm  à  R.  P.  D.  Episcopo  Quebecensi  pleraque  dubia 
circa  matrimonia  mixta  et  clandestine  vel  aliter  inordinatè 
contracta  Sacrse  Congrégation!  de  Propagandà  Fide  pro- 
posita  fuissent  ;  re  ad  supremam  S.  0.  Gongregationem 
delatâ,  Eminentissimi  Cardinales  contra  hœreticam  pravi- 
tatem  Générales  Inquisitores  dubia  isthœc,  ut  sequitur, 
saluta  voluerunt  : 

Qu.ERiTUR  1'^ — Sit  ne  validum  matrimonium  à  duobus 
Gatholicis  natu  minoribus  secundùm  formas  ab  Ecclesiâ 
prœscriptas  contractum,  sed.  tamen  invitis  parentibus  ? 

Respondetur. — Affirmative  ;  Nec  enim  dissensus  paren- 
tum  aut  œtas  minor  inter  impediipsnta  mati-imonium 
dirimentia  iillo  possunt  modo  hisce  temporibus  recenser!. 
Leges  Cœsareas  et  Jussa  Principum  huicadversa  sententiee 
non  moramur.  Illa  namque  aut  de  civilibus  tantum  eifec- 
tibus  sunt  intelligenda,  sicut!  de  Edicto  Henrici  Tertii 
Régis  Christianissimi  à  Ludovico  decimo  tertio  confîrmato 
sentiunt  prcestantes  viri  Lovetus  in  Parisien!  senatu  Con- 
siliarius,  Hubertus  Episcopus  Vabriensis,  Cabassutius. 
Gerbasius,  Natalis  Alexander,  Aliique  ;  aut  quùm  id 
statuant  quod  limites  prœtergreditur  sœcularis  potestatis, 
sunt  omnino  rejicienda. 

Circà  ea,  quœ  ad  rationem  pertinent  Sacramentorum, 
non  Principibus  sœcularibus  sed  sol!  Ecclesiae  plena  est 
definiend!  potestas.  Ea  vero  non  solùm  in  cap.  Cùm  locum^ 
de  Spons.  et  Mat.  in  cap.  Licet  et  in  cap.  Tua  de  sponsâ 
duorum,  ejusmodi  matrimonia  rata  habuit  et  declaravit, 
verùm  et  Trident!  in  iSpiritu  Sancto  légitimé  congregata 
eos  anatbemate  percussit,  qui  falso  affirmant  matrimonia 
à  filiis  farailias  sine  consensu  parentum  contracta  irrita 

17 


238  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

esse.  Nullus  igitur  dubio  reliquus  locus  est  super  validi- 
tate  prsedicti  matrimonii. 

Qu^RiTUR  2° — Utrùm  Matrimonium  partis  catholicœ  et 
partis  protestantis,  utriusque  nata  minoris,  invitis  paren- 
tibus  unius  ex  partibus  contractum  coràm  Magistratu  vel 
Ministro  protestante  et  duobus  testibus,  validum  censeri 
debeat  nec  ne  ? 

Respondetur. — Affirmative,  pro  Ganadse  Regionibus  ad 
quas  extensa  est  Benedictina  declaratio.  Jàm  enim  suprà 
monuimus  neque  œtatem  minorem  neque  Parentum  dis- 
sensum  dirimere  matrimonia  ;  quod  non  de  Gatholicis 
solùm,  sed  de  ipsis  etiam  Protestantibus  volumus  intel- 
iectum,  cùm  hseretici  quoque  sacris  Ecclesice  legibus 
teneantur;  nec  in  iis  prœsertim,  quœ  attinent  ad  sacra- 
mento,  soeculares  leges  Ecclesiœ  sanctionibus  ullo  possint 
esse  detrimento.  Deficientia  tandem  Parochi,  in  casu 
expressi,  non  nisi  clandestinitatem  parit,  quee  in  illis  locis, 
in  quibus  vim  habet  Benedictina  declaratio,  haud  irritât 
matrimonia  hcereticorum.  Cum  vero,  ut  idem  fert  Bene 
dictus  decimus  quartus  in  opère  de  Synod.  Diœc.  in 
matrimoniis  mixtis  pars  libéra  et  immunis  à  lege  eamdem 
immunitatem  cum  altéra  parte  communicare  censetur  ; 
sequitur  profecto  clandestinitatem  non  obstare  mixtis 
matrimoniis  in  Ganadœ  regionibus  contractis. 

Qu^RiTUR  3° — Est-ne  validum  matrimonium  à  duobus 
Protestantibus  absque  ullo  teste  contractum  ? 

Respondetur. — Est  validum  pro  Ganadœ  Regionibus; 
inibi  enim  viget  Benedictina  declaratio  quœ  valida  déclarât 
ea  matrimonia  quœ  clandestine  ab  hœretii  is  contrahuntur. 

Qu.'ERiTUR  4o — Matrimonium  partis  caLiiolicœ  et  partis 
hœreticœ  contractum  iuter  utramque  partem  nullo 
adstante  teste  validum  ne  censeri  débet? 

Respondetur.  —  Validum  pro  Ganadœ  Regionibus  ob 
sœpius  laudatum  Benedictinam  Declaralionem  ad  ea  loca 
extensam.  Hoc  patet  ex  dictis  in  solutione  ad  dubium  2^'. 
Prœstat  vero  hic  pro  majori  claritate  verba  referre  ejusdem 
Benedicli  XIV.  lib.  G.  cap.  G.  de  Syn.  Diœc.  sic  exarata  : 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  239 

«  Gùm  conjux  tùmratione  loci  in  quo  habitat,  tùm  ratione 
-societatis  in  quâ  vivit,  exemptus  sit  à  Tridentinse  Sinodi 
lege,  exemptio  quâ  ipse  fruitur  alteri  parti  communicata 
remanet  propter  individuitatem  contractûs  vi  cnjus  exemp- 
tio quœ  uni  ex  partibus  competit  ad  alteram  secundùm 
etiam  civiles  leges  extenditur  eidemque  comraunicatur.  » 
Quœ  verba,  ut  videre  est,  tàm  sunt  clara  et  aperta,  ut 
nuUum  relinquant  dubitationi  locum  super  validitate 
istiusmodi  raatrimonii. 

Qu/ERiTUR  5° — Matrimonium  duorum  Gatholicorum  in- 
ter  se  solos  contractum  absque  ullo  teste,  vel  coram  duobus 
testibus  in  loco  ubi  non  possunt  recurrere  ad  ministerium 
alicujus  sacerdotis  approbali,  validum  ne  est? 

Respondetur. — Primum  Matrimonium  est  validum  pro 
ils  Diœcesis  Quebecensis  Incolis,  qui  Missionariis  tantùm 
utuntur,  Sacra  enim  Gongregatio  de  Propaganda  Fide 
anno  1820  decrevit  :  «  Pro  incolis  Diœcesis  Quebecensis, 
qui  Missionariis,  et  donec  utuntur,  non  esse  locum  decreto 
Goncilii  Tridentini  Tametsi  nullo  habito  respectu  majoris 
vel  minoris  distantiœ  ;  et  missionarii  curent  referre  ma- 
îrimonia  celebrata  in  eorum  regestu  Ordinario  respectivo 
tradendo.  »  Quibus  ex  verbis  patet  Incolas  prœdiclos  ma- 
trimonia  inire  posse.  nec  pavocho  distante,  nec  testibus 
ullis  ;  quùm  utraque  obligatio  ex  codera  proveniat  Tri- 
denlino  decreto  Tametsi  cui  locum  non  esse  declaravit 
praelaudata  Gongregatio.  Secùs  vero  de  iis  Incolis  affîr- 
mandum  est,  qui  in  locis  habitant,  ubi  sunt  parœciœ 
constitutœ  ;  illi  enim  nullo  modo  à  lege  Tridentini  decreti 
immunes  haberi  possunt  ut  proindè  ipsorum  matrimonia 
irrita  fiant  si  nullo  teste  prœsente  contrahantur. 

Secundùm  matrimonium,  de  quo  in  dubio  fit  raentio, 
validum  quoque  habendum  est.  Sacra  enim  Gongregatio 
Goncilii  die  30  martii,  anno  IG69,  declaravit  quod  sicubi 
catholicus  parochus  aliusve  sacerdos,  vel  omnino  non 
adsit  vel  illius  adeundi  libéra  potestas  non  sit,  matrimonia 
etiam  nullo  adstante  sacerdote  contracta  vahda  censeantur, 
dummodo  coram  duobus  testibus  contrahantur  :    Plus 


240  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

etiam  VI,  huic  inhcerens  declarationi  rata  habuit  matri- 
moniain  Galliis  temporerevelutionis  contracta cum  Eccle- 
siae  legitimis  pastoribus  destituebantur. 

Qu.erItur  Ce» — Cum  pars  una  catholica  et  pars  hieretica 
desponsantur  coram  Magistratu  et  uno  tantùm  teste  ;  val 
coram  Ministro  Protestante  et  uno  itidem  teste,  potest  ne 
Magistratus  vel  Minister,  ut  alter  testis  censeri  ?  Matri- 
monium  vero  ejusmodi  vaiiduin  ne  est  ? 

Respondetur. — Matrimonium  est  validum  pro  partibus 
Canadas  ob  declarationem  Benedictinam  inibi  extensam. 
Repetendum  hic  est  quod  jàm  satis  superque  monuimus 
matrimonia  ejusmodi  valida  semper  esse  etiamsi  nullo 
adstante  teste  contrahantur.  Superfluum  itaque  videtur 
percunctari  utrùm  Magistratus  aut  Minister  bœreticus 
veiut  alter  testis  possit  existimari.  Gur  tan  ta  de  altero 
teste  sollicitudO;  cùm  in  casu  de  quo  agitur  ex  collato 
IndultonuUius  testis  prœsentia  ad  matrimonii  validatalem 
exigatur  ?  Leges  autem  sœculares,  si  quîB  in  Ganadée 
Regione  vigent,  matrimonia  clandestina  rescindentes 
coràni  Ecclesiâ  vi  nullâ  poUere  meritoque  explendendas 
esse  jàm  suprà  monuimus  in  responsione  ad  dubium  pri 
muni.  Diligenter  itaque  commonendi  suntqui  in  Ganadie 
Regionibus  matrimonia  prœdicta  sic  contrahunt  se  in  foro 
conscientiœ  sœcularibus  illis  legibus  non  teneri,  sicque 
coram  Deo  conjunctos  esse  ut  nulla  possint  hominum 
potestate  divelli. 

Qu-ERiTUR  7u — Matrimonium  duorum  Gatholicorum 
inter  se  adstantibus  duobus  testibus  coutractum  coràm 
Parooho  invito  et  reluctante  estne  validum  ? 

Respondetur — Validum  sic  declaravit  sacra  congregatio 
Goncilii  anno  1581,  respondens  tertio  Quèesito  Episcopi 
Giennens.  sic  expresso  :  Si  invitus  et  compulsus  per  vim 
adsit  sacerdos,  cum  contrahitur  matrimonium,  utrum  taie 
matrimonium  subsistât  ?  Responsum  fuit  subsistere. 

QUiERiTUR  8° — Gùm  Catholicus  se  simulât  Protestantem 
aut  Apostatam,  eo  consilio  ut  matrimonium  ineat  cum 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  241 

muliere  catholicâ  coràm  Ministro  Protestante  et  duobus 
testibus  :  ejusraodi  matrimonium  estne  validum? 

Respoxdetur. — Négative  :  Gum  enim  aller  conjugum 
licpresim  simulât  aut  apostasiam  non  ideo  catholicam 
fidem  ex  animo  deserit.  Quocircà  cùm  ambo  conjuges  sint 
reipsâ  catholici  clandestinitatis  impedimenlo  tenentur. 
Quod  si  conjugum  alter  non  hœc  simularet  solùm  sed 
vero  animo  à  catholicâ  fîde  deficeret  ad  hsereticam  tran- 
siens  pravitatem,  tum  profecto  mixtum  exurgeret  matri- 
monium quod  ratum  habendura  esse  ex  superiùs  dictis 
manifeste  apparet. 

Qu.ERiTUR  O'J — Duo  Catholici  Diœcesi  Quebecensis  non 
nihil  impedimenti  obesse  animadvertentes  ne  matrimo- 
nium contrahant  in  fraudem  legis  ad  illud  ineundum 
coram  magistratu  pergunt  ad  Fœderatas  Americse Septen- 
trionalis  Ditiones,  quibus  in  Regionibus  facta  nunquam 
est  Tridentini  decreti  Tametsi  promulgatio.  Ratum  ne 
habendum  est  matrimonium  ejusmodi  ? 

Respondetur.  —  Ratum,  si  conjuges  transférant  etiam 
Domicilium  ;  irritum,  si  primum  Domicilium  retineant. 
Lubet  hic  resolutiones  à  sacra  Goncilii  Congregatione 
tribus  dubiis  datas  afferre,  ex  quibus  patet  apertissimè 
quœnam  sit  Ecclesiœ  mens  circà  hos  similesve  casus. 
Quœsitum  itaque  fuit. 

lo — «An  Incolœ  tàm  masculi  quàm  fœminœ  loci,  in 
«  quo'  Concilium  Trid.  in  puncto  matrimonii  est  promul- 
«  gatum,  transeuntes  per  iocum,in  quo  dictum  Concilium 
«  non  est  promulgatum,  re  tinen tes  idem  Domicih  um  valide 
((  possent  in  isto  loco  matrimonium  sine  Parocho  et  testibus 
«  contrahere  ? 

2o— «  Quid  si  eo  prœdicti  Incolœ  tàm  masculi  quàm 
ffeminœ  solo  animo  sine  Parocho  et  testibus  contrahendi 
se  transférant,  habitationem  non  mutantes? 

30 — ((  Quid  si  transférant  habitationem  in  illo  solo  animo 
ut  absque  Parocho  et  testibus  contrahant  ?  »  Sacra  Con- 
gregatio  ad  primum  et  secundum  non  esse  legitimum 
matrimonium  inter  se  sic  transferentes  ac  transeuntes 


242  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cum  fraude.  Ad  tertium  si  domicilium  verè  transferatur^ 
matrimonium  esse  validura. 

QUiERiTUR  10'5 — Pars  Catholica  Diœcesis  Quebecensis  et 
parshsereticaDitionum  Fœderatarum  utraque  natu  minor 
contraliunt  inter  se  solas  matrimonium  absque  teslibusin 
Fœderatarum  Ditionum  terris.  Est  ne  validum  hoc  ma- 
trimonium ? 

Respondetur. — Est  validum  :  Pars  enim  hœretica  Ditio- 
num Fœderatarum  suam  communicat  immunitatem  parti 
Gatholicae  Diœcesis  Quebecensis.  iEtas  vero  minor  nullum 
facessit  hic  negotium.  Hsec  tàm  sœpe  repetita  sunt,  ut 
inutile  prorsus  sit  vel  minimum  nunc  addere  verbum. 

Qu.ERiTUR  11° — Pars  hseretica  earumdem  Fsederatarum 
Ditionum  et  pars  catholica  Diœcesis  Quebecensis  matri- 
monium ineunt  in  prsefatâ  Diœcesi  magistratu  coram  et 
duobus  testibus  ;  validé  ne  contrahunt  ? 

Respondetur.  —  Vahdè  etiamsi  nullus  adsit  testis  ob 
rationem  in  superioribus  solutionibus  allatam. 

Qu-ERiTUR  12° — Catholica  pars  Ditionum  Fœderatarum 
et  pars  hseretica  Quebecensis  Diœcesis  matrimonium  inter 
se  solas  célébrant  absque  testibus  in  prœfata  Diœcesi; 
Estne  validum  ? 

Respondetur. — Validum  ;  Pars  enim  hseretica  gaudet 
Benedictinâ  Declaratione  et  immunitatem  ex  illà  prove- 
nientem  communicat  cum  parte  catholica  Ditionum  Fœde- 
ratarum. 

Qu.ERiTUR  l3o — In  Ditionibus  Fœderatis  Americœ  Sep- 
tentrionalis,  Sacerdotes  catholici  à  tempore  immemorabiU 
celebrare  consueverunt  matrimonia  catholicorum  cum 
hcereticis.  Suntne  inibi  licita  mixta  hœc  matrimonia  ? 

Respondetur. — Négative  ;  Duplici  enim  in  sensu  sumi 
potest  verbum  illud  celebrare^  ut  vel  significat  nuptialem 
impertiri  benedictionem,  vel  nuptiis  duntaxat  adesse.  Ab 
utroque  ofTicio  arcentur  Sacerdotes,  cùm  illicita  semper 
ab  Ecclesiâ  habita  sint  istiusmodi  matrimonia.  nec  licita 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  243 

fiant  nisi  specialis  prsecesserit  apostolica  dispensalio,  quse 
gravissimis  tantùm  de  causis  et  post  maturum  examen 
solet  concedi.  Causœ  vero  gravissm?e  censentur,  si  in 
publicum  bonum  vergant,  et  si  eas  comitentur  expressce 
et  perquàm  necessarife  conditiones  quse  sequuntur  :  1°  Ut 
nullum  adsit  periculum  quod  pars  catholicâ  ab  hœreticâ 
perverti  possit  imo  è  contrario  spes  affulgeat  probabilius 
futurum  ut  pars  liœretica  ad  saniorem  frugem  à  parte 
catholicâ  revocetur.  2"  Ut  proies  utriusque  sexûs  ex  eo 
procreanda  conjugio  in  Gatholicse  Religionis  sanctitate 
omnino  educetur.  Quœ  si  causœ  conditionesque  concur- 
rant  solet  quidem  Apostolica  Sedesconcedere  ut  Presbyter 
approbatus  nuptiis  intersit  ;  at  nuUo  modo  nuptialem 
impertiatur  benedictionem.  Dispensatio  istliœc  pro  prœ- 
fatis  matrimoniis  non  prœsumitur,  quœ  idcirco  illicita 
œstimanda  sunt.  Gonsuetudinem  vero  contrariam  à  tem- 
poreimmemorabilivigentem  sacra  Gongregatio  non  probat, 
nec  tamen  apertè  nunc  interdicit,  ni  verè  graviora  indè 
mala  proveniant.  In  id  autem  omnes  vires  suas  omnemque 
pastoralem  sollicitudinem  impendere  deberent  praesules 
ordinarii,  ut  eam  consuetudinem  abusum  imo  reproban- 
dum  leniter  et  paulatim  à  suis  usque  radicibus  evellant. 

Hâctenùs  de  dubiis  ab  Episcopo  Quebecensi  propositis 
quibus  ideo  uberiores  subjecimus  resolutiones  utapertiùs 
pateret  quid  in  similibuscasibusconsilii  capiendum  esset. 
Quae  vero  de  mixtis  retulit  matrimoniis  Episcopus  prselau- 
datus,  S.  G.  implexa  satis  nimisque  generica  visa  sunt- 
Accuratiorem  itaque  ac  uberiorem  de  illis  relationem 
expostulat  eadem  S.  G.  ut  perspectis  omnibus  rerum  loco- 
rum  personarumque  circumstantiis  cùm  csetera  dignoscere 
queat  tùm  prcesertim  si  paulo  superiùs  dictœ  causée  con 
ditionesque  concurrant. 

Feria  tertiâ  loco  quartœ  die  17  Novembris  1835  In  Gon- 
gregatione  Generali  Sanctœ  Romîe  et  Universalis  Inquisi- 
tionis  habita  in  Gonventu  Sanctse  Mariœ  supra  Minervam 
coràm  E.  et  R.  Unis  Gardinalibus contra  hœreticam  pravi- 


244  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

tatem  Generalibus  Inquisitoribus,  supradictam  Instruc- 
tionem  circa  dubia  proposita  ab  B.  P.  D.  Archiepiscopo 
Quebecensi,  iidem  Emi  et  Rmi,  D.  D.  approbarunt. 

iSignalus)    Angélus  Argenti  Sanct^  Romande  et  irNivEn- 

SALIS  InQUISITIOXIï  NOTARItlS. 

Loco  t  Sigilli 

{Pro  Apograplio,) 

LuD.  L.  PoMiNviLLE,  Acol.  S.  Sec. 


CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS    LES   PRÊTRES   DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  10  Mars  1843. 
Monsieur, 

Vous  aurez  sans  doute  appris,  par  les  papiers  publics,  la 
nomination  d'un  nouveau  gouverneur  ;  dans  ces  circons- 
tances il  nous  a  paru  convenable  que  le  clergé  du  Diocèse 
présentât  à  Sir  Chs.  Bagot,  une  .adresse  d'adieu  avantson 
départ.  Vous  savez  que  dans  ces  sortes  d'occasions  il  n'est 
question  que  de  compliments  et  de  félicitations. 

Comme  le  temps  presse  et  que  vos  occupations  ne  vous 
permettront. peut-être  pas  de  venir  en  ville,  voulez-vous 
m'autoriser  à  mettre  votre  nom  à  cette  adresse  ?  Si  cepen- 
dant vous  veniez  à  Montréal  vous  voudrez  bien  la  signer 
vous-même. 

Je  suis  bien  sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  serviteur, 


f 


f  Ig.  Bourget,  Evéque  de  Montréal. 

[Pour  copie.)  \ 

Louis  L.  Pominville,  Acol.  Sous. -Sec. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  245 

A  Son  Excellence  Sir  Charles  Bagot,  Chevalier  Grand-Croix  du 
Très-Honorable  Ordre  du  Bain^  Vun  des  Tres-Honorables 
Conseillers  de  Sa  Majesté,  Gouverneur-Général  de  T Amérique 
Britannique,  Capitaine  Général  et  Gouverneur-en-Chef  du 
Canada,  de  la  Nouvelle-Ecosse,  hc,  ho,.,  &.c. 


Nous  l'Evêque  catholique,  les  vicaires-généraux,  curés 
et  autres  prêtres  du  Diocèse  de  Montréal,  tant  en  notre 
nom  qu'en  celui  de  tous  les  membres  du  clergé  catholique 
de  ce  diocèse,  dont  nous  sommes  les  organes  autorisés, 
prenons  la  liberté  d'approcher  respectueusement  de  Votre 
Excellence  pour  lui  offrir  l'expression  sincère  de  notre 
attachement  et  nos  félicitations  à  l'occasion  de  l'améliora- 
tion subite  et  inattendue  survenue  dans  l'état  de  sa  santé, 
au  moment  où  l'on  tremblait  pour  la  perte  de  ses  jours. 
Il  était  difficile  en  effet  de  ne  pas  espérer  que  Dieu  se 
laissât  toucher  aux  prières  de  tout  un  peuple  prosterné 
aux  pieds  de  ses  autels  ;  et  nous  sommes  heureux  d'assurer 
à  Votre  Excellence  que  le  clergé  n'a  pas  été  le  dernier 
à  élever  des  mains  suppliantes  pour  la  conservation  de 
Votre  Excellence,  afin  qu'EUe  pût  jouir  de  la  douce  satis- 
faction de  terminer  l'œuvre  de  justice  et  de  conciliation 
qu'Elle  avait  si  courageusement  entreprise. 

Cette  heureuse  convalescence  nous  avait  fait  espérer 
de  conserver  Votre  Excellence  au  milieu  de  nous  ;  mais 
la  Divine  Providence  vient  d'en  décider  autrement.  Le 
départ  prochain  de  Votre  Excellence  est  une  nouvelle 
affliction  que  Dieu  nous  envoie  ;  et  elle  ne  pourra  désor- 
mais être  adoucie  que  par  l'espoir  que  le  successeur  de 
Votre  Excellence  marchera  sur  vos  traces  et  achèvera  de 
cicatriser  les  plaies  dont  votre  sollicitude  pleine  de  sagesse 
entreprit  la  guérison  avec  tant  de  succès. 

Nous  nous  flattons  qu'étant  éloignée  de  nous,  Votre 
Excellence  nous  favorisera  de  sa  puissante  protection. 
Nous  la  prions  de  porter  aux  pieds  du  trône  de  notre 


246  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES 

bien-aimée  Souveraine  l'hommage  de  nos  respects,  de 
notre  loyal  attachement  et  de  la  reconnaissance  que  nous 
lui  devons  pour  vous  avoir  envoyé  au  milieu  de  nous 
avec  une  mission  de  généreuse  pacification. 

Nous  prions  enfin  Votre  Excellence  de  croire  que  par- 
tout où  la  Providence  conduira  ses  pas,  Elle  sera  accom- 
pagnée de  nos  souvenirs  et  de  nos  vœux  pour  sa  prospérité 
et  celle  de  sa  famille.  Les  canadiens  n'oublient  jamais  un 
bienfait  ni  un  bienfaiteur  :  et  ce  titre  ils  vous  l'ont 
décerné  depuis  longtemps.  Puisse-t-il  être  un  motif  de 
plus  à  votre  affection  pour  nous  !  C'est  le  dernier  vœu 
que  nous  adressons  à  Votre  Excellence. 


PROJET 

DE  RÈGLEMENT  DES  CONFÉRENCES  ECCLÉSIASTIQUES. 


lo  II  y  aura  chaque  année  quatre  conférences  ecclésias- 
tiques dans  les  divers  cantons  du  diocèse  ;  une  tous  les 
trois  mois,  savoir  :  en  novembre,  février,  mai  et  août. 

2»  Il  y  aura  autant  d'arrondicsements  qu'il  y  a  d'archi- 
prêtres,  et  autant  de  cantons  qu'il  y  a  de  grands-vicaires  à 
la  campagne.  En  voici  le  tableau  : 

CANÏO-NS    COMPOSÉS    DES   ARCHIPRÊTRÉS    DU   DIOCÈSE. 

Vicaires  Généraux. — Archipréircs. 

M.  Viau. — De  St.  Sulpice,  de  St.  Jacques  de  l'Achigan 
et  de  la  Rivière  des-Prairies. 

M.  Demers.— De  St.  Denis,  de  Ghambly  et  de  St.  Hya- 
cinthe. 

M.  Manseau. — De  Ste.  Geneviève,  de  St.  Jean  Dorchester 
et  de  Blairfindie. 

M.  Archambault. — De  Vaudreuil,  du  Lac  des  Deux- 
Montagnes  et  de  Ste.  Thérèse. 


â 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOGUxMENTS.  247 

M.  Carron. — De  St.  Clément  de  Beauharnaiset  du  Sault 
St.  Louis. 

M.  Kelly. — De  Sorel,  de  Berthier  et  de  Verchères. 

Les  prêtres  de  la  ville  formeront  un  arrondissement 
sous  la  présidence  de  l'Evêque. 

30  Chaque  archiprôtre  sera  président  né  des  assemblées 
pour  les  conférences  ecclésiastiques  qui  se  feront  dans  son 
arrondissement,  quand  l'Evêque  ou  le  grand-vicaire  ne 
s'y  trouvera  pas. 

40  Chaque  archiprôtre  élira  un  secrétaire  dont  le  devoir 
sera  de  correspondre  avec  M.  le  Grand- Vicaire  du  canton, 
de  recevoir  de  lui  les  questions  qui  feront  le  sujet  des 
conférences,  de  rédiger  des  procès-verbaux  des  assemblées 
ecclésiastiques,  de  les  transmettre  au  grand-vicaire,  de 
s'entendre  avec  l'archiprêtre  pour  déterminer  le  lieu  et  le 
temps  des  assemblées,  d'en  donner  notice  aux  prêtres  de 
l'arrondissement,  de  faire  en  vin  mot  toutes  les  écritures. 
Chaque  arrondissement  aura  son  registre  pour  y  insinuer 
tous  les  actes  de  décisions  qui  s'y  passeront. 

5°  Toutes  les  questions  qu'il  faudra  discuter  dans  les 
conférences,  seront  envoyées  au  grand-vicaire  du  canton, 
qui  les  fera  passer  à  tous  les  secrétaires  des  divers  arron- 
dissements de  son  ressort. 

6°  Chaque  prêtre  fera  par  écrit  sur  ces  questions  toutes 
les  observations  qu'il  jugera  à  propos,  avant  de  venir  aux 
conférences,  et  se  préparera  en  consultant  les  auteurs, 
pour  pouvoir  donner  son  opinion  et  la  motiver  au  besoin. 
A  la  fm  de  chaque  conférence,  l'on  nommera  un  des  prê- 
tres de  l'arrondissement  pour  assister  à  l'assemblée  qui  se 
tiendra  à  l'évêché  pour  discuter  les  rapports  des  différents 
comités,  et  juger  en  dernière  instance. 

70  Huit  jours  après  chaque  conférence,  le  secrétaire 
enverra  à  l'évêché  le  procès-verbal  qu'il  aura  dressé  de 
toutes  les  délibérations  qui  y  auront  eut  lieu. 

80  Tous  les  procès-verbaux  étant  rendus  à  l'évêché,  il 
s'y  tiendra  une  assemblée  des  divers  députés  de  tous  les 
arrondissements  et  on  fera  de  tout  un  résumé  que  l'on 


248  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

adressera  à  chaque  membre  du  clergé,  lequel  se  fera  un 
devoir  de  se  conformer,  quel  que  soit  son  opinion,  aux 
décisions  qui  auront  été  données. 

9°  Toutes  les  assemblées  commenceront  par  le  Veni 
Creator^  le  verset  et  l'oraison  du  St.  Esprit,  suivi  d'un  Ave 
Maria  et  de  l'oraison  de  St.  Alphonse  de  Liguori,  Deus  qui 
2)er  B.  Alphomum^  etc.  Elles  se  termineront  par  le  Memorare, 
etc.  L'on  se  fera  un  devoir  de  demander  tous  les  jours  à 
la  messe,  et  pendant  le  St.  Office,  l'esprit  de  science  qui 
doit  éclairer  le  clergé  et  le  rendre  le  docteur  des  fidèles. 

10^»  L'on  se  fera  un  devoir  de  garder  pour  le  repas  qui 
se  donnera  chez  quelqu'un  de  l'arrondissement  ad  turnum 
les  règles  prescrites  par  les  Sts.  Canons,  qui  veulent  que 
les  tables  des  ecclésiastiques  soient  simples  et  frugales. 
C'est  surtout  dans  ces  réunions,  où  il  est  question  de  se 
former  à  la  pratique  de  toutes  ces  règles  saintes,  que  l'on 
doit  se  piquer  d'une  parfaite  régularité.  Car  l'on  comprend 
aisément  que  sans  cela  ces  réunions  deviendraient  bientôt 
ruineuses,  et  perdraient  en  outre  tout  leur  intérêt.  Peut- 
être  serait-il  bon  que  l'on  convînt,  pour  l'uniformité  dans 
chaque  arrondissement,  de  la  manière  dont  seraient  ser- 
vies les  tables,  afin  que  l'on  n'eût  jamais  lieu  de  trouver 
à  redire  sur  ce  qui  jiourrait  être  excessif  en  plus  ou  en 
moins. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  le  30  Mai  1843. 
Monsieuï\ 

St.  Jean-Baptiste  n'ayant  jamais  bu  aucune  liqueur 
enivrante  est  pour  cette  raison  le  Patron-né  de  la  Société 
de  Tempérance.  Aussi  je  me  rends  volontiers  au  désir 
que  m'ont  témoigné  les  membres  de  cette  généreuse 
association  de  l'avoir  pour  protecteur.  Pour  favoriser  leur 
louable  piété,  je  déclare  ce  grand  Saint  Patron  de  la  Société 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  243 

de  Tempérance  dans  tout  le  diocèse^  et  afin  que  sa  fête  se 
célèbre  avec  toute  la  piété  qui  convient  à  une  fête  reli- 
gieuse, je  transfère,  de  la  solennité  de  St.  François-Xavier 
à  celle  de  St.  Jean-Baptiste,  l'indulgence  plénière  accordée 
à  cette  société  par  mon  mandement  du  25  janvier  1842. 

Espérons  que  ce  glorieux  précurseur  du  Sauveur,  qui 
a  trouvé  dans  l'exercice  de  la  Tempérance  absolue  cette 
force  incomparable  que  Notre-Seigneur  a  bien  voulu 
louer  lui-même,  obtiendra  à  nos  tempérants  la  grâce  de 
persévérer  dans  leur  courageuse  résolution  ;  et  que  notre 
société,  marchant  sous  l'étendard  du  plus  grand  des  enfants 
des  hommes^  fera  de  nouveaux  progrès  pour  la  plus  grande 
gloire  de  la  religion,  qui  l'a  engendrée. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  recommander  à  votre  bien- 
veillante charité  et  à  celle  de  vos  fabriciens  et  paroissiens, 
l'église  de  St.  Philippe,  à  la  reconstruction  de  laquelle 
chaque  paroisse  de  ce  diocèse  doit  s'intéresser  selon  ses 
moyens.  Quelques  minimes  que  soient  les  secours  que 
chacune  d'elles  peut  en  ce  moment  fournir,  toutefois 
réunis  ensemble,  ils  ne  laisseront  pas  d'être  considérables. 
Une  quête  faite  dans  l'égUse,  après  avoir  été  annoncée 
d'avance,  et  un  appel  fait  aux  fabriciens.  rempliraient,  je 
pense,  cet  objet  de  charité  publique.  Ce  serait  d'ailleurs 
comme  un  essai  que  l'on  ferait  pour  mettre  à  exécution  le 
projet  d'une  assurance  mutuelle  pour  tous  les  établisse- 
ments religieux  de  ce  diocèse.  , 

Je  pourrai  donner  des  reliques  à  toutes  les  églises  de  ce 
diocèse,  et  j'espère  en  avoir  assez  de  la  vraie  croix  de 
Notre  Seigneur  pour  en  donner  une  petite  partie  à  toutes 
celles  où  est  érigé  le  Chemin  de  la  Croix,  et  qui  n'en  ont 
point  encore  obtenu.  Je  regrette  de  n'avoir  pu  m'en  pro- 
curer de  tous  les  saints  patrons  des  paroisses  de  ce  diocèse, 
quoique  j'en  aie  pour  un  assez  grand  nombre  d'églises  ; 
je  me  ferai  un  devoir  de  les  distribuer  à  chacune  d'elles. 
Une  translation  solennelle  de  ces  reliques  serait  pour 
votre  bon  peuple  une  fête  très-intéressante  et  une  source 
de  grâces  ;  je  vous  invite  à  lui  procurer  ce  bonheur.  Il 


250  MANDEiMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

est  à  espérer  qu'en  lui  donnant  des  jouissances  toutes 
spirituelles,  on  le  détachera  des  plaisirs  mondains  et  des 
amusements  terrestres. 

Je  vous  invite  à  vous  rendre  pour  la  retraite  pastorale, 
le  22  août  prochain.  Ayant  à  traiter  avec  vous  d'affaires 
très-importantes  pour  la  religion  en  général  et  pour  le 
clergé  en  particulier,  je  profiterai  de  ce  temps  heureux 
où  vous  vous  trouverez  réunis  en  grand  nombre.  Je  vous 
laisse  toute  liberté  de  pourvoir  à  la  desserte  de  votre 
paroisse  et  je  donne  au  prêtre  qui  en  sera  le  gardien  les 
pouvoirs  de  desservant  et  la  faculté  de  biner.  Si  vous 
jugez  que  vos  paroissiens  puissent  aisément  aller  à  la  messe 
dans  les  paroisses  voisines,  je  permets  que  la  vôtre  reste 
sans  messe  pendant  votre  absence.  Le  22,  à  huit  heures 
du  matin,  je  dirai  au  collège,  lieu  ordinaire  des  retraites 
générales,  une  messe  à  laquelle  je  vous  prie  d'assister, 
parce  qu'elle  sera  célébrée  pour  attirer  les  lumières  de 
l'Esprit  Saint  sur  ce  que  nous  aurons  à  régler  pour  le 
grand  bien  de  la  religion.  Nous  prendrons  cette  journée 
et  le  lendemain  pour  traiter  ces  affaires,  afin  d'avoir  l'esprit 
entièrement  libre  pendant  la  retraite  et  de  nous  occuper 
que  de  notre  intérieur.  Vous  réciterez  chaque  jour,  en 
vous  conformant  à  la  rubrique  concernant  les  Oraisons 
prescrites  par  l'Evoque,  (Manuel  desCérém.  Rom.  1.  Tom. 
ière  Part.  Art.  V.  Nomb.  XXII)  la  collecte  pro  omni  graclu 
Ecclesiœ. 

Le  bureau  de  la  Caisse  Diocésaine  se  tiendra  dans  la 
journée  du  22  août.  Je  vous  prie  de  prendre  d'avance  en 
votre  sérieuse  considération  cette  établissement  si  émi- 
nemment ecclésiastique.  La  retraite  commencera  aussitôt 
que  nous  aurons  terminé  les  affaires  qui  devront  nous 
occuper;  et  elle  finira  probablement  le  1er  septembre  au 
matin. 

Je  suis  bien  cordialement,  Monsieur, 

Votre  très-humble  et  affectionné  serviteur, 
Y  Ig.  Evéque  de  Montréal. 

[Vraie  copie^]  J.  0.  Paré,  Chan.  Assist.  Sec. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  251 

P.  S. — L'on  désire  savoir  au  plus  tôt  combien  chaque 
paroisse  prendra  d'exemplaires  du  Nouveau-Testament. 
Ceux  qui  n'ont  pas  encore  répondu  sur  cet  objet  à  ma 
dernière  circulaire  sont  instamment  priés  de  le  faire. 


LETTRE    PASTORALE 

SUR  LA  CAUSE  DE  BÉATIFICATION  DU  VÉNÉRABLE   JEAN-BAPTISTE 

DE    DA   SALLE. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier,  aux  Communautés  religieuses,  et  à 
tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  bénédiction  en  Notre- 
Seigneur. 

Le  juste  sera  toujours  en  bénédiction  :  Sa  mémoire  sera 
éternelle;  et  son  nom  ne  saurait  être  flétri  par  les  langues  des 
mcehanls.  Voilà,  Nos  Très-Ghers  Frères,  ce  que  la  Sainte 
Ecriture  nous  dit  de  tous  ceux  qui  craignent  le  Seigneur 
et  qui  le  servent  avec  amour.  Cet  oracle  sacré  s'est  tou- 
jours accompli  à  l'égard  des  saints,  et  il  s'accomplira 
jusqu'à  la  fin  du  monde  :  de  nos  jours  il  s'accomplit  d'une 
manière  bien  frappante  dans  la  personne  du  vénérable 
Jean-Baptiste  De  La  Salle,  instituteur  des  Frères  des 
Ecoles  Chrétiennes.  Après  avoir  été  l'ornement  des  cha- 
noines du  Rheims,  le  modèle  des  plus  parfaits  ecclésias- 
tiques de  son  temps,  le  père  de  l'enfance,  cet  admirable 
fondateur  d'un  institut  tout  dévoué  à  la  belle  œuvre  de 
former  à  la  vertu  et  à  la  science  cet  âge  si  intéressant, 
termina  sa  glorieuse  carrière  chargé  de  mérites  devant 
Dieu  et  comblé  des  bénédictions  des  hommes,  qui  recueil- 
lent aujourd'hui  les  fruits  de  ses  immenses  travaux.  Ce 
fut  un  Vendredi-Saint,  sept  avril  mil  sept  cent  dix-neuf, 
que  ce  grand  serviteur  de  Dieu,  qui  avait  toujours  mené 
une  vie  crucifiée,  remit  sa  belle  âme  entre  les  mains  de 


252  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Dieu  qui,  à  pareil  jour,  avait  expiré  pour  nous  sur  le 
calvaire.  Pendant  sa  vie,  cet  homme  humble  rechercha 
sans  cesse  les  ténèbres  de  l'oubli  ;  il  se  confondait  avec 
les  enfants  des  pauvres  dont  il  soignait  si  habilement  les 
études  et  les  mœurs  et  voilà  plus  d'an  siècle  qu'il  s'est 
endormi  dans  le  Seigneur.  Néanmoins,  l'éclat  de  sa  sainteté 
a  percé  les  ténèbres  dont  il  voulait  s'envelopper.  Cette 
réputation  sainte  qu'il  laissa  en  mourant  s'est  conservée  ; 
même  elle  n'a  fait  qu'accroître  et  s'étendre  au  loin.  Ce 
ne  sont  plus  seulement  les  pieux  fidèles  qui  vénèrent  les 
vertus  de  VAyni  des  Enfants  ;  ce  ne  sont  plus  seulement  les 
premiers  prélats  de  la  France  et  de  l'Italie  qui  proclament 
les  œuvres  admirables  de  celui  qui  consacra  sa  vie  au 
service  des  pauvres  ;  c'est  le  Chef  suprême  de  l'Eglise, 
c'est  l'oracle  des  chrétiens,  c'est  le  vicaire  de  Jésus-Christ 
qui  vient  nous  assurer  que  c'est  une  chose  certaine  que  ce 
vénérable  serviteur  de  Dieu  a  justement  acquis  une  ijoricusc 
renommée  de  sainteté  de  vie^  de  vertus  et  de  miracles. 

Aussi,  nous  nous  empressons,  Nos  Très  Chers  Frères, 
de  vous  annoncer  cette  heureuse  nouvelle.  Nous  nous 
faisons  même  un  aevoir  de  vous  adresser,  avec  la  présente 
Lettre  Pastorale,  une  copie  authentique  du  décret  de  N. 
S.  P.  le  Pape  qui  confirme  solennellement  la  haute  opinion 
que  l'univers  chrétien  a  conçue  de  la  sainte  vie  et  de  la 
mort  précieuse  de  ce  sage  directeur  de  la  jeunesse.  En 
cela,  nous  entrons  dans  les  vues  particulières  du  Souverain 
Pontife,  nous  consultons  nos  plus  chers  intérêts  et  nous 
suivons  notre  propre  inclination  qui  nous  porte  à  contri- 
buer de  tout  notre  pouvoir  à  la  gloire  de  ce  grand  serviteur 
de  Dieu. 

En  vous  envoyant  ce  décret  pontifical,  nous  vous  aver- 
tissons que  l'Eglise  ne  reconnaît  pour  bienheureux  que 
ceux  dont  Dieu  révèle  lui-même  la  sainteté  par  des  mira- 
cles dont  l'évidence  soit  à  l'abri  de  toute  critique.  Or, 
comme  il  est  question  maintenant  de  béatifier  ce  père  de 
l'enfance  chrétienne,  le  Saint  Siège  veut  s'assurer,  par  des 
preuves  incontestables,  que  des  miracles  ont  été  opérés  par 


l 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  253 

son  intercession.  C'est  pour  exciter  envers  lui  la  piété  et 
la  confiance  de  tous  les  fidèles  que  le  Souverain  Pontife 
vient  de  proclamer  du  haut  de  la  chaire  apostolique,  la 
renommée  de  sainteté  de  vie.  de  vertus  et  de  miracles  dont  il 
jouit  ;  c'est  dans  les  mêmes  intentions  que  nous  vous 
transmettons  le  rescrit  de  la  Sacrée  Congrégation  des 
Rites  si  formellement  approuvé  par  le  Saint  Père.  Nous 
le  fesons.  1°  parce  que  ce  diocèse  ayant  l'avantage  d'avoir 
une  maison  des  Ecoles  chrétiennes,  nous  sommes  pour 
cela  spécialement  obligés  de  contribuer  à  la  gloire  de  celui 
qui  les  a  fondées  ;  2°  parce  que  nous  avons  la  ferme  con- 
fiance que  ce  vénérable  serviteur  de  Dieu  emploiera  le 
crédit  qu'il  a  dans  le  ciel  en  faveur  de  tous  ceux  qui 
recourront  à  lui  avec  une  véritable  piété;  3"  parce  que 
nous  espérons  qu'il  priera  pour  le  succès  de  l'éducation 
parfaitement  religieuse  ;  4°  parce  que  nous  espérons  que 
cet  homme  de  Dieu  deviendra  un  jour  le  patron  spécial 
des  enfants  de  ce  diocèse.  Recourez  donc,  Nos  Très-Chers 
Frères,  avec  une  foi  vive  et  une  confiance  entière,  à  ce 
tendre  ami  de  vos  enfants.  Invoquez-le  dans  des  neuvaines 
particulières  ;  nous  disons  particulières^  car  il  n'est  pas 
encore  permis  de  l'honorer  d'un  culte  public.  Demandez, 
par  son  intercession,  le  remède  à  vos  maux  spirituels  et 
corporels  ;  mais  surtout  sollicitez  sa  bénédiction  sur  la 
jeunesse  de  notre  pays.  Oh  !  comme  ce  serait  une  insigne 
miséricorde  sur  ce  diocèse,  si,  en  conséquence  de  la  viva- 
cité de  votre  foi,  Dieu  daignait  y  opérer  quelque  miracle 
pjur  constater  de  nouveau  la  sainteté  de  son  serviteur  et 
hâter  par  là  le  jour  où  l'Eglise  le  compterait  au  nombre 
des  bienheuieux  qu'elle  honore  ! 

Afin  que  tous  les  fidèles  confiés  à  nos  soins  puissent 
apprécier  ce  désir  et  connaître  le  rescrit  de  Rome  qui 
atteste  Idirenoynmée  sainte  de  JEAN  BAPTISTE  DE  LA 
SALLE,  nous  voulons  qu'une  copie  de  ce  document  soit 
exposée,  avec  la  présente  Lettre  Pastorale,  jusqu'au  pre- 
mier jour  de  janvier,  dans  toutes  les  églises  de  notre 
Diocèse,  après  que  l'on  aura  fait  la  lecture  de  l'un  et  de 

18 


254  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

l'autre  au  prône  des  messes  paroissiales  ou  conventuelles, 
le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Nous  profitons  de  cette  occasion,  Nos  Très-Ghers  Frères, 
pour  vous  exciter  à  la  dévotion  au  Saint-Scapulaire,  que 
nous  avons  la  consolation  de  voir  s'établir  si  rapidement 
dans  ce  diocèse  ;  et  afin  de  vous  faciliter  les  moyens  de 
gagner  la  précieuse  indulgence  sabbatine,  attachée  à  cette 
admirable  confrérie,  nous  accordons  pour  toujours  à  tous 
les  prêtres  approuvés  de  ce  diocèse  le  pouvoir  de  commuer 
les  œuvres  qu'il  faudrait  faire  pour  la  gagner,  en  d'autres 
pratiques  qu'ils  jugeront  convenables.  Nous  désirons  qu'à 
la  place  du  Petit-Office  de  la  Ste.  Vierge,  que  généralement 
l'on  n'est  pas  capable  ici  de  réciter  chaque  jour,  Ton 
impose  à  chaque  membre  de  la  confrérie,  la  pratique  de 
réciter,  tous  les  jours,  sept  Pater  et  sept  Ave^  et  quatorze 
Pater  avec  autant  à'Ave  les  mercredis  et  autres  jours  où 
l'on  ne  pourrait  observer  l'abstinence  et  les  jeûnes  pres- 
crits pour  gagner  la  dite  indulgence  sabbatine.  II  est  bien 
entendu  que  pour  appartenir  à  cette  association,  il  faut, 
comme  à  l'ordinaire,  s'adresser  à  ceux  qui  sont  munis  de 
la  faculté  d'y  agréger  les  fidèles.  En  vous  accordant  l'insi- 
gne faveur  ci-dessus  désignée,  nous  usons  du  pouvoir 
que  nous  a  donné  de  vive  voix  Notre  Saint  Père  le  Pape  : 
car  au  moment  où  nous  nous  séparions  de  lui,  il  nous 
dit,  dans  l'elTusion  de  son  cœur  si  dévoué  à  la  gloire  de 
Marie,  qu'il  nous  donnait  tous  ces  pouvoirs  pour  faire 
honoier  cette  bonne  et  tendre  Mère. 

Donné  à  Montréal,  le  dix  août  mil  huit  cent  quarante- 
trois,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing  de  notre 
assistant-secrétaire. 

-J-  Ict.  Evêque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur^ 

J.  0.  P.-vRÉ.  Chan.  As!;.-Sec. 


[Four  copie,) 


J.  0.  Paré.  Chan.  Ass.-Sec. 


il 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  255 

CAUSE 

DU   DIOCÈSE    DE  ROUEN,    POUR   LA   BÉATIFICATION   ET    LA   CANONISATION    DU 
VÉNÉRAnLE  SERVITEUR  DE  DIEU,  JEAN-RAPTISTE  DE  LA  SALLE,  INS- 
TITUTEUR DE  LA  CONGRÉGATION  DES  FRÈRES  DES  ÉCOLES 
CHRÉTIENNES. 


Dans  la  Congrégation  ordinaire  des  S.  Rites,  réunie  au 
Palais  du  Vatican,  au  jour  indiqué  ci-dessous,  d'après  les 
humbles  instances  du  Révérend  Frère  Chrysologue  Tiriot, 
membre  de  la  Congrégation  des  Frères  des  Ecoles  Chré- 
tiennes, et  postulateur  de  la  cause  de  la  béatification  et 
canonisation  du  vénérable  serviteur  de  Dieu  Jean-Baptiste 
de  La  Salle,  fondateur  de  cette  congrégation,  le  doute  ci- 
après  ayant  été  proposé  par  Son  Eminence  Révérendis- 
sime  Mgr.  le  Cardinal  Constance  Patrizi,  Vicaire  de  Rome, 
(en  lieu  et  place  de  Son  Eminence  Révérendissime  Mgr.  le 
Cardinal  Alexandre  Spada,  rapporteur  absent),  toutefois 
sans  l'intervention  et  le  vote  des  consulteurs,  par  dispense 
apostolique,  en  date  du  19  novembre  de  l'année  passée 
1841,  savoir  : 

<(  S'il  conste  de  la  validité  et  du  relevé  du  procès  aposto- 
i(  lique,  dressé  ici  à  Rome,  touchant  la  renommée  de 
<(  sainteté  de  vie,  de  vertus  et  de  miracles  en  général  du 
«  susdit  vénérable  serviteur  de  Dieu,  dans  le  cas  et  pour 
«  l'effet  dont  il  s'agit.  » 

Leurs  Eminences  Révérendissimes  préposées  à  la  Sacrée 
Congrégation  des  Rites,  après  avoir  tout  considéré  dans 
les  formes  requises  et  mûrement  examiné,  et  après  avoir 
entendu  le  promoteur  de  la  Sainte  Foi,  Mgr.  André-Marie 
Frattini,  qui  a  exposé  de  vive  voix,  et  par  écrit,  son  senti- 
ment, ont  pensé  qu'il  fallait  répondre  :  affirmativement  en 
tout,  le  16  avril  1842. 

D'après  le  rapport  fidèle  des  choses  ci-dessus,  fait  à 
Notre  Très-Saint  Père  le  Pape  Grégoire  XVI,  par  moi, 


256  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

soussigné,  secrétaire  de  la  Congrégation,  Sa  Sainteté  a 
daigné  l'approuver,  et  il  a  confirmé  le  Rescrit  de  la  S. 
Congrégation,  le  22  du  même  mois  et  de  la  même  année. 

Charles-Marie,  Evêque  de  Porto,  Cardinal  Pedicixi, 
Vice-Chancelier  de  la  Sainte  Eglise  Romaine,  et 
Préfet  de  la  S.  Congrégation  des  Rites. 
Place  t  du  Sceau. 

Joseph-Gaspard  Fatati,  Secrétaire. 

(Vraie  copie,) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Assist.  Sec. 

Vu  et  approuvé  pour  être  publié  dans  notre  diocèse,  à 
Montréal,  le  10  août  1843. 

"f  1g.  Evéque  de  Montréal. 

[Vraie  copie^) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Assist.-Sec. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 

Montréal,  le  8  Septembre  1843. 

Motisieur, 

Gomme  vous  avez  été  d'opinion,  dans  l'assemblée  qui 
eut  lieu  avant  la  retraite,  qu'il  fallait  commencer  à  tenir 
des  conférences  ecclésiastiques,  je  vous  envoie  à  cette  fin 
un  projet  de  règlement  pour  que  tout  s'y  fasse  d'une 
manière  uniforme.  Ce  projet  pourra  se  modifier  selon  les 
circonstances  et  sur  les  représentations  que  vous  jugerez 
à  propos  de  me  faire.  Vous  y  verrez  que  le  sujet  des  con- 
férences devra  être  donné  par  l'Evêque.   Comme  je  me 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  257 

propose,  pour  les  premières  conférences,  de  soumettre  à 
votre  sérieux  examen  les  divers  contrats  qui  se  font  dans 
ce  diocèse,  et  dans  lesquels  il  pourrait  se  trouver  quel- 
qu'injustice,  je  vous  prie  de  me  transmettre  au  plus  tôt 
une  note  de  ceux  qui  ont  cours  dans  votre  paroisse,  et  où 
vous  remarqueriez  quelque  chose  d'usuraire 

L'on  a  commencé  à  établir,  dans  quelques  paroisses, 
des  sociétés  d'agriculture,  dont  l'objet  est  d'inspirer  à  nos 
bons  cultivateurs  l'esprit  d'ordre,  d'industrie  et  d'amélio- 
ration, avec  le  goi!it  de  la  simplicité  des  moeurs  antiques, 
afin  de  déraciner  le  luxe  qui  menace  de  nous  ruiner  com- 
plètement. Cette  entreprise  mérite  votre  encouragement, 
et,  Dieu  bénissan  t  vos  soins,  elle  prospérera  pour  l'honneur 
de  la  religion  et  l'avantage  de  notre  heureux  pays. 

Comme  il  est  impossible  que  tous  les  prêtres  de  notre 
diocèse  assistent  à  la  retraite  pastorale,  et  que  néanmoins 
il  est  de  la  dernière  importance  pour  chacun  d'eux  de  se 
ranimer  dans  la  retraite  une  fois  par  année,  j'invite  ceux 
qui  ont  gardé  les  cures  pendant  la  dernière  retraite  à  faire 
la  leur  en  particulier.  Ils  seront  accueillis  avec  le  plus 
grand  plaisir  par  le  séminaire,  chez  les  PP.  Oblats,  chez 
les  Jésuites,  ainsi  qu'à  l'Évêché.  Ceux  qui  aiment  à  faire 
leurs  exercices  en  commun  pourront  s'entendre  pour  se 
réunir  dans  celle  des  dites  maisons  qu'il  leur  plaira  de 
choisir. 

Je  vous  donne  pour  l'année  1844  les  pouvoirs  d'indul- 
gencier  les  croix,  chapelets  et  médailles,  comme  vous  en 
jouissiez  ces  années  dernières. 

Je  ferai  tout  en  mon  pouvoir  pour  me  conformer  à 
l'opinion  que  vous  avez  émise  sur  les  diverses  questions 
que  je  vous  proposai  avant  la  retraite  pastorale.  Mais  pour 
traiter  avec  succès  avec  la  puissance  civile,  vous  comprenez 
que  j'aurai  un  très-grand  besoin  de  l'assistance  d'en  haut. 
Comme  c'est  par  Dieu  que  les  rois  régnent,  nous  le  prierons 
de  vouloir  bien  éclairer  de  ses  divines  lumières  nos  légis- 


258  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

lateurs,  afin  que  les  droits  et  intérêts  de  l'Eglise  soient  par 
eux  maintenus.  A  cette  fin,  vous  reciterez,  chaque  jour, 
depuis  le  27  du  présent  mois  jusqu'à  la  fin  de  la  prochaine 
session  du  parlement,  en  vous  conformant  aux  rubriques, 
l'oraison  Pro  quâcumque  necessitate. 

Je  suis  bien  sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

f  Ig.  Evêque  de  Montréal. 

{Pour  vraie  copie,) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Assist.-Sec. 


CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    xMONTRÉAL. 


Montréal,  le  28  Novembre  1843. 

Monsieur, 

Depuis  la  dernière  retraite  pastorale,  je  n'ai  pas  perdu 
de  vue  l'affaire  des  notables.  J'ai  mûrement  pesé  l'opinion 
que  vous  avez  émise  sur  cette  importante  mesure.  J'en  ai 
conféré  avec  Mgr.  FEvêque  de  Québec  et  avec  Mgr.  l'Evêque 
de  Sidyme.  La  présente  est  pour  vous  informer  du  résultat 
de  mes  opérations  sur  cette  grave  question.  Le  voici  : 

1°  Désormais  il  vous  sera  libre  d'appeler  aux  assemblées 
de  fabrique,  pour  l'élection  des  marguiUiers  et  la  reddition 
des  comptes  seulement,  les  marguiUiers  anciens  et  nou- 
veaux, ainsi  que  les  paroissiens  propriétaires,  quand  même 
ce  ne  serait  pas  l'usage  dans  votre  paroisse  d'appeler 
ces  derniers,  pourvu  que  ce  soit  l'opinion  de  la  majorité 
de  vos  marguiUiers  en  assemblée  régulière. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  259 

2°  Lorsque  vous  convoquerez  au  prône  ces  assemblées 
pour  élection  de  marguilliers  et  reddition  de  comptes, 
vous  ne  manquerez  pas  d'en  mentionner  le  sujet. 

30  Les  susdites  dispositions  ne  regardent  nullement  la 
ville  de  Montréal,  mais  uniquement  les  paroisses  de  la 
campagne. 

J'espère  que  ces  concessions  auront  l'heureux  effet  de 
rétablir  et  conserver  la  paix  dans  toutes  les  paroisses, 
d'autant  plus  qu'elles  ne  sont  faites  qu'avec  l'agrément  et 
l'autorisation  du  St.  Siège,  ce  qui  vous  sufEra  sans  doute 
pour  vous  tranquilliser  sur  les  suites  qu'elles  peuvent 
avoir  pour  l'avenir. 

Je  profite  de  la  présente  pour  vous  faire  part  d'un  induit 
du  souverain  Pontife,  qui  permet  que  les  fidèles  de  ce 
diocèse  puissent,  aux  différentes  époques  de  l'année  où 
l'on  expose  le  Très-Saint  Sacrement  pour  l'exercice  des  40 
heures,  gagner  les  indulgences  en  assistant  une  fois  à  l'un 
des  offices  qui  se  font  durant  ces  trois  jours  de  prières 
solennelles,  en  faisant  du  reste  tout  ce  qui  est  prescrit 
pour  gagner  les  indulgences,  tant  par  rapport  à  la  confes- 
sion et  à  la  communion,  que  par  rapport  aux  prières.  Cet 
induit  est  du  16  juillet  dernier.  Je  suis  autorisé,  par  le 
même  induit,  à  établir  dans  le  diocèse,  la  neuvaine  en 
l'honneur  de  St.  Antoine  de  Padoue,  avec  une  indulgence 
plénière  à  gagner  par  chacun  des  fidèles  un  jour  quelcon- 
que de  la  dite  neuvaine,  pourvu  qu'il  se  confesse,  qu'il 
communie,  qu'il  visite  l'église  où  se  fait  la  neuvaine,  et 
qu'il  prie  suivant  l'intention  du  Souverain  Pontife.  Les 
malades,  ou  autres  personnes  légitimement  empêchées 
d'aller  aux  églises,  pourront  gagner  la  dite  indulgence  en 
communiant  et  en  fesant  les  autres  choses  prescrites.  Le 
peuple  de  ce  pays  ayant  déjà  une  grande  confiance  et 
dévotion  dans  ce  saint,  il  sera  facile  d'établir  la  susdite 
neuvaine  en  son  honneur  en  plusieurs  endroits. 

Je  profite  également  de  la  présente  pour  vous  informer 
que  les  offices  mentionnés  dans  ma  circulaire  du  23  sep- 
tembre 1841,  commenceront  à  être  d'obligationle  premier 


260  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  janvier  prochain.  Le  supplément  qui  les  contient  tous 
est  maintenant  sous  presse  et  vous  pourrez  vous  le  procu- 
rer à  l'Evêché  vers  la  mi-décembre  prochain. 

Je  vous  prie  d'annoncer  à  vos  paroissiens  que,  lorsqu'ils 
auront  affaire  à  l'Evêché,  ils  pourront  s'y  présenter  tous- 
les  jours,  pourvu  que  ce  soit  depuis  neuf  heures  du  matin 
jusqu'à  trois  de  l'après-midi.  Ils  seront  certains  de  toujours 
trouver  quelqu'un  prêt  à  leur  répondre,  s'ils  demandent 
audience  pendant  ces  heures  de  la  journée. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

f  Ig.  Evêque  de  Montréal. 
[Pour  copie,) 

A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU   DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  10  Février  1844. 
Monsieur^ 

De  graves  raisons  que  vous  connaissez  tous,  m'obligent 
à  user,  celte  année,  du  pouvoir  que  le  droit  canonique 
donne  à  l'Evêque  de  dispenser  de  l'abstinence  dans  les  cas 
de  nécessité.  La  dispense  générale  demandée  au  St.  Siège 
à  ce  sujet  n'étant  point  arrivée,  je  me  vois  forcé  d'en 
donner  une  particulière  pour  le  prochain  carême,  afin 
qu'il  y  ait  partout  uniformité  de  conduite,  et  que  les  fidèles 
puissent  en  sûreté  de  conscience  observer  le  carême  avec 
l'adoucissement  exigé  par  la  misère  des  temps. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  261 

En  conséquence,  le  dimanche  de  la  Quinquagésime  ou 
le  premier  dimanche  de  carême,  après  avoir  fait  l'annonce 
ordinaire  du  Rituel,  vous  ajouterez  ce  qui  suit  : 

(1  Les  vivres  maigres  sont  si  rares  et  si  chers  cette  année, 
et  ii  règne  d'ailleurs  une  si  grande  misère  que  Mgr. 
de  Montréal  a  cru  devoir  apporter  quelqu'adoucissement  à 
la  loi  de  l'abstinence.  En  vertu  de  la  dispense  que  Sa 
Grandeur  vous  accorde,  il  vous  sera  permis,  pendant  le 
carême  que  nous  allons  commencer,  de  faire  gras,  à 
chaque  repas,  tous  les  dimanches,  excepté  celui  des 
Rameaux.  De  plus,  tous  les  lundis,  mardis  et  jeudis  de  ce 
carême,  (excepté  ceux  de  la  Semaine  Sainte  et  le  jeudi 
qui  se  rencontre  le  lendemain  des  Cendres),  vous  pourrez 
faire  un  repas  gras.  Si  la  nécessité  vous  oblige  de  manger 
plusieurs  fois  en  ces  jours,  il  vous  faudra  faire  maigre  aux 
autres  repas,  à  moins  que  vous  n'en  soyez  excusés  par 
maladie  ou  autre  cause  légitime.  Cet  adoucissement  fait 
au  carême  à  cause  de  la  misère  qui  règne  partout,  ne 
vous  exempte  pas  de  l'obligation  de  faire  pénitence.  Ainsi 
vous  devez  par  vous-mêmes  suppléer  à  ce  qui  manque  à  la 
rigueur  de  la  sainte  quarantaine.  Car  la  justice  de  Dieu 
ne  change  pas  ;  et  il  faut  toujours  que  ie  péché,  pour  être 
pardonné,  soit  expié  par  une  pénitence  proportionnée  à 
son  énormité.  Si  l'Eglise  se  relâche  quelque  fois  de  la 
rigueur  de  ses  lois  pour  condescendre  à  la  faiblesse  de  ses 
enfants,  elle  n'en  prêche  pas  moins  cette  loi  indispensable 
de  l'Evangile  :  Si  vous  ne  faites  pénitence  vous  périrez  tous. 
Nous  vous  exhortons  donc  à  racheter  vos  péchés,  en  vous 
adonnant  avec  ardeur  à  la  pratique  de  toutes  les  œuvres 
satisfactoires,  dont  les  principales  sont  le  jeûne,  ]a  prière 
et  l'aumône.  Nous  engageons  pour  cela  les  riches  à  faire 
un  digne  usage  des  biens  que  le  Seigneur  leur  a  donnés, 
et  à  redoubler  leurs  aumônes  pendant  le  saint  temps  du 
carême.  Nous  avons  au  reste  la  juste  confiance  que  chacun 
de  vous  comprendra  la  nécessité  de  retrancher  pendant 
ces  jours  de  pénitence,  toute  sensualité  et  toute  délicatesse 


262  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

dans  le  boire  et  le  manger,  et  surtout  d'observer  stricte- 
ment les  jours  de  jeûne  qui  restent  d'obligation.  Nous 
vous  avertissons  que  la  présente  dispense  n'est  donnée  et 
ne  vaudra  que  pour  le  prochain  carême  ;  mais  nous  décla- 
rons que  tous  indistinctement  peuvent  en  user.  L'on  se 
conformera  à  la  règle  donnée  par  Benoit  XIV,  qui  a 
défendu  à  ceux  qui,  par  dispense,  mangent  gras  les  jours 
d'abstinence,  d'user  de  poisson  et  de  viande  en  même 
temps.  » 

Je  suis  bien  sincèrement. 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

j-  Ig.  Ev.  de  Montréal. 
{Vraie  copie,) 


MANDEMENT 

DE    MONSEIGNEUR    L'ÉVÊQUE    DE    MONTRÉAL,    ANNONÇANT 

l'ouverture  d'une  mission. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc. 

Aux  Curés  et  fidèles  de  la  paroisse  de ,  salut  et  bénédiction  en 

Noire-Seigneur. 

Si  quelque  chose,  Nos  Très-Ghers  Frères,  peut  alléger  le 
terrible  fardeau  de  l'épiscopat  que  nous  portons,  et  nous 
consoler  au  milieu  des  peines  et  tribulations  qui  nous 
assiègent  de  toutes  parts,  c'est,  n'en  doutez  pas,  l'ardeur 
que  vous  montrez  à  profiter,  pour  la  sanctification  de  vos 
âmes,  de  tous  les  secours  que  vous  fournit  notre  sainte 
religion.  Nous  avons  surtout  surabondé  de  joie  en  voyant 
l'empressement  de  toutes  les  paroisses  de  ce  diocèse  à 


CIRGULAlfiES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  263 

recourir  aux  retraites  et  missions  pour  se  régénérer  spiri- 
tuellement, parce  que  nous  avons  la  ferme  confiance  que 
ces  exercices  salutaires  opéreront  en  peu  d'années  une 
réforme  générale,  après  laquelle  nous  soupirons  de  tout 
notre  cœur.  Aussi,  n'avons  nous  rien  épargné  jusqu'ici 
pour  favoriser  ces  réunions  sacrées,  formées  des  pasteurs 
et  des  fidèles  joignant  leurs  prières  et  leurs  gémissements 
pour  obtenir  grâce  du  Père  des  miséricordes,  comme 
autrefois  les  Apôtres  renfermés  dans  le  Cénacle  avec  les 
premiers  disciples  du  Sauveur  se  préparant,  par  une 
letraite  de  dix  jours,  à  recevoir  les  dons  du  St.  Esprit. 
Elles  ont  été  remplies  du  St.  Esprit  ces  heureuses  paroisses 
que  les  retraites  ont  sanctifiées,  et  elles  ont  publié  les 
merveilles  du  Seigneur  par  le  changement  admirable  qui 
s'y  est  opéré.  Les  œuvres  saintes  qui  s'y  pratiquent  avec 
tant  d'édification,  depuis  ces  jours  de  bénédictions,  sont 
des  miracles  aussi  étonnants  que  les  langues  de  feu,  qui 
se  reposèrent  sur  tous  ceux  qui  avaient  fait  la  retraite 
avec  la  B.  Vierge  et  les  Sts.  Apôtres,  dans  le  Cénacle. 

Mais,  malgré  les  travaux  immenses  de  l'homme  aposto- 
lique qui  a  parcouru  tout  ce  diocèse,  en  l'arrosant  de  ses 
sueurs  ;  malgré  le  zèle  infatigable  de  vos  pasteurs,  pour 
seconder  ses  heureux  efforts,  il  n'a  été  possible  de  remplir 
jusqu'ici  que  le  vœu  d'un  petit  nombre  de  paroisses.  Cet 
empressement  général  nous  a  fait  goûter  une  joie  bien 
pure,  en  nous  fesant  connaître  combien  était  abondante  la 
moisson  que  nous  avions  à  recueillir  :  mais  cette  joie  a 
été  bien  tempérée  par  la  pensée  que  le  nombre  des  ouvriers 
était  de  beaucoup  trop  petit  pour  répondre  à  vos  besoins. 
Ce  fut  le  désir  d'obtenir  des  secours  plus  abondants,  qui 
nous  fit  passer  en  Europe  ;  et  ça  été  pour  le  succès  de  ce 
voyage  que  vous  avez  fait  tant  de  prières  pour  nous.  Elles 
ont  été  exaucées  ces  prières  ferventes  :  elles  nous  ont  suivi 
partout  ces  prières  persévérantes  ;  et  ce  sont  elles  qui  ont 
dirigé  nos  pas  dans  tous  les  lieux  où  la  divine  Providence 
nous  ménageait,  sans  que  nous  le  sussions,  le  secours  de 
nouveaux  ouvriers  Evangéliques,  pour  nous  aider  à  tra- 


264  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

vailler  au  salut  de  vos  âmes.  Nous  avons  maintenant  le 
bonheur  de  vous  annoncer  que  nous  avons  trouvé  de  ces 
hommes  dévorés  du  zèle  et  de  la  gloire  de  Dieu,  qui  ont 
tout  quitté  pour  nous  suivre.  La  vocation  de  ces  hommes, 
morts  à  tous  les  intérêts  humains,  est  d'être  tout  entiers  à 
la  disposition  des  évêques  pour  aller  au  secours  des  curés, 
qui  succombent  sous  le  fardeau  énorme  de  la  charge  pas- 
torale. Leur  œuvres  est  de  parcourir  les  campagnes  pour 
évangéliser  les  pauvres  et  faire  du  bien  partout,  en  don- 
nant les  exercices  des  retraites  et  des  missions.  Leurs 
travaux  doivent  être  accompagnés  d'abondantes  bénédic- 
tions, parce  que  le  vicaire  de  Jésus-Christ,  Notre  Saint 
Père  le  Pape,  en  approuvant  leurs  saintes  règles,  a  formé 
des  vœux  pour  que  ces  hommes  tout  dévoués  au  ministère 
de  la  parole,  sous  la  protection  de  la  B.  Vierge  conçue 
sans  péché,  puissent  introduire  dans  le  sein  de  cette  Mère 
de  miséricorde  tous  ceux  que  Jésus,  souffrant  le  supplice 
de  la  Croix,  lui  a  donnés  pour  fils.  Tels  sont  les  hommes 
que  nous  vous  envoyons,  sur  la  demande  de  votre  zélé 
pasteur,  pour  diriger  la  retraite  qui  va  se  faire  dans  votre 
paroisse.  Ils  seront  sans  doute  bénis  de  vous  ces  hommes 
qui  viennent  au  nom  du  Seigneur  pour  vous  annoncer 
l'année  de  grâce  et  les  jours  du  salut. 

Maintenant  nous  vous  exhortons  1,  Nos  Très-Chers 
Frères,  à  bien  profiter  de  ce  temps  favorable  qui  vous 
arrive.  C'est  le  Seigneur  lui-même  qui,  parnotre  bouche  2, 
vous  appelle  à  la  solitude  pour  parler  à  votre  cœw\  c'est-à- 
dire  pour  vous  faire  comprendre  combien  sont  enner)iis  de 
leurs  âmes  ceux  qui  commettent  le  péché  de  Viniquité  3,  com- 
bien sont  malheureux  les  chrétiens,  qui  ne  portent  aucun 
bon  fruit,  parce  que  déjà  la  coignée  est  à  la  racine  de  ces 
arbres  infructueux,  qui  vont  être  coupés  et  jetés  au  feu; 
combien  il  est  horrible  de  tomber  entre  les  mains  d'un  Dieu  4, 

1  Osé,  2,  14. 

2  Job,  12. 

3  Math.  3.  10. 

4  Hebr.  10,  31. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  265 

justement  irrité  par  la  multitude  et  l'énormité  de  leurs 
péchés. 

Ces  divines  leçons,  qui  depuis  longtemps  ne  font  plus 
sur  vous  que  de  légères  impressions  vont,  nous  l'espérons, 
Nos  Très-Ghers  Frères,  réveiller  en  vous  tous  les  senti- 
ments de  la  foi.  Elles  vont  vous  pénétrer  de  cette  crainte 
salutaire  qui  est  le  commencement  de  la  sagesse  1.  Elles 
vont  vous  faire  pousser  de  profonds  gémissements  et 
répandre  des  larmes  abondantes,  qui  laveront  les  souil- 
lures de  vos  âmes.  Pour  profiter  de  ces  jours  de  grâces, 
faites  de  dignes  fruits  de  pénitence,  car  le  royaume  des  deux 
s'approche  pour  vous  2.  Entrez  dans  les  sentiments  d'une 
véritable  douleur  de  vos  péchés,  et  pénétrez  vous  d'une 
foi  vive  en  méditant  les  grandes  et  importantes  vérités  de 
l'Evangile.  Pœnicemùii  et  crédite  Evangelio  3.  Confessez 
sincèrement  vos  péchés  ;  réparez-les  par  la  pénitence. 
Que  le  bien  d'autrui  ne  demeure  pas  dans  vos  maisons  ; 
que  le  salaire  de  l'ouvrier  ne  reste  plus  entre  vos  mains  ; 
que  le  bien  mal  acquis  soit  restitué.  Enfin  préparez  les 
voies  du  Seigneur,  rendez  droits  ses  sentiers  4.  Pour  cela, 
faites  de  sérieuses  réflexions  sur  vous-mêmes  :  redite  prœva- 
ricatores  ad  cor  5  ;  travaillez  à  devenir  meilleurs  et  à  vous 
renouveler  dans  l'intérieur  de  vos  âmes,  en  renonçant 
aux  mauvaises  veillées,  aux  fréquentations  dangereuses, 
aux  jurements,  aux  blasphèmes,  aux  excès  de  l'intempé- 
rance, aux  mauvais  discours  et  autres  péchés  qui,  selon 
l'Apôtre,  excluent  des  Cieux  :  Renovamini  autem  spiritu 
mentis  vestrœ  6.  Rachetez  vos  péchés  par  l'aumône  ;  car 
Vaumône  délivre  de  tout  pèche  et  de  la  mort  éternelle^  et  elle 
ne  laissera  pas  Vâme  dans  les  ténèbres  7,  Unissez  vos  prières 
pour  demander  d'un  commun  accord  que  Dieu  remplisse 

1  Ps.  110,  10. 

2  Math.  3,  2. 

3  Marc.  1,  15. 

4  Math.  3,  3. 

5  Isaïe,  46,  8. 

6  Eph.  4,  23. 

7  Job.  4,  11. 


2G6  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  son  esprit  ceux  qui  vont  travailler  au  salut  de  vos  âmes 
pendan'  cette  mission  ;  et  qu'il  vous  donne  à  tous  un  cœur 
docile  pour  que  vous  appreniez  à  le  connaître,  Vaimer,  le 
servir  et  acquérir  par  ce  moyen  la  vie  éternelle  :  car  c'est  là 
la  fin  et  l'unique  fin  de  l'homme  sur  la  terre. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  nous  avons 
réglé  et  réglons  ce  qui  suit  : 

1'^'  Nous  permettons  qu'il  se  fasse  dans  votre  paroisse 
une  mission  qui  commencera  au  jour  et  à  l'heure  que  M. 
le  curé  jugera  bon  d'assigner.  Pendant  les  trois  jours  qui 
précéderont  cette  mission  l'on  fera  des  prières  publiques, 
pour  attirer  sur  elle  les  bénédictions  du  Seigneur.  A 
l'heure  qui  sera  jugée  convenable,  M.  le  curé  convoquera 
ses  paroissiens  au  son  de  la  cloche,  et  exposera  le  St. 
Sacrement  avec  les  cérémonies  ordinaires,  et  Ton  suivra 
pour  le  chant  la  direction  suivante.  Lorsque  le  prêtre 
ouvrira  la  porte  du  Tabernacle,  l'on  entonnera  le  Psaume 
Miserere  que  l'on  chantera  tout  entier,  pour  demander  à 
Notre  Seigneur  de  vouloir  bien  pénétrer  de  tous  les  senti- 
ments d'une  véritable  douleur  les  cœurs  de  tous  les 
pécheurs.  Ce  chant  de  pénitence  sera  suivi  de  l'Antienne 
sub  tuum  prœsidium,  pour  mettre  la  mission  sous  la  pro- 
tection de  la  B.  Vierge,  le  refuge  assuré  de  tous  les  pé- 
cheurs. L'on  invoquera  ensuite  l'Esprit  Saint  en  chantant 
le  Veni  Creator,  afin  d'obtenir  pour  les  directeurs  et  confes- 
seurs de  la  mission  des  paroles  pleines  de  douceur  et 
d'onction,  qui  puissent  toucher  les  pécheurs  les  plus 
endurcis.  Les  versets  et  répons  propres,  qui  se  chanteront 
ensuite,  seront:  Ostendc7iobis,  Domine;  Dignare  me;  Emittc 
spiritum  tuum  avec  les  oraisons  correspondantes  Dcus  eut 
proprium  est,  Concède  misericors,  et  Deii,s  gui  corda  fidelium 
Ces  oraisons  étant  terminées,  l'on  chantera  le  Tandumergo 
avec  le  verset  et  l'oraison  du  St.  Sacrement.  Enfin,  le 
prêtre  donnera  la  bénédiction  avec  l'ostensoir  avec  encen- 
sement avant  et  après  ;  le  tout  pour  demander  à  Notre 
Seigneur  en  faveur  des  retraitants,  la  grâce  de  réparer 
toutes  les  injures  qu'ils  auraient  pu  lui  faire  par  leurs 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  267 

communions  tièdes,  indignes  et  sacrilèges.  L'ouverture 
de  cette  mission  vous  sera  annoncée  la  veille  par  le  son 
de  la  cloche  pendant  une  heure  après  TAngelus  du  soir  ; 
et  le  jour  même,  aussi  pendant  une  heure,  avant  le  premier 
exercice. 

2o  A  l'heure  indiquée,  le  curé  revêtu  d'une  chappe  de  la 
couleur  du  jour,  précédé  du  clergé  et  suivi  du  peuple, 
ira,  en  chantant  le  Miserere^  recevoir  les  missionnaires  qui 
viendront  rencontrer  la  procession  au  lieu  qui  aura  été 
désigné  entre  l'église  et  le  presbytère. 

3"  M.  le  curé  s'approchera  du  supérieur  de  la  mission, 
et  il  lui  remettra  le  crucifix  qu'il  a  dû  porter  entre  ses 
mains  jusque-là.  Ce  crucifix  sera  assez  grand  pour  pouvoir 
être  aperçu  de  loin. 

4o  Tous  les  missionnaires  étant  à  genoux,  le  supérieur 
recevra  la  croix  des  mains  du  curé,  la  baisera  avec  respect, 
puis  s'étant  levé,  il  la  présentera  aux  autres  missionnaires, 
qui  la  baiseront  de  même. 

5°  Les  missionnaires  s'étant  levés,  le  supérieur  donnera 
la  bénédiction  au  peuple  (qui  se  mettra  à  genoux),  en 
fesant  un  signe  de  croix  vers  les  quatre  parties  du  monde. 

6o  Les  chantres  entonneront  'ensuite  les  Litanies  des 
Saints,  et  l'on  se  mettra  en  marche  pour  se  rendre  à 
l'Eglise.  Les  missionnaires  iront  deux  à  deux  devant  le 
curé  à  la  droite  duquel  se  placera  le  supérieur  portant  la 
croix  élevée. 

7o  Dès  que  l'on  sera  rendu  à  l'Eglise  et  que  chacun 
aura  pris  sa  place  au  chœur,  le  curé  exposera  le  St.  Sacre- 
ment avec  l'ostensoir,  et  l'on  entonnera  le  Veni  Creator^ 
qui  se  chantera  tout  entier  avec  les  verset  et  oraison 
propres.  Après  cela,  il  couvrira  le  St.  Sacrement  d'un  voile, 
et  se  tournera  vers  les  missionnaires  qui,  s'étant  profon- 
dément inclinés  sur  les  degré  inférieur  de  l'autel,  lui 
demanderont  sur  le  ton  férial  la  bénédiction,  que  le  curé 
leur  donnera  sur  le  même  ton,  en  la  manière  exprimée 
à  la  fin  du  présent  mandement. 


268  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

8»  Le  supérieur,  après  avoir  ainsi  reçu  la  bénédiction 
du  curé,  montera  en  chaire,  et  annoncera  le  commence- 
ment de  la  mission.  Le  sermon  fini,  le  curé  donnera  le 
salut  du  St.  Sacrement,  suivant  l'usage  du  diocèse.  Après 
la  bénédiction,  le  missionnaire,  qui  était  demeuré  en 
chaire,  donnera  au  peuple  les  avis  qu'il  jugera  nécessaires 
et  lui  fera  connaître  l'ordre  et  les  heures  des  exercices  de 
la  mission  pour  le  lendemain  :  enfin  tout  ce  terminera  par 
la  prière  dn  soir. 

9°  L'on  réglera  les  exercices  pour  chaque  jour  de  la 
mission  et  on  en  instruira  les  fidèles  à  qui  on  expliquera 
brièvement  les  raisons  et  le  sens  de  toutes  les  cérémonies 
qui  se  feront  pendant  ce  saint  temps.  L'on  se  conformera, 
pour  les  divers  exercices,  qui  partageront  le  temps  que 
durera  la  mission,  aux  règles  et  pratiques  usitées  chez  les 
missionnaires,  autant  qu'il  sera  possible  de  les  accom- 
moder aux  circonstances  où  l'on  se  trouve  ici. 

IQo  En  vertu  d'un  induit  du  Souverain  Pontife,  en  date 
du  trente-un  mai  mil  huit  cent  quarante,  nous  accordons 
une  indulgence  plénière  à  tous  les  fidèles,  qui  vaqueront 
au  moins  pendant  trois  jours,  aux  exercices  spirituels  que 
nous  venons  d'indiquer,  et  qui  étant  contrits,  s'étant  con- 
fessés et  ayant  communié,  adresseront  à  Dieu  des  prières 
ferventes  pour  la  Propagation  de  la  Foi,  selon  l'intention 
de  Sa  Sainteté.  Cette  indulgence  est  applicable  aux  âmes 
du  Purgatoire,  par  manière  de  suffrage. 

11°  La  mission  se  terminera  par  la  bénédiction  solen- 
nelle et  la  plantation  d'une  croix,  suivie  du  chant  du  Te 
Deum  pendant  lequel  on  sonnera  la  cloche. 

i2o  Afin  d'obtenir  la  persévérance  à  tous  ceux  qui 
auront  eu  le  bonheur  de  faire  la  mission,  il  y  aura  pen- 
dant neuf  jours,  ou  si  cela  est  jugé  plus  convenable, 
pendant  neuf  dimanches  consécutifs,  une  procession  à  la 
croix  plantée  pour  la  clôture  de  la  mission.  L'on  s'y  rendra 
en  chantant  le  Vexilla  Régis  ;  et  l'on  récitera  au  pied  de  la 
dite  croix  des  actes  de  remerciements  et  des  prières  pour 
demander  la  perêévérance.  L'on  retournera  à  l'Eglise  en 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  209 

chantant  le  Stabat  Mater;  et  chacun  étant  à  sa  place,  le 
curé  rappellera  à  ses  paroissiens  quelques-uns  des  avis  qui 
leur  ont  été  donnés  pendant  la  mission,  lesquels  il  croira 
devoir  inculquer  davantage  dans  leurs  cœurs  ;  et  tout  se 
terminera  par  la  bénédiction  du  St.  Sacrement  avec  le 
Ciboire.  Dans  les  Eglises  où  le  Chemin  de  la  Croix  est 
établi,  l'on  pourra  le  faire  au  lieu  d'aller  à  la  Croix  de  la 
mission,  lorsque  la  rigueur  du  temps  ou  quelques  autres 
raisons  ne  permettront  pas  de  s'y  rendre. 

13°  A  commencer  du  jour  où  le  présent  Mandement 
sera  publié  jusqu'à  celui  de  la  clôture  de  la  mission  qui 
doit  se  faire  dans  cette  paroisse,  tous  les  Prêtres,  qui  célé- 
breront le  saint  Sacrifice  de  la  Messe  dans  cette  éghse, 
diront,  en  se  conformant  aux  rubriques,  l'oraison  pro 
remissione  pcccatorum^  à  laquelle  on  substituera  celle 
pro  peiitione  lacrymarum  seulement  les  jours  qui  seront 
choisis  pendant  la  mission  pour  l'absolution  générale. 
Nous  invitons  tous  les  habitants  de  cette  paroisse  à  joindre 
leurs  prières  à  celles  de  leurs  pasteurs  ;  et  à  dire  chaque 
joui,  dans  toutes  les  familles,  cinq  Pater  et  cinq  Ave^  pour 
demander  le  pardon  des  péchés  commis  contre  la  divine 
Majesté  et  la  grâce  de  les  laver  dans  les  larmes  d'une 
sincère  pénitence. 

Enfin  nons  ne  saurions  mieux  terminer  ce  Mandemglit 
qu'en  empruntantes  paroles  du  grand  Apôtre,  et  en  vou'^s 
disant  avec  toute  la  tendresse  que  nous  vous  portons: 
étant,  comme  nous  le  sommes.  Nos  Très-Chers  Frères,  les 
coopérateurs  de  Dieu  dans  l'ouvrage  de  votre  sanctification 
nous  vous  exhortons  à  ne  pas]  recevoir  en  vain  la  grâce  de 
Dieu^  qui  vous  est  offerte  dans  cette  mission,  qui  va  se  faire 
pour  la  première  fois  dans  votre  paroisse.  Car  il  dit  lui- 
môme,  le  Dieu  des  miséricordes,  je  vous  ai  exaucés  au 
temps  favorable  et  je  vous  ai  aidés  au  jour  du  salut.  Voici 
maintenant  le  temps  favorable^  voici  maintenant  lé  jour  du 
salut.  nEcce  nunct  empus  acceptabile  :  ecce  nunc  dies  salulis.n 
Puissions-nous^apprendre  l'heureuse  nouvelle  que  vous 
avez  tous  profité  de  ces  grâces  abondantes  que  le  Seigneur 

ty 


I 


270  MANDEMENTS,  LETTRES  PAST(3RALES, 

VOUS  offre  en  ce  moment.  Car  nous  n'avons  pas  de  plus 
grande  joie  que  d'apprendre  que  nos  enfants  marchent  dans 
la  vérité  et  la  sainteté. 

Sera  notre  présent  Mandement  lu  au  prône  de  la  Messe 
paroissiale  de  le  premier  Dimanche  ou  jour  de  fête 

après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal  le  vingt-deux  Février,  mil-huit-cent 
quarante-quatre,  sous  notre  seing,  le  sceau  du  Diocèse  et 
le  contre-seing  de  notre  secrétaire. 

■\-  Ig.  Evéque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec. 

1.  N.  B. — Modus  petendi  et  dandi  henedictionem  ante  pri- 
mam  Concionem  Missionis. 

Ubi  ad  Ecclesiam  ventum  est,  fiet  expositio  sanctissimi 
Sacramenti,  et  cantabitur  :  Veni  Creator^  cum  versiculo  et 
oratione  propriis.  Deinde  Parochus  stans  in  medio  altaris 
ad  missionarios  se  vertit,  qui,  profunde  ad  infimum  altaris 
gradum  inclinati,  henedictionem  petunt  omnes  simul  di- 
centes  tono  feriali  :  Jubé  Domine  benedicere.  Parochus  eo- 
dem  tono  respondet  :  «Dominus  sit  in  cordo  vestro  et  in 
labiis  vestris,  ut  digne  et  competenter  annuntietis  Evan- 
gelium  suum  »,  idque,  pro  totâ  Missione  sufficiat. 

IL  N.  B. — Rubrique  concernant  les  oraisons  prescrites  par 
Vèvêque.  extraite  du  Manuel  des  Cérémonies  Romaines,  I  Tom. 
Première  partie.  Art.  V.  Par.  XXII. 

Lorsqu'aux  Messes  des  fêtes  simples  et  des  fériés  on 
ajoute,  par  dévotion,  quelques  oraisons  qui  ne  sont  pas 
marquées  dans  le  Missel  pour  ce  jour-là,  on  ne  les  doit 
dire  qu'après  les  oraisons  communes  qui  sont  prescrites 
pour  le  second  et  le  troisième  lieu.  On  observe  la  même 
chose  pour  un  sujet  important  au  bien  public;  l'évêque 
ordonne  de  dire  chaque  jour,  pendant  quelque  temps, 
l'oraison  Deus refugium  nostrum,  ou  autre  convenable;  car 
ou  on  la  dit  au  lieu  de  la  troisième,  si  le  choix  de  celle-ci 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  271 

est  laissé  par  la  rubrique  à  la  volonté  du  prêtre,  ou  bien 
on  la  doit  ajouter  comme  un  nouveau  mémoire,  en  telle 
sorte  qu'on  n'omette  aucune  des  oraisons  prescrites  par  le 
Missel.  Quand  elle  devient  ainsi  la  quatrième  aux  simples, 
aux  fériés  et  aux  Messes  votives,  il  n'est  pas  nécessaire 
d'en  ajouter  une  cinquième,  quoiqu'on  puisse  le  faire.  On 
omet  la  susdite  orai?ûn  aux  fêles  delà  première  classe; 
on  l'omet  aussi  aux  Messes  solennelles  des  fêtes  de  la 
seconde.  On  la  dit  la  veille  de  Noël,  mais  non  pas  la 
veille  de  la  Pentecôte,  ni  le  dimanche  des  Rameaux. 

Iir.  N.  B. — Extrait  du  Règlement  des  Missionnaires  Oblats 
de  la  Très-Sainte  et  Immaculée  Vierge  Marie^  approuvé  par 
Monseigneur  rêvé  que  de  Montréal  pour  les  Missions  et  Retraites 
de  son  Diocèse. 

Article  16.  — Les  missions  ne  dureront  jamais  moins  de 
trois  semaines  à  la  différence  des  retraites  qui  pourront 
ne  durer  que  trois  ou  huit  jours,  mais  jamais  plus  de 
quinze. 

17. — Les  missions  pourront  être  prolongées,  selon  le 
besoin,  jusqu'à  un  mois  et  pluo;  mais  on  ne  dépassera 
jamais  six  semaines. 

18. — On  vivra  pendant  le  temps  des  missions,  confor- 
mément au  règlement  fait  pour  les  missions.  Pour  ce  qui 
est  de  l'ordre  et  des  exercices  de  la  mission,  on  se  confor- 
mera en  tout  à  ce  qui  se  fait  d'usage  et  qui  est  prescrit  par 
le  Cérémonial  de  la  Congrégation. 

19. — On  retournera  dans  les  paroisses  où  l'on  a  fait  une 
mission  quatre  ou  cinq  mois  après,  pour  y  donner  quel- 
ques jours  de  retraite  :  cette  retraite  devra  durer  moins 
que  la  mission  et  on  y  emploiera  un  moindre  nombre  de 
missionnaires.  On  fixera  par  ce  moyen  les  fruits  qui  ont 
été  produits  par  la  mission. 

20. — Cet  usage  de  retourner  dans  les  lieux  où  on  a 
donné  une  mission,  qui  a  été  reconnu  si  utile  et  qui  a 
produit  de  si  grands  fruits  pour  le  bien  des  âmes,  demeu- 
rera toujours  en  vigueur  dans  l'Institut. 


272  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

36. — Pendant  les  missions  et  les  retraites,  les  mission, 
naires  seront  logés,  s'il  est  possible,  dans  la  même  maison  ; 
du  moins  ils  mangeront  ensemble. 

37. — Leur  table  sera  toujours  frugale  et  quand  ils  seront 
chargés  de  leur  nourriture,  ils  n'auront  d'autre  viande 
que  de  boucherie;  ils  ne  permettront  pas  qu'il  paraisse 
sur  leur  table  du  gibier,  de  la  volaille,  du  poisson  trop 
cher,  des  sucreries,  des  confitures  fines,  ou  autres  mets 
délicats  qui  ne  conviennent  pas  à  des  hommes  apostoli- 
ques, qui  doivent  se  contenter  des  mets  ordinaires  qui  se 
trouvent  dans  le  pays. 

38. — L'ordinaire  ne  devra  être  que  de  deux  plats,  de  la 
soupe,  du  laitage  et  du  dessert.  Quand  il  sera  libre  de  le 
fixer,  suivant  nos  usages,  alors  on  mettra  un  plat  de  plus 
une  fois  par  semaine  ;  mais  lorsqu'on  ne  sera  pas  chargé 
de  son  ordinaire,  on  usera  de  condescendance  pour  la 
charité  des  hôtes,  soit  pour  la  qualité  soit  pour  la  quantité 
des  mets;  tâchant  néanmoins  de  le  rapprocher,  le  plus 
qu'on  le  pourra,  de  l'esprit  de  notre  règle,  qui  prescrit 
une  raisonnable  frugalité,  qu'elle  voudrait  étendre  jusqu'à 
la  morlification. 

39. — On  suivra  la  môme  méthode  pour  la  nourriture, 
pendant  les  retraites  et  autres  visites  que  l'on  est  en  usage 
de  faire  dans  les  lieux  où  l'on  a  donné  la  mission. 


MANDEMENT  DE  VISITE. 

Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 

Siège  Apostolique^  Evoque  de  Montréal,  etc. 
Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salul  et  BénédicUon 

en  Noire  Seigneur. 

Ayant  plu  à  Jésus-Christ,  le  souverain  «  Pasteur  et 
l'Evèque  de  nos  âmes,  r  1  de  nous  charger,  malgré  notre 
indignité,  du  Gouvernement  de   cette  Eglise,  en    Nous 

1   l.  Pel.  2.  5. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  273 

faisant  connaître  sa  volonté  par  la  bouche  de  son  Vicaire 
sur  la  terre,  Nous  comptons  tellement  sur  la  promesse 
qu'il  a  faite  à  ses  Apôtres  et  à  tous  leurs  successeurs  dans 
le  St.  Ministère,  «  d'être  tous  les  jours  avec  eux,  jusqu'à  la 
fin  du  monde,)  i  que  Nous  espérons  fermement  pouvoir 
à  son  exemple,  «donner  la  vie  à  toutes  nos  brebis  et  la 
leur  donner  avec  la  plus  grande  abondance  2.» 

Ce  divin  modèle  qui  se  fait  connaître  à  Nous  sous  la 
qualité  si  aimable  de  «  Bon  Pasteur,»  ayant  passé  les  trois 
années  de  sa  vie  publique  à  parcourir  les  villes  et  les 
bourgades  3,  prêchant  partout  que  le  royaume  des  Cieux 
«approchait,»  courant  après  les  «brebis  égarées  de  la 
Maison  d'Israël  4,  »  signalant  son  passage  par  des  bienfaits 
sans  nombre,  Nous  en  concluons  que  pour  lui  ressembler, 
Nous  devons  visiter  assidûment  les  brebis  dont  II  Nous  à 
confié  la  garde.  D'ailleurs,  il  nous  avertit  lui-même  qu'é- 
tant «  le  bon  pasteur,  il  connaît  ses  brebis  et  que  ses  brebis 
le  connaissent,  qu'elles  entendent  sa  voix,  et  qu'elles  le 
suivent  ;  que  pour  lui  il  leur  donne  la  vie  éternelle.  5  d  Or 
Nous  ne  pourrions  nous  acquitter  de  ce  devoir  si  impor- 
tant, si  Nous  ne  Nous  rendions  auprès  de  vous,  pour  con- 
naître tous  vos  besoins  et  y  remédier  par  l'exercice  de  nos 
saintes  fonctions. 

Aussi  «  Dieu  Nous  est  témoin,  »  Nos  Très-Ghers  Frères 
«que  Nous  Nous  souvenons  sans  cesse  de  vous,  lui  de- 
mandant toujours  dans  nos  prières qu'il  Nous  facilite 

les  moyens  d'aller  vers  vous  :  car  nous  désirons  vous  voir, 
pour  vous  faire  part  des  grâces  spririluelles,  »  attachées  à 
notre  saint  Ministère,  «  afin  de  vous  affermir  »  dans  la 

pratique  de  vos  devoirs  religieux «et  de  nous  consoler 

mutuellement  les  uns  les  autres  par  la  foi  qui  nous  est 
commune  6.» 

1  Math.  28,  20. 

2  Joan. 10,  10. 

3  Math.  4,  17. 

4  Jo.  10,  6. 

5  Joan.  10,  14. 

6  Rom.  I,  9,  10,  11,  12. 


274  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

C'est  avec  ces  sentiments,  Nos  Très  Chers  Frères,  que 
Nous  entreprenons  de  faire  la  Visite  Pastorale  dans  votre 
Paroisse  ;  et  Nous  vous  avertissons,  au  nom  de  l'Eglise  1, 
que  l'objet  de  cette  Visite  est  lo  d'accorder  aux  âmes  de 
ceux  qui  sont  décédés  dans  la  paix  du  Seigneur  la  rémis- 
sion des  peines  qu'elles  endurent  pour  achever  de  se 
purifier;  2"  de  voir  si  vous  entretenez  avec  zèle  la  Maison 
du  Seigneur  et  tout  ce  qui  sert  à  son  culte  ;  3°  de  recher- 
cher s'il  y  a  parmi  vous  des  désordres  publics,  tels  que 
des  adultères,  fornications  et  sacrilèges,  afin  d'user  de 
toute  l'autorité  dont  le  Seigneur  Nous  a  revêtu,  pour 
corriger  ces  scandales  qui,  sans  cela,  produiraient  la  ruine 
de  vos  âmes  ;  4°  de  faciliter  aux  grands  pécheurs  les 
moyens  de  se  réconcilier  avec  Dieu  par  l'absolution  des 
censures  et  cas  réservés,  que  nous  aurons  la  consola- 
tion de  leur  donner,  s'ils  s'y  préparent  par  de  dignes  fruits 
de  pénitence  :  de  Nous  montrer  à  notre  peuple  avec  les 
entrailles  de  <  la  charité  de  Jésus-Christ,  2  »  toujours  prêt 
à  entendre  ceux  qui  auront  besoin  de  nos  avis  dans  leurs 
nécessités  spirituelles  ;  5°  d'administrer  la  Confirmation  à 
ceux  qui  ne  l'ont  point  encore  reçue,  et  qui  s'y  seront 
préparés  en  acquérant  la  science  et  les  vertus  qu'exige  ce 
grand  sacrement.  Vous  voyez.  Nos  Très-Chers  Frères, 
que  l'Eglise  est  toute  occupée  de  vos  plus  chers  intérêts^ 
quand  elle  envoie  les  premiers  Pasteurs  vous  porter  les 
secours  de  la  Religion  ;  et  que  cette  bonne  mère  étend  sa 
compassion  et  sa  tendresse  jusqu'aux  âmes  de  vos  parents 
et  amis,  qui  partagent  avec  vous  tous  les  biens  célestes 
que  nous  allons  vous  distribuer. 

Mais  pour  participer  à  tant  d'avantages,  vous  devez.  Nos 
Très  Chers  Frères,  «  préparer  les  voies  du  Seigneur,  et 
rendre  droits  ses  sentiers.  3  Voici  un  temps  bien  favorable  : 
voici  des  jours  de  salut,  4  »  qui  vous  arrivent:  car  voici 

1  Pont.  Romain. 

2  Philip.  1,  8. 

3  Isaï,  40,  a. 

4  2.  Cor.  6,  2. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  275 

Jésus-Christ  lui-même  qui,  sous  l'humilité  de  notre  per. 
sonne,  va  visiter  votre  Paroisse,  faisant  du  bien  à  tous, 
et  guérissant  tous  ceux  qui,  par  leurs  criminelles  habitu- 
des, se  seront  mis  sous  l'esclavage  du  démon. 

Redoublez  de  ferveur,  vous,  bons  et  fidèles  serviteurs 
de  Jésus-Christ.  «  Voici  l'époux  >»  de  vos  âmes  «  qui  arrive  : 
allez  au  devant  de  lui,  1  »  en  augmentant  ces  trésors  de 
bonnes  œuvres  dont  vous  vous  enrichissez  tous  les  jours 
pour  le  Ciel.  Sondez  bien  vos  cœurs  ;  et  vous  y  trouverez 
une  multitude  de  fautes  qui  vous  feront  gémir,  parce 
qu'elles  contristent  l'Esprit  saint.  «Humiliez-vous  donc 
sous  la  main  puissante  de  Dieu,  afin  qu'il  vous  exalte  au 
temps  de  sa  visite.  2  » 

Et  vous,  pauvres  pécheurs,  qui  traînez  des  jours  si 
malheureux  sous  le  joug  de  vos  passions,  ô  pécheurs,  le 
plus  tendre  objet  de  notre  sollicitude,  parce  que  vous  êtes 
dans  un  danger  éminent  de  vous  perdre  éternellement, 
le  Seigneur  Nous  charge  de  vous  faire  entendre  celte 
pressante  exhortation.  «Converlissez-vousàmoide  tout  vo- 
tre cœur,  3  >.  recourez  «  au  jeûne,  aux  pleurs  et  aux  gémis- 
sements, et  déchirez  vos  cœurs»  par  le  repentir  amer  de 
vos  longs  égarements.  S'il  en  est  parmi  vous  qui  aient  eu 
le  malheur  de  profaner  les  sacrements,  le  temps  précieux 
de  la  Visite  leur  est  offert  pour  sortir  de  ce  funeste  état. 

Comme  «  la  chanté  de  Jésus-Christ  Nous  presse  4  »,  Nous 
vous  exhortons  tous.  Nos  TrèsChers  Frères,  de  mettre 
ordre  aux  affaires  de  vos  consciences,  en  travaillant  à 
résister  à  tous  vos  mauvais  penchants,  en  réparant  les  torts 
que  vous  avez  faits  au  prochain,  en  pardonnant  de  bon 
cœur  à  tous  vos  ennemis,  en  renonçant  aux  dissentions 
qui  ont  régné  parmi  vous,  en  redonnant  à  vos  Pasteurs  la 
confiance  que  méritent  les  soins  qu'ils  se  donnent  pour 
votre  salut  éternel,  en  vous  éloignant  des  maisons  où 

1  iMath.  25,  6. 

2  1  Pet.  5,  6. 

3  Joël.  2,  12,  13. 

4  2  Cor.  5,  14    ■ 


276  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

jusqu'ici  vous  avez  fait  des  excès  d'intempérance  et  d'ivro- 
gnerie, en  abandonnant  ces  fréquentations  où  votre  inno- 
cence a  fait  si  souvent  un  triste  naufrage,  en  fuyant  ces 
modes  indécentes,  ces  compagnies,  ces  jeux,  ces  divertis- 
sements qui,  hélas  !  vous  furent  toujours  si  funestes.  Enfin, 
('  Nous  vous  conjurons,  »  avec  l'Apôtre  St.  Pierre  «  de 
vous  abstenir  des  désirs  charnels  qui  combattent  contre 
l'âme.  1  »,  Mais  ce  n'est  pas  tout  de  ne  pas  faire  le  mal,  vous 
devez  de  plus  faire  le  bien,  pour  vous  disposer  aux  grâces 
abondantes,  que  Nous  allons  vous  porter  au  Nom  du 
Seigneur.  Pour  cela,  reprenez,  Nous  vous  en  conjurons, 
la  pratique  de  vos  devoirs  religieux.  Soyez  assidus  aux 
Saints  Offices  ;  recourez  au  Sacrement  de  Pénitence  ; 
mortifiez-vous,  en  pratiquant  plus  scrupuleusement  les 
jeûnes  et  l'abstinence  de  l'Eglise  ;  rachetez  vos  péchés  par 
des  aumônes,  suivant  vos  moyens  ;  implorez  la  miséri- 
corde divine  par  des  prières  ferventes,  et  intéressez  en 
votre  faveur  la  Mère  de  Dieu,  en  lui  offrant  chaque  jour 
en  famille,  l'excellente  prière  du  Chapelet.  Nous  finissons 
par  «vous  conjurer,  »  Nos  Très-Chers  Frères,  «  de  nous 

aider  par  les  prières  que  vous  ferez  à  Dieu  pour  Nous 

afin  qu'étant  plein  de  joie,  nous  puissions  vous  aller  voir, 
pour  accomplir  la  volonté  de  Dieu,  et  jouir  avec  vous 
d'une  consolation  mutuelles.»  En  attendant,  «que  le  Dieu 
de  paix  soit  avec  vous  tous.  Amen.  » 

A  ces  causes,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué.  Nous  avons 
statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  réglons  et  ordonnons 
ce  qui  suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite  : 

lo — Nous  Nous  rendrons  à  le 

prochain,  après  midi.  Environ  une  demi  heure  après 
notre  arrivée,  on  fera  une  instruction  familière  ou  confé- 
rence, à  l'issue  de  laquelle  Nous  ferons  notre  entrée  à 
l'Eglise  en  la  manière  prescrite  dans  le  Rituel  :  puis, 
après  une  courte  exhortation.  Nous  donnerons  la  Béné- 
diction du  St.  Sacrement. 

1  1  Pet.  2,  11. 

2  Rom.  15,  30,  32,  33. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  277 

2° — Le  lendemain,  il  y  aura  des  messes  distribuées  dans 
la  matinée  pour  la  commodité  des  communiants.  A  dix 
heures,  la  messe  de  la  Visite  et  le  sermon  :  après  quoi, 
Nous  donnerons  la  Confirmation  aux  personnes  à  jefin, 
préparées  par  les  Confesseurs,  et  jugées  suffisamment 
instruites  par  leur  Curé,  dont  elles  présenteront  un  billet- 

3° — Nous  ferons,  dans  le'  temps  qui  nous  sera  le  plus 
commode,  la  visite  du  Tabernacle,  des  ornements,  des 
Fonts  baptismaux,  et  du  Cimetière,  ainsi  que  l'examen 
des  Comptes  de  la  Fabrique,  que  les  Marguillers  tiendront 
prêts  à  Nous  être  présentés.  M.  le  Curé  pourvoira  aussi  à 
ce  qu'un  inventaire  du  linge  et  des  ornements  de  l'Eglise 
soit  dressé,  ainsi  qu'un  tableau  des  Indulgences  et  Messes 
de  fondation,  s'il  y  en  a.  Nous  rechercherons  particulière- 
ment si  les  Ordonnances  données  par  Nos  Seigneurs  les 
Evêques  dans  les  Visites  précédentes  ont  été  exécutées. 

4°— Mrs.  les  Curés  auront  soin  de  préparer  par  de  fré- 
quents catéchismes  ceux  qui  se  disposent  à  la  Confirmation, 
et  de  conserver  les  billets  qui  renferment  les  noms  des 
confirmés,  pour  les  inscrire  ensuite  dans  les  Registres  de 
la  Paroisse. 

5° — Les  Confesseurs  nommés  pour  la  Visite  auront,  tant 
qu'elle  durera,  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures  et  cas 
réservés,  et  les  facultés  les  plus  amples  pour  la  réconcilia 
tion  des  pénitents. 

6° — Par  un  Induit  du  Souverain  Pontife,  tous  les  Fidè- 
les qui,  s'étant  confessés  avec  une  véritable  contrition, 
communieront  pendant  la  Visite,et  prieront  pour  les  néces- 
sités de  l'Eglise  suivant  son  intention,  gagneront  une 
Indulgence  plénière. 

7o— Voulant  favoriser,  autant  qu'il  est  en  Nous,  la  dévo- 
tion des  Fidèles  envers  la  Sainte  Vierge,  Nous  Nous 
ferons  un  devoir  d'appliquer,  chaque  jour  de  la  Visite, 
les  Indulgences  aux  Croix,  chapelets,  et  médailles  qui 
nous  seront  présentés,  pourvu  que  l'on  se  conforme  à  ce 
qui  est  prescrit. 


278  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

8'^ — Chaque  Paroisse  ou  Mission,  après  que  Nous  l'au- 
rons visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre 
suite  les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la 
Paroisse  suivante. 

9° — Nous  terminerons  la  Visite  le  quinze  du  même  mois 
avant  raidi,  par  le  salut  ou  la  Bénédiction  du  St.  Sacre- 
ment. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  Prône  de  la 
Messe  Paroissiale,  le  premier  Dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le 
contreseing  de  notre  Secrétaire,  le  trente  d'Avril  mil  huit 
cent  quarante-quatre. 


Par  Monseigneur, 


-]-  Tg.  Evêque  de  Montréal. 


J.  0.  Paré,  Chan.  Aas.-Sec. 


GREGORIUS  PP.  XVL 


Ad  perpetuam  rei  memoriam.  Quùm  per  similes  Apos 
tolicas  Litteras  die  XII  Januarii  anno  MDGGGXIX  datas 
episcopatis  sedes  Qaebecensis  ad  archiepiscopalem  gradum 
erecla  fuerit,  ita  tamen  ut  proprie  dicta  metropolitica  jura 
archiepô  Quebecensi  tributa  non  fuerint,  neque  vera 
metropolitica  Provincia  in  Canada  erecta  sit,  cumque 
sublalœ  jam  fuerint  difïicultates,  quibus  metropolitica' 
istius  Provinciœ  erectio  impediretur.  Nos  habita  ratione 
Ganadensium  Prœsulum  petitionum,  ac  perpendentes  ad 
religionis  bonum  splendoremque  amplificandum,  ac  ad 
ecclesiasticaî  disciplina?  observationem  impensius  foven 
dam  in  ea  regione,  plurimuni  esse  profiituram  memorata' 
Provinciee  erectionem,  de  N  N.  FF.  AA.  S.  R.  E.  Gard, 
negociis  Propagandre  Fidei  p"aîpositorum  consilio,  eam- 
dem  metropoliticam  Provinciam  définitive  erigere  consii- 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  279 

tuimus.  Mota  igitur  proprio  ac  matura  deliberatione, 
deque  apostolicœ  potestatis  plenitudine  hisce  litleris  metro- 
politicam  Provinciam  Quebecensem  erigimus  ac  constitui- 
mus,  qure  complecti  tantùm  debeat  regionem  Ganadensem 
stricte  sumptam,  quceque  constare  debeat  ex  ecclesia 
Quebecensi  tanquam  metropolitana,  et  ecclesiis sive  diœce- 
sibus  Marianopolitana  in  iiiferiori  Canada,  Kingstoniensi 
in  superiori,  ac  Torontina  in  oocidentali  superioris  Gana- 
dœ  regione,  tanquam  Suffraganeis.  Quod  vero  spectat  ad 
episcopos  Garolinopolitanum,  Novœ-Brunopolis  seu  Neo 
Brunswickiensem,  et  Halifaxensem  in  Novâ-Scotiâ,  illi 
quando  Concilium  Provinciale  Quebecense  celebrari  con- 
tingat,  juxta  Goncilii  Tridentini  prcescriptionem.  ad  illud 
accèdent.  Hœc  decernimus  ac  constituimus  non  obstanti- 
bus  apostolicis  constitutionibus  et  ordinationibus,  necnon 
dictée  ecclesise  etiam  juramento,  confirmalione  apostolica, 
vel  quavis  firmitate  alia  roboratis,  statutis  et  consuetudi 
nibus,  cœterisque  contrariis  qaibus  cumque.  Datum  Romœ 
apud  Sanctam  Mariam  Majorera  sub  annulo  Piscatoris  die 
XII  julii  MDCGCXLIV.  Pontificatûs  nostri  anno  decimo 
quarto. 

(Sign)  A.  Gard.  Lambrl'SChini, 

L.  7  S. 

(Pro  Apographo,) 

F.  H.  Belleisle,  Pire.,  Ass.-Sec 


280  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   JIONTRÉAL. 


Montréal,  10  Août  1844. 

Monsieur, 

La  présente  est  pour  vous  informer  que  la  Retraite  Pas- 
torale commencera  le  premier  Septembre  prochain  au 
soir,  et  se  terminera  le  sept  suivant  au  malin.  La  difficulté 
de  pourvoir  à  la  desserte  des  Cures,  dans  les  Retraites 
dernières,  m'engage  .à  ne  donner  que  cinq  jours  à  celle  de 
cette  année.  Par  cet  arrangement,  un  seul  Prêtre  pourra 
garder  cinq  ou  six  paroisses,  et  celles  qui  avoisinent  la 
ville,  pourront  y  recourir  pour  leurs  besoins.  Je  vous 
laisse  la  liberté  de  prendre  là-dessus  tels  arrangements  que 
vous  jugerez  à  propos  ;  et  afin  que  les  gardiens  soient  plus 
libres  d'aller  dans  tous  les  lieux  où  leur  présence  serait 
nécessaire,  je  donne  dispense  générale  d'un  ban,  pour  que 
tous  les  mariages  qui  devraient  se  faire  dans  la  semaine 
de  la  Retraite,  se  fassent  la  semaine  précédente.  Je  donne 
à  tous  ceux  qui  garderont  les  Paroisses  les  pouvoirs  de 
Desservants,  en  quelque  lieu  qu'ils  soient  appelés.  J'aime- 
rais que  les  Vicaires  et  les  Curés  qui  n'ont  qu'un  an  ou 
deux  de  Cure  fussent  préférés  pour  les  Paroisses,  parce 
je  désire  les  réunir  à  l'Evêché  dans  le  cours  de  l'automne  ; 
ce  dont  je  les  avertirai  plus  tard.  Le  Veni  Creator  de  la 
Retraite  se  dira  le  Dimanche  après  la  prière  du  soir,  et  je 
pense  que  la  plupart  pourront  s'y  trouver  en  avançant  au 
besoin  l'heure  des  Vêpres  ;  mais  le  discours  d'entrée  ne 
se  donnera  que  le  lendemain  dans  la  matinée. 

Gomme  je  me  suis  toujours  fait  un  devoir  d'agir  avec 
la  plus  grande  confiance  à  votre  égard,  je  ne  vous  cacherai 
pas  ici  ce  qui  peut  vous  intéresser  par  rapport  à  cette  Re- 
traite. Elle  sera  prôchée  par  M.  Billaudèle,  et  les  Confes- 
seurs seront,  outre  les  Prêtres  de  la  ville,  dont  vous  pour- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  281 

rez  réclamer  le  ministère,  selon  que  vous  le  jugerez  bon, 
M.  le  G.  V.  Viau,  M.  le  G.  V.  Archambault,  M.  Migneault, 
M.  Ducharme,  M.  François  Labelle,  M.  Gagnon,  M  Joseph 
LaRocque  et  M.  Lavoie  que  je  prie  de  vouloir  bien  remet- 
tre leur  Retraite  à  un  autre  temps  pour  être  libres  d'en- 
tendre les  confessions  de  leurs  confrères.  Le  Règlement 
sera  à  peu  de  choses  près  le  môme  que  celui  des  autres 
Retraites  ;  seulement  j'espère  que  vous  voudrez  bien  vous 
imposer  à  vous-mêmes  un  silence  absolu  pendant  ces  cinq 
jours  de  récoUection.  afin  de  compenser  par  une  plus 
grande  ferveur  ce  qui  manque  à  ces  jours  de  salut.  Les 
heureux  fruits  produits  par  les  Retraites  précédentes,  les 
grâces  abondantes  que  le  Seigneur  a  daigné  verser  sur 
nous  et  sur  notre  peuple,  depuis  que  nous  vaquons  tous 
les  ans  à  ces  saints  exercices,  la  mort  qui  vient  d'enlever 
subitement  deux  de  nos  frères  à  la  veille  de  cette  Retraite, 
comme  pour  nous  avertir  de  penser  sérieusement  à  nous, 
les  ineffables  délices  qui  ont  accompagné  nos  Retraites 
passées,  tout  nous  presse  de  nous  rendre  à  l'invitation  de 
notre  bon  Maître,  qui,  encore  cette  année,  nous  dit  à  tous 
avec  bonté  :  Venite  seorsum  in  desertum  locum^  et  requiescite 
pusillùm. 

Je  suis  bien  affectueusement,. 

Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

7  Ig.  Evêque  de  Montréal. 

{Pour  copie,] 

J.  0.  Paré,  Chan.  Ass.-Sec. 

P.  S. — La  séance  annuelle  du  Bureau  de  la  Caisse  Ecclé- 
siastique de  St.  Jacques  se  tiendra  le  samedi  matin,  après 
la  clôture  de  la  Retraite. 

L  Ev.  DE  M. 


282  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


MANDEMENT 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÈQUE    DE    MONTRÉAL,  A  l'OCCASION    d'uN 
CHANGEMENT  DANS  LA  LOI  DU  JEUNE  ET  DE  l'aBSTINENCE. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Salnt-Slége  Apostolique  Evêque  de  MontréaL  et  suffragant 
de  l'Archevêché  de  Québec^  ete.^  etc.,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  à 
tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction  en  notre 

Seigneur. 

Notre  Saint  Père  le  Pape  Grégoire  XVI  ayant  bien 
voulu,  Nos  Très-Chers  Frères,  dans  sa  sollicitude  pater- 
ternelle,  apporter  quelqu'adoucissement  à  la  loi  du  jeûne 
et  de  l'abstinence  dans  ce  Diocèse,  Nous  nous  fesons  un 
devou'  de  vous  faire  connaître  l'Induit  qu'il  a  daigné  nous 
adresser  à  ce  sujet,  le  sept  Juillet  dernier.  En  vertu  de  cet 
Induit,  vous  pourrez  en  sûreté  de  conscience  user  des  dis- 
penses suivantes  : 

I.  Il  est  permis  de  faire  gras,  l'J  tous  les  dimanches  de 
carême,  excepté  le  dimanche  des  Rameaux,  2°  tous  les 
lundis,  mardis  et  jeudis  des  l^ie,  2^,  3^,  4^  et  5^  semaines 
de  carême,  mais  sous  la  condition  qu'il  ne  sera  fait,  ces 
jours-là,  qu'un  seul  repas  en  gras,  et  qu'on  n'y  servira  pas 
de  poisson.  Cette  faveur  ne  s'étend  pas  au  jeudi  qui  suit 
le  mercredi  des  Gendres,  ni  aux  lundi,  mardi  et  jeudi  de 
la  semaine  sainte,  auxquels  jours  on  n'usera  que  d'aliments 
maigres  ;  3'^  tous  les  samedis  de  l'année,  excepté  ceux  du 
carême  et  les  samedis  auxquels  un  jeûne  est  attaché  ;  4" 
le  jour  de  la  St.  Marc,  s'il  ne  tombe  pas  un  vendredi,  et 
les  trois  jours  des  Rogations. 

II.  Les  jeûnes  des  vigiles  de  St.  Jean  Baptiste,  de  St. 
Mathieu,  de  St.  Simon  et  St.  Jude  et  St.  André,  sont  sup- 
primés et  remplacés  par  d'autres  jeûnes  qui  seront  obser 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  '283 

vés  les  mercredis  et  vendredis  de  chaque  semaine  de 
l'Avent.    Ces  mercredis  sont  jours  d'abstinence. 

m.  Les  mêmes  permissions  sont  aussi  accordées  aux 
communautés  de  Religieuses  et  aux  Frères  des  Ecoles 
Chrétiennes. 

Vous  connaissez.  Nos  Très-Chers  Frères,  qu'il  y  a  une 
grande  différence  entre  les  Dogmes  de  la  Foi,  qui  ne 
peuvent  point  changer,  et  les  lois  de  discipline  qui  peuvent 
varier  selon  les  temps  et  les  besoins  des  Fidèles.  L'Eglise 
qui  a  toujours  anatliématisé  ceux  qui  ont  cherché  à  altérer 
le  dépôt  sacré  de  la  Foi,  confié  à  sa  vigilance,  a  aussi,  dans 
tous  les  siècles,  accommodé  ses  saintes  ordonnances  aux 
besoins  de  ses  enfants.  C'est  une  Mère  pleine  de  sagesse 
et  de  bonté  qui  fait  des  lois  non  pas  pour  détruire  mais 
pour  édifier.  Ainsi,  âmes  ferventes,  qui  jusqu'ici  avez 
accompli  si  fidèlement  le  précepte  salutaire  du  jeûne  et  de 
l'abstinence,  tel  que  vous  l'avez  reçu  de  vos  Pères,  et  qui, 
pour  cela,  avez  toujours  été  la  gloire  et  la  consolation  de 
l'Eglise,  vous  pouvez  bien  gémir  de  cet  adoucissement; 
mais  vous  ne  devez  pas  pour  cela  craindre  que  la  Religion 
qui  fait  votre  bonheur,  soit  en  rien  changée  quant  aux 
principes  de  la  Foi  et  de  la  morale. 

Tout  en  profitant  de  l'indulgence  de  l'Eglise,  nous 
devons  nous  humilier.  Nos  Très-Chers  Frères,  de  ce  que 
cette  sainte  Mère,  pour  se  plier  à  notre  faiblesse,  a  été 
dans  la  dure  nécessité  de  faire  une  si  large  brèche  à  cette 
loi  salutaire  du  jeûne  et  de  l'abstinence.  Hélas  !  il  faut 
bien  le  reconnaître  et  le  dire  en  gémissant,  la  foi  s'éteint 
dans  lin  grand  nombre  de  cœurs,  le  sensualisme  fait  des 
progrès  alarmants,  l'orgueil  de  la  vie,  avec  son  luxe  et  sa 
vanité,  menace  de  tout  ruiner,  l'amour  des  richesses  et 
des  plaisirs  de  la  terre  fait  oublier  les  biens  du  Ciel  :  notre 
terre,  si  souvent  arrosée  du  sang  des  victimes  de  nos 
malheureuses  dissenlions,  ces  scandales  et  ces  excès  nous 
avertissent  qu'il  serait  plutôt  nécessaire  d'augmenter  les 
saintes  pratiques  de  la  pénitence,  que  d'en  adoucir  les 
rigueurs. 


^84  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Car  il  ne  faut  pas  nous  faire  illusion,  Nos  Très  Ghers 
Frères,  l'Eglise  peut  bien  changer  ses  règles  par  rapport 
à  la  pénitence,  mais  elle  ne  change  point  les  règles  de  la 
justice  divine,  qui  sont  immuables.  Aujourd'hui,  comme 
toujours,  le  péché  pour  êtie  pardonné,  doit  être  expié. 
Aujourd'hui,  comme  au  temps  du  Prophète,  il  faut,  pour 
se  convertir  de  tout  son  cœur,  jeûner,  pleurer  et  gémir  1. 
Aujourd'hui,  comme  au  temps  de  Jean-Baptiste,  il  faut 
faire  de  «dignes  fruits  de  pénitence  2,  »  pour  n'être  pas 
exposés  comme  des  arbres  infructueux  à  être  coupés  et 
jetés  au  feu.  Aujourd'hui,  comme  au  temps  de  Jésus- 
Christ,  il  faut  entendre  ces  terribles  paroles  :  «  Si  vous  ne 
faites  pénitence,  vous  périrez  tous  3.  Aujourd'hui,  comme 
au  temps  de  l'Apôtre  Saint  Jacques,  le  Seigneur  nous  fait 
entendre  ces  formidables  paroles  que  nous  devons  tous 
méditer  avec  le  sentiment  d'une  juste  frayeur:  «Pour 
vous,  riches,  qui  vivez  dans  les  délices  et  dans  le  luxe, 
pleurez,  poussez  des  cris  comme  des  hurlements,  à  la  vue 
des  misères  qui  vont  fondre  sur  vous  La  pourriture  con- 
sume les  richesses  d'iniquité  que  vous  gardez,  les  vers 
mangent  les  vôtemens  que  vous  avez  en  réserve...  C'est 
là  le  trésor  de  colère  que  avez  amassé  pour  les  derniers 
jours  4  où  vous  irez  paraître  devant  un  Dieu  juste  et  irrité 
sans  avoir  fait  pénitence. 

Prévenons,  Nos  Très-Chers  Frères,  cet,  épouvantable 
malheur,  en  appaisant  notre  Juge  par  toutes  les  œuvres 
satisfactoires.  Si,  de  son  côté,  l'Eglise  a  pitié  de  notre 
faiblesse,  et  se  relâche  pour  cela  de  la  sévérité  de  ses 
ordonnances,  du  nôtre,  redoublons  d'ardeur  dans  les  sen-  ■ 
tiers  de  la  justice,  en  compensation  des  pénitences  dont 
elle  nous  décharge  en  partie.  Dans  cette  pensée,  mulliphez 
vos  aumônes,  car,  comme  vous  savez,  «  l'aumône  délivre 
du  péché.»  Ayez  soin  de  vos  pauvres,  et  que  dans  chaque 

1  Joël.  2. 

2  Luc.  3,  8. 

3  Luc.  13,  3. 

4  Jac.  5. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  285 

paroisse  on  prenne  des  moyens  effîcacns  pour  qu'ils  soient 
occupés  selon  leurs  forces  et  assistés  selon  leurs  besoins. 
Qu'ils  ne  soient  pas,  faute  de  secours,  réduits  à  la  dure 
nécessité  d'aller  traîner  ailleurs  le  spectacle  de  leurs 
misères,  avec  le  danger  évident  d'y  contracter  de  mauvai- 
ses habitudes.  Qu'il  serait  à  désirer  qu'il  y  eût  partout 
des  Associations  charitables  pour  subvenir  à  toutes  les 
nécessités  de  ces  membres  souffrants  de  Jésus-Christ  ! 
Embrassez  avec  zèle  l'association  de  la  Propagation 
de  la  Foi,  qui  vous  fournira  tous  les  jours  un  moyen 
efficace  de  satisfaire  à  la  justice  divine,  puisque  par 
là  vous  aurez  votre  part  aux  travaux  et  aux  souffran- 
ces de  tant  de  Missionnaires  et  de  Fidèles  qui  ont  de  nos 
jours  le  mérite  et  la  gloire  de  verser  leur  sang  pour  l'hon- 
neur de  Jésus-Christ.  Oh!  que  le  martyre  est  glorieux 
pour  ceux  qui  le  souffrent,  et  méritoire  pour  ceux  qui  y 
contribuent  par  leurs  prières  et  leurs  aumônes!  Vous 
avez  en  outre,  pour  favoriser  cette  œuvre  admirable,  un 
motif  bien  pressant,  et  qui  vous  intéresse  vivement;  c'est 
que,  moyennant  les  secours  de  la  Propagation  de  la  Foi, 
Nous  pouvons  envoyer  de  zélés  Missionnaires  à  tant  de 
jeunes  gens  qui,  sans  cela,  seraient  privés  des  secours  de 
la  Religion  dans  les  chantiers,  où  cependant  ils  en  ont  un 
si  grand  besoin.  Ces  Missionnaires  doivent  surtout  enten- 
dre les  confessions  et  préparer,  par  la  pénitence,  ces  jeunes 
gens,  lorsqu'ils  sont  sur  le  point  de  s'embarquer  pour  de 
longs  et  pénibles  voyages.  Combien  de  ces  malheureux, 
qui  laissent  leurs  chantiers  avec  l'espérance  de  bientôt 
revoir  des  parents  chéris,  et  font  de  tristes  naufrages. 
Encore  s'ils  avaient  le  bonheur  d'être  en  état  de  grâce  ? 
Mais  après  avoir  passé  des  années  entières  privés  de  tout 
secours  religieux,  et  en  compagnie  d'hommes  libertms  et 
débauchés,  qu'il  est  déplorable  d'apprendre  qu'ils  sont 
allés  ainsi  rendre  compte  de  toute  leur  vie  au  souverain 
.juge  !  Vous  le  comprenez  vivement,  pères  et  mères,  qui 
avez  de  vos  enfants  dans  ces  chantiers,  et  qui  craignez  à 
chaque  moment  que  l'on  ne  vienne  vous  annoncer  la 

20 


28C  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

mort  de  quelques  uns  d'eux.  Procurez  donc,  puisque 
vous  le  pouvez,  à  vos  chers  enfants,  ou  à  tous  ceux  qui 
sont  dans  le  même  besoin,  les  secours  si  nécessaires  de  la 
Religion.  Pour  cela  montrez  votre  zèle  pour  la  Propa- 
gation de  la  Foi.  N'écoutez  pas  ceux  qui  cherchent  à 
décrier  cette  œuvre  en  vous  disant  que  c'est  une  invention 
des  Prêtres  pour  avoir  de  l'argent.  Vous  savez  très-bien 
qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  Nos  Très-Chers  Frères,  et  les 
ceuvres  des  missions  sont  là  pour  fermer  la  bouche  à  ceux 
qui  oseraient  vous  détourner  d'une  association  qui  fait 
ia  gloire  du  monde  chrétien.  11  y  aura,  Nous  n'en  doutons 
pas,  une  sainte  émulation  entre  toutes  les  paroisses  de  ce 
Diocèse  à  qui  contribuera  plus  efficacement  à  une  oeuvre 
si  importante. 

Et,  puisque  Nous  sommes  occupé,  Nos  Très-Chers 
Frères,  des  moyens  à  prendre  pour  satisfaire  à  la  justice 
de  Dieu,  tout  en  observant  un  carême  bien  mitigé.  Nous 
vous  exhortons  de  tout  notre  cœur  à  entrei  dans  la  société 
de  Tempérance,  destinée  à  régénérer  notre  pays,  en 
faisant  disparaître  les  vices  qui  marchent  toujours  à  la 
suite  de  l'ivrognerie  pour  démorahser  son  peuple.  Nous 
attendons  ce  sacrifice  des  grands  et  des  petits,  puisque 
tous  sont  intéressés  à  procurer  le  bonheur  du  peuple, 
essentiellement  attaché  à  la  sobriété.  Cette  salutaire  mor- 
tification tiendra  la  place  des  jeûnes  et  abstinences  que  la 
faiblesse  de  votre  santé  et  la  multitude  de  vos  travaux 
vous  empêchent  d'observer. 

De  plus,  Nous  vous  conjurons.  Nos  Très  Chers  Frères, 
de  redoubler  de  ferveur  dans  la  sainte  pratique  de  la 
dévotion  à  l'honneur  de  la  Bienheuieuse  Vierge  Marie, 
pour  dédommager  en  quelque  sorte  cette  Auguste  Mère 
de  Dieu,  de  ce  que  la  plupart  des  samedis,  qui  lui  sont 
consacrés,  ne  seront  plus,  comme  autrefois,  des  jours  de 
pénitence.  L'amour  qui  vous  presse  pour  cette  bonne 
Mère,  vous  portera  à  vous  enrôler  dans  les  précieuses- 
Associations  établies  pour  l'honorer;  et  dans  chaque 
famille  l'on  se  fera  un  mérite  de  réciter  tous  les  jours,  du 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  287 

moins  le  samedi,  quelques  dizaines  du  chapelet.  Ce  fut 
par  cette  dévotion  salutaire  du  chapelet  que  St.  Dominique 
pût  rétablir,  de  son  temps,  la  foi  et  les  mœurs  dans  de 
grandes  provinces  qui  furent  le  théâtre  de  son  zèle.  C'est 
aussi  le  moyen  que  Nous  prenons  pour  conserver  partout 
la  Foi  qui  est  attaquée  par  des  ennemis  dangereux  et  pour 
rétablir  la  pureté  des  mœurs.  Oh  !  Nos  Très-Chèrs  Frères, 
aidez-Nous,  par  votre  ferveur  à  réciter  cette  excellente 
prière  du  Chapelet,  aidez-Nous  à  défendre  nos  brebis,  que 
des  loups  cruels,  qui  sont  entrés  dans  notre  bergerie, 
cherchent  à  dévorer.  Car  Nous  voudrions  bien  pouvoir 
dire  avec  l'Apôtre,  lorsqu'il  nous  faudra  aller  rendre 
compte  de  notre  administration  au  souverain  Pasteur  : 
«J'ai  combattu  le  bon  combat,  j'ai  achevé  ma  course, 
j'ai  gardé  la  foi.  Il  ne  me  reste  plus  qu'à  attendre  la  cou- 
ronne de  justice.  »  1 

Enfin,  Nous  profitons  de  la  nouvelle  année  pour  vous 
Lénir  au  nom  du  Seigneur,  et  pour  vous  avertir  de  ne  pas 
abuser  des  biens  qu'il  vous  accorde  en  les  dissipant,  dans 
ces  jours  de  plaisir,  dans  des  excès  de  tables,  des  repas 
somptueux,  des  dépenses  superflues  ;  car  ces  biens,  n'en 
doutez  pas,  vous  seraient  ôtés,  et  bientôt  vous  verriez 
reparaître  ces  années  de  misère,  qui  vous  ont  appris  que 
le  Seigneur  était  irrité  du  mauvais  usage  que  vous  aviez 
^ait  des  biens  sans  nombre  dont  il  vous  avait  autrefois 
comblés.  «  Réjouissez-vous,  »  Nos  Très-Chers  Frères, 
;  mais  réjouissez-vous  dans  le  Seigneur,  »  comme  le  veut 
l'Apôtre.  Faites-vous  remarquer  par  votre  modestie  dans 
vos  paroles  et  vos  actions.  Fuyez  les  veillées  dangereuses, 
les  parties  de  plaisir  où  vous  pourriez  voir  et  entendre 
des  choses  qui  exposeraient  votre  innocence.  «  Que  la 
grâce  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  soit  avec  vous  tous,  d 
!  Ainsi  soit-il.  »  2 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  prône  de  notre  Cathé- 
drale, à  celui  de  toutes  les  églises  paroissiales  et  en  chapitre 

1  2.  Tim.  4- 

2  (Rom    16,  24.) 


288  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

dans   toutes  les  communautés    religieuses,   le    premier 
dimanche  ou  jour  de  fête,  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le 
coutre-seing  de  notre  Secrétaire,  le  vingt  sept  Décembre 
mil  huit  cent  quarante-quatre. 

Y  Tg.  Evêqle  de  Montréal. 
Pa?'  Monseigneur^ 

A.  F.  Truteau,  CTian,  Sec. 
(  Vraie  copie.) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Ass.-Sec. 


CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  ier  Janvier  1845. 

Monsieur, 

Comme  rien  n'est  plus  important  que  l'uniformité  dans 
le  clergé  d'un  même  Diocèse,  je  crois  devoir  vous  adresser 
la  présente  pour  vous  donner  quelques  règles  de  conduite 
dans  l'exercice  du  saint  Ministère. 

lo.Vous  n'inquiéterez  point  les  Fidèles  qui  se  permet- 
tront, les  jours  de  jeûne,  de  prendre,  le  matin,  quelques 
bouchées  de  pain,  avec  un  peu  de  thé,  de  café  ou  de 
quelqu'autre  breuvage  :  non  plus  que  ceux  qui  mangeront, 
au  souper,  le  reste  de  la  soupe  grasse  du  dîner,  les  jours 
de  Carême  où  il  leur  est  permis  de  faire  un  repas  en 
viande. 

2'5  Vous  recevrez,  avec  la  présente,  une  feuille  indiquant 
les  changements  à  faire  aux  Annonces  du  Rituel,  en  con- 
séquence de  l'Induit  Apostolique  du  7  Janvier  1838,  relatif 
à  la  suppression  des  Fêtes  de  dévotion  et  de  celui  du  7 
Juillet  dernier,  par  rapport  à  l'adoucissement  du  jeûne  et 
de  l'abstinence.  Il  vous  sera  facile  de  découper  cette 
feuille  et  d'en  annexer  les  parties  aux  lieux  de  votre  Rituel 
où  il  y  a  des  changements  à  faire  ;  ou  d'écrire  à  la  marge 
ces  changements. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  289 

3»  Profitant  de  la  permission  que  le  St.  Père  m'a  donnée 
d'introduire  différents  offices  dans  le  calendrierdu  Diocèse, 
selon  que  je  le  jugerai  à  propos,  j'ai  réglé  qu'aucun  office 
ne  serait  renvoyé  au  delà  de  la  partie  du  Bréviaire  où  il 
est  contenu,  afin  d'éviter  l'incommodité  d'être  obligé  de 
se  servir  de  deux  volumes  pour  réciter  cet  office  ainsi 
transféré.  L'on  appliquera  à  ces  sortes  d'offices  différents 
Décrets  de  la  Sacrée  Congrégation  des  Rites,  qui  regardent 
la  mémoire  des  saints,  dont  on  ne  peut  faire  l'office  à  la 
fin  d'une  année,  et  qu'il  n'est  pas  permis  de  renvoyer  à 
l'année  suivante.  Tels  sont  les  décrets  du  26  Novembre 
1735— du  28  Mars  1775— du  18  Décembre  1779  et  d'autres 
que  l'on  peut  voir  dans  Romsée.  En  voici  la  substance 
d'après  cet  auteur. 

Officia  quse  non  inveniunt  locum  ante  Galendas  Janua- 
rii,  recitari  debent  diebus  in  quos  incidunt  sub  ritu 
simplici,  jungendo  lectiones  proprias  secundi  nocturni  per 
modum  unius,  è  quibus  fit  nona  lectio  officii  occurrentis, 
nisi  obstet  solemnitas  :  porro  obstant  dominicee  Pascliae 
et  Pentecostes,  quo  casu  debent  penitùs  omitti  isto  anno. 

In  feria  secunda  et  tertia  Paschse  et  Pentecostes,  fit 
ubique  commemoratio  officii  duplicis  ;  omitti  vero  débet 
commemoratio  semiduplicis. 

In  omnibus  festis  primse  classis  fit  commemoratio  dicto. 
r|m  officiorum,  quae  omittitur  in  sola  missa  solemni. 

Quando  occurrunt  Vesperse  ferise  tertiœ  Paschse  et 
Pentecostes  cum  duplicibus  et  semiduplicibus,  de  his  fieri 
débet  commemoratio  in  dictis  secundis  Vesperis  ferise 
tertise  Paschse  et  Pentecostes  :  in  festis  verô  primse  classis 
omittitur  dicta  commemoratio. 

Nona  lectio  ad  Matutinum  facta  ex  propriis  per  modum 
unius,  omitti|debet  in  offîciis  trium  lectionum,  in  festo  et 
octavâ  corporis  Christi  (nisi  fiât  officium  alicujus  Sancti; 
ita  rub.)  et  quoties  legitur  nona  lectio  de  homilia  evangelii. 

In  missis  dominicse  Palmarura,  vigilise  Pentecostes  et 
Nativitatis  Domini,  licèt  fiât  commemoratio  in  officio, 
eadem  omittitur  in  missis  :  ita  rub. 


290  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Casu  quo  occurrat  dominica  vel  octava  rum  dictis  dupli- 
cibus  et  semiduplicibus,  abhibetur  color  dominicce  vel 
octavce. 

Tandem,  quando  fit  officium  duplex  in  dominica,  pra?- 
poni  débet  commemoratio  duplicis  commemorationi  do- 
miniez, licèt  hujus  lecta  sit  nona  lectio  :  in  casu  autem 
semiduplicis,  prteponenda  est  commemoratio  dominica?. 

In  dominicis  privilegiatis  in  quibus  occurrit  commemo- 
ratio supra  dictorum,  non  omittuntur  suffragiaSanctorum, 
nec  preces  ad  Primam  et  Gompletorium,  nec  tertia  oratio 
in  missa. 

40  Je  saisis  cette  occasion  pour  vous  engager  de  nouveau 
à  ne  pas  souffrir  que  les  hommes  fassent  l'école  aux  filles  ; 
que  les  enfants  fréqpentent  les  écoles  protestantes;  que 
les  jeunes  gens  veillent  seuls  avec  les  filles  ;  qu'aucune 
femme  ne  se  mêle  de  faire  les  fonctions  de  sage-femme,  à, 
moins  qu'elle  ne  soit  jugée  capable  et  d'accoucher  et 
d'ondoyer.  Veillez  sur  les  auberges  pour  qu'il  n'y  ait 
point  de  désordres,  et  surtout  que  les  jeunes  gens  n'y 
aillent  point  boire  et  jouer  les  Dimanches  et  Fêtes.  Prenez 
de  sages  précautions  pour  que  Ton  n'exerce  point  Vem- 
bryotomie  sur  les  fœtus  animés  ;  et  afin  d'éclairer  certains 
médecins  qui  ont  reçu  là-dessus  de  faux  principes,  vous 
pourriez  leur  faire  lire  la  dissertation  qui  se  trouve  dans 
les  Notes  Diverses  contre  une  pareille  pratique.  Veillez 
aussi  sur  ceux  qui  parcourent  les  Paroisses  pour  receuillir 
les  enfants  pauvres  et  les  placer  dans  certaines  maisons 
d'éducation  où  on  les  élèves  dans  des  principes  contraires 
à  la  Foi. 

50  A  mesure  que  vous  formerez  des  sections  de  la  Pro- 
pagation de  la  Foi,  vous  voudrez  bien  en  donner  avis  à 
M.  Lavoie,  pour  qu'il  demande  en  France  et  qu'il  vous 
fasse  ensuite  passer  un  nombre  de  numéros  des  Annales, 
proportionné  à  celui  de  vos  sections.  Votre  zèle  à  encou- 
rager cette  œuvre  importante  peut  seul  en  assurer  le 
succès.  Vous  ne  manquerez  pas  d'insister  auprès  de  vos 
Paroissiens  sur  les  avantages  que  doivent  retirer  leurS' 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  '^9$ 

jeunes  gens  des  Missions  des  chantiers,  pour  les  engager 
à  y  prendre  part  en  s'agrégeant  à  l'Association.  Gomme  il 
doit  partir  ces  jours-ci  deux  missionnaires  pour  ces  péni- 
bles missions,  je  vous  prie  d'envoyer,  le  plus  tôt  possible, 
au  Trésorier-Général  de  TOEuvre,  ou  à  l'Evêché,  tout 
l'argent  qui  se  trouve  maintenant  entre  les  mains  des  chefs 
de  sections,  ou  que  vous  pourriez  retirer,  afin  d'aider  à 
faire  les  frais  de  cette  mission. 

ô-^  J'ai  pris  quelques  arrangements  pour  pouvoir  traiter 
avec  plus  de  facilité  les  affaires  de  l'Eglise  avec  les  diffé- 
rents Officiers  du  Gouvernement.  Lorsqu'il  vous  faudra 
recourir  à  eux  pour  les  besoins  de  votre  ParoissF,  vous 
me  trouverez  toujours  prêt  à  vous  prêter  secours;  et  vous 
serez  en  tout  tems  le  bien-venu  à  vous  adresser  à  l'Evèchê 
pour  cela,  comme  pour  tout  le  reste. 

7°  Gomme  j'ai  à  cœur  que  vos  Paroissiens,  qui  ont 
affaire  à  l'Evêché,  ne  fassent  pas  de  voyages  inutiles,  mon 
intention  est  que  vous  leur  disiez  qu'ils  peuvent  s'y  pré- 
senter tous  les  jours,  excepté  les  Dimanches  et  Fêtes 
d'obhgation,  ainsi  que  les  Jeudis,  depuis  neuf  heures  du 
matin  jusqu'à  trois  heures  de  l'après-midi  seulement,  la 
nécessité  où  nous  sommes,  de  répondre  à  beaucoup  d'autres 
besoins  du  Diocèse  ne  nous  permettant  pas  de  les  recevoir 
à  d'autres  heures. 

Vous  pourrez  Indulgencier,  cette  année,  les  chapelets, 
croix  et  médailles,  comme  les  années  dernières. 

Je  prie  Dieu  de  vous  conserver  pour  le  bien  de  son 
Eglise  et  de  bénir  tous  vos  travaux  ;  et  c'est  avec  la  plus 
sincère  affection  et  cordialité  que  je  suis  de  tout  cœur. 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

•]-  Ig.  Evêque  de  Montréal, 
[Pour  Vraie  Copie,)        « 

A.  F.  Truteau,  Chanoine  Secrétaire. 


29-2  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 

Evêché  de  Montréal,  le  5  Février  1845. 

Monsieur, 

Plusieurs  Prêtres  m'ayant  consulté  pour  savoir  si  l'on 
pouvait  faire  plusieurs  repas  gras  les  Dimanches  de 
Carême,  où  l'usage  de  la  viande  est  permis,  j'ai  jugé  à 
propos  de  vous  adresser  la  Présente  pour  vous  informer 
que  l'on  peut  en  effet  faire  plusieurs  repas  gras  tous  les 
Dimanches  de  Carême,  où  le  Saint-Siège  a  permis  l'usage 
de  la  viande. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  recommander  d'in- 
sister pour  que  le  Carême,  tel  que  mitigé,  soit  autant  que 
possible  ponctuellement  observé  par  ceux  que  vous 
dirigez. 

Je  crois  devoir  aussi  vous  conseiller  de  donner,  pendant 
le  Carême,  quelques  instructions  sur  les  confessions  et 
communions  sacrilèges.  L'expérience  montre  que  c'est 
toujours  avec  le  plus  grand  avantage  que  l'on  revient 
fréquemment  sur  ce  sujet  important. 
■  Je  prie  le  Seigneur  de  vous  donner  les  forces  néces- 
saires pour  qu3  vous  puissiez  supporter  les  peines  et  les 
travaux  de  la  sainte  quarantaine,  que  nous  commençons 
aujourd'hui  et  c'est  de  tout  cœur  que  je  me  souscris  bien 
affectueusement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

-|-  Ig.  Ev.  DE  Montréal. 
{Pour  vraie  copie,)  ♦ 

A.  F.  Truteau,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  293 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

E»êché  de  Montréal,  12  Mai  1845. 

Direction  à  MM.  les  Curés  et  Missionnaires  du  Diocèse  de 
Montréal^  pour  mettre  à  exécution  le  Bill  d'Education^ 
passé  dans  la  dernière  session  du  Parlement  Provincial. 

Monsieur, 

Comme  il  se  présente  quelques  difficultés  pour  l'exécu- 
tion du  Bill  d'éducation,  tel  que  passé  dans  la  dernière 
session  de  notre  Parlement  Provincial,  et  qu'il  s'y  trouve 
certaines  clauses  dont  le  sens  n'est  pas  très-clair,  j'ai  cru 
de  mon  devoir,  après  avoir  consulté  M.  le  Surintendant, 
de  vous  adresser  la  présente,  pour  vous  indiquer  la  marche 
à  suivre,  pour  tirer  le  meilleur  parti  possible  du  présent 
Bill,  en  attendant  que  l'on  puisse  obtenir  quelque  chose 
de  mieux.  Voici  donc  ce  qu'il  y  a  à  faire  pour  se  mettre 
en  droit  de  réclamer  les  allocations  de  la  législature  pour 
l'éducation. 

lo  Dans  chaque  paroisse  ou  township,  on  élira  des 
commissaires  qui  ne  seront  pas  moins  de  quatre,  outre  le 
curé  ou  le  missionnaire  qui  le  sera  de  droit,  lorsque  les 
deux  tiers  de  la  population  seront  catholiques,  ni  plus  de 
neuf.  Dans  ce  dernier  nombre  sera  compris  le  curé  ou 
missionnaire.  Mais  quoiqu'il  ne  puisse  pas  y  avoir  plus 
de  neuf  commissaires,  l'on  peut  former  autant  d'arrondis- 
sements que  l'on  jugera  à  propos. 

Cette  élection  se  fera  chaque  année  dans  une  assemblée 
générale  des  tenanciers  de  la  paroisse  ou  township,  le 
premier  lundi  de  Juillet;  elle  sera  annoncée  huit  jours 
d'avance,  par  avis  public  donné  à  la  porte  de  l'église,  par 
le  plus  ancien  Juge  de  Paix  ;  à  son  défaut  par  tout  autre 
Juge  de  Paix  y  résidant,  et  à  leur  défaut  par  trois  des 
voteurs  de  la  localité.     Cette  assemblée  sera  présidée  par 


294  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

le  plus  ancien  Juge  de  Paix  là  et  alors  présent;  à  son 
défaut  par  toute  autre  pv^rsonne  élue  par  la  majorité  de 
l'assemblée. 

2o  Celui  qui  aura  présidé  la  dite  assemblée  générale, 
transmettra  sous  huit  jours,  au  Surintendant,  les  noms 
des  personnes  qui  auront  été  élues  commissaires. 

3°  Les  commissaires  ainsi  élus  s'assembleront  et  choisi- 
ront un  Président  et  un  Secrétaire-Trésorier  ;  mais  ce 
dernier  ne  pourra  être  choisi  parmi  les  commissaires. 
Cette  charge  de  Secrétaire-Trésorier  devra  être  remplie 
par  une  seule  et  môme  personne.  Le  Secrétaire-Trésorier, 
donnera  un  cautionnement  pour  la  moitié  de  la  somme 
«  formée  par  la  cotisation  »  ou  «  contributions  de  la  paroisse, 
et  par  l'allocationdu  Gouvernement;  et  deux  autres  per- 
sonnes devront  cautionner  chacune  pour  un  quart  de  la 
dite  somme. 

40  Les  commissaires  prélèveront,  par  cotisation,  ou  en 
telle  autre  manière  qu'ils  jugeront  nécessaire,  une  somme 
égale  à  celle  allouée  par  le  Gouvernement.  Il  diviseront 
la  paroisse  ou  township  en  arrondissements  et  établiront 
des  écoles  dans  ceux  qui  ont  le  nombre  d'enfants  requis 
par  la  Loi,  (au  moins  20de  5  à  16  ans)  :  et  il  faudra  que 
les  écoles  soient  fréquentées  pendant  huit  mois  par  au 
moins  quinze  enfants  chaque  jour. 

5"  Les  commissaires  enregistreront  ou  feront  enregis- 
trer leurs  procédés  dans  un  livre  tenu  à  cet  effet  ;  et  ils 
seront  signés  à  la  fin  de  chaque  séance  par  le  Président 
et  le  Secrétaire  qu'ils  auront  choisi  pour  enregistrer  leurs 
procédés. 

6°  Les  commissaires  devront  faire  rapport  au  Surinten- 
dant du  nombre  d'arrodissements  et  d'écoles  en  opération  : 
lui  feront  connaître  le  nombre  d'enfants  qui  les  fréquen- 
tent :  l'informeront  que  le  Secrétaire-Trésorier  a  en  mains 
une  somme  prélevée  par  cotisation  ou  autrement  égale  à 
celle  allouée  par  le  Gouvernement,  et  lui  rendront  compte 
de  l'emploi  de  cet  argent. 

Tl  faut  ''emarquer  que  la  clause  qui  concerne  les  écoles- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  295 

modèles,  ne  peut  s'appliquer  qu'aux  écoles  de  garçons  ou 
aux  écoles  mixtes,  et  non  pas  aux  écoles  de  filles,  car  la 
loi  ne  pourvoyant  qu'à  une  école  de  filles  par  paroisse, 
cette  école  ne  peut  être  considérée  comme  école-modèle, 
puisqu'il  n'y  en  aurait  aucune  autre  dans  la  paroisse  à  qui 
elle  pût  servir  de  modèle. 

Je  crois  qu'il  importerait  beaucoup  au  succès  de  ce  Bill 
de  faire  comprendre  à  vos  paroissiens,  qu'ils  peuvent 
s'exempter  de  payer  des  taxes  pour  l'éducation,  s'ils  con- 
tribuent généreusement  au  soutien  de  leurs  écoles  par  des 
souscriptions  volontaires  ;  et  que  la  Législature  n'a  imposé 
ces  taxes  que  pour  les  localités  où  l'on  serait  assez  indiffé- 
rent pour  l'éducation,  que  l'on  ne  voudrait  s'imposer 
aucun  sacrifice  pour  se  procurer  un  bien  si  précieux.  Les 
milliers  de  Canadiens  qui  font  la  fortune  des  Américains 
et  autres,  parce  qu'ils  ont  de  bons  bras,  mais  point  d'édu- 
cation, devront  leur  servir  de  preuve  du  besoin  qu'ils  ont 
de  s'instruire.  Vous  ne  manquerez  pas  de  le  leur  faire 
sentir  avec  votre  zèle  ordinaire. 

Je  suis  bien  véritablement,        '  , 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

f  Ig.  Evêque  de  Montréal. 

(Vraie  Copie.) 

A.  F.  Truteau,  Chan.-Sec. 


296  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

LETTRE  PASTORALE 

DE    MGR.    l'ÉVÊQUE   "DE    MONTRÉAL,   AU   SUJET    DE   L'iNCENDIE 
ARRIVÉ   A   QUÉBEC    LE   28    MAI    1845. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique,  Evéque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Vous  aurez  déjà  appris, Nos  Très-Ghers  Frères,  la  triste 
nouvelle  de  l'incendie  qui  a  réduit  en  cendres  un  tiers  de 
de  l'intéressante  cité  de  Québec.  Ce  déplorable  événe- 
ment aura,  nous  n'en  doutons  pas,  profondément  affligé 
vos  cœurs  naturellement  si  compatissants.  Vous  aurez 
mêlé  vos  gémissements  à  ceux  de  ces  douze  mille  infor- 
tunés qui  sont  maintenant  sans  abri.  Vous  aurez  arrosé 
de  vos  larmes  ces  monceaux  de  cendres  qu'a  laissés  sur 
son  passage  ce  feu  destructeur,  qui  a  consumé  plus  de 
douze  cents  maisons.  Les  ruines  encore  fumantes  de 
cette  ville,  qui  rappelle  à  vos  cœurs  tant  de  souvenirs 
religieux  et  politiques,  vous  font  emprunter  les  cantiques 
lamentables  du  Prophète  Jérémie  pour  déplorer  cette 
grande  calamité.  Ce  n'était  donc  pas  assez  pour  cette 
ancienne  capitale  des  Canada  d'être  pour  ainsi  dire  demeu- 
rée veuve  en  se  voyant  enlever  ce  qui  faisait  sa  gloire, 
le  Siège  du  Gouvernement  facta  est  quasi  ^idua  domina 
gentium  princeps  provinciarum.  Par  quel  surcroît  de  mal- 
heur vient-elle  encore  de  perdre  un  grand  nombre  de 
ses  citoyens  qu'une  affreuse  calamité  oblige  de  fuir  au 
loin,  ou  qui  même  ont  été  dévorés  par  les  flammes  ! 
Quomodo  sedet  sola  civitasplena  populo  ?  Qu'il  fut  déchirant 
ce  spectacle  de  plusieurs  milliers  d'habitants  veillant  toute 
la  nuit  à  la  garde  de  quelques  meubles  échappés  à  la 
fureur  des  flammes  !  Que  de  larmes  ils  auront  versées 
à  la  triste  lueur  d'un  feu  qui  achevait  de  dévorer  leurs 
édifices  !     Plorans  ploravit  in  nocle.    Leurs  prêtres  gémis 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  -297 

sant  et  leurs  vierges  couvertes  de  deuil  répondent  à  leurs 
accents  douloureux.  Sacerdotes  ejns  gementes^  Virgines  ejus 
squalidœ.  Qu'elle  est  sensible  pour  ce  bon  peuple  la  perte 
de  cette  magnifique  église,  qui  faisait  son  bonheur  ;  et 
qui  était  pour  lui,  en  même  temps  un  monument  qui  lui 
rappelait  chaque  jour  les  immenses  sacrifices  de  plusieurs 
de  ses  pontifes  dont  la  mémoire  est  remplie  de  si  doux 
souvenirs  !  Puissent  du  moins  les  flammes  qui  ont 
dévoré  ce  temple  matériel  avoir  respecté  le  cœur  de 
l'immortel  prélat  qui  l'a  fondé,  lequel  reposait  en  paix 
dans  ce  sanctuaire  vénérable.  Pendant  ce  désastre 
afTreux,  l'illustre  prélat  qui  représente  en  ce  moment  le 
premier  pasteur  de  ce  troupeau  désolé  fait  entendre  sa 
voix,  et  au  nom  de  son  peuple,  il  appelle  au  secours  et 
demande  du  pain.  Omnis  populus  gemens  et  quœrens, 
panem.  Sa  voix  qu'anime  sa  tendre  compassion  pour 
tant  de  malheureux,  fait  une  profonde  impression  dans 
cette  ville  môme  qui  vient  d'être  le  théâtre  d'un  si  funeste 
incendie  ;  et  pendant  que  tout  inspire  la  terreur  et  l'effroi, 
ses  généreux  habitants  versent  plus  de  cent  soixante, 
mille  francs  dans  le  sein  des  pauvres.  C'est  sur  les  ruines 
fumantes  de  la  ville  métropolitaine  qu'est  écrite  une  tou- 
chante épitre  pour  procurer  à  des  brebis  chéries  un 
prompt  et  puissant  secours. 

Quant  à  nous.  Nos  Très  Ghers  Frères,  ne  demeurons 
pas  oisifs  spectateurs  du  plus  terrible  incendie  qui  soit 
arrivé  en  ce  pays  ;  on  ne  pourra  pas  nous  appliquer  ces 
paroles  du  même  prophète  :  «  parmi  tous  les  amis  »  de 
cette  ville  incendiée,  «  il  ne  s'en  est  pas  trouvé  un  seul  » 
qui  eût  pitié  d'elle  et  «  qui  allât  la  consoler  »  nen  est  qui 
eonsoktur  eam  ex  omnibus  caris  ejus.  Les  petits  enfants 
ont  demandé  du  pain,  et  il  ne  s'est  trouvé  personne  pour 
leur  en  donner,  parvuli  petierunt  panem  et  non  erat  qui 
frangeret  eis.  Si  jamais  il  s'est  présenté  pour  vous  une  occa- 
sion d'exercer  votre  charité,  c'est  assurément  celle-ci. 
Oh  !  vous  ne  la  manquerez  pas  cette  occasion  favorable, 
Nous  en  avons  la  juste  confiance  ;  car  si  vous  vous  êtes 


298  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

montrés  si  généreux  dans  tant  de  circonstances  où  il 
n'était  question  que  de  subvenir  aux  besoins  de  quelques 
particuliers,  que  ne  ferez-vous  pas  pour  secourir  une  ville 
si  chère  à  vos  cœurs,  et  pour  laquelle  se  réveillent  dans 
ce  moment  plus  que  jamais  toutes  vos  sympathies  ?  Vos 
entrailles  se  dilatent  de  charité  à  la  vue  des  ruines  de 
cette  cité  autrefois  si  florissante,  et  vous  éprouvez  ce 
qu'éprouvait  le  prophète  à  la  vue  des  ruines  de  sa  ville 
chérie  :  «  mes  yeux  se  sont  séchés  de  larmes...  en  voyant 
languir  de  faim  les  petits  à  la  mamelle.  0  ville,  ta  douleur 
est  grandes  comme  la  mer  ;  et  qui  pourra  apporté  remède  à 
tes  maux  ?»  Ce  sera,  Nos  Très-Ghers  Frères,  votre  charité 
et  votre  empressement.  Souvenez-vous  qu'à  de  grands 
maux  il  faut  de  grands  secours,  que  c'est  dans  les  grandes 
calamités  que  s'exercent  les  grandes  vertus.  Pensons  que 
s'il  y  a  union  dans  nos  opérations,  il  se  formera  des 
fleuves  de  charité  qui  iront  arroser  cette  ville  infortunée. 
Pensons  qui  si  nous-mêmes  n'avons  pas  éprouvé  le 
même  malheur,  c'est  uniquement  à  la  miséricorde  de 
Dieu  que  nous  en  sommes  redevables.  Peut-être,  et  il 
faut  l'espérer,  Dieu  attache-t-il  à  notre  charité  la  grâce  de 
ne  pas  éprouver  un  pareil  sort. 

Connaissant  vos  cœurs  comme  Nous  les  connaissons, 
Nous  ne  douions  pas  que  vous  ne  fassiez  vos  slTorts  pour 
porter  un  prompt  secours  à  la  ville  de  Québec.  Chacun 
de  vous  saura  s'imposer  des  sacrifices  pour  se  mettre  en 
état  d'aider  ses  infortunés  habitants.  L'on  rougirait  sans 
doute  de  dépenser  follement  à  la  danse  et  au  spectacle  ce 
qui  serait  si  nécessaire  pour  secourir  des  milliers  de 
pauvres.  L'on  se  fera  un  devoir  de  retrancher  quelque 
chose  sur  ses  ajustements  somptueux,  pour  pouvoir  cou 
vrir  les  membres  de  Jésus-Christ  souffrant.  Ceux  qui  ont 
beaucoup,  donneront  beaucoup;  et  ceux  qui  ont  peu, 
donneront  peu,  mais  tous  donneront  de  bon  cœur.  L'on 
s'organisera  partout,  dans  la  ville  comme  à  la  campagne, 
pour  que  les  listes  de  souscriptions  soient  présentées  dans 
chaque  maison,  afin  de  procurer  à  tous  nos  fidèles  et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENIS.  299 

charitables  diocésains  l'occasion  de  contribuer  à  une  si 
belle  œvre.  L'on  établira  des  rapports  actifs  entre  les 
diverses  paroisses  de  la  campagne  et  la  ville  de  Montréal 
pour  atteindre  plus  sûrement  un  but  si  important.  Pour 
cela  l'on  formera  dans  toutes  les  localités  des  comité 
particuliers,  chargés  de  recueilir  les  souscriptions  des 
âmes  charitables  et  de  les  faire  passer  au  comité  général 
de  cette  ville. 

Telles  sont,  Nos  Très-Ghers  Frères,  les  suggestions  que 
Nous  croyons  devoir  vous  faire  dans  une  circonstance  si 
touchante  pour  tous  les  cœurs  généreux  et  compatissans. 
Que  la  charité  de  Notre  Seigneur  Jésus  Christ  vous  presse 
et  vous  inspire  tout  ce  que  vous  devez  faire  dans  une  si 
grande  calamité.  Pour  l'amour  de  la  glorieuse  Vierge 
Marie  que  vous  avez  si  spécialement  honorée  pendant  ce 
mois,  ne  refusez  pas  vos  cœurs  à  ceux  qui  son,  comme 
vous,  ses  dévots  et  zélés  serviteurs.  Pourriez-vous  mieux 
couronner  ce  beau  mois  par  un  acte  de  sa  sublime  vertu 
de  charité  dont  elle  se  déclare  elle-même  la  mère.  Ego 
mater  pulchrœ  dileclionis.  Vous  l'avez  appris  de  vos  pères 
à  ne  rien  refuser  de  tout  ce  que  l'on  vous  demande  pour 
l'amour  de  cette  bonne  et  tendre  mère.  S'il  fut  jamais 
une  occasion  solennelle  de  mettre  en  pratique  un  usage 
si  précieux  et  si  digne  de  vos  cœurs  tout  dévoués  à  Marie, 
celle  ci  où  votre  premier  Pasteur  réclame  votre  assistance 
pour  des  frères  que  le  plus  affreux  des  malheurs  a 
atteints,  et  cela  à  la  fin  d'un  mois  où  vous  avez  reçu  tant 
de  grâces. 

Que  le  Seigneur,  en  récompense  de  votre  charité,  vous 
comble  de  ses  bénédictions.  Que  ces  bénédictions  se 
répandent  sur  vos  champs,  et  votre  commerce,  vos  familles 
et  vos  maisons.  Profitez  des  biens  qu'il  plaît  au  Seigneur 
de  vous  accorder  :  faites  en  un  saint  usage  et  achetez  de 
vos  aumônes  le  Royaume  des  Gieux. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  notre 
Eglise  Cathédrale,  à  celui  de  toutes  les  Eglises  Parois- 


300  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

siales,    et  en    chapitre    dans   toutes  les   Communautés 
Religieuses,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  trente-un  mai  mil  huit-cent 
quarante-cinq,  sous  no'tre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 


-|-  IG.  EvÉQUE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

A.  F.  Ttl'TEau,  Chan.  Sec, 
[Vraie  copie.) 


i 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  301 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  2  Juin  1845. 

31o)uieui\ 

Vous  recevrez,  avec  la  Présente,  ma  Lettre  Pastorale  du 
31  Mai  dernier  dans  laquelle  je  recommande  à  la  charité 
de  vos  bons  paroissiens  les  infortunés  citoyens  de  Québec. 
Quoiqu'il  y  ait  beaucoup  de  misère  dans  les  campagnes, 
un  pareil  malheur  engage  tout  homme  compatissant  à 
faire  l'impossible  pour  aller  au  secours  de  tant  de  mal- 
heureux Je  pense  qu'un  moyen  efficace  d'exciter  vos 
paroissiens  à  contribuer  avez  zèle  à  cette  bonne  œuvre 
serait  de  leur  faire  comprendre  la  nécessité  de  rabattre 
[.m  peu  sur  le  luxe.  Hier,  après  la  lecture  de  la  Lettre 
Pastorale,  un  ouvrier  de  nos  faubourgs  a  de  lui-même 
proposé  à  sa  femme  de  souscrire  £15,  que  leur  coûteraient 
de  nouveaux  habits  pendant  deux  ans,  alléguant  qu'ils 
sont  assez  bien  habillés  pour  se  dispenser  d'acheter  du 
neuf  pendant  tout  ce  temps.  Votre  zèle  vous  suggérera 
toutes  les  pieuses  industries  dont  vous  devez  vous  servir 
pour  que  votre  paroisse  se  distingue  dans  cette  calamité 
publique.  Je  permets  que  les  Fabriques  contribuent  à 
cette  œuvre,  si  vous  et  vos  marguillers  le  jugez  à  propos. 
L'Eglise  de  St.  Roch  ayant  été  incendiée,  il  est  convenable 
que  les  Eglises  du  pays,  qui  en  ont  le  moyen,  contribuen  t 
à  sa  reconstruction  et  soulagent  par  là  d'autant  la  paroisse 
de  St.  Roch. 

Il  serait  â  propos  que  vous  fissiez  organiser  un  comité 
et  nommer  des  collecteurs  avec  un  trésorier-secrétaire  qui 
correspondrait  avec  M.  H.  Paré,  {Rite  St.  Paul  No.  171,  vù- 
k-vis  la  maison  de  Douane^  nommé  Trésorier  par  le  comité 

21 


302  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  Montréal  pour  recuillir  les  souscriptions  de  la  campa^ 
gne.  Vous  voudrez  bien  apporter  toute  la  promptitude 
possible  dans  l'exécution  de  cette  affaire,  dont  le  succès 
est  confié  à  votre  zèle. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur  le  curé, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

Y  Ig.  Evêque  de  Montréal. 

{Vraie  Copie.) 

J.   0.  Paré,  Chan.  Assist.-Scc. 


CIRCULAIRE 


AU    CLERGE    DU    DIOCESE    DE    MONTREAL. 


Montréal,  le  28  Juin,  1845. 
Monsieur, 

Je  vous  invite,  par  la  Présente,  à  venir  à  la  Retraite 
Pastorale  qui  commencera  cette  année  le  31  Août  au  soir, 
et  se  terminera  le  6  Septembre  au  matin.  Vous  prendrez, 
avec  vos  voisins,  tels  arrangements  que  vous  jugerez  à 
propos,  pour  la  desserte  de  votre  paroisse  ;  et  pour  plus 
grande  facilité,  tout  prêtre  approuvé  pourra  exercer  pen- 
dant ce  temps-là,  dans  tout  le  Diocèse,  les  pouvoirs  dont  il 
est  revêtu  dans  sa  propre  paroisse. 

Comme  l'on  a  généralement  approuvé  le  projet  des 
Conférences  Ecclésiastiques,  je  crois  qu'il  est  temps  de  le 
mettre  à  exécution.  Pour  sujet  de  la  première,  qui  aura 
lieu  d'ici  au  15  Août,  je  vous  prie  de  discuter  le  Projet  de 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  303 

Règlement,  des  Conférences  Ecclésiastiques,  que  je  vous  adres- 
sai, il  y  a  près  de  deux  ans.  Vous  voudrez  bien  aussi 
reviser  les  règles  de  la  Caisse  Diocésaine  que,  par  une 
délibération  du  dernier  Bureau,  il  est  question  de  refon- 
dre, afin  que  ceux  qui  ont  été  chargé  de  cette  revision 
puissent  mieux  connaître  l'opinion  du  Clergé  à  ce  sujet 
Le  Bureau  tiendra  sa  séance  annuelle  au  Collège  de  cette 
ville,  le  5  Septembre  prochain. 

Le  déplacement  ou  la  mort  de  quelques-uns  des  Vicaires- 
Généraux  nécessite  quelques  changements  dans  le  premier 
Règlement.  Je  prie  M.  le  Grand  Vicaire  Viau  de  rempla- 
cer feu  M.  Caron  :  M.  Manseau  de  suppléer  M.  Viau,  et 
Mgr,  l'Evêque  de  Kingston  de  présider  l'arrondissement 
assigné  d'abord  à  M.  Manseau. — L'assemblée  des  Députés 
des  divers  arrondissements  aura  lieu  à  rp]vèché,  le  19 
Août  dans  la  matinée. 

Entrant  encore  dans  vos  vues  généreuses  et  bienfaisan- 
tes en  faveur  des  prêtres  qui  deviennent  incapables  d'exer 
cer  le  saint  Ministère,  j'ai  engagé  les  Sœurs  de  Charité  à 
acheter  la  maison  de  l'honorable  juge  Pyke,  près  de 
l'Evêché.  L'honneur  que  vous  portez  tous  à  votre  corps 
et  la  charité  qui  vous  anime  pour  ceux  de  vos  confrères 
qui  ont  vieilli  ou  se  sont  usés  dans  le  sanctuaire,  vous 
feront  apprécier  cet  établissement.  J'aurais  préféré  que 
cet  asile  eût  pu  être  à  la  campagne.  Mais  considérant 
qu'il  fallait  procurer  à  ceuxquis'y  retireraient,  des  secours 
corporels  et  spirituels,  j'ai  pensé  que  le  voisinage  de 
l'Evêché  et  celui  des  Sœurs  de  Charité  pouvaient  seul 
rencontrer  pour  le  moment  ces  deux  avantages.  J'ai  compté 
sur  votre  charité,  en  engageant  les  Sœurs  à  faire  pour  le 
Clergé  cette  acquisition;  et  déjà  plusieurs  ont  plus  que 
répondu  à  mon  attente.  J'ai  mis  cet  établissement  sous 
le  patronage  de  St.  Joseph,  parce  que  l'on  doit  s'y  préparer 
à  une  bonne  mort  en  méditant  dans  la  Retraite  les  années 
éternelles  ;  et  pour  cela  j'ai  cru  devoir  lui  donner  le  nom 
«d'Hospice  de  St.  Joseph  pour  les  prêtres  infirmes.»    Le 


304  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

prix  d'acquisition  est  de  £1505,  outre  l'indemnité  due  aux 
seigneurs  qui  se  monte  à  £75. 

Vous  recevrez  sous  peu  un  Mandement  pour  annoncer 
au  Diocèse  la  promotion  de  Mgr.  de  Martyropolis.  En 
attendant,  je  vous  invite  à  sa  consécration  qui  aura  lieu  le 
25  Juillet  prochain,  à  la  Cathédrale,  ainsi  que  celle  de 
Monseigneur  Blanchet,  évoque  de  Draza  et  Vicaire-Apos- 
tolique de  la  Colombie. 

Je  suis,  avec  une  sincère  et  cordiale  affection,  en  union 
de  vos  ferventes  prières  et  Saints  Sacrifices, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

j  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

{Vraie  Copie) 

A.  F.  Truteau,  Cfian.-Secrétaire. 


MANDEMENT 

d'installation    de    l'oeuvre   des   bons    livres   a    MONTRÉAL. 


Ignace  Bourgel,  par  la  misécorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique,  Evéque  de  Montréal^  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  et  aux  fidèles  de  la  Ville  et  Paroisse  de  Montréal,  Salut  et 
Bénédiction  en  Notre-Seigneur. 

L'an  dernier,  le  généreux  dessein  ayant  été  formé  d'éta- 
blir VŒuvre  des  Bons  Livres,  pour  défendre  la  Foi  et  les 
mœurs  attaquées  par  des  productions  impies  et  immorales, 
Disu  a  visiblement  béni  cette  noble  et  pieuse  entreprise, 
car  déjà  quatre  mille  volumes  sont  en  circulation,  et  huit 
cent  familles  boivent  les  eaux  pures  de  la  doctrine,  qui 
jaillissent  jusqu'à  la  vie  éternelle. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  305 

Pour  assurer  à  de  si  beaux  commencements  un  succès 
complet,  les  zélés  directeurs  de  cette  œuvre  voulurent  que 
la  Religion  la  couvrit  de  sa  protection.  Pour  cela  ils 
demandèrent  et  obtinrent  de  VArchiconfrérie  de  VOEuvrc 
des  Bons  Livides  établie  à  Bordeaux,  ville  de  France,  par  des 
Lettres  Apostoliques  de  Notre  Saint  Père  le  Pape  Grégoire 
XVI,  en  date  du  seize  Septembre,  mil  huit  cent  trente-un, 
un  acte  d'union  et  d'agrégation,  afin  d'attirer  sur  notre 
association  toutes  les  bénédictions  et  indulgences  dont  le 
St.  Siège  a  enrichi  la  dite  Archiconfrérie.  Maintenant 
que  le  Père  commun  des  Fidèles  protège  et  sanctifie 
rOEuvre  naissante  des  Bons  Livres  en  cette  ville,  elle 
remplira,  nous  en  avons  une  ferme  confiance,  sa  sublime 
mission  ;  elle  nourrira  votre  foi  et  votre  piété  ;  elle  dissi- 
pera l'ignorance  de  ceux  qui  ne  blasphèment  contre  notre 
Sainte  Religion  que  parce  qu'ils  ne  la  connaissent  point 

Elle  convertira  les  pécheurs,  affermira  les  justes,  éclai- 
rera ceux  qui  vivent  dans  les  ténèbres  de  l'erreur  ;  elle 
vous  fera  passer,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  bien  doux 
moments,  pendant  ces  longues  veillées  d'hiver  où  sans 
cela,  vous  seriez  comme  bien  d'autres,  exposés  à  vous 
laisser  aller  à  une  joie  profane.  Que  de  bien  il  lui  est 
donné  de  faire  ! 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  nos  Vénérables  Frères  les  Ghanoines  de  notre  Cathé- 
drale, nous  avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons  sta- 
tuons et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

L — Nous  approuvons  le  diplôme  de  VArchiconfrérie  de 
l'Œuvre  des  Bons  Livres,  en  date  du  cinq  Décembre,  mil 
huit  cent  quarante-quatre  en  vertu  duquel  est  opérée 
l'union  entre  les  deux  Associations  des  dites  villes  de 
Bordeaux  et  de  Montréal  pour  l'encouragement  des  Bons 
Livres  ; 

2. — Nous  approuvons  aussi  et  recevons  les  règlemens 
de  la  dite  Archiconfrérie  avec  les  quelques  changements 


306  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

que  nous  avons  jugé  nécessaires,  comme  il  paraît  par  notre 
ordonnance  de  ce  jour  ; 

3. — A  compter  d'aujourd'hui,  les  Associés  pourront 
gagner  toutes  les  Indulgences  accordées  à  la  dite  Archi- 
confrérie  par  les  Souverains  Pontifs  et  dont  nous  avons 
reconnu  l'authenticité  dans  un  tableau  qui  se  voit  à  la 
suite  de  la  dite  ordonnance  :  Nous  déclarons  qu'il  faudra 
visiter  le  Maître-Autel  de  l'Eglise  Paroissiale  de  cette 
ville  pour  gagner  les  Indulgences  plénières  qui  y  sont 
mentionnées  ; 

4. — Afin  d'attirer  la  bénédiction  de  Dieu  et  la  protection 
de  la  bienheureuse  Vierge  et  de  St.  Jean  Baptiste  sur  cette 
œuvre  si  importante,  l'on  chantera  demain  dans  la  dite 
Eglise  Paroissiale  immédiatement  avant  le  Salut  et  la 
bénédiction  du  Saint  Sacrement,  le  Veni  Creator^  avec  les 
Verset  et  oraison  du  St.  Esprit  ;  et  l'on  ajoutera,  pendant 
le  salut,  aux  antiennes  et  oraisons  ordinaires,  celle  de  St- 
Jean-Baptiste. 

Sera  le  Présent  Mandement  publié  au  Prône  de  la 
Messe  Paroissiale,  demain,  dans  l'Eglise  de  Notre-Dame 
de  cette  ville. 

Donné  à  Montréal,  le  vingt  Septembre  mil  huit  cent 
quarante-cinq,  sous  notre  sceing  et  seau  et  le  contreseing 
de  notre  Assistant-Secrétaire. 

(Signé,)  -j  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

Par  Monseigneur 
J.  0.  Paré,  Clian.  Assist.-Secretaire. 


OEUVRE  DES  BONS  LIVRES. 

Ordonnance  d'organisation  et  règlement  de  VŒuvre  des  Bons 
Livres  de  Montréal. 


TITRE  PREMIER 


Article  I. — L'OEuvre  des  Bons  Livres  est  canonique- 
ment  érigée  en  Association  pieuse,  sous  l'invocation  de  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  307 

Très-Sainte  Vierge,  la  protection  de  St.  Jean-Baptiste, 
Patron  des  Canadiens,  et  celle  des  Saints  Apôtres. 

Art.  II. — L'installation  de  l'Association  comme  congré- 
gation pieuse  se  fera  solennellement  dans  l'Eglise  Parois- 
siale de  Notre-Dame  de  Montréal,  demain,  vingt-unième 
jour  du  courant,  jour  de  l'octave  de  la  fête  du  Saint-Nom 
de  Marie.  La  fête  du  Saint-Nom  de  Marie,  Patronale  de 
la  Paroisse,  le  sera  aussi  de  l'Association  de  l'OEuvre  des 
Bons  Livres. 

Art.  III. — Une  messe  sera  célébrée,  le  second  vendredi 
de  chaque  mois,  dans  la  dite  Eglise  Paroissiale,  pour  les 
Associés  et  les  bienfaiteurs  de  l'OEuvre,  vivants  ou  défunts 
La  communion  des  associés,  quand  elle  a  lieu,  est  faite 
dans  les  mêmes  intentions. 

Art.  IV. — L'Association  a  été  affiliée  à  VArchiconfrérie 
de  rŒuvre  des  Bons  Livres  de  Bordeaux^  le  5  Décembre 
1844,  et  du  jour  de  la  date  du  présent  règlement,  elle  par- 
ticipe à  toutes  les  grâces  spirituelles  et  indulgences  accor- 
dées à  rOEuvre  des  Bons  Livres,  par  les  Souverams  Pon- 
tifes, Léon  XII,  Pie  VIII  et  Grégoire  XVI. 

TITRE  SECOND. 
Objet  et  but  de  l'Association. 

Art.  V, — Le  but  des  Associés  est  de  combattre  l'impiété, 
en  opposant  aux  livres  impies,  des  livres  pleins  de  la  doc- 
trine de  la  foi,  et  conformes  à  ses  dogmes  et  à  sa  morale  ; 
de  conserver  les  mœurs,  en  opposant  aux  livres  obscènes 
et  corrupteurs,  des  livres  qui  ne  respirent  que  la  morale 
la  plus  pure  ;  de  faciliter  l'instruction  en  ménageant  aux 
familles  et  aux  individus,  des  lectures  sures,  variées,  agréa- 
bles et  absolument  gratuites  ;  en  un  mot,  d'être  utile  à 
toutes  les  classes  de  la  société,  en  favorisant  la  Religion  et 
les  bonnes  mœurs,  par  les  moyens  opposés  à  ceux  que 
leurs  ennemis  ont  pris  pour  les  détruire. 

Art.  VI. — L'établissement  de  l'OEuvre,  tendant  à  ces 


308  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

vues  générales,  est  absolument  gratuit  pour  les  particu- 
liers ;  l'Association  voulant,  avant  tout,  éloigner  d'elle 
jusqu'à  l'apparence  d'une  spéculation  ou  intérêt  matériel. 

TITRE  TROISIEME. 
Gouvernement  de  V Association. 

Art.  VII. — L'Evoque  de  Montréal  est  le  premier  Supé- 
rieur de  l'Association.  Il  en  approuve  les  Statuts  et  Règle- 
ments ;  et  nul  changement  notable  ne  peut  y  être  apporté, 
sans  son  autorisation  et  sa  sanction. 

Art.  VIIl. — Le  Supérieur  du  Séminaire,  en  sa  qualité 
de  Curé  de  la  Paroisse  de  Montréal,  est  le  Directeur  de 
l'Association.  Il  s'adjoint  un  Vice-Directeur,  parmi  les 
Prêtres  du  Séminaire. 

Art.  IX. — Il  est  établi  un  Bureau  ou  Comité  d'Adminis- 
tration, composé  de  TEvêque  Catholique  Piomain  de  Mon- 
tréal, du  Directeur  de  l'Association,  de  son  Délégué  ou 
Vice-Directeur,  du  Marguillier  en  Charge  de  la  Paroisse 
et  de  deux  autres  membres  nommés  par  le  Comité,  et  qui 
devront  être  changés  chaque  année  dans  l'Assemblée  du 
mois  de  Décembre.  Ce  Comité  nomme  le  Trésorier,  et  le 
Bibliothécaire,  règle  toutes  les  affaires  de  l'étabhssement 
et  s'assemble  le  premier  Lundi  de  chaque  mois,  ou  le 
Mercredi  suivant  si  le  Lundi  est  un  jour  de  fête. 


TITRE  QUATRIEME. 

Composition  de  V Association. 

Art.  X.— Le  nom  de  l'Evêque  Titulaire  de  Montréal  est 
toujours  inscrit  à  la  tête  de  l'Association. 

Art.  XI. — Les  Chanoines  Titulaires  de  la  Cathédrale 
et  les  Ecclésiastiques  du  Séminaire  de  St.  Sulpice  de 
Montréal  sont  membres  nés  de  l'Association. 

Art.  XII. — Seront  membres  de  l'Association  toutes  per- 
sonnes de  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui,  ayant  demandé  au 
Directeur,  ou  à  son  Délégué,  ou  au  Bibliothécaire,  d'en 
faire  partie,  seront  portées  sur  le  Registre  de  l'Association 
et  auront  reçu  un  billet. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  30!) 

TITRE  CINQUIEME. 

Des  Associés. 

Art.  XIII. — Les  Associés  mettront  leur  premier  soin  à 
se  conserver  dans  la  fidélité  aux  lois  de  Dieu  et  de  l'Eglise. 
Ils  ne  souffriront  dans  leur  maison  aucun  livre  contre  la 
foi  ni  contre  les  mœurs,  et  pour  se  conformer  aux  instruc- 
tions de  Notre  Saint-Père  le  Pape,  ils  s'empresseront  de 
faire  porter  soit  à  l'Evêque,  soit  aux  Prêtres,  tous  les 
ouvrages  de  ce  genre  qui  seraient  ou  parviendraient  à  leur 
disposition.  Ils  contribueront,  de  tous  leurs  moyens,  à  la 
prospéri  té  de  l'OE  uvre,en  en  faisant  connaître  les  avantages 
et  la  facilité,  en  partageant  les  travaux  qu'elle  nécessite 
et  les  mérites  qu'on  peut  y  acquérir.  Ils  établiront  dans 
leurs  familles,  la  pratique  des  lectures  religieuses  ;  ils 
achèteront  de  bons  livres  à  cet  effet,  chacun  selon  ses 
moyens,  ils  accroîtront  le  dépôt  de  l'Œuvre,  des  Livres 
qui  ne  leur  sont  pas  nécessaires  ;  ils  feront  tout  en  leur  pou- 
voir, pour  facihter  et  étendre  l'instruction  religieuse  par 
la  plus  grande  circulation  de  ces  livres. 

TITRE  SIXIEME. 
Des  ressources  et  des  moijens  de  l'Association. 

Art.  XIV. — Les  ressources  de  l'Œuvre  sont  unique- 
ment dans  la  charité  libre  et  volontaire  des  Associés,  et 
généralement  de  tous  les  amis  de  la  Religion  et  des  bonnes 
mœurs. 

Leur  charité  s'exerce  :  1. — par  une  contribution  annuelle 
de  cinq  chelins  que  chaque  Associé  peut  verser  dans  la 
caisse  de  l'Œavre  ;  2. — par  des  souscriptions  reçues  au 
Bureau  de  l'Œuvre  ;  3. — par  des  dons  de  livres,  propres 
au  but  et  à  l'objet  de  l'Association  ;  4. — par  des  dons  pécu- 
niaires soit  publics  soit  secrets  :  publics  quand  les  donateurs 
consentent  que  leur  nom  soit  porté  sur  les  Registres  des 
Recettes;  secrets,  lorsque  les  donateurs  ne  veulent  pas 
être  connus  ;  on  se  borne  alors  à  enregistrer  le  montant 
de  leur  offrande. 


210  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Art.  XV. — Il  est  rendu  compte  chaque  année  un  des 
Dimanches  qui  suivent  la  fête  du  St.  Nom  de  Marie,  de  la 
situation  de  l'OEuvre  et  de  ses  recettes  et  dépenses. 

Art.  XVI. — La  présente  ordonnance  sera  lue  au  Prône 
de  la  messe  Paroissiale  demain  jour  de  l'installation  de 
rCEuvre  des  Bons  Livres  et  chaque  fois  que  la  lecture  en 
sera  jugée  utile  au  progrès  de  l'OEuvre. 

Donné  à  Montréal  le  vingtième  jour  de  Septembre  de 
l'année  mil  huit-cent  quarante-cinq. 

■J-  Ig  Ev.  de  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

A.  F.  Trlteau,  Chan.  Secrétaire. 


INDULGENCES 

Accordées  par  les  Souverains  Pontifes  aux  Associés  de 
VŒuvre  des  Bons  Livres  de  Bordeaux  et  communiquées 
aux  affûiés  de  Montréal^  le  5  Décembre  1844. 

INDULGENCES  PLÉNIÈRES. 

1. — Le  jour  où  l'on  entre  dans  l'Association. 
2. — A  l'article  de  la  mort. 

3. — Tous  les  seconds  Vendredis  du  mois,  si  l'on  co.n- 
munie. 

A  chacune  des  fêles  suivantes. 

1. — Le  28  Janvier,  St.  Jean  Ghrisostôme,  Docteur. 

2. — Le  24  Février,  St.  Mathias,  Apôtre. 

3. — Le  25  Mars,  Annonciation  de  laSte.  Vierge. 

4. — Le  ier  Mai,  St.  Philippe  et  St.  Jacques,  Apôtres. 

5. — Le    2  Mai,  St.  Athanase,  Docteur. 

G. — Le  29  Juin,  St.  Pierre  et  St.  Paul,  Apôtres. 

7. — Le  25  Juillet,  St.  Jacques  le  Majeur,  Apôtre. 

8. — Le  24  Août,  St.  Barthélémy,  Apôtre. 

9. — Le  28  Août,  St.  Augustin,  docteur. 
10. — Le  21  Septembre,  St.  Mathieu,  Apôtre. 
11. — Le  28  Octobre,  St.  Simon  et  St.  Jude,  Apôtres, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  3U 

12. — Le  30  Novembre,  St.  André,  Apôtre. 

13. — Le  7  Décembre,  St.  Ambroise,  Docteur. 

14. — Le  21  Décembre,  St.  Thomas,  Apôtre. 

15.— Le  27  Décembre,  St.  Jean,  Apôtre  et  Evange liste. 

INDULGENCES  PARTIELLES. 

Indulgences  de  sepl  ans  et  sept  quarantaines. 

1. — Tous  les  Vendredis  du  mois,  si  l'on  assiste  seulement 
à  la  messe. 

2. — Le  14  Janvier,  St.  Hilaire,  Docteur. 

3. — Le    7  Mars,  St.  Thomas  d'Aquin,  Docteur. 
4. — Le  12  Mars,  St.  Grégoire,  Pape,  Docteur. 

5. — Le    4  Avril,  St.  Isidore,  Docteur. 

6. — Le  11  Avril,  St.  Léon,  Docteur. 

7. — Le  21  Avril,  St.  Anselme,  Docteur. 

8. — Le    9  Mai,  St.  Grégoire  de  Mazianze,  Docteur. 

0. — Le  14  Juin,  St.  Basile,  Docteur. 
10. — Le  18  Juin,  St.  Amand,  Evêque  de  Bordeaux. 
1 1.— Le  22  Juin,  St.  Paulin. 
12. — Le  14  Juillet,  St.  Bonaventure,  Docteur. 
13. — Le  20  Août,  St.  Bernard,  Docteur. 
14. — Le  30  Septembre,  St.  Jérôme,  Docteur. 
15. — Le  21  Octobre,  St.  Séverin,  Evêque  de  Bordeaux. 
16. — Le    4  Décembre,  St.  Pierre  Ghrysologue,  Docteur. 
17. — Le  30  Décembre,  St.  Delphin,  Evêque  de  Bordeaux. 

Outre  ces  Indulgences,  le  St.  Père  en  a  accordé  de  60 
jours,  applicables  aux  âmes  du  Purgatoire,  pour  tous  les 
actes  de  charité,  tels  que  :  réconcilier  les  ennemis,  conver- 
tir les  pécheurs,  instruire  les  ignorants,  accompagner  les 
morts,  prier  pour  les  confrères  défunts,  etc.,  etc. 

Nous  avons  vu  et  approuvé  le  tableau  ci-dessus  et  de 
l'autre  part;  et  Nous  permettons  que  les  indulgences  y 
mentionnées  soient  publiées,  pour  être  gagnées  par  les 
Associés  de  YŒuvres  des  Bons  Livres. 


312  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Donné  à  Montréal,  le  vingt  Septembre,  mil-huit-cent- 
quarante-cinq,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contreseing 
de  notre  Assistant-Secrétaire. 

(Signé,)        j  1g.  Ev.  de  Montbéal, 
Par  Monseigneur, 
J.  0.  Paré,  Chanoine,  Assist.-Secrétaire. 


REGLEMENT  DE  LA  BIBLIOTHEQUE. 

1. — Tout  Associé  à  l'Œuvre  des  Bons  Livres  a  droit  au 
prêt  d'un  volume. 

2. — Toute  personne  non  Associée  peut  aussi  recevoir 
des  Livres  sur  la  recommandation  par  écrit  d'un  Associé, 
ou  en  déposant  un  gage  qui  lui  sera  rendu,  si  elle  l'exige, 
lorsqu'elle  se  retirera. 

3. — On  ne  prête  qu'un  seul  volume  à  la  fois  par  famille, 
à  moins  qu'il  ne  s'y  rencontre  plusieurs  Associés. 

4. — On  peut  changer  les  Livres,  trois  fois  par  semaine, 
jamais  deux  fois  dans  le  même  jour.  On  ne  doit  pas  l«s 
garder  plus  d'un  mois. 

5. — Aux  heures  et  aux  jours  où  la  Bibliothèque  est 
ouverte,  on  peut  y  lire  et  y  prendre  des  notes. 

6. — Le  lecteur  qui  perd  le  livre  qui  lui  a  été  confié,  ou 
qui  l'endommage  notablement,  est  tenu  d'en  donner  le 
prix. 


INSTRUCTIO 


S.A.CRAE    CONGREGATIONIS   DE   PROPAGANDA   FIDE   AD    ARCHEPIS- 

COPOS,   EPISCOPOS,    VICARIOS   APOSTOLICOS,   ALIOSQUE 

MISSIONUM   PRAESULES. 


Neminem  profecto  latere  potest  quibus  curis  ac  studiis 
Apostolica  Sedes,  pro  collato  sibi  divinitus  munere,  in  id 
assidue  intenderit,  ut  Evangelicœ  legis  lumine  latins  in 
dies  per  omnem  terram  effuso,  jacentes  adhuc  in  tenebris, 
et  umbra  mortis  populi  œternœ  veritatis  gloriam  agnosce- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  313 

rent,  susceptumque  semel  vitse  verbum  firmissime  tene- 
rent.  Duo  enim  esse  prsecipua  ac  veluti  necessaria 
Catholicœ  Religionis  propagande,  et  stabiliendce  instru- 
menta, missionem  scilicel  Episcoporum,  quos  Spiritus 
Sanctus  posuit  regere  Ecclesiam  Dei,  et  sedulam  indigense 
cleri  institutionem,  tum  alla  gravissima,  tum  picesertim 
Apostolorura  exemplum,  ac  primitivae  Ecclesiœ  teslimo- 
nium  manifestissime  evincunt.  Sane,  ut  ea,  ceteroquin  no- 
tissima,  hic  prtetermittantur,  quœ  Sacrce  Litterse,  et  enu- 
cleatius  ipsorum  Apostolorum  epistolœ,  et  acta  opportune 
ac  abunde  in  rem  habent,  audire  omnino  est  S.  Clementem 
Romannm  S.  Pétri  discipulum,  ac  S.  Pauli  adjutorem  et 
comitem  ita  ita  de  Apostolis  ad  Gorinthios  scribentem  ep. 
1.  cap.  44.  «prœdictos  (Episcopos)  constituerunt^  ac  deinceps 
futur  se  successionis  hanc  tradidentnt  régulant^  ut  cum  illi 
defecissent  ministerium  eorum  ac  munus  alii  probati  viri 
exciperent.t-  Et  subsequenti  sseculo  S.  Irenseus  (advers, 
hcereses  iib.  3.  cap.  3.)  inquiebat  :  n  habemiùs  ad  lumerare 
eos^  qui  ab  Apostolis  instituti  sunt  Episcopi,  et  successores 
eorum  usque  ad  nos.  »  Quin  ea  fuit  initio  Ecclesise  de 
amplificando  Episcoporum  numéro,  deque  iis  perdiversas 
regiones  magis  magisque  distribuendis  sollicitudo,  ut  id 
multo  ante  petatem  suam  factum  fere  ubique  affirmaverit 
S.  Gyprianus  liis  lucuientissimis  verbis  in  epistola  52.  ad 
Antonianum  :  «  jampridem  per  omnes  provincias,  et  per 
urbes  singulas  ordinati  sunt  Ipiscopi.n  Quamobrem  S. 
Augustinus  contra  Gresconium  Iib.  3.  18.  commémorât 
Episcopos  ab  ipsis  Apostolorum  sedibus  inconcussam 
seriem  usque  in  sua  tempora  perducentes. 

Nec  minus  ex  sacris  monumentis  evidens  compertumque 
est  Apostolos,  missosque  ab  eis  in  ultimas  etiam  orbis 
partes  Episcopos  plures  quacumque  Sacerdotes,  et  Minis- 
tros  initiasse,  atque  adeo  clerum  ex  indigenis  hominibus 
ad  Ghristiante  Religionis  firmitatem,  et  incrementum 
instituisse.  Hinc  S.  Ignatius  Martyr  S.  Pétri  discipulus 
ejusque    in   Sede  Antiochena  post  Evodium    successor 


314  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

constitutos  variis  in  Ecclesiis  una  cum  Episcopo  Presby- 
teros,  et  Diaconos  accurate  describit.  Studete,  inquit,  in 
sua  ad  Magnesianos  epistola  n»  13.,  ut  confirmemini  in 
dogmatibus  Domini,  et  Apostoiorum...  cum  dignissimo  Epis- 
copo vestro;  et  digne  contexta  spirituali  corona  Presbyterii 
vestri^  et  secundum  Deum  agentibus  Diaconis.  Et  in  alia  ad 
Smyrnenses  n»  12.  salutat  Deo  dignum  Episcopum^  et  Dec 
décorum Presbyterium  et  conservos...  Diaconos.  Idipsum  de 
Gorinthiorara  Ecclesia  liquet  ex  allata  superius  S.  dé- 
mentis priore  epistola  cap.  40.  ubi  sic  legitur:  h  summo 
quippe  Sacerdoti  sua  munia  tributa  sunt,  et  Sacerdotibus 
tocus proprius  prœstitutus  est;  Levitis  quoque  sua  ministeria 
incumbunt.  »  Denique  non  prsetereundus  Eusebius  ab 
Apostoiorum  sevo  licit  remotior,  cujus  apertissiraus  est 
qui  sequitur  locus.  (Hist.  Ecc.  lib.  3,  cap.  23.)»  Cum  post 
obitum  Tyranni  ex  insula  Patmo  Ephesum  rediisset  Joannes 
ad  finit imas  quoque  provincias  rogatus  se  contulit.,  partimut 
Episcopos  constitueret^  partim  ut  Ecclesias  intégras  dispone- 
ret,  ac  formaret,  partim  etiam  ut  homines  sibi  a  divino  Spi- 
ritu  indicntos  in  clerum  quemdem^  seu  sortem  Domini 
seponeret.  » 

Jam  vero  Apostoiorum  exemplo  et  vestigiis  inhœrentes 
Romani  Pontifices  universge  Ecclesise  divina  auctoritate 
prsepositi,  cum  semper  et  ab  ant.quissimis  iisque  tempo- 
ribus,  tum  maxime  tribus  postremis  sreculis  per  Sacram 
hanc  Congregationem  sanctissimo  propagande^  fîdei  nego- 
tio  peculiariter  addictam  impense  curarunt,  ut  multipli- 
catis,  quo  magis  fieri  posset,  Episcopis,  erectisque  pro 
locorum  opportunitate  Ecclesiis,  Religionis  incnlumifati, 
et  commodo  consultum  jugiter  esset.  Atque  hanc  saluber- 
rimam  providentire  rationem  non  modo  ad  regiones  evan- 
gelico  semine  primum  fœcundatas,  sed  etiam  ad  illas  ubi 
per  sseculorum  intervalla,  vel  hœretica  pravitate,  vel 
ethnica  iterum  superstitione  invalescente,  res  catholica 
misère  periclilabatur,  patere  studiosissime  voluerunt.  Quod 
si  nonnullis  in  locis  obadversas  temporum  vices  magnique 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  315 

momenti  causas  titulatns,  alqiie  ordinarios  Episcopos  con- 
stituere  haud  licuit,  Apostolicos  tamen  Vicarios  Episcopali 
charactere,  et  potestate  auctos  ad  fidelem  illic  populum 
regendum  miltere  non  distulerunt  ;  paucisque  tantum- 
modo  in  regionibus  ob  graviora  rerum  adjunctî  simplices 
Presbyteros  catholico  gregi  prseesse  passi  sunt,  eo  certe 
consilio  ac  mente  ut,  cum  primum  datum  esset,  perfecta 
ibidem  ecclesiasticce  hierarchiee  forma  instauraretur. 

Porro  autem  Romanes  Pontifices  pro  supremi  officii  sui 
sanctitate  in  id  seque  omni  ope  atque  opéra  incubuisse, 
ut,  qui  in  diversas  terrée  partes  abibant,  earumque  Eccle- 
siis  prœficiebantur  Episcopi,  ii  indigense  cleri  institutionem 
vehementissime  urgerent,  res  est,  ut  cuique  perspecta,  ita 
multiplici  documentorum  génère  confiimata.  Hue  rêvera 
spectant  omnigena  subsidia  in  Episcopos  remolissimarum 
etiam  regionum  pluries  collata  ad  seminaria  erigenda, 
ubi  pueri  indigence  sacris  deinceps  iniliandi  ad  pietatem 
et  scientiam  informarentur.  Hue  permnlta  nalionalia 
collegia  eumdem  in  finem  sive  Romœ,  sive  alibi  ingenti 
sumptu  ac  labore  instituta,  et  vel  a  fundamentis  extructa. 
Hue  peculiares  facultates  Episcopis  et  Vicariis  Apostolicis 
extra  ordinem  tnbutœ  ;  quo  scilicet  aliquibus  praesertim 
in  locis  facilior  esset  indigenarum  hominum  ad  presby- 
terii  honorera,  et  gradum  ascensns.  Hue  demum  innu- 
raerae  fere  Romanorum  Pontiflcum  epistolae,  et  constitu 
tiones,  itemque  tôt  ac  tanta  ipsorum  auctoritate  per 
Sacram  hanc  Gongregationem  édita  documenta  et  décréta, 
perspicuum  procul  dubio  testimonium  Apostolicœ  de  ista 
re  sollicitudinis  in  aevum  extitura. 

Perlongum  nimis  esset  Pontificias  hujusmodi  sanctiones 
singillatim  recensere,  vel  solummodo  etiam,  série  a  primis 
Ecclesise  sseculis  ad  nos  deducta,  coromemorare.  Satis  sit 
nonnullas  hic  afferre  quse  ab  Sacrœ  hujus  Congregalionis 
origine  ad  hsec  usque  tempora  lalse  identidem  sunt. 
Itaque  jam  inde  ab  anno  1626.  Japonise  Episcopo  man- 
datum  fuerat  «iti  Japonavios,  quos  necessarios,  et  idoneos 


316  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

judicaret  ad  Sacros  Ordines  usque  ad  Presbyteratum  i)ro- 
moverel.  At  paulo  post  die  nempe  28.  Novembris  anni 
1630,  generatim  quod  ad  Indos  statutum  est  ((  omnino  pro- 
videndum  esse,  ut  qui  ex  Indis  fuerint  magis  habiles  post 
diligentem,  et  exactam  eoruni  instructionem,  morumquc 
corumdem  per  aliquot  annos  probationcm,  et  in  pietate^ 
christianseque  Reîigionis  functionibus  exercitationem  ad. 
Sacros  Ordines  usque  ad  Sacerdotium  inclusive  promovean- 
tur. 

Anno  autem  1659,  immortalis  mémorise  Ponlifex  Alex- 
ander  VII.  monitos  per  Sacram  hanc  Gongregationem 
expresse  voluit  Vicarios  Apostolicos  ad  Tunquini,  Sinarura, 
et  Gochinchirite  régna  proficiscentes  a  potissimam  rationem,  ^ 
Episcopos  initias  rcgiones  mittendi,  fuisse,  ut  omnibus  modis-, 
atque  rationibus  curarent  juventutem  illam  sic  instituere. 
ut  Sacerdotii  capaces  redderentw\  et  ab  eis  consecrarentur. 
ac  suis  locis  per  vastas  easdem  regiones  collocarentur  rem 
illic  christianam summa  diligentia iis  dirigentibus  curaturin 
itaque  hune  flnem  semper  ob  ocuios  habere  eos  jussit, 
ut  ad  Sacros  Ordines  quamplurirnos,  et  quam  aptissimos 
adducerenl,  instituèrent,  et  suo  tempore  promovcrenl.n  1 

Similia  prorsus  habent  sapientissimi  ejusdem  Pontificis 
Constitutiones  2  Sacrosancti  Apostolatus  officii  18.  Januarii 
1658.,  et  3  Super  cathcdram  9.  Sept.  1659.,  nec  non  dé- 
mentis IX.  4  In  cxcclsa,  et  5  Spcculatores  utraque  die  13. 
Septembris  1669.,  atque  etiam  démentis  X.  6  Dccct  Ro- 
manum  Pontificem  23.  Decembris  1673.  uno  ipsoque  sensu 
indicentes  :  «eo  potissimum  fine  in  Sinas,  Tunquinuni, 
Cochinchinam,  Siamum,  et  alia  vicina  régna  missos  ibique 

1  Inslr.  ad  Vie.  Ap.  Tunquini,  el  Cochinchinae  Anno  1659. 

2  Bullar.  Magn.  edit.  Rom.  l.  C.  part.  4.  pag.  212.  Consl,  85.  el 
BuUar.  Propag.  t.  I.  p.  137. 

3  Bulla.  Propag.  in  Append.  t.  l.  pag.  261. 

i  Bullar.  Magn.  t.  6.  part.  6  pag.  335.  Gonst.  1 18.  el  Bullar  Propag. 
t.  I.  p.  164. 

5  Bullar.  Magn.  l.  6.  pari.  G.  pag.  357.  Const.  119-  et  Bullar  Propag. 
t.  I.  pag.  170. 

6  Bullar.  Magn.  l.  7.  pag.  242.  Consl.  145.  et  Bullar.  Propag.  t.  1 
jtag.  205. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  317 

constitutos  esse  Epkcopos  Vicarios  Apostolicos^  ut  ex  Chris- 
tianis  indigenis,  seu  incoUs  illarum  pcwtium  instituerentur 
Clerici^  et  Sacerdotes^  ac  crescente  fuie,  fideliumquë  numéro 
discipUnœ  ecclesiasticœ  usus  paulalim  introduceretur.n 

Prœterea  Innocentius  XI.  Litleris  Aposlolicis  in  forma 
Brevis,  quariim  iiiitium  Onevosa  pastoralis,  circa  Sinenses 
Missiones  datis  die  1.  Aprilis  1680.  ApostoUcorum  Yicario- 
rum  numerum  augcndum  raandavit,  ut  amplissinic'e  ilke 
regiones  recte,  et  fructuose  gubernarentar,  et  singuli. 
eorum  institutionL  et  ordinationi  naturalium^  sive  indige. 
narum  prxcipue  studerent. 

Quid  quod  ?  Venerabilis  hic  Ponlifex  ad  indigenœ  cleri 
institutioiiem  memoratis  in  regnis  efïicacissime  promo- 
vendam  eo  progressus  est,  ut  suis  Legâtis  Heliopolilano, 
ac  Berilhensi  Episcopis  inter  alia  potestatem  fecerit 
cogendi  etiam  Vicarios  Aposlolicos  poenis  a  Sacris  Canonibus 
inflictis  ad  instruendos,  et  ordinandos  Clericos.  et  Sacerdotes 
nalurales  sive  indigenas,  ut  scilicet  indigenarum  quoque 
Episcoporam  institutioni  paulatim  via  sterneretur  ;  quam 
qaidem  ipse  Pontifex  quibusdam  in  locis  jam  tum  perfici 
prœcepit.  His  deinde  eodem  plane  proposito  accesserunt 
littera?  in  forma  Brevis  démentis  XI  1  Diidunc  felicis  7 
Decembris  1703.,  decretum  -2  démentis  XII.  16.  Aprilis 
1736.,  plures  Benedicti  XIV.  Gonstitutiones,  Epistola. 
Encyclica  3  Pii  Sexti  10.  Maii  1775.,  ac  tandem  permulta 
in  hanc  rem  ipsam  a  SSmo  D.  N.  Gregorio  XVI.,  quem 
Deus  diutissime  sospitet,  per  Sacram  hanc  Gongregationem 
constituta,  ac  décréta. 

Atqui  tamen  impensis  hisce,  et  numquam  intermissis 
curis  eum  non  respondisse  exitum,  quem  Apostolica  Sedes 
mérite  sibi  pollicebatur,  tristis  experientia  demonstrat, 
Silere  quidem  non  licet  complures  Episcopos,  aut  Aposto- 
licos  Vicarios  omni  certe  laude  dignos  in  Sinis  prœcipue 
et finitimis  regnis,  vel  nuper  ut  datum  ipsis  fuit,  vel  jamdiu 

1  Bullar.  Propag.  t.  2.  p.  I. 

2  Eod.  Bullar.  t.  2.  p.  24.  ad  Grœcos  Calabros. 
.3  Ibid.  t.  4.  p.  163. 

22 


318  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

etiam  in  cleri  indigente  institutione  assidue  uberique  cum 
fructu  adlaborare.  Atque  hinc  sane  repetendum,  imo 
potius  summopere  Isetandum,  quod  illic  catholica  fides 
ta  alte,  lateque  radiées  egerit,  ut  tamquam  nativa  doc- 
trina  longo  licet  sfeculorum  decursu  Integra  vigeat,  et 
immota  consistât,  nec  diuturuce  sœvissimseque  Ethnico- 
rum  persecutiones  eam  perimere  unquam  valuerint. 

Verum  obversantur  una  simul  menti,  et  ab  extremis 
terrse  finibus  supplices  veiuti  manus  ad  sanctam  Pétri 
cathedram  protendere  videntur  miserrimi  tantarum  regio- 
num  incolœ,  quos  inter  plantata  pridem  magnis  curis 
vinea  Domini,  agricolarum  inopia,  ob  neglectam  nempe 
indigente  cleri  institutionem,  in  eo  ferme  est,  ut  arescat, 
aut  vix  aliqnod  interdum  germen  emittens  nascentis  adhuc 
Ecclesise  coriditionem  preesefert.  Interea  illud  Dei  mise- 
rentis  auxilio  nostris  temporibus  féliciter  evenisse  constat, 
ut  vel  pêne  sublatce,  vel  saltem  immunitœ  admodum  sint 
difficultates,  quse  rei  catholicœ  firmiori,  et  magis  canonica 
forma  dilatandtn  alicubi  pr;esertim  obstabant  ;  adeoque 
ad  sakitare  opus  properandum  evangelica  illa  verba  quo- 
dammoJo  impellant  :  levate  oculos  vestros^'cl  videte  rc- 
gioncs,  quia  albx  sunt  jam  ad  messem.  (Jo  :  cap.  4.  v.  25.) 

Istiusmodi  igitur  causfo  fuerunt  cur  Sacra  hœc  Congre 
gatio  opportunissimum  duxerit  singulos  Missionum 
pnesides  iterum  iterumque  hortari,  et  monere,  ut  tantum 
negotium  conjunctis  viribus  impensius  persequantur. 
Quare  in  generalibus  comitiis  diei  19.  Mail  pra:sentis  anni 
de  Pudiclieriani  conventus  deliberationibus  agens  ut 
eximium  Episcopum  Drusiparensem,  aliosque  probatissi- 
mos  prtesules  in  sancto,  de  quo  sermo  est,  proposilo  magis 
magisque  confirmaret,  ceteros  autem,  ubi  opus  sit,  ad 
lata  toties  de  hac  ipsa  re  décréta  pro  suo  munere  revocaret , 
per  liane  instructionem  ad  omnes  Archiepiscopos,  Episco- 
pos,  Vicarios  Apostolicos,  aliosque  Missionum  pr.Tsides 
mittendam,  ea  quîesequuntur,  statuere  omnino,  ac  man- 
dare  in  Domino  existimavit. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  319 

I.  Et  primo  quideni  omnes  ac  singuli  Missionum  pré- 
sides, quovis  titulo  earura  regimen  gérant,  ita  rei  caf.ho- 
licœ  promovendœ,  et  firmandœ  operam  navent,  ut  ubi 
adhuc  desiderantiir  Episcopi,  prœfici  quantocius  possint  ; 
ubi  vero  regionum  amplitudo  postulat  aut  sinit,  ipsorum 
Episcoporum  numerus,  territoriis  divisis,  augeri,  Eccle- 
siœque  ad  perfectam  hierarchici  regiminis  formam  consti- 
tui  tandem  aliquando  queant. 

IL  lUud  insuper  £eque  studiosissime  curent,  quod  etiam 
preecipui  illorum  muneris  est,  ut  ex  christianis  indigenis, 
seu  inooiis  earum  partium  probali  Glerici  instituantur,  ac 
Sacerdotes  initientur  ;  quo  scilicet  crescente  fide,  fidelium- 
que  numéro  disciplince  ecclesiasticœ  usus  paulatira  inva- 
lescat,  ac  Religionis  Gatholicce  sLabilitati  prospiciatur. 
Hujus  rei  causa  maxime  proderit,  immo  necessarium  erit, 
seminaria  condere,  in  quibus  adolescentes,  qui  a  Deo  ad 
Sacerdotium  vocati  fueriut,  bend,  diuque  educentur, 
sacrisque  doctrinis  imbuantur. 

III.  Ad  omnem  vero  scientiam,  ac  pietatem  Levitœ 
indigenae  informandi  et  in  sacro  ministerio  sedulo  exer- 
cendi  sunt;  ita  quidem  ut,  quod  jamdudum  Apostolica 
Sedes  in  votis  habet,  ad  ecclesiastica  quœvis  raunia,  atque 
ad  ipsum  Missionum  regimen  idonei  fiant,  et  Episcopali 
etiam  charactere  digni  existant.  Quae  tamen  maximi  sane 
momenti  res,  ut  tutior  évadât,  et  non  sine  Religionis 
emolumeuto  perfici  suo  tempore  possit,  qui  ad  tantum 
onus  designantur,  illi  ferendo  assuescant  oportet.  Qua- 
propter,  quos  ex  indigenis  clericis  Missionum  praesides 
prœstantiores  censuerint  eos  gradatim  ad  potiora  implenda 
raunera  instituant,  ac  suos  quoque  Vicarios  pro  opportu- 
nitate  deputare  non  renuant. 

IV.  Hinc  rejiciendus,  ac  omnino  abrogandus  erit  mos 
indigenas  Presbyteros  ad  cleri  tantum  auxiliaris  condi- 
tionem  eis  merito  molestam  deprimendi.  l^uin  potius 
paulatim,  et  cum  fieri  prudenter  polerit  ea  régula  indu- 
cenda,  ut  inler  evangelicos  operarios,  sive  indigence  ii 


320  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sint,  sive  europaie,  ceteris  paribus,  praelationis  ordo  ex 
antiquiori  Missionis  exerciiio  servetur,  atque  adeo  honores, 
officia,  et  gradus  illis  U'ibuantur,  qui  diatius  sacro  mu- 
nere  perfuncti  sint. 

V.  Ad  hœc  compluribus  in  locis  factum  est,  ut,  neglecta, 
€t  posthabita  indigense  cleri  institutione,  evangeUci  iidem 
operarii  laicos  catechistas  adjutores  sibi  in  ministerio 
adsciscere  consueverint  ;  et  forsan  eorum  operam  plerum- 
que  Fidei  dilatationi  perutilem  experti  sint.  At  cuui  non 
satis  consentanee  ApostoUcee  Sedis  menti,  atque  ecclesiastici 
ministerii  rationi  id  egerint,  et  graves  etiam  hac  in  re 
abusus  ex  praedictorum  catechistarum  seu  imperitia,  seu 
licentia  prcevaluisse  innotuerit.  Sacra  hœc  Gongregatio 
singulis  Mission um  prsesidibus  mandare  non  prsetermitlit, 
ut  donec  ejusmodi  laicorum  auxiUum,  ob  cleri  indigente 
defectum.  vel  paucitatem  necessarium  fuerit,  viros  moruua 
integritate,  et  fide  omnino  conspicuosad  id  muneris  eligi 
ac  erudiri  rectissime  satagant.  Geterum  hac  etiam  de 
causa  omnem  per  eos  operam  in  cleri  indigenœ  institu- 
tionem  dari  jubet,  ut  nempe  progressu  temporis,  juvenes 
potius  levitse,  et  novus  idem  clerus  catechistarum  officia 
pedetentim  occupent,  et  diligentius  impleant. 

VI.  Quia  alicubi  iu  Indiarum  etiam  regionibus  Ghris- 
tiani  ritus  orientales,  ac  pra3sertim  Syro-Ghaldaicus, 
subsistunt;  ideo  Missionarii,  si  quando  de  iis  inter  Gatho- 
licos  agetur,  observant  omnino  Benedicti  XIV.  P.  M. 
sapientissimam  Gonstitutionem,  quse  incipit  Allatx  sunt, 
editam  die  26.  Julii  anno  1755.  1 

VIL  Quod  in  prœdicta  Gonstitutione  Sacrosancti  Aposto 
latus  Officii  Alexander  VIL  olim  monuit  Indorum  parachos, 
ut  caverent  ullo  sese  modo  ingerere  in  rébus  spectanlibus  ad 
poUtiam  sxcularcm  ;  quodque  pluribus  verbis  Sacra  Gon- 
gregatio in  sua  ad  Vicarios  Apostolicos  apud  Sinas  instruc 
tione  commendavit;  id  graviores  nunc  ob  causas  raonen- 
dum  est  atque  inculcandum,  ne  Missiouarii  inter  diversa- 

l  Bullar.  propr.  edit.  Rom.  t.  4.  p.  285.  et  in  BuUar.  Propag.  t.  3.  p. 
338. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  321 

rum  geiitium  regimina  versantes,  ssecularibus  atque 
politicis  se  negotiis  iramisceant,  studiove  parlium,  atque 
nationum  scindantur:  sic  enim  et  ab  evangelicis  regulis 
discederent,  et  propriam  vocationem  pessundarent,  et  se 
fortasse  ac  Religionem  in  discrimina  multa  conjicerent. 

YIII.  Postremo  Sacra  eadem  Gongregatio  raemoratos 
Missionura  présides  vehementer  in  Domino  hortatur,  ut 
non  minori  soUicitudine  ad  alias  utiles  admodum,  atque 
etiam  necessarias  institutiones  animum  convenant,  sibi- 
que  subditos  operarios  ad  eas  adduoant  ;  ne  quid  nimirum 
desit,  quod  ad  Apostolici  Ministerii  perfectionem,  et 
animarura  salutem  ubique  magis  procurandam  conférât. 
Ejusmodi  profecto  sunt  peculiares  quœdam  orandi  Ftudio, 
ac  pœnitentiœ  rigore  commandatse  societates,  aliœque  ad 
exercenda  misericordise,  et  christiauce  charitalis  opéra 
saluberrimee  institutiones,  ex  qnibus  catholica  fides  per- 
multa  hausisse  emolumenta  gloriatur.  Inter  hsec  vero 
summopere,  et  in  primis  omnino  curanda  est  religiosa, 
atque  etiam  civilis  puerorum,  et  puellarum  educatio, 
qua  nil  validius  ad  ipsius  catholicse  fidei  incrementum, 
perennitatem,  et  decus  fingi  unquam,  aut  excogitari 
potest.  Proinde  nil  prorsus  omittatur,  ut  oplimis  com- 
paratis  prseceptoribus,  ac  piarum  feminarum  sodalitatibus 
invecti?,  ad  erudiendam  juventutem  ubilibet,  quoad 
poterit,  scholœ,  et  gymnasia  aperiantur.  Atque  in  id 
prœterea  vigilandum  sedulo  erit,  ut  Missionarii  fidèles 
populos  in  lis  etiam  quœ  socialem  vitam  spectant  recte 
imbuendo,  atque  informando,  ad  Evangelicîe  doctrinîe 
tramites,  ac  indolem  eorum  labores,  et  artes  dirigere 
haudquaquam  detrectent.  Ex  bis  auiem  omnibus,  qua3 
Calholicse  Religionis  propagationi,  ac  stabilitati  mirifîce 
profitura  persuasum  cuique  esse  débet,  ea  sensim  exlocis 
ipsis  temporaiia  quoque  commoda  Missionibus  obvenient 
quse  imminutis,  aut  forte  etiam  deficientibus,  ob  tempo 
rum  /ices,  exteris  subsidiis,  illarum  necessitatibus  subie 
vandis  sufliciant.    Operam  denique  impendant  quotquot 


322  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sunt  Missionum  prsesides,  ut,  quod  ad  fovendam  fidei,  ac 
disciplinae  unitatem  plurimutn  interest,  Synodales  seepe 
conventus  celebrentur,  unde  maxime  fiet,  ut  una  eadem- 
que  sit  operariorum  agendi  atque  administrandi  ratio,  et 
studiosissima  animorum  conjunctio  :  nequeinillud  etiam 
adlaborare  grave  sit,  ut  ad  necessarium  inter  S.  Sedem,  ac 
Missiones  vinculum  servandum,  expeditiores,  faciliores- 
que  communicatioaum  via3  in  dies  pateant. 

Quamquidem  SacraB  Gongregationis  InstructionemSSmo 
Domino  Nostro  Ggregorio  Divina  Providentia  PP.  XVI. 
per  infrascriptum  Sacrœ  ejusdem  Gongregationis  Secre- 
tarium  relatam  in  Audientia  habita  die  12  Novembris, 
Sanctilas  Sua  illam  bénigne  in  omnibus  adprobavit,  et 
omnino  servari  mandavit. 

Datum  Romœ  ex  Aedibus  dictre  Sacrœ  Gongregationis 
die  23.  Novembris  Anni.  MDGGGXLV. 

J.  Ph.  Gard.  Fransonius  Pr^f. 
Loco  f  Sigilli. 

Joannes  Arch.  Thessalonicx  a  Secretis^ 


MANDEMENT 


d'institution  de  la  fête  et  de  l'office  de  ste.  janvière^ 

vierge  et  martyre,  dans  la  cathédrale  de  st. 

jacques  de  montréal. 

Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 
Siège  Apostolique^  Evêque  de  Montréal  etc.,  etc. 

Au  Clergé  de  notre  Cathédrale  et  à  tous  les  Fidèles  de  Montréal,  salut 
et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Nous  avons  la  consolation  de  vous  annoncer,  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  qu'il  a  plu  à  Notre  St.  Père  le  Pape,  de 
vous  accorder,  dans  sa  sollicitude  paternelle  pour  ce 
diocèse,  une  nouvelle  faveur. 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  323 

Vous  savez  tous  que  ce  digne  Pontife  voulut  bien,  en 
mil  huit  cent  quarante  trois,  nous  faire  don  du  corps 
entier  de  Ste.  Janvière,  qui  fut  découvert  le  vingt  huit 
Janvier  de  cette  même  année  dans  les  Catacombes  de 
Rome,  et  qu'il  confia  ce  dépôt  sacré  à  l'un  de  nos  Vicaires 
Généraux  qui  se  trouvait  à  Rome  à  cette  époque.  Vous 
n'avez  pas  non  plus  oublié  que  le  dix-neuf  Novembre  qui 
suivit  l'invention  de  ce  précieux  corps,  nous  en  fîmes  la 
translation  solennelle  dans  notre  Eglise  Cathédrale,  et 
que  nous  le  plaçâmes  sous  l'autel  où  il  repose  en  paix,  en 
attendant  le  jour  de  la  résurrection  générale  où  il  se 
lèvera  pour  aller  se  joindre  au  chœur  des  Vierges  qui 
doit  suivre  éternellement  l'Agneau  sans  tâche  et  chanter 
le  cantique  nouveau  qui  ne  peut  être  chanté  que  par  des 
bouches  vierges. 

Depuis  ce  jour  heureux,  Nous  avons  le  bonheur  de 
voir  souvent  accourir  à  la  châsse  de  cette  nouvelle 
Patronne,  de  pieux  Fidèles  qui  reclament  son  secours,  et 
les  grâces  particulières  obtenus  par  son  intercession  entre- 
tiennent la  juste  confiance  que  l'on  a  dans  son  puissant 
crédit  auprès  de  Dieu. 

C'est  pour  récompenser  la  piété  de  ces  saintes  âmes,  et 
pour  favoriser  davantage  la  dévotion  à  Ste.  Janvière  que 
le  Souverain  Pontife,  Grégoire  XVI,  qui  règne  aujour- 
d'hui si  glorieusement  sur  la  chaire  de  St.  Pierre,  a 
institué  sa  fête  dans  la  Cathédrale  de  cette  ville  et  l'a 
fixée  au  troisième  jour  du  mois  de  Mars. 

En  conséquence,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  notre  Cathé- 
drale, et  muni  d'un  Induit  du  St.  Siège  en  date  du  vingt- 
deux  Juin  de  l'année  mil  huit  cent  quarante  cinq,  Nous 
avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons,  statuons  et 
ordonnons  que  chaque  année  à  l'avenir  l'on  célébrera 
sous  le  rite  de  double  mineur  la  fête  de  Ste.  Janvière, 
Vierge  et  Martyre,  et  que  tous  les  Prêtres  attachés  au 
service  de  la  dile  Cathédrale  réciteront  l'office  et  célèbre- 


324  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ront  la  messe  de  cette  sainte  au  jour  indiqué,  en  se  con- 
formant aux  Rubriques  générales.  L'office  et  la  Messe 
seront  du  commun  des  Vierges  et  Martyres  1°  loco;  et 
l'on  dira  à  la  Messe  Gloria  et  Credo. 

Nous  avons  la  confiance  que  les  nouveaux  honneurs  qui 
vont  être  rendus  à  cette  humble  servante  de  Jésus-Christ 
nous  obtiendra  de  nouveaux  secours,  et  qu'elle  daignera 
en  particulier  prendre  sous  sa  spéciale  protection  les 
Vierges  et  filles  chrétiennes  de  ce  diocèse,  afin  que  parla 
pratique  de  l'angélique  vertu  de  pureté,  elles  fassent  la 
gloire  de  la  Religion  Gatnolique  à  qui  seul  il  est  donné 
de  produire  ces  lis  d'une  éclatante  blancheur. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  prône  de  la  Messe  de 
notre  Cathédrale,  le  premier  Dimanche  du  Carême  et  en- 
suite conservé  dans  les  Archives  de  notre  Evêché. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  premier 
jour  du  mois  de  Mars  de  l'année  mil  huit  cent  quarante 
six,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre  seing  de  notre 
Secrétaire. 

j  1g.  Ev.  de  Montréal, 
Par  Monseigneur, 

J.  0.  Paré,  Chanoine,  Secrétaire. 

MANDEMENT 

DE   MONSEIGNEUR  l'evÉQUE  DE  MONTRÉAL    POUR  l'iNSTITUTION 

DE  LA  FÊTE  ET  DE  l'OFFICE    DE    ST.  ZOTIQUE,  MARTYR, 

DANS  SON  EGLISE  CATHÉDRALE  DE  ST.  JACQUES. 


1 


Ignace  Bouvget.  par  la  misècon/e  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. 

Siège  Apostolique,  Evêque  de  MontrêaL  etc.,  etc.,  etc. 
Au  Clergé  et  aux  fidèles  de  la  Ville  et  Paroisse  de  Montréal,  Salut  et 
Bénédiction  en  Notre-Seigneur. 

Nous  avons  la  consolation,  de  vous  annoncer,  NosTrès- 
Chers  Frères,  qu'il  a  plu  à  Notre  St.  Père  le  Pape,  dans 
sa  sollicitude  paternelle  pour  ce  Diocès3,  de  vous  accorder 
une  nouvelle  faveur. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  325 

Vous  savez  tous  que  ce  digne  Pontife  voulut  bien,  en 
mil  huit  cent  quarante  quatre,  nous  faire  dons  du  corps 
entier  de  St.  Zotique.  qui  fut  découvert  a  Rome  le  vingt 
Avril  mil  huit  cent  quarante  trois.  Ces  restes  précieux 
avaient  été  ensevelis  dans  le  cimetière  près  de  St.  Cyria- 
que,  sur  la  Voie  Tiburtine,  avec  un  vase  teint  de  son 
sang,  trouvé  dans  une  partie  de  sa  tête,  et  une  inscription 
attestant  le  nom  de  ce  glorieux  martyre  et  le  lieu  où 
reposait  son  corps.  Ce  dépôt  sacré  fut  confié  à  l'un  de 
nos  Vicaires  Généraux  et  Doyen  de  notre  Chapitre  qui 
se  trouvait  alors  dans  la  Ville  Sainte.  Vous  n'avez  pas 
non  plus  oublié  que  le  vmgt  deuxième  jour  du  mois  de 
Juin  dernier,  Nous  fîmes  la  translation  solennelle  de  ces 
Reliques  précieuses  dans  notre  Eglise  Cathédrale  et  que 
Nous  les  plaçâmes  sur  le  lit  d'honneur  que  votre  généro- 
sité avait  préparé  à  ce  Saini  sous  Tautel  déjà  si  cher  à  vos 
cœurs  et  où  il  repose  en  paix,  en  attendant  le  jour  de  la  ré- 
surrection générale  où  il  se  lèvera  tout  glorieux  pour  aller 
se  joindre  au  chœur  des  Martyrs  qui  doivent  régner  pen 
dant  tous  les  siècles  avec  l'Agneau  sans  tâche  qui  a  été 
immolé  pour  le  salut  du  monde. 

Depuis  ce  jour  heureux.  Nous  avons  eu  le  bonheur  de 
voir  souvent  accourir  au  Tombeau  de  ce  nouveau  Patron, 
de  pieux  Fidèles  de  toutes  les  parties  de  notre  Diocèse  et 
même  des  Diocèses  voisins,  reclamant,  avec  une  foi  vive, 
et  souvent  fondant  en  larmes,  sa  puissante  médiation 
auprès  de  Dieu;  et  les  grâces  particulières  obtenues  par 
son  intercession  entretiennent  la  juste  confiance  que  l'on 
a  dans  son  puissant  crédit  au  ciel. 

C'est  pour  récompenser  la  piété  de  ces  âmes  ferventes 
et  pour  favoriser  d'avantage  la  dévotion  à  St.  Zotique  que 
le  Souverain  Pontife,  Grégoire  XVI,  qui  règne  aujour- 
d'hui avec  tant  de  gloire  sur  la  Chaire  de  St.  Pierre,  a 
institué  sa  fête  dans  la  Cathédrale  de  cette  ville  et  l'a 
fixée  au  vingtième  jour  du  mois  d'Avril. 

En  conséquence,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  de  l'avis 


326  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  notre  Cathé- 
drale, et  muni  d'un  Induit  du  St.  Siège  Apostolique,  en 
date  du  vingt  deux  Juin  de  l'année  dernière.  Nous  avons 
réglé,  statué  et  ordonné,  réglons,  statuons  et  ordonnons 
ce  qui  suit  : — Chaque  année,  à  l'avenir,  l'on  célébrera, 
sous  le  rite  de  double  mineur^  la  fête  de  St.  Zotique,  Mar- 
tyr, et  tous  Ecclésiastiques  attachés  au  service  de  notre 
Cathédrale  réciteront  l'office  et  célébreront  la  Messe  de  ce 
Saint,  au  jour  indiqué,  en  se  conformant  aux  Rubriques 
générales. 

L'Office  et  la  Messe  seront  du  commun  d'un  Martyr, 
dans  le  temps  pascal,  et  l'on  dira  à  la  Messe  Gloria  et  Credo. 

Nous  avons  la  confiance,  Nos  Très  Chers  Frères  que  les 
nouveaux  honneurs  qui  vont  être  rendus  à  cet  humble 
serviteur  de  Dieu  nous  obtiendrons  de  nouveaux  secours; 
et  comme  ce  fut  le  jour  de  la  fête  patronale  de  la  Société 
de  Tempérance  que  ce  glorieux  soldat  de  Jésus-Christ  fit 
son  entrés  triomphante  dans  cette  Eglise  et  dans  ce 
Diocèse,  Nous  devons  espérer  qu'il  daignera  en  particulier 
prendre  sous  sa  spéciale  protection  cette  société  qui  mérite 
de  si  grands  éloges,  afin  que  tous  ceux  qui  en  font  partie, 
puissent,  par  la  pratique  de  la  sobriété  et  de  la  Tempé- 
rance, procurer  la  gloire  de  la  Religion  Catholique  à  qui 
seule  il  est  donné  de  récompenser  dignement  de  si  géné- 
reux sacrifices. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  prône  la  Messe  de 
notre  Cathédrale  le  Dimanche  de  la  Quasimodo,  et  ensuite 
conservé  dans  les  Archives  de  notre  Evêché. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  dix- 
huitième  jour  du  mois  d'Avril  de  l'année  mil  huit  cent 
quarante  six,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre  seing 
de  notre  Secrétaire. 

■{-  Ig  Ev.  de  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES    DOCUMENTS.  327 

MANDEMENT 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE   MONTRÉAL    CONTRE    LES 
SOCIÉTÉS  SECRÈTES. 

Ignace  Bourgct,  par  la  Miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Oiocèse, 
Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Plus  les  malheurs  qui  menacent  le  troupeau  de  Jésus- 
Ghrist  sont  grands,  plus  ils  doivent,  Nos  Très-Chers 
Frères,  exciter  la  sollicitude  du  Pasteur.  Placé,  comme 
une  sentinelle,  au  poste  le  plus  élevé  comme  le  plus  dan- 
gereux de  ce  Diocèse,  il  nous  faut  aussi  voir  de  plus  loin 
les  complots  que  forment  les  ennemis  du  salut,  afin  de 
sonner  la  trompette  évangélique,  aussitôt  que  nous  décou- 
vrons quelques  dangers  pour  vos  âmes. 

La  charité  de  Jésus-Christ,  qui  nous  presse  de  remplir 
ce  devoir  impérieux,  nous  engage  à  élever  aujourd'hui  la 
voix,  pour  vous  mettre  en  garde  contre  certaines  sociétés, 
dans  lesquelles  on  tâche  de  vous  attirer  ;  sociétés  d'au- 
tant plus  dangereuses  qu'elles  se  couvrent  des  dehors 
sacrés  de  la  charité.  Et  il  ne  faut  pas  s'en  étonner,  puis- 
que le  démon,  pour  mieux  tromper  les  hommes,  se  trans- 
forme en  ange  de  lumière,  comme  nous  en  assure  l'apôtre 
St.  Paul. 

Il  vous  importe^donc  souverainement.  Nos  Très-Chers 
Frères,  de  bien  connaître  les  sociétés  auxquelles  vous  ne 
sauriez,  sans  crime,  appartenir  ;  pour  quelles  raisons 
elles  vous  sont  interdites,  et  quelles  sont  les  peines  por- 
tées contre  elles  par  l'Eglise.  Trois  grandes  questions, 
qui  méritent  toute  votre  attention. 

Pour  vous  diriger  dans  l'examen  sérieux  que  vous  devez 
en  faire,  nous  allons  vous  citer  diverses  Constitutions  des 
Souverains  Pontifes  qui  ont  condamné  ces  sociétés.    La 


328  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

voix  des  Vicaires  de  Jésus-Christ  sur  la  terre,  que  vous 
allez  entendre  avec  une  foi  vive,  ne  manquera  pas  de 
faire  sur  vos  cœurs  une  profonde  impression  ;  car  nous 
savons  que  vous  êtes  pénétrés  d'un  religieux  respect  pour 
la  sublime  autorité  qu'ils  exercent  ici-bas,  et  que  vous 
comprenez  que  ceux  qui  les  mépriseraient,  en  refusant  de 
les  écouter,  mépriseraient  Jésus-Christ  lui-même  et  son 
divin  Père  qui  l'a  envoyé  sur  la  terre. 

Première  question. — Comment  reconnaître  les  sociétés 
défendues?  En  voici,  Nos  TrèsChers  Frères,  les  princi- 
paux caractères.  Sous  quelque  nom  qu'elles  se  déguisent, 
vous  les  reconnaîtrez  à  l'impiété  du  serment  qu'elles 
exigent  et  aux  spécieuses  apparences  de  vertu,  qu'elles 
prennent  pour  se  mieux  cacher.  Ecoutons  là-dessus  le 
bienheureux  Pierre,  qui  va  vous  parler  par  la  bouche  de 
ses  successeurs  : 

«  Nous  avons  appris,  dit  Clément  XIl  1,  d'une  manière 
((  certaine,  même  par  le  bruit  public,  que  quelques  sociétés.... 
'(  ou  conventicules  communément  appelés  Francs-Maçons, 
'1  ou  de  tout  autre  nom,  selon  la  diversité  des  langues, 
'(  faisaient  de  tous  côtés  des  progrès  et  se  fortifiaient  de 
«  jour  en  jour  ;  qu'à  ces  sociétés  s'agrégeaient  des  hommes 
Il  de  toute  religion  et  de  toute  secte,....  qui  se  liguent 
«  ensemble  d'une  manière  aussi  régoureuse  qu'impéné- 
«  trahie,  selon  les  lois  et  statuts  qu'ils  se  sont  imposés  ;  et 
'(  qui  s'obligent  en  môme  temps,  pour  pouvoir  agir  dans 
'(  le  secret,  à  un  silence  inviolable,  tant  en  faisant  serment 
«  sur  la  Sainte  Bible,  qu'en  se  soumettant  à  des  peines 
'(  graves.  »  Mais  comme  ces  sociétés  prenaient  tous  les  de- 
hors de  la  vertu  pour  mieux  cacher  leurs  coupables  des- 
seins. Pie  Vil.  révèle,  en  termes  .bien  énergiques,  cette 
vaine  ostentation  de  bonnes  œuvres  : 

'(  A  la  vérité,  dit  cet  illustre  Pontife  2,  ces  hommes 
•I  affectent  une  singulière  vénération  et  un  certain  zèle 

1  Constitution  du  IV  des  Calend.  de  Mai,  1738.  28  Avril. 

2  Constitution  des  Ides  de  sept.  1821.  13  Septembre. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  329 

«  admirable  pour  la  Religion  Catholique  et  pour  la  per. 
«  sonne  et  la  doctrine  de  Jésus-Christ  Notre  Sauveur  qu'ils 
(I  osent  même  quelquefois,  avec  une  souveraine  impiété, 
<i  appeler  le  Chef  et  le  Grand  Maître  de  leur  Société.  Mais 
«ces  discours,  qui  paraissent  plus  doux  que  l'huile,  ne 
«  sont  que  des  traits  qu'emploient,  pour  blesser  plus  sûre- 
((  ment  ceux  qui  ne  sont  pas  sur  leur  gardes,  des  hommes 
«  artificieux,  qui  se  cachent  sous  la  peau  des  brebis,  mais 
'(  qui,  dans  l'intérieur,  ne  sont  que  des  loups  cruels. 

«  Les  préceptes  de  morale  qu'enseigne  la  Société  des 
'(  Carbonaristes  »  (une  de  celles  qui  méritaient  la  censure 
de  ce  Pontife)  «n'en  sont  pas  moins  impies,  quoiqu'elle 
«  ait  la  témérité  de  se  glorifier  d'imposer  à  ses  sectateurs 
'(  le  devoir  d'honorer  et  de  pratiquer  la  charité  et  toutes 
«  les  autres  vertus,  et  de  s'éloigner,  avec  un  très  grand 
^1  soin,  de  tous  les  vices.  Cependant  elle  favorise  très 
«  imprudemment  les  passions  voluptueuses,  et  elle  en- 
«  seigne  qu'il  est  permis  de  tuer  ceux  qui  n'observeraient 
«  pas  la  promesse  qu'ils  auraient  faite  de  garder  le  secret.» 

Tels  sont.  Nos  Très-Chers  Frères,  les  caractères  dis- 
tinctifs  et  bien  frappants,  auxquels  il  vous  sera  facile  de 
reconnaître  les  Sociétés  que  vous  ne  pourriez  encoura- 
ger sans  blesser  votre  conscience,  comme  vous  allez  le 
voir. 

Seconde  question. — Raisons  qui  nous  démontrent  que 
les  Sociétés  Secrètes  sont  criminelles.  Ecoutons  là-dessus 
l'immortel  Benoit  XIV.  Après  avoir  cité  Clément  XII, 
dont  nous  venons  de  parler,  il  déduit  ainsi  les  motifs  qui 
le  portent  à  condamner  ces  Sociétés  1  :  «Or,  parmi  les 
«  raisons  très  graves  de  défense  et  condamnation  rappor- 
«  tées  dans  la  constitution  de  notre  Prédécesseur,  insérée 
((  dans  la  présente,  la  première  est  que  ces  associations  et 
«.  conventicules  se  composent  d'hommes  de  toute  religion 
«  et  de  toute  secte  ;  d'où  il  faut  conclure  évidemment 
«  combien  la  pureté  de  la  foi  catholique  peut  être  par  là 

l   Constitution  du  15  des  Kalendes  d'avril  1751.  18  Avril. 


330  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

»  altérée.  La  seconde,  c'est  le  secret  impénétrable,  que 
«I  l'on  s'engage;  strictement  de  garder,  pour  cacher  ce  qui 
«  se  passe  dans  ces  conventicules,  auxquels  par  conséquent 
«  l'on  peut  appliquer  à  bon  droit  cette  sentence  de  Gécélius 
«  Natalis,  citée  par  Minucius  Félix,  quoique  dans  une  cir- 
'(  constance  différente  :  Le  bien  aime  la  lumière,  le  mal 
«  cherche  les  ténèbres. 

«  La  troisième  est  le  serment  par  lequel  on  s'engage  à 
«  garder  inviolablement  ce  secret  ;  comme  s'il  était  permis 
•<  à  quelqu'un,  sous  prétexte  d'une  promesse  ou  d'un  ser- 
«  ment  quelconque,  de  s'exempter,  lorsqu'il  est  interrogé 
«  par  une  autorité  légitime,  de  l'obligation  de  révéler  tout 
<i  ce  qu'on  lui  demande,  pour  connaître  si  l'on  ne  machine 
«  pas  dans  ces  assemblées  quelque  chose  contre  les  Gonsti- 
'(  tutions  et  les  lois  de  la  Religion  et  de  l'Etat. 

«  La  quatrième  est  que  ces  Sociétés  ne  sont  pas  moins 

<(  contraires  aux  lois  Civiles  qu'au  droit  Canonique 

((  comme  on  peut  le  voir  dans  le  livre  47e  des  Pandectes. 

«  La  cinquième  est  que,  dans  plusieurs  Royaumes,  ces 
(t  Sociétés  et  Assemblées  ont  été  proscrites  et  éliminées  par 
((  les  lois  des  Princes  temporels. 

'■'.  La  dernière  enfin,  c'est  que  ces  sociétés  et  assemblées, 
i:  aux  yeux  des  hommes  prudents  et  honnêtes,  jouissent 
«  d'une  mauvaise  réputation,  et  qu'à  leur  jugement  tous 
((  ceux  qui  en  deviennent  membres  encourent  une  llétris- 
«  sure  de  corruption  et  perversion.» 

Ces  solides  raisons,  alléguées  par  le  savant  Pontife 
portent  sans  doute  dans  vos  âmes.  Nos  Très-Chers  Frères, 
une  profoncle  conviction  du  crime  énorme  que  commet- 
traient ceux  qui,  après  avoir  été  instruits  de  leur  devoir, 
s'agrégeraient  néanmoins  à  des  Sociétés,  dont  ils  connaî- 
traient toute  la  malice.  Achevons  de  les  convaincre,  en 
leur  montrant  les  peines  sévères  portées  par  l'Eglise 
contre  ceux  qui,  au  mépris  de  ses  lois,  seraient  assez 
téméraires  pour  les  favoriser  en  quelque  manière  que 
ce  puisse  être. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  331 

C'est  la  troisième  question,  qu'il  vous  importe  de  bien 
approfondir,  Nos  Très-Ghers  Frères  ;  et  pour  cela  nous 
allons  vous  citer  les  propres  paroles  de  Léon  XII.  Ce 
Pontife,  de  sainte  et  heureuse  mémoire,  proteste  d'abord 
que  c'est  avec  connaissance  de  cause  et  après  avoir  acquis 
des  preuves  certaines  de  ce  qui  se  passe  dans  les  Sociétés 
Secrètes,  qu'il  se  décide  à  renouveler  les  sentences  de 
condamnation  portées  contre  elles  par  ses  prédécesâeurs, 
et  à  remettre  en  vigueur  leurs  constitutions. 

«  C'est  pourquoi,  dit-il  l,nous  ordonnons  strictement  et 
(  en  vertu  de  la  sainte  obéissance  à  tous  et  à  chacun  des 
<(  fidèles,  quelque  soit  leur  rang...,  condition...,  et  dignité...^ 
'<  de  n'avoir  pas  la  présomption  et  témérité  d'entrer  dans 
(  ces  Sociétés,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit...  et  quel- 
<(  ques  soient  leurs  noms,  de  ne  les  point  propager  ni 
(favoriser,  de  ne  pas  souffrir  quelles  tiennent  leurs 
K  assemblées  secrètes  dans  leurs  appartements,  leurs  mai- 
(  sons  ou  ailleurs,  de  ne  leur  donner  aucun  conseil, 
i(  secoursouencouragemencpubliquementou  secrètement, 
(!  directement  ou  indirectement,  par  soi  ou  par  d'autres 
•(  ou  de  quelque  manière  que  ce  soit  ;  de  ne  point  engager, 
'(  ni  solliciter  les  autres....  à  fréquenter  ces  Sociétés,  à  s'y 
'<  agréger  et  affilier,  ou  d'y  prendre  un  grade  quelconque, 
■(  mais  à  s'abstenir  entièrement  de  ces  Sociétés  et  de  leurs 
'(  assemblées  ou  conventicules...  sous  peine  d'excoramuni- 
((  cation,  qui  se^-a  encourue  par  le  seul  fait  et  sans  autre 
'(  déclaration,  par  tous  ceux  qui  contreviendront  à  ce  qui 
X  a  été  défendu  ci-dessus,  et  dont  personne  ne  pourra  rece- 
.<  voir  l'absolution  que  de  nous  ou  du  Pontife  Romain 
t  alors  existant,  a  moins  que  ce  ne  soit  à  l'article  de  la 

(  mort Nous  condamnons  surtout,  et  Nous  décla- 

<(  rons  nul  le  serment  impie  et  coupable^,  par  lequel  ceux 
«  qui  entrent  dans  ces  sociétés  s'engagent  à  ne  révéler  à 
«  personne  ce  qui  concerne  la  secte  et  à  frapper  de  mort 
■(  les  Membres  de  l'Association  qui  feraient  des  révélations 

l  Gonstilulion  du  3  des  Ides  de  Mars  1825.  13  Mars. 


332  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  à  des  Supérieurs  Ecclésiastiques  ou  laïques.  N'est-ce  pas 
«  en  effet  un  crime  que  de  regarder  comme  un  lien  obli- 
«  gatoire  un  serment,  c'est-à-dire,  un  acte  qui  doit  se  faire 
«  en  toute  justice,  par  lequel  on  s'engage  à  commettre  un 
«  assassinat  et  à  mépriser  l'autorité  de  ceux  qui,  étant 
«  chargés  du  pouvoir  ecclésiastique  ou  civil,  doivent  con- 
((  naître  tout  ce  qui  est  important  pour  la  Religion  et  la 
«  Société,  et  ce  qui  peut  porter  atteinte  à  la  tranquillité  ? 
«  N'estil  pas  indigne  et  inique  de  prendre  Dieu  à  témoin 
«  de  semblables  attentats  ?  Les  Pères  du  Concile  de  Latran 
«  ont  dit  avec  beaucoup  de  sagesse  :  qu'il  ne  faut  pas  con- 
«  sidérer  comme  serment  mais  plutôt  comme  parjure  tout 
«  ce  qui  a  été  promis  au  détriment  de  l'Eglise  et  contre 
«  les  Règles  de  sa  Tradition.»  Peut-on  tolérer  l'audace  ou 
«  plutôt  la  démence  de  ces  hommes,  qui  disent,  non  seu- 
dement  en  secret,  mais  hautement,  quïl  n'y  a  point  de 
«  Dieu,  et,  le  publiant  dans  leurs  écrits,  osent  cependant 
«  exiger  en  son  nom  un  serment  de  ceux  qu'ils  admettent 
«  dans  leur  secte?  » 

Telle  est.  Nos  Très  Ghers  Frères,  la  doctrine  de  ces 
vénérables  Pontifes  au  sujet  des  Sociétés  Secrètes.  En 
publiant,  pour  votre  instruction,  leurs  Constitutions, 
Nous  nous  soumettons  avec  un  profond  respect  aux 
recommandations  pressantes  qu'à  faites  à  tous  les  Evê- 
ques  Léon  XII,  dont  Nous  allons  citer  les  propres  paroles, 
pour  que  vous  puissiez  juger  par  vous-mêmes  que  Nous 
accomplissons,  dans  cette  circonstance,  un  devoir  impé- 
rieux : 

«  Maintenant,  Vénérables  Frères,  Patriarches,  Primats, 
(i  Archevêques  et  Evêques,  nous  demandons,  ou  plutôt. 
«  nous  implorons  votre  secours;  donnez  tous  vos  soins 
(I  au  troupeau  que  le  St.  Esprit  vous  a  confié  en  vous 
«  nommant  Evêque  de  son  Eglise.  Des  loups  dévorants  se 
«  précipiteront  sur  vous  et  n'épargneront  pas  vos  brebis. 
«  Soyez  sans  crainte  et  ne  regardez  pas  votre  vie  comme 
«  plus  précieuse  que  vous-mêmes.  Soyez  convaincus  que 
«  la  constance  de  vos  troupeaux  dans  la  Religion  et  dans 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  333 

«  le  bien  dépend  surtout  de  vous  ;  car  quoique  que  nous 
«  vivions  dans  des  jours  mauvais  et  où  plusieurs  ne  sur- 
«  porienl  pas  la  saine  doctrine,  cependant  beaucoup  de 
•  fidèles  respectent  encore  leurs  Pasteurs  et  les  regardent 
«  avec  raison  comme  les  ministres  de  Jésus-Christ  et  les 
«  dispensateurs  de  Pes  mystères.  Servez-vous  donc,  pour 
«  l'avantage  de  votre  troupeau,  de  cette  autorité  que  Dieu 
«  vous  a  donnée  sur  leurs  âmes  par  une  grâce  signalée. 
«  Découvrez-leur  les  ruses  des  sectaires,  et  les  moyens 
«  qu'ils  doivent  employer  pour  s'en  préserver.  Inspirez- 
(I  leur  de  l'horreur  pour  ceux  qui  professent  une  doctrine 
«  perverse,  qui  tournent  en  dérision  les  mystères  de  notre 
«  Religion  et  les  préceptes  si  purs  de  Jésus-Christ,  et  qui 
«  attaquent  la  puissance  légitime.  Enfin,  pour  nous  servir 
«  des  paroles  de  notre  Prédécesseur  Clément  XIII,  dans 
«  sa  Lettre  Encyclique  aux  Patriarches,  Primats,  Archevê- 
«  ques  et  à  tous  les  Evoques  de  l'Eglise  Catholique,  en 
«  date  du  14  Septembre  1758  : 

«  Pénétrons-nous,  je  vous  en  conjure,  de  la  force  de 
«  l'esprit  du  Seigneur,  de  l'intelligence  et  du  courage  qui 
«  en  sont  le  fruit,  afin  de  ne  pas  ressembler  à  ces  chiens 
«  qui  ne  peuvent  aboyer,  laissant  nos  troupeaux  exposés  à 
«  à  la  rapacité  des  bêtes  des  champs.  Que  rien  ne  nous 
'(  arrête  dans  le  devoir  où  nous  sommes  de  souffrir  toutes 
«  sortes  de  combats  pour  la  gloire  de  Dieu  et  le  salut  des 
«  âmes.  Ayons  sans  cesse  devant  les  yeux  celui  qui  fut 
«  aussi,  pendant  sa  vie,  en  butte  à  la  contradiction  des 
M  pécheurs;  car  si  nous  nous  laissons  ébranler  par  l'au- 
«  dace  des  méchants,  c'en  est  fait  de  la  force  de  l'Episco- 
«  pat,  de  l'autorité  sublime  et  divine  de  l'Eglise.  Il  ne  faut 
'<  plus  songer  à  être  Chrétiens,  si  nous  en  sommes  venus 
«  au  point  de  trembler  devant  les  menaces  ou  les  embûches 
<i  de  nos  ennemis.» 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères,  les  Chanoines  de  notre  Cathé- 
drale, Nous  avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons,  sta- 
tuons et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

23 


334  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

lo.  Nous  publions,  par  le  présent  mandement,  les  Cons- 
titutions susdites  des  Souverains  Pontifes  Clément  XII, 
Benoit  XIV,  Pie  Vil,  et  Léon  XII,  relativement  aux 
Sociétés  Secrètes,  afin  qu'elles  sortissent  leur  plein  et 
entier  effet  dans  toute  l'étendue  de  notre  Diocèse. 

2o.  Les  Sociétés  où  l'on  exigera,  de  ceux  qui  s'y  agrége- 
ront le  serment  de  garderie  secret  de  tout  ce  qui  s'y  passe, 
tomberont  donc  par  là  même  sous  la  censure  et  condamna- 
tion portées  par  les  dites  Constitutions,  quelques  soient  les 
noms  qu'elles  prennent,  et  sous  quelques  beaux  dehors  de 
charité  qu'elles  se  cachent. 

3o.  En  conséquence,  tous  ceux  qui  oseront  désormais 
entrer  dans  ces  sociétés,  ou  les  fréquenter,  propager  et 
favoriser  en  la  manière  susdite,  encourront  par  là  môme 
la  peine  d'excommunication  majeure  réservée  au  Pape. 

4o.  Ceux  qui  auraient  eu,  jusqu'ici  le  malheur  de  s'y 
agréger  et  qui  en  soitiront  après  la  publication  des  dites 
Lettres  Apostolique,  pourront  en  être  absouts  par  tout 
Prêtre  approuvé,  pendant  un  an.  à  compter  de  la  date  du 
présent  Mandement. 

5o.  Les  effets  de  celte  excommunication  seront  de  pri- 
ver ceux  qui  l'encourront,  des  suffrages  de  l'Eghse,  de 
l'usage  des  sacrements  et  de  la  Sépulture  Ecclésiastique, 
s'ils  viennent  à  mourir  dans  ce  triste  état.  Ces  peines 
sont  les  plus  sévères  que  l'Eglise  puisse  inlliger  à  ses 
enfants  rebelles  ;  et  nous  recommandons  aux  Pasteurs 
des  âmes  de  les  expliquer  à  leurs  ouailles,  pour  que  la 
crainte  de  les  encourir  les  retienne  dans  leur  devoir,  si 
Tamour  n'était  pas  assez  fort  pour  les  éloigner  d'un  si 
grand  crime. 

Enfin,  Nous  vous  conjurons.  Nos  Très-Ghers  Frères, 
avec  toute  la  sollicitude  qui  nous  presse  de  travailler  à 
votre  salut,  de  méditer  sérieusement  les  touchantes  paro 
les  qu'adressait  à  tous  les  fidèles  le  pieux  Pontife  Léon 
XII,  dans  la  susdite  constitution.  Après  avoir  tracé  à 
tous  les  Evoques  et  aux  Princes  de  la  terre  la  ligne  de 


CIRCULAIRES  HT  AUTRES   DOCUMENTS.  335 

leur  devoir,  voici  comme  il  prodigue,  avec  toute  la  ten- 
dresse d'un  père,  les  conseils  et  les  exhortations  : 

«  Vous  aussi,  fils  chéris,  qui  professez  la  Religion  Ca- 
'(  tholique,  nous  vous  adressons  particulièrement  nos 
'(  exhortations.  Evitez  avec  soin  ceux  qui  appellent  la 
«  lumière  ténèbres,  et  les  ténèbres  lumière.  En  effet,  quel 
«  avantage  auriez-vous  à  vous  lier  avec  des  hommes  qui 
^  ne  tiennent  aucun  compte  ni  de  Dieu  ni  des  puissances  ; 
<(  qui  leur  déclarent  la  guerre  par  des  intrigues  et  des 
«  assemblées  secrètes  et  qui,  tout  en  publiant  tout  haut 
<(  qu'ils  ne  veulent  que  le  bien  de  l'Eglise  et  de  la  société, 
«  prouvent  par  toutes  leurs  actions  qu'ils  cherchent  à 
«  porter  le  trouble  partout  et  à  tout  renverser  ?  Ces  hom- 
'i  mes  sont  semblables  à  ceux  à  qui  l'Apôtre  St.  Jean 
'(  ordonne  de  ne  pas  donner  l'hospitalité,  et  qu'il  ne  veut 
u  pas  qu'on  salue  {dans  sa  seconde  EpUre  ch.  10);  ce  sont 
«  les  mômes  que  nos  pères  appelaient  les  premiers  nés  du 
«  démon. 

«  Gardez-vous  donc  de  leurs  séductions  et  des  discours 
-«  flatteurs  qu'ils  emploieront  pour  vous  faire  entrer  dans 
'(  les  associations  dont  ils  font  partie.  Soyez  convaincus 
«  que  personne  ne  peut  être  lié  à  ces  sociétés,  sans  se  ren- 
■■*  dre  coupable  d'un  péché  très  grave  ;  ferinez  l'oreille  aux 
«  paroles  de  ceux  qui,  pour  vous  attirer  dans  leurs  assem- 
K  blées,  vous  affirment  qu'il  ne  s'y  commet  rien  de  con- 
'(  traire  à  la  raison  et  à  la  religion,  et  que  l'on  n'y  voit  et 
'(  n'y  entend  rien  que  de  pur,  de  droit  et  d'honnête.  D'a- 
«  bord  ce  serment  coupable  dont  nous  avons  parlé,  et  qu'on 
■«  prête  même  dans  les  grades  inférieurs  suffit  pour  que 
n  vous  compreniez  qu'il  est  défendu  d'entrer  dans  ces  pre- 
«  miers  grades  et  d'y  rester;  ensuite  quoique  l'on  n'ait  pas 
«  coutume  de  confier  ce  qu'il  y  a  de  plus  blâmable  à  ceux 
«  qui  ne  sont  pas  parvenus  à  dez  grades  éminents,  il  est 
«  cependant  manifeste  que  la  force  et  l'audace  de  ces 
Il  sociétés  pernicieuses  s'accroissent  à  raison  du  nombre  et 
«  de  l'accord  de  ceux  qui  en  font  partie.  Ainsi  ceux  qui 
*  n'ont  pas  passé  les  rangs  inférieurs  doivent  être  consi- 


336  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

fl  dérés  comme  les  complices  du  même  crime,  et  cette  sen- 
«  tence  de  l'Apôtre  (Epitre  aux  Romains  ch.  I)  tombe  sur 
«  eux:  ceux  qui  font  ces  choses  sont  dignes  de  mort,  et 
«  non  seulement  ceux  qui  les  font,  mais  encore  les  protec- 
«  teurs  de  ceux  qui  s'en  rendent  coupables  ! 

«  Enfin,  nous  nous  adressons  avec  affection  à  ceux  qui, 
«  malgré  les  lumières  qui  leur  avaient  été  accordées,  et 
«  quoiqu'ils  aient  eu  part  au  don  céleste  et  reçu  l'Esprit 
«  saint,  ont  eu  le  malheur  de  se  laisser  séduire  et  d'entrer 
«  dans  ces  associations,  soit  dans  des  rangs  inférieurs,  soit 
«  dans  des  degrés  plus  élevés.  Nous  qui  tenons  la  place  de 
«  celui  qui  a  déclaré  qu'il  n'était  pas  venu  appeler  les 
«  justes,  mais  les  pécheurs,  et  qui  s'est  comparé  au  pasteur 
«  qui,  abandonnant  le  reste  de  son  troupeau,  cherche  avec 
«  inquiétude  la  brebis  qu'il  a  perdue,  nous  les  pressons  et 
«  nous  les  prions  de  revenir  à  Jésus-Christ.  Sans  doute  ils 
((  ont  commis  un  grand  crime;  cependant  ils  ne  doivent 
«  point  désespérer  de  la  miséricorde  et  de  la  clémence  de 
«  Dieu  et  de  son  Fils  Jésus-Christ  ;  qu'ils  rentrent  dans  les 
((  voies  du  Seigneur,  il  ne  les  repoussera  pas;  mais  sem- 
«  blable  au  père  de  l'enfant  prodigue,  il  ouvrira  ses  bras 
«  pour  les  recevoir  avec  tendresse.  » 

Au  reste,  Nos  Très-Chers  Frères,  vous  comprenez  que 
si  Nous  vous  défendons  les  sociétés  secrètes,  parce  qu'elles 
sont  criminelles,  Nous  sommes  bien  éloigné  de  vous  dé- 
tourner de  ces  Associations  qui  ont  pour  objet  d'inspirer 
et  d'entretenir  cet  esprit  de  charité  qui  unit  tous  les 
membres  de  la  société  pour  l'avantage  de  la  Religion  et 
le  bien  de  la  Patrie.  Car  vous  savez  ce  que  nous  avons 
fait,  depuis  que  Nous  sommes  chargé  de  l'administration 
de  ce  Diocèse,  pour  répandre,  parmi  les  fidèles  confiés  à 
nos  soins,  cet  esprit  d'association,  qui  est  le  véritable 
esprit  du  Christianisme,  quand  il  est  dirigé  selon  les 
règles  de  l'Evangile. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  Prône  de  notre  Cathé- 
drale, à  celui  de  toutes  les  Eglises  Paroissiales  et  en  cha- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  337 

pitre  dans  les  communautés  du  clergé  régulier,  le  premier 
Dimanche  ou  jour  de  fête  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  dix- 
septième  jour  du  mois  de  juin,  de  l'année  mil-huit-cent- 
quarante-six,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  conlre-seing 
de  notre  Secrétaire. 

j  Ig.  Evêql'e  de  Montréal. 

Par  Monseigneur 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 


AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL  POUR  ANNONCER  LA  MORT 
DE  N.  S.  P.  LE  PAPE   GRÉGOIRE  XVI. 


Montréal,  le  8  Juillet,  184G. 
jHonsiein\ 

Les  journaux  publics  vous  ont  déjà  fait  connaître  la 
douloureuse  perte  que  vient  de  faire  l'Eglise  par  la  mort 
de  Notre  St.  Père  le  Pape  qui  termina  sa  vie  et  son  glo- 
rieux pontificat  le  1er  de  Juin  dernier  :  des  lettres  venues 
d'Europe  confirment  cette  affligeante  nouvelle.  En  con- 
séquence vous  omettrez  de  le  nommer  au  Canon  de  la 
Messe;  et  vous  ne  chanterez  plus  son  oraison  au  Salut 
Vous  ajouterez  aux  oraisons  de  la  messe  la  collecte  pro 
ellgendo  Sumrno  Poatifice,  comme  au  Missel,  afin  d'obtenir 
du  ciel  un  digne  e^uccesseur  au  vénérable  pontife  que 
nous  pleurons.  Vous  voudrez  bien  annoncer  à  votre 
paroisse  la  mort  du  père  commun  des  fidèles  dans  les 
termes  suivans  : 

f<  Nous  recommandons  à  vos  prières  notre  St.  Père  le 
Pape  Grégoire  XVI,  décédé  à  Rome  le  1er  Juin  dernier» 
Vous  devez  joindre  vos  prières  à  celle  de  l'Eglise  qui 
demande  avec  instance  à  Dieu  dans  ses  oraisons,  d'intro- 
Juire  dans   le  ciel   ce  digne  pontife,  qui  sur  la  terre  a 


338  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

mérité  de  tenir  la  place  de  Jésus-Christ.  A  cette  fin,  nous 
chanterons  aujourd'hui,  immédiatement  après  la  Grand'- 
messe,  pour  le  saint  pontife  défunt,  le  Libéra  avec  les 
versets  et  oraisons  comme  au  Missel.  Monseigneur  l'Eve- 
que  de  Montréal  nous  charge  de  vous  annoncer  quïlsera 
chanté,  au  nom  de  toutes  les  autres  églises  du  diocèse, 
dans  son  église  Cathédrale, vendredi,  le  dix-sept  du  présent 
mois,  vers  les  neuf  heures  du  matin,  pour  ce  pontife  de 
sainte  et  glorieuse  mémoire,  un  service  solennel  auquel 
sont  invités  le  clergé  et  les  fidèles  de  ce  diocèse.  Vous 
continuerez  à  prier  en  votre  particulier  et  dans  vos  fa- 
milles pour  ce  bon  père  de  toute  l'Eglise,  vous  souvenant 
que  dans  sa  sollitude  universelle,  il  a  pensé  à  vous  parti- 
culièrement en  instituant  le  Diocèse  de  Montréal  pour  pro- 
curer avec  plus  d'abondance  les  secours  spirituels  qui, 
depuis  cette  heureuse  époque,  vous  sont  en  quelque  sorte 
prodigués.  Mais  comme  nous  sommes  tous  vivement 
intéressés  à  ce  que  ce  pontife  qui  a  fait  tant  et  de  si 
grandes  œuvres,  soit  dignement  remplacé,  vous  devez; 
encore  prier,  pour  qu'il  plaise  au  Seigneur,  dans  son  in- 
finie bonté,  accorder  à  la  sainte  Eglise  Romaine  un  autre 
pontife  qui  se  rende  agréable  à  sa  divine  majesté,  par  un 
zèle  ardent  pour  le  salut  des  âmes,  et  recommandable  aux 
peuples  chrétiens  par  la  sagesse  de  son  gouvernement, 
afin  que  nous  puissions  nous  réjouir  tous  ensemble  sous 
la  conduite  de  ce  souverain  pasteur  et  arriver  avec  lui  à 
l'heureux  port  du  salut.  Pour  cela  l'on  récitera  tous  les 
dimanches  et  fêtes,  après  la  messe  paroissiale  ou  conven- 
tuelle, 5  Pater  et  5  Ave^  pour  obtenir  un  pape  qui  soit  selon 
le  cœur  de  Dieu.  Nous  vous  avertirons  quand  il  faudra 
cesser  de  faire  ces  prières.  >. 

Je  suis  bien  sincèrement. 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 
-|-  Ig.  Ev.  de  Montréal. 
J.  0.  Paré,  Chanoine-Secrétaire. 


GIRCULAmES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  339 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Evôché  de  Montréal,  20  Juillet  1846. 
Momieu)\ 

Je  m'empresse  de  vous  annoncer  que,  le  16  juin  dernier, 
le  Sacré-Collége  a  élu  Pape  le  Cardinal  Jean-Marie  Mastaï- 
Ferretti,  qui  a  pris  le  nom  de  Pie  IX  En  conséquence, 
vous  cesserez  de  réciter  l'oraison  prescrite  dans  ma  circu- 
laire du  huit  de  ce  mois,  et  vous  commencerez  à  prier,  à 
la  Messe  et  au  Salut,  pour  le  nouveau  Pontife. 

Vous  ferez  part  à  vos  paroissiens  de  cette  heureuse 
nouvelle  dans  les  termes  suivants,  le  dimanche  après  la 
réception  de  la  présente  : 

'(  Nous  avons  la  consolation  de  vous  apprendre  que  la 
divine  Providence  a  daigné  donner  à  Grégoire  XVI,  dont 
nous  vous  avons  annoncé  tout  dernièrement  la  mort,  un 
successeur  quia  pris  le  nom  de  Pie  IX.  Cette  heureuse 
nouvelle,  qui  remplit  de  joie  tout  le  monde  chrétien,  doit 
nous  engager  à  bénir  et  à  remercier  le  Dieu  des  miséri- 
cordes, qui  a  daigné,  après  seize  jours  de  deuil,  consoler 
l'Eglise  de  la  perte  immense  qu'elle  venait  de  faire,  en 
lui  donnant  un  nouveau  Père  pour  en  prendre  soin  et 
essuyer  ses  larmes.  Cette  élection,  si  on  en  considère  les 
circonstances  avec  les  yeux  de  la  foi,  est  toute  providen- 
tielle, et  doit  être  par  là  même,  pour  l'univers  attentif  à 
ce  grand  événement,  comme  l'aurore  d'un  beau  jour,  et 
le  commencement  d'un  glorieux  pontiticat.  Ce  que  nous 
avons  pu  recueillir  des  qualités  de  notre  nouveau  Pontife, 
Pie  IX,  c'est  qu'il  est  ce  bon  Pasteur  qui  court  après  la 
brebis  égarée  ;  c'est  qu'il  ressemble  à  Jésus-Christ  dont  il 
est  devenu  le  Vicaire,  par  sa  charité  pour  les  plus  grands 
pécheurs.  Car  au  moment  où  il  est  monté  sur  la  Chaire 
de  St.  Pierre,  son   zèle  généreux  ouvrait  un   asile  à  de 


340  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pauvres  âmes,  victimes  infortunées  des  passions  humaines, 
pour  les  préserver  à  l'avenir  de  la  corruption  du  siècle- 
Il  accueillait  avec  une  bonté  touchante  d'humbles  Reli- 
gieuses du  Bon  Pasteur,  qu'il  avait  appelées  à  Imola,  sa 
ville  archiépiscopale,  pour  qu'elles  fussent  les  dépositaires 
de  sa  tendre  charité  pour  des  brebis  d'autant  plus  à 
plaindre,  qu'elles  sont  devenues,  par  leur  égarement,  le 
rébus  de  la  société. 

«  Pour  remercier  le  Seigneur  de  la  grâce  ineffable  qu'il 
a  accordée  à  son  Eglise,  en  lui  donnant  un  Pasteur  d'un 
zèle  si  ardent  et  si  compatissant.  Monseigneur  l'Evê- 
que  de  Montréal  nous  ordonne  de  chanter  aujourd'hui  le 
Te  Deum,  après  la  grand'messe,  avec  l'oraison  de  l'Action 
de  Grâces  et  celle  pour  le  Pape.  Car  il  est  juste  que  vous 
preniez  part  à  la  joie  de  toute  l'Eglise,  et  que  vous  joigniez 
vos  humbles  prières  à  celle  qu'elle  adresse  au  Souverain 
Pasteur,  pour  lui  demander  de  remplir  son  Vicaire  sur  la 
terre  de  son  Divin  Esprit,  afin  qu'il  puisse,  par  une  doc- 
trine salutaire  et  des  exemples  édifiants,  conduire  au  ciel 
le  troupeau  confié  à  ses  soins.  Nous  allons  cesser  de  dire 
à  l'Eglise  les  cinq  Pater  et  les  cinq  Ave  qui  avaient  été 
prescrits  par  Sa  Grandeur  ;  mais  vous  ne  manquerez  pas 
de  prier  tous  les  jours,  en  votre  particulier  et  dans  vos 
familles,  pour  le  Pape  que  le  Seigneur  vient  de  nous 
donner  dans  sa  miséricorde.  » 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

■]-  Ict.  Ev.  de  Montréal, 
Par  Monseigneur, 

J.  0.  Paré,  Chanoine^  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  341 

PROCES -VERBAL 

DE   LA    NEUVIÈME   ASSEMBLÉE    DE    LA    SOCIÉTÉ    ECCLÉSIASTIQUE 
DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Le  Vingt-sept  Août,  mil  huit  cent  quarante-six,  confor- 
mément à  Tavis  donné  par  Monseigneur  le  président,  dans 
sa  circulaire  du  5  août  dernier,  se  sont  réunis  dans  la 
salle  des  exercices  du  Collège  :  Monseigneur  Prince,  vice- 
président,  MM.  ViauetDemers,  vicaires-généraux,  Gagné, 
Porlier,  Plamondon,  J.  M.  Bellenger,  Lecours,  Neyron, 
Crevier,  Guyon,  Hughes,  Bédard,  Duranceau,  Sylvestre, 
Aubry,  Lefebvre,  Quevillon,  Dupuy,  Lamarre,  Jos.  Mar- 
coux,  Lafrance,  Théberge,  Rom.  Paré,  L.  Vinet,  Papineau, 
Th.  Durocher,  Marcotte,  Thibeaull,  Th.  Brassard,  Brouil- 
let,  Girouard,  Ed.  Crevier,  Trudel,  Caron,  P.  Brunet, 
J.  Crevier,  Pâquin,  J.J.  Vinet,  Charland,  Mercier  et  Blyth, 
membres  de  la  société. 

Monseigneur  le  vice-président  étant  au  fauteuil,  il  a  été 
résolu  : 

lo— Que  MM.  A.  Brais,  L.  M.  Archambault,  D.  J.  Bros- 
nan,  J.  Falvey,  P.  PouHn,  Et.  Chartier,  J.  M.  Limoges,  J. 
J.  Prince,  L.  L.  Pominville,  J.  J.  Leclaire,  Is.  Desnoyers  et 
Ch.  Champoux  seraient  de  ce  jour  membres  de  la  société. 

2° — Que  les  fonds  de  la  société  seraient  placés  dans  une 
banque. 

3° — Que  les  dits  fonds  seraient  placés  dans  la  Banque 
d'Epargnes  pour  la  Cité  et  le  District  de  Montréal. 

4o — Que  l'assemblée  soit  ajournée  au  deux  septembre 
prochain,  pour  examiner  si  le  paragraphe  premier  du  IVe 
Art.  des  Règles  a  été  rédigé  selon  l'intention  de  l'assem- 
blée de  l'année  précédente  ;  pour  examiner  les  comptes  de 
M.  le  Trésorier  et  les  octrois  de  secours  pécuniaires. 

Le  deux  septembre,  conformément  à  la  quatrième  réso 
lu  lion  de  la  séance  du  27  août,  les  membres  de  la  société 


342  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

s'étant  réunis  sous  la  présidence  de  Monseigneur  Prince, 
il  a  été  résolu  : 

1° — Qu'au  premier  paragraphe  du  Vie  Art.  des  Règles, 
on  ajouterait:  si  avant  le  mot  après;  et  après  le  mot 
secrétaire  :  il  ne  paye  tous  les  arrérages  avant  la  tenue  du 
plus  prochain  bureau  (avant  la  prochaine  assemblée). 

2o — Que  le  livret  imprimé  l'an  dernier,  y  compris  ce 
qui  est  mentionné  dans  la  résolution  précédente,  que  l'on 
y  ajoute  par  forme  d'explication,  qu'il  contient  les  Règles 
de  la  société. 

3» — Que  M.  J.  B.  Bélanger  est  admis  au  nombre  des 
membres  de  la  société. 

Les  comptes  ayant  été  examinés  ont  été  alloués  comme 
suit  : 

En  caisse  Tan  dernier. £187  16  2 

Recette  del'année 135  19  4^ 

Montant  de  la  recette £323  15  6^ 

Dépense  : — Impression  du  Procès- 
Verbal  - £  0  10  0 

Impression  des  Règles 5  16  3 

do         de  circulaires 0    26 

Pension  de  M.  Leclerc 50    0  0 

do          M.  Lagarde 30     0  0 

do          M.  Viau 40     0  0 

£196    8  9 


Balance  au  coffre £196    6  9i 

Voté  pour  l'année  courante  : 

A  M.  Viau £  40     0  U 

A  M.  Lagarde 40    0  0 

Fait  et  passé  les  jour  et  an  que  dessus. 

-|-  J.  C,  Ev.  DE  Martyropolis,  Vice-Prés. 
M.  Blanc HET,  Chan.  S.  S.  E.  D.  M. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DUCUMExNTS.  34:i 

Les  noms  suivants  ont  été  omis  dans  la  liste  des  mem- 
bres au  livret  des  règles  de  la  société  : 

MM.  J.  M.  Bellenger,  B]d.  Lecours,  L.  Turcot,  M.  Charron. 

Question  à  décider  à  la  prochaine  assemblée  : 

Convient-il  d'ajouter  au  premier  article  des  règles,  inti- 
tulé :  Ftn  de  la  société,  ces  mots  :  «  Ou  privés  de  leurs  fonc- 
tions^ et  qui  seront  pauvres,  pourvu  quUls  se  retirent  à 
rHospice  de  Saint  Joseph  ou  chez  un  confrère  approuvé.  » 


LETTRE  PASTORALE 

DE  MONSEIGNEUR    l'ÉVÉQUE    DE    MONTRÉAL    POUR    ENCOURAGER 

LES   FIDÈLES   DE    CETTE   VILLE  A   LA  FONDATION    d'uN 

NOUVEAU  COLLEGE. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  duSt- 
Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Aux  Fidèles  de  notre  Bien-aimée  Ville  Episcopale  :  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur. 

Un  des  motifs  qui  Nous  engagea, Nos  Très-Chers  Frères^ 
à  faire,  en  mil  huit  cent  quarante-un,  le  voyage  d'Europe, 
fut  de  préparer  les  voies  à  l'établissement  d'un  nouveau 
Collège  dont  l'effet  principal  serait  de  donner,  dans  cette 
ville,  aux  personnes  appelées  par  la  Divine  Providence  à 
vivre  dans  le  monde,  une  éducation  qui  serait  adaptée  au 
besoin  des  diverses  classes  de  la  société  ;  et  qui  serait  en 
même  temps  religieuse.  Nous  disons  une  éducation  pour 
les  personnes  du  monde,  car  Nous  n'avions  pas  à  pourvoir 
à  l'éducation  ecclésiastique,  puisque,  grâces  aux  immenses 
sacrifices  qu'ont  faits  de  tout  temps,  et  que  font  encore  tous 
les  jours  les  Pasteurs  de  cette  paroisse,  il  ne  restait  rien  à 
désirer  sous  ce  rapport. 

Ce  projet  Nous  a  constamment  suivi  pendant  et  depuis 
notre   voyage.     Car,   n'en   doutez   pas.   Nos    Très  Chers 


344  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Frères,  VOS  intérêts  spirituels  et  temporels  sont  toujouis 
présents  à  notre  cœur.  Oh  !  comment  pourrions-nous 
vous  oublier,  vous  qui,  en  toute  occasion,  Nous  avez  pro- 
digué tant  de  témoignages  du  plus  affectueux  dévouement  ? 
Votre  bonheur  dans  le  temps  et  dans  l'éternité  fait  donc 
l'objet  de  nos  vœux  les  plus  ardents. 

Or,  plus  Nous  y  réfléchissons  devant  Dieu  et  devant  son 
Auguste  Mère,  Patrone  de  ce  Diocèse,  plus  Nous  croyons 
que  Montréal  a  besoin  de  ce  nouvel  établissement.  Car 
cette  ville,  par  des  circonslancas  toutes  providentielles, 
semble  devoir  être  bientôt  une  des  plus  puissantes  Cités 
de  l'Amérique  du  Nord.  Mais,  Nous  vous  l'avouons.  Nos 
Très-Ghers  Frères,  dans  la  sincérité  de  notre  âme,  Nous 
n'envisageons  l'avenir  qu'avec  frayeur  ;  car  nous  voyons 
de  grands  maux  et  de  grands  besoins,  auxquels  il  faut 
nécessairement  préparer  de  loin  de  grands  secours.  Or^ 
Nous  pensons,  Nos  Très-Ghers  Frères,  que  ce  sera  par  ses 
charitables  institutions  plutôt  que  par  ses  somptueux 
édifices,  que  notre  ville  parviendra  à  la  prospérité  qui 
semble  lui  être  assurée,  que  c'est  dans  son  sein  qu'elle  doit 
trouver  tous  les  éléments  de  vie  et  de  régénération  qui 
lui  sont  absolument  nécessaires  ;  qu'il  manquerait,  sans 
doute,  quelque  chose  à  son  existence  morale,  s'il  lui  fallait 
aller  chercher  à  l'étranger  les  moyens  de  se  maintenir 
dans  sa  haute  position  ;  que  son  opulence  la  met  en  état 
d'ouvrir  à  toutes  les  misères  humaines  des  asiles  assurés, 
afin  que  les  cris  du  malheureux  ne  réclament  point  contre 
l'abus  de  ses  richesses,  mais  que  montant  plutôt  tous  les 
jours  j  usqu'au  Giehpour  offrir  au  Père  des  miséricordes  des 
œuvres  saintes  qui  se  succédant  sans  interruption,  puissent 
en  faire  descendre  des  bénédictions  toujours  nouvelles  et 
plus  abondantes. 

Mais,  ce  qui  fera  surtout  la  force  morale  de  cette  impor- 
tante Gité,  ce  sera  une  éducation  religieuse  et  développée 
sous  tous  ces  rapports,  selon  les  besoins  de  l'époque.  En 
effet,  ce  sera  l'éducation  dirigée  par  la  religion  qui  fera 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  345 

de  ses  citoyens  des  architectes  intelligents,  des  négociants 
habiles,  de  savants  légistes,  des  orateurs  distingués,  des 
publicistes  sages  et  expérimentés,  en  un  mot  des  hommes 
qui  soient  l'honneur  de  la  patrie,  en  même  temps  que  la 
gloire  de  la  religion. 

Il  y  a.  Nous  le  croyons.  Nos  Très-Ghers  Frères,  une 
riche  mine  à  exploiter  dans  les  enfants  du  sol,  et  leurs 
talents  naturels  doivent  être  pour  nous  tous  l'objet  d'une 
noble  et  belle  spéculation. 

Mais  ce  brillant  avenir  disparaîtra  comme  un  songe,  si 
nous  ne  nous  empressons  pas  de  nous  emparer  de  nos 
jeunes  concitoyens,pour  leur  donner  des  habitudes  d'ordre, 
et  leur  inspirer  une  nouvelle  ardeur  dans  la  carrière  des 
sciences,  si  utiles  à  la  société. 

Or  ça  été  pour  arriver  à  cette  fin  si  désirable  que  Nous 
avons  cru.  Nos  Très-Ghers  Frères,  devoir  appeler  à  notre 
secours  des  hommes  éminemment  pourvus  du  talent  de 
former  la  jeunesse  à  la  piété  et  aux  sciences  qui  convien- 
nent aux  gens  du  monde. 

Vous  les  recommander  sous  ce  rapport,  serait  chose 
inutile,  puisque  tous  les  catholiques  n'ont  qu'une  voix 
pour  proclamer  les  dons  excellents  qu'ils  ont  reçus  du  Giel 
pour  répandre  dans  le  monde  les  bienfaits  de  l'éducation^ 
En  obtenant,  pour  l'objet  que  Nous  avions  en  vue,  ces 
hommes  dont  la  capacité  est  si  généralement  appréciée, 
Nous  croyons  avoir  fait  ce  qu'il  y  avait  de  plus  important 
et  de  plus  nécessaire  pour  le  succès  de  cette  entreprise. 
Fort  de  ce  secours  vraiment  providentiel,  nous  faisons 
aujourd'hui  appel  à  vos  coeurs  dont  nous  connaissons 
déjà,  par  l'expérience  de  tous  les  jours,  les  généreux  sen- 
timents, afin  de  compléter  l'oeuvre,  en  procurant  à  ces 
habiles  Instituteurs  les  moyens  d'être  utiles  à  vos  familles 
et  à  votre  patrie. 

Avant  de  repartir  pour  la  Ville  Sainte,  Nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  vous  annoncer,  Nos  Très-Ghers 
Frères,  que  tout  est  prêt  pour  commencer  ce  grand  ouvrage 


346  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

et  mettre  la  main  à  cette  noble  entreprise  qui  ne  s'est  fait 
attendre,  ce  semble,  si  longtemps  que  pour  être  couronnée 
d'un  succès  plus  éclatant.  Déjà  un  magnifique  terrain 
est  acquis  pour  y  asseoir  un  édifice  qui,  Nous  n'en  dou- 
tons point,  répondra  à  la  splendeur  de  notre  ville.  C'est 
l'œuvre  d'un  cœur  noble  et  généreux.  Que  Dieu  le  lui 
rende  au  centuple  !" 

Déjà  plusieurs  riches  citoyens  sont  venus  de  l'avant  par 
de  généreuses  souscriptions.  Que  la  Divine  Providence 
les  récompense  aussi  de  leur  zèle  pour  une  œuvre  si  impor- 
tante. Déjà  il  y  a  pour  cet  établissement  une  sympathie 
générale  et  vivement  sentie.  Que  Dieu,  l'auteur  de  cet 
neureux  élan  en  soit  glorifié  ;  et  qu'il  daigne  achever  son 
ouvrage. 

Vous  allez.  Nos  Très-Chers  Frères,  le  couronner  cet 
ouvrage  commencé  sous  des  auspices  si  favorables,  en 
encourageant  la  souscription  qui  est  ouverte  à  cette  fin, 
et  que  l'on  vous  présentera.  Pour  vous  y  engager,  Nous 
aimerions  à  aller  vous  visiter  personnellement,  comme 
nous  le  fîmes  en  mil  huit  cent  quarante  un  e^  quarante 
deux,  pour  une  autre  œuvre  que  vous  accueillîtes  alors 
avec  tant  de  bienveillance.  Mais  not^-e  prochain  départ 
ne  Nous  permet  pas  de  suivre  en  cela  l'inclination  de 
notre  cœur.  Nous  en  faisons  donc  le  sacrifice  ;  car  c'en 
est  un,  n'en  doutez  point.  Nos  Très-Chers  Frères.  Mais 
vous  voudrez  recevoir  cette  Lettre,  comme  vous  nous 
recevriez  nousmôme.  Elle  vous  dira  qu'en  contribuant 
généreusement  à  cette  bonne  œuvre,  vous  aurez  part  à 
tout  le  bien  qui  se  fera  dans  ce  Nouveau  Collège.  Elle  vous 
dira  que  vous  procurerez  à  votre  ville  un  établissement 
précieux  dont  toutes  les  grandes  villes  sont  jalouses  ; 
témoins,  New-York,  Boston  etc.,  qui  vous  avoisinent, 
Elle  vous  dira  que  vous  fixerez  dans  votre  ville  des  hom- 
mes appartenant  à  une  compagnie  dont  plusieurs  membres 
arrosèrent  autrefois  cette  terre  de  leurs  sueurs  et  de  leur 
sang,  lorsqu'ils  y  vinrent  planter  la  foi.    Elle  vous  dira 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  347 

que  vous  seconderez  vos  vertueux  Pasteurs  qui  cherchent 
dans  ces  hommes  de  Dieu  des  collaborateurs  zélés,  pour 
leur  aider  à  porter  le  poids  du  terrible  ministère  qu'ils 
ont  à  exercer  pour  le  salut  de  vos  âmes.  Elle  vous  dira 
que  vous  comblerez  noire  cœur  de  joie,  parceque  nous 
n'avons  pas  de  plus  grand  bonheur  ici  bas  que  de  multi- 
plier au  milieu  de  vous  les  ouvriers  évangéliques,  afin  de 
pouvoir  mieux  assurer  votre  bonheur  éternel  tout  en 
pensant  à  vos  intérêts  temporels.  Elle  vous  dira  enfin 
que  vous  avez  dans  l'enceinte  de  ce  nouvel  établissement 
des  hommes  de  prière  à  qui  la  reconnaissance  imposera 
le  devoir  sacré  de  prier  tous  les  jours  pour  leurs  bienfai- 
teurs; des  directeurs  prudents  de  vos  couFciences,  des 
prédicateurs  pleuis  de  l'esprit  de  Dieu,  des  précepteurs 
habiles  et  savants  pour  vos  enfants  ;  et  pour  tout  vous 
dire  d'un  seul  mot  :  des  enfants  de  St.  Ignace  et  des  frères 
de  St.  François-Xavier. 

Voilà,  Nos  Très-Chers  Frères,  ce  que  Nous  avions  à  vous 
dire  avant  de  Nous  séparer  de  vous  pour  vous  recomman- 
der avec  instance,  une  œuvre  qui  est  d'ailleurs  toute 
entière  à  votre  plus  grand  avantage.  Nous  profitons  de 
cette  nouvelle  occasion  pour  remercier,  avec  toute  l'affec- 
tion de  notre  cœur,  tous  et  chacun  de  vous  des  sacrifices 
que  vous  vous  êtes  si  souvent  imposés,  pour  répondre  à 
tant  d'appels  que  Nous  avons  faits  à  vos  cœurs  sensibles 
et  généreux.  Nous  savons  bien  que  dans  plusieurs  cir- 
constances, Nous  étions  importun  ;  mais  Nous  savions 
aussi  que  nous  nous  adressions  à  des  enfants  prêts  à  faire 
l'impossible  pour  seconder  les  vœux  de  leur  Père.  C'est 
encore,  avec  la  même  confiance,  qu'avant  de  partir.  Nous 
confions  à  vos  soins  chaiitables  toutes  les  œuvres  de  piété 
et  de  charité  qui  ont  besoin  de  votre  protection,  et  Nous 
sommes  sous  ce  rapport  sans  aucune  inquiétude.  Gaudeo 
quod  in  omnibus  confido  in  vobin^  2  cor.  7,  16.  Bientôt 
nous  serons  aux  pieds  de  notre  nouveau  Pontife,  pour 
réjouir  son  cœur  paternel  en  lui  apprenant  ce  que  vous 


348  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

faites  ici  pour  la  gloire  de  la  Religion,  et  pour  implorer 
ses  lumières  et  ses  bénédictions.  Elles  seront  pour  vous 
comme  pour  nous,  car  tout  notre  désir  c'est  votre  perfec- 
tion. Hoc  et  oramus  vestram  comummationcm  2  cor  13,  9. 
Mais  nous  croyons  pouvoir  vous  dire,  avant  de  vous  quit- 
ter, et  dans  toute  la  sincérité  de  notre  âme  :  notre  bouche 
et  notre  cœur  se  dilatent  par  rofj'ection  que  nous  vous  portons 
à  tous.  Os  nostrum  patit  ad  vos...  Cor  nostrum  dilatatum 
est.  2  cor.  6,  11.  Que  le  dernier  de  nos  vœux  soit  de  vous 
souhaiter.  Nos  Très-Ghers  Frères,  ce  qu'il  y  a  de  plus 
désirable,  de  plus  excellent,  de  plus  avantageux  pour 
vous,  c'est-à-dire  la  grâce  de  Dieu.  Gratia  vobiscum.  Amen. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  la 
Messe  de  notre  Eglise  Cathédrale  et  à  celui  de  l'Eglise 
Paroissiale  ae  cette  ville,  ainsi  que  dans  les  autres  Eglises 
où  se  célèbre  l'office  Paroissial,  le  premier  Dimanche  après 
sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  jour  de 
la  fête  du  Très  Saint  et  Glorieux  Nom  de  Marie,  le 
treizième  jour  de  Septembre  de  Tannée  mil  huit  cent 
quarante-six,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre  seing 
de  notre  Secrétaire. 


•]-  Ig  Ev.  de  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  349 

CIRCULAIRE  ^■. 

AU    CLERGÉ    DES    DIOCÈSES    DE    QUÉBEC    ET    DE    ^MONTRÉAL    ET    A 

TOUTES    LES   PERSONNES    QUI    s'iNTÉRESSENT    A    LA 

GRANDE    OEUVRE    DES    MISSIONS. 


Evêché  de  Montréal,  le  28  Septembre  184G. 
Monsieur,* 

Promu  à  la  dignité  Episcopale,  contre  toute  attente,  et 
appelé  au  gouvernement  d'un  Diocèse,  ou  plutôt,  à  la 
fondation  d'un  Siège  E'piscopal  quoique  sans  ressource, 
j'ai  dû  me  confier  entièrement  à  la  Divine  Providence,  et 
attendre  d'elle  et  les  moyens  de  me  rendre  dans  mon 
Diocèse,  avec  quelques  missionnaires,  si  je  les  trouvais, 
et  les  secours  nécessaires  pour  y  asseoir  le  premier  établis- 
sement religieux. 

J'ai  eu  un  instant  l'espoir  que  les  Conseils  Centraux 
pour  l'œuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi,  à  Lyon  et  à 
Paris,  me  viendraient  en  aide,  d'après  la  demande  qui 
leur  en  avait  été  faite.  Mais  aujourd'hui  je  suis  informé 
officiellement  que  ces  deux  conseils,  après  s'être  réunis 
au  temps  ordinaire,  pour  la  répartition  des  aumônes  dans 
les  différentes  parties  du  monde,  ne  se  sont  pas  crus  auto- 
risés à  voter  aucune  somme  en  ma  faveur,  parce  que  mes 
bulles  n'étaient  pas  encore  expédiées. 

Comment  donc  acheter  les  objets  essentiels  aux  mission- 
naires et  aux  missions  ;  comment  payer  mon  passage  et 
celui  des  missionnaires  qui  voudraient  me  suivre  ?  Que 
faire  ?  Demeurer  tranquille  et  attendre  les  secours  qui 
pourraient  être  votés  dans  un  an,  on  peut  bien  le  croire; 
mais  en  élevant  ses  pensées  au-dessus  des  sentiments 
naturels,  ne  parait-il  pas  plus  à  propos  que  je  parle  au 
plus  tôt,  pour  prendre  possession  de  mon  Diocèse  ;  que  je 
sois  accompagné   d'un   petit  nombre   de  missionnaires, 

24 


350  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pour  i#opposer  aux  efforts  des  méthodistes  qui  y  sont 
établis  ;  que  je  profite  du  premier  bâtiment  qui  fera  voile 
vers  rOrégon,  au  moins  que  je  me  prépare  à  suivre  la 
caravane  américaine  qui  partira  de  Westpo)-t  ou  hidépen- 
dence  sur  le  Missouri,  vers  le  commencement  d'avril,  pour 
se  rendre  à  l'ouest  des  monts  rocheux  ?  Ce  dernier  plan  est 
sans  doute  préférable  au  premier. 

Mais  où  sont  les  ressources  ?  Qui  donnera  les  moyens 
de  l'exécuter?  Qui?  Le  Clergé  des  Diocèses  de  Montréal 
et  de  Québec,  Ce  sont  ces  deux  diocèses  qui  ont  donné 
à  rOrégon  ses  deux  missionnaires  ;  ils  ont  aussi  fourni 
les  trois  premiers  Evêques  ;  pendant  plusieurs  années, 
Québec  seul  pourvoyait  aux  besoins  de  la  mission.  La 
mission  de  l'Orégon  est  seule  une  mission  toute  Cana- 
dienne ;  elle  doit  donc  avoir  la  sympathie  des  Canadiens. 
Toujours  l'Eglise  du  Canada  pourra  se  réjouir  d'avoir  fondé 
l'Eglise  de  l'Orégon,  et  le  clergé  de  Québec  et  de  Montréal 
va  resserrer  les  liens  qui  unissent  déjà  si  étroitement  les 
deux  Eglises,  en  donnant  à  l'Evêque  de  Walla  Walla  des 
secours  sans  lesquels  il  ne  pourrait  se  rendre  à  son  poste. 
L'Eglise  de  l'Orégon  n'est  encore  qu'à  son  berceau  ;  mais 
elle  grandira;  et  elle  deviendra  d'autant  plus  florissante 
qu'elle  aura  une  plus  grande  part  à  vos  ferventes  prières 
et  à  vos  généreuses  aumônes  ;  et  j'aime  à  le  croire,  Québec 
et  Montréal  se  feront  un  bonheur  de  me  donner  une  part 
des  sommes  recueillies  parmi  les  Associés  de  la  Propaga- 
tion de  la  Foi. 

Vous  voudrez  bien  adresser  à  l'Evèché  de  Montréal  les 
dons  et  offrandes  que  vous  pourrez  recueillir  en  faveur 
de  mon  nouveau  Diocèse. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéisssant  serviteur, 

-|-  A.  M.  Ev.  DE  Walla  Walla. 
J.  0.  Paré,  Secrétaire  ad  fioc. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES    DOCUMENTS.  351 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


EvÊCHÉ  DE  Montréal, 
Ftit8  de  St.  Jean  l'Evansréliste,  1804. 


Monsieur 


En  vous  adressant  la  présente,  à  l'époque  du  renouvel- 
lement de  l'année,  je  vous  prie  d'abord  de  l'accepter 
comme  l'expression  du  respect  que  je  porte  au  Clergé  de 
ce  Diocèse  en  général,  et  la  recevoir  en  môme  temps, 
comme  le  témoignage  de  l'attachement  que  je  conserve 
pour  chacun  de  ses  membres  en  particulier.  Trouvez  bon 
ensuite  que  je  vous  expose  divers  besoins  et  arrangements 
qui  pourront  contribuer  à  l'avantage  de  la  Rehgion. 

Le  premier  besoin  que  je  dois  vous  faire  connaître  est 
celui  du  Diocèse  de  Walla  Walla,  Monseigneur  A.  M. 
Blanchet,  le  digne  Evèque  de  cette  nouvelle  Eglise,  n'a 
encore  reçu  aucune  assurance  de  secours  d'Europe  pour 
la  mission  qu'il  doit  aller  fonder  au  printemps  prochain, 
au  milieu  des  infidèles  de  l'Orégon.  Il  faut  donc,  qu'outre 
l'assistance  qu'il  a  pu  recevoir  de  la  part  du  clergé,  il  soit 
assisté  par  le  zèle  et  la  piété  des  fidèles  de  ce  pays,  et  en 
particulier  de  ce  Diocèse,  oîi  il  a  exercé  le  saint  Ministère 
pendant  de  longues  années.  En  conséquence,  vous 
engagerez,  s'il  vous  plaît,  vos  paroissiens  à  lui  venir  en 
aide,  soit  en  remettant  pour  cet  objet  le  produit  ou  une 
partie  du  produit  de  la  Quête  de  l'Enfant  Jésus,  soit  en 
faisant  quelques  collectes  spéciales  dans  l'Eglise,  à  certains 
jours  désignés.  Vous  ne  manquerez  pas  de  motifs  puis- 
sants pour  convaincre  vos  paroissiens  qu'ils  doivent  con- 
tribuer à  la  Propagation  de  la  Foi,  et  en  ce  moment 
surtout  qu'ils  doivent,  par  des  dons  généreux  et  par  le 
retranchement  des  dépenses  superflues,  travailler  à  faire 
aimer  le  Divin  Enfant  par  des  peuples  qui  n'ont  point  eu 


352  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

encore  le  bonheur  d'entendre  les  anges  du  Seigneur  (le& 
prêtres)  leur  annoncer  la  grande  nouvelle  qui  nous  réjouit 
en  ces  grandes  solennités.  Ayez  la  bonté  de  recueillir  les 
offrandes  qu'on  voudra  bien  vous  faire  pour  cette  impor- 
tante mission,  et  les  envoy9r  à  l'Evôché,  dans  le  cours  du 
mois  prochain. 

Une  autre  œuvre  sur  laquelle  je  me  permets  d'attirer 
votre  attention  personnelle,  c'est  la  tenue  des  Conférences 
Ecclésiastiques,  telles  que  fixées  dans  le  Règlement 
adopté  le  26  Septembre  1845,  et  mis  en  force  par  la  Cir- 
culaire de  Monseigneur  l'Evêque  de  Montréal,  placée  en 
tête  du  Projet  de  Règlement  pour  le  gouvernement  des  curés-, 
sous  la  date  du  8  Septembre  dernier.  Or,  d'après  cette 
Circulaire,  le  sujet  à  traiter,  à  la  Conférence  de  Janvier 
1847,  est  la  question  des  cas  réservés;  savoir  :  Quels  sont 
les  péchés  auxquels  il  serait  avantageux  d'attacher  une 
.réserve.  Messieurs  les  Archiprêtres  voudront  bien  faire 
faire  les  annonces  nécessaires  pour  que  ces  assemblées- 
ne  manquent  point. 

Je  renouvelle,  par  la  Présente,  en  vertu  d'un  Induit 
papal  du  31  Mai  1840,  qui  m'a  été  communiqué  par  Mon- 
seigneur de  Montréal,  la  permission  ci-devant  accordée  it 
Messieurs  les  Curés  et  autres  Prêtres  de  ce  Diocèse,  de 
bénir  et  d'indulgencier  les  chapelets,  les  croix  et  les 
médailles  pieuses,  aux  conditions  fixées  ci-devant  par  Sa 
Grandeur,  et  insérées  dans  ses  Lettres  Circulaires  du  •,> 
Septembre  et  du  21  Décembre  1840.  Puissions-nous,  par 
la  récitation  du  St.  Rosaire,  à  laquelle  vous  encouragerez 
les  fidèles,  en  bénissant  ces  objets,  et  par  les  dons  en 
faveur  des  Missionnaires,  en  sollicitant  des  secours  pour 
Monseigneur  Blanchet,  obtenir  la  conservation,  et  même 
l'augmentation  de  la  Foi  dans  ce  pays,  et  la  grâce  de 
déjouer  les  projets  insidieux  des  hérétiques  modernes  qui 
travaillent  si  ardemment  à  pervertir  le  peuple  confié  à 
nos  soins. 

Quoique  nous  n'ayons  point  reçu,  à  l'Evêché,  de  lettres 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  333 

-de  Monseigneur  de  Montréal,  par  les  deux  dernières 
malles  d'Europe,  nous  savons  néanmoins,  par  d'autres 
voies,  que  Sa  Grandeur  doit  être  maintenant  à  Rome,  et 
que  ce  sera  par  conséquent  de  la  ville  sainte  qu'il  priera 
■pour  nous  et  bénira  son  Diocèse,  au  premier  jour  de  l'an. 
Je  joins  bien  intimement  mes  vœux  et  mes  désirs  à  ceux 
de  notre  pieux  Evêque.  pour  que  le  ciel  protège  de  plus 
-en  plus  et  le  Clergé  et  les  Fidèles  du  Diocèse  de  Montréal- 
En  retour,  je  vous  demande  un  souvenir  dans  vos 
prières  et  saints  sacrifices. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 
7  J.  C.  Ev.  DE  Martyropolis, 

Administrateur. 
J.  0.  Paré,  Cho.noinf-Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ    DU    DIOCÈSE  DE    MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  19  Février  1847. 
Monsieur. 

L'état  de  famine  où  se  trouvent  plusieurs  parties  de 
l'Europe,  et  notamment  l'Irlande  et  l'Ecosse,  excite  en  ce 
moment  une  inquiétude  trop  vive  sur  le  sort  de  tant  de 
millions  d'hommes,  aujourd'hui  en  proie  aux  horreurs  de 
la  faim,  et  demain  peut-être  aux  dévastations  de  la  peste, 
pour  que  nous  demeurions  insensibles  spectateurs  de  leurs 
souffrances  et  de  leur  mort.  C'est  le  cœur  encore  tout 
désolé,  à  la  lecture  de  tant  d'infortunes,  que  je  sollicite 
ardemment  votre  charitable  concours  et  la  coopération  de 
tous  les  fidèles  de  ce  diocèse,  afin  de  venir  immédiate- 
ment en  aide  à  ces  frères  malheureux  que  la  main  du 
Seigneur  a  frappés,  et  qui  attendent  de  nous  une  petite 
part  au  moins  du  pain  qui  doit  les  faire  revivre. 


354  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Quand  même  il  n'y  aurait  pas  ici  le  devoir  de  co-sujet& 
du  même  Empire,  et  pour  plusieurs  les  liens  de  nationa- 
lité, il  y  aurait  toujours,  pour  tous,  les  droits  et  les  obli- 
gations de  l'humanité.  Mais  il  y  a  plus  encore,  puisque  la 
presque  totalité  de  ces  populations  souffrantes  se  compose 
de  chrétiens  catholiques  dont  la  foi  a  souvent  édifié  ce 
pays,  et  dont  la  générosité  est  connue  de  tout  le  monde. 

Il  faut  donc,  Monsieur,  que  votre  zèle  seconde  encore, 
dan^  nos  campagnes,  ce  que  la  charité  a  déjà  heureuse- 
ment commencé  au  sein  de  nos  villes  et  de  nos  villages. 
De  toutes  parts  on  s'organise  et  l'on  s'efforce  de  prouver, 
par  des  dons  généreux,  malgré  la  rigueur  et  la  difficulté 
des  temps,  que  ce  n'est  point  vainement  que  l'on  réclame 
tous  les  droits,  tous  les  privilèges  de  sujets  hritanniques, 
puisque  l'on  en  acquitte  les  devoirs  au  moment  du  besoin, 
et  que  personne  ne  recule  devant  une  détresse,  à  l'an- 
nonce d'une  calamité,  à  quelque  distance  qu'elle  soit. 

A  cette  fin,  vous  voudrez  bien  vous  entendre  avec  les 
personnes  les  plus  charitables  de  votre  paroisse,  et,  après 
avoir  communiqué  mes  désirs  à  votre  bon  peuple,  et  avoir 
excité,  dans  l'un  de  vos  prônes,  leurs  charitables  sympa- 
thies en  faveur  de  frères  qui  meurent  de  faim,  aviser  au 
moyen  de  réaliser  tout  de  suite,  en  provisions  ou  autre- 
ment, une  souscription  convenable  à  votre  population, 
pour  la  faire  remettre  à  l'évêche,  ou  au  Séminaire  de 
Montréal,  ou  au  comité  de  la  ville  chargé  de  cette  œuvre, 
ou  du  moins  entre  les  mains  du  vicaire-général  le  plus 
voisin  de  votre  localité,  de  manière  à  ce  que  le  montant 
puisse  nous  parvenir  vers  le  milieu  du  mois  prochain. 

Agréez,  Monsieur,  l'assurance  de  l'affectueuse  considé- 
ration avec  laquelle  je  suis  bien  sincèrement, 

-|-  J.  G.  Ev.  DE  Martyropolis, 

Administrateur, 
(Vraie  copie), 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secré:. 


GIHGUL AIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  355 

MANDEMENT 

DE  MONSEIGNEUR  l'aDMINISTRATEUR  ûU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL, 

ANNONÇANT  LE  JUBILÉ  UNIVERSEL  ACCORDÉ  PAR  N.  S.  P. 

LE  PAPE,  POUR  IMPLORER  LE  SECOURS  DIVIN. 

Jean  Charles  Prince^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce 
du  St.  Siège  Apostolique.,  Evêque  de  Martyropolis,  Coad- 
juteur.^  et  Administrateur  du  Diocèse  de  Montréal^  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses,  et  à 
tous  les  Fidèles  de  ce  IMocèse  :  Salut  et  Bénédiction  en  Notre 
Seigneur. 

L'événement  qui  répandait,  il  y  a  huit  mois,  la  joie  la 
plus  vive  dans  tous  les  cœurs  catholiques,  est  encore,  en 
ce  moment,  Nos  Très-Chers  Frères,  la  cause  d'une  nou 
velle  allégresse  ;  et  le  Pontife  qui,  à  cette  heureuse  époque, 
montait  providentiellement  sur  la  Chaire  de  St.  Pierre,  et 
y  recevait  les  clefs  de  tous  les  trésors  spirituels  de  l'Eglise, 
est  celui  qui  maintenant  en  fait  découler  sur  nous  les  plus 
abondantes  richesses.  Notre  Saint  Père  le  Pape  Pie  JX, 
qui  règne  par  la  sagesse  et  par  la  clémence,  et  qui,  dès  les 
premiers  jours  de  son  Pontificat,  s'est  mis  à  la  hauteur 
des  besoins  et  des  circonstances  présentes,  vient  d'accorder 
à  l'Univers  Catholique  une  de  ces  Indulgences  e.xtraordi- 
naires  qui  font  tressaillir  les  âmes  vraimenl  religieuses, 
en  même  temps  qu'elles  ramènent  et  convertissent  les  plus 
grands  pécheurs  ;  c'est  celle  du  Jubilé.  A  ce  mot  solennel, 
expression  de  la  plus  grande  des  grâces  satisfactoires  que 
dispense  aux  Fidèles  celui  là  seul  qui  a  reçu,  dans  la  pléni- 
tude, le  pouvoir  de  lier  et  de  délier.,  (St.  Mathieu,  c.  xvl,  19), 
tous  les  chrétiens  se  prosternent,  tous  les  chrétiens  prient, 
tous  font  pénitence  et  obtiennent  grâce  et  miséricorde; 
telle  er-t  l'efTicarité  de  la  prière  et  des  mérites  de  Jésus  qui 
a  dit  :  Je  mie  sanctifie  moi  même  pour  eux.  afin  quils  soient 
aussi  sanctifiés  dans  la  vérité.  (St.  Jean,  c.  xvii.  19.) 


356  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Quoiqu'un  Jubilé,  Nos  Très-Ghers  Frères,  soi'  toujours 
le  signal  d'une  grande  et  sainte  joie,  c'est  cependant  l'âme 
profondément  attristée  des  maux  de  l'univers,  et  le  cœur 
saisi  d'une  religieuse  indignation,  à  la  pt-,nsée  des  crimes 
dont  se  souillent  les  enfants  des  hommes,  que  le  Pasteur 
universel  anathématise  toutes  les  monstruosités  que 
l'erreur,  l'impiété  et  toutes  les  mauvaises  passions  cher- 
chent sans  cesse  à  introduire  dans  le  champ  de  l'Eglise; 
et  c'est  pour  y  résister  et  pour  les  combattre  plus  victo- 
rieusement qu'il  implore,  dans  une  prière  continuelle, 
l'assistance  du  Tout-Puissant.  Mais  ce  n'est  pas  seul  qu'il 
veut  prier,  ce  n'est  pas  seul  qu'il  veut  gémir  et  implorer 
la  divine  clémence  ;  c'est  entouré  de  tous  ses  enfants,  c'est 
avec  vous  tous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  comme  avec  les 
fils  bien-aimés  de  la  bonne  Ville  de  Rome,  que  Notre 
Saint  Père  le  Pape  veut  être  en  union  de  prières,  en  union 
de  supplications,  en  union  d'aumônes,  en  union  de  toutes 
sortes  de  bonnes  œuvres.  Voilà  ce  qu'il  nous  intime  dans 
sa  Lettre  Apostolique,  donnée  à  Rome,  sous  l'Anneau  du 
Pécheur,  le  vingt  Novembre  de  l'année  dernière,  qui 
était  la  première  de  son  Pontificat  ;  Lettre  vraiment 
paternelle  et  que  Nous  nous  hâtons  de  vous  transmettre, 
afin  qu'elle  soit  pour  vous,  la  source  des  plus  douces  et 
en  môme  temps  des  plus  salutaires  méditations. 

En  vous  annonçant,  en  ce  jour,  cette  consolante  faveur, 
Nos  Très-Ghers  Frères,  et  en  vous  exhortant  à  la  bien 
recevoir.  Nous  avons  aussi  la  satisfaction  de  vous  y  presser 
par  les  paroles  mêmes  du  premier  Pasteur  de  ce  Diocèse, 
de  qui  nous  recevions,  tout  dernièrement,  des  lettres 
pleines  de  tendresse  et  pour  vous  et  pour  nous.  «  Je  me 
llatte,  »  nous  écrit-il,  t  que  tous  s'acquitteront  avec  ferveur 
«  de  leur  devoir,  en  cette  circonstance.))  Puis  il  ajoute  : 
«  c'est  le  temps  p'us  que  jamais,  d'extirper  de  mon  Diocèse 
«  les  malheureux  désordres  de  l'ivrognerie,  des  blasphèmes. 
H  des  veillées  criminelles,  des  jeux  de  hazard;  et  d'afFer- 
«  mir,  en  retour,  les  quatre  Associations  salutaires  de  la 


GIHGULAIRES  ET  AUTRES    DOCUMENTS.  357 

-i  Tempérance,  de  la  Propagation  de  la  Foi,  de  la  Charité 
«et  de  l'Archiconfrérie  ;  ))  Associations  dont  il  a  été? 
comme  vous  le  savez,  Nos  Très-Chers  Frères,  le  fondateur 
et  le  zélé  propagateur.  Certes,  si  sa  parole  était  si  puis- 
sante alors,  ne  doit-elle  pas  l'être  en  quelque  sorte  davan- 
tage aujourd'hui  qu'il  vous  parle  du  fond  de  plus  religieux 
sanctuaire  qui  existe  dans  tout  le  monde  chrétien  ?  Et  si 
sa  prière  était  déjà  si  forte  pour  vous  obtenir  toutes  sortes 
de  grâces,  croyez-vous  qu'elle  sera  moins  efficace,  lorsque, 
prosterné  sur  le  tombeau  des  Saints  Apôtres  Pierre  et 
Paul,  il  les  conjurera  de  vous  être  propices  ?  Oh!  Nos 
Très-Chers  Frères,  que  cette  exhortation,  qu'il  vous  adresse 
de  si  loin,  doit  faire  de  profondes  impressions  sur  vos 
cœurs  !  et  comme  ce  doit-être  aussi  une  véritable  consola- 
tion pour  vous,  dans  la  privation  où  vous  êtes  de  votre 
premier  Pasteur,  de  savoir  qu'il  pense  à  vous,  qu'il  prie 
pour  vous  et  qu'il  vous  bénit,  ou  plutôt  qu'il  vous  fait 
bénir  par  le  successeur  de  St.  Pierre  ! 

Aussi,  c'est  à  l'invitation,  c'est  conformément  aux  désirs 
du  Très-Saint  Père  lui  même,  que  nous  travaillons  sans 
cesse  à  vous  ramener  dans  les  voies  du  salut. 

Entendez  la  donc  notre  voix,  ou  plutôt  entendez  celle 
de  l'Evêque  des  Evoques  ;  écoutez-la  cette  parole  Aposto- 
lique qui  vient  des  hauteurs  de  la  ville  éternelle  et  qui 
vous  crie  :  //  faut  que  vos  prières  soient  jointes  aux  Nôtres  ; 
il  faut  que  Nous  implorions  tous  ensemble^  et  avec  plus  d'ar- 
deur, le  secours  de  la  droite  du  Tout-Puissant. 

Oui,  Nos  Très-Chers  Frères,  embrassons  la  cette  invita- 
tion de  Notre  Père  commun,  embrassons  la  avec  amour 
et  reconnaissance.  Prions,  humilions-nous,  implorons  le 
secours  divin.  Hélas  !  nous  n'avons  que  trop  besoin  de 
fléchir  le  ciel  qui  doit  être  infiniment  irrité  de  tous  nos 
désordres  secrets,  de  toutes  nos  transgressions  journalières 
et  publiques.  N'est-ce  rien,  en  effet,  que  cette  audace 
sacrilège  qui  blasphème  et  lu  sainteté  de  nos  Mystères  et 
le  caractère  sacré  de  ceux  qui  les  dispensent?    N'est-ce 


358  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

rien,  que  cette  impiété  orgueilleuse  qui  se  montre  à  décou- 
vert, qui  séduit  la  jeunesse,  qui  corrompt  l'adolescence, 
qui  s'affermit  dans  la  virilité  et  qui  endurcit  la  vieillesse  ? 
N'est-ce  rien  encore,  que  ce  luxe  toujours  croissant,  qui 
de  nos  villes  s'en  va  envahissant  nos  campagnes,  même 
les  plus  reculées,  et  y  étale  la  plus  ridicule  opulence  au 
sein  même  de  l'indigence  la  plus  déplorable  ?  En  vérité, 
n'avons-nous  pas  lieu  de  craindre  que  les  fléaux  épouvan- 
tables, les  famines  et  les  pestes  qui  dévorent  déjà  des 
milliers  de  nos  frères,  ne  nous  arrivent  bientôt  à  nous- 
mêmes,  si  nous  ne  réformons  de  suite  nos  maisons,  nos 
habits,  nos  discours  et  nos  cœurs.  A  votre  cœur  donc,  6 
pécheurs^  à  votre  cœur,  vous  crient  tous  les  Prophètes,  à 
votre  cœur;  et  faites  pénitence.  (Is.  xlvi.  8.  Jérém.  xxiv.  7. 
Ezech.  xviii.  31.  Joël.  ii.  12.) 

En  conséquence,  Nos  Très-Chers  Frères,  travaillons 
courageusement  à  réparer  les  outrages  faits  à  la  gloire  de 
Dieu,  et  à  procurer  le  salut  de  nos  âmes  par  un  déploie- 
ment extraordinaire  de  charité  et  de  zèle,  afin  d'arriver 
tous  ensemble,  comme  par  un  seul  et  même  effort,  à  la 
destruction  entière  des  vices  et  au  l'ègne  des  vertus  par 
tout  ce  Diocèse  ;  bien  persuadés,  ainsi  que  St.  Cyprien 
l'écrivait  au  martyr  Nemésien  et  à  ses  compagnons,  que 
le  Seigneur  considère  du  haut  du  Ciel  ceux  gui  s'engagent, 
pour  son  nom,  dans  cette  lutte  sacrée;  gull  les  soutient  dans 
le  combat  et  les  couronne  après  la  victoire.  (Ep.  77.) 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  la  Cathédrale, 
Nous  avons  réglé  et  ordonné,  réglons  et  ordonnons  ce 
qui  suit  : 

1<>  Par  le  mandf^ment  que  Nous  vous  adressons  aujour- 
d'hui, Nous  publions  les  Lettres  Apostoliques  de  Notre 
Saint  Père  le  Pape  Pie  IX,  en  date  du  vingt  Novembre 
dernier,  dans  lesquelles  Sa  Sainteté  accorde  à  l'Univers 
Catholique  une  Indulgence  plénière  pu  forme  de  Jubilé, 
pour  implorer  le  secours  divin  ;  Nous  ordonnons,  en  con- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  359 

formité  à  la  volonté  du  Très-Saint  Père,  que  ces  Lettres 
Apostoliques  soient  lues  à  la  suite  du  présent  Mandement 
ou  le  Dimanche  suivant,  et  voulons  qu'elles  sortissent 
leur  plein  et  entier  effet  dans  toute  l'étendue  de  ce  Diocèse. 

2o  Ce  Jubilé  commencera,  dans  ce  Diocèse,  dès  le 
Dimanche  de  la  publication  des  Présentes  ;  et  en  vertu 
d'un  Induit  Papal,  daté  de  Rome  le  dix  Janvier  mil  huit 
cent  quarante-sept,  il  durera  trois  mois,  à  compter  du  jour 
où  se  fera  cette  publication  dans  chaque  localité.  Cepen- 
dant Nous  engageons  Messieurs  les  Curés,  Prêtres,  Des- 
servants ou  Missionnaires  à  choisir  trois  semaines,  dans 
les  trois  mois,  pour  en  faire  les  exercices  avec  plus  de 
solennité.  Nous  les  autorisons,  en  conséquence,  à  retarder 
la  publication  des  Présentes,  jusqu'à  l'époque  qui  leur 
paraîtra  la  plus  favorable  pour  faire  profiter  leurs  ouailles 
des  Grâces  du  Jubilé  ;  pourvu  toutefois  que  cette  publi- 
cation ne  soit  point  remise  au  delà  du  six  Juin  prochain- 

30  Le  Dimanche  où  l'on  publiera  le  présent  Mandement, 
l'on  chantera  immédiatement  après  lagrand'messe,  ou  au 
moins  l'on  récitera,  à  la  messe  principale  ou  conventuelle 
l'Hymne  Veni,  Creator,  avec  verset  et  oraison  pour  implo- 
rer les  grâces  du  St.  Esprit.  La  veille  des  trois  semaines 
choisies  pour  faire  les  exercices  solennels  du  Jubilé,  on 
sonnera  toutes  les  cloches,  pendant  une  heure,  avant 
V Angélus  du  soir;  et  le  jour  que  se  termineront  les  trois 
mois  du  Jubilé,  dans  chaque  localité,  on  chantera  le  Te 
Deum,  et  l'on  sonnera,  aussi  pendant  une  heure,  toutes  les 
cloches,  après  VAngelus  du  soir. 

40  Pour  gagner  l'Indulgence  accordée  par  le  St.  Père,  il 
faudra,  d'après  les  Lettres  Apostoliques  susmentionnées, 
outre  la  Confession  et  la  Communion  faites  avec  de  bonnes 
dispositions,  dans  l'intervalle  des  trios  mois,  jeûner  le  mer- 
credi, le  vendredi  et  le  samedi  d'une  même  semaine,  faire 
quelqu'aumône  aux  pauvres  selon  sa  dévotion,  visiter 
deux  fois,  dans  le  même  intervalle  des  trois  mois,  les 
Eglises  ou  l'une  des  EgUses  désignées  par  l'Evêque.  et  y 


360  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Xjrier  avec  dévotion  durant  quelqu'espace  de  temps.  En 
conséquence,  Nous  déterminons  pour  Eglises  à  visiter, 
toutes  les  Eglises  paroissiales  et  Chapelles  de  missions,  en 
faveur  de  tous  les  Fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  qui 
voudront  participer  aux  précieux  avantages  du  Jubilé. 
Dans  la  ville  Episcopale,  l'on  visitera  la  Cathédrale, 
l'Eglise  Paroissiale,  l'Eglise  de  J^onsecours,  celle  des 
Récollets  ou  l'une  d'elles.  Quant  aux  Religieuses  cloîtrées, 
leurs  novices  et  leurs  postulantes,  elles  auront  pour  Eglise 
de  Station,  l'oratoire  de  leur  monastère. 

5'^  Outre  les  privilèges  extraordinaires  accordés  par  les 
dites  Lettres  Apostoliques,  Nous  sommes  de  plus  autorisé 
à  vous  annoncer  que  chacun  pourra  gagner  l'Indulgence 
du  Jubilé,  en  faisant  sa  communion  pascale,  pourvu  qu'il 
remplisse  les  autres  conditions  ci-dessus  énoncées.  Enfin 
Nous  communiquons  à  tous  les  Prêtres  approuvés  de  ce 
Diocèse,  outre  les  facultés  exprimées  dans  les  Lettres 
Apostoliques,  celles  renfermées  dans  l'Induit  du  dix  Jan- 
vier et  annexé  aux  dites  Lettres. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  Prône  de  l'Eglise 
Cathédrale,  à  celui  de  toutes  les  Eglises  Paroissiales,  er. 
en  Chapitre,  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses, 
le  premier  Dimanche  après  sa  réception,  ou  celui  qui  com- 
mencera les  trois  mois,  au  choix  de  Messieurs  les  Curés, 
comme  il  est  réglé  plus  haut. 

Donné  à  Montréal,  Palais  Episcopal,  le  cinquième  jour 
du  mois  de  Mars,  de  l'année  mil-huit-cent-quarante-sept, 
sous  notre  seing,  le  sceau  du  Diocèse  de  Montréal,  et  le 
contre-seing  du  Secrétaire  du  dit  Diocèse. 

'[  J.  C.  Ev.  DE  Martyropous. 

Administrateur. 
Par  Monseigneur  l'Administrateur, 

J.  0.  Paré,  Chan.-Secr.  du  Diocèse. 

P.  S. — MM.  les  Curés  voudront  bien  engager  leurs  Pa- 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  361 

roissiens  à  faire  la  prière  du  soir  et  à  réciter  le  Chapelet 
en  famille,  pendant  les  trois  mois  du  Jubilé  ;  et  il  serait 
bon  de  leur  donner,  chaque  Dimanche,  au  Prône,  une 
intention  particulière  pour  la  semaine  suivante,  en  leur 
exposant  les  différents  besoins  de  la  Paroisse. 

f  J.  C.  Ev.  DE  M.,  A. 

(Vraie  copie.)  J.  ().  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


LETTRE  APOSTOLIQUE 

DE    X.  S.    P.    LE    PAPE    PIE    IX   INDIQUANT    UX    JUBILÉ    UNIVERSEL 
POUR  IMPLORER  LE  SECOURS  DIVIN. 


Pie  IX.  A  tous  les  fidèles  qui  verront  les  présentes  lettres, 
Salut  et  Bénédiction  Apostolique. 

Elevé  par  les  impénétrables  desseins  de  la  Providence, 
malgré  Notre  indignité,  au  faîte  du  Siège  Apostolique. 
Nous  connaissons  trop  bien  les  difTicultés  des  temps  et  des 
circonstances  présentes  pour  ne  pas  sentir  combien  Nous 
avons  profondément  besoin  du  secours  d'en  haut  pour 
préserver  le  troupeau  du  Seigneur  des  embtîches  cachées 
partout,  pour  relever  et  régler,  selon  le  devoir  de  Notre 
charge,  les  affaires  de  l'Eglise  Catholique.  Aussi,  jusqu'à 
ce  jour,  Nous  n'avons  cessé  d'adresser  des  prières  conli- 
nuelles  au  Père  des  Miséricordes,  afin  qu'il  daigne  fortifier 
de  sa  vertu  Nos  faibles  forces  et  éclairer  Notre  esprit  de 
la  lumière  et  de  sa  sagesse,  pour  que  le  Ministère  Apos- 
tolique qui  Nous  est  confié  tourne  à  l'avantage  et  à  la 
félicité  de  la  chrétienté  tout  entière,  et  qu'enfin  les  flots 
s'apaisant,  le  vaisseau  de  l'Eglise  se  repose  des  longues 
agitations  de  la  tempête.  Mais  comme  ce  qui  est  un  bien 
commun  doit  être  demandé  par  des  vœux  communs, 
Nous  avons  résolu  d'exciter  la  piété  de  tous  les  fidèles  de 
Jésus-Christ,  afin   que   leurs  prières   étant  jointes  aux 


362  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Nôtres,  Nous  implorions  avec  plus  d'ardeur  le  secours  de 
la  droite  du  Tout-Puissant.  Et  comme  il  est  certain  que 
les  prières  des  hommes  seront  plus  agréables  à  Dieu  s'ils 
viennent  à  lui  avec  des  cœurs  purs,  c'est-à-dire  avec  des 
consciences  libres  de  toute  souillure.  Nous  avons  résolu 
d'imiter  l'exemple  que  Nous  ont  donné  Nos  Prédécesseurs 
au  commencement  de  leur  Pontificat,  en  ouvrant  avec 
une  libéralité  apostolique  aux  fidèles  de  Jésus-Christ  les 
célestes  trésors  d'indulgences  dont  la  dispensation  Nous 
a  été  confiée,  afin  qu'excités  plus  vivement  à  la  vraie  piété 
et  lavés  des  taches  du  péchés  par  le  Sacrement  de  Péni 
tence,  ils  approchent  avec  plus  de  confiance  du  Trône  de 
Dieu,  obtiennent  sa  miséricorde  et  trouvent  grâce  auprès 
de  lui.  Pour  ces  motifs.  Nous  annonçons  à  l'univers 
catholique  une  indulgence  en  forme  de  Jubilé. 

C'est  pourquoi,  Nous  confiant  en  la  miséricorde  du 
Dieu  Tout  Puissant,  et  en  l'autorité  de  ses  bienheureux 
Apôtres  Pierre  et  Paul,  en  vertu  de  cette  puissance  de 
lier  et  de  délier  que  le  Seigneur  Nous  a  conférée,  quelque 
indigne  que  Nous  en  soyons,  Nous  donnons  et  accordons, 
par  la  teneur  des  présentes.  Indulgence  plénière  et  rémis- 
sion de  tous  leurs  péchés  à  tous  et  chacun  des  fidèles,  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe,  demeurant  dans  notre  bonne  Ville, 
lesquels,  depuis  le  deuxième  Dimanche  de  l'Avent,  c'est- 
à-dire,  depuis  le  six  Décembre  inclusivement,  jusqu'au 
vingt-septième  Jour  du  même  mois  aussi  inclusivement, 
jour  de  la  fête  de  Saint-Jean  Apôtre,  visiteront  deux  fois, 
pendant  ces  trois  semaines,  les  basiliques  de  Saint-Jean. 
de-Latran,  du  Prince  des  Apôtres^  et  de  Sainte-Marie- 
Maieure,  ou  bien  l'une  de  ces  Eglises,  y  prieront  avec 
dévotion  durant  quelque  espace  de  temps,  jeûneront  le 
mercredi,  le  vendredi  et  le  samedi  de  l'une  de  ces  trois 
semaines,  et  dans  le  même  intervalle  de  ces  trois  semaines, 
se  confesseront  et  recevront  avec  respect  le  Très-Saint 
Sacrement  de  l'Eucharistie,  et  feront  quelque  aumône 
aux  pauvres,  chacun  selon  sa  dévotion,  et  pour  tous  ceux 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  3G3 

qui,  demeurant  hors  de  Rome,  en  quelque  lieu  que  ce 
soit,  visiteront  deux  fois  les  Eglises  désignées,  au  reçu  de 
la  présente,  soit  par  les  Ordinaires,  soit  parleurs  Vicaires 
ou  OfBciaux,  soit  d'après  leur  ordre,  et  à  leur  défaut,  par 
ceux  qui  ont  la  conduite  des  âmes  dans  ces  mômes  lieux  ; 
qui,  ayant  visité  deux  fois  ces  Eglises,  ou  quelqu'une 
d'elles  dans  le  même  espace  de  trois  semaines  (lesquelles 
seront  déterminées  par  les  autorités  indiquées  ci-dessus), 
et  qui  accompliront  avec  dévotion  les  autres  œuvres  ci- 
dessus  énumérées  ;  Nous  leur  accordons  aussi  par  ces 
présentes  l'Indulgence  plénière  de  tous  leurs  péchés, 
comme  on  a  coutume  de  l'accorder  dans  l'année  du  Jubilé 
à  ceux  qui  visitent  certaines  Eglises  dedans  ou  dehors  la 
Ville  de  Rome. 

Nous  accordons  aussi  que  ceux  qui  sont  sur  mer  ou  en 
voyage,  aussitôt  qu'ils  seront  dans  les  lieux  de  leur?  domi- 
ciles, puissent  gagner  la  même  indulgence,  en  remplissant 
les  conditions  ci-dessus  marquées,  et  en  visitant  deux  fois 
l'Eglise  Cathédrale,  Principale  ou, Paroissiale  du  lieu  de 
leur  domicile.  Et  à  l'égard  des  réguliers  de  l'un  et  de 
l'autre  sexe,  de  ceux  même  qui  vivent  en  perpétuelle  clô- 
ture, et  de  tous  autres,  quels  qu'ils  puissent  être,  tant 
laïques  qu'ecclésiastiques,  séculiers  et  réguliers,  même 
ceux  qui  sont  en  prison,  et  détenus  par  quelque  infirmité 
corporelle  ou  autre  empêchement,  qui  ne  pourront  accom- 
plir les  œuvres  exprimées  ci-dessus,  ou  quelques-unes 
d'elles,  Nous  permettons  pareillement  qu'un  Confesseur 
du  nombre  de  ceux  qui  sont  déjà  approuvés  par  les  Ordi- 
naires des  lieux  puisse  lui  commuer  les  dites  œuvres  en 
d'autres  œuvres  de  piété,  ou  les  remettre  à  un  autre  tems 
peu  éloigné,  et  enjoindre  des  choses  que  les  pénitens 
pourront  accomplir.  Nous  autorisons  aussi  le  même 
Confesseur  à  dispenser  de  la  réception  de  l'Eucharistie 
les  enfants  qui  n'ont  point  encore  fait  leur  première  com, 
munion. 

Nous  donnons  de  plus  à  tous  et  à  chacun  des  Fidèles 


364  i\lANDP:MENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Séculiers  et  Réguliers,  de  quelqu'Ordre  et  Jnslitulioit 
qu'ils  soient,  la  permission  et  le  pouvoir  de  se  choisir  à 
cet  effet  pour  confesseur  tout  prêtre  tant  séculier  que 
régulier,  du  nombre  de  ceux  qui  sont  approuvés  par  les 
Ordinaires  des  lieux  (les  religieuses,  les  novices  et  les 
femmes  vivant  dans  le  cloître,  pourront  user  de  cette 
permission,  pourvu  que  le  confesseur  soit  approuvé  pro 
Moniallbus)^  lequel  pourra  les  absoudre  et  délier  dans  le 
for  de  leur  conscience,  et,  pour  cette  fois  seulement, 
d'excommunication,  suspense,  condamnations  ecclésiasti- 
ques et  censures,  soit  à  jure,  soit  ab  homliie,  prononcées  et 
portées  pour  quelques  causes  que  ce  soit,  (hormis  celles 
qui  sont  exceptées  plus  haut),  et  aussi  de  tous  péchés, 
excès,  crimes  et  délits  quelques  graves  et  énormes  qu'ils 
puissent  être,  même  réservés  en  quelque  manière  que  ce 
soit  aux  Ordinaires  des  lieux,  où  à  Nous  et  au  Siège 
Apostoliques,  et  dont  l'absolution  ne  serait  pas  censée 
accordée  par  toute  autre  concession,  quelque  étendue 
qu'elle  fût;  lequel  confesseur  pourra,  en  outre,  commuer 
tontes  sortes  de  vœux,  même  faits  avec  serment  et  réservés 
au  Siège  Apostolique  (excepté  les  vœux  de  chasteté,  de 
religion,  et  ceux  par  lesquels  on  contracte  une  obligation 
envers  un  tiers,  lesquels  auraient  été  acceptés  par  lui,  ou 
dont  l'omission  lui  porterait  préjudice;  ainsi  que  les  voeux 
dits  préservatifs  du  péché,  à  moins  que  la  commutation 
de  ces  vœux  ne  soit  jugée  aussi  utile  que  la  première 
matière  pour  réprimer  l'habitude  du  péché),  en  d'autres 
œuvres  pies  et  salutaires,  en  imposant  néanmois  à  tous  et 
à  chacun  d'eux,  dans  tous  les  cas  susdits,  une  pénitence 
salutaire,  et  autre  chose  que  le  confesseur  jugera  à  propos 
de  leur  enjoindre. 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMExNTS.  3G5 

Nous  donnons  en  outre  la  faculté  de  dispenser  d'irré- 
gularité contractée  par  violation  des  censures,  en  tant 
qu'elle  ne  pourrait  être  déférée  facilemeni.  Nous  n'enten- 
dons pas  néanmoins,  par  ces  présentes,  dispenser  d'aucune 
irrégularité  publique  ou  occulte,  défaut,  note  d'infamie, 
incapacité  ou  inhabileté,  de  quelque  manière  qu'elle  ait 
été  contractée,  ni  donner  aucun  pouvoir  de  dispenser  sur 
ces  objets,  ou  de  réhabiliter  et  de  remettre  dans  le  premier 
état,  môme  au  for  de  la  conscience,  ni  que  les  présentes 
doivent  déroger  à  la  constitution  et  aux  déclarations  de 
Notre  prédécesseur  Benoit  XIV,  d'heureuse   mémoire, 
relativement  au  Sacrement  de  Pénitence,  ni  aussi  que  les 
présentes  puissent  ou  doivent  servir  en  aucune  manière 
à  ceux  qui  auraient  été  nommément  excommuniés,  sus- 
pens ou  interdits  par  Nous  ou  par  le  Siège  Apostolique,  ou 
par  quelqu'aulre   prélat  ou  juge  ecclésiastique,   ou  qui 
auraient  été  autrement  déclarés  ou  dénoncés  publique- 
ment comme  ayant  encouru  des  censures  et  antres  peines 
portées  par  des  sentences,  à  moins  que,  dans  l'espace  des 
dites  trois  semaines,  ils  n'aient  satisfait,  ou  ne  se  soient 
accordés  avec  les  parties  intéressées.  Que  si  dans  le  dit 
terme  ils  n'ont  pu  satisfaire  au   jugement  du  confesseur, 
Nous  accordons  au'ils  puissent  être  absous  dans  le  for  de 
la   conscience,  à  l'effet  seulement  de  gagner  les  indul- 
gences du  Jubilé,  avec  l'obligation  de  satisfaire  aussitôt 
qu'ils  pourront. 

C'est  pour(]uoi  Nous  mandons  et  ordonnons  expressé- 
ment par  ces  présentes,  eu  vertu  de  la  sainte  obéissance, 
à  tous  et  à  cha3nu  des  Ordinaires  des  lieux,  quelque  part 
qu'ils  soient,  et  à  leurs  vicaires  et  ofTiciaux,  ou,  à  leur 
défaut,  à  ceux  qui  ont  la  conduite  des  âmes,  que,  lors- 
qu'ils auront  reçu  copies  des  présentes,  même  imprimées, 
ils  les  publient  ou  les  fassent  publier  aussitôt  que,  devant 
Dieu,  ils  le  jugeront  convenable,  eu  égards  aux  temps  et 
aux  lieux,  dans  leurs  églises,  diocèses,  provinces,  villes, 
bourgs,  territoires  et  lieux,  qu'ils  désignent  aux  peuples 
convenablement  préparés,  autant  que  faire  se  pourra,  par 

25 


366  xMANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

la  prédication  de  la  Parole  de  Dieu,  les  églises  à  visiter  et 
le  temps  pour  le  présent  Jubilé. 

Ces  présentes  pourront  avoir  et  auront  leur  effet,  nonobs- 
tant toutes  constitutions  et  Ordonnances  Apostoliques,  et 
particulièrement  celles  par  lesquelles  la  faculté  d'absoudre 
en  certains  cas  y  exprimés,  est  tellement  réservée  au 
Pontife  Romain,  occupant  pour  lors  le  Saint  Siège,  que, 
semblables  ou  différentes  concessions  d'indulgences  et  de 
facultés  de  cette  sorte  ne  peut  être  d'aucun  effet  à  qui  que 
ce  soit,  s'il  n'en  est  fait  mention  expresse,  ou  s'il  n'y  est 
spécialement  dérogé  ;  comme  aussi,  nonobstant  la  règle 
de  ne  point  accorder  l'indulgence  ad  instar,  et  nonobstant 
tous  saints  et  coutumes  de  tous  ordres,  congrégations  et 
instituts  réguliers,  même  confirmés  par  serment  et  autorité 
apostolique,  et  de  quelque  autre  manière  qu'ils  aient  pu 
l'être  ;  nonobstant  enfin  tous  privilèges,  induits  et  Lettres 
Apostoliques  accordées  en  quelque  forme  que  ce  puisse 
être  à  ces  mêmes  ordres,  congrégations  et  instituts,  et  aux 
personnes  qui  les  composent,  même  approuvés  et  renou- 
velés :  auxquelles  choses,  et  à  chacune  d'icelles,  comme 
aussi  à  toutes  autres  contraires.  Nous  dérogeons  pour 
celte  fois,  spécialement,  nommément  et  expressément,  à 
l'effet  des  présentes  ;  encore  que  d'icelles  et  de  toute  leur 
teneur  il  fallût  faire  mention  ou  autre  expression  spéciale, 
spécifique  et  individue,  et  non  par  des  clauses  générales 
équivalentes,  ou  qu'il  fût  besoin  d'observer  pour  ce  quel- 
que autre  formalité  particulière,  réputant  leur  teneur 
pour  suffisamment  exprimée  dans  ces  présentes,  et  toute 
la  forme  prescrite  en  ce  cas  pour  dûment  observée.  Et 
afin  que  les  présentes,  qui  ne  peuvent  être  portées  partout, 
puissent  plus  facilement  venir  à  la  connaissance  de  tous 
les  fidèles,  Nous  voulons  qu'en  tous  lieux  foi  soit  ajoutée 
aux  copies  des  présentes,  même  imprimées,  signées  de  la 
main  d'un  notaire  public,  et  scellées  du  sceau  de  quelque 
personne  constituée  en  dignité  ecclésiastique,  telle  qu'on 
l'ajouterait  aux  présentes,  si  elles  étaient  exhibées  et  repré- 
sentées en  original. 


CmCULAIUES  ET  AUTRES    DOCUMENTS.  307 

Donné  à  Rome,  près  Sainte-Marie-Majeure,  sous  i'an. 
neau  du  pêcheur,  le  vingt  novembre  mil  huit  cent  qua- 
rante-six, la  première  année  de  Notre  pontificat. 

Place  (le  f  l'Anneau  du  Péclieur. 

■  (Signé),  A.   Gard.  Lambruschini. 

J.  0.  Paré,  Chan.  Sccrrlaire. 


\ 


EX  AUDIENTIA  SANGTISSIMT. 

Die  10  Januarii,  anno  1847. 

Cuni  Sanctissimus  Dnus  Nostcr  Plus  divina  providenfia 
Papa  IX,   pro   singulari   sua  benignilate,  ac  sapientia, 
regionum  omnium  quœ  S.  Consilii  Christiano  Nomini 
Propagando   auctoritati   subsunt,    adjuncta    considerans, 
intellexerit  difficile  futurum  esse  ut  catholici  in  iisdem 
commorantes  indulgenliam  plenariam  in  forma  jabilœi, 
literis  apostolicis  die  20  mensis  Novembris  anno   1846, 
toti  orbi  catholico  a  se  concessam  lucrentur,  si  tribus 
dnmtaxat  hebdomadis,  prout  iisdem  literis  statutum  est, 
jubilœi  lucrandi  facultas  in   illis  regionibus  perduraret, 
referente  me  subscripto  S.  Goncilii  Secretario,  hcTc  quœ 
sequuntur  decernere  dignatus  est.     Videlicet,  primo  ut 
in  iis  locis  tempus  jubilœi  indulgentiœ  consequendœ  ad 
très  menses  ab  indulti  Apostolici  promulgalione  incipien- 
dos  protrahatur,  vel   ubi   necesse   fuerit,  illud  perdure t 
quoad  Fidèles  copism  habuerint  sacerdotis,  seu  Missionarii, 
qui  eis  pœnitentiœ,  et  Eucharistiœ  sacramenta  adminis- 
trent.   Secundo,  ut  in  locis,  in  quibus  templa  seu  sacra 
loca  non  habeantur,   vel  in  quibus  ad   ea  difficilis  sit 
accessus,  visitationes  injunctœ    in  aliud  pium    opus  a 
Superioribus  Ecclesiasticis,  aut    a  Missionariis   possint 
immutari.    Tertio,  ut  rationabili   de  causa,  reliqua  pia 
opéra  in  memoratis  literis  apostolicis  injuncta,  in  sacra- 


368  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

rum  precum  recitationem,  vel  in  aliam  religiosam  exerci- 
tationem  iidem  Superiores,  aut  Missionarii  valeant  com- 
mutare.  Firmo  tamen  rémanente  pro  pueris,  qui  nondum 
adsacramcommunionemadmissisunt,  onere  confessionis 
sacramentalis  peragendse,  ad  pro  aiultis  onere  confes- 
sionis, atque  Eucharisticce  communionis. 

Datum  Romœ  ex  /Edibus  Sacrœ  Gongregationis  de  Pro- 
paganda  Fide  die  et  anno  quibus  supra. 

L.  f  S. 

{Signatus)  Joanxes  Brunelli, 

Archiepiscopus  Thessalonicensis  Sacrae 
Congregationis  de  Propaganda 
Fide  Sccretarius. 

[Pro  Apographo.]  J.  0.  Paré,  Canonicus  Sccretarius. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    M0:*TRÉAL. 


Evôclié  de  Montréal,  7  Juin  1846. 

Monsieur^ 

Avant  comme  pendant  mon  voyage,  j'ai  humblement 
supplié  le  Seigneur  de  me  faire  la  grâce  de  vous  revoir 
tous.  En  rentrant  dans  ce  Diocèse  le  27  Mai  dernier,  j'ai 
eu  la  consolation  d'apprendre  que  mes  vœux  avaient  été 
exaucés.  J'en  ai  béni  le  Seigneur  comme  d'une  faveur 
insigne  qu'il  avait  daigné  ajouter  à  tant  d'autres  dont  il 
m'avait  favorisé  pendant  ce  voyage.  J'ai  pu  lui  dire  pour 
lui  en  témoigner  ma  reconnaissance  :  Quos  dedisti  mihi, 
non  perdidi  ex  eis  quemquam.  J'ai  eu  en  même  temps  le 
bonheur  d'apprendre  les  travaux  et  les  succès  de  votre 
zèle,  pendant  cette  année  de  grâce.  Aussi  mon  premier 
acte,  en  reprenant  l'administration  du  Diocèse,  est-il  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  3G9 

VOUS  offrir  le  repos  de  la  Retraite  annuelle  dont  vous 
sentez  si  vivement  le  besoin.  Vous  avez  beaucoup  tra- 
vaillé et  vous  succombez  sous  le  poids  de  la  chaleur  et  du 
jour.  Venite  seorsum  in  desertum  locum^  et  requlescite  pu- 
sillum. 

D'ailleurs,  pendant  que  j'ai  été  séparé  de  vous,  il  m'a 
été  permis  de  puiser  dans  le  sein  du  premier  des  Pasteurs, 
des  lumières  spéciales  qui  m'ont  fait  comprendre  et  sentir 
mieux  que  jamais  les  devoirs  de  la  charge  pastorale  que 
nous  avons  tous  à  remplir.  Pour  y  correspondre,  au  moins 
dans  la  préparation  de  mon  cœur,  j'ai  dû  dire  souvent 
avec  l'Apôtre  sur  le  tombeau  duquel  j'ai  si  souvent  prié 
pour  vous  et  pour  moi  :  Cxtera  autem  cum  venero  dispo- 
nam.  Le  te.iips  est  arrivé  où  je  doit  mettre  à  exécution 
la  résolution  si  souvent  renouvelée  :  Desidero  enim  videre 
vos  ut  oUquid  impertiar  vohis  gratiœ  spirituaUs  ad  confir- 
mandos  vos^  id  es'.,  consolari  in  vohis. 

La  Retraite  Pastorale  se  fera  cette  année  au  lieu  ordi- 
naire. Elle  commencera  le  30  Août  à  8  heures  du  soir  et 
se  terminera  le  8  Septembre  au  matin.  Le  jour  de  l'Ouver- 
ture, aura  lieu  au  Petit  Séminaire,  à  5  heures  après-midi, 
l'Assemblée  de  la  Caisse  Ecclésiastique  de  St.  Jacques, 
dans  laquelle  on  réglera  toutes  les  affaires  qui  la  concer- 
nent, pour  n'avoir  point  à  y  revenir  dans  le  cours  de  la 

Retraite.    M desservira  les  paroisses  de avec  les 

pouvoirs  de  desservants  et  la  faculté  de  biner  le  Dimanche, 
Je  dispense  de  la  publication  d'un  ban  de  mariage  ceux 
qui  devraient  se  marier  la  semaine  de  la  Retraite,  afin 
que  les  Desservants  soient  plus  libres.  Vous  ferez  le 
Dimanche  qui  précédera  la  Retraite  l'annonce  dont  je 
vous  envoyai  la  formule  en  1840,  afin  que  tout  le  Diocèse 
soit  en  prière  pendant  que  tout  le  clergé  sera  en  retraite, 

Vous  continuerez  les  prières  prescrites  pour  mon  voyage, 
parce  que  j'en  ai  besoin  pour  le  succès  de  plusieurs  affaires 
importantes  que  mon  départ  un  peu  précipité  ne  m'a  pas 
permis  de  terminer,  avant  de  quitter  la  Ville-Sainte 

Je  vais  prendre  au  plutôt  connaissance  des  rapports  des 


370  MANDEMBNTsf.  LETTRES  PASTORALES, 

Conférences  Ecclésiastiquess  tenues  en  Janvier  dernier, 
et  je  vous  en  ferai  connaître  le  résultat.  Je  vous  dirai  ici 
qu'en  visitant  un  des  Evoques  qui  est  par  ses  vertus  et  sa 
science  la  gloire  de  l'Eglise  de  France,  j'ai  été  heureux 
d'apprendre  qu'il  avait  recouru  au  môme  moyen  que  Nous 
pour  faire  une  nouvelle  édition  de  la  liste  des  cas  réservés 
dans  son  diocèse.  D'ailleurs  nous  avions  ici  l'exemple  de 
Monseigneur  de  Pontbriand,  de  sainte  et  heureuse  mé- 
moire. Veuillez  bien  vous  occuper,  dans  la  Conférence 
de  Juillet,  des  moyens  à  prendre  pour  adopter  un  tarif 
uniforme  aussi  rapproché  que  possible  de  l'usage  commun 
dans  la  perception  des  droits  casuels. 

Je  suis  avec  la  plus  intime  cordialité, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-affectionné  serviteur, 

7  Ig.  Evéque  de  Montréal. 
(\'raic  Copie.) 

L.  Z.  Moreau  Pire,  sous-secrétaire. 


LETTRE  PASTORALE 

DE    MONSEIGNEUR     L'ÉVÉQUE     DE     MONTRÉAL.      POUR     PUBLIER 

l'encyclique  de   N.  s.   p.  LE  PAPE,  PIE  IX,  EN  FAVEUR 

DE  LA  MALHEUREUSE  IRLANDE. 

Ignace  Bourgct.,  par  la  Miséricorde  de   Dieu  el  la  grâce  dii, 
Saint  Siège  Apostolique.^  Evéque  du  Montréal.,  etc. 

Au  clergé  Séculier  el  Réculier,  aux  Communautés  Religieuses  et  aux 
Fidèles  de  noire  Diocèse  :  Salul  et  Béncdiclion  en  Noire  Seigneur. 

Nous  nous  empressons,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  vous 
faire  part  d'une  I^ettre  que  Nous  venons  de  recevoir  de 
Notre  Saint  Père  le  Pape.  Vous  y  ''errez  qu'à  l'époque  du 
vingt-cinq  Mars   dernier,  l'état  de  l'Irlande  était  encore 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  371 

des  plus  affligeants  ;  et  vous  apprendrez,  de  la  bouche 
même  de  ce  Pontife  si  vénéré,  à  compatir  aux  maux  de 
cette  nation  infortunée.  Voilà  la  teneur  de  cette  Lettre  ; 
écoutez-en  la  lecture  avec  une  foi  vive  et  un  profond  res- 
pect: car  c'est  le  Vicaire  de  Jésus-Christ,  c'est  le  Père  de 
i'Eglise  que  vous  allez  eu  tendre  vous  raconter,  avec  tout 
l'accent  de  sa  douleur  paternelle,  les  horribles  souffrances 
d'une  partie  de  ses  enfants,  les  enfants  de  l'Irlande. 

LETTRE  ENCYCLIQUE 

DE  N.  s.  P.  LE  PAPE  PAR  LA   PROVIDEN'GE  DIVINE  PIE  IX. 

A  tous  les  Patriarches,  Primats,  Archevèr|ues  et  Evêques,  pour  implo_ 
rer  en  faveur  du  royaume  d'Irlande,  le  secours  de  Dieu. 

Vénérables  Frères,  Salut  et  Bénédiction  Apostolique 

L'active  vigilance  et  le  zèle  assidu  que  les  Pontifes 
Romains,  Nos  Prédécesseurs,  ont  toujours  montrés  pour 
soulager,  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir,  les  nations 
chrétiennes,  vous  sont  certainement  connus.  Vénérables 
Frères,  qui  avez  étudié  et  parcouru  l'histoire  de  l'Eglise 
Vous  n'ignorez  pas  que  cette  salutaire  et  admirable  solli- 
citude n'a  pas  embrassé  seulement  les  besoins  spirituels 
du  peuple  chrétien,  mais  qu'elle  s'est  encore  étendue  à 
toutes  les  calamités  pubhques  dont  une  nation  chrétienne 
a  pu  jamais  être  frappée.  Les  monuments  de  l'antiquité  (li, 
comme  ceux  des  siècles  plus  récents,  l'histoire  de  notre 
époque  et  celle  de  nos  pères  en  font  également  foi.  A  qui 

(l)  Dans  Eusèbe,  llisl.  EccL,  liv.  iv.  ch.  23  :  Lettre  de  Denys,  évêque 
de  Co  inthe,  au  pape  Solère,  dans  laquelle  il  est  dit  que  dès  le  berceau 
de  la  foi,  V Eglise  romaine  avait  coutume  d'envoyer  aux  chrétiens  les 
secow^s  nécessaires  à  la  vie  ;  et  que  cet  usage  était  cent iuué  par  le  saint 
jjonlife  Solère.  Dans  le  même  Eusèbe,  Hist.  EccL,  liv-.  vu.  ch.  5,  le 
passage  oîi  est  rappelée  la  lettre  de  Denys.  évoque  d'Alexandrie,  au 
pape  saint  Etienne  1er,  qui  avait  envogé  à  la  province  de  Syrie,  com- 
prenant l'Arabie,  les  subsistances  dont  elle  avait  besoin.  Il  existe  égale- 
ment une  lettre  de  saint  Basile  au  pape  saint  Damase,  dans  laquelle  il 
■est  fait  mention  des  subsides  envoyés  par  le  pape  saint  Denys  à  l'Eglise 
de  Césarée. 


372  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pouvait-il,  en  effet,  et  devait-il  convenir  davantage  de  se 
préocG»p&i'  de  cette  sollicitude  paternalle  pour  le  soulage- 
ment de  tous  les  chrétiens,  que  ceux-là  mêmes  en  qui  la 
foi  catholique  nous  apprend  à  reconnaître  les  Pères  et  les 
Docteurs  de  tous  les  chrétiens  (1).  Vers  qui  les  nations 
malheureuses  pouvaient-elles  plus  naturellement  chercher 
du  secours  qu'auprès  de  ceux  qui,  établis  sur  le  faîte  de 
l'Eglise,  ont  prouvé  dans  tous  les  siècles,  et  par  des  faits 
éclatants,  combien  ils  étaient  pressés  par  la  charité  du 
Christ  ? 

Excité  par  ce  glorieux  exemple  de  Nos  Prédécesseurs, 
en  môme  temps  que  par  l'impulsion  de  Nos  propres  sen- 
timents, dès  que  Nous  avons  appris  que  le  royaume  d'Ir- 
lande souffrait  d'une  excessive  disette  de  grains  et  de  la 
cherté  de  toutes  les  autres  subsistances  alimentaires,  et 
que  cette  malheureuse  nation  était  en  proie  à  l'horrible 
assemblage  de  toutes  les  maladies  qu'engendre  la  famine^ 
Nous  avons  aussitôt  employé  tous  les  moyens  qui  étaient 
en  Notre  pouvoir,  pour  secourir  d'aussi  grandes  infor- 
tunes. Nous  avons,  prescrit  à  cet  effet  que  dans  Notre 
Capitale  des  prières  publiques  fussent  adressées  à  Dieu, 
et  Nous  avons  exhorté  le  Clergé,  le  peuple  Romain  et 
tous  ceux  qui  se  trouvent  à  Rome,  à  porter  secours  à 
l'Irlande.  Ainsi  Nous  sommes  parvenu,  partie  avec  l'ar- 
gent que  Nous  avons  si  volontiers  donné  Nous-mème,. 
partie  avec  celui  que  I3  malheur  des  temps  a  permis  de 
recueillir  dans  Rome,  à  réunir  une  somme  que  Nous 
avons  envoyée  à  Nos  Vénérables  P>ères  les  Archevêques 
d'Irlande,  pour  être  distribuée,  par  leurs  soins,  selon  les 
besoins  des  localités  et  l'indigence  de  leurs  malheureux 
concitoyens. 

Cependant,  telles  sont  les  lettres  que  jusqu'ici  Nous^ 
recevons  de  l'Irlande  ;  les  nouvelles  qui  Nous  arrivent 
chaque  jour  au  sujet  des  calamités  qui  désolent  cette  île, 
et  qui  s'aggravent  de  plus  en  plus,  sont  telles,  que  Notre- 
cœur  en  est  oppressé  d'une   douleur  inexprimable,  et 

(I)  Conc.  de  Flor.  défin.  de  foi. 


CIKCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  37Î 

qu'elles  Nous  pressent  plus  vivement  de  venir  au  secours- 
de  ce  malheureux  peuple.  Que  ne  devons- Nous  oas  tenter, 
effet,  pour  apporter  quelque  soulagement  à  cette  nation 
que  de  si  grands  fléaux  accablent,  quand  nous  savons  si 
bien  quelle  est  et  quelle  a  toujours  été  la  vénération  du 
Clergé  et  du  Peuple  d'Irlande  envers  le  Siège  Apostolique; 
de  quel  éclat,  dans  les  temps  les  plus  difficiles,  a  brillé  la 
constance  de  ce  peuple  à  professer  la  Religion  Catholique  ; 
par  quels  labeurs  le  Clergé  d'Irlande  s'est  efforcé  de  pro- 
pager la  Foi  dans  les  contrées  du  monde  les  plus  recu- 
lées :  par  quels  témoignages  enfin  de  pieux  respect  et  de 
religieuse  dévotion  la  nation  Irlandaise  honore  dans  notre 
humble  personne  le  bienheureux  Pierre,  et  montre,  pour 
Nous  servir  des  paroles  du  Grand  Léon,  que  dans  son 
indigne  héritier ,  la  dignité  du  prince  des  apôtres  ne  s'éclipse 
pas.  1 . 

C'est  pourquoi,  c-près  avoir  mûrement  considéré  un 
sujet  si  grave,  et  pris  conseil  de  quelques-uns  de  Nos 
Vénérables  Frères,  Cardinaux  de  la  Sainte  Eglise  Ro- 
maine, nous  avons  résolu,  Vénérables  Frères,  de  vous 
écrire  cette  lettre,  afin  de  pourvoir  avec  vous  aux  besoins 
de  la  Nation  Irlandaise. 

En  conséquence,  Nous  vous  invitons  tous  à  ordonner 
dans  vos  diocèses  et  dans  les  pays  soumis  à  votre  jurisdic- 
tion,  ainsi  qu'il  vient  d'être  fait  à  Rome,  que  pendant  trois 
jours  des  prières  publiques  soient  récitées  dans  les  églises 
et  autres  lieux  sacrés,  pour  demander  à  Dieu,  Père  des 
miséricordes,  qu'il  délivre  le  peuple  Irlandais  d'une  cala- 
mité si  grande,  et  qu'il  éloigne  un  semblable  et  si  terrible 
désastre  des  autres  Etats  d'Europe  et  des  autres  contrées. 
Et  pour  atteindre  ce  but  avec  plus  de  zèle  et  plus  d'effica- 
cité, nous  accordons  sept  années  d'indulgences  à  ceux  qui 
assisteront  une  fois  à  ces  prières;  quant  à  ceux  qui,  pen- 
dant les  trois  jours,  prendront  part  à  la  récitation  de  ces 
mêmes  prières,  et  qui,  purifiés  par  le  sacrement  de  péni- 
tence dans  la  semaine  du  triduo,  recevront  le  sacrement 

1  Serm.  1  de  Anniv.  Assumpt.  suée. 


374  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

■de  la  très-sainte  Eucharistie,  Nous  leur  accordons,  en  vertu 
de  l'autorité  Apostolique,  l'Indulgence  plénière. 

Nous  recommandons  de  plus  très- vivement  à  votre 
<;harité,  Vénérables  Frères,  d'exciter,  par  vos  exhortations, 
le  peuple  placé  sous  votre  autorité,  à  secourir  également 
par  des  aumônes  la  nation  Irlandaise.  Nous  savons  qu'il 
n'est  point  nécessaire  de  vous  rappeler,  et  la  vertu  de 
l'aumône  et  les  fruits  abondants  qui  en  découlent  pour 
mériter  la  clémence  du  Dieu  bon  et  Tout-Puissant.  Vous 
trouvez  dans  les  Pères  de  l'Eglise,  et  particulièrement  dans 
plusieurs  sermons  de  Saint  Léon-le-Graud  l,  les  doctes  et 
justes  louanges  données  à  l'aumône.  Vous  connaissez 
également  l'admirable  lettre  écrite  par  saint  Cyprien, 
martyr,  Evêque  de  Cartilage,  aux  Evoques  de  Numidie  2, 
fit  qui  contient  l'immortel  témoignage  de  la  singulière 
ardeur  avec  laquelle  le  troupeau  confié  à  sa  conduite  pas- 
torale, secourut  par  d'abondantes  aumônes  les  besoins  des 
chrétiens  dans  l'indigence.  Vous  pouvez  aussi  vous  rap- 
peler ces  paroles  de  Saint  Ambroise,  Evêque  de  Milan  3  : 
<(  L'éclat  des  richesses  n'est  pas  dans  les  sacs  d'argent  du 
«  riche,  mais  dans  les  aliments  donnés  aux  pauvres  :  c'est 
'(  dans  le  sein  de  ces  infirmes  et  de  ces  indigents  que  l'or 
1  brille  davantage.  Que  les  chrétiens  le  sachent,  leurs 
«  richesses  doivent  leur  servir  à  chercher,  non  ce  qui  leur 
■<  est  personnel,  mais  ce  qui  intéresse  le  Christ,  s'ils  veulent 
^  que  le  Christ  les  recherche.  »  Nous  espérons  que  par  de 
telles  considérations  et  par  d'autres  que  votre  charité 
•saura  vous  suggérer,  vous  réuissirez  à  être  d'un  grand 
■secours  à  ces  infortunés  qui  sont  ici  l'objet  de  Notre  solli- 
citude. 

Nous  pourrions  terminer  là  cette  lettre;  mais  au  mo- 

1  De  Jejunio  decimi  mensis,  et  Eleemosynis. 

2  Dans  celle  épitre,  saint  Cyprien  parlant  des  sommes  recueillies  à 
■Oarlhage  et  envoyées  aux  évèques  de  Numidie  ])Our  le  rachat  des  chré- 
tiens, dit  :  «  Nous  vous  avons  envoyé  cent  mille  seslerces  d'écus  que 
les  prêtres  et  les  fidèles  qui  sont  auprès  de  nous  ont  recueillis  ici  dans 
l'Eglise  que,  par  la  grâce  du  Seigneur,  nous  sommes  chargé  de  gouver- 
ner; vous  les  distribuerez  selon  que  \ous  le  jugerez  plus  utile. 

2  2  Ep.  à  TEvèque  Constance.  ' 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  37') 

ment  où  vous  conformaiiL  à  Notre  volonté,  vous  allez, 
Vénérables  Frères,  ordonner  des  prières  publiques,  Nous 
ne  voulons  pas  omettre  ce  que  Nous  rappelle  jour  et  nuit 
notre  préoccupation  journalière^  la  sollicitude  de  toutes  les 
églises  1.  Elle  est  toujours-là  devant  Nos  yeux,  cette  hor 
rible  et  cruelle  tempête  depuis  déjà  longtemps  soulevée 
contre  l'Eglise  universelle:  Notre  âme  se  trouble  en  son. 
géant  quelle  est  la  haine  de  l'ennemi  contre  le  sanctuaire  2, 
€t  quelle  conjuration  impie  s'est  formée  contre  le  Seigneur 
et  contre  son  Christ  3.  C'est  pourquoi  Nous  Vous  recom- 
mandons particulièrement  de  prendre  occasion  des  prières 
publiques  prescrites  en  faveur  de  l'Irlande,  pour  exhorter 
le  peuple,  placé  sous  votre  garde,  à  implorer  en  môme 
temps  le  secours  de  Dieu  pour  l'Eglise  universelle. 

Et  Nous,  Vénérables  Frères,  Nous  vous  donnons  affec- 
tueusement la  Bénédiction  Apostolique. 

Donné  à  Rome,  près  de  Sainte-Marie-Majeure,  le  25™'' 
jour  de  Mars  de  i'an  1847,  la  première  année  de  Notre 
Pontificat.  » 


Vos  cœurs  si  naturellement  compatissant  comprennent 
et  sentent  vivement.  Nos  Très-Chers  Frères  tout  ce  qu'il 
y  a  de  touchant  dans  cette  épitre,  et  vous  êtes  déjà,  Nous 
n'en  doutons  pas,  tout  disposés  à  partager  la  juste  douleur 
du  Père  commun,  à  la  vue  de  si  grands  maux.  Il  serait 
donc  inutile  de  rien  ajouter  ici.  Mais  comme  vous  n'avez 
pas  manqué  de  le  remarquer,  le  St.  Père  nous  recom- 
mande très-viven)ent  de  joindre  nos  exhortations  à  sa 
lettre.  Nous  nous  en  faisons  un  devoir,  et  Dieu  voudra 
bien  bénir  notre  humble  soumission  aux  moindres  désirs 
du  premier  des  Pasteurs,  en  nous  inspirant  tout  ce  que 
nous  avons  à  vous  dire  de  l'affreuse  calamité  qui  désole 
la  malheureuse  Irlande.    Nous  n'avons  pour  cela  qu'à 

1  2  Cor.,ch.  Il,  ÎS. 

2  Ps.  7.3,  3. 

3  Ps.  3,  2. 


376  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

commenter  la  lettre  dont  vous  venez  d'entendre  la  lecture. 

Vous  y  remarquerez  d'abord  avec  quelle  tendre  sollici- 
tude les  Papes  ont,  dans  tous  les  siècles,  porté  secours  au 
Nations  Chrétiennes,  quand  elles  ont  été  dans  le  malheur. 
Ces  traits  si  touchants  que  le  successeur  de  tant  de  géné- 
reux Pontifes  vient  de  nous  citer  sont  bien  propres  à  nous  , 
attacher  de  plus  en  plus  à  la  Chaire  de  St.  Pierre.  Oui, 
Nos  Très-Chers  Frères,  réjouissons-nous  de  tout  notre 
cœur,  et  bénissons  mille  fois  la  divine  miséricorde  qui 
nous  a  fait  la  grâce  d'appartenir  à  cette  Sainte  Eglise  qui 
trouve  dans  ses  Annales  les  noms  de  tant  de  bons  Pasteurs 
qui,  en  même  temps  qu'ils  étaient  les  Pères  et  les  docteurs 
de  tous  les  Chrétiens^  ont  prouvé^  dans  tous  les  siècles^  et  par 
des  faits  éclatants,  combien  ils  étaient  pressés  par  la  charité 
du  Christ. 

Le  Pontife  vous  dit  ensuite  avec  quel  empressement  il 
a  fait  prier  pour  l'Irlande,  aussitôt  qu'il  a  eu  nouvelle  de 
l'affreuse  disette  qui  désolait  ce  royaume,  et  de  F  horrible 
assemblage  de  toutes  les  maladies  qu'engendre  la  famine. 

Nous  avons  eu  la  consolation  d'assister  à  ces  ^;riè?'<?s  pu- 
bliques^i  dont  parle  ici  Sa  Sainteté  :  et  Nous  avons  même, 
malgré  notre  incapacité,  élevé  notre  faible  voix  au  milieu 
de  la  Ville-Sainte,  tant  pour  montrer  notre  soumission  à 
une  autorité  supérieure,  que  pour  prouver  le  vif  intérêt 
que  nous  portions  à  une  nalion  magnanime,  que  le  poids 
d'une  affreuse  misère  accable.  Nous  ne  vous  dirons  pas 
tout  ce  que  nous  avons  vu  et  entendu,  ni  tout  ce  que 
nous  avons  senti  d'émotions  pendant  ces  jours  de  suppli. 
cations.  Qu'il  nous  suffise  de  vous  du-e  ici  qu'à  la  vue  de 
Rome  en  prières  pour  l'Irlande,  nous  nous  sommes  sou- 
vent écrié  :  Qu'elle  est  bonne^  cette  Sainte  Eglise  Romaine  ! 
on  voit  bien  que  c'est  la  mère  de  toutes  les  autres  Eglises. 
Avec  quelle  ferveur  elle  prie  pour  ses  enfants  !  Avec  quelle 
charité  elle  s'impose  toutes  sortes  de  sacrifices  pour  soulager 
leur  misère  ! 

Néanmoins  Dieu,  dont  les  desseins  sont  toujours  adora- 
bles, n'avait  point  encore  exaucé  tant  de  vœux  formés 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  377 

dans  la  Ville  Eternelle  pour  le  soulagement  de  tant  de 
malheureux.  Car  le  Souverain  Pontife  nous  apprend  que 
les  calamités  qui  désolent  cette  lie  s'aggravent  de  plus  en 
plus,  son  cœur  paternelle  en  est  oppressé  d'une  douleur 
inexprimable,  et  sa  charité  le  presse  plus  vivement  d'aller 
au  secours  de  ce  peuple  malheureux.  Cette  charité  lui 
fait  chercher  un  nouveau  remède  à  une  plaie  si  doulou- 
reuse. Que  ne  devons-nous  pas  tenter,  s'écrie  ce  père  si 
tendre,  pour  apporter  quelque  soulagement  à  cette  nation, 
que  de  si  grands  maux  accablent,  quand  nous  savons  si  bien 
quelle  est  et  quelle  a  toujours  été  la  vénération  du  Clergé  et 
du  peuple  d'Irlande  envers  le  Siège  Apostolique  ;  de  quel 
éclat,  dans  les  temps  les  plus  difficiles,  a  brillé  la  constance  de 
ce  peuple  à  professer  la  Religion  Catholique;  par  quels  labeurs 
le  Clergé  s'est  efforcé  de  propager  la  foi  dans  les  contrées  du 
monde  les  plus  reculées.  Tels  sont  les  puissants  motifs  qui 
pressent  Notre  Saint  Père  le  Pape  de  chercher  à  apporter 
remède  aux  maux  de  l'Irlande.  Ils  méritent,  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  toute  notre  attention,  et  l'attention  la  plus 
respectueuse.  Examinons  les  ensemble,  pour  nous  mieux 
pénétrer  de  la  juste  douleur  qui  oppresse  le  cœur  de  notre 
Père  commun. 

lo  Les  grands  maux  qui  accablent  l'Irlande.  Vous  savez 
que  l'horrible  famine,  qui  s'est  fait  sentir  dans  celte  infor- 
tuné pays,  enlevait  chaque  jour  tant  de  monde  que,  dans 
le  principe,  quatre  millions  de  personnes  étaient  exposées 
à  mourir  de  faim,  dans  l'espace  de  quelques  mois,  si  des 
fleuves  de  charité  n'avaient  coulé  de  tous  les  pays  du 
monde  dans  le  sein  de  cette  nation,  et  surtout  si  l'Angle- 
terre n'avait  ouvert  ses  trésors  pour  nourir  ce  nombre 
incroyable  de  pauvres.  Les  jourujux  publics  vous  ont 
fait  connaître  cette  affreuse  désolation.  Pour  nous,  Nous 
l'avons  vue  de  nos  yeux,  et  pour  vous  la  dépeindre  ici  au 
naturel,  nous  empruntons  sans  crainte  d'exagération,  les 
douloureuses  lamentations  de  Jérémie.  Puissiouf-nous 
avoir,  avec  les  touchantes  paroles  de  ce  Prophète,  les 
entrailles  de  sa  compassion.     Tous  les  maux  qu'à  souffert 


378  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

jusqu'ici  l'Irlande,  n'ont  donc  point  encore  pleinement 
satisfait  le  Seigneur,  puisque  sa  main  terrible  continue  à 
la  frapper  :  Non  avertit  manum  suam  a  perdilione.  Son 
peuple  est  aujourd'hui  dans  les  gémissements,  et  demande 
ju  pain  :  Omnis  populus  ejus  gemens  et  quœrens  panem. 
Hélas!  il  ne  s'en  est  point  trouvé  assez  pour  nourrir  tout 
ce  peuple  affamé,  et  des  milliers  ont  été  victimes  de  ce 
fléau  dévastateur.  A  la  vue  de  cette  épouvantable  mor- 
talité, «nos  yeux  se  sont  affaiblis  à  force  de  pleurer  :  » 
defeccrunt  prœ  lacrymis  ocuM  mei  :  «  le  troubles  a  saisi  nos 
entrailles  :  u  conturhata  sunt  viscera  mea.  «Mon  cœur  s'est 
répandu  en  terre  en  voyant  la  ruine  de  la  fille  de  mon 
peuple  :  »  cff'usum  est  in  terrd  jecur  meum  super  contritione 
fdix  populi  mei.  Ah  !  qui  pourrait  avoir  le  cœur  assez  dur 
pour  ne  point  pleurer  «envoyant  les  petits  enfants  et 
ceux  qui  sont  encore  à  la  mamelle  tomber  morts  dans  les 
places  publiques:  i^cum  defecerit  panndus  et  lactens  in 
plateis  oppidi.  «Ils  ont  dit  à  leurs  mères,»  ces  tendres 
enfants,  lorsqu'ils  étaient  tout  languissants  et  prêts  à 
rendre  l'âme  sur  te  sein  qui  ne  pouvait  plus  les  nourrir  • 
«où  est  donc  le  froment,»  le  pain?  ubi  est  Iriticuml 
Pauvres  petits  enfants,  innocentes  victimes  de  cette  af- 
freuse calamité!  C'est  en  vain  qu'ils  ont  fait  entendre 
leurs  cris  douloureux.  Hélas  !  il  ne  s'est  trouvé  personne 
capable  de  leur  donner  du  pain  :  parvuli  pelienmt  panem, 
et  non  erat  qui  frangeret  eis. 

Pendant  les  horreurs  de  cette  famine,  «  les  Prêtres  sont 
dans  les  gémissements;»  ils  mêlent  leurs  larmes  avec 
celles  de  leur  peuple,  toujours  si  docile  à  leur  voix.  II& 
s'épuissent  de  travaux,  pour  lui  porter  les  secours  de  la 
Rehgion,  les  seuls  qu'ils  puissent  leur  donner;  les  seuls 
capables  de  faire  accepter  à  ce  peuple  de  foi  cette  horrible 
calamité  avec  courage  et  résignation.  Beaucoup  sont  vic- 
times de  leur  zèle,  et  meurent  avec  leurs  brebis  :  sacerdoles 
ejus  gcmentes.  Les  nombreuses  communautés  de  Vierges 
qui  font  le  plus  bel  ornement  de  cette  terre  qui  engendra 
tant  de  Saints,  sont  couvertes  de  deuil;  elles  s'immolent 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  37»* 

et  elles  prient  pour  apaiser  la  colère  du  Seigneur  irrité  ! 
vigines  ejus  squalidae.  Les  vieillards  frappés  de  stupeur,  à 
la  vue  d'une  désolation  dont  ils  n'ont  jamais  eu  d'exemple, 
se  sont  assis  à  terre,  gardant  un  morne  silence  :  sederuut 
in  terrâ^  conlicueruni  senes  fillae  Slon.  Le  Solitaire  est 
accouru  au  secours  de  ses  frères  mourant  de  faim.  Mais 
lui  aussi,  à  la  vue  de  tant  de  maux,  «se  tiendra  assis  et 
gardera  le  silence  ;  il  mettra  sa  bouche  dans  la  poussière, 
pour  s'humilier  et  prier,  dans  l'espérance  de  pouvoir  dé- 
tourner cet  horrible  fléau;  SedcbU  solitarlua^  et  tacebit  : 
ponet  in  pulvcrem  os  .suwm,  si  forte  sit  spes. 

2°  Vous  le  voyez,  Nos  Très-Ghers  Frères,  les  maux 
affreux  que  souffre  l'Irlande,  ont  bien  de  quoi  remplir 
d'amertune  le  cœur  si  bon  et  si  compatissant  de  Notre 
Saint  Père  le  Pape.  Mais  ce  qui  aggrave  sa  juste  douleur, 
c'est  de  voir  dans  de  si  cruelles  souffrances  un  peuple  à 
qui  la  vivacité  de  sa  foi  semblait  devoir  mériter  un  meil- 
leur sort.  Vous  le  savez,  par  votre  expérience,  plus  un 
enfant  est  docile  et  respectueux,  plus  il  est  chéri  de  son 
père.  Or  tel  a  toujours  été  et  tel  est  encore  le  Peuple 
Irlandais  à  l'égard  du  St.  Siège  Apostolique.  On  peut  bien 
lui  appliquer  ces  paroles  du  Prophète  Jérémie.  «  0  Irlande,, 
ta  foi  est  grande  :  multa  est  fuies  tua.  n  Oui  elle  est  grande, 
d'abord,  parce  que  c'est  une  foi  ferme,  qui  ne  s'est  jamais- 
démentie.  Ce  fut  dans  le  cinquième  siècle  que  le  Pape- 
St.  Gélestin  chargea  St.  Patrice  d'évangéliser  cette  Ile. 
Les  travaux  innombrables,  les  continuelles  prières  et  les 
longues  souffrances  de  cet  Apôtre  furent  accompagnés  de 
tant  de  bénédictions,  et  enracinèrent  tellement  la  foi  dans 
ce  pays,  que  depuis  cette  époque  Tlrlande  fut  toujours 
catholique,  toujours  attachée  de  cœur  et  d'âme  au  St. 
Siège  Apostolique  qui  lui  avait  fait  porter  le  flambeau  de 
la  foi,  toujours  gonvernée  par  la  -Ste.  Hiérarchie  de  ses 
Archevêques,  Evoques  et  Pasteurs,  toujours  fidèle  à  l'en- 
seignement de  l'église  universelle,  toujours  docile  à  son 
Clergé  et  conservant  toujours  avec  fermeté  ses  institu- 
tions.   On  a  vu  plusieurs  nations,  comblées  de  toutes  les 


.380  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

bénédictions  de  la  divine  Providence  et  des  faveurs  du  St. 
Siège  Apostolique  se  détacher  du  sein  de  l'unité.  On  a  vu 
des  peuples,  qui  faisaient  autrefois  la  gloire  de  l'Eglise 
par  leur  foi  vive  et  leurs  œuvres  de  charité,  secouer  le 
joug  de  l'obéissance  due  à  cette  samte  Eglise,  la  Mère  de 
toutes  les  nations,  et  retomber  dans  la  barbarie.  Pendant 
que  ces  peuples  infortunés  se  roulaient  ainsi  dans  tous  les 
égarements  d'une  raison  orgueilleuse  qui  voulait  inter- 
préter dans  son  sens  les  Oracles  de  la  Sainte  Ecriture, 
l'Irlande,  comme  une  fille  humble  et  soumise  de  l'Eglise 
Romaine,  persévérait  dans  les  sentiers  de  la  vérité.  Elle 
échappait  à  ce  déluge  d'erreurs  en  se  réfugiant  aux  pieds 
du  Souverain  Pontife  et  eu  se  tenant  fortement  attachée 
à  la  Chaire  de  St.  Pierre.  11  ne  faut  donc  pas  être  surpris. 
Nos  Très-Ghers  Frères,  si  l'Eglise  de  Rome  se  montre  si 
compatissante  aux  maux  de  l'Irlande  ;  car  pourrait-elle, 
cette  bonne  mère,  oublier  une  nation  si  chère  à  son  cœur, 
elle  qui  ne  cesse  de  gémir  sur  les  déplorables  égarements 
des  peuples  qui  l'outragent  et  la  persécutent;  elle  qui, 
héritière  de  la  compassion  de  Jésus-Christ  pour  les  plus 
grands  pécheurs,  ne  peut  voir  sans  pleurer  la  perte  de 
tant  d'âmes  plongées  dans  l'erreur;  elle  qui,  semblables 
à  cette  poule  mystérieuse  dont  parle  l'Evangile,  travaille 
sans  cesse  à  rb.mener  sous  ses  ailles  toutes  les  nations  de 
la  terre  ;  elle  enfin  qui  prie  avec  tant  de  ferveur  pour 
les  hérétiques,  les  schistimatiques,  les  infidèles  et  les 
Juifs  ?  Pourrait  elle  n'être  pas  animée  de  la  plus  vive 
sollicitude  pour  cette  fille  bien-aimée,  aujourd'hui  quelle 
meurt  d«i  faim  ? 

La  foi  de  l'Irlande  n'est  pas  seulement  une  foi  ferme  qui 
traverse  douze  siècles,  sans  éprouver  cette  défaillance  qui 
a  plongé  tant  d'autres  nations  dans  un  océan  d'erreurs, 
mais  c'est  encore  une  foi  généreuse.  Pour  comprendre 
Nos  Très-Ghers  Frères,  toute  la  générosité  de  la  foi  de  ce 
peuple,  il  suffit  de  remarquer  que  pour  la  conserver  il  a 
souffert  de  grands  maux.  Dieu  dont  les  desseins  sont 
toujours  adorables,  a  engagé  ce  peuple  pauvre  et  dénué 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  381 

de  toul  secours  humain  dans  un  grand  combat  avec  une 
de  ces  puissances  colossales  qui  se  disputent  la  gloire  de 
faire  la  loi  à  l'Univers  entier:  certamen  forte  dédit  ilU. 
Rien  n'a  été  épargné  pour  arracher  de  son  cœur  le  dépôt 
sacré  de  la  Foi,  et  tout  a  été  inutile  ;  l'Irlande  esl  demeu- 
rée fidèle  à  sa  foi;  et  par  la  victoire  qu'elle  a  remportée, 
elle  a  prouvé  la  puissance  de  la  Religion  sur  toutes  les 
puissances  de  la  terre.     On  a  bien  pu  tenter  les  enfants, 
en  leur  offrant  les  biens  de  leurs  pères  pour  prix  de  leur 
apostasie;  mais   les  enfants  se  sont   montrés  dignes  de 
leurs  pères  par  la  grandeur  de  leur  foi.     On  a  bien  pu 
leur  ôter  les  Eglises  que  leurs  pieuses  largesses  avaient 
élevées  à  la  gloire  de  Dieu  ;   mais  on  n'a  pu  leur  arracher 
cette  foi  vive  qui  fait  de  tous  les  chrétiens,  autant  de 
temples  vivants  de  la  divine  Majesté.     On  a  bien  pu  les 
obliger  de  payer  la  dîme  de  tous  les  fruits  que  produisent 
leurs  champs  à  des  hommes  qui  n'étaient  pas  leurs  pas- 
teurs ;  mais  on  n'a  pu  les  gagner  à  prêter  l'oreille  à  leurs 
discours,  car  ces  pasteurs  mercenaires  ne  leur  étaient  pas 
envoyés  par  les  successeurs  de  Pierre.     Ces  prétendus 
pasteurs  ont  bien   pu  s'engraisser  de  la  substance  de  ces 
pauvres  brebis  et  se  vêtir  de  la  laine  de  ces  agneaux  sans 
défense,  mais  ils  n'ont  jamais  pu  les  attirer  dans  les  pâ- 
turages empoisonnés  de  l'erreur,  ni  leur  faire  boire  le 
lait  de  leur  doctrine  corrompue.     Ça  été  pendant  trois 
cents  ans  que  l'Irlande  a  prouvé  au  monde  étonné,  la  gé- 
nérosité d3  sa  foi,  en  soutenant  ce  terrible  combat  dans 
lequel  la  Divine  Providence  l'a  engagée   pour  la  faire 
triompher:  certamen  forte  dédit  illi  ut  vinceret.     Elle  a 
donné  à  l'Univers  entier  cet  admirable  exemple, la  fidélité, 
qui  faisait  dire  aux  Apôtres  :  «  il  vaut  mieux  obéir  à  Dieu 
qu'aux  hommes.»    Elle  a  prouvé,  par  son  exemple,  la 
vérité  de  cette  parole  de  l'Apôtre  St.  Jean  :  «c'est  par  la 
foi  que  l'on  est  victorieux  du  monde:»  hxc  est  Victoria 
qux  vincit  muiidum,  fuies  nostra.    Ça  été  pendant  trois 
cents  ans  qu'elle  a  soutenu  ce  grand  combat,  et  que  sa 
foi  a  été  victorieuse,  et  en  cela,  elle  a  eu  l'honneur  de 

2G 


382  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

ressembler  à  la  primitive  Eglise  qui  vit  couler  le  sang  de 
ses  enfants  pendant  trois  siècles,  et  força  l'Empire  Ro- 
main à  la  reconnaître  pour  la  véritable  et  unique  Religion. 
C'est  encore  par  les  persécutions  qu'à  souffertes  l'Irlande, 
qu'elle  a  un  autre  trait  frappant  de  ressemblance  avec  la 
primitive  Eglise.  Nous  lisons  dans  le  livre  des  actes  des 
Apôtres,  qu'une  cruelle  persécution  s'était  élevée  contre 
les  Fidèles  de  Jérusalem  ;  et  St.  Etienne  ayant  soufïert  le 
martyre,  les  premiers  se  dispersèrent  dans  diverses  con- 
trées ;  ils  y  répandirent  la  foi  qui  venait  défaire  triom- 
pher le  premier  Diacre  par  son  glorieux  martyre.  N'est-ce 
pas  le  louchant  spectacle  qu'offre  l'Irlande  par  la  nom- 
breuse émigration  de  ses  enfants?  Ne  peut-on  pas  lui 
appliquer  justement  ces  paroles  du  Prophète  Jérémie  : 
«  Judas  a  émigré  à  cause  de  son  afîliciion  et  de  l'entière 
servitude  à  laquelle  il  s'est  vu  réduit:»  migravit  Judas 
propter  a/JUctionem  et  multitudinem  serviluîis.  Il  s'est  dis. 
perse  dans  tous  les  pays  et  a  habité  parmi  les  nations  : 
habitavit  inter  gentes.  Dieu,  en  récompense  de  sa  foi,  lui 
a  donné  la  bénédiction  des  Saints  Patriarches,  Abraham, 
Isaac  et  Jacob;  et  il  a  multiplié  ses  enfants  comme  les 
étoiles  du  ciel.  En  lui  donnant  cette  admirable  fécondité, 
il  lui  ordonne  de  remplir  toute  la  terre  :  midliplicamini  et 
replète  lerram. 

Mais  remarquez-le  bien,  Nos  Très-Ghers  Frères,  en  quit- 
tant sa  chère  patrie  qui  ne  peut  plus  le  nourrir,  ce  peuple 
emporte  pour  unique  trésor  sa  foi.  En  arrivant  sur  les 
teri-es  étrangères  qu'il  adopte  pour  patrie,  son  premier 
soin  est  d'élever  le  monument  de  sa  foi  ;  et  pour  cela,  du 
premier  arbre  qui  tombe  sous  sa  hache,  il  en  fait  une 
croi.x,  ce  signe  de  salut  qui  seul  a  pu  soutenir  son  courage 
pendant  ses  longues  souffrances.  Dans  ces  lieux  lointains, 
comme  dans  sa  patrie,  il  faut  à  ce  peuple  de  foi  des 
temples  et  des  autels  ;  des  prêtres  et  des  évêques.  Tel 
est  l'admirable  moyen  dont  se  sert  la  Divine  Providence 
pour  propager  la  foi  dans  le  nouveau  monde.  On  peut 
donc  appliquer  à  ce  peuple  persécuté  pour  la  foi  ce  que 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES    DOrU.MENTS.  383 

l'Ecriture  rapporte  des  premiers  disciples.  «Il  s'éleva  une 
grande  persécution  contre  TEglise  de  Jérusalem,  n  et  tous 
les  fidèles  qui,  à  cause  de  cela,  «  avaient  été  dispersés,  pas- 
sèrent d'un  lieu  à  un  autre,  annonçancla  parole  de  Dieu  :h 
qui  dispersi  erant  pertransibant  evangelizantes  verbum  Dei 
Act  8.  V.  1  et  4.  Nous  en  avons  sous  les  yeux,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  une  preuve  bien  sensible  dans  l'Eglise  des 
Etats-Unis  qui  nous  avoisinent.  Jusqu'en  1789,  il  n'y 
avait  qu'un  très  petit  nombre  de  missionnaires  pour  des- 
servir quelques  catholiques  dispersés  ça  et  là  sur  ce  vaste 
territoire.  Aujourd'hui  on  y  voit  une  Province  Ecclésias- 
tique des  plus  florissantes  du  monde  chrétien.  Vous  en 
jugerez  par  le  tableau  suivant.  Il  y  a  un  Archevêché  et 
vingt  Evéchés  suffragants,  sans  y  comprendre  l'Orégon.  Il 
s'y  trouve  740  Eglises,  431  chapelles,  24  Ev-èques  déjà 
consacrés  et  plusieurs  nomi'^'és  par  le  St.  Siège,  735  mis- 
sionnaires et  autres  Prêtres  employés  dans  le  saint  Minis- 
tère ;  21  séminaires  et  autres  établissements  ecclésiasti- 
ques ;  248  Séminaristes  qui  se  préparent  au  Sacerdoce  ; 
25  institutions  Littéraires  pour  les  jeunes  gens;  36  Insti- 
tutions religieuses,  et  63  Académies  pour  les  filles;  97 
Institutions  de  charité,  pour  l'exercice  des  bonnes  œuvres 
et  environ  1,500,000  catholiques.  Or  ce  prodigieux  accrois- 
sement de  la  foi  catholique  chez  nos  voisins,  il  faut  l'attri- 
buer en  grande  partie  à  rémigralion  Irlandaise. 

Ainsi  vous  le  comprenez,  Nos  Très-Ghers  Frères,  c'est 
par  les  œuvres  de  sa  foi  que  l'Irlande  mérite  la  vive  solli- 
citude et  la  tendre  compassion  de  Notre  Saint  Père  le 
Pape.  Aujourd'hui  qu'elle  est  expirante  de  faim  et  de 
misère,  elle  emprunte  la  voix  du  chef  des  nations  chré- 
tiennes pour  faire  entendre  partout  ces  cris  de  douleur  : 
«  0  vous  tous,),  peuples  de  la  terre,  «  considérez,  s'il  est  au 
monde  une  nation  aussi  infortunée  que  moi  ;  0  vos  omnes 
qui  trausitis  per  viam,  attendite  et  videte  si  est  dolor  sicut 
dolor  meus  !  Vous  l'entendrez  sans  doute  cette  voix  plain- 
tive et  gémissante  du  Père  commun,  qui  pleure  à  cause 
des  maux  affreux  qui  sont  venus  fondre  sur  des  enfants 


384  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

si  chers  à  son  cœur.  Que  vous  demandent-ils  ?  Des  prièresr 
pour  apaiser  l'Ange  exterminateur  qui  frappe  l'Irlande  de 
tant  de  plaies.  Sur  l'invitation  du  père  des  priants,  nous 
allons  donc  «demander  à  Dieu,  Père  des  miséricordes, 
qu'il  délivre  le  peuple  Irlandais  d'une  calamité  si  grande.) 
Nous  allons  prier  pour  que  ce  pauvre  peuple  rencontre 
les  sympathies  de  la  charité  la  plus  tendre  dans  tous  les 
lieux  où  il  offre,  dans  ce  moment,  le  déchirant  spectacle 
de  la  misère.  Nous  allons  prier  pour  qu'il  y  ait  en  tous 
lieux  des  âmes  compatissantes  qui  se  dévouent  avec  cou- 
rage au  service  de  cette  multitude  de  malades  qui  viennent 
expirer  sur  une  terre  étrangère.  Nous  allons  prier  pour 
cette  foule  d'orphelins  et  d'orphelines  qui  n'ont  plus  ni 
pères  ni  mères  pour  pourvoir  à  leurs  besoins  et  les  presser 
sur  leurs  cœurs.  Pauvres  petits  enfants!  qu'allez-vous 
donc  devenir?  Ah!  sans  doute  que  vos  gémissements 
monteront  jusqu'au  trône  du  Père  des  miséricordes  !  Sans 
doute  que  vos  larmes  toucheront  tous  les  cœurs  généreux 
et  compatissants  !  Nous  prions  Dieu,  remarquez  le  bien. 
Nos  Très-Ghers  Frères,  «  pour  qu'il  éloigne  un  semblable 
et  si  terrible  désastre  des  autres  Etats  d'Europe  et  des  au- 
tres Pays.  ))  Ainsi,  il  y  va  de  nos  plus  chers  intérêts.  Nou5 
prions  enfin  pour  implorer  en  môme  temps  «le  secours 
de  Dieu  pour  l'Eglise  Universelle»  contre  laquelle  «  une 
horrible  et  cruelle  tempête  est  depuis  longtemps  soulevée- 
Car,  à  l'exemple  de  son  zélé  Pontife,  «  notre  âme  se  trouble 
en  songeant  quelle  est  la  haine  de  l'ennemi  contre  le 
sanctuaire,  et  quelle  conjuration  impie  s'est  formée  contre- 
le  Seigneur  et  contre  son  Christ.  » 

A  ces  causes  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'aviS' 
de  Nos  Vénérables  Frères  les  Chanoines  de  Notre  Cathé- 
drale, Nous  avons  réglé,  ordonné  et  statué,  réglons,  ordon- 
nons et  statuons  ce  (jui  suit  : 

['^  L'on  fera  pendant  trois  jours,  dans  la  Cathédrale, 
ainsi  que  dans  toutes  les  Eglises  Paroissiales,  et  dans  les 
Chapelles  et  Oratoires  des  Communautés,  des  prières 
spéciales,  selon  l'intention   du  Souverain  Pontife,  pour 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  385 

demander:  1°  Que  l'Irlande  soit,  délivrée  de  ses  maux  ; 
2»  Que  tous  les  autres  peuples  soient  préservés  de  la 
famine  et  de  la  peste;  3»  Que  l'Eglise  Universelle  soit 
victorieuse  de  tous  les  ennemis  qui  ont  juré  sa  perte. 

"2o  Ces  prières  commenceront  le  Dimanche  qui  suivra  la 
publication  de  la  Préssnte  Lettre  Pastorale  et  se  continue- 
ront les  lundi  et  mardi  suivants. 

3«  L'on  célébrera,  ces  jours  là,  une  messe  à  l'heure  qui 
sera  jugée  la  plus  convenable.  La  messe  Paroissiale  ou 
conventuelle  du  Dimanche  en  tiendra  lieu.  L'on  ajou- 
tera aux  oraisons  ordinaires  de  la  messe,  trois  autres 
oraisons,  pour  se  conformer  aux  intentions  du  Souverain 
Pontife  et  mentionnées  ci-dessus,  savoir  :  pro  vitanda  mor- 
alitate,  tempore  famis  et  pro  Ecclesia.  Après  la  messe,  on 
exposera  le  St.  Sacrement,  avec  les  cérémonies  ordinaires, 
et  l'on  chantera  les  litanies  des  Saints  et  autres  prières 
prescrites  pour  les  Rogations.  Après  la  bénédiction  du  St. 
Sacrement,  l'on  chantera  quelques  strophes  du  Stabat 
ynatei\  avec  l'oraison  de  Notre-Dame  de  Compassion,  pour 
attendrir  le  cœur  si  bon  et  si  maternel  de  Marie  en  faveur 
de  ses  infortunés  enfants. 

4»  Notre  Saint  Père  le  Pape,  voulant  exciter  la  ferveur 
de  tous  les  Fidèles,  pendant  ces  jours  de  supplications, 
leur  accorde  une  indulgence  de  sept  ans,  chaque  fois 
qu'ils  assisteront  à  ces  prières,  et  une  Indulgence  plè- 
nière,  s'ils  assistent  à  tous  les  exercices  qui  se  feront  cha- 
cun des  trois  jours  susmentionnés,  et  si,  pendant  la 
semaine  de  ce  Triduum,  ils  se  purifient  parle  Sacrement 
de  Pénitence  et  reçoivent  le  Tiès-Saint  Sacrement  de 
l'Eucharistie. 

5°  Quant  à  l'aumône  à  laquelle  nous  exhorte  le  Souve- 
rain Pontife,  Nous  savons  que  vous  avez  été  au  devant  de 
ses  désirs.  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  vous  dire 
ici.  Nos  Très-Ghers  Frères,  qu'une  des  premières  paroles 
que  nous  ?dressa  Sa  Grâce,  Monseigneur  l'Archevêque 
de  Dublin,  fut  de  nous  annoncer  avec  complaisance  qu'il 
venait  de  recevoir  d'abondantes  souscriptions  de  Montréal. 


386  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Il  faut  vous  dire  que  c'est  un  Véritable  Prélat,  qui  cou- 
ronne une  vie  de  78  ans  et  un  Episcopat  de  37  ans,  par 
l'exercice  de  toutes  les  bonnes  œuvres  que  nécissite  la 
misère  des  temps.  Nous  l'avons  trouvé  tout  occupé  de 
soins  touchants,  et  avec  l'activité  d'un  homme  dans  la 
force  de  l'âge,  pour  nourrir  ses  pauvres  brebis.  Nous 
avons  vu  à  sa  porte  des  troupes  nombreuses  de  mendiants 
qui  indiquaient  assez  clairement  au  voyageur  la  résidence 
du  Père  des  Pauvres.  Il  a  été  bien  flatteur  pour  nous  de 
recevoir  de  la  bouche  de  ce  Bon  Pasteur  la  juste  louange 
que  méritait  votre  charité.  Il  y  avait  là  de  quoi  nous 
consoler  de  ne  pouvoir  assister  tant  d'indigents  (ce  qui 
navrait  notre  cœur),  puisque  votre  abondance  suppléait  à 
notre  insuffisance.  Cest  pourquoi,  Nos  Très-Ghers  Frères.. 
Nous  nous  sentons  pressé  de  vous  dire  aujourd'hui  avec 
l'Apôtre  :  «  vous  êtes  notre  joie  et  notre  couronne»  ;  conti- 
nuez à  faire  l'honneur  de  votre  religion,  «et  demeurez, 
fermes  dans  le  Seigneur»  ;  gaudiuni,  meum  et  ccrona  mea  : 
si  State  in  Domino,  corissimi.  Toutefois,  nous  désirons  que 
la  quête  qui  se  fera  pendant  l'office  de  ces  trois  jours  de 
prières  soit  appliquée  à  soulager  la  misère  des  émigrants 
qui  nous  arrivent.  Nous  croyons  devoir  vous  suggérer 
encore  cette  œuvre,  d'abord  pour  répondre  à  l'appel  de 
N.  S.  P.  le  Pape,  comme  vous  venez  de  le  voir  en  enten- 
dant la  lecture  de  la  Lettre  Encyclique,  et  ensuite  pour 
rendre  autant  que  possible,  nos  supplications  semblables 
à  ceu.x  de  la  Ville-Sainte.  Or,  à  chaque  réunion,  il  ee 
fesait  une  collecte  en  faveur  de  l'Irlande  ;  afin  de  la  rendre 
plus  abondante,  il  s'y  fesait  une  instruction  pour  engager 
le  bon  peuple  romain,  qui  est  déjà  si  charitable,  à  aller  au 
secours  de  ses  frères  d'Irlande.  Vous  vous  imposerez  de 
grand  cœur  ce  nouveau  sacrifice,  si  vous  faites  attention 
que  c'est  le  Pape  qui  aujourd'hui  vient  vous  demander 
l'aumône  pour  ses  enfants  d'Irlande.  Chacun  de  vous- 
donnera  telon  son  moyen  ;  mais  pas  un  ne  refusera  de 
faire  passer  son  aumône  à  Notre  Seigneur  Jésus-Christ 
par  la  main  de  son  Vicaire  sur  la  terre.  Ce  sera  probable- 


CIRCULAliiES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  387 

ment  la  seule  fois  que  ce  charitable  Pasteur  fera  uu  sem- 
blable appel  à  votre  générosité  ;  car  il  faut  espérer  que  les 
prières  et  les  aumônes  qui  se  sont  déjà  faites  et  qui  vont 
se  faire  dans  Tunivers  entier,  préserveront  les  autres  peu- 
ples d'un  pareil  désastre.  Une  autre  réflexion  ne  manquera 
pas  de  faire  sur  vos  cœurs  une  impression  profonde. 
L'affreuse  mortalité  qui  décime  les  émigrants  a  déjà  fait 
une  multitude  d'orphelins.  Que  vont  ils  devenir  ces  ten- 
dres enfants  !  A  la  vérité,  nous  avons  la  juste  confiance 
que  le  gouvernement  ira  à  leur  secours  ;  mais  quels  que 
soient  ces  secours  ils  ne  pourront  égaler  la  mesure  de 
leurs  besoins.  Eh  bien!  ces  tendres  enfants  se  tournent 
vers  nous.  Aujourd'hui  ils  remplissent  les  hôpitaux  où  ils 
ont  perdu  ce  qu'ils  avaient  de  plus  cher  au  monde.  Au- 
jourd'hui on  les  arrache  du  seip  de  leurs  pauvres  mères 
qui  meurent  en  les  pressant  sur  leurs  cœurs,  comme 
regrettant  de  les  laisser  ici  bas.  Aujourd'hui  ces  tendres 
enfants  cherchent  à  travers  les  morts  et  les  mourants  les 
auteurs  de  leurs  jours.  Hélas  !  ils  ne  sont  plus  !  Aujour- 
d'hui, ils  empruntent  notre  voix  pour  arriver  à  vos  cœurs, 
et  pour  vous  dire  dans  l'accent  de  leur  douleur  :  ô  vous 
tous  qui  passez  par  ces  lieux  consacrés  par  les  souffrances 
de  nos  pères  et  de  nos  mères,  et  o\i  s'élèvent  tristement 
leurs  tombes,  voyez  s'il  y  a  une  douleur  semblable  à  notre 
douleur.  0  vous  tous  qui  êtes  les  amis  de  l'humanité 
souffrante,  ayez  pitié  de  nous,  parce  que  la  main  du  Sei- 
gneur nous  a  frappés.  Faites  pour  nous,  pauvres  petits 
orphelins,  ce  que  vous  voudriez  que  d'autres  fissent  pour 
vos  propres  enfants,  si  comme  nous  ils  avaient  eu  le  mal- 
heur de  vous  perdre,  dans  un  pays  lointain,  si  comme 
nous  ils  étaient  sans  parents  et  sans  amis  sur  nue  rive 
étrangère,  si  comme  nous  ils  étaient  exposés  à  toutes  les 
horreurs  de  la  misère  qui  d'ordinaire  poursuivent  partout 
l'orphelin,  si  comme  nous  ils  étaient  exposés  aux  suites 
déplorables  d'une  mauvaise  éducation,  si  comme  nous  ils 
couraient  le  plus  grand  danger  de  devenir  des  scélérats, 
pour  n'avoir  personne  qui  prit  soin  d'eux,  si  comme  nous 


88  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

surtout  ils  étaient  exposés  à  perdre  la  foi  pour  laquelle 
nos  pères  ont  combattu  jusqu'à  la  mort. 

Tels  sont.  Nos  Très  Ghers  Frères,  les  cris  douloureux 
que  font  entendre  ces  innocentes  viciimes  de  l'horrible 
famine  qui  a  excité  toutes  vos  sympathies.   Vous  y  serez 
sensibles,  nous  en  avons  la  confiance  ;  et  vous  montrerez 
par  quelqu'œuvre  importante,   tout  ce  que   vos  cœurs 
sentent  d'émotions  pour  ces  tendres  enfants,  et  pour  cela, 
nous  allons  vous  dire  toute  notre  pensée,  eu  terminant 
cette   longue  épître.    Entre  les  nombreuses  institutions 
charitables  que  nous  avons  eu  occasion  d'admirer  pendant 
nos  deux  voyages  d'Europe,  il  en  est  une  qui  nous  a  sur- 
tout intéressé;  c'est  une  maison  de  Providence  établie  à 
Marseille.    Le  choléra  ayant   causé  d'horribles   ravages 
dans  cette  grande  ville,  et  ayant  fait  un  grand  nombre 
d'orphelins,  les  âmes  charitables  de  ce  diocèse  se  mirent 
à  contribution  pour  aller  au  secours  de  ces  infortunés.  Ce 
fut  pour  les  recueillir  que  l'on  bâtit  une  vaste  maison,  et 
ce  fut  pour  leur  donner  tous  les  soins  spirituels  et  corporels 
qu'ils  pouvaient  attendre   de   bonnes   mères,   qu'on   les 
confia  aux  soins  charitables  des  religieuses.   N'allez  pas 
croire  que  pour  faire  une  pareille  œuvre  il  faille  vous 
imposer  des  sacrifices  au-dessus  de  vos  forces.  Oh!  non? 
car  nous  savons  ce  que  vous  avez  fait,  et  nous  connaissons 
toute  la  misère  des  temps.  Mais  écoutez  un  calcul  bien 
simple.  Il  y  a  dans  ce  diocèse  400,000  âmes.  En  supposant 
que  chacun  donne  seulement  douze  sols,  vous  voilà  avec 
une  somme  de  £10,000.  Or,  quel  est  celui  d'entre  vous 
qui  ne  s'empressât  de  contribuer  de  cette  modique  somme 
à  une  œuvre  si  belle!    Car  c'est  là  l'admirable  effet  de 
l'union,  de  faire  participer  aux  mérites  des  plus  grandes 
œuvn?s,  quelque   minime  que  puisse  être  la  part  de  sa 
coopération.    Qu'il  serait  beau,  qu'il  serait  louchant  ce 
monument  qui  serait  ainsi  élevé  à  la  chai'ité!  Qui  sait 
d'ailleurs  si  Dieu  n'attachera  pas  à  cette  œuvre,  la  béné- 
diction dont  nous  avoua  tant  de  besoin  pour  sortir  de  Tétat 
de  détresse  où  nous  sommes  réduits  ?  Car  elles  sor.t  bien 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  389 

puissante?-  les  prières  des  orphelins!  Quoi  qu'il  en  soit, 
nous  recevrons  les  dons  qu'il  vous  plaira  de  faire  pour 
répondre  à  l'appel  du  Souverain  Pontife,  et  nous  lui  en 
rendrons  au  plustôt  un  compte  fidèle.  En  attendant,  nous 
vous  donnons  la  bénédiction  qu'il  a  bien  voulu  nous 
accorder,  et  c'est  avec  toute  l'affection  qui  pénètre  son 
âme  vraiment  paternelle. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  Notre 
Cathédrale,  à  celui  des  Eglises  Paroissiales,  et  en  chapitre 
dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  le  premier 
dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  Notre  Palais  Episcopal,  le  vingt- 
quatrième  jour  du  mois  de  Juin,  de  l'année  mil  huit  cent 
quarante-sept,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 


Par  Monseigneur, 
(Vraie  copie). 


-f-  Ig  Ev.  de  Montréal. 


J.  0.  Paré,  Chan.Secré« 


F.  S. — Noies  à  MM.  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal,  sur  la  Lellre 
Pastorale  du  24  Juin  1847. 

1"  En  prescrivant  les  exercices  mentionnés  dans  la  susdite  lettre, 
nous  avons  pris  modèle  sur  ce  que  nous  avons  vu  observer  à  Rome, 
mais  nous  n'avons  pu  nous  v  conformer  en  entier.  Caux-ci  se  faisaient 
à  4  heures  du  soir,  et  commençaient  par  le  chapelet  qui  se  psalmodiait 
avec  beaucoup  de  piété.  Vous  en  prendrez  occasion  de  recommander 
à  votre  bon  peuple  déjà  si  dévot  au  Rosaire,  de  réciter  autant  que 
possible,  cette  excellente  prière  en  famille,  pendant  toute  la  saison  où. 
la  maladie  des  irlandais  se  fera  sentir. 

"i"  Il  nous  semble  que  les  instructions  que  vous  voudrez  bien  faire 
pendant  le  Triduum  pourraient  se  réduire  à  développer  1°  les  beaux 
traits  de  charité  des  Souverains  Pontifes  indiqués  dans  la  susdite 
lettre  et  autres  ;  2°  les  passages  de  St.  Léon  et  autres  sur  l'aumône  ; 
.3°  l'immense  résultat  d'une  collecte  à  laquelle  400,000  personnes 
contribueraient  de  quelques  sous. 

3»  Sur  votre  invitation  les  parents  ne  manqueront  pas  de  mettre  à 
la  merci  de  chacun  de  leurs  enfants  une  petite  olTrande,  en  leur  faisant 


390  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

comprendre  qu'ils  doivent  gagner  de  quoi  soulager  des  centaines  de 
petits  orphelins,  en  ménageant  pour  eux  une  partie  de  ce  qu'ils  ont 
coutume  de  dépenser  au  jeu,  à  la  promenade,  en  toilette  et  autrement. 
4°  En  évaluant  la  population  du  diocèse  à  400,000  âmes,  nous  y 
comprenons  la  population  protestante  :  car  nous  croyons  que  nos  frères 
séparés  ne  seront  pas  les  derniers  à  s'imposer  des  sacrifices  pour  cette 
belle  œuvre.  Il  était  question  de  leur  souscription,  aussi  bien  que  de 
celle  des  catholiques,  lorsque  l'Archevêque  de  Dublin  nous  compli- 
menta sur  le  montant  si  élevé  de  la  souscription  totale  du  diocèse. 

T  Ig.  Ev.  de  m. 


LETTRE  PASTORALE 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÈQUE    DE    MONTRÉ.A.L. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  Apostolique,  Evêquc  de  Montréal,  etc.,  etc. 


Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  et  à  tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse, 
Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Le  beau  et  florissant  village  de  Laprairie.  N.  T.  C.  F., 
vient  d'être  la  proie  des  flammes.  La  lueur  de  ce  vaste 
incendie,  qui  s'est  fait  apercevoir  de  loin,  cette  nuit,  vous 
a  déjà  annoncé  ce  grand  malheur.  Nous  venons  d'en 
visiter  les  ruines  encore  fumantes  et  notre  cœur  est 
encore  tout  déchiré  du  cruel  spectacle  qui  s'est  offert  à  nos 
yeux.  Les  décombres  de  plusieurs  centaines  d'édifices 
incendiés,  et  près  d'un  millier  de  personnes. sans  abri, 
sans  vêtements  et  sans  pain  ;  de  nombreuses  familles 
assises  tristement  sur  le  rivage  autour  de  quelques  meu- 
bles arrachés  aux  flammes;  de  riches  citoyens  devenus 
pauvres  en  quelques  heures,  et  couverts  de  misérables 
habiis  ;  tel  a  été  le  déchirant  spectacle  qui  s'est  présenté  à 
nos  regards  attendris.  Que  de  sombres  réflexions  sont 
alors  venues  plonger  notre  àme  dans  l'amertume  !  Notre 
tour  est  donc  arrivé  !  la  justice  de  Dieu  qui,  depuis  quel 
ques  années,  s'est  exercée  sur  tant  de  villes,  vint  donc 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  391 

aussi  appesantir  sur  nous  son  bras  vengeur!  Hélas  !  nous 
ne  le  méritons  que  trop  !  Ce  désastre  si  déplorable  ne 
serait-il  pas  l'avant-coureur  de  quelque  catastrophe  encore 
plus  lamentable?  N'y  aurait-il  pas  là  un  avertissement 
du  ciel,  pour  nous  donner  le  temps  de  fléchir,  par  la  péni- 
tence, le  Dieu  si  bon  que  nous  avons  irrite.  Car  il  ne 
faut  pas  nous  le  dissimuler,  Nos  Très-Ghers  Frères,  il  se 
commet  de  toutes  parts,  des  crimes  bien  capables  d'attirer 
sur  nous  le  feu  du  ciel.  Nous  les  signalons  ici  en  gémis- 
sant, et  Nous  voudrions  avoir  des  larmes  de  sang  pour  les 
pleurer. 

Hélas  !  qu'il  est  à  craindre  que  les  excès  de  l'ivrognerie, 
que  les  scandales  des  auberges,  que  les  folles  dépenses  du 
jeu  auquel  on  se  livre  avec  tant  d'emportemenf.,  d'un  luxe 
qui  ne  connaît  plus  de  bornes,  que  les  affreux  blasphèmes 
et  jurements  qui  sont  si  communs  parmi  nous,  que  les 
injustices  criantes  qui  s'exercent  dans  le  commerce  et  les 
autres  transactions,  que  les  meurtres  horribles  quisont  à 
l'ordre  du  jour,  que  tant  de  négligence  à  fréquenter  la 
confession  et  la  communion  chez  un  grand  nombre  de 
personnes,  que  tant  d'immodesties  dans  les  ajustements., 
que  tant  de  scandales  enfin  qui  défigurent  la  beauté  du 
christianisme,  n'attirent  sur  nous  la  foudre  qui  gronde 
déjà  sur  nos  tètes. 

Vous  n'avez  point  oublié.  Nos  TrèsChers  Frères,  ce  qui 
arriva  l'an  dernier  à  Québec  ;  ces  deux  effrayants  incen- 
dies qui  se  succédèrent  si  rapidement,  et  le  grand  malheur 
qui  y  est  encore  arrivé  cette  année.  Dieu,  qui  traite  cette 
ville  avec  tant  de  sévérité,  est  juste  et  souverainement 
juste;  nous  n'en  saurions  douter.  Mais  pouvons-nous 
nous  flatter  de  ne  pas  mériter,  autant  et  plus  que  cette 
ville  infortunée,  la  colère  d'un  Dieu  justement  irrité  ? 
Hélas  !  au  contraire,  ne  devons-nous  pas  nous  appliquer 
avec  justice  ces  paroles  du  Sauveur:  Si  le  bois  vert  a  été 
ainsi  traité,  que  sera-ce  donc  du  bois  sec?  (Luc.  23,  31.) 

C'est  au  milieu  de  ces  tristes  réflexions  que  Nous  élevon& 
la  voix   pour  vous  exhorter,  Nos  Très-Chers  Frères,   à 


392  xMANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

détourner  de  vous  un  semblable  malheur.  Dieu,  plein  de 
miséricorde,  veut,  vous  n'en  sauriez  douter,  que  l'on  fasse 
pénitence,  afin  de  n'être  pas  dans  la  nécessité  de  nous 
punir  en  juge  sévère  et  inexorable.  L'exemple  de  Ninive 
est  trop  frappant  pour  que  Nous  ne  le  rapportions  point 
ici.  Le  prophète  Jonas  lui  fait  cette  prédiction  de  la  part 
■du  Seigneur  :  encore  quarante  jours  et  Ninive  sera  détruite. 
A  la  voix  de  l'homme  de  Dieu,  tous  les  citoyens  de  cette 
grande  cité  rentrent  en  eux-mêmes.  Il  n'y  a  pas  jusqu'au 
roi  et  aux  princes  qui  ne  tremblent  à  la  vue  des  maux  qui 
allaient  fondre  sur  eux.  L'on  ordonne  un  jeûne  de  trois 
jours,  l'on  se  couvre  de  cilices  et  l'on  renonce  à  ses  crimes. 
Qui  sait,  s'écrie-t  on,  si  la  colère  du  Seigneur  ne  s'appaisera 
point,  et  si  nous  n'échapperons  point  à  ses  vengeances  ?  En 
effet,  Dieu,  voyant  que  les  Niniviles  étaient  convertis,  eut 
pitié  d'eux  et  les  délivra  de  la  ruine  dont  il  les  avaient 
menacés.  (Jonas  3.) 

F  lis  )  is  donc  di  dignes  fru  its  de  pénitence,  et  que  chacun 
rentre  dans  son  cœur  pour  mettre  ordre  aux  affaires  de  sa 
conscience.  Et  comme  l'ivrognerie  est  la  grande  plaie  du 
pays,  et  la  source  d'une  multitude  de  crimes,  Nous  vous 
<:onjurons,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  ne  pas  vous  laisser 
aller  aux  excès  du  vin  dans  lequel  se  trouve  toujours 
l'impureté  avec  tous  ses  sales  plaisirs.  Nous  vous  avertis- 
sons, de  la  part  de  Dieu,  de  mettre  ordre  à  ces  auberges 
où  se  passent  tant  de  scandales,  où  tant  de  gens  perdent 
la  raison,  où  tant  de  pères  de  famille  boivent  la  subsis- 
tance de  leurs  pauvres  enfanis  et  de  leurs  épouses  Infor" 
tunées,  où  tant  de  jeunes  gens  perdent  tous  les  bons  prin' 
cipes  qui  leur  ont  été  donnés  par  de  vertueux  parents,  où 
tant  de  chrétiens  contractent  des  maladies  incurables  ou 
trouvent  une  mort  tragique.  Nous  supplions  ceux  qui  ont 
l'autorité  de  suivre  strictement  la  loi,  et  de  ne  point  accor- 
der de  licence  à  ceux  qui  sont  assez  inhumains  et  assez 
cruels  pour  versera  leurs  frères  ces  liqueurs  enivrantes 
qui  se  changent  en  poison  ;  qui,  pour  s'enrichir  en  peu  de 
temps,  spéculent  sur  les  mœurs  publiques  et  ne  craignent 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  39J 

point  de  perdre  une  multitude  d'âmes  pour  un  vil  intérêt. 
Il  est  temps.  Nos  Très-Chers  Frères,  il  est  grandement 
temps  que  l'on  se  réveille  de  celte  funeste  lithargie  à 
laquelle  on  s'est  laissé  alLer.  Car  il  n'est  que  trop  à  crain, 
dre  que,  si  nous  abusons  des  biens  que  le  Seigneur  nous 
a  donnés  dans  sa  bonté,  il  ne  nous  les  ôte  tout-à-coup,  par 
quelqu'un  de  ces  funestes  événements  si  communs  de  nos 
jours.  Réparons  nos  excès  passés  par  d'abondantes  au_ 
mônes.  Et  pourrions-nous  encore  nous  permettre  des 
folles  dépenses,  lorsqu'il  y  a  tout  autour  de  nous  tant  de 
malheureux  qui  nous  font  entendre  leurs  plaintes  et  leurs 
gémissements?  Pourrions  nous  oublier  ces  victimes  de 
tant  d'incendies,  et  en  particulier  nos  frères  de  Laprairie  ? 
Ils  ne  demandent  rien  à  la  vérité,  par  un  sentiment  de 
délicatesse  bien  digne  de  leur  éducation.  Mais  leurs 
immenses  besoins  demandent  pour  eux;  mais  leurs  ma- 
sures appellent  le  secours  des  cœurs  généreux;  mais  les 
cendres  qui  ensevelissent  les  propriétés  qui  étaient  leurs 
seules  ressources  se  répandent  au  loin  pour  témoigneur 
du  grand  malheur  qui  vient  de  fondre  sur  eux.  A  la 
vérité,  les  temps  malheureux  où  nous  vivons  ne  permet- 
tent pas  aux  particuliers  de  faire  de  grands  sacrifices, 
mais  si  chacun  donne  selon  son  moyen,  nous  verrons  des 
fleuves  de  charité  couler  sur  ce  village  infortuné. 

Qui  sait,  Nos  Très-Chers  Frères,  si  Dieu  n'attache  pas 
notre  conservation  aux  secours  généreux  que  nous  porte, 
ronsà  des  hommes  qui  étaient  eux  mômes  si  compatissants 
pour  les  misères  du  prochain,  et  si  zélés  pour  la  belle 
œuvre  de  l'éducation?  Car,  vous  le  savez,  ils  venaient 
de  fonder,  par  leurs  larges  contributions,  une  maison  de 
charité,  pour  avoir  soin  de  leurs  pauvres,  et  le  jour  même 
deTincendie,  ils  avaieiit,  par  leurs  souscriptions,  complété 
une  forte  somme  pour  bâtir  une  maison,  afin  d'y  établir 
les  excellents  instituteurs  que  la  Providence  a  daigné 
donner  à  vos  enfants,  les  Frères  des  Ecoles  Chrétiennes. 
Mais  nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur  cet  article, 
car  nous  connaissons  votre  zèle  à  contribuer  à  toutes  les 


394  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

<Euvres  que  nous  avons  cru  devoir  recommander  à  votre 
charité. 

Nous  profitons  de  celte  circonstance,  Nos  Très-Chers 
Frères,  pour  vous  remercier  des  sacrifices  que  vous  vous 
êtes  imposés  chaque  fois  que  nous  avons  fait  appel  à  votre 
générosité,  pour  les  nouveaux  établissements  qui  s'élèvent 
au  milieu  de  vous  et  qui  font  tant  d'honneur  A  la  charité 
chrétienne  et  catholique.  Que  Dieu,  qui  rend  tout  au 
centuple  en  ce  monde,  et  qui  donne  dans  l'autre  la  vie 
éternelle  à  ceux  qui  font  quelque  chose  pour  son  amour, 
vous  comble  de  ses  bénédictions,  et  qu'il  vous  délivre  des 
maux  qui  nous  menacent. 

Nous  vous  annonçons  en  même  temps,  que  Nous  nous 
proposons  de  repartir  prochainement  pour  l'Europe  où 
nous  appellent  certaines  affaires  importantes  pour  l'avan, 
tage  de  la  Religion  dans  ce  Diocèse.  Gomme  nous  ne 
voyageons  que  pour  vos  intérêts  spirituels,  vous  ne  man- 
querez pas,  Nos  Très  Chers  Frères,  de  nous  assister  de  vos 
prières  continuelles.  Nous  les  reclamons  avec  instance, 
parce  Nous  sentons  le  pressant  besoin  que  nous  en  avons. 
Vous  pliâtes  pendant  notre  premier  voyage  dans  l'ancien 
monde,  et  vous  fiâtes  exaucés  ;  voilà  ce  qui  fait  notre 
confiance,  et  voilà  ce  qui  doit  faire  la  vôtre.  Nous  vous 
supplions  donc^  Nos  Très  Ghers  Frères,  par  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ  et  par  la  charité  du  St.Esprit,  de  nous  aider 
encore,  pendant  ce  second  voyage,  par  les  prières  que  vous 
adresserez  à  Dieu  pour  nous,  afin  que  nous  échappions  à 
tous  les  dangers  que  nous  pourrions  courir,  et  qu'étant 
plein  de  joie  de  Fheureux  succès  de  notre  voyage,  nous 
venions  de  nouveau  vers  vous,  si  c'est  la  volonté  de  Dieu,  et 
que  nous  jouissions  d'une  consolation  mutuelle.  En  attendant, 
que  la  paix  de  Dieu  soit  avec  vous.  (Rom.  15). 

A  cette  fin,  l'on  dira  cinq  Pater  et  cinq  Ave  les  diman 
ches  et  les   fêtes   d'obligation   immédiatement  après  la 
messe  paroissiale  ou  conventuelle,  et  tous  les  piètres  qui 
célébreront  dans  ce  diocèse,  réciteront  l'oraison  pro  qud- 
cumque   tribulatione,   en   se   conformant    aux   rubriques. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  395 

Nous  désirons  que,  flans  les  familles  et  les  écoles,  les 
enfants  fassent  chaque  jour  quelques  prières,  le  Pater  et 
VAve^  par  exemple,  pour  le  succès  de  notre  voyage,  dont 
ils  recueilleront,  Nous  l'espérons,  d'heureux  fruits.  Nous 
avons  la  confiance  que,  dans  les  communautés,  aux 
assemblées  de  confréries,  congrégations,  chemins  de  croix 
et  autres  pieuses  réunions,  l'on  se  souviendra  de  npus  et 
des  affaires  que  nous  avons  à  traiter.  Ces  prières  se'feront 
non-seulement  pour  le  succès  de  notre  voyage,  mais 
encore  pour  détourner  de  la  ville  et  des  campagnes  de 
notre  diocèse  les  fléaux  qui  font  sentir  leurs  ravages  en 
tant  de  lieux.  Noms  ne  vous  oublierons  pas,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  en  quelque  lieu  que  la  divine  Providence 
dirige  nos  pas.  Mais  vous  serez  surtout  présents  à  notre 
esprit,  lorsque  Nous  serons  au  tombeau  des  SS.  Apôtres 
et  aux  pieds  de  N.  S.  Père  le  Pape.  Nous  désirons  aller 
puisera  leur  source  les  lumières  et  les  grâces  qui  nous  sont 
si  nécessaires  pour  bien  gouverner  ce  diocèse. 

Nous  voulons  aller  offrir,  au  nouveau  Pontife  que  le 
ciel  nous  a  donné  dans  sa  miséricorde,  les  hommages  de 
tout  le  clergé  et  de  tous  les  fidèles  de  ce  Diocèse,  et  en 
rapporter  pour  vous  et  pour  nous  d'abondantes  bénédic- 
tions. Vous  avez  pu  apprécier  les  grâces  que  nous  allâmes 
puiser,  il  y  a  cinq  ans,  dans  le  sein  paternel  du  défunt 
Pontife,  d"heureuse  mémoire,  par  les  fruits  de  salut  qu'elles 
ont  opérés.  Vous  devez  espérer  qu'il  en  sera  de  même 
du  pieux  Pontife  qui  gouverne  aujourd'hui  l'Eglise  ;  il 
lèvera  sur  vous  comme  sur  nous  ses  mains  vénéi-ables  qui 
sont  pleines  des  trésors  de  Jésus-Christ,  afin  que  vous  soyez 
riches  de  tous  les  dons  de  Dieu. 

Nous  vous  avertissons,  N.  T.  G.  F.,  que  Nous  confions  à 
Monseigneur  l'Illustrissime  et  Révérendissime  Jean  Char- 
les Prince,  que  nous  consacrâmes,  le  25  Juillet  de  Tannée 
dernière,  comme  Evèque  de  Marlyropolis  et  noire  Coad- 
juteur  cum  futura  successione,  l'administration  de  ce  Dio- 
cèse, avec  d'amples  pouvoirs  pour  subvenir  à  tous  vos 
besoins  spirituels  ;  il  sera  assisté,  comme  nous-mème,  des 


396  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sages  conseils  de  nos  Vicaires  Généraux  et  des  Chanoines 
de  notre  Cathédrale. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  vous  recommander  de  mettre 
toute  votre  confiance  dans  ce  digne  Evêquedontle  mérite 
vous  est  parfaitement  connu.  Nous  sommes  persuadé 
que,  par  sa  sage  administration,  il  réparera  les  fautes 
multipliées  que  Nous  avons  commises  depuis  que  nous 
sommes  chargé  du  soin  de  vos  âmes.  Nous  espérons  aussi 
que,  par  votre  respectueuse  obéissance,  vous  allégerez  le 
lourd  fardeau  qu'il  va  porter  pour  votre  amour. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  notre 
Cathédrale  et  à  celui  de  toutes  les  églises  paroissiales,  le 
premier  dimanche  après  sa  réception,  et  en  chapitre  de 
toutes  les  communautés  séculières  et  régulières  de  ce 
Diocèse,  le  premier  jour  après  qu'elle  aura  été  reçue. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  cin- 
quième jour  du  mois  d'Août,  de  l'année  mil  huit  cent 
quarante-six,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 


Par  Monseigneur^ 
(Vraie  copie)^ 


-|-  Ict.  Evèoue  de  Montréal. 
J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 
J.  0.  Paré,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  5  Août  18x0. 
Monsieur, 

La  présente  est  pour  vous  informer  que  la  Retraite 
Pastorale  se  donnera  au  lieu  ordinaire;  qu'elle  commen- 
cera le  27  du  courant,  avant  la  prière  du  soir,  et  qu'elle 
se  terminera  le  4  Septembre  matin.  Nos  propres  affaires 
spirituelles,  les  grands  intérêts  du  Clergé,  les  avantages 
du  Diocèse  et  le  salut  des  fidèles  confiés  à  nos  soins,  sont 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  397 

■de  pressants  motifs  pour  nous  engager  à  nous  retirer 
quelques  jours  du  tracas  des  affaires,  afin  de  méditer  en 
paix  les  années  éternelles,  et  aviser  ensemble  aux  meil- 
leurs moyens  de  sanctifier  nos  brebis.  Mon  prochain 
départ  pour  l'Europe  est  pour  moi  une  raison  particulière 
de  vous  rencontrer  tous  dans  une  circonstance  si  solen- 
nelle. Aussi  ai-je  la  confiance  que  vous  répondrez  tous  à 
l'appel  que  je  vous  fais.  Pour  cela,  j'ai  réglé  que  plusieurs 
paroisses  seraient  dispensées  des  offices  du  dimanche  qui 
se  rencontrera  pendant  la  retraite,  et  que  l'on  se  contentera 
d'un  prêtre  pour  garder  trois  ou  quatre  paroisses,  pour 
faire  les  baptêmes  et  visiter  les  malades.  Afin  qu'il  n'y 
ait  point  de  mariages,  pendant  ce  temps,  je  dispense  d'un 
ban  tous  ceux  qui  devraient  se  marier  cette  semaine-là. 

M.  gardera  les  paroisses  de 

résidera  à  et  binera  à 

On  exhortera  ceux  qui  n'auront  point  la  messe  chez  eux 
à  aller  ailleurs  s'ils  le  peuvent.  Les  prêtres  qui  n'auront 
point  assisté  à  cette  première  retraite,  viendront  à  la 
seconde  qui  se  fera  à  TEvêché,  depuis  le  7  Septembre 
jusqu'au  15  du  môme  mois  au  matin.  L'assemblée  du 
bureau  de  la  Caisse  Ecclésiastique  se  tiendra  au  Collège, 
le  27  Août,  vers  les  sept  heures  du  soir.  Veuillez  bien 
recommander  à  vos  bons  paroissiens  de  prier  avec  ferveur 
pour  nous  tous,  et  me  croire  bien  véritablement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 


-J-  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

{Vraie  copie^) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 
27 


398  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Evêché  de  Montréal,  le  8  Juillet  1847. 
Monsieur^ 

L'immigration  qui  nous  apporte  la  maladie  devant  conti 
nuer  tout  l'été,  d'après  les  dernières  nouvelles  qui  nous 
arrivent  d'Europe,  je  crois  qu'il  est  convenable  de  remettre 
à  un  temps  indéterminé  la  Retraite  Pastorale  et  la  Confé- 
rence Ecclésiastique  que  je  vous  ai  annoncées  dans  ma 
dernière  Circulaire. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  informer  d'avance 
que  probablement  j'aurai  besoin  de  requérir  votre  minis- 
tère pour  le  service  spirituel  de  la  ville,  afin  d'aider  les 
messieurs  de  St.  Sulpice  qui  succombent  sous  le  fardeau. 
M.  Morgan  vient  de  mourir;  M.  Richard,  junior,  est  à 
l'extrémité  ;  M.  Garoff  est  dangereusement  malade  ;  M. 
Richard,  senior,  se  croit  atteint  de  la  maladie  :  tous  sont 
excédés  plus  ou  moins  de  fatigues,  Pour  le  moment,  je 
n'aurai  besoin  que  des  prêtres  sachant  assez  l'anglais  pour 
entendre  les  confessions.  Je  les  appellerai  deux  par  deux 
et  seulement  pour  huit  jours  de  suite,  afin  que  personne 
ne  soit  exposé  à  succomber  par  excès  de  fatigue. 

Je  vous  invite  à  venir  partager  les  travaux  des  prêtres 
de  la  ville,  depuis  le  de  jusqu'à  ,  un  mot  de 
réponse  au  plutôt,  s'il  vous  plait.  Je  suis  bien  convaincu 
que  personne  ne  reculera  devant  le  glorieux  sacrifice  que 
la  religion  demande  de  chacun  de  nous  ;  et  s'il  faut  à  la 
justice  de  Dieu  quelque  nouvelle  victime,  je  le  prie  de 
tout  mon  cœur  de  me  choisir  avant  tout  autre. 

Je  suis  bien  afi'ectueusement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

-J-  Ig.  Evéque  de  Montréal. 
(Vraie  copie), 

J.  0.  Paré,  Chaîi.  Secrétaire, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES    DOCUMEiNTS.  399 


LETTRE  PASTORALE 

DE    MONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE    iMONTRÉAL,    AU    SUJET    DE 

l'Épidémie  de  1847. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  apostolique^  Evéque  de  Montréal^  etc.^  etc. 

A  tous  les  Fidèles  rie  la  Ville  et  Paroisse  de  Montréal  :  Salut  et  Béné- 
diction en  Notre  Seigneur. 

Il  est  temps,  Nos  Très-Ghers  Frères,  que  nous  nous 
consolions  mutuellement,  dans  la  juste  douleur  qui  nous 
accable.  Car  depuis  le  huit  Juillet  dernier,  le  Seigneur 
nous  a  visités,  en  nous  enlevant  huit  Prêtres,  dix  Reli- 
gieuses, et  un  grand  nombre  de  laïques,  qui  se  sont 
dévoués,  avec  un  zèle  digne  de  tout  éloge,  au  service 
spirituel  et  corporel  des  malades.  En  outre,  nos  cœurs  ont, 
pendant  ce  temps  d'épreuve  que  nous  a  ménagé  la  divine 
Providence,  séché  de  crainte  à  cause  du  danger  qu'ont 
couru  et  que  courent  encore  le  Clergé,  les  Maisons  Reli- 
gieuses, et  bon  nombre  de  nos  Frères,  que  la  maladie 
régnante  a  réduits  à  l'extrémité.  Une  certaine  consterna 
tion  répandue  dans  toutes  les  classes  de  la  société,  à  la 
vue  de  la  terrible  épidémie  qui  exerce  ses  ravages  à  notre 
porte,  est  venue  mettre  le  comble  à  notre  désolation. 
Notre  Ville,  dans  ce  triste  état,  peut  bien  se  comparer  à 
Jérusalem,  autrefois  la  ville  chérie  du  Seigneur,  et  em- 
prunter, pour  déplorer  ses  malheurs,  les  cantiques  dou- 
loureux de  l'inconsolable  Jérémie.  Le  Seignsur  rrC a  rendue 
toute  désolée^  et  toute  épuisée  de  tristesse  pendant  tout  le 
jour...  C'est  lui-même  qui  a  foulé  le  pressoir  pour  en  faire 
couler  le  vin  de  sa  fureur  dont  il  a  enivré  la  Vierge.,  fille  de 
Juda.  Cest  pour  cela  que  je  fonds  en  pleurs  et  que  mes  yeux 
répandent  des  ruissaux  de  larmes.  Car  écoutez.,  vous  tous 
qui  prenez  part  à  mes  peines.  Mes  Prêtres  et  mes  vieillards 
ont  été  consumés  dans  la  ville...  1  Hélas  !  une  mort  prompte 

l  Liv.  I.  c.  1.  V.  13. 


400  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

et  inattendue  me, les  a  enlevés  ;  je  ne  les  vois  plus  à  ces 
Autels  où  ils  montaient  tous  les  jours  pour  offrir  pour  moi 
l'auguste  Victime  ;  je  ne  les  entends  plus  dans  cette  Chaire 
de  vérilé,  où  leurs  saintes  paroles,  animées  par  leurs  bons 
•exemples,  me  faisaient  si  bien  comprendre  l'horreur  du 
vice  et  l'amour  de  la  vertu  ;  je  ne  les  trouve  plus  dans  ces 
tribunaux  sacrés  de  la  Pénitence,  où  si  souvent,  dans 
l'ardeur  de  leur  charité,  ils  mêlaient  leurs  larmes  avec  le 
sang  de  Jésus-Christ,  pour  purifier  les  souillures  de  mon 
âme  ;  je  les  cherche  en  vain  dans  ces  Sanctuaires  vénéra- 
bles, où  ils  venaient  à  chaque  solennité  prendre  place  avec 
■une  religieuse  gravité.    De  tristes  et  lugubres  échos  me 
disent  sans  cesse  :  Hélas  !  ils  ne  sont  plus,  ces  bons  Pas- 
teurs qui,  à  l'exemple  du  Souverain  Pasteur,  ont  donné 
leur  vie  pour  leurs  brebis.    Sacerdotes  mei  et  senes  mei  in 
turhe  eonsumpti  sunt  1.     Ce  n'est  pas  tout  :  écoutez  encore 
le  récit  de  mes  maux.    Mes  vierges  ont  succombé  sous  le 
glaive  de  cette  cruelle  maladie.    La  religion,  en  les  for- 
mant à  la  vie  Angélique  qu'elles  avaient  embrassée,  avait 
mis  dans  leurs  cœurs  un  sentiment  bien  noble,  le  dévou- 
ment  le  plus  entier  et  le  plus  absolu.  Elle  avait  gravé  bien 
avant  dans  leurs  âmes  la  compassion  pour  tous  les  misères, 
et  la  tendresse  pour  tous  les  malheureux.    Elle  leur  avait 
donné  nour  pères  et  pour  mères,  pour  frères  et  pour  sœurs 
tous  les  pauvres  ;  elle  avait  appris  que  c'était  là  tous  leurs 
trésors  en  ce  monde,  et  qu'en  les  soignant,  elles  soignaient 
Jésus-Christ.    Elle  leur  avait  inspiré  ce  courage  héroïque 
qui  les  avait  mises  audessus  de  la  faiblesse  ordinaire  de 
leur  sexe.  Et  voilà  pourquoi  elles  se  prodiguaient  de  toutes 
leurs  forces  pour  secourir  de  si  grande  misères  ;  n'ayant 
qu'un  seul  regret,  celui  de  ne  pouvoir  faire  d'avantage 
pour  le  Dieu  des  pauvres,  de  nouveau  couché  suv  la 
paille,  dans  la  pauvre  étable  de  Bethléem.    Et  voilà  pour- 
quoi  elles  affrontaient  avec  tant  d'intrépidité,  une  maladie 
qui  répand  partout  la  frayeur.    Et  voilà  pourquoi  elles 
bravaient  sans  crainte,  avec  joie  même,  la  mort,  malgré 

1  Id.  c.  19. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  401 

toutes  ses  horreurs.  Hélas  !  cette  impitoyable  maladie  a 
atteint  de  ces  héroïnes  du  Catholicisme,  et  la  mort  a  déjà 
fait  parmi  elles  dix  victimes.  Elles  sont  tombées,  celles 
qui,  comme  des  anges  de  paix,  consolaient  tant  d'âmes 
affligées.  Elles  ont  disparu  celles  qui  allaient  dans  ces 
séjours  de  tant  de  douleurs  avec  plus  de  joie  que  l'on  ne 
va  à  un  festin  [melius  ire  ad  domum  luctûs^  quam  ad  domum 
convivii.)  Elles  ne  paraissent  plus  aux  chevets  de  tant  de 
mourants,  celles  qui  consumaient  leur  existence  au  soula- 
gement de  l'humanité  souffrante.  Aux  cantiques  joyeux 
qui,  il  y  a  peu  de  jours,  retentissaient  dans  les  humbles 
Asiles  de  ces  servantes  des  pauvres,  succède  un  morne 
silence,  et  ce  silence  n'est  interrompu  de  temps  en  temps 
que  par  des  chants  lugubres  qui  annoncent  que  l'on  va  con- 
fier à  la  terre  les  corps  de  celles  qui  ont  succombé  sous  le 
glaive  terrible  du  fléau  dévastateur.  Virgines  mex...  ceci- 
derunt  in  gladio  1.  Ah  !  que  de  justes  raisons  j'ai  de  multi- 
plier mes  gémissements,  et  qu'à  bon  droit  mon  cœur  est 
navré  de  douleur.  Multi  gemitus  mei  et  cor  mœrens  2.  Tels 
sont,  Nous  n'en  doutons  pas,  Nos  Très-Chers  Frères,  les 
sentiments  qui  animent  chacun  de  vous,  à  la  vue  des 
pertes  immenses  que  fait  en  ce  moment  la  Religion.  Et 
puisque,  par  des  sentiments  si  dignes  de  votre  piété,  vous 
partagez  notre  juste  douleur,  Nous  nous  faisons  un  devoir 
d'interrompre  un  instant  nos  incessantes  occupations  pour 
vous  aider,  par  cette  lettre,  et  nous  consoler  ainsi  mutuel- 
lement devant  Dieu.  Coram  Deo  :  ideo  bonsolati  sumus  3. 
Vous  avez  été  et  vous  êtes  encore  profondément  affligés,  et 
et  Nous  aussi.  Nos  Très-Chers  Frères,  car  si  vous  pleurez 
et  regrettez  les  pères  de  vos  âmes,  et  les  mères  de  vos 
pauvres.  Nous  pleurons  et  nous  regrettons  de  dignes  colla- 
borateurs et  de  généreux  coopérateurs  dans  Taccomplisse- 
OQent  des  grands  devoirs  que  nous  impose  la  charge  Pas- 
:orale.  Ils  sont  tombés  ceux  et  celles  qui,  par  leurs  vertus, 

1  1(1.  c.  2.  V.  21. 

2  Id.  c.  22. 

3  II.  Cor.  c.  7.  V.  13. 


402  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

par  leur  inaltérable  charité,  faisaient  l'ornement  de  cette 
ville,  et  de  ce  diocèse.  Cecedit  corona  capitis  nostri  1.  Nous 
leur  devons  à  tous  un  juste  tribut  d'éloges  ;  mais  Nous  ne 
saurions  le  leur  payer  autrement  que  par  les  larmes  que 
Nous  versons  dans  le  secret  de  notre  âme.  Ingemisco  ego  2. 
Le  ciel  fut  inexorable,  et  rejeta  toutes  les  prières  que  nous 
lui  adressâmes  pour  nous  conserver  de  si  dignes  ouvriers. 
Ah  !  c'est  que  nous  avions  commis  tant  d'iniquités  et 
tellement  provoqué  sa  colère,  que  nous  nous  étions  rendus 
indignes  de  cette  grâce.  Nos  inique  egimus,  et  ad  iracun- 
diam  provocanimus  ;  ideo  tu  inexorabilis  es.  Qui  pourra 
donc  nous  soulager  dans  une  si  grande  affliction  ;  ce  sera 
Nos  Très-Ghers  Frères,  notre  foi  ;  elle  seule  a  pu  inspirer 
à  ceux  que  nous  regrettons,  le  courage  qui  les  anima  ;  elle 
seule  peut  aussi  nous  faire  accepter,  avec  une  humble 
résignation,  tant  de  coup  redoublés  que  frappe  la  main 
d'un  père,  qui  est  justement  irrité.  Or,  voici  ce  qui  doit 
nous  consoler  dans  ce  temps  mauvais.  Ceux  que  nous  pleu- 
rons sont  morts  en  faisant  les  oeuvres  de  justice  que 
l'Evangile  préconise,  et  qui  mènent  à  la  vie  éternelle. 
Operati  sunt  justitiam.  Ils  ont  donné  à  manger  à  ceux  qui 
étaient  dévorés  par  la  soif  d'une  fièvre  brûlante  ;  ils  ont 
reçu  les  étrangers,  ils  ont  visité  les  malades.  Oh  !  espérons- 
le,  ils  vont  recueillir  les  biens  promis  par  le  Dieu  dont  les 
promesses  sont  infaillibles.  Adepti  sunt  repromissiones.  Ils 
avaient  entendu  de  la  bouche  du  juste  juge,  ces  délicieuses 
paroles  :  Venez  les  bien-aimés  de  mon  père  ;  venez  possédez 
h  Royaume  promis  dès  le  commencement  du  monde^  à  ceux 
qui  font  les  œuvres  que  vous  avez  faites.  Aux  lieu  de  les 
pleurer,  réjouissons-nous  donc  plutôt  de  leur  bonheur,  et 
envions  saintement  leur  heureux  sort  ;  consolamini  invicem. 
Avant  de  mourir,  ils  ont  envoyé  au  ciel  beaucoup  d'âmes 
prédestinées.  Ils  ont  fait  triompher  la  Religion,  en  mon- 
trant au  monde  étonné  ce  qup  peut  la  charité  catholique. 
Ils  ont  dissipé  ces  préjugés  qui  empêchaient  beaucoup  de 

4  Jem.  c.  5.  16. 
1  Id.  c.  1.  V.  21. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  403 

îios  frères  séparét:  de  connaître  ce  que  c'est  que  la  foi 
catholique,  qui  sait  inspirer  tant  de  pénibles  sacrifices 
pour  la  gloire  de  Dieu.  Ils  comprennent  aujourd'hui  où 
est  la  vraie  charité,  où  est  le  vrai  dévouement,  et  en  con- 
séquence, où  est  la  vraie  foi.  Car,  c'est  à  ses  fruits  que 
l'on  reconnaît  si  l'arbre  est  bon  ou  mauvais. 

En  mourant,  ils  ont  été  des  victimes  de  propitiation  qu'a 
choisies  la  justice  Dieu  de  pour  se  satisfaire,  parce  qu'elle 
était  irritée  pai  nos  crimes  ;  afin  de  pouvoir  ensuite  faire 
grâce  au  grand  nombre  de  coupables  qui.  parmi  nous, 
abusent  continuellement  de  ses  grandes  miséricordes. 
Oui,  il  faut  l'espérer,  Nos  Très  Chers  Frères,  Dieu  nous 
pardonnera,  et  détournera  de  dessus  nous,  le  terrible  fléau 
qui  nous  menace,  en  considération  de  ses  bons  serviteurs 
et  de  ses  humbles  servantes  qui  ont  tout  sacrifié,  même 
leur  santé,  même  leur  vie,  pour  accomplir  le  grand 
précepte  de  la  charité  :  11  a  compté,  ce  Dieu  de  bonté,  qui 
récompense  tout,  jusqu'à  un  verre  d'eau  froide  donné 
pour  son  amour,  il  a  compté,  disons  nous,  leurs  pas  et 
leurs  démarches  dans  ce  champ  de  douleur,  qui  fut  le 
théâtre  de  leurs  combats.  Ah  !  qu'ils  sont  beaux  les  pieds 
de  ceux  qui  se  sont  ainsi  lassés  à  courir  dans  cette  noble 
carrière  pour  procurer  à  tant  de  malheureux  le  bonheur 
et  la  paix.  Quam  speciosi  pedes  evangelizantium  pacem.  Il  a 
entendu  les  profonds  soupirs  que  le  spectacle  de  tant  et 
de  si  affreuses  misères  leur  a  fait  pousser.  Il  a  vu  les 
larmes  et  les  sueurs  dont  ils  ont  arrosé  cette  terre  aride, 
et  ces  marais  où  gissent  tant  de  malheureux.  Oh  !  que  de 
cris  puissants  s'élèvent  aujourd'hui  de  cette  terre  sancti- 
fiée par  tant  de  travaux,  et  sollicitent  pour  nous  la  divine 
miséricorde.  Il  a  été  témoin  des  généreux  sentiments  qui 
les  animaient,  lorsqu'ils  s'immolaient  pour  leur  prochain  ; 
chacun  d'eux  pouvant  dire  avec  l'Apôtre  :  Pour  moi,  je 
donnerai  très-volontiers  tout  ce  que  fai^  et  je  me  donnerai 
encore  moi-même  pour  le  salut  de  ces  âmes.  Daigne  le  Sei- 
gneur dans  sa  bonté,  et  en  considération  d'un  si  généreux 
dévouement,  épargner  les  brebis,  après  avoir  ainsi  frappé 


404  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  pasteurs.  C'est  le  vœu  que  Nous  formons  de  toute 
l'ardeur  de  notre  âme  ;  et  fasse  le  ciel  qu'il  en  soit  ainsi» 

Mais  n'oubliez  pas,  Nos  Très-Chers  Frères,  que  pour 
vous  rendre  Dieu  favorable,  il  faut  faire  de  dignes  fruits 
de  pénitence.  Pour  cela,  gravez  bien  avant  dans  vos 
cœurs  ces  recommandations  que  Nous  vous  faisons  de  sa 
part:  1°  Rentrez  sérieusement  en  vous-même,  et  exami- 
nez bien  devant  Dieu  si  votre  conscience  vous  rend  ce 
témoignage  qu'en  vivant  comme  vous  avez  vécu  jusqu'ici, 
vous  seriez  tranquille  au  moment  de  la  mort  ;  2»  Mettez 
au  pkUôt  ordre  aux  affaires  de  votre  conscience,  en  faisant 
une  bonne  confessioL,  et  en  réparant  les  torts  faits  au 
prochain  ;  car,  comme  dit  St.  Augustin,  le  péché  ne  saurait 
être  pardonné,  si  l'on  ne  restitue  point  le  bien  mal  acquis. 
3°  Réparez  les  fautes  de  votre  vie  passée  par  d'abondantes 
aumônes,  que  \^ous  prodiguerez  selon  votre  moyen.  Si 
vous  avez  beaucoup,  donnez  beaucoup;  et  si  vous  avez 
peu,  donnez  peu  ;  mais  de  bon  cœur.  Car  l'aumône  déli- 
vre du  péché  et  de  la  mort  éternelle.  Les  besoins  des 
pauvres  sont  grands,  Nos  Très-Chers  Frères,  dans  ce  temps 
de  calamité  ;  et  si  Dieu  n'en  a  pitié,  ils  seront  encore  plus 
grands  dans  quelque  temps.  A  cette  fin.  Nous  désirons 
qu'il  se  fasse  dans  les  diverses  églises  de  cette  ville,  des 
quêtes  pour  le  soulagement  des  malheureux,  aussi  sou- 
vent qu'on  le  jugera  nécessaire,  et  dans  la  ville  même, 
afin  que  l'on  se  prépare  d'avance  à  soulager  efELcacement 
les  pauvres  pendant  la  saison  d'hiver  qui  pourrait  bien 
être  cette  année  plus  rigoureuse  qu'à  l'ordinaire,  à  cause 
de  la  grande  misère  que  la  calamité  régnante  va  nécessai- 
rement produire.  4°  Enfin  mettez-vous  sous  la  protection 
de  Marie  :  et  priez  la  de  vouloir  bien  préserver  cette  ville 
et  tout  ce  diocèse  du  fiéau  redoutable  qui  nous  menace. 
Que  chacun  de  Nous,  en  suivant  les  règles  de  la  prudence, 
et  en  consultant  son  directeur,  fasse  à  cette  auguste  Pa- 
tronne, les  promesse  qu'il  jugera  lui  être  plus  agréables, 
pour  mettre  sa  famille  à  l'abri  de  la  contagion. 

Pour  Nous,  qui  sommes  le  père  des  communautés, et  de 


i 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  405 

tous  les  fidèles  confiés  à  nos  soins,  Nous  renouvelons  ici 
publiquement  et  solennellement  le  vœu  que  Nous  avons 
fait  dans  l'intérieur  de  notre  cœur,  pour  préserver  de  tant 
de  malheurs  la  grande  famille  que  Nous  a  donnée  le 
Seigneur,  et  qui  est  si  chère  à  notre  cœur. 

«  0  Divine  Marie,  je  me  prosterne  humblement  à  vos 
('  pieds,  pour  vous  protester,  dans  la  sincérité  de  mon 
«  âme,  que  je  suis  le  dernier  de  vos  serviteurs  ;  et  que  je 
«  ne  mérite  pas  même  de  porter  ce  glorieux  nom,  vous 
a  ayant  été  jusqu'ici  si  peu  fidèle  ;  et  n'ayant  jamais  rien 
«  fait  qui  fût  digne  de  vous. 

«  Toutefois  reconnaissant  que  vous  êtes  une  mère  pleine 
«  de  bonté  ;  et  que  vous  aimez  à  faire  du  bien  à  ceux  qui 
«  sont  les  plus  pauvres  et  les  plus  misérables,  je  vous  con- 
«  jure,  avec  toute  la  confiance  que  m'inspire  la  pensée  de 
«  votre  cœur  de  Mère,  de  faire  cesser  la  calamité  qui  règne 
«  dans  le  clergé  et  les  communautés  de  ce  Diocèse  ;  et  de 
^  préserver  de  cette  funeste  contagion  tout  le  penple  confié 
«  à  mes  soins. 

K  Je  confesse  humblement  que  nous  méritons  tous  d'être 
((  traiiés  avec  la  dernière  rigueur  à  cause  de  nos  péchés  et 
«  de  notre  impénitence.  Mais  souvenez-vous  que  le  plus 
«  sûr  moyen  de  faire  éclater  votre  grande  miséricorde  est 
«  de  nous  obtenir  le  pardon  de  nos  innombrables  iniquités. 
«  Je  compte  tellement  sur  la  grâce  que  je  réclame  en  ce 
!(  moment  de  votre  bonté  que  je  m'engage,  pour  vous  en 
«  témoigner  toute  ma  reconnaissance,  à  travailler,  de  toutes 
«  mes  forces  et  tout  le  reste  de  ma  vie,  à  vous  faire  con- 
«  naître,  aimer  et  servir  dans  tout  ce  diocèse,  qui  est  à 
«  vous  d'une  manière  si  spéciale,  et  pour  lequel  vous  avez 
«  déjà  tant  fait,  comme  preuve  de  la  protection  si  visible 
«  que  voulez  bien  lui  accorder. 

«  Je  m'engage  particulièrement,  et  par  vœu,  à  faire  tous 
«  mes  efforts  pour  rétablir  le  pieux  pèlerinage  de  Notre- 
«  Dame  de  Bonsecours^  qui,  par  le  malheur  des  temps  n'est 
«  plus  ce  qu'il  fut  autrefois.  Je  sais  que  de  tout  temps 
«  vous  avez  aimé  à  être  appelée  dans  cette  ville  le  Secours 


406  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  des  Chrétiens  ;  Auxilium  Christianorum.  C'est  ce  qu'attes- 
.  «  tent  les  prodiges  que  vous  avez  daigné  opérer  dans  cette 
«  vénérable  chapelle  que  vous  bâtirent  nos  pères. 

«  Ils  y  allaient,  ces  religieux  ancêtres,  avec  une  piété 
«  tendre  qui  leur  méritait  votre  protection.  Hélas  !  nous 
*  avons  beaucoup  dégénéré  de  cette  dévotion  qui  les  atta- 
«  chait  à  votre  service,  et  l'Eglise,  qu'ils  fréquentaient 
«  avec  tant  de  ferveur,  est  devenue  comme  déserte  par 
«  notre  coupable  indifférence.  C'est  pour  cela,  sans'doute, 
«  que  nous  avons  mérité  de  perdre  cette  célèbre  image 
0  qui  faisait  le  plus  bel  ornement  de  votre  sanctuaire. 

x  Voulant  réparer  cette  négligence  qui  a  dû  affliger 
«  votre  bon  cœur,  je  prends  l'engagement  de  m'employer 
«  de  mieux  à  établir,  dans  le  lieu  que  vous  voudrez  bien 
«  vous  même  choisir,  ce  que  j'ai  vu  avec  tant  d'édification 
«  dans  l'ancien  monde,  c'est-à-dire,  le  concours  continuel 
«  de  pieux  fidèles  visitant  un  lieu  consacré  à  votre  hon- 
«  heur.  Là  vous  recevrez  les  hommages  des  pieux  pèlerins 
«  et  vous  présiderez  à  toutes  les  affaires  temporelles  qui  se 
«  feront  sous  vos  yeux.  Vous  les  bénirez  afin  qu'il  ne  se 
«  commette  aucune  injustice,  et  que  le  riche  partage  avec 
«  le  pauvre  les  biens  de  ce  monde.  A  la  place  de  cette 
«  Image  Sainte  que  nos  pères  vénérèrent  avec  tant  de 
«  respect,  et  qui  en  punition  de  notre  indévotion,  a  disparu 
«  de  ce  temple,  daignez  recevoir  la  Statue  de  bronze  doré, 
«que  j'ai  fait  faire  à  Paris;  et  quia  été  solennellement 
«  bénite  à  l'autel  de  l'Archiconfrérie,  dans  l'Eglise  qui 
«  vous  est  dédiée  sous  le  titre  de  Notre-Dame  des  Victoires. 

«  Sous  une  inspiration,  qui  évidemment  venait  de  vous, 
«  j'ai  fait  graver  sur  le  piédestal  cette  dévote  invocation 
«que  vous  adresse  l'Eglise:  ORA  PRO  POPULO,  INTER- 
«  YENI  PRO  CLERO ;  et  qui  est  en  ce  moment  le  cri  de  notre 
«  douleur  et  l'élan  de  notre  cœur  pour  obtenir  votre 
«  secours  dans  noire  présent  besoin. 

«  Cette  Image  attestera  à  la  postérité  la  plus  reculée  que 
«  vous  étiez  vraiment  notre  Mère.  Pour  que  cette  insigne 
«  faveur  ne  s'efface  jamais  du  souvenir  des  habitants  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  407 

«  cette  ville  et  de  ce  diocèse,  je  ^'ous  promets  d'exposer, 
«  dans  ce  Sanctuaire  où  vous  avez  établi  votre  demeure, 
«  en  ex  voto,  un  tableau  représentant  le  Typhus  cherchant 
«  à  entrer  en  cette  ville,  mais  arrêté  à  la  porte  par  votre 
«  puissante  protection. 

«  C'est  à  la  face  de  tout  ce  pays,  et  en  présence  de  nos 
«  frères  séparés  qui,  hélas  !  ne  connaissent  pas  combien 
«  vous  êtes  bonne  et  puissante,  que  je  prends  cet  engage- 
«  ment.  Il  y  va  donc  de  votre  honneur  et  de  votre  gloire 
«  à  exaucer  un  vœu  si  solennel.  C'est  vraiment  une  occa- 
«  sion  bien  favorable  de  prouver  qu'on  ne  vous  invoque 
«  jamais  en  vain. 

«  0  Marie,  secourez  vos  enfants  malheureux  ;  aidez 
«  ceux  qui  sont  faibles  ,  réchauffez  ceux  qui  sont  tièdes 
«  dans  le  service  de  Dieu  ;  priez  pour  le  peuple  ;  employez- 
«  vous  pour  le  clergé  ;  intercédez  pour  les  communautés 
«  consacrées  à  votre  divin  Fils.  Que  tous  ceux  qui  vous 
«  honorent  par  leur  confiance  éprouvent  les  heureux  effets 
«  de  votre  secours.  Que  s'il  faut  encore  au  L)ieu  qui  nous 
«  frappe  de  nouvelles  victimes,  conjurez-le  d'accepter 
«  l'offrande  que  je  lui  fais  de  tout  moi-même.  Mais  de 
«  grâce,  qu'il  épargne  son  peuple.  Parce^Domine,  populo  tuo. 

«  Fait  et  passé  à  YiRe-Marie,  le  treize  Août  mil  huit 
«  cent  quarante-sept.  )> 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  notre 
Cathédrale  et  à  celui  de  l'Eghse  Paroissiale,  Dimanche 
fête  de  la  glorieuse  Assomption  de  la  Très-Sainte  Vierge. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  trei- 
zième jour  du  mois  d'Août  mil  huit  cent  quarante-sept, 
sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing  de  notre 
Secrétaire. 

•\-  Ig.,  Evéque  de  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

J,  0.  Paré,  Chan.,  Secrétaire. 


408  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT 

DE  MONSEIGNEUR  L'ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL.  ANNONÇANT  SON 
RETOUR  DE  ROME,  ET  CONFÉRANT  AU  DIOCÈSE  DIVERSES 
GRACES  ET  FAVEURS. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
St.  Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  aux 
Fidèles  de  Notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Dans  notre  Lettre  Pastorale  du  cinq  Août  de  l'année 
dernière,  Nous  vous  annonçâmes,  Nos  très-chers  Frères, 
le  dessein  que  nous  avions  formé  de  retourner  en  Europe, 
et  Nous  nous  recommandâmes  à  vos  ferventes  prières. 
Nous  avions  si  bien  éprouvé,  dans  notre  premier  pèleri- 
nage dans  la  Ville  Sainte,  les  heureux  effets  de  vos  hum- 
bles supplications  pour  nous  auprès  du  Seigneur,  que 
Nous  ne  pouvions  pas  manquer  de  recourir  à  un  moyen  si 
efficace  pour  rendre  ce  dernier  voyage  aussi  utile  au  Dio- 
cèse que  l'avait  été  le  premier.  Nous  n'avons  point  été 
trompé  dans  notre  confiance, et  Nous  pouvons  vous  assurer, 
dans  la  sincérité  de  notre  âme,  que  Nous  avons  senti, 
partout  et  à  chaque  pas  que  nous  faisions,  que  vous  étiez 
avec  nous,  priant  et  implorant  pour  nous  la  divine  misé- 
ricorde. Nous  quittâmes  cette  ville  le  vingt-neuf  Sep- 
tembre, sous  la  protection  de  St.  Michel  et  de  tous  les 
Saints  Anges,  et  le  vingt-sept  Mai,  nous  étions  de  retour, 
sans  avoir  éprouvé  aucun  accident,  quoique  nous  eussions 
voyagé,  comme  vous  le  savez,  dans  des  temps  fort  orageux. 

L'objet  principal  de  notre  premier  voyage  dans  Tancien- 
monde  était,  comme  nous  vous  en  avions  informé  avant 
notre  départ,  de  procurer  à  ce  Diocèse  un  renfort  d'ou- 
vriers évangéliques,  pour  aider  vos  pasteurs  qui  succom- 
baient sous  le  fardeau.  Vous  les  avez  obtenus,  ces  ouvriers  ; 
et  les  fruits  admirables  de  salut  qui  ont  été  produits  en 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  409 

tout  lieu,  disent  plus  haut  et  plus  éloquemment  que  nous 
ne  pourrions  le  faire,  combien  le  Seigneur  est  bon  de  vous 
avoir  procuré  tant  et  de  si  puissants  secours  pour  la  sanc- 
tification de  vos  âmes. 

En  entreprenant  notre  second  voyage,  Nous  avions 
principalement  en  vue  de  procurer  à  vos  enfants  de  nou- 
veaux moyens  d'instruction,  tant  pour  les  rendre  de  bons 
chrétiens  que  pour  les  rendre  capables  de  gagner  honora- 
blement leur  vie.  Déjà  la  divine  Providence  nous  avait 
envoyé  les  enfants  du  Vénérable  Jean-Baptiste  de  la  Salle, 
lesquels,  depuis  l'année  1337,  par  les  soins  et  les  sacrifices 
d'une  Communauté  de  tout  temps  bien  chère  à  vos  cœurs, 
remplissent  cette  tâche  importante  avec  un  très-grand 
succès.  Plein  de  confiance  en  la  protection  de  ce  grand 
Serviteur  de  Dieu,  qui  consacra  toute  sa  vie  à  l'instruction 
et  sanctification  de  l'enfance.  Nous  avons  prié  sur  son 
tombeau,  et  nous  l'avons  conjuré  de  devenir  le  protecteur 
de  l'éducation  dans  notre  Diocèse.  Nous  lui  avons 
demandé  d'employer  son  crédit  auprès  de  Dieu  pour 
obtenir  des  auxiliaires  à  ceux  de  ses  enfants  qui  sont  venus 
en  Canada,  nous  faire  participants  de  la  sublime  mission 
qu'il  avait  reçue  du  Ciel,  et  qui  ne  pouvaient  recueillir 
seuls  une  si  abondante  moisson. 

Tous  nos  vœux  réunis  ont  été  exaucés.  Nos  très-chers 
Frères,  et  nous  avons  la  consolation  de  vous  annoncer  que 
Dieu  a  béni  les  généreux  sacrifices  que  s'imposent  plu- 
sieurs personnes  appartenant  au  Clergé  et  à  l'état  laïque, 
pour  procurer  à  la  Religion  et  à  la  Patrie  le  précieux 
avantage  d'une  éducation  soignée  et  en  même  temps 
religieuse.  Que  Dieu,  dans  sa  bonté,  le  leur  rende  au 
centuple  dans  ce  monde,  et  qu'il  leur  accorde  la  vie  éter- 
nelle dans  l'autre,  lui  qui  récompense  jusqu'à  un  verre 
d'eau  froide  donné  pour  son  amour.  Sous  le  rapport  de 
l'éducation,  vous  avez  donc  maintenant  de  grandes  res- 
sources*, car  il  y  a  dans  le  Diocèse  trois  Congrégations 
religieuses  chargées  de  donner  l'éducation  primaire  à  vos 
garçons,  et  quatre  remplissent  cette  fonction  pour  vos 


410  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

filles.  Que  Dieu  dans  sa  miséricorde  veuille  bien  les 
bénir  et  les  multiplier,  afin  que  toutes  étant  parfaitement 
unies  de  cœur  et  d'âme,  elles  remplissent  avec  zèle  et 
succès  la  sublime  mission  que  leur  a  assignée  la  divine 
Providence. 

Avec  tous  ces  moyens  d'éducatian  qui  vous  sont  ofî'erts, 
vous  ne  manquerez  pas.  Nos  très-ciiers  Frères,  de  vous 
imposer  les  plus  généreux  sacrifices  pour  vous  procurer, 
avee  le  temps,  le  précieux  avantage  d'une  Maison  de  Frè- 
res et  d'une  Maison  de  Sœurs  dans  chaque  paroisse.  Ce 
sera  alors  que  vous  comprendrez  véritablement  le  prix 
d'une  éducation  religieuse  et  soignée. 

Ayant  plusieurs  Instituts  religieux  consacrés  aux  œu- 
vres de  charité,  vous  ferez  tous  vos  efforts  pour  les  favo- 
riser, en  établissant,  par  exemple,  dans  chaque  comté  et 
dans  l'endroit  le  plus  central,  quelque  maison  pour  y 
recevoir  vos  pauvres  et  vos  malades.  Car  il  ne  faut  pas 
oublier,  Nos  très-chers  Frères,  que  la  Religion  pure  et  sans 
tache  aux  yeux  de  Dieu^  notre  père^  consiste  à  visiter  les 
orphelins  et  les  veuves  dans  leur  affliction  ;  c'est-à-dire  à  avoir 
soin  de  tous  ceux  qui  sont  sans  ressource.  Oh  !  Nos  très- 
chers  Frères,  rendez  vous  favorables  les  pauvres,  en 
pourvoyant  avec  charité  à  tous  leurs  besoins.  Prenez 
garde  qu'il  y  en  ait  parmi  vous  qui  languissent  dans  la 
misère.  Car  leurs  plaintes  seraient  entendues  de  Dieu 
qui  se  déclare  le  Père  des  Pauvres,  et  elles  feraient  descen- 
dre du  ciel  les  plus  grands  malheurs. 

Nous  ne  vous  dirons  pas  tout  ce  que  nous  avons  senti 
de  bonheur  dans  la  sainte  Cité  de  Rome,  et  en  présence 
de  cette  multitude  de  monuments  religieux  qui  rappellent 
tant  et  de  si  délicieux  souvenirs.  Nous  ne  vous  parlerons 
pas  des  consolations  que  nous  avons  éprouvées  aux  pieds 
du  Vicaire  de  Jésus-Christ  chaque  fois  qu'il  Nous  a  été 
permis  de  l'entretenir  de  vos  plus  chers  intérêts,  et  d'im- 
plorer, et  pour  vous  et  pour  Nous,  l'abondance  des  béné- 
dictions célestes,  dont  il  est  le  dépositaire.  Qu'il  suffise  de 
vous  dire  que,  dans  tous  les  lieux  consacrés  par  le  sang 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  41 1 

de  milliers  de  martyrs  que  Nous  avons  visités,  et  dans  ces 
grandes  solennités  où  la  Religion  donne,  autant  qu'on 
peut  l'avoir  sur  la  terre,  une  idée  du  Ciel,  par  l'harmonie 
de  ses  chants  joyeux,  et  la  pompe  de  ses  augustes  céré- 
monies, vous  étiez  présens  à  notre  souvenir.  Oh  !  combien 
de  fois  Nous  nous  sommes  écrié  en  nous-même,  à  la  vue 
de  ces  magnifiques  et  imposants  spectacles  que  présente 
sans-cesse  la  ville  de  Rome  :  Quel  bonheur  pour  notre  peuple, 
s'il  était  présent  à  ces  belles  fêtes  !  Quelle  consolation  pour 
tant  de  fervents  chrétiens  qui  mettent  toutes  leurs  délices 
dans  les  jouissances  surnaturelles,  sHls  voyaient  et  s'ils  enten- 
daient ce  que  Nous  voyons  et  entendons  !  Quelles  ravissantes 
impressions  pour  ces  âmes  de  foi,  chei  qui  la  Religion  est 
tout  !  Que  nous  serions  heureux  si  le  troupeau  confié  à  nos 
soins  visitait  avec  Nous  les  tombeaux  des  Saints  Apôtres,  s'ils 
entend  aient , comme  nous, ces  dévots  cantiques  qui  retentissent, 
non  seulement  dans  les  temples,  mais  encore  dans  les  places 
publiques  et  dans  les  rues,  à  V honneur  de  la  Mère  de  Dieu,  si 
tendrement  aimée  par  ce  peuple  fidèle. 

Mais  nous  laissons  ià  toutes  ces  émotions,  quelque  déli- 
cieuses qu'elles  puissent  être  pour  vos  cœurs  vraiment 
chrétiens,  et  Nous  nous  hâtons  de  vous  faire  part  des 
faveurs  que  Notre  Saint  Père  le  Pape  Nous  a,  dans  sa 
bonté  toute  paternelle,  chargé  de  vous  accorder.  Aupara- 
vant, observons  que  Dieu  a  daigné  répandre  tant  de 
bénédicliens  sur  tout  le  Diocèse,  que  Nous  nous  recon- 
naissons incapable  de  lui  en  témoigner  seul  toute  la 
reconnaissance  qu'il  a  droit  d'attendre  de  nous.  C'est  pour 
cela,  comme  vous  l'allez  voir  bientôt,  que  Nous  imposons 
à  tout  le  Diocèse  et  pour  toujours,  le  devoir  de  lui  payer, 
chaque  année,  le  tribut  de  louanges  qu'il  exige  pour  tant 
de  grâces. 

En  cela,  Nous  suivons  le  bel  exemple  que  donne,  tous 
les  ans,  la  ville  de  Rome.  A  une  époque  déjà  assez  reculée 
de  la  nôtre,  elle  fut  délivrée,  par  l'intercession  de  la  Ste- 
Vierge,  d'une  grande  calamité  qui  l'affligeait.  Par  recon- 
naissance, l'on  jeûne  chaque  année,  la  veille  de  la  Purifl- 


412  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cation  de  cette  Bieubeureuse  Vierge  ;  et  le  jour  de  celte 
fête,  dans  la  Chapelle  Papale,  l'on  chante  solennellement 
le  Te  Deum.  C'est  ce  que  nous  ferons  d'âge  en  âge,  pour 
des  faveurs  qui  sont  encore  plus  signalées.  Observons  de 
plus  que  Nous  avons  un  pressant  besoin  que  Dieu  Nous 
assiste  dans  toutes  les  œuvres  qui  ont  été  entreprises  pour 
sa  gloire.  C'est  pour,  cela  que  vos  Pasteurs  reçoivent 
l'ordre  de  dire,  chaque  jour  à  la  Messe,  une  Oraison  par- 
ticulière, pour  obtenir  le  secours  de  Dieu,  afin  que  ces 
entreprises  prospèrent,  si  c'est  sa  sainte  volonté.  C'est 
ainsi  qu'on  le  pratique  à  Rome.  Quant  à  vous.  Nos  Très- 
Chers  Frères,  vous  vous  unirez  de  cœur  à  toutes  les  inten- 
tions de  vos  Pasteurs,  qui  seront  les  vôtres,  et  vous  jjrierez 
pour  Nous,  en  famille  et  en  particulier,  selon  votre  dévo- 
tion. De  ce  moment,  Nous  faisons  cesser  l'obUgation  qu'il 
y  avait,  pour  le  Clergé,  de  dire,  à  la  Messe,  l'Oraison  Ne 
despiclas^  et  pour  les  Communautés  et  les  fidèles,  celle  de 
réciter  cinq  Pater  et  Ave  après  la  Messe  Paroissiale  ou 
Conventuelle.  Certaines  affaires  laissées  à  Rome,  et  la 
crainte  du  fléau  qui  nous  menace,  ont  été  les  principaux 
motifs  qui  nous  ont  porté  à  vous  tenir  en  prières  depuis 
notre  retour.  Nous  apprenons  avec  consolation  que  l'état 
sanitaire  des  campagnes  est  très  rassurant.  Nous  en 
bénissons  le  Seigneur  et  Nous  le  conjurons  de  vouloir 
bien  vous  continuer  sa  protection.  Seulement,  vous  tous 
qui  habitez  les  campagnes,  souvenez  vous  dans  vos  prières, 
de  vos  frères  de  la  ville. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères;  les  Chanoines  de  Notre  Cathé- 
drale, Nous  avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons,  sta- 
tuons et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

1°  En  actions  de  grâces  des  innombrables  faveurs  dont 
ce  Diocèse  a  été  comblé,  par  la  puissante  intercession  de 
la  glorieuse  Vierge  Marie,  l'on  célébrera,  le  Dimanche 
après  l'Octave  de  l'Assomption,  la  fête  de  son  Très-Saint  et 
Immaculé  Cœur,  sous  le  rite  de  double  de  première  classe. 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  413 

et  après  la  grand'messe  de  la  Cathédrale  et  de  chaque 
église  paroissiale,  ainsi  qu'après  la  messe  conventuelle  de 
chaque  communauté,  l'on  chantera,  tous  les  ans,  le  Te 
Deum,  avec  les  cérémonies  ordinaires.  L'on  fera  ensuite 
l'Acte  de  Consécration  à  ce  Très-Saint  Cœur,  comme  au 
Manuel  de  l'Archiconfrérie. 

2o  Pour  attirer  le  secours  de  Dieu  sur  toutes  les  œuvres 
entreprises  pour  l'avantage  spirituel  et  temporel  du  Dio- 
cèse, l'on  récitera  tous  les  jours,  à  la  messe,  en  se  confor- 
mant aux  rubriques  du  Missel,  l'Oraison  pro  quacumque 
necessitate,  qui  se  dit  à  Rome  chaque  jour  de  l'année. 

30  Pour  encourager  chacun  à  prier  pour  le  conversion 
des  pécheurs,  N.  S.  P.  le  Pape  accorde,  pour  toujours,  une 
indulgence  plénière,  que  pourront  gagner,  chaque  jour, 
tous  les  fidèles  qui,  étant  vraiment  contrits,  s'étant  con- 
fessés et  ayant  communié,  visiteront  Notre  Cathédrale,  et 
y  prieront  spécialement  pour  la  conversiou  des  pécheurs 
et  des  hérétiques,  et  pour  le  soulagement  des  fidèles 
défunts  auxquels  ils  pourront  appliquer  cette  indulgence. 
L'on  gravera  sur  le  portail  de  Notre  dite  Eglise  Cathédrale 
cette  inscription  :  INDULGENTIA  PLENARIA  ET  PERPETUA 
PRO  VIVIS  ET  DEFUNCTIS.—mDVLGENCE  PLÉNIÉRË 
ET  PERPETUELLE  POUR  LES  VIVANTS  ET  POUR 
LES  MORTS. 

40  Pour  procurer  à  cette  ville  et  à  ce  diocèse  quelques 
uns  des  nombreux  privilèges  accordés  à  la  Ville  Sainte, 
N.  S.  P.  le  Pape  a  daigné  établir  à  Montréijt',  Notre  Ville 
Episcopale,  les  Indulgences  des  sept  Eglises  de  Rome. 
L'on  trouvera  dans  un  petit  livre,  qui  sera  imprimé  avec 
notre  approTsation,  tout  ce  qui  regarde  cette  louable 
dévotion. 

5°  Pour  faciliter  la  réception  à  la  Confrérie  du  St.  Sca- 
pulaire,  il  ne  sera  plus  nécessaire  d'enregistrer  le»3  noms 
des  fidèles  qui  voudront  s'y  agréger. 

6'^  Pour  affermir  tous  les  fidèles  dans  les  saintes  dispo- 
sitions où  ils  se  trouvent  aprèô  les  Retraites,  et  leur  en 
rappeler  sans-cesse  le  précieux  souvenir,  N.  S.  P.  le  Pape 

28 


414  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

leur  accorde  deux  indulgences  plénières  par  année,  s'ils 
visitent  les  Croix  et  les  Monuments  de  Mission,  érigés  en 
actions  de  grâces  des  faveurs  qu'ils  y  ont  reçues,  et  une 
indulgence  de  trois  cents  jours,  chaque  fois  qu'ils  récite- 
ront trois  Pa^eretylye,  devant  ces  Croix  ou  ces  Monuments- 

7°  Pour  encourager  la  dévotion  pour  les  défunts,  Sa 
Sainteté  a  daigné  privilégier  le  Maître  Autel  de  cJiaque 
Eglise,  Oratoire  et  Chapelle  de  ce  diocèse,  quand  même 
cet  autel  serait  porlatif,  pourvu  qu'il  s'y  trouve  une  pierre 
consacrée.  Ainsi  tous  les  services,  grand'messes  de  Requiem^ 
ainsi  que  les  messes  basses  qui  seront  célébrées  à  ces 
autels,  portent  avec  soi  une  indulgence  plénière,  qui  a  la 
vertu  de  délivrer  du  Purgatoire,  l'âme  à  laquelle  elle  est 
appliquée.  De  plus,  chaque  prêtre  approuvé  pourra  privi- 
légier tout  autel,  fixe  ou  portatif,  trois  fois  par  semaine, 
et  en  conséquence  gagner  chaque  fois  une  indulgence 
plénière  pour  une  âme  du  Purgatoire. 

8°  Pour  favoriser  la  salutaire  dévotion  du  chapelet,  Sa 
Sainteté  a  bien  voulu  transférer  aux  Dimanches  où  l'on 
en  fera  la  solennité,  toutes  les  indulgences  attachées  aux 
Fêtes  des  Apôtres  et  autres  Saints,  quand  elles  ne  sont 
point  d'obligation,  pour  ceux  qui  récitent  le  tiers  du  Ro- 
saire au  moins  une  fois  par  semaine.  Pour  chacun  puisse 
s'y  préparer,  l'on  fera,  le  Dimanche  qui  précédera  ces 
fêtes  ou  solennités,  l'annonce  ci-jointe  que  l'on  annexera 
au  Rituel.  Pour  la  même  raison,  Nous  autorisons  tous 
les  prêtres  approuvés  de  ce  diocèse,  à  bénir  toutes  espèces 
de  Couronnes,  Rosaires,  Médailles,  Statues  approuvées 
par  le  Saint  Siège,  et  à  y  appliquer  les  indulgences  accor- 
dées par  les  Souverains  Pontifes.  Toutes  ces  facultsé 
sont  pour  dix  ans.  Mais  Nous  espérons  que  par  votre  fidé- 
lité à  correspondre  à  tant  de  faveurs,  vous  mériterez 
qu'elles  vous  soient  continuées. 

Nous  ordonnons  que  la  table  ci-joint  des  privilèges  ci- 
dessus  mentionnés,  soit  exposé  dans  toutes  les  Sacrities  de 
ce  diocèse,  afin  que  l'on  oublie  point  les  règles  ou  les  con- 
ditions pour  en  bien  user. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  415 

Tels  sont,  Nos  Très  Ghers  Frères,  les  biens  précieux 
que  vous  accorde  votre  Sainte  Religion.  Voyez  comme 
est  bonne  pour  vous,  cette  Sainte  Eglise  Romaine,  et  avec 
quelle  affection  elle  pense  et  pourvoit  au  soulagement  de 
vos  bons  parents  et  amis  que  la  mort  vous  enlevés,  et  qui 
vous  furent  si  chers  !  Voyez  comme  maintenant  il  vous 
est  faciles  de  délivrer  ces  saintes  âmes  des  feux  brûlants 
du  Purgatoire,  où  elles  achèvent  de  se  purifier  !  Considé- 
rez quel  avantage  vous  pouvez  espérer  pour  vous-mêmes, 
lorsque  Dieu  vous  appellera  à  lui!  Aussitôt  que  vous 
aurez  fermé  les  yeux  à  la. lumière  de  ce  monde,  vos  Pas- 
teurs s'empresseront  de  monter  à  l'Autel  pour  vous  appli- 
quer ce  précieux  privilège,  afin  de  vous  tirer  au  plutôt  de 
ce  lieu  de  tourment,  et  de  vous  ouvrir  les  cieu^,  pourvu 
que  vous  mourriez  dans  la  grâce  de  Dieu,  et  que  vous 
n'ayez  pas  mis,  par  votre  faute,  obstacle  à  celte  indul- 
gence. 

Que  de  nouveaux  motifs  vous  allez  avoir.  Nos  Très- 
Chers  Frères,  de  vous  attacher  de  cœur  et  d'âme  à  la  Ste. 
Eglise  Romaine  !  Que  vous  êtes  heureux  de  vivre  et  de 
mourir  dans  son  sein  !  Plus  que  jamais  vous  éviterez  les 
personnes  qui  voudraient  vous  séparer  de  cette  Eglise,  en 
cherchant  à  vous  faire  changer  de  religion.  Plus  que 
jamais,  vous  refuserez  de  recevoir  ces  livres  corrompus 
que  l'on  s'efl'orce  de  répandre  parmi  vous,  sous  prétexte 
de  vous  tirer  de  votre  prétendue  ignorance  et  superstition. 
Et  croyez-le,  Nos  Très  Chers  Frères,  en  suivant  l'ensei- 
gnement si  pur  de  l'Eglise  Romaine,  qui  vous  est  transmis 
par  la  prédication  de  vos  Pasteurs  ordinaires,  vous  êtes 
plus  savants  dans  la  voie  du  salut,  que  tous  ces  hommes 
qui  se  livrent  dux  égarements  d'une  raison  orgueilleuse. 
Vivez,  Nos  Très-Ghers  Frères,  dans  la  charité  et  la 
sobriété,  comme  il  convient  à  des  chrétiens  que  l'Ecriture 
appelle,  par  honneur,  des  Saints.  Attachez-vous  aux 
diverses  associations  et  confréries  établies  parmi  vous, 
pour  honorer  plus  fidèlement  votre  Dieu  et  son  Auguste 
Mère.    Que  le  chapelet  se  dise  régulièrement  dans  vos 


416  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

familles.  Les  grandes  indulgences  que  N.  S.  Père  le  Pape 
vient  de  nous  accorder,  vont  sans  doute  vous  attacher  plus 
que  jamais  à  cette  excellente  prière,  dont  le  fruit  ordinaire 
est  de  chasser  le  péché  mortel  de  toutes  les  familles  où  il 
se  dit  avec  piété,  et  d'y  établir  le  règne  des  solides  vertus. 
Par  dessus  tout,  Nous  vous  recommandons  la  fréquenta- 
tion des  sacrements  de  Pénitence  et  d'Eucharistie.  Nous 
avons  bien  besoin,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de  redoubler  de 
ferveur  aux  approches  du  terrible  fléau  dont  nous  menace 
la  justice  de  Dieu,  et  que  nous  n'avons  que  trop  mérité. 
Faisons  pénitence  et  convertissons-nous  dans  les  larmes 
et  les  gémissements.  Nous  ne  savons  pas  ce  qui  est  réservé 
à  chacun  de  nous,  depuis  que  la  mort  nous  enlève  tantde 
zélés  collaborateurs.  Mais  quelque  chose  qui  arrive,  croyez 
que  si  Dieu  dispose  de  Nous  comme  de  plusieurs  autres, 
et  s'il  daigne  nous  faire  miséricorde.  Nous  aurons  soin 
gue^  même  après  notre  viort^  vous  puissiez  toujours  vous 
ressouvenir  de  ces  choses.  II  Ep.  St.  Pierre,  ch.  I,  v.  15. 
Que  la  grâce  soit  avec  vous  tous  qui  êtes  en  Jésus-Christ, 
Ep.  de  St.  Pierre,  ch.  5,  v.  14. 

Sera  le  présent  mandement  lu  au  Prône  de  Notre  Ca- 
thédrale, à  celui  de  touies  les  Eglises  Paroissiales,  et  en 
chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  le  pre- 
mier dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  Notre  Palais  Episcopal,  le  quator- 
zième jour  du  mois  d'Août,  de  l'année  mil  huit  cent  qua- 
rante-sept, sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contreseing  de 
notre  Secrétaire. 


Par  Monseigneur^ 
(Vraie  copie), 


j-  la.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 
J.  0.  Paré,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  417 

Acte  de  Consécration  au  Sacré  Cœur  de  Marie. 

0  Cœur  sacré  de  Marie  toujours  vierge  et  immac  jlée, 
Cœur  le  plus  pur,  le  plus  parfait,  le  plus  noble,  le  plus 
auguste  que  la  main  toute-puissante  du  Créateur  ait  formé 
dans  une  pure  créature;  source  intarissable  de  grâces,  de 
bonté,  de  douceur,  de  miséricorde  et  d'amour;  modèle  de 
toutes  les  vertus,  image  parfaite  du  Cœur  adorable  de 
Jésus-Christ,  qui  brûlâtes  toujours  de  la  charité  la  plus 
ardente  ;  qui  avez  aimé  Dieu  vous  seul  plus  que  les  Séra- 
phins, plus  que  les  Anges  et  les  Saints;  qui  avez  donné 
plus  de  gloire  à  la  suprême  Trinité  que  ne  lui  en  ont 
donnée  les  autres  créatures  par  leurs  actions  les  plus  héroï- 
ques :  Cœur  de  la  Mère  du  Rédempteur,  qui  avez  ressenti 
si  vivement  nos  misères,  qui  avez  tant  souffert  pour  notre 
salut,  qui  nous  avez  aimés  avec  tant  d'ardeur  et  de  ten- 
dresse, et  qui  méritez,  par  tous  les  motifs  possibles,  le 
respect,  l'amour,  laTeconnaissance  et  la  confiance  de  tous 
les  hommes,  daignez  agréer  m.es  faibles  hommages. 

Prosterné  devant  vous,  Cœur  sacré  de  la  Mère  de  misé- 
ricorde, je  vous  honore  avec  le  plus  profond  respect  dont 
je  suis  capable.  Je  vous  remercie  des  sentiments  de  misé- 
ricorde et  d'amour  dont  vous  avez  été  si  souvent  touché  à 
la  vue  de  mes  misères;  je  vous  rends  grâces  de  tous  les 
bienfaits  que  m'a  obtenus  votre  maternelle  bonté  ;  je 
m'unis  à  toutes  les  âmes  pures,  qai  trouvent  leurs  délices 
et  leurs  consolations  à  vous  honorer,  louer  et  aimer. 

Vous  serez,  ô  Cœur  tout  aimable,  vous  serez  désormais, 
après  le  Cœur  de  votre  cher  et  divin  Fils,  l'objet  de  ma 
vénération,  de  mon  amour  et  de  ma  plus  tendre  dévotion. 
Vous  serez  la  voie  par  où  j'irai  à  mon  Sauveur,  et  ce  sera 
par  vous  qne  je  recevrai  ses  grâces  et  ses  miséricordes. 
Voas  serez  mon  refuge  dans  mes  afflictions,  ma  consolation 
dans  mes  peines,  mon  secours  dans  tous  mes  besoins.  J'irai 
apprendre  de  vous  la  Durelé,  l'humilité,  la  douceur,  et 
puiser  dans  vous  l'amour  du  Cœur  sacré  de  Jésus  Christ 
votre  fils.    Ainsi  soit  il. 


4t8 


MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


N.  5.— L'Autel  de  la  Bienheureuse  Vierge  devra  être 
orné  et  illuminé,  comme  aux  plus  grandes  fêtes.  Après 
la  grand'messe,  (ou  les  vêpres),  on  encensera  la  Statue  ou 
le  Tableau  de  la  Ste,  Vierge,  et  on  chantera  quelque  hymne 
ou  cantique  en  son  honneur.  On  fera  ensuite  les  prières 
ci-dessus  ;  et  on  terminera  par  le  Te  Deuiu. 


l'ormule  de  Prône^  dont  on  pourra,  faire  usage,  et  que  l'on 
variera  au  besoin,  pour  annoncer  les  fêtes  sur  semaine  et  les 
indulgences  qu'il  y  a  à  gagner  chaque  jour. 

Nous  vous  exhortons  à  invoquer,  chaque  jour,  d'une  ma- 
nière spéciale,  le  Saint  que  l'Eglise  honore  et  dont  le  nom 
se  lit  sur  le  calendrier. 

qui  a  excellé  en  humilité 

qui  a  donné  tous  ses  biens  aux 

pauvres, 
qui  s'f  st  dévoué,  toute  sa  vie,  à 

l'instruction  des  enfants, 
qui  a  été  singulièrement  dévot 

au  St.  Sacrement. 
(}ui  a  beaucoup  souffert  pour  le 

salut  des  âmes, 
qui  a  été  un  grand  dévot  à  la 

Bienheureuse  Vierge, 
qui  a  eu  un  grand  zèle  pour  dé- 
truire le  blasphème. 
Ceux  qui,  celte  semaine,  auront  le  bonheur  de  commu- 
nier, pourront  gagner  une  indulgence  plénière,  en  rem- 
plissant les  œuvres  ordinaires.    Ces  indulgences  sont  : 
Lundi  pour  la  récitation  du  Ghipelet,  au  moins  une  fois 
par  semaine, 
de  i'Angelus,  au  moins  une  fois  par 

jour, 
des  Prières  de  Notre  Dame  Auxilia- 
trice,  (juand  on  appartient  à  celte 
Confierie. 


Lundi,  invoquez  St. 
Mardi,         "        St. 

Mercrjdi,  ' 

Jeudi,  ' 

Vendredi,  ' 

Samedi,  ' 

Dimanche,  ' 


St. 
St. 
St. 
St. 
St. 


Mardi 
Mercredi 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  419 

Jeudi        '•  "        de  l'Adoration  perpétuelle. 

Vendredi"  ''        du  chapelet  de  N.  D.  des  7  douleurs. 

Samedi      "  ''        des  prières  du  St.  Scapulaire. 

Dimanche"  "        de  trois  G/oria  Parn",  etc.,  I  rois  fois 

par  jour. 
N.  B.—Oa  comprend  que  ce  n'est  là  qu'un  exemple  ;  et 
que  chacun  devra  formuler  ce  Prône,  d'après  les  légendes 
du  jour  et  les  indulgences  courantes. 


CALENDRIER  DES  INDULGENCES. 

PUBLIÉES   ET    A   GAGNER    DANS   LE    DIOCÈSE   DE    MONTRÉAL. 

Observations  Prélim inaires 

1»  Nous  donnons  ici  un  tableau  d'indulgences,  en  forme 
de  calendrier,  afin  de  pouvoir  annoncer  celles  qui  sont  à 
gagner,  dans  le  cours  de  l'année,  sans  être  obligé  de  faire 
beaucoup  de  recherches.  La  grâce  des  indulgences  est 
toujours  un  puissant  stimulant  pour  la  piété  des  Fidèles. 
C'est  au  zèle  des  Pasteurs  à  leur  découvrir  en  toutes 
occasions,  ces  riches  trésors  que  leur  a  ménagés  la  divine 
miséricorde,  et  dont  l'Eglise,  qui  estj  une  si  bonne  Mère, 
tient  les  portes  continuellement  ouvertes  pour  que  ses 
enfants  y  puissent  participer  chaque  fois  qu'ils  le  voudront. 

2o  Moyennant  ce  Calendrier,  il  devient  facile  d'annon- 
cer, chaque  dimanche,  les  indulgences  à  gagner,  la 
semaine.  En  conséquence  de  cette  annonce,  il  se  fera, 
chaque  jour,  un  petit  concours  de  pieux  fidèles,  qui  vou- 
dront communier  pour  participer  à  cette  grâce.  On  les  y 
attirera  encore  en  leur  disant  au  prône,  un  mot  de  tous 
les  saints  de  la  semaine,  dont  ils  lisent  les  noms  sur  le 
calendrier.  Ces  saints  ainsi  devenus,  pour  chaque  pa- 
roisse, l'objet  d'une  dévotion  quotidienne,  y  répandront 
chaque  jour  leur  esprit  de  sainteté.  Plus  connus  et  aimés 
du  peuple,  qu'ils  protègent  avec  tant  de  bonté,  leurs  noms 
seront  plus  que  jamais  portés  avec  respect,  et  leurs  exem- 
ples imités  avec  plus  de  fidélité.  Ces  noms  saints  rem- 
placeront à  l'avenir  tant  de  noms  de  fable  et  de  roman. 


420  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

qui  aujourd'hui  déparent  plusieurs  familles  catholiques. 
Par  cette  pratique,  on  saura  le  quantième  de  la  fête  du 
saint  dont  on  porte  le  nom.  On  s'y  préparera  d'avance,  on 
communiera  ce  jour-là,  avec  la  confiance  de  pouvoir  y 
gagner  une  indulgence  plénière.  On  y  fera  quelques 
bonnes  œuvres,  pour  obtenir  plus  sûrement  la  protection 
de  son  saint  patron.  Cette  piété  éclairée  fera  disparaître 
les  partis  de  plaisirs,  qui  si  souvent  profanent  les  jours 
de  fêtes.  Eu  faisant  ainsi  honorer  tous  les  saints  du  calen- 
drier, le  Pasteur  segménage  à  lui-môme  et  à  son  peuple  de 
nombreux  et  puissants  protecteurs.  C'est  d'ailleurs,  par  ces 
rapports  intimes,  que  l'on  faiticibas  connaissance  avec  ceux 
qui,  il  faut  l'espérer,  nous  obtiendront  la  grâce  de  partager 
leur  bonheur. 

3°  Nous  avons  classé  ces  indulgences,  de  manière  à 
pouvoir  en  gagner  une  plénière,  à  chaque  communion, 
quand  môme  on  serait  assez  heureux  que  de  communier 
tous  les  jours.  Assez  souvent  même,  on  aura  à  choisir, 
sur  plusieurs  qui  concourent,  dans  les  grandes  solennités. 
Nous  avons  «"ru  devoir  les  recueillir  de  la  sorte,  pour  que 
chaque  fidèle  pût  gagner  celles  qui  sont  attachées  à  ses 
confréries.  Que  si  appartenant  à  différentes  associations, 
il  se  voyait  à  même  de  pouvoir  choisir,  il  est  à  croire 
qu'après  en  avoir  gagné  une  pour  lui,  il  pourrait  offrir 
]es  autres  pour  différents  défunts,  dont  il  paierait  ainsi  les 
dettes. 

40  II  y  a  des  indulgences  que  l'on  peut  gagner  tous  les 
jours,  d'autres  tous  les  mois,  et  quelques  unes  tous  les 
ans.  11  en  est  qui  sont  fixées  à  certaines  époques  de  la 
vie.  Nous  les  avons  classées  dans  différents  tableaux,  pour 
que  d'un  coup  d'oeil,  chacun  pût  voir  celles  auxquelles  il 
lui  serait  permis  de  prétendre. 

50  Nous  avons  donc,  en  quelque  sorte,  donné  un  cadre 
spécial  aux  indulgences  des  dimanches,  des  semaines,  des 
mois,  des  années  et  de  certaines  époques  de  la  vie. 

G»  Toutefois,  nous  y  avons  laissé  des  blancs,  pour  que 
chacun  suive  sa  dévotion,  en  les  remplissant  de  celles  des 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  421 

pratiques,  portant  indulgences,  qui  lui  conviennent  le 
mieux.  Ainsi,  après  avoir  placé  quatre  indulgences  dans 
le  cadre  des  dimanches,  nous  laissons  un  blanc  pour  le 
cinquième,  qui  se  rencontre  dans  certains  mois.  Les  jours 
de  semaine  sont  vides,  et  beaucoup  de  blancs  se  trouvent 
dans  le  cadre  des  mois.  Les  indulgences  étant  aussi  in- 
nombrables qu'inépuisables,  il  eût  été  facile  de  remplir 
ces  blancs.  Mais  nous  avons  cru  devoir  laisser  ce  soin  à 
chacun  des  intéressés.  Or,  ce  sera  chose  facile,  moyen- 
nant l'abondance  qui  règne  dans  les  autres  tableaux  ;  et 
il  sera  bien  utile  de  le  faire,  soit  pour  sa  propre  commo- 
dité, soit  pour  l'avantage  des  fidèles.  Nous  en  donnerons 
un  exemple.  Chaque  curé  fera  donc  bien  de  marquer  à  la 
main,  dans  son  calendrier,  celles  des  indulgences  qui  sont 
propres  à  sa  paroisse,  à  raison  des  neuvaines,  quarante 
heures,  confréries,  bonnes  œuvres,  etc.  Ce  travail  fait,  il 
n'aura  plus,  pour  connaître  les  indulgences  à  gagner, 
comme  pour  connaître  les  saints  du  jour,  qu'à  «  regarder 
au  calendrier.  » 

70  Nous  nous  sommes  attaché  à  indiquer  les  ihdulgen- 
ces,  qui  se  gagneront  dans  les  diverses  associations  éta- 
blies dans  ce  diocèse,  afin  d'avoir  toujours,  sous  la  main, 
un  puissant  moyen  de  les  alimenter.  Nous  renvoyons,, 
pour  plus  de  détails,  au  «Traité  sur  les  Indulgences,»' 
par  M.  Bouvier,  aux  «Instructions  sur  les  Indulgences,» 
(ouvrage  qui  a  mérité  l'approbation  du  Cardinal  de  Do- 
nald,) et  aux  divers  manu3ls  de  confréries,  qui  sont  entre 
les  mains  de  tous. 

8°  Nous  n'avons  mentionné  que  les  indulgences  plé- 
nières,  parce  que  tout  le  monde  sait  que  d'innombrables- 
indulgences  partielles  sortent  du  trésor  de  l'Eglise,  en^ 
même  temps  que  les  plénières,  pour  encourager  la  dévo- 
tion et  la  charité  de  ses  pieux  enfants.  On  peut  donc  tou- 
jours annoncer  que  chacun  peut  gagner  de  précieuses 
indulgences  partielles,  en  se  montrant  fidèle  aux  pratiques 
auxquelles  l'Eglise  a  attaché  des  indulgences  plénières. 
On  ne  doit  pas  au  reste  manquer  d'exhorter  les  fidèles  à 


422  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  gagner  toutes  ;  et  il  est  bon  pour  cela  de  les  rappeler 
souvent  à  l'excellente  pratique  de  se  proposer,  chaque 
matin,  de  gagner  autant  d'indulgences  que  possible.  Nous 
en  avons  tant  de  besoin,  endettés  comme  nous  le  sommes 
envers  la  divine  justice  !  Un  tableau  particulier  d'indul- 
gences partielles,  attarhées  à  nos  pratiques  journalières, 
en  fera  mieux  connaître  le  prix. 

9°  11  va  sans  dire  que  les  indulgences  plénières,  que 
nous  proposons  ici,  comme  un  saint  appas  à  la  piété  chré- 
tienne et  religieuse,  requièrent  la  confession,  la  commu 
nion  et  la  prière  dans  les  lieux  qu'il  faut  visiter,  pour  se 
conformer  à  toutes  les  intentions  du  Souverain  Pontife. 
Celles  du  «Chemin  de  la  Croix,»  n'y  sont  pas  comprises 
non  plus  que  celles  qui  sont  accordées  à  la  mort,  quand 
la  sainte  communion  est  impossible.  Il  est  une  autre 
disposition  sur  laquelle  il  faut  souvent  insister,  parce 
qu'elle  n'est  pas  assez  comprise  par  beaucoup,  savoir  que, 
pour  participer  au  précieux  avantage  des  indulgences,  il 
faut  travailler  à  se  détacher  non-seulement  du  péché 
mortel,  mais  encore  s'efforcer  de  mourir  à  toute  affection 
au  péché  véniel. 

10°  Quant  à  la  confession,  on  sait  que  par  un  Induit 
de  Pie  VIL  du  11  Juin  1822,  les  personnes,  qui  ont  la 
louable  habitude  de  se  confesser  tous  les  huit  jours,  peu. 
vent  gagner  toutes  les  indulgences  qui  se  trouvent  dans 
le  co'us  de  la  semaine,  qui  suivra  leur  confession.  C'est 
pour  beaucoup  de  bonnes  âmes  un  avantage  immense.  Et 
puisqu'une  confession,  faite  une  semaine  avant  la  fête,  à 
laquelle  est  attachée  une  indulgence,  suffit,  les  confes- 
seurs se  voient  par  là  à  même  de  pouvoir  préparer  leurs 
pénitents  aux  grandes  solennités,  en  les  confessant  quel- 
ques jours  d'avance.  C'est  là  un  excellent  moyen  d'éviter 
l'encombrement  des  pénitents,  qui  voudraient  tous  passer, 
dans  les  quelques  heures  que  le  Prêtre  peut  donner  aux 
confessions,  avant  les  offices.  Il  faut  donc  tâcher  de  les 
amener  à  cette  pratique,  quelque  soit  là-dessus  leur  répu- 
gnance.   Car  il  s'en  suivra  moins  de  fatigue  pour  le  con- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  423 

fesseur  et  plus  de  profit  pour  les  péuiteuts.  Ajoutons  qu'en 
attirant  sur  semaine  les  fidèles  au  confessionnal  et  à  la 
sainte  table,  on  les  mettra,  avec  le  temps,  dans  la  sainte 
habitude  de  célébrer  l'anniversaire  de  leur  baptême,  con- 
firmation, mariage,  et  autres  époques  qui  leur  rappellent 
les  divines  miséricordes. 

11°  Remarquons,  en  passant,  qu'on  ne  peut  gagner 
qu'une  fois  les  indulgences  attachées  à  une  même  œuvre, 
celles,  par  exemple,  des  Neuvaines,  Qua'*ante-Heures, 
Mois  de  Marie.  La  latitude  de  plusieurs  jours,  accordée 
par  l'Eglise,  dans  ces  circonstanres,  n'est  que  pour  favori- 
ser le  concours,  pendant  un  temps  déterminé,  pour  que 
chacun  puisse,  à  sou  tour,  participer  aux  trésors  qu'elle 
ouvre  à  tous  ses  enfants. 

'12o  Observon?  que  nous  avons  cru  devoir  assigner  la 
fête  de  l'Invention  de  la  Ste.  Croix,  pour  y  gagner  l'indul- 
gence de  la  Propagation  de  la  Foi,  afin  que  celle  de  St. 
François-Xavier  restât  libre,  pour  l'indulgence  de  la  Ste. 
Enfance,  qui  y  est  fixée  et  qui  n'est  qu'une  branche  fé- 
conde de  ce  grand  arbre,  qui  couvre  aujourd'hui  le  monde 
entier  de  son  ombre.  Encourageons,  à  l'exemple  de  l'Eglise, 
ces  deux  œuvres,  qui  ne  se  donneni  la  main  que  pour 
mieux  enraciner  la  foi  dans  le  cœur  des  pères  et  des  enfants. 
N'oublions  pas  que  nos  frères  de  la  catholicité  sont  à 
l'œuvre  sur  tous  les  points  du  globe  ;  et  que  ceux  de  notre 
patrie  portent  le  poids  de  la  chaleur  et  du  jour,  dans  le 
vaste  champ  du  Nord-Ouest  et  de  l'Orégon,  dont  les  a 
chargés  le  maître  de  la  vigne. 

130  Nous  avons  marqué  d'une  croix  toutes  les  indul- 
gences applicables  aux  défunts,  pour  être  plus  court,  en 
évitant  toute  répétition.  Procurons  à  ces  saintes  âmes 
autant  d'indulgences  que  possible.  Peut-être  que  c'est  par 
notre  faute,  ou  la  négligence  des  fidèles  confiés  à  nos  soins, 
qu'elles  souffrent  d'horribles  tourments.  Payons  leurs 
dettes,  puisque  nous  le  pouvons  si  facilement;  et  nous  les 
aurons  pour  avocates  auprès  du  juste  Juge. 

14°  Nous  avons  mis,  à  'a  recherche  des  indulgences  dont 


424  xMANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

nous  donnons  ici  divers  tableaux,  la  plus  sérieuse  attention. 
Toutefois,  des  inexactitudes  ont  pu  nous  échapper.  Nous 
serons  donc  très  reconnaissant  à  quiconque  nous  les  ferait 
remarquer  ;  et  nous  nous  empresserons  de  les  rectifier. 
Car  toute  erreur,  en  fait  d'indulgences,  est  à  éviter  scrupu- 
leusement. 

l5o  L'on  remarquera,  dans  le  calendrier  que  nous  pu- 
blions, quelques  associations  nouvelles,  telles  que  la  «  Con- 
grégation de  St.  Michel,  l'Union  de  Prières,  l'Amour  actuel 
et  Perpétuel  de  la  Très-Sainte  Vierge,  etc.  Ce  sont  de 
pieuses  institutions,  qui  prennent  naissance  dans  cette 
ville  ;  et  qui,  il  faut  l'espérer,  se  feront  connaître  plus  tard 
par  leurs  œuvres.  C'est  pour  cette  raison,  que  nous  avons 
cru  devoir  publier,  dans  ce  tableau,  qui  est  Ad  perpeluam 
fiei  Memoriam^  les  indulgences  dont  il  a  plu  au  St.  Siège 
de  les  doter,  sur  la  supplique  de  l'Illustrissime  et  Révéren- 
dissime  J.  C.  Prince,  Evêque  de  St.  Hyacinthe,  pendant 
qu'il  était  Agent  de  la  Province  Ecclésiastique  de  Québec 
à  Rome. 

16»  Dans  le  choix  des  diverses  pratiques  de  piété  aux 
quelles  les  SouverainsPontifes  ont  attaché  des  indulgences, 
nous  avons  cru  devoir  nous  fixer  à  celles  qui  sont  les  plus 
faciles.  C'est  ce  que  nous  avons  fait,  comme  on  le  verra- 
11  est  beaucoup  de  prières  très-courtes,  qui  portent*  indul- 
gence. Nous  nous  y  sommes  arrêté  de  préférence.  On  les 
trouvera  dans  un  ouvrage  intitulé  :  «Instructions  sur  les 
Indulgences.»  à  la  page  marquée  entre  crochets,  dans  le 
calendrier.  Ce  livre  devant  se  trouver  entre  les  mains  de 
tout  le  monde,  nous  nous  sommes  contenté  d'y  référer. 
Nous  avertissons  que  nous  nous  sommes  servi  de  l'édition 
de  1835,  Lyon  et  Paris. 

17^'  L'enfance  est  aujourd'hui  plus  que  jamais  l'objet  de 
notre  vive  sollicitude.  Car  il  n'y  a  pas  à  se  dissimuler  que 
l'on  voudrait  confier  à  d'autres  mains  le  soin  de  l'élever. 
Les  tentatives  à  ce  sujet  sont  encore  sourdes;  mais  elles 
n'en  sont  pas  moins  réelles.  Nous  avons  en  outre  à  gémir 
sur  la  dépravation  de  tant  de  jeunes  cœurs,  qui  ont  été  de 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  425 

si  bonne  heure  saisis  par  le  vice,  qu'il  ne  leur  reviendra 
jamais  un  de  ces  doux  souvenirs,  qui  rappellent,  au  vieil- 
lard, qui  a  été  bien  élevé,  les  jouissances  du  premier  âge, 
avant  que  le  péché  n'eût  terni  l'éclat  de  son  innocence. 
Ce  souvenir,  comme  on  le  sait,  est  toujours  un  puissant 
motif  de  retour  sur  les  cœurs  les  plus  dépravés.  En  tra- 
vaillant à  cette  compilation  de  trésors  célestes,  nous  ne 
pouvions  donc  nous  défendre  de  la  pensée  d'en  ménager 
une  bonne  part,  pour  nos  chers  enfants,  dont  l'avenir  nous 
apparait  comme  une  mer  bien  orageuse.  Aussi  pen- 
sions nous  à  eux  tous,  ces  nombreux  enfants  du  diocèse, 
lorsque  nous  fixions  sur  ce  nouveau  calendrier  les  indul- 
gences attachées  à  la  dévotion  au  St.  Enfant  Jésus  et  à 
l'Enfance  de  Marie,  dans  le  mystère  de  sa  présentation  ;  à 
la  prière  de  l'Ange-Gardien,  à  l'Œuvre  de  la  St.  Enfance, 
à  l'assistance  aux  instructions  religieuses,  au  Catéchisme 
de  Persévérance,  etc.,  etc.,  et  en  particulier  à  la  célébration 
de  la  fêle  de  St.  Louis  de  Gonzague. 

18»  Au  moyen  de  ces  nombreuses  iniulgences,  on  peut 
toujours  faire  aux  enfants  de  belles  fêtes.  On  le  y  prépa- 
rera longtemps  d'avance.  On  leur  répétera  souvent  qu'il 
faut  être  pur  comme  des  Anges,  pour  participer  à  la  joie 
de  ces  fêtes  Angéliques.  Et  ainsi  d'une  fête  à  l'autre  on  les 
soutient  dans  le  bien.  La  parole  de  Dieu  les  nourrit.  La 
prière  les  réjouit.  La  communion  les  engraisse  de  la 
substance  divine.  L'indulgence  les  attire.  Ainsi  préparés, 
ils  traversent  l'âge  critique,  en  suivant  le  sentier  battu. 
Affectionnés  de  bonne  heure  aux  Sacrements,  ils  se  gar- 
dent bien  d'en  négliger  la  pratique,  au  temps  du  plus 
grand  besoin  et  danger  de  la  vie.  Si  parfois,  ils  tombent, 
ils  en  gémissent  aussitôt,  et  accourent  se  laver  à  la  fon- 
taine sacrée,  où,  en  déposant  le  cruel  remords  du  crime, 
ils  reprennent  et  emportent  la  joie  pure  de  la  justice  re- 
couvrée. 

19°  Ce  sera  donc  un  temps  bien  employé  que  celui  que 
l'on  donnera  pour  établir  et  entretenir  les  neuvaines  au 
St.  Enfant  Jésus,  à  la  Bienheureuse  Vierge,  aux  Saints 


426  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Anges,  à  St.  Joseph,  St.  Louis  de  Gonzague,  etc,  et  pour 
donner  tout  l'entrain  possible  au  catéchisn:\e.  On  remar- 
quera en  particulier  les  nombreuses  concessions  que  fait 
l'Eglise,  pour  que  la  fête  de  St.  Louis  de  Gonzague  soit 
solennisée  partout.  Nous  invitons  chaque  paroisse  et 
chaque  communauté  à  fêter  ainsi  ce  beau  modèle  et  ce 
bon  patron  de  la  pieuse  enfance.  Pour  que  les  enfants  ne 
s'engagent  pas  légèrement  dans  les  confréries,  au  risque 
d'en  négliger  les  devoirs,  on  ferait  bien  de  leur  faire  une 
fête  spéciale  du  jour  de  leur  admission  à  celles  qui  se 
trouvent  établies  dans  la  paroisse.  Ainsi  il  y  aurait  une 
fête  spéciale  pour  les  recevoir  de  la  société  de  Tempé- 
rance, une  autre  pour  les  agréger  au  St.  Scapulaire,  une 
autre  pour  les  faire  entrer  dans  l'Archiconfrérie,  etc.,  etc. 
pour  participer  à  ce  bonheur,  les  enfants  devront  fréquen- 
ter les  catéchismes,  tous  les  oimanches  et  fêtes  ;  et  ce 
serait  une  raison  de  délai  que  leur  négligence  à  venir  à  des 
instructions  qui  se  font  pour  eux,  après  leur  première  com- 
munion. On  aurait  par  là  un  moyen  siîr  d'achever  leur  ins- 
truction religieuse,  en  les  attirant  plus  longtemps  au  caté- 
chisme. Ils  y  seraient  sans  doute  plus  assidus,  si  chaque 
fois  quelqu'un  marquait  les  absents,  afin  qu'ils  fussent  re- 
mis à  une  autre  fête,  en  punition  de  leur  négligence.  Ces 
moyens  et  d'autres  devront  peu  à  peu  amener  les  enfants 
et  les  grandes  personnes  au  catéchisme.  Ainsi,  l'on  voit 
comme  l'indulgence  qui  y  est  attachée,  doit  puissamment 
y  attirer  tout  le  monde. 


CALENDRIER     D'INDULGENCES. 

INDULGENCES  POUR  TOUS  LES  JOURS. 

On  gagne  chaque  jour^  aux  conditions  requises^  une 
indiUgence  plénière. 

1.  -J-  En  faisant  le  «  Chemin  de  la  Croix.  » 

2.  4  En  récitant  la  prière  «  0  bon  et  très-doux  Jésus, 
etc.,  devant  un  Crucifix. 

3.  En  donnant  à  manger  à  trois  personnes,  le  jour  d'une 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  427 

communion,  à  l'honneur  de  Jésus,  Marie,  Joseph.  Pour 
mieux  représenter  la  Ste.  Famille,  il  est  bon  de  nourrir 
ainsi  un  vieillard,  une  femme  et  un  enfant. 

4.  -|-  En  disant  la  messe  à  un  Autel  privilégié. 

Il  est  à  remarquer  que,  pendant  les  quarante-heures,  les 
autels  sont  privilégiés,  dans  les  Eglises  où  elles  se  font. 

Il  en  est  de  même  pour  le  jour  de  la  commémoraison 
des  Morts. 

Un  Induit  du  14  mars  1847.  déclare  privilégié  le  grand 
autel  de  toute  Eglise,  Oratoire  et  Chapelle  de  ce  diocèse, 
même  quand  il  serait  portatif,  pourvu  qu'il  soit  consacré- 


INDULGENCES  POUR  TOUS  LES  DIMANCHES  DU  MOIS. 

On  gagne  une  indulgence  plénière^  aux  conditions  ordinaires 

Le  1er  Dimanche,  si  l'on  a  récité,  tout  le  mois,  trois  fois 
par  jour,  le  matin,  le  midi  et  le  soir,  trois  Gloria  Patri^  etc. 

Le  2e  Dimanche,  si  l'on  a  dit  aussi,  tout  le  mois,  trois 
fois  par  jour,  le  matin,  le  midi  et  le  soir,  sept  Gloria  Patri, 
avec  un  Ave^  Maria,  en  union  de  trois  personnes  associées 
pour  honorer  la  Sainte  Trinité. 

Le  3e  Dimanche,  quand,  étant  de  la  Confrérie  de  Notre- 
Dame  Auxiliatrice,  on  en  a  fidèlement  rempli  les  devoirs. 

Le  4e  Dimanche,  même  indulgence,  et  aux  mêmes  con- 
ditions que  celle  mentionnée  au  2e  Dimanche. 

Le  5e  Dimanche. 

INDULGENCES  POUR  CHAQUE  JOUR  DE  LA  SEMAINE. 

On  a  ses  dévolions  particulières,  pour  consacrer  chaque 
jour  de  la  semaine.    Chacun  pourra  se  choisir  les  indul- 
gences qui  lui  paraîtront  les  plus  capables  de  l'attacher; 
et  il  les  marquera  sur  son  tableau,  afin  d'être  sans  cesse 
averti  de  ne  pas  se  négliger. 
Lundi, 
Mardi, 
Mercredi, 
Jeudi, 
Vendredi, 
Samedi, 


428  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

INDULGENCES  POUR  CHAQUE  MOIS. 

î.  Il  y  a  une  indulgence  plénière  à  gagner  tous  les  mois, 
lorsque  appartenant  à  quelques  confréries,  et  en  ayant  ob- 
servé fidèlement  les  règles,  l'on  communie  et  fait  les  autres 
œuvres  prescrites.     Ces  confréries  sont  : 

1.  Notre-Dame  Auxiliatrice,  (le  jour  fixé  est  le  1er  mer- 
credi de  chaque  mois). 

2.  L'Adoration  perpétuelle,  (le  jour  est  à  son  choixK 

4.  f  La  Propagation  de  la  foi. 

5.  t  Le  Sacré  Cœur  de  Jésus  (le  1er  dimanche  ou  le  1er 
vendredi  de  chaque  mois. 

6.  t  Ls  Rosaire  Vivant,  (le  3e  dimanche  de  chaque 
mois). 

7.  f  La  Confrérie  du  Sacré  Cœur  de  Jésus,  (un  jour  à 
son  choix  dans  le  mois). 

8.  t  Le  St.  Rosaire,  (le  1er  dimanche  de  chaque  mois). 

9.  L'Œuvre  des  Bons  Livres-,  (le  2e  vendredi  de  chaque 
mois). 

10.  t  La  St.  Vincent  de  Paul. 

11.  t  Aux  souscripteurs  du  Conseil  Général  de  la  Société 
de  St.  Vincent. 

II.  Il  y  a  une  indulgence  plénière  à  gagner  tous  les  mois, 
aux  conditions  ordinaires,  quand  on  a  vaqué  tous  les  jours, 
aux  exercices  suivants  : 

1.  t  Pour  ia  prière  «Loué  et  remercié  soit  à  chaque 
instant,  »  etc. 

2.  t  —  Je  NN..  pour  être  reconnaissant,  etc. 

3.  t  —  Co?'  Jesu^  (lagrans  amore  mei^  inflamma  cor  nos- 
trum  amore  tui. 

4.  t  Pour  la  récitation  journalière  des  actes  de  Foi, 
d'Espérance  et  de  Chanté. 

5.  t  Pour  la  prière  :  Que  la  très-sainte,  la  très-excel- 
lente, etc. 

6.  —  Saint,  Saint,  Saint  est  le  Seigneur,  etc. 

7.  t  —  Très-Sain le-Trinité,  etc.,  pour  obtenir  une  bonne 
mort. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  429 

8.  t  —  Le  Chapelet  de  N.  D.  des  Sept  Douleurs,  si  on  le 
récite  chaque  jour. 

9.  t  —  Le  Veni  Creator,  récité  chaque  jour  pour  l'Eglise. 

10.  t  —  La  prose  :  Veni,  Sanctc  Spiritus,  etc.,  dite  chaque 
jour  à  la  même  intention. 

11.  t  —  La  méditation,  pratiquée  chaque  jour,  pendant 
au  moins  un  quart  d'heure. 

12.  t  —  L'instruction  faite  ou  écoutée,  avec  assiduité, 
sur  la  méditation. 

13.  f  —  La  prière  :  Père  Eternel,  nous  vous  offrons  le 
Sang  irès-précieux,  etc. 

14.  t  —  Seigneur,  du  fond,  etc.,  récitée  le  l^^''  jeudi  du 
mois. 

15.  —  L'Anf^elus  ou  le  Rcgina  Cœli,  dans  le  temps  pascal, 
ou  si  Ton  ne  sait  ni  l'un  ni  l'autre,  un  Pater  et  Ave. 
dits  à  genoux  ou  debout,  selon  le  temps,  au  son  de  la 
cloche,  ou  si  on  ne  l'entend  pas,  vers  l'heure  de  V Angélus, 
au  moins  une  fois  par  jour.  Quand  on  vit  en  communauté, 
et  que  V Angélus  sonne  pendant  quelque  exercise,  on  gagne 
indulgence  en  le  disant  après. 

16.  —  Le  Salve  Regina,  dit  le  matin,  et  le  Sub  tuum,  dit 
le  soir  avec  les  versets  :  Dignare  me,  etc.,  et  Benedictus 
Deus,  etc.  ^On  gagne  cette  indulgence  deux  dimanches 
par  mois.) 

17.  t  —  La  prière  :  Angele  Dei,  qui  custos  es  mihi,  etc. 

18.  t  —  Le  chant,  l'assistance  et  l'encouragement  au 
chant  des  cantiques. 

19.  t  —  La  récitation  de  trois  Pater  et  Ave,  pour  les 
agonisants. 

20.  I  —  Cinq  Pater  et  Ave  pour  les  moits,  avec  le  verset  : 
Te  ergo  quœsumus,  etc.,  et  Requiem  œlernam,  etc. 

21.  f  —  Le  De  prof  and  is  avec  le  versets  ei  l'oraison  : 
Fidelium,  etc.,  ou  si  on  ne  les  sait  pas,  un  Pater  et 
Ave,  dits  à  genoux  pour  les  défunts,  quand  la  cloche 
sonne,  à  l'entrée  de  la  nuit,  pour  inviter  les  fidèles  à  prier 
pour  eux. 

22.  f  Pour  la  prière  :  Seigneur  Jésus,  etc.,  pour  deman- 
^ler  une  bonne  mort.  -^ 


430  MANDEMENTS,  LËTTUES  PASTORALES, 


INDULGENCES  POUR    CHAQUE    ANNEE. 

On  gagne  ces  indulgences  plénières,  aux  conditions  ordi- 
naires, une  ou  plusieurs  fois  l'année,  dans  les  circonstan- 
ces suivantes  : 

1.  Au  jour  anniversaire  de  son  baptême,  quand  on  est 
associé  à  l'Archiconfrérie  du  Très  Saint  et  Immaculé  Cœur 
de  Marie,  et  que  l'on  a  fidèlement  récité  un  Ave  Maria, 
par  jour,  pour  la  conversion  des  pécheurs. 

2.  Quatre  fois  par  an,  quand  on  est  membre  de  l'Asso- 
ciation de  Tempérance. 

3.  Quatre  fois  par  an,  si  l'on  fait  partie  de  la  Société  de 
Charité. 

■4.  t  Au  jour  où  Ton  fait  la  commémoration  solennelle 
de  tous  les  associés  défunts  de  la  Propagation  de  la  Foi, 
quand  on  appartient  à  l'Œuvre. 

5.  t  Au  jour  où  l'on  fait  mémoire  des  défunts  de  son 
conseil  diocésain,  de  sa  division,  de  sa  centurie,  de  sa 
décurie,  ou  de  sa  section. 

6.  t  Les  six  dimanches  ou  les  six  vendredis,  qui  précè- 
dent immédiatement  la  fête  du  Sacré  Cœur  de  Jésus, 
quand  on  est  associé  à  cette  confrérie. 

7.  f  IjG  jour  que  l'on  a  choisi  pour  faire  son  heure  d'ado- 
ration. 

8.  f  Les  mercredis,  vendredis  et  samedis  des  Quatre- 
temps,  quand  on  est  du  St.  Scapulaire. 

9.  t  Le  premier  dimanche  après  les  Rois,  et  les  troisième 
et  quatrième  dimanches  après  Pâques,  quand  on  est  du 
Saint  Rosaire. 

10.  t  Une  fois  l'an,  en  priant  et  méditant  sur  les  dou 
leurs  de  la  B.-Vierge. 

1 1. 1  Le  jour  de  Noël,  ou  un  des  jours  de  l'Octave  ou 
de  la  Neuvaine,  en  faisant  la  Neuvaine  du  St.  Enfant- 
Jésus. 

12.  f  Un  autre  jour  dans  l'année,  à  son  choix,  en  faisant 
cette  même  Neuvaine  du  St.  Enfant-Jésus. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  431 

13.  t  Le  Jeudi-Saint,  le  Jour  de  la  Fête-Dieu,  ou  un 
des  jours  de  l'octave,  et  encore  un  autre  jour  dans  l'année 
à  son  choix,  quand  on  dit  le  Pange  lingua^  etc.,  avec  le 
verset  et  l'oraison  du  St.  Sacrement,  au  moins  dix  fois  par 
mois. 

14.  t  Le  Jeudi-Saint,  en  faisant  une  heure  d'adoration, 

15.  t  Le  Jour  de  la  Fête-Dieu,  en  faisant  une  heure 
d'adoration. 

16.  t  Le  Jeudi  ou  le  Vendredi  Saint,  on  gagnera  même 
indulgence  qu'aux  Quarante-Heures,  en  visitant  le  Repô- 
soir  et  y  priant  un  temps  convenable. 

17.  I  A  la  fête  du  saint  patron  du  lieu  oii  l'on  demeure, 
ainsi  qu'aux  fêtes  de  Notre-Seigneur,  de  la  Ste.  Vierge, 
des  SS.  Apôtres,  et  de  la  Nativité  de  St  Jean-Baptiste, 
quand  on  est  dans  la  sainte  habitude  de  communier  tous 
les  mois. 

18.  Aux  cinq  principales  fêtes  de  la  Sie.  Vierge,  quand 
on  est  dans  l'habitude  de  dire  chaque  jour  les  I^itanies  de 
la  Ste.  Vierge.  ^ 

19.  Aux  fêtes  de  la  Sle.  Vierge  et  à  celle  de  tous  les 
Saints,  quand  on  dit  tous  les  matins  le  Salve  Regina,  et 
tous  les  soirs  le  Sub  tuum,  avec  les  versets  :  Dignare  me  et 
Benedietus.  en  réparation  des  outrages  faits  à  la  Mère  de 
Dieu. 

'20.  A  la  fête  de  Ste.  Anne,  quand  on  dit,  au  moins  dix 
fois  par  mois,  la  prière  :  Je  vous  salue,  etc. 

21.  t  Un  jour  par  année,  à  son  choix,  en  récitant  le  cha- 
pelet des  Sept  Douleurs,  au  moins  quatre  fois  par  mois. 

22.  Aux  fêtes  de  Noël,  Pâques,  SS.  Pierre  et  Paul,  si  on 
enseigne  la  doctrine  chrétienne,  et  si  on  assiste  à  ces  ins- 
tructions. 

23.  A  Noël,  Epiphanie,  Pâques,  Pentecôte,  SS.  Pierre  et 
Paul,  quand  on  assiste  les  Dimanches  et  Fêtes,  à  l'expli- 
cation  de  l'Evangile,  que  donnent  les  curés  dans  leurs 
Eglises. 

24.  Deux  jours  par  année,  en  visitant  les  Croix  et  Monu- 
ments de  Missions. 


432  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

25.  Quatre  jours  par  année,  quand  on  est  régulièrement 
agrégé  aux  Congrégations  établies  dans  les  paroisses,  par 
les  RR.  PP.  Oblats. 

26.  t  Un  jour  par  année,  en  faisant  son  pèlerinage  à  N. 
D.  de  Bonsecours,  quand  on  appartient  à  la  Congrégation 
de  St.  Michel. 

27.  t  Les  jours  de  première  Communion,  de  Confirma- 
tion et  de  Communion  du  mois,  quand  on  dirige  un  Caté- 
chisme de  Persévérance,  ou  qu'on  le  fréquente. 

28.  t  Les  jours  de  Services  et  de  Grand'Messe,  pour  les 
Associés  défunts  de  l'Union  de  Prières  et  de  Bonnes 
Œuvres,  et  un  jour  par  mois,  quand  on  appartient  à  cette 
pieuse  Association. 

29.  t  Deux  Samedis  par  mois,  quand  on  appartient  à  la 
pieuse  Association  de  l'Amour  Actuel  et  Perpétuel  de  la 
Très-Sain  te- Vierge. 


AUTRE    CALENDRIER    DU  MOIS. 

On  suppose  un  mois  de  trente  et  un  jours,  commençant 
le  Dimanche  : 

1er  Dimanche: — Lidulgence  pour  le  f  St.  Fiosaire. 

2me        "  "  des  trois  Gloria  Patri^  etc. 

3me        "  "  de  N.-D.  Auxiliatrice  ou  le 

t  Rosaire  Vivant. 

4me        ''  "  des  sept  Gloria  Patri,  etc. 

5me        ''  "  la  même. 

1er  Lundi  : —       Indulgence  pour  le  f  ^^^i  Creator,  etc. 

2me     "  *'  la  Prose  f  Veni  Sancte  Spiri- 

lus^  etc. 

3me    "  ;.  .j-  jgg  Actes  de  Vertus  Théo- 

logales. 

4me    "  "  t  ^^  pratique  journalière  de 

la  méditation. 

5me     "  "  la  prière  :1[  Que  la  très-sainte^ 

la  très-excellente^  etc. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  433 

1er  Mardi  : —        Indulgence  f  pour  la  prière  :  Angcle  Dei, 

etc. 
2me     "■  "  f  l'assistance  au  chant,  etc. 

3me    "  "  f  pour  la  prière  :  Saint,  Saint^ 

Saint,  etc. 
4me     "•  "  I  pour  trois -Prtier  et  ii.'(?  pour 

les  agonisants. 
5me    "  "  f  cinq  Pater  et  Ave,  avec  les 

versets:  TeergoetPcguiem. 

1er  Mercredi  : —  Indulgence  de  N.-D.  Auxiliatrice. 

2me     "  ,  '•  t  de  la  Propagation  de  la  Foi. 

3me     "•  "  f  la  même. 

4me    "  ''  t  le   De  profundix,    avec  le 

verset    et  l'oraison    Ficle- 

lium,  etc. 

1er  Jeudi  : —        Indulgence  pour  la  prière  :  f  Seigneur,  du 

fond,  etc. 
2me     ''  "  de  la  prière  :  f  Loué  et  re- 

mercié, etc. 
3me     "  "  t  '^^-  NN.,  pour   être   recon- 

naissant, etc. 
4me    "  ''  l'Adoration  Perpétuelle. 

1er  Vendredi  :  —  f  Indulgence  du  Sacré-Coeur  de  Jésus. 
2me     '•  t      "  de  l'Œuvre  des  bons  Livres 

3me     ''  t      ''■  <Î6  la  Confrérie  du  Sacré- 

de  Jésus. 
4me    "  t      "  pour  la  prière  :  Cor  Jesu, 

flagrans  amore,  etc. 
1er  Samedi  : —        Indulgence  pour  VAngelus,  etc. 
2me     "  "  le  Salve  Regina,  etc.     iCelte 

indulgence     se     gagne 
deux  fois  par  mois.) 
3me     ''  "  t  le  Chapelet  des  Sept  Dou- 

leurs. 
4me     ''  "  t  la  prière  :  Seigneur^  Jésus, 

pour  une  bonne  mort. 


43 i  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

N.  B. — Chacun  peut  se  faire,  sur  le  modèle  ci-dessus, 
son  propre  calendrier,  en  adoptant  les  pratiques  qui  lui 
conviennent  le  mieux,  et  qui  ne  dérangent  en  rien  les 
occupations  de  son  état. 


INDULGENCES  POUR  CERTAINES  ÉPOQUES  DE  LA  VIE. 

I.  On  gagne  une  indulgence  plénière  aux  conditions 
ordinaires,  les  jours  que  l'on  est  admis  à  certaines  confré- 
ries, et  à  l'article  de  la  mort,  quand  on  a  été  fidèle  à  en 
remplir  les  devoirs.    Ces  confréries  sont  : 

1.  Notre  Dame  Auxiliatrice. 

î!.  L'Archioonfrérie  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur 
de  Marie. 

3.  t  La  Propagation  de  la  Foi.    (Il  n'y  a  pas  d'indal- 

gence  le  jour  de  la  réception.) 

4.  f  Ls  Saint  Scapulaire. 

5.  t  Le  Sacré  Cœur  de  Jésus. 

6.  t  Le  Saint  Rosaire- 

7.  f  L'OEuvre  des  Bons  Livres. 

8.  t  La  Congrégation  de  St.  Michel. 

9.  La  Bonne  Mort. 

10.  La  Sainte  Famille. 

II.  t  Le  Rosaire  Vivant.  (L'indulgence  plénière  i:e  gagne 

le  premier  jour  de  fête  après  l'admission.     Il  n'y 
en  a  pas  à  l'article  de  la  mort.) 
L2.  f  La  Saint  Vincent  de  Paul,  f  Aux  bienfaiteurs  de 
la  Société,  à  la  mort  seulement. 

11.  On  gagne  à  la  mort,  aux  conditions  requises,  une 
indulgence  plénière,  pour  chacune  des  pratiques  suivantes, 
auxquelles  on  aurait  été  fidèle  dans  le  cours  de  sa  vie. 

1.  Pour  l'habitude  de  se  saluer  en  disant:   Laudetur 
Jcsiis  Christus^  et  en  répondant  :  In  sxcula,  ou  sempci\  ou 
Amen.     Loué  soil  Jcsus-Christ  ilans  Ions  les  siècles.,  ou  tou 
jours,  ou  Ainsi  soil-il. 

Môme  indugence  pour  les  Prédicateurs  et  les  Fidèles, 
qui  introduiront  cette  pratique. 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  435 

2o.  Quand  on  aura  récité,  chaque  jour,  les  Actes  des  ver- 
tus théologales. 

3.  Quand  on  aura  dit,  chaque  jour  :  Que  la  Très-Sainte^ 
etc. 

4.  t  Quand  on  aura  dit  son  chapelet,  au  moins  une  fois 
par  semaine. 

5.  Quand  on  aura  dit  tous  les  matins  le  Salve  Regina,  et 
tous  les  soirs,  le  Sub  tuurn^  avec  les  versets  :  Dignare  et 
Benedictus^  après  chacune  de  ces  antiennes. 

6.  1  Pour  la  prière  :  Angele  Dei.,  etc.,  récitée  fréquem- 
ment pendant  la  vie. 

III.  t  Le  privilège  de  l'Autel  est  accordé  pour  toute 
messe  dite  pour  un  Associé  de  la  Propagation  de  la  Foi. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTIIÉAL. 


Evôché  de  Montréal,  le  5  Septembre  I8i7. 

Monsieur, 

Vous  recevrez,  avec  la  Présente,  le  Mandement  du  14 
Août  dernier,  dans  lequel  j'annonce  aux  Fidèles  les  facul- 
tés spéciales  qu'il  a  plu  à  Notre  Saint  Père  le  Pape  de 
vous  accorder  en  leur  faveur.  En  voici  quelques  autres 
qui  vous  sont  propres,  et  que  je  vous  délègue  au  nom  de 
Sa  Sainteté,  en  vertu  d'un  Induit  du  14  Mars  1847,  ad 
deceunium.  1°  Il  vous  est  permis,  en  baptissant  les  Adultes, 
de  vous  servir  des  rites  et  cérémonies  usités  pour  le 
baptême  des  enfants.  2»  Vous  pouvez  changer  l'obligation 
de  réciter  le  petit  office  de  la  Sainte  Vierge,  imposée  aux 
associés  du  St.  Scapulaire,  pour  gagner  les  Indulgences 
Sabbatines,  en  d'autres  œuvres  pies.  3°  Vous  pouvez  aussi 
gagner,  chaque  jour,  toutes  les  Indugences  pour  lesquelles 
sont  requises  la  confession  et  la  communion,  pourvu  que 

vous  vous  confessiez  au  moins  une  fois  tous  les  quinze^ 

« 


436  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

jours,  et  que  vous  remplissiez  toutes  les  autres  œuvres 
prescrites.  4'J  Je  suis  autorisé  à  bénir  les  croix  et  à  y 
appliquer  une  Indulgence  plénière.  pour  tous  ceux  qui 
les  baiseront  dévotement  à  l'article  de  la  mort.  Il  vous 
sera  donc  facile,  en  visitant  vos  malades,  de  leur  procurer 
cet  avantage  précieux,  moyennant  une  croix  ou  un  cru- 
cifix que  je  vous  bénirai  bien  volontiers  à  cette  fin.  5»  Je 
suis  également  autorisé  à  appliquer  les  Indulgences  de  la 
Voie  de  la  Croix  à  de  simples  croix.  Les  personnes  infirmes 
de  votre  paroisse  se  trouveront  par  là  très-beureuses  de 
pouvoir  participer  à  ces  innombrables  Indulgences.  Pour 
les  favoriser  plus  efTicacement  dans  leur  dévotion,  je 
donne  à  MM.  les  Grands  Vicaires  le  pouvoir  de  bénir  des 
croix  ou  crucifix,  et  de  leur  appliquer  les  Indulgences  du 
Ghemui  de  la  Croix,  pour  toutes  les  personnes  qui  seront 
jugées,  par  leur  curé,  moralement  empêchées  de  faire  ce 
pieux  exercice  à  l'Eglise  Paroissiale,  ou  en  tout  autre  lieu 
où  il  aurait  été  publiquement  établi. 

Pour  profiter  de  tant  de  privilèges,  que  votre  foi  et  la 
piété  de  voti-e  peuple  sauront  bien  apprécier,  et  que  je 
n'ai  pu  obtenir  que  par  le  secours  de  vos  prières  réunies, 
je  profite  de  la  Présente  pour  vous  adresser  quelques  ob- 
servations sur  ce  qu'il  faudra  faire  à  cette  fin. 

lo  La  Fête  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie 
vous  fournira,  chaque  année,  l'occasion  d'exhorter  les 
Fidèles  à  bénir  le  Père  des  miséricordes  pour  toutes  les 
grâces  qu'ils  en  ont  reçues,  et  à  se  renouveler  dans  la 
dévotion  à  la.  Ste.  Vierge.  Cette  cérémonie  fera  une  im- 
pression toujours  nouvelle,  si  vous  ajoutez  à  vos  discours 
la  décoration  de  la  chapelle  ou  de  la  statue  de  la  Ste. 
Vierge,  l'éclat  du  luminaire  et  le  chant  de  quelque  canti- 
que qui  prépare  les  cœurs  à  se  pénétrer  des  sentiments 
exprimés  dans  l'acte  de  consécration. 

2"  En  disant,  chaque  jour,  la  collecte  p)-o  quacumque 
neccssitate,  veuillez  bien  unir  vos  intentions  aux  miennes  ; 
car  elles  sont  bien  grandes  les  nécessités  pour  lesquelles- 
^nous  réclamons  la  diyine  miséricorde. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMEiNTS.  437 

30  Les  Indulgences,  accordées  aux  monuments  de  mis- 
sion, ont  pour  objet  principal  de  faire  prier  les  Fidèles, 
afin  qu'ils  conservent  à  jamais  le  souvenir  des  grâces 
abondantes  qu'ils  ont  reçues  pendant  les  Retraites,  et  qu'ils 
persévèrent  dans  les  saintes  résolutions  qu'ils  y  ont  prises. 
Il  serait  bon  de  leur  suggérer  diverses  pratiques  faciles,  et 
propres  à  leur  rappeler  la  mémoire  des  miséricordes  du 
Seigneur:  v.  g.  de  se  réunir  le  soir  devant  ces  religieux 
monuments,  pour  y  faire  leurs  prières  ou  y  réciter  le 
chapelet  ;  d'y  aller  dire  trois  Pater  et  trois  Ave  chaque  fois 
qu'ils  viennent  à  l'Eglise  ;  de  s'y  arrêter,  quand  ils  sont 
en  route,  pour  y  réciter  ces  courtes  prières,  afin  d'obtenir 
la  bénédiction  de  Dieu  sur  leurs  voyages  ;  de  choisir  deux 
Dimanches,  dans  l'année,  v.  g.  ceux  qui  sont  les  plus 
proches  des  fêtes  de  l'Invention  et  de  l'Exaltation  de  la 
Ste.  Croix,  pour  y  aller  en  corps  de  paroisse,  gagner  les 
deux  Indulgences  dont  il  est  question  dans  le  Mandement, 
et  s'y  renouveler  dans  les  résolutions  de  la  retraite  par 
quelqu'exercice  particulier. 

4'3  Les  privilèges  d'autel  dont  vous  êtes  favorisé  vous 
serviront  à  entretenir  parmi  les  Fidèles  la  dévotion  aux 
âmes  du  Purgatoire.  C'est  d'ailleurs  pour  chacun  de  nous 
un  moyen  efficace  de  réparer  certaines  négligences  que 
nous  aurions  à  nous  reprocher,  et  pour  lesquelles  peut 
être  certaines  âmes  souffriraient  dans  ce  lieu  d'expiation. 
On  peut  espérer  qu'il  y  aura  à  l'avenir  plus  de  monde  aux 
messes  qui  se  chantent  pour  les  âmes  du  Purgatoire,  et 
surtout  plus  de  personnes  qui  communieront  à  ces  messes. 
II  en  résultera  que  bien  des  personnes  se  confessant  la 
semaine,  vous  ne  serez  pas  écrasé  le  Dimanche  par  une 
trop  grande  foule  de  pénitents.  Par  cette  méthode,  il  est 
facile  de  passer  toute  sa  paroisse  trois  ou  quatre  fois  par 
année,  même  les  plus  grandes.  En  rappelant  donc  souvent 
au  peuple  que  le  Maître-Autel  est  privilégié,  on  procurera 
aux  trépassés  plus  de  messes,  plus  d'indulgences  et  plus 
de  communions;  et  aux  vivants,  un  motif  de  s'approcher 
souvent  des  sacrements. 


â38  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

50  Les  pouvoirs  si  particuliers  qui  vous  sont  donnés 
d'indulgencier  les  croix,  chapelets  et  médailles,  vous  ser- 
viront très  efficacement  pour  entretenir  la  dévotion  du 
chapelet  dans  chaque  famille  de  votre  paroisse.  Il  est  à 
désirer  que  vous  n'en  fassiez  la  bénédiction  que  les 
Dimanches  et  Fêtes  après  la  grand'raesse  ;  et  que  de  temps 
en  temps  vous  disiez  au  Prône,  en  français,  tout  ce  que 
l'Eglise  demande,  en  latin,  pour  ses  enfants,  dans  ses 
oraisons  pour  ces  sortes  de  bénédictions.  L'explication  de 
la  rpanière  de  dire  le  chapelet,  et  de  s'entretenir  des  divers 
mystères  de  la  vie  de  Notre  Seigneur  et  de  laSte.  Vierge, 
peut  être  aussi  fréquemment  la  matière  d'un  excellent 
Prône.  L'expérier,ce  est  là  pour  prouver  que  les  meil- 
leures familles,  comme  les  meilleures  paroisses,  sont  celles 
où  la  dévotion  du  St.  Rosaire  est  le  plus  en  pratique. 
Elle  est  d'ailleurs  d'autant  plus  facile  que  l'on  peut  y 
satisfaire  pleinement  par  une  dixaine  du  chapelet,  chaque 
jour.  J'ai  apporté  d'Europe  diverses  brochures  qui  facili- 
teront beaucoup  l'organisation  du  Rosaire  Vivant  parmi 
les  Fidèles.  D'ailleurs  il  est  à  croire  que  cette  dévotion 
une  fois  bien  comprise,  et  les  douceurs  qu'elle  renferme 
étant  bien  senties,  les  cinq  dixaines  suffiront  à  peine  pour 
satisfaire  leur  piété. 

Go  Afin  que  la  fréquentation  de  la  ville  ne  soit  pas,  pour 
les  gens  de  la  campagne,  une  occasion  de  démoralisation, 
et  qu'ils  remportent  chez  eux  leur  innocence,  après  y 
avoir  fait  leurs  afTaires,  vous  feriez  bien  de  les  exhorter 
d'aller,  chaque  fois  qu'ils  vont  au  marché,  se  recomman- 
der à  Notre-Dame  de  Bonsecours.  J'espère  qu'ils  y  trou- 
veront des  secoure  religieux  qui  les  fortifieront  contre  les 
scandales  et  surtout  les  dangers  de  l'impureté  et  de  l'in- 
tempérance. Je  vais  établir  dans  ce  sanctuaire  la  confrérie 
de  Notre  Dame  Auxiliatrice,  qui  convient  si  bien  à  cette 
chapelle,  et  qui,  jusqu'ici  n'a  eu,  dans  ce  diocèse,  aucun 
centre  de  ralliement. 

70  Pour  les  mêmes  raisons,  vous  pourriez  engager  ceux 
de  vos  paroissiens  qui  sont  dans  l'usage  de  venir,  chaque 


GIHCULAIUES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  439 

année,  passer  un  temps  assez  considérable  en  ville,  à  aller 
prier  à  l'Eglise  Cathédrale,  où  chaque  jour  ils  peuvent 
gagner  une  indulgence  plénière  ;  et  à  faire  la  visite  des 
sept  Eglises  de  Stations,  ainsi  que  le  pèlerinage  de  Bon- 
secours.  Vous  recevrez  prochainement  le  livre  qui  doit 
être  imprimé  pour  faire  connaître  la  dévotion  aux  Stations 
des  sept  Eglises  de  Rome. 

80  Le  diocèse  est  maintenant  doté  de  trois  institutions 
d'hommes  et  de  quatre  de  femmes,  pour  donner  à  l'enfance 
une  éducation  soignée  et  religieuse,  telle  qu'il  en  faut  à 
notre  bon  peuple.  Je  connais  combien,  pour  propager 
cette  bonne  éducation,  vous  désirez  voir  se  multiplier 
parmi  vous  ces  excellentes  institutions  dont  vous  sentez  si 
vivement  le  besoin,  à  cause  de  la  difficulté  que  vous  aviez 
de  vous  procurer  de  bons  instituteurs  et  institutrices.  Le 
premier  moyen  pour  arriver  à  ce  but  si  désirable  est,  sans 
contredit,  de  diriger  et  favoriser  les  vocations  pour  ces 
divers  instituts.  Car,  si  chaque  paroisse  fournissait  seule- 
ment trois  ou  quatre  frères  et  autant  de  sœurs,  ou  aurait 
bientôt  pourvu  à  nos  plus  pressants  besoins.  Or,  c'est  ce 
que  vous  ne  manquerez  pas  de  faire^  dans  la  juste  con- 
fiance que  vous  pouvez  concevoir  que  l'on  préférera,  pour 
y  faire  de  ces  sortes  a'établissements,  les  paroisses  qui 
donneront  plus  de  sujets  à  l'état  religieux.  Four  arriver 
plus  vite  à  cette  fin,  je  vous  conseille  de  faire  dire,  chaque 
jour,  dans  chaque  école,  ^m  Pater  et  un  Ave^  à  cette  inten- 
tion. Car,  nul  doute  que  les  prières  des  enfants,  qui 
demanderont  avec  ferveur  et  persévérance,  de  bons  maî- 
tres et  de  bonnes  maîtresses,  pour  leur  enseigner,  avec 
les  sciences  humaines,  la  crainte  de  Dieu,  ne  soient  promp- 
tement  exaucées. 

90  Quant  aux  œuvres  de  charité,  les  giands  besoins  des 
pauvres  qui  augmentent  de  plus  en  plus,  font  sentir  la 
nécessité  de  les  multiplier.  Partout  on  trouvera  de  pauvres 
vieillards  infirmes  et  de  tendres  enfants  orphelins,  qui 
sont  sans  ressource,  et  exposés  à  bien  des  soufTiances. 
Dans  mon  dernier  voyage  d'Europe,  j'ai  eu  occasion  de 


440  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

visiter,  dans  de  petites  villes,  plusieurs  hospices  de  charité 
où  l'on  soignait  un  grand  nombre  de  malheureux,  parce 
que  les  campagnes  environnantes  se  cotisaient  pour  les 
soutenir,  et  avaient  droit  pour  cela  d'y  envoyer  leurs 
infirmes.  En  suivant  ce  bel  exemple,  on  déchargerait  les 
paroisses  de  ces  invalides  que  l'on  se  passe  de  maison  en 
maison,  et  que  quelque  fois  on  a  l'inhumanité  de  laisser 
dans  les  chemins,  ou  d'exposer  dans  les  rues,  aux  portes 
des  hôpitaux  de  la  ville  qui  ne  peuvent  suffire  aux  besoins 
des  pauvres  qui  y  demeurent.  Les  établissements  de  ce 
genre  déjà  faits  à  St.  Hyacinthe  et  à  Laprairie,  pour  ne 
pas  parler  de  tous  ceux  de  ce  diocèse,  sont  assurément  di- 
gnes de  tout  éloge  et  méritent  d'être  imités.  Si,  dans  chaque 
comté,  on  avait  une  semblable  maison,  on  pourvoirait  à 
bien  des  nécessités,  et  on  s'attirerait  toutes  les  bénédictions 
assurées  à  la  charité.  On  préparerait  les  voies  à  ces  hos- 
pices, si  l'on  établissait  l'association  de  charité  dans  chaque 
paroisse,  conformément  aux  règles  de  St.  Vincent  de  Paul^ 
imprimées  dans  le  manuel  des  sociétés  de  tempérance  et 
de  charité,  en  1842. 

10'3  Enfin  tant  de  prières  et  de  bonnes  œuvres,  que  vont 
favoriser  les  grâces  insignes  que  nous  venons  de  recevoir 
du  St.  Siège  Apostolique,  produiront,  j'en  ai  la  confiance, 
les  heureux  fruits  qu'il  faut  en  attendre.  Elles  auront 
pour  effet  de  conserver  la  foi  et  les  mœurs  dans  ce  diocèse. 
Pour  conserver  la  foi,  il  faut  travailler  à  empêcher  nos 
braves  gens  de  recevoir  des  livres  corrompus,  et  d'envoyer 
leurs  enfants  à  des  écoles  dont  les  instituteurs  seraient 
sans  religion,  ou  qui  enseigneraient  l'erreur.  L'établisse- 
ment de  bonnes  bibliothèques  de  paroisses,  telles  qu'on  en 
trouve  heureusement  en  plusieurs  lieux,  préserverait  le 
peuple  du  danger  des  mauvaises  lectures.  On  pourrait  se 
procurer  d'excellents  livres  à  bas  prix,  en  s'agrégeant  à  la 
société  des  bons  livres  à  Bordeaux.  Les  mauvaises  écoles 
sont  encore  plus  à  craindre.  Aussi  faut-il  faire  tout  au 
monde  pour  empêcher  que  les  enfants  ne  les  fréquentent. 
L'on  doit  surtout  faire  tous  ses  efforts  pour  qu'ils  n'aillent 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  441 

point  dans  ces  établisstnnents  évidemment  érigés  pour 
pervertir  leur  foi,  et  où,  pour  arriver  à  celte  fin,  on  les 
loge,  nourrit  et  habille  gratis. 

Quant  aux  mœurs,  les  points  essentiels  à  gagner  dans 
ce  moment  sont  les  fréquentations  et  la  tempérance. 
Quelque  difTicile  qu'il  soit  de  déraciner  la  mauvaise  habi- 
tude des  veillées  seul  à  seul  et  le  vice  affreux  de  l'ivro- 
gnerie, il  faut  espérer  que  bientôt  ces  deux  plaies  seront 
guéries.  En  encourageant  de  toutes  nos  forces  la  Société 
de  Tempérance  et  les  congrégations  de  filles,  nous  serons 
plus  forts  pour  attaquer  et  vaincre  ces  deux  monstres 
affreux.  Nous  serons  assurément  victorieux  de  ces  terri- 
bles ennemis  de  noire  peuple,  si,  en  travaillant  à  sa  scnc- 
tification,  nous  ne  perdons  point  de  vue  ces  deux  sentences 

de  l'Apôtre  :  Exemplum  esta  fidelium Labora  sicut  bonus 

miles 

Je  suis  bien  sincèrement. 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

-f-  lo  Ev.  DE  Montréal. 

P.  S. — Le  Bureau  de  la  Caisse  Ecelesiastique  se  tiendra 
â  l'Evôché,  le  7  Octobre  prochain,  à  neuf  heures  du 
matin. 

La  Retraite  Pastorale  ne  pouvant  avoir  lieu,  cette 
^nnée,  je  vous  engage  à  faire  la  vôtre  en  particulier,  dans 
quelques-unes  des  communautés  que  vous  jugerez  bon  de 
choisir.  Toutes  vous  accueilleront  avec  plaisir,  et  en 
particulier  l'Evèché,  si  vous  voulez  bien  y  venir.  La 
présente  Circulaire  suppléera,  en  partie,  à  ce  que  j'aurais 
€u  à  vous  communiquer,  si  la  Providence  m'avait  permis 
de  vous  rencontrer  dans  un  temps  si  précieux. 

f  Ig.,  Ev.  de  M. 
(Vraie  Copie,) 

J.  0.  Paré,  Chau.,  Secrétaire. 


442  MANDEMEiNTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

A    MESSIEURS   LES   CURES    DU    DIOCESE    DE    MONTREAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  12  Octobre  1847. 
Monsieu)\ 

C'est  le  cœur  navré  de  douleur  que  je  vous  annonce 
trois  horribles  vols  s&criléges,  qui  ont  été  commis  dans 
trois  Paroisses  de  ce  Diocèse  :  le  premier  à  St.  Martin, 
dans  la  nuit  du  1er  au  2  courant  ;  le  second  à  la  Pointe- 
aux-Trembles, dans  celle  du  4  au  5  et  le  troisième  à  St. 
André,  dans  celle  du  7  au  8. 

Votre  premier  mouvement,  en  apprenant  ces  affreux 
attentais,  sera,  sans  doute,  de  faire  amende  honorable  à 
Notre  Seigneur  si  indignement  outragé  dans  le  Sacrement 
de  son  amour.  Puis,  votre  premier  soin  sera  de  prendre 
des  précautions  pour  que  pareil  malheur  n'arrive  point 
dans  votre  paroisse.  Pour  cela,  il  faut  mettre  en  lieu  sûr 
tous  les  vases  sacrés,  lorsque  les  offices  sont  finis,  et  garder 
les  Saintes  Espèces  dans  des  boîtes  de  carton,  revêtues  de 
soie  en  dehors,  et  doublées  en  dedans  de  toile  que  je  vous- 
permets  de  bénir  comme  corporal.  Afin  de  vous  épargner 
la  peine  de  purifier  les  Ciboires,  chaque  fois  que  vous 
voudrez  vous  en  servir  pour  donner  la  Sainte  Communion^ 
ces  boîtes  devraient  être  faites  de  façon  à  pouvoir  entrer 
dans  les  Ciboires. 

Je  suis  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

7  Ir..  EvÈQUE  DE  Montréal. 
Vraie  copie.)  J.  0.  Paré,  Chanoine  Sccrciaire, 


CIRCUL.YIRES  ET  AUTRES    DOCUMENTS.  44.1! 

CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ    DU    D'.OGÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  27  Octobre  1847. 
Monsieur^ 

Pour  votre  direclioa  dans  le  tribunal  de  la  Pénitence, 
je  m'empresse  de  vous  transmettre  la  réponse  que  je  viens 
de  recevoir  de  la  Sacrée  Congrégation  de  la  Propagande, 
à  deux  questions  que  je  lui  soumis  pendant  que  j'étais  à 
Rome  : 

K  Le  soussigné,  Evèque  de  Montréal,  désirant  faire 
«  suivre  dans  son  diocèse  la  saine  morale  et  les  sainies' 
((  règles  de  l'Eglise,  prie  respectueusement  Vos  Eminences 
«  de  vouloir  bien  lui  donner  la  solution  des  cas  suivants, 

«  Il  existe  dans  le  dit  Diocèse  de  Montréal  des  sociétés 
'(  secrètes.  Pour  en  détourner  les  fidèles  confiés  à  ses 
«  soins,  TEvôque  a  publié  le  mandement  ci-joint,  afin  de 
«  leur  faire  connaître  les  constitutions  des  Souverains 
«  Pontifes  contre  de  telles  sociétés.  Beaucoup  d'associés 
«  ont  été  alarmés  en  entendant  la  lecture  de  cette  Ordoiî- 
<(  nance.  Ils  ont  représenté  qu'à  la  vérité  on  les  obligeait 
«  à  garder  le  secret  de  la  société,  mais  que  ce  secret  se 
«  réduisait  à  ne  jamais  révéler  les  signes  que  se  donnent 
»  les  associés  pour  se  connaître,  et  qu'ils  n'étaient  pas  sous 
((  serment,  mais  sous  promesse  d'honneur. 

«  Que  penser  de  ces  sociétés  ?  Sont-elles  du  nombre  de 
((  celles  que  le  St.  Siège  a  anathématisées  ?  Quelle  con- 
«  conduite  peut  on  et  doit-on  tenir  à  l'égard  des  associés  ? 
«  Peuvent-ils  approcher  des  Sacrements  sans  renoncer  à 
«  ces  sociétés  ? 

«  L'art  du  magnétisme  s'exerce  dans  le  dit  diocèse.  Est- 
«  il  crinsinel,  quand  on  prétend  savoir  ce  qui  se  passe  danS' 
«  les  lieux  fort  éloignés,  ou  ce  qui  est  tout-à-fait  intérieur 
«  et  caché  dans  le  cœur?   Quand  on  s'en  sert  pour  décou- 


444  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  vrir  des  voleurs  ou  malfaiteurs  ?  Quand  on  en  fait  usage 
«  pour  assoupir  les  personnes  à  qui  il  faut  faire  l'amputa- 
«  tion  de  quelques  membres,  afin  de  les  rendre  insensibles 
'<  à  la  douleur. 

'i  (Signé),        -|-  Ig.  Ev.  de  Montréal.» 


FER    IV  DIE  28  JULII,  1847. 

In  Congregatione  Generali  S  Romanœ,  et  Universalis 
Inquisilionis  habita  in  Con  ventu  S.  Marise  supra  Minervam 
coram  Emis,  et  Rmis.  DD.  Gardinalibus  S.  R.  E.,  in  tota 
Republica  Ghristiana  contra  hœrelicam  pravitatem  Inqui- 
sitoribus  Gnlibus.  a  S.  Sede  specialiter  deputatis,  audita 
relatione  suprascripti  supplicis  libelli  una  cum  DD.  Con- 
sullorum  voto  ;  iidem  Emi.  DD.  decreverunt  :  quoad  sectas 
clandestinas  R.  P.  D.  Epum.  Marianopolitanum  relate  ad 
Literas  Pastorales  bene  se  gessisse.  Relate  ad  qusesilâ, 
detur  Decrelum  Fer.  IV  die  5  Augusti,  1846,  prout 
sequitur. 

DEGRETUM. 

Societates  occultse  de  quibus  in  Pontificiis  Gonstitutio- 
nibus  sermo  est  eœ  omnes  intelliguntur,  quœ  adversis 
Ecclesiam,  vel  gubernium  sibi  aliquid  proponunt,  e.xigant, 
vel  non  exigant  a  suis  asseclis  juramentum  de  secreto 
servando,  et  ad  mentem. 

Mens  est  quod  laudatus  Epus.  moneatur  per  sacram 
Gongregationem  de  Propagande  Fide,  ut  communicat 
tantum  Gofifessariis  liujiis  modi  responsura,  et  caveat  ab 
ejus  publicatione. 

Qnoad  Magiietismum  pro  nunc  detur  decietimi  l'er  III^ 
loco  IV,  "23  Junii,  1840,  proui  sequitur. 

DEGRETUM. 

Remoto  omni  errore,  sorlilegio,  e.xplicila  aut  implicita 
Dremonis  invocatione,   usus  magnetismi,  nempe   merus 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  445 

acîus  ddhibendi  média  physica  aliunde  licila,  non  est 
moraliter  vetitus,  dummodo  non  tendat  ad  finem  illicilum, 
ant  quomodolib^3tpravum.  Applicatio  aulem  principiorum, 
et  mêdiorum  pure  physicorum  ad  res,  et  effectus  vere 
supernatuT-ales,  ut  physice  explicentur, non  e^l  nisi  decep- 
tio  omnino  illicita.  et  haireticalis. 


Loco  7  Sigili^ 


ANGELUS  ARGENTI, 

s.  Roma3.  et  Unlis.  Inqis.  Nolius. 


Je  crois  au- si  devoir  vous  adresser  copie  d'une  lettre 
que  je  reçois  du  Vice-Président  du  Conseil  Gential  de 
Lyon  pour  l'OEuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi  : — 

«  Lyon,  le  27  Septembre,  1847. 
«  Monseigneur^ 

«  Nous  venons  avec  conûance  vous  adresser  Texpression 
«  d'un  vœu,  à  la  réalisation  duquel  nous  attachons,  et  à 
«  juste  titre,  le  plus  haut  prix. 

«  Il  y  a  dix  ans,  les  conseils  demandèrent  à  tous  les  Evê- 
«  ques  et  autres  supérieurs  des  Missions  qui  étaient  alors 
«  inscrites  sur  les  listes  de  nos  répartitions  annuelles,  de 
'(  faire  célébrer  une  Messe,  le  3  Novembre  de  chaque 
année,  dans  tous  les  lieux  soumis  à  leur  jurisciiction 
«  apostolique,  pour  le  repos  des  âmes  des  associés  et  bien- 
«  faiteurs  défunts  de  l'OEuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi. 

«  Cette  grâce  nous  fut  accordée,  et  nous  ne  doutons  pas 
<i  qu'elle  n'ait  été  un  précieux  encouragement  pour  tous  les 
«  fidèles  agrégés  à  notre  œuvre,  en  même  temps  qu'une 
«  des  causes  qui  ont  contribué  à  lui  donner  de  nouveaux 
<(  souscripteurs. 

«  Mais  parce  que  depuis  cette  époque,  le  nombre  des  Mis- 
«  sions  récemment  établies,  ou  de  celles  qui  n'étaient  point 
«  secourues  alors  par  l'OEuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi, 

30 


446  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  a  notablement  augmenté,  nous  venons  solliciter  de  leurs 
((  respectables  supérieurs  une  faveur  analogue  à  celle  dont 
a  il  vient  d'être  question,  afin  que  le  religieux  tribut  dont 
«  notre  Œuvre  jouit  déjà,  soit  acquis  désormais  à  tous  ses 
«  associés  et  bienfaiteurs  défunts,  dans  toutes  les  Missions, 
«  sans  exception. 

«  Nous  osons  donc  vous  prier,  Monseigneur,  si  vous  êtes 
«  au  nombre  des  chefs  de  Missions  qui  ont  déjà  concédé  à 
«  rOEuvre  l'insigne  faveur  dont  nous  venons  de  parler,  de 
n  vouloir  bien  la  regarder  comme  une  concession  perpé- 
«  tuelle,  et  si  notre  demande  au  contraire  vous  parvient 
«  pour  la  première  fois,  de  ne  pas  vous  refuser  à  l'accueil- 
«  lir  et  à  l'exaucer. 

«  Nous  vous  oÛrons  par  avance  nos  respectueux  remer- 
«  ciments  et  l'hommage  de  la  profonde  vénération  avec 
«  laquelle 

«  Nous  avons  l'honneur  d'être, 

(I  Monseigneur,  de  Voire  Grandeur, 
«  les  très  humbles  et  très  obéissants  serviteurs, 

«  Pour  le  Conseil  central^  le  président, 

«  (Signé,)         Terret, 
«  Vice-Président.  » 


Gomme  le  Diocèse  a  reçu  de  grands  secours  du  dit  Gon- 
seil  Central,  et  que  ce  serait  d'ailleurs  un  encouragement 
pour  les  Fidèles  de  ce  Diocèse  que  cette  union  de  prières 
pour  le  «  repos  des  àmos  des  associés  et  bienfaiteurs  dé- 
funts de  l'OEuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi.n  je  vous 
invile  à  célébrer  chaque  année,  le  3  Novembre,  la  Messe 
qui  fait  l'objet  de  la  dite  Lettre.  Gomme  de  raison,  nous  en 
donnerons  l'exemple  à  la  Galhédrale. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  informer  que  la  So- 
ciété de  Tempérance,  à  Montréal,  se  propose  de  se  mettre 


CIHCULAIUES  ET  AUTRES   DOCUiMENTS.  4i7 

€11  rapport  avec  les  Associations  des  paroisses  de  la  cam- 
pagne. Gomme  il  est  à  espérer  qu'il  en  résultera  un  très 
grand  bien,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  favoriser  ces  rap- 
ports, en  la  manière  qu'il  vous  sera  proposée  par  le  Gonse  1 
«de  l'association  de  cette  ville. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
V'olre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 


i 
i(Vraie  copie), 

J.  0.  Paré,  Chan.Secré:. 


LETTRE  PASTORALE 

DE  MONSEUtNEUR  l'ÉVÉQUE  DE  MONTRÉAL,  SOLLICITANT  LA 
CHARITÉ  DE  SES  DIOCÉSAINS,  EN  FAVEUR  DES  ORPHELINS  DES 
IRLANDAIS  ÉMIGRANTS. 


Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  Apostolique^  Eve'que  de  Montréal,  ete.,  etc. 


Au  Clergé  Séculier  el  Régulier,  aux  Communautés  el  à  tous  les  Fidèles 
(le  Notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction  en  Noire-Seigneur. 

La  présente  Jjettre  Pastorale  est  pour  vous  annoncer. 
Nos  Très-Ghers  Frères,  que  nous  avons  à  placer  deux 
cent  vingt-neuf  enfants  orphelins,  et  pour  faire  à  ce  sujet 
appel  à  votre  charité.  Vous  n'avez  point  oublié  que  le 
vingt-quatre  Juin  dernier,  Nous  vous  donnâmes  commu- 
nication de  la  Lettre  Encyclique  de  Notre  Saint  Père  le 
Pape,  qui  nous  peignait,  sous  des  couleurs  les  plus  vives, 
les  maux  affreux  de  l'Irlande,  et  nous  recommandait  avec 
instance  de  faire  des  prières  publiques  pour  des  frères  si 
malheureux.' 


448  "^lANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Vous  avez  répondu,  avec  un  empressement  digne  de 
loul  éloge,  à  l'invilaLion  si  tendre  du  Père  commun  des 
fidèles,  comme  le  prouvent  les  nombreux  concours  qui 
ont  rempli  nos  églises  pendant  les  trois  jours  de  supplica- 
tions indiqués  pour  chaque  paroisse.  Une  des  intentions 
du  Souverain  Pontife,  en  nous  invitant  à  faire  ces  prières, 
était  de  détourner  des  divers  peuples  chrétiens,  le  fléau 
qui  désolait  l'Irlande.  Sous  ce  rapport,  nous  avons  été 
exaucés.  Nos  Très-Ghers  Frères  ;  car  pendant  que  la  con- 
tagion exerçait  de  si  funestes  ravages  aux  portes  de  notre 
ville,  la  santé  publique  était  beaucoup  meilleure  que  de 
coutume. 

A  la  vérité,  nous  avons  eu  à  déplorer  ensemble  les 
grandes  pertes  qu'ont  faites  le  clergé  et  les  communautés, 
nendant  ce  temps  d'épidémie.  Mais  ce  qui  nous  a  consolés, 
c'est  que  d'abord  la  mort  de  ces  généreuses  victimes  de  la 
charité  a  été  très-précieuse  aux  yeux  de  Dieu,  et  qu'en- 
suite le  Seigneur  s'est  contenté  d'appesantir  sur  nous 
seuls  son  bras  et  vous  a  épargnés.  Car  telle  est  Notre 
disposition,  que  Nous  pouvons,  quand  il  s'agit  de  vos 
intérêts,  dire  avec  l'Apôtre  :  «  Pour  ce  qui  est  de  nous^  7ious 
donnerom  encore  trcs-volonliers  tout  ce  que  nous  avons  ;  et 
nous  nous  donnerions  encore  nous  même  pour  le  salut  de 
vos  âmes.  ^2  Cor.,  12.  15). 

Ici,  Nous  avons  à  vous  témoigner.  Nos  Très-Chers- 
Frères,  combien  Nous  avons  été  sensible  aux  vœux  em- 
pressés que  vous  avez  bien  voulu  adresser  au  ciel  pour 
Nous  et  pour  Notre  digne  coadjuteur,  lorsqu'il  a  plu  au 
Seigneur  de  Nous  visiter  par  la  maladie.  C'est  à  vos 
prières,  Nous  n'en  doutons  pas,  que  Nous  devons  la  santé 
dont  Nous  jouissons  maintenant.  Aussi  Nous  sentons- 
Nous  pressés  d'un  ardent  désir  de  consacrer  à  la  sanciifi- 
cation  de  vos  âmes  tous  les  moments  de  cette  vie  que  le 
Seigneur  a  daigné  Nous  prolonger.  Car  c'est  lui-même 
qui  nous  avertit:  qiCil  nous  faut  faire  les  œuvres  de  Celui 
qui  Nous  a  envoyés  travailler  à  votre  salut,  tant  qu'il  fait 
jour.    Car  la  nuit  arrive  pendant  laquelle  on  ne  peut  plus 


CIKCUL.VniES    ET  AL'TUES  DOCUMENTS.  WJ 

travailler.  Oh  !  oui,  Nos  Très-Chers  Frères,  croyez-le,  on 
se  trouve  les  mains  bien  vicies  de  mérites,  quand  on  se 
voit  aux  portes  de  l'éternité  ;  et  que  l'on  se  croit  sur  le 
point  de  paraître  devant  le  Juste  Juge,  qui  juge  les  justices 
mômes,  et  trou^-e  des  tache»  jusque  dans  ses  Anges  ;  qui 
nous  prévient  dans  l'Evangile  qu'il  faudra  payer  à  sa 
-sévère  justice  jusqu'à  la  dernière  obole,  et  que  rien  de 
-souillé  n'entrera  dans  le  royaume  des  cieux. 

Faisons  donc  le  bien.  Nos  Très-Chers  Frères,  pendant  que 
nous  en  avons  le  temps.  (Gai.  6.  10.)  Faisons-le  à  regard  de 
tous,  mais  principalement  à  Végard  des  domestiques  de  la 
Foi.  C'est,  l'avis  important  que  nous  donne  l'Apôtre,  et 
qui  nous  convient  particulièrement  dans  les  circonstances 
présentes.  Car  vous  n'avez  pas  oublié  ce  que  Nous  vous 
disions  dans  Notre  Lettre  Pastorale  du  vingt-quatre  Juin 
dernier.  L'affreuse  mortalité  qui  décimait  à  cette  époque 
les  émigrants,  faisait  une  multitude  d'orphelins.  Ces 
pauvres  enfants  n'ayant  plus 4e  pères  pour  les  nourrir,  ni 
de  mères  pour  les  aimer  et  les  réchauffés  sur  leurs  seins, 
Ja  religion  nous  imposait  It  devoir  sacré  de  les  prendre 
sous  Notre  protection  spéciale.  Orphano  tu  eris  adjutor. 
(Ps.  10.  14.)  Ils  étaient  en  effet  trop  malheureux  pour  ne 
pas  mériter  toute  Notre  compassion.  Aussi  dès  lors  Nous 
les  aimions,  comme  on  aime  toujours  les  enfants  de  la 
douleur. 

Notre  premier  mouvement,  en  faveur  de  ces  innocentes 
victimes  du  fléau  dévastateur,  fut  d'élever  la  voix  pour 
vous  peindre  de  notre  mieux  leurs  indicibles  souffrances  ; 
ou  plutôt  les  voix  plaintives  et  gémissantes  de  plusieurs 
centaines  d'orphelins  se  firent,  par  notre  organe,  entendre 
à  vos  cœurs,  toujours  si  sensibles,  et  vous  dirent  avec  tout 
l'accent  de  la  douleur  :  k  0  vous  tous  qui  passez  par  ces 
^<  lieux,  consacrés  par  les  souffrances  de  nos  pères  et  de 
a  nos  mères,  et  où  s'élèvent  tristement  leurs  lombes,  voyez 
1  s'il  y  a  une  douleur  semblable  à  notre  douleur....  Faites 
<(  pour  nous,  pauvres  petits  orphelins,  ce  que  voudriez 
a  que  d'autres  fissent  pour  vos  propres  enfants,  si  comme 


450  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  nous,  ils  avaient  le  malheur  de  vous  perdre  dans  un 
«  pays  lointain;  si  comme  nous,  ils  étaient  sans  parents 
«  et  sans  amis  sur  une  rive  étrangère  ;  si  comme  nous,  ils 
«  étaient  exposés  à  toutes  les  horreurs  de  la  misère,  qui 
«  poursuivent  partout  l'orphelin  !...» 

Nous  entrâmes  alors  dans  vos  vues,  et  Nous  fîmes  pour 
ces  enfants  étrangers  ce  qu'assurément  vous  voudriez  que 
tout  Evêque  fit  pour  les  vôtres  si.  par  le  malheur  des 
temps,  ils  devenaient  orpheUns,  dans  quelque  pays  éloigné 
où  vous  seriez  obligés  de  vous  réfugier,  pour  échapper  à 
quelque  grand  lléau  qui  désolerait  votre  patrie.  Pour 
cela,  Nous  ouvrîmes  un  asile  afin  d'y  recueillir  les  orphe- 
lins des  émigrants,  et  Nous  le  mîmes  sous  la  protection 
de  St.  Jérôme  Emilien,  parce  que  ce  grand  saint  ayant 
consacré  sa  vie  aux  soins  des  orphelins,  Nous  espérions  de 
son  puissant  crédit  auprès  de  Dieu,  le  succès  d'uns  entre- 
prise aussi  importante.  Notre  confiance  était  d'autant 
plus  juste  que  Nous  avions.vu  de  nos  yeux,  pendant  que 
Nous  étions  à  Rome,  les  fruits  merveilleux  qu'avaient 
produits  et  que  produisaient  encore  le  zèle  et  la  charité 
de  ce  père  des  orpheUns.  Notre  intention  était  de  faire 
soigner  ces  pauvres  orphelins,  et  de  les  placer  ensuite 
dans  de  bonnes  familles  où  l'on  en  prendrait  soin  comme- 
de  ses  propres  enfants.  Car  il  Nous  semblait  qu'il  eût  été 
souverainement  imprudent  de  Notre  part  d'exposer  la 
santé  publique  en  dispersant  ces  enfants,  presque  tous 
atteints  de  la  contagion,  parmi  les  habitants  de  ce  diocèse. 
Dans  cet'e  vue.  Nous  les  confiâmes  à  la  charité  des  bonnes 
religieuses  qui  les  reçurent  à  bras  ouverts,  et  qui  exposè- 
rent leur  vie  pour  leur  prodiguer  les  soins  les  plus  péni- 
-bles  et  les  plus  répugnants  à  la  nature. 

Le  gouvernement  de  Sa  Majesté  voulut  bien  avoir  pour 
agréable  un  semblable  établissement  ;  et  malgré  les- énor- 
mes dépenses  que  lui  occasionnait  l'émigration,  il  en  fit 
généreusement  la  dépense.  Ce  fut  le  onze  Juillet  dernier 
que  Montréal  vit  naître  cette  nouvelle  œuvre,  et  que  Noue 
eûmes  la   consolation   d'aller  chercher  Nous-même  ces- 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  451 

tendres  enfants  aux  abris  de  la  Pointe  St.  Charles.  Nous 
devons  vous  le  dire  ici,  Nos  Très-Chers  Frères,  dans  la 
sincérité  de  notre  âme,  qu'un  des  plus  doux  moments  de 
Notre  vie  fut  celui,  où,  à  la  tète  de  cette  nombreuse 
famille  d'orphelins,  Nous  traversions  les  rues  de  cette 
ville,  pour  les  conduire  par  la  main  aux  hospices  qui 
leur  étaient  préparés.  Le  spectacle  de  ces  centaines  d'en- 
fants, décharnés  par  la  faim,  couverts  de  haillons  et  suc- 
combant aux  attaques  de  la  terrible  maladie  qui  les  avaient 
privés  de  leurs  parents,  était  trop  poignant  pour  que  Nous 
puissions  jamais  l'oubher. 

Depuis  qu'il  est  fondé,  l'on  y  a  reçu  six  cents  cinquante 
orphelins,  sur  lesquels  cent  quatre-vingt-huit  ont  été 
placés  ou  réclamés,  et  trois  cent  trente-deux  sont  morts. 
Il  en  reste  donc  encore  cent  trente.  De  plus,  il  s'en  trouve 
aux  hôpitaux  de  la  Pointe  St.  Charles  quatre-vingt-dix-neuf 
autres,  qui  n'ont  pu  être  placés  au  dit  asile.  Telle  est  en 
peu  de  mots  l'histoire  de  la  fondation  de  l'Asile  de  St. 
Jérôme,  dont  l'objet  est  de  recueillir  et  de  soigner  les 
orphelins  irlandais,  en  attendant  qu'on  puisse  les  placer 
dans  des  maisons  honnêtes  et  charitables.  Il  s'élève  lente- 
ment, au  milieu  des  peines  et  des  souffrances,  co  monu- 
ment de  charité  ;  mais  il  est  arrosé  de  trop  de  sueurs  et 
de  sang,  pour  n'être  pas  béni  de  Dieu  et  des  hommes. 

C'est  en  faveur  des  deux  cent  vingt  neuf  orphelins  dont 
Nous  venons  de  vous  parler,  Nos  Très-Chers  Frères,  que 
Nous  vous  écrivons  aujourd'hui,  pour  vous  exhorter  à  les 
accueillir  dans  vos  maisons  et  à  les  élever  comme  vos 
enfants.  Pour  vous  porter  plus  efficacemeni  à  ce  devoir 
de  charité.  Nous  empruntons  le  langage  de  St.  Paul,  et 
Nous  vous  disons  ce  qu'il  disait  à  son  bien-aimé  disciple 
Philémon,  pour  l'encourager  à  recevoir  dans  sa  maison 
un  serviteur  fngitif.  «  Nous  rendons  grâces  à  Dieu,  nous 
souvenant  sans  cesse  de  vous  dans  nos  prières,  en  appre- 
nant quelle  est  votre  charité  et  la  foi  que  vous  avez  dans 
le  Seigneur  Jésus,  et  envers  tous  les  Saints,»  c'est-à-dire 
les  pauvres  qui  le  représent  sur  la  terre.    Les  nombreux 


45-2  MANDEMEiNTS,  LETTRES  PASTORALES, 

établissements  que  l'on  voit  s'élever  de  toutes  parts,  par 
vos  inépuisables  largesses,  font  «  éclater  aux  yeux  de  tout 
le  monde  la  libéralité  qui  naît  de  votre  foi,  et  font  con- 
naître les  bonnes  œuvres  qui  se  pratiquent  parmi  vous 
pour  l'amour  de  Jésus-Christ.»  Votre  chanté,  Nos  Très- 
Chers  P>ères,  Nous  a  donc  comblé  de  joie  et  de  consola- 
lion,  en  voyant  que  les  cœurs  des  saints  ont  été  tant 
soulagés  par  votre  compassion,  Viscera  Sanctorum  requie- 
verunt  pcf  te^  fraler.  Car  Nous  devons  vous  remercier  ici 
en  particulier  des  aumônes  que  vous  Nous  avez  transmises, 
pour  répondre  à  l'appel  que  Nous  fîmes  à  votre  charité, 
dans  Notre  Lettre  du  vingt-quatre  Juin  dernier  ;  tout  en 
vous  informant  que  ces  secours  ne  pouvaient  venir  plus  à 
propos,  à  cause  des  dépenses  considérables  qu'il  Nous  a 
fallu  faire  pour  soulager,  autant  que  possible,  d'aussi 
grandes  misères. 

Plein  de  la  grande  confiance  que  Nous  inspire  votre 
charité  passée,  Noii<  Nous  adressons  aujourd'hui  à  votre 
bonté  accoutumée,  et  Nous  vous  prions  d'en  faire  sentir 
les  effets  à  ces  pauvres  orphelins  qui  sont  si  chers  à  votre 
cœur.  '(  Nous  aurions  bien  l'autorité  de  vous  le  comman- 
der au  Nom  de  Jésus  Christ,  »  en  faisant  valoir  ici  le  pré- 
cepte de  la  charité  •  «  Mais  Nous  préférons  laisser  agir  les 
motifs  de  l'amour,  »  toujours  plus  puissants  sur  des  cœurs 
tendres  et  généreux.  Propltr  caritatem  magis  obsecro. 

«  Or,  la  prière  que  Nous  vous  faisons  est  pour  ces  enfants 
que  Nous  avons  engendrés  dans  les  liens»  et  les  douleurs 
de  la  terrible  épidémie,  qui  les  a  privés  des  seuls  soutiens 
qu'ils  eussent  au  monde.  Nous  les  confions  à  vos  soins  cha- 
ritables; recevez-les  comme  les  objets  de  notre  plus  tendre 
compassion  :  ut  mca  viscera  suscipe. 

Oui,  Nos  Très-Chers  Frères,  recevez-les  sans  nullement 
considérer  que,  selon  la  chair,  ils  sont  d'une  origine 
étrangère  à  la  nôtre  ;  car  unis  comme  ils  le  sont  à  Jésus- 
Christ  par  la  foi,  il  ne  font  avec  nous  qu'un  seul  et  même 
peuple.    Quanti  autem  magis  tibi,  m  carne  et  in  Domino. 

Rec-^vez-les  sans  non  plus  considérer  que  d'abord  ils 


CIHCULAIÎJES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  453 

pourraient  vous  être  à  charge  ;  car  vous  savez  très-Lien 
que  la  charité,  pour  être  méritoire,  doit  s'exercer  gratui 
tement,  et  pour  l'amour  de  Jésus-Christ.  Au  reste,  avec 
Dieu,  il  n'y  a  rien  de  perdu,  et  tout  est  récompensé  au 
centuple  dans  ce  monde,  ave",  promesse  de  la  vie  éternelle 
dans  l'autre.  Philémon  en  est  ici  une  preuve  frappante, 
car  pour  avoir  fait  grâce  à  Onésime,  pour  lequel  le  grand 
Apôtre  avait  déployé  toutes  les  richesses  de  son  éloquence, 
en  faisant  parler  toutes  les  entrailles  de  sa  charité,  il  eût 
le  bonheur  d'en  faire  un  compagnon  fidèle  de  St.  Paul, 
un  Evoque  embrasé  de  zèle,  un  glorieu.x  Martyr  de  Jésus- 
Christ. 

Il  en  sera  de  même  de  nous  tous,  Nos  Très-Chers  Frères, 
et  il  faut  l'espérer.  En  adoptant  ces  pauvres  enfants,  Nous 
en  ferons  des  compagnons  de  notre  foi,  de  bons  prêtres, 
de  ferventes  religieuses,  d'excellents  concitoyens  qui, 
élevés  parmi  nous,  feront  toujours  cause  commune  avec 
nous.  Qui  tibi  aliquando  inntilis  fuit,  nunc  autem  ei  mihi 
et  tibi  ulilis. 

Recevez  donc,  Ministres  du  Seigneur,  et  adoptez  ceux 
de  ces  enfants  à  qui  la  Divine  Providence  a  départi  d'heu- 
reuses aispositions  ;  et  espérez  que  par  les  généreux  sacri- 
fices que  vous  ferez  pour  leur  procurer  une  bonne  éduca- 
tion, ils  deviendront  un  jour  l'ornement  du  sanctuaire,  et 
vos  dignes  collaborateurs  dans  les  travaux  du  saint  minis- 
tère :  ut  mea  viscera  suscipe. 

Recevez,  Séminaires  et  Collèges,  et  adoptez  quelques- 
uns  de  ces  tendres  enfants,  que  la  nature  et  la  grâce  se 
sont  plû  à  orner  de  riches  talents,  exprès,  ce  semble,  pour 
vous  récompenser  de  la  charité  que  vous  allez  exercer,  en 
cultivant  leurs  bonnes  qualités  et  en  les  rendant  capables 
de  vous  aider  à  remplir  la  belle  mission  que  vous  a  donnée 
la  Divine  Providence  :  ut  mea  viscera  suscipe. 

Recevez, Communautés  consacrées  à  l'enseignement,  ou 
à  la  charité,  et  adoptez  ces  pauvres  orphelines  qui  vous 
tendent  leurs  petites  mains  suppliantes.  Ah  1  sans  doute 
qu'en  jetant  dans  leurs  cœurs  pleins  de  foi,  la  bonne 


454  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

spmence  d'une  éducation  religieuse  et  soignée,  vous  en 
ferez  pour  Ja  plupart  de  dignes  épouses  de  Jésus-Christ, 
qui  travailleront  avec  vous  à  faire  bénir  en  tout  lieu  vos 
Saints  Instituts,  en  multipliant  les  œuvres  de  justice  que 
vous  opérez  pour  la  plus  grande  gloire  de  Dieu  :  Ut  mca 
viscera  suscipe- 

Recevez,  pieux  et  charitables  Laïcs,  et  adoptez  ces 
tendres  enfants  avec  cette  joie  cordiale  qui  caractérise  la 
vraie  charité.  Ayez  pour  eux  toute  la  tendresse  que  vous- 
aimeriez  à  voir  chez  ceux  qui  recevraient  vos  propres 
enfants  s'ils  avaient  le  malheur  de  vous  perdre,  et  si^ 
relégués  sur  une  terre  étrangère,  sans  parents  et  sans 
amis,  ils  étaient  rédints  à  une  aussi  affreuse  misère.  N'est- 
ce  pas  le  temps,  s'il  en  fut  jamais,  d'accomplir  ces  tou- 
chantes paroles  du  Seigneur  :  «  Faites  aux  autres  ce  que 
vous  voudriez  qu'on  vous  fit,  »  Pvout  vuUis  ut  faciantvobis 
hommes,  et  vos  facite  ilUs  similiter.  (Luc,  6,  3L) 

Animés  de  ces  sentiments,  vous  accueillerez  ces  enfants, 
vous  les  élèverez  avec  soin,  vous  les  corrigerez  avec  bonté, 
vous  les  aimerez  avec  tendresse.  Oh  !  qu'ils  vous  paraî- 
traient intéressants  et  aimables,  ces  enfants,  si  vous  saviez 
comme  ils  sentent  vivement  le  bien  qu'on  leur  fait: 
comme  ils  sont  reconnaissants  pour  ceux  qui  en  prennent 
soin,  comme  ils  prient  avec  foi  le  Père  des  miséricordes 
pour  ceux  qui  les  assistent  ;  comme  ils  s'embrassent  avec 
de  vifs  transports  de  joie,  quand  ils  se  rencontrent  après 
s'être  cru  morts  ;  comme  ils  sont  émus,  quand  il  leur  fau', 
se  séparer  les  uns  des  autres  pour  ne  plus  peut-être  jamais 
se  revoir;  comme  ils  pleurent  quand  on  leur  rappelle  le 
souvenir  de  leurs  chers  parents  ou  de  quelques-unes  des 
personnes  charitables  qui  ont  sacrifié  leur  vie  pour  les 
soulager  dans  leur  malheur;  comme  ils  regardent  avec 
attendrissement  ceux  qui  les  viennent  voir  pour  les  adop- 
ter, dans  i'espoir  d'être  assez  heureux  pour  fixer  leur 
choix  ;  comme  ils  sont  fermes  et  décidés,  quand  il  leur 
faut  rejeter  les  offres  flatteuses  de  ceux  qu'ils  connaissent 
être  les  ennemis  de  leur  foi;  comme  elles  sont  sincères  et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  45» 

abondantes  les  larmes  qu'ils  versent,  quand  il  est  question 
de  dire  adieu  aux  tendres  mères  que  la  Religion  leur  a 
préparées  dans  leur  malheur. 

Tels  sont,  Nos  Très-CIiers  Frères,  les  enfants  si  malheu- 
reux, mais  en  môme  temps  siinterressants  que  Nous  vous 
conjurons  de  recevoir  et  de  bien  traiter,  comme  étant  les 
plus  tendres  objets  de  notre  compassion.  Ut  mea  viscera 
suscipe.  «  Si  vous  nous  considérez  comme  vous  étant 
étroitement  uni»  par  les  liens  sacrés  qui  attachent  le 
Pasteur  à  ses  brebis,  «  recevez-les  comme  Nousmême  ;  » 
si  ergo  habes  me  socium,  suscipe  illum  sicut  me.  Si  ces 
pauvres  enfants  vous  entraînent  dans  quelques  dépenses, 
mettez-les  sur  notre  compte  ;  si  autem  aliquid  nocuit  tibi 
aut  tebet,  hoc  mihi  imputa..  Car  vous  n'ignorez  pas  que 
Nous  aurions  droit  d'exiger  de  vous  une  part  des  biens 
temporels  que  vous  donne  le  Seigneur  ;  parceque,  travail- 
lant à  l'Autel,  nous  pourrions  vivre  de  l'Autel.  Si  nous 
Nous  êtes  redevables  à  cause  du  ministère  que  nous 
exerçons  pour  le  salut  de  vos  âmes,  veuillez  bien  vous 
acquitter  dans  la  personne  de  ces  pauvres  orphelins  :  car 
Nous  regarderons  comme  fait  à  Nous-même  tout  ce  que 
vous  ferez  pour  eux.  Reddam,  ut  non  dicam  tibi.,  quod  et 
teipsum  mihi  debes. 

D'ailleurs,  Nos  Très-Ghers  Frères,  en  vous  exhortant  à 
faire  cette  belle  œuvre,  notre  intention  est  de  vous  fournir 
une  occasion  précieuse  d'attirer  sur  vos  familles  les  béné- 
dictions abondantes  qui  se  répandent  toujours  dans  les 
maisons  des  Orphelins.  Et  qui  pourrait  en  douter,  lorsque 
Jésus-Christ  nous  assure  dans  l'Evangile,  que  tous  ce  que 
l'on  fait  à  l'un  de  ces  petits,  c'est  à  lui-même  qu'on  le  fait. 
Faisons  donc  tous  ensemble  cet  excellent  Acte  de  charité, 
pour  honorer  notre  foi  en  recevant  Jésus-Christ  qui  nous 
dit,  en  nous  présentant  ces  pauvres  enfants:  «Je  suis 
étranger,  »  et  je  ne  sais  où  reposer  la  tête  ;  vous  ne 
me  refuserez  pas  une  place  dans  vos  maisons.  «Ce  que 
vous  ferez  à  l'un  de  ces  petits,  c'est  à  moi  même  que  vous 
le  ferez. 


45G  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Nous  allons  imiter  le  bel  exemple  que  nous  a  donné, 
dains  le  temps  môme  que  la  contagion  répandait  partout  la 
terreur,  l'Archidiocèse  de  Québec,  où  l'on  a  vu  un  dévoue- 
ment digne  de  toute  admiration,  et  un  empressement 
incomparable  à  recueillir  ces  pauvres  orphelins.  Nous 
allons  tous  ensemble  offrir  au  Père  des  miséricordes  ces 
actes  de  charité  pour  demander  trois  laveurs,  outre  la  vie 
éternelle  promise  à  la  charité. 

La  première^  Que  notre  peuple  conserve  avec  soin,  par 
sa  bonne  conduite,  l'héritage  de  ses  pères  ; 

La  seconde^  Que  d'abondantes  bénédictions  se  répandent 
«ur  les  Associations  charitables  et  bienveillantes,  formées 
dans  le  noble  but  de  procurer  à  ce  peuple  l^îs  moyens  de 
se  fi.\er  sur  cette  terre  que  lui  assigna  la  Divine  Provi- 
dence, quand  elle  partagea  toutes  les  contrées  de  l'Univers, 
entre  les  diverses  nations  du  monde  :  et  pour  lui  apprendre 
à  la  cultiver  avec  intelligence,  pour  que  sa  main  laborieuse 
recueille  au  centuple  la  semence  qu'elle  aura  jetée  dans 
son  sein  ; 

La  troisième^  Que  tous  les  enfants  du  sol  trouvent  à 
e.xercer  leurs  talents  et  leur  industrie  dans  le  sein  de  leur 
patrie,  afin  de  n'être  plus  dans  la  triste  nécessité  d'errer 
par  milliers  ça  et  là,  pauvres  et  méprisés  de  ceux  qui 
exploitent  leurs  forces  physiques  pour  faire  fortune  à  leurs 
dépens. 

'(  Nous  vous  écrivons  ceci  dans  la  confiance  que  Nous 
donne  votre  soumission,  sachant  que  vous  en  ferez  encore 
plus  que  Nous  ne  vous  en  disons.  Que  la  grâce  de  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ  soit  avec  votre  esprit. — Amen. 

Sera  notre  présente  Lettre  Pastorale  lue  et  publiée  en 
Chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  et  au 
prône  dans  toutes  les  Eglises  Paroissiales,  le  premier 
Dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  neuf 


CmCCLAIUES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  457 

Mars,  mil  huit  cent  quarante-huit,  sous  notre  seing  et 
sceau  et  le  contre-seing  de  notre  Assistant-Secrétaire. 


-|-  Ig.,  Evèql'E  de  Montréal. 

Par  Monsaigneur, 

Louis-Zéphirin  Moreau,  Ptre. 

Assistant-Secrélaire^ 
(Vraio  copie), 

L.  Z.  Moreau,  Ptre.  Assist.  Secrétaire. 

P.  S. — Les  personnes  qui  se  proposent  d'adopter  quelque 
orphelin  ou  orpheline,  doivent  se  présenter  à  l'Evèché 
avec  un  certificat  de  leur  curé. 

-|-  Ig.  Ev.  be  Montréal. 


MANDEMENT 

de  .monseigneur  l'ÉVÊQUE  de  MONTRÉAL,  POUR  ENCOURAGER 
LE  PÉLERI>fAGE  DE  NOTRE-DAME  DE  BON-SECOURS,  ET 
ÉTABLIR  D.\NS  CETTE  CHAPELLE  LA  CONFRÉRIE  DE  NOTRE- 
DAME   AUXILIATRICE,    POUR    TOUT    LE    DIOCÈSE. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
St.  Siège  Apostolique,  Evéque  de  Montréal.,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  aux 
Fidèles  de  Notre  Diocèse  :   Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Vous  n'avez  point  oublié.  Nos  Très-Ghers  Frères,  que 
le  treize  Août  dernier.  Nous  nous  engageâmes  publique, 
ment  et  par  vœu,  à  faire  tous  Nos  efforts  pour  rétablir  le 
pieux  «Pèlerinage  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,»  qui^ 
par  notre  indifférence  et  le  malheur  des  temps,  n'était 
plus  fréquenté,  comme  il  l'était  autrefois. 


458  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

En  faisant  ce  vœu,  Nous  cherchions  à  mettre  une  bar- 
rière entre  nous  et  la  terrible  épidémie  qui  faisait  de  si 
grands  ravages  aux  portes  de  notre  ville  ;  et  qui,  chaque 
jour,  franchissait  les  bornes  dans  lesquelles  on  voulait  la 
comprimer,  pour  faire  quelques  victimes  au  sein  même 
de  notre  cité.  En  cela,  Nous  ne  fesions  qu'imiter  les 
beaux  exemples  de  nos  pères,  pour  qui  cette  sainte  chapelle 
fut,  de  temps  immémorial,  un  asile  assuré  dans  les  grandes 
calamités.     Patres  nostri  narraverunt  nobis.  (Ps.) 

Depuis  longtemps,  Nos  TrèsChers  Frères,  Nous  gémis- 
sions dans  le  secret  de  Notre  âme,  de  voir  la  vénérable 
Chapelle  de  «Bon-Secours»  presque  déserte.  Hélas  !  on 
pourrait  presque  lui  appliquer  ces  paroles  de  Jérémie, 
exprimant  la  juste  douleur  qui  l'accablait  en  voyant  le 
temple  saint  abandonné,  et  ses  augustes  solennités  négli- 
gées. «  Les  chemins  de  Sion  pleurent,»  disait-il  dans  ses 
touchantes  lamentations,  «  parce  qu'il  n'y  a  plus  personne 
qui  viennent  à  ses  fêtes.  »  (Jér.  1.) 

En  effet,  l'on  ne  voyait  plus,  comme  du  temps  de  nos 
aïeux,  de  nombreuses  troupes  de  pieux  pèlerins  cheminer 
le  soir,  après  les  travaux  de  la  journée,  vers  ce  sanctuaire 
chéri,  pour  y  remercier  l'Auguste  «Dame  de  Bon  Secours» 
des  grâces  obtenues  par  sa  puissante  intercession,  et  en 
demander  de  nouvelles.  Môme  pendant  le  jour,  hors  le 
temps  de  la  Messe  basse,  on  n'y  yoyait  jamais  personne  en 
prières  ;  si  bien  qu'il  avait  été  jugé  nécessaire  d'en  tenir 
les  portes  fermées,  poui-  éviter  les  vols  sacrilèges  qui  s'y 
commettaient. 

Cet. état  d'abandon  avait  quelque  chose  de  sinistre  à  Nos 
yeux.  Sans  vouloir  sonder  les  secrets  jugements  de  Dieu, 
il  Nous  semblait  qu'une  pareille  indilîérence  nous  attire- 
rait tôt  ou  tard  quelques  malheurs.  L'histoire  et  Nos 
t:ouvenirs  Nous  inspiraient  de  justes  craintes.  Vous  savez 
vous-mêmes  les  grandes  calamités  qui  désolèrent  cette 
ville  et  tout  ce  pays,  après  l'incendie  de  1754,  qui  réduisit 
en  cendres  la  seconde  chapelle  de  Bon-Secours.  Vous  n'avez 
point  oublié  qu'en  1831,  une  main  profane  enleva  la  statue 


CIRGULA-IRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  459 

ai  vénérée  de  nos  pères,  et  qui  avait  échappé  aux  flammes 
dévastatrices.  Or,  depuis  cette  époque,  que  de  malheurs 
sont  venus  fondre  sur  nous! 

Les  terribles  agitations  politiques  qui  firent  couler  le 
sang  de  nos  concitoyens  dans  les  rues  de  cette  ville,  le  21 
Mai  1831  :  le  choléra,  qui  apparut  le  8  Juin  suivant,  et 
décima  notre  population  ;  cette  même  épidémie,  qui  revint 
en  1834,  répandant  partout  la  désolation  et  la  mort;  les 
troubles  de  1837  et  38,  qui  ont  fait  couler  tant  de  larmes 
et  couvert  le  pays  de  deuil  et  de  ruines;  les  millions  d'in- 
sectes, qui  ont  dévasté  nos  campagnes  pendant  tant  d'an- 
nées, et  ruiné  le  commerce  de  nos  villes  avec  les  espéran- 
ces de  nos  cultivateurs,  sont  des  événements  trop  voisins 
de  nous,  et  qui  ont  laissé  des  traces  trop  profondes  pour 
que  nous  puissions  jamais  en  perdre  le  souvenir. 

Enfin,  l'année  dernière,  nous  étions  en  face  d'un  nou- 
•veau  fléau  qui  menaçait  à  chaque  instant  d'envahir  la 
ville  et  les  campagnes.  Ceux  que  le  devoir  portait  sur  le 
champ  des  douleurs,  pour  secourir  tant  de  misères,  étaient 
presque  tous  atteints  de  la  contagion,  et  beaucoup  y  suc- 
combaient. Mais  Nous  ne  voulons  point  ici  rouvrir  des 
plaies  encore  ensanglantées  par  le  récit  de  nos  soulTrances 
€t  de  nos  malheurs.  Tout  occupé  des  moyens  à  prendre 
pour  fléchir  le  ciel,  et  vous  préserver.  Nos  très-chers 
Frères,  du  malheur  qui  avait  fondu  sur  votre  clergé  et 
vos  communautés  religieuses.  Nous  fûmes  vivement 
frappé  de  la  pensée  que  Notre-Dame  de  Bon-Secours^  si 
compatissante  pour  nos  pères,  dans  tous  leurs  malheuis, 
aurait  pitié  de  nous,  et  nous  obtiendrait  grâce  et  n>iséri- 
eorde.  Nous  fîmes  donc  vœu,  d'abord  dans  le  secret  de 
Notre  cœur,  puis  Nous  prîmes,  à  la  face  de  ce  diocèse, 
l'engagement  sacré  de  faire  tous  nos  efforts  pour  rendre 
au  Pèlerinage  de  Bon-Secours  toute  sa  solennité.  Il  est 
inutile  de  vous  dire  ici  que  Marie  a  entendu  et  exaucé  ce 
vœu.  Et  pouvait-elle  ne  l'avoir  pas  pour  agréable,  lors- 
qu'elle se  vit,  comme  autrefois,  entourée  d'une  multitude 
de  dévols  serviteurs  ;  lorsqu'elle  entendit  son   sanctuaire 


460  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

retentir  de  soupirs  et  de  gémissements  ;  lorsqu'enfin,  pen- 
dant toute  l'octave  de  sa  glorieuse  Assomption,  la  foule 
des  pieux  pèlerins  qu'une  trop  juste  douleur  accablait,  se 
pressait  dans  ce  lieu  vénérable  ? 

En  exauçant  nos  vœux  dans  sa  chapelle  de  Bon-Secours^ 
Marie  a  donc  fait  connaître  à  tout  le  diocèse  qu'aujour- 
d'hui, comme  autrefois,  elle  veut  être  spécialement 
honoi'ée  dans  ce  temple  ;  que  ce  sanctuaire  devrait  être 
pour  nous,  :omme  pour  nos  pères,  un  lieu  de  refuge  dans 
les  grandes  calamités  ;  que  cette  chapelle  était  vraiment 
le  trône,  du  haut  duquel  elle  exerçait  ses  miséricordes 
dans  ces  jours  mauvais  où  le  bras  d'une  justice  rigoureuse 
s'appesantissoit  sur  nous,  misérables  enfants  d'Adam. 

C'est  à  la  suite  de  semblables  faveurs.  Nos  trèschers 
Frères,  et  au  commencement  d'un  mois  tout  entier  con 
sacré  à  Marie,  que  Nous  entreprenons  de  Nous  acquitter 
d'un  devoir  si  doux  pour  Notre  cœur,  et  dicté  d'ailleurs 
par  la  plus  vive  reconnaissance.  Car,  Nous  serions  le  plus 
ingrat  des  hommes,  et  Notre  langue  devrait  pour  toujours 
s'attacher  à  notre  palais,  si  jamais  Nous  venions  à  oublier 
que  c'est  à  vos  ferventes  prières,  dans  la  sainte  chapelle  de 
Bon-Secours^  que  Nous  sommes  redevables  de  la  santé 
dont  Nous  jouissons  aujourd'hui.  Ah  !  puissious-uous  du 
moins  la  consacrer  toute  entière  à  la  gloire  de  Marie  et  à 
la  sanctification  de  vos  âmes  !  Il  est  donc  juste.  Nos  très- 
chers Frères,  et  il  est  grand  temps  que  Nous  élevions  la 
voix,  pour  Nous  acquitter,  autant  qu'il  est  en  Nous,  du 
devoii  que  Nous  imposé  notre  vœu.  Car  qui  sait  si  Notre 
négligence,  dans  un  point  si  grave,  ne  nous  attirerait  pas 
de  nouveaux  malneurs!  Ils  sont  bien  à  craindre  ces 
malheurs  dans  un  temps  comme  celui-ci,  où  tout  est  en 
mouvement  dans  l'ancien-monde.  ^'ous  n'entendez  aujour- 
d'hui parler  que  de  royaumes  bouleversés,  de  peuples 
courroucés,  de  couronnes  pulvérisées,  de  sceptres  brisés. 
C'est  bien  assurément  le  temps.  Nos  très-chers  Frères,  de 
nous  écrier  avec  le  Sage  :  Vanilc  des  vanllés,  tout  n'est  que 
vanité.    Quoiqu'il  en   soit,  prions  Dieu,  et  recourons  à 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  401 

Marie  pour  que  l'heureuse  paix  dont  nous  jouissons  ne 
soit  point  troublée  par  ces  grandes  commotions  qui  agitent 
les  peuples  de  la  vieille  Europe,  et  qui  semblent  être  les 
avant-coureurs  de  guerres  cruelles  et  sanglantes. 

Nous  vous  exhortons  donc,  Nos  très-chers  Frères,  à 
faire  souvent  et  avec  dévotion  le  pieux  pèlerinage  de 
Noire-Dame  de  Bon-Secours.  C'est  pour  la  plus  grande 
gloire  de  Marie,  le  plus  grand  bien  dé  vos  âmes  et  l'acquit 
de  Notre  conscience,  que  Nous  vous  invitons  à  lever  vos 
regards  vers  ce  lieu,  d'où  vous  devez  attendre  un  puissant 
secours.  Car  Nous  sommes  convaincu  que  cette  chapelle 
est  un  de  ces  lieux  privilégiés,  où  Dieu  se  plaît  à  exercer 
ses  grandes  miséricordes,  par  l'intercession  de  Marie  ;  et 
que  l'on  peut  en  toute  vérité  lui  appliquer  ces  paroles  de 
l'Ecriture  :  fai  choisi  pour  moi  ce  lieu.,  comme  une  maison 
de  sacrifice...  Lorsque  f  aurai  commandé  aux  sauterelles  de 
dévorer  la  terre  ;  et  que  f  aurai  envoyé  la  peste  contre  mon 
peuple...  s'il  se  convertit...  je  lui  pardonnerai  ses  péchés... 
Mes  yeux  seront  ouverts  et  mes  oreilles  seront  attentives  à  la 
prière  de  celui  qui  priera  dans  ce  lieu. 

Pour  rendre  ce  lieu  plus  vénérable  et  plus  cher  à  vos 
cœurs.  Nous  avons  intention  d'y  exposer  à  la  vénération 
des  fidèles,  de  saintes  images  ;  Nous  avons  la  ferme  con- 
fiance qu'elles  seront  les  instrumens  de  la  divine  miséri- 
corde pour  vous  combler  de  grâces.  Car  si,  dans  l'ancienne 
loi,  la  verge  d'Aaron,  qui  avait  servi  à  tant  de  prodiges, 
était  rehgieusement  gardée  dans  l'Arche  d'Alliance;  si 
cette  Arche  sainte  était  une  source  de  bénédictions  pour 
la  maison  d'06erfeV/om  où  elle  fut  conservée  quelque  temps  ; 
si  le  serpent  d'airain,  exposé  à  la  vue  du  peuple  dans  le 
désert,  avait  la  vertu  divine  de  guérir  ceux  qui  avaient 
été  mordus  par  des  serpents  de  feu  ;  si  le  sang  de  l'Agneau 
Pascal  était  un  signe  de  salut  au  passage  de  l'Ange  exter- 
minateur, croyez  que,  dans  la  loi  nouvelle.  Dieu  attache 
aussi  des  grâces  spéciales  à  certains  objets,  dont  il  lui  plaît 
de  se  servir  pour  répandre  ses  bénédictions  sur  son  peuple. 
D'ailleurs,  ce  n'est  Das  Nous,  Nos  très-chers  Frères,  qui 

31 


462  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

désignons  cette  chapelle  pour  être  un  lieu  de  pèlerinage 
diocésain  ;  il  est  évident  que  Dieu  l'a  choisie,  et  qu'il 
l'aime  plus  que  tous  les  autres  Tabernacles  de  Jacob. 
Diligit  Dominus  portas  Sion  super  omnia  Tabernacula  Jacob. 
Il  sufEt,  pour  le  bien  comprendre,  de  jeter  un  coup-d'œil 
sur  notre  histoire,  et  de  consulter  les  souvenirs  des  tradi- 
tions de  notre  pays. 

Le  pèlerinage  de  Bon-Secours  a  commencé  avec  le  pays, 
et  malgré  les  malheurs  des  temps,  trois  églises  se  sont 
successivement  élevées  sur  les  fondements  jetés  en  terre 
en  1657  :  preuve  que  nos  pères  ont  vivement  senti  le 
besoin  d'un  pareil  sanctuaire.  Sur  son  frontispice  brille 
l'auguste  nom  de  Marie.  C'est  la  reconnaissance  du  cœur 
plus  que  le  ciseau  de  l'ouvrier  qui  a  gravé  ce  monograme 
sacré.  Il  est  là  pour  dire  aux  siècles  à  venir  que  Mont- 
réal, dans  ses  plus  grandes  calamités,  ne  doit  jamais 
manquer  de  confiance  dans  ce  nom  puissant  :  Maria,  0 
nomen  sub  quo  nemini  desperanduni  est  (St.  Augustin.)  Son 
front  n'a  d'autre  ornement  que  la  simple,  mais  noble  ins- 
cription :  Maria.,  auxilium  Christianorum.  Tel  fut  toujours 
le  cri  de  confiance  de  nos  pères  au  milieu  des  épreuves 
sans  nombre  que  leur  ménagea  la  divine  Providence,  et 
telle  fut  aussi  dans  tous  les  temps,  leur  unique  ressource, 
pour  se  soustraire  à  une  ruine  totale  dont  ils  furent  si 
souvent  menacés.  0  Montréal!  regarde  avec  complai- 
sance, lis  avec  joie  et  bonheur  cette  précieuse  légende  : 
Marie,  secours  des  Chrétiens^  car  tes  destinées  sont  grandes, 
si  ta  confiance  en  Marie  répond  à  l'attente  de  ceux  qui 
t'ont  fondée.  Rends-toi  digne  de  reprendre  et  de  porter 
toujours  le  glorieux  nom  de  Ville-Marie.  Hélas  !  c'ess 
peut-être  par  ta  faute  que  tu  as  perdu  ce  nom  si  grand,  si 
doux  pour  nos  pères.  Ne  te  serait-il  pas  permis  de  repren- 
dre ce  premier  nom  qui  est  sacré,  tandis  que  l'ancienne 
capitale  du  Haut-Canada  s'est  fait  gloire  de  son  nom  de 
Toronto,  quoiqu'il  ne  soit  qu'un  nom  sauvage. 

Pour  qu'il  ne  manque  à  la  sainte  chapelle  de   Bon- 
Secours,  rien  de  ce  qui  pourrait  entretenir  votre  confiance, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  463 

Nous  allons  y  établir  la  pieuse  Confrérie  de  Notre-Dame 
Auxiliatrice^  qui  lui  convient  si  bien,  et  à  laquelle  devront 
s'agréger  toutes  les  paroisses  du  Diocèse  qui  voudront  lui 
appartenir.  Par  cette  institution,  Nous  voulons,  Nos 
très-chers  Frères,  élever  un  monument  durable  à  la  piété 
de  nos  pères.  Car,  quand  ils  prirent  la  généreuse  résolu- 
tion  de  venir  fonder  dans  le  nouveau-monde,  à  l'honneur 
de  Marie,  la  ville  que  nous  habitons,  ils  formèrent  une 
Association  qui  prit  ce  titre  mémorable  :  Société  de  Notre- 
Dame  de  Montréal  -pour  la  conversion  des  pécheurs. 

En  érigeant  à  Bon  Secours  la  Confrérie  de  Notre  Dame 
Auxiliatrice,  Nous  voulons  donc  ressusciter,  autant  qu'il 
est  en  notre  pouvoir,  cette  belle  Société  de  Notre-Dame  de 
Montréal,  qui  fait  tant  d'honneur  à  la  foi  vive  de  nos  pères. 
A  la  place  des  cent  associés,  enrôlés  dans  le  principe  joowr 
la  conversion  et  la  civilisation  des  sauvages.  Nous  espérons 
réunir  des  cent  mille  associés,  sous  le  glorieux  étendard 
de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  pour  détruire  tous  les  vices 
et  toutes  les  erreurs,  et  surtout  les  vices  affreux  de  l'ivro 
gnerie  et  de  l'impureté,  si  capables  de  ruiner  nos  corps  et 
nos  âmes,  et  de  faire  notre  malheur  dans  le  temps  et  dans 
l'éternité. 

Le  pays  chartrain  que  nous  avons  eu  le  bonheur  de 
visiter,  était  autrefois  couvert  de  cent-neuf  églises  ou 
chapelles  dédiées  à  Marie,  et  relevant  toutes  delà  fameuse 
église  de  Notre-Dame  de  Chartres.  Tant  de  monuments 
prouveraient  seuls  que  Chartres  était  vraiment,  comme 
on  la  nommait,  la  ville  de  la  Ste.  Vierge.  Aussi  est-elle 
représentée  sous  un  emblème  sacré  et  avec  cette  légende  : 
Quse  est  carnutensium  tutela?  Maria,  Mater  gratiœ,  Mater 
misericordiie, — Quelle  est  la  défense  des  chartrains  ?  Cest 
Marie,  Mère  de  grâces.  Mère  de  miséricorde.  C'est  ce  qui  a 
fait  dire  à  un  ancien  auteur,  qu'à  Chartres  tout  retentis- 
sait du  nom  de  Marie.  Carnutum  ubi  omnia  Mariam  sonant, 
Marie  n'a  pas  laissé  sans  récompense  une  si  grande  piété  ; 
et  l'histoire  est  là  pour  nous  raconter  les  glorieux  événe- 


464  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ments  qui  ont  illustré  cette  célèbre  cité.  Gloriosa  dicta  snnt 
de  fe,  civitas  Dei. 

Nous  vous  dirons  ici,  Nos  très-chers  Frères,  pour  votre 
consolation,  que  nous  avons  le  bonheur  d'être  en  société 
de  prières  avec  cette  ville  si  dévote  à  Marie  ;  et  que  tous 
les  ans,  le  12  Juin,  un  des  Chanoines  de  Chartres,  qui  est 
en  même  temps  Chanoine  Honoraire  de  Montréal,  célèbre 
la  messe  pour  ce  diocèse,  pendant  qu'un  des  Chanoines 
de  St.  Jacques,  qui  a  l'honneur  d'être  Chanoine  de  cette 
célèbre  église,  la  dit  dans  Notre  Cathédrale  pour  le  diocèse 
de  Chartres. 

Nous  marcherons  sur  les  traces  de  Chartres,  Nos  très- 
chers  Frères,  et  nous  participerons  à  ses  privilèges  par  le 
moyen  de  la  pieuse  Confrérie  de  Notre-Dame  Auxiliatrice. 
Car  chaque  association  paroissiale  sera  comme  une  église 
vivante,  et  relèvera  de  l' église-mère,  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours,  qui  bientôt  dilatera  son  sein,  en  voyant  multiplier 
ses  enfants.  Oh  !  croyez  le,  Nos  très-chers  Frères,  il  n'y 
a  jamais  trop  de  sanctuaires  pour  la  prière  et  pour  l'expia 
tion,  ni  trop  d'abris  pour  la  vertu  et  le  repentir.  Ah  ! 
tâchons,  par  cette  noble  association,  de  conserver  à  cette 
ville  et  à  ce  diocèse  la  précieuse  empreinte  religieuse,  que 
deux  siècles  de  foi  et  de  piété  lui  ont  donnée.  Puisse  cette 
Confrérie  de  Notre-Dame  Auxiliatrice  protéger  toutes  les 
louables  associations  formées  pour  le  bonheur  et  la  pros- 
périté des  heureux  habitants  de  ce  pays  ! 

Afin  de  conserver  tous  les  précieux  souvenirs  qui  doi- 
vent. Nos  très-chers  Frères,  vous  attacher  à  Notre-Dame 
de  Bon-Secours^  Nous  nous  proposons  d'y  transporter,  le 
21  de  ce  mois,  une  statue  qui  remplacera  celle  qu'une 
main  sacrilège  déroba  à  votre  piété  en  1831.  Puisse  cette 
nouvelle  image  devenir,  comme  l'ancienne,  l'instrument 
des  miséricordes  de  Marie  !  Ce  qui  pourra  vous  la  rendre 
vénérable,  c'est  qu'elle  a  reçu  une  bénédiction  solennelle 
à  Notre-Dame  des  Victoires  à  Paris,  ce  sanctuaire  sacré 
vers  lequel  se  portent  aujourd'hui  les  regards  de  l'univers 
entier,  à  cause  des  fleuves  de  grâces  qui  en  découlent  et 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  465 

arrosent  toute  la  terre.  Elle  est  donc,  il  faut  l'espérer, 
toute  imprégnée  des  célestes  bénédictions  qui  lui  ont  été 
données  à  l'autel  du  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de 
Marie,  pour  secourir  les  pauvres  pécheurs,  et  les  délivrer 
de  leur  malheureux  état.  Pour  rendre  cette  statue  encore 
plus  chère  à  vos  cœurs  et  plus  digne  de  votre  confiance, 
TMous  la  couronnerons  avec  les  pompeuses  cérémonies  qui 
s'observent  à  Rome,  quand  il  est  question  de  désigner  au 
peuple  fidèle  celles  des  saintes  images  de  la  Bienheureuse 
Vierge,  dont  Dieu  a  voulu  se  servir  pour  lui  accorder 
quelques  faveurs  signalées. 

La  reconnaissance  nous  fait  un  devoir  de  ne  jamais 
oublier  que  les  prières,  faites  l'an  dernier  dans  la  chapelle 
de  Noire-Dame  de  Bon-Secours,  délivrèrent  la  ville  et  les 
campagnes  de  la  terrible  épidémie,  qui  répandait  au  loin 
tant  de  frayeur.  A  cette  fin.  Nous  y  déposerons  dans 
quelque  temps  un  tableau  qui  représentera  la  glorieuse 
Vierge  Marie,  arrêtant  par  sa  puissante  protection  le 
typhus  aux  portes  de  cette  ville.  Vous  l'aurez  sous  les 
yeux  comme  un  mémorial  toujours  subsistant,  pour  vous 
exciter  sans  cesse  à  l'amour  et  à  ia  reconnaissance  envers 
-cette  insigne  bienfaitrice. 

Venez  donc.  Nos  très-chers  Frères,  venez  visiter  avec 
confiance  et  dévotion  le  sanctuaire  de  Bon- Secours.  La 
divine  Providence  l'a  placé  au  centre  de  cette  ville,  qui 
elle-même  est  le  centre  d'un  district  riche  et  populeux,  et 
aussi  la  capitale  et  le  centre  d'une  immense  Province,  afin 
que  chacun  y  pût  avoir  un  accès  facile.  Elle  domine  le 
port  où  abondent,  chaque  jour,  des  milliers  de  personnes, 
et  regarde  la  halle  qui  étale  aux  yeux  de  l'étranger  la 
magnificence  de  notre  ville,  pour  que  tous  puissent  rendre 
leurs  devoirs  à  Notre-Dame  de  Bon-Secours. 

Visitez  là  assidûment,  habitants  de  Montréal,  qui  avez 
le  bonheur  de  posséder  au  milieu  de  vous  ce  vénérable 
sanctuaire.  Allez-y  entendre  la  messe  en  vous  rendant  à 
vos  occupations  ;  et  rentrez-y  le  soir  après  les  travaux  de 
la  journée.    Ne  passez  jamais  devant  ce  lieu  saint  sans 


466  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

saluer  Marie.  C'est  pour  vous  y  inviter  que  Nous  ferons 
tracer  sur  le  portail,  en  lettres  d'or,  ces  vers  que  nous 
lisons  sur  le  port  des  trois  Ave^  à  Chartres  : 

Si  l'amour  de  Marie 
En  ton  cœur  est  gravé, 
En  passant,  ne  t'oublie 
De  lui  dire  un  Ave, 

Visitez-la,  vous  tous  qui  habitez  nos  paisibles  campa- 
gnes, chaque  fois  que  vos  affaires  vous  amèneront  dans 
cette  ville.  Allez  avec  une  confiance  filiale  exposer  tous 
vos  besoins  et  ceux  de  vos  familles  à  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours.  Allez  lui  demander  le  succès  des  affaires  qui 
vous  obligent  à  venir  ici,  et  n'oubliez  pas  de  vous  recom- 
mander à  elle,  pour  qu'elle  vous  aide  à  remporter  chez 
vous  le  précieux  trésor  de  votre  innocence.  En  faisant 
vos  marchés  sous  les  yeux  de  Marie,  le  secours  des  chré- 
tiens., gardez  strictement  les  règles  de  la  sobriété,  de  la 
justice  et  de  la  piété.  Retournez  ensuite  en  paix  dans 
vos  heureuses  demeures  ;  et  que  l'on  n'ait  pas  la  douleur 
de  rencontrer  sur  les  routes  du  marché  aucun  d'entre 
vous  dans  un  état  d'ivresse. 

Visitez-la,  pieux  navigateurs,  qui  courez  tant  de  dangers 
sur  ce  fleuve,  qui  déroule  si  majestueusement  ses  eaux  aux 
pieds  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours^  comme  pour  inviter  à 
aller  vous  recommander  à  elle,  chaque  fois  que  vous 
quittez  le  port  ou  que  vous  y  rentrez.  Regardez-la,  cette 
sainte  chapelle,  chaque  fois  que  vous  le  traversez.  Dans 
les  dangers,  jetez  les  yeux  sur  cette  étoile  de  la  mer,  et 
invoquez  Marie  :  elle  vous  préservera  du  naufrage.  Res- 
pice  Stellam,  voca  Mariam. 

0  chers  navigateurs,  qui  êtes  exposés  à  tant  de  dangers 
sur  les  eaux,  c'est  pour  vous,  et  pour  vous  rer?plir  d'une 
d'une  juste  confiance  en  Noire-Dame  de  Bon-Secours,  qn& 
Nous  ferons  exposer  sur  la  façade  qui  donne  sur  le  St. 
Laurent,  une  statue  pour  remplacer  un  ancien  tableau 
qui  autrefois  avertissait  les  voyageurs  que  Marie  était  là 
pour  les  protéger.    Sa  tête  sera  couronnée  d'une  inscrip- 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  467 

tion  semblable  à  celle  qui  ornait  autrefois  les  statues 
placées,  comme  des  sentinelles,  aux  huit  portes  de  Char- 
tres :  Marianopolis  Tutela.  Aux  pieds,  on  lira  cette  autre, 
qui  se  voient  encore  sur  une  des  Madoaes  de  Gênes  : 
Posuerunt  me  custodem  :  par  laquelle  la  Ste.  Vierge  elle- 
même  avertit  tous  ceux  qui  entrent  dens  cette  grande 
ville,  que  les  citoyens  de  cette  superbe  cité  l'ont  choisie 
pour  leur  gardienne. 

Tels  sont,  Nos  très-chers  Frères,  les  monuments  qui 
attesteront  cà  tous  les  âges  que  Marie  est  la  Patronne 
et  la  Mère  de  Montréal  et  de  tout  le  diocèse.  Tels  sont 
les  motifs  qui  doivent  vous  pénétrer  tous  d'une  vive  con- 
fiance dans  son  puissant  secours.  Tels  sont  les  traits 
aimables  qui  vont  nous  affectionner^  ce  Tabernacle: 
Quam  dilecta  tabernacula  tua!  Tels  so\t  les  biens  dési- 
rables qui  vont  nous  faire  diriger  nos  pas  vers  ce  sanc- 
tuaire. Stantes  erant  pedes  nostri  m  atriis  tuis.  Ah  ! 
que  les  lampe?  que  nous  allons  allumer  dans  cette 
enceinte  sacrée,  et  devant  ces  saintes  images,  ne  s'étei- 
gnent jamais  ;  car,  hélas  !  avec  elle  s'éteindrait  l'esprit 
religieux  ! 

A  CES  CAUSES,  le  Saint  nom  de  Dieu  invoqué,  et  de 
l'avis  de  Nos  Vénérables  Frères,  les  Chanoines  de  Notre 
Cathédrale,  Nous  avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons, 
statuons  et  ordonnons  ce  qui  suit  : 

1°  Nous  confirmons,  par  le  présent  Mandement,  ce  que 
nous  avons  déjà  réglé  dans  Notre  Lettre  Pastorale  du 
treize  Août  dernier,  par  rapport  à  la  chapelle  de  Bo7i- 
Secours. 

2o  Cette  chapelle  aura  pour  Titulaire  la  fête  de  Notre- 
Dame  de  Bon-Secours,  qui  se  célèbre  le  vingt-quatre  Mai, 
et  qui  sera  de  rite  double  de  première  classe  avec  octave. 

La  fête  de  l'Assomption  sera  comme  ci-devant  la  fête 
patronale,  et  on  la  célébrera  en  la  manière  accoutumée. 

30  En  vertu  d'un  Induit  du  Souverain  Pontife,  en  date 
du  trente-un  Mai  mil-huil-cent-quarante,  nous  établissons 
dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  la  confrérie 


468  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  Notre-Dame  AuxiUatrice^  avec  tous  les  privilèges  et 
indulgences  qu'y  ont  attachés  les  Souverains  Pontifes, 
sans  qu'il  soit  nécessaire  de  s'agréger  à  cette  Confrérie 
établie  à  Munich  ou  ailleurs.  Mais  Nous  voulons  que  les 
Confréries  particulières,  érigées  dans  les  autres  églises, 
soient  agrégées  à  celle  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  qui 
sera  comme  l'Archi-confrérie  de  cette  pieuse  Association. 

4'^  Nous  autorisons  les  Messieurs  du  Séminaire  de  St. 
Sulpice,  qui  déservent  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  à  faire, 
dans  cette  chapelle,  tous  les  offices  et  pieux  exercices 
qu'ils  jugeront  convenables,  pour  entretenir  la  dévotion 
des  fidèles,  et  favoriser  les  pèlerinages  qui  s'y  feront. 

00  Chaque  fois  que  l'on  chantera  ou  récitera,  à  Bon- 
Secours,  les  litanies  de  la  Ste.  Vierge,  on  répétera  trois 
fois  l'invocation  :  Auxilium  Cliristianorum,  ora  pro  nobis. 

6°  Nous  accordons  40  jours  d'indulgence  à  tous  ceux 
qui  diron  t  avec  confiance  :  Maria,  auxilium  Cliristianorum, 
ora  pro  populo,  interveni  pro  clero.  0  Marie,  secours  des 
Chrétiens,  priez  pour  le  peuple,  intercédez  pour  le  clergé. 
L'on  se  souviendra  que  ces  paroles  forment  les  inscrip- 
tions de  la  chapelle  et  de  la  statue  de  Notre-Dame  de  Bon- 
Secours,  et  qu'elles  doivent  être  comme  le  cri  de  confiance, 
et  le  mot  de  raliment  des  pieux  pèlerins. 

Tels  sont,  0  Marie,  les  dispositions  que  Nous  osons 
aujourd'hui  prendre,  pour  vous  faire  honorer  dans  votre 
pieuse  chapelle  de  Bon-Secours.  C'est  uien  peu  de  chose 
pour  vous  qui  méritez  tant  d'honneurs  dans  le  ciel  et  sur 
la  terre.  Daignez  toutefois  les  bénir  et  les  avoir  pour 
agréables.  Maintenant,  0  divine  Marie,  veuillez  bien,  du 
haut  de  votre  sanctuaire,  tenir  vos  yeux  miséricordieux, 
toujours  fixés  sur  cette  ville  et  ce  diocèse,  qui  vous  appar- 
tiennent à  tant  de.  titres,  et  qui  vous  sont  spécialement 
consacrés.  Souvenez-vous  que  votre  chapelle  de  Bon- 
Secours  est  la  première  église  de  cette  ville  qui  ait  entendu, 
dans  Notre  jeunesse,  Nos  supplications  ;  et  que  dès  lors, 
vous  daignâtes  Nous  choisir  pour  gouverner,  sous  votre 
direction  et  protection,  ce  nouveau  diocèse.     Vous  con- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  469 

naissiez  pourtant  que  Nous  n'en  étions  ni  digne,  ni  capa- 
ble. Nous  aimons  à  en  faire  ici  publiquement  et  dans  la 
sincérité  de  Notre  âme,  l'humble  aveu,  pour  que  tous 
sachent  que  le  bien  qui  se  fait  n'est  pas  Notre  ouvrage, 
mais  le  vôtre.  Comme  Nous  sommes  saisi  de  crainte  à  la 
vue  du  danger  éminent  que  Nous  courons  de  Nous  perdre, 
et  de  perdre,  avec  Nous,  les  chères  brebis  confiées  à  Nos 
soins,  Nous  crions  vers  vous,  et  Nous  vous  disons  avec 
larmes  :  Accordez-nous  à  tous  la  pureté  et  ^innocence.  Vitam 
prœsta  puram.  Montrez-nous  le  chemin  qui  nous  mène  siire- 
ment  a  la  perfection.  lier  para  tutum.  Ne  permettez  pas 
que  tant  d'âmes  confiées  à  Notre  sollicitude,  soient  per- 
dues par  Notre  négligence  ou  Notre  inexpérience  ;  mais 
faites  que  tous  ensemble,  nous  nous  réunissions  dans  le 
Tabernacle  éternel,  pour  y  comtempler  à  jamais  Jésus, 
votre  divin  Fils,  et  nous  réjouir  toujours  avec  vous.  Ut 
videntes  Jesum^  semper  collœtemur.  Ah  !  quand  viendra  cet 
heureux  jour  !     Amen. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  ce  jour  à  la  chapelle  de 
Bon-Secours,  à  l'exercice  du  Mois  de  Marie,  puis  au  prône 
des  églises  cathédrale  et  paroissiales  de  ce  diocèse,  le 
premier  Dimanche  après  sa  réception, et  dans  les  chapitres 
de  toutes  les  Communautés,  aussitôt  que  possible,  après 
qu'il  y  aura  été  reçu. 

Donné  à  Montréal,  en  Notre  Palais  Episcopal,  sous 
Notre  seieng  et  sceau,  et  le  contreseing  de  Notre  Sous- 
Secrétaire,  le  premier  Mai,  mil-huit-cent-quarante-huit. 

L.  S. 

7-  Ig  Ev.  de  Montréal. 
Par  Monseigneur 

Albert  Lacombe. 
Ecc.  Sous-Secrélaire. 
(Vraie  Copie,) 

Albert  Lagombe. 

Ecc,  Sous-Secrélaire. 


470  xMANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 

Montréal,  le  8  Mai  18'x8. 

Monsieur, 

La  présente  est  pour  vous  donner  quelques  explica- 
tions relatives  au  Mandement  ci-joint.  Avant  tout,  je 
vous  invite  à  la  cérémonie  du  21,  si  vous  pouvez  y  venir. 
Je  regrette  beaucoup  de  ne  pouvoir  la  faire  un  jour  sur 
semaine. 

lo  La  Confrérie  de  Notre-Dame  Auxiliatrice  est  mainte- 
nant canoniquement  érigée  dans  chaque  paroisse  et  mis- 
sion du  diocèse  ;  et  chaque  Confrérie  paroissiale  se  trouve 
de  fait  et  de  droit  affiliée  à  la  Confrérie-Mère,  établie  à 
Bon-Secours.  Comme  monument  de  cette  agrégation, 
je  ferai  exposer  à  Bon-Secours  un  catalogue  de  toutes  les 
paroisses  et  missions,  appartenant  à  cette  pieuse  Associa- 
tion. Tout  prêtre  qui  en  est  membre,  peut  y  agréger 
les  autres. 

2o  Tous  les  devoirs  à  remplir  pour  participer  aux  indul- 
gences se  réduisent  à  une  messe  basse  par  année,  ou  au 
chapelet  récité  aux  principales  fêtes  de  la  Ste.  Vierge. 
Chacun  peut  donc  en  être  sans  difficulté. 

3o  II  y  aura  un  livre  ouvert  à  Bon-Secours  pour  y  en- 
registré les  noms  de  tous  ceux  qui  viendront  en  ville  se 
faire  recevoir  dans  la  Confrérie  de  Notre-Dame  Auxilia- 
trice.   Mais  cela  ne  sera  pas  nécessaire  à  la  campagne. 

4o  Le  Pèlerinage  de  Bon-Secours  et  la  Confrérie  de 
Notre-Dame  Auxiliatrice  auront  l'heureux  effet  de  préser- 
ver des  dangers  de  la  ville  nos  bons  habitans  des  campa- 
gnes. Vous  ne  manquerez  donc  pas  de  les  exhorter  à 
visiter  cette  dévote  chapelle,  chaque  fois  qu'il  viendront 
au  marché  et  à  s'y  enrôler  sous  le  puissant  étendard  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  471 

Noire-Dame  Auxiliatrice,  ce  qui  leo  affectionnera  davan- 
tage à  cette  église. 

5°  Pour  donner  l'exemple  au  diocèse,  j'irai  à  Bon- 
Secours,  Mardi,  23  du  courant,  à  7^  du  matin,  m'agréger 
publiquement  à  la  Gonférie  de  Notre-Dame  Auxiliatrice, 
à  laquelle  j'ai  le  bonheur  d'appartenir  privément  depuis 
longtemps.  Je  vous  invite  à  vous  joindre  à  moi,  afin  que 
tous  ensemble  nous  puissions  mettre  nous  et  notre  trou- 
peau sous  la  protection  de  celle  qui  fut  toujours  le  Secours 
des  Chrétiens.  Les  Vicaires  ne  viendront  que  le  Mardi  sui- 
vant à  la  même  heure. 

6"^  Veuillez  bien  recommander  à  vos  paroissiens  de  se 
procurer  un  petit  ouvrage,  intitulé  :  Le  Manuel  du  Pèlerin 
de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  qu'ils  trouveront  à  acheter 
à  la  porte  de  la  chapelle.  C'est  un  très-intéressant  abrégé 
de  l'origine  et  de  l'histoire  de  Bon-Secours,  et  un  excel- 
lent recueil  des  règles  et  privilèges  de  la  Confrérie  de 
Notre-Dame  Auxiliatrice  avec  des  traits  d'histoires  et 
diverses  pratiques  et  prières  pour  aider  à  faire  avec  fruit 
le  Pèlerinage  de  Bon-Secours,  le  Mois  de  Marie  et  les 
Neuvaines  à  la  Ste  Vierge. 

7°  Par  votre  dévotion  à  la  Ste.  Vierge  et  votre  zèle  pour 
les  âmes,  l'on  aura  bientôt  la  consolation  d'entendre  dans 
toutes  les  bouches,  la  dévote  invocation  :  Marie  secours 
des  Chrétiens,  juriez  pour  pour  le  peuple,  intercédez  pour  le 
clergé;  et  cet  ville  verra  l'édifiant  spectacle  de  nombreux 
concours  de  pèlerins  venus  de  tous  côtés  pour  la  visiter. 
D'ailleurs,  nous  sommes  concernés  de  si  près  dans  cette 
prière,  et  nous  devons  en  attendre  tant  de  grâces,  que 
nous  avons  le  plus  grand  intérêt  à  faire  répéter  mille  et 
mille  fois  le  jour  :  Maria,  auxilium  Chritianorum,  ora  pro 
populo,  interveni pro  clero. 

Je  suis  bien  sincèrement. 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

f  Ig.,  Ev.  de  M. 


472  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU   DIOCÈSE    DE    iMONTRÉAL. 


Montréal,  le  31  Mai  1848. 
Monsieur^ 

Je  vous  transmets  les  procédés  de  la  nombreuse  assem- 
blée du  clergé,  tenue  à  l'Evôché,  le  23  du  courant,  à  la 
suite  de  notre  pèlerinage  de  N.  D.  de  Bonsecours. 

Après  avoir  considéré  que  l'ivrognerie  était  la  grande 
plaie  du  pays  ;  et  que  pour  la  guérir,  il  était  du  devoir  du 
clergé,  gardien-né  des  bonnes  mœurs,  de  prendre  promp- 
tement  des  moyens  efficaces,  pour  propager  partout  la 
Société  de  Tempérance,  il  fut  résolu  : 

1°  Que  pour  donner  l'exemple,  nous  ne  servirions  sur 
nos  tables  aucunes  liqueurs  enivrantes. 

2°  Que  la  grosse-bière  était  réputée  boisson  forte,  et  pour 
cela  interdite  par  les  règles  de  la  Société. 

3°  Que  certaines  personnes  mal-intentionnées,  se  faisant 
un  plaisir  malin  de  mêler  des  liqueurs  très-spiritueuses  à 
la  petite-bière  et  autres  boissons  non  capiteuses,  dans  le 
dessein  d'enivrer  ceux  qui  appartiennent  à  la  Société,  l'on 
exhorterait  ceux  qui  en  sont  membres  à  n'en  pas  faire 
usage,  quand  ils  ont  de  justes  raisons  de  craindre  une 
pareille  supercherie. 

4°  Que  l'Evêque  écrirait,  au  nom  de  l'assemblée,  à  tous 
les  propriétaires  et  capitaines  de  sleamboats,  pour  les  prier 
de  ne  plus  avoir  de  barres  à  leur  bord. 

5'^  Que  l'on  tiendrait,  dans  chaque  paroisse,  un  diman- 
che par  mois,  une  assemblée  des  membres  de  la  Société 
afiin  d'encourager  et  de  répandre  de  plus  en  plus  notre 
association. 

Go  Que  l'on  établiiait  des  rapports  entre  les  sociétés  de 
la  ville  et  celles  de  la  campagne,  afin  de  se  communiquer 
le  mouvement  des  sociétés  locales,  et  d'affermir  ainsi  le 
bien  général  de  la  société. 

7°  Que  l'on  ferait  tous  les  eflorts  possibles  pour  engager 


CIRCCLAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  473 

les  marchands  à  ne  point  spéculer  sur  les  liqueurs  fortes 
et  enivrantes,  mais  uniquement  sur  de  bonnes  marchan- 
dises et  comestibles  nécessaires  ou  utiles  au  peuple. 

8°  Que  l'on  engagerait  quelques  citoyens  respectables  à 
tenir  en  ville  et  à  la  compagne,  de  bonnes  maisons  de 
pension,  afin  d'ôter  à  nos  braves  gens  l'occasion  presque 
toujours  dangereuse  pour  eux  de  s'héberger  à  la  cantine. 

9»  Que  ces  maisons  de  pension,  tenues  sur  un  bon  pied, 
seraient  indiquées  aux  divers  membres  de  la  Société, 
comme  étant  des  lieux  sûrs  et  commodes;  et  que  l'on  en 
ferait  autant  par  rapport  aux  steamboats,  dans  lesquels  on 
ne  tiendrait  point  cantine. 

Dans  la  même  assemblée  il  fut  résolu  d'encourager 
l'Association  des  établissements  Canadiens  des  Townships, 
aussitôt  que  l'Evèque  l'aurait  recommandée  par  une 
Lettre  Pastorale. 

Vous  verrez  ci-dessous  la  copie  de  la  Lettre  que  j'adresse 
aux  propriétaires  et  Capitaines  de  steamboats,  en  consé- 
quence de  la  4ème  résolution. 

Je  vous  ferai  connaître,  plus  tard,  les  maisons  dans  les- 
quelles pourront  se  loger  vos  paroissiens,  quand  ils  vien- 
dront en  ville,  sans  craindre  de  manquer  à  leur  Tempé- 
rance. 

Enfin,  comptant  sur  votre  zèle  à  propager  la  Société 
destinée  à  nous  faire  remporter  une  éclatante  victoire  sur 
le  plus  dangereux  comme  le  plus  terrible  ennemi  que 
nous  ayons  à  combattre  :  je  vous  conseille  de  prier  et  de 
faire  prier  pour  que  Dieu  nous  assiste  par  Notre-Dame  de 
Bonsecours,  dans  ce  grand  combat  qui  s'engage.  Multùm 
enim  valet  deprecatio  justi,  assidua. 

Je  suis  bien  Cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

-j-  Ig.  Evêque  de  Montréal. 
(Pour  vraie  copie) 

Albert  Lacombe,  Ecc,  Sous-Secrétaire. 


474  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Copie  de  la  Lettre  de  l'Evéqne  de  Montréal  aux  propriétaires 
et  Capitaines  de  steamboats. 


Montréal,  31  Mai,  1848. 
Monsieur^ 

A  une  assemblée  nombreuse  des  Evoques  et  des  Curés 
de  ce  ])iocèse,  tenue  à  l'Evêché  de  cette  ville,  le  23  du 
courant,  il  fut  avisé  aux  meilleurs  moyens  à  prendre  pour 
prévenir  les  désordres  de  l'ivrognerie  dans  ce  pays. 

Après  mûre  délibération,  l'assemblée  crut  qu'un  des 
moyens  à  prendre  pour  arrêter  ce  mal,  serait  de  prier 
les  propriétaires  et  Capitaines  de  steamboats  de  ne  pas  per- 
mettre qu'il  il  y  eût,  à  leur  bord,  des  barresoxi  cantines, 
pour  y  distribuer  de  liqueurs  enivrantes  aux  passagers. 

J'ai  l'honneur  en  ma  qualité  de  Président  de  la  dite 
assemblée,  de  vous  transmettre  la  sus  dite  résolution,  en 
vous  priant  de  vouloir  bien  me  répondre  au  plutôt  ;  parce 
que  je  dois  communiquer  à  tous  les  Curés  de  ce  Diocèse 
les  noms  des  steamboats  qui  pourront  être  recommandés 
aux  membres  des  diverses  Sociétés  de  Tempérance. 

Je  puis  vous  assurer  que  le  Cierge  compte  beaucoup 
sur  votre  bonne  volonté  et  coopération  pour  la  grande  et 
pénible  tâche  qu'il  s'impose,  de  travailler,  de  toutes  ses 
forces,  à  propager  partout  la  société  de  Tempérance.  Il 
espère  que,  dans  peu  d'années,  tout  le  monde  receuillera 
les  heureux  fruits  qu'elle  aura  produits,  si  elle  s'établit 
sur  des  bases  solides. 

Je  suis  avec  une  parfaite  considération,  etc., 

«(Signé),        f  Ig.  Ev.  de  Montréal.» 
(Pour  vraie  copie.) 

Alb.  Lacombe  Ecc.  s.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  475 

LETTRE  PASTORALE 

DE   MONSEIGNEUR    l'ÉVÈQUE  DE  MONTRÉAL,  POUR  ENCOURAGER 

l'association  DES  ÉTABLISSEMENTS  CANADIENS  DES 

TOWNSHIPS. 


Ignace  BourgeC,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  Apostolique^  Evéque  de  Montréal^  ete.^  etc. 


Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  à 
tous  les  Fidèles  de  Notre  Diocèse  :  Salut  et  Bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ. 

L'objet  de  la  Lettre  que  Nous  vous  adressons  aujour- 
d'hui, Nos  Très-Chers  Frères,  est  de  vous  recommander 
une  association  qui  vient  de  se  former,  pour  encourager 
l'établissement  des  Canadiens  dans  les  Townships.  Les 
règlements  et  lettres  circulaires  qui  accompagnent  la  pré- 
sente vous  feront  suffisamment  connaître  la  fin  qu'elle  se 
propose,  et  les  moyens  qu'elle  adopte  pour  arriver  à  un 
but  si  désirable. 

Vous  y  verrez  que  cette  société  vous  offre  le  double 
avantage  de  pouvoir  vous  établir  à  des  conditions  très 
faciles  sur  de  bonnes  terres  et  de  vous  procurer,  en 
même  temps,  les  secours  de  la  Religion,  Son  intention 
principale  est  même  d'appliquer  à  la  bâtisse  des  Eglises, 
Presbytères  et  Maisons  d'Ecole  et  au  soutien  des  Mission- 
naires les  fonds  qui  sont  mis  à  sa  disposition  ;  car  elle  est 
bien  convaincue  qu'il  faut  à  nos  bons  Canadiens  des 
églises  et  des  prêtres  ;  et  que  pour  eux  le  plus  doux  bon- 
heur est  de  voir  le  clocher  de  la  paroisse  et  d'entendre  le 
le  son  harmonieux  de  la  cloche  qui  appelle  aux  saints 
offices. 

Le  moyen  qui  a  été  jugé  le  plus  efficace  pour  opérer  un 
si  grand  bien  est  le  même  que  celui  usité  dans  l'assona- 
tion  de  la  Propagation  de  la  foi  ;  parce  que  d'abord  vous 


476  MANDEMExNTS,  LETTRES  PASTORALES, 

y  êtes  accoutumés,  et  qu'ensuite  il  est  facile  et  à  la  portée 
des  pauvres  commes  des  riches.  Les  deux  associations 
vont,  comme  vous  le  voyez,  Nos  Très-Chers  Frères,  mar- 
cher dans  la  même  route,  parce  qu'au  fond  elles  doivent 
avoir  le  même  résultat. 

Elles  vont  se  donner  la  main  et  s'embrasser  avec  amour, 
parce  qu'elles  sont  sœurs  et  fiUts  de  la  divine  charité,  qui 
d'une  main  portera  secours  aux  domestiques  de  la  foi,  et 
de  l'autre  répandra  ses  trésors  dans  les  pays  infidèles 
pour  convertir  à  la  Religion  et  civiliser  les  pauvres  Sau- 
vages. 

Sous  ce  rapport,  "  l'Association  des  établissements  cana- 
diens des  Townships.  "  est  une  œuvre  de  foi,  quoique,  sous 
un  autre  rapport,  elle  doive  être  considérée  comme  une 
affaire  temporelle,  puisqu'il  s'agit  de  procurer  des  terres 
à  nos  compatriotes.  Quoiqu'il  en  soit,  elle  np  saurait,  sous 
l'un  et  l'autre  rapports,  être  étrangère  à  la  Religion  ;  car 
tous  les  jours  nous  demandons  à  notre  Père  céleste  notre 
pain  quotidien,  et  c'est  Jésus  Christ  lui-même,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  qui  nous  a  enseigné  à  prier  ainsi  ;  et  c'est 
la  Religion  qui  nous  met  à  la  bouche  ^ette  divine  prière, 
dès  que  nous  sommes  capables  de  bégayer  quelques  mots. 
Rien  donc  de  bien  surprenant  si,  aujourd'hui,  nous  fai- 
sons entendre  la  voix  de  la  Religion  dans  toutes  les  chaires 
de  ce  diocèse  pour  vous  exhorter.  Nos  Très-Chers  Frères, 
à  encourager  cette  œuvre  naissante,  en  vous  y  associant 
avec  zèle  et  en  grand  nombre.  Nous  le  faisons  d'autant 
plus  volontiers  que  nous  regardons  l'Association  qui  en- 
treprend de  vous  établir  sur  votre  sol  natal,  comme  une 
récompense  de  votre  charité. 

Vous  n'avez  pas  oubhez  que  le  neuf  Mars  dernier.  Nous 
vous  recommandâmes  deux  cent-vingt-neuf  enfants  qui 
était  devenus  orphelins,  à  la  suite  de  l'affreuse  maladie 
avait  enlevé  leurs  infortunés  parents  pendant  la  dernière 
émigration  Irlandaise. 

Vous  avez  répondu  à  notre  appel  avec  un  empressement 
qui  a  même  surpassé  notre  attente,  quoiqu'une  expérience 


CIRCULAIRES    ET  AUTRES  DOCUMENTS.  477 

journalière  nous  eût  appris  à  apprécier  à  leur  juste  valeur, 
vos  œuvres  de  charité.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de 
remarquer  qu'en  peu  de  temps  plus  de  deux  cent  cin- 
quante orphelins  et  orphelines  se  sont  trouvés  avanta- 
geusement placés  ;  car  la  bonne  nouvelle  de  votre  charité 
a  fait  découvrir  de  nouvelles  victimes  du  fléau  dévasta- 
teur. C'était  une  troupe  de  jeunes  filles,  laissées  seules 
sur  un  rivage  étranger  et  exposées  au  plus  éminent  dan 
ger,  parce  qu'elles  n'avaient  plus  ni  pères  ni  mères  pour 
veiller  sur  leur  innocence,  à  un  âge  où  l'on  est  sans  expé- 
rience de  la  corruption  qui  règne  dans  le  monde. 

Vous  les  avez  donc,  elles  aussi,  puissamment  secourues. 
Dieu  va  vous  le  rendre  au  centuple,  n'en  doutez  pas,  Nos 
Très-Ghers  Frères,  en  vous  donnant,  dans  l'association  que 
Mous  vous  recommandons,  un  moyen  efficace  de  conser- 
ver la  foi  et  l'innocence  de  vos  enfants,  en  les  fixant  près 
de  vous,  et  en  leur  donnant  des  pasteurs  vigilants  qui  en 
prendront  un  soin  paternel.  C'était  vraiment  la  foi  qui 
dirigeait  vos  pas  vers  l'humble  asile  de  Saint  Jérôme,  et 
qui  vous  faisait  découvrir,  sous  les  haillons  qui  couvraienE 
de  pauvres  enfants  étrangers,  la  personne  sacrée  de  Jésus- 
Christ;  alors  vous  avez  prouvé,  par  les  œuvres,  que  vous 
comprenez  éminemment  la  vérité  de  cette  divine  parole  : 
"  J'étais  étranger,  et  vous  m'avez  recueilli,"  car  dans  le 
choix  que  l'on  vous  a  vu  faire  de  ces  orphelins,  on  a  été 
plus  d'une  fois  saisi  d'étonnement  en  entendant  proférer 
ces  mots  sublimes:  «  Nous  choisissons  tels  ou  tels  orphe- 
«  lins,  précisément  parce  qu'ils  sont  infirmes  et  malades  ; 
«  parce  qu'ils  sont  affligés  de  la  vue  ou  tombent  du  haut 
«  mal.  Avec  de  pareilles  infirmités  ces  pauvres  enfants 
«  seraient  exposés  à  avoir  beaucoup  de  misère.  Oh  !  nous 
«  les  prenons  pour  nous  et  nous  en  aurons  soin  parcequ'ils 
«sont  pour  nous  d'autres  Jésus-Christ  î  ji  Assurément 
Jésus-Christ  que  vous  avez  recueilli  et  soigné  alors  qu'il 
était  étranger  et  malade,  va  vous  récompenser,  en  préser 
vant  vos  enfants,  si  bons  et  si  respectueux,  des  malheurs 

32 


478  xMANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

qu'ils  auraient  à  courir  s'il  leur  fallait  émigrer  en  pays 
étranger. 

Pressés  par  la  charité  de  Jésus-Christ  vous  avez,  Nos 
Très-Chers  Frères,  adopté  les  pauvres  enfants  de  l'Irlande  ; 
vous  leur  avez  ouvert  le  sein  de  vos  familles  ;  vous  leur 
avez  donné  place  dans  vos  maisons  ;  vous  les  faites  asseoir 
à  votre  table  ;  vous  partagez  avec  eux  le  pain  quotidien 
que  vous  donne  le  père  céleste;  vous  leur  destinez  une 
part  à  l'héritage  de  vos  pères  ;  vous  les  faites  même  parti- 
ciper aux  bienfaits  de  la  riche  éducation  que  reçoivent, 
dans  nos  collèges  et  nos  communautés,  les  enfants  de 
familles  ;  enfin  vous  en  faites  vos  enfants  :  cela  dit  tout. 
Mais  pouvait-on  porter  plus  loin  la  tendresse  et  l'amour  l 
Pouvait-on  prouver  plus  éloquemment  que  notre  terre  est 
une  terre  hospitalière,  et  que  quand  il  est  question  de 
secourir  des  infortunés,  l'on  ne  sait  ce  que  c'est  que  la 
distinction  des  origines?  Car  vous  n'entendiez  point  le 
langage  de  ces  petits  malheureux  que  vous  aviez  adoptés; 
toute  fois,  vos  entrailles  se  sont  dilatées  pour  les  recevoir, 
les  réchauffer  et  les  aimer.  Or,  voilà  qu'en  récompense, 
le  Père  des  miséricordes  fait  lever  sur  notre  chère  patrie 
un  nouveau  jour  :  une  association  bienveillante  vous  l'an- 
nonce et  en  est  comme  l'aurore. 

Lorsque,  ne  formant  qu'un  cœur  et  qu'une  âme,  nous 
entreprimes  cette  bonne  œuvre,  notre  intention  fut,  comm.e 
vous  vous  le  rappelez  bien,  Nos  Très-Chers  Frères,  de 
chercher  avant  tout  le  royaume  des  cieux,  selon  le  com- 
mandement que  nous  en  fait  notre  Seigneur  Jésus-Christ. 
Néanmoins  nous  avions  foi  à  cette  parole,  sortie  de  sa 
bouche,  «Et  tout  le  reste  vous  sera  donné  par  surcroît.); 
Pleins  de  confiance  dans  son  infaillible  promesse,  nous 
lui  demandâmes  humblement  trois  grâces  publiques  dont 
nous  avions  grand  besoin,  savoir,  «  1*^  de  conserver  avec 
c  soin,  par  notre  bonne  conduite,  l'héritage  de  nos  pères  ; 
«  2o  d'apprendre  à  cultiver  avec  intelligence  cette  terre  si 
«  fertile  que  nous  a  léguée  le  père  de  la  grande  famille, 
«  pour  la  part  de  notre  héritage  :  3''  enfin  de  trouver  moyen 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  479 

«  d'exercer  notre  industrie  et  de  gagner  notre  vie  dans  le 
«  sein  de  notre  patrie,  sans  être  dans  la  dure  nécessité 
«  d'aller  chercher  fortune  en  pays  étrangers,  u 

Tel  était,  Nos  Très-Ghers  Frères,  le  vœu  que  nos  cœurs 
formaient,  il  y  a  à  peine  deux  mois.  Ce  vœu  est  incon. 
tinent  arrivé  au  ciel,  parce  qu'il  était  porté  sur  les  ailes 
de  la  charité.  Il  s'est  élevé  rapidement  jusqu'au  trône  du 
Père  des  miséricordes,  parce  qu'il  était  soutenu  de  la 
vertu  puissante  du  sacrifice.  Il  a  réjoui  le  cœur  de  notre 
Dieu,  parce  qu'il  était  accompagné  d'un  holocauste  et 
d'un  encens  d'une  agréable  odeur  :  car.  il  ne  faut  pas  en 
douter,  toutes  les  portes  de  la  divine  miséricorde  sont 
ouvertes  à  ceux  qui  ont  pitié  de  la  veuve  et  de  l'orphelin. 

Oui,  Nos  Très-Ghers  Frères,  pendant  que  vos  mains 
bienfaisantes  recueillaient  ici-bas  l'enfant  pauvre,  sans 
père  ni  patrie,  le  père  des  pauvres,  qui  règne  là-haut, 
ouvrait  ses  mains  pleines  de  bénédictions  pour  vous  don- 
ner largement  «  le  surcroit  évangélique  »  promis  à  tous  ceux 
qui  cherchent  avant  tout  le  royaume  des  cieux.  Car  ce 
fut  alors,  si  vous  y  faites  bien  attention,  que  descendit  du 
ciel  une  de  ces  bénignes  inspirations,  que  Dieu  donne  à 
la  lerre,  quand  il  veut  lui  faire  miséricorde;  et  ce  fut 
cette  pensée  qui  fût  comme  le  germe  de  la  nouvelle  asso- 
ciation dont  l'objet  est  de  vous  rendre  au  centuple  ce  que 
vous  avez  fait  pour  de  pauvres  étrangers  ;  car  donner  aux 
pauvres,  c'est  prêter  à  Dieu  qui  rend  toujours  avec  de  gros 
et  riches  intérêts.  A  la  vérité,  cette  association  n'est 
encore,  comme  toutes  les  bonnes  œuvres  qui  commencent, 
qu'un  grain  de  sénevé.  Mais  bientôt  elle  sera.  Nous  l'espé- 
rons, un'  grand  arbre  qui  couvrira  de  son  ombre  rafraî- 
chissante, des  milliers  de  cultivateurs  infatigables,  et  qui 
porter^ur  ses  branches  et  nourrira  de  ses  fruits  délicieux 
les  vrais  amis  de  leur  pays. 

Gonsidérons,  Nos  Très-Ghers  Frères,  par  quelles  voies 
admirables  le  Père  céleste  veut  vous  récompenser  au  cen- 
tuple et  vous  assurer  «le  surcroit  évangélique.»  Vous 
avez  adopté  quelques  centaines  d'enfants  étrangers  et  par- 


480  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

tagé  avec  eux  la  douceur  de  votre  patrie.  Eu  récompense, 
la  divine  Providence  suscite  une  association  dont  l'unique 
but  est  de  procurer  à  des  milliers  d'enfants  de  la  patrie 
les  moyens  de  se  fixer  sur  le  sol  natal.  Cette  société 
négocie  avec  le  gouvernement  et  la  compagnie  des  terres, 
ainsi  qu'avec  de  grands  propriétaires,  pour  obtenir  des 
concessions  gratuites,  oîi  à  des  prix  très  réduits.  Elle 
sollicite  des  octrois  d'argent  pour  faire  faire  des  chemins. 
Elle  se  procure  des  renseignements  certains  sur  la  qualité 
des  terres  à  acquérir;  elle  donne  des  directions  à  tous 
ceux  qui  veulent  aller  explorer  par  eux-mêmes  les  lieux. 
Elle  prévoit  et  lève  les  difficultés  sans  nombre  que  ren- 
contre nécessairement  des  colons  dans  de  nouveaux  éta- 
blissements ;  elle  veille  soigneusement  à  ce  que  de  bons 
titres  soient  passés  à  ceux  qui  remplissent  exactement  leur 
engagement.  Enfin  elle  mettra  tous  ceux  qui  aiment  le 
travail  en  état  d'établir  avantageusement  leur  famille. 

Vous  avez  donné  un  verre  d'eau  froide  à  un  pauvre 
peuple  étranger  quand,  dévoré  par  l'ardeur  d'une  fièvre 
brûlante,  il  aborda  vos  rivages.  En  récompense  la  divine 
Providence  vous  offre  de  vastes  forêts  qu'ombragent  des 
chênes  antiques,  que  la  hache  a  jusqu'ici  respectés;  de 
riches  vallons  qui  reçoivent  depuis  des  siècles  la  rosée  du 
ciel  et  la  graisse  des  montagnes;  de  nombreuses  rivières 
qui  promènent  leurs  eaux  fécondes  à  travers  des  plaines 
Immenses  et  de  riantes  collines.  Ces  épaisses  forêts  n'at- 
tendent plus  que  vos  bras  vigoureux  pour  s'abattre  et  se 
changer  en  de  jolis  villages  et  de  riches  cités.  Ces  fertiles 
vallons  promettent  de  vous  rendre  au  centuple  la  semence 
que  vos  mains  laborieuses  vont  jeter  dans  leur  sein.  Ces 
charmantes  rivières  vous  offrent  de  nombreux  pouvoirs 
d'eau  et  attendent  avec  impatience  le  moment  où#es  spé- 
culateurs industrieux  iront  y  déployer  leur  intelligence 
en  les  couvrant  de  manufactures  et  de  moulins. 

Voilà.  Nos  Très-Ghers  Frères,  comme  l'aimable  Provi- 
dence, que  nous  adorons  et  bénissons  avec  amour,  vient 
aujourd'hui  récompenser  quelques  actes  de  charité.    Pro- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  481 

fitons  du  puissant  secours  qu'elle  daigne  nous  offrir,  en 
travaillant  de  toutes  nos  forces  à.  faire  le  bien  de  nos 
compatriotes.  Tâchons  de  tirer  notre  pays  de  l'horrible 
crise  financière  qui  le  plonge  dans  une  si  affreuse  misère. 
Pour  relever  le  commerce  abattu,  et  alimenter  nos  villes 
et  nos  campagnes  en  proie  à  une  si  grande  détresse,  allons 
exploiter  les  trésors  cachés  près  de  nous  et  cultiver  des 
terres  qui  seront  pour  nous  des  mines  précieuses.  Rete- 
nons chez  nous  ces  milliers  de  jeunes  gens  qui,  chaque 
année,  nous  échappent  pour  aller  abattre  les  immenses 
forêts  de  nos  voisins.  Vous  connaissez  les  spéculations 
qui  enrichissent  ces  industrieux  voisins  ;  et  comment,  en 
nous  apportant  leurs  produits  qui  ont  coûté  tant  de  larmes 
et  de  sueurs  à  nos  infortunés  compatriotes,  ils  nous  enlè 
vent  nos  hommes  et  notre  argent. 

Pourquoi  n'exploilerions-nous  pas  comme  eux  nos 
richesses  territoriales?  Pourquoi  ne  demeurerions-nous 
pas  ensemble  dans  le  sein  de  notre  hsnreuse  patrie  puis- 
qu'il y  a  encore  place  pour  des  millions  d'habitants  ? 
Pourquoi  nous  séparerions-nous,  pour  aller  errer  sur  une 
terre  étrangère,  pendant  qu'il  y  a  pour  nous  des  frères 
bien  unis  et  tant  de  bonheur  à  vivre  ensemble.  "  Ecce  quam 
bonum  et  quam  jucundum  habitare  fratres  in  unum.n  Pour 
opérer  tant  de  bien,  encourageons  «l'Association  des 
établissem'înts  Canadiens  des  Townships,  »  et  mettons  la 
en  état  de  remplir  sa  sublime  mission. 

Au  reste,  n'en  doutez  pas.  Nos  Très-Chers  Frères,  cette 
association  a  toutes  sorte  de  titres  à  votre  confiance.  Elle 
est  le  fruit  d'une  inspiration  que  nous  n'hésitons  pas  à 
regarder  comme  desceudue  du  ciel  et  envoyée  par  le  Père 
des  lumières  de  qui  vient  tout  don  parfait.  Elle  est  la 
récompense  d'un  généreux  dévouement  pour  un  peuple 
à  qui  de  longs  malheurs  ont  mérité  la  sympathie  du 
monde  entier.  Elle  vise  à  un  but  sublime,  votre  bonheur 
en  ce  monde  et  en  l'autre.  Elle  se  gouverne  par  des  hom- 
mes de  votre  choix,  puisque  vous  devez  les  élire  chaque 
année.     Elle  est  parfaitement  désintéressée,  puisqu'elle 


482  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sacrifie  son  temps  et  ses  peines  sans  aucune  espérance  de 
rémunération.  Sa  politique  est  une  entière  neutralité 
pour  tous  les  partis  ;  sa  couleur  est  uniquement  l'empreinte 
religieuse  et  charitable  ;  sa  seule  devise  est  «  le  bien  du 
peuple.  H  Telles  sont,  Nos  Très-Ghers  Frères,  les  lettres  de 
créance  qu'elle  exhibe  en  apparaissant  à  ce  pays  ;  et  tels 
sont  aussi  les  motifs  qui  doivent  vous  engager  à  la  favori- 
ser, en  vous  y  associant  avec  empressement. 

Nous  prenons  respectueusement  la  liberté  de  vous  la 
recommander  cette  association  à  vous  hommes  d'état  ;  et 
Nous  vous  prions  de  vous  rappeler  que  le  peuple  qui  vous 
a  portés  au  pouvoi~,  pour  assister  de  vos  sages  conseils  le 
représentant  de  Notre  Auguste  Souveraine,  dont  les  dis- 
positions bienveillantes  pour  la  Province  confiée  à  son 
administration,  vous  sont  si  bien  connues,  sut  mettre  en 
pratique,  dans  les  guerres  de  1775  et  de  1812,  le  vieil 
adage  du  pays:  «Mon  âme  esta  Dieu  et  mon  corps  au 
Roi.i)  Puisqu'alors  ses  bataillons  protégèrent  les  frontières 
et  repoussèrent  l'ennemi  commun,  il  est  juste  que  sa 
charrue  laboure,  en  temps  de  paix,  une  terre  que  son 
épée  a  défendue  avec  tant  de  courage  et  de  succès  pendant 
la  guerre.  Assurément  l'amour  et  la  reconnaissance  de 
ce  peuple  pour  un  gouvernement  qui  le  traitera  en  père 
et  lui  donnera  un  héritage  de  famille  seront  des  fortifica- 
tions plus  imprenables  que  les  murailles  les  plus  épaisses 
et  les  tours  les  plus  élevées.  Vos  largesses  vont  fermer  les 
plaies  qu'ont  faites  au  cœur  de  ce  peuple,  de  tout  temps  si 
fidèle  à  son  gouvernement,  les  tristes  événements  de  1837 
et  1838. 

Vous  la  favoriserez  cette  association,  vous  riches  et  ho- 
norables citoyens  de  cette  ville,  qui  comprenez  combien 
elle  est  amie  du  pays,  et  qui  faites  consister  la  gloire  de 
votre  cité,  non  dans  la  somptuosité  de  ses  édifices,  mais 
dans  les  habitudes  morales  de  son  peuple. 

Vous  la  favoriserez  aussi,  vous  pauvres  et  infortunés 
compatriotes  à  qui  le  Seigneur  n'a  pas  encore  départi  les 
biens  du  mqnde,  car  c'est  à  vous  que  cette  bienveillante 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  483 

association  tend  aujourd'hui  une  main  secourable,  et  c'est 
pour  vous  procurer  les  moyens  de  vous  fixer  avec  avan- 
tage sur  votre  sol  natal  que  tout  le  pays  va  se  lever  en 
masse  comme  ne  faisant  qu'un  homme.  Vous  ferez  bientôt, 
nous  l'espérons,  la  gloire  de  la  société,  par  votre  sobriété, 
votre  amour  du  travail,  votre  intelligence  dans  l'agricul- 
ture et  vos  vertus  patriarchales. 

Vous  la  favoriserez  cette  association,  vous  pères  et 
mères  de  familles,  qui  recueillez  les  abondantes  bénédic- 
tions promises  aux  anciens  Patriarches,  et  qui  avez  tant 
de  consolations  à  pouvoir  compter  autour  de  vous,  vos 
nombreux  enfants  jusqu'à  la  troisième  génération.  Pour 
les  retenir  tous  auprès  de  vous  tant  que  vous  avez  pu, 
vous  avez  divisé  et  subdivisé  les  terres  que  vous  ont 
léguées  vos  ancêtres.  Mais  hélas  !  depuis  longtemps  ces 
terres  ne  peuvent  plus  les  contenir  tous  et  il  leur  a  fallu 
s'arracher  aux  bras  de  votre  tendresse.  Depuis  que  ces 
chers  enfants  sont  séparés  de  vous,  les  larmes  amères  que 
vous  avez  versées,  les  cruelles  inquiétudes  que  vous  avez 
éprouvées,  les  longues  nuits  que  vous  avez  passées  sans 
dormir,  les  tristes  nouvelles  qui  quelquefois  vous  ont 
appris  leur  mort  funeste,  sans  la  consolation  des  derniers 
sacrements  de  l'Eglise,  vous  disent  plus  éloquemment  que 
Nous  le  précieux  avantage  qu'offre  l'association  à  toutes 
les  bonnes  familles  qui  sentent  le  bonheur  qu'il  y  a  de 
vivre  ensemble. 

Vous  la  favoriserez  cette  association  vous,  enfants 
bien-nés,  qui  avez  sucé  avec  le  lait  l'amour  fihal,  et  qui 
avez  appris  à  ne  vivre  que  pour  vos  bons  parents  qui  de 
leur  côlé  ne  travaillent  et  ne  vivent  que  pour  vous:  car 
vous  sentez  tous.  Nous  n'en  doutons  pas,  quel  bonheur  ce 
sera  pour  vous  de  pouvoir  établir  vos  familles  à  la  porte 
du  toit  qui  vous  a  vu  naître  ;  de  pouvoir  de  temps  en 
temps,  voir  ce  toit  chéri  qui  vous  rappelle  tous  les  doux 
souvenirs  de  Tenfance  ;  de  pouvoir  participer  aux  joies 
innocentes  des  fêtes  de  la  famille,  avec  des  frères  et  des 
sœurs,  des  voisins  et  des  amis  que  vous  ne  sauriez  jamais 


484  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

oublier  ;  de  pouvoir  porter  et  présenter  aux  euibrasse- 
menls  de  vos  vieux  parents  vos  jeunes  enfants,  fruits  de 
votre  union  avec  des  épouses  vertueuses  et  justement 
chéries. 

Vous  la  favoriserez  cette  association,  vous  jeunes  gens, 
à  qui  le  Seigneur  s'est  plu  à  accorder  les  richesses  de 
de  l'éducation.  Vous  allez  devenir  les  patrons  de  vos  com- 
patriotes qui  sont  privés  de  ce  précieux  avantage,  en 
imitant  le  bel  exemple  des  enfants  de  famille  de  la  célèbre 
ville  de  Lyon. — Entre  les  intéressantes  et  nombreuses 
institutions  qui  ornent  cette  antique  cité,  il  en  est  une  qui 
touche  singulièrement  l'étranger,  et  qui  Nous  a  frappé 
lorsque  Nous  l'avons  visitée.  C'est  une  association  de 
jeunes  gens  de  bonnes  familles  qui  adoptent  et  patroni- 
sent  des  enfants  pauvres,  et  ne  les  abandonnent  point 
qu'ils  ne  soient  capables  de  gagner  honnêtement  leur  vie. 
Une  cérémonie  religieuse  consacre  leur  entrée  dans  l'asso- 
ciation. Ils  se  présentent  à  l'autel  conduis^.nt  par  la  main 
leurs  jeunes  pupilles.  Là  ils  reçoivent  de  l'évèque  des  pains 
bénits  exprès  pour  la  circonstance  ;  ils  les  partagent  et  en 
donnent  la  moitié  à  leurs  jeunes  protégés. 

Peut-on  plus  éloquemment  faire  connaître  à  l'enfant 
riche  ce  qu'il  doit  aux  pauvres  ? 

C'est  bien  là  ce  que  vous  fîtes,  jeunes  gens,  en  entrant 
dans  l'association,  puisque  votre  premier  mouvement  fut 
de  chercher  un  appui  dans  le  sein  de  la  religion,  déposi- 
taire du  feu  sacré  de  la  divine  charité  que  Notre  Seigneur 
Jésus-Christ  est  venu  apporter  sur  la  terre,  et  qui  est  le 
plus  grand  mobile  des  plus  nobles  entreprises.  Vous  par- 
tagerez donc  les  précieux  avantages  de  votre  riche  éduca- 
tion avec  l'enfant  pauvre  et  ignorant  de  la  patrie.  Déjà 
l'expérience  vous  aura  appris  que  le  vrai  bonheur  consiste 
à  consacrer  son  existence  au  bonheur  de  ses  semblables, 
et  que  les  plus  belles  journées  de  la  vie  sont  celles  qui 
ont  été  marquées  par  plus  de  services  rendus  à  ses  frères. 

Nous  la  favoriserons  surtout  cette  association,  nous 
tous  ministres  du  Seigneur  :  car,  il  nous  semble  qu'elle 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  485- 

doive  être  spécialement  notre  œuvre.  Chaque  année  nous 
avons  eu  la  douleur  de  voir  des  milliers  de  jeunes  gens 
abandonner  nos  villes  et  nos  campagnes.  Hélas  !  il  le  fallait 
bien,  puisque  la  patrie  ne  pouvait  les  nourrir,  quoique 
le  sol  natal  fût  encore  couvert  d'immenses  forêts,  et  que 
des  milliers  d'acres  de  bonnes  terres  restassent  incultes. 
Nos  joues  se  sont  bien  des  fois  couvertes  de  larmes,  et  nos 
cœurs  ont  été  vivement  saisis  d'une  juste  douleur  en 
voyant  partir  pour  l'étranger  ces  chers  enfants  que  nous 
avons  tant  de  raisons  d'aimer,  puisque  c'est  nous  qui  les 
avons  régénérés  en  Jésus-Christ  dans  les  eaux  du  bap- 
tême, qui  les  avons  dirigés  dans  la  science  du  salut,  en 
leur  apprenant  à  connaître  que  Dieu  pouvait  seul  faire 
leur  bonheur,  et  que  pour  cela  ils  devaient  toujours  l'ai- 
mer et  le  servir;  qui  les  avons  nourris  du  pain  sacré  qui 
fait  les  forts,  pour  leur  faire  faire  heureusement  le  grand 
voyage  de  la  vie. 

Nous  les  savons,  sur  une  terre  étrangère,  exposés  à  des 
dangers  de  toutes  sortes,  et  surtout  aux  horreurs  de  la 
démoralisation. 

Nous  connaissons  qu'ils  ne  sont  point  préparés  à  lutter 
contre  l'industrieuse  activité  de  nos  voisins  qui  exploitent 
à  leur  avantage  leurs  forces  physiques,  et  nous  les  ren- 
voient ensuite  assez  souvent  ruinés  par  les  durs  travaux 
dont  ils  le?  accablent,  et  sans  un  sou  de  fortune.  Ah  ! 
nous  avons  été  plus  d'une  fois  humiliés  de  l'état  dégra- 
dant auquel  des  spéculateurs  sans  conscience  ne  les  ont 
que  trop  souvent  réduits,  parce  que,  dans  leur  bonne  foi, 
ils  ne  pouvaient  soupçonner  chez  autrui  des  intentions  de 
fraude  dont  ils  étaient  eux-mêmes  incapables.  Heureuse 
simplicité  !  Puisse-t  elle  être  toujours  leur  partage  ! 

Aujourd'hui  s'ouvre  pour  eux  et  pour  nous  une  nou- 
velle ère,  et  il  nous  est  permis  de  porter  bien  loin  nos 
espérances.  Nous  pouvons  dès  maintenant  les  diriger 
sûrement  et  leur  procurer  les  moyens  de  faire  sur  le  sol 
natal  de  bons  -établissements,  et  à  des  conditions  très- 
avantageuses.    Nous  ne  manquerons  pas  d'user  de  toute 


486  MANDEMENTS,  LETTRES  'PASTORALES, 

notre  influence  sur  un  peuple  si  bon  et  si  docile,  pour  le 
porter  à  embrasser  une  association  .qui  n'a  d'autres  vues 
que  de  travailler  au  bien  de  nos  compatriotes.  Elle  doit, 
comme  toute  autre  bonne  œuvre,  rencontrer  sur  son  pas- 
sage de  nombreuses  difficultés;  mais  l'amour  du  troupeau 
de  Jésus-Christ  ne  connaît  d'obstacles  que  pour  les  sur- 
monter et  les  vaincre.  Pour  cela  voici  les  moyens  que 
nous  avons  à  prendre. 

lo  Mettons  Dieu  dans  les  intérêts  de  l'association  :  car 
il  est  écrit  qu'il  marche  à  la  tête  de  son  peuple  qui  est  le 
peuple  chrétien,  pour  lui  tracer  la  route  dans  les  déserts 
qu'il  lui  faut  traverser  et  demeurer  avec  lui  :  «  Deus  cùm 
egredereris  in  conspectu  popuU  tui^  cùm  ^^ei^transires  in  dé- 
serta., iter  faciens  illis..  hahitans  in  illis  » 

2o  Consacrons  cette  œuvre  par  des  vues  de  foi  ;  car  il 
est  évident  qu'il  s'agit  ici  de  conserver  à  notre  bon  peuple 
sa  foi,  ses  mœurs  patriarchales  et  ses  paisibles  habitudes. 
A  notre  voix,  qui  est  celle  de  la  religion,  tout  le  pays  va 
s'ébranler  pour  donner  à  une  association  si  bienveillante 
une  existence  solide  et  durable  «  Terra  mota  est.» 

30  Sans  le  secours  de  Dieu  nous  ne  pouvons  rien,  abso- 
lument rien,  surtout  dans  l'ordre  de  la  religion  et  du  salut. 

C'est  pourquoi  pendant  que  notre  voix  fera  entendre  au 
peuple  confié  à  nos  soins  le  cri  d'espérance,  nos  cœurs 
s'épancheront  devant  le  Seigneur  pour  lui  représenter 
humblement  la  pauvreté  et  tous  les  maux  qui  accablent 
ce  peuple  chéri.  Nos  vœux  ardents  s'élèveront  vers  le 
ciel  pour  en  faire  descendre  une  douce  rosée  de  bénédic- 
tions qui  découleront  du  Dieu  de  Sinaï,  du  Dieu  d'Israël  : 
«  Cœli  distillavcrunt  à  facie  Dei  Sindi^  à  facie  Del  Israël.  » 
(Psaume,  G7.) 

40  Offrons  à  cette  intention  l'oraison  Deus  refuglum  que 
nous  récitons  chaque  jour  au  saint  sacrifice  de  la  Messe. 
Exhortons  le  peuple  à  joindre  ses  prières  aux  nôtres.  Pour 
cela,  célébrons  dans  chaque  paroisse,  une  Grande-messe, 
et  que  ce  soit  autant  que  possible  le  jour  de  St.  Jean- 
Baptiste.    Gommençons-là  par  le  chant  toujours  nouveau. 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  487 

et  toujours  touchant  du  Veni  Creator.  Que  notre  instruc- 
tion roule  sur  les  avantages  religieux  qu'offre  l'association 
que  nous  pouvons  à  bon  droit  recommander  comme  une 
œuvre  excellente  de  charité. 

50  Après  la  messe  et  au  son  joyeux  des  instruments,  ou 
pendant  îe  chant  de  quelques  dévots  cantiques  à  la  sainte 
Vierge  et  à  St.  Jean-Baptiste,  distribuons  à  tous  ceux  qui 
voudront  devenir  chefs  de  centuries  ou  de  sections,  des  ex- 
emplaires des  règles  de  l'association  contenant  en  même 
temps  des  listes  fort  commodes  pour  recevoir  les  contribu- 
tions de  leurs  associés.  Expliquons  leur  bien  les  devoirs 
qu'ils  auront  à  remplir  et  tâchons  de  les  embraser  de  zèle 
pour  cette  œuvre  régénératrice  de  notre  pays. 

6»  Favorisons  de  toutes  nos  forces  le  zèle  des  laïcs  qui 
vont,  dans  chaque  localité,  diriger  l'association.  Tâchons 
que  les  colons  qui  seront  recommandés  fassent  honneur  à 
leurs  compatriotes.  Engageons  les  riches  à  s'associer  aux 
pauvres  et  à  les  faire  entrer  dans  leurs  sections.  C'est  le 
moyen  d'intéresser  les  petits  comme  les  grands  à  une 
œuvre  d'un  intérêt  général  pour  le  pays.  Ainsi  ferons- 
nous  servir  les  vingt  livres  courant  que  Son  Excellence  a 
bien  voulu  donner  à  l'association  pour  former  seize  sec- 
tions, dont  les  membres,  trop  pauvres  pour  payer  la  contri- 
bution ordinaire,  prieront  pour  le  succès  de  l'association  et 
pour  ses  bienfaiteurs.  Organisons  toutes  choses  pour  que 
les  familles  canadiennes  se  présentent  au  plustôt  et  en 
grand  nombre  au  bureau  central  de  cette  ville,  pour  qu'on 
puisse  les  placer  ensemble  sur  le  même  sol,  et  cela  afin 
que  chaque  origine  puisse  vivre  e:i  paix  et  selon  ses  habi- 
tudes ordinaires.  Car  loin  de  nous  la  pensée  de  vouloir 
exclure  de  ce  pays  les  étrangers  qui  nous  arrivent  d'outre 
mer;  cette  terre  est  assez  spacieuse  pour  nous  contenir 
tous.  Pour  notre  part,  nous  serions  prêt  à  favoriser  nos 
frères  de  toute  autre  origine  qui  voudraient  fonder  une 
association  sur  le  plan  de  la  nôtre.  Car  enfin  nous  sommes 
tous  enfants  du  même  Père  qui  est  aux  cieux  ;  nous  vivons 
tous  sous  un  même  gouvernement  qui  n'a  d'autre  but 


488  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

que  le  bonheur  de  ses  sujets,  et  qui  doit  mettre  sa  gloire 
à  commander  à  des  peuples  parlant  toutes  les  langues  du 
monde  ;  nous  avons  tous  les  mêmes  droits  ;  nous  formons 
tous  la  grande  famille  du  puissant  Empire  britannique  ; 
enfin,  nous  sommes  tous  appelés  à  posséder  ensemble  la 
même  terre  des  vivants,  après  que  nous  aurons  fini  notre 
pèlerinage  sur  cette  terre  d'exil.  Mettons  cette  association, 
comme  toutes  les  autres  institutions  de  ce  Diocèse,  sous  la 
protection  de  la  glorieuse  Vierge  Marie,  et  enrôlons  notre 
peuple  tout  entier  sous  l'étentard  de  St.  Jean  Baptiste,  le 
plus  grand  des  enfants  des  hommes,  et  le  protecteur  de  ce 
pays  qui  lui  est  tout  dévoué. 

Faisons  tous  nos  efforts  pour  que  ces  fêtes  soient  des 
jours  de  joie  et  de  bonheur  en  les  rendant  tout  religieux  : 
«  multi  in  nativitate  ejus  gaudebunt. 

Travaillons  pour  que  l'on  puisse  dire  bientôt  du  peuple 
dévoué  à  St.  Jean  Baptiste  ce  que  l'Ecriture  rapporte  de 
ce  grand  saint  :  «  Vinum  et  ciceram  non  bibet  et  spiritu 
sancto  replebitur.  n  (Luc.  ch.  1.)  Et  pour  obtenir  sa  protec- 
tion sur  les  trois  grandes  associations  du  pays  qui  lui  sont 
consacrées,  tout  fidèle  gagnera  indulgence  de  40  jours 
chaque  fois  qu'il  répétera  cette  courte  invocation  :  a  St. 
Jean  Baptiste  priez  pour  nous.  »  Tel  est,  Nos  Très  Ghers 
Frères,  «  l'Association  des  établissements  Canadiens  des 
Townships,a  que  nous  désirions  vous  faire  connaître  un 
peu  an  long.  Maintenant  nous  sommes  plein  de  confiance 
que  vous  la  favoriserez  de  toutes  vos  forces. 

Puissions-Nous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  abattre  Nous- 
même  le  premier  arbre  qui  formera  la  croix  qui  doit  vous 
indiquer  le  lieu  de  la  première  église  que  fera  bâtir  l'asso- 
ciation. G'est  du  moins  le  vœu  le  plus  ardent  de  notre 
cœur.  Nous  nous  croirions  amplement  récompensé  si 
Nous  avions  bientôt  ce  bonheur.  Nous  comprenons  que 
nous  devons  être  partout  où  se  trouvent  nos  brebis.  Aussi 
étions-nous  dans  les  prisons  et  au  pied  de  l'échafaud 
lorsque  quelques  unes  de  ces  chères  brebis  étaient  chargées 
de  chaînes,  ou  expiraient  sur  le  gibet.    Aussi  étions-nous 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  489 

avec  celles  qui  gémissaient  sur  la  terre  d'exil,  par  les 
recommandations  que  Nous  prîmes  la  liberté  d'adresser  à 
révêque  de  ces  pays  lointains  pour  qu'il  essuyât  les  larmes 
de  nos  enfants  à  qui  nous  ne  pouvions  plus  faire  entendre 
aucune  parole  de  consolation. 

Maintenant  que  nous  jouissons,  après  cette  horrible 
tempête,  de  toutes  les  douceurs  de  la  paix,  ah  !  croyez-le, 
Nos  Très-Ghers  Frères,  nous  ne  formons  plus  qu'un  seul 
vœu,  nous  ne  poussons  plus  qu'un  seul  soupir,  c'est  celui 
qui  pourra  contribuer  en  quelque  chose  à  votre  bonheur 
en  ce  monde  et  en  l'autre.  «  Que  la  grâce  de  notre  Seigneur 
Jésus-Christ  soit  avec  vous.    Amen.«  (2è.  Thess.  5.28.) 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  notre 
Eglise  Cathédrale  et  à  celui  de  toutes  les  églises  parois- 
siales, le  premier  dimanche  ou  fête  d'obligation,  après  sa 
réception  ;  et  en  chapitre,  dans  toutes  les  communautés, 
le  jour  qu'il  plaira  aux  supérieurs  de  choisir  pour  cela. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre 
seing  de  notre  sous  Secrétaire,  le  dix-sept  Juin,  mil-huit- 
cent  quarante-huit. 

■j-  Ig  Ev.  de  Montréal. 

Albert  Lacombe, 

Acolyte,  S.  Secrétaire. 


Par  Monseigneur 


T^BLE 


DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Page 

Préface  de  l'auleur 1 

Notice  biographique  sur  Mgr.  Jean  Jacques  Lartigue,  premier 

évêque  de  Montréal , V 

Bulle  du  Pape  Grégoire  XVI  érigeant  la  ville  et  le  district  de 

Montréal  en  Diocèse  proprement  dit XV 

Lettres  Apostoliques  créant  Mgr.  J.  J.  Lartigue  évêque  titulaire 

du  nouveau  Diocèse  de  Montréal XVI 

Mandement  d'entrée  dans  son  Diocèse,  par  Mgr.  Jean  Jacques 

Lartigue,  évêque  de  Montréal 1 

Premier  Mandement  de  visite  Pastorale 7 

Mandement  pour  l'installation  de  Messire  Ignace  Bourget 
comme  Coadjuteur  de  l'évèque  de  Montréal  dans  le  Bas 

Canada  10 

Lettre  Circulaire  à  MM.  les  Carés  et  autres  prêtres  du  Diocèse  de 
Montréal,  pour  annoncer  la  mort  de  Sa  Majesté  Guillaume 
IV,  et  l'avènement  de  la  Princesse  Alexandrina  Victoria 
au    Trùne  du  Royaume  Uni  de    la  Grande  Bretagne    et 

d'Irlande 13 

Premier  Mandement  à  l'occasion  des  troubles  de  1837 14 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  accompagnant  un 

projet  de  pétition  au  Gouvernement  Britannique 21 

A  la  Très  Excellente  Majesté  de  la  Reine,  la  très-humble  Requête 
de  l'Evêque  et  de  son  Coadjuteur,  des  Vicaires  Généraux, 
Curés  et  autres  Membres  du  Clergé  Catholique  du  Diocèse 

de  Montréal,  dans  la  Province  du  Bas  Canada 23 

Second  Mandement  à  l'occasion  des  troubles  de  1837 24 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  et  autres  prêtres  à  charge  d'âmes 
dans  le  Diocèse  de  Montréal,  prescrivant  des  prières  publi- 
ques d'actions  de  grâce  pour  la  répression  de  la  rébellion....       30 


492  TABLE  DES  MATIÈRES 

Mandem'^nt  éiablissant  dans  le  Diocèse  de  Montréal  la  pieuse 

Association  de  la  Propagation  de  la  Foi 31 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal,  en  lui  adressant  le 

Mandement  du  18  Avril  1838 38 

Règlement  de  l'Association  pour  la  Propagation  de  la  Foi  dans 

le  Diocèse  de  Montréal 40 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal,  leur  commu- 
niquant ce  qui  a  été  fait  dans  le  Conseil  Central  de  la  Propa- 
gation de  la  Foi  à  Montréal  pour  le  bon  fonctionnement  de 
l'œuvre 42 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  pour  demander  des 

renseignements  sur  l'état  des  écoles  primaires 44 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal  prescrivant 

des  œuvres  expiatoires 45 

Mandement  abolissant  les  Offices  Publics  dans  certaines  Fêles  de 
dévotion  ;  faisant  appel  au  zèle  pour  l'établissement  d'Ecoles 
vraiment  Chrétiennes  ;  recommandant  l'œuvre  de  la  Propa- 
gation de  la  Foi  ;  invitant  les  prêtres  à  faire  annuellement 
la  Retraite  Spirituelle,  et  introduisant  dans  VOrdo  du 
Diocèse  les  Fêtes  du  Bienheureux  Alphonse  de  Liguori  et 
de  Ste.  Philomène 46 

Circulaire  à  MM.  les  Cures  du  Diocèse  de  Montréal  pour  orga- 
niser dans  chaque  paroisse  des  comités  de  Secours  en  faveur 
des  pauvres  de  la  campagne 52 

Circulaire  à  MM.  les  Prêtres  et  autres  ecclésiastiques  du  Dio- 
cèse de  Montréal,  introduisant  dans  le  Diocèse  l'Office  et  la 
Messe  du  Sacré  Cœur  de  Jésus  ;  signalant  les  dangers  de  la 
propagande  hérétique  qui  se  donne  pour  mission  de  con- 
vertir les  Canadiens  Français  ;  rappelant  les  règles  de 
l'Eglise  sur  le  devoir  de  la  résidence  pour  les  prêtres  ayant 
charge  d'àmes,  et  invitant  MM.  les  Curés  aux  Exercices  de 
la  Retraite  Spirituelle 53 

Circulaire  â  MM.  les  Curés  du  Diocèse,  les  engageant  à  profiler  de 
l'Ordonnance  civile  du  Conseil  Spécial  qui  permet  aux  pa- 
roisses et  autres  Congrégations  religieuses  d'acquérir  des 
terrains,  et  indiquant  la  procédure  à  suivre.  L'évoque  y  ré- 
clame de  l'aide  en  faveur  des  missions  les  plus  pauvres 57 

Formule  d'acle  d'assemblée  pour  procéder  à  l'amortissement  des 

terrains  appartenant  aux  églises 63 

Formule  de  certilicat  pour  attester  la  possession  des  terrains  de 

fabrique 64 

Tableau  des  Achiprêlrés  et  des  Achiprèlres  dans  le  Diocèse 

de  Montréal  à  la  lin  de  l'année  1839 65 


TABLE  DES  MATIÈRES  493 

ADMINISTRATION  DE  MGR.  IGNACE  BOURGET, 
SECOND  EVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 

Bulle  du  Pape  Grégoire   XVI  créant  Mgr.  Ig.  Bourget  évêque 

Titulaire  du  siège  épiscopal  de  Montréal 71 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal  pour  annon- 
cer ia  mort  de  Mgr.  Lartigue  premier  évêque  de  Montréal...       73 

Mandement  d'enlrée  de  Mgr.  Ignace  Bourget  évêque  de  Mont- 
réal   74 

Circulaire  ans.   prêtres  du   Diocèse  de  Montréal  les  convoquant 

aux  Exercices  de  la  Retraite  Pastorale 80 

Formule  dont  on   pourra   se  servir  pour  annoncer  la   Retraite 

ecclésiastique,  le  Dimanche  qui  précédera  son  ouverture 83 

Indulgences  que  le  Souverain  Pontife  ou  son  délégué  accorde, 
en  bénissant  les  Couronnes,  Rosaires,  Croix,  Crucifix,  petites 
Statues,  et  médailles,  et  conditions  de  ces  Indulgences 84 

Circulaire  à  MM.  les  Curés,  missionnaires  et  autres  prêtres  du 
Diocèse  de  Montréal,  accordant  ad  decennium  aux  Curés  et 
Missionnaires  les  facultés  les  plus  amples  relativement  aux 
Indulgences,  et  annonçant  l'arrivée  à  Montréal  de  Mgr.  l'E- 
vêque  de  Nancy  et  l'établissement  de  l'œuvre  des  Missions  et 
Retraites  pour  le  peuple 89 

Indulgences  attachées  aux  Chapelets  de  Ste.  Brigitte,  bénis  par 

ceux  qui  en  ont  reçu  le  pouvoir 92 

Lettre  Pastora'e  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  à  tous  ses  diocé- 
sains, où  il  rend  compte  de  sa  récente  Visite  sur  les  rives  nord 
de  l'Ottawa  et  de  l'état  des  missions  dans  cette  partie  de  son 
Diocèse 96 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  aux  fidèles  de  la 
Ville  et  de  la  Paroisse  de  Ville-Marie  pour  y  annoncer  l'ou- 
verture d'une  Retraite 102 

Circulaire  à  MM.  les  Curés,  Missionnaires  et  autres  prêtres  du 
Diocèse  de  Montréal,  les  engageant  à  profiter  des  dispositions 
favorables  de  la  loi  pour  la  reconnaissance  civile  des  parois- 
ses cannoniquement  érigées  ;  annonçant  au  Clergé  la  créa- 
tion du  Chapitre  des  Chanoines  delà  Cathédrale  de  Montréal  ; 
signalant  les  efforts  de  la  propagande  protestante  dans  cer- 
taines paroisses  ;  prescrivant  les  règles  à  suivre  relativement 
^ux  bals  et  autres  divertissements  populaires  ;  recomman- 
dant au  Clergé  d'encourager  la  publication  des  «Mélanges 
Religieux  ;  >  et  accordant  à  tous  les  prêtres  approuvés  du 
Diocèse  la  faculté  d'indulgencier  les  Chapelets,  Croix,  Mé- 

daiileselc 109 

33 


494  TABLE  DES  MATIÈRES 

Mandement  de  Mgr.  l'Evê^ut;  de  Monlrpal  pour  rélablissemeul 
de  l'Archiconfrériedu  Très  Saint  et  Immaculé  Cœur  ('e  Marie 
dans  son  Diocèse 1 15 

Notice  abrégée  de  l'établissement  de  l'Archiconfrérie  du  Très 

Suint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie 122 

Statuts  et  Règlements  de  l'Archiconfrérie  du  Très  Saint  et  Imma- 
culé Cœur  de  Marie 126 

Indulgences  accordées  aux  Associés  de  l'Archiconfrérie 133 

Acte  de  Gonsécréation  au  Cœur  de  Marie 134 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evèque  de  Montréal  signalant  au 
Diocèse  les  efforts  de  sociétés  bibliques  et  des  prédicants  de 
l'erreur  pour  détruire  la  Foi  chez  le  peuple  ,  recommandant 
dans  les  écoles  une  éducation  foncièrement  religieuse  et  chré- 
tienne ;  annonçant  le  prochain  départ  de  l'Evêque  pour  Rome 
oii  l'appellent  les  plus  chers mlérèts  du  Diocèse;  demandant 
des  secours  d'argent  pour  défrayer  les  dépenses  de  ce  voyage 
et  des  prières  pour  l'heureuse  issue  de  son  dessein 135 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  pour  lui  faire  part 
des  Indulgences  et  facultés  spéciales  accordées  par  Sa  Sain- 
teté Grégoire  XVI 142 

Circulaire  à  MM.  les  Curés,  Missionnaires  et  autres  prêtres  du 
Diocèse  de  Montréal,  réglant  l'administration  du  Diocèse  pen- 
dant l'absence  de  l'Evêque,  et  priant  les  prêtres  de  voir  à  ce 
que  le?  enfants  illégitimes  que  l'on  envoie  à  l'Hôpital  Général 
n'y  soient  présentés  qu'av'3c  l'extrait  de  leur  baptême 145 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  oii  l'Evêque  annonce 
aux  prêtres  son  arrivée  à  Rome,  et  sollicite  de  nouveau  le 
secours  de  leurs  prières 147 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal , lui  annonçant  que  des 
mesures  ont  été  prises  pour  assurer  au  Diocèse  de  nouveau 
secours  de  prêtres  et  fortifier  l'éducation  chrétienne  du  peu- 
ple ;  qu'un  certain  nombre  de  nouveaux  offices  seront  oro- 
chainement  introduit-  dans  VOrdo  du  Diocèse  ;  qu'en  vertu 
d'un  Induit  Apostolique,  les  Chemins  de  la  Croix  dont  l'érec- 
tion n'aurait  pas  d'abord  été  régulière  jouissent  mainte- 
nant des  Indulgences  ordinaires;  qu'une  société  de  Tempé- 
rance sera  ici  prochainement  établie  à  l'instar  de  celles 
fondées  par  le  Père  Mathieu  en  Irlande  ;  qu'il  est  urgent 
d'adopter  certaines  règles  de  charité  pour  que  chaque  paroisse 
soutienne  ses  pauvres  ;  et  qu'il  va  être  pris  des  moyens  pra- 
tiques pour  assurer  des  secours  religieux  aux  Canadiens 
délaissés  des  frontières  des  Etats-Unis 149 


TABLE  DES  MATIÈRES.  495 

Tableau  des  nouveaux  offices  à  introduire  dans  le  Diocèse  de 

Montréal 137 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.   lEvèijue  de  Montréal  annonçant  son 

retour  d'Europe 159 

Lettre  Pasloraie  de  Mgr.  l'Evoque  de  Montréal  au  Clergé  et  aux 
fidèles  de  la  ville  et  de  la  paroisse  de  Montréal,  pour  recom- 
mander à  leur  chanté  l'Asile  de  la  Providence  des  femmes 
âgées  et  infirmes 167 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  ordonnant  un  Te  Deum 

d'aclionsde  grâce  pour  la  naissance  du  Prince  de  Galles 176 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  annonçant  l'établis- 
sement du  Petit  Séminaire  de  Ste.  Thérèse  ;  suggérant  un 
moyen  pratique  de  s'assurer  de  bons  instituteurs  ;  fesant 
savoir  que  les  Révérends  Pères  Oblats  sont  arrivés  à  Mon- 
tréal et  y  ont  déjà  commencé  la  grande  œuvre  des  Mis-ions 
et  Retraites  pour  le  peuple:  et  recommandant  aux  prêtres 
de  soutenir  de  leurs  aumônes  la  Caisse  Diocésaine  et  les 
Mélanges  Religieux  179 

Annonce  que  peut  faire  le  Curé  le  Dimanche  qui  précédera  cha- 
cune des  fêtes  ci-dessous  mentionnées 185 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  pour  l'établissement 

des  Sociétés  de  Tempérance  et  de  Charité 186 

Mandement  de  Visite  Pastorale 200 

Diversorum  Casuuni  Solutiones 205 

Circulaire  à  MM.  les  Curés,  Missionnaires  et  autres  prêtres  du 
Diocèse  de  Montréal,  les  invitant  à  mettre  les  instituteurs  de 
leurs  paroisses  en  rapport  avec  les  Frères  des  Ecoles  Chré- 
tiennes établis  à  Montréal  ;  et  transmettant  au  clergé  quel- 
ques Décrets  de  la  Sacré  Congrégation  des  Rites 209 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  pour  le  jubilé  de  1842    211 

Lettres  Apostoliques  de  Notre  Saint-Père  le  Pape  Grégoire  XVI, 

ordonnant  des  prières  pour  le  Royaume  d'Espagne 218 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  accooipagruant  le 
Rescrit  Pontiflcal  des  Facultés  accordées  aux  Confesseurs 
pour  le  temps  du  jubilé  ;  et  fixant  l'époque  de  la  Retraite 
Pastorale ., 224 

Circulaire  au  Cierge  du  Diocèse  de  Montréal  pour  engager  les 
prêtres  à  charge  d'âmes  à  adopter  des  règles  uniformes  de 
direction,  celles  données  par  St.  Liguori,  relativement  aux 
fréquenta tions.aux  bals,  aux  écoles  mixtes,  à  l'administration 
du  baptême  par  les  Sages  femmes,  aux  comptes  à  rendre  à 
l'Evêque  par  les  fabriques,  à  l'œuvre  de  la  Propagation  de 
la  Foi,  à  la  lecture  du  Nouveau-Testament,  etc.,  etc 227 


496  TABLE  DES  xMATIÈRES. 

QucesUones  circa  Matrimonia  Mixla  a  Sacra  Coiigregatione  de 
Propaganda  Fide,  décima  Septima  die  Novembris,  anni  mil- 
lesimi  octingenlesimi  Irigesimi  quinli  solulse 237 

Circulaire  à  MM.  les  prêtres  du  Uiccèfe  de  Montréal  invitant  le 
.  Clergé  à  présenter  à  Sir  Chs.  Bagol  une  adresse  d'adieu  à 
l'occasion  de  son  rappel  en  Angleterre 244 

Adresse  à  Son  Excellence  Sir  Charles  Bagot,  etc.,  etc  245 

Projet  de  conférences  ecclésiastiques 246 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  déclarant  St.  Jean 
Baptiste  patron  de  la  Société  de  Tempérance  ;  sollicitant  des 
secours  pour  la  reconstruction  d'une  église  ;  et  invitant  le 
Clergé  aux  Exercices  spirituelles  de  la  Retraite  Pastorale 248 

Lettre  Pastorale   sur  la   Cause   de  Béatification   du  Vénérable 

Jean-Baptiste  de  la  Salle 251 

Cause  du  Diocèse  de  Rouen,  pour  la  Béatilication  et  la  Canoni- 
sation du  Vénérable  Serviteur  de  Dieu  Jean-Baptiste  de  la 
Salle,  Instituteur  de  la  Congrégation  des  Frères  des  Ecoles 
Chrétiennes 255 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal,  déterminant  le  sujet 
des  Conférences  Ecclésiastiques  :  encourageant  les  Sociétés 
d'agriculture  ;  et  invitant  les  prêtres  qui  n"ont  pas  pu  se 
trouver  à  la  dernière  Retraite  à  faire  la  leur  en  particulier...     256 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal,  réglant  certains 
points  d'administration  de  Fabrique  ;  communiquant  les 
Indulgences  attachées  par  le  Souverain  Pontife  aux  Exer- 
cices des  Quarantes Heures;  et  introduisant  dans  le  Diocèse 
la  neuvaine  de  prièr-es  en  l'honneur  de  St.  Antoine  de 
Padoue 258 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  apportant  quelqu'a- 

doucissement  à  la  loi  de  l'abstinence  pendant  le  Carême 260 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  annonçant  l'ouverture 

d'une  mission 262 

Mandement  de  Visite 272 

Bulle  du  Pape  Grégoire  XVI  érigeant  Québec  en  Siège  Métro- 
politain de  la  Province  ecclésiastique  de  ce  nom 278 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  déterminant  l'épo- 
que de  la  Retraite  Pastorale  et  y  invitant  les  prêtres 280 

Mandement  de  Mgr.   l'Evêque   de  Montréal    à   l'occasion   d'un 

changement  dans  la  loi  du  jeûne  et  de  l'abstinence  282 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  donnant  des  règles 

de  conduite  uniformes  pour  l'exercice  du  Ministère 288 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  répondant  à  certaines 

questions  sur  les  repas  gras  des  Dimanches  dans  le  Carême    292 


TABLE  DES  MATIERES  497 

Circulaire  au  C'uM'gé  du  Diocèse  de  Monlréai  donnant  une  direc- 
tion à  MM.  les  Curés  et  Missioiinaires  pour  mettre  à  exécu- 
tion le  Bill  d'Education  passé  dans  la  dernière  Session  du 
Parlemeiit  Provincial '293 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evèque  de  Montréal  au  sujet  de  l'in- 
cendie arrivé  à  Québec  le  28  Mai  1845 296 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  suggérant  l'organi- 
sation de  comités  dans  les  diverses  paroisses  du  Diocèse  pour 
recueillir  les  secours  destines  au  incendiés  de  Québec 301 

Circulaiie  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  invitant  les  prêtres 
à  la  Retraite  Pastorale  ;  déterminant  le  sujet  de  la  pro- 
chaine Conférence  Ecclésiastique,  et  annonçant  la  fondalien 
à  Montréal  de  <  l'Hospice  de  St.  Joseph  pour  les  Prêtres  infir- 
mes.. 302 

Mandement  de  Tinstallation  de  «  l'Œuvre  des  Bons    Livres,  «à 

Montréal 304 

Ordonnance  d'organisation  et  Règlement  de  «  l'Œuvre  des  Bons 

Livres,  »  de  Montréal 306 

Indulgence  accordées  par  les  Souverains  Pontifes  aux  Associés 
de  «  l'Œuvre  des  Bons  Livres»  de  Bordeaux  et  communi- 
quées aux  affiliés  de  Montréal,  le  5  Décembre  1844 310 

Inslructio  Sacrse  Congregationis  de  Propaganda  Fide  ad  Arche- 
piscopos,  Episcopofe,  Vocarios  Apostolicos,  aliosque  Missio- 
num  Prcesules 312 

Mandemeni  d'Institution  de  la  Fêle  et  de  l'Office  de  Ste  Janvière, 
Vierge  et  Martyre,  dans  la  Cathédrale  de  St.  Jacques  de 
Montréal  322 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  pour  l'Institution  de 
la  Fête  et  de  l'office  de  St.  Zotique,  martyr,  dans  son  église 
Cathédrale  de  St.  Jacques 324 

Mandemeni  de  Mgr.  l'Ev.  de  Montréal  contre  les  Sociétés  Secrètes.     52^ 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal   pour  annoncer  la 

mort  deN.  S.  le  Pape  Grégoire  XVI 337 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  annonçant  l'élection 
du  Pape  Pie  IX,  et  ordonnant  à  cette  occasion  des  prières 
d'actions  de  grâce 339 

Lettre   Pastorale  de   Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  à  l'occasion  de 

l'incendie  du  village  de  Laprairie..., 390 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  pour  encourager 
les  Fidèle?  dp  cette  ville  à  la  fondation  d'un  nouveau  Col- 
lège, celui  des  Pères  Jésuites 343 


498  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Circulaire  au  Clergé  des  Diocèses  de  Québec  et  de  Montréal,  et  à 
toutes  les  personnes  qui  s'intéressent  à  la  grande  œuvre  des 
Missions  349 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  recommandant  les 
Missions  de  l'Orégon  à  la  charité  catholique  :  et  rappelant 
l'attention  des  prêtres  aux  Conférences  Ecclésiastiques 351 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  demandant  des 
secours  pour  les  populations  de  Tlrlande  et  de  l'Ecosse 
décimées  par  la  famine 353 

Mandement  de  Mgr.  l'Administrateur  du  Diocèse  de  Montréal, 
annonçant  le  Jubilé  Universel  accordé  par  N.  S.  P.  le  Pape, 
pour  implorer  le  secours  Divin 355 

Lettres  Apostoliques  de  N.  S.  P.  le  Pape  Pie  IX  indiquant  un 

Jubilé  Universel  pour  implorer  le  secours  Divin 361 

Pouvoirs  extraordinaires  accordés  aux  Confesseurs  en  temps  de 

Jubilé  367 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  annonçant  l'ouver- 
ture de  la  Retraite  Pastorale  annuelle 368 

Lettre  Pastorale  de  Mgr  l'Evèque  de  Montréal,  pour  publier 
l'Encyclique  de  N.  S.  P.  le  Pape  Pie  IX,  en  faveur  de  la  mal- 
heureuse Irlande 370 

Lettre  Encyclique  dp  N.  S.  P.  le  Pape  par  la  Providence  Divine 

Pie  IX 371 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  réglaut  la  desserte 

des  cures  pendant  l'absence  de  MM.  les  Curés  en  Retraitp...     397 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  invitant  tous  les 
prêtres  parlant  l'anglais  à  venir  au  secours  du  Clergé  de  la 
ville  qui  succombe  sous  le  poids  du  travail  pendant  l'épidé- 
mie de  1847 398 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evèque  de  Montréal  au  sujet  de  l'épi- 
démie de  1847 399 

Mandement  de  Mgr.  l'Fvêque  de  Montréal  annonçant  son  retour 

de  Rome,  et  conférant  au  Diocèse  diverses  grâces  et  faveurs    408 

Calendrier  des  Indulgences  publiées  et  à  gagner  dans  le  Diocèse 

de  Montréal 419 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  rappelant  les  grâces 
insignes  récemment  accordées  par  le  Saint  Siège  au  Diocèse  : 
communiquant  aux  prêtres  de  nouvelles  facultés,  et  recom- 
mandant à  leur  zèle  les  œuvres  de  charité 435 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  du  Diocèse  de  Montréal  prescrivant  les 

précautions  à  prendre  contre  les  rois  sacrilège? 44'2 


TABLE  DES  MATIERES.  499 

(Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Monlréni  Iransraeltanl  aux 
Confesseurs  les  réponses  de  Rome  louchant  l^s  Sociétés 
Secrètes  et  la  pratique  du  Magnétisme i43 

Lettre  du  Conseil  Central  de  Lyon  pour  l'OEuvre  de  la  Propaga- 
tion de  la  Foi .* 445 

Lettre  Pastorale  d.^  Mgr  l'Evêque  de  Montréal  sollicitant  la  cha- 
rité de  ses  diocésains  en  faveur  des  Orphelins  des  Irlandais 
émigrants 447 

Mandement  de  Mgr.  l'Evéque  de  Montréal  pour  encourager  le 
Pèlerinage  de  Notre-Dame  de  Bonsecours,  et  établir  dans 
cette  chapelle  la  Confrérie  de  s  Notre-Dame  Auxiliatrice,» 
pour  tout  le  Diocèse. 457 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  renfermant  quelques 

explications  relatives  au  Mandement  précédent 470 

Circulaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal  lui  transmettant  les 

moyens  pratiques  adoptés  contre  le  vice  de  l'ivrognerie 372 

Lettre  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  aux  propriétaires  et  Capitai- 
nes de  Steamboals 474 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  pour  encourager 

I  l'Association  des  Etablissements  Canadiens  des  Townships  i     475 


FIN  DU  PREMIER  VOLUME. 


MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS. 


Imprimatur  : 

Montréal,  ce  ler  Mars  1869. 

A.   F.  Truteau,  V.-G., 

Administrateur. 


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Montréal  (Archdiocese) 

Mandements,  lettres 
pastorales,  circulaires  et  autres  ^ 
documents  publies  dans  le  diocèse 
de  Montréal  depuis  son  érection 
jusqu  a 


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