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MANDEMENTS,
LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRES
ZT
AUTRES DOCUMENTS.
MANDEMENTS
LETTRES PISTORUES
CIRCULAIRES
j^UTRES DOCUMENTS
PUBLIÉS DANS LE
DIOCÈSE DE MO^TRÉAI.
DEPUIS
SON ERECTION JUSQU'A L'ANNEE 1869.
TOME PREMIER.
MONTREAL
TYPOGRAPHIE LE NOUVEAU MONDE
23, Rue St. Vincent.
1869
Nous prenons la liberté de dédier le présent
Recueil au vénérable Clergé du Diocèse de Mont-
réal, persuadé qu'il accueillera avec faveur un
livre qui lui est tout spécialement destiné.
L'ouvrage ne renferme rien de nous, qu'un peu
de travail de compilation et d'analyse, et encore
est-ce à d'autres que nous devons jusqu'à l'idée de
réunir et de publier ainsi dans leur ordre, les
documents qui en font seuls tout le prix et le
mérite.
Les Mandements, Lettres Pastorales, et autres
Instructions des Evêques sont comme l'histoire
particulière d'un Diocèse, ou du moins, comme le
fond de cette histoire. A notre sens, cela suffirait
pour donner à ce Recueil une valeur plus qu'or-
dinaire, et lui assurer une place dans toutes les
IV PRÉFACE.
bibliothèques ecclésiastiques. Mais, à part
l'intérêt qui s'attache pour tout prêtre aux
événements dont une semblable collection pré-
sente le tableau le plus authentique et le plus
complet, l'importance de cet ouvrage au point de
vue de la théologie pratique, de la conduite des
âmes, de l'administration des paroisses et de tout
ce qui se rattache aux sciences liturgiques et
disciplinaires, ne saurait manquer de frapper
l'attention du lecteur. Remarquons qu'il est
cependant bien peu de personnes qui possèdent
aujourd'hui une suite complète de ces documents
pourtant si nécessaires, et encore moins peut-être
qui puissent réellement utiliser ceux qu'elles
possèdent, faute d'une honne table de Références et
des matières. Combien d'excellentes règles pra-
tiques et de prescriptions même qu'il était
impossible de retrouver, surtout pour un jeune
prêtre, dans des masses de feuilles détachées et
mêlées, sans se soumettre à un travail considé-
rable ! C'est ce travail que nous avons fait, dans
le double but de l'épargner à d'autres, et de
placer, en même temps, dans une nouvelle lumière
les œuvres de deux grands Evêques.
Evôché de Montréal, ce ler Mars 1869.
G. LAMARCHE, Ptre.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
MONSEIGNEUR J. J. LAETIGUE,
PREMIER ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
M. J. J. Lartigue naquit à Montréal, le 20 juin 1777, de M. Jacques
Lartigue, médecin de cette ville aussi religieux que zélé dans sa pro-
fession, et de Marguerite Cherrier dont la haute piété a fait longtems
rornement de cette ville et dont la famille se rattache à ce qu'il y a de
plus distingué dans cette Province. Né après plusieurs années de
mariage, il fut regardé comme un présent que le ciel accordait aux
vœux ardens de ses vertueux parens, qui, en reconnaissance, s'atta-
chèrent à lui former l'esprit et le cœur par une excellente éducation et
par toutes sortes de bons exemples. Ses premières années furent
marquées par cette vivacité d'esprit, qui fait augurer un génie trans-
cendant. Aussi fit-il, sous la direction des MM. de St. Sulpice, des
études dont le succès semblait annoncer qu'il était appelé à de grandes
choses. Il est à remarquer que sa classe a été la première qui ait
terminé son cours dans l'ancien collège de Montréal, dont les élèves
allaient auparavant faire leur philosophie à Québec. Il n'avait que
14 ans quand son père mourut. La perte de ce père qu'il aimait avec
une tendresse plus qu'ordinaire et dont il était aussi extraordinaire-
ment aimé, lui causa une si grande douleur qu'elle influât sur son
caractère, qui d'enjoué qu'il avait été jusqu'alors, devint grave et
sérieux. Ce fut à cette époque que le jeune étudiant se livra à l'étude
avec une ardeur incroyable.
Ayant achevé son cours en 1793, il étudia d'abord la langue anglaise,
puis la Loi, successivement sous M. Foueher et M. Bédard, avocats de
cette ville. Il commença dès lors à faire connaître son talent admirable
pour la parole, en s'exerçant à la déclamation devant ses compagnons
de cléricature, qui se plaisaient à l'entendre débiter les plaidoyers qu'il
composait pour se préparer à faire triompher un jour la justice et la
vérité. Il étudia la Loi avec beaucoup d'application; et il fit ensuite
servir à l'avantage de la Religion les connaissances du Droit Civil,
qu'il acquit alors. En même temps, il apprenait la Loi Divine en
VI NOTICE BIOGRAPHIQUE
étudiant avec ardeur la Religion et ses dogmes sacrés, pour pouvoir
défendre sa foi contre les attaques des incrédules qu'il devait rencon-
trer dans le monde ; et ce fut avec un tel succès, qu'il lui arrivât de
dire ingénument, après son élévation à l'Episcopat : < J'étais aussi
« capable de soutenir les intérêts de la Religion contre l'impiété des
« Philosophes, pendant que j'étais dans le monde, que maintenant.i
Mais le monde n'était pas digne de lui ; aussi lui dit-il adieu pour
toujours, à l'âge oîi tous les plaisirs semblaient conspirer à l'y retenir.
Quoiqu'il piit prétendre aux situations les plus honorables de la
société, dont il lui était facile de devenir un des brillants ornemens,
néanmoins il ne résista pas à la volonté de Dieu, qui voulut faire
servir plus directement à l'avantage de la Religion les riches talens
dont il était orné. La vie édifiante qu'il menait dans le monde l'avait
préparé à la grâce de sa vocation. Voici un trait de sa déUcatesse de
conscience. Pendant qu'il suivait son cours de droit, il s"était lié
d'amitié avec un jeune clerc-avocat, protestant, doué de beaucoup de
talens et qui montrait, en toute occasion, une grande réserve. Un jour
qu'ils se promenaient tous deux aux environs de l'Hôtel-Dieu de cette
ville, la conversation tomba naturellement sur les Religieuses qui
l'administrent et sur les services qu'elles rendent, par leurs soins
charitables, à l'humanité souffrante. Pendant cet entretien, qui
leur offrait des réflexiens d'un bien utile intérêt, il arriva au jeune
protestant de dire : qu'il regrettait une seule chose: c'était de voir que
ces bonnes Religieuses ne se mariassent point ; et qu'il était impossible
pour elles de vivre ainsi sans tomber dans le libertinage. « Vous me
« prenez donc pour un libertin, moi aussi, puisque je ne suis pas
♦ marié, > reprit avec vivacité M. Lartigue qu'un pareil discours jeta
dans un grand étonnement ; « vous êtes donc vous-même un débauché,
« puisque vous n'êtes pas marié, vous non plus? » Une réponse aussi
ferme dut rendre son ami plus discret à l'avenir.
Dégoûté du monde et docile à la voix de Dieu qui l'appelait au
service de l'Eglise, il se présenta à Monseigneur Pierre Denaut,
Evêque de Québec, qui l'admit dans la milice sacrée en lui conférant
la tonsure et les Ordres moindres, le 23 Septembre 1797, le jour même
que ce prélat, qui résidait à Longueuil, faisait son entrée épiscopale
dans l'église paroissiale de Montréal. Il ne prévoyait pas sans doute
que cette entrée à Ville-Marie dût être marquée par une grâce aussi
singulière que celle de lui préparer son premier évoque. Mais il suffisait
que cela fût réservé dans les vues de la Divine Providence. Les MM.
de St. Sulpice le demandèrent à TEvêque et l'envoyèrent à leur collège
où, sous ces habiles maîtres, il étudia la théologie avec un succès
distingué. Mais son application trop soutenue à une étude aussi
sérieuse, le fit tomber, en 1799, dans une maladie grave dont les suites.
SUR MONSEIGNEUR J. J. LARTIGUE. vn-
furent d'afTaiblir si considérablement son tempérament, et de le réduire
lui-même à un tel état de langueur que, pendant sept ans, il ne fut pas-
un seul instant sans souffrir ; en sorte qu'il avait perdu la sensation
délicieuse que fait éprouver la santé.
Monseigneur Denaut, qui avait un discernement admirable pour
découvrir les hommes de mérite, et un rare talent pour en tirer parti
au profit de l'Eglise, voulut s'attacher M. Lartigue comme secrétaire.
Il l'avait fait Sous-Diacre le 30 Septembre 1798 ; il l'ordonna Diacre
le 28 Octobre de l'année suivante et alla, le 21 Septembre 1800, lui
conférer la prêtrise à St. Denis, dont M. Gherrier, son oncle, Vicaire
Général et homme d'un mérite distingué, était Curé. L'application du
nouveau secrétaire aux affaires du diocèse, son talent pour discuter et--
approfondir toutes les matières ecclésiastiques, son ardeur à acquérir
de nouvelles connaissances par une étude méthodique, sa prudence et-
sa discrétion, jointes à ses autres qualités, le mirent bientôt en état
d'aider puissamment au gouvernement de l'Eglise. Aussi son évêque
ne voulut-il jamais consentir à se priver de ses services jusqu'à sa
mort, qui arriva le 17 Janvier 1806, quoique celui-ci lui eût souvent
demandé la permission d'entrer à St. Sulpice. Ce fut avec une égale
appréciation de ses talens qu'il le recommanda à son successeur
Monseigneur J. O. Plessis, comme un sujet digne de l'Episcopat, si,.
par la suite, il se trouvait dans la nécessité de présenter au St. Siège-
quelque prêtre pour occuper ce poste éminent. Il est aisé de remarquer
en tout ceci l'action de la Providence, qui préparait de loin son serviteur
à remplir le haut ministère dont elle devait le charger un jour.
Monseigneur Denaut étant mort, M. Lartigue n'éprouvait plus
d'obstacle pour entrer à St. Sulpice. où ses inclinations le portaient
depuis longtemps. Monseigneur Plessis ayant donné son consentement,
les MM. du Séminaire reçurent ce nouveau membre à bras ouverts et
le regardèrent comme une acquisition précieuse pour leur maison. Il
entra dans cette Compagnie le 22 Février 1806, et le 1er Février de-
l'année suivante, il fut agrégé comme directeur. Pendant quinze ans,
il fut l'ornement de cette communauté par son zèle infatigable, par
son rare talent pour la prédication, son ardeur incomparable pour la
conversion des plus grands pécheurs et sa grande charité envers les
pauvres. Malgré les nombreuse occupations qui devaient, ce semble,
absorber tout son temps, il mettait un si bel ordre dans l'accomplisse-
ment de ses devoirs, qu'il trouvait toujours le loisir de visiter réguliè-
rement les faubourgs dont on l'avait chargé, d'y maintenir l'ordre,
comme l'attestent les personnes qui ont eu le bonheur d'être sous son
administration, de passer une partie considérable de la journée au
confessionnal, d'étudier avee profit la théologie et l'Ecriture Sainte,,
comme le prouvent les manuscrits qu'il a laisses, et de se tenir encora-
^iii NOTICE BIOGRAPHIQUE
au courant de toutes les afTaires de son pays qui l'intéressa toujours
hien vivement.
Le gouvernement n'eut qu'à se féliciter de son habileté à manier les
esprits de ses concitoyens, pendant la dernière guerre américaine. Car,
un certain Légiste, d'origine britannique, ayant essayé de 'persuader
aux milices Canadiennes, alors sur pied, qu'on ne pouvait pas légale-
ment les retenir au-delà d'une certaine époque, elles menaçaient de se
débander. Sur l'invitation du gouverneur général. Sir George Prévost,
M. Roux se décida à envoyer un des Messieurs de sa maison, pour
retenir ces braves miliciens dans la ligne de leur devoir. Le choix du
Supérieur tomba sur M. Lartigue qui n'eut pas plutôt paru au milieu
-de ses chers concitoyens que l'ordre fut à l'instant rétabli.
Monseigneur Plessis, qui avait hérité de son prédécesseur de l'estime
et de la haute idée qu'il avait conçue de M. Lartigue, voulut que tout
son Diocèse partageât avec Montréal les fruits abondans que produi-
saient, dans cette ville, ses vertus et ses prédications. 11 le lira six fois
de sa chère solitude de St. Sulpice pour le produire au grand jour,
en l'associant aux travaux de son vénérable Goadjuteur, Monseigneur
B. C. Panet, pour les visites Episcopales. Dieu qui le destinait au
gouvernement spirituel du district de Montréal, disposa toutes choses
pour que ce zélé coopérateur des travaux de l'Episcopat fût principa-
lement et presque exclusivement envoyé vers les paroisses de cette
partie de la province qui forme aujourd'hui un diocèse ; de manière
qu'il eut constamment occasion de connaître les besoins du district
dont il devait un jour être si spécialement chargé. On peut donc dire
que, depuis 1799 qu'il entra au secrétariat, il ji'a pas discontinué,
jusqu'à sa mort, de travailler pour le bien général du Diocèse de
Montréal.
L'on sait que l'année 1819 fut l'époque oîi quelques agents secrets
engagèrent le gouvernement de la métropole à faire des tentatives
pour dépouiller le Séminaire de Montréal de ses biens. Cette maison
députa aussitôt vers le ministère M. Lartigue, que ses connaissances
légales et sa qualité de sujet britannique rendaient très-propre à faire
triompher la justice de cette cause. Il eut l'avantage de faire le
voyage avec Monseigneur Plessis et M. F. Turgeon son secrétaire,
qui fut Evêque de Québec. Il s'acquitta de cette mission délicate
avec tout le zèle qu'on devait attendre de son attachement à sa
communauté. Quoique fort des solides raisons que lui fournissaient
les titres et la longue et paisible possession des biens contestés au
Séminaire, il comprit qu'il devait, pour assurer le succès de sa cause,
employer les ressources de la prudence humaine et recourir à l'immense
influence que Monseigneur Plessis venait d'acquérir, en rendant au
gouvernement des services signalés pendant la guerre de 1812. Il
"SUR MONSEIGNEUR J. J. LARTIGUE. ix
demanda et obtint de ce prélat, pendant la traversée, un mémoire
conçu en des termes si énergiques, que Sir J. C. Sherbrooke (à qui ce
mémoire fut communiqué avant d'être présenté au lord Bathurs, alors
ministre de Sa Majesté George III,) déclara qu'il le trouvait si con-
cluant, qu'il craignait qu'il ne pût nuire aux autres affaires que Sa
Grandeur allait traiter avec le gouvernement. Il fut néanmoins
présenté, parce qu'il était du devoir de l'Evêque de ne rien épargner
pour soutenir les droits d'une communauté si chère à l'Eglise et si
précieuse au Diocèse. L'envoyé du Séminaire n'hésitait pas à dire
que, SI les ministres avaient cessé alors de poursuivre cette affaire, il
fallait l'attribuer principalement au crédit de l'Evêque de Québec.
Lorsqu'en 1826, quelques mois après la mort de cet illustre prélat, les
poursuites recommencèrent contre St. Sulpice de Montréal, M.
Lartigue dit à quelqu'un qui lui était familier : on voit bien que Slgr.
Plessis est morl.
Pendant que M. Lartigue s'occupait, à Londres, des affaires de sa
maison. Monseigneur Plessis pressait, à Rome, l'exécution du plan,
qu'il avait formé, de faire diviser son diocèse en quatre districts
épiscopaux, dont le premier devait [comprendre le Haut-Canada, le
second être formé du district de Montréal, le troisième du Nouveau-
Brunswick etc., et le quatrième du territoire de la Baie d'Hudson.
Dans cette même circonstance, ce prélat obtint du St. Siège, en faveur
de M. J. J. Lartigue, deux brefs apostoliques en date du 1er Février
1820, dont l'un le nommait à l'évèché de Telmesse en Lycie, et l'autre
le préposait au gouvernement spirituel du district de Montréal, en
qualité de suffragant et auxiliaire de l'évêque de Québec. L'obéissance
seule obligea ce vertueux prêtre à accepter la charge terrible que lui
imposait le chef de l'Eglise.
Muni de ces pouvoirs, et pleinement autorisé par la cour de Rome,
Monseigneur de Québec revint en Canada, où il arriva le 20 juillet
1820, accompagné de M. Turgeon et du nouvel élu M. Lartigue, qu'il
présenta, sous ce titre, aux messieurs du Séminaire de Montréal,
comme une nouvelle preuve de la confiance et de l'estime qu'il avait
toujours reposées dans les membres de cette maison. Néanmoins des
raisons diverses fhent que, cet arrangement présentant quelques
difficultés, le sacre de l'évêque de Telmesse fut différé jusqu'au 21
Janvier de l'année suivante. A celte époque. Monseigneur Plessis
monta lui-même à Montréal et fit la con? écration du nouveau suffragant,
dans l'église paroissiale de cette ville, au milieu d'un concours consir
dérable de fidèles qui s'applaudissaient de pouvoir conserver, au
milieu d'eux, le pasteur bien connu, dont la providence venait de les
gratifier. Le 20 février suivant, fut donné le mandement qui annon-
çait au clergé et aux fidèles du district, qu'ils eussent désormais à
X NOTICE BIOGRAPHIQUE
recourir à Monseigneur J. J. Lartigue, dans tous les cas où ils recour-
raient auparavant à l'évoque diocésain ; de plus, qu'ils lui rendissent
tous les honneurs qu'on rendrait à l'Ordinaire lui-même, s'il était sur
les lieux. On sait que cette mesure ne rencontra pas l'approbation
générale; cependant le mandement du 22 décembre 1822, tranquillisa
un peu l'agitation, qui toutefois se fit encore un peu sentir jusqu'en
1836, que l'érection de la ville et du district de Montréal en Evêché,
réunit parfaitement tous les partis. S. E. lord Gosford, qui tenait alors
le gouvernement-général de cette colonie, ne fit aucune difTiculté de
recevoir le serment de Monseigneur Lartigue, comme évèque en litre,
et de le reconnaître comme tel au nom de son gouvernement. Cette
mesure avait été non seulement agréée, mais même sollicitée par tout
le clergé du district de Montréal, qui, en septembre 1835, en avait fait
la demande au St. Siège, par une requête générale, et déposée aux
pieds de Sa Sainteté le Pape Grégoire XVI, par le vénérable évèque
de Juhopolis, qui l'appuya de toute son influence.
Nous avons touché à une époque bien critique de la vie de noire
illustre évèque. Fonder un siège èpiscopal, opérer ce difficile ouvrage
sur des plans qui n'étaient pas goûtés de tout le monde, avoir contre
soi l'opinion civile, être gêné par le découragement des faibles, manquer
des ressources pécuniaires indispensables pour une si grande œuvre,
telles étaient quelques unes des difficultés nombreuses et tout-à-fait
graves, qui se présentaient tout d'abord contre la formation d'un
évêché, et même contre la résidence d'un évèque à Montréal. Ce
furent cependant ces obstacles divers que l'intrépide fondateur de
l'établissement de St. Jacques, en celte ville, sut noblement surmonter.
D'une part, justifier son droit par la force de ses écrits, de l'autre, se
procurer l'assistance des personnes et des choses nécessaires à l'exécu-
tion prompte et complète de cette mission apostolique, tel fut le grand
mérite de M. Larligue, sous le titre d'évèque de Telmesse. Cet ouvrage
il le commença en 1821 et le termina en 1825. Pendant la construction
de son palais et de son église, l'évèque de Telmesse résida chez les
Religieuses de l'Hùtel-Dieu de Montréal, avec son secrétaire M. Ignace
Bourget, le fidèle confident de ses pensées, l'infatigable coopérateur
de ses travaux et son digne successeur dans l'épiscopat.
Ce terait bien à tort que pour expliquer les difficultés et les dissi-
dences qui se rencontrèrent sur celte carrière orageuse, on voudrait
s'en prendre à l'ambition ou aux vues particulières du personnage qui
fut, si longtemps, l'objet d'une opposition locale ou étrangère, faite
dans des intentions sans doute plus louables qu'utiles. Non ! en
excusant l'homme, rendons plutôt justice aux sacrifices pénibles que
lui imposa le devoir de défendre ses droits, qu'il croyait ceux de la
religion et de son pays. D'ailleurs, ne sait-on pas que la même
SUR MONSEIGNEUR J. J. LARTIGUE. xi
obéissance aux ordres du St. Siège, qui lui fit accepter la charge
épiscopale, le força encore de la retenir, lorsque deux fois il demandait
si instamment sa démission ; prêt à se sacrifier, comme le prophète
Jonas dont il empruntait les paroles avec St. Grégoire de Nazianze, si
propler me, etc. Si c'est par rapport à moi que cette tempête s'est
élevée, jelez-moi à la mer. Mais quand la tombe s'est refermée sur
cet homme qui aima toujours si sincèrement ceux mêmes qui l'opposè-
rent, nous ne devons avoir d'amères paroles pour personne. La mort
est un grand conciliateur.
Nous ne devons pas omettre ici un autre fait bien propre encore à
faire connaître le courage invincible de l'héroïque évêque de Telmesse ;
nous voulons parler de sa force admirable à supporter la terrible
épreuve que lui ménagea la providence, en 1835, lorsque par la mort
inattendue de M. Ant. Tabeau, au moment même oii le St. Siège le
lui donnait pour coadjuteur, sous le titre d'évêque de Spiga, il sembla
que tous ses plans dussent être abandonnés, puisque le ciel lui refusait
ce puissant soutien. Néanmoins le ciel fléchi, se hâta bientôt de
récompenser ce grand sacrifice, en facilitant, plus que jamais, la
création d'un évêché à Montréal, et la promotion d'un nouveau coad-
juteur dans la personne de l'évoque actuel.
Enfin, comme si aucun genre de mérite ne dût manquer à sa vertu,
la tempête même de nos jours mauvais est venu l'assiéger à ses heures
dernières, et contrister son cœur. Mais cette fois encore il n'a pas
failli sous l'épreuve ; et l'orage, au lieu de l'ébranler, ne servit qu'à
l'affermir. C'est ce dont la postérité tiendra compte mieux que nous
encore. Au surplus, rien n'a été plus prompt que la réhabilitation,
dans l'opinion publique, de cet homme que son pays a successivement
applaudi, injurié et béni. Il faut apparemment qu'il y ait dans cette
éternelle séparation qui nous attend tous, quelque chose à la fois de
bien inviolable et de bien touchant, pour qu'à la vue du tombeau les
passions se taisent, le cœur s'émeuve et chacun se hâte d'être juste
pour celui qui ne demandera et auquel on n'enviera plus rien.
Homme de lutte et d'action, ce pontife fut donc véritablement le mur
d'airain, dont parle l'Ecriture, mis autour d'Israël, pour défendre
l'Eglise de Dieu. Prêtre intrépide, il aurait pu, fort de sa conscience
et sûr de son devoir, se poser seul, s'il l'eut fallu, en face d'un pouvoir
quelconque et lutter contre lui, pendant de longues années, pour les
droits de l'Eglise, le triomphe de la vérité, et cela avec la constance
d'un martyr et la grandeur d'un apôtre.
Maintenant si, des actes publics de la vie de Monseigneur J. J.
Lartigue, nous descendons au détail de sa conduite privée, nous
trouverons encore abondante matière à la louange. D'abord, une
tendre piété dans ses exercices spirituels, auxquels il fut, jusqu'à ses
XII NOTICE BIOGRAPHIQUE
derniers momens, scrupuleusement attaché; son assiduité à l'étude,
comme à tous ses autres devoirs ; son obéissance au St. Siège, qu'il
regardait comme la source des lumières, et pour lequel il avait une
vénération sans bornes ; sa modestie dans son ameublement et dans
tout ce qui servait à son usage ; sa bonté de cœur, qui n'a jamais été
bien connue que par ceux qui ont eu l'avantage de vivre avec lui, parce
qu'elle fut cachée sous l'écorce d'un caractère vif, qui donna beaucoup
d'exercice à sa vertu et que Dieu lui laissa, sans doute, comme un
voile qui l'empêchât de voir, avec complaisance en lui, des qualités
éminentes ; sa charité pour les pauvres, qui lui fit sacrifier tout son
patrimoine, tant qu'il fut au séminaire, et qui lui donnait la force de
surmonter tout respect humain, lorsqu'il fallait remplir une bonne
œuvre : c'est ainsi qu'on le vit traverser la ville, portant lui-même la
nourriture du pauvre, ou les vêtements dont il allait couvrir les
membres de Jésus-Christ, fournissant les ustensils de cuisine qui
étaient nécessaires à ceux à qui il avait procuré des alimens, vendant
secrètement les objets dont il pouvait disposer, afin d'avoir de quoi
satisfaire ce penchant qu'il goûtait à faire du bien.
Le même zèle qui l'a porté à se sanctifier, l'a embrasé d'ardeur pour
la sanctification du prochain. Ce zèle a été éclairé, parce qu'il fut
toujours dirigé par les règles de l'Eglise, dont ce savant théologien ne
cessa jamais d'étudier la discipline et les lois ; ce zèle a été ardent,
comme le prouvent les grandes œuvres qu'il lui a fait opérer ; efficace,
comme l'atteste le succès qu'a eu l'exercice de son ministère. M.
Lartigue a été aussi un évêque attentif, qui ne cessa de veiller sur son
troupeau pour le préserver du poison de l'erreur, discernant avec une
précision admirable le vrai du faux, et sonnant le premier l'alarme,
lorsque la vérité était en danger; calculant aussi, dans toutes les
mesures publiques, ce qu'il y avait d'avantageux ou de nuisible, pour
l'encourager ou en détourner ; étant d'ailleurs lui-même le pasteur
vigilant et intrépide qui s'exposait généreusement le premier, en toute
occasion, à la fureur des ennemis de l'Eglise, chaque fois qu'il fut
question de maintenir les règles saintes de la discipline ecclésiastique,
ou la doctrine de l'Evangile; s'épuisant enfin de travaux et de fatigue
à faire les visites pastorales, malgré sa faible santé qui succomba enfin
en 1837, oîi il faillit mourir, par deux fois, des suites de la pénible
mission qu'il avait entreprise, malgré le dépérissement visible de ses
forces.
Rappelons encore son assiduité au confessional où affluait, sans
cesse, un très-grand nombre de pénitents qui ne se retiraient jamais
que la conscience soulagée et le cœur contrit, comme l'attestaient
souvent les larmes qu'on leur voyaient répandre en abondance. Puis,
quels fruits précieux de salut ne produisaient pas ses énergiques
SUR M.ONSEIGNEUR J. J. LARTIGUE! xiir
prédications ! elles retentissent encore, toutes les chaires de ce diocèse,
du bruit de sa majestueuse éloquence, qui nous a si souvent dédomma-
gé de n'avoir pas entendu les Ghrysostôrae, les Basile, les Bourdaloue
et les Masillon. En un mot, il a été un pasteur accompli, grand par
ses éminentes qualités, utile, nécessaire par ses vastes connaissances,
ses vues profondes et ses immortels travaux. Que Montréal donc se
réjouisse d'avoir été son berceau, et que ce nouveau diocèse se glorifie
de l'avoir eu pour fondateur: il est la pierre angulaire de ce brillant
édifice, qui ne s'élève aujourd'hui, avec tant de hardiesse, que parce
qu'il repose sur ce solide fondement.
Une vie si pleine de bonnes œuvres, devait être couronnée par une
fin digne d'elle. Le premier évêque de Montréal avait achevé
glorieusement .la forte tâche que le ciel lui avait imposée ; il avait
soutenu ses combats, passé à travers les jours mauvais, sanctifié son
âme dans la tribulation, puis fondé canoniqueraent et civilement un
évêché ; mètne, par les bienfaits de ses amis et de ses parents, il avait
assez richement doté celte création nationale et reliigeuse ; sa mission
était donc remplie. Il ne lui restait plus qu'à recevoir le juste prix de
ses travaux, il acheva de s'en rendre digne par les souffrances de ses
dernières heures.
Déjà depuis quelques mois, son état habituel de langueur et de
débilité avait pris un caractère très-prononcé qui annonçait une fin
prochaine. Il fallait donc le déterminer à laisser entièrement l'ouvra "•e,
qui pour lui avait été si longtemps une jouissance et un besoin, plutôt
qu'un travail ; bien plus, il fallut le décider à aller recevoir les soins des
vertueuses hospitalières qui, non contentes de l'avoir si bien accueilli,
lors de sa sortie du Séminaire, voulaient encore, à la fin, lui rendre les
précieux devoirs de leur intarissable charité. Monseigneur Larti^ue
fit alors courageusement son éternel adieu à tout ce qu'il avait possédé
et fait à St. Jacques, pour la religion, et se laissa conduire à l'Hôtel-
Dieu où les soins les plus empressés des religieuses et des prêtres d»
la ville, ne cessèrent de lui être prodigués jusqu'à son dernier moment.
Convaincu qu'il allait bientôt quitter la terre. Monseigneur vit arriver
le terme de ses jours avec le calme et la fortitude d'un apôtre. Il donna
ses derniers et impérissables conseils, reçut les secours de la relio'ion,
le viatique des mourants, ce gage si doux de l'immortalité ; puis, ce
vénérable pontife bénit ses assistants, les communautés religieuses, les
prêtres de son dioc^e, enfin son diocèse tout entier. Ce furent Mo-r
Bourget, son Coadjuteur, et M. le G. Y. Quiblier, Supérieur du Sémi-
naire, qui l'assistèrent dans cette triste et solennelle eirconsiance. De
ce moment, le vénérable prélat ne tint plus à la terre. Le mal qui le
minait avait purifié tous ses membres ; déjà sa vue s'était éteinte, ses
mains et ses pieds avaient perdu leur mouvement ; la faiblesse, qui
XIV NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR Mgr. J. J. LARTIGUE.
répuisait avait réduit tout son corps à une impuissance complète, il
n'y avait plus que son esprit qui put agir et son cœur qui palpitât. Le
malade prolongea de la sorte sa douloureuse existence jusqu'à huit
jours, et rendit enfin, dans un calme parfait, son dernier soupir, le
dimanche, 19 avril, jour de Pâques, à midi et un quart, is^o.
Sa mort fut un jour de deuil pour le diocèse, et changea la joie de
■nos solennités pascales en accens de douleur. Les devoirs funèbres
furent acquittés arec un élan d'unanimité qui proclamait bien haut
le mérite du défunt. II y eut chapelle ardente à l'Hôtel-Dieu, pendant
les deux premiers jours ; le troisième, on transporta le corps à l'église
paroissiale où la tenture était magnifique et le catafalque des plus
élégants. Le service fut chanté pontificalement, et M. Quiblier
prononça l'éloge de cet illustre pontife. Après les absoutes, le convoi
funèbre se dirigea vers l'église cathédrale de St. Jacques, où devaient
être déposés les restes lu fondateur évêque. Le clergé était exlraordi-
nairement nombreux, la foule immense, et cette affluence inouïe
donnait à cette pompe lugubre l'air religieux d'un véritable triomphe.
Le jeudi, eut lieu le troisième service solennel ; l'évêque successeur y
ofGcia et prononça une seconde oraison funèbre, avec un pathétique
^ui excita encore bien vivement l'émotion générale.
Avec le cérémonial d'usage, la dépouille mortelle du vénérable
pontife fut descendue dans la voûte qui se trouve immédiatement sous
le sanctuaire, et placée dans un caveau particulier en brique, en face
du maître autel. Là repose le premier des évèques de Montréal, que
l'histoire placera sans doute à un rang bien élevé, parmi les pontifes*
. qui ont illustré la chaire épiscopale sur ce continent. — [Extrait des
Mélanges Religieux.)
CIVITATEM ET DISTRICTUM MONTIS Rl!,GII, SEU MARIANOPO-
LITANI IN INFERIORI CANADA, A DIŒCESI QUEBEOENSI
DISJUNGIT, ET IN PROPRIE DICTAM DIŒCESIM AB APOSTO-
LICA SEDE IMMEDIATE DEPENDENTEM ERIGIT.
GREGORIUS PP. XVI.
Ad Perpeluam rei memoriam. Apostolici Ministerii raunus Nobis
licel immerentibus in Divi Pétri persona ab alto commissi requirit ut
de Religionis bono in remotissimis etiam regionibus amplificando soUi-
citudinem Nostrara impendentes, nihil omittamus quod cum fldei
catholicse incremento quacumque ratione conjunctum sit. Itaque
cum indubiis gravibusque testimoniis acceptis Nobis consliterit valdc
opportunum futurum Religionis utilitati in Canadensi Regione procu-
randee, si civitas Marianopolitana, quœ in inferiori illius provinciœ
parte sita est, et regio tola quse Marianopolitano districlu continetur,
a Diœcesi Quebecensi separata in peculiarem Dioecesioi ab Aposlolica
Sede immédiate dependentem erigatur, non omisimus ea prœscribere
quee ad grave hoc negolium absolvendum opportuna esse judicavimus.
Communicato igitur cum VV. FF. Nostris S. R. E. Cordinalibus
Propagandse Fidei prsepositis consilio, eorumque communi suiïragio
de novse hujus Diœcesis erectione libenter probato, de qua facienda
non modo consensum, sed preces etiam a Venli Fratre Josepho Signay
Archiepiscopo Quebecensi accepimus, hœc decernenda esse arbitrati
sumus Motu scilicet proprio, et ex certa scientia ac deliberatione Nostra
deque Apostolicte potestatis plenitudine, Mariancpolilanam Civitatem
in inferiori Canada, totamque Regionem quœ Marianopolitano Districtu
continetur a Diœcesi Quebecensi perpetuo séparantes, Civitatem illani
totumque ejus Districtum in peculiarem Episcopatum erigimus qui
huic Apostolicse Sedi immédiate subjectus esse debebit, cujusque sedes
sit Civitas ipsa Marianopolitana, ex qua ejusdem Episcopatus litulus
seu appellatio derivetur. Statuimus prteterea ul Cathedralis Ecclesia
Episcopi a Nobis in ea Civltate instituendi, sit Templum Deo in
honorem S. Jacobi Apostoii dicatum recenti memoria inibi conditum.
Tribuimus Episcopo a Nobis instituendo facultatem Cathédrale Capilu-
lum statuendi eo modo, et forma quibus pro judicio, ac prudenlia sua
magis in Domino expedire compererit. Yolumus prœsentem Clerum
ad Civitatem et Districtum Marianopolilanumpertinentem sub Episcopi
Marianopolitani esse jurisdiclione. Deciaramus denique eos, qui vel
ivi GREGORIUS PP. XVI.
origine vel domicilio ad Districlum, ac Civilatem illam spectant, et
in Ecclesiasticis Ordinibus sunt consUtuti, vel litulo iliius Missionis
ad Sacros Ordines sunt promoti in Episcopi Marianopolilani depea-
dentia esse debere. Hœc sunt, quaî ad novam istam Dioecesim rite
instituendam decernenda esse censuimus. Gonfidimus autem futurum,
ut Deo Optimo Maximo initum a Nobis consilium benedicente, et
laboribus obsecundante, quos Ecclesiastici viri illa regione pro fidei
catholicse propagations, et in animarum salute procuranda alacriter
impendunt, Rôligio Nostra amplioremq uotidie splendorem illic conse-
quatur. Decernentes bas prentes Litteras, firmas, validas et efficaces
existere, et fore, suosque plenarios, et intègres effectus sortiri, et
obtinere, ac iliis adquos spectat, et spectabit quomodolibet in futurum
inviolabiliter observari. Sicque in praemissis per quoscumque Judices
Ordinarios, et Delegatos, etiam Causarum Palatii Aplici Auditores
judicari et definiri debere, ac irritum et inane si secus super his a
quoquamquavis auctoritate scienter, vel ignoranter contigerit attentari.
Nonobstantibus Nostra et Gancellarise Apostolicee régula de jure
quaesito non tollendo, aliisque Constitutionibus et sanclionibus
Apostolicis, cœterisque etiam speciali, individua et expressa mentione,
ac derogatione dignis in contrarium facientibus quibuscumque. Datum
Romae apud S. Petrum sub annulo Piscatoris die XIII Mensis Mail
MDCCCXxxvi, Pontificatus Nostri anno sexto.
E. Gard. De Gregorio.
Tanquam Vicarius generalis Reverendissimi Quebecensi Episcopi
hoc preesens Brève vidimus, et authenticum declaramus. Marianopoli,
die 7â Septembris 1836.
t J. N. Episcopus Juliopolitanensis.
Ven. Fri. Joanni Jacobo LartigueEpiscopo Thelmessen in parlibus.
GREGORIUS PP. XVI.
Venerabilis Frater Salutem et Apostolicam Benedictionem Aposto-
latus offîcium mentis licet imparibus Nobis ex allô commissum, quo
Ecclesiarum omnium regimini Divina dispositione praîsidemus, utiliter
exequi, adjuvante Domino, capientes, solliciti corde reddimur et
solertes, ut cum de Ecclesiarum ipsarum regiminibus agitur commit-
tendis, taies eis in Pastores praîficere studeamus, qui populum suae
curœ creditum sciant non solum doctrina verbi, sed etiam exemple
boni opcris informare, commissasque sibi ecclesias in statu pacifico et
tranquille velint, et valeant auctore Domino salubriter regere, felici-
terque gubernare. Dudum siquidem provisiones Ecclesiarum omnium
ordinationi et provisioni Nostnc rcservimus decernentes ex tune
GREGORIUS PP. XVI. xvn
irrigere, et inane si secus super his a quoquarn quavis auctoritate
scienter vel ignoranter contigerit attentari. Cum igitur per alias
Nostras similes Litteras hoc ipso die éditas, quarum tenorem praesen-
tibus pro expressis haberi volumus plenius continetur, novus Episco-
patus in inferiori Canada fuerit erectus, qui Givilatem Marianopolita-
nam et tolam regionem inmetropolitano Districtua Diœcusi Quebecen.
distractas comprehendat et cujus sedes esse debeat in Urbe Mariano-
politana, ac Cathedralis Ecclesia Templum S. Jacobi recenti memoria
Marianopoli conditum, et qui denique Nobis et huic Aplee Sedi
immédiate subjectus esse débet, Nos ad hujusmodi novae Episcopali»
Ecclesiae provisionem celerem, atque felicem in qua nullus praeter Nos
se potest intromittere reservatibne et décrète obsistere supradictis,
paterne ac sollicito studio intendentes, post deliberationem, quam de
prœfîciendo eidem ecclesiae personam utilem ac fructuosam cum VV.
FF. NN. S. R. E. Gard, negotiis Propagandae fidei prsepositis habuimus
deligentem, ad Te qui nunc Episcopus Thelmessensis in partibus
infidelium existis et qui hactenus summa cum laude tanquam Vicarius
generalis suffraganeus auxiliaris Archiepiscopi Quebecensis ecclesi-
astico illius Civitatis et Districtus regimini prEcfuisti, atque ea in
regione de Gatholica religione optime meritus es, prout ex fide dignis
testimoniis Nobis innotult oculis mentis Nostrgs direximus. Rébus
itaque omnibus maturo examine perpensis, atque eamdem novam
Episcopalem Ecclesiam Marianopolitanam de persona tua Nobis, et
memoratis Gardinalibus ob tuorum exigentiam meritorum accepta, de
eorumdem VV. FF. consilio providere valentes, Teque a quibusvis
excommunicationis, suspensionis, fit interdicti, aliisque ecclesiasticis
censuris, sententiis et pœnis quovismodo, et quacumque de causa latis,
si quas forte incurristi, hujus tantum rei gratia absolventes et absolu-
tum fore censentes. Te ab Episcopatu Thelmessensi in partibus infide-
lium in illam transferimus, Teque in Episcopatum Marianopolitanae
Ecclesiae praeficimus atque pastorem, curam, regimen, et administra-
tionern illius Tibi in spiritualibus et temporalibus plenarie commit-
tendo in Illo, qui dat gratiam et largitur dona confici, quod dirigente
Domino actus tuos dicta Marianopolitana Ecclesia tuse circumspectionis
industria et studio utiliter et prospère dirigetur, grataque in ipsis
spiritualibus et temporalibus incrementa suscipiet. Jugum igitur
Domini tuis impositum humeris prompta animi devotione accipiens,
curam et administrationem supradictas ita studeas fidehter pruden-
terque exercere, ut Marianopolitana Ecclesia provido gubernatori, et
fructuoso administratori se gaudeat esse commissam, Tuque prêter
seternae retributionis preemium Nostram quoque et Sedis Apostolicae
uberius exinde consequi merearis benedictionem et gratiam. Nonob-
stantibus Apostolicis atque in Universalibus, Provincialibusque et
Synodalibus Gonciliis editis, generalibus et specialibus Gonstitutionibus
xvui PxREGORIUS PP. XVI.
et Ordinalionibus, necnon commemorata; Quebecensis Ecclesise ad
quam regiones, de quibus habita menlio est, pertincbant etiam
juramento conlirmatione Aposlolica, vel quavis firmitatealia roboratis,
statutis et consuetudinibus, ceterisque contrariis quibuscumque.
Datum Romse apud S. Pelrum sub annulo Piscatoris die XIII Maii
MDCCcxxxvi Pontificatus Noslri anno sexto.
Pro Domino Cardinali De Gregorio,
A. PiccHio.xi Substitutus.
Tanquam Vicarius generalis Reverendissimi Quebecensis Episcopi
hoc préesens Brève vidimus et authenticum declaramus. Marianopoli,
die 7d Septembris 1836.
f J. N. Episcopus Juliopolitanensis.
MANDEMENTS,
LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRES
ET
AUTRES DOCUMENTS.
MANDEMENT
d'entrée dans son diocèse par monseigneur JEAN JACQUES
LARTIGUE ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
Jean Jacques Lartigue, par la miséricorde de Dieu et la grâce
du Saint Siège Apostolique premier Evéque de Montréal
dans le Bas-Canada^ sujjragant immédiat de ce même
Siège Apostolique^
Au clergé, et à tous les fidèles de notre nouveau diocèse : Salut et
Bénédiction en Jésus-Christ.
Quoique le titre de Pasteur et d'Evêque. n'appartienne
proprement et éminemment qu'à celui que St. Pierre
appelle le Pasteur par excellence et l'Evêque de nos âmes, 1
à Jésus-Christ qui a donné sa vie pour ses ouailles, et les
nourrit encore tous les jours de sa chair et de son sang ;
il n'en est pas moins vrai, Nos Très Ghers Frères, que ce
divin Sauveur Nous a appelé depuis longtemps^ malgré
notre indignité, à exercer, sous la direction de l'Esprit
Saint 2, les fonctions sublimes de l'Apostolat, et qu'il
a confié, depuis déjà plus de quinze ans, le soin de votre
salut à notre ministère épisoopal. Or voilà que dernière-
ment vous avez tous appris la volonté du St. Siège Apos-
tolique, qui vient de Nous unir à vous par des liens
1 1 Pelr. 2, 25.
2 Ad. 20, 28.
î MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
encore plus intimes, en érigeant votre Ville et son District
en Evêché, dont il Nous a institué le premier Evêque, et
dont Nous avons pris possession le huit de ce mois.
Devenu par là même héritier des Apôtres, et Pasteur
immédiat du troupeau que Nous régissons déjà en qualité
d'Auxiliaire, comment pourrions-Nous ne pas redoubler
d'affection pour vous; et comment pourriez-vous mécon-
naître en Nous celui qui entre par la porte dans la ber-
gerie 1, celui que toutes les brebis sont obligées d'écouter,
et de suivre ? Aussi avons-Nous lieu d'espérei- qu'avec la
grâce de Dieu, Nous continuerons à remplir, vous et Nous,
le premier devoir que Nous imposent ces rapports mutuels ;
Nous, en tâchant de bien connaître les brebis dont Nous
avons la charge, et vous, en reconnaissant pour Pasteur,
celui-là seul que l'Eglise Catholique, cette sainte épouse
de Jésus-Christ députe pour vous gouverner: cognosco
meas et cognoscunt me meœ 2. Mais hélas ! Si Nous sommes
par notre mission incontestable le Pasteur légitime,
pourrions-Nous dire également que Nous sommes ce bon
Pasteur qui, à l'exemple de notre divin modèle, procure
à ses brebis une nourriture salutaire, et sacrifie même sa
propre vie pour les arracher à la mort ? Ah ! Nos Très-
Chers Frères, Nous osons le dire après le Grand Apôtre :
le Seigneur m'est témoin combien je vous chéris tous
dans les entrailles de Jésus Christ 3 ; et il me semble
qu'avec le secours d'en haut, je serais prêt à donner, s'il
était nécessaire, les restes de ma misérable vie pour l'âme
du dernier d'entre vous. 4
Cependant, sans Nous arrêter davantage au vain projet
d'un sacrifice, dont Nous n'aurons probablement jamais
l'occasion, et dont Dieu nous jugerait peut-être indigne.
Nous nous ferons du moins un devoir de vous offrir selon
les circonstances, l'aliment céleste de la parole divine,
que le Souverain Pasteur Nous ordonne spécialement de
1 Joan 10. 2d3.
2 Ibid. VAL
3 Philip. 1,8.
4 2 Cor. 12, 15.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 3
VOUS distribuer, afin que vous ayez la vie, et que vous
l'ayez en abondance : ut vitam habeant^ et abundantius
habeant 1. Oui, disait autrefois St. Paul à ceux qu'il avait
engendrés à la grâce, malheur à moi si je n'évangélise
pas 2 ; car j'y suis strictement obligé. 0 mon Dieu, quel
fardeau redoutable vous avez mis sur mes faibles épaules !
Ce sont des âmes rachetées au prix du sang de Jésus-
Christ que vous Nous avez données en charge, imposuisti
homines super capita nostra 3 ; aidez-Nous donc vous-
même à le porter.
Et vous, Nos Très-Chers Frères,lâchez, par votre docilité,
de Nous rendre, s'il est possible, ce fardeau moins acca-
blant ; car telle était anciennement la reconnaissance dont
se piquaient nos pères dans la Foi envers les Ministres de
l'Evangile. Mais celle que Nous attendons de vous n'a
point pour motif nos propres intérêts : la seule gratitude
que Nous exigions, est que vous profitiez des instructions
et des services que vous recevez de vos Pasteurs, pour
vous sanctifier de plus en plus. Vivez conformément à
ce qu'ils vous enseignent; et ils se trouveront dédomma-
gés de tous leurs travaux. C'est ce que nous demanderons
sans cesse au Père des lumières, de qui descend toute grâce
et tout don parfait 4 ; et c'est dans cette vue que Nous lui
adresserons dès aujourd'hui, pour le troupeau que Jésus-
Christ Nous a confié, la prière qu'il fit à son Père pour
ses disciples dans la dernière Cène.
« Père saint, j'ai manifesté votre nom à ceux que vous
m'avez donnés 5 : je ne leur ai caché aucune des vérités
que vous m'avez prescrit de leur dire ; et ils ont reconnu
que vous m'avez envoyé vers eux. Je vous prie donc pour
ce troupeau chéri, qui n'est à moi que parcequ'il est à
vous, et je vous conjure de le conserver en votre nom,
afin que tous ceux qui le composent ne soient qu'un entre
1 Joan. 10, 10.
2 1 Cor. 'à, 16.
3 Ps. 63, 12.
4 Jac. 1, 17.
5 Joan. 17, 6 etc.
4 .MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
eux, comme vous ne faites qu'un avec votre Fils. Je ne
demande pas que vous les ûtiez de ce monde pervers, pour
lequelJésus-Ghrist lui-même n'a pas voulu prier, mais que
vous les préserviez de ses mauvais exemples et de ses
maximes corrompues : qu'ils soient dans le monde sans lui
appartenir, et que me sanctifiant moi-même tous les jours,
je puisse les sanctifier aussi dans la vérité. Père juste,
votre Fils bien-aîmé ne leur a révélé la lumière de son
Evangile, qu'afm qu'ils eussent entre eux la môme union
que vous avez avec lui : unissez-les donc tous par les
liens d'une charité constante, afin qu'ils soient consommés
et invariablement établis dans votre unité. Père infiniment
bon, tous mes vœux sont que l'amour dont vous avez aimé
votre Fils se communique à chacun d'eux ; afin qu'ils
puissent un jour habiter la môme demeure que ce premier-
né de toute créature, et contempler de leurs yeux la
splendeur dont vous l'avez fait briller avant la création du
monde. Mais, Seigneur, souvenez-vous aussi que vous
m'avez donné d'autres brebis, qui ne sont pas encore
dans le bercail 1 : ah ! daignez leur faire entendre votre
voix puissante, et les ramener dans les gras pâturages de
votre sainte Loi; afiu qu'étant nourries de votre saine
doctrine, elles puissent toutes entrer dans le repos éternel
d'e la Jérusalem céleste, où il n'y aura plus qu'une seule
bergerie et un seul Pasteur.
C'est là, Nos Très-Ghers Frères, le sens des souhaits que
Nous présenterons tous les jours à Dieu en votre faveur,
espérant que vos prières seront aussi fréquentes pour Nous,
et que vous Nous y donnerez part principalement le huit
septembre do chaque année, et le vmgt-un janvier qui est
l'anniversaire de notre consécration pontificale : dans la
messe de ce dernier jour, vous joindrez, sub eddem con-
clusione, les Oraisons pour l'Evoque a celles de la Fête,
selon les règles de la Rubrique.
Gomme Nous n'avons pour le moment, rien de mieux
à faire qu'à maintenir les règles éprouvées et les sages
1 Joan. 10, 16.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUiMENTS. 5
coutumes du Droit ecclésiastique, depuis longtemps établi
en Canada ;
A ces causes, Nous avons statué et ordonné, statuons et
ordonnons :
lo. Que tous les Mandements et Ordonnances des Evêques
(excepté en ce qui concerne les changements de rites
nécessités par les circonstances, et ci-après énoncés), ainsi
que les autres lois canoniques, jusqu'à ce jour en force
dans notre Diocèse, sont par le présent renouvelles et
confirmés, en tant que de besoin : Nous y comprenons
expressément la circulaire de Monseigneur l'Evêque de
Québec au sujet du Rituel, datée le 28 du mois dernier,
et que Nous-même avions prié Sa Grandeur de publier
dans le District de Montréal.
2°. Nous renouvelons de même et confirmons tous les
pouvoirs et facultés spirituelles qui ont été donnés par
écrit, et non révoqués, par les Supérieurs ecclésiastiques,
soit au dedans, soit au dehors de ce Diocèse, Nous réser-
vant néanmoins de re viser, quand Nous le jugerons à
propos, les induits du St. Siège qui se sont introduits dans
le District; et Nous continuons aux Prêtres du Diocèse
actuel de Québec la même juridiction qu'ils pouvaient
avoir, comme Curés, sur les parties limitrophes du District
de Montréal, avant la séparation.
3°. En vertu d'un Induit du 5 Juin dernier, accordé
pour dix ans, Nous renouvelons pour ce même espace de
temps, en faveur de tous les Prêtres approuvés dans ce
Diocèse, ainsi que de ceux qui le seront par la suite, la
faculté de donner aux Fidèles in articulo mortis la Béné-
diction et l'Indulgence plénière, selon la formule prescrite
par Benoit XIV, d'heureuse mémoire, et usitée jusqu'à ce
jour en ce pays.
4°. Nous déclarons premier Patron de notre Diocèse le
St. Nom de Marie, dont la Fête se fera partout, de première
classe et avec Octave, le Dimanche infra octavam de la
Nativité de la T. S. Vierge ; et St. Joseph, Epoux de Marie,
deviendra second Patron de ce même Diocèse, avec le rite
d'une Fête de seconde classe, mais en gardant sa solennité.
« MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
5». St. Jacques le Majeur, Apôtre, étant premier Titu-
laire de notre Cathédrale, le Clergé en fera, dans son jour,
l'office par tout le Diocèse, comme double de première
classe avec Octave : mais la solennité pour le Peuple ne
s'en célébrera que le Dimanche, comme ci devant ; et St.
François Xavier qui, de second Patron du pays devient
second Titulaire de la Cathédrale, aura pour son office et
sa solennité le même rite qu'auparavant.
6». St. Louis restera aussi double-majeur, pour son office
comme pour sa solennité, quoiqu'il n'ait point de titre
dans la Cathédrale de cette ville ; et la Conception de la
Très Sainte Vierge sera célébrée à l'avenir de seconde
classe, comme dans le pur Romain.
70. Enfin la Fête anniversaire de la Dédicace des Eglises
de notre Diocèse continuera, jusqu'à nouvel ordre, à se
solenniser au temps ordinaire ; et rien de ce qui est statué
ci-dessus ne sera censé diminuer ou augmenter ici le
nombre des Fêtes d'obligation et de dévotion, mais seule-
ment régler le rite des offices et des solennités.
Sera le présent mandement lu et publié, en chapitre
dans toutes les Communautés religieuses, et au Prône
dans toutes les Eglises paroissiales, ou dans celles qui
célèbrent les offices publics, le premier Dimanche après
sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, avec le
contre-seing de notre Secrétaire, le quinze de Septembre
rail-huit-cent-trente-six.
L. fS.
■\- J. J. EvÊQUE DE Montréal.
Par Monseigneur.
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS,
MANDEMENT DE VISITE PASTORALE.
Jean Jacques Lariigue^ par la miséricorde de Dieu et la grâce
du St. Siège Apostolique premier Evéque de Montréal
dans le Bas-Canada., et suffragant immédiat du Siège de
Rome.
A tout le Clergé et aux Fidèles de ce Diocèse, Salut et Bénédiction en
Notre Seigneur.
En commençant, cette année, Nos Très-Ghers Frères,
lalquatrième visite générale de ce District, avec un nouveau
titre à votre bienveillance, et sous un nom qui exprime
mieux les liens sacrés qui Nous unissent à vous, c'est
toujours avec le même amour pour nos ouailles, le même
désir de votre salut éternel, la même volonté de Nous
sacrifier pour vos âmes, (comme Nous vous l'avons
témoigné dans nos trois Visites précédentes), que Nous
[nous proposons de répandre encore une fois sur vous les
bénédictions du Seigneur. Car si déjà vous Nous étiez
chers quand Nous n'étions qu'Auxiliaire de votre premier
Pasteur, combien l'êtes-vous devenus davantage à notre
cœur depuis que Jésus Christ, l'Evêque des Evêques,
Nous a imposé, par l'autorité de son Vicaire en terre, la
terrible responsabilité de vos âmes, en nous établissant
pour gouverner en chef cette partie de son bercail spiri-
tuel ? Ah ! Nos Très-Chers Frères, Nous aurions bien
droit d'en être effrayé, si Nous ne mettions toute notre
confiance en celui qui Nous a appelé : mais si Nous avons
osé Nous charger, pour l'amour de vous, d'un fardeau si
redoutable, que ne devez-vous pas faire de votre côté pour
nous aider aie soutenir? Eh quoi ! Ne trouveriez vous pas
que nos peines sont assez cuisantes, nos travaux assez mul-
tipliés, nos périls assez évidents, pour que vous ne tâchiez
de Nous adoucir les amertumes de notre ministère ? Or,
c'est en correspondant aux grâces extraordmaires, attachées
à notre Visite Pastorale, que vous allégerez pour Nous le
joug du Seigneur. Vous Nous le rendrez plus supportable,
8 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
nos Vénérables Frères et nos Go-opérateurs dans l'œuvre
de Dieu, si Nous trouvons en vous des serviteurs fidèles
de notre commun Maître, toujours prêts à rendre au Père
de famille un compte exact de leur administration : vous
Nous ferez oublier les misères de notre charge, Chrétiens
de notre Diocèse, si vous êtes ponctuels à exécuter les
règles que Nous vous prescrivons, en conformité aux
Saints Canons de l'Eglise: tous enfin soulageront notre
sollicitude, s'ils montrent, par leur conduitB édifiante, le
.fruit qu'ils ont retiré de nos premières Visites. Voilà,
NosTrès-Chers Frères, ce que Nous attendons de vous, en
vous annonçant la Nouvelle Visite que vous recevrez de
Nous pour votre sanctification ; et c'est ainsi que vous
deviendrez, comme les Philippiens l'étaient pour St. Paul,
notre joie et notre couronne : gaudium meum etcjrona mea. 1
A ces causes, le Saint nom de Dieu invoqué. Nous
avons statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et
ordonnons ce qui Suit, pour l'ordre de la Visite.
jo. Nous nous rendrons à le prochain, après
midi. Peu après notre arrivée, on fera une instruction
familière ou conférence, à l'issue de laquelle Nous ferons
notre entrée à l'Eglise en la manière prescrite dans le
Rituel ; et après une exhortation de notre part, on donnera
la Bénédiction du Saint Sacrement.
2°. Le lendemain, il y aura des Messes distribuées dans
la matinée pour la commodité des communiants. A dix
heures, la Messe de la Visite et le Sermon : après quoi.
Nous donnerons le Sacrement de Confirmation aux
personnes à jeun, préparées par les Confesseurs, et jugées
suffisamment instruites par leur Curé, dont elles présen-
teront un billet pour témoignage de science et bonnes
mœurs.
3°. Nous terminerons la Visite le avant midi, par le
Salut ou la Bénédiction du Saint Sacrement.
4o. Nous ferons, dans le temps qui Nous sera le plus
commode, la visite du Tabernacle, des Ornements, des
1 Philip, i, 1.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 9
Fonts-Baptismaux et du Cimetière, ainsi que l'examen
des comptes de la Fabrique, que les Marguilliers tiendront
prêts à Nous être présentés. M. le Curé pourvoira aussi
à ce qu'un inventaire du linge et des ornements de l'Eglise
sQit dressé) et qu'un tableau des Messes de fondations
et des Induits de Rome, s'il y en a, Nous soit soumis.
Nous rechercherons particulièrement si les Ordonnances
données par l'Evêque dans les Visites précédentes ont été
exécutées.
5°. MM. les Curés auront soin de préparer par de
fréquents catéchismes, ceux qui se disposent à la Confir-
mation, et de conserver les billets qui renferment les
noms des Confirmés, jusqu'à ce qu'ils les aient inscrits
dans les Registres de la Paroisse, lis feront aussi en sorte
quïl y ait un nombre suffisant de confessionnaux ou de
grilles, pour tous les Confesseurs dans la Visite.
6°. Les Confesseurs nommés pour la Visite auront, tant
qu'elle durera dans chaque Paroisse, le pouvoir d'absoudre
des censures et cas réservés, avec les facultés les plus
amples pour la réconciliation des pénitents.
7°. Par Induit du Souverain Pontife, daté le cinq Juin
1836, tous les Fidèles qui, s'étant confessés avec une
véritable contrition, communieront pendant la Visite, et
prieront pour les nécessités de l'Eglise suivant son inten-
tion, gagneront une Indulgence plénière.
8o. Chaque Paroisse ou Mission, après que Nous
l'aurons visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre
suite, les voitures nécessaires pour nous transporter à la
Paroisse suivante.
Sera le présent Mandement lu et publié au Prône de la
Messe Paroissiale, le premier Dinaanche après sa réception-
Donné à Montréal, sous notre seing, le sceau du diocèse,
et le contre-seing de notre Secrétaire, le premier d'avril
mil-huit-cent-trente-sept.
L. f S.
j J. J. EvÉQUE DE Montréal.
Par Monseigneur.
A. F. Truteau, Ptre,, Secrétaire,
10 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT
POUR l'installation de MESSIRE IGNACE BOURGET COMME
COADJUTEUR DE l'ÉVÊCHÉ DE MONTRÉAL DANS LE
BAS-CANADA.
Jean Jacques Lartique, par la miséricorde de Dieu et la grâce
du St. Siège Apostolique premier Eve que de Montréal^ etc.
A tout le Clergé et à tous les fidèles de notre Diocèse: Salut et
Bénédiction.
Nous avons toujours, Nos Très-Chers Frères, ressenti
quelque joie en notre cœur, chaque fois que Nous avons
lu dans l'Homélie 8e. du Grand St. Chrysostôme sur St.
Matthieu, que ceux sur lesquels le Seigneur a des vues de
miséricorde et de bonté, ont communément une vie semée
de vicissitudes temporelles, et presque également entre-
mêlée de prospérités et d'adversités ; d'adversités, pour
que l'orgueil n'enfle pas les cœurs ; de propérités, afin
que leur faiblesse ne les décourage pas dans la poursuite
des bonnes œuvres qu'ils ont entreprises pour la gloire
de Dieu : car, c'est ce que Nous avons souvent éprouvé
Nous-même, depuis que la Divine Providence Nous a
spécialement chargé de votre conduite. Nous ne nous
plaindrons point des chagrins cuisants qui ont signalé
notre Episcopat : ils ne sont que le juste châtiment de nos
iniquités ; et Nous les avons reçus comme tels, avec
résignation, de la main paternelle de celui qui ne nous
punit que parcequ'il nous aime. Mais aussi nous devons
rendre hautement gloire à Dieu pour tous les biens par
lesquels il a tempéré nos peines, principalement lorsqu'il
vient de Nous accorder une nouvelle faveur, dont Nous
avons à vous faire part, parcequ'elle vous intéresse d'une
manière toute particulière.
Dès que le St. Siège Apostolique Nous eût chargé en
chef du Gouvernement du nouveau Diocèse de Montréal,
Nous sentîmes aussitôt notre insuffisance à soutenir seul
le poids d'un pareil fardeau; et Nous nous adressâmes
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 1 r
immédiatement au Souverain Pontife pour lui exposer
que notre âge, nos infirmités, et les travaux dont Nous
sommes accablé, Nous obligeaient à lui demander un aide
proportionné à nos besoins, et à ceux du troupeau qu'il
Nous avait confié. Le St. Père, voulant accéder charita-
blement à nos désirs, comprit aussitôt qu'outre les qualités
éminentes qui doivent orner l'Episcopat, le Goadjuteur
qui serait le plus propre à Nous aider, à partager nos
peines, à Nous succéder pour l'exécution des projets que
nous avions formés relativement à votre bonheur, devrait
être assez jeune pour seconder nos vues après même notre
retraite de la scène du monde ; qu'il serait plus utile, s'il
joignait à l'expérience des affaires une connaissance
parfaite de tout ce qui s'est passé depuis les commence-
ments de notre Episcopat à Montréal ; et qu'il Nous-
soulagerait plus efficacement, s'il était pour ainsi dire un
autre Nous-même.
En conséquence, et d'après le choix de Sa Sainteté, Nous
avons le plaisir bien sensible de vous annoncer que, par
un bref Apostolique du dix mars de la présente année,
Elle a conféré au Révérendissime Messire Ignace Bourget,
Prêtre de ce diocèse et notre Vicaire Général, le titre
d'Evêque de Telmesse in partibus infidelium^ vacant par
notre promotion au Siège de Montréal ; et que, par un
autre bref de la même date, Elle nous a assigné cet Evêque
pour Goadjuteur cum futurd mccessione au Siège Episcopal
de cette ville. Nous ajouterons, avec actions de grâce,
que Son Excellence le Gouverneur en Ghef de cette
Province, a bien voulu agréer notre susdit Goadjuteur au
nom de Sa Majesté, et le reconnaître civilement comme
tel, en recevant le serment de fidélité qu'il a prêté à notre
Souverain es dites qualités.
Réjouissons-nous, Nos Très-Ghers Frères, et remercions
le Dieu de toute consolation, de ce qu'il a daigné perfec-
tionner son ouvrage, en assurant la succession de l'Epis-
copat dans la nouvelle Eglise de Montréal qu'il vient de
fonder, et de ce qu'il l'a pourvue d'un si digne Prélat, capa-
12 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
ble de réparer par la suite les fautes qui auront pu Nous
échapper dans un si redoutable ministère. Obéissez donc
tous à ses Mandements et Ordonnances avec la même
ponctualité qu'aux nôtres, comme le prescrit Notre Saint
Père le Pape dans le bref même où il le nomme notre
Coadjuteur ; et qu'on rende partout à son rang élevé les
honneurs qui lui sont dus ; car Nous permettons qu'il soit
reçu avec le même rit que Nous, particulièremeut dans
les visites Episcopales qu'il pourra faire de notre part aux
différentes Paroisses et autres lieux de notre Diocèse, à
l'exception de l'usage du baldaquin et des Diacres Assis-
tants, réservés à l'Evêque Diocésain.
Enfin, Nous désirons la présence, à Montréal, de tous
les Prêtres du Diocèse qui le pourront sans nuire à leurs
devoirs, lors de la consécration Episcopale de l'Illustris-
sime Evêque élu de Telmesse, que Nous nous proposons
.de célébrer dans la Cathédrale de cette ville, le vingt-cinq
•de Juillet prochain.
Sera notre présent Mandement lu et publié à la Messe
principale de toutes les Paroisses et autres Eglises de
notre Diocèse, ainsi que dans les chapitres de nos Commu-
nautés religieuses, le premier jour de Dimanche ou de
Fête chômée après sa réception.
Donné à Montréal, le vingt de Mai mil-huit-cent-trente-
sept, sous notre seing, le sceau du Diocèse, et le contre-
seing de notre Secrétaire.
L. f S.
-\- J. J. Evêque de Montréal.
Par Monseigneur.
A. F. Truteau, Pire Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 13
LETTRE CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS ET AUTRES PRETRES DU DIOCÈSE
DE MONTRÉAL.
Montréal, le 10 Août 1837.
Monsieur,
"Vu que j'ai reçu dernièrement avis officiel de la mort
de Sa Majesté Guillaume IV., notre Souverain, d'heureuse
mémoire, et de l'avènement à la Couronne du Royaume-
Uni de la Grande Bretagne et d'Irlande par l'Illustre
Princesse Alexaxdrixa-Victoria, d'après ses droits légi-
times de succession au Trône ; me conformant à la juste
et louable pratique des Evèques qui m'ont précédé,
d'engager leurs Diocésains à implorer avec piété et recon-
naissance, le secours du Ciel sur le règne de chacun de
nos nouveaux Monarques, j'ordonne que :
1«. Le Dimanche après la réception de la présente, vous
parlerez au Peuple qui vous est confié, dans le Prône de
votre Messe paroissiale, de l'accession de la Reine Victoria,
première du nom, à la Puissance souveraine en Angleterre
et dans ses dépendances ; et vous ferez chanter, immédia-
tement après cette Messe, un Te Deiim solennel, en action
de grâces pour son joyeux avènement, suivi du Psaume
Exaucliat. et de l'Oraison ordinaire pour le Roi.
2". Dans les offices publics à l'avenir, il ne sera rien
changé dans les versets de l'Ecriture, Domine^ salvum fac
Regern^ et Deusj'udicium tuum Régi da ; mais on dira comme
suit rOraison pour Sa Majesté : « Qusesumus, Omnipoîens
« Deus, ut Regina nostra Victoria^ quss tuâ miseratione
« suscepit Regni gubernacula, virtutum etiam omnium perci-
« piat incrementa ; quitus decenter prnata, vitiorum monstra
« devitare^ hostes superare^ et ad te qui via^ veritas et vita es,
« gratiosa valeat pervenire. Per Christum. »
3». Comme j'ai été informé depuis peu qu'on a répandu
avec profusion, dans quelques Paroisses de ce Diocèse^
14 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les « Paroles d'un Croyant^ » vous rechercherez sans bruit
et avec prudence, si ce livre pernicieux circule dans les
limites de votre desserte, et s'il en était ainsi, votre devoir
sera d'avertir en particulier ceux de vos Paroissiens qui
pourraient s'en servir, qu'ils ne doivent lire ni retenir cet
ouvrage, dont les doctrines perverses ont été condamnées
par le St. Siège Apostolique.
4». Si vous jugez à propos de faire part à vos ouailles de
la présente circulaire, vous ne leur en lirez publiquement
que le préambule, avec le premier article.
Je suis bien-sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
■j J. J. EvÉQUE DE Montréal.
(Vraie copie,)
R. Robert, Pire., Sec. ad hoc
PREMIER MANDEMENT
A l'occasion des troubles de 1837.
Jean Jacques Lartigue^ Premier Evéque de Montréal, etc.
Au Clergé et à tous les fidèles de notre Diocèse: Salut et Bénédiciiou
en Notre Seigneur.
Depuis longtemps. Nos Très-Chers Frères, Nous n'en-
tendons parler que d'agitation, de révolte même, dans un
Pays toujours renommé jusqu'à présent par sa loyauté, son
esprit de paix, et son amour pour la Religion de ses Pères.
On voit partout les frères s'élever contre leurs frères, les
amis contre leurs amis, les citoyens contre leurs conci-
toyens; et la discorde, d'un bout à l'autre de ce Diocèse,
semble avoir brisé les liens de la charité qui unissaient
entre eux les membres d'un même corps, les enfants d'ime
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 15
même Eglise, du Catholicisme qui est une Religion d'unité.
Dans des conjonctures aussi graves, notre seul parti ne
peut être sans doute que de nous en tenir, je ne dis pas à
l'opinion que Nous, et nos fidèles Coopérateurs dans le
Saint Ministère, aurions droit cependant d'émettre comme
citoyens aussi bien que les autres, mais à l'obligation
stricte que Nous impose l'Apôtre des Nations lorsqu'il
disait : Malheur à moi si je ne prêche pas l'Evangile ; I
car la nécessité m'y oblige, nécessitas enim mihi incumhit
Non, N. T. C. F., aucun de vous n'ignore que les devoirs
des divers Membres du Corps Social, aussi bien que ceux
de la Famille, appartiennent essentiellement à la Morale
Chrétienne ; que cette Morale divine fait partie du dépôt
sacré de la Foi, qui Nous a été transmis par le canal très-
pur de l'Ecriture et de la Tradition ; et que Nous sommes
tenus de vous le transmettre aussi fidèlement en notre
qualité de successeur des Apôtres.
Nous ne saurions d'ailleurs vous être suspect sous aucun
rapport : comme chez vous, le sang Canadien coule dans
nos veines : Nous avons souvent donné des preuves de
l'amour que Nous avons pour notre chère et commune
patrie ; et ainsi que l'Apôtre, Nous pourrions prendre Dieu
à témoin que Nous vous chérissons tous dans les entrailles
de Jésus-Christ 2 : vous savez enfin que Nous n'avons
jamais rien reçu du Gouvernement Civil, comme nous
n'en attendons rien,_que la justice due à tous les Sujets
Britanniques; et nous rendons témoignage à la vérité,
quand nous attestons solennellement que Nous vous
parlons ici de notre propre mouvement, sans aucune
impulsion étrangère, mais seulement par un motif de
conscience.
Encore une fois, Nos Très-Chers Frères, Nous ne vous
donnerons pas notre sentiment, comme Citoyen, sur cette
question purement politique, «qui a droit ou tort entre les
diverses branches du Pouvoir souverain; (ce sont de ces
l Cor. 9, 16.
1 Philip. 1,1.
IC MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
choses que Dieu a laissées aux disputes des hommes,)
mundum Iradidit dispulalioni eoriim 1 .•» mais la question
morale, savoir «quels sont les devoirs d'un Catholique à
l'égard de la Puissance civile, établie et constituée dans
chaque Etat,» cette question religieuse, dis-je, étant de
notre ressort et de notre compétence, c'est à votre Evêque
à vous donner sans doute toute instruction nécessaire sur
cette matière, 2 et à vous de l'écouter ; car, dit le célèbre
Lamenais « les Evêques étant chargés par l'Esprit Saint
de gouverner, sous la conduite du Souverain Pontife,
l'Eglise de Dieu, nous faisons profession de croire qu'en
tout ce qui tient à l'administration spirituelle de chaque
Diocèse, Prêtres, et Laïques doivent fidèlement obéir aux
Ordres de l'Evoque institué par le Pape. » 3
Voici donc ce que vous enseignent là-dessus les divines
Ecritures: «Que tout le monde, dit St. Paul aux Romains,
« soit soumis aux Puissances supérieures : car il n'y a point
« de puissance qui ne vienne de Dieu ; et c'est lui qui a
« établi toutes celles qui existent. Celui donc qui s'oppose
« aux Puissances, résiste à l'ordre de Dieu ; et ceux qui
« résistent, acquièrent pour eux-mêmes la damnation. Le
«Prince est le Ministre de Dieu pour procurer le bien ; et
« comme ce n'est pas en vain qu'il porte le glaive, il est
« aussi son Ministre pour punir le mal. Il vous est donc
« nécessaire de lui être soumis, non seulement par crainte
« du châtiment, mais aussi par un devoir de conscience.
« Soyez donc soumis, ajoute St. Pierre le Chef des Apô-
■i très, à toutes sortes de personnes par rapport à Dieu 5,
« soit au Roi, comme étant au-dessus des autres ,soit aux
« Chefs qu'il vous envoie pour punir les méchants et
« louer les bons ; car telle est la volonté de Dieu. Etant
« libres, ne vous servez pas de cette liberté comme d'un
1 Ecoles, i, 11.
2 Ad. 20, 28.
3 Déclaration présentée au St. Siège i)ar les Rédacleurs du Journal
V Avenir. — 'L'Avenir du 6 Février 1831.
4 Rom. 13, 1,2,4, 5.
5 Petr. 2, 13, 14, 15, IG, 17, 18, 19.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 17
« voile pour couvrir de mauvaises actions; mais (agissez)
« comme des serviteurs de Dieu. Rendez honneur à tous,
« aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le Roi. Servi-
« teurs, soyez soumis et respectueux envers vos Maîtres,
« non-seulement à l'égard de ceux qui sont bons et doux
«mais aussi envers ceu^ qui sont bizarres et fâcheux;
(I car c'est un effet de lagrâce, si en vue de Dieu, l'on
«souffre avec patience d'injustes traitements.»
Voilà, N. T. G. F. les oracles de l'Esprit Saint, tels que
nous les trouvons dans la Sainte Bible : voilà la doctrine
de Jésus-Christ, telle que les Apôtres Pierre et Paul
l'avaient apprise de la propre bouche de leur divin
Maître. Mais quelque claires que soient par elles-mêmes
ces paroles de vérité, un chrétien n'interprète jamais la
parole de Dieu par son esprit privé : il sait que c'est un
dogme fondamental de sa foi que, comme l'assure St.
Pierre l, les saintes écritures ne doivent pas être entendues
selon le sens particulier de chacun ; et qu'il n'appartient
qu'à l'Eglise Catholique, notre Mère, de nous en donner
l'intelligence, selon cette sentence de J. G. dans l'Evan-
gile: celui qui 7i écoute pas l'Eglise^ regardez-le comme un
Payen et un Publicain^ sit tibi sicut Ethnicus et Publicanus 2.
Or, le Pape actuel, Grégoire XVI, du haut de sa Chaire
Pontificale, s'est expliqué sur* ces textes de l'Ecriture : il
a interprêté, à la suite des Sts. Pères, et d'après la
Tradition perpétuelle de l'Eghse depuis son établissement
jusqu'à nos jours, ces passages des Livres saints que Nous
vous avons cités ; et il en a dicté le vrai sens à l'Univers
Chrétien, dans son Encyclique du 15 Août, 183-2, qu'il
adressa aux Evêques du monde entier au commencement
de son Pontificat. Pas un seul Evèque depuis cette
Epoque n'a réclamé contre la doctrine de cette lettre, en
sorte qu'elle a reçu l'assentiment, du moins tacite, de
toute l'Eglise enseignante, et qu'on doit la regarder
conséquemment comme une décision dogmatique.
i Petr. I, 20.
2 MaUh. 18, 17.
18 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« Comme Nous avons appris, » dit le Saint-Père, (car
ici, ce n'est pas notre parole que vous allez entendre :
c'est celle du Vicaire de Jésus-Christ) comme « Nous
« avons appris que des écrits semés parmi le Peuple
« proclament certaines doctrines qui ébranlent la fidélité
« et la soumission dues aux Princes, et qui allument
« partout les flambeaux de la révolte, il faudra empêcher
« avec soin que les peuples ainsi trompés ne soient
« entraînés hors de la ligne de leurs devoirs. Que tous
« considèrent que, suivant l'avis de l'Apôtre, il n'y a point
« de puissance qui ne vienne de Dieu. Ainsi, celui qui
« résiste à la Puissance résiste à l'ordre de Dieu ; et ceux
« qui résistent s'attirent la condamnation à eux mêmes.
« Les lois divines et humaines s'élèvent donc contre ceux
« qui s'efforcent d'ébranler, par des trames de révolte et
« de sédition, la fidélité aux Princes, et de les précipiter
(( du trône. C'est pour cela, et afin de ne pas conlracter
« une telle souillure, que les premiers Chrétiens, au
« milieu de la fureur des persécutions, surent cependant
« bien servir les Empereurs, et travailler au salut de
« l'Empire, comme il est certain qu'ils le firent. Ils le
(( prouvèrent admirablement, non-seulement par leur
« fidélité à faire ce qui leur était ordonné, dès qu'il n'était
« pas contraire à la religion, mais encore en répandant
« même leur sang dans les combats. »
(( Les soldats Chrétiens, dit St. Augustin, servaient un
« Empereur Infidèle 1 ; mais s'il était question de la cause
« de Jésus-Christ, ils ne reconnaissaient que celui qui est
« dans les Cieux. Ils distinguaient le Maître éternel du
« Maître temporel ; et cependant ils étaient soumis pour
« le Ma.Ure éternel même au Maître temporel. C'est ce
<( qu'avait devant les yeux l'invincible Martyr Maurice,
« Chef de la Légion Thébaine, lorsque, comme le rapporte
« St. Eucher, il répondit à l'Empereur 2 : Nous sommes
1 St. Aug. in psalm. 1*24, No. 7.
2 D. Rainart Act. 88. Maurice el Comp. No 4.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 19
-« VOS soldats, Prince, mais en même temps serviteurs de
« Dieu ; et maintenant même le danger où nous sommes
« de perdre la vie ne nous pousse point à la révolte : nous
« avons des armes, et nous ne résistons point ; parceque
« nous aimons mieux mourir que de tuer. Cette fidélité
«des anciens Chrétiens brille aven bien plus d'éclat; si
« l'on remarque, avec Tertullien, qu'alors les Chrétiens
'« ne manquaient, ni par le nombre, ni par la force, s'ils
« eussent voulu se montrer ennemis déclarés de l'Etat.» l
« Ces beaux exemples de soumission inviolable aux
« Princes, qui étaient une suite nécessaire des préceptes
« de la Religion Chrétienne, condamnant l'erreur de ceux
'I qui, enflammés d'ardeur pour une liberté effrénée, s'ap-
« pliquent à ébranler et renverser les droits des Puis-
« sauces, tandis qu'au fond ils n'apportent aux Peuples
« que la servitude sous le masque de la liberté. C'est là
« que tendaient les coupables desseins des Vaudois, des
« Béguards, des Wicléfistes, et des autres qui ont été si
« souvent frappés d'anathême par le Siège Apostolique ;
« et ceux qui travaillent pour la même fin, n'aspirent
<( encore qu'à se féliciter avec Luther d'être libres à l'égard
(I de tous et de toutes choses. »
« Le devoir vous oblige, » ajoute le même Pontife dans
son Bref de Juillet 183'2 aux Evêques de Pologne, « de
« veiller avec le plus grand soin à ce que des hommes
« mal intentionnés, des propagateurs de fausses doctrines,
« ne répandent parmi vos troupeaux le germe de théories
<! corruptrices. Ces hommes, prétextant leur zèle pour
■« le bien public, abusent de la crédulité des gens de bonne
« foi qui, dans leur aveuglement, leur servent d'instru-
« ments pour troubler la paix, et renverser l'ordre établi.
« Il convient que, pour l'avantage et l'honneur des
« Disciples de Jésus Christ, leurs fausses doctrines soient
« mises dans leur jour : il faut réfuter leurs principes par
<î la parole immuable de l'Ecriture Sainte, et par les
H monuments authentiques de la Tradition de l'Eglise. »
1 Tertul. Apolog. Ch. 37.
20 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Telle est la doctrine du Souverain Pasteur des âmes, du
Pontife vénérable maintenant siégeant sur la chaire éter-
nelle, jointe à l'enseignement de l'Eglise de tous les temps
et de tous les lieux ; et vous devez voir à présent, N. T.-C.
F., que Nous ne pouvions sans blesser nos devoirs et sans
mettre en danger Notre propre salut, omettre d'éclairer
votre conscience dans un pas si glissant.Gar il ne s'agit pas ici
de moins pour vous que de maintenir les lois de votre Reli-
gion, ou de les abandonner : puisque, pour un Catholi-
que, il ne saurait y avoir de partage en matière de foi ;
et que selon l'Apôtre St. Jacques, celui qui manque à
un seul article de la loi, est coupable sur tous les autres
points. 1
Ne vous laissez donc pas séduire, si quelqu'un voulait
vous engager à la rébellion contre le Gouvernement établi,
sous prétexte que vous faites partie du Peuple Souverain '•
la trop fameuse convention Nationîile de France, quoique
forcée d'admettre la souveraineté du Peuple puisqu'elle
lui devait son existence, eut bien soin de condamner elle-
même les insurrections populaires, en insérant dans la
Déclaration des droits en tète de la Constitution de 1795,
que la souveraineté réside, non dans une partie, ni mêm&
dans la majorité du Peuple, mais dans l'universalité des
Citoyens 2 ; ajoutant que nul individu, nulle réunion
partielle des Citoyens^ ne peut s'attribuer la Souverai-
neté. 3 Or qui userait] dire que, dans ce -pajs.la totalité des
Citoyens veut la destruction de son Gouvernement ?
Nous finissons, Nos Très-Chers Frères, par en appeler à
vos cœurs, toujours nobles et généreux. Avez-vous jamais
pensé sérieusement aux horreurs d'une guerre civile?
Vous êtes vous représenté des ruisseaux de sang inondant
vos rues ou vos campagnes, et l'innocent enveloppé avec
le coupable dans la même série de malheurs ? Avez-vous
réfléchi que, presque sans exception, toute Révolution
1 Jac 2, 10.
2 Art. 17.
3 Art. 18.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 21
populaire est une œuvre sanguinaire, comme le prouve
l'expérience ; et que le Philosophe de Genève, l'auteur du
Contrat Social^ le grand fauteur de la souveraineté du
Peuple, dit quelque part qu'une Révolution serait achetée
trop cher, si elle coûtait une seule goûte de sang ? Nous
laissons à vos sentiments d'humanité et de Christianisme
ces importantes considérations.
Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ^ la charité de
Dieu^ et la communication de VEsprit Saint demeure avec
vous. 1 Amen.
Sera notre présent Mandement lu et publié à la Messe
Paroissiale ou principale de chaque Eglise, et au Chapitre
de chaque Communauté de notre Diocèse, le premier Di-
manche ou jour de Fête après sa réception.
Donné à Montréal, le vingt- quatre d'Octobre, mil huit-
ceut-trente-sept, sous notre Seing et Sceau, avec le contre-
Seing de notre Secrétaire.
L. -|- S. J. J. EvÊQUE DE Montréal.
Par Monseigneur.
A. F. Truteau. Ptre, Secrétaire.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE iMONTRÉAL.
Montréal, le 26 Décembre 1837.
Monsieur,
L'adresse aux trois Branches du Parlement Britannique
en faveur de nos peuples, qui avait été soumise à vos
signatures, et que vous avez signée en effet, était conve-
nable sans-doute à l'époque où elle fut rédigée, c'est-à-dire,
au commencement de Novembre ; et Son Excellence, le
Gouverneur-en-Chef, en avait alors agréé le projet, s'en-
gageant aie transmettre au Gouvernement Métropolitain :
mais depuis les événements désastreux qui ont eu lieu
dans la Province immédiatement après, nous avons senti
1 2 C&r. 13. 13.
-22 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
qu'une autre Pétition devait être substituée à la première ;
parce que nous ne pouvons plus demander avec le même
avantage, depuis la révolte flagrante qui a éclaté dans
quelques parties de ce District, et que néanmoins il est
plus que jamais de notre devoir d'intervenir, dans lacrise
actuelle, en faveur de notre Troupeau, et de donner au
Gouvernement Britannique une nouvelle assurance de
notre fidélité. Je vous envoie donc ci-joint le modèle de
la nouvelle pétition projetée, en demandant votre agré-
ment pour que j'annexe à celle-ci votre signature déjà en
ma possession, au lieu de le faire à la première, qui restera
supprimée. Après que vous aurez pris connaissance de
cette nouvelle Adresse, veuillez bien me signifier au plus
tôt si vous consentez à ce que votre signature soit trans-
férée de la première Pétition à la seconde ; et que vous
serez satisfait si la dernière est présentée à Sa Majesté
seulement, comme je le désire. J'ai l'assurance que Son
Excellence, le Gouverneur-en-Chef, se prêtera volontiers
à ce changement, et aura la bonté de faire parvenir notre
Pétition au pied du Trône.
Je saisis cette occasion pour engager Messieurs les Curés
du Diocèse à faire signer, le plus tôt possible, dans leurs
paroisses respectives, et particulièrement dans celles où il
y a eu plus de troubles politiques, des Adresses de loyauté
à Sa Majesté, priant notre Gouverneur-en-Chef de les
transmettre en Angleterre : outre la convenance de sem-
blables Adresses par tous les sujets Britanniques de ce pays
dans les circonstances présentes, elles pourront servir de
rétractation publique pour ceux des signataires qui, ayant
scandalisé par des propos ou actes de rébellion, ne peu-
vent approcher dignement des Sacrements sans avoir réparé
.ces scandales.
Je suis véritablement,
Monsieur,
Votre trés-humble et obéissant Serviteur,
f J. J., EvÉQUE DE Montréal.
(Vraie Copie, ^ J. 0. Paré, S. D.,
S. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 23
A LA TRÈS-EXCELLENTE MAJESTÉ DE LA REINE.
La très-humble Requête de TEvêque et son Coadjutateur, des Vicaires
Généraux, Curés et autres Membres du Clergé Catholique du Diocèse
de Montréal, dans la Province du Bas-Canada.
Qu'il plaise à Voire Majesté :
Nous, les soussignés, Evèqaes, Vicaires Généraux.
Curés et autres Membres du Clergé Catholique de la
Ville et du District de Montréal, dans la Province du
Bas-Canada, supplions qu'il nous soit permis de déposer
au pied du Trône les sentiments de notre vénération pro-
fonde, aussi bien que de notre attachement inviolable
envers votre personne auguste, et de lui représenter :
Que ce Clergé a vu avec une rxtrême affliction l'état de
division, d'agitation et même d'insubordination politique,
dans lequel s'est trouvée plongée une partie de cette Pro-
vince, et particulièrement le District de Montréal, où,
malgré les efforts des Pasteurs catholiques et des autres
loyaux sujets de Votre Majesté, on a eu à déplorer l'insur-
rection d'une portion de six ou sept comtés, sur le nombre
de vingt-et un renfermés dans ce District : mais que la
rébelhon ayant été promptement réprimée, chacun est
rentré au plus tôt dans son devoir ; et les paroisses, même
les plus entachées dans les six ou sept Comtés susdits, ont
certifié leur vif regret de ces attentats criminels, et leur
persévérance future dans une loyauté inébranlable, par
diverses adresses à notre Gouverneur-en-Chef, pour être
transmises à Votre Majesté.
Que vu l'impéritie politique de la plupart de ceux qui
ont alors oublié leur devoir, qui sont d'ailleurs en très-
grande minorité dans cette Province, et qui ont été perni-
cieusement trompés et déçus par quelques sujets Britan-
niques, de diverses origines, qu'ils ont eu le tort de
croire, pendant un temps, zélés pour le bien de leur Patrie,
vos Pétitionnaires osent espérer et en môme temps supplier
très-humblement Votre Majesté, que les heureux habitants
de cette Colonie ne soient pas privés, pour le crime de
24 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
quelques-uns, des avantages et privilèges dont ils ont joui
jusqu'à présent sous l'Empire Britannique, auquel il est
à souhaiter qu'ils soient unis pour toujours ; et que dans
leur humble opinion, cet acte de clémence de Votre
Majesté sera le moyen le plus efficace pour appaiser les
troubles qui menacent de ruiner le Bas-Canada, si paisible
jusqu'à cette fatale époque; et si distingué par la loyauté
de sa population.
Vos Pétitionnaires concluent en priant humblement
Votre Majesté de prêter une oreille favorable à leur
intervention respectueuse en faveur de leur troupeau ;
protestant qu'après une telle grâce, le Gouvernement
Britannique sera plus que jamais béni dans une Province
à laquelle il aura rendu la paix, et qu'il aura de plus en
plus affectionnée à la Mère-Patrie.
Et vos Pétitionnaires ne cesseront de prier pour la
prospérité du règne de Votre Majesté.
District de Montréal, en Décembre 1837.
SECOND MANDEMENT
A l'occasion des troubles de 1837.
Jean Jacques Lartlgue,_ par la miséricorde divine, et la grâce
du St. Siège Apostolique, Evcque de MontréaL etc.
Au Clergé elà tous les Fidèles de notre Diocèse : Salut et Bénédiction,
Quelle misère, Nos Très-Ghers Frères, quelle désolation
s'est répandue dans plusieurs de vos campagnes, depuis
que le fléau de la guerre civile a ravagé cet heureux et
beau pays, où régnait l'abondance et la joie, avec l'ordre
et la sûreté, avant que des brigands et des rebelles eussent,
à force de sophismes et de mensonges, égaré une partie
de la population de notre Diocèse ! Que vous reste-til de
leurs belles promesses, sinon l'incendie de vos maisons
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 25
et de vos Eglises, la mort de quelques-uns de vos amis et
de vos proches, la plus extrême indigence pour un grand
nombre d'entre vous ? Mais surtout, pour plusieurs, la
honte d'avoir forfait à la fidélité due au Souverain laquelle
avait caractérisé de tout tems votre pays ; d'avoir méconnu
la Religion Sainte, qui vous défendait avec tant d'énergie
de pareils attentats ; d'avoir été sourds à la voix de la
conscience qui, malgré l'étourdissement des passions,
réclame toujours contre le désordre : ah ! voilà principa-
lement ce qui doit répandre l'amerlune dans vos âmes;
voilà ce que vous devez déplorer encore bien plus que la
perte des biens matériels. 11 est vrai que les temples de
Dieu, les objets les plus saints, ont été profanés ; et vos
cœurs se soulèvent avec raison contre ces sacrilèges ; mais
outre que le plus vaillant Capitaine, quelque humain et
quelque généreux qu'il soit ne peut toujours, dans ces
occasions, maîtriser la fougue du soldat, à qui doit-on
attribuer la première cause de ces malheurs ? N'est ce pas
à ceux qui y ont plongé la Province par leur Propagande
de rébelhon ? N'est-ce pas à ces meneurs de révolte, qui
ont osé s'emparer eux-mêmes de la Maison de Dieu, afin
de s'en servir comme de fort et de redoute pour différer
le châtiment qui les menaçait ?
Et comme d'après l'Ecriture, un abyme conduit ordinai-
rement à un autre abyme 1, à peine le drapeau de la
rébellion a-t-il été arboré que ces prétendus patriotes ont
cornmencé à vous faire ressentir quelle espèce de gouver-
nement ils vous préparaient. En effet, est-ce le régime
électif, qu'ils appelaient cependant le Palladium de toutes
les libertés, qui a proclamé les soi disant Généraux,
Colonnels et autres Officiers de ces bandes, que l'habitant
de la campagne n'a connues que par leurs pillages ? Est-
ce le vœu de la majorité du pays, qui néanmoins selon
leurs principes doit régler tout dans un Etat, est-ce cette
volonté générale qui a dirigé les opérations militaires des
insurgés ? Vous trouviez-vous libres, lorsqu'en vous
menaçant de toutes sortes de vexations, de l'incendie et
1 Ps. 'il, 8.
26 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de la perte de tous vos biens, de la mort même si vous ne
vous soumettiez à leur effrayant despotisme, ils forçaient
plus de la moitié du petit nombre qui a pris les armes
contre notre auguste Souveraine, à marcher contre ses
armées victorieuses? Ils ont montré ce qu'était la liberté
qu'ils vous promettaient, lorsqu'ils ont dépouillé vos
granges et vos maisons, qu'ils ont enlevé vos bestiaux, et
vous ont réduits à la dernière pauvreté, afin de se gorger
de butin dans leurs camps, où ils démoralisaient notre
jeunesse en l'entretenant dans un état habituel d'ivrogne-
rie, pour étourdir ses remords. Ils ont fait voir ce qu'ils
entendaient par libéralité, quand ils ont massacré de
sang-froid, non en bataille rangée, mais avec toute
l'atrocité de l'assassinat, des hommes qui n'avaient d'autres
torts à leurs yeux, que celui de ne pas partager leurs
opinions politiques,
Tels sont les fruits amers d'une première faute. Hélas !
qui vous eût dit, dès le commencement de vos divisions
entre co-sujets et compatriotes, qu'une agitation illégale
conduirait bientôt à l'insurrection et à la rébellion ouverte,
celle-ci au vol et au meurtre, et tous ces crimes aux
malheurs affreux, qui vous ont ensuite accablés : un
semblable Prophète sans doute aurait alors passé parmi
vous pour visionaire ; et pourtant, il n'aurait prédit que
la vérité. Oui, c'est ce qui vous a été annoncé d'avance
par vos Prêtres, par votre Evêque, par ceux qui avaient
su lire et comprendre l'histoire de tous les siècles, et en
tirer des leçons salutaires pour l'avenir ; pourquoi donc
n'a-t-on pas voulu les écouter, et profiter des lumières de
la Révélation, de la sagesse des âges, de l'expérience, et
des événements qui se passent encore tous les jours en
France, en Espagne, en Portugal, dans l'Amérique du
Sud, et partout où l'on a prétendu essayer de ces systèmes
funestes d'insurrection ? Oh 1 combien on eût épargné au
Canada de peines et de douleurs, de crimes et de remords,
si chacun eût suivi les avis de son Pasteur !
Mais il vous est aisé maintenant de distinguer vos
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 27
rentables amis, les vrais patriotes, ceux qui vous veulent
du bien, d'avec ceux qui ne visaient qu'à s'élever, à
dominer dans un nouvel Etat chimérique, et à prendre la
place de ceux qu'ils pourraient dépouiller ; car c'est, en
dernière analyse, le résultat de t3utes les Révolutions.
Que devez-vous penser aujourd'hui de votre Clergé, quia
fait tous ses efforts pour vous prémunir contre des
doctrines perverses, qui a même encouru la haîne de
plusieurs, parce qu'il ne vous parlait pas dans le sens des
coryphées d'une faction, dont malheureusement quelques
uns d'entre vous étaient alors engoués? Des hommes
trompeurs vous ont dit qu'il ne fallait pas écouter vos
Prêtres, quand ils vous parleraient de ce que, dans leur
langage, ces sophistes dangereux appelaient purement
politique ; comme si la recommandation de l'obéissance
envers tous nos Supérieurs, entr'autres à l'égard de ceux
que la Providence a placés sur nous pour le gouvernement
civil, ne faisait pas partie intégrante du dépôt sacré de la
foi, qui nous a été confié pour en faire part à toutes nos
ouailles, sans en omettre aucun article.
Lorsque Nous avons voulu aussi vous instruire Nous-
mêmes sur ces matières, par notre Mandement du 24
octobre dernier, ils ont, ces mêmes hommes, induit, à
force d'intrigues, plusieurs de nos brebis bien-aimées à
ne pas écouter la voix de leur premier Pasteur, en les
entraînant scandaleusement hors du lieu Saint, pour les
constituer pleinement dans la mauvaise foi ; car comment
pourrait-on se croire dans la bonne foi, quand on fuit la
lumière, pour se complaire dans son aveuglement?
Omnis enim qui malè agit, odit lucem 1. Mais vous n'oublierez
plus à l'avenir que, lorqu'il s'agit d'éclairer votre cons-
cience sur des questions difficiles, délicates, et qui regar-
dent le salut de vos âmes, c'est à vos Pasteurs qu'il faut
Yous adresser, à ceux à qui Jésus-Christ a dit «celui qui
vous écoute m'écoute, et celui qui vous méprise me
1 Joan. 3, 20.
28 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
méprise » 1 ; non pas à des flatteurs qui, avec les grands
mots de liberté et d'indépendance, ne cherchent à vous
endoctriner que pour leur avantage personnel, et qui
d'ailleurs en savent souvent moins que vous sur les seuls
véritables intérêts du chrétien, sur les grands intérêts de
l'éternité. Pour vous servir de règle dans les circonstances
importantes où vous vous êtes trouvés, vous aviez assez
de notre premier Mandement, où Nous vous avions
démontré le dogme Catholique sur la soumission due aux
•Puissances établies dans l'ordre civil, par l'autorité irréfra-
gable de l'Ecriture Sainte, par la Tradition constante des
Pères et des Docteurs de l'Eglise dans tous les temps et
dans tous les lieux, par l'enseignement actuel de tous les
Evêques du monde chrétien, ayant à leur tête le Souverain
Pontife. Gomment est-il donc arrivé que quelques-uns ont
refusé d'entendre la voix de leur Pasteur? Ne voyaient-
ils pas que par là-même ils se séparaient du Troupeau de
Jésus-Christ? Car ce divin Sauveur nous assure que ses
véritables brebis entendent la voix du Pasteur, et le
suivent 2: parceque l'étranger ne vient que pour piller,
tuer et perdre le troupeau ; au lieu que le vrai Pasteur
ne cherche qu'à donner à ses brebis la vie la plus abon-
dante. 3
Pleurons, donc Nos Très-Chers Frères sur les maux de
notre Patrie : pleurons sur les plaies de ceux qui sont
tombés, sur les fautes de ceux qui, dans cette occasion,
ont si étrangement oublié leur devoir; car parmi les
chrétiens, dit St. Paul, et entre les membres d'un même
Corps, si quelqu'un d'eux souffre, tous les autres y com-
patissent. 4 Qui sait si ceux dont nous déplorons la chute
n'avaient pas besoin de cette humiliation, pour se relever
meilleurs chrétiens que jamais ? Qui sait s'ils ne surpas-
seront pas par la suite en loyauté ceux qui gémissent
aujourd'hui sur leur défection ? Ils conçoivent à présent
1 Luc. 10, 16.
2 Joa)i. 10, 27.
3 Jbid. F. 10.
4 1 Cor. 12, 2G.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 29
toute l'énormité de leur crime, comme le prouvent les
assurances de repentir et d'une nouvelle fidélité qu'ils
ont adressées de toutes parts à leur Souveraine : ils savent
les ordres que Nous avons donnés à nos Co-opérateurs
dans le Saint Ministère, de n'admettre aux sacrements de
l'Eglise, même à l'heure de la mort, sans une réparation
préalable, aucun de ceux qui se sont montrés scandaleu-
sement rebelles, et de refuser la sépulture ecclésiastique
à ceux qui mourraient sans s'être acquittés de cette juste
réparation. 1 Indubitablement, ils ne voudi^aient jamais
retourner à leur ancien égarement, ni s'exposer à mourir
comme des gens sans religion et sans honneur.
A ces causes, le Saint nom de Dieu invoqué, Nous
avons ordonné et réglé, réglons et ordonnons ce qui suit:
lo.Dans chaque église de notre diocèse où l'on a
coutume de faire des ofTices publics, il sera chanté, le
premier jour libre après le Dimanche où ce Mandement
aura été publié, une Messe Solennelle pro remissione pecca-
torum^ sous le rit pro publicâ Ecclesix causâ^ laquelle sera
suivie du Trait Domine non secundum^ etc., avec le verset
Fiat misericordia, etc., et l'oraison Ne despicias, etc., pro
qudcumque tribulatione, inter diversas ; le tout terminé
par Divinum auxilium, etc.
2° Cette Messe, dans l'intention de celui qui la dira et
de ceux qui l'entendront, sera pour faire à Dieu réparation
publique de tous les sacrilèges, meurtres, pillages, trahi-
sons et autres crimes, commis dans ce district, pendant la
crise insurrectionnelle que nous avons éprouvée ; et pour
en obtenir miséricorde.
3o Nous exhortons tous nos Diocésains à recourir, ce
jour là particulièrement, aux œuvres que l'Ecriture nous
apprend être les plus propres à appaiser la colère de Dieu,
qui sont le jeûne, l'aumône et la prière ; et Messieurs les
Curés à exciter leurs peuples à la pénitence.
4° Comme la paix intérieure paraît généralement réta-
blie dans ce Diocèse, les Prêtres omettront dans leurs
1 2 Pelr. 2, 22.
30 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Messes, après le jour de rOffice ci-dessus ordonné, l'oraison'
Ne despicias^ etc. ; et les Goramunaulés religieuses pourront
s'exempter des prières prescrites par noire Mandement du
24 octobre dernier.
Sera le présent Mandement lu et publié à la Messe
paroissiale ou principale de chaque Eglise, et au chapitre
de chaque Communauté régulière de notre Diocèse, le
premier Dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, le huit de Janvier, mil-huit-cent-
trente-huit, sous notre seing et sceau, avec le contre-seing
de notre Secrétaire.
[.. i S.
-f J. J. EvÈQL'E DE Mo>'TRÉAL.
Par Monseigneur.
A. F. Truteau, Ptre.^ Secrétaire.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURES ET AUTRES PRETRES A CHARGE D AME*
DANS LE DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 6 février 1838.
Monsieur,
Après nous être efforcés d'appaiser la justice Divine par
un office Expiatoire pour tous les crimes commis en ce
Diocèse, pendant l'odieuse rébellion de l'an passé contre
le Gouvernement établi dans cette Province Britannique,
comme nous avons fait en vertu de mon Mandement du
8 janvier dernier, il convient aussi que nous rendions à
la Providence du Seigneur de très-humbles actions de
grâces, pour la prompte répression d'une révolte si
menaçante, par les armes puissantes de Sa Majesté, ainsi
que par l'énergie de ses fidèles sujets, qui heureusement
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 51
surpassent immensément en nombre les hommes déloyaui
ou égarés, et pour là paix interne qui règne maintenant
dans tout le Bas-Canada.
C'est pourquoi vous annoncerez, le dimanche de la
Quinquagésime, au prône de votre messe paroissiale, que
le lendemain, vingt-si.T du présent mois, sera observé
dans ce Diocèse comme jour d'actions de grâces publiques
pour la paix intérieure rendue à cette Province ; et qu'il
sera chauté pour cet objet, au jour susdit, dans l'Eglise de
votre Paroisse, une Messe Solennelle sub ritu Missx pro re
gravi, suivie du Te Deum avec son oraison et celle pour la
Reine. Nous vous prescrivons, à cette occasion, d'instruire
vos peuples sur leurs devoirs consciencieux envers la
Puissance Civile, conformément à la doctrine Apostolique.
Je suis véritablement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur.
7 J. J. EvKQUE DE Montréal.
(Pour vraie copie,)
J. 0. Paré, S. D , 5. Secrétaire.
MANDEMENT
Jean Jacques Lanigue, par la miséricorde de Dieu et la grâce
du St. Siège Apostolique premier Eve que de Montréal
dans le Bas-Canada, et suffragant immédiat du Siège de
Rome.
Au Clergé et à tous les fidèles de notre Diocèse ; Salut et Bénédiction.
Nous vous annonçons avec joie, Nos Très-Chers Frères,
que Nous avons reçu dernièrement du St. Père un rescript,
daté le 7 Janvier 1838, qui nous autorise à établir dans
notre Diocèse l'Institution connue sous le titre d' Associa-
32 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
tion pour l'Œuvre de la Propagation de la Foi, telle qu'ap-
prouvée pour l'Eglise de Lyon, en France, par Pie VII.
le 15 Mars 1823, et pai- Léon XII. le 11 Mai 1824, pour les
Missions étrangères.
Malgré des difficultés nombreuses et particulièrement
le manque de dotation pour notre Evéché, Nous avons
envoyé depuis le commencement de notre Efiscopat,
plusieurs Missionnaires en partie de ce Diocèse, où les
Catholiques éloignés ne pouvaient, faute de moyens,
pourvoir par eux-mêmes au maintien de Prêtres résidents
parmi eux, ni à l'érection d'Eglises et Presbytères, ou à
l'acquisition d'autres objets nécessaires au Gul!,e : depuis
deux ans surtout. Nous avons adressé aux Sauvages
Infidèles du Lac Témiskaming, et à d'autres Tribus isolées
et barbares, des Prêtres zélés et courageux, lesquels ont
converti, à la vraie foi plusieurs de ces infortunés, assis
dans les ténèbres et les ombres de la mort 1, qui sont
devenus ensuite la consolation de leurs Missionnaires ; et
Nous sommes résolu à continuer, chaque année, cette
oeuvre de miséricorde, si la Providence divine veut bien
nous fournir pour cela des ressources suffisantes. C'est
principalement dans cette vue que Nous avons impétré
du Siège Apostolique, pour notre Diocèse, l'établissement
d'une œuvre si sainte, avec tous les privilèges. Indulgences,
et autres avantages, que la Chaire seule de Pierre pouvait
y attacher.
Nous n'avons pas cru, Nos Très-Chers Frères, pouvoir
vous offrir de moyen plus propre à satisfaire votre piété
et votre charité, que celui de propager notre divine
Religion parmi les Nations Infidèles, répandues encore
dans une partie de ce Diocèse, et de la soutenir chez
ceux que St. Paul appelle les domestiques de la foi 2, chez
tant de Chrétiens destitués d'un temporel capable de leur
procurer plus facilement les biens spirituels du salut; et
de faire tout cela par les voies qui nous sont le plus forte-
1 Luc, I, 79.
2 Galal. 6, 10.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 33
ment recommandées dans l'Ecriture-Sainte, l'aumône et
la prière 1 : l'aumône, qui délivre de la mort, qui efface
les péchés, et qui donne la vie éternelle, comme nous
l'apprend le St. Esprit: et la prière, qui obtient de Dieu
tout ce qu'elle demande de bon, petite, et dabitur vobis 2 :
l'aumône qu'on vous demande si légère, qu'elle est à la
portée même des pauvres; et la prière, qui ne saurait
vous détourner de vos affaires, puis qu'elle exige si peu
de temps pour remplir les devoirs de l'Association. Vous
savez comme ont fleuri autrefois en Canada les Missions
chez les Sauvages, qui sont tombées à peu près en même
temps qae la célèbre compagnie de Jésus; combien les
Religieux de cette illustre Société ont répandu de sang
et de sueurs pour faire fructifier ces établissements : ne
montrons donc pas moins de zèle pour ces âmes délaissées,
qu'on l'a fait dans les temps anciens; et puisqu'il doit
vous en coûter si peu pour un bien immense, ne négligez
pas cette occasion de vous assurer le ciel par l'aumône de
la veuve, si louée dans l'Evangile 3, et de mettre dans le
chemin du salut u n grand nombre de vos frères en Jésus-
Christ, qui périront éternellement, si vous les priviez de ce
secours.
Si Jésus-Christ nous assure qu'il ne laisseia pas sans
récompense un verre d'eau froide 4 donné au prochain
pour plaire à Dieu, quelle sera donc la vôtre, lorsque vous
co-opérerez avec zèle à la réfection de tant d'affamés, qui
demandent à grands cris le pain de la divine parole, 5
sans trouver personne qui le leur rompre. L'aumône d'un
sou par semaine, et une minute de prières par jour, sans
même vous détourner de vos occupations ordinaires, sont
peu de choses sans doute, si on les regarde en elle;^-
mêmes: mais autant l'âme, par sa nature immortelle,
est au-dessus du corps condamné à retourner en pous-
1 Tobie. 12, 9.
2 Luc. 11,9.
3 Luc. 21, 3eH.
4 Mail. 10, 42.
5 Jerem. Lamenl. 4, 4.
34 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALE^,
sière 1, autant l'aumône sjnrituelle surpasse la corporelle ;
etc'estd'aprèsles services que vous aurez rendus aux autres
hommes, que le Seigneur réglera l'arrêt qu'il prononcera
sur votre sort éternel au jour du Jugement, comme il
le promet dans l'Evangile 2, Oui, réjouissez-vous, Nos
Très-Ghers Frères et tressaillez d'allégresse, lorsqu'un
moyen aussi facile vous est offert de gagner le ciel, en
procurant la gloire de Dieu et la sanctification des âmes.
Réjouissez-vous, humbles Chrétiens qui, par votre état
séculier, sembliez n'avoir à vous occuper que de votre
propre salut ; car, moyennant l'Association où vous
pouvez entrer, vous aiderez puissamment les hommes
Apostoliques, qui se sont consacrés à la conversion des
Infidèles, à aller leur porter les lumières de la foi, avec
les biens infinis qui en sont la suite, la civilisation, les
bonnes œuvres, l'amour de Dieu et du prochain : aussi,
quand de fervents Missionnnaires prêcheront ces Infidèles,
quand ils leur administreront le baptême et les autres
sacrements, quand ils sauveront tant d'âmes des supplices
éternels, ce sera vous qui, sans aucun danger pour vous-
mêmes, les soutiendrez dans un si pénible ministère ; et
le salut de tant de peuples, ne sera pas moins votre
ouvrage que le leur. Quelle consolation pour vous pendant
la vie, et surtout à l'heure de la mort.
Entre toutes les œuvres inspirées par la charité Catho-
lique, on peut dire qu'il est impossible d'en trouver de plus
admirables, de plus glorieuses à Dieu et de plus utiles au
prochain, que celle de la propagation de la foi puisqu'elle
soutient et continue ces Missions précieuses qui font tant
d'honneur à la Religion, ces Missions qui, depuis la nais-
sance du christianisme, ont été le caractère propre de la
véritable Eglise, laquelle est seule féconde pour engendrer
des enfants innombrables à Jésus-Christ son époux, et pour
qui il a été dit comme à l'époux lui-même: «demandez-
moi, et je vous donnerai toutes les Nations pourhérita-
1 Gènes, i, 19.
2 Mail. 25, 35 el 30.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 35
ge 1 ; et vos possessions n'auront d'autres bornes que celles
de la terre. L'œuvre de la propagation de la foi n'est que
l'accomplissement de l'ordre donné par le Sauveur à ses
apôtres d'aller enseigner toutes les nations et de les
baptiser au nom du Père, et du Fils, et du St. Esprit 2,
leur apprenant à garder chacun des commandements qu'il
leur avait prescrits, et leur promettant d'être continuelle-
ment avec eux, dans la consommation de ce grand ouvrage,
jusqu'à la fm des siècles. Voilà la mission honorable à
laquelle vous participerez efficacement, en vous enrôlant
dans cette noble milice.
Or, Nous vous le demandons, Nos Très-Ghers Frères,
est-il un bonheur semblable à celui de sauver les âmes ;
des âmes créées à l'image de Dieu, et rachetées au prix du
sang de Jésus-Christ; des âmesdoni il désire ardemment
le salut, et dont chacun peut dire aussi véritablement
que l'Apôtre : un Dieu m'a aimé^ et s'est livré pour moi à
la mort 3; des âmes enfin qui, sans vous, périront pour
une éternité? Aurions-nous, après cela, le triste courage
de leur refuser nos secours, de les abandonner à leur
aveuglement? N'aurions-nous pas à craindre que le
Seigneur punît un jour notre indifférence, ou plutôt
notre dureté à leur égard ? L'Ecriture nous enseigne
que chacun est obligé de prendre soin de son prochain 4 ;
et l'Apôtre de la charité nous dit que nous devons même,
en certaines circonstances, donner notre vie pour nos
frères 5. Mais si ce commandement oblige en quelques
occasions, n'est-ce pas surtout dans la nécessité extrême
où se trouvent les infidèles, privés de la connaissance du
vrai Dieu? Tout homme est donc tenu, par ce précepte
impose dès le commencement 6, de procurer autant qu'il le
peut le salut de ses frères ; et malheur à lui, s'ils viennent
1 Ps. 2, 8.
2 Matt. 28, 19 d 20.
3 Gaèal. 2, 20.
4 Eccli, 17, 12.
5 t Joan, 3, 16.
ê 1 . Joa?i. 2, 7.
36 MANDEMENT8, LETTRES PASTORALES,
à se perdre lorsqu'il aurait pu les en empêcher: il en
répondra au tribunal du Souverain Juge. Hélas! les
maux temporels d'un homme inconnu nous touchent :
dès que nous le savons malheureux, nous nous intéressons
naturellement à son sort. N'y aurait il que pour les
misères spirituelles de nos frères que nous aurions un
cœur de glace? D'où vient cela? N'est-ce pas de notre
peu de foi en la parole de Dieu, et de notre peu de
charité envers le prochain ? Car enfin, pouvons-nous dire
que nous aimons véritablement Dieu, si nous abandonnons
des âmes qu'il a tant aimées, qu'il nous commande encore
d'aimer comme nous-mêmes 1 ; et cependant, « celui qui
n'aime pas demeure dans la mort, » 2 dit St. Jean.
A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué, et d'après
l'induit Papal du 7 Janvier 1838. Nous avons établi et
établissons par les présentes, dans le Diocèse de Montréal
en Canada. « l'Association pour l'œuvre de la Propagation
de la Foi,» avec tous les privilèges, Indulgences et autres
avantages, accordés à cette société par les Souverains
Pontifes ; implorant de tout notre cœur les bénédictions
abondantes du Tout-Puissant sur cette pieuse institution.
Le but de cette Société, comme vous venez de le voir,
Nos Très-Chers Frères, est 1'^ d'unir ensemble toutes les
personnes de l'un ou l'aui.re sexe en ce Diocèse, capables
d'attirer par leur conduite les miséricordes du Seigneur
sur la bonne œuvre projetée, afin de faire par des prières
comra'uies et ferventes, une sainte violence au ciel, pour
iîjiroduire le Christianisme chez les Infidèles, et le fortifier
dans le cœur de ceux qui ont déjà le bonheur de le
posséder: 2» pour fournir, par les aumônes des Associés,
les moyens d'établir des Missions chez les Payens, et
aussi chez les Catholiques dénués de ressources pour
l'exercice décent du Culte : 3° pour vous enrichir de biens
spirituels, par les Indulgences que vous gagnerez en
coopérant à l'œuvre de Dieu.
1 Malh. 19, 19.
2 l.Joan. 3, 14.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 37
Les devoirs de chaque associé sont: Iode réciter tous
les jours, pour la Propagation de la Foi, un Pater et un
Ave, avec cette invocation : « St. François-Xavier, priez
pour nous ; » mais il suffit de diriger, une fois pour toutes,
à cette intention le Pater et VAve de la prière du matin ou
du soir : 2° de donner, en aumône à la Société, un sou par
semaine.
Les avantages attachés à l'Association seront de pouvoir
gagner 1° une Indulgence plénièie le 3 mai. Fête de
l'Invention de la Ste. Croix, et jour anniversaire de
l'institution de cette Société : 2» une seconde Indulgence
plénière le 3 Décembre, Fête de St. François-Xavier, qui
est Patron de l'Association : 3° une autre Indulgence
plénière une fois chaque mois, dans un jour au choix de
l'Associé ; et afin de gagner ces diverses Indulgences
plénières, qui peuvent toutes être appliquées aux âmes
du Purgatoire, il faut, pour le jour où l'on veut gagner
l'indulgence, se confesser, communier, et prier dans
l'Eglise de sa Paroisse à l'intention du Souverain Pontife :
4» cent jours d'Indulgence chaque fois qu'étant contrit,
on fait les prières de l'Association, ou quelqu'aumône en
faveur dés Missions,^ou enfin quelqu'autre œuvre de piété
©u de charité ; mais on ne peut gagner aucune des Indul-
gences susdites, à moins d'être Associé, et d'accomplir
fidèlement les devoirs ci-dessus mentionnés de l'Associa-
tion.
Sera notre présent Mandement lu et publié au prône de
toutes les Eglises de notre Diocèse, le premier dimanche
après sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing, le sceau du
Diocèse, et le contre-seing de notre Secrétaire, le dix huit
d'Avril mil-huit cent-trente-huit.
L. f S.
-f- J. J. EvÉQUE DE Montréal.
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire'
.38 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL, EN LUI ADRESSANT LE
MANDEMENT DU 18 AVRIL 1838.
Montréal, le 20 avril 1838.
Monsieur,
Nous avons fait sortir, le 18 de ce mois, un Mandement
public pour l'Etablissement de l'Association, destinée à la
propagation de la Foi dans notre Diocèse; et la présente
vous est adressée en particulier, pour vous intéresser et
vous diriger dans l'accomplissement d'une œuvre si
désirable.
Vous pourrez voir, par le règlement, ci-contre, de cette
Société, lequel sera joint aussi à une courte Notice sur les
Missions de ce Diocèse, imprimée à part, que Nous avons
pris ici, comme on a fait ailleurs, les moyens d'éloigner
du Clergé tout soupçon de vues d'intérêt propre, et
l'impossibilité môme de procédés arbitraires, dans la dispo-
sition des aumônes; et ces Règles vous présenteront une
organisation toute laïque, en ce qui concerne la collection
de ces aumônes, ainsi que leur distribution. Néanmoins,
Nous sommes parfaitement convaincus que le succès de
l'entreprise dépendra, après Dieu du zèle du Clergé ; et
quoiqu'il soit statué en ce Règlement que, dans chaque
Paroisse, l'Association peut commencer par la première
personne qui voudra se joindre aux neuf autres à son
choix pour favoriser cette œuvre, Nous n'ignorons pas
que partout il faudra que le Pasteur marche à la tête de
son troupeau pour suggérer les meilleurs moyens de
parvenir au but de la Société. Ce ne serait pas rendre
justice à notre Clergé, si Nous ne comptions avec assu-
rance sur sa coopération efficace dans une entreprise,
d'autant plus nécessaire que Nous avons moins de
ressources personnelles pour soutenir les Missions déjà
existantes dans ce Diocèse, et pour en instituer de
nouvelles dont le besoin est urgent.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 39
Pour organiser en peu de temps une si louable inslitu
lion dans votre Paroisse, il nous parait qu'après avoir fait
lecture de notre Mandement du 18 avril 1838, (que vous
pourrez relire également dans d'autres circonstances,
selon que vous le trouverez avantageux) et après avoir
exhorté vos peuples à entrer dans cette pieuse Association,
tant pour leur avantage privé par les Indulgences dont
ils peuvent s'enrichir, que pour celui de la Religion en
général par les piières et aumônes de la Société, il sera à
propos de lire immédiatement le « Règlement de
l'Association, >» en y ajoutant les explications que vous
jugerez utiles. Recommandez ensuite, dans le particulier,
à plusieurs personnes pieuses de votre Paroisse de
s'adjoindre chacune neuf autres personnes, dont elles
recueilleront les aumônes. Il arrivera que, par cette voie,
vous aurez constitué comme autant de syndics pour la
propagation de l'œuvre; et il suffira que vous ayez fait
exécuter cette recommandation à dix personnes, pour vous
assurer de cent Associés. En faisant la môme opération
à l'égard de dix autres personnes, qui en recruteront
encore chacune neuf, et ainsi de suite pour chaque
centaine de Sociétaires, il vous sera possible d'associer
bientôt à l'œuvre en question presque toute votre
Paroisse.
Gomme tous les gens de bonne volonté ne sont pas
également doués de l'activité, du pouvoir ou de l'industrie,
nécessaires pour réussir, vous aurez soin de faire former
et diriger toutes les sections, composées chacune de dix
personnes de l'un ou l'autre sexe, par ceux ou celles en
qui vous connaîtrez plus de zèle et d'habileté ; et les
femmes, par leur loisir, leur vie sédentaire, leur influence
sur les diverses classes de la Société, et leur ardeur pour
le bien, ayant ordinairement plus d'aptitude que les
hommes à promouvoir les actes de charité et de piété, il
sera bon de les placer le plus souvent à la tête des sections
pour les composer, quoique les hommes puissent aussi y
être employés, quand ils seront qualifiés pour cela: mais
iO MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les chefs de sections tâcheront, autant qae possible, de
prendre leurs neuf Associés dans leurs propres familles,
ou dans leur voisinage, afin de correspondre plus
aisément avec eux.
Nous ne doutons pas, Monsieur, que vous joindrez vos
prières aux nôtres, pour attirer les bénédictions divines
sur une œuvre si glorieuse à l'Eglise, et que vous devez
regarder comme digne, par sou objet, d'une sollicitude
toute particulière.
Je suis cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
'l J. J. EvÈQUE DE Montréal.
(Pour Copie.)
A. F. Truteau, Pire. Secrétaire.
Règlement de l'Association pour la Propagation de la Foi dans
le Diocèse de Montrécd.
Art. I. L'association peut commencer dans chaque
Paroisse par la première personne qui désirera favoriser
cette œuvre; et pour cela, cette personne doit s'en
associer neuf autres qui correspondront avec elle et lui
remettront leurs aumônes, soit toutes les semâmes ou
tous les mois : ces dix personnes associées formeront alors
une section. Il pourra donc se former dans chaque
Paroisse autant de sections qu'il y aura de fois dix
personnes associées pour la bonne œuvre. La personne
qui sera à la tête de chaque section pourra avoir une
liste de ses associés,et fera en sorte que ceux qui
manqueront par mort, absence ou autrement, soient
remplacés.
IL Dans tous les lieux où le nombre des sections
s'élèvera à dix ou plus, il sera bon de former une ou
plusieurs centuries dont les chefs seront une des dix
personnes qui se trouveront à la tète des sections; et ces
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 41
chefs de centuries seront élus par les chefs de sections.
Lorsqu'il y aura des centuries dans une Paroisse, les chefs
de sections rendront compte aux chefs de ces centuries
des aumônes qu'ils auront recueillies.
III. Dans chaque Paroisse, on choisira une personne,
connue comme solvahle et digne de la confiance publique,
pour lui conférer la charge de trésorier ou trésorière, et
dépositaire des aumônes. Ce choix se fera par les chefs
de sections, qui s'assembleront à cette fin, sur l'avis et
sous la présidence de M. le Curé. La personne élue
demeurera en charge aussi longtemps qu'elle et ses
électeurs le voudront ; et quand il s'agira de la remplacer,
une autre sera choisie de la même manière. C'est à elle
que les aumônes seront remises, soit par les chefs de
centuries, soit par les chefs de sections s'il n'y a pas de
centuries. Le dépositaire des aumônes, dans chaque
Paroisse de la campagne, aura soin de tenir un état de
compte exact des sommes qui lui auront été remises :
mais dans la ville de Montréal, le Caissier général de
l'Association, ci-après mentionné, tiendra lieu de ce
trésorier particulier de paroisse.
IV. Chaque année, dans le cours de Février, les dépo-
sitaires des aumônes de chaque Paroisse, les feront
parvenir au Grand Vicaire de ce Diocèse le plus voisin ;
€t dans le mois de Mars suivant, le Grand Vicaire auquel
ces aumônes auront été envoyées, les fera parvenir, avec
■un état de ce que chaque Paroisse aura fourni, au Caissier
.qui sera établi à Montréal. Messieurs les Curés sont priés
d'assister les dépositaires d'aumônes dans l'envoi qu'ils
auront à faire à Messieurs les Grands Vicaires.
V. Il sera établi à Montréal un Conseil composé de huit
personnes laïques, auxquelles un des Grands Vicaires
sera prié de se joindre. Ce Conseil fera choix, parmi ses
Membres, d'un Président de l'Association, d'un Vice-
Président, d'un Secrétaire et d'un Caissier. C'est à ce
Caissier que seront remises les sommes d'abord envoyées
42 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
à Messieurs les Grands Vicaires, comme il a été dit ci-
dessus, art. IV.
VI. Le Conseil se recrutera par lui-même ; c'est à-dire
qu'avenant la mort, absence ou rés/'gnation d'un de ses
Membres, les autres le remplaceront par voie d'élection.
VII. Au commencement d'Avril de chaque année, le
Conseil s'assemblera. C'est dans cette assemblée que
l'Evoque de Montréal exposera par le Grand Vicaire qu'il
aura nommé Membre du dit Conseil, ou par tout autre
qu'il aura choisi à cet effet, les besoins de chaque Mission ;
et c'est aussi dans cette assemblée que se fera la distri-
bution des aumônes, suivant l'exigence respective des
Missions.
VIII. Dans le cours de l'été de chaque année, le Conseil
dressera un rapport de la distribution des aumônes à lui
confiées ; et ce rapport sera envoyé à Messieurs les Curés,
pour l'information des Membres de l'Association dans les
différentes Paroisses.
Par ordre de Monseigneur.
CIRCULAIRE
A MÏSSIEURS LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 4 Juin 1838.
Messieurs, '
Je vous informe par la présente, que le Comité ou
Conseil qui, sur mon invitation, s'est assemblé la première
fois le 21 Mai dernier, afin d'administrer l'Association
établie pour la Propagation de la Foi dans le Diocèse de
Montréal, est composé de MM. Paul Joseph Lacroix, Jules
Quesnel, Olivier Berthelet, Bernard Leprohon, tous de la
ville de Montréal, Alexis Sauvageau de Laprairie, Joseph
Larocque de Longueuil, Joseph de la Broquerie de Bou-
cherville, et le Docteur Caseneuve de l'Assomption, aux-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 43-
quels a bien voulu se joindre M. Joseph Quiblier, mon
Grand-Vicaire et Supérieur du Séminaire ; et que les
membres suivants ont été élus unanimement, pour Prési-
dent du dit Conseil, oules Quesnel Ecuier, Vice-Président
P J. Lacroix Ecuier, Trésorier ou Caissier Olivier Ber-
Ihelet Ecuier, Secrétaire Bernard Leprohon Ecuier.
Il a été convenu, entr'autres choses,dans cette assemblée,
que, quand il y aura dans une Paroisse, ou dans plusieurs
réunies, dix Centuries ou plus d'Associés, les Chefs de
chaque Centurie choisiront un Chef de Division ou de
mille Associés, auquel tous les Centeniers remettront,
dans les quinze premiers jours de chaque mois, les
aumônes qu'ils auront reçues des Chefs de Sections,
chacun les faisant passer ensuite, et dans le temps, à qui
il est prescrit.
Je saisis cette occasion pour prévenir Messieurs les
Curés du Diocèse, qu'ayant reçu du St. Siège un Induit
du 7 Janvier de la présente année, qui m'autorise à
supprimer, quand je le jugerai à propos, les OfTices des
Fêtes de dévotion, je n'ai pas néanmoins voulu le faire
sans les consulter là-dessus : je demande donc, Messieurs,.
votre avis motivé et par écrit sur ce point.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
f J. J. Etèque de Montréal.
[Pour copie.)
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
4'» MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE ifeîôs'TRÉAL,
Montréal, le 7 août 1838.
Messieurs,
Je désire que vous me répondiez au plus tôt, s'il vous
plaît, aux questions suivantes :
Combien il y a d'écoles de garçons dans vos Paroisses ;
Combien d'écoles de filles;
Combien d'écoliers ou d'écolières fréquentent ces
écoles ;
Enfin, ce qu'on enseigne dans ces écoles, de plus que
la lecture et l'écriture.
Dans les Paroisses où il se trouve plus que de petites
écoles, par exemple des espèces de Collèges ou d'Acadé-
mies, il faudrait marquer les diverses sciences qu'on y
enseigne.
Ces renseignements seront utiles, non-seulement pour
l'Evêque, qui doit connaître l'état de l'enseignement dans
son Diocèse, mais aussi par rapport aux correspondances
que nous pourrions avoir avec le gouvernement sur
l'éducation du pays : car je sais d'une manière positive,
qu'on a tâché d'insinuer aux étrangers qu'il n'y a aucune
espèce d'instruction, ou presqu'aucune dans nos cam-
pagnes ; et il est important que la vérité soit rétablie.
Je suis véritablement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant Serviteur,
7 J. J. EvÉQUE DE Montréal.
(Pour Copie.)
A. F. Truteau, Ptre. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 45
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
ivlontréal, le 20 Novembre, 1838.
Monsitfdr,
Les derniers troubles civils qui malheureusement ont
éclaté dans notre Diocèse, et Nous ont accablé de douleur
exigent que nous recourions de nouveau à l'auteur et
distributeur de toutes grâces, pour implorer sa miséricorde
infinie, et nous efforcer d'appaiser sa justice ; et comme le
jeûne, l'aumône et la prière sont les moyens les plus
propres à conjurer les fléaux de la colère divine, Nous
vous enjoignons d'engager fortement vos Paroissiens à
ces bonnes œuvres, le premier Dimanche après la récep-
tion de la présente, au prône de la Messe paroissiale, leur
recommandant de notre part de s'abstenir, le Vendredi
sept de Décembre prochain, de toute œuvre servile, et de
rendre leurs prières et aumônes plus propitiatoires en
jeûnant ce jour-là. Le même jour, sept de Décembre, vous
aurez soin qu'il soit chanté dans votre Eglise, pour obtenir
un retour entier de la tranquillité publique, la Messe pro
qudcumque necessitate^ sans Gloria ni Credo ^ suivie par le
chant du Trait Domine non secundùm^ avec le verset Ostende
JiobiSy l'oraison Ne despicias et le Divinum auxilium.
Je suis véritablement.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
(Signé) \ J. J. EvÊQUE de Montréal.
{Pour copie.)
A. F. Truteau Pire., Secrétaire.
5
46 .MANDEMEMS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT.
Jean Jacques Lartir/ue, par la miséricorde de Dieu et la grâce
du Saint Siège Apostolique^ Evéque de Montréal^ et
svffragant immédiat de la Sainte Eglise Romaine.
Au Clergé et à tous les Fidèles de Notre Diocèse: Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Rien ne relève pins, Nos Très - Chers Frères, la
majesté du culte de Dieu, ne réjouit plus le Peuple
chrétien, et n'est plus propre à réveiller la dévotion des
Fidèles dans les pratiques salutaires de la religion, que
les Fêtes instituées par l'Eglise, soit pour célébrer nos
mystères, soit pour honorer les saints; aussi le Prophète
nous représente-t il comme le comble du malheur pour
Sion la cessation de ses solennités, en nous montrant les
portes de son sanctuaire détruites, ses Prêtres dans les
gémissements, ses vierges dans le deuil, et elle-même
plongée dans l'amertume. 1 Mais quand ceux sur qui
l'Eglise avait répandu ces richesses précieuses de la grâce
viennent à les mépriser, à en abuser, à l9s changer même
en une source de nouveaux péchés pour eux en les
profanant, alors l'Eglise de Jésus-Christ toujours vigilante
sur le bien de ses enfants, les prive de ces solennités dont
ils s'étaient fait un sujet de condamnation, et qu'ils
avaient fait tourner par leur pervisité au déshonneur de
la Religion, fai en horreur vos solennités., 2 dit le Seigneur
par la bouche du Prophète Isaïe ; et il n'en donne pas
d'autre raison que les iniquités de son Peuple. Ce sont
les mêmes causes, ou du moins l'insouciance des Fidèles
de ce Diocèse pour l'observation des Fêtes, qui engagea
en 1793 nos Prédécesseurs-Evêques à retrancher de la
liste des Fêtes d'obligation sept de celles qui parurent
moins faciles à observer par le Peuple ; et d'après les
1 Jerem. 1,4.
2 Is. 1, 14 e/ 15,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 47
ordres du St. Siège, feu Monseigneur Hubert ôta le
précepte de les chômer et d'entendre ces jours-là la sainte
Messe.
Mais depuis cette époque, quoiqu'on eût conservé en ces
jours-là la solennité des Offices pour satisfaire la piété de
ceux qui désireraient y assister, l'esprit de religion, loin
d'augmenter, a bien diminué parmi nous, comme le prou-
vent depuis deux ans les troubles civils et religieux qui
ont régné dans ce diocèse ; car si nous avions suivi fidè-
lement les règles de la Foi, qui nous avaient été proposées
par nos Pasteurs, jamais nous n'aurions été plongés dans
les malheurs qui sont venus fondre sur nous. De plus, il
Nous est revenu, de la part de nos coopérateurs dans le
saint ministère, une infinité de plaintes sur les péchés
énormes et continuels auxquels donnait occasion pour les
mauvais chrétiens la célébration de ces Offices; et mal-
heureusement Nous nous sommes assurés que, depuis
longtemps, ces jours de Fêtes, sources de grâces pour un
très petit nombre d'âmes ferventes, servaient généralement
de prétexte à l'oisiveté scandaleuse et aux désordres de
toute espèce commis par la grande majorité de ceux qui,
sans mettre le pied dans l'église ces jours-là, les passent
dans les excès, dont le moindre est la dissipation et l'inu-
tilité. Sur la totalité des Pasteurs que Nous avons consul-
tés dans les différentes Paroisses sur cet objet, à peine
s'en trouve-t-il une douzaine qui ne voie pas la nécessité
urgente de la suppression des Offices publics dans les Fêtes
de dévotion, tandis que les autres demandent instamment
cette mesure, et motivent fortement leur demande.
A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué, et muni
d'un Induit du St. Siège du 7 Janvier 1838 qui Nous y
autorise, Nous statuons et ordonnons ce qui suit.
De ce jour à l'avenir, les Prêtres à charge d'âmes dans
ce diocèse ne célébreront plus d'Offices publics dans leurs
Eglises, les seconde et troisième Fériés, dans l'Octave de
Pâques, les seconde et troisième Fériés dans l'Octave de
la Pentecôte, le dernier jour de l'Octave de la Fête-Dieu,
48 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
excepté le salut du saint Sacrement qu'ils donneront le
soir comme dans les autres jours de cette octave, ni le 26
et le 27 de décembre, à moins que ces jours ne tombent
le Dimanche ; et en cela Nous dérogeons expressément
aux divers Mandements de nos Illustres Prédécesseurs sur
cette matière, et spécialement à celui du 28 octobre 1793.
Nous exhortons les Fidèles à vaquer tous ces jours-là aux
travaux ordinaires de leur profession, de leur métier, ou
de leur emploi, en sorte qu'il ne leur reste point de temps
dans la journée pour s'adonner à ce qui serait défendu.
Nous devons aussi, Nos Très-Ghers Frères, vous engager
de tout notre pouvoir à multiplier les Ecoles Chrétiennes
pour l'éducation de vos enfants, objet qui devrait être si
cher à vos coeurs ; et si ce sont des Ecoles établies sous la
conduite et le contrôle des Fabriques, conformément aux
statuts provinciaux do 1824 et 1827, Nous serons toujours
disposé à les favoriser et à les encourager, autant qu'il
sera compatible avec la décence du Culte public, par
l'apphcation des deniers de l'église à cette bonne œuvre,
quand on Nous le demandera. Mais remarquez que ce
doit être des Ecoles vraiment Chréliennes^ où l'on ne se
contente pas de donner l'instruction littéraire, qui est la
plus petite partie de l'éducation d'un homme civilisé ; et
qu'on y insiste principalement sur ce qui forme la jeu-
nesse aux bonnes mœurs et à la piété : qu'elles soient par
conséquent tenues par des Maîtres et Maîtresses Catholi-
ques, reconnus capables parla régularité de leur conduite
et leur science, qui n'y admettent pas ensemble des per-
sonnes de différent sexe en opposition aux lois canoniques
et civiles, qui soient aussi jaloux de rendre leui-s élèves
habiles dans les dogmes et les devoirs de la rehgion que
dans les lettres, et qui ne les instruisent que dans des
livres approuvés par l'Eglise. Car il se répand depuis quel-
que temps, même dans les campagnes, une foule de livres
dangereux ou suspects, dont vous devez sagement vous
défier, des Bibles ou Nouveaux Testaments falsifiés, des
pamphlets hérétiques ou d'une morale toute humaine
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 49
Souvenez-vous qu'un Catholique ne peut lire dans toute
sa pureté l'Ecriture sainte, quoiqu'elle soil une partie de
la parole de Dieu, qu'à l'aide de la Tradition qui est l'autre
partie de cette parole divine, et avec tout le respect qui
lui est dû, et selon les règles prescrites par l'Eglise ; et que
les autres livres, dont la doctrine vous est inconnue, ne
devraient jamais être lus sans l'examen et l'aveu de vos
Pasteurs. Ah ! si tous vos enfans pouvaient être instruits,
dès leurs tendres années, par les Frères des Ecoles Chré-
tiennes et par les Sœurs de la Congrégation-Notre-Dame,
comme plusieurs ont le bonheur de l'être dans notre ville
épiscopale, quels fruits heureux n'en résulterait-il pas pour
vos familles ! Mais il dépend en grande partie de vous de
procurer ces pieux établissements à vos Paroisses respec-
tives, en favorisant la vocation de ceux et celles de vos
compatriotes qui seraient propres à ce saint état, et en
leur fournissant des élèves qui ensuite en formeraient
d'autres pour vos arrondissements.
Enfin Nous vous recommandons de nouveau la société
inappréciable de la Propagation de la Foi chez les Nations
sauvages et dans les autres Missions de ce diocèse, telle
que Nous l'établîmes l'année dernière, comme une source
de salut pour vous, et pour vos frères à qui vous procure-
riez par de légers sacrifices les biens éternels. Non, il
n'est point au monde d'œuvre plus méritoire, plus hono-
rable à la religion sainte dont vous faite profession, et
moyennant laquelle il vous soit plus facile de gagner le
Ciel et de l'^tssurer aux autres.
Et vous. Ministres du Seigneur qui entrez en partage de
notre sollicitude Pastorale, si de simples Laïques doivent
montrer tant de soin pour l'éducation chrétienne de leurs
enfants, quel doii donc être le vôtre pour la formation
d'Ecoles Chrétiennes dans vos paroisses, qui puissent vous
aider à l'instruction ds chacun de ceux dont vous répon-
dez âme pour âme ? Cette bonne œuvre est au dessus de
toutes les autres que vos revenus pourraient vous per-
mettre d'exécuter dans vos bénéfices, parce qu'elle vous
50 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
assurera l'influence raisonnable que vous devez avoir sur
la jeunesse confiée à vos soins. Il est défait que de grands
efforts sont en marche ou en projet pour décatholiciser le
pays par le moyen de l'éducation. C'est donc à vous à
vous lever en masse pour défendre vos droits religieux, et
arracher vos brebis à la gueule affamée du loup ravissant,
en élevant dans vos dessertes autant d'Ecoles Chrétiennes
qu'il vous sera possible : des dépenses pour cet objet doi-
vent même paraître plus urgentes à vos yeux que la déco-
ration des églises, pourvues d'un nécessaire décent ; car,
selon Tesprit de Jésus Christ, il vaut mieux orner les
temples vivants du St. Esprit, que nos temples matériels,
quelque respect qu'ils méritent. Mais surtout armez-vous
de vigilance pour empêcher la dissémination dans vos
paroisses de livres hétérodoxes ou dangereux : répandez y
vous mêmes des ouvrages pieux et solides, qui puissent
servir de contre-poison au déluge de pamphlets pernicieux
dont on prétend inonder le pays ; et que la doctrine ainsi
que la conduite des Maîtres et Maîtresses d'Ecoles soit
l'objet principal de votre attention.
Nous n'avons pas besoin d'exciter votre zèle pour l'éta-
blissement de l'Association de la Propagation de la Foi en
ce Diocèse : vous en connaissez trop bien l'importance, et
vous savez assez à quoi votre état môme vous oblige pour
l'extension du Royaume de Dieu : mais Nous devons
observer que celte œuvre, quelqu'érainente qu'elle soit,
ne réussira jamais, du moins dans l'étendue dont elle est
susceptible, sans que vous y mettiez vous-même la main,
surtout pour former les sections, les renouveler quand
elles se dissolvent, les tenir en union et correspondance
entre elles et avec les centuries, enfin dissiper les préjugés
et les prétextes qui pourraient en retarder la marche ; car
c'est ici l'œuvre de Dieu par excellence, et conséquem-
ment le monde doit la contredire.
Nous avons vu avec plaisir que l'année dernière un
grand nombre d'entre vous se sont portés d'eux-mêmes à
se renouveler dans des Retraites Spirituelles, où ils se sont
CIRCULA.1RES ET AUTRES DOCUMENTS. 51
édiliés mutuellement, sans parler du bien immense qui en
a rejailli ensuite sur leurs Paroisses; car quelque fervents
que vous puissiez être, il est impossible, dit le Grand St
Léon, que les cœurs, même les plus religieux, ne contrac-
tent quelque souillure par le commerce qu'ils sont obligés
d'avoir avec le monde, et qu'ils n'aient souvent besoin de
quelques exercices extraordinaires pour se renouveler
dans leur ferveur primitive : necesse est de mundano
pulvere etiam religiosa corda sordescere. 1 Nous vous enga
geons donc fortement à continuer, et même à généraliser
une si louable pratique ; et de notre côté. Nous ferons
tout ce qui est en notre pouvoir pour la favoriser.
Par induits du Siège Apostolique, datés le 11 décembre
1837, Nous introduisons dans ce Diocèse l'Office et la
Messe du Bienheureux Alphonse de Liguori, Confesseur-
Pontife, et de Ste. Philomène, Vierge et Martyre, confor-
mément aux feuilles de Rubriques que Nous avons fait
dresser et déposer chez l'Imprimeur du présent Mande-
ment; et Nous ordonnonsque ces Fêtes, Doubles- mineurs,
seront par vous célébrées chaque année à l'avenir, la pre-
mière le deux d'Août, et la seconde le onze du même
mois. Vous n'ignorez pas. Messieurs, avec quelle dévotion
s'est étendu par toute l'Europe, et même en Canada, le
culte de Ste. Philomène depuis l'heureuse invention de
ses Reliques ; et vous savez avec quelle activité le Bien-
heureux Evêque de Ste. Agathe s'est employé durant sa
longue vie à la sanctification du Clergé. Ce sont ces motifs
qui Nous ont excité à proposer ces nouveaux modèles de
vertus à votre imitation, et à vous les donner pour protec-
teurs, en vous les faisant honorer d'une manière plus
spéciale.
Sera le présent Mandement lu et publié au Prône de la
Messe dans toutes les Paroisses et au Chapitre dans toutes
les Communautés Religieuses de ce Diocèse, le premier
Dimanche après sa réception.
l Serm. 4, de Quadragesim.
b1 MANDEAIEÎ^TS, LETTRES PASTORALES,
Donné à Montréal le douze Mars mil-huit-cent-tiente-
neuf, sous notre Seing, le Sceau du Diocèse, et le contre-
seing de notre Secrétaire.
L i S.
J. J. EvÈQUE DE Montréal.
Par Monseigneur^
A, F. Truteau. Pire, Secrétaire
N. B.— On ne lira au Prône que la première partie de
ce Mandement qui regarde le peuple : le reste, qui com-
mence par Et vous^ Ministres du Seigneur, et ne concerne
que les Prêtres, est pour la lecture des seuls Ecclésiasti-
ques ; et celui qui lira le Mandement au Prône, dès qu'il
aura fini ces mots, et de rassurer aux autres, passera immé-
diatement à ceux-ci, Sera le présent Mandement, etc., jusqu'à
la fin.
CIRCULAIRE
A Messieurs les Curés du Diocèse de Montréal.
Montréal, le 20 Avril 1839.
Messieurs,
Il Nous est revenu de diverses parties de ce Diocèse
qu'un grand nombre de familles et de personnes se trou-
vent en ce moment plongées dans une profonde misère,
avec peu ou point de ressources pour se procurer un meil-
eur avenir. Notre cœur saigne à la vue de tant de maux
accumulés sur notre patrie ; et nous ne doutons pas que
les vôtres, sensibles comme ils le sont, et animés par les
plus vives émotions de la charité chrétienne, ne s'empres-
sent à secourir ceux qui souffrent dans chacune de vos
Paroisses respectives, surtout en fournissant aux pauvres
gens de la campagne les moyens d'ensemencer la terre
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 53
dans la saison présente. Je vous exhorte donc dans les
entrailles de Jésus-Christ de rassembler tous vos Parois-
siens les plus aisés, dont il y a toujours un certain nombre
dans chaque paroisse, et de les engager à former des
Comités, auxquels vous donnerez vous-mêmes les soins
les plus assidus, comme de bons Pasteurs qui ont à cœur
de paître leurs brebis, afin d'amasser et de distribuer
équitablement de la nourriture à ceux gui ont faim, des-
habits à ceux qui sont nus, et particulièrement de quoi
semer à ceux qui désirent récolter par leur travail. Vous
vous montrerez par là les enfants de votre Père Céleste,
et les parfaits observateurs de sa Loi : qui enim diligit
proximum, legem implevit : Rom. 13, 8.
Je suis bien cordialement,
Messieurs,
Votre très-humble et obéissant Serviteur,
j J. J., EvÈQUE DE MONTRÉAL-
(Pour Copie,)
A. F. Truteau, Ptre. Secrétaire.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES PRETRES ET AUTRES ECCLÉSIASTIQUES DU
DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 21 Juilllet 1839.
Messieurs,
Nous vous informons que les dernières nouvelles d'Eu-
rope attestent d'une manière certaine que la cérémonie de
la Canonisation du Bienheureux Alphonse-Marie de Liguori.
dont Nous avons déjà introduit TOffice dans le Calendrier
de ce Diocèse, a eu lieu à Rome le 26 de Mai dernier ; et
qu'en conséquence, cet illustre Pontife doit à l'avenir être
honoré dans la Messe et dans le Bréviaire sous le titre de-
Saint.
:54 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Nous VOUS avertissons aussi que, par Induit du Souve-
rain Pontife, daté le 17 de Février dernier, tous les Ecclé-
siastiques obligés au Bréviaire dans ce Diocèse seront
tenus à l'avenir de réciter, le Vendredi après l'Octave du
Saint Sacrement, l'Office du Sacré Coeur de Jésus, comme
Fête double-majeure ; et que les Prêtres qui célébreront
la Messe ce jour-là diront, avec des ornemens blancs, la
Messe de cette même Fête, telle qu'elle est usitée à Rome :
on trouvera, chez l'Imprimeur de la présente circulaire,
l'Office et la Messe ci-dessus annoncés.
De plus, notre devoir Nous force à vous prévenir qu'une
nouvelle Propagande hérétique, dont Nous n'avons connu
que dernièrement l'existence, a eu la confiance, le 8 Avril
dernier, de s'afficher publiquement en cette ville, sous le
titre ou avec le dessein avoué de former une Société de
Missionnaires pour la conversion, disent-ils, des Canadiens-
Français. Leur plan semble lié avec le projet d'introduire
en ce pays un certain nombre de Maitres-d'école, Apostats
ou autres anti-Catholiques parlant Français, avec un
déluge de Bibles corrompues ou interprêtées à leur guise,
et une foule d'autres pamphlets analogues. Ils ont même
osé donner, pour motif de cette recrudescence parmi eux
d'un zèle si peu mesuré, une prétendue diminution de
l'influence des Curés Catholiques sur leurs Paroissiens en
ce pays : mais Nous sommes convaincu que vous faire
connaître le mal, c'est assez vous en indiquer le remède ;
et que vous veillerez si bien sur votre Troupeau pour le
préserver de la fureur des loups, que les ennemis de notre
Sainte Religion tireront de leurs calomnies contre elle
toute la confusion qu'ils méritent.
Pour ce qui concerne l'obligation qu'ont les Pasteurs
des âmes de résider personnellement dans leurs Paroisses,
quelques abus, qui paraissent s'introduire en certaines
parties de notre Diocèse, Nous engagent à avertir charita-
blement ceux qui partagent avec Nous le fardeau du Saint
Ministère, que cette résidence, qu'ils peuvent regarder
•comme de Droit divin, doit être à peu près continuelle pour
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 55
eux ; en sorte qu'il leur faut de graves raisons pour s'ab-
senter de leur Troupeau, d'après le Saint Concile de
Trente. (Sess. 23, cap. 1, de Réform.) : que les sacrées
Congrégations de Rome ont déclaré que les Pasteurs ne
peuvent s'absenter une semaine sans permission par écrit
de l'Evêque, même en laissant à leur place un Prêtre qui
ait jurisdiction ; et que le Concile Romain, sous Benoit
XIII, en 1725, défend aux Curés de quitter leurs Paroisses
pour plus de deux jours sans permission par écrit de
l'Ordinaire. Nous ne prétendons pas néanmoins urger
strictement l'exécution littérale de ces Décrets dans notre
pays : mais ces décisions respectables peuvent donner du
moins aux Curés une idée de leurs obligations en fait de
résidence ; et Nous ordonnons qu'aucun Prêtre, ayant la
conduite des âmes, ne s'absente à l'avenir de ce Diocèse
sans une permission écrite de notre part, excepté pour se
rendre à quelque lieu sur lequel il aurait déjà jurisdic-
tion dans un autre Diocèse.
Mais le point le plus important, et qui fait l'objet prin-
cipal de cette circulaire, c'est la Retraite spirituelle, que
Nous vous annonçons comme devant avoir lieu pour les
Prêtres de ce Diocèse dans le cours du mois prochain, et
à laquelle Nous invitons seulement Messieurs les Curés
pour cette fois, à cause du besoin que Nous aurons des
autres Prêtres pour suppléer les Retraitants pendant ce
temps là. Depuis plusieurs années, nous avions appris de
diverses parts et à différentes reprises qu'on désirait
ardemment voir s'établir dans ce Diocèse des Exercices
spirituels et annuels pour les Ecclésiastiques ; et qu'un
grand nombre des Membres du Clergé se plaignait d'être
privé d'un secours si important, accordé à beaucoup d'au-
tres Diocèses du monde chrétien : mais il Nous avait été
impossible de satisfaire là-dessus les vœux des Prêtres de
bonne volonté, qui étaient aussi les nôtres. Maintenant
donc que Nous croyons levés tous les obstacles qui s'y
opxjosaient, Nous nous hâtons de vous en prévenir avec
joie. Nous avons maintenant les moyens de remplacer
56 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
dans leurs Paroisses tous les Curés en leur absence. Mes-
sieurs du Séminaire de St. Sulpice offrent bien volontiers
leur vaste Collège, avec la Chapelle y attenante, pour être
un lieu de réunion à tous les Retraitants; et ils se porteront
d'ailleurs, avec tout le zèle qu'on leur connaît, à favoriser
ces exercices, soit en se dévouant à la direction de la
Retraite, soit en allant garder, comme les autres Prêtres
libres, les Cures vides. D'autres circonstances, ménagées
par la Providence, Nous persuadent qu'aujourd'hui Nous
pouvons vous dire, comme autrefois Jésus-Christ à ses
Apôtres; Vinite seorsum in desertum locum ; et requiescite
pusillum. Marc. 6, 31. En conséquence,
1» Nous engageons corde magno et animo volenti, sans
pourtant leur en faire un précepte, tous les Curés de notre
Diocèse à se rassembler, cette année, dans le Collège de
Montréal, pour y faire ensemble la Retraite Spirituelle,
qui commencera le Mercredi, 21 au soir du mois prochain,
et finira le Vendredi matin, 30 du môme mois.
2o Nous espérons pouvoir aussi procurer le môme avan-
tage aux autres Prêtres, dans quelque temps de l'année
dont ils seront avertis.
3" Nous avons réglé comme suit la desserte des Cures,
pour que rien n'y souffre en l'absence de leurs Pasteurs.
Mr. gardera ,
avec les pouvoirs ordinaires des Vicaires du Diocèse dans
ces Paroisses ; et il y binera le Dimanche. Les Curés de
ces lieux s'entendront ensemble pour envoyer chercheret
ramener ce Prêtre desservant, afin qu'il réside dans, ou
visite chacune de ces Paroisses en des jours déterminés
qui seront annoncés aux Paroissiens ;etque ceux-ci sachent
où aller, quand ils auront besoin de son Ministère.
4° Le Dimanche avant le commencement de la Retraite,
il serait utile que chaque Curé prévînt ses Paroissiens du
temps et des motifs de son absence ; les exhortant à unir
leurs prières à celles des Retraitants, pour obtenir que
l'esprit ecclésiastique se répande abondamment sur tout
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 57
le Corps Pastoral : une telle annonce, bien faite, ne peut
être qu'un grand sujet d'édification pour les Fidèles.
50 Gomme il est nécessaire de connaître d'avance le
nombre des Retraitants, afin de déterminer et faire les
préparatifs convenables pour une honnête réception ;
vous voudrez bien Nous marquer, aussitôt que possible,
si vous vous rendrez à cette Retraite : car, quoique Nous
n'en imposions à personne l'obligation, Nous sommes
persuadé que chacun de vous s'en fera un devoir, et
s'empressera de profiter d'un moyen si efficace pour se
renouveler dans l'esprit intérieur de sa sainte vocation. Eph-
4,23.
Je suis bien sincèrement.
Messieurs,
Votre très humble serviteur,
-|- J. J. EvÊQUE DE Montréal.
(Pour copie,)
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
N. B. — Ceux qui se sont chargés de pourvoir au matériel
pendant la Retraite, désirent que chacun apporte avec soi
un Nouveau Testament ou une Bible, une Imitation de
Jésus-Christ, et quelques livres qui traitent des devoirs
ecclésiastiques.
A. F T., P. S.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 24 Octobre 1839.
Monsieur,
Monseigneur l'Archevêque de Québec ayant adressé, le
29 Août dernier, une Circulaire aux Curés de son Diocèse,
pour les engager à faire exécuter, en faveur de leurs
EgUses, l'Ordonnance du Conseil Spécial qui permet aux
58 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Paroisses, et autres Congrégations religieuses, établies à
la Campagne, d'acquérir des terrains ; j'ai cru devoir
adopter, pour le Diocèse de Montréal, cette même circu-
laire, afin qu'il y ait conformité entre les deux Diocèses
dans les procédures à suivre pour parvenir aux fins de
cette Ordonnance. Je n'ai fait qu'insérer dans celle-ci les
changements requis par le local.
Le but principal de la présente est de vous inviter à
profiter des dispositions de l'Ordonnance de la 2e Victoria,
chap. 26, passé récemment par le Conseil Spécial, pour
assurer à votre paroisse la propriété du terrain (ou des
terrains) dont elle est maintenant en possession.
Pour cela, il s'agit d'envoyer d'ici au 19 Mars 1841, au
Greffe de votre District, pour y être enregistrés, les titres
de terrain (ou de ces terrains) avec la description d'icelui
(ou d'iceux), dressée en bonne forme par un arpenteur
juré. Vous aurez donc soin, aussitôt après la réception
de la présente, d'assembler les Marguillers de votre
paroisse, pour les engager à mettre à effet, conjointement
avec vous, ma présente recommandation, et surtout à faire
arpenter sans délai le terrain (ou les terrains) sus-men-
tionné, s'il n'a pas été déjà arpenté, afin que le procès
verbal de l'arpenteur soit joint aux titres en vertu des
quels la fabrique de votre paroisse jouit du dit terrain (ou
des dits terrains), lorsque ces titres seront envoyés au
Greffe.
Il serait à propos que, dans le cas ou le dit terrain (ou
les dits terrains) n'aurait pas encore été borné, l'on profitât,
de cette occasion pour faire cette opération avec le concours
des voisins qui devraient y être appelés comme parties
intéressées. Si ceux-ci refusaient leurs concours, l'on se
contenterait de faire mesurer simplement le terrain (ou
les terrains) dont la fabrique a la jouissance.
Il faudra joindre aux titres et au procès verbal que l'on
enverra au greffe pour l'enregistrement, une résolution
de fabrique rédigée à peu près dans la forme ci-jointe,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 59'
cette formalité paraissant convenable, d'après un proviso
de la seconde clause de TOrdonnance précitée.
A défaut de titres prouvant que votre fabrique a la
propriété de tel terrain (ou de tels terrains), il faut envoyer
au greffe un certificat authentique de sept propriétaires
ou tenanciers de votre paroisse ou des environs, attestant
que la dite fabrique est en paisible possession du dit terrain
(ou des dits terrains) depuis dix ans, avec la mesure et
description d'icelui (oud'iceux) faite par un arpenteur juré.
Je joins à la présente un modèle dont on pourra faire
usage dans le rédaction de ce certificat.
Si votre fabrique se trouve dans l'obligation de faire-
faire un procès verbal d'arpentage du terrain (ou des
terrains) qui lui appartient, ayez soin de recommander à
l'arpenteur de mentionner dans son procès verbal qu'il a
été requis d'opérer par Messieurs N. Curé de la Paroisse
de N. Comté de District de et N. N. et N.
Marguillers en exercice de la Fabrique de la dite paroisse.-
J'ai pensé que, pour suivre une marche uniforme de
prévenir toute méprise de la part des commissaires que
vous pourriez charger de présenter au greffe les pièces en
question, il serait avantageux qu'il y ait en ce District un
agent à qui vous puissiez confier ce soin avec la certitude
de voir vos intentions remplies à la lettre. M'étant assuré,
pour cet objet, des services de Messieurs Thomas Bédouin
et Z. J. Truteau, Notaires en cette ville, je vous invite à
leur transmettre, selon l'occurrence, les papiers dont il est
fait mention plus haut. J'autorise d'avance votre fabrique
à faire, à même les deniers dont elle a l'administration,
toutes les dépenses nécessaires, tant pour payer les frais
de l'arpentage et du greffe, que pour rémunérer l'agent de
son travail.
Lorsque vous adresserez à l'agent les papiers en ques-
tion, faites en sorte qu'ils soient accompagnés d'une somme
suffisante pour payer les honoraires du greffier, tels que
fixés par la quatrième clause de l'Ordonnance, laquelle
doit être maintenant entre vos mains.
-êO MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Si votre fabrique ne possède qu'une petite étendue de
terrain, et qu'elle soit en moyen d'en acquérir une plus
grande, je vous engage à faire tous vos efforts pour qu'elle
profite de l'occasion que lui offre l'Ordonnance, de faire
une acquisition qui pourrait lui être utile par la suite^
.ainsi qu'à sa paroisse.
Quant aux Missions, ou autres Congrégations religieu-
ses, qui ne sont pas reconnues comme paroisses au Civil,
elles suivront les directions suivantes dans l'acquisition de
terrains.
Les paroisses qui ne sont pas érigées civilement, ou les
congrégations religieuses qui se trouvent dans quelques
lieux non compris dans les limites de paroisses légales,
peuvent acquérir la quantité de 200 acres de terrain qui
seront amorties à leur profit, en observant les formalités
suivantes :
1. — Convoquer en la manière accoutumée une assem-
iDlée des habitants francs-tenanciers de la dite paroisse ou
de la congrégation religieuse de telle seigneurie ou partie
de seigneurie, ou de tel township ou partie de township,
à l'effet d'élire des syndics qui auront le droit d'acquérir
et de posséder au nom de la dite paroisse ou congrégation
religieuse une quantité de terrain n'excédant pas 200
acres.
2. — Dans cette assemblée nommer un ou plusieurs
syndics (le nombre de cinq est celui qui convient le mieux),
dont un devrait être le curé ou desservant de la dite
paroisse ou congrégation religieuse. Dresser un acte
•d'élection dans la forme suivante :
« Aujourd'hui le N. du mois de N de l'année de N. à
une assemblée de la paroisse (ou congrégation) catholique
de N. dans le Diocèse de Mont-éal, convoquée selon l'usage
par nous soussigné curé ou desservant de la dite paroisse
/ou congrégation religieuse), la susdite assemblée a choisi
comme syndics pour acquérir et posséder au profit de la
'dite paroisse (ou congrégation) une quantité de terre
n'excédant pas 200 acres, en vertu de l'Ordonnance de la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 61
2de Victoria, chap. 26, Messieurs N. prêtre, curé ou des-
servant de la dite paroisse ^ou congrégation) et N. N.
habitants de la même paroisse (ou congrégation), dont les
successeurs es dites qualités seront toujours le prêtre des-
servant de la dite paroisse ou congrégation, et quatre
habitants du lieu qui seront nommés par la majorité des
syndics eux-mêmes, à mesure qu'il y aura vacance dans
la place de l'un d'entr'eux, sans qu'il soit besoin, pour
leur élection d'une nouvelle assemblée de paroisse (ou
congrégation); et cela jusqu'à ce que la susdite paroisse
(ou congrégation) étant civilement reconnue comme pa-
roisse légale, la quantité de terrain acquis comme dit est
ci-dessus, tombe sous l'administration de Messieurs les
curés et marguilliers de la dite paroisse. Fait au dit lieu
de N. les jour et an que dessus; et ont signé avec nous
les sieurs N. et N. »
3. — Après leur élection, les syndics acquerront la quan-
tité de terrain qu'ils pourront se procurer, en un ou plu-
sieurs lots, pourvu qu'elle n'excède pas 200 acres. Ils
auront soin préalablement de faire mesurer le dit terrain
par un arpenteur juré qui dressera procès-verbal de cettt
opération.
4. — Dans l'acte d'acquisition du dit terrain, il sera fait
mention de la manière dont se fera la succession des dits
syndics ; le notaire qui dressera l'acte pourra se servir à
cet effet des expressions employées dans le modèle d'acte
d'élection ci-dessus donné.
5. — Transmettre à Messieurs Thomas Bédouin ou Z. J.
Truteau, Notaires à Montréal, l'acte d'élection des dits
syndics, l'acte de l'acquisition par eux faite, et le procès-
verbal do l'arpenteur, pour que le tout soit enregistré au
greffe.
-le saisis l'occasion de cette lettre pour vous informer
que la procession de St. Marc, avec son abstinence, se fera
désormais conformément à la Rubrique suivante, en tout
fondée sur le rit Romain : « Si occurrat dies 25 april. in
« Dom. Resurrectionis Dni., tune juxta Rubricam Missalis
62 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« Rom. et Décret. S. G. R. 25 sept. 1627. Processio et Litanise
« Majores, cum missâ ejusdem processionis, transferuntur
« in fer. 3. oct. Pascli. Si vero prœdicta dies 25 April. occur-
« rat in aliâ quâcumque die infrâ Octav. Paschœ, seraper
« die illâ fit processio in Litaniis major, cum missâ de
« Rogat. et prœf. Pasch. Tune etiam dicuntur Communi-
« cantes et Hanc igitur Oct. Pasch. propria. Gavant, tom. I-
« pars. IV. titul. XL No. 10. Seraper autem fit abstinentia
« à carnibus in Litaniis Majoribus, exceptis Dominicis et
« biduo post Dom. Paschaî.»
Je crois devoir aussi vous annoncer que, dans le cours
de l'été dernier, j'ai reçu deu.x députalions de difTérenles
Tribus sauvages qui habitent la partie supérieure de ce
Diocèse, demandant comme une grande faveur d'avoir des
Missionnaires résidents parmi eux. Je sentais déjà aupara-
vant la nécessité de fixer dans ces quartiers éloignés, quel-
ques Prêtres qui fussent uniquement consacrés à l'instruc-
tion de ces pauvres infidèles. Mais cet empressement
qu'ont montré ces Nations à rechercher d'elles-mêmes le
bienfait de la foi me fait espérer que le temps des miséri-
cordes est arrivé pour elles. Je vous annonce cette heureuse
nouvelle afin que vous ayez un nouveau motif à offrir à
vos Paroissiens pour les presser de tendre une main
secourable à des hommes si bien disposés, en s'associant
à la Propagation de la Foi ; car cet encouragement m'est
nécessaire pour me mettre en état d'exécuter un plan si
désirable, et qui assurerait le salut d'un grand nombre
d'âmes. Les besoins des Missions étant trop pressants pour
attendre le temps ordinaire où les souscriptions des associés
ont coutume de se payer, je vous prie d'engager les per-
sonnes chargées de les recevoir dans vos Paroisses, de
vouloir bien envoyer au plutôt au trésorier de Montréal
celles qu'elles ont perçues jusqu'ici. Elles serviront à
encourager la bâtisse de plusieurs chapelles maintenant
en chantier, et à fournir aux dépenses courantes des Mis-
sions.
Il est encore une bonne œuvre que je vous prie de favo-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 63
riser : c'est l'assistance que pourraient accorder vos Fabri-
ques en cédant à ces pauvres Missions les Ornements.
Linges, Livres, Vases sacrés, etc., etc., qui, à cause de leur
vétusté sont de peu de service dans les Eglises abondam-
ment fournies, mais qui seraient une grande ressource
pour les Chapelles naissantes, qui manquent de tout. S^
vos Marguilliers consentent à donner quelques secours à
ces Missions, je donne toute permission nécessaire à cet
effet. Tous ces objets pourront être envoyés à mon Secré-
taire, qui sera chare:é de les faire réparer au besoin et de
les distribuer ensuite.
Agré^, Monsieur le Garé,
L'assurance de mon sincère attachement,
-|- J. J. EvÊQUE DE Montréal.
(Pour vraie copie,)
A. F. Truteau, Ptre. Secrétaire.
P. S. — Les Eglises de ce Diocèse qui ont déjà acquis
quelques terrains sous mon nom, doivent s'adresser au
plutôt à moi pour que je leur assure immédiatement ces
terrains par donations entre vifs, avant que leurs agents
puissent procéder comme il est marqué dans cette circu-
laire.
Y J. J. Ev. DE Montréal.
FORMULE DACTE D ASSEMBLEE, POUR PROCEDER A L AMORTISSE-
MENT DE LEURS TERRAINS.
L'an mil huit cent , le jour du mois de
à une assemblée de l'OEuvre et Fabrique de la Paroisse
de Comté de District de convoquée
suivant l'usage, furent présents Messieurs N., Curé de la
dite Paroisse, N. N. et N., Marguilliers composant avec le
dit Sieur Curé l'OEuvre et Fabrique de la dite Paroisse ;
64 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
lesquels ont résolu, — lo. Que, pour assurer à icelle
Paroisse la propriété du terrain (ou des terrains) dont elle
est actuellement en possession, il convient de profiter des
dispositions de l'Ordonnance de la 2de Victoria, chap. 26,
à cet effet; — 2o. Que le dit Sieur Curé, conjointement
avec le dit Sieur N. Marguillier en exercice, soit autorisé
à faire les déboursés nécessaires pour faire mesurer le
dit terrain (ou les dits terrains] par un Arpenteur juré,
lequel dressera un Procès-verbal de son opération, et pour
faire enregistrer le dit Procès-verbal ainsi que les titres
du dit terrain (ou des dits terrains) au Greffe de la Cour
du Banc du Roi du District de en cojiformité à la
dite Ordonnance. Et ont signé les dits Sieurs N. N. et
N. ; les autres ayant déclaré ne le savoir faire.
FORMULE DE CERTIFICATS POUR ATTESTER LA POSSESSION" DES-
TERRAINS DE FABRIQUE.
Par devant les Notaires, etc. Sont comparus A, B, C,
D, E, F, G, tous propriétaires de terres dans la Paroisse
de Comté de District de lesquels à
la demande et réquisition de M. N. Curé de la dite
Paroisse, etc. et 0, P, R, Marguilliers de l'Œuvre et
Fabrique d'icelle, ont dit, déclaré et certifié, disent,
déclarent et certifient par le présent, que la Fabrique de
la susdite Paroisse de a été depuis plus de dix ans
et est encore actuellement en possession paisible, publique
et à titre de propriétaire, du terrain (ou des terrains)
désigné dans le Procès-verbal ci-annexé, dressé et signé
par Mtre. B., Arpenteur juré [ici mettez le lieu et la date,)
contenant le mesurage et description du dit terrain ;
desquels dires, déclaration et certificat il nous a été
demandé acte, lequel a été octroyé par nous dits
Notaires, pour servir ce que de raison. Fait et passé, etc-
(Pour copie,)
A. F. T. P. S.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 65
TABLEAU DES ARCHIPRETRÉS ET DES ARCHIPRÈTRES DANS LE
DIOCÈSE DE MONTRÉAL, A LA FIN DE 1839.
N. B. — Cette liste authentique déroge spécialement à tout ce qui
avait été statué au contraire avant cette époque, sur les circons-
criptions des lieux et les pouvoirs juridictionnels des personnes,
dans les commissions précédentes.
M. J. F. Gagnon.— Ste. Geneviève de Berthier. St. Cuth
bert de Berthier. St. Barthélemi du Chicot. Ste. Elisabeth
de Bayonne. St. Thomas de North-Jersey. St. Gabriel de
Maskinongé. Ste. Mélanie de Daillebout. St. Joseph de la
Noraye.
M. ViAU, V. G. — L'Assomption de la Ste. Vierge à St.
Sulpice. St. Antoine de la Valtrie. St. Sulpice de l'Assomp-
tion. La Purification de Repentigny. La Conversion de
St. Paul à la Valtrie. St. Henri de Mascouche.
M. RoMUALD Paré. — St. Jacques le Majeur de l'Achigan.
St. Roch de l'Achigan. St. Lin de Lachenaye. St. Esprit
de l'Assomption. L'Immaculée Conception de Rawdon.
St. Ambroise de Kildare.
M. DucHARME. — Ste. Thérèse de Blainville. St. Augustin
des Miile-Isles. St. Louis de Terrebonne. Ste Anne des
Plaines. St. Eustache de la Rivière du Chêne. St. Martin
de risle-Jésus. Ste. Rose de l'Isle-Jésus.
M. Nie. Dufresne. — Ste. Scholastique du Lac. St. Be-
noit du Lac. St. Hermas du Lac. St. André d'Argenteuil.
St. Colomban du Lac. St. Jérôme des Mille-Isles. Notre-
Dame de Pitié à Granville. Notre-Dame de Bonsecours à
la Petite-Nation. Les autres Missions en remontant l'Ou-
tawa.
M. Raizenne. — St. Charles de La Chenay. St. Joseph de
la Rivière-des-Prairies. L'Enfant- Jésus de la Pointe-aax-
Trembles. St. François de la Longue-Pointe. La Visita-
tion du Sault au-Récollet. St. Vincent-de-Paul à l'isle-
Jésus.
66 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
M. Lefebvre. — Ste. Geneviève de l'Isle de Montréal.
St. Raphaël de l'Isle Bizard. St. Laurent de l'Isle de Mont-
réal. Les Sts. Anges Gardiens de La Chine. St. Joachim de
la Pointe-Glaire. Ste. Anne du Bout de l'Isie.
M. Paul Archambault.— Ste. Jeanne de Chantai àl'Isle-
Perrôt. St. Michel de Vaudreuil. Ste. Magdeleine de Ri-
gaud. St. Joseph de Soulanges. St. Ignace du Coteau du
Lac. St. Polycarpe de la Nouvelle-Longueuil. L'Annon-
ciation du Lac des Deux-Montagnes.
M. Kelly.— St. Pierre de Sorel. La Visitation de l'Isle
du Pads. St. Ours de la Rivière Chambly. La Ste. Trinité
de Contrecœur. St. Aimé de Barrow.
M. Frs, Demers, V. G. — St. Denis delà Rivière Chambly.
St. Antoine de Contrecœur. St. Jude de St. Ours. St. Bar-
nabe de St. Ours. St. Charles de St. François le Neuf. St.
Marc de Cournoyer.
M. Ed. Crevier. — St. Hyacinthe d'Yamaska. La Présen-
ation de St. Hyacinthe. St. Hugues de Ramsay. St. Simon
de Ramsay. Ste. Rosalie d'Yamaska. St. Dominique
d'Yamaska. St. Pie-Cinq de St. Hyacinthe. St. Damase de
St. Hyacinthe.
M. MiGNAULT. — St. Jean-Baptiste de Rouville. St. Hiiaire
de Rouville. St. Mathieu de Belœil. St. Mathias de Cham-
bly. St. Césaire de St. Hyacinthe. St. Joseph de Chambly.
M. Morisset. — St. Jean Dorchester. Ste. Marie de Mon-
noir. St. Grégoire le-Grand de Monnoir. St. Athanase de
Bleury. St. George de Noyan. St. Valentin de Léry. St.
Luc de la Baronie de Longueuil. Ste. Catherine de Bed-
ford.
M. Manseau, V. G. — St. François-Xavier de Verchères.
Ste. Anne de Varennes. La Ste. Famille de Boucherville.
St. Antoine de Longueuil.
M. Power. — La Nativité de la Prairie. Ste. Marguerite
de Blainflndie. St. Jacques le Mineur de Léry. St. Phi-
lippe de la Prairie. St. Cy[.>rien des Côtes. St. Edouard de
St. George. St. Basile de Sherrington.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 67
M. Jos. Marcoux. — St. Joachim de Ghâteauguay. St.
Isidore de Ghâteauguay. Ste. Philomène de Ghâteauguay.
St. Rémy de la Salle. St. François-Xavier du Sault St.
Louis. St. Gonstant des Sauvages.
N St. Glément de Beauharnois. Ste. Martine de
Beauharnois. St. Timothée de Beauharnois. St. Anicet de
Godmanchester. St. Régis des Iroquois. St. Patrice d'Hin
chinbrook. St. Malachie d'Ormstown. St. Jean Ghrysos-
tome de Russeltown. Les autres Missions en remontant le
St. Laurent.
P. S. — Les personnes des cantons où il n'y aura pas
d'archiprêtre nommé pourront s'adresser, en attendant, à
celui qui se trouvera le plus à leur commodité.
A Montréal, le 21 Novembre 1839.
J. J. EvÉQUE DE Montréal.
{Pour copie.)
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
ADMINISTRATION
MONSEIGNEUR IGNACE BOURGET
SECOND ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
Monseigneur Ignace Bourget est né à la Pointe-Lévi, le 30 Octobre
1799. II fut élu Evêque de Telmesse in imrtihus et Coadjuteur de
l'Evèque de Montréal cum fulura siiccessione, le 10 Mars 1837, et
consacré sous ce titre le 25 Juillet de la même année.
Le 23 Avril 1840, il prit possession du Siège Episcopal de Montréal.
DILEGTO FILIO PRESBYTERO IGNATIO
BOURGET.
GREGORIUS PP. XVI.
Dilecte Fili, Salutem el Apostolicam benediclionem. Cum Venera-
bilis Frater |Joannes Jacobus Lartigue Episcopus Marianopolitanu&
in inferiori Canada a Nobis petierit ut ei jam annum œtatis sexagesi-
mum agenti, infirma valetudine laboranti, Coadjutor cum jure futurae
successionis deslinetur, quocum labores, curasque suas partir! queat.
Nos post diligentissimam institutam totius rei et adjunctorum omnium
considerationem, de VV. FF. NN. S. R. E. Gard, negotiis propagandae
Fidei prœpositorum consilio, rébus omnibus negotium hoc respicien-
libus mature perpensis, Te, de cujus pietate, doctrina, morum integri-
tate et prœcipua rerum ad diœcesim Marianopolitanam spectanlium
peritia gravissima acoepimus testimonia in ejusmodi Coadjutorem
eligeie Statuimus. Quamobrem Te, quem Episcopum Thelmessensem
in partibus infideiium per alias Nostras Apostolicas Litteras in simili
forma Brevis hoc ipso die datas renuntiavimus, a quibusvis excommu-
nicationis, suspensionis et interdicli, aliisque ecclesiasticis sententiis,
censuris, ac pœnis quovis modo, vel quavis de causa latis, si quas
forte incurreris, hujus tantum rei gratia absolventes, ac ahsolutum
fore consentes, Te in Coadjutorem Memorati Episcopi Mananopolitani
in inferiori Canada, Aucloritate Nostra Apostolica tenore preesentium,
eligimus, constituimus el deputamus, ila tamen ut ipso Jeanne Jacobo
vivenle, in exercitio el administratione Episcopatus hujusmodi nonnisi
quantum et quatenus idem Joannes Jacobus ordinaverit Te ingérera
possis, ex vero quœ ipse hac in re madaverit Tibi omnia prœstare et
adimplere tenearis. Si autem idem Joannes Jacobus ab humanis décé-
dât, aut forsan, quod absit, jani decesserit, seu prœdictus ejus Episco-
patus alio quocumque modo ex persona ejus vacaverit, Te ejus loco
Episcopum Marianopolitanum in inferiori Canada, dimisso lilulo Epis-
copali Thelmessensi, cum omnibus el singulis facullatibus quce eidem
Joanni Jacobo ratione Episcopatus hujusmodi ab hac Apostolica Sede
hactenus quomodolibet concessaî, attributse fuerunt, nunc pro tune
Aucloritate et tenore praesentis facimus et instituimus, salva tamen in
praemissis aucloritate eorumdem Gardinalium. Mandamus idcirco in
virtute S. Obedientiae omnibus el singulis ad quos spécial pro tempore.
Te ad offîcium Coadjuloris, el tempore suo ad illud Epis-copalus Maria-
72 GREGORIUS PP. XVI.
nopolitani in inferiori Canada, ejusque liberum exercitium juxta earum-
dern prœsentium lenorem recipiant et admitlant, Tibique ia omnibus
quae ad hujùsmodi officium pertinent praeslo sint, atque obedianl,
tuaque salubria monita et mandata reverenter suscipiant, et eflicaciter
adimpleant, alioquin sententiam, sive pœnam, quam rite tuleris, seu
statueris in rebelles ratam habebimus et faciemus, auctorante Domino
usque ad salisfaclionem condignam inviolabiliter observari. Non
obstantibus Constitutionibus et Sanclionibus, ceterisque contrariis
quibuscumque.
Datum Roraee apud S. Petrum sub annulo Piscatoris die X Marlii
MDCCCXXXVII. Pontificatus Nostri anno septimo.
E. Gard, de Gregorio.
MANDEMENTS,
LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRES
ET
AUTKES DOCUMENTS.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 19 Avril 1840.
Monsieur,
C'est avec la plus profonde douleur que je vous annonce
la mort de Monseigneur J. J. Lartigue, Evêque de Mont-
réal, qui vient de décéder à l'Hôtel-Dieu de cette ville.
Sans m'arrêter à déplorer ici la perte immense que vient
de faire ce nouveau Diocèse, qui avait encore lant de
besoin des qualités éminentesqui brillaient dans ce digne
fondateur, parce que vous la ressentez aussi vivement
que moi, je vous invite à joindre vos prières aux miennes
pour le repos de son âme. Je vous exhorte à lui faire
chanter un service solennel dans votre Eglise, au plustct
possible ; et comme la plupart des Eglises de ce diocèse
sont enrichies des Indulgences attachées à l'exercice du
Chemin de la Croix, qu'il a cherché à établir partout, vos
Paroissiens ne manqueront pas de sentir la convenance
de lui appliquer les Indulgences dont ils sont en grande
partie redevables à son zèle. Je suis persuadé que vous ne
manquerez pas d'exhorter vos paroissiens à lui témoigner
ainsi leur reconnaissance, si la Voie de la Croix se trouve
déjà fondée dans votre Eglise.
74 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Les obsèques du vénérable défunt se feront jeudi pro-
chain, à la Cathédrale, vers les neuf heures du matin.
Vous y êtes invité.
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très-humble et très obéissant serviteur,
7 Ignace Ev. de Telmesse.
(Pour copie,)
A. F. Truteau, Ptre.,
Secrétaire du Diocèse.
MANDEMENT
d'entrée de monseigneur IGNACE BOURGET ÉVEQUE
DE MONTRÉAL.
I/jnace Bourget^ par la wiséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evéque de Montréal., etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de Notre Diocèse : Salul et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Ce n'est pas sans une profonde douleur que vous aurez
appris, Nos Très-Chers Frères, la mort de Monseigneur
J. J. Lartigue, premier Evoque de Montréal. Vous con-
naissez tous les vertus qui brillaient dans cette Illustre
Fondateur ; les grandes entreprises qu'il a formées et si
heureusement exécutées pour la gloire de Dieu ; les tra-
vaux de tout genre auxquels il s'est voué pour l'avantage
de l'Eghse, et la vigueur apostolique qu'il a déployée pour
la défense de la saine doctrine. Il serait inutile de vous
parler de sa sollicitude infatigable pour ses ouailles, de sa
tendre charité pour les pauvres, de ses vastes connais-
sances et de son rare savoir, de sa fidélité et de son talent
CIRCULATRÈS ET AUTRES DOCUMENTS. 75
admirable à annoncer la parole divine, en un mot, du
courage avec lequel il a soutenu la Maison du Seigneur
dans les temps les plus difficiles. Vous avez tous pu appré-
cier par vous-mêmes les dons excellents dont la nature et
la grâce l'avaient comblé Ces qualités éminentes, que
vous avez tant de fois admirées en lui avec complaisance,
parce qu elles tournaient autant à l'honneur de son pays
qu'à la gloire de la religion, vous feront sans cesse bénir
le Seigneur de vous avoir donné, dans sa miséricorde, un
si bon Pasteur, dont la mémoire sera à jamais en béné-
diction parmi vous.
Le regret que vous cause sa mort est d'autant plus amer
que vous ne pourriez, Nos Très-Ghers Frères, vous conso-
ler de cette perte immense, envoyant le fardeau de l'Epis-
€opat passer à un sujet si peu qualifié pour remplacer
auprès de vous ce savant et vertueux prélat. Hélas ! que
nous sommes loin d'avoir les dispositions nécessaires pour
remplir dignement les sublimes fonctions de l'Apostolat ;
et qu'il est à craindre que Dieu n'ait permis notre éléva-
tion que pour nous punir de nos innombrables péchés, et
vous châtier vous-mêmes du mépris que vous auriez fait
des grâces que vous avez reçues par le ministère de cet
excellent Pontife ! Voilà, n'en doutez pas, ce qui porte
dans notre âme l'amertume et l'effroi. Nous savons que
le Souverain Pasteur nous impose le stricte devoir de
veiller sur vos âmes, comme devant en rendre un compte
rigoureux ; et que s'il s'en perd une seule par notre négli-
gence, il nous faudra donner âme pour âme et vie pour
vie. Nous connaissons que Nous sommes redevable à
tous, aux savants comme aux ignorants, aux riches comme
aux pauvres; que nous devons nous consumer de soins^
nous immoler, nous saarifier pour votre salut. Nous ne
pouvons nous dissimuler qu'il y a des plaies profondes à
guérir, des abus invétérés à corriger, des scandales déplo-
rables à réprimer. Nous ne pouvons nous cacher que
l'indifférence et l'irréligion, l'ivrognerie et les excès de la
débauche ont fait parmi vous d'étranges ravages. Nous
76 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
voyons avec une douleur inexprimable que plusieurs
parmi vous vivent dans une coupable négligence des
devoirs les plus sacrés de la religion : que beaucoup ont
cessé de fréquenter les tribunaux de la pénitence et ne
paraissent jamais à la table du Seigneur. Nous n'ignorons
point que les jours du Seigneur sont indignement profa-
nés par des jeux et des dissolutions de toute espèce, par
des ventes et trafics sordides, à la honte des lois de l'Eglise
et de l'Etat. Nous apprenons avec frayeur les efforts
incroyables que font les ennemis de la foi pour pervertir
les brebis dont le Seigneur nous a confié la garde, en
répandant parmi vous des livres corrompus et en établis-
sant des écoles qui, si elles étaient encouragées par vous,
produiraient bientôt des fruits bien amers. Voilà ce qui
multiplie nos craintes et nos alarmes. Oh ! que le poids
de la charge pastorale est accablant, Nos Très-Chers
Frères ! Nous vous conjurons donc, au nom de Jésus-
Christ, de l'alléger par votre obéissance à l'Eglise, votre
ferveur dans les saintes pratiques de la religion, votre
respect pour vos Pasteurs, en un mot par votre horreur
pour le vice, et votre fidélité à tous vos devoirs religieux.
Car c'est là tout ce que nous vous demandons en recon-
naissance des peines et des travaux auxquels nous allons
nous assujétir pour votre amour. Oui, s'il est une chose
capable de nous consoler ici-bas, au milieu de nos tribu-
lations, ce sera de vous voir marcher dans les voies de la
justice, vous tous que nous aimons dans les entrailles de
Jésus-Christ, et que nous désirons avec tant d'ardeur pou-
voir présenter, au dernier jour, purs et sans taches, au
tribunal du Souverain Juge. Puissions-nous, Nos Très-
Chers Frères, sauver tous ceux dont Dieu nous établit
aujourd'hui le Pasteur, afin qu'en ce jour terrible où nous
irons rendre compte de tout ce que nous aurons fait dans
l'exercice de notre ministère, nous ayons le bonheur de
dire avec Jésus-Christ : « 0 Père Saint j'ai gardé ceux
que vous m'avez donnés, et aucun d'eux n'a péri, si ce
n'est le fils de perdition.»
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 77
Mais si d'un côté la vue de nos misères nous consterne,
nons nous sentons fortifié par la pensée que Dieu se plait
quelquefois à choisir les sujets les plus méprisables pour
mieux faire éclater sa puissance et sa gloire. Ce qui sert
encore à nous rassurer, c'est que ce diocèse a été mis par
notre illustre prédécesseur, d'une manière spéciale, sous la
protection de la Mère de Dieu, et qu'il est à espérer que
cette Mère si tendre gardera et le Pasteur et les brebis.
Nous sommes aussi consolé et encouragé par l'affection
et le zèle que nous témoignent les membres de notre
clergé dont la fidèle co-opération à toutes nos entreprises
produira, nous l'espérons, les plus heureux résultats pour
le bien de la religion. Nous reconnaissons dans la sincé-
rité de notre cœur, que nous étions le dernier auquel il
fallait penser pour ce poste éminent. Mais nous voyons
que tous ces généreux collaborateurs considèrent en
Nous, non la faiblesse de l'homme, mais le représentant
de Jésus-Christ. Enfin, ce qui Nous inspire un vrai cou-
rage, c'est que toutes les œuvres que Nous allons entre-
prendre pour votre salut éternel, ont été, depuis de longues
années, projetées par notre illustre prédécesseur. Car,
dans son vaste génie, qui embrassait plusieurs siècles, et
dans ses immenses calculs pour le bien de son cher trou-
peau, il a prévu tout ce qui pouvait contribuer à son bon-
heur. Aussi est-ce dans le sein de la confiance dont il
nous a honoré, que nous avons puisé tout ce que nous
avons à faire pendant notre Episcopat. Si sa vie, hélas !
trop courte, ne lui a pas sufii pour réaliser tous ses plans,
il nous a chargé de leur exécution. C'est surtout dans les
derniers jours de sa vie que, ranimant toutes ses forces et
laissant parler toutes sa tendresse pour ses brebis, il nous
a tracé la marche que nous avions à suivre, pour la
réforme des abus et l'établissement des solides vertus.
Mais, pour nous acquitter dignement des devoirs si im-
portants de notre charge, nous avons besoin de ces dons
parfaits qui ne peuvent venir que du Père des lumières.
Aussi, nous n'eûmes pas plustôt recueiUi les derniers sou-
78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pirs de notre prédécesseur, que nous nous jetâmes aux
pieds du Seigneur pour nous soumettre humblement à
sa sainte volonté, et lui demander avec Salomon cette
divine sagesse qui nous est si nécessaire pour conduire,
dans les voies de la justice, tant de milliers d'âmes que
nous avons en charge, et ne pas mettre son Eglise en
danger de périr par notre inexpérience. Gomme nos prières
sont trop faibles pour mériter toutes les grâces qui nous
sont nécessaires pour le bon gouvernement de l'Eglise,
nous vous conjurons. Nos Très Ghers Frères, avec l'Apô-
tre 1, par Notre Seigneur Jésus-Ghrist et la charité du
St. Esprit, de nous aider parles prières que vous adresserez
pou^ nous à Dieu. Nous désirons ardemment établir cette
union de prières entre le Pasteur et les brebis ; union qui
doit contribuer efficacement au salut de nos âmes. Pour
cela, nous croyons devoir vous informer que notre illustre
prédécesseur, dans les derniers temps de sa vie, a fondé
une messe basse, qui doit se dire, à perpétuité, tous les
jours, dans la Gathédrale, en l'honneur de la très sainte
Mère de Dieu, pour tous les Pasteurs et les fidèles de ce
diocèse. Nous observerons religieusement ce dernier acte
de la volonté de ce bon Pasteur : mais nous espérons que
vous vous unirez à nous, vous, ministres de la religion,
lorsque vous serez au saint Autel; et que vous inviterez
votre peuple à faire chaque jour, en famille, quelque
prière à cette intention, ne fut-ce qu'un Pater et un Ave.
Ce sera surtout le 24 Juillet, jour anniversaire de notre
consécration épiscopale, que vous nous recommanderez
au glorieux Apôtre St. Jacques, sous la protection duquel
nous mettons notre Episcopat.
Gomme les lois d'une sage discipline, que notre illustre
prédécesseur a reçues de l'Eglise de Québec, sont en
vigueur dans ce diocèse, nous nous ferons un devoir de
les maintenir avec tout le zèle possible.
A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué, Nous avons
statué et ordonné, statuons et ordonnons ce qui suit :
1 Rom. 15, 30.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 79
loj_Nous renouvelons et confirmons, en tant que de
besoin, tous les mandements et ordonnances desEvêques,
ainsi que les autres lois ^canoniques, jusqu'à ce jour en
force dans notre diocèse ; et en particulier celui de notre
illustre prédécesseur du 15 Septembre 1866, et tous les
autres ainsi que les circulaires qui ont été publiées dipuis
cette époque.
2o — Nous renouvelons de même et confirmons tous les
pouvoirs et facultés spirituelles qui ont été donnés par
écrit, et non révoqués, par les supérieurs ecclésiastiques,
soit au dedans, soit au dehors de ce diocèse.
3o — En vertu d'un induit du 7 Janvier 1833, accordé
pour un an à compter de la mort de notre illustre prédé-
cesseur, nous renouvelons pour ce même espace de temps,
en faveur de tous les prêtres^approuvés dans ce diocèse,
ainsi que de ceux qui le seraient par la suite, la faculté
de donner aux fidèles in articulo mortis la Bénédiction et
l'Indulgence plénière, selon la formule prescrite par
Benoit XIV d'heureuse mémoire, et usitée jusqu'à ce
jour en ce pays.
4°— Nous vous faisons part d'un induit du St. Siège du
23 Février de cette année, qui étend à la Cathédrale et
aux autres églises et oratoires publics de ce diocèse la
faculté réservée aux églises paroissiales, dans lesquelles
seules les fidèles associés à la Propagation de la Foi pou-
vaient jusqu'ici gagner les indulgences plénières accor-
dées par le Souverain Pontife à cette pieuse Association :
pourvu qu'ils remplissent toutes les autres conditions
expliquées dans les règles de la dite Association.
Sera le présent mandement lu et publié en chapitre
dans toutes les communautés religieuses, au prône dans
toutes les églises paroissiales, et dans celles où se
célèbrent les of&ces publics, le premier dimanche après
sa réception.
80 MA.NDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, avec le-
çon tre-seing de notre Secrétaire, le 3 Mai 1840.
L. f S. -|- Ig. Ev. de Montréal.
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
(Pour copie,)
A. F. Truteau. Ptre., Secrétaire.
CIRCULAIRE
AUX PRÊTRES DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 4 Août 1840.
Messieurs,
Lorsque mon vénérable prédécesseur, dans sa Circu-
laire du 21 Juillet de l'année dernière, vous eût adressé
ces paroles de Notre Seigneur à ses Apôtres : Venite seorsum
in desertum locum ; et requiescite pusillùm. vous imitâtes la
docilité de ces premiers Disciples, en vous portant avec
zèle aux exercices solennels de la retraite qui s'ouvrait
pour la première fois dans ce diocèse. Dieu sait l'Impres-
sion profonde qu'a laissée dans le cœur de ce bon Pasteur
le souvenir de votre ferveur, dans ces jours fortunés ; et
combien de fois il a béni le Père de toute consolation des
grâces signalées que vous avez reçues pendant cette
retraite. Si la dernière année de la vie de cet illustre
Pontife a été signalée par une faveur si distinguée, j'es-
père que Dieu voudra bien m'accorder un semblable
bienfait au commencement de mon administration. Mes-
sieurs du Séminaire de St. Sulpice voulant bien continuer
l'excellente œuvre commencée l'année dernière, je m'em-
presse de vous inviter à venir vous délasser, dans la soli-
tude, de vos pénibles travaux. Nous y gémirons ensemble
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 81
de nos infidélités ; nous ranimerons nos forces épuisées;
nous nous renouvellerons dans l'esprit intérieur de notre
sainte vocation: nous ressusciterons en nous la grâce de
Dieu que nous avons reçue par l'imposition des mains.
Unis de cœur et de sentiment, nous exposerons humble-
ment à Dieu les maux spirituels de notre peuple, et nous
concerterons ensemble les mesures les plus efficaces pour
régénérer ce diocèse, hélas ! si déchu de son antique fer-
veur. Si Moïse, sur la montagne, put seul obtenir, en
tenant ses mains élevées vers le ciel, une victoire com-
plète à son peuple qui combattait dans la plaine, espérons
que nos prières réunies auront l'heureux effet de faire
violence au ciel et pourront remédier aux plaies de
l'Eglise dans ces jours mauvais, où tant d'ennemis ont
conjuré de nous enlever le précieux dépôt de la foi. En
conséquence :
lo — Je vous engage à vous rassembler de nouveau dans
le Collège de Montréal, pour y faire la retraite spirituelle
qui commencera le mercrerli soir, 19 du courant, et finira
le vendredi matin, 28 de ce même mois.
•20 — Ceux qui garderont les paroisses pendant la Re-
traite, pourront se réunir à St. Jacques pour faire la leur
en commun, depuis le mercredi soir, 7 Octobre prochain,
jusqu'au vendredi matin, 16 du même mois.
30 — J'ai réglé comme suit la desserte des Cures, pour
que rien n'y souffre en l'absence de leurs pasteurs : —
M. gardera
avec les pouvoirs ordinaires aux Desservants de ce dio-
cèse et il y binera le dimanche.
4° — Comme il serait bon que chaque curé, le dimanche
avant le commencement de la retraite, prévint ses parois-
siens du temps et des motifs de son absence, et comme cette
annonce devrait se renouveler chaque année, en pareille
occasion, j'ai cru devoir, pour l'uniformité de conduite,
ajouter à la présente une formule dont chacun pourra
faire l'usage qu'il jugera à propos, et qu'il serait conve-
82 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
nable d'annexer au Rituel pour servir au besoin. Cette
année, chaque curé voudra bien, après avoir recommandé
aux prières de ses paroissiens le succès de la retraite,
solliciter les suffrages des fidèles, en faveur de la visite
que je me propose de faire, en Septembre prochain, dans
toutes les missions de l'Ottawa. Elle est de nature à
intéresser vivement la foi de tous les bons catholiques et
principalement la piété des associés de la Propagation de
la Foi.
5o — Vous voudrez bien apporter avec vous un Nouveau
Testament, une Imitation de Jésus-Christ, quelques livres
qui traitent des devoirs ecclésiastiques, des rubriques et
cérémonies de l'Eglise.
60 — Ceux qui appartiennent à la Caisse diocésaine de
St. Jacques sont informés, par la présente, que le bureau
annuel de cette société se tiendra dans une des salles du
Collège, le 28 du courant, aussitôt après la clôture de la
retraite.
70 — Je prie chacun des retraitants de vouloir bien se
rendre, le 19, à St. Jacques, vers les dix heures du matin.
Je suis bien sincèrement,
Messieurs,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
'-J- Ig. Ev. de Montréal.
(Vraie copie,)
J. 0. Paré, Ptre.,
Pro. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 83
FORMULE DONT ON POURRA SE SERVIR POUR ANNONCER LA
RETRAITE ECCLÉSIASTIQUE, LE DIMANCHE QUI
PRÉCÉDERA SON OUVERTURE.
Monseigneur l'Evêque de Montréal ayant réglé que la
Retraite Ecclésiastique commencerait cette année le
pour se terminer le
Je vous annonce que je serai absent tout ce temps. M-
étant chargé de la desserte de cette
Paroisse, ainsi que celle de ,
vous vous adresserez à lui pour tous vos besoins spirituels.
Il résidera ici et à
Comme ce Monsieur sera obligé de dire, Dimanche pro-
chain, deux Messes, celle qu'il célébrera en cette Paroisse
commencera à et les Vêpres
se chanteront à
Lorsque vos Pasteurs se réunissent pour les exercices
de la Retraite, ils ont en vue non seulement leur propre
sanctification, mais encore le salut de vos âmes. Ils imi-
tent Notre Seigneur Jésus-Christ, le saint des saints, qui,
pendant qu'il exerçait sur la terre son divin ministère, se
se retirait de temps en temps avec ses Apôtres pour vaquer
avec eux à la prière et à la contemplation des vérités qu'il
prêchait ensuite aux hommes. Formés sur cet adorable
modèle, les Apôtres et ceux qui leur ont succédé dans le
saint ministère ont toujours compris la nécessité qu'il y
avait pour eux de s'éloigner de temps en temps du monde
et de se retirer dans la solitude, pour y traiter avec Dieu
de la grande affaire de leur salut éternel et de celui des
Fidèles confi.és à leurs soins. C'est là qu'ils gémissaient
des fautes échappées à la fragiUté humaine, et qu'ils
imploraient avec larmes la divine miséricorde sur les
peuples qu'ils étaient chargés de conduire dans les voies
du salut. Ainsi vous voyez, M. C. F., que le temps consacré
par vos pasteurs à la Retraite est pour vous un temps de
grâces. Priez donc pour eux, et demandez à Dieu qu'il
84 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
leur donne de nouvelles lumières pour connaître vos
besoins spirituels, et de nouvelles forces pour corriger les
abus qui font des progrès si alarmants parmi vous. Priez
pour cette vénérable assemblée qui doit donner une idée
du Cénacle où les premiers Disciples du Seigneur, après
une Retraite de dix jours, furent tous remplis du St-
Esprit qui leur donna des grâces abondantes pour leur
faire prêcher l'Evangile à tous les peuples de la terre. A
cette fin, je vous exhorte à vous réunir le soir en famille,
tout le temps que durera la Retraite, pour faire quelques
prières (par exemple le Chapelet ou cinq Pater et cinq iutf),
afin que Dieu, par l'intercession de la Ste. Vierge, qui est
la Reine du Clergé, comble tous vos Pasteurs de ces
richesses spirituelles et de ses dons parfaits qu'ils vous
communiqueront ensuite avec abondance.
INDULGENCES
QUE LE SOUVERAIN PONTIFE OU SON DELEGUE, EN BENISSANT LES
COURONNES, ROSAIRES, CROIX, CRUCIFIX, PETITES STATUES,
MÉDAILLES, ACCORDE AUX FIDÈLES QUI PORTANT SUR EUX
OU GARDANT A LEUR MAISON QUELQU'UN DES OBJETS SUS-
DITS, REMPLIRONT LES OEUVRES PIES CI-APRÈS MENTION-
NÉES.
Sa Sainteté exige avant tout, que les Fidèles de l'un et
de l'autre sexe soient avertis, que pour gagner les Indul-
gences accordées par la Bénédiction ci-dessus mentionnée,
il est nécessairement requis de porter sur soi, ou de garder
à sa maison, quelqu'une des susdites Médailles, Couron-
nes, etc.
De même, que chacun est tenu de réciter avec dévotion,
comme conditions requises pour gagner les Indulgences,
les oraisons et prières dévotes marquées plus bas, ou en
portant sur soi une Couronne, un Crucifix, etc.; ou si, on
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 8S
ne les porte point sur soi, de les garder dans sa chambre,
ou dans un autre lieu décent de sa demeure, et de faire
en leur présence les prières respectives.
En outre, Sa Sainteté exclut de cette Bénédiction les
Images, soit gravées, soit peintes, ainsi que les Croix,
Crucifix, petites Statues, Médailles, qui sont faits de fer,
d'étaim, de plomb, ou de toute matière fragile, ou facile
à se détruire.
Enfin, Sa Sainteté veut que les Images ou Tableaux à
bénir représentent les Saints, ou déjà canonisés, ou insérés
dans le Martyrologe Romain.
Après ce qui est marqué ci-dessus pour plus grande
intelligence, vient un tableau des Indulgences que chacun
peut gagner, et une notice des œuvres pies à remplir?
comme suit, savoir :
Quiconque récitera une fois chaque semaine la Couronne
de Notre-Seigneur, ou de la Bienheureuse Vierge, ou le
Rosaire, ou le Chapelet, ou le Bréviaira, ouïe Petit Office
de la Bienheureuse Vierge, ou celui des Défunts, ou les
Sept Psaumes de la Pénitence, ou les Psaumes Graduels ;
ou est dans l'usage d'enseigner les premiers principes de
la Foi, ou de visiter les prisonniers, ou les malades de
quelqu'Hôpital, ou de secourir les pauvres, ou d'entendre
la Messe, ou, s'il est Prêtre, de la célébrer, si étant vrai
ment repentant, et s'étant confessé à un Prêtre approuvé
par l'Ordinaire, il reçoit le Saint Sacrement de l'Eucha-
ristie, en quelqu'un des jours ci-après nommés, savoir : aux
Fêtes de Noël, de TEpiphanie, de l'Ascension, de la
Pentecôte, de la Très-Sainte Trinité, et de la Fête-Dieu,
et aux jours de la Purification, de l'Annonciation, de
l'Assomption et de la Nativité de la Bienheureuse Vierge
Marie, de même qu'aux jours de la Nativité de St. Jean-
Baptiste, aux fêtes des Saints Apôtres Pierre et Paul,
André, Jacques, Jean, Thomas, Philippe et Jacques,
Barthélémy, Mathieu, Simon et Jude, Mathias, de St.
Joseph, Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie, et de
Tous les Saints, et adressera à Dieu de ferventes prières
86 MAMDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pour l'extirpation des hérésies et des schismes, pour la
paix et l'union entre les Princes chrétiens, et les autres
nécessités de l'Eglise Romaine, gagnera une Indulgence
plénière dans chacun des jours susdits.
Celui qui fera les mêmes œuvres aux autres fêtes de
Notre Seigneur, ou de la Bienheureuse Vierge Marie,
gagnera, en chacune de ces fêtes, une Indulgence de sspt
ans et d'autant de quarantaines ; quiconque accomplira
les mêmes œuvres en quelque Dimanche que ce soit, ou
en toute autre fête de l'année, gagnera une Indulgence de
cinq ans et d'autant de quarantaines. Enfin, celui qui les
fera en un jour quelconque de l'année, gagnera une
Indulgence de cent'jours.
Quiconque est dans l'usage de réciter au moins une fois
par semaine, ou le Rosaire, ou l'Ofiîce de la Bienheureuse
Vierge Marie, ou celui des Défunts, ou les Vêpres, ou au
moins un Nocturne avec les Laudes, ou les sept Psaumes
de la Pénitence avec les Litanies et les Prières, en quelque
jour qu'il le fasse, gagnera une Indulgence de cent jours.
Quiconque recommandant dévotement son âme à Dieu
à l'article de la mort, et la recevant avec résignation et
soumission de la main du Seigneur, et étant vraiment
repentant, s'étant confessé et ayant communié, s'il le peut ;
autrement étant contrit invoquera de bouche, s'il le peut,
sinon au moins de cœur, le nom de Jésus, gagnera une
Indulgence plénière.
Quiconque, avant la célébration de la Messe ou la
Communion, ou la récitation do l'Office divin, ou du petit
Office de la Bienheureuse Vierge Marie, fera quelque
pieuse préparation, gagnera une Indulgence de cinquante
jours, chaque fois qu'il le fera.
Celui qui visitera les prisonniers ou les malades dans
les Hôpitaux, en les soulageant par quelque bonne œuvre,
ou enseignera la Doctrine chrétienne dans l'Eglise, ou à
sa maison, à ses enfants ou ses proches, ou ses domesti-
ques, gagnera autant de fois une indulgence de deux cents
jours.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 87
Celui qui, au son de la cloche de quelqu'église, le matin,
ou le midi, ou le soir, dira les prières accoutumées
Angélus Domini^ etc., ou s'il les ignore, une fois V Oraison
Dominicale et la Salutation Angélique, ou au signal donné
à l'entrée de la nuit de prier pour les défunts, récitera le
De Profwidis, ou s'il ne le sait pas, VOraison Dominicale et
la Salutation Angélique, gagnera chaque fois une Indul-
gence de cent jours.
Celui-là gagnera pareillement la môme Indulgence qui,
le Vendredi, pensera dévotement à la Passion et à la Mort
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et récitera trois fois
VOi'aison Dominicale et la Salutation Angélique.
Quiconque, étant vraiment repentant, se proposera
fermement de s'amender des péchés qu'il a commis,
examinera sa conscience, répétera dévotement trois fois
VOraison Dominicale et la Salutation Angélique en l'honneur
de la Très-Sainte Trinité, et qui, par honneur pour les
cinq Plaies de Jésus-Christ récitera avec dévotion cinq fois
la môme Oraison et Salutation, gagnera la même Indul-
gence.
Chacun pourra ou gagner pour soi-même toutes, et
chacune des susdites Intelligences aux jours ci-dessus
mentionnés, ou les appliquer aux Fidèles-défunts par
voie de suffrage.
De plus, Sa Sainteté déclare que, par la concession des
Indulgences susdites, Elle ne déroge en aucune manière
aux Indulgences que d'autres Souverains Pontifes se3
Prédécesseurs ont déjà accordées pour quelques-unes des
oeuvres indiquées plus haut, voulant que les mômes
concessions de ses Prédécesseurs restent en force.
Dans la distribution de ces Couronnes, Croix, &c.' et
dans l'usage qu'on en fera, Notre Saint Père le Pape
ordonne que l'on observe le Décret D'Alexandre VIL
d'heureuse mémoire., donné le 6 Février 1652, savoir que
les Indulgences appliquées aux Couronnes, Croix,Rosaires,
etc., bénits comme ci-dessus, soient attachées à la personne
de ceux à qui ils ont été accordés, ou à qui ils sont
•^ MANDEMENS, LETTRES PASTORALES.
.^distribués par eux une première fois; qu'aucune des
vchoses susdites venant à se perdre ne puisse en aucune
manière, être suppléée par une autre, nonobstant toute
concession ou privilège à ce contraire ; que ces mêmes
objets ne puissent être prêtés ni donnés à titre d'emprunt
dans l'intention de communiquer les Indulgences,
<ju'autrement ils perdent les Indulgences déjà accordées ;
et que même les objets susdits ne puissent être vendus,
après la Bénédiction Pontificale ; suivant la disposition
'du Décret de la sacrée Congrégation des Indulgences et des
iSacrées Reliques donné le 5 Juin 1721.
De plus Sa Sainteté confirme le Décret de Benoit XIV.
d'heureuse mémoire donné le \^ Août., 1752, par lequel il
•déclare expressément que les Messes dites à un Autel
(sur lequel se trouve placée de quelque manière que ce
soit quelqu'Image des objets susdits soit de Crucifix, soit
de médaille), ou célébrées par un Prêtre portant sur lui
une telle image, ne jouissent absolument, en vertu de
• cette Image, d'aucun privilège.
En outre. Sa Sainteté défend qu'aucune personne, assis-
tant des malades dans leurs derniers moments n'ose, en
vertu d'une telle Image, leur donner la Bénédiction avec
l'Indulgence plénière à l'article de la mort sans une per-
mission particulière obtenue par écrit, puisqu'il a été
déjà assez pourvu à cet effet par la Constitution de Benoit
XIV, commençant par ces mots Pia Mater.
Traduit fidèlement de l'original latin, envoyée de Rome
par la Sacrée Congrégation de la Propagande à Monsei-
gneur l'Evêque de Montréal.
Jos. OcT. Paré, Ptre.,
Pro, Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. iT
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS, MISSIONNAIRES ET AUTRES PRÊTRES
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 9 Septembre 1840.
Messieurs,
En vertu d'un Induit ad decennium, que j'ai reçu du St,
Siège, en date du 31 Mai dernier, je vous autorise à
appliquer, selon les formes ordinaires, l'indulgence in
articula mortis.
Je profite de la présente pour vous informer que le
quantième de la fête de St. Pierre aux Liens est fixée pour
ce Diocèse au neuvième jour d'Août.
Il m'a été rapporté qu'il se vendait en divers lieux de
ce Diocèse, contre la défense des Souverains Pontifes,
des Chapelets et Médailles indulgenciés. Pour prévenir
toute erreur sur ce point, je vous prie d'avertir vos
paroissiens qu'ils ne sauraient gagner aucune indulgence
sur les chapelets, médailles, etc., qui ont été vendus après
avoir été bénis et indulgenciés. Mais pour que les
fidèles, qui les ont achetés de bonne foi, ne soient pas
frustrés des avantages précieux attachés à ces objets de
leur piété, je communique aux Curés et Missionnaires de
ce diocèse, en faveur de tous leurs paroissiens indistinc-
tement, la faculté exprimée dans la clause suivante d'un
Induit papal, du 31 Mai dernier, dont ils pourront user
jusqu'au 1er Janvier prochain exclusivement : Benedicendi
Coronas precatorias, Cruces^ et Sacra Numismata, eisque
applicandi Indulgentias juxtà folium typis impressum ae
insertum nec non Divx Birgitx nuncupatas. — La feuille des
Indulgences des Apôtres ci-dessus mentionnée a été
fidèlement traduite en français pour l'usage des fidèles et
vous a déjà été adressée. Celle des Indulgences de Ste.
90 MENDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Brigitte se trouve à la fin de la présente. Cette faveur
accordée à vos paroissiens ranimera sans-doute leur
dévotion pour l'excellente prière du Chapelet, quand
vous leur aurez expliqué et accordé, au nom de Notre
Très Saint Père le Pape, les grâces abondantes que
l'Eglise y a attachées. Dans toutes les paroisses où est
établie, où dans lesquelles sera par la suite établie
la Confrérie du St. Rosaire, les Curés pourront user de la
faculté ci-dessus mentionnée, en faveur de tous les
diocésains de Montréal qui sont ou seront par la suite de
la dite confrérie et cela pour dix ans, à compter du 31
Mai dernier, à moins que Dieu ne me retire du monde
avant ce temps. J'ai cette ferme confiance que si nous
prêchons avec zèle le Rosaire, nous pourrons purger ce
diocèse de toutes les erreurs damnables qui y régnent, et
y ramener les bonnes mœurs, comme a fait St. Dominique
dans toutes les provinces où il a si merveilleusement
renouvelé la face du christianisme.
D'ailleurs nous avons besoin du secours des fidèles
parmi lesquels il se trouve encore heureusement un
grand nombre de bonnes âmes dont les ferventes prières
doivent attirer efficacement les bénédictions du ciel sur
nos travaux. Voilà, entr'autres, une œuvre qui prend
naissance dans le Diocèse et qui aura, si elle réussit, le
plus avantageux résultat pour le salut des âmes confiées à
nos soins. Pendant la dernière Retraite nous avons
demandé ensemble à Dieu qu'il voulût bien accorder à
ce Diocèse un établissement précieux, savoir celui des
Missions et des Retraites pour le peuple. J'ai la consola-
tion de vous apprendre que ce Dieu, qui entend toujours
les prières qui se font dans l'union des cœurs, a déjà
exaucé nos vœux. La Divine Providence a dirigé vers
nous Monseigneur l'Evoque de Nancy pour créer ici ce
qu'il a fait avec tant d'avantage ailleurs. Pour commen-
cer, ce digne Prélat a bien voulu se charger de diriger
prochainement une Retraite que je viens d'annoncer à la
Paroisse de Terrebonne. J'espère que le succès répondra
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 91
à son zèle, et qu'il continuera à travailler parmi nous à
une œuvre si importante et si chère à son cœur. Pour le
seconder efficacement je nommerai, pour l'assister dans
ces Retraites ou Missions, autant de Prêtres qu'il en aura
besoin. Ainsi, Messieurs, cette grande œuvre va être
pour le moment \otre œuvre^ puisque vous en partagerez
avec cet Evêque Missionaire, les travaux et les succès.
En cela je ne ferai qu'exécuter un plan formé par mon
vénérable Prédécesseur. Car l'automne dernier, appre-
nant que le fondateur des Missionnaires de France était
arrivé à New- York, et espérant qu'il aurait le bonheur de
le posséder quelque temps dans son Diocèse, il se propo-
sait de l'engager à y donner des Missions. Ça été là, pour
ainsi dire un des derniers soupirs de ce bon Pasteur pour
la sanctification de son cher troupeau. Vous sentez que
sous ce rapport je dois avoir fort à cœur le succès de cette
entreprise dont l'exécution est un des legs que m'a faits
ce Père de l'Eglise de Montréal. Avec la grâce de Dieu,
nous aurons sous peu des hommes qui seront dévoués au
service des Missions, et qui retraceront parmi nous la
vie Apostolique. Ce sera pour vous un nouveau motif
de ranimer le zèle de vos Paroissiens pour l'Association
de la Propagation de la Foi.
Comme il ne sera pas possible de donner pour le moment
un grand nombre de retraites, je choisirai les Paroisses
centrales, pour y faire les exercices de celles qui pourront
avoir lieu, afin que les Paroisses environnantes en profi-
tent. Je sais que cette bonne œuvre rencontrera vos
vues ; et je compte beaucoup sur votre coopération efficace
pour son succès.
Je vous informe que la seconde Retraite Ecclésiastique
qui devait, d'après ma dernière Circulaire, se faire au
commencement d'Octobre, sera différée jusqu'à mon
retour de la Visite des Missions de l'Ottawa. Je me ferai
un devoir d'en donner alors avis à ceux qui n'ont pu se
trouver à la première.
92 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
"'Acceptez les sentiments du sincère attachement que
j'ai pour vous tous et croyez-moi bien-affectueusement.
Messieurs,
Votre très-humble et très obéissant serviteur,
f Ignace Ev. de Montréal.
(Pour copie,)
J. 0. Paré, Ptre.,
Pro-Secrétaire.
INDULGENCES
ATTACHÉES AUX CHAPELETS DE STE. BRIGITTE, BÉNIS PAR CEUX
QUI EN ONT REÇU LE POUVOIR.
Indulgences Plénières. — lo. une fois l'année pour ceux
qui récitent chaque jour le Chapelet de Ste. Brigitte ;
2o. le jour de la fête de Ste. Brigitte ; 3o. un jour de cha-
que mois ; 4o. à l'article de la mort.
Indulgences Partielles. — lo. sept ans et sept quaran-
taines pour chaque réeitation du Rosaire de quinze
dizaines ; 2o. cent jours pour chacun des Credo^ Pater et
Ave récités, pour chaque fois qu'on entend la messe, ou
qu'on écoute la parole de Dieu, ou pour toute bonne
œuvre faite en l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ,
de la Ste. Vierge ou de Ste. Brigitte, en récitant trois
Pater et Ave; 4o. quarante jours chaque fois qu'on prie à
genoux, au son de la cloche, pour un agonisant ; 4o. vingt
jours, lorsqu'on fait l'examen de sa conscience, si on
récite trois Pater et Ave.
Ces indulgences ont été accordées et confirmées par
plusieurs Papes, et notamment par Benoit XIV, le 9
Février 1743.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. Oî
Voici les décrets authentiques qui règlent et détermi-
nent quelques-uns de ces privilèges :
« ladulgentix Rosariis, seu Coronis, quas S. Birgitlœ vocant à
Summis Pontificibus Concessœ.
« Léo X, P. M., per litteras suas incipientes — Ex clcmenti,.
datas 6 idus Julii 1515, concedit omnibus et singulis
utriusque sexus Ghristifidelibus qui per, et super Rosaria
seu Coronas S. Birgittœ dévote oraverint, pro qualibet
Oratione Dominica centum dies, et totidem pro saluta-
tione angelicâ et pro quolibet symbolo, si dixerint, vel
recitaverint, etiam centum dies Indulgentiarum : nec non
pro qualibet psalterio (idest Rosario aut Gorona qunide-
cim Decadum B. M. Virginis) super illis intègre per
eosdem Gliristifideles, per seipsos aut cum socio, vel
farailiari, qui eamdem induigentiam consequatur, dicto^
vel recitato, septem annos et totidem quadragenas. it —
(Décret de laS. Gongrégation des Indulgences du 4 Décem-
bre 1744.)
De plus, Glément XI accorde l'indulgence plénière une
fois l'année aux termes d'un bref du 22 Septembre 1714 :
« SSraus. Dnus. Xoster Glemens XI, P. M., in suo brevi
quod incipit — De sainte Gregis Dominici, datum 22 Sept.
1714, concedit omnibus et singulis utriusque sexus Ghris-
tifidelibus confessis et S. Gommunione refectis, ac pro
Ghristianorum principum concordia, héeresium extirpa-
tione ac S. Matris Ecclesiœ exaltatione orantibus, qui quo-
tidie per integrum annum coronam S. Birgittse, dummodo
sit saltem quinque decadum recitaverint, semel in anno
die per unumquemque Ghristifidelem eligenda plenariam
indugentiam omnium peccatorum cum facultate etiam
eamdem plenariam induigentiam applicandi animabus
in purgatorio existentibus.
K Ad lucrandum hujusmodi indulgentias requiritur, ut
coronce a PP. Superioribus Monasteriorum aut ab aiiis
94 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Religiosis Ordinis SSmi. Salvaloris, seu S. Birgiltae ad id
spécial! ter deputatis suit benedictœ.»
On a demandé si, lorsque les Indulgences de Ste. Bri-
gitte sont attachées à un chapelet ordinaire, on peut les
gagner en récitant le dit chapelet more consueto, ou bien
s'il faut que chaque dizaine soit composée de dix Ave Maria,
d'un Palcr et d'un Credo ?
La S. Congrégation des Indulgences déclare là dessus
que lorsqu'on récite les cinq ou les quinze dizaines du
Rosaire ordinaire avec le Chapelet de Ste. Brigitte, on
n'est pas tenu de réciter le Credo à chaque dizaine.
« P. Utrum in singulis decadibus prseter decem Ave
Maria et Palcr dicendus sit Credo?
« S. C. respondit affirmative, si recitetur stricte loquedo
corona S. Birgittœ nuncupata de qua ipsamet auctrix
fuit négative autem si cum prcedicta corona reci-
tentur quinque';vel quendecim décades rosarii, seu sim-
plicis et communis coronje. » «>
Cette décision fut rendue en 183G. (1)
Pour gagner les indulgences, il faut porter les chapelets
sur soi, ou les garder chez soi, et toucher chaque grain,
en récitant la prière correspondante. Les personnes qui
(1) Une autre réponse de la S. Gong, donnée le 15 Sept. 1841, à une
consulUition venue du diocèse d'Arras, porte que :
I Corona divœ Birgitlaj nuncupata, rêvera constat se.\ decadibus, el
in quaiibet décade recilatur oratio dominica, angelica salutatio decies
repelita et apostolorum symbolum, et in Une aliud Pater noster, cum
tribus aliis angelicis salulationibus. At vero ex pluribus decreti»
adservatis in actis S. C. indulgentise Sanctœ Birgittse lucrari possunt
cum coronis etiam ordinariis, sive quindecim, sive quinque tantum
decadum, dummodo sint benedictfe ab hebenlibus l'acultatem cum
indulgenliis quoque divœ Birgittas nuncupatis.»
Remarquons enlin que la méditation des quinze mystères qui est
requise pour gagner les indulgences accordées à la récitation du
Rosaire, ne l'est pas lorsqu'on a un chapelet ordinaire auquel les
indulgences de Ste. Brigitte ont été appliquées par faculté spéciale du
Siège Apostolique. Cela résulte d'un décret rendu le 1er Juin 1839.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 95
récitent les prières avec celle qui a le chapelet brigitté
gagnent les mêmes indulgences qu'elle.
La coutume s'est introduite de dire, avant toute autre
intention, trois chapelets : le premier pour le Pape, le
second pour l'Eglise, le troisième pour celui qui l'a béni.
On peut attacher au même chapelet les indulgences de
Ste. Brigitte et celles des Apôtres. Toutes ces Indulgences
sont applicables aux défunts.
Quand on a un Chapelet bénit par un Prêtre qui a reçu
du Pape le pouvoir spécial d'y attacher les indulgences
de Ste. Brigitte, on gagne les indulgences sus-mentionnées,
lesquelles sont attachées, comme on peut le voir, à l'ob-
jet matériel bénit et à la récitation même du chapelet
qu'il faut tenir à la main en le récitant. Ces faveurs
sont très précieuses, puisque chaque Credo^ Pater et Ave^
procurent une Indulgence de cent jours ; ce qui fait cinq
mille cinq cents jours pour la récitation de chaque cha-
pelet, et seize mille cinq cents jours chaque fois qu'on dit
le Rosaire : de plus, dans ce dernier cas, on gagne encore
une indulgence de sept ans et sept quarantaines, outre les
indulgences plénières indiquées plus haut.
Un chapelet ne perd pas les Indulgences qui y sont
attachées, quoique le fil se coupe et soit renouvelé, et
môme quoiqu'il s'en détache quelques grains ; on pour-
rait les remplacer : il suffit que le chapelet reste morale-
ment le même.
Par ordre de Monseigneur,
J. 0. Paré, Ptre.,
Pro-Secrélaire.
96 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
LETTRE PASTORALE.
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÉQUE DE MONTRÉAL A TOUS
SES DIOCÉSAINS.
Ignace Bourget, par la iviséricorde de Dieu et la grâce du St,
Siège Apostolique, Evéque de Montréal^ etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de Notre Diocèse : Salut et Bénédiclioa
en Notre Seigneur.
Nous croyons, Nos Très Chers Frères, devoir vous faire
part des bénédictions que Dieu a daigné répandre sur la
visite que nous fîmes sur la rive Nord de l'Ottawa, en
Septembre et Octobre derniers.
Des occupations multipliées qui nous attendaient à
notre retour, ne Nous ont pas permis plustôt de vous faire
part des consolations spirituelles dont le Seigneur a favo-
risé cette mission lointaine. Pendant plus d'un mois que
Nous avons mis à parcourir tout le territoire qui s'étend
le long, de la Grande Rivière depuis Grenville jusqu'à
l'Ile des Allumettes, comprenant une étendue de près de
quatre-vingt lieues. Nous n'avons cessé de recueillir les
fruits de grâces et de salut qu'il plaisait à Dieu de répandre
sur nos travaux et ceux de nos zélés collaborateurs. Nous
pouvons dire avec vérité de tous les habitants de ces
missions reculées ce que que St. Paul assurait des Galates :
que Nous avons été reçu comme un Ange de Dieu, et comme
Jésus-Christ même. L'empressement que ces brebis si
chères à notre cœur ont témoigné à voir et entendre leur
Premier Pasteur ; l'ardeur qu'elles ont manifestée pour
profiter des grâces que" nous allions leur offrir ; leur zèle
à approcher des sacrements ; les larmes de componction
que Nous leurs avons vu répandre dans ces jours de salut ;
la joie qu'elles goûtaient de pouvoir exercera notre égard
l'hospitahté la plus cordiale dans leurs humbles demeures ;
la paix où Nous les avons laissées, après les avoir régéné-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 97
rées ; tout, Nos Très Ghers Frères, contribuait à Nous faire
oublier les fatigues inévitables auxquels il a fallu Nous
assujétir pour leur procurer de si grands biens. En tout
cela, Nous n'avons fait que remplir un stricte devoir, et
Nous devons avouer, selon le pj écepte du Sauveur, que
Nous ne sommes encore qu'un serviteur inutile. Car étant
obligé de donner notre vie pour le salut des brebis con-
fiées à no5 soins, Nous devons considérer comme peu de
chose le sacrifice de nos aises et de nos commodités.
Dans le cours de cette visite, nous avons planté la croix
du Sauveur en huit endroits où ce signe de salut n'avait
pas encore été publiquement arboré et vénéré. Nous avons
béni solennellement quatre chapelles qui se sont trouvées
assez finies pour que les exercises de la mission s'y soient
faits avec décence. Nous avons institué le Chemin de la
Croix dans sept Eglises différentes ; nous avons érigé huit
nouvelles missions et désigné la place de trois nouvelles
chapelles, les quelles, à en juger par le zélé des Catho-
liques de ces lieux, devront être prêtes sous peu de temps,
à servir au culte du Seigneur. La confirmation a été
administrée à près de neuf cents personnes, et plus de mille
sept cent cinquante personnes ont participé au banquet
Eucharistique. Vous pensez bien. Nos Très Chers Frères,
que notre cœur a été plus d'une fois attendri en voyant
que Jésus Christ allait entrer en possession de son héri-
tage, qu'il allait avoir des Eghses pour y fixer son séjour
et habiter avec les hommes, ce qu'il déclare dans l'écriture,
être l'objet de ses délices ; en pensant enfin que les
louanges du Seigneur et de sa divine Mère, pourraient
retenir désormais dans des lieux où ci devant l'on n'en-
tendait guère que des blasphèmes, des imprécations, ou
des discours licencieux. Quïl fesait beau, Nos Très Chers
Frères, de voir ce bon peuple se presser autour des croix
que Nous venions de bénir, versant des larmes de joie, et
prouvant par là que leur foi, qui se réveillait d'une ma-
nière si fiappante pendant ces touchantes cérémonies,
était encore bien vive en eux.
98 MAMDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
En érigeant ainsi de nouvelles missions et fixant U
place de quelques chapelles de distance en distance, Nous
avons tâché de pourvoir au salut de tous ceux de nos
Diocésains qui habitent en ces lieux, et qui pour la plu-
part étaient privés de tous les secours de la Religion ; et
par cet arrangement, tous ceux qui à peine voyaient un
Prêtre une fois l'an, pourront prochainement être desser-
vis tous les quinze jours, ou toutes les trois semaines.
En vous donnant ces détails, N. T. C. F., Nous avons
été animé de plusieurs motifs.
|o. — Parce que les succès de notre mission sont dûs,
après Dieu, aux prières que vous n'avez cessé de faire
pour cet objet.
2o. — Parce que les frais considérables qu'il Nous a
fallu faire ont été supportés par les fonds de la Propa-
gation de la Foi ; ce qui vous prouve, sans autre
raisonnement, le bien immense que vous faites en
appartenant à cette charitable institution.
30. — Parce qu'étant édifiés, en apprenant l'heureuse
nouvelle que Dieu sera désormais glorifié et servi dans
ces lieux où il était auparavant si méconnu et outragé,
vous en ressentirez, sans doute, une joie spirituelle qui
sera comme la récompense anticipée de cette bonne œuvre.
Il est encore une autre raison qui vous paraîtra d'un
intérêt majeur. Nous avons trouvé réunis dans ces lieux
écartés des gens de la plupart des Paroisses de ce Diocèse,
qui passent quelquefois plusieurs années dans les chan-
tiers, courant les plus grands risques pour leurs âmes et
exposés à mourir sans les secours si consolants de la
Rehgion. Connaissant depuis longtemps que ces chantiers
étaient pour les jeunes gens une source de désordres, les
Curés n'ont cessé d'exhorter leurs Paroissiens à retenir
leurs enfants sous le toit paternel ; mais il ne leur a pas
été possible de les détourner de ces dangereux voyages où
ils ont tout à souffrir dans ce monde et tout à risquer
pour l'autre. Depuis longtemps Nous cherchions un
remède à un si grand mal ; Nous avions même fait
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 99
quelques tentatives qui n'ont pas été sans succès. Pendant
notre mission de l'Ottawa, partout où il Nous a été possible
d'offrir les grâces de notre saint ministère à ces chrétiens
délaissés, partout nos travaux ont été suivis d'une abon-
dante moisson. Et Nous avons eu à bénir le Père des
miséricordes de qui vient tout don parfait^ de Nous avoir
suggéré le moyen efficace de paître toutes nos brebis,
quelque part qu'elles se trouvassent : Nous avons pris
des mesures, de concert avec les Bourgeois des divers
lieux, pour que les Missionnaires que Nous nous proposons
d'envoyer puissent parcourir les chantiers et continuer
une œuvre si heureusement commencée. Cette œuvre
doit vous paraître bien intéressante, et vous devez l'avoir
fort à cœur, puisqu'il s'agit des plus chers intérêts de vos
proches et de tous vos frères en J. G. Ce sera pour les
pères et mères une inquiétude de moins que de savoir
que leurs enfants seront à l'avenir pourvus de secours
spirituels dans cette partie éloignée de notre Diocèse.
Ces fruits abondants de salut par lesquels la Providence
a bien voulu encourager la première visite pastorale faite
en ces lieux, Nous ont déterminé à entreprendre sous peu
celle des Missions situées au sud du Fleuve Sf. Laurent,
lesquelles n'offrent pas à votre foi et à votre piété un
intérêt moindre que celles de l'Ottawa. Aussi, Nous
attendons de vous, N. T. C. F., une co-opé ration très-
efficace à tous nos travaux, par la continuation de vos
prières et de vos bonnes œuvres, comme nous avons eu
occasion de vous y exhorter dans notre Mandement
d'Entrée.
Ce simple exposé que nous venons de faire, encouragera,
Nous l'espérons, chaque Paroisse à faire d'instantes
prières pour la Propagation de la Foi, et particulièrement
le jour de la Fête de St. François- Xavier, et déterminera
chique fidèle à s'enrôler dans cette Association si émi-
nenment Catholique. Aussi, Nous avons compté sur le
zèle de tous nos Diocésains, en promettant des secours
ÎOO MENDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
abondants à ces nouvelles Missions que nous avons
formées, et nous avons la ferme espérance que nous ne
serons pas trompé dans notre attente.
Il est encore un nouveau sujet de joie pour Nous,
N. T. G. F., dont nous devons vous faire part en vous
adressant cette lettre, c'est d'apprendre que plusieurs
Paroisses forment des vœux empressés pour que les
bienfaits des Missions ou Retraites, telles qu'il s'en est fait
une à Terrebonne, soient répandus dans toutes les parties
de ce Diocèse ; Nous le souhaitons aussi Nous, très-
ardemment, et Nous attendons de la Divine Miséricorde
qu'elle Nous mettra sous peu en état de satisfaire vos
pieux désirs. Pour vous préparer à ces grâces signalées,
Nous vous conjurons, N. T. G. F., de vous rendre Dieu
propice en vivant, comme vous y invite l'Apôtre, dans la
sobriété, la justice et la piété. Prenez garde que vos
cœurs ne s'appesantissent par l'excès des liqueurs
enivrantes; craignez qu'ils ne se laissent corrompre par
l'attrait de la volupté ; et pour cela que les jeunes gens
évitent soigneusement les veillées seul à seul, veillées
toujours fécondes en désordres et que des parents cnrétiens
ne doivent jamais souffrir dans leurs maisons.
En conformant ainsi toutes vos actions, en rapportant
toutes vos démarches aux règles de cette vigilance
chrétienne qui en sera la sauvegarde, vous attirerez sur
vous et sur vos familles les grâces de Dieu, et sur touies
vos entreprises les bénédictions du Giel.
Enfin Nous vous souhaitons à tous la paix du Seigneur,
ce don qui, selon l'Apôtre, surpasse tout sentiment. Que
celte paix garde vos cœurs et vos esprits, qu'elle se
manifeste constamment devant Dieu comme devant les
hommes, par ce calme religieux avec lequel vou?
accomplirez toute loi émanée de vos Supérieurs, sot
Ecclésiastiques, soit Givils, vous reposant sur la Diviie
Providence du soin de tout le reste.
Voilà ce que le tendre intérêt que notre cœur -ous
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 101
porte à tous, Nous a suggéré de vous dire dans les cir-
constances, et ce que l'esprit de la foi, ainsi que les vraia
Drincipes de la Religion, vous feront apprécier.
Sera la Présente Lettre Pastorale lue et publiée en
chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, et au
Prône dans toutes les Eglises Paroissiales, le premier
Dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, le 25 Novembre mil-huit-cent-qua-
rante, sous notre seing et sceau, avec le contre-seing de
notre Pro-Secré taire.
L. f S.
-J- Ig. Evèque de Montréal.
Par Monseigneur,
Jos. OcT. Paré, Ptre.,
Pro-Secrétaire.
[Pour copie.)
J. 0. Paré, Ptre.,
Pro-Secrétaire.
P. S. — MM. les Curés qui ont en main quelqu'argent
pour la Propagation de la Foi sont priés de le faire remet-
tre le plustôt possible au Trésorier de l'Association.
J. 0. P., P.-S.
102 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL AUX FIDÈLES DE
LA VILLE ET DE LA PAROISSE DE VILLE-MARIE POUR
ANNONCER l'oUVERTURE d'uNE RETRAITE.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la gréce du St-
Siège Apostolique, Eve que de Montréal.
A tous les Fidèles de notre Ville Episcopale : Salut et bénédiction en
Notre-Seigneur.
Depuis, Nos Très-Cher Frères, qu'il à plu à Dieu de
JNous imposer le fardeau de l'Episcopat, Nous ressentons
pour vous tous une tendresse spéciale, en sorte que Nous
pouvons, dans sincérité de notre cœur, dire de vous ce
que l'Apôtre disait des habitants de la ville de Phihppe :
« Dieu m'est témoin avec quelle tendresse je vous aime
tous dans les entrailles de Jésus-Christ. » (Phil. 1. 8). Et
comment n'aimerions Nous pas une ville qui est l'objet
de l'affection maternelle de la divine Marie ; une ville
qui portent le glorieux nom de Marie, a été bâtie sur les
solides fondements de la piété de vos pères pour cette
Reine de l'univers ; une ville qui renferme dans son en-
ceinte tant de monuments précieux élevés et religieuse-
ment conservés à Marie ; une ville qui compte parmis ces
nombreux habitants tant d'âmes dévouées à Marie ; une
ville enfin qui, après avoir été le berceau de Notre véné-
rable Prédécesseur, est devenue le siège d'honneur où
cet illustre Prélat, lui-même, la gloire d'une ville déjà si
distinguée, est venu se reposer, sur les dernières années
de sa laborieuse et infatigable carrière ? Aussi, Dieu
Nous est témoin, Nos Très-Chers Frères, que Nous ne cessons
de penser à vous dans nos prières, et que Nous désirons vous
faire part des dons spirituels que Nous sommes chargé de
vous communiquer, pour vous affermir dans la pratique
de vos devoirs religieux (Rom. I. 9. 10. 1 1.)
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. lOî
En qualité de Pasteur des âmes Nous pouvons et Nous
devons dire, en toute confiance, ce que le chef des Pas-
teurs disait aux juifs : « je suis venu pourque mes brebis
aient la vie et quelles l'aient avec la plus grande abon-
dance. » (Joan 10. 10).
Nous trahirions notre ministère si, allant porter la nou-
riture et la vie à celles de Nos brebis qui vivent dans des
lieux reculés, Nous négligions celles qui sont habituelle-
ment près de Nous et qui forment la partie la plus noble
du troupeau de Jésus-Christ : < les brebis qui se trouvent
continuellement près du Bon Pasteur sont toujours les
plus favorisées et les plus en assurance, » dit Ste.
Thérèse.
Vous avez donc un droit particulier à Notre sollicitude ;
et cette sollicitude doit être d'autant plus inquiète et em-
pressée que vous êtes plus exposés au danger de périr
éternellement, parce que le séjour de la ville que vous
habitez est de soi une occasion des plus dangereuses à
votre innocence. Qu'il est à craindre qne le commerce
que vous avez avec le monde ne refroidisse votre Foi !
Qu'il est dangereux ce monde que vous êtes comme forcés
de voir, de fréquenter et d'entendre 1 Aussi voyons-nous
avec la plus vive douleur, que l'indifférence a pris, chez
un grand nombre, la place de cette sainte ferveur qui
animait vos pères dons la Foi. Si Nous avons à Nous
réjouir des œuvres toutes saintes que pratiquent encore
un certain nombre d'âmes qui sont notre gloire et notre
couronne^ Nous avons à gémir bien amèrement de ce
qu'il-y-a dans les autres des desordres qui font blasphé-
mer le Saint Nom de Dieu par ceux qui n'appartiennent
pas à notre Foi : et de ce que plusieurs (hélas ! le nombre
n'en est que trop grand) ne s'approchent plus, ou ne s'ap-
prochent que très rarement du tribunal de la Pénitence
et de la Table Sainte, ce qui esi la source de tous les.-
meaux spirituels qui nous aflligent. Oh ! serait-il possible
gue l'on put vous apphquer ces paroles de l'Apôtre aux-
;Î04 MA.NDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Galates : « Il est aîsé de reconnaître ici les œuvres de la
chair, qui son la fornication, l'impureté, la dissolution,
'l'idolâtrie, les inimitiés, les dissentions, les jalousies, les
animosités, les querelles, les divisions, les meurtres, les
ivrogneries, les débauches et autres choses semblables.»
(Gai. 6. 19. 20. 21). Il n'est que trop facile de voir que ces
œuvres d'iniquités font sentir partout leur funeste conta-
gion. Quelles en doivent être les tristes suites ? Hélas !
selon que nous l'atteste le môme Apôtre, « ceux qui com-
mettent ces crimes ne seront point héritiers du royaume
de Dieu.» (Id. ib. 21.) En comparant les mœurs pures et
paisibles de nos pères avec les crimes qui inondent cette
cité malheureuse, n'avons Nous pas de pressants motifs
d'emprunter les cantiques douleureux de l'inconsolable
Jérémie, et de Nous écrier avec lui : par quel malheur
les éminentes vertus qui brillaient dans cette Ville se sont-
elles obscurcies! « Quomodo obscuratum est aurum, ma-
tatus est color optimus ! (Jer. 4. 1). 0 Ville-Marie, 0 fille
de Sion, lu as donc perdu l'éclat de ta beauté, en perdant
tes mœurs antiques et si douces! « Egressus est à Filià
Sion omnis décor ejus. » (Jer 1. 6). Ces œuvres de piété
et de ferveur ont été changées en des œuvres de ténèbres
qui ont souillé toutes tes démarches. « Sordes ejus in
pedibus ejus.» (Id. 1.9). Ceux qui autrefois mettaient
leurs délices à se nourrir du pain des Anges dans le
palais du Roi des rois, ont été dégradés jusqu'au point de
ne plus trouver de plai.sir que dans la satisfaction des pas-
sions les plus humiliantes. «Qui nutriebantur croceis
amplexati sunt stercora. » (Id. 4. 5). Des malheurs de tous
genres, des épreuves sans nombre, des morts subites et
vraiment tragiques qui presque tous les jours enlèvent
-quelques-uns de tes habitants et répandent le deuil dans
toutes les classes de la société, t'avertissent que le Sei-
gneur est irrité de tes crimes. Voilà, Nos Très Ghers
Frères, voilà, n'en doutez pas, ce qui tous les jours tient
notre cœur paternel dans de cruelles angoisses, craignant
4ïue nos crimes, comme ceux des cinq villes coupablerj
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 105 •
« ne crient vers le ciel pour demander vengeance. » (Gen,
19. 13.) Voilà ce qui Nous a porté à chercher quelques
moyens extraordinaires pour remédier à tous nos maux
spirituels.
Comme la prière est l'unique ressource du pauvre et
de l'affligé, Nous avons recouru au Père des miséricordes
et à la Divine Marie, pour en obtenir le secours qui nous
est si nécessaire dans ces jours malheureux. Nous avons
été surtout occupé de l'importante affaire de votre régéné-
raiiou à la grâce, pendant et depuis la dernière Retraite
Pastorale qui s'est donnée dans cette ville, et dont le
spectacle si imposant n'aura pas manqué de faire sur vos
cœurs une impression salutaire. Occupé, avec nos fervents
collaborateurs, à méditer, pendant ce saint temps, les
années éternelles, et comblé avec eux des douceurs de la
solitude, Nous conjurâmes, dans l'union des cœurs, le
Dieu de bonté de vouloir bien faire part à Notre peuple
du bonheur dont Nous jouissions en vaquant aux exercices
de la Retraite, dont l'effet propre est de régénérer, en peu
de temps, les villes et les campagnes. Dieu qui se plait à
prêter l'oreille aux cris des humbles et des petits, a entendu
Nos soupirs, en dirigeant vers nous les pas d'un illustre et
vénérable Prélat, dont les courses Apostoliques n'ont
d'autre but que de sanctifier le monde. Il Nous a donné
une preuve non équivoque que Nos gémissements avaient
touché son cœur paternel. Les admirables succès qu'ont
eu les Retraites données en ce pays, à Québec et à Terre-
bonne, par cet homme puissant en œuvres et en paroles,
Nous assurent d'avance les heureux fruits que nous atten-
dons de celle (^u'il veut bien donner à cette ville, avec
l'aîde de vos zélés et vertueux pasteurs. C'est donc avec
confiance que nous vous annonçons, de la part du Dieu
tout bon et miséricordieux, que le temps favorable, que les,
jours de salut sont arrivés pour vous. « Ecce nunc tempus
acceptabile, ecce nunc dies salutis. » (2 Cor. 6. 2).
Le Seigneur, en vous appelant à la Retraite, veut par-
ler à vos cœurs. Il veut vous éclairer d'une vive
'106 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
iumièra, toucher vos âmes, vous faire comprendre que
tout ici bas n'est que vanité et folie. Il désire guérir les
■plaies profondes que le péché vous a faites, et vous
'donner des forces, afin de secouer les chaînes de vos ini-
quités. En un mot, il veut vous affermir dans les sentiers
de la justice et vous faire goûter la paix, cette paix déli-
cieuse qui surpasse tout sentiment. « Préparez donc les
voies du Seigneur et rendrez droits ses sentiers. » (Marc.
1. 3.). Quittez toutes les occasions du péché : « fuyez du
millieu de Babylone, et que chacun sauve son âme. »
{Jer 5t. 6.). Renoncez à ses sociétés dangeureuses qui
■ furent toujours si funestes à votre innocence. « Couver
tissez vous au Seigneur de tout votre cœur, dans le jeûne,
les pleurs et les gémissements. » (Joël. 2. 12.). Soyez fer-
vents dans la prière ; demandez avec confiance la grâce
■ de votre conversion, et vous la recevrez. Rachetez vos
péchés par des aumônes selon vos moyens; car, «l'au-
mône délivre de tout péché et de la mort ; et elle ne lais-
sera pas l'âme dans les ténèbres. Elle donnera, à tous
ceux qui la font, une grande confiance quand ils paraî-
trant devant le Dieu Très-Haut. » (Job. 4. 1 1, 12.). « Sonnez
de la trompette dans Sion » (Joël. 2. 1.) 0 Pasteurs des
-âmes. « Ululate, Pastores, et clamate. » (J^r. 25- 34.), en
"voyant vos brebis exposées à périr éternellement. Placés
entre le vestibule pt l'autel, ne cessez de crier; « pardon-
nez, Seigneur, pardonnez à votre peuple. » (Joël. 2. 17.) ;
et ne permettez pas que cette ville, qui est votre héritage,
soit toujours un sujet d'opprobre pour votre Eglise.
Et vous, vierges chrétiennes, présentez vous au céleste
époux que vous servez avec tant de fidélité ; fléchissez
par vos prières la colère du Seigneur. Et vous, âmes
saintes, qui gémissez depuis tant d'années en voyant les
scandales que vous avez tous les jours sous les yeux,
joignez vos humbles supplications à celles qu'adressent
au ciel tant de cœurs purs et innocents. Et vous, pécheurs,
faites entendre dans le temple du Seigneur la prière de
l'humble publicain : « 0 Dieu, ayez pitié do moi qui suis
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 107
un pécheur » ; et vous vous en retournerez comme lui
justifiés.
0 Marie, nous recommandons à votre tendresse mater-
nelle les exercices de cette Retraite que Nous annonçons
en ce jour à une ville qui vous fut toujours si chère et
que vous avez toujours merveilleusement protégée dans
le temps même qu'elle semblait vous rejeter. Marie ! 0
nom sous lequel il ne faut jamais désespérer. 0 Marie,
notre unique espérance, entendez les gémissements qne
nous, misérables enfants d'Adam, poussons vers vous,
retenus, comme nous le sommes, dans cette vallée de
larmes, daignez abaisser vers nous les yeux de votre misé-
ricorde, et nous ouvrir les entrailles de notre charité. 0
Marie, si tendre, si compatissante, si bonne pour nous
tous, prenez sous votre puissante protection cette ville qui
doit être sainte parce qu'elle est a vous. Régénérez la
pendant ces exercices spirituels. Du haut du ciel inspirez
au prédicateur et aux confesseurs tout ce qu'ils ont à
faire pour rendre vos enfants saints. 0 Marie, sanctifiez
le Pasteur et les brebis
A ces causes, Nos Très Chers Frères, Nous vous annon.
çons que les exercices Spirituels de la Retraite générale
commenceront dans l'Eglise Paroissiale de cette ville, le
treize du présent mois. L'ouverture de cette Retraite sera
annoncée par le son des clochps de toute la ville pendant
une heure, avant le chant du Veni Creator. Elle sera pré-
sidée par l'Illustrissime et Révérendissime Comte de Forbin
Janson, Evêqne de Nancy et deToul, Primat de Lorraine
à qui Nous voulons qu'on rende, dans toute l'étendue de
Notre Diocèse, les mêmes honneurs qu'à Nous, tant qu'il
y résidera. Elle durera tout le temps qui sera jugé néces-
saire par ceux qui la dirigeront.
Les fidèles de l'un et de l'autre sexe qui vaqneront au
moins pendant trois jours aux dits exercices, et qui s'étant
confessés et ayant communié, prieront quelque temps à
l'intention du Souverain Pontife, gagneront une Indul-
108 MANDEMENS, LETTRES PASTORALES.
gence plénière. Afin de rendre les travaux de notre minis-
tère plus fructueux, Nous vous exhortons instamment.
Nos Très-Ghers Frères, à faire chaque jour, dans vos
familles, des prières ferventes, en union de celles qui se
feront dans toutes les églises de la ville. A cette fin, Nous
enjoignons à tous les prêtres qui célébreront dans les
diverses ég-lises de cette ville, de dire, pendant tout le
temps de la Retraite, l'oraison « Pro petitione lacrymarum^))
en se conformant aux règles de la Rubrique. De plus,
chaque jour on dira cinq Pater et cinq Ave après la Messe
du Diocèse dans la Cathédrale, après celle de la Retraite
dans l'église Paroissiale et après la Messe conventuelle
dans les autres églises; et les Dimanches et Fêtes, ces
prières se diront après la Messe solennelle partout où il-y
a office public.
Sera la présente Lettre Pastorale lue et publiée au
Prône de la Messe solennelle dans la Cathdrale et dans
l'église Paroissiale de cette ville, le premier Dimanche
après sa réception.
Donné à Montréal le douze Décembre 1840, sous Notre
seing et Sceau avec le contre-seing de Notre Secrétaire.
-J- Ig. Ev. de Montréal,
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Ptre., Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 109
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS, MISSIONNAIRES ET AUTRES PRÊTRES
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 21 Décembre 1840.
Monsieur,
Ne soyez pas surpris de recevoir aussi souvent de mes
lettres circulaires : car c'est pour moi un délassement et
une consolation d'avoir à correspondre avec tous les
membres du clergé, pour les tenir au courant des princi
pales affaires du Diocèse ; et j'en attends d'heureux
résultats pour l'église dont les intérêts nous sont également
chers, et au bien de laquelle nous avons tous à concourir
dans l'union la plus parfaite.
J'appellerai d'abord votre attention sur un sujet très-
important. Vous savez que Messieurs les Commissaires,
nommés en vertu de l'ordonnance de la 2de. Victoria,
chap. 29. pour la reconnaissance civile des Paroisses
canoniquement érigées, n'ont pu procéder sur les Paroisses
formées par l'autorité Ecclésiastique depuis la le. Guil-
laume IV, chap. 51, parce que d'après la susdite Ordon-
nance, ils n'étaient autorisés à reconnaître pour Paroisse
que celles qui auraient été érigées par FEvêque, après la
passation d'icelle ordonnance. Pour lever cet obstacle,
un amendement était nécessaire ; et il a toujours été
attendu jusqu'ici, pour éviter tous les inconvénients qu'il
y aurait eu à recommencer les Procédures Ecclésiastiques.
Mais comme cet amendement et quelques autres, qui ont
été demandés par MM. les Commissaires susdits, n'ont pas
été obtenus, et que la dite Ordonnance doit expirer le 4
Mars prochain, il n'y a plus à temporiser : et je crois
devoir vous recommander de faire tous vos efforts pour
parvenir promptement, et sans frais considérables, aux
fins de cette Ordonnance. Quoiqu'il faille recommercer
110 MANDEMENS, LETTRES PASTORALES.
toute la procédure canonique, tout se réduira néanmoins
à envoyer un Commissaire ecclésiastique, qui procédera
suivant les formes voulues par la dite Ordonnance de la
2de Victoria, ch. 29 ; mais se contentera de ne changer
que les noms et les dates des Requêtes, Procès- Verbaux et
autres papiers qui sont entrés dans la Procédure déjà
faite, selon la direction qui lui sera donnée : ce qui
sauvera beaucoup de frais et épargnera bien de la besogne.
Quant aux simples Missions, il faudra, pour obtenir des
décrets ecclésiastiques, procéder en la manière que vous
connaissez ; et le plustôt possible. Je vous préviens que
N n'est qu'une mission, afin que vous agissiez
en conséquence. Je vous engage à faire amortir sans
délai le terrain de votre Eglise, s'il ne l'a pas encore été ;
et je vous informe que l'insinuation des contrats qui
assurent aux Eglises certains bien-fonds doit être faite au
greffe du Protonotaire à Montréal, et non aux greffes des
campagnes.
Je ne vous ai point laissé ignorer que ma mission, en
succédant au vénérable Evêque que nous regrettons, est
de mettre à exécution les plans que son génie transcen-
dant lui a fait former pour le bonheur du Diocèse dont il
a été le fondateur. Un de ses projets, comme vous savez,
était de créer un Chapitre, afin d'entourer l'Evêque
d'hommes capables de l'aider dans le gouvernement de ce
vaste Diocèse, où des affaires multipliées s'encombrent tous
les jours, si on ne les expédie à mesure qu'elles se pré-
sentent. Si cet illustre Prélat, avec des talents brillants
et une expérience consommée dans les affaires, a compris
le besoin d'un semblable secours, vous sentez que j'ai les
plus puissants motifs d'entrer dans ses vues et d'exécuter
au plutôt un plan qui me donnera des moyens sûrs et
efficaces d'exécuter les autres, qui se dérouleront selon
les circonstances que ménagera, je l'espère, la Divine
Providence. J'ai à bénir cette aimable Providence qui a
inspiré à un certain nombre de Prêtres, le généreux des-
sein de seconder les vues et plans de mon Prédécesseur.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 1 1 1
en s'attachant à ma personne, dans le seul intérêt de
l'Eglise. Depuis que nous sommes ensemble, nous nous
sommes occupés de la formation de ce Chapitre, afin qu'il
y ait dans ce Diocèse, comme il y a dans tant d'autres, un
Sénat Apostolique et un coîisistoire sacré^ qui, attaché par
état et par devoir à la Chaire Episcopale^ aide l'Evêque à
gouverner l'EgUse, selon les Sts. Canons. Cette Institu-
tion est de nature à vous inspirer une juste confiance dans
la direction épiscopale, en voyant votre Chef environné
d'hommes dont tous les soins sont exclusivement de pro-
curer avec lui, dans l'union des cœurs, l'avancement du
règne de Jésus-Christ. Par cet arrangement, vous trou-
verez toujours, à l'Evêché, des hommes au courant des
affaires pour répondre à vos besoins, lorsque je serai
absent de cette ville ; ce qui arrivera fréquemment : car
les maux spirituels du Diocèse, qui sont immenses, m'en
gageront à aller souvent partager vos travaux, pour vous
aider à sanctifier le troupeau qui est à nous tous. La
disette d'ouvriers évangéliques nous obligera néeessaire-
ment à nous multiplier et à faire l'impossible pour dé
fendre la bergerie du Seigneur, si violemment attaquée,
dans ce temps orageux. Aussi compté-je sur votre zèle
et sur votre cordiale et courageuse co-opération, pour
remplir le ministère qui m'est confié. Or, ces temps d'ab-
sence n'arrêteront pas le cours des affaires du Diocèse ; et
la sollicitude épiscopale qui doit, sans interruption, s'ex-
ercer sur toutes les églises de c^ Diocèse, n'en souffrira
aucunement. J'ai cru que le jour le plus convenable,
pour installer les premiers Chanoines de la Cathédrale,
était celui où le premier Evêque de Montréal était devenu
par sa consécration, la pierre fondamentale de l'Episcopat
dans ce district, afin de donner à ce jour (21 Janvier) un
nouveau degré d'intérêt dans l'histoire de notre Eglise, et
honorer ainsi la mémoire du glorieux Pontife que Dieu
nous avait donné dans sa miséricorde. Vous êtes tous
invités à cette cérémonie, comme à toutes les autres qui se
célébreront dans la Cathédrale, sans qu'il soit besoin
112 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
d'aucune invitation particulière. Vous vous arrangerez,
entre vous, pour la desserte de vos Paroisses pendant ce
temps.
C'est avec beaucoup de consolation que j'apprends les
heureux fruits que produisent les Retraites, qui se font
dans diverses Paroisses du Diocèse ; et pour les encoura-
ger, je permets de chanter solennellement le Ve^ii Creator
pour l'ouverture de ces Exercises Spirituels, ainsi qu'un
salut et le Te Deum pour la clôture. De plus, je donne à
tous les Prêtres approuvés, qui seront appelés par les
Curés à travailler à ces Retraites, le pouvoir de prêcher et
de confesser, avec la faculté d'absoudre des censures et
cas réservés tant au Pape qu'à l'Evêque.
Je pars aujourd'hui pour la visite de quelques Town-
ships du Sud, qui ont pu être préparés aux grâces de la
Visite Episcopale. Les bonnes nouvelles que me donnent,
de temps en temps, les Missionnaires de l'Ottawa, des
fruits durables de la Mission qui a eu lieu dernièrement
dans cette partie intéressante du Diocèse, m'encouragent à
ne rien négliger pour porter ailleurs les grâces abondantes
qui découlent nécessairement du Chef, quelque soit l'in-
dignité du sujet. Plusieurs Curés m'ont aussi fait con-
naître que les efforts incroyables qu'a faits dernièrement
l'ennemi du salut pour pervertir leurs ouailles, ont été
vains et inutiles et ils attribuent cette protection visible à un
secours puissant, qui leur a été accordé parlaSte. Vierge ;
ce que moi-même j'attribue aussi à la bonté compatissante
de cette Mère de miséricorde. J'en excepte une Paroisse,
où l'hérisie a fait des progrès vraiment allarmants,
comme vient de me l'écrire le curé du lieu ; en sorte que,
si nous avons à nous réjouir d'un côté, de l'autre nous
avons à nous humilier et à gémir. J'aurai à vous écrire,
dans quelque temps, sur ce sujet. En attendant, redou-
blons nos efforts et implorons, avec plus de ferveur que
jamais, le secours d'en-haut.
11 m'est revenu aussi que nos pauvres Canadiens qui
J
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 113
sont au-delà des lignes sont en grand danger pour leur
foi, si on ne va promptement à leur secours.
Plusieurs Prêtres me demandent quelle conduite ils
doivent tenir envers ceux de leurs Paroissiens qui fré-
quentent les bals, ne sachant jusqu'à quel point ils doivent
s'opposer à ces divertissements populaires. Avant de rien
établir là-dessus, pourqu'il y ait uniformité de conduite,
j'ai cru devoir vous demander votre avis. Connaissant
mieux le peuple que moi, parce que vous le suivez de plus
près, vous pourrez juger des bons ou mauvais effets que
pourrait avoir l'indulgence dont on userait à cet égard.
Au lieu de défendre absolument ce plaisir, qui de soi
n'est pas mauvais, ne vaudrait-il pas mieux le régler de
manière à l'isoler de toutes les circonstances capables de le
rendre criminel : v. g. en ne tolérant que les rassemble-
ments de parents et de voisins, en obligeant les pères ou
les mères à suivre leurs enfants, et prescrivant à tous de
se retirer de bonue heure, etc. Veuillez bien m'écrire au
plus tôt ce que vous en pensez.
J'ai le plaisir de vous apprendre que la présente Circu-
laire est le premier ouvrage sorti de la presse Ecclésias-
tique que l'on s'est procurée pour l'impression des
Mélanges Religieux. Je vous prie de nouveau de vouloir
bien favoriser cette publication, qui est toute entière dans
les intérêts de la Religion, comme vous n'en doutez pas.
Cette lettre ne devant vous parvenir que vers le com-
mencement de la nouvelle année, je préviens tous vos
vœux, en vous donnant de grand cœur, au nom du Sou-
verain Pasteur, qui lui-même est béni par son divin Père,
la bénédiction paternelle que chaque Prêtre a droit
d'attendre de son Evêque. Si Dieu daigne écouter mes
prières, nous travaillerons en paix et avec succès à la
grande œuvre de la régénération spirituelle de ce Diocèse ;
et le Seigneur coopérant, nous honorerons, par nos œu-
vres, le sublime ministère que nous avons à remplir.
C'est avec la même effusion de cœur que je bénis tous les
114 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Fidèles confiés à vos soins, afin qu'ils soient tous dociles
à votre voix.
Gomme la circonstance exige que j'ouvre en votre
faveur les trésors de l'Eglise, j'accorde à tous les Prêtres
approuvés, de ce diocèse, le pouvoir d'appliquer, pendant
le cours de l'année prochaine, les Indulgences des Apô-
tres et celles de Ste. Brigitte aux Chapelets, Croix et
Médailles qu'ils béniront à cet eiîet, dans la desserte à la-
quelle ils seront appelés, mais en faveur de leurs sujets
seulement, et en se conformant à ce qui a été réglé dans
ma Circulaire du 9 Septembre dernier, et avec cette restric-
tion, que le pouvoir ci dessus ne pourra s'exercer, qu'aux
jours des fêtes qui portent indulgence plénière pour ceux
qui récitent le Chapelet, selon qu'il est prescrit par le
St. Siège dans la feuille mentionnée dans la dite Circu-
laire et celle qui y est jointe. Je vous engage à avertir,
au prône, les fidèles des jours où ils pourront gagner
cette indulgence plénière, afin qu'ils s'y préparent par les
œuvres ordinaires et qu'ils présentent les objets de piété
qu'ils désireront faire indulgencier. Cet usage va s'intro-
duire à la Cathédrale. J'ai la ferme confiance qu'au
moyen du Chapelet, nous ferons sortir de la bergerie tous
les loups qui menacent notre troupeau, et que même
nous changerons ces loups en agneaux. J'espère que j'au-
rai ma bonne part à toutes les prières de ces fervents
serviteurs de Marie.
Agréez les sentiments du sincère attachement que «
j'ai pour vous tous ; et croyez-moi bien affectueuse- \
ment,
Monsieur,
Votre très-humble et très obéissant serviteur,
-}- Ignace Ev. de Montréal.
(Pour copie,)
J. 0. Paré, Ptre.,
Pro-Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 115
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, POUR l'ÉTABLIS&E-
MENT DE l'aRCHICONFRÉRIE DU TRÈS -SAINT ET
IMMACULÉ COEUR DE MARIE, DANS SON DIOCÈSE.
Ignace Bourgct^ par la wiséricorde de Dieu et la grâce dit St
Siège Aposloliqioc^ Evéque de Montréal^ etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de Notre Diocèse : Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Depuis que nous portons. Nos Très-Ghers Frères, le
fardeau de l'Episcopat, nous n'avons cessé de solliciter le
secours de vos prières, ayant cette ferme confiance que le
Père des miséricordes entendrait favorablement les voix
réunies de tant d'âmes ferventes, qui s'élèveraient vers son
trône, de toutes les parties de ce vaste Diocèse. Gomme
l'auguste Marie est, d'après les dispositions de son admi-
rable providence, le canal sacré qui nous apporte ses
grâces, selon que nous l'enseignent les Docteurs de
l'Eglise, nous avons compris que nous devions vous
exciter, avec tout le zèle dont nous sommes capable, à
recourir pour nous à cette puissante protectrice de ce
Diocèse ; et afin que nos exhortations fussent plus efficaces,
nous avons plusieurs fois ouvert les trésors de l'Eglise en
faveur de ceux qui entendraient notre voix. Nous n'avons
pas été trompé dans notre espérance ; et nous nous sommes
aperçu que vous aviez fait au ciel une sainte violence, en
louchant de compassion le cœur de Marie, par la récitation
si multipliée du chapelet, par les pratiques salutaires de
l'association de la Propagation de la Foi, par votre ardeur
à faire, dans presque toutes les paroisses, les pieux exer-
cices du Ghemin de la Croix, et par tant d'autres bonnes
œuvres et prières que vous avez adressées à Dieu pour
nous. L'élan général que l'on remarque vers les principes
religieux, la visite d'un homme aposlohque qui a parcouru
1 16 MAMDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ce Diocèse, annonçant partout les jours de salut, les
conversions étonnantes qui s'opèrent en tous lieux, Tardeur
incomparable qui se fait sentir dans les paroisses, et
l'empressement général pour les Retraites, la protection
visible de Dieu pour la conservation de la foi, malgré les
efforts incroyables employés pour arracher de vos cœurs
ce don précieux, l'Jiorreur que vous avez montrée pour
toutes les nouveautés profanes et pour ces livres, empoi-
sonnés que l'on- a cherché à répandre parmi vous, ce
courage héroïque et ce zèle digne des premiers siècles que
beaucoup de fidèles ont déployés pour résister aux minis-
tres de l'erreur, la régénération spirituelle de la Ville
Episcopale, pour laquelle le Seigneur a fait de grandes
choses, l'ébranlement de toutes les paroisses pour rentrer
dans les sentiers de la justice, l'institution d'un Séminaire
pour la formation du Clergé, l'érection d'un Chapitre pour
aider le premier Pasteur dans le gouvernement général
de cette église, ce sont-là les grâces de choix qui nous
prouvent que le Seigneur vaincu, pour ainsi dire, par
l'importunité de vos prières, a ouvert ses trésors pour nous
combler de toutes les richesses de sa miséricorde. Tant
de faveurs, Nos Très Chers Frères, méritent sans doute
une vive reconnaissance de notre part : sans quoi nous
montrerions la plus noire ingratitude : ingratitude qui
dessécherait immanquablement ces fleuves de grâces qui
coulent avec tant d'abondance sur nous tous. Notre
charge, qui nous oblige à prévoir tout ce qui pourrait
attirer sur vous un grand malheur, nous impose le devoir
d'élever un monument public, qui atteste à toutes les
générations à venir ce que le Seigneur a bien voulu faire
pour nous, et ce que nous avons fait pour lui témoigner,
autant que possible, la reconnaissance qui lui est due
pour tant de bienfaits. Or ce Monument Public et
Solennel par lequel nous désirons éterniser la mémoire
des grâces dont nous sommes enrichis, c'est l'Archicon-
frérie au Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie, que nous
érigeons pour tout ce Diocèse, par le présent Mandement.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 117
En cela, nous ne faisons que suivre l'esprit de Dieu,
communiqué à l'Eglise qui, dans divers siècles, a institué
des fêtes et érigé des Confréries en l'honneur de l'Auguste
Reine du ciel, pour reconnaître quelque faveur singulière,
obtenue par sa puissante intercession; comme l'atteste
l'établissement des fêtes du Saint Nom de Marie, du
Rosaire, de Notre-Dame de la Victoire, etc. L'association
que nous proposons à votre piété, Nos Très Chers Frères,
a déjà produit dans l'Egli&e des fruits admirables de Salut,
par la conversion d'une multitude de pécheurs, qui lui doi-
vent la vie de la grâce et le bonheur dont ils jouissent depuis
leur heureux retour à Dieu. C'est pourquoi nous nous
somm5s décidé à l'établir dans notre Cathédrale pour la
répandre de là dans toutes les Paroisses de Notre Diocèse
où nous désirons ardemment qu'elle se propage. Notre
intention, en faisant un tel établissement, est: lo. de
remercier Dieu des grandes faveurs qu'il a bien voulu
verser sur ce Diocèse, par la médiation de Marie, qui a
prouvé par des traits si touchants de sa bonté, que vrai-
ment elle a pris cette église sous sa protection ; 2o. de
vous engager à honorer religieusement le très Saint a
Immaculé Cœur de Marie^ ce cœur plein de grâces et de
vertus, ce cœur si tendre et si compatissant pour les
pécheurs, ce cœur de la meilleure de toutes les mères ; 3o
de vous rendre les imitateurs de ce cœur si Saint, par la
pratique de toutes les vertus qui caractérisent les vrais
serviteurs de cette Vierge Immaculée ; 4o. de vous faire
participants des richesses inépuisables cachées par la
Divine Miséricorde dans le cœur de la Mère de tous les
chrétiens ; 5o. de tenir ouvert sur tous les besoins de ce
Diocèse, par une continuité d'hommages, ce cœur mater-
nel, qui a laissé couler sur nous, dans ces temps heureux,
tant de grâces ; 60. de former un centre de réunion pour
tous les cœurs des fidèles confiés à nos soins, afin de
parvenir à n'avoir tous qu'un cœur et qu'une âme, comme
il est dit des premiers Chrétiens dont l'union et la Charité
faisaient la plus salutaire impression sur les ennemis de
118 MENDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
la Foi. Car cette Archiconfrérie est une œuvre Diocésaine,
une œuvre qui, intéressant la gloire de la Protectrice de
ce Diocèse, devient l'œuvre propre de tous les Pasteurs et
Fidèles. C'est pour cela que nous avons confié le soin de
la propager au zèle de nos Très-Ghers Frères les Chanoines
qui composent le Chapitre de notre Eglise Cathédrale,
lequel le Seigneur nous a fait la grâce de fonder le vingt
un Janvier dernier. Oh ! Nos Très-Chers Frères, nous
sentons nos entrailles trésaillir de joie en vous donnant le
Cœur de Marie pour être votre trésor et faire votre bon-
heur. Nous avons l'espérance que ce Cœur débonnaire
multipliera le nombre des ouvriers, qui travaillent à la
sanctification de vos âmes ; qu'il affermira la vertu des
justes, qu'il convertira les pécheurs, qu'il attirera dans le
sein de l'Eglise les hérétiques et les infidèles, sur le
malheureux sort desquels nous ne cessons de gémir. Il
sera ce cœur plein de grâces, dans le champ que nous
cultivons, comme cette belle Olive dont parle l'écriture,
qui répand partout la douceur et l'onction des biens
célestes, quasi oliva speciosa in campis. Il sera ce Cœur
puissant (Lit. de la B. Y.) comme cette tour de David qui
présente mille boucliers pour la défense de ceux qui lui
seront tout dévoués. Il sera surtout le refuge des pécheurs
et c'est principalement sous cette qualité si consolante
que nous l'offrons, Nos Très-Chers Frères, à votre vénéra-
tion ; et le présent Mandement, qui est l'acte le plus
solennel de l'Evêque, quand il veut faire entendre sa voix
à ses Diocésains, est pour proclamer par tout ce Diocèse
Marie le refuge des pécheurs dont, hélas ! nous sommes le
premier : quorum primus ego sum.
A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de nos Vénérables Frères les Chanoines de la Cathédrale,
nous avons réglé et statué, réglons et statuons ce qui
suit :
lo. Notre Saint-Père le Pape Grégoire XVI, par un
Induit du trente-un Mai dernier, nous ayant accordé la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 119
faculté d'ériger, dans toute l'étendue de notre Diocèse,
toutes et chacunes des Confréries approuvées par le Saint
Sié£:e, avec le pouvoir de donner à tous les Fidèles de l'un
et de l'autre sexe qui s'y aggrégeraient toutes les Indul-
gences et les Privilèges que les souverains Pontifes ont
attachés à ces Confréries, nous érigeons dans l'Eglise
Cathédrale de cette ville, par le présent Mandement,
l'Archiconfrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie
établie dans l'Eglise paroissiale de Notre-Dame des
Victoires à Paris, et approuvée par Sa Sainteté dans son
Bref du vingt-quatre Avril, mil-huit-cent-trente-huit.
2o. Cette pieuse Association de prières en l'honneur du
Très-Saint et Immaculé Cœur de la Sainte Vierge sera pour
obtenir, par l'intercession de la Mère de Miséricorde, la
conversion des pécheurs.
3o. La dite Archiconfrérie sera dirigée selon les Statuts
et Règlements que nous avons approuvés et permis d'im-
primer par une lettre en date de ce jour. Ces Règlements
sont les mêmes, à quelques changemens près, que ceux qui
gouvernent l'Archiconfrérie de Paris, tels qu'approuvés
par feu Monseigneur Quélen Archevêque de cette ville, et
confirmés ensuite par notre Saint Père le Pape.
4o. Quoiqu'il sufBse pour appartenir à la dite Archicon-
frérie de se faire inscrire comme membres de cette Asso-
ciation, et de faire en général quelques prières ou bonnes
œuvres pour la conversion des pécheurs, néanmoins nous
recommandons à chaque associé de réciter, chaque jour, à
cette fin, un Ave Maria a.\ec celle courte invocation : 3Iarie,
refuge des 'pécheurs, priez pour nous.
5o. Nous permettons aux associés de célébrer les fêtes
de l'association et nous leur accordons, en vertu de
l'Induit Papal susdit, la faculté de participer aux Indul-
gences mentionnées dans le dit Règlement.
60. Nous nommons pour Directeur de l'Archiconfrérie
Mr. Manseau, premier Chanoine Titulaire de la Cathédrale
de St. Jacques de Montréal et notre Vicaire Général, avec
120 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
le pouvoir de s'adjoindre pour Sous-Directeur quelqu'un
des Chanoines de la dite Cathédrale.
7o. Nous autorisons MM. les Curés, missionnaires,
confesseurs et Chapelains de communautés religieuses, ou
séculiers, Supérieurs et Directeurs des Séminaires ou
Collèges, d'agréger à la dite Archiconfrérie tous les fidèles
qui s'adresseront à eux pour obtenir cette faveur, en se
conformant à l'art, du dit Règlement.
80. Dans toutes les Eglises de ce Diocèse où l'on fait
l'oflice public, l'on chantera, le Dimanche de la Quinqua-
gésime, ou celui qui suivra immédiatement la réception
du présent Mandement, avant la Grand'Messe, le Veni
Creator avec le verset emitte &c., et l'oraison Deus qui corda
Fidelium^ &c, pour attirer les bénédictions de Dieu sur
nette Institution. Après les vêpres de ce même Dimanche?
il y aura Salut du Très Saint Sacrement, à la suite duquel
on chantera solennellement le Te Deum et l'oraison pour
l'action de grâces, afin de remercier Dieu des faveurs qu'il
a bien voulu répandre sur tout ce Diocèse.
Enfm, Nos Très-Ghers Frères, voulant récompenser
l'ardeur que vous avez montrée à profiter des grâces que
vous offrait la Divine Miséricorde, nous communiquons,
en vertu d'un Induit du Saint Père, du 31 Mai 1840, à tous
les Prêtres qui travaillent dans ce Diocèse au salut de vos
âmes, un pouvoir qui vous sera bien avantageux ; c'est
celui de privilégier un Autel quelconque sur lequel ils
célébreront la Messe des Morts tous les lundis de chaque
semaine, si ces jours sont libres ; sinon le jour qui suivra
immédiatement; et de délivrer, selon leurs intentions, les
âmes des peines du purgatoire par manière de suffrage.
Cette faculté est accordée pour dix ans, à compter du 31
Mai 1840, à moins que le Siège de Montréal ne vienne à
vaquer avant cette époque, par notre mort ou autrement.
Sera le présent Mandement lu et publié dans notre
Cathédrale le Dimanche de la Septuagésime avant la
cérémonie de l'Institution de la dite Archiconfrérie; il
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 121
sera aussi lu en Chapitre dans les Communautés Reli-
gieuses et publié au Prône des Messes de Paroisses et
dans les Chapelles des Séminaires et Collèges, après
l'Evangile des Messes de Communauté, le premier Diman-
che après sa réception.
Donné à Montréal, le deux Février, mil-huit-cent-
quarante un sous notre seing et sceau et le contre-sceau
de notre Secrétaire.
f Ig. Evéque de Montréal.
L. -]- S.
Par Monseigneur^
A. F. Truteau, Ptre.,
Chan. Secrétaire.
P. S. à MM. les Curés. — Je profite de l'occasion pour vous
informer que le Conseil Spécial vient de passer un amen-
dement à l'ordonnance de la 2de Victoria ch. 28, qui
autorise les Commissaires nommés aux fins de la dite
Ordonnance, à reconnaître, pour les effets civils, toutes les
paroisses érigées canoniquement avant la passation du dit
Acte ; et qu'ainsi il n'y a plus de nécessité de recommen-
cer les procédures ecclésiastiques à l'égard des dites
Paroisses. Cette Ordonnance n'expirera que le premier
Novembre 1845.
Je vous informe aussi que l'Ordonnance de la 2de
Victoria, chap. 26, qui regarde l'amortissement des biens
d'Eglise, a été rendue permanente par l'Acte du Conseil
Spécial de la 3e. Victoria, chap. 16, art. VII. En vous
donnant avis de ce que le gouvernement de Sa Majesté a
bien voulu faire en faveur de l'Eglise, par rapport à ces
deux points importants, je vous invite à presser vos parois-
siens de profiter de ces deux Ordonnances qui pourraient
peut-être être révoquées par la suite. Vous trouverez
dans les deux Actes ci-dessus cités et dans la Circulaire de
Monseigneur défunt du 24 Octobre 1.839, la marche à
122 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
suivre pour parvenir à l'érection légale de vos paroisses,
ou à l'amortissement des biens de vos églises.
Quant aux paroisses qui ont été légalement érigées,
soit par le Règlement de 1722, soit en vertu du Statut
Provincial de la 1ère. Guill. IV, ch. 51, et dont la Puis-
sance Ecclésiastique seule a, depuis le temps de leur
érection, changé la circonscription, il est nécessaire de
s'adresser aux Commissaires civils pour la reconnaissance
du Pouvoir temporel.
1g. Ev. de m.
NOTICE ABREGEE
DE l'Établissement de l'archiconfrérie du très-saint et
LMMACULÉ COEUR DE MARIE.
Dans les premiers jours de Décembre 1836, une pieuse
pensée fut inspirée à M. l'abbé Desgenettes, curé dç la
paroisse de Notre-Dame des Victoires (à Paris), celle de
consacrer sa paroisse au Très-Saint et Immaculé Cœur de
Marie, pour obtenir, par sa protection, la grâce de la
conversion des pécheurs. Aussitôt le plan et les statuts
d'une association de prières sont dressés : Monseigneur
l'Archevêque de Paris approuve cette dévotion : et par
son Ordonnance du 16 décembre 1836, il érige l'associa-
tion.
Le troisième dimanche de l'A vent, 1 1 décembre, les
exercices commencèrent par le chani des vêpres de la
Sainte Vierge, célébrées à sept heures du soir. L'assistance
était plus nombreuse qu'aux offices paroissiaux les jours
de fêtes. On y remarquait un nombre considérable
d'hommes qu'on n'y voyait jamais dans d'autres circon-
stances. La douce et puissante protection de Marie se
faisait déjà sentir. L'instruction qui suivit les Vêpres
expliqua les motifs et le but de la dévotion : ils furent
compris et sentis. Au salut du Saint-Sacrement qui suivit
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 123
l'instruction, l'invocation à Marie, dans ses litanies, Refu-
gium peccatorum^ et le Parce Domine, furent chantés avec
une ardeur et une effusion de sentiments qui annonçaient
qu'il se trouvait dans cette assistance un nombre considé-
rable de pécheurs qui sentaient peut-être pour la première
fois depuis longtemps, le besoin qu'ils avaient de la
miséricorde divine, et qui Fimploraient par la médiation
de la Reine du ciel et de la terre.
Le pasteur, à qui la pieuse pensée de former cette asso-
ciation avait été inspirée, était à genoux devant le Saint-
Sacrement ; à ces cris de repentir et d'amour, son cœur
tressaillit de joie ; il leva ses yeux baignés de larmes vers
l'image de Marie et lui dit : a Oh ! ma bonne mère, vous
<( les entendez ces cris de l'amour et de la confiance ; vous
(( les sauverez ces pauvres pécheurs qui vous appellent
<( leur refuge. 0 Marie ! adoptez cette pieuse association. n
L'association fut donc fondée en ce jour, sous la protec-
tion spéciale du Cœur sacré de celle qui peut tout dans le
ciel et sur la terre, et dont le pouvoir ne le cède qu'à celui
du Tout-Puissant lui-même. Monseigneur l'Archevêque
de Paris fixa au 22 Janvier de l'année suivante, 1837,
l'ouverture du registre de l'Association, et dix jours après
deux cent quatorze associés s'y étaient déjà fait inscrire.
C'était beaucoup plus qu'on n'eût osé espérer en si peu de
jours. Mais ce à quoi on ne pouvait penser, c'est l'exten-
sion subite et prodigieuse qu'a prise cette oeuvre qui
n'avait d'abord été commencée que pour la paroisse de
Notre-Dame des Victoires. C'est ici surtout que la protec-
tion de la divine^ Marie s'est montrée d'une manière
sensible, et pour ainsi dire palpable. Ce n'est plus Paris
seulement qui présente des fidèles qui associent leurs
hommages au très-saint et Immaculé Cœur de Marie,
pour obtenir, par ses mérites, la conversions des pécheurs ;
il y a peu de diocèses en France qui ne comptent parmi
leurs fidèles des associés au Saint Cœur de Marie. Cette
dévotion se propage même à l'étranger ; on compte des
associés dans presque toute l'Europe. Le nouveau monde
Î24 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
n'est pas demeuré en arrière dans une institution si
éminemment pieuse : il y a des associés qui prient à
Boston, à New-York, à Charlestown, dans le nouveau
diocèse de Dubusque, au Détroit, aux Iles Bermudes, sur
les bords du Lac Supérieur, à la Martinique, à Saint-
Domingue. Si donc une œuvre si humble et si petite
dans son principe a pu se répandre en si peu de temps et
dans des lieux si différents et si distants les uns des autres,
de la Martinique, des bords du Mississipi à ceux de la
Neva, du Canada à la Russie ; si, dans toutes ces contrées
si éloignées, il s'élève vers le ciel et comme simultané-
ment, un concert de prières pour demander à Dieu la
conversion des pécheurs par la médiation du Très-Saint et
et Immaculé Cœur de Marie, on ne peut attribuer ce
prodige qu'à la protection de l'auguste souveraine dont
l'empire s'exerce dans le ciel et sur la terre. C'est la mère
de la clémence et de la miséricorde qui a réuni tant de
cœurs, de nations, de langues si différentes, dans la pieuse
pensée d'en appeler à sa toute-puissance et à la tendre
compassion de son cœur pour le salut des pécheurs.
Mais ce qui donne à cette association une durée stable
et permanente, et ce qui en assure le succès, c'est que
celui à qui le salut du monde est confié, le successeur de
saint Pierre, le vicaire de Jésus-Christ sur la terre. Notre
Saint-Père le Pape, Grégoire XVI, instruit des grâces et
des bénédictions que la divine miséricorde se plaît à
répandre sur cette pieuse association, abaisse lui-même un
regard de bienveillance et d'amour sur cette portion de
l'immense famille dont il est le père. Ministre et déposi-
taire de la toute-puissance de Jésus-Christ, il ouvre les
trésors de l'Eglise CathoHque ; il y puise des grâces, de
nombreuses indulgences dont il enrichit à perpétuité
l'Association et tous et chacun de ses membres qui invo-
queront en faveur des pécheurs la tendresse et la compas-
sion du cœur de Marie.
De plus, Sa Sainteté, par un bref apostolique donné à
Rome, à St. Pierre, le 24 Avril 1838, scellé de l'anneau du
CIRCULAIUES ET AUTRES DOCUMENTS. 125
Pécheur, élève la petite Association érigée dans l'église
paroissiale de Notre-Dame des Victoires, à Paris, à la
dignité d'Arcliiconfrérie ; institution bien rare dans l'Eglise
Catholique ; donne à perpétuité à tous les curés de Notre-
Dame des Victoires, comme directeurs de l'Archiconfrérie,
le pouvoir d'y agréger toutes les associations déjà établies
ou qui s'établiront dans la suite, ;jflr toute la terre^ de leur
communiquer, pourqu'elles en puissent jouir, toutes les
facultés, droits, privilèges et indulgences dont le Saint.
Père a enrichi l'Archiconfrérie, et qui sont énoncés dans
son bref.
Tant de bénédictions de la part du Père commun des
chrétiens, cette dignité d'Archiconfrérie universelle, à
laquelle ce digne successeur de St. Pierre a élevé cette
pieuse association, lui prépare une destinée glorieuse ; lui
ouvre une carrière immense, c'est le monde entier qu'il
lui est donné de parcourir ; c'est par toute la terre qu'elle
doit aller arborer l'étendard du Très-Saint et Immaculé
Cœur de Marie ; elle reçoit la sainte mission d'inspirer à
tous les cœurs chrétiens le désir et le vœu de la conversion
de cette masse de pécheurs qui se perdent au milieu de
tant d'indifférence. Aussi cette association compte-t-elle
déjà plusieurs centaines de mille associés répandus dans
les différentes parties du monde. Que de vœux charitables,
que de prières ferventes prononcées autour de l'autel
consacré au Dieu des miséricordes, sous l'invocation du
Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie, sont donc déjà
montées jusqu'au trône de grâce sur lequel est glorieuse-
ment assise, auprès du Tout-Puissant, l'auguste Reine du
ciel et de la terre, qui ne dédaigne pas d'être appelée la
consolation des cœurs affligés, la ressource des chrétiens,
le refuge assuré des pécheurs.
C'est afin de faire participer ses diocésains aux grâces et
aux avantages immenses de cette pieuse association, que
Monseigneur l'Evêque de Montréal, qui n'oublie rien de
ce qui peut ranimer la piété et la dévotion à Marie dans
?on diocèse, qui est spécialement dédié à cette bonne et
10
126 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
miséricordieuse Mère, a établi dans sa Cathédrale, le 7 du
présent mois, l'Archiconfrérie (1) du sacré cœur de Marie ;
conformément au pouvoir que ce digne Evoque a reçu du
Saint Siège d'ériger dans son diocèse toute confrérie
approuvée par le Souverain Pontife ; et son plus ardent
désir est de voir les fidèles confiés à ses soins s'agréger à
cette pieuse association, s'enrôler sous la sainte bannière
de l'admirable cœur de Marie, afin que les prières de ses
diocésains unies à celle de tant de milliers d'âmes ferventes
répandues sur toute la surface de la terre, sollicitent et
obtiennent de Dieu la grâce de la conversion des pauvres
pécheurs.
STATUTS ET REGLEMENTS
DE l'aRCHICONFRÉRIE DU TRÈS-SAINT ET IMMACULÉ COEUR
DE MARIE.
ARTICLES PRÉLIMLNAIRES.
ARTicLK ler.
Le but de cette Association est d'honorer par un acte de
vénération, d'hommages et de prières, le Cœur Immaculé
de la Très-Sainte Vierge Marie, Mère de Jésus Christ, Fils
unique de Dieu, incarné par amour pour nous, et mort
sur une croix pour la rémission des péchés et le salut de
tous les hommes ; ce Cœur admirable qui, comme principe
du sang, a fourni celui dont a été formé le corps Sacré de
Jésus-Christ, et par conséquent son divin Cœur qui a été
la source du sang adorable qu'il a versé pour nous; ce
(1) Le nom ôiArcJiiconfrérie signilie conlVérie mère. La société qui
porte ce titre a le droit de s'associer, de s'agréger des sociétés particu-
lières, pourvu qu'elles aient le même but, de les faire participer à
toutes les faveurs qui lui ont été personnellement accordées. Ces
sociétés ^une fois agrégées deviennent et restent les membres de
l'archiconfréiie.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 127
Cœur si brûlant d'amour pour Dieu, si rempli de tendresse
et de compassion pour tous les hommes. Les associés se
proposeront de lui rendre les hommages d'une religieuse
vénération, comme au cœur de la Mère de leur divin
Sauveur ; d'une piété tendre et fiUale, comme au cœur de
la meilleure de toutes les mères; d'un amour, d'une
confiance et d'une reconnaissance sans bornes, en retour
de toutes les bénédictions et de toutes les grâces que son
amour et sa puissance auprès de Dieu nous obtiennent à
chaque instant de notre vie.
En unissant tous leurs actes de religion, leurs bonnes
œuvres et leurs prières aux mérites précieux du Saint
Cœur de Marie, ils se proposeront encore de rendre avec
lui et par lui au divm Cœur de Jésus et à l'Adorable
Trinité tous les tribus d'adoration, d'amour, d'obéissance
et de fidélité qu'ils ont droit d'attendre de nous.
ARTICLE 2.
Le but de l'Association est d'obtenir de la divine misé-
ricorde, par la protection et les prières de Marie, la con-
version de tous les pécheurs. Dans cette fin, les associés
s'animeront d'un saint zèle pour la gloire de Dieu, leur
propre salut et celui de leurs frères ; ils considéreront
souvent combien sont énormes les iniquités qui affligent
le monde, combien est grand le nombre des pécheurs ; ils
penseront avec effroi au sort affreux qui attend les coupa-
bles dans l'éternité, s'ils ne font pénitence et ne se con-
vertissent; ils considéreront surtout les liens qui les
attachent personnellement à tant de coupables, et, pressés
par tant de motifs de douleur et de crainte, ils les offriront
à Marie, mère de Jésus ; à Marie qui, à la parole de Jésus,
nous a tous conçus spirituellement au pied de la Croix ; à
Marie, médiatrice toute puissante entre Jésus et les
hommes, et refuge assuré des pécheurs. Ils invoqueront
son cœur maternel, ils le prieront d'agréer leurs vœux,
leurs sentiments, de daigner les présenter lui-même à la
bonté, à la miséricorde divine. Et Marie, car il n'est pas
128 MANDE-MENTS, LETTRES PASTORALES,
permis d'en douter, retirera des abîmes du péché des
âmes qui, sans sa sainte intervention, se seraient perdues
pour l'éternité.
Il faut remarquer que l'esprit de l'Association est tout-
à-fait catholique ; qu'ainsi, après avoir prié le Cœur de
Marie pour un pécheur qui nous intéresse particulière-
ment, un époux, un fils, un bienfaiteur, un ami, on ne
doit pas négliger d'intercéder pour tous les pécheurs en
général, et, sous cette dénomination, on doit entendre les
impies quipersécntent l'Eglise de Jésus-Christ etattaquent
sa religion; les pécheurs qui, dans le sein de l'Eglise
catholique, l'affligent et le déshonorent par leur conduite;
les schismatiques, les hérétiques, les Juifs, môme les
idolâtres ; car, il n'y a en Jésus-Christ, ni grec, ni scythe,
ni barbare : nous sommes tous frères, enfants du même
père, qui est Dieu ; et Jésus-Christ, son divin Fils, est
mort pour sauver tous les hommes sans en excepter un
seul.
STATUTS DE L ASSOCIATION.
I
Une Association de prières en l'honneur du Cœur
Immaculé de la Très-yainte Vierge Marie, pour obtenir
par ses mérites la conversion des pécheurs, est établie
dans l'église Cathédrale de Montréal.
IL
Tous les catholiques, de quelque âge, de quelque sexe,
de quelque nation qu'ils soient, sont appelés à entrer
dans cette association. On leur recommande d'y apporter
le zèle de la gloire de Dieu, du salut de leurs frères et un
saint désir d'imiter, chacun dans son état, les vertus dont
Marie a donné de si admirables exemples.
III.
Chaque personne associée, pour participer aux avan-
tages spirituels de l'Association, devra donner ses noms
de baptême et de famille pour être inscrits sur le registre
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 129
de l'Association, et elle recevra un billet d'admission
signé du directeur ou de son député. Elle présentera
aussi au moment de son admission, pour être bénite et
indulgenciée, la Médaille dite de l'Immaculée Conception,
connue sous le nom de Médaille Miraculeuse (à moins
qu'elle ne l'ait déjà); elle portera sur elle cette Médaille, et
elle sera invitée à réciter de temps en temps la prière qui
y est gravé : 0 Marie^ conçue sans jjcché, pries pour nous
qui avons recours à vous.
IV.
Le l*-'!' Chanoine titulaire de la Cathédrale sera ordinai-
rement le directeur de l'Association. En cette qualité, il
admet et inscrit sur le registre les personnes qui entrent
dans l'Association, signe leur certificat d'admission, il
est le gardien du registre. Il nomme, s'il le juge à propos,
un ou plusieurs sous-directeurs, parmi les Chanoines de
la Cathédrale, pour le représenter en toute occasion et le
suppléer au besoin.
V,
Les associées feront en sorte d'offrir et de consacrer,
tous les matins, au saint cœur de Marie, toutes les bonnes
œuvres, prières, aumônes, actions de piété, mortifications,
pénitences, qu'ils feront dans le cours de la journée.
Leur intention sera de les unir aux mérites de ce saint
Cœur, aux hommages qu'il rend sans cesse à la divinité,
d'adorer avec lui la très-sainla Trinité, le divin cœur de
Jésus, et d'implorer par son infinie miséricorde la grâce
de la conversion des pécheurs.
VL
Outre les intentions qui viennent d'être mentionnées,
les associés réciteront une fois par jour dévotement, et
plus encore de cœur que de bouche, la Salutation Angé-
lique : Je vous salue, Marie, etc., ou Ave Maria, etc., et cette
invocation touchante qui convient si bien à leurs senti-
ments : ilaria refagium peccatorum, ora pro nobis. Marie,
130 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
refuge des pécheurs^ "priez pour nous. Ils sont exhortés à
réciter ces prières le plus souvent possible, ainsi que la
supplique : Memorare, ô piissima Virgo Maria ! en français :
Souvenez-vous., ô très-pieuse Vierge Marie! etc.
VIL
Les associés se souviendront que c'est surtout par la
pureié de cœur qu'ils mériteront la protection du saint
Cœur de Marie ; ils s'efforceront de se la procurer par de
bonnes et fréquentes confessions et communions, et sur-
tout aux jours de fêtes de l'association.
VIII.
La fête principale de l'association est fixée au dernier
dimanche de chaque année après l'Epiphanie, et précé-
dant immédiatement le dimanche de la Septuagésime.
Les autres fêtes sont la Circoncision, la Purification,
l'Annonciation, la Compassion, la Nativité, l'Assomption,
et l'Immaculée Conception delà Sainte Vierge, la Con-
version de St. Paul (25 Janvier], et la fête de Sainte Marie-
Magdeleine (22 Juillet). Tous les samedis de l'année,
particuhèrement les premiers samedis de chaque mois,
sont des jours de dévotion au saint Cœur de Marie. On
exhorte les associés à s'attacher à l'honorer d'une manière
spéciale chacun de ces jours.
IX.
Tous les dimanches et fêtes chômées pendant l'année,
ainsi qu'à celles mentionnées dans l'article précédent, les
associés s'assembleront dans l'Archiconfrérie, à l'heure
qui sera jugée la plus commode selon la saison, et qui
leur sera indiquée au prône ; dans celte assemblée on
récitera soit un office, soit d'autres prières en l'honneur
du saint Cœur de Marie, selon la direction qui en sera
donnée ; quelques fois on y fera une procession avec la
statue de la Ste. Vierge, au chant soit des litanies, soit des
hymnes ou des cantiques en son honneur ; il y sera fait
une instruction ou lecture pieuse ; le tout se terminera
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 131
par la bénédiction du Très-Saint Sacrement avec le St.
Ciboire, en chantant une antienne au Saint Sacrement, le
Sub tuum, le Parce domine, et les oj'aisons analogues. Ces
exercices ne dureront ordinairement pas plus de trois-
quarts d'heure.
X.
Tous les samedis de l'année, excepté le Samedi-Saint, le
saint sacrifice de la messe sera offert à sept heures, dans
la Cathédrale, à l'autel de l'association, en l'honneur du
saint Cœur de Marie et au nom de tous les associés répan-
dus sur toute la terre, pour demander à Dieu, par l'inter-
cession de ce Saint Cœur, la conversion des pécheurs en
général, et de ceux qui auront été recommandés particu-
lièrement aux prières des associés. Le prêtre, avant de
commencer cette messe, récitera à genoux au pied de
l'autel, la supplique Memorare, ô piissima Virgo Maria, et
après la messe, le Sub tuum prœsidium, VAve Maria, et
l'invocation. Maria refugium peccatorum, etc.
Notre Saint Père le Pape a accordé une indulgence de
cinq cents jours à tous les fidèles indistinctement qui
assistent à cette messe et y prient dévotement pour la
conversion des pécheurs.
Tous les premiers samedis de chaque mois, le saint
sacrifice sera offert pour le repos éternel de tous les
confrères défunts. Après cette messe, le prêtre récitera
le^Dc profundis.
XL
Tous les curés et missionnaires, les confesseurs et
chapelains de communautés rehgieuses et séculières, les
supérieurs et directeurs des séminaires ou collèges, ont
le pouvoir d'agréger les fidèles de l'un et de l'autre sexe
h i'Archiconfrérie. Lorsque cette association sera établie
dans l'église paroissiale, les élèves et autres personnes
appartenant aux séminaires, collèges, couvents et autres
établissements, devront recourir au prêtre desservant la
dite église, conformément à la constitution apostolique de
132 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Clément VITI, qui règle qu'une confrérie ne pourra être
établie qu'en une seule église dans la même paroisse.
XII.
Dans toutes les paroisses où l'Arcliiconfrérie sera établie
en vertu du mandement du 2 février 1841, les curés ou
missionnaires pourront faire, aux heures qu'ils jugeront
convenables, les exercices marqués dans ce règlement pour
la Cathédrale. Ces exercices pourraient se faire en été à
sept heures, temps où les personnes qui sont établies aux
environs de l'église aimeraient à s'y réunir pour faire en
commun la prière du soir.
XIII.
Quoiqu'il n'y ait aucune cérémonie prescrite pour
l'admission dans l'Archiconfrérie, il est néanmoins con-
venable de donner quelque solennité à cette admission.
En conséquence, il serait bon de ne recevoir les associés
que les jours où il y a office public pour l'Archiconfrérie.
A l'issue de ces offices, les nouveaux agrégés se présente-
ront devant l'autel sur lequel on allumera les cierges,
chacun d'eux tenant un cierge allumé, et s'étant mis à
genoux, le directeur ou autre prêtre autorisé à recevoir
dans l'Archiconfrérie, récitera le Ven% Sancte Spiritus, etc.,
avec le verset et oraison correspondants, ajoutant un Ave^
llaria, avec l'invocation, Maria^ refugium peccato)-um, oro
pro nobis. Il pourra, ensuite, adresser quelques mots à
ceux qui se présentent pour appartenir à l'association,
pour leur en expliquer les règles et les avantages, puis
leur fera faire l'acte de consécration qui se trouve ci-
joint; il le fera lire par l'un d'eux, ou le lira lui-même
si aucun d'eux n'est capable de le faire. Il est à désirer
que chacun des associés apprenne par cœur cette prière
pour la faire le matin ou le soir, afin de renouveler chaque
jour son acte de consécration au Cœur maternel de la
bienheureuse Vierge. On lui en donnera une copie, s'il
sait lire, et il la conservera précieusement.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 133
INDULGENCES
ACCORDÉES AUX ASSOCIÉS DE l'aRCHICONFKÉRIE.
!« Indulgence plénière, à chacun des confrères et
consœurs, pour le jour de leur admission, pourvu qu'étant
véritablement contrits, ils se soient confessés et reçoivent
la sainte communion ce jour là.
2" Indulgence plénière toutes les fois qu'à l'article de
la mort, étant vraiment contrits et confessés, ils auront
reçu la sainte communion, ou que, n'ayant pas pu le
faire, ils auront invoqué de bouche ou au moins de cœur
le très-saint Nom de Jésus.
3» Indulgence plénière aux mômes confrères et con-
sœurs qui, ayant reçu le sacrement de Pénitence, s'appro-
cheront de la sainte Table le dimanche de chaque année
qui précède immédiatement celui de la Septuagésime,
ainsi qu'aux fêtes de la Circoncision de Notre Seigneur et
de la Purification, de l'Annonciation, de la Nativité, de
l'Assomption, de la Conception et de la Compassion de la
bienheureuse Vierge Marie, de la conversion de Saint
Paul apôtre et de la fête de sainte Marie-Magdeleine.
40 Indulgence plénière que chacun des confrères et
consœurs pourra gagner le jour anniversaire de son
baptême, pourvu qu'il s'approche, ce jour-là, des sacre-
ments de Pénitence et d'Eucharistie, et qu'il ait récité
pieusement tous les jours la Salutation Angélique, pour
la conversion des pécheurs.
Toutes ces indulgences peuvent se gagner également
dans toutes les églises et oratoires où l'association est
établie. Tout peu s'y faire comme au chef-lieu de l'asso-
ciation ; mais il faut qu'à la fin de l'année, les listes des
associés soient envoyées au directeur pour être ajoutées
au grand livre de Tarchiconfrérie déposé dans les archives
du Chapitre.
134 MENDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ACTE DE CONSECRATION AU COEUR DE MARIE.
0 Cœur sacré de Marie toujours Vierge et immaculée^
Cœur ie plus saint, le plus pur, le plus parfait, le plus
noble, le plus auguste que la main toute puissante du
Créateur ait formé dans une pure créature; source inta-
rissable de grâces, de bonté, de douceur, de miséricorde
et d'amour; modèle de toutes les vertus, image parfaite
du Cœur adorable de Jésus-Christ, qui brûlâtes toujours
de la charité la plus ardente, qui avez aimé Dieu vous
seul plus que les Séraphins, plus que les Anges et les
Saints, qui avez donné plus de gloire à la suprême Trinité
que ne lui en ont donné les autres créatures par leurs
actions les plus héroïques ; Cœur de la Mère du Rédemp-
teur, qui avez ressenti si vivement nos misères, qui avez
tant souffert pour notre salut, qui nous avez aimés avec
tant d'ardeur et de tendresse, et qui méritez, par tous les
motifs possibles, le respect, l'amour, la reconnaissance et
la confiance de tous les hommes, daignez agréer mes
faibles hommages.
Prosterné devant vous. Cœur sacré de la Mère de misé-
ricorde, je vous honore avec le plus profond respect dont
je suis capable. Je vous remercie des sentiments de
miséricorde et d'amour dont vous avez été si souvent
touché à la vue de mes misères ; je vous rends grâces de
tous les bienfaits que m'a obtenus votre maternelle bonté ;
je m'unis à toutes les âmes pures, qui trouvent leurs
délices et leur consolation à vous honorer, louer et aimer.
Vous serez, ô Cœur tout aimable, vous serez désormais,
après le Cœur de votre cher et divin Fils, l'objet de ma
vénération, de mon amour et de ma plus tendre dévotion.
Vous serez la voie par où j'irai à mon Sauveur, et ce sera
par vous que je recevrai ses grâces et ses miséricordes.
Vous serez mon refuge dans mes afllictions, ma consola-
tion dans mes peines, mon secours dans tous mes besoins.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 135
J'irai apprendre de vous la pureté, l'humilité, la douceur,
et puiser dans vous l'amour du sacré Cœur de Jésus-Christ
votre Fils. Ainsi soit-il.
LETTRE PASTORALE
DE iMONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evéque de Montréal.
Au Clergé et à tous les Fidèles de notre Diocèse : salut st bénédiction.
Les grands et chers intérêts de vos âmes, qui nous
obhgent, Nos Très-Chers Frères, de vous faire souvent
entendre notre voix, sont aussi, chaque jour, le sujet de
nos inquiétudes et de notre sollicitude la plus vive r
car, plus nous vous aimons en Jésus Christ, plus nous
sentons redoubler nos craintes à la vue des dangers qui
vous menacent. Ce qui nous remplit de frayeur en ce
moment, ce sont les efforts incroyables que font les enne-
mis de notre sainte religion, pour vous ravir le précieux
dépôt de la foi, en faisant circuler au milieu de vous le
poison de l'erreur, au moyen d'une foule de bibles corrom-
pues et de petits livres empoisonnés, que l'on voudrait
vous faire lire malgré vous. Oh ! Nos Très Chers Frères,
l'acharnement de ces ennemis nouveaux, leurs blasphè-
mes contre l'auguste Marie dont ils voudraient vous sépa-
rer, en vous faisant croire les grossières injures que leurs
bouches impies ne craignent pas de proférer contre cette
Reine des Vierges, qui est plus pure que les Anges ; leur
témérité qui les porte à rejeter le culte des Saints, qui
furent toujours vos puissants protecteurs auprès de Dieu ;
leur hardiesse à condamner la nécessité des bonnes œuvres
et l'utilité des pratiques salutaires du catholicisme; tout
doit assez vous faire connaître les projets de ces hommes
qui ont publiquemant avoué leur noir complot : celui de
13G MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
VOUS déshériter de l'antique foi, qui fit le bonheur de vos
pères. Ils l'ont écrit et signé cet affreux projet d'arracher
du cœur des canadiens cette religion sainte qui seule peut
se glorifier d'être Une, Catholique et Apostolique, et par
là même d'être la religion de Jésus-Christ. Mais nous
avons la ferme confiance que vous refuserez constamment
de recevoir aucun livre de ces mains sacrilèges; car ce
seraient des serpents que vous nourririez dans vos mai-
sons. Nous nous flattons aussi que vous honorerez, en
dépit de toutes leurs clameurs, votre foi par des œuvres
de justice. Nous sommes convaincu même que vous ven-
gerez la gloire de Marie, en redoublant de ferveur et de
piété pour cette bonne Mère. Nous vous avertissons donc
que ces suppôts de l'enfer ne sont ainsi pleins de rage
contre l'Auguste Mère de Dieu que parce qu'elle est comme
une armée rangée en bataille pour la défense de l'Eglise ;
et qu'il lui a été donné un glorieux privilège, celui d'écra-
ser la tête du Serpent et de détruire toutes les hérésies
qui naissent dans le monde.
Malgré la confiance que nous reposons en votre fidélité,
Nos Très-Chers Frères, il est une chose qui nous alarme,
c'est que nous n'avons pas assez d'ouvriers pour nous
aider à cultiver la vigne dont le père de famille nous a
chargé. Oui, nous avons la douleur de voir la plupart de
vos Pasteurs tellement surchargés par les soins inquiétants
de votre sanctification qu'ils ne pauvent, malgré leur zèle
infatigable, répondre à vos besoins multipliés. Ils se plai-
gnent à nous, ces bons Pasteurs, d'être dans l'impuissance
de vous porter tous les secours nécessaires. Hélas 1 nous
ne pouvons leur dire autre chose, sinon ces paroles de
Notre Seigneur : Rogatc ergô Dominum messis ut mittat
operarios in messem suam : Priez donc le maître de la moisson
/fcnvoycr des ouvriers dans sa nioisson. En outre, il est plu-
sieurs missions lointaines complètement abandonnées,
malgré les humbles supplications que ne cessent de nous
adresser ces brebis d'autant plus chères à notre cœur
qu'elles sont plus délaissées et par là même plus exposées
CIRCULAlflES ET AUTRES DOCUMENTS. 137
à la fureur de ce Lion rugissant qui, comme nous l'assure
l'Apôtre St. Pierre, rôde sans cesse autour d'elles, cherchant
à les dévorer ; voilà ce qui nous fait gémir jour et nuit, et
nous porte à demander à Dieu qu'il nous donne des Pas-
teurs selon son cœur, qui par leur doctrine pure et leurs
salutaires exemples , puissent assurer votre bonheur
éternel.
Nous sentons aussi bien vivement un autre besoin qui
ne peut que s'accroître, c'est celui d'une bonne éducation
pour vos enfants. Il est vrai que Dieu nous a envoyé un
puissant secours en dirigeant vers nous les humbles
enfants du vénérable M. de la Salle, qui ont déjà rendu
un service immense à l'éducatLon dans cette ville, depuis
le peu d'années qu'ils y sont. Mais leur nombre est trop
petit pour qu'ils puissent de longtemps se répandre dans
vos campagnes ; ce que pourtant nouo désirerions ardem-
ment. Il n'y aurait d'ailleurs qu"un certain nombre de
paroisses en état de se procurer ces habiles instituteurs.
Cependant vos besoins sont urgents; et il n'y a pas de
temps à perdre. Puissions-nous trouver bientôt les moyens
de procurer à vos paroisses des maîtres capables de former
l'esprit et le cœur de vos enfants, capables d'aider vos
Pasteurs à leur enseigner les éléments de la religion, la
science du chant et l'exécution de nos cérémonies dont le
spectacle est si propre à nourrir la piété.
Ces besoins et beaucoup d'autres qui serait trop long de
détailler ici, nous occupent sérieusement depuis longtemps.
Nous avons prié et fait prier à cette fin ; en union avec les
âmes pieuses, nous avons recouru à celle que St. Bernard
ne craint pas d'appeler toute son espérance tota ratio spei
meœ. C'est pour cela que nous nous sommes adressé an
Cœur de cette bonne Mère, en établissant pour tout le
Diocèse, par notre Mandement du 2 Février dernier, l'Ar-
chiconfrérie du Très Saint et Immaculé Cœur de Marie^ »'ec
l'espérance bien fondée que cette protectrice ferait valoir
pour nous auprès de son Divin Fils ce grand crédit que
St. Alphonse de Ligouri appelle, d'après un vénérable
138 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
auteur, un secours tout-puissant, omnipotens auxilium. Les
grâces innombrables qu'elle a déjà fait couler sur ce Diocèse
depuis cet instant heureux, nous prouvent que ce n'est
jamais en vain que l'on s'est adressé à elle, comme nous
l'atteste son dévot serviteur St. Bernard. Mais jusqu'ici ces
grâces nous ont avant tout fait comprendre plus intime-
ment la grandeur de nos besoins. Car la foule des pauvres
pécheurs qui viennent se jeter à nos pieds permet à peine
à nous et à nos zélés collaborateurs de respirer. Encore si
nous pouvions répondre à leurs besoins, nous ne regrette-
rions pas de nous consumer de travaux pour une si belle
cause. Mais reconnaissant plus que jamais notre insufTi-
sance, nous avons dû recourir au Père des lumières, à celui
de qui vient tout don parfait, afin de connaître les moyens
que nous devions adopter pour ne pas laisser périr tant
d'âmes, qui implorent sans cesse notre sollicitude pasto-
rale. Oh ! Nos Très-Chers Frères, s'il est déchirant pour
le cœur d'un père de n'avoir pas de pain à distribuer à des
enfants tendrement aimés qui lui en demandent avec
larmes, il l'est bien d'avantage à un Pasteur de ne pouvoir
conduire dans les gras pâturages de la religion des brebis
chéries, qui périssent de faim et de misère. Hélas ! com-
bien n'y en a-t-il pas de réduites à cette nécessité extrême,
non seulement dans les parties éloignées, mais encore
dans Tintérieur du Diocèse, dans la ville môme épisco-
pale !
Attendj'i par toutes ces considérations et plein de con-
fiance en la bonté du Tout-Puissant, nous avons cru recon-
naître que la volonté du ciel était que nous allassions
nous jeter aux pieds du Souverain Pontife qui est assis
sur la chaire de St. Pierre, pour diriger non seulement
les agneaux, mais encore les brebis, c'est-à-dire les Evo-
ques et tous les pasteurs aussi bien que les simples fidèles.
Ain*i pour correspondre aux desseins de Dieu sur vous et
sur nous, nous quittons tout et nous allons nous embar-
quer sans délai pour la Ville Sainte, afin d'exposer au
Vicaire de Jésus Christ nos doutes et nos besoins, et con-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 139
certer avec lui les meilleurs moyens de remédier à tous
vos maux spirituels. Nous y allons avec confiance, parce
qu'il lui a été donné par Notre Seigneur lui môme d'affer-
mir dans la foi et les bonnes œuvres qui en découlent, les
Evèques qui sont ses frères : confirma fratres tuos. Il nous
en coûte, Nos Très-Ghers Frères, de nous séparer de vous;
mais nous avons la consolation de penser que c'est pour
l'amour de vous que nous nous déterminons à interrompre
quelque temps le cours de nos travaux, qui, grâce à la
miséricorde divine et à vos bonnes dispositions, ont été
accompagnés de beaucoup de bénédictions.
En entreprenant ce voyage pour vos plus grands mté-
rèts, nous pourrions, à l'exemple des Evèques qui habitent
les pays de missions et qui vont à Rome, demander au
Père commun l'hospitalité qu'il fait exercer gratuitement
avec une bonté qui le fait reconnaître pour le Patriarche
de tous les peuples chrétiens ; mais considérant que nous
sommes à la tète d'un Diocèse où règne l'opulence et
sachant que, par les malheurs des temps, les ressources
du St. Père sont à peu près épuisées, nous faisons, en toute
confiance, un appel à votre générosité. Car vous savez
que l'établissement de St. Jacques ne peut supporter une
dépense aussi considérable. En prenant l'administration
de ce Diosèse, nous nous sommes fait un devoir, à l'exem-
ple de l'Apôtre, de nous glorifier de notre pauvreté et de
nous contenter de l'habit et de la nourriture que la Divine
Providence ne refuse pas à ceux qui mettent leur con-
fiance en elle. Mais en même temps, nous avons compté
que, lorsqu'il serait question de quelque œuvre importante
pour le bien de la religion, vous ne nous manqueriez pas.
En effet, chaque fois que, dans des occasions particu-
lières, nous avons reclamé le secours des personnes cha-
ritables pour l'avantage des missions que nous avons eu
occasion de visiter, nous avons toujours trouvé un zèle
digne de tout éloge ; et un mot de notre part a toujours
suffi pour exciter la générosité des personnes bienveil-
lantes dont nous ne cesserons jamais de reconnaître, avec
140 MA.NDEMENTS, LETTRES PAST(JRALES,
actions de grâces, la charité et la ferveur. Mais voici la
première occasion qui se présente de faire un appel-
général à tous nos Diocésains, parce qu'il s'agit ici du
bien général de tout le Diocèse. Dans des années d'abon-
dance, nous nous serions contenté de recourir à ceux que
nous savons être tout dévoués à la cause sacrée de la
Religion.de nos dignes co-opérateurs dans le St. Minis
tère, qui, l'an dernier, après le décès de notre vénérable
Prédécesseur, se portèrent d'eux-mêmes à se mettre à
contribution pour subvenir à nos besoins, mais que nous
remerciâmes alors de leurs bonne volonté pour nous,
parce (|[u'il s'agissait de pourvoir à notre subsistance
privée ; ce à quoi la Divine Providence a daigné pourvoir
elle-même. Aujourd'hui les années de stérilité, qui
affligent ce Diocèse, ne leur permettent pas de faire autan r,
qu'ils le désiraient ; d'ailleurs les œuvres, au succès des-
quelles il s'agit de contribuer vous regardent d'une ma-
nière spéciale. Enfin les largesses que vous ferez dans
cette occasion seront de vraies aumônes pour le bien de
la Religion, et les modiques contributions de chacun,
réunies à celles de tous leurs frères en Jésus Christ,
pourront défrayer les dépenses considérables qu'entrai-
nera nécessairement notre voyage dans la capitale du
monde chrétien. Nous laissons à MM. les Curés d'aviser
aux moyens de recevoir les contributions de leurs parois-
siens; il nous parait toutefois que le plus court serait
d'annoncer et de faire eux-mêmes la collecte dans leurs
églises, le Dimanche qui suivra celui où se fera la lecture
de la présente Lettre Pastorale.
Mais ce que nous désirons surtout, N. T. C. F. et ce dont
nous avons plus de besoin, c'est le secours de vos prières,
qui seront une aumûne spirituelle encore plus efficace
pour obtenir la bénédiction du ciel sur les affaires impor-
tantes que nous allons traiter avec le St. Siège. Nous
vous conjurons de ne pas nous oublier dans les prières
que vous ferez en famille, dans vos pieuses réunions pour
les offices de confréries, et dans la récitation du chapelet.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 141
En outre, nous recommandons à tous les Prêtres du
Diocèse de réciter à la Messe l'Oraison Deus qui Trans-
tulisti, etc. tous les jours où, selon la rubrique, il est
permis de réciter l'Oraison prescrite par l'Evêque. De
plus, nous désirons que tous les Dimanches et Fêtes l'on
dise, à la suite de l'office du matin, cinq Pater et cinq
Ave à notre intention.
De notre côté, nous ne vous oublierons pas, N. T. G. F.,
lorsque nous serons sur le tombeau des SS. Apôtres et
que nous visiterons ces monuments vénérables, que la
Religion a élevés et consacrés dans la ville éternelle.
Vous serez avec nous, lorsque nous serons prosterné aux
pieds du Chef Suprême de l'Eglise, de Notre St. Père le
Pape ; nous lui offrirons vos vœux aussi bien que les
nôtres et nous ne manquerons pas de l'assurer qu'il a,
dans tous les membres de notre clergé et dans tous les
Fidèles de notre Diocèse, des enfants respectueux qui pro-
fessent une doctrine et des sentiments capables de con-
soler son cœur paternel. Nous ne manquerons pas non
plus de solliciter pour vous toutes les faveurs spirituelles
qui pourront vous affermir dans votre foi et vous aider à
mériter le ciel. Tel est le plus ardent de nos vœux.
Puisse notre pèlerinage au tombeau des SS. Apôtres y
contribuer efficacement.
Nous vous informons que nous laissons l'administra-
tion de ce Diocèse à M. Ant. Manseau, notre Vicaire-
Général, avec des pouvoirs très-amples, pour que notre
absence ne vous prive pas des biens spirituels que vous
devez attendre de vos Pasteurs.
Nous profitons de l'occasion pour recommander de
nouveau à vos prières notre Vénérable Prédécesseur
dont nous célébrerons le service anniversaire le 29 du
courant, dans l'église cathédrale de cette ville, et nous y
invitons tous ceux qui pourront y assister.
Sera la présente Lettre Pastorale lue et publiée en
chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, et au
142 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Prône dans toutes les églises Paroissiales, le premier
Dimanche après sa réception,
Donné à Montréal, le douze Avril mil huit cent qua-
rante-un, sous notre seing et sceau, avec le contre-seing
de notre Secrétaire.
-]- la. Ev. DE Montréal.
L. j- S.
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Ptre., Chan. Sec.
(Pour copie.)
A. F. Truteau, Chan., Sec.
P. S. — Gomme nous sommes plein de confiance dans le
succès de l'appel que nous venons de faire à nos diocé-
sains, il est probable que nous profiterons de la première
opportunité qui se présentera, au commencement de mai,
pour nous mettre en route, avant même que nous ayons
reçu tous les retours. En ce cas, veuillez toujours
adresser vos offrandes à l'évêché, où l'on avisera au
moyen de nous les faire tenir en main sûre.
Montréal, le 12 Avril 1841.
Monsieur,
Je m'empresse de profiter de la présente pour vous
envoyer une copie de la lettre que je viens de recevoir du
Cardinal Fransoni et pour vous communiquer les facultés
qu'il a plû à Sa Sainteté de vous donner. Je ne doute pas
que vous ne receviez avec une profonde vénération et
une vive reconnaissance les bénédictions et les faveurs
dont elle vous comble, et que vous ne vous fassiez un
devoir d'expliquer à votre peuple quelles sont les grâces
auxquelles il aura le bonheur de participer.
Je suis, etc.
f Ig. Evêque de Montréal,
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMExNTS. 143
No. 3.
R. p. D. IGXATIO BOURGET. ")
Ep. Mariaxopolitano, >- Illme et R.me Dne.
Mariapoli. 3
SSmus Dominus Noster Gregorius PP. XVI. suminâ
benevolentiâ accepit litteras, quas A. T., et Glerus omnis
Marianopolitanus die 22 Aiigusti ad eum scripsit, quœque
perspicuum continent tui, et Gleri Marianopolitani erga
Apostolicam Sedem observantiœ testimonium. Gonfidit
autem Sanctitas Sua vos omnes unitatis centro tanta
aninii veneratione conjunctos, cum magna Religionis
iitilitate, in istâ Vinese Domini parte semper esse labora-
turos. Vos omnes prœterea singulan benignitate respi-
ciens SSmus DnusApostolicaBenedictione, prout petistis,
libeuter cumulavit.
Rescriptum denique huic epistolœ adjectum, faculta-
tum a SSmo Dno Ntro concessarum, ostendet votis tuis
in eâ re plene satisfactum fuisse.
Precor Deum mterea ut A. T. diù sospitem, ac felicem
servet.
Amp. Tuœ,
Romfe ex OEdibus S. G. de Prop. Fide,
die 23 Januarii 1841,
Uti frater studiosissimus,
(Signatus) J. Ph. Gard. Fransonius, Prœft.
(Signatus) /. Arçh. Edessen a Sec.
BEATISSIME PATER.
Episcopus Glerusque Marianopolitanensis Sanctitatem
Vtram suppliciter deprecantur, ut sequentes gratias ipsis
ad decennium bénigne concédât.
1. Lucrandi ab iis qui diversis confraternitatibus asso-
ciati sunt, vel erunt ad dicendum unam aut très missas
pro anima cujuslibet defuncti Sure Societatis Indulgen-
tiam Plenariam, ratione uni us aut trium missarum
supradictarum applicabilem animœ hujus defuncti.
Î44 MA.NDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
2. Lucrandi partialem septem annorum Indulgentiam'
totidemque quadragenarum, quoties per dimidiam horam
orationi mentali, vel per idem tempus scripturse sacrœ
lectioni, vel per quartam partem horse visitationi SSmi
sacramenti vel spiritual! lectioni vacaverint. Pro ils qui
ratione proprii officii, vel aliter erunt moraliter impediti,
ad lucrandam talem indulgentiam prsedictis exercitiis per
aliquod tempus vacare satis erit.
3. Ut quotiescumque tam Episcopus, quàm sacerdotes
in Marianopolitanensi Diœcesi manentes, ordinariam con-
fessionem audiverint, indulgentiam vigenti annorum
lucrari sibi possint et ipsi pœnitentes hac eâdem indul-
geiatiâ frui possint ac valeant, si postconfessionem sacram
ijûmmunionem receperint.
4. Ut quotiescumque tam Episcopus, quàm Sacerdotes
in supradicta Diœcesi degentes generalera confessionem
necessariam aut utilem per absolutionem expleverint,
Indulgentiam Plenariam lucrari possint ac valeant, ac
ipsi pœnitentes earadem Indulgentiam Plenariam obtinere
possint, modo confessi ac Sacra communione refecti in
aliqua Ecclesia aut publico oratorio ad mentem Summi
Pontificis, et pro S. Fidei propagatione oraverint. Quare
Ex Audientiâ SSmi habita die 2 Januarii 1841. SSraus
Dominus Noster Gregorius Divina Providentia PP. XVI.,
referente me infrascripto sacrse congregationis de Pro-
paganda Fide Secretario, perpensis expositis bénigne
omnes Indulgentias tam Plenarias, quàm partiales in
libello supplici petitas ad Decennium concessit. Gon-
trariis quibuscumque non obstantibus.
Dat. Romœ ex sed. die. Sac. Gongnis, die et anno quibus
supra. Gratis sine ulla omnino solutione quocumque
titulo.
(Signatus) J. Arch. Edessen.
Loco 7 Sigilli.
Supradictum Indultum vidimus et approbavimus.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 145
Datum Marianopoli, die lia Aprilis 1841, sub signo
sigilloque nostris ac Secretarii nostri subscriptione.
f Ig. Epus. Marianopolitanensis.
Loco f Sigilli.
De mandato Illmi. ac Revm.
D. D. Marianopolitanensis Episcopi.
A. F. Truteau, Can. Sec.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURES, MISSIONNAIRES ET AUTRES PRÊTRES
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 1er. Mai 1841.
Monsieur,
La santé de M. le Grand-Vicaire Manseau que je vous
ai annoncé, dans ma lettre du 12 Avril dernier, devoir
être administrateur de ce Diocèse pendant mon absence^
s'altérant sensiblement et faisant craindre qu'il ne puisse
porter seul le poids de l'administration, j'ai pensé qu'il
était de mon devoir de lui donner de l'aide. En consé-
quence, j'ai créé mon Vicaire-Général M. H. Hudon, et
l'ai nommé administrateur, conjointement avec M. Man-
seau, par des lettres en date du 29 ultimo. J'ai la pleine
confiance que vous agréerez ce choix, que je n'ai fait que
dans le seul intérêt du Diocèse, et pour prévenir les
grands inconvénients, qui résulteraient inévitablement
de l'interruption de l'exercice de la juridiction que j'ai
conférée, avec la permission du St. Siège, à ces deux
délégués. Je vous informe que cette délégation de pou-
voirs est aussi ample que possible, et que vous pourrez
vous adresser à l'un d'eux pour tous vos besoins et ceux
de vos paroissiens; qu'ils ont la faculté d'ériger canoni-
quement les paroisses, instituer les confréries, chemins de
la Croix, etc.
146 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Je profite de l'occasion pour vous prier de donner des
extraits de baptême aux enfants illégitimes, que l'on
envoie à l'Hôpital-Général de cette ville, et de faire en
sorte que ceux qui seront dans le cas de les apporter soient
informés de la nécessité de se pourvoir d'un pareil acte.
Peut-être que quelques avis à votre prône auraient l'effet
désiré. Je vous donne cette information, parce qu'il
m'est revenu que l'on est dans le plus grand en:barras
au dit Hôpital-Général, au sujet du baptême des enfants
qui y sont exposés ; parce que l'on a vérifié que ceux qui
les apportent, s'imaginant que les Sœurs ne les rece-
vraient pas s'ils n'étaient baptisés, disent qu'ils l'ont été ;
ce qui est ensuite très-difficile à constater à cause de
l'éloigneraent des lieux où il faut aller chercher des ren-
seignements, et de la difficulté d'identifier ces enfants. Il
en résulte que l'on est exposé à violer les lois de l'Eglise
en réitérant le baptême, ou à laisser mourir quelques-uns
de ces enfants sans baptême. Vous voudrez bien infor-
mer aussi vos paroissiens que leurs malades, qui sont
quelquefois envoyés à l'Hôtel-Dieu, doivent être conduits
par des personnes charitables. Car les règles de cet
établissement de charité empêchant de recevoir les per-
sonnes atteintes de certaines maladies, il est arrivé que
quelques-unes, qui, pour cela, ne pouvaient y être admi-
ses, ont été laissées dans les rues par leurs conducteurs
qui ne voulaient pas les ramener chez eux. Je suis heu-
reux, en quittant le Diocèse, de rendre ce service aux
membres de Jésus-Christ souffrant, et de pouvoir espérer
par-là d'avoir quelque part à leurs bénédictions.
Je vous informe aussi que l'oraison, prescrite dans ma
dernière Lettre Pastorale, tiendra lieu de l'oraison ad
libitum.
Je suis, on ne peut plus, attendri de l'intérêt que vous
voulez bien mettre à la mission dont me charge la divine
Providence. C'est pour moi un consolant pressentiment
de son succès que Dieu voudra bien accorder à vos
prières et à celles de votre peuple, sans avoir égard à
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. I H
mon insuffisance. J'espère que ce Dieu de bonté me
fera la grâce de vous revoir tous, pour pouvoir travailler
ensemble à faire profiter les biens spirituels dont va nous
enrichir sa miséricorde. C'est avec ces sentiments que
je suis, en union de vos prières et SS. Sacrifices de la
JVIesse,
Monsieur,
Votre très-humble et très obéissant serviteur,
7 Ignace Ev. de Montréal.
(Pour copie,)
A. F. Truteau, Ghan., Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Rome, le 25 Juin 1841.
Monsieur,
Mon premier acte, après mon arrivée à Rome, est de
vous adresser la présente, pour vous informer que par le
secours de vos prières et de celles des fidèles confiés à vos
soins, je suis heureusement arrivé à la Ville-Sainte.
Ayant rendu grâces à Dieu et m'étant recommandé aux
SS. Apôtres, je vous devais, avant tout, cette marque d'at-
tention, en reconnaissance de votre bonne volonté et des
sacrifices que vous avez faits pour seconder mon voyage
et lui procurer tout le succès qu'il peut avoir pour le bien
de la religion.
Comme les affaires que je vais maintenant traiter sont
de la plus haute importance, et qu'il me faut user de Ja
plus sage discrétion pour ne pas compromettre les grands
intérêts de l'Eglise, je sens plus que jamais la nécessité
de recourir au Père des lumières, qui donne l'intelli-
gence à ceux qui sont petits à leurs yeux. Pour attirer
148 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
en moi plus abondamment les dons de l'Esprit-Saint,
avant de procéder à l'expédition des affaires, je vais con-
sacrer huit jours à ma retraite annuelle que je ferai ici,
ne pouvant pas, cette année, la faire avec vous; ayant la
ferme confiance que le Dieu de toute miséricorde voudra
bien, pendant ce saint temps, parler à mon cœur et m'ins-
pirer ce que je devrai entreprendre pour sa plus grande
gloire. Ces affaires sont aussi les vôtres, puisqu'elles sont
celles de la religion. J'ai donc lieu d'espérer que vous
vous unirez à moi pour les faire prospérer, et que vous
continuerez de prier dans ce but si important.
Je verrai probablemennt demain Notre Saint-Père le
Pape, à l'église de St. Pierre, mais je n'aurai audience
que dans les premiers jours de juillet, parce que Sa
Sainteté est en ce moment accablée d'affaires. Mais je
vais prendre la liberté de lui écrire avant la St. Pierre,
pour le prier de diriger vers le Canada la bénédiction
pontificale qu'il doit donner en cette fête urbi et orbi, en
lui exposant nos plus pressants besoins, afin qu'il nous en
obtienne un prompt remède, dans un jour si heureux
pour Rome et pour le monde chrétien. Que Dieu donc
nous comble de toutes ses bénédictions spirituelles en
Jésus-Christ, notre Seigneur !
Je suis, bien cordialement.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
[Signé.]
\ Ig. Evéque de Montréal.
[Pour copie)
A. F. Truteau, Ptre.,
Chan. Secrétaire.
p. s. — M. le Vice-Président de la société ecclésiastique
de St. Jacques, pour le diocèse de Montréal, prévient MM.
les membres que le bureau annuel de cette association
se tiendra à l'évêché, mercredi 1er. de Septembre.
A. F. T.
Montréal, il Août 1841.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. I43>
CIRCULAIRE
AU CLEBGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 23 Septembre 1841.
Monsieur,
Je crois devoir, par la Pastorale ci-jointe, informer le
Diocèse du résultat de mon voyage en Europe, sans pou.'-
tant entrer dans aucun détail ; étant suffisant qu'il con-
naisse en général que Dieu a daigné bénir ce voyage,
pour l'avantage de la Religion dans cette partie de la
vigne du Seigneur confiée à nos soins. Il n'en sera pas
ainsi de vous, Messieurs, qui m'êtes donnés pour Collabo-
rateurs, et dont la coopération cordiale et affectueuse
m'est si nécessaire pour l'accomplissement des desseins
de Dieu en ce nouveau diocèse. Depuis que la divine
Providence m'en a confié l'administration, j'ai toujours,
comme je vous l'ai plusieurs fois répété, été vivement
pénétré de cette pensée que je n'avais aucun bien à faire
dans le poste éminent que j'occupe, si je n'étais pas assez
heureux pour vous associer à toutes mes œuvres, et par
vous tous les fidèles; afin de les rendre toutes des
œuvres diocésaines, eii leur imprimant le sceau de l'union
la plus intime. Mais cette pensée m'a fait une singulière
impression, tout le temps que j'ai été à même de voir le
bien qui s'opère ailleurs. En visitant diverses églises de
la chrétienté, et entrant dans le détail des œuvres admi-
rables qu'y opère un généreux dévouement pour la cause
sacrée de la religion, je me suis convaincu que l'évêque
de Montréal, s'il est bien uni au clergé, peut, avec le
secours d'en haut, donner l'élan et faire prospérer ici
celles de ces œuvres qui se rattachent à nos besoins
L'expérience du passé m'ayant convaincu que je pouvais
compter sûrement sur votre bonne volonté, j'ai agi en
conséquence, en prenant des arrangements pour augmen-
ter le nombre des ouvriers évangéliques, et multiplier
i50 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
nos moyens d'exercer la charité et de donner une éduca-
tion religieuse aux garçons et aux filles; arrangements
qui ne seraient que des projets présomptueux, si vous
n'en faisiez votre affaire, comme j'en ai une jjleine assu-
rance ; parce que, tout en comptant souverainement sur
la divine Providence, l'on ne doit pas certainement la
tenter. C'est pour cela que plusieurs de ces arrangements
n'ont pas été complètement conclus ; et que j'ai dû pru-
demment en susprendre l'exécution, pour avoir le temps
de m'entendre avec vous.
Vous recevrez sous peu du renfort pour vous aider à
porter le terrible poids du ministère, qui écrase un grand
nombre d'entre vous. Ce secours est pour ce moment
fort au-dessous de vos besoins ; mais il va ouvrir la porte
à de plus grands. Je suis persuadé que vous aurez dans
ces nouveaux ouvriers des auxiliaires qui ne viennent ici
que pour vous aider à porter, dans l'union et la charité,
le poids de la chaleur et du jour. Le zèle avec lequel
vous avez favorisé mon voyage, dont le principal objet
vous était connu, m'a parfaitement convaincu de vos
dispositions là-dessus ; et je n'ai pas à craindre que l'har-
monie, qui heureusement règne parmi nous, n'en soit
aucunement troublée.
Autant que j'ai pu en juger, nos resrources pour encou-
rager l'éducation et la retenir par là même entre nos
mains, comparées à celles du clergé des diverses diocèses
que j'ai visités, sont immenses; et il est certain que si
nous pouvons former de bons maîtres et de bonnes
maîtresses pour toutes les paroisses de la campagne, nous
conserverons sur l'éducation du peuple linfluence que
nous devons avoir par notre état. Nous paralyserons,
sans bruit et sans coup férir, tous les efforts que l'on
paraît disposé à faire pour nous dépouiller d'un droit si
légitime. J'ai été tout occupé, dans mes diverses excur-
sions, de ce besoin auquel il faut apporter un prompt et
salutaire remède. J'espère que le diocèse se ressentira,
dans peu d'années, des dispositions que j'ai prises à cet
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 151
égard ; et que bientôt nous ne serons pas en arrière des
diocèses que j'ai trouvés les mieux organisés sous ce
rapport. Cet article important nécessitera une commu-
nication ultérieure de ma part : en attendant, croyez que
je ferai tout en mon pouvoir pour mener à maturité les
plans que je n'ai pu qu'ébaucher. S'il est un point où il
faut que nos forces soient réunies, c'est sans doute ce
point important, que je recommande à votre zèle et à vos
prières d'une manière bien spéciale.
Les Bréviaires imprimés depuis un certain nombre
d'années contenant un grand nombre de nouveaux oflTices,
j'ai cru que mon voyage à Rome était une occasion favo-
rable pour obtenir du St. Siège le pouvoir de les intro-
duire dans notre calendrier. J'ai obtenu à cet effet un
Induit, qui laisse à ma discrétion le temps que je jugerai
convenable pour rendre ces divers offices obligatoires.
Avant de rien statuer là-dessus, je crois devoir vous en
adresser un tableau que vous trouverez ci-dessous, en
vous priant de me marquer, au plustôt, quels sont les
offices et messes correspondantes, qui ne se trouvent dans
aucun de vos Bréviaires et Missels, et si vous pourriez
vous en procurer de nouvelles éditions qui en contien-
nent le plus grand nombre, afin de diminuer l'embarras
et les inconvénients de suppléments sur feuilles volantes-
Je profite aussi de l'occasion pour vous engager à vous
assurer si vos Missels contiennent toutes les messes cor-
respondantes aux divers offices, qui, depuis quelques
années, ont été successivement introduits dans ce diocèse,
afin que, par le moyen de suppléments que l'on vous
adresserait, ils fussent tous mis au complet.
L'office du St. Sacrement que nous aurons l'obligation
de réciter'plus fréquemment nourrira notre piété pour
ces redoutables mystères, que nous célébrons si souvent,
et nous disposera à faire quelque chose de bien impor-
tant que je me réserve de vous proposer, lorsque le
temps en sera venu, et que je regarde comme un moyen
efficace de témoigner à Notre Seigneur, résidant dans la
152 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Ste. Eucharistie, la reconnaissance et l'amour que nous
lui devons. Les offices en l'honneur de la Passion, fixés
aux divers vendredis, qui se rencontrent depuis le sexa-
gésime jusqu'à celui dans la semaine de la Passion, nous
donneront occasion d'entretenir la dévotion aux souffran-
ces de Jésus-Christ : dévotion qui se répand partout avec
tant d'édification et de si grands avantages. Je regrette
beaucoup de n'avoir pu rencontrer un certain person-
nage de qui j'espérais recevoir une partie de la vraie
Croix de Notre Seigneur assez considérable pour en dis-
tribuer des parcelles à chaque paroisse et mission. Je ne
désespère pas encore de pouvoir procurer cet avantage
au diocèse. Alors il vous sera permis d'exposer cette
relique précieuse à la vénération des fidèles, chacun de
ces vendredis et toutes les fois que vous ferez solennelle-
ment le chemin de la Croix, avec pouvoir de donner à la
fin la bénédiction avec l'instrument sacré qui est pour
nous la source de toutes les grâces. Jusqu'à présent j'ai
refusé d'appliquer les Indulgences de la voie de la Croix
à de simples crucifix et pour de simples particuliers ; et
cela pour me conformer à la pratique de mon Prédéces-
seur dont l'attachement aux règles de l'EgUse vous est
connu. Rendu à Rome, j'ai vérifié que c'était là la pra-
tique du Saint-Père. Néanmoins comme il accorde cette
faveur à ceux qui sont légitimement empêchés de se
rendre aux lieux où est institué ce pieux exercice, j'ai
profité de cette condescendance pour obtenir un Induit
qui m'autorise à en faire autant. En conséquence je suis
disposé à bénir, pour chaque paroisse et mission, un
certain nombre de croix ou images, qui pourront être
distribuées par vous aux personnes que vous jugerez être
raisonnablement empêchées, par quelqu'infirmite, de faire
le Chemin de la Croix aux lieux où il se trouve étabh.
L'on vous dira à l'évêché ce qu'il y a à faire pour cela.
J'ai la consolation de vous apprendre que cet exercice de
piété est érigé en quatre-vingt douze lieux divers de ce
diocèse ; ce qui, je n'en doute pas, contribue efficace-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 153
ment à ce renouvellement prodigieux qui s'opère partout.
Comme il s'est élevé, en différents temps, quelques
doutes par rapport à la validité de l'érection du Chemin
de la Croix dans quelques paroisses où l'on n'avait pas
suivi toutes les formes exigées par certains auteurs, j'ai
cru devoir demander au Saint-Père de vouloir bien ad
cautelam guérir in radice toutes ces diverses érsctions.
C'est ce qu'il a fait par un Induit du 29 juillet de la pré-
sente année. L'on pourra donc être tranquille pour tous
les actes qui ont été faits jusqu'ici.
En ajoutant à notre calendrier l'office de l'Immaculée
Conception tous les samedis qui sont libres, et en intro-
duisant plusieurs fêtes nouvelles en l'honneur de la Mère
de Dieu, j'espère reconnaître, en quelque chose, les
grâces innombrables qu'elle a obtenues de Dieu pour le
diocèse, et en attirer de nouvelles, pour le succès de
toutes les entreprises que nous formerons d'un commun
accord pour le bien de la religion. Les fêtes du sacré
Cœur de Marie et de Notre-Dame Auxiliatrice nous
doivent surtout intéresser. Je vous invite à continuer
avec zèle à propager de plus en plus la dévotion au Ti^ès-
Saint et Immaculé Cœur de Marie. Celle à Notre-Dame
Auxiliatrice, déjà heureusement répandue dans beau-
coup de paroisses, deviendra pour nous, dans la saite,
l'objet de notre sollicitude. Ayant eu occasion de remar-
quer que, dans plusieurs diocèses d'Europe, l'on ajoutait
aux Litanies de la Ste. Vierge ces mots sine lahe concepta ;
et que Ton chantait à la Préface et te in immaculatâ con-
ceptione, avec la permission du St. Siège, j'ai obtenu, le
29 juillet dernier, le même privilège, afin que la louange
due à Marie, pour la grâce singulière de son Immaculée
Conception., retentit ju?qu'au bout du monde, et dans ce
diocèse surtout qui lui est si particulièrement consacré.
Je m'empresse de vous communiquer cet Induit, afin que
l'on dise désormais aux Litanies, après Sancta Maria, ces
mots si glorieux à Marie : sine lahe concepta ; et qu'à la
Préface l'on ajoute cet autre imwat^u/aîa, comme ci-dessus.
154 MENDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
J'ai la plus grande confiance que la fête de la Fureic de
la Bienheureuse Vierge Marie nous attirera les grâces
qui nous sont si nécessaires pour vivre dans la pratique
de cette céleste vertu qui fait la gloire et l'ornement de
notre état, et pour faire régner en tout lieu la pureté des
mœurs.
J'ai toujours aimé à recevoir de mon clergé les avis
qu'il jugeait bon de me donner. Avant mon départ pour
l'Europe, un certain Curé me fit observer que les sociétés
de tempérance, qui paraissaient prendre si bien en tout
lieu, et surtout dans les paroisses qui avaient eu l'avan-
tage d'être régénérées par les exercices spirituels, auraient
plus de succès et de stabilité, si on les soumettait à cer-
taines règles uniformes ; si par là on en fesait une œuvre
diocésaine. J'ai singulièrement goûté cet avis, et me
suis occupé des moyens de le mettre à profit. J'ai obtenu
du St.-Siége des grâces particulières pour encourager les
dites sociétés ; et j'ai demandé au célèbre Père Mathieu,
en Irlande, les règles suivies dans ce pays, afin de pou
voir profiter de l'expérience de ce zélé fondatenv de la
Tempérance. Vous recevrez, dans quelque temps, le recueil
de ces règlements et le tableau des faveurs accordées à
l'observation d'iceux. L'ivrognerie étant le mal capital
de ce pays, et menaçant de ruiner la fortune comme la
religion de beaucoup de nos compatriotes, nous avons
une obligation bien stricte de diriger tous nos efforts
pour le déraciner et pour faire régner à sa place l'ines-
timable vertu de la tempérance qui ramènera, infaillible-
ment, la paix et l'abondance dans nos villes et dans nos
campagnes.
Depuis longtemps l'on sent l'extrême nécessité de ne
point laisser courir de côté et d'autre les pauvres qui
n'ont pas d'autres ressources pour vivre que la charité
publique. C'est pour cela que généralement vous refusez,
avec beaucoup de raison, de donner des billets de recom-
mandation à vos pauvres, afin de les empêcher de sortir
de vos paroisses, pour surprendre la bonne foi des per-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 155
sonnes compatissantes dans les lieux où ils ne sont pas
connus. Mais jusqu'ici nous n'avons pu nous organiser,
ni prendre des moyens pour qu'ils ne trompassent pas là-
dessus votre vigilance, et nous avons à gémir sur
plusieurs abus d'autant plus déplorables, qu'ils dégradent
les membres souffrants de Jésus-Christ et refroidissent la
charité des fidèles. Il y a donc quelque réforme à faire
en ce point si important, afm que notre charité et celle
de notre peuple soit sage et industrieuse, autant quelle
doit être tendre et affectueuse. Il n'est guère de paroisses
qui ne puisse nourrir ses pauvres ; et qui n'ait l'avantage
d'avoir un certain nombre de personnes vertueuses ayant
assez de loisir pour s'occuper des oeuvres de miséricorde
spirituelle et corporelle. L'essentiel est qu'elles soient
bien dirigées et qu'il y ait unité. A cette fin, je vous
adresserai certaines règles basées sur celles qui dirigent,
en Europe, les œuvres de charité qui m'ont tant édifié.
J'ai aussi obtenu, pour ces associations de charité, des
grâces du St. Père, qui serviront à les étendre et propager.
Afin de profiter de votre expérience, je vous adresserai le
projet de ces divers règlements pour les sociétés de tem-
pérance et de charité, pour que vous me donniez vos
conseils qui me serviront grandement à diriger ces
œuvres pour le plus grand bien de nos ouailles.
En passant parles Etats-Unis, j'ai pu vérifier jusqu'à
un certain point ce que l'on m'avait déjà rapporté de
l'abandon où se trouvent, par rapport aux secours reli-
gieux, nos pauvres Canadiens, qui y sont établis. Plu-
sieurs néanmoins m'ont donné de leur foi vive des
preuves bien sensibles et bien touchantes. Malgré la
gêne où nous nous trouvons par rapport à la desserte de
nos sujets, je me crois en quelque chose obligé de porter
secours à ces brebis, qui, pour être hors du diocèse, ne
nous doivent pas être étrangères, soit à cause des liens
du sang qui nous unissent à elles, soit parce que plusieurs
de ces infortunés n'étant dans ces lieux que pour peu
d'années et devant revenir dans leurs paroisses, il est à
156 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
craindre qu'ils n'apportent avec eux cet esprit d'indiffé-
rence pour leurs devoirs religieux et d'insubordination à
l'égard de leurs pasteurs, qu'ils y puisent et qui les ren-
draient des objets de scandale. Je ne doute pas que
chacun de vous ne réponde avec empressement à l'invi-
tation que j'aurai occasion de lui faire, pour exercer
encore cette œuvre de charité.
Je vous informe qu'en vertu d'Induits perticuliers je
puis lo. établir des Neuvaines en l'honneur du Bie^iheu-
reux Alphonse de Rodriguez, par l'intercession duquel le
Seigneur a daigné accorder des faveurs singulières à
diverses personnes de ce diocèses; 2o. accorder des Indul-
gences plénières les jours de consécration d'églises ou
d'autels, et pendant leurs octaves, ainsi qu'aux jours anni-
versaires et pendant leurs octaves ; 3o. donner des Indul-
gences plénières le jour de la Toussaint et pendant toute
l'octave, aux conditions ordinaires. Si ces temps d'indul-
gences accomodent vos paroisses, je serai toujours prêt à
leur accorder ces faveurs. Je vous informe aussi que
l'Indulgence de la Retraite pourra, en vertu d'un Indulc
du 11 Juillet dernier, se gagner par vous, aussi bien en
recevant la sainte communion qu'en célébrant la sainte
Messe ; et que j'ai obtenu toutes celles que plusieurs Curés
m'ont prié de solliciter pour leurs paroisses.
Il s'élève souvent des difficultés sur la validité des
mariages que certains individus de ce pays vont con-
tracter dans les Etats-Unis. En attendant que je puisse
vous transmettre quelques décisions importantes du St.
Siège, qui pourront vous diriger là-dessus, je recom-
mande de publier le décret Tametsi, en la forme prescrite
au Rituel, page 342, si votre paroisse a été canonique-
ment érigée, et d'en réitérer la publication aussi souvent
qu'il est requis par le dit Rituel.
Les ressources de la Propagation de la Foi devant nous
être plus que jamais nécessaires pour pouvoir évangéliser
les pauvres, et conserver la foi dans les lieux où elle est
en si grand danger de périr, je compte sur votre zèle à
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. Ii7
propager cette Association. Je vous prie de vouloir bien
envoyer au plutôt au Trésorier-Général les fonds que
vous aurez perçus, afin de pouvoir payer les dépenses
qu'il faut faire maintenant pour le passage des mission
naires que j'attends sous peu de semaines, et les missions
qu'ils vont bientôt entreprendre.
Gomme la retraite publique ne peut se faire cette année,
je vous invite à la faire en particulier, afin que les fleuves
de grâces qui, depuis la première retraite pastorale, n'ont
cessé de couler sur nous et sur nos ouailles, continuent à
arroser le champ que nous devons cultiver avec d'autant
plus de soins, que nous recueillons maintenant plus de
fruits de nos travaux. Réunissons nos prières pour obte-
nir la persévérance de tant de pécheurs que la divine
miséricorde a ramenés dans les sentiers de la justice.
Enfin, je crois devoir vous faire connaître le désir que
j'ai d'être informé, quand il sera question de donner les
exercices spirituels à quelque paroisse, afin d'agir de
concert et d'union -pour que ces retraites soient plus
fructueuses.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
j ÎG. EvÈQUE DE Montréal.
(Pour copie I
A. F. Truteau, Ghan. Sec.
OFFICES NOUVEAUX A INTRODUIRE DANS LE DIOCESE DE
MONTRÉAL.
1*^ Des EpouaSdilles de la Ste. Vierge, double majeur,
•23 Janvier.
2° Ste. Jeanne de Valois, veuve, double mineur, 6
Février.
3» Ste. Catherine de Ricci, Vierge, double, 13 Février
4° St. Jean Nepomucène, double, 15 Mai.
00 Notre-Dame de Bonsecours, double majeur, 24 Mai.
12
158 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
G" Ste. Pulchérie, Imp. Vierge, double, 6 Juillet.
70 Ste. Ursule et ses compagnes, Vierges, double, v i
Octobre.
8" De la Passion de Notre Seigneur Jésus-Chrisl, double
majeur, le Vendredi après le dimanche de la Sexagésime.
9° De la T. S. Couronne d'Epines, double majeur, le
Vendredi après le dimanche de la Quinquagésime.
10" De la Lance et des Clous, double majeur, le Ven-
dredi après le 1er dimanche de Carême.
11" Du St. Suaire, double majeur, le Vendredi après le
Terne dimanche de Garèrae.
12" Des cinq Plaies, double majeur, le Vendredi après
le Sème dimanche de Carême.
13" Du très-précieux Sang, double majeur, le Vendredi
après le 4ème dimanche de Carême.
14" Du cœur très-pur de la B. V. M., double majeur^
le dimanche après l'octave de l'Assomption.
15" De la maternité de la B. V. M., double majeur, "2ème
dimanche d'Octobre.
IG" De la Pureté de la B. V. M., double majeur, 4ème
dimanche d'Octobre.
17" St. Stanislas Koslka, Confesseur, double.
IH" St. Isidore le laboureur. Confesseur, double.
19" St. François de Hieronymo, Confesseur, double.
20" St. Jean Joseph de la Croix, Confesseur, double.
21" St. Pacifique, Confesseur, double.
22" Ste. Véronique, Abbesse, Vierge, double.
23" Du Bienheureux Alphonse Rodriguez, Confesseur.
double.
24" De St. Irénée, Confesseur, double.
25" De St. Roch, Confesseur, double.
26" L'Office de l'Immaculée Conception de la B. V. M..
tous les samedis libres ; avec celui du T. S. Sacrement de
l'autel, tous les jeudis non empêchés.
27o Par un décret du Pape actuel, l'on fait, sous le rite
double, les fêtes de tous les saints Papes qui se trouvent
dans le Calendrier Romain.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. lôfJ
I.ETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL ANNONÇANT SON
RETOUR D'eUROPE.
Ignace Boicrget, par la miséricorde de Dieu el la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evêque de Montréal.
Au Clergé et à tous les Fidèles de Noire Diocèse : Salul et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Nous sommes de retour, Nos Très-Ghers B>ères, du
voyage lointain que nous entreprîmes pour vos intérêts
spirituels, en mai dernier ; et nous nous empressons de
vous en informer, tant pour vous exprimer la joie que
nous ressentons de nous retrouver au milieu de vous, que
nous aimons dans la vérité 1, que pour vous annoncer que
nous sommes prêt à répondre, comme ci-devant, à tous
vos besoins, selon la mesure de grâces qu'il a plu au Sei-
gneur de nous accorder. Nous avons été 2, en arrivant,
rempli de consolation, en apprenant les succès qui ont
couronné le zèle de l'homme apostolique, qui a passé àa.ns
ce diocèse, en faisant du bien à tous. Nous sommes aussi
réjoui en voyant que sous la sage administration de ceux
à qui nous avions confié le soin de vos âmes, et par le
zèle ardent de vos pasteurs, vous ave:: été comblés de toutes
sortes de bénédictions spirituelles. Car, à l'exemple de
l'Apôtre de la charité, nous n'avons pas de plus grande joie
que d'apprendre que nos fils en Jésus Christ marchent dans la
vérité et la justice. 3
Si les biens innombrables dont vous êtes enrichis prou-
vent sensiblement que le Seigneur est demeuré avec vous,
la protection spéciale dont il nous a environné, pendant
le cours de notre voyage, montre aussi qu'il ne nous a
pas abandonné ; mais qu'il a fait marcher devant nous
son St. Ange, pour aplanir toutes les difficultés et prépa-
1. lIJoan 1.
2. Id. 4.
3 III Joan 4.
160 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Ter les voies au succès de toutes les entreprises que nous
avions en vue, pour sa plus grande gloire et l'avantage
de la religion. Eli! comment ne nous aurait-il pas accordé
son divin secours, ce Dieu de miséricorde ! lorsque vous
ne cessiez, par vos ferventes prières pour nous, de lui faire
violence, et que vous le forciez en quelque sorte de nous
être favorable, malgré notre indignité. Oui! N. T. C. F.,
s'il est une circonstance dans notre vie où nous ayons
pu expérimenter, d'une manière évidente, la vérité de cet
oracle de la Sainte Ecriture : que la prière continuelle du
Juste est crime grande valeur 1, c'est assurément dans toute
la suite de notre voyage, où nous avons eu sans cesse à
admirer et à bénir les traits touchants de la Divine Provi-
dence, qui, dans ses dispositions secrètes, et par des moyens
qixi nous étaient inconnus, a tout réglé, pour que nos
efforts, de soi impuissants, attsignissent le but proposé ;
afin que l'homme ne pût s'attribuer la gloire qui n'est
due qu'à Dieu : Soli Deo honor et gloria 2.
Aussi avons-nous été, comme nous le devions, unique-
ment occupé de vos plus chers intérêts ; et n'avonsnons
j-ien épargné de tout ce qui était en notre pouvoir, pour
vous procurer les secours et les avantages que nous j ugions
vous être nécessaires. Après avoir passé les journées à
expédier les affaires que nous avions à traiter, nous pre-
nions sur les nuits le temps qu'il nous était nécessaire
pour aller visiter les plus célèbres pèlerinages, ou aller
prier sur les tombeaux des SS. Apôtres auprès desquels
nous nous étions, pour ainsi dire, établi, afin d'obtenir,
par l'intercession de St. Pierre, la grâce de mettre tous 7ws
■soins à bien paitre le troupeau de Dieu 3, non pas par force^
mais volontairement^ et pour apprendre du maître des
nations à 7ious immoler de grand cœur pour vos âmes et
votre salut éternel. 4
5. Jac. 5, IG.
t. I Tira. I.
3 I Pet. c. 5.
4 II Cor. 12, 15.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 161
Vos plus chers intérêts étant h seul objet de notre
voyage, nous ne vous avons pas perdus de vue un seul
instant, et selon la promesse que nous vous en avions
faite, vous étiez avec nous en tout temps et en tous lieux.
Vous y étiez lorsque nous assistions à ces pompeuses
solennités qui se succcèdent sans interruption dans cette
heureuse cité, et que nous visitions ces monuments sacrés
qui, par leur multitude, semble ne faire de cette grande
ville qu'un seul et magnifique temple. Mais surtout vous
étiez avec nous chaque fois que nous nous sommes pré-
senté devant le vénérable Pontife qui préside au gouver-
nement de l'Eglise universelle. Oh ! N. T. C. F., nous
l'avons vu de nos yeux le chef des Pasteurs, le Vicaire
de Jésus-Christ, le Successeur de St. Pierre. x\ous l'avons
vu porté en triomphe, et entouré de toute la gloire dont
l'environne l'Eglise pour honorer dans sa personne la
personne sacrée de Notre-Seigneur Jésus Christ. Nous
l'avons vu plusieurs fois célébrer les saints Mystères avec
cette piété tendre, qui tire de ses yeux des larmes abon-
dantes, que font couler son amour pour Dieu et sa charité
pour ses brebis. Nous l'avons vu aussi dans le secret de
la vie privée, retraçant le spectacle du Divin Maître qui
étant riche a bien voulu néanmoins se faire pauvre pour
nous. Nous avons conversé avec notre chef et notre père,
à qui nous devons le respect le plus profond et l'obéis-
sance la plus aveugle. Nous lui avons exposé nos doutes
et nos besoins spirituels. Nous lui avons humblement
baisé les pieds et pour vous et pour nous; et ce Père
tendre a daigné nous relever pour nous serrer contre son
cœur et nous y laisser puiser quelques étincelles de ce
feu sacré qui l'embrase de zèle pour le salut de toutes ses
brebis. Aussi éprouvons-nous, depuis le bienheureux
moment où il a daigné épancher son cœur dans le nôtre,
une nouvelle ardeur pour travailler à notre perfection et
à la sanctification de vos itmes. La charité de Jésus-Christ
nous presse plus que jamais l, depuis que nous avons en
1 II Cor. 5, li.
162 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
quelque sorte, participé à la faveur du Disciple bien -aimé
qui reposa sur le cœur sacré de Jésus, et y puisa ces
lumières abondantes et cette tendre charité, qui répan-
dirent ensuite tant de bénédictions sur les travaux de son
Apostolat.
Nous ne vous ferons point part aujourd'hui de ce que
nous avons fait pour vous en Europe ; j)arce que nous
voulons que plus tard vous sachiez quelle a été notre solli
citucle pour vous 1, afin que vos cœurs soient consolés 2, en
vous voyant comblés de richesses spirituelles par Notre
Seigneur Jésus-Clirist, en qui sont cachés tous les trésors de
la sagesse et de la science 3. Seulement nous vous dirons
qu'en prenant congé du Souverain-Pontife, nous le sup-
pliâmes de vouloir bien, dans sa bonté paternelle, bénir
notre Clergé, nos communautés, et tous les fidèles confiés
à nos soins. 11 voulut bien se rendre à nos vœux en
donnant, sur le champ, trois bénédictions distinctes; et
de son propre mouvement nous enjoignit de donner la
Bénédiction Papale, à notre retour dans ce Diocèse. Nous
espérons que cette bénédiction fera couler sur nous les
biens que celle donnée autrefois par Pie VII, d'heureuse
mémoire, procura à une ville célèbre que nous avons
^•isitée sur notre route; et qui, depuis cet heureux
moment, est devenue fameuse par une multitude d'œuvres
saintes, qui sont comme ces fleuves vivifians dont parle le
Prophète, qui réjouissent la cité de Dieu 4; et qui font dire
de ses vertueux habitants : heureux le peuple que le Seigneur
a béni... heureux le peuple à qui ont été accordés tant de
biens! 5 Nous ne donnerons cette solennelle bénédiction
qu'au grand jour de la Toussaint; d'abord afin de vous
donner le temps de vous préparer par la pénitence et par
de bonnes confessions aux grâces innombrables qui vous
sont promises; et ensuite pour vous procurer l'avantage
1 Col. 2, 1.
2 Col. 2.
3 Col. 3.
4 Ps. 45, 5.
ô P?. 143, 15.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 1G3
de la puissante intercession de tous les bienheureux, que
l'on honore en cette auguste solennité. Ce sera dans
l'Eglise Cathédrale qu'au nom du Souverain Pontife,
nous lèverons vers le ciel nos mains suppliantes, pour
conjurer le Seigneur de détourner de dessus vo'as sa colère,
en vous faisant produire de dignes fruits de pénitence; de.
vous bénir tous du haut de Sion^ afin que vous voyiez les
biens de Jérusalem l, dans le renouvellement de ces
mœurs antiques qui vous rendront cette heureuse fécon-
dité qui vous permettra de voir les fils de vos fils et la paix
sur Israël 2, cette paix de Dieu qui surpasse tout sentiment^
qui gardera vos cœurs et vos esprits et vous fera produire
tous les fruits de salut 3. Telle est, N. T. C. F., la Béné-
diction du Seigneur que nous allons vous donner, au nom
de son représentant sur la terre. Oui. c'est ainsi que nous
allons vous bénir au nom du Seigneur lui-rnénie.
Les personnes qui, étant contrites, s'étant confessées et
ayant communié, assisteront à la dite bénédiction en
priant à l'intention du St. Père, gagneront une indul-
gence Plénière. Il serait consolant pour nous de voir
tout notre peuple, réuni avec ses pasteurs, assister à cette
imposante cérémonie, et recevoir tous ensemble les
grâces innombrables que le ciel, ouvert en ce jour avec
les clefs de Pierre, versera en abondance sur nous. Oh !
ce serai.t alcrs que nous emprunterions les paroles comme
les sentiments de Salomon pour nous écrier avec lui :
Nous avons vu avec une grande joie votre peuple, qui s'est
trouvé ici pour vous offrir des dons 4.
Mais comme cela n'est pas possible, vous ne manquerez
pas d'y suppléer par votre foi, en vous tenant, ce jour-là
en esprit aux pieds du Souverain Pasteur de vos âmes,
qui réside dans vos églises, et qui ne manquera pas de
vous combler de toutes sortes de bénédictions. De notre
1 Ps. 127.
2 Phil. 4, 7.
3 Ps. 128.
4 I Par. 29, 17.
1G4 MENDEMEiNTS, LETTRES PASTORALES,
côté, nous vous ferons part de la faveur que nous a
permis de dispenser le Souverain Pontife ; c'est que, cette
année, tous ceux qui n'ayant pu moralement assister à
la dite Bénédiction Pontificale, et qui néanmoins, étant
contrits et s'étant confessés et ayant communié le jour de
la Toussaint ou l'un des jours de l'Octave, prieront à son
intention dans quelque Eglise ou Oratoire Public, gagne
ront aussi une indulgence plénière, applicable aux âmes
du Purgatoire par manière de souffrages.
Cette faveur, jointe à tant d'autres, ne manquera pas,
nous l'attendons de votre piété, de vous attacher plus
fortement que jamais au Saint-Siège Apostolique : elle
vous remplira de respect pour toutes ses décisions : vous
fera avoir en horreur toutes ces doctrines corrompues et
ces livres impies, qu'il condamne, et qui circulent plus
que jamais dans le monde. Elle vous fera aimer et chérir
le Bon Pasteur, que Dieu vous a donné dans sa misé-
ricorde. Elle vous fera entendre la voix de cet unique
Pasteur et vous retiendra dans cette seule bergerie, hors
de laquelle vous seriez infailliblement dévorés par les
loups. Elle ramènera dans le bercail celles de nos chères
brebis que l'homme ennemi de tout bien nous a enlevées ;
elle convertira les pécheurs et perfectionnera les justes ;
enfin elle vous ajj'crmira pour toujours, afin que vous viviez
sans crime^ jusqu'au jour de l'avènement de Noire-Seigneur
Jésus-Christ. 1 Loin de nous, N. T. G. F., cette monstrueuse
ingratitude qui nous ferait méconnaître la Mère de toutes
les Eglises, et nous porterait à mépriser les soins louchants
qu'elle prend de nous. 0 Sainte Eglise Romaine, Chaire
de vérité. Arche de salut, champ sacré qui oiTre seul de
gras pâturages aux brebis du Seigneur qui y paissent en
assurance, que notre main droite soit en oubli^ si jamais
nous vous oublions ; que notre langue se sèche à notre palais,
si nous ne nous ressouvenons pas de vous et de vos bienfaits 2 ;
1 I Cor. 1,8.
2 P?. 136.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 165
si voire prospérité spirituelle et temporelle n'était pas le
principe et l'objet de notre joie. Hélas ! il se trouve des
ennemis cachés, des enfants d'Edon qui ne craignent pas
de dire, dans leurs projets insensés : renversez-la cette
ville, renversez-la de fond en comble. Mais, Seigneur, sou-
venez vous de ces orgueilleux ennemis et confondez
leurs noirs et sourds complots, au jour où vous traiterez
Jérusalem dans votre bonté.
Toutes les grâces dont nous sommes comblés méritent
de notre part la plus vive reconnaissance. Aussi, nous
n'avons pas manqué, en arrivant, de nous conformer au
précepte que fit l'Archange St. Raphaël au jeune Tobie 1,
qu'il avait conduit dans un long et dangereux voyage,
d'adorer Dieu, et de lui rendre grâces., dès qu'il serait entré
dans la maison de son père. Mais nous comprenons que
nous ne nous sommes acquitté que d'une partie de notre
devoir ; parce que les biens que le Seigneur nous a faits
devant retourner à l'avantage de tout le Diocèse, nous
avons à lui en rendre tous ensemble des actions de grâces
publiques et solennelles. C'est encore l'Ange-compagnon
de notre voyage, qui nous instruit de nos obligations par
ces paroles m.émo râbles : Bénissez le Dieu du Ciel., et
louez le devant tous les hommes^ parce qu'il vous a fait mise
ricorde. Car il est bon de garder le secret d'un Roi ; mais il
est honorable de faille connaître et de confesser les œuvres de
Dieu 2. A cette fin, nous ordonnons que le jour de la
Toussaint, après la Grand' Messe solennelle dans les
églises cathédrale et paroissiales, et après la messe con-
ventuelle dans les Communautés Religieuses ou autres
où l'on fait l'Office public, l'on chante solennellement le
Te Deum avec les versets et oraison d'actions de grâces,
auxquelles on ajoutera les oraisons pour le Pape et
l'Evèque sub und conclusione. Les prières publiques
ordonnées dans notre Pastorale du douze avril dernier
1 Tob. Il, 7.
2 Tob. 1-2, G, 7.
166 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
devront se dire jusqu'alors, parce que nous allons con-
tinuer à nous occuper, par nous-même et par les deux
Prêtres que nous avons laissés en Europe, des affaires
importantes, qui ont été l'objet de notre voyage. Mais «i
les prières publiques doivent cesser le jour de la Tous-
saint, nous avons une ferme confiance que vous ne nous
oublierez pas dans celles que vous ferez en famille et en
particulier. Pour votre amour, N. T. C. F., nous nous
sommes chargé d'une responsabililé bien terrible, et nous
avons entrepris plusieurs œuvres qui nous doivent attirer
beaucoup de tribulations. Nous ne le regrettons pas,
pourvu que vous nous assistiez de tout votre pouvoir par
vos humbles supplications. Nous vous demandons de
nouveau ce que nous vous avons déjà demandé dans
notre Mandement d'entrée, savoir, au moins un Pater et
un Ave par jour. De notre côté, nous vous assurons que
nous serons sans cesse occupé de vos besoins. Eh! Loin
de nous ce péché que nous commetlrions contre le Seigneur,
si nous cessions jamais de prier pour vous 1. Que la r/rdce
de Notre-Seigneur Jésus-Christ demeure avec vous 2.
Sera la présente Lettre lue dans toutes les églises cathé-
drale et paroissiales, le premier Dimanche après sa récep-
tion, et en Chapitre dans toutes les Gammunautés Reli-
gieuses, le jour qu'elle aura été reçue.
Donné à Montréal, le vingt-trois Septembre mil huit
cent quarante-un, sous notre seing et sceau, et le contre-
seing de notre Secrétaire.
lo. EvÊQUE DE Montréal.
Par Monseigneur^
A.' F. Trute.\u, Ghan. Sec.
(Pour copie.)
A. F. Truteau, Ghan. Sec.
1 I Reg. [1, 23.
2 1 Cor. 16, 23.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. IG7
LETTRE PASTORALE
:de monseigneur l'évéque de Montréal au clergé et aux
fidèles de la ville et paroisse de imontréal, pour
RECOMMANDER A LEUR CHARITÉ l'aSILE DE LA PROVIDENCE
DES FEMMES ÂGÉES ET INFIRMES.
Ifjnace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint-Siège Apostolique^ êvcque de Montréal, etc.^ etc.
Au clergé et à tous les lidèles de noire ville bien-aimée ; Saiul et
BénédicUon en Noire Seigneur.
Dès le début de notre épiscopat nous avons compris,
i\03 Très Chers Frères, qu'une de nos obligations très-
étroites était d'avoir soin des pauvres, des veuves, et des
orphelins. Car c'est surtout aux évoques que sont adressées
€63 paroles de la Sainte Ecriture : Vous serez le protecteur
de V orphelin; et (îes autres : à lui est confié le soin de tous
les malheureux. St. Paul la comprenait vivement cette
stricte obligation, lorsqu'il rappelait aux fidèles de la ville
de Galate que les apôtres St. Pierre, St. Jacques et St.
Jean, qui étaient les colonnes de l'Eglise, en favorisant
l'exercice de son ministère chez les nations infidèles,
n'avaient insisté que sur ce point important, savoir : qu'il
se ressouvint des pauvres : tantùm ut pauperum memores
essemus. Plût à Dieu que nous eussions accompli cet ordre
aussi fidèlement que ce grand ami des pauvres, pour
pouvoir dire avec lui : «c'est avec sollicitude que nous
nous sommes acquitté de ce devoir si cher à notre cœur ;
quod etiam sollicitas fui hoc ipsum facere. Mais les devoirs
de notre charge nous imposent tant d'autres obligations
qu'il devient impossible d'entrer dans tous les détails
qu'exigerait le soin paternel de tous nos pauvres, la plus
chère portion de notre troupeau, et l'objet le pins tendre
de notre sollicitude ; en sorte qu'il nous est indispensable-
ment nécessaire de nous décharger sur d'autres de ce soin,
qui aurait pourtant un attrait si doux pour notre cœur. En
IGS MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
cale, nous nous conformons ù l'exemple de SS. Apôtres,
qui ne pouvant allier l'exercice de leurs fonctions sacrées,
avec le service des pauvres que l'Eglise nourrissait, firent
élire par les fidèles sept Diacres pour leur confier le soin
des tables, et leur dirent par la bouche de Saint Pierre :
« Pour nous, nous vaquerons avec ard'eur à la prière et
au ministère de la prédication ; « nos vero orationi et tninis-
terio verbi instantes erimus. »
Toutefois nous comprenons que quelqu'empressés que
soient les soins de vos pasteurs et des maisons religieuses
de ce Diocèse pour les membres soufî'rants de Jésus-Christ,
il nous reste encore l'obligation d'exercer notre surveil-
lance sur toutes les œuvres de charité. Car, si par notre
négligence quelque pauvre souffre de la faim et de la
nudité, nous en sommes le premier responsable devant
Dieu. Nous avons pour nous faire trembler là-dessus
l'exemple de St. Grégoire le Grand, qui se croyait telle-
ment obligé de pourvoir aux nécessités de ses pauvres,
dont il avait une liste exacte, qu'un d'entr'eux ayant été
un jour trouvé mort dans les rues de Rome, il se regarda
comme grandement coupable de ce malheur ; et pour s"en
punir, il s'abstint pendant plusieurs jours de célébrer le
Saint Sacrifice de la Messe.
Profondément pénétré de la grandeur de nos obligations
en un point si important, nous avons dû nous en occuper,
pendant notre voyage en Europe, uniquement entrepris-
pour nous mettre en état de remplir, autant que possible,
tous les devoirs attachés à notre charge. Hélas ! qu'elle
est pesante cette charge, que nous portons pour l'amour
de vous ! Afin de profiter de l'expérience des autres, et de
suppléer en cela à ce qui nous manquait, nous avions
visité soigneusement tous les établissements de charité,
qu'il nous a été possible de voir, afin de nous rendre
capable de diriger avec quelques succès les œuvres de
miséricorde que nous nous croyons obligé de recomman-
der à nos Diocésains. Car, Nos Très Ghers Frères, nous
savions très-bien que nous avions le bonheur de posséder
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 161)
dans notre Diocèse, et en particulier en cette ville, un
grand nombre d'âmes, qui ont reçu en partage les dons
parfaits de la charité ; et qu'il suffisait de les mettre en
mouvement et de les bien diriger pour leur faire produire
ces œuvres de miséricorde, qui découlent de la compassion
chrétienne. Nous avons surtout porté notre attention sur
les divers établissements que dirigent en France les
admirables filles de l'immortel St. \ incent de Paul, les
Sœurs delà charité. Oh ! Nos Très Chers Frères, qu'heu-
reuses sont les villes à qui le Seigneur dans sa miséricorde
a fait un pareil présent! Qu'heureux sont les pauvres qui
ont des mères si compatissantes! Qu'heureux sont les
riches qui ont en elles des distributrices si industrieuses
-de leurs aumônes ! Qu'heureux sont les gouvernements,
qui ont à leur service pour toutes les œuvres publiques de
charité de si sages administratrices !
Mais il est inutile de nous étendre sur les différentes
œuvres qu'embrassent ces héroïnes de la charité, parceque
leurs infatigables travaux sont connus de vous tous; ce
qu'il vous importe le plus, c'est d'avoir vous-mêmes quel-
ques-unes de ces bonnes et tendres mères des pauvres.
Or, C'est à quoi nous avons pensé. Nous avons fait des
démarches et pris des mesures pour que cette ville pût
ressentir les effets de leur charité le plus tôt possible.
Comme nous avons l'intime conviction que notre princi-
pal devoir est le soin des pauvres, et que les bénédictions
et les prières des pauvres peuvent seules faire fructifier
les travaux de notre Saint Ministère, nous n'avons rien eu
de plus pressé, à notre retour d'Europe, que de travailler
à trouver à ces ferventes rehgieuses un établissement
convenable.
La divine Providence avait elle-même préparé les voies
à cette œuvre, en inspirant à quelques personnages élevés
dans la société, la pensée de solliciter un acte de la légis.
lature pour incorporer l'établissement de la Providence,
fondé en partie par un riche particulier de cette ville, et
dirigé par une vertueuse veuve, qui employait tout son
170 Mi5,NDEMENT8, LETTRES PASTORALES,
modique patrimoine à satisfaire l'attrait que le Seigneur
lui avait donné pour soulager les femmes âgées et infirmes.
Gomme cette mesure n'avait nullement été concertée
entre nous et ceux qui admislraient le diocèse en notre
absence, nous avons reconnu que le doigt de Dieu était là,
et que le Saint-Esprit, qui en Europe nous avait donné la
pensée de demander pour cette ville des Filles de la
charité, avait inspiré ici à ceux qu'il lui avait plu de
choisir pour être les instruments de ses volontés, les
moyens de les établir solidement. Vous savez, Nos Très
Chers Frères, que la loi passée à ce sujet incorpore douze
Dames ou Demoiselles de cette ville pour posséder, en
main-morte, des fonds suffisants pour produire une rente
de mille livres courant, pour le soutiea des femmes âgées
et infirmes.
Après avoir rendu grâces à Dieu d'une faveur si signalée.,
nous avons procédé à mettre cette loi à exécution. Nous
avons pour cela tenu plusieurs assemblées des Dames de
cette charitable corporation. Les résultats, heureux de
ces assemblées nous prouvent de plus en plus que Dieu
daigne bénir celte œuvre. Car déjà un terrain a été
acquis pour le prix de douze cents livres du cours actuel.,
et la résolution prises de jeter les fondements d'une
maison assez spacieuse pour mettre ces filles de la charité,,
qui doivent en avoir l'administration, en état de remplir
leur mission, dont l'objet sera non seulement d'avoir soin
des femmes infirmes de l'Asile de la Providence, mais
encore d'instruire les petites filles, de visiter les pauvies
et les malades à domicile, d'aller porter des secours aux
prisonniers, de préparer les mourants à la mort, enfin
d'exercer toutes les œuvres de miséricorde spirituelles et
et corporelles; et cela au nom des riches qui ne peuvent
par eux-mêmes entrer dans tous ces détails. Il sera donc
possible et facile même à nous tous d'imiter St. Grégoire
le Grand; qui ne manquait pas de faire porter des bouil-
lons dans les différentes rues de Rome et d'envoyer porter
aux pauvres les mets qu'il fesait ôter de sa table pour
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 171
partager sa nourriture avec Jésus-Christ, qui en récom-
pense, se fit voir un jour à lui parmi les pauvres à qui il
lavait les pieds.
Vous comprenez, Nos Très Ghers Frères, qu'en faisant
cette entreprise, nous comptons sur votre co-opération et
sur les secours que vous ne manquerez pas de fournir
pour assurer le succès de cette œuvre, qui doit tourner
à la plus grande gloire de Dieu et à l'honneur de cette
ville. Vous connaissez que la modicité de nos revenus ne
nous permet pas de faire pour cela de grands sacrifices,
mais vous les ferez pour nous. A l'exemple de l'Apôtre,
nous nous réjouissons de notre pauvreté, non seulement
parce qu'elle nous rend plus semblable à Notre Seigneur
Jésus-Christ, qui étant riche s'est fait pauvre pour nous;
mais encore, parce que ce sera pour nous une occasion
précieuse d'augmenter le trésor de vos bonnes œuvres,
en favorisant celles que nous croyons devoir recomman-
der à votre charité. Nous aurions pu, pendant que nous
étions en Europe, profiter de la bienveillance de certaines
personnes, qui offraient de nous procurer des secours abon-
dants, parce qu'elles croyaient qu'étant Evoque dans un
pays de mission, nous devions être dans la nécessité où
se trouvent tant d'autres Evêques de notre Continent, de
recourir aux largesses de nos frères qui habitent l'ancien
monde. Nous nous sommes bien gardé d'accepter leurs
offres, et nous leur avons répondu qu'à la vérité l'évêché
de Montréal, qui est depuis peu d'années érigé n'est pas
encore richement doté, mais qu'étant à la tète d'un
diocèse où règne l'opulence, nous laissons ces secours à
d'autres qui en avaient plus besoin, que nous comptions
sur nos diocésains pour en tirer tous les secours qui nous
étaient nécessaires, afin de mettre à exécution les diffé-
rents projets que nous avions formés pour leur plus
grand bien. Nous pouvions et nous devions parler ainsi,
parce que vos contributions pour payer les frais de notre
voyage ayant évidemment montré quelles étaient vos dis-
positions à cet égard, vous auriez eu droic de vous plaindre
172 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de nous comme n'ayant pas convenablement répondu à
ces témoignages de votre générosité, et ayant compromis
votre honneur, puisque très-certainement votre évêque
n'a pas besoin de secours étrangers. Nous en avons
toujours été si convaincu, ainsi que l'était notre illustre
Prédécesseur, que nous n'avons voulu faire aucune dé-
marche auprès du gouvernement pour en obtenir des
gratifications, comme tant d'autres évoques catholiques
de l'empire. A l'exemple de ce prélat si desintéressé,
nous ne voulons attendre de Sa Majesté que la protection
due à tout sujet fidèle et loyal. Pour tout ce qui est de
notre personne, nous ambitionnons de ressembler en
quelque chose au grand Apôtre, qui protestait à la face
de lùute l'Eglise que personne ne lui ravirait la gloire
d'être pauvre avec Jésus-Christ, lui qui avait rempli
l'univers du bruit de sa prédication, et enrichi le monde
entier des trésors de l'Evangile. Gomme lui, nous sommes
■content, pourvu que nous ayons la nourriture et l'habit ;
ce que le Seigneur ne nous a jamais refusé, et ce qu'il
voudra bien continuer de nous donner dans sa bonté.
La seule oblation, que nous ayons acceptée en Europe,
a été sur le champ appliquée en France au bien des
Missions et pour la propagation de la Foi dans la Corée et
autres pays qui sont aujourd'hui arrosés par le sang des
Martyrs. Nous pouvons donc vous dire, comme St. Paul
au.x Philippiens, «qu'aucune Eglise ne nous a fait part de
ses richesses ; que vous êtes les seuls» qui ayez pourvu à
nos besoins. Nous pouvons donc aussi à l'exemple du St.
Apôtre, vous recommander de faire des collectes en faveur
des Saints, c'est-à-dire, des pauvres, des veuves, des orphe-
lins et de tous les membres de Jésus-Christ souffrant.
C'est à cet exercice de la charité que vous a si vivement
exhorté notre frère bien-aimé en Jésus Christ, l'illustre
évêque de Nancy, dans les adieux si touchants qu'il vous
fit le quatre de ce mois, en vous pressant de contribuer à
toutes les œuvres de bienfaisance. Sans doute qu'elle
vous fit une sainte impression cette voix éloquente qu'ani-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 173
mait l'accent de la charité la plus douce et la plus persua-
sive. Nous l'entendîmes aussi nous cette voix, dont
l'expression vive et amoureuse ne s'effacera jamais de
notre cœur.
Nous vous invitons en ce jour. Nos Très Chers Frères, à
profiter des derniers avis de cet homme puissant en paroles
et en œuvres, et à vous y conformer fidèlement, comme
aux dernières dispositions de son testament en votre
faveur. Nous vous exhortons à contribuer généreusement
A l'établissement de ces charitables hospitalières des
pauvres qui ne nous seront données qu'autant que nous les
mettrons en état d'exercer leurs saintes œuvres. Ce serait
de grand cœur que nous nous assujettirions à aller dans
les maisons de chacun de vous pour vous encourager de
vive voix à contribuer à une entreprise si digne de votre
foi; mais nos occupations innombrables nous en empê-
chant, nous faisons ce que faisait St. Paul, qui se reposait
sur des âmes charitables du soin de faire les collectes
qu'il annonçait aux fidèles en faveur des pauvres, et qui
se chargait ensuite d'aller les verser dans le sein des
églises qui étaient dans l'indigence. Nous vous annon-
çons donc que nous avons prié les douze dames qui
forment la Corporation de la Providence pour V Asile des
femmes âgées et infirmes, avec celles qu'elles jugeront à
propos de s'adjoindre, de faire circuler une souscription,
chez tous les citoyens de cette ville. En les envoyant vers
vous, Nos Très Chers Frères, nous empruntons encore les
paroles de l'Apôtre pour dire à chacun de vous : Aidezles'
ces Dames toutes dévouées à une œuvre si belle qui
travaillent avec nous pour que la charité qui nous est tant
recommandée dans V Evangile soit pratiquée dans toute sa
perfection : adjuva illas quœ mecum laboraverunt in Evan-
gelio. Nous espérons qu'elles vous trouveront préparés
lorsqu'elles iront solliciter votre secours, et que nous n'au-
rons pas à rougir de les avoir envoyées en vain. Aidez-les ;
car il y va de vos plus grands intérêts, du salut éternel de
vos âmes, puisqu'il est certain que de l'accomplissement
13
174 [MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
du grand précepte de la chanté fraternelle dépend votre
bonheur ou votre malheur éternel. Il faut que nous vous
l'avouions, Nos Très Chers Frères, nous tremblons pour
vous et pour nous, chaque fois que nous nous rappelons la
terrible sentence que doit prononcer le Juste Juge contre
les réprouvés, parce que nous y voyons clairement qu'il
suffit pour être damné d'omettre et négliger les œuvres
de miséricorde. Voilà pourquoi voulant assurer davan-
tage notre élection à la vie éternelle, nous vous pressons
au nom de Jésus-Christ d'embrasser l'œuvre sainte que
nous recommandons à tous ; parce que si tous y contri-
buent selon leurs moyens, nous pourrons tous paraître
avec confiance au Tribunal du Souverain Juge. Car nous
aurons, par le secours qu'il est question de nous procurer,
accompli les œuvres de toute justice, qui nous mériteront
cette sentence favorable : fcii eu faim et vous m'avez donne
à manger : fai eu soif et vous m'avez donné à boire : fêlais
étranger et vous m'avez reçu: fêtais nu et vous ni avez
habillé : fêtais malade et vous m'avez visité: fêtais en prison
et vous êtes venu me voir. Car ces excellentes filles de St.
Paul ont reçu du ciel la mission et la grâce de remplir
avec perfection toutes ces œuvres, non seulement pour
elles, mais encore au nom de tous les fidèles qui veulent,
par leurs aumônes, se décharger sur elles de ce devoir
important et si indispensable ; mais il est superflu de vous
écrire plus au long de ce ministère de charité qui doit
s'exercer envers les saints^ à vous qui avez un désir si
ardent d'être placés à la droite de Jésus-Christ et qui avez
l'espérance d'entendre ces douces paroles, qui seront la
récompense de votre charité : venez les bien-aimés de mon
Père^ possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le
commencement du monde. Car 7wus connaissons votre dispo-
sition à faire promptement ce que nous vous demandons :
disposition qui a été pour nous en Europe un sujet de
nous glorifier en vous. Mais ce n'est pas tout, Nos Très
Chers Frères, de vous inviter à ouvrir vos mains pour
remplir le sein des pauvres de vos aumônes. Nous devons
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 175
par dessus tout solliciter le secours de vos prières afin que
cette entreprise réussisse pour la plus grande gloire de
Dieu, et l'avantage des malheureux. Adjuvantibus et nobis
in oratione pro nobis: ut ex multorum jjersonis, ejus quœ in
nobii est donationis per multos gratise agantur pro nobis.
« Et les prières que vous ferez pour nous y contribueront
« aussi, afin que la grâce que nous avons reçue en consi-
X dération de plusieurs, soit aussi reconnue par les actions
«de grâces que plusieurs rendront pour nous.» Nous
avons si souvent expérimenté votre crédit auprès de Dieu,
lorsque vous le priez pour nous, que nous ne cesserons, à
l'exemple de l'Apôtre, de reclamer ce secours qui nous
est si nécessaire.
Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec
vous. Amen.
Sera la présente Lettre Pastorale lue en Chapitre dans
les Communautés Religieuses et au Prône des Eglises
Cathédrale et Paroissiale et autre? où se célèbre roffice
public, le premier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, le huit novembre mil huit cent
quarante-un, sous notre seing, le sceau du diocèse et le
contre-seing de notre Secrétaire.
Tg. Evéque de Montréal.
Par Monseigneur^
A. F. TnuTEAu. Chan. Sec.
176 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ORDONNANT UN
Te Deum d'actions de grâces pour la naissance du
PRINCE de galles.
Ignace Bourget^ par la wiséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evéque de Montréal.^ etc.
Au Clergé et aux Communautés régulières et séculières et à tous les
Fidèles de notre Diocèse : Salut et bénédiction en Notre-Seigneur.
C'est un devoir pour nous tous, N. T. G. F., de prier
pour ceux que le Seigneur a préposés au gouvernement
de l'Empire sous lequel nous vivons. Car l'Apôtre écri-
vant à son disciple Timothée 1, pour lui enseigner com-
ment il devait gouverner l'Eglise de Dieu, lui recom-
mande avant tout, et le conjure même de faire faire des
sujypli cations^ des prières, des demanies, des actions de
grâces pour tous les hommes, pour les Rois, et tous ceux qui
sont constitués en dignités, afin que Dieu, leur faisant la
grâce de bien user de l'autorité qu'il leur a confiée, nous
menions une vie paisible et tranquille, dans toute sorte de
piété et dlionnéteté. Car., ajoute le docteur des nations,
ceci est bon et agréable à Dieu notre Sauveur, qui veut que
tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connais-
sance de la vérité. D'où vous pouvez conclure, N. T. G. F.,
qu'en nous acquittant de ce devoir de piété envers les
souverains qu'il plait à Dieu de députer pour gouverner
les sociétés humaines, nous nous rendons agréables à
Dieu, qui nous en fait un précepte; nous attirons sur
Qous des grâces abondantes pour couler sur la terre des
jours heureux dans les douceurs de la paix ; nous pouvons
sous la protection des lois, vivre dans la piété et la pra-
tique de nos devoirs religieux ; enfin, il nous est permis
de prétendre à la récompense promise à notre humble
1 I. Tim. c. î, V. 1 et suiv.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 177
soumission, puisque St. Paul nous assure qu'elle est
agréable à Dieu qui veut ainsi sauver tous les hommes.
Nous pourvoyons donc à vos plus grands et à vos plus
chers intérêts, quand nous accomplissons ce précepte si
doux et si consolant pour un bon peuple. Aussi l'Eglise
Catholique, dans ses offices, ne manque pas, comme vous
avez dû l'observer souvent, de recommander à Dieu tous
ceux qui gouvernent l'Etat, afin qu'il les remplisse de
grâces, de lumières et de sagesse pour le bonheur du
peuple qui leur est conûé. Et en cela elle ne fait que suivre
le précepte de l'Apôtre St. Paul, si clairement exprimé
dans les paroles que nous venons de citer. Vous ne devez
donc pas être surpris, N. T. G. F., si de temps en temps
Nous vous rappelons ce devoir de la piété chrétienne ; en
vous invitant à venir dans nos temples joindre vos prières
aux nôtres, pour obtenir du Dieu des miséricordes ses
grâces en faveur de tous ceux qui veillent sur nos inté-
rêts. Mais c'est surtout pour notre Auguste Souveraine
que nous devons former des vœux ardents, et faire d'ins-
tantes prières pour qu'il plaise au Seigneur de lui accorder
un règne long et glorieux. Un événement heureux qui
remplit de joie tout l'Empire, savoir: la naissance d'un
Prince qui doit, un jour, gouverner cette puissante
nation qui étend sa domination ou son influence sur
toutes les parties du globe, est pour nous un nouveau
motif de bénir le Seigneur, et de faire des supplications^
des prières et des demandes pour cet auguste enfant, afin
qu'il soit digne du trône éclatant que lui assure le droit
de sa naissance. C'est à nous à lui préparer un règne
heureux, en lui obtenant par nos ferventes prières, toutes
les qualités qui font les grands Rois. Qne vos prières
entourent son berceau pour en écarter tous les dangers
qui pouri aient menacer ses jours si précieux à l'Etat.
Que vos prières lui obtiennent la protection du Dieu de
Jacob, et qu'elles fassent descendre de la céleste Sion le
secours et l'assistance qui lui sont nécessaires, pour que
les grandeurs du siècle ne le corrompent pas. Deman-
J78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
dons qu'il soit un Roi selon le cœur de Dieu ; qu'il soit le
père de son peuple; qu'il soit sage et prudent dans ses
conseils, fort et puissant à la tête de ses armées. Alors
nous pourrons nous réjouir d'avoir contribué à le rendre
digne des complaisances du Roi des Rois, qui nous assure
dans la Sainte Ecriture, que c'est par lui et par sa volonté
que les Rois de la terre régnent. Et comme Dieu réserve
de bons Princes aux peuples qui l'aiment, en récompense
de leur fidélité à sa loi, travaillons N. T. G. F., à mériter
cette faveur par notre attachement inviolable à la foi de
nos pères, par l'observation constante de tous nos devoirs
religieux, par notre soumission à toutes les autorités
constituées, par la pratique fidèle de toutes les vertus qui
font les fervents chrétiens, et, par une conséquence néces-
saire, tous les bons citoyens.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de Nos Vénérables Frères les Chanoines de la Cathédiale,
Nous avons ordonné et réglé, ordonnons et réglons ce
qui suit ;
■\'' Le jour des Rois,. les Prêtres qui célébreront le St.
Sacrifice de la Messe, ajouteront à l'oraison du jour la
collecte marquée au missel pour l'action de grâces:
2" Dans toutes les églises où se fait l'office public, l'on
chantera, après la Grand'Messe, le Te Dcum avec les
verset et oraison d'actions de grâces. Mais dans les com-
munautés, on le chantera après la messe conventuelle.
3" Le Te Deum sera suivi du chant joyeux du Psaume
Exaudiat^ avec les verset et oraison correspondants, tel
qu'au Processionnal.
4" Dans toutes les Paroisses et missions où le présent
Mandement ne serait pas arrivé à temps, l'on observera
tout ce qui est prescrit ci-dessus le Dimanche qui suivra
le jour de sa réception.
Sera notre présent Mandement lu en Chapitre dans
toutes les Communautés Religieuses le jour même qu'il
sera reçu, et dans toutes les Eglises Cathédrale, Parois-
siales et autres où se célèbrent les offices publics, le pre-
CIRCULAIRES P:T AUTRES DOCUMENTS. 179
mier Dimanche, ou jour de Fête d'obligation, après sa
réception.
Donné à Montréal, le trente Décembre, mil huit cent
-quarante-un, sous Notre seing et sceau et le contre seing
de Notre Assistant-Secrétaire.
-|- Ig. Evèque de Montréal.
Par Monseigneur.
J. 0. Pare, Ghan. Assist. Sec.
(Vraie copie.)
J. 0. Paré, Ghan. Assist. Sec.
GIRGULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 5 janvier 1842.
Messieurs,
Je vous adresse, avec la présente, un Mandement
dans lequel j'invite tous vos paroissiens à s'enrôler dans
les Associations de Tempérance et de Gharité, que j'ai
cru devoir former, pour vous aider à détruire le vice de
l'ivrognerie et à établir le règne de la charité dans vo
paroisses. Se suis bien persuadé que vous ferez tous vos
efforts pour faire prospérer ces œuvres diocésaines ; et
j'espère que Dieu couronnera vos travaux par un heureux
succès.
Je profite de l'occasion pour vous donner diverses
informations et m'entendre avec vous pour l'exécution
de certains projets qui, étant de nature à contribuer au
bien général du diocèse, ne manqueront pas par là même
de vous intéresser.
Je viens d'établir un Petit Séminaire à Ste. Thérèse,
sur le plan tracé par le saint Goncile de Trente (Sess.
xxni, c. xvni), dont j'ai suivi scrupuleusement les dispo-
sitions. J'ai l'espérance que cet établissement, qui est en
tout conforme à l'Esprit de l'Eglise, sera ici comme
180
MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ailleurs une pépinière de bons prêtres, en alimentant le
Grand Séminaire qui déjà promet beaucoup pour l'avenir.
Quoique le Concile autorise l'Evèque à établir une
espèce de taxe sur tous les biens ecclésiastiques de son
diocèse pour fonder et doter son Petit Séminaire, je suis
bien éloigné de vouloir me prévaloir de ce privilège :
parce que votre bonne volonté à seconder toutes les
œuvres que je puis vous recommander, me suffit, et que
je serai toujours assuré de vous trouver au besoin, surtout
quand il sera question d'un établissement aussi vital pour
nous que l'est celui-ci. La cérémonie de l'établissement
de ce Petit Séminaire se fera le 21 courant, vers les 9
heures du matin, à Ste. Thérèse. "Veuillez bien recom-
mander à Dieu cette importante affaire. Ceux qui pour-
ront y aller seront les bienvenus.
Vous connaissez l'Acte passé dans la dernière session
du Parlement Provincial au sujet de l'éducation en c&
pays. L'on peut, tel qu'il est, en tirer un bon parti, et s'en
servir avec avantage pour encourager l'établissement de
bonnes écoles dans toutes nos campagnes ; quoique l'on
soit disposé toutefois à faire des tentatives pour obtenir
de nouveaux amendements, et qu'il y ait chance de
succès. Mais pour répandre les bienfaits de l'éducation,
à la faveur de cette ordonnance, il nous faudrait avant
tout avoir de bons Instituteurs. Or, ce ne sera pas de
sitôt que nous en aurons en nombre suffisant pour'
répondre à nos besoins, si nous ne prenons des moyens
efficaces pour en faire former. Voici ce que je crois
devoir vous proposer, après m'être entendu avec M. le
Supérieur du Séminaire : — Les Frères des Ecoles Chré-
tiennes sont prêts à donner des leçons à tous ceux que
l'on jugera à propos de leur envoyer, et ils se feront un
devoir de les mettre au fait de leur méthode d'ensei-
seignement, autant qu'elle peut être applicable à des
écoles où il n'y a qu'un seul précepteur. Plusieurs écoles
à la campagne sontàma connaissance maintenant dirigées
d'après cette excellente méthode, et obtiennent un succès
J
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 181
qui fait désirer que toutes les autres soient mises sur le
môme pied. Ne vous serait-il pas possible d'envoyer
quelques-uns de vos instituteurs passer à Montréal tout le
temps suffisant pour être bien formés, en suivant le cours-
d'instruction de nos bons Frères et en les voyant opérer
dans leurs classes ? Pour faciliter l'exécution de ce projet,
vous pourriez faire donner maintenant les vacances à vos
écoles, et engager les marguilliers à payer sur les deniers
de l'Eglise, les pensions de ceux qui seraient trop pauvres
pour le faire, en fesant telles conditions que vous jugeriez
convenables, pour que ces avances ne fussent pas perdues.
S'il s'en trouve un nombre suffisant, qui veuillent venir
en cette ville, je prendrai des arrangements pour qu'ils-
soient tous en pension dans la maison d'école qui est sur
le terrain de l'évêché, et sous la survf^illance d'un prêtre-
qui donnera à ceux qui sont susceptibles d'y être formés,
des leçons de plain-chant et des exercices de cérémonies,-
afm qu'ils puissent vous aider à former vos chœurs et à
les rendre dignes de la Divine Majesté. Si nous ne
prenons des mesures efficaces pour nous procurer de bons
maîtres, nous aurons bientôt la douleur de nous voir
enlever l'éducation et avec elle l'influence salutaire que
nous exerçons sur notre troupeau. Un des articles de
l'Acte précité charge le comité de faire l'examen des
maîtres qui seront appelés à donner l'enseignement. Ce
sera une raison pour vous d'insister auprès de vos Institu-
teurs qui voudront avoir la paie du Gouvernement, pour
qu'ils se rendent capables de subir un examen,qui pourrait
bien être sévère et rigoureux. D'ailleurs vous sentez;
quel immense avantage ce serait pour l'éducation si
toutes nos écoles pouvaient, ce printemps, commencer à
être tenues sur le pied que je viens de dire. Veuillez
bien me dire ce que vous pourrez faire là-dessus, afin que
je prenne avec vous des arrangements définitifs pour en
venir à une conclusion, que j'espère devoir être avanta-
geuse à la Religion et à l'éducation. L'élection des com-
missaires doit se faire le dix du mois prochain. Je vous
182
MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
conseille de favoriser Je toute votre inlluence le choix de
ceux qui pourront s'entendre avec vous pour promouvoir
plus efficacement l'éducation en ce pays ; de vous laisser
élire pour commissaire ; en un mot de faire tout en votre
pouvoir pour que ce Bill réussisse. J'entretiens avec Son
Excellence l'Administrateur, une correspondance sur cet
objet important ; laquelle aura, j'espère, un heureux
résultat.
Comme il n'a pas été possible de donner cette année
une Retraite Pastorale, j'invite ceux qui voudront faire
la leur en commun, et qui seront libres depuis le 21
Janvier au soir jusqu'au 29, à venir la faire à l'évèché.
J'autorise par la présente ceux qui garderont les Paroisses
des Retraitants à biner au besoin ; et je donne les pouvoirs
de Vicaires à ceux qui n'auraient aucune juridiction sur les
Paroisses qu'ils voudraient bien garder, pendant la retraite
de leurs Curés. Je profite de l'occasion pour vous infor-
mer que par un Induit Papal, du 11 juillet de l'année
dernière, l'Evêque et les Prêtres de ce Diocèse peuvent,
après avoir vaqué pendant cinq jours aux Exercices
Spirituels, gagner l'indulgence plénière déjà obtenue par
un Induit précédent, en communiant, sans qu'il leur soit
nécessaire de célébrer, comme cela était prescrit jusqu'à
ce jour.
Vous jouirez cette année de la faculté que je vous
accordai dans ma lettre du 21 décembre 1840, d'appliquer
les Indulgences aux Chapelets, croix et médailles, en
suivant les clauses y spécifiées. Afin qu'il y ait unifor-
mité, je crois devoir vous envoyer ci-jointe une formule
d'annonce que vous pourriez annexer à votre Rituel pour
vous en servir au besoin. Je n'ai nul doute que les grâces
admirables des conversions qui se sont opérées, et qui
s'opèrent journellement dans toutes les Paroisses de ce
Diocèse, ne doivent être attribuées à la protection de la
Mère de miséricorde et à la dévotion du peuple pour le
Chapelet, qui fait couler de son cœur maternel ces biens
innombrables dont nous sommes comblés. Notre devoir
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 183
est donc de tenir ouvertes ces sources sacrées qui nous
apportent tant de grâces et de bénédictions.
Je vous annonce avec consolation que les Missionnaires
Oblats, arrivés à Montréal le 2 décembre dernier, ont
commencé à donner des Missions et Retraites dans diverses
Paroisses du Diocèse. Il est à espérer que le Seigneur
bénira leur généreux dévouement secondé de votre zèle
à partager leurs travaux ; et que nos Paroisses et Missions
se ressentiront bientôt des fruits de salut que le Seigneur
se plaît à produire par le ministère de lous ceux qui n'ont
en vue que sa plus grande gloire, et qui travaillent en
union et charité. Ecce guam boimm et quam jucundum
habitare fratres in unum ! Je compterai toujours sur votre
bonne volonté, qui m'est parfaitement connue, chaque fois
qu'il sera nécessaire de vous appeler au secours de ces
bons Missionnaires. Néanmoins je me ferai un devoir de
ne pas vous déranger, lorsque les besoins de vos Paroisses
exigeront votre présence. Pour qu'il n'y ait pas de
difficulté par rapport aux pouvoirs que vous pouvez
exercer pendant ces Retraites ou Missions, je donne, par
la présente, à tous ceux qui seront invités à y travailler,
outre la permission de confesser et de prêcher, la faculté
d'absoudre des censures et cas réservés au Pape et à
l'Evêque, de commuer les vœux simples en quelques
autres œuvres pies, et de dispenser de l'empêchement ad
usum matrimonii^ tous ceux qui auraient perdu le droit
conjugal, en imposant aux coupables une pénitence salu-
taire. Ces pouvoirs ne sont que pour le for intérieur. A
propos de ces Missions ou Retraites, qui se succéderont
dans vos paroisses, je vous engage à faire faire des confes-
sionnaux et des Grilles commodes et en nombre suffisant,
pour que chaque Confesseur puisse être à son aise et en
règle en même temps, en entendant les confessions.
Gomme la doctrine de St. Alphonse de Liguori sert de
règle aux Missionnaires Oblats ; et qu'il est très impor-
tant qu'il y ait entre nous uniformité de conduite, j'en
prends occasion de vous répéter ce que je vous ai déjà dit :
184 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
que ce Saint et savant Théologien est le Docteur de ce Dio-
cèse ; qu'il est très-avantageux pour nous de le prendre
pour notre guide, en étudiant sa morale, que chaque con-
fesseur peut suivre en toute sûreté de conscience, comme
l'a décidé la Sacrée Pénitencerie, le 5 juillet 1831. En
adressant à chacun de vous ce conseil de l'Apôtre à son
Disciple : Attende lectioni^ je me l'applique à moi-même,
parce que je comprends plus que jamais le besoin de
l'Ecriture et de la Théologie, qui est pour le Prêtre cette
eau vive qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle.
Comme c'est pour moi une jouissance et un délassement
que de vous écrire avef. toute la confiance et la cordialité
qui caractérissent des frères qui n'ont qu'un cœur et
qu'une âme pour travailler à la même œuvre, je crois
devoir recommander à votre attention la Caisse Diocésaine
et les Mélanges Religieux qui vous appartiennent comme à
moi, et dont le sort, j'en suis convaincu, vous intéresse
aussi vivement que moi. Ces deux œuvres n'ont pas
encore pu recevoir tout l'accroissement et l'importance
dont elles sont susceptibles, et qu'elles auront un jour, il
faut l'espérer, si Dieu veut bien les bénir. Mais nous
sommes tous appelés à contribuer, selon nos moyens
présents, à leur donner chaque jour un nouveau degré de
perfection. Je vous invite à faire quelques fois, dans vos
réunions, votre affaire de la prospérité de ces deux œuvres,
et à me transmettre, avec vos projets d'améliorations,
votre part de travail. Comme le bien général de la Reli-
gion et l'honneur de notre Corps sont les seuls objets que
nous ayons eu en vue en les entreprenant, je suis persuadé
que chacun de nous fera volontiers le sacrifice de ses
opinions particulières pour assurer plus efficacement le
bien général.
Je vous prie de répondre aussitôt que possible à la
présente et de me transmettre, avec votre réponse, la liste
de vos Paroissiens qui se sont agrégés à l'Archiconfrérie
du Très-Saint et immaculé Cœur de Marie.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 185
Agréez les sentiments affectueux avec lesquels je suis
bien sincèrement,
Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
■\- Ici. EvÊQUE DE Montréal.
N. B. — Le Mandement, dont il est parlé au commencement de cette
Circulaire, ne pourra vous être envoyé que dans quelques jours.
{Pour copie.)
A. F. Truteau, Chan, Sec.
ANNONCE QUE PEUT FAIRE LE CURE LE DIMANCHE QUI PRE-
CEDERA CHACUNE DES FETES CNDESSOUS MENTIONNÉES.
Ceux qui ont la louable coutume de réciter, au moins
une fois par semaine, Ja couronne de notre Seigneur, ou
de la bienheureuse Vierge, ou le Rosaire, ou au moins le
Chapelet, ou le Bréviaire, ou le petit office de la Sainte
Vierge, ou celui des Morts, ou les sept Psaumes de la
Pénitence, ou les Psaumes Graduels ; comme aussi tous
ceux qui ont coutume de pratiquer les bonnes œuvres
suivantes, savoir : d'enseigner le Catéchisme, ou de visiter
les prisonniers, ou les malades de quelque hôpital, ou de
secourir les pauvres, ou d'entendre la Messe, ou de la
célébrer, si l'on est prêtre, gagneront une indulgence
plénière, si, étant vraiment repantants et s'étant confessés
et ayant communié le jour de qui se célébrera
de cette semaine, prieront avec ferveur pou.r
l'extirpation des schismes et des hérésies, pour la propa-
gation de la foi catholique, pour la paix et l'union entre
les Princes Chrétiens et les autres nécessités de la sainte
Eglise Romaine. Comme je pourrai ce jour-là appliquer
les indulgences à tous les Chapelets, Croix et Médailles
que l'on me présentera, j'exhorte ceux qui n'ont pas
18G MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
encore eu l'avantage de se procurer ces objets de piété de
me les apporter, afin de pouvoir gagner un grand nombre
d'indulgences très-précieuses, en s'adonnant aux prati-
ques ordinaires de piété et de charité que je viens de
détailler.
Fêtes où les fidèles qui remplissent habituellement, les œuvres
ci-dessus mentionnées peuvent gagner une indulgence
plénière.
Noël, Epiphanie, Ascension, Pentecôte, Ste. Trinité,
Fête-Dieu, Purification, Annonciation, Assomption-
Nativité de la Bienheureuse Vierge, Nativité de St. Jean-
Baptiste, des SS. Apôtres Pierre et Paul, de St. André, de
St. Jacques le Majeur, de St. Jean, de St. Thomas, de St.
Philippe et de St. Jacques le Mineur, de St. Barthélemi,
de St. Mathieu, de St. Simon et de St. Jude, de St. Mathias,
de St. Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge, et de
Tous les Saints.
N. B. — CeUe l'orniulo pourrait èlre anniixi'e au Rituel, pour survu' au
besoin; et l'on pourrait prendre occasion de l'annonce ci-dessus pour
donner de temps en temps quelque instruction sur le Chapelet. Le
traité de Monseigneur Bouvier sur les Indulgences, le Rituel de
Belley, les feuilles imprimées à Montréal et envoyées ces années der-
nières aux Curés, les instructions sur les Indulgences, etc., peuvent
l'ournir tous les matériaux nécessaires pour cela.
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L EVEQUE DE MONTREAL POUR L ET.A.BLISSE-
MENT DES SOCIÉTÉS Dfi TEMPÉRANCE ET DE CHARITÉ.
Ignace Bourgct, par la misérioorde de Dieu et la grâce du
Saint-Siège Apostolique^ évéque de Montréal, etc., etc.
Au clergé et à tous les lidèles de notre ville bien-aimée : Saiul et
Bénédiction en Notre Seigneur.
Depuis qu'il a plu au Seigneur de nous placer, malgré
notre indignité, à la tète de ce Diocèse, nous avons. Nos
Très Ghers Frères, compris que nous étions dans une
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 187
étroite obligation, à l'exemple du Prophète Jérémie,
d'arracher 1, de détriure^ de perdre et de dissiper les vices
qui y régnent, et ensuite à'élever l'édifice des vertus, et de
planter les arbres qui produisent les fruits de salut. Il
nous a donc fallu entrer dans le détail et prendre connais-
sance de foutes les habitudes vicieuses, qui seraient un
obstacle à votre salut éternel, afin de vous faire connaître
quels sont les ennemis spirituels qui en veulent à vos
âmes, et quels sont les moyens que vous avez à prendre
pour les vaincre. En cela, nous ne faisons que nous
acquitter du devoir stricte, que nous impose le Souverain
Pasteur, en nous disant comme au Prophète : Je vous ai
établi sentinelle sur la maison d'Israël Si lorsque f aurai
dit à rimpie^ « Impie, vous mourrez^» vous ne le lui annoncez
pas Il mourra dans son iniquité^ mais je vous redeman-
derai compte de son sang 2.
Ces paroles effrayantes vous font voir la grandeur de nos
obligations à votre égard, et la sévérité des peines qui
nous attendent, si nous ne nous en acquittons avec fidélité
jusqu'à la mort. Sentinelle placée sur le haut de la mon-
tagne de Sion, nous apercevons une multitude d'ennemi?,
qui semblables à des lions rugissants, rôdent sans cesse
autour de vos âmes, cherchant à les dévorer. Nous nous
empressons de vous les faire connaître et de vous dire que
tous ces dangereux ennemis sont engendrés par cette
triple concupiscence dont parle l'Apôtre St. Jean, savoir,
la concupiscence de la chaire^ la concupiscence des yeux^ et
l'orgueil de la vie 3, qui causent tous les désordres qui
régnent dans le monde.
L'orgueil de la vie a produit cette multitude d'erreurs
qui, semblables aux sauterelles dont il est parlé dans
l'Apocalypse, sont sorties de la fumée de Vabime et se sont
répandues sur la terre^ ayant reçu une puissance telle qu'en
1 Jer. 1, 10.
2Ezech. 23, 8
3 I. Joan. 2, 16.
488 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ont les scorpions de la terre. C'est avec une vraie frayeur
que nous les avons vus se glisser parmi vous ces ennemis
de votre foi, qui, par les richesses dont ils sont les distri-
JDuteurs et tous les moyens séducteurs dont ils savent si
l)ien user, oni reçu de l'Enfer un pouvoir très-grand pour
yous arracher ce précieux dépôt que vous ont légué vos
/peines. C'est avec une vraie frayeur que nous les avons
vus entrer dans notre bergerie ces loups affamés qui ne
cherchaient qu'à nous arracher nos brebis, l'objet de
notre amour et de notre solhcitude, pour les dévorer en
les privant du don de la foi sans laquelle il est impossible de
plaire à Dieu^ et par conséquent de nous sauver, comme
nous l'assure l'Apôtre.
La concupiscence de la chaire, c'est-à-dire l'amour des
plaisirs, a suscité contre nous une multitude d'ennemis,
entfautres le vice capital de l'ivrognerie qui, selon
l'Apôtre, est la cause de l'impureté in que est luxuria\ et
qui produit des maux innombrables, comme nous le
démontrent la foi et la raison. Hélas ! c'est ce vice affreux
qui tous les jours, comme vous le savez, abrutit les carac-
tères les plus nobles, qui arme les pères contre les fils et
les fils contre les pères, les époux contre les épouses, les
amis contre les amis, qui transportent de fureur les enfans
contre les auteurs de leurs jours et leur plonge dans le
sein le fer meurtrier, qui change en bêtes féroces les
les hommes les plus doux, qui aviht les personnes les
plus estimables en les poussant à des excès d'impureté qui
font rougir la nature, qui déshonore tant de familles res-
pectables, qui ruine tant de fortunes brillantes, qui est
cause de ces emportements de jeux si funestes à ceux qui
s'y livrent, qui porte tant d'enfants à voler leurs parents
pour satisfaire leur détestable passion, qui excite ces que-
relles, ces emportements, ces batailles, ces scandales qui
troublent le repos public, qui fait mourir de douleur tant
d'épouses vertueuses, tant de mères infortunées qui,
semblables à Ste. Monique, ne cessent de pleurer sur les
■éo-arements de leurs maris et de leurs enfants, que le
CIIiCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 189
spectacle affreux de la misère à laquelle les a réduits leur
brutale passion, ne saurait toucher de compassion, qui
souille les noces des chrétiens en y introduisant les abus
les plus coupables, qui trouble en quelque sorte les céré-
monies religieuses du baptême en conduisant les parrains
et marraines, au sortir du saint lieu, dans ces maisons où
ils s'empressent d'aller ensevelir dans les fumées de la
boisson, les promesses qu'ils viennent de faire à Dieu pour
les tendres enfants qu'ils semblent vouloir aller offrir au
démon de l'intempérance, aussitôt après avoir contribué à
les revêtir de la robe d'innocence, en les tenant sur les
fonds sacrés, qui en un mot fait tant de malheureux sur
la terre, et mène tant d'âmes dans les enfers.
La concupiscence des yeux^ c'est-à-dire l'amour des riches-
ses a aussi introduit beaucoup d'abus déplorables; car
l'Apôtre a bien caractérisé ce vice et nous en a fait con-
naître les suites étranges, en nous disant que la cupidité^
la soif des richesses, est la racine de tous les maux l. Or ce
qui excite en nous ce désir insatiable des biens périssables
de la terre, et cause ces innombrables injustices que l'on
commet pour les acquérir, ce qui fait tomber tant d'âmes
imprudentes dans les pièges tendus a leur innocence, c'est
le luxe, c'est, la vanité, c'est l'amour de la parure, c'est la
vaine ostentation des richesses, c'est le désir de se distin-
guer par de superbes ameublements, c'est la passion de la
gloire humaine. Oh! heureuse simplicité de nos pères,
qu'êtes-vous devenue ? Ces belles provinces qu'ils quittè-
rent pour venir peupler ce pays, et que nous avons tra-
versées, attestent encore ce qu'ils étaient et ce que nous
serions nous-mêmes, si nous n'avions pas dissipé ce
précieux héritage. C'est le luxe, n'en doutez pas, Nos
Très-Chers Frères, ijui éteint en nous cet esprit de charité
et nous rend durs pour les pauvres ; et c'est cette dureté
pour les pauvres qui serait la cause de notre malheur
éternel. Les paroles terribles qu'adressera le Souverain
l I Tim. G, 10.
14
190 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Juge aux méchants, au jour des vengeances, nous en
doivent bien convaincre : fai eu faim, et vous ne m'avez
pas donné a manger fai été nu^ et vous ne m'avez pas
habillé fai été malade, et vous ne m'avez pas visité 1. 11
est donc vrai qu'il y en aura qui sans avoir d'autres vices,
seront condamnés pour avoir négligé d'accomplir le pré-
cepte de l'aumône ! Tremblons, Nos Très-Ghers Frères,
et craignons d'être enveloppés dans cette terrible sentence,
qui jetait l'alarme dans les cœurs des saints, de ceux-là
mêmes qui se dépouillaient de tout pour assister les
membres souffrants de Jésus-Christ. Car il est évident
que ce qui rétrécit en nous les entrailles de la charité,
c'est l'amour de la parure ; que ce qui nous fait négliger
les bonnes œuvres, c'est la vanité ; que ce qui nous rend
incapables d'accomplir le précepte de l'aumône dans toute
son étendue, c'est que nous ne savons rien nous refuser
de ce qui peut flatter notre luxe et notre mollesse. Oh !
croyez-le, Nos Très-Chers Frères, si chaque riche donnait
au pauvre son superflu comme il y est strictement obligé,
nons n'aurions pas continuellement sous les yeux le
spectacle de tant de misères, et les malheureux seraient
abondamment soulagés : et nous, nous serions comblés
de richesses spirituelles et temporelles. Au contraire, les
malheurs nous accablent, la famine désole nos campa-
gnes, les maladies font sentir leurs ravages, nos entre-
prises n'aboutissent à rien, les familles les plus opulentes
tombent dans l'indigence, les propriétés de nos pères
passent entre les mains des étrangers, parce que les
pauvres crient contre nous, et qu'ils vont porter au Ciel
leurs plaintes et leurs gémissements, au Ciel où est le
Dieu qui s'est chargé lui-môme de les venger.
Pénétré de cette vérité que Vunion nous était donnée
comme une arme puissante dans tous les combats que
nous avions à livrer contre la triple concupiscence, source
malheureuse de tant de maux, nous avons constamment
I Math. 25.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 191
en vue de l'établir solidement parmi vous, comme nous le
recommande l'Apôtre : afin que n'ayant qu'un même cœur
et une même bouche vous glorifiez Dieu le Père de Notre
Seigneur Jésus- Christ [.
Tous les établissements que nous avons fait jusqu'ici et
que le Seigneur a daigné bénir dans sa miséricorde, parce
qu'il les a vu élevés sur les fondements de l'union et de
la charité, n'étaient que les préparatifs du grand combat
qu'il faut livrer maintenant contre tous les ennemis de
votre salut. Nous serons forts dans ce combat, Nos Très
Ghers Frères, et nous serons victorieux, si nous sommes
bien unis pour combattre la triple concupiscence dont
nous avons parlé.
Déjà l'Association de la Propagation de la Foi, établie
par notre illustre Prédécesseur, a prouvé par ses heureux
résultats, combien on est fort quand on vit dans l'union .
Car ce sont, nous n'en doutons pas, les prières et les
bonnes œuvres des associés qui ont rendu presqu'inutiles
tous les efforts qui ont été faits par des sociétés puissantes,
qui se sont publiquement glorifiées de pouvoir vous ôter
votre Religion ; et qui ont en conséquence cherché à
ébranler votre foi en employant les moyens les plus
capables de vous séduire. Mais, grâces au Dieu de misé-
ricorde, vous avez été fermes et votre foi a vaincu le monde
qui avait conjuré contre vous 2. Mais ce n'est pas assez pour
l'association d'avoir préservé les» catholiques du malheur
de faire naufrage dans la foi, une mission bien sublime
lui est de plus donnée ; car elle est chargée de faire entrer
dans la bergerie les brebis qui en sont absentes, afin
qu'elles aient le bonheur d'entendre la voix du Souverain
Pasteur; et qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau sous
un seul et mémo Pasteur. Oh ! Nos Très Ghers Frères,
redoublez de zèle pour cette œuvre si glorieuse à la Reli-
gion ; agrégez-vous à une association chargée par le Giel
1 Rom. 13, 6.
2 I. Joan 2, 4.
192 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de rétablir l'unité de la Foi. Aidez-nous par la sainteté
de votre vie, qui sera la plus touchante comme la plus
éloquente des prédications, à ramener nos frères séparés.
Car leur salut nous intéresse vivement ; et nous ne ces-
sons de gémir sur leur malheureux état. Oh ! nous
voudrions leur faire entendre à tous ces paroles que
St. Augustin adressait aux Donatistes : « Que ceux-là vous
« traitent avec rigueur, qui ne savent pas combien il est
« difficile de trouver la vérité et d'éviter l'erreur ; que
« ceux-là vous traitent avec rigueur qui ignorent combien
« il y a de la peine à s'élever au dessus des fantômes dont
« on est une fois rempli.... Mais pour nous, nous sommes
(I bien éloigné de suivre cette doctrine envers des personnes
« divisées d'avec nous, non par des erreurs qu'elles aient
« inventées elles-mêmes, mais pour s'être trouvées dans
f( l'égarement des autres. Nous offrons au contraire nos
« prières à Dieu, afin qu'en réfutant les fausses opinions de
« ceux que vous suivez avec une préoccupation que nous
« taxons plutôt d'imprudence que de malice, il nous
« fasse la grâce de n'y apporter qu'un esprit qui ne soit
« touché ni d'autres impressions que de celles de la cha-
(I rite, ni d'autres intérêts que de ceux de Jésus-Christ, ni
« d'autres désirs que de celui de votre salut 1. » Entrons
tous, Nos Très-Chers Frères, dans ces beaux et nobles senti-
ments du grand St. Augustin à l'égard de nos frères
séparés. Tout en détestant les erreurs dans lesquelles ils
ont le malheur de vivre, soyons dévorés de zèle pour leur
conversion. Prions Dieu tous les jours pour qu'il daigne
leur ouvrir les yeux et dissiper leurs préjugés ; pour qu'il
les mette au-dessus du respect humain, qui est le plus
grand obstacle à leur conversion ; parce qu'il est très-
difTicile de mépriser les discours et les railleries que
lancent contre ceux qui embrassent la vérité ceux que
l'esprit d'aveuglement retient dans le parti de l'erreur.
L'association de la Propagation de la Foi étant comme
l st. Aug. contrà Epist. fund. Cap. 2.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 193
un puissant corps d'armée qui a combattu avec tant de
succès l'esprit d'orgueil qui se manifeste par la révolte
contre l'Eglise de Dieu, qui est la colonne et le soutien de
la vérité, nous éprouvons une ferme confiance que si
vous vous enrôlez dans les sociétés de Tempérance et de
charité, que nous établissons par ce Mandement, nous
détruirons deux formidables ennemis qui nous restent à
vaincre, savoir, l'intempérance et la soif des richesses. Le
présent Mandement est comme la trompette qui vous
avertit que l'heure du grand combat est arrivée ; qu'il est
temps de se ranger sous la bannière de Jésus-Christ pauvre
et abreuvé de fiel, pour combattre le démon de l'intem-
pérance et le dieu des richesses. Levez les yeux de la
foi et voyez combien est petit le nombre de ceux qui
suivent ce chef incomparable ; et au contraire combien
est grand le nombre des partisans de Satan, qui marchent
aveuglément sous son étendard, disant dans leur joie
insensée, comme les intempérans dont Isaie nous a fait le
portrait : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons 1.
Nous aurions honte sans doute de laisser presque seul
notre divin Capitaine combattre cet ennemi acharné à
notre perte. Nous nous empresserons sans doute de nous
engager à son service pour lui aider à détruire le règne
de ces puissants ennemis de sa gloire. Nous aurons tous
sans doute du zèle pour aller détacher du parti de Satan
nos frères qui ont le malheur d'être les esclaves de
l'ivrognerie, ou qui vivent dans l'oubli des devoirs de la
charité Chrétienne. Le temps est venu de vous déclarer :
il n'y a plus a balancer. Malheur à celui qui voudra
combattre seul et hors des rangs : Vœ soli 2 : car il périrait
comme ces infortunés Juifs qui, jaloux de la gloire des
frères Machabées, voulurent se signaler en attaquant seuls
et sans ordre les ennemis de leur nation 3.
Voici maintenant, NosTrès-Chers Frères, les principales
1 Isai. 22, 13.
2 Eccl. 4, 10.
2. I. Mach. 5, 62.
194 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
raisons qui nous ont engagé à établir les Associations de
Tempérance et de Charité^ qui vont désormais devenir
l'objet de notre sollicitude.
D'abord pour ce qui regarde la société de Tempérance^
nous croyons devoir vous la proposer pour les motifs sui-
vants :
1. Les succès prodigieux qu'à obtenus cette société en
Irlande où plus de sept millions d'hommes combattent gé-
néreusement sous sa bannière pour déraciner l'ivrognerie
de ce beau mais infortuné pays, les bénédictions (Jue lui
a donnés Notre Saint Père le Pape, les honneurs dont il
a comblé le célèbre Père Mathieu, qui en est le fondateur
chez les catholiques, et le renouvellement heureux et
consolant qu'elle opère en tous les lieux où elle s'établit,
nous font croire que cette œuvre est divine, et qu'elle est
un de ces moyens extraordinaires que Dieu à donnés au
monde, dans sa miséricorde, pour le régénérer, et auquel
par conséquent nous devons recourir, pour remédier à
nos maux spirituels. A la vérité, cette société a origine
chez nos frères séparés. Cette circonstance ne prouve
rien contre elle ; mais montre seulement que ces frères
séparés de nous ont leur zèle pour le renouvellement des
mœurs et la régénération des peuples. Elle nous donne
cette confiance que Dieu, qui récompense un verre a'eau
froide donné au pauvre pour son amour, récompensera
ce zèle pour les maux publiques en fesant briller de nou-
veau le flambeau de la foi aux yeux de ces nations tombées
malheureusement depuis plusieurs siècles dans des erreurs
damnables que l'Eglise a été obligée de frapper de ses
anathèmes, afin de conserver intact le dépôt sacré de la
révélation.
2. Ce qui nous fait encore espérer fermement que la
société aura ici de grands et heureux résultats, comme en
Irlande, c'est que le Souverain Pontife a daigné la bénir
et l'approuver d'une manière spéciale pour ce Diocèse.
En lui rendant compte de notre administration, nous
l'avons informé que les belles qualités et les mœurs
CIRCULAIRES ET AUTRES D(3CUMENTS. 195
douces de notre peuple étaient malheureusement ternies
par l'ivrognerie qui est la passion dominante. Ce père
tendre et compatissant à toutes les misères spirituelles de
ses enfants, en quelque lieu du monde qu'ils se trouvent,
leva les yeux au ciel, d'où lui vient tout son secours pour
remédier aux maux de l'église, et poussa un profond
soupir, en apprenant qu'il régnait ici un si grand désordre
Sans doute que ce soupir du Père commun des fidèles a
touché le cœur de Dieu et l'a disposé à nous accorder ces
grâces abondantes, qui nous sont nécessaires pour l'éta-
blissement solide de la société de Tempérance, qu'il a
bien voulu encourager en l'enrichissant de précieuses
indulgences.
3. En établissant cette association pour tout le Diocèse
et en lui donnant des règles uniformes, nous pensons que
cette uniformité en fera la force et en assurera le succès.
Les actes multipliés de mortification qu'elle exige, les
prières qu'elle prescrit, les communions qu'elle fera faire,
attireront sur les associés, des grâces puissantes pour for-
tifier les faibles. Cette union de bonnes œuvres obtien-
dra le secours du ciel pour que les personnes constituées
en autorité fassent leur devoir et ne donnent de licences
qu'à ceux qui sont capables de maintenir l'ordre dans
leurs maisons; pour que les aubergistes ne se laissent
pas dominer par le désir du gain, en vendant les jours
consacrés au Seigneur, en souffrant des discours impudi-
ques, des blasphèmes, des jeux défendus et autres désor-
dres. L'association réformera cette fausse idée populaire
qui fait croire que l'on ne peut recevoir poliment ses
parents et ses amis sans leur offrir des liqueurs et sans en
boire avec eux. Que de désordres sont causés par cette
funeste habitude.
4. Nous proposons deux dégrés de tempérance, l'un
pour ceux qui veulent faire de grands sacrifices pour
l'amour de Dieu, en s'engageant à ne jamais user de
liqueurs fortes, et l'autre pour ceux que des raisons de
santé ou autres empêchent de prendre cet engagement si
196 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
parfait, et qui se contentent de promettre de ne jamais
faire d'excès d'intempérance ; et s'assujétissenl pour cela
aux règles de l'association. Les personnes qui ont un
grand zèle pour le salut du prochain, et qui considèrent
qu'en s'imposant pour pénitence de ne jamais user de
boissons enivrantes, elles pourront travailler efficacement
à la conversion de beaucoup d'ivrognes, s'imposeront
volontiers un sacrifices qui, quoique très-pénible à la na-
ture, est cependant bien léger, si on le compare avec ce
que notre Seigneur a fait pour le salut de ces pauvres
pécheurs. Ceux à qui l'expérience démontre qu'ils ne
sauraient être vraiment tempérants qu'en s'agrégeantàla
Tempérance totale devront se trouver heureux d'être asso-
ciés avec des âmes justes qui feront pénitence pour eux.
Gomme les sacrifices qu'auront à faire ceux qui embras-
seront la Tempérance totale demanderont plus de combats
et que pour cela il leur faudra plus de moyens pour
assurer leur persévérance, nous leur avons donné aussi,
au nom du Souverain Pontife, de plus grandes faveurs.
Quant à l'association de charité, nous croyons devoir
aussi en faire une œuvre Diocésaine ; et en voici les
principales raisons.
1. Depuis longtemps l'on comprend généralement qu'il
y a de graves inconvénients à ce que ceux qui sont dans
la nécessité aillent demander l'aumône dans des Paroisses
étrangères; et l'on est convaincu que chaque paroisse est
en état de soutenir ses pauvres. Néanmoins aucune
mesure n'a encore été prise pour remédier aux maux
étranges qui résultent de cet état de choses. En vous
proposant la présente association, nous nous flattons de
détruire cet abus dans sa racine, parceque nous vous
engageons à ne donner l'aumône qu'aux pauvres de votre
paroisse et à ne regarder ceux qui viendront d'ailleurs
que comme des vagabonds, qui ne sortent de leur paroisse
que parcequ'ils y sont connus.
2. Chaque année un grand nombre de familles viennent
de la campagne s'établir en ville. îl s'y rend aussi un bon
4
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 197
nombre de jeunes gens qui cherchent de l'ouvrage et
surtout beaucoup de jeunes filles, qui ont l'intention de
se placer en service. L'on a observé que ces différentes
personnes courent de grands dangers pour leur vertu ; et
qu'il y aurait de sages précautions à prendre pour qu'elles
conservassent la foi et la piété qu'elles apportent de la
campagne. L'association de charité que nous établissons
pour toutes les paroisses de la campagne devant être en
rapport avec celle de la ville, il sera facile aux dames de
correspondre entr'elles, afin que l'expérience des personnes
qui arrivent en ville ne soit pas funeste à leur innocence.
Les dames de la ville se chargeant de procurer des maisons
honnêtes aux filles vertueuses qui viendront de la campa-
gne avec de bonnes recommandations des Dames de la
Charité établies dans les paroisses, l'on peut concevoir de
grandes espérances que leur innocence sera mise à l'abri
des dangers si grands auxquels elles sont maintenant
exposées. Les familles pauvres seront également préser-
vées, par leurs sages conseils, du malheur de se loger dans
des maisons qui n'offriraient à elles et à leurs enfants sur-
tout que de pernicieux exemples de blasphèmes, d'ivro-
gnerie, de mauvais discours et d'autres excès scandaleux.
3. Ce qui fait le malheur de la société et ce qui rend
les pauvres méchants, c'est en grande partie l'oisiveté.
Chaque paroisse ayant son association de charité pourra
aisément s'organiser pour les faire travailler et les préser-
ver par là des vices que produit la paresse.
Enfin, sans entrer dans plus de détails, nous ne pouvons
nous dispenser de vous faire remarquer que, de tout temps,
on nous a reproché de n'avoir pas d'union, de manquer
d'esprit public et de ne savoir pas sympathiser pour tendre
au bien général. Nous concevons l'espérance que la reli-
gion formera cet esprit d'association, qui fait la force et le
bonheur de tout peuple qui en est animé.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de nos vénérables Frères les Chanoines de la Cathédrale,
Nous avons établi etétablissons,par le présent Mandement.
198 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES^,
deux associations de piété, l'ane que nous nommons
Société de Tempérance pour détruire le vice de l'ivrognerie
et l'autre que nous appelons Association ou Confrérie de
Charité pour ranimer le zèle des bonnes œuvres dans
toutes les parties de notre diocèse et ne faire de tous ceux
qui le composent qu'une seule et même famille, qui n'aura
qiûun cœur et qu'une âme. Nous avons approuvé et approu-
vons pour chacune de ces pieuses sociétés des règles par-
ticulières pour leur bon gouvernement; et nous voulons
pour l'uniformité qu'elles soient suivies ponctueliemenl.
Que si dans certaines localités il devenait nécessaire d'y
faire quelques changements, ils devront nous être soumis
avant de faire règle dans le lieu pour lequel ils auront été
faits.
Nous donnons aux associés de la Tempérance et de la
Charité les indulgences plénières et partielles mentionnées
dans les règlements cités ci-dessus.
Les communautés, en observant leurs saintes règles,
remplissant abondamment les vues du St. Siège, qui en
accordant ces indulgences a voulu encourager et bénir
toutes les œuvres de charité, spirituelles et corporelles,
pourront participer à toutes ces indulgences. Nous leur
recommandons d'offrir souvent leurs prières pour obtenir
la bénédiction de Dieu sur ces associations.
Pour attirer les bénédictions célestes sur ces deux œu-
vres, nous célébrerons, dans notre Cathédrale, le deux
Février prochain, qui est le jour où nous instituâmes
l'Archiconfrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie,
qui a fait couler sur nous tant de grâces, depuis ce jour
fortuné, une grand'messe solennelle qui sera précédée du
chantdu Veni Creator et des verset et oraison du St. Esprit.
Nous engageons chaque paroisse a en faire autant, le jour
qui sera jugé convenable.
Tels sont, Nos Très-Chers Frères, les grâces et biens
spirituels que nous vous communiquons au nom de Jésus-
Christ et de son Vicaire sur la terre. Désormais, les quatre
associations diocésaines, savoir: La Propagation de la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 100
Foi, l'Archiconfrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur de
Marie, la Tempérance et la Charité, semblables aux quatre
fleuves qui arrosaient le Paradis terrestre, après être
sortis de la même source,irontporterleurs eaux vivifiantes
dans toutes les parties de ce diocèse qui en se régénérant
deviendra comme un jardin fortuné, et produira des fruits
de toutes vertus, qui seront beaux à la vue et délicieux
au goût. Puissent ces fleuves d'eau vive, qui prennent
leur source au trône de Dieu même et coulent vers nous
en passant par le Cœur de Marie, fertiliser toutes les par-
ties de ce vaste diocèse ! Puissent ces eaux vivifiantes
répandre partout la paix, la joie, l'abondance et tous les
fruits de salut! Alors nous nous réjouirone, avec le grand
Apôtre, de ce que vous avez été enrichis de toutes sortes de
biens. 1
Sera le présent Mandement lu au Prône des Eglises
Cathédrale et Paroissiales et au Chapitre dans toutes les
communautés religieuses, le premier dimanche après sa
réception.
Donné à Montréal, le vingt-cinq Janvier, mil huit cent
quarante-deux, sous notre seing et sceau et le contre-seing
de notre secrétaire.
-j- Ict. Evèque de Montréal.
Par Monseigneur.,
A. F. TRUTE.A.U, Chan. Sec.
Vraie copie.,]
A. F. Trute.^u, Chan. Sec.
1. 1 Cor. I, .1.
200 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT DE VISITE PASTORALE.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du S(.
Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de notre Diocèse : Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Ayant plu à Jésus-Christ le souverain Pasteur et T Eve que
de nos unies 1, de Nous charger, malgré notre indignité,
du gouvernement de cette Eglise, en Nous faisant connaî-
tre sa volonté par la bouche de son vicaire sur la terre,
Nous comptons tellement sur la promesse qu'il a faite à
ses Apôtres et à tous leurs successeurs dans le St. Minis-
tère, d'être tous les jours avec eux, jusqu'à la fin dumonde 2,
que Nous espérons fermement pouvoir, à son exemple,
donner la vie à toutes nos brebis et la leur donner avec la plus
■grande abondance 3.
Ce divin modèle qui se fait connaître à Nous sous la
qualité si aimable de Bon Pasteur., ayant passé les trois
années de sa vie publique à parcourir les villes et les
bourgades 4, prêchant partout que le Royaume des Gieux
approchait, courant après les brebis égarées de la Maison
d'Israël 5, signalant son passage par des bienfaits sans
nombre, Nous en concluons que pour lui ressembler.
Nous devons visiter assidûment les brebis dont il Nous a
confié la garde. D'ailleurs, il Nous avertit lui-même
qu'étant le bon pasteur, il commit ses brebis 6, et que ses brebis
le connaissent, qu'elles entendent sa voix et qu'elles le suivent;
que pour lui il leur donne la vie étemelle. Or, Nous ne
pourrions Nous acquitter de ce devoir si important, si
1. Pet. -2. 5.
2. Math. 28, 20.
3. Joan. 10, 10.
4. Math. 4, 17
5. Id. 10, 6.
C. Joan. 10, 14.
Il
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 20 1
Nous ne Nous rendions auprès de vous, pour connaître
tous vos besoins et y remédier par l'exercice de nos sainte&
fonctions.
Aussi Dieu Nous est témoin, Nos Très-Chers Frères, que
Nous Nous souvenons sans cesse de vous 1, lui demandant
toujours dans nos jjrières qu'il Nous facilite les moyens
d'aller vers vous : car nous désirons vous voir, pour vous faire
part des grâces spirituelles, attachées à notre St. Ministère,
afin de vous affermir dans la pratique de vos devoirs reli-
gieux et de nous consoler mutuellement les uns les autres
par la foi qui nous est commune.
C'est avec ces sentiments, Nos Très-Chers Frères, que
Nous entreprenons de faire la visite pastorale dans votre
paroisse "2 ; et Nous vous avertissons, au nom de l'Eglise,
que l'objet de cette visite est : 1" d'accorder aux âmes de
ceux qui sont décédés dans la paix du Seigneur la rémis-
sion des peines qu'elles endurent pour achever de se puri
fier ; 2" de voir si vous entretenez avec zèle la Maison du
Seigneur et tout ce qui sert à son culte ; 3" de rechercher
s'il y a parmi vous des désordres publics, tels que des
adultères, fornications et sacrilèges, afin d'user de toute
l'autorité dont le Seigneur Nous a revêtu, pour corriger
ces scandales qui, sans cela, produiraient la ruine de vos-
âmes ; 4" de faciliter aux grands pécheurs les moyens de
se réconcilier avec Die^^ par l'absolution des censures et
cas réservés, que Nous aurons la consolation de leur
donner, s'ils s'y préparent par de dignes fruits de péni-
tence : de Nous montrer à notre peuple avec les entrailles
de la charité de Jésus-Christ 3, toujours prêt à entendre
ceux qui auront besoin de nos avis dans les nécessités
spirituelles ; 5« d'administrer la Confirmation à ceux qui
ne l'ont point encore reçue, et qui s'y seront préparés en
acquérant la science et les vertus qu'exige ce grand sacre-
ment. Vous voyez, Nos Très-Chers Frères, que l'Eglise
1. Rom. 1, 9, 10, 11, 12.
2. Pont. Romain.
3. Philip. 1, 8.
202 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
est toute occupée de vos plus chers intérêts, quand elle
envoie les premiers pasteurs vous porter les secours de la
religion ; et que cette bonne mère étend sa compassion et
sa tendresse jusqu'aux âmes de vos parents et amis, qui
partagent avec vous tous les biens célestes que nous allons
vous distribuer.
Mais pour participer à tant d'avantages, vous devez, Nos
Très-Ghers Frères, préparer les voies du Seigneur 1, et
rendre droits ses sentiers. Voici un temps bien favorable 2 ;
voici des jours de salut qui vous arrivent ; car voici Jésus-
Christ lui-même qui, sous l'humilité de notre personne,
va visiter votre paroisse, faisant du bien à tous, et guéris-
sant tous eeux qui, par leurs criminelles habitudes, se
seront mis sous l'esclavage du démon.
Redoublez de ferveur, vous, bons et fidèles serviteurs
de Jésus-Christ. Voici V époux de vos âmes gui arrive :
allez au-devant de lui 3, en augmentant ces trésors de bonnes
œuvres dont vous vous enrichissez tous les jours pour le
Ciel. Sondez bien vos cœurs; et vous y trouverez une
multitude de fautes qui vous feront gémir, parce qu'elles
contristent l'Esprit-Saint. Humiliez-vous donc sous la main
puissante de Dieu, afin qu'il vous exalte au temps de sa
visite 4.
Et vous, pauvres pécheurs, qui traînez des jours si mal-
heureux sous le joug de vos passions, ô pécheurs, le plus
tendre objet de notre sollicitude, parce que vous êtes
dans un danger éminent de vous perdre éternellement, le
Seigneur Nous charge de vous faire entendre cette pres-
sante exhortation. Convertissez-vous à moi de tout votre
cœur 5, recourez au jeûne, aux pleurs et aux géinissements^
et déchirez vos cœurs par le repentir amer de vos longs
égarements. S'il en est parmi vous qui aient eu le mal-
1. Isaï. 40, 3.
2. 2 Cor. 6, 2.
.3 Math. 25, 6.
4 1 Pet. 5, 6.
5 Joël. 2, 12, 13
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 203
heur de profaner les sacrements, le temps précieux de la
Visite vous est offert pour sortir de ce funeste état.
Gomme la charité de Jésus-Christ Nous presse 1, Nous
vous exhortons tous, Nos Très-Ghers Frères, de mettre
ordre aux affaires de vos consciences, en travaillant à
résister à tous vos mauvais penchants, en réparant les torts
que vous avez faits au prochain, en pardonnant de bon
cœur à tous vos ennemis, en renonçant aux dissentions
qui ont régné parmi vous, en redonnant à vos Pasteurs la
confiance que méritent les soins qu'ils se donnent pour
votre salut éternel, en vous éloignant des maisons où
jusqu'ici vous avez fait des excès d'intempérance et d'ivro-
gnerie, en abandonnant ces fréquentations où votre inno-
cence a fait si souvent un triste naufrage, en fuyant ces
modes indécentes, ces compagnies, ces jeux, ces divertis-
sements qui, hélas! vous furent toujours si funestes.
Enfin, Nous vous conjurons, avec l'Apôtre St. Pierre, de
vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre Vdme 2.
Mais ce n'est pas tout de ne pas faire le mal, vous devez
de plus laire le bien, pour vous disposer aux grâces abon-
dantes, que Nous allons vous porter au Nom du Seigneur.
Pour cela, reprenez, Nous vous en conjurons, la pratique
de vos devoirs religieux. Soyez assidus aux Saints Offices ;
recourez au Sacrement de Pénitence ; mortifiez-vous, en
pratiquant plus scrupuleusement les jeûnes et l'abstinence
de l'Eglise ; rachetez vos péchés par des aumônes, suivant
vos moyens ; implorez la miséricorde divine par des prières
ferventes, et intéressez en votre faveur la Mère de Dieu,
en lui offrant chaque jour, en famille, l'excellente prière
du Ghapelet. Nous finissons par uoiis conjurer 3, Nos Très-
Ghers Frères, de nous aider par les prières que vous ferez à
Dieu pour Nous afin qui' étant plein de joie, nous puis-
sions vous aller voir, pour accomplir la volonté de Dieu, et
jouir avec vous d'une consolation mutuelle. En attendant,
que la paix de Dieu soit avec vous tous. Amen.
[ 1 Cor. 5, 14.
2 1 Pet. 2, 11.
3 Rom. 15, 30, 32, 33.
204 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, Nous avons
statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et ordonnons
ce qui suit, pour l'ordre de la Visite.
1" — Nous Nous rendons à le prochain,
après midi. Environ uce demi-heure après notre arrivée,
on fera une instruction familière ou conférence, à l'issue
de laquelle Nous ferons notre entrée à l'Eglise en la
manière prescrite dans le Rituel : puis, après une courte
exhortation, nous donnerons la Bénédiction du St. Sacre-
ment.
2o — Le lendemain, il y aura des messes distribuées
dans la matinée pour la commodité des communiants. A
dix heures, la messe de la Visite et le sermon : après quoi,
Nous donnerons la Confirmation aux personnes à jeun,
préparées par les confesseurs, et jugées suffisamment
instruites par leur Curé, dont elles présenteront un billet.
Nous réglerons sur les lieux les autres exercices de la
visite.
30 — Nous ferons dans le temps qui nous sera le plus
commode, la visite du Tabernacle, des ornements, des
fonds baptismaux et du cimetière, ainsi que l'examen des
comptes de la Fabrique, que les marguilliers tiendront
prêts à Nous être présentés. M. le Curé pourvoira aussi à
ce qu'un inventaire du linge et des ornements de TEglise
soit dressé, aussi bien qu'un tableau des indulgences et
messes de fondation, s'il y en a. Nous rechercherons par-
ticulièrement si les ordonnances données par Nos Sei-
gneurs les Evêques dans les visites précédentes ont été
exécutées.
40 — Messieurs les Curés auront soin de préparer par de
fréquents catéchismes ceux qui se disposent à la Confir-
mation, et de conserver les billets qui renferment les noms
des confirmés, pour les inscrire ensuite sur les registres
de la paroisse.
50 — Les confesseurs nommés pour la visile auront, tant
qu'elle durera, le pouvoir d'absoudre des censures et cas
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 20b
réservés, et les facultés les plus amples pour la réconci
lialion des pénitents.
6° — Par un Induit du Souverain Pontife, tous les
fidèles qui, s'étant confessés avec une véritable contrition^
communieront pendant la visite, et prieront pour les.
nécessités de l'Eglise suivant son intention, gagneront
une indulgence plénière.
70 — Voulant favoriser, autant qu'il est en Nous, la
dévotion des fidèles envers la Ste. Vierge, Nous Nous
fesons un devoir d'appliquer, chaque jour de la visite, les
indulgences aux Croix, chapelets et médailles qui nous
seront présentés, pourvu que l'on se conforme à ce qui
est prescrit dans la feuille ci-jointe.
80 — Chaque paroisse ou mission, après que Nous l'aurons
visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre suite
les voitures nécessaires pour nous transporter à la paroisse
suivante.
90 — Nous terminerons la visite le avant midi, par
le salut ou la bénédiction du St. Sacrement.
Sera le présent Mandement lu et pubUé au prône de la
messe paroissiale, le premier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, avec le
contre-seing de notre secrétaire, le dix-neuf mars mil huit
cent quarante-deux.
j;- ÎG. EvÊQUE DE MoNTRÉAL.
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Chan.-Sec,
DIVERSORUM CASUUM SOLUTIONES.
Ihrtus cUversarum decisionum sacrœ Riluum congregalionis circa
varias inclulgenliarum casus, quique receniiiis clero hitjus diœ'
cesis iradiius est, sic se liabendus el reformandus est :
« Quœritur 1" Utrùm sacerdos satisfaciat obligation!
celebrandi Missam pro defuncto, servando ritum feriœ
vel cujuscumque sancti etiamsi non sit semiduplex vel
duplex?
15
1
206 MA.NDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« Quseritur 2» Utrùm qui privilegium habet personale
pro quatuor Missis in hebomadis singulis, debeat cum para-
mentis nigro colore celebrare, diebus non impeditis, ut
possit indulgentiam plenariam pro animabus def unctorum
lucrari ?
« Quœritur 3° Utrùm qui célébrât in Altari privilegiato
pro singulis diebus, debeat semper uti paramentis nigris,
diebus non impeditis, ut indulgentiam privilegii conse-
quatur ?
« Quseritur 4» Utrùm ad lucrandam indulgentiam ple-
nariam Orationi — 0 bone et dulcissime Jesu.... concessam,
necesse sit aliam orationem addere prointentione summi
Pontificis ?
(t Quseritur 5° Utrùm ad indulgentias applicabiles cru-
cibus, rosarlis, etc., alius ritus sit necessarius prœterquam
signum crucis à sacerdote qui hanc facultatem accepit,
factum ?
« Quseritur 6° Utrùm indulgentia concessa cadat solum
in Gbristo ex œre, ligno vel aliaquâque materiâ facto, ità
ut possit ex unâ cruce in aliam transferri absque periculo
amittendi indulgentiam ipsi collatam?
« Sacra congregatio indulgentiis sacrisque reliquiis
prœposita ad superiora dubia sic respondendum esse cen-
suit.
a Ad primum. — Affirmative. « Ad quartum. — Négative.
« Ad sectindum. — Négative. « Ad quintum. — Négative.
« Ad tertium. — Ut in secundo. « A sextum — Affirmative.
« In quorum fidem, etc. Datum Romœ ex secretariâ
ejusdem sacrée congregationis indulgentiarum, die II
aprilisi840.
« Loco '\- sigilli. )!
« G. Gard. G.-vstracane, prxfectus.
« Hannibal Gin'nasi, secret.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 207
AllcV eirca varia dubia soluliones.
« Dabium I. Per DecretumS. Gongregationis Indulgen-
tiarum datum die 12 jnnii 1822 conceditur, confessioiiem
sacramentalem peractam infra hebdomaden} antefestivitatem
suffragari posse ad Indulgentiam lucrandam.
« Quceritur l^^ An verba infra hebdomadem — significent
octo dies tantum, quœfestivitatem immédiate pr^ecedunt :
an vero hebomadem illam îotam et integram, quœ ante
Festum decurrit, ita ut ex. gr. confessio facta die Dominica
suffragetur ad lucrandam Indulgentiam die sabbati hebdo-
madœ sequentis, in quam diem Festum incideret, tametsi
tune 13 dies inter confessionem et Festivatatem interces-
sissent.
« Quseritur 2"^ An confessio octavo die ante Festivitatem
peracta vi hujus indulti suffragetur tantum ad unam
Indulgentiam lucrandam, an vero per hanc confessionem
aliœ etiam lucrifieri possint Indulgentiœ, quœ infra prte-
dictum tempus occurrent, et ad quas lucrandas sacr-imen-
talis confessio cœteroquin requireretur.
<( Dabium II. Quœritur an, cum in Bulla vel Brevi quo
conceditur Indulgentia, confessio tanquam conditio sîiic
qua non prœscribitur, necessesit utsacramentalisabsolutio
pcenitentibus detur ad Indulgentiam lucrandam.
Sacra Gongregalio Indulgentiis sacrisque Reliqniisprœ-
posita respondendum esse censuit :
(( Ad dubium primum :
«Ad primum. — Affirmative quoad primam partem ; ne
gativè quoad secundam ;
« Ad secundum. — Négative quoad primam ; affirmative
quoad secundam ;
« Ad dubium secundum :
« Respondetur : Négative.
« In quorum fidem,etc. Datum Romœ ex Secret, ejusdem
sacrœ Gongregationis Indulgentiarum, die 15 decembris
1841.
« G. Gard. Gastracane, Prssf,
208 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
Responsa S. RU. Congr. ad dubia a RR. DD, Episcopo Cœnomanensi
inferius prœfala, qnx uliima cdilio induUj. Iraclalus non
conlinel.
» Beatissime Pater. — In variis Galliarum diœcesibus et
specialiter in diœcesi Cenomanensi, permultœ extant con-
fraternitates SS. Rosarii, B. M. de Monte Çarmelo, SS.
Gordis Jesu, etc.
(( Diversœ ilke confraternitates ex spécial! S. Sedis facul-
tate ab episcopis cum brevi formula fuerunt erectœ :
nomina confratrum et consororum in particularibus regis-
tris inscribuntur, sed ad directorern archiconfraternitatis
non mittuntur, nec administratores pro unaquàque frater
nitate eliguntur.
« Cenomanensis episcopus, omnes fidelium anxietates
prcBcavere aut sedare volens, à Beatitudine Vestrâ humi-
liter expostulat:
« lo An aliqua determinati formula necessaria fuerit
sub pœnâ nullitatis.
(( 2o An necesse sit sub eâdem pœnâ ut administratores
eligantur.
« In utrâque hypothesi, omnes fraternilates nunc erecta'
essent nullœ.
« 3° An. episcopus designare possit directorem uniuscu-
jusque confraternitatis suîe diœcesis sive jam existentis,
sive ab ipso ex speciali apostolicà facultate erectœ.
« 4'^ An director ab episcopo sic designatus eo ipso rosaria
cum applicatione indulgentiarum et scapularia benedicere
ac imponere possit.
« Valdè optendum est ut ciarœ et faciles tradantur
reo'ukc circa hoc punctum quotidinœ praxis. »
• « Sacra Gongregatio Rituum sacrisque Reliquiis pni'-
posita adprœfata dubia respondendum esse duxit ut infrà.
(( Ad primum : Négative, quià formula prœscribitur
tantùm pro erectione sodalitatum à regularibus pera-
rendâ.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 209
Ad secundum : Négative, quià administratorum electio
erit tantùm ad bonum sodalitatum regimen, minime vero
ad validitalem erectionis necessaria.
« Ad tertium : Affirmative.
(t Ad quartum : Négative, nisi in liujusmodi concessio-
nibus facta sit mentio de facultate rectoribus pro tempore
tradendâ pro rosariorum, coronarum seu scapularium
benedictione. In quorum fidem.. Datum Romœ ex secre-
tariâ S. Congregationis Indulgentiarum, die 18 novemlDris
1841.
(( (Locus sigilli.i Sig. G. Gard. Gastracane, Prœf., H.
GiNNASi, Sec.»
'( Responsio S. Gongregaiionis Indulgentiarum circà
altaria privilegiata.
Quœritur, si à S. Sede indultum locale aitaris privilégiât!
concedatur, neque ulla facta sit mentio nec in supplie!
libello, nec in rescripto, de qualitate aitaris situe fixum
scilicet, vel portatile, an altare censeri posset privilegia-
tum, etiamsi sit portatile.
Resp. S. Gongregatio : Négative.
In quorum fidem, etc. Datum Romae, etc., 1841.»
GIRGULAIRE
A MESSIEURS LES CURES, MISSIONNAIRES ET AUTRES PRETRES
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 2 Avril 1842.
Monsieur.,
Dans ma circulaire du 5 Janvier, je vous informais que
les Frères des Ecoles Glirétiennes étaient prêts à ensei-
gner leur méthode à ceux de nos instituteurs que nous
jugerions à propos de leur confier. Pour faciliter à ces
instituteurs le moyen de passer quelque temps à Montréal
pour se former sous ces habiles maîtres, j'offrais la maison
d'école qui est sur le terrain de Févêché, pour qu'ils y fus-
2J0 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sent sous la direction d'un prêtre, qui dans leur temps
libre donnerait des leçons de cérémonies et de plain-chant.
Il m'a fallu attendre vos réponses avant de tenter cette
entreprise. Maintenant que j'ai la certitude qu'un certain
nombre de bons sujets se décident à se rendre à mon invi
tation, je vous informe, par la présente, que nous serons
prêts à recevoir tous ceux que vous nous adresserez, le
1er Mai prochain. La pension sera de sept piastres par
mois.
Je profite de l'occasion pour vous transmettre quelques
décrets de la S. Congrégation des Rites, qui vous serviront
à résoudre certaines difficultés qui peuvent quelquefois
s'élever sur les indulgences. 11 sont tirés de VAmi de la
Religion^ dans son numéro du 19 Octobre 1841.
« 1° Quceritur: Utrum ad lucrandam indulgenciam ple-
nariam, orationi : 0 bone et dulcissime Jesii^ etc., concessam,
necesse sit aliam orationem addere pro intentione summi
Pontificis ?
«Sacra congregatio Indulgentiarum et SS. Reliquiarum
respondit : Négative. Die 11 aprilis 1840.
«20 Quœritur : Utrum sacerdos satisfaciat obligationi
celebrandi Missam pro defuncto, servando ritum Feriae
vel cujuscumque Sancti, etiamsi non sit Semiduplex aut
Duplex ?
«R. Affirmative.
« 3° Utrum qui privilegium habet personale pro quatuor
Missis in hebdomadis singulis, debeat cum paramentis
colore nigro celebrare, diebus non impeditis, ut possit
indulgentiam plenariam pro animabus defunctorum lu-
crari ?
« R. Négative.
«4° Utrum qui célébrât in altariprivilegiato pro singulis
diebus, debeat semper uti paramentis nigris, diebus non
impeditis, ut indulgentiam privilegii consequatur?
«R. Négative.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 511
« 5° Utrum indulgentia concessa cadat solùmin Christo,
œre, ligno, vel alia quaque materia facto, ita ut possit ex
ima cruce in aliam transferri, ahsque periculo amittendi
indulgentiam ipsi collai am ?
((Et sacra congregatio Indulgentiarum et SS. Reliquia-
rum respondit : Affirmative. Die 11 aprilis 1840.
Sign. Hannibal Ginnasi, secîT^. »
Je crois devoir vous prévenir que je désire introduire
dans le diocèse l'usage du chapeau tricorne et du manteau
romain, parce que cet uniforme me parait devoir contri-
buer à relever davantage la dignité de l'habit ecclésiasti-
que. Mais je ne veux point en faire d'ordonnance, laissant
à chacun la liberté de faire là-dessus ce qu'il jugera le plus
convenable.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Tg. Evéque de Montréal.
[Pour copie.)
A. F. Truteau, Chan. Secrétaire.
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L EVEQUE DE MONTREAL POUR LE
JUBILÉ DE 1842.
Ignace Bourget., par la wiséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evéque de Montréal, etc.
Au Clergé et aux Communautés régulières et séculières et à tous les
Fidèles de notre Diocèse : Salut et bénédiction en Notre-Seigneur.
Nous avons reçu tout dernièrement, Nos Très-Ghers
Frères, des Lettres Apostoliques dans lesquelles Notre-
Saint Père le Pape accorde une Indulgence plénière en
forme de Jubilé à tous les peuples catholiques, afin do les
212 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
engager à implorerle secours de Dieu pour le malheureux
royaume d'Espagne. Nous vous l'avouons, Nos Très-
Chers Frères, la lecture de ces Lettres que nous avons
faite à genoux, comme si nous avions été aux pieds de
Jésus Christ, a fait passer dans notre cœur le sentiment
de la profonde douleur qui accable celui du Père com-
mun des fidèles.
L'objet de ces Lettres est, comme vous le verrez, de
faire connaître les maux déplorables dans lesquels est
tombé ce royaume autrefois si catholique et si florissant
en môme temps, et de nous en indiquer les remèdes. Le
Saint Père, après avoir en vain tenté divers moyens de
ramener à leur devoir ceux qui, dans ce royaume désolé,
abusent de leur autorité pour opprimer l'Eglise de Dieu,
croit devoir recourir aux prières de l'Eglise universelle.
Il a pour se modeler, dans un acte si important, l'exemple
de St. Paul, sur le tombeau duquel il élève une Basilique
dont la magnificence fait tant d'honneur à ba haute piété
et à son goût pour les beaux arts. Je vous en conjure donc,
mes frères, disait ce grand Apôtre aux fidèles de son
temps, par Notre Seigneur Jésus-Christ, et par la charité du
St. Esprit, de m'aider par les prières que vous ferez à Dieu
pour moi, afin que je sois délivré des infidèles 1. Aujourd'hui
le successeur de St. Pierre prouve que c'est le même
esprit qui gouverne maintenant l'Eglise qu'aux temps
apostoliques. Car si pour être délivré des infidèles, qui
mettaient obstacle aux progrès de l'Evangile, St. Paul
avait besoin des prières des chrétiens, et s'il les réclamait
avec tant d'instance, il ne faut pas s'étonner si notre glo-
rieux Pontife, pour délivrer l'Espagne des maux dont
l'abreuve l'impiété de ce siècle, recourt au même moyen.
Voulant porter secours, nous écrit-il à tous, à nos fidèles
hien-aimés, qui tendent depuis si longtemps vers nous leurs
mains suppliantes, nous avons résolu, à V exemple de nos pré-
décesseurs de recourir aux prières de PEglise universelle, et
I. Rom. 15.30,31.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 213
de réveiller^ avec tout le zèle dont nous sommes capable^ la
piété de tous les catholiques envers cette nation affligée.
La voix du Pontife qui, semblable à la tourterelle, n'a
à opposer à la violence de ces hommes impies qui oppri-
ment la religion, que les plaintes et les gémissements,
sera sans doute entendue dans toutes les parties du monde.
Vox turturis audita est in terra nostrd 1. Du levant au cou-
chant, des millions de voix se mêlant à celle de ce Bon
Pasteur qu'accable le sentiment des maux que souffre
l'Eglise, feront une sainte violence au ciel. Bientôt le
triomphe de l'Eglise que doit assurer cette ligue puissante
d'âmes ferventes qui vont, de tous les points de l'univers,
crier vers le ciel, nous permettra de dire avec l'accent de
la foi la plus vive : Pourquoi les nations ont-elles frémi ?
Pourquoi les peuples ont-ils formé de vains projets ? On verra
ce que peut l'univers catholique prosterné aux pieds du
Père des miséricordes pour seconder les vœux du Pasteur
universel.
Nous nous empressons de nous conformer aux ordres
que nous avons reçus du Vicaire de Jésus-Christ, en pu-
bhant le Jubilé qu'il a, dans son ardente charité, accordé
pour engager les fidèles de tout ordre, de tout rang, de toute
condition, à redoubler de prières.
L^îs principaux motifs qui nous animent sont: 1". de
témoigner notre profond respect et notre soumission
entière à la voix de celui qui est pour nous sur la terre le
représentant de Jésus-Christ dont il exerce les pouvoirs et
distribue les grâces ; 2o. de pouvoir participer en quelque
chose à la sollicitude du chef des pasteurs, et avoir quelque
part au mérite de ses immenses travaux pour le bien de
l'Eglise ; 3'\ de contribuer conjointement avec vous à la
gloire de conserver la foi dans le royaume d'Espagne
autrefois si florissant, dont les rois prenaient avec com-
plaisance, comme leur plus beau titre, celui de Roi Catho-
lique. Si, comme nous l'assure St. Jacques, il est si
l Canl. 2, 12.
I
214 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
avantageux de convertir un pécheur, quels trésors de
grâces n'aurons-nous pas à attendre de la divine miséri-
corde si, dociles à la voix de notre pasteur, nous entrons
dans cette sainte armée de priants qui veut soumettre
l'Espagne à l'empire de la religion qui fit toujours son
bonheur. Nous bénissons en même temps la Providence
de nous avoir ménagé les faveurs d'un Jubilé précisément
à une époque séculaire pour ce pays, celle du deux-cen-
tième anniversaire de la fondation de notre ville ; et nous
acceptons comme un heureux présage pour les années qui
vont suivre cette coïncidence providentielle.
Toutes les nations vont, comme nous n'en doutons pas,
faire monter vers le ciel leurs humbles supplications pour
obéir à la voix du chef des pasteurs. Quant à nous, nous
avons une raison particulière d'entrer dans les vues du
Père commun des fidèles. La voici : l'Espace à laquelle
il faut maintenant prêter le secours de nos prières, a été
conquise à Jésus-Christ par le bienheureux Apôtre St.
Jacques, qui dans divers siècles du christianisme a dé-
ployé son crédit auprès de Dieu en faveur de celte noble
portion de son Eglise. Lorsque les révolutions qui déso-
lent ce royaume éclatèrent, notre illustre prédécesseur
voyant que l'impiété allait en chasser ce grand Saint,
l'invita à se réfugier dans cette partie du Canada que nous
habitons. Il lui érigea un temple et mit sous sa puissante
protection le nouveau diocèse de Montréal. C'est à nous,
Nos Très-Ghers Frères, à rendre à notre glorieux Patron
l'héritage qu'il s'est acquis en Espagne par ses sueurs et
ses travaux apostoliques. C'est à nous à l'installer de
nouveau à Compostelle, ville où reposèrent en paix pen-
dant tant de siècles ses reliques précieuses, qui ont rendu
ce lieu un des plus célèbres pèlerinages du monde. Hélas !
maintenant que l'impiété règne sur cette terre, qui a donné
à l'Eglise tant de saints ; que les temples sont pillés, les
autels renversés, les ministres de la rehgion massacrés ou
exilés; nous avons à nous écrier avec le Prophète: par
quel malheur est-elle demeurée déserte cette ville sainte
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 215.
OÙ affluaient autrefois, de toutes les parties du monde, tant
de pieux pèlerins, qui y accouraient pour vénérer les reli-
ques précieuses de cet Apôtre qui, par le bruit éclatant de
sa prédication, a mérité le glorieux titre à'enfant du ton-
nerre. Quomodo sedet sola civitas plena i^opulo ! Les chemins
qui conduisent à cette nouvelle Sion pleurent de ce qu'il n'ij
a plus personne qui aille à ses solennités Toutes ses portes ont
été détruites: les prêtres sont dans les gémissements; les
vierges sont joâles et défigurées. Les ennemis de la religion
sont parvenus à s'emparer du pouvoir. Ils sont enrichis des
dons magnifiques qu'y avait déposés la piété des peuples.
Parmi tous les amis, qui autrefois couraient au tombeau
de son glorieux Apôtre, il n'y a personne pour la consoler-
Oh! Nos Très-Ghers Frère», allons par nos prières, nos
aumônes et nos mortifications, au secours d'un royaume,
qui nous tend des mains suppliantes, d'un royaume qui
est l'objet de la sollicitude du bon pasteur qui gouverne
aujourd'hui l'Eglise universelle, d'un royaume qui fut
le théâtre des traraux du grand Apôtre qui alla y planter
la foi, et qui est venu chercher chez nous un temple et
des autels, en attendant qu'il rentre dans l'héritage que le
Seigneur lui a donné sur la terre.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué et de l'avis
de Nos Vénérables Frères les Chanoines de la Cathédrale
de St. Jacques, nous avons réglé et ordonné, réglons et
ordonnons ce qui suit:
1° Par le mandement que nous vous adressons aujour-
d'hui, nous publions les Lettres Apostoliques de Notre St.
Père le Pape, en date du vingt-deux février dernier, dans
lesquelles Sa Sainteté accorde à l'univers une indulgence
plénière en forme de Jubilé, pour inviter tous les fidèles
à joindre leurs prières aux siennes, afin d'attirer sur l'Es-
pagne désolée les miséricordes du Seigneur ; nous ordon-
nons que ces Lettres Apostoliques soient lues à la suite du
mandement.
2o Ce Jubilé commencera, pour ce diocèse, le jour de
216 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
la Fête-Dieu. Il sera annoncé la veille au soir par le son
de toutes les cloches, pendant une heure avant VAngelus :
et l'on chantera dans toutes les églises, avant la grand"-
messe, le Vetii Creator avec les verset et oraison du St.
Esprit. Gomme il nous est permis, par un rescrit que nous
venons de recevoir de Rome, de prolonger cet keureui
temps de Jubilé jusqu'à six mois, nous laissons à messieurs
les curés d'assigner celui qu'ils jugeront convenir le plus
au hien spirituel de leurs paroissiens. Néanmoins il nous
semble convenable que les paroisses ou missions que nous
devons visiter cette année, se préparent aux grâces que
nous allons y répandre, par les exercices du Jubilé, de
manière que le i5e jour du Jubilé soit le dernier de la
visite pastorale.
3» Dans chaque paroisse le Jubilé durera quinze jours.
Pour gagner l'indulgence accordée par le St. Père, il faut,
d'après les Lettres Apostoliques sus-mentionnées, outre la
confession sacramentelle et la Ste. communion faites avec
de bonnes dispositions, assister au moins trois fois aux
prières solennelles, déterminées parl'éveque, et prier trois
fois à la même intention, dans l'espace de ces quinze
jours, dans l'éghse désignée par le môme évêque. En
conséquence, nous déterminons pour églises de stations
toutes les églises paroissiales et chapelles de missions, en
faveur de tous les fidèles de. l'un et de l'autre sexe qui
voudront participer aux précieux avantages du Jubilé.
Dans la ville de Montréal, nous assignons comme églises
de stations la cathédrale, l'église paroissiale et celle de
Bonsecours. Quant aux rehgieuses cloîtrées, leurs novices
et leurs postulantes, elles auront pour église de stations
l'oratoire de leur monastère. Voici les prières solennelles
que nous assignons comme nécessaires pour gagner l'in-
dulgence plénière. Le St. Sacrement sera exposé pendant
la messe chaque jour du Jubilé, et le soir il y aura salut
et bénédiction du St. Sacrement avec une amende hono-
rable pour toutes les horribles profanations qui ont été
commises en Espagne dans ces ours de désolation. A
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 217
chaque salut, l'on chantera, pour se conformer plus par-
faitement aux intentions du St. Père, des hymnes ou
antiennes en l'honneur du St. Sacrement, de la bienheu-
reuse Vierge, des Apôtres St. Pierre et St. Jacques le
Majeur, avec le Domine non secundum et les oraisons cor-
respondantes.
4» Nous recommandons à tous les fidèles de ce diocèse
d'ofTrir à l'intention du Souverain Pontife, toutes les
prières, les aumônes et les pénitences qu'ils feront pendant
les quinze jours du Jubilé. Nous dirigeons à cette même
intention toutes les bonnes oeuvres de ce diocèse, qui se
feront pendant ce saint temps. Nous espérons que tous
ceux qui vivent dans des habitudes criminelles, se met-
tront, par une véritable conversion, en état de pouvoir
prier pour le salut de l'Espagne, en union avec tant d'âmes
saintes qui vont, pendant ces jours de grâces, mettre beau
coup de parfums, c'est à-dire beaucoup de prières ferventes
dans l'encensoir d'or que tient dans ses mains vénérables,
l'Ange de la terre, Notre Saint Père le Pape qui est debout
à la droite de l'autel, pour faire monter au ciel les vœux
et les soupirs de toute l'Eglise.
0" Le Jubilé finira pour toutes les paroisses ou missions
de ce diocèse, le six novembre prochain. L'on chantera ce
jour-là dans toutes les églises où se seront faits les exer-
cices du Jubilé, le Te Deuni et l'on sonnera pendant une
heure toutes les cloches après V Angélus, du soir. Nous per-
mettons que l'on suive dans chaque paroisse, pour l'ouver-
ture et la clôture du Jubilé particulier qui s'y fera, tout
ce qui est ici prescrit pour le Jubilé général, quant au
chant du Veni Creator et du Te Dcum et aussi pour ce qui
regarde la sonnerie.
Sera le présent Mandement lu au prône de notre église
cathédrale, et à celui de toutes les églises paroissiales et
au chapitre dans toutes les communautés religieuses le
premier dimanche après sa réception.
218 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Donné à Montréal, le 12 mai de l'année mil huit cent
quarante deux, sous notre seing et sceau et le contre seing
de notre secrétaire.
4- Ig. Evêque de Montréal.
L. f S
Par Monseigneur^
{Pour copie,)
A. F. Truteau, Chan.-Sec.
A. F. Truteau, Chan.-Sec.
LETTRES APOSTOLIQUES
DE NOTRE TRÈS-SAINT PÈRE, LE PAPE GRÉGOIRE XVI, ORDONNANT DES
PRIÈRES, SOUS FORME DE JUBILÉ, POUR DE ROYAUME D'eSPAGNE.
— GRÉGOIRE PAPE, XVImE. DU NOM, POUR LA
PERPÉTUELLE MÉMOIRE.
Les intérêts de la religion catholique, confiés à notre
humilité par Jésus-Christ, prince des pasteurs et réparateur
du genre humain qu'il a tant aimé, et la chaiilé qui nous
anime pour tous les peuples et toutes les nations, nous
pressent et nous aiguillonnent avec tant de force, que nous
ne pouvons rien omettre de ce que nous croyons néces-
saire, pour garder dans son intégrité le dépôt de la foi, et
pour empêcher la perte des âmes. Or, on ne connaît que
trop dans quel état sont les affaires de la religion en Espa-
gne, et avec quelle profonde affliction nous sommes
réduits, depuis plusieurs années, àpleurer les tristes vicis-
situdes de l'Eglise dans ce royaume. Ce peuple, loin de
s'être écarté des saints enseignements de ses pères, est
fortement attaché à la foi orthodoxe ; la plus grande partie
de son clergé combat avec courage les combats du Sei-
gneur ; et presque tous les pontifes, bien qu'éprouvés par
de cruelles vexations, ou jetés en exil, et accablés des
plus vives souiîrances, veillent, chacun selon ses forces,
au salut de leur troupeau. Mais des Jiommes de perdition.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 219
et le nombre n'en est pas petit, liés entre eux par une
association criminelle, et jetant sur ce pays le désordre de
leurs pensées, comme l'écume des flots sur une mer
irritée, font au Christ et à ses saints une guerre acharnée ;
et, après a^^oir causé les plus grandes pertes à la religion
catholique, ils s'efforcent, dans leur impiété, de la renver-
ser, si cela était possible.
Pour nous, élevant notre voix apostolique, comme le
réclamait notre ministère, nous n'avons pas négligé de
déplorer publiquement les profondes blessures que le
gouvernement de Madrid a faites à l'Eglise. Tous les actes
que le pouvoir civil s'est permis contre les droits et les
lois de cette Eglise sainte, nous les avons déclarés nuls et
sans valeur. En outre, nous nous sommes plaint, avec
véhémence et avec tous les témoignages de la douleur, des
atroces injures et des maux que l'on a fait subir à nos véné-
rables frères les évoques de ce royaume, ainsi qu'aux mem-
bres du clergé tant réguher que séculier, de l'abomina-
tion établie dans le lieu saint, de la spoliation sacrilège,
de la vente et de l'afTection au trésor public des biens
ecclésiastiques ; rappelant en même temps les peines et
les censures que les conciles œcuméniques ont déclarées
encourues ipso facto par les téméraires qui ne redoutent
pas de commettre de tels attentats. Ce devoir que nous
imposait notre charge apostolique, nous l'avons rempli
une première et une seconde fois dans les deux allocu-
tions que nous avons adressées à nos vénérables frères les
cardinaux de la sainte Eglise romaine, dans les consis-
toires tenus aux calendes de février de l'année 1836, et
aux calendes de mars de l'année 1841 : nous avons môme
ordonné qu'elles fussent imprimées, afin qu'elles devins-
sent un monument pubhc et perpétuel de notre soUici-
lude apostolique et de notre réprobation.
Nous avions l'espérance que notre voix, qui s'échappait
du cœur afligé du père commun de tous les fidèles, serait
entendue, et que nos avertissements, ainsi que nos suppli-
cations réitérées, feraient cesser cette dure persécution
220 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
contre la religion catholique. A cet effet, prostrené nuit
et jour aux pieds de Jésus crucifié, nous n'avons jamais
cessé de lui demander, aveclarmes et gémissements, dans
l'humilité de notre cœur, de tendre, en vertu de son
immense miséricorde, une main secourable à la nation
espagnole si éprouvée, et de montrer à ceux qui s'égarent
la lumière de sa vérité, afin qu'ils pussent rentrer dans la
voie de la justice. Mais, par un jugement impénétrable
de Dieu, l'événement n'a point répondu jusqu'ici à notre
espérance; au contraire, dans ces contrées, nous voyons
le mai s'accroître de jour en jour, comme si on y avait
ouvertement entrepris la complète destruction de la reli-
gion catholique. Sans parler ici de beaucoup d'autres
actes, assez connus, qui ont été récemment décrétés contre
les très-saintes lois de l'Eglise et les droits de ce Siège
apostolique, ou qui même ont été accomplis, nous déplo-
rons qu'il en soit venu à ce point de scélératesse de pro-
poser, par une perversité diabolique, aux assemblées
suprêmes du royaume une loi exécrable, tendant princi-
palement à détruire de fond en comble la légitime
juridiction ecclésiastique, et à établir l'opinion impie que
la puissance laïque doit commander, par son droit suprême,
à i'EgliFe même et aux choses de l'Eglise.
En effet, cette loi déclare que la nation espagnole ne
doit tenir aucun conipte de ce Siège apostolique ; qu'il
faut rompre toute communication avec lui pour les grâces
ecclésiastiques, induits et concessions de quelque nature
que ce soit, et elle punit sévèrement ceux qui récisteront
à une pareille prescription. Elle déclare encore que les
lettres apostoliques et autres rescrits, émanés du St. Siège,
h moins qu'ils ne soient demandés d'Espagne, non-seule-
ment ne devront pas être observés et demeureront de nul
effet, mais même qu'ils devront être dénoncés sous le
plus bref délai, par ceux auxquels ils seront parvenus, à
l'autorité civile, pour être remis par celle-ci au gouverne-
ment, et une peine a été portée contre quiconque enfrein-
drait cette disposition. De plus, il est déclaré que les
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 221
empêchements au mariage seront soumis à la juridiction
des évêques du royaume, jusqu'à ce que le code civil
établisse une distinction entre le contrat et le sacrement;
qu'aucune cause touchant les matières religieuses ne peut
être déférée d'Espagne à Rome ; qu'enfin jamais à l'avenir
aucun nonce, ni aucun légat du St. Siège ne sera admis
dans ce royaume avec pouvoir d'accorder des grâces ou
des dispenses, même gratuites. Quoi de plus ! On mécon-
naît absolument le droit sacré qui appartient au pontife
romain de confirmer ou de rejeter les évêques élus en
Espagne : et on punit de la peine de l'exil soit les prêtres
désignés pour quelque église épiscopale, qui demande-
raient au St. Siège leur confirmation ou des lettres apos-
toliques, soit les mètropoHtains qui solliciteraient le jml-
lium. Après ces dispositions, il faut s'étonner assurément
que l'on déclare dans cette loi reconnaître comme le centre
de l'Eglise ce pontife romain avec lequel on n'autorise
aucune communication, si ce n'est sous le bon plaisir et
la surveillance du gouvernement.
Au milieu de cette perturbation si grande de la religion
catholique en Espagne, désirant de tout notre cœur arrê-
ter, autant qu'il est en nous, les maux qui s'aggravent
dans cette contrée, et voulant porter secours aux fidèles
bien-aimés qui tendent depuis si longtemps vers nous
leurs mains suppliantes, nous avons résolu, à l'exemple
de nos prédécesseurs, de recourir aux prières de l'Eglise
universelle, et d'exciter, avec tout le zèle dont nous som-
mes capable, la piété de tous les catholiques en faveur de
cette nation afO-igèe. Et véritablement, puisque personne
ne peut être étranger à cette commune affliction, et que.
dans un si grand péril pour la religion et la foi, il y a pour
tous un même sujet de doulenr, il doit y avoir également
pour tous un même motif de secourir leurs frères. Ainsi,
en môme temps que nous renouvelons et confirmons, par
les présentes Lettres, les plaintes et les allocutions men-
tionnées plus haut, en même temps que nous réprouvons,
abrogeons et déclarons de nulle valeur tous les actes du
16
222 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
gouvernement de Madrid faits jusqu'ici contre les droits
et la dignité de l'Eglise et de ce Siège apostolique, notam-
ment la loi récemment proposée, nous nous adressons à
nos vénérables frères les patriarches, primats, archevê-
ques et évoques en grâces et en communion avec le St.
Siège, aussi loin que s'étend le monde catholique, les
exhortant avec instance, au nom de cette charité par
laquelle nous ne sommes qu'un dans le Seigneur, au
nom de cette foi par laquelle nous ne formons qu'un seul
et même corps, de mêler leurs larmes avec les nôtres pour
fléchir la colère divine, d'implorer unanimement la misé-
ricorde du Dieu tout-puissant en faveur de l'infortunée
nation espagnole, et de s'appliquer avec force à enflammer
le zèle du clergé et du peuple qui leur sont confiés, afin
qu'ils adressent à Dieu de continuelles prières à ce sujet.
Nous voulons et ordonnons que nos vénérables frères les
archevêques et évêques, dans tous les diocèses de nos
états pontificaux, aient soin, par tous les moyens qui leur
sembleront les plus utiles dans le Seigneur, de faire
adresser au Père des miséricordes des prières publiques,
pour obtenir que, par les mérites du sang de son Fils, qui
a été répandu pour tous, les jours d'épreuve soient abré-
gés dans le royaume d'Espagne. Et afin que Dieu incline
plus facilement l'oreille à nos prières, que tous implorent
humblement la \ierge, Mère de Dieu, protectrice toute-
puissante de l'Eglise, notre tendre Mère à tous, et fidèle
patronne de l'Espagne ; qu'ils réclament aussi les suff'rages
du Prince des Apôtres, que Jésus-Christ a établi comme
la pierre fondamentale de son Eglise, contre laquelle ne
prévaudront jamais les portes de l'enfer, et ceux de tous
les habitants du ciel, principalement des saints qui ont
illustré l'Espagne par l'éclat de leurs vertus, de leur sain-
teté et de leurs miracles. Pour que les fidèles de tout
ordre, de tout rang, de toute condition, se portent à ces
prières et à ces supplications avec une charité plus ardente
et des fruits plus abondants, nous avons résolu d'ou%Tir
d'une main libérale les trésors des grâces célestes. En
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 223
conséquence, nous accordons, sous forme de jubilé, une
indulgence plénière à tous les fidèles de Jésus-Christ, qui,
dûment purifiés par la confession sacramentelle et nourris
de la très-sainte eucharistie, assisteront trois fois au moins
aux prières solennelles déterminées par la volonté de
chaque ordinaire, et qui auront prié trois fois, à la même
intention, dans l'espace de quinze jours, dans l'église que
les ordinaires auront désignée.
Nous avons la ferme confiance que les anges de la paix,
portant dans leurs mains les vases d'or et l'encensoir d'or,
offriront au Seigneur, sur l'autel d'or, nos ferventes et
humbles prière, ainsi que celles de toute l'Eglise, en faveur
de toute l'Espagne ; et nous espérons que le Seigneur, qui
est riche en miséricordes, les accueillant avec un regard
de bienveillance, daignera exaucer les vœux communs de
tous les fidèles, et faire en même temps que, délivrée par
sa droite et le bras de sa force des adversités et des erreurs
qui désolent cette contrée, notre sainte mère l'Eglise y
respire enfin à la suite de tant de malheurs et jouisse de
cette paix et de cette liberté dont le Christ l'a dotée !
Afin que ces présentes lettres parviennent plus facile-
ment à la connaissance de tous et que personne ne puisse
prétexter cause dignorance, nous voulons et ordonnons
qu'elles soient publiées, suivant la coutume, par l'un de
nos officiers, devant les portes de la basilique du Prince
des Apôtres, de la chancellerie apostolique, de la cour
générale sur le mont Citatorio, et aussi dans le champ de
Flore, et qu'il en soit laissé un exemplaire affiché à cha-
cun des dits endroits.
Donné à Rome, près de St. Pierre, sons l'anneau du
Pêcheur, le vingt-deuxième jour de Février de l'an 1842,
et de notre pontificat le douzième.
A. CaRû. LAMBRUSCmNI-
2-24 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 12 Mai 1842.
Monsieuj^,
Pour que vous ne soyez pas embarrassé sur les pouvoirs
que vous pourrez exercer pendant le Jubilé, je vous
adresse une copie des instructions que je viens de recevoir
de Rome. Je crois devoir vous faire remarquer, en vous
communiquant ce rescrit, que l'ayant reçu hier, le Jubilé
ne pourra se faire après le 11 novembre prochain. J'en ai
annoncé néanmoins la clôture pour le G novembre, afin
qu'elle se fit le dimanche.
FACULTATES A SANCTISSIMO DOMINO NOSTRO GREGORIO
PP. XVI CONCESS^
Sacerdoiibus Sacramenli Poenilenliae adminisbis tempore Jubilaei,
quod per Aposlolicas litleras die 22. Febniarii anno 1842, éditas a
Sanditate Sua indictum est.
Sanctitas Sua declaravit, omnes cujusque Diœceseos
pœnitentise Sacramenti administros, hoc tempore Jubilœi,
iis facultatibus uti posse, quas de Apostolicœ Suœ potes-
tatis plenitudine RomcC concessit, et sunt qucesequuntur-
Et primo, omnibus utriusque sexus, et cujusque condi-
tionis, et Instituti etiam religiosi Ghristi fidelibus facul-
tatera concedit, sibi eligendi queralibet Presbyterum con-
fessarium Sœcularem, vel cujusque Ordinis Regularem
ex approbatis in propria Diœcesi. Confessariis vero hac
vice d'umtaxat, amplam tribuit facultatem absolvendi
Ghristi fidèles, eosque liberandi in foro conscientiœ ab
omni excommunicationis, suspensionis, et interdicti sen.
tentiâ, aliisque ecclesiasticis censuris, sententiis, ac pœnis
a Sacris Canonibus, et Judicibus, quâvis occasione, et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 225
causa latis, atque ab omnibus peccatis, licet gravibus, et
enormibus, etiam quovis modo Ordinariis locorum, vel
Summo Pontifici, aut ApostoliCce Sedi reservatis, ex qua-
cumque Constitutione Sanctitatis Suée, vel aliorum Roma-
norum Pontificum ejus Prœdecessorum, quœ spécial!
quoque mentione indigeret, ne excepto quidem hœretico
dogmatizante, vel illo, qui sui delicti complices habet non
tamen in re turpi. Prœtereà iisdem Gonfessariis faculta-
tem impertitur, commutandi quacumque vota exceptis
tamen semper votis Castitatis perpetuœ, et Religionis, in
alla pia opéra, ita tamen ut salutarispoenitentia, vel aliud
in omnibus expressis casibus imponatur pro eu jusque
Gonfessarii arbitrio.
Verum Sanctitas Sua neque dispensât, neque concedit
facultatem dispensandi, vel liabilitandi, et restituendi ad
pristinum statum, etiam in foro conscienliœ, super aliqua
publica, vel occulta irregularitate, aut nota, defectu, et,
uti dicunt, incapacitate, inhabilitate, quovis modo ex
defectu contracta.
Insuper déclarât, hujusmodi Jubilœum, neque posse,
neque debere suffragari iis, qui à Summo Pontifice, vel
ab Apostolica Sede, vel ab aliquo Prœsule, aut Judice
ecclesiastico nominatim excommunicati, suspensi, inter-
dicti fuerint, vel denuntiati, nisi intra hujusmodi Jubilœi
tempus, partibus satisfecerint, vel cum ipsis concordiam
inierint.
EX AUDIENTIA SANGTISSIMI
Die 25. Mariii 1842.
Cum in vastissimis regionibus, quarum ecclesiastica
negotia Sacrum Consilium Ghristiano Nomini Propagande
prœpositum moderatur, evenire plerumque possit, ut
propter locorum amplitudinem, ac difficultates, et ob
Sacerdotum, qui in iisdem sacro ministerio funguntur,
inopiam ; tam salutari Indulgentiae Pienarise in forma
Jubilœi beneficio, quod Sanctissimus Dominus Noster
Gregorius Papa XVI litteris Apostolicis, quarum initium
226 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
est CathoUcse Religionis causa die 22 Februarii anno 1842,
editis largitus fuit, Fidèles careant, nisi Apostolica aucto-
ritate, iisdem subveniatur ; Sanctitas Sua, referente me
infrascripto ejusdem Sacri GonsiliiSacretariohœc bénigne
statuere, ac concedere dignata est. Videlicet I. Goncessit
omnibus Patriarchis, Primatibus Archiepiscopis, Epis-
copis, Vicariis Apostolicis, Prœfectis, ac Superioribus
Missionum facultatem, ut ad Sex menses a die hujus
rescripti receptionis computandos, prorogare possint tem-
poris spatium in memoratisliteris Apostolicis statutumad
Indulgentite Plenariai, seu Jubilœi consequuntionem.
IL Ut, dispensando super peragendis injunctis visitatio-
nibus alicujus templi, atque interventu ad preces f undendas
in aliqua Ecclesia, quam secundum eas litteras Apostolicas,
Ordinarii locorum designare debuissent ; possint Gonfes-
sarii in Sacramenti Pœnitentiœ administratione, injuncta
opéra immutare, atque alias preces, seu pia opéra, pro
eorumdem arbitrio, ac judicio statuere, quibus absolutis,
Fidèles Jubilœum lucrabuntur veluti si praïscripta in
litteris illis Apostolicis opéra penitùs implevissent ; dam-
modo tamen, durante Jubilœi tempore, sacramentali con-
fessione rite expiati, ac Sanctissimâ Eucharisliârefecti, ad
mentem Sanctitatis Suae Deum oraverint. III. Declaravit
SSmus Dominus Noster, omnes, et singulas facultates,
quas pro liujus Jubilœi tempore Gonfessariis ab initio
impertitus est, toto etiam prorogationis tempore esse dura-
turas.
Datum Romœ ex ^dibus S. Gongregationis de Propa-
ganda Fide die et anno, quo supra.
ICtNATIUS,
Achiepiscopus edessenus sacri concilii secretarius.
Je profite de l'occasion qui se présente pour vous infor-
mer que la Retraite Pastorale se fera cette année au lieu
ordinaire, et commencera le 24 août à quatre heures et se
terminera le vendredi, 2 septembre au matin. Vous vou-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 227
drez bien VOUS pourvoir des petits objets qui vous seront
nécessaires, comme ces années dernières.
J'ai appris que le Séminaire n'a rien voulu recevoir pour
la pension des prêtres, pendant les deux retraites pastorales
qui ont eu lieu jusqu'ici. Vous pourrez donner à mon
secrétaire pour aider à payer la pension de quelques
ecclésiastiques pauvres, ce que vous jugerez équivaloir au
montant de la dépense que vous ferez. M. gardera
votre paroisse avec les pouvoirs de desservant et celui de
biner le dimanche. Ceux qui garderont les cures sont
invités à venir se recueillir à St. Jacques, où l'on fera
quelques exercices de retraite depuis le 14 septembre pro-
chain jusqu'au 23 du même mois.
Si quelques-uns de ceux qui sont invités à la retraite
prévoyaient qu'ils ne pussent pas y venir, ils sont priés
d'en donner d'avance avis à l'Evêché afin que l'on pourvoie
aux changement que leur absence occasionnerait.
Je suis bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
7 Ig. Evêque de Monte É.4.L.
[Pour copie,)
A. F. Truteau. Chan.-Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTTEAL.
Montréal, 16 Février 1843.
Monsieur,
Vous comprenez aussi bien que moi qu'il n'est rien de
si important que l'uniformité de conduite chez ceux qui
exercent le St. ministère dans un même diocèse. C'est
pour l'établir, que j'ai cru devoir en plusieurs occasions
228 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
VOUS engager à suivre, pour direction, les principes établis
ar St. Alphonse de Liguori dans sa Théologie Morale-
Ça été aussi pour atteindre ce but si désirable que je vous
proposai, pendant la dernière retraite pastorale, diverses
questions sur lesquelles il importait beaucoup de se bien
entendre. Comme plusieurs d'entre vous n'ont pu assister
à ces entretiens, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de
faire de tout ce que je vous dis alors le sujet d'une circu-
laire, afin que l'on sût à quoi s'en tenir sur tous ces points.
J'y ajouterai quelques observations sur d'autres objets
qui échappèrent alors à mon attention.
Vous êtes plus que moi à même de connaître les désor-
dres qu'occasionnent les fréquentations des jeunes gens
qui veulent se marier. Cet article importe tellement à la
conservation des moeurs, que nous devons y voir d'une
manière bien spéciale, et surtout suivre une pratique très-
uniforme. Voici les règles qu'établit sur ce point de mo
raie St. Liguori, dans sa Praxis Confessarii, No. 65. Après
avoir prouvé par l'expérience que de semblables fréquen-
tations sont ordinairement une occasion prochaine de
péché mortel, il cite le règlement que Pic de la Miranaole,
évêque d'Albano, avait donné aux confesseurs de son
diocèse : « Per Edictum suos admonuit Gonfessarios ne
« taies adamantes absolverent, si postquàm ter ah aliis
« jàm fuissent adraoniti, ab hujusmodi amorem sectando
<( non abstinuissent, prœsertim tempore nocturno, aut
« diù, aut clam, aut intrà domos (cum facili periculo
« osculorum, et tactuum), aut contra parentum prœceptum,
« aut cùm altéra pars prorumpit in verba obscœna, aut
« cum scandalo. »
Appuyés sur l'opinion de ces grands docteurs, nous
devons veiller à ce que ces fréquentations soient exemptes
de ces graves inconvénients ; et exiger lo que ces veillées
ne soient pas nocturnes, o'est-à dire qu'elles ne soient pas
prolongées au delà de 9 à 10 heures ; 2» qu'elles ne se
fassent pas pendant de longues années par des jeunes
gens qui, n'étant pas prêts à se marier, fréquentent cepen-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 229
dant les filles pour passer le temps, (les parents étant assez
faibles pour leurs enfants que de leur donner des che-
vaux, aussitôt qu'ils ont fait leur première communion,
pour qu'ils puissent se procurer ce plaisir si dangereux) ;
3" qu'elles aient toujours lieu sous les yeux des parents
ou, en leur absence, sous ceux de quelques personnes
respectables, et jamais dans des appartements où les jeunes
gens seraient sans témoins, et, ce qui serait encore pire,
sans lumière ; 4'^ qu'elles ne soient jamais accompagnées
d'embrassements, de regards, d'attouchements contraires
à la modestie ; 5° qu'elles soient toujours faites du con-
sentement des parents ; 6'^' que l'on ne s'y permette aucune
parole indécente, aucune sollicitation à des actes impu-
diques. L'on doit veiller également à ce que les jeunes
gens qui se fréquentent, ne fassent pas, seuls dans une
même voiture, des voyages ou promenades dans leurs
paroisses ou ailleurs, et surtout en ville, quand il est
question pour eux de faire les préparatifs des noces, ou de
venir chercher leurs dispenses. Il faut ordinairement
refuser l'absolution, non seulement aux jeunes gens eux-
mêmes, mais encore à leurs parents ou leurs maîtres et
maîtresses, s'ils ne veulent pas se conformer à ces règles
qui souffrent peu d'exceptions, et sont d'une extrême
importance.
11 est à propos de remarquer que notre St. docteur in-
terdit toute fréquentation aux jeunes gens, une fois qu'ils
se sont fait les promesses de mariage, et qu'ils ont ainsi
contracté fiançailles. Voici comme il s'explique au livre
6, Trait. 4, n. 452, au mot Bicit : « Ego experientiâ doctus
« vix semel vel iterùm permitterem sponso ad domum
« sponsse accedere, vel sponsae aut parentibus illum in
« domo excipere ; raro enim reperi, qui in taliaccessu non
« peccaverit, saltem verbisaut cogitationibus, etc.» Gomme
il est ici question de tous ceux qui ont contracté les épou-
sailles, il faut en conclure que l'on doit insister fortement
pour qu'il n'y ait pas trop de temps entre les promesses
et le mariage, parce que ce temps est toujours très-dange-
il30 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES
reux pour l'innocence des époux. 11 serait important d'in-
sister aussi sur l'obligation pour les jeunes gens de ne pas
faire légèrement des promesses de mariage, en leur faisant
connaître les suites fâcheuses qu'elles entraînent si sou-
vent. En terminant ce point essentiel, qui doit assurer la
persévérance de tous ceux qui ont eu le bonheur de se
donner à Dieu pendant les heureux temps qui viennent
de s'écouler, je crois devoir vous engager à établir dans
vos paroisses des congrégations de filles sur le plan de
celle dont je vais faire imprimer le règlement ; lequel
vous pourrez vous procurer, si vous le jugez à propos.
Il est aussi extrêmement important d'établir l'uniformité
de conduite par rapport aux bals et autres réunions, où
. les jeunes gens seraient exposés pour leurs mœurs. Voici
d'abord les principes sur lesquels il faut s'appuyer pour
éviter le rigorisme et le relâchement, qui sont deux écueils
également à craindre dans la morale. Nous les trouverons
dans la Théologie Morale de St. Liguori. (Lib. III, Tract.
IV, n. 429.) « Choreœ, nisi malo fine fiant, aut cum péri
« culo alios aut seipsum incitandi ad libidinem, aut cum
(I aliâ circumstantiâ malâ, secundum se non sunt mais,
« nec actus libidinis, sed lœtitise. a Si l'on veut obtenir
que les jeunes gens s'abstiennent de tous les plaisirs illici-
tes, il faut leur en permettre qui soient honnêtes. Voici
les règles que je crois devoir vous suggérer pour atteindre
un but si important. Je les trouve chez St. Antonin, cité
par St. Liguori, aux livre, traité et nombre susdits. « Gho-
« reœ per se licitœ sunt, modo fiant à personis sœcularibus,
« cum personis honestis, et honesto modo.»
D'après ces principes, je crois qu'il faut admettre dans
la pratique que les bals, avec certaines précautions, sont
permis. Or, telles sont les principales précautions à pren-
dre pour qu'ils ne soient pas dangereux. Avant tout, ces
réunions ne doivent se faire que chez des personnes re-
connues pour honnêtes, et être, autant que possible, for-
mées de parents, voisins et amis respectables. De plus, on
y doit prendre les précautions suivantes et exiger : l'^ qu'il
4
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 23 1
n'y ait ni paroles, ni chansons, ni gestes, ni danses, ni
jeux contraires à la pudeur ; 2'j Que les parents y condui-
sent eux-mêmes leurs enfants, sans jamais laisser leurs
filles y aller seules avec les jeunes gens qui les fréquen-
tent ; 3'^ Que ces assemblées ne soient pas longtemps pro-
longées dans la nuit; 4° Qu'il n'y ait pas de boisson,
excepté aux repas de famille, qui peuvent accompagner
ces réunions.
Les mêmes règles doivent se suivre aux noces, où très-
souvent il y a plus de désordres qu'aux bals. Il faut sur-
tout veiller à ce que les conviés ne couchent pas pêle-mêle
dans les maisons des époux, mais voir à ce que chacun se
retire à une heure convenable. Tout en tolérant ces réu-
nions, cependant, pour éviter de plus grands maux, nous
devons souvent rappeler au peuple ce mot de St. François
de Sales, qu'il en est des bals comme des champignons
dont les meilleurs ne valent rien.
Nous avons à exercer une vigilance bien stricte sur les
écoles. Car tout en travaillant avec zèle à en établir de
bonnes, il faut préserver notre peuple du malheur d'en
avoir de mauvaises, où les enfants courraient risque de
perdre la foi ou les mœurs. Pour cela, il est nécessaire
que les maîtres et les maîtresses soient catholiques et
d'une conduite irréprochable ; et qu'ils n'enseignent pas
des enfants de différent sexe. Voici ce qu'enseigne St.
Alphonse de Liguori sur ce dernier point, dans ses Instruc-
tions sur le Décalogue : « Que le père de famille ne permette
(( pas qu'un homme étranger enseigne à lire à ses filles,
a c'est très-dangereux. Souvent, au lieu d'apprendre à lire,
<( elles apprennent à commettre des péchés mortels. Qu'on
n les fasse instruire par une femme, ou par un de leurs
«jeunes frères. Je dis jeunes, parce qu'il y a du danger
« quand ils sont grands, n
Néanmoins dans les lieux où il serait impossible d'éta-
blir des écoles sans réunir les deux sexes, je permets que
l'enseignement soit confié à des maîtresses respectables
par leur âge et leur conduite régulière, pourvu que les
232 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
garçons et les filles soient bien séparés, et que l'on prenne
de sages précautions pour que ces enfants en allant ou
revenant ne soient pas exposés pour leur innocence. Quant
à la fréquentation des écoles protestantes, il faut les inter-
dire, avec prudence néanmoins, pour ne pas aigrir nos
frères séparés. Il est pourtant des lieux où il faut fermer
les yeux sur cet abus, en attendant qu'il soit possible de
remédier à ce mal. Ce sera à chaque curé à s'entendre
pour cela avec l'évêque, lorsqu'il croira prudemment ne
pas devoir défendre aux enfants catholiques de fréquenter
de semblables écoles.
11 est un grave abus qui se répand partout et qui peut
exposer beaucoup de mères à perdre la vie, et beaucoup
d'enfants à mourir sans baptême : c'est l'ignorance de plu-
sieurs sages femmes, qui s'ingèrent d'elles-mêmes dans
une profession à laquelle elles ne sont pas formées, et
l'usage de certains médecins qui exercent l'embryotomie
dans les accouchements laborieux. Pour remédier à ces
inconvénients, il faut refuser l'absolution aux sages fem-
mes qui n'ont pas une capacité reconnue. Il est nécessaire
pour cela qu'un médecin leur donne un certificat qui
constate leur habileté ; et que vous vous assuriez de leur
capacité à donner le baptême, en leur faisant subir là- 7
dessus un examen strict sur tous les cas embarrassants ;*
dans lesquels elles peuvent se trouver, et leur donnant
vous-mêmes des exercices sur l'administration de ce sacre-
ment. Là-dessus il faut autant que possible, se conformer
au Rituel : Art. X. Des sages femmes. Quant aux médecins,
il faut que vous vous assuriez aussi s'ils savent tout ce
qui regarde le baptême des enfants, avant ou après leur
naissance, lorsqu'ils sont en danger. Vous pourriez leur
faire lire l'art. 3 de l'ancien Rituel, qui a pour titre du
ministre du sacrement de baptême.
11 faut que vous tâchiez de savoir, d'eux-mêmes ou des
personnes qui les voient opérer, quels sont leurs principes
sur l'embryotomie et prendre des mesures efficaces pour
qu'ils n'aient jamais recours à cette opération inhumaine.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 233
Pour qu'il y ait uniformité en toute notre conduite et
pour que nous ayons part aux précieux avantages qui
découlent de l'union, je crois devoir toucher en passant
plusieurs points importants, auxquels se rattachent nos
intérêts communs et ceux de l'Eglise. Ayez avec l'évêque
autant de rapports qu'il vous sera possible pour le gouver-
nement de vos paroisses ; car il est le père du clergé ; et il
a grâces d'état pour donnera tout le mouvement et la vie.
Rendez lui compte chaque année de l'état de la religion
dans vos paroisses, pour qu'il sache quels sont ceux qui
ne remplissent pas leur devoir paschal et autres. Enten-
dez-vous avec lui pour réformer les abus qui se glissent
comme nécessairement dans les meilleures paroisses, et
y établir les saintes pratiques qui peuvent les conserver
dans la ferveur. Les efforts incroyables que font les enne-
mis de tout genre qui nous environnent, doivent resserrer
de plus en plus les liens qui nous unissent.
Ayez soin que les ordonnances de visite soient promp-
tement exécutées ; car il résultera un très-grand bien de
cette humble obéissance. Il est consolant pour moi de
pouvoir vous dire que je me trouve heureux de n'avoir
communément à statuer et à ordonner, pendant les visites,
que sur des choses qui paraissent peu importantes, à cause
du bon ordre dans lequel sont tenus presque partout les
églises et tout ce qui sert au culte de Dieu. Il est pourtant
un point essentiel sur lequel il faut insister : c'est la red-
dition des comptes des marguilliers, qui doit se fait régu-
lièrement tous les ans. Pour l'uniformité, il serait beau-
coup à désirer qu'il y eut un même tarif pour toutes les
paroisses, afin que les droits de l'église fussent moins
odieux par la comparaison qui se fait souvent de ceux qui
s'exigent dans les diverses églises de ce diocèse. Je laisse
la chose à vos réflexions et à votre zèle pour le bien com-
mun. Il serait également à souhaiter que l'on suivit une
méthode uniforme dans la tenue des livres de comptes et
la rédaction des actes de délibérations des fabriques. Je
234 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
crois que les Notes diverses contiennent des formules bien
rédigées ; et je vous conseille de vous en servir.
Ayons l'esprit de corps, puisque nous en formons un,
afin de veiller à tous les intérêts et à l'honneur du clergé.
Encouragez de tous vos efforts la belle œuvre de la Pro-
pagation de la Foi. Un bon moyen pour cela serait de
former des arrondissements de quatre paroisses et de vous
réunir un jour par semaine dans chacune d'elles ad tur-
7ium, pour confesser les associés et les faire participer à
l'indulgence plénière accordée une fois par mois par le
Souverain Pontife. Dans ces réunions il serait facile de
former, avec le temps, un grand nombre de sections et
d'entretenir le zèle pour cette œuvre par les rapports qui
vous seraient donnés sur les progrès admirables que fait
partout notre sainte religion. Ce moyen est employé avec
succès dans le diocèse de Québec. Afin d'obtenir à cette
œuvre, si éminemment catholique, des bénédictions plus
abondantes et de nouveaux succès, je voua autorise, en
vertu d'un Induit Papal, à dire la messe votive Pro Fidel
propagatione^ dont vous recevrez un exemplaire avec la
présente. Gomme la société de Tempérance produit des
effets admirables dans tous les lieux où elle est établie,
ainsi que l'Archiconfrérie du Très-Saint et Immaculé
Cœur de Marie, je suis persuadé que vous en ferez votre
affaire, et que vos paroissiens en recueilleront les heureux
fruits.
Je crois devoir vous engager de nouveau à diriger les
âmes et surtout les jeunes gens d'après les règles de St.
Liguori, consignées dans la Praxis Confessarii^ à encoura-
ger autant que possible le cbant et les cérémonies, pour
que les divers offices soient célébrés avec plus de pompe
et de majesté, et à travailler à détruire le luxe et la vanité,
les jeux criminels, les parures indécentes, les blasphèmes,
les fraudes et les injustices, qui se répandent d'une ma-
nière si alarmante. Veillez soigneusement à ce que les
mères observent la loi de l'Eglise, qui leur défend de
mettre coucher avec elles leurs petits enfants. Veuillez
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. Î35
recommander à vos paroissiens d'avoir soin de leurs pau-
vres, et ne souffrez pas que ceux-ci aillent ailleurs. Vous
pourrez exeicer pendant toute l'année 1843 1a faculté que
je vous ai déjà donnée, dans ma circulaire du 5 Janvier
1842, d'indulgencier les croix, chapelets et médailles.
Je vous adresse avec la présente diverses décisions qui
vous intéresseront, je n'en doute pas, parce qu'elles vous
serviront à décider beaucoup de cas pratiques, qui se
rencontrent tous les jours.
En attendant que nous puissions nous procurer les
Bréviaires, qui nous sont nécessaires pour faire les offices
qui doivent être sous peu introduits dans ce diocèse, je
vous autorise, en vertu d'un Induit spécial du St. Siège, en
date du 11 Juillet 1841, à faire ceux du St. Sacrement et
de l'Immaculée Conception de la B. V. Marie, en suivant
la Rubrique suivante :
OFFICIUM DE SS. CORPORE CHRISTI.
BecUanclum siib rilu semiduplici omnibus Feriis quinlis non impe-
(lilis Feslo tiovem leclionum eliam Iranslato ; excepto Advenlu, Qua-
dragessimâ, Vigiliis, ac eliam feriâillâ, in quâ, secundum Rubricas,
Ofjicium- Dominicœ aliquando erit apponendum.
Omnia dicuntur prout in die Fesli, omisso alléluia. Si occurrat
aliquod festitm simplex, fit de eo commemoratio et nona Leclio de- eo
legiiur. Deindè fiuni Commemoraliones, suffragia, ut in psallerio, si
f'acienda sint. Ad Complelorium, et per Horas, in fine hymnorum dici-
lur : Gloria tibi, Domine, seu Jesu, tibi sit Gloria,
Qui natus es de Virgine, etc.
Ad Maluiinum, Lectiones primi Nochumi de Scriplura occurenle,
cum Responsoriis ex primo Noclurno diei Fesli. Lectiones vero secundi
et tertii Noclurni cum responsoriis, sumunlur ex Octavâ ejusdem, ut
inferiùs Ordine Mensium disponunlur.
Mensibus Màio et Junio, ex Ferliâ Ilposl Dominicaminfrà Oclavam.
Mensibus Julio et Augusto, ex Feriâ Jll post Dominicam infrà
Octavam.
Mensibus Seplembri et Octobri, ex Feriâ IV post Dominicam infrà
Octavam.
Mensibus Novembri el Decembri, ex Feriâ Vposl eamdem Dominicam
infrà Oclavam.
Mensibus Januario et Februario, ex Sabbato infrà Oclavam.
Mensibus Marlio et Aprili, ex Dominica infrà Oclavam ejusdem Fesli.
1
236 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
OFFICIUM CONCEPTIONIS BEAT^ MARLE VIRGINIS.
Quod recilari potest ritu semiduplici, quolibet Sabbalo anni, (extra
Adventura, Qjmdragesimam et Sabbalum Vigiliarum et Quatuor Tem-
porum,) non iUpedilo Festo novem Leclionum, eliam translate, excep-
tis tantum lis Sabbatis in quibus sit reponendum Officium Dominicse.
Omnia dicuntur ut in Festo, die VII Decemb. omisso liodie, et
dicendo voiiva commemoraiio loco soUmnUalis. Ad matutinum, lec-
liones primi Nocturni de Scripturâ occurrente ; lectioaes vero Secundi
et tertii Nocturni ex Octavâ, ut inferiiis ordine Mensium disponuntur.
Mensibus Maïo et Junio, ex die 111.
" Julio et Augusto, ex die V.
" Septembri et Octobri, ex die VII.
" Novenibri et Decembri, exdie VIII.
" Januario et Februario, ex die Festi.
" Martio et Aprili, ex die II.
L'on me demande depuis longtemps de donner au peuple
le Nouveau-Testament en français, afin de l'empêcher de
lire des bibles falcifîées. Je me rends aux instances qui
m'ont été faites là-dessus ; et après m'être entendu avec
Mgr. l'évêque de Québec, nous allons donner le Nouveau-
Testament en langue vulgaire, lequel pourra être un livre
d'école. Je voudrais savoir au plus tôt combien d'exemplai-
res vous désirez vous en procurer, et s'il vous serait pos-
sible de payer quelque chose d'avance pour aider aux
frais d'impression.
Je me recommande instamment à vos ferventes prières
et saints Sacrifices de la messe. De mon côté, je puis vous
assurer qu'il ne se passe pas un jour que je ne conjure
le Seigneur de vouloir bien vous faire à tous la grâce
d'exercer dignement le terrible ministère qui vous est
confié, afin que nous puissions tous, en sauvant les autres,
nous sauver nous mômes.
Je suis bien afl'ectueusement,
Monsieur,
Votre très-humbb et très-obéissant serviteur,
-J- Ig. Bourget, Evéque de Montréal.
[Vraie copie^)
J. 0. Paré, Chan. Assist. Sec.
1
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. -237
QU/ESTIONES
CIRCA MATRIMONIA MIXTA A SACRA CONGREGATIONE DE PROPA-
GANDA FIDE DECLMA SEPTIMA DIE NOVEMBRIS ANNI MILLE-
SIMI OCTINGENTESIMI TRIGESBII QUINTI SOLUT-.E.
Cùm à R. P. D. Episcopo Quebecensi pleraque dubia
circa matrimonia mixta et clandestine vel aliter inordinatè
contracta Sacrse Congrégation! de Propagandà Fide pro-
posita fuissent ; re ad supremam S. 0. Gongregationem
delatâ, Eminentissimi Cardinales contra hœreticam pravi-
tatem Générales Inquisitores dubia isthœc, ut sequitur,
saluta voluerunt :
Qu.ERiTUR 1'^ — Sit ne validum matrimonium à duobus
Gatholicis natu minoribus secundùm formas ab Ecclesiâ
prœscriptas contractum, sed. tamen invitis parentibus ?
Respondetur. — Affirmative ; Nec enim dissensus paren-
tum aut œtas minor inter impediipsnta mati-imonium
dirimentia iillo possunt modo hisce temporibus recenser!.
Leges Cœsareas et Jussa Principum huicadversa sententiee
non moramur. Illa namque aut de civilibus tantum eifec-
tibus sunt intelligenda, sicut! de Edicto Henrici Tertii
Régis Christianissimi à Ludovico decimo tertio confîrmato
sentiunt prcestantes viri Lovetus in Parisien! senatu Con-
siliarius, Hubertus Episcopus Vabriensis, Cabassutius.
Gerbasius, Natalis Alexander, Aliique ; aut quùm id
statuant quod limites prœtergreditur sœcularis potestatis,
sunt omnino rejicienda.
Circà ea, quœ ad rationem pertinent Sacramentorum,
non Principibus sœcularibus sed sol! Ecclesiae plena est
definiend! potestas. Ea vero non solùm in cap. Cùm locum^
de Spons. et Mat. in cap. Licet et in cap. Tua de sponsâ
duorum, ejusmodi matrimonia rata habuit et declaravit,
verùm et Trident! in iSpiritu Sancto légitimé congregata
eos anatbemate percussit, qui falso affirmant matrimonia
à filiis farailias sine consensu parentum contracta irrita
17
238 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
esse. Nullus igitur dubio reliquus locus est super validi-
tate prsedicti matrimonii.
Qu^RiTUR 2° — Utrùm Matrimonium partis catholicœ et
partis protestantis, utriusque nata minoris, invitis paren-
tibus unius ex partibus contractum coràm Magistratu vel
Ministro protestante et duobus testibus, validum censeri
debeat nec ne ?
Respondetur. — Affirmative, pro Ganadse Regionibus ad
quas extensa est Benedictina declaratio. Jàm enim suprà
monuimus neque œtatem minorem neque Parentum dis-
sensum dirimere matrimonia ; quod non de Gatholicis
solùm, sed de ipsis etiam Protestantibus volumus intel-
iectum, cùm hseretici quoque sacris Ecclesice legibus
teneantur; nec in iis prœsertim, quœ attinent ad sacra-
mento, soeculares leges Ecclesiœ sanctionibus ullo possint
esse detrimento. Deficientia tandem Parochi, in casu
expressi, non nisi clandestinitatem parit, quee in illis locis,
in quibus vim habet Benedictina declaratio, haud irritât
matrimonia hcereticorum. Cum vero, ut idem fert Bene
dictus decimus quartus in opère de Synod. Diœc. in
matrimoniis mixtis pars libéra et immunis à lege eamdem
immunitatem cum altéra parte communicare censetur ;
sequitur profecto clandestinitatem non obstare mixtis
matrimoniis in Ganadœ regionibus contractis.
Qu^RiTUR 3° — Est-ne validum matrimonium à duobus
Protestantibus absque ullo teste contractum ?
Respondetur. — Est validum pro Ganadœ Regionibus;
inibi enim viget Benedictina declaratio quœ valida déclarât
ea matrimonia quœ clandestine ab hœretii is contrahuntur.
Qu.'ERiTUR 4o — Matrimonium partis caLiiolicœ et partis
hœreticœ contractum iuter utramque partem nullo
adstante teste validum ne censeri débet?
Respondetur. — Validum pro Ganadœ Regionibus ob
sœpius laudatum Benedictinam Declaralionem ad ea loca
extensam. Hoc patet ex dictis in solutione ad dubium 2^'.
Prœstat vero hic pro majori claritate verba referre ejusdem
Benedicli XIV. lib. G. cap. G. de Syn. Diœc. sic exarata :
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 239
« Gùm conjux tùmratione loci in quo habitat, tùm ratione
-societatis in quâ vivit, exemptus sit à Tridentinse Sinodi
lege, exemptio quâ ipse fruitur alteri parti communicata
remanet propter individuitatem contractûs vi cnjus exemp-
tio quœ uni ex partibus competit ad alteram secundùm
etiam civiles leges extenditur eidemque comraunicatur. »
Quœ verba, ut videre est, tàm sunt clara et aperta, ut
nuUum relinquant dubitationi locum super validitate
istiusmodi raatrimonii.
Qu/ERiTUR 5° — Matrimonium duorum Gatholicorum in-
ter se solos contractum absque ullo teste, vel coram duobus
testibus in loco ubi non possunt recurrere ad ministerium
alicujus sacerdotis approbali, validum ne est?
Respondetur. — Primum Matrimonium est validum pro
ils Diœcesis Quebecensis Incolis, qui Missionariis tantùm
utuntur, Sacra enim Gongregatio de Propaganda Fide
anno 1820 decrevit : « Pro incolis Diœcesis Quebecensis,
qui Missionariis, et donec utuntur, non esse locum decreto
Goncilii Tridentini Tametsi nullo habito respectu majoris
vel minoris distantiœ ; et missionarii curent referre ma-
îrimonia celebrata in eorum regestu Ordinario respectivo
tradendo. » Quibus ex verbis patet Incolas prœdiclos ma-
trimonia inire posse. nec pavocho distante, nec testibus
ullis ; quùm utraque obligatio ex codera proveniat Tri-
denlino decreto Tametsi cui locum non esse declaravit
praelaudata Gongregatio. Secùs vero de iis Incolis affîr-
mandum est, qui in locis habitant, ubi sunt parœciœ
constitutœ ; illi enim nullo modo à lege Tridentini decreti
immunes haberi possunt ut proindè ipsorum matrimonia
irrita fiant si nullo teste prœsente contrahantur.
Secundùm matrimonium, de quo in dubio fit raentio,
validum quoque habendum est. Sacra enim Gongregatio
Goncilii die 30 martii, anno IG69, declaravit quod sicubi
catholicus parochus aliusve sacerdos, vel omnino non
adsit vel illius adeundi libéra potestas non sit, matrimonia
etiam nullo adstante sacerdote contracta vahda censeantur,
dummodo coram duobus testibus contrahantur : Plus
240 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
etiam VI, huic inhcerens declarationi rata habuit matri-
moniain Galliis temporerevelutionis contracta cum Eccle-
siae legitimis pastoribus destituebantur.
Qu.erItur Ce» — Cum pars una catholica et pars hieretica
desponsantur coram Magistratu et uno tantùm teste ; val
coram Ministro Protestante et uno itidem teste, potest ne
Magistratus vel Minister, ut alter testis censeri ? Matri-
monium vero ejusmodi vaiiduin ne est ?
Respondetur. — Matrimonium est validum pro partibus
Canadas ob declarationem Benedictinam inibi extensam.
Repetendum hic est quod jàm satis superque monuimus
matrimonia ejusmodi valida semper esse etiamsi nullo
adstante teste contrahantur. Superfluum itaque videtur
percunctari utrùm Magistratus aut Minister bœreticus
veiut alter testis possit existimari. Gur tan ta de altero
teste sollicitudO; cùm in casu de quo agitur ex collato
IndultonuUius testis prœsentia ad matrimonii validatalem
exigatur ? Leges autem sœculares, si quîB in Ganadée
Regione vigent, matrimonia clandestina rescindentes
coràni Ecclesiâ vi nullâ poUere meritoque explendendas
esse jàm suprà monuimus in responsione ad dubium pri
muni. Diligenter itaque commonendi suntqui in Ganadie
Regionibus matrimonia prœdicta sic contrahunt se in foro
conscientiœ sœcularibus illis legibus non teneri, sicque
coram Deo conjunctos esse ut nulla possint hominum
potestate divelli.
Qu-ERiTUR 7u — Matrimonium duorum Gatholicorum
inter se adstantibus duobus testibus coutractum coràm
Parooho invito et reluctante estne validum ?
Respondetur — Validum sic declaravit sacra congregatio
Goncilii anno 1581, respondens tertio Quèesito Episcopi
Giennens. sic expresso : Si invitus et compulsus per vim
adsit sacerdos, cum contrahitur matrimonium, utrum taie
matrimonium subsistât ? Responsum fuit subsistere.
QUiERiTUR 8° — Gùm Catholicus se simulât Protestantem
aut Apostatam, eo consilio ut matrimonium ineat cum
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 241
muliere catholicâ coràm Ministro Protestante et duobus
testibus : ejusraodi matrimonium estne validum?
Respoxdetur. — Négative : Gum enim aller conjugum
licpresim simulât aut apostasiam non ideo catholicam
fidem ex animo deserit. Quocircà cùm ambo conjuges sint
reipsâ catholici clandestinitatis impedimenlo tenentur.
Quod si conjugum alter non hœc simularet solùm sed
vero animo à catholicâ fîde deficeret ad hsereticam tran-
siens pravitatem, tum profecto mixtum exurgeret matri-
monium quod ratum habendura esse ex superiùs dictis
manifeste apparet.
Qu.ERiTUR O'J — Duo Catholici Diœcesi Quebecensis non
nihil impedimenti obesse animadvertentes ne matrimo-
nium contrahant in fraudem legis ad illud ineundum
coram magistratu pergunt ad Fœderatas Americse Septen-
trionalis Ditiones, quibus in Regionibus facta nunquam
est Tridentini decreti Tametsi promulgatio. Ratum ne
habendum est matrimonium ejusmodi ?
Respondetur. — Ratum, si conjuges transférant etiam
Domicilium ; irritum, si primum Domicilium retineant.
Lubet hic resolutiones à sacra Goncilii Congregatione
tribus dubiis datas afferre, ex quibus patet apertissimè
quœnam sit Ecclesiœ mens circà hos similesve casus.
Quœsitum itaque fuit.
lo — «An Incolœ tàm masculi quàm fœminœ loci, in
« quo' Concilium Trid. in puncto matrimonii est promul-
« gatum, transeuntes per iocum,in quo dictum Concilium
« non est promulgatum, re tinen tes idem Domicih um valide
(( possent in isto loco matrimonium sine Parocho et testibus
« contrahere ?
2o— « Quid si eo prœdicti Incolœ tàm masculi quàm
ffeminœ solo animo sine Parocho et testibus contrahendi
se transférant, habitationem non mutantes?
30 — (( Quid si transférant habitationem in illo solo animo
ut absque Parocho et testibus contrahant ? » Sacra Con-
gregatio ad primum et secundum non esse legitimum
matrimonium inter se sic transferentes ac transeuntes
242 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cum fraude. Ad tertium si domicilium verè transferatur^
matrimonium esse validura.
QUiERiTUR 10'5 — Pars Catholica Diœcesis Quebecensis et
parshsereticaDitionum Fœderatarum utraque natu minor
contraliunt inter se solas matrimonium absque teslibusin
Fœderatarum Ditionum terris. Est ne validum hoc ma-
trimonium ?
Respondetur. — Est validum : Pars enim hœretica Ditio-
num Fœderatarum suam communicat immunitatem parti
Gatholicae Diœcesis Quebecensis. iEtas vero minor nullum
facessit hic negotium. Hsec tàm sœpe repetita sunt, ut
inutile prorsus sit vel minimum nunc addere verbum.
Qu.ERiTUR 11° — Pars hseretica earumdem Fsederatarum
Ditionum et pars catholica Diœcesis Quebecensis matri-
monium ineunt in prsefatâ Diœcesi magistratu coram et
duobus testibus ; validé ne contrahunt ?
Respondetur. — Vahdè etiamsi nullus adsit testis ob
rationem in superioribus solutionibus allatam.
Qu-ERiTUR 12° — Catholica pars Ditionum Fœderatarum
et pars hseretica Quebecensis Diœcesis matrimonium inter
se solas célébrant absque testibus in prœfata Diœcesi;
Estne validum ?
Respondetur. — Validum ; Pars enim hseretica gaudet
Benedictinâ Declaratione et immunitatem ex illà prove-
nientem communicat cum parte catholica Ditionum Fœde-
ratarum.
Qu.ERiTUR l3o — In Ditionibus Fœderatis Americœ Sep-
tentrionalis, Sacerdotes catholici à tempore immemorabiU
celebrare consueverunt matrimonia catholicorum cum
hcereticis. Suntne inibi licita mixta hœc matrimonia ?
Respondetur. — Négative ; Duplici enim in sensu sumi
potest verbum illud celebrare^ ut vel significat nuptialem
impertiri benedictionem, vel nuptiis duntaxat adesse. Ab
utroque ofTicio arcentur Sacerdotes, cùm illicita semper
ab Ecclesiâ habita sint istiusmodi matrimonia. nec licita
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 243
fiant nisi specialis prsecesserit apostolica dispensalio, quse
gravissimis tantùm de causis et post maturum examen
solet concedi. Causœ vero gravissm?e censentur, si in
publicum bonum vergant, et si eas comitentur expressce
et perquàm necessarife conditiones quse sequuntur : 1° Ut
nullum adsit periculum quod pars catholicâ ab hœreticâ
perverti possit imo è contrario spes affulgeat probabilius
futurum ut pars liœretica ad saniorem frugem à parte
catholicâ revocetur. 2" Ut proies utriusque sexûs ex eo
procreanda conjugio in Gatholicse Religionis sanctitate
omnino educetur. Quœ si causœ conditionesque concur-
rant solet quidem Apostolica Sedesconcedere ut Presbyter
approbatus nuptiis intersit ; at nuUo modo nuptialem
impertiatur benedictionem. Dispensatio istliœc pro prœ-
fatis matrimoniis non prœsumitur, quœ idcirco illicita
œstimanda sunt. Gonsuetudinem vero contrariam à tem-
poreimmemorabilivigentem sacra Gongregatio non probat,
nec tamen apertè nunc interdicit, ni verè graviora indè
mala proveniant. In id autem omnes vires suas omnemque
pastoralem sollicitudinem impendere deberent praesules
ordinarii, ut eam consuetudinem abusum imo reproban-
dum leniter et paulatim à suis usque radicibus evellant.
Hâctenùs de dubiis ab Episcopo Quebecensi propositis
quibus ideo uberiores subjecimus resolutiones utapertiùs
pateret quid in similibuscasibusconsilii capiendum esset.
Quae vero de mixtis retulit matrimoniis Episcopus prselau-
datus, S. G. implexa satis nimisque generica visa sunt-
Accuratiorem itaque ac uberiorem de illis relationem
expostulat eadem S. G. ut perspectis omnibus rerum loco-
rum personarumque circumstantiis cùm csetera dignoscere
queat tùm prcesertim si paulo superiùs dictœ causée con
ditionesque concurrant.
Feria tertiâ loco quartœ die 17 Novembris 1835 In Gon-
gregatione Generali Sanctœ Romîe et Universalis Inquisi-
tionis habita in Gonventu Sanctse Mariœ supra Minervam
coràm E. et R. Unis Gardinalibus contra hœreticam pravi-
244 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
tatem Generalibus Inquisitoribus, supradictam Instruc-
tionem circa dubia proposita ab B. P. D. Archiepiscopo
Quebecensi, iidem Emi et Rmi, D. D. approbarunt.
iSignalus) Angélus Argenti Sanct^ Romande et irNivEn-
SALIS InQUISITIOXIï NOTARItlS.
Loco t Sigilli
{Pro Apograplio,)
LuD. L. PoMiNviLLE, Acol. S. Sec.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES PRÊTRES DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 10 Mars 1843.
Monsieur,
Vous aurez sans doute appris, par les papiers publics, la
nomination d'un nouveau gouverneur ; dans ces circons-
tances il nous a paru convenable que le clergé du Diocèse
présentât à Sir Chs. Bagot, une .adresse d'adieu avantson
départ. Vous savez que dans ces sortes d'occasions il n'est
question que de compliments et de félicitations.
Comme le temps presse et que vos occupations ne vous
permettront. peut-être pas de venir en ville, voulez-vous
m'autoriser à mettre votre nom à cette adresse ? Si cepen-
dant vous veniez à Montréal vous voudrez bien la signer
vous-même.
Je suis bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble serviteur,
f
f Ig. Bourget, Evéque de Montréal.
[Pour copie.) \
Louis L. Pominville, Acol. Sous. -Sec.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 245
A Son Excellence Sir Charles Bagot, Chevalier Grand-Croix du
Très-Honorable Ordre du Bain^ Vun des Tres-Honorables
Conseillers de Sa Majesté, Gouverneur-Général de T Amérique
Britannique, Capitaine Général et Gouverneur-en-Chef du
Canada, de la Nouvelle-Ecosse, hc, ho,., &.c.
Nous l'Evêque catholique, les vicaires-généraux, curés
et autres prêtres du Diocèse de Montréal, tant en notre
nom qu'en celui de tous les membres du clergé catholique
de ce diocèse, dont nous sommes les organes autorisés,
prenons la liberté d'approcher respectueusement de Votre
Excellence pour lui offrir l'expression sincère de notre
attachement et nos félicitations à l'occasion de l'améliora-
tion subite et inattendue survenue dans l'état de sa santé,
au moment où l'on tremblait pour la perte de ses jours.
Il était difficile en effet de ne pas espérer que Dieu se
laissât toucher aux prières de tout un peuple prosterné
aux pieds de ses autels ; et nous sommes heureux d'assurer
à Votre Excellence que le clergé n'a pas été le dernier
à élever des mains suppliantes pour la conservation de
Votre Excellence, afin qu'EUe pût jouir de la douce satis-
faction de terminer l'œuvre de justice et de conciliation
qu'Elle avait si courageusement entreprise.
Cette heureuse convalescence nous avait fait espérer
de conserver Votre Excellence au milieu de nous ; mais
la Divine Providence vient d'en décider autrement. Le
départ prochain de Votre Excellence est une nouvelle
affliction que Dieu nous envoie ; et elle ne pourra désor-
mais être adoucie que par l'espoir que le successeur de
Votre Excellence marchera sur vos traces et achèvera de
cicatriser les plaies dont votre sollicitude pleine de sagesse
entreprit la guérison avec tant de succès.
Nous nous flattons qu'étant éloignée de nous, Votre
Excellence nous favorisera de sa puissante protection.
Nous la prions de porter aux pieds du trône de notre
246 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES
bien-aimée Souveraine l'hommage de nos respects, de
notre loyal attachement et de la reconnaissance que nous
lui devons pour vous avoir envoyé au milieu de nous
avec une mission de généreuse pacification.
Nous prions enfin Votre Excellence de croire que par-
tout où la Providence conduira ses pas, Elle sera accom-
pagnée de nos souvenirs et de nos vœux pour sa prospérité
et celle de sa famille. Les canadiens n'oublient jamais un
bienfait ni un bienfaiteur : et ce titre ils vous l'ont
décerné depuis longtemps. Puisse-t-il être un motif de
plus à votre affection pour nous ! C'est le dernier vœu
que nous adressons à Votre Excellence.
PROJET
DE RÈGLEMENT DES CONFÉRENCES ECCLÉSIASTIQUES.
lo II y aura chaque année quatre conférences ecclésias-
tiques dans les divers cantons du diocèse ; une tous les
trois mois, savoir : en novembre, février, mai et août.
2» Il y aura autant d'arrondicsements qu'il y a d'archi-
prêtres, et autant de cantons qu'il y a de grands-vicaires à
la campagne. En voici le tableau :
CANÏO-NS COMPOSÉS DES ARCHIPRÊTRÉS DU DIOCÈSE.
Vicaires Généraux. — Archipréircs.
M. Viau. — De St. Sulpice, de St. Jacques de l'Achigan
et de la Rivière des-Prairies.
M. Demers.— De St. Denis, de Ghambly et de St. Hya-
cinthe.
M. Manseau. — De Ste. Geneviève, de St. Jean Dorchester
et de Blairfindie.
M. Archambault. — De Vaudreuil, du Lac des Deux-
Montagnes et de Ste. Thérèse.
â
CIRCULAIRES ET AUTRES DOGUxMENTS. 247
M. Carron. — De St. Clément de Beauharnaiset du Sault
St. Louis.
M. Kelly. — De Sorel, de Berthier et de Verchères.
Les prêtres de la ville formeront un arrondissement
sous la présidence de l'Evêque.
30 Chaque archiprôtre sera président né des assemblées
pour les conférences ecclésiastiques qui se feront dans son
arrondissement, quand l'Evêque ou le grand-vicaire ne
s'y trouvera pas.
40 Chaque archiprôtre élira un secrétaire dont le devoir
sera de correspondre avec M. le Grand- Vicaire du canton,
de recevoir de lui les questions qui feront le sujet des
conférences, de rédiger des procès-verbaux des assemblées
ecclésiastiques, de les transmettre au grand-vicaire, de
s'entendre avec l'archiprêtre pour déterminer le lieu et le
temps des assemblées, d'en donner notice aux prêtres de
l'arrondissement, de faire en vin mot toutes les écritures.
Chaque arrondissement aura son registre pour y insinuer
tous les actes de décisions qui s'y passeront.
5° Toutes les questions qu'il faudra discuter dans les
conférences, seront envoyées au grand-vicaire du canton,
qui les fera passer à tous les secrétaires des divers arron-
dissements de son ressort.
6° Chaque prêtre fera par écrit sur ces questions toutes
les observations qu'il jugera à propos, avant de venir aux
conférences, et se préparera en consultant les auteurs,
pour pouvoir donner son opinion et la motiver au besoin.
A la fm de chaque conférence, l'on nommera un des prê-
tres de l'arrondissement pour assister à l'assemblée qui se
tiendra à l'évêché pour discuter les rapports des différents
comités, et juger en dernière instance.
70 Huit jours après chaque conférence, le secrétaire
enverra à l'évêché le procès-verbal qu'il aura dressé de
toutes les délibérations qui y auront eut lieu.
80 Tous les procès-verbaux étant rendus à l'évêché, il
s'y tiendra une assemblée des divers députés de tous les
arrondissements et on fera de tout un résumé que l'on
248 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
adressera à chaque membre du clergé, lequel se fera un
devoir de se conformer, quel que soit son opinion, aux
décisions qui auront été données.
9° Toutes les assemblées commenceront par le Veni
Creator^ le verset et l'oraison du St. Esprit, suivi d'un Ave
Maria et de l'oraison de St. Alphonse de Liguori, Deus qui
2)er B. Alphomum^ etc. Elles se termineront par le Memorare,
etc. L'on se fera un devoir de demander tous les jours à
la messe, et pendant le St. Office, l'esprit de science qui
doit éclairer le clergé et le rendre le docteur des fidèles.
10^» L'on se fera un devoir de garder pour le repas qui
se donnera chez quelqu'un de l'arrondissement ad turnum
les règles prescrites par les Sts. Canons, qui veulent que
les tables des ecclésiastiques soient simples et frugales.
C'est surtout dans ces réunions, où il est question de se
former à la pratique de toutes ces règles saintes, que l'on
doit se piquer d'une parfaite régularité. Car l'on comprend
aisément que sans cela ces réunions deviendraient bientôt
ruineuses, et perdraient en outre tout leur intérêt. Peut-
être serait-il bon que l'on convînt, pour l'uniformité dans
chaque arrondissement, de la manière dont seraient ser-
vies les tables, afin que l'on n'eût jamais lieu de trouver
à redire sur ce qui jiourrait être excessif en plus ou en
moins.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 30 Mai 1843.
Monsieuï\
St. Jean-Baptiste n'ayant jamais bu aucune liqueur
enivrante est pour cette raison le Patron-né de la Société
de Tempérance. Aussi je me rends volontiers au désir
que m'ont témoigné les membres de cette généreuse
association de l'avoir pour protecteur. Pour favoriser leur
louable piété, je déclare ce grand Saint Patron de la Société
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 243
de Tempérance dans tout le diocèse^ et afin que sa fête se
célèbre avec toute la piété qui convient à une fête reli-
gieuse, je transfère, de la solennité de St. François-Xavier
à celle de St. Jean-Baptiste, l'indulgence plénière accordée
à cette société par mon mandement du 25 janvier 1842.
Espérons que ce glorieux précurseur du Sauveur, qui
a trouvé dans l'exercice de la Tempérance absolue cette
force incomparable que Notre-Seigneur a bien voulu
louer lui-même, obtiendra à nos tempérants la grâce de
persévérer dans leur courageuse résolution ; et que notre
société, marchant sous l'étendard du plus grand des enfants
des hommes^ fera de nouveaux progrès pour la plus grande
gloire de la religion, qui l'a engendrée.
Je profite de l'occasion pour recommander à votre bien-
veillante charité et à celle de vos fabriciens et paroissiens,
l'église de St. Philippe, à la reconstruction de laquelle
chaque paroisse de ce diocèse doit s'intéresser selon ses
moyens. Quelques minimes que soient les secours que
chacune d'elles peut en ce moment fournir, toutefois
réunis ensemble, ils ne laisseront pas d'être considérables.
Une quête faite dans l'égUse, après avoir été annoncée
d'avance, et un appel fait aux fabriciens. rempliraient, je
pense, cet objet de charité publique. Ce serait d'ailleurs
comme un essai que l'on ferait pour mettre à exécution le
projet d'une assurance mutuelle pour tous les établisse-
ments religieux de ce diocèse. ,
Je pourrai donner des reliques à toutes les églises de ce
diocèse, et j'espère en avoir assez de la vraie croix de
Notre Seigneur pour en donner une petite partie à toutes
celles où est érigé le Chemin de la Croix, et qui n'en ont
point encore obtenu. Je regrette de n'avoir pu m'en pro-
curer de tous les saints patrons des paroisses de ce diocèse,
quoique j'en aie pour un assez grand nombre d'églises ;
je me ferai un devoir de les distribuer à chacune d'elles.
Une translation solennelle de ces reliques serait pour
votre bon peuple une fête très-intéressante et une source
de grâces ; je vous invite à lui procurer ce bonheur. Il
250 MANDEiMENTS, LETTRES PASTORALES,
est à espérer qu'en lui donnant des jouissances toutes
spirituelles, on le détachera des plaisirs mondains et des
amusements terrestres.
Je vous invite à vous rendre pour la retraite pastorale,
le 22 août prochain. Ayant à traiter avec vous d'affaires
très-importantes pour la religion en général et pour le
clergé en particulier, je profiterai de ce temps heureux
où vous vous trouverez réunis en grand nombre. Je vous
laisse toute liberté de pourvoir à la desserte de votre
paroisse et je donne au prêtre qui en sera le gardien les
pouvoirs de desservant et la faculté de biner. Si vous
jugez que vos paroissiens puissent aisément aller à la messe
dans les paroisses voisines, je permets que la vôtre reste
sans messe pendant votre absence. Le 22, à huit heures
du matin, je dirai au collège, lieu ordinaire des retraites
générales, une messe à laquelle je vous prie d'assister,
parce qu'elle sera célébrée pour attirer les lumières de
l'Esprit Saint sur ce que nous aurons à régler pour le
grand bien de la religion. Nous prendrons cette journée
et le lendemain pour traiter ces affaires, afin d'avoir l'esprit
entièrement libre pendant la retraite et de nous occuper
que de notre intérieur. Vous réciterez chaque jour, en
vous conformant à la rubrique concernant les Oraisons
prescrites par l'Evoque, (Manuel desCérém. Rom. 1. Tom.
ière Part. Art. V. Nomb. XXII) la collecte pro omni graclu
Ecclesiœ.
Le bureau de la Caisse Diocésaine se tiendra dans la
journée du 22 août. Je vous prie de prendre d'avance en
votre sérieuse considération cette établissement si émi-
nemment ecclésiastique. La retraite commencera aussitôt
que nous aurons terminé les affaires qui devront nous
occuper; et elle finira probablement le 1er septembre au
matin.
Je suis bien cordialement, Monsieur,
Votre très-humble et affectionné serviteur,
Y Ig. Evéque de Montréal.
[Vraie copie^] J. 0. Paré, Chan. Assist. Sec.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 251
P. S. — L'on désire savoir au plus tôt combien chaque
paroisse prendra d'exemplaires du Nouveau-Testament.
Ceux qui n'ont pas encore répondu sur cet objet à ma
dernière circulaire sont instamment priés de le faire.
LETTRE PASTORALE
SUR LA CAUSE DE BÉATIFICATION DU VÉNÉRABLE JEAN-BAPTISTE
DE DA SALLE.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc.
Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés religieuses, et à
tous les Fidèles de notre Diocèse : Salut et bénédiction en Notre-
Seigneur.
Le juste sera toujours en bénédiction : Sa mémoire sera
éternelle; et son nom ne saurait être flétri par les langues des
mcehanls. Voilà, Nos Très-Ghers Frères, ce que la Sainte
Ecriture nous dit de tous ceux qui craignent le Seigneur
et qui le servent avec amour. Cet oracle sacré s'est tou-
jours accompli à l'égard des saints, et il s'accomplira
jusqu'à la fin du monde : de nos jours il s'accomplit d'une
manière bien frappante dans la personne du vénérable
Jean-Baptiste De La Salle, instituteur des Frères des
Ecoles Chrétiennes. Après avoir été l'ornement des cha-
noines du Rheims, le modèle des plus parfaits ecclésias-
tiques de son temps, le père de l'enfance, cet admirable
fondateur d'un institut tout dévoué à la belle œuvre de
former à la vertu et à la science cet âge si intéressant,
termina sa glorieuse carrière chargé de mérites devant
Dieu et comblé des bénédictions des hommes, qui recueil-
lent aujourd'hui les fruits de ses immenses travaux. Ce
fut un Vendredi-Saint, sept avril mil sept cent dix-neuf,
que ce grand serviteur de Dieu, qui avait toujours mené
une vie crucifiée, remit sa belle âme entre les mains de
252 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Dieu qui, à pareil jour, avait expiré pour nous sur le
calvaire. Pendant sa vie, cet homme humble rechercha
sans cesse les ténèbres de l'oubli ; il se confondait avec
les enfants des pauvres dont il soignait si habilement les
études et les mœurs et voilà plus d'an siècle qu'il s'est
endormi dans le Seigneur. Néanmoins, l'éclat de sa sainteté
a percé les ténèbres dont il voulait s'envelopper. Cette
réputation sainte qu'il laissa en mourant s'est conservée ;
même elle n'a fait qu'accroître et s'étendre au loin. Ce
ne sont plus seulement les pieux fidèles qui vénèrent les
vertus de VAyni des Enfants ; ce ne sont plus seulement les
premiers prélats de la France et de l'Italie qui proclament
les œuvres admirables de celui qui consacra sa vie au
service des pauvres ; c'est le Chef suprême de l'Eglise,
c'est l'oracle des chrétiens, c'est le vicaire de Jésus-Christ
qui vient nous assurer que c'est une chose certaine que ce
vénérable serviteur de Dieu a justement acquis une ijoricusc
renommée de sainteté de vie^ de vertus et de miracles.
Aussi, nous nous empressons, Nos Très Chers Frères,
de vous annoncer cette heureuse nouvelle. Nous nous
faisons même un aevoir de vous adresser, avec la présente
Lettre Pastorale, une copie authentique du décret de N.
S. P. le Pape qui confirme solennellement la haute opinion
que l'univers chrétien a conçue de la sainte vie et de la
mort précieuse de ce sage directeur de la jeunesse. En
cela, nous entrons dans les vues particulières du Souverain
Pontife, nous consultons nos plus chers intérêts et nous
suivons notre propre inclination qui nous porte à contri-
buer de tout notre pouvoir à la gloire de ce grand serviteur
de Dieu.
En vous envoyant ce décret pontifical, nous vous aver-
tissons que l'Eglise ne reconnaît pour bienheureux que
ceux dont Dieu révèle lui-même la sainteté par des mira-
cles dont l'évidence soit à l'abri de toute critique. Or,
comme il est question maintenant de béatifier ce père de
l'enfance chrétienne, le Saint Siège veut s'assurer, par des
preuves incontestables, que des miracles ont été opérés par
l
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 253
son intercession. C'est pour exciter envers lui la piété et
la confiance de tous les fidèles que le Souverain Pontife
vient de proclamer du haut de la chaire apostolique, la
renommée de sainteté de vie. de vertus et de miracles dont il
jouit ; c'est dans les mêmes intentions que nous vous
transmettons le rescrit de la Sacrée Congrégation des
Rites si formellement approuvé par le Saint Père. Nous
le fesons. 1° parce que ce diocèse ayant l'avantage d'avoir
une maison des Ecoles chrétiennes, nous sommes pour
cela spécialement obligés de contribuer à la gloire de celui
qui les a fondées ; 2° parce que nous avons la ferme con-
fiance que ce vénérable serviteur de Dieu emploiera le
crédit qu'il a dans le ciel en faveur de tous ceux qui
recourront à lui avec une véritable piété; 3" parce que
nous espérons qu'il priera pour le succès de l'éducation
parfaitement religieuse ; 4° parce que nous espérons que
cet homme de Dieu deviendra un jour le patron spécial
des enfants de ce diocèse. Recourez donc, Nos Très-Chers
Frères, avec une foi vive et une confiance entière, à ce
tendre ami de vos enfants. Invoquez-le dans des neuvaines
particulières ; nous disons particulières^ car il n'est pas
encore permis de l'honorer d'un culte public. Demandez,
par son intercession, le remède à vos maux spirituels et
corporels ; mais surtout sollicitez sa bénédiction sur la
jeunesse de notre pays. Oh ! comme ce serait une insigne
miséricorde sur ce diocèse, si, en conséquence de la viva-
cité de votre foi, Dieu daignait y opérer quelque miracle
pjur constater de nouveau la sainteté de son serviteur et
hâter par là le jour où l'Eglise le compterait au nombre
des bienheuieux qu'elle honore !
Afin que tous les fidèles confiés à nos soins puissent
apprécier ce désir et connaître le rescrit de Rome qui
atteste Idirenoynmée sainte de JEAN BAPTISTE DE LA
SALLE, nous voulons qu'une copie de ce document soit
exposée, avec la présente Lettre Pastorale, jusqu'au pre-
mier jour de janvier, dans toutes les églises de notre
Diocèse, après que l'on aura fait la lecture de l'un et de
18
254 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
l'autre au prône des messes paroissiales ou conventuelles,
le premier dimanche après sa réception.
Nous profitons de cette occasion, Nos Très-Ghers Frères,
pour vous exciter à la dévotion au Saint-Scapulaire, que
nous avons la consolation de voir s'établir si rapidement
dans ce diocèse ; et afin de vous faciliter les moyens de
gagner la précieuse indulgence sabbatine, attachée à cette
admirable confrérie, nous accordons pour toujours à tous
les prêtres approuvés de ce diocèse le pouvoir de commuer
les œuvres qu'il faudrait faire pour la gagner, en d'autres
pratiques qu'ils jugeront convenables. Nous désirons qu'à
la place du Petit-Office de la Ste. Vierge, que généralement
l'on n'est pas capable ici de réciter chaque jour, Ton
impose à chaque membre de la confrérie, la pratique de
réciter, tous les jours, sept Pater et sept Ave^ et quatorze
Pater avec autant à'Ave les mercredis et autres jours où
l'on ne pourrait observer l'abstinence et les jeûnes pres-
crits pour gagner la dite indulgence sabbatine. II est bien
entendu que pour appartenir à cette association, il faut,
comme à l'ordinaire, s'adresser à ceux qui sont munis de
la faculté d'y agréger les fidèles. En vous accordant l'insi-
gne faveur ci-dessus désignée, nous usons du pouvoir
que nous a donné de vive voix Notre Saint Père le Pape :
car au moment où nous nous séparions de lui, il nous
dit, dans l'elTusion de son cœur si dévoué à la gloire de
Marie, qu'il nous donnait tous ces pouvoirs pour faire
honoier cette bonne et tendre Mère.
Donné à Montréal, le dix août mil huit cent quarante-
trois, sous notre seing et sceau et le contre-seing de notre
assistant-secrétaire.
-J- Ict. Evêque de Montréal.
Par Monseigneur^
J. 0. P.-vRÉ. Chan. As!;.-Sec.
[Four copie,)
J. 0. Paré. Chan. Ass.-Sec.
il
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 255
CAUSE
DU DIOCÈSE DE ROUEN, POUR LA BÉATIFICATION ET LA CANONISATION DU
VÉNÉRAnLE SERVITEUR DE DIEU, JEAN-RAPTISTE DE LA SALLE, INS-
TITUTEUR DE LA CONGRÉGATION DES FRÈRES DES ÉCOLES
CHRÉTIENNES.
Dans la Congrégation ordinaire des S. Rites, réunie au
Palais du Vatican, au jour indiqué ci-dessous, d'après les
humbles instances du Révérend Frère Chrysologue Tiriot,
membre de la Congrégation des Frères des Ecoles Chré-
tiennes, et postulateur de la cause de la béatification et
canonisation du vénérable serviteur de Dieu Jean-Baptiste
de La Salle, fondateur de cette congrégation, le doute ci-
après ayant été proposé par Son Eminence Révérendis-
sime Mgr. le Cardinal Constance Patrizi, Vicaire de Rome,
(en lieu et place de Son Eminence Révérendissime Mgr. le
Cardinal Alexandre Spada, rapporteur absent), toutefois
sans l'intervention et le vote des consulteurs, par dispense
apostolique, en date du 19 novembre de l'année passée
1841, savoir :
<( S'il conste de la validité et du relevé du procès aposto-
i( lique, dressé ici à Rome, touchant la renommée de
<( sainteté de vie, de vertus et de miracles en général du
« susdit vénérable serviteur de Dieu, dans le cas et pour
« l'effet dont il s'agit. »
Leurs Eminences Révérendissimes préposées à la Sacrée
Congrégation des Rites, après avoir tout considéré dans
les formes requises et mûrement examiné, et après avoir
entendu le promoteur de la Sainte Foi, Mgr. André-Marie
Frattini, qui a exposé de vive voix, et par écrit, son senti-
ment, ont pensé qu'il fallait répondre : affirmativement en
tout, le 16 avril 1842.
D'après le rapport fidèle des choses ci-dessus, fait à
Notre Très-Saint Père le Pape Grégoire XVI, par moi,
256 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
soussigné, secrétaire de la Congrégation, Sa Sainteté a
daigné l'approuver, et il a confirmé le Rescrit de la S.
Congrégation, le 22 du même mois et de la même année.
Charles-Marie, Evêque de Porto, Cardinal Pedicixi,
Vice-Chancelier de la Sainte Eglise Romaine, et
Préfet de la S. Congrégation des Rites.
Place t du Sceau.
Joseph-Gaspard Fatati, Secrétaire.
(Vraie copie,)
J. 0. Paré, Chan. Assist. Sec.
Vu et approuvé pour être publié dans notre diocèse, à
Montréal, le 10 août 1843.
"f 1g. Evéque de Montréal.
[Vraie copie^)
J. 0. Paré, Chan. Assist.-Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 8 Septembre 1843.
Motisieur,
Gomme vous avez été d'opinion, dans l'assemblée qui
eut lieu avant la retraite, qu'il fallait commencer à tenir
des conférences ecclésiastiques, je vous envoie à cette fin
un projet de règlement pour que tout s'y fasse d'une
manière uniforme. Ce projet pourra se modifier selon les
circonstances et sur les représentations que vous jugerez
à propos de me faire. Vous y verrez que le sujet des con-
férences devra être donné par l'Evêque. Comme je me
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 257
propose, pour les premières conférences, de soumettre à
votre sérieux examen les divers contrats qui se font dans
ce diocèse, et dans lesquels il pourrait se trouver quel-
qu'injustice, je vous prie de me transmettre au plus tôt
une note de ceux qui ont cours dans votre paroisse, et où
vous remarqueriez quelque chose d'usuraire
L'on a commencé à établir, dans quelques paroisses,
des sociétés d'agriculture, dont l'objet est d'inspirer à nos
bons cultivateurs l'esprit d'ordre, d'industrie et d'amélio-
ration, avec le goi!it de la simplicité des moeurs antiques,
afin de déraciner le luxe qui menace de nous ruiner com-
plètement. Cette entreprise mérite votre encouragement,
et, Dieu bénissan t vos soins, elle prospérera pour l'honneur
de la religion et l'avantage de notre heureux pays.
Comme il est impossible que tous les prêtres de notre
diocèse assistent à la retraite pastorale, et que néanmoins
il est de la dernière importance pour chacun d'eux de se
ranimer dans la retraite une fois par année, j'invite ceux
qui ont gardé les cures pendant la dernière retraite à faire
la leur en particulier. Ils seront accueillis avec le plus
grand plaisir par le séminaire, chez les PP. Oblats, chez
les Jésuites, ainsi qu'à l'Évêché. Ceux qui aiment à faire
leurs exercices en commun pourront s'entendre pour se
réunir dans celle des dites maisons qu'il leur plaira de
choisir.
Je vous donne pour l'année 1844 les pouvoirs d'indul-
gencier les croix, chapelets et médailles, comme vous en
jouissiez ces années dernières.
Je ferai tout en mon pouvoir pour me conformer à
l'opinion que vous avez émise sur les diverses questions
que je vous proposai avant la retraite pastorale. Mais pour
traiter avec succès avec la puissance civile, vous comprenez
que j'aurai un très-grand besoin de l'assistance d'en haut.
Comme c'est par Dieu que les rois régnent, nous le prierons
de vouloir bien éclairer de ses divines lumières nos légis-
258 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
lateurs, afin que les droits et intérêts de l'Eglise soient par
eux maintenus. A cette fin, vous reciterez, chaque jour,
depuis le 27 du présent mois jusqu'à la fin de la prochaine
session du parlement, en vous conformant aux rubriques,
l'oraison Pro quâcumque necessitate.
Je suis bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
f Ig. Evêque de Montréal.
{Pour vraie copie,)
J. 0. Paré, Chan. Assist.-Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE xMONTRÉAL.
Montréal, le 28 Novembre 1843.
Monsieur,
Depuis la dernière retraite pastorale, je n'ai pas perdu
de vue l'affaire des notables. J'ai mûrement pesé l'opinion
que vous avez émise sur cette importante mesure. J'en ai
conféré avec Mgr. FEvêque de Québec et avec Mgr. l'Evêque
de Sidyme. La présente est pour vous informer du résultat
de mes opérations sur cette grave question. Le voici :
1° Désormais il vous sera libre d'appeler aux assemblées
de fabrique, pour l'élection des marguiUiers et la reddition
des comptes seulement, les marguiUiers anciens et nou-
veaux, ainsi que les paroissiens propriétaires, quand même
ce ne serait pas l'usage dans votre paroisse d'appeler
ces derniers, pourvu que ce soit l'opinion de la majorité
de vos marguiUiers en assemblée régulière.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 259
2° Lorsque vous convoquerez au prône ces assemblées
pour élection de marguilliers et reddition de comptes,
vous ne manquerez pas d'en mentionner le sujet.
30 Les susdites dispositions ne regardent nullement la
ville de Montréal, mais uniquement les paroisses de la
campagne.
J'espère que ces concessions auront l'heureux effet de
rétablir et conserver la paix dans toutes les paroisses,
d'autant plus qu'elles ne sont faites qu'avec l'agrément et
l'autorisation du St. Siège, ce qui vous sufEra sans doute
pour vous tranquilliser sur les suites qu'elles peuvent
avoir pour l'avenir.
Je profite de la présente pour vous faire part d'un induit
du souverain Pontife, qui permet que les fidèles de ce
diocèse puissent, aux différentes époques de l'année où
l'on expose le Très-Saint Sacrement pour l'exercice des 40
heures, gagner les indulgences en assistant une fois à l'un
des offices qui se font durant ces trois jours de prières
solennelles, en faisant du reste tout ce qui est prescrit
pour gagner les indulgences, tant par rapport à la confes-
sion et à la communion, que par rapport aux prières. Cet
induit est du 16 juillet dernier. Je suis autorisé, par le
même induit, à établir dans le diocèse, la neuvaine en
l'honneur de St. Antoine de Padoue, avec une indulgence
plénière à gagner par chacun des fidèles un jour quelcon-
que de la dite neuvaine, pourvu qu'il se confesse, qu'il
communie, qu'il visite l'église où se fait la neuvaine, et
qu'il prie suivant l'intention du Souverain Pontife. Les
malades, ou autres personnes légitimement empêchées
d'aller aux églises, pourront gagner la dite indulgence en
communiant et en fesant les autres choses prescrites. Le
peuple de ce pays ayant déjà une grande confiance et
dévotion dans ce saint, il sera facile d'établir la susdite
neuvaine en son honneur en plusieurs endroits.
Je profite également de la présente pour vous informer
que les offices mentionnés dans ma circulaire du 23 sep-
tembre 1841, commenceront à être d'obligationle premier
260 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de janvier prochain. Le supplément qui les contient tous
est maintenant sous presse et vous pourrez vous le procu-
rer à l'Evêché vers la mi-décembre prochain.
Je vous prie d'annoncer à vos paroissiens que, lorsqu'ils
auront affaire à l'Evêché, ils pourront s'y présenter tous-
les jours, pourvu que ce soit depuis neuf heures du matin
jusqu'à trois de l'après-midi. Ils seront certains de toujours
trouver quelqu'un prêt à leur répondre, s'ils demandent
audience pendant ces heures de la journée.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
f Ig. Evêque de Montréal.
[Pour copie,)
A. F. Truteau, Chan.-Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 10 Février 1844.
Monsieur^
De graves raisons que vous connaissez tous, m'obligent
à user, celte année, du pouvoir que le droit canonique
donne à l'Evêque de dispenser de l'abstinence dans les cas
de nécessité. La dispense générale demandée au St. Siège
à ce sujet n'étant point arrivée, je me vois forcé d'en
donner une particulière pour le prochain carême, afin
qu'il y ait partout uniformité de conduite, et que les fidèles
puissent en sûreté de conscience observer le carême avec
l'adoucissement exigé par la misère des temps.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 261
En conséquence, le dimanche de la Quinquagésime ou
le premier dimanche de carême, après avoir fait l'annonce
ordinaire du Rituel, vous ajouterez ce qui suit :
(1 Les vivres maigres sont si rares et si chers cette année,
et ii règne d'ailleurs une si grande misère que Mgr.
de Montréal a cru devoir apporter quelqu'adoucissement à
la loi de l'abstinence. En vertu de la dispense que Sa
Grandeur vous accorde, il vous sera permis, pendant le
carême que nous allons commencer, de faire gras, à
chaque repas, tous les dimanches, excepté celui des
Rameaux. De plus, tous les lundis, mardis et jeudis de ce
carême, (excepté ceux de la Semaine Sainte et le jeudi
qui se rencontre le lendemain des Cendres), vous pourrez
faire un repas gras. Si la nécessité vous oblige de manger
plusieurs fois en ces jours, il vous faudra faire maigre aux
autres repas, à moins que vous n'en soyez excusés par
maladie ou autre cause légitime. Cet adoucissement fait
au carême à cause de la misère qui règne partout, ne
vous exempte pas de l'obligation de faire pénitence. Ainsi
vous devez par vous-mêmes suppléer à ce qui manque à la
rigueur de la sainte quarantaine. Car la justice de Dieu
ne change pas ; et il faut toujours que ie péché, pour être
pardonné, soit expié par une pénitence proportionnée à
son énormité. Si l'Eglise se relâche quelque fois de la
rigueur de ses lois pour condescendre à la faiblesse de ses
enfants, elle n'en prêche pas moins cette loi indispensable
de l'Evangile : Si vous ne faites pénitence vous périrez tous.
Nous vous exhortons donc à racheter vos péchés, en vous
adonnant avec ardeur à la pratique de toutes les œuvres
satisfactoires, dont les principales sont le jeûne, ]a prière
et l'aumône. Nous engageons pour cela les riches à faire
un digne usage des biens que le Seigneur leur a donnés,
et à redoubler leurs aumônes pendant le saint temps du
carême. Nous avons au reste la juste confiance que chacun
de vous comprendra la nécessité de retrancher pendant
ces jours de pénitence, toute sensualité et toute délicatesse
262 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
dans le boire et le manger, et surtout d'observer stricte-
ment les jours de jeûne qui restent d'obligation. Nous
vous avertissons que la présente dispense n'est donnée et
ne vaudra que pour le prochain carême ; mais nous décla-
rons que tous indistinctement peuvent en user. L'on se
conformera à la règle donnée par Benoit XIV, qui a
défendu à ceux qui, par dispense, mangent gras les jours
d'abstinence, d'user de poisson et de viande en même
temps. »
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
j- Ig. Ev. de Montréal.
{Vraie copie,)
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ANNONÇANT
l'ouverture d'une mission.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc.
Aux Curés et fidèles de la paroisse de , salut et bénédiction en
Noire-Seigneur.
Si quelque chose, Nos Très-Ghers Frères, peut alléger le
terrible fardeau de l'épiscopat que nous portons, et nous
consoler au milieu des peines et tribulations qui nous
assiègent de toutes parts, c'est, n'en doutez pas, l'ardeur
que vous montrez à profiter, pour la sanctification de vos
âmes, de tous les secours que vous fournit notre sainte
religion. Nous avons surtout surabondé de joie en voyant
l'empressement de toutes les paroisses de ce diocèse à
CIRGULAlfiES ET AUTRES DOCUMENTS. 263
recourir aux retraites et missions pour se régénérer spiri-
tuellement, parce que nous avons la ferme confiance que
ces exercices salutaires opéreront en peu d'années une
réforme générale, après laquelle nous soupirons de tout
notre cœur. Aussi, n'avons nous rien épargné jusqu'ici
pour favoriser ces réunions sacrées, formées des pasteurs
et des fidèles joignant leurs prières et leurs gémissements
pour obtenir grâce du Père des miséricordes, comme
autrefois les Apôtres renfermés dans le Cénacle avec les
premiers disciples du Sauveur se préparant, par une
letraite de dix jours, à recevoir les dons du St. Esprit.
Elles ont été remplies du St. Esprit ces heureuses paroisses
que les retraites ont sanctifiées, et elles ont publié les
merveilles du Seigneur par le changement admirable qui
s'y est opéré. Les œuvres saintes qui s'y pratiquent avec
tant d'édification, depuis ces jours de bénédictions, sont
des miracles aussi étonnants que les langues de feu, qui
se reposèrent sur tous ceux qui avaient fait la retraite
avec la B. Vierge et les Sts. Apôtres, dans le Cénacle.
Mais, malgré les travaux immenses de l'homme aposto-
lique qui a parcouru tout ce diocèse, en l'arrosant de ses
sueurs ; malgré le zèle infatigable de vos pasteurs, pour
seconder ses heureux efforts, il n'a été possible de remplir
jusqu'ici que le vœu d'un petit nombre de paroisses. Cet
empressement général nous a fait goûter une joie bien
pure, en nous fesant connaître combien était abondante la
moisson que nous avions à recueillir : mais cette joie a
été bien tempérée par la pensée que le nombre des ouvriers
était de beaucoup trop petit pour répondre à vos besoins.
Ce fut le désir d'obtenir des secours plus abondants, qui
nous fit passer en Europe ; et ça été pour le succès de ce
voyage que vous avez fait tant de prières pour nous. Elles
ont été exaucées ces prières ferventes : elles nous ont suivi
partout ces prières persévérantes ; et ce sont elles qui ont
dirigé nos pas dans tous les lieux où la divine Providence
nous ménageait, sans que nous le sussions, le secours de
nouveaux ouvriers Evangéliques, pour nous aider à tra-
264 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
vailler au salut de vos âmes. Nous avons maintenant le
bonheur de vous annoncer que nous avons trouvé de ces
hommes dévorés du zèle et de la gloire de Dieu, qui ont
tout quitté pour nous suivre. La vocation de ces hommes,
morts à tous les intérêts humains, est d'être tout entiers à
la disposition des évêques pour aller au secours des curés,
qui succombent sous le fardeau énorme de la charge pas-
torale. Leur œuvres est de parcourir les campagnes pour
évangéliser les pauvres et faire du bien partout, en don-
nant les exercices des retraites et des missions. Leurs
travaux doivent être accompagnés d'abondantes bénédic-
tions, parce que le vicaire de Jésus-Christ, Notre Saint
Père le Pape, en approuvant leurs saintes règles, a formé
des vœux pour que ces hommes tout dévoués au ministère
de la parole, sous la protection de la B. Vierge conçue
sans péché, puissent introduire dans le sein de cette Mère
de miséricorde tous ceux que Jésus, souffrant le supplice
de la Croix, lui a donnés pour fils. Tels sont les hommes
que nous vous envoyons, sur la demande de votre zélé
pasteur, pour diriger la retraite qui va se faire dans votre
paroisse. Ils seront sans doute bénis de vous ces hommes
qui viennent au nom du Seigneur pour vous annoncer
l'année de grâce et les jours du salut.
Maintenant nous vous exhortons 1, Nos Très-Chers
Frères, à bien profiter de ce temps favorable qui vous
arrive. C'est le Seigneur lui-même qui, parnotre bouche 2,
vous appelle à la solitude pour parler à votre cœw\ c'est-à-
dire pour vous faire comprendre combien sont enner)iis de
leurs âmes ceux qui commettent le péché de Viniquité 3, com-
bien sont malheureux les chrétiens, qui ne portent aucun
bon fruit, parce que déjà la coignée est à la racine de ces
arbres infructueux, qui vont être coupés et jetés au feu;
combien il est horrible de tomber entre les mains d'un Dieu 4,
1 Osé, 2, 14.
2 Job, 12.
3 Math. 3. 10.
4 Hebr. 10, 31.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 265
justement irrité par la multitude et l'énormité de leurs
péchés.
Ces divines leçons, qui depuis longtemps ne font plus
sur vous que de légères impressions vont, nous l'espérons,
Nos Très-Ghers Frères, réveiller en vous tous les senti-
ments de la foi. Elles vont vous pénétrer de cette crainte
salutaire qui est le commencement de la sagesse 1. Elles
vont vous faire pousser de profonds gémissements et
répandre des larmes abondantes, qui laveront les souil-
lures de vos âmes. Pour profiter de ces jours de grâces,
faites de dignes fruits de pénitence, car le royaume des deux
s'approche pour vous 2. Entrez dans les sentiments d'une
véritable douleur de vos péchés, et pénétrez vous d'une
foi vive en méditant les grandes et importantes vérités de
l'Evangile. Pœnicemùii et crédite Evangelio 3. Confessez
sincèrement vos péchés ; réparez-les par la pénitence.
Que le bien d'autrui ne demeure pas dans vos maisons ;
que le salaire de l'ouvrier ne reste plus entre vos mains ;
que le bien mal acquis soit restitué. Enfin préparez les
voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers 4. Pour cela,
faites de sérieuses réflexions sur vous-mêmes : redite prœva-
ricatores ad cor 5 ; travaillez à devenir meilleurs et à vous
renouveler dans l'intérieur de vos âmes, en renonçant
aux mauvaises veillées, aux fréquentations dangereuses,
aux jurements, aux blasphèmes, aux excès de l'intempé-
rance, aux mauvais discours et autres péchés qui, selon
l'Apôtre, excluent des Cieux : Renovamini autem spiritu
mentis vestrœ 6. Rachetez vos péchés par l'aumône ; car
Vaumône délivre de tout pèche et de la mort éternelle^ et elle
ne laissera pas Vâme dans les ténèbres 7, Unissez vos prières
pour demander d'un commun accord que Dieu remplisse
1 Ps. 110, 10.
2 Math. 3, 2.
3 Marc. 1, 15.
4 Math. 3, 3.
5 Isaïe, 46, 8.
6 Eph. 4, 23.
7 Job. 4, 11.
2G6 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de son esprit ceux qui vont travailler au salut de vos âmes
pendan' cette mission ; et qu'il vous donne à tous un cœur
docile pour que vous appreniez à le connaître, Vaimer, le
servir et acquérir par ce moyen la vie éternelle : car c'est là
la fin et l'unique fin de l'homme sur la terre.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, nous avons
réglé et réglons ce qui suit :
1'^' Nous permettons qu'il se fasse dans votre paroisse
une mission qui commencera au jour et à l'heure que M.
le curé jugera bon d'assigner. Pendant les trois jours qui
précéderont cette mission l'on fera des prières publiques,
pour attirer sur elle les bénédictions du Seigneur. A
l'heure qui sera jugée convenable, M. le curé convoquera
ses paroissiens au son de la cloche, et exposera le St.
Sacrement avec les cérémonies ordinaires, et Ton suivra
pour le chant la direction suivante. Lorsque le prêtre
ouvrira la porte du Tabernacle, l'on entonnera le Psaume
Miserere que l'on chantera tout entier, pour demander à
Notre Seigneur de vouloir bien pénétrer de tous les senti-
ments d'une véritable douleur les cœurs de tous les
pécheurs. Ce chant de pénitence sera suivi de l'Antienne
sub tuum prœsidium, pour mettre la mission sous la pro-
tection de la B. Vierge, le refuge assuré de tous les pé-
cheurs. L'on invoquera ensuite l'Esprit Saint en chantant
le Veni Creator, afin d'obtenir pour les directeurs et confes-
seurs de la mission des paroles pleines de douceur et
d'onction, qui puissent toucher les pécheurs les plus
endurcis. Les versets et répons propres, qui se chanteront
ensuite, seront: Ostendc7iobis, Domine; Dignare me; Emittc
spiritum tuum avec les oraisons correspondantes Dcus eut
proprium est, Concède misericors, et Deii,s gui corda fidelium
Ces oraisons étant terminées, l'on chantera le Tandumergo
avec le verset et l'oraison du St. Sacrement. Enfin, le
prêtre donnera la bénédiction avec l'ostensoir avec encen-
sement avant et après ; le tout pour demander à Notre
Seigneur en faveur des retraitants, la grâce de réparer
toutes les injures qu'ils auraient pu lui faire par leurs
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 267
communions tièdes, indignes et sacrilèges. L'ouverture
de cette mission vous sera annoncée la veille par le son
de la cloche pendant une heure après TAngelus du soir ;
et le jour même, aussi pendant une heure, avant le premier
exercice.
2o A l'heure indiquée, le curé revêtu d'une chappe de la
couleur du jour, précédé du clergé et suivi du peuple,
ira, en chantant le Miserere^ recevoir les missionnaires qui
viendront rencontrer la procession au lieu qui aura été
désigné entre l'église et le presbytère.
3" M. le curé s'approchera du supérieur de la mission,
et il lui remettra le crucifix qu'il a dû porter entre ses
mains jusque-là. Ce crucifix sera assez grand pour pouvoir
être aperçu de loin.
4o Tous les missionnaires étant à genoux, le supérieur
recevra la croix des mains du curé, la baisera avec respect,
puis s'étant levé, il la présentera aux autres missionnaires,
qui la baiseront de même.
5° Les missionnaires s'étant levés, le supérieur donnera
la bénédiction au peuple (qui se mettra à genoux), en
fesant un signe de croix vers les quatre parties du monde.
6o Les chantres entonneront 'ensuite les Litanies des
Saints, et l'on se mettra en marche pour se rendre à
l'Eglise. Les missionnaires iront deux à deux devant le
curé à la droite duquel se placera le supérieur portant la
croix élevée.
7o Dès que l'on sera rendu à l'Eglise et que chacun
aura pris sa place au chœur, le curé exposera le St. Sacre-
ment avec l'ostensoir, et l'on entonnera le Veni Creator^
qui se chantera tout entier avec les verset et oraison
propres. Après cela, il couvrira le St. Sacrement d'un voile,
et se tournera vers les missionnaires qui, s'étant profon-
dément inclinés sur les degré inférieur de l'autel, lui
demanderont sur le ton férial la bénédiction, que le curé
leur donnera sur le même ton, en la manière exprimée
à la fin du présent mandement.
268 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
8» Le supérieur, après avoir ainsi reçu la bénédiction
du curé, montera en chaire, et annoncera le commence-
ment de la mission. Le sermon fini, le curé donnera le
salut du St. Sacrement, suivant l'usage du diocèse. Après
la bénédiction, le missionnaire, qui était demeuré en
chaire, donnera au peuple les avis qu'il jugera nécessaires
et lui fera connaître l'ordre et les heures des exercices de
la mission pour le lendemain : enfin tout ce terminera par
la prière dn soir.
9° L'on réglera les exercices pour chaque jour de la
mission et on en instruira les fidèles à qui on expliquera
brièvement les raisons et le sens de toutes les cérémonies
qui se feront pendant ce saint temps. L'on se conformera,
pour les divers exercices, qui partageront le temps que
durera la mission, aux règles et pratiques usitées chez les
missionnaires, autant qu'il sera possible de les accom-
moder aux circonstances où l'on se trouve ici.
IQo En vertu d'un induit du Souverain Pontife, en date
du trente-un mai mil huit cent quarante, nous accordons
une indulgence plénière à tous les fidèles, qui vaqueront
au moins pendant trois jours, aux exercices spirituels que
nous venons d'indiquer, et qui étant contrits, s'étant con-
fessés et ayant communié, adresseront à Dieu des prières
ferventes pour la Propagation de la Foi, selon l'intention
de Sa Sainteté. Cette indulgence est applicable aux âmes
du Purgatoire, par manière de suffrage.
11° La mission se terminera par la bénédiction solen-
nelle et la plantation d'une croix, suivie du chant du Te
Deum pendant lequel on sonnera la cloche.
i2o Afin d'obtenir la persévérance à tous ceux qui
auront eu le bonheur de faire la mission, il y aura pen-
dant neuf jours, ou si cela est jugé plus convenable,
pendant neuf dimanches consécutifs, une procession à la
croix plantée pour la clôture de la mission. L'on s'y rendra
en chantant le Vexilla Régis ; et l'on récitera au pied de la
dite croix des actes de remerciements et des prières pour
demander la perêévérance. L'on retournera à l'Eglise en
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 209
chantant le Stabat Mater; et chacun étant à sa place, le
curé rappellera à ses paroissiens quelques-uns des avis qui
leur ont été donnés pendant la mission, lesquels il croira
devoir inculquer davantage dans leurs cœurs ; et tout se
terminera par la bénédiction du St. Sacrement avec le
Ciboire. Dans les Eglises où le Chemin de la Croix est
établi, l'on pourra le faire au lieu d'aller à la Croix de la
mission, lorsque la rigueur du temps ou quelques autres
raisons ne permettront pas de s'y rendre.
13° A commencer du jour où le présent Mandement
sera publié jusqu'à celui de la clôture de la mission qui
doit se faire dans cette paroisse, tous les Prêtres, qui célé-
breront le saint Sacrifice de la Messe dans cette éghse,
diront, en se conformant aux rubriques, l'oraison pro
remissione pcccatorum^ à laquelle on substituera celle
pro peiitione lacrymarum seulement les jours qui seront
choisis pendant la mission pour l'absolution générale.
Nous invitons tous les habitants de cette paroisse à joindre
leurs prières à celles de leurs pasteurs ; et à dire chaque
joui, dans toutes les familles, cinq Pater et cinq Ave^ pour
demander le pardon des péchés commis contre la divine
Majesté et la grâce de les laver dans les larmes d'une
sincère pénitence.
Enfin nons ne saurions mieux terminer ce Mandemglit
qu'en empruntantes paroles du grand Apôtre, et en vou'^s
disant avec toute la tendresse que nous vous portons:
étant, comme nous le sommes. Nos Très-Chers Frères, les
coopérateurs de Dieu dans l'ouvrage de votre sanctification
nous vous exhortons à ne pas] recevoir en vain la grâce de
Dieu^ qui vous est offerte dans cette mission, qui va se faire
pour la première fois dans votre paroisse. Car il dit lui-
môme, le Dieu des miséricordes, je vous ai exaucés au
temps favorable et je vous ai aidés au jour du salut. Voici
maintenant le temps favorable^ voici maintenant lé jour du
salut. nEcce nunct empus acceptabile : ecce nunc dies salulis.n
Puissions-nous^apprendre l'heureuse nouvelle que vous
avez tous profité de ces grâces abondantes que le Seigneur
ty
I
270 MANDEMENTS, LETTRES PAST(3RALES,
VOUS offre en ce moment. Car nous n'avons pas de plus
grande joie que d'apprendre que nos enfants marchent dans
la vérité et la sainteté.
Sera notre présent Mandement lu au prône de la Messe
paroissiale de le premier Dimanche ou jour de fête
après sa réception.
Donné à Montréal le vingt-deux Février, mil-huit-cent
quarante-quatre, sous notre seing, le sceau du Diocèse et
le contre-seing de notre secrétaire.
■\- Ig. Evéque de Montréal.
Par Monseigneur,
A. F. Truteau, Chan.-Sec.
1. N. B. — Modus petendi et dandi henedictionem ante pri-
mam Concionem Missionis.
Ubi ad Ecclesiam ventum est, fiet expositio sanctissimi
Sacramenti, et cantabitur : Veni Creator^ cum versiculo et
oratione propriis. Deinde Parochus stans in medio altaris
ad missionarios se vertit, qui, profunde ad infimum altaris
gradum inclinati, henedictionem petunt omnes simul di-
centes tono feriali : Jubé Domine benedicere. Parochus eo-
dem tono respondet : «Dominus sit in cordo vestro et in
labiis vestris, ut digne et competenter annuntietis Evan-
gelium suum », idque, pro totâ Missione sufficiat.
IL N. B. — Rubrique concernant les oraisons prescrites par
Vèvêque. extraite du Manuel des Cérémonies Romaines, I Tom.
Première partie. Art. V. Par. XXII.
Lorsqu'aux Messes des fêtes simples et des fériés on
ajoute, par dévotion, quelques oraisons qui ne sont pas
marquées dans le Missel pour ce jour-là, on ne les doit
dire qu'après les oraisons communes qui sont prescrites
pour le second et le troisième lieu. On observe la même
chose pour un sujet important au bien public; l'évêque
ordonne de dire chaque jour, pendant quelque temps,
l'oraison Deus refugium nostrum, ou autre convenable; car
ou on la dit au lieu de la troisième, si le choix de celle-ci
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 271
est laissé par la rubrique à la volonté du prêtre, ou bien
on la doit ajouter comme un nouveau mémoire, en telle
sorte qu'on n'omette aucune des oraisons prescrites par le
Missel. Quand elle devient ainsi la quatrième aux simples,
aux fériés et aux Messes votives, il n'est pas nécessaire
d'en ajouter une cinquième, quoiqu'on puisse le faire. On
omet la susdite orai?ûn aux fêles delà première classe;
on l'omet aussi aux Messes solennelles des fêtes de la
seconde. On la dit la veille de Noël, mais non pas la
veille de la Pentecôte, ni le dimanche des Rameaux.
Iir. N. B. — Extrait du Règlement des Missionnaires Oblats
de la Très-Sainte et Immaculée Vierge Marie^ approuvé par
Monseigneur rêvé que de Montréal pour les Missions et Retraites
de son Diocèse.
Article 16. — Les missions ne dureront jamais moins de
trois semaines à la différence des retraites qui pourront
ne durer que trois ou huit jours, mais jamais plus de
quinze.
17. — Les missions pourront être prolongées, selon le
besoin, jusqu'à un mois et pluo; mais on ne dépassera
jamais six semaines.
18. — On vivra pendant le temps des missions, confor-
mément au règlement fait pour les missions. Pour ce qui
est de l'ordre et des exercices de la mission, on se confor-
mera en tout à ce qui se fait d'usage et qui est prescrit par
le Cérémonial de la Congrégation.
19. — On retournera dans les paroisses où l'on a fait une
mission quatre ou cinq mois après, pour y donner quel-
ques jours de retraite : cette retraite devra durer moins
que la mission et on y emploiera un moindre nombre de
missionnaires. On fixera par ce moyen les fruits qui ont
été produits par la mission.
20. — Cet usage de retourner dans les lieux où on a
donné une mission, qui a été reconnu si utile et qui a
produit de si grands fruits pour le bien des âmes, demeu-
rera toujours en vigueur dans l'Institut.
272 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
36. — Pendant les missions et les retraites, les mission,
naires seront logés, s'il est possible, dans la même maison ;
du moins ils mangeront ensemble.
37. — Leur table sera toujours frugale et quand ils seront
chargés de leur nourriture, ils n'auront d'autre viande
que de boucherie; ils ne permettront pas qu'il paraisse
sur leur table du gibier, de la volaille, du poisson trop
cher, des sucreries, des confitures fines, ou autres mets
délicats qui ne conviennent pas à des hommes apostoli-
ques, qui doivent se contenter des mets ordinaires qui se
trouvent dans le pays.
38. — L'ordinaire ne devra être que de deux plats, de la
soupe, du laitage et du dessert. Quand il sera libre de le
fixer, suivant nos usages, alors on mettra un plat de plus
une fois par semaine ; mais lorsqu'on ne sera pas chargé
de son ordinaire, on usera de condescendance pour la
charité des hôtes, soit pour la qualité soit pour la quantité
des mets; tâchant néanmoins de le rapprocher, le plus
qu'on le pourra, de l'esprit de notre règle, qui prescrit
une raisonnable frugalité, qu'elle voudrait étendre jusqu'à
la morlification.
39. — On suivra la môme méthode pour la nourriture,
pendant les retraites et autres visites que l'on est en usage
de faire dans les lieux où l'on a donné la mission.
MANDEMENT DE VISITE.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evoque de Montréal, etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de notre Diocèse : Salul et BénédicUon
en Noire Seigneur.
Ayant plu à Jésus-Christ, le souverain « Pasteur et
l'Evèque de nos âmes, r 1 de nous charger, malgré notre
indignité, du Gouvernement de cette Eglise, en Nous
1 l. Pel. 2. 5.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 273
faisant connaître sa volonté par la bouche de son Vicaire
sur la terre, Nous comptons tellement sur la promesse
qu'il a faite à ses Apôtres et à tous leurs successeurs dans
le St. Ministère, « d'être tous les jours avec eux, jusqu'à la
fin du monde,) i que Nous espérons fermement pouvoir
à son exemple, «donner la vie à toutes nos brebis et la
leur donner avec la plus grande abondance 2.»
Ce divin modèle qui se fait connaître à Nous sous la
qualité si aimable de « Bon Pasteur,» ayant passé les trois
années de sa vie publique à parcourir les villes et les
bourgades 3, prêchant partout que le royaume des Cieux
«approchait,» courant après les «brebis égarées de la
Maison d'Israël 4, » signalant son passage par des bienfaits
sans nombre, Nous en concluons que pour lui ressembler,
Nous devons visiter assidûment les brebis dont II Nous à
confié la garde. D'ailleurs, il nous avertit lui-même qu'é-
tant « le bon pasteur, il connaît ses brebis et que ses brebis
le connaissent, qu'elles entendent sa voix, et qu'elles le
suivent ; que pour lui il leur donne la vie éternelle. 5 d Or
Nous ne pourrions nous acquitter de ce devoir si impor-
tant, si Nous ne Nous rendions auprès de vous, pour con-
naître tous vos besoins et y remédier par l'exercice de nos
saintes fonctions.
Aussi « Dieu Nous est témoin, » Nos Très-Ghers Frères
«que Nous Nous souvenons sans cesse de vous, lui de-
mandant toujours dans nos prières qu'il Nous facilite
les moyens d'aller vers vous : car nous désirons vous voir,
pour vous faire part des grâces spririluelles, » attachées à
notre saint Ministère, « afin de vous affermir » dans la
pratique de vos devoirs religieux «et de nous consoler
mutuellement les uns les autres par la foi qui nous est
commune 6.»
1 Math. 28, 20.
2 Joan. 10, 10.
3 Math. 4, 17.
4 Jo. 10, 6.
5 Joan. 10, 14.
6 Rom. I, 9, 10, 11, 12.
274 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
C'est avec ces sentiments, Nos Très Chers Frères, que
Nous entreprenons de faire la Visite Pastorale dans votre
Paroisse ; et Nous vous avertissons, au nom de l'Eglise 1,
que l'objet de cette Visite est lo d'accorder aux âmes de
ceux qui sont décédés dans la paix du Seigneur la rémis-
sion des peines qu'elles endurent pour achever de se
purifier; 2" de voir si vous entretenez avec zèle la Maison
du Seigneur et tout ce qui sert à son culte ; 3° de recher-
cher s'il y a parmi vous des désordres publics, tels que
des adultères, fornications et sacrilèges, afin d'user de
toute l'autorité dont le Seigneur Nous a revêtu, pour
corriger ces scandales qui, sans cela, produiraient la ruine
de vos âmes ; 4° de faciliter aux grands pécheurs les
moyens de se réconcilier avec Dieu par l'absolution des
censures et cas réservés, que nous aurons la consola-
tion de leur donner, s'ils s'y préparent par de dignes fruits
de pénitence : de Nous montrer à notre peuple avec les
entrailles de < la charité de Jésus-Christ, 2 » toujours prêt
à entendre ceux qui auront besoin de nos avis dans leurs
nécessités spirituelles ; 5° d'administrer la Confirmation à
ceux qui ne l'ont point encore reçue, et qui s'y seront
préparés en acquérant la science et les vertus qu'exige ce
grand sacrement. Vous voyez. Nos Très-Chers Frères,
que l'Eglise est toute occupée de vos plus chers intérêts^
quand elle envoie les premiers Pasteurs vous porter les
secours de la Religion ; et que cette bonne mère étend sa
compassion et sa tendresse jusqu'aux âmes de vos parents
et amis, qui partagent avec vous tous les biens célestes
que nous allons vous distribuer.
Mais pour participer à tant d'avantages, vous devez. Nos
Très Chers Frères, « préparer les voies du Seigneur, et
rendre droits ses sentiers. 3 Voici un temps bien favorable :
voici des jours de salut, 4 » qui vous arrivent: car voici
1 Pont. Romain.
2 Philip. 1, 8.
3 Isaï, 40, a.
4 2. Cor. 6, 2.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 275
Jésus-Christ lui-même qui, sous l'humilité de notre per.
sonne, va visiter votre Paroisse, faisant du bien à tous,
et guérissant tous ceux qui, par leurs criminelles habitu-
des, se seront mis sous l'esclavage du démon.
Redoublez de ferveur, vous, bons et fidèles serviteurs
de Jésus-Christ. « Voici l'époux >» de vos âmes « qui arrive :
allez au devant de lui, 1 » en augmentant ces trésors de
bonnes œuvres dont vous vous enrichissez tous les jours
pour le Ciel. Sondez bien vos cœurs ; et vous y trouverez
une multitude de fautes qui vous feront gémir, parce
qu'elles contristent l'Esprit saint. «Humiliez-vous donc
sous la main puissante de Dieu, afin qu'il vous exalte au
temps de sa visite. 2 »
Et vous, pauvres pécheurs, qui traînez des jours si
malheureux sous le joug de vos passions, ô pécheurs, le
plus tendre objet de notre sollicitude, parce que vous êtes
dans un danger éminent de vous perdre éternellement,
le Seigneur Nous charge de vous faire entendre celte
pressante exhortation. «Converlissez-vousàmoide tout vo-
tre cœur, 3 >. recourez « au jeûne, aux pleurs et aux gémis-
sements, et déchirez vos cœurs» par le repentir amer de
vos longs égarements. S'il en est parmi vous qui aient eu
le malheur de profaner les sacrements, le temps précieux
de la Visite leur est offert pour sortir de ce funeste état.
Comme « la chanté de Jésus-Christ Nous presse 4 », Nous
vous exhortons tous. Nos TrèsChers Frères, de mettre
ordre aux affaires de vos consciences, en travaillant à
résister à tous vos mauvais penchants, en réparant les torts
que vous avez faits au prochain, en pardonnant de bon
cœur à tous vos ennemis, en renonçant aux dissentions
qui ont régné parmi vous, en redonnant à vos Pasteurs la
confiance que méritent les soins qu'ils se donnent pour
votre salut éternel, en vous éloignant des maisons où
1 iMath. 25, 6.
2 1 Pet. 5, 6.
3 Joël. 2, 12, 13.
4 2 Cor. 5, 14 ■
276 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
jusqu'ici vous avez fait des excès d'intempérance et d'ivro-
gnerie, en abandonnant ces fréquentations où votre inno-
cence a fait si souvent un triste naufrage, en fuyant ces
modes indécentes, ces compagnies, ces jeux, ces divertis-
sements qui, hélas ! vous furent toujours si funestes. Enfin,
(' Nous vous conjurons, » avec l'Apôtre St. Pierre « de
vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre
l'âme. 1 », Mais ce n'est pas tout de ne pas faire le mal, vous
devez de plus faire le bien, pour vous disposer aux grâces
abondantes, que Nous allons vous porter au Nom du
Seigneur. Pour cela, reprenez, Nous vous en conjurons,
la pratique de vos devoirs religieux. Soyez assidus aux
Saints Offices ; recourez au Sacrement de Pénitence ;
mortifiez-vous, en pratiquant plus scrupuleusement les
jeûnes et l'abstinence de l'Eglise ; rachetez vos péchés par
des aumônes, suivant vos moyens ; implorez la miséri-
corde divine par des prières ferventes, et intéressez en
votre faveur la Mère de Dieu, en lui offrant chaque jour
en famille, l'excellente prière du Chapelet. Nous finissons
par «vous conjurer, » Nos Très-Chers Frères, « de nous
aider par les prières que vous ferez à Dieu pour Nous
afin qu'étant plein de joie, nous puissions vous aller voir,
pour accomplir la volonté de Dieu, et jouir avec vous
d'une consolation mutuelles.» En attendant, «que le Dieu
de paix soit avec vous tous. Amen. »
A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué. Nous avons
statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et ordonnons
ce qui suit, pour l'ordre de la Visite :
lo — Nous Nous rendrons à le
prochain, après midi. Environ une demi heure après
notre arrivée, on fera une instruction familière ou confé-
rence, à l'issue de laquelle Nous ferons notre entrée à
l'Eglise en la manière prescrite dans le Rituel : puis,
après une courte exhortation. Nous donnerons la Béné-
diction du St. Sacrement.
1 1 Pet. 2, 11.
2 Rom. 15, 30, 32, 33.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 277
2° — Le lendemain, il y aura des messes distribuées dans
la matinée pour la commodité des communiants. A dix
heures, la messe de la Visite et le sermon : après quoi,
Nous donnerons la Confirmation aux personnes à jefin,
préparées par les Confesseurs, et jugées suffisamment
instruites par leur Curé, dont elles présenteront un billet-
3° — Nous ferons, dans le' temps qui nous sera le plus
commode, la visite du Tabernacle, des ornements, des
Fonts baptismaux, et du Cimetière, ainsi que l'examen
des Comptes de la Fabrique, que les Marguillers tiendront
prêts à Nous être présentés. M. le Curé pourvoira aussi à
ce qu'un inventaire du linge et des ornements de l'Eglise
soit dressé, ainsi qu'un tableau des Indulgences et Messes
de fondation, s'il y en a. Nous rechercherons particulière-
ment si les Ordonnances données par Nos Seigneurs les
Evêques dans les Visites précédentes ont été exécutées.
4°— Mrs. les Curés auront soin de préparer par de fré-
quents catéchismes ceux qui se disposent à la Confirmation,
et de conserver les billets qui renferment les noms des
confirmés, pour les inscrire ensuite dans les Registres de
la Paroisse.
5° — Les Confesseurs nommés pour la Visite auront, tant
qu'elle durera, le pouvoir d'absoudre des censures et cas
réservés, et les facultés les plus amples pour la réconcilia
tion des pénitents.
6° — Par un Induit du Souverain Pontife, tous les Fidè-
les qui, s'étant confessés avec une véritable contrition,
communieront pendant la Visite,et prieront pour les néces-
sités de l'Eglise suivant son intention, gagneront une
Indulgence plénière.
7o— Voulant favoriser, autant qu'il est en Nous, la dévo-
tion des Fidèles envers la Sainte Vierge, Nous Nous
ferons un devoir d'appliquer, chaque jour de la Visite,
les Indulgences aux Croix, chapelets, et médailles qui
nous seront présentés, pourvu que l'on se conforme à ce
qui est prescrit.
278 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
8'^ — Chaque Paroisse ou Mission, après que Nous l'au-
rons visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre
suite les voitures nécessaires pour nous transporter à la
Paroisse suivante.
9° — Nous terminerons la Visite le quinze du même mois
avant raidi, par le salut ou la Bénédiction du St. Sacre-
ment.
Sera le présent Mandement lu et publié au Prône de la
Messe Paroissiale, le premier Dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, avec le
contreseing de notre Secrétaire, le trente d'Avril mil huit
cent quarante-quatre.
Par Monseigneur,
-]- Tg. Evêque de Montréal.
J. 0. Paré, Chan. Aas.-Sec.
GREGORIUS PP. XVL
Ad perpetuam rei memoriam. Quùm per similes Apos
tolicas Litteras die XII Januarii anno MDGGGXIX datas
episcopatis sedes Qaebecensis ad archiepiscopalem gradum
erecla fuerit, ita tamen ut proprie dicta metropolitica jura
archiepô Quebecensi tributa non fuerint, neque vera
metropolitica Provincia in Canada erecta sit, cumque
sublalœ jam fuerint difïicultates, quibus metropolitica'
istius Provinciœ erectio impediretur. Nos habita ratione
Ganadensium Prœsulum petitionum, ac perpendentes ad
religionis bonum splendoremque amplificandum, ac ad
ecclesiasticaî disciplina? observationem impensius foven
dam in ea regione, plurimuni esse profiituram memorata'
Provinciee erectionem, de N N. FF. AA. S. R. E. Gard,
negociis Propagandre Fidei p"aîpositorum consilio, eam-
dem metropoliticam Provinciam définitive erigere consii-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 279
tuimus. Mota igitur proprio ac matura deliberatione,
deque apostolicœ potestatis plenitudine hisce litleris metro-
politicam Provinciam Quebecensem erigimus ac constitui-
mus, qure complecti tantùm debeat regionem Ganadensem
stricte sumptam, quceque constare debeat ex ecclesia
Quebecensi tanquam metropolitana, et ecclesiis sive diœce-
sibus Marianopolitana in iiiferiori Canada, Kingstoniensi
in superiori, ac Torontina in oocidentali superioris Gana-
dœ regione, tanquam Suffraganeis. Quod vero spectat ad
episcopos Garolinopolitanum, Novœ-Brunopolis seu Neo
Brunswickiensem, et Halifaxensem in Novâ-Scotiâ, illi
quando Concilium Provinciale Quebecense celebrari con-
tingat, juxta Goncilii Tridentini prcescriptionem. ad illud
accèdent. Hœc decernimus ac constituimus non obstanti-
bus apostolicis constitutionibus et ordinationibus, necnon
dictée ecclesise etiam juramento, confirmalione apostolica,
vel quavis firmitate alia roboratis, statutis et consuetudi
nibus, cœterisque contrariis qaibus cumque. Datum Romœ
apud Sanctam Mariam Majorera sub annulo Piscatoris die
XII julii MDCGCXLIV. Pontificatûs nostri anno decimo
quarto.
(Sign) A. Gard. Lambrl'SChini,
L. 7 S.
(Pro Apographo,)
F. H. Belleisle, Pire., Ass.-Sec
280 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE JIONTRÉAL.
Montréal, 10 Août 1844.
Monsieur,
La présente est pour vous informer que la Retraite Pas-
torale commencera le premier Septembre prochain au
soir, et se terminera le sept suivant au malin. La difficulté
de pourvoir à la desserte des Cures, dans les Retraites
dernières, m'engage .à ne donner que cinq jours à celle de
cette année. Par cet arrangement, un seul Prêtre pourra
garder cinq ou six paroisses, et celles qui avoisinent la
ville, pourront y recourir pour leurs besoins. Je vous
laisse la liberté de prendre là-dessus tels arrangements que
vous jugerez à propos ; et afin que les gardiens soient plus
libres d'aller dans tous les lieux où leur présence serait
nécessaire, je donne dispense générale d'un ban, pour que
tous les mariages qui devraient se faire dans la semaine
de la Retraite, se fassent la semaine précédente. Je donne
à tous ceux qui garderont les Paroisses les pouvoirs de
Desservants, en quelque lieu qu'ils soient appelés. J'aime-
rais que les Vicaires et les Curés qui n'ont qu'un an ou
deux de Cure fussent préférés pour les Paroisses, parce
je désire les réunir à l'Evêché dans le cours de l'automne ;
ce dont je les avertirai plus tard. Le Veni Creator de la
Retraite se dira le Dimanche après la prière du soir, et je
pense que la plupart pourront s'y trouver en avançant au
besoin l'heure des Vêpres ; mais le discours d'entrée ne
se donnera que le lendemain dans la matinée.
Gomme je me suis toujours fait un devoir d'agir avec
la plus grande confiance à votre égard, je ne vous cacherai
pas ici ce qui peut vous intéresser par rapport à cette Re-
traite. Elle sera prôchée par M. Billaudèle, et les Confes-
seurs seront, outre les Prêtres de la ville, dont vous pour-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 281
rez réclamer le ministère, selon que vous le jugerez bon,
M. le G. V. Viau, M. le G. V. Archambault, M. Migneault,
M. Ducharme, M. François Labelle, M. Gagnon, M Joseph
LaRocque et M. Lavoie que je prie de vouloir bien remet-
tre leur Retraite à un autre temps pour être libres d'en-
tendre les confessions de leurs confrères. Le Règlement
sera à peu de choses près le môme que celui des autres
Retraites ; seulement j'espère que vous voudrez bien vous
imposer à vous-mêmes un silence absolu pendant ces cinq
jours de récoUection. afin de compenser par une plus
grande ferveur ce qui manque à ces jours de salut. Les
heureux fruits produits par les Retraites précédentes, les
grâces abondantes que le Seigneur a daigné verser sur
nous et sur notre peuple, depuis que nous vaquons tous
les ans à ces saints exercices, la mort qui vient d'enlever
subitement deux de nos frères à la veille de cette Retraite,
comme pour nous avertir de penser sérieusement à nous,
les ineffables délices qui ont accompagné nos Retraites
passées, tout nous presse de nous rendre à l'invitation de
notre bon Maître, qui, encore cette année, nous dit à tous
avec bonté : Venite seorsum in desertum locum^ et requiescite
pusillùm.
Je suis bien affectueusement,.
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
7 Ig. Evêque de Montréal.
{Pour copie,]
J. 0. Paré, Chan. Ass.-Sec.
P. S. — La séance annuelle du Bureau de la Caisse Ecclé-
siastique de St. Jacques se tiendra le samedi matin, après
la clôture de la Retraite.
L Ev. DE M.
282 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÈQUE DE MONTRÉAL, A l'OCCASION d'uN
CHANGEMENT DANS LA LOI DU JEUNE ET DE l'aBSTINENCE.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Salnt-Slége Apostolique Evêque de MontréaL et suffragant
de l'Archevêché de Québec^ ete.^ etc., etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses et à
tous les Fidèles de notre Diocèse : Salut et Bénédiction en notre
Seigneur.
Notre Saint Père le Pape Grégoire XVI ayant bien
voulu, Nos Très-Chers Frères, dans sa sollicitude pater-
ternelle, apporter quelqu'adoucissement à la loi du jeûne
et de l'abstinence dans ce Diocèse, Nous nous fesons un
devou' de vous faire connaître l'Induit qu'il a daigné nous
adresser à ce sujet, le sept Juillet dernier. En vertu de cet
Induit, vous pourrez en sûreté de conscience user des dis-
penses suivantes :
I. Il est permis de faire gras, l'J tous les dimanches de
carême, excepté le dimanche des Rameaux, 2° tous les
lundis, mardis et jeudis des l^ie, 2^, 3^, 4^ et 5^ semaines
de carême, mais sous la condition qu'il ne sera fait, ces
jours-là, qu'un seul repas en gras, et qu'on n'y servira pas
de poisson. Cette faveur ne s'étend pas au jeudi qui suit
le mercredi des Gendres, ni aux lundi, mardi et jeudi de
la semaine sainte, auxquels jours on n'usera que d'aliments
maigres ; 3'^ tous les samedis de l'année, excepté ceux du
carême et les samedis auxquels un jeûne est attaché ; 4"
le jour de la St. Marc, s'il ne tombe pas un vendredi, et
les trois jours des Rogations.
II. Les jeûnes des vigiles de St. Jean Baptiste, de St.
Mathieu, de St. Simon et St. Jude et St. André, sont sup-
primés et remplacés par d'autres jeûnes qui seront obser
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. '283
vés les mercredis et vendredis de chaque semaine de
l'Avent. Ces mercredis sont jours d'abstinence.
m. Les mêmes permissions sont aussi accordées aux
communautés de Religieuses et aux Frères des Ecoles
Chrétiennes.
Vous connaissez. Nos Très-Chers Frères, qu'il y a une
grande différence entre les Dogmes de la Foi, qui ne
peuvent point changer, et les lois de discipline qui peuvent
varier selon les temps et les besoins des Fidèles. L'Eglise
qui a toujours anatliématisé ceux qui ont cherché à altérer
le dépôt sacré de la Foi, confié à sa vigilance, a aussi, dans
tous les siècles, accommodé ses saintes ordonnances aux
besoins de ses enfants. C'est une Mère pleine de sagesse
et de bonté qui fait des lois non pas pour détruire mais
pour édifier. Ainsi, âmes ferventes, qui jusqu'ici avez
accompli si fidèlement le précepte salutaire du jeûne et de
l'abstinence, tel que vous l'avez reçu de vos Pères, et qui,
pour cela, avez toujours été la gloire et la consolation de
l'Eglise, vous pouvez bien gémir de cet adoucissement;
mais vous ne devez pas pour cela craindre que la Religion
qui fait votre bonheur, soit en rien changée quant aux
principes de la Foi et de la morale.
Tout en profitant de l'indulgence de l'Eglise, nous
devons nous humilier. Nos Très-Chers Frères, de ce que
cette sainte Mère, pour se plier à notre faiblesse, a été
dans la dure nécessité de faire une si large brèche à cette
loi salutaire du jeûne et de l'abstinence. Hélas ! il faut
bien le reconnaître et le dire en gémissant, la foi s'éteint
dans lin grand nombre de cœurs, le sensualisme fait des
progrès alarmants, l'orgueil de la vie, avec son luxe et sa
vanité, menace de tout ruiner, l'amour des richesses et
des plaisirs de la terre fait oublier les biens du Ciel : notre
terre, si souvent arrosée du sang des victimes de nos
malheureuses dissenlions, ces scandales et ces excès nous
avertissent qu'il serait plutôt nécessaire d'augmenter les
saintes pratiques de la pénitence, que d'en adoucir les
rigueurs.
^84 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Car il ne faut pas nous faire illusion, Nos Très Ghers
Frères, l'Eglise peut bien changer ses règles par rapport
à la pénitence, mais elle ne change point les règles de la
justice divine, qui sont immuables. Aujourd'hui, comme
toujours, le péché pour êtie pardonné, doit être expié.
Aujourd'hui, comme au temps du Prophète, il faut, pour
se convertir de tout son cœur, jeûner, pleurer et gémir 1.
Aujourd'hui, comme au temps de Jean-Baptiste, il faut
faire de «dignes fruits de pénitence 2, » pour n'être pas
exposés comme des arbres infructueux à être coupés et
jetés au feu. Aujourd'hui, comme au temps de Jésus-
Christ, il faut entendre ces terribles paroles : « Si vous ne
faites pénitence, vous périrez tous 3. Aujourd'hui, comme
au temps de l'Apôtre Saint Jacques, le Seigneur nous fait
entendre ces formidables paroles que nous devons tous
méditer avec le sentiment d'une juste frayeur: «Pour
vous, riches, qui vivez dans les délices et dans le luxe,
pleurez, poussez des cris comme des hurlements, à la vue
des misères qui vont fondre sur vous La pourriture con-
sume les richesses d'iniquité que vous gardez, les vers
mangent les vôtemens que vous avez en réserve... C'est
là le trésor de colère que avez amassé pour les derniers
jours 4 où vous irez paraître devant un Dieu juste et irrité
sans avoir fait pénitence.
Prévenons, Nos Très-Chers Frères, cet, épouvantable
malheur, en appaisant notre Juge par toutes les œuvres
satisfactoires. Si, de son côté, l'Eglise a pitié de notre
faiblesse, et se relâche pour cela de la sévérité de ses
ordonnances, du nôtre, redoublons d'ardeur dans les sen- ■
tiers de la justice, en compensation des pénitences dont
elle nous décharge en partie. Dans cette pensée, mulliphez
vos aumônes, car, comme vous savez, « l'aumône délivre
du péché.» Ayez soin de vos pauvres, et que dans chaque
1 Joël. 2.
2 Luc. 3, 8.
3 Luc. 13, 3.
4 Jac. 5.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 285
paroisse on prenne des moyens effîcacns pour qu'ils soient
occupés selon leurs forces et assistés selon leurs besoins.
Qu'ils ne soient pas, faute de secours, réduits à la dure
nécessité d'aller traîner ailleurs le spectacle de leurs
misères, avec le danger évident d'y contracter de mauvai-
ses habitudes. Qu'il serait à désirer qu'il y eût partout
des Associations charitables pour subvenir à toutes les
nécessités de ces membres souffrants de Jésus-Christ !
Embrassez avec zèle l'association de la Propagation
de la Foi, qui vous fournira tous les jours un moyen
efficace de satisfaire à la justice divine, puisque par
là vous aurez votre part aux travaux et aux souffran-
ces de tant de Missionnaires et de Fidèles qui ont de nos
jours le mérite et la gloire de verser leur sang pour l'hon-
neur de Jésus-Christ. Oh! que le martyre est glorieux
pour ceux qui le souffrent, et méritoire pour ceux qui y
contribuent par leurs prières et leurs aumônes! Vous
avez en outre, pour favoriser cette œuvre admirable, un
motif bien pressant, et qui vous intéresse vivement; c'est
que, moyennant les secours de la Propagation de la Foi,
Nous pouvons envoyer de zélés Missionnaires à tant de
jeunes gens qui, sans cela, seraient privés des secours de
la Religion dans les chantiers, où cependant ils en ont un
si grand besoin. Ces Missionnaires doivent surtout enten-
dre les confessions et préparer, par la pénitence, ces jeunes
gens, lorsqu'ils sont sur le point de s'embarquer pour de
longs et pénibles voyages. Combien de ces malheureux,
qui laissent leurs chantiers avec l'espérance de bientôt
revoir des parents chéris, et font de tristes naufrages.
Encore s'ils avaient le bonheur d'être en état de grâce ?
Mais après avoir passé des années entières privés de tout
secours religieux, et en compagnie d'hommes libertms et
débauchés, qu'il est déplorable d'apprendre qu'ils sont
allés ainsi rendre compte de toute leur vie au souverain
.juge ! Vous le comprenez vivement, pères et mères, qui
avez de vos enfants dans ces chantiers, et qui craignez à
chaque moment que l'on ne vienne vous annoncer la
20
28C MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
mort de quelques uns d'eux. Procurez donc, puisque
vous le pouvez, à vos chers enfants, ou à tous ceux qui
sont dans le même besoin, les secours si nécessaires de la
Religion. Pour cela montrez votre zèle pour la Propa-
gation de la Foi. N'écoutez pas ceux qui cherchent à
décrier cette œuvre en vous disant que c'est une invention
des Prêtres pour avoir de l'argent. Vous savez très-bien
qu'il n'en est pas ainsi. Nos Très-Chers Frères, et les
ceuvres des missions sont là pour fermer la bouche à ceux
qui oseraient vous détourner d'une association qui fait
ia gloire du monde chrétien. 11 y aura, Nous n'en doutons
pas, une sainte émulation entre toutes les paroisses de ce
Diocèse à qui contribuera plus efficacement à une oeuvre
si importante.
Et, puisque Nous sommes occupé, Nos Très-Chers
Frères, des moyens à prendre pour satisfaire à la justice
de Dieu, tout en observant un carême bien mitigé. Nous
vous exhortons de tout notre cœur à entrei dans la société
de Tempérance, destinée à régénérer notre pays, en
faisant disparaître les vices qui marchent toujours à la
suite de l'ivrognerie pour démorahser son peuple. Nous
attendons ce sacrifice des grands et des petits, puisque
tous sont intéressés à procurer le bonheur du peuple,
essentiellement attaché à la sobriété. Cette salutaire mor-
tification tiendra la place des jeûnes et abstinences que la
faiblesse de votre santé et la multitude de vos travaux
vous empêchent d'observer.
De plus, Nous vous conjurons. Nos Très Chers Frères,
de redoubler de ferveur dans la sainte pratique de la
dévotion à l'honneur de la Bienheuieuse Vierge Marie,
pour dédommager en quelque sorte cette Auguste Mère
de Dieu, de ce que la plupart des samedis, qui lui sont
consacrés, ne seront plus, comme autrefois, des jours de
pénitence. L'amour qui vous presse pour cette bonne
Mère, vous portera à vous enrôler dans les précieuses-
Associations établies pour l'honorer; et dans chaque
famille l'on se fera un mérite de réciter tous les jours, du
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 287
moins le samedi, quelques dizaines du chapelet. Ce fut
par cette dévotion salutaire du chapelet que St. Dominique
pût rétablir, de son temps, la foi et les mœurs dans de
grandes provinces qui furent le théâtre de son zèle. C'est
aussi le moyen que Nous prenons pour conserver partout
la Foi qui est attaquée par des ennemis dangereux et pour
rétablir la pureté des mœurs. Oh ! Nos Très-Chèrs Frères,
aidez-Nous, par votre ferveur à réciter cette excellente
prière du Chapelet, aidez-Nous à défendre nos brebis, que
des loups cruels, qui sont entrés dans notre bergerie,
cherchent à dévorer. Car Nous voudrions bien pouvoir
dire avec l'Apôtre, lorsqu'il nous faudra aller rendre
compte de notre administration au souverain Pasteur :
«J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course,
j'ai gardé la foi. Il ne me reste plus qu'à attendre la cou-
ronne de justice. » 1
Enfin, Nous profitons de la nouvelle année pour vous
Lénir au nom du Seigneur, et pour vous avertir de ne pas
abuser des biens qu'il vous accorde en les dissipant, dans
ces jours de plaisir, dans des excès de tables, des repas
somptueux, des dépenses superflues ; car ces biens, n'en
doutez pas, vous seraient ôtés, et bientôt vous verriez
reparaître ces années de misère, qui vous ont appris que
le Seigneur était irrité du mauvais usage que vous aviez
^ait des biens sans nombre dont il vous avait autrefois
comblés. « Réjouissez-vous, » Nos Très-Chers Frères,
; mais réjouissez-vous dans le Seigneur, » comme le veut
l'Apôtre. Faites-vous remarquer par votre modestie dans
vos paroles et vos actions. Fuyez les veillées dangereuses,
les parties de plaisir où vous pourriez voir et entendre
des choses qui exposeraient votre innocence. « Que la
grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous, d
! Ainsi soit-il. » 2
Sera le présent Mandement lu au prône de notre Cathé-
drale, à celui de toutes les églises paroissiales et en chapitre
1 2. Tim. 4-
2 (Rom 16, 24.)
288 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
dans toutes les communautés religieuses, le premier
dimanche ou jour de fête, après sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau et le
coutre-seing de notre Secrétaire, le vingt sept Décembre
mil huit cent quarante-quatre.
Y Tg. Evêqle de Montréal.
Pa?' Monseigneur^
A. F. Truteau, CTian, Sec.
( Vraie copie.)
J. 0. Paré, Chan. Ass.-Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, ier Janvier 1845.
Monsieur,
Comme rien n'est plus important que l'uniformité dans
le clergé d'un même Diocèse, je crois devoir vous adresser
la présente pour vous donner quelques règles de conduite
dans l'exercice du saint Ministère.
lo.Vous n'inquiéterez point les Fidèles qui se permet-
tront, les jours de jeûne, de prendre, le matin, quelques
bouchées de pain, avec un peu de thé, de café ou de
quelqu'autre breuvage : non plus que ceux qui mangeront,
au souper, le reste de la soupe grasse du dîner, les jours
de Carême où il leur est permis de faire un repas en
viande.
2'5 Vous recevrez, avec la présente, une feuille indiquant
les changements à faire aux Annonces du Rituel, en con-
séquence de l'Induit Apostolique du 7 Janvier 1838, relatif
à la suppression des Fêtes de dévotion et de celui du 7
Juillet dernier, par rapport à l'adoucissement du jeûne et
de l'abstinence. Il vous sera facile de découper cette
feuille et d'en annexer les parties aux lieux de votre Rituel
où il y a des changements à faire ; ou d'écrire à la marge
ces changements.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 289
3» Profitant de la permission que le St. Père m'a donnée
d'introduire différents offices dans le calendrierdu Diocèse,
selon que je le jugerai à propos, j'ai réglé qu'aucun office
ne serait renvoyé au delà de la partie du Bréviaire où il
est contenu, afin d'éviter l'incommodité d'être obligé de
se servir de deux volumes pour réciter cet office ainsi
transféré. L'on appliquera à ces sortes d'offices différents
Décrets de la Sacrée Congrégation des Rites, qui regardent
la mémoire des saints, dont on ne peut faire l'office à la
fin d'une année, et qu'il n'est pas permis de renvoyer à
l'année suivante. Tels sont les décrets du 26 Novembre
1735— du 28 Mars 1775— du 18 Décembre 1779 et d'autres
que l'on peut voir dans Romsée. En voici la substance
d'après cet auteur.
Officia quse non inveniunt locum ante Galendas Janua-
rii, recitari debent diebus in quos incidunt sub ritu
simplici, jungendo lectiones proprias secundi nocturni per
modum unius, è quibus fit nona lectio officii occurrentis,
nisi obstet solemnitas : porro obstant dominicee Pascliae
et Pentecostes, quo casu debent penitùs omitti isto anno.
In feria secunda et tertia Paschse et Pentecostes, fit
ubique commemoratio officii duplicis ; omitti vero débet
commemoratio semiduplicis.
In omnibus festis primse classis fit commemoratio dicto.
r|m officiorum, quae omittitur in sola missa solemni.
Quando occurrunt Vesperse ferise tertiœ Paschse et
Pentecostes cum duplicibus et semiduplicibus, de his fieri
débet commemoratio in dictis secundis Vesperis ferise
tertise Paschse et Pentecostes : in festis verô primse classis
omittitur dicta commemoratio.
Nona lectio ad Matutinum facta ex propriis per modum
unius, omitti|debet in offîciis trium lectionum, in festo et
octavâ corporis Christi (nisi fiât officium alicujus Sancti;
ita rub.) et quoties legitur nona lectio de homilia evangelii.
In missis dominicse Palmarura, vigilise Pentecostes et
Nativitatis Domini, licèt fiât commemoratio in officio,
eadem omittitur in missis : ita rub.
290 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Casu quo occurrat dominica vel octava rum dictis dupli-
cibus et semiduplicibus, abhibetur color dominicce vel
octavce.
Tandem, quando fit officium duplex in dominica, pra?-
poni débet commemoratio duplicis commemorationi do-
miniez, licèt hujus lecta sit nona lectio : in casu autem
semiduplicis, prteponenda est commemoratio dominica?.
In dominicis privilegiatis in quibus occurrit commemo-
ratio supra dictorum, non omittuntur suffragiaSanctorum,
nec preces ad Primam et Gompletorium, nec tertia oratio
in missa.
40 Je saisis cette occasion pour vous engager de nouveau
à ne pas souffrir que les hommes fassent l'école aux filles ;
que les enfants fréqpentent les écoles protestantes; que
les jeunes gens veillent seuls avec les filles ; qu'aucune
femme ne se mêle de faire les fonctions de sage-femme, à,
moins qu'elle ne soit jugée capable et d'accoucher et
d'ondoyer. Veillez sur les auberges pour qu'il n'y ait
point de désordres, et surtout que les jeunes gens n'y
aillent point boire et jouer les Dimanches et Fêtes. Prenez
de sages précautions pour que Ton n'exerce point Vem-
bryotomie sur les fœtus animés ; et afin d'éclairer certains
médecins qui ont reçu là-dessus de faux principes, vous
pourriez leur faire lire la dissertation qui se trouve dans
les Notes Diverses contre une pareille pratique. Veillez
aussi sur ceux qui parcourent les Paroisses pour receuillir
les enfants pauvres et les placer dans certaines maisons
d'éducation où on les élèves dans des principes contraires
à la Foi.
50 A mesure que vous formerez des sections de la Pro-
pagation de la Foi, vous voudrez bien en donner avis à
M. Lavoie, pour qu'il demande en France et qu'il vous
fasse ensuite passer un nombre de numéros des Annales,
proportionné à celui de vos sections. Votre zèle à encou-
rager cette œuvre importante peut seul en assurer le
succès. Vous ne manquerez pas d'insister auprès de vos
Paroissiens sur les avantages que doivent retirer leurS'
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. '^9$
jeunes gens des Missions des chantiers, pour les engager
à y prendre part en s'agrégeant à l'Association. Gomme il
doit partir ces jours-ci deux missionnaires pour ces péni-
bles missions, je vous prie d'envoyer, le plus tôt possible,
au Trésorier-Général de TOEuvre, ou à l'Evêché, tout
l'argent qui se trouve maintenant entre les mains des chefs
de sections, ou que vous pourriez retirer, afin d'aider à
faire les frais de cette mission.
ô-^ J'ai pris quelques arrangements pour pouvoir traiter
avec plus de facilité les affaires de l'Eglise avec les diffé-
rents Officiers du Gouvernement. Lorsqu'il vous faudra
recourir à eux pour les besoins de votre ParoissF, vous
me trouverez toujours prêt à vous prêter secours; et vous
serez en tout tems le bien-venu à vous adresser à l'Evèchê
pour cela, comme pour tout le reste.
7° Gomme j'ai à cœur que vos Paroissiens, qui ont
affaire à l'Evêché, ne fassent pas de voyages inutiles, mon
intention est que vous leur disiez qu'ils peuvent s'y pré-
senter tous les jours, excepté les Dimanches et Fêtes
d'obhgation, ainsi que les Jeudis, depuis neuf heures du
matin jusqu'à trois heures de l'après-midi seulement, la
nécessité où nous sommes, de répondre à beaucoup d'autres
besoins du Diocèse ne nous permettant pas de les recevoir
à d'autres heures.
Vous pourrez Indulgencier, cette année, les chapelets,
croix et médailles, comme les années dernières.
Je prie Dieu de vous conserver pour le bien de son
Eglise et de bénir tous vos travaux ; et c'est avec la plus
sincère affection et cordialité que je suis de tout cœur.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
•]- Ig. Evêque de Montréal,
[Pour Vraie Copie,) «
A. F. Truteau, Chanoine Secrétaire.
29-2 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 5 Février 1845.
Monsieur,
Plusieurs Prêtres m'ayant consulté pour savoir si l'on
pouvait faire plusieurs repas gras les Dimanches de
Carême, où l'usage de la viande est permis, j'ai jugé à
propos de vous adresser la Présente pour vous informer
que l'on peut en effet faire plusieurs repas gras tous les
Dimanches de Carême, où le Saint-Siège a permis l'usage
de la viande.
Je profite de l'occasion pour vous recommander d'in-
sister pour que le Carême, tel que mitigé, soit autant que
possible ponctuellement observé par ceux que vous
dirigez.
Je crois devoir aussi vous conseiller de donner, pendant
le Carême, quelques instructions sur les confessions et
communions sacrilèges. L'expérience montre que c'est
toujours avec le plus grand avantage que l'on revient
fréquemment sur ce sujet important.
■ Je prie le Seigneur de vous donner les forces néces-
saires pour qu3 vous puissiez supporter les peines et les
travaux de la sainte quarantaine, que nous commençons
aujourd'hui et c'est de tout cœur que je me souscris bien
affectueusement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
-|- Ig. Ev. DE Montréal.
{Pour vraie copie,) ♦
A. F. Truteau, Chan. Sec.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 293
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
E»êché de Montréal, 12 Mai 1845.
Direction à MM. les Curés et Missionnaires du Diocèse de
Montréal^ pour mettre à exécution le Bill d'Education^
passé dans la dernière session du Parlement Provincial.
Monsieur,
Comme il se présente quelques difficultés pour l'exécu-
tion du Bill d'éducation, tel que passé dans la dernière
session de notre Parlement Provincial, et qu'il s'y trouve
certaines clauses dont le sens n'est pas très-clair, j'ai cru
de mon devoir, après avoir consulté M. le Surintendant,
de vous adresser la présente, pour vous indiquer la marche
à suivre, pour tirer le meilleur parti possible du présent
Bill, en attendant que l'on puisse obtenir quelque chose
de mieux. Voici donc ce qu'il y a à faire pour se mettre
en droit de réclamer les allocations de la législature pour
l'éducation.
lo Dans chaque paroisse ou township, on élira des
commissaires qui ne seront pas moins de quatre, outre le
curé ou le missionnaire qui le sera de droit, lorsque les
deux tiers de la population seront catholiques, ni plus de
neuf. Dans ce dernier nombre sera compris le curé ou
missionnaire. Mais quoiqu'il ne puisse pas y avoir plus
de neuf commissaires, l'on peut former autant d'arrondis-
sements que l'on jugera à propos.
Cette élection se fera chaque année dans une assemblée
générale des tenanciers de la paroisse ou township, le
premier lundi de Juillet; elle sera annoncée huit jours
d'avance, par avis public donné à la porte de l'église, par
le plus ancien Juge de Paix ; à son défaut par tout autre
Juge de Paix y résidant, et à leur défaut par trois des
voteurs de la localité. Cette assemblée sera présidée par
294 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
le plus ancien Juge de Paix là et alors présent; à son
défaut par toute autre pv^rsonne élue par la majorité de
l'assemblée.
2o Celui qui aura présidé la dite assemblée générale,
transmettra sous huit jours, au Surintendant, les noms
des personnes qui auront été élues commissaires.
3° Les commissaires ainsi élus s'assembleront et choisi-
ront un Président et un Secrétaire-Trésorier ; mais ce
dernier ne pourra être choisi parmi les commissaires.
Cette charge de Secrétaire-Trésorier devra être remplie
par une seule et môme personne. Le Secrétaire-Trésorier,
donnera un cautionnement pour la moitié de la somme
« formée par la cotisation » ou « contributions de la paroisse,
et par l'allocationdu Gouvernement; et deux autres per-
sonnes devront cautionner chacune pour un quart de la
dite somme.
40 Les commissaires prélèveront, par cotisation, ou en
telle autre manière qu'ils jugeront nécessaire, une somme
égale à celle allouée par le Gouvernement. Il diviseront
la paroisse ou township en arrondissements et établiront
des écoles dans ceux qui ont le nombre d'enfants requis
par la Loi, (au moins 20de 5 à 16 ans) : et il faudra que
les écoles soient fréquentées pendant huit mois par au
moins quinze enfants chaque jour.
5" Les commissaires enregistreront ou feront enregis-
trer leurs procédés dans un livre tenu à cet effet ; et ils
seront signés à la fin de chaque séance par le Président
et le Secrétaire qu'ils auront choisi pour enregistrer leurs
procédés.
6° Les commissaires devront faire rapport au Surinten-
dant du nombre d'arrodissements et d'écoles en opération :
lui feront connaître le nombre d'enfants qui les fréquen-
tent : l'informeront que le Secrétaire-Trésorier a en mains
une somme prélevée par cotisation ou autrement égale à
celle allouée par le Gouvernement, et lui rendront compte
de l'emploi de cet argent.
Tl faut ''emarquer que la clause qui concerne les écoles-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 295
modèles, ne peut s'appliquer qu'aux écoles de garçons ou
aux écoles mixtes, et non pas aux écoles de filles, car la
loi ne pourvoyant qu'à une école de filles par paroisse,
cette école ne peut être considérée comme école-modèle,
puisqu'il n'y en aurait aucune autre dans la paroisse à qui
elle pût servir de modèle.
Je crois qu'il importerait beaucoup au succès de ce Bill
de faire comprendre à vos paroissiens, qu'ils peuvent
s'exempter de payer des taxes pour l'éducation, s'ils con-
tribuent généreusement au soutien de leurs écoles par des
souscriptions volontaires ; et que la Législature n'a imposé
ces taxes que pour les localités où l'on serait assez indiffé-
rent pour l'éducation, que l'on ne voudrait s'imposer
aucun sacrifice pour se procurer un bien si précieux. Les
milliers de Canadiens qui font la fortune des Américains
et autres, parce qu'ils ont de bons bras, mais point d'édu-
cation, devront leur servir de preuve du besoin qu'ils ont
de s'instruire. Vous ne manquerez pas de le leur faire
sentir avec votre zèle ordinaire.
Je suis bien véritablement, ' ,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
f Ig. Evêque de Montréal.
(Vraie Copie.)
A. F. Truteau, Chan.-Sec.
296 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
LETTRE PASTORALE
DE MGR. l'ÉVÊQUE "DE MONTRÉAL, AU SUJET DE L'iNCENDIE
ARRIVÉ A QUÉBEC LE 28 MAI 1845.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evéque de Montréal, etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de notre Diocèse : Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Vous aurez déjà appris, Nos Très-Ghers Frères, la triste
nouvelle de l'incendie qui a réduit en cendres un tiers de
de l'intéressante cité de Québec. Ce déplorable événe-
ment aura, nous n'en doutons pas, profondément affligé
vos cœurs naturellement si compatissants. Vous aurez
mêlé vos gémissements à ceux de ces douze mille infor-
tunés qui sont maintenant sans abri. Vous aurez arrosé
de vos larmes ces monceaux de cendres qu'a laissés sur
son passage ce feu destructeur, qui a consumé plus de
douze cents maisons. Les ruines encore fumantes de
cette ville, qui rappelle à vos cœurs tant de souvenirs
religieux et politiques, vous font emprunter les cantiques
lamentables du Prophète Jérémie pour déplorer cette
grande calamité. Ce n'était donc pas assez pour cette
ancienne capitale des Canada d'être pour ainsi dire demeu-
rée veuve en se voyant enlever ce qui faisait sa gloire,
le Siège du Gouvernement facta est quasi ^idua domina
gentium princeps provinciarum. Par quel surcroît de mal-
heur vient-elle encore de perdre un grand nombre de
ses citoyens qu'une affreuse calamité oblige de fuir au
loin, ou qui même ont été dévorés par les flammes !
Quomodo sedet sola civitasplena populo ? Qu'il fut déchirant
ce spectacle de plusieurs milliers d'habitants veillant toute
la nuit à la garde de quelques meubles échappés à la
fureur des flammes ! Que de larmes ils auront versées
à la triste lueur d'un feu qui achevait de dévorer leurs
édifices ! Plorans ploravit in nocle. Leurs prêtres gémis
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. -297
sant et leurs vierges couvertes de deuil répondent à leurs
accents douloureux. Sacerdotes ejns gementes^ Virgines ejus
squalidœ. Qu'elle est sensible pour ce bon peuple la perte
de cette magnifique église, qui faisait son bonheur ; et
qui était pour lui, en même temps un monument qui lui
rappelait chaque jour les immenses sacrifices de plusieurs
de ses pontifes dont la mémoire est remplie de si doux
souvenirs ! Puissent du moins les flammes qui ont
dévoré ce temple matériel avoir respecté le cœur de
l'immortel prélat qui l'a fondé, lequel reposait en paix
dans ce sanctuaire vénérable. Pendant ce désastre
afTreux, l'illustre prélat qui représente en ce moment le
premier pasteur de ce troupeau désolé fait entendre sa
voix, et au nom de son peuple, il appelle au secours et
demande du pain. Omnis populus gemens et quœrens,
panem. Sa voix qu'anime sa tendre compassion pour
tant de malheureux, fait une profonde impression dans
cette ville môme qui vient d'être le théâtre d'un si funeste
incendie ; et pendant que tout inspire la terreur et l'effroi,
ses généreux habitants versent plus de cent soixante,
mille francs dans le sein des pauvres. C'est sur les ruines
fumantes de la ville métropolitaine qu'est écrite une tou-
chante épitre pour procurer à des brebis chéries un
prompt et puissant secours.
Quant à nous. Nos Très Ghers Frères, ne demeurons
pas oisifs spectateurs du plus terrible incendie qui soit
arrivé en ce pays ; on ne pourra pas nous appliquer ces
paroles du même prophète : « parmi tous les amis » de
cette ville incendiée, « il ne s'en est pas trouvé un seul »
qui eût pitié d'elle et « qui allât la consoler » nen est qui
eonsoktur eam ex omnibus caris ejus. Les petits enfants
ont demandé du pain, et il ne s'est trouvé personne pour
leur en donner, parvuli petierunt panem et non erat qui
frangeret eis. Si jamais il s'est présenté pour vous une occa-
sion d'exercer votre charité, c'est assurément celle-ci.
Oh ! vous ne la manquerez pas cette occasion favorable,
Nous en avons la juste confiance ; car si vous vous êtes
298 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
montrés si généreux dans tant de circonstances où il
n'était question que de subvenir aux besoins de quelques
particuliers, que ne ferez-vous pas pour secourir une ville
si chère à vos cœurs, et pour laquelle se réveillent dans
ce moment plus que jamais toutes vos sympathies ? Vos
entrailles se dilatent de charité à la vue des ruines de
cette cité autrefois si florissante, et vous éprouvez ce
qu'éprouvait le prophète à la vue des ruines de sa ville
chérie : « mes yeux se sont séchés de larmes... en voyant
languir de faim les petits à la mamelle. 0 ville, ta douleur
est grandes comme la mer ; et qui pourra apporté remède à
tes maux ?» Ce sera, Nos Très-Ghers Frères, votre charité
et votre empressement. Souvenez-vous qu'à de grands
maux il faut de grands secours, que c'est dans les grandes
calamités que s'exercent les grandes vertus. Pensons que
s'il y a union dans nos opérations, il se formera des
fleuves de charité qui iront arroser cette ville infortunée.
Pensons qui si nous-mêmes n'avons pas éprouvé le
même malheur, c'est uniquement à la miséricorde de
Dieu que nous en sommes redevables. Peut-être, et il
faut l'espérer, Dieu attache-t-il à notre charité la grâce de
ne pas éprouver un pareil sort.
Connaissant vos cœurs comme Nous les connaissons,
Nous ne douions pas que vous ne fassiez vos slTorts pour
porter un prompt secours à la ville de Québec. Chacun
de vous saura s'imposer des sacrifices pour se mettre en
état d'aider ses infortunés habitants. L'on rougirait sans
doute de dépenser follement à la danse et au spectacle ce
qui serait si nécessaire pour secourir des milliers de
pauvres. L'on se fera un devoir de retrancher quelque
chose sur ses ajustements somptueux, pour pouvoir cou
vrir les membres de Jésus-Christ souffrant. Ceux qui ont
beaucoup, donneront beaucoup; et ceux qui ont peu,
donneront peu, mais tous donneront de bon cœur. L'on
s'organisera partout, dans la ville comme à la campagne,
pour que les listes de souscriptions soient présentées dans
chaque maison, afin de procurer à tous nos fidèles et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENIS. 299
charitables diocésains l'occasion de contribuer à une si
belle œvre. L'on établira des rapports actifs entre les
diverses paroisses de la campagne et la ville de Montréal
pour atteindre plus sûrement un but si important. Pour
cela l'on formera dans toutes les localités des comité
particuliers, chargés de recueilir les souscriptions des
âmes charitables et de les faire passer au comité général
de cette ville.
Telles sont, Nos Très-Ghers Frères, les suggestions que
Nous croyons devoir vous faire dans une circonstance si
touchante pour tous les cœurs généreux et compatissans.
Que la charité de Notre Seigneur Jésus Christ vous presse
et vous inspire tout ce que vous devez faire dans une si
grande calamité. Pour l'amour de la glorieuse Vierge
Marie que vous avez si spécialement honorée pendant ce
mois, ne refusez pas vos cœurs à ceux qui son, comme
vous, ses dévots et zélés serviteurs. Pourriez-vous mieux
couronner ce beau mois par un acte de sa sublime vertu
de charité dont elle se déclare elle-même la mère. Ego
mater pulchrœ dileclionis. Vous l'avez appris de vos pères
à ne rien refuser de tout ce que l'on vous demande pour
l'amour de cette bonne et tendre mère. S'il fut jamais
une occasion solennelle de mettre en pratique un usage
si précieux et si digne de vos cœurs tout dévoués à Marie,
celle ci où votre premier Pasteur réclame votre assistance
pour des frères que le plus affreux des malheurs a
atteints, et cela à la fin d'un mois où vous avez reçu tant
de grâces.
Que le Seigneur, en récompense de votre charité, vous
comble de ses bénédictions. Que ces bénédictions se
répandent sur vos champs, et votre commerce, vos familles
et vos maisons. Profitez des biens qu'il plaît au Seigneur
de vous accorder : faites en un saint usage et achetez de
vos aumônes le Royaume des Gieux.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de notre
Eglise Cathédrale, à celui de toutes les Eglises Parois-
300 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
siales, et en chapitre dans toutes les Communautés
Religieuses, le premier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, le trente-un mai mil huit-cent
quarante-cinq, sous no'tre seing et sceau et le contre-seing
de notre Secrétaire.
-|- IG. EvÉQUE DE Montréal.
Par Monseigneur,
A. F. Ttl'TEau, Chan. Sec,
[Vraie copie.)
i
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 301
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, 2 Juin 1845.
31o)uieui\
Vous recevrez, avec la Présente, ma Lettre Pastorale du
31 Mai dernier dans laquelle je recommande à la charité
de vos bons paroissiens les infortunés citoyens de Québec.
Quoiqu'il y ait beaucoup de misère dans les campagnes,
un pareil malheur engage tout homme compatissant à
faire l'impossible pour aller au secours de tant de mal-
heureux Je pense qu'un moyen efficace d'exciter vos
paroissiens à contribuer avez zèle à cette bonne œuvre
serait de leur faire comprendre la nécessité de rabattre
[.m peu sur le luxe. Hier, après la lecture de la Lettre
Pastorale, un ouvrier de nos faubourgs a de lui-même
proposé à sa femme de souscrire £15, que leur coûteraient
de nouveaux habits pendant deux ans, alléguant qu'ils
sont assez bien habillés pour se dispenser d'acheter du
neuf pendant tout ce temps. Votre zèle vous suggérera
toutes les pieuses industries dont vous devez vous servir
pour que votre paroisse se distingue dans cette calamité
publique. Je permets que les Fabriques contribuent à
cette œuvre, si vous et vos marguillers le jugez à propos.
L'Eglise de St. Roch ayant été incendiée, il est convenable
que les Eglises du pays, qui en ont le moyen, contribuen t
à sa reconstruction et soulagent par là d'autant la paroisse
de St. Roch.
Il serait â propos que vous fissiez organiser un comité
et nommer des collecteurs avec un trésorier-secrétaire qui
correspondrait avec M. H. Paré, {Rite St. Paul No. 171, vù-
k-vis la maison de Douane^ nommé Trésorier par le comité
21
302 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de Montréal pour recuillir les souscriptions de la campa^
gne. Vous voudrez bien apporter toute la promptitude
possible dans l'exécution de cette affaire, dont le succès
est confié à votre zèle.
Je suis bien cordialement,
Monsieur le curé,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Y Ig. Evêque de Montréal.
{Vraie Copie.)
J. 0. Paré, Chan. Assist.-Scc.
CIRCULAIRE
AU CLERGE DU DIOCESE DE MONTREAL.
Montréal, le 28 Juin, 1845.
Monsieur,
Je vous invite, par la Présente, à venir à la Retraite
Pastorale qui commencera cette année le 31 Août au soir,
et se terminera le 6 Septembre au matin. Vous prendrez,
avec vos voisins, tels arrangements que vous jugerez à
propos, pour la desserte de votre paroisse ; et pour plus
grande facilité, tout prêtre approuvé pourra exercer pen-
dant ce temps-là, dans tout le Diocèse, les pouvoirs dont il
est revêtu dans sa propre paroisse.
Comme l'on a généralement approuvé le projet des
Conférences Ecclésiastiques, je crois qu'il est temps de le
mettre à exécution. Pour sujet de la première, qui aura
lieu d'ici au 15 Août, je vous prie de discuter le Projet de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 303
Règlement, des Conférences Ecclésiastiques, que je vous adres-
sai, il y a près de deux ans. Vous voudrez bien aussi
reviser les règles de la Caisse Diocésaine que, par une
délibération du dernier Bureau, il est question de refon-
dre, afin que ceux qui ont été chargé de cette revision
puissent mieux connaître l'opinion du Clergé à ce sujet
Le Bureau tiendra sa séance annuelle au Collège de cette
ville, le 5 Septembre prochain.
Le déplacement ou la mort de quelques-uns des Vicaires-
Généraux nécessite quelques changements dans le premier
Règlement. Je prie M. le Grand Vicaire Viau de rempla-
cer feu M. Caron : M. Manseau de suppléer M. Viau, et
Mgr, l'Evêque de Kingston de présider l'arrondissement
assigné d'abord à M. Manseau. — L'assemblée des Députés
des divers arrondissements aura lieu à rp]vèché, le 19
Août dans la matinée.
Entrant encore dans vos vues généreuses et bienfaisan-
tes en faveur des prêtres qui deviennent incapables d'exer
cer le saint Ministère, j'ai engagé les Sœurs de Charité à
acheter la maison de l'honorable juge Pyke, près de
l'Evêché. L'honneur que vous portez tous à votre corps
et la charité qui vous anime pour ceux de vos confrères
qui ont vieilli ou se sont usés dans le sanctuaire, vous
feront apprécier cet établissement. J'aurais préféré que
cet asile eût pu être à la campagne. Mais considérant
qu'il fallait procurer à ceuxquis'y retireraient, des secours
corporels et spirituels, j'ai pensé que le voisinage de
l'Evêché et celui des Sœurs de Charité pouvaient seul
rencontrer pour le moment ces deux avantages. J'ai compté
sur votre charité, en engageant les Sœurs à faire pour le
Clergé cette acquisition; et déjà plusieurs ont plus que
répondu à mon attente. J'ai mis cet établissement sous
le patronage de St. Joseph, parce que l'on doit s'y préparer
à une bonne mort en méditant dans la Retraite les années
éternelles ; et pour cela j'ai cru devoir lui donner le nom
«d'Hospice de St. Joseph pour les prêtres infirmes.» Le
304 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
prix d'acquisition est de £1505, outre l'indemnité due aux
seigneurs qui se monte à £75.
Vous recevrez sous peu un Mandement pour annoncer
au Diocèse la promotion de Mgr. de Martyropolis. En
attendant, je vous invite à sa consécration qui aura lieu le
25 Juillet prochain, à la Cathédrale, ainsi que celle de
Monseigneur Blanchet, évoque de Draza et Vicaire-Apos-
tolique de la Colombie.
Je suis, avec une sincère et cordiale affection, en union
de vos ferventes prières et Saints Sacrifices,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
j Ig. Ev. de Montréal.
{Vraie Copie)
A. F. Truteau, Cfian.-Secrétaire.
MANDEMENT
d'installation de l'oeuvre des bons livres a MONTRÉAL.
Ignace Bourgel, par la misécorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evéque de Montréal^ etc., etc., etc.
Au Clergé et aux fidèles de la Ville et Paroisse de Montréal, Salut et
Bénédiction en Notre-Seigneur.
L'an dernier, le généreux dessein ayant été formé d'éta-
blir VŒuvre des Bons Livres, pour défendre la Foi et les
mœurs attaquées par des productions impies et immorales,
Disu a visiblement béni cette noble et pieuse entreprise,
car déjà quatre mille volumes sont en circulation, et huit
cent familles boivent les eaux pures de la doctrine, qui
jaillissent jusqu'à la vie éternelle.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 305
Pour assurer à de si beaux commencements un succès
complet, les zélés directeurs de cette œuvre voulurent que
la Religion la couvrit de sa protection. Pour cela ils
demandèrent et obtinrent de VArchiconfrérie de VOEuvrc
des Bons Livides établie à Bordeaux, ville de France, par des
Lettres Apostoliques de Notre Saint Père le Pape Grégoire
XVI, en date du seize Septembre, mil huit cent trente-un,
un acte d'union et d'agrégation, afin d'attirer sur notre
association toutes les bénédictions et indulgences dont le
St. Siège a enrichi la dite Archiconfrérie. Maintenant
que le Père commun des Fidèles protège et sanctifie
rOEuvre naissante des Bons Livres en cette ville, elle
remplira, nous en avons une ferme confiance, sa sublime
mission ; elle nourrira votre foi et votre piété ; elle dissi-
pera l'ignorance de ceux qui ne blasphèment contre notre
Sainte Religion que parce qu'ils ne la connaissent point
Elle convertira les pécheurs, affermira les justes, éclai-
rera ceux qui vivent dans les ténèbres de l'erreur ; elle
vous fera passer, Nos Très-Ghers Frères, de bien doux
moments, pendant ces longues veillées d'hiver où sans
cela, vous seriez comme bien d'autres, exposés à vous
laisser aller à une joie profane. Que de bien il lui est
donné de faire !
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de nos Vénérables Frères les Ghanoines de notre Cathé-
drale, nous avons réglé, statué et ordonné, réglons sta-
tuons et ordonnons ce qui suit :
L — Nous approuvons le diplôme de VArchiconfrérie de
l'Œuvre des Bons Livres, en date du cinq Décembre, mil
huit cent quarante-quatre en vertu duquel est opérée
l'union entre les deux Associations des dites villes de
Bordeaux et de Montréal pour l'encouragement des Bons
Livres ;
2. — Nous approuvons aussi et recevons les règlemens
de la dite Archiconfrérie avec les quelques changements
306 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
que nous avons jugé nécessaires, comme il paraît par notre
ordonnance de ce jour ;
3. — A compter d'aujourd'hui, les Associés pourront
gagner toutes les Indulgences accordées à la dite Archi-
confrérie par les Souverains Pontifs et dont nous avons
reconnu l'authenticité dans un tableau qui se voit à la
suite de la dite ordonnance : Nous déclarons qu'il faudra
visiter le Maître-Autel de l'Eglise Paroissiale de cette
ville pour gagner les Indulgences plénières qui y sont
mentionnées ;
4. — Afin d'attirer la bénédiction de Dieu et la protection
de la bienheureuse Vierge et de St. Jean Baptiste sur cette
œuvre si importante, l'on chantera demain dans la dite
Eglise Paroissiale immédiatement avant le Salut et la
bénédiction du Saint Sacrement, le Veni Creator^ avec les
Verset et oraison du St. Esprit ; et l'on ajoutera, pendant
le salut, aux antiennes et oraisons ordinaires, celle de St-
Jean-Baptiste.
Sera le Présent Mandement publié au Prône de la
Messe Paroissiale, demain, dans l'Eglise de Notre-Dame
de cette ville.
Donné à Montréal, le vingt Septembre mil huit cent
quarante-cinq, sous notre sceing et seau et le contreseing
de notre Assistant-Secrétaire.
(Signé,) -j Ig. Ev. de Montréal.
Par Monseigneur
J. 0. Paré, Clian. Assist.-Secretaire.
OEUVRE DES BONS LIVRES.
Ordonnance d'organisation et règlement de VŒuvre des Bons
Livres de Montréal.
TITRE PREMIER
Article I. — L'OEuvre des Bons Livres est canonique-
ment érigée en Association pieuse, sous l'invocation de la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 307
Très-Sainte Vierge, la protection de St. Jean-Baptiste,
Patron des Canadiens, et celle des Saints Apôtres.
Art. II. — L'installation de l'Association comme congré-
gation pieuse se fera solennellement dans l'Eglise Parois-
siale de Notre-Dame de Montréal, demain, vingt-unième
jour du courant, jour de l'octave de la fête du Saint-Nom
de Marie. La fête du Saint-Nom de Marie, Patronale de
la Paroisse, le sera aussi de l'Association de l'OEuvre des
Bons Livres.
Art. III. — Une messe sera célébrée, le second vendredi
de chaque mois, dans la dite Eglise Paroissiale, pour les
Associés et les bienfaiteurs de l'OEuvre, vivants ou défunts
La communion des associés, quand elle a lieu, est faite
dans les mêmes intentions.
Art. IV. — L'Association a été affiliée à VArchiconfrérie
de rŒuvre des Bons Livres de Bordeaux^ le 5 Décembre
1844, et du jour de la date du présent règlement, elle par-
ticipe à toutes les grâces spirituelles et indulgences accor-
dées à rOEuvre des Bons Livres, par les Souverams Pon-
tifes, Léon XII, Pie VIII et Grégoire XVI.
TITRE SECOND.
Objet et but de l'Association.
Art. V, — Le but des Associés est de combattre l'impiété,
en opposant aux livres impies, des livres pleins de la doc-
trine de la foi, et conformes à ses dogmes et à sa morale ;
de conserver les mœurs, en opposant aux livres obscènes
et corrupteurs, des livres qui ne respirent que la morale
la plus pure ; de faciliter l'instruction en ménageant aux
familles et aux individus, des lectures sures, variées, agréa-
bles et absolument gratuites ; en un mot, d'être utile à
toutes les classes de la société, en favorisant la Religion et
les bonnes mœurs, par les moyens opposés à ceux que
leurs ennemis ont pris pour les détruire.
Art. VI. — L'établissement de l'OEuvre, tendant à ces
308 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
vues générales, est absolument gratuit pour les particu-
liers ; l'Association voulant, avant tout, éloigner d'elle
jusqu'à l'apparence d'une spéculation ou intérêt matériel.
TITRE TROISIEME.
Gouvernement de V Association.
Art. VII. — L'Evoque de Montréal est le premier Supé-
rieur de l'Association. Il en approuve les Statuts et Règle-
ments ; et nul changement notable ne peut y être apporté,
sans son autorisation et sa sanction.
Art. VIIl. — Le Supérieur du Séminaire, en sa qualité
de Curé de la Paroisse de Montréal, est le Directeur de
l'Association. Il s'adjoint un Vice-Directeur, parmi les
Prêtres du Séminaire.
Art. IX. — Il est établi un Bureau ou Comité d'Adminis-
tration, composé de TEvêque Catholique Piomain de Mon-
tréal, du Directeur de l'Association, de son Délégué ou
Vice-Directeur, du Marguillier en Charge de la Paroisse
et de deux autres membres nommés par le Comité, et qui
devront être changés chaque année dans l'Assemblée du
mois de Décembre. Ce Comité nomme le Trésorier, et le
Bibliothécaire, règle toutes les affaires de l'étabhssement
et s'assemble le premier Lundi de chaque mois, ou le
Mercredi suivant si le Lundi est un jour de fête.
TITRE QUATRIEME.
Composition de V Association.
Art. X.— Le nom de l'Evêque Titulaire de Montréal est
toujours inscrit à la tête de l'Association.
Art. XI. — Les Chanoines Titulaires de la Cathédrale
et les Ecclésiastiques du Séminaire de St. Sulpice de
Montréal sont membres nés de l'Association.
Art. XII. — Seront membres de l'Association toutes per-
sonnes de l'un et de l'autre sexe qui, ayant demandé au
Directeur, ou à son Délégué, ou au Bibliothécaire, d'en
faire partie, seront portées sur le Registre de l'Association
et auront reçu un billet.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 30!)
TITRE CINQUIEME.
Des Associés.
Art. XIII. — Les Associés mettront leur premier soin à
se conserver dans la fidélité aux lois de Dieu et de l'Eglise.
Ils ne souffriront dans leur maison aucun livre contre la
foi ni contre les mœurs, et pour se conformer aux instruc-
tions de Notre Saint-Père le Pape, ils s'empresseront de
faire porter soit à l'Evêque, soit aux Prêtres, tous les
ouvrages de ce genre qui seraient ou parviendraient à leur
disposition. Ils contribueront, de tous leurs moyens, à la
prospéri té de l'OE uvre,en en faisant connaître les avantages
et la facilité, en partageant les travaux qu'elle nécessite
et les mérites qu'on peut y acquérir. Ils établiront dans
leurs familles, la pratique des lectures religieuses ; ils
achèteront de bons livres à cet effet, chacun selon ses
moyens, ils accroîtront le dépôt de l'Œuvre, des Livres
qui ne leur sont pas nécessaires ; ils feront tout en leur pou-
voir, pour facihter et étendre l'instruction religieuse par
la plus grande circulation de ces livres.
TITRE SIXIEME.
Des ressources et des moijens de l'Association.
Art. XIV. — Les ressources de l'Œuvre sont unique-
ment dans la charité libre et volontaire des Associés, et
généralement de tous les amis de la Religion et des bonnes
mœurs.
Leur charité s'exerce : 1. — par une contribution annuelle
de cinq chelins que chaque Associé peut verser dans la
caisse de l'Œavre ; 2. — par des souscriptions reçues au
Bureau de l'Œuvre ; 3. — par des dons de livres, propres
au but et à l'objet de l'Association ; 4. — par des dons pécu-
niaires soit publics soit secrets : publics quand les donateurs
consentent que leur nom soit porté sur les Registres des
Recettes; secrets, lorsque les donateurs ne veulent pas
être connus ; on se borne alors à enregistrer le montant
de leur offrande.
210 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Art. XV. — Il est rendu compte chaque année un des
Dimanches qui suivent la fête du St. Nom de Marie, de la
situation de l'OEuvre et de ses recettes et dépenses.
Art. XVI. — La présente ordonnance sera lue au Prône
de la messe Paroissiale demain jour de l'installation de
rCEuvre des Bons Livres et chaque fois que la lecture en
sera jugée utile au progrès de l'OEuvre.
Donné à Montréal le vingtième jour de Septembre de
l'année mil huit-cent quarante-cinq.
■J- Ig Ev. de Montréal.
Par Monseigneur,
A. F. Trlteau, Chan. Secrétaire.
INDULGENCES
Accordées par les Souverains Pontifes aux Associés de
VŒuvre des Bons Livres de Bordeaux et communiquées
aux affûiés de Montréal^ le 5 Décembre 1844.
INDULGENCES PLÉNIÈRES.
1. — Le jour où l'on entre dans l'Association.
2. — A l'article de la mort.
3. — Tous les seconds Vendredis du mois, si l'on co.n-
munie.
A chacune des fêles suivantes.
1. — Le 28 Janvier, St. Jean Ghrisostôme, Docteur.
2. — Le 24 Février, St. Mathias, Apôtre.
3. — Le 25 Mars, Annonciation de laSte. Vierge.
4. — Le ier Mai, St. Philippe et St. Jacques, Apôtres.
5. — Le 2 Mai, St. Athanase, Docteur.
G. — Le 29 Juin, St. Pierre et St. Paul, Apôtres.
7. — Le 25 Juillet, St. Jacques le Majeur, Apôtre.
8. — Le 24 Août, St. Barthélémy, Apôtre.
9. — Le 28 Août, St. Augustin, docteur.
10. — Le 21 Septembre, St. Mathieu, Apôtre.
11. — Le 28 Octobre, St. Simon et St. Jude, Apôtres,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 3U
12. — Le 30 Novembre, St. André, Apôtre.
13. — Le 7 Décembre, St. Ambroise, Docteur.
14. — Le 21 Décembre, St. Thomas, Apôtre.
15.— Le 27 Décembre, St. Jean, Apôtre et Evange liste.
INDULGENCES PARTIELLES.
Indulgences de sepl ans et sept quarantaines.
1. — Tous les Vendredis du mois, si l'on assiste seulement
à la messe.
2. — Le 14 Janvier, St. Hilaire, Docteur.
3. — Le 7 Mars, St. Thomas d'Aquin, Docteur.
4. — Le 12 Mars, St. Grégoire, Pape, Docteur.
5. — Le 4 Avril, St. Isidore, Docteur.
6. — Le 11 Avril, St. Léon, Docteur.
7. — Le 21 Avril, St. Anselme, Docteur.
8. — Le 9 Mai, St. Grégoire de Mazianze, Docteur.
0. — Le 14 Juin, St. Basile, Docteur.
10. — Le 18 Juin, St. Amand, Evêque de Bordeaux.
1 1.— Le 22 Juin, St. Paulin.
12. — Le 14 Juillet, St. Bonaventure, Docteur.
13. — Le 20 Août, St. Bernard, Docteur.
14. — Le 30 Septembre, St. Jérôme, Docteur.
15. — Le 21 Octobre, St. Séverin, Evêque de Bordeaux.
16. — Le 4 Décembre, St. Pierre Ghrysologue, Docteur.
17. — Le 30 Décembre, St. Delphin, Evêque de Bordeaux.
Outre ces Indulgences, le St. Père en a accordé de 60
jours, applicables aux âmes du Purgatoire, pour tous les
actes de charité, tels que : réconcilier les ennemis, conver-
tir les pécheurs, instruire les ignorants, accompagner les
morts, prier pour les confrères défunts, etc., etc.
Nous avons vu et approuvé le tableau ci-dessus et de
l'autre part; et Nous permettons que les indulgences y
mentionnées soient publiées, pour être gagnées par les
Associés de YŒuvres des Bons Livres.
312 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Donné à Montréal, le vingt Septembre, mil-huit-cent-
quarante-cinq, sous notre seing et sceau et le contreseing
de notre Assistant-Secrétaire.
(Signé,) j 1g. Ev. de Montbéal,
Par Monseigneur,
J. 0. Paré, Chanoine, Assist.-Secrétaire.
REGLEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE.
1. — Tout Associé à l'Œuvre des Bons Livres a droit au
prêt d'un volume.
2. — Toute personne non Associée peut aussi recevoir
des Livres sur la recommandation par écrit d'un Associé,
ou en déposant un gage qui lui sera rendu, si elle l'exige,
lorsqu'elle se retirera.
3. — On ne prête qu'un seul volume à la fois par famille,
à moins qu'il ne s'y rencontre plusieurs Associés.
4. — On peut changer les Livres, trois fois par semaine,
jamais deux fois dans le même jour. On ne doit pas l«s
garder plus d'un mois.
5. — Aux heures et aux jours où la Bibliothèque est
ouverte, on peut y lire et y prendre des notes.
6. — Le lecteur qui perd le livre qui lui a été confié, ou
qui l'endommage notablement, est tenu d'en donner le
prix.
INSTRUCTIO
S.A.CRAE CONGREGATIONIS DE PROPAGANDA FIDE AD ARCHEPIS-
COPOS, EPISCOPOS, VICARIOS APOSTOLICOS, ALIOSQUE
MISSIONUM PRAESULES.
Neminem profecto latere potest quibus curis ac studiis
Apostolica Sedes, pro collato sibi divinitus munere, in id
assidue intenderit, ut Evangelicœ legis lumine latins in
dies per omnem terram effuso, jacentes adhuc in tenebris,
et umbra mortis populi œternœ veritatis gloriam agnosce-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 313
rent, susceptumque semel vitse verbum firmissime tene-
rent. Duo enim esse prsecipua ac veluti necessaria
Catholicœ Religionis propagande, et stabiliendce instru-
menta, missionem scilicel Episcoporum, quos Spiritus
Sanctus posuit regere Ecclesiam Dei, et sedulam indigense
cleri institutionem, tum alla gravissima, tum picesertim
Apostolorura exemplum, ac primitivae Ecclesiœ teslimo-
nium manifestissime evincunt. Sane, ut ea, ceteroquin no-
tissima, hic prtetermittantur, quœ Sacrce Litterse, et enu-
cleatius ipsorum Apostolorum epistolœ, et acta opportune
ac abunde in rem habent, audire omnino est S. Clementem
Romannm S. Pétri discipulum, ac S. Pauli adjutorem et
comitem ita ita de Apostolis ad Gorinthios scribentem ep.
1. cap. 44. «prœdictos (Episcopos) constituerunt^ ac deinceps
futur se successionis hanc tradidentnt régulant^ ut cum illi
defecissent ministerium eorum ac munus alii probati viri
exciperent.t- Et subsequenti sseculo S. Irenseus (advers,
hcereses iib. 3. cap. 3.) inquiebat : n habemiùs ad lumerare
eos^ qui ab Apostolis instituti sunt Episcopi, et successores
eorum usque ad nos. » Quin ea fuit initio Ecclesise de
amplificando Episcoporum numéro, deque iis perdiversas
regiones magis magisque distribuendis sollicitudo, ut id
multo ante petatem suam factum fere ubique affirmaverit
S. Gyprianus liis lucuientissimis verbis in epistola 52. ad
Antonianum : « jampridem per omnes provincias, et per
urbes singulas ordinati sunt Ipiscopi.n Quamobrem S.
Augustinus contra Gresconium Iib. 3. 18. commémorât
Episcopos ab ipsis Apostolorum sedibus inconcussam
seriem usque in sua tempora perducentes.
Nec minus ex sacris monumentis evidens compertumque
est Apostolos, missosque ab eis in ultimas etiam orbis
partes Episcopos plures quacumque Sacerdotes, et Minis-
tros initiasse, atque adeo clerum ex indigenis hominibus
ad Ghristiante Religionis firmitatem, et incrementum
instituisse. Hinc S. Ignatius Martyr S. Pétri discipulus
ejusque in Sede Antiochena post Evodium successor
314 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
constitutos variis in Ecclesiis una cum Episcopo Presby-
teros, et Diaconos accurate describit. Studete, inquit, in
sua ad Magnesianos epistola n» 13., ut confirmemini in
dogmatibus Domini, et Apostoiorum... cum dignissimo Epis-
copo vestro; et digne contexta spirituali corona Presbyterii
vestri^ et secundum Deum agentibus Diaconis. Et in alia ad
Smyrnenses n» 12. salutat Deo dignum Episcopum^ et Dec
décorum Presbyterium et conservos... Diaconos. Idipsum de
Gorinthiorara Ecclesia liquet ex allata superius S. dé-
mentis priore epistola cap. 40. ubi sic legitur: h summo
quippe Sacerdoti sua munia tributa sunt, et Sacerdotibus
tocus proprius prœstitutus est; Levitis quoque sua ministeria
incumbunt. » Denique non prsetereundus Eusebius ab
Apostoiorum sevo licit remotior, cujus apertissiraus est
qui sequitur locus. (Hist. Ecc. lib. 3, cap. 23.)» Cum post
obitum Tyranni ex insula Patmo Ephesum rediisset Joannes
ad finit imas quoque provincias rogatus se contulit., partimut
Episcopos constitueret^ partim ut Ecclesias intégras dispone-
ret, ac formaret, partim etiam ut homines sibi a divino Spi-
ritu indicntos in clerum quemdem^ seu sortem Domini
seponeret. »
Jam vero Apostoiorum exemplo et vestigiis inhœrentes
Romani Pontifices universge Ecclesise divina auctoritate
prsepositi, cum semper et ab ant.quissimis iisque tempo-
ribus, tum maxime tribus postremis sreculis per Sacram
hanc Congregationem sanctissimo propagande^ fîdei nego-
tio peculiariter addictam impense curarunt, ut multipli-
catis, quo magis fieri posset, Episcopis, erectisque pro
locorum opportunitate Ecclesiis, Religionis incnlumifati,
et commodo consultum jugiter esset. Atque hanc saluber-
rimam providentire rationem non modo ad regiones evan-
gelico semine primum fœcundatas, sed etiam ad illas ubi
per sseculorum intervalla, vel hœretica pravitate, vel
ethnica iterum superstitione invalescente, res catholica
misère periclilabatur, patere studiosissime voluerunt. Quod
si nonnullis in locis obadversas temporum vices magnique
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 315
momenti causas titulatns, alqiie ordinarios Episcopos con-
stituere haud licuit, Apostolicos tamen Vicarios Episcopali
charactere, et potestate auctos ad fidelem illic populum
regendum miltere non distulerunt ; paucisque tantum-
modo in regionibus ob graviora rerum adjunctî simplices
Presbyteros catholico gregi prseesse passi sunt, eo certe
consilio ac mente ut, cum primum datum esset, perfecta
ibidem ecclesiasticce hierarchiee forma instauraretur.
Porro autem Romanes Pontifices pro supremi officii sui
sanctitate in id seque omni ope atque opéra incubuisse,
ut, qui in diversas terrée partes abibant, earumque Eccle-
siis prœficiebantur Episcopi, ii indigense cleri institutionem
vehementissime urgerent, res est, ut cuique perspecta, ita
multiplici documentorum génère confiimata. Hue rêvera
spectant omnigena subsidia in Episcopos remolissimarum
etiam regionum pluries collata ad seminaria erigenda,
ubi pueri indigence sacris deinceps iniliandi ad pietatem
et scientiam informarentur. Hue permnlta nalionalia
collegia eumdem in finem sive Romœ, sive alibi ingenti
sumptu ac labore instituta, et vel a fundamentis extructa.
Hue peculiares facultates Episcopis et Vicariis Apostolicis
extra ordinem tnbutœ ; quo scilicet aliquibus praesertim
in locis facilior esset indigenarum hominum ad presby-
terii honorera, et gradum ascensns. Hue demum innu-
raerae fere Romanorum Pontiflcum epistolae, et constitu
tiones, itemque tôt ac tanta ipsorum auctoritate per
Sacram hanc Gongregationem édita documenta et décréta,
perspicuum procul dubio testimonium Apostolicœ de ista
re sollicitudinis in aevum extitura.
Perlongum nimis esset Pontificias hujusmodi sanctiones
singillatim recensere, vel solummodo etiam, série a primis
Ecclesise sseculis ad nos deducta, coromemorare. Satis sit
nonnullas hic afferre quse ab Sacrœ hujus Congregalionis
origine ad hsec usque tempora lalse identidem sunt.
Itaque jam inde ab anno 1626. Japonise Episcopo man-
datum fuerat «iti Japonavios, quos necessarios, et idoneos
316 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
judicaret ad Sacros Ordines usque ad Presbyteratum i)ro-
moverel. At paulo post die nempe 28. Novembris anni
1630, generatim quod ad Indos statutum est (( omnino pro-
videndum esse, ut qui ex Indis fuerint magis habiles post
diligentem, et exactam eoruni instructionem, morumquc
corumdem per aliquot annos probationcm, et in pietate^
christianseque Reîigionis functionibus exercitationem ad.
Sacros Ordines usque ad Sacerdotium inclusive promovean-
tur.
Anno autem 1659, immortalis mémorise Ponlifex Alex-
ander VII. monitos per Sacram hanc Gongregationem
expresse voluit Vicarios Apostolicos ad Tunquini, Sinarura,
et Gochinchirite régna proficiscentes a potissimam rationem, ^
Episcopos initias rcgiones mittendi, fuisse, ut omnibus modis-,
atque rationibus curarent juventutem illam sic instituere.
ut Sacerdotii capaces redderentw\ et ab eis consecrarentur.
ac suis locis per vastas easdem regiones collocarentur rem
illic christianam summa diligentia iis dirigentibus curaturin
itaque hune flnem semper ob ocuios habere eos jussit,
ut ad Sacros Ordines quamplurirnos, et quam aptissimos
adducerenl, instituèrent, et suo tempore promovcrenl.n 1
Similia prorsus habent sapientissimi ejusdem Pontificis
Constitutiones 2 Sacrosancti Apostolatus officii 18. Januarii
1658., et 3 Super cathcdram 9. Sept. 1659., nec non dé-
mentis IX. 4 In cxcclsa, et 5 Spcculatores utraque die 13.
Septembris 1669., atque etiam démentis X. 6 Dccct Ro-
manum Pontificem 23. Decembris 1673. uno ipsoque sensu
indicentes : «eo potissimum fine in Sinas, Tunquinuni,
Cochinchinam, Siamum, et alia vicina régna missos ibique
1 Inslr. ad Vie. Ap. Tunquini, el Cochinchinae Anno 1659.
2 Bullar. Magn. edit. Rom. l. C. part. 4. pag. 212. Consl, 85. el
BuUar. Propag. t. I. p. 137.
3 Bulla. Propag. in Append. t. l. pag. 261.
i Bullar. Magn. t. 6. part. 6 pag. 335. Gonst. 1 18. el Bullar Propag.
t. I. p. 164.
5 Bullar. Magn. l. 6. pari. G. pag. 357. Const. 119- et Bullar Propag.
t. I. pag. 170.
6 Bullar. Magn. l. 7. pag. 242. Consl. 145. et Bullar. Propag. t. 1
jtag. 205.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 317
constitutos esse Epkcopos Vicarios Apostolicos^ ut ex Chris-
tianis indigenis, seu incoUs illarum pcwtium instituerentur
Clerici^ et Sacerdotes^ ac crescente fuie, fideliumquë numéro
discipUnœ ecclesiasticœ usus paulalim introduceretur.n
Prœterea Innocentius XI. Litleris Aposlolicis in forma
Brevis, quariim iiiitium Onevosa pastoralis, circa Sinenses
Missiones datis die 1. Aprilis 1680. ApostoUcorum Yicario-
rum numerum augcndum raandavit, ut amplissinic'e ilke
regiones recte, et fructuose gubernarentar, et singuli.
eorum institutionL et ordinationi naturalium^ sive indige.
narum prxcipue studerent.
Quid quod ? Venerabilis hic Ponlifex ad indigenœ cleri
institutioiiem memoratis in regnis efïicacissime promo-
vendam eo progressus est, ut suis Legâtis Heliopolilano,
ac Berilhensi Episcopis inter alia potestatem fecerit
cogendi etiam Vicarios Aposlolicos poenis a Sacris Canonibus
inflictis ad instruendos, et ordinandos Clericos. et Sacerdotes
nalurales sive indigenas, ut scilicet indigenarum quoque
Episcoporam institutioni paulatim via sterneretur ; quam
qaidem ipse Pontifex quibusdam in locis jam tum perfici
prœcepit. His deinde eodem plane proposito accesserunt
littera? in forma Brevis démentis XI 1 Diidunc felicis 7
Decembris 1703., decretum -2 démentis XII. 16. Aprilis
1736., plures Benedicti XIV. Gonstitutiones, Epistola.
Encyclica 3 Pii Sexti 10. Maii 1775., ac tandem permulta
in hanc rem ipsam a SSmo D. N. Gregorio XVI., quem
Deus diutissime sospitet, per Sacram hanc Gongregationem
constituta, ac décréta.
Atqui tamen impensis hisce, et numquam intermissis
curis eum non respondisse exitum, quem Apostolica Sedes
mérite sibi pollicebatur, tristis experientia demonstrat,
Silere quidem non licet complures Episcopos, aut Aposto-
licos Vicarios omni certe laude dignos in Sinis prœcipue
et finitimis regnis, vel nuper ut datum ipsis fuit, vel jamdiu
1 Bullar. Propag. t. 2. p. I.
2 Eod. Bullar. t. 2. p. 24. ad Grœcos Calabros.
.3 Ibid. t. 4. p. 163.
22
318 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
etiam in cleri indigente institutione assidue uberique cum
fructu adlaborare. Atque hinc sane repetendum, imo
potius summopere Isetandum, quod illic catholica fides
ta alte, lateque radiées egerit, ut tamquam nativa doc-
trina longo licet sfeculorum decursu Integra vigeat, et
immota consistât, nec diuturuce sœvissimseque Ethnico-
rum persecutiones eam perimere unquam valuerint.
Verum obversantur una simul menti, et ab extremis
terrse finibus supplices veiuti manus ad sanctam Pétri
cathedram protendere videntur miserrimi tantarum regio-
num incolœ, quos inter plantata pridem magnis curis
vinea Domini, agricolarum inopia, ob neglectam nempe
indigente cleri institutionem, in eo ferme est, ut arescat,
aut vix aliqnod interdum germen emittens nascentis adhuc
Ecclesise coriditionem preesefert. Interea illud Dei mise-
rentis auxilio nostris temporibus féliciter evenisse constat,
ut vel pêne sublatce, vel saltem immunitœ admodum sint
difficultates, quse rei catholicœ firmiori, et magis canonica
forma dilatandtn alicubi pr;esertim obstabant ; adeoque
ad sakitare opus properandum evangelica illa verba quo-
dammoJo impellant : levate oculos vestros^'cl videte rc-
gioncs, quia albx sunt jam ad messem. (Jo : cap. 4. v. 25.)
Istiusmodi igitur causfo fuerunt cur Sacra hœc Congre
gatio opportunissimum duxerit singulos Missionum
pnesides iterum iterumque hortari, et monere, ut tantum
negotium conjunctis viribus impensius persequantur.
Quare in generalibus comitiis diei 19. Mail pra:sentis anni
de Pudiclieriani conventus deliberationibus agens ut
eximium Episcopum Drusiparensem, aliosque probatissi-
mos prtesules in sancto, de quo sermo est, proposilo magis
magisque confirmaret, ceteros autem, ubi opus sit, ad
lata toties de hac ipsa re décréta pro suo munere revocaret ,
per liane instructionem ad omnes Archiepiscopos, Episco-
pos, Vicarios Apostolicos, aliosque Missionum pr.Tsides
mittendam, ea quîesequuntur, statuere omnino, ac man-
dare in Domino existimavit.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 319
I. Et primo quideni omnes ac singuli Missionum pré-
sides, quovis titulo earura regimen gérant, ita rei caf.ho-
licœ promovendœ, et firmandœ operam navent, ut ubi
adhuc desiderantiir Episcopi, prœfici quantocius possint ;
ubi vero regionum amplitudo postulat aut sinit, ipsorum
Episcoporum numerus, territoriis divisis, augeri, Eccle-
siœque ad perfectam hierarchici regiminis formam consti-
tui tandem aliquando queant.
IL lUud insuper £eque studiosissime curent, quod etiam
preecipui illorum muneris est, ut ex christianis indigenis,
seu inooiis earum partium probali Glerici instituantur, ac
Sacerdotes initientur ; quo scilicet crescente fide, fidelium-
que numéro disciplince ecclesiasticœ usus paulatira inva-
lescat, ac Religionis Gatholicce sLabilitati prospiciatur.
Hujus rei causa maxime proderit, immo necessarium erit,
seminaria condere, in quibus adolescentes, qui a Deo ad
Sacerdotium vocati fueriut, bend, diuque educentur,
sacrisque doctrinis imbuantur.
III. Ad omnem vero scientiam, ac pietatem Levitœ
indigenae informandi et in sacro ministerio sedulo exer-
cendi sunt; ita quidem ut, quod jamdudum Apostolica
Sedes in votis habet, ad ecclesiastica quœvis raunia, atque
ad ipsum Missionum regimen idonei fiant, et Episcopali
etiam charactere digni existant. Quae tamen maximi sane
momenti res, ut tutior évadât, et non sine Religionis
emolumeuto perfici suo tempore possit, qui ad tantum
onus designantur, illi ferendo assuescant oportet. Qua-
propter, quos ex indigenis clericis Missionum praesides
prœstantiores censuerint eos gradatim ad potiora implenda
raunera instituant, ac suos quoque Vicarios pro opportu-
nitate deputare non renuant.
IV. Hinc rejiciendus, ac omnino abrogandus erit mos
indigenas Presbyteros ad cleri tantum auxiliaris condi-
tionem eis merito molestam deprimendi. l^uin potius
paulatim, et cum fieri prudenter polerit ea régula indu-
cenda, ut inler evangelicos operarios, sive indigence ii
320 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sint, sive europaie, ceteris paribus, praelationis ordo ex
antiquiori Missionis exerciiio servetur, atque adeo honores,
officia, et gradus illis U'ibuantur, qui diatius sacro mu-
nere perfuncti sint.
V. Ad hœc compluribus in locis factum est, ut, neglecta,
€t posthabita indigense cleri institutione, evangeUci iidem
operarii laicos catechistas adjutores sibi in ministerio
adsciscere consueverint ; et forsan eorum operam plerum-
que Fidei dilatationi perutilem experti sint. At cuui non
satis consentanee ApostoUcee Sedis menti, atque ecclesiastici
ministerii rationi id egerint, et graves etiam hac in re
abusus ex praedictorum catechistarum seu imperitia, seu
licentia prcevaluisse innotuerit. Sacra hœc Gongregatio
singulis Mission um prsesidibus mandare non prsetermitlit,
ut donec ejusmodi laicorum auxiUum, ob cleri indigente
defectum. vel paucitatem necessarium fuerit, viros moruua
integritate, et fide omnino conspicuosad id muneris eligi
ac erudiri rectissime satagant. Geterum hac etiam de
causa omnem per eos operam in cleri indigenœ institu-
tionem dari jubet, ut nempe progressu temporis, juvenes
potius levitse, et novus idem clerus catechistarum officia
pedetentim occupent, et diligentius impleant.
VI. Quia alicubi iu Indiarum etiam regionibus Ghris-
tiani ritus orientales, ac pra3sertim Syro-Ghaldaicus,
subsistunt; ideo Missionarii, si quando de iis inter Gatho-
licos agetur, observant omnino Benedicti XIV. P. M.
sapientissimam Gonstitutionem, quse incipit Allatx sunt,
editam die 26. Julii anno 1755. 1
VIL Quod in prœdicta Gonstitutione Sacrosancti Aposto
latus Officii Alexander VIL olim monuit Indorum parachos,
ut caverent ullo sese modo ingerere in rébus spectanlibus ad
poUtiam sxcularcm ; quodque pluribus verbis Sacra Gon-
gregatio in sua ad Vicarios Apostolicos apud Sinas instruc
tione commendavit; id graviores nunc ob causas raonen-
dum est atque inculcandum, ne Missiouarii inter diversa-
l Bullar. propr. edit. Rom. t. 4. p. 285. et in BuUar. Propag. t. 3. p.
338.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 321
rum geiitium regimina versantes, ssecularibus atque
politicis se negotiis iramisceant, studiove parlium, atque
nationum scindantur: sic enim et ab evangelicis regulis
discederent, et propriam vocationem pessundarent, et se
fortasse ac Religionem in discrimina multa conjicerent.
YIII. Postremo Sacra eadem Gongregatio raemoratos
Missionura présides vehementer in Domino hortatur, ut
non minori soUicitudine ad alias utiles admodum, atque
etiam necessarias institutiones animum convenant, sibi-
que subditos operarios ad eas adduoant ; ne quid nimirum
desit, quod ad Apostolici Ministerii perfectionem, et
animarura salutem ubique magis procurandam conférât.
Ejusmodi profecto sunt peculiares quœdam orandi Ftudio,
ac pœnitentiœ rigore commandatse societates, aliœque ad
exercenda misericordise, et christiauce charitalis opéra
saluberrimee institutiones, ex qnibus catholica fides per-
multa hausisse emolumenta gloriatur. Inter hsec vero
summopere, et in primis omnino curanda est religiosa,
atque etiam civilis puerorum, et puellarum educatio,
qua nil validius ad ipsius catholicse fidei incrementum,
perennitatem, et decus fingi unquam, aut excogitari
potest. Proinde nil prorsus omittatur, ut oplimis com-
paratis prseceptoribus, ac piarum feminarum sodalitatibus
invecti?, ad erudiendam juventutem ubilibet, quoad
poterit, scholœ, et gymnasia aperiantur. Atque in id
prœterea vigilandum sedulo erit, ut Missionarii fidèles
populos in lis etiam quœ socialem vitam spectant recte
imbuendo, atque informando, ad Evangelicîe doctrinîe
tramites, ac indolem eorum labores, et artes dirigere
haudquaquam detrectent. Ex bis auiem omnibus, qua3
Calholicse Religionis propagationi, ac stabilitati mirifîce
profitura persuasum cuique esse débet, ea sensim exlocis
ipsis temporaiia quoque commoda Missionibus obvenient
quse imminutis, aut forte etiam deficientibus, ob tempo
rum /ices, exteris subsidiis, illarum necessitatibus subie
vandis sufliciant. Operam denique impendant quotquot
322 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sunt Missionum prsesides, ut, quod ad fovendam fidei, ac
disciplinae unitatem plurimutn interest, Synodales seepe
conventus celebrentur, unde maxime fiet, ut una eadem-
que sit operariorum agendi atque administrandi ratio, et
studiosissima animorum conjunctio : nequeinillud etiam
adlaborare grave sit, ut ad necessarium inter S. Sedem, ac
Missiones vinculum servandum, expeditiores, faciliores-
que communicatioaum via3 in dies pateant.
Quamquidem SacraB Gongregationis InstructionemSSmo
Domino Nostro Ggregorio Divina Providentia PP. XVI.
per infrascriptum Sacrœ ejusdem Gongregationis Secre-
tarium relatam in Audientia habita die 12 Novembris,
Sanctilas Sua illam bénigne in omnibus adprobavit, et
omnino servari mandavit.
Datum Romœ ex Aedibus dictre Sacrœ Gongregationis
die 23. Novembris Anni. MDGGGXLV.
J. Ph. Gard. Fransonius Pr^f.
Loco f Sigilli.
Joannes Arch. Thessalonicx a Secretis^
MANDEMENT
d'institution de la fête et de l'office de ste. janvière^
vierge et martyre, dans la cathédrale de st.
jacques de montréal.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique^ Evêque de Montréal etc., etc.
Au Clergé de notre Cathédrale et à tous les Fidèles de Montréal, salut
et Bénédiction en Notre Seigneur.
Nous avons la consolation de vous annoncer, Nos Très-
Ghers Frères, qu'il a plu à Notre St. Père le Pape, de
vous accorder, dans sa sollicitude paternelle pour ce
diocèse, une nouvelle faveur.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 323
Vous savez tous que ce digne Pontife voulut bien, en
mil huit cent quarante trois, nous faire don du corps
entier de Ste. Janvière, qui fut découvert le vingt huit
Janvier de cette même année dans les Catacombes de
Rome, et qu'il confia ce dépôt sacré à l'un de nos Vicaires
Généraux qui se trouvait à Rome à cette époque. Vous
n'avez pas non plus oublié que le dix-neuf Novembre qui
suivit l'invention de ce précieux corps, nous en fîmes la
translation solennelle dans notre Eglise Cathédrale, et
que nous le plaçâmes sous l'autel où il repose en paix, en
attendant le jour de la résurrection générale où il se
lèvera pour aller se joindre au chœur des Vierges qui
doit suivre éternellement l'Agneau sans tâche et chanter
le cantique nouveau qui ne peut être chanté que par des
bouches vierges.
Depuis ce jour heureux, Nous avons le bonheur de
voir souvent accourir à la châsse de cette nouvelle
Patronne, de pieux Fidèles qui reclament son secours, et
les grâces particulières obtenus par son intercession entre-
tiennent la juste confiance que l'on a dans son puissant
crédit auprès de Dieu.
C'est pour récompenser la piété de ces saintes âmes, et
pour favoriser davantage la dévotion à Ste. Janvière que
le Souverain Pontife, Grégoire XVI, qui règne aujour-
d'hui si glorieusement sur la chaire de St. Pierre, a
institué sa fête dans la Cathédrale de cette ville et l'a
fixée au troisième jour du mois de Mars.
En conséquence, le St. Nom de Dieu invoqué, de l'avis
de Nos Vénérables Frères les Chanoines de notre Cathé-
drale, et muni d'un Induit du St. Siège en date du vingt-
deux Juin de l'année mil huit cent quarante cinq, Nous
avons réglé, statué et ordonné, réglons, statuons et
ordonnons que chaque année à l'avenir l'on célébrera
sous le rite de double mineur la fête de Ste. Janvière,
Vierge et Martyre, et que tous les Prêtres attachés au
service de la dile Cathédrale réciteront l'office et célèbre-
324 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ront la messe de cette sainte au jour indiqué, en se con-
formant aux Rubriques générales. L'office et la Messe
seront du commun des Vierges et Martyres 1° loco; et
l'on dira à la Messe Gloria et Credo.
Nous avons la confiance que les nouveaux honneurs qui
vont être rendus à cette humble servante de Jésus-Christ
nous obtiendra de nouveaux secours, et qu'elle daignera
en particulier prendre sous sa spéciale protection les
Vierges et filles chrétiennes de ce diocèse, afin que parla
pratique de l'angélique vertu de pureté, elles fassent la
gloire de la Religion Gatnolique à qui seul il est donné
de produire ces lis d'une éclatante blancheur.
Sera le présent Mandement lu au prône de la Messe de
notre Cathédrale, le premier Dimanche du Carême et en-
suite conservé dans les Archives de notre Evêché.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le premier
jour du mois de Mars de l'année mil huit cent quarante
six, sous notre seing et sceau et le contre seing de notre
Secrétaire.
j 1g. Ev. de Montréal,
Par Monseigneur,
J. 0. Paré, Chanoine, Secrétaire.
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'evÉQUE DE MONTRÉAL POUR l'iNSTITUTION
DE LA FÊTE ET DE l'OFFICE DE ST. ZOTIQUE, MARTYR,
DANS SON EGLISE CATHÉDRALE DE ST. JACQUES.
1
Ignace Bouvget. par la misècon/e de Dieu et la grâce du St.
Siège Apostolique, Evêque de MontrêaL etc., etc., etc.
Au Clergé et aux fidèles de la Ville et Paroisse de Montréal, Salut et
Bénédiction en Notre-Seigneur.
Nous avons la consolation, de vous annoncer, NosTrès-
Chers Frères, qu'il a plu à Notre St. Père le Pape, dans
sa sollicitude paternelle pour ce Diocès3, de vous accorder
une nouvelle faveur.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 325
Vous savez tous que ce digne Pontife voulut bien, en
mil huit cent quarante quatre, nous faire dons du corps
entier de St. Zotique. qui fut découvert a Rome le vingt
Avril mil huit cent quarante trois. Ces restes précieux
avaient été ensevelis dans le cimetière près de St. Cyria-
que, sur la Voie Tiburtine, avec un vase teint de son
sang, trouvé dans une partie de sa tête, et une inscription
attestant le nom de ce glorieux martyre et le lieu où
reposait son corps. Ce dépôt sacré fut confié à l'un de
nos Vicaires Généraux et Doyen de notre Chapitre qui
se trouvait alors dans la Ville Sainte. Vous n'avez pas
non plus oublié que le vmgt deuxième jour du mois de
Juin dernier, Nous fîmes la translation solennelle de ces
Reliques précieuses dans notre Eglise Cathédrale et que
Nous les plaçâmes sur le lit d'honneur que votre généro-
sité avait préparé à ce Saini sous Tautel déjà si cher à vos
cœurs et où il repose en paix, en attendant le jour de la ré-
surrection générale où il se lèvera tout glorieux pour aller
se joindre au chœur des Martyrs qui doivent régner pen
dant tous les siècles avec l'Agneau sans tâche qui a été
immolé pour le salut du monde.
Depuis ce jour heureux. Nous avons eu le bonheur de
voir souvent accourir au Tombeau de ce nouveau Patron,
de pieux Fidèles de toutes les parties de notre Diocèse et
même des Diocèses voisins, reclamant, avec une foi vive,
et souvent fondant en larmes, sa puissante médiation
auprès de Dieu; et les grâces particulières obtenues par
son intercession entretiennent la juste confiance que l'on
a dans son puissant crédit au ciel.
C'est pour récompenser la piété de ces âmes ferventes
et pour favoriser d'avantage la dévotion à St. Zotique que
le Souverain Pontife, Grégoire XVI, qui règne aujour-
d'hui avec tant de gloire sur la Chaire de St. Pierre, a
institué sa fête dans la Cathédrale de cette ville et l'a
fixée au vingtième jour du mois d'Avril.
En conséquence, le St. Nom de Dieu invoqué, de l'avis
326 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de nos Vénérables Frères les Chanoines de notre Cathé-
drale, et muni d'un Induit du St. Siège Apostolique, en
date du vingt deux Juin de l'année dernière. Nous avons
réglé, statué et ordonné, réglons, statuons et ordonnons
ce qui suit : — Chaque année, à l'avenir, l'on célébrera,
sous le rite de double mineur^ la fête de St. Zotique, Mar-
tyr, et tous Ecclésiastiques attachés au service de notre
Cathédrale réciteront l'office et célébreront la Messe de ce
Saint, au jour indiqué, en se conformant aux Rubriques
générales.
L'Office et la Messe seront du commun d'un Martyr,
dans le temps pascal, et l'on dira à la Messe Gloria et Credo.
Nous avons la confiance, Nos Très Chers Frères que les
nouveaux honneurs qui vont être rendus à cet humble
serviteur de Dieu nous obtiendrons de nouveaux secours;
et comme ce fut le jour de la fête patronale de la Société
de Tempérance que ce glorieux soldat de Jésus-Christ fit
son entrés triomphante dans cette Eglise et dans ce
Diocèse, Nous devons espérer qu'il daignera en particulier
prendre sous sa spéciale protection cette société qui mérite
de si grands éloges, afin que tous ceux qui en font partie,
puissent, par la pratique de la sobriété et de la Tempé-
rance, procurer la gloire de la Religion Catholique à qui
seule il est donné de récompenser dignement de si géné-
reux sacrifices.
Sera le présent Mandement lu au prône la Messe de
notre Cathédrale le Dimanche de la Quasimodo, et ensuite
conservé dans les Archives de notre Evêché.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le dix-
huitième jour du mois d'Avril de l'année mil huit cent
quarante six, sous notre seing et sceau et le contre seing
de notre Secrétaire.
■{- Ig Ev. de Montréal.
Par Monseigneur,
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 327
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL CONTRE LES
SOCIÉTÉS SECRÈTES.
Ignace Bourgct, par la Miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint Siège Apostolique^ Evéque de Montréal, etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, et à tous les Fidèles de notre Oiocèse,
Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Plus les malheurs qui menacent le troupeau de Jésus-
Ghrist sont grands, plus ils doivent, Nos Très-Chers
Frères, exciter la sollicitude du Pasteur. Placé, comme
une sentinelle, au poste le plus élevé comme le plus dan-
gereux de ce Diocèse, il nous faut aussi voir de plus loin
les complots que forment les ennemis du salut, afin de
sonner la trompette évangélique, aussitôt que nous décou-
vrons quelques dangers pour vos âmes.
La charité de Jésus-Christ, qui nous presse de remplir
ce devoir impérieux, nous engage à élever aujourd'hui la
voix, pour vous mettre en garde contre certaines sociétés,
dans lesquelles on tâche de vous attirer ; sociétés d'au-
tant plus dangereuses qu'elles se couvrent des dehors
sacrés de la charité. Et il ne faut pas s'en étonner, puis-
que le démon, pour mieux tromper les hommes, se trans-
forme en ange de lumière, comme nous en assure l'apôtre
St. Paul.
Il vous importe^donc souverainement. Nos Très-Chers
Frères, de bien connaître les sociétés auxquelles vous ne
sauriez, sans crime, appartenir ; pour quelles raisons
elles vous sont interdites, et quelles sont les peines por-
tées contre elles par l'Eglise. Trois grandes questions,
qui méritent toute votre attention.
Pour vous diriger dans l'examen sérieux que vous devez
en faire, nous allons vous citer diverses Constitutions des
Souverains Pontifes qui ont condamné ces sociétés. La
328 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
voix des Vicaires de Jésus-Christ sur la terre, que vous
allez entendre avec une foi vive, ne manquera pas de
faire sur vos cœurs une profonde impression ; car nous
savons que vous êtes pénétrés d'un religieux respect pour
la sublime autorité qu'ils exercent ici-bas, et que vous
comprenez que ceux qui les mépriseraient, en refusant de
les écouter, mépriseraient Jésus-Christ lui-même et son
divin Père qui l'a envoyé sur la terre.
Première question. — Comment reconnaître les sociétés
défendues? En voici, Nos TrèsChers Frères, les princi-
paux caractères. Sous quelque nom qu'elles se déguisent,
vous les reconnaîtrez à l'impiété du serment qu'elles
exigent et aux spécieuses apparences de vertu, qu'elles
prennent pour se mieux cacher. Ecoutons là-dessus le
bienheureux Pierre, qui va vous parler par la bouche de
ses successeurs :
« Nous avons appris, dit Clément XIl 1, d'une manière
(( certaine, même par le bruit public, que quelques sociétés....
'( ou conventicules communément appelés Francs-Maçons,
'1 ou de tout autre nom, selon la diversité des langues,
'( faisaient de tous côtés des progrès et se fortifiaient de
« jour en jour ; qu'à ces sociétés s'agrégeaient des hommes
Il de toute religion et de toute secte,.... qui se liguent
« ensemble d'une manière aussi régoureuse qu'impéné-
« trahie, selon les lois et statuts qu'ils se sont imposés ; et
'( qui s'obligent en môme temps, pour pouvoir agir dans
'( le secret, à un silence inviolable, tant en faisant serment
« sur la Sainte Bible, qu'en se soumettant à des peines
'( graves. » Mais comme ces sociétés prenaient tous les de-
hors de la vertu pour mieux cacher leurs coupables des-
seins. Pie Vil. révèle, en termes .bien énergiques, cette
vaine ostentation de bonnes œuvres :
'( A la vérité, dit cet illustre Pontife 2, ces hommes
•I affectent une singulière vénération et un certain zèle
1 Constitution du IV des Calend. de Mai, 1738. 28 Avril.
2 Constitution des Ides de sept. 1821. 13 Septembre.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 329
« admirable pour la Religion Catholique et pour la per.
« sonne et la doctrine de Jésus-Christ Notre Sauveur qu'ils
(I osent même quelquefois, avec une souveraine impiété,
<i appeler le Chef et le Grand Maître de leur Société. Mais
«ces discours, qui paraissent plus doux que l'huile, ne
« sont que des traits qu'emploient, pour blesser plus sûre-
(( ment ceux qui ne sont pas sur leur gardes, des hommes
« artificieux, qui se cachent sous la peau des brebis, mais
'( qui, dans l'intérieur, ne sont que des loups cruels.
« Les préceptes de morale qu'enseigne la Société des
'( Carbonaristes » (une de celles qui méritaient la censure
de ce Pontife) «n'en sont pas moins impies, quoiqu'elle
« ait la témérité de se glorifier d'imposer à ses sectateurs
'( le devoir d'honorer et de pratiquer la charité et toutes
« les autres vertus, et de s'éloigner, avec un très grand
^1 soin, de tous les vices. Cependant elle favorise très
« imprudemment les passions voluptueuses, et elle en-
« seigne qu'il est permis de tuer ceux qui n'observeraient
« pas la promesse qu'ils auraient faite de garder le secret.»
Tels sont. Nos Très-Chers Frères, les caractères dis-
tinctifs et bien frappants, auxquels il vous sera facile de
reconnaître les Sociétés que vous ne pourriez encoura-
ger sans blesser votre conscience, comme vous allez le
voir.
Seconde question. — Raisons qui nous démontrent que
les Sociétés Secrètes sont criminelles. Ecoutons là-dessus
l'immortel Benoit XIV. Après avoir cité Clément XII,
dont nous venons de parler, il déduit ainsi les motifs qui
le portent à condamner ces Sociétés 1 : «Or, parmi les
« raisons très graves de défense et condamnation rappor-
« tées dans la constitution de notre Prédécesseur, insérée
(( dans la présente, la première est que ces associations et
«. conventicules se composent d'hommes de toute religion
« et de toute secte ; d'où il faut conclure évidemment
« combien la pureté de la foi catholique peut être par là
l Constitution du 15 des Kalendes d'avril 1751. 18 Avril.
330 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
» altérée. La seconde, c'est le secret impénétrable, que
«I l'on s'engage; strictement de garder, pour cacher ce qui
« se passe dans ces conventicules, auxquels par conséquent
« l'on peut appliquer à bon droit cette sentence de Gécélius
« Natalis, citée par Minucius Félix, quoique dans une cir-
'( constance différente : Le bien aime la lumière, le mal
« cherche les ténèbres.
« La troisième est le serment par lequel on s'engage à
« garder inviolablement ce secret ; comme s'il était permis
•< à quelqu'un, sous prétexte d'une promesse ou d'un ser-
« ment quelconque, de s'exempter, lorsqu'il est interrogé
« par une autorité légitime, de l'obligation de révéler tout
<i ce qu'on lui demande, pour connaître si l'on ne machine
« pas dans ces assemblées quelque chose contre les Gonsti-
'( tutions et les lois de la Religion et de l'Etat.
« La quatrième est que ces Sociétés ne sont pas moins
<( contraires aux lois Civiles qu'au droit Canonique
(( comme on peut le voir dans le livre 47e des Pandectes.
« La cinquième est que, dans plusieurs Royaumes, ces
(t Sociétés et Assemblées ont été proscrites et éliminées par
(( les lois des Princes temporels.
'■'. La dernière enfin, c'est que ces sociétés et assemblées,
i: aux yeux des hommes prudents et honnêtes, jouissent
« d'une mauvaise réputation, et qu'à leur jugement tous
(( ceux qui en deviennent membres encourent une llétris-
« sure de corruption et perversion.»
Ces solides raisons, alléguées par le savant Pontife
portent sans doute dans vos âmes. Nos Très-Chers Frères,
une profoncle conviction du crime énorme que commet-
traient ceux qui, après avoir été instruits de leur devoir,
s'agrégeraient néanmoins à des Sociétés, dont ils connaî-
traient toute la malice. Achevons de les convaincre, en
leur montrant les peines sévères portées par l'Eglise
contre ceux qui, au mépris de ses lois, seraient assez
téméraires pour les favoriser en quelque manière que
ce puisse être.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 331
C'est la troisième question, qu'il vous importe de bien
approfondir, Nos Très-Ghers Frères ; et pour cela nous
allons vous citer les propres paroles de Léon XII. Ce
Pontife, de sainte et heureuse mémoire, proteste d'abord
que c'est avec connaissance de cause et après avoir acquis
des preuves certaines de ce qui se passe dans les Sociétés
Secrètes, qu'il se décide à renouveler les sentences de
condamnation portées contre elles par ses prédécesâeurs,
et à remettre en vigueur leurs constitutions.
« C'est pourquoi, dit-il l,nous ordonnons strictement et
( en vertu de la sainte obéissance à tous et à chacun des
<( fidèles, quelque soit leur rang..., condition..., et dignité...^
'< de n'avoir pas la présomption et témérité d'entrer dans
( ces Sociétés, sous quelque prétexte que ce soit... et quel-
<( ques soient leurs noms, de ne les point propager ni
(favoriser, de ne pas souffrir quelles tiennent leurs
K assemblées secrètes dans leurs appartements, leurs mai-
( sons ou ailleurs, de ne leur donner aucun conseil,
i( secoursouencouragemencpubliquementou secrètement,
(! directement ou indirectement, par soi ou par d'autres
•( ou de quelque manière que ce soit ; de ne point engager,
'( ni solliciter les autres.... à fréquenter ces Sociétés, à s'y
'< agréger et affilier, ou d'y prendre un grade quelconque,
■( mais à s'abstenir entièrement de ces Sociétés et de leurs
'( assemblées ou conventicules... sous peine d'excoramuni-
(( cation, qui se^-a encourue par le seul fait et sans autre
'( déclaration, par tous ceux qui contreviendront à ce qui
X a été défendu ci-dessus, et dont personne ne pourra rece-
.< voir l'absolution que de nous ou du Pontife Romain
t alors existant, a moins que ce ne soit à l'article de la
( mort Nous condamnons surtout, et Nous décla-
<( rons nul le serment impie et coupable^, par lequel ceux
« qui entrent dans ces sociétés s'engagent à ne révéler à
« personne ce qui concerne la secte et à frapper de mort
■( les Membres de l'Association qui feraient des révélations
l Gonstilulion du 3 des Ides de Mars 1825. 13 Mars.
332 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« à des Supérieurs Ecclésiastiques ou laïques. N'est-ce pas
« en effet un crime que de regarder comme un lien obli-
« gatoire un serment, c'est-à-dire, un acte qui doit se faire
« en toute justice, par lequel on s'engage à commettre un
« assassinat et à mépriser l'autorité de ceux qui, étant
« chargés du pouvoir ecclésiastique ou civil, doivent con-
(( naître tout ce qui est important pour la Religion et la
« Société, et ce qui peut porter atteinte à la tranquillité ?
« N'estil pas indigne et inique de prendre Dieu à témoin
« de semblables attentats ? Les Pères du Concile de Latran
« ont dit avec beaucoup de sagesse : qu'il ne faut pas con-
« sidérer comme serment mais plutôt comme parjure tout
« ce qui a été promis au détriment de l'Eglise et contre
« les Règles de sa Tradition.» Peut-on tolérer l'audace ou
« plutôt la démence de ces hommes, qui disent, non seu-
dement en secret, mais hautement, quïl n'y a point de
« Dieu, et, le publiant dans leurs écrits, osent cependant
« exiger en son nom un serment de ceux qu'ils admettent
« dans leur secte? »
Telle est. Nos Très Ghers Frères, la doctrine de ces
vénérables Pontifes au sujet des Sociétés Secrètes. En
publiant, pour votre instruction, leurs Constitutions,
Nous nous soumettons avec un profond respect aux
recommandations pressantes qu'à faites à tous les Evê-
ques Léon XII, dont Nous allons citer les propres paroles,
pour que vous puissiez juger par vous-mêmes que Nous
accomplissons, dans cette circonstance, un devoir impé-
rieux :
« Maintenant, Vénérables Frères, Patriarches, Primats,
(i Archevêques et Evêques, nous demandons, ou plutôt.
« nous implorons votre secours; donnez tous vos soins
(I au troupeau que le St. Esprit vous a confié en vous
« nommant Evêque de son Eglise. Des loups dévorants se
« précipiteront sur vous et n'épargneront pas vos brebis.
« Soyez sans crainte et ne regardez pas votre vie comme
« plus précieuse que vous-mêmes. Soyez convaincus que
« la constance de vos troupeaux dans la Religion et dans
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 333
« le bien dépend surtout de vous ; car quoique que nous
« vivions dans des jours mauvais et où plusieurs ne sur-
« porienl pas la saine doctrine, cependant beaucoup de
• fidèles respectent encore leurs Pasteurs et les regardent
« avec raison comme les ministres de Jésus-Christ et les
« dispensateurs de Pes mystères. Servez-vous donc, pour
« l'avantage de votre troupeau, de cette autorité que Dieu
« vous a donnée sur leurs âmes par une grâce signalée.
« Découvrez-leur les ruses des sectaires, et les moyens
« qu'ils doivent employer pour s'en préserver. Inspirez-
(I leur de l'horreur pour ceux qui professent une doctrine
« perverse, qui tournent en dérision les mystères de notre
« Religion et les préceptes si purs de Jésus-Christ, et qui
« attaquent la puissance légitime. Enfin, pour nous servir
« des paroles de notre Prédécesseur Clément XIII, dans
« sa Lettre Encyclique aux Patriarches, Primats, Archevê-
« ques et à tous les Evoques de l'Eglise Catholique, en
« date du 14 Septembre 1758 :
« Pénétrons-nous, je vous en conjure, de la force de
« l'esprit du Seigneur, de l'intelligence et du courage qui
« en sont le fruit, afin de ne pas ressembler à ces chiens
« qui ne peuvent aboyer, laissant nos troupeaux exposés à
« à la rapacité des bêtes des champs. Que rien ne nous
'( arrête dans le devoir où nous sommes de souffrir toutes
« sortes de combats pour la gloire de Dieu et le salut des
« âmes. Ayons sans cesse devant les yeux celui qui fut
« aussi, pendant sa vie, en butte à la contradiction des
M pécheurs; car si nous nous laissons ébranler par l'au-
« dace des méchants, c'en est fait de la force de l'Episco-
« pat, de l'autorité sublime et divine de l'Eglise. Il ne faut
'< plus songer à être Chrétiens, si nous en sommes venus
« au point de trembler devant les menaces ou les embûches
<i de nos ennemis.»
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de Nos Vénérables Frères, les Chanoines de notre Cathé-
drale, Nous avons réglé, statué et ordonné, réglons, sta-
tuons et ordonnons ce qui suit :
23
334 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
lo. Nous publions, par le présent mandement, les Cons-
titutions susdites des Souverains Pontifes Clément XII,
Benoit XIV, Pie Vil, et Léon XII, relativement aux
Sociétés Secrètes, afin qu'elles sortissent leur plein et
entier effet dans toute l'étendue de notre Diocèse.
2o. Les Sociétés où l'on exigera, de ceux qui s'y agrége-
ront le serment de garderie secret de tout ce qui s'y passe,
tomberont donc par là même sous la censure et condamna-
tion portées par les dites Constitutions, quelques soient les
noms qu'elles prennent, et sous quelques beaux dehors de
charité qu'elles se cachent.
3o. En conséquence, tous ceux qui oseront désormais
entrer dans ces sociétés, ou les fréquenter, propager et
favoriser en la manière susdite, encourront par là môme
la peine d'excommunication majeure réservée au Pape.
4o. Ceux qui auraient eu, jusqu'ici le malheur de s'y
agréger et qui en soitiront après la publication des dites
Lettres Apostolique, pourront en être absouts par tout
Prêtre approuvé, pendant un an. à compter de la date du
présent Mandement.
5o. Les effets de celte excommunication seront de pri-
ver ceux qui l'encourront, des suffrages de l'Eghse, de
l'usage des sacrements et de la Sépulture Ecclésiastique,
s'ils viennent à mourir dans ce triste état. Ces peines
sont les plus sévères que l'Eglise puisse inlliger à ses
enfants rebelles ; et nous recommandons aux Pasteurs
des âmes de les expliquer à leurs ouailles, pour que la
crainte de les encourir les retienne dans leur devoir, si
Tamour n'était pas assez fort pour les éloigner d'un si
grand crime.
Enfin, Nous vous conjurons. Nos Très-Ghers Frères,
avec toute la sollicitude qui nous presse de travailler à
votre salut, de méditer sérieusement les touchantes paro
les qu'adressait à tous les fidèles le pieux Pontife Léon
XII, dans la susdite constitution. Après avoir tracé à
tous les Evoques et aux Princes de la terre la ligne de
CIRCULAIRES HT AUTRES DOCUMENTS. 335
leur devoir, voici comme il prodigue, avec toute la ten-
dresse d'un père, les conseils et les exhortations :
« Vous aussi, fils chéris, qui professez la Religion Ca-
'( tholique, nous vous adressons particulièrement nos
'( exhortations. Evitez avec soin ceux qui appellent la
« lumière ténèbres, et les ténèbres lumière. En effet, quel
« avantage auriez-vous à vous lier avec des hommes qui
^ ne tiennent aucun compte ni de Dieu ni des puissances ;
<( qui leur déclarent la guerre par des intrigues et des
« assemblées secrètes et qui, tout en publiant tout haut
<( qu'ils ne veulent que le bien de l'Eglise et de la société,
« prouvent par toutes leurs actions qu'ils cherchent à
« porter le trouble partout et à tout renverser ? Ces hom-
'i mes sont semblables à ceux à qui l'Apôtre St. Jean
'( ordonne de ne pas donner l'hospitalité, et qu'il ne veut
u pas qu'on salue {dans sa seconde EpUre ch. 10); ce sont
« les mômes que nos pères appelaient les premiers nés du
« démon.
« Gardez-vous donc de leurs séductions et des discours
-« flatteurs qu'ils emploieront pour vous faire entrer dans
'( les associations dont ils font partie. Soyez convaincus
« que personne ne peut être lié à ces sociétés, sans se ren-
■■* dre coupable d'un péché très grave ; ferinez l'oreille aux
« paroles de ceux qui, pour vous attirer dans leurs assem-
K blées, vous affirment qu'il ne s'y commet rien de con-
'( traire à la raison et à la religion, et que l'on n'y voit et
'( n'y entend rien que de pur, de droit et d'honnête. D'a-
« bord ce serment coupable dont nous avons parlé, et qu'on
■« prête même dans les grades inférieurs suffit pour que
n vous compreniez qu'il est défendu d'entrer dans ces pre-
« miers grades et d'y rester; ensuite quoique l'on n'ait pas
« coutume de confier ce qu'il y a de plus blâmable à ceux
« qui ne sont pas parvenus à dez grades éminents, il est
« cependant manifeste que la force et l'audace de ces
Il sociétés pernicieuses s'accroissent à raison du nombre et
« de l'accord de ceux qui en font partie. Ainsi ceux qui
* n'ont pas passé les rangs inférieurs doivent être consi-
336 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
fl dérés comme les complices du même crime, et cette sen-
« tence de l'Apôtre (Epitre aux Romains ch. I) tombe sur
« eux: ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et
« non seulement ceux qui les font, mais encore les protec-
« teurs de ceux qui s'en rendent coupables !
« Enfin, nous nous adressons avec affection à ceux qui,
« malgré les lumières qui leur avaient été accordées, et
« quoiqu'ils aient eu part au don céleste et reçu l'Esprit
« saint, ont eu le malheur de se laisser séduire et d'entrer
« dans ces associations, soit dans des rangs inférieurs, soit
« dans des degrés plus élevés. Nous qui tenons la place de
« celui qui a déclaré qu'il n'était pas venu appeler les
« justes, mais les pécheurs, et qui s'est comparé au pasteur
« qui, abandonnant le reste de son troupeau, cherche avec
« inquiétude la brebis qu'il a perdue, nous les pressons et
« nous les prions de revenir à Jésus-Christ. Sans doute ils
(( ont commis un grand crime; cependant ils ne doivent
« point désespérer de la miséricorde et de la clémence de
« Dieu et de son Fils Jésus-Christ ; qu'ils rentrent dans les
(( voies du Seigneur, il ne les repoussera pas; mais sem-
« blable au père de l'enfant prodigue, il ouvrira ses bras
« pour les recevoir avec tendresse. »
Au reste, Nos Très-Chers Frères, vous comprenez que
si Nous vous défendons les sociétés secrètes, parce qu'elles
sont criminelles, Nous sommes bien éloigné de vous dé-
tourner de ces Associations qui ont pour objet d'inspirer
et d'entretenir cet esprit de charité qui unit tous les
membres de la société pour l'avantage de la Religion et
le bien de la Patrie. Car vous savez ce que nous avons
fait, depuis que Nous sommes chargé de l'administration
de ce Diocèse, pour répandre, parmi les fidèles confiés à
nos soins, cet esprit d'association, qui est le véritable
esprit du Christianisme, quand il est dirigé selon les
règles de l'Evangile.
Sera le présent Mandement lu au Prône de notre Cathé-
drale, à celui de toutes les Eglises Paroissiales et en cha-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 337
pitre dans les communautés du clergé régulier, le premier
Dimanche ou jour de fête après sa réception.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le dix-
septième jour du mois de juin, de l'année mil-huit-cent-
quarante-six, sous notre seing et sceau et le conlre-seing
de notre Secrétaire.
j Ig. Evêql'e de Montréal.
Par Monseigneur
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL POUR ANNONCER LA MORT
DE N. S. P. LE PAPE GRÉGOIRE XVI.
Montréal, le 8 Juillet, 184G.
jHonsiein\
Les journaux publics vous ont déjà fait connaître la
douloureuse perte que vient de faire l'Eglise par la mort
de Notre St. Père le Pape qui termina sa vie et son glo-
rieux pontificat le 1er de Juin dernier : des lettres venues
d'Europe confirment cette affligeante nouvelle. En con-
séquence vous omettrez de le nommer au Canon de la
Messe; et vous ne chanterez plus son oraison au Salut
Vous ajouterez aux oraisons de la messe la collecte pro
ellgendo Sumrno Poatifice, comme au Missel, afin d'obtenir
du ciel un digne e^uccesseur au vénérable pontife que
nous pleurons. Vous voudrez bien annoncer à votre
paroisse la mort du père commun des fidèles dans les
termes suivans :
f< Nous recommandons à vos prières notre St. Père le
Pape Grégoire XVI, décédé à Rome le 1er Juin dernier»
Vous devez joindre vos prières à celle de l'Eglise qui
demande avec instance à Dieu dans ses oraisons, d'intro-
Juire dans le ciel ce digne pontife, qui sur la terre a
338 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
mérité de tenir la place de Jésus-Christ. A cette fin, nous
chanterons aujourd'hui, immédiatement après la Grand'-
messe, pour le saint pontife défunt, le Libéra avec les
versets et oraisons comme au Missel. Monseigneur l'Eve-
que de Montréal nous charge de vous annoncer quïlsera
chanté, au nom de toutes les autres églises du diocèse,
dans son église Cathédrale, vendredi, le dix-sept du présent
mois, vers les neuf heures du matin, pour ce pontife de
sainte et glorieuse mémoire, un service solennel auquel
sont invités le clergé et les fidèles de ce diocèse. Vous
continuerez à prier en votre particulier et dans vos fa-
milles pour ce bon père de toute l'Eglise, vous souvenant
que dans sa sollitude universelle, il a pensé à vous parti-
culièrement en instituant le Diocèse de Montréal pour pro-
curer avec plus d'abondance les secours spirituels qui,
depuis cette heureuse époque, vous sont en quelque sorte
prodigués. Mais comme nous sommes tous vivement
intéressés à ce que ce pontife qui a fait tant et de si
grandes œuvres, soit dignement remplacé, vous devez;
encore prier, pour qu'il plaise au Seigneur, dans son in-
finie bonté, accorder à la sainte Eglise Romaine un autre
pontife qui se rende agréable à sa divine majesté, par un
zèle ardent pour le salut des âmes, et recommandable aux
peuples chrétiens par la sagesse de son gouvernement,
afin que nous puissions nous réjouir tous ensemble sous
la conduite de ce souverain pasteur et arriver avec lui à
l'heureux port du salut. Pour cela l'on récitera tous les
dimanches et fêtes, après la messe paroissiale ou conven-
tuelle, 5 Pater et 5 Ave^ pour obtenir un pape qui soit selon
le cœur de Dieu. Nous vous avertirons quand il faudra
cesser de faire ces prières. >.
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
-|- Ig. Ev. de Montréal.
J. 0. Paré, Chanoine-Secrétaire.
GIRCULAmES ET AUTRES DOCUMENTS. 339
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evôché de Montréal, 20 Juillet 1846.
Momieu)\
Je m'empresse de vous annoncer que, le 16 juin dernier,
le Sacré-Collége a élu Pape le Cardinal Jean-Marie Mastaï-
Ferretti, qui a pris le nom de Pie IX En conséquence,
vous cesserez de réciter l'oraison prescrite dans ma circu-
laire du huit de ce mois, et vous commencerez à prier, à
la Messe et au Salut, pour le nouveau Pontife.
Vous ferez part à vos paroissiens de cette heureuse
nouvelle dans les termes suivants, le dimanche après la
réception de la présente :
'( Nous avons la consolation de vous apprendre que la
divine Providence a daigné donner à Grégoire XVI, dont
nous vous avons annoncé tout dernièrement la mort, un
successeur quia pris le nom de Pie IX. Cette heureuse
nouvelle, qui remplit de joie tout le monde chrétien, doit
nous engager à bénir et à remercier le Dieu des miséri-
cordes, qui a daigné, après seize jours de deuil, consoler
l'Eglise de la perte immense qu'elle venait de faire, en
lui donnant un nouveau Père pour en prendre soin et
essuyer ses larmes. Cette élection, si on en considère les
circonstances avec les yeux de la foi, est toute providen-
tielle, et doit être par là même, pour l'univers attentif à
ce grand événement, comme l'aurore d'un beau jour, et
le commencement d'un glorieux pontiticat. Ce que nous
avons pu recueillir des qualités de notre nouveau Pontife,
Pie IX, c'est qu'il est ce bon Pasteur qui court après la
brebis égarée ; c'est qu'il ressemble à Jésus-Christ dont il
est devenu le Vicaire, par sa charité pour les plus grands
pécheurs. Car au moment où il est monté sur la Chaire
de St. Pierre, son zèle généreux ouvrait un asile à de
340 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
pauvres âmes, victimes infortunées des passions humaines,
pour les préserver à l'avenir de la corruption du siècle-
Il accueillait avec une bonté touchante d'humbles Reli-
gieuses du Bon Pasteur, qu'il avait appelées à Imola, sa
ville archiépiscopale, pour qu'elles fussent les dépositaires
de sa tendre charité pour des brebis d'autant plus à
plaindre, qu'elles sont devenues, par leur égarement, le
rébus de la société.
« Pour remercier le Seigneur de la grâce ineffable qu'il
a accordée à son Eglise, en lui donnant un Pasteur d'un
zèle si ardent et si compatissant. Monseigneur l'Evê-
que de Montréal nous ordonne de chanter aujourd'hui le
Te Deum, après la grand'messe, avec l'oraison de l'Action
de Grâces et celle pour le Pape. Car il est juste que vous
preniez part à la joie de toute l'Eglise, et que vous joigniez
vos humbles prières à celle qu'elle adresse au Souverain
Pasteur, pour lui demander de remplir son Vicaire sur la
terre de son Divin Esprit, afin qu'il puisse, par une doc-
trine salutaire et des exemples édifiants, conduire au ciel
le troupeau confié à ses soins. Nous allons cesser de dire
à l'Eglise les cinq Pater et les cinq Ave qui avaient été
prescrits par Sa Grandeur ; mais vous ne manquerez pas
de prier tous les jours, en votre particulier et dans vos
familles, pour le Pape que le Seigneur vient de nous
donner dans sa miséricorde. »
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
■]- Ict. Ev. de Montréal,
Par Monseigneur,
J. 0. Paré, Chanoine^ Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 341
PROCES -VERBAL
DE LA NEUVIÈME ASSEMBLÉE DE LA SOCIÉTÉ ECCLÉSIASTIQUE
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Le Vingt-sept Août, mil huit cent quarante-six, confor-
mément à Tavis donné par Monseigneur le président, dans
sa circulaire du 5 août dernier, se sont réunis dans la
salle des exercices du Collège : Monseigneur Prince, vice-
président, MM. ViauetDemers, vicaires-généraux, Gagné,
Porlier, Plamondon, J. M. Bellenger, Lecours, Neyron,
Crevier, Guyon, Hughes, Bédard, Duranceau, Sylvestre,
Aubry, Lefebvre, Quevillon, Dupuy, Lamarre, Jos. Mar-
coux, Lafrance, Théberge, Rom. Paré, L. Vinet, Papineau,
Th. Durocher, Marcotte, Thibeaull, Th. Brassard, Brouil-
let, Girouard, Ed. Crevier, Trudel, Caron, P. Brunet,
J. Crevier, Pâquin, J.J. Vinet, Charland, Mercier et Blyth,
membres de la société.
Monseigneur le vice-président étant au fauteuil, il a été
résolu :
lo— Que MM. A. Brais, L. M. Archambault, D. J. Bros-
nan, J. Falvey, P. PouHn, Et. Chartier, J. M. Limoges, J.
J. Prince, L. L. Pominville, J. J. Leclaire, Is. Desnoyers et
Ch. Champoux seraient de ce jour membres de la société.
2° — Que les fonds de la société seraient placés dans une
banque.
3° — Que les dits fonds seraient placés dans la Banque
d'Epargnes pour la Cité et le District de Montréal.
4o — Que l'assemblée soit ajournée au deux septembre
prochain, pour examiner si le paragraphe premier du IVe
Art. des Règles a été rédigé selon l'intention de l'assem-
blée de l'année précédente ; pour examiner les comptes de
M. le Trésorier et les octrois de secours pécuniaires.
Le deux septembre, conformément à la quatrième réso
lu lion de la séance du 27 août, les membres de la société
342 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
s'étant réunis sous la présidence de Monseigneur Prince,
il a été résolu :
1° — Qu'au premier paragraphe du Vie Art. des Règles,
on ajouterait: si avant le mot après; et après le mot
secrétaire : il ne paye tous les arrérages avant la tenue du
plus prochain bureau (avant la prochaine assemblée).
2o — Que le livret imprimé l'an dernier, y compris ce
qui est mentionné dans la résolution précédente, que l'on
y ajoute par forme d'explication, qu'il contient les Règles
de la société.
3» — Que M. J. B. Bélanger est admis au nombre des
membres de la société.
Les comptes ayant été examinés ont été alloués comme
suit :
En caisse Tan dernier. £187 16 2
Recette del'année 135 19 4^
Montant de la recette £323 15 6^
Dépense : — Impression du Procès-
Verbal - £ 0 10 0
Impression des Règles 5 16 3
do de circulaires 0 26
Pension de M. Leclerc 50 0 0
do M. Lagarde 30 0 0
do M. Viau 40 0 0
£196 8 9
Balance au coffre £196 6 9i
Voté pour l'année courante :
A M. Viau £ 40 0 U
A M. Lagarde 40 0 0
Fait et passé les jour et an que dessus.
-|- J. C, Ev. DE Martyropolis, Vice-Prés.
M. Blanc HET, Chan. S. S. E. D. M.
CIRCULAIRES ET AUTRES DUCUMExNTS. 34:i
Les noms suivants ont été omis dans la liste des mem-
bres au livret des règles de la société :
MM. J. M. Bellenger, B]d. Lecours, L. Turcot, M. Charron.
Question à décider à la prochaine assemblée :
Convient-il d'ajouter au premier article des règles, inti-
tulé : Ftn de la société, ces mots : « Ou privés de leurs fonc-
tions^ et qui seront pauvres, pourvu quUls se retirent à
rHospice de Saint Joseph ou chez un confrère approuvé. »
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÉQUE DE MONTRÉAL POUR ENCOURAGER
LES FIDÈLES DE CETTE VILLE A LA FONDATION d'uN
NOUVEAU COLLEGE.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce duSt-
Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc., etc., etc.
Aux Fidèles de notre Bien-aimée Ville Episcopale : Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur.
Un des motifs qui Nous engagea, Nos Très-Chers Frères^
à faire, en mil huit cent quarante-un, le voyage d'Europe,
fut de préparer les voies à l'établissement d'un nouveau
Collège dont l'effet principal serait de donner, dans cette
ville, aux personnes appelées par la Divine Providence à
vivre dans le monde, une éducation qui serait adaptée au
besoin des diverses classes de la société ; et qui serait en
même temps religieuse. Nous disons une éducation pour
les personnes du monde, car Nous n'avions pas à pourvoir
à l'éducation ecclésiastique, puisque, grâces aux immenses
sacrifices qu'ont faits de tout temps, et que font encore tous
les jours les Pasteurs de cette paroisse, il ne restait rien à
désirer sous ce rapport.
Ce projet Nous a constamment suivi pendant et depuis
notre voyage. Car, n'en doutez pas. Nos Très Chers
344 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Frères, VOS intérêts spirituels et temporels sont toujouis
présents à notre cœur. Oh ! comment pourrions-nous
vous oublier, vous qui, en toute occasion, Nous avez pro-
digué tant de témoignages du plus affectueux dévouement ?
Votre bonheur dans le temps et dans l'éternité fait donc
l'objet de nos vœux les plus ardents.
Or, plus Nous y réfléchissons devant Dieu et devant son
Auguste Mère, Patrone de ce Diocèse, plus Nous croyons
que Montréal a besoin de ce nouvel établissement. Car
cette ville, par des circonslancas toutes providentielles,
semble devoir être bientôt une des plus puissantes Cités
de l'Amérique du Nord. Mais, Nous vous l'avouons. Nos
Très-Ghers Frères, dans la sincérité de notre âme, Nous
n'envisageons l'avenir qu'avec frayeur ; car nous voyons
de grands maux et de grands besoins, auxquels il faut
nécessairement préparer de loin de grands secours. Or^
Nous pensons, Nos Très-Ghers Frères, que ce sera par ses
charitables institutions plutôt que par ses somptueux
édifices, que notre ville parviendra à la prospérité qui
semble lui être assurée, que c'est dans son sein qu'elle doit
trouver tous les éléments de vie et de régénération qui
lui sont absolument nécessaires ; qu'il manquerait, sans
doute, quelque chose à son existence morale, s'il lui fallait
aller chercher à l'étranger les moyens de se maintenir
dans sa haute position ; que son opulence la met en état
d'ouvrir à toutes les misères humaines des asiles assurés,
afin que les cris du malheureux ne réclament point contre
l'abus de ses richesses, mais que montant plutôt tous les
jours j usqu'au Giehpour offrir au Père des miséricordes des
œuvres saintes qui se succédant sans interruption, puissent
en faire descendre des bénédictions toujours nouvelles et
plus abondantes.
Mais, ce qui fera surtout la force morale de cette impor-
tante Gité, ce sera une éducation religieuse et développée
sous tous ces rapports, selon les besoins de l'époque. En
effet, ce sera l'éducation dirigée par la religion qui fera
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 345
de ses citoyens des architectes intelligents, des négociants
habiles, de savants légistes, des orateurs distingués, des
publicistes sages et expérimentés, en un mot des hommes
qui soient l'honneur de la patrie, en même temps que la
gloire de la religion.
Il y a. Nous le croyons. Nos Très-Ghers Frères, une
riche mine à exploiter dans les enfants du sol, et leurs
talents naturels doivent être pour nous tous l'objet d'une
noble et belle spéculation.
Mais ce brillant avenir disparaîtra comme un songe, si
nous ne nous empressons pas de nous emparer de nos
jeunes concitoyens,pour leur donner des habitudes d'ordre,
et leur inspirer une nouvelle ardeur dans la carrière des
sciences, si utiles à la société.
Or ça été pour arriver à cette fin si désirable que Nous
avons cru. Nos Très-Ghers Frères, devoir appeler à notre
secours des hommes éminemment pourvus du talent de
former la jeunesse à la piété et aux sciences qui convien-
nent aux gens du monde.
Vous les recommander sous ce rapport, serait chose
inutile, puisque tous les catholiques n'ont qu'une voix
pour proclamer les dons excellents qu'ils ont reçus du Giel
pour répandre dans le monde les bienfaits de l'éducation^
En obtenant, pour l'objet que Nous avions en vue, ces
hommes dont la capacité est si généralement appréciée,
Nous croyons avoir fait ce qu'il y avait de plus important
et de plus nécessaire pour le succès de cette entreprise.
Fort de ce secours vraiment providentiel, nous faisons
aujourd'hui appel à vos coeurs dont nous connaissons
déjà, par l'expérience de tous les jours, les généreux sen-
timents, afin de compléter l'oeuvre, en procurant à ces
habiles Instituteurs les moyens d'être utiles à vos familles
et à votre patrie.
Avant de repartir pour la Ville Sainte, Nous sommes
heureux de pouvoir vous annoncer, Nos Très-Ghers
Frères, que tout est prêt pour commencer ce grand ouvrage
346 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
et mettre la main à cette noble entreprise qui ne s'est fait
attendre, ce semble, si longtemps que pour être couronnée
d'un succès plus éclatant. Déjà un magnifique terrain
est acquis pour y asseoir un édifice qui, Nous n'en dou-
tons point, répondra à la splendeur de notre ville. C'est
l'œuvre d'un cœur noble et généreux. Que Dieu le lui
rende au centuple !"
Déjà plusieurs riches citoyens sont venus de l'avant par
de généreuses souscriptions. Que la Divine Providence
les récompense aussi de leur zèle pour une œuvre si impor-
tante. Déjà il y a pour cet établissement une sympathie
générale et vivement sentie. Que Dieu, l'auteur de cet
neureux élan en soit glorifié ; et qu'il daigne achever son
ouvrage.
Vous allez. Nos Très-Chers Frères, le couronner cet
ouvrage commencé sous des auspices si favorables, en
encourageant la souscription qui est ouverte à cette fin,
et que l'on vous présentera. Pour vous y engager, Nous
aimerions à aller vous visiter personnellement, comme
nous le fîmes en mil huit cent quarante un e^ quarante
deux, pour une autre œuvre que vous accueillîtes alors
avec tant de bienveillance. Mais not^-e prochain départ
ne Nous permet pas de suivre en cela l'inclination de
notre cœur. Nous en faisons donc le sacrifice ; car c'en
est un, n'en doutez point. Nos Très-Chers Frères. Mais
vous voudrez recevoir cette Lettre, comme vous nous
recevriez nousmôme. Elle vous dira qu'en contribuant
généreusement à cette bonne œuvre, vous aurez part à
tout le bien qui se fera dans ce Nouveau Collège. Elle vous
dira que vous procurerez à votre ville un établissement
précieux dont toutes les grandes villes sont jalouses ;
témoins, New-York, Boston etc., qui vous avoisinent,
Elle vous dira que vous fixerez dans votre ville des hom-
mes appartenant à une compagnie dont plusieurs membres
arrosèrent autrefois cette terre de leurs sueurs et de leur
sang, lorsqu'ils y vinrent planter la foi. Elle vous dira
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 347
que vous seconderez vos vertueux Pasteurs qui cherchent
dans ces hommes de Dieu des collaborateurs zélés, pour
leur aider à porter le poids du terrible ministère qu'ils
ont à exercer pour le salut de vos âmes. Elle vous dira
que vous comblerez noire cœur de joie, parceque nous
n'avons pas de plus grand bonheur ici bas que de multi-
plier au milieu de vous les ouvriers évangéliques, afin de
pouvoir mieux assurer votre bonheur éternel tout en
pensant à vos intérêts temporels. Elle vous dira enfin
que vous avez dans l'enceinte de ce nouvel établissement
des hommes de prière à qui la reconnaissance imposera
le devoir sacré de prier tous les jours pour leurs bienfai-
teurs; des directeurs prudents de vos couFciences, des
prédicateurs pleuis de l'esprit de Dieu, des précepteurs
habiles et savants pour vos enfants ; et pour tout vous
dire d'un seul mot : des enfants de St. Ignace et des frères
de St. François-Xavier.
Voilà, Nos Très-Chers Frères, ce que Nous avions à vous
dire avant de Nous séparer de vous pour vous recomman-
der avec instance, une œuvre qui est d'ailleurs toute
entière à votre plus grand avantage. Nous profitons de
cette nouvelle occasion pour remercier, avec toute l'affec-
tion de notre cœur, tous et chacun de vous des sacrifices
que vous vous êtes si souvent imposés, pour répondre à
tant d'appels que Nous avons faits à vos cœurs sensibles
et généreux. Nous savons bien que dans plusieurs cir-
constances, Nous étions importun ; mais Nous savions
aussi que nous nous adressions à des enfants prêts à faire
l'impossible pour seconder les vœux de leur Père. C'est
encore, avec la même confiance, qu'avant de partir. Nous
confions à vos soins chaiitables toutes les œuvres de piété
et de charité qui ont besoin de votre protection, et Nous
sommes sous ce rapport sans aucune inquiétude. Gaudeo
quod in omnibus confido in vobin^ 2 cor. 7, 16. Bientôt
nous serons aux pieds de notre nouveau Pontife, pour
réjouir son cœur paternel en lui apprenant ce que vous
348 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
faites ici pour la gloire de la Religion, et pour implorer
ses lumières et ses bénédictions. Elles seront pour vous
comme pour nous, car tout notre désir c'est votre perfec-
tion. Hoc et oramus vestram comummationcm 2 cor 13, 9.
Mais nous croyons pouvoir vous dire, avant de vous quit-
ter, et dans toute la sincérité de notre âme : notre bouche
et notre cœur se dilatent par rofj'ection que nous vous portons
à tous. Os nostrum patit ad vos... Cor nostrum dilatatum
est. 2 cor. 6, 11. Que le dernier de nos vœux soit de vous
souhaiter. Nos Très-Ghers Frères, ce qu'il y a de plus
désirable, de plus excellent, de plus avantageux pour
vous, c'est-à-dire la grâce de Dieu. Gratia vobiscum. Amen.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au Prône de la
Messe de notre Eglise Cathédrale et à celui de l'Eglise
Paroissiale ae cette ville, ainsi que dans les autres Eglises
où se célèbre l'office Paroissial, le premier Dimanche après
sa réception.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le jour de
la fête du Très Saint et Glorieux Nom de Marie, le
treizième jour de Septembre de Tannée mil huit cent
quarante-six, sous notre seing et sceau et le contre seing
de notre Secrétaire.
•]- Ig Ev. de Montréal.
Par Monseigneur,
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 349
CIRCULAIRE ^■.
AU CLERGÉ DES DIOCÈSES DE QUÉBEC ET DE ^MONTRÉAL ET A
TOUTES LES PERSONNES QUI s'iNTÉRESSENT A LA
GRANDE OEUVRE DES MISSIONS.
Evêché de Montréal, le 28 Septembre 184G.
Monsieur,*
Promu à la dignité Episcopale, contre toute attente, et
appelé au gouvernement d'un Diocèse, ou plutôt, à la
fondation d'un Siège E'piscopal quoique sans ressource,
j'ai dû me confier entièrement à la Divine Providence, et
attendre d'elle et les moyens de me rendre dans mon
Diocèse, avec quelques missionnaires, si je les trouvais,
et les secours nécessaires pour y asseoir le premier établis-
sement religieux.
J'ai eu un instant l'espoir que les Conseils Centraux
pour l'œuvre de la Propagation de la Foi, à Lyon et à
Paris, me viendraient en aide, d'après la demande qui
leur en avait été faite. Mais aujourd'hui je suis informé
officiellement que ces deux conseils, après s'être réunis
au temps ordinaire, pour la répartition des aumônes dans
les différentes parties du monde, ne se sont pas crus auto-
risés à voter aucune somme en ma faveur, parce que mes
bulles n'étaient pas encore expédiées.
Comment donc acheter les objets essentiels aux mission-
naires et aux missions ; comment payer mon passage et
celui des missionnaires qui voudraient me suivre ? Que
faire ? Demeurer tranquille et attendre les secours qui
pourraient être votés dans un an, on peut bien le croire;
mais en élevant ses pensées au-dessus des sentiments
naturels, ne parait-il pas plus à propos que je parle au
plus tôt, pour prendre possession de mon Diocèse ; que je
sois accompagné d'un petit nombre de missionnaires,
24
350 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pour i#opposer aux efforts des méthodistes qui y sont
établis ; que je profite du premier bâtiment qui fera voile
vers rOrégon, au moins que je me prépare à suivre la
caravane américaine qui partira de Westpo)-t ou hidépen-
dence sur le Missouri, vers le commencement d'avril, pour
se rendre à l'ouest des monts rocheux ? Ce dernier plan est
sans doute préférable au premier.
Mais où sont les ressources ? Qui donnera les moyens
de l'exécuter? Qui? Le Clergé des Diocèses de Montréal
et de Québec, Ce sont ces deux diocèses qui ont donné
à rOrégon ses deux missionnaires ; ils ont aussi fourni
les trois premiers Evêques ; pendant plusieurs années,
Québec seul pourvoyait aux besoins de la mission. La
mission de l'Orégon est seule une mission toute Cana-
dienne ; elle doit donc avoir la sympathie des Canadiens.
Toujours l'Eglise du Canada pourra se réjouir d'avoir fondé
l'Eglise de l'Orégon, et le clergé de Québec et de Montréal
va resserrer les liens qui unissent déjà si étroitement les
deux Eglises, en donnant à l'Evêque de Walla Walla des
secours sans lesquels il ne pourrait se rendre à son poste.
L'Eglise de l'Orégon n'est encore qu'à son berceau ; mais
elle grandira; et elle deviendra d'autant plus florissante
qu'elle aura une plus grande part à vos ferventes prières
et à vos généreuses aumônes ; et j'aime à le croire, Québec
et Montréal se feront un bonheur de me donner une part
des sommes recueillies parmi les Associés de la Propaga-
tion de la Foi.
Vous voudrez bien adresser à l'Evèché de Montréal les
dons et offrandes que vous pourrez recueillir en faveur
de mon nouveau Diocèse.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéisssant serviteur,
-|- A. M. Ev. DE Walla Walla.
J. 0. Paré, Secrétaire ad fioc.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 351
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
EvÊCHÉ DE Montréal,
Ftit8 de St. Jean l'Evansréliste, 1804.
Monsieur
En vous adressant la présente, à l'époque du renouvel-
lement de l'année, je vous prie d'abord de l'accepter
comme l'expression du respect que je porte au Clergé de
ce Diocèse en général, et la recevoir en môme temps,
comme le témoignage de l'attachement que je conserve
pour chacun de ses membres en particulier. Trouvez bon
ensuite que je vous expose divers besoins et arrangements
qui pourront contribuer à l'avantage de la Rehgion.
Le premier besoin que je dois vous faire connaître est
celui du Diocèse de Walla Walla, Monseigneur A. M.
Blanchet, le digne Evèque de cette nouvelle Eglise, n'a
encore reçu aucune assurance de secours d'Europe pour
la mission qu'il doit aller fonder au printemps prochain,
au milieu des infidèles de l'Orégon. Il faut donc, qu'outre
l'assistance qu'il a pu recevoir de la part du clergé, il soit
assisté par le zèle et la piété des fidèles de ce pays, et en
particulier de ce Diocèse, oîi il a exercé le saint Ministère
pendant de longues années. En conséquence, vous
engagerez, s'il vous plaît, vos paroissiens à lui venir en
aide, soit en remettant pour cet objet le produit ou une
partie du produit de la Quête de l'Enfant Jésus, soit en
faisant quelques collectes spéciales dans l'Eglise, à certains
jours désignés. Vous ne manquerez pas de motifs puis-
sants pour convaincre vos paroissiens qu'ils doivent con-
tribuer à la Propagation de la Foi, et en ce moment
surtout qu'ils doivent, par des dons généreux et par le
retranchement des dépenses superflues, travailler à faire
aimer le Divin Enfant par des peuples qui n'ont point eu
352 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
encore le bonheur d'entendre les anges du Seigneur (le&
prêtres) leur annoncer la grande nouvelle qui nous réjouit
en ces grandes solennités. Ayez la bonté de recueillir les
offrandes qu'on voudra bien vous faire pour cette impor-
tante mission, et les envoy9r à l'Evôché, dans le cours du
mois prochain.
Une autre œuvre sur laquelle je me permets d'attirer
votre attention personnelle, c'est la tenue des Conférences
Ecclésiastiques, telles que fixées dans le Règlement
adopté le 26 Septembre 1845, et mis en force par la Cir-
culaire de Monseigneur l'Evêque de Montréal, placée en
tête du Projet de Règlement pour le gouvernement des curés-,
sous la date du 8 Septembre dernier. Or, d'après cette
Circulaire, le sujet à traiter, à la Conférence de Janvier
1847, est la question des cas réservés; savoir : Quels sont
les péchés auxquels il serait avantageux d'attacher une
.réserve. Messieurs les Archiprêtres voudront bien faire
faire les annonces nécessaires pour que ces assemblées-
ne manquent point.
Je renouvelle, par la Présente, en vertu d'un Induit
papal du 31 Mai 1840, qui m'a été communiqué par Mon-
seigneur de Montréal, la permission ci-devant accordée it
Messieurs les Curés et autres Prêtres de ce Diocèse, de
bénir et d'indulgencier les chapelets, les croix et les
médailles pieuses, aux conditions fixées ci-devant par Sa
Grandeur, et insérées dans ses Lettres Circulaires du •,>
Septembre et du 21 Décembre 1840. Puissions-nous, par
la récitation du St. Rosaire, à laquelle vous encouragerez
les fidèles, en bénissant ces objets, et par les dons en
faveur des Missionnaires, en sollicitant des secours pour
Monseigneur Blanchet, obtenir la conservation, et même
l'augmentation de la Foi dans ce pays, et la grâce de
déjouer les projets insidieux des hérétiques modernes qui
travaillent si ardemment à pervertir le peuple confié à
nos soins.
Quoique nous n'ayons point reçu, à l'Evêché, de lettres
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 333
-de Monseigneur de Montréal, par les deux dernières
malles d'Europe, nous savons néanmoins, par d'autres
voies, que Sa Grandeur doit être maintenant à Rome, et
que ce sera par conséquent de la ville sainte qu'il priera
■pour nous et bénira son Diocèse, au premier jour de l'an.
Je joins bien intimement mes vœux et mes désirs à ceux
de notre pieux Evêque. pour que le ciel protège de plus
-en plus et le Clergé et les Fidèles du Diocèse de Montréal-
En retour, je vous demande un souvenir dans vos
prières et saints sacrifices.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
7 J. C. Ev. DE Martyropolis,
Administrateur.
J. 0. Paré, Cho.noinf-Secrétaire.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, 19 Février 1847.
Monsieur.
L'état de famine où se trouvent plusieurs parties de
l'Europe, et notamment l'Irlande et l'Ecosse, excite en ce
moment une inquiétude trop vive sur le sort de tant de
millions d'hommes, aujourd'hui en proie aux horreurs de
la faim, et demain peut-être aux dévastations de la peste,
pour que nous demeurions insensibles spectateurs de leurs
souffrances et de leur mort. C'est le cœur encore tout
désolé, à la lecture de tant d'infortunes, que je sollicite
ardemment votre charitable concours et la coopération de
tous les fidèles de ce diocèse, afin de venir immédiate-
ment en aide à ces frères malheureux que la main du
Seigneur a frappés, et qui attendent de nous une petite
part au moins du pain qui doit les faire revivre.
354 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Quand même il n'y aurait pas ici le devoir de co-sujet&
du même Empire, et pour plusieurs les liens de nationa-
lité, il y aurait toujours, pour tous, les droits et les obli-
gations de l'humanité. Mais il y a plus encore, puisque la
presque totalité de ces populations souffrantes se compose
de chrétiens catholiques dont la foi a souvent édifié ce
pays, et dont la générosité est connue de tout le monde.
Il faut donc, Monsieur, que votre zèle seconde encore,
dan^ nos campagnes, ce que la charité a déjà heureuse-
ment commencé au sein de nos villes et de nos villages.
De toutes parts on s'organise et l'on s'efforce de prouver,
par des dons généreux, malgré la rigueur et la difficulté
des temps, que ce n'est point vainement que l'on réclame
tous les droits, tous les privilèges de sujets hritanniques,
puisque l'on en acquitte les devoirs au moment du besoin,
et que personne ne recule devant une détresse, à l'an-
nonce d'une calamité, à quelque distance qu'elle soit.
A cette fin, vous voudrez bien vous entendre avec les
personnes les plus charitables de votre paroisse, et, après
avoir communiqué mes désirs à votre bon peuple, et avoir
excité, dans l'un de vos prônes, leurs charitables sympa-
thies en faveur de frères qui meurent de faim, aviser au
moyen de réaliser tout de suite, en provisions ou autre-
ment, une souscription convenable à votre population,
pour la faire remettre à l'évêche, ou au Séminaire de
Montréal, ou au comité de la ville chargé de cette œuvre,
ou du moins entre les mains du vicaire-général le plus
voisin de votre localité, de manière à ce que le montant
puisse nous parvenir vers le milieu du mois prochain.
Agréez, Monsieur, l'assurance de l'affectueuse considé-
ration avec laquelle je suis bien sincèrement,
-|- J. G. Ev. DE Martyropolis,
Administrateur,
(Vraie copie),
J. 0. Paré, Chan. Secré:.
GIHGUL AIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 355
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'aDMINISTRATEUR ûU DIOCÈSE DE MONTRÉAL,
ANNONÇANT LE JUBILÉ UNIVERSEL ACCORDÉ PAR N. S. P.
LE PAPE, POUR IMPLORER LE SECOURS DIVIN.
Jean Charles Prince^ par la miséricorde de Dieu et la grâce
du St. Siège Apostolique., Evêque de Martyropolis, Coad-
juteur.^ et Administrateur du Diocèse de Montréal^ etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses, et à
tous les Fidèles de ce IMocèse : Salut et Bénédiction en Notre
Seigneur.
L'événement qui répandait, il y a huit mois, la joie la
plus vive dans tous les cœurs catholiques, est encore, en
ce moment, Nos Très-Chers Frères, la cause d'une nou
velle allégresse ; et le Pontife qui, à cette heureuse époque,
montait providentiellement sur la Chaire de St. Pierre, et
y recevait les clefs de tous les trésors spirituels de l'Eglise,
est celui qui maintenant en fait découler sur nous les plus
abondantes richesses. Notre Saint Père le Pape Pie JX,
qui règne par la sagesse et par la clémence, et qui, dès les
premiers jours de son Pontificat, s'est mis à la hauteur
des besoins et des circonstances présentes, vient d'accorder
à l'Univers Catholique une de ces Indulgences e.xtraordi-
naires qui font tressaillir les âmes vraimenl religieuses,
en même temps qu'elles ramènent et convertissent les plus
grands pécheurs ; c'est celle du Jubilé. A ce mot solennel,
expression de la plus grande des grâces satisfactoires que
dispense aux Fidèles celui là seul qui a reçu, dans la pléni-
tude, le pouvoir de lier et de délier., (St. Mathieu, c. xvl, 19),
tous les chrétiens se prosternent, tous les chrétiens prient,
tous font pénitence et obtiennent grâce et miséricorde;
telle er-t l'efTicarité de la prière et des mérites de Jésus qui
a dit : Je mie sanctifie moi même pour eux. afin quils soient
aussi sanctifiés dans la vérité. (St. Jean, c. xvii. 19.)
356 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Quoiqu'un Jubilé, Nos Très-Ghers Frères, soi' toujours
le signal d'une grande et sainte joie, c'est cependant l'âme
profondément attristée des maux de l'univers, et le cœur
saisi d'une religieuse indignation, à la pt-,nsée des crimes
dont se souillent les enfants des hommes, que le Pasteur
universel anathématise toutes les monstruosités que
l'erreur, l'impiété et toutes les mauvaises passions cher-
chent sans cesse à introduire dans le champ de l'Eglise;
et c'est pour y résister et pour les combattre plus victo-
rieusement qu'il implore, dans une prière continuelle,
l'assistance du Tout-Puissant. Mais ce n'est pas seul qu'il
veut prier, ce n'est pas seul qu'il veut gémir et implorer
la divine clémence ; c'est entouré de tous ses enfants, c'est
avec vous tous, Nos Très-Ghers Frères, comme avec les
fils bien-aimés de la bonne Ville de Rome, que Notre
Saint Père le Pape veut être en union de prières, en union
de supplications, en union d'aumônes, en union de toutes
sortes de bonnes œuvres. Voilà ce qu'il nous intime dans
sa Lettre Apostolique, donnée à Rome, sous l'Anneau du
Pécheur, le vingt Novembre de l'année dernière, qui
était la première de son Pontificat ; Lettre vraiment
paternelle et que Nous nous hâtons de vous transmettre,
afin qu'elle soit pour vous, la source des plus douces et
en môme temps des plus salutaires méditations.
En vous annonçant, en ce jour, cette consolante faveur,
Nos Très-Ghers Frères, et en vous exhortant à la bien
recevoir. Nous avons aussi la satisfaction de vous y presser
par les paroles mêmes du premier Pasteur de ce Diocèse,
de qui nous recevions, tout dernièrement, des lettres
pleines de tendresse et pour vous et pour nous. « Je me
llatte, » nous écrit-il, t que tous s'acquitteront avec ferveur
« de leur devoir, en cette circonstance.)) Puis il ajoute :
« c'est le temps p'us que jamais, d'extirper de mon Diocèse
« les malheureux désordres de l'ivrognerie, des blasphèmes.
H des veillées criminelles, des jeux de hazard; et d'afFer-
« mir, en retour, les quatre Associations salutaires de la
GIHGULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 357
-i Tempérance, de la Propagation de la Foi, de la Charité
«et de l'Archiconfrérie ; )) Associations dont il a été?
comme vous le savez, Nos Très-Chers Frères, le fondateur
et le zélé propagateur. Certes, si sa parole était si puis-
sante alors, ne doit-elle pas l'être en quelque sorte davan-
tage aujourd'hui qu'il vous parle du fond de plus religieux
sanctuaire qui existe dans tout le monde chrétien ? Et si
sa prière était déjà si forte pour vous obtenir toutes sortes
de grâces, croyez-vous qu'elle sera moins efficace, lorsque,
prosterné sur le tombeau des Saints Apôtres Pierre et
Paul, il les conjurera de vous être propices ? Oh! Nos
Très-Chers Frères, que cette exhortation, qu'il vous adresse
de si loin, doit faire de profondes impressions sur vos
cœurs ! et comme ce doit-être aussi une véritable consola-
tion pour vous, dans la privation où vous êtes de votre
premier Pasteur, de savoir qu'il pense à vous, qu'il prie
pour vous et qu'il vous bénit, ou plutôt qu'il vous fait
bénir par le successeur de St. Pierre !
Aussi, c'est à l'invitation, c'est conformément aux désirs
du Très-Saint Père lui même, que nous travaillons sans
cesse à vous ramener dans les voies du salut.
Entendez la donc notre voix, ou plutôt entendez celle
de l'Evêque des Evoques ; écoutez-la cette parole Aposto-
lique qui vient des hauteurs de la ville éternelle et qui
vous crie : // faut que vos prières soient jointes aux Nôtres ;
il faut que Nous implorions tous ensemble^ et avec plus d'ar-
deur, le secours de la droite du Tout-Puissant.
Oui, Nos Très-Chers Frères, embrassons la cette invita-
tion de Notre Père commun, embrassons la avec amour
et reconnaissance. Prions, humilions-nous, implorons le
secours divin. Hélas ! nous n'avons que trop besoin de
fléchir le ciel qui doit être infiniment irrité de tous nos
désordres secrets, de toutes nos transgressions journalières
et publiques. N'est-ce rien, en effet, que cette audace
sacrilège qui blasphème et lu sainteté de nos Mystères et
le caractère sacré de ceux qui les dispensent? N'est-ce
358 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
rien, que cette impiété orgueilleuse qui se montre à décou-
vert, qui séduit la jeunesse, qui corrompt l'adolescence,
qui s'affermit dans la virilité et qui endurcit la vieillesse ?
N'est-ce rien encore, que ce luxe toujours croissant, qui
de nos villes s'en va envahissant nos campagnes, même
les plus reculées, et y étale la plus ridicule opulence au
sein même de l'indigence la plus déplorable ? En vérité,
n'avons-nous pas lieu de craindre que les fléaux épouvan-
tables, les famines et les pestes qui dévorent déjà des
milliers de nos frères, ne nous arrivent bientôt à nous-
mêmes, si nous ne réformons de suite nos maisons, nos
habits, nos discours et nos cœurs. A votre cœur donc, 6
pécheurs^ à votre cœur, vous crient tous les Prophètes, à
votre cœur; et faites pénitence. (Is. xlvi. 8. Jérém. xxiv. 7.
Ezech. xviii. 31. Joël. ii. 12.)
En conséquence, Nos Très-Chers Frères, travaillons
courageusement à réparer les outrages faits à la gloire de
Dieu, et à procurer le salut de nos âmes par un déploie-
ment extraordinaire de charité et de zèle, afin d'arriver
tous ensemble, comme par un seul et même effort, à la
destruction entière des vices et au l'ègne des vertus par
tout ce Diocèse ; bien persuadés, ainsi que St. Cyprien
l'écrivait au martyr Nemésien et à ses compagnons, que
le Seigneur considère du haut du Ciel ceux gui s'engagent,
pour son nom, dans cette lutte sacrée; gull les soutient dans
le combat et les couronne après la victoire. (Ep. 77.)
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de nos Vénérables Frères les Chanoines de la Cathédrale,
Nous avons réglé et ordonné, réglons et ordonnons ce
qui suit :
1<> Par le mandf^ment que Nous vous adressons aujour-
d'hui, Nous publions les Lettres Apostoliques de Notre
Saint Père le Pape Pie IX, en date du vingt Novembre
dernier, dans lesquelles Sa Sainteté accorde à l'Univers
Catholique une Indulgence plénière pu forme de Jubilé,
pour implorer le secours divin ; Nous ordonnons, en con-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 359
formité à la volonté du Très-Saint Père, que ces Lettres
Apostoliques soient lues à la suite du présent Mandement
ou le Dimanche suivant, et voulons qu'elles sortissent
leur plein et entier effet dans toute l'étendue de ce Diocèse.
2o Ce Jubilé commencera, dans ce Diocèse, dès le
Dimanche de la publication des Présentes ; et en vertu
d'un Induit Papal, daté de Rome le dix Janvier mil huit
cent quarante-sept, il durera trois mois, à compter du jour
où se fera cette publication dans chaque localité. Cepen-
dant Nous engageons Messieurs les Curés, Prêtres, Des-
servants ou Missionnaires à choisir trois semaines, dans
les trois mois, pour en faire les exercices avec plus de
solennité. Nous les autorisons, en conséquence, à retarder
la publication des Présentes, jusqu'à l'époque qui leur
paraîtra la plus favorable pour faire profiter leurs ouailles
des Grâces du Jubilé ; pourvu toutefois que cette publi-
cation ne soit point remise au delà du six Juin prochain-
30 Le Dimanche où l'on publiera le présent Mandement,
l'on chantera immédiatement après lagrand'messe, ou au
moins l'on récitera, à la messe principale ou conventuelle
l'Hymne Veni, Creator, avec verset et oraison pour implo-
rer les grâces du St. Esprit. La veille des trois semaines
choisies pour faire les exercices solennels du Jubilé, on
sonnera toutes les cloches, pendant une heure, avant
V Angélus du soir; et le jour que se termineront les trois
mois du Jubilé, dans chaque localité, on chantera le Te
Deum, et l'on sonnera, aussi pendant une heure, toutes les
cloches, après VAngelus du soir.
40 Pour gagner l'Indulgence accordée par le St. Père, il
faudra, d'après les Lettres Apostoliques susmentionnées,
outre la Confession et la Communion faites avec de bonnes
dispositions, dans l'intervalle des trios mois, jeûner le mer-
credi, le vendredi et le samedi d'une même semaine, faire
quelqu'aumône aux pauvres selon sa dévotion, visiter
deux fois, dans le même intervalle des trois mois, les
Eglises ou l'une des EgUses désignées par l'Evêque. et y
360 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Xjrier avec dévotion durant quelqu'espace de temps. En
conséquence, Nous déterminons pour Eglises à visiter,
toutes les Eglises paroissiales et Chapelles de missions, en
faveur de tous les Fidèles de l'un et de l'autre sexe, qui
voudront participer aux précieux avantages du Jubilé.
Dans la ville Episcopale, l'on visitera la Cathédrale,
l'Eglise Paroissiale, l'Eglise de J^onsecours, celle des
Récollets ou l'une d'elles. Quant aux Religieuses cloîtrées,
leurs novices et leurs postulantes, elles auront pour Eglise
de Station, l'oratoire de leur monastère.
5'^ Outre les privilèges extraordinaires accordés par les
dites Lettres Apostoliques, Nous sommes de plus autorisé
à vous annoncer que chacun pourra gagner l'Indulgence
du Jubilé, en faisant sa communion pascale, pourvu qu'il
remplisse les autres conditions ci-dessus énoncées. Enfin
Nous communiquons à tous les Prêtres approuvés de ce
Diocèse, outre les facultés exprimées dans les Lettres
Apostoliques, celles renfermées dans l'Induit du dix Jan-
vier et annexé aux dites Lettres.
Sera le présent Mandement lu au Prône de l'Eglise
Cathédrale, à celui de toutes les Eglises Paroissiales, er.
en Chapitre, dans toutes les Communautés Religieuses,
le premier Dimanche après sa réception, ou celui qui com-
mencera les trois mois, au choix de Messieurs les Curés,
comme il est réglé plus haut.
Donné à Montréal, Palais Episcopal, le cinquième jour
du mois de Mars, de l'année mil-huit-cent-quarante-sept,
sous notre seing, le sceau du Diocèse de Montréal, et le
contre-seing du Secrétaire du dit Diocèse.
'[ J. C. Ev. DE Martyropous.
Administrateur.
Par Monseigneur l'Administrateur,
J. 0. Paré, Chan.-Secr. du Diocèse.
P. S. — MM. les Curés voudront bien engager leurs Pa-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 361
roissiens à faire la prière du soir et à réciter le Chapelet
en famille, pendant les trois mois du Jubilé ; et il serait
bon de leur donner, chaque Dimanche, au Prône, une
intention particulière pour la semaine suivante, en leur
exposant les différents besoins de la Paroisse.
f J. C. Ev. DE M., A.
(Vraie copie.) J. (). Paré, Chan. Secrétaire.
LETTRE APOSTOLIQUE
DE X. S. P. LE PAPE PIE IX INDIQUANT UX JUBILÉ UNIVERSEL
POUR IMPLORER LE SECOURS DIVIN.
Pie IX. A tous les fidèles qui verront les présentes lettres,
Salut et Bénédiction Apostolique.
Elevé par les impénétrables desseins de la Providence,
malgré Notre indignité, au faîte du Siège Apostolique.
Nous connaissons trop bien les difTicultés des temps et des
circonstances présentes pour ne pas sentir combien Nous
avons profondément besoin du secours d'en haut pour
préserver le troupeau du Seigneur des embtîches cachées
partout, pour relever et régler, selon le devoir de Notre
charge, les affaires de l'Eglise Catholique. Aussi, jusqu'à
ce jour, Nous n'avons cessé d'adresser des prières conli-
nuelles au Père des Miséricordes, afin qu'il daigne fortifier
de sa vertu Nos faibles forces et éclairer Notre esprit de
la lumière et de sa sagesse, pour que le Ministère Apos-
tolique qui Nous est confié tourne à l'avantage et à la
félicité de la chrétienté tout entière, et qu'enfin les flots
s'apaisant, le vaisseau de l'Eglise se repose des longues
agitations de la tempête. Mais comme ce qui est un bien
commun doit être demandé par des vœux communs,
Nous avons résolu d'exciter la piété de tous les fidèles de
Jésus-Christ, afin que leurs prières étant jointes aux
362 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Nôtres, Nous implorions avec plus d'ardeur le secours de
la droite du Tout-Puissant. Et comme il est certain que
les prières des hommes seront plus agréables à Dieu s'ils
viennent à lui avec des cœurs purs, c'est-à-dire avec des
consciences libres de toute souillure. Nous avons résolu
d'imiter l'exemple que Nous ont donné Nos Prédécesseurs
au commencement de leur Pontificat, en ouvrant avec
une libéralité apostolique aux fidèles de Jésus-Christ les
célestes trésors d'indulgences dont la dispensation Nous
a été confiée, afin qu'excités plus vivement à la vraie piété
et lavés des taches du péchés par le Sacrement de Péni
tence, ils approchent avec plus de confiance du Trône de
Dieu, obtiennent sa miséricorde et trouvent grâce auprès
de lui. Pour ces motifs. Nous annonçons à l'univers
catholique une indulgence en forme de Jubilé.
C'est pourquoi, Nous confiant en la miséricorde du
Dieu Tout Puissant, et en l'autorité de ses bienheureux
Apôtres Pierre et Paul, en vertu de cette puissance de
lier et de délier que le Seigneur Nous a conférée, quelque
indigne que Nous en soyons, Nous donnons et accordons,
par la teneur des présentes. Indulgence plénière et rémis-
sion de tous leurs péchés à tous et chacun des fidèles, de
l'un et de l'autre sexe, demeurant dans notre bonne Ville,
lesquels, depuis le deuxième Dimanche de l'Avent, c'est-
à-dire, depuis le six Décembre inclusivement, jusqu'au
vingt-septième Jour du même mois aussi inclusivement,
jour de la fête de Saint-Jean Apôtre, visiteront deux fois,
pendant ces trois semaines, les basiliques de Saint-Jean.
de-Latran, du Prince des Apôtres^ et de Sainte-Marie-
Maieure, ou bien l'une de ces Eglises, y prieront avec
dévotion durant quelque espace de temps, jeûneront le
mercredi, le vendredi et le samedi de l'une de ces trois
semaines, et dans le même intervalle de ces trois semaines,
se confesseront et recevront avec respect le Très-Saint
Sacrement de l'Eucharistie, et feront quelque aumône
aux pauvres, chacun selon sa dévotion, et pour tous ceux
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 3G3
qui, demeurant hors de Rome, en quelque lieu que ce
soit, visiteront deux fois les Eglises désignées, au reçu de
la présente, soit par les Ordinaires, soit parleurs Vicaires
ou OfBciaux, soit d'après leur ordre, et à leur défaut, par
ceux qui ont la conduite des âmes dans ces mômes lieux ;
qui, ayant visité deux fois ces Eglises, ou quelqu'une
d'elles dans le même espace de trois semaines (lesquelles
seront déterminées par les autorités indiquées ci-dessus),
et qui accompliront avec dévotion les autres œuvres ci-
dessus énumérées ; Nous leur accordons aussi par ces
présentes l'Indulgence plénière de tous leurs péchés,
comme on a coutume de l'accorder dans l'année du Jubilé
à ceux qui visitent certaines Eglises dedans ou dehors la
Ville de Rome.
Nous accordons aussi que ceux qui sont sur mer ou en
voyage, aussitôt qu'ils seront dans les lieux de leur? domi-
ciles, puissent gagner la même indulgence, en remplissant
les conditions ci-dessus marquées, et en visitant deux fois
l'Eglise Cathédrale, Principale ou, Paroissiale du lieu de
leur domicile. Et à l'égard des réguliers de l'un et de
l'autre sexe, de ceux même qui vivent en perpétuelle clô-
ture, et de tous autres, quels qu'ils puissent être, tant
laïques qu'ecclésiastiques, séculiers et réguliers, même
ceux qui sont en prison, et détenus par quelque infirmité
corporelle ou autre empêchement, qui ne pourront accom-
plir les œuvres exprimées ci-dessus, ou quelques-unes
d'elles, Nous permettons pareillement qu'un Confesseur
du nombre de ceux qui sont déjà approuvés par les Ordi-
naires des lieux puisse lui commuer les dites œuvres en
d'autres œuvres de piété, ou les remettre à un autre tems
peu éloigné, et enjoindre des choses que les pénitens
pourront accomplir. Nous autorisons aussi le même
Confesseur à dispenser de la réception de l'Eucharistie
les enfants qui n'ont point encore fait leur première com,
munion.
Nous donnons de plus à tous et à chacun des Fidèles
364 i\lANDP:MENTS, LETTRES PASTORALES,
Séculiers et Réguliers, de quelqu'Ordre et Jnslitulioit
qu'ils soient, la permission et le pouvoir de se choisir à
cet effet pour confesseur tout prêtre tant séculier que
régulier, du nombre de ceux qui sont approuvés par les
Ordinaires des lieux (les religieuses, les novices et les
femmes vivant dans le cloître, pourront user de cette
permission, pourvu que le confesseur soit approuvé pro
Moniallbus)^ lequel pourra les absoudre et délier dans le
for de leur conscience, et, pour cette fois seulement,
d'excommunication, suspense, condamnations ecclésiasti-
ques et censures, soit à jure, soit ab homliie, prononcées et
portées pour quelques causes que ce soit, (hormis celles
qui sont exceptées plus haut), et aussi de tous péchés,
excès, crimes et délits quelques graves et énormes qu'ils
puissent être, même réservés en quelque manière que ce
soit aux Ordinaires des lieux, où à Nous et au Siège
Apostoliques, et dont l'absolution ne serait pas censée
accordée par toute autre concession, quelque étendue
qu'elle fût; lequel confesseur pourra, en outre, commuer
tontes sortes de vœux, même faits avec serment et réservés
au Siège Apostolique (excepté les vœux de chasteté, de
religion, et ceux par lesquels on contracte une obligation
envers un tiers, lesquels auraient été acceptés par lui, ou
dont l'omission lui porterait préjudice; ainsi que les voeux
dits préservatifs du péché, à moins que la commutation
de ces vœux ne soit jugée aussi utile que la première
matière pour réprimer l'habitude du péché), en d'autres
œuvres pies et salutaires, en imposant néanmois à tous et
à chacun d'eux, dans tous les cas susdits, une pénitence
salutaire, et autre chose que le confesseur jugera à propos
de leur enjoindre.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMExNTS. 3G5
Nous donnons en outre la faculté de dispenser d'irré-
gularité contractée par violation des censures, en tant
qu'elle ne pourrait être déférée facilemeni. Nous n'enten-
dons pas néanmoins, par ces présentes, dispenser d'aucune
irrégularité publique ou occulte, défaut, note d'infamie,
incapacité ou inhabileté, de quelque manière qu'elle ait
été contractée, ni donner aucun pouvoir de dispenser sur
ces objets, ou de réhabiliter et de remettre dans le premier
état, môme au for de la conscience, ni que les présentes
doivent déroger à la constitution et aux déclarations de
Notre prédécesseur Benoit XIV, d'heureuse mémoire,
relativement au Sacrement de Pénitence, ni aussi que les
présentes puissent ou doivent servir en aucune manière
à ceux qui auraient été nommément excommuniés, sus-
pens ou interdits par Nous ou par le Siège Apostolique, ou
par quelqu'aulre prélat ou juge ecclésiastique, ou qui
auraient été autrement déclarés ou dénoncés publique-
ment comme ayant encouru des censures et antres peines
portées par des sentences, à moins que, dans l'espace des
dites trois semaines, ils n'aient satisfait, ou ne se soient
accordés avec les parties intéressées. Que si dans le dit
terme ils n'ont pu satisfaire au jugement du confesseur,
Nous accordons au'ils puissent être absous dans le for de
la conscience, à l'effet seulement de gagner les indul-
gences du Jubilé, avec l'obligation de satisfaire aussitôt
qu'ils pourront.
C'est pour(]uoi Nous mandons et ordonnons expressé-
ment par ces présentes, eu vertu de la sainte obéissance,
à tous et à cha3nu des Ordinaires des lieux, quelque part
qu'ils soient, et à leurs vicaires et ofTiciaux, ou, à leur
défaut, à ceux qui ont la conduite des âmes, que, lors-
qu'ils auront reçu copies des présentes, même imprimées,
ils les publient ou les fassent publier aussitôt que, devant
Dieu, ils le jugeront convenable, eu égards aux temps et
aux lieux, dans leurs églises, diocèses, provinces, villes,
bourgs, territoires et lieux, qu'ils désignent aux peuples
convenablement préparés, autant que faire se pourra, par
25
366 xMANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
la prédication de la Parole de Dieu, les églises à visiter et
le temps pour le présent Jubilé.
Ces présentes pourront avoir et auront leur effet, nonobs-
tant toutes constitutions et Ordonnances Apostoliques, et
particulièrement celles par lesquelles la faculté d'absoudre
en certains cas y exprimés, est tellement réservée au
Pontife Romain, occupant pour lors le Saint Siège, que,
semblables ou différentes concessions d'indulgences et de
facultés de cette sorte ne peut être d'aucun effet à qui que
ce soit, s'il n'en est fait mention expresse, ou s'il n'y est
spécialement dérogé ; comme aussi, nonobstant la règle
de ne point accorder l'indulgence ad instar, et nonobstant
tous saints et coutumes de tous ordres, congrégations et
instituts réguliers, même confirmés par serment et autorité
apostolique, et de quelque autre manière qu'ils aient pu
l'être ; nonobstant enfin tous privilèges, induits et Lettres
Apostoliques accordées en quelque forme que ce puisse
être à ces mêmes ordres, congrégations et instituts, et aux
personnes qui les composent, même approuvés et renou-
velés : auxquelles choses, et à chacune d'icelles, comme
aussi à toutes autres contraires. Nous dérogeons pour
celte fois, spécialement, nommément et expressément, à
l'effet des présentes ; encore que d'icelles et de toute leur
teneur il fallût faire mention ou autre expression spéciale,
spécifique et individue, et non par des clauses générales
équivalentes, ou qu'il fût besoin d'observer pour ce quel-
que autre formalité particulière, réputant leur teneur
pour suffisamment exprimée dans ces présentes, et toute
la forme prescrite en ce cas pour dûment observée. Et
afin que les présentes, qui ne peuvent être portées partout,
puissent plus facilement venir à la connaissance de tous
les fidèles, Nous voulons qu'en tous lieux foi soit ajoutée
aux copies des présentes, même imprimées, signées de la
main d'un notaire public, et scellées du sceau de quelque
personne constituée en dignité ecclésiastique, telle qu'on
l'ajouterait aux présentes, si elles étaient exhibées et repré-
sentées en original.
CmCULAIUES ET AUTRES DOCUMENTS. 307
Donné à Rome, près Sainte-Marie-Majeure, sous i'an.
neau du pêcheur, le vingt novembre mil huit cent qua-
rante-six, la première année de Notre pontificat.
Place (le f l'Anneau du Péclieur.
■ (Signé), A. Gard. Lambruschini.
J. 0. Paré, Chan. Sccrrlaire.
\
EX AUDIENTIA SANGTISSIMT.
Die 10 Januarii, anno 1847.
Cuni Sanctissimus Dnus Nostcr Plus divina providenfia
Papa IX, pro singulari sua benignilate, ac sapientia,
regionum omnium quœ S. Consilii Christiano Nomini
Propagando auctoritati subsunt, adjuncta considerans,
intellexerit difficile futurum esse ut catholici in iisdem
commorantes indulgenliam plenariam in forma jabilœi,
literis apostolicis die 20 mensis Novembris anno 1846,
toti orbi catholico a se concessam lucrentur, si tribus
dnmtaxat hebdomadis, prout iisdem literis statutum est,
jubilœi lucrandi facultas in illis regionibus perduraret,
referente me subscripto S. Goncilii Secretario, hcTc quœ
sequuntur decernere dignatus est. Videlicet, primo ut
in iis locis tempus jubilœi indulgentiœ consequendœ ad
très menses ab indulti Apostolici promulgalione incipien-
dos protrahatur, vel ubi necesse fuerit, illud perdure t
quoad Fidèles copism habuerint sacerdotis, seu Missionarii,
qui eis pœnitentiœ, et Eucharistiœ sacramenta adminis-
trent. Secundo, ut in locis, in quibus templa seu sacra
loca non habeantur, vel in quibus ad ea difficilis sit
accessus, visitationes injunctœ in aliud pium opus a
Superioribus Ecclesiasticis, aut a Missionariis possint
immutari. Tertio, ut rationabili de causa, reliqua pia
opéra in memoratis literis apostolicis injuncta, in sacra-
368 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
rum precum recitationem, vel in aliam religiosam exerci-
tationem iidem Superiores, aut Missionarii valeant com-
mutare. Firmo tamen rémanente pro pueris, qui nondum
adsacramcommunionemadmissisunt, onere confessionis
sacramentalis peragendse, ad pro aiultis onere confes-
sionis, atque Eucharisticce communionis.
Datum Romœ ex /Edibus Sacrœ Gongregationis de Pro-
paganda Fide die et anno quibus supra.
L. f S.
{Signatus) Joanxes Brunelli,
Archiepiscopus Thessalonicensis Sacrae
Congregationis de Propaganda
Fide Sccretarius.
[Pro Apographo.] J. 0. Paré, Canonicus Sccretarius.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE M0:*TRÉAL.
Evôclié de Montréal, 7 Juin 1846.
Monsieur^
Avant comme pendant mon voyage, j'ai humblement
supplié le Seigneur de me faire la grâce de vous revoir
tous. En rentrant dans ce Diocèse le 27 Mai dernier, j'ai
eu la consolation d'apprendre que mes vœux avaient été
exaucés. J'en ai béni le Seigneur comme d'une faveur
insigne qu'il avait daigné ajouter à tant d'autres dont il
m'avait favorisé pendant ce voyage. J'ai pu lui dire pour
lui en témoigner ma reconnaissance : Quos dedisti mihi,
non perdidi ex eis quemquam. J'ai eu en même temps le
bonheur d'apprendre les travaux et les succès de votre
zèle, pendant cette année de grâce. Aussi mon premier
acte, en reprenant l'administration du Diocèse, est-il de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 3G9
VOUS offrir le repos de la Retraite annuelle dont vous
sentez si vivement le besoin. Vous avez beaucoup tra-
vaillé et vous succombez sous le poids de la chaleur et du
jour. Venite seorsum in desertum locum^ et requlescite pu-
sillum.
D'ailleurs, pendant que j'ai été séparé de vous, il m'a
été permis de puiser dans le sein du premier des Pasteurs,
des lumières spéciales qui m'ont fait comprendre et sentir
mieux que jamais les devoirs de la charge pastorale que
nous avons tous à remplir. Pour y correspondre, au moins
dans la préparation de mon cœur, j'ai dû dire souvent
avec l'Apôtre sur le tombeau duquel j'ai si souvent prié
pour vous et pour moi : Cxtera autem cum venero dispo-
nam. Le te.iips est arrivé où je doit mettre à exécution
la résolution si souvent renouvelée : Desidero enim videre
vos ut oUquid impertiar vohis gratiœ spirituaUs ad confir-
mandos vos^ id es'., consolari in vohis.
La Retraite Pastorale se fera cette année au lieu ordi-
naire. Elle commencera le 30 Août à 8 heures du soir et
se terminera le 8 Septembre au matin. Le jour de l'Ouver-
ture, aura lieu au Petit Séminaire, à 5 heures après-midi,
l'Assemblée de la Caisse Ecclésiastique de St. Jacques,
dans laquelle on réglera toutes les affaires qui la concer-
nent, pour n'avoir point à y revenir dans le cours de la
Retraite. M desservira les paroisses de avec les
pouvoirs de desservants et la faculté de biner le Dimanche,
Je dispense de la publication d'un ban de mariage ceux
qui devraient se marier la semaine de la Retraite, afin
que les Desservants soient plus libres. Vous ferez le
Dimanche qui précédera la Retraite l'annonce dont je
vous envoyai la formule en 1840, afin que tout le Diocèse
soit en prière pendant que tout le clergé sera en retraite,
Vous continuerez les prières prescrites pour mon voyage,
parce que j'en ai besoin pour le succès de plusieurs affaires
importantes que mon départ un peu précipité ne m'a pas
permis de terminer, avant de quitter la Ville-Sainte
Je vais prendre au plutôt connaissance des rapports des
370 MANDEMBNTsf. LETTRES PASTORALES,
Conférences Ecclésiastiquess tenues en Janvier dernier,
et je vous en ferai connaître le résultat. Je vous dirai ici
qu'en visitant un des Evoques qui est par ses vertus et sa
science la gloire de l'Eglise de France, j'ai été heureux
d'apprendre qu'il avait recouru au môme moyen que Nous
pour faire une nouvelle édition de la liste des cas réservés
dans son diocèse. D'ailleurs nous avions ici l'exemple de
Monseigneur de Pontbriand, de sainte et heureuse mé-
moire. Veuillez bien vous occuper, dans la Conférence
de Juillet, des moyens à prendre pour adopter un tarif
uniforme aussi rapproché que possible de l'usage commun
dans la perception des droits casuels.
Je suis avec la plus intime cordialité,
Monsieur,
Votre très-humble et très-affectionné serviteur,
7 Ig. Evéque de Montréal.
(\'raic Copie.)
L. Z. Moreau Pire, sous-secrétaire.
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÉQUE DE MONTRÉAL. POUR PUBLIER
l'encyclique de N. s. p. LE PAPE, PIE IX, EN FAVEUR
DE LA MALHEUREUSE IRLANDE.
Ignace Bourgct., par la Miséricorde de Dieu el la grâce dii,
Saint Siège Apostolique.^ Evéque du Montréal., etc.
Au clergé Séculier el Réculier, aux Communautés Religieuses et aux
Fidèles de noire Diocèse : Salul et Béncdiclion en Noire Seigneur.
Nous nous empressons, Nos Très-Ghers Frères, de vous
faire part d'une I^ettre que Nous venons de recevoir de
Notre Saint Père le Pape. Vous y ''errez qu'à l'époque du
vingt-cinq Mars dernier, l'état de l'Irlande était encore
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 371
des plus affligeants ; et vous apprendrez, de la bouche
même de ce Pontife si vénéré, à compatir aux maux de
cette nation infortunée. Voilà la teneur de cette Lettre ;
écoutez-en la lecture avec une foi vive et un profond res-
pect: car c'est le Vicaire de Jésus-Christ, c'est le Père de
i'Eglise que vous allez eu tendre vous raconter, avec tout
l'accent de sa douleur paternelle, les horribles souffrances
d'une partie de ses enfants, les enfants de l'Irlande.
LETTRE ENCYCLIQUE
DE N. s. P. LE PAPE PAR LA PROVIDEN'GE DIVINE PIE IX.
A tous les Patriarches, Primats, Archevèr|ues et Evêques, pour implo_
rer en faveur du royaume d'Irlande, le secours de Dieu.
Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique
L'active vigilance et le zèle assidu que les Pontifes
Romains, Nos Prédécesseurs, ont toujours montrés pour
soulager, par tous les moyens en leur pouvoir, les nations
chrétiennes, vous sont certainement connus. Vénérables
Frères, qui avez étudié et parcouru l'histoire de l'Eglise
Vous n'ignorez pas que cette salutaire et admirable solli-
citude n'a pas embrassé seulement les besoins spirituels
du peuple chrétien, mais qu'elle s'est encore étendue à
toutes les calamités pubhques dont une nation chrétienne
a pu jamais être frappée. Les monuments de l'antiquité (li,
comme ceux des siècles plus récents, l'histoire de notre
époque et celle de nos pères en font également foi. A qui
(l) Dans Eusèbe, llisl. EccL, liv. iv. ch. 23 : Lettre de Denys, évêque
de Co inthe, au pape Solère, dans laquelle il est dit que dès le berceau
de la foi, V Eglise romaine avait coutume d'envoyer aux chrétiens les
secow^s nécessaires à la vie ; et que cet usage était cent iuué par le saint
jjonlife Solère. Dans le même Eusèbe, Hist. EccL, liv-. vu. ch. 5, le
passage oîi est rappelée la lettre de Denys. évoque d'Alexandrie, au
pape saint Etienne 1er, qui avait envogé à la province de Syrie, com-
prenant l'Arabie, les subsistances dont elle avait besoin. Il existe égale-
ment une lettre de saint Basile au pape saint Damase, dans laquelle il
■est fait mention des subsides envoyés par le pape saint Denys à l'Eglise
de Césarée.
372 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pouvait-il, en effet, et devait-il convenir davantage de se
préocG»p&i' de cette sollicitude paternalle pour le soulage-
ment de tous les chrétiens, que ceux-là mêmes en qui la
foi catholique nous apprend à reconnaître les Pères et les
Docteurs de tous les chrétiens (1). Vers qui les nations
malheureuses pouvaient-elles plus naturellement chercher
du secours qu'auprès de ceux qui, établis sur le faîte de
l'Eglise, ont prouvé dans tous les siècles, et par des faits
éclatants, combien ils étaient pressés par la charité du
Christ ?
Excité par ce glorieux exemple de Nos Prédécesseurs,
en môme temps que par l'impulsion de Nos propres sen-
timents, dès que Nous avons appris que le royaume d'Ir-
lande souffrait d'une excessive disette de grains et de la
cherté de toutes les autres subsistances alimentaires, et
que cette malheureuse nation était en proie à l'horrible
assemblage de toutes les maladies qu'engendre la famine^
Nous avons aussitôt employé tous les moyens qui étaient
en Notre pouvoir, pour secourir d'aussi grandes infor-
tunes. Nous avons, prescrit à cet effet que dans Notre
Capitale des prières publiques fussent adressées à Dieu,
et Nous avons exhorté le Clergé, le peuple Romain et
tous ceux qui se trouvent à Rome, à porter secours à
l'Irlande. Ainsi Nous sommes parvenu, partie avec l'ar-
gent que Nous avons si volontiers donné Nous-mème,.
partie avec celui que I3 malheur des temps a permis de
recueillir dans Rome, à réunir une somme que Nous
avons envoyée à Nos Vénérables P>ères les Archevêques
d'Irlande, pour être distribuée, par leurs soins, selon les
besoins des localités et l'indigence de leurs malheureux
concitoyens.
Cependant, telles sont les lettres que jusqu'ici Nous^
recevons de l'Irlande ; les nouvelles qui Nous arrivent
chaque jour au sujet des calamités qui désolent cette île,
et qui s'aggravent de plus en plus, sont telles, que Notre-
cœur en est oppressé d'une douleur inexprimable, et
(I) Conc. de Flor. défin. de foi.
CIKCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 37Î
qu'elles Nous pressent plus vivement de venir au secours-
de ce malheureux peuple. Que ne devons- Nous oas tenter,
effet, pour apporter quelque soulagement à cette nation
que de si grands fléaux accablent, quand nous savons si
bien quelle est et quelle a toujours été la vénération du
Clergé et du Peuple d'Irlande envers le Siège Apostolique;
de quel éclat, dans les temps les plus difficiles, a brillé la
constance de ce peuple à professer la Religion Catholique ;
par quels labeurs le Clergé d'Irlande s'est efforcé de pro-
pager la Foi dans les contrées du monde les plus recu-
lées : par quels témoignages enfin de pieux respect et de
religieuse dévotion la nation Irlandaise honore dans notre
humble personne le bienheureux Pierre, et montre, pour
Nous servir des paroles du Grand Léon, que dans son
indigne héritier , la dignité du prince des apôtres ne s'éclipse
pas. 1 .
C'est pourquoi, c-près avoir mûrement considéré un
sujet si grave, et pris conseil de quelques-uns de Nos
Vénérables Frères, Cardinaux de la Sainte Eglise Ro-
maine, nous avons résolu, Vénérables Frères, de vous
écrire cette lettre, afin de pourvoir avec vous aux besoins
de la Nation Irlandaise.
En conséquence, Nous vous invitons tous à ordonner
dans vos diocèses et dans les pays soumis à votre jurisdic-
tion, ainsi qu'il vient d'être fait à Rome, que pendant trois
jours des prières publiques soient récitées dans les églises
et autres lieux sacrés, pour demander à Dieu, Père des
miséricordes, qu'il délivre le peuple Irlandais d'une cala-
mité si grande, et qu'il éloigne un semblable et si terrible
désastre des autres Etats d'Europe et des autres contrées.
Et pour atteindre ce but avec plus de zèle et plus d'effica-
cité, nous accordons sept années d'indulgences à ceux qui
assisteront une fois à ces prières; quant à ceux qui, pen-
dant les trois jours, prendront part à la récitation de ces
mêmes prières, et qui, purifiés par le sacrement de péni-
tence dans la semaine du triduo, recevront le sacrement
1 Serm. 1 de Anniv. Assumpt. suée.
374 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
■de la très-sainte Eucharistie, Nous leur accordons, en vertu
de l'autorité Apostolique, l'Indulgence plénière.
Nous recommandons de plus très- vivement à votre
<;harité, Vénérables Frères, d'exciter, par vos exhortations,
le peuple placé sous votre autorité, à secourir également
par des aumônes la nation Irlandaise. Nous savons qu'il
n'est point nécessaire de vous rappeler, et la vertu de
l'aumône et les fruits abondants qui en découlent pour
mériter la clémence du Dieu bon et Tout-Puissant. Vous
trouvez dans les Pères de l'Eglise, et particulièrement dans
plusieurs sermons de Saint Léon-le-Graud l, les doctes et
justes louanges données à l'aumône. Vous connaissez
également l'admirable lettre écrite par saint Cyprien,
martyr, Evêque de Cartilage, aux Evoques de Numidie 2,
fit qui contient l'immortel témoignage de la singulière
ardeur avec laquelle le troupeau confié à sa conduite pas-
torale, secourut par d'abondantes aumônes les besoins des
chrétiens dans l'indigence. Vous pouvez aussi vous rap-
peler ces paroles de Saint Ambroise, Evêque de Milan 3 :
<( L'éclat des richesses n'est pas dans les sacs d'argent du
« riche, mais dans les aliments donnés aux pauvres : c'est
'( dans le sein de ces infirmes et de ces indigents que l'or
1 brille davantage. Que les chrétiens le sachent, leurs
« richesses doivent leur servir à chercher, non ce qui leur
■< est personnel, mais ce qui intéresse le Christ, s'ils veulent
^ que le Christ les recherche. » Nous espérons que par de
telles considérations et par d'autres que votre charité
•saura vous suggérer, vous réuissirez à être d'un grand
■secours à ces infortunés qui sont ici l'objet de Notre solli-
citude.
Nous pourrions terminer là cette lettre; mais au mo-
1 De Jejunio decimi mensis, et Eleemosynis.
2 Dans celle épitre, saint Cyprien parlant des sommes recueillies à
■Oarlhage et envoyées aux évèques de Numidie ])Our le rachat des chré-
tiens, dit : « Nous vous avons envoyé cent mille seslerces d'écus que
les prêtres et les fidèles qui sont auprès de nous ont recueillis ici dans
l'Eglise que, par la grâce du Seigneur, nous sommes chargé de gouver-
ner; vous les distribuerez selon que \ous le jugerez plus utile.
2 2 Ep. à TEvèque Constance. '
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 37')
ment où vous conformaiiL à Notre volonté, vous allez,
Vénérables Frères, ordonner des prières publiques, Nous
ne voulons pas omettre ce que Nous rappelle jour et nuit
notre préoccupation journalière^ la sollicitude de toutes les
églises 1. Elle est toujours-là devant Nos yeux, cette hor
rible et cruelle tempête depuis déjà longtemps soulevée
contre l'Eglise universelle: Notre âme se trouble en son.
géant quelle est la haine de l'ennemi contre le sanctuaire 2,
€t quelle conjuration impie s'est formée contre le Seigneur
et contre son Christ 3. C'est pourquoi Nous Vous recom-
mandons particulièrement de prendre occasion des prières
publiques prescrites en faveur de l'Irlande, pour exhorter
le peuple, placé sous votre garde, à implorer en môme
temps le secours de Dieu pour l'Eglise universelle.
Et Nous, Vénérables Frères, Nous vous donnons affec-
tueusement la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près de Sainte-Marie-Majeure, le 25™''
jour de Mars de i'an 1847, la première année de Notre
Pontificat. »
Vos cœurs si naturellement compatissant comprennent
et sentent vivement. Nos Très-Chers Frères tout ce qu'il
y a de touchant dans cette épitre, et vous êtes déjà, Nous
n'en doutons pas, tout disposés à partager la juste douleur
du Père commun, à la vue de si grands maux. Il serait
donc inutile de rien ajouter ici. Mais comme vous n'avez
pas manqué de le remarquer, le St. Père nous recom-
mande très-viven)ent de joindre nos exhortations à sa
lettre. Nous nous en faisons un devoir, et Dieu voudra
bien bénir notre humble soumission aux moindres désirs
du premier des Pasteurs, en nous inspirant tout ce que
nous avons à vous dire de l'affreuse calamité qui désole
la malheureuse Irlande. Nous n'avons pour cela qu'à
1 2 Cor.,ch. Il, ÎS.
2 Ps. 7.3, 3.
3 Ps. 3, 2.
376 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
commenter la lettre dont vous venez d'entendre la lecture.
Vous y remarquerez d'abord avec quelle tendre sollici-
tude les Papes ont, dans tous les siècles, porté secours au
Nations Chrétiennes, quand elles ont été dans le malheur.
Ces traits si touchants que le successeur de tant de géné-
reux Pontifes vient de nous citer sont bien propres à nous ,
attacher de plus en plus à la Chaire de St. Pierre. Oui,
Nos Très-Chers Frères, réjouissons-nous de tout notre
cœur, et bénissons mille fois la divine miséricorde qui
nous a fait la grâce d'appartenir à cette Sainte Eglise qui
trouve dans ses Annales les noms de tant de bons Pasteurs
qui, en même temps qu'ils étaient les Pères et les docteurs
de tous les Chrétiens^ ont prouvé^ dans tous les siècles^ et par
des faits éclatants, combien ils étaient pressés par la charité
du Christ.
Le Pontife vous dit ensuite avec quel empressement il
a fait prier pour l'Irlande, aussitôt qu'il a eu nouvelle de
l'affreuse disette qui désolait ce royaume, et de F horrible
assemblage de toutes les maladies qu'engendre la famine.
Nous avons eu la consolation d'assister à ces ^;riè?'<?s pu-
bliques^i dont parle ici Sa Sainteté : et Nous avons même,
malgré notre incapacité, élevé notre faible voix au milieu
de la Ville-Sainte, tant pour montrer notre soumission à
une autorité supérieure, que pour prouver le vif intérêt
que nous portions à une nalion magnanime, que le poids
d'une affreuse misère accable. Nous ne vous dirons pas
tout ce que nous avons vu et entendu, ni tout ce que
nous avons senti d'émotions pendant ces jours de suppli.
cations. Qu'il nous suffise de vous du-e ici qu'à la vue de
Rome en prières pour l'Irlande, nous nous sommes sou-
vent écrié : Qu'elle est bonne^ cette Sainte Eglise Romaine !
on voit bien que c'est la mère de toutes les autres Eglises.
Avec quelle ferveur elle prie pour ses enfants ! Avec quelle
charité elle s'impose toutes sortes de sacrifices pour soulager
leur misère !
Néanmoins Dieu, dont les desseins sont toujours adora-
bles, n'avait point encore exaucé tant de vœux formés
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 377
dans la Ville Eternelle pour le soulagement de tant de
malheureux. Car le Souverain Pontife nous apprend que
les calamités qui désolent cette lie s'aggravent de plus en
plus, son cœur paternelle en est oppressé d'une douleur
inexprimable, et sa charité le presse plus vivement d'aller
au secours de ce peuple malheureux. Cette charité lui
fait chercher un nouveau remède à une plaie si doulou-
reuse. Que ne devons-nous pas tenter, s'écrie ce père si
tendre, pour apporter quelque soulagement à cette nation,
que de si grands maux accablent, quand nous savons si bien
quelle est et quelle a toujours été la vénération du Clergé et
du peuple d'Irlande envers le Siège Apostolique ; de quel
éclat, dans les temps les plus difficiles, a brillé la constance de
ce peuple à professer la Religion Catholique; par quels labeurs
le Clergé s'est efforcé de propager la foi dans les contrées du
monde les plus reculées. Tels sont les puissants motifs qui
pressent Notre Saint Père le Pape de chercher à apporter
remède aux maux de l'Irlande. Ils méritent, Nos Très-
Ghers Frères, toute notre attention, et l'attention la plus
respectueuse. Examinons les ensemble, pour nous mieux
pénétrer de la juste douleur qui oppresse le cœur de notre
Père commun.
lo Les grands maux qui accablent l'Irlande. Vous savez
que l'horrible famine, qui s'est fait sentir dans celte infor-
tuné pays, enlevait chaque jour tant de monde que, dans
le principe, quatre millions de personnes étaient exposées
à mourir de faim, dans l'espace de quelques mois, si des
fleuves de charité n'avaient coulé de tous les pays du
monde dans le sein de cette nation, et surtout si l'Angle-
terre n'avait ouvert ses trésors pour nourir ce nombre
incroyable de pauvres. Les jourujux publics vous ont
fait connaître cette affreuse désolation. Pour nous, Nous
l'avons vue de nos yeux, et pour vous la dépeindre ici au
naturel, nous empruntons sans crainte d'exagération, les
douloureuses lamentations de Jérémie. Puissiouf-nous
avoir, avec les touchantes paroles de ce Prophète, les
entrailles de sa compassion. Tous les maux qu'à souffert
378 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
jusqu'ici l'Irlande, n'ont donc point encore pleinement
satisfait le Seigneur, puisque sa main terrible continue à
la frapper : Non avertit manum suam a perdilione. Son
peuple est aujourd'hui dans les gémissements, et demande
ju pain : Omnis populus ejus gemens et quœrens panem.
Hélas! il ne s'en est point trouvé assez pour nourrir tout
ce peuple affamé, et des milliers ont été victimes de ce
fléau dévastateur. A la vue de cette épouvantable mor-
talité, «nos yeux se sont affaiblis à force de pleurer : »
defeccrunt prœ lacrymis ocuM mei : « le troubles a saisi nos
entrailles : u conturhata sunt viscera mea. «Mon cœur s'est
répandu en terre en voyant la ruine de la fille de mon
peuple : » cff'usum est in terrd jecur meum super contritione
fdix populi mei. Ah ! qui pourrait avoir le cœur assez dur
pour ne point pleurer «envoyant les petits enfants et
ceux qui sont encore à la mamelle tomber morts dans les
places publiques: i^cum defecerit panndus et lactens in
plateis oppidi. «Ils ont dit à leurs mères,» ces tendres
enfants, lorsqu'ils étaient tout languissants et prêts à
rendre l'âme sur te sein qui ne pouvait plus les nourrir •
«où est donc le froment,» le pain? ubi est Iriticuml
Pauvres petits enfants, innocentes victimes de cette af-
freuse calamité! C'est en vain qu'ils ont fait entendre
leurs cris douloureux. Hélas ! il ne s'est trouvé personne
capable de leur donner du pain : parvuli pelienmt panem,
et non erat qui frangeret eis.
Pendant les horreurs de cette famine, « les Prêtres sont
dans les gémissements;» ils mêlent leurs larmes avec
celles de leur peuple, toujours si docile à leur voix. II&
s'épuissent de travaux, pour lui porter les secours de la
Rehgion, les seuls qu'ils puissent leur donner; les seuls
capables de faire accepter à ce peuple de foi cette horrible
calamité avec courage et résignation. Beaucoup sont vic-
times de leur zèle, et meurent avec leurs brebis : sacerdoles
ejus gcmentes. Les nombreuses communautés de Vierges
qui font le plus bel ornement de cette terre qui engendra
tant de Saints, sont couvertes de deuil; elles s'immolent
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 37»*
et elles prient pour apaiser la colère du Seigneur irrité !
vigines ejus squalidae. Les vieillards frappés de stupeur, à
la vue d'une désolation dont ils n'ont jamais eu d'exemple,
se sont assis à terre, gardant un morne silence : sederuut
in terrâ^ conlicueruni senes fillae Slon. Le Solitaire est
accouru au secours de ses frères mourant de faim. Mais
lui aussi, à la vue de tant de maux, «se tiendra assis et
gardera le silence ; il mettra sa bouche dans la poussière,
pour s'humilier et prier, dans l'espérance de pouvoir dé-
tourner cet horrible fléau; SedcbU solitarlua^ et tacebit :
ponet in pulvcrem os .suwm, si forte sit spes.
2° Vous le voyez, Nos Très-Ghers Frères, les maux
affreux que souffre l'Irlande, ont bien de quoi remplir
d'amertune le cœur si bon et si compatissant de Notre
Saint Père le Pape. Mais ce qui aggrave sa juste douleur,
c'est de voir dans de si cruelles souffrances un peuple à
qui la vivacité de sa foi semblait devoir mériter un meil-
leur sort. Vous le savez, par votre expérience, plus un
enfant est docile et respectueux, plus il est chéri de son
père. Or tel a toujours été et tel est encore le Peuple
Irlandais à l'égard du St. Siège Apostolique. On peut bien
lui appliquer ces paroles du Prophète Jérémie. « 0 Irlande,,
ta foi est grande : multa est fuies tua. n Oui elle est grande,
d'abord, parce que c'est une foi ferme, qui ne s'est jamais-
démentie. Ce fut dans le cinquième siècle que le Pape-
St. Gélestin chargea St. Patrice d'évangéliser cette Ile.
Les travaux innombrables, les continuelles prières et les
longues souffrances de cet Apôtre furent accompagnés de
tant de bénédictions, et enracinèrent tellement la foi dans
ce pays, que depuis cette époque Tlrlande fut toujours
catholique, toujours attachée de cœur et d'âme au St.
Siège Apostolique qui lui avait fait porter le flambeau de
la foi, toujours gonvernée par la -Ste. Hiérarchie de ses
Archevêques, Evoques et Pasteurs, toujours fidèle à l'en-
seignement de l'église universelle, toujours docile à son
Clergé et conservant toujours avec fermeté ses institu-
tions. On a vu plusieurs nations, comblées de toutes les
.380 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
bénédictions de la divine Providence et des faveurs du St.
Siège Apostolique se détacher du sein de l'unité. On a vu
des peuples, qui faisaient autrefois la gloire de l'Eglise
par leur foi vive et leurs œuvres de charité, secouer le
joug de l'obéissance due à cette samte Eglise, la Mère de
toutes les nations, et retomber dans la barbarie. Pendant
que ces peuples infortunés se roulaient ainsi dans tous les
égarements d'une raison orgueilleuse qui voulait inter-
préter dans son sens les Oracles de la Sainte Ecriture,
l'Irlande, comme une fille humble et soumise de l'Eglise
Romaine, persévérait dans les sentiers de la vérité. Elle
échappait à ce déluge d'erreurs en se réfugiant aux pieds
du Souverain Pontife et eu se tenant fortement attachée
à la Chaire de St. Pierre. 11 ne faut donc pas être surpris.
Nos Très-Ghers Frères, si l'Eglise de Rome se montre si
compatissante aux maux de l'Irlande ; car pourrait-elle,
cette bonne mère, oublier une nation si chère à son cœur,
elle qui ne cesse de gémir sur les déplorables égarements
des peuples qui l'outragent et la persécutent; elle qui,
héritière de la compassion de Jésus-Christ pour les plus
grands pécheurs, ne peut voir sans pleurer la perte de
tant d'âmes plongées dans l'erreur; elle qui, semblables
à cette poule mystérieuse dont parle l'Evangile, travaille
sans cesse à rb.mener sous ses ailles toutes les nations de
la terre ; elle enfin qui prie avec tant de ferveur pour
les hérétiques, les schistimatiques, les infidèles et les
Juifs ? Pourrait elle n'être pas animée de la plus vive
sollicitude pour cette fille bien-aimée, aujourd'hui quelle
meurt d«i faim ?
La foi de l'Irlande n'est pas seulement une foi ferme qui
traverse douze siècles, sans éprouver cette défaillance qui
a plongé tant d'autres nations dans un océan d'erreurs,
mais c'est encore une foi généreuse. Pour comprendre
Nos Très-Ghers Frères, toute la générosité de la foi de ce
peuple, il suffit de remarquer que pour la conserver il a
souffert de grands maux. Dieu dont les desseins sont
toujours adorables, a engagé ce peuple pauvre et dénué
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 381
de toul secours humain dans un grand combat avec une
de ces puissances colossales qui se disputent la gloire de
faire la loi à l'Univers entier: certamen forte dédit ilU.
Rien n'a été épargné pour arracher de son cœur le dépôt
sacré de la Foi, et tout a été inutile ; l'Irlande esl demeu-
rée fidèle à sa foi; et par la victoire qu'elle a remportée,
elle a prouvé la puissance de la Religion sur toutes les
puissances de la terre. On a bien pu tenter les enfants,
en leur offrant les biens de leurs pères pour prix de leur
apostasie; mais les enfants se sont montrés dignes de
leurs pères par la grandeur de leur foi. On a bien pu
leur ôter les Eglises que leurs pieuses largesses avaient
élevées à la gloire de Dieu ; mais on n'a pu leur arracher
cette foi vive qui fait de tous les chrétiens, autant de
temples vivants de la divine Majesté. On a bien pu les
obliger de payer la dîme de tous les fruits que produisent
leurs champs à des hommes qui n'étaient pas leurs pas-
teurs ; mais on n'a pu les gagner à prêter l'oreille à leurs
discours, car ces pasteurs mercenaires ne leur étaient pas
envoyés par les successeurs de Pierre. Ces prétendus
pasteurs ont bien pu s'engraisser de la substance de ces
pauvres brebis et se vêtir de la laine de ces agneaux sans
défense, mais ils n'ont jamais pu les attirer dans les pâ-
turages empoisonnés de l'erreur, ni leur faire boire le
lait de leur doctrine corrompue. Ça été pendant trois
cents ans que l'Irlande a prouvé au monde étonné, la gé-
nérosité d3 sa foi, en soutenant ce terrible combat dans
lequel la Divine Providence l'a engagée pour la faire
triompher: certamen forte dédit illi ut vinceret. Elle a
donné à l'Univers entier cet admirable exemple, la fidélité,
qui faisait dire aux Apôtres : « il vaut mieux obéir à Dieu
qu'aux hommes.» Elle a prouvé, par son exemple, la
vérité de cette parole de l'Apôtre St. Jean : «c'est par la
foi que l'on est victorieux du monde:» hxc est Victoria
qux vincit muiidum, fuies nostra. Ça été pendant trois
cents ans qu'elle a soutenu ce grand combat, et que sa
foi a été victorieuse, et en cela, elle a eu l'honneur de
2G
382 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
ressembler à la primitive Eglise qui vit couler le sang de
ses enfants pendant trois siècles, et força l'Empire Ro-
main à la reconnaître pour la véritable et unique Religion.
C'est encore par les persécutions qu'à souffertes l'Irlande,
qu'elle a un autre trait frappant de ressemblance avec la
primitive Eglise. Nous lisons dans le livre des actes des
Apôtres, qu'une cruelle persécution s'était élevée contre
les Fidèles de Jérusalem ; et St. Etienne ayant soufïert le
martyre, les premiers se dispersèrent dans diverses con-
trées ; ils y répandirent la foi qui venait défaire triom-
pher le premier Diacre par son glorieux martyre. N'est-ce
pas le louchant spectacle qu'offre l'Irlande par la nom-
breuse émigration de ses enfants? Ne peut-on pas lui
appliquer justement ces paroles du Prophète Jérémie :
« Judas a émigré à cause de son afîliciion et de l'entière
servitude à laquelle il s'est vu réduit:» migravit Judas
propter a/JUctionem et multitudinem serviluîis. Il s'est dis.
perse dans tous les pays et a habité parmi les nations :
habitavit inter gentes. Dieu, en récompense de sa foi, lui
a donné la bénédiction des Saints Patriarches, Abraham,
Isaac et Jacob; et il a multiplié ses enfants comme les
étoiles du ciel. En lui donnant cette admirable fécondité,
il lui ordonne de remplir toute la terre : midliplicamini et
replète lerram.
Mais remarquez-le bien, Nos Très-Ghers Frères, en quit-
tant sa chère patrie qui ne peut plus le nourrir, ce peuple
emporte pour unique trésor sa foi. En arrivant sur les
teri-es étrangères qu'il adopte pour patrie, son premier
soin est d'élever le monument de sa foi ; et pour cela, du
premier arbre qui tombe sous sa hache, il en fait une
croi.x, ce signe de salut qui seul a pu soutenir son courage
pendant ses longues souffrances. Dans ces lieux lointains,
comme dans sa patrie, il faut à ce peuple de foi des
temples et des autels ; des prêtres et des évêques. Tel
est l'admirable moyen dont se sert la Divine Providence
pour propager la foi dans le nouveau monde. On peut
donc appliquer à ce peuple persécuté pour la foi ce que
CIRCULAIRES ET AUTRES DOrU.MENTS. 383
l'Ecriture rapporte des premiers disciples. «Il s'éleva une
grande persécution contre TEglise de Jérusalem, n et tous
les fidèles qui, à cause de cela, « avaient été dispersés, pas-
sèrent d'un lieu à un autre, annonçancla parole de Dieu :h
qui dispersi erant pertransibant evangelizantes verbum Dei
Act 8. V. 1 et 4. Nous en avons sous les yeux, Nos Très-
Chers Frères, une preuve bien sensible dans l'Eglise des
Etats-Unis qui nous avoisinent. Jusqu'en 1789, il n'y
avait qu'un très petit nombre de missionnaires pour des-
servir quelques catholiques dispersés ça et là sur ce vaste
territoire. Aujourd'hui on y voit une Province Ecclésias-
tique des plus florissantes du monde chrétien. Vous en
jugerez par le tableau suivant. Il y a un Archevêché et
vingt Evéchés suffragants, sans y comprendre l'Orégon. Il
s'y trouve 740 Eglises, 431 chapelles, 24 Ev-èques déjà
consacrés et plusieurs nomi'^'és par le St. Siège, 735 mis-
sionnaires et autres Prêtres employés dans le saint Minis-
tère ; 21 séminaires et autres établissements ecclésiasti-
ques ; 248 Séminaristes qui se préparent au Sacerdoce ;
25 institutions Littéraires pour les jeunes gens; 36 Insti-
tutions religieuses, et 63 Académies pour les filles; 97
Institutions de charité, pour l'exercice des bonnes œuvres
et environ 1,500,000 catholiques. Or ce prodigieux accrois-
sement de la foi catholique chez nos voisins, il faut l'attri-
buer en grande partie à rémigralion Irlandaise.
Ainsi vous le comprenez, Nos Très-Ghers Frères, c'est
par les œuvres de sa foi que l'Irlande mérite la vive solli-
citude et la tendre compassion de Notre Saint Père le
Pape. Aujourd'hui qu'elle est expirante de faim et de
misère, elle emprunte la voix du chef des nations chré-
tiennes pour faire entendre partout ces cris de douleur :
« 0 vous tous,), peuples de la terre, « considérez, s'il est au
monde une nation aussi infortunée que moi ; 0 vos omnes
qui trausitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut
dolor meus ! Vous l'entendrez sans doute cette voix plain-
tive et gémissante du Père commun, qui pleure à cause
des maux affreux qui sont venus fondre sur des enfants
384 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
si chers à son cœur. Que vous demandent-ils ? Des prièresr
pour apaiser l'Ange exterminateur qui frappe l'Irlande de
tant de plaies. Sur l'invitation du père des priants, nous
allons donc «demander à Dieu, Père des miséricordes,
qu'il délivre le peuple Irlandais d'une calamité si grande.)
Nous allons prier pour que ce pauvre peuple rencontre
les sympathies de la charité la plus tendre dans tous les
lieux où il offre, dans ce moment, le déchirant spectacle
de la misère. Nous allons prier pour qu'il y ait en tous
lieux des âmes compatissantes qui se dévouent avec cou-
rage au service de cette multitude de malades qui viennent
expirer sur une terre étrangère. Nous allons prier pour
cette foule d'orphelins et d'orphelines qui n'ont plus ni
pères ni mères pour pourvoir à leurs besoins et les presser
sur leurs cœurs. Pauvres petits enfants! qu'allez-vous
donc devenir? Ah! sans doute que vos gémissements
monteront jusqu'au trône du Père des miséricordes ! Sans
doute que vos larmes toucheront tous les cœurs généreux
et compatissants ! Nous prions Dieu, remarquez le bien.
Nos Très-Ghers Frères, « pour qu'il éloigne un semblable
et si terrible désastre des autres Etats d'Europe et des au-
tres Pays. )) Ainsi, il y va de nos plus chers intérêts. Nou5
prions enfin pour implorer en môme temps «le secours
de Dieu pour l'Eglise Universelle» contre laquelle « une
horrible et cruelle tempête est depuis longtemps soulevée-
Car, à l'exemple de son zélé Pontife, « notre âme se trouble
en songeant quelle est la haine de l'ennemi contre le
sanctuaire, et quelle conjuration impie s'est formée contre-
le Seigneur et contre son Christ. »
A ces causes le saint nom de Dieu invoqué, et de l'aviS'
de Nos Vénérables Frères les Chanoines de Notre Cathé-
drale, Nous avons réglé, ordonné et statué, réglons, ordon-
nons et statuons ce (jui suit :
['^ L'on fera pendant trois jours, dans la Cathédrale,
ainsi que dans toutes les Eglises Paroissiales, et dans les
Chapelles et Oratoires des Communautés, des prières
spéciales, selon l'intention du Souverain Pontife, pour
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 385
demander: 1° Que l'Irlande soit, délivrée de ses maux ;
2» Que tous les autres peuples soient préservés de la
famine et de la peste; 3» Que l'Eglise Universelle soit
victorieuse de tous les ennemis qui ont juré sa perte.
"2o Ces prières commenceront le Dimanche qui suivra la
publication de la Préssnte Lettre Pastorale et se continue-
ront les lundi et mardi suivants.
3« L'on célébrera, ces jours là, une messe à l'heure qui
sera jugée la plus convenable. La messe Paroissiale ou
conventuelle du Dimanche en tiendra lieu. L'on ajou-
tera aux oraisons ordinaires de la messe, trois autres
oraisons, pour se conformer aux intentions du Souverain
Pontife et mentionnées ci-dessus, savoir : pro vitanda mor-
alitate, tempore famis et pro Ecclesia. Après la messe, on
exposera le St. Sacrement, avec les cérémonies ordinaires,
et l'on chantera les litanies des Saints et autres prières
prescrites pour les Rogations. Après la bénédiction du St.
Sacrement, l'on chantera quelques strophes du Stabat
ynatei\ avec l'oraison de Notre-Dame de Compassion, pour
attendrir le cœur si bon et si maternel de Marie en faveur
de ses infortunés enfants.
4» Notre Saint Père le Pape, voulant exciter la ferveur
de tous les Fidèles, pendant ces jours de supplications,
leur accorde une indulgence de sept ans, chaque fois
qu'ils assisteront à ces prières, et une Indulgence plè-
nière, s'ils assistent à tous les exercices qui se feront cha-
cun des trois jours susmentionnés, et si, pendant la
semaine de ce Triduum, ils se purifient parle Sacrement
de Pénitence et reçoivent le Tiès-Saint Sacrement de
l'Eucharistie.
5° Quant à l'aumône à laquelle nous exhorte le Souve-
rain Pontife, Nous savons que vous avez été au devant de
ses désirs. Nous sommes heureux de pouvoir vous dire
ici. Nos Très-Ghers Frères, qu'une des premières paroles
que nous ?dressa Sa Grâce, Monseigneur l'Archevêque
de Dublin, fut de nous annoncer avec complaisance qu'il
venait de recevoir d'abondantes souscriptions de Montréal.
386 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Il faut vous dire que c'est un Véritable Prélat, qui cou-
ronne une vie de 78 ans et un Episcopat de 37 ans, par
l'exercice de toutes les bonnes œuvres que nécissite la
misère des temps. Nous l'avons trouvé tout occupé de
soins touchants, et avec l'activité d'un homme dans la
force de l'âge, pour nourrir ses pauvres brebis. Nous
avons vu à sa porte des troupes nombreuses de mendiants
qui indiquaient assez clairement au voyageur la résidence
du Père des Pauvres. Il a été bien flatteur pour nous de
recevoir de la bouche de ce Bon Pasteur la juste louange
que méritait votre charité. Il y avait là de quoi nous
consoler de ne pouvoir assister tant d'indigents (ce qui
navrait notre cœur), puisque votre abondance suppléait à
notre insuffisance. Cest pourquoi, Nos Très-Ghers Frères..
Nous nous sentons pressé de vous dire aujourd'hui avec
l'Apôtre : « vous êtes notre joie et notre couronne» ; conti-
nuez à faire l'honneur de votre religion, «et demeurez,
fermes dans le Seigneur» ; gaudiuni, meum et ccrona mea :
si State in Domino, corissimi. Toutefois, nous désirons que
la quête qui se fera pendant l'office de ces trois jours de
prières soit appliquée à soulager la misère des émigrants
qui nous arrivent. Nous croyons devoir vous suggérer
encore cette œuvre, d'abord pour répondre à l'appel de
N. S. P. le Pape, comme vous venez de le voir en enten-
dant la lecture de la Lettre Encyclique, et ensuite pour
rendre autant que possible, nos supplications semblables
à ceu.x de la Ville-Sainte. Or, à chaque réunion, il ee
fesait une collecte en faveur de l'Irlande ; afin de la rendre
plus abondante, il s'y fesait une instruction pour engager
le bon peuple romain, qui est déjà si charitable, à aller au
secours de ses frères d'Irlande. Vous vous imposerez de
grand cœur ce nouveau sacrifice, si vous faites attention
que c'est le Pape qui aujourd'hui vient vous demander
l'aumône pour ses enfants d'Irlande. Chacun de vous-
donnera telon son moyen ; mais pas un ne refusera de
faire passer son aumône à Notre Seigneur Jésus-Christ
par la main de son Vicaire sur la terre. Ce sera probable-
CIRCULAliiES ET AUTRES DOCUMENTS. 387
ment la seule fois que ce charitable Pasteur fera uu sem-
blable appel à votre générosité ; car il faut espérer que les
prières et les aumônes qui se sont déjà faites et qui vont
se faire dans Tunivers entier, préserveront les autres peu-
ples d'un pareil désastre. Une autre réflexion ne manquera
pas de faire sur vos cœurs une impression profonde.
L'affreuse mortalité qui décime les émigrants a déjà fait
une multitude d'orphelins. Que vont ils devenir ces ten-
dres enfants ! A la vérité, nous avons la juste confiance
que le gouvernement ira à leur secours ; mais quels que
soient ces secours ils ne pourront égaler la mesure de
leurs besoins. Eh bien! ces tendres enfants se tournent
vers nous. Aujourd'hui ils remplissent les hôpitaux où ils
ont perdu ce qu'ils avaient de plus cher au monde. Au-
jourd'hui on les arrache du seip de leurs pauvres mères
qui meurent en les pressant sur leurs cœurs, comme
regrettant de les laisser ici bas. Aujourd'hui ces tendres
enfants cherchent à travers les morts et les mourants les
auteurs de leurs jours. Hélas ! ils ne sont plus ! Aujour-
d'hui, ils empruntent notre voix pour arriver à vos cœurs,
et pour vous dire dans l'accent de leur douleur : ô vous
tous qui passez par ces lieux consacrés par les souffrances
de nos pères et de nos mères, et o\i s'élèvent tristement
leurs tombes, voyez s'il y a une douleur semblable à notre
douleur. 0 vous tous qui êtes les amis de l'humanité
souffrante, ayez pitié de nous, parce que la main du Sei-
gneur nous a frappés. Faites pour nous, pauvres petits
orphelins, ce que vous voudriez que d'autres fissent pour
vos propres enfants, si comme nous ils avaient eu le mal-
heur de vous perdre, dans un pays lointain, si comme
nous ils étaient sans parents et sans amis sur nue rive
étrangère, si comme nous ils étaient exposés à toutes les
horreurs de la misère qui d'ordinaire poursuivent partout
l'orphelin, si comme nous ils étaient exposés aux suites
déplorables d'une mauvaise éducation, si comme nous ils
couraient le plus grand danger de devenir des scélérats,
pour n'avoir personne qui prit soin d'eux, si comme nous
88 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
surtout ils étaient exposés à perdre la foi pour laquelle
nos pères ont combattu jusqu'à la mort.
Tels sont. Nos Très Ghers Frères, les cris douloureux
que font entendre ces innocentes viciimes de l'horrible
famine qui a excité toutes vos sympathies. Vous y serez
sensibles, nous en avons la confiance ; et vous montrerez
par quelqu'œuvre importante, tout ce que vos cœurs
sentent d'émotions pour ces tendres enfants, et pour cela,
nous allons vous dire toute notre pensée, eu terminant
cette longue épître. Entre les nombreuses institutions
charitables que nous avons eu occasion d'admirer pendant
nos deux voyages d'Europe, il en est une qui nous a sur-
tout intéressé; c'est une maison de Providence établie à
Marseille. Le choléra ayant causé d'horribles ravages
dans cette grande ville, et ayant fait un grand nombre
d'orphelins, les âmes charitables de ce diocèse se mirent
à contribution pour aller au secours de ces infortunés. Ce
fut pour les recueillir que l'on bâtit une vaste maison, et
ce fut pour leur donner tous les soins spirituels et corporels
qu'ils pouvaient attendre de bonnes mères, qu'on les
confia aux soins charitables des religieuses. N'allez pas
croire que pour faire une pareille œuvre il faille vous
imposer des sacrifices au-dessus de vos forces. Oh! non?
car nous savons ce que vous avez fait, et nous connaissons
toute la misère des temps. Mais écoutez un calcul bien
simple. Il y a dans ce diocèse 400,000 âmes. En supposant
que chacun donne seulement douze sols, vous voilà avec
une somme de £10,000. Or, quel est celui d'entre vous
qui ne s'empressât de contribuer de cette modique somme
à une œuvre si belle! Car c'est là l'admirable effet de
l'union, de faire participer aux mérites des plus grandes
œuvn?s, quelque minime que puisse être la part de sa
coopération. Qu'il serait beau, qu'il serait louchant ce
monument qui serait ainsi élevé à la chai'ité! Qui sait
d'ailleurs si Dieu n'attachera pas à cette œuvre, la béné-
diction dont nous avoua tant de besoin pour sortir de Tétat
de détresse où nous sommes réduits ? Car elles sor.t bien
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 389
puissante?- les prières des orphelins! Quoi qu'il en soit,
nous recevrons les dons qu'il vous plaira de faire pour
répondre à l'appel du Souverain Pontife, et nous lui en
rendrons au plustôt un compte fidèle. En attendant, nous
vous donnons la bénédiction qu'il a bien voulu nous
accorder, et c'est avec toute l'affection qui pénètre son
âme vraiment paternelle.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au Prône de Notre
Cathédrale, à celui des Eglises Paroissiales, et en chapitre
dans toutes les Communautés Religieuses, le premier
dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, en Notre Palais Episcopal, le vingt-
quatrième jour du mois de Juin, de l'année mil huit cent
quarante-sept, sous notre seing et sceau et le contre-seing
de notre Secrétaire.
Par Monseigneur,
(Vraie copie).
-f- Ig Ev. de Montréal.
J. 0. Paré, Chan.Secré«
F. S. — Noies à MM. les Curés du Diocèse de Montréal, sur la Lellre
Pastorale du 24 Juin 1847.
1" En prescrivant les exercices mentionnés dans la susdite lettre,
nous avons pris modèle sur ce que nous avons vu observer à Rome,
mais nous n'avons pu nous v conformer en entier. Caux-ci se faisaient
à 4 heures du soir, et commençaient par le chapelet qui se psalmodiait
avec beaucoup de piété. Vous en prendrez occasion de recommander
à votre bon peuple déjà si dévot au Rosaire, de réciter autant que
possible, cette excellente prière en famille, pendant toute la saison où.
la maladie des irlandais se fera sentir.
"i" Il nous semble que les instructions que vous voudrez bien faire
pendant le Triduum pourraient se réduire à développer 1° les beaux
traits de charité des Souverains Pontifes indiqués dans la susdite
lettre et autres ; 2° les passages de St. Léon et autres sur l'aumône ;
.3° l'immense résultat d'une collecte à laquelle 400,000 personnes
contribueraient de quelques sous.
3» Sur votre invitation les parents ne manqueront pas de mettre à
la merci de chacun de leurs enfants une petite olTrande, en leur faisant
390 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
comprendre qu'ils doivent gagner de quoi soulager des centaines de
petits orphelins, en ménageant pour eux une partie de ce qu'ils ont
coutume de dépenser au jeu, à la promenade, en toilette et autrement.
4° En évaluant la population du diocèse à 400,000 âmes, nous y
comprenons la population protestante : car nous croyons que nos frères
séparés ne seront pas les derniers à s'imposer des sacrifices pour cette
belle œuvre. Il était question de leur souscription, aussi bien que de
celle des catholiques, lorsque l'Archevêque de Dublin nous compli-
menta sur le montant si élevé de la souscription totale du diocèse.
T Ig. Ev. de m.
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÈQUE DE MONTRÉ.A.L.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint Siège Apostolique, Evêquc de Montréal, etc., etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, et à tous les Fidèles de Notre Diocèse,
Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Le beau et florissant village de Laprairie. N. T. C. F.,
vient d'être la proie des flammes. La lueur de ce vaste
incendie, qui s'est fait apercevoir de loin, cette nuit, vous
a déjà annoncé ce grand malheur. Nous venons d'en
visiter les ruines encore fumantes et notre cœur est
encore tout déchiré du cruel spectacle qui s'est offert à nos
yeux. Les décombres de plusieurs centaines d'édifices
incendiés, et près d'un millier de personnes. sans abri,
sans vêtements et sans pain ; de nombreuses familles
assises tristement sur le rivage autour de quelques meu-
bles arrachés aux flammes; de riches citoyens devenus
pauvres en quelques heures, et couverts de misérables
habiis ; tel a été le déchirant spectacle qui s'est présenté à
nos regards attendris. Que de sombres réflexions sont
alors venues plonger notre àme dans l'amertume ! Notre
tour est donc arrivé ! la justice de Dieu qui, depuis quel
ques années, s'est exercée sur tant de villes, vint donc
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 391
aussi appesantir sur nous son bras vengeur! Hélas ! nous
ne le méritons que trop ! Ce désastre si déplorable ne
serait-il pas l'avant-coureur de quelque catastrophe encore
plus lamentable? N'y aurait-il pas là un avertissement
du ciel, pour nous donner le temps de fléchir, par la péni-
tence, le Dieu si bon que nous avons irrite. Car il ne
faut pas nous le dissimuler, Nos Très-Ghers Frères, il se
commet de toutes parts, des crimes bien capables d'attirer
sur nous le feu du ciel. Nous les signalons ici en gémis-
sant, et Nous voudrions avoir des larmes de sang pour les
pleurer.
Hélas ! qu'il est à craindre que les excès de l'ivrognerie,
que les scandales des auberges, que les folles dépenses du
jeu auquel on se livre avec tant d'emportemenf., d'un luxe
qui ne connaît plus de bornes, que les affreux blasphèmes
et jurements qui sont si communs parmi nous, que les
injustices criantes qui s'exercent dans le commerce et les
autres transactions, que les meurtres horribles quisont à
l'ordre du jour, que tant de négligence à fréquenter la
confession et la communion chez un grand nombre de
personnes, que tant d'immodesties dans les ajustements.,
que tant de scandales enfin qui défigurent la beauté du
christianisme, n'attirent sur nous la foudre qui gronde
déjà sur nos tètes.
Vous n'avez point oublié. Nos TrèsChers Frères, ce qui
arriva l'an dernier à Québec ; ces deux effrayants incen-
dies qui se succédèrent si rapidement, et le grand malheur
qui y est encore arrivé cette année. Dieu, qui traite cette
ville avec tant de sévérité, est juste et souverainement
juste; nous n'en saurions douter. Mais pouvons-nous
nous flatter de ne pas mériter, autant et plus que cette
ville infortunée, la colère d'un Dieu justement irrité ?
Hélas ! au contraire, ne devons-nous pas nous appliquer
avec justice ces paroles du Sauveur: Si le bois vert a été
ainsi traité, que sera-ce donc du bois sec? (Luc. 23, 31.)
C'est au milieu de ces tristes réflexions que Nous élevon&
la voix pour vous exhorter, Nos Très-Chers Frères, à
392 xMANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
détourner de vous un semblable malheur. Dieu, plein de
miséricorde, veut, vous n'en sauriez douter, que l'on fasse
pénitence, afin de n'être pas dans la nécessité de nous
punir en juge sévère et inexorable. L'exemple de Ninive
est trop frappant pour que Nous ne le rapportions point
ici. Le prophète Jonas lui fait cette prédiction de la part
■du Seigneur : encore quarante jours et Ninive sera détruite.
A la voix de l'homme de Dieu, tous les citoyens de cette
grande cité rentrent en eux-mêmes. Il n'y a pas jusqu'au
roi et aux princes qui ne tremblent à la vue des maux qui
allaient fondre sur eux. L'on ordonne un jeûne de trois
jours, l'on se couvre de cilices et l'on renonce à ses crimes.
Qui sait, s'écrie-t on, si la colère du Seigneur ne s'appaisera
point, et si nous n'échapperons point à ses vengeances ? En
effet, Dieu, voyant que les Niniviles étaient convertis, eut
pitié d'eux et les délivra de la ruine dont il les avaient
menacés. (Jonas 3.)
F lis ) is donc di dignes fru its de pénitence, et que chacun
rentre dans son cœur pour mettre ordre aux affaires de sa
conscience. Et comme l'ivrognerie est la grande plaie du
pays, et la source d'une multitude de crimes, Nous vous
<:onjurons, Nos Très-Ghers Frères, de ne pas vous laisser
aller aux excès du vin dans lequel se trouve toujours
l'impureté avec tous ses sales plaisirs. Nous vous avertis-
sons, de la part de Dieu, de mettre ordre à ces auberges
où se passent tant de scandales, où tant de gens perdent
la raison, où tant de pères de famille boivent la subsis-
tance de leurs pauvres enfanis et de leurs épouses Infor"
tunées, où tant de jeunes gens perdent tous les bons prin'
cipes qui leur ont été donnés par de vertueux parents, où
tant de chrétiens contractent des maladies incurables ou
trouvent une mort tragique. Nous supplions ceux qui ont
l'autorité de suivre strictement la loi, et de ne point accor-
der de licence à ceux qui sont assez inhumains et assez
cruels pour versera leurs frères ces liqueurs enivrantes
qui se changent en poison ; qui, pour s'enrichir en peu de
temps, spéculent sur les mœurs publiques et ne craignent
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 39J
point de perdre une multitude d'âmes pour un vil intérêt.
Il est temps. Nos Très-Chers Frères, il est grandement
temps que l'on se réveille de celte funeste lithargie à
laquelle on s'est laissé alLer. Car il n'est que trop à crain,
dre que, si nous abusons des biens que le Seigneur nous
a donnés dans sa bonté, il ne nous les ôte tout-à-coup, par
quelqu'un de ces funestes événements si communs de nos
jours. Réparons nos excès passés par d'abondantes au_
mônes. Et pourrions-nous encore nous permettre des
folles dépenses, lorsqu'il y a tout autour de nous tant de
malheureux qui nous font entendre leurs plaintes et leurs
gémissements? Pourrions nous oublier ces victimes de
tant d'incendies, et en particulier nos frères de Laprairie ?
Ils ne demandent rien à la vérité, par un sentiment de
délicatesse bien digne de leur éducation. Mais leurs
immenses besoins demandent pour eux; mais leurs ma-
sures appellent le secours des cœurs généreux; mais les
cendres qui ensevelissent les propriétés qui étaient leurs
seules ressources se répandent au loin pour témoigneur
du grand malheur qui vient de fondre sur eux. A la
vérité, les temps malheureux où nous vivons ne permet-
tent pas aux particuliers de faire de grands sacrifices,
mais si chacun donne selon son moyen, nous verrons des
fleuves de charité couler sur ce village infortuné.
Qui sait, Nos Très-Chers Frères, si Dieu n'attache pas
notre conservation aux secours généreux que nous porte,
ronsà des hommes qui étaient eux mômes si compatissants
pour les misères du prochain, et si zélés pour la belle
œuvre de l'éducation? Car, vous le savez, ils venaient
de fonder, par leurs larges contributions, une maison de
charité, pour avoir soin de leurs pauvres, et le jour même
deTincendie, ils avaieiit, par leurs souscriptions, complété
une forte somme pour bâtir une maison, afin d'y établir
les excellents instituteurs que la Providence a daigné
donner à vos enfants, les Frères des Ecoles Chrétiennes.
Mais nous n'avons pas besoin d'insister sur cet article,
car nous connaissons votre zèle à contribuer à toutes les
394 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
<Euvres que nous avons cru devoir recommander à votre
charité.
Nous profitons de celte circonstance, Nos Très-Chers
Frères, pour vous remercier des sacrifices que vous vous
êtes imposés chaque fois que nous avons fait appel à votre
générosité, pour les nouveaux établissements qui s'élèvent
au milieu de vous et qui font tant d'honneur A la charité
chrétienne et catholique. Que Dieu, qui rend tout au
centuple en ce monde, et qui donne dans l'autre la vie
éternelle à ceux qui font quelque chose pour son amour,
vous comble de ses bénédictions, et qu'il vous délivre des
maux qui nous menacent.
Nous vous annonçons en même temps, que Nous nous
proposons de repartir prochainement pour l'Europe où
nous appellent certaines affaires importantes pour l'avan,
tage de la Religion dans ce Diocèse. Gomme nous ne
voyageons que pour vos intérêts spirituels, vous ne man-
querez pas, Nos Très Chers Frères, de nous assister de vos
prières continuelles. Nous les reclamons avec instance,
parce Nous sentons le pressant besoin que nous en avons.
Vous pliâtes pendant notre premier voyage dans l'ancien
monde, et vous fiâtes exaucés ; voilà ce qui fait notre
confiance, et voilà ce qui doit faire la vôtre. Nous vous
supplions donc^ Nos Très Ghers Frères, par Notre-Seigneur
Jésus-Christ et par la charité du St.Esprit, de nous aider
encore, pendant ce second voyage, par les prières que vous
adresserez à Dieu pour nous, afin que nous échappions à
tous les dangers que nous pourrions courir, et qu'étant
plein de joie de Fheureux succès de notre voyage, nous
venions de nouveau vers vous, si c'est la volonté de Dieu, et
que nous jouissions d'une consolation mutuelle. En attendant,
que la paix de Dieu soit avec vous. (Rom. 15).
A cette fin, l'on dira cinq Pater et cinq Ave les diman
ches et les fêtes d'obligation immédiatement après la
messe paroissiale ou conventuelle, et tous les piètres qui
célébreront dans ce diocèse, réciteront l'oraison pro qud-
cumque tribulatione, en se conformant aux rubriques.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 395
Nous désirons que, flans les familles et les écoles, les
enfants fassent chaque jour quelques prières, le Pater et
VAve^ par exemple, pour le succès de notre voyage, dont
ils recueilleront, Nous l'espérons, d'heureux fruits. Nous
avons la confiance que, dans les communautés, aux
assemblées de confréries, congrégations, chemins de croix
et autres pieuses réunions, l'on se souviendra de npus et
des affaires que nous avons à traiter. Ces prières se'feront
non-seulement pour le succès de notre voyage, mais
encore pour détourner de la ville et des campagnes de
notre diocèse les fléaux qui font sentir leurs ravages en
tant de lieux. Noms ne vous oublierons pas, Nos Très-
Chers Frères, en quelque lieu que la divine Providence
dirige nos pas. Mais vous serez surtout présents à notre
esprit, lorsque Nous serons au tombeau des SS. Apôtres
et aux pieds de N. S. Père le Pape. Nous désirons aller
puisera leur source les lumières et les grâces qui nous sont
si nécessaires pour bien gouverner ce diocèse.
Nous voulons aller offrir, au nouveau Pontife que le
ciel nous a donné dans sa miséricorde, les hommages de
tout le clergé et de tous les fidèles de ce Diocèse, et en
rapporter pour vous et pour nous d'abondantes bénédic-
tions. Vous avez pu apprécier les grâces que nous allâmes
puiser, il y a cinq ans, dans le sein paternel du défunt
Pontife, d"heureuse mémoire, par les fruits de salut qu'elles
ont opérés. Vous devez espérer qu'il en sera de même
du pieux Pontife qui gouverne aujourd'hui l'Eglise ; il
lèvera sur vous comme sur nous ses mains vénéi-ables qui
sont pleines des trésors de Jésus-Christ, afin que vous soyez
riches de tous les dons de Dieu.
Nous vous avertissons, N. T. G. F., que Nous confions à
Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Jean Char-
les Prince, que nous consacrâmes, le 25 Juillet de Tannée
dernière, comme Evèque de Marlyropolis et noire Coad-
juteur cum futura successione, l'administration de ce Dio-
cèse, avec d'amples pouvoirs pour subvenir à tous vos
besoins spirituels ; il sera assisté, comme nous-mème, des
396 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sages conseils de nos Vicaires Généraux et des Chanoines
de notre Cathédrale.
Nous n'avons pas besoin de vous recommander de mettre
toute votre confiance dans ce digne Evêquedontle mérite
vous est parfaitement connu. Nous sommes persuadé
que, par sa sage administration, il réparera les fautes
multipliées que Nous avons commises depuis que nous
sommes chargé du soin de vos âmes. Nous espérons aussi
que, par votre respectueuse obéissance, vous allégerez le
lourd fardeau qu'il va porter pour votre amour.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de notre
Cathédrale et à celui de toutes les églises paroissiales, le
premier dimanche après sa réception, et en chapitre de
toutes les communautés séculières et régulières de ce
Diocèse, le premier jour après qu'elle aura été reçue.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le cin-
quième jour du mois d'Août, de l'année mil huit cent
quarante-six, sous notre seing et sceau et le contre-seing
de notre Secrétaire.
Par Monseigneur^
(Vraie copie)^
-|- Ict. Evèoue de Montréal.
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
J. 0. Paré, Chan. Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 5 Août 18x0.
Monsieur,
La présente est pour vous informer que la Retraite
Pastorale se donnera au lieu ordinaire; qu'elle commen-
cera le 27 du courant, avant la prière du soir, et qu'elle
se terminera le 4 Septembre matin. Nos propres affaires
spirituelles, les grands intérêts du Clergé, les avantages
du Diocèse et le salut des fidèles confiés à nos soins, sont
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 397
■de pressants motifs pour nous engager à nous retirer
quelques jours du tracas des affaires, afin de méditer en
paix les années éternelles, et aviser ensemble aux meil-
leurs moyens de sanctifier nos brebis. Mon prochain
départ pour l'Europe est pour moi une raison particulière
de vous rencontrer tous dans une circonstance si solen-
nelle. Aussi ai-je la confiance que vous répondrez tous à
l'appel que je vous fais. Pour cela, j'ai réglé que plusieurs
paroisses seraient dispensées des offices du dimanche qui
se rencontrera pendant la retraite, et que l'on se contentera
d'un prêtre pour garder trois ou quatre paroisses, pour
faire les baptêmes et visiter les malades. Afin qu'il n'y
ait point de mariages, pendant ce temps, je dispense d'un
ban tous ceux qui devraient se marier cette semaine-là.
M. gardera les paroisses de
résidera à et binera à
On exhortera ceux qui n'auront point la messe chez eux
à aller ailleurs s'ils le peuvent. Les prêtres qui n'auront
point assisté à cette première retraite, viendront à la
seconde qui se fera à TEvêché, depuis le 7 Septembre
jusqu'au 15 du môme mois au matin. L'assemblée du
bureau de la Caisse Ecclésiastique se tiendra au Collège,
le 27 Août, vers les sept heures du soir. Veuillez bien
recommander à vos bons paroissiens de prier avec ferveur
pour nous tous, et me croire bien véritablement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
-J- Ig. Ev. de Montréal.
{Vraie copie^)
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
27
398 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 8 Juillet 1847.
Monsieur^
L'immigration qui nous apporte la maladie devant conti
nuer tout l'été, d'après les dernières nouvelles qui nous
arrivent d'Europe, je crois qu'il est convenable de remettre
à un temps indéterminé la Retraite Pastorale et la Confé-
rence Ecclésiastique que je vous ai annoncées dans ma
dernière Circulaire.
Je profite de l'occasion pour vous informer d'avance
que probablement j'aurai besoin de requérir votre minis-
tère pour le service spirituel de la ville, afin d'aider les
messieurs de St. Sulpice qui succombent sous le fardeau.
M. Morgan vient de mourir; M. Richard, junior, est à
l'extrémité ; M. Garoff est dangereusement malade ; M.
Richard, senior, se croit atteint de la maladie : tous sont
excédés plus ou moins de fatigues, Pour le moment, je
n'aurai besoin que des prêtres sachant assez l'anglais pour
entendre les confessions. Je les appellerai deux par deux
et seulement pour huit jours de suite, afin que personne
ne soit exposé à succomber par excès de fatigue.
Je vous invite à venir partager les travaux des prêtres
de la ville, depuis le de jusqu'à , un mot de
réponse au plutôt, s'il vous plait. Je suis bien convaincu
que personne ne reculera devant le glorieux sacrifice que
la religion demande de chacun de nous ; et s'il faut à la
justice de Dieu quelque nouvelle victime, je le prie de
tout mon cœur de me choisir avant tout autre.
Je suis bien afi'ectueusement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
-J- Ig. Evéque de Montréal.
(Vraie copie),
J. 0. Paré, Chaîi. Secrétaire,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMEiNTS. 399
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE iMONTRÉAL, AU SUJET DE
l'Épidémie de 1847.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint Siège apostolique^ Evéque de Montréal^ etc.^ etc.
A tous les Fidèles rie la Ville et Paroisse de Montréal : Salut et Béné-
diction en Notre Seigneur.
Il est temps, Nos Très-Ghers Frères, que nous nous
consolions mutuellement, dans la juste douleur qui nous
accable. Car depuis le huit Juillet dernier, le Seigneur
nous a visités, en nous enlevant huit Prêtres, dix Reli-
gieuses, et un grand nombre de laïques, qui se sont
dévoués, avec un zèle digne de tout éloge, au service
spirituel et corporel des malades. En outre, nos cœurs ont,
pendant ce temps d'épreuve que nous a ménagé la divine
Providence, séché de crainte à cause du danger qu'ont
couru et que courent encore le Clergé, les Maisons Reli-
gieuses, et bon nombre de nos Frères, que la maladie
régnante a réduits à l'extrémité. Une certaine consterna
tion répandue dans toutes les classes de la société, à la
vue de la terrible épidémie qui exerce ses ravages à notre
porte, est venue mettre le comble à notre désolation.
Notre Ville, dans ce triste état, peut bien se comparer à
Jérusalem, autrefois la ville chérie du Seigneur, et em-
prunter, pour déplorer ses malheurs, les cantiques dou-
loureux de l'inconsolable Jérémie. Le Seignsur rrC a rendue
toute désolée^ et toute épuisée de tristesse pendant tout le
jour... C'est lui-même qui a foulé le pressoir pour en faire
couler le vin de sa fureur dont il a enivré la Vierge., fille de
Juda. Cest pour cela que je fonds en pleurs et que mes yeux
répandent des ruissaux de larmes. Car écoutez., vous tous
qui prenez part à mes peines. Mes Prêtres et mes vieillards
ont été consumés dans la ville... 1 Hélas ! une mort prompte
l Liv. I. c. 1. V. 13.
400 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
et inattendue me, les a enlevés ; je ne les vois plus à ces
Autels où ils montaient tous les jours pour offrir pour moi
l'auguste Victime ; je ne les entends plus dans cette Chaire
de vérilé, où leurs saintes paroles, animées par leurs bons
•exemples, me faisaient si bien comprendre l'horreur du
vice et l'amour de la vertu ; je ne les trouve plus dans ces
tribunaux sacrés de la Pénitence, où si souvent, dans
l'ardeur de leur charité, ils mêlaient leurs larmes avec le
sang de Jésus-Christ, pour purifier les souillures de mon
âme ; je les cherche en vain dans ces Sanctuaires vénéra-
bles, où ils venaient à chaque solennité prendre place avec
■une religieuse gravité. De tristes et lugubres échos me
disent sans cesse : Hélas ! ils ne sont plus, ces bons Pas-
teurs qui, à l'exemple du Souverain Pasteur, ont donné
leur vie pour leurs brebis. Sacerdotes mei et senes mei in
turhe eonsumpti sunt 1. Ce n'est pas tout : écoutez encore
le récit de mes maux. Mes vierges ont succombé sous le
glaive de cette cruelle maladie. La religion, en les for-
mant à la vie Angélique qu'elles avaient embrassée, avait
mis dans leurs cœurs un sentiment bien noble, le dévou-
ment le plus entier et le plus absolu. Elle avait gravé bien
avant dans leurs âmes la compassion pour tous les misères,
et la tendresse pour tous les malheureux. Elle leur avait
donné nour pères et pour mères, pour frères et pour sœurs
tous les pauvres ; elle avait appris que c'était là tous leurs
trésors en ce monde, et qu'en les soignant, elles soignaient
Jésus-Christ. Elle leur avait inspiré ce courage héroïque
qui les avait mises audessus de la faiblesse ordinaire de
leur sexe. Et voilà pourquoi elles se prodiguaient de toutes
leurs forces pour secourir de si grande misères ; n'ayant
qu'un seul regret, celui de ne pouvoir faire d'avantage
pour le Dieu des pauvres, de nouveau couché suv la
paille, dans la pauvre étable de Bethléem. Et voilà pour-
quoi elles affrontaient avec tant d'intrépidité, une maladie
qui répand partout la frayeur. Et voilà pourquoi elles
bravaient sans crainte, avec joie même, la mort, malgré
1 Id. c. 19.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 401
toutes ses horreurs. Hélas ! cette impitoyable maladie a
atteint de ces héroïnes du Catholicisme, et la mort a déjà
fait parmi elles dix victimes. Elles sont tombées, celles
qui, comme des anges de paix, consolaient tant d'âmes
affligées. Elles ont disparu celles qui allaient dans ces
séjours de tant de douleurs avec plus de joie que l'on ne
va à un festin [melius ire ad domum luctûs^ quam ad domum
convivii.) Elles ne paraissent plus aux chevets de tant de
mourants, celles qui consumaient leur existence au soula-
gement de l'humanité souffrante. Aux cantiques joyeux
qui, il y a peu de jours, retentissaient dans les humbles
Asiles de ces servantes des pauvres, succède un morne
silence, et ce silence n'est interrompu de temps en temps
que par des chants lugubres qui annoncent que l'on va con-
fier à la terre les corps de celles qui ont succombé sous le
glaive terrible du fléau dévastateur. Virgines mex... ceci-
derunt in gladio 1. Ah ! que de justes raisons j'ai de multi-
plier mes gémissements, et qu'à bon droit mon cœur est
navré de douleur. Multi gemitus mei et cor mœrens 2. Tels
sont, Nous n'en doutons pas, Nos Très-Chers Frères, les
sentiments qui animent chacun de vous, à la vue des
pertes immenses que fait en ce moment la Religion. Et
puisque, par des sentiments si dignes de votre piété, vous
partagez notre juste douleur, Nous nous faisons un devoir
d'interrompre un instant nos incessantes occupations pour
vous aider, par cette lettre, et nous consoler ainsi mutuel-
lement devant Dieu. Coram Deo : ideo bonsolati sumus 3.
Vous avez été et vous êtes encore profondément affligés, et
et Nous aussi. Nos Très-Chers Frères, car si vous pleurez
et regrettez les pères de vos âmes, et les mères de vos
pauvres. Nous pleurons et nous regrettons de dignes colla-
borateurs et de généreux coopérateurs dans Taccomplisse-
OQent des grands devoirs que nous impose la charge Pas-
:orale. Ils sont tombés ceux et celles qui, par leurs vertus,
1 1(1. c. 2. V. 21.
2 Id. c. 22.
3 II. Cor. c. 7. V. 13.
402 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
par leur inaltérable charité, faisaient l'ornement de cette
ville, et de ce diocèse. Cecedit corona capitis nostri 1. Nous
leur devons à tous un juste tribut d'éloges ; mais Nous ne
saurions le leur payer autrement que par les larmes que
Nous versons dans le secret de notre âme. Ingemisco ego 2.
Le ciel fut inexorable, et rejeta toutes les prières que nous
lui adressâmes pour nous conserver de si dignes ouvriers.
Ah ! c'est que nous avions commis tant d'iniquités et
tellement provoqué sa colère, que nous nous étions rendus
indignes de cette grâce. Nos inique egimus, et ad iracun-
diam provocanimus ; ideo tu inexorabilis es. Qui pourra
donc nous soulager dans une si grande affliction ; ce sera
Nos Très-Ghers Frères, notre foi ; elle seule a pu inspirer
à ceux que nous regrettons, le courage qui les anima ; elle
seule peut aussi nous faire accepter, avec une humble
résignation, tant de coup redoublés que frappe la main
d'un père, qui est justement irrité. Or, voici ce qui doit
nous consoler dans ce temps mauvais. Ceux que nous pleu-
rons sont morts en faisant les oeuvres de justice que
l'Evangile préconise, et qui mènent à la vie éternelle.
Operati sunt justitiam. Ils ont donné à manger à ceux qui
étaient dévorés par la soif d'une fièvre brûlante ; ils ont
reçu les étrangers, ils ont visité les malades. Oh ! espérons-
le, ils vont recueillir les biens promis par le Dieu dont les
promesses sont infaillibles. Adepti sunt repromissiones. Ils
avaient entendu de la bouche du juste juge, ces délicieuses
paroles : Venez les bien-aimés de mon père ; venez possédez
h Royaume promis dès le commencement du monde^ à ceux
qui font les œuvres que vous avez faites. Aux lieu de les
pleurer, réjouissons-nous donc plutôt de leur bonheur, et
envions saintement leur heureux sort ; consolamini invicem.
Avant de mourir, ils ont envoyé au ciel beaucoup d'âmes
prédestinées. Ils ont fait triompher la Religion, en mon-
trant au monde étonné ce qup peut la charité catholique.
Ils ont dissipé ces préjugés qui empêchaient beaucoup de
4 Jem. c. 5. 16.
1 Id. c. 1. V. 21.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 403
îios frères séparét: de connaître ce que c'est que la foi
catholique, qui sait inspirer tant de pénibles sacrifices
pour la gloire de Dieu. Ils comprennent aujourd'hui où
est la vraie charité, où est le vrai dévouement, et en con-
séquence, où est la vraie foi. Car, c'est à ses fruits que
l'on reconnaît si l'arbre est bon ou mauvais.
En mourant, ils ont été des victimes de propitiation qu'a
choisies la justice Dieu de pour se satisfaire, parce qu'elle
était irritée pai nos crimes ; afin de pouvoir ensuite faire
grâce au grand nombre de coupables qui. parmi nous,
abusent continuellement de ses grandes miséricordes.
Oui, il faut l'espérer, Nos Très Chers Frères, Dieu nous
pardonnera, et détournera de dessus nous, le terrible fléau
qui nous menace, en considération de ses bons serviteurs
et de ses humbles servantes qui ont tout sacrifié, même
leur santé, même leur vie, pour accomplir le grand
précepte de la charité : 11 a compté, ce Dieu de bonté, qui
récompense tout, jusqu'à un verre d'eau froide donné
pour son amour, il a compté, disons nous, leurs pas et
leurs démarches dans ce champ de douleur, qui fut le
théâtre de leurs combats. Ah ! qu'ils sont beaux les pieds
de ceux qui se sont ainsi lassés à courir dans cette noble
carrière pour procurer à tant de malheureux le bonheur
et la paix. Quam speciosi pedes evangelizantium pacem. Il a
entendu les profonds soupirs que le spectacle de tant et
de si affreuses misères leur a fait pousser. Il a vu les
larmes et les sueurs dont ils ont arrosé cette terre aride,
et ces marais où gissent tant de malheureux. Oh ! que de
cris puissants s'élèvent aujourd'hui de cette terre sancti-
fiée par tant de travaux, et sollicitent pour nous la divine
miséricorde. Il a été témoin des généreux sentiments qui
les animaient, lorsqu'ils s'immolaient pour leur prochain ;
chacun d'eux pouvant dire avec l'Apôtre : Pour moi, je
donnerai très-volontiers tout ce que fai^ et je me donnerai
encore moi-même pour le salut de ces âmes. Daigne le Sei-
gneur dans sa bonté, et en considération d'un si généreux
dévouement, épargner les brebis, après avoir ainsi frappé
404 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les pasteurs. C'est le vœu que Nous formons de toute
l'ardeur de notre âme ; et fasse le ciel qu'il en soit ainsi»
Mais n'oubliez pas, Nos Très-Chers Frères, que pour
vous rendre Dieu favorable, il faut faire de dignes fruits
de pénitence. Pour cela, gravez bien avant dans vos
cœurs ces recommandations que Nous vous faisons de sa
part: 1° Rentrez sérieusement en vous-même, et exami-
nez bien devant Dieu si votre conscience vous rend ce
témoignage qu'en vivant comme vous avez vécu jusqu'ici,
vous seriez tranquille au moment de la mort ; 2» Mettez
au pkUôt ordre aux affaires de votre conscience, en faisant
une bonne confessioL, et en réparant les torts faits au
prochain ; car, comme dit St. Augustin, le péché ne saurait
être pardonné, si l'on ne restitue point le bien mal acquis.
3° Réparez les fautes de votre vie passée par d'abondantes
aumônes, que \^ous prodiguerez selon votre moyen. Si
vous avez beaucoup, donnez beaucoup; et si vous avez
peu, donnez peu ; mais de bon cœur. Car l'aumône déli-
vre du péché et de la mort éternelle. Les besoins des
pauvres sont grands, Nos Très-Chers Frères, dans ce temps
de calamité ; et si Dieu n'en a pitié, ils seront encore plus
grands dans quelque temps. A cette fin. Nous désirons
qu'il se fasse dans les diverses églises de cette ville, des
quêtes pour le soulagement des malheureux, aussi sou-
vent qu'on le jugera nécessaire, et dans la ville même,
afin que l'on se prépare d'avance à soulager efELcacement
les pauvres pendant la saison d'hiver qui pourrait bien
être cette année plus rigoureuse qu'à l'ordinaire, à cause
de la grande misère que la calamité régnante va nécessai-
rement produire. 4° Enfin mettez-vous sous la protection
de Marie : et priez la de vouloir bien préserver cette ville
et tout ce diocèse du fiéau redoutable qui nous menace.
Que chacun de Nous, en suivant les règles de la prudence,
et en consultant son directeur, fasse à cette auguste Pa-
tronne, les promesse qu'il jugera lui être plus agréables,
pour mettre sa famille à l'abri de la contagion.
Pour Nous, qui sommes le père des communautés, et de
i
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 405
tous les fidèles confiés à nos soins, Nous renouvelons ici
publiquement et solennellement le vœu que Nous avons
fait dans l'intérieur de notre cœur, pour préserver de tant
de malheurs la grande famille que Nous a donnée le
Seigneur, et qui est si chère à notre cœur.
« 0 Divine Marie, je me prosterne humblement à vos
(' pieds, pour vous protester, dans la sincérité de mon
« âme, que je suis le dernier de vos serviteurs ; et que je
« ne mérite pas même de porter ce glorieux nom, vous
a ayant été jusqu'ici si peu fidèle ; et n'ayant jamais rien
« fait qui fût digne de vous.
« Toutefois reconnaissant que vous êtes une mère pleine
« de bonté ; et que vous aimez à faire du bien à ceux qui
« sont les plus pauvres et les plus misérables, je vous con-
« jure, avec toute la confiance que m'inspire la pensée de
« votre cœur de Mère, de faire cesser la calamité qui règne
« dans le clergé et les communautés de ce Diocèse ; et de
^ préserver de cette funeste contagion tout le penple confié
« à mes soins.
K Je confesse humblement que nous méritons tous d'être
(( traiiés avec la dernière rigueur à cause de nos péchés et
« de notre impénitence. Mais souvenez-vous que le plus
« sûr moyen de faire éclater votre grande miséricorde est
« de nous obtenir le pardon de nos innombrables iniquités.
« Je compte tellement sur la grâce que je réclame en ce
!( moment de votre bonté que je m'engage, pour vous en
« témoigner toute ma reconnaissance, à travailler, de toutes
« mes forces et tout le reste de ma vie, à vous faire con-
« naître, aimer et servir dans tout ce diocèse, qui est à
« vous d'une manière si spéciale, et pour lequel vous avez
« déjà tant fait, comme preuve de la protection si visible
« que voulez bien lui accorder.
« Je m'engage particulièrement, et par vœu, à faire tous
« mes efforts pour rétablir le pieux pèlerinage de Notre-
« Dame de Bonsecours^ qui, par le malheur des temps n'est
« plus ce qu'il fut autrefois. Je sais que de tout temps
« vous avez aimé à être appelée dans cette ville le Secours
406 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« des Chrétiens ; Auxilium Christianorum. C'est ce qu'attes-
. « tent les prodiges que vous avez daigné opérer dans cette
« vénérable chapelle que vous bâtirent nos pères.
« Ils y allaient, ces religieux ancêtres, avec une piété
« tendre qui leur méritait votre protection. Hélas ! nous
* avons beaucoup dégénéré de cette dévotion qui les atta-
« chait à votre service, et l'Eglise, qu'ils fréquentaient
« avec tant de ferveur, est devenue comme déserte par
« notre coupable indifférence. C'est pour cela, sans'doute,
« que nous avons mérité de perdre cette célèbre image
0 qui faisait le plus bel ornement de votre sanctuaire.
x Voulant réparer cette négligence qui a dû affliger
« votre bon cœur, je prends l'engagement de m'employer
« de mieux à établir, dans le lieu que vous voudrez bien
« vous même choisir, ce que j'ai vu avec tant d'édification
« dans l'ancien monde, c'est-à-dire, le concours continuel
« de pieux fidèles visitant un lieu consacré à votre hon-
« heur. Là vous recevrez les hommages des pieux pèlerins
« et vous présiderez à toutes les affaires temporelles qui se
« feront sous vos yeux. Vous les bénirez afin qu'il ne se
« commette aucune injustice, et que le riche partage avec
« le pauvre les biens de ce monde. A la place de cette
« Image Sainte que nos pères vénérèrent avec tant de
« respect, et qui en punition de notre indévotion, a disparu
« de ce temple, daignez recevoir la Statue de bronze doré,
«que j'ai fait faire à Paris; et quia été solennellement
« bénite à l'autel de l'Archiconfrérie, dans l'Eglise qui
« vous est dédiée sous le titre de Notre-Dame des Victoires.
« Sous une inspiration, qui évidemment venait de vous,
« j'ai fait graver sur le piédestal cette dévote invocation
«que vous adresse l'Eglise: ORA PRO POPULO, INTER-
« YENI PRO CLERO ; et qui est en ce moment le cri de notre
« douleur et l'élan de notre cœur pour obtenir votre
« secours dans noire présent besoin.
« Cette Image attestera à la postérité la plus reculée que
« vous étiez vraiment notre Mère. Pour que cette insigne
« faveur ne s'efface jamais du souvenir des habitants de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 407
« cette ville et de ce diocèse, je ^'ous promets d'exposer,
« dans ce Sanctuaire où vous avez établi votre demeure,
« en ex voto, un tableau représentant le Typhus cherchant
« à entrer en cette ville, mais arrêté à la porte par votre
« puissante protection.
« C'est à la face de tout ce pays, et en présence de nos
« frères séparés qui, hélas ! ne connaissent pas combien
« vous êtes bonne et puissante, que je prends cet engage-
« ment. Il y va donc de votre honneur et de votre gloire
« à exaucer un vœu si solennel. C'est vraiment une occa-
« sion bien favorable de prouver qu'on ne vous invoque
« jamais en vain.
« 0 Marie, secourez vos enfants malheureux ; aidez
« ceux qui sont faibles , réchauffez ceux qui sont tièdes
« dans le service de Dieu ; priez pour le peuple ; employez-
« vous pour le clergé ; intercédez pour les communautés
« consacrées à votre divin Fils. Que tous ceux qui vous
« honorent par leur confiance éprouvent les heureux effets
« de votre secours. Que s'il faut encore au L)ieu qui nous
« frappe de nouvelles victimes, conjurez-le d'accepter
« l'offrande que je lui fais de tout moi-même. Mais de
« grâce, qu'il épargne son peuple. Parce^Domine, populo tuo.
« Fait et passé à YiRe-Marie, le treize Août mil huit
« cent quarante-sept. )>
Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de notre
Cathédrale et à celui de l'Eghse Paroissiale, Dimanche
fête de la glorieuse Assomption de la Très-Sainte Vierge.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le trei-
zième jour du mois d'Août mil huit cent quarante-sept,
sous notre seing et sceau et le contre-seing de notre
Secrétaire.
•\- Ig., Evéque de Montréal.
Par Monseigneur,
J, 0. Paré, Chan., Secrétaire.
408 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL. ANNONÇANT SON
RETOUR DE ROME, ET CONFÉRANT AU DIOCÈSE DIVERSES
GRACES ET FAVEURS.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
St. Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses et aux
Fidèles de Notre Diocèse : Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Dans notre Lettre Pastorale du cinq Août de l'année
dernière, Nous vous annonçâmes, Nos très-chers Frères,
le dessein que nous avions formé de retourner en Europe,
et Nous nous recommandâmes à vos ferventes prières.
Nous avions si bien éprouvé, dans notre premier pèleri-
nage dans la Ville Sainte, les heureux effets de vos hum-
bles supplications pour nous auprès du Seigneur, que
Nous ne pouvions pas manquer de recourir à un moyen si
efficace pour rendre ce dernier voyage aussi utile au Dio-
cèse que l'avait été le premier. Nous n'avons point été
trompé dans notre confiance, et Nous pouvons vous assurer,
dans la sincérité de notre âme, que Nous avons senti,
partout et à chaque pas que nous faisions, que vous étiez
avec nous, priant et implorant pour nous la divine misé-
ricorde. Nous quittâmes cette ville le vingt-neuf Sep-
tembre, sous la protection de St. Michel et de tous les
Saints Anges, et le vingt-sept Mai, nous étions de retour,
sans avoir éprouvé aucun accident, quoique nous eussions
voyagé, comme vous le savez, dans des temps fort orageux.
L'objet principal de notre premier voyage dans Tancien-
monde était, comme nous vous en avions informé avant
notre départ, de procurer à ce Diocèse un renfort d'ou-
vriers évangéliques, pour aider vos pasteurs qui succom-
baient sous le fardeau. Vous les avez obtenus, ces ouvriers ;
et les fruits admirables de salut qui ont été produits en
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 409
tout lieu, disent plus haut et plus éloquemment que nous
ne pourrions le faire, combien le Seigneur est bon de vous
avoir procuré tant et de si puissants secours pour la sanc-
tification de vos âmes.
En entreprenant notre second voyage, Nous avions
principalement en vue de procurer à vos enfants de nou-
veaux moyens d'instruction, tant pour les rendre de bons
chrétiens que pour les rendre capables de gagner honora-
blement leur vie. Déjà la divine Providence nous avait
envoyé les enfants du Vénérable Jean-Baptiste de la Salle,
lesquels, depuis l'année 1337, par les soins et les sacrifices
d'une Communauté de tout temps bien chère à vos cœurs,
remplissent cette tâche importante avec un très-grand
succès. Plein de confiance en la protection de ce grand
Serviteur de Dieu, qui consacra toute sa vie à l'instruction
et sanctification de l'enfance. Nous avons prié sur son
tombeau, et nous l'avons conjuré de devenir le protecteur
de l'éducation dans notre Diocèse. Nous lui avons
demandé d'employer son crédit auprès de Dieu pour
obtenir des auxiliaires à ceux de ses enfants qui sont venus
en Canada, nous faire participants de la sublime mission
qu'il avait reçue du Ciel, et qui ne pouvaient recueillir
seuls une si abondante moisson.
Tous nos vœux réunis ont été exaucés. Nos très-chers
Frères, et nous avons la consolation de vous annoncer que
Dieu a béni les généreux sacrifices que s'imposent plu-
sieurs personnes appartenant au Clergé et à l'état laïque,
pour procurer à la Religion et à la Patrie le précieux
avantage d'une éducation soignée et en même temps
religieuse. Que Dieu, dans sa bonté, le leur rende au
centuple dans ce monde, et qu'il leur accorde la vie éter-
nelle dans l'autre, lui qui récompense jusqu'à un verre
d'eau froide donné pour son amour. Sous le rapport de
l'éducation, vous avez donc maintenant de grandes res-
sources*, car il y a dans le Diocèse trois Congrégations
religieuses chargées de donner l'éducation primaire à vos
garçons, et quatre remplissent cette fonction pour vos
410 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
filles. Que Dieu dans sa miséricorde veuille bien les
bénir et les multiplier, afin que toutes étant parfaitement
unies de cœur et d'âme, elles remplissent avec zèle et
succès la sublime mission que leur a assignée la divine
Providence.
Avec tous ces moyens d'éducatian qui vous sont ofî'erts,
vous ne manquerez pas. Nos très-ciiers Frères, de vous
imposer les plus généreux sacrifices pour vous procurer,
avee le temps, le précieux avantage d'une Maison de Frè-
res et d'une Maison de Sœurs dans chaque paroisse. Ce
sera alors que vous comprendrez véritablement le prix
d'une éducation religieuse et soignée.
Ayant plusieurs Instituts religieux consacrés aux œu-
vres de charité, vous ferez tous vos efforts pour les favo-
riser, en établissant, par exemple, dans chaque comté et
dans l'endroit le plus central, quelque maison pour y
recevoir vos pauvres et vos malades. Car il ne faut pas
oublier, Nos très-chers Frères, que la Religion pure et sans
tache aux yeux de Dieu^ notre père^ consiste à visiter les
orphelins et les veuves dans leur affliction ; c'est-à-dire à avoir
soin de tous ceux qui sont sans ressource. Oh ! Nos très-
chers Frères, rendez vous favorables les pauvres, en
pourvoyant avec charité à tous leurs besoins. Prenez
garde qu'il y en ait parmi vous qui languissent dans la
misère. Car leurs plaintes seraient entendues de Dieu
qui se déclare le Père des Pauvres, et elles feraient descen-
dre du ciel les plus grands malheurs.
Nous ne vous dirons pas tout ce que nous avons senti
de bonheur dans la sainte Cité de Rome, et en présence
de cette multitude de monuments religieux qui rappellent
tant et de si délicieux souvenirs. Nous ne vous parlerons
pas des consolations que nous avons éprouvées aux pieds
du Vicaire de Jésus-Christ chaque fois qu'il Nous a été
permis de l'entretenir de vos plus chers intérêts, et d'im-
plorer, et pour vous et pour Nous, l'abondance des béné-
dictions célestes, dont il est le dépositaire. Qu'il suffise de
vous dire que, dans tous les lieux consacrés par le sang
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 41 1
de milliers de martyrs que Nous avons visités, et dans ces
grandes solennités où la Religion donne, autant qu'on
peut l'avoir sur la terre, une idée du Ciel, par l'harmonie
de ses chants joyeux, et la pompe de ses augustes céré-
monies, vous étiez présens à notre souvenir. Oh ! combien
de fois Nous nous sommes écrié en nous-même, à la vue
de ces magnifiques et imposants spectacles que présente
sans-cesse la ville de Rome : Quel bonheur pour notre peuple,
s'il était présent à ces belles fêtes ! Quelle consolation pour
tant de fervents chrétiens qui mettent toutes leurs délices
dans les jouissances surnaturelles, sHls voyaient et s'ils enten-
daient ce que Nous voyons et entendons ! Quelles ravissantes
impressions pour ces âmes de foi, chei qui la Religion est
tout ! Que nous serions heureux si le troupeau confié à nos
soins visitait avec Nous les tombeaux des Saints Apôtres, s'ils
entend aient , comme nous, ces dévots cantiques qui retentissent,
non seulement dans les temples, mais encore dans les places
publiques et dans les rues, à V honneur de la Mère de Dieu, si
tendrement aimée par ce peuple fidèle.
Mais nous laissons ià toutes ces émotions, quelque déli-
cieuses qu'elles puissent être pour vos cœurs vraiment
chrétiens, et Nous nous hâtons de vous faire part des
faveurs que Notre Saint Père le Pape Nous a, dans sa
bonté toute paternelle, chargé de vous accorder. Aupara-
vant, observons que Dieu a daigné répandre tant de
bénédicliens sur tout le Diocèse, que Nous nous recon-
naissons incapable de lui en témoigner seul toute la
reconnaissance qu'il a droit d'attendre de nous. C'est pour
cela, comme vous l'allez voir bientôt, que Nous imposons
à tout le Diocèse et pour toujours, le devoir de lui payer,
chaque année, le tribut de louanges qu'il exige pour tant
de grâces.
En cela, Nous suivons le bel exemple que donne, tous
les ans, la ville de Rome. A une époque déjà assez reculée
de la nôtre, elle fut délivrée, par l'intercession de la Ste-
Vierge, d'une grande calamité qui l'affligeait. Par recon-
naissance, l'on jeûne chaque année, la veille de la Purifl-
412 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cation de cette Bieubeureuse Vierge ; et le jour de celte
fête, dans la Chapelle Papale, l'on chante solennellement
le Te Deum. C'est ce que nous ferons d'âge en âge, pour
des faveurs qui sont encore plus signalées. Observons de
plus que Nous avons un pressant besoin que Dieu Nous
assiste dans toutes les œuvres qui ont été entreprises pour
sa gloire. C'est pour, cela que vos Pasteurs reçoivent
l'ordre de dire, chaque jour à la Messe, une Oraison par-
ticulière, pour obtenir le secours de Dieu, afin que ces
entreprises prospèrent, si c'est sa sainte volonté. C'est
ainsi qu'on le pratique à Rome. Quant à vous. Nos Très-
Chers Frères, vous vous unirez de cœur à toutes les inten-
tions de vos Pasteurs, qui seront les vôtres, et vous jjrierez
pour Nous, en famille et en particulier, selon votre dévo-
tion. De ce moment, Nous faisons cesser l'obUgation qu'il
y avait, pour le Clergé, de dire, à la Messe, l'Oraison Ne
despiclas^ et pour les Communautés et les fidèles, celle de
réciter cinq Pater et Ave après la Messe Paroissiale ou
Conventuelle. Certaines affaires laissées à Rome, et la
crainte du fléau qui nous menace, ont été les principaux
motifs qui nous ont porté à vous tenir en prières depuis
notre retour. Nous apprenons avec consolation que l'état
sanitaire des campagnes est très rassurant. Nous en
bénissons le Seigneur et Nous le conjurons de vouloir
bien vous continuer sa protection. Seulement, vous tous
qui habitez les campagnes, souvenez vous dans vos prières,
de vos frères de la ville.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de Nos Vénérables Frères; les Chanoines de Notre Cathé-
drale, Nous avons réglé, statué et ordonné, réglons, sta-
tuons et ordonnons ce qui suit :
1° En actions de grâces des innombrables faveurs dont
ce Diocèse a été comblé, par la puissante intercession de
la glorieuse Vierge Marie, l'on célébrera, le Dimanche
après l'Octave de l'Assomption, la fête de son Très-Saint et
Immaculé Cœur, sous le rite de double de première classe.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 413
et après la grand'messe de la Cathédrale et de chaque
église paroissiale, ainsi qu'après la messe conventuelle de
chaque communauté, l'on chantera, tous les ans, le Te
Deum, avec les cérémonies ordinaires. L'on fera ensuite
l'Acte de Consécration à ce Très-Saint Cœur, comme au
Manuel de l'Archiconfrérie.
2o Pour attirer le secours de Dieu sur toutes les œuvres
entreprises pour l'avantage spirituel et temporel du Dio-
cèse, l'on récitera tous les jours, à la messe, en se confor-
mant aux rubriques du Missel, l'Oraison pro quacumque
necessitate, qui se dit à Rome chaque jour de l'année.
30 Pour encourager chacun à prier pour le conversion
des pécheurs, N. S. P. le Pape accorde, pour toujours, une
indulgence plénière, que pourront gagner, chaque jour,
tous les fidèles qui, étant vraiment contrits, s'étant con-
fessés et ayant communié, visiteront Notre Cathédrale, et
y prieront spécialement pour la conversiou des pécheurs
et des hérétiques, et pour le soulagement des fidèles
défunts auxquels ils pourront appliquer cette indulgence.
L'on gravera sur le portail de Notre dite Eglise Cathédrale
cette inscription : INDULGENTIA PLENARIA ET PERPETUA
PRO VIVIS ET DEFUNCTIS.—mDVLGENCE PLÉNIÉRË
ET PERPETUELLE POUR LES VIVANTS ET POUR
LES MORTS.
40 Pour procurer à cette ville et à ce diocèse quelques
uns des nombreux privilèges accordés à la Ville Sainte,
N. S. P. le Pape a daigné établir à Montréijt', Notre Ville
Episcopale, les Indulgences des sept Eglises de Rome.
L'on trouvera dans un petit livre, qui sera imprimé avec
notre approTsation, tout ce qui regarde cette louable
dévotion.
5° Pour faciliter la réception à la Confrérie du St. Sca-
pulaire, il ne sera plus nécessaire d'enregistrer le»3 noms
des fidèles qui voudront s'y agréger.
6'^ Pour affermir tous les fidèles dans les saintes dispo-
sitions où ils se trouvent aprèô les Retraites, et leur en
rappeler sans-cesse le précieux souvenir, N. S. P. le Pape
28
414 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
leur accorde deux indulgences plénières par année, s'ils
visitent les Croix et les Monuments de Mission, érigés en
actions de grâces des faveurs qu'ils y ont reçues, et une
indulgence de trois cents jours, chaque fois qu'ils récite-
ront trois Pa^eretylye, devant ces Croix ou ces Monuments-
7° Pour encourager la dévotion pour les défunts, Sa
Sainteté a daigné privilégier le Maître Autel de cJiaque
Eglise, Oratoire et Chapelle de ce diocèse, quand même
cet autel serait porlatif, pourvu qu'il s'y trouve une pierre
consacrée. Ainsi tous les services, grand'messes de Requiem^
ainsi que les messes basses qui seront célébrées à ces
autels, portent avec soi une indulgence plénière, qui a la
vertu de délivrer du Purgatoire, l'âme à laquelle elle est
appliquée. De plus, chaque prêtre approuvé pourra privi-
légier tout autel, fixe ou portatif, trois fois par semaine,
et en conséquence gagner chaque fois une indulgence
plénière pour une âme du Purgatoire.
8° Pour favoriser la salutaire dévotion du chapelet, Sa
Sainteté a bien voulu transférer aux Dimanches où l'on
en fera la solennité, toutes les indulgences attachées aux
Fêtes des Apôtres et autres Saints, quand elles ne sont
point d'obligation, pour ceux qui récitent le tiers du Ro-
saire au moins une fois par semaine. Pour chacun puisse
s'y préparer, l'on fera, le Dimanche qui précédera ces
fêtes ou solennités, l'annonce ci-jointe que l'on annexera
au Rituel. Pour la même raison, Nous autorisons tous
les prêtres approuvés de ce diocèse, à bénir toutes espèces
de Couronnes, Rosaires, Médailles, Statues approuvées
par le Saint Siège, et à y appliquer les indulgences accor-
dées par les Souverains Pontifes. Toutes ces facultsé
sont pour dix ans. Mais Nous espérons que par votre fidé-
lité à correspondre à tant de faveurs, vous mériterez
qu'elles vous soient continuées.
Nous ordonnons que la table ci-joint des privilèges ci-
dessus mentionnés, soit exposé dans toutes les Sacrities de
ce diocèse, afin que l'on oublie point les règles ou les con-
ditions pour en bien user.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 415
Tels sont, Nos Très Ghers Frères, les biens précieux
que vous accorde votre Sainte Religion. Voyez comme
est bonne pour vous, cette Sainte Eglise Romaine, et avec
quelle affection elle pense et pourvoit au soulagement de
vos bons parents et amis que la mort vous enlevés, et qui
vous furent si chers ! Voyez comme maintenant il vous
est faciles de délivrer ces saintes âmes des feux brûlants
du Purgatoire, où elles achèvent de se purifier ! Considé-
rez quel avantage vous pouvez espérer pour vous-mêmes,
lorsque Dieu vous appellera à lui! Aussitôt que vous
aurez fermé les yeux à la. lumière de ce monde, vos Pas-
teurs s'empresseront de monter à l'Autel pour vous appli-
quer ce précieux privilège, afin de vous tirer au plutôt de
ce lieu de tourment, et de vous ouvrir les cieu^, pourvu
que vous mourriez dans la grâce de Dieu, et que vous
n'ayez pas mis, par votre faute, obstacle à celte indul-
gence.
Que de nouveaux motifs vous allez avoir. Nos Très-
Chers Frères, de vous attacher de cœur et d'âme à la Ste.
Eglise Romaine ! Que vous êtes heureux de vivre et de
mourir dans son sein ! Plus que jamais vous éviterez les
personnes qui voudraient vous séparer de cette Eglise, en
cherchant à vous faire changer de religion. Plus que
jamais, vous refuserez de recevoir ces livres corrompus
que l'on s'efl'orce de répandre parmi vous, sous prétexte
de vous tirer de votre prétendue ignorance et superstition.
Et croyez-le, Nos Très Chers Frères, en suivant l'ensei-
gnement si pur de l'Eglise Romaine, qui vous est transmis
par la prédication de vos Pasteurs ordinaires, vous êtes
plus savants dans la voie du salut, que tous ces hommes
qui se livrent dux égarements d'une raison orgueilleuse.
Vivez, Nos Très-Ghers Frères, dans la charité et la
sobriété, comme il convient à des chrétiens que l'Ecriture
appelle, par honneur, des Saints. Attachez-vous aux
diverses associations et confréries établies parmi vous,
pour honorer plus fidèlement votre Dieu et son Auguste
Mère. Que le chapelet se dise régulièrement dans vos
416 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
familles. Les grandes indulgences que N. S. Père le Pape
vient de nous accorder, vont sans doute vous attacher plus
que jamais à cette excellente prière, dont le fruit ordinaire
est de chasser le péché mortel de toutes les familles où il
se dit avec piété, et d'y établir le règne des solides vertus.
Par dessus tout, Nous vous recommandons la fréquenta-
tion des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Nous
avons bien besoin, Nos Très-Ghers Frères, de redoubler de
ferveur aux approches du terrible fléau dont nous menace
la justice de Dieu, et que nous n'avons que trop mérité.
Faisons pénitence et convertissons-nous dans les larmes
et les gémissements. Nous ne savons pas ce qui est réservé
à chacun de nous, depuis que la mort nous enlève tantde
zélés collaborateurs. Mais quelque chose qui arrive, croyez
que si Dieu dispose de Nous comme de plusieurs autres,
et s'il daigne nous faire miséricorde. Nous aurons soin
gue^ même après notre viort^ vous puissiez toujours vous
ressouvenir de ces choses. II Ep. St. Pierre, ch. I, v. 15.
Que la grâce soit avec vous tous qui êtes en Jésus-Christ,
Ep. de St. Pierre, ch. 5, v. 14.
Sera le présent mandement lu au Prône de Notre Ca-
thédrale, à celui de touies les Eglises Paroissiales, et en
chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, le pre-
mier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, en Notre Palais Episcopal, le quator-
zième jour du mois d'Août, de l'année mil huit cent qua-
rante-sept, sous notre seing et sceau et le contreseing de
notre Secrétaire.
Par Monseigneur^
(Vraie copie),
j- la. EvÊQUE DE Montréal.
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
J. 0. Paré, Chan. Sec.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 417
Acte de Consécration au Sacré Cœur de Marie.
0 Cœur sacré de Marie toujours vierge et immac jlée,
Cœur le plus pur, le plus parfait, le plus noble, le plus
auguste que la main toute-puissante du Créateur ait formé
dans une pure créature; source intarissable de grâces, de
bonté, de douceur, de miséricorde et d'amour; modèle de
toutes les vertus, image parfaite du Cœur adorable de
Jésus-Christ, qui brûlâtes toujours de la charité la plus
ardente ; qui avez aimé Dieu vous seul plus que les Séra-
phins, plus que les Anges et les Saints; qui avez donné
plus de gloire à la suprême Trinité que ne lui en ont
donnée les autres créatures par leurs actions les plus héroï-
ques : Cœur de la Mère du Rédempteur, qui avez ressenti
si vivement nos misères, qui avez tant souffert pour notre
salut, qui nous avez aimés avec tant d'ardeur et de ten-
dresse, et qui méritez, par tous les motifs possibles, le
respect, l'amour, laTeconnaissance et la confiance de tous
les hommes, daignez agréer m.es faibles hommages.
Prosterné devant vous, Cœur sacré de la Mère de misé-
ricorde, je vous honore avec le plus profond respect dont
je suis capable. Je vous remercie des sentiments de misé-
ricorde et d'amour dont vous avez été si souvent touché à
la vue de mes misères; je vous rends grâces de tous les
bienfaits que m'a obtenus votre maternelle bonté ; je
m'unis à toutes les âmes pures, qai trouvent leurs délices
et leurs consolations à vous honorer, louer et aimer.
Vous serez, ô Cœur tout aimable, vous serez désormais,
après le Cœur de votre cher et divin Fils, l'objet de ma
vénération, de mon amour et de ma plus tendre dévotion.
Vous serez la voie par où j'irai à mon Sauveur, et ce sera
par vous qne je recevrai ses grâces et ses miséricordes.
Voas serez mon refuge dans mes afflictions, ma consolation
dans mes peines, mon secours dans tous mes besoins. J'irai
apprendre de vous la Durelé, l'humilité, la douceur, et
puiser dans vous l'amour du Cœur sacré de Jésus Christ
votre fils. Ainsi soit il.
4t8
MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
N. 5.— L'Autel de la Bienheureuse Vierge devra être
orné et illuminé, comme aux plus grandes fêtes. Après
la grand'messe, (ou les vêpres), on encensera la Statue ou
le Tableau de la Ste, Vierge, et on chantera quelque hymne
ou cantique en son honneur. On fera ensuite les prières
ci-dessus ; et on terminera par le Te Deuiu.
l'ormule de Prône^ dont on pourra, faire usage, et que l'on
variera au besoin, pour annoncer les fêtes sur semaine et les
indulgences qu'il y a à gagner chaque jour.
Nous vous exhortons à invoquer, chaque jour, d'une ma-
nière spéciale, le Saint que l'Eglise honore et dont le nom
se lit sur le calendrier.
qui a excellé en humilité
qui a donné tous ses biens aux
pauvres,
qui s'f st dévoué, toute sa vie, à
l'instruction des enfants,
qui a été singulièrement dévot
au St. Sacrement.
(}ui a beaucoup souffert pour le
salut des âmes,
qui a été un grand dévot à la
Bienheureuse Vierge,
qui a eu un grand zèle pour dé-
truire le blasphème.
Ceux qui, celte semaine, auront le bonheur de commu-
nier, pourront gagner une indulgence plénière, en rem-
plissant les œuvres ordinaires. Ces indulgences sont :
Lundi pour la récitation du Ghipelet, au moins une fois
par semaine,
de i'Angelus, au moins une fois par
jour,
des Prières de Notre Dame Auxilia-
trice, (juand on appartient à celte
Confierie.
Lundi, invoquez St.
Mardi, " St.
Mercrjdi, '
Jeudi, '
Vendredi, '
Samedi, '
Dimanche, '
St.
St.
St.
St.
St.
Mardi
Mercredi
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 419
Jeudi '• " de l'Adoration perpétuelle.
Vendredi" '' du chapelet de N. D. des 7 douleurs.
Samedi " '' des prières du St. Scapulaire.
Dimanche" " de trois G/oria Parn", etc., I rois fois
par jour.
N. B.—Oa comprend que ce n'est là qu'un exemple ; et
que chacun devra formuler ce Prône, d'après les légendes
du jour et les indulgences courantes.
CALENDRIER DES INDULGENCES.
PUBLIÉES ET A GAGNER DANS LE DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Observations Prélim inaires
1» Nous donnons ici un tableau d'indulgences, en forme
de calendrier, afin de pouvoir annoncer celles qui sont à
gagner, dans le cours de l'année, sans être obligé de faire
beaucoup de recherches. La grâce des indulgences est
toujours un puissant stimulant pour la piété des Fidèles.
C'est au zèle des Pasteurs à leur découvrir en toutes
occasions, ces riches trésors que leur a ménagés la divine
miséricorde, et dont l'Eglise, qui estj une si bonne Mère,
tient les portes continuellement ouvertes pour que ses
enfants y puissent participer chaque fois qu'ils le voudront.
2o Moyennant ce Calendrier, il devient facile d'annon-
cer, chaque dimanche, les indulgences à gagner, la
semaine. En conséquence de cette annonce, il se fera,
chaque jour, un petit concours de pieux fidèles, qui vou-
dront communier pour participer à cette grâce. On les y
attirera encore en leur disant au prône, un mot de tous
les saints de la semaine, dont ils lisent les noms sur le
calendrier. Ces saints ainsi devenus, pour chaque pa-
roisse, l'objet d'une dévotion quotidienne, y répandront
chaque jour leur esprit de sainteté. Plus connus et aimés
du peuple, qu'ils protègent avec tant de bonté, leurs noms
seront plus que jamais portés avec respect, et leurs exem-
ples imités avec plus de fidélité. Ces noms saints rem-
placeront à l'avenir tant de noms de fable et de roman.
420 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
qui aujourd'hui déparent plusieurs familles catholiques.
Par cette pratique, on saura le quantième de la fête du
saint dont on porte le nom. On s'y préparera d'avance, on
communiera ce jour-là, avec la confiance de pouvoir y
gagner une indulgence plénière. On y fera quelques
bonnes œuvres, pour obtenir plus sûrement la protection
de son saint patron. Cette piété éclairée fera disparaître
les partis de plaisirs, qui si souvent profanent les jours
de fêtes. Eu faisant ainsi honorer tous les saints du calen-
drier, le Pasteur segménage à lui-môme et à son peuple de
nombreux et puissants protecteurs. C'est d'ailleurs, par ces
rapports intimes, que l'on faiticibas connaissance avec ceux
qui, il faut l'espérer, nous obtiendront la grâce de partager
leur bonheur.
3° Nous avons classé ces indulgences, de manière à
pouvoir en gagner une plénière, à chaque communion,
quand môme on serait assez heureux que de communier
tous les jours. Assez souvent même, on aura à choisir,
sur plusieurs qui concourent, dans les grandes solennités.
Nous avons «"ru devoir les recueillir de la sorte, pour que
chaque fidèle pût gagner celles qui sont attachées à ses
confréries. Que si appartenant à différentes associations,
il se voyait à même de pouvoir choisir, il est à croire
qu'après en avoir gagné une pour lui, il pourrait offrir
]es autres pour différents défunts, dont il paierait ainsi les
dettes.
40 II y a des indulgences que l'on peut gagner tous les
jours, d'autres tous les mois, et quelques unes tous les
ans. 11 en est qui sont fixées à certaines époques de la
vie. Nous les avons classées dans différents tableaux, pour
que d'un coup d'oeil, chacun pût voir celles auxquelles il
lui serait permis de prétendre.
50 Nous avons donc, en quelque sorte, donné un cadre
spécial aux indulgences des dimanches, des semaines, des
mois, des années et de certaines époques de la vie.
G» Toutefois, nous y avons laissé des blancs, pour que
chacun suive sa dévotion, en les remplissant de celles des
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 421
pratiques, portant indulgences, qui lui conviennent le
mieux. Ainsi, après avoir placé quatre indulgences dans
le cadre des dimanches, nous laissons un blanc pour le
cinquième, qui se rencontre dans certains mois. Les jours
de semaine sont vides, et beaucoup de blancs se trouvent
dans le cadre des mois. Les indulgences étant aussi in-
nombrables qu'inépuisables, il eût été facile de remplir
ces blancs. Mais nous avons cru devoir laisser ce soin à
chacun des intéressés. Or, ce sera chose facile, moyen-
nant l'abondance qui règne dans les autres tableaux ; et
il sera bien utile de le faire, soit pour sa propre commo-
dité, soit pour l'avantage des fidèles. Nous en donnerons
un exemple. Chaque curé fera donc bien de marquer à la
main, dans son calendrier, celles des indulgences qui sont
propres à sa paroisse, à raison des neuvaines, quarante
heures, confréries, bonnes œuvres, etc. Ce travail fait, il
n'aura plus, pour connaître les indulgences à gagner,
comme pour connaître les saints du jour, qu'à « regarder
au calendrier. »
70 Nous nous sommes attaché à indiquer les ihdulgen-
ces, qui se gagneront dans les diverses associations éta-
blies dans ce diocèse, afin d'avoir toujours, sous la main,
un puissant moyen de les alimenter. Nous renvoyons,,
pour plus de détails, au «Traité sur les Indulgences,»'
par M. Bouvier, aux «Instructions sur les Indulgences,»
(ouvrage qui a mérité l'approbation du Cardinal de Do-
nald,) et aux divers manu3ls de confréries, qui sont entre
les mains de tous.
8° Nous n'avons mentionné que les indulgences plé-
nières, parce que tout le monde sait que d'innombrables-
indulgences partielles sortent du trésor de l'Eglise, en^
même temps que les plénières, pour encourager la dévo-
tion et la charité de ses pieux enfants. On peut donc tou-
jours annoncer que chacun peut gagner de précieuses
indulgences partielles, en se montrant fidèle aux pratiques
auxquelles l'Eglise a attaché des indulgences plénières.
On ne doit pas au reste manquer d'exhorter les fidèles à
422 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les gagner toutes ; et il est bon pour cela de les rappeler
souvent à l'excellente pratique de se proposer, chaque
matin, de gagner autant d'indulgences que possible. Nous
en avons tant de besoin, endettés comme nous le sommes
envers la divine justice ! Un tableau particulier d'indul-
gences partielles, attarhées à nos pratiques journalières,
en fera mieux connaître le prix.
9° 11 va sans dire que les indulgences plénières, que
nous proposons ici, comme un saint appas à la piété chré-
tienne et religieuse, requièrent la confession, la commu
nion et la prière dans les lieux qu'il faut visiter, pour se
conformer à toutes les intentions du Souverain Pontife.
Celles du «Chemin de la Croix,» n'y sont pas comprises
non plus que celles qui sont accordées à la mort, quand
la sainte communion est impossible. Il est une autre
disposition sur laquelle il faut souvent insister, parce
qu'elle n'est pas assez comprise par beaucoup, savoir que,
pour participer au précieux avantage des indulgences, il
faut travailler à se détacher non-seulement du péché
mortel, mais encore s'efforcer de mourir à toute affection
au péché véniel.
10° Quant à la confession, on sait que par un Induit
de Pie VIL du 11 Juin 1822, les personnes, qui ont la
louable habitude de se confesser tous les huit jours, peu.
vent gagner toutes les indulgences qui se trouvent dans
le co'us de la semaine, qui suivra leur confession. C'est
pour beaucoup de bonnes âmes un avantage immense. Et
puisqu'une confession, faite une semaine avant la fête, à
laquelle est attachée une indulgence, suffit, les confes-
seurs se voient par là à même de pouvoir préparer leurs
pénitents aux grandes solennités, en les confessant quel-
ques jours d'avance. C'est là un excellent moyen d'éviter
l'encombrement des pénitents, qui voudraient tous passer,
dans les quelques heures que le Prêtre peut donner aux
confessions, avant les offices. Il faut donc tâcher de les
amener à cette pratique, quelque soit là-dessus leur répu-
gnance. Car il s'en suivra moins de fatigue pour le con-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 423
fesseur et plus de profit pour les péuiteuts. Ajoutons qu'en
attirant sur semaine les fidèles au confessionnal et à la
sainte table, on les mettra, avec le temps, dans la sainte
habitude de célébrer l'anniversaire de leur baptême, con-
firmation, mariage, et autres époques qui leur rappellent
les divines miséricordes.
11° Remarquons, en passant, qu'on ne peut gagner
qu'une fois les indulgences attachées à une même œuvre,
celles, par exemple, des Neuvaines, Qua'*ante-Heures,
Mois de Marie. La latitude de plusieurs jours, accordée
par l'Eglise, dans ces circonstanres, n'est que pour favori-
ser le concours, pendant un temps déterminé, pour que
chacun puisse, à sou tour, participer aux trésors qu'elle
ouvre à tous ses enfants.
'12o Observon? que nous avons cru devoir assigner la
fête de l'Invention de la Ste. Croix, pour y gagner l'indul-
gence de la Propagation de la Foi, afin que celle de St.
François-Xavier restât libre, pour l'indulgence de la Ste.
Enfance, qui y est fixée et qui n'est qu'une branche fé-
conde de ce grand arbre, qui couvre aujourd'hui le monde
entier de son ombre. Encourageons, à l'exemple de l'Eglise,
ces deux œuvres, qui ne se donneni la main que pour
mieux enraciner la foi dans le cœur des pères et des enfants.
N'oublions pas que nos frères de la catholicité sont à
l'œuvre sur tous les points du globe ; et que ceux de notre
patrie portent le poids de la chaleur et du jour, dans le
vaste champ du Nord-Ouest et de l'Orégon, dont les a
chargés le maître de la vigne.
130 Nous avons marqué d'une croix toutes les indul-
gences applicables aux défunts, pour être plus court, en
évitant toute répétition. Procurons à ces saintes âmes
autant d'indulgences que possible. Peut-être que c'est par
notre faute, ou la négligence des fidèles confiés à nos soins,
qu'elles souffrent d'horribles tourments. Payons leurs
dettes, puisque nous le pouvons si facilement; et nous les
aurons pour avocates auprès du juste Juge.
14° Nous avons mis, à 'a recherche des indulgences dont
424 xMANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
nous donnons ici divers tableaux, la plus sérieuse attention.
Toutefois, des inexactitudes ont pu nous échapper. Nous
serons donc très reconnaissant à quiconque nous les ferait
remarquer ; et nous nous empresserons de les rectifier.
Car toute erreur, en fait d'indulgences, est à éviter scrupu-
leusement.
l5o L'on remarquera, dans le calendrier que nous pu-
blions, quelques associations nouvelles, telles que la « Con-
grégation de St. Michel, l'Union de Prières, l'Amour actuel
et Perpétuel de la Très-Sainte Vierge, etc. Ce sont de
pieuses institutions, qui prennent naissance dans cette
ville ; et qui, il faut l'espérer, se feront connaître plus tard
par leurs œuvres. C'est pour cette raison, que nous avons
cru devoir publier, dans ce tableau, qui est Ad perpeluam
fiei Memoriam^ les indulgences dont il a plu au St. Siège
de les doter, sur la supplique de l'Illustrissime et Révéren-
dissime J. C. Prince, Evêque de St. Hyacinthe, pendant
qu'il était Agent de la Province Ecclésiastique de Québec
à Rome.
16» Dans le choix des diverses pratiques de piété aux
quelles les SouverainsPontifes ont attaché des indulgences,
nous avons cru devoir nous fixer à celles qui sont les plus
faciles. C'est ce que nous avons fait, comme on le verra-
11 est beaucoup de prières très-courtes, qui portent* indul-
gence. Nous nous y sommes arrêté de préférence. On les
trouvera dans un ouvrage intitulé : «Instructions sur les
Indulgences.» à la page marquée entre crochets, dans le
calendrier. Ce livre devant se trouver entre les mains de
tout le monde, nous nous sommes contenté d'y référer.
Nous avertissons que nous nous sommes servi de l'édition
de 1835, Lyon et Paris.
17^' L'enfance est aujourd'hui plus que jamais l'objet de
notre vive sollicitude. Car il n'y a pas à se dissimuler que
l'on voudrait confier à d'autres mains le soin de l'élever.
Les tentatives à ce sujet sont encore sourdes; mais elles
n'en sont pas moins réelles. Nous avons en outre à gémir
sur la dépravation de tant de jeunes cœurs, qui ont été de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 425
si bonne heure saisis par le vice, qu'il ne leur reviendra
jamais un de ces doux souvenirs, qui rappellent, au vieil-
lard, qui a été bien élevé, les jouissances du premier âge,
avant que le péché n'eût terni l'éclat de son innocence.
Ce souvenir, comme on le sait, est toujours un puissant
motif de retour sur les cœurs les plus dépravés. En tra-
vaillant à cette compilation de trésors célestes, nous ne
pouvions donc nous défendre de la pensée d'en ménager
une bonne part, pour nos chers enfants, dont l'avenir nous
apparait comme une mer bien orageuse. Aussi pen-
sions nous à eux tous, ces nombreux enfants du diocèse,
lorsque nous fixions sur ce nouveau calendrier les indul-
gences attachées à la dévotion au St. Enfant Jésus et à
l'Enfance de Marie, dans le mystère de sa présentation ; à
la prière de l'Ange-Gardien, à l'Œuvre de la St. Enfance,
à l'assistance aux instructions religieuses, au Catéchisme
de Persévérance, etc., etc., et en particulier à la célébration
de la fêle de St. Louis de Gonzague.
18» Au moyen de ces nombreuses iniulgences, on peut
toujours faire aux enfants de belles fêtes. On le y prépa-
rera longtemps d'avance. On leur répétera souvent qu'il
faut être pur comme des Anges, pour participer à la joie
de ces fêtes Angéliques. Et ainsi d'une fête à l'autre on les
soutient dans le bien. La parole de Dieu les nourrit. La
prière les réjouit. La communion les engraisse de la
substance divine. L'indulgence les attire. Ainsi préparés,
ils traversent l'âge critique, en suivant le sentier battu.
Affectionnés de bonne heure aux Sacrements, ils se gar-
dent bien d'en négliger la pratique, au temps du plus
grand besoin et danger de la vie. Si parfois, ils tombent,
ils en gémissent aussitôt, et accourent se laver à la fon-
taine sacrée, où, en déposant le cruel remords du crime,
ils reprennent et emportent la joie pure de la justice re-
couvrée.
19° Ce sera donc un temps bien employé que celui que
l'on donnera pour établir et entretenir les neuvaines au
St. Enfant Jésus, à la Bienheureuse Vierge, aux Saints
426 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Anges, à St. Joseph, St. Louis de Gonzague, etc, et pour
donner tout l'entrain possible au catéchisn:\e. On remar-
quera en particulier les nombreuses concessions que fait
l'Eglise, pour que la fête de St. Louis de Gonzague soit
solennisée partout. Nous invitons chaque paroisse et
chaque communauté à fêter ainsi ce beau modèle et ce
bon patron de la pieuse enfance. Pour que les enfants ne
s'engagent pas légèrement dans les confréries, au risque
d'en négliger les devoirs, on ferait bien de leur faire une
fête spéciale du jour de leur admission à celles qui se
trouvent établies dans la paroisse. Ainsi il y aurait une
fête spéciale pour les recevoir de la société de Tempé-
rance, une autre pour les agréger au St. Scapulaire, une
autre pour les faire entrer dans l'Archiconfrérie, etc., etc.
pour participer à ce bonheur, les enfants devront fréquen-
ter les catéchismes, tous les oimanches et fêtes ; et ce
serait une raison de délai que leur négligence à venir à des
instructions qui se font pour eux, après leur première com-
munion. On aurait par là un moyen siîr d'achever leur ins-
truction religieuse, en les attirant plus longtemps au caté-
chisme. Ils y seraient sans doute plus assidus, si chaque
fois quelqu'un marquait les absents, afin qu'ils fussent re-
mis à une autre fête, en punition de leur négligence. Ces
moyens et d'autres devront peu à peu amener les enfants
et les grandes personnes au catéchisme. Ainsi, l'on voit
comme l'indulgence qui y est attachée, doit puissamment
y attirer tout le monde.
CALENDRIER D'INDULGENCES.
INDULGENCES POUR TOUS LES JOURS.
On gagne chaque jour^ aux conditions requises^ une
indiUgence plénière.
1. -J- En faisant le « Chemin de la Croix. »
2. 4 En récitant la prière « 0 bon et très-doux Jésus,
etc., devant un Crucifix.
3. En donnant à manger à trois personnes, le jour d'une
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 427
communion, à l'honneur de Jésus, Marie, Joseph. Pour
mieux représenter la Ste. Famille, il est bon de nourrir
ainsi un vieillard, une femme et un enfant.
4. -|- En disant la messe à un Autel privilégié.
Il est à remarquer que, pendant les quarante-heures, les
autels sont privilégiés, dans les Eglises où elles se font.
Il en est de même pour le jour de la commémoraison
des Morts.
Un Induit du 14 mars 1847. déclare privilégié le grand
autel de toute Eglise, Oratoire et Chapelle de ce diocèse,
même quand il serait portatif, pourvu qu'il soit consacré-
INDULGENCES POUR TOUS LES DIMANCHES DU MOIS.
On gagne une indulgence plénière^ aux conditions ordinaires
Le 1er Dimanche, si l'on a récité, tout le mois, trois fois
par jour, le matin, le midi et le soir, trois Gloria Patri^ etc.
Le 2e Dimanche, si l'on a dit aussi, tout le mois, trois
fois par jour, le matin, le midi et le soir, sept Gloria Patri,
avec un Ave^ Maria, en union de trois personnes associées
pour honorer la Sainte Trinité.
Le 3e Dimanche, quand, étant de la Confrérie de Notre-
Dame Auxiliatrice, on en a fidèlement rempli les devoirs.
Le 4e Dimanche, même indulgence, et aux mêmes con-
ditions que celle mentionnée au 2e Dimanche.
Le 5e Dimanche.
INDULGENCES POUR CHAQUE JOUR DE LA SEMAINE.
On a ses dévolions particulières, pour consacrer chaque
jour de la semaine. Chacun pourra se choisir les indul-
gences qui lui paraîtront les plus capables de l'attacher;
et il les marquera sur son tableau, afin d'être sans cesse
averti de ne pas se négliger.
Lundi,
Mardi,
Mercredi,
Jeudi,
Vendredi,
Samedi,
428 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
INDULGENCES POUR CHAQUE MOIS.
î. Il y a une indulgence plénière à gagner tous les mois,
lorsque appartenant à quelques confréries, et en ayant ob-
servé fidèlement les règles, l'on communie et fait les autres
œuvres prescrites. Ces confréries sont :
1. Notre-Dame Auxiliatrice, (le jour fixé est le 1er mer-
credi de chaque mois).
2. L'Adoration perpétuelle, (le jour est à son choixK
4. f La Propagation de la foi.
5. t Le Sacré Cœur de Jésus (le 1er dimanche ou le 1er
vendredi de chaque mois.
6. t Ls Rosaire Vivant, (le 3e dimanche de chaque
mois).
7. f La Confrérie du Sacré Cœur de Jésus, (un jour à
son choix dans le mois).
8. t Le St. Rosaire, (le 1er dimanche de chaque mois).
9. L'Œuvre des Bons Livres-, (le 2e vendredi de chaque
mois).
10. t La St. Vincent de Paul.
11. t Aux souscripteurs du Conseil Général de la Société
de St. Vincent.
II. Il y a une indulgence plénière à gagner tous les mois,
aux conditions ordinaires, quand on a vaqué tous les jours,
aux exercices suivants :
1. t Pour ia prière «Loué et remercié soit à chaque
instant, » etc.
2. t — Je NN.. pour être reconnaissant, etc.
3. t — Co?' Jesu^ (lagrans amore mei^ inflamma cor nos-
trum amore tui.
4. t Pour la récitation journalière des actes de Foi,
d'Espérance et de Chanté.
5. t Pour la prière : Que la très-sainte, la très-excel-
lente, etc.
6. — Saint, Saint, Saint est le Seigneur, etc.
7. t — Très-Sain le-Trinité, etc., pour obtenir une bonne
mort.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 429
8. t — Le Chapelet de N. D. des Sept Douleurs, si on le
récite chaque jour.
9. t — Le Veni Creator, récité chaque jour pour l'Eglise.
10. t — La prose : Veni, Sanctc Spiritus, etc., dite chaque
jour à la même intention.
11. t — La méditation, pratiquée chaque jour, pendant
au moins un quart d'heure.
12. t — L'instruction faite ou écoutée, avec assiduité,
sur la méditation.
13. f — La prière : Père Eternel, nous vous offrons le
Sang irès-précieux, etc.
14. t — Seigneur, du fond, etc., récitée le l^^'' jeudi du
mois.
15. — L'Anf^elus ou le Rcgina Cœli, dans le temps pascal,
ou si Ton ne sait ni l'un ni l'autre, un Pater et Ave.
dits à genoux ou debout, selon le temps, au son de la
cloche, ou si on ne l'entend pas, vers l'heure de V Angélus,
au moins une fois par jour. Quand on vit en communauté,
et que V Angélus sonne pendant quelque exercise, on gagne
indulgence en le disant après.
16. — Le Salve Regina, dit le matin, et le Sub tuum, dit
le soir avec les versets : Dignare me, etc., et Benedictus
Deus, etc. ^On gagne cette indulgence deux dimanches
par mois.)
17. t — La prière : Angele Dei, qui custos es mihi, etc.
18. t — Le chant, l'assistance et l'encouragement au
chant des cantiques.
19. t — La récitation de trois Pater et Ave, pour les
agonisants.
20. I — Cinq Pater et Ave pour les moits, avec le verset :
Te ergo quœsumus, etc., et Requiem œlernam, etc.
21. f — Le De prof and is avec le versets ei l'oraison :
Fidelium, etc., ou si on ne les sait pas, un Pater et
Ave, dits à genoux pour les défunts, quand la cloche
sonne, à l'entrée de la nuit, pour inviter les fidèles à prier
pour eux.
22. f Pour la prière : Seigneur Jésus, etc., pour deman-
^ler une bonne mort. -^
430 MANDEMENTS, LËTTUES PASTORALES,
INDULGENCES POUR CHAQUE ANNEE.
On gagne ces indulgences plénières, aux conditions ordi-
naires, une ou plusieurs fois l'année, dans les circonstan-
ces suivantes :
1. Au jour anniversaire de son baptême, quand on est
associé à l'Archiconfrérie du Très Saint et Immaculé Cœur
de Marie, et que l'on a fidèlement récité un Ave Maria,
par jour, pour la conversion des pécheurs.
2. Quatre fois par an, quand on est membre de l'Asso-
ciation de Tempérance.
3. Quatre fois par an, si l'on fait partie de la Société de
Charité.
■4. t Au jour où Ton fait la commémoration solennelle
de tous les associés défunts de la Propagation de la Foi,
quand on appartient à l'Œuvre.
5. t Au jour où l'on fait mémoire des défunts de son
conseil diocésain, de sa division, de sa centurie, de sa
décurie, ou de sa section.
6. t Les six dimanches ou les six vendredis, qui précè-
dent immédiatement la fête du Sacré Cœur de Jésus,
quand on est associé à cette confrérie.
7. f IjG jour que l'on a choisi pour faire son heure d'ado-
ration.
8. f Les mercredis, vendredis et samedis des Quatre-
temps, quand on est du St. Scapulaire.
9. t Le premier dimanche après les Rois, et les troisième
et quatrième dimanches après Pâques, quand on est du
Saint Rosaire.
10. t Une fois l'an, en priant et méditant sur les dou
leurs de la B.-Vierge.
1 1. 1 Le jour de Noël, ou un des jours de l'Octave ou
de la Neuvaine, en faisant la Neuvaine du St. Enfant-
Jésus.
12. f Un autre jour dans l'année, à son choix, en faisant
cette même Neuvaine du St. Enfant-Jésus.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 431
13. t Le Jeudi-Saint, le Jour de la Fête-Dieu, ou un
des jours de l'octave, et encore un autre jour dans l'année
à son choix, quand on dit le Pange lingua^ etc., avec le
verset et l'oraison du St. Sacrement, au moins dix fois par
mois.
14. t Le Jeudi-Saint, en faisant une heure d'adoration,
15. t Le Jour de la Fête-Dieu, en faisant une heure
d'adoration.
16. t Le Jeudi ou le Vendredi Saint, on gagnera même
indulgence qu'aux Quarante-Heures, en visitant le Repô-
soir et y priant un temps convenable.
17. I A la fête du saint patron du lieu oii l'on demeure,
ainsi qu'aux fêtes de Notre-Seigneur, de la Ste. Vierge,
des SS. Apôtres, et de la Nativité de St Jean-Baptiste,
quand on est dans la sainte habitude de communier tous
les mois.
18. Aux cinq principales fêtes de la Sie. Vierge, quand
on est dans l'habitude de dire chaque jour les I^itanies de
la Ste. Vierge. ^
19. Aux fêtes de la Sle. Vierge et à celle de tous les
Saints, quand on dit tous les matins le Salve Regina, et
tous les soirs le Sub tuum, avec les versets : Dignare me et
Benedietus. en réparation des outrages faits à la Mère de
Dieu.
'20. A la fête de Ste. Anne, quand on dit, au moins dix
fois par mois, la prière : Je vous salue, etc.
21. t Un jour par année, à son choix, en récitant le cha-
pelet des Sept Douleurs, au moins quatre fois par mois.
22. Aux fêtes de Noël, Pâques, SS. Pierre et Paul, si on
enseigne la doctrine chrétienne, et si on assiste à ces ins-
tructions.
23. A Noël, Epiphanie, Pâques, Pentecôte, SS. Pierre et
Paul, quand on assiste les Dimanches et Fêtes, à l'expli-
cation de l'Evangile, que donnent les curés dans leurs
Eglises.
24. Deux jours par année, en visitant les Croix et Monu-
ments de Missions.
432 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
25. Quatre jours par année, quand on est régulièrement
agrégé aux Congrégations établies dans les paroisses, par
les RR. PP. Oblats.
26. t Un jour par année, en faisant son pèlerinage à N.
D. de Bonsecours, quand on appartient à la Congrégation
de St. Michel.
27. t Les jours de première Communion, de Confirma-
tion et de Communion du mois, quand on dirige un Caté-
chisme de Persévérance, ou qu'on le fréquente.
28. t Les jours de Services et de Grand'Messe, pour les
Associés défunts de l'Union de Prières et de Bonnes
Œuvres, et un jour par mois, quand on appartient à cette
pieuse Association.
29. t Deux Samedis par mois, quand on appartient à la
pieuse Association de l'Amour Actuel et Perpétuel de la
Très-Sain te- Vierge.
AUTRE CALENDRIER DU MOIS.
On suppose un mois de trente et un jours, commençant
le Dimanche :
1er Dimanche: — Lidulgence pour le f St. Fiosaire.
2me " " des trois Gloria Patri^ etc.
3me " " de N.-D. Auxiliatrice ou le
t Rosaire Vivant.
4me '' " des sept Gloria Patri, etc.
5me '' " la même.
1er Lundi : — Indulgence pour le f ^^^i Creator, etc.
2me " *' la Prose f Veni Sancte Spiri-
lus^ etc.
3me " ;. .j- jgg Actes de Vertus Théo-
logales.
4me " " t ^^ pratique journalière de
la méditation.
5me " " la prière :1[ Que la très-sainte^
la très-excellente^ etc.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 433
1er Mardi : — Indulgence f pour la prière : Angcle Dei,
etc.
2me "■ " f l'assistance au chant, etc.
3me " " f pour la prière : Saint, Saint^
Saint, etc.
4me "• " I pour trois -Prtier et ii.'(? pour
les agonisants.
5me " " f cinq Pater et Ave, avec les
versets: TeergoetPcguiem.
1er Mercredi : — Indulgence de N.-D. Auxiliatrice.
2me " , '• t de la Propagation de la Foi.
3me "• " f la même.
4me " '' t le De profundix, avec le
verset et l'oraison Ficle-
lium, etc.
1er Jeudi : — Indulgence pour la prière : f Seigneur, du
fond, etc.
2me '' " de la prière : f Loué et re-
mercié, etc.
3me " " t '^^- NN., pour être recon-
naissant, etc.
4me " '' l'Adoration Perpétuelle.
1er Vendredi : — f Indulgence du Sacré-Coeur de Jésus.
2me '• t " de l'Œuvre des bons Livres
3me '' t ''■ <Î6 la Confrérie du Sacré-
de Jésus.
4me " t " pour la prière : Cor Jesu,
flagrans amore, etc.
1er Samedi : — Indulgence pour VAngelus, etc.
2me " " le Salve Regina, etc. iCelte
indulgence se gagne
deux fois par mois.)
3me '' " t le Chapelet des Sept Dou-
leurs.
4me '' " t la prière : Seigneur^ Jésus,
pour une bonne mort.
43 i MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
N. B. — Chacun peut se faire, sur le modèle ci-dessus,
son propre calendrier, en adoptant les pratiques qui lui
conviennent le mieux, et qui ne dérangent en rien les
occupations de son état.
INDULGENCES POUR CERTAINES ÉPOQUES DE LA VIE.
I. On gagne une indulgence plénière aux conditions
ordinaires, les jours que l'on est admis à certaines confré-
ries, et à l'article de la mort, quand on a été fidèle à en
remplir les devoirs. Ces confréries sont :
1. Notre Dame Auxiliatrice.
î!. L'Archioonfrérie du Très-Saint et Immaculé Cœur
de Marie.
3. t La Propagation de la Foi. (Il n'y a pas d'indal-
gence le jour de la réception.)
4. f Ls Saint Scapulaire.
5. t Le Sacré Cœur de Jésus.
6. t Le Saint Rosaire-
7. f L'OEuvre des Bons Livres.
8. t La Congrégation de St. Michel.
9. La Bonne Mort.
10. La Sainte Famille.
II. t Le Rosaire Vivant. (L'indulgence plénière i:e gagne
le premier jour de fête après l'admission. Il n'y
en a pas à l'article de la mort.)
L2. f La Saint Vincent de Paul, f Aux bienfaiteurs de
la Société, à la mort seulement.
11. On gagne à la mort, aux conditions requises, une
indulgence plénière, pour chacune des pratiques suivantes,
auxquelles on aurait été fidèle dans le cours de sa vie.
1. Pour l'habitude de se saluer en disant: Laudetur
Jcsiis Christus^ et en répondant : In sxcula, ou sempci\ ou
Amen. Loué soil Jcsus-Christ ilans Ions les siècles., ou tou
jours, ou Ainsi soil-il.
Môme indugence pour les Prédicateurs et les Fidèles,
qui introduiront cette pratique.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 435
2o. Quand on aura récité, chaque jour, les Actes des ver-
tus théologales.
3. Quand on aura dit, chaque jour : Que la Très-Sainte^
etc.
4. t Quand on aura dit son chapelet, au moins une fois
par semaine.
5. Quand on aura dit tous les matins le Salve Regina, et
tous les soirs, le Sub tuurn^ avec les versets : Dignare et
Benedictus^ après chacune de ces antiennes.
6. 1 Pour la prière : Angele Dei., etc., récitée fréquem-
ment pendant la vie.
III. t Le privilège de l'Autel est accordé pour toute
messe dite pour un Associé de la Propagation de la Foi.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTIIÉAL.
Evôché de Montréal, le 5 Septembre I8i7.
Monsieur,
Vous recevrez, avec la Présente, le Mandement du 14
Août dernier, dans lequel j'annonce aux Fidèles les facul-
tés spéciales qu'il a plu à Notre Saint Père le Pape de
vous accorder en leur faveur. En voici quelques autres
qui vous sont propres, et que je vous délègue au nom de
Sa Sainteté, en vertu d'un Induit du 14 Mars 1847, ad
deceunium. 1° Il vous est permis, en baptissant les Adultes,
de vous servir des rites et cérémonies usités pour le
baptême des enfants. 2» Vous pouvez changer l'obligation
de réciter le petit office de la Sainte Vierge, imposée aux
associés du St. Scapulaire, pour gagner les Indulgences
Sabbatines, en d'autres œuvres pies. 3° Vous pouvez aussi
gagner, chaque jour, toutes les Indugences pour lesquelles
sont requises la confession et la communion, pourvu que
vous vous confessiez au moins une fois tous les quinze^
«
436 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
jours, et que vous remplissiez toutes les autres œuvres
prescrites. 4'J Je suis autorisé à bénir les croix et à y
appliquer une Indulgence plénière. pour tous ceux qui
les baiseront dévotement à l'article de la mort. Il vous
sera donc facile, en visitant vos malades, de leur procurer
cet avantage précieux, moyennant une croix ou un cru-
cifix que je vous bénirai bien volontiers à cette fin. 5» Je
suis également autorisé à appliquer les Indulgences de la
Voie de la Croix à de simples croix. Les personnes infirmes
de votre paroisse se trouveront par là très-beureuses de
pouvoir participer à ces innombrables Indulgences. Pour
les favoriser plus efTicacement dans leur dévotion, je
donne à MM. les Grands Vicaires le pouvoir de bénir des
croix ou crucifix, et de leur appliquer les Indulgences du
Ghemui de la Croix, pour toutes les personnes qui seront
jugées, par leur curé, moralement empêchées de faire ce
pieux exercice à l'Eglise Paroissiale, ou en tout autre lieu
où il aurait été publiquement établi.
Pour profiter de tant de privilèges, que votre foi et la
piété de voti-e peuple sauront bien apprécier, et que je
n'ai pu obtenir que par le secours de vos prières réunies,
je profite de la Présente pour vous adresser quelques ob-
servations sur ce qu'il faudra faire à cette fin.
lo La Fête du Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie
vous fournira, chaque année, l'occasion d'exhorter les
Fidèles à bénir le Père des miséricordes pour toutes les
grâces qu'ils en ont reçues, et à se renouveler dans la
dévotion à la. Ste. Vierge. Cette cérémonie fera une im-
pression toujours nouvelle, si vous ajoutez à vos discours
la décoration de la chapelle ou de la statue de la Ste.
Vierge, l'éclat du luminaire et le chant de quelque canti-
que qui prépare les cœurs à se pénétrer des sentiments
exprimés dans l'acte de consécration.
2" En disant, chaque jour, la collecte p)-o quacumque
neccssitate, veuillez bien unir vos intentions aux miennes ;
car elles sont bien grandes les nécessités pour lesquelles-
^nous réclamons la diyine miséricorde.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMEiNTS. 437
30 Les Indulgences, accordées aux monuments de mis-
sion, ont pour objet principal de faire prier les Fidèles,
afin qu'ils conservent à jamais le souvenir des grâces
abondantes qu'ils ont reçues pendant les Retraites, et qu'ils
persévèrent dans les saintes résolutions qu'ils y ont prises.
Il serait bon de leur suggérer diverses pratiques faciles, et
propres à leur rappeler la mémoire des miséricordes du
Seigneur: v. g. de se réunir le soir devant ces religieux
monuments, pour y faire leurs prières ou y réciter le
chapelet ; d'y aller dire trois Pater et trois Ave chaque fois
qu'ils viennent à l'Eglise ; de s'y arrêter, quand ils sont
en route, pour y réciter ces courtes prières, afin d'obtenir
la bénédiction de Dieu sur leurs voyages ; de choisir deux
Dimanches, dans l'année, v. g. ceux qui sont les plus
proches des fêtes de l'Invention et de l'Exaltation de la
Ste. Croix, pour y aller en corps de paroisse, gagner les
deux Indulgences dont il est question dans le Mandement,
et s'y renouveler dans les résolutions de la retraite par
quelqu'exercice particulier.
4'3 Les privilèges d'autel dont vous êtes favorisé vous
serviront à entretenir parmi les Fidèles la dévotion aux
âmes du Purgatoire. C'est d'ailleurs pour chacun de nous
un moyen efficace de réparer certaines négligences que
nous aurions à nous reprocher, et pour lesquelles peut
être certaines âmes souffriraient dans ce lieu d'expiation.
On peut espérer qu'il y aura à l'avenir plus de monde aux
messes qui se chantent pour les âmes du Purgatoire, et
surtout plus de personnes qui communieront à ces messes.
II en résultera que bien des personnes se confessant la
semaine, vous ne serez pas écrasé le Dimanche par une
trop grande foule de pénitents. Par cette méthode, il est
facile de passer toute sa paroisse trois ou quatre fois par
année, même les plus grandes. En rappelant donc souvent
au peuple que le Maître-Autel est privilégié, on procurera
aux trépassés plus de messes, plus d'indulgences et plus
de communions; et aux vivants, un motif de s'approcher
souvent des sacrements.
â38 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
50 Les pouvoirs si particuliers qui vous sont donnés
d'indulgencier les croix, chapelets et médailles, vous ser-
viront très efficacement pour entretenir la dévotion du
chapelet dans chaque famille de votre paroisse. Il est à
désirer que vous n'en fassiez la bénédiction que les
Dimanches et Fêtes après la grand'raesse ; et que de temps
en temps vous disiez au Prône, en français, tout ce que
l'Eglise demande, en latin, pour ses enfants, dans ses
oraisons pour ces sortes de bénédictions. L'explication de
la rpanière de dire le chapelet, et de s'entretenir des divers
mystères de la vie de Notre Seigneur et de laSte. Vierge,
peut être aussi fréquemment la matière d'un excellent
Prône. L'expérier,ce est là pour prouver que les meil-
leures familles, comme les meilleures paroisses, sont celles
où la dévotion du St. Rosaire est le plus en pratique.
Elle est d'ailleurs d'autant plus facile que l'on peut y
satisfaire pleinement par une dixaine du chapelet, chaque
jour. J'ai apporté d'Europe diverses brochures qui facili-
teront beaucoup l'organisation du Rosaire Vivant parmi
les Fidèles. D'ailleurs il est à croire que cette dévotion
une fois bien comprise, et les douceurs qu'elle renferme
étant bien senties, les cinq dixaines suffiront à peine pour
satisfaire leur piété.
Go Afin que la fréquentation de la ville ne soit pas, pour
les gens de la campagne, une occasion de démoralisation,
et qu'ils remportent chez eux leur innocence, après y
avoir fait leurs afTaires, vous feriez bien de les exhorter
d'aller, chaque fois qu'ils vont au marché, se recomman-
der à Notre-Dame de Bonsecours. J'espère qu'ils y trou-
veront des secoure religieux qui les fortifieront contre les
scandales et surtout les dangers de l'impureté et de l'in-
tempérance. Je vais établir dans ce sanctuaire la confrérie
de Notre Dame Auxiliatrice, qui convient si bien à cette
chapelle, et qui, jusqu'ici n'a eu, dans ce diocèse, aucun
centre de ralliement.
70 Pour les mêmes raisons, vous pourriez engager ceux
de vos paroissiens qui sont dans l'usage de venir, chaque
GIHCULAIUES ET AUTRES DOCUMENTS. 439
année, passer un temps assez considérable en ville, à aller
prier à l'Eglise Cathédrale, où chaque jour ils peuvent
gagner une indulgence plénière ; et à faire la visite des
sept Eglises de Stations, ainsi que le pèlerinage de Bon-
secours. Vous recevrez prochainement le livre qui doit
être imprimé pour faire connaître la dévotion aux Stations
des sept Eglises de Rome.
80 Le diocèse est maintenant doté de trois institutions
d'hommes et de quatre de femmes, pour donner à l'enfance
une éducation soignée et religieuse, telle qu'il en faut à
notre bon peuple. Je connais combien, pour propager
cette bonne éducation, vous désirez voir se multiplier
parmi vous ces excellentes institutions dont vous sentez si
vivement le besoin, à cause de la difficulté que vous aviez
de vous procurer de bons instituteurs et institutrices. Le
premier moyen pour arriver à ce but si désirable est, sans
contredit, de diriger et favoriser les vocations pour ces
divers instituts. Car, si chaque paroisse fournissait seule-
ment trois ou quatre frères et autant de sœurs, ou aurait
bientôt pourvu à nos plus pressants besoins. Or, c'est ce
que vous ne manquerez pas de faire^ dans la juste con-
fiance que vous pouvez concevoir que l'on préférera, pour
y faire de ces sortes a'établissements, les paroisses qui
donneront plus de sujets à l'état religieux. Four arriver
plus vite à cette fin, je vous conseille de faire dire, chaque
jour, dans chaque école, ^m Pater et un Ave^ à cette inten-
tion. Car, nul doute que les prières des enfants, qui
demanderont avec ferveur et persévérance, de bons maî-
tres et de bonnes maîtresses, pour leur enseigner, avec
les sciences humaines, la crainte de Dieu, ne soient promp-
tement exaucées.
90 Quant aux œuvres de charité, les giands besoins des
pauvres qui augmentent de plus en plus, font sentir la
nécessité de les multiplier. Partout on trouvera de pauvres
vieillards infirmes et de tendres enfants orphelins, qui
sont sans ressource, et exposés à bien des soufTiances.
Dans mon dernier voyage d'Europe, j'ai eu occasion de
440 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
visiter, dans de petites villes, plusieurs hospices de charité
où l'on soignait un grand nombre de malheureux, parce
que les campagnes environnantes se cotisaient pour les
soutenir, et avaient droit pour cela d'y envoyer leurs
infirmes. En suivant ce bel exemple, on déchargerait les
paroisses de ces invalides que l'on se passe de maison en
maison, et que quelque fois on a l'inhumanité de laisser
dans les chemins, ou d'exposer dans les rues, aux portes
des hôpitaux de la ville qui ne peuvent suffire aux besoins
des pauvres qui y demeurent. Les établissements de ce
genre déjà faits à St. Hyacinthe et à Laprairie, pour ne
pas parler de tous ceux de ce diocèse, sont assurément di-
gnes de tout éloge et méritent d'être imités. Si, dans chaque
comté, on avait une semblable maison, on pourvoirait à
bien des nécessités, et on s'attirerait toutes les bénédictions
assurées à la charité. On préparerait les voies à ces hos-
pices, si l'on établissait l'association de charité dans chaque
paroisse, conformément aux règles de St. Vincent de Paul^
imprimées dans le manuel des sociétés de tempérance et
de charité, en 1842.
10'3 Enfin tant de prières et de bonnes œuvres, que vont
favoriser les grâces insignes que nous venons de recevoir
du St. Siège Apostolique, produiront, j'en ai la confiance,
les heureux fruits qu'il faut en attendre. Elles auront
pour effet de conserver la foi et les mœurs dans ce diocèse.
Pour conserver la foi, il faut travailler à empêcher nos
braves gens de recevoir des livres corrompus, et d'envoyer
leurs enfants à des écoles dont les instituteurs seraient
sans religion, ou qui enseigneraient l'erreur. L'établisse-
ment de bonnes bibliothèques de paroisses, telles qu'on en
trouve heureusement en plusieurs lieux, préserverait le
peuple du danger des mauvaises lectures. On pourrait se
procurer d'excellents livres à bas prix, en s'agrégeant à la
société des bons livres à Bordeaux. Les mauvaises écoles
sont encore plus à craindre. Aussi faut-il faire tout au
monde pour empêcher que les enfants ne les fréquentent.
L'on doit surtout faire tous ses efforts pour qu'ils n'aillent
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 441
point dans ces établisstnnents évidemment érigés pour
pervertir leur foi, et où, pour arriver à celte fin, on les
loge, nourrit et habille gratis.
Quant aux mœurs, les points essentiels à gagner dans
ce moment sont les fréquentations et la tempérance.
Quelque difTicile qu'il soit de déraciner la mauvaise habi-
tude des veillées seul à seul et le vice affreux de l'ivro-
gnerie, il faut espérer que bientôt ces deux plaies seront
guéries. En encourageant de toutes nos forces la Société
de Tempérance et les congrégations de filles, nous serons
plus forts pour attaquer et vaincre ces deux monstres
affreux. Nous serons assurément victorieux de ces terri-
bles ennemis de noire peuple, si, en travaillant à sa scnc-
tification, nous ne perdons point de vue ces deux sentences
de l'Apôtre : Exemplum esta fidelium Labora sicut bonus
miles
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
-f- lo Ev. DE Montréal.
P. S. — Le Bureau de la Caisse Ecelesiastique se tiendra
â l'Evôché, le 7 Octobre prochain, à neuf heures du
matin.
La Retraite Pastorale ne pouvant avoir lieu, cette
^nnée, je vous engage à faire la vôtre en particulier, dans
quelques-unes des communautés que vous jugerez bon de
choisir. Toutes vous accueilleront avec plaisir, et en
particulier l'Evèché, si vous voulez bien y venir. La
présente Circulaire suppléera, en partie, à ce que j'aurais
€u à vous communiquer, si la Providence m'avait permis
de vous rencontrer dans un temps si précieux.
f Ig., Ev. de M.
(Vraie Copie,)
J. 0. Paré, Chau., Secrétaire.
442 MANDEMEiNTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURES DU DIOCESE DE MONTREAL.
Evêché de Montréal, le 12 Octobre 1847.
Monsieu)\
C'est le cœur navré de douleur que je vous annonce
trois horribles vols s&criléges, qui ont été commis dans
trois Paroisses de ce Diocèse : le premier à St. Martin,
dans la nuit du 1er au 2 courant ; le second à la Pointe-
aux-Trembles, dans celle du 4 au 5 et le troisième à St.
André, dans celle du 7 au 8.
Votre premier mouvement, en apprenant ces affreux
attentais, sera, sans doute, de faire amende honorable à
Notre Seigneur si indignement outragé dans le Sacrement
de son amour. Puis, votre premier soin sera de prendre
des précautions pour que pareil malheur n'arrive point
dans votre paroisse. Pour cela, il faut mettre en lieu sûr
tous les vases sacrés, lorsque les offices sont finis, et garder
les Saintes Espèces dans des boîtes de carton, revêtues de
soie en dehors, et doublées en dedans de toile que je vous-
permets de bénir comme corporal. Afin de vous épargner
la peine de purifier les Ciboires, chaque fois que vous
voudrez vous en servir pour donner la Sainte Communion^
ces boîtes devraient être faites de façon à pouvoir entrer
dans les Ciboires.
Je suis cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
7 Ir.. EvÈQUE DE Montréal.
Vraie copie.) J. 0. Paré, Chanoine Sccrciaire,
CIRCUL.YIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 44.1!
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU D'.OGÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, 27 Octobre 1847.
Monsieur^
Pour votre direclioa dans le tribunal de la Pénitence,
je m'empresse de vous transmettre la réponse que je viens
de recevoir de la Sacrée Congrégation de la Propagande,
à deux questions que je lui soumis pendant que j'étais à
Rome :
K Le soussigné, Evèque de Montréal, désirant faire
« suivre dans son diocèse la saine morale et les sainies'
(( règles de l'Eglise, prie respectueusement Vos Eminences
« de vouloir bien lui donner la solution des cas suivants,
« Il existe dans le dit Diocèse de Montréal des sociétés
'( secrètes. Pour en détourner les fidèles confiés à ses
« soins, TEvôque a publié le mandement ci-joint, afin de
« leur faire connaître les constitutions des Souverains
« Pontifes contre de telles sociétés. Beaucoup d'associés
« ont été alarmés en entendant la lecture de cette Ordoiî-
<( nance. Ils ont représenté qu'à la vérité on les obligeait
« à garder le secret de la société, mais que ce secret se
« réduisait à ne jamais révéler les signes que se donnent
» les associés pour se connaître, et qu'ils n'étaient pas sous
(( serment, mais sous promesse d'honneur.
« Que penser de ces sociétés ? Sont-elles du nombre de
(( celles que le St. Siège a anathématisées ? Quelle con-
« conduite peut on et doit-on tenir à l'égard des associés ?
« Peuvent-ils approcher des Sacrements sans renoncer à
« ces sociétés ?
« L'art du magnétisme s'exerce dans le dit diocèse. Est-
« il crinsinel, quand on prétend savoir ce qui se passe danS'
« les lieux fort éloignés, ou ce qui est tout-à-fait intérieur
« et caché dans le cœur? Quand on s'en sert pour décou-
444 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« vrir des voleurs ou malfaiteurs ? Quand on en fait usage
« pour assoupir les personnes à qui il faut faire l'amputa-
« tion de quelques membres, afin de les rendre insensibles
'< à la douleur.
'i (Signé), -|- Ig. Ev. de Montréal.»
FER IV DIE 28 JULII, 1847.
In Congregatione Generali S Romanœ, et Universalis
Inquisilionis habita in Con ventu S. Marise supra Minervam
coram Emis, et Rmis. DD. Gardinalibus S. R. E., in tota
Republica Ghristiana contra hœrelicam pravitatem Inqui-
sitoribus Gnlibus. a S. Sede specialiter deputatis, audita
relatione suprascripti supplicis libelli una cum DD. Con-
sullorum voto ; iidem Emi. DD. decreverunt : quoad sectas
clandestinas R. P. D. Epum. Marianopolitanum relate ad
Literas Pastorales bene se gessisse. Relate ad qusesilâ,
detur Decrelum Fer. IV die 5 Augusti, 1846, prout
sequitur.
DEGRETUM.
Societates occultse de quibus in Pontificiis Gonstitutio-
nibus sermo est eœ omnes intelliguntur, quœ adversis
Ecclesiam, vel gubernium sibi aliquid proponunt, e.xigant,
vel non exigant a suis asseclis juramentum de secreto
servando, et ad mentem.
Mens est quod laudatus Epus. moneatur per sacram
Gongregationem de Propagande Fide, ut communicat
tantum Gofifessariis liujiis modi responsura, et caveat ab
ejus publicatione.
Qnoad Magiietismum pro nunc detur decietimi l'er III^
loco IV, "23 Junii, 1840, proui sequitur.
DEGRETUM.
Remoto omni errore, sorlilegio, e.xplicila aut implicita
Dremonis invocatione, usus magnetismi, nempe merus
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 445
acîus ddhibendi média physica aliunde licila, non est
moraliter vetitus, dummodo non tendat ad finem illicilum,
ant quomodolib^3tpravum. Applicatio aulem principiorum,
et mêdiorum pure physicorum ad res, et effectus vere
supernatuT-ales, ut physice explicentur, non e^l nisi decep-
tio omnino illicita. et haireticalis.
Loco 7 Sigili^
ANGELUS ARGENTI,
s. Roma3. et Unlis. Inqis. Nolius.
Je crois au- si devoir vous adresser copie d'une lettre
que je reçois du Vice-Président du Conseil Gential de
Lyon pour l'OEuvre de la Propagation de la Foi : —
« Lyon, le 27 Septembre, 1847.
« Monseigneur^
« Nous venons avec conûance vous adresser Texpression
« d'un vœu, à la réalisation duquel nous attachons, et à
« juste titre, le plus haut prix.
« Il y a dix ans, les conseils demandèrent à tous les Evê-
« ques et autres supérieurs des Missions qui étaient alors
« inscrites sur les listes de nos répartitions annuelles, de
'( faire célébrer une Messe, le 3 Novembre de chaque
année, dans tous les lieux soumis à leur jurisciiction
« apostolique, pour le repos des âmes des associés et bien-
« faiteurs défunts de l'OEuvre de la Propagation de la Foi.
« Cette grâce nous fut accordée, et nous ne doutons pas
<i qu'elle n'ait été un précieux encouragement pour tous les
« fidèles agrégés à notre œuvre, en même temps qu'une
« des causes qui ont contribué à lui donner de nouveaux
<( souscripteurs.
« Mais parce que depuis cette époque, le nombre des Mis-
« sions récemment établies, ou de celles qui n'étaient point
« secourues alors par l'OEuvre de la Propagation de la Foi,
30
446 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« a notablement augmenté, nous venons solliciter de leurs
(( respectables supérieurs une faveur analogue à celle dont
a il vient d'être question, afin que le religieux tribut dont
« notre Œuvre jouit déjà, soit acquis désormais à tous ses
« associés et bienfaiteurs défunts, dans toutes les Missions,
« sans exception.
« Nous osons donc vous prier, Monseigneur, si vous êtes
« au nombre des chefs de Missions qui ont déjà concédé à
« rOEuvre l'insigne faveur dont nous venons de parler, de
n vouloir bien la regarder comme une concession perpé-
« tuelle, et si notre demande au contraire vous parvient
« pour la première fois, de ne pas vous refuser à l'accueil-
« lir et à l'exaucer.
« Nous vous oÛrons par avance nos respectueux remer-
« ciments et l'hommage de la profonde vénération avec
« laquelle
« Nous avons l'honneur d'être,
(I Monseigneur, de Voire Grandeur,
« les très humbles et très obéissants serviteurs,
« Pour le Conseil central^ le président,
« (Signé,) Terret,
« Vice-Président. »
Gomme le Diocèse a reçu de grands secours du dit Gon-
seil Central, et que ce serait d'ailleurs un encouragement
pour les Fidèles de ce Diocèse que cette union de prières
pour le « repos des àmos des associés et bienfaiteurs dé-
funts de l'OEuvre de la Propagation de la Foi.n je vous
invile à célébrer chaque année, le 3 Novembre, la Messe
qui fait l'objet de la dite Lettre. Gomme de raison, nous en
donnerons l'exemple à la Galhédrale.
Je profite de l'occasion pour vous informer que la So-
ciété de Tempérance, à Montréal, se propose de se mettre
CIHCULAIUES ET AUTRES DOCUiMENTS. 4i7
€11 rapport avec les Associations des paroisses de la cam-
pagne. Gomme il est à espérer qu'il en résultera un très
grand bien, je vous prie de vouloir bien favoriser ces rap-
ports, en la manière qu'il vous sera proposée par le Gonse 1
«de l'association de cette ville.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
V'olre très humble et obéissant serviteur,
i
i(Vraie copie),
J. 0. Paré, Chan.Secré:.
LETTRE PASTORALE
DE MONSEUtNEUR l'ÉVÉQUE DE MONTRÉAL, SOLLICITANT LA
CHARITÉ DE SES DIOCÉSAINS, EN FAVEUR DES ORPHELINS DES
IRLANDAIS ÉMIGRANTS.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint Siège Apostolique^ Eve'que de Montréal, ete., etc.
Au Clergé Séculier el Régulier, aux Communautés el à tous les Fidèles
(le Notre Diocèse : Salut et Bénédiction en Noire-Seigneur.
La présente Jjettre Pastorale est pour vous annoncer.
Nos Très-Ghers Frères, que nous avons à placer deux
cent vingt-neuf enfants orphelins, et pour faire à ce sujet
appel à votre charité. Vous n'avez point oublié que le
vingt-quatre Juin dernier, Nous vous donnâmes commu-
nication de la Lettre Encyclique de Notre Saint Père le
Pape, qui nous peignait, sous des couleurs les plus vives,
les maux affreux de l'Irlande, et nous recommandait avec
instance de faire des prières publiques pour des frères si
malheureux.'
448 "^lANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Vous avez répondu, avec un empressement digne de
loul éloge, à l'invilaLion si tendre du Père commun des
fidèles, comme le prouvent les nombreux concours qui
ont rempli nos églises pendant les trois jours de supplica-
tions indiqués pour chaque paroisse. Une des intentions
du Souverain Pontife, en nous invitant à faire ces prières,
était de détourner des divers peuples chrétiens, le fléau
qui désolait l'Irlande. Sous ce rapport, nous avons été
exaucés. Nos Très-Ghers Frères ; car pendant que la con-
tagion exerçait de si funestes ravages aux portes de notre
ville, la santé publique était beaucoup meilleure que de
coutume.
A la vérité, nous avons eu à déplorer ensemble les
grandes pertes qu'ont faites le clergé et les communautés,
nendant ce temps d'épidémie. Mais ce qui nous a consolés,
c'est que d'abord la mort de ces généreuses victimes de la
charité a été très-précieuse aux yeux de Dieu, et qu'en-
suite le Seigneur s'est contenté d'appesantir sur nous
seuls son bras et vous a épargnés. Car telle est Notre
disposition, que Nous pouvons, quand il s'agit de vos
intérêts, dire avec l'Apôtre : « Pour ce qui est de nous^ 7ious
donnerom encore trcs-volonliers tout ce que nous avons ; et
nous nous donnerions encore nous même pour le salut de
vos âmes. ^2 Cor., 12. 15).
Ici, Nous avons à vous témoigner. Nos Très-Chers-
Frères, combien Nous avons été sensible aux vœux em-
pressés que vous avez bien voulu adresser au ciel pour
Nous et pour Notre digne coadjuteur, lorsqu'il a plu au
Seigneur de Nous visiter par la maladie. C'est à vos
prières, Nous n'en doutons pas, que Nous devons la santé
dont Nous jouissons maintenant. Aussi Nous sentons-
Nous pressés d'un ardent désir de consacrer à la sanciifi-
cation de vos âmes tous les moments de cette vie que le
Seigneur a daigné Nous prolonger. Car c'est lui-même
qui nous avertit: qiCil nous faut faire les œuvres de Celui
qui Nous a envoyés travailler à votre salut, tant qu'il fait
jour. Car la nuit arrive pendant laquelle on ne peut plus
CIKCUL.VniES ET AL'TUES DOCUMENTS. WJ
travailler. Oh ! oui, Nos Très-Chers Frères, croyez-le, on
se trouve les mains bien vicies de mérites, quand on se
voit aux portes de l'éternité ; et que l'on se croit sur le
point de paraître devant le Juste Juge, qui juge les justices
mômes, et trou^-e des tache» jusque dans ses Anges ; qui
nous prévient dans l'Evangile qu'il faudra payer à sa
-sévère justice jusqu'à la dernière obole, et que rien de
-souillé n'entrera dans le royaume des cieux.
Faisons donc le bien. Nos Très-Chers Frères, pendant que
nous en avons le temps. (Gai. 6. 10.) Faisons-le à regard de
tous, mais principalement à Végard des domestiques de la
Foi. C'est, l'avis important que nous donne l'Apôtre, et
qui nous convient particulièrement dans les circonstances
présentes. Car vous n'avez pas oublié ce que Nous vous
disions dans Notre Lettre Pastorale du vingt-quatre Juin
dernier. L'affreuse mortalité qui décimait à cette époque
les émigrants, faisait une multitude d'orphelins. Ces
pauvres enfants n'ayant plus 4e pères pour les nourrir, ni
de mères pour les aimer et les réchauffés sur leurs seins,
Ja religion nous imposait It devoir sacré de les prendre
sous Notre protection spéciale. Orphano tu eris adjutor.
(Ps. 10. 14.) Ils étaient en effet trop malheureux pour ne
pas mériter toute Notre compassion. Aussi dès lors Nous
les aimions, comme on aime toujours les enfants de la
douleur.
Notre premier mouvement, en faveur de ces innocentes
victimes du fléau dévastateur, fut d'élever la voix pour
vous peindre de notre mieux leurs indicibles souffrances ;
ou plutôt les voix plaintives et gémissantes de plusieurs
centaines d'orphelins se firent, par notre organe, entendre
à vos cœurs, toujours si sensibles, et vous dirent avec tout
l'accent de la douleur : k 0 vous tous qui passez par ces
^< lieux, consacrés par les souffrances de nos pères et de
a nos mères, et où s'élèvent tristement leurs lombes, voyez
1 s'il y a une douleur semblable à notre douleur.... Faites
<( pour nous, pauvres petits orphelins, ce que voudriez
a que d'autres fissent pour vos propres enfants, si comme
450 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« nous, ils avaient le malheur de vous perdre dans un
« pays lointain; si comme nous, ils étaient sans parents
« et sans amis sur une rive étrangère ; si comme nous, ils
« étaient exposés à toutes les horreurs de la misère, qui
« poursuivent partout l'orphelin !...»
Nous entrâmes alors dans vos vues, et Nous fîmes pour
ces enfants étrangers ce qu'assurément vous voudriez que
tout Evêque fit pour les vôtres si. par le malheur des
temps, ils devenaient orpheUns, dans quelque pays éloigné
où vous seriez obligés de vous réfugier, pour échapper à
quelque grand lléau qui désolerait votre patrie. Pour
cela, Nous ouvrîmes un asile afin d'y recueillir les orphe-
lins des émigrants, et Nous le mîmes sous la protection
de St. Jérôme Emilien, parce que ce grand saint ayant
consacré sa vie aux soins des orphelins, Nous espérions de
son puissant crédit auprès de Dieu, le succès d'uns entre-
prise aussi importante. Notre confiance était d'autant
plus juste que Nous avions.vu de nos yeux, pendant que
Nous étions à Rome, les fruits merveilleux qu'avaient
produits et que produisaient encore le zèle et la charité
de ce père des orpheUns. Notre intention était de faire
soigner ces pauvres orphelins, et de les placer ensuite
dans de bonnes familles où l'on en prendrait soin comme-
de ses propres enfants. Car il Nous semblait qu'il eût été
souverainement imprudent de Notre part d'exposer la
santé publique en dispersant ces enfants, presque tous
atteints de la contagion, parmi les habitants de ce diocèse.
Dans cet'e vue. Nous les confiâmes à la charité des bonnes
religieuses qui les reçurent à bras ouverts, et qui exposè-
rent leur vie pour leur prodiguer les soins les plus péni-
-bles et les plus répugnants à la nature.
Le gouvernement de Sa Majesté voulut bien avoir pour
agréable un semblable établissement ; et malgré les- énor-
mes dépenses que lui occasionnait l'émigration, il en fit
généreusement la dépense. Ce fut le onze Juillet dernier
que Montréal vit naître cette nouvelle œuvre, et que Noue
eûmes la consolation d'aller chercher Nous-même ces-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 451
tendres enfants aux abris de la Pointe St. Charles. Nous
devons vous le dire ici, Nos Très-Chers Frères, dans la
sincérité de notre âme, qu'un des plus doux moments de
Notre vie fut celui, où, à la tète de cette nombreuse
famille d'orphelins, Nous traversions les rues de cette
ville, pour les conduire par la main aux hospices qui
leur étaient préparés. Le spectacle de ces centaines d'en-
fants, décharnés par la faim, couverts de haillons et suc-
combant aux attaques de la terrible maladie qui les avaient
privés de leurs parents, était trop poignant pour que Nous
puissions jamais l'oubher.
Depuis qu'il est fondé, l'on y a reçu six cents cinquante
orphelins, sur lesquels cent quatre-vingt-huit ont été
placés ou réclamés, et trois cent trente-deux sont morts.
Il en reste donc encore cent trente. De plus, il s'en trouve
aux hôpitaux de la Pointe St. Charles quatre-vingt-dix-neuf
autres, qui n'ont pu être placés au dit asile. Telle est en
peu de mots l'histoire de la fondation de l'Asile de St.
Jérôme, dont l'objet est de recueillir et de soigner les
orphelins irlandais, en attendant qu'on puisse les placer
dans des maisons honnêtes et charitables. Il s'élève lente-
ment, au milieu des peines et des souffrances, co monu-
ment de charité ; mais il est arrosé de trop de sueurs et
de sang, pour n'être pas béni de Dieu et des hommes.
C'est en faveur des deux cent vingt neuf orphelins dont
Nous venons de vous parler, Nos Très-Chers Frères, que
Nous vous écrivons aujourd'hui, pour vous exhorter à les
accueillir dans vos maisons et à les élever comme vos
enfants. Pour vous porter plus efficacemeni à ce devoir
de charité. Nous empruntons le langage de St. Paul, et
Nous vous disons ce qu'il disait à son bien-aimé disciple
Philémon, pour l'encourager à recevoir dans sa maison
un serviteur fngitif. « Nous rendons grâces à Dieu, nous
souvenant sans cesse de vous dans nos prières, en appre-
nant quelle est votre charité et la foi que vous avez dans
le Seigneur Jésus, et envers tous les Saints,» c'est-à-dire
les pauvres qui le représent sur la terre. Les nombreux
45-2 MANDEMEiNTS, LETTRES PASTORALES,
établissements que l'on voit s'élever de toutes parts, par
vos inépuisables largesses, font « éclater aux yeux de tout
le monde la libéralité qui naît de votre foi, et font con-
naître les bonnes œuvres qui se pratiquent parmi vous
pour l'amour de Jésus-Christ.» Votre chanté, Nos Très-
Chers P>ères, Nous a donc comblé de joie et de consola-
lion, en voyant que les cœurs des saints ont été tant
soulagés par votre compassion, Viscera Sanctorum requie-
verunt pcf te^ fraler. Car Nous devons vous remercier ici
en particulier des aumônes que vous Nous avez transmises,
pour répondre à l'appel que Nous fîmes à votre charité,
dans Notre Lettre du vingt-quatre Juin dernier ; tout en
vous informant que ces secours ne pouvaient venir plus à
propos, à cause des dépenses considérables qu'il Nous a
fallu faire pour soulager, autant que possible, d'aussi
grandes misères.
Plein de la grande confiance que Nous inspire votre
charité passée, Noii< Nous adressons aujourd'hui à votre
bonté accoutumée, et Nous vous prions d'en faire sentir
les effets à ces pauvres orphelins qui sont si chers à votre
cœur. '( Nous aurions bien l'autorité de vous le comman-
der au Nom de Jésus Christ, » en faisant valoir ici le pré-
cepte de la charité • « Mais Nous préférons laisser agir les
motifs de l'amour, » toujours plus puissants sur des cœurs
tendres et généreux. Propltr caritatem magis obsecro.
« Or, la prière que Nous vous faisons est pour ces enfants
que Nous avons engendrés dans les liens» et les douleurs
de la terrible épidémie, qui les a privés des seuls soutiens
qu'ils eussent au monde. Nous les confions à vos soins cha-
ritables; recevez-les comme les objets de notre plus tendre
compassion : ut mca viscera suscipe.
Oui, Nos Très-Chers Frères, recevez-les sans nullement
considérer que, selon la chair, ils sont d'une origine
étrangère à la nôtre ; car unis comme ils le sont à Jésus-
Christ par la foi, il ne font avec nous qu'un seul et même
peuple. Quanti autem magis tibi, m carne et in Domino.
Rec-^vez-les sans non plus considérer que d'abord ils
CIHCULAIÎJES ET AUTRES DOCUMENTS. 453
pourraient vous être à charge ; car vous savez très-Lien
que la charité, pour être méritoire, doit s'exercer gratui
tement, et pour l'amour de Jésus-Christ. Au reste, avec
Dieu, il n'y a rien de perdu, et tout est récompensé au
centuple dans ce monde, ave", promesse de la vie éternelle
dans l'autre. Philémon en est ici une preuve frappante,
car pour avoir fait grâce à Onésime, pour lequel le grand
Apôtre avait déployé toutes les richesses de son éloquence,
en faisant parler toutes les entrailles de sa charité, il eût
le bonheur d'en faire un compagnon fidèle de St. Paul,
un Evoque embrasé de zèle, un glorieu.x Martyr de Jésus-
Christ.
Il en sera de même de nous tous, Nos Très-Chers Frères,
et il faut l'espérer. En adoptant ces pauvres enfants, Nous
en ferons des compagnons de notre foi, de bons prêtres,
de ferventes religieuses, d'excellents concitoyens qui,
élevés parmi nous, feront toujours cause commune avec
nous. Qui tibi aliquando inntilis fuit, nunc autem ei mihi
et tibi ulilis.
Recevez donc, Ministres du Seigneur, et adoptez ceux
de ces enfants à qui la Divine Providence a départi d'heu-
reuses aispositions ; et espérez que par les généreux sacri-
fices que vous ferez pour leur procurer une bonne éduca-
tion, ils deviendront un jour l'ornement du sanctuaire, et
vos dignes collaborateurs dans les travaux du saint minis-
tère : ut mea viscera suscipe.
Recevez, Séminaires et Collèges, et adoptez quelques-
uns de ces tendres enfants, que la nature et la grâce se
sont plû à orner de riches talents, exprès, ce semble, pour
vous récompenser de la charité que vous allez exercer, en
cultivant leurs bonnes qualités et en les rendant capables
de vous aider à remplir la belle mission que vous a donnée
la Divine Providence : ut mea viscera suscipe.
Recevez, Communautés consacrées à l'enseignement, ou
à la charité, et adoptez ces pauvres orphelines qui vous
tendent leurs petites mains suppliantes. Ah 1 sans doute
qu'en jetant dans leurs cœurs pleins de foi, la bonne
454 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
spmence d'une éducation religieuse et soignée, vous en
ferez pour Ja plupart de dignes épouses de Jésus-Christ,
qui travailleront avec vous à faire bénir en tout lieu vos
Saints Instituts, en multipliant les œuvres de justice que
vous opérez pour la plus grande gloire de Dieu : Ut mca
viscera suscipe-
Recevez, pieux et charitables Laïcs, et adoptez ces
tendres enfants avec cette joie cordiale qui caractérise la
vraie charité. Ayez pour eux toute la tendresse que vous-
aimeriez à voir chez ceux qui recevraient vos propres
enfants s'ils avaient le malheur de vous perdre, et si^
relégués sur une terre étrangère, sans parents et sans
amis, ils étaient rédints à une aussi affreuse misère. N'est-
ce pas le temps, s'il en fut jamais, d'accomplir ces tou-
chantes paroles du Seigneur : « Faites aux autres ce que
vous voudriez qu'on vous fit, » Pvout vuUis ut faciantvobis
hommes, et vos facite ilUs similiter. (Luc, 6, 3L)
Animés de ces sentiments, vous accueillerez ces enfants,
vous les élèverez avec soin, vous les corrigerez avec bonté,
vous les aimerez avec tendresse. Oh ! qu'ils vous paraî-
traient intéressants et aimables, ces enfants, si vous saviez
comme ils sentent vivement le bien qu'on leur fait:
comme ils sont reconnaissants pour ceux qui en prennent
soin, comme ils prient avec foi le Père des miséricordes
pour ceux qui les assistent ; comme ils s'embrassent avec
de vifs transports de joie, quand ils se rencontrent après
s'être cru morts ; comme ils sont émus, quand il leur fau',
se séparer les uns des autres pour ne plus peut-être jamais
se revoir; comme ils pleurent quand on leur rappelle le
souvenir de leurs chers parents ou de quelques-unes des
personnes charitables qui ont sacrifié leur vie pour les
soulager dans leur malheur; comme ils regardent avec
attendrissement ceux qui les viennent voir pour les adop-
ter, dans i'espoir d'être assez heureux pour fixer leur
choix ; comme ils sont fermes et décidés, quand il leur
faut rejeter les offres flatteuses de ceux qu'ils connaissent
être les ennemis de leur foi; comme elles sont sincères et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 45»
abondantes les larmes qu'ils versent, quand il est question
de dire adieu aux tendres mères que la Religion leur a
préparées dans leur malheur.
Tels sont, Nos Très-CIiers Frères, les enfants si malheu-
reux, mais en môme temps siinterressants que Nous vous
conjurons de recevoir et de bien traiter, comme étant les
plus tendres objets de notre compassion. Ut mea viscera
suscipe. « Si vous nous considérez comme vous étant
étroitement uni» par les liens sacrés qui attachent le
Pasteur à ses brebis, « recevez-les comme Nousmême ; »
si ergo habes me socium, suscipe illum sicut me. Si ces
pauvres enfants vous entraînent dans quelques dépenses,
mettez-les sur notre compte ; si autem aliquid nocuit tibi
aut tebet, hoc mihi imputa.. Car vous n'ignorez pas que
Nous aurions droit d'exiger de vous une part des biens
temporels que vous donne le Seigneur ; parceque, travail-
lant à l'Autel, nous pourrions vivre de l'Autel. Si nous
Nous êtes redevables à cause du ministère que nous
exerçons pour le salut de vos âmes, veuillez bien vous
acquitter dans la personne de ces pauvres orphelins : car
Nous regarderons comme fait à Nous-même tout ce que
vous ferez pour eux. Reddam, ut non dicam tibi., quod et
teipsum mihi debes.
D'ailleurs, Nos Très-Ghers Frères, en vous exhortant à
faire cette belle œuvre, notre intention est de vous fournir
une occasion précieuse d'attirer sur vos familles les béné-
dictions abondantes qui se répandent toujours dans les
maisons des Orphelins. Et qui pourrait en douter, lorsque
Jésus-Christ nous assure dans l'Evangile, que tous ce que
l'on fait à l'un de ces petits, c'est à lui-même qu'on le fait.
Faisons donc tous ensemble cet excellent Acte de charité,
pour honorer notre foi en recevant Jésus-Christ qui nous
dit, en nous présentant ces pauvres enfants: «Je suis
étranger, » et je ne sais où reposer la tête ; vous ne
me refuserez pas une place dans vos maisons. «Ce que
vous ferez à l'un de ces petits, c'est à moi même que vous
le ferez.
45G MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Nous allons imiter le bel exemple que nous a donné,
dains le temps môme que la contagion répandait partout la
terreur, l'Archidiocèse de Québec, où l'on a vu un dévoue-
ment digne de toute admiration, et un empressement
incomparable à recueillir ces pauvres orphelins. Nous
allons tous ensemble offrir au Père des miséricordes ces
actes de charité pour demander trois laveurs, outre la vie
éternelle promise à la charité.
La première^ Que notre peuple conserve avec soin, par
sa bonne conduite, l'héritage de ses pères ;
La seconde^ Que d'abondantes bénédictions se répandent
«ur les Associations charitables et bienveillantes, formées
dans le noble but de procurer à ce peuple l^îs moyens de
se fi.\er sur cette terre que lui assigna la Divine Provi-
dence, quand elle partagea toutes les contrées de l'Univers,
entre les diverses nations du monde : et pour lui apprendre
à la cultiver avec intelligence, pour que sa main laborieuse
recueille au centuple la semence qu'elle aura jetée dans
son sein ;
La troisième^ Que tous les enfants du sol trouvent à
e.xercer leurs talents et leur industrie dans le sein de leur
patrie, afin de n'être plus dans la triste nécessité d'errer
par milliers ça et là, pauvres et méprisés de ceux qui
exploitent leurs forces physiques pour faire fortune à leurs
dépens.
'( Nous vous écrivons ceci dans la confiance que Nous
donne votre soumission, sachant que vous en ferez encore
plus que Nous ne vous en disons. Que la grâce de Notre
Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. — Amen.
Sera notre présente Lettre Pastorale lue et publiée en
Chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, et au
prône dans toutes les Eglises Paroissiales, le premier
Dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le neuf
CmCCLAIUES ET AUTRES DOCUMENTS. 457
Mars, mil huit cent quarante-huit, sous notre seing et
sceau et le contre-seing de notre Assistant-Secrétaire.
-|- Ig., Evèql'E de Montréal.
Par Monsaigneur,
Louis-Zéphirin Moreau, Ptre.
Assistant-Secrélaire^
(Vraio copie),
L. Z. Moreau, Ptre. Assist. Secrétaire.
P. S. — Les personnes qui se proposent d'adopter quelque
orphelin ou orpheline, doivent se présenter à l'Evèché
avec un certificat de leur curé.
-|- Ig. Ev. be Montréal.
MANDEMENT
de .monseigneur l'ÉVÊQUE de MONTRÉAL, POUR ENCOURAGER
LE PÉLERI>fAGE DE NOTRE-DAME DE BON-SECOURS, ET
ÉTABLIR D.\NS CETTE CHAPELLE LA CONFRÉRIE DE NOTRE-
DAME AUXILIATRICE, POUR TOUT LE DIOCÈSE.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
St. Siège Apostolique, Evéque de Montréal., etc., etc., etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses et aux
Fidèles de Notre Diocèse : Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Vous n'avez point oublié. Nos Très-Ghers Frères, que
le treize Août dernier. Nous nous engageâmes publique,
ment et par vœu, à faire tous Nos efforts pour rétablir le
pieux «Pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours,» qui^
par notre indifférence et le malheur des temps, n'était
plus fréquenté, comme il l'était autrefois.
458 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
En faisant ce vœu, Nous cherchions à mettre une bar-
rière entre nous et la terrible épidémie qui faisait de si
grands ravages aux portes de notre ville ; et qui, chaque
jour, franchissait les bornes dans lesquelles on voulait la
comprimer, pour faire quelques victimes au sein même
de notre cité. En cela, Nous ne fesions qu'imiter les
beaux exemples de nos pères, pour qui cette sainte chapelle
fut, de temps immémorial, un asile assuré dans les grandes
calamités. Patres nostri narraverunt nobis. (Ps.)
Depuis longtemps, Nos TrèsChers Frères, Nous gémis-
sions dans le secret de Notre âme, de voir la vénérable
Chapelle de «Bon-Secours» presque déserte. Hélas ! on
pourrait presque lui appliquer ces paroles de Jérémie,
exprimant la juste douleur qui l'accablait en voyant le
temple saint abandonné, et ses augustes solennités négli-
gées. « Les chemins de Sion pleurent,» disait-il dans ses
touchantes lamentations, « parce qu'il n'y a plus personne
qui viennent à ses fêtes. » (Jér. 1.)
En effet, l'on ne voyait plus, comme du temps de nos
aïeux, de nombreuses troupes de pieux pèlerins cheminer
le soir, après les travaux de la journée, vers ce sanctuaire
chéri, pour y remercier l'Auguste «Dame de Bon Secours»
des grâces obtenues par sa puissante intercession, et en
demander de nouvelles. Môme pendant le jour, hors le
temps de la Messe basse, on n'y yoyait jamais personne en
prières ; si bien qu'il avait été jugé nécessaire d'en tenir
les portes fermées, poui- éviter les vols sacrilèges qui s'y
commettaient.
Cet. état d'abandon avait quelque chose de sinistre à Nos
yeux. Sans vouloir sonder les secrets jugements de Dieu,
il Nous semblait qu'une pareille indilîérence nous attire-
rait tôt ou tard quelques malheurs. L'histoire et Nos
t:ouvenirs Nous inspiraient de justes craintes. Vous savez
vous-mêmes les grandes calamités qui désolèrent cette
ville et tout ce pays, après l'incendie de 1754, qui réduisit
en cendres la seconde chapelle de Bon-Secours. Vous n'avez
point oublié qu'en 1831, une main profane enleva la statue
CIRGULA-IRES ET AUTRES DOCUMENTS. 459
ai vénérée de nos pères, et qui avait échappé aux flammes
dévastatrices. Or, depuis cette époque, que de malheurs
sont venus fondre sur nous!
Les terribles agitations politiques qui firent couler le
sang de nos concitoyens dans les rues de cette ville, le 21
Mai 1831 : le choléra, qui apparut le 8 Juin suivant, et
décima notre population ; cette même épidémie, qui revint
en 1834, répandant partout la désolation et la mort; les
troubles de 1837 et 38, qui ont fait couler tant de larmes
et couvert le pays de deuil et de ruines; les millions d'in-
sectes, qui ont dévasté nos campagnes pendant tant d'an-
nées, et ruiné le commerce de nos villes avec les espéran-
ces de nos cultivateurs, sont des événements trop voisins
de nous, et qui ont laissé des traces trop profondes pour
que nous puissions jamais en perdre le souvenir.
Enfin, l'année dernière, nous étions en face d'un nou-
•veau fléau qui menaçait à chaque instant d'envahir la
ville et les campagnes. Ceux que le devoir portait sur le
champ des douleurs, pour secourir tant de misères, étaient
presque tous atteints de la contagion, et beaucoup y suc-
combaient. Mais Nous ne voulons point ici rouvrir des
plaies encore ensanglantées par le récit de nos soulTrances
€t de nos malheurs. Tout occupé des moyens à prendre
pour fléchir le ciel, et vous préserver. Nos très-chers
Frères, du malheur qui avait fondu sur votre clergé et
vos communautés religieuses. Nous fûmes vivement
frappé de la pensée que Notre-Dame de Bon-Secours^ si
compatissante pour nos pères, dans tous leurs malheuis,
aurait pitié de nous, et nous obtiendrait grâce et n>iséri-
eorde. Nous fîmes donc vœu, d'abord dans le secret de
Notre cœur, puis Nous prîmes, à la face de ce diocèse,
l'engagement sacré de faire tous nos efforts pour rendre
au Pèlerinage de Bon-Secours toute sa solennité. Il est
inutile de vous dire ici que Marie a entendu et exaucé ce
vœu. Et pouvait-elle ne l'avoir pas pour agréable, lors-
qu'elle se vit, comme autrefois, entourée d'une multitude
de dévols serviteurs ; lorsqu'elle entendit son sanctuaire
460 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
retentir de soupirs et de gémissements ; lorsqu'enfin, pen-
dant toute l'octave de sa glorieuse Assomption, la foule
des pieux pèlerins qu'une trop juste douleur accablait, se
pressait dans ce lieu vénérable ?
En exauçant nos vœux dans sa chapelle de Bon-Secours^
Marie a donc fait connaître à tout le diocèse qu'aujour-
d'hui, comme autrefois, elle veut être spécialement
honoi'ée dans ce temple ; que ce sanctuaire devrait être
pour nous, :omme pour nos pères, un lieu de refuge dans
les grandes calamités ; que cette chapelle était vraiment
le trône, du haut duquel elle exerçait ses miséricordes
dans ces jours mauvais où le bras d'une justice rigoureuse
s'appesantissoit sur nous, misérables enfants d'Adam.
C'est à la suite de semblables faveurs. Nos trèschers
Frères, et au commencement d'un mois tout entier con
sacré à Marie, que Nous entreprenons de Nous acquitter
d'un devoir si doux pour Notre cœur, et dicté d'ailleurs
par la plus vive reconnaissance. Car, Nous serions le plus
ingrat des hommes, et Notre langue devrait pour toujours
s'attacher à notre palais, si jamais Nous venions à oublier
que c'est à vos ferventes prières, dans la sainte chapelle de
Bon-Secours^ que Nous sommes redevables de la santé
dont Nous jouissons aujourd'hui. Ah ! puissious-uous du
moins la consacrer toute entière à la gloire de Marie et à
la sanctification de vos âmes ! Il est donc juste. Nos très-
chers Frères, et il est grand temps que Nous élevions la
voix, pour Nous acquitter, autant qu'il est en Nous, du
devoii que Nous imposé notre vœu. Car qui sait si Notre
négligence, dans un point si grave, ne nous attirerait pas
de nouveaux malneurs! Ils sont bien à craindre ces
malheurs dans un temps comme celui-ci, où tout est en
mouvement dans l'ancien-monde. ^'ous n'entendez aujour-
d'hui parler que de royaumes bouleversés, de peuples
courroucés, de couronnes pulvérisées, de sceptres brisés.
C'est bien assurément le temps. Nos très-chers Frères, de
nous écrier avec le Sage : Vanilc des vanllés, tout n'est que
vanité. Quoiqu'il en soit, prions Dieu, et recourons à
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 401
Marie pour que l'heureuse paix dont nous jouissons ne
soit point troublée par ces grandes commotions qui agitent
les peuples de la vieille Europe, et qui semblent être les
avant-coureurs de guerres cruelles et sanglantes.
Nous vous exhortons donc, Nos très-chers Frères, à
faire souvent et avec dévotion le pieux pèlerinage de
Noire-Dame de Bon-Secours. C'est pour la plus grande
gloire de Marie, le plus grand bien dé vos âmes et l'acquit
de Notre conscience, que Nous vous invitons à lever vos
regards vers ce lieu, d'où vous devez attendre un puissant
secours. Car Nous sommes convaincu que cette chapelle
est un de ces lieux privilégiés, où Dieu se plaît à exercer
ses grandes miséricordes, par l'intercession de Marie ; et
que l'on peut en toute vérité lui appliquer ces paroles de
l'Ecriture : fai choisi pour moi ce lieu., comme une maison
de sacrifice... Lorsque f aurai commandé aux sauterelles de
dévorer la terre ; et que f aurai envoyé la peste contre mon
peuple... s'il se convertit... je lui pardonnerai ses péchés...
Mes yeux seront ouverts et mes oreilles seront attentives à la
prière de celui qui priera dans ce lieu.
Pour rendre ce lieu plus vénérable et plus cher à vos
cœurs. Nous avons intention d'y exposer à la vénération
des fidèles, de saintes images ; Nous avons la ferme con-
fiance qu'elles seront les instrumens de la divine miséri-
corde pour vous combler de grâces. Car si, dans l'ancienne
loi, la verge d'Aaron, qui avait servi à tant de prodiges,
était rehgieusement gardée dans l'Arche d'Alliance; si
cette Arche sainte était une source de bénédictions pour
la maison d'06erfeV/om où elle fut conservée quelque temps ;
si le serpent d'airain, exposé à la vue du peuple dans le
désert, avait la vertu divine de guérir ceux qui avaient
été mordus par des serpents de feu ; si le sang de l'Agneau
Pascal était un signe de salut au passage de l'Ange exter-
minateur, croyez que, dans la loi nouvelle. Dieu attache
aussi des grâces spéciales à certains objets, dont il lui plaît
de se servir pour répandre ses bénédictions sur son peuple.
D'ailleurs, ce n'est Das Nous, Nos très-chers Frères, qui
31
462 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
désignons cette chapelle pour être un lieu de pèlerinage
diocésain ; il est évident que Dieu l'a choisie, et qu'il
l'aime plus que tous les autres Tabernacles de Jacob.
Diligit Dominus portas Sion super omnia Tabernacula Jacob.
Il sufEt, pour le bien comprendre, de jeter un coup-d'œil
sur notre histoire, et de consulter les souvenirs des tradi-
tions de notre pays.
Le pèlerinage de Bon-Secours a commencé avec le pays,
et malgré les malheurs des temps, trois églises se sont
successivement élevées sur les fondements jetés en terre
en 1657 : preuve que nos pères ont vivement senti le
besoin d'un pareil sanctuaire. Sur son frontispice brille
l'auguste nom de Marie. C'est la reconnaissance du cœur
plus que le ciseau de l'ouvrier qui a gravé ce monograme
sacré. Il est là pour dire aux siècles à venir que Mont-
réal, dans ses plus grandes calamités, ne doit jamais
manquer de confiance dans ce nom puissant : Maria, 0
nomen sub quo nemini desperanduni est (St. Augustin.) Son
front n'a d'autre ornement que la simple, mais noble ins-
cription : Maria., auxilium Christianorum. Tel fut toujours
le cri de confiance de nos pères au milieu des épreuves
sans nombre que leur ménagea la divine Providence, et
telle fut aussi dans tous les temps, leur unique ressource,
pour se soustraire à une ruine totale dont ils furent si
souvent menacés. 0 Montréal! regarde avec complai-
sance, lis avec joie et bonheur cette précieuse légende :
Marie, secours des Chrétiens^ car tes destinées sont grandes,
si ta confiance en Marie répond à l'attente de ceux qui
t'ont fondée. Rends-toi digne de reprendre et de porter
toujours le glorieux nom de Ville-Marie. Hélas ! c'ess
peut-être par ta faute que tu as perdu ce nom si grand, si
doux pour nos pères. Ne te serait-il pas permis de repren-
dre ce premier nom qui est sacré, tandis que l'ancienne
capitale du Haut-Canada s'est fait gloire de son nom de
Toronto, quoiqu'il ne soit qu'un nom sauvage.
Pour qu'il ne manque à la sainte chapelle de Bon-
Secours, rien de ce qui pourrait entretenir votre confiance,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 463
Nous allons y établir la pieuse Confrérie de Notre-Dame
Auxiliatrice^ qui lui convient si bien, et à laquelle devront
s'agréger toutes les paroisses du Diocèse qui voudront lui
appartenir. Par cette institution, Nous voulons, Nos
très-chers Frères, élever un monument durable à la piété
de nos pères. Car, quand ils prirent la généreuse résolu-
tion de venir fonder dans le nouveau-monde, à l'honneur
de Marie, la ville que nous habitons, ils formèrent une
Association qui prit ce titre mémorable : Société de Notre-
Dame de Montréal -pour la conversion des pécheurs.
En érigeant à Bon Secours la Confrérie de Notre Dame
Auxiliatrice, Nous voulons donc ressusciter, autant qu'il
est en notre pouvoir, cette belle Société de Notre-Dame de
Montréal, qui fait tant d'honneur à la foi vive de nos pères.
A la place des cent associés, enrôlés dans le principe joowr
la conversion et la civilisation des sauvages. Nous espérons
réunir des cent mille associés, sous le glorieux étendard
de Notre-Dame de Bon-Secours, pour détruire tous les vices
et toutes les erreurs, et surtout les vices affreux de l'ivro
gnerie et de l'impureté, si capables de ruiner nos corps et
nos âmes, et de faire notre malheur dans le temps et dans
l'éternité.
Le pays chartrain que nous avons eu le bonheur de
visiter, était autrefois couvert de cent-neuf églises ou
chapelles dédiées à Marie, et relevant toutes delà fameuse
église de Notre-Dame de Chartres. Tant de monuments
prouveraient seuls que Chartres était vraiment, comme
on la nommait, la ville de la Ste. Vierge. Aussi est-elle
représentée sous un emblème sacré et avec cette légende :
Quse est carnutensium tutela? Maria, Mater gratiœ, Mater
misericordiie, — Quelle est la défense des chartrains ? Cest
Marie, Mère de grâces. Mère de miséricorde. C'est ce qui a
fait dire à un ancien auteur, qu'à Chartres tout retentis-
sait du nom de Marie. Carnutum ubi omnia Mariam sonant,
Marie n'a pas laissé sans récompense une si grande piété ;
et l'histoire est là pour nous raconter les glorieux événe-
464 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ments qui ont illustré cette célèbre cité. Gloriosa dicta snnt
de fe, civitas Dei.
Nous vous dirons ici, Nos très-chers Frères, pour votre
consolation, que nous avons le bonheur d'être en société
de prières avec cette ville si dévote à Marie ; et que tous
les ans, le 12 Juin, un des Chanoines de Chartres, qui est
en même temps Chanoine Honoraire de Montréal, célèbre
la messe pour ce diocèse, pendant qu'un des Chanoines
de St. Jacques, qui a l'honneur d'être Chanoine de cette
célèbre église, la dit dans Notre Cathédrale pour le diocèse
de Chartres.
Nous marcherons sur les traces de Chartres, Nos très-
chers Frères, et nous participerons à ses privilèges par le
moyen de la pieuse Confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice.
Car chaque association paroissiale sera comme une église
vivante, et relèvera de l' église-mère, Notre-Dame de Bon-
Secours, qui bientôt dilatera son sein, en voyant multiplier
ses enfants. Oh ! croyez le, Nos très-chers Frères, il n'y
a jamais trop de sanctuaires pour la prière et pour l'expia
tion, ni trop d'abris pour la vertu et le repentir. Ah !
tâchons, par cette noble association, de conserver à cette
ville et à ce diocèse la précieuse empreinte religieuse, que
deux siècles de foi et de piété lui ont donnée. Puisse cette
Confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice protéger toutes les
louables associations formées pour le bonheur et la pros-
périté des heureux habitants de ce pays !
Afin de conserver tous les précieux souvenirs qui doi-
vent. Nos très-chers Frères, vous attacher à Notre-Dame
de Bon-Secours^ Nous nous proposons d'y transporter, le
21 de ce mois, une statue qui remplacera celle qu'une
main sacrilège déroba à votre piété en 1831. Puisse cette
nouvelle image devenir, comme l'ancienne, l'instrument
des miséricordes de Marie ! Ce qui pourra vous la rendre
vénérable, c'est qu'elle a reçu une bénédiction solennelle
à Notre-Dame des Victoires à Paris, ce sanctuaire sacré
vers lequel se portent aujourd'hui les regards de l'univers
entier, à cause des fleuves de grâces qui en découlent et
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 465
arrosent toute la terre. Elle est donc, il faut l'espérer,
toute imprégnée des célestes bénédictions qui lui ont été
données à l'autel du Très-Saint et Immaculé Cœur de
Marie, pour secourir les pauvres pécheurs, et les délivrer
de leur malheureux état. Pour rendre cette statue encore
plus chère à vos cœurs et plus digne de votre confiance,
TMous la couronnerons avec les pompeuses cérémonies qui
s'observent à Rome, quand il est question de désigner au
peuple fidèle celles des saintes images de la Bienheureuse
Vierge, dont Dieu a voulu se servir pour lui accorder
quelques faveurs signalées.
La reconnaissance nous fait un devoir de ne jamais
oublier que les prières, faites l'an dernier dans la chapelle
de Noire-Dame de Bon-Secours, délivrèrent la ville et les
campagnes de la terrible épidémie, qui répandait au loin
tant de frayeur. A cette fin. Nous y déposerons dans
quelque temps un tableau qui représentera la glorieuse
Vierge Marie, arrêtant par sa puissante protection le
typhus aux portes de cette ville. Vous l'aurez sous les
yeux comme un mémorial toujours subsistant, pour vous
exciter sans cesse à l'amour et à ia reconnaissance envers
-cette insigne bienfaitrice.
Venez donc. Nos très-chers Frères, venez visiter avec
confiance et dévotion le sanctuaire de Bon- Secours. La
divine Providence l'a placé au centre de cette ville, qui
elle-même est le centre d'un district riche et populeux, et
aussi la capitale et le centre d'une immense Province, afin
que chacun y pût avoir un accès facile. Elle domine le
port où abondent, chaque jour, des milliers de personnes,
et regarde la halle qui étale aux yeux de l'étranger la
magnificence de notre ville, pour que tous puissent rendre
leurs devoirs à Notre-Dame de Bon-Secours.
Visitez là assidûment, habitants de Montréal, qui avez
le bonheur de posséder au milieu de vous ce vénérable
sanctuaire. Allez-y entendre la messe en vous rendant à
vos occupations ; et rentrez-y le soir après les travaux de
la journée. Ne passez jamais devant ce lieu saint sans
466 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
saluer Marie. C'est pour vous y inviter que Nous ferons
tracer sur le portail, en lettres d'or, ces vers que nous
lisons sur le port des trois Ave^ à Chartres :
Si l'amour de Marie
En ton cœur est gravé,
En passant, ne t'oublie
De lui dire un Ave,
Visitez-la, vous tous qui habitez nos paisibles campa-
gnes, chaque fois que vos affaires vous amèneront dans
cette ville. Allez avec une confiance filiale exposer tous
vos besoins et ceux de vos familles à Notre-Dame de Bon-
Secours. Allez lui demander le succès des affaires qui
vous obligent à venir ici, et n'oubliez pas de vous recom-
mander à elle, pour qu'elle vous aide à remporter chez
vous le précieux trésor de votre innocence. En faisant
vos marchés sous les yeux de Marie, le secours des chré-
tiens., gardez strictement les règles de la sobriété, de la
justice et de la piété. Retournez ensuite en paix dans
vos heureuses demeures ; et que l'on n'ait pas la douleur
de rencontrer sur les routes du marché aucun d'entre
vous dans un état d'ivresse.
Visitez-la, pieux navigateurs, qui courez tant de dangers
sur ce fleuve, qui déroule si majestueusement ses eaux aux
pieds de Notre-Dame de Bon-Secours^ comme pour inviter à
aller vous recommander à elle, chaque fois que vous
quittez le port ou que vous y rentrez. Regardez-la, cette
sainte chapelle, chaque fois que vous le traversez. Dans
les dangers, jetez les yeux sur cette étoile de la mer, et
invoquez Marie : elle vous préservera du naufrage. Res-
pice Stellam, voca Mariam.
0 chers navigateurs, qui êtes exposés à tant de dangers
sur les eaux, c'est pour vous, et pour vous rer?plir d'une
d'une juste confiance en Noire-Dame de Bon-Secours, qn&
Nous ferons exposer sur la façade qui donne sur le St.
Laurent, une statue pour remplacer un ancien tableau
qui autrefois avertissait les voyageurs que Marie était là
pour les protéger. Sa tête sera couronnée d'une inscrip-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 467
tion semblable à celle qui ornait autrefois les statues
placées, comme des sentinelles, aux huit portes de Char-
tres : Marianopolis Tutela. Aux pieds, on lira cette autre,
qui se voient encore sur une des Madoaes de Gênes :
Posuerunt me custodem : par laquelle la Ste. Vierge elle-
même avertit tous ceux qui entrent dens cette grande
ville, que les citoyens de cette superbe cité l'ont choisie
pour leur gardienne.
Tels sont, Nos très-chers Frères, les monuments qui
attesteront cà tous les âges que Marie est la Patronne
et la Mère de Montréal et de tout le diocèse. Tels sont
les motifs qui doivent vous pénétrer tous d'une vive con-
fiance dans son puissant secours. Tels sont les traits
aimables qui vont nous affectionner^ ce Tabernacle:
Quam dilecta tabernacula tua! Tels so\t les biens dési-
rables qui vont nous faire diriger nos pas vers ce sanc-
tuaire. Stantes erant pedes nostri m atriis tuis. Ah !
que les lampe? que nous allons allumer dans cette
enceinte sacrée, et devant ces saintes images, ne s'étei-
gnent jamais ; car, hélas ! avec elle s'éteindrait l'esprit
religieux !
A CES CAUSES, le Saint nom de Dieu invoqué, et de
l'avis de Nos Vénérables Frères, les Chanoines de Notre
Cathédrale, Nous avons réglé, statué et ordonné, réglons,
statuons et ordonnons ce qui suit :
1° Nous confirmons, par le présent Mandement, ce que
nous avons déjà réglé dans Notre Lettre Pastorale du
treize Août dernier, par rapport à la chapelle de Bo7i-
Secours.
2o Cette chapelle aura pour Titulaire la fête de Notre-
Dame de Bon-Secours, qui se célèbre le vingt-quatre Mai,
et qui sera de rite double de première classe avec octave.
La fête de l'Assomption sera comme ci-devant la fête
patronale, et on la célébrera en la manière accoutumée.
30 En vertu d'un Induit du Souverain Pontife, en date
du trente-un Mai mil-huil-cent-quarante, nous établissons
dans la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, la confrérie
468 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de Notre-Dame AuxiUatrice^ avec tous les privilèges et
indulgences qu'y ont attachés les Souverains Pontifes,
sans qu'il soit nécessaire de s'agréger à cette Confrérie
établie à Munich ou ailleurs. Mais Nous voulons que les
Confréries particulières, érigées dans les autres églises,
soient agrégées à celle de Notre-Dame de Bon-Secours, qui
sera comme l'Archi-confrérie de cette pieuse Association.
4'^ Nous autorisons les Messieurs du Séminaire de St.
Sulpice, qui déservent Notre-Dame de Bon-Secours, à faire,
dans cette chapelle, tous les offices et pieux exercices
qu'ils jugeront convenables, pour entretenir la dévotion
des fidèles, et favoriser les pèlerinages qui s'y feront.
00 Chaque fois que l'on chantera ou récitera, à Bon-
Secours, les litanies de la Ste. Vierge, on répétera trois
fois l'invocation : Auxilium Cliristianorum, ora pro nobis.
6° Nous accordons 40 jours d'indulgence à tous ceux
qui diron t avec confiance : Maria, auxilium Cliristianorum,
ora pro populo, interveni pro clero. 0 Marie, secours des
Chrétiens, priez pour le peuple, intercédez pour le clergé.
L'on se souviendra que ces paroles forment les inscrip-
tions de la chapelle et de la statue de Notre-Dame de Bon-
Secours, et qu'elles doivent être comme le cri de confiance,
et le mot de raliment des pieux pèlerins.
Tels sont, 0 Marie, les dispositions que Nous osons
aujourd'hui prendre, pour vous faire honorer dans votre
pieuse chapelle de Bon-Secours. C'est uien peu de chose
pour vous qui méritez tant d'honneurs dans le ciel et sur
la terre. Daignez toutefois les bénir et les avoir pour
agréables. Maintenant, 0 divine Marie, veuillez bien, du
haut de votre sanctuaire, tenir vos yeux miséricordieux,
toujours fixés sur cette ville et ce diocèse, qui vous appar-
tiennent à tant de. titres, et qui vous sont spécialement
consacrés. Souvenez-vous que votre chapelle de Bon-
Secours est la première église de cette ville qui ait entendu,
dans Notre jeunesse, Nos supplications ; et que dès lors,
vous daignâtes Nous choisir pour gouverner, sous votre
direction et protection, ce nouveau diocèse. Vous con-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 469
naissiez pourtant que Nous n'en étions ni digne, ni capa-
ble. Nous aimons à en faire ici publiquement et dans la
sincérité de Notre âme, l'humble aveu, pour que tous
sachent que le bien qui se fait n'est pas Notre ouvrage,
mais le vôtre. Comme Nous sommes saisi de crainte à la
vue du danger éminent que Nous courons de Nous perdre,
et de perdre, avec Nous, les chères brebis confiées à Nos
soins, Nous crions vers vous, et Nous vous disons avec
larmes : Accordez-nous à tous la pureté et ^innocence. Vitam
prœsta puram. Montrez-nous le chemin qui nous mène siire-
ment a la perfection. lier para tutum. Ne permettez pas
que tant d'âmes confiées à Notre sollicitude, soient per-
dues par Notre négligence ou Notre inexpérience ; mais
faites que tous ensemble, nous nous réunissions dans le
Tabernacle éternel, pour y comtempler à jamais Jésus,
votre divin Fils, et nous réjouir toujours avec vous. Ut
videntes Jesum^ semper collœtemur. Ah ! quand viendra cet
heureux jour ! Amen.
Sera le présent Mandement lu ce jour à la chapelle de
Bon-Secours, à l'exercice du Mois de Marie, puis au prône
des églises cathédrale et paroissiales de ce diocèse, le
premier Dimanche après sa réception, et dans les chapitres
de toutes les Communautés, aussitôt que possible, après
qu'il y aura été reçu.
Donné à Montréal, en Notre Palais Episcopal, sous
Notre seieng et sceau, et le contreseing de Notre Sous-
Secrétaire, le premier Mai, mil-huit-cent-quarante-huit.
L. S.
7- Ig Ev. de Montréal.
Par Monseigneur
Albert Lacombe.
Ecc. Sous-Secrélaire.
(Vraie Copie,)
Albert Lagombe.
Ecc, Sous-Secrélaire.
470 xMANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 8 Mai 18'x8.
Monsieur,
La présente est pour vous donner quelques explica-
tions relatives au Mandement ci-joint. Avant tout, je
vous invite à la cérémonie du 21, si vous pouvez y venir.
Je regrette beaucoup de ne pouvoir la faire un jour sur
semaine.
lo La Confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice est mainte-
nant canoniquement érigée dans chaque paroisse et mis-
sion du diocèse ; et chaque Confrérie paroissiale se trouve
de fait et de droit affiliée à la Confrérie-Mère, établie à
Bon-Secours. Comme monument de cette agrégation,
je ferai exposer à Bon-Secours un catalogue de toutes les
paroisses et missions, appartenant à cette pieuse Associa-
tion. Tout prêtre qui en est membre, peut y agréger
les autres.
2o Tous les devoirs à remplir pour participer aux indul-
gences se réduisent à une messe basse par année, ou au
chapelet récité aux principales fêtes de la Ste. Vierge.
Chacun peut donc en être sans difficulté.
3o II y aura un livre ouvert à Bon-Secours pour y en-
registré les noms de tous ceux qui viendront en ville se
faire recevoir dans la Confrérie de Notre-Dame Auxilia-
trice. Mais cela ne sera pas nécessaire à la campagne.
4o Le Pèlerinage de Bon-Secours et la Confrérie de
Notre-Dame Auxiliatrice auront l'heureux effet de préser-
ver des dangers de la ville nos bons habitans des campa-
gnes. Vous ne manquerez donc pas de les exhorter à
visiter cette dévote chapelle, chaque fois qu'il viendront
au marché et à s'y enrôler sous le puissant étendard de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 471
Noire-Dame Auxiliatrice, ce qui leo affectionnera davan-
tage à cette église.
5° Pour donner l'exemple au diocèse, j'irai à Bon-
Secours, Mardi, 23 du courant, à 7^ du matin, m'agréger
publiquement à la Gonférie de Notre-Dame Auxiliatrice,
à laquelle j'ai le bonheur d'appartenir privément depuis
longtemps. Je vous invite à vous joindre à moi, afin que
tous ensemble nous puissions mettre nous et notre trou-
peau sous la protection de celle qui fut toujours le Secours
des Chrétiens. Les Vicaires ne viendront que le Mardi sui-
vant à la même heure.
6"^ Veuillez bien recommander à vos paroissiens de se
procurer un petit ouvrage, intitulé : Le Manuel du Pèlerin
de Notre-Dame de Bon-Secours, qu'ils trouveront à acheter
à la porte de la chapelle. C'est un très-intéressant abrégé
de l'origine et de l'histoire de Bon-Secours, et un excel-
lent recueil des règles et privilèges de la Confrérie de
Notre-Dame Auxiliatrice avec des traits d'histoires et
diverses pratiques et prières pour aider à faire avec fruit
le Pèlerinage de Bon-Secours, le Mois de Marie et les
Neuvaines à la Ste Vierge.
7° Par votre dévotion à la Ste. Vierge et votre zèle pour
les âmes, l'on aura bientôt la consolation d'entendre dans
toutes les bouches, la dévote invocation : Marie secours
des Chrétiens, juriez pour pour le peuple, intercédez pour le
clergé; et cet ville verra l'édifiant spectacle de nombreux
concours de pèlerins venus de tous côtés pour la visiter.
D'ailleurs, nous sommes concernés de si près dans cette
prière, et nous devons en attendre tant de grâces, que
nous avons le plus grand intérêt à faire répéter mille et
mille fois le jour : Maria, auxilium Chritianorum, ora pro
populo, interveni pro clero.
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
f Ig., Ev. de M.
472 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE iMONTRÉAL.
Montréal, le 31 Mai 1848.
Monsieur^
Je vous transmets les procédés de la nombreuse assem-
blée du clergé, tenue à l'Evôché, le 23 du courant, à la
suite de notre pèlerinage de N. D. de Bonsecours.
Après avoir considéré que l'ivrognerie était la grande
plaie du pays ; et que pour la guérir, il était du devoir du
clergé, gardien-né des bonnes mœurs, de prendre promp-
tement des moyens efficaces, pour propager partout la
Société de Tempérance, il fut résolu :
1° Que pour donner l'exemple, nous ne servirions sur
nos tables aucunes liqueurs enivrantes.
2° Que la grosse-bière était réputée boisson forte, et pour
cela interdite par les règles de la Société.
3° Que certaines personnes mal-intentionnées, se faisant
un plaisir malin de mêler des liqueurs très-spiritueuses à
la petite-bière et autres boissons non capiteuses, dans le
dessein d'enivrer ceux qui appartiennent à la Société, l'on
exhorterait ceux qui en sont membres à n'en pas faire
usage, quand ils ont de justes raisons de craindre une
pareille supercherie.
4° Que l'Evêque écrirait, au nom de l'assemblée, à tous
les propriétaires et capitaines de sleamboats, pour les prier
de ne plus avoir de barres à leur bord.
5'^ Que l'on tiendrait, dans chaque paroisse, un diman-
che par mois, une assemblée des membres de la Société
afiin d'encourager et de répandre de plus en plus notre
association.
Go Que l'on établiiait des rapports entre les sociétés de
la ville et celles de la campagne, afin de se communiquer
le mouvement des sociétés locales, et d'affermir ainsi le
bien général de la société.
7° Que l'on ferait tous les eflorts possibles pour engager
CIRCCLAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 473
les marchands à ne point spéculer sur les liqueurs fortes
et enivrantes, mais uniquement sur de bonnes marchan-
dises et comestibles nécessaires ou utiles au peuple.
8° Que l'on engagerait quelques citoyens respectables à
tenir en ville et à la compagne, de bonnes maisons de
pension, afin d'ôter à nos braves gens l'occasion presque
toujours dangereuse pour eux de s'héberger à la cantine.
9» Que ces maisons de pension, tenues sur un bon pied,
seraient indiquées aux divers membres de la Société,
comme étant des lieux sûrs et commodes; et que l'on en
ferait autant par rapport aux steamboats, dans lesquels on
ne tiendrait point cantine.
Dans la même assemblée il fut résolu d'encourager
l'Association des établissements Canadiens des Townships,
aussitôt que l'Evèque l'aurait recommandée par une
Lettre Pastorale.
Vous verrez ci-dessous la copie de la Lettre que j'adresse
aux propriétaires et Capitaines de steamboats, en consé-
quence de la 4ème résolution.
Je vous ferai connaître, plus tard, les maisons dans les-
quelles pourront se loger vos paroissiens, quand ils vien-
dront en ville, sans craindre de manquer à leur Tempé-
rance.
Enfin, comptant sur votre zèle à propager la Société
destinée à nous faire remporter une éclatante victoire sur
le plus dangereux comme le plus terrible ennemi que
nous ayons à combattre : je vous conseille de prier et de
faire prier pour que Dieu nous assiste par Notre-Dame de
Bonsecours, dans ce grand combat qui s'engage. Multùm
enim valet deprecatio justi, assidua.
Je suis bien Cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
-j- Ig. Evêque de Montréal.
(Pour vraie copie)
Albert Lacombe, Ecc, Sous-Secrétaire.
474 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Copie de la Lettre de l'Evéqne de Montréal aux propriétaires
et Capitaines de steamboats.
Montréal, 31 Mai, 1848.
Monsieur^
A une assemblée nombreuse des Evoques et des Curés
de ce ])iocèse, tenue à l'Evêché de cette ville, le 23 du
courant, il fut avisé aux meilleurs moyens à prendre pour
prévenir les désordres de l'ivrognerie dans ce pays.
Après mûre délibération, l'assemblée crut qu'un des
moyens à prendre pour arrêter ce mal, serait de prier
les propriétaires et Capitaines de steamboats de ne pas per-
mettre qu'il il y eût, à leur bord, des barresoxi cantines,
pour y distribuer de liqueurs enivrantes aux passagers.
J'ai l'honneur en ma qualité de Président de la dite
assemblée, de vous transmettre la sus dite résolution, en
vous priant de vouloir bien me répondre au plutôt ; parce
que je dois communiquer à tous les Curés de ce Diocèse
les noms des steamboats qui pourront être recommandés
aux membres des diverses Sociétés de Tempérance.
Je puis vous assurer que le Cierge compte beaucoup
sur votre bonne volonté et coopération pour la grande et
pénible tâche qu'il s'impose, de travailler, de toutes ses
forces, à propager partout la société de Tempérance. Il
espère que, dans peu d'années, tout le monde receuillera
les heureux fruits qu'elle aura produits, si elle s'établit
sur des bases solides.
Je suis avec une parfaite considération, etc.,
«(Signé), f Ig. Ev. de Montréal.»
(Pour vraie copie.)
Alb. Lacombe Ecc. s. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 475
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÈQUE DE MONTRÉAL, POUR ENCOURAGER
l'association DES ÉTABLISSEMENTS CANADIENS DES
TOWNSHIPS.
Ignace BourgeC, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint Siège Apostolique^ Evéque de Montréal^ ete.^ etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses et à
tous les Fidèles de Notre Diocèse : Salut et Bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Christ.
L'objet de la Lettre que Nous vous adressons aujour-
d'hui, Nos Très-Chers Frères, est de vous recommander
une association qui vient de se former, pour encourager
l'établissement des Canadiens dans les Townships. Les
règlements et lettres circulaires qui accompagnent la pré-
sente vous feront suffisamment connaître la fin qu'elle se
propose, et les moyens qu'elle adopte pour arriver à un
but si désirable.
Vous y verrez que cette société vous offre le double
avantage de pouvoir vous établir à des conditions très
faciles sur de bonnes terres et de vous procurer, en
même temps, les secours de la Religion, Son intention
principale est même d'appliquer à la bâtisse des Eglises,
Presbytères et Maisons d'Ecole et au soutien des Mission-
naires les fonds qui sont mis à sa disposition ; car elle est
bien convaincue qu'il faut à nos bons Canadiens des
églises et des prêtres ; et que pour eux le plus doux bon-
heur est de voir le clocher de la paroisse et d'entendre le
le son harmonieux de la cloche qui appelle aux saints
offices.
Le moyen qui a été jugé le plus efficace pour opérer un
si grand bien est le même que celui usité dans l'assona-
tion de la Propagation de la foi ; parce que d'abord vous
476 MANDEMExNTS, LETTRES PASTORALES,
y êtes accoutumés, et qu'ensuite il est facile et à la portée
des pauvres commes des riches. Les deux associations
vont, comme vous le voyez, Nos Très-Chers Frères, mar-
cher dans la même route, parce qu'au fond elles doivent
avoir le même résultat.
Elles vont se donner la main et s'embrasser avec amour,
parce qu'elles sont sœurs et fiUts de la divine charité, qui
d'une main portera secours aux domestiques de la foi, et
de l'autre répandra ses trésors dans les pays infidèles
pour convertir à la Religion et civiliser les pauvres Sau-
vages.
Sous ce rapport, " l'Association des établissements cana-
diens des Townships. " est une œuvre de foi, quoique, sous
un autre rapport, elle doive être considérée comme une
affaire temporelle, puisqu'il s'agit de procurer des terres
à nos compatriotes. Quoiqu'il en soit, elle np saurait, sous
l'un et l'autre rapports, être étrangère à la Religion ; car
tous les jours nous demandons à notre Père céleste notre
pain quotidien, et c'est Jésus Christ lui-même, Nos Très-
Chers Frères, qui nous a enseigné à prier ainsi ; et c'est
la Religion qui nous met à la bouche ^ette divine prière,
dès que nous sommes capables de bégayer quelques mots.
Rien donc de bien surprenant si, aujourd'hui, nous fai-
sons entendre la voix de la Religion dans toutes les chaires
de ce diocèse pour vous exhorter. Nos Très-Chers Frères,
à encourager cette œuvre naissante, en vous y associant
avec zèle et en grand nombre. Nous le faisons d'autant
plus volontiers que nous regardons l'Association qui en-
treprend de vous établir sur votre sol natal, comme une
récompense de votre charité.
Vous n'avez pas oubhez que le neuf Mars dernier. Nous
vous recommandâmes deux cent-vingt-neuf enfants qui
était devenus orphelins, à la suite de l'affreuse maladie
avait enlevé leurs infortunés parents pendant la dernière
émigration Irlandaise.
Vous avez répondu à notre appel avec un empressement
qui a même surpassé notre attente, quoiqu'une expérience
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 477
journalière nous eût appris à apprécier à leur juste valeur,
vos œuvres de charité. Pour s'en convaincre, il suffit de
remarquer qu'en peu de temps plus de deux cent cin-
quante orphelins et orphelines se sont trouvés avanta-
geusement placés ; car la bonne nouvelle de votre charité
a fait découvrir de nouvelles victimes du fléau dévasta-
teur. C'était une troupe de jeunes filles, laissées seules
sur un rivage étranger et exposées au plus éminent dan
ger, parce qu'elles n'avaient plus ni pères ni mères pour
veiller sur leur innocence, à un âge où l'on est sans expé-
rience de la corruption qui règne dans le monde.
Vous les avez donc, elles aussi, puissamment secourues.
Dieu va vous le rendre au centuple, n'en doutez pas, Nos
Très-Ghers Frères, en vous donnant, dans l'association que
Mous vous recommandons, un moyen efficace de conser-
ver la foi et l'innocence de vos enfants, en les fixant près
de vous, et en leur donnant des pasteurs vigilants qui en
prendront un soin paternel. C'était vraiment la foi qui
dirigeait vos pas vers l'humble asile de Saint Jérôme, et
qui vous faisait découvrir, sous les haillons qui couvraienE
de pauvres enfants étrangers, la personne sacrée de Jésus-
Christ; alors vous avez prouvé, par les œuvres, que vous
comprenez éminemment la vérité de cette divine parole :
" J'étais étranger, et vous m'avez recueilli," car dans le
choix que l'on vous a vu faire de ces orphelins, on a été
plus d'une fois saisi d'étonnement en entendant proférer
ces mots sublimes: « Nous choisissons tels ou tels orphe-
« lins, précisément parce qu'ils sont infirmes et malades ;
« parce qu'ils sont affligés de la vue ou tombent du haut
« mal. Avec de pareilles infirmités ces pauvres enfants
« seraient exposés à avoir beaucoup de misère. Oh ! nous
« les prenons pour nous et nous en aurons soin parcequ'ils
«sont pour nous d'autres Jésus-Christ î ji Assurément
Jésus-Christ que vous avez recueilli et soigné alors qu'il
était étranger et malade, va vous récompenser, en préser
vant vos enfants, si bons et si respectueux, des malheurs
32
478 xMANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
qu'ils auraient à courir s'il leur fallait émigrer en pays
étranger.
Pressés par la charité de Jésus-Christ vous avez, Nos
Très-Chers Frères, adopté les pauvres enfants de l'Irlande ;
vous leur avez ouvert le sein de vos familles ; vous leur
avez donné place dans vos maisons ; vous les faites asseoir
à votre table ; vous partagez avec eux le pain quotidien
que vous donne le père céleste; vous leur destinez une
part à l'héritage de vos pères ; vous les faites même parti-
ciper aux bienfaits de la riche éducation que reçoivent,
dans nos collèges et nos communautés, les enfants de
familles ; enfin vous en faites vos enfants : cela dit tout.
Mais pouvait-on porter plus loin la tendresse et l'amour l
Pouvait-on prouver plus éloquemment que notre terre est
une terre hospitalière, et que quand il est question de
secourir des infortunés, l'on ne sait ce que c'est que la
distinction des origines? Car vous n'entendiez point le
langage de ces petits malheureux que vous aviez adoptés;
toute fois, vos entrailles se sont dilatées pour les recevoir,
les réchauffer et les aimer. Or, voilà qu'en récompense,
le Père des miséricordes fait lever sur notre chère patrie
un nouveau jour : une association bienveillante vous l'an-
nonce et en est comme l'aurore.
Lorsque, ne formant qu'un cœur et qu'une âme, nous
entreprimes cette bonne œuvre, notre intention fut, comm.e
vous vous le rappelez bien, Nos Très-Chers Frères, de
chercher avant tout le royaume des cieux, selon le com-
mandement que nous en fait notre Seigneur Jésus-Christ.
Néanmoins nous avions foi à cette parole, sortie de sa
bouche, «Et tout le reste vous sera donné par surcroît.);
Pleins de confiance dans son infaillible promesse, nous
lui demandâmes humblement trois grâces publiques dont
nous avions grand besoin, savoir, « 1*^ de conserver avec
c soin, par notre bonne conduite, l'héritage de nos pères ;
« 2o d'apprendre à cultiver avec intelligence cette terre si
« fertile que nous a léguée le père de la grande famille,
« pour la part de notre héritage : 3'' enfin de trouver moyen
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 479
« d'exercer notre industrie et de gagner notre vie dans le
« sein de notre patrie, sans être dans la dure nécessité
« d'aller chercher fortune en pays étrangers, u
Tel était, Nos Très-Ghers Frères, le vœu que nos cœurs
formaient, il y a à peine deux mois. Ce vœu est incon.
tinent arrivé au ciel, parce qu'il était porté sur les ailes
de la charité. Il s'est élevé rapidement jusqu'au trône du
Père des miséricordes, parce qu'il était soutenu de la
vertu puissante du sacrifice. Il a réjoui le cœur de notre
Dieu, parce qu'il était accompagné d'un holocauste et
d'un encens d'une agréable odeur : car. il ne faut pas en
douter, toutes les portes de la divine miséricorde sont
ouvertes à ceux qui ont pitié de la veuve et de l'orphelin.
Oui, Nos Très-Ghers Frères, pendant que vos mains
bienfaisantes recueillaient ici-bas l'enfant pauvre, sans
père ni patrie, le père des pauvres, qui règne là-haut,
ouvrait ses mains pleines de bénédictions pour vous don-
ner largement « le surcroit évangélique » promis à tous ceux
qui cherchent avant tout le royaume des cieux. Car ce
fut alors, si vous y faites bien attention, que descendit du
ciel une de ces bénignes inspirations, que Dieu donne à
la lerre, quand il veut lui faire miséricorde; et ce fut
cette pensée qui fût comme le germe de la nouvelle asso-
ciation dont l'objet est de vous rendre au centuple ce que
vous avez fait pour de pauvres étrangers ; car donner aux
pauvres, c'est prêter à Dieu qui rend toujours avec de gros
et riches intérêts. A la vérité, cette association n'est
encore, comme toutes les bonnes œuvres qui commencent,
qu'un grain de sénevé. Mais bientôt elle sera. Nous l'espé-
rons, un' grand arbre qui couvrira de son ombre rafraî-
chissante, des milliers de cultivateurs infatigables, et qui
porter^ur ses branches et nourrira de ses fruits délicieux
les vrais amis de leur pays.
Gonsidérons, Nos Très-Ghers Frères, par quelles voies
admirables le Père céleste veut vous récompenser au cen-
tuple et vous assurer «le surcroit évangélique.» Vous
avez adopté quelques centaines d'enfants étrangers et par-
480 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
tagé avec eux la douceur de votre patrie. Eu récompense,
la divine Providence suscite une association dont l'unique
but est de procurer à des milliers d'enfants de la patrie
les moyens de se fixer sur le sol natal. Cette société
négocie avec le gouvernement et la compagnie des terres,
ainsi qu'avec de grands propriétaires, pour obtenir des
concessions gratuites, oîi à des prix très réduits. Elle
sollicite des octrois d'argent pour faire faire des chemins.
Elle se procure des renseignements certains sur la qualité
des terres à acquérir; elle donne des directions à tous
ceux qui veulent aller explorer par eux-mêmes les lieux.
Elle prévoit et lève les difficultés sans nombre que ren-
contre nécessairement des colons dans de nouveaux éta-
blissements ; elle veille soigneusement à ce que de bons
titres soient passés à ceux qui remplissent exactement leur
engagement. Enfin elle mettra tous ceux qui aiment le
travail en état d'établir avantageusement leur famille.
Vous avez donné un verre d'eau froide à un pauvre
peuple étranger quand, dévoré par l'ardeur d'une fièvre
brûlante, il aborda vos rivages. En récompense la divine
Providence vous offre de vastes forêts qu'ombragent des
chênes antiques, que la hache a jusqu'ici respectés; de
riches vallons qui reçoivent depuis des siècles la rosée du
ciel et la graisse des montagnes; de nombreuses rivières
qui promènent leurs eaux fécondes à travers des plaines
Immenses et de riantes collines. Ces épaisses forêts n'at-
tendent plus que vos bras vigoureux pour s'abattre et se
changer en de jolis villages et de riches cités. Ces fertiles
vallons promettent de vous rendre au centuple la semence
que vos mains laborieuses vont jeter dans leur sein. Ces
charmantes rivières vous offrent de nombreux pouvoirs
d'eau et attendent avec impatience le moment où#es spé-
culateurs industrieux iront y déployer leur intelligence
en les couvrant de manufactures et de moulins.
Voilà. Nos Très-Ghers Frères, comme l'aimable Provi-
dence, que nous adorons et bénissons avec amour, vient
aujourd'hui récompenser quelques actes de charité. Pro-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 481
fitons du puissant secours qu'elle daigne nous offrir, en
travaillant de toutes nos forces à. faire le bien de nos
compatriotes. Tâchons de tirer notre pays de l'horrible
crise financière qui le plonge dans une si affreuse misère.
Pour relever le commerce abattu, et alimenter nos villes
et nos campagnes en proie à une si grande détresse, allons
exploiter les trésors cachés près de nous et cultiver des
terres qui seront pour nous des mines précieuses. Rete-
nons chez nous ces milliers de jeunes gens qui, chaque
année, nous échappent pour aller abattre les immenses
forêts de nos voisins. Vous connaissez les spéculations
qui enrichissent ces industrieux voisins ; et comment, en
nous apportant leurs produits qui ont coûté tant de larmes
et de sueurs à nos infortunés compatriotes, ils nous enlè
vent nos hommes et notre argent.
Pourquoi n'exploilerions-nous pas comme eux nos
richesses territoriales? Pourquoi ne demeurerions-nous
pas ensemble dans le sein de notre hsnreuse patrie puis-
qu'il y a encore place pour des millions d'habitants ?
Pourquoi nous séparerions-nous, pour aller errer sur une
terre étrangère, pendant qu'il y a pour nous des frères
bien unis et tant de bonheur à vivre ensemble. " Ecce quam
bonum et quam jucundum habitare fratres in unum.n Pour
opérer tant de bien, encourageons «l'Association des
établissem'înts Canadiens des Townships, » et mettons la
en état de remplir sa sublime mission.
Au reste, n'en doutez pas. Nos Très-Chers Frères, cette
association a toutes sorte de titres à votre confiance. Elle
est le fruit d'une inspiration que nous n'hésitons pas à
regarder comme desceudue du ciel et envoyée par le Père
des lumières de qui vient tout don parfait. Elle est la
récompense d'un généreux dévouement pour un peuple
à qui de longs malheurs ont mérité la sympathie du
monde entier. Elle vise à un but sublime, votre bonheur
en ce monde et en l'autre. Elle se gouverne par des hom-
mes de votre choix, puisque vous devez les élire chaque
année. Elle est parfaitement désintéressée, puisqu'elle
482 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
sacrifie son temps et ses peines sans aucune espérance de
rémunération. Sa politique est une entière neutralité
pour tous les partis ; sa couleur est uniquement l'empreinte
religieuse et charitable ; sa seule devise est « le bien du
peuple. H Telles sont, Nos Très-Ghers Frères, les lettres de
créance qu'elle exhibe en apparaissant à ce pays ; et tels
sont aussi les motifs qui doivent vous engager à la favori-
ser, en vous y associant avec empressement.
Nous prenons respectueusement la liberté de vous la
recommander cette association à vous hommes d'état ; et
Nous vous prions de vous rappeler que le peuple qui vous
a portés au pouvoi~, pour assister de vos sages conseils le
représentant de Notre Auguste Souveraine, dont les dis-
positions bienveillantes pour la Province confiée à son
administration, vous sont si bien connues, sut mettre en
pratique, dans les guerres de 1775 et de 1812, le vieil
adage du pays: «Mon âme esta Dieu et mon corps au
Roi.i) Puisqu'alors ses bataillons protégèrent les frontières
et repoussèrent l'ennemi commun, il est juste que sa
charrue laboure, en temps de paix, une terre que son
épée a défendue avec tant de courage et de succès pendant
la guerre. Assurément l'amour et la reconnaissance de
ce peuple pour un gouvernement qui le traitera en père
et lui donnera un héritage de famille seront des fortifica-
tions plus imprenables que les murailles les plus épaisses
et les tours les plus élevées. Vos largesses vont fermer les
plaies qu'ont faites au cœur de ce peuple, de tout temps si
fidèle à son gouvernement, les tristes événements de 1837
et 1838.
Vous la favoriserez cette association, vous riches et ho-
norables citoyens de cette ville, qui comprenez combien
elle est amie du pays, et qui faites consister la gloire de
votre cité, non dans la somptuosité de ses édifices, mais
dans les habitudes morales de son peuple.
Vous la favoriserez aussi, vous pauvres et infortunés
compatriotes à qui le Seigneur n'a pas encore départi les
biens du mqnde, car c'est à vous que cette bienveillante
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 483
association tend aujourd'hui une main secourable, et c'est
pour vous procurer les moyens de vous fixer avec avan-
tage sur votre sol natal que tout le pays va se lever en
masse comme ne faisant qu'un homme. Vous ferez bientôt,
nous l'espérons, la gloire de la société, par votre sobriété,
votre amour du travail, votre intelligence dans l'agricul-
ture et vos vertus patriarchales.
Vous la favoriserez cette association, vous pères et
mères de familles, qui recueillez les abondantes bénédic-
tions promises aux anciens Patriarches, et qui avez tant
de consolations à pouvoir compter autour de vous, vos
nombreux enfants jusqu'à la troisième génération. Pour
les retenir tous auprès de vous tant que vous avez pu,
vous avez divisé et subdivisé les terres que vous ont
léguées vos ancêtres. Mais hélas ! depuis longtemps ces
terres ne peuvent plus les contenir tous et il leur a fallu
s'arracher aux bras de votre tendresse. Depuis que ces
chers enfants sont séparés de vous, les larmes amères que
vous avez versées, les cruelles inquiétudes que vous avez
éprouvées, les longues nuits que vous avez passées sans
dormir, les tristes nouvelles qui quelquefois vous ont
appris leur mort funeste, sans la consolation des derniers
sacrements de l'Eglise, vous disent plus éloquemment que
Nous le précieux avantage qu'offre l'association à toutes
les bonnes familles qui sentent le bonheur qu'il y a de
vivre ensemble.
Vous la favoriserez cette association vous, enfants
bien-nés, qui avez sucé avec le lait l'amour fihal, et qui
avez appris à ne vivre que pour vos bons parents qui de
leur côlé ne travaillent et ne vivent que pour vous: car
vous sentez tous. Nous n'en doutons pas, quel bonheur ce
sera pour vous de pouvoir établir vos familles à la porte
du toit qui vous a vu naître ; de pouvoir de temps en
temps, voir ce toit chéri qui vous rappelle tous les doux
souvenirs de Tenfance ; de pouvoir participer aux joies
innocentes des fêtes de la famille, avec des frères et des
sœurs, des voisins et des amis que vous ne sauriez jamais
484 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
oublier ; de pouvoir porter et présenter aux euibrasse-
menls de vos vieux parents vos jeunes enfants, fruits de
votre union avec des épouses vertueuses et justement
chéries.
Vous la favoriserez cette association, vous jeunes gens,
à qui le Seigneur s'est plu à accorder les richesses de
de l'éducation. Vous allez devenir les patrons de vos com-
patriotes qui sont privés de ce précieux avantage, en
imitant le bel exemple des enfants de famille de la célèbre
ville de Lyon. — Entre les intéressantes et nombreuses
institutions qui ornent cette antique cité, il en est une qui
touche singulièrement l'étranger, et qui Nous a frappé
lorsque Nous l'avons visitée. C'est une association de
jeunes gens de bonnes familles qui adoptent et patroni-
sent des enfants pauvres, et ne les abandonnent point
qu'ils ne soient capables de gagner honnêtement leur vie.
Une cérémonie religieuse consacre leur entrée dans l'asso-
ciation. Ils se présentent à l'autel conduis^.nt par la main
leurs jeunes pupilles. Là ils reçoivent de l'évèque des pains
bénits exprès pour la circonstance ; ils les partagent et en
donnent la moitié à leurs jeunes protégés.
Peut-on plus éloquemment faire connaître à l'enfant
riche ce qu'il doit aux pauvres ?
C'est bien là ce que vous fîtes, jeunes gens, en entrant
dans l'association, puisque votre premier mouvement fut
de chercher un appui dans le sein de la religion, déposi-
taire du feu sacré de la divine charité que Notre Seigneur
Jésus-Christ est venu apporter sur la terre, et qui est le
plus grand mobile des plus nobles entreprises. Vous par-
tagerez donc les précieux avantages de votre riche éduca-
tion avec l'enfant pauvre et ignorant de la patrie. Déjà
l'expérience vous aura appris que le vrai bonheur consiste
à consacrer son existence au bonheur de ses semblables,
et que les plus belles journées de la vie sont celles qui
ont été marquées par plus de services rendus à ses frères.
Nous la favoriserons surtout cette association, nous
tous ministres du Seigneur : car, il nous semble qu'elle
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 485-
doive être spécialement notre œuvre. Chaque année nous
avons eu la douleur de voir des milliers de jeunes gens
abandonner nos villes et nos campagnes. Hélas ! il le fallait
bien, puisque la patrie ne pouvait les nourrir, quoique
le sol natal fût encore couvert d'immenses forêts, et que
des milliers d'acres de bonnes terres restassent incultes.
Nos joues se sont bien des fois couvertes de larmes, et nos
cœurs ont été vivement saisis d'une juste douleur en
voyant partir pour l'étranger ces chers enfants que nous
avons tant de raisons d'aimer, puisque c'est nous qui les
avons régénérés en Jésus-Christ dans les eaux du bap-
tême, qui les avons dirigés dans la science du salut, en
leur apprenant à connaître que Dieu pouvait seul faire
leur bonheur, et que pour cela ils devaient toujours l'ai-
mer et le servir; qui les avons nourris du pain sacré qui
fait les forts, pour leur faire faire heureusement le grand
voyage de la vie.
Nous les savons, sur une terre étrangère, exposés à des
dangers de toutes sortes, et surtout aux horreurs de la
démoralisation.
Nous connaissons qu'ils ne sont point préparés à lutter
contre l'industrieuse activité de nos voisins qui exploitent
à leur avantage leurs forces physiques, et nous les ren-
voient ensuite assez souvent ruinés par les durs travaux
dont ils le? accablent, et sans un sou de fortune. Ah !
nous avons été plus d'une fois humiliés de l'état dégra-
dant auquel des spéculateurs sans conscience ne les ont
que trop souvent réduits, parce que, dans leur bonne foi,
ils ne pouvaient soupçonner chez autrui des intentions de
fraude dont ils étaient eux-mêmes incapables. Heureuse
simplicité ! Puisse-t elle être toujours leur partage !
Aujourd'hui s'ouvre pour eux et pour nous une nou-
velle ère, et il nous est permis de porter bien loin nos
espérances. Nous pouvons dès maintenant les diriger
sûrement et leur procurer les moyens de faire sur le sol
natal de bons -établissements, et à des conditions très-
avantageuses. Nous ne manquerons pas d'user de toute
486 MANDEMENTS, LETTRES 'PASTORALES,
notre influence sur un peuple si bon et si docile, pour le
porter à embrasser une association .qui n'a d'autres vues
que de travailler au bien de nos compatriotes. Elle doit,
comme toute autre bonne œuvre, rencontrer sur son pas-
sage de nombreuses difficultés; mais l'amour du troupeau
de Jésus-Christ ne connaît d'obstacles que pour les sur-
monter et les vaincre. Pour cela voici les moyens que
nous avons à prendre.
lo Mettons Dieu dans les intérêts de l'association : car
il est écrit qu'il marche à la tête de son peuple qui est le
peuple chrétien, pour lui tracer la route dans les déserts
qu'il lui faut traverser et demeurer avec lui : « Deus cùm
egredereris in conspectu popuU tui^ cùm ^^ei^transires in dé-
serta., iter faciens illis.. hahitans in illis »
2o Consacrons cette œuvre par des vues de foi ; car il
est évident qu'il s'agit ici de conserver à notre bon peuple
sa foi, ses mœurs patriarchales et ses paisibles habitudes.
A notre voix, qui est celle de la religion, tout le pays va
s'ébranler pour donner à une association si bienveillante
une existence solide et durable « Terra mota est.»
30 Sans le secours de Dieu nous ne pouvons rien, abso-
lument rien, surtout dans l'ordre de la religion et du salut.
C'est pourquoi pendant que notre voix fera entendre au
peuple confié à nos soins le cri d'espérance, nos cœurs
s'épancheront devant le Seigneur pour lui représenter
humblement la pauvreté et tous les maux qui accablent
ce peuple chéri. Nos vœux ardents s'élèveront vers le
ciel pour en faire descendre une douce rosée de bénédic-
tions qui découleront du Dieu de Sinaï, du Dieu d'Israël :
« Cœli distillavcrunt à facie Dei Sindi^ à facie Del Israël. »
(Psaume, G7.)
40 Offrons à cette intention l'oraison Deus refuglum que
nous récitons chaque jour au saint sacrifice de la Messe.
Exhortons le peuple à joindre ses prières aux nôtres. Pour
cela, célébrons dans chaque paroisse, une Grande-messe,
et que ce soit autant que possible le jour de St. Jean-
Baptiste. Gommençons-là par le chant toujours nouveau.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 487
et toujours touchant du Veni Creator. Que notre instruc-
tion roule sur les avantages religieux qu'offre l'association
que nous pouvons à bon droit recommander comme une
œuvre excellente de charité.
50 Après la messe et au son joyeux des instruments, ou
pendant îe chant de quelques dévots cantiques à la sainte
Vierge et à St. Jean-Baptiste, distribuons à tous ceux qui
voudront devenir chefs de centuries ou de sections, des ex-
emplaires des règles de l'association contenant en même
temps des listes fort commodes pour recevoir les contribu-
tions de leurs associés. Expliquons leur bien les devoirs
qu'ils auront à remplir et tâchons de les embraser de zèle
pour cette œuvre régénératrice de notre pays.
6» Favorisons de toutes nos forces le zèle des laïcs qui
vont, dans chaque localité, diriger l'association. Tâchons
que les colons qui seront recommandés fassent honneur à
leurs compatriotes. Engageons les riches à s'associer aux
pauvres et à les faire entrer dans leurs sections. C'est le
moyen d'intéresser les petits comme les grands à une
œuvre d'un intérêt général pour le pays. Ainsi ferons-
nous servir les vingt livres courant que Son Excellence a
bien voulu donner à l'association pour former seize sec-
tions, dont les membres, trop pauvres pour payer la contri-
bution ordinaire, prieront pour le succès de l'association et
pour ses bienfaiteurs. Organisons toutes choses pour que
les familles canadiennes se présentent au plustôt et en
grand nombre au bureau central de cette ville, pour qu'on
puisse les placer ensemble sur le même sol, et cela afin
que chaque origine puisse vivre e:i paix et selon ses habi-
tudes ordinaires. Car loin de nous la pensée de vouloir
exclure de ce pays les étrangers qui nous arrivent d'outre
mer; cette terre est assez spacieuse pour nous contenir
tous. Pour notre part, nous serions prêt à favoriser nos
frères de toute autre origine qui voudraient fonder une
association sur le plan de la nôtre. Car enfin nous sommes
tous enfants du même Père qui est aux cieux ; nous vivons
tous sous un même gouvernement qui n'a d'autre but
488 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
que le bonheur de ses sujets, et qui doit mettre sa gloire
à commander à des peuples parlant toutes les langues du
monde ; nous avons tous les mêmes droits ; nous formons
tous la grande famille du puissant Empire britannique ;
enfin, nous sommes tous appelés à posséder ensemble la
même terre des vivants, après que nous aurons fini notre
pèlerinage sur cette terre d'exil. Mettons cette association,
comme toutes les autres institutions de ce Diocèse, sous la
protection de la glorieuse Vierge Marie, et enrôlons notre
peuple tout entier sous l'étentard de St. Jean Baptiste, le
plus grand des enfants des hommes, et le protecteur de ce
pays qui lui est tout dévoué.
Faisons tous nos efforts pour que ces fêtes soient des
jours de joie et de bonheur en les rendant tout religieux :
« multi in nativitate ejus gaudebunt.
Travaillons pour que l'on puisse dire bientôt du peuple
dévoué à St. Jean Baptiste ce que l'Ecriture rapporte de
ce grand saint : « Vinum et ciceram non bibet et spiritu
sancto replebitur. n (Luc. ch. 1.) Et pour obtenir sa protec-
tion sur les trois grandes associations du pays qui lui sont
consacrées, tout fidèle gagnera indulgence de 40 jours
chaque fois qu'il répétera cette courte invocation : a St.
Jean Baptiste priez pour nous. » Tel est, Nos Très Ghers
Frères, « l'Association des établissements Canadiens des
Townships,a que nous désirions vous faire connaître un
peu an long. Maintenant nous sommes plein de confiance
que vous la favoriserez de toutes vos forces.
Puissions-Nous, Nos Très-Ghers Frères, abattre Nous-
même le premier arbre qui formera la croix qui doit vous
indiquer le lieu de la première église que fera bâtir l'asso-
ciation. G'est du moins le vœu le plus ardent de notre
cœur. Nous nous croirions amplement récompensé si
Nous avions bientôt ce bonheur. Nous comprenons que
nous devons être partout où se trouvent nos brebis. Aussi
étions-nous dans les prisons et au pied de l'échafaud
lorsque quelques unes de ces chères brebis étaient chargées
de chaînes, ou expiraient sur le gibet. Aussi étions-nous
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 489
avec celles qui gémissaient sur la terre d'exil, par les
recommandations que Nous prîmes la liberté d'adresser à
révêque de ces pays lointains pour qu'il essuyât les larmes
de nos enfants à qui nous ne pouvions plus faire entendre
aucune parole de consolation.
Maintenant que nous jouissons, après cette horrible
tempête, de toutes les douceurs de la paix, ah ! croyez-le,
Nos Très-Ghers Frères, nous ne formons plus qu'un seul
vœu, nous ne poussons plus qu'un seul soupir, c'est celui
qui pourra contribuer en quelque chose à votre bonheur
en ce monde et en l'autre. « Que la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ soit avec vous. Amen.« (2è. Thess. 5.28.)
Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de notre
Eglise Cathédrale et à celui de toutes les églises parois-
siales, le premier dimanche ou fête d'obligation, après sa
réception ; et en chapitre, dans toutes les communautés,
le jour qu'il plaira aux supérieurs de choisir pour cela.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau et le contre
seing de notre sous Secrétaire, le dix-sept Juin, mil-huit-
cent quarante-huit.
■j- Ig Ev. de Montréal.
Albert Lacombe,
Acolyte, S. Secrétaire.
Par Monseigneur
T^BLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Page
Préface de l'auleur 1
Notice biographique sur Mgr. Jean Jacques Lartigue, premier
évêque de Montréal , V
Bulle du Pape Grégoire XVI érigeant la ville et le district de
Montréal en Diocèse proprement dit XV
Lettres Apostoliques créant Mgr. J. J. Lartigue évêque titulaire
du nouveau Diocèse de Montréal XVI
Mandement d'entrée dans son Diocèse, par Mgr. Jean Jacques
Lartigue, évêque de Montréal 1
Premier Mandement de visite Pastorale 7
Mandement pour l'installation de Messire Ignace Bourget
comme Coadjuteur de l'évèque de Montréal dans le Bas
Canada 10
Lettre Circulaire à MM. les Carés et autres prêtres du Diocèse de
Montréal, pour annoncer la mort de Sa Majesté Guillaume
IV, et l'avènement de la Princesse Alexandrina Victoria
au Trùne du Royaume Uni de la Grande Bretagne et
d'Irlande 13
Premier Mandement à l'occasion des troubles de 1837 14
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal accompagnant un
projet de pétition au Gouvernement Britannique 21
A la Très Excellente Majesté de la Reine, la très-humble Requête
de l'Evêque et de son Coadjuteur, des Vicaires Généraux,
Curés et autres Membres du Clergé Catholique du Diocèse
de Montréal, dans la Province du Bas Canada 23
Second Mandement à l'occasion des troubles de 1837 24
Circulaire à MM. les Curés et autres prêtres à charge d'âmes
dans le Diocèse de Montréal, prescrivant des prières publi-
ques d'actions de grâce pour la répression de la rébellion.... 30
492 TABLE DES MATIÈRES
Mandem'^nt éiablissant dans le Diocèse de Montréal la pieuse
Association de la Propagation de la Foi 31
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal, en lui adressant le
Mandement du 18 Avril 1838 38
Règlement de l'Association pour la Propagation de la Foi dans
le Diocèse de Montréal 40
Circulaire à MM. les Curés du Diocèse de Montréal, leur commu-
niquant ce qui a été fait dans le Conseil Central de la Propa-
gation de la Foi à Montréal pour le bon fonctionnement de
l'œuvre 42
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal pour demander des
renseignements sur l'état des écoles primaires 44
Circulaire à MM. les Curés du Diocèse de Montréal prescrivant
des œuvres expiatoires 45
Mandement abolissant les Offices Publics dans certaines Fêles de
dévotion ; faisant appel au zèle pour l'établissement d'Ecoles
vraiment Chrétiennes ; recommandant l'œuvre de la Propa-
gation de la Foi ; invitant les prêtres à faire annuellement
la Retraite Spirituelle, et introduisant dans VOrdo du
Diocèse les Fêtes du Bienheureux Alphonse de Liguori et
de Ste. Philomène 46
Circulaire à MM. les Cures du Diocèse de Montréal pour orga-
niser dans chaque paroisse des comités de Secours en faveur
des pauvres de la campagne 52
Circulaire à MM. les Prêtres et autres ecclésiastiques du Dio-
cèse de Montréal, introduisant dans le Diocèse l'Office et la
Messe du Sacré Cœur de Jésus ; signalant les dangers de la
propagande hérétique qui se donne pour mission de con-
vertir les Canadiens Français ; rappelant les règles de
l'Eglise sur le devoir de la résidence pour les prêtres ayant
charge d'àmes, et invitant MM. les Curés aux Exercices de
la Retraite Spirituelle 53
Circulaire â MM. les Curés du Diocèse, les engageant à profiler de
l'Ordonnance civile du Conseil Spécial qui permet aux pa-
roisses et autres Congrégations religieuses d'acquérir des
terrains, et indiquant la procédure à suivre. L'évoque y ré-
clame de l'aide en faveur des missions les plus pauvres 57
Formule d'acle d'assemblée pour procéder à l'amortissement des
terrains appartenant aux églises 63
Formule de certilicat pour attester la possession des terrains de
fabrique 64
Tableau des Achiprêlrés et des Achiprèlres dans le Diocèse
de Montréal à la lin de l'année 1839 65
TABLE DES MATIÈRES 493
ADMINISTRATION DE MGR. IGNACE BOURGET,
SECOND EVÊQUE DE MONTRÉAL.
Bulle du Pape Grégoire XVI créant Mgr. Ig. Bourget évêque
Titulaire du siège épiscopal de Montréal 71
Circulaire à MM. les Curés du Diocèse de Montréal pour annon-
cer ia mort de Mgr. Lartigue premier évêque de Montréal... 73
Mandement d'enlrée de Mgr. Ignace Bourget évêque de Mont-
réal 74
Circulaire ans. prêtres du Diocèse de Montréal les convoquant
aux Exercices de la Retraite Pastorale 80
Formule dont on pourra se servir pour annoncer la Retraite
ecclésiastique, le Dimanche qui précédera son ouverture 83
Indulgences que le Souverain Pontife ou son délégué accorde,
en bénissant les Couronnes, Rosaires, Croix, Crucifix, petites
Statues, et médailles, et conditions de ces Indulgences 84
Circulaire à MM. les Curés, missionnaires et autres prêtres du
Diocèse de Montréal, accordant ad decennium aux Curés et
Missionnaires les facultés les plus amples relativement aux
Indulgences, et annonçant l'arrivée à Montréal de Mgr. l'E-
vêque de Nancy et l'établissement de l'œuvre des Missions et
Retraites pour le peuple 89
Indulgences attachées aux Chapelets de Ste. Brigitte, bénis par
ceux qui en ont reçu le pouvoir 92
Lettre Pastora'e de Mgr. l'Evêque de Montréal à tous ses diocé-
sains, où il rend compte de sa récente Visite sur les rives nord
de l'Ottawa et de l'état des missions dans cette partie de son
Diocèse 96
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal aux fidèles de la
Ville et de la Paroisse de Ville-Marie pour y annoncer l'ou-
verture d'une Retraite 102
Circulaire à MM. les Curés, Missionnaires et autres prêtres du
Diocèse de Montréal, les engageant à profiter des dispositions
favorables de la loi pour la reconnaissance civile des parois-
ses cannoniquement érigées ; annonçant au Clergé la créa-
tion du Chapitre des Chanoines delà Cathédrale de Montréal ;
signalant les efforts de la propagande protestante dans cer-
taines paroisses ; prescrivant les règles à suivre relativement
^ux bals et autres divertissements populaires ; recomman-
dant au Clergé d'encourager la publication des «Mélanges
Religieux ; > et accordant à tous les prêtres approuvés du
Diocèse la faculté d'indulgencier les Chapelets, Croix, Mé-
daiileselc 109
33
494 TABLE DES MATIÈRES
Mandement de Mgr. l'Evê^ut; de Monlrpal pour rélablissemeul
de l'Archiconfrériedu Très Saint et Immaculé Cœur ('e Marie
dans son Diocèse 1 15
Notice abrégée de l'établissement de l'Archiconfrérie du Très
Suint et Immaculé Cœur de Marie 122
Statuts et Règlements de l'Archiconfrérie du Très Saint et Imma-
culé Cœur de Marie 126
Indulgences accordées aux Associés de l'Archiconfrérie 133
Acte de Gonsécréation au Cœur de Marie 134
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evèque de Montréal signalant au
Diocèse les efforts de sociétés bibliques et des prédicants de
l'erreur pour détruire la Foi chez le peuple , recommandant
dans les écoles une éducation foncièrement religieuse et chré-
tienne ; annonçant le prochain départ de l'Evêque pour Rome
oii l'appellent les plus chers mlérèts du Diocèse; demandant
des secours d'argent pour défrayer les dépenses de ce voyage
et des prières pour l'heureuse issue de son dessein 135
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal pour lui faire part
des Indulgences et facultés spéciales accordées par Sa Sain-
teté Grégoire XVI 142
Circulaire à MM. les Curés, Missionnaires et autres prêtres du
Diocèse de Montréal, réglant l'administration du Diocèse pen-
dant l'absence de l'Evêque, et priant les prêtres de voir à ce
que le? enfants illégitimes que l'on envoie à l'Hôpital Général
n'y soient présentés qu'av'3c l'extrait de leur baptême 145
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal oii l'Evêque annonce
aux prêtres son arrivée à Rome, et sollicite de nouveau le
secours de leurs prières 147
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal , lui annonçant que des
mesures ont été prises pour assurer au Diocèse de nouveau
secours de prêtres et fortifier l'éducation chrétienne du peu-
ple ; qu'un certain nombre de nouveaux offices seront oro-
chainement introduit- dans VOrdo du Diocèse ; qu'en vertu
d'un Induit Apostolique, les Chemins de la Croix dont l'érec-
tion n'aurait pas d'abord été régulière jouissent mainte-
nant des Indulgences ordinaires; qu'une société de Tempé-
rance sera ici prochainement établie à l'instar de celles
fondées par le Père Mathieu en Irlande ; qu'il est urgent
d'adopter certaines règles de charité pour que chaque paroisse
soutienne ses pauvres ; et qu'il va être pris des moyens pra-
tiques pour assurer des secours religieux aux Canadiens
délaissés des frontières des Etats-Unis 149
TABLE DES MATIÈRES. 495
Tableau des nouveaux offices à introduire dans le Diocèse de
Montréal 137
Lettre Pastorale de Mgr. lEvèijue de Montréal annonçant son
retour d'Europe 159
Lettre Pasloraie de Mgr. l'Evoque de Montréal au Clergé et aux
fidèles de la ville et de la paroisse de Montréal, pour recom-
mander à leur chanté l'Asile de la Providence des femmes
âgées et infirmes 167
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal ordonnant un Te Deum
d'aclionsde grâce pour la naissance du Prince de Galles 176
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal annonçant l'établis-
sement du Petit Séminaire de Ste. Thérèse ; suggérant un
moyen pratique de s'assurer de bons instituteurs ; fesant
savoir que les Révérends Pères Oblats sont arrivés à Mon-
tréal et y ont déjà commencé la grande œuvre des Mis-ions
et Retraites pour le peuple: et recommandant aux prêtres
de soutenir de leurs aumônes la Caisse Diocésaine et les
Mélanges Religieux 179
Annonce que peut faire le Curé le Dimanche qui précédera cha-
cune des fêtes ci-dessous mentionnées 185
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal pour l'établissement
des Sociétés de Tempérance et de Charité 186
Mandement de Visite Pastorale 200
Diversorum Casuuni Solutiones 205
Circulaire à MM. les Curés, Missionnaires et autres prêtres du
Diocèse de Montréal, les invitant à mettre les instituteurs de
leurs paroisses en rapport avec les Frères des Ecoles Chré-
tiennes établis à Montréal ; et transmettant au clergé quel-
ques Décrets de la Sacré Congrégation des Rites 209
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal pour le jubilé de 1842 211
Lettres Apostoliques de Notre Saint-Père le Pape Grégoire XVI,
ordonnant des prières pour le Royaume d'Espagne 218
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal accooipagruant le
Rescrit Pontiflcal des Facultés accordées aux Confesseurs
pour le temps du jubilé ; et fixant l'époque de la Retraite
Pastorale ., 224
Circulaire au Cierge du Diocèse de Montréal pour engager les
prêtres à charge d'âmes à adopter des règles uniformes de
direction, celles données par St. Liguori, relativement aux
fréquenta tions.aux bals, aux écoles mixtes, à l'administration
du baptême par les Sages femmes, aux comptes à rendre à
l'Evêque par les fabriques, à l'œuvre de la Propagation de
la Foi, à la lecture du Nouveau-Testament, etc., etc 227
496 TABLE DES xMATIÈRES.
QucesUones circa Matrimonia Mixla a Sacra Coiigregatione de
Propaganda Fide, décima Septima die Novembris, anni mil-
lesimi octingenlesimi Irigesimi quinli solulse 237
Circulaire à MM. les prêtres du Uiccèfe de Montréal invitant le
. Clergé à présenter à Sir Chs. Bagol une adresse d'adieu à
l'occasion de son rappel en Angleterre 244
Adresse à Son Excellence Sir Charles Bagot, etc., etc 245
Projet de conférences ecclésiastiques 246
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal déclarant St. Jean
Baptiste patron de la Société de Tempérance ; sollicitant des
secours pour la reconstruction d'une église ; et invitant le
Clergé aux Exercices spirituelles de la Retraite Pastorale 248
Lettre Pastorale sur la Cause de Béatification du Vénérable
Jean-Baptiste de la Salle 251
Cause du Diocèse de Rouen, pour la Béatilication et la Canoni-
sation du Vénérable Serviteur de Dieu Jean-Baptiste de la
Salle, Instituteur de la Congrégation des Frères des Ecoles
Chrétiennes 255
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal, déterminant le sujet
des Conférences Ecclésiastiques : encourageant les Sociétés
d'agriculture ; et invitant les prêtres qui n"ont pas pu se
trouver à la dernière Retraite à faire la leur en particulier... 256
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal, réglant certains
points d'administration de Fabrique ; communiquant les
Indulgences attachées par le Souverain Pontife aux Exer-
cices des Quarantes Heures; et introduisant dans le Diocèse
la neuvaine de prièr-es en l'honneur de St. Antoine de
Padoue 258
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal apportant quelqu'a-
doucissement à la loi de l'abstinence pendant le Carême 260
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal annonçant l'ouverture
d'une mission 262
Mandement de Visite 272
Bulle du Pape Grégoire XVI érigeant Québec en Siège Métro-
politain de la Province ecclésiastique de ce nom 278
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal déterminant l'épo-
que de la Retraite Pastorale et y invitant les prêtres 280
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal à l'occasion d'un
changement dans la loi du jeûne et de l'abstinence 282
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal donnant des règles
de conduite uniformes pour l'exercice du Ministère 288
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal répondant à certaines
questions sur les repas gras des Dimanches dans le Carême 292
TABLE DES MATIERES 497
Circulaire au C'uM'gé du Diocèse de Monlréai donnant une direc-
tion à MM. les Curés et Missioiinaires pour mettre à exécu-
tion le Bill d'Education passé dans la dernière Session du
Parlemeiit Provincial '293
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evèque de Montréal au sujet de l'in-
cendie arrivé à Québec le 28 Mai 1845 296
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal suggérant l'organi-
sation de comités dans les diverses paroisses du Diocèse pour
recueillir les secours destines au incendiés de Québec 301
Circulaiie au Clergé du Diocèse de Montréal invitant les prêtres
à la Retraite Pastorale ; déterminant le sujet de la pro-
chaine Conférence Ecclésiastique, et annonçant la fondalien
à Montréal de < l'Hospice de St. Joseph pour les Prêtres infir-
mes.. 302
Mandement de Tinstallation de « l'Œuvre des Bons Livres, «à
Montréal 304
Ordonnance d'organisation et Règlement de « l'Œuvre des Bons
Livres, » de Montréal 306
Indulgence accordées par les Souverains Pontifes aux Associés
de « l'Œuvre des Bons Livres» de Bordeaux et communi-
quées aux affiliés de Montréal, le 5 Décembre 1844 310
Inslructio Sacrse Congregationis de Propaganda Fide ad Arche-
piscopos, Episcopofe, Vocarios Apostolicos, aliosque Missio-
num Prcesules 312
Mandemeni d'Institution de la Fêle et de l'Office de Ste Janvière,
Vierge et Martyre, dans la Cathédrale de St. Jacques de
Montréal 322
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal pour l'Institution de
la Fête et de l'office de St. Zotique, martyr, dans son église
Cathédrale de St. Jacques 324
Mandemeni de Mgr. l'Ev. de Montréal contre les Sociétés Secrètes. 52^
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal pour annoncer la
mort deN. S. le Pape Grégoire XVI 337
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal annonçant l'élection
du Pape Pie IX, et ordonnant à cette occasion des prières
d'actions de grâce 339
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal à l'occasion de
l'incendie du village de Laprairie..., 390
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal pour encourager
les Fidèle? dp cette ville à la fondation d'un nouveau Col-
lège, celui des Pères Jésuites 343
498 TABLE DES MATIÈRES.
Circulaire au Clergé des Diocèses de Québec et de Montréal, et à
toutes les personnes qui s'intéressent à la grande œuvre des
Missions 349
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal recommandant les
Missions de l'Orégon à la charité catholique : et rappelant
l'attention des prêtres aux Conférences Ecclésiastiques 351
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal demandant des
secours pour les populations de Tlrlande et de l'Ecosse
décimées par la famine 353
Mandement de Mgr. l'Administrateur du Diocèse de Montréal,
annonçant le Jubilé Universel accordé par N. S. P. le Pape,
pour implorer le secours Divin 355
Lettres Apostoliques de N. S. P. le Pape Pie IX indiquant un
Jubilé Universel pour implorer le secours Divin 361
Pouvoirs extraordinaires accordés aux Confesseurs en temps de
Jubilé 367
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal annonçant l'ouver-
ture de la Retraite Pastorale annuelle 368
Lettre Pastorale de Mgr l'Evèque de Montréal, pour publier
l'Encyclique de N. S. P. le Pape Pie IX, en faveur de la mal-
heureuse Irlande 370
Lettre Encyclique dp N. S. P. le Pape par la Providence Divine
Pie IX 371
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal réglaut la desserte
des cures pendant l'absence de MM. les Curés en Retraitp... 397
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal invitant tous les
prêtres parlant l'anglais à venir au secours du Clergé de la
ville qui succombe sous le poids du travail pendant l'épidé-
mie de 1847 398
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evèque de Montréal au sujet de l'épi-
démie de 1847 399
Mandement de Mgr. l'Fvêque de Montréal annonçant son retour
de Rome, et conférant au Diocèse diverses grâces et faveurs 408
Calendrier des Indulgences publiées et à gagner dans le Diocèse
de Montréal 419
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal rappelant les grâces
insignes récemment accordées par le Saint Siège au Diocèse :
communiquant aux prêtres de nouvelles facultés, et recom-
mandant à leur zèle les œuvres de charité 435
Circulaire à MM. les Curés du Diocèse de Montréal prescrivant les
précautions à prendre contre les rois sacrilège? 44'2
TABLE DES MATIERES. 499
(Circulaire au Clergé du Diocèse de Monlréni Iransraeltanl aux
Confesseurs les réponses de Rome louchant l^s Sociétés
Secrètes et la pratique du Magnétisme i43
Lettre du Conseil Central de Lyon pour l'OEuvre de la Propaga-
tion de la Foi .* 445
Lettre Pastorale d.^ Mgr l'Evêque de Montréal sollicitant la cha-
rité de ses diocésains en faveur des Orphelins des Irlandais
émigrants 447
Mandement de Mgr. l'Evéque de Montréal pour encourager le
Pèlerinage de Notre-Dame de Bonsecours, et établir dans
cette chapelle la Confrérie de s Notre-Dame Auxiliatrice,»
pour tout le Diocèse. 457
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal renfermant quelques
explications relatives au Mandement précédent 470
Circulaire au Clergé du Diocèse de Montréal lui transmettant les
moyens pratiques adoptés contre le vice de l'ivrognerie 372
Lettre de Mgr. l'Evêque de Montréal aux propriétaires et Capitai-
nes de Steamboals 474
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, pour encourager
I l'Association des Etablissements Canadiens des Townships i 475
FIN DU PREMIER VOLUME.
MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS.
Imprimatur :
Montréal, ce ler Mars 1869.
A. F. Truteau, V.-G.,
Administrateur.
BQX
4127
.A4
IV13
v.l
Montréal (Archdiocese)
Mandements, lettres
pastorales, circulaires et autres ^
documents publies dans le diocèse
de Montréal depuis son érection
jusqu a
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