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Full text of "Mandements, lettres pastorales, circulaires et autres documents publiés dans le diocèse de Montréal depuis son erection jusquà l'année 1869"

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MANDEMENTS, 

LETTRES   PASTORALES,   CIRCULAIRES 

ET 

AUTRES    DOCUMENTS. 


MANDEMENTS 

LETTRES  PASTORALES 

CIRCULAIRES 

ET 

A.UTIIES  DOCUMENTS 

PUBLIÉS    DANS    I,E 

DIOCÈSE   I>E  MO\TKEAL. 

DEPUIS 

SON    ERECTION    JUSQU'A    L'ANNEE    J869. 

TOME  SECOND 


MONTREAL 

TYPOGRAPHIE  LE   NOUVEAU  MONDE 

23,  Rue  St.  Vincent. 

1869 


MANDEMENTS. 

LETTEES  PASTORALES,  CIRCULAIRES 

ET 

AUTRES    DOCUMENTS. 


CIRCULAIRE 

AU   CLERGÉ    DU    DIOCÈSE   DE    MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  24  Juin  1848. 
Monsieur^ 

J'apprends,  avec  une  profonde  douleur,  que  les  sauterel- 
les font  de  terribles  ravages  dans  plusieurs  paroisses  de  ce 
diocèse  ;  et  il  est  bien  à  craindre  qu'elles  ne  se  répandent 
par  torrents  dans  les  autres,  pour  dévorer  la  belle  moisson 
qui,  aujourd'hui,  est  le  seul  espoir  du  pays  dans  l'affreuse 
misère  qui  l'accable.  Elles  sont  en  si  grand  nombre  et 
tellement  voraces  que  leur  passage  dans  les  champs  est 
comme  celui  d'un  incendie  qui  met  tout  à  net. 

Descendant  des  coteaux  sablonneux  où  elles  ont  com- 
mencé par  manger  les  seigles  d'automne,  elles  se  jettent 
avec  une  espèce  de  fureur,  non  seulement  sur  les  grains 
naissants,  mais  encore  sur  l'herbe,  les  patates,  les  oignons, 
et  sur  toutes  espèces  de  végétaux.  On  les  voit  par  huit  et 
dix  s'attaquer  à  un  même  épi  qui  bientôt  succombe  sous 
leur  poids,  et  disparaît  sous  leurs  dents.  Les  prairies 
qu'elles  traversent  comme  des  armées  rangées  en  bataille 
sont  tellement  brûlées  ou  infectées  que  les  animaux  n'y 
peuvent  plus  paître;  et  lorsqu'après  avoir  ruiné  un 
champ,  elles  gagnent  la  terre  voisine,  qui  va  leur  servir 


fi  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  pâture,  les  clôtures  en  sont  tellement  couvertes  que 
l'on  ne  distingue  ni  pieux  ni  perches,  et  l'œil  n'aperçoit 
au  loin  que  des  monceaux  de  ces  insectes  que  le  souffle  de 
la  colère  de  Dieu  a  poussés  évidemment  de  proche  en 
proclie  pour  avertir  son  peuple  du  malheur  qui  le  menace. 

Je  m'empresse  de  vous  donner  ces  renseignements,  et 
de  vous  indiquer  quelques  moyens  à  prendre  pour  arrêter 
"ttn  si  épouvantable  fléau. 

1"  Veuillez  bien  donner  avis  à  vos  paroissiens  du  mal- 
heur déjà  arrivé  à  leurs  frères  et  qui  les  menace  eux-mê- 
mes, si  Dieu  n'a  point  pitié  de  uvas.  Vous  pouvez  pour  cela 
leur  lire  la  présente. 

2o  Annoncez-leur  que  le  clergé  va  faire,  pour  sa  part, 
tout  ce  qu'il  pourra  pour  arrêter  ce  fléau  destructeur, 
pendant  qu'il  ne  fait  que  commencer  à  faire  sentir  ses 
affreux  ravages. 

3'J  En  conséquence,  recourons  à  la  pénitence,  aux 
larmeslet  aux  gémissements  dans  l'intérieur  de  nos  âmes, 
dans  la  crainte  que  ce  ne  soit  en  grande  partie,  à  cause  de 
nos  négligences  dans  l'accomplissement  de  nos  devoirs  de 
Pasteurs  que  Dieu  est  obligé  de  visiter  ainsi  son  peuple 
dans  sa  colère. 

4°  Il  y  aura  tous  les  samedis  à  l'autel  de  l'Archiconfré- 
rie,  dans  l'église  Cathédrale,  et  à  la  chapelle  de  Bon- 
Secours,  une  messe  célébrée  pour  toucher  le  très  saint  et 
Immaculé  Cœur  de  Marie,  et  implorer  son  puissant  se 
cours  en  faveur  de  ses  enfants  que  la  sévère  justice  de 
Dieu  poursuit. 

5o  Je  vous  autorise  à  faire  quand  vous  le  jugerez  à 
propos,  les  prières  du  Rituel,  pour  détourner  ce  fléau 
menaçant.  11  faudra  que  la  Paroisse  fasse  chanter  au 
moins  une  grand'messe  ;  et  que  tous  promettent  de  ne  plus 
souffrir  dans  leurs  maisons  des  fréquentations  de  jeunes 
gens  seul  à  seul  et  inutiles. 

6o  Je  vous  conseille  d'exiger  aussi  de  vos  paroissiens 
qu'ils  se  mettent  de  la  Tempérance  totale,  et  afin  qu'ils 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  7 

fassent  ce  sacrifice  avec  plus  de  joie  et  de  mérite,  vous 
voudrez  bien  leur  donner  un  petit  cours  d'instruction  sur 
les  maux  de  livrognerie,  et  les  avantages  de  la  tempérance. 
Une  fois  pénétrés  de  la  vérité  que  la  boisson  est  le  grand 
ennemi  des  corps  et  des  âmes,  des  familles  et  des  paroisses, 
des  provinces  et  des  royaumes,  il  ne  sera  pas  difficile  de 
les  gagner  à  une  société  destinée  à  régénérer  ce  pays  et  à 
en  faire  le  bonheur.  Le  Manuel  de  la  Tempérance  fournit 
d'excellents  matériaux  ;  et  si  on  le  fait  circuler  dans  un 
temps  si  malheureux,  il  remplira  sa  haute  mission. 

Les  Mélanges  vous  diront  désormais  le  mouvement  de 
cette  bienveillante  société.  Je  me  borne  pour  aujourd'hui 
à  vous  annoncer  avec  plaisir  que  plusieurs  propriétaires  e  t 
capitaines  de  sleamhoa'.s  ont  promis  de  ne  point  souffrir  de 
barres  à  leur  bord.  ^. 

Je  suis  bien  cordialement. 
Monsieur, 
Voire  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

-j-  Lr.  EvÊQUE  DE  Montréal. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE   DE    MONTRÉAL. 


Montréal,  le  27  Juillet  1848. 


Monsieur, 


En  vous  envoyant  le  rapport  ci-contre  de  l'assemblée  du 
clergé,  tenue  le  jour  de  la  St.  Jacques,  j'en  prends  occasion 
de  vous  prier  de  faire  de  nouveaux  efforts  pour  encourager 
la  si  belle  œuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi.  Le  nou- 
veau motif  pour  cela  est  l'avantage  qui  en  doit  revenir  à 


8  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

des  milliers  de  nos  jeunes  gens  qui  vont  aller  s'établir 
dans  les  townships.  Afin  d'épargner  à  vos  gens  des  frais 
de  voyage  et  une  perte  de  temps  pour  venir  chercher  ici 
des  recommandations,  il  vaudrait  mieux  envoyer  au  secré- 
taire du  comité  centrale  une  liste  des  personnes  de  votre 
paroisse,  qui  veulent  prendre  des  terres  dans  les  townships, 
avec  un  mot  de  recommandation  et  celui-ci  vous  trans- 
mettra le  billet  d'introduction  aux  agents  des  terres,  afin 
que  chacun  puisse  se  présentera  eux  et  être  entendu. 

Je  vous  annonce  que  la  Retraite  Pastorale  se  fera  à 
l'ordinaire  au  Petit-Séminaire  de  cette  ville,  et  commen- 
cera le  24  août  prochain,  entre  les  quatre  à  cinq  heures 
de  l'après-midi,  pour  se  terminer  le  premier  septembre. 
Je  donne  à  tous  ceux  qui  garderont  les  paroisses,  les 
pouvoirs  de  desservants,  avec  la  faculté  de  biner  et  je  dis- 
pense au  besoin  d'un  ban  de  mariage  ceux  qui  seraient 
dans  le  cas  de  se  marier  dans  la  semaine  de  la  retraite. 
Je  prie  chaque  curé  de  s'arranger  avec  ceux  qui  ont  des 
vicaires  ou  avec  les  prêtres  des  Séminaires  ou  de  l'Evêché, 
et  au  besoin  avec  ses  voisins,  pour  que  le  même  prêtre 
n'ait  pas  plus  que  deux  ou  trois  paroisses  à  desservir. 

Il  y  aura  à  l'Evêché  une  autre  Retraite  pour  ceux  qui 
auront  gardé  les  cures.  Elle  commencera  le  7  septembre 
entre  les  quatre  et  cinq  heures  de  l'après-midi  et  se  termine- 
ra le  15  du  même  mois.  Les  mêmes  pouvoirs  que  ci-dessus 
sont  donnés  à  ceux  qui  seront  à  leur  tour  gardiens,  pen- 
dant cette  seconde  Retraite.  Par  cet  arrangement,  chacun 
pourra  se  procurer  le  précieux  avantage  de  se  ranimer 
et  fortifier  dans  la  pratique  de  ses  devoirs.  Nous  faisons 
route  vers  l'éternité  par  des  chemins  bien  tortueux  et 
nous  conduisons  au  port  du  salut  des  vaisseaux  chargés 
de  grandes  richesses,  qui  sont  ces  milliers  d'âmes  con- 
fiées à  nos  soins. 

Nous  avons  besoin  et  grand  besoin  de  nous  arrêter  un 
peu  pour  considérer  si  nous  n'aurions  pas  par  mégarde 
pris  quelque  fausse  route.  Aussi  vous  recevrez  cette  invi- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  9^ 

talion  comme  sortie  de  la  bouche  de  J.-G.  Venite  seorsum  ; 
et  requiescite  pusillum.  Erant  enim  gui  veniebant  etredibant 
multi  ;  et  nec  spatium  manducandi  habebant.  Et  ascen- 
dentes  in  navim  abierunt  in  desertum  locum  seorsum.  (Marc. 
6.  31  et  32.)  Ces  paroles  nous  conviennent  à  tous  parfai 
tement  et  je  les  laisse  à  votre  méditation.  Seulement 
n'oubliez  pas  de  recommander  le  succès  de  celle  Retraite 
aux  prières  de  vos  bons  paroissiens  ;  car  nous  en  avons 
bien  besoin. 

En  attendant  le  bonheur  de  respirer  avec   vous  l'air 
embauMé  de  la  solitude, 

Je  suis  bien  affectueusement, 
Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

7  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
(Vraie  copie)  A.  L.\combe,  A.  Secrétaire. 


RAPPORT 

DE  l'Assemblée  du  25  juillet  1848,  au  sujet  de  la  Colo- 

•  NISATION   ET    de    La   SOCIÉTÉ   DE  TEMPÉRANCE. 

A  une  assemblée  du  clergé  tenue  à  l'Evêché,  le  vingt- 
cinq  juillet  mil-huit-cent-quarante-huit,  présidée  par  Mgr. 
TéTêque  de  Montréal,  et  à  laquelle  assistaient  Mgr.  le 
Coadjuteur  et  une  cinquantaine  de  prêtres  de  diverses 
paroisses  d  :  diocèse,  l'on  a  considéré  mûrement  certaines 
difficultés  que  rencontre  l'association  des  Etablissements 
Canadiens  des  Townships  ;  et  pour  les  lever  autant  que 
possible,  il  a  été  décidé  : 

1'^  Que  le  clergé  continuerait  à  promouvoir,  autant  que 
possible,  les  ir.térêts  de  cette  association  bienveillante. 

2o  Que  l'on  aurait  pour  unique  but  de  travailler  à  pro- 


10  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

curer  au  peuple  de  bons  établissements;  et  que  l'on  demeu- 
rerait étranger  à  toute  question  politique,  si  jamais  il  s'en 
élevait  dans  le  sein  de  l'association. 

30  Que  l'association  de  la  Propogation  de  la  foi,  ayant 
la  même  fin  et  adoptant  les  mêmes  moyens  que  celle  des 
Etablissements  Canadiens  des  Townships,  comme  il  appert 
par  le  mémoire  du  comité  central  de  la  dite  association, 
présenté  à  S.  K.  Lord  Elgin,  Gouverneur  de  celte  pro- 
vince, savoir  :  de  faire  bâtir  des  Eglises,  presbytères  et 
maisons  d'Ecole,  et  de  soutenir  des  missionnaires  etc.  etc., 
il  faudrait  prendre  des  moyens  pour  que  ces  deux  associa- 
tions s'entendissent,  afin  de  parvenir  au  but  si  noble  qu'elles 
-se  proposent  toutes  deux. 

io  Que  pour  cela,  l'association  de  la  Propogation  de  la 
foi  devrait  acquitter  une  partie  des  fonds  qu'elle  prélève, 
aux  objets  mentionnés,  et  que  celle  des  Etablissements 
Canadiens  des  Townships  dérigerait  toutes  les  opérations 
nécessaires  pour  la  colonisation. 

5"  Qu'à  cette  fin  l'on  ferait  de  nouveaux  efforts  pour 
propager  et  répandre  la  dite  association  de  la  Propogation 
de  la  foi,  à  la  ville  comme  à  la  compagne. 

0°  Que  l'on  établirait  dans  chaque  paroisse  aussi  bien 
qu'à  la  ville,  un  conseil  formé  de  laïcs  zélés  qui  rempli 
raient  les  divers  offices  de  l'association,  comme  il  est 
prescrit  dans  les  règles. 

7c  Que  les  conseils  des  deux  associations,  établis  dans 
cette  ville,  s'entendraient  pour  former  les  Etablissements 
religieux  qui  sont  l'objet  de  l'une  et  de  l'autre. 

Le  président  félicita  ensuite  l'assemblée  sur  les  admi- 
rables succès  qu'obtenait  partout  la  société  de  tempérance 
par  les  efforts  que  fesait  le  clergé,  pour  établir  dans  cha- 
que paroisse,  cette  société  régénératrice.  Il  pria  tous  les 
membres  de  l'assemblée  de  vouloir  bien  transmettre,  cha- 
que mois,  à  M.  Duford,  marchand,  et  secrétaire  de  l'asso- 
ciation, un  rapport  de  ce  qui  ce  passerait  d'important, 
pour  en  for.i.er  un  rapport  général  qui  serait  envoyé  au 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  1 1 

conseil  de  chaque  paroisse,  afin  d'entretenir  le  mouve- 
ment si  heuieux  qui  se  remarque  chez  les  populations 
pour  cette  association.  Les  renseignements  à  obtenir 
seraient:  1"  les  traits  héroïques  de  généreux  sacrifices 
propres  à  donner  du  courage  à  ceux  qui  craignent  de 
prendre  un  engagement  pénible  à  la  nature.  2o  Les  acci- 
dents fâcheux  occasionnés  par  la  boisson  et  capables  d'en 
inspirer  l'horreur.  3'^  Les  progrès  que  ferait  la  société,  en 
donnant  :  v.  g.  le  chiflVe  des  associés,  quand  il  y  aurait 
des  agrégations  nouvelles  ;  les  changements  qui  s'opé- 
reraient dans  le  commerce  des  liqueurs  enivrantes  par 
ia  diminution  des  auberges,  et  les  dispositions  des  mar- 
chands à  renoncer  à  cette  branche  de  gain  reconnue 
aujourd'hui  pour  être  très-nuisible  au  bien  du  peuple  et 
ruineux  pour  le  pays... 

Fait  et  passé  à  l'évèché  de  Montréal,  les  jour  et  an 
que  dessus. 

t    IG.  Ev,    DE   MONTRKAL. 


LETTRE  PASTORALE 

DE  MGR.  l'ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL  POIR  ANNONCER  ET  RÉGLER 
LA  CÉRÉMONIE  DE  LA  TRANSLATION  DE  LA  NOUVELLE 
STATUE  DE  BONSECOURS  SPÉCIALEMENT  DÉDIÉE  POUR 
LES    NAVIGATEURS. 


Ignace  Bourget^  par  la  Miséricorde  de  Dieu  et  du  Si.  Siège 
Apostolique.,  Evéque  de  Montréal.,  etc.  etc.  Au  Clergé 
Séculier  et  Régulier.,  aux  Communautés  et  à  tous  les 
Fidèles  de  Notre  Diocèse,  salut  et  bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ. 

Nous  vous  écrivons  cette  lettre,  N.  T.  G.  F.,  pour  vous 
annoncer  que  le  six  octobre  prochain,  vers  les  neuf  heu- 
res du  matin.  Nous  feions,  à  Bonsecours,  la  Translation 
d'une  nouvelle  Statue  de  la  B.  Vierge  Marie,  et  pour 
régler  l'ordre  de  cette  Gérémonie. 


12  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Vous  VOUS  rappelez  bien,  et  vous  n'oubliez  jamais  sans 
doute,  N.  T.  G.  F.,  l'auguste  Solennité  du  vingt-un  mai 
dernier,  dans  laquelle  nous  couronnâmes  avec  tant  de 
pompe  et  transportâmes  ensuite  en  si  grand  triomphe,  la 
Statue,  qui  devait  remplacer  la  sainte  Image  de  N.  D.  de 
Bonsecours,  qu'une  main  sacrilège  avait  ravie  à  notre  piété. 
Et  pourriez-vous  l'oublier  cette  joyeuse  et  pieuse  Céré- 
monie, lorsque  nos  rues  sont  encore  pour  ainsi  dire  em- 
baumées de  l'encens  de  nos  louanges,  et  toutes  imprégnées 
de  célestes  bénédictions  D'ailleurs  vous  savez  tous  com- 
ment cette  statue  est  l'instrument  des  divines  Miséri- 
cordes depuis  ce  jour  fortuné. 

Gomme  nous  avons  souverainement  à  cœur  de  rendre 
à  la  sainte  Ghapelle  de  Bonsecours  tous  les  monuments 
qui  la  rendaient  si  chères  à  nos  pères,  Nous  allons  procé- 
der à  la  Gérémonie  de  la  translation,  de  la  nouvelle 
Statue  qui  remplacera  le  tableau  de  la  Ste.  Vierge,  autre- 
fois exposé  sur  la  façade  de  la  Sacristie,  donnant  sur  le 
Port,  cornue  pour  inviter  tous  ceux  qui  y  entraient  ou  en 
sortaient  à  mettre  en  elle  toute  leur  confiance. 

Nous  aimons  à  vous  faire  part  ici,  N.  ï.  G.  F.,  de  quel- 
ques-unes des  raisons  qui  nous  portent  à  faire  main- 
tenant l'inauguration  de  cette  Statue,  et  nous  croyons 
intéresser  votre  piété  en  vous  indiquant  l'ordre  que  nous 
allons  suivre  dans  cette  Gérémonie. 

D'abord  nous  choisissons  le  six  octobre  pour  élever  ce 
nouveau  monument  à  la  gloire  de  l'auguste  Patronne  de 
Montréal,  parce  que  c'est  le  jour  anniversaire  de  la  solen- 
nelle plantation,  de  la  célèbre  plantation  de  la  croix  du 
mont  St.  Hilaire  par  le  Vénérable  Evêque  de  Nancy,  dont 
le  nom  seul  rappelle  à  nos  cœurs  tant  de  grands  et  de 
doux  souvenirs.  Ge  jour  est  d'ailleurs  celui  qui  favorise 
le  mieux  le  zèU  des  propriétaires  et  capitaines  des  vais- 
seaux Gatholiques,  qui  saisissent  avec  empressement 
cette  occasion  de  prouver  publiquement  leur  vénération 
pour  Marie,  et  de  procurer  à  leurs  concitoyens  la  conso- 


CIRCULAIRE  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  13 

lation  d'un  nouveau  spectacle  religieux.  Il  se  fera  à  la 
Cathédrale  et  à  Bonsecours,  les  jouis  qui  précéderont 
cette  Cérémonie,  des  prières  particulières,  afin  que  Dieu 
ait  pour  agréables  les  nouveaux  honneurs  que  nous  allons 
rendre  à  sa  Mère. 

Ce  sera  sur  notre  majestueux  Fleuve  que  ce  déploiera 
cette  fois  la  pompe  d'une  de  nos  plus  belles  Cérémonies. 
Vous  p.n  saississez  parfaitement  la  raison,  et  vous  com- 
prenez que  les  Fleuves  et  les  mers  doivent  s'unir  à  la 
terre,  pour  publier  la  gloire  de  celle  qui  a  mis  au  monde 
le  créateur  ds  toutes  choses.     Quem  terra^  Pontus,  sidéra 

colunt claustrum  Marix  bajulat.     Cette  nouvelle  Statue 

sera  placée  avec  respect  au  lieu  le  plus  éminent  et  le 
plus  visible  de  la  Chapelle  de  Bonsecours,  pour  que  tous  se 
rappellent  en  la  voyant,  que  l'humble  Vierge  de  Nazareth, 
qui  a  nourri  de  son  lait  sacré  celui  qui  fait  vivre  toutes 
les  créatures,  est  élevée  au-dessus  de  tous  les  autres;  et 
que  de  là  elle  règne  en  souveraine  sur  cette  ville  et  ce 
Diocèse  :  0  gloriosa  Domina^  excelsa  super  sidéra. 

Cette  reine  pleine  de  bonté  nous  apparaîtra  debout: 
Autistes  et  Regina.  C'est  pour  nous  montrer  qu'elle  sera  tou- 
jours prête  à  venir  à  notre  secours.  Ses  yeux,  dans  les- 
quels se  peignent  toutes  les  grâces  de  la  miséricorde,  seront 
continuellement  ouverts  sur  nos  besoins  et  fixés  sur  cette 
terre  qui  lui  appartient  à  tant  de  litres.  Ah  !  ce  sera  pour 
voir  tous  nos  maux,  et  être  vraiment  pour  nous,  malheu- 
reux enfants  d'Adam,  la  Dame  de  Bonsecours  :  Auxilium 

i'hristianorum illos  tuos  miséricordes  oculos  ad  nos  co7i- 

verte.  Ses  mains  pleines  de  bénédictions  seront  nuit  et 
jour  tendues  vers  ses  enfants  qui  habitent  cette  vallée  de 
larmes.  Oh!  Ce  sera  pour  les  recevoir  avec  la  tendresse 
d'une  mère,  chaque  fois  qu'ils  iront  se  jeter  dans  ces  bras 
pour  lui  faire  entendrent  ce  cri  de  confiance  :  sancta  Maria 
succurre  miseris.  Sa  tête  sera  couronnée  d'étoiles,  comme 
là  glorieuse  Dame  que  vit  St.  Jean  dans  l'Apocalypse; 
c'est  qu'en  effet  elle  est  l'étoile  de  la  mer  et  l'espoir  du 


14  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Navigateur.  Aussi  la  saluera-t-il  arec  de  doux  transports 
et  lui  fera-t-il  son  adieu  et  son  bonjour  chaque  fois  qu'il 
abordera  ou  quittera  le  port  :  Ave^  Maris  Stella.  Ce  sera  le 
premier  objet  que  découvrira  de  loin  l'œil  de  l'étranger, 
et  s'il  cherche  à  connaître  ce  que  signifie  cet  objet,  sa 
louable  curiosité  sera  satisfaite  en  lisant  ces  mots  :  Marie 
protège  ce  lieu,  Marianopolis  Tutela  ;  et  s'il  veut  savoir  à 
quel  titre,  Marie  elle-même  le  lui  dira  en  lui  expliquant 
l'inscription  :  Posuerunt  me  Custodem  :  ceux  qui,  il  y  a 
deux  siècles,  touchèrent  ce  rivage,  et  y  fondèrent  cette 
ville,  m'en  confièrent  la  garde. 

Enfin,  il  y  a  quelque  chose  qui  Nous  presse  intérieure- 
ment de  faire  cette  Cérémonie  avant  la  clôture  de  la 
navigation,  et  nous  allons  encore  vous  faire  part  de  notre 
pensée.  Vous  savez,  N.  T.  G  F.,  que  la  terrible  maladie  du 
choléra,  qui  nous  visita  en  1832  et  34,  fait  encore  dans 
l'ancien  monde  d'affreux  ravages.  Nous  serions  fâché  de 
jeter  dans  vos  cœurs  de  fausses  alarmes,  en  vous  annon- 
çant une  troisième  visite  de  cet  épouvantable  fléau.  Toute 
fois,  nous  ne  pouvons  dissimuler  que  la  marche  de  cette 
désolante  épidémie  est  aujourd'hui  ce  qu'elle  fut  autre- 
fois. Nous  avons  donc,  non  pas  à  nous  laisser  aller  à  des 
craintes  puériles,  mais  à  prendre  de  sages  précautions  pour 
tenir  éloigné  de  nous  ce  fléau  dévastateur. 

A  la  vue  du  péril,  qui  menace  la  ville  et  les  campagnes 
aux  approches  dequelque  maladie  contagieuse,de  viligants 
magistrats  ne  manquent  pas  de  faire  dessécher  les  marais 
infects,  d'assainir  tous  les  lieux  qui  pourraient  être  le  théâ- 
tre de  la  désolation  et  de  la  mort  et  de  prendre  enfin  de 
sages  mesures,  pour  mettre,  autant  qu'ils  le  peuvent,  une 
barrière  impénétrable  à  l'épidémie. 

Il  est  pour  tout  pasteur  un  devoir  bien  autrement  rigou- 
reux à  remplir  dans  les  temps  de  désolation,  c'est  celui 
de  s'immoler  pour  son  troupeau,  et  en  même  temps  à  tra- 
vailler de  toutes  ses  forces  à  lui  faire  produire  de  dignes 
fruits  de  pénitence.  Car,  c'est  en  vain  que  l'homme  veille 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  l' 

à  la  garde  de  la  ville,  si  Dieu  lui-même  n'en  prend  soin  : 
Nisi  dominus  custodierit  civitatem,  frustra  vigilat  qui  eus- 
todit  earn.  Ceci  s'applique  surtout  à  la  maladie  dont  nous 
avons  à  nous  préserver,  puisque  les  plus  habiles  médecins 
n'ont  pu  jusqu'ici  l'assujettir  aux  règles  de  Fart  ;  et, 
que  pour  cette  raison  elle  est  justement  regardée  comma 
un  de  ces  fléaux  que  Dieu  tire  de  temps  en  temps  du 
trésor  deses  vengeances,  pour  punir  son  peuple  coupable, 
et  l'obliger  d'entrer  dans  les  voies  de  la  justice.  Or,  uu 
des  moyens  que  nous  avons  à  prendre  pour  nous  rendre 
le  ciel  favorable  dans  le  danger  que  nous  courons,  c'est 

de  recourir  à  Marie."  In  periculis Mariam  invoca,  nous 

dit  St.  Bernard.  Ce  fut  par  ce  moyen  que  plusieurs  villes, 
entre  autres  celle  de  Lyon,  si  célèbre  par  son  pèlerinage  de 
N.  D.  de  Fourvières,  furent,  il  y  a  peu  d'années,  préservées 
du  choléra,  qui  faisait  dans  les  pays  environnants  d'affreux 
ravages.  Ne  pourrons-nous  pas  espérer  que  N.  D.  de 
Bonsecours  éloignera  de  nous  une  si  funeste  contagion. 
si  nous  recourons  à  elle  avec  la  même  confiance,  et  si 
nous  l'honorons  avec  la  même  piété.  Nous  avons  pour 
cela,  N.  T.  G.  F.,  toute  la  saison  d'hiver,  pour  aller  lui 
rendre  nos  devoirs  dans  le  sanctuaire  qu'elle  a  choisi  pour 
exercer  ses  grandes  miséricordes. 

Mais  souvenons-nous  qu'il  ne  suffit  pas  d'honorer  Marie 
du  bout  des  lèvres,  pour  apaiser  le  ciel  irrité  par  tant  de 
scandales  qui  régnent  parmi  nous,  et  qu'il  faut  nécessaire- 
ment y  joindre  des  œuvres  de  justice.  Travaillons  tous 
ensemble,  Nos  Très-Ghers  Frères,  à  faire  tomber  cesauber 
ges  scandaleuses  et  ces  maisons  de  libertinage,  beaucoup 
plus  capables  d'introduire  parmi  nous  la  peste  et  la  mort 
que  l'air  empesté  qui  s'exhale  des  lieux  marécageux.. 
Bannissons  de  nos  sociétés  ces  partis  de  plaisir,  ces  bals, 
ces  veillées  seul  à  seul,  ou  régnent  la  licence  des  paroles 
et  l'indécence  des  parures.  Ayons  horreur  de  ces  blas- 
phèmes exécrables  qui  crient  vengeance  au  ciel,  etaltirenir 
sur  la  terre  les  malédictions  du  Seigneur  qui  nous  assurer 


36  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

.que  celui  qui  jurera  ne  demeurera  impuni.  Fréquentons 
les  sacrements  avec  foi  ;  assistons  aux  saints  offices  avec 
piété;  soulageons  les  pauvres  avec  amour,  et  favorisons 
toutes  ces  belles  sociétés  que  la  Religion  a  formées  pour 
nous  donner  le  moyen  de  racheter  nos  péchés  par  d'abon- 
dantes aumônes.  Que  de  bien  vous  pourrez  faire,  Nos 
Très-Ghers  Frères,  en  vous  aggrégeant  aux  Associations 
de  la  Propagation  de  la  Foi,  de  la  Tempérance  et  de  la  St. 
Vincent  de  Paul,  destinées,  dans  l'ordre  de  la  Providence, 
à  faire  régner  dans  noire  pays  la  justice  et  la  prospérité. 

Pourvous,'pieux  et  bons  voyageurs,  souvenez  vous  que 
•c'est  principalement  pour  vous  que  nous  allons  ériger 
ce  monument  en  dehors  de  la  sainte  chapelle  de  Bonse- 
cours.  iS'oubliez  pas  que  l'image  de  Marie  est  là  pour 
vous  inviter  à  penser  à  elle  et  à  l'invoquer  avec  dévotion 
dans  tous  vos  besoins.  Ne  manquez  pas  d'aller  lui  rendre 
vos  devoirs  en  personne  dans  ce  sanctuaire  chéri.  Là 
vous  trouverez  des  prêtres  zélés  qui  vous  annonceront  la 
parole  de  Dieu,  qui  entendront  vos  confessions  et  vous 
admettront  à  la  sainte  table.  Prenez  garde  de  passer  les 
jours  de  dimanches  et  de  fêtes  dans  l'oisiveté  et  l'ivrogne- 
rie sous  les  yeux  mêmes  de  Marie  notre  Mère.  Oh  !  que 
vous  seriez  coupables  de  vous  laisser  aller  à  une  pareille 
négligence  ;  et  à  quels  terribles  châtiments  ne  devriez- 
vous  pas  vous  attendre  en  punition  d'une  pareil  indiffé- 
rence !  Faites-vous  plutôt  un  devoir  d'assister  fréquem- 
ment à  la  messe  ainsi  qu'aux  autres  exercices  que  l'on  y 
fait  tous  les  jours  de  l'année. 

Maintenant,  ô  Ste.  Mère  de  Dieu,  nous  volons  vers  vous, 
pour  nous  mettre  sous  votre  protection,  pasieurs  et  bre- 
bis. Ah  !  ne  méprisez  pas  nos  prières  et  délivrez-nous 
de  tous  les  dangers  que  nous  courons  sur  la  mer  orageuse 
de  ce  monde.  Vierge  glorieuse  et  bénie.  Amen. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  des 
Eglises  Cathédrale  et  Paroissiales  de  notre  Diocèse,  le  pre- 
mier Dimanche,  et  en  chapitre,  dans  toutes  les  commu- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  17 

nautés  religieuses,  le  premier  jour  libre  après  sa  récep- 
tion. 

Donnée  à  Montréal,  le  20  Septembre,  mil  huit  cent 
quarante  huit,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 

f  IG.  EvEQLE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

Uroel  Archambault, 

Secrétaire  ad  hoc. 


[Pour  copie] 


UrTiEl  Archambault, 
Secrétaire  ad  hoc. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGE    DU    DIOCESE    DE    MONTREAL. 

Evêche  de  Montréal,  le  14  Novembre  1848. 
Monsieur^ 

La  Présente  est  pour  vous  informer  que  j'ai  fait  dresser, 
pour  1849,  un  0/y/o,  sur  le  modèle  de  ceux  qui  s'impri- 
ment à  Rome  et  en  France,  pour  la  commodité  de  chaque 
Ecclésiastique  tenu  à  la  récitation  de  l'Offî ce-Divin,  et  à 
la  célébration  de  la  Sainte  Messe. 

J'ai  réglé  que  chaque  Eglise  s'en  procurerait  un  exem- 
plaire qui  devra  être  déposé  à  la  Sacristie  et  mis  en 
vue  du  Prêtre  se  revêlant  des  ornements  sacrés.  Cet 
Ordo  est  sorti  de  presse,  et  se  vend  aux  bureaux  des 
Mélançies  Religieux.,  à  quinze  sous  l'exemplaire. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  prier  d'exhorter  tous 
ceux  de  vos  Paroissiens  qui  appartiennent  à  l'Association 
de  la  Propagation  de  la  Foi,  de  vouloir  bien  payer  d'avance 
une  partie  de  leur  contribution  ;  parceque  je  vais  pro- 
chainement visiter  les  Townships,  et  que  j'aurai  besoin  de 


18  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

quelques  fonds  pour  encourager  les  nouveaux  colons  dans- 
leurs  bâtisses  d'Eglise.  Ayez  la  bonté  de  faire  tenir  au 
plus  tôt  à  l'Evêché  ce  que  vous  aurez  pu  retirer. 

J'apprends  avec  douleur  que  plusieurs  d'entr'eux  vont 
avoir  beaucoup  de  misère  ;  je  le  crois  sans  peine.  Mais 
comme,  grâce  à  la  bonne  récolte,  les  campagnes  sont  main 
tenant  assez  à  l'aise,  n'y  aurait  il  pas  quelque  moyen  de 
porter  secours  à  des  frères  qui  pourraient  bien  être  réduite 
à  une  extrême  misère  ?  C'est  ce  que  je  vous  prie  de  con- 
sidérer dans  votre  tendre  charité.  Je  ne  manquerai 
pas  de  prendre  sur  les  lieux  tous  les  renseignements  pos- 
sibles, et  de  vous  en  faire  part  ensuite,  afin  que  la  Coloni- 
sation ne  soit  pas  arrêtée  maintenant  qu'elle  paraît  être 
en  bon  train. 

Veuillez  bien,  pour  encourager  l'Association  de  la  Pro- 
pagation de  la  Foi,  représenter  à  vos  bons  et  zélés  Parois- 
siens qu'il  est  question  d'une  Œuvre  qui  les  touche  de 
près,  puisqu'il  s'agit  de  procurer  de  bons  établissements 
aux  enfants  de  la  Patrie,  et  surtout  d'assurer  à  des  mil- 
liers d'âmes  exposées  à  se  perdre,  des  moyens  de  salut. 
La  Lettre  Pastorale  du  17  Juin  et  la  Circulaire  du  27 
Juillet  derniers  peuvent  vous  fournir  quelques  motifs  de 
répandre  de  plus  en  plus  cette  belle  Association. 

Pour  encourager  la  Société  de  Tempérance,  dans  un 
temps  aussi  critique  que  celui  qui  nous  arrive,  je  désire 
faire  publier  la  liste  de  toutes  les  Paroisses  où  elle  est 
établie,  en  mentionnant  le  nombre  des  âmes,  des  commu- 
niants et  des  Associés.  Veuillez  bien  me  donner  au  plus 
tôt  ces  chiffres.  Vous  savez  mieux  que  moi  la  force  de^ 
l'exemple  dans  l'établissement  de  cette  Société. 
Je  suis  bien  cordialement,  Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

(Signé)        t  IG.  Ev.  de  Montréal. 
(Pour  vraie  copie) 

Al.    (iACOMBE, 

AcoL.  s.  Secrétaire. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  19 

CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Evèjhé  de  Montré. il,  le  13  Janvier  1849. 
Monsieur, 

La  Présente  est  pour  donner  le  sujet  à  traiter  dans  la 
Conférence  Ecclésiastique  de  ce  mois.  On  y  discutera  un 
projet  de  Loi  concernant  les  assemblées  pour  l'élection 
des  Marguilliers  et  les  redditions  de  comptes.  Votre  expé- 
rience là  dessus  vous  met  à  même  de  fournir  à  nos  Légis- 
lateurs de  très-utiles  renseignements. 

Ce  projet  a  été  concerté  et  convenu  avec  NN.  SS.  les 
Evêques  de  Québec,  et  sera  présenté  à  la  prochaine  Ses- 
sion du  Parlement  Provincial,  avec  tous  les  amendements 
qui  seront  jugés  nécessaires. 

Je  regrette  que  le  temps  ne  nous  permette  pas  de  suivre, 
dans  la  prochaine  conférence,  toutes  les  règles  dont  nous 
sommes  convenus  dans  les  précédentes.  Mais  nous  ferons 
pour  le  mieux.  En  conséquence,  je  vous  prie  de  vous 
réunir  au  plutôt  chez  les  Présidents  de  vos  Conférences 
respectives,  et  de  préparer  vos  Procès- Verbaux  pour  la 
Conférence  des  Députés,  qui  se  tiendra  à  l'Evêché,  le  pre- 
mier février  prochain.  Veuillez  bien  vous  rappeler  qu'à 
la  page  32  e'»  suiv.  du  projet  de  Règlement  se  trouvent  les 
formalités  à  suivre  pour  nos  Conférences  Ecclésiastiques. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  transmettre  à  MM.  les 
Présidents  un  projet  de  Requête  aux  trois  branches  de  la 
Législature,  pour  demander  l'incorporation  de  la  Société 
Ecclésiastique  de  St.  Jacques,  afin  qu'elle  puisse  acquérir 
légalement  des  fonds  pour  subvenir  aux  besoins  de  ses 
Membres,  et  faire  ses  autres  bonnes  œuvres. 
Je  suis  bien  sincèrement. 

Monsieur, 
Votre  très  hnmble  et  obéissant  serviteur, 

t    IG.    ÉVÉQUE   DE   MONTRJÉAL. 

J.  0.  Paré,  Cha7i.  Secrétaire. 


20  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE   AU  CLERGÉ 

Evêché  de  Montréal,  le  18  janvier  1849. 
}Aonsieui\ 

Les  souffrances  de  Notre  Saint  Père  sont,  à  nos  yeux, 
une  mine  précieuse  qu'il  faut  exploiter  au  profit  de  la 
Foi  de  notre  bon  peuple,  en  lui  inspirant  une  profonde 
vénération  pour  le  Chef  de  l'Eglise,  et  une  souveraine 
horreur  pour  les  révolutions  dont  il  est  victime,  et  qui 
pourraient  bien  quelque  jour  nous  atteindre.    Quocl  absit. 

C'est  notre  devoir  d'être  prudent  comme  le  serpent  qui, 
chaque  fois  qu'il  est  attaqué,  met  sa  tête  en  sûreté,  et 
laisse  morceler  son  corps  ;  parce  que  c'est  là  qu'est  sa  vie, 
et  qu'il  peut  toujours  rejoindre  les  parties  séparées  de  son 
corps  quand  sa  tête  est  saine  et  sauve.  Que  la  première 
autorité  soit  respectée  comme  elle  le  doit  être,  et  nous 
n'avons  rien  à  craindre. 

En  conséquence,  veuillez  bien,  en  lisant  la  Lettre  Pas- 
torale ci-jointe,  insister  sur  ces  deux  choses  :  l'honneur 
qu'il  y  a  pour  le  Pape  d'être  une  si  fidèle  image  de  Jésus- 
Christ,  et  les  horreurs  qui  se  commettent  dans  toutes  les 
révolutions. 

Cela  est  d'autant  plus  important  que  certains  journaux 
Anglais  annoncent  avec  complaisance  la  chute  du  Papis- 
me, et  le  règne  du  Protestantisme  ;  et  qu'un  certain 
journal  Français  cherche  à  répandre  des  principes  révo- 
lutionnaires. 

Vous  pourrez  partager,  comme  il  vous  plaira,  la  lecture 
de  cette  lettre,  pour  ne  pas  trop  allonger  votre  prône,  et 
pouvoir  en  donner  les  explications  que  vous  jugerez  né- 
cessaires. 

L'occasion  m'a  paru  favorable  pour  faire  en  passant  une 
mention  particulière  des  Communautés,  Associations  et 
Confréries,  afin  de  les  mettre  de  plus  en  plus  en  honneur, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  21 

et  pour  dire  un  mot  des  bals  et  autres  divertissements 
dangereux,  afin  de  vous  fournir  l'occasion  d'en  parler  et 
de  les  défendre  plus  strictement  dans  un  temps  de  deuil 
comme  celui-ci. 

Je  vous  prie  de  prier  et  faire  prier  pour  le  succès  des 
Retraites  qui  vont  se  faire  à  la  ville,  depuis  la  Septuagé- 
sime  jusqu'à  la  Quasimodo.     Vous  y  avez  tous  intérêt; 
car  de  la  ville  dépend  le  sort  des  campagnes.  Il  faut  donc 
que  vous  nous  aidiez  à  vous  donner  le  bon  exemple. 
Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très  affectionné  serviteur, 

7  IG.  EvÊQUE  DE  Montréal. 


LETTRE   PASTORALE 

DE  MONSEIGNEUR  l'ÉVÉQUE  DE  MONTRÉAL,  ORDONNANT  DES 
PRIÈRES  POUR  NOTRE  SAINT  PÈRE  LE  PAPE,  PIE  IX, 
OBLIGÉ  DE  QUITTER  ROME  ET  DE  SE  RÉFUGIER  DANS  UN 
ROYAUME  ÉTRANGER,  PAR  SUITE  DES  TROUBLES  ARRIVÉS 
DANS  SA  CAPITALE,  EN  NOVEMBRE  DERNIER. 

Ignace  Bourget^  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  de 
Su.  Siège  Apostolique.,  Evêque  de  Moîitréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses,  et  à 
tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ. 

La  présente  Lettre  Pastorale,  Nos-Très-ChersFrères,est 
pour  VOUS  annoncer  de  bien  tristes  nouvelles.  La  capitale 
du  monde  chrétien  est  en  proie  à  de  sanglantes  divisions 
La  populace  mutinée  a  envahi  la  paisible  demeure  de 
Notre  Saint  Père  le  Pape.  Le  sang  innocent  d'un  pieux 
et  savant  prélat,  attaché  à  sa  personne  sacrée,  a  arrosé  le 


n  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Quirinal.  Des  balles  meurtrières  ont  pénétré  jusque  dans 
l'appartement  occupé  par  le  St.  Père.  De  lâches  assassins 
ont  massacré  impunément  le  premier  Ministre  des  Etats- 
Pontificaux.  Les  rues  de  la  ville  sainte  ont  retenti  de 
chants  profanes  à  la  gloire  du  poignard  démocratique  qui 
avait  été  l'instrument  d'un  si  grand  crime.  Ces  mêmes 
rues  ont  entendu  le  cri  séditieux  et  sanguinaire,  ynort  au 
Pape  !  mort  aux  Cardinaux!  Enfin  le  bien-aimé  et  immortel 
PIE  IX,  traité  comme  un  prisonnier  dans  son  propre  palais, 
a  été  forcé  de  quitter  Rome,  pour  chercher  un  asile  dans 
un  Royaume  étranger,  afin  d'y  exercer  librement  les 
devoirs  sacrés  du  Souverain  Pontifical. 

Tel  est,  Nos-Très  Ghers-Frères,  autant  que  nous  avons 
pu  l'apprendre  par  les  Journaux  Publics,  le  résumé  de  ces 
déplorables  événements  qui  couvrent  de  deuil  le  monde 
entier.  Pour  vous  les  annoncer,  nous  manquons  d'ex- 
pressions capables  de  peindre  notre  juste  douleur;  mais 
vos  âmes  sont  naturellement  si  sensibles  et  si  généreuses 
que  ce  simple  exposé  suffira  pour  vous  attendrir  sur  les 
maux  qui  accablent  aujourd'hui  le  Père  de  toute  l'Eglise. 

Il  est  donc  arrivé  pour  lui  ce  temps  mauvais  qu'il  nous 
prédisait,  lorsque,  recommandant  à  notre  charité  la  mal- 
iieureuse  Irlande,  il  nous  disait,  avec  tout  l'accent  de  sa 
profonde  affliction  :  Elle  est  toujours  là  devant  nos  yeux 
cette  horrible  et  cruelle  tempête^  depuis  longtemps  soulevée 
contre  VEglise  Universelle.     (Encyclique  du  25  Mars,  1847.) 

Alors  pourtant  il  était  entouré  des  hommages  et  de  la 
vénération  de  son  peuple.  Alors  se  succédaient  à  Rome, 
presque  sans  interruption,  de  pompeuses  ovations  et  de 
magnifiques  illuminations,  pour  célébrer  son  glorieux 
avènement  au  Trône  Pontifical.  Alors  les  collines  de  la 
Cité  Eternelle  retentissaient  jour  et  nuit  des  bruyants 
applaudissements  d'un  peuple  ivre  de  bonheur  sous  son 
gouvernement  libéral  et  paternel.  Le  monde  entier  fesait 
écho  aux  réjouissances  de  la  capitale  ;  et  toutes  les  na- 
tions catholiques  bénissaient  le  Divine    Providence   de 


CIRCULAIRE  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  23 

leur  avoir  donné  un  si  bon  Pasteur,  Le  nom  de  ce  grand 
Pontife  était,  dans  toutes  les  bouches  ;  et  Rome  voyait 
aiîluer  dans  son  sein  une  foule  empressée  à  venir  de  tous 
les  points  du  globe  pour  contempler  la  sagesse  de  ce  nou- 
"veau  Salomon. 

Nous  avons  vu  de  nos  yeux,  Nos-Très-Ghers-Frères,  ce 
que  Nous  vous  rapportons  ici  ;  mais  notre  plume  ne  sau- 
rait vous  exprimer  nos  vives  et  délicieuses  émoliohs  à  la 
vue  du  Vicaire  de  Jésus-Christ,  fesant  rayonner  de  tant  de 
gloire  la  Chaire  Apostolique.  Hélas  !  ces  jours  de  triom- 
phe ne  devaient  pas  être  longs  1   Déjà  ils  sont  passés  ! 

Mais  au  milieu  de  toutes  ces  démonstrations  publiques 
de  joie  et  de  toutes  ces  protestations  solennelles  d'attache- 
ment, le  St.  Père  se  préparait  à  rhorrible  lempéLe  qui  au- 
jourd'hui agite  la  barque  de  Pierre.  Descendit  procella 
venti.  iLuc,  8.  '23.]  Il  pressentait  et  disait  que  c'était  là 
son  Dimanche  des  Rameaux  ;  et  que  bientôt  arriverait  son 
Vendredi  Sauit.  Notre  âme,  écrivait-il  alors  à  tous  les 
évêques  du  monde,  se  trouble.,  en  songeant  quelle  est  la  haine 
de  lennemi  contre  le  Sanctuaire  ;  et  quelle  conjuration  impie 
s'est  formée  contre  le  Seigneur  et  contre  son  Christ.  (Ency. 
clique  du  25  Mars,  1847.) 

Voyons  un  peu.  Nos  Très-Chers  Frères,  comment  s'ac- 
complissent :es  paroles  prophétiques  de  Notre  Père;  et 
de  quelle  manière  l'étonnante  révolution  dont  il  est  vic- 
time, l'a  rendu  une  image  frappante  de  Celui  dont  il  est  le 
Vicaire.  11  est  entré  triomphant  à  Rome  comme  Jésus- 
Ohrist  à  Jérusalem,  et  bientôt  il  est,  comme  lui,  rassasié 
d'opprobres  et  rejeté  de  son  peuple.  Le  Palais  du  Quiri- 
nal  comme  celui  de  Pilate  retentit  du  cri  de  révolte: 
Nolumus  hune  regnore  super  nos.  Nous  ne  voulons  pas  que 
celui-ci  soit  notre  Roi.    (Luc,  19,,  14.) 

Le  Mont  Cavallo,  comme  le  Calvaire,  est  couvert  d'un 
peuple  inconstant  qui,  après  avoir  chanté  avec  transport 
le  Benedictus  qui  venit  in  nomiae  Domini.  (Math.  2,^  9.) 
Béni  soit  celui  qui  vient  au  nom  du  Seigneur,  demande 


24  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

aussitôt  après  qu'il  soil  crucifié.  Il  a  comme  Jésu. -Christ, 
la  douleur  de  voira  la  tête  de  ceux  qui  cherchent  à  se 
rendre  maîtres  de  sa  personne,  des  traîtres  qu'il  a  com- 
blés de  bienfaits,  et  qui  lui  doivent  la  vie.  Amice  ad  quid 
venisti.  (Matth.  26,  50.)  Gomme  Jésus-Chrit,  il  ordonne 
à  ceux  qui  s'arment  pour  le  défendre  de  remettre  leurs 
épées  dans  leurs  fourreaux.  Couverte  gladimn  tuum  in 
locum  suum.  (Idem  ibid.,  52.)  Gomme  Jésus-Christ,  il  prend 
soin  des  siens,  et  commande  à  ses  ennemis  de  ne  leur 
faire  aucun  mal.  Sinite  hos  abire.  (Joan.  18,8.)  Comme 
Jésus-Christ,  il  se  retire  à  l'écart,  afîu  de  prier  pour  le 
monde  entier,  et  en  particulier  pour  ses  ennemis,  dans  le 
temps  même  qu'ils  assiègent  son  palais,  et  qu'une  grêle 
de  balles  tombe  dans  ses  appartements.  Pater  dimille  illis, 
(Luc,  23,  34.)  Aujourd'hui  donc  qu'il  a  tant  de  traits  de 
ressemblance  avec  son  Maître,  il  peut  bien  nous  faire 
comme  lui  ces  plaintes  amoureuses  et  touchantes;  Tous 
mes  anus  m'ont  abandonné,  et  il  ne  s'est  trouvé  à  l'assem- 
blée de  mon  peuple  presque  personne  qui  ait  osé  ou  voulu 
me  donner  des  marques  de  fidélité  ;  omnes  amici  méi 
dereliquerunt  me.  Les  sociétés  secrètes  ont  cherché  à  me 
surprendre  pour  m'arracher  des  concessions  contraires  au 
bien  de  la  Religion  et  des  Royaumes  Chrétiens.  On  a 
voulu  m'obliger,  moi  qui  suis  le  Père  de  tous,  à  faire  la 
guerre  à  quelques  uns  de  mes  enfants.  Et  oarceque  tou- 
jours j'ai  montré  une  souveraine  horreur  de  quitter  ma 
Houlette  pastorale  pour  m'armer  d'une  épée  sanguinaire, 
on  a  réussi,  par  de  noirs  complots,  à  soulever  contre  moi 
mon  peuple  chéri  :  Prœvaluerunt  insidianles  mihi. 

Craignant  qu'à  mon  sujet  il  ne  se  verse  une  seule  goutte 
de  sang,  je  me  décide  à  quitter  Rome  pour  un  temps,  imi- 
tant l'exemple  de  mon  Maître  qui,  plusieurs  fois  pendant  sa 
vie  mortelle,  se  cacha  pour  se  soustraire  à  la  fureur  de 
ses  ennemis.  Jésus  autem  abscondit  se.  (Joan.  8,  59.) 
Gardé  à  vue,  et  n'ayant  plus  la  liberté  de  sortir  seul,  il  a 
fallu  me  travestir  pour  accomplir  ce  dessein.     Nations 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  Tu- 

Catholiques,  vous  serez  stupéfaites  en  apprenant  que  votre 
Chef  a  été  réduit  à  sortir  de  Rome  sous  la  livrée  d'un  la- 
quais !  Mais  souvenez-vous  que  je  n'étais  pas  encore 
humilié  comme  mon  maître,  quand  il  sortait  de  Jérusalem, 
chargé  des  malédictions  de  son  peuple,  et  traînant  le  bois 
ignominieux  de  sa  croix.  Et  vous  qui  parcourez  ces  routes 
que  j'ai  suivies,  assis  tristement  à  côté  d'un  cocher,  soyez 
dans  l'étonnement,  et  voyez  s'il  est  une  douleur  semblable 
à  la  mienne.  0  vos  omnes  qui  Iransitis per  viam,  atlendite 
et  videte  si  est  dolor  sicut  dolor  meus.  (Thren.  l,  12.) 

Adieu,  Rome,  ville  toujours  chère  à  mon  cœur.  Vinea 
cleeta.  Je  t'ai  comblée  de  bienfaits  :  je  t'ai  accordé  d'im- 
menses privilèges  ;  je  t'ai  prodigué  les  concessions  les  plus 
libérales.  Gomment  donc  as-tu  pu  devenir  pour  moi  un 
sujet  de  si  grande  amertume  ?  Quomodo  conversa  es  in 
amariludinem  ?  (Amos,  6, 13.)  Cheminant  tristement  vers 
une  terre  étrangère,  mes  yeux  baignés  de  larmes  se  fixent 
sur  toi  !  ô  ville  ingrate!  Videns  civitatem  flevit  super  illam. 
(Luc,  19,  41.)  Hélas  !  que  de  malheurs  vont  venir  fondre 
sur  loi  !  Sans  Pasteur  et  sans  Roi,  tu  vas  être  livrée  à 
toutes  les  horreurs  de  la  plus  affreuse  anarchie.  VenieiU 
dies  in  le.  Tes  habitants,  en  disputant  le  pouvoir  vont 
devenir  tes  plus  cruels  ennemis.  Circumdabunt  le  inimici 
lui.  (Luc,  19,  43.)  Des  milliers  d'étrangers,  qui  venaient 
assister  à  tes  joyeuses  solennités,  vont  fuir  bien  loin, 
comme  à  la  vue  de  Babylone.  Pauvre  peuple!  Hélas» . 
que  vas-tu  donc  devenir  !  Ne  seras-tu  pas  le  jouet  et  la  vic- 
time de  toutes  les  passions  déchaînées,  et  ton  sang  ne  va- 
t-il  pas  bientôt  couler  comme  l'eau  autour  de  cette  nou- 
velle Jérusalem  !  Effuderun,  sanguinem  eorum  lamquaru 
aquam  in  circuitu  Jérusalem.    (Ps.  78.  3.) 

Telles  sont,  Nos  Très-Chers  Frères,  les  humiliations  et 
les  souffrances  de  Notre  Saint  Père  le  Pape  ,  et  c'est  ainsi 
qu'en  devenant  une  si  touchante  image  du  Souverain  Pas- 
teur, il  devient  de  plus  en  plus  vénérable  aux  yeux  de 
notre  Foi.    Ainsi  la  Croix  à  laquelle  il  est  attaché  n(i- 


20  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

saurait  être  pour  nous  ni  une  folie^  ni  un  scandale,  comme 
l'était  pour  le  Juif  et  le  païen  la  croix  de  Jésus-Christ. 
Bien  au  contraire,  elle  est  pour  les  enfants  de  l'Eglise  un 
vrai  sujet  de  gloire.  Car  c'est  une  gloire  pour  tous  les 
Catholiques  d'avoir  un  Chef  doué  de  cette  suprême  sagesse, 
^ui  sait  allier  les  vraies  libertés  des  peuples  avec  l'ordre 
et  la  tranquillité  publique  ;  la  bonté  avec  la  fermeté,  la 
justice  avec  la  paix. 

Oh!  vous  l'avez  sans  doute  remarqué,  Nos  Très  Ghers 
■  Frères,  dans  la  lecture  de  la  présente  Lettre,  comme  dans 
les  rapports  des  Journaux  Publics,  c'est  à  cause  de  6on 
amour  pour  la  justice  et  la  paix  que  Notre  Saint  Père  le 
Pape  est  aujourd'hui  en  butte  à  une  violence  inouie  et 
sacrilège.  C'est  principalemeut  parce  qu'il  a  refusé  cons- 
tamment de  faire  la  guerre  à  l'Autriche,  puissance  amie 
et  protectrice  du  Saint  Siège,  que  les  perturbateurs  du 
repos  public  ont  souleté  contre  lui  une  certaine  classe 
d'hommes  pervers,  qui  ne  cherchent  qu'à  bouleverser 
toutes  les  sociétés  pour  arriver  au  pouvoir,  ou  s'enrichir 
du  bien  dautrui. 

Attachons  nous  donc  de  cœur  et  d'âme  à  ce  bon  Pasteur 
qui  sacrifie  tout  pour  la  tranquillité  et  le  bonheur  de  son 
troupeau.  Dans  cette  furieuse  tempête  soulevée  contre 
Ifr  Sainte  Eglise,  soyons  plein  d'espérance  en  voyant  sur  la 
chaire  de  St.  Pierre  un  Pontife  si  ferme  et  si  généreux. 
Croyons  que  Dieu  ne  l'engage  dans  ce  grand  combat  que 
pour  lui  faire  remporter  une  victoire  éclatante  sur  toutes 
les  doctrines  pernicieuses,  aussi  contraires  au  bien  des 
peuples  qu'à  la  sainteté  de  la  morale  évangélique.  Certa- 
men  forte  dédit  illiut  vinceret.    (Sap.  10,  12.) 

Mais  nous  avons,  Nos  Très-Chers  Frères,  un  devoir 
sacré  à  remplir  tout  le  temps  que  durera  ce  grand  combat. 
C'est  de  prier  avec  plus  de  ferveur  que  jamais  pour  ce 
digne  Pontife.  Prenons  pour  nous  ces  paroles  si  pres- 
santes que  lui-môme  adresse  aux  Fidèles  de  Rome.  Nous 
oulons  et  ordonnons  que  de  ferventes  prières  y  élèvent  chaque 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  27 

jour  fers  Dieu  pour  noire  humble  personne^  et  pour  le  réta- 
blissement de  la  paix  dans  le  monde  ;  et  spécialement  dans 
notre  Etat,  et  à  Rome  où  sera  toujours  notre  cœur^  quelque 
soie  la  partie  du  Bercail  de  Jésus-Christ  qui  nous  abrite. 
Cette  touchante  invitation  sera  entendue  de  tons  les  peu- 
ples catholiques  ;  et  bientôt  tous  les  temples  de  l'univers 
retentiront  d'humbles  supplications,  pour  que  les  vœux 
ardents  duPasteur  universel  soient  promptement  exaucés. 

Oh!  oui,  ils  le  seront,  Nos-Très  GhersFrères,  carde 
tout  temps,  les  prières  de  l'Eglise  pour  son  Chef  ont  été 
toutes  puissantes  sur  le  cœur  de  Dieu.  L'impie  Hérode^ 
pour  se  rendre  populaire,  fait  mettre  en  prison  St.  Pierre, 
le  premier  des  Papes.  Les  prières  de  l'Eglise  vont  aussitôt 
au  ciel  chercher  l'ange  du  Seigneur  et  le  conduisent  dans 

la  prison  du  Prince  des  Apôtres.     Oralio fiebal ab 

Ecclesia  ad  Deum  pro  eo.  'Act-  12.)  Il  voit  ses  chaînes  se 
briser  et  les  portes  de  sa  prison  s'ouvrir;  et  il  s'écrie 
dans  son  étonnement  :  Vraiment  le  Seigneur  a  envoyé  son 
ange,  et  il  m'a  délivré  de  la  puissance  d'Hérode,  et  de  toutes 
Us  embûches  des  Juifs.    (Idem.) 

De  nos  jours.  Pie  VII,  d'heureuse  mémoire,  est,  par  la 
malice  des  méchants  et  la  violence  de  gens  armés,  arraché 
de  son  Siépre,  et  jeté  dans  une  étroite  prison  àSavone.  Au 
bruit  de  cet  enlèvement  sacrilège,  tous  les  Fidèles  se 
mettent  en  prière,  et  ils  sont  exaucés.  Car,  au  moment  où 
l'on  s'y  attendait  le  moins,  et  par  un  de  ces  événements  ex- 
traordinaires qui  font  loucher  du  doigt  l'admirable  Provi 
dence  de  Dieu,  ce  pieux  Pontife  rentrait  glorieux  ettriom^ 
phant  à  Rome,  pendant  que  son  injuste  persécuteur  allait 
expier  sur  un  rocher  les  maux  que  son  ambition  déme- 
surée avait  causés  à  l'Eglise  et  à  l'Empire. 

Prions  donc.  Nos  Très-Ghers  Frères,  avec  confiance, 
puisque  nous  serons  en  union  de  prières  avec  toutes  les 
Eglise  du  Monde  Catholique.  Demandons  avec  foi  que  le 
fîiiccesseur  de  Pierre  marche  sans  crainte  sur  cette  mer 
agitée  par  les  passions.     Réveillons,  par  notre   ferveur? 


28  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Jésus-Christ  qui  dort  dans  la  barque  de  Pierre,  pendant 
une  aussi  furieuse  tempête;  et  cor.juronsle  de  comman- 
der aux  vents  et  à  la  mer,  pour  qu'il  se  fasse  un  grand 
calme. 

Priez,  zélés  Pasteurs,  et  poussez  de  profonds  soupirs  ; 
couvrez-vous  de  cendres  et  de  ciliées,  et  offrez  au  Seigneur 
des  oeuvres  de  pénitence  pour  appaiser  sa  colère.  Ululate 
Pastorcs... . m  cilicio  et  incinère.  (Jérem.  25,  34.)  Caries 
terribles  commotions  qui  agitent  le  monde,  et  cet  ébran- 
lement de  toutes  sociétés,  annoncent  que  le  grand  jour  du 
Seigneur,  le  jour  de  deuil  et  de  désolation  arrive.  Quia 
venil  (lies  Domini  magna  et  amara  valde  ! 

Priez,  vierges  pieuses  et  innocentes,  levez  vos  mains 
suppliantes  vers  le  ciel,  et  par  vos  gémissements,  obtenez 
du  Père  de  Miséricordes,  pour  le  Père  de  l'Eglise,  tous 
les  dons  parfaits  dont  il  a  besoin  dans  ses  temps  orageux. 
Priezaussipourcesnombreusescommunaulésqui  peuplent 
la  Ville-Sainte,  et  y  font  jour  et  nuit  entendre  les  cantiques 
du  Seigneur.  Ah!  il  est  bien  à  craindre  que  les  impies, 
après  avoir  frappé  le  Pasteur,  n'exercent  leur  fureur  sur 
la  portion  choisie  de  son  troupeau  Plange.  quasi  virgo. 
(Joël,  1,  8.) 

Joignez  à  vos  ferventes  prières  les  mérites  du  sacrifice 
que  vous  avez  fait  de  vos  boissons  enivrantes,  vous  tous 
qui  vous  êtes  enrôlés  sous  le  glorieux  étendard  de  la 
Tempérance.  N'oubliez  pas  que  les  grandes  bénédic- 
tions que  répand  partout  cette  noble  Société,  découlent 
du  C''ucifix  qu'à  bénit  pour  vous  le  St.  Père,  dans  le  zèle 
ardent  qui  l'anime  pour  le  succès  de  toutes  réformes 
salutaires. 

Enfants  de  St.  Vincent  de  Paul,  que  les  œuvres  de  votre 
charité  s'élèvent  sans  cesse  jusqu'au  trône  du  Père  des 
Pauvres.  Qu'elles  descendent  du  ciel  toutes  imprégnées 
de  célestes  faveurs,  et  qu'elles  aillent  répandre  la  joie  et 
la  consolation  dans  le  sein  d'un  Père  si  justement  affligé- 

Pieuses  Confréries,  ferventes  Congrégations,  Familles 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  29 

Chrétiennes,  n'oubliez  pas,  dans  vos  saintes  réunions,  de 
recommander  à  Dieu  et  à  la  Bienheureuse  Vierge  Marie, 
le  Pasteur  qui  vous  nourrit  dans  de  gras  pêturages,  et 
vous  comble  des  bénédictions  du  Ciel. 

Faisons  voir,  Nos  Très-Chers  Frères,  que  nous  sommes 
tous  des  fils  bien  affectionnés;  et  que  nous  compatissons 
de  tout  notre  cœur  aux  douleurs  de  notre  Père,  en  nous 
abstenant  de  tous  les  plaisirs  auxquels  se  livrent  les  mon- 
dains dans  ces  jours  de  dissipation.  Userait  en  effet  bien 
humiliant  pour  lui  de  voir  ses  enfants  se  laisser  aller  aux 
bals,  aux  divertissements  et  aux  jeux,  pendant  qu'il  s'im- 
mole pour  eux.    Ego  vailam  immolari  pro  vobis. 

Il  n'en  sera  pas  ainsi  Nos-Très-Chers-Frères,  car  vous 
connaissez  trop  bien  ce  qu'exigent  de  vous  les  convenan- 
ces religieuses.  Pour  vous  interdire  toute  joie  profane, 
il  vous  suffit  de  penser  que  le  Père  de  l'Eglise  est  fugitif 
sur  une  terre  étrangère.  Là,  comme  les  Juifs  à  Babylone, 
il  fait  entendre  à  tous  ces  enfants  ces  touchantes  paroles  : 
X  Pèlerin  sur  cette  terre  de  mon  exil,  et  assis  tristement  sur 
les  rivages  de  la  mer  qui  se  déroulent  à  nos  yeux  et  vient 
se  briser  à  nos  pieds.  Nous  pleurons  amèrement  en'pen- 
sant  aux  joies  de  Sion  et  aux  solennités  de  la  Ville  Sainte. 
Super  flumina  Babylonis^  illic  sedimus  et  flevimus^  cum 
recordaremur  Sion.    (Ps.  613,  l.i 

Les  pieux  Fidèles  qui  nous  entourent  de  leurs  respec- 
tueux hommages,  voudraient  bien  jouir  du  majestueux 
spectacle  de  nos  augustes  cérémonies,  et  entendre  les  mélo- 
dieux cantiques  qui  fesaient  de  Rome  un  Paradis  anti- 
cipé, et  remplissaient  tous  les  cœurs  religieux  des  plus 
pures  et  des  plus  délicieuses  jouissances.  Mais  comment 
pourrions-nous  chanter  les  cantiques  du  Seigneur  sur 
une  terre  étrangère  et  loin  du  tombeau  des  Saints  Apô- 
tres! Quomodo  cantabimus  canticum  Dominl  in  terra  aliéna  ! 
{U.  ibid.  4.) 

•  V^ous  allez  donc,  Nos-Très-Chers  Frères,  en  témoignage 
de   votre  profonde  affliction,  suspendre  tous  vos  instru- 


30  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ments  de  musique  aux  saules  pleureurs  qui  ombragent 

la  solitude  de  cet  auguste  exilé  !  Insalicibus suspendi- 

mus  organa  nostra.  (là.  ibid.  2.)  Oui,  vous  allez  de  grand 
cœur  et  en  signe  de  votre  deuil,  pour  l'exil  de  notre  Père 
commun,  vous  abstenir  des  jeux  et  des  spectacles  ;  et  l'an 
prochain,  en  rendant  compte  à  ce  premier  Pasteur  de 
notre  administration,  Nous  pourrons  consoler  son  cœur 
affligé,  en  lui  apprenant  que  ses  enfants  du  Diocèse  de 
Montréal  ont  compati  à  sa  juste  douleur  ;  et  que  pour  le 
témoigner  solennellement,  ils  ont  déserté  toutes  les  mai- 
sons de  plaisir  et  rempli  tous  les  temples,  pour  y  implorer 
avec  larmes  sur  sa  personne  sacrée  les  plus  abondantes- 
bénédictions  du  Ciel. 

Enfin,  prions  tous  ensemble,  Nos-Très-Chers-Frères, 
pour  que  notre  chère  et  heureuse  Patrie  ne  se  ressente 
point  des  violentes  secousses  qui  agitent  l'Europe  ;  eî 
qu'elle  ne  subisse  jamais  le  malheur  de  quelques-unes  de 
ces  sanglantes  révolutions  qui  enfantent  tant  de  crimes 
hideut,  démoralisent  tant  de  peuples,  font  couler  tant 
de  larmes  et  de  sang,  ravissent  à  la  société  tant  de  pères 
de  famille,  et  plongent  dans  la  désolation  et  la  misère  tant 
de  veuves  et  d'orphelins.  Hélas  !  dans  ces  mouvements^ 
populaires,  c'est  toujours  le  pauvre  peuple  qui  paie  de  son 
sang,  et  que  l'on  mène  à  la  boucherie,  sous  prétexte  de 
la  liberté.  Oh  !  qu'elle  lui  coûte  cher  cette  liberté,  et 
combien  peu  il  en  jouit.  Fasse  le  ciel,  Nos-Très-Ghers- 
Frères,  que  de  pareils  malheurs  ne  tombent  jamais  sar 
vous,  qui  êtes  l'objet  de  notre  plus  vive  sollicitude,  et  que 
Nous  aimons  tous  si  tendrement  en  Jésus-Christ.  Ah  !  s'il 
en  devait  être  ainsi,  que  le  Seigneur  daigne  au  plus  tôt 
Nous  retirer  du  monde,  pour  Nous  épargner  la  cruelle 
douleur  de  voir  des  citoyens  armés  contre  des  citoyens, 
des  frères  contre  des  frères,  des  pères  contre  des  enfants  : 
que  disons  Nous,  nos  propres  enfants  s'arracher  la  vie 
sous  nos  yeux  ;  remplir  nos  rues  et  nos  places  publiques- 
de  sang,  de  carnage  et  de  cadavres.    Et  vos  âmes,  cona 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  ar- 

ment pourraient-elles  paraître  devant  Dieu,  couvertes  de 
sang  et  la  rage  révolutionnaire  dans  le  cœur?  Mais  il 
n'en  sera  pas  ainsi,  Nos-Très  Ghers-Frères  ;  la  docilité 
avec  laquelle  vous  avez  toujours  si  bien  écouté  les  avis 
que  Nous  vous  avons  jusqu'ici  adressés,  au  nom  du  Sei- 
gneur, Nous  fait  croire  que  vous  recevrez  ceux-ci  avec 
respect  et  soumission.  Qu'avons  Nous  à  vous  recomman- 
der pour  échapper  aux  malheurs  qui  désolent  tant  de 
grandes  et  puissantes  nations  ?  Le  voici  en  deux  mots: 
Soyez  fidèles  à  Dieu,  et  respectez  toutes  les  autorités  légi- 
timement constituées.  Telle  est  la  volonté  du  Seigneur. 
N'écoutez  pas  ceux  qui  vous  adresse  des  discours  sédi- 
tieux; car  ils  ne  sauraient  être  vos  vrais  amis.  Ne  lise?; 
pas  ces  livres  et  ces  papiers  qui  souillent  l'esprit  de  ré- 
volte, car  ils  sont  les  véhicules  des  doctrines  empestées 
qui,  semblables  au  chancre,  ont  rongé  et  ruiné  les  Etats 
les  plus  heureux  et  les  plus  florissants.  Croyez  que  vous 
pouvez  très  certainement  conquérir  les  vraies  libertés, 
celles  qui  rendent  les  peuples  vraiment  heureux,  beaucoup 
mieux  par  une  conduite  morale,  et  par  une  sage  soumis- 
sion aux  lois,  que  par  des  violences  qui  vous  exposeraient 
à  ces  mêmes  malheurs  que  vous  avez  eu  à  déplorer  et 
dont  vous  ne  perdrez  jamais  le  triste  souvenir. 

En  vous  racontant  si  au  long  les  déplorables  événe- 
ments qui  viennent  d'arriver  à  Rome,  Nous  avons  eu 
principalement  en  vue  de  vous  faire  voir  à  quels  excès  se 
porte  un  peuple  quand  il  abuse  des  grâces  que  lui  prodi- 
gue la  Religion,  et  dans  quels  malheurs  il  se  précipite, 
quand,  en  punition  de  ces  crimes,  il  est  livré  à  un  espriî 
de  vertige. 

Voici  maintenant,  Nos-Très  Ghers-Frères,  comment 
nous  procéderons  pour  mieux  remplir  les  volontés  de 
Notre  Saint  Père  le  Pape,  qui  veut  que  de  continuelles 
prières  se  fassent  pour  toute  l'Eglise,  et  en  particulier 
pour  la  tranquillité  de  Rome. 

1.  Le  Clergé  offrira  à  cette  intention  l'oraison  Deus  Re-^ 


32  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

fugium^  etc.^  qui  est  déjà  de  précepte,  et  qui  se  dit  chaque 
jour  à  la  Messe. 

2.  Tous  les  fidèles  joindront  leurs  prières  à  celles  de 
leurs  Pasteurs,  en  récitant  cinq  Pnter  et  cinq  Ave^  après 
la  Messe  Paroissiale  ou  conventuelle,  tous  les  dimanches 
•et  fêtes  d'obligation. 

3.  Chaque  Connmunauté  terminera  l'exercice  de  l'Orai- 
son Mentale  par  le  Sub  tuum,  etc.,  et  dirigé  à  la  même 
intention. 

4.  Les  Confréries  et  Associations  Religieuses  diront  une 
dizaine  du  chapelet,  à  chacune  de  leurs  pieuses  réunions. 

5.  Le  Service  des  Pauvres  sa  terminera  dans  les  Hôpi- 
taux et  charitables  réunions  où  on  les  assiste,  par  un 
Pater  et  un  Ave^  parce  que  les  prières  des  Membres  souf 
franfs  de  Jésus-Christ  peuvent  beaucoup  auprès  de  Dieu. 

6.  Pour  que  les  enfants  joignent  leurs  voix  innocentes 
à  celles  de  toute  l'Eglise,  et  qu'ils  conservent  à  jamais  le 
souvenir  d'un  événement  si  intéressant  pour  leurs  cœurs, 
les  Instituteurs  et  Institutrices  leur  feront  dire  chaque 
jour  un  Pater  et  un  Ave,  à  la  fin  de  l'une  de  leurs  classes. 

7.  A  chaque  office  de  l'Archiconfrérie  et  de  Notre- 
Dame  de  Bonsecours,  à  la  campagne  comme  à  la  ville, 
l'on  chantera  ou  récitera  les  Litanies  de  la  Ste.  Vierge.  Il 
sera  bon  de  profiter  de  ces  pieuses  réunions  pour  donner 
aux  fidèles  les  nouvelles  que  l'on  recevra  du  Pape,  parce 
qu'elles  les  intéressent  vivement. 

8.  Chaque  famille  chrétienne  est  invitée  à  dire  tous 
les  soirs  en  commun  quelque  prière,  le  chapelet  parexem- 
ple,  pour  le  Père  de  la  grande  famille,  qui  souffre  tant  de 
maux  pour  l'amour  de  ses  enfants. 

En  terminant  cette  Lettre,  Nous  nous  adressons  à  vous, 
glorieuse  Vierge  Marie,  le  refuge  assuré  des  Pasteurs  et 
des  Brebis,  et  le  puissant  secours  des  chrétiens  dans  leurs 
pressants  besoins.  Jamais  vous  n'avez  abandonné  l'Eglise  ; 
et  toujours  on  l'a  vue  triompher  dans  ses  combats,  parce 
que  vous  êtes,  pour  sa  défense,  comme  vne  armée  rangée 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  33 

en  bataille.  Daignez  vous  souvenir  que  la  fête  de  Notre- 
Dame  de  Bonsecours  est  une  de  celles  qui  éterniseront 
votre  éternelle  sollicitude  pour  l'Eglise,  notre  bonne 
Mère,  votre  fille  bien-aimée. 

Nous  aimons  à  mentionner  ici  cette  fête  entre  toutes 
les  autres,  pour  que  vos  enfants  du  Canada  accourent  en 
foule  à  la  Chapelle  où  vous  êtes  si  souvent  invoquée  sous 
le  beau  titre  de  secours  des  Chrétiens  ;  et  jamais  en  vain. 

Les  pieux  pèlerins  que  les  malheurs  du  Père  commun, 
aussi  lui  Pèlerin,  attirera  de  toutes  parts  aux  pieds  de 
votre  Vénérable  Image,  sauront  que  ce  fut  sous  votre 
puissante  protection  que  Pie  VII  rentra  autrefois  en 
triomphe  dans  la  Ville  Sainte,  après  une  dure  captivité. 
Ils  sauront  aussi  qu'ils  doivent  à  la  reconnaissance  de  ce 
Pieux  Pontife,  le  bonheur  qu'ils  ont  de  célébrer  dans  ce 
sanctuaire,  une  fête  si  joyeuse  et  si  chère  à  leurs  cœurs. 
Pénétrés  de  confiance  en  votre  puissance  et  bonté,  ils 
vous  supplieront  de  faire  pour  Pie  IX  ce  que  vous  avez 
fait  pour  Pie  SiL  Que  bientôt  il  aille,  sous  votre  protec- 
liDn,  reprendre  possession  de  la  Ville  Eternelle,  et  qu'en 
s'assayant  sur  la  chaire  de  St.  Pierre,  il  entonne  le  canti- 
que de  la  reconnaissance.  Qu'à  sa  voix  triomphante  et 
joyeuse,  toutes  les  Eglises  déposent  leurs  ornements 
lugubres,  et  se  revotera,  comme  aux  jours  de  leurs  grandes 
solennités.  Que  toute  la  terre  répète  l'hymne  sacré  qui 
vous  proclamera  de  nouveau  le  secours  des  Chrétiens. 
Omnis  terra psallat  tibi Auxilium  Christianorum. 

SERA  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de 
notre  Cathédrale,  à  celui  de  toutes  les  Eglises  Parois- 
siales, le  premier  Dimanche  après  sa  réception,  et  en 
chapitre  dans  toutes  les  Communautés  séculières  et  régu- 
lières de  ce  Diocèse,  le  premier  jour  après  qu'elle  aura 
été  reçue. 

Donné  à  Monréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  jour  de 
la  Fête  de  la  Chaire  de  St.  Pierre,  le  dix-huitième  jour  de 

3 


34  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Janvier,  de  l'année  mil  huit  cent  quarante-neuf,  sous 
notre  seing  et  sceau,  et  le  contre-seing  de  notre  Secré- 
taire. 

-;  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 
Jos.  OcT.  Pabé,  Chan.  Secrétaire. 
(Vraie  copie)  J.  O.  Paré,  Chan.-Secrclaire. 


MANDEMENT  DE  VISITE. 


Ignace  Bourget,  parla  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  diiSi.. 
Siège  Apostolique^  Evêque  de  Montréal^  etc. 

Au  Clergé  et  à  tous  les  Fidèles  de  noire  Diocèse,  Salul  et  Bénédiclioa 
en  Noire  Seigneur. 

Ayant  plu  à  Jésus-Christ  le  souverain  Pasteur  el  r Evoque 
de  nos  âmes^  (1.  Pet.  2,  5.)  de  Nous  charger,  maigre  notre 
indignité,  du  Gouvernement  de  cette  Eglise,  en  Nous  fai- 
sant connaître  sa  volonté  parla  bouche  de  son  Vicaire  sur 
la  terre.  Nous  comptons  tellement  sur  la  promesse  qu'il  a 
faite  à  ses  Apôtres  et  à  tous  leurs  successeurs  dans  le  St. 
Ministère,  d'être  tous  les  jours  avec  eux^  jusqu'à  la  fm  du 
mo)ide,  (Math.  28,  20.)  que  Nous  espérons  fermement  pou- 
voir à  son  exemple,  donner  la  vie  à  toutes  nos  brebis  et  à  la 
leur  donner  avec  la  plus  grande  abondance.    (Joan.  10,  10.) 

Ce  divin  modèle  qui  se  fait  connaître  à  Nous  sous  la 
qualité  si  aimable  de  Bon  Pasteur^  (Math.  '^,  17.)  ayant 
passé  les  trois  années  de  sa  vie  publique  a  parcourir  les 
villes  et  les  bourgades,  prêchant  partout  que  le  Royaume 
des  Cieux  approchait^  courant  après  les  Brebis  égarées  de  la 
Maison  d'Israël,  (Joan.  10,  6.)  signalant  son  passage  par  des 
bienfaits  sans  nombre,  Nous  en  concluons  que  pour  lui 
ressembler,  Nous  devons  visiter  assidûment  les  brebis  dont 


CIMCULAIRE  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  35 

il  Nous  a  confié  la  garde.  D'ailleurs  il  nous  avertit  lui- 
même  qu'étant  le  bon  pasteur^  il  commit  ses  brebis  et  que  ses 
brebis  le  connaissent,  qu'elles  entendent  sa  voix^  et  qu'elles  le 
suivent  ;  que  pour  lui  il  leur  donne  la  vie  éternelle.  (Joan.  10, 
Or,  Nous  ne  pourrions  Nous  acquitter  de  ce  devoir  si  im- 
portant, si  Nous  ne  Nous  rendions  auprès  de  vous,  pour 
connaître  tous  vos  besoins  et  y  remédier  par  l'exercice  de 
nos  saintes  fonctions. 

Aussi,  Dieu  nous  est  témoin.  Nos  Très-Chers  Frères,  que 
Nous  Nous  souvenons  sans  cesxe  de  vous,  lui  demandant  tou- 
jours dans  nos  prières qu'il  Nous  faailite  les  moyens  d'aller 

vers  vous  :  car  nous  désirons  vous  voir,  pour  vous  faire  part 
des  grâces  spirituelles .  (Rom.  1.  0,  10,  II,  12)  attachées  à 
notre  St.  Ministère,  afni  de  vous  affermir  dans  la  pratique 

de  vos  devoirs  religieux et  de  nous  consoler  mutuellement 

les  uns  les  autres  par  la  foi  qui  nous  est  commune.  iPont. 
Romain.) 

C'est  avec  ces  santiments,  Nos  Très-Chers  Frères,  que 
Nous  entreprenons  de  faire  la  Visite  Pastorale  dans  votre 
Paroisse  ;  et  Nous  avertissons,  au  nom  de  l'Eglise,  que 
l'objet  de  cette  Visite  est  :  1'^  d'accorder  aux  âmes  de  ceux 
qui  sont  décédés  dans  la  paix  du  Seigneur  la  rémission  des 
peines  qu'elles  endurent  pour  achever  de  se  purifier; 
'1"  de  voir  si  vous  entretenez  avec  zèle  la  Maison  du  Sei- 
gneur et  tout  ce  qui  sert  à  son  culte  ;  3"  de  rechercher 
s'il  y  a  parmi  vous  des  désordres  publics,  tels  que  des  adul- 
tères, fornications  et  sacrilèges,  afin  d'user  de  toute  l'auto- 
rité dont  le  Seigneur  Nous  a  revêtu,  pour  corriger  ces 
scandales  qui,  sans  cela,  produiraient  la  ruine  de  vos  âmes  ; 
4»  de  facilité  aux  grands  pécheurs  le  moyens  de  se  récon- 
cilier avec  Dieu  par  l'absolution  des  censures  et  cas  réser- 
vés, que  Nous  aurons  la  consolation  de  leur  donner,  s'ils  s'y 
préparent  par  de  dignesfruitsde  pénitence  :  de  Nous  mon- 
trer à  notre  peuple  avec  les  entrailles  de  la  charité  de  Jésus- 
Christ,  (Philip.  1,8.)  toujours  prêta  entendre  ceux  qui 
auront  besoin  de  nos  avis  dans  leurs  nécessités  spirituel- 


36  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  ;  5°  d'administrer  la  confirmation  à  ceux  qui  ne  l'au- 
ront point  encore  reçue,  et  qui  s'y  seront  préparés  en 
acquérant  la  sciei:ce  et  les  vertus  qu'exige  ce  grand  sacre- 
ment. Vous  voyez,  Nos  Très  Ghers  que  l'Eglise  est  toute 
occupée  de  vos  plus  chers  intérêts,  quand  elle  envoie  les 
premiers  Pasteurs  vous  porter  les  secours  de  la  Religion  ; 
et  que  cette  bonne  mère  étend  sa  compassion  et  sa  ten- 
dresse jusqu'aux  âmes  de  vos  parents  et  amis,  qui  parta- 
gent avec  vous  tous  les  biens  célestes  que  nous  allons  vous 
distribuer. 

Mais  pour  participera  tant  d'avantages,  vous  devez,  Nos 
Très-Ghers  Frères,  préparer  Les  voies  du  Seigneur  et  rendre 
droits  ses  sentiers.  (Isaï,  40,  3.)  Voici  un  temps  bien  favo- 
rable ;  voici  des  jours  de  salut.,  (2  Gor.  6,  2.)  qui  vous 
arrivent  :  car  voici  Jésus  Gtirist  lui-même  qui,  sous  l'hu- 
manité de  notre  personne,  va  visiter  votre  Paroisse,  fai- 
sant du  bien  à  tous,  et  guérissant  tous  ceux  qui,  par  leurs 
criminelles  habitudes,  se  seront  mis  sous  l'esclavage  du 
démon. 

Redoublez  de  ferveur,  vous  bons  et  fidèles  serviteurs  de 
Jésus-Ghrist.  Voici  Tépoux  àe.  vos  âmes  qui  arrive  :  allez 
au  devant  de  lui.,  (Math.  25,  6.)  en  augmentant  ces  trésors 
de  bonnes  œuvres  dont  vous  vous  enréchissez  tous  les 
jours  pour  le  Giel.  Sondez  bien  vos  cœurs;  et  vous  y 
trouverez  une  multitude  de  fautes  qui  vous  feront  gémir, 
parce  qu'elles  conlristent  l'Esprit-saint.  Humiliez  vous  donc 
sous  la  main  puissante  de  Dieu,  afin  qu'il  vous  exalte  au 
temps  de  sa  visite.    (\  Pet  5,  G.) 

Et  vous,  pauvres  pécheurs,  qui  traînez  des  jours  si 
malheureux  sous  le  joug  de  vos  passions,  ô  pécheurs  le 
plus  tendre  objet  de  notre  sollicitude,  parce  que  vous 
êtes  dans  un  danger  éminent  de  vous  perdre  éternellement, 
le  Seigneur  Nous  charge  de  vous  faire  entendre  cette  pres- 
sante exhortation  :  Convertissez-vous  à  moi  de  tout  votre 
cœur.,  recourez  au  jeûne,  aux  pleurs  et  aux  gémissements,  et 
déchirez  vos  cœurs  (Joël.  2,  12,  13.)  par  le  repentir  amer  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  37 

VOS  longs  égarements.  S'il  en  est  parmi  vous  qui  aient  eu 
le  malheur  de  profaner  les  sacrements,  le  temps  précieux 
d&  la  Visite  vous  est  offert  pour  sortir  de  ce  funeste  état. 
Comme  la  charité  de  Jésus-Christ  Nous  presse, '^oiis  vous 
exhortons  tous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  à  mettre  ordre 
aux  affaires  de  vos  consciences,  en  travaillant  à  résister  à 
tous  vos  mauvais  penchants,  en  réparants  les  torts  que 
vous  avez  faits  au  prochain,  en  pardonnant  de  bon  cœur 
à  tous  vos  ennemis,  en  renonçant  aux  dissentions  qui 
ont  réf. né  parmi  vous,  en  redonnant  à  vos  Pasteurs  la 
confiance  que  méritent  les  soins  qu'ils  se  donnent  pour 
votre  salut  étemel,  en  vous  éloignant  des  maisons  où 
jusqu'ici  vous  avez  fait  des  excès  d'intempérance  et  d'ivro- 
gnerie, en  abandonnant  ces  fréquentations  où  votre  inno- 
cence a  si  souvent  fait  naufrage,  en  fuyant  ces  modes  in- 
décentes, ces  compagnies,  ces  jeux,  ces  divertissements  qui, 
hélas!  vous  furent  toujours  si  funestes.  EuVin^  Nous  vous 
conjurons,  avec  l'Apôtre  St.   Pierre,  de  vous  abstenir  des 

désirs  charnels  qui  combattent  contre  l'dme (1  Pet.  2,  H.) 

Mais  ce  n'est  p  s  tout  de  ne  pas  faire  le  mal,  vous  devez  de 
plus  faire  le  bien,  pour  vousdisposerauxgrâcesabondantes, 
que  Nous  allons  vous  porter  au  nom  du  Seigneur.  Pour 
cela,  reprenez.  Nous  vous  en  conjurons,  la  pratique  de 
vos  devoirs  religieux.  Soyez  assidus  aux  Sts,  Offices  ;  re- 
courez au  Sacrement  de  Pénitence  ;  mortifiez-vous,  en 
pratiquant  plus  scrupuleusement  les  jeûnes  et  l'absti- 
nence de  l'Eglise  ;  rachetez  vos  péchés  par  les  aumônes, 
suivant  vos  moyens  :  implorez  la  miséricorde  divine  par 
des  prières  ferventes,  et  intéressez  en  votre  faveur  la  Mère 
de  Dieu,  en  lui  offrant  chaque  jour,  en  famille,  l'excel- 
lente prière  du  Chapelet.  Nous  finissons  par  vous  conjurer^ 
Nos  Très-Chers  Frères,  de  nous  aider  par  les   prières  que 

vous  ferez  à  Dieu  pour  Nous afm  qu'étant  plein  dejoie^ 

nous  puissions  vous  aller  voir,  pour  accomplir  la  volonté  de 
Dieu,  et  jouir  avec  vous  d'une  consolation  mutuelle.  En  at- 
tendant, que  le  Dieu  depaix  swt  avec  voiis  tous.    Amen. 


38  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

A  ces  causes,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  Nous 
avons  statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  réglons  et  ordon- 
nons ce  qui  suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite. 

Jo. — Nous  Nous  rendrons  à 

Environ  une  demi-heure  après  notre 
arrivée,  on  fera  une  instruction  familière  ou  conférence, 
à  l'issue  de  laquelle  Nous  ferons  notre  entrée  à  l'Eglise 
en  la  manière  prescrite  dans  le  Rituel  :  puis,  après  une 
courte  exhortation,  Nous  donnerons  la  Bénédiction  du  St. 
Sacrement. 

2o. — Le  lendemain,  il  y  aura  des  messes  distribuées 
dans  la  matinée  pour  la  commodité  des  communiants. 

A  dix  heures,  la  messe  de  la  Visite  et  le  sermon  :  après 
quoi,  Nous  donnerons  la  Confirmation  aux  personnes  à 
jeun,  préparées  par  les  Confesseurs  et  jugées  suffisammeut 
instruites  par  leur  Curé,  dont  elles  présenteront  un  billet. 

3o. — Nous  ferons,  dans  le  temps  qui  nous  sera  le  plus 
commode,  la  visite  du  Tabernacle,  des  ornements,  des 
Fonds  Baptismaux,  et  du  Cimetière,  ainsi  que  l'examen 
des  Comptes  de  la  Fabrique,  que  les  Marguilliers  tien- 
dront prêts  à  Nous  être  présentés.  Mr.  le  Curé  pourvoira 
aussi  à  ce  qu'un  inventaire  du  linge  et  des  ornements  de 
l'Eglise  soit  dressé,  aussi  bien  qu'un  tableau  des  indul- 
gences et  Messes  de  fondation,  s'il  y  en  a.  Nous  recher- 
cherons particulièrement  si  les  Ordonnances  données  par 
Nos  Seigneurs  les  Evêques  dans  les  Visites  précédentes 
ont  été  exécutées. 

4o. — Mrs.  les  Curés  auront  soin  de  préparer  par  de  fré- 
quents catéchismes  ceux  qui  se  disposent  à  la  Confirma- 
tion, et  de  conserver  les  billets  qui  renferment  les  noms 
des  confirmés,  pour  les  inscrire  ensuite  dans  les  Registres 
de  la  Paroisse. 

00. — Les  Confesseurs  nommés  pour  la  Visite  auront, 
tant  qu'elle  durera,  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures 
et  cas  réservés,  et  les  facultés  les  plus  amples  pour  la 
réconciliation  des  pénitents. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  39 

Oo.— Par  un  Induit  du  Souverain  Pontife,  tous  les 
Fidèles  qui,  s'étant  confessés  avec  une  véritable  contri- 
tion, communieront  pendant  la  Msite,  et  prieront  pour 
les  nécessités  de  l'Eglise  suivant  son  intention,  gagneront 
•une  Indulgence  plénière. 

7o. — Voulant  favoriser,  autant  qa'il  est  en  Nous,  la 
dévotion  des  Fdèles  envers  la  Ste.  Vierge,  Nous  Nous 
ferons  un  devoir  d'appliquer,  chaque  jour  de  la  Visite,  les 
Indulgences  aux  croix,  chapelets  et  médailles  qui  nous 
seront  présentés,  pourvu  que  l'on  se  conforme  à  ce  qui 
est  prescrit  dans  la  feuille  ci-jointe. 

8'\— Chaque  paroisse  ou  Mission,  après  que  Nous  l'au- 
rons visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre 
suite  les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la 
Paroisse  suivante. 

9".— Nous  terminons  la  Visite  le  2  Mars  avant  midi, 
par  le  Salut  ou  la  Bénédiction  du  St.  Sacrement. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  prône  de  la 
Messe  Paroissiale,  le  premier  Dimanche  après  sa  récep- 
tion. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  avec  le 
contreseing  de  notre  8.  Secrétaire,  le  1er  Février  1849. 
t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

Al.  Lagombe,  a.  S.  Sec. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGÉ. 

Evêché  de  Montréal,  le  H  Février  1849. 

Monsieur, 

Je  vous  adresse  ci-dessous  le  Procès-Veibalde  la  Confé- 
rence des  Députés,  tenue  le  premier  du  courant,  avec  le 
Rapport  du  Comité  nommé  pour  discuter  plus  en  détail 


40  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  difficultés  que  présentait  le  Projet  de  Loi^  pour  régler 
les  Assemblées  pour  l'élection  des  Marguilliers  et  la  reddi- 
tion des  comptes  de  Fabrique. 

Monseigneur  l'Archevêque  de  Québec  a  bien  voulu  con- 
descendre aux  vœux  du  Clergé  de  l'Archidiocèse  et  de 
celui  du  Diocèse  de  Montréal,  en  remettant  à  une  autre 
année  le  Projet  de  Loi  en  question  ;  et  je  me  trouve  heu- 
reux d'en  faire  autant. 

Je  vous  adresserai  bientôt  le  sujet  de  la  Conférence  de 
Juillet  prochain.  S'il  est  jugé  nécessaire  d'obvier  aux 
difficultés  journalières  que  vous  rencontrez  dans  l'admi- 
nistration de  vos  Fabriques,  par  un  bon  Bill  qui  tranche- 
rait toutes  ces  difficultés,  le  sujet  à  traiter  dans  cette  Con- 
férence sera  probablement  un  nouveau  Projet  de  Loi^  qui 
fixerait  la  Jurisprudence  Ecclésiastique  et  Civile  dans  une 
matière  qui  importe  si  fort  à  la  tranquillité  de  vos 
Paroisses. 

En  attendant  je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
(Vraie  copie] 

J.  0.  Paré, 
Chan.  Secrétaire. 


PROCÈS  VERBAL 

DE    LA   CONFÉRENCE   DES   DÉPUTÉS  DES   DIVERSES    CONFÉRENCES 
DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL,  TENUE   A    l'ÉVÉCHÉ,  LE 

1er  FÉVRIER  1849. 


Furent  présents  :  Mgr.  Bourget.  Evêque  de  Montréal, 
Président;  Mgr,  Gaulin, Evêque  de  Kingston  ;  Mgr,  Gui- 
gues.  Evoque  de  Bytown  ;  MM,  P.  Billaudèle,  P.  Archam- 
bault,  Vicaires-Généraux  ;  MM.  Jos.  Oct.  Paré,  F.  R.  Mer- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS. 

cier,  Jos.  LaRocque,  Chanoines  Titulaires  ;  MM.  R.  O. 
Bruneau,  curé  de  Verchères  ;  L.  M.  Lefebvre,  curé  de 
Ste.  Geneviève  ;  E.  Grevier,  curé  de  St.  Hyacinthe  ;  L. 
Girouard,  curé  de  Ste.  Marie  ;  G.Primeau,  curé  de  Varen- 
nes;  Ths.  Pépin,  curé  de  Boucherville  ;  G.  Larocque,  curé 
de  St.  Jean  ;  R.  Neyron,  curé  de  St.  Henry  ;  P.  Brunet, 
curé  de  Ste.  Rose  ;  L.  H.  Marcotte,  curé  de  Lavaltrie;  P. 
Bédard  curé  de  St.  Rémi  ;  J.  B.  Labelle,  curé  de  St.Roch  ; 
L.  Gharland,  curé  deSt.  Glément  ;  Joseph  Désautels,  curé 
de  Rigaud  ;  M.  Archambault,  curé  de  St.  Hugues;  A. 
Lemay,  curé  de  Ste.  Victoire  ;  A.  Groux,  curé  de  St.  Be- 
noit ;  G.  Ghampoux,  curé  de  Ste.  Anne-des-Plaines  ;  P. 
Poulin,  curé  de  St.  Hermas  ;  I.  Lagorce,  directeur  de 
l'Asile  des  Sourds-Muets  ;  N.  Hardy,  vicaire  à  St.  Clé- 
ment; H.  Beaudry,  vicaire  à  Sorel. 

M.  Rey,  Secrétaire  des  Conférences  de  la  ville,  étani; 
décédé,  M.  Pinsonnault,  prêtre  du  Séminaire  de  Montréal, 
a  été  élu  Secrétaire  ad  hoc  Dans  cette  Conférence  a  été 
discuté  un  certain  Projet  de  Loi,  pour  régler  les  Assem- 
blées de  Fabrique  pour  l'élection  des  Marguilliers,  et  red- 
dition de  comptes. 

Les  rapports  des  susdites  Conférences  ayant  été  lus,  et 
divers  membres  de  cette  Assemblée  ayant  été  entendus 
pour  et  contre  le  dit  Projet  de  Loi,  il  a  été  résolu  : 

L  Que  cette  Assemblée  regrette  que  l'on  se  soit  cru  forcé 
par  les  circonstances  de  soulever  cette  question  pour  la 
porter  ensuite  devant  la  Législature. 

IL  Que  malgré  le  regret  ci-dessus  exprimé,  l'Assemblée 
a  cependant  jugé  convenable  de  discuter  le  Projet  de  Loi 
en  question,  et  de  lui  faire  subir  toutes  les  modifications 
propres  à  en  faire  une  mesure  plus  complète. 

HL  Qu'il  est  surtout  essentiel  à  l'Assemblée  de  profiter 
de  la  loi  en  contemplation,  pour  faire  reconnaître  et 
admettre  ce  principe  : 

lo.  Que  toute  Corporation  de  Fabrique  est  composée  et- 
se  composera  du  Curé,  desservant  ou  missionnaire,  defr 


-62  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

anciens  et  nouveaux  Marguilliers  de  chaque  Paroisse  ou 
.Mission,  qui  gèrent  et  administrent,  sous  la  présidence  du 
Curé,  desservant  ou  missionnaire,  les  biens  meubles  et 
immeubles  de  la  Fabrique  ; 

2o.  Que  le  Curé,  desservant  ou  missionnaire,  de  concert 
avec  les  Marguilliers  de  l'OEuvre,  est  et  sera  autorisé  et 
chargé  de  pourvoir  aux  affaires  ordinaires  et  aux  besoins 
journaliers  de  la  Fabrique  ; 

3o.  Que  l'Assemblée  des  anciens  et  nouveaux  Marguil- 
liers, duement  convoquée,  est  et  sera  chargée  de  pourvoir 
aux  affaires  majeures  et  aux  besoins  extraordinaires; 

4o.  Que  tous  et  les  seuls  Francs-Tenanciers,  résidents  et 
catholiques  d'une  Paroisse  ou  Mission,  seront  admis  aux 
Assemblées  pour  l'élection  des  Marguilliers,  avec  le  droit 
d'y  donner  leurs  suffrages  ;  et  qu'ils  ne  pourront  être 
admis  aux  Assemblées  pour  la  reddition  des  comptes  de 
Fabrique,  que  comme  témoins  et  auditeurs. 

]V.  Que  les  autres  modifications  à  faire  subir  à  ce  Pro- 
jet de  Loi,  étant  nombreuses,  ei  nécessitant  des  discus- 
sions un  peu  longues,  l'Assemblée  convaincue  que  ce  serait 
un  travail  impossible  dans  le  cours  de  la  séance,  a  jugé  à 
propos  de  référer  ce  travail  à  un  comité  composé  de  cinq 
membres,  choisis  parmi  les  prêtres  présents,  soumis  comme 
de  droit,  au  contrôle  de  Sa  Grandeur  Monseigneur  l'Evê- 
que  de  Montréal. 

V.  Que  les  membres  de  ce  comité  seraient  :  MM.  Joseph 
LaRocque,  Chanoine  titulaire.  Ed.  Grevier,  curé  de  St. 
Hyacinthe,  Ths.  Pépin,  curé  de  Boucherville,  Gharles 
LaRocque,  curé  de  St.  Jean,  Amable  Morin,  curé  de  St. 
Cyprien. 

Fait  et  passé  à  l'Evêché  de  Montréal,  les  jour  et  an  que 
dessus. 

1   IG.  EVEQUE  DE  MONTHÉAL. 

A.  PlNSONNAULT,  PtrC., 

Secrétaire  ad  hoc. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  43 

Nous  soussignés,  Membres  du  Comité  constitué  par  les 
Députés  des  Conférences  Ecclésiastiques  et  autres  mem- 
bres du  Clergé,  assemblées  hier  à  rEvôché,  à  l'effet  de 
faire  toutes  les  observations  qui  tendraient  à  rendre  plus 
complet  un  cevlam  Projet  de  Loi^  concernant  les  Assem- 
blées de  Fabrique  pour  l'élection  des  Marguilliers  et  la 
reddition  des  comptes,  après  trois  séances,  pendant  les- 
quelles nous  avons  consciencieusement  examiné  le  dit 
Prçjet,,  en  sommes  venus  aux  conclusions  suivantes: 

I.  Qu'il  est  regretter,  comme  l'a  fait  la  dite  Assemblée, 
que  l'on  se  soit  cru  forcé,  par  de  malheureuses  circons- 
tances, de  soulever  cette  question,  pour  la  porter  devant  la 
Légifture,  parce  que  tout  Bill  de  Fabrique,  demandé  par 
le  Clergé,  pour  sanctionner  l'admission  des  notables  dans 
les  Assemblées  de  Fabrique,  est  de  nature  à  le  compro- 
mettre étrangement,  après  les  réclamations  si  justes  et 
si  solennelles  qu'il  fit  en  1831  contre  un  pareil  5^7^,  et  à 
exposer  l'Autorité  Ecclésiastique  à  des  empiétements  aux- 
quels il  ne  lui  serait  plus  permis  de  s'opposer  avec  énergie, 
une  fois  qu'elle  se  serait  livrée  elle-même  à  la  discrétion 
de  la  puissance  Civile. 

II.  Que  si  toutefois  il  fallait  en  venir  à  demander  un 
pareil  bUl,  il  serait  absolument  nécessaire  de  faire  subir 
au  Projet  de  Loi  en  question  des  modifications  essentielles 
et  propres  à  en  faire  une  mesure  complète,  comme  l'a 
observé  la  dite  assemblée,  pour  qu'il  ne  fût  pas  nécessaire 
d'appeler  l'attention  de  la  Législature  sur  nos  affaires  de 
fabrique,  parce  que  ces  matières  sont  si  délicates  qu'il  est 
toujours  souverainement  dangereux  de  fournir  aux  légis- 
lateurs l'occasion  de  les  discuter. 

III.  Que  pour  remplir  les  vues  de  la  dite  assemblée,  il 
paraîtrait  surtout  essentiel  de  profiter  de  la  loi  projetée 
pour  faire  reconnaître  et  admettre  ce  principe  : 

1'^  Que  toute  Corporation  de  Fabrique  existe  de  fait  et 
de  droit;  et  qu'elle  se  compose  des  curé,  desservant  ou 
missionnaire,  et  des  anciens  et  nouveaux  marguilliers  de 


44  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

chaque  paroisse  ou  mission  ;  lesquels  ont  seuls  la  ges- 
tion et  administration  des  tiens  meubles  et  immeubles 
de  la  fabrique,  parce  qu«  les  légistes  ne  s'entendent  pas 
sur  la  composition  et  les  attributions  des  conseils  de 
fabrique. 

2"  Que  les  curé,  desservant  ou  missionnaire  et  les  mar- 
guilliers  de  l'Œuvre  sont  autorisés  à  faire  toutes  les 
affaires  courantes  et  à  pourvoir  à  tous  les  besoins  journa- 
liers de  l'Eglise. 

30  Que  pour  les  affaires  majeures  et  les  besoins  extraor- 
dinaires, les  anciens  et  nouveaux  marguilliers  doivent 
être  convoqués  selon  les  formes  prescrites  par  la  loi.  On 
obvierait  par  ces  deux  clauses  aux  prétentions  de  certai- 
nes paroisses  qui  gênent  les  administrations  de  fabrique, 
sous  prétexte  qu'aucune  dépense  ne  peut  être  faite  que  du 
consentement  de  toute  la  paroisse. 

IV.  Que  tons  et  les  seuls  Irancs-tenanciers  d'une  paroisse 
ou  mission,  pourvu  qu'ils  soient  résidents  et  catholiques, 
seront  admis  aux  assemblées  pour  l'élection  des  marguil- 
liers, avec  le  droit  d'y  donner  leurs  suffrages,  mais  qu'ils 
ne  pourront  assister  aux  assemblées  pour  reddition  de 
compte  que  comme  témoins  et  auditeurs.  Aujourd'hui 
l'admission  de  tous  les  propriétaires  aux  assemblées  pour 
les  deux  fins  susdites  est  à  peu  près  un  usage  général  ;  il 
serait  par  conséquent  odieux  de  les  en  exclure.  D'un  autre 
côté,  chaque  corporation  civile  rendant  ses  comptes,  en 
présence  da  ses  commettants,  sans  que  ceux-ci  aient  le 
droit  de  les  contester,  les  Corporations  de  Fabrique  une 
fois  bien  reconnues,  comme  corps  politiques  et  civiles^ 
devront  user  du  même  droit. 

Que  les  curé,  desservant  ou  missionnaire  de  chaque 
paroisse  ou  mission  devront  être  seuls  les  présidents  nés 
de  toutes  les  assemblées  de  fabrique  et  de  paroisse. 

V,  Qu'outre  les  modifications  susdites  suggérées  par  la 
dite  assemblée  dans  son  procès-verbal,  le  bill  projeté 
devrait  :  \"  Reconnaître  le  droit  de  l'Evêque  de  législater 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  45 

sur  les  affaires  de  fabrique  ;  d'allouer  ou  rejeter  les  comp- 
tes des  marguilliers,  etc.,  etc.;  2°  Admettre  pour  toute 
Corporation  de  Fabrique  le  pouvoir  de  faire  des  règle- 
ments jugés  nécessaires  pour  sa  bonne  administration: 
3"  Lui  reconnaître  surtout  le  droit  de  faire  un  tarif  sou- 
mis à  l'approbation  de  TEvêque  et  à  la  reconnaissance  et 
homologation  des  cours  de  justice  ;  4<j  Fixer  toutes  les 
formalités  à  suivre  pour  la  convocation  des  assemblées  de 
fabrique  et  de  paroisse. 

Législater  enfin  sur  une  multitude  de  points  litigieux 
qui  arrêtent  à  chaque  instant  la  marche  des  affaires  de 
fabrique. 

VI.  Enfin,  qu'il  serait  nécessaire,  pour  ne  pas  exposer 
les  droits  de  l'Eglise  et  l'honneur  du  clergé,  de  prendre 
tout  le  temps  requis  pour  bien  mûrir  ce  bill  de  fabrique. 
Que  s'il  nous  était  permis  de  faire  à  NN.  SS.  les  Evêques 
quelques  représentations,  nous  prendrions  respectueuse- 
ment la  liberté  de  les  prier  de  nommer,  dans  leurs  diocè- 
ses respectifs,  des  prêtres  versés  dans  ces  matières,  qu'ils 
chargeraient  de  s'entendre  avec  des  hommes  de  loi  et 
leurs  confrères,  pour  se  procurer  tous  les  matériaux  et 
renseignements  possibles,  sur  les  difficultés  journalières 
qui  se  rencontrent  dans  l'administration  des  fabriques, 
afin  de  pouvoir  soumettre  ensuite  à  leur  examen  et  appro- 
bation, un  travail  plus  parfait  et  plus  complet. 

Fait  et  passé  à  l'Evôché  de  Montréal,  le  2  Février  1849. 

C.  Larocque,  Ptre. 

Ths.  Pepix,  Ptre. 

Jos.  Larocque,  Ptre. 

A.  MûRiN,  Ptre. 
Y.D.  Grevier,  Ptre. 
A.  PiNSONNAULT,  Ptre. 

Sec.  ad  hoc. 


46  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

EXTRAIT 

DU  PROCÈS  VERBAL  DE  LA  CONFÉRENCE,  TENUE  DANS  UNE  DE^i 
SALLES  DU  SEMINAIRE  DE  ST.  SULPICE,  LE  15  FEVRIER  1841). 

Les  matières  proposées  par  Monseigneur  de  Montréal, 

et  qui  ont  été  discutées,  sont  : 

OCCASIONS. 

lo  Les  bals  publics  pourront  être  tolérés,  conformément 
à  la  Circulaire  du  16  Février  1843,  quand  ils  ne  seront 
pas  une  occasion  prochaine  de  péché  ;  mais  il  faudra  pru- 
demment en  éloigner  les  fidèles,  parce  qu'il  est  rare  qu'il> 
soient  innocents. 

2"  Même  conduite  par  rapport  aux  bals  particuliers,  eii 
observant  que  souvent  dans  ceux-ci  il  ne  règne  pas  la 
même  décence  que  dans  ceux  là. 

:i"  Même  déc'sion  par  rapport  aux  spectacles,  au  sujet 
desquels  l'on  pourra  être  plus  coulant,  si  les  pièces,  les 
ajustements  sont  chastes. 

\°  L'on  ne  peut  absoudre  ceux  qui  ne  veulent  pjas 
renoncer  à  la  lecture  des  romans  immoraux  ;  mais  il  est 
de  la  prudence  de  ne  pas  nommément  désigner  les  jour- 
naux qui  les  reproduisent. 

5"  L'on  suivra,  par  rapport  aux  fréquentations  pour  le 
mariage,  les  règles  tracées  dans  la  Circulaire  susdite.  Mais 
l'on  pourra  laisser  les  époux  se  fréquenter  après  les  fian- 
çailles comme  auparavant. 

Cl"  L'on  peut  tolérer  la  nécessité  où  se  trouvent  certains 
parents  très-pauvres  de  faire  coucher  ensemble  leur.*^ 
enfants  des  deux  sexes,  pourvu  que  toutes  les  précautions 
possibles  soient  prises  par  la  garde  de  leur  innocence. 

7"  Les  mères  qui  couchent  leurs  petits  avec  elles,  ne 
pouvant  faire  autrement,  pourraient  être  absoutes,  si  elles 
prenaient  de?  moyens  efficaces  pour  prévenir  tout  malheur 


^i 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  47 

de  sulTocation,  v.  g.,  en  leur  faisant  une  couche  dans  la 
ruelle  du  lit. 

S'<  Les  enfants  qui  demeurent  chez  leurs  parents,  àans- 
de  mauvaises  maisons,  pourront  être  admis  aux  Sacre- 
ments, si  ce  n'est  pas  pour  eux  une  occasion  prochaine  de 
péché. 

*.)"  Même  conduite  par  rapport  aux  couturières,  qui  vonî 
travailler  chez  les  tailleurs,  en  compagnie  de  jeunes  gens. 
ï\  faut  toutefois  observer  que  celles  qui  s'engagent  dans 
des  boutiques  retirées,  et  dont  les  maîtres  sont  ou  absent?- 
ou  négligents,  sont  plus  en  danger. 

COOPERATION. 

1"  Les  oropriétaires  ne  peuvent  louer  leurs  maisons  à. 
des  personnes  qu'ils  savent  tenir  mauvais  commerce,  et 
ne  sauraient  être  absous  que  sous  la  promesse  de  ren- 
voyer au  plus  tôt  ces  sortes  de  locataires. 

-2"  Les  charretiers  doivent  se  refuser  de  conduire  aux 
mauvaises  maisons,  s'ils  sont  certains  que  c'est  pour  r 
faire  du  mal  que  l'on  y  va.  Mais  ils  ne  sont  pas  tenus  à 
prendre  là-dessus  aucune  information  de  ceux  qui  deman- 
dent à  se  faire  mener  dans  telle  ou  telle  maison. 

3^'  Les  bouchers,  boulangers  et  autres,  qui  vont  y  veu 
dre  des  provisions,  seclufio  scawlalo^  ne  doivent  pas  êtrt 
inquiétés. 

4'J  De  même  ceux  qui  y  vont  travailler  à  des  ouvrages- 
d'ailleurs  permis. 

5"  Les  enfants  qui  fréquentent  les  écoles,  tenues  par  des 
protestants,  ne  doivent  pas  être  inquiétés,  tant  qu'il  n'y 
aura  pas  pour  eux  de  bonnes  écoles  anglaisas  catholiques, 
pourvu  qu'il  n'y  ait  pas  de  danger  pour  leur  foi,  dans  le^^ 
livres  et  l'enseignement  religieux  des  instituteurs. 

6"  Même  conduite  à  l'égard  des  parents  de  ces  enfants,, 
pourvu  qu'ils  veillent  soigneusement  à  ce  que  l'on  ne  fasse 
rien  qui  expose  leur  foi. 


48  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

JÏSTIGE. 

Il  ne  faut  point  inquiéter  : 

io  Ceux  qui  prêtent  à  intérêt,  oi,  ayant  à  cœur  leur 
salut,  ils  protestent  néanmoins  qu'ils  sont  moralement 
certains  de  retirer,  par  le  commerce,  l'achat  de  terres,  etc., 
etc.,  de  leur  argent,  un  intérêt  pour  le  moins  aussi  haut 
que  celui  qu'ils  exigent  en  le  prêtant  ;  2o.  Ceux  qui  achè- 
tent de  bonne  foi  des  billets  et  les  escomptent  avec  un 
profit  au-dessus  du  taux  légal;  3o.  Les  couturières  qui 
gardent  les  retailles,  pourvu  qu'elles  remplissent  exacte- 
ment les  conditions  de  la  commande. 

Quant  à  ceux  qui  n'ont  pas  payé  leurs  dîmes,  ils  sont 
tombés  dans  la  réserve,  si  leur  négligence  est  jugée  mor- 
telle. Ils  pourront  néanmoins  être  absous  par  ceux  qui  ont 
le  pouvoir  des  cas  réservés,  s'ils  sont  jugés  incapables  de 
tromper,  et  si  le  recours  à  leur  curé,  pour  s'arranger,  ne 
leur  est  pas  facile. 

ADMISSION  AUX  SACREMENTS. 

l'j  Dans  Textrême  nécessité,  l'on  administrera  aux  mala- 
des que  l'on  ne  pourra  faire  sortir  des  mauvaises  maisons, 
que  la  Pénitence,  l'Extrême-Onction.  avec  l'Indulgence 
in  arliculo  mortis  ;  mais  l'on  exigera  auparavant  la  répara- 
tion des  scandales.  L'on  fera  les  choses  aussi  simplement 
et  secrètement  que  possible  ;  de  manière  à  satisfaire  aux 
règles  de  l'Eglise,  et  à  inspirer  en  même  temps  de  l'hor- 
reur pour  de  pareilles  maisons.  On  excitera  toutefois  les 
malades  au  désir  de  la  communion. 

•2o  Les  filles  qui  sont  tombées  en  faute  ne  devront  être 
ordinairement  admises  à  la  communion  que  trois  mois 
après  leurs  couches. 

30  On  ne  leur  permet  pas  la  communion  dans  le  temps 
de  leur  grossesse. 

4'3  Habitualus  est  ille  qui  habitum  contraxil  inaliquo  pec- 
calo  de  quo  non  adhuc  est  coufessus.  {S.  Lig.) 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  49 

5o  Becidivus  est  ille  qui  post  cotifessionem  eodem  vel  quasi 
eodem  modo  est  relapsus  absque  emendatione.  (Idem). 

La  meilleure  marque  pour  s'assurer  que  l'habitude  est 
rompue,  est  la  généras  té  avec  laquelle  le  pécheur  s'assu- 
jétit  à  des  choses  pénibles  à  la  nature,  v.  g.  à  confesser 
des  péchés  cachés,  à  renoncer  à  l'amitié  de  certaines  per- 
sonnes pour  lesquelles  ils  ressentent  un  violent  penchant,  à 
restituer  le  bien  mal  acquis. 

6°  Les  bouchers  qui  tuent,  les  boulangers  qui  cuisent, 
les  jardiniers  qui  cueillent,  les  gens  qui  voyagent  avec 
des  charges,  les  dimanches  et  fêtes,  pour  le  marché  du 
lendemain,  ne  doivent  pas  être  inquiétés,  pourvu  qu'ils 
ne  fassent  que  le  strict  nécessaire.  Même  conduite  à 
l'égard  des  navigateurs  qui,  par  nécessité  de  gagner  leur 
vie,  travaillent  et  perdent  la  messe,  les  dimanches  et  fêtes, 
qu'ils  passent  à  bord  de  leurs  vaisseaux. 

Même  conduite  envers  ceux  qui  vendent  des  provisions, 
pourvu  que  ce  ne  soit  que  pour  les  besoins  du  jour.  Il 
faudrait  être  plus  sévère  à  l'égard  des  aubergistes  qui 
vendent  des  liqueurs  enivrantes  ces  jours-là,  excepté 
quand  ils  reçoivent  de  vrais  voyageurs. 

70  Ceux  qui  se  présentent  au  mariage  avec  des  habitu- 
des tout  à-fait  indignes  de  l'absolution,  doivent  être  exci- 
tés à  la  contrition  parfaite,  instruits  des  devoirs  du  mariage 
et  laissés  à  leur  bonne  foi  pour  la  réception  de  ce  sacre- 
ment. 11  ne  faudrait  les  engager  à  différer  que  lorsqu'il 
y  a  espérance  de  succès  et  qu'il  n'y  a  point  de  scandale  à 
craindre.  Il  est  à  souhaiter  que  la  pratique  de  ne  publier 
les  bans  de  mariage  qu'après  que  les  parties  se  sont  con- 
fessées, s'introduise  partout. 

8°  Tactus  inter  conjuges  sunt  mortales  quando  intervenit 
pollutio,  vel  periculum  proximum  poilutionis  extra  vas  natu- 
rale.  Chaque  confesseur  fera  bien  de  conseiller  aux  gens 
mariés  de  faire  quelque  prière  avant  et  après  l'action  du 
mariage. 
9°  Les  enfants  qui  n'ont  pas  sept  ans  pourront  recevoir 


50  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

l'Absolulion,  l'Extrême  Onction  et  l'Indulgence  et  si,  vers 
l'âge  de  huit  à  neuf  ans,  ils  sont  suffisamment  instruits, 
on  pourra  leur  donner  la  commurîion  et  leur  faire  rece- 
voir la  confirmation. 

10°  Faire  tout  au  monde  pour  engager  les  Odd-Felloivs 
à  quitter  cette  société;  toutefois  ne  les  y  obliger  sous 
peine  de  refus  de  l'absolution  que  lorsque  le  confesseur 
s'aperçoit  qu'il  y  a  dans  cette  association,  machinations 
contre  la  religion  ou  l'état. 

11«  Le  jeu  intéressé  peut  être  toléré  s'il  n'est  pas  une 
occasion  prochaine  de  ruine  temporelle  ou  spirituelle,  en 
exposant  les  joueurs  à  des  pertes  considérables,  ou  à  des 
emportements  furieux,  à  des  blasphèmes,  etc. 

(Signé)        t  IG.  Ev.  de  Montréal. 
(Contresigné) 

A.  PiNSONEAULT,  Ptrc.  Secrétaire. 
[Vraie  copie]        A.  Pinsoneault,  Pire.  Sec. 


Monsieur, 


Montréal,  5  Février  1849. 


Une  assemblée  nombreuse  du  clergé,  tenue  à  l'Evêché 
le  premier  du  courant,  ayant  jugé  convenable  que  l'on  fit 
appel  aux  Fabriques  du  diocèse,  pour  demander  de  l'aide 
pour  l'agrandissement  projeté  de  la  demeure  épiscopale, 
je  prends  en  conséquence  la  liberté  de  vous  adresser  la 
lettre  ci-jointe.  Vous  voudrez  bien,  si  vous  le  jugez  à 
propos,  en  donner  communication  à  vos  Fabriciens,  et 
les  engager  à  répondre,  selon  leurs  moyens,  non  pas  à  la 
demande,  mais  bien  à  l'attente  de  l'Evêque.  Pour  leur 
donner  la  facilité  de  contribuer  à  cette  bonne  œuvre,  je 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  51 

TOUS  prie  de  leur  faire  comprendre  qu'ils  pourraient  avoir 
trois  ou  quatre  ans  pour  payer  le  montant  de  leur  sous- 
cription. De  cette  manière,  il  leur  serait  facile  de  sous- 
crire une  somme  plus  considérable,  sans  nuire  en  rien  aux 
autres  dépenses  nécessaires  pour  l'entretien  de  leur 
Eglise.  Mais  l'essentiel  pour  moi  serait  de  connaître  au 
plus  tôt  combien  je  puis  attendre  de  votre  Fabrique,  et  si 
TOUS  aviez  au  coffre  quelqu'argenL  disponible,  je  recevrais 
avec  reconnaissance  une  partie  de  la  souscription  d'ici  au 
mois  de  mai  ou  juin  prochain. 

Je  suis  bien  respectueusement. 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

A.  F.  Truteau,  Vie.  Gén. 

P.  S.  S'il  vous  plaît  de  joindre  votre  offrande  à  celle  de 
votre  Fabrique,  elle  sera  reçue  avec  reconnaissance. 

A.  F.  T. 


Montréal,  5  Février  1849. 

Monsieur  le  Curé  el  Messieurs  les  Marguilliers, 

Vous  avez  peut  être  été  informés,  d'après  ce  qui  a  été 
dit  dernièrement  sur  les  papiers  publics,  que  la  nécessité 
force  l'Evêque  de  Montréal  à  agrandir  sa  demeure  épisco- 
pale.  Les  raisons  de  celte  nécossité  sont  faciles  à  conce- 
voir. D'abord  l'Evêque  ne  peut  seul  gérer  toutes  les 
a&ires  de  son  Diocèse.  Il  est  obligé  d'avoir  avec  lui 
plusieurs  prêtres  dont  les  services  sont  indispensables  soit 
au  Diocèse,  soit  à  la  Cathédrale,  soit  à  lui  même.  Ensuite, 


52  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

comme  un  bon  père  de  famille,  il  doit  donner  l'hospitalité- 
à  tous  les  membres  de  son  clergé  qui  va  toujours  en 
augmentant,  ainsi  qu'aux  évoques  et  autres  ecclésiastiques 
étrangers  qui  visitent  sa  ville  épiscopale.  Or,  il  est  reconnu 
qu'aujourd'hui  l'Evêché  de  Montréal  n'est  pas  assez  spa- 
cieux pour  que  l'Evêque  puisse  exercer  cette  hospitalité 
d'une  manière  décente  et  convenable.  Il  faut  donc  abso- 
lument qu'il  soit  agrandi.  Mais  tout  le  monde  connaît 
que  l'Evêque  de  Montréal  ne  possède,  ni  comme  Evoque, 
ni  comme  particulier,  les  moyens  de  faire  cet  agrandisse- 
ment reconnu  nécessaire. 

Depuis  quelque  temps,  une  liste  de  souscription  a  été 
ouverte  dans  le  clergé,  et  déjà  plusieurs  de  ses  membres 
s'y  sont  inscrits,  avec  le  chiffre  d'une  contribution  géné- 
reuse à  côté  de  leurs  noms.  Ils  ont  compris  que  l'Evêque, 
qui  n'existe  que  pour  son  Diocèse,  aurait  bien  le  droit  de 
réclamer  de  ce  même  diocèse  en  général,  des  moyens 
d'existence  et  de  subsistance,  vu  qu'aucune  fondation  n'a 
été  faite  pour  l'Evêché  de  Montréal.  Mais  l'Evêque  n'a 
jamais  usé  de  ses  droits  sur  ce  point.  Il  s'est  toujours  con- 
tenté des  modiques  ressources  que  la  Providence  lui  a 
fournies  jusqu'ici. 

Vous  ne  trouverez  donc  pas  mauvais,  messieurs,  que  je 
m'adresse  aujourd'hui  à  vous,  pour  vous  demander  de 
venir  en  aide  à  l'Evêque  dans  le  cas  présent,  à  même  les 
revenus  de  votre  Fabrique.  Ces  revenus  sont  quelquefois 
appliqués  à  l'amélioration  du  logement  de  messieurs  les 
curés.  Pourquoi  n'en  appliquerait-on  pas  une  certaine 
partie,  une  fois  pour  toutes,  à  l'améUoration  du  logement 
de  l'Evêque,  qui  est  bien  le  premier  curé  de  toutes  les  cures 
du  Diocèse  ?  Si  l'état  de  votre  Fabrique  vous  permet  de 
contribuer  à  cette  œuvre,  certainement  tout  ecclésias- 
tique, veuillez  bien  me  faire  connaître,  le  plutôt  possible, 
ce  que  vous  pourrez  souscrire  à  cette  fin,  et  quand  je 
pourrai  toucher  le  montant  de  votre  souscription.  S'il 
vous  était  impossible  de  donner  aucun  argent  pour  le 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  53 

moment,  votre  offrande  sera  toujours  acceptée  avec  recon- 
naissance plus  tard  ;  seulement,  je  désire  connaître  dès  à 
présent  sur  quelle  somme  je  pourrai  compter,  afm  de 
régler  les  travaux  en  conséquence. 

Plein  d'espérance  que  vous  accueillerez  favorablement 
cette  demande,  la  seule  qui  ait  jamais  été  faite  en  faveur 
de  l'Evêque  de  ce  Diocèse, 

J'ai  l'honneur  de  me  souscrire, 
Messieurs, 
Votre  très  humble  et  très-obéissant  serviteur, 

A.  F.  Truteau,  Vie.  Gén. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE   MONTRÉAL. 

Evêché  de  Montréal,  le  25  avril  1849. 
]llojisieu7\  • 

Je  vous  prie  de  lire  à  votre  prône,  le  jour  que  vous  le 
jugerez  bon,  la  Lettre  Encycliqne  de  N.  S.  P.  le  Pape,  Pie 
IX,  ci-dessous,  et  d'accompagner  cette  lecture  des  réfle- 
xions que  ne  manqueront  pas  de  vous  suggérer  la  tendre 
piété  du  Chef  de  l'Eglise,  pour  l'Auguste  Vierge  Marie, 
ef  votre  propre  zèle  à  propager  la  dévotion  à  cette  Vierge 
Immaculée  : 


54  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Encyclique  de  Notre  Si.  Père  le  Pape  Pie  IX,  à  nos  vénérables  frères 

les  patriarches,  les  primats,  les  archevêques  et  les  évéques 

de  loul  Vunivers  catholique. 

LE   PAPE   PIE  IX. 

Vénérables  Frères,  salut  et  Bénédiction  Apostolique. 

«  Dès  les  premiers  jours  où,  élevé  sans  aucun  mérite  de 
Notre  part,  mais  par  un  secret  dessein  de  la  divine  Provi- , 
dence,  sur  Ja  Chaire  suprême  du  Prince  des  Apôtres,  Nous 
avons  pris  en  main  le  gouvernail  de  l'Eglise,  Nous  avons 
été  touché  d'une  souveraine  consolation,  Vénérables 
Frères,  lorsque  Nous  avons  su  de  quelle  manière  mer- 
veilleuse, sous  le  Pontificat  de  Notre  Prédécesseur,  Gré- 
goire XVI,  de  vénérable  mémoire,  s'est  réveillé  dans  tout 
l'univers  catholique,  l'ardent  désir  de  voir  enfin  décréter, 
par  un  jugement  solennel  du  Saint  Siège,  que  la  très- 
sainte  Mère  de  Dieu,  qui  est  aussi  Notre  tendre  Mère  à 
tous,  l'Immaculée  Vierge  Marie,  a  été  conçue  sans  la 
tache  originelle.  Ce  très-pieux  désir  est  clairement  et 
manifestement  attesté  et  démontré,  parles  demandes  inces- 
santes présentées  tant  à  Notre  Prédécesseur  qu'à  Nous- 
même,  et  dans  lesquelles  les  plus  illustres  Prélats,  les- 
plus  vénérables  Chapitres  canonicaux  et  les  Congrégations 
religieuses,  notamment  l'Ordre  insigne  des  Frères  Prê- 
cheurs ont  sollicité  à  l'envie  qu'il  fût  permis  d'ajouter  et 
prononcer  hautement  et  publiquement,  dans  la  Liturgie 
sacrée,  et  surtout  dans  la  Préface  de  la  Messe  de  la  Con- 
ception de  la  Bienheureuse  Vierge  ce  mot;  Immaculée. 
A  ces  instances.  Notre  Prédécesseur  et  Nous-môme 
avons  accédé  avec  le  plus  grand  empressement.  Il  est 
arrivé  en  outre,  Vénérables  Frères,  qu'un  grand  nombre 
d'entre  Vous  n'ont  cessé  d'adresser  à  notre  Prédécesseur 
et  à  Nous  des  lettres  par  lesquelles,  exprimant  leurs  vœux 
et  leurs  vives  sollicitations,  ils  Nous  pressaient  de  vouloir 
définir,  comme  doctrine  de  l'Eglise  Catûolique,  que  la 


1 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  55 

Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie  avait  été 
entièrement  immaculée  et  absolument  exemple  de  toute 
souillure  de  la  faute  originelle.  Et  il  n'a  pas  manqué 
aussi,  dans  Notre  temps,  d'hommes  éminents  par  le  génie, 
la  vertu,  la  piété  et  la  doctrine,  qui,  dans  leurs  savants  et 
laborieux  écrits  ont  jeté  une  lumière  si  éclatante  sur  ce 
sujet  et  sur  cette  très-pieuse  opinion,  que  beaucoup  de 
personnes  s'étonnent  que  l'Eglise  et  le  Siège.  Apostolique 
n'aient  pas  encore  décerné  à  la  très-sainte  Vierge  cet  hon- 
neur que  la  commune  piété  des  fidèles  désire  si  ardem- 
rnent  lui  voir  attribué  par  un  solennel  jugement  et  par 
l'autorité  de  cette  même  Eglise,  de  ce  même  Siège.  Certes, 
ces  vœux  on*;  été  singulièrement  agréables  et  pleins  de 
consolation  pour  Nous  qui,  dès  Nos  plus  tendres  années, 
n'avons  rien  eu  de  plus  cher,  rien  de  plus  précieux  que 
d'honorer  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  d'une  piété  par- 
ticulière, d'une  vénération  spéciale,  et  du  dévouement  le 
plus  intime  de  Notre  cœur,  et  de  faire  tout  ce  qui  Nous 
paraissait  pouvoir  contribuer  à  sa  plus  grande  gloire  et 
louange,  et  l'extension  de  son  culte.  Aussi  dès  le  com 
mencementde  Notre  Pontificat,  avons- Nous  tourné,  avec 
un  extrême  empressement,  Nos  soins  et  Nos  pensées  les 
plus  sérieusei  vers  un  objet  d'une  si  haute  importance,  et 
n'avons-Nous  cessé  d'élever  vers  le  Dieu  très-bon  et  très- 
grand  d'humbles  et  ferventes  prières,  afin  qu'il  daigne 
éclairer  Notre  esprit  de  la  lumière  de  sa  grâce  céleste,  et 
Nous  faire  connaître  la  détermination  que  Nous  avions  à 
prendre  à  ce  sujet.  Nous  Nous  confions  surtout  dans 
cette  espérance.que  la  bienheureuse  Vierge,quia  été  élevée 
par  la  grandeur  de  ses  mérites  au-dessus  de  tous  les  chœurs 
des  Anges  jusqu'au  trône  de  Dieu,  qui  a  brisé  sous  le  pied  de 
sa  vertu,  la  tête  de  l'antique  serpent,  et  qui  placée  entre  le 
Christ  et  l'Eglise,  toute  pleine  de  grâces  et  de  suavité,  a 
toujours  arraché  le  peuple  chrétien  aux  plus  grandes 
calamités,  aux  embûches  et  aux  attaques  de  tous  ses  en- 
nemis et  l'a  sauvé  de  la  ruine,  daignera  également,  Nous 


56  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

prenant  en  pitié  avec  cette  immense  tendresse  qui  est  l'ef- 
fusion habituelle  de  son  cœur  maternel,  écarter  de  Nous, 
par  son  instante  et  tout-puissante  protection  auprès  de 
Dieu,  les  tristes  et  lamentables  infortunes,  les  cruelles 
angoisses.  les  peines  et  les  nécessités,  dont  Nous  souffrons, 
détourner  les  fléaux  du  courroux  divin  qui  Nous  affligent 
à  cause  de  nos  péchés,  apaiser  et  dissiper  les  effroyables 
tempêtes  de  maux  dont  l'Eglise  est  assaillie  de  toutes 
parts,  à  l'immense  douleur  de  Notre  âme,  et  changer  enfin 
Notre  deuil  en  joie.  Car  vous  savez  parfaitement,  Véné- 
rables Frères,  que  le  fondement  de  Notre  confiance  est 
en  la  très-sainte  Vierge  ;  puisque  c'est  en  elle  que  Dieu  a 
placée  la  plénitude  de  tout  bien,  de  telle  sorte  que  sHl  y  a  en 
Nous  quelque  espérance^  s'il  a  quelque  faveur,  s'il  y  a  quelque 

salut,  Nous  sachions  que  c'est  d'Elle  que  nous  le  recevions 

parce  que  telle  est  la  volonté  de  Celui  qui  a  voulu  que  nous 
eussions  tout  par  Marie.  En  conséquence.  Nous  avons 
choisi  quelques  ecclésiastiques  distingués  par  leur  piété, 
et  trèb-verses  dans  les  études  théologiques,  et  en  même 
temps  un  certain  nombre  de  Nos  Vénérables  Frères,  les 
Cardinaux  de  la  Sainte  Eglise  Romaine,  illustrés  parleur 
vertu,  leur  religion,  leur  sagesse,  leur  prudence,  et  par  la 
science  des  choses  divines,  et  Nous  leur  avons  donné 
mission  d'examiner  avec  le  plus  grand  soin,  sous  tous  les 
rapports,  ce  grave  sujet,  selon  leur  prudence  et  leur  doc- 
trine, fct  de  Nous  soumettre  ensuite  leur  avis  avec  toute 
la  maturité  possible.  En  cet  état  de  choses,  Nous  avons 
cru  devoir  suivre  les  traces  illustres  de  Nos  Prédécesseurs, 
et  imiter  leurs  exemples.  C'est  pourquoi,  Vénérables 
Frères,  Nous  vous  adressons  ces  lettres  par  lesquelles 
Nous  excitons  vivement  votre  insigne  piété  et  votre  solli- 
citude épiscopale,  et  Nous  exhortons  chacun  de  vous,  selon 
sa  prudence  et  son  jugement,  à  ordonner  et  faire  réciter 
dans  son  propre  Diocèse,  pour  obtenir  que  le  Père  miséri- 
cordieux des  lumières  daigne  Nous  éclairer  de  la  lumière 
supérieure  de  son  divin  esprit,  et  Nous  inspirer  du  soufQ.e 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  57 

d'en  haut,  et  que  dans  une  affaire  d'une  si  grande  impor- 
tance, Nous  puissions  prendre  la  résolution  qui  doit  le 
plus  contribuer  tant  à  la  gloire  de  son  saint  nom  qu'à  la 
louange  de  la  Bienheureuse  Vierge  et  au  profit  de  l'Eglise 
militante.  Nous  souhaitons  vivement  que  Vous  Nous  fas- 
siez connaître  le  plus  promptement  possible,  de  quelle 
dévotion  votre  Clergé  et  le  Peuple  fidèle  sont  animés 
envers  la  Conception  de  la  Vierge  Immaculée,  et  quel  est 
leur  désir  de  voir  le  Siège  Apostolique  porter  un  décret 
sur  cette  matière.  Nous  désirons  surtout  savoir.  Vénéra- 
bles Frères,  quels  sont  à  cet  égard  les  voeux  et  l«s  senti- 
ments de  votre  éminente  sagesse.  Et  comme  nous  avons 
déjà  accordé  au  Clergé  Romain  l'autorisation  de  réciter 
un  office  canonique  particulier  à  la  Conception  de  la  très- 
sainte  Vierge,  composé  et  imprimé  tout  récemment,  à  la 
place  de  l'office  qui  se  trouve  dans  le  Bréviaire  ordinaire, 
Nous  Vous  accordons  aussi,  par  les  présentes  Lettres, 
Vénérables  Frères,  la  faculté  de  permettre,  si  vous  le  jugez 
convenable,  à  tout  le  Clergé  de  votre  Diocèse,  de  réciter 
librement  et  licitement  le  même  office  de  la  Conception 
de  la  très-sainte  Vierge,  dont  le  clergé  romain  fait  actuel- 
lement usage,  sans  que  vous  ayez  à  demander  cette  per- 
mission à  Nous  ou  à  Notre  Sacrée  Congrégation  des  Rites. 
Nous  ne  doutons  nullement,  Vénérables  Frères,  que  votre 
singulière  piété  envers  la  très-sainte  Vierge  Marie  ne 
vous  fasse  obtempérer  avec  le  plus  grand  soin  et  le  plus 
vif  empressement  aux  désirs  que  Nous  Vous  exprimons 
et  que  vous  ne  vous  hâtiez  de  Nous  transmettre  en  temps 
opportun  les  réponse?  que  Nous  vous  demandons.En  atten- 
dant recevez  comme  gage  de  toutes  les  faveurs  célestes,  et 
surtout  comme  un  témoignage  de  notre  bienveillance  en- 
vers vous,  la  Bénédiction  Apostolique  que  Nous  vous  don- 
nons du  fond  de  Notre  cœur,  à  vous  Vénérables  Frères, 
ainsi  qu'à  tout  le  Clergé  et  tous  les  Fidèles  laïques  confiés 
à  votre  vigilance. — Donné  à  Gaëte,  le  deuxième  jour  de 
février  de  l'année  1840  l'an  Ille  de  Notre  Pontificat.» 


58  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Gomme  nous  y  exhorte  si  vivement  le  Souverain-Pon- 
tife dans  la  susdite  Encyclique,  nous  devons  faire  des 
prières  publiques,  pour  obtenir  que  le  Père  des  lumières 
l'inspire  du  souffle  de  son  divin  Esprit,  dans  le  jugement 
solonnel  qu'il  se  propose  de  porter  sur  la  croyance  à 
VImmaculée  Conception  de  Marie.  A  ce'te  fin,  veuillez  bien 
avertir  vos  paroissiens,  et  leur  rappeler  ensuite  de  temps 
en  temps,  que  toutes  les  prières  ordonnées  dans  la  Lettre 
Pastorale  du  18  janvier  dernier,  auront  à  l'avenir  deur 
objets  :  savoir,  d'obtenir  de  Dieu  que  Notre  Saint  Père  le 
Pape  remonte  bientôt  sur  le  Trône  Pontifical;  et  que  dès 
maintenant  il  soit  éclairé  d'en  haut,  pour  pouvoir  parler 
du  haut  de  la  chaire  apostolique  à  toute  l'Eglise  dispersée, 
et  lui  apprendre  ce  qu'elle  doit  croire  infailliblement  sur 
la  Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie.  Vous 
pourriez  aussi  à  cette  intention  faire  chanter  au  salut  le 
Tota  Pulchra  es  Maria  ;  et  engager  les  fidèles  à  réciter  avec 
une  nouvelle  ferveur  la  prière,  Marie  conçue  sans  péché, 
priez  pour  nous  qui  avons  recours  à  vous,  qui  a  opéré  dans 
notre  siècle  tant  de  merveilles. 

Ce  sage  Pontife  voulant,  avant  de  porter  ce  jngenxent 
solennel,  s'entourer  de  lumières  ;  et  désirant  savoir  pour 
cela  quelle  est  l'opinion  de  toutes  les  Eglises  particulières 
par  rapport  à  la  Conception  de  la  Glorieuse  Vierge,  j'ai 
cru  que  le  meilleur  moyen  d'entrer  dans  ses  vues  serait 
que  tout  le  clergé  du  Diocèse  lui  écrivit  une  lettre  com- 
mune, pour  lui  témoigner  quelle  est  là-dessus  sa  croyance 
et  celle  des  fidèles  confiés  à  ses  soins. 

A  cette  fin,  j'ai  dressé  la  lettre  suivante  dont  je  vous 
envoie  copie,  pour  que  vous  m'informiez  aussitôt  que 
vous  en  aurez  pris  communication,  si  vous  consentez  à  ce 
que  votre  nom  y  soit  apposé.  Car  vous  remarquerez,  en 
lisant  la  susdite  Encyclique,  que  le  Pape  ne  doute  nullement 
que  notre  singulière  piété  envers  la  Très-Sainte  Vierge  Marie 
ne  nous  fasse  obtempérer  à  ses  désirs,  (qui  sont  pour  nous 
des  ordres)  ;  et  que  nous  ne  7wus  hdlions  de  lui  transmettre 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  59 

cette  réponse.    Or    la  voici  celte  réponse  telle  que  je  la 
conçois. 

Très  Saint  Père, 

Nous  Soussignés,  formant  le  Clergé  du  Diocèse  de 
Montréal,  en  Canada,  avons  reçu  avec  une  profonde  véné- 
ration la  touchante  Lettre  Encyclique  que  Votre  Sainteté 
adressait,  le  deux  février  dernier,  à  tous  les  Evoques  de 
la  Catholicité,  pour  les  informer  qu  dessein  qu'EUe  avait 
conçu  de  porter  un  Jugement  dogmatique  sur  la  pieuse 
croyance  de  V Immaculée  Cottception  de  Marie,  et  demander 
en  même  temps  le  secours  des  prières  de  toute  l'Eglise 
dans  une  affaire  si  importante. 

Comme  dans  Votre  suprême  sagesse»  Vous  souhaitez, 
Très-Saint  Père,  connaître  de  quelle  dévotion  le  Clergé 
et  le  peuple  fidèle  de  toutes  les  Eglises  du  monde  sont 
animés  envers  la  Conception  de  la  Vierge  Immaculée.^  nous 
serons  ici  l'heureux  organe  de  celle  de  Montréal,  pour 
Vous  dire  que  nos  pères  nous  ont  transmis  la  pieuse 
croyance  que  la  Très-Sai?ite  Mère  de  Dieu  a  été  conçue  sans 
la  tache  originelle:  et  que  nous  conservons,  comme  un 
dépôt  sacré,  cette  vénérable  tradition. 

11  nous  est  en  même  temps  souverainement  agréable  de 
pouvoir  Vous  témoigner,  Très-Saint  Père,  que  nous  appe- 
lons de  tous  nos  vœux  un  décret  dogmatique  du  Saint. 
Siège  Apostolique,  qui  définisse,  comme  doctrine  de  r Eglise 
Catholique,  que  la  Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie 
a  été  entièrement  immaculée,  et  absolument  exempte  de  toute 
souillure  de  la  faute  originelle.  Car  nous  savons  bien,  Très- 
Saint  Père,  que  le  Divin  Fondateur  de  l'Eglise  a  prié 
pour  vous,  comme  pour  le  Bienheureux  Pierre,  afin  que 
Votre  Foi  ne  défaille  jamais.  Appuyés  sur  cette  promesse, 
nous  ne  craignons  nullement  de  tomber  dans  l'erreur,  en 
nous  attachant  à  Votre  doctrine.  Aussi  recevons-nous  en 
toute  occasion,  avec   une  docilité  parfaite,  toutes  les  déci- 


'ôO  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sions,  qui  émanent  de  la  Chaire  Apostolique  ;  et  est-ce 
pour  nous  un  puissant  motif  de  nous  rassurer,  dans  les 
dangers  continuels  que  nous  courons,  en  conduisant  le 
peuple  de  Dieu  vers  la  terre  de  proraission,  que  de  savoir 
qu'il  Vous  été  donné,  comme  au  Prince  des  Apôtres,  de 
confirmer  Vos  frères  dans  la  pureté  de  la  Foi  et  la  sain- 
teté de  la  morale. 

Votre  bouche  sacrée  à  laissé  tomber,  Très  Saint  Père, 
une  parole  bien  capable  de  nos  cœurs  d'une  nouvelle  con- 
fiance en  la  Très-Sainte  Vierge,  lorsqu'Elle  l'a  proclamée 
si  solennellement,  et  à  la  face  de  toute  l'Eglise,  \q  fonde- 
ment de  notre  espérance  ;  et  qu'elle  a  donné  sa  Sanction  Apos- 
tolique à  l'enseignement  des  Docteurs  et  des  Théologiens 
qui  veulent  que  c'est  la  volonté  de  Dieu  que  toutes  les  grâces 
nous  viennent  par  Marie  qui  est  aussi,  selon  la  belle  et  filiale 
expression  de  Votre  Sainteté,  notre  tendre  Mère  à  tous. 

L'univers  catholique  va  sans  doute  tressaillir  de  joie, 
en  entendant  une  parole  si  consolante,  au  milieu  de  la 
furieuse  tempête  qui  agite  maintenante  barque  de  Pierre. 
Nous  aimons  à  le  croire,  Très-Saint  Père,  les  prières  de 
Marie,  solennellement  déclarée,  par  le  Saint-Siège, /;«/««- 
culée  dans  sa  Conception,  vont  tirer  son  divin  Fils  du  som- 
meil qu'il  semble  encore  prendre  aujourd'hui  dans  cette 
Barque'.  On  le  verra  bientôt  se  lever  et  commander  à  la 
mer  ;  et  il  se  fera  un  grand  calme. 

Animés  par  le  motif  si  puissant  de  Votre  exemple,  nous 
n'aurions  à  l'avenir,  Très-Saint  Père,  «  rien  de  plus  ctier, 
«  rien  de  plus  précieux  que  d'honorer  la  Bienheureuse 
•«  Vierge  Marie  d'une  piété  particulière,  d'une  vénération 
«  spéciale  et  du  dévouement  le  plus  intime  de  notre  cœur  ; 
«  et  de  faire  tout  ce  qui  nous  paraîtra  pouvoir  contribuer 
«  à  sa  plus  grande  gloire  et  louange,  et  à  l'extension  de  son 
«  culte.  »  Puissent  nos  sentiments  affectueux  envers  celle 
que  Vous  honorâtes  si  bien  dès  Vos  plus  tendres  années, 
consoler  un  peu  Votre  cœur  paternel  dans  ces  jours  d'af- 
iliction. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  6i 

Qu'il  nous  soit  du  moins  permis,  Très  Sain  t  Père,  de 
profiter  de  là  Présente  pour  Vous  témoigner  la  profonde 
douleur  dont  nous  avons  été  pénétrés,  en  apprenant  que 
Votre  Capitale  était  en  proie  à  de  sanglantes  divisions  :  que 
la  populace  mutinée  avait  osé  envahir  Votre  paisible 
demeure  ;  que  le  sang  innocent  d'un  savant  et  pieux 
Prélat,  attaché  à  Votre  personne  sacrée,  avait  arrosé  Vo- 
tre palais  ;  que  des  balles  meurtrières  avaient  même  péné- 
tré jusque  dans  vos  appartements;  que  de  lâches  assas- 
sins avaient  impunément  massacré  le  premier  ministre  de 
Vos  Etats  ;  que  les  rues  de  la  ville  sainte  avaient  retenti 
de  chants  profanes  à  la  gloire  àM  poignard  démocratique^  qui 
avait  été  l'instrument  d'un  si  grand  crime  5  que  la  Cité 
du  PasteUr  universel  avait  entendu  le  cri  séditieux  et  san- 
guinaire :  Mort  au  Pape,  mort  aux  Cardinaux  ;  que  Vous 
avez  été  gardé  à  vue  comme  un  prisonnier  dans  Votre 
propre  Palais,  et  enfin  forcé  de  quitter  Rome  sous  un 
habit  emprunté,  pour  aller  chercher  un  asile  dans  un 
Royaume  étranger. 

A  la  première  nouvelle  de  ces  déplorables  événements, 
nous  nous  sommes  prosternés  aux  pieds  du  Père  des 
miséricordes,  avec  les  fidèles  confiés  à  nos  soins,  pour  im- 
plorer son  divin  secours  sur  Vous,  qui  êtes  notre  Père 
à  tous  et  sur  les  Eminents  Cardinaux  qui  partagent  ces 
souffrances  aussi  bien  que  Votre  sollicitude  apostolique. 

Nous  gémissons  de  vous  voir,  Très-Saint  Père,  sur  une 
terre  étrangère,  parce  que  quoique  toute  la  terre  vous 
appartienne,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qup  Rome  doit- 
être  le  siège  de  votre  Empire,  pour  delà  gouverner  les 
nations,  dans  les  voies  de  la  justice,  et  conduire  les  Elus 
à  l'heureux  port  du  Salut.  Nous  savons  bien  que  l'Eglise 
de  Dieu  se  trouve  partout  ou  réside  le  successeur  de 
Pierre.  Nous  ne  pouvons  toutefois  oublier  que  la  Chaire 
de  ce  Bienheureux  Apôtre  est  à  Rome  et  tout  près  de  son 
tombeau  ;  et  que  c'est  delà  qu'il  doit  continuer  à  enseigner 
les  peuples  par  la  bouche  de  ses  successeurs.    Il  est  bien 


I 


62  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

connu  que  Votre  Royaume,  comme  celui  de  Jésus-Christ 
n'est  pas  de  ce  monde.  Aussi  n'est-ce  pas  seulement  sur 
trois  millions  mais  bien  sur  huit  cent  millions  d'hommes 
que  s'exercent  Votre  divine  autorité.  Mais  pour  la  grandeur 
de  l'Eglise,  la  tranquilité  des  peuples  catholiques  et  l'hon- 
neur du  Souverain-Pontificat,  nous  pensons  que  le  Vi- 
caire de  J.-G.  ne  doitpas  reconnaître  de  souverain  temporel. 

Les  sentiments  de  notre  piété  filiale  animent  nos  cœurs, 
pendant  que  nos  mains  suppliantes  se  tiennent  levées 
vers  le  Ciel,  pour  qu'il  plaise  au  Seigneur  d'abréger  le 
temps  de  votre  exil  ;  et  de  vous  ouvrir  au  plus  tôt  les 
portes  de  la  Ville  éternelle.  Hélas  !  depuis  qu'elle  a  secoué 
le  joug  paternel  de  ses  Pontifes  pour  s'asservir  à  une 
troupe  de  brigands,  on  n'entend  par  toute  la  tarre  que 
ces  lamentables  paroles  de  Jérémie  :  Est-ce  donc  là  la  Ville 
sainte  qui  reflétait  toutes  les  splendeurs  et  les  beautés  de 
la  religion,  et  faisait  la  joie  de  runivers  ! 

Mais  si  quelque  chose  peut  Vous  consoler,  Très-Saint 
Père,  de  la  monstrueuse  ingratitude  de  quelques  uns  de 
vos  enfants  de  Rome,  c'est  sans  doute  la  pensée  que  Vous 
avez,  dans  le  reste  de  l'univers,  des  millions  d'enfants 
affectionnés,  qui  détestent  la  malice  de  ceux  qui  vous 
abreuvent  de  tant  d'amertumes.  Oui,  Très-Saint  Père, 
il  n'y  a  qu'une  voix,  du  levant  au  couchant,  pour  déplo- 
rer les  tristes  événements  dont  vous  êtes  la  victime  ;  et 
pour  demander  au  Père  des  miséricordes  de  mettre  fin 
aux  maux  qui  vous  accablent. 

Quant  à  Vos  enfants  du  Diocèse  de  Montréal,  ils  ont 
redoublé  de  respect  et  d'amour  pour  Vous,  depuis  qu'ils 
Vous  savent  persécuté  comme  J.-G  Tous  s'unissent  pour 
faire  au  ciel  une  sainte  violence  en  faveur  de  leur  Père 
commun.  Oui,  Très-Saint  Père,  les  prêtres  à  l'autel,  les 
religieux  à  l'oratoire,  les  communautés  au  chœur,  les 
fidèles  à  l'Eglise,  les  familles  au  sein  de  leurs  maisons, 
les  confréries  dans  leurs  pieuses  réunions,  les  associations 
charitables  dans  l'e.xercice  de  leurs  bonnes  œuvres,  les 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  63 

petits  enfants  dans  leurs  écoles,  tous  lèvent  des  mains 
suppliantes  vers  le  souverain  pasteur  en  faveur  de  son 
"Vicaire  ;  et  forment  un  concert  qui  attendrirait  Votre 
cœur  paternel,  si  Vous  en  étiez  témoin. 

Dans  ce  Diocèse,  sont  érigés  beaucoup  d'autels  à  l'hon- 
neur du  Tres-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie,  pour  la 
conversion  des  pécheurs.  C'est  là  que  nous  allons  de- 
mander à  celle  qui  est  le  refuge  des  plus  grands  pécheurs, 
la  conversion  de  ceux  qui  Vous  persécutent  si  injuste- 
ment; car  nous  savons  que  Vous  êtes  en  tout  l'image  de 
Celui  qui  pria  pour  ses  bourreaux.  Nous  n'oublions  pas 
que  nous  tenons  de  votre  largesse  \postolique  le  bonheur 
d'avoir  dans  chacune  de  nos  Eglises  un  autel  privilégié  ; 
faveur  insigne  que  nous  voudrions  reconnaître  par  un 
dévouement  tout  spécial  ;  et  dont  nous  remercions  au- 
jourd'hui humblement  Votre  Sainteté.  Nous  possédons 
encore  un  autre  gage  bien  précieux  de  Votre  affection 
paternelle  :  c'est  un  Crucifix  que  Vous  avez  spécialement 
béni  pour  servir  d'étendard  à  une  pieuse  société  qui  a 
pour  objet  de  combattre  et  de  détruire  le  vice  affreux  de 
l'ivrognerie,  qui  faisait  dans  nos  contrées  de  grands 
ravages.  Cette  vénérable  image  du  crucifix  est  devenue, 
par  les  bénédictions  abondantes  que  Vous  y  avez  atta- 
chées, l'instrument  d'une  merveille  peut  être  inouïe  sur 
la  terre  ;  savoir,  celle  d'un  peuple  entier  qui  prend  l'en- 
gagement de  ne  jamais  user  de  boissons  enivrantes,  et 
cela  pour  honorer  Jésus  abreuvé  de  fiel  et  de  vinaigre  et 
obtenir  la  conversion  des  pauvres  ivrognes.  Daignez, 
Très-Saint  Père,  bénir  de  nouveau  cette  noble  et  géné- 
reuse Société,  pour  que  les  fruits  de  salut  qu'elle  opère, 
se  multiplient  et  persévèrent. 

Au  sein  de  notre  ville  de  Montréal,  est  une  antique  et 
vénérable  Chapelle  dédiée  à  N.  D.  de  Bonsecours.  Là  se 
réunissent  tous  les  jours  de  nombreux  et  pieux  pèlerins 
qui  vont  prier  pour  leur  Père,  aussi  lui  pèlerin  sur  une 
terre  étrangère.    Ils  y  récitent,  avec  des  coeurs  pleins  de 


64  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

respect  et  d'amour,  la  sublime  prière  qu'a  adressée  au 
ciel  Votre  Sainteté  dans  le  Sanctuaire  de  la  Trinité.  Celte 
touchante  prière  se  répète  aussi  aux  pieds  de  tous  les 
autels  du  Très-Saini  et  Immaculé  Cœur  de  Marie:  N.  D., 
de  Bonrecours,  dont  le  Cœur  est  si  bon,  entendra  sans 
doute  Vos  vœux  et  ceux  de  vos  enfants,  comme  elle  en- 
tendit ceux  de  Pie  VII,  et  de  tous  les  Fidèles  qui  prièrent 
pour  ce  glorieux  Pontife,  de  sainte  et  heureuse  mémoire. 
Bientôt,  nous  l'espérons,  la  Vierge  Immaculée,  qui  est 
terrible  comme  une  armée  rangée  en  bataille,  soufflera 
sur  ces  doctrines  empoissonnées  qui  bouleverse  le  monde, 
en  aveuglant  les  esprits  et  corrompant  les  cœurs.  Le  vif 
éclat  de  sa  pureté  virginale  dissipera  ces  nuages  épais  de 
sauterelles,  sorties  des  puits  de  l'abîme.  Elle  vous  prendra 
par  la  main  et  Vous  conduira  sur  le  Trône  de  Vos  Augus- 
tes Prédécesseurs. 

Nous  soupirons,  Très-Saint  Père,  après  l'heureux  jour 
où  vous  reverrez  le  tombeau  des  SS.  Apôtres,  et  où  Vous 
essayant  de  nouveau  dans  la  Chaire  du  Bienheureux 
Pierre,  Votre  voix  joyeuse  et  triomphante  entonnera  le 
sublime  cantique  de  la  reconnaissance.  Nous  l'entendrons 
cette  voix  majestueuse  et  puissante,  du  bout  du  monder 
dans  cette  contrée  glacée  où  nous  a  placés  la  Divine  Pro- 
vidence, et  nous  poursuivrons  cette  hymne  sacrée  avec 
des  cœurs  pleins  de  bonheur.  Par  reconnaissance  pour  la 
Vierge  Immaculée,  qui  aura  si  puissamment  combattu 
pour  la  Sainte  Eglise,  nous  chanterons  à  sa  gloire  de 
nouveaux  cantiques,  en  célébrant  le  nouvel  office  que 
Votre  Sainteté  nous  a  permis  de  réciter,  en  union  avec 
le  Clergé  Romain. 

En  attendant  cet  heureux  jour,  daignez,  T.-S.  Père, 
répandre  sur  nous  et  les  fidèles  confiés  à  notre  sollicitude, 
Votre  Bénédiction  Apostolique  que  nous  recevrons  comme 
un  vrai  gage  des  faveurs  célestes  et  un  témoignage  bien 
éclatant  de  Votre  Bienveillance  Paternelle  pour  nous. 

Montréal,  Caiiada,  Avril  1849. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMËxNTS.  65 

Comme  c'est  en  témoignage  de  la  dévotion  da  Diocèse 
pour  l'immaculée  Conception  de  Marie,  et  de  son  respec- 
tueux dévouement  pour  le  Saint  Père,  que  cette  Lettre 
est  écrite,  il  convient  qu'elle  soit  communiquée  aux 
Fidèles  ;  et  ft'est  afin  que  vous  puissiez  plus  aisément 
leur  en  faire  la  lecture  qu'elle  est  écrite  en  français. 

Veuillez  bien  profiter  de  l'occasion  pour  exciter  tous 
ceux  qui  dépendent  de  vous  à  redoubler  dé  ferveur  en 
priant  pour  Notre  Saint  Père  le  Pape.  Engagez  les  à  imiter 
l'exemple  de  plusieurs  Paroisses  et  Missions,  qui  ont  fait 
chanter  des  Grand'Messes  et  ont  fait  des  communions  gé- 
nérales à  celte  pieuse  intention.  Le  beau  Mois  de  Mai  qui 
nous  arrive,  et  heureusement  se  fait  presque  partout, 
nous  favorisera  à  tous  l'occasion  de  satisfaire  à  ce  devoir 
de  notre  piété  filiale.  Que  nos  ferventes  prières  hâtent  les 
beaux  jours  où  Marie  sera,  par  une  définition  de  Foi, 
solennellement  proclamée  par  toute  la  terre  Immaculée 
dans  sa  Conception  ;  et  OÙ  l'immortel  exilé  de  Gaëte  rea- 
trera  triomphant  dans  la  Ville  Sainte.  Saluons  d'avance, 
avec  des  cœurs  pleins  de  confiance,  ces  deux  grands  évé- 
nements, et  estimons  nous  heureux  de  pouvoir  y  contri- 
buer en  quelque  chose. 

Vous  recevrez  aussi,  avec  la  Présente,  une  copie  du  Pro- 
cès-Verbal de  la  dernière  Conférence  Ecclésiastique  de 
la  ville,  pour  votre  usage  particulier,  et  un  exemplaire 
de  la  prière  du  Pape  que  vous  voudrez  bien  faire  enca- 
drer, et  exposer  devant  l'autel  de  l'Archiconfrérie  ou 
autre,  de  manière  que  les  pieux  fidèles  l'aient  sous  la 
main  et  puissent  la  réciter  à  leur  dévotion.  Veuillez  bien 
la  leur  expliquer  à  l'un  de  vos  prônes. 

Je  ne  terminerai  pas  la  Présente  sans  vous  remercier, 
vous  et  votre  pieux  troupeau,  de  vos  ferventes  prières 
pour  le  succès  de  la  Retraite  de  la  ville.  Vous  avez  été 
exaucés,  comme  le  prouve  la  bonne  disposition  de  nos 
citoyens,  qui  ont  embrassé  la  Tempérance  avec  un  en- 
thousiasme indicible  ;  et  plus  de  dix-huit  mille  se  sont 


66  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

enrôlés  dans  cette  sociétés  régénératrice.  Bénissons  le 
Seigneur  de  ce  glorieux  triomphe,  que  remporte  la  foi 
catholique  ;  et  à  ce  propos,  travaillons  avec  une  nouvelle 
ardeur  à  la  sanctification  du  peuple  si  docile  que  nous  a 
confié  la  Divine  Providence.  «A  cette  occasion  je  vous 
informe  que  tous  les  vendredis,  à  cinq  heures  du  matin, 
il  se  dit  une  Messe  à  la  Cathédrale  pour  le  succès  de  la 
Tempérance,  avec  un  mot  d'édification.  Veuillez  bien 
engager  vos  paroissiens  à  y  assister  quand  ils  se  trouvent 
à  la  ville  pour  leurs  affaires. 

Je  suis  bien  cordialement,  monsieur, 

Votre  très-affectionné  serviteur, 

-]-  IG.,  EvÊQUE  DE  Montréal. 
(vraie  copie)  J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

A   MESSIEURS   LES  CURÉS   DU   DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  27  Avril  1849. 
Monsieur^ 

Vous  connaissez  les  tristes  événements  qui  viennent  de 
se  passer  dans  notre  ville  :  et  quoique  nous  soyons  étran- 
gers à  tout  ce  qui  est  purement  politique,  nous  ne  saurions 
l'être  à  tout  ce  qui  trouble  l'ordre  public.  Je  m'empresse 
donc  de  vous  écrire,  pour  vous  recommander  de  faire  tous 
vos  efforts  pour  maintenir  votre  peuple  dans  la  paix,  lui 
fesant  voir  que  la  charité  catholique  embrasse  tous  les 
hommes,  quelque  soit  leur  origine. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  67 

Comme  on  a  osé  dire  et  publier  que  Lord  Elgin  était  le 
dernier  gouverneur  de  ce  pays,  que  la  fin  commençait  et  que 
le  Canada  était  perdu,  il  est  bien  à  craindre  que  les  trou- 
bles ne  soient  pas  finis,  si  l'on  prétend  mettre  à  exécution 
de  pareilles  menaces.  Espérons  qu'il  n'en  sera  rien,  et 
Dieu  préservera  ce  pays  des  horreurs  de  la  guerre  civile. 

Si  toutefois  un  semblable  malheur  arrivait,  vous  ne 
manquerez  pas  de  maintenir  le  peuple  dans  la  fidélité 
qu'il  doit  à  son  gouvernement.  Il  aura  cette  fois  pour  lui 
la  bonne  cause,  et  sous  la  protection  du  Dieu  des  armées, 
il  se  montrera  ce  qu'il  fut  dans  les  guerres  de  1775  et 
1812.  D'ailleurs  ce  bon  peuple,  depuis  qu'il  a  embrassé 
la  Tempérance,  est  comme  un  nouveau  Samson  qui  seul 
mettait  en  déroute  des  armées  entières.  Ses  cheveux  sont 
repoussés  depuis  qu'il  ne  boit  plus  aucune  boisson  fer- 
raentée.  Il  pourra  donc,  à  l'exemple  de  cet  homme  fameux, 
ébranler,  d'ua  seul  coup,  les  colonnes  de  toute  machina- 
tion ourdie  contre  le  gouvernement  établi. 

J'apprends  qu'il  vase  faire  des  assemblées  pour  approu- 
ver l'administration  de  notre  excellent  gouverneur.  Déjà, 
dans  plusieurs  occasions  semblables,  le  clergé  s'est  mis  à 
la  tête  de  son  peuple,  pour  porter  au  pied  du  Trône,  le 
tribut  d'amour  et  de  confiance  qu'avaient  su  se  concilier 
ici  les  représentants  de  Sa  Majesté,  ^'ous  connaissez  que, 
dans  celte  occasion,  la  religion  a  à  s'acquitter  d'un  juste 
tribut  de  reconnaissance  envers  ce  lord  dont  le  cœur  libé- 
ral est  encore  plus  noble  que  le  sang  qui  coule  dans  ses 
veines.  Nous  devons  donc,  sans  prendre  aucune  part  aux 
questions  politiques,  témoigner  publiquement  nos  sympa- 
thies à  ce  généreux  et  sincère  ami  de  notre  pays.  Enfin 
n'oublions  point  qu'en  cette  circonstance  surtout,  nous 
devons  prier  et  faire  prier  tant  de  bonnes  âmes  confiées  à 
nos  soins,  pour  la  tranquillité  publique.  Croyons  que 
l'Auguste  Mère  de  Dieu,  la  glorieuse  Vierge  Marie,  dissi- 
pera, pendant  le  beau  Mois  de  Mai,  où  elle  va  recevoir 
tant  d'hommages,  l'orage  qui  gronde  sur  nos  têtes.  De- 


68  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

mandons  que  Dieu  remplisse  de  son  esprit  de  sagesse  ceux, 
qui  gouvernent  en  son  nom.  Per  me  Reges  régnant.  Espé- 
rons que  ceux  qui  sont  au  limon  des  affaires,  dans  ce 
temps  orageux,  sauront,  par  leur  prudence  et  leur  énergie, 
rétablir  le  calme  et  la  paix. 

Je  suis  bien  cordialement. 
Monsieur, 
Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 
j  Ict.  Evêque  de  Montréal. 
(Vraie  copie)  J.  0.  Paré,  Chan.-Secrélaire. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  1 1  Juillet  1849. 
Monsieur, 

J'ai  la  douleur  de  vous  annoncer  la  mort  de  M.  F.  X. 
Mercier,  arrivée  ce  malin  à  neuf  heures  cinquante  minu- 
tes. Il  serait  superflu  de  vous  faire  ici  l'éloge  de  ce  digne 
prêtre,  puisque  l'estime  générale  que  lui  ont  toujours 
portée  le  clergé  et  le  peuple  de  ce  diocèse,  est  pour  sa 
mémoire  un  témoignage  plus  honorable  que  tous  les 
discours.  Mais  je  dois  remplir,  en  vous  annonçant  une 
mort  si  inattendue  pour  vous,  comme  pour  nous,  un 
devoir  sacré,  en  vous  transmettant  les  dernières  paroles 
que  j'ai  entendu  sortir  de  sa  bouche.  C'était  lorsqu'il 
était  sur  le  point  de  recevoir  le  St.  Viatique,  et  quatre 
heures  avant  de  passer  à  une  meilleure  vie,   qu'il   les 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  G9 

proférait  ces  paroles,  avec  toute  la  foi  et  l'onction  d'un 
t)on  prêtre  : 

il  0  mon  Dieu,  je  suis  sur  le  point  de  vous  recevoir,  et 
c'est  bien  probablement  pour  la  dernière  fois.  Je  vous 
demande  pardon  de  n'avoir  pas  toujours  vécu  avec  toute 
la  ferveur  d'un  bon  prêtre,  et  de  n'avoir  pas  toujours 
célébré  le  St.  Sacrifice  de  la  Messe  avec  la  piété  et  la  pré- 
paration que  j'aurais  dû  apporter  à  une  action  si  sainte- 
Mais  vous  êtes  si  bon  que  vous  me  pardonnerez  mes 
innombrables  négligences  et  toutes  les  fautes  que  j'ai 
commises,  surtout  depuis  que  je  suis  prêtre.  Maintenant 
venez  à  moi,  quoique  je  ne  sois  qu'un  pécheur,  et  rem- 
plissez moi  des  grâces  dont  j'ai  un  si  pressant  besoin  pour 
paraître  devant  vous  avec  confiance. 

•(  Je  demande  pardon  à  tous  mes  confrères  de  l'Evêché 
pour  toutes  les  peines  que  j'aurais  pu  leur  causer.  Je 
demande  pardon  à  tous  les  prêtres  du  diocèse  pour  ne  les 
avoir  pas  édifiés  par  une  conduite  plus  sacerdotale.  Je 
demande  pardon  à  toutes  les  paroisses  où  j'ai  exercé  le 
St.  Ministère,  pour  n'avoir  pas  été  assez  zélé  pour  le  salut 
des  âmes  confiées  à  mes  èoins.  Hélas  !  ma  vie  a  êlé  si 
lâche  et  si  tiède  dans  votre  service!  Daignez,  Monseigneur, 
faire  connaître  à  f.ous  mon  sincère  repentir  et  le  désir  que 
j'ai  de  réparer  toutes  mes  fautes.»  Après  avoir  reçu  la 
Ste.  Communion,  ce  juste  mourant  était  tellement  inondé 
de  consolations  qu'en  recevant  la  bénédiction  du  St. 
Viatique,  il  joignit  les  mains  en  s'écriant  :  Seigneur^  que  je 
suis  heureux  de  vous  avoir  reçu  !  Ah  !  je  vous  en  prie,  venez 
encore  me  voir,  avant  que  je  meurre. 

Vous  voyez  maintenant  pourquoi  je  vous  transmets  les 
dernières  paroles  de  ce  frère  si  cher  à  votre  cœur.  Si 
Tjuelque  chose  peut  me  consoler  d'une  perte  si  grande 
pour  le  diocèse  comme  pour  l'Evêché,  c'est  que  lui  aussi 
meurt  victime  de  la  nouvelle  épidémie  dont  la  Divine 
Providence  visite  cette  ville.  Puisse  le  ciel" appaisé,  nous 
;(onner  le  moyen  de  la  réparer.  L'enterrement  de  ce  cher 


70  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

défunt  se  fera  aujourd'hui  dans  la  cathédrale,  à  sept 
heures  du  soir.  Il  y  aura  pour  lui,  dans  cette  église» 
service,  demain  et  samedi  à  cinq  heures  du  matin,  pour  la 
commodité  des  personnes  ouvrières  qui  en  grand  nombre 
ont  sa  mémoire  en  bénédiction.  Mardi  prochain,  à  huit 
heures,  aura  lieu  à  la  Cathédrale,  le  service  solennel 
auquel  vous  êtes  spécialement  invité.  M.  Mercier  appar- 
tenait à  la  caisse  ecclésiastique  et  à  la  société  d'une  messe. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 
Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
[Vraie  copie)  Jos.  Oct.  Pabé,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGE 


Evêché  de  Montréal,  18  Nov.  1849. 
Monsieur.^ 

En  vous  fesant  adresser  VOrdo  pour  1850,  je  dois  vous- 
faire  observer  que  chaque  paroisse  devra  s'en  procurer, 
tous  les  aqs,  un  exemplaire  qui  sera  exposé  à  la  sacristie, 
afin  que  chaque  prêtre  y  puisse  recourir  au-  besoin. 

Comme  en  fait  de  rubriques,  on  ne  saurait  jamais  être 
trop  exact,  l'on  se  propose  d'adresser  au  clergé  une  feuille 
^errata^  si  l'on  a  la  charité  de  nous  avertir  des  fautes  qui 
auraient  pu  se  glisser  dans  cet  Ordo.  Veuillez  bien  con- 
tribuer à  cette  exactitude  par  les  notes  que  vous  aurez  la 
bonté  de  transmettre  au  piustôt,  soit  à  M.  St.  Pierre,  au 
Séminaire,  soit  à  M.  Moreau,  à  l'Evêché. 

Je  profite  de  cette  occasion  pour  vous  prévenir  que 
votre  paroisse  doit  envoyer  les  argents  pour  la  Propaga- 
tion de  la  Foi  d'ici  au  premier  décembre  prochain,  temps^ 
de  1&  reddition  de  comptes. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  71 

Votre  pratique,  cette  année,  pour  réciter  le  St.  Office 
avec  une  nouvelle  ferveur,  sera  d'entendre  continuelle- 
ment la  voix  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  priant  et 
chantant  avec  toute  son  Eglise.  Vbx  tua  diUcis,  dit  sans 
cesse  l'Epouse  chérie,  cherchant  partout  à  rencontrer 
l'objet  de  son  amour,  et  fades  tua  décora.  Dieu  sait  ce  qui 
nous  est  réservé  en  1850.  Prions  bien  pour  qu'il  n'arrive 
rien  de  fâcheux  ni  à  notre  peuple  ni  à  nous.  . 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

•\  IG.  EvÊQUE  DE  Montréal. 

[Pour  vraie  copiée, 

L.  Z.  MoREAU,  Ptre.,  Assf. -Secrétaire. 


CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   xMONTRÉAL. 

Montréal,  le  31  Décembre  1840. 
Mon  Cher  Monsieur, 

A  la  veille  de  finir  une  année  comme  celle  qui  nous 
échappe,  et  d'en  commencer  une  dont  nous  ne  saurions 
encore  prévoir  les  événements,  mais  qui  pourrait  bien 
nous  amener  des  catastrophes  plus  déplorables  encore 
que  celles  sur  lesquelles  nous  avons  eu  à  gémir,  je  sens 
le  besoin  de  vous  épancher  mon  cœur,  afin  de  nous  con- 
soler et  encourager  mutuellement.  D'ailleurs,  la  furieuse 
tempête  qui  agite  la  barque  de  Pierre,  ec  les  flots  cour- 


72  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

roucés  qui  soulèvent  si  violemment  notre  propre  nacelle, 

I'  nous  mettent  dans  la  nécessité  de  nous  entendre,  pour 

pouvoir  suivre  la  même  route  sur  cette  mer  orageuse. 
Avant  tout,  donnons-nous  le  baiser  de  paix,  qui  n'est 
jamais  si  doux  que  dans  les  temps  les  plus  agités,  et  lors- 
qu'il s'agit,  pour  des  frères,  d'un  danger  commun.  Les 
rivages  de  Milet  offraient  un  spectacle  bien  attendrissant, 
quand  les  disciples,  sautant  au  cou  de  Paul,  lui  faisaient 
leurs  derniers  adieux,  comme  ne  devant  plus  le  revoir  ici- 
bas.  C'est  bien  assurément  le  cas  pour  nous  au  renouvel- 
lement  de  l'année.  Réunis  à  cette  époque  si  touchante 
sur  le  rivage  de  cette  pauvre  vie,  nous  nous  embrassons, 
avec  la  cruelle  prévision  que  pour  plusieurs  d'entre  nous 
ce  sera  pour  la  dernière  fois.  A  la  vérité,  bienheureux 
ceux  qui,  dans  ces  temps  mauvais,  partent  les  premiers, 
en  mourant  dans  le  Seigneur.  Toute  fois,  souliaitons-nous, 
pour  le  bien  de  l'Eglise,  de  longues  années.  Hélas  !  il 
n'est  plus  de  saison  de  se  les  souhaiter  bonnes  et  heureuses 
dans  ce  monde  !  Mais  espérons  qu'elles  n'en  seront  que 
meilleures  dans  l'autre. 

Vous  recevrez,  avec  la  présente,  une  Lettre  Pastorale 
que  vous  voudrez  bien  commenter,  selon  les  besoins  de 
voi  paroissiens.  Car  toutes  les  paroisses  ne  se  trouvant  pas 
dans  les  mêmes  circonstances,  il  n'est  pas  à  propos  de 
donner  les  mêmes  avis  partout. 

Maintenant,  avant  de  nous  mettre  à  l'ouvrage,  voyons 
ce  que  nous  aurions  de  mieux  à  faire  pour  le  plus  grand 
bien  du  Corps  auquel  nous  avons  le  bonheur  d'appartenir, 
et  pour  la  sanctification  du  troupeau  confié  à  nos  soins. 
11  est  tout  naturel  que  dans  un  moment  aussi  critique, 
nous  cherchions  plus  que  jamais  à  ne  faire  pour  ainsi 
i  dire  qu'un  seul  homme,  par  une  parfaite  conformité  de 

''  vues  et  d'actions.  D'ailleurs  nous  éprouvons  toutes  les 

vives  sympathies  de  l'admirable  communauté  que  Jésus- 
Christ  a  établie,  pour  le  bon  gouvernement  de  son  Eglise, 
et  à  laquelle  nous  sommes  si  heureux  d'appartenir.  Quoi- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  73 

que  séparés  de  corps,  pour  mieux  veiller  sur  nos  chères 
brebis,  nos  cœurs  demeurent  ensemble  sous  le  même  toit 
paternel  de  la  maison  du  Seigneur,  qui  nous  abrite  en 
tous  lieux.  Les  saints  canons  sont  les  règles  communes 
que  nous  a  données  l'Eglise  notre  mère  ;  et  Jésus-Christ, 
tout  près  de  nos  demeures,  dans  la  Sainte  Eucharistie, 
veut  bien  être  notre  Maître  et  Supérieur  à  tous.  Oh  !  nous 
n'avons  qu'un  pas  à  faire  et  une  porte  à  ouvrir,  pour  être 
à  ses  genoux  et  recevoir  ses  ordres.  Je  vous  avouerai  ici 
ingénuement  que  tous  les  matins  je  suis  aux  pieds  de  ce 
bon  Maitre  pour  le  conjurer  de  remplir  cette  fonction 
envers  nous  tous.  Il  n'est  point  de  communauté  qui  ne 
reconnaisse,  avec  une  tendre  effusion  de  cœur,  la  Sainte 
Vierge  pour  première  supérieure.  Il  est  donc  juste  que  le 
clergé,  qui  est  d'institution  divine,  se  fasse  un  devoir  bien 
doux  de  toujours  honorer  son  divin  Fondateur,  comme 
son  premier  Père  et  Supérieur.  A  nous  s'appliquent  /// 
sensu  obvioy  ces  belles  paroles  du  Ps.  G7.  Deus  in  loco 
sancto  siio  :  Deus  qui  inhabiiare  facit  nnii/s  moris  in  domo. 
Que  de  motifs  nous  avons  de  nous  presser  les  uns  contre 
les  autres,  pour  former  un  bataillon  impénétrable  à  l'en- 
nemi !  C'est  alors  que  nous  pourrons  dire  avec  une  sainte 
hardiesse  ces  paroles  du  même  psaume,  si  propres  à  nous 
animer  :  Exurgat  Deus,  et  dissipentur  inimici  ejus. . . . 

Je  vais  maintenant  vous  faire  part  de  ce  que  le  Seigneur 
m'inspire  de  vous  dire,  comptant,  avec  raison,  sur  votre 
bonne  volonté  à  vous  sacrifier,  pour  l'honneur  de  la  Reli- 
gion qui  nous  tend  les  bras,  pour  nous  demander  de  la 
défendre  et  secourir.  D'abord  voyons  ce  qui  nous  regarde 
personnellement. 

1°  Réjouissons-nous  d'avoir  été  jugés  dignes  de  souffrir 
quelques  opprobres  pour  le  Nom  de  Jésus-Christ,  en  sou- 
tenant la  cause  si  sainte  de  son  Vicaire  sur  la  terre;  et 
croyons  fermement  qu'en  combattant  sous  le  glorieux 
étendard  du  divin  Chef  qui  a  vaincu  l'enfer,  nous  demeu- 
rerons victorieux  avec  lui. 


74  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

2o  Soyons  en  toutes  occasions  prudents  comme  des 
serpents  ;  et  surtout  laissons-nous  mettre  en  pièces  plutôt 
que  de  permettre  que  notre  auguste  chef,  qui  nous  repré- 
sente Jésus-Christ,  soit  méprisé  :  car  c'est  dans  cette  tête 
vénérable  que  réside  la  vie  de  l'Eglise  et  la  force  du 
clergé.  Mais  si  nous  devons  nous  montrer  fermes  et 
généreux  chaque  fois  qu'il  est  question  de  Dieu  et  son 
Eglise,  il  nous  faut  nous  tenir  dans  une  grande  réserve^ 
lorsqu'il  s'agit  des  affaires  du  monde.  Plus  que  jamais» 
abstenons-nous,  même  dans  nos  rapports  particuliers  avec 
les  laïques,  de  nous  prononcer  pour  un  parti  politique 
quelconque.  Ménageons  notre  influence  pour  prêcher  au 
besoin  l'ordre  et  la  paix. 

30.  Soyons  simples  comme  des  colombes.  Allons  droit  à 
Dieu  et  ne  songeons  qu'à  faire  du  bien.  VengeoHS-nousde 
ceux  qui  voudraient  nous  dépouiller  de  tout,  par  de  nou- 
veaux bienfaits.  Ne  montrons  aucune  attache  à  la  dîme 
et  aux  revenus  temporels,  quoique  ce  soit  Dieu  lui-même 
qui  nous  les  ait  assignés  pour  la  part  de  notre  héritage, 
afin  que  le  peuple  finisse  par  bien  comprendre  que  cette 
grande  question,  que  l'on  agite  dans  les  journaux,  est  un 
piège  que  lui  tendent  ceux  qui  voudraient  avoir  ses  bras 
pour  s'élever  au-dessus  des  autres,  et  même  pour  tout 
renverser.  Que  vos  vertus  sacerdotales  brillent  d'un  nou- 
vel éclat.  Que  vos  travaux  pour  la  sanctification  des  âmes, 
soient  animés  d'un  zèle  encore  plus  ardent.  Que  vos  biens 
et  vos  revenus  ecclésiastiques  soient  plus  que  jamais  con- 
sacrés aux  bonnes  œuvres.  Préparons  notre  bon  peuple 
à  tout  événement.  11  me  semble  que  les  secours  extraor- 
dinaires, qui  lui  ont  été  depuis  quelques  années  comme 
prodigués,  lui  ont  été  ménagés  par  la  divine  providence, 
pour  le  fortifier  et  le  rendre  victorieux  dans  le  grand  com- 
bat qui  vient  de  s'engager  :  Cerfamenforte  dédit  illi  tit  vin- 
'  ceret.  Toute  fois,  il  faut  s'attendre  à  des  défections  déplo- 
rables :  l'ivraie  ne  se  sépare  pas  autrement  du  bon  grain. 

40  Soyons  forts  dans  le  combat  contre  l'ancien  serpent^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS,  •    75- 

en  n'ayant  tous  qu'un  même  cœur  pour  aimer,  et  une 
même  intention  pour  prier.  Pour  cela,  élevons-nous 
chaque  jour  vers  le  Dieu  qui  fortifie  les  faibles,  sur  les 
deux  ailes  du  S.  Sacrifice  et  de  l'office  divin,  qui  nous 
sont  données  pour  pouvoir  nous  présenter  plusieurs  fois  le 
jour  au  pied  du  trône  du  Souverain  roi,  en  qualité  d'am- 
bassadeurs de  l'Eglise.  Prenons  pour  nous  ces  paroles  de 
St.  Joseph  Cupertino  à  un  Evêque,  qui  lui  demandait  le 
plus  sûr  moyen  de  sanctification  pour  le  Clergé  :  Que 
chaque  prêtre  dise  bien  la  Messe  et  V  Office.  Veuillez-bien 
accepter  pour  étrennes  deux  petites  pratiques  bien  capa- 
bles, ce  me  semble,  de  nous  aider  à  nous  acquitter  avec 
fruit  des  deux  grands  devoirs  que  nous  avons  à  remplir. 

Ire.  Pratique  :  Elle  est  de  M.  Olier,  (voir  sa  vie  2  tom. 
p.  206  et  suivantes.)  Dire  chaque  messe  à  l'intention  de  la 
Bienheureuse  Vierge  Marie.  A  cette  fin, proposons  nous  d'imi- 
ter St.  Jean  l'Evangéliste  qui,  au  rapport  de  graves  et  pieux 
auteurs,  demeurait  continuellement  avec  cette  mère  com- 
mune de  toute  l'Eglise,  non-seulement  pour  lui  servir  de 
fils,  mais  encore  de  chapelain,  et  en  cette  qualité  lui  dire 
la  messe  et  la  communier.  Dans  cette  vue,  considérons 
tout  le  diocèse  comme  la  maison  de  Marie;  et  croyons 
que  nous  y  habitons  en  qualité  de  ses  chapelains,  comme 
font  les  aumôniers  des  grandes  princesses,  afin  de  conti 
nuer  l'Office  du  disciple  bien-aimé.  Tous  les  matins  en 
nous  rendant  à  l'autel,  arrêtons  nous  un  instant  aux  pieds 
de  notre  Auguste  Souveraine  et  Maîtresse,  pour  nous  offrir 
à  elle,  afin  de  célébrer  selon  toutes  ses  intentions.  Les 
mérites  infinis  du  St.  Sacrifice  étant  ainsi  laissés  à  la  dis- 
position de  notre  mère,  qui  connaît  si  bien  nos  besoins  et 
en  est  vivement  touchée,  que  n'avons  nous  pas  à  attendre 
de  sa  bonté  ? 

2de.  Pratique:    Elle  est  de    St.    Augustin,  qui    nous 

avertit  de  chercher  dans  les  Psaumes  Jésus-Christ  et  son 

Eglise   (St.  Augustin   sur  les  Psaumes)    «  C'est  le  Fils  de 

Dieu  qui  prie  pour  nous,  qui.  prie  en  nous  et  qui  est  prié 


"76  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

par  nous.  Il  prie  pour  nous,  comme  notre  Prêtre  ;  il  prie 
en  nous,  comme  notre  chef,  et  il  est  prié  en  nous  comme 
notre  Dieu.  Reconnaissons  donc  en  lui  notre  voix,  et  sa 
voix  dans  la  nôtre.  »  Cette  simple  pensée,  développée  par 
la  méditation,  a  bien  de  quoi  nous  embraser  de  ferveur  et 
d'amour,  pendant  une  action  si  sainte  et  si  pleine  de 
mérites.  N'oublions  pas  que  nous  demandons  pour  l'Eglise 
et  pour  tous  ce  que  le  psalmiste  demandait  pour  lui  et 
pour  la  Synagogue. 

Voici  maintenant  la  conduite  à  tenir  par  rapport  aux 
Fidèles. 

1".  Veuillez  bien  insister  sur  les  recommandations  que 
je  leur  ai  faites  dans  la  Lettre  Pastorale  ci-jointe.  Elles 
ne  sont  à  la  vérité  que  la  répétition  de  ce  que  vous  leur 
dites  vous-mêmes  si  souvent.  Mais  je  crois  qu'en  ajoutant 
le  sceau  de  l'autorité,  et  en  faisant  parler  quelquefois  les 
premiers  Pasteurs,  l'on  fait  de  plus  fortes  impressions. 
C'est  pour  opérer  ce  bien  qu'en  toute  occasion  je  fais  par- 
ler et  agir  Notre  Saint  Père  le  Pape. 

2°  Quelques  misères  que  nous  suscitent  les  écoles  des 
commissaires,  croyez  que  vous  ne  pouvez  vous  dispenser 
de  vous  en  mêler.  Tout  en  usant  de  prudence  pour  ne 
pas  révolter  ceux  de  vos  paroissiens  qui  ont  été  hostiles 
au  Bill  d'Education,  il  est  pourtant  très-urgent  que  vous 
agissiez  d'une  manière  ou  d'une  autre,  pour  que  de  bonnes 
écoles  s'établissent  dans  les  principaux  quartiers  de  vos 
paroisses,  et  que  les  enfants  y  trouvent  tout  ce  qu'il  faut 
pour  éclairer  leur  esprit  et  former  leur  cœur.  Pour  le 
moment,  tâchez  d'obtenir  qu'il  n'y  ait  pas  plus  d'écoles 
qu'il  n'y  a  de  bons  instituteurs  ou  institutrices  pour  les 
diriger.  J'ai  grande  confiance  dans  les  prières  des  enfants. 
Pour  cela,  j'ai  fait  imprimer  la  Neuvaine  de  Muzzarelli 
au  St.  Enfant-Jésus,  avec  l'intention  de  faire  prier,  parce 
moyen,  dans  toutes  les  écoles  de  ce  diocèse,  pour  le  succès 
de  l'éducation  dans  ce  pays.  J'ai  la  confiance  que  tout 
instituteur  ou  institutrice  qui,  sons  votre  direction,  éta- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  7* 

blira  dans  son  école  la  confrérie  du  St.  Enfant-Jésus,  dont 
les  règles  se  lisent  à  la  fin  de  celte  neuvaine,en  recueillera 
de  précieux  avantages.  Je  pense  que  vous  encourageriez 
puissamment  cette  petite  confrérie,  si  vous  fesiez  vous- 
même  la  réception  des  enfants,  quand  il  vous  est  possible 
de  visiter  vos  écoles.  Je  crois  aussi  que  ce  serait  un  très- 
grand  encouragement  pour  les  maîtres,  comme  pour  les 
enfants,  si,  dans  quelque  beau  jour  d'été,  vous  réunissiez 
à  l'Eglise  toutes  les  sections  de  cette  confrérie  pour  leur 
faire  un  exercice  commun.)  Enfin,  je  suis  persuadé  qu'en 
rendant  les  enfants,  qui  fréquentent  les  écoles,  pieux» 
sages  et  respectueux,  l'on  aura  bientôt  fait  tomber  les 
plus  fortes  oppositions  à  un  ^///qui,avec  tous  ses  défauts, 
peut  cependant  contribuer  puissamment  à  répandre  dans 
notre  jeune  pays,  les  bienfaits  de  l'éducation. 

30  Je  pense  qu'un  des  moyens  d'encourager  les  sociétés 
de  Tempérance,  Propagation  de  la  P'oi,  St.  Vincent  de 
Paul,  Adoration  perpétuelle  et  autres  œuvres,  recomman- 
dées dans  la  Lettre  Pastorale,  serait  de  se  réunir  le  jeudi, 
rt'^////;-///^w,dans  une  des  paroisses  d3  chaque  arrondissement 
pour  y  prêcher  et  confesser  les  associés,  et  y  célébrer  une 
grand'messe.  Je  sais  que  déjà  cela  se  pratique  en  divers 
cantons  du  diocèse  avec  succès  ;  et  pour  que  chaque  prêtre 
y  puisse  s'utiliser  davantage,  je  donne,  jusqu'à  révocation, 
à  tous  ceux  qui  sont  approuvés  et  qui  se  trouveront  à  ces- 
réunions,  les  pouvoirs  ordinaires  et  extraordinaires  des 
cas  réservés. 

4'5  "Veuillez  bien  faire,  de  tout  le  contenu  de  la  dite 
Lettre  Pastorale,  le  sujet  de  la  Conférence  Ecclésiastique 
que  vous  devez  tenir  en  Janvier  ou  Février,  afin  d'aviser 
ensemble  aux  meilleurs  moyens  de  la  mettre  à  exécution. 
Vous  y  ajouterez  la  discussion  du  projet  de  Bill  de 
Fabrique,  soumis  l'année  dernière  à  vos  observations,  et 
qui  a  été  ensuite  imprimé  par  ordre  de  la  Chambre,  pour 
connaître  d'avance  l'opinion  publique.  Je  le  ferai  repro- 
duire sur  les  Mélanges,  afin  que  vous  puissiez  vous  eii 


78  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

procurer  une  copie.  Vous  vous  rappelez,  sans  doute,  que 
la  Conférence  des  Députés,  tenue  à  la  ville,  avait  décidé 
que  si  absolument  il  fallait  en  venir  à  la  passation  d'un 
tel  Bi7/,  l'on  devrait  travailler  à  le  rendre  aussi  complet 
que  possible.  Pour  cela,  on  était  convenu  que  certains 
prêtres  seraient  nommés  pour  s'entendre  avec  des  hommes 
de  loi,  afin  de  faire  législater  sur  toutes  les  matières  qui 
nous  offrent  journellement  des  difficultés.  Chacun  de 
vous  voudra  bien  faire  part,  dans  sa  conférence,  de  celles 
qu'il  a  eu  occasion  de  rencontrer  jusqu'ici.  Au  reste,  on 
est  bien  décidé  à  laisser  tomber  la  chose  si  aucun  membre 
de  la  chambre  n'amène  cette  importante  affaire  sur  le 
tapis.  La  conférence  de  la  ville  se  tiendra  le  12  Février, 
à  neuf  heures  du  matin. 

0°  La  maladie  qui  menaçait,  cet  été,  de  se  répandre 
dans  les  campagnes,  ayant  empêché  la  Retraite  Pastorale, . 
je  vous  engage  à  faire,  avant  le  carême,  ces  pieux  exer- 
«cices  dans  quelque  communauté  ou  chez  quelque  confrère. 
L'on  doit  se  préparer  à  tout  événement. 

6o  Plusieurs  prêtres  ayant  témoigné  leur  désir  que  l'on 
fit  un  nouvel  appel  au  clergé  et  aux  laïques  pour  l'achè- 
vement de  l'Evêché  en  construction,  je  me  suis  chargé  de 
le  faire  personnellement,  d'autant  plus  volontiers  que  je 
regarde  cette  bâtisse  comme  rigoureusement  nécessaire 
pour  l'avantage  du  diocèse.  Car  il  devient  indispensable 
que  l'Evêché  soit  le  centre  des  nombreuses  réunions  du 
Clergé  pour  Synodes,  Retraites,  Conférences,  etc.  Il  est 
aussi  dans  nos  usages  d'exercer  l'hospitalité  avec  la  plus 
intime  cordialité.  Il  est  juste  que  les  évêques  étrangers 
trouvent  chez  l'Evêque  d'une  grande  ville  comme  Mont- 
tréal,  un  confrère  toujours  prêt  à  les  accueillir  avec  la 
décence  qui  convient  à  leur  état.  Tous,  Prêtres  et  laïques, 
doivent  désirer  que  le  premier  Dignitaire  Ecclésiastique 
d'un  district  aussi  populeux  et  aussi  riche  que  celui-ci, 
soit  capable  de  représenter  honorablement  son  clergé  et 
son  peuple. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  79 

Plusieurs  prêtres  vont  être  chargés  de  faire  le  tour  du 
Diocèse,  afin  de  recueillir  de  nouveaux  secours  pour 
cet  objet  d'utilité  publique  ;*  je  leur  donnerai  l'autorisation 
nécessaire  pour  se  présenter  en  mon  nom  partout  où  ils 
jugeront  à  propos.  Veuillez  donc  les  recevoir  comme  les 
délégués  de  votre  Evêque  qui,  dans  cette  entreprise,  ne 
se  propose  rien  autre  chose  que  de  se  rendre  plus 
utile  à  la  Religion. 

Vous  recevrez,  avec  la  présente,  une  feuilie  ^' Errata^ 
pour  corriger  les  fautes  qui  se  sont  glissées  dans  VOrdoàiQ 
1850,  avec  une  exemplaire  des  Règles  de  V Adoration  perpé- 
tuelle, de  la  Neuvai/ie  an  St.  Enfant  Jésus,  et  du  Manuel  à.Q 
la  Société  de  St.  Vincent  de  Paul.*  Vous  pourrez  vous  en 
procurer  d'autres  à  Montréal,  si  ces  Associations  s'établis- 
sent dans  votre  Paroisse. 

Je  suis  cordialement,  cher  Monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 

{Vraie  copie)  J.  O.Pat\é^  Chan. Secrétaire. 


LETTRE  PASTORALE 

DE   MONSEIGNEUR    l'ÉVÊQUE    DE    MONTRÉAL,    A  L'oCCASION    DU 
RENOUVELLEMENT   DE    l'aNNÉE. 

Ignace  Bourget  par  la  Miséricorde  de  Dieu  el  la  Grâce  du  Saint-Siège 
Aposiolique,  Evêque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  tous 
les  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  salut  et  bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Glirist. 

Déjà,  Nos  Très-Chers  Frères,  les  mains  vénérables  de 
vos  pères,  comme  celle  des  anciens  Patriarches,  se  sont 


80  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

levées  sur  vous,  au  premier  jour  de  cette  nouvelle  année, 
pour  répandre  dans  le  sein  de  vos  familles  toutes  les  béné- 
dictions du  ciel.  Elles  sont  longues  et  heureuses  les 
années  des  bons  enfants  qui  ont  mérité  les  bénédictions 
paternelles  ! 

Déjà  aussi  vos  pasteurs,  ces  pères  de  la  grande  famille 
qui  forme  chaque  Paroisse,  ont  levé  sur  vous,  à  pareil 
jour,  leurs  mains  consacrés  par  l'huile  sainte  tout  exprès 
pour  bénir  le  peuple  de  Dieu  :  Uf  quœcmnque  benedixeritit 
benedicantur.  (Pontifical).  Elles  sont  éternelles  les  années 
des  bons  chrétiens  qui  sontici  les  enfants  bénis  de  l'Eglise! 
C'est  à  Nous  maintenant,  Notre  Très-Chers  Frères,  de 
confirmer,  au  nom  du  Père  de  Notre  Seigneur  Jésus- 
Christ,  qui  est  le  Père  des  lumières,  de  qui  vient  tout  don 
parfait,  et  de  ratifier  en  quelque  sorte  ces  bénédictions 
paternelles  et  pastorales,  pour  que  les  familles  de  ce  vaste 
Diocèse  ne  fassent  toutes  qu'une  seule  et  même  famille, 
unie  parle  lien  sacré  de  l'obéissance  au  même  pasteur, 
et  nourrie  par  l'espérance  des  biens  à  venir.  Soyez  donc 
tous  bénis,  0  !  Nos  bien  aimés,  parle  Seigneur  qui  a  créé 
je  ciel  et  la  terre,  et  qui  pour  cela  est  le  père  commun  de 
la  famille  du  monde  entier.  Benedicti  vos  à  Domino,  qui 
fecit  cœlum  et  terrufn.  (Ps.) 

C'est  à  la  crèche  du  Divin  Enfant,  et  en  la  Fête  si  solen- 
nelle des  Rois,  que  nous  puisons  ces  Bénédictions  Episco- 
pales,  que  Nous  vous  envoyons,  en  ce  jour,  avec  toute 
l'effusion  d'un  cœur  qui  vous  aime.  C'est  à  la  lueur  de 
rétoile  lumineuse,  qui  conduit  les  Mages  à  Bethléem,  et 
et  sous  la  douce  inspiration  des  dons  mystérieux,  qui  em- 
baume l'étable  qu'a  choisie  pour  Palais  le  Roi  des  Rois, 
que  Nous  vous  écrivons  cette  Lettre.  Elle  a  pour  objet 
de  vous  faire  part  des  sentiments  qui  Nous  animent,  pen- 
dant que  Nous  faisons  nos  présents  à  un  Enfant  si  pau- 
vre et  si  délaissé.  Car,  le  voyant  enveloppé  de  pauvres 
langes.  Nous  en  avons  été  touché  jusqu'aux  larmes;  et 
afin  de  le  secourir,  en  couvrant  et  réchauffant  ses  petits 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  81 

membres  iransis  de  froid,  Nous  lui  offrons  tous  les  Fidèles 
de  notre  Diocèse,  que  l'Eglise  nous  a  appris,  à  l'une  de 
nos  ordinations,  à  regarder  comme  des  vêtements  précieux 
dont  le  Seigner  aime  à  se  parer  :  Fidèles  Dei  quitus  Do7fii- 
nus,  quasi vestimentis pretiosis,  circumdatiir.  (Pontifical,  ord. 
du  sous-diacre). 

En  ouvrant  ainsi  les  trésors  du  Diocèse  de  Marie,  pour 
offrir  à  son  Divin  Enfant  tous  les  pieux  Fidèles  qui  le 
composent,  Nous  offrons  quelque  chose  de  plus  agréable 
aux  yeux  de  son  infinie  Majesté  que  l'or,  l'encens  et  la 
myrrhe  que  lui  apportèrent  les  yts.  Mages  du  fond  de 
l'Arabie.  Car  ces  présents  de  nos  Pères  dans  la  Foi 
n'étaient,  après  tout,  que  des  objets  matériels  dont  assu- 
rément Dieu  n'a  pas  besoin,  comme  il  nous  le  déclare 
dans  l'Ecriture.  Ils  n'avaient  d'autre  valeur  que  celle  de 
signifier  la  charité,  la  dévotion  et  la  mortification,  qui 
changent  en  de  riches  trésors  les  cœurs  des  chrétiens 
fervents.  C'est  encore  ce  que  nous  a  appris  la  Ste.  Eglise, 
en  ce  jour  qu'il  nous  fut  permis,  malgré  notre  indignité, 
de  nous  consacrer  irrévocablement  au  service  des  saints 
Autels.  Car  en  nous  exhortant  à  accomplir  fidèlement  les 
devoirs  des  Sts.  Ordres,  elle  nous  déclara  que  les  linges 
sacrésqui,  à  l'autel,  enveloppent  le  corps  et  le  sang  de  Jésus- 
Christ,  sont  la  vraie  figure  de  cette  troupe  de  saints  que  le 
Filsde  l'homme  porte  comme  une  ceinture  d'or  sur  sa  poitri- 
ne. Beatus  Joannes,  in  Apocalipsi,  vidit  Filiiim  hominis  prœ- 
dnctuiti  {ad  tnamilias')  zona  aiireâ,  id  est,  sanctoriim  catervâ. 
(Pontifical).  Vous  êtes  donc,  en  ce  jour,  Nos  Très-Chers 
Frères,  par  cette  esprit  de  charité,  ^^ prières  et  de  mortifica- 
tion qui  vous  anime,  ce  vête^aient  d'honneur  dont  se  revêt, 
avec  tant  de  complaisance,  le  Dieu  qui  descend  sur  la  terre, 
pour  régner  sur  les  cœurs.  Dominus  regnavit,  decorem  indu- 
tus  est  (Ps.) 

Oui,  vraiment,  Nos  Très-Chers  Frères,  votre  charité 

est  un  présent  plus  précieux  à  ses  yeux  que  ne  le  fut  l'or 

des  Mages.    Elle  a  éclaté  de  tout  temps,  cette  charité,  par 

6 


(82  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

votre  lendre  amour  pour  les  pauvres,  et  parce  cœur  hos- 
pitalier qui  toujours  fait  l'étonnement  des  étrangers.  Elle 
brille  surtout  d'un  nouvel  éclat,  depuis  qu'il  a  plu  à  la 
Divine  Providence  de  nous  visiter  par  toutes  sortes  de 
calamités.  Car,  pendant  ces  années  de  grandes  misères, 
des  milliers  de  pauvres  ont  vécu  ;  d'admirables  sociétés 
d'hommes  et  de  femmes  dévoués  se  sont  formées  pourles 
secourir  ;  de  nombreux  bazars  se  sont  rapidement  succé- 
dés, comme  des  fêtes  joyeuses,  pour  procurer  à  tous  les 
cœurs  bien  nés  le  doux  plaisir  qu'il  y  a  à  faire  des  heu- 
reux ;  des  centaines  de  familles  ont  ouvert  leur  sein  à  ces 
petits  infortunés  que  le  flots  de  l'émigration  avait  laissés 
orphelins  sur  nos  rivages;  des  institutions  de  divers  gen- 
res se  sont  établies  pour  tendre  une  main  secourable  à 
l'enfance,  qui  n'avait  plus  de  mère  pour  la  nourrir  ;  à  la 
vieillesse,  qui  n'avait  plus  d'enfants  pour  la  secourir;  au 
repentir,  qui  voulait  expier  ses  faiblesses  par  les  larmes 
de  la  pénitence. 

Tels  sont,  en  peu  de  mots,  les  heureux  fruits  qu'à  pro- 
duits votre  charité,  et  que  nous  avons  offerts,  avec  toute 
l'humilité  de  notre  cœur,  à  celui  qui  est  descendu  du  ciel 
pour  allumer  ce  beau  feu.  Il  les  aura  pour  agréables, 
lui  qui  récompense  toujours,  même  un  verre  d'eau  froide 
donné  pour  son  amour. 

L'abondante  moisson  que  la  Divine  Providence  vous  a 
donnée,  cette  année,  en  est  une  preuve  convaincante,  entre 
mille  autres.  A  la  fin  de  juillet  dernier,  vos  campagnes, 
desséchées  par  l'ardeur  d'un  soleil  brûlant,  paraissaient 
frappées  de  stérilité.  Le  ciel  était  comme  d'airain,  et  pas 
une  goutte  de  pluie  n'en  tombait  pour  abreuver  les  cam- 
pagnes languissantes  et  mourant  de  soif.  Ce  fut  alors 
que  votre  abondante  charité,  portée  sur  les  ailes  de  la 
prière,  alla  plaider  votre  cause  auprès  du  Père  des  pau- 
Tres.  Bientôt  exaucée,  elle  revint  vers  la  terre,  chargée 
de  nuagesbienfaisants,qui  annoncèrent  la  bonne  nouvelle 
que  Dieu  avait  entendu  la  voix  de  son  peuple,  et  rendi- 


GIRCULA[RES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  83 

rentla  confiance  à  bien  des  cœurs  consternés.  Un  mois 
après,  toutes  vos  campagnes  étaient  riantss  ;  et  vos  champs 
avaient  l'aspect  de  ces  champs  fertiles  que  le  Seigneur  a 
bénis.  Agri pleni  cul  bcnedixit  Dominus.  Gen.  (27.  27.) 

Il  est  maintenant  question  pour  vous,  N.  T.  G.  F.,  de 
faire  un  saint  usage  des  biens  qu'il  a  plu  au  Seigneur  de 
vous  donner.  Car  vous  comprenez  tous  que  si  vous  aviez 
le  malheur  de  les  dépenser  follement  à  la  danse,  aux  bals, 
aux  parties  de  plaisirs,  à  des  repas  ruineux,  à  la  boisson  ou 
à  d'autres  usages  défendus,  vous  feriez  venir  les  millions 
d'insectes  qui  pendant  tant  d'années,  ont  dévoré  vos  mois- 
sons. Fasse  le  ciel  que  les  vaches  maigres  que  vit  en 
songe  un  Roi  d'Egypte,  triste  figure  des  mauvaises  années 
qui  vous  ont  affligées,  ne  prennent  jamais  la  place  de  cette 
vache  grasse,  qui  aujourd'hui  nourrit  et  réjouit  tout  notre 
Pays  ! 

Veuillez  donc  comme  des  gens  sages  et  prévoyants, 
employer  vos  richesses  à  vous  acquittez  de  vos  dettes,  si 
vous  en  avez,  et  à  établir  vos  enfants,  comme  le  font  tou- 
jours de  bons  pères  de  famille,  qui  ne  vivent  que  pour 
ceux  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  leur  donner.  Vous  ferez  don- 
nei-  à  ces  enfants  une  bonne  éducation,  une  éducation 
qui  les  mette  en  état  de  faire  de  bons  chrétiens  et  de  bons 
citoyens  ;  car  c'est  là  après  la  vie  le  premier  de  tous  les 
biens.  Pour  cela  vous  contribuerez  de  bon  cœur  au  soutien 
des  bonnes  écoles  que  chaque  Paroisse  doit  se  faire  un 
devoir  comme  un  honneur  d'établir.  Vous  n'écouterez  pas 
ceux  qui  seraient  assez  malheureux  pour  vous  donner  là- 
dessus  de  mauvais  conseils,  et  vous  empêcher  de  profiter 
des  [encouragements  que  vous  donne  le  Gouvernement 
par  le  soutient  des  écoles. 

Vous  les  emploierez  aussi  ces  richesses,  au  soulagement 
de  vos  pauvres.  Oh  !  oui,  N.  T.  G.  F.,  vous  aimerez,  vous 
respecterez,  vous  soulagerez  vos  pauvres,  avec  cette  affec- 
tion tendre  qu'assurément  vous  auriez  si  Jésus-Ghrist  lui- 
même  allait  vous  demander  l'aumône.    Ghaque  Paroisse 


84  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

assistera  les  siens,  et  ne  souffrira  nullement  qu'ils  ail- 
lent ailleurs  pour  être,  par  leur  vagabondage  et  par  les 
menaces  qu'ils  font  pour  se  faire  assister  par  les  femmes 
qu'ils  peuvent  trouver  seules  dans  les  maisons,  le  fléau 
des  Paroisses  étrangères.  Car  il  y  a  malheureusement 
des  mauvais  pauvres  ;  mais  la  charité  qui  ne  se  rebute 
en  rien,  travaille  à  les  rendre  bons.  Que  faire  pour  cela 
Nos  Très-Chers  Frères?  Etablir  en  tous  lieux  la  belle 
société  de  charité,  sous  le  Patronage  de  St.  Vincent  de 
Paul, qui  partout  fait  de  œuvres  admirables.  Erigée  de- 
puis peu  dans  cette  ville  et  dans  quelques  paroisses  de  la 
campagne,  elle  prouve  qu'elle  est  un  bon  arbre,  parce 
qu'elle  produit  de  bons  fruits.  Au  moyen  de  cette  société 
bienfaisante,  les  pauvres  sont  visités  et  par  là  bien  connus. 
Chacun  est  mieux  assisté  selon  ses  besoins  ;  et  ceux  qui 
peuven'i  travailler  sont  mis  à  l'ouvrage,  pour  aider  à  sou- 
tenir leur  famille  et  éviter  l'oisiveté,  la  mère  de  tous  les 
vices.  Les  enfants  sont  habillés  et  envoyés  à  de  bonnes 
écoles,  pour  apprendre  à  connaître,  aimer  et  servir  Dieu, 
.et  aussi  à  gagner  leur  vie  honorablement.  Chaque  mem- 
bre de  la  société  se  fait  tout  à  tous,  parceque  ça  devient 
■un  beéoin  de  faire  du  bien,  une  fois  que  le  feu  de  la  divine 
'Charité  est  entré  dans  un  cœur.  Il  faut  qu'il  embrase  et 
consume  tout.  Aussi  le  voit-on  avec  étonnement  se  faire, 
comme  le  St.  homme  Job,  l'œil  de  l'aveugle,  le  bâton  du 
boiteux,  le  père  de  l'orphelin.  Ils  sont,  ces  admirables 
enfants  de  St.Vincent  de  Paul,  hommes  et  femmes,  partout 
où  il  y  a  des  misères  à  soulager,  des  veuves  à  consoler,  des 
malades  à  soigner,  des  prisonniers  à  visiter.  Tous  les  âges, 
tous  les  sexes,  tous  les  besoins  trouvent  en  eux  leur  se- 
.cours  et  portent  sur  eux  leurs  regards  attendris.  Ils  ramè- 
nent notre  siècle,  qui  est  pourtant  un  siècle  d'orgueil,  à 
la  simplicité  de  nos  pères.  Car  on  les  voit  ces  hommes 
et  ces  femmes  de  foi  que  la  charité  anime,  se  presser  dans 
les  hôpitaux  et  dans  les  maisons  où  se  prépare  chaque 
jour  la  nourriture  de  l'indigent,  pour  avoir  le  bonheur  de 


I 


II 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  35- 

servir  de  leurs  mains  les  membres  de  Jésus-Christ  souf- 
frant. Aussi  reçoivent-ils  en  récompense  les  bénédictions 
des  pauvres  devenus,  par  la  foi,  les  maîtres  et  les  seigneurs 
des  riches,  et  ravis  hors  d'eux  mêmes,  à  la  vue  de  ce  grand 
et  touchant  speclacie.  Et  que  dirons-nous  de  ces  veillées 
délicieuses  que  passent  ensemble,  une  fois  chaque  semai- 
ne, les  membres  de  cette  société,  pour  délibérer  danS' 
l'union  la  plus  aimable  et  la  plus  cordiale,  sur  les  moyens 
de  soulager  les  malheureux  que  la  Providence  à  confiés  à 
leur  sollicitude  ?  C'est  bien  assurément  dans  ces  ravissan- 
tes réunions  qu'il  est  permis  de  s'écrier  avec  le  prophète  : 
0  qu'il  est  bon,  qu'il  est  agréable  pour  des  frères  d'être 
ensemble,  afin  de  travailler  d'un  commun  accord  à  faire 
des  heureux  !  Ecce  quam  boniim,  et  quam  jucundum  habitare 
fratres  inuninn  !  [Ps.  131.  1.) 

Nous  ne  finirions  pas,  Nos  Très  Chers  Frères,  si  Nous 
voulions  vous  rapporter  tout  ce  que  notre  cœur  sent,  et 
sent  bien  vivement,  à  la  vue  de  tant  de  dévouement  de  la 
part  de  nos  chers  enfants  :  dévouement  qui  plus  d'un^ 
fois,  Nous  vous  l'avouons  ingénument,  nous  à  couvert  de 
honte  et  de  confusion.  Car  que  de  manquements  Nous 
avons  à  nous  reprocher,  à  l'égard  de  tant  de  pauvres  qui 
partout  méritent  notre  attention,  et  ont  besoin  de  notre 
concours  partout  !  Or,  c'est  pour  les  réparer,  ces  manque- 
ments, qu'aujourd'hui  Nous  faisons  appel  à  toutes  les  Pa- 
roisses de  ce  vaste  Diocèse,  conjurant,  au  nom  du  père 
des  pauvres,  chacune  d'elle  de  planter  dans  son  sein  cet 
arbre  de  vie,  en  étabhssant  une  ou  plusieurs  conférences 
de  la  société  de  St.  Vincent  de  Paul,  l'homme  aux  bonnes 
œuvres,  non  seulement  pour  un  temps,  mais  encore  pour 
tous  les  siècles  présents  et  à  venir.  Le  seul,  mais  puis- 
sant motif  que  Nous  croyons»  devoir  alléguer  ici  pour 
Cfila,  c'est  qu'au  moyen  de  cette  charitable  institution, 
dans  chaque  paroisse,  nous  arriverons  à  cet  heureux 
résultat  que  partout  les  vrais  pauvres  seront  abondam- 
ment soulagés  ;  que  les  mauvais  seront  forcés  de  devenir 


86  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

bons  ;  que  les  paresseux  seront  dans  la  nécessité  de  tra- 
vailler ;  que  les  vagabonds  seront  obligés  de  renoncer  à 
une  vie  misérable  ;  que  les  infirmes,  tels  qu'il  y  en  a 
partout,  ne  seront  plus  jetés  et  abandonnés  dans  les  grands 
chemins,  pour  être  là  exposés  à  périr  de  misère  ;  ce  quij 
hélas  !  est  arrivé  quelquefois,  et  pour  demander  en  mou- 
rant vengeance  au  ciel  contre  nous. 

Au  moyen  d'une  pareille  institution,  tous  nos  pauvres 
recevront  l'assistance  qu'ils  ont  droit  d'attendre  de  nous, 
avec  cette  sage  économie  qui  caractérise  la  vraie  charité, 
et  deviendront  nos  intercesseurs  auprès  du  Père  commun. 
Ce  seront  de  bons  pauvres  qui,  en  mourant,  iront  se  re- 
poser dans  le  sein  d'Abraham.  Là  ils  prieront  pour  que 
nous  recevions  la  rosée  du  ciel  et  la  graisse  de  la  terre  ; 
c'est-à-dire,  pour  que  toutes  nos  affaires  spirituelles  et 
temporelles  prospèrent  pour  la  gloire  de  notre  Dieu  et  le 
bonheur  de  son  peuple.  Vous  recevrez.  Nos  TrèsChers 
Frères,  de  la  bouche  de  vos  Pasteurs  particuliers,  la  lectu- 
re du  règlement  de  cette  société  ;  et  Nous  espérons  avoir 
bientôt  la  consolation  de  vous  voir  tous  enrôlés  sous 
l'Etendard  de  la  charité. 

Avec  ces  biens  que  le  Seigneur  se  plaît  maintenant  à 
répandre  parmi  vous,  vous  encouragerez  encore  l'Associa- 
tion de  la  propagation  de  la  Foi,  établie  dans  ce  Diocèse 
par  notre  Illustre  et  Vénéré  Prédécesseur,  d'heureuse 
mémoire.  Vos  prières  et  vos  petites  contributions  forme- 
ront toutes  ensemble  un  grand  fleuve  qui  arrosera  les 
pays  barbares  où  il  y  a  encore  des  milliers  d'infidèles  ; 
les  Townships^  où  des  centaines  de  familles  pauvres  se 
rendent  journellement  pour  s'établir  ;  les  chantiers,  où 
maintenant  se  trouvent  réunis  plus  de  quinze  mille  de 
nos  jeunes  gens.  Depuis  que  des  Missionnaires  zélés  vont 
les  visiter,  ces  chers  et  intéressants  enfants  du  Pays,  on 
ne  les  reconnaît  plus,  tant  est  grand  et  prodigieux  le 
changement  qui  s'est  opéré  en  eux.  Il  n'y  a  toute  fois 
nullement  à  s'en  étonner,  quand  on  sait  quelle  est  la  foi 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  87 

qu'ils  ont  sucée  avec  le  lait  de  leurs  mères.  Soyons  donc. 
Nos  Très-Chers  Frères,  zélés  pour  une  œuvre  qui  nous 
met  en  société,  pour  porter  la  foi  aux  pauvres  sauvages, 
et  la  conserver  dans  les  cœurs  de  nos  compatriotes  qui 
l'ont  reçue  comme  un  héritage  précieux.  Qu'il  Nous  soit 
permis  de  vous  donner  ici  un  conseil  ;  c'est  d'assigner  un 
tout  petit  coin  de  votre  champ,  que  vous  ensemencerez 
pour  chaque  bonne  œuvre  que  Dieu  vous  inspire  de  faire  ; 
un  pour  les  pauvres,  un  autre  pour  les  écoles,  un  autre 
pour  la  Propagation  de  la  Foi  ;  comme  le  font  déjà  quel- 
ques bons  cultivateurs.  Qu'il  en  soit  de  même  des  gens  de 
profession,  des  commerçants  et  autres.  Croyez,  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  que  cette  pratique  de  foi  mettra  Dieu  dans 
vos  intérêts.  Et  pourrait-il,  ce  Dieu  de  bonté  ne  pas  bénir 
votre  part,  quand  il  la  verra  mêlée  avec  la  sienne  ? 

Vous  venez  de  voir,  Nos  Très  Ghers  Frères,  comment, 
en  vous  offrant  au  berceau  du  Divin  Enfant  Jésus,  Nous 
lui  avons  vraiment  présenté  un  or  très  pur  et  très-agréa- 
ble. Un  mot  maintenant  sur  l'encens  qui  a  accompagné 
cette  oblation,  c'est-à  dire,  sur  l'esprit  de  prière  que  Nous 
avons  trouvé  en  vous,  et  qui  nous  a  engagé  à  vous  offrir 
comme  un  encens  l'agréable  odeur 

Pour  remplir  la  charge.  Nous  sommes  placé.  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  à  la  droite  de  l'Autel,  tenant  en  main  un 
encensoir  d'or,  comme  faisait  l'Ange  du  Seigneur  dont  il 
est  parlé  dans  la  Sainte  Ecriture.  Et  pourquoi  cela  ?  Afin 
d'offrir  à  la  divine  majesté  le  peuple  confié  à  nos  soins, 
en  qui  le  Seigneur  à  répandu  son  esprit  de  prière,  qui 
fait  les  Saints  :  Data  sunt  ci  incens  a  ?ni/ita,  qiiœ  sunt  ora- 
tiones  sanctorum.  (Apoc.  8,  3.) 

Oui  :  Nos  Très-Ghers  Frères,  vous  avez  rempli  notre 
encensoir  de  beaucoup  d'encens,  par  tant  de  prières  que 
TOUS  faites  à  l'Eglise,  comme  dans  vos  maisons,  les  jours 
ouvriers,  comme  les  saints  jours  de  Dimanches  et  Fêtes. 
Tant  de  letraites  qui  se  succèdent  presque  sans  interrup- 
tion, d'un  bout  de  l'année  à  l'autre,  dans  les  Paroisses 


88  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

comme  dans  les  communautés;  tant  de  pieuses  confréries, 
congrégations,  associations,  qui  se  réunissent  pour  faire 
de  dévotes  prières  et  chanter  de  joyeux  cantiques  à  Jésus 
et  à  Marie,  tant  de  chemins  de  croix  établis  en  tous  lieux, 
et  ouverts  à  tous  les  cœurs  sensibles,  qui  veulent  faire 
entendre,  dans  Sion,  de  lugubres  chants,  pour  pleurer  la 
mort  d'un  Dieu  compatir  aux  douleurs  de  sa  Mère  ;  tant 
de  crucifix,  chapelets,  médailles  indulgenciées,  qui  rap- 
pellent, jour  et  nuit,  le  devoir  si  doux  de  la  prière  ;  tant 
de  chambres  ornées  comme  des  chapelles  où  chaque  soir 
de  pieuses  familles  vont  épancher  leurs  cœurs  dans  celui  de 
Dieu,etsedélasser  ainsi  des  fatigues  du  jour:  tous  ces  exer- 
cices religieux  n'embaument  ils  pas  toute  l'atmosphère  de 
ce  Diocèse  de  l'encens  suave  qui  s'élève  vers  la  céleste 
Patrie,  pour  exprimer  l'ardeur  de  vos  désirs  de  voir  Dieu 
face  à  face  î 

Entre  tant  de  prières,  pouvons  nous  ne  pas  faire  une 
mention  particulière  de  celles  qui  partent  de  tous  les  points 
du  diocèse,  et  montent  au  trône  du  Souverain  Pasteur,  en 
faveur  de  son  Vicaire,  que  la  haine  des  méchants  à  arra- 
cher du  tombeau  des  Saints  Apôtres,  et  lient  relégué  sur 
une  terre,  à  la  vérité,  hospitalière,  mais  toutefois  étran- 
gère à  ce  premier  des -Pasteurs  ;  parceque  ce  n'est  pas  là 
qu'est  érigée  la  Chaire  de  Pierre,  dans  la  quelle  il  doit 
s'asseoir  ?  Mais,  Nos  Très-Ghers  Frères,  Nous  vous  de- 
vons ici  la  douce  consolation  de  vous  dire  combien  Nous 
sommes  rassuré  sur  l'avenir  de  cette  Immortel  Pontife, 
lorsque  Nous  pensons  que.  de  tant  d'églises,  de  tant  de 
maisons  particulières,  s'élèvent  les  vœux  les  plus  ardents 
pour  notre  Père  commun,  beaucoup  plus  vénérable  à  nos 
yeux,  depuis  qu'il  est  dans  les  souffrances  que  lorsque  de 
brillantes  ovations  illuminaient  le  Quirinal.  Lorsque 
Nous  vous  adressâmes  notre  Lettre  Pastorale,  le  18  Jan- 
vier de  l'année  dernière,  Nous  étions  loin  de  penser  que 
certaines  voix  se  feraient  entendre,  dans  ce  Pays,  pour 
outrager  celui  que  vénère  toute  la  catholicité,  et  à  qui 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  8* 

même  beaucoup  d'ennemis  de  la  Religion  rendent  hom- 
mage. Nous  en  avons  été  sensiblement  affligé,  vous  n'en 
pouvez  douter,  Nos  Très-Chers  Frères,  d'abord  parceque 
l'on  chargeait  d'injures  un  père  qui  ne  le  méritait  pas,  et 
ensuite  parceque  l'on  chtrchait  à  vous  inspirer  des  prin- 
cipes faux  par  rapport  à  l'autorité  de  ce  Chef  Suprèraa 
de  l'Eglise.  Toute  fois,  Nous  n'avons  pas  jugé  nécessaire 
d'élever  la  voix,  parceque  Nous  comptions  sur  la  fermeté 
de  votre  foi  et  sur  votre  profond  respect  pour  le  Successeur 
de  St.  Pierre.  Mais  ce  qui  Nous  a  accablé  de  douleur,  ça 
été  la  pensée  que  nos  propres  enfants,  des  enfants  pour 
qui  nous  donnerions  tout  notre  sang,  s'exposaient  à  de 
terribles  châtiments,  en  méprisant  notre  Père  à  tous.  Les- 
Saintes  Ecritures  et  les  histoires  sacrées  ou  Ecclésiasti- 
ques sont  pleines  des  ces  épouvantables  malédictions  qui 
tombent  toujours  sur  la  tête  des  téméraires,  qui  osent 
attaquer  l'Oint  du  Seigneur.  Aussi,  en  priant  pour  Notre 
Saint  Père  le  Pape,  prions-nous  pour  tous  ceux  qui  l'ou- 
tragent, et  avec  lui,  leur  Evêque  et  leurs  Pasteurs.  Il  ne 
peut  en  être  autrement;  car  Jésus  Christ  lance,  dans 
l'Evangile,  cetanathème,  celui  qui  vous  ttiéprise,  dit-il,  en 
s'adressant  à  ses  Apôtres,  me  méprise  vioi-mé?ne,  et  celui  qui  fne 
méprise,  méprise  Celui  qui  m' a  envoyé.  Or,  l'Ecriture  retentit 
sans  cesse  de  menaces  effrayantes  contre  ceux  qui  mépri- 
sent le  Seigneur  notre  Dieu.  0  Père  des  miséricordes, /ar- 
donnez-leur,  car  il  ne  savent  ce  qu'  ils  font.  (Luc.  C.  23,  V,  34.) 
Veuillez  bien,  Nos  Très-Chers  Frères,  accepter,  comme 
témoignage  de  notre  reconnaissance,  pour  les  grâces  que 
nous  obtiennent  chaque  jour  vos  ferventes  prières,  des 
étrennes  spirituelles  ;  ce  sont  \ adoration  perpétuelle,  et  la 
dévotion  au  saint  Enfant  Jésus,  que  Nous  voulons  répan- 
dre dans  tout  L^  Diocèse.  Notre  Seigneur  est  seul  et 
abandonné  dans  ses  églises  ;  Nous  voulons  lui  procurer 
des  adorateurs  qui,  tout  le  jour,  se  succéderont  les  uns 
aux  autres  devant  lui  ;  et  seront  par  leur  ferveur  comme 
des  lampes  ardentes,  qui  éclaireront  et  embraseront  cha- 


^0  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

<iue  paroisse.  Nous  sommes  profondément  affligé,  en 
entrant  dans  les  églises,  lorsque  Nous  n'y  voyons  per- 
sonne aux  pieds  du  Bon  Maître,  parceque  Nous  savons 
qu'il  ne  se  fait  notre  voisin,  pour  ainsi  dire,  que  pour 
recevoir  souvent  notre  visite.  Un  désir  remplit  notre 
cœur,  c'est  celui  de  faire  adorer  continuellement  Notre 
Seigneur  dans  le  Sacrement  son  amour.  Pour  cela,  Nous 
travaillons  à  seconder  le  zèle  d'un  pieux  Prêtre  de  cette 
ville,  en  procurant  qu'aucun  lieu,  où  réside  le  St.  Sacre- 
ment, ne  reste  seul  pendant  le  jour.  0  quel  bonheur  ! 
quelles  bénédictions  en  même  temps,  si  les  cent  quatre 
vingt  deux  Eglises  et  Chapelles  du  Diocèse,  où  Notre- 
Seigneur  veut  bien  demeurer,  comme  un  père  avec  ses 
enfants,  voyaient  chaque  jour  des  âmes  dévotes  se  relever 
aux  pieds  des  Saints  Autels,  pour  rendre  toutes  sortes 
d'honneurs  à  un  Dieu  si  bon,  et  prier  pour  leur  Paroisse 
ou. leur  communauté  !  Oh  !  NosTrès-Chers  Frères,  Nous 
vous  en  supplions,  ne  nous  refusez  pas  ce  nouveau  se- 
cours. Aidez  nous  à  aimer,  adorer  et  remercier  un  Dieu 
qui  ne  réside  sur  la  terre  que  pour  nous  aider  à  arriver 
aux  Cieux. 

L' Adfration  PerpéUielle  est  pour  la  Paroisse  et  le  Diocèse. 
Nos  Très-Ghers  Frères,  et  la  dévotion  au  Saint  Enfant 
Jésus  est  pour  la  famille.  Car  notre  sollicitude  ne  s'exerce 
pas  seulement  pour  le  bien  public  ;  elle  s'étend  encore  au 
bien  de  chaque  particulier.  Oh  !  notre  unique  bonheur 
en  ce  monde  est  que  Dieu  soit  bien  servi  dans  chaque 
maison,  aussi  bien  que  dans  chaque  Paroisse.  \! Adoration 
Perpétuelle  vous  conduira  dans  la  maison  du  Seigneur  ;  et 
ia  dévotion  au  Saint  Enfant  Jésus  amènera  ce  Divin 
Enfant  dans  vos  maisons.  Quel  commerce  !  Il  y  demeu- 
rera comme  il  demeurait  à  Nazareth.  Il  se  fera  le  modèle 
de  tous  vos  enfants.  Il  leur  apprendra,  à  chaque  moment, 
à  croître  en  grâce  et  en  sagesse.  Il  leur  montrera  à  vous 
obéir,  à  vous  aimer  et  à  vous  respecter.  Et,  comme  il  est 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  91 

plein  de  grâce  et  de  vérité,  il  les  rendra  chastes  et  purs, 
comme  des  Anges. 

H  répandra  dans  vos  maisons  l'odeur  suave  d'une  piété 
tendre  et  solide,  d'une  paix  délicieuse  et  inaltérable.  Et 
comme  la  fréquentation  des  écoles  est  pour  les  enfants  un 
temps  dangereux  pour  leur  innocence,  le  Divin  Enfant  les 
y  accompagnera.  11  sera  au  milieu  d'eux  et  sous  les  yeux 
de  leurs  maîtres,  comme  il  était  avec  les  enfants  Juifs,  et 
au  milieu  des  Docteurs,  quand  à  l'âge  de  douze  ans,  il 
voulut  assister,  dans  le  temple,  aux  instructions  qui  se 
donnaient  aux  petits  enfants.  C'est  à  cette  fin  que  Nous 
avons  érigé  la  petite  Congrégation  du  St.  Enfant  Jésus. 
Tenez  à  honneur  que  vos  enfants  méritent,  par  leur  bonne 
conduite,  d'y  être  agrégés. 

Pour  vous  attacher  de  plus  en  plus  au  service  de  cet 
adorable  Enfant,  servez-vous  d'un  petit  livre  que  Nous 
avons  fait  imprimer  exprès,  afin  de  vous  aider  à  garder 
Jésus  avec  vous  pour  qu'il  sanctifie  vos  enfants. 

«  0  Jésus,  daignez  donc  bénir  une  dévotion  qui  est  si 
«  chère  à  votre  tendre  cœur.  Vous  êtes  le  plus  aimable 
«  de  tous  les  enfants,  faites  vous  donc  aimer  par  tous  les 
«enfants  de  ce  Diocèse.  Formez  de  cette  génération 
«  naissante  une  race  de  saints.  Bénissez  aussi  leurs  parents, 
•<  afin  qu'ils  soient  des  modèles  de  toutes  les  vertus,  et  qu'ils 
'(  ne  souffrent  pas  que  l'on  vous  chasse  de  leurs  maisons  par 
»  le  péché  mortel.  Bénissez  encore  tous  les  Pasteurs,  afin 
<i  qu'embrasés  de  zèle  pour  votre  gloire,  ils  travaillent  à 
■1  vous  faire  aimar  ardemment  dans  vos  Eglises,  et  servir 
«  fidèlement  dans  toutes  les  maisons  de  vos  pieux  Fidèles.  » 

La  crèche  de  Bethléem  a  été  pour  Nous,  non-seulement 
une  colline  d'encens,  mais  encore  une  montagne  de  myrrhe; 
vadam  admontem  myrrhœ  et  ad  collent  tkuris.  (Cant  4  6.)  Il 
ne  Nous  suffirait  pas  d'offrir  de  l'or  et  de  l'encens,  en 
offrant  à  Jésus  un  peuple  de  charité  et  de  prière.  Nous 
devions,  pour  compléter  nos  dons,  apporter  à  ses  pieds  de 
la  myrrhe,  c'est  à  dire,  un  peuple  de  mortification  ;  et  c'est 


92  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ce  que  Nous  avons  été  heureux  de  trouver  en  vous,  Nos 
Très-Chers  Frères,  pour  pouvoir  vous  présenter  un  Divin. 
Enfant,  comme  un  bouquet  de  myrrhe  dont  notre  cœur 
sentait  vivement  le  prix.  Fascicuîus  myrrhœ  Dilectus  meus 
mihi.  (Gant.  1-12.) 

Oh  !  oui,  Nos  TrèsGhers  Frères,  nos  mains  sont  pleines 
de  vos  mortifications  ;  et  elles  ont  pu,  par  ce  moyen,  dis- 
tiller la  myrrhe  la  plus  précieuse  à  la  crèche  du  Sauveur  : 
Manus  meœ  stillaverunt  ynyj-rham  (Gant.  5-5)  Ge  bouquet  de 
myrrhe  est,  avant  tout,  formé  ies  mortifications  attachées 
à  l'abstinence  et  aux  jeûnes  dont  l'Eglise  vous  fait  un  pré- 
cepte si  rigoureux,  et  que  vous  observez  selon  vos  forces. 
11  est  aussi  composé  des  pénitences  que  vous  avez  prati- 
quées, pendant  les  années  de  misères,  où  il  vous  a  fallu 
manger  un  pain  noir  et  dégoûtant,  fait  de  grain  qu'aupa- 
ravant vous  jetiez  à  la  crèche  de  vos  animaux.  Il  vous 
était  bien  dar  d'être  réduits  à  une  nourriture  aussi  insi- 
pide. Mais  la  foi  qui  vous  anime,  a  sanctifié  une  morti- 
fication si  pénible  et  si  humiliante  en  même  temps,  en  la 
rendant  volontaire  par  votre  entière  soumission  à  la  très- 
sainte  volonté  de  Dieu,  et  méritoire  par  l'humble  aveu 
que  vous  avez  fait,  en  confessant  hautement  que  vous  le 
méritiez  bien,  pour  avoir  fait  un  si  mauvais  usage  des 
biens  que  le  Seigneur  vous  avait  accordés,  pendant  uns 
longue  suite  d'années  abondantes. 

Il  est  grossi,  ce  bouquet,  de  l'engagement  si  général 
et  généreux,  que  vous  avez  pris  de  n'user  d'aucune  bois- 
son enivrante,  et  cela  pour  toute  la  vie.  Elle  coulait  de 
vos  mains,  à  grand  flots,  cette  myrrhe  précieuse  de  la 
Tempérance,  et  remplissait  la  crèche  et  l'étable  de  suavité. 
Marie  et  Joseph  présentaient  celte  myrrhe  au  Divin  En- 
fant, comme  une  nourriture  délicieuse,  pendant  que,  cou- 
ché sur  la  paille  et  tout  transi  de  froid,  il  ressentait  la 
faim  et  la  soif  la  plus  ardente.  Gar  sa  nourriture  consiste 
dans  les  bonnes  actions,  qui  se  font  conformément  à  l'ado- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCU-MENTS.  93 

rable  volonté  de  son  Père.     De  us  cibus  estutfaciam  voliin- 
tatem  Fa  fris.  (St.  Jean.  4.  34.) 

Nous  ne  pouvons  vous  exprimer,  ici.  Nos  Très-Ghers 
Frères,  tout  ce  que  notre  cœur  a  ressenti  de  joie,  en 
offrant  au  Dieu  qui  ne  se  nourrit  que  de  myrrhe,  et  ne 
boit  que  du  fiel  et  du  vinaigre,  plus  de  cent  mille  âmes 
généreuses,  qui  se  sont  enrôlées,  pour  la  vie,  sous  le  glo- 
rieux Etendard  de  la  Tempérance.  Oh.  !  il  flotte  encore 
sur  la  cime  de  presque  toutes  nos  Paroisses,  C3  noble  dra- 
peau de  la  Tempérance.  Elle  marche  maintenant  avec 
complaisance,  à  la  tête  de  presque  toutes  nos  religieuses 
Processions,  cette  pacifique  Bannière  de  la  Tempérance 
Il  brille  maintenant  presque  partout,  ce  signe  vivifiant  de 
la  Tempérance,  pour  annoncer  au  Pays  une  ère  nouvelle. 
Presque  toutes  les  cloches  font  entendre  au  loin  leur  son 
bénit,  pour  appeler  chaque  mois,  à  une  fête  de  Tempé- 
rance, fête  toujours  nouvelle,  et  toujours  plus  joyeuses. 
Aussi  presque  toutes  les  bouches  ont-elles  baisé  avec 
amour  cette  croix  de  la  Tempérance,  qu'ont  bénie  les 
mains  sacrée  du  grand  Pontife  qui  gouverne  aujourd'hui 
FEglise. 

Elle  ne  fait,  cette  croix  bénite  de  toutes  les  bénédictions, 
que  refléter  ici  la  gloire  dont  elle  brillait  sur  le  Gapitole 
chrétien,  lorsqu'une  pensée  du  ciel  nous  vient  avertir 
de  la  transporter  dans  ce  Diocèse,  pour  y  être  l'arche  de 
salut  d'un  peuple  naufragé  dans  les  eaux  profondes  des 
liqueurs  enivrantes.  Arca  mundo  naufrago.  Presque  toutes 
les  bouches  que  cette  croix  bienfaisante  a  empourprées  du 
sang  de  Jésus-Christ  publient  maintenant  les  merveilleux 
effets  de  la  Tempérance.  Et  que  disent  ces  bouches  que 
la  Tempérance  rend  si  éloquentes  ?  Ah  !  Elles  disent  que 
presque  toutes  les  larmes  sontdesséchées  ;  que  presque 
tous  les  maux  ont  disparu  ;  que  toutes  les  familles  oîi  elle 
règne  sont  heureuses  ;  que  les  femmes  sont  dans  la  joie  ; 
que  les  enfants  ont  du  pain  et  des  habits;  que  les  dettes 
se  payent;  que  les  maisons  se  réparent;  que  les  terres 


«4  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

s'améliorent.  Enfin  elles  n'ont  point  d'expressions  pour 
dire  le  bien  qui  s'opère  partout  où  l'on  tient  fidèlement  à 
l'engagement  de  la  Tempérance.  Elles  disent  avec  effroi 
les  épouvantables  malheurs  qui  viennent  fondre  sur  les 
ennemis  de  la  Tempérance,  et  sur  ceux  qui  après  en  avoir 
été  les  amis,  en  deviennent  les  ennemis,  par  la  lâcheté 
avec  laquelle  ils  se  laissent  entraîner  dans  le  torrent  de 
la  boisson,  qui  finit  bientôt  par  être  pour  eux,  un  abîme 
dans  lequel  ils  s'engouffrent,  pour  disparaître,  en  glaçant 
de  terreur  ceux  qui  voient  ou  apprennent  ces  déplora- 
bles accidents. 

Sans  nous  arrêter  à  des  faits  particuliers  qui  prouveni 
clairement  comme  le  jour,  que  la  Tempérance  est,  pour 
ce  Pays  en  général,  et  pour  chacun  de  nous  en  particu- 
lier, un  fruit  de  vie,  jetons  un  regard  sur  un  événement 
de  fraîche  et  triste    mémoire,  sur  le  Choléra  qui,  l'an 
dernier,  nous  visita  pour  la  troisième  fois.    Il  fut  mena- 
çant comme  en  1832  et  1834  qu'il  décima  notre  population. 
Tout  tremblait  aux  approches  de  cet  épouvantable  tléau. 
Il  montait  par  les  escaliers  somptueux  du  riche,  aussi  bien 
que  dans  les  greniers  du  pauvre.    Ah!  Nous  n'oublirons 
jamais  qu'il  est  entré  dans  notre  demeure  Episcopale  et 
que  le  11  Juillet,  il  enleva  à  nos  côtés  un  de  nos  frères 
les  plus  chers,  qui  avait  tout  sacrifié  pour  venir  nous 
aider  à  porter  le  pesant  fardeau  de  la  charge  pastorale, 
par  le  zèle  ardent  qui  l'animaient,  et  le  tendre  amour 
qu'il  vous  portait  à  tous.    Pendant  qu'il  planait  sur  notre 
horison,  avertissant  tout  le  de  se  préparer  à  sa  visite  par 
la  pénitence,  qui  l'a  retenu,  Nos  Très-Ghers  Frères,  dans 
les  bornes  si  étroites  où  il  lui  a  fallu  se  renfermer  ?  Pour 
quoi  a-t-il  fait  si  peu  de  ravages  dans  cette  ville,  en  com- 
paraison de  ce  qu'il  a  fait  ailleurs,  et  de  ce  qu'il  fit  ici 
dans  ces  deux  apparitions  ?  Quelle  main  l'a  arrêté,  quand 
il  s'est  jeté  sur  quelques  Paroisses  où,  après  avoir  éclaté 
sur  quelques  cas  soudains  et  sévères,  il  a  disparu  ?  Gom- 
ment se  fait-il  qu'il  n'a  été  désastreux  que  dans  un  très 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  95^ 

petit  nombre  de  Paroisses  ?  Toutes  les  bouches  le  répètent 
à  l'envi  ;  c'est  à  la  bienfaisante  Tempérance  que  le  Pays 
doit,  cette  fois  son  salut. 

A  la  vérité,  nos  temples,  nos  rues,  nos  chemins,  nos 
croix,  nos  maisons,  ont  entendu,  pendant  cette  calamité, 
nos  soupirs  et  nos  vœux.  Mais  Dieu  qui  conduit  tout  les 
événements  avec  force  et  suavité, /^r///^/-  et  suaviter^  ûit 
l'Ecriture,  n'agit  jamais  en  aveugle.  Quand  il  veut  une 
fm,  il  en  prend  les  moyens.  Il  a  voulu  cette  année  nous 
épargner  dans  sa  miséricorde  ;  il  a  préparé  les  voies  à 
notre  salut,  en  faisant  prêcher  la  Tempérance  et  en  inspi- 
rant à  tant  de  nobles  cœurs  la  généreuse  résolution  de 
l'embrasser,  et  leur  donnant  le  courage  d'être  fidèles  à 
leur  engagement.  Sans  cela,  nous  aurions  eu  le  sort  de 
1832  et  1834,  où  l'on  faisait  aussi  assurément  bien  des 
prières.  Mais  nos  cœurs  n'étaient  pas  contrits,  et  le  Pays 
étaient  encore  attaché  à  la  boisson.  La  preuve,  c'est  que 
ces  deux:  premières  visites  du  choléra  ont  fait  beaucoup 
d'ivrognes  ;  ce  qu'il  ne  faut  dire  qu'en  pleurant,  parceque 
la  boisson  forte  était  jugée  un  remède,  elle  qui  a  fait  tanï 
de  victimes. 

Nous  ne  sommes  plus  surpris,  à  la  vue  de  prodigieu.x 
effets  produits  par  la  Tempérance,  des  nobles  et  beaux 
sacrifices  qui,  dans  tous  lès  rangs,  ont  été  faits,  pour  l'éta- 
blir en  tous  lieux.  Honneur  et  bénédictions  soient  rendus 
à  tous  ceux  qui  ont  travaillé  à  cette  belle  œuvre  !  Qu'ils 
soient  bénis  et  récompensés,  ceux  qui,  pour  le  plus  grand 
bien  de  leur  concitoyens  et  l'avantage  de  la  Religion,  ont 
renoncé  aux  commerce  des  liqueurs  enivrantes  !  Ah  ! 
que  Dieu  le  leur  rende  au  centuple  dans  ce  monde,  en 
attendant  le  jour  de  l'éternité.  Car  que  dames  iront  au 
ciel,  pour  n'avoir  pas  été  exposées  à  l'occasion  prochaine, 
lesquelles  se  seraient  perdues,  si  cette  funeste  occasion 
s'était  de  nouveau  présentée. 

Prions,  Nos  Très-Chers  Frères,  pour  ceux  qui  n'ont  pas 
encore  eu  la  force  ou  les  moyens  de  quitter  un  commerce- 


I 


96  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

si  dangereux  et  si  ruineux.  Car  quoiqu'il  y  en  a  peu,  si 
toute  fois  il  y  en  a,  qui  se  soient  enrichis  à  débiter  des 
liqueurs  qui  ont  couvert  oe  Pays  de  tant  de  ruines,  et 
surtout  ont  perdu  tant  d'âmes  !  Quels  reproches  n'auront 
pas  à  se  faire  éternellement  ceux  qui  ont  enivré  de  pau- 
vres ivrognes,  lesquels,  au  sortir  de  l'auberge,  ont  fait  des 
fins  si  malheureuses  et  si  terribles  !  Que  de  veuves  infor- 
tunées peuvent  crier  sans  cesse  aux  oreilles  de  ces  gens 
que  l'amour  de  l'argent  aveugle  et  fait  sacrifier  les  âmes 
à  leur  cupidité  :  Rendez-nous  nos  époux  !  Que  d'enfants 
abandonnés  sur  la  paille  ont  droit  aussi  de  leur  crier  : 
Re7idez-7wus  nos  pères  .'  Que  de  pasteurs  peuvent  également 
leur  dire,  avec  tout  l'accent  de  la  douleur  :  Rendez-nous 
ces  chef-es  âmes  que  vous  avez  précipitées  dans  l'abîme  ! 
Pour  Nous,  qui  recevons  presque  chaque  semaine  la 
triste  nouvelle  de  quelques  accidents  déplorables  causés 
par  l'intempérance,  nous  n'avons  points  d'expressions 
pour  vous  dire  la  douleur  poignante  qui  saisit  notre  âme  : 
Ah!  pauvres  infortunés,  qui  spéculez  sur  des  âmes  im- 
mortelles et  rachetées  au  prix  du  sang  de  Jésus-Christ, 
arrêtez-vous  donc  sur  le  bord  de  l'abîme  où  vous  avez 
déjà  précipité  tant  de  vos  frères.  Ne  craignez-vous  pas 
d'y  tomber  vous  mêmes? 

Mais  terminons  cette  Lettre  déjà  trop  longue.  Vous 
nous  le  pardonnerez,  si  vous  faites  attention  que  notre 
cœur  est  plein,  et  qu'il  a  besoin  de  se  décharger  de  temps 
en  temps  dans  les  vôtres.  Veuillez  bien  croire  que 
c'est  dans  les  SS.  ('œurs  de  Jésus  et  de  Marie  que  Nous 
allons  puiser  tout  ce  que  nous  avons  à  vous  dire.  Vous  rece- 
vrez donc  tout  ces  avis  paternels,  comme  de  bons  enfantsdu 
Père  céleste  qui  daigne,  malgré  notre  incapacité  et  indigni- 
té, Nous  choisir  pour  vous  exhorter  à  la  pratique  des  soli- 
des vertus  que  vous  avez  à  pratiquer,  pour  assurer,  comme 
dit  St.  Pierre,  votre  vocation  et  votre  élection,  par  toutes 
sortes  de  bonnes  œuvres. 

O  Marie,  Mère  de  ce  Diocèse  que  vous  aimez  tant,  ne 


II 


CIKCULAIHES  ET  AUTRES   DOCUMENTS  97 

l'abandonnez  pas  à  noire  faiblesse  et  inexpérience;  car 
il  est  peidu  ;   dans  ces  temps  orageux  et  sur  cette  mer 
que  tant  de  ilôts  courroucés  agitent  horriblement,  soyez 
notre   Etoile,    et  guidez  nous  vers  le  Port.    Pendant  le 
iléau  qui,  l'été  dernier,  jetait  la  consternation  parmi  vos 
enfants,  vous  avez  voulu  nous  donner  une  nouvelle  mar- 
que de  l'amour  que  vous  portez  à  votre  Ville  chérie  et  à 
tout  son  territoire,  vous  avez  daigné  sortir  de  votre  aima- 
ble sanctuaire  de  Bon  Secours.     Vous  avez  montré  votre 
face  majestueuse  à  vos  enfants  éplorés.    Vous  avez  tra- 
versé  toutes    nos    rues.     Vous    vous   êtes  arrêtée   avec 
bonté  sur  la  place  de  votre  Eglise.  Là,  vous  vous  êtes  vue 
entourée  de  plus  de  vingt  mille  cœurs  qui  vous  aimaient 
et  qui  ont  fait  entendre  plus  de  vingt  mille  voix  pour  vous 
proclamer  bienheureuse,  et  implorer  votre  secours.     Vous 
ivez  rtru  dans  cette  religieuse  et  solennelle  circonstance, 
un  triomphe  qui  ne  ne  fut  ici  accordé  à  personne,  depuis 
l'établissement  du  Pays.     Votre  Divin  Fils,  qui  est  béni 
dans  le  ciel  et  sur  la  terre,  l'a  ainsi  voulu.     Soyez  donc 
louée,  bénie  et  glorifiée.    Oh  !  c'est  bien  peu  encore  pour 
vous,  qui  êtes  si  puissante  et  qui  faites  tant  pour  nous. 
Maintenant  Vous  Nous  voyez  à  vos  genoux  ;  c'est  pour 
vous  supplier  de  bénir  de  nouveau  nos  enfants.     Obtenez 
leur  des  années  riches  en  vertus,  et  pour  récompense,  les 
années  éternelles.    Bénissez  ce  Diocèse  qui  est  à  vous,  et 
préservez  le  de  toutes  mauvaises  doctrines.     Bénissez  les 
œuvres  que  Nous  lui  proposons  dans  cette  Lettre,  et  tou- 
tes les  autres  déjà  entreprises.  Bénissez  ses  communautés, 
pour  qu'elles  se  perfectionnent  et  se  multiplient,  afin  de 
mieux  répandre  la  bonne  odeur  de  vos  vertus  virginales. 
Bénissez  sou  Clergé  ;  qu'il  brille  de  tout  l'éclat  des  vertus 
sacerdotales  de  votre  Divin  Fils.    Bénissez  Nous,  Nous- 
même,  afin  que  Nous  puissions  nous  sauver  et  sauver  les 
autres,  pour  que  nous  puissions  tous  vous  contempler  sur 
lé  trône  de  votre  gloire,  pendant  le  long  jour  de  l'éternité. 

Ainsi  soit-il. 

7 


98  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de 
notre  Cathédrale,  à  celui  des  Eglises  Paroissiales,  et  en 
Chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  le 
premier  jour  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  Notre  Palais  Episcopal,  le  6  Jan- 
vier, mil  huit-cent-cinquaote,sous  notre  seing  et  sceau,  et 
le  contre-seing  de  notre  Secrétaire. 

j-   IG.,    EvÉgUE    DE    MONTFxÉAL. 

Par  Monseigneur. 

J.  0.  Paré,  Chan.-Secrélaire. 
[Vraie  copie)  J.  O.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


MANDEMENT 

DE  MONSEIGNEUR  l'ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL,  POUR  APPROUVER  ET 

RECOMMANDER  UNE  ASSOCIATION   DE  PRIÈRES    DITE 

«  LA    DÉVOTION  AU   TRÈS-SAINT  SACREMENT, 

OU     l'adoration   PERPÉTUELLE.» 


LA    DEVOTION    AU     TRES-SAINT-SACREMENT 

Ignace  Bourgel  par  la  Miséricorde  de  Dieu  el  la  Grâce  du  Sainl-Siége 
Apostolique,  Evéque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier,  aux  Communautés  Religieuses  el  à  tous 
les  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  salut  et  bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ. 

Une  Pieî(se  Associatio7i,  Nos  Très-Ghers  Frères,  se  for- 
me en  ce  moment  dans  divers  pays  du  monde  catholique, 
dont  la  fin  est  de  travailler  à  faire  louer,  honorer  et  servir 
Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  résidant  nuit  et  jour  dans  la 
Ste.  Eucharistie,  et  à  sauver  des  âmes. 

Pour  remplir  cette  fin  sublime,  elle  se  propose  de  pro- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  99 

curer  des  Adorateurs  au  Très  Saint-Sacrement,  pour  que 
dans  aucune  Eglise  ou  Cliapelle,  il  ne  demeure  jamais 
seul.  Car  elle  est  vivement  touchée  de  l'abandon  où  il  se 
trouve,  dans  tant  de  lieux  où,  hélas  !  on  ne  voit  presque 
jamais  personne  du  matin  au  soir.  Les  chemins  qui 
conduisent  à  ces  églises  désertes  pleurent  amèrement. 
Vice  Sion  lugent.  Des  oreilles  pieuses  ont  entendu  leurs 
lugubres  gémissements;  des  cœurs  religieux  en  ont  été 
touchés  ;  et  voilà  que  des  troupes  d'adorateurs  en  esprit 
et  en  vérité  s'unissent  et  se  succèdent  aux  pieds  des  Saints 
Autels.  Puissent  leurs  joyeux  cantiques,  dans  les  Por- 
tiques du  Seigneur,  faire  cesser  à  jamais  cet  accent  dou- 
loureux. 

Notre  Saint  Père  le  Pape,  à  la  veille  d'entrer  dans  sa 
laborieuse  carrière  de  tribulations,  a  béni,  avec  effusion 
de  cœur,  et  approuvé  hautement  cette  œuvre  de  zèle,  en 
l'enrichissant  de  précieuses  indulgences.  Cette  Bénédic- 
tion est  une  lettre  de  créance  qui  la  fera  recevoir  avec 
empressement  dans  toutes  les  parties  du  monde  catholi- 
que, et  le  prélude  certain  d'un  heureux  succès.  11  sera 
donc  comblé  de  bénédiction  le  dévot  peuple  d'Adora- 
teurs qui  va  former  cette  noble  Association.  Plenus  erit 
Btnedictionis.   (Deut.  23,  23.) 

Nous  préconisons  aujourd'hui,  Nos  Très  Ghers  Frères, 
solennellement  cette  admirable  Association  ainsi  impré- 
gnée des  Bénédictions  Aposliques,  et  Nous  l'incorporons 
©fficiellement  aux  Associations  Diocésaines.  Car  dans 
Notre  Lettre  Pastorale  du  six  Janvier  dernier,  Nous  ne 
faisions  que  vous  l'annoncer  et  recommander.  Elle  va 
être  dès  lors  comme  la  Fontaine  qui  arrosait  le  Paradis 
Terrestre,  en  se  partageant  en  quatre  grands  fleuves,  pour 
rafraîchir  et  fertiliser  ce  jardin  délicieux.  Car  le  Sairt 
Cœur  de  Jésus-Christ,  dans  le  Tabernacle  de  chaque  Pa- 
roisse, est  la  source  intarissable  des  eaux  vives  qui  se  dé- 
chargent par  les  canaux  sacrés  des  quatre  Associations  de 
la  Propagation  de  la  Foi,  des  Archiconfréries,  de  la  St.  Vin- 


100  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cent  de  Paul  et  de  la   Tempérance,  établies  pour  répandre 
partout  l'abondance  et  la  paix. 

Les  règles  que  Nous  vous  envoyons,  à  la  suite  du  pré- 
sent Mandement,  vous  traceront  les  devoirs  de  l'Associa- 
tion. Vous  y  verrez  que  pour  y  appartenir,  tout  se 
réduit  à  passer  une  heure  par  semaine  au  pied  de  l'autel, 
et  que  quatre-vingt-quatre  personnes,  en  s'unissant,  peu- 
vent adorer  Jésus-Christ  présent  au  Si.  Sacrement,  depuis 
six  heures  du  matin  jusqu'à  six  heures  du  soir;  deux 
demi-heures  suffisent  si  l'on  aime  mieux  prendre  pour 
cela  arrangement  avec  qaelqu'autre.  Rien  n'empêche  de 
se  faire  remplacer.  Les  riches  de  la  campagne,  qui  sont 
éloignés  de  l'église,  peuvent  charger  de  bons  pauvres  de 
leur  village  de  faire  leurs  heures  d'adoration,  et  leur 
donner  l'aumône  dans  cette  intention. 

Si  la  piété  qui  porte  à  entretenir  des  lampes  ardentes 
devant  le  St.  Sacrement  est  sainte  et  louable,  comme  on 
n'en  saurait  douter,  croyez.  Nos  Très-Ghers  Frères,  que  la 
fondation  de  lampes  vivantes,  dans  la  personne  des 
pauvres,  sera  même  beaucoup  plus  agréable  à  Notre  Sei- 
gneur. Oh!  oui,  l'aumône  faite  avec  une  intention  si 
pure  est  une  huile  qui  guérit  les  plaies  du  péché,  dissipe 
les  ténèbres  de  l'ignorance  et  adoucit  l'amertume  des 
maux  qui  ailligent  notre  pauvre  humanité. 

L'on  voit  que  par  cette  organisation  vraiment  frater- 
nelle, nous  aurons  le  précieux  avantage  de  pouvoir  ado- 
rer tout  le  jour  Jésus  Christ  dans  son  divin  Sacrement. 
Caria  communion  des  Saints  nous  fait  participer  à  toutes 
les  œuvres  de  nos  Associés,  selon  le  symbole  des  Apôtres, 
et  cette  parole  du  Prophète  :  Je  suis  en  partage  de  biens  avec 
tous  ceux  qui  craignent  le  Seigneur,  (Ps.  M  8).  Chacun  des 
associés  peut  donc  se  dire  en  toute  vérité,  en  se  réveillant 
le  matin  :  Je  vais  adorer  toute  la  journée  Jésus- Christ  au 
Très-Saint-Sacrement  de  V  Autel,  car  c'est  là  l'œuvre  de  son 
Association.  Qu'il  est  vivement  senti  ce  bonheur  par  les 
cœurs  qui  ont  goûlé  les  douceurs  des  Saints  Tabernacles  ! 


CIKGULAIRES  El'  AUTl'.KS  DOCUMENTS.  101 

Mais  ce  n'est  là  qu'un  demi  bonheur;  et  il  faut  que 
l'Association  le  complète  en  procurant  à  ses  membres  le 
moyen  d'être  jour  et  nuit  avec  un  si  bon  Maître. 

En  effet,  cette  Association  embrasse  le  monde  entier,  et 
est  semblable  au  soleil  gui  marclie  à  pas  de  géant,'  pour 
fournir  en  vingt-quatre  heures  sa  longue  carrière.  Ce 
bel  astre,  en  nous  disant  adieu  chaque  soir,  s'en  va  réveil- 
ler les  peuples  d'un  autre  hémisphère  et  les  avertir  de 
louer  Dieu.  11  reviendra  le  lendemain  nous  faire  sortir 
de  no're  lit  de  repos,  et  nous  inviter  à  le  louer  à  notre 
tour.  Admirable  succession  de  jours  et  de  nuits  qui, 
comme  autant  de  voi.x  chantent  les  œuvres  merveilleuses 
de  Dieu  et  publient  sa  gloire.  Dies  diei  éructât  verbiim  ;  et 
nox  notti  indicat  scitnfiam.   (Ps.  18). 

Ne  voyez- vous  pas  là,  Nos  Très-Ghers  Frères,  une 
image  frappante  de  notre  Association  qui,  comme  une 
lampe  ardente,  brille  devant  tous  les  Saints  Tabernacles, 
sans  jamais  s'éteindre  !  parce  que  ses  Membres,  qui  sont 
de  tous  les  pays  que  le  soleil  éclaire,  se  succèdent  devant  le 
Très  Saint-Sacrement  aussi  fidèlement  que  le  jour  succè- 
de à  la  nuit.  Chaque  Associé  peut  donc  dire  en  se  cou- 
chant le  soir:  Je  vais  passer  ma  nuit  en  adoration,  en  union 
avec  tant  de  bonnes  âmes  qui  vont  prier  pendant  que  je  dormi- 
rai. Quel  doux  repos  !  Quel  délicieux  sommeil  I  In  pace  in 
idipsum,  dormiam  et  requiescam. 

N'est-ce  pas  là  la  vie  des  Anges?  Oui,  vraiment,  l'Autel  de 
Jésus  est  pour  nous  infortunés  enfants  d'Adam,  qui  gémis- 
sons sur  cette  terre  d'exil,  ce  qu'est  pour  ces  Bienheureux 
Esprits  le  Trône  de  Dieu.  L'Eglise  est  notre  Paradis, 
comme  le  ciel  est  celui  des  âmes  béatifiées.  Nous  faisons 
ici  pour  le  Saint-Sacrement  ce  qu'il  font  là-haut  pour  la 
divine  Essence  qu'il  leur  est  permis  de  voir  face  à  face  ; 
c'est-à-dire,  que  nous  vaquons  à  nos  devoirs  sans  cesser 
d'adorer  Dieu.  Et  en  effet,  les  Anges  ne  sont-ils  pas  em- 
ployés à  divers  ministères  de  charité  et  de  zèle  en  faveur 
de  ceux  qui  doivent  recueillir  l'héritage  du  salut  ?  Cepen- 


102  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

dant  ne  soDt-ils  pas  toujours  en  adoration  ?  Un  Prophète 
vit  une  sublime  Intelligence,  jouissant  du  profond  repos 
de  l'éternelle  comtemplation  de  la  divine  Majesté  ;  et 
cependant  ses  ailes  étaient  toujours  en  mouvement.  Ce 
qui,  selon  St.  Bernard,  marquait  que  les  Saints  qui  sont 
au  ciel  sont  toujours  en  action,  sans  jamais  s'éloigner  de 
la  présence  de  Dieu.  Et  tel  est  autant  qu'il  est  possible 
de  le  faire  sur  la  terre,  la  vie  toute  céleste  que  fait  mener 
V  Adoratioii  Perpétuelle.  Toujours  prier,  Toujours  travailler. 
Quel  vie!  Oh!  qu'elle  a  d'attrait  ;  et  qu'elle  est  un  puis- 
sant motif  de  nous  enrôler  sous  cet  étendard  ! 

Maintenant,  âmes  ferventes,  en  quelque  lieu  que  vous 
soyez,  Nous  faisons  appel  à  votre  piété  ;  et  nous  vous 
proposons  de  faire  sentinelle  devant  les  cent  quatre-vingt 
deux  Tabernacles  de  ce  Diocèse  dans  lesquels  réside  le  Dieu 
vivant.  Gardons-le  bien  tout  le  jour  ;  et  la  nuit,  laissons 
ce  soin  à  nos  frères  d'un  autre  hémisphère.  Que  chaque 
maison  se  fasse  un  bonheur  de  députer  chaque  semaine 
quelqu'un  de  la  famille  auprès  de  l'Adorable  Sacrement, 
pour  lui  rendre  ses  devoirs  et  en  obtenir  des  grâces.  Oh  ! 
qu^ alors  ils  seront  aimables  et  aimés  ces  Tabernacles  du  Dieu 
des  Vertus  ! 

Jésus-Christ  y  réside.  C est  notre  Dieu  :  en  se  logeant 
dans  de  si  pauvres  cabanes,  il  montre  bien  clairement 
qu'il  met  ses  délices  à  être  avec  les  enfants  des  hommes.  Ne 
mériterait-il  en  retour  que  dégoût  et  ennui  de  notre  part  l 
Serait-ce  trop  de  faire  quelques  arpents  pour  le  visiter, 
lui  qui  fait  chaque  jour  le  grand  voyage  du  ciel  en  terre 
pour  le  plaisir  de  nous  voir  !  Une  heure  par  semaine  con- 
sacrée à  la  visite  de  son  Temple,  serait-elle  trop  longue 
pour  nous,  quand  lui  le  Dieu  de  Majesté  n'a  pas  cessé  et 
ne  cessera  jamais,  jusqu'à  la  fin  des  siècles,  de  demeurer 
avec  nous? 

C  est  Notre  Roi.  Les  Portes  de  son  humble  Palais  sont 
ouvertes  à  tous,  du  matin  au  soir.  Assis  sur  l'Autel,  il 
attend  patiemnient  et  avec   un  air  plein  de  bonté,   les 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  103 

▼isites  de  ses  sujets.  Il  a  les  mains  pleines  de  grâces, 
cherchant  à  les  distribuer  à  quiconque  vient  les  lui  de- 
mander. Sa  cour  est-elle  fréquentée,  du  moins  autant 
que  celle  des  grands  du  monde?  Hélas  !  ces  maisons  sont 
toujours  remplies  ;  et  dans  celle  du  Roi  des  Rois,  on  ne 
voit  presque  jamais  personne.  Le  cœur  saigne  chaque 
fois  que  l'on  entre  dans  les  églises  devenues  désertes  par 
la  tiédeur  des  temps  mauvais. 

C est  Notre  Père.  Le  bonheur  de  ce  bon  Père  est  d'avoir 
auprès  de  lui  tous  ses  enfants.  Ses  yeux  sont  toujours  ou- 
verts et  ses  oreilles  toujours  attentives  au  cri  de  leur 
misère.  Refuserions  nous  de  faire  un  pas  pour  aller  lui 
témoigner  notre  amour,  et  lui  exposer  nos  besoins? 

C est  Notre  Voisin.  Sa  maisor.  est  bâtie  au  milieu  des 
nôtre?.  Nous  n'avons  souvent  qu'un  chemin  à  traverser 
pour  nous  rendre  chez  lui.  Ne  serait  ce  pas  une  honte 
pour  lui,  si  ces  voisins  ne  daignaient  pas 'l'aller  voir? 
Ne  passerait-il  pas  pour  un  voisin  ennuyeux,  si  du  matin 
au  soir,  il  demeurait  seul  et  sans  compagnie  ! 

C  est  Notre  Hôte.  Il  veut  bien  habiter  sous  le  même 
toit  que  les  personnes  qui  vivent  en  communauté,  et  y 
avoir  sa  chambre  comme  un  autre  de  la  maison.  Il  ne 
faut,  pour  se  trouver  chez  lui,  que  monter  un  escalier 
ou  ouvrir  une  porte.  Oh  !  le  précieux  avantage  que  l'on 
sait  assurément  sentir  et  goûter  dans  ces  saintes  maisons  ! 
c'est  là  sans  doute  où  Jésus-Christ  doit  trouver  plus  d'ado- 
rateurs. 

C  est  Notre  Ami.  L'on  sait  que  c'est  le  propre  de  l'amitié 
de  ne  vouloir  point  se  séparer  de  l'objet  aimé.  Jésus 
ayant  aimé  les  siens  qui  étaient  dans  le  monde,  il  les 
aima  jusqu'à  la  fin,  dit  St.  Jean.  Il  l'a  bien  prouvé  en 
instituant,  la  veille  de  sa  mort,  le  St.  Sacrement  dans  le- 
quel il  est  réellement  présent,  pour  pouvoir  demeunr 
avec  se?  amis  jusqu'à  la  fin  des  siècles.  Ce  bon  Ami  nous 
voit  passer  et  repasser  sans  cesse  devant  sa  porte.  Oh! 
quel  serait  son  chagrin,  si  nous  ne  nous  donnions  pas  la 


104  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

peine  d'y  entrer,  du  moins  pour  le  saluer,  et  lui  dire  UQ 
mot. 

11  n'en  sera  pas  ainsi,  Nos  Très-Chers  Frères,  car  chaque 
Paroisse  et  chaque  Communauté  se  fera  un  devoir  hono- 
rable de  bien  garder  son  tabernacle.  L'Association,  en  s'y 
établissant,  y  entretiendra  de  pieux  Adorateurs  qui  seront 
les  représentants  du  Peuple  Saint,  comme  les  pains  de 
proposition  étaient  devant  l'arche  d'alliance  le  Mémo- 
rial des  vœux  des  douze  tribus  d'Israël.  Priant  au  nom 
de  tous,  ils  fourniront  à  l'Ange,  qui  se  tient  à  la  droite  de 
chaque  autel  beaucoup  de  parfums,  pour  que  son  encen- 
soir d'or  soit  toujours  fumant  de  l'encens  des  ferventes 
prières  des  bonnes  âmes  que  l'amour  amène  au  pied  des 
Saints  Autels. 

En  voilà  assez  et  plus  qu'il  ne  faut,  Nos  Très-Chers 
Frères,  pour  vous  animer  d'un  zèle  ardent  envers  une 
Association  qui  impose  si  peu  de  devoirs  et  procure  tant  de 
précieux  avantages.  Que  de  raisons  en  effet  nous  pressent 
de  nous  y  agréger  et  d'en  bien  remplir  les  devoirs  ! 
Messes  manquées,  ou  mal  entendues  ;  Communions  tièdes 
et  lâches,  et  peut-être  sacrilèges  ;  irrévérences  scandaleu- 
ses commises  dans  le  lieu  saint  à  la  honte  de  la  Religion  ; 
tout  nous  avertit  que  nous  avons  à  faire  de  grandes  et 
solennelios  réparations  pour  nous  et  pour  nos  frères. 
L'Esprit  d'irréligion  qui  se  glisse  dans  cet  heureux  pays, 
de  tout  temps  si  distingué  par  sa  foi  ;  les  doctrines  impies 
qui  commencent  à  s'y  propager  ;  les  scandales  de  toutes 
espèces  qui  s'y  commettent,  sont  pour  nous  de  puissants 
motifs  de  travailler  ardemment  à  conserver  notre  foi,  et 
à  garder  nos  Tabernacles.  Fasse  le  ciel  qu'il  ne  nous 
arrive  jamais  d'obliger  Notre  Seigneur  à  nous  quitter, 
comme  tant  d'autres  peuples  qui  n'ont  plus  ni  temples  ni 
autels,  ou  qui,  par  une  profanation  qu'il  faudrait  pleurer 
avec  des  larmes  de  sang,  ont  changé  les  Temples  du  Vrai 
Dieu  en  des  temples  de  l'erreur  et  de  l'infidélité  ;  en  des 
temples,    par  conséquent,  où  se  fait  adorer  le  Prince  des 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  105 

Ténèbres.  Qu'il  ne  nous  arrive  jamais,  ce  châtiment 
arrivé  à  un  peuple  coupable  qui,  rassemblé  un  jour  dans 
son  église,  entendit,  par  trois  fois,  sortir  de  la  sainte 
Hostie  celte  terrible  parole:  Peuple,  je  f  abandonne.  Car, 
à  ce  troisième  anathème,  l'Hostie  disparut  et  le  temple 
s'écroula.  Nos  Très-Chers  Frères,  ne  méritons  jamais  de 
perdre  l'Auguste  Sacrement  qui  fait  notre  unique  bonheur 
ici,  ni  les  temples  où  il  veut  demeurer  avec  nous.  Pour 
éviter  ce  malheur,  demeurons  humblement  et  toujours 
prosternés  devant  ce  grand  Sacrement.  Tantum  ergo  Sa- 
cramentum  veneremur  cernui. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis  de 
Nos  Vénérables  Frères,  les  Chanoines  de  notre  Cathédrale, 
Nous  avons  réglé,  statué  et  ordonné,  réglons,  statuons,  et 
ordonnons  ce  qui  suit  : — 

i»  En  vertu  d'un  Induit  du  Souverain  Pontife,  nous 
établissons  pour  tout  le  Diocèse,  la  pieuse  Association 
de  la  Dévotion  au  Trés-Saint-Sacrement  de  P  Autel,  ou  Ado- 
ration Perpétuelle^  afin  que  dans  les  Paroisses  où  elle  sera 
pratiquable,  elle  se  trouve  érigée  de  fait  et  de  droit,  sans 
qu'il  soit  besoin  d'aucun  autre  diplôme.  A  mesure  que 
les  Sections  se  formeront,  on  en  donnera  avis  au  Directeur 
de  l'Association  de  Montréal,  pour  qu'il  l'inscrive  sur  la 
liste  générale,  et  lui  donne  un  nom.  Qu'il  est  à  désirer 
qu'il  s'en  forme  assez  pour  faire  connaître  les  ineffables 
Noms  que  porte  Jésus-Christ  dans  la  Ste.  Eucharistie? 

2"  Pour  encourager  et  récompenser  en  même  temps  la 
piété  des  Fidèles  envers  l'Adorable  Sacrement  de  l'Eucha- 
ristie, Nous  permettons  que  les  Prières  des  quarante 
heures  et  l'exposition  du  Saint-Sacrement  se  fasse  une 
fois  par  année  dans  chaque  Eglise  ou  Chapelle  où  il  est 
permis  de  le  conserver  habituellement,  avec  tous  les  pri- 
vilèges et  indulgences  qui  y  ont  été  attachés  par  les  Souve- 
rains Pontifes  ;  et  cela  en  vertu  d'un  Induit  du  St.  Siège, 
en  date  du  31  Mai  1840.  Nous  confions  à  l'Association  le 
soin  de  faire  honorer    le  Très  Saint-Sacrement,  dans  ces 


I 


106  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES. 

beaux  jours,  comme  aussi  dans  toutes  les  Processions,  par 
de  nombreux  et  pieux  concours.  Ces  quarante  heures  et 
autres  prières,  ne  l'oubliez  pas,  Nos  Très  Ghers  Frères, 
sont  pour  obtenir  qu'il  ne  se  commette  jamais  et  nulle 
part  des  sacrilèges  par  les  profanations  des  Sacrements. 

30  Afin  que  l'Adoration  se  fasse  hiver  comme  été,  nous 
laissons  à  MM.  les  Curés  la  liberté  de  conserver  le  Saint 
Sacrement  dans  le  Tabernacle  des  petites  Chapelles  qui, 
dans  beaucoup  d'Eglises,  sont  adossées  aux  Maîtres  Autels, 
ou  de  faire  pratiquer  un  regard  ou  vitrail  dans  la  porte 
de  communication  entre  l'Eglise  et  la  Sacristie,  afin  que 
les  personnes  en  adoration  puissent  se  tenir  dans  la  Sa- 
cristie. Ce  vitrail  sera  couvert  d'un  volet,  quand  il  ne 
sera  pas  d'usage. 

40  Nous  invitons  chaque  Paroisse  à  montrer  beaucoup 
de  zèle  à  accompagner  Notre-Seigneur,  quand  on  le  porte 
aux  infirmes  pour  la  communion  pascale,  ou  aux  malades, 
pour  celle  en  Viatique.  Il  n'y  a  point  de  doute  que  ce  Bon 
Maître  ne  répande  sur  son  passage  des  grâces  à  propor- 
tion de  la  foi  et  de  la  piété  qui  animent  ceux  qui  l'accom- 
pagnent ou  l'honorent  sur  sa  route. 

Ce  sera  aux  Associés  de  chaque  Quartier  à  faire  les 
invitations  nécessaires  et  à  déployer  leur  zèle  pour  que 
partout  et  chaque  fois  qu'il  sortira  de  son  Temple,  la 
marche  de  ce  Dieu  pour  nous  soit  triomphante.  Il  serait 
à  désirer  qu'il  y  eût,  dans  chaque  Paroisse,  une  voiture 
décente  exclusivement  employée  à  porter  la  Ste.  Commu- 
nion aux  malades  et  infirmes,  et  qu'on  appellerait  la  Voi- 
ture du  St.-Sacrement.  Notre  intention,  Nos  Très-Chers 
Frères,  en  vous  invitant  à  rendre  tous  ces  honneurs  à 
Notre-Seigneur.  est  d'obtenir  pour  nous  tous  la  grâce  de 
recevoir  dignement  tous  les  Sacrements  à  l'heure  de  notre 
mort.  Qu'il  y  a  à  espérer  un  jugement  favorable,  quand 
en  sortant  de  ce  monde, on  emporte  avec  soi  son  juge  ! 

5o.  Nous  vous  exhortons,  âmes  ferventes,  à  procurer  à 
Notre-Seigneur  un  plaisir  qui  lui  est  très  sensible,  c'est  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  107 

travailler,  selon  votre  pouvoir,  à  procurer  le  bonheur  de 
la  Sainte  Communion  à  ceux  qui,  étant  d'un  certain  âge  et 
n'ayant  pas  fait  leur  première  communion,  n'osent  se  pré- 
senter pour  cela  aux  Instructions  publiques.  Tâchez  de 
les  découvrir  ;  et  par  tous  les  moyens  possibles  de  les  con- 
duire à  la  table  du  Seigneur.  Que  le  Pain  de  vie  que  l'on 
fait  manger  à  ces  pauvres  êtres  abandonnés,  est  unj  riche 
aumône  ! 

60.  Nous  désirons  que  ce  Mandement  soit  lu  le  Jeudi- 
Saintau  Reposoir,  à  l'heure  jugée  pourcela  convenable,  afin 
que  ce  jour  qui  a  vu  naître  l'Auguste  Sacrement  de  l'Au- 
lel,soit  le  jour  où  l'Association  reçoive  son  existence  cano- 
nique et  solennelle.  Que  le  Sacré  Oœur  de  Jésus  fasse  re- 
poser dans  ce  grand  jour  cette  jeune  société,  comme  uu 
autre  disciple  bien  aimé,  sur  sa  poitrine  amoureuse,  afin 
qu'embrasée  de  ses  divines  ardeurs  elle  répande  partout 
le  feu  de  la  divine  Charité  ! 

7o.  Nous  établissons  pour  Patron  spécial  de  l'Asso- 
ciation, le  Père  Nourricier  de  Notre-Seigneur,  le  glorieux 
St.  Joseph,  ou  pour  mieux  dire,  c'est  Dieu  lui-même  qui 
lui  en  confie  le  soin.  ConslituU  eum  Dominum  domûs  sux. 
Ses  sueurs  et  ses  travaux  pour  nourrir  ce  Dieu  homme 
devenu  le  Pain  substantiel  descendu  du  ciel  pour  donner 
la  vie  aux  hommes,  lui  donnant  un  titre  assuré  à  la  gloire 
de  diriger  une  famille  qui  va  continuer  à  remplir  ses  au- 
gustes fonctions. 

Nous  terminons,  ô  Vierge  Sainte,  par  déposer,  à  notre 
ordinaire,  à  vos  pieds  sacrés,  ce  mandement,  en  vous  sup- 
pliant humblement  de  le  bénir,  etle  prendre  sous  votre  spé- 
ciale protection.  Vous  êtes  la  Mère  de  ce  grand  sacrement, 
puisque  le  Corps  Sacré  et  le  Sang  précieux,  que  le  Fils 
de  Dieu  a  unis  à  sa  divinité,  ont  été  formés,  par  l'opé- 
ration du  St.  Esprit,  de  votre  Sang  très  pur  et  virginal. 
Cela  suffit  pour  que  vous  vous  intéressiez  à  répandre  dans 
nôtre  Diocèse  une  œuvre  si  glorieuse  à  votre  Fils,  et  si 
avantageuse  à  vos  enfants;  sous  votre  conduite,  elle  pros- 


108  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pérera  donc;  et  par  les  grâces  que  vous  lui  obtiendrez,  l'on 
aura  bientôt  la  consolation  de  voir  à  toute  heure,  aux  pieds 
des  Saints  Tabernacles,  des  Adorateurs  dont  les  conti- 
nuelles prières  formeront  des  nuages  d'encens  qui  rem- 
pliront nos  églises  de  la  majesté  de  Dieu,  beaucoup  mieux 
que  la  Nuée  mystérieuse  ne  remplissait  le  Temple  de  Salo- 
mon.  O  ^Vierge  des  Vierges,  faites-nous  courir  à  l'odeur 
de  ces  encens  parfumés  !  Vous  êtps  la  lampequi  ne  s'éteint 
jamais,  Lampas  inextinguibilis.  Brillez  donc  sans  cesse 
devant  les  Autels  de  votre  Cher  et  Divin  Fils.  Ah  !  de  grâce, 
ne  souffrez  pas  que  jamais  la  dévotion  au  Très-Saint-Sacre- 
.rnent  s'éteigne  ici,  et  pour  cela  multipliez  les  enfants  de 
f  Adoration  Perpétuelle.    Ainsi  soit-il. 

Sera,  le  présent  Mandement  lu  dans  notre  Cathédrale, 
«dans  les  Eglises  Paroissiales,  et  dans  toutes  les  Commu- 
nautés Religieuses,  le  Jeudi-Saint,  ou  le  premier  Diman- 
che après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  Notre  Palais  Episcopal,  le  dix- 
neuf  Mars,  mil  huit  cent  cinquante,  sous  notre  Seing  et 
Sceau,  et  le  contre-seing  de  notre  Secrétaire. 

-]-  IG.  EvÊQUE  DE  Montréal. 
Par  Monseigneur, 

L.  '\  S.  Jos.  OcT.  Paré,  Chin.  Sec. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCÈSE    DE    MONTRÉAL. 

Montréal,  le  25  mars  1850. 
Monsieur, 

Je  vous  adresse  enfin  le  règlement  de  V Adoration  Per- 
pétuelle avec  le  Mandement  qui  l'introduit  dans  tout  le 
diocèse.  Je  comprends  les  difficultés  qu'il  y  aura  de 
l'établir  dans  un  certain  nombre  de  Paroisses  ;  mais  frap- 
pé des  paroles  que  l'Archange  St.  Gabriel  adressait,  il  y  a 


CIRCULAIRES  ET  AU  TRES  DOCUMENTS.  lOrr 

aujourd'hui  mille  huit  cent  cinquante  ans:  non  erit  impos- 
sibile  apud  Deum  omne  verbuni,  je  suis  plein  de  confiance 
dans  le  succès.  Le  Tahernacle  est  pour  chaque  Paroisse 
un  autre  sein  de  la  Bienheureuse  Vierge  ;  et  il  y  a  tout 
à  espérer  qu'ils  se  trouvera  partout  de  bons  Sts.  Joseph 
qui  le  garderont  avec  bonheur.  Je  crois  que  vous  feriez 
bien  de  mettre  en  avant  une  personne  laïque  qui  fasse 
son  affaire  de  trouver  des  Adorateurs  à  Notre  Seigneur,  et 
qui  ait  assez  d'intluence  et  d'intelligence  pour  être  mise 
à  la  tête  de  la  Section  qui  pourrait  être  formée. 

Je  vous  adresse  un  Projet  de  Requête  pour  que  vous 
puissiez  vous  entendre  avec  vos  voisins  et  voir  avec  eux 
s'il  ne  serait  pas  convenable  et  possible  de  pétitionner  le 
gouvernement  dans  ce  sens.  Aussitôt  après  les  Pâques, 
veuillez  bien  vous  occuper  de  cette  affaire  ;  car  il  n'y  a 
pas  de  temps  à  perdre. 

J'ai  le  plaisir  de  vous  annoncer  que  M.  Gagné  a  donné 
à  l'Evéque,  incorporé  légalement  l'année  dernière  pour 
toutes  bonnes  œuvres  du  Diocèse,  afin  de  commencer  à 
doter  la  Caisse  Ecclésiastique  en  faveur  de  nos  Vénéra- 
bles Vétérans  du  Sanctuaiie,  deux  terres,  8000  francs,  sa 
Bibliothèque  et  tous  ses  meubles  avec  le  produit  de  son 
tiers  ;  ce  qui  peut  former  de  mille  à  douze  cents  louis... 
Sa  maison  est  ouverte  aux  Messieurs  de  St.  Joseph,  comme- 
une  maison  de  campagne  dans  la  saison  des  chaleurs.  Je 
ne  doute  pas  que  vous  n'accueilliez  cette  nouvelle,  comme 
elle  doit  l'être  avec  joie  et  reconnaissance.  Une  pareille 
œuvre  ne  peut  manquer  d'attirer  des  bénédictions  sur  le 
Donateur,  et  faire  honneur  au  Clergé  qui  entoure  ses 
anciens  et  ses  infirmes  du  double  honneur  dont,  selon 
l'Apôtre,  ils  sont  si  dignes,  surtout  après  avoir  blanchi,  ou 
s'être  usés  au  service  des  Autels. 

Je  suis  bien  cordialement.  Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

'\  Ig.  Evèque  de  Montréal. 
(  yraie  copie)        J.  0.  Paré,  Chan.,  Secrétaire. 


110  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 


ADORATION    PERPETUELLE. 

Nous  sommes  heureux  d'apprendre  les  étonnanfcs  pro- 
grès que  fait  partout  V Adoration  Perpétuelle^  qui  est, 
comme  tout  le  monde  le  sait,  une  pieuse  association  insti- 
tuée, ou  plutôt  ravivée  ici  par  un  zélé  prêtre  de  St. 
Sulpice,  pour  procurer  à  Notre-Seigneur,  réellement 
présent  dans  le  Tabernacle  de  chaque  paroisse  et  commu- 
nauté, de  fervents  adorateurs  depuis  six  heures  du  matin 
jusqu'à  six  heures  du  soir.  Nous  aimerions  à  donner 
aujourd'hui  la  belle  et  longue  liste  de  toutes  les  sections, 
déjà  faites  en  ville  et  à  la  campagne,  avec  leurs  noms 
emblématiques.  Mais  nous  attendons  qu'elle  soit  plus 
complète.  Nous  espérons  qu'elle  le  sera,  un  des  jours  de 
l'Octave  de  la  Fête-Dieu  ;  et  on  nous  prie  d'inviter  pour 
cela  MM.  les  curés  de  transmettre  au  plus  tôt  à  M.  Roupe, 
directeur  de  la  ville,  le  nombre  de  leurs  sections,  pour 
qu'elles  soient  incorporées  à  l'Association  Mère  qui,  en 
les  admettant  dans  son  sein,  leur  donnera  le  nom  propre 
sous  lequel  chacune  sera  connue  dans  tout  le  diocèse. 

En  attendant,  nos  lecteurs  liront  avec  plaisir  ci-après 
deux  pièces,  vraiment  monumentales, sur  V Adoration  Per- 
pétuelle. Ils  y  verront  ce  que  pensaient  nos  pèrds  du 
devoir  imposé  à  chaque  âme  reconnaissante  d'adorer  et  de 
faire  adorer  sans  cesse  J.  G.  présent  au  Très-Saint-Sacre- 
ment. Ils  y  admireront  la  simple  mais  touchante  indus- 
trie de  la  foi,  pour  se  faire  représenter  à  la  cour  du  roi 
des  rois.  Ils  aimeront  qu'on  leur  dise  que  la  lampe, 
alluméî  le  onze  novembre  en  mil  sept  cent  quatrevingt- 
un,  devant  le  Maître-Autel  de  l'église  de  Ste.  Anne  de 
Varennes,  ne  s'est  jamais  éteinte  depuis,  parce  que  la 
piété  des  fidèles  a  été  comme  une  fontaine  d'huile,  qui  a 
toujours  coulée,  pour  l'entretenir  belle  et  brillante, 
devant  l'aimable  Tabernacle  du  Dieu  Vivant.  Deux  ans 
après,  jour  pour  jour,  elle  éclairait  le  dernier  souffie  du 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  111 

Yénérable  pasteur  qui  avait  été  à  la  tête  de  ce  mouve- 
ment religieux.  Elle  a  aussi  sans  doute  éclairé  ses  pre- 
miers pas  dans  la  route  inconnue  de  l'autre  monde.  Car 
les  œuvres  de  lumière  précèdent,  accompagnent  et  suivent 
le  juste  ,  quand  il  quitte  l'exil  pour  la  patrie. 

îspus  ne  surprendrons  personne  en  disant  qu'à  la 
lecture  du  Mandement  de  Monseigneur  l'Evêque  de 
Montréal,  qui  recommande  au  diocèse  celte  dévotion,  si 
naturelle  au  cœur  catholique,  les  enfants  de  tels  pères  se 
sont  trouvés  tout  préparés  à  faire  partie  d'une  si  belle 
Association.  En  s'y  aggrégeant  avec  ardeur  et  en  grand 
nombre,  ils  ont  voulu  être  eux-mêmes  des  lampes  vivantes 
dont  la  dévotion  intérieure  fait  seule  tous  les  frais. 

Les  actes  que  nous  reproduisons  se  trouvent  d'après  les 
dispositions  des  fondateurs,  déposés  aux  archives  de  Va- 
rennes.  Ils  nous  paraissent  intéresser  si  vivement  toutes 
les  paroisses,  dans  ce  moment  heureux,  où  pour  la  plupart 
elles  s'ébranlent  pour  s'enrôler  dans  V Adoration  FerpétjielU^ 
qu'il  nous  a  sembé  qu'ils  devaient  leur  appartenir,  et  qu'il 
convenait  pour  cela  de  leur  en  délivrer  copie  authentique. 
Notre  feuille  les  transmet  donc  fidèlement.  C'est  pour  nous 
un  devoir  bien  doux,  que  celui  de  travailler  à  répandre  une 
dévotion  si  touchante  pour  la  foi,  dans  un  temps  comme 
celui-ci.  Nous  savons  que  nos  lecteurs  sont  amis  sincères 
de  la  religion  et  de  ses  saintes  pratiques.  Cette  pensée, 
ntms  aimons  à  le  dire  en  passant,  est  pour  nous  bien 
encourageante  ;  et  elle  ne  contribue  pas  peu  à  nous  sou- 
tenir dans  les  fatigues  du  jour  et  les  veilles  de  la  nuit. 


Acte  if  Association  du    Très-Saint-Sacrement  de   V Autel,   de 
r Eglise  de  Ste.  Anne  de  Varennes. 

L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-un  le  onz?  novembre, 
nous  soussignés  ou  dénommés,  par  le  très  profond  respect 
que  nous  avons  pour  notre  Seigneur  Jésus-Christ,  et  la 


112  iMAÎSDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

tendre  dévotion  que  nous  portons  au  Très-Saint-Sacre- 
ment de  l'Autel,  que  nous  souhaiterions  ardemment 
pouvoir,  en  personne,  adorer  à  chaque  heure  du  jour  et 
de  la  nuit  ;  et  ne  le  pouvant  faire  à  cause  de  nos  occupa- 
tions, prions  au  moins  la  divine  majesté  d'accepter  l'of- 
frande que  nous  lui  faisons,  en  échange  des  moments  que 
nous  devrions  passer  devant  les  autels  pour  lui  rendre  nos 
hommages  et  nos  adorations,  d'entretenir  pendant  le  cours 
de  notre  vie,  nuit  et  jour  la  lampe  qui  brûlera  sans  cesse 
devant  le  grand  autel  de  l'Eglise  paroissiale  de  Ste.  Anne 
de  Varennes.  Nous  nous  engageons,  nos  vies  durant,  à 
l'entretien  de  la  dite  lampe  librement,  volontairement  et 
de  notre  plein  gré,  sans  y  être  portés  par  aucun  autre 
motif  que  celui  d'honorer  d'une  manière  particulière, 
le  jour  et  la  nuit,  le  corps  adorable  de  Jésus-Christ,  espé- 
rant par  là  des  grâces  particulières  de  salut  en  ce  monde 
et  la  miséricorde  éternelle  en  l'autre,  et  afin  que  le  pré- 
sent acte  subsiste,  et  serve  d'exemple  à  la  postérité,  nous 
désirons  qu'une  copie  en  soit  mise  dans  le  coJffre  de  la 
Fabrique  et  l'autre  entre  les  mains  du  Directeur  de  l'As- 
sociation, qui  sera  nommé  par  les  confrères.  Lequel 
retirera  les  deniers,  les  emploiera  à  l'entretien  de  la 
lampe,  et  s'il  y  a  du  reste,  nous  désirons  qu'il  soit  em- 
ployé à  faire  dire  des  messes  pour  les  associés  décédés. 
Fait  et  passé  à  Varennes  ce  jour  et  an  ci-dessus.  Lu  et 
publié  au  prône  de  la  grand'messe  du  dit  jour. 

F.  Dl'buron,  Ptre. 

Suivent  les  signatures  de  110  personnes  qui  se  mirent 
de  l'association. 


Consécration  à  N.  S.  J.  C.  au  Sacrement  de  P  Autel. 

Prosternés  à  vos  pieds,  adorable  Jésus,  nous  nous  con- 
sacrons entièrement  à  vous,  et  nous  vous  faisons  une 
protestation  solennelle  de  vous  rendre,  tous  les  jours  de 


.    CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  tl5 

notre  vie,  les  hommages  et  les  respects  qui  vous  sont  dûs, 
et  de  réparer,  autant  qu'il  dépendra  de  nous,  les  outrages 
et  les  insultes,  qui  vous  sont  faits,  dans  le  sacrement 
adorable  de  votre  amour.  Ne  pouvant  comme  nous  le 
désirerions  adorer,  en  personne,  à  chaque  heure  du  jour 
votre  adorable  Majesté,  dans  l'auguste  Sacrement  de 
l'autel,  nous  vous  prions  d'accepter  l'offrande  que  nous 
vous  faisons,  en  échange  des  moments  que  nous  devrions 
passer  en  votre  divine  présence,  d'entretenir  nos  vies 
durantes,  une  lumière  qui  brûlera  sans  cesse  devant 
votre  autel,  en  témoignage  de  notre  foi  et  de  nos  profonds 
respects  pour  votre  corps  adorable.  Faites,  ô  divin  Jésus, 
que  nos  cœurs  brûlent  sans  cesse  de  votre  divin  amour, 
puisque  vous  êtes  dans  le  Sacrement  de  l'autel,  le  viati- 
que et  la  consolation  des  mourants  ;  c'est  la  grâce  que 
nous  vous  demandons  de  vous  recevoir  au  dernier  temps 
de  noire  vie,  et  de  mourir  entre  vos  bras.  Appliquez-nous 
en  ce  moment  le  fruit  et  les  mérites  de  votre  sang  pré- 
cieux ;  c'est  ce  que  nous  espérons  de  votre  infinie  bonté. 
Faites,  Seigneur,  qu'après  vous  avoir  adoré  présent,  sur 
nos  autexS,  nous  puissions  vous  posséder  et  vous  aimer 
éternellement.    Ainsi  soit-il 


A  SON  EXCELLENCE,   Etc. 

Aux  Honorables  Membres  du  Conseil  Législatif,  etc. 

Aux  Honorables  Membres  de  la  Chambre  d'Assemblée,  etc. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de ont  l'hon- 
neur d'exposer  à quel'usage  immo- 
déré des  liqueurs  enivrantes  ayant  été  de  tout  temps  la 
cause  certaine  de  beaucoup  de  malheurs  pour  le  peuple 
du  pays,  et  un  obstacle  insurmontable  à  la  prospérité  de 
cette  Province,  il  prennent  la  liberté  de  lui  (ou  de  leur) 
représenter  que,  dans  leur  humble  opinion,  les  moyens  à 
prendre  pour  faire  cesser  tout-àfait  ce  fléau  de  notre 
société  seraient  : 

8 


114  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

1°  Que  les  aubergistes  fussent  bien  qualifiés,  ei  pour 
cela  fussent  nommés,  dans  chaque  paroisse,  par  des  per- 
sonnes désintéressées  et  capables  de  faire  un  choix  conve- 
nable parmi  ceux  qui  se  présentent  pour  avoir  des  licen- 
ces ; 

2»  Qu'il  n'y  eût  que  le  nombre  d'auberges  nécessaires 
pour  procurer  aux  voyageurs  des  maisons  confortables 
sous  tous  les  rapports;  parcequ'autrement  les  aubergistes 
sont  dans  une  espèce  de  nécessité  de  frauder  la  loi,  afin 
de  gagner  à  tout  prix  de  quoi  payer  leur  licence  e'.  sou- 
tenir leur  famille  ; 

3°  Qu'il  devrait  y  avoir  une  pénalité  contre  quiconque 
serait  trouvé  dans  un  état  d'ivresse,  et  aussi  contre  tout 
aubergiste  qui  serait  convaincu  d'avoir  contribué  à  cette 
ivresse  ; 

4»  Que  le  gouvernement  devrait  favoriser  les  mœurs 
publiques  plutôt  que  l'avantage  particulier  des  aubergis- 
tes, en  donnant  à  quiconque  aurait  du  zèle  pour  son  pays, 
le  pouvoir  de  poursuivre  et  les  intempérants  et  les  auber- 
gistes complices  de  leur  intempérance,  et  des  moyens 
faciles  pour  compléter  la  preuve  de  cette  sorte  de  délit, 
car  il  n'est  que  trop  connu  que  jusqu'ici  les  aubergistes 
ont  presque  toujours  pu  éluder  impunément  la  loi,  vendre 
les  dimanches,  enivrer  les  jeunes  gens  qui,  à  l'insu  de  leurs 
parents  passent  une  partie  des  jours  consacrés  à  Dieu, 
à  boire  dans  les  auberges,  et  y  dépenser  au  jeu  et  à  la 
débauche  un  bien  précieux  qui  devrait  être  économisé 
pour  servir  à  se  procurer  de  bons  établissements  ; 

5o  Que  vos  humbles  Pétitionnaires,  ayant  depuis  quel- 
que temps  le  bonheur  d'appartenir  à  la  société  de  Tempé- 
rance, peuvent  témoigner,  par  leur  propre  expérience,  des 
avantages  incalculables  qui  résulteraient,  pour  leur 
paroisse  et  pour  tout  le  pays,  si  le  gouvernement  prenait 
des  mesures  énergiques  pour  empêcher  à  l'avenir  tout 
«xcès  de  boisson. 
Et  ils  ne  cesseront  de  prier  etc. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  115 

CIRCULAIRE 

DES  ÉVÊQUES  DE  SYDIME,  DE  MONTRÉAL,  DE  CARRHA,  DE  MAR- 
TYROPOLIS  ET  DE  BYTOWN,  RÉUNIS  A  MONTRÉAL,  AU 
CLERGÉ  DES  DIOCÈSES  DE  QUÉBEC,  DE  KINGSTON,  DE 
MONTRÉAL,   DE    BYTOWN  ET  DE  TORONTO. 

Evêché  de  Montréal,  il  Mai  1850. 
Monsieur^ 

Vous  serez  convaincu,  par  la  lecture  de  la  lettre  pasto 
raie  ci-jointe,  de  notre  ardent  désir  de  seconder  et  d'ap- 
puyer de  toute  notre  autorité  les  généreux  efforts  que 
VOUS  faites  pour  conserver  dans  ce  pays,  de  tout  temps  si 
religieux,  le  présent  des  pressantes  paroles  de  l'apôtre  : 
depositum  ctcstodi  (I.  Tim.  VI.  20).  A  cette  divine  et  énergi- 
que recommandation  se  joint  aujourd'hui  celle  que  le 
Bienheureux  Pierre  adresse,  par  la  bouche  de  son  succes- 
seur, au  gouvernement  Sarde,  pour  l'engager  à  soutenir 
V  épiscopat  et  le  clergé,  et  à  promouvoir  la  cause  de  la  religion, 
cause  inséparable  de  la  félicité  des  peuples  et  de  la  sécurité  de 
la  société,  qui  est  aujourd hui  secouée  et  menacée  de  toute  ma- 
nière. (Protestation  de  N.  S.  P.  le  Pape  Pie  IX,  9  mars 
1850.)  Persuadés  c(|mme  vous  l'êtes,  que  la  cause  de  la 
religion,  du  clergé  et  du  peuple  est  une  seule  et  même 
cause,  vous  comprendrez  sans  peine  les  motifs  qui  nous 
font  agir,  et  vous  travaillerez  avec  zèle  à  faire  passer 
dans  le  cœur  des  fidèles  confiés  à  vos  soins  ces  vives  ft 
profondes  c'onvictions  qui  nous  sont  communes. 

Nous  commençons  par  vous  faire  part  du  résultat  de 
nos  délibérations,  qui  est  comme  le  thème  et  l'analyse  de 
notre  lettre  pastorale  :  vous  y  trouverez  des  décisions 
claires  et  nettes,  dont  les  unes  sont  des  règles  pratiques 
qui  obligent  en  conscience,  et  les  autres  des  moyens  exté- 
rieurs et  qui  ne  sont  point  étrangères  au  zèle  que  doit  ins- 
pirer l'amour  du  troupeau  de  J.  G.,  dont  le  bien  temporel 
est  souvent  intimement  lié  avec  le  bien  spirituel. 


116  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

DÉCISIONS. 

lo.  Nous  délendons  strictement  la  lecture  des  bibles 
falsifiées. 

2o  Nous  ne  permettons  point  la  lecture  des  bibles  pu- 
bliées sans  l'approbation  des  supérieurs  ecclésiastiques,  et 
sans  notes  explicatives  d'auteurs  catholiques  bien  connus. 

3o.  Nous  réprouvons  la  lecture  de  tout  traité,  pamphlet, 
livre,  journal,  etc.,  contraires  à  la  foi,  ou  aux  moeurs. 
Dans  le  doute,  s'ils  sont  dans  celte  catégorie,  l'on  recourra 
à  l'autorité  diocésaine. 

4o.  Ceux  qui,  après  avoir  été  avertis  de  ces  décisions 
salutaires,  refuseraient  de  s'y  soumettre,  ne  devront  point 
être  admis  aux  sacrements. 

5o.  Les  fidèles  qui  aimeraient  à  lire  l'écriture  sainte 
dans  des  traductions  approuvées  par  raulorité  ecclésiasti- 
que, seront  autorisés  aie  faire,  à  moins  que,  dans  certains 
cas  particuliers,  il  n'y  ait  de  justes  raisons  de  craindre 
que  cette  lecture  ne  leur  soit  préjudiciable. 

60.  Nous  regardons  comme  suffisamment  approuvé  à  cet 
effet  le  Nouveau  Testament  traduit  en  français,  et  impri- 
mé à  Québec  avec  l'approbation  de  Monseigneur  l'Arche- 
vêque, la  bible  de  Douay  et  le  testament  de  Rheims 
traduits  en  Anglais,  et  publiés  avec  l'autorisation  de 
plusieurs  évêques. 

BIBLIOTHÈQUES. 

11  est  évident  que,  pour  éloigner  le  peuple  des  mauvaises 
lectures,  il  importe  de  lui  procurer  les  moyens  d'en  faire 
de  bonnes,  car  il  faut  un  remède  spécifique  pour  chaque 
maladie.  Voici  ce  que  nous  avons  résolu  à  ce  sujet: 

lo.  Nous  recommandons  instamment  l'établissement 
de  bibliothèques  paroissiales,  chaque  paroisse  ou  mission 
pouvant,  ce  nous  semble,  avoir  la  sienne. 

2o.  Pour  favoriser  autant  qu'il  est  en  nous  une  œuvre 
si  louable,  nous  instituons  par  la  présente  dans  chaque 
paroisse,  ou  mission,  en  vertu  des  pouvoirs  que  nous 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  U7 

tenons  du  St.  Siège  Apostolique,  V Œuvre  des  bons  livres^ 
telle  que  fondée  à  Bordeaux,  et  érigée  ensuite  en  con- 
frérie par  les  Souverains  Pontifes,  avec  tous  les  privilèges 
et  indulgences  qui  y  sont  attachés.  Le  règlement  ci-joint 
qui  en  fait  connaître  et  apprécier  les  avantages,  pourra 
être  modifié,  si  on  le  juge  à  propos. 

3o.  Pour  faciliter  l'acquisition  des  livres  les  plus  utiles 
au  peuple  de  ce  pays,  nous  établissons  une  commission 
formée  de  prêtres  des  divers  diocèses  de  cette  province, 
laquelle  devra  s'enquérir  des  meilleurs  ouvrages  qui 
puissent  être  mis  entre  les  mains  des  fidèles,  et  des  moyens 
les  moins  dispendieux  de  se  les  procurer.  On  en  impri- 
mera un  catalogue  auquel  chaque  paroisse  pourra  recou- 
rir pour  faire  choix  de  ceux  qui  lui  conviendront,  et  les 
faire  ensuite  venir  par  quelques  libraires,  sans  s'exposer 
à  des  frais  inutiles.  Chaque  année,  la  commission  donnera 
un  supplément  au  catalogue  général,  s'il  y  a  lieu. 

4o.  Les  messieurs  nommés  pour  former  cette  commis- 
sion sont  :  à  Québec,  M.  le  curé  de  Notre  Dame  et  M.  le 
chapelain  de  St.  Patrice  ;  à  Kingston,  les  deux  chapelains 
des  Congrégations  Irlandaise  et  Canadienne  ;  à  Montréal, 
les  deux  prêtres  bibliothécaires  de  l'œuvre  des  bons  livres 
érigée,  l'une  pour  les  Canadiens  et  l'autre  pour  les  Irlan- 
dais ;  à  Bytown,  deux  des  RR.  F^P.  Oblats  chargés  de  la 
desserte  des  Irlandais  et  des  Canadiens.  Ces  messieurs  se 
concerteront  ensemble  pour  publier  une  seule  et  même 
liste  qpi  convienne  aux  besoins  du  te.ups  et  des  lieux. 

5o.  L'on  se  mettra  en  rapport  avec  fceuvre  des  bons 
livres  de  Bordeaux  et  autres  villes,  afin  de  participer  aux 
avantages  temporels  et  spirituels  dont  jouit  cette  pieuse 
association. 

JOURNAL    ANGLAIS. 

A  l'heure  qu'il  est  le  journalisme  est  une  puissance 
formidable  dont  l'enfer  se  sert  malheureusement  avec 
trop  de  succès,  pourempoisonner  le  monde  de  ses  doctrines 
impies  et  corrompues.  La  religion  se  voit  donc  dans  la  né- 


'l8  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cessité  de  se  servir  de  cette  arme,  pour  combattre  l'erreur 
et  le  mensonge.  Pressés  par  les  besoins  de  l'époque,  et  à 
la  demande  de  plusieurs  laïques  profondément  affligés 
de  voir  que  le  catholicisme  en  Canada  n'a  pas  un  seul 
organe,  dans  la  langue  anglaise,  pour  repousser  les  atta- 
ques incessantes  des  journaux  protestants,  nous  nous 
sommes  arrêtés  à  ce  qui  suit  : 

lo.  Nous  approuvons  de  tout  notre  cœur,  comme  une 
œuvre  avantageuse  à  la  religion,  la  publication  d'un  jour- 
nal religieux  en  anglais,  pourvu  qu'il  ne  s'attache  à  au- 
cun parti  politique. 

2o.  Ce  journal  devra  être,  pour  le  moment,  imprimé  à 
Montréal,  rédigé  par  des  laïques  sous  la  surveillance  de 
quelques  prêtres,  et  publié  une  fois  par  semaine. 

3o.  11  aura  pour  titre  The  true  Witness^  parce  que  sa 
mission  sera  de  rendre  témoignage  aux  saintes  vérités  de 
la  religion  catholique,  dont  Notre-Seigneur  se  déclare  le 
témoin  fidèle  \Jesu  Christo  qui  est  testis  fidelis,  et  dont  tout 
ie  clergé  doit  se  montrer  le  zélé  défenseur  par  tous  les 
moyens  en  son  pouvoir. 

4o.  11  y  aura  dans  chaque  diocèse,  au  moins  un  prêtre 
chargé  spécialement  de  s'enquérir  des  réclamations  parti- 
culières de  sa  localité,  et  de  transmettre  aux  éditeurs  du 
journal  les  renseignements  dont  il  pourraient  avoir  besoin- 
Ils  correspondront  entre  eux  pour  mieux  aviser  aux  meil- 
leurs moyens  de  le  rendre  de  plus  en  plus  intéressant 
sous  tous  les  rapports. 

5o.  MM.  les  curés  et  missionnaires  sont  priés  de  recom- 
mander ce  journal  à  ceux  de  leurs  paroissiens  qu'ils 
croiront  être  en  état  de  le  lire  avec  profit.  Ils  voudront 
bien  en  être  les  agents,  ou  désigner  des  personnes  respec- 
tables pour  remplir  avec  zèle  et  bonne  volonté  les  devoirs 
de  cette  charge,  qui  se  réduisent  à  trouver  autant  d'abou. 
nés  possible  et  à  retirer  leur,abonnement. 

60.  Chacun  sera  prier  de  payer  d'avance  son  abonne- 
ment, pour  la  première  année,  et  d'y  ajouter  une  fois  pour 


CIRCULAIRES   ET  AUTRES  DOCUMENTS.  119 

pour  toutes,  telle  contribution  qu'il  jugera  suffisante  pour 
aider  à  faire  les  frais  d'établissement  qui  se  monte- 
ront probablement  à  deux  ou  trois  cents  livres  courant. 
Le  prix  d'abonnement  sera  de  deux  piastres  et  demie, 
«xcepté  pour  les  abonnés  de  Montréal,  qui  paieront  trois 
piastres,  parcequ'ils  n'ont  aucuns  frais  de  poste  à  suppor- 
ter. 

7o.  Les  examinateurs  ou  surveillants  du  nouveaux  jour- 
nal sont,  pour  le  moment,  M.  Patrick  McMahon,  de  Que 
bec,  M.  le  grand  vicaire  McDonnell  de  Kingston,  M.  John 
Connolly,  du  Séminaire  de  Montréal  et  le  Révd.  Père 
Boyle,  de  Bytown.  C'est  à  l'un  d'eux  que  l'on  devra 
adresser  les  observations  que  l'on  aurait  à  faire  dans 
l'intérêt  du  journal. 

COLONISATION    DES  TOWNSHIPS. 

Une  triste  expérience  n'a  que  trop  prouvé  que  le  séjour 
de  nos  catholiques  aux  Etats-Unis  n'a  été  que  trop  funeste 
à  leur  foi.  Arrêter  ce  flot  d'émigration  a  été  jusqu'à  ce 
jour  chose  impossible.  Cependant  la  première  cause  qui 
forçait  à  aller  à  l'étranger  un  peuple  si  attaché  au  sol 
natal,  disparaît  aujourd'hui  devant  la  bonne  volonté  de 
notre  gouvernement,  qui  travaille  si  sincèrement  à  lui 
faciliter  l'accès  aux  terres  des  townships;  et  la  seconde,  la 
ruine  des  fortunes,  semble  aussi  disparaître  sensiblement, 
depuis  que  le  peuple  embrasse  avec  une  si  louable  ardeur 
la  cause  de  la  tempérance,  source  visible  de  prospérité 
pour  ce  pays.  Ayant  à  cœur  de  favoriser  une  œuvre  si 
digne  de  notre  sollicitude,  nous  avons  adopté  les  disposi- 
tions suivantes  : 

lo.  Nous  exhortons  MM.  les  curés  à  former  dans  chaque 
paroisse  une  société  pour  la  colonisation  sur  le  modèle  de 
celles  qui  existent  déjà  dans  diverses  paroisses  du  diocèse 
<le  Québec,  et  notamment  de  celle  qui  a  été  formée  dans 
le  comté  de  Kamouraska.  Nous  joignons  à  la  présent© 
un  abrégé  des  règles  qui  régissent  celle-ci,  sans  cependant 


120  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

prétendent  ôter  à  chaque  société  la  liberté  de  s'en  donner 
d'autres,  si  elle  le  juge  à  propos. 

2o.  Nous  invitons  nos  dignes  coopérateurs  à  recomman- 
der fortement  cette  œuvre  patriotique  que  nous  regardons 
aussi  comme  religieuse,  aux  peuples  confiés  à  leur  solli- 
citude, surtout  dans  les  réunions  du  mois  qui  ont  lieu 
dans  plusieurs  endroits  de  la  province  ecclésiastique. 
MM.  le  grand  vicaire  Mailloux,  dans  le  diocèse  de  Québec, 
Désauteis,  dans  le  diocèse  de  Montréal,  Farrell,  dans  le 
diocèse  de  Kingston,  et  le  Révd.  P.  Dandurand,  dans  celui 
de  Bytown,  sont  chargés  plus  particuUèrement  de  propa- 
ger le  zèle  de  la  colonisation. 

3o.  Dans  chaque  ville  épiscopale,  il  sera  nommé  des 
ecclésiastiques,  ou  laïques,  dont  la  mission  sera  de  favori- 
ser la  bonne  œuvre,  en  obtenant  du  gouvernement,  ou  de 
la  compagnie  des  terres,  des  concessions  avantageuses. 

4o.  Un  agent  ayant  été  nommé  pour  représenter  à 
Toronto,  pendant  le  prochaine  session  du  parlement,  les 
évêques  de  la  province  ecclésiastique,  et  y  veiller  aux 
intérêts  de  la  religion,  il  sera  chargé  de  solliciter  de  la 
législature  les  actes  et  octrois  nécessaires  pour  faciliter  la 
colonisation,  surtout.'pour  pratiquer  des  chemins  de  com- 
munication entre  les  habitations  et  les  terres  incultes  qui 
en  sont  ordinairement  fort  éloignées.  M.  le  grand  vicaire 
McDonnell,  de  Kingston,  a  bien  voulu  accepter  cette 
fonction  importante.  Ses  talents  bien  connus  et  sa  lon- 
gue-expérience acquise  par  de  continuels  rapports  avec  le 
gouvernement  et  la  législature,  sont  de  justes  litres  à  la 
confiance  qui  lui  est  accordée. 

MISSION    DES    CHANTIERS. 

Depuis  quelques  années,  l'on  a  à  bénir  la  divine  misé 
ricorde  du  prodigieux  changement  opéré  chez  les  jeunes 
gens  qui  travaillent  dans  les  chantiers.     Il  faut  l'attrinuer 
au  zèle  des  RR.  PP.  Oblats  qui  se  sont  imposé  le  pénible 
ministère  de   les  visiter  dans  les  forêts,  et  de  les   des- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  12F 

servir  à  Rytown  et  dans  les  environs,  où  le  scandale 
les  attendait  à  toutes  les  portes.  Pour  généraliser  ce  bie» 
si  heureusement-  commencé,  voici  ce  que  nous  avons 
décidé  : 

lo.  L'on  donnera  à  Québec  et  à  Montréal  des  exercices 
particuliers  pour  les  hommes  des  chantiers  et  des  cages 
qui,  pendant  la  saison  de  l'été,  on  coutume  de  séjourner 
quelque  temps  dans  ces  deux  villes. 

2o.  Les  exercices  se  feront  à  Québec  dans  l'église  de 
Notre-Dame  de  la  Victoire,  à  la  Basse-Ville,  et  à  Montréal, 
dans  celle  de  Notre-Dame-de-Bonsecours.  On  choisira, 
pour  réunir  ceux  à  qui  ils  sont  destinés,  les  heures  qui 
les  accommoderont  davantage  et  ont  les  en  informera  à. 
temps. 

3o.  Quant  à  Bytown,  il  s'y  donnera  quatre  retraites  par 
an,  lesquelles  se  feront  les  trois  jours  qui  précèdent  la 
Nativité  de  la  Bienheureuse  Vierge,  la  solennité  du  St 
Rosaire,  le  15  octobre  et  le  20  janvier. 

4o.  A  la  rivière  Trent^  dans  le  diocèse  de  Kingston,  il 
sera  donné   des  exercices  particuliers,  par   les  mission 
naires    du  lieu,  aux  gens  employés  dans  les  chantiers, 
quand  ils  s'y  trouveront  réunis  en  nombre  suffisant. 

5o.  MM.  les  curés  des  paroisses  qui  se  trouvent  sur  la 
roule  que  suivent  les  hommes  de  cages  de  Bytown  à 
Québec,  sont  priés  de  veiller  sur  eux  quand  ils  les  verront- 
s'arrêter  dans  leurs  paroisses,  et  de  s'entendre  avec  quel- 
ques-uns de  leurs  bons  et  charitables  paroissiens,  pour  les 
déto'irner  des  auberges  et  leur  porter  secours  au  besoin 

60.  MM.  les  curés,  ayant  dans  les  paroisses  des  jeunes 
gens  qui  vont  dans  les  chantiers,  sont  invités  à  les  réunir 
à  l'église,  à  l'époque  de  leur  départ,  pour  leur  donner  des 
avis,  les  confesser  et  leur  recommander  de  prendre  part 
aux  exercices  religieux  indiqués  ci-dessus,  de  ne  se  loger 
que  dans  des  auberges  bien  tenues,  lorsqu'ils  s'arrêtent 
quelque  part,  de  se  pourvoir  des  vêtements  nécessaires 
pour  n'être  pas  obligésdelesacheter  àdes  prix  très  élevés- 


122  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES. 

dans  les  chantiers,  de  ne  pas  craindre  de  faire  leurs  prières 
soir  et  matin,  malgré  les  railleries  dont  ils  pourraient 
être  l'objet,  de  rester  le  moins  longtemps  possible  dans 
les  villes,  etc. 

7o.  Un  avis  qu'il  importe  surtout  de  leur  donner  à  leur 
arrivée  à  Québec  et  à  Montréal,  où  ils  sont  exposer  à  aller 
gaspiller  leur  argent  dans  des  maisons  suspectes,  tout  en 
perdant  leur  âme,  est  de  les  engager  à  déposer  leur  argent 
dans  une  banque  d'épargnes,  ou  de  le  prêter  à  des  gens 
honnêtes  et  soivables,  afin  qu'en  gardant  ainsi  avec  soin 
leurs  gages,  ils  puissent,  après  quelques  années  de  travail, 
acheter  des  terres  productives,  ce  qui  leur  sera  d'autant 
plus  facile  que  le  gouvernement  cède  maintenant  celles 
de  la  couronne  à  meilleure  composition  que  jamais.  Cette 
recommandation  devra  aussi  leur  être  faite  partout  où 
i.Von  aura  occasion  de  les  rencontrer  et  de  leur  parler. 

SECOURS  AUX  CANADIENS  DES  FRONTIÈRES. 

Si  l'on  a  beaucoup  à  louer  Dieu  de  l'heureux  change- 
ment qui  s'est  opéré  chez  les  gens  employés  dans  les 
chantiers,  l'on  n'a  pas  moins  à  gémir  de  l'esprit  d'apathie 
et  assez  souvent  d'apostasie  de  ceux  de  nos  catholiques 
qui  vont  travailler  aux  Etats  Unis,  Il  faut  avouer  toute 
fois  que  le  grand  nombre  demeurent  attachés  à  la  foi  du 
sol  natal  ;  seulement  il  est  à  regretter  que  les  évêques  des 
diocèses  voisins  n'aient  pas  de  prêtres  à  donner  à  des  gens 
si  avides  d'en  avoir,  qui  en  demandent  avec  tant  d'ins- 
tances, et  qui  profitent  si  bien  des  secours  de  la  religion 
•quand  on  va  les  leur  porter  :  l'expérience  qui  en  a  été  faite 
l'année  dernière,  et  celte  année  encore,  dans  les  diocèses 
de  Boston  et  d'AIbany,  est  vraiment  encourageante.  Nous 
sentons  vivement  l'importance  qu'il  y  a  de  ne  pas  aban- 
donner à  leur  sort  ces  pauvres  gens  qui  nous  tendent  sans 
•cesse  des  mains  suppliantes,  pour  nous  dire  comme  le 
3kIacédonien  à  St.  Paul  :  Secourez-nous.    Il  y  va  du  bien 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  123 

même  de  nos  paroisses,  dans  lesquelles  beaucoup  de  ces 
infortunés  ne  reviennent  que  pour  y  apporter  des  princi- 
pes corrupteurs.  Mais  tout  ce  que  nous  pouvons  faire  en 
leur  faveur  est  de  déclarer  que  nous  seconderons  de  tout 
notre  cœur  le  zèle  de  nos  chers  collaborateurs,  qui  au- 
raient le  temps  et  les  forces  nécessaires  pour  aller  porter 
les  paroles  de  la  vie  à  nos  frères  qui  périssent  ainsi  à 
l'étranger. 

MISSIONS  CHE2  LES  SAUVAGES. 

Pour  conserver  la  foi  antique  de  nos  pères,  et  pour  la 
propager  et  l'enraciner  de  plus  en  plus  dans  notre  pays, 
qui  semble  être  spécialement  privilégié  de  la  Divine  pro- 
vidence, nous  avons  pensé  qu'il  importait  de  favoriser 
l'établissement  de  missions  fixes  chez  les  sauvages.  Nous 
avons  donc  résolu  de  ne  rien  négliger,  pour  faire  résider 
des  missionnaires  à  différents  postes  du  vaste  territoire  de 
la  baie  d'Hudson,  afin  que  les  sauvages  qui  l'habitent 
puissent  être  évangélisés.  Nous  exhortons  MM.  les  curés 
et  autres  prêtres  employés  dans  le  saint  ministère,  à  nous 
en  fournir  les  moyens,  en  travaillant  à  répandre  de  plus 
en  plus  dans  nos  paroisses  et  missions  le  zèle  pour  l'œuvre 
de  la  Propagation  de  la  Foi. 

AGENCE    A    ROME. 

Ce  qui  affermit  la  foi  dans  un  pays,  c'est  rattachement 
au  St.  Siège  Apostolique.  Plus  on  a  de  rapports  intimes 
avec  la  chaire  de  St.  Pierre,  plus  la  foi  est  ferme  et  éclai- 
rée, car  c'est  de  ce  tribunal  infaillible  qu'émanent  tant  de 
décisions  qui  sont  pour  toute  l'église  des  règles  de  foi  et 
de  morale.  Ces  raisons  et  beaucoup  d'autres  nous  ont 
déterminés  à  avoir  constamment  à  l'avenir,  dans  la  Ville- 
Sainte,  un  Agent  chargé  de  représenter,  auprès  du  Vicaire 
de  Jésus-Ghrisf,  le  clergé  de  la  province  ecclésiastique  de 


124  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Québec,chaque  diocèse  devant  avoir  droit  d'y  envoyer  à  son 
tour  un  de  ses  prêtres.  Il  convenait  que  la  Métropole  eût 
l'initiative,  et  son  choix  est  tombé  sur  M.  Charles-François 
Baillargeon.  curé  de  Québec,  qui  n'a  accepté  que  par  obéis- 
sance, mais  qui,  nous  le  croyons,^n'eu  rencontrera  que 
mieux  la  sympathie  de  ses  confrères.  Son  mérite  bien 
connu  le  rendait  digne  d'une  si  haute  mission,  et  la  capa- 
cité dont  il  a  fait  preuve  est  pour  tous  une  garantie  qu'il 
en  remplira  les  devoirs  avec  succès.  En  établissant  cette 
agence,  nous  avons  sans  doute  eu  vue  par  dessus  toutes 
choses  Je  bien  de  l'église  du  Canada;  mais  nous  nous 
trouvons  heureux  de  pouvoir  procurer  en  môme  temps  au 
clergé  qui  nous  seconde  avec  tant  de  zèle,  un  moyen  ho- 
norable d'aller  puiser  à  leurs  sources  des  connaissances 
canoniques  qui  ne  manqueront  pas  de  faire  briller  un  jour 
à  l'étranger  le  clergé  de  cette  province  d'un  éclat,  dont  la 
religion  devra  s'honorer  et  la  patrie  se  glorifier.  Nous 
pensons  que  tous  les  prêtres  aimeront  à  contribuer  de 
quelque  chose  à  cette  œuvre  qui  intéresse  la  foi  du  peuple 
et  l'honneur  du  clergé.  Nous  les  y  invitons  avec  con- 
fiance, en  les  prévenant  toutefois  que  leur  souscription 
annuelle  pour  cela  ne  devra  pass'éleveraudessusdequatre 
piastres.  Ils  ont  en  effet  tant  d'œuvres  à  soutenir  et  si  peu 
de  ressourcesà  leur  disposition  dans  ces  années  de  détresse^ 
qu'il  y  aurait  indiscrétion  à  leur  demander  davantage. 
D'ailleurs  le  grand  nombre  supplée  à  la  modicité  de 
l'offrande.  Une  partie  de  la  souscription  servira  à 
défrayer  les  dépenses  de  l'agent  député  à  Toronto, 
auprès  du  gouvernement.  Les  contributions  ainsi  données 
pourront  être  mises  entre  les  mains  du  grand-vicaire,  ou 
de  l'archiprêtre  le  plus  voisin,  qui  voudra  bien  avoir  la 
complaisance  de  les  transmettre,  aussitôt  que  possible,  au 
secrétariat  du  diocèse  auquel  il  appartient. 

En  imposant,  par  notre  présente  lettre,  à  MM.  les  Curés 
de  si  nombreux  devoirs,  nous  ne  sommes  pas  sans  inquié- 
tude pour  un  grand  nombre   d'entre  eux  qui  sont  déjà 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  125 

chargés  de  tant  de  soins  multipliés.  Mais  la  foi  en  danger 
nous  oblige  à  fermer  les  yeux  sur  cette  considération. 
Nous  connaissons  au  reste  leur  zèle  pour  la  religion  et 
leur  géhéreuse  disposition  à  tout  sacrifier  pour  le  bien  da 
troupeau  de  Jésus-Gnrist.  Dans  un  temps  comme  celui-ci, 
où  l'on  fait  tant  d'efforts  pour  avilir  le  clergé,  et  le  repré- 
senter comme  un  corps  à  charge  au  peuple,  prouvons  par 
nos  bienfaits  qu'il  n'en  est  rien.  Que  nos  œuvres  mises  en 
contraste  avec  celles  des  hommes  qui  se  déclarent  si  gra- 
tuitement nos  ennemis,  suffisent  pour  faire  connaître  à  ce 
bon  peuple  quels  sont  ses  vrais  amis.  Que  l'emploi  hono- 
rable que  nous  ferons  des  biens  de  l'église  ferme  la  bou- 
che à  ceux  qui  travaillent  avec  tant  d'acharnement  à  nous 
réduire  à  la  chétive  pitance  du  pauvre.  Sous  l'étendard 
de  notre  auguste  Dame  et  Souveraine  qui  a  dit  avec  autant 
d'humilité  que  de  véri'.é  :  fecit  mihi  magna  qui  potens  est, 
continuons  noire  œuvre  avec  courage,  et  nous  verrons 
par  une  douce  expériencfi  que  l'on  peut  tout  quand,  pour 
Dieu,  l'on  ne  fait  qu'un  cœur  et  qu'une  âme. 

CAS  RÉSERVÉS. 

Nous  terminons  celte  longue  lettre,  en  vous  informant 
que  nous  n'avons  pu  régler  définitivement  ce  qui  regarde 
l'importante  discipline  des  cas  réservés,  dont  noua  nous 
sommes  sérieusement  occupés,  et  sur  laquelle  nous  avons 
consulté  le  travail  résultant  des  conférences  ecclésiasti- 
ques déjà  tenues  sur  cette  matière  à  Montréal.  Nous  avons 
cru  devoir  en  remettre  la  décision  au  premier  Concile 
provincial  dont  nous  sommes  bien  aises  de  vous  annoncer 
que  l'ouverture  aura  lieu  le  15  août  1851.  En  attendant, 
nous  vous  donnons  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures  et 
des  cas  réservés  à  l'évêque,  jusqu'à  la  publication  des 
actes  du  Concile.  Quant  aux  cas  réservés  au  Pape,  l'on 
se  bornera  à  user  des  permissions  accoriées  à  ce  sujet  par 
le  rituel  en  usage  dans  chaque  diocèse. 


126  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Vous  pourrez  communiquer  aux  fidèles  les  différent» 
articles  de  la  présente  circulaire  qui  vous  paraîtront  pro- 
pres à  les  intéresser. 

Nous  sommes  bien  cordialement, 
Monsieur, 

Vos  très- humbles  et  obéissants  serviteurs, 
f  P.   F.   Ev.   DE  SiDYME,    Coad.  de   Québec  et  Adm.   de 

rArchidiocèse. 

■f  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

f  Patrick  Ev.  de  Carrha,  Coad.  et  Adm.  de  Kingston. 

■f  J.  C.  Ev.  DE  Martyropolis,  Coadjuteur  de  Montréal. 

f  Jos.  Eugène,  Ev.  de  Bytown. 

N.  B. — La  lettre  pastorale  qui  accompagne  la  présente  pourra 
être  lue  par  parties,  si  MM.  les  curés  le  jugent  plus  convenable  pour 
l'établissement  des  œuvres  qui  y  sont  re>?ommandées  :  par  exemple,  la 
lecture  de  ce  qui  regarde  les  bibliothèques  paroissiales  pourrait  être 
différée  jusqu'à  ce  que  tout  soit  disposé  pour  le  succès  d'une  pareille 
œuvre.  On  laissée  leur  discrétion  d'omeJtre  ce  qui  leur  paraîtrait  ne 
point  convenir  à  leurs  paroisses.  On  a  cru  devoir  entrer  dans  certains 
détails  pour  qu'il  y  ait  uniformité  dans  des  mesures  qui  intéressent  si 
vivement  le  bien  commun  de  la  province  ecclésiastique.  On  observera 
de  ne  Taire  aucune  allusion  directe  et  personnelle,  alin  de  ne  se  mettre 
aux  frises  avec  qui  que  ce  soit.  11  est  à  propos  de  ne  pas  employer  plu* 
d'une  demi-heure  à  chacun  des  prônes  auxquels  l'on  publiera  quelque 
partie  de  la  lettre  pastorale. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGE 


Montréal,  le  6  Juin  1850. 
Monsieur  le  Ctiré, 

Dans  ce  temps  mauvais  où  l'esprit  d'incrédulité  est  si 
hostile  au  Clergé,  j'ai  cru  que  la  voix  la  plus  capable  de 
soutenir  l'honneur  qui  lui  est  dû,  est  celle  de  l'Eglise, 
Car,  la  voix  d'une  bonne  mère  n'est  jamais  suspecte,  et 
elle  va  toujours  au  cœur  des  enfants,  quelque  dénaturés 
qu'ils  puissent  être.  C'est  pour  cette  raison  que  je  me 
suis  attaché,  dans  le  Mandement  de  Visite  ci-joint,  à  la 
faire  parler,  dans  ses  augustes  cérémonies,  en  faveur  de 
«es  Pasteurs.  Veuillez  entrer  dans  cette  pensée  et  donner^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  127 

dans  vos  instructions,  tout  le  développement  que  mérite 
un  sujet  si  important  et  que  je  n'ai  pu  qu'esquisser  rapi- 
dement. Afin  que  ce  Mandement  puisse  produire  à  la  lon- 
gue un  effet  si  désirable,  je  l'ai  fait  imprimer  en  petit  for- 
mat, pour  que  chacun  pût  se  le  procurer,  et  l'avoir  sous  les 
yeux,  en  suivant  les  exercices  de  la  Visite  Pastorale.  Vous 
pourrez  plus  tard  juger  des  bons  effets  de  cette  tentative  r. 
ce  qui  vous  donnera  occasion  d'expliquer,  en  temps  et 
lieu,  les  autres  cérémonies  employées  tant  ûans  les  offi- 
ces que  dans  l'administration  des  sacrements. 

Gomme  la  bonne  communion  est  le  fruit  ordinaire  de 
tout  exercice  religieux,  je  vous  prie  de  vous  arranger  avec 
vos  voisins,  pour  procurer  à  vos  Paroissiens  autant  de 
confesseurs  qu'il  en  faudra  pour  pouvoir  satisfaire  à  leur 
piété  dans  la  Visite.  C'est  encore  dans  cette  vue  que  je 
suis  décidé  à  me  faire  accompagner  par  au  moins  trois 
prêtres.  Peut-être  trouverez-vous  bon  de  commencer  les 
confessions  avant  la  Visite,  laissant  aux  personnes  qui  se 
confessent  à  l'avanne  la  liberté  de  ne  communier  que  le 
lendemain  de  l'arrivée  de  l'Evêque. 

Afin  de  donner  plus  de  temps  aux  confessions,  nous 
réglerons  toutes  choses  pour  que  lesexeicices  de  la  Visite- 
soient  courts.  Pour  la  même  raison,  vous  ferez  bien  de 
donner  les  billets  de  confirmation  et  d'arranger  toutes- 
choses,  pour  n'être  point  obligé  de  quitter  le  confessionaL 

Je  vous  recommande  d'avoir  des  grilles,  pour  que  lefr 
prêtres  y  puissent  tenir  à  la  journée  ;  et  que  les  pénitents 
n'y  soient  point  entendus  ;  ce  qui  dans  ce  temps  de  con- 
cours, pourrait  aisément  arriver  à  cause  de  la  foule.  Il  en 
faut  faire  faire  plus  que  moins,  pour  que  personne  n'en 
manque.     Le  ministère  ne  peut  manquer  d'être  béni, 
quand  il  s'exerce  suivant  les  saintes  règles  de  l'Eglise. 
Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur  le  curé. 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

-]-  Ig.  Ev.  de  Montréal.. 


3Î28  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT  DE  VISITE. 

Ignace  Bourget,  par  la  viisericorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
St. -Siège  Apostolique,  Eve  que  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  el  aux  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  Salul  et  Bénédiction  en 
Notre  Seigneur  Jésus-Christ. 

Nous  vous  annonçons.  Nos  Très-Chères  Frères,  q ue  bien- 
tôtNous  nous  rendrons  dans  voire  Paroisse,  pour  y  faire 
la  Visite  Pastorale.  La  foi  vive,  qui  vous  anime,  remplit 
sans  doute  vos  cœurs  d'une  joie  toute  sainte,  à  cette  heu- 
reuse nouvelle.  Car  elle  vous  fait  apercevoir,  dans  cette 
Visite  de  votre  premier  Pasteur,  celle  de  Notre-Seigneur, 
qui  vient  à  vous.,  plein  de  grâce  et  de  vérité  ;  (Jean.)  et  qui 
aujourd'hui,  comme  au  temps  de  sa  vie  mortelle,  doit  mar- 
quer son  passage  par  d'innombrables  bienfaits.  Pertransiit 
ienefaciendo.  (Act.  10.  38.) 

Et  en  effet,  quiconque  voudra  fermer  les  yeux  de  la 
chair,  qui  lui  feraient  ne  voir  en  Nous  que  l'homme,  avec 
toutes  les  faiblesses  de  la  pauvre  humanité,  y  découvrira 
sans  peine,  avec  les  lumières  de  la  foi,  \homme  de  Dieu 
dispensant  ses  redoutables  mystères,  et  \  Ambassadeur  dejésus- 
Chrit,  exerçant  sa  puissance  et  sa  charité,  pour  le  salut  des 
tiommes.  Sicut misit  me  Pater,  et  egomittovos.  (Jean.  20.21.) 

C'est  à  rendre  cette  vérité  sensible  que  l'Eglise  s'attache, 
quand  elle  déploie  tant  de  pompe  dans  les  cérémonies  de 
la  Visite  Episcopale.  Ces  augustes  cérémonies  sont  des 
langues  si  éloquentes,  que  nous  allons,  Nos  Très-Chers 
Frères,  les  laisser  vous  dire,  dans  leur  louchant  langage, 
que  ce  n'est  pas  l'homme  que  vous  aller  recevoir,  mais 
Jésus-Christ  lui-même.  Qui  recipit  vos  vierecipit.  (Math. 
10.  40.)  Elles  vous  diront  aussi  ces  majestueuses  cérémo- 
nies, la  nécessité  pour  vous  de  vous  préparer  soigneuse- 
ment aux  grâces  que  vient  vous  apporter  ce  bon  Maître, 
.en  visitant  votre  V?iVQ)\%^Q,.Parateviam  Domini.  (Math.  3.3.1 
Elles  ont  été,  vous  n'en  doutez  pas,  inspirées  à  l'Eglise, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  129 

par  l'Esprit-Saint  pour  pénétrer  vos  âmes  d'un  respect 
religieux  pour  vos  Pasteurs.  Puisse  le  court  tableau  que 
Nous  allons  vous  en  tracer,  y  enraciner  de  plus  en  plus 
la  foi,  l'amour  et  la  confiance  que  vous  leur  devez. 

D'abord,  l'Evoque  vous  apparaît,  revêtu  d'ornements 
sacrés  auxquels  sont  attachés  des  significations  mysté- 
rieuses, et  les  grâces  spéciales  du  ministère.  Ses  mains 
consacrées  pour  poj-ter  les  vases  du  Seigneur,  (Tsaïe  12),  c'estr-à- 
dire,  les  âmes  pures  et  innocentes  confiées  à  sa  vigilance, 
sont  couvertes  de  gants  précieux.  C'est  par  respect  pour 
l'onction  sainte  dont  elles  sont  imprégnées,  pour  mieux 
vous  signifier  les  Mains  Vénérables  de  Jésus-Christ,  le 
véritable  Jacob,  qui  a  mérité  toutes  les  bénédictions  du 
Fils  Aîné,  pour  s'être  humilié  jusqu'à  prendre  les  appa- 
rences du  péché,  figuré  par  les  peaux  de  chameau,  qui 
couvraient  les  mains  de  ce  Saint  Patriarche.  C'est  ainsi 
que,  sous  le  voile  de  l'humilité,  Dieu  a  caché  dans  les 
mains  de  votre  Evêque,  les  abondantes  bénédictions  qu'il 
vous  réserve  dans  la  Visite  qu'il  va  vous  faire  de  sa  part. 

L'anneau  qu'il  porte  au  doigt  est  spécialement  bénit, 
pour  le  signe  de  l'alliance  sacrée  qui  l'unit  à  chaque  Pa- 
roisse, et  le  symbole  de  la  fidélité  avec  laquelle  il  doit 
travailler  à  les  orner  toutes  des  dons  du  St.  Esprit,  que 
l'Eglise  appelle  le  doigt  de  la  Main  droite  de  Dieu.  La 
Crosse  qu'il  tient  à  la  main  est  le  bâton  sacré  que  lui  a 
donné  le  Dieu  Tout  puissant,  pour  lui  aider  à  soutenir  le 
poids  écrasant  de  la  charge  Episcopale,  et  la  Houlette  Pas- 
torale, qui  lui  inspire  une  pieuse  sévérité,  pour  corriger 
les  abus  et  une  sage  discrétion  pour  s'insinuer  dans  les 
cœurs  et  les  gagner  à  Dieu.  La  Mitre  précieuse  qui  orne 
sa  tête  le  fait  aisément  reconnaître  pour  le  conducteur 
du  Peuple  de  Dieu,  dans  les  déserts  de  cette  vie,  au  vif 
éclat  des  lumières  qui  brillent  sur  sa  face,  comme  sur 
celle  de  Moïse,  qui  lui-même  n'était  que  la  figure  de 
Jésus-Christ,  tout  resplendissant  de  gloire  sur  le  Thabor. 
Cette  Mître  est  pour  lui  le  casque  du  salut,  chaque  fois 

9 


130  MANDEMENTS,  LET'ÎRES  PASTORALES. 

qu'il  lui  faut  entrer  en  lutte  contre  lee  ennemis  de  la 
vérité.  Par  les  prières  de  l'Eglise,  elle  le  rend  terrible 
dans  les  combals  du  Seigneur  :  Qiiatenus  terribilis  appa- 
rafis  adversariis  veritatis.  A  un  appareil  si  pompeux,  vous 
reconnaissez  Jésus-Christ  que  St.  Paul  appelle  la  splendeur 
de  la  gloire  de  Dieu,  et  la  parfaite  Image  de  sa  substance. 
(Heb.  1  3.) 

Ainsi  revêtu  et  orné,  TEvêque  se  met  humblement  à 
genoux  sur  le  seuil  de  la  porte  du  Presbytère,  et  baise 
amoureusement  la  Croix  que  lui  présente  le  Curé,  et  sur 
laquelle  a  expiré  le  Bon  Pasteur,  pour  l'amour  de  ses 
brebis.  C'est  ainsi  qu'à  la  face  de  toute  la  Paroisse 
assemblée,  et  pour  premier  acte  de  visite,  il  proteste  hau- 
tement qu'il  veut  être  le  serviteur  de  tous.  Pour  remplir 
les  graves  devoirs  de  cette  glorieuse  servitude,  il  em- 
brasse de  bon  cœur  les  croix  innombrables  attachées  à 
son  ministère.  Et  c'est  pour  cela  qu'il  porte  jour  et  nuit 
sur  son  cœur  cette  croix  sainte  qui  est  pour  lui,  comme 
pour  son  peuple,  l'étendard  du  salut. 

Pendant  qu"'il  s'humilie  de  la  sorte,  l'Eglise  le  relève  en 
chantant  avec  transport  :  Nous  vous  saluons,  ô  grand 
Prêtre  ;  Soyez  béni,  ô  Pontife.,  qui  venez  renouveler  parmi 
nous  les  œuvres  merveilleuses  de  notre  Dieu  ;  Soyez  le 
bien-venu,  ô  bon  Pasteur.,  puisqu'en  vous  sacrifiant  pour 
votre  peuple  vous  avez  su  gagner  les  bonnes  grâces  du 
Seigneur  :  Sacerdos  et  Pontifex  et  virtutum  opifex,  Pastor 
bone  in  populo,  sic  placuisti  Domino. 

L'on  se  rend  à  l'Eglise,  au  milieu  de  ces  c  cclamations 
joyeuses,  et  la  voix  si  connue  de  la  cloche  paroissiale, 
venant  mêler  son  doux  et  harmonieux  accent  à  ce  chant 
sacré,  d'ineûables  émotions  se  font  sentir  aux  âmes  reli- 
gieuses ;  et  alors  les  yeux  pénétrants  de  la  foi  découvrent 
sans  peine  à  travers  de  viles  dehors,  Jésus-Christ  le  bon 
Pasteur,  le  véritable  Evêque  de  nos  âmes.  Pastor  on  et  Epis- 
copum  animarum  vestrarum.   (1.  J-*et.  2,  25.) 

Le  premier  pas  que  l'on  fait  dans  l'enceinte  sacrée,  est 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  131 

un  acte  religieux,  qui  rappelle  la  première  et  mémorable 
parole  qu'a  fait  entendre  à  la  terre  coupable,  le  Dieu  du 
ciel,  quand  il  s'y  est  rendu  visible,  poir  converser  avec 
les  hommes.  Purifiez-vous  dans  les  larmes  de  la  pénitence  ; 
et  croyez  à  l'Evangile.  Pœnitemini  et  crédite  Evangelio 
(Marc.  1. 15).  L'Evêque  s'asperge  le  premier,  pour  recon 
naître  a^^ec  l'Apôtre  qu'il  est  le  plus  grand  des  pécheurs  ; 
Quorum  primus  ego  suffi  (l  Tim.  1.  16).  Il  répand  ensuite 
l'eau  sainte  sur  la  paroisse,  pour  lui  communiquer  l'esprit 
de  componction.  L'aspersoir  est  dans  sa  main  ce  qu'était 
dans  celle  de  Moïse  la  Verge  d'Aaron.  Il  frappe  les  cœurs 
des  pécheurs  plus  durs  que  les  rochers  :  et  il  en  sort  des 
torrents  de  larmes  ;  Percussit  Petram  et fluxerimt  aquœ.  (Ps. 
77.  20).  A  cet  acte  expiatoire  succède  l'encensement  de 
l'Evêque,  par  le  Curé,  au  nom  de  la  paroisse.  Qui  ne  voit 
que  l'Evêque  est  là,  comme  l'ange  du  Seigneur,  recevant 
les  parfums,  c'est-à-dire,  les  ferventes  prières  de  la  paroisse, 
pour  les  porter  avec  les  siennas,  au  saint  Autel  ?  Sicut 
Afigelufti  Dei  excepistis  me.  (Gai.  4.  14). 

La  rentrée  au  sanctuaire  est  un  moment  solennel  dont 
l'impression  est  poignante  pour  les  cœurs  de  foi.  Tous 
tombent  à  genoux  aux  pieds  du  Souverain  Pasteur,  réel- 
lement présent  dans  son  Tabernacle,  ce  Trône  de  toutes 
grâces.  Ah  1  c'est  que  tous  doivent  l'adorer,  les  Anges 
du  ciel,  aussi  bien  que  ceux  de  la  terre.  Adoretit  euffi  onmes 
Afigeli  ejus.  (Heb.  1.  6).  Le  chant  sacré  cesse  :  et  après  un 
instant  d'un  silence  pénétrant,  une  voix  se  fait  entendre  ; 
c'est  celle  lu  Pasteur  de  la  Paroisse,  qui  seul  debout  au 
coin  de  l'Autel,  envoie,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de 
son  troupeau,  un  soupir  ardent  vers  le  ciel.  Il  réclame 
instamment  le  secours  de  Dieu  qui  est  notre  Protecteur  à 
tous.  Protector  noster  aspice  Deus.  Le  cœur  et  l'oreille  de 
Dieu  sont  réjouis  de  ce  cri  de  confiance,  échappé  de  la 
bouche  du  Pasteur.  A  l'instant  il  en  sort  une  autre  de  la 
poitrine  du  troupeau,  qui  fixe  le  regard  d'un  Dieu  si  bon 
sur  l'Evêque  qui  est  pour  remplir  l'ofiBce  de  son  Christ  : 


132  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Et  respice  in  facie7n  Christi  tut.  Ce  dialogue  sacré  ainsi 
entamé  se  prolonge  :  le  divin  feu  de  la  prière  s'allume 
et  s'embrase  ;  les  promesses  faites  aux  humbles  s'accom- 
plissent ;  des  consolations  ineffables  soulagent  tous  les 
cœurs  ;  des  grâces  abondantes  arrosent  le  sein  de  la  Pa- 
roisse agenouillée  dans  son  temple  :  enfin,  tout  annonce 
que  Dieu  est  là  présent.  Timm  innobis  sentia?nus  adveiitum. 
(Or.  de  l'Eg.) 

C'est  au  milieu  de  toutes  ces  ardeurs  qui  saisissent  et 
enlèvent,  que  l'Evèque  dirige  ses  pas  vers  l'Autel  dont 
il  franchit  les  redoutables  degrés,  avec  un  saint  tremble- 
ment. Il  le  baise  avec  respect  et  amour,  parce  qu'il  est 
Y  escabeau  sur  lequel  repose  le  pied  de  celui  qui  règne  au  plus 
haut  des  cieux.  (Ps.  93,  5.)  Alors  recommencent  les  chants 
et  les  prières.  C'est  pour  implorer  le  secours  du  Bienheu- 
reux, qui  est  au  ciel  le  patron  invisible  de  la  Paroisse, 
sur  le  l'asteur  qui  en  est  le  Patron  visible  sur  la  terre. 
Pour  sauver  les  hommes  confiés  à  leurs  soins,  ils  se  don- 
nent la  main  en  faisant  ensemble  un  traité  d'alliance.  Le 
Patron  du  ciel  s'engage  à  prier,  et  celui  de  la  terre  s'o- 
blige à  travailler,  pour  le  salut  du  peuple  de  Dieu.  Demus 
dexteras  hominibus.  (I  Mac,  6,  59).  Leurs  efforts  réunis  ont 
pour  objet  de  conduire  sans  danger  ce  peuple  chéri  au 
rivage  de  la  bienheureuse  éternité..  Da^nus  dexteras  securi- 
tatis.  (II  Mac.  1 1 ,  30).  C'est  à  ces  patrons  que  l'Eglise  adresse 
cette  touchante  prière  :  Sanctifiez  les  Paroisses  dont  la 
garde  vous  a  été  confiée..  Loca  sanctificate  :  Bénissez  le 
peuDle  que  le  Seigneur  a  mis  sous  votre  protection  :  Ple- 
bem  benedicite.  Veillez  sur  les  hommes  pécheurs,  qui  vous 
sont  recommandés,  pour  que  toujours  ils  vivent  en  paix 
comme  des  frères  :  Homines  peccatores  in  pace  custodite. 
Oh  !  qu'il  est  touchant  et  consolant  pour  chaque  Paroisse 
le  culte  de  son  saint  Patron  !  Oui  :  vraiment  c'est  pour  toute 
la  famille  paroissiale  un  père  ou  une  mère  que  le  saint 
ou  la  sainte  à  qui  Dieu  en  a  confié  le  soin.  Aussi  mérite- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  133 

t  il,  Nos  Très  Chers  Frères,  votre  amour  et  votre  recon- 
naissance tous  les  jours  de  votre  vie. 

Après  que  tous  les  cœurs  ont  été  ainsi  préparés  par  les 
vives  émotions  de  ces  chants  divins  et  de  ces  pompeuses 
cérémonies,  l'Evêque  fait  entendre  sa  voix,  pour  la  béné- 
diction solennelle  de  son  troupeau.  Il  ouvre  d'abord  son 
cœur  avec  la  croix,  qui  en  est  comme  la  clef  :  c'est  pour 
en  faire  sortir  cette  brûlante  prière  :  Que  le  Saint  Nom  de 
Dieu  soit  bénit.  Sans  cette  réparation  publique,  sa  voix 
serait  étouffée  par  les  millions  de  blasphèmes  qui,  à  cha- 
que instant  du  jour,  s'élèvent  vers  son  trône  et  provo- 
quent sa  juste  colère  ;  Sit  Nomen  Domini  bencdictum.  11 
proteste  ensuite  que  le  ministère  de  la  Visite  Pastorale  est 
si  plein  de  dangers,  qu'il  ne  saurait  l'exercer  sans  le 
secours  promis  à  ceux  qui  mettent  toute  leur  confiance 
dans  le  Nom  de  Dieu.  Adjutorium  nostrion  in  noviine  Do- 
mini. Alors  ses  yeux,  ses  mains,  son  cœur  s'élèvent  vers 
le  ciel,  pendant  que  sa  voix  commande  au  Dieu  Tout 
puissant  de  vous  bénir  tous  :  Benedicat  vos  Omnipotens 
Deus.  A  ce  bienheureux  moment  l'Autel  vous  représente, 
Nos  Très-Chers  Frères,  le  nuage  brillant  sur  lequel  était 
assis  le  Fils  de  l'homme,  lorsque  sur  le  point  de  se  dérober 
à  la  terre,  il  levait  ses  divines  mains  pour  bénir  ses  chers 
disciples  :  Elevatis  rnanibus  suis  benedixit  eis.  (Luc.  34,  50). 

L'Evêque  monte  en  chaire  après  cette  bénédiction.  Tous 
sont  alors  préparés  à  l'écouter  comme  si  Dieu  allait  parler 
par  sa  bouche  :  Tanquam  Deo  exhortaiiie pernos.  (Il  Cor.  5, 
20).  La  chaire  est  pour  eux  comme  la  Sainte  Montagne  où 
Jésus-Christ  attirait  la  foule  empressée  de  l'entendre,  afin 
de  parler  à  son  cœur  dans  le  calme  de  la  solitude.  Ascen- 
dit  in  montetn...  aperiens  os  suutn  docebat  eos.  (Math.  5,  12). 
Et  que  vous  dira-t-il.  Nos  Très-Chers  Frères  ?  11  vous  dira 
qu'il  est  envoyé  avec  des  pouvoirs  sans  bornes,  pour 
briser  les  chaînes  de  fer  qui  retiennent,  dans  les  cachots 
brûlants  du  Purgatoire,  les  âmes  de  vos  chers  défunts  : 
Frimo  ad  absolvendas  anitnas  defunctoriun.     11  s'annoncera 


134  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

comme  le  gardien  des  saint»  canons,  chargé  de  voir  de  ses 
propres  yeux  si  toutes  et  chacunes  des  règles  de  la  Sainte 
Eglise  sont  exactement  observées  :  Secundo  utvideat  qualiter 
Ecclesia  ipsa  spiritualiter  et  tonporaliter  gubernetur.  Il  se 
présentera  à  vous  comme  le  réformateur  des  abus  et 
scandales  qui  pourraient  mettre  votre  salut  en  danger  ;  et 
son  stricte  devoir  sera  de  vous  en  inspirer  une  vive 
horreur:  tertio  ad  adulteria...  et  sifiniia  publica  m  populo 
punienda. . .  ostendens  diligiter  quant  daninabilia  et  detesdenda 
sunt  criniina  ipsa.  Il  vous  protestera  qu'il  est  venu  vous 
écouter  avec  bonté,  vous  donner  de  sages  conseils  et  vous 
accorder  le  pardon  de  vos  péchés  :  quarto  protestans  plebi 
quod  paratus  sit  bénigne  audire,  et  consilium  et  absolutionetn 
impendere.  Enfin,  il  s'offrira  à  vous  comme  le  Ministre 
ordinaire  de  la  confirmation,  pour  que  tous  ceux  qui  com- 
posent la  Paroisse  soient  remplis  des  dons  du  St.  Esprit  : 
Quinto  ad  exhibendum  sacranientum  Confirmationis.  Que  de 
biens  spirituels  vous  sont  assurés,  Nos  Très  Chers  Frères, 
si  vous  recevez  cette  visite  du  Seigneur  avec  de  bonnes 
dispositions!  Oh!  que  de  pressants  motifs  vous  avez  de 
vous  y  préparer  soigneusement  ! 

L'Evêque  se  rend  de  la  Chaire  de  vérité  au  Trône,  pour 
commencer  sans  délai  à  remplir  sa  Mission.  Il  n'y  est  pas 
plus  tôt  monté  que  tous  tombent  à  genoux,  et  se  frappent 
la  poitrine,  avec  l'humble  Publicain.  Ils  récitent  tout 
haut  le  confiteor  (\x\Q  l'Eglise  met  à  la  bouche  de  tous  les 
vrais  pénitents.  La  paroisse  ainsi  préparée  par  cet  acte 
d'humiliation  et  de  douleur,  l'Evêque  implore  la  protec- 
tion de  la  Glorieuse  Vierge  Marie,  de  tous  les  Saints,  et 
en  même  temps  il  lève  sur  elle  ses  mains,  pour  accorder, 
au  nom  de  Jésus-Christ,  l'esprit  de  componction,  qui  doit 
mériter  aux  plus  grands  pécheurs  l'indulgence,  absolution 
et  rémission  de  leurs  péchés.  Préparez-vous  d'avance, 
Isfos  Très-Chers  Frères,  à  cet  important  exerciee  d'où 
dépend  tout  le  succès  de  la  Visite.  Pour  cela,  faites  péni- 
tence ;  car  le  Royaume  des  Cieux  s'approche  pour  vous- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  135 

Pœnitentiam    agite  ;    appropinquavit  enim    rcgmim    cœlorum. 
(Math.  4.  17). 

C'est  à  la  suite  de  cette  touchante  cérémonie  que  Notre 
Seigneur  sort  de  son  Tabernacle,  pour  confirmer  par  sa 
présence  sacramentelle,  tout  ce  que  fait  en  son  nom 
l'Evêque  qui  le  représente.  Après  les  chants  et  prières 
d'usage,  il  se  fait  dans  toute  l'Eglise  un  silence  profondé- 
ment saisissant,  et  qui  dit  bien  haut  à  toute  la  paroisse, 
courbée  en  ce  moment  devant  la  Divine  Majesté,  que  le 
temps  de  la  Visite  est  un  temps  de  retraite  et  de  recueil- 
lement. Car  le  Seigneur  n'agit  point  dans  le  bruit  et  le 
tumulte.  Non  in  comniotione  Dominus.  tReg-  19.  Il)- 
Silence  donc  ;  silence  de  paroles,  silence  d'actions,  silence 
de  passions.  C'est  pendant  ce  silence  significatif,  que 
Jésus-ChDist  donne  par  lui-même  sa  divine  bénédiction. 
Mais  sft  voix  plus  douce  que  le  concert  le  plus  harmonieux 
va  droit  aux  cœurs,  et  fait  dire  à  chacun  avec  le  jeune 
Samuel  :  Parlez,  Seigneur,  car  votre  serviteur  vous  écoute. 
(1  Reg.  3.  9.)  Puisse  ce  religieux  silence  régner  parmi  vous 
tous.  Nos  Très-Chers  Frères,  pendant  tout  le  temps  de  la 
Visite.  Que  de  secrets  il  vous  révélera  :  que  de  sentiments 
il  réveillera  dans  vos  âmes  attendries  ! 

La  porte  du  Tabernacle  n'est  pas  plutôt  fermée  que  le 
confessionnal  s'ouvre;  et  que  cette  voix  de  Jésus-Ghii6t 
se  fait  entendre  par  la  bouche  de  tous  les  confesseurs,  qui 
vont  s'y  asseoir  :  Venez  à  moi  vous  tous  qui  êtes  écrasés  sous 
le  lourd  fardeau  de  vos  pé3hés,  et  je  vous  soulagerai.  (Matth. 
1 1.  28).  Le  temps  de  la  réconciliation  est,  on  ne  peut  plus 
favorable,  car  le  jour  du  salut  est  vraiment  arrivé  pour 
vous.  Ecce  nunc  tempes  acceptabile.  (2  Cor.  6.  2.)  Vous  l'en- 
tendrez cette  voix  du  Bon  Pasteur,  vous  pauvres  pécheurs 
qui  depuis  si  longtemps  vivez  bourrelés  de  remords  ;  et 
vous  en  profiterez  enfin  pour  secouer  le  joug  de  vos  pas- 
sions, et  réparer  des  confessions  douteuses  et  peut-être 
sacrilèges.  Que  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  rem- 
placer, pour  ce  consolant  ministère,  Jésus  le  véritable 


136  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ami  des  pécheurs  !  Que  nous  sommes  bien  payés  de  nos 
peines,  quand  il  nous  est  permis  de  mêler  nos  larmes  à 
celles  de  nos  pénitents  que  la  grâce  a  touchés  !  Donnez 
cette  consolation  à  tous  les  ministres  de  la  réconciliation  ; 
c'est  la  seule' qu'ils  ambitionnent. 

Après  avoir  déposé  aux  pieds  des  ministres  de  Jésus- 
Christ  le  fardeau  de  vos  iniquités,  vous  vous  présenterez, 
Nos  Très-Ghers  Frères,  dans  la  salle  du  festin  avec  des 
robes  nuptiales,  c'est-à  dire,  avec  des  âmes  plus  blanches 
que  la  neige.  C'est  bien  assurément  à  la  Sainte  Table 
que  ce  bon  Maître  répète  ces  douces  paroles  ;  j'ai  compas- 
sion de  ce  peuple  ;  parce  qu'il  y  a  déjà  trois  jours  que  ces, 
pauvres  gens  me  suivent,  sans  penser  à  boire  ni  à  manger  ' 
Misereor  super  turbam.  (Marc.  8,  2).  C'est  là  aussi  qu'il  mul" 
tiplie  sans  cesse  un  pain  tout  terrestre  et  qu'il  le  change 
en  un  pain  vivant  et  descendu  du  ciel.  C'est  là  que  pen- 
dant notre  Visite  il  nourrira  vo|  cœurs  de  ce  pain  divin 
qui  fait  les  délices  des  rois.  Quel  bonheur  pour  nous  de 
vous  distribuer  cette  céleste  nourriture  !  Notre  unique 
douleur  serait,  n'en  doutez  point,  Nos  Très-Chers  Frères, 
d'en  laisser  quelques-uns  qui  ne  voudraient  pas  se  rendre 
à  l'invitation  que  nous  leur  faisons  de  se  préparer  aux 
noces  du  père  de  famille.  Venite  ad  nuptias.  (Matth.  22.  4). 

Votre  Eglise  doit  se  changer.  Nos  Très-Chers  Frères, 
pendant  la  Visite,  en  vrai  Cénacle,  cette  grande  et  magni- 
fique salle,  qui  a  vu  s'opérer  la  mystérieuse  cène  Eucha- 
ristique et  la  merveilleuse  descente  du  St.  Esprit.  Car  les 
mêmes  sacrements  devant  s'y  administrer,  les  mêmes 
prodiges  devront  s'y  renouveler.  Ce  ne  sera  pas  seulement 
en  faveur  des  jeunes  chrétiens,  qui  recevront  le  sacrement 
de  confirmation,  que  l'esprit  sanctificateur  reviendra  sur 
la  terre  ;  il  veut  répandre  ses  dons,  avec  une  amoureuse 
profusion,  sur  tous  ceux  qui  appartiennent  à  la  paroisse. 
Il  faut  donc  que  l'on  puisse  dire  de  vous,  pendant  la 
Visite,  ce  que  St.  Jean  a  écrit  de  ceux  qui  étaient  dans  le 
Cénacle  :  Ils  furent  tous  remplis  du  St.  Esprit.  Car  vraiment, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  137 

un  jour  de  Visite,  pour  une  paroisse,  est  un  beau  jour 
de  Pentecôte.  Que  chacun  se  prépare  donc  à  recevoir 
la  langue  de  feu  que  lui  apportera  du  Ciel,  dans  ce  grand 
jour,  l'Esprit  sanctificateur.  Oh  !  qu'il  y  a  pour  cela  de 
pressants  motifs,  si  surtout  nos  consciences  nous  repro 
chent  d'avoir  reçu  le  Sacrement  de  Confirmation  en  mau- 
vais état  ;  ou  si  depuis  cet  heureux  jour,  nous  avions  eu 
le  malheur  de  chasser  le  St.  Esprit  de  nos  cœurs  par 
quelque  péché  mortel.  Hélas  !  qui  de  nous  pourrait  se 
rendre  le  consolant  témoignage  de  n'avoir  jamais  foulé 
aux  pieds  l'Auteur  de  toute  grâce.  Faisons  donc  péni- 
tence, si  nous  voulons  recevoir  les  dons  du  St.  Esprit- 
Pœnitentiam    agite...    et   accipietis    donum    Spiritiis    Sancti. 

Vous  verrez  l'Evêque  visiter  avec  pompe  le  Tabernacle, 
les  Fonts  baptismaux,  l'Eglise,  les  vases  sacrés,  les  orne- 
ments et  tout  ce  qui  sert  au  culte  divin.  11  vous  sera 
facile  de  voir  en  lui  Notre  Seigneur  dévoré  du  zèle  de  la 
Maison  de  son  Père,  pour  qu'elle  fut  toujours  une  maison 
de  prières  et  de  bénédictions.  Vous  le  verrez  aux  Fonts 
sacrés  du  baptême,  comme  le  vit  St.  Jean-Baptiste  dans 
les  eaux  du  Jourdain.  Là  vous  le  bénirez  de  la  grâce  de 
votre  baptême  ;  et  vous  prierez  pour  qu'aucun  enfant  de 
la  paroisse  ne  meure  sans  avoir  reçu  ce  sacrement,  si 
absolument  nécessaire  au  salut.  Vous  l'apercevrez  dans 
le  Temple  de  Jérusalem,  chassant  ceux  qui  en  profanaient 
la  sainteté  par  leurs  irrévérences.  Vous  demanderez  que 
votre  Eglise  ne  devienne  jamais  une  caverne  de  voleurs, 
par  la  coupable  négligence  de  la  paroisse  à  contribuer  à 
son  ornement,  et  surtout  par  les  immodesties,  les  propos 
indécents,  les  paroles  inutiles  qui  outragent  le  Dieu  saint 
qui  y  habite  jour  et  nuit.  Vous  désirerez  que  des  adora- 
teurs en  esprit  et  en  vérité  s'y  tiennent  du  matin  au  soir, 
pour  qu"un  Dieu,  si  jaloux  de  converser  avec  les  hommes 
n'y  demeure  jamais  seul.  Car  des  cœurs  qui  prient  sont 
de  riches  ornements  aux  yeux  de  sa  divine  majesté. 

L'Eghse  est  une  trop   bonne  mère  pour   oublier  en 


138  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

aucun  temps  les  cher?  enfants  que  la  mort  lui  a  enlevés. 
Pourrait-elle  les  oublier  dans  un  temps  aussi  riche  en 
grâces  que  celui  de  la  Visite  Episcopale  ?  Oh  !  non  ;  elle 
les  pleure,  même  dans  ces  jouts  de  si  joyeuse  solennité- 
Elle  conduit  l'Evêque  dans  le  Cimetière  ;  et  en  lui  mon- 
trant les  tombes  de  ses  enfants  chéris,  elle  lui  dit,  avec 
tout  l'accent  de  la  douleur  :  Seigneur  venez  voir  cfù.  on 
les  a  enterrés  ;  Domine,  veni  et  vide.  Vraie  veuve  de  Naim, 
elle  se  trouve  sur  le  passage  de  Jésus,  pour  le  toucher  de 
compassion  par  les  cris  de  sa  juste  douleur.  Hélas  !  elle 
a  perdu  des  enfants  qu'elle  aime  tous  comme  des  fils 
uniques.  Pour  mieux  attendrir  son  cœur,  elle  reprend 
ses  habits  de  deuil,  répète  ses  lugubres  cantiques,  renou- 
velle la  triste  pompe  de  leur  enterrement.  Elle  fait  couler 
dans  les  brûlant?  cachots  du  Purgatoire  l'eau  sainte  qui, 
comme  une  douce  rosée,  adoucit  et  éteint  les  flammes  «{ui 
dévorent  ses  pauvres  enfants.  Elle  fait  monter  au  ciel 
un  encens  d'agréable  odeur,  figure  si  admirable  de  la 
prière,  qui  va  porter  sur  ses  ailes  rapides,  dans  le  séjour 
de  rafraîchissement,  de  lumière  et  de  paix,  des  âmes  déso- 
lées de  se  voir  enchaînées  dans  des  prisons  brûlantes  et 
tjénébreuses. 

Oh  !  qu'il  est  grand  et  attendrissant  le  spectacle  de 
toute  une  paroisse  agenouillée  autour  de  la  Croix  de  son 
cimetière  !  Comme  on  prie  et  médite  bien  dans  cet  Oratoire 
de  la  mort  !  Qu'ils  sont  à  plaindre  ceux  qui,  par  leUr  mau- 
vaise mort  ne  méritent  pas  d'être  enterrés  en  terre  sainte  î 

Telles  sont,  Nos  Très-Chers  Frèrea,  les  admirables 
leçons  que  nous  fournit  le  ravissant  spectacle  des  cérémo- 
nies de  la  Visite  Pastorale.  En  les  suivant  avec  cet  œil 
éclairé,  ellfs  vous  paraîtront  intéressantes  pour  votre  foi 
et  touchantes  pour  votre  piété.  Avec  de  si  sainte-s  dispo- 
sitions, vous  connaîtrez  dans  notre  voix  celle  du  Bon 
Pasteur.  Vous  nous  obéirez  comme  à  Dieu  même.  Péné- 
trés de  ces  sentiments,  vous  accomplirez  avec  joie  toutes 
nos  ordoWDances,  parce  que  veujS  les  regarderez  comme 


I 


I 


CIRCULAIRES  BT  AUTRES  DOCUMENTS.  139 

écrites  du  doigt  de  Dieu.  Car  celui  qui  nous  écoute, 
écoute  Jésus  Christ  qui  nous  envoie  ;  qui  vos  mcdit  me 
audit. 

A  CES  CAUSES,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  Nous 
avons  statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  réglons  et  ordon- 
nons ce  qui  suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite. 

1° — Nous  nous  rendrons  à  le 

prochain,  après-midi.  Environ  une  demi-heure  après 
notre  arrivée,  on  fera  une  instruation  familière  ou  confé- 
rence, à  l'issue  de  laqu-elle  Nous  ferons  notre  entrée  à 
l'Eglise,  en  la  manière  prescrite  dans  le  Rituel:  puis, 
après  une  courte  exhortation,  Nous  donnerons  la  Béné 
diction  du  St.  Sacrement. 

2'^ — Le  lendemain,  il  y  aura  des  messes  distribuées  dans 
la  matinée  pour  la  commodité  des  communiants.  A  dix 
heures,  la  messe  de  la  Visite  et  le  sermon  :  après  quoi, 
nous  donnerons  la  Confirmation  aux  personnes  à  jeun, 
préparées  par  les  confesseurs,  et  jugées  suffisamment  ins 
truites  par  leur  Curé,  dont  elles  présenteront  un  billet. 

3'5 — Nous  ferons,  dans  le  temps  qui  nous  sera  le  pIuS' 
commode,  la  visite  du  Tabernacle,  des  ornements,  des' 
Fonts  baptismaux  et  du  Cimetière,  ainsi  que  l'examen  des" 
comptes  de  la  Fabrique,  que  les  marguilliers  tiendront 
prêts  à  Nous  être  présentés.  M.  le  Curé  pourvoira  aussi 
à  ce  qu'un  inventaire  du  linge  et  des  ornements  de  l'Eglise 
soit  dressé,  aussi  bien  qu'un  tableau  des  Indulgences  et 
Messes  de  fondation,  s'il  y  en  a.  Nous  rechercherons  par- 
ticulièrement si  les  ordonnances  données  par  Nos  Sei 
gneurs  les  Evêques,  dans  les  visites  précédentes,  ont  été 
exécutées. 

4» — Messieurs  les  Curés  auront  soin  de  préparer,  par  de 
fréquents  catéchismes,  ceux  qui  se  disposentà  la  Confir- 
mation, et  de  conserver  les  billets  qui  ranferment  les  noms 
des  confirmés,  pour  les  inscrire  ensuite  dans  les  registre 
de  la  paroisse. 

5f— Les  confesseurs  nommés  pour  la  Visite  auiront,  tant 


.140  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

qu'elle  durera,  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures  et  cas 
réservés,  et  les  facultés  les  plus  amples  pour  la  réconci- 
liation des  péniteuts. 

6°— Par  un  Induit  du  Souverain  Pontife,  tous  les  fidèles 
qui,  s'étant  confessés  avec  une  véritable  contrition,  com- 
munieront pendant  la  Visite,  et  prieront  pour  les  nécessi- 
tés de  l'Eglise,  suivant  son  intention,  gagneront  une 
indulgence  pléuière. 

70 — Voulant  favoriser,  autant  qu'il  est  en  Nous,  la  dévo- 
tion des  fidèles  envers  la  Sainte  Vierge,  Nous  Nous  ferons 
un  devoir  d'appliquer,  chaque  jour  de  la  Visite,  les  indul- 
gences aux  croix,  chapelets  et  médailles  qui  nous  seront 
présentés. 

80 — Chaque  paroisse  ou  mission,  après  que  Nous  l'aurons 
visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre  suite, 
les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la  paroisse 
suivante. 

90— Nous'  lei-minerons  la  Visite  le  avant  midi,  par 

le  Salut  ou  la  Bénédiction  du  St.  Sacrement. 

Enfin,  c'est  encore  à  vos  pieds  sacrés,  ô  divine  Marie, 
que  Nous  déposons  humblement  ce  Mandement  de  Visite, 
que  Nous  n'avons  écrit  qu'en  invoquant  votre  Nom  si 
doux,  qui  éclaire  l'esprit  et  embrase  le  cœur.  Priez  pour 
que  notre  voix  se  ressente  de  la  douceur  de  la  voix  pasto- 
rale de  votre  divin  Fils,  et  que  notre  cœur  soit  animé  de 
la  charité  de  son  cœur  paternel.  Les  brebis  que  nous 
allons  visiter  sont  à  vous,  ô  Mère  du  Bon  Pasteur.  A  vous 
donc  de  faire  comprendre  à  ce  troupeau  chéri  un  Mande- 
ment que  nous  avons  écrit  en  toute  simplicité,  afin  de  lui 
inspirer  un  profond  respect  pour  le  Pasteur  qui  le  visite 
au  Nom  de  votre  cher  Fils.  Car  c'est  à  lui  gagner  des 
cœurs  et  non  à  flatter  les  oreilles  que  nous  consacrons  nos 
veilles.  Faites  que  ce  troupeau  s'attache  à  ce  Mandement, 
comme  Jésus  à  votre  sein  Virginal.  Oh  !  Bienheureuses 
les  mamelles  qui  l'ont  allaité  !  Qu'il  soit  pour  tous  vos 
tendres  agneaux  un  gras  et  riche  pâturage.   Ainsi  soit-il- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  141 

Sera  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  prône  de  la 
Messe  Paroissiale,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  et  le  con- 
treseing de  notre  secrétaire. 

f  Ig.  Ev.  de  Montréal. 


CIRCULAIRE 

AU    CLERGÉ    DU    DIOCESE    U2.    MONTRÉAL. 

Evêché  de  Montréal,  le  25  Juillet  1850. 
Monsieur, 

Je  vous  annonce  que  la  Retraite  Pastorale  commencera 
le  26  Août  prochain,  à  trois  heures  après-midi  ;  et  se  ter- 
minera le  3  Septembre  au  matin.  Les  exercices  se  feront 
comme  à  l'ordinaire  au  Petit  Séminaire  de  celte  ville. 
J'emprunte,  pour  vous  y  inviter,  les  paroles  qu'adressait, 
le  20  Mai  dernier,  N.  S.  P.  le  Pape  à  tous  les  Evêques  de 
la  Chrétienté. 

fi  Nous  demandons  à  Nos  Vénérables  Frères  qu'ils  ne 
cessent  jamais  d'avertir,  d'exhorter,  d'exciter  surtout  les 
ecclésiastiques,  afin  que,  s'appliquant  à  l'oraison,  remplis 
de  ferveur  spirituelle  et  vivant  dans  la  piété  et  la  sainteté, 
ils  apparaissent  en  tout  comme  des  modèles  de  bonnes 
œuvres,  et  qu'enflammés  du  zèle  de  la  gloire  de  Dieu  et 
du  salut  des  âmes,  unis  entre  eux  par  le  lien  étroit  de  la 
charité,  il  revêtent  l'armure  divine  et  marchent  au  combat 
d'un  seul  cœur  et  d'une  seule  âme,  mettant  en  commun 
toutes  leurs  forces,  et  sous  la  conduite  de  leur  propre 
Evêque,  élevant  nuit  et  jour  la  voix  sacerdotale,  prêchant 
avec  ardeur  au  peuple  chrétien  la  loi  de  Dieu  et  les  près- 


Ui  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES. 

crip lions  de  l'Eglise  son  Epouse.  Que  Nos  Vénérables 
Frères  ne  cessent  pas  non  plus  d'inculquer  aux  ecclésias- 
tiques le  devoir  de  découvrir  au  peuple  chrétien  les 
embûches  et  les  pièges  que  lui  tendent  des  homnies  falla- 
cieux et  de  rappeler  aux  fidèles  que  du  péché  *ont  toujours 
venus  et  viennent  toujours  tous  les  malheurs  et  toutes  les 
calamités  qui  accablent  les  peuples,  et  que  la  véritable  et 
solide  féliciié  consiste  dans  l'observance  de  la  loi  chré- 
tienne. Qu'ils  n'épargnent  donc  rien  afin  que  tous,  détes 
tant  le  mal  et  s'adonnant  au  bien,  marchent  dans  la  voie 
des  commandements  de  Dieu,  et  que  les  égarés,  arrachés 
aux  ténèbres  de  l'erreur  et  à  la  fange  du  vice,  se  conver- 
tissent au  Seigneur.  » 

Ces  touchantes  paroles,  tombées  de  la  Chaire  Apostoli- 
que, doivent  être  recueillies  avec  respect  par  tous  les 
Evoques  du  monde,  et  transmises  par  eux  à  tous  les  prê- 
tres de  l'univers  catholique.  Elles  vont  briller  à  tous  les 
yeux,  retentir  à  toutes  les  oreilles  et  pénétrer  dans  tous 
les  cœurs,  par  le  sacerdoce  de  Jésus-Christ  qui  s'exerce  du 
levant  au  couchant.  Car  elles  ont  je  ne  sais  quoi  de 
lumineux,  de  doux  et  de  pénétrant.  Elles  expriment  si 
bien  les  maux  et  les  remèdes  de  ces  temps  mauvais  !  Orî 
voit  bien  qu'elles  ont  été  mûries  dans  un  cœur  paternel, 
navré  de  douleur,  à  la  vue  des  désastres  qui  désolent  la 
grande  famille,  et  tout  occupé  des  moyens  à  prendre  pour 
y  remédier.  Nous  en  ferons  le  sujet  de  nos  sérieuses 
réflexions  avant  comme  pendant  notre  retraite  ;  et  nous 
y  trouveront  des  armes  invincibles  dans  les  combats  du 
Seigneur,  que  nous  avons  à  soutenir,  nous,  aussi  bien 
que  nos  Frères  de  l'ancien  monde. 

Je  profiterai  de  l'occasion,  pour  "vous  informer  que  je 
n'ai  pu  vous  prévenir  d'avance  du  sujet  si  grave,  qui  nous 
a  occupé  aujourd'hui  à  l'Evêché  ;  parce  que  ce  n'est 
qu'au  moment  de  l'office  que  me  sont  arrivés  les  rensei- 
gnements qui  ont  déterminé  la  nombreuse  assemblée  du 
Clergé,  qui  s'y  trouvait  réuni,  à  formuler  les  Résolutions 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  143 

qui  paraîtront  sur  les  Mélanges  de  demain.  Mais  je  ne 
doute  pas  que  les  absents  n'adhèrent  de  bon  cœur  à  ce  que 
les  présents  ont  cru  devoir  faire  dans  une  circonstance  si 
urgente. 

En  travaillant  au  bien  du  peuple,  nous  n'avons  rien  à 
craindre,  quand  même  il  ne  nous  en  saurait  aucun  gré 
pour  le  moment.  Car  il  comprendra  plus  tard  combien 
nous  l'aimions,  en  nous  exposant  généreusement  à  la 
malveillance  des  ennemis  de  l'éducation,  pour  lui  procurer 
le  moyen  de  se  rendre  capable  de  lutter  avec  avantage 
avec  toutes  les  races  qui  l'environnent,  et  qui  finiraient 
sans  cela  par  l'envahir.  Il  est  si  bon  ce  peuple,  qu'il 
mérite  bien  sans  doute  tout  notre  dévouement,  en  quelque 
lieu  que  la  Divine  Providence  le  fasse  vivre. 

C'est  pour  cela  que  depuis  le  printemps  je  laisse  un 
Prêtre  à  Burlington,  pour  desservir  les  Canadiens  de  ce 
quartier.  Mais  il  s'en  faut  que,  malgré  son  zèle,  il  puisse 
suffire  aux  besoins  d'une  population  abandonnée  et  dis- 
persée sur  un  immense  territoire.  Je  voudrais  donc, 
conformément  à  la  circulaire  du  il  mai  dernier,  organiser 
une  mission  pour  ceux  qui  couvrent  toute  la  frontière  qui 
avoisine  le  diocèse.  Aussi  est-ce  le  temps  pour  ceux  qui 
se  sentiraient  de  l'attrait  pour  cette  mission  de  se  faire 
connaître.  Car  après  m'être  avisé  avec  eux,  je  m'enten- 
drai avec  les  Evoques  ;  et  l'on  se  mettra  en  campagne,  à 
la  recherche  de  tant  de  brebis  égarées  de  la  maison 
d'Israël. 

Pendant  ce  temps  là,  des  mesures  se  prendront  pour  la 
Colonisation  Canadienne  ;  lesquelles,  si,  comme  je  l'espère, 
elles  réussissent,  feront  rentrer  dans  le  sein  de  la  patrie 
des  milliers  de  nos  pauvres  gens.  Hélas  !  le  cœur  saigne, 
quand  on  les  voit  hvrés  au  profond  mépris  de  ceux  qui 
les  font  travailler  comme  des  esclaves,  et  s'engraissent 
ainsi  de  leurs  sueurs.  Voici  les  plans  que  l'on  se  propose 
de  suivre  pour  que  l'œuvre  se  fasse  avec  courage  et  succès. 

lo  L'on  va  commencer  par  s'assurer  où  sont  les  bonnes 


144  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

terres;  et  l'on  en  donnera  avis,  pour  que  chacun  puisse 
les  visiter  avant  de  les  prendre. 

2"  L'on  fait  actuellement  des  démarches  auprès  du  gou- 
vernement, pour  obtenir  des  chemins  de  communication 
entre  les  établissements  et  les  terres  de  colonisation.  Dis- 
posé comme  il  l'est,  il  est  à  espérer  qu'il  entrera  dans  les 
plans  qui  lui  sont  suggérés. 

30  L'on  placera  ensemble,  autant  que  possible,  les 
familles  d'une  même  Paroisse,  et  déjà  accoutumées  à s'en- 
tr'aider.  Chaque  ancienne  Paroisse  en  aura  bientôt  créée 
une  nouvelle  avec  ses  propres  enfants,  si  de  bonnes  terres 
lui  sont  offertes. 

40  L'on  mettra  à  la  tête  de  la  colonisation  des  Prêtres 
qui  marcheront  à  travers  les  forêts,  à  la  tête  des  colons, 
abattront  le  premier  arbre  pour  planter  la  croix  au  lieu  où 
se  devra  bâtir  l'Eglise,  et  desserviront  les  nouveaux  habi- 
tants, jusqu'à  ce  qu'il  soit  poss'ble  de  leur  donner  des 
Curés  résidents. 

.  5^'  Pour  faire  les  frais  du  culte,  l'on  fait  appel  à  l'Asso- 
ciation de  la  Propagation  de  la  Foi  ;  et  l'on  s'attend  que 
le  diocèse  s'enrôlera  en  masse  sous  son  étendard,  qui 
ilottera  sur  toutes  les  chapelles  des  townships. 

6°  La  colonisation  sera  une  raison  de  rétablir  à  Mont- 
réal le  Conseil  Central  qui  ne  fonctionne  plus,  depuis  que 
nous  sommes  unis  à  Lyon.  Il  sera  formé  de  membres 
capables  d'assister  les  colons,  soit  pour  lever  les  difficultés 
légales,  soit  pour  leur  obtenir  des  conditions  plus  avanta- 
geuses. Chaque  paroisse  s'y  fera  représenter  par  un  Chef 
de  centuries  ou  son  trésorier.  Il  pourra  faire  connaître 
et  soutenir  les  intérêts  des  jeunes  gens  de  sa  localité,  qui 
seraient  établis  dans  les  townships. 

70  Chaque  Curé  peut  donner  un  nouvel  élan  à  la  so- 
ciété en  faisant  valoir,  entr'autres  motifs,  celui  de  prêter 
secours  aux  domestiques  de  la  foi,  dont  il  faut  avant  tout 
prendre  soin. 

80  Après  avoir  lu  et  commenté  la  partie  de  la  Lettre 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  145 

Pastorale  des  Evêques,  qui  regarde  cette  belle  Association, 
il  indiquera  une  assemblée  de  tous  ceux  qui  désiront  être 
chefs  de  sections,  leur  distribuera  des  listes,  pour  les  aider 
à  enrôler  leurs  associés,  et  à  leur  faire  payer  leurs  contri- 
butions. Par  ce  procédé  tout  simple,  deux  cents  soixante- 
quatre  sections  ont  pu  se  former  ou  se  renouveler  dans  les 
douze  paroisses  que  je  viens  de  visiter. 

D"  Lorsque  les  chefs  auront  formé  leurs  sections,  ils 
devront  élire  le  chef  de  centurie,  lequel  pourrait  être  en 
même  temps  trésorier  et  député  du  Conseil.  Central. 

10"  Chaque  député  devra  apporter  au  conseil  les  listes 
de  sa  centurie,  pour  que  Ton  vérifie  les  comptes  des  chefs 
de  section.  Ce  mode  paraît  devoir  stimuler  chacun  à  bien 
s'acquitter  de  ses  obligations.  Car  personne  n'aimerait  à 
se  trouver  en  défaut  à  l'examen  des  comptes. 

1  ["  Les  riches  sont  priés  de  s'associer  les  pauvres  et  de 
payer  pour  eux,  afin  que  l'association  ait  l'avantage  de 
leurs  prières  qui  sont  toujours  si  puissantes  auprès  de  Dieu. 

12"  Les  enfants  des  écoles  sont  invités  à  en  faire  partie  ; 
parce  que  leur  zèle  recevra  du  Ciel,  en  récompense,  une 
foi  vive  et  des  mœurs  pures. 

13o  Comme  il  est  question  de  faire  mission  à  l'étranger, 
et  d'entreprendre  l'afi'aire  de  la  colonisation,  qui  nécessai- 
rement va  occasionner  des  dépenses,  je  vous  prie  d'enga- 
ger les  associés  anciens  et  nouveaux  à  payer  d'avance  une 
partie  de  leurs  contributions,  afin  de  pouvoir  y  faire  face. 
Car,  dès  cet  automne,  on  espère  pouvoir  se  mettre  en 
mesure. 

Il  me  reste  à  vous  informer  que  je  donne  les  pouvoirs 
de  desservant  à  M.  qui  aura  soin  des 

Paroisses  de  pendant  la  retraite 

Il  est  entendu  qu'il  pourra  biner. 

La  seconde  retraite,  pour  ceux  qui  n'auront  point  assisté 
à  la  première,  commencera  le  9  décembre  et  se  terminera 
le  17  de  ce  mois.  Ce  sera  alors  que  les  Prêtres  de  l'Evê- 
ché  feront  la  leur. 

10 


146  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Tel  est  le  résultat  des  questions  qui  ont  été  traitées  au- 
jourd'hui, et  que  vous  aimerez  sans  doute  à  connaître, 
pour  l'uniformité  de  conduite.  Vos  ferventes  prières  et 
celles  de  vos  bons  Paroissiens  obtiendront  le  succès  de  ces 
œuvres  qui,  en  ravivant  la  foi  du  peuple,  affermiront 
l'autorité  des  Pasteurs.  C'est  dans  ce  doux  espoir  que  je 
suis  bien  cordialement. 

Monsieur  le  curé, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 


{Pour  vraie  copie), 


J.  0.  Paré, 

Chan.  Secrétaire. 


MANDEMENT 


DE  MGR.  L  EVEQUE  DE  MONTREAL,  POUR  LA  VISITE  GENERALE  DES 
COMMUNAUTÉS. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
St.  -Siège  Apostolique,  Evêque  de  Montréal,  etc. ,  etc. ,  etc^ 

A  Nos  Très-Chères  Filles,  les  Religieuses  des  diverses  Communautés 
(Je  Notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédicliou  en  Notre  Seigneur  Jésus- 
Christ. 

Notre  sollicitude  doit.  Nos  Très-Chères  Filles,  s'étendre 
à  chacune  des  brebis,  que  le  Seigneur  nous  a  données  en 
garde.  Voilà  pourquoi  chaque  année,  Nous  parcourons 
les  villages  et  les  compagnes,  lépandant'en  tous  lieux  les 
grâces  de  notre  saint  ministère.  Les  justes  et  les  pécheurs, 
qu'une  foi  vive  anime,  accourent  à  nous,  comme  à  Jésus- 
Christ,  pour  déposer,  dans  notre  cœur,  le  secret  de  leurs 
misères,  et  y  chercher  le  remède  aux  maux  qui  les  allli- 
gent.    Que  de  bonnes  âmes,  Nous  découvrons  partout  :  et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  147 

que  l'Esprit  saint  qui  les  forme,  est  un  grand  Maître  !  Ah  ! 
combien  de  fois  Nous  Nous  sommes  humilié,  à  la  vue  de 
ces  chef-d'œuvres  du  Dieu  sanctificateur 

Mais  si  Nous  sommes,  Nos  Très-Chères  Filles,  débiteur 
de  tous,  sans  jamais  faire  acception  de  personne,  il  est  pour- 
tant une  portion  du  troupeau,  qui  demande  de  Nous  des 
soins  plus  assidus.  Ce  sont  toutes  vos  communautés,  que 
le  Bon  Pasieur  Nous  ordonne  de  soigner,  autant  qu'il  est 
possible  à  la  fragilité  humaine,  commelui-mème  soignait 
les  Saintes  Femmes,  en  les  formant  à  toutes  les  vertus 
religieuses. 

Là-dessus,  Nous  vous  dirons,  ce  que  toutefois  vous  con- 
naissez déjà,  que  ce  fut  au  milieu  d'une  de  ces  saintes 
maisons  que  nous  recueillîmes,  il  y  a  di.\  ans,  le  dernier 
soupir  de  notre  Illustre  et  Vénéré  Prédécesse'.ir.  Dans  ce 
moment,  à  jamais  lugubre,  la  charge  pastorale  commença  à 
peser,  de  tout  son  poids,  sur  notre  conscience.  Saisissant 
d'une  main  faible  et  tremblante,  le  timon  de  l'administra- 
tion, que  lâchait  cet  habile  Pilote,  après  di.^  neuf  ans  d'un 
orageux  Episcopat,  Nous  regardâmes  autour  de  Nous, 
comme  fait  toujours  l'homme,  saisi  de  crainte,  qui  appelle 
au  secours.  Et  le  spectacle,  qui  s'offrit  aussitôt  à  nos  yeux 
fut  celui  d'humbles  Hospitalières  à  genoux,  et  modeste- 
ment rangées  autour  des  Restes  mortels  du  Pasteur 
défunt,  qui  si  souvent  les  avait  nourries  de  sa  parole, 
comme  elles  l'avaient  plusieurs  années  nourri  ae  leur 
pain.  Leurs  ferventes  prières  accompagnaient  son  âme 
et  l'assistaient  encore  à  ce  moment  suprême  où  elle  com- 
paraissait au  tribunal  du  Souverain  Juge. 

Alors,  il  faut  vous  le  dire,  Nos  Très-Chères  Filles,  dang 
toute  la  sincérité  de  notre  cœur,  toutes  vos  Communau- 
tés Nous  apparurent,  comme  autant  de  troupes  de  Saintes 
Femmes,  assistant  de  leurs  biens  le  Bon  Maître,  pendant 
ses  travaux  évangéliques,  et  entourant  sa  croix  de  pleurs  et 
de  gémissements,  à  son  dernier  soupir.  Ce  spectacle  était 
poignant:  aussi  ne  s'effacera-t-il  jamais  de  notre  souvenir 


t48  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

La  leçon  qu'il  laissa  profondément  gravée  au  fond  de 
notre  âme  était  sensible  et  frappante.  Nous  y  vîmes  le 
ministère  de  la  femme  élevé  et  sanctifié  par  le  Souve- 
rain Pasteur,  pour  être  dans  tous  les  siècles,  la  gloire  de 
son  Eglise,  et  la  consolation  de  ses  Pauvres.  Nous  com- 
primes que  le  ministère  de  l'Evêque  devait  aussi  avoir  ce 
trait  de  ressemblance  avec  celui  du  Maître.  Les  Saintes 
Femmes  de  l'Evangile  nous  parurent  donc  avoir  été 
lormées  à  l'école  de  .TésusGhrist  pour  être  le  Modèle  de 
toutes  les  Communautés  Religieuses.  Devant  exercer  un 
Apostolat  de  dévouement  et  de  charité,  elles  avaient 
besoin,  comme  les  Apôtres,  de  l'Esprit  Saint.  Elles  le 
reçurent  avec  eux,  au  jour  solennel  de  la  Pentecôte  ;  car 
elles  avaient  leur  place,  dans  le  Cénacle,  à  la  suite  des 
Disciples,  quand  les  langues  de  feu  se  reposèrent  sur 
toutes  les  tètes  de  celte  Vénérable  Assemblée. 

Nous  en  avons  la  preuve,  Nos  Très  Chères  Filles,  et 
Nous  en  ressentons  les  effets,  nous  qui  descendons  de  ce 
peuple,  qui  vit  un  jour  aborder  à  ses  rivages,  un  vaisseau 
sans  gouvernail  et  sans  mâts.  Par  un  miracle,  nouveau 
pour  ce  peuple,  jusqu'alors  assis  dans  les  ombres  de  la 
mort,  il  avait,  ainsi  désemparé,  traversé  la  plus  orageuse 
des  mers.  C'est  que  celui  qui  conduit  tout  s'était  fait  son 
pilote.  Il  portait  deux  admirables  ^œurs,  Marthe  et  Marie, 
qui  après  avoir  suivi  et  assisté  Jésus,  pendant  sa  prédica- 
tion, suivaient  ses  disciples,  pour  Ipur  prêter  le  même 
secours.  En  mettant  le  pied  sur  cette  terre  infidèle,  les 
deux  Amantes  de  Jésus  arborent  l'Etendard  de  la  vie  reli- 
gieuse. Marthe  est  à  la  têtes  des  bonnes  œuvres,  et  par 
son  ardente  charité,  elle  devient  le  Modèle  de  toutes  les 
Commiinautcs  Actives.  Madeleine,  sur  les  Montagnes  de  la 
St.  Baume,  lave  dans  ses  larmes  ses  premiers  égarements  ; 
et  devient,  par  ses  continuelles  oraisons,  le  modèle  de 
toutes  les  Communautés  Contemplatives.  Tel  fut  le  grain  de 
sénevé  que  Jésus,  de  sa  divine  main,  jeta  en  terre,  pour 
que  l'Etat  Religieux,  devenant  bientôt  un  grand  arbre, 
pût  ombrager  tous  les  siècles  et  tous  les  peuples. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  149 

Car,  Nos  Très-Chères  Filles,  aux  Saintes  Femmes  de 
l'Evangile  succédèrenl  sans  interruption  des  femmes 
généreuses  qui,  animées  du  même  esprit,  se  dévouèrent 
aux  mêmes  fonctions.  Partout  où  les  Apôtres  et  leurs 
successeurs  portèrent  le  flambeau  de  la  foi,  on  vit  le  sexe 
^/<'^v/ quitter  tout,  et  se  consacrer  ù  la  vie  parfaite,  pour 
vaquer  plus  librement  au  soin  des  Autels,  et  au  soulage- 
ment des  veuves  et  des  orphelins.  L'Eglise  les  entourait 
de  tous  les  secours,  que  l'on  peut  attendre  d'une  bonne 
mère;  et  leur  assignait,  dans  ses  temples,  une  place  d'hon- 
neur, qui  annonçait  au  peuple  la  sainteté  de  leur  profes- 
sion. C'est  ce  qui  nous  frappa,  quand  visitant  l'antique 
Eglise  de  St.  Clément  à  Rome,  on  Nous  montra  le  chœur 
des  Religieuses  du  temps,  qu'une  grille  sépare  du  Sanc- 
tuaire et  de  la  Nef.  Monument  précieux,  qui  attesta  que, 
dans  tous  les  âges,  l'Eglise  a  eu  un  soin  maternel  de  ses 
Vierges,  et  que  toujours  elle  en  a  reçu  un  secours  puis- 
sant, pour  le  salut  des  âmes. 

Et  en  eSet,  Nos  Très  Chères  Filles,  ce  (itii  rend  raison 
de  ce  genre  de  ministère  que  -lésus-Christ  a  confié  à  la 
femme,  ce  sont  les  services  qu'en  relire  sa  Sainte  Eglise. 
De  fait,  elle  a  toujours  exploité,  à  la  gloire  de  Dieu,  et  au 
soulagement  des  misères,  qui  accablent  les  malheureux 
enfants  d'Adam  et  d'Eve,  le  cœur  tendre  et  sensible,  que 
lui  a  donné  en  partage  la  Divine  Providence.  Ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  de  rapporter  au  long  tout  ce  qu'a  pu  faire 
de  prodigieux,  dans  l'Eglise  de  Dieu,  la  femme  bénie,  et 
consacrée,  pour  faire  les  saintes  œuvres  de  la  Religion. 
Nous  ne  finirions  pas,  si  Nous  entreprenions  d'en  faire 
rénumération.  Tout  ce  que  Nous  pouvons  dire  c'est  que, 
à  côté  de  chaque  misère,  se  trouve  une  Communauté 
pour  la  soulager.  Un  coup  d'œil  siir  ce  tableau  va  nous 
en  convaincre. 

Rivalisant  toutes  de  zèle  et  de  dévouement,  les  Com- 
munautés se  partagent  le  triste  héritage  des  infirmités, 
que  nous  ont,  hélas  !  léguées  nos  premiers  parents.   Cha- 


lôO  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cane  adople  la  sienne  ;  et  sa  charité  est  récompensée,  par 
une  grâce  d'état,  pour  la  soulager  ;  c'est  avec  un  tel  succès, 
que  l'on  peut  s'écrier  avec  surprise  :  heureuse  faute  de  nos 
pères  coupables,  d' avoir  enfanté  une  telle  misère  ;  puisque  le 
dévouement  religieux  est  là,  pour  la  réparer  !  Cette  union 
tendre,  ne  fait  de  toutes  qu'un  cœur  et  qu'une  âme,  leur 
inspire  la  sainte  hardiesse  de  se  charger  de  tou«  les  maux 
de  l'humanité  souffrante. 

Oh  !  oui,  Nos  Très-Chères  Filles,  à  la  vue  des  Commu- 
nautés, chacun  peut  dire  en  toute  vérité  :  Là  on  donne  à 
manger  z  ceux  qui  ont  faim  ;  oa  donne  à  boire  à  ceux  qui 
ont  soif;  on  vêtit  les  nus;  on  loge  les  pèlerins  et  les  étran- 
gers ;  on  visite  les  malades  ;  on  délivre,  on  console  les  pri- 
sonniers ;  on  ensevelit  les  morts.  Et  comme  les  œuvres  de 
miséricorde  corporelles,  ne  sont  qu'un  appas  aux  œuvres 
de  miséricorde  spirituelle,  l'on  peut  assurer,  avec  encore 
plus  de  vérité,  en  montrant  du  doigt  ces  saintes  Maisons, 
surtout  celles  consacrées  à  l'éducation;  Là  on  enseigne 
les  ignorants  ;  on  corrige  ceux  qui  ont  des  défauts  ;  on 
dirige  et  conseille  ceux  qui  sont  en  peine  ;  on  console  les 
afQigés;  on  supporte  les  défauts  et  l'humeur  du  prochain  ; 
on  pardonne  les  injares  ;  on  prie  pour  les  vivants  et  pour 
les  morts,  et  surtout  pour  la  conversion  des  ennemis  de  l'E- 
glise.Car  pour  des  ennemis  particuliers  on  n'en  connaît  pas. 

Et  de  fait,  Nos  Très-Chères  Filles,  chacune  de  nos  mai- 
sons Religieuses  n'est-elle  pas  comme  la  personnification 
des  œuvres  de  la  charité  auxquelles  Jésus-Christ  promet 
la  vie  éternelle  ?  Ne  sont-elles  pas  toutes,  comme  les  pro- 
vidences invisibles  de  notre  Dieu,  qui  a  pitié  de  tous?  Ne 
se  tiennent-elles  pas  toutes  par  la  main,  pour  fournir  à 
l'homme,  dans  son  passage  sur  cette  terre  d'exil,  une 
station  de  repos,  pour  se  soulager  de  la  fatigue  d'un  si 
pénible  voyage  ?  D'un  coup-d'œil,  parcourez  la  vie  hu- 
maine, depuis  le  sein  de  la  mère,  jusqu'au  trépas  ;  et  vous 
verrez  partout,  semées  sur  la  route,  des  Institutions  chari- 
tables, au  service  de  toutes  les  infirmités. 


CIRCCLAIRES   ET  AUTRES   DOCUMENTS.  151 

\i^^  Maternités  veillent  sur  l'enfant  dans  le  sein  de  sa 
mère,  pour  lui  conserver  la  vie  et  sauver  son  âme.  Les 
Crèches  l'emmaillotlent  et  réchauffent  cet  enfant  pauvre, 
pendant  que  sa  tendre  mère  va  gagner,  à  la  journée,  sa 
nourriture,  et  du  pain  pour  le  reste  de  la  famille.  Les 
Hospices  abritent  cet  enfant  abandonné  par  une  mère 
barbare,  qui  le  tuerait  de  ses  propres  mains,  pour  cacher 
son  crime,  si  elle  ne  savait  qu'il  y  a  là  des  mains  virginales^ 
pour  recueillir,  et  des  cœurs  de  mères,  pour  aimer  le  fruit 
de  son  impudicité.  Les  Maisons  de  Providence  sont  ouvertes 
à  cet  enfant,  quand  il  n'a  plus  de  père  pour  le  couvrir  de 
ses  sueurs,  ni  de  mère  pour  le  presser  sur  son  sein.  Les 
Hôtel-Dieu  prodiguent  leurs  soins  compatissants  à  l'homme 
de  tout  âge  et  de  tout  état.  Gomme  il  meure  tranquille, 
quand  au  milieu  des  frayeurs  de  l'agonie,  il  voit  au  chevet 
de  son  lit.,  l'ange  de  la  terre,  la  prière  sur  les  lèvres  et  la 
charité  dans  le  cœur  !  quand  il  entend  sortir  de  sa  bouche 
une  de  ces  paroles  pénétrantes,  qui  va  porter  au  fond  de 
son  cœur  défaillant  l'espérance  et  la  joie.  Les  Hôpitatix- 
Généraux  recueillent  la  décrépitude  de  l'âge  et  toutes  les 
souffrances  de  la  nature  humaine  défaillante.  Quel  specta- 
cle que  ces  boiteux,  ces  aveugles,  ces  sourds,  ces  muets  de 
tout  sexe,  de  toute  condition,  sous  les  toitures  religieuses, 
traités,  disons  plus,  servis  et  aimés  comme  d'autres  Jésus- 
Christ.  Les  Asiles  sont  pour  les  misères  qui  ne  trouve 
point  place  ailleurs  ;  et  de  là  sortent,  chaque  matin,  les 
servantes  des  pauvres,  qui  vont  de  porte  en  porte,  à  la 
recherche  de  toutes  les  souffrances.  Les  Refuges  sont 
offerts  au  repentir  ;  vraies  Madeleines^  élevées  à  la  gloire 
du  Bon  Pasteur  !  Que  de  pécheresses  infortunées  s'y 
purifient,  dans  les  larmes  de  la  Pénitence  !  Quels  bains 
sacrés  que  ces  lieux  d'expiation  !  Que  de  pauvres  âmes 
défigurées  y  retrouvent  leur  première  beauté  avec  la 
perle  précieuse  de  l'innocence  réparée  !  Enfin  les  Maisons 
d'éducation  religieuse,  guérissent  l'ignorance,  cette  plaie 
hideuse,  que  le  péché  a  faite  à  l'espèce  humaine.    Ce 


152  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES, 

sont  les  Ecoles  oh  le  Bon  Maître  enseigne  lui-même  la 
science  de  la  vie,  et  les  chaires  où  il  prêche  les  vertus  du 
Ciel.  A  ces  écoles  sacrées,  se  forment  les  filles  de  Sion,  qui 
bientôt  rempliront  le  monde  de  la  bonne  odeur  des  vertus 
chrétiennes.  Car  la  femme  du  monde  a  aussi  elle  sou 
apostolat  à  exercer,  au  milieu  des  sociétés  les  plus  dissi- 
pées et  les  plus  mondaines.  Elle  a  grâce  d'état  pour  bien 
former  îe  cœur  de  l'enfance,  et  conserver  ainsi,  dans  la 
famille,  le  dépôt  sacré  de  la  crainte  de  Dieu,  le  commen- 
cement de  la  vraie  sagesse. 

Voilà,  Nos  Très-Chères  Filles,  comme  les  Communautés, 
appliquées  à  diverses  œuvres  de  charité,  forment  cette 
admirable  variété  d'Instituts  Religieux,  qui  brillent  dans 
le  firmament  de  l'Eglise.  Autant  d'Institutions  que  de 
besoins  :  autant  d'habits  que  de  genres  de  vie  ;  autant  de 
règles  que  de  sociétés.  Toutes  cependant  sont  si  tendre- 
ment unies  qu'elles  servent  de  tissure  à  la  Robe  sacrée 
dont  est  revêtue  la  Ste.  Eglise,  qui  nous  est  montrée,  dans 
la  divine  Ecriture,  comme  une  Reine  majestueuse  que  le 
Roi  fait  asseoir  à  sa  droite.  Cette  Robe  tissue  d'or  et 
brodée  en  couleurs  les  plus  variées  et  les  plus  éclatantes 
est  une  belle  figure  de  nos  Saintes  (Communautés,  qui, 
avec  la  même  charité  au  cœur,  offrent  à  l'univers  étonné 
le  spectacle  le  plus  varié  en  œuvres  de  bienfaisance.  C'est 
ce  qui  inspirait  au  dévot  St.  Bernard  tant  d'amour  pour  les 
Ordres  Religieux.  Par  état,  s'écriait-il,  je  ne  puis  appar- 
tenir qu'à  un  seul;  mais  je  les  embrasse  tous,  par  l'affec- 
tion que  je  leur  porte.  C'est  bien  là  aussi.  Nos  Très-Chers 
Frères,  votre  disposition  à  toutes. 

Nous  avons  donc  raison.  Nos  Très-Chères  Filles,  de 
compter  sur  vous  toutes,  pour  de  grandes  œuvres,  à  la 
gloire  de  notre  Dieu,  et  au  salut  des  âmes.  Oui,  vrai- 
ment. Nous  pouvons  porter  bien  haut  nos  espérances, 
entouré  comme  Nous  le  sommes  de  Communautés  à  qui 
il  Nous  semble  que  Dieu  a  donné  en  partage  son  Esprit, 
ce  don  par  excellence,  que  le  Père  des  lumières  ne  refuse 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  15:? 

point  à  la  bonne  prière.  La  faiblesse  de  votre  sexe  ne 
diminue  en  rien  cette  juste  confiance.  II  n'est  qu'une 
chose  qui  Nous  fasse  trembler  :  c'est  notre  négligence  à 
vous  donner  les  soins  que  vous  avez  droit  d'attendre  de 
notre  sollicitude  pastorale.  Car,  si  vous  êtes  pour  Nou& 
d' autres  Saintes  Femmes  de  f  Evangile,  Nous  devrions  être 
pour  vous  un  autre  Jésus-C/irist.  Et  voilà  ce  qui  Nous  fait 
trembler. 

Oh  !  oui,  Nos  Très-Chères  Filles,  depuis  longtemps 
Nous  gémissons,  dans  l'intérieur  de  notre  âme,  de  ne 
vous  avoir  pas  toujours  porté  ces  soins  attentifs  qui  entre- 
tiennent le  courage  et  la  bonne  volonté,  dans  les  rudes 
épreuves,  que  le  Divin  Epoux  ménage  toujours  aux  âmes 
reUgieuses.  Car  évidemment  il  est  pour  elles  un  Epoux 
de  sang.  Nous  comprenons,  que  vos  sublimes  devoirs  vous 
imposent  de  graves  obligations.  La  Virginité  est  une 
fleur  bien  éclatante  ;  mais  qu'elle  est  délicate  !  Elle  se 
fane  bientôt,  se  dessèche  et  tombe,  si  la  céleste  rosée  n'en- 
tretient sans  cesse  sa  fraîcheur  et  son  brillant.  Jésus  est 
bon  pour  ses  Communautés.  Mdis  oh  !  Dieu,  qu'il  est 
jaloux  de  ces  âmes  qu'il  y  amène,  pour  en  être  aimé, 
sans  partage  et  sans  bornes  !  Il  est  prodigue  de  grâces  en 
faveur  de  ces  âmes  privilégiées  ;  mais  qu'il  est  sévère  à 
exiger  le  bon  emploi  de  tant  de  talents  1  II  leur  prépare 
des  Noces  somptueuses  ;  déjà  il  arrive  dans  la  salle  du 
festin.  Mais,  qu'il  sera  prompt  à  faire  fermer  la  porte, 
aussitôt  entré  !  Qu'heureuses  seront  alors  les  Vierges 
sages,  qui  auront  fait  une  abondante  provision  de  pureté, 
d'obéissance,  de  pauvreté  et  de  charité.  Car  seules,  elles 
seront  admises  à  la  suite  de  l'Epoux.  Quelles  seront  mal- 
heureuses les  Vierges  folles,  qui  se  seront  endormies  dans 
les  bras  de  la  tiédeur  !  Quelle  voix  terrible  que  celle  qui 
fera  entendre,  au  dehors  de  la  salle  sacrée,  cette  parole 
accablante  :  Je  ne  vous  connais  pas  ! 

Au  milieu  des  noirs  soucils  d'une  charge  bien  au  dessus 
de  nos  mérites  et  de  nos  forces,  Nous  levons  souvent.  Nos 


154  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Très-Chères  Filles,  nos  yeux  baignés  de  larmes,  vers  les 
Communautés  d'où  Nous  attendons  notre  secours,  parce 
que  8te.  Thérèse,  cette  gloire  de  l'Etat  Religieux,  nous 
apprend  que  c'est  là,  comme  dans  des  forteresses  élevées 
que  se  réfugient  les  âmes  chastes  qui  craignent  leb  séduc- 
tions du  monde.  On  y  doit  donc  trouver  la  prière  pure 
dont  l'odeur  virginale  réjouit  l'Epoux  Céleste,  et  dont  la 
puissance  désarme  le  Ciel,  quand  nos  péchés  l'ont  irrité. 
Mais  en  même  temps,  ces  Communautés  Nous  apparais- 
sent au  milieu  de  sombre  nuages  de  poussière  mondaine, 
que  soulève  et  agite  le  vent  impétueux  des  passions,  qui 
souffle  sans  cesse  sur  la  mer  orageuse  du  monde.  Oh  ! 
comme  nous  craignons  que  cette  poussière,  balayée  en 
tous  sens,  n'aille  s'attacher  à  quelques-uns  de  vos  cœurs 
religieux,  et  ne  blesse  les  yeux  de  l'Epoux  si  tendrement 
fixés  sur  vos  saintes  maisons  !  Vos  Communautés  sont  à 
proprement  parler  les  Noviciats  de  cette  Communauté  de 
Vierges  dont  Jésus-Christ  aime  à  s'entourer  au  Ciel.  C'est 
dans  ces  divers  Noviciats  de  la  terre,  que  s'apprend  le 
cantique  virginal,  qui  doit  se  chanter  éternellement  dans 
les  Cieux  ;  et  c'est  quand  leur  cœur  et  leur  bouche  sont 
jugés  assez  purs  pour  le  chanter,  que  les  Vierges  de  l'exil 
sont  appelées  à  la  patrie,  la  Communauté  des  Commu- 
nautés. Et  voilà  encore  ce  qui  nous  fait  trembler.  Nos 
Très-Chères  Filles.  Hélas  !  y  en  aurait-il  parmi  vous 
quelques-unes  qui,  après  avoir  fait  le  long  et  dur  Noviciat 
de  la  terre,  ne  seraient  pas  jugées  dignes  de  faire  profes- 
sion, dans  la  sainte  et  heureuse  Communauté  du  Ciel  ! 

Vous  voyez  donc.  Nos  Très-Chères  Filles,  que  nos 
craintes  sont  raisonnables,  et  que  les  reproches  de  négli- 
gences, que  Nous  Nous  faisons  à  Nous-même,  sont  bien 
fondés.  Oh  !  comme  nous  désirons  réparer  ces  jours 
mauvais,  qui  se  sont  écoulés  comme  l'ombre,  mais  qui 
ont  laissé  dans  notre  cœur  de  profondes  traces  de  douleur  ! 
Vous  joindrez,  Nous  n'en  doutons  pas,  vos  prières  aux 
nôtres.    Vous  obtiendrez  que  le   Père  des  miséricordes 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  155 

Nous  pardonne  ce  mauvais  passé,  et  Nous  accorde  un 
meilleur  avenir.  Touché  de  vos  larmes,  il  Nous  donnera 
quelque  chose  de  son  infinie  sagesse,  avec  laquelle,  sans 
sortir  de  son  repos  éternel,  il  voit  tout  et  pourvoit  à  tout, 
jusqu'au  besoin  du  plus  petit  insecte  qui  ne  saurait  être 
en  oubli  aux  yeux  de  son  admirable  Providence. 

Eh  bien  !  Nos  Très-Chères  Filles,  Nous  allons  à  vous  ; 
mais  avec  lardent  désir  de  vous  procurer  tous  les  trésors 
de  grâces,  dont  le  Seigneur  Nous  a  fait  le  dépositaire. 
Préparez-vous  à  cet  avènement,  comme  à  celui  de  Jésus- 
Christ,  car  la  foi  vous  dit  que  celui  qui  Nous  reçoit  le  reçoit 
lui-mhne.  Allumez  vos  lampes  sacrées,  et  que  la  Divine 
charité  les  entretienne  lumineuses  et  ardentes.  Soyez 
généreuses;  car  c'est  à  cette  disposition  que  voire  Divin 
Epoux  peut  juger  de  votre  amour.  Sainte  Générosité, 
qui  ambitionne  les  plus  bas  emplois  ;  qui  embrasse  les 
plus  durs  travaux  ;  se  plait  avec  les  caractères  les  plus 
acariâtres  ;  sympathise  avec  les  humeurs  les  plus  fâcheu- 
ses ;  vit  en  paix  dans  toutes  sortes  d'offices,  et  avec  toutes 
sortes  de  personnes.  Sainte  Générosité,  qui  accepte  hum- 
blement les  corrections  les  plus  répugnan'.es  à  la  nature  ; 
reçoit  courageusement  les  humiliations  les  plus  terribles 
à  l'amour  propre  ;  baise  amoureusement  la  main  qui  la 
châtie  ;  bénit  molestemenl  la  bouche  qui  l'outrage.  Sainte 
Générosité,  qui  coulez  de  la  Croix,  comme  une  sève 
féconde,  répandez-vous  dans  tous  les  communautés,  et 
vivifiez  ces  plantrs  du  Calvaire. 

Ce  délicieux  fruit  de  Générosité,  Nous  voulons.  Nos 
Très-Chères  Filles,  le  cultiver  avec  soin,  dans  la  Visite 
que  Nous  allons  vous  faire.  Car  Nous  comprenons  que 
toute  la  perfection  et  tout  le  bonheur  de  la  vie  religieuse 
y  sont  attachés.  Et  en  effet,  quelle  est  forte  et  puissante 
la  Communauté,  qui  est  abondamment  fournie  de  sujets 
prêts  à  tout  faire  !  Qu'elle  fait  de  grandes  œuvres,  quand 
tous  ses  membres  se  sacrifient  et  s'exécutent,  pour  le  bien 
commun  !  Quels  immenses  services  elle  rend  à  la  religion 


156  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES. 

quand  tous  ces  emplois,  même  les  plus  bas,  sont  adminis- 
trés par  des  officières  dévouées,  sages  et  discrètes  !  Que 
l'on  va  vite  en  perfection,  quand  tout  de  bon,  et  toujours, 
on  fait  ce  qui  répugne  ;  et  que  V  on  ne  fait  pas  ce  qui  plaît  !  Car, 
n'est-ce  pas  là  ce  que  le  bon  Maître  dit  à  tous  ceux  qui 
s'offrent  à  lui  pour  la  vie  parfaite  :  Renoncez-vous  ;  prenez 
votre  croix,  suivez-moi. 

Mais  aussi  qu'il  est  grand  le  bonheur  d'une  communauté 
où  règne  \di générosité  !  C'est  la  vraie  manne  descendue  du 
ciel,  dont  la  saveur  peut  flatter  tous  les  goûts.  C'est 
l'arbre  de  vie,  planté  au  milieu  du  paradis  terrestre.  Ses 
fruits  exquis  donnent  à  l'âme  religieuse,  qui  s'en  nourrit, 
une  force  divine,  qui  la  fait  marcher,  jusqu'à  ce  qu'elle  ar- 
rive à  la  Montagne  de  Dieu.  C'est  vraiment  cette  bonne 
vo/ontédonl  les  Anges  révélaient  la  paix,  dans  leurs  joyeux 
cantiques  au-dessus  de  l'Etable  de  Jésus  naissant.  Oui 
vraiment,  les  Bienheureux  Esprits  le  proclament  dans  les 
airs  :  la  Paix  du  Ciel  est  pour  les  âmes  de  bonne  volonté 
qui,  sur  la  terre,  se  donnent  à  Notre  Seigneur,  pour  naître 
vivre  et  mourir  comme  lui.  Mais  cette  Paix  religieuse  ne 
se  trouve  qu'à  Bethléem,  à  Nazareth  et  au  Calvaire  ; 
c'est-àdire  qu'elle  ne  se  donne  qu'au  cœur  généreux, 
qui  met  ses  aifections  dans  les  choses  les  plus  pénibles  à 
la  nature.    Elle  coûte  cher  :  mais  qu'elle  est  délicieuse  ! 

A  ces  causes,  et  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué.  Nous 
avons  ordonné,  réglé  et  statué  ;  ordonnons,  réglons  et 
statuons  ce  qui  suit,  pour  l'Ordre  de  la  Visite,  dans  cha- 
cune des  Communautés. 

l»  Nous  Nous  rendrouî  dans  votre  communauté,  aux 
jour  et  heure  qui  seront  jugés  s'accommoder  le  mieux 
avec  vos  observances  religieuses  :  ce  dont  Nous  vous  don. 
nerons  avis,  après  que  Nous  Nous  serons  entendu  ayec 
la  Révérende  Mère  Supérieure. 

2o  Nous  ferons  notre  entrée  solennelle;  et  Nous  pro 
céderons  ensuite  à  tous  les  exercices  de  la  Visite,  en  nous 
conformant  à  votre  Cérémonial,  ou  Coutumier. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  157 

30  Nous  entendrons  toutes  celles  qui  désireront  s'adres- 
ser à  Nous  en  particulier,  et  celles  qui  se  trouveront  en 
Mission  pourront  Nous  écrire,  si  elles  le  jugent  nécessaire. 

4"  Nous  examinerons  soigneusement  si  tous  les  points 
de  la  Règle  sont  religieusement  observés.  Les  Sœurs 
de  chaque  Institut  qui  ne  sont  point  dans  la  Maison- 
Mère  devront  examiner,  en  conseil,  les  besoins  de  leur 
petite  communauté  ;  et  en  feront  en  commun  leur  rapport 
à  la  Supérieure  Générale. 

5«  Les  prières  et  les  bonnes  œuvres  des  Communautés 
seront  dès  maintenant  toutes  offertes  à  Dieu,  pour  obtenir 
à  cette  Visite  un  plein  succès.  En  outre,  chacune  fera 
prier  ses  pauvres,  ou  ses  élèves,  à  la  même  intention.  Les 
Chapelains  sont  priés  d'y  joindre  leurs  fervents  Mémento, 
à  la  Messe,  et  à  l'OfTice  divin. 

6^^  Nous  avons  réglé  qu'à  l'avenir  chaque  Communauté 
aurait  son  Supérieur  Ecclésiastique  et  son  Chapelain  par- 
ticulier. Nous  ne  doutons  pas  qu'elle  ne  les  honore  et 
respecte  comme  deux  Anges Tulélaires,  chargés  du  minis- 
tère visible,  qu'ils  doivent  exercer  pour  le  salut  de  toutes. 
Nous  serons  assisté  par  eux  dans  le  cours  de  la  Visite. 
Puis,  Nous  Nous  concerterons  avec  ces  hommes  de  Dieu, 
pour  le  bon  gouvernement  des  âmes  confiées  à  notre  sol- 
licitude. 

70  Nous  voulons  que  ce  Mandement  soit  distribué  à 
toutes  les  Sœurs,  pour  que  chacune  ayant  sa  copie, 
puisse  le  relire  en  son  particulier,  et  se  préparer  ainsi  aux 
grâces  de  la  Visite,  et  ensuite,  s'encourager,  par  sa  lecture, 
à  en  conserver  précieusement  les  fruits.  La  foi  lui  fera 
regarder  cet  Ecrit,  comme  une  Lettre  qui  lui  est  adressée 
du  Ciel,  par  la  Reine  des  Vierges.  C'est  du  moins  sous 
son  inspiration  que  Nous  avons  tâché  d'écrire.  Que  Marie 
donc,  qui  a  conduit  notre  plume,  pour  tracer  sur  du  vU 
papier,  la  lettre  de  cette  écriture,  obtienne  que  l'Esprit 
Saint  en  grave,  de  son  doigt  divin,  l'esprit  et  le  sentiment 
dans  tous  les  cœurs  religieux. 


158  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

80  Nous  joignons  dans  un  même  livret,  le  Mandement 
de  la  Visite  des  Communautés  et  celui  de  la  Visite  des 
Paroisses,  pour  que  chaque  Sœur  puisse  nourrir  sa  piété 
de  tout  ce  que  fait  la  Religion,  pour  la  sanctification  du 
monde,  où  elle  a  laissé  des  personnes  bien  chères,  comme 
pour  celle  des  Cloîtres  où  elle  se  trouve  rendue,  par  une 
grâce  pour  laquelle  elle  ne  saurait  assez  bénir  le  Seigneur. 
Par  reconnaissance  elle  travaillera  à  se  rendre  assez  sainte 
pour  mériter  d'obtenir  que  le  dépôt  sacré  de  la  Foi  ne 
périsse  jamais  dans  ce  pays,  dont  nos  pères  ont  toujours 
voulu  faire  un  pays  de  Foi.  Hélas  !  aujourd'hui,  l'ennemi 
y  sème  à  pleine  main  Fivraie  de  la  mauvaise  doctrine. 
Puissant  motif  pour  le  cœur  zélé  de  redoubler  d'efTorts  ! 
Oh!  oui:  plus  l'enfer  travaille  à  détruire  la  Religion, 
plus  les  Saintes  Communautés  doivent  s'efforcer  de  la 
défendre,  par  la  science  et  la  piété.  Filles  de  Jérusalem, 
poussez  de  longs  gémissements  sur  les  maux  de  votre 
patrie  ;  et  que  l'écho  répète  au  loin  vos  lugubres  accents  î 
Puissent  ils  toucher  tant  de  cœurs  séduits  et  abusés! 
Hélas  !  que  l'aimable  Jésus  est  peu  aimé  !  Que  sa  sainte 
Religion  est  violemment  attaquée  !  Que  les  portes  de 
l'enfer  sont  horriblement  agitées,  dans  ce  temps  mauvais  l 

9»  Nous  terminerons  la  visite,  quand  nous  aurons  réglé 
toutes  choses  ;  et  ce  sera  encore  en  suivant  le  Cérémonial, 
ou  le  Coutumier. 

0  Vierge  Marie,  nous  ne  la  commencerons  pas  cette 
Visite,  avant  d'avoir  imploré  votre  puissant  secours,  sur 
nos  filles  bien-aimées,et  sur  Nous,  leur  indigne  Pasteur. 
Notre  voix  pastorale  se  mêle  en  ce  moment  à  leurs  voix 
virginales,  pour  vous  dire  que  Nous  sommes  sous  le  poids 
de  maux  bien  accablants.  Mais  nous  sommes  pleins  d'espé- 
rances, parceque  nous  savons  que  vous  êtes  notre  Afère  et 
notre  Maîtresse  à  tous.  Votre  Saint  Nom  est  plein  de  lu- 
mières, et  votre  tendre  Cœur  est  plein  d'amour.  Eclairez 
donc  notre  entendement,  embrasez  nos  cœurs,  et  déliez 
nos  langues,  pour  que  nous  puissions  vous  honorer  di- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS.  159 

gnemeat  dans  ces  jours  de  salut.  Pour  cela,  faites  revivre 
votre  Maison  dans  toutes  nos  Communautés.  Régnez-y, 
comme  à  Nazareth,  avec  Jésus  et  Joseph.  Vierge  Sainte, 
sanctifiez-nous.  Vierge  Puissante,  fortifiez-nous.  Vierge 
Clémente,  changez-nous.  Vierge  Fidèle,  dirigez-nous  dans 
les  voies  delà  perfection.  O  Vierge  des  Vierges,  vous  voyez 
à  vos  pieds  les  Epouses  de  votre  Cher  et  Divin  Fils.  Pré- 
servez-les de  tous  maux  ;  accordez-leur  tous  les  biens  que 
vous  connaissez  leur  tHre  nécessaires.  Envoyez  un  des 
Anges  qui  vous  serve,  avec  le  charbon  ardent,  qui  purifie 
nos  lèvres  comme  autrefois  celles  des  Prophètes.  Que  ce 
Céleste  Guide  nous  conduise  dans  le  désert  de  celte  pauvre 
vie,  comme  il  conduisit  autrefois  le  peuple  saint  dans  les 
afTreuses  solitudes  de  l'Arabie.  Qu'il  soit  pour  nous  une 
colonne  de  feu,  pour  nous  tracer  la  route  de  nos  saints 
devoirs.  Qu'il  soit  aussi  pour  nous  un  Nuage  bienfaisant, 
qui  Nous  couvre  de  son  ombre  rafraîchissante  au  milieu 
des  ardeurs  de  cette  terre  arride,  que  nous  habitons.  O 
Mère  de  miséricorde, faites-nous  arriver  un  jour  à  cette 
bienheureuse  terre  qui  coule  des  fieuves  de  lait  et  de  miel 
Là,  en  baisant  vos  pieds  sacrés,  nous  entrerons  dans  le 
Chœur  des  Vierges,  que  vous  conduisez  vous-même,  à  la 
suite  du  divin  Epoux,  qui  est  votre  Fils.  'Ainsi  soit-il. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  en  Chapitre,  dans  toutes 
les  Maisons  Religieuses,  le  jour  de  sa  réceptien  ;  et  ensuite 
conservé  dans  les  Archives  de  chaque  Communauté. 

Donné  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  con- 
tre-seing de  notre  Secrétaire,  le  huit  Décembre,  mil-huit 
cent-cinquante. 

L.  t  S.  T  ^^-  E^'-  °^  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

JOS.  OCT.  PARÉ,  CHAN. 

Secrétaire. 
(Vraie  copie.) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Sec. 


160  MANDEMENTS,    LETTRES    PASTORALES, 


CrRGULAIRE 


AU    CLERGE    DU    DIOCESE    D£    MONTREAL. 


Evêché  de  Montréal,  le  26  Novembre  1850. 


Monsieur, 


Vous  recevrez,  avec  la  présente,  un  excellent  ouvrage 
sur  l'Agriculture,  intitulé  :  Traité  de  la  Tenue  Géné- 
rale iV une  Terre  dans  le  Bas- Canada.  Il  a  été  composé 
par  ordre  de  Sou  Excellence  le  Gouverneur  Général,  et 
imprimé  à  ses  frais,  pour  être  distribué  gratis  dans  toutes 
les  familles.  Son  objet  est  de  répandre  partout  la  science 
agricole,  qui  seule  peut  exploiter  les  richesses  de  notre  sol. 
Donné  par  une  main  si  noble  et  si  amie,  il  sera  reçu 
avec  reconnaissance,  étudié  avec  ardeur  et  conservé  avec 
amour.  Il  passera  de  père  en  fils  comme  un  précieux 
héritage,  et  une  source  de  prospérité  pour  chaque  famille. 
Usera  en  même  temps  un  monument  durable  de  l'atf'^c- 
tion  toute  paternelle  que  ce  Bon  Gouverneur  porte  à  nos 
paisibles  cultivateurs.  Ce  cadeau  sera,  je  n'en  doute  point, 
vivement  senti  et  justement  apprécié  par  tous  nos  parois- 
siens, chez  qui  régnent  encore  heureusement  les  mœurs 
patriarcales  du  bon  vieux  temps,  où  nos  pères  se  croyaient 
les  enfants  de  leurs  Rois  et  de  leur  Gouvernement,  et 
les  aimaient  comme  les  Pères  de  la  grande  famille  du 
Gouvernement.  Je  pense  que  le  moyen  le  plus  expéditif 
de  donner  à  cette  écrit  toute  la  circulation  qu'il  doit  avoir 
serait  de  convoquer  une  assemblée  de  tous  les  pères  de 
famille  pour  leur  distribuer  les  exemplaires  destinés  à 
votre  paroisse.  Quelques  mots  que  vous  et  vos  Notables 
Paroissiens  leur  adresseriez,  dans  une  réunion  si  intéres- 
sante, feraient  de  vives  et  profondes  impressions  dans  ces 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  Ifil 

cœurs  bien  nés,  et  susceptibles  de  tous  les  sentiments  hon- 
nêtes. Le  point  essentiel  est  que  ce  livre  soit  bien  compris 
et  que  chacun  sache  mettre  en  pratique  les  théories  qui  y 
sont  enseignées.  Pour  cela  je  crois  devoir  vous  suggérer  de 
profiter  de  cette  occasion  solennelle  pour  former  une 
Association  d'Agriculture  dans  votre  Paroisse,  si  déjà  elle 
n'y  existe,  et  pour  recommander  à  vos  paroissiens  de  pro- 
fiter des  longues  soirées  d'hiver,  pour  acquérir  toutes  les 
connaissanc&s  agricoles  qui  leur  sont  nécessaires.  La 
Bibliothèque  Paroissiale  pourra  fournir  des  livres  ou  des 
journaux  qui  les  aideront  à  passer  agréablement  et  utile- 
ment un  temps  qui  est  souvent  perdu  à  des  entreliens  fri- 
voles. Les  gens  instruits  de  votre  Paroisse  se  feront,  j'en 
suis  sûr,  un  plaisir  de  se  trouver  aux  réunions  qui  ont 
lieu  dans  leur  voisinage. 

Je  vais  écrire  à  Son  Excellence,  pour  la  remercier  de  sa 
bienviellance  envers  nos  bons  habitants  des  campagnes, 
me  fesant  l'interprète  de  leurs  sentiments  de  reconnais- 
sance et  de  respect.  Toutefois,  je  suis  bien  persuadé  que 
le  compliment  le  plus  llatteur  pour  Elle,  sera  l'accueil 
que  l'on  donnera  au  pamphlet  qu'il  offre  au  pays  entier, 
comme  un  gage  de  son  ardent  désir  de  le  voir  heureux  et 
florissant.  Espérons  que  dans  quelques  années,  nos  cam- 
pagnes couvertes  de  riches  moissons,  nos  prairies  ondoyan- 
tes de  mil  et  de  trèile,  nos  parcs  remplis  de  bestiaux  de  la 
plus  belle  qualité,  seront  pour  son  cœur  la  plus  agréable 
récompense. 

Je  suis  bien  cordialement. 

Mon  cher  Curé, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

-|-  Ig  Ev.  de  Montréal. 


U 


162  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES. 

CIRCULAIRE  AU  CLERGE 

Montréal,  le  8  Avril  1851. 
Monsieur, 

Le  beau  mois  de  Mai,  qui  nous  arrive,  nous  invite  au 
pèlerinage  de  Notre-Dame  de  Bonsecours,  pour  exposer 
à  cette  bonne  et  puissante  Reine  du  Clergé,  nos  besoins, 
et  ensuite  donner,  par  notre  exemple,  l'élan  aux  Fidèles. 
Ce  sera  le  G  Mai  matin  que  se  fera  ce  Pèlerinage  ;  et  je 
vous  y  invite,  si  vos  occupations  vous  permettent  d'y  ve- 
nir. Après  avoir  imploré  de  notre  mieux  la  protection  de 
la  Mère  de  Dieu,  nous  traiterons,  à  l'Evèché,  quelques 
affaires  qui  nous  intéressent  tous  ;  et  comme  il  faudra 
qu'elles  soient  discutées  ensuite  dans  les  Conférences  Ec- 
clésiastiques, je  crois  que  l'Archiprètre  ou  le  Secrétaire 
de  votre  arrondissement  devra  être  un  des  assistants. 

Je  profite  de  l'occasion,  pour  vous  informer  que  Mgr. 
Baillargeon  a  dû  quitter  Rome  au  mois  dernier,  et  qu'il 
est  attendu  ici  dans  le  mois  prochain.  Comme  il  est  temps 
de  nous  mettre  à  contribution,  pour  les  frais  de  l'Agence 
Provinciale  qu'il  a  si  dignement  remplie,  je  vous  prie,  si 
vous  avez  quelque  chose  à  y  mettre,  de  le  faire  tenir  au 
plustôt  au  Secrétaire  du  Diocèse. 

Veuillez  bien  vous  rappelez  que  votre  contribution  sera 
reçue,  avec  reconnaissance,  quelqu'elle  soit  ;  mais  qu'elle 
ne  doit  pas  dépasser  un  iouis.  S'il  y  a  du  surplus,  il  sera 
remis  dans  la  caisse  de  son  successeur. 

Je  suis  bien  cordialement. 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

f  Ig.  Ev.  db  Montréa  l 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTA  16J 

LETTRE  PASTORALE 

DE     MONSEIGNEUR     l'EVEQUE     DE    MONTREAL,     ANNONÇANT     LE 
PREMIER    CONCILE  PROVINCIAL   DE   QUEBEC. 


Ignace  Bourgel  par  la  Miséricorde  de  Dieu  et  la  Grâce  du  Sainl-Siêge 
Apostolique,  Evéque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier,  aux  Communautés  Religieuses  et  à  tous 
les  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  salut  et  bénédiction  en  Notre 
•Seigneur  Jésus-Christ. 

Le  Concile  Provincial  de  Québec,  convoqué  par  Sa  Grâce 
l'Illustrissime  et  Révérendissime  Seigneur  Pierre  Flaviea 
Turgeon,  Archevêque  de  Québec,  s'ouvrira  le  quinze  du 
mois  d'Août  prochain,  avec  l'aide  de  Dieu,  dans  l'Eglise 
Métropolitaine. 

Telle  est,  Nos  Très-Ghers  Frères,  la  grande  nouvelle 
que  Nous  sommes  tout  joyeux  de  vous  annoncer  aujour- 
d'hui ;  et  qui  va.  Nous  n'en  doutons  pas,  ranimer  votre 
foi,  et  réjouir  voire  piété.  Car,  nous  savons  comme  vous 
aimez  la  beauté  de  la  Maison  du  Seigneur,  et  la  grandeur 
de  sa  Religion,  qui  fait  ici-bas  votre  unique  bonheur. 

L'Auguste  Assemblée  dont  il  est  ici  question,  est  à  la 
vérité  nouvelle  pour  notre  jeune  pays.  Vous  en  connais- 
sez toutefois  la  nature  et  l'objet.  D'ailleurs,  nos  pères 
dans  la  foi  nous  ont  raconté  que  de  tout  temps  ces  réunions 
d'Evêques  furent  pleines  de  grâces  pour  les  peuples  chré- 
tiens. Car,  ce  sont  de  ces  rares,  mais  sublimes  solennités 
que  la  Religion  célèbre,  pour  montrer  à  ses  enfants 
Tunité  de  sa  foi  et  l'union  de  ses  pasteurs  :  la  pureté  de  sa 
morale  et  la  vertu  de  ses  sacrements  ;  la  majesté  de  soa 
eulte  et  les  splendeurs  de  ses  cérémonies  ;  l'ardeur  de  soa 
xèle  et  la  tendresse  de  son  amour. 


164  MANDEMENTS,    LETTRES    PASTORALES, 

Et  pour  qui  tout  cela  ?  Pour  vous,  (Vos  Très-Gher& 
Frères,  et  pour  le  salut  de  vos  âmes  ;  parce  qu'à  de  grands 
maux  il  faut  de  grands  remèdes.  Vous  êtes  donc  tous 
vivement  intéressés  au  bon  succès  de  l'Œuvre  qu'entre- 
prenent  vos  Pasteurs,  pour  vous  affermir  de  plus  en  plus 
dans  l'attachement  à  votre  Sainte  Religion.  Aussi  l'Eglise 
vous  invite-t-elle  instamment  à  y  concourir  de  tout  votre 
cœur.    Ecoutez  bien  ce  qu'elle  vous  dit  là-dessus. 

«  Les  trois  Dimanches  qui  précéderont  le  jour  indiqué 
«  pour  l'ouverture  du  Concile,  il  convient  que  le  Prédica- 
«  teur,  dans  l'Eglise  Métropolitaine,  et  les  Curés,  dans 
(I  leurs  paroisses,  fassent  de  grandes  instances,  pour  exiler 
'(  les  Fidèles  à  la  dévotion,  aux  oraisons,  aux  jeûnes,  à  la 
«  réception  des  sacrements  de  Pénitence  et  d'Eucharistie, 
«  et  à  toutes  sortes  de  bonnes  OEuvres,  afin  que,  avec 
«  l'aide  de  Dieu,  le  Concile  puisse  commencer  avec  dignité, 
«travailler  avec  succès,  et  se  terminer  avec  bonheur.» 
A  ce  ton  de  piété,  et  à  cet  accent  de  tendresse,  vous  recon- 
naissez, sans  doute,  la  voix  de  votre  bonne  Mère,  la  Ste. 
Eglise,  vous  tous  qui  êtes  ses  enfants  affectionnés. 

Pénétré  d'un  religieux  respect  pour  cette  Sainte  Ordon- 
nance, Nous  avons  du  nous  faire  un  devoir  de  l'exécuter, 
avec  une  amoureuse  fidélité.  Ne  pouvant  avoir  pour 
nous  guidez  l'expérience  de  nos  Illustres  Prédécesseurs 
dans  ce  Pays,  puisqu'aucun  Concile  ne  s'y  est  jusqu'ici 
célébré,  Nos  avons  consulté  les  usages  de  nos  pères  de 
l'ancien  monde,  et  les  antiques  traditions  de  l'Eglise,  qui 
embrasse  tous  les  peuples  des  bras  de  sa  catholicité.  Nous 
avons  surtout  étudié  la  conduite  que  tenait,  dans  ses  Con- 
ciles Provinciaux,  St.  Charles  Borromée,  ce  parfait 
modèle  de  tous  les  Evêques.  De  plus,  Nous  nous  sommes 
entendu  avec  notre  Vénérable  Archevêque  et  nos  Evê- 
ques Co-Provinciaux,  pour  ne  rien  faire  que  selon  l'esprit 
de  l'Eglise. 

A  ces  causes,  le  St.  Nom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis 
de  Nos  Vénérables  Frères,  les  Chanoines  de  notre  Calhé- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  165 

clrale,  Nous  avons  réglé,  statué,  ordonné,  réglons,statuons, 
ordonnons  ce  qui  suit  : 

lo  L'Edit  de  convocation  du  Concile  Provincial  seia 
affiché  aux  portes  de  notre  Eglise  Cathédrale,  deux  mois 
avant  l'ouverture,  c'est-à  dire  le  quinze  juin  courant.  Les 
pieux  fidèles,  en  y  entrant,  seront  par  là  invités  à  prier 
pour  le  succès  de  celte  grande  Œuvre. 

2»  Il  y  aura  Processions  avec  Litanies  des  Saints  et 
autres  prières  approuvées,  dans  toutes  les  Eglises  et  Cha- 
pelles du  Diocèse,  les  trois  Dimanches,  qui  précéderont 
l'ouverture  du  dit  Concile,  c'est-à-dire  le  vingt-sept  Juillet, 
et  les  trois  et  dix  d'Août  prochain.  Ce  sera  pour  les  Pré- 
dicateurs, le  temps  d'exhorter  les  Fidèles  à  vaquer  aux 
exercices  que  leur  recommande  l'Eglise,  pour  le  bon  suc- 
cès du  Concile.  Ces  Processions  seront  aussi  solennelles 
que  le  peut  permettre  un  Ufiice  de  Pénitence.  Elles 
pourront  se  faire  en  dehors  aussi  bien  qu'en  dedans  des 
Eglises.  On  y  invoquera  avec  foi  et  confiance  tous  les 
Anges  et  les  Saints,  et  spécialement  les  Anges  Tutélaires 
et  les  Saints  Patrons  de  la  Province,  ainsi  que  ceux  du 
Diocèse,  des  Paroisses  et  Communautés.  Ce  sera  pour 
les  Sociétés  et  Confréries  une  occasion  solennelle  de 
déployer,  avec  leurs  étendards,  leur  zèle  pour  l'honneur 
de  la  sainte  Eglise. 

4'^  A  commencer  du  jour  où  ia  présente  Lettre  Pastorale 
sera  publiée,  jusqu'à  la  clôture  du  Concile,  les  Prêtres 
diront  à  la  Messe,  au  lieu  de  l'Oraison  Deus  refugiutn,  etc., 
l'Oraison  De  Spiritu  Sancto.  Les  jeudis,  ils  diront  la 
Messe  du  St.  Esprit,  si  les  Rubriques  le  permettent.  Cette 
Messe  se  chantera,  ces  jours-là,  à  notre  Eglise  Cathédrale, 
à  une  heure  qui  accommodera  les  pieux  fidèles;  car  nous 
comptons  beaucoup  sur  leurs  bonnes  prières.  Tous  ces 
saints  exercices  sont,  comme  on  le  voit,  une  préparation 
au  Concile.  Mais  en  voici  d'autres  pour  le  temps  où  il  se 
célébrera. 

3"  Chacun  de  ses  trois  Dimanches  devra  être,  autant 


166  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

que  possible,  jour  de  communion  générale.  Il  faudrait 
pour  cela  que  l'on  se  confessât  pendant  la  semaine,  pour 
être  prêt  à  faire  cette  sainte  action  en  l'un  de  ces  trois 
Dimanches. 

5°  Pendant  la  tenue  du  Concile,  il  y  aura  successive- 
ment, dans  diverses  Eglises  de  la  ville,  Prières  des  Quti- 
rante  heures  et  exposition  solennelle  du  St.  Sacrement.  Ici, 
Nous  comptons  surtout  sur  l'Association  de  VAdoration 
Perpétuelle,  pour  que  ces  jours  de  grâce  soient  solennisés, 
comme  ils  le  doivent  être  dans  un  temps  si  précieux. 

60  Le  quatorze  d'août  sera  jour  de  jeûne  pour  le  Con- 
cile. Il  convient  que  ce  soit  un  jeûne  général.  Nous  y 
invitons  donc  tous  ceux  qui  pourront  le  pratiquer.  La 
Prière  jointe  au  jeûne  est  toute  puissante  auprès  de  Dieu. 

Maintenant,  laissez  Nous  vous  dire,  Nos  Très-Chers 
Frères,  dans  toute  la  simplicité  de  notre  âme,  la  pensée 
qui  nous  préoccupe,  en  vous  écrivant  cette  Lettre.  Bientôt, 
il  nous  faudra  représenter,  dans  le  Concile,  l'Eglise  de 
Vïne- Marie, c'est-à-dire,  aux  termes  de  l'Apocalypse, il  Nous 
faudra  être  un  des  sept  Anges,  préposé  à  la  garde  de  l'un 
des  sept  Diocèses,  qui  forment  aujourd'hui  notre  Province 
Ecclésiastique;  et  obligé  d'y  briller,  comme  les  étoiles  au 
firmament,  de  tout  l'éclat  des  vertus  Episcopales.  Septem 
stellœ  Angeli  sunt  Ecclesiarum.  Que  cette  pensée,  Bien- 
aimés  Frères,  est  accablante  pour  vous  et  pour  Nous  ! 

Car  remarquez  le  bien,  c'est  le  Diocèse  tout  entier  qui 
y  doit  paraître,  avec  ses  (JEuvres  bonnes  et  mauvaises.  Il 
y  faudra  en  effet  s'occuper  sérieusement  des  moyens  à 
prendre  pour  considérer  le  peu  de  bien  qui  s'y  fait,  et 
corriger  les  abus  qui  s'y  introduisent  d'une  manière  si 
alarmante.  Comme  Nous,  vous  êtes  sans  doute  effrayés, 
Nos  Très-Chers  Frères,  du  mauvais  esprit  qui  se  répand 
partout,  et  des  efforts inouis  que  fait  l'enfer,  pour  détruire 
la  foi  et  les  mœurs,  par  lant  de  mauvais  livres,  qui  circu- 
lent plus  que  jamais  dans  le  monde,  par  tant  de  discours 
imoies,  qui  outragent  la  Religion  et  ses  Ministres,  par 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  167 

lantde  scandales  enfin  qui  séduisent  tant  d'âmes  impré- 
voyantes. 

Or,  la  plus  grande  responsabilité  de  ces  maux  pèse  sur 
notre  conscience.  On  n'en  saurait  douter  quand  on 
entenu  l'Apôtre  de  la  Charité  adresser  de  sévères  repro- 
ches aux  Evêques  des  Eglises  dont  il  avait  la  surinten- 
dance, à  cause  des  abus  qu'ils  n'avaient  pas  le  courage  de 
combattre.  Toute  fois,  il  les  appelle  des  Anges  ;  et  il  loue 
beaucoup  leurs  vertus  ;  et  c'est  ce  qui  fait  trembler.  Aussi 
rentrant  en  nous-raême,  nous  faisons  Nous  l'application 
de  ces  justes  reproches.  Car  notre  Charité  s'est  bien  plus 
refroidie  que  celle  de  l'Ange  d'Ephèse.  Nous  combattons 
bien  moins  vigoureusement  les  erreurs  du  temps,  que  ne 
combattait  la  doctrine  empoisonnée  des  Nicolaïtes  l'Ange 
de  Pergame.  Nous  résistons  moins  généreusement  à  la 
corruption  du  siècle  que  ne  le  faisait  lAnge  de  Thyatire, 
à  la  séduction  de  Jézabel.  Nos  OEuvres  sont  moins  pleines 
que  celles  de  l'Ange  de  Sardes.  Noire  vertu  est  moins 
pure  que  celle  de  l'Ange  de  Philadelphie.  Nous  sommes 
plus  tiède  que  l'Ange  de  Laodicée.  Ob  !  puissions  Nous, 
comme  l'Ange  de  Smyrne,  ne  mériter  aucun  reproche  de 
Dieu  et  de  l'Eglise,  dans  l'administration  de  ce  Diocèse  ! 
/Apoc.  cap.  2  et  3.)  Croyez-le,  Nos  Très-Chers  Frères,  la 
Charge  Pastorale  est  bien  pesante  ;  et  vous  avez  la  stricte 
obhgation  de  nous  aider  à  la  porter,  par  une  bonne  vie, 
entretenue  par  une  bonne  prière. 

De  plus.  Nous  devons  paraître  au  Concile,  debout,  près 
de  V Autel,  tenant  en  main  un  encensoir  d'or  ;  c'est-à-dire, 
avec  une  âme  ardente,  toujours  prête  à  partir  pour  la 
gloire  de  Dieu,  avec  une  volonté  généreuse,  que  rien  ne 
saurait  ébranler,  quand  il  s'agit  des  intérêts  de  la  Reli- 
gion ;  avec  un  cœur  brûlant  da  Charité,  quand  il  faut  se 
sacrifier  pour  les  besoins  du  peuple.  Stetit  Angélus  pixta 
Aram  templi,  habens  thuribulum  aureuni  in  manu  sua.  Un 
Dieu  à  glorifier,  une  Religion  à  défendre,  un  Peuple  à  sauver  : 
telle  est  la  pensée  qui  saisit  notre  coeur,  aux  approches  de 
celte  grande  solennité  qui  nous  arrive. 


168  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Aidez-Nous  donc,  encore  une  fois.  Nos  Très  Chers 
Frères,  à  paraître  au  Concile  en  digne  Représentant  de 
V Eglise  de  Montréal.  Il  nous  faut  pour  cela  beaucoup  de 
parfums,  pour  que  notre  encensoir  soit  toujours  fumaat: 
c'est-à-dire,  qu'il  Nous  faut  le  zèle  ardent  du  Clergé,  la 
bonne  conduite  des  Paroisses,  l'Esprit  Ecclésiastique  des 
Séminaires,  la  science  sacrée  des  Maisons  d'Education,  la 
parfaite  régularité  des  Communautés,  les  Œuvres  chari- 
tables des  Sociétés,  les  pieux  exersic«s  des  Confréries,  les 
Prières  ferventes  des  Justes,  les  larmes  abondantes  des 
Pénitents,  les  Vertus  Patriarcales  des  familles,  enfin, 
l'encens  pur  de  tout  le  Diocèse,  réglé  suivant  les  Saints 
Canons,  pour  embaumer  d 3  son  agréable  odeur,  l'Eglise 
Provinciale,  réunie  en  la  présence  de  Dieu.  Data  sunt 
ci  incensa  milita  ;  et  ascendit  fumus  aromatum  de  viaiiu  Angeli, 
In  cotispectu  Domini.  Que  de  motifs  donc  Nous  avons  de 
faire  instance,  pour  que  vous  prépariez  les  voies  au  Sei- 
gneur! Ah!  de  grâce,  Nos  Très-Ghers  Frères,  venez  à 
notre  secours,  dans  ce  temps  de  pressants  besoins.  Pour 
cela  vivez  saintement  et  priez  ardemment.  Nous  avons  la 
confiance  que,  dans  toutes  les  maisons  de  ce  Diocèse,  on 
évitera  le  péché  et  on  pratiquera  la  vertu,  pour  qu'au 
Concile,  V Eglise  consacrée  à  Marie  soit  pure  et  digne  de  la 
Vierge  Immaculée. 

A  ce  propos.  Nous  vous  dirons  qu'une  de  nos  Proces- 
sions de  ville  se  dirigera  de  la  Chapelle  du  Saint- Cœur  de 
Marie  à  celle  de  Notre-Dame  de  Bonsecours,  et  que  là  aussi 
se  feront  les  Prières  des  Quarante  Heures^  pendant  que  le 
Concile  se  célébrera  à  Québec.  Marie  étant  l'Etoile  de  la 
Mer,  il  est  évident  que  ceux  qui  conduisent  le  vaisseau 
de  l'Eglise,  sur  cette  mer  orageuse,  doivent,  pour  ne  pas 
faire  naufrage,  sorienter  sur  cet  astre  lumineux.  Marie 
étant  la  Maîtresse  de  la  Foi,  il  s'en  suit  nécessairement 
que  ceux  qui  en  sont  les  Juges,  doivent  la  consulter; 
Marie  étant  la  Gardienne  des  mœurs,  il  faut  bien  que  les 
Pasteurs  recourent  à  elle,  pour  préserver  leur  troupeau 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  109 

de  la  corruption  du  siècle.  Or,  pour  nous  tous,  Nos  Très- 
Chers  Frères,  vous  le  savez,  l'Autel  de  \Archiconfrérie  et 
la  Ste.  Chapelle  de  Bonsecours  sont  nos  tabernacles  chéris, 
vers  lesquels  se  dirige  toujours  nos  pas,  au  temps  du 
besoin.  Qu'il  est  glorieux  pour  Marie  d'être  le  secours 
des  Pasteurs,  aussi  bien  que  celui  des  brebis  !  Gomme 
son  cœur  maternel  surabonde  de  grâces,  pour  préparer 
tous  les  cœurs  à  un  Concile  dont  la  bouche  ne  manquera 
pas  de  la  proclamer  Bienheureuse  ! 

Nous  avons  un  second  molif,  Nos  Très-Chers  Frères, 
d'aller  en  Procession  dans  ces  deux  Sanctuaires  ;  c'est  que 
Nous  en  avons  pris  devant  Dieu  l'engagement,  à  la  vue 
des  pluies  abondantes  de  la  saison,  qui  mettent  en  danger 
la  moisson  de  l'année.  Vos  intérêts  sont  les  nôtres  ;  vous 
n'en  doutez  pas.  D'ailleurs  vous  répondez  si  bien  à 
chaque  appel  que  Nous  lésons  à  votre  charité,  que  la 
reconnaissance  Nous  impose  le  devoir  de  toujours  prier 
pour  que  le  pain  quotidien  ne  vous  manque  jamais.  Oh  ! 
loin  de  nous  le  péché  de  cesser  un  instant  de  prier  pour 
vos  intérêts  spirituels  et  temporels. 

Que  la  Grâce  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  soit  avec  vous 
tous.     Amen. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  notre 
Cathédrale,  Dimanche,  le  quinze  Juin  courant  ;  à  celui 
de  toutes  les  Eglises  où  se  fait  l'Office  Paroissial,  et  en 
Chapitre  dans  toutes  les  Communautés  Religieuses,  le 
premier  Dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  notre  Palais  Episcopal,  le  trei- 
zième jour  de  Juin  de  l'année  mil  huit  cent  cinquante-un, 
sous  notre  seing  et  sceau  et  contre-seing  de  notre  Secré- 
taire. 
L.  -\  S.  f  IG.  Ev.  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

Jos.  OcT.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 
(  Vraie  Copie  ) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


!70  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIRCULAIRE   AU  CLERGE. 

Montréal,  juillet  1851. 

Monsieur, 

Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  recommander  d'insister 
auprès  de  vos  paroissiens,  pour  les  faire  entrer  dans  les 
vues  de  l'Eglise,  par  rapport  au  Concile.  Vous  sentez 
vivement  que  plus  ce  bon  peuple  priera  pour  nous,  plus 
cette  grande  œuvre  réussira.  Je  crois  qu'il  serait  bon  de 
partager  en  trois  la  Lettre  Pastorale  ci-jointe,  et  de  la 
commenter  les  trois  dimanches  où  il  vous  faudra  parler 
là  dessus.  La  nature  d'un  Concile,  la  solennité  qui  l'ac- 
compagne, le  bien  qu'il  opère,  sont  des  motifs  puissants 
pour  les  bons  catholiques  d'y  concourir  de  toutes  leurs 
forces.  lisseront  par  là  tout  préparés  à  en  recevoir  les 
actes  avec  respect  et  soumission.  Ce  sera  beaucoup  de  ga- 
gné dans  un  temps  où  l'on  fait  tant  d'efforts  pour  inspirer 
au  peuple  le  mépris  de  la  Religion  et  de  ses  Ministres. 

Le  Cérémonial  du  Concile  doit  être  imprimé  sous  peu. 
11  serait  bon,  je  pense,  d'en  favoriser  la  circulation  dans 
le  Diocèse,  afin  que,  sur  les  recommandations  que  vous 
en  feriez,  l'on  pût  s'unir  de  loin  à  tout  ce  qui  se  fera  à 
Québec, 

Le  Rituel  Provinciale  devra  renfermer,  autant  que  pos- 
sible, les  instructions  et  décisions,  propres  à  vous  diriger 
dans  les  cas  ordinaires  et  courants.  Pour  atteindre  ce  but, 
il  nous  fait  connaître  les  difficultés  que  vous  rencontrez 
le  plus  ordinairement,  et  dont  vous  ne  sauriez  trouver  la 
solution,  qu'en  feuilletant  beaucoup  de  livres.  Je  vous 
prie  d'en  faire  le  sujet  d'une  Conférence  Ecclésiastique, 
dans  laquelle  vous  pourriez  simplement  mettre  les  ques- 
tions qui  vous  présentent  des  difficultés,  dans  le  gouverne- 
ment des  Paroisses,    l'administration  des   Fabriques,  le 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  171 

soin  des  Ecoles,  le  bon  ordre  des  Eglises,  et  aulres  ma- 
tières de  cas  pratiques.  Le  plutôt  sera  le  meilleur,  à 
cause  de  l'exemple  long  et  sérieux  que  pourront  exiger 
plusie'jrs  de  ces  questions. 

Nous  pourrons,  le  jour  de  la  saint  Jacques,  traiter  plu- 
sieurs des  questions  importantes  qui  vous  auront  occupés, 
dans  les  Conférences.  Afin  d'avoir  plus  de  temps,  nous 
chanterons  la  Grande  Messe  à  cinq  heures  du  matin  et 
les  Vêpres  à  six  heures  du  soir. 

La  Retraite  Pastorale  se  fera,  celte  année,  comme  à 
l'ordinaire,  au  Petit-Séminaire  de  Montréal,  et  commen- 
cera le  18  août  prochain,  vers  les  deux  heures  de  l'aprèe- 
midi.  Elle  se  terminera  à  Québec  le  24,  avec  la  clôture  du 
Concile,  pour  ceux  qui  désireront  y  assister.  Dans  ce  cas 
l'on  fera  la  communion  générale  à  Notre-Dame  de  Bonse- 
Gours  en  s'embarquant  ;  et  l'on  fera  la  communion  géné- 
rale à  Notre-Dame  de  la  Victoire,  à  la  Basse- Ville  de 
Québec,  où  je  me  ferai  un  bonheur  d'aller  dire  la  Messe 
aux  Retraitants.  Je  vous  dirai  ie  jour  de  St.  Jacques, 
comment  les  cures  seront  gardées,  et  quelles  seraient  les 
propositions  des  capitaines  de  Steamboat,  pour  faire  ce 
voyage.  Chacun  devra,  je  crois,  se  pourvoir  d'un  surplis; 
et  l'on  prendra  arrangement  pour  que  tous  aient  des 
places  convenables  à  l'Eglise  Métropolitaine.  En  attendant, 
préparons-nous  à  cette  Retraite,  qui  pour  être  plus  courte, 
n'en  sera  pas  moins  importante.  Car  votre  ferveur,  pen 
dant  ce  temps  de  grâce,  obtiendra  aux  Evêques  les  lumiè- 
res, et  aux  fidèles  les  forces,  pour  accomplir  en  toutes 
choses  la  sainte  volonté  de  Dieu,  qui  est  que  tout  le  monde 

soit  sauvé. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très  humble  et  très-obéissant  serviteur, 

f    TG.  EVÉQUE  DE  MONTRÉAX. 

[Vraie  Copie.) 

J.  0.  Paré.  Chan.  Sec. 


) 


172  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

P.  S.  Je  VOUS  prie  d'informer  vos  bons  Paroissiens  que 
la  Procession  de  la  ville,  qui  devra  se  faire  de  l'Autel  de 
l'A-rcliiconfrérie  à  Notre  Dame  de  Bonsecours,  a  pour 
objet  d'obtenir  du  beau  temps,  pour  détourner  le  fléau  de 
la  disette  qui  nous  menace.  Engagez  les  à  faire  de  bonnes 
œuvres  pour  toucher  le  cœur  du  Père  des  miséricordes. 
Tâchez  que  vos  pauvres  n'aillent  pas  vagabonder  ailleurs, 
surtout  dans  notre  ville  où  ils  sont  en  si  grand  danger. 
Que  Ton  fasse  travailler  ceux  qui  en  sont  capables,  et  que 
l'on  place  les  infirmes  dans  de  bonnes  maisons,  pour  leur 
porter  tous  les  soins  qu'ils  peuvent  attendre  d'une  charité 
vraiment  chrétienne.  Les  quêtes  Dominicales  peuvent 
être  de  temps  en  temps,  appliquées  aux  bonnes  œuvres 
de  la  Paroisse.  Je  recommande  dans  ce  moment  à  la 
compasion  de  votre  Paroisse  l'œuvre  des  Sourds  et  Muets. 
Quelques  quêtes  faites  à  l'Eglise  pourraient  facilement 
couvrir  les  dépenses  à  faire,  pour  les  envoyer  à  l'asile 
établi  sur  le  Coteau  St.  Louis,  près  de  la  ville,  ou  bien 
dans  une  Communauté,  si  ce  sont  des  filles. 

Enfin,  je  vous  conjure  de  recommander  souvent  à  vos 
bonnes  âmes  de  prier  pour  l'Angleterre  afin  qu'elle  se 
convertisse,  après  avoir  si  longtemps  persécuté  la  foi. 

La  clôture  du  Concile  ayant  été  fixée  définitivement  au 
28  Août,  la  Retraite  Pastorale  commencera  le  I9  au  soir 
et  se  terminera  à  Québec  le  28  au  matin. 


-J-  L  E.  DE  M. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES   DOCUMENTS.  173 

LETTRE  PASTORALE 

DES  PÈRES  DU  PREMIER  CONCILE  PROVINCIAL  DE  QUÉBEC,  A  TOI  3 
LES  FIDÈLES  DE  LA  PROVINCE    ECCLÉSIASTIQUE. 


JVous,  par  la-  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du  St. -Siège 
Apostolique,  Archevêque  et  Evéques  de  la  Province  Ec- 
clésiastique de  Québec. 

A  tous  les  Prêtres  et  à  tous  les  Fidèles  de  la  dite  Province.  Salut  et 
Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Rendez  grâces  à  Dieu  avec  nous,  Nos  Très-Chers  Frè- 
res :  nous  avons  enfin  conduit  à  heureuse  issue  cette 
sainte  et  importante  entreprise,  à  laquelle  nous  vous 
avions  invités  à  concourir  par  vos  prières,  en  vous  annon- 
çant l'ouverture  du  premier  concile  de  la  province  ecclé- 
siastique de  Québec.  Nos  vœux  et  les  vôtres  sont  accom- 
plis. Vos  pasteurs,  qui  désirent  ardemment  votre  bonheur, 
ont  pu  traiter  librement  les  hautes  questions  qui  embras- 
sent les  graves  intérêts  de  la  gloire  de  Dieu  et  de  la 
sanctification  de  vos  âmes.  Ils  ont  comme  inauguré,  pour 
l'église  du  Canada,  une  période  nouvelle  ;  car  c'était  pour 
la  première  fois,  que,  conformément  aux  prescriptions 
des  saints  canons,  ils  se  réunissaient  officiellement,  dans 
une  de  ces  grandes  et  religieuses  assemblées,  images  de 
celle  des  apôtres  dans  le  Cénacle.  Chaque  jour,  rangés 
autour  de  l'autel  du  Dieu  trois  fois  saint,  qui  nous  a  chargés 
de  conduire  son  Eglise  (Act.  ch.  XX,  v.  28),  nous  appelions 
et  sur  nous  et  sur  nos  travaux  l'assistance  de  l'Esprit- 
Saint  promise  à  notre  faiblesse  ;  et,  nous  vous  l'avouons 
avec  joie  et  avec  reconnaissance,  notre  consolation  était 
de  penser  que  vous  priiez  pour  nous  et  avec  nous.  Aussi, 
dans  le  cours  de  nos  longues  délibérations,  ayons-nous 
senti  les  salutaires  effets  de  votre  pieux  concours. 


174  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Nous  ne  pouvons  vous  laisser  ignorer,  Nos  Très-Chers 
Frères,  ce  ^ue  nos  cœurs  ont  éprouvé  au  milieu  de  ces 
fonctions  sacrées  de  notre  épiscopat,  alors  que,  pénétrés 
de  l'importance  de  nos  devoirs  de  pasteurs,  nous  étudiions 
les  besoins  spirituels  des  troupeaux  qui  nous  sont  confiés, 
et  que  nous  écoutions  la  voix  de  l'Esprit-Saint  que  nous 
ne  cessions  d'invoquer.  Nous  savions  avec  quelle  ferveur 
vous  imploriez  l'assistance  du  même  Père  des  lumières  de 
qui  vient  tout  don  parfait  (Ep.  S.  Jacques,  ch.  I.  v.  17.)  ; 
nous  connaissions  avec  quel  vif  intérêt  votre  piété  et 
votre  amour  pour  la  religion  vous  faisaient  suivre  de  loia 
les  opérations  de  ce  premier  concile,  et  comment  vous  nous 
accompagniez  de  vos  vœux,  de  votre  respect  et  de  affec- 
tion. Voilà  pourquoi  nous  sentions  véritablement  que 
nous  étions  dans  la  présence  et  sous  les  regards  de  Dieu, 
que  son  esprit  était  là  au  milieu  de  nous  :  Ibi  sum  in  média 
eorum.  (Matt.  ch.  18  v.  20).  Chacun  l'éprouvait,  chacun  le 
croyait,  et  cette  conviction  profonde  nous  suivant  jusque 
dans  les  actes  les  plus  ordinaires  de  la  vie,  nous  aidait  à 
sanctifier  toute  chose,  à  mieux  travailler  au  salut  de  vos 
âmes,  et  nous  faisait  espérer  plus  fermement  que  jamais 
que,  par  la  grâce  de  Dieu,  et  avec  la  protection  de  Marie, 
notre  travail  serait  suivi  de  bénédictions  plus  abondantes 
et  pour  vous  et  pour  nous. 

Pardonnez-nous,  Nos  Très-Chers  Frères,  si  nous  parlons 
ainsi  du  caractère  éminemment  religeux  de  notre  assem- 
blée; c'est  une  satisfaction  intime  et  undouxépanchement, 
pour  des  pères,  de  verser  dans  l'âme  de  leurs  enfants  les 
mêmes  jouissances  dont  leurs  cœurs  sont  inondés.  Nous 
voulons  par  là  vous  inviter  à  bénir  avec  nous  le  Père  des 
Miséricordes  et  le  Dieu  de  toute  consolation,  et  à  le  remer- 
cier de  nous  avoir  dirigés  par  sa  grâce  et  éclairés  par  sa 
lumière  ;  Benedictus  Deus  et  Pater  Domini  nostri  Jesu 
Christi,  pater  misericordiarum,  et  Deus  iotius  çonsolationis 
(II.  Cor.  ch.  1.  V.  7) 

Voilà,  Nos  Très  Chers  Frères,  quelques-uns  des  traits 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  175 

de  cette  première  réunion  épiscopale  qui  attestera  à  tous 
les  chrétiens  du  pays,  que,  dans  l'église  catholique,  tous 
n'ont  qu'un  cœur  et  qu'une  âme,  depuis  le  Pon  tife  Suprême 
et  les  évêques  j  usqu'aux  prêtres  et  aux  fidèles  ;  comme  tous 
aussi  n'ont  qu'une  même  foi  et  une  même  espérance,  celle 
du  ciel  :  Solliciti  servare  unitatem  spiritûs  in  vinculo  pacis. 
(Eph.  ch.  5.  V.  3). 

Ils  ne  nous  est  point  encore  permis,  Nos 'irès-Ghers  Frè- 
res, de  rendre  public  le  résultat  de  notre  réunion,  puisque 
les  décrets  du  concile  ne  peuvent  être  officiellement  pro- 
mulgués qu'après  qu'ils  auront  été  revêtus  de  l'approbation 
du  Saint  Siège  Apostolique.  Néanmoins  pour  aller,  autant 
qu'il  nous  est  possible,  au  devant  de  vos  louables  désirs, 
nous  aimons  à  vous  faire  connaître  les  principaux  objets 
dont  nous  nous  sommes  occupés. 

Nous  observerons  d'abord,  et  nous  le  faisons  avec  boa- 
heur,  que  nous  n'avions  pas  ici,  comme  dans  les  pays 
battus  par  l'orage  et  tourmentés  par  les  révolutions,  des 
ruines  à  relever,  et  de  grands  désastres  à  réparer.  Malgré 
les  sourdes  tentatives  de  l'enfer,  malgré  les  assauts  qu'il  a 
livrés  plus  d'une  fois  à  la  maison  de  Dieu,  votre  foi  n'a 
pas  été  ébranlée,  nos  pieux  monuments  ont  été  mainte- 
nus, les  lois  saintes  de  la  discipline  ont  été  respectées. 
Mais,  comme  celui  qui  est  juste  doit  chercher  à  se  justifier 
encore,  et  celui  qui  est  saint  doit  s^  efforcer  à  le  devenir  davan- 
tage {K^od^'^Al^  11.),  nous  devons,  selon  la  leçon  de 
l'Apôtre  St.  Jean,  ne  poiot  nous  borner  à  ce  que  nous 
avons  fait,  mais  nous  porter  toujours  en  avant,  vers  quel- 
que chose  de  plus  parfait  et  de  plus  élevé* 

Chargés  du  dépôt  sacré  de  la  foi  (I  Ep.à  Tim.  ch.  6.  v.  21.) 
dont  nous  aurons  à  répondre  un  jour,  nous  nous  sommes 
occupés  des  moyens  de  la  conserver  toujours  pure  et  intacte 
parmi  vous  ;  et,  comme  sa  première  garantie  dépend  de 
notre  attachement  à  cq\X& pierre  contre  laquelle  les  puissan- 
ces de  V enfer  ne  prévaudront  jamais  (S.  Matt.  ch.  16,  v.  18), 
nons  avons  voulu  rendre  un  hommage  public  et  solennel 


176  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

à  l'immuable  autorité  du  Pontife  Romain,  vrai  pasteur  des 
agneaux  et  des  brebis,  en  déclarant  publiquement  notre 
vénération  et  notre  obéissance  envers  l'auguste  successeur 
du  prince  des  apôtres.  Par  cet  acte  de  soumission,  nous 
avons  voulu  honorer  cette  admirable  unité  de  l'Eglise  qui 
fait  sa  gloire  et  sa  force;  nous  avons  voulu  protester  con- 
tre l'esprit  de  révolte  et  d'insubordination,  plaie  si  fatale 
des  temps  modernes.  Pour  vous,  vrais  enfants  de  la  foi, 
vous  recevrez  <xvec  respect  l'enseignement  que  l'Eglise 
vous  donnera  par  vos  pasteurs  légitimes,  et  leur  parole 
vous  sera  la  parole  de  Dieu,  car  celui  qui  les  écoute, 
écoute  Dieu  lui-même.    (St.  Luc,  ch.  10,  v.  16). 

Nous  nous  sommes  aussi  occupés  de  vos  erfants,  q"U 
sont  l'espérance  de  la  société  et  de  la  religion.    Avec  la 
tendresse  d'une  mère,  l'Eglise  voudrait  les  tenir  toujours 
par  la  main  et  les  presser  sur  son  cœur  ;  elle  désire  éloi 
gner  d'eux  le  venin  des  mauvaises  doctrines.    Cette  invi- . 
tation  du   divin  maître  :  Laissez  les  petits  enfants  venir  à 
moi.    (St.  Matt.  ch.  19,  v.  14),  retentit  sans  cesse  à  nos 
oreilles.    Nous  savons  bien  que  le  premier  enseignement 
pour  eux  se  trouve  sous  le  toit  paternel  ;  nous  comptons 
assez  sur  votre  foi  et  sur  voire  piété  pour  être  sûrs  que  ces 
premières  notions  de  la  religion,   qui   ne  se  reçoivent 
jamais  mieux  que  sur  les  genoux  d'une  mère,  ne  leur 
feront  pas  défaut  ;  mais  nous  tremblons  sur  le  second 
enseignement  donné  à  leur  jeunesse  dans  les  écoles,  ce 
second  théâtre  de  la  vie  de  vos  enfants!  Oh  !  comprenez- 
le  bien  :  il  faudra  qu'ils  reçoivent  avec  les  leçons  de  la 
science  profane,  les  leçons  plus  importantes  de  la  crainte 
de  Dieu  et  de  la  connaissance  de  leurs  devoirs  envers  lui. 
Mais  en  attendant  que  nous  puissions  vous  parler  plus 
amplement  sur  ce  sujet,  ne  manquez  pas  de  les  éloigner 
de  toute   école,  où  leurs  principes  religieux  pourraient 
recevoir  quelque  atteinte,  où  leur  tendre  innocence  serait 
imprudemment  exposée,  et  où  leurs  esprits  ingénuement 
ouverts  à  toutes  espèces  de  doctrine  seraient  inévitable- 
ment faussées  par  les  sophismes  de  l'erreur. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  176 

Notre  sollicitude  à  dft  se  reporter  également  surles  dan- 
gers de  toute  sorte  qui  se  rencontrent  au  milieu  du  monde, 
et  qui  compromettent  la  vertu  et  la  foi  de  ceux  qui  sont 
glus  avancés  en  âge.  Par  nos  prochaines  instructions 
nous  tâcherons  de  les  prémunir  contre  certaines  fréquen- 
tations qui  exposent  l'avenir  comme  l'honneur  |de  vos 
familles,  contre  ces  sociétés  funestes  qui  tendent  leur  éten- 
dard en  opposition  aux  associations  que  la  religion  vous 
offre  pour  votre  préservation,  votre  soutien  et  votre  bon- 
heur. 

Nous  avons  travaillé  surtout  pour  vous,  pasteurs  des 
âmes,  ouvriers  infatigables  de  la  vigne  du  Seigneur  ;  nous 
ne  formons  avec  vous  qu'un  cœur  et  qu'une  âme  ;  vos 
peines  sont  nos  peines,  et  vos  joies  sont  nos  joies.  G'eet 
pour  entrer  dans  vos  vues  que  nous  nous  sommes  appH- 
qués  à  prévenir  les  difficultés  sans  nombre  qui  environnent 
un  ministère  tout  plein  de  périls,  comme  d?.  dévouement. 
En  un  mot,  nous  nous  sommes  efforcés  de  porter  un  regard 
paternel  sur  tous  les  besoms  et  sur  toutes  les  peines,  afin 
de  les  prévenir,  s'il  est  possible,  ou  du  moins  de  les  dimi 
nuer  et  de  les  sanctifier. 

Telles  sont,  Nos  Très-Ghers  Frères,  les  principales  ma- 
tières qui  ont  fait  l'objet  de  nos  délibérations;  daigne  le 
Seigneur  en  bénir  les  résultats.  /J>sc  perficiet,  confirmabit 
solidabitque  (I.  Ep.  S.  Pierre,  c.  5,  v.  10).  Il  est  cependant 
un  dernier  acte  sur  lequel  nous  désirons,  en  terminant, 
appeler  votre  pieuse  considération  ;  c'est  celui  par  lequel 
le  concile  tout  entier  s'est  placé  sous  la  protection  spé- 
ciale de  la  Ste.  Vierge. 

Car,  vous  le  comprenez,  en  une  pareille  circonstance, 
nous  ne  pouvions  manquer  d'offrir  un  hommage  solennel  à 
l'augiiste  Marie,  à  la  Reine  du  clergé,  à  la  Mère  bien- 
aimée  des  enfants  de  l'Eglise.  Aussi  est-ce  avec  transport 
que, dans  cette  vénérable  église  de  Québec,  dans  le  pre- 
mier sanctuaire  que  nos  pères  élevèrent  il  y  a  deux  sièclei. 
à  la  "Vierge  toute  oure  et  immaculée,  nous  avons  prononcé 

12 


178  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ce  titre  glorieux  que  nous  désirons  entendre  proclamé 
sollennellement  par  le  Vicaire  de  Jésus-Christ.  C'est  là, 
disons-nous,  qu'environnés  de  deux  cents  ministres  du 
Très-Haut,  et  en  présence  d'un  peuple  plein  de  foi,  nous 
venons  de  répéter  avec  confiance  :  Reine  conçue  sans 
péché,  priez  pour  nous.  Regina  sine  labe  concepta,  ora pro 
nobis;  c'est  là  que,  le  cœur  rempli  d'une  sainte  ardeur,  nous 
venons  de  chanter  le  cantique  par  lequel  Marie  elle-même 
glorifia  son  Sauveur  et  son  Dieu,  et  révéla,  dans  l'ineffa- 
ble exultation  de  son  âme,  que  toutes  les  nations  la  redi- 
raient bienheureuse.     Magnificat  anima  inea  Dominum 

Beatain   vie    dicent    omnes    generationes (S.  Luc,   ch. 

1.  V.  47). 

Après  l'accomplissement  de  ce  devoir  à  l'égard  de  Marie, 
il  ne  nous  restait  plus,  Nos  Très-Ghers  Frères,  qu'à  repor- 
ter nos  yeux  sur  ce  vaste  troupeau  qui  forme  la  portion 
chérie  de  notre  héritage  ;  c'est  ce  que  nous  avons  fait 
avec  amour,  au  pied  du  même  autel  de  Marie,  en  la  sainte 
présence  de  Jésus-Christ,  son  fils,  notre  Dieu  et  notre 
Sauveur.  C'est  là  que  nous  avons  déposé  nos  vœux  et 
nos  désirs  pour  la  sanctification  de  vos  âmes,  pour  la  con- 
servation de  votre  foi,  pour  la  prospérité  et  le  bonheur  de 
notre  pays,  et  que  nous  avons  répété  en  chœur: 

«  A  tous  ceux  qui  ont  pris  part  à  ce  concile,  par  leurs 
prières  et  leurs  travaux,  paix  véritable  et  bénédiction 
abondante  1 

«  A  notre  patrie  et  à  tous  les  peuples  chrétiens,  zélé 
pour  la  religion  catholique,  justice,  abondance  de  la  paix 
et  victoire  sur  tous  les  ennemis  de  la  foi  chrétienne  1 

«  A  la  cité  et  à  la  province  de  Québec,  tranquillité,  salut 
et  abondance  des  grâces  divines  !  Que  tous  ces  biens  se 
multiplient  pour  nous  tous  !  Amen  !  Amen  ! 

C'est  au  moment  de  nous  séparer,  après  avoir  travaillé 
de  concert  à  régler  ce  que  demande  la  pureté  de  la  foi, 
l'intégrité  des  mœurs  et  le  maintien  de  la  discipline,  dans 
la  province  ecclésiastique  de  Québec,  que  nous  signons  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUxMENTS  179 

présente  lettre  comme  marque  de  notre  union  fraternelle 
et  gage  de  notre  sollicitude  pastorale. 

Donné  à  l'Archevêché  de  Québer,  sous  notre  seing  et  le 
sceau  de  l'Archi  diocèse,  le  vingt-huit  août  mil  huit  cent 
cinquante-et-un. 

7  P.  F.,  Archev.  de  Québec, 

-f  R.,  Ev.  DE  Kingston, 

Y  IG.,  Ev.  DE  Montréal. 

Y  JOS.  EUGENE,  Ev.  de  Bytown', 
-;-  ARMD.  FR.  M ,  Ev.  de  Toronto, 

-|-  PATRICE,  Ev.  de  Carrha  et  Aum- 
nistrateur  de  Kingston, 

7  J.  C,  Ev.  DE  Martyropolis,  Coad.  be 
Montréal. 

Y  G.  F.,  Ev.  DE  Tloa,  Coadj.  de  Québec. 

N.  B.  L'Oraison  de  Spiritu  Sancio  doit  être  continuée  à 
la  messe  jusqu'à  la  promulgation  des  décrets  du  concile. 
Les  prêtres  sont  invités  à  offrir  leurs  prières  au  ciel  pour 
l'heureux  succès  du  voyage  de  Monseigneur  i'Evêque  de 
Martyropolis,  chargé  d'aller  soumettre  ces  mêmes  décrets 
à  l'approbation  du  Souverain  Pontife. 


CERCULAIRE 

au    clergé    du   DIOCESE   Di:   MONTRÉAL, 

Evêché  de  Montréal,  le  4  Septembre  185t. 

Je  ne  vous  dirai  rien  de  l'honneur  que  le  premier  Con- 
cile Provincial  vient  de  décerner  au  Diocèse  de  Montréal, 
en  lui  confiant  la  trop  honorable  commission  de  députer 
«n  des  membres  de  son  clergé  auprès  de  Souverain  Pon- 
tife, pour  déposer  à  ses  pieds  les  profonds  hommages  de 
tous  Ids  catholiques  de  notre  Province  Ecclésiastique,  et 
pour  le  prier  d'apposer  le  sceau  de  son  Autorité  Po/itifi- 


180  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cale  aux  Actes  qu'il  vient  d'émaner  pour  la  plus  grande 
gloire  de  Dieu,  et  le  plus  grand  bien  de  son  Eglise. 

J'ai  pensé  que  pour  répondre  à  la  confiance,  et  mieux 
remplir  les  vues  de  cette  Auguste  Assemblée,  le  Diocèse 
devait  s'imposer  un  grand  sacrifice.  J'ai  donc  dû  jeter  les 
yeux  sur  celui  qui  me  paraissait  le  plus  préparé  à  remplir 
cette  haute  mission,  quoiqu'il  m'en  dût  coûter  ;  voilà  pour 
quoi  j'ai  proposé  mon  digne  Coadjuteur  aux  Pérès  du 
Concile,  qui  tous  ont  bien  voulu  applaudir  à  ce  choix. 

Le  nombreux  clergé,  que  la  clôture  du  Concile  avait 
réuni  dans  la  Ville  Métropolitaine,  a  paru  approuver  cette 
nomination,  par  l'expression  d'nne  cordiale  sympathie. 
Dieu  veuille  que  tout  tourne  à  sa  plus  grande  gloire. 

Maintenant  je  vous  répéterai  ce  que  tous  les  Evoques 
vous  disaient  dans  leur  lettre  commune,  le  11  mai  1850, 
pour  les  moyens  à  prendre,  afin  que  notre  Agent  puisse 
paraître  sur  le  grand  théâtre  de  l'ancien  monde,  et  sur- 
tout dans  la  ville  sainte,  d'une  manière  qui  réponde  à 
l'importance  de  notre  nouvelle  Province.  Comme  il  est 
question  d'un  prochain  départ,  je  prie  chaque  archiprêtre 
de  vouloir  bien  recueillir  les  souscriptions  de  son  arron- 
dissement, et  de  les  faire  tenir  au  plus  vite  à  l'Evêché. 
Je  rougis  encore  cette  fois  de  vous  mettre  à  contribution. 
J'aimerais  pourtant  beaucoup  mieux  vous  donner  que 
vous  demander  ;  mais  que  Dieu  soit  loué  de  m'avoir  fait 
pauvre  ! 

Je  suis  bien  cordialement,  monsieur, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

t  IG.  Ev.  DE  Montréal. 
{Pour  vraie  copié], 

J.  0.  Paré, 

Chan.  Secrétaire, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  181 

CIRCULAIRE 

A  MM.  LES  CURÉS  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 


Montréal,  le  4  Octobre  1851. 
Monsieur, 

Mgr.  l'Evêque  de  Chicago  nous  est  arrivé  depuis  quel- 
ques jours  ;  c'est  un  digne  enfant  de  St.  Ignace,  auxquels 
ce  pays  doit  la  foi  qui  s'y  est  conservée  si  vive.  Ce  res- 
pectable Prélat  porte  aux  nombreux  Canadiens,  qui  sont 
dans  son  Diocèse,  les  soins  les  plus  tendres  et  les  plus 
paternels.  Il  vient  de  leur  faire  bâtir  une  Eglise  ;  mais 
ses  moyens  ne  répondant  pas  à  son  bon  vouloir  pour  nos 
compatriotes,  il  a  le  chagrin  de  la  voir  exposée  à  être 
vendue  bientôt.  Cette  circonstance  toute  seule  indique 
assez  que  ce  pays  n'est  pas  aussi  riche  qu'on  le  dit  ;  et  que 
nos  braves  gens  feraient  beaucoup  mieux  de  demeurer 
avec  nous  dans  notre  cher  Canada,  capable  de  nourrir 
encore  un  million  d'habitants,  que  d'aller  chercher  for- 
tune ailleurs.  Ne  manquez  pas  de  le  leur  dire,  dans  le 
tendre  intérêt  que  vous  leur  portez  à  tous. 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  seraH  une  grande  disgrâce  pour  le 
Diocèse,  si  cet  Evoque,  si  dévoué  à  notre  peuple,  s'en 
retournait  les  mains  vides.  J'ai  donc  pensé  qu'une  petite 
quête,  faite  dans  toutes  les  Eglises  du  Diocèse,  nous  don- 
nerait le  moyen  d'exercer  une  généreuse  hospitalité.  La 
ville  vient  d'en  donner  l'exemple,  en  faveur  de  Mgr. 
l'Evêque  de  Toronto.  Les  petites  contributions  de  chaque 
citoyen  ont  formé  la  belle  somme  de  £815,  qui  a  diminué 
d'autant  la  dette  énorme  dont  son  église  est  chargée.  Que 
les  Eglises  de  la  campagne  fassent  de  même,  et  Mgr.  de 
Chicago  aura,  comme  Mgr.  de  Toronto,  à  bénir,  en  s'en 
retournant,  le  Diocèse,  son  clergé  et  son  peuple.  Soyez 
jaloux  de  ces  bénédictions  ;  car  elles  portent  infaillible- 


182  MANDEMENTS.    LETTRES    PASTORALES, 

ment  bonheur.  Donnons,  et  Dieu  nous  le  rendra  au  cen- 
tuple. Une  partie  de  cette  quête  sera  appliquée  aux 
autres  besoins  des  Canadiens  dispersés  par  milliers  sur 
les  lignes  américaines  où  plusieurs  Prêtres  du  Diocèse 
vont  leur  porter  tous  les  secours  spirituels  en  leur  pouvoir. 
Veuillez  bien  faire  tenir  à  l'Evêché,  le  plus  tôt  possible, 
le  montant  de  la  collecte  de  votre  paroisse. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  vous  recommander  de  prier 
et  de  faire  prier  vos  paroissiens  pour  l'heureix  succès  du 
voyage  de  Mgr.  de  Martyropolis  et  de  ses  compagnons, 
qui  se  mettront  en  route  le  14  de  courant.  Indiquez  leur 
une  pratique  journalière,  qui  leur  rappelle  cette  intention  : 
une  dizaine  de  chapelet,  un  Pater  et  un  Ave^  quelque 
chose  enfin  qui  les  porte  à  ne  pas  oublier  d'aussi  intéres- 
sants voyageurs.  Vous  pourrez  lire  au  prône  la  présente, 
et  la  commenter,  si  vous  le  trouvez  à  propos.  Peut-être 
serait-il  bon  que  le  Margu illier  en  charge  fit  cette  quête, 
qui  serait  annoncée  un  dimanche  d'avance. 

Je  suis  cordialement,  Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

f  Icr.  Ev.  DE  Montréal. 
{\raie  copie.) 

J.  0.  Paré,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRE 

AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL. 


Montréal,  le  22  octobre  1851. 
J/ûfisi'eur, 

Je  vous  informe  que  la  bénédiction  du  nouvel  Evéché 
se  fera  le  20  novembre  prochain,  vers  les  trois  heures  de 
laprès-midi.    Cette  cérémonie  sera  suivie  de  l'ouverture 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  183 

de  la  seconde  Retraite  Pastorale,  pour  ceux  qui  n'ont  pu 
assister  à  la  première,  et  à  laquelle  je  me  joindrai, 
avec  tous  les  Prêtres  de  l'Evêché.  Le  lendemain  matin 
(21)  se  fera  la  bénédiction  de  la  Chapelle  du  Chapitre, 
après  laquelle  se  célébrera  la  première  Messe  Capitulaire. 

Cette  Chapelle  doit  être  dédiée  à  St.  Jean  l'Evangéliste  ; 
et  sera  comme  la  maison  dans  laquelle  le  Disciple  bien 
aimé  continuera  ses  soins  de  fils  à  la  Bienheureuse  Vierge. 
Ecce  mater  tua.  Et  ex  illd  horâ  accepit  eam  Discipulus 
in  sud.  La  Retraite  continuera  jusqu'au  28  au  matin 
que  se  fera,  à  la  Cathédrale,  la  cérémonie  de  la  prise  de 
possession  de  plusieurs  Chanoines,  de  la  réception  d'un 
Chapelain,  et  de  la  bénédiction  des  enfants  qui  ront  com- 
mencer à  former  la  chapellenie  de  St.  Jacques.  Tous 
ceux  qui  n'ont  pas  fait  la  Retraite  de  l'année  sont  atten- 
dus à  celle  ci  ;  et  je  donne  aux  gardiens  les  pouvoirs  des 
Desservants,  avec  la  faculté  de  biner  au  besoin. 

Tout  le  Clergé  est  invité  à  ces  cérémonies,  comme 
à  toutes  autres  de  la  Cathédrale  et  de  l'Evêché.  Il  me 
suffit  donc  de  vous  les  annoncer,  comme  je  fais  par  la 
présente,  avec  l'atîection  paternelle.  J'ai  pensé  que  le 
concours  de  ces  diverses  circonstances  religieuses  était  de 
nature  à  attirer  plus  de  grâces  sur  la  maison  du  Clergé, 
qui  esl  essentiellement  une  maison  de  prière.  C'est  ainsi 
qu'il  faut  maintenant  plus  que  jamais,  ce  me  semble, 
nommer  la  maison  de  l'Evêque.  Je  dirai  davantage  :  elle 
est  plus  au  Clergé  qu'à  l'Evêque,  puisque  c'est  lui  qui  en 
fait  les  frais  de  construction.  Pour  ma  part,  je  ne  puis  y 
contribuer  que  du  désir  de  mener,  dans  cette  maison,  une 
vie  vraiment  épiscopale,  avec  les  prêtres,  qui,  pour 
l'amour  du  Diocèse,  veulent  bien  s'assujettir  aux  sacrifices 
de  la  vie  commune:  mieux  vaut  dire  d'une  vie  plus  que 
commune.  Car,  l'on  comprend  que  son  personnel  doit 
être  d'autant  plus  parfait  que  son  matériel  est  plus  splen- 
dide.  Pour  cela,  il  lui  faut  être  d'autant  plus  simple  au 
dedans  qu'elle  est  plus  magnifique  au  dehors.  Son  frontis- 


184  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

pice    regarde    la     ville ,     parce    qu'il    appartient  à    la 
patrie. 

Mais  son  intérieur  donne  sur  l'église,  parce  qu'il  doit 
être  tout  entier  à  la  Religion. 

J'ai  donc  pensé  qu'on  ne  pouvait  mieux  étrenner  cette 
maison,  qu'en  l'ouvrant  par  la  Retraite  ;  et  en  lui  donnant 
pour  nouveaux  commensaux,  des  hommes  de  prière. 

J'ai  la  confiance  que  ceux  qui  prendront  soin  des 
Paroisses  diront  de  cœur  avec  nous  :  Benedic,  Domine, 
domum  istam,  ut  sic  in  eâ  castitas,  mansuetudo.  Angeli 
pacis  habitent  in  éd.  Puisse  cette  prière  souvent  répétée 
être  pleinement  exaucée  !. 

Je  ne  saurais  vous  écrire  de  fois,  que  je  ne  vous  dise 
quelque  chose  de  notre  cher  peuple,  dont  le  bien  tempo- 
rel et  spirituel  est  ici  bas  notre  grande  affaire.  La 
Présente  a  donc  un  autre  objet,  celui  de  donner  un  nou- 
vel élan  à  la  colonisation.  Je  vais  d'abord  vous  référer 
à  une  lettre  de  M.  Desautels,  que  je  vais  tout  exprès  faire 
publier  sur  les  Mélanges.  Vous  y  verrez  la  marche  à  sui- 
vre pour  diriger  sûrement  nos  jeunes  gens,  et  les  fixej 
sur  leur  sol  natal.  L'Ottawa  me  paraît  le  pays  le  plus 
propre  à  conserver  ces  bons  enfants  que  la  misère  oblige 
à  s'expatrier.  Je  vais  travailler  à  me  procurer  de  nou- 
veaux renseignements  sur  les  autres  townships  dont  il 
faudra  aussi  tâcher  d'exploiter  les  richesses  territoriales, 
et  vous  les  transmettrai  fidèlement,  pour  vous  tenir  au 
courant  des  opérations  qui  vont  se  faire,  pour  atteindre 
le  but  si  désirable  qu'ont  également  en  vue  la  Religion 
et  la  patrie.  M.  Gravel,  de  l'Evêché,  est  chargé  de  suivre 
cette  affaire  dans  les  bureaux  et  ailleurs  ;  et  vous  pourrez 
vous  adresser  à  lui  dans  vos  embarras  sur  ce  sujet.  Je 
crois  devoir  vous  conseiller  de  lire  et  commenter  la  partie 
des  Lettres  Pastorales  qui  regardent  la  Colonisation,  afin 
d'arrêter  un  peu  les  flots  de  notre  émigration. 

Comme  le  temps  approche  où  il  faut  rendre  compte  au 
Bureau  de  I^yon,  des  aumônes  perçues  dans  ce  Diocèse 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  185 

pour  l'Œuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi,  je  vous  prie  de 
faire  connaître  au  plustôt  le  montant  de  la  recelte  dans 
votre  paroisse,  pour  l'année  qui  finit  au  premier  décembre 
prochain. 

Je  me  recommande  à  vos  ferventes  prières  et  S5.  Sacri- 
fices, avec  toutes  les  institutions  et  œuvres  du  Diocèse. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 

Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

t  Ig.  Eveql'E  de  Montréal. 
(  Vraie  Copie.)  Jos.  OcT.  Paré,  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGE 


Montréal,  le  18  Décembre  1S51 
Monsieur^ 

Permettez  que  le  jour  de  l'An  je  monte  en  chaire  avec 
vous  pour  faire  en  partie  l'instruction.  La  lettre  pastorale 
ci-jointe  vous  fournira  un  texte,  que  vous  voudrez  bien 
commenter  en  le  lisant. 

Cette  lettre  vous  arrivera  à  temps,  je  l'espère,  pour  que 
vous  puissiez  vous  entendre  avec  quelques  uns  de  vos 
Notables,  pour  la  formation  d'un  conseil  de  tempérance, 
à  peu  près  sur  le  plan  du  Projet  de  Règlement^  que  vous 
recevrez  avec  la  présente.  Car,  il  serait  bon,  je  pense,  de 
l'organiser  au  plus  vite.  La  chose  est  pourtant  laissée  à 
votre  prudence. 

En  exhortant  vos  paroissiens  aux  œuvres  de  charité, 
veuillez  bien  les  préparer  à  cette  idée  de  foi,  que  l' on  fait 
beaucoup  avec  peu,  quand  il  y  a  union.  Le  SOU  de  la  Propa- 
gation de  la  Foi,  par  exemple,  fait  des  merveilles,  parce 
qu'il  tombe  dans  la  caisse  du  monde  catholique,  uni 
pour  cette  belle  œuvre. 

Ace  propos  je  vous  dirai  que  j'ai  intention  de  faire  appel 


1S6  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

au  Diocèse,  pour  obtenir  un  secours  qui  serait  nécessaire, 
pour  mettre  les  Cathédrales  de  Montréal  et  de  St.  Hya- 
cinthe dans  un  état  qui  réponde  un  peu  mieux  à 
leur  qualité  ^Eglises-Mères.  Ce  projet  d'appel  sera  dressé 
pour  la  St.  Ignace,  que  nous  chômerons  ici,  jeudi  le  5 
frévrier  prochain,  afin  que  nous  puissions  en  conférer  en 
famille,  avant  d'aller  plus  loin. 

Le  mauvais  esprit  qui  souffle  de  l'Europe  doit  nous  faire 
craindre  des  jours  mauvais.  Je  crois  que  nous  pourrions 
les  prévenir,  au  moins  en  partie,  en  soufflant  sans  cesse 
dans  le  cœur  du  peuple  l'esprit  de  foi  et  de  piété.  C'est 
dans  cette  vue  que  j'ai  dit  un  mot  en  passant  des  cinq 
Associations  diocésaines,  pour  que  vous  ayez  occasion 
d'en  parler  de  temps  en  temps.  Tâchons  que  Notre  Sei- 
gneur ne  demeure  pas  seul  dans  l'Eglise  ;  que  le  Très-Saint 
et  Immaculé  Cœur  de  Marie  soit  aimé  de  tous  les  cœurs; 
que  le  zèle  pour  la  propogation  de  la  foi  soit  ardent;  que 
la  charité  soit  pratiquée,  et  la  tempérance  gardée  ;  et  nous 
pourrons  soutenir  un  rude  assaut. 

Je  vous  prie  d'annoncer  à  vos  paroissiens  de  se  présen- 
ter à  l'Evèché,  pour  leur  affaires,  de  9  heures  du 
matin  à  3  heures  du  soir.  La  raison  de  fixer  ce  temps 
d'audience  est  pour  leur  procurer  l'avantage  de  rie  point 
attendre.  Car,  il  y  aura  toujours  quelqu'un  pour  leur 
répondre.  Veuillez  bien  leur  faire  comprendre  que  les 
affaires  sans  nombre  qui  nous  assiègent  nous  empêche- 
ront de  les  voir  à  d'autres  heures. 

Je  suis  bien  cordialement,  Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

f  IG.  EvÊQUE  DE  Montréal. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  187 

LETTRE  PASTORALE 

DE  MGR.  l'eVÊQUE  DE   MONTRÉAL,    POUR  LA    FIN  DE 

l'année  1851. 

Ignace  Bourgel  par  la  Miséricorde  de  Dieu  et  la  Grâce  du  Saini-Sié§e 
Apostolique,  Evéque  de  Montréal,  etc.,  etc.,  etc. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier,  au.x  Communautés  Religieuses  et  à  tous 
les  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  salut  et  bénédiction  en  Notre 
Seigneur  Jésus-Christ. 

Cette  Lettre,  Nos  Très  Ghers  Frères,  est  pour  épancher 
notre  coeur  paternel  dans  le  sein  de  notre  grande  famille,  e  t 
vous  faire,  fils  bien  aimés,  les  souhaits  de  la  nouvelle 
année.  Elle  vous  porte  la  parole  et  la  bénédiction  de 
votre  premier  Pasteur,  dans  ce  jour  qui  réveille  nécessai- 
rement les  plus  douces  sympathies.  Que  de  choses  coule- 
raient de  notre  plume,  si  nous  laissions  notre  cœur  à 
à  toutes  ses  émotions!  Mais  Nous  comprenons  que  ce 
moment  d'épanchement  affectueux  doit  être  court. 

L'année  1851,  s'est,  comme  toutes  les  autres,  évanouie 
comme  une  ombre  fugitive  et  dissipée  comme  une  fumée 
légère.  Pleurons,  si  nous  avons  eu  le  malheur  de  la 
passer  dans  le  péché  ;  car,  ce  serait  encore  une  année  de 
perdue.  Aujourd'hui  nous  sommes  plus  près  d'une  année, 
de  notre  éternité.  Réjouissons-nous,  car  notre  rédemption 
approche,  si  nous  nous  sommes  sérieusement  préparés  à 
entrer  dans  les  années  éternelles.  Pendant  l'année  qui 
vient  de  s'écouler,  nous  avons  reçu  une  infinité  de  grâces  ; 
remercions-en  le  Père  des  lumières,  de  qui  vient  tout  don 
parfait.  La  mort  nous  a  enlevé  beaucoup  de  nos  frères. 
Prions  pour  eux  ;  et  entendons-les  nous  dire  :  L'an  der- 
nier, ce  fut  notre  tour,  cette  année  ce  sera  le  vôtre.  Puisse  ce 
cri  lugubre,  qui  s'échappe  de  toutes  les  tombes,  nous  faire 
sentir  jusqu'au  fond  de  l'âme  qu'il  est  temps  de  nous 
réveiller  de  notre  léthargique  indifférence  pour  notre 
salut. 


188  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Cette  terre  est  un  lieu  d'exil  ennuyant  :  ne  nous  y  atta- 
chons donc  pas.  C*^  monde  est  une  figure  qui  passe  ; 
laissons  le  donc  passer  avec  tous  ses  faux  biens.  Cette  vie 
est  une  vallée  de  larmes  :  ne  nous  livrons  donc  pas  à  ses 
vaines  joies.  Déjà  nous  avons  un  pied  dans  la  fosse  : 
n'allons  donc  pas  de  l'autre  danser  et  sauter,  comme  des 
insensés.  Le  temps  passé  a  été  bien  mauvais  :  rachetons 
le  donc  par  des  bonnes  œuvres,  qui  peuvent  seules  assurer 
notre  vocation  et  notre  élection  à  la  vie  éternelle. 

Et  puisque  nous  sommes  ici  en  famille,  Nous  vous 
dirons,  Nos  Très  Chers  Frères,  tout  ce  que  nous  inspire 
l'affection  paternelle  que  Nous  vous  portons  à  tous.  Oui  ; 
Nous  vous  dirons  nos  joies  et  nos  douleurs  ;  nos  espéran- 
ces et  nos  craintes.  Depuis  quelques  années,  la  Société 
de  Tempérance  nous  comble  de  joie,  parce  qu'elle  fait 
votre  bonhewr,  en  vous  procurant  l'abondance  de  tous  les 
biens  spirituels  et  temporels.  Les  fruits  de  vie,  qu'elle 
produit,  sont  si  délicieux,  que  vous  avez  presque  tous 
voulu  vous  en  nourrir,  en  vous  engageant  à  ne  jamais 
prendre  aucune  boisson  enivrante.  Ils  sont  heureux  ceux 
qui  parmi  vous  sont  demeurés  fidèles  à  une  promesse  si 
solennelle.  Et  grâce  à  la  bonté  de  Dieu,  c'est  le  très-grand 
nombre.  Ils  sont  heureux  aussi  ceux  qui,  après  avoir 
commis  d'horribles  crimes  d'intempérance,  se  sont  enrôlés 
dans  cette  société  bienfaisante,  et  y  sont  morts  pénétrés  de 
repentir  et  pleins  d'espérance.  Oh  !  oui  :  Nos  Très-Chers 
Frères,  heureuses,  mille  fois  heureuses  les  lèvres  qui, 
ayant  baisé  unç  fois  l'Image  sacrée  du  Dieu  abreuvé  de 
fiel  et  de  vinaigre,  n'ont  plus  jamais  voulu  se  tremper 
dans  ces  liqueurs  empoisonnées  qui  si  souvent  répandirent 
la  désolation  et  la  mort  dans  notre  chère  patrie  ! 

A  une  joie  si  pure  succède  aujourd'hui  uHe  douleur 
bien  amère.  Car,  il  nous  revient  de  toutes  parts  que 
l'homme  ennemi  de  tout  bien,  sème  l'ivraie  dans  le 
champ  du  père  de  famille,  et  tend  ses  pièges  sous  les  pas 
des  hommes  faibles  ou  imprudents.   Nous  n'en  sommes 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENT»  189 

pas  surpris,  car  Nous  savons  que  l'enfer  s'arme  de  toute 
sa  rage,  afin  de  détruire  les  œuvres  dgpcendues  du  Ciel, 
pour  le  salut  des  âmes.  Un  grand  combat,  Nos  Très-Ghers 
Frères,  s'engage  entre  l'ivrognerie  et  la  Tempérance. 
C'est  un  moment  de  crise  :  c'est  une  question  de  vie  ou 
de  mort.  Tl  s'agit  de  décider  si  la  Tempérance  continuera 
à  régner  sur  cette  terre,  pour  le  bonheur  de  ses  habitants, 
jusqu'au  dernier  jour  où  elle  remontera  au  Ciel,  avec  les 
âmes  qu'elle  aura  sauvées  ;  ou  si  l'ivrognerie  reprendra 
son  empire,  pour  remplir  de  deuil  ce  pays  aujourd'hui  si 
heureux,  et  redescendre  au  fond  des  Enfers,  avec  des 
milliers  d'âmes  qu'elle  aura  dégradées  et  comme  abruties. 
A  la  vue  d'un  danger  que  tous  les  gens  sages  regardent 
comme  imminent,  il  est  clair  que  le  Pasteur  doit  jeter  le 
cri  d'alarme.  C'est  ce  que  Nous  faisons  en  ce  jour  qui 
commence  la  nouvelle  année.  Car  vous  le  savez.  Nos 
Très-Chers  Frères,  c'est  ordinairement  à  pareille  époque, 
que  la  tentation  de  manquer  à  son  engagement  à  la  Tem- 
pérance est  plus  violente,  et  voilà  pourquoi  Nous  mou- 
tons aujourd'hui  dans  toutes  les  chaires  de  ce  Diocèse,  au 
moyen  de  cette  lettre,  pour  vous  dire  avec  tout  l'accent 
de  la  plus  intime  conviction  :  «  N'avez-vous  pas  reçu, 
t  comme  un  don  du  Ciel,  l'ineffable  Tempérance  à  laquelle 
«  vous  appartenez  !  Cette  admirable  société  n'a-t-elle  pas 
«  fait  votre  bonheur  depuis  que  vous  en  êtes  membres  ? 
«  Eh  !  bien.  Nos  Très-Chers  Frères,  l'Enfer  rassemble 
((  aujourd'hui  ses  bataillons,  pour  la  détruire,  s'il  le  peut, 
I  de  fond  en  comble.  Si  elle  tombe,  hélas  !  que  de  maux 
»  vont  venir  fondre  sur  notre  pays  !  des  maux,  hélas  !  cent 
c  fois  plus  grands  que  ceux  dont  nous  a  délivrés  la  Sainte 
«  1  empérance.  Souffrirez  vous  que  le  drapeau  victorieux 
«  de  notre  Société,  qui  flotte  majestueusement  sur  tous 
<i  nos  dômes  soit  ignominieusement  abattu?  Permettrez- 
«  TOUS  qu'à  sa  place  on  hisse,  tout  autour  de  vos  paisibles 
«  et  dévotes  Eglises,  des  enseignes,  qui  sont  des  pavillons 
«  de  bien  triste  mémoire.   Que  diraient  les  ennemis  de  la 


190  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

«  Tempérance  ?  Ils  diraient  :  Nous  le  disions  bien  que  ça 
ti  ne  tiendrait  pas.  » 

Mais  il  ne  tient  qu'à  vous,  Nos  Très-Ghers  Frères,  de 
les  faire  mentir  ceUe  fois,  comme  par  le  passé,  ces  enne- 
mis de  la  Tempérance.  La  conservation  de  cette  bienveil- 
lante société  sera  le  fruit  de  votre  bonne  volonté,  comme 
le  fut  son  établissement.  Oui  :  le  bras  tout-puissani  qui 
réleva,  la  soutiendra,  en  dépit  des  vains  efforts  ie  l'Enfer 
et  de  ses  suppôts,  dès  que  vous  vous  montrerez  fermes  et 
généreux.  Et  en  effet,  lorsque  vous  prîtes  en  masse 
l'engagement  de  la  Tempérance,  il  y  avait  des  auberges 
dans  toutes  les  rues  de  nos  cités,  et  sur  toutes  les  routes 
de  nos  compagnes.  Cependant  elles  ne  purent  vous  empê- 
"cher  d'embrasser  une  société  qui  voms  offrait  tant  de  biens  ; 
et  elles  tombèrent  d'inanition.  Si  donc  elles  cherchent  à 
se  relever,  ce  ne  sera  que  pour  retomber  plus  lourdement, 
si  vous  tenez  votre  engagement. 

Et  que  s'en  suivra-t-il.  Nos  TrèsChers  Frères?  Il  s'en 
suivra  que  ceux  qui  spéculent  sur  votre  faiblesse  et  infi- 
délité seront  trompés  dans  leurs  calculs.  Ils  seront  ruinés, 
ces  hommes  qui  entreprennent  de  ruiner  nos  bonnes  et 
heureuses  familles  canadiennes  ;  qui  voudraient  encore 
se  rassassier  du  sang  de  la  veuve  et  de  l'orphelin  ;  qui 
auraient  encore  le  triste  courage  de  s'engraisser  de  la 
substance  de  femmes  vertueuses  et  d'enfants  innocents. 
Loin  de  vous  ces  pestes  de  la  Société  !  Trop  longtemps, 
elles  firent  votre  malheur  !  Voyons  ensemble  les  moyens 
que  nous  pourrions  prendre  pour  que  de  mauvaises 
auberges  ne  puissent  ruiner  la  Tempérance.  Nous  les 
rWuisons  à  trois  :  l'union,  la  prière  et  l'aumône. 

Le  premier  moyeu,  pour  soutenir  la  Tetnpérance,  est 
l'union  de  tous  ses  membres.  Or,  celte  union.  Nos  Très- 
Ghers  Frères,  qui  fait  la  force  de  toute  société,  nous  est 
nécessaire  plus  que  ]amais,  parce  que  le  danger  est  plus 
grand.  Et  si  elle  existe,  cette  sainte  union,  la  cause  de  la 
Tempérance  est  gagnée.    Ainsi,  par  exemple,  qu'i'l  y  ait 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  191 

bonne  entente  entre  vous  tous,  pour  ne  pas  mettre  le  pied 
dans  les  auberges,  pour  n'avoir  point  de  boissons  fortes  à 
vos  noces  et  repas  de  famille,  pour  ne  vous  retirer,  quand 
vous  êtes  en  voyage,  que  dans  de  vraies  maisons  de  tem- 
pérance, et  la  victoire  est  certaine. 

Pareillement,  que  l'on  s'entende  bien  partout,  pour 
qu'aucune  Licence  ne  soit  donnée  sans  nécessité,  ou  à  des 
hommes  incapables  de  tenir  le  bon  ordre  ;  et  toutes  les 
paroisses  sont  sauvées.  Car,  vous  connaissez  les  maux  hor- 
ribles que  cause  une  seule  auberge  mal  réglée.  Vous 
avez  souvent  à  en  gémir,  vous  surtout,  bons  pères  et 
bonnes  mères,  qui  voyez  des  aubergistes  vous  arracher 
vos  enfants  les  dimanches  et  fêtes,  pour  les  cacher  et  les 
faire  jouer,  s'enivrer,  se  battre  à  la  honte  de  vos  respec- 
tables familles,  et  au  grand  scandale  de  la  paroisse. 
N'est  ce  pas  ce  qui  se  voyait  et  se  voit  encore  journelle- 
ment dans  tous  les  lieux  où  ces  mauvaises  maisons  sont 
encouragées?  Et  n'est-ce  pas  ce  qui  se  verra  partout,  si 
ces  maisons  de  démoralisation  ressuscitent  ? 

Et  en  effet,  que  ne  peut-on  pas  attendre  de  gens  qui 
courent  après  les  voyageurs,  pour  les  arrêter  et  les  faire 
boire,  qui  estiment  si  peu  les  âmes,  que  pour  quelques 
viles  pièces  d'argent,  ils  ne  craignent  pas  de  les  vendre 
au  démon  ?  Sous  prétexte  de  ne  pas  perdre  leurs  pratiques, 
Tie  les  voit  on  pas  en  toute  occasion  enivrer  le  monde, 
vendre  les  saints  jours  de  dimanche  et  de  fête,  attirer  les 
jeunes  gens,  sachant  bien  que  l'argent  qu'il  reçoivent 
d'eux  est  un  argent  volé  à  leurs  parents,  souffrir  chez  eux 
les  paroles  les  plus  obscènes,  les  blasphèmes  les  plus  exé- 
crables, les  chansons  les  plus  impudiques  ?  Grand  Dieu  î 
quelle  conscience  que  celle  de  ces  aubergistes  qui  a  tout 
instant  du  jour  et  de  la  nuit  souffrent  tant  de  scandales, 
pour  avoir  des  pratiques  !  Quelle  profession  dangereuse 
que  celle  où  l'on  n'est  moralement  pas  capable  de  gagner 
sa  vie  sans  être  l'occasion  prochaine  de  la  perte  des  ârais! 


m  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

0  âmes  précieuses,   vous  valez  pourtant  tout  le  sang  de 
Jésus-Christ  ! 

Le  second  moyen  que  Dieu  nous  donne  pour  garder  la 
Tempérance^  c'est  la  prière  fervente.  Or,  par  prière  il  faut 
entendre  tout  exercice  de  piété  et  de  religion.  Voici  à  ce 
sujet  quelques  pratiques  faciles,  mais  souverainement 
efficaces,  que  Nous  vous  recommandons  de  garder. 

l**  Dites  chaque  jour,  votre  Pater  et  Ave  de  la  Tempé- 
rance, avec  cette  touchante  invocation  :  Jésus  abreuvé  de 
fiel  et  de  vinaigre,  ayez  pitié  de  fious.  Vous  gagnerez  par  là 
300  jours  d'indulgences,  qui  vous  aideront  à  vous  acquit- 
ter envers  la  divine  justice,  pour  tous  les  excès  passés,  et 
vous  donneront  le  moyen  de  soulager  les  âmes  du  Purga- 
toire, qui  peut-être  brûlent  dans  ces  feux  dévorants,  à 
cause  de  vous,  et  pour  expier  les  faux  plaisirs  de  la  bois- 
son prise  avec  vous. 

2o  Assistez  à  la  Messe  de  Tempérance,  chaque  fois 
qu'elle  vous  sera  annoncée.  Notre  Seigneur  descend  du 
Ciel,  pour  convertir  les  ivrognes,  ne  feriez-vous  point 
quelques  pas  pour  l'aider  dans  cette  œuvre  toute  divine. 
Il  a  besoin  en  quelque  sorte  du  secours  de  vos  prières,  ne 
l'oubliez  pas,  Nos  Très-Chers  Frères,  comme  il  a  besoin  de 
votre  travail,pour  faire  pousser  vos  terres. 

3*  Confessez-vous  au  moins  une  fois  par  an  ;  et  vivez 
bien,  pour  communier  et  gagner  les  quatre  indulgences, 
qui  ont  été  accordées  à  la  société  par  Notre  St.  Père  le  Pape 
Refuseriez-vous  de  prendre  un  moyen  si  facile  de  persé- 
vérance et  de  payer  vos  anciennes  dettes  ?  La  visite  de 
Notre  Seigneur  et  la  bénédiction  de  son  Vicaire  sur  la  terre 
ne  vous  paraissent-elles  pas  un  grand  bonheur?  Yseriez- 
vous  indifférents?  Oh  !  loin  de  vous  une  si  noire  ingra 
titude  ! 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  9:^ 

Le  troisième  moyen  que  nous  avons  à  vous  suggérer,  pour 
maintenir  notre  belle  et  grande  société  de  Tempérance,  c'est 
la  charité,  qui  couvre  la  multitude  de  nos  iniquités,^  et 
féconde  toutes  nos  entreprises.  Car  vous  le  savez,  N.  T.  C. 
F.,  le  plus  sûr  moyen  de  faire  réussir  une  affaire,  c'est  de 
mettre  les  pauvres  dans  ses  intérêts.  Avec  eux,  il  n'est  pas 
d'affaire  qui  n'ait  un  plein  succès,  quelque  difficile  qu'elle 
puisse  être.  Or,  s'il  est  une  entreprise  difficile  pour  nous, 
dans  ce  moment  critique,  c'est  assurément  le  maintien  do 
notre  Société  de  Tempérance.  Comme  elle  est  engagée 
dans  un  grand  combat,  nous  sollicitons  pour  elle  le  puissant 
secours  de  l'aumône.  Elle  3'  a  un  droit  bien  acquis.  Car, 
que  détonnantes  économies  n'a-t-elle  pas  fait  faire  dans 
chaque  paroisse  !  Des  calculs  incontestables  ont  porté  le 
chifïre  des  épargnes,  dans  chaque  paroisse  tant  soit  peu 
populeuse,  jusqu'à  des  vingt,  trente,  et  qiiarajite  mille  louis. 

Si  donc  chaque  paroisse  appliquait  aux  bonnes  œuvres  la 
centième  partie  de  ce  que  fait  épargner  fous  les  ans  la 
Tempérance,  oh  !  que  de  grandes  et  belles  œuvres  se  feraient 
partout,  pour  le  soulagement  des  })auvrcs,  le  bien  de  lu 
Paroisse  et  l'avantage  du  Diocèse.  Xon,  vous  ne  devez  pati 
oublier,  X.  T.  C.  V.,  que  vous  vous  devez  à  la  famille,  à  la 
paroisse,  et  au  diocèse,  au  sein  desquels  la  Divine  Provi- 
dence vous  fait  vivre.  Car,  pour  vous  tous,  ce  sont  trois 
familles  qui  n'en  doivent  faire  qu'une,  et  qui  méi-itent  par 
conséquent  votre  sympathie. 

Soyez  donc  d'abord  chai'itables  pour  vos  pai-ents.  L'ordre 
de  la  charité  le  veut  ainsi,  A^-ez  soin  surtout  de  vos  pères 
et  mères  :  la  justice  et  la  piété  vous  y  obligent  autant  que 
la  charité.  Redoublez  de  charité,  quand  la  caducité  fait 
tomber  les  auteurs  de  vos  jours  dans  des  infirmités  qui  vous 
les  rendent  fort  à  charge.  Car  c'est  aloi's  qu'ils  .sont  dignes 
de  vos  soins  les  plus  affectueux.  Loin  de  vous  ces  monstr«^, 
dénaturés  qui  vont  jusqu'à  refuser  de  payer  ou  qui  paient 
mal  leurs  pensions  viagères.  C'est  une  de  ces  injustices  qui 
crient  vengeance  au  Ciel  et  font  toujours  tomber  la  malé- 
diction sur  les  familles.     Tous  sécheriez  de  fi-aj'cur  si  Noua 


^4  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

vous  l'apportions  ici  les  châtiments  que  Nous  avons  vu 
tomber  sur  des  enfants  ingrats,  qui  s'étaient  rendus  coupa- 
bles de  ce  crime. 

Soyez  zélés  pour  les  bonnes  œuvres  de  votre  paroisse.  Le 
Pasteur  est  votre  père  et  l'Eglise  votre  mère.  Ayez  soin 
que  vos  pau\'i'es  trouvent  chez  vous  ce  qui  leur  est  néces- 
saire ;  mais  voyez  en  même  temps  à  ce  qu'ils  ne  vivent  pas 
dans  l'oisivité,  la  mère  de  tous  les  vices  pour  eux  comme 
pour  le  reste  des  hommes.  Gardez-les  au  milieu  de  vous. 
Car  le  vagabondage  est  toujom-s  une  plaie  pour  la  Société  et 
une  honte  pour  une  paroisse.  Ne  reculez  pas  devant  les 
dépenses  qu'il  vous  faut  faire  pour  l'éducation  des  enfants 
-de  la  paroisse.  Il  y  va  de  l'intérêt  de  vos  familles,  et  de 
l'honneur  de  votre  pays. 

Regardez-vous  comme  appartenant  à  la  grande  famille  du 
diocèse,  et  faites-vous  un  mérite  de  participer  à  toutes  ses 
oeuvres.  Il  s'y  trouve  des  hôpitaux  poui'  les  malades,  des 
Asiles  pour  les  vieillards  caduques,  des  hospices  pour  les 
veuves  et  orphelins,  des  refuges  pour  des  âmes  innocentes 
et  pour  celles  que  le  repentir  ramène  à  Dieu.  Ces  diverses 
institutions  sont  ouvertes  aux  campagnes  comme  à  la  ville  ; 
et  on  y  voit  journellement  arriver  des  misères  de  toutes  les 
espèces.  Hélas  !  elles  sont  trop  pauvres,  pour  les  accueil- 
lir toutes.  L'assistance  publique  leur  est  nécessaire,  parce- 
que  ce  sont  les  besoins  publics  auxquels  elles  remédient. 
Nous  les  recommandons  donc  votive  tendre  charité.  Il  y  va 
d'ailleurs  du  soulagement  de  vos  pauvres  et  infirmes  qui  y 
sont  reçus.  Il  est  donc  juste  que  la  paroisse  y  contribue. 
Et  pour  cela  vous  avez  un  moyen  bien  simple. 

Appliquez,  par  exemple,  les  quêtes  dominicales  aux 
bonnes  œuvres  paroissiales  et  diocésaines,  et  vous  aurez  un 
fond  toujours  prêt  pour  secourir  toutes  sortes  de  misères. 
Lorsque  vous  ne  pourrez  donner  chez  vous  à  vos  pauvres 
les  secours  que  vous  leur  devez,  vous  les  ferez  entrer  dans 
les  maisons  de  charité,  et  vous  aurez  de  quoi  leur  payer  de 
petites  pensions.  Au  moyen  d'un  sou  que  vous  mettrez,  le 
-dimanche,  dans  la  bourse  de  l'Eglise,  vous  aurez  le  précieux 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  95 

avantage  de  participer  à  tous  les  mérites  de  ces  saintes 
maisons,  qui  soulagent,  chaque  année,  des  milliers  de  pau- 
vres. Or,  vous  non  doutez  pas,  X.  T.  C.  F.,  ce  seront  des 
milliers  d'avocats  qui  vous  feront  gagner  le  grand  procès 
de  votre  éternité  bienheureuse.  Que  Dieu  soutHe  dans  vos 
cœm's  son  esprit  de  charité.  Que  ce  souffle  divin  ne  fasse 
de  vous  tous  qu'un  cœur  et  qu'une  âme.  Alors,  vous  com- 
prendrez l'excellence  de  l'union,  qui  fait  de  grandes  œuvres 
avec  de  bien  petits  moyens. 

En  faisant  aujourd'hui  de  si  vives  instances,  pour  vous 
porter  à  la  pratique  des  bonnes  œuvres,  Xous  nous  acquit- 
tons du  vœu  exprès  que  Xous  en  fîmes,  le  printemps 
dernier.  Car,  à  la  vue  des  pluies  continuelles  qui  faisaient 
craindre  pour  la  moisson,  nous  promimes  deux  choses,  pour 
vous  obtenir  d'être  préservés  du  fléau  d'une  nouvelle 
famine,  savoir  :  d'aller  en  pèlerinage  à  Xotre-Dame  de 
Bonsecours,  et  d'user  de  toute  la  grâce  de  notre  saint  minis- 
tère, pour  vous  embraser  du  feu  sacré  de  la  charité.  En 
accomplissement  de  cette  promesse,  Xous  avons  fait,  dans 
son  temps,  avec  toute  la  solennité  possible,  une  procession 
à  ce  religieux  sanctuaire,  qui  renferme  tant  de  grâces  et  de 
consolations.  Marie  a  daigné  nous  regarder  d'un  œil  de 
miséricorde  ;  et  Xous  ne  cesserons  de  l'en  bénir.  Cette 
bonté  de  notre  Mère  nous  donne  l'espoir  que  l'appel  que 
nous  faisons  à  votre  charité  sei-a  compris. 

Nous  pouvons  donc  compter  sur  votre  union,  votre  prière, 
et  votre  charité,  pour  le  soutien  de  la  Tempérance.  Elle 
vivra  donc  cette  belle  société,  parce  que  votre  cœur,  votre 
bouche,  votre  main  vont  lui  venir  en  aide.  Pouvait-il 
d'ailleurs  sécher  et  périr  cet  arbre  de  vie  qu'arrosent  sans 
cesse  cinq  Associations  diocésaines,  qui  sont  comme  cinq 
grands  fleuves  qui  portent  en  tous  lieux  des  eaux  vives  qui 
jaillissent  jusqu'à  la  vie  étarnelle.  Telle  est,  N.  T.  C.  F.,  la 
noble  tâche  que  nous  nous  imposons,  en  commençant 
l'année,  celle  de  tout  faire  pour  garder  la  Tempérance. 
Ainsi,  point  de  boisson  sur  nos  tables,  dans  ces  jours  de 
fêtes.     Que  la  joie  délicieuse  de   l'Esprit  saint  prenne  la 


96  MANDEMENTvS,  LETTRES  PASTORALES, 

place  de  la  fausse  joie  des  liqueurs  enivrantes.  Que  cette- 
joie  pure  soit  un  avant-goût  des  joies  du  Ciel,  qui  enivrent 
les  bienheureux.  Qu'il  est  beau  ce  ciel  qui  nous  attend 
après  les  mortifications  de  cette  vie  !  Qu'il  nous  doit 
tarder  d'y  arriver  !  Quand  y  serons-nous  réunie,  pasteurs 
et  brebis,  pour  ne  plus  jamais  nous  séparer.  Oh  !  ciel,  si 
nous  pouvons  te  posséder  un  jour,  ce  sera  pour  attirer  dans 
ton  sein  les  chères  âmes  qu'à  confiées  à  nos  soins  le  Souve- 
rain Pasteur.  Puissent  ainsi  tous  nos  vœux  être  accomplis  l 
Ainsi  soit-il. 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  notre 
Cathédrale,  à  celui  des  Eglises  Paroissiales,  et  en  Chapitre 
dans  toutes  les  Communautés  religieuses,  le  jour  de  la 
Circoncision,  ou  le  premier  jour  de  dimanche  ou  fête  après- 
sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  le  dix-huit  décembre,  mil  huit  cent 
cinquante-un,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing  d& 
notre  Secrétaire. 
L.  f  S.  t  ICI.  Ev  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur, 
Jos.  OcT.  Paré,  Ghan.  Sec. 


CIECULAIEE  AU  CLERGÉ. 


Montréal,  le  19  Mars  1852. 
Monsieur, 

J'apprends  que  l'on  fait  circuler,  dans  la  ville  et  les 
campagnes,  une  brochure  en  anglais  intitulée  :  Le  Compa- 
gnon Médical  de  la  Femme  mariée.  C'est  l'ouvrage  d'une 
société,  à  New- York,  qui  emprunte  le  nom  du  Dr.  A.  M. 
Mauriceau. 

Dans  cette  infâme  brochure,  on  s'étudie  à  montrer  que, 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  on  peut,  on  doit  même 
fœtum .  destruere,  pour  prévenir  la  gi'ossesse.  On  y  encou_ 
rage  le  libertinage,  en  enseignant  au  libertin  à  se  préserver 


il 


CIRCULA.IRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  97 

de  toute  maladie  vénérienne,  et  à  la  prostituée  à  empêcher 
ia  conception.  On  y  favorise  l'onanisme,  en  apprenant 
aux  gens  mariés  à  empêcher  la  famille.  Enfin,  il  n'est  rien 
de  plus  infernal  que  ce  livre  immoral.  Il  fait  horreur  à 
nos  honnêtes  protestants,  qui  le  mettent  au  feu. 

Ce  qui  m'engage  à  vous  donner  aujourd'hui  l'éveil  sur 
cetie  pi'oduction  horrible,  c'est  la  crainte  bien  fondée  qu'on 
ne  parvienne  à  lui  donner  ici  une  gran-ie  circulation. 
Car,  c'est  un  fait  que  le  bui'cau  de  poste  de  Montréal  en  est 
«ncombi'é,  et  qu'on  l'expédie  dans  les  campagnes,  à  beaucoup 
de  personnes  dont  on  s'est  procuré  l'adresse  ;  ce  qui  prou- 
verait assez  qu'il  y  aurait  entente  quelque  part  ])0ur  le 
répandre.  Vn  autre  fait  encore  plus  alarmant,  c'est  que 
chaque  malle  porte  au  prétendu  Dr.  Mauriceau  grand  nom- 
bre de  lettres,  pour  lui  demander  sans  doute  le  grand 
ouvrage  et  les  remèdes  indiqués  dans  sa  brochure,  et  lui 
^n  envoyer  le  prix.  Tel  est  le  monstre  que  j'ai  dû  d'abord 
vous  dépeindi'e,  pour  que  vous  puissiez  le  bien  connaître,  et 
dont  nous  devons  maintenant  tâcher  d'écraser  la  tête,  avant 
qu'il  s'insinue  plus  avant  dans  le  sein  de  nos  familles. 

Mais  ici  fourmillent  les  difficultés.  Comment  en  efiet 
parler  de  matières  aussi  délicates  ?  Comment  s'exposer  à 
donner  l'idée  de  tant  dhorreurs  à  des  âmes  innocentes,  qui 
n'en  ont  pas  même  le  soujjyon  ?  Comment  aussi  s'expo- 
,ser  à  initier  à  d'aussi  affreux  secrets  de  jeunes  gens,  qui 
pourraient  bien  être  tentés  d'en  abuser  ?  C'est  ce  qui  me 
j^lace  d'effroi.  D'un  antre  côté,  comment  laisser  périr  des 
milliers  d'âmes  à  qui  ce  livre  va  enseigner  à  commettre  un 
péché  que  nulle  bonne  foi  ne  saurait  excuser?  Car  l'enfer 
«st  pire  que  tout  cela  ;  et  il  n'est  que  trop  certain  que  les 
4îmes  impures  y  tombent  en  aussi  grand  nombre  que  les 
flocons  de  neige  dans  nos  mauvais  jours  d'hiver.  11  nous 
faut  donc  à  tout  prix  préserver  notre  troupeau  de  cette 
peste. 

Tout  se  réduit  à  retirer  cet  ouvrage  des  mains  du  peuple, 
dans  les  lieux  où  déjà  il  est  en  circulation  ;  ou  à  empêcher 
qu'il  ne  pénètre  dans  ceux  où  heureusement  il  est  inconnu, 


98  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

en  usant  d'une  telle  prudence  que  l'on  ne  fournisse  pas 
occasion  à  la  curiosité  de  faire  des  recherches  sur  la  nature 
de  ce  livre.  Il  suffit  pour  cela  de  travailler  à  donner  une 
grande  horreur  de  tous  les  mauvais  livres  qui,  aujourd'hui 
plus  que  jamais,  circulent  dans  le  monde,  et  à  veiller  à  ce 
qu'aucun  ne  soit  gardé  dans  les  maisons  particulières.  A 
cette  fin,  voici  l'annonce  que  vous  ferez  au  prône,  et  que 
vous  renou vêlerez  autant  de  fois  que  vous  le  jugerez 
nécessaire. 

"  Monseigneur  l'Evêque  de  Montréal  m'ordonne  de  vous 
'*  défendre  de  recevoir,  lire,  garder,  prêter,  pour  quelque 
"  raison  que  ce  soit,  ces  livres  que  colportent  en  tous 
"  lieux,  ou  qu'envoient  par  la  Poste,  des  gens  sans  aveu, 
"'  pour  empoisonner  le  pays  de  leurs  doctrines  contraires  à 
'•  la  foi  ou  aux  mœurs.  Plusieurs  de  ces  livres  sont  st 
''  dangereux,  que  l'on  tombe  on  les  lisant  dans  un  cas 
"  réservé,  dont  l'évéque  seul  peut  absoudre.  Vous  pouvez 
"  juger  par  là  de  la  grandeur  du  mal  que  l'on  commet  en 
"  lisant  ces  livres  corrompus.  Mgr.  l'évéque  prend  de  là 
"  occasion  de  vous  recommander  de  nouveau  de  former  une 
"  bibliothèque  paroissiale,  qui  renferme  tous  les  bons  livres 
"  dont  vous  pouvez  avoir  besoin,  pour  apprendre  à  être 
"  toujours  de  bons  chrétiens  et  de  bons  citoyens." 

Je  me  réserve,  pour  un  temps  indéterminé,  l'absolution 
du  péché  que  commettraient  ceux  qui  garderaient,  liraient, 
prêteraient,  ou  feraient  circuler  d'une  manière  quelconque 
le  Compagnon  Médical  de  la  Femme  mariée,  ci-dessus  men- 
tionné. 

Usez  de  tous  les  moyens  en  votre  pouvoir  pour  que  toute 
espèce  de  brochures,  ainsi  interdites,  vous  soient  apportées^ 
pour  être  mises  tout  de  suite  au  feu.  Il  vous  sera  possible,, 
je  crois,  de  retirer  de  votre  bureau  de  poste  le  dit  ouvrage, 
chaque  fois  qu'il  }•  sera  adressé  pour  quelques  uns  de  vos 
paroissiens,  en  vous  faisant,  pour  cela,  donner  par  eux  une 
autorisation  pai'ticulière  ou  générale.  Il  serait  bon  de  vous 
entendre  avec  vos  médecine,  pour  qu'ils  vous  viennent  en 
aide,  dans  raccomplissement  de  ce  devoir  qui  intéresse  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  99 

société,  comme  la  religion.  Il  leur  est  facile  de  mettre  la 
main  sur  ces  sortes  de  livres,  quand  ils  font  la  visite  de 
leurs  malades.  Vous  ne  manquerez  pas  de  faire  vous-même 
la  visite  de  ces  livres,  chaque  fois  que  vous  en  aurez 
occasion. 

Vous  recevrez,  avec  la  Présente,  la  collection  des  règles 
de  la  Société' de  Tempérance,  pour  vous  aider  à  la  faire 
fonctionner  utilement.  Votre  zèle  vous  inspirera  tous  les 
moyens  à  prendre  pour  organiser  celle  qui  est  établie  dans- 
votre  paroisse,  et  pour  la  mettre  en  rapport  avec  le  Conseil 
Central  de  Montréal.  Le  temps  pascal,  qui  est  si  riche  en 
grâces,  est  pour  cela  des  plus  favorables. 

Je  profite  de  l'occasion,  pour  vous  prier  de  vouloir  bien 
faire  tenir  à  Mr.  Plamondon,  si  déjà  vous  ne  l'avez  fait,  le 
quartier  de  votre  souscription  pour  l'Evêché,  échu  au  prin- 
temps. Le  Synode  diocésain,  qui  doit  se  tenir  prochaine- 
ment, nous  oblige  à  faire  d'avance  des  préparatifs  qui  exi- 
gent certaines  dépenses  auxquelles  le  clergé  a  bien  voulu 
s'associer.  Il  faut  aussi  rencontrer  certains  paiements  pour 
lesquels  on  a  dû  compter  sur  ces  souscriptions  dont  le  chifire 
n'est  pas  moins  de  £5000,  sur  lesquelles  £1500  sont  entrés. 
La  générosité  avec  laquelle  il  s'est  taxé  dans  cette  occa- 
sion, m'impose  un  devoir  de  le  tenir  au  coui-ant  de  cette 
œHvre. 

Vous  voudrez  bien  aussi  envoyer  au  plus  tôt,  à  la  même 
adresse,  les  aumônes  que  vous  auriez  recueillies  pour  l'Œuvre 
de  la  Propagation  de  la  Foi. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

t  IGr.,  Ev.  DE  Montréal, 
(  Vraie  copie)  J.  O.  Paré,  Chan.  Sec. 


1,00  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT  DE  VISITE. 


Ignace  Bourget,  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  la  grâce  du 
Saint-Siège  JpostoUgne,  Ecêque  de  Montréal,  etc.  etc.  etc. 
Au  Clergé  et  aux  Fidèles  de  Noire  Diocèse,  Salut  el  Bénédiction  en 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ. 

Nous  vous  annonçons,  X.  T.  C.  F.,  que  bientôt  Nous  nous 
rendrons  dans  votre  Paroisse,  poui-  v  faire  la  Visite  Pasto- 
rale. La  foi  vive,  qui  vous  anime,  remplit  sans  doute  vos 
cœurs  d'une  joie  toute  sainte,  à  cette  heureuse  nouvelle. 
Car  elle  vous  fuit  apercevoir,  dans  cette  Visite  de  votre 
premier  Pasteur,  celle  de  Notre-Seigneur,  qui  vient  à  vous, 
plein  de  grâce  et  de  vérité  ;  (Jean.)  et  qui  aujourd'hui,  comme 
au  temps  de  sa  vie  mortelle,  doit  marquer  son  passage  par 
d'innombrables  bienfViits.  Pertransiit  benefaciendo.  (Act. 
10.  38.) 

Et,  en  effet,  quiconque  voudra  fermer  les  yeux  de  la  chair, 
«|ui  lui  feraient  ne  voir  en  Nous  que  l'homme,  avec  toutes 
les  faiblesses  de  la  pauvre  humanité,  y  découvrira  sans 
peine,  avec  les  lumières  de  la  foi,  V homme  de  Dieu  dispensant 
i<es  redoutables  mystères  et  l'Ambassadeur  de  J.  C,  exerçant 
sa  puissance  et  sa  charité,  pom-  le  salut  des  hommes.  Sicut 
ynisit  me  Pater,  et  ego  mitto  vos.     (Jean.  20.  21.) 

C'est  à  rendre  cette  vérité  sensible  que  l'Eglise  s'attache, 
quand  elle  déploie  tant  de  pompe  dans  les  cérémonies  de  la 
Visite  Episcopale.  Ces  augustes  cérémonies  sont  des 
langues  si  éloquentes,  que  nous  allons,  N.  T.  C  F.,  les 
laisser  vous  dire,  dans  leur  touchant  langage,  que  ce  n'est 
pas  Ihomme  que  vous  allez  recevoir,  mais  J.  C.  lui-même. 
Qui  recipit  vos  me  recipit,  (Matth.  10.  40.)  Elles  vous  dirons 
aussi,  ces  majestueuses  cérémonies,  la  nécessité  pour  vous 
de  vous  préparer  soigneusement  aux  grâces  que  vient  vous 
apporter  ce  bon  Maître,  en  visitant  votre  Paroisse.  Parate 
viam  Domini.  (Matth.  3.  3.)  Elles  ont  été,  vous  n'en  doutez 
pas,  inspirées  à  l'Eglise,  par  l'Esprit-Saint,  pour  pénétrer 
vos  âmes  d'un  respect  religieux  pour  vos  Pasteurs.  Puisse 
3e  court  tableau  que  Nous  allons  vous  en  tracer,  J  enraciner 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  101 

"Je  plus  eu  j)lus  la  foi,  l'amour  et  la  confiance  que  vous  leur 
<levez. 

D'abord  l'Evèque  vous  apparaît,  revêtu  d'ornements  sacrés 
auxquels  sont  attachés  des  significations  mystérieuses,  et 
■des  grâces  spéciales  de  ministère.  .Ses  mains  consacrées 
pour  porter  les  vases  du  Seigneur,  (Isai  12.)  c'est-à-dire,  les 
âmes  pmes  et  innocentes  confiées  à  sa  vigilance,  sont  cou- 
vertes de  gants  précieux.  C'est  par  respect  pour  l'onction 
sainte  dont  elles  sont  imprégnées,  pour  mieux  signifier  les 
Mains  Vénérables  de  J.  C,  le  véritable  Jacob,  qui  a  mérité 
toutes  les  béné<iiction8  du  F'ils  Aine,  pour  s'être  humilié 
jusqu'à  prendre  les  apparences  du  péché,  figuré  par  les 
paaux  de  chevreau,  qui  couvraient  les  mains  de  ce  Saint 
Patriarche.  C'est  ainsi  que,  sous  le  voile  de  l'humilité, 
Dieu  a  caché  dans  les  mains  de  votre  Evêque,  les  abondantes 
bénédictions  qu'il  vous  réserve  dans  la  Visite  qu'il  va  vous 
faire  de  sa  part. 

L'anneau  qu'il  porte  au  doigt,  est  spécialement  Ijénit, 
pour  être  le  signe  de  l'alliance  sacrée  qui  l'unit  à  chaque 
Paroisse,  et  le  symbole  de  la  fidélité  avec  laquelle  il  doit 
travailler  à  les  oi-ner  toutes  des  dons  du  St.  Esprit,  que 
l'Egli.se  appelle  le  doigt  de  la  main  droite  de  Dieu.  La  Ci-osse 
qu'il  tient  à  la  main  est  le  bâton  sacré  que  lui  a  donné  le 
Dieu  tout  puissant,  pour  lui  aider  à  soutenir  le  poids  écra- 
*>ant  de  la  charge  Episcopale,  et  la  Houlette  Pastorale,  qui 
lui  inspire  une  pieuse  sévérité,  pour  coi'riger  les  abus,  et  une 
sage  discrétion  pour  s'insinuer  dans  les  cœurs  et  les  gagner 
H  Dieu.  La  Mître  précieuse  qui  orne  sa  tète,  le  foit  aisé- 
ment reconnaître  pour  le  conducteur  du  Peuple  de  Dieu, 
dans  les  déserts  de  cette  vie,  au  vif  éclat  des  lumières  qui 
brillent  sur  sa  face,  comme  sur  celle  de  Moise,  qui  lui-même 
n'était  que  la  figure  de  J.  C,  tout  resplendissant  de  gloire 
sur  le  Thabor.  Cette  Mître  est  pour  lui  le  casque  du  salut, 
chaque  fois  qu'il  lui  faut  entrer  en  lutte  contre  les  ennemis 
de  la  vérité.  Par  les  prières  de  l'Eglise,  elle  le  rend  terrible 
dans  les  combats  du  Seigneur  :  Quatenus  terribilis  appareat 
Adversariis    veritatis.     A   un    appareil   si   pompeux,    vous 


102  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

reconnaissez  J.  C,  que  St.  Paul  appelle  la  Splendeur  de  la 
gloire  de  Dieu,  et  la  parfaite  Image  de  sa  substance.  (Heb, 
1.  3.) 

Ainsi  revêtu  et  orné,  l'Evêque  se  met  humblement  à 
genoux  sur  le  seuil  de  la  porte  du  Presbytère,  et  baise 
amoureusement  la  Croix  que  lui  présente  le  Curé,  et  sur 
laquelle  a  expiré  le  Bon  Pasteur,  pour  l'amour  de  ses  brebis. 
C'est  ainsi,  qu'à  la  face  de  toute  la  Paroisse  assemblée,  et 
pour  premier  acte  de  visite,  il  pi^oteste  hautement  qu'il  veut 
être  le  serviteur  de  tous.  Pour  remplir  les  graves  devoir» 
de  cette  glorieuse  servitude,  il  embrasse  de  bon  cœur  les 
croix  innombrables  attachées  à  son  ministère.  Et  c'est 
pour  cela  qu'il  porte  jour  et  nuit  sur  son  cœur  cette  croix 
sainte,  qui  est  pour  lui,  comme  pour  son  peuple,  l'étendard 
du  salut. 

Pendant  qu'il  s'humilie  de  la  sorte,  l'Eglise  le  relève  en 
chantant  avec,  transport  :  Nous  vous  saluons,  ô  grand 
Prêtre  ;  Soyez  béni,  ô  Pontife,  qui  venez  renouveler  parmi 
nous  les  œuvres  merveilleuses  de  notre  Dieu  ;  Soyez  le  bien- 
venu, O  bon  Pasteur,  puisqu'on  vous  sacrifiant  pour  votre 
peuple,  vous  avez  su  gagner  les  bonnes  grâces  du  Seigneur  : 
Sacerdos  et  Pontifex  et  virtutum  opifex,  Pastor  bone  in  populo, 
sic  placuisti  Domino. 

L'on  se  rend  à  l'Eglise,  au  milieu  de  ces  acclamations 
joj^euses,  et  la  voix  si  connue  de  la  cloche  paroissiale^ 
venant  mêler  son  doux  et  harmonieux  accent  à  ce  chant 
sacré,  ce  n'est  plus  bientôt  qu'une  délicieuse  mélodie,  qui 
réjouit  l'oreille  et  ravit  le  cœur  :  d'ineffables  émotions  se 
font  sentir  aux  âmes  religieuses  ;  et  alors  les  yeux  péné- 
trants de  la  foi  découvrent  sans  peine,  à  travers  de  viles 
dehors,  J.  C.  le  bon  Pasteur,  le  véritable  Evêque  de  nos  âmes^ 
Pastorem  et  Episcopum  animarum  vestrarum.    (1.  Pet.  2. 25,) 

Le  premier  pas  que  l'on  .fait  dans  l'enceinte  sacrée  est  un 
acte  religieux,  qui  rappelle  la  première  et  mémorable  parole 
qu'a  fait  entendre  à  la  terre  coupable,  le  Dieu  du  ciel, 
quand  il  s'y  est  rendu  visible,  pour  converser  avec  les  hom- 
mes.    Purifiez-vous  dans   les  larmes  de  la   pénitence  ;    et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  tOS" 

croyez  à  l'Evangile.  Pœnitemini  et  crédite  Evangelio  (Marc. 
1.  15.)  L'Evêque  s'asperge  le  premier,  pour  reconnaître 
avec  l'Apôtre  qu'il  est  le  plus  grand  des  pécheurs  ;  Quorum 
primus  ego  sum  (1  Tim.  1.  15.)  Il  répand  ensuite  l'eau 
sainte  sur  la  paroisse,  pour  lui  communiquer  l'esprit  de 
componction.  L'Aspersoir  est  dans  sa  main  ce  qu'était 
dans  celle  de  Moyse  la  verge  d'Aaron.  Il  frappe  les  cœurs 
des  pécheurs  plus  durs  que  les  rochers  :  et  il  en  sort  des 
torrents  de  larmes  ;  Percvssit  petram,  et  fiuxerunt  aquœ 
(Ps.  Y7.  20.)  A  cet  acte  expiatoire  succède  l'encensement 
de  l'Evèque,  par  le  Cui'é,  au  nom  de  la  paroisse.  Qui  ne 
voit  que  l'Evêque  est  là  comme  l'ange  du  Seigneur,  rece- 
vant les  parfums,  c'est-à-dire,  les  ferventes  prières  de  la 
paroisse,  pour  les  porter  avec  les  siennes  au  saint  Autel  ? 
Sicut  Ângelum  Dei  excepistis  me.     (Gai.  4.  14.) 

La  rentrée  au  sanctuaire  est  un  moment  solennel  dont 
l'impression  est  poignante  pour  les  cœurs  de  foi.  Tous 
tombent  à  genoux  aux  pieds  du  Souverain  Pasteur,  réelle- 
ment présent  dans  son  Tabernacle,  ce  Trône  de  toutes 
gi'âces.  Ah  !  c'est  que  tous  doivent  l'adorer,  les  Anges  du 
ciel,  aussi  bien  que  ceux  de  la  terre.  Adorent  eum  omnes 
Angeli  ejus.  (Heb.  I.  6.)  Le  chant  sacré  cesse  :  et  après 
un  instant  d'un  silence  pénétrant,  une  voix  se  fait  entendre  ; 
c'est  celle  du  Pasteur  de  la  Paroisse,  qui  seul,  debout  au  coin 
de  l'Autel,  envoie,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  son  trou- 
peau, un  soupir  ardent  vers  le  ciel.  Il  réclame  instamment 
le  secours  de  Dieu  qui  est  notre  Protecteur  à  tous.  Protector 
noster,  aspice  Deus.  Le  cœur  et  l'oreille  de  Dieu  sont  réjouis 
de  ce  cri  de  confiance,  échappé  de  la  bouche  du  Pasteur.  A 
l'instant  il  en  sort  une  de  la  poitrine  du  troujjeau,  qui  fixe 
le  regard  d'un  Dieu  si  bon  sur  l'Evêque,  qui  est  là  poui- 
remplir  l'office  de  son  Christ  :  Et  respice  in  faciem  Christi 
tui.  Ce  dialogue  sacré  ainsi  entamé  se  prolonge  :  le  divin 
feu  de  prière  s'allume  et  s'embiâse;  les  promesses  faites 
aux  humbles  s'accomplissent  ;  des  consolations  ineffables 
soulagent  tous  les  cœurs  ;  des  grâces  abondantes  arrosent  le 
sein  de  la  Paroisse  agenouillée  dans  son  temple  ;  enfin,  tout 


104  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

^annonce  que  Dieu  e-;t  là  pi-éicnt.     Taum  in  nobis  sentiamus 
adventum.     (Or.  de  l'Eg.) 

C'est  au  milieu  de  toutes  ces  ardeurs,  qui  saisissent  et 
enlèvent,  que  l'Bvèque  dirige  ses  pas  vers  l'Autel,  dont  il 
franchit  le.-i  redoutables  degrés,  avec  un  saint  tremblement. 
Il  le  baise  avec  respect  et  amour,  parce  qu'il  est  ï'escabeau 
sur  lequel  repose  le  pied  de  Celui  qui  règne  au  plus  haut  des 
cieux.  (Ps.  98,  5.)  Alors  recommencent  les  chants  et  les 
prières.  C'est  pour  imploi'er  le  secours  du  Bienheureux, 
qui  est  au  ciel  le  patron  invisible  de  la  Paroisse,  sur  le 
Pasteur  qui  en  est  le  Patron  visible  sur  la  terre.  Pour 
sauver  les  hommes  confiés  à  leurs  soins,  ils  se  donnent  la 
main  en  faisant  ensemble  un  traité  d'alliance.  Le  Patron 
du  ciel  s'engage  à  prier,  et  celui  de  la  teri'e  s'oblige  à  tra- 
vailler, pour  le  salut  du  peuple  de  Dieu.  Demus  dexteras 
Jiominibus.  (II  Mac.  6,  59.)  Leurs  efforts  l'éunis  ont  poor 
objet  de  conduire  sans  danger  ce  peuple  chéri  au  rivage  de 
la  bienheureuse  éternité.  Demus  dextercu  securitatis.  (II 
Mac.  11,  30.)  C'est  à  ses  patrons  que  l'Eglise  adresse  cette 
touchante  prière  :  Sanctifiez  les  Paroisses  dont  la  garde 
vous  a  été  confiée  :  Ijoca  sanct'ficate.  Bénissez  le  peuple 
que  le  Seigneur  a  mis  sous  votre  protection  :  Plebem  béné- 
dicité. A^eillez  sur  les  hommes  pécheurs,  qui  vous  sont 
recommandés,  pour  que  toujours  ils  vivent  en  paix  comme 
■  des  frères:  Jlomines  peccatores  in pac2  custodite.  Oh!  qu'il 
<3st  touchant  et  consolant  pour  chaque  Paroisse  le  culte  de 
.son  saint  Patron  !  Oui  :  vraiment  c'est  pour  toute  famille 
Paroissiale  un  père  ou  une  mère  que  le  saint  ou  la  sainte  à 
qui  Dieu  en  a  confié  le  .soin.  Aussi  mérite-t-il,  X.  T.  C.  F., 
votre  amour  et  votre  reconnaissance  tous  les  jours  de  votre 
me. 

Après  que  tous  les  cœurs  ont  été  ain.'^i  préparés  par  les 
•vives  émotions  de  ces  chants  divins  et  de  ces  pompeuses 
cérémonies,  l'Evêque  fait  entendre  sa  voix,  pour  la  bénédic- 
tion solennelle  de  ^on  troupeau.  Il  ouvre  d'abord  son  cœur 
avec  la  croix,  qui  en  est  comme  la  clef  ;  c'est  pour  en  faire 
sortir  cette  brillante  prière  :    Que  le  Saint  Nom  de  Dieu  soit 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  *I05^ 

béni.  Sans  cette  reparution  publique,  sa  voix  serait  étouffée 
pas  les  millions  de  blasphèmes  qui,  à  chaque  instant  du 
jour,  s'élèvent  vers  son  trône  et  provoquent  sa  juste  colère  ; 
Sit  jVomen  Domini  benedlctum.  Il  proteste  ensuite  que  lo 
ministère  de  la  Visite  Pastorale  est  si  plein  de  dangers,.qu'il 
ne  saurait  l'exercer  sans  lo  secours  promis  à  ceux  qui  met- 
tent toute  leur  confiance  dans  le  Xom  de  Dieu.  Adjutorium 
Twst)"um  in  nomine  Domini.  Alors  ses  yeux,  ses  mains,  son 
cœur  s'élèvent  vers  le  ciel,  pendant  que  sa  voix  commande 
au  Dieu  Tout  puissant  de  vous  bénir  tous  :  Benedicat  oos 
Omnipotent  Deus.  A  ce  bienheureux  moment,  l'Autel  vous 
représente,  N.  T.  C.  F.,  le  nuage  brillant  sur  lequel  était 
assis  le  Fils  de  l'homme,  lorsque,  sur  le  point  de  se  dérobera 
la  terre,  il  levait  ses  divines  mains  pour  bénir  ses  chers  dis- 
ciples :  Elevatis  manibus  suis  benedixit  eis.     (Luc.  24,  50.) 

L'Evêque  monte  en  chaire  après  cette  bénédiction.  Tous 
sont  aloi's  préparés  à  l'écouter  comme  si  Dieu  allait  parler 
par  sa  bouche  :  tanquam  Deo  exhortante  per  nos.  (II  Cor.  5, 
20.)  La  chaire  est  pour  eux  comme  la  Sainte  Montagne 
où  J.  0.  attirait  la  foule  empressée  de  l'entendre,  atin  do 
parler  à  son  cœur  dans  le  calme  de  la  solitude.  Ancendït  in 
montem...  aperiens  os  suum  docebat  eos.  (Matth.  5,  12.)  Et 
que  vous  dira-t-il,  X,  T.  C.  F.  ?  Il  vous  dira  qu'il  est 
envoyé,  avec  des  pouvoirs  sans  bornes,  pour  briser  les  chaî- 
nes de  fer  qui  retiennent,  dans  les  cachots  brûlants  du 
Purgatoire,  les  âmes  de  vos  chers  défunts  :  primo  ad  absol- 
vendas  aîiimas  defunctorum.  Il  s'annoncera  comme  le 
gardien  des  saints  canons,  chargé  de  voir  de  ses  propres^ 
yeux  si  toutes  et  chacunes  des  règles  de  la  Sainte  Eglise 
sont  exactement  observées  :  secmulo  ut  videat  qualiter  Eccle- 
sia  ipsa  spiritualiter  et  temporaUter  gubernetur.  Il  se  présen- 
tera à  vous  comme  le  Réformateur  des  abus  et  scandales  qui 
pourraient  mettre  votre  salut  en  danger;  et  son  strict 
devoir  sera  de  vous  en  Inspirer  une  vive  horreur  :  tertio  ad 
«.dulteria..  et  similia  jpublica  in  populo  punienda....  ostendens 
diligenter  quàm  âamnabilia  et  detestanda  svnt  crimina  ipsa.  11 
vous  protestera  qu'il  est  venu  vous  écouter  avec  bonté,  vous 


106  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

donner  de  sages  conseils  et  vous  accorder  le  pai'don  de  vos 
péchés  :  quarto  protestans  plebi  quod  paratus  sit  bénigne 
audire.  et  consilium  et  absolut ionem  impendere.  Enfin,  il 
s'offrira  à  vous  comme  le  Ministre  ordinaire  de  la  Confir- 
mation, pour  que  tous  ceux  qui  composent  la  Paroisse 
soient  remplis  des  don.s  du  St.  Esprit  :  Quinto  ad  exhibendum 
sacramentum  Confirmationis.  Que  de  biens  spirituels  vous 
sont  assurés,  N.  T.  C.  F.,  si  vous  recevez  cette  visite  du 
Seigneui*  avec  de  bonnes  dispositions  !  Oh  !  que  de  pres- 
sants motifs  vous  avez  de  vous  y  préparer  soigneusement  ! 

L'Evêque  se  rend  de  la  Chaire  de  vérité  au  Trône,  pour 
commencer  sans  délai  à  remplir  sa  Mission.  Il  n'y  est  pas 
plutôt  monté  que  tous  tombent  à  genoux,  et  se  frappent  la 
poitrine,  avec  l'humble  Publicain.  Ils  récitent  tout  haut  le 
Confiteor,  que  l'Eglise  met  à  la  bouche  de  tous  les  vrais 
pénitents.  La  paroisse  ainsi  préparée  par  cet  acte  d'humi- 
liation et  de  douleur,  l'Evèque  implore  la  protection  de  la 
Glorieuse  Vierge  Marie,  celle  de  tous  les  Anges  et  de  tous 
les  Saints  ;  et  en  même  temps  il  lève  sur  elle  ses  mains, 
pour  accorder,  au  nom  de  J.  C,  l'esprit  de  componction, 
qui  doit  mériter  aux  plus  grands  pécheurs  l'indulgence, 
absolution  et  rémission  de  leur  péchés.  Préparez-vous 
d'avance,  N.  T.  C.  F.,  à  cet  important  exercice  d'où  dépend 
tout  le  succès  de  la  visite.  Pour  cela,  faites  pénitence  ;  car 
le  Eoyaume  des  Cieux  s'approche  pour  vous.  Pœnitentiatn 
agite;  appropinquavit  enim  regnum  cœlorum.  (Matth.  4.  17.) 

C'est  à  la  suite  de  cette  touchante  cérémonie  que  Notre 
Seigneur  sort  de  son  Tabernacle,  pour  confirmer,  par  sa 
présence  sacramentelle,  tout  ce  que  fait  en  son  nom  l'Evèque 
qui  le  représente.  Après  les  chants  et  prières  d'usage,  il 
se  fait  dans  toute  l'Eglise  un  silence  profondément  saisis- 
sant, et  qui  dit  bien  haut  à  toute  la  Paroisse,  coui-bée  en  ce 
moment  devant  la  Divine  Majesté,  que  le  temps  de  la  Visite 
est  pour  elle  un  temps  de  retraite  et  de  recueillement.  Car 
le  Seigneur  n'agit  point  dans  le  bruit  et  le  tumulte.  JSfon  in 
commotione  Dominus.  (3  Eeg.  19.  11.)  Silence  donc  ; 
silence  de  paroles,  silence  d'actions,  Éiilence  surtout  de  pas- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  107 

«ions.  C'est  pendant  ce  silence  vraiment  significatif,  que 
J.  C.  donne  par  lui-même  sa  divine  bénédiction.  Mais  sa 
voix  plus  douce  que  le  concert  le  plus  harmonieux  va  droit 
aux  cœurs,  et  fait  dire  à  chacun  avec  le  jeune  Samuel  : 
Parlez,  Seigneur,  car  votre  serviteur  écoute.  (1  Eeg.  3.  9.) 
Puisse  ce  religieux  silence  régner  parmi  vous  tous,  N.  T. 
€.  F.,  pendant  tout  le  temps  de  la  Visite.  Que  de  secrets  il 
vous  révélera  ;  que  de  sentiments  il  réveillera  dans  vos 
-âmes  attendries  ! 

La  porte  du  Tabernacle  n'est  pas  plustôt  fermée  que  celle 
du  confessionnal  s'ouvre  ;  et  que  cette  voix  de  J.  C.  se  fait 
-entendre  par  la  bouche  de  tous  les  confessem-s,  qui  vont  s'y 
asseoir  :  Venez  à  moi  vous  tous  qui  êtes  écrasés  sous  le  lourd 
fardeau  de  vos  péchés,  et  je  vous  soulagerai.  (Matth.  11,  28.) 
Le  temps  de  la  reconciliation  est,  on  ne  peut  plus,  favorable, 
car  le  jour  du  salut  est  vraiment  arrivé  pour  vous.  Ecce 
nunc  tempus  acceptabile.  (2  Cor.  6,  2.)  Vous  l'entendrez 
cette  voix  du  Bon  Pasteur,  vous  pauvres  pécheurs,  qui 
depuis  si  longtemps  vivez  bourrelés  de  remords  ;  et  vous  en 
profiterez,  pour  secouer  enfin  le  joug  de  vos  passions,  et 
réparer  des  confessions  douteuses  et  peut-être  sacrilèges. 
Que  nous  sommes  heureux  de  yjouvoir  remplacer,  pour  ce 
consolant  ministère,  Jésus  le  véritable  ami  des  pécheurs  ! 
^ue  nous  sommes  bien  payés  de  nos  peines,  quand  il  nous 
est  permis  de  mêler  nos  larmes  à  celles  de  nos  pénitents  que 
la  grâce  a  touchés  !  Donnez  cette  consolation  à  tous  les 
Ministres  de  la  réconciliation  ;  c'est  la  seule  qu'ils  ambition- 
nent. 

Après  avoir  déposé  aux  pieds  des  Ministres  de  J.  C.  le 
fardeau  de  vos  iniquités,  vous  vous  présenterez,  N.  T.  C.  F., 
dans  la  salle  du  festin  avec  des  robes  nuptiales,  c'est-à-dire, 
avec  des  âmes  plus  blanches  que  la  neige.  C'est  bien  assu- 
rément à  la  Ste.  Table  que  ce  bon  Maître  répète  ces  douces 
paroles  :  j'ai  compassion  de  ce  peuple  ;  parce  qu'il  y  a  déjà 
trois  jours  que  ces  pauvres  gens  me  suivent,  sans  penser  à 
boire  ni  manger  :  misereor  super  turbam.  (Marc.  8,  2.)  C'est 
Jà  aussi  qu'il  multiplie  sans  cesse  un  pain  tout  terrestre  et 


108  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

qu'il  change  en  un  pain  vivant  et  descendu  du  ciel.  C'est  là 
que  pendant  notre  Visite  il  nourrira  vos  cœurs  de  ce  pain 
divin,  qui  fait  les  délices  des  rois.  Quel  bonheur  pour  nous 
de  vous  distribuer  cette  céleste  nourriture  !  Noti-e  unique- 
douleur  serait,  n'en  doutez  point,  N.  T.  C.  F.,  d'en  laisser 
quelques  uns  qui  ne  voudraient  pas  se  rendre  à  l'invitation 
que  noiis  leur  faisons  de  se  préparer  aux  noces  du  père  de 
famille.      Veaite  cul  nuplla^.     (Matth.  22,  4.) 

Votre  Eglise  doit  se  changer,  N.  T.  C.  F.,  pendant  la 
Visite,  en  vrai  Cénacle,  cette  grande  et  magnifique  salle,  qui 
a  vu  s'opérer  la  mystérieuse  scène  Eucharistique  et  la  mer- 
veilleuse descente  du  St.  Esprit.  Car  les  mêmes  sacrements 
devant  s'y  administi*er,  les  mêmes  prodiges  devront  s'y 
renouveler.  Ce  ne  sera  pas  seulement  en  faveur  des  jeunes 
chrétiens  qui  recevront  le  sacrement  de  confirmation,  que 
l'esprit  sanctificateur  reviendi-a  sur  la  terre  ;  il  veut  répan- 
dre ses  dons,  avec  une  amoureuse  j)rofusion,  sur  tous  ceux 
qui  appartiennent  à  la  j)arois8e.  Il  faut  donc  que  l'on 
puisse  dire  de  vous,  pendant  la  visite,  ce  que  St.  Luc  a  écrit 
de  ceux  qui  étaient  dans  le  Cénacle  :  Il  furent  tous  remplis^ 
du  Sf.  Esprit.  Car  vraiment  un  jour  de  Visite,  pour  une 
Paroisse,  est  un  beau  jour  de  Pentecôte.  Que  chacun  se 
prépare  donc  à  recevoir  la  langue  de  feu  que  lui  apportera 
du  Ciel,  dans  ce  grand  jour,  l'Esprit  sanctificateur.  Oh  ! 
qu'il  y  a  pour  cela  de  pressants  motifs,  si  surtout  nos  cons- 
ciences nous  reprochent  d'avoir  reçu  le  Sacrement  de  Con- 
firmation en  mauvais  état  ;  ou  si  depuis  cet  heureux  jour, 
nous  avions  eu  le  malheur  de  chasser  le  St.  Esprit  de  nos 
cœurs,  par  quelque  péché  mortel.  Hélas  !  qui  de  nous 
pourrait  se  rendre  le  consolant  témoignage  de  n'avoir 
jamais  foulé  aux  pieds,  l'Auteur  de  toute  grâce.  Faisons 
<ionc  pénitence,  si  nous  voulons  recevoir  les  dons  du  Saint 
Esprit.  Pœnitentiam  agite...  et  accipictis  donum  Spiritus 
Sancti.     (Act.  2,  38.) 

Vous  verrez  l'Evêque  visiter  avec  pompe  le  Tabernacle 
les  Fonts  baptismaux,  l'Eglise,  les  vases  sacrés,  les  orne- 
ments et  tout  ce  qui  sert  au  culte  divin.     Il  vous  sera  facile- 


» 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  I)  )CU!ilENTS         •     209 

de  voir  ew  lui  ^oti-e  Seigneur  dévoré  du  zole  de  la  Maison 
de  son  Père,  pour  qu'elle  fut  toujours  une  maison  de  prière 
«t  de  bénédictions.  Vous  le  verrez  aux  Fonts  sacrés  du 
baptême,  comme  le  vit  St.  Jean-Baptiste  dans  les  eaux  du 
Joui'dain.  Là  A'ous  le  bénirez  de  la  g-râce  de  votre  bap- 
tême, et  vous  prierez  pour  (juaueun  enfant  de  la  paroisse 
no  m^eure  sans  avoir  reçu  ce  sacrement,  ^si  absolument 
nécessaire  au  salut.  A'ous  l'apercevrez  daiifl  le  Temple  de 
Jérusalem,  chassant  ceux  qui  en  profanaient  la  sainteté  paj. 
leurs  iriévérences.  Vous  demanderez  que  votre  église 
ne  devieinie  jamais  une  caverne  de  voleurs,  par  la  coujyable 
négligence  de  la  Paroisse  à  contj-ibucr  à  son  ornement,  et 
surtout  par  les  immodesties,  les  propos  indécents,  les  paro- 
les inutiles  qui  outragent  le  Dieu  saint  qui  y  habite  jour  et 
nuit.  Vous  désirerez  que  des  adorateurs  en  esprit  et  en 
vérité  s'y  tiennent  du  matin  au  soir,  pour  qu'un  Dieu,  si  ja- 
loux de  converser  avec  les  hommes,  n'y  demeure  jamais 
seul.  Car  des  cœurs  qui  prient  sont  de  riches  ornements 
aux  yeux  de  sa  divine  majesté. 

L'église  est  une  troji  bonne  mère  pour  oublier  en  aucun 
temps  les  chers  enfants  que  la  mort  lui  a  enlevés.  Pourrait- 
«lle  les  oublier  dans  un  temps  aussi  riche  en  grâces  que 
celui  de  la  Visite  Episcopale?  Oh!  non;  elle  les  aime 
même  dans  ces  jours  de  si  joyeuse  solennité.  Kile  conduit 
l'Evêque  dans  le  Cimetière  ;  et  en  lui  montrant  les  tombes 
de  ses  enfants  chéris,  elle  lui  dit  avec  tout  l'accent  de  la  dou- 
leui*  :  Seigneui-,  venez  voir  où  on  les  a  enterrés  ;  Domine, 
veni  et  vide.  Vraie  veuve  de  Naïm,  elle  se  trouve  sur  le 
passage  de  Jésus,  pour  le  toucher  de  com^iassion  par  les 
cris  de  sa  juste  douleur.  Hélas!  elle  a  perdu  des  enfants 
qu'elle  aime  tous  comme  des  tils  uniques.  Pour  mieux  at- 
tendrir son  cœur,  elle  réprend  ses  habits  de  deuil,  répète 
ses  lugubres  cantiques,  renouvelé  la  triste  pompe  de  leur 
enterrement.  Elle  fait  couler  dans  les  brûlants  cachots  du 
Purgatoiie  l'eau  sainte  qui,  comme  une  douce  rosée,  adou- 
cit et  éteint  les  flammes  qui  dévorent  ses  pauvres  enfants. 
Elle  fait  monter  au  ciel  un  encens  d'agréable  odeui-.   figure 

14 


210  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

si  admirable  de  la  prière,  qui  va  porter  sur  ses  ailes  rapides,, 
dans  le  séjour  de  rafraichissement,  de  lumière  et  de  paix,, 
des  âmes  désolées  de  se  voir  enchaînées  dans  des  prisons 
lirûlantes  et  ténébreuses. 

Oh  !  qu'û  est  grand  et  attendrissant  le  spectacle  de  toute 
une  paroisse  agenouillée  autour  de  la  Croix  de  son  cimetière  ! 
Comme  on  prie  bien  et  médite  bien  dans  cet  Oratoire  de  la 
mort!  Qu'ils  sont  à  plaindre  ceux  qui,  par  leur  mauvaise 
mort,  ne  méritent  pas  d'être  enterrés  en  terre  sainte  ! 

Telles  sont,  N.  T.  C.  F.,  les  admirables  leçons  que  nou.s 
fournit  le  ravissant  spectacle  des  cérémonies  de  la  Visite 
Pastorale.  En  les  suivant  avec  cet  œil  éclairé,  elles  vous 
paraîtront  intéressantes  pour  votre  foi  et  touchantes  pour 
votre  piété.  Avec  de  si  saintes  dispositions,  vous  recon- 
naîtrez dans  notre  voix  celle  du  Bon  Pasteur.  Vous  noue 
obéirez  comme  à  Dieu  même.  Pénétrés  de  ces  sentiments, 
vous  accomplirez  avec  soin  toutes  nos  oi-donnances,  parce 
que  vous  les  regarderez  comme  écrites  du  doigt  de  Dieu. 
Car  celui  qui  nous  écoute,  écoute  J.  C.  :  qui  vos  audit  nie 
audit. 

A  CBS  CAUSES,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  îfous  avons 
statué,  réglé  et  ordonné,  statuons,  légions  et  ordonnons  ce- 
qui  suit,  pour  l'ordre  de  la  Visite. 

lo. — Nous  Nous  rendons  à  le 

.  Environ  une  demi-heure 
après  notre  arrivée,  on  fera  une  instmctioi\  familière  ou 
conférence,  à  l'issue  de  laquelle  Nous  ferons  notre  entrée  à 
l'Eglise  en  la  manière  prescrite  dans  le  Rituel  :  puis,  après 
une  courte  exhortatation,  Nous  donnerons  la  Bénédiction 
du  St.  Sacrement. 

2o.  Le  lendemain,  il  y  aura  des  messes  distribuées  dans 
la  matinée  pom*  la  commodité  des  communiants.  A  dix 
heures,  la  messe  de  la  Visite  et  le  sermon,  après  quoi,  Nous 
donnerons  la  Contirmation  aux  personnes  à  jeun,  préparées 
par  les  Confesseurs,  et  jugées  suffisamment  instruites  par 
leur  Cm'é,  dont  elles  présenteront  un  billet. 

3o.  Nous  ferons,  dans  le  temps  le  plus  commode,  la  visite 


CIHCLLAIflES  ET  AITHES  DOCUMENTS  21 1= 

(lu  Tabernacle,  des  ornements  deB  Fonts  l>:tpiisni;mx,  et  du 
Cimetière,  ainsi  que  lexuinen  des  Onnptes  do  lu  Fabrique, 
que  les  Mariçuillers  tiendront  j)rêts  à  Nous  être  juésenté.s. 
M.  le  Cure  poui-voii":i  aussi  à  ce  qu'un  inveninue  dw  linge 
et  des  ornements  de  l'Egliso  soit  dressé,  au>sî  l)ien  qu'un 
tableau  des  Indulgences  et  Messes  de  fondation,  8'il  y  en  a. 
Nous  ref-hercherons  partiç-uliôroment  si  les  oi-donnance« 
données  paj- Nos  Seigneurs  les  Evèques,  dan.^  les  Visites- 
précédentes,  ont  été  eKéeuteés. 

4o. — MM.  les  Curés  auront  soin  de  préjuirer,  par  de  fi-é- 
quents  catéchismes,  ceux  qui  se  disposent  à  la  Confirmation ^ 
et  de  conserver  les  billets  qui  renferment  les  noms  des  confir- 
més, pour  les  inscrire  ensuite  dans  les  Rcgisti'es  de  la  Pa- 
i-oisse. 

5o. — Les  Confesseurs  nommés  pour  la  A'isite  auront,  tant 
qu'elle  durera,  le  pouvoir  d'absoudre  des  censures  et  cas  ré- 
servés, et  les  facult<;s  les  plus  amples  pour  la  réconciliation 
des  pénitents. 

60. — Par  un  Induit  du  Souverain  Pcmtife,  tous  les  Fidè- 
les qui,  s'étant  confessés  avec  une  véritable  contrition,  com- 
munieront pendant  lu  Visite,  et  prieront  pour  les  nécessité» 
de  l'Eglise  suivant  tjon  intentiou,  gagnei'ont  ujie  indulgence 
plénière. 

7o. — Voulant  favoriser,  autant  qu'il  en  est  Nous,  la  dévo- 
tion des  Fidèles  envers  la  Ste.  Vierge,  Nous  Nous  ferons 
un  devoir  d'appliquer,  chaque  Jour  de  la  Visite,  les  Indul- 
gences aux  CVoix,  chapelets,  et  médailles  (jui  nous  seront 
présentés. 

80. — Chaque  Paroisse  ou  Mission,  après  que  Nous  l'au- 
rons visitée,  fournira  à  Nous  et  aux  personnes  de  notre 
suite,  les  voitures  nécessaires  pour  nous  transporter  à  la 
Paroisse  suivante. 

9o. — Nous  terminons  la  Visite  le 
avant  midi,  par  le  salut  ou   la  Bénédiction  du   St.   Sacre- 
ment. 

Enfin,  c'est  encore  à  vos  pieds  sacrés,  ô  divine  Marie,  que 
Nous  déposons  humblement  ce  Mandement  de  Visite,  que 


212  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTOH.VLE!^. 

Nous  n'avons  écrit  f(ii"eii  invoquant  votre  Xoni  si  doux,  qui 
éclaire  l'esprit  et  embrase  le  cœur.  Pi-iez  pour  que  notre 
voix  se  ressente  de  la  douceur  de  la  voix  pastorale  de  votre 
divin  Fils,  et  que  notre  cœur  soit  animé  de  la  charité  de  son 
cœur  paternel.  Les  brebis  que  nous  allons  visiter  sont  à 
vous,  ô  Mère  du  Bon  Pasteur.  A  vous  donc  defaii'c  compren- 
dre à  ce  troupeau  cliéri  un  Mandement  que  nous avone  écrit 
en  toute.simplicité,  afin  de  lui  inspirer  un  profond  respect 
pour  le  Pabteur  qui  le  visite  au  Nom  de  votre  Fils.  Car 
c'est  à  lui  gagner  des  cœurs  et  non  à  flatter  les  oreilles  que 
nous  consacrons  nos  veielles.  Faites  que  ce  troupeau  s'atta- 
che à  ce  Mandement,  comme  Jésus  à  votre  Sein  Virginal. 
Oh  !  Bienheureuses  les  mamelles  qui  l'ont  allaité  !  Qu'il 
soit  pour  tous  vos  tendi-es  agneaux  un  gras  et  riche  pâtura- 
ge.    Ainsi  soit-il 

SEEA  le  présent  Mandement  lu  et  publié  au  Prône  delà 
Messe  Paroissiale,  le  pi-emiei*  Dimanche  après  sa  réception. 

DONNE  à  Montréal,  sous  notre  seing  et  sceau,  et  le  con- 
treseing <le  notre  Seci-étaire  le  vingt  deux  Ma>'s,  mil-huit- 
cent  cinquante-deux. 

t  IG.  EVEQUE  DE  MONTREAL. 
Par  Monseigneur. 
J.  O.  Pare  Chan.  Secrétaire. 


CIRCULAIPtE  AU  CLERGE. 

MoNSIELK    le    CtRE, 

Dans  ce  temps  mauvais,  où  l'esprit  dincjédulité  est  si  ho.s- 
tile  au  Clergé,  j'ai  cru  que  la  voix  la  plus  capable  de  soute- 
nir l'honneur  qui  lui  est  dû,  est  celle  de  l'Eglise.  Car  la 
voix  d'une  mère  n'est  jamais  suspecte,  et  elle  va  toujours 
au  cœur  des  enfants,  quelque  dénaturés  qu'ils  puissent  être. 
C'est  pour  cette  raison  que  je  me  suis  attaché,  dans  le  Man- 
dement de  Visite  ci-joint,  à  la  faire  parler,  dans  ces  augus- 
te cérémonis,  en  fiaveur  de  ses  Pasteurs.  Veuillez  bien  en- 
trer dans  cette  pensée  et  donner,  dans  vos   instructions, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  213 

tout  le  développement  que  mérite  un  sujet  si  important  et 
que  je  n'ai  pu  qu'esquisser  rapidement.  Afin  que  ce  Man- 
dement puisse  produire  à  la  longue  un  etfet  si  désirable,  je 
l'ai  fait  imprimer  en  petit  format  pour  que  chacun  pût  se 
le  procurer,  et  l'avoir  sous  les  yeux,  en  suivant  les  exerci- 
ces de  la  Visite  Pastorale.  Vous  pourrez  plus  tard  juger 
des  bons  effets  de  cette  tentative  :  ce  qui  vous  donnera  oc- 
casion d'expliquer,  en  temps  et  lieu,  les  anti-es  cérémonies 
employées  tant  dans  les  offices  que  dans  l'administration 
des  sacrements. 

Comme  la  bonne  commitnicn  est  le  fruit  ordinaire  de 
tout  exercice  religieux,  je  vous  pi-ie  de  vous  arranger  avec 
vos  voisins,  pour  procurer  à  vos  Paroissiens  autant  de  con- 
fesseurs qu'il  en  faudra  pour  pouvoir  satisfaire  à  leur  piété 
dans  la  Visite.  C'est  encore  dans  cette  vue  que  je  suis  dé- 
cidé à  me  faire  accompagner  par  au  moins  trois  prêtres. 
Peut-être  trouverez-vous  bon  de  commencer  les  confessions 
avant  la  Visite,  laissant  aux  per.sonnes  qui  se  confessent 
ainsi  à  l'avance  la  liberté  de  ne  communier  que  le  lende- 
main de  l'arrivée  de  l'Evèque. 

Afin  de  donner  plus  de  temps  aux  confessions,  nous  ré- 
glerons toutes  choses  pour  que  les  exercices  de  la  Visite 
soient  c-ourts.  Pour  la  même  raison,  vous  ferez  bien  de 
donner  les  billets  de  confirmation  et  d'arranger  toutes  cho- 
ses, pour  n'être  point  obligé  de  quitter  le  confessionnal. 

Je  vous  recommande  d'avoir  des  grilles,  pour  que  les 
prêtres  y  puissent  tenir  à  la  journée  ;  et  que  les  pénitents 
n'y  soient  point  entendus  :  ce  qui,  dans  ce  temps  de  con- 
cours, pourrait  aisément  aiTiver  à  cause  de  la  foule.  Il  eu 
faut  faire  faire  plus  que  moins,  pour  que  personne  n'en 
manque.  Le  ministère  ne  peut  manquer  d'être  béni,  quand  il 
s'exerce  suivant  les  saintes  régies  do  l'Eglise. 

Je  suis  bien  cordialement. 

Monsieur  le  cuié, 
Voti-e  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

fin.  Ev.  DE  Montréal. 


^14  MANbEMEMS,  LETTttKS  PASTOKALES, 

dl^CULAIRE  AU  CLERGE  DE  MONTREAL. 

/ 

Evéché  20  Mai  1852. 
MoNSFErn, 
J'ai  la  douleur  de  vous  aniioruer  la  mort  de  M.  ïhbophi- 
SuE  DuROCHER,  cuie  de  Belœil,  qui  passa  à  une  meilleure 
A^ie,  il  faut  l'espérer,  hier,  à  onze  heures  de  nuit.  Il  naquit 
à  St.  Antoine,  >sur  la  Rivière  Chambly,  le  5  Septembre 
1805  ;  fit  ses  étiides  au  collège  de  Montréal,  et  fut  ordonr.é 
prêtre  dans  cette  ville,  le  9  Mars  1828. 

Après  avoirviearié  tvois  ans  et  sept  mois  dans  les  diffé- 
rentes paroisses  de  8te.  Rose.  Ste  Geneviève,  St.  Laurent 
et  St.  Benoit,  il  fut  promu  à  la  cure  qu'il  a  gouvernée  jus- 
qu'à sa  mort. 

Sa  sollicitude  pour  son  troupeau,  son  zèle  pour  son  égli- 
se, sa  générosité  pour  son  couvent,  font  l'éloge  de  ce  bon 
prêtre  mieux  que  toutes  nos  paroles.  Ses  dispositions  tes- 
tamentaires sont  presque  toutes  à  l'avantage  de  la  commu- 
nauté dont  il  fut  le  second  fondateur. 

Il  était  de  la  Caisse  Ecclésiastique  et  de  la  Société  d'une 
liesse. 

Nous  nous  empresserons  d'accorder  nos  suffrages  à  un  frè- 
re si  digne  de  nos  regrets  et  dont  la  vie  a  été,  hélas  !  trop 
courte  pour  le  bien  qu'il  pouvait  opérer.  Brevl  virens,  ex- 
plevit  temp&m  muif<i. 

Qu'il  7'epo.<e  en  paix  ;  et  prie  pour  nous. 
Je  suis  cordialement. 

Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  sei'vitour, 

Y  lu.  Ev.  DE  Montréal. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  î|; 

MANDEMENT  DE  JUBILE. 


IGNACE  BOUEGET,  par  la  misécriconie  do  J>ien,  et  lu 
grâce  du  St.  Siège  Apostolique,  Evoque  de  Montréal, 
etc.,  etc.,  ntc.  ^ 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Reli- 
gieuses et  à  tous  les  fidèles  de  notre  Diocèse.  Salut  et 

BENEDICTrOX  EN  N.  S.  J.  C. 

Nous  avons  reçu,  N.  T.  C.  F.,  deux  Lettres  de  N.  S.  P.  le 
Pape  :  l'une  qui  nous  annonce  un  nouvaeu  Jubilé,  et  l'autre 
<^ui  nous  presci'it  ce  qu'il  nous  faut  faire  j)0ur  participera 
ses  grâces.  La  première  est  comme  une  trompette  sacne 
qui  publie  à  l'univers  catholique  une  des  plus  gj-ande  solen- 
nités de  la  terre  ;  et  la  seconde  est  comme  une  clef  précieu- 
se qui  lui  ouvre  les  inépuisables  trésors  du  ciel. 

Ces  Lettres  évidemment  écrites  sur  la  Chaire  Apostoli- 
que, portent  le  sceau  de  leur  inviolable  authenticité.  Nous 
y  avons  sans  peine  reconnu  la  voix  pastoi-ale'du  Chef  Sn- 
l)rème  de  l'Episcopat  ;  et  notj-e  cœur,  en  les  lisant,  sest  cru 
isur  le  sein  paternel  qui  porte  et  réchauffe  le  monde  entier. 
(,'a  été  pour  nous  un  de  ces  moments  dclicienx.  qui  font  ou- 
blier les  peines  de  la  vie,  et  relèvent  le  courage  abattu  sous 
le  poids  de  la  charge  pa.storale. 

Ausï-i  les  avons  nous  bai.'^ées  avec  l'espect.  lues  et  relues. 
<-es  Lettres  Vénérables,  et  toujours  avec  des  émotions  plus 
tendres,  des  impressions  plus  vives,  des  jouissances  plus 
<louces.  Qu'il  y  a  en  effet  de  bonheur  pour  un  Pasteur,  dé- 
solé de  voir  périr  tout  autour  de  lui  ses  chères  brebis,  d'en- 
tendre la  voix  du  Vicaire  de  J.-C.proclamer  la  joyeuse  nou- 
velle d'un  Jubilé,  temps  toujours  si  riche  en  grâces  !  Que 
de  pauvres  pécheurs,  sourds  à  uotie  parole,  vont  entendre 
■celle  du  premier  des  Pasteurs, et  se  réveilleront  de  leur  fu- 
neste léthargie  !  Que  d'âmes  égarées  vont  découvrir  les  ai- 
mables sentiers  de  la  vérité  !  Que  de  justes  vont  se  ranimer 
dans  les  saintes  piatiques  de  la  piété  !  Que  de  ferventes  com- 
juunautés  vont  multiplier  leui-s   bonnes  œuvi-es  !     Et  nou-. 


216  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTUli.VLES, 

Pasteurs,  quel  nouveau  fou  va  s'allumei"  dans  nos  eœur*?^ 
à  la  vue  de  la  riche  niois.son  que  nous  allons  j-écolter  ! 

Vous  partagerez,  X.  T.  C.  F.,  nos  sentiments  quand  vous 
aurez  entendu  la  lecture  d'une  de  ces  Lettres,  que  Nous 
vous  envoyons  en  langue  vulgaire.  Car  votre  foi  bien  con- 
nue Nous  fait  ci'oire  que  vous  la  recevrez  avec  le  même 
j'espect  qne  les  premiers  chrétiens  recevaient  les  Epitres  de 
8t.  Pierre.  Et  en  effet  PIE  IX,  notre  g'orieux  Pontife, 
est  à  nos  yeux  tout  autant  que  le  Prince  des  Apôtres.  Il 
est  son  légitime  sueees.seur,  et  a  par  conséquent  toue  les 
])Ouvoirs  que  X.  S.  J.-C,  avait  laissés  à  St.  Pierre.  Aujour- 
d'hui il  fait  usage  de  son  immense  puissance;  et  c'est  à  l'or- 
dinaire pour  le  salut  des  nations  qui  lui  ont  été  données  en 
héritage.  T'ar,  pendant  que  sa  voix  majestueuse  raisonne 
d'un  bout  du  monde  à  l'autre,  pour  annoncer  à  la  terre  la 
miséricorde  du  ciel,  sa  main  sacrée,  tenant  une  des  deux  di- 
vine clefs  qui  lui  S(^nt  contiées,  ouvre,  avec  confiance,  les 
célestes  trésors  de  l'Eglise,  figurés  par  ce  fleuve  rapide  que 
St.  Jean  vit  couler  devant  le  trône  de  V Ancien  des  Journ.- 
Elevez  dévotonient  vos  cœurs  vers  Dieu,  pour  demander 
rintelligence,  et  écoutez  respectueucusement  cette  Lettre, 
comme  assurément  vous  écouteriez  X.  S.  P.  le  Pape,  si  au- 
jourd'hui il  montait  lui  même  en  cette  chaire. 


LETTRE  KNCYCLU^UE  DE  X.  S.  P.  LE  PAPE 

ORDONNANT  DES   PRIKKKS   ET  ANNONÇANT  î  N  NOUNEAU  JUBILE.. 

A  tons  h's  Patrianhea,  Primats,  Arrhcvi'qixs  et  En'qves  du 
monde  oathoUqiie. 
Vénérables  Ereres, 
Salut  et  bénédiction  apostolique. 
Xotre  cœur  s'est  réjoui  dans  le  Seigueui*.  Vénérables  Frè- 
res, et  Xous  avons  rendu  de  très-humbles  et  très. grandes 
actions  de  grâces  au  Père  très-clcment  et  très-miséricor- 
dieux, au  Dieu  de  toute  consolation,  dès  que  vos  nombreux 
tVmioignages  sont  venus  Xous  apprendre,  au  milieu  des  inces- 
sant-es  et  douloureuses  sollicitudes  dont  nous  accable  le  mal- 


CIRCULAIRES  ET  AUTHES  DOCUMENTS  217 

Lear  des  temps,  les  fruits  trùs-précieux  et  très-abondants  de 
salut,  que,  par  l'inspiration  de  la  grâce  divine,  les  peuples 
commis  à  vos  soins  avaient  recueillis  de  lu  faveur  du  Jubilé 
qne  Nous  leur  avons  accordé.  Vous  Nous  avez  fait  eonnaî 
lre,en  effet,  qu'à  cette  occasion  les  fidèles  de  vos  Diocèse» 
s'étaient  empressés  à  l'envie  d'accourir  en  grand  nombre 
dans  les  églises  avec  un  esprit  humilié  et  un  cœur  contrit, 
pour  y  entendre  la  parole  de  Dieu,  se  purifier  des  souillures 
de  leurs  âmes  dans  le  sacrement  de  la  réconciliation,  appro- 
cher de  la  sainte  Table,  et  adresser,  seïon  Nos  intentions, 
au  Dieu  très-bon  et  ti-ès-gi-and  de  ferventes  prières.  11  en  est 
résulté  qu'un  grand  nombre,  par  le  secours  de  la  gi;u-e  divi- 
ne, sortant  de  la  fange  du  vice  et  des  ténèbres  Ue  l'erreur 
où.  ils  languissaient  misérai)lement,  sont  entrés  dans  les 
voies  de  la  vertu  et  de  la  véi-ité,  et  ont  commencé  à  travail- 
ler à  leur  salut.  Nous  avons  été  consolé  et  réjoui,  Nous 
qui  sommes  toujours  si  gravement  inquiet  et  préoccupé  du 
.salut  de  tous  les  hommes  confiés  à  nos  soins  par  la  divine- 
Providence  et  ne  désirons  rien  avec  tant  d'ardeur,  ne  de- 
mandons rien  autre  chose  dans  les  v<ilmix  et  les  prières  qui 
jour  et  nuit  montent  de  Noti-e  cœur  humilié  vers  Diuu,  si- 
non que  tous  les  peuples,  toutes  les  nations  et  tantes  les  fa- 
milles marchent  dans  les  sentiers  de  la  foi,  connaissent  le 
Seigneur  et  l'aiment  chaque  jour  davantage,  observent  fidè- 
lement sa  sainte  loi,  et  suivent  avec  con!*tance  le  chemin 
qui  conduit  à  la  vie. 

Mais  si,  d'une  part,  VénéraVjles  Fi'ères,  nous  devons  éprou- 
ver une  grande  joie  en  a])prenant  que  les  Fidèles  de  vos 
Diocèses  ont  i-ecueilli  abondamment  les  fruits  spirituels  de 
de  la  grâce  du  Jubilé  ;  de  l'autre,  ce  n'est  |)as  poui-  Nous 
un  médiocre  sujet  de  douleur  de  voir  quel  triste  et  lamen- 
table aspect  présentent  notre  sainte  Religion,  et  la  société 
civile,  dans  ces  temps  malheureux.  Nul  d'enti'e  vous  n'i- 
gnore. Vénérables  Frères,  les  ytei'fides  artifices,  les  mons- 
ti'ueuses  doctrines,  les  conspirations  de  toute  espèce  que  les 
ennemis  de  Dieu  et  du  genre  humain  mettent  en  œuvre 
pour  pervertir  tous  les  ef^prits,  coi-i-ompre  les  mœurs,  faii'e 


218  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

disparaître,  s'il  était  possible,  la  Eeligion  de  la  face  de  la 
teri-e,  briser  tous  les  liens  de  la  société  civile  et  la  détruire  jus- 
qu'en ses  fondements.  De  là  les  ténèbres  déplorables  qui 
aveuglent  tant  d'esprits,  et  la  guerre  acharnée  faite  à  la 
Ileligion  catholique  et  à  cette  Chaire  apostolique,  la  haine 
la  plus  implacable  poursuivant  la  vertu  et  l'honnêteté  ;  de 
là  les  vices  les  plus  honteux  usurpant  le  nom  de  la  vertu  ; 
la  licence  eifrénée  de  tout  y>enser,  de  tout  fiiire  et  de  tout 
-oser  ;  l'impatience  absolue  de  tout  commandement,  de  tou- 
te puissance,  de  toute  autorité;  la  dérision  et  le  mépris  dé- 
versés sur  les  choses  les  plus  sacrées,  sur  les  plus  saintes 
lois,  sur  les  plus  excellentes  institutions;  de  là  surtout  la 
déplorable  corruption  d'une  jeunesse  imprévoyante,  le  dé- 
bordement impoisonné  des  mauvais  livres,  des  libelles,  des 
bi'ochures,  des  journaux  répandus  avec  profusion  et  propa- 
geant partout  la  science  du  mal  ;  de  là  le  venin  de  Vindiffé- 
rentisme  et  de  l'inci'édulité  ;  les  mouvements  séditieux,  les 
conspirations  sacrilèges,  la  moquerie  et  l'outrage  de  toutes 
les  lois  humaines  et  divines.  Vous  n'ignorez  jxis  non  plus, 
Vénérables  Frères,  quelle  anxiété,  quelle  incertitude,  quelle 
.j)énible  liésitation,  quelle  terreur  préoccupent  et  agitent 
tous  les  esprits,  jiarticulièrement  les  esprits  des  gens  de 
bien,  qui  croient  avec  raison  que  les  intérêts  privés  et  pu- 
blics ont  à  craindre  tous  les  maux  lor.sque  les  hommes,  s'é 
cartant  mi.sérablement  des  règles  de  la  vérité,  de  la  justice 
et  de  la  religion,  pour  se  livrer  aux  entraînements  détesta- 
bles de  passions  effrénées,  méditent  tous  les  forfaits. 

Au  milieu  de  tant  de  dangers,  qui  ne  voit  que  toutes  nos 
espérances  doivent  se  l'eporter  uniquement  en  Dieu,  notre 
salut;  que  vers  lui  doivent  s'élever  continncllement  nos  fer- 
ventes ]jrières,  pour  que  sa  bonté  projiiiee  répande  sur  tous 
les  peujîles  les  richesses  de  sa  miséricorde,  qu'il  éclaire  tous 
les  esprits  des  lumières  célestes  de  sa  grâce,  qu'il  ramène 
dans  la  voie  de  Injustice  ceux  qui  s'égarent,  qu'il  daigne 
.tourner  vers  lui  les  volontés  rebelles  de  ses  ennemis,  insi- 
nuer dans  tous  les  cœurs  l'amour  et  la  crainte  de  son  saint 
nom,  et  leur  inspii-er  de  penser  toujours  et  de  faire  tout  ce 


CIRCULAlRLiS  KT  AUTRES  DOCUMENTS  219 

qui  est  droit,  tout  ce  (jui  esit  vrai,  tout  ce  qui  est  pur,  tout 
ce  qui  est  juste,  tout  ce  qui  est  saint.  Kt  puisque  Dieu  est 
plein  de  suavité,  de  douceur  et  de  mitréricorde,  puis<|u'il  est 
riche  envers  tons  ceux  qui  l'invoquent,  puisqu'il  regarde  la 
prière  des  humbles  et  aime  surtout  à  manifester  sa  puis- 
sance par  la  démence  et  le  pardon,  approchons,  Vénéra- 
bles Frùre^,  avec  coniiance  du  trône  de  grâce,  pour  obtenir 
miséricorde  et  trouver  secours  dans  le  temps  opportun. 

Car  celui  qui  demande  reçoit,  celui  qui  cherche  trouve, 
et  on  ouvj-e  à  celui  qui  frappe  (Matth.,  7-8.)  Tîendons  d'abord 
d'immortelles  actions  do  grâces  au  Dieu  de  bonté.  Que, 
dans  la  joie,  nos  lùvre^*  louent  son  saint  nom,  puisque  en  de 
nombreuses  contrées  de  l'univers  catholique  il  daigne  opc- 
i-er  les  merveilles  de  sa  miséricorde. 

Venons  donc  tous  unanimement.  ani»nés  par  la  sincérité 
de  la  même  foi.  par  la  fermeté  de  la  même  espérance, 
par  l'ardeur  de  la  même  charité;  ne  cessons  un  seul  mo- 
ment de  prier  et  de  supplier  Dieu  humblement  et  avec  ins- 
tance, pour  qu'il  ari-ache  sa  sainte  Eglise  à  toutes  les  cala- 
mités, que  chaque  jour  il  l'agrandisse,  la  dilate  et  l'exalte 
parmi  tous  les  peuples,  dans  toutes  les  contrées  de  la  terre  ; 
qu'ainsi  elle  purifie  le  monde  de  toutes  les  erreurs,  conduise 
avec  une  tendre  bonté  tous  les  hommes  à  la  connaissance 
de  la  vérité  et  dans  la  voie  du  salut  :  afin  que  Dieu,  devenu 
propice,  détourne  les  fléaux  de  sa  colère  que  nos  pochés  ont 
méritée,  qu'il  commande  à  la  mer  et  aux  vent",  crée  latran- 
quilité,  donne  à  tous  cette  paix  tant  désirée,  sauve  son 
peuple,  et,  bénissant  son  héritage,  le  dirige  et  le  conduise 
vers  la  céleste  patrie. 

Et  afin  que  Dieu,  plus  accessible,  prête  l'oieille  à  nos 
prières  et  exauce  nos  vœux,  élevons  nos  regards  et  nos 
mains  vers  sa  très-sainte  mère,  Marie,  Vierge  immaculée  ; 
nous  ne  pourrions  trouver  de  protection  plus  puissante 
ni  plus  assurée  auprès  de  Dieu:  elle  est  pour  nous  la  plus 
tendre  des  mères,  notre  plus  ferme  confiance,  et  même  tout 
le  motif  de  nos  espérances,  puisqu'elle  ne  demande  rien 
qu'elle  ne  l'obtienne  et  que  sa  prière  ne  saurait  être  repous- 


220  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sée. — Implorons  aussi  les  suffrages  d'abord  du  Prince  des 
apôtres,  à  qui  Jésus-Christ  lui-même  a  donné  les  clefs  du 
royaume  des  cieux,  qu'il  a  tt  ibli-  comme  la  pien-e  fonda- 
mentale de  son  Eglise,  sr.ns  que  le^  portes  de  l'enfer  puis- 
sent jam:às  prévaloir  contre  elle.  Pi-ions  ensuite  Paul, 
le  compagnon  de  son  apostolat  ;  prions  le  patron  de  chaque 
cité,  de  chaque  pays  et  tous  les  bienheureux,  pour  que  le 
Seigneur  trùs-mi.'^t-ricordieux  lépande  sur  nous,  avec  abon- 
dance et  largesse,  les  dons  de  sa  bonté. 

Aussi,  A'"énérables  Frères,  tandis  que  Nous  ordonnons  ici 
des  prières  publiques  dans  Notre  ville  sainte,  Nous  vous 
invitons,  par  ces  Lettres,  à  vous  unir  à  Nous  dans  une  com- 
munauté de  vœux,  vous  et  les  peuples  commis  à  vos  soins  ; 
Nous  excitons  do  tout  notre  zèle  votre  fervente  religion  et 
votre  piété,  pour  qu'en  vos  diocèses  vous  ayez  soin  de  pres- 
crii-e  aussi  des  prières  publiques,  destinées  à  implorer  la 
divine  clémence. 

Et  pour  que  les  fidèles  apportent  plus  d'ardeur  et  d'ins- 
tance dans  ces  prières  que  vous  ordonnerez,  Nous  avons 
résolu  d'ouvrir  de  nouveau  les  trésors  célestes  do  l' Etatise, 
sous  la  forme  d'un  Jubilé,  comme  il  vous  sera  clairement 
indiqué  par  d'autres  lettres  qui  sont  jointes  à  celle-ci. 

Nous  concevons  dans  Notre  cœur  cette  ferme  espéraace, 
Vénérables  Frères,  que  ce  sont  les  anges  de  paix  qui,  tenant 
en  main  les  coupes  et  l'encensoir  d'or,  otïriront  sur  l'autel 
d'or  Nos  humbles  prières  et  celles  de  toute  l'Eglise,  pour 
que  le  Seigneur  lui-même,  les  recevant  avec  un  regard  de 
bonté  et  exauçant  Nos  vœux,  les  vôtres  et  ceux  de  tous  les 
fidèles,  veuille  dissiper  les  ténèbres  de  toutes  les  erreurs, 
chasser  la  tempête  menaçante  de  tant  de  maux,  tendre  une 
main  secourable  à  la  société  chrétienne  et  à  la  société  civile, 
et  faire  que  tous  hommes  aient  la  même  foi  dans  leurs 
esprits,  la  même  piété  dans  leurs  œuvres,  le  même  amour 
pour  la  religion,  pour  la  vertu,  pour  la  vérité  et  pour  la 
justice,  le  même  zèle  pour  la  paix,  le  même  attachement 
aux  liens  de  la  chai-ité  ;  et  qu'ainsi  dans  toute  l'étendue  de 
l'univers,  le   règne  de   son    Fils   unique.    Notre   Seigneur 


'CmCUL.VlRBS  ET  AUTRES  DOCUMENTS  :>I 

JébUb-Christ,  8oit  chaque  jour  de  plu.s  en  plus  augmenté, 
iiffermi,  exalté. 

Enfin,  comme  un  gage  anticipé  de  tous  les  dons  célestes, 
et  comme  témoignage  de  ^otre  ardente  chai-ité  pour  voiis, 
recevez  la  bénédiction  apostolique,  que,  du  fond  de  Notre 
«œur,  Xous  vous  donnons  avec  amour  à  vous.  Vénérables 
Frères,  à  tout  le  clergé,  et  à  tous  les  fidèles  confiés  à  votre 
vigilance. 

Donné  à  Rome,  près  Saint-Pierre,  le  "ile  Jour  de  novem- 
bre, l'an  1851,  de  notre  pontificat  le  sixième. 

rirs  V\\  IX. 

Vous  venez,  X.  ï.  C.  F.,  d'entendre  une  Lettre  bien  tou- 
chante. Brebis  fidèles,  vous  reconnaissez  sans  doute  votre 
Pasteur,  au  seul  son  de  sa  voix  pastorale.  Cot/tioscant  me 
meoe.  Enfants  affectionnés,  vous  reconnaissez  votre  Père  à 
son  accent  jjaternel.  II  Tous  a  raconté  ses  joies,  quand  il 
apprend  que  ses  enfants  marchent  dans  les  voies  de  Injus- 
tice ;  ses  douleurs,  quand  il  sait  que  quelques  uns  s'égarent 
dans  ie.s  chemins  de  l'erreur;  ses  craintes,  quand  il  sent 
que  la  Barque  de  Pierj-e,  dont  il  tient  le  gouvernail,  est  vio- 
lemment agitée  des  furieuses  tempêtes  que  soulèvent  les 
Vents  dos  mauvaises  doctrines.  Vous  l'avez  entendu 
faire  appel  aux  pi-ières  de  toute  l'Eglise,  pour  pouvoir, 
moyennant  ce  secours,  dissiper  les  noirs  complots  qne  tra- 
ment, dans  leurs  affreux  souterrains,  les  sociétés  secrètes, 
qui  ont  juré  sa  perte.  Ah  !  c'est  qu'il  compi'cnd  intime- 
ment que  la  prière  empêchera  toujours  Ick  pf>rtes  de  l'enfer 
de  prévaloir  contre  elle. 

Sentant  vivemenl  le  besoin  que  nous  avons  tous  du  Jubi- 
lé qui  nous  est  annoncé  jjar  le  Souverain  Pontife,  et  dési- 
rant ardemment  qu'il  produise  partout  dos  fruits  abondants 
de  salut,  Nous  allons,  N.  T.  C.  F.,  récueillir  ici  les  sainte» 
inspirations  dont  sont  imprégnées  ses  deux  Letti-es  Aposto- 
liques. De  la  fidélité  à  suivre  ces  paternelles  directions 
■dépend  tout  le  succès  du  Jubilé.  C'est  une.  des  grandes  grâ- 
•ces  qne  Dieu  accorde  de  temps  en  temps  à  son  ïlgli^e.  Ans- 


222  MANDEMEN'iS,  LKTÏREfe  l'ASTOHALES, 

Bi,  y  a-t-il  nécessité  de  s'y  préparer  soigneusement.  Car,  si' 
un  exercise  Journalier  est  manqué  quand  il  n'a  pas  été  bien 
préparé,  croyez,  N,  T.  C.  F.,  que  vous  n'aurez  rien  à  atten- 
dre du  Jubilé,  si  l'on  ne  s'y  préjsare  avec  soin  et  longtemps 
d'avance.     Parafe  viain  Domivi. 

C'est  dans  cette  intime  conviction  que  ^ous  avons  cru 
devoir  en  différer  le  temps  jusqu'à  la  fin  de  cette  année, 
après  avoir  obtenu  du  8t.  Siège  qu'il  durât  trois  mois  au 
lieu  d'un  seul.  C'est  aussi  dans  cotte  vue  que  depuis  long- 
temps Nous  prions  et  faisons  prier  pour  que  ce  Mandement 
renferme  strictement  toutes  les  dispositions  des  Lettres 
Apostoliques  qui  nous  doivent  dirigei'  dans  raccoraplisse- 
ment  des  saints  devoir  du  Jubilé.  Oh!  N.  ï.  C.  F.,  que 
notre  cœur  est  pressé  du  violent  désir  que  vous  ayez  la  vie,  et 
que  vous  l'aijez  avec  plus  <V abondance  que  jamais  dans  ces  jours 
de  salut.  Vous  allez  aussi  prier  pour  que  Bien  nous  accor- 
de à  tous  la  grâce  de  bien  faire  tout  ce  qu'attend  de  notre 
piété  filiale  notre  Père  commun. 

A  CES  CAUSES,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  et  de 
Tavis  de  îsN.  W.  Frères  les  Chanoines  de  notre  Cathédra- 
le, Nous  avons  réglé,  ordonné,  statué  ;  réglons,  ordonnons, 
statuons  ce  qui  suit  : 

1.  Le  Jubilé,  pour  tout  notre  Dioeàsc,  commencera  le 
trois  Octobre  prochain,  dimanche  de  la  solennité  du  Sitint 
Rosaire,  par  le  chant  du  Veni  Creator,  avant  la  grandmesse  ; 
et  se  terminera  le  premier  Janvier  suivant,  pai-  le  TeDeum, 
que  l'on  chantera  après  la  messe  solennelle  du  jour.  On  en 
annoncera  l'ouverture,  la  veille,  par  le  son  de  toutes  les  clo- 
ches, pendant  un  quart  d'heure  avant  YAn'/elos  du  soir. 
On  en  fera  autant  le  jour  de  la  Circoncision  au  soir,  pour  la 
clôture. 

2.  On  prendra,  sur  ces  trois  mois,  une  ou  jilusieurs  ee- 
maines  pour  les  exercices  jubilaires  de  chaque  Paroisse. 
On  observera  ce  qui  vient  d'être  dit,  pour  en  faire  l'ouver- 
ture et  la  clôture,  par  rapport  au  son  des  cloches,  qui  s'unit 
si  bien  à  la  piété  des  cœurs  ;  et  au  chant  des  deux  hymnes 
sacrées,  dont  l'une  appelle  si  amoureusement  l'Esprit-Saint 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  '223 

sur  le^?  enfants  de  l'Eglise  et  l'autre  porte  si  joyeusement 
au  ciel  l'expression  naïv^e  de  leur  reconnaissance. 

3.  Pour  que  tout  le  Diocèse  soit  eu  de  continuelles  prépa- 
rations à  cette  grande  fête  Jubilaire,  on  donnera  tous  les  di- 
manches et  fêtes  d'obligation,  aussitôt  après  la  grand 'messe, 
la  bénédiction  du  St.  Sacrement,  en  se  conformant  à  la 
feuille  cijointe.  Ceci  s'observera  depuis  le  dimanche  ou  fête 
que  se  lira  le  présent  Mandement.  Ju.><qu'au  jour  de  l'An  in- 
clusivement. Le  Tt  Deum,  en  ce  dernier  jour,  terminera 
ces  longues  j^rières.  Xous  les  ferons  ainsi,  pour  mieux  en- 
trer dans  les  pieuses  intentions  de  X.  S.  P.  le  Pape,  qui 
nous  recommande  si  instamment  d'implorer  sur  toute  VK- 
glise  le  secours  de  la  B.  Vierge,  des  saints  Anges,  des  apô- 
tres St.  Pierre  et  St.  Paul,  de  tous  les  saints  et  surtout  des 
saints  patrons  de  nos  églises.  A  ce  sujet,  Nous  vous  de- 
vons, N.  T.  C.  F.,  une  observation. 

Notre  intention  principale  en  faisant  le  Jubile,  >orH  d  ob- 
tenir de  Dieu  que  le  pi'ivilége  de  Y ImnxacvUt-  Conce2)tion  de 
Marie  soit  bientôt  solennellement  proclamé,  par  toute  la  ter- 
re, comme  dogme  de  foi  catholique,  pour  la  gloire  de  cette 
divLiie  Vierge  et  le  salut  des  nations.  Car.  dans  notre  hum- 
ble opinion  la  définition  de  cette  consolante  vérité,  comme 
article  de  foi,  sera  pour  notre  siècle,  enveloppé  de  tant  de 
noirs  brouillard."»,  comme  l'arc-en-ciel  du  soir  qui  annonce 
un  beau  joui-.  L'auguste  Marie  est  notre  Judith.  Disons- 
lui  donc  avec  transport,  dans  ce  temps  où  chacun  va  rem- 
porter une  éclatante  victoire  sur  sa  passion  dominante,  sous 
l'étendard  de  celle  qui  est  terrible  comme  une  armée  ran- 
gée en  bataille  :  Vous  éti'S  la  gloire  de  Jérusalem,  vouff 
êtes  la  joie  d'Israël,  vous  êtes  l'honneur  de.  voire  jieuple  :  parce 
que  vous  avez  combattu  vaillamment,  et  que  votre  cœur  s  est 

montré  fort  et  généreux:  cest  que  vous  avez  aimé  la  chasteté 

Pour  cela,  vous  serez  bénie  éternellement.  (Judith.  15.  11.) 
Quel  bonheur  pour  notre  Diocèse,  s'il  contribuait  de  quel- 
que chose  à  l'honneur  que  la  sainte  Eglise  doit  tôt  ou  tard 
décerner  à  la  glorieuse  ilère  de  Dieu,  en  ceignant  son  front 
majestueux  d'une  nouvelle  aui-éole,  le  dogin<^  de  son  Jmma- 


lU  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES, 

culée  Conception  !  Les  justes  soupirent  et  les  nations  catho- 
liques sont  dans  l'attente  de  ce  grand  et  heureux  événement 
qui  doit  renouveler  la  face  du  monde. 

Car,  qui  doute  qu'au  ciel  les  bontés  de  la  puissante  ]\[ùre 
de  Dieu  ne  soient  en  proportion  des  honneurs  qu'on  lui 
rend  sur  la  terre  ?  Et  quel  honneur  ne  sera-ce  pas  pour  elle, 
si  la  vérité  de  son  Immaculée  Conception,  apiùs  avoir  tra- 
versé dix-huit  siècles  sans  avoir  pour  ainsi  dire  d'autre 
appui  que  le  sens  intime  du  monde  catholique,  sans  être  en 
quelque  sorte  déposée  ailleurs  que  dans  les  cœurs  des  pieux 
enfants  de  l'Eglise,  se  fait  jour  à  ti-avers  les  doctrines  im- 
pures de  notre  siècle,  et  se  fViit  proclamer  aux  bruyants 
applaudissements  de  tous  les  peuples  de  la  catholicité.  11  y 
a  ici,  pour  la  sainte  Eglise,  un  besoin  à  satisfaire.  Ce  n'est 
assurément  pas  de  condamner  des  erreurs  damnables  qui 
n'existent  pas  ;  mais  bien  de  se  rendi'e  aux  vœux  de  ses 
enfants  qui  veulent  ci'oire  de  foi  que  Marie,  leur  Mère,  a  été 
conçue  sans  la  tache  du  péché  originel.  Et  voilà,  N.  T.  C.  F., 
le  triomphe  qu'il  faut  faire  remporter,  à  tout  prix,  à  la 
bonne  et  tendre  Mère  de  ce  Diocèse  qui,  en  effet,  est  cou- 
vert de  monuments  qui  attestent  hautement  qu'il  lui  appar- 
tient, et  qu'il  est  l'objet  de  son  très-saint  et  immaculé  Cœur. 
Croyez  qu'il  y  a  encore  poui-  nous,  dans  ce  cœur  plein  de 
grâces,  de  nouvelles  bénédictions,  si  nous  nous  montrons  de 
zélés  propagateuis  du  gloi'ieux  privilège  dont  elle  est  si 
jalouse.  Quel  en  sera  finit?  Oh!  ce  ser;i  la  pui'eté  des  mœurs 
qui  dissipera  toute  immoi-alité.  Et,  ne  l'oubliez  pas,  X.  T. 
C.  F.,  la  pi-incipale  grâce,  le  plus  précieux  fruit  de  ce  Jubilé, 
c'est  de  liannir  le  détestable  vice  de  l'impureté,  pour  faire 
régner,  sur  ses  dél)i'is,  l'angélique  vertu  de  pureté. 

Mais  c'est  à  vous  surtout,  vierges  chrétiennes,  à  redoubler 
de  ferveur  aux  approches  du  saint  temps  du  Jubilé,  pour 
hâter  cette  décision  tant  désirée,  que  votre  Eeine  a  été 
conçue  sans  aucune  tache  de  péché.  PjUe  a,  cette  Vierge  des 
vierges,  relevé  la  gloire  de  votre  sexe,  en  arborant  au  sein 
de  l'Eglise  le  céleste  étendai-d  de  la  virginité.  Elle  le  fait 
flotter  au  ciel,  en   conduisant  au  Roi  des  Eois  le  brillant 


CliJCULAIÎŒS  ET  ALTRES  DOfX'MKNTS  îiS 

ehœur  des  vierijes  :  Â'hhurntur  Reijl  Virgine»  post  eam.  T.e 
zôlo  pour  la  gloii'C  de  votre  Mère  vous  fait  doue  un  devoir 
mener  une  vie  encore  plus  pure  et  de  faire  des  sacririces 
encore  plus  grands.  C'est  pour  v(jiis  en  faciliter  les  moyens 
tjueXous  vous  permettons  de  faii-e,  dans  vos  oratoires  sr 
dévots,  les  exei'ciees  (pie  Nous  pi-esci'ivons  ici  pour  les  églises 
publiques.  Nous  vous  chargeons  en  même  tém))s  de  vous 
faire  victimes  pour  le  salut  des  |)écheurs.  Colombes  sacrées,, 
faites  entendre  au  cœur  de  -\Earie  vos  soupirs  et  gémisse- 
ments. Des  milliers  d'âmes  périssent  chaque  jour  sur  la  mer 
orageuse  du  monde;  vous  ne  sauriez  èti-e  insensil)les  à  un 
si  grand  malheur. 

Pardonneii-nous.  X.  T.  C.  F.,  cette  longue  digression  ;  car 
elle  nons  est  inspirée  par  une  des  suggestions  du  8t.  Père  : 
et  d'ailleurs  elle  ne  saurait  être  étrangère  «  noti-e  sujet.  A 
toutes  ces  prières  prépai-atoires,  cliacun  ajoutera  le  cîiaîi-  ' 
gement  de  vie.  qui  est  le  but  essentiel  du  Jubilé.  On  s'abs- 
tiendra des  jeux  du  cirque  et  autres,  qui  sont  ^x  «langereux 
et  si  conti-aires  à  la  piété. 

4.  On  fei-a,  pendant  le  Jubile,  dos  instructions  salutaires 
)»our  porter  le  peuple  à  tairo  de  dignes  fruits  de  j>énitence 
et  à  réparer  tous  les  torts  et  dommages  faits  au  ])rocli:iin. 
Car,  ]>oint  de  pardon,  quand  il  n'y  a  pas  dw  jeparation. 
yon  r'emittitur  peccatum,  lu'si  restituatur  abUitum.  (St.  \  u- 
gustin.)  Nous  permettons  de  donner  chatjuejoui"  le  salut 
et  la  bénédiction  du  St.  Sacrement,  et  de  faire,  si  le  temps 
le  permet,  quelques  processions,  en  faisant  les  stations  on 
commun. 

5.  Pour  l'Indulgence  un  .;>i'.;!e  on  (b^it  :  ]>;eniiùi-ement, 
se  confesser  avec  douleur,  recevoir  l'absolution  sacramen- 
telle, et  commmiier  avec  piété  ;  secondement,  visiter  trois 
églises  désignées  comme  lieux  des  .stations,  ou  une  des  trois, 
ti'ois  fois,  et  y  prier  à  rintention  du  Souverain  Pontife  ; 
troisièmement,  jeûner  une  fois  ;  quutrièmementt,  donner 
uiie  aumône  aux  pauvi-es  ;  cinquièmement,  faire  une  otfra n- 
de  à  la  Pi-op.'igation  de  la  Foi.  Tontes  ces  (vnvres  doivent 
se  faire  d:;  is  !o  coui-s  d'0'.-tobre,   Xovembre  et   Décembiv. 

1  ."j 


22C  "MANDEMENTS,  LETTIlES  PASTORALES, 

désignés  plus  haut  ooiiime  mois  de  Jubilé.  Il  convient  tou- 
tefois qu'elles  86  fassent  dans  les  temps  choisi  pour  la  célé- 
bration du  Jubilé  dans  sa  Paroisse.  L'indulgence  est  appli- 
cable aux  défunts. 

t>.  Nous  désignons,  comme  lieu.x  de  stations  dans  Xoti'c 
Tille  Episcopale,  notje  Cathédrale,  l'Eglise  de  Xotie-Danic 
et  celle  de  St.  Patrice.  Ailleurs,  on  visitera  trois  fois  lo- 
glise  <le  sa  Paroisse  ou  de  sa  Mission. 

T.  Nous  communiquons  aux  confesseurs  tous  les  pouvoij-s 
et  pi'iviléges  exprimés  dans  la  seconde  Lettre  Encycliquo 
de  N.  S.  P.  le  Pape,  poui-  le  temps  du  Jubilé.  Ils  en  rece- 
vront une  copie  ci-jointe. 

Skra  le  présent  Mandement  lu  au  prône  de  Notre  Eglise 
Cathédrale,  à  celui  de  toutes  les  Eglises  paroissiales,  et 
dans  toutes  les  com;i;unautés,  le  jour  de  la  fête  des  SS.  A]»ô- 
tre;^  Pierre  et  Paul,  ou  le  premier  dimanche  après  sa  récep- 
tion, dans  le  cas  oii  il  ne  serait  pas  reçu  assez  à  temps  poui- 
être  lu  en  ce  jour  de  fête. 

l)oxNE  à  Montréal,  le  vingt-huit  Mai,  mil  huit  cent  cin- 
quante-deux sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre-seing  de 
notre  Secrétaire. 

L.  +  S.  t  Kt.  Ev.  de  Montréal. 

Par  Monseigncni', 
Jos.  OcT.  Paré.   Chan.  Se<\ 


CIRCULAI  lîE  AIT  CLEEGE. 


St.  BEXftiT,  LE  10  Jl'ix  1852. 

Mons.ieur, 

Vous  recevrez,  avec  la  présente,  les  deux  Encycliques  du 
Jubilé,  avec  !e  Mandement  qui  les  publie.  Encore  pour  vous 
une  riche  moisson  d'âmes  à  récolter  dans  le  champ  que  vous 
cultivez,  et  que  le  Seigneur  bénit  avec  tant  de  bonté  :  Agri 
pleni  cu(  henedixit  Dominus. 

Pour  qu'il  y  ait  uniformité  da)is  vos  travaux  avant  et  peu- 


1 


ClHCLi.AinES  ET  AUTRES   DOCUMENTS  tU 

dant  ce  saint  temps,  je  vais  tracer  ici  qtielcj^uert  dii-eclions 
auxquelles  vous  ne  manquerez  pas  de  vous  conformer  avec 
votre  lionue  volonté  ordinaii-e.  On  peut  tont.  ([uand  on 
(s'entend. 

Je  me  suis  attaché  à  l'clevc;-  l'cminente  dignité  du  Sauve- 
rain  l'ontife.  pour  dist^iper  ce  qui  poun-ait  i  ester  daiis  re- 
prit du  peuple  des  fâcheuses  impressions  qu'avaient  produi- 
tep  les  mauvais  joui-naiix  contre  celui  qui,  si  providentielle- 
ment, nous  gouveiMie  aujourd'hui,  et  préparei-  les  âmes  à  re- 
cevoii-  ses  paroles  avec  un  profond  rc.-^pect.  Mahitenaiit, 
appuyez-vous  de  son  autorité,  pour  corriger  les  désordres 
de  la  paroisse.  Citez,  en  toute  occasion,  quelque  passage 
de  SCS  Kncj'cliques  ;  et  vous  verrez  que  le  Ministère  l'oiiti- 
iical  renferme  une  grâce  principale,  celle  de  fortifier:  Con- 
firma  frtitres  fuos.  L'étude  et  la  mé.litation  de  ces  touchan- 
tes 'Kpitres  vous  les  rendront  familières,  et  elles  sci'or.t 
alors  dans  votre  houche  pleines  d'imction. 

Ti-ttis  mois  de  prières  publiques  m'ont  paru  nécessaires 
pour  ]>répai'ei'  le  diocèse  aux  grâces  des  trois  mois  de  Jubi- 
lé. Ce  <iui  est  longtemps  attendu  et  ardemment  désiré  est 
chèrement  apprécié  et  soigneusement  gai'dé.  La  luiturc  de 
ces  prièi-es  vous  donnera  occasion  de  ranimé  la  dévotion  au 
Très  Saint. Sacremenl,  à  l'Immaculée  Conception  de  la  Bien- 
heureiLse  Viei'ge,  aux  Anges  Gardiens  des  lieux  et  des  per- 
t>onnes,  aux  Apôti-es  F'ondateui-s  et  Princes  de  l'Rglise,  aux 
Saints  Patrons  (les  Paroisses  et  à  tous  les  Saints  du  Ciel. 
Ije  culte  religieux  du  Bienheureux  qui  protège  votre  Parois- 
se mérite  surtout  votre  attention,  et  devra  exciter  votre 
iièle.  Faire  connaître  sa  vie.  inspii-er  sa  confiance,  imposer- 
son  nom  H  un  de  chaque  famille,  faire  faire  des  Neuvaines 
à  son  hcuineur,  sont  des  pratiques  bien  p!'0])res  à  répandi'o 
«ette  salutaire  dévotion  que  recommande  le  Souverain  Pon- 
tife. Kn  donnant  la  Confirmation,  j'éprouve  toujours  le  re- 
gret de  ne  pas  pi-onononcer  plus  souvent  le  nom  du  Saint 
Patron  de  la  Paroisse.  Nul  doute  qu'une  Pai-oisse  qui  aime, 
hon  l'atron  en  sera  sj-écialement  protégée  :  Tnfert^e.'ssio  glori- 
om  non  l'roferjaf. 


258  MANDEMEN'TS,  LtTFHES  PASTORALES, 

L'intention  principale  du  Jubilé,'  comme  voiis  le  vevyez:. 
par  le  mandement,  est  d'obtenir  que  le  dogme  de  fjmmacu- 
lée  Conception  de  Marie  i^oit  défini  comme  de  foi.  '.;'e.st  le 
grand  événement  que  prépare  et  appelle  de  ses  vœux  notJ-& 
immortel  Pontife,  et  qui  sei-a,  il  faut  l'espéi-ei-,  l'époque  la 
])lus  mémorable  do  notre  siècle.  Je  doin  ajouter  ici  que  lo 
dimancbc  de  la  Sainte  Trinité,  Je  m'engageai  par  vœu,  pon- 
dant la  messe,  a  y  travailler  de  toutes  mes  forces,  dans  l'es- 
poir que  la  Bienlieureuse  Vierge  écouterait  en  cette  consi- 
dération, les  prières  qui  se  faisaient  partout  pour  demnndor 
de  la  pluie.  Les  cicux  sont  devenus  comme  du  miel,  depuis 
ce  pui',  meUiflui  facti  sij)it  cwli.  Je  suis  donc  strictement 
obligé  à  accomplii-  cette  promesse.  Je  m'en  acquitte  en 
partie,  en  vous  invitant  à  m'aider  à  répandre  le  zùle  pour 
un  privilège  dont  notre  mère  est  si  jalouse  ;  obsecro  vos.  fra— 
très,....  nt  aJJuvetis  me.  Commençons  par  travailler  à  inspi- 
i-er  au  peuple  une  nouvelle  dévotion  et, confiance  eu  la  mé- 
daille miraculeuse,  et  en  sa  céleste  prière  :  0  Marie  conrae 
sans  péché,  priez  jour  nous  qui  acons  recoure  à  cous.  Eecoin- 
mandons  à  nos  1  onnes  âmes  de  la  diie  plus  souvent  et  avec 
plus  de  ferveur,  avec  l'intention  d'obtenir  que  la  Sainte 
Eglise  décerne  ce  nouvel  bonncuj-  à  la  Vierge  Immaculée, 
qui  est  une  de  ses  principales  gloires.  Préchons-leur  la  né- 
cessité de  travailler  à  se  rendre  plus  pures,  pour  faîi'e  tri- 
omjjher  la  pureté  de  leur  boi.ine  et  incomparable  mère.  Ex- 
citons-nous, cbaque  joui-  à  ce  zèle  si  juste,  par  la  pensée  que 
le  dogme  de  l'Immaculée  Conception  fera  briller,  d'un  nou- 
vel éclat,  le  Sanctuaire  et  ceux  qui  l'habitent.  Notre-Dame, 
dont  nous  somme-;  tous  les  chapelains,  à  l'exemple  de  St. 
Jean,  notre  frère  aine  et  de  tant  d'autres  cpii  ont  eu  cette 
pratique,  nous  donne  à  tous  cette  intention;  et  nous  la  re- 
nouvôlerons  tous  le  matin  à  ses  pieds  sacrés,  avant  de  mon- 
ter à  l'autel.  Faisons  reposer  sur  les  in.structions  et  exer- 
cices à  l'honneur  de  ]\Iarie  toute  l'espérance  des  succès  de 
notre  Jubilé;  Saint Lignori  vous  diiaque  c'est  ce  qui  faisait 
réussir  toutes  ses  missions. 

.T*our  donner  ])îus   d'impoi'tance   au   Jubilé, on    suspen<ii"i!> 


CIUCLLAIIIES  tT  AUTUES  DOCUMEXIS  119 

toutes  les  solennités  de  dévotion.  Ainsi,  on  fera  sans  appa- 
reil les  Octaves  des  fêtes  patronales;  et  on  renverra  au  temps 
du  Jubilé  les  40  heures,  missions  et  letraitcs.  Les  Neuvai- 
nes  pré]iaratoii-es  aux  fêtes  de  la  Bienheureuse  Vierge  et 
des  autres  Saints  pourront  se  faire,  mais  sans  éclat. 

Je  donne  to'ut  pouvoir  d'appeler  à  voti"e  secours,  poui-  la 
prédication  et  la  confession,  autant  de  Missionnaires  et  de 
Prêtres  approuvés  que  vous  cfoiivz  vous  être  nécessaires. 
Tous  auront,  outre  les  facultés  mentionnées  dans  l'Kncjeli- 
que  ci-jointe,  le  })ouvoir  de  rendre  le  droit  aJjietfmJnm  debi- 
tum  Conjugale. 

Fixez  vous-même  la  durée  de  votre  Jubilé,  et  a-^surez-vous 
An  nombre  de  Prédicateurs  et  Confesseurs,  qui  vous  seront 
•en  conséquence  nécessaires.  Il  doit  se  prolonger  assez, 
pour  pouvoir  j  donner  un  cours  d'instructions  suivies. 

Entendez-vous  d'avance  avec  ces  Pi-édicateurs  et  Confes- 
seurs, sur  la  natui'e  des  instructions  à  ftiire,  et  sur  la  con- 
duite à  tenir  au  tribunal,  pour  pouvoir  attaquer  eu  Chaire 
«t  au  Confessional,  les  vices  régnants.  On  se  plaint  géné- 
ralement que  le  sordide  intérêt  invente  tous  les  Jours  des 
marchés  frauduleux  ;  qu'il  3*  a  beaucouj)  trop  de  procès  ; 
que  les  serments  se  font  avec  une  légèreté  déplorable  ;  que 
les  blasphèmes  ne  sont  que  trop  ordinaiies;  qu'il  cii-cule 
grand  nombre  de  mauvais  traité^;  que  certains  journaux  con- 
tinuent à  répandre  leui'  mauvaises  docti'ines  ;  qu'en  voyage, 
nos  gens  ne  se  font  pas  scrupule  de  manquer  gravement  à 
la  tenij^'rance  ;  que  les  voyageurs  en  s'éjoiirnant  quekpie 
temps  dans  paroisses,  les  démoralisent  ;  que  les  veillées  et 
fréquentations  sont  malhonnêtes  ;  que  les  bals  sont  dange- 
reux ;  que  les  mauvais  discours  sont  communs  :  que  l'on  ne 
paye  ses  dettes  que  sur  des  ordi-es.  Ces  défauts  et  autret 
poui-raient  être  le  sujet  de  vos  conférences  préliminaires  et 
la  matière  de  vos  résolutions  pratiques.  î^'oubliez  pas  vo« 
voyageurs,  et  ménagez  leui-  le  moyen  de  faire  leur  Jubilé. 
"Tachez  de  gagner  qu'à  lavenii-  ils  se  confessent  en  arrivant 
«et  on  partant. 

Pour  éviter  toute  surprise,  par  rappo'  t  à  ceux  qui  ne  «>• 


231  MANDEMENTS,  LETTIlES  i-ASTOHALES, 

montjeDt  que  dans  de  grandes  circonstances,  comme  celle  dit 
Jubilé,  de  la  Yisite  Pastorale,  des  Missions,  etc.,  tnitos  d'a- 
vance vos  notes,  jjoiii'  vous  entendre  avec  vos  collabora- 
teurs, sur  la  conduite  à  tenir  à  leur  égard,  et  gagner  sur 
eux  de  sortir  tout  de  bon  de  l'ornière. 

Tja  Praxis  Çonfcssarii  de  Saint  Liguori,  qui  est  une  si  ex- 
cellente moelle  de  toute  la  Théologie  moj-ale,  renferme  des 
règles  sûres  pour  tous  les  cas,  et  peut  être  d'un  grand  hc- 
scours,  dans  un  temps  de  Jubilé  ou  s'opèrent  tant  de  son- 
rersious  extraordinaires,  et  où  tant  d'âmes  se  donnentgéné- 
reusement  à  Dieu,  par  le  renoncement  à  tout.  Je  vous  con- 
seille de  relire  d'avance  cet  admirable  traité  sur  la  dii-ection 
intérieure,  qui  est  si  propi-e  d'ailleurs  à  établir  l'uniformité 
de  conduite. 

Le  chant  et  les  cérémonies  donnent  toujours  beaucoup 
d'entrain  à  ces  grands  exercices.  J)'avance,  préparer,  des 
chœurs  de  chantres;  et  prévoyez  les  céiémonies  qui  pour- 
ront attirer  les  concours  ;  telles  que  processions,  consécra- 
tions à  la  Bienheureuse  V^ierge,  rénovation  des  promesses 
du  baptême.  Une  Eglise  est  saisis.sante  quand  beavicoup- 
de  voix  bien  exercées  y  raisonnent,  et  que  de  majestueu- 
ses cérémonies  s'y  déploient.  Alors  la  foi  entre  par  tous 
les  sens,  et  fait  au  c<cur  des  impressioiis  aussi  douces  que^ 
profondes. 

Parlez  souvent  contre  les  confessions  et  communions  sa- 
crilèges. 11  s'en  fait  plus  qu'on  ne  pen.se,  dit  Sainte  Thé- 
rèse. Je  n'ai  jamais  parlé  là-dessus,  me  disait  un  Prê- 
tre de  ce  diocèse,  sans  en  faire  réparer  quelques  unes. 
Une  Amende  honorable  à  Xotre  Seigneur  pour  tant  d'ou- 
trages qu'il  l'eçoit  dans  le  sacrement  de  son  amour,  devra 
nécessaiiement  trouver  place  parmi  les  exercices  du  Jubi- 
lé, r^a  crainte  <[ue  nous  ne  soyons,  jitsqu'à  un  certain 
point,  la  cause  de  ces  indignes  profanations,  sera  pour 
nous  nn  nouveau  motif  do  faii-e  cette  i"é])aration  avec  tout 
le  soin  possible. 

Les  œuvres  prescrites  ])ar  le  Souverain  Pontife,  pour 
gagnei"  l'Indulgence  du   Jubilé,  vous   donneront   occa^ioa 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  231 

de  rauiincr  toutes  vos  confréries  et  vo.s  bonnes  (l'uvres. 
Je  vous  recommando  sui-tout  V Adoration  perpétud'.^',  l'Ar- 
eJucoiifrérie,  l'Association  de  Charité,  la  Société-de  Tempérance, 
et  la  Propagation  de,  la  Foi.  Le  titre  de  Eeligiosissmum 
Opxis,  que  donne  le  l*aj>e  à  cette  dernière.'  vaut  le  plus 
long  et  le  plus  éloquent  discours. 

Vous  sentez  vivement  le  besoin  d'Instituteurs  et  d'Ins- 
titutrices Keligieux.  Vous  voyez  aussi  la  nécessite  de  con- 
fier à  des  mains  consacrées  à  la  charité  vos  pauvres,  ces 
précieux  tiésors  de  l'Eglise.  Le  Jubile  a  coutume  do  fai- 
re éck»re  beaucoup  de  vocations,  pour  les  divoi'ses  ins- 
titutions, qui  se  vouent  à  Dieu  et  au  prochain,  pour  ac- 
complir ce.s  saintes  (XMivres.  C'est  pour  les  favoriser  (juo, 
dans  le  Mandement,  j'ai  dit  quelque  cho.se  sur  l'excellen- 
ce et  les  avantages  do  la  vie  de  communauté.  Avec  l'es- 
prit de  Dieu,  qui  ne  vous  manquera  pas,  vous  exploiterez, 
en  chaire  et  au  confe.ssional,  cette  suggestion,  à  la  gloire 
de  la  Religion  qui,  par  ses  Communautés,  est  circmndata 
varietate.  Xe  désespérons  pas  de  voit-,  dans  chaque  [*a- 
roisse,  une  bonne  maison  do  Frèi'os  et  une  de  Sœurs. 

Pendant  le  Jubilé,  faites  taire  dans  l'Kglise  et  dans  la 
Paroisse,  des  quêtes  pour  l'aumône  des  ])auvres  et  l'otfran- 
de  de  la  Propagation  de  la  Foi,  prescrites  })Our  l'Indul- 
gence. Des  Syndics  pourraient  êti-e  nommes  pour  faire 
ces  collectes  d'argent  et  de  provisions.  Des  dames  so  cliar- 
geraient  sans  doute  de  faire  des  i-éunions  de  couture,  atiu 
d'habiller  les  pauvres,  et  surtout  les  enfants,  ])our  les  met- 
tre en  état  de  fréquenter  l'école,  hiver  comme  ett'. 

Vous  ferez  bien  de  faire  ])réc.éder  le  Jubilé  général  de 
la  Paroisse  de  celui  des  petits  enfants  qui  n'ont  pas  fait 
leur  première  communion,  afin  de  leui-  donner  les  exer- 
cices qui  convieuiient  à  leur  âge,  et  n'être  pas  ensuite  dé- 
rangé dans  ceu.x  que  vous  ferez  pour  les  gi'andes  person- 
nes. D'ailleurs,  c'est  un  excellent  moyen  d'attirei*  toutes 
fcortes  de  bénédictions  sur  la  paroisse  entière,  d'abord  par- 
ce que  Dieu  voit  toujours  avec  complaisance  ces  petits 
innocent  ;  et  oisuite,  parce  que  leurs  parents  sont  touchés 


!>3-i  MANDEMENTS,  LETTiiES  PASTORALES, 

de  leur  piété,  et  préparés  ainsi  à  profiter  de  leur  exemple. 
Le  Pape  pense  à  ce>f  tendres  enfants,  dans  sea  Lettres  à 
r Univers  entier.  On  en  doit  conclure  qu'il  partage  les  scm- 
timents  de  Celui  dont  il  est  le  A'icaii-e  ;  et  que,  comme  lui, 
il  dit  à  ses  disci]iles  :  Sinite parvuloa  venire  ad  me.  Ainsi, 
loin  de  les  écarter,  faisons-les  appi'oclier  du  B(m-Maitre. 
<Jar  il  veut  aujourd'hui,  comme  au  temjîs  de  sa  vie  mor- 
telle, les  caresser  et  les  bcuir  tous,  ces  chers  enfants  de  la 
wSte.  Eglise. 

f  Quoique  j'aie  à  me  louer  de  la  simplicité  et  frugalité  qui 
TGgJient  sur  les  tables  des  presliytères,  je  crois  devoir  vous 
recommander  ces  vertus,  spécialement  dans  le  temps  du 
Jubilé,  atin  d'avoir  ])lus  à  donner  anx  pauvres,  qui  vien- 
drr)ut  aux  Eglises  avec  quelques  morceaux  de  pain  noir; 
k'ui-s  prières  et  bénédictions  ont  tant  d'empire  sur  le  cœur 
de  celui  qui  se  plait  à  se  faire  prier,  sous  ce  beau  litre  : 
Je8u,  Pater  Paupennn  ! 

Enrin,  veuillez  bien  a'clire.  de  temps  on  temps,  les  deux 
Encycliques  du  Pape,  et  les  Mandement  et  Ciivulaire  qui 
les  accompagnent,  pour  vous  y  conformer  avec  une  amou- 
reuse ponctualité. 

.Te  suis  bien  cordialement,  et  en  union  de  vus  féi-vents 
Mémento, 

Monsicui-. 
Yotre  très  humbk-  et  ti-ès  obrissant  ^erviteui-. 

!    Ttr..    Ev.    DK    MoNTRÉ.\L. 

V.  r>.  Comme  on  luojète  de  faire,  à  Montréal,  jn-ochaine- 
nu'ut  une  grande  réunion  de  Tempérance,  pour  y  aviser 
aux  moyens  d'obteni)-  un  bon  Bill  d'Auberges,  h  la  prochai- 
ne session,  je  crois  devoir  vous  conseiller  de  faire  élire  uu 
Cîonseil  de  Paroisse,  conformément  au  j-églement  qui  vouh  sk 
déK»  été  adressé.  Faites  votre  possible  pour  que  ceux  de 
vos  Paroissiens,  les  plus  capables  de  rendre  compte  de  la 
démonstration  solennelle  qui  doit  s'y  faire  en  faveur  d'une 
Société  qui  a  d'autant  plus  de  besoin  d'être  fortifiée  qu'elle 
.A  d'ennemis  à  vaincj'e,  y  assistent. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  233 

N.  B.  0)1  inarquoi'îi  ici  le  temps  et  les  ci  rconstancew  de  cette 
assemblée,  si  on  les  a  fixés. 

Je  remets  lu  vén)uon  de  la  Prop:ii!;alioii  <le  la  Foi,  annon- 
cée pour  le  joiw  de  ïSt.  Jacques,  à  uti  temps  indéfini.  ])0\ir  ne 
pas  faire  coup  su)-  coup  deux  assemblées  de  ce  genre. 

t  T(t.  Ev.  de  m. 


Plus  PP.  LX. 

YENEI'.AIÎTI.ES    FRATliES    SALUTEM    KT   ApoSÏ*  H>[rAM 
UENEDlCTiONEM. 

Ex  aliis  Nostris  Encyclicis  I^itteris  ad  2sos  liuc  ipso  di* 
-datis  novistis,  A'enerabiles  Fratres,  qno  studio  eximiam 
A-estram  pietatem  excitavimus,  ut  in  tantis  christianfe,  et 
<'ivilis  reipublicae  calamitatibus  publieas  in  vestris  dioece- 
sibus  preees  peragendas  cui'etis  ad  divinam  implorandam 
misericordiam.  Cum  autem  in  iisdem  Eitteri*  significave- 
rimus,  eadestes  Ecelcsia'  the.saui'os  a  Nobis  hac  occasione 
iterum  pi'olatum  iri,  iccirco  lias  yobis  mittimus  Ijitteras, 
quibus  thesauros  ipsos  aperiinns. 

Itaque  omnipotentis  Dei  misericordia,  ac  bcatoi'um  Pétri, 
et  Pauli  Apostolorum  ejus  auctoritate  confisi,  ex  ilJa  ligandi 
ac  solvendi  polestate.  quam  Xobis  Dominas,  licet  indignis. 
-commisit,  per  lias  Litteran  omnibus,  et  singulis  vestrarum 
dioecesium  uti-iusque  sexiis  fidelibus.  qui  intra  nnius  mensi» 
spatium  ab  unoqnoque  Yestrum  j)i-;efigendum,  atque  a  die, 
<iuem  quisque  Vestrum  constitnerit.  compntandum  peccata 
sua  humiliter.  et  cnm  sincera  illoi-iim  detestatione  eonfessi, 
et  sacramentali  absolutione  expiati  sanetissimurii  EuchariiK- 
tirt»  sacraraentnm  reverenter  suscc]wrint,  ae  très  Ecclesias  a 
Vobis  designandas.  aut  tT-ibus  vicibus  illarum  unam  visita- 
rerint,  ibiqne  aiiqno  temporis  spàtio  pias  ad  Deum  pro  ex- 
altatione,  et  prosperitate  saneta^  Matris  Ecclesia»,  ac  Sedie 
ApostoliciV.  atque  ])ro  ha^resum  extirpatione,  ac  pro  pace, 
et  concordia  christianoruin  Principura,  ac  totius  populi 
christiani  pace  et  unitat*  preees  effnderint.   atque  insuper 


2:ii  MANDKMKMS,   LKTTRES  PASTORALES, 

iiiti-a  (licttim  leinporiH  iiilervalhun  seiuel  jejiuiuvei-inr.  ae 
aliquam  ia  paupei-es  eleemosynam,  j)iamqiie  larg'iLionem  in 
religiosissimum  Fropayationis  Fidel  opus  (quod  epi.seo]>ali 
yestro  zelo  suminopeic  i-oiumeiKlamus)  pro  sua  f[iu.s((iie  de- 
YOtione  er()2ja\x'riiit.  jdciiissimain  omnium  peccatoi'Uiii  in- 
dulgeutiani  in  toi  ma  .luhilaei  conccdimus,  et  lai-giiuur, 
qua'  per  modum  suttragii  animaltus  in  purgatorio  exi.sten- 
tibuft  ap))licHri  etiam  ))()ti'rit.  Atque  ut  liane  Indulgentiam 
lucrari  possint  etiam  Moinale<,  ,seu  alia'  ]»ersona'  in  elaus- 
tri.s  ])erpetuo  degentes,  hee  non  quicumque  in  carcere  exis- 
tant, vel  cor^joris  infîrmitate,  seu  alio  (luocunique  irnpedi- 
inento  prohiheantur.  quominuts  aliqua  ex  commemoi'atiji 
oj>eribus  peragere  valeant  Confessariis  i)ei-  eos,  ut  intVa, 
eligeiidi^  potestatem  tacimu.s,  ut  eadem  in  alia  jjietati.s  opé- 
ra coniniutaro,  vel  in  aliud  jjrcjximum  tempus*  pi'orogare 
ijossint,  ciim  tacultate  etiam  di.speusandi  isuper  Commuido- 
ne  cum  pueris,  qui  nondirm  ad  primam  Comraunionem  fue- 
rint  admis.si.  Item  i\)Ati  vestrarum  dioccesiuni  tîdclibus 
tum  laicin,  tum  ecclesiasticis  sa^culaj-ibus  et  regularibus.  çt 
cujusvis  Institut!  etiam  specialiter  nominandi  licentiain.  et 
taeultalem  conceiiimus,  ut  sibi  ob  hanc  causam  eligere  pos- 
wint  GU^'Uicumque  Presbyterum  C'onte.ssarium  saicuiarein. 
«eu  i-egularem  ex  illis,  quos  veluti  niagis  idoneos  ad  bunc 
efteetum  designare  existimaveritis  (qua  tacultate  uti  ])otc- 
runt  etiam  Moniales  licet  ab  Ordinaiii  juristdictione  exemp- 
t«f,  aliieque  mulieres  iiitra  elau^ti-a  commorante-A,  dumniodo 
Confessarius  approbatus  ait  pro  Monialibus)  qui  eos  ab  ex- 
communicationis.  sus];en.sionis,  et  inteidieti,  aliiwque  eccle- 
?<iasticis  sententiis,  et  censurits  a  jure  vel  ab  bominequavis  de 
causa latis.  piaeteriiitVa  exceptas,  nec  non  ab  oninibu» gravi- 
bus  peccatis,  excessibus,  ci-iminibus,  etdelictis  quamtumvis, 
et  enormibus  etiam  loconim  Ordinai-iis,  autSedi  Apostolicse 
cpeciali  licct  tbi-ma  reservatis,  et  quorum  absolutio  alias  )>er 
générale  hujusmodi  Tndultum  non  intelligei'etur  concessa, 
in  foi'O  con.scientia',  et  hac  vice  tantum  absolvere  valeant. 
Insupei",  ut  omnibus  facilioiem  stei-namus  viam,  quo  ad  sa- 
Imtis  iter  possint  redire,  iisdem  Contessai-iis  commemorato 


i 


CIRCULAIRES  KT  ATTHES  DOCUMExNTS  :3i 

«tiiits  meiisis  spatio  facultateiu  quoque  impertiiuiir.  ui  co» 
omnes  qui  .sectis  se  misère  adscripserunt,  ac  vere  jxjeniten- 
tes  ad  reconciliationis  Sacramentum  accédant,  absolvere  il- 
losque  ab  obligatione  dcnuuciaiidi  coni[)lices  dispensare 
queant  ad  atteclum  consequeiidi  eaindein  plenariam  Indul- 
geutiaui.  consuetis  adhibilis  conditiunibus,  et  exceplis  casi- 
bus  iu  quibiis  ad  evitauda  majora,  cl  giavioia  damna  deiiiin- 
ciatio  omnino  necessaria  videatui-.  PrioteVea  conoedimus 
ut  iidem  Confessarii  possint  vota  qua-cumque  etiam  Jurata, 
et  Apostoliciv  Sedi  reservata  (castitatis,  religionis.  et  obli- 
gationis,  qua>  a  tertio  acce])ta  fuerit,  seu  in  quibus  agalur  de 
pra.'judicio  tertii  semper  exceptis.  nec  non  poenalibus,  qme 
pra'servativa  a  peccatis  nuiK'U[)antur  i)i>i  commntatio  futu- 
ra  judicctur  eju.-modi.  ut  non  minu,s  a  peccato  commitondo 
refhvnet  quam  pjior  voti  niateria)  in  alia  pia  opéra  dis- 
])ensando  comniutare,  injuncta  in  omnibus  casibus  poeJiiten- 
tia  salulaii,  et  aliis,  qna*  de  Jure  sunt  injuii jenda.  Facultatem 
quoque  concedimus  dispeusandi  super  iriegularitate.  ex  vio- 
latione  censuraium  contracta,  quatenus  ad  foiMim  extei'num 
non  sit  deducta,  nec  facile  deduceiida  ;  pr;vler  banc  vero 
Confessarii  praxlicti  nuliam  per  pi'a'sentes  Litteras  faculta- 
tem babebuut  dispensandi  super  alia  (piavis  ii-regularitate 
sive  ex  delicto.  sive  ex  defectu.  vel  })ublica,  vel  occulta,  aut 
i»uper  alia  incapacitate,  vel  inhabilitate  quomodocumque 
contracta.  Non  intendimus  autem  pei-  i)i'a'sente8  Littei"a« 
ullo  modo  derogare  Constitutioni  cuni  a])positis  declaratio- 
nibus  édita' a  tel  ;  rec  :  Benedicto  XIV  Pi-a-decessoi-e  Nos- 
tro,  qua' incipit  "  Sacramentum  Poenitentia' "  quoad  inba- 
bilitatem  absolvendi  complicem,  et  quoad  obligationem  de- 
nunciationis,  neque  intendimus  facultatem  concedere  ad 
eos  absolvendos,  qui  a  Xobis,  et  A[)<»stolica  8ede,  vel  ab  ali- 
cp^io  Prelaîo.  seu  judice  ecclesiastico  nominative  excommu- 
nicati,  suspensi  et  interdicti  seu  alia.s  in  sententias.  et  cen 
»uras  incidisse  delai-ati  fuerint.  jn-a^terquam  si  intra  })raMiic- 
t.um  mensem  obligationi  sua'  sutisfeeefint.  Quod  si  intj-a, 
pra'fijaitum  spatium  judicio  Confessaiii  satisfacere  noi* 
potuoi'int.  i_  SOS  absolvi  posse  concedimus  ad  eflcotum  dum- 


•23C  MANDEMENTS,  LE'ITRES  PASTORALES, 

taxât    nssequcndi    Indulgentias    hujns    Jiibilaei,    injuncta 
obli^atione  satisfaciendi  statim  ac  potueriiit. 

Hue  concediniuf;,  et  ijtdiilgenms,  non  obstantibns  Consti- 
tiitionibiis.  et  Ordination  bus  Apostolicis  quibuscumque 
în  eontrarinni  faeientil)us.  qiiibus  omnibus,  et  singnlis, 
otiamsi  de  illis,  eorum  totis  tenoribns  s])eeialis,  specitica,  ex- 
pressa,  et  individna,  ac  de  verbo  ad  verbum,  non  autem 
per  clansTiIas  générales  idem  impoi-tantes  mentio,  seu  qua'- 
vis  alia  exqni.sita  fonnam  ad  hoc  servenda  foret,  illorum  te- 
nores  ju'o  s^nfiicienter  cxpressis,  ac  fbrmam  in  cis  traditam 
pi'o  servata  habonten,  bac  vice  specialiler,  nominatim  et  ex- 
presse ad  effectum  iira^missoi-um  derogamus,  coeterisque 
contraiiis  qiiibnscumque. 

i)enique  pi'aecipuae  [Xostrao  in  Vos  bcnevolentiae  testem 
Apostolicam  Benedictionem  Yobis  ipsis,  Venerabiles  Fra- 
tres.  omnibusqno  Clei"icis.  Laicisque  tidelilms  curae  vestrae 
commissis  pcramanter  impertimur. 

Datum  Eomae  apud  S.  Petrum  die  XXI  Novembris  Anno 
MIXX"Ci;i  Pontificatus  Xottri  Anno  Sexto. 

Plus  PP.  IX. 


LETTPE    PASTOEALE    DE   MGR.    L'EVEQUE    DE 
MONTREAL.  AU  SUJET  DU  GRAND  INCEN- 
DIE DU  8  JUILLET  1852.  . 


IGNACE  BOURGET,  par  la  miséricorde  de  J)ieu  et  la 
grâce  du  St.  Siège  Apostolique,  Evèqiie  de  Montréal,  etc., 
-etc.,  etc. 

Au  Clergé  Séculier  et  BéguUer,  avx  Connu tinautés  Relujieuses 
•et  à  tovs  les  Fi  de  les  de  Monfréal,  >Snhit  et  fiénédiclion  en  N. 
S.  J.r. 

A  la  triste  nouvelle  du  terrible  incendie,  qui  est  encore 
fumant,  nous  avons  tout  quitté,  N.  T.  C.  F.,  pour  venir  raè- 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  M? 

1er  nos  larmes  aux  vôtres,  et  nous  consoler  mutuellement 
de  nos  pertes  communes.  Hélas!  est-il  une  douleur  sem- 
blable à  la  nôtre  !  Si  donc  le  ministère  pastoral  eût  jamais 
un  devoir  impérieux  à  remplir,  n'est-ce  pas  celui  de  la  con- 
solation, dans  une  aussi  épouvantable  calamité? 

En  arrivant  ici,  on  Nous  a  appris  qu'il  y  a  eu,  au  milieu 
de  cet  inexplicable  embrasement,  beaucoup  d'actes  héroï- 
ques de  dévouement  et  de  résignation.  Xous  non  avons 
pas  été  surpris,  car  Xous  connaissions  la  vivacité  de  votre 
foi.  Il  convient  tontefoi.s  que  nous  les  renouvellions  en- 
ensemble  CCS  actes  que  la  vraie  religion  commande,  et  du 
meilleur  cieur  possible,  aujourd'hui  que,  revenus  du  ])remier 
saisissement,  nous  nous  trouvons  réunis  aux  pieds  des  .>aints 
autels.  Notre  ])lume  ne  fait,  pour  ainsi  diie,  que  transcrire 
ici  ce  que  le  senti  nient  a  déjà  gravé  dans  vos  Cd-urs.  ])our 
en  faire  une  pi-ofession  publique  et  solennelle. 

La  main  de  Dieu  s'est  donc  appesantie  sur  nous  tous,  qui 
avons  été  dcvoiés  par  les  flammes,  et  sur  toute  la  ville, 
qu'un  sinitre  si  déj)lorable  a  jetée  dans  une  consternation 
impossible  à  décrire.  Eh  bien  !  commençons  par  dire  avec 
les  frères  de  Jose])h  :  yoiisle  luéritona  bien,  meri.to  Iki'c  pati- 
mur.  ^Vvouons  même  que  nous  en  aui-ions  mérité  bien  da- 
vantage. Mais  la  main  qui  nous  a  frappés  a  été  dirigée 
par  un  cœur  paternel,  le  ca'ur  de  notre  Dieu,  qui  est  le  plus 
tendic,  le  mcilleui-  de  tous  les  pères.  Misericordid'  Domini. 
quia  non  6umm  consuinpfi. 

Assis  tristement  sur  nos  décombres,  disons  de  plus,  avec 
le  St.  homme  Joh  :  '•  Le  Seigneur  nous  avait  tout  donné. ■  le 
Seigneur  7iovs  a  tout  oté.  Que  son  saint  Nom  soit  béni.*'  Qu'al- 
lons-nous devenir  ?  Nous  n'en  savons  rien.  Comment  sub- 
venir à  tant  et  à  de  si  gi-anJes  misère>  ?  C'est  ce  qui  sur- 
passe tout  calcul  humain.  Tout  ce  que  nous  savons,  c'est 
que  c'est  Dieu  qui  a  souillé,  du  soufHe  de  sa  solôre,^ce  feu 
que  la  main  de  l'homme  n'a  pu  maîtriser.  Cela  nous  i?ufiit. 
Il  a  choisi  pour  l'allumer,  ce  feu  dévorant,  le  moment  oii 
nos  réservoirs  d'eau  étaient  il  sec.  Il  a  lui-même  tracé  à 
ce  fcn.  devenu  en  quelque  .soi'te  intelligent,  sa  route,   pour 


23S  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

■qu'il  épargnât  ceux  qu'il  voulait  épargner,  et  qu'ii  ruinât 
ceux  qu'il  voulait  ruiner.     En  tout  cela,  il  est  alorable. 

Puisque  c'e.st  J)ieu  qui  Ta  ainsi  voulu,  pourquoi  ne  1« 
Toudrions-nous  pas  ?  Oh  !  oui.  Seigneur,  nous  le  voulons, 
et  de  tout  notre  cœur.  X'ètes  vous  pas  le  maître  absolu 
de  toutes  choses  ?  Vous  avez  coin  mandé  au  feu  de  nous 
consumer,  et  il  a  obéi  :  maintenant,  vous  nous  commandez 
la  soumission  à  ce  décret  rigoureux;  nous  sommes  à  vos 
pieds,  et  nous  baisons  avec  amour  votre  divine  main,  qui 
a  déchargé  sur  nous  un  coup  si  terrible.  Loin  de  nous  \» 
plus  léger  murmure.  Nos  lèvres  ne  s'ouvriront  que  pour 
A'ous  bénir.  Nos  cti'urs  sont  affligés  ;  mais  ils  sont  calmes 
«t  résignés.  O  sainte  résignation,  vous  faites  aujourd'hui 
notre  unique  bien  ! 

-Maintenant  que.  pour  la  plupart,  nous  sommes  sans  res- 
sources humaines,  nous  n'avons  j^lus  à  compter  que  sur  le 
secours  du  ciel,  lîelevons  donc  notre  courage,  en  nou.s 
remplissant  d'une  juste  confiance.  Celui  qui  nous  a  frap- 
pés, peut  nous  guérir  ;  celui  qui  nous  a  tout  été,  peut  nous 
le  rendre  au  centuple.  Celui  qui  a  fait  do  rien  le  ciel  et  la 
terre,  peut  bien  nous  biîtir  quelques  petites  maisons,  pourj 
Achever  les  tristes  jours  de  notre  exil.  Oh  !  oui,  N.  T.  C. 
F.,  celui  qui  a  soufflé  le  feu  de  sa  colère,  pour  renver.ser  de 
fond  en  comble  nos  édifices,  peut  bien  souffler  maintenant 
le  feu  de  sa  charité,  pour  les  relever.  ^Toms  espéroyis  donc 
y/i  rouH,  Seigneur,  et  nous  ne  serons  pas  confondus. 

Nous  avons  grand  besoin  que  la  compassion  publique 
s'attendrisse  sur  nos  maux;  ils  sont  si  grands!  Tâchons 
de  la  mériter.  D'abord,  soyons  nous-mêmes  compatissants, 
lîendons-nous  de  mutuels  services,  chacun  fîiisant  selon  ses 
moyens  et  sa  capacité.  Que  le  malheur  nous  rende  plus 
charitables,  et  ne  fasse  de  nous  tous  qu'un  c^eur  et  qu'une 
âme.  Aimons-nous  tous  dans  les  sacrés  cicurs  de  Jésus  et 
de  -Mai'i-e.  Là  il  ne  saurait  y  avoir  de  ca'urs  insensibles, 
encore  moins  de  ces  cœurs  inhumains.  Loin  de  nous  ces 
hommes  barbares  qui  profitent  des  grandes  calamités  pour 
s'engraisser  de  la  substance  des  pauvres.     Un   seul  de  ce» 


I 


CIRCULAIHKS  ET  AUTRES  DOCUMENTS  •2.!» 

Sommes  sans  cœur  serait  une  ]Wur  grande  calamité  qu» 
l'incendie  qui,  dans  lespace  d'un  mois,  a  consumé  trois 
grands  quartiet's  de  notre  cité. 

<.j|ue  les  charetiers  donc  ne  profitent  pas  de  la  détresse  d« 
tant  de  familles  qui  sont  sans  abri,  pour  exiger  un  prix 
immodéi-é.  Autrement,  ils  attireraient  sur  eux  et  leurs  fa- 
milles de  terribles  anathènies.  (,|ue  ceux  qui  ont  des  mai- 
sons à  louer  s'en  tiennent  à  des  conditions  justes  et  raison- 
nables, s'ils  veulent  ne  pas  mériter  d -■  subir  quelque  jour  le 
même  sort.  -  Que  ceux  qui  ont  des  effets  appartenant  à 
autrui  fassent  toute  diligence  pour  en  retrouver  les  maîtres. 
Car  le  bien  du  prochain,  celui  des  pauvres  surtout,  crie 
vengeance  vers  le  ciel,  quand  oti  le  retient,  t^iie  les  forts 
aident  les  faibles  ;  que  ceux  qui  sont  en  santé  soignent  les 
malades;  que  eeux  qui  en  ont  le  temps  aillent  consoler 
tant  de  ]jauvi'cs  familles,  qui  vivent  sous  la  tente,  expo.'-ées  à 
à  ces  épouvantables  orages  qui  aclièvent  de  répandre  par- 
mi nous  la  terreur  et  la  consternation. 

Surtout  évitons.  X.  T.  C.  F.,  les  excès  qui  déjà  nous  ont 
coûté  si  cher.  On  a  bien  des  fois  remarqué  que  les  grands 
incendies  sont  la  cause  d'une  grande  démoralisation.  Or, 
c'est  là  tout  ce  qui  aujourd'hui  fait  toute  notre  peine.  Noun 
avons  tout  perdu,  comme  vous  le  savez:  mais  tout  cela  ne 
«era  vien  pour  nous,  si  n®tre  ville  épiscopale.  loin  de  se  dé- 
moraliser, n'en  devient  que  meilleure;  si  on  n'y  entend 
plus  de  blasphèmes,  si  on  n'y  voit  plus  d'excès  de  boisson, 
h\  la  vanité  n'y  étend  plus  son  luxe  ;  si  le  serment  y  est  rcs 
pecté  ;  s'il  ne  s'y  commet  plus  de  fraudes  ni  d'injustice»  ; 
s'il  n'}''  a  plus  de  ces  maisons  scandaleuses,  qui  à  elles  seu- 
les pourraien;  faire  tomber  tout  le  feu  du  ciel.  Entassés 
comme  vous  lètes  pour  la  plupai-tdans  de  petites  maisons, 
vous  êtes,  X.  T.  C:  F.,  exposés  à  un  pêle-mêle  bien  dange- 
reux pour  les  mœurs.  Veillez  donc  soigneusement  pour 
que  le  scandale  n'arrive  point  jusqu'à  vous.  Pères*  et  mè- 
re» chrétiens,  qui  mettez  toute  votre  gloire  à  avoir  des  en- 
fants purs  et  chastes,  fjiites  bonne  garde  auprès  de  ces  cher« 
<;t  tendres  enfants. 


249  MANDKMliNTS,   LETTRES  PAsT(jRALES, 

Anges  gardiens  de  la  ville,  tenez-vous  en  sentinelle  sur- 
les  places  publiques,  dans  les  rues,  dans  les  maisons,  par- 
tout où  il  y  a  des  cœurs  innocents  à  pi'éserver  de  la  conta- 
gion du  vice  :  dejmdite  aosui  prœUo.  Saints  et  Saintes  du 
Paradis,  entendez  nos  soupirs.  Ah  !  sanctitiez  ces  lieux 
dont  la  garde  vous  a  été  confiée  :  loca  mnctificate.  Bénis- 
sez ce  peuple  qui  vous  invoque  avec  confiance,  dans  les 
maux  qui  l'accablent  :  ]t/.ebein  benedlcite.  Veillez  sur  nous 
tous,  pauvres  pécheurs,  et  faites  nous  vivre  en  paix,  au  mi- 
lieu des  tentatives  de  nouveaux  ince;  dies  et  des  menacer 
les  plus  alarmantes  ;  homùies peccafores  inpaee  eustodite. 

Bon  St.  .Jacques,  vous  n'avez  plus  de  temple  pour  enten- 
dre nos  soupirs  ;  mais  vous  avez  un  peujjle  qui  vous  aime, 
et  qui  vous  prouve  son  attachement,  en  allant  prier  sur  vos 
ruines. 

Et  vous.  Divine  Marie,  vous  n'avez  plus  d'autel  au  pied 
duquel  puissent  s'agenouiller  vos  dévots  serviteurs,  hono- 
rer votre  trèii-saint  et.  immacidé  cœur.  On  n'entend  plus  le 
cri  de  confiance  qui  si  souvent  s'échappa  de  vos  enfants  re- 
pentants :  Marie  rcfuije  des  jjécheurs,  priez  pour  nous..  La 
Ste.  Image,  qui  fut  l'instrument  de  vos  bontés  maternelles 
et  qui  reçut  tant  d'hommages,  ne  brille  plus  à  la  place 
d'honneur  que  vous  vous  étiez  choisie.  Ilélas  !  elle  est  tou- 
te mutilée  et  couverte  de  bouc.  Elle  est  encore  toutefois 
l'objet  de  notre  plus  tendre  vénéi-ation.  Il  nous  semble  n'a- 
voir rien  perdu,  puisque  nous  possédons,  dans  nos  apparte- 
ments, cette  vénérable  Image,  qui  est  pour  nous  le  mémo- 
rial des  insignes  fawcurs  que  vous  ne  cessez  de  réj^andre 
sur  le  troupeau  comme  sur  le  Pasteur.  O  ^iarie,  bonne  et 
tendre  Mùro  de  ce  Diocèse,  préservez-nous  des  désordres 
qu'ont  coutume  d'entraîner  les  grands  incendies:  mala  ito$.- 
tra  pelle.  Demandez  \)o\xv  nous  la  grâce  de  jirotifer  de  cette 
terrible  calamité,  alin  de  ne  point  aller  brûler  dans  les  feux 
de  l'enfer,  aprùs  avoir  passé  par  ces  feux  «le  ia  terre.  Oh- 
tene/i  à  votre  ville  la  giâce  d'être  meiileuir  :  Av/u?  cvra'ta 
posée. 

Sera  la  présente    Letttre   Pastorale    lue    .-luiourd'hui   au 


CmCULA.IRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  241 

Prône  de  toutes  les  Eglises  de  la  ville,  dans  lesquelles  se 
fait  l'office  publie,  et  en  chapitre  dans  toutes  les  Commu- 
nautés, le  premier  jour  après  sa  réception. 

Donné  à  l'IIospice  de  St.  Joseph,  sous  notreseing  et  sceau 
et  le  contreseing  de  notre  secrétaire,  le  onze  juillet,  mil 
Luit  cent  cinquante-deux. 
Place  t  du  sceau. 

t  Ig.  Ev.  de  MONTEEAL, 

Par  Monseigneur, 
J.  O.  Pare,  Chan., 

Secrétaire. 


\ 


CIP.CULAIJÎIO  AU  CLEJî(rÉ. 

Montréal,  juillet  1852. 
Momieur, 

Veuillez  bien  relire  au  Prône,  et  commenter,  au  besoin, 
la  partie  de  la  Lettre  Pastorale  du  18  décembre  dernier,  qui 
regarde  la  charité.     Ajoutez  y  ce  qtii  suit  : 

"  Pour  en  venir  à  la  pratique,  Mgr.  Evêque  de  Montréal 
vous  invite  aujourd'hui  à  contribuer  à  quelqu'une  de  ces 
œuvres  qui  intéressent  vivement  toute  la  paroisse,  et  qui 
doivent  néanmoins  demeurer  secrètes  ;  car,  il  s'agit  de 
personnes  appartenant  à  cette  Paroisse,  à  qui  les  asiles  de 
la  ville  ont  porté  secours.  Le.s  besoins  de  tout  le  diocèse 
sont  à  sa  connaissance,  et  se  font  sentir  à  sou  cœur.  Mal- 
heureusement il  ne  peut  y  remédier  tout  seul.  Il  s'en  console 
dans  la  pensée  qu'il  y  a  partout  des  cœurs  généi-eu.x:  et 
compatissants,  qui  sont  toujours  prêts  à  lui  venir  en  aide, 
pour  le  soulagement  de  toutes  sortes  de  misères.  Le  moyen 
pour  cela  est  tout  simple.  La  quête  se  fera,  dans  ci  tte 
église,  les  dimanches  et  fêtes,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  collecté 
francs,  qui  est  la  somme  déterminée,  jDour  les  (cuvres 
de  cette  jjaroisse,  qui  se  trouvent  à  la  charge  de  8a  Gran- 
deur dans  les  divers  établissements  pauvres  de  la  ville. 

16 


242  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Tous  les  lundis,  la  messe  se  dit  à  l'Eglise  Cathédrale  pour 
tous  ceux  qui  contribuent  aux  œuvres  de  charité.  Tous  les 
jours,  on  prie  dans  ces  saintes  communautés,  pour  les  bien- 
faiteurs. Ce  sont  là  de  ces  secours  spirituels  que  les  bons 
chrétiens  aiment  à  se  procurer.  Car  ils  savent  que  les 
prières  des  pauvres  sont  toutes  puissantes,  et  ils  sentent 
qu'ils  en  ont  un  grand  besoin,  pour  couvrir  la  multitude  de 
leurs  péchés.  En  toute ■<  choses  le  bon  exemple  est  un  puis- 
sant encouragement.  Ici  nous  pourrions  citer  l'exemple  de 
plusieurs  paroisses  qui  font,  par  leur  union,  des  choses 
admirables,  pour  le  soulagement  de  toutes  sortes  de  misères. 
A  Montréal,  les  Irlandais  ont  senti  le  besoin  d'avoir  à  eux 
un  hôpital  pour  leurs  malades.  Depuis  novembre  dernier, 
voilà  plus  de  £400  qu'ils  fournissent  pour  cette  œuvre  de 
charité  ;  et  depuis  trois  ans,  il  y  a  bien  £4000  qu'ils  sous- 
crivent par  leui's  différentes  œuvres  de  charité.  Il  y  aura 
])ien  le  même  empressement  chez  les  canadiens  en  faveur  de 
tant  de  misères  qui  se  font  sentir  dans  les  camjîagnes 
comme  à  la  ville." 

Veuillez  bien  faire  tenir   au   Secrétariat  le   montant   ci- 
dessus  mentionné,  et  me  croire  bien  sincèrement, 

Monsieur, 

Votre  très  humble  et  obéissant  serviteur, 

j  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

(  Vraie  copie) 


CIECULAIEE  AU  CLERGE  DU  DIOCESE 
DE  MONTREAL. 


Hospice  de  St.  Joseph,  le  6  août  1852. 
Monsieur, 

La  Retraite  Pastorale  commencera,  cette  année,  le  26  do 
ce  mois,  après  la  prière  du  soir,  et  se  terminera  le  3  Septem- 
bre matin.     Le  2(3  Août,  vers  trois  heures  de  l'après-midi, 


I 


CIRCULArRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  243 

OU  tiendra,  au  Petit  Séminaire  de  cette  ville,  le  Bureau  de 
la  Caisse  Ecclésiastique.  Je  donne  aux  gardiens,  outre  les 
pouvoirs  de  desservants,  eelui  de  biner  le  Dimanche. 

Les  Curés  s'entendront  ensemble,  pour  faire  garder  deux 
ou  trois  Cures  par  im  même  Vicaire,  Eeligieux  ou  Prêtre  de 
Séminaire  ou  Collège,  afin  de  pouvoir  assister  en  aussi  grand 
nombre  que  j)ossible  à  cette  Retraite.  Car  elle  remplacera 
le  Sj'node,  qui  ne  peut  avoir  lieu  à  cause  de  Tincendie. 

Le  motif  d'appaiser  le  ciel  dans  ce  temps  de  calamité,  et 
de  préparer  les  voies  au  Jubilé  qui  nous  arrive,  est  plus 
que  suffisant  j^our  nous  animer  tous  d'un  ardent  désir  de 
faire  une  bonne  et  sainte  retraite. 

Je  fais  c©ncourir  l'ouverture  de  la  Retraite  avec  la  tenue 
d'une  assemblée  générale  de  la  Société  de  Tempérance,  qui 
sera  annoncée  sur  l-dMineroe  du  0  Août,  pour  le  26  courant, 
pour  que  vous  ])uissiez  l'encourager  de  votre  présence. 
Cette  bienfaisante  Société  a  besoin,  dans  un  temps  où  ses 
ennemis  l'attaquent  de  tous  côtés,  et  avec  fureur,  de  prou- 
ver au  monde  qu'elle  est  plus  vivante. qiie  jamais.  Tel  est 
le  principal  objet  que  l'on  a  en  vue  en  lui  fesant  faire  une 
démonstration  solennelle  qui  puisse  remonter  le  courage  de 
ses  membres,  en  leur  donnant  l'occasion  de  se  voir  et  de 
s'entendre. 

Pour  cela,  il  faudrait  que,  'dans  chaque  paroisse,  on  tînt 
une  assemblée  générale,  dans  laquelle  on  pourrait  lo  adop- 
ter les  résolutions  insérées  dans  la  Minerve  du  3  courant 
(No.  119)  ;  2o  former  un  conseil  de  tempérance,  d'après  les 
règles  dont  on  vous  a  envoyé  copie  l'hiver  dernier  ;  3o 
nommer  des  députés  pour  représenter  la  paroisse  dans 
l'assemblée  générale  du  2(J,  etc.,  etc.,  etc. 

Dans  cette  assemblée,  il  sera  question  d'aviser  aux  meil- 
leurs moyens  de  maintenir  une  société  qui  seule  peut  assu- 
rer la  prospérité  de  notre  pays.  On  j  discutera  les  amende- 
ments à  faire  au  Bill  des  licences,  et  Ton  proposera  surtout 
d'encourager  les  magasins  et  les  maisons  (Je  pension,  dans 
lesquelles  on  ne  débite  point  de  boissons  enivrantes.  Vous 
connaissez  comme  moi  que  si  nos  bonnes  gens  pouvaient 


244  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

s'exempter,  surtout  quand  ils  viennent  à  la  ville,  de  se 
retirer  dans  des  auberges,  il  n'y  aurait  pas  tant  à  craindre 
pour  leur  persévérance. 

Aussi  faut-il,  dans  l'assemblée  de  paroisse  ([lû  se  tiendra 
avant  l'assemblrT*-  de  la  ville,  insister  sur  la  4e  résolution, 
proposée  par  Mr,  Benoit,  et  faire  comprendre  aux  gens  que 
tous  ceux  qui  aiment  la  tempérance  •'  doivent  s'engager  à 
"ne  foire  leurs  aft'aires  que  chez  les  marchands  qui  ne  ven- 
*'  dront  aucunes  liqueurs  enivrantes  ;  et  à  ne  s'héberger  que 
"  dans  des  maisons  qui  leur  seront  recommandées  comme 
"  des  maisons  de  pension  respectables,  et  dans  lesquelles  ils 
"  ne  seront  jamais  exposés  à  manquer  à  leur  tempérance, 
"  parce  que  Ion  n'y  A'endra  jamais  aucunes  boissons 
"  enivrantes.' 

Les  Pé^îutés  de  chaque  Pai'oisse  devraient  être  munis  du 
pouvoir  de  souscrire,  au  nom  de  leur  Paroisse,  à  toutes  les 
résolutions  de  l'assemblée  générale.  Ils  devraient  apporter 
la  liste  de  tous  les  noms  des  membres  de  la  Tempérance  de 
leur  Paroisse,  pour'  qu'ils  soient  apposés  au  bas  de  la 
Pequête  à  la  Législature,  pour  demander  des  amendements 
au  Bill  des  auberges.  Il  faudrait  qu'ils  pussent  présenter 
une  liste  des  marchands  et  des  maîtres  d'Hôtel  qui  s'enga- 
gent à  ne  jamais  vendi-e  ni  débuter  auciuie  boisson  enivrante. 
Je  crois  pouvoir  assurer  d'avance  que  la  ville  ne  tirera  pas, 
sous  ce  rapport,  en  arrière  ;  et  que  l'on  exhibera  à  l'assem- 
blée une  liste  respectable  de  marchands  et  maîtres  de 
Maisons  àe  Pension,  qui  prendront  courageusement  l'enga- 
gement en  question.  Si  les  campagnes  en  font  autant,  on 
peut  espérer  que  le  point  le  plus  dilticile  sera  gagné.  Alors, 
l'on  viendra  à  la  ville  sans  danger,  parce  qu'ici  comme  siir 
la  route,  on  poui'ra  se  loger  dans  de  bonnes  maisons.  Il 
serait  à  propos  que  les  députés  fussent  munis  de  documents 
certains,  pour  pouvoir  prouver  au  besoin  qu'il  y  a  eu  mal- 
versation chez  certains  officiers  du  gouvernement,  qui  ont 
refusé  de  faire  leur  devoir,  par  rapport  au  fonctionnement 
du  Bill  des  auberges.  Le  projet  d'amendements,  qui  se 
trouve  sur  le  Xo.  122  de  La  Minerve,  devrait  être  examiné 


âm 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  243 

d'avance  par  vous  et  ceux  qui  pourraient  offi-ir  de  bonnes 
sucfgestions,  afin  que  les  Députés  fussent  en  état  d'exposer 
les  besoins  de  leur  localité. 

Je  termine  en  vous  demandant  deux  grâces.  La  ])remière 
pei'ait  de  dire  à  mon  intention  vingt  messes,  pour  acquitter 
celles  dont  les  rétributions  étaient  dans  le  dépôt  de  l'Evè- 
ché.  qui  a  été  consuiiié  i>av  les  flammes.  La  seconde  serait 
de  ne  pas  vous  loger  à  l'Hôtel  quand  vous  venez  à  la  ville. 
Le  Séminaire  se  fait  un  bonheur,  comme  vous  savez,  d'exer- 
cer l'hospitalité  du  pays  :  et  un  petit  bâtiment  ajouté  a 
l'hospice  de  St.  Joseph  me  permettra  d'offrir  un  certain 
nombre  de  places  à  ceux  que  leurs  affaires  retiendront 
auprès  de  moi.  Croyez  que  je  serais  aussi  sensible  de  vous 
voir  aller  à  l'Hôtel,  que  vous  le  seriez  vous-même,  si  un  de 
vos  confrères  n'allait  pas  descendre  au  Presbytère,  comme 
cela  s'est  toujours  heureusement  fait  dans  notre  j^aj's. 

L'incendie  m'a  empêché  de  vous  adresser  une  petite 
notice  sur  M.  Moi-in.  que  nous  avons  perdu,  pour  ainsi  dire, 
au  milieu  d'un  toui'billon  de  flamme.  Mais  je  la  donnerai 
jjlus  tard,  parce  que  j'ai  intention  de  vous  faire  connaître, 
autant  que  je  le  pourrai,  le  Clergé  du  Diocèse.  En  enten- 
dant nous  prierons  pour  ce  cher  confrère,  connue  aussi  il 
priera  jjour  nous. 

Je  suis  bien  cordialement. 

Monsieur, 

Yotre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

t  IG.  EYEQUE  DE  MOXTKEAL. 

■(  Vraie  Copie.)  J.  0.  Pare.  Chan.  Secrétaire. 


^46  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CIECULAIKE  AU  CLEEGE  DU  DIOCESE 
DE  MONTEEAL. 


Hospice  de  8t.  Joseph,  le  3  Septembre  1852.. 
Monsieur, 

Au  sortir  de  noti'c  retraite,  imitons  par  nos  (lis])08itions,. 
comme  par  notre  nombre,  nos  pères  au  sortir  du  Cénacle, 
c'est-à-dire,  soyons  cent-vingt  à  montrer  les  merveilles  de  la 
grâce  de  Dieu,  par  tous  les  moj'ens  en  notre  poiivoir. 

L'esprit  intérieur  que  nous  }'  avons  renouvelé,  nous  a 
préparés  et  fait  participer  à  Tesprit  d'administration,  qui 
est  l'esprit  de  Xotre  Seigneur,  répandu  dans  les  Synodes, 
pom*  le  bon  gouvernement  du  peuple.  Ce  Bon  Esprit,  que 
notre  Père  Céleste  ne  refuse  jamais  à  ceux  qui  le  lui 
demandent  humblement,  va  faire  plus  que  jamais  de  nous 
tous,  cor  uaum  et  anima  una.  Nos  sessions,  quasi  Synodales, 
nous  ont  fait  toucher  du  doigt  le  bonheur,  comme  la 
nécessité,  de  l'uniformité  dans  la  direction  des  âmes. 

Pour  en  venir  tout  de  suite  à  la  pratique,  je  vous  trans- 
mets, dans  la  présente,  les  décisions  et  les  avis,  qui  ont  été  la 
matière  de  nos  entretiens,  pendant  ces  jours  de  gi'ande 
bénédiction  ;  et  le  Jubile  qui  nous  arrive,  va  nous  donner 
occasion  d'en  faire  uage  sans  délai. 

D'abord  les  décisions.  Nous  nous  attacherons  plus  que 
jamais  aux  jjrincipes  de  la  Praxis  Confessarii  de  St.  Alphonse 
de  Liguori,  notre  guide  ordinaire  dans  les  routes  de  la 
Théologie.  Xous  y  trouvons  toute  la  substance  de  la  morale 
la  plus  sanctifiante.  C'est  un  saint  qui  la  professe,  après 
l'avoir  pratiquée  pendant  soixante  ans  de  ministère.  Nous 
ne  nous  écarterons  pas  des  règles  données  dans  la  circulaire 
du  16  février  1843,  par  rapports  aux  bals,  fréquentations  de 
jeunes  gens,  veillée*,  promenades  seul  à  seul. 

Nous  ne  souffrirons  jDas  que  des  garçons  tiennent  des 
écoles  de  filles.     Elles  sont  de  soi  dangereuses  et  immorales^ 


i 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  24^ 

Les  commissaires,  maîtres,  pères  et  iiiùres,  qui  refuseraient 
de  se  conformer  à  cette  règle,  ne  doivent  pas  être  absouH. 
Cela  est  difficile  ;  mais  Dieu  nous  aidera. 

Voici  quelle  sera  notre  conduite  par  rapport  aux  auberges. 

lo.  Par  tous  moyens  possibles,  encourageons  l'établisse- 
ment de  vraies  maisons  ^f''  tempérance,  afin  d'ôter  au  peuple 
toute  occasion  de  rechute,  et  tout  prétexte  d'aller  à  l'au- 
berge, soit  en  ville,  soit  ailleurs.  A  cette  fin,  faisons, 
pendant  le  Jubilé,  de  grandes  assemblées  de  tempérance, 
et  que  chacun  s'3'  engage  à  ne  faire  d'atï'aires  que  chez  les 
marchands,  et  à  ne  se  loger  en  voyage  que  chez  les  hôteliers, 
qui  ne  débiteront  aucunes  boissons  enivrantes.  Veuillez 
bien  passer  le  plustôt  possible  à  ilr.  EomuaUl  Trudeau, 
Président  du  Comité  Central  de  Tempérance,  les  noms  de 
ceux  qui  dans  votre  paroisse,  se  seront  engagés  à  tenir  des 
maisons  de  pension  ^ur  un  bon  pied,  et  que  l'on  peut 
recommander  comme  très-dignes  de  la  confiance  publique. 
Tout  est  gagné,  si  nous  gagnons  ce  point. 

2o.  Les  auberges  non  licenciées  étant  contre  la  loi,  et 
oommunément  des  maisons  de  desordre,  ceu.x  qui  les 
tiennent  ne  doivent  pas  ètx'e  absous. 

3o.  Ceux  qui  les  fréquentent  habituellement,  contribuant 
efficacement  à  soutenir  des  maisons  si  dangereuses  pour  les 
mœurs  publiques,  ne  pourront  non  plus  être  absous,  que 
lorsqu'ils  y  auront  renoncé. 

4o.  Les  aubergistes  licenciés  ne  peuvent  èti-c  absous,  s'ils 
vendent  le  dimanche,  enivrent  le  inonde,  souffrent  des 
blasphèmes,  mauvaises  paroles,  jeux  défendus,  etc.,  etc.  En 
les  interrogeant  strictement,  ou  en  s'informant  soigneuse- 
ment do  ce  qui  se  passe  chez  eux,  on  les  ti-ouvera  presque 
toujours  en  défaut. 

5o.  Pareillement,  si  Ion  examine  bien  ceux  qui  vont  par 
plaisirs  aux  auberges,  on  trouvera  presque  toujoui-s  qu'ils  se 
rendexit  coupables  de  quelques-uns  de  ces  défauts,  et  qu'ils 
sont  par  conséquent  indignes  de  l'absolution. 

(>o.  On  peut,  et  il  est  bon  quelquefois  de  retarder  l'abso- 
lution,   surtout   aux    membres    do   la    tempérance,    quand 


248  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pouvant  se  loger  dans  (les  maisons  de  tempérance,  ils 
jiréférent  se  retirer  dans  des  auberges.  Car,  il  est  toujours 
à  craindre  qu'il  n'}'  ait  danger  pour  eux,  et  scandale  pour 
les  autres. 

Maintenant  quelques  directions,  propres  à  faire  régner 
partout  la  sainte  uniformité. 

lo.  S'entendre,  dans  les  conférences  de  cantons,  pour 
déraciner  les  abus  signalés  dans  la  circulaire  du  Jubilé. 

2o.  Suivre  la  direction  de  St.  Alphonse,  pour  l'absolution 
des  enfants  qui  n'ont  pas  communié,  après  comme  pendant 
le  Jubilé. 

3o.  Veiller  sur  les  familles  pauvres,  pour  qu'elles  ne 
viennent  pas  î\  la  ville,  au  risque  de  s'y  démoraliser. 

4o.  lîecommander  aux  filles  qui  cliei'client  du  service  de 
ne  pas  venir  à  la  ville  sans  lettre  de  votre  part,  afin  que 
vous  puissiez  les  adresser  aux  Sœurs  de  la  Providence,  qui 
s'emploient  pour  les  placer  convenablement. 

5o.  Encouragez  les  cinq  Associations  Diocésaines,  pour 
qu'elles  soient  comme  cinq  fleuves  de  grâces,  pour  tout  le 
Diocèse. 

60.  Expliquer  et- faire  circuler  le  traité  de  controverse  de 
Mr.  le  Curé  de  St.  Jean,  pour  fortifier  la  foi  aftaiblie  de  nos 
catholiques.  Il  serait  à  désirer  qu'il  y  eût  un  exemplaire 
de  cet  ouvrage  dans  chaque  famille. 

7o.  Suivre  le  Ré(jlement  Ju  Jubilé. 

lo.  Le  Directeiu'  sera  Supérieur  des  Prêtres  Collabora- 
teurs, qui  lui  obéiront  en  toute  simplicité. 

2o.  Il  y  aura  en  commun,  chaque  jour,  à  heures  fixes,  une 
demi-heure  d'oraison,  la  prière  du  soir  et  une  conférence. 

3o.  Pour  les  fidèles,  il  y  aura,  aux  heures  les  plus  commo- 
des, la  prière  du  matin,  suivie  d'une  méditation,  deux 
instructions,  un  examen  de  conscience,  le  chapelet  et  le 
salut«du  S.  Sacrement.  On  leur  recommandera  beaucoup  le 
silence,  et  pour  le  leur  faire  observer,  on  les  engagera  à 
faire  le  Chemin  de  la  Croix,  adorer  le  S.  Sacrement,  visiter 
les  chapelles  et  images  de  la  B.  Vierge,  honorer  le  St. 
Patron  de  la  Paroisse,  etc.,  etc.     On  leur  enseignera  quel- 


i 


CIRCULAIUES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  249 

ques  moyens  de  soocuper  saintement  chez  eux.  Le  chant 
des  cantiques,  de  pieuses  lectures,  la  répétition  des  instruc- 
tions faites  à  l'Eijjlise  peuvent  leur  ('tre  suy:<4érés  avec 
avantage. 

L.  y  S.  t  TG.  Iilv.  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

Jos.  OcT.  Paré.  Chan.  Sec. 


LKTÏIîE  PASTOEALE  DE  MONSEIGNEUR 
TyEVE(K'J^^  1>K  MONTPtEAL 

Sur  l'érection  du  Diocèse  de  Saint  Hyacinthe  et  la  translation 
de  M<jr.  J.  C.  Prince  à  ce  nouveau  siège  Epi-scopal. 


IGNACE  B(>l'R(iET.    PAR  LA  MISÉRICORDE    DE  DIEU  ET  LA  GRACE 

DU    SAINT    SIÉ(iE    APOSTOLIQrE,    EVEQIE    DE 

M».»NTREAL,    ETC.  ETC.  ET(\ 

Au  Clergé,  aux  Communautés  Religieuses,  et  à  tous  les  Fidèles  du 
Nouveau  Diocèse  de  Saint  Hyacinthe.  Salut  et  Béné- 
diction en  y.  S.  J.  C. 

Il  a  plu,  X.  T,  C.  F.,  à  X.  S.  P.  le  Pape,  à  qui  appartient 
le  soin  de  paître  les  brebis  comme  les  agneaux  du  troupeau 
de  J.  C,  d'ériger  un  Siège  E])iscopal  à  Saint  Hyacinthe.  La 
Bulle  d'érection,  qui  est  du  huit  Juin  dernier,  détache  du 
Diocèse  de  Montréal  toute  la  partie  sud  du  Eichelieu,  pour 
en  former  le  Nouveau  Diocèse.  Nous  nous  emprcsons  de 
vous  faire  part  de  cet  arrangement,  qui  va,  N.  T.  C.  F.,  vous 
faire  passer  sous  une  houlette  plus  vigilante,  tout  en  allé- 
geant notre  fardeau,  de  beaucoup  trop  pesant  jwur  nos 
faibles  épaules  ;  aussi,  la  peine  que  Nous  cause  unejjai-eille 
séparation  est-elle  adoucie  par  ia  j  en  ée  que  des  milliers 


250  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

d'âmes  auront  plus  de  secours  pour  leur  salut  éternel.  Car^ 
c'est  uniquement  pour  l'amour  de  ces  âmes,  qui  valent  toiit 
le  sang  d'un  Dieu,  que  Nous  sommes  Pasteur. 

Pour  donner  à  ce  nouveau  Diocèse  un  Pasteur  selon  le 
cœur  de  Dieu,  le  Souverain  Pontife  a,  dans  sa  sollicitude 
paternelle,  fixé  les  yeux  sur  l'Illustrissime  et  Pévéren- 
dissime  Seigneur  J.  C.  PRINCE,  Evêque  de  Martyropolis, 
dont  la  science,  le  zèle  et  la  pmdence  lui  ont  été  connus, 
par  les  éminentes  qualités  qui  ont  brillé  chez  ce  digne 
Evêque,  pendant  qu'il  était  Coadjuteur  de  Montréal.  Il  lui 
a  donc  confié  l'administration  de  cette  Eglise  naissante, 
avec  la  pleine  confiance  que,  mo3'ennant  la  grâce  du  Dieu 
Tout-puissant,  il  la  gouvernera  avec  bonheur,  et  que,  sous 
sa  conduite,  la  Peligion  fera  de  grands  progrès. 

Cette  volonté  suprême  du  Chef  des  Pasteurs  Nous  prive 
de  l'assistance  de  ce  Frère  dans  l'Ej^seopat,  avec  lequel 
Nous  avions  porté,  pendant  sept  ans.  le  poids  de  la  charge 
patorale.  L'union  intime  que  le  Dieu  de  paix  avait  répan- 
due sur  notre  administration,  et  qui  en  avait  de  beaucoup 
diminué  la  pesanteur,  rend  anj')urd'hui  notre  séparation 
plus  douloureuse.  Nous  nous  en  consolons  toutefois  par  Ja 
pensée  que  vous  allez  avoir  pour  premier  Evêque  un  homme 
de  Dieu,  déjà  rompu  aux  affaires  et  tout  iiréparé  à  rencon- 
trer les  nombreuses  difficultés  que  présentent  nécessaire- 
ment les  nouveaxix  établissements. 

En  imposant  le  Joug  du  Seigneur  sur  les  épaules  de  votre 
nouvel  Evêque,  le  Vicaire  de  J.  C.  lui  recommanda  de  le 
recevoir  avec  une  humble  soumission,  et  de  prendre  un  tel 
soin  de  vos  âmes  que  le  Diocèse  de  Saint-Hyacinthe  ait  à 
se  réjouir  de  voir  à  sa  tête  un  Prélat  si  habile  et  un  Admi- 
nistrateur si  heureux  dans  son  gouvernement  ;  en  lui  pro- 
mettant la  vie  éternelle  pour  récompense  de  sa  fidélité,  il 
lui  donna  avec  effusion  de  cœur  la  Bénédiction  Apostolique 
qui,  comme  vous  n'en  doutez  pas,  est  toujours  pleine  de 
grâces. 

Ainsi,  N.  T.  C.  P.,  l'Evêque  qui  vous  arrive,  vous  est 
envoyé  par  le  Yicaii-e  de  J.  C,  avec  tous  les  pouvoirs  qui 


,  CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  251 

lui  sont  nécessaires  pour  le  salut  de  vos  âmes.  C'est  à  ses 
pieds  qu'il  s'est  courbé  pour  recevoir  le  Joug  du  Seigneur  ; 
c'est  de  sa  main  qu'il  tient  les  Lettres  sacrées,  qui  voui> 
assurent  que  sa  mission  est  divine.  Cette  main  vénérable 
s'est  souvent  levée  sur  la  tète  de  ce  digne  Pasteur  ;  aussi 
son  cœur  est-il  plein  de  grâces  et  de  Ijénédictions.  Il  va 
bientôt  aller  les  répandre  parmi  vous,  et  sans  doute.  X.  T. 
C.  F.,  que  vous  allez  le  recevoir  comme  un  Ange  du  ciel, 
comme  un  autre  J.  C.  Qui  vos  recipit,  me  recipit.  C'est 
l'ordre  que  vous  en  donne  celui  qui  exerce  ici-bas  tous  ses 
pouvoirs.  Mandamus  in  uirtute  sancfœ  obedientùv....  ut  te  in. 
Episeopiim....  reciplant.  Il  veut,  ce  religieux  Pontife,  que 
tous  les  Fidèles  du  nouveau  Diocèse  soient  tonjoi;rs  prêts  à 
lui  obéir,  prœsto  sint  atqiie  obetliant  ;  qu'ils  suivent  respec- 
tueusement ses  salutaires  avis  et  se  soumettent  de  bon  cœur  à 
ses  commandements  :  salufaria  raonita  et  mandata  reverenttr 
suscipiant,  sans  quoi,  ils  s'exposeraient  aux  terribles  châti- 
ments que  s'attirent  inévitablement  les  rebelles  Cj^ui  mépri- 
sent J.  C.  en  méprisant  ses  miriistres  :  Qui  vos  spernit,  me 
spernit.  Ainsi,  loin  de  Xous  toute  pensée  «j^ui  ferait  croire  à 
quelqu'insurbordination  dans  cette  famille,  qui  va  passer 
sous  les  soins  d'un  si   bon  père. 

Xous  ne  vous  dirons  pas  adieu,  X.  T.  C.  F.,  sans  vou.s 
adresser  quelques  mots  sur  une  autre  obligation  que  vou.s 
avez  à  remplir  envers  votre  digne  Evèque,  savoir,  celle  de 
l'aider  dan?  les  établissements  qu'il  lui  faudra  faire,  pour  le 
bien  de  la  Religion,  et,  avant  tout,  dans  la  reconstruction  de 
l'Eglise  qui  doit  lui  servir  de  Cathédrale. 

Ici  Xous  vous  dirons,  dans  la  simplicité  de  notre  âme, 
que  Xous  nous  étions  comme  .senti  lambitiou  de  tout  prépa- 
rer d'avance  pour  que  ce  Vénérable  Confrère  trouvât,  en 
mettant  pied  à  terre  dans  .sa  ville  nai-ssante.  un  Siège  Epis- 
eopal  tout  dressé,  pour  s'}'-  asseoir,  après  le  long  voyage 
qu'il  lui  a  fallu  faire  pour  les  intérêts  généraux  de  cette  Pro- 
vince Ef.clésiastique  ;  une  beile  Eglise  toute  bâtie,  pour  y 
officier  ;  un  Palais  convenable  tout  fini,  pour  .•î'y  loger,  et  y 
exercer  une  hospitalité  toute  Episcopale.     Oportet  Episco' 


Toi  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

jrmn  esse  hospitalem.     Mais,  des  circonstance.s  imprévues  ne 
Xous  ont  pas  permis  d'accomplir  tous  nos  vœux. 

Toutefois  Nous  vous  dirons  encore  ici,  avec  la  même  sim- 
2)licité.  ce  que  Xous  avons  pu  exécuter  de  ce  projet,  aidé, 
comme  nous  l'avons  été.  par  le  Clergé  et  les  Fidèles  de  la 
Ville  Episcopale  de  St.  Hyacinthe.  Les  Evèques  de  la  Pro- 
vince ayant  jugé  à  propos  de  demander  l'érection  du  Siège 
en  question,  dans  leur  premier  Concile,  et  ayant  l'intime 
conviction  que  X.  8.  P.  le  Pape  l'aurait  pour  agréable,  Xous 
avons  de  suite  fait  appel  au.  Clergé  et  aux  Fidèles  de  la  Ville 
et  Paroisse  de  St.  Hyacinthe,  pour  l'établissement  d'un 
Evéché  parmi  eux.  Ils  ont  répondu  à  cet  appel,  avec  un 
zèle  digne  de  tout  éloge,  et  qui,  Nous  vous  l'avouons,  a  sur- 
passé notre  attente.  Pour  entrer  dans  nos  vues,  ils  ont 
consenti  à  céder  l'Eglise  et  le  Presbj^tère,  avec  toutes  les 
dépendances  et  propriétés  de  la  Cure,  pour  être  la  dotation 
du  nouvel  Evèclié.  Ce  n'est  j^as  tout.  Ils  se  sont  engagés 
à  paj-er,  pour  Fagi-andissement  de  ce  Bénétice.  six  mille  louis 
de  notre  monnaie.  Les  procédures,  pour  rendre  cet  arran- 
gement légal,  ont  été  commencées,  et  sei'ont,  Xous  l'espé- 
rons, bientôt  terminées. 

Voilà  sans  doute.  X.  T.  C.  F.,  un  acte  de  sublime  généro- 
sité, qui  fait  assurément  grand  honneur  aux  Catholiques 
qui  vont  entoui-er  le  nouveau  Siège  Episcopal  ;  et  qui  aura, 
Xous  le  croyons,  autant  d'imitateurs  que  de  Diocésains.  Car 
vous  comprenez  tous  que  cette  somme,  quelqu'élevée  qu'elle 
vous  pai-aisse,  est  bien  loin  de  sixffire  à  un  pareil  établisse- 
ment. Il  devient  donc  nécessaire  d'inviter  à  y  contribuer 
tous  ceux  qui  devront  participer  à  ses  avantages  spirituels 
et  temporels.  C'est  ce  que  Xous  faisons  aujourd'hui,  avec 
d'autant  plus  de  confiance  que  Xous  connaissons  la  grandeur 
de  votre  foi.  Or,  en  répondant  à  cet  appel,  vous  allez  en 
donner  une  nouvelle  preuve.  Car.  vous  le  savez,  on  connaît 
un  peuple  par  son  Temple,  une  Paroisse  par  son  Eglise,  un 
Diocèse  par  sa  Cathédrale.  Qu'est-ce  donc  que  la  fondation 
d'une  Cathédrale  ?  Vous  allez  le  comprendre  par  les  obser- 
vations qui  suivent  ; — 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  253 

C'est  une  Œuvre  fondamentale,  parce  qnil  est  que^tion  de 
l'établissement  d'un  Evêque.  Car  la  Eeligion  sans  PJvêques,  . 
ou  avec  des  Evèques  sans  ressoiu-ees  pour  faire  le  bien, 
qu'est-elle,  et  que  peut-elle  être?  C'est  sur  l'Episcopat  en 
etïet  que  viennent  s'asseoir  toutes  les  Institutions  nécessai- 
i-es  à  l'humanité.  C'est  autour  de  cette  colonne  que  se 
groupent  toutes  les  œuvres  de  bientaisance  publique  et  par- 
ticulière. C'est  le  tronc  qui  pousse  des  In-anches  vigoureuses, 
sur  lesquelles  toutes  les  grandeurs  du  Catholicisme  viennent 
se  reposer.  C'est  l'arbre  de  vie,  planté  au  milieu  du  paradis 
terrestre,  et  dont  les  fruits  délicieux  nourrissent  les  âmes 
attamées.  Il  faut  donc  qu'il  ait  de  puissants  mo^'ens,  pour 
tout  alimenter  :  une  sève  vigoureuse,  pour  tout  vivifier  ; 
une  force  irrésistible,  pour  tout  soutenir.  Mais  oùtrouvera- 
t-il  toutes  ces  ressources?  Dans  son  peuple,  qui  lui  rend  le 
double  honneur  de  l'Evangile,  pour  les  services  qu'il  en 
reçoit. 

C^est  une  Œuvre  Catholique  ;  et  en  effet  une  Eglise  Cathé. 
dvale,  bâtie  pour  tout  un  Diocèse,  est  une  image  vivante  de 
l'unité  de  notre  foi.  Les  pierres  de  cet  édifice  matériel  ne 
sont  que  l'emblème  des  pierres  précieuses  de  la  Céleste 
Jérusalem,  cette  cité  éternelle  que  le  Seigneur  prépare  à  ses 
bons  serviteurs.  Le  ciment  qui  unit  toutes  ces  pien-es,  est 
une  belle  figure  de  la  charité,  qui  rend  communs  tous  les 
biens  des  enfants  de  l'Eglise.  Quand  on  contemple  à  lîome 
la  magnifique  Basilique  de  St.  Pierre,  on  comprend  ce  que 
c'est  que  l'unité  Catholique.  Car,  ce  fut  avec  les  contribu- 
tions de  l'Univers  Chrétien  que  les  Souverains  Pontifes 
purent  élever  ce  monument,  qui  est  une  preuve  incontesta- 
ble que  la  Eeligion*fut  toujours  l'amie  des  beaux  arts,  puis- 
que cette  Eglise  qu'elle  a  bâtie  aidée  des  mains  de  tous  ses 
enfants,  est  la  plus  belle  merveille  du  monde. 

D'un  autre  côté,  toute  Eglise  Cathédrale  est  un  trône  de 
grâce  pour  tout  un  Diocèse,  parce  que  c'est  un  lieu  de  priè- 
res pour  les  1)esoins  de  tous.  C'est  là  que  tous  les  jours  se 
concentrent,  dans  le  cœur  du  Pasteur,  les  nécessités  du 
troupeau.     C'est  en  cet  asile  que  se  dirigent  les  vœux  de 


254  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

tout  un  peuple,  qui  soupire  sous  le  fléau  de  la  colère  divine. 
"C'est  là  que  l'on  entend  chaque  jour  d'humbles  supplica- 
tions, pour  le  succès  des  entreprises  qui  tendent  à  la  plus 
grande  gloii-e  de  Dieu  et  au  salut  des  âmes.  C'est  là  que  la 
Glorieuse  Mère  de  Dieu  est  religieusement  honorée,  comme 
la  bonne  et  tendre  Mère  de  tout  le  Diocèse.  Ses  yeux  et  son 
cœur  y  sont  continuellement  ouverts  sur  tous  les  besoins  de 
ses  chers  enfants.  C'est  là  que  résident  les  Anges  Tutélaires 
et  les  Saints  Protecteurs  do  tout  le  Diocèse.  C'est  là  que 
tous  les  amis  du  peujile  chrétien  implorent  la  divine  miséri- 
corde sur  les  Pasteurs  chargés  de  sanctifier  les  lieux  consa- 
crés à  leur  honneur.  L'Eglise  Cathédrale  est  donc  l'Eglise 
du  Diocèse,  comme  l'Eglise  Paroissiale  est  l'Eglise  de  la 
Paroisse.  Il  s'en  suit  donc  qu'il  n'est  pas  un  bon  Diocésain 
qui  puisse  rester  étranger  à  la  beauté  de  son  Eglise  Diocé- 
saine, comme  il  n'est  pas  un  bon  Paroissien  qui  ne  veuille 
contribuer  à  la  décoration  de  son  Eglise  Paroissiale.  D'ail- 
leurs, quelle  consolation  pour  vous,  lorsque  vos  afï'aii'es  vous 
conduiront  dans  la  Yille  Episcopale,  de  pouvoir  aller  en 
recommander  le  succès  dans  son  Eglise  que  vous  aurez  aidé 
à  construire  !  Quelles  bénédictions  jjour  vos  enfonts,  quand 
ils  iront  recueillir  les  grâces  que  vous  leur  aurez  préparées 
dans  cette  Maison  de  Dieu,  ])ar  vos  généreux  sacrifices! 

C^est  une  Œuvre  honorable.  Nous  sommes  entourés  de 
frères  séparés.  Ils  ont.  comme  il  vous  est  facile  de  vous  en 
convaincre,  un  grand  zèle  pour  bâtir  de  beaux  temples,  sur- 
tout dans  les  villes.  Yerriez-vous  sans  peine,  X.  T.  C.  F., 
Tos  Eglises  dans  un  état  à  humilier  le  Catholicisme  ?  Or, 
parmi  vos  Eglises,  que  vous  aimez  à  orner  et  décorer,  la 
Cathédrale  ne  doit-elle  pas  être  la  plu^  majestueu.se  ?  Car 
enfin,  c'est  l'Eglise-Mère  de  toutes  les  EglLses  du  Diocèse. 
Tout  doit  indiquer  à  l'œil,  comme  au  cœui',  son  excellence 
et  sa  suprématie.  Mais  jjour  cela  votre  Evêque  a  besoin  de 
vous  ;  sans  doute  que  vous  ne  lui  ferez  pas  défaut. 

C'est  une  Œucre  nécessaire.  Le  Catholicisme  a  et  doit 
avoir  ses  démonstrations  religieuses,  pour  imprimer  le  res- 
pect qui  lui  est  dû.     Il  lui  faut  déployer  ses  jîompeuses 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  255 

oérémonies,  i)Oiii-  ranimer  la  piété.  Il  doit  célébrer  ses  fêtes 
augustes,  pour  retremper  les  âmes  dans  la  foi  de  ses  mystè- 
res, et  dans  lamoiir  de  ses  pratiques.  Il  est  clair  que  c'est 
l'Eglise  Cathédrale  qui  doit  être  le  théâtre  de  ses  magnifi- 
ques scènes  religieuses.  Par  conséquent,  elle  doit  être  assez 
vaste  pour  contenir  les  foules  saintement  avides  de  ces 
touchants  spectacles.  Elle  doit  aussi  être  assez  ornée,  pour 
frapper  les  sens  et  les  oiivrir  aux  délicieuses  jouissances  de 
la  Eeligion.  Qui  ne  voit  ici  la  nécessité  d'un  grand  et 
magnifique  local,  pour  la  Eeligion  d'un  peuple  qui,  dans 
ces  grandes  solennités,  se  presse  aux  pieds  de  son  Evêque, 
2)0ur  lui  demander  la  bénédiction  du  ciel  !  C'est  donc  pour 
vous,  et  pour  satisfaire  à  vos  besoins  religieux,  qu'aujour- 
d'hui Nous  vous  tendons  la  main. 

C'est  une  Œuvre  facik.  Pour  opérer  cette  (cuvre  fonda- 
mentale. Catholique^  honorable,  nécessaire,  telle  qu'est  celle 
que  Nous  recomnuindons  à  votre  piété,  serait-ce  trop  que  de 
demander  de  chaque  famille  du  nouveau  Diocèse,  l'une  por- 
tant l'autre,  une  piastre  par  année,  pendant  quatre  ans.  Ou 
bien,  supposant  que  chaque  famille  com2)te  six  membres, 
serait-ce  trop  que  de  demander  vingt  sous  par  tète,  afin  que 
tous  aient  la  douce  consolation  de  contribuer  à  cotte  gi*ande 
œuvre  !  Quel  est  celui  qui  ne  puisse  fournir  chaque  année, 
une  économie  de  vingt  sous,  pour  avoir  le  bonheur  de  s'as- 
.socier  à  des  milliers  de  cœurs  nobles  et  généreux.  Conve- 
nez donc  qu'une  piastre  par  année,  pendant  quatre  ans, 
pour  faire  une  offrande  d'un  louis  par  famille,  est  nne  œuvre 
facile.  Oh  !  N.  T.  C.  F.,  vous  avez  donc  toutes  sortes  de 
raisons  de  contribuer  à  cette  belle  et  grande  œuvre,  qui  vous 
est  proposée,  celle  d'aider  votre  Evèque  à  s'établir  parmi 
vous,  pour  être  capable  ensuite  de  vous  comliler  des  grâces 
à  son  saint  ministère. 

Et  que  dira  dans  tous  les  siècles  cette  Eglise  que  vous  allez 
élever  à  la  gloire  de  Dieu  et  à  l'honneur  de  sa  sainte  Eeli- 
gion  ?  Elle  dira  que,  dans  votre  nouveau  Diocèse,  on  sut 
faire  de  grandes  choses  avec  de  petits  moyens,  parce  que 
l'on  ne  faisait  qu'un  cœur  et  qu'une  âme.     Elle  redira  à  la 


256  MAXDK.MENTS,  LETTRES  PxVStORALES, 

postérité  la  plus  i-eculéc  (|ue,  par  amour  pour  la  iîeliiîion,  et 
zôle  pour  la  Patrie,  on  a  élevé  ce  beau  monument.  Elle 
prouvera  aux  nombreux  voyageurs,  cpii  visitent  chaque 
jour  la  jeune  et  florissante  Cité  de  Saint-Hyacinthe,  que  le 
peuple  Canadien  n'est  pas  en  arrière  des  siècles  de  foi  où  les 
masses  élevaient,  avec  enthousiasme,  ces  magnitiques  Egli- 
ses gothiques  que  l'impiété  du  dernier  siècle  a  respectées. 
Et  aujourd'hui,  il  faut  les  richesses  des  gouvernements,  pour 
restaurer  ce  que  la  foi  du  peuple  avait  autrefois  bâti.  Déjà 
la  Eeligion  vous  a  doté  d'un  magnitique  Séminaire,  d'un 
beau  Couvent,  d'un  intéressant  Hôpital  ;  dotez-là,  à  votre 
tour,  d'une  magnifique  Cathédrale,  d'un  beau  Palais,  de 
quelque  int^'res^•ante  Institution  d'éducation  primaire  pour 
vos  garçons. 

11  vous  doit  paraître  surprenant  que  dans  un  temps 
comme  celui-ci,  où  l'on  ne  cesse  de  crier  contre  le  Cleri::é, 
Nous  vous  faisions  un  semblable  appel.  Ah  !  c'est  que 
Nous  sommes  intimement  convaincu  qiie  vous  fermez  les 
oreilles  à  de  si  injustes  criailleries.  Car,  nous  savons  qu'un 
peiTple  de  foi  n'oubliera  jamais  ce  qu'il  doit  à  l'Eglise,  sa 
mère,  et  au  Clergé,  son  père.  Et  n'est-il  pas  visible  qu'il 
n'y  a  que  ceux  qui  n'aiment  pas  Dieu  qui  ti-ouvent  ses  tem- 
ples trop  beaux  ! 

Enfin,  pour  terminer,  Xous  devons  vous  taire  remarquer 
qu'il  y  a  plus  de  douze  ans  que  Nous  sommes  votre  Pas- 
teur. Si,  pour  les  services  que  Nous  avons  pu  vous  rendre 
pendant  ce  temps.  Nous  avons,  à  votre  estime,  gagné  quel- 
que chose,  Nous  vous  prions  de  le  payer  au  digne  Evèque 
qui  Nous  remplace,  et  qui  très-certainement  vous  en  i-endra 
de  bien  plus  grands,  promettant  de  i'egai'<ler  comme  tait  à 
Nous-même  ce  que  vous  voiulrez  bien  faii-e  pour  lui. 

Nous  nous  l'eposons  sur  vous  tous,  N.  T.  C.  F.,  du  soin  do 
reconnaître  les  importants  services  que  Nous  a  rendu  votre 
Evèque,  pendant  qu'il  étai^  avec  Nous.  Oh  !  tout  ce  temps 
il  s'est  contenté  de  la  vie  et  de  l'habit.  Habenîes  alimentum 
et  quibus  feganiur  h'S  contetiti  sianus,  a-t-il  pu  dire,  avec  St. 
Paul.  Nous  lui  devions  beaucoup  plus  ;   et  c'était  notre  des- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  ibj 

sein  de  le  prier  d'accepter,  en  reconnaissance,  la  plus  large 
offrande  que  Nous  aurions  pu  lui  faire,  quoique  toujoui-s 
bien  au-dessous  de  ses  mérites.  Mais  vous  savez  quels  désas- 
tres sont  venus  tondre  sur  nous  ;  et  par  quel  malheur  nous 
avons  été  réduit,  n'ayant  plus  où  reposer  la  tète,  à  nous  re- 
tirer dans  ime  maison  de  charité.  Si  donc  aujoui-d'hui.  Nous 
regrettons  en  quelque  sorte  d'être  si  pauvre,  c'est  parce  que 
Xons  ne  pouvons  accomplir  des  vœux  si  justes.  Mais  vous 
ferez  au  centuple  pour  ce  bon  Evèque,  ce  que  Nous  ne  pou- 
vons faix'e  Nous-mème.  De  plus,  en  priant  chaque  jour  poui' 
votre  Pasteur,  priez  aussi  pour  Nous  qui  l'avons  été,  afin 
que  le  Souverain  Pasteur  nous  pardonne  nos  nombreuses 
négligences,  dans  le  soin  que  Nous  avons  pris  de  vos  âmes. 

Nous  allons  maintenant  Nous  séparer  ;  mais  non,  N.  T. 
C.  F.,  nous  allons  rester  plus  unis  qne  jamais.  A  la  vérité, 
des  bornes  ont  été  mises  entre  les  champs  du  Père  de  famille 
que  nous  allons  cultiver,  mais  il  n'y  en  a  pas  entre  nos 
cœurs.  Oh  !  oui  :  peuples,  prêtres,  évêques,  nous  allons  tous 
demeurer  frères  ;  et  cette  véritable  fraternité  va  nous  rendre 
tous  invincibles  dans  le  combat  contre  les  vices.  Mxc  est 
vera  fraternitas,  quœ  vicit  mundi  crimina.  Adieu  donc,  peuple 
religieux,  communautés  ferventes,  prêtres  zélés,  soyez  tou- 
jours, par  la  vivacité  de  votre  foi,  et  la  sainteté  de  vos 
œuvres,  la  consolation  de  votre  nouveau  Pasteur,  comme 
toujours  vous  fûtes  notre  joie,  et  comme,  il  faut  l'espérer  de 
la  divine  bonté,  vous  serez  notre  couronne,  au  grand  jour 
des  récompenses.  Hâtons-nous  d'y  arriver  ;  car  alors  nous 
serons  inséparablement  unis.  Beau  Ciel  !  Puissions-nous 
voir  bientôt  tes  splendeurs  !  Terre  de  larmes  !  Qu'ils  sont 
longs  les  jours  d'exil  qu'il  nous  faut  parcourir  en  faisant  le 
triste  voyage  de  la  vie.  Le  CIEL!  Bien-ai  mes  frères  ;  tei 
est,  en  nous  séparant,  notre  dernier  rendez-vous.  Ainsi, 
mit-il. 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  l'Eglise 
Cathédrale,  et  de  toutes  les  Eglises  Pai-oissiales  du  nouveau. 
Diocèse  de  Saint-Hyacinthe,  ainsi  qu'au  Chapitre  des  Com- 
munautés Eeligieuses,  le  premier  Dimanche  après  sa  récep- 

17 


258  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

tion  ;  et  tel  est  le  dernier  acte  de  jurisdiction  que  ]!5^ous 
exerçons  dans  cette  partie  de  notre  Diocèse,  qni  va  former 
celui  de  Saint-Hjacintlie. 

Donné  à  Montréal,  en  l'Hospice  de  Saint-Joseph,  le  jour 
du  Glorieux  Saint  Michel,  vingt-neuf  Septembi*e.  mil-huit- 
cent-cinquante-deux,  sous  notre  Seing  et  Sceau,  et  le  Contre- 
seing de  notre  Secrétaire. 

f  Kt.  eveque  de  monteeal. 

Par  Monseigneur. 

J.  O.  Paré, 
Chanoine  Secrétaire. 


LETTPtE  PASTOEALE  DE  MONSEIGNEUR 
L'EVEQUE  DE  MONTRÉAL 

Sur  le  grand  incendie  du  8  Juillet. 


IGNACE  BOURGET.  PAR  LA  MISÉRICORDE  I^  DIEU  ET  LA  GRACE 
DU  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE.  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL, 
ETC.,    ETC.,    ETC. 

Ah  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Religieuses 
et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur  Jésus  Christ. 

Nous  venons  aujourd'hui,  N.  T.  C.  F.,  faire  appel  à  votre 
charité,  en  faveur  des  malheureux  Incendiés  de  Montréal. 
Nous  réussi ons  fait  plustôt,  comme  tout  Nous  en  devait 
faire  un  devoir  ;  niais  Nous  avons  été  retenu  par  la  pensée 
qu'avant  la  moisson  vous  étiez  pour  la  jDlupart  tellement  à 
la  gêne  que  vos  bourses  n'auraient  pas  pu  se  prêter  à  l'élan 
de  vos  cœurs.  D'ailleurs,  Nous  avons  dû  prévoir  que  la 
plus  grande  misère  se  ferait  sentir  pendant  l'hiver  qui  nous 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  259 

arrive.  Car,  grâce  à  la  charité  publique,  et  aux  contribu- 
tions de  plusieurs  Paroisses  de  notre  Diocèse  et  des  Diocèses 
voisins,  l'été  s'est  pas^'é  sans  trop  de  souffrances.  Il  faut 
aussi  vous  avouer  que,  depuis  ce  déj^lorable  événement, 
Xous  avons  été  tellement  surchargé  d'affaires  incessantes, 
que  Xous  n'aurions  pu,  quand  même  Xous  l'auiions  voulu, 
trouver  un  instant  pour  vous  faire  part  de  notre  juste  dou- 
leur, et  vous  entretenir  des  maux  que  soufflent  vos  frères 
de  notreVille  éijiscopale. 

Enfin,  après  trois  mois  d'une  agitation  indicible.  Nous 
commençons  à  respirer  ;  mais  hélas  !  ce  n'est  que  pour  sentir 
plus  vivement  notre  cruelle  position  Toutefois,  oubliant 
encore  nos  pi-opi-es  malheui's,  Nous  allons  vous  dire  ceux 
de  nos  chers  enfants.  En  face  de  tant  de  décombres,  Xous 
nous  rei^ortons,  malgré  iSous,  au  jour  du  huit  et  à  la  nuit 
du  neuf  Juillet.  Jour  lugubre,  qu'un  épais  nuage  de  fumée 
a  changé  en  la  plus  sombre  des  nuits!  Triste  nuit,  que  la 
vive  lueur  d'un  feu  immense  a  rendue  lumineuse  comme  le 
plus  clair  des  jours  1  Vous  ne  serez  donc  pas  surpris,  si  Nous 
parlons  de  ce  grand  incendie,  comme  s'il  était  encore  fumant. 
Ah  !  c'est  qu'il  l'est  encore  véritablement,  comme  il  appert 
à  ceux  qui  font  les  fouilles.  Mais  c'est  surtout  dans  notre 
cœur  qu'il  est  et  sera  toujours  fumant!  Vous  Nous  pardon- 
nerez, si  Nous  vous  répétons  ici  ce  que  déjà  vous  avez  vu  et 
entendu.  C'est  que  pour  Nous  le  triste  événement  qui  s'est 
déi'oulé  sur  notre  ville,  si  justement  chère  à  notre  cœur, 
pour  y  laisser  tomber  la  plus  terrible  des  calamités,  est 
toujours  nouveau.  Les  lamentations  de  l'inconsolable  Jéré- 
mie  vont  se  mêler  tout  natui-ellement  à  notre  récit.  Il  y  a 
tant  de  ressemblance  entre  Jérusalem  dévastée  et  Montréal 
incendié  !  Oh  !  puisse  l'onction  de  sa  douleur  couler  dans 
tous  les  cœurs  ! 

Racontons  d'abord  le  fait,  tel  qu'il  s'est  passé,  mais  en 
suivant  avec  attention,  de  l'œil  de  la  foi,  la  main  providen- 
tielle qui  l'a  conduit.  Le  huit  Juillet,  vers  neuf  heures  du 
matin,  s'allumait  au  Faubourg  8t.  Laurent,  un  feu  qui,  en 
commençant,   n'était  rien,  et  que   quelques   sceaux   d'eau 


260  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

eussent  aisément  éteint.  Mais,  ô  Justine  Divine  !  il  n'y  eu 
avait  pas  !  Le  réservoii'  qui  était  au  foyer  de  l'incendie,  se 
trouvait  à  sec.  Autre  circonstance  malheureuse,  mais  éga- 
lement ménagée  par  la  Providence  !  Le  premier  Magistrat, 
dont  l'autorité  Municipale  et  l'activité  bien  connue  eussent 
été  d'un  secours  si  puissant,  dans  ce  gi'and  embrasement, 
était  alors  absent.  Ajoutez  à  cela  qu'un  soleil  ardent  avait, 
depuis  un  mois,  desséché  toutes  les  matières  inflammables 
qui  s'offraient  à  l'action  irrésistible  du  feu,  qu'un  vent  violent 
rendait  encore  plus  redoutable. 

Tout  était  donc  préparé  pour  qu'aucune  force  humaine 
]ie  pîit  maîtriser  l'élément  destructeur  qu'une  main  invisible- 
conduisait  évidemment.  Confugit  in  irâfuroris  sui  omne  cornu 
Israël  Aussi  se  déborda-t-il  par  torrents  ;  et  allant  avec 
impétuosité  de  rue  en  rue,  dévora-t-il,  avec  fureur,  les  édifices 
([ui  lui  étaient  désignés  par  une  Puissance  Supérieure. 
Suceendit  in  Jacob  quasi  ignem  flammœ  devorantis  in  gyro.  Les 
quelques  bâtisses  qui  apjDaraissaient,  le  lendemain  de  l'in- 
cendie, çà  et  là,  à  travers  nos  tristes  dénombres,  montraient 
clairement  que  Dieu  était  là,  pour  prescrire  à  cette  mer  de 
feu,  les  bornes  qu'il  lui  plaisait.  IHœ  usquè  venies.  Quoiqu'il 
en  soit,  en  peu  d'heures,  la  moitié  du  grand  et  populeux 
Faubourg  St.  Laurent  succombait  sous  les  flammes,  et  n'était 
plus  qu'un  monceau  de  cendres  brûlantes,  et  un  amas  de 
ruines  embrasées. 

Le  soleil,  en  se  couchant,  se  plongeait  ce  jour-là  dans  un 
océan  de  tristesse.  Hélas!  il  laissait  sous  notre  horizon, 
des  milliers  de  familles  sans  habits,  sans  pain,  sans  abri. 
Aussi,  n'entendait-on,  sur  tous  les  points  de  la  cité,  que  des 
soupirs  et  des  sanglots,  pendant  qu'un  nuage  de  fumée,  en 
se  joignant  aux  ombres  de  la  nuit,  enveloppait  la  ville 
entière  d'un  voile  sombre  et  lugiibre.  Plorans  ploravit  in 
nocte. 

Tous  les  citoyens  étaient  épuisés  de  ftxtigue,  après  le 
travail  d'une  si  pénible  journée,  et  soupiraient  après  le  repos 
de  la  nuit  qui  devait,  dans  un  même  sommeil,  ensevelir  les 
lassitudes  de  l'esprit  comme  celles  du  coi'ps.    Mais,  ô  DieuT 


i 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  iGl 

votre  justice  n'était  pas  encore  .satisfaite  ;  et  cette  nnit 
devait  être  encore  plus  affreuse  que  le  jour  auquel  elle 
succédait.  Car  voilà  que  vers  les  neuf  heures  du  soir,  le 
son  alarmant  des  cloches,  et  des  cris  confus  annoncent  un 
nouveau  feu.  Peut-être  était-ce  celui  du  jour,  qui  caché  ou 
mal  éteint  quelque  part,  se  rallumait  avec  plus  de  fureur. 
Quoiqu'il  en  soit,  il  était  là  aussi  le  souffle  de  la  colère  de 
Dieu.  Effudii  quasi  ignem  indignationem.  Il  fut  si  grand 
que  la  lueur  en  fut  aperçue  aux  extrémités  les  plus  éloignées 
de  notre  diocèse.  Il  fit  tant  de  ravages  qu'il  faut  les  voir, 
pour  s'en  former  une  idée.  Le  faubourg  Québec  en  fut  cette 
fois  le  théâtre. 

Vous  pourrez  juger,  N.  T.  C.  F.,  des  désastres  de  notre 
ville,  par  le  court  aperçu  qui  suit.  Plus  de  1100  maisons 
furent  consumées  ;  plus  de  9,000  personnes  se  trouvèrent 
sans  abri.  Le  montant  des  pertes  s'évalue  à  £500,000. 
Ajoutez  à  cette  perte  celles  de  l'incendie  du  six  Juin  précé- 
dent, estimées  à  £200,000,  et  vous  aurez  quelque  idée  des 
malheurs  de  Montréal.  O  ville  infortunée  !  tu  peux  bien 
dire,  avec  Jérusalem,  que  tu  ressembles  à  un  champ  mois- 
sonné !  Quoniam  vindemiavit  me. 

Ajouterons-Nous  à  ce  récit  le  tableau  de  quelques-tines 
des  scènes  déchirantes  qui  s'offrirent  pendant  ce  grand 
embrasement  ?  Des  mourants  étaient  arrachés,  avec  préci- 
pitation, aux  flammes  qui  allaient  les  dévorer,  et  portés  à 
quelques  arpents  pour  y  mourir,  sous  de  pauvres  abris  de 
planches  !  Des  femmes  tremblantes  étaient  tout-à-coup 
saisies  des  douleurs  de  l'enfantement,  et  mettaient  au  monde 
leurs  enfants,  en  plein  air,  et  dans  des  champs  entourés  de 
feu!  L"n  grand  nombre  de  citoyens  accouraient  pour  défen- 
dre leurs  maisons,  et  ils  ne  trouvaient  à  la  place  que  des 
ruines  ;  d'honnêtes  propriétaires  voyaient  de  leurs  yeux 
brûler  plusieurs  jolies  maisons,  fruit  de  leur  indu.strie  et  de 
leur  travail!  Hélas!  les  flammes,  en  quelques  heures^ 
dévoraient  les  épargnes  de  toute  leur  vie  !  Vieux  et  infirmes 
pour  la  plupart,  ils  ne  peuvent  plus  se  remettre  à  l'ouvrage. 
Que  vont-ils  donc  devenir?  Mais  pourquoi  pousser  si  loin 


262  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

des  détails  si  affligeants  ?  Notre  plume  ne  saurait  les  décrire, 
et  notre  cœur  serré  de  douleur  ne  se  décharge  que  par  de 
continuels  gémissements.  Miilti  enim  gemitus  mei;  et  cor 
meum  niœ?'ens. 

Au  milieu  de  tant  de  désastres,  il  était  pourtant,  N.  T.  C. 
F.,  une  chose  qui  soutenait  puissamment  le  courage.  C'était 
la  Foi  ;  mais  une  Foi  vive,  plus  grande  encore  que  le  mal- 
heur qu'elle  soulageait.  Car  ])endant  que  de  toutes  parts, 
dans  les  quartiers  incendiés,  les  édifices  s'écro  liaient  avec 
fracas,  ces  paroles  pleines  d'une  soumission  aussi  humble 
que  sublime  s'élevaient  vers  le  ciel  :  Nous  l'avons  bien 
mérité..  .  Dieu  nous  l'avait  donné,  Dieu  nous  Va  été,  que  son 
saint  nom  soit  béni!  Oh!  il  faut  l'espérer,  ils  auront  été 
entendus  du  Père  des  Miséricoi'des  ces  sanglots  de  la  péni- 
tence, ces  actes  d'une  si  parfiiite  résignation.  Ils  auront, 
sans  doute,  réparé  certains  désordres,  hélas  !  trop  grands, 
occasionnés  par  l'ivrognerie,  cette  passion  si  justement 
maudite  de  Dieu  et  des  hommes.  Car,  il  faut  bien  l'avouer 
à  notre  honte,  il  y  a  eu,  pendant  l'incendie,  d'affreux  excès. 
Mais  ils  ont  été  le  fait  d'un  petit  nombre,  et  commis  par  des 
hommes  sans  cœur,  et  abrutis  par  la  boisson.  Oh!  ivro- 
gnerie, quand  donc  disparaîtras-tu  des  villes  et  des  campa- 
gnes, avec  tous  les  crimes  hideux  que  tu  trames  à  ta  suite  ! 
Tes  honteux  excès,  pendant  le  pins  déplorable  des  incen- 
dies, suffiraient  pour  te  rendre  à  jamais  exécrable.  Tu  ne 
fis  jamais  que  des  monstres  ;  on  ne  l'a  que  trop  vu  dans 
cette  triste  occasion.  Montréal  !  ô  cité  malheureuse,  tu 
renfermais  donc  tout  à  la  fois  dans  ton  sein,  au  jour  de  ta 
désolation,  des  hommes  de  foi,  qui  offi"aient  au  ciel  irrité 
l'encens  du  plus  pur  sacrifice,  pour  l'appaiser,  et  des  mons- 
tres d'iniquité,  qui  s'immolaient  eux-mêmes  à  la  plus  brutale 
des  passions,  pour  multiplier  les  fléaux  de  la  justice  divine 
sur  toi  !  Après  un  tel  exemple,  N.  T.  C.  F.,  craignez  un  vice 
qui  rend  semblables  à  des  bétes  féroces,  des  hommes  créés 
à  l'image  et  ressemblance  de  Dieu. 

La  Foi  de  Montréal  était  trop  vive  pour  ne  pas  mériter 
d'être  éprouvée.  Elle  le  fat,  et  d'une  manière  bien  sensible. 


\ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  iGS' 

Multa  est  fides  tua.  L'Eglise  Cathédrale,  eu  face  tle  tant 
d'édifices  embrasés,  se  trouva  bientôt  dans  le  plus  imminent 
danger.  Alors  tous  oublièrent  leur  propre  malheur,  pour 
ne  songer  qu'à  la  conservation  d'un  temple  si  cher  à  leur 
cœur.  Elle  était  si  dévote,  cette  modeste  Eglise!  et  tant 
de  cœurs  j  ti'ouvaient  tous  les  jours  leur  bonheur,  en  s'y 
épanchant  dans  la  prière  !  Tous  les  yeux  étaient  fixés  sur 
elle,  et  il  n'y  avait  qu'an  vœu,  c'était  qu'elle  échappât  aux 
flammes  !  Mais  le  ciel  en  avait  décidé  autrement,  et  elle 
devait  subir  le  sort  du  quartier  dont  elle  était  la  mère  :  car 
c'était  elle  qui  lui  avait  donné  naissance.  En  peu  d'heures, 
il  n'en  reste  plus  que  les  tristes  décombres,  dont  la  vue 
seule  fait  saigner  le  cœur.  On  n'entend  que  soupirs,  pen- 
dant que  le  feu  la  dévore,  et  le  courage  manque  à  tous, 
lorsque  la  cloche  fait  entendre,  en  tombant,  son  dernier 
son,  qui  est  pour  tous  le  cri  d'une  profonde  ti'istesse.  Car 
depuis  qu'elle  ne  sonne  plus,  les  rues  de  Sion  pleurent;  et 
pourquoi  ?  parce  que  l'on  ne  vient  plus  aux  pieuses  solen- 
nités du  Temple  dont  elle  était  la  voix,  faible  à  la  vérité, 
mais  singulièrement  touchante  ;  parceque  l'on  n'y  entend 
plus  le  chant  de  miséricorde  :  Epargnez,  Seigneur,  votre 
peuple  ;  parceque  le  Très-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie 
Wj  a  plus  de  Trône;  parcfque  le  Bienheureux  Jacques, 
l'Ami  intime  du  Sauveur  n'y  est  plus  invoqué;  parce  qu'en- 
fin le  Corps  du  zélé  Pontife  qui  l'avait  fondée,  n'y  repose 
plus.  Qu'il  fut  lugubrement  solennel  le  spectacle  de  la 
translation  des  restes  de  cet  Immortel  Fondateur  !  Quelle 
foule  prodigieuse  que  celle  qui  se  pressait,  le  25  Juillet 
dernier,  autour  du  coi'ps  de  1  illustre  Jean-Jacques  Lartigue, 
pendant  qu'allant  chercher  un  nouveau  repos  au  sein  du 
Eeligieux  Monastère  de  l'Kôtel-Dieu,  qui  avait  été  sou 
asile,  il  cheminait  gravement  à  travers  les  deux  quartiers 
incendiés,  qu'il  avait  si  souvent  bénis  et  si  heureusement 
renouvelés.  Viœ  Sion  lugent  eo  quod  non  sint  qui  veniunt  ad 
solemnitatem. 

Ari'êtons-nous  ici  un  peu,  X.  T.  C.  F.,  pour  faire  ensemble 
quelques  réflexions  sur  ce  triste  événement,  et  fortifier  notre 


"264  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

foi  qu'une  si  rude  épreuve  aurait  peut-être  ébranlée.  Mont- 
réal semblait  briller  de  féclat  des  œuvres  de  justice,  et  on 
l'appelait  pour  cela  la  Ville  des  Aumônes.  Comment  se  fait-il 
donc  que  Dieu,  dans  sa  colère,  l'ait  enveloppée  d'un  nuage 
de  fumée  ?  Quomodo  contexit  caligine  in  furore  suo  Dominus 
filias  Sion  ?  De  tout  temps  cette  ville  fut  comblée  de  béné- 
dictions spirituelles  et  temporelles,  recevant  en  même  temps 
la  rosée  du  Ciel  et  la  graisse  de  la  terre.  Elle  est,  par  sa 
position  magnifique,  son  riche  territoire,  son  commerce  flo- 
rissant, ses  immenses  ressources  sous  tous  rapports,  une  des 
Villes  de  notre  Amérique,  que  la  Providence  semble  avoir 
spécialement  privilégiées.  Voyez  cependant  comme  cette 
Providence,  toujours  juste,  toujours  adorable,  vient  de  hi 
traiter  !  Projedt  de  cœlo  in  terram  inclytam  Israël.  Elle  pos- 
sède beaiicoup  de  lieux  saints,  et  entre  autres  le  Sanctuaire 
Yénérable  do  N.  D.  de  Bonsecours,  qui  est  comme  l'esca- 
beau des  pieds  du  Très-Haut,  et  le  Trône  de  la  Miséricorde 
de  la  Glorieuse  Mère  de  Dieu.  Et  néanmoins,  avec  quelle 
sévérité  il  l'a  traitée,  au  jour  de  sa  vengeance  !  Et  non  est 
recordatus  scabelU  pedum  suorum  in  die  furoris  sui. 

Et  pourquoi,  N.  T.  C.  F.,  cette  conduite  si  rigoureuse 
d'un  Dieu  si  bon,  envers  une  ville  si  chère  à  son  cœur  ?  Elle 
va  vous  répondre  elle-même,  comme  répondait  autrefois 
Jérusalem  à  ceux  qui  s'étonnaient  de  sa  désolation.  Le 
Seigneur  est  juste  ;  et  il  ne  m'a  frappée  que  parce  que  je 
l'ai  provoqué  à  la  colère.  Justus  est  Dominus,  quia  os  ejus 
ad  iracundiam  provocnvi.  Or,  la  désolation  de  cette  nouvelle 
Jérusalem  est  au-dessus  de  toute  expression.  Les  vieillards 
n'ayant  jamais  vu  pareil  malheur  demem-ent  comme  stupé- 
faits. Coniicuerunt  senes.  Les  Prêtres,  à  la  vue  d'une  si 
grande  désolation,  ne  cessent  de  gémir.  Pour  eux,  le  typhus 
qui  les  immola  eux-mêmes  en  si  grand  nombre,  n'est  rien. 
Sacerdotes  gementes.  Les  Vierges  sont  dans  le  deuil,  elles 
qui  allaient  si  joyeusement  s'offrir  à  la  mort  dans  ces  temps 
d'épidémie  dont  le  souvenir  restera  sans  doute  à  jamais 
gravé  dans  notre  mémoire.  Virgines  squalidw.  Les  étrangers, 
saisis  d'étonnement,  en  présence  de  tant  de  ruines,  s'écrient 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  26) 

hors  d'eux-mêmes  :  Est-ce  donc  là  cette  ville  tant  vantée 
jjour  ^a  beauté  et  ses  plaisirs  ?  Hœccinè  est  urbs,  dicentes, 
■perfectl  decoris,  gaudium  universœ  terrœ. 

Et  Xous  l'Evèque  de  cette  ville  infortunée,  qui  avons  sans 
cesse  sous  les  yeux  ces  tristes  ruines,  pouiTions-î^ous  les 
voir,  sans  les  arroser  de  nos  larmes,  à  l'exemple  du  Bon- 
Pasteur.  Vukns  Civitatem,  jîecit  super  illam.  N'est-ce  pas 
notre  devoir  de  faire  entendre.  Jour  et  nuit,  aux  oreilles  du 
Père  des  Miséricordes,  la  voix  de  nos  gémissements,  en 
faveur  dune  ville  si  désolée?  Ah  !  Seigneur,  souvenez-vous 
des  maux  si  grands  que  vous  avez  laissé  tomber  sur  nous, 
dans  votre  juste  colère  !  Recordare,  Domine,  quid  accident 
nobts.  L'épais  nuage  de  lincendie  a  empêché  notre  prière 
d'arriver  jusqu'à  vous.  Hélas,  c'est  qu'elle  était  appesantie 
])ar  le  poids  de  nos  iniquités.  Opposuisti  nubem  sibi,  ne  tran- 
seat  oratio.  Changez  donc  nos  cœurs,  6  Dieu  de  bonté  ;  et 
attirez-les  à  vous,  pour  que  nous  nous  convertissions  tout 
de  bon.  Converte  nos,  Domine,  ad  te,  et  convertemur.  Après 
cela,  Seigneui-,  faites  luire  sur  noua  des  jours  de  bonheur  et 
de  prospérité,  comme  par  le  passé.  Ah  !  de  grâce,  relevez 
de  ses  ruines  la  ville  de  votre  Mère.  Innova  dies  nostras, sicut 
à  principio. 

Mais  Nous  avons,  X.  T.  C.  F.,  un  autre  devoir  à  remplir, 
cest  celui  d"implorer  votre  charité  en  faveur  de  nos  pauvi-es 
incendiés.  D'abord,  Xous  fesons  appel  aux  .sentiments  de 
vos  cœurs.  Pendant  que  le  Faubourg  Québec  était  en  feu, 
les  jeunes  Elèves  d'un  Couvent  étaient  en  pleurs,  en  face  de 
ce  terrible  iiicendie.  Ces  innocentes  enfants  passèrent  toute 
la  nuit  à  prier  et  à  sangloter.  0  vous  tous  qui  passez  à 
travers  ces  tristes  décombres,  ne  nous  refusez  pas  le  senti- 
ment de  la  vive  compassion  que  nous  témoignèrent  vos 
enfants  !  Le  malheur,  croyez-le,  a  besoin  d'être  plaint. 
Arrêtez-vous  un  peu  au  milieu  de  ces  milliers  de  cheminées, 
qui  ressemblent  assez  aux  arbres  secs  de  vos  forêts,  quand 
le  feu  les  a  dévastées,  et  vous  sentirez  s'enfoncer  dans  votre 
âme  le  poignard  d'une  grande  douleur.  0  vos  omnes  qui 
transit l.i  per  viam,  aitendite  et  videte  si  est  dolor  sicut  dolor 


266-  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

meus.  Et  vous,  à  qui  il  n'e.st  point  possible  de  venir  con- 
templer de  vos  yeux  ce  désolant  spectacle,  prêtez  une 
oreille  attentive  à  ce  que  Nous  vous  disons  ici  de  cette 
épouvantable  catastrophe.  Ah  !  essayez,  si  vous  le  pouvez, 
à  vous  en  faire,  par  l'imagination,  une  légère  idée.  Audite, 
ohsecro,  universi  populi,  et  videte  dolorem  meum. 

Mais,  N.  T.  C.  F.,  ce  sentiment  de  comj)as8ion  ne  saurait 
demeurer  stérile  chez  vous.  Oh  !  sans  doute  qu'il  va  rendre, 
s'il  est  possible,  votre  charité  aussi  grande  que  nos  maux. 
Vous  les  avez  vus  de  vos  yeux  peut-être;  vous  venez  du 
moins  d'en  entendre  de  vos  oreilles  le  fidèle  récit.  Mainte- 
nant, nous  vous"  en  conjurons,  ayez  pitié  de  nous,  vous  qui 
certainement  êtes  nos  amis  ;  car  vous  le  voyez  clairement, 
la  main  de  Dieu  nous  a  frappés.  Miseremini  niei,  miseremini 
mei,  siltem  vos  amici  mei,  quia  marius  Domini  tetigit  me. 

Au  motif  de  tant  de  malheurs  qui  nous  écrasent,  devons- 
nous  en  ajouter  d'autres  ?  Eh  bien,  N.  T.  C.  F.,  Nous  allons 
le  faire  dans  toute  la  sincérité  de  notre  âme.  Dans  toutes 
les  calamités  publiques,  Montréal  a  fait  couler,  dans  les 
villes  et  les  campagnes,  des  fleuves  de  charité  !  Aujoui-d'hui 
que  cette  ville  est  sous  le  poids  d'une  calamité  telle  que 
l'histoire  de  notre  pays  ne  nous  en  fournit  pas  d'exemple, 
elle  mérite  bien  quelque  sympathie.  Aussi  la  lui  a-t-on 
témoignée  de  toutes  parts,  autant  que  le  malheur  des  temps 
a  pu  le  permettre. 

Vous  la  lui  devez,  cette  vive  sympathie,  vous  surtout, 
N.  T.  C.  F.,  qui  habitez  son  territoire,  qui  fréquentez  ses 
marchés,  qui  vous  enrichissez  de  son  commerce,  qui  comp- 
tez, parmi  ses  habitants,  vos  parents  et  vos  amis.  En  un 
mot  c'est  votre  ville  ;  votre  intérêt  est  donc  qu'elle  se  rebâ- 
tisse. C'est  une  ville  catholique,  par  la  grande  majorité  de 
ses  habitants;  votre  religion  vous  doit  donc  inspirer  de 
l'aider  à  se  maintenir  dans  sa  position,  qui  d'ailleurs  protège 
vos  campagnes.  C'est  une  ville  ruinée  ;  votre  charité  doit 
donc  lui  venir  en  aide.  C'est  une  ville-mère  ;  le  chef-lieu 
de  voti-e  district  ;  votre  patriotisme  vous  doit  donc  engager 
à  vous  mettre  à  coiiti'ibution  pour  soulager  cette  mère  toni- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUiMENTS  '26? 

bée  dans  une  si  grande  misère,  poui-  réjiarer  ce  chef-lieu,  si 
déchu  de  sa  splendeur. 

Que  de  motifs  se  pressent  ici,  sous  notre  plume,  tous  plus 
puissants  les  uns  que  les  autres,  pour  vous  animer  à  faire, 
dans  ce  grand  malheur,  une  grande  œuvre  de  charité  !  Il 
y  a  beaucoup  de  pauvres  à  soulager.  La  plupart  de  ces 
pauvres  étaient  à  leur  aise.  C'est  un  accident,  ménagé  par 
la  Providence,  qui  les  a  réduits  à  cet  état.  Un  bon  nombre 
ne  peuvent  plus  travailler,  pour  se  rebâtir.  Ils  s'étaient 
épuisés  à  se  gagner  de  petites  fortunes.  Hélas  !  le  feu  les 
a  consumées  comme  de  la  paille.  Plusieurs  n'avaient  point 
fait  assurer  leurs  propriétés.  D'autres  ne  recevront  qu'une 
partie  de  leur  assurance.  Que  vont-ils  doue  devenir  ?  Le 
cœur  est  navré  de  douleur  à  la  seule  pensée  de  leur  malheur. 
Vous  viendrez  à  leur  secours,  vous  qui  êtes  naturellement 
si  compatissants,  et  qui  pouvez  si  facilement  les  aider  à  se 
relever  de  leurs  ruines. 

Vous  comprenez,  N.  T.  G.  F.,  que  Xous  plaidons  ici  prin- 
cipalement la  cause  des  petits  projjriétaires  ;  car  ce  sont  eux 
qui  ont  le  plus  souffert  de  l'incendie,  et  qui  sont  par  consé- 
quent les  plus  à  plaindre.  Ils  sont  dans  la  misère,  et  hors 
d'état  de  gagner  leur  pain,  et  ils  auraient  honte  de  le 
demander.  Eh  !  bien,  Xous  le  demandons  pour  eux  !  Cette 
Lettre  est  comme  leur  billet  de  recommandation.  Vous  ne 
î^ous  avez  pas  fait  défaut,  quand  Nous  avons  sollicité  votre 
charité  pour  les  infortunés  enfants  de  l'Irlande,  qui  venaient 
mourir  sm- notre  rivage  ;  ou  se  trouvaient  ici  sans  pères, 
sans  mères,  sans  aucims  parents  ;  pour  les  incejidiés  de 
Québec,  qui  étaient  à  peu  de  chose  jîrès,  réduits  à  la  même 
misère  que  ceux  de  Montréal.  Vous  fûtes  vivement  touchés 
du  malheur  des  Villages  de  Boucherville  et Laprairie,  quand 
ils  furent  en  grande  jDartie  détruits  par  le  feu.  Vous  ne 
serez  pas  moins  charitables  aujourd'hui  que  Xous  réclamons 
votre  assistance  pour  notre  Ville  désolée.  Vous  lui  viendrez 
en  aide  d'autant  plus  volontiers,  N.  T.  C.  F.,  que  la  chose 
vous  sera  plus  facile  ,  car  Nous  ne  vous  demandons,  pour 
tout  secours,  que  ce  que  vous  dépensez  pour  vos  plaisirs- 


\ 


-268  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Serait-ce  trop  exiger?  Comprenez  bien  notre  pensée.  Autre- 
fois, il  n'était  guères  de  paroisses  qui  ne  sacrifiât,  chaque 
année,  plusieurs  centaines  de  louis  pour  la  boisson  ;  on  vous 
l'a  i^rouvé  bien  des  fois,  le  calcul  à  la  main  ;  et  vous  avez 
vu  de  vos  yeux,  la  ruine  de  tant  de  familles  qu'ont  occa- 
sionnée ces  maudites  liqiieurs.  Ne  pourriez-vous  pas,  aujour- 
d'hui que  vous  jouissez  des  fruits  de  la  Tempérance,  offrir, 
pour  soulager  tant  de  malheureux,  ce  qui  autrefois  se  dé- 
pensait en  jeux  et  en  divertissements. 

Nous  n'en  doutons  pas,  ]S^.  T.  C.  F.,  votre  charité  sera  plus 
grande,  pour  soulager  le  malheur,  que  ne  le  fut,  dans  ces 
tristes  années  dont  Xous  déplorons  tous  la  perte,  la  sensua- 
lité j)Our  satisfaire  une  vile  passion.  Pour  faire  d'utiles  et 
sages  économies,  vous  éviterez  toutes  ces  maisons  d'intem- 
pérance. Car  vous  le  savez,  si  vous  ne  les  ruinez  pas,  en 
les  fuyant,  elles  vous  ruineront,  comme  elles  en  ont  ruiné 
tant  d'autres;  et  pourriez-vous,  dans  un  temps  de  si  grande 
calamité,  vous  abandonner  à  des  plaisirs  si  déplacés  !  Oh  ! 
Nous  vous  en  conjurons,  n'insultez  pas  au  malheur  de  votre 
ville,  en  buvant  et  en  dansant  pour  ainsi  dire  sur  ses  ruines. 
D'ailleurs,  ne  craignez  pas  que  l'on  fasse  un  mauvais 
usage  de  vos  contributions.  Car  tout  est  ici  organisé  pour 
qu'elles  allent  à  leur  destination.  Nos  conférences  de  St. 
Vincent  de  Paul  vont,  avec  leur  dévouement  ordinaire, 
s'appliquer  à  bien  connaître  ce  qui  manque  à  chacun,  pour 
que  tous  travaillent  selon  leurs  forces,  et  soient  secourus 
selon  leurs  besoins.  Plusieurs  de  ses  membres  sont  en  rap- 
port avec  le  Comité  de  Secours  qui  est  on  ne  peut  mieux 
disposé,  afin  de  pouvoir,  par  leurs  efforts  réunis,  répondre  à 
la  confiance  publique. 

Un  autre  motif  vous  presse.  N.  T.  C.  F.,  d'être  généreux 
envers  les  incendiés  de  la  ville;  c'est  celui  de  la  riche  mois-, 
son  que  le  Ciel  vous  a  donnée,  contre  toute  attente.  Il  a 
exaucé  vos  prières,  lorsque  la  sécheresse  vous  menaçait  de 
la  famine,  et  il  vous  a  accordé  cette  céleste  rosée  qui  a  en- 
graissé vos  champs.  Aujourd'hui  par  un  juste  retour,  écoutez 
la  voix  d'un  Dieu  si   libéral,  qui  vous  demande  une  petite 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMExNTS  'WJ 

part  des  biens  dont  il  vous  a  comblés.  Et  ne  voyez-vous  pas 
ici  le  doigt  de  la  toute  aimable  Providence  ?  N'a-t-elle  pas 
évidemment  répandu  l'abondance  dans  les  campagnes,  pour 
([u'elles  vinssent  au  secours  de  la  ville  ?  Ceci  ne  vous  paraît- 
il  pas  frappant?  Yous  avez  trop  de  Foi  pour  ne  le  pas  voir; 
et  vous  allez  en  conclure  que  plus  Dieu  vous  a  donné,  plus 
vous  allez  donner  aux  victimes  du  malheur  qui  vient  de 
tondre  sur  vos  frères  de  la  ville. 

Xous  terminons  par  nn  exemple  de  cliarité,  qui  sera  peut- 
être  plus  entraînant  que  tout  le  reste  ;  c'est  celui  de  la  flo- 
rissante jeunesse  que  la  Hcligion  cultive  à  l'ombre  de  ses 
autels.  Pendant  que  nos  décombres  étaient  fumants,  les 
Elèves  de  nos  Collèges  et  de  nos  Couvents  devaient  recevoir 
leurs  prix,  juste  récompense  de  leur  aj^plication.  Sponta- 
nément ils  se  décident  à  en  faire  un  généreux  sacrifice,  pour 
aider  à  soulager  tant  de  misères.  Leurs  bons  cœurs  étaient 
navrés  d'une  trop  grande  tristesse  pour  pouvoir  goûter  le 
bonheur  de  ce  jour  qui  a  coutume  d'être  si  joyeux.  Leurs 
fronts  étaient  trop  abattus  pour  consentir  à  se  laisser  ceindre 
de  couronnes  de  lauriers.  Ces  couronnes  furent  donc  dépo- 
sées aux  pieds  des  pauvres,  et  leurs  prix  furent  «hangés  en 
des  ruisseaux  de  charité,  qui  coulèrent  dans  le  sein  d'une 
multitude  de  malheui*eux.  Ces  chers  enfants,  ce  sont  les 
vôtres,  N.  T.  C.  F.,  et  ce  bean  trait  de  charité,  il  est  le  fruit 
de  vos  exemples  plus  que  celui  de  nos  leçons.  Oh  !  comme 
il  Nous  donne  confiance  que  notre  appel  sera  entendu  de 
tous  !  Oui,  Nous  le  croyons  ;  la  charité  des  campagnes  sera 
aussi  grande  que  la  misère  de  la  ville.  Et  pour  que  cette 
Lettre  produise  son  fruit,  Nous  voulons  qu'après  chaque 
Prône  où  on  l'aui-a  lue,  ou  commentée,  on  dise  un  Pater  et 
un  Ave,  pour  supplier  le  St.  Esprit  de  répandre  dans  les 
cœm-s,  le  souflie  de  sa  Divine  Charité.  Nous  demandons 
que,  dans  chaque  famille,  l'on  dise  à  cette  même  intention 
le  Pater  et  Ave  de  la  prière  du  soir  ou  du  matin  ;  car  Nous 
cohiptons  plus,  povir  le  succès  de  cet  appel,  sur  ces  courtes 
prières  que  sur  toutes  nos  paroles. 

0  Marie,  vous  prierez  aussi  à  la  même  intention,  vous  qui 


270  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

êtes  la  bonne  et  tendre  Mère  de  touteis  les  familles  que  Nous 
mettons  en  prières  ;  vous  prierez  pour  vos  enfants,  les  pau- 
vres incendiés  de  Montréal.  Xous  déposons  à  vos  pieds 
sacrés  cette  Lettre  que  Nous  avons  tâché  d'écrire  sotis  vos 
yeux,  et  suivant  les  impressions  de  votre  cœur.  Elle  aura 
un  plein  succès,  si  vous  la  bénissez.  Toujours  votre  Très- 
Saint  et  Immaculé  Cœur  fut  à  la  tète  de  toutes  les  œuvres  de 
ce  Diocèse.  Aujourd'hui-  plus  que  jamais,  le  glorieux  privi- 
lège de  votre  Conception  sans  tache  est  l'objet  de  notre 
culte.  Bénissez  donc  cette  entreprise  qui  doit  prouver  au 
monde,  une  lois  de  plus,  qu'on  ne  frappe  jamais  en  vain  à  la 
porte  de  votre  cœur  maternel. 

Anges  tutélaires.  sanctifiez  ces  lieux  qui  vous  sont  dévoués 
surtout  ceux  qui  ont  été  ruinés  par  l'incendie.  Loca  sancti- 
ficate.  Patrons  du  Diocèse,  bénissez  le  peuple  de  foi  qui 
vous  invoque  dans  son  malheur.  Plehem  henedicite.  Saints 
et  Saintes  du  paradis,  préservez  de  toute  calamité  de  pau- 
vres pécheurs  qui  vous  demandent  le  plus  grand  de  tous  les 
biens,  la  paix  qui  console  dans  le  malheur.  Homines  pecca- 
tores  in  pace  custodite. 

Sera  la  présenta  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  l'Eglise 
de  la  Pi'ovidence,  servant  d'Eglise  Cathédrale,  à  celui  de 
toutes  les  Eglises  Paroissiales,  et  en  Chapitre,  dans  toutes 
les  Communautés,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  en  l'Hospice  de  St.  Joseph,  le  huit 
octobre  mil  huit  cent  cinquante-deux,  sous  notre  seing  et 
sceau  et  le  contre-seing  de  notre  secrétaire. 

t  IG.,  Ev.  DE  Montréal. 

Par  Monseigneur, 

J.  O.  Pake.  Chan.  Sec. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  271 

CIRCULAIRE  AU  CLERGÉ  DE  LA  VILLE. 


Hospice  de  St.  Josei>ii,  17  Xov.  1852. 

La  présente  est  le  résumé  de  notre  conférence  d'hier,  et 
va  être  comme  notre  feuille  de  route  pour  la  carrière  du 
Jubilé  qu'il  nous  faut  pai"courir. 

lo.  Les  exercices  publics  du  Jubilé  commenceront  le  8 
Décembre,  et  le  discours  d'ouverture  sera  dans  toutes  les 
Eglises  sur  l'Immaculée  Conception  de  la  Ste.  Vierge.  La 
pureté  de  mœurs  à  laquelle  nous  allons  travailler  en  sera  le 
fruit.  Les  fidèles  seront  invité^  à  faire  tous  ensemble  la 
veille  le  jeûne  du  Jubilé.  j 

2o.  On  préludera  au  Jubilé  général  de  la  ville  par  le 
Jubilé  des  enfants,  des  infirmes  et  des  prisonniers.  On  y 
trouvera  la  source  de  toutes  les gi'âces.  Aussi  faut-il  y  mettre 
beaucoup  d'importance. 

3o.  Les  enfants  qui  communieront  feront  leurs  stations, 
le  premier  jeudi  de  l'Avent,  et  les  garçons  le  jour  de  la 
Conception.  On  les  y  préparera  par  quelques  jours  de 
retraite. 

40.  Les  enfants  qui  n'ont  pas  fait  leur  première  commu- 
nion devront  être  préparés  à  faire  leurs  stations  le  second 
dinxanche  de  l'Avent  ;  ils  devront  être  absous  s'il  y  a  mati- 
ère et  dispositions  suffisantes  ;  dans  le  doute  l'absolution  se 
donnera  sous  condition. 

5o.  Ceiux  des  enfants  qui  seront  capables  visiteront  une 
fois  les  trois  Eglises  de  station,  en  commençant  j^ar  celle  de 
leur  quartier,  et  en  se  réunissant  tous  à  l'Eglise  Paroissiale 
pour  un  exercice  commun.  Ceux  qui  ne  pourront  pas, 
visiteront  trois  fois  la  même  Eglise.  On  mettra  à  ces  sta- 
tions toute  la  solennité  poir  impressionner  vivement  les 
enfants,  et  toucher  leurs  parents.  On  les  fera  prier  pour 
la  conservation  de  leur  innocence. 

6o.  Ijcs  infirmes  feront  leur  Jubilé  le  premier  Mardi  de 


272  xMANDEMENTS,  LETTKES  PASTORALES, 

l'Avent  (80  Nov.),  et  dès  Dimanche  prochain  on  aA'crtira 
ceux  qui  en  ont  soin  d'appeler  leurs  confesseurs  pour  qu'ils 
aient  le  temps  de  les  préparer.  La  sainte  communion  leur 
sera  portée  avec  toute  la  solennité  possible.  Ce  sera,  il  faut 
l'espérer,  nn  commencement  à  l'administration  de  ce  divin 
sacrement  plus  démonstrative  de  la  foi  de  notre  ville. 

7o.  Le  Jubilé  se  fera  à  la  prison  après  la  fête  de  Noël, 
afin  d'avoir  plus  de  temps  pour  préparer  les  prisonniers  à 
cette  grande  grâce,  et  pouvoir  ainsi  l'é former  tout  de  bon 
la  prison.  Une  retraite  de  ti-ois  jours  en  sera  la  préparation, 
après  laquelle  les  prisonniers  visiteront  trois  fois  leur  cha- 
jjelle.  La  fin  de  leurs  exercices  sera  d'obtenir  que  la  prison 
ne  soit  plus  un  lieu  de  démoralisation,  mais  de  conversion 
et' de  sanctification. 

80.  On  commencera  le 
poiir  les  personnes  âgées  qui  n'ont  pas  fait  leur  première 
communion,  un  catéchisme  qui  se  fera  tous  les  jours  à 

heures  dans  on  \' 

instruira  aussi  ceux  qui  se  disposeront  à  la  confirmation. 

9o.  Les  exercices  du  Jubilé  se  feront  comme  suit  dans  les 
diverses  églises  de  la  ville  ;  tous  les  jours,  excepté  les  Mer- 
credi, Samedi  et  Dimanche;  ces  exercices  seront  remplacés 
le  Mercredi  par  le  Chemin  de  la  Croix,  le  Samedi  par  les 
confessions,  et  le  Dimanche  par  les  offices  publics.  A  l'église 
Paroissiale,  l'exercice  du  matin  se  fait  à  8^  h.,  et  celui  de 
l'après-midi,  à  6  h.,  à  St.  Patrice  à  St. 

Pierre  au  collège  Ste.  Marie 

à  la  Providence  au  Coteau  St.  Louis 

Ces  exercices  pourront  varier  selon  les  besoins,  mais  il  y  a 
toujours  chantde  cantiques,  instruction,  et  bénédiction  du  St. 
Sacrement,  le  matin  avec  le  ciboirje,  et  le  soir  avec  l'ostensoir. 

lOo.  Il  y  aura  communion  générale  pour  les  femmes,  le 
4ème  Dimanche  de  l'Avent,  et  pour  les  hommes,  le  jour  de 
Noël. 

Après  chaque  communion  générale  des  enfants,  comme  de* 
grandes  personnes,  l'on  fera  amende  honorable  à  N.  S.  pour 
tous  les  outrages  qu'il  reçoit  au  St.  Sacrement. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  273 

llo.  On  disposera  toutes  choses  pour  que  les  hommes 
paissent  se  confesser  aux  heures  qui  les  accommoderont  le 
plus,  et  aussi  longuement  qu'il  sera  nécessaire  ;  c'est  pour 
cette  raison  que  le  Jubilé  des  enfants,  des  infirmes,  des  pri- 
sonniers a  été  mis  à  Tavance. 

12o.  On  profitera  des  moments  libres  pour  aller  visiter  à 
domicile  ceux  que  l'on  saura  être  éloignés  dea  Sac-rcments 
On  en  fera  la  liste,  et  l'on  se  partagera  le  foin  do  courir 
après  les  brebis  égarées.  Les  fidèles  seront  exhortés  à  pren- 
dre part  à  cette  sollicitude  des  pasteurs,  en  emmenant  à 
confesse  ceux  de  leurs  connaissances  qui  se  négligent.  L'ex- 
ercice du  soir  se  terminera  par  5  P.  et  5  Av.  que  l'on  dira 
en  présence  du  St.  Sacrement  et  au  son  des  cloches  pour  la 
conversion  des  pécheurs.  On  la  récitera  en  même  temps 
dans  toutes  les  maisons  et  à  genoux. 

13o.  Les  communautés  d'hommes  et  de  femmes,  les  con- 
fréries et  sociétés  seront  invitées  à  faire  leurs  stations  en 
corps.  Elles  prieront  pour  le  succès  de  l'œuvre  dont  les  a 
chargées  la  divine  Providence,  pour  les  gloire  de  Dieu  et  le 
salut  des  Ames. 

1-k).  Le«  aumônes  pour  la  Propagation  de  la  Foi  seront 
appliquées  à  la  fondation  d'une  mai -on  d'éducation  dans  lea 
pays  sauvages  sous  la  direction  du  Conseil  Central,  et  celle» 
pour  les  pauvres  à  faire  un  établissement  qui  ait  pour  objet 
de  réformer  les  mœurs,  sons  celle  du  Cons«  il  particulier  de 
St.  Vincent.  Chaque  conseil  sera  in  vite  à  nommer  quelqu'un» 
de  ses  membres  pour  faire  les  collectes,  et  tous  s'emploie- 
ront à  embraser  le  zèle  public  pour  ces  deux  œuvres  qui,  si 
elles  réussissent,  seront  deux  monuments  toujours  subsistant 
du  Jubilé  de  1852. 

15o.  Chaque  confesseur  se  prêtera  selon  ses  forces  à  rendre 
service  aux  pauvres  âmes  qui  pourront  s'adresser  à  lui  pour 
revues  ou  autres  besoins  spirituels. 

Mais  on  ne  perdra  pas  de  vue  qu'il  est  souverainement 
important  que  chacun  fasse,  pendant  le  Jubilé,  connaissance 
avec  celui  qui  le  devra  diriger  après.  N'oublions  pas  que 
la  fréquente   confession  est  le   grand,  pour  ne  pas  dire 

18 


Î74  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

l'unique  moyen  se  de  persévérer.  Or, sans  confesseurs  attitrés^ 
pendant  les  bonnes  dispositions  du  Jubilé,  il  y  aura  pour 
beaucoup,  grand  danger  de  ne  pas  retourner  à  confesse. 

16o.  II  y  aura  pendant  le  Jubilé  réunion  spéciale  et  exei'- 
cice  particulier  pour  chaque  confratei'nité.  afin  de  réchauffer 
dans  cette  fournaise,  toutes  les  œuvres  de  la  cité. 

l*7o.  On  avertira  souvent  la  ville  qu'il  lui  faut  se  monti"©r 
une  ville  en  Jubilé,  la  cessation  de  tous  plaisirs  mondains,  la 
privation  de  toutes  promenades  inutiles,  la  fuite  de  toute 
société  dissipante,  le  silence  ou  du  moins  les  bonnes  conver- 
sations, l'assiduité  à  l'église,  l'application  aux  devoirs  de 
son  état,  la  frugalité  à  table,  la  simplicité  dans  les  ajuste- 
ments, enfin  le  véritable  changement  de  vie,  sont  des  dehors 
sacrés  dont  la  ville  doit  s'entourer,  et  dont  l'effet  est  de 
produire  des  impressions  vives  et  durables.  Ces  impressions 
de  grâces  devront  se  faire  sentir  par  une  véritable  réforme 
de  tous  les  abus  qui  semblent  se  ranger  tous  sous  les  chefs 
principaux  :  lo.  les  aubergistes  qui  enivrent.  2o.  les  jeunes 
chai'tiers  qui  se  démoralisent.  3o.  les  jeunes  filles  qui  se 
perdent.  4o.  la  haute  classe  qui  ne  pratique  pas.  5o.  les 
enfants  qui  vagabondent  sur  les  marchés.  60.  les  servantes 
ou  couturières  qui  se  débauchent.  To.  puis  le  luxe,  les  injus- 
tices, les  blasphèmes,  les  faux  serments,  les  paroles  obscènes,, 
la  lecture  des  romans,  la  mauvaise  éducation  domestique,, 
l'oisiveté,  les  mauvaises  fréquentations  avant  le  mariage,  et 
autres  semblables  monstres. 

I80.  Les  églises  de  stations  seront  ornées  tout  le  temps 
du  Jubilé  comme  aux  grandes  fêtes  de  l'année,  et  on  y  expo- 
sera les  saintes  reliques  dont  elles  sont  en  possession,  à  la 
vénération  des  fidèles  qui  y  seront  invités  fréquemment  à 
les  honorer,  parce  qu'elles  sont  des  instruments  de  grâce,  et 
des  vases  de  bénédictions. 

19o.  On  sera  simple  dans  les  instructions.  Chacun  tra- 
vaillera avec  zèle  au  succès  de  son  œuvre. 

On  prendra  tous  les  moyens  extérieurs  qui  pourront  con- 
tribuer à  la  réforme  des  abus.  On  donnera  beaucoup  d'avis, 
en  chaire,  au  catéchisme,  au  confessionnal,  on  ne  doit  plus 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  275 

parler  que  de  Jubilé.  La  présente  circulaire  en  fournira  le 
sujet.  On  relira  le  Mandement  du  Jubilé,  le  2nd  Dimanche 
de  l'Avent.  On  ne  fera  qu'un  cœur  dans  l'accomplisHement 
des  œuvres  et  exercices  du  Jubilé. 

.f  20o.  L'Immaculée  Vierge  est  à  la  tête  du  Jubilé,  espérons. 
Nous  sommes  chargés  de  l'exécution,  craignons.  C'est  dans 
ses  sentiments  de  défiance  de  moi-même,  et  de  confiance  en 
Dieu  par  Marie  que  je  suis  très  cordialement. 


CIECULAIEE  AU  CLEEGE  DU  DIOCESE 
DE  MONTEÉAL. 


Montréal,  le  8  Septembre  1846.. 

Monsieur, 

Je  vous  envoie  les  divers  règlements  dont  nous  nous-, 
sommes  occupés  pendant  la  Eeti'aite  Pastorale.  En  lisant 
avec  toute  l'attention  qu'elles  méritent  les  observations 
faites  sur  le  projet  du  Eèglement  soumis  à  la  sérieuse  consi- 
dération du  clergé,  je  me  suis  de  plus  en  plus  convaincu 
qu'il  y  a  pour  ce  diocèse  un  bien  incalculable  à  attendre  de 
ces  rapports  intimes  que  Dieu  m'inspire  de  former  entre 
l'Evêché  et  tous  les  membres  du  clergé.  Je  dois  vous  dire 
en  toute  franchise  que  je  n'aurais  jamais  pensé  à  établir  les 
Conférences  Ecclésiastiques,  si  j'avais  eu  à  craindre  qu'il  y 
eût  dans  le  Clergé  un  mauvais  esprit  ;  parce  que  ces  assem- 
blées dirigées  par  ce  mauvais  esprit  ne  manqueraient  pas 
de  dégénérer  en  licence.  J'ai  au  contraire  toute  confiance 
que  vous  êtes  tous  pénétrés  de  ces  vérités  ;  lo.  que  plus 
l'Evêque  aura  d'autorité,  plus  le  clergé  sera  considéré  ; 
2o.  que  plus  cette  autorité  sera  dirigée  selon  les  Sts.  Canons, 
plus  elle  donnera  d'éclat  et  d'importance  à  tout  le  Corps. 


276  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Ecclésiastique  ;  3o.  que  plus  le  Clergé  sera  uni  de  cœur  et 
d'âme  à  son  Chef,  plus  l'Episcopat,  qui  est  comme  lo  tronc 
sacré,  qui  reçoit  du  champ  fertile  de  l'Egliise  unesôvo  toute 
céle><te,  fera  produire  de  fruits  à  chacun  de  ses  membres,  qui 
sont  autant  de  branches  de  l'arbre  do  vie,  planté  au  milieu 
de  ce  Paradis  terrestre. 

Voici  maintenant  ce  que  j'ai  cru  devoir  faire  par  rapport 
à  notre  Règlement  et  à  nos  Conférences  : 

lo.  Après  avoir  intercalé  dans  le  Projet  de  Eèglcment 
les  diverses  corrections  qui  m'ont  été  suggérées,  je  voua 
l'adresse,  en  vous  avertissant  que  ce  n'est  encore  que  par 
■  forme  d'essai,  que  je  vous  le  propose  :  ain>-i  vous  avez  jusqu'à 
la  prochaine  Eetraite  Pastorale  pour  l'introduire  petit  à 
petit  dans  votre  Paroisse,  selon  que  vous  jugerez  la  chose 
possible  et  avantageuse.  Vous  en  «-onférerez  ensemble  dans 
vos  réunions  ;  et  vous  ferez  vos  observations  pour  y  ajouter 
ou  en  retrancher  ce  qui  vous  paraîtra  devoir  contrib'ier 
davantage  au  bien  do  la  Religion.  Tâchez  qu'il  y  ait  uni- 
formité parfaite  entre  votre  paroisse  et  les  paroisses  voi- 
sines;  car  ceci  me  paraît  essentiel  pour  l'honneur  du  clergé 
et  le  bien  des  fidèles.  Qu'on  ne  puisse  pas  dire  :  On  fait  bien 
cela  dans  telie  paroisse,  pourquoi  ne  le  ferait  on  pas  ici  f 

2o.  Vous  ferez  aussi  l'esHai  des  divers  règlements  ci-jointa 
pour  la  direction  des  sacristains,  bedeaux,  etc. 

3o.  Dans  la  Conférence  du  mois  de  Janvier  prochain,  on 
s'occupera  des  cas  réservés.  La  question  se  réduit  à  cefci  : 
Qufls  sont  les  péchés  auxquels  il  serait  avantageux  d'attacher 
une  réserve  ;  en  a<loptant  pour  les  interprêter  les  règlea 
communes  de  la  Théologie  ;  v,  g.  cellcM  de  St.  Liguori,  et  en 
laissant  en  vigueur  les  cas  réservés  au  Pape,  pane  que 
d'abord  il  est  très  rare  que  l'on  tombe  dans  cette  ré>erve; 
et  ensuite  parce  que  ces  cas  étant  reçus  dans  le  diocèse, 
l'Evêque  n'a  pas  le  droit  de  les  supprimer. — Il  serait  proba- 
blement à  propos  que  deux  ou  trois  Prêtres  fussent  «-hargés 
de  rédiger  ce  Projet  de  cas  réservés  ;  et  qu'on  le  discutât 
ensuite  dans  la  Conférence  de  Janvier.     Les  permissions 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  277 

générales  d'en  absoudre  en  certaines  circonstances  pourront 
subsister. 

L'on  s'occupera  dans  la  Conférence  de  Juillet  des  moyens 
à  prendre  pour  adopter  un  Tarif  uniforme,  aussi  rapproché 
que  possible  de  l'usage  commun  dans  la  perception  des 
droits  casuels. 

Je  suis  bien  sincèrement, 

Monsieur, 
Votre  très-humble  serviteur, 

t  Ici-  Ev.  DE  Montréal. 
(Vraie  copie) 

J.  O.  Paré,  Chan.  Secrétaire. 


P.  S.—  L'on  voudra  bien  adresser  au  R.  P.  Tellier,  à 
Laprairie,  les  secours  que  chaque  paroisse  pourra  donner 
aux  incendiés  de  ce  village.  Je  vous  conseille  d'attendre, 
pour  faire  la  souscription,  que  les  récoltes  soient  finies  ;  et 
que  les  gens  aient  commencé  à  vendre  leurs  produits. 

Veuillez  bien,  dans  vos  instructions,  recommander  à  vos 
gens  de  faire  un  bon  usage  des  biens  que  leur  donne  la 
divine  Providence  ;  en  leur  laissant  apercevoir  que  l'abus 
qu'ils  en  feraient  pourrait  bien  faire  revenir  les  mauvaises 
années  dont  ils  se  ressentent  encore.  Insistez  pour  qu'ils 
ne  fassent  point  de  dettes  si  facilement  qu'ils  en  ont  fait  par 
le  passé  ;  et  qu'ils  acquittent  au  plus  tôt  celles  dont  ils  se 
trouvent  chargés. 

t  L  E.  M. 


Î78  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

PROJET  DE  RÈGLEMENT 
POUR  qu'il  y  ait  uniformité  dans  le  gouvernement  des 

CURES    du   diocèse   DE    MONTRÉAL. 

X 

Le  Pi'ètre  doit  être  saint  pour  sanctifier  les  autres.  Or 
pour  la  sanctification  des  âmes,  six  choses  sont  nécessaires 
lo.  La  vie  du  Pasteur  réglée  selon  les  saints  Canons 
2o.  L'instruction  ;  3o.  L'administration  des  Sacrements 
4o.  Le  culte  ;  5o.  Les  secours  spirituels  et  temporels 
€o.  Les  Associations. 


CHAPITRE  I. 

Vie  du  Pasteur  réglée  suivant  les  Saints  Canons. 

I,  Se  lever  et  se  coucher,  autant  que  possible,  à  une  heure 
îfixe  ;  faire  exactement  et  de  suite  au  moins  une  demi-heure 
de  méditation  :  régler  sa  journée  et  déterminer  l'emploi  de 
-son  temps. 

IL  Célébrer  chaque  jour  la  sainte  Messe  à  une  heure 
marquée  et  commode  pour  les  fidèles  :  s'y  préparer  avec  un 
profond  recueillement  et  consacrer  un  quart  d'heure  à 
l'action  de  grâces. 

III.  Réciter  le  saint  office  à  des  heures  réglées  et  à 
l'église,  si  faire  se  peut  ;  se  i-ecueillir  avant  de  le  commen- 
•cer  ;  dire  matines  et  laudes  la  veille. 

lY.  Lire  chaque  jour,  avec  attention  et  d'une  manière 
suivie,  un  ou  deux  chapitres  de  l'Ecriture  Sainte  ;  donner 
un  temps  déterminé  à  l'étude  de  la  théologie. 

Y.  Trouver,  s'il  est  possible,  quelque  moment  pour  une 
lecture  spirituelle  d'un  quart  d'heure,  une  visite  au  Saint 
^■Sacrement,  et  la  récitation  d'une  dizaine  au  moins  de  cha- 


\ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  279 

pelet,  en  s'agrégeant  à  une  quinzaine  du  Eosaire  vivant, 
qu'il  est  si  avantageux  d'établir  dans  sa  Paroisse  peur  faire 
dire  le  chapelet  dans  chaque  famille.  S'efforcer  d'être  cons- 
tant dans  la  pratique  de  l'examen  particulier  ;  et  le  soir 
ne  jamais  négliger  celui  de  toute  la  journée. 

VI.  Choisir  pour  confesseur  ou  directeur  le  Prêtre  du 
voisinage  le  plus  éclairé  et  le  plus  rempli  du  véritable  esprit 
du  sacerdoce  :  se  confesser  au  moins  tous  les  quinze  jours  : 
dans  cette  importante  action  ranimer  sa  foi  et  ne  rien  don- 
•ner  à  la  routine. 

VII.  Avoir  un  grand  zèle  pour  la  propreté,  l'ornement  et 
la  pompe  religieuse  de  tout  ce  qui  tient  au  service  divin  : 
église,  sacristie,  enfants  de  chœur,  etc. 

VIII.  Cultiver  l'enfance  et  la  jeunesse  avec  un  soin  par- 
ticulier :  veiller  sur  les  écoles,  rendre  les  catéchismes  inté- 
ressants, etc. 

IX.  Zèle  ardent,  mais  calme,  prudent,  éclairé,  constant, 
zèle  dont  la  charité  seule  soit  le  principe  et  comme  elle, 
plein  de  douceur,  de  patience,  de  compassion  pour  les 
pécheurs. 

X.  Regarder  l'instruction  préparée  par  l'étude,  plus 
■encore  par  la  prière,  et  soutenue  par  le  bon  exemple, 
•comme  le  premier  et  l'essentiel  moyen  de  devenir  le  sau- 
veur de  ses  frères. 

XI.  Se  rendre  avec  ponctualité  et  sans  murmure  au  con- 
fessionnal :  accueillir  avec  douceur,  encourager  avec  bonté, 
écouter  avec  patience,  exhorter  avec  ardeur,  diriger  avec 
«agesse,  en  prenant  pour  guide  St.  Ignace  de  Loyola  et 
St.  Alphonse  de  Liguori. 

XII.  Visiter  les  malades  avec  le  plus  grand  empresse- 
ment, surtout  s'ils  sont  pauvres  et  ignoi'ants,  et  ne  pas 
attendre  les  derniers  moments  pour  les  préparer  au  saint 
Viatique.  Après  qu'ils  sont  administrés,  les  voir  aussi  sou- 
vent que  possible. 

XIII.  Pour  établir  et  conserver  l'esprit  de  piété  parmi  les 
fidèles,  favoriser  de  tous  ses  efforts^  la  fréquentation  des 
Sacrements,  les  dévotions  solides,  celles   surtout   qui  ont 


Î8p  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pour  objet  l'adorable  Eucharistie,  le  Sacré-Cœur,  la  très- 
eainte  Vierge. 

XIY.  Porter  le  plus  grand  intérêt  aux  Séminaires  ;  culti- 
ver avec  soin  les  vocations  naissantes  ;  étendx-e  l'œuvre  si 
admirable  de  la  Propagation  de  la  Foi  ;  exciter  les  fidèles 
à  la  dévotion  à  la  Passion  de  Notre-Seigneur,  au  chemin  de 
la  Croix  et  à  îsTotre-Dame  des  Sei>t  Douleurs. 

XY.  Observer  fidèlement  le  précepte  rigoureux  de  la 
résidence  ;  ne  point  sortir  du  Diocèse,  sans  une  permission 
par  écrit  de  l'Evêque,  ne  jîoint  aller  à  la  chasse  sans  une 
semblable  permission  ;  accepter  rarement  à  manger  hors 
de  chez  soi,  éviter  de  donner  soi-même  de  grands  repas,  et 
no  s'écarter  jamais  des  saintes  règles  de  la  sobriété. 

XVI.  Aimer  charitablement  tous  ses  confrères,  ne  se  lier 
particulièrement  qu'avec  ceux  qui  ont  bien  l'esprit  de  leur 
saint  état  ;  ne  se  permettre  jamais  de  délassements  contrai- 
res au  caractère  f-acré  dont  on  est  revêtu  ;  se  garder  de  tout 
ce  qui  porte  à  la  dissipation  ;  conversations  gaies,  mais 
graves  et  importantes,  sur  les  devoirs  de  son  état  et  les 
moyens  à  prendre  pour  procurer  la  gloire  de  Dieu.  Avertir 
l'Evêque  aussitôt  que  quelque  confrère  voisin  tombe  sérieu- 
sement malade,  pour  qu'il  puisse  le  faire  assister  par  le 
Prêtre  qui  conviendrait  au  malade,  et  qu'il  ne  soit  pas 
abandonné  seul  dans  sa  cure,  pendant  un  temps  si  critique. 

XVII.  Professer  une  soumission  pleine  de  foi  à  l'autorité 
épiscopale,  respecter  les  décisions  qui  en  émanent,  observer 
en  tout  point  les  rubriques  du  Bréviaire  et  du  Missel,  se 
conformer  exactement  au  Eituel  et  à  toutes  les  règles  de 
discipline  en  vigueur  dans  le  Diocèse. 

XVIII.  Eloigner  de  sa  maison  toute  personne  qui  pour- 
rait fournir  prétexte  aux  plus  légers  soupçons,  et  s'en  tenir 
scrupuleusement  à  ce  qui  est  ordonné  touchant  l'âge  et  les 
qualités  des  personnes  que  l'on  emploie  à  son  service. 

XIX.  Porter  toujours  avec  la  tonsui-e,  qui  doit  être  de  la 
grandeur  requise  par  son  ordre,  la  soutane  et  tout  le  cos- 
tume ecclésiastique  ;  propreté,  mais  rien  qui  ressente  le  luxe 
dans  les  vêtements  et  dans  l'ameublement. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  ?8t 

XX.  -Faire  tous  les  ans  une  retraite  en  particulier,  quand 
on  ne  peut  se  procurer  les  avantages  de  la  retraite  générale. 

XXI.  Avoir  avec  ses  coUaboi-ateurs  un  entretien  ou  con- 
férence par  semaine  pour  s'entendre,  afin  d'avoir  uniformité 
de  conduite  au  confessional,  en  chaire,  pour  les  visites 
à  faire  ou  à  recevoir,  etc. 

XXI.  Dans  les  concours,  inviter  de  bons  confrères  à  venir 
entendre  les  confessions,  à  donner  des  instructions  etc.  Ce 
secours  procuré  chaque  année  à  sa  Paroisse,  empêche  bien 
des  confessions  et  communions  nulles  et  sacrilèges.  Mais 
avant  de  se  mettre  à  l'ouvrage,  avoir  une  conférence  avec 
tous  les  ouvriers  invités  pour  convenir  de  ce  qu'il  faudra 
faire,  afin  qu'il  y  ait  uniformité  de  direction,  et  que  tel  qui 
sera  rebuté  à  un  confessional  ne  puisse  pas  être  admis  au 
confessional  voisin  où  il  ferait  le  même  aveu. 

XXIII.  Avoir  chaque  mois  un  jour  de  retraite  pour  s'y 
prépdrer  à  la  mort.  Iteliro  ce  jour-là  le  présent  règlement 
et  s'imposer  quelques  pénitences,  si  on  en  a  violé  quelques 
points. 

Omnis  disciplina?  in  prœsenti  quidem  videtur  non  esse 
gaudii,  sed  mœroris  ;  postea  autem  fructum  pacatissimum. 
exercitatis  per  eam  reddet  justitiae. — Ileb.  12. 


CHAPITEB  II. 
De  l'instruction. 

I.  Il  y  aura  instruction  tous  les  dimanches  et  fêtes  d'obli- 
gation. 

II.  Ces  instructions  seront  simples  et  à  la  portée  du  peu- 
ple, et  ne  dureront  pas  plus  d'une  demi-heure. 

m.  Une  lecture  glosée  pourra  quelquefois  en  tenir  lieu. 

IV.  Le  grand  prône,  ou  les  principales  vérités  de  la  Foi,. 
qni  se  trouvent  au  Rituel,  avec  quelques  réflexions  pour  les 
faire  goûter  aux  fidèles,  se  liront  quatre  fois  par  an,  savoir 


2É2  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

le  premier  dimanche  qui  suit  chaque  semaine  des  Quatre- 
Temps. 

Y.  Les  Epi  très  et  Evangiles  du  Dimanche,  qu'on  lira  en 
langue  vulgaire,  pour  servir  de  texte,  devront  être  commu- 
nément la  matière  de  l'instruction. 

VI.  On  s'attachera  à  expliquer  l'Oraison  Dominicale,  la 
■Salutation  Angélique,  le  Symbole  des  Apôtres,  les  Comman- 
dements de  Dieu  et  de  l'Eglise,  les  Actes  des  vertus  théolo- 
gales, VAngelus,  les  Sacrements,  etc.,  parceque  toute  la 
Religion  est  là. 

VII.  L'on  entrera  dans  tous  les  détails  nécessaires  pour 
que  le  peuple  puisse  bien  saisir  toutes  les  instructions. 

VIII.  L'on  évitera  avec  grand  soin  les  personnalités  qui 
blesseraient  certains  particuliers  et  les  aigriraient  sans  les 
corriger. 

IX.  Pendant  le  carême,  l'on  fera  le  lundi  et  le  mercredi 
-de  chaque  semaine  la  prière  du  soir,  à  l'heure  la  plus"  com- 
mode. Elle  sera  suivie  d'une  lecture  glosée  ou  d'une 
instruction  et  de  la  bénédiction  du  Saint  Sacrement.  L'on 
y  chante  une  seule  antienne  avec  le  verset  et  oraison  du 
Saint-Sacrement;  et  l'on  n'encense  le  Saint  Sacrement  que 
deux  fois,  lorsqu'il  a  été  exposé  sur  l'autel  et  après  la  béné- 
diction. Il  est  à  désirer  que  les  vendredis  du  Carême  l'on 
fasse  le  Chîmin  de  la  Qlroix,  qui  sera  aussi  terminé  par  1« 
Bénédiction  du  Saint  Sacrement. 

X.  L'on  ne  parlera  jamais  en  chaire  que  de  choses  qui 
intéressent  la  foi  et  les  bonnes  mœurs  ;  et  jamais  d'affaires 
étrangères  à  la  religion. 

1.  Le  catéchisme  se  fera  régulièrement  tous  les  diman- 
ches et  fêtes,  à  l'Eglise,  depuis  le  commencement  de  Mai 
jusqu'à  la  St.  Michel.  On  ne  peut  que  louer  ceux  qui  pour- 
ront réunir  assez  de  monde  poiir  le  faire  même  en  hiver  (1). 
En  ville  le  catéchisme  se  fera  hiver  comme  été. 

XI.  Afin  de  pi-éparer  les  enfants  à  la  première  commu- 

(1)  On  entend  ici  par  VEUle,  temps  qu'il  y  a  depuis  Pâques  jusqu'à 
la  solennité  de  la  St.  Michel  inclusivement.  La  saison  d'hiver  com- 
prend le  reste  de  l'année. 


J 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  283 

nion,  le  catéchisme  se  fera  trois  jours  par  semaine  pendant 
trois  mois. 

L'on  ne  se  contentera  pas,  jîendant  ces  catéchismes, 
d'éclairer  les  esprits  des  enfants,  en  développant  leurs  peti- , 
tes  intelligences  par  des  explications  simples  et  courtes,  ^ 
mais  on  s'attachera  à  bien  former  leurs  cœurs  en  leur 
apprenant  et  en  leur  faisant  pratiquer  tous  les  devoirs  de 
la  vie  chrétienne  ;  en  sorte  qu'au  sortir  de  leur  première 
communion,  ces  enfants  sachent  sanctitier  toutes  leurs 
actions. 

(Il  est  plus  qu'inutile  de  remarquer  que  le  Pasteur  seul 
peut  faire  le  catéchisme  avec  avantage,  parceque  lui  seul 
peut  souffler  dans  ces  petits  cœurs  l'esprit  de  vie  surnatu- 
relle, qui  procède  de  l'Esprit  Saint,  qui  lui  a  été  donné  à  son 
ordination,  pour  enseigner  les  vérités  de  la  Religion,  et  les 
"faire  goûter  et  pratiquer.  Impossible  que  ceux  qui  n'ont 
pas  reçu  cette  haute  mission  puissent  réussir.  Il  faut  donc 
trembler  pour  l'instruction  des  enfants  qui  n'ont  entendu 
que  des  bouches  laïques  leur  parler  de  leurs  devoirs  reli- 
gieux.) 

Pour  cela  observer  les  pratiques  suivantes:  lo.  Faire 
donner  aux  enfants  leur  cœur  à  Dieu,  au  commencement  de 
chaque  catéchisme,  ce  qui  peut  se  faire  tantôt  tous  ensemble 
pour  abréger,  et  tantôt  seul  à  seul  pour  s'assurer  qu'ils  réci- 
tent bien  cette  prière  ;  2o.  Leur  inspirer  des  motifs  surna- 
turels dans  tout  ce  qu'ils  font;  3o.  Les  faire  prier,  entendre 
la  messe,  se  confesser,  communier  avec  des  vues  et  des 
sentiments  de  foi  ;  4o.  Eevenir  sans  cesse  à  la  charge  pour 
qu'ils  comprennent  bien  qu'on  ne  peut  être  à  Dieu  qu'autant 
que  l'on  obéit  à  ses  parents,  que  l'on  évite  les  mauvaises 
compagnies,  que  l'on  est  scrupuleux  sur  le  bien  d'autrui  ; 
5o.  Entrer  avec  prudence  dans  tous  les  détails  des  cas  parti- 
culiers qui  doivent  se  présenter  aux  enfants,  afin  de  les 
prémunir  d'avance  contre  tous  les  dangers  qui  les  attendent  ; 
60.  Les  fortifier  contre  les  passions  qui  vont  bientôt  éclore  ; 
7o.  Avoir  un  bon  nombre  de  traits  d'histoire  frappants  pour 
mieux  graver  dans  ces  jeunes  cœurs  les  saintes  vérités  qu'on 


•284  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

leur  explique  ;  80.  Faire  répéter,  à  la  fin  du  catéchisme,  le* 
explications  données  et  les  exemples  cités  par  quelques-un» 
d'entr'eux  ;  9o.  Donner  à  chaque  catéchisme  une  ou  deux 
petites  images,  croix  ou  médailles,  à  ceux  qui  ont  été  plus 
sages  et  qui  ont  montré  plus  d'intelligence,  d'attention,  etc.; 
lOo,  Varier  de  demi-hem-e  en  demi-heure  les  exercices  du 
catéchisme,  pour  reposer  l'esprit  des  enfants,  en  faisant  en 
sorte  que  la  récitation  de  la  lettre,  l'explication,  quelques 
dizaines  de  chapelet  méditées  selon  l'ordre  des  mystères 
jojeux,  douloureux  et  glorieux,  le  chant  des  cantiques,  se 
succèdent  alternativement. 

XII.  L'on  obligera  les  enfants  qui  ont  fait  leur  première 
communion  à  venir  au  catéchisme  les  dimanches  et  fêtes, 
le  reste  de  la  saison,  et  pendant  ce  temps,  on  leur  fera  faire 
leur  seconde  et  troisième  communion.  L'année  suivante, 
ils  devront  encore  fréquenter  les  catéchismes  les  dimanches 
et  fêtes  ;  et  on  les  fera  communier  ensemble  avec  quelque 
solennité,  au  moins  une  fois,  pour  les  encourager  à  être 
assidus  aux  instructions. 

XIII.  Pour  que  les  enfants,  et  aussi  toute  la  jjaroisse, 
soient  frappés  du  spectacle  de  la  première  communion,  on 
y  invitera  autant  de  prêtres  étrangers  qu'il  sera  possible. 
L'on  chantera  le  Veni  Creator,  au  commencement  de  la 
messe,  et  le  Te  Deum,  à  la  fin.  L'on  fera  la  rénovation  des 
vœux  du  baptême,  en  présence  du  baptistère,  et  la  consé- 
cration de>  enfants  à  la  Ste.  Vierge  devant  son  autel  ou 
quelque  statue  qui  puisse  frapper  les  sens  et  l'imagination. 

XIV.  L'un  exigera  que  les  instituteurs  et  institutrices 
fassent  le  catéchisme  au  moins  deux  fois  par  semaine;  et  on 
les  formera  avec  soin  à  le  bien  faire.  En  donnant  de  bonnes 
méthodes  pour  y  réussir,  on  s'épargne  beaucoup  de  besogne^ 
jDuisque  leurs  élèves  se  trouvent  par  là  tout  préparés  à  bien 
comprendre  les  leçons  des  pasteurs'. 

XV.  Afin  qu'ils  ne  négligent  point  un  devoir  si  important^ 
l'on  exigera  que  tous  les  enfants  des  écoles  assissent  avec 
leurs  maîtres  et  maîtresses  au  catéchisme  les  dimanches  et 
fêtes,  en  donnant  à  chaque  école  une  place  distincte.     L'on 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  Î85 

établira  une  espèce  de  concours  en  donnant  un  prix  à  l'écolo 
qui  aura  fourni,  proportion  gardée,  plus  d'élèves  capables 
de  réciter  les  chapitres  qui  auront  été  donnés  le  dimanche 
précédant  pour  leçon  du  catéchisme  du  jour. 

XVI.  L'on  exhortera  souvent  les  paroissiens  à  assister  à 
ces  instructions  religieuses  et  à  ces  concours  ;  et  l'on  s'ap- 
pliquera avec  tout  le  soin  possible  à  former  la  génération 
actuelle,  par  l'éducation  chrétienne  et  religieuse. 

XVII.  Les  enfants  devraient  être  généralement  prêts  à 
faire  leur  première  «-ommunion  à  dix  ou  onze  ans. 

L'on  confessera  au  moins  une  fois  par  année  les  enfanta 
de  sept  ans  et  au-dessus,  qui  n'ont  pas  encore  fait  leur  pre- 
mière communion.  Avant  de  les  entemlre  en  confession, 
on  leur  fe' a  le  catéchisme,  pour  leur  cxpliiiuer  les  princi- 
paux mystères  de  la  foi,  les  dispositions  qu'ils  doivent  ap- 
porter à  la  confession  qu'ils  vont  faire;  et  on  leur  fei'a 
produire  tous  ensembles  les  actes  de  foi,  d'espérance,  do 
charité,  de  contrition  et  autres  ])riàres.  Car  ceux  des  enfants, 
qui  se  disposent  ])rochainement  à  faire  leur  première  com- 
munion, devront  se  confesser  quatre  ou  cinq  fois  dans  l'an 
née;  et  ils  le  feront  encore  plus  souvent  Ioi\squ'ils  fréquen- 
teront les  catéchismes  de  la  première  communion. 

XVIII.  Quand  il  sera  question  de  la  confirmation,  l'on 
fera  aux  confirmants  un  cours  d'instructions  pour  leur  rap- 
peler tout  ce  qu'il  leur  a  fallu  appremJre  pour  leur  première 
communion  ;  et  on  les  interrogera  avec  soin,  non  seulement 
sur  le  chapitie  de  la  Confirmation,  mais  encore  sur  leur» 
prières  et  le  reste  de  leur  catéchisme. 

XIX.  Dans  les  lieux  où  il  n'y  a  pas  d'écoles,  l'on  établira 
des  catéchistes,  afin  qu'il  y  ait  partout  pour  les  enfants  des 
moj'cns  d'apprendre  au  moins  la  lettre  du  catéchisme,  avant 
qu'ils  soient  admis  aux  instructions  pour  la  première  com- 
munion. 

XX.  Chaque  Paroisse  devra  avoir  sa  bibliothèque  com- 
posée de  livres  choisis,  selon  un  catalogue  qui  pourr  i  êtro 
donné  au  besoin.  Cet  établissement  devient  urgent,  et  pour- 
rait se  faire  sans  beaucoup  de  frais,  si  l'on  s'entendait  pour 


286  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

s'abonner  à  quelques  associations  de  Bons  Livres,  et  pour 
faire  faire  l'achat  des  livres  par  quelques  personnes  zélées. 

XXI.  L'on  exigera  que  les  sages-femmes  soient  suffisam- 
ment instruites  pour  pouvoir,  sans  danger,  assister  les 
femmes  à  leurs  couches,  dans  les  cas  ordinaires,  et  faire 
appeler  les  médecins,  lorsqu'il  y  a  nécessité  :  ce  que  devraient 
attester  quelques  médecins  habiles  auxquels  on  les  renver- 
rait pour  en  obtenir  des  certificats  de  capacité.  Chaque 
année,  on  les  réunira  pour  leur  rafraîchir  la  mémoire  de  ce 
qu'elles  doivent  savoir  et  pratiquer  quand  il  leur  faut  on- 
doyer les  enfants.  On  leur  suggérera  les  actes  et  pieux 
sentiments  qu'elles  devront  faire  produire  aux  femmes  ma- 
lades, pour  qu'elles  sanctifient  leurs  souffrances  par  la  péni- 
tence, la  douceur,  la  résignation  à  la  sainte  volonté  de  Dieu; 
II  faudra  avoir  soin  que  les  femmes,  avant  leurs  termes, 
approchent  des  sacrements,  pour  prévenir  tout  malheur,  et 
attirer  sur  leurs  enfants  les  bénédictions  du  ciel. 

XXII.  Il  faudra  aussi  s'assurer  prudemment  si  les  méde- 
cins sont  capables  de  baptiser  les  enfants  quand  il  y  a  dan- 
ger ;  et  s'ils  ne  seraient  pas  dans  l'usage  de  tuer  les  enfants 
pour  sauver  les  mères,  quand  ils  croient  les  uns  et  les  auti*es 
en  danger. 

XXIII.  Il  est  a  propos  de  donner  chaque  année,  une  ins- 
truction sur  les  cas  réservés,  et  d'avertir  que  dans  plusieurs 
circonstances  les  confesseurs  ont  le  pouvoir  d'en  absoudre, 
afin  d'attirer  au  confessionnal  ceux  qui,  étant  tombés  dans 
de  grands  péchés  et  ne  pouvant  ou  ne  voulant  point  recou- 
rir à  l'Evêque,  s'éloignent  de  la  confession  sous  prétexte  que 
les  Prêtres  n'ont  pas  assez  de  pouvoir  pour  les  absoudre. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  287 

CHAPITRE  III. 

Administration  des  sacrements. 

I.  L'on  se  fera  un  devoir  d'appi-endre  et  d'observer  ponc- 
tuellement les  règles  prescrites  dans  le  Rituel  pour  l'admi- 
nistration des  sacrements. 

II.  Les  baptêmes  se  feront  en  été  à  l'église,  et  à  la  sacris- 
tie en  hiver. 

m.  Le  baptistère  sera  tenu  sous  clef;  et  ou  n'y  déposera 
que  les  choses  nécessaires  à  l'administration  du  baptême. 
Il  sera  entretenu  avec  décence  et  propreté,  de  manière  à 
inspii'er  un  profond  respect  pour  ce  premier  Sacrement > 
L'on  veillera  à  ce  que  l'on  ne  mette  dessus  ni  chapeaux,  ni 
parapluies,  ni  autres  choses  quelconques. 

IV.  Le  temps  sera  partagé  entre  les  diverses  fonction» 
du  Saint  Ministère. 

V.  Dans  les  temps  de  concours,  v.  g.  le  Carême,  l'on  assi- 
gnera à  chaque  Arrondissement  le  jour  de  la  semaine  oti  les 
gens  de  ce  quartier  devront  venir  se  confesser.  Dans  ce 
temps,  l'on  donne  toutes  les  heures  du  jour  au  confessionnal, 
et  aux  divers  exercices  en  usage,  excepté  celles  oii  il  faut 
prendre  les  besoins  et  le  repos  nécessaires.  Chaque  chose 
doit  avoir  son  heure  fixe,  afin  que  chaque  Paroissien  soit 
siar,  en  venant,  de  trouver  son  Pasteur  pour  la  fonction 
qu'il  désire  requérir  de  son  ministère.  En  général,  en 
Carême  et  dans  les  temps  de  concours,  être  au  confessionnal 
depuis  six  hem-es  jusqu'à  11  heures,  en  prenant  le  temps  de 
célébrer  et  de  faire  son  action  de  grâces.  Eepos  jusqu'à 
deux  heures:  confessions,  baptêmes,  malades,  jusqu'à  quatre: 
prières  et  instructions  jusqu'à  quatre  et  demie  ou  quatre  et 
trois  quarts.  Confessions  jusqu'à  sept  heures.  Même  règle- 
ment pour  les  samedis  et  veilles  des  grandes  fêtes  qui  sont 
d'obligation. 

VI.  Pour  l'uniformité,  on  recommande  aux  confesseui's 
de  suivre  au  confessionnal  la  doctrine  de  St.  Alphonse  de 


288  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

Xiiguori.  Il  est  d'usage  de  n'admettre  à  la  sainte  commo- 
nion  ceux  qui  se  marient  sans  dispense  à  des  protestante, 
ainsi  que  <  eux  qui,  étant  catholiques,  vont,  infraudem  legis, 
se  marier  devant  des  ministres  ou  des  magistrats,  qu'après 
un  an  d'épreuve  à  compter  du  moment  de  leur  faute  afin 
de  réparer  le  scandale  donné  par  un  semblable  attentat.  On 
suit  la  même  conduite  à  l'égard  des  filles  qui  tombent  en 
faute.  Mais  on  peut  absoudre  toutes  ces  personnes,  du 
moment  qu'on  !e=i  juge  préparées. 

VII.  L'on  entendra  les  confessions  tous  les  jours,  excepté 
les  leudis,  depuis  six  heures  du  matin  jusqu'à  huit  heures. 
Depuis  dix  heures  jusqu'à  midi,  se  feront  les  baptêmes  et 
lea  petits  enterrements.  Dans  l'après-diner  l'on  visitera  les 
m^alades  pour  lesquels  on  viendra  les  chercher,  à  moins 
qu'il  n'y  ait  nécessité  de  les  aller  administrer  dans  un  autre 
temps.  On  ira  ensuite  les  consoler  aussi  souvent  que  l'on 
pourra.  Chaque  mois,  l'on  consacrera  une  ou  deux  journées 
à  la  visite  des-'  écoles. 

VIII.  Les  mariage^,  grand'messes,  et  services  avec  sépul- 
ture, se  feront  à  huit  heures  en  été,  et  à  huit  heures  et 
demie  en  hiver.  Permis.^^ion  est  donnée  de  faire  les  mariages 
sans  messe,  quand  les  gens  viennent  après  cette  heure. 

IX.  On  suivra,  pour  la  perception  des  droits  casuels,  le 
Tarif  approuvé  par  l'Evèque. 

X.  L'on  devra  bénir  les  mariages,  faits  clandestinement, 
mais  on  avertira  les  parties  qu'on  ne  leur  demandera  pas 
leur  consentement,  quand  il  a  été  donné  valideraent. 

(Les  qvcestionfs  circa  matrimonia  aideront  à  décider  les 
eas  qui  se  présentent  là-dessus.) 

XL.  Pour  f.es  l>éné  lictions,  l'on  fait  les  prières  marquées 
au  Rituel,  en  omettanii  le  consentement  et  la  prière,  et 
changeant  les  allocutions  et  oraisons  pour  qu'elles  convien- 
nent à  un  mariage  déjv  validement  contracté. 

XII.  Quand  un  mariage  a  été  nul  à  cause  de  quelque 
empêchement  secret,  ou  qui  ne  peut  devenir  public,  le  con- 
fesseur qui  l'a  appris  au  confessionnal,  recommande  à  Bon 
pénitent  de  le  lui  faire  connaître  hors  du  tribunal  :  Il  obtient 


r 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  289 

ensuite  lai-méme  la  dispense,  si  le  pénitent  ne  peut  lecourir 
au  Supérieur  ;  et  ayant  préparé,  autant  que  possible,  par  l'ab- 
solution, les  parties  aux  grâces  du  sacrement,  il  les  retient 
seules  à  la  sacristie  ;  et  là,  leur  ayant  signifié  qu'elles  ne 
sont  pas  validement  mariées,  à  cause  d'un  certain  empêche- 
ment dont  il  leui'  a  obtenu  dispense,  il  les  avertit  qu'il  leur 
faut  réhabiliter  leur  mariage,  pour  participer  à  ses  bénédic- 
tions. Il  leur  fait  ensuite  donner  leur  mutuel  consentement, 
comme  au  Rituel,  et  les  bénit  par  les  paroles,  et  ego  auctori- 
tate  Dei  etc.  Cette  réhabilitation  se  fait  sans  témoins  ;  et 
on  n'en  dresse  point  d'acte  dans  le  Registre. 

XIII.  Que  si  l'empêchement,  qui  a  annulé  le  mariage^ 
peut  devenir  public,  ce  qui  arrive  lorsqu'il  est  question 
d'une  parenté,  ou  affinité  licite  etc.,  après  avoir  obtenu  les 
dispenses  requises  de  bans  et  empêchement,  on  doit  appeler 
deux  témoins  pour  assister  au  renouvellement  du  consente- 
ment ;  et  on  en  dresse  acte  dans  le  Registre,  en  faisant 
référence  au  premier  mariage  et  en  mentionnant  pourquoi 
il  s'est  trouvé  nul. 

XrV. — Quand,  à  raison  de  certains  scandales,  donnés  pai- 
ceux  qui  ont  contracté  un  mariage  nul  devant  un  Ministre 
ou  un  Magistrat,  au  mépris  de  leurs  pasteurs,  l'Evêque  juge 
à  propos  de  faire  faire  amende  honorable  par  les  parties 
coupables,  on  doit  observer  ce  qui  suit.  Avant  de  prononcer 
cette  amende  honorable,  il  faut  avoir  la  précaution  de  la 
lire  en  particulier  aux  deux  parties,  et  si  elles  sont  mi- 
neures, devant  leurs  pères  ou  leurs  tuteui-s  qui,  ainsi  que 
les  parties  contractantes,  consentiront  devant  deux  témoins 
qu'on  la  lise  à  l'église. 

"NN.  et  ÎŒ.  dont  je  vais  immédiatement  publier  le  pre 
mier  ban,  ayant  grandement  scandalisé  cette  Paroisse  (par 
le  rapt  qui  a  eu  lieu  sur  la  fille,)  (ainsi  que  par  le  fiaux  ma- 
riage que  tous  deux  ont  prétendu  contracter  réellement 
devant  un  homme  qui  n'était  pas  leur  pasteur  légitime.) 
(et  par  la  cohabitation  publique  qu'ils  ont  eue  depuis  ce 
prétendu  mariage)  ;  Mgr.  l'évêque  de  Montréal  a  ordonné 
qu'ils  repareraient  aus.si  publiquement  ce  scandale  :  en  con- 

19 


290  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

séquence  tous  deux  m'ont  prié  de  déclarei",  dans  la  présente 
Assemblée,  qu'ils  demandent  pardon  à  Dieu  et  à  l'Eglise  du 
scandale  aflreux  qu'ils  ont  donné  par  la  conduite  susdite 
et  qu'ils  sont  très  fâchés  de  l'avoir  tenue.  Prions  Dieu,  mes 
frères,  qu'il  fasée  miséricorde  à  ces  pécheurs  repentants  ;  et 
comme  nous  nous  sommés  affligés  de  leur  égarement, 
réjouissons-nous  également  de  leur  retour."  ' 

XV.  Lorsque  de  justes  raisons  empêchent  de  fairecon- 
naître  aux  parties  que  leur  mariage  a  été  nul;  et  que  l'on  a 
lieu  de  craindre  de  graves  inconvénients,  si  on  les  séparait, 
l'on  doit  envoyer  à  l'Evèque  la  partie  coupable,  sans  lui 
déclarer  la  nullité  de  son  mariage.  Mais  s'il  est  moralement 
impossible  qu'elle  aille  trouver  le  Supérieur  Ecclésiastique, 
le  confesseur  ayant  obtenu  une  dispensé  m  radice,  et  ayant 
donné  l'absolution  au  coupable,  s'il  y  est  préparé,  lui  signifie 
que  son  mariage  avait  été  nul  à  cause  d'un  certain  empêchement, 
ynai 3  qu'il  le  déclare  bon  et  valide,  en  ayant  obtenu  le  pouvoir 
de  VEvéque.  En  demandant  cette  dispense,  il  faut  envoyer 
les  noms  des  .parties,  avec  la  date  et  le  lieu  du  mariage 
qu'il  faut  réhabiliter  par  la  dispense  in  radice  à  l'Evèque  qui 
doit  tenir  un  Registre  secret  de  ces  mariages  ainsi  réhabi- 
lités. 

XYI.  Lorsqu'il  est  question  d'obtenir  une  dispense  de 
mariage,  il  faut  exposer  au  Supérieur  les  raisons  qui  peuvent 
l'induire  à  l'accorder,  telles  qu'on  peut  les  voir  dans  la  Thé- 
ologie morale  de  St.  Liguori  (Lib.  vi.  Tract,  vi.  Cap. m. 
Dub.  IV.  De  matrimonio,  surtout  aux  n.  1129:  1130.)  Il 
faut,  sous  peine  de  nullité,  que  l'inceste  soit  déclaré  à  celui 
qui  dispense  ;  et  aussi  s'il  a  été  commis  dans  l'intention  de 
forcer  l'Erèque  à  l'accorder.  A  l'avenir,  nulle  dispense  ne 
devra  être  accordée  que  sur  une  lettre  du  Curé,  qui  exposera 
les  raisons  que  les  parties  ont  de  la  solliciter.  Gn  s'assurera, 
en  recourant  à  leur  acte  de  baptême,  que  les  parties  ont 
l'âge  requis  par  les  Canons.  On  profitera  de  la  circonstance 
de  leur  mariage,  pour  s'assurer  si  elles  sont  suffisaniment 
instruites  de  leurs  prières  et  de  la  doctrine  chrêtiëfirie.  De 
plus,  on  les  instruira  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  rece- 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  291 

voir  dignement  le  sacrement  de  mariage,  en  recourant  à 
l'extrait  du  Eituel.  On  y  ajoutera,  immédiatement  avant  le 
mariage,  l'instruction  suivante  : 

XVII.  In  usu  matrimonii,  effusio  seminis  extra  vas  natu- 
rale  est  semper  mortale  peccatum,  et  ad  debitum  conjugale 
sub  gi-avi  tenentur  conjugati,  nisi  légitime  impediantur. 
H»c  duo  débita  inter  alia  prudenter  monendi  sunt  sponsi 
iinmediate  ante  matrimonii  celebrationem.  Praxis  Domi- 
nicam  orationem  et  AngelieamSalutationemrecitandi,ante 
actum  conjugalem,  valdè  salutaris  est,  quia  sponsorum 
mentes  purificat  oratio  et  illos  à  gravissimis  peccatis  quœ 
sa?pi88ime  committuntur  removet.  ITnde  ad  hanc  praxim 
amplectendam  contrahentes  adhortetur  confessarius,  illos 
simul  prfemonendo  ne  unquàm  contra  conscientiam  agant  ; 
sed  in  omnibus  dubiis  directorem  suum  consulant.  Paulo 
jjost  matrimonium  contractum,  particulariùs  de  illius  usu 
prajcipiendi  sunt.  De  quo  vide  Theologiam  Moralem,  D. 
Alp.  de  Liguorio,  Lib.  vi.  Tract,  vi.  Cap.  ii.  Dub.  ii.  Art.  i 
et  II. 

XVni.  Chaque  année,  l'on  publiera  au  Prône,  le  premier 
dimanche  après  l'Epiphanie,  le  Décret  du  saint  Concile  de 
Trente  qui  regarde  l'empêchement  de  clandestinité,  comme 
il  est  prescrit  par  le  Eituel. 

XIX.  Lorsque  l'on  est  autorisé  à  faire  des  mariages  entre 
catholiques  et  protestants,  par  une  dispense  spéciale  du  Su- 
2)érieur  ecclésiastique,  l'on  se  conforme  ponctuellement  à  la 
direction  suivante. 

lo.  Le  Prêtre  engagera  la  partie  catholique  à  se  préparer 
par  la  réception  des  Sacrements  de  Pénitence  et  d'Eucha- 
ristie, aux  grâces  du  Mariage.  Il  l'avertira  qu'elle  contracte 
une  très-grave  obligation  de  faire  tout  en  son  pouvoir  jîour 
convertir  la  partie  protestante,  et  pour  élever  les  enfaiits  de 
l'un  et  l'autre  sexe  dans  la  religion  catholique. 

2o-  Il  fera  le  mariage  soit  à  la  sacristie,  soit  au  presby- 
tère, soit  dans  la  maison  d'un  particulier,  comme  il  le  jugera 
bon,  mais  jamais  à  l'Eglise. 

3o.  Il  ne  pourra  assister  au  dit  mariage  que  comme  té- 


292  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

moin.     En  conséquence,  il  n'y  paraîtra  qu'en  soutane  et  ne 
fera  aucune  prière  ni  cérémonie  religieuse. 

4o.  Les  parties  se  donneront  mutuellement,  en  sa  présence 
et  en  celle  d'au  moins  deux  autres  témoins,  le  consentement 
de  mariage,  sans  qu'il  soit  permis  au  Prêtre  de  le  leur 
demander. 

L'époux  dira  à  l'épouse  :  Je  prends  (une  telle)  qui  est  ici 
présente  pour  ma  femme  et  légitime  épouse  ;  et  l'épouse  em- 
ploiera la  même  formule. 

5o.  Dans  l'acte  de  mariage,  il  fera  mention  de  la  dispense 
qui  l'autorise  à  marier  un  protestant  avec  une  catholique, 
sans  aucune  publication  de  bans  ;  mais  il  ne  parlera  point 
de  la  dispense  de  disj)arité  de  culte  que  l'évêque  accorde  ad 
cautelam,  de  crainte  que  la  partie  protestante  n'ait  pas  été 
validement  baptisée,  et  que  pour  cela  il  n'y  ait  du  doute  sur 
la  validité  du  mariage.  Il  faudrait  cependant  mentienner 
cette  dispense  de  disparité  de  culte,  si  la  partie  protestante 
n'avait  pas  été  baptisée. 

60.  Avant  le  mariage,  il  exigera  de  la  partie  protestante 
les  promesses  contenues  dans  la  formule  de  serment  ci-des- 
sous ;  et  au  nom  de  l'Evêque  il  lui  fera  prêter  ce  serment, 
en  présence  de  deux  témoins  qui  sachent  signer,  et  l'acte 
demeurera  aux  archives  de  la  paroisse  ou  mission. 
SEftMENT  prêté  par  M. 
Protestant,  avant  son  mariage  avec  M. 
Catholique 

"  Je,  soussigné     ,  voulant  contracter  mariage  avec 

devant  un  Prêtre  catholique, 
et  ayant  eu  pour  cela  recours  à  une  dispense  particulière  de 
la  Cour  de  Eome,  qui  a  été  donnée     a  dit    par  Mgr.  l'Evê- 
que Catholique  de  Montréal,  promets  à  Dieu,  sur  la  foi  des 
Saints  Evangiles  et  en  présence  de  M. 
Prêtre  et  délégué  du  dit  Seigneur  Evêque  et  de  MM. 
témoins  pour  c«  appelés,  que  je  laisserai  à  tous  les  enfants 
qui  naîtront  de  mon  mariage  avec  1     dit 
toute  liberté  de  suivre  la  Religion  Catholique,  Apostolique 
et  Eomaine,  et  aussi  que  je  ne  gênerai  jamais  en  aucune 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  293 

manière  1  dans  l'exercico  de  la 

ReUgion  dont  fait  profession.  Ainsi  Diôu  me  soit  en 
aide  et  ses  Saints  Evangiles. 

Fait  et  passé     à     en  présence  du  dit  M.  soussigné,  prêtre 

et  pour  ce  dûment  autorisé,  et  de  MM. 

pour  ce  appelés  et  qui  ont  signé  avec 

moi  le  jour  du  mois  de  de  l'année 

mil-huit-cent-  " 

XX.  Le  Prêtre  chargé  par  le  Supérieur  Ecclésiastique  de 
recevoir  l'abjuration  des  hérétiques  observe  ce  qui  est  pres- 
crit dans  le  Rituel.  Il  faut  remarquer  là-dessus  ce  qui  suit  : 
lo.  Si  le  néophyte  n'a  jamais  été  baptisé,  il  n'y  a  aucune 
absolution  des  censures  à  lui  donner  ;  et  on  ne  le  confesse 
que  pour  s'assurer  de  ses  bonnes  dispositions  intérieurefit. 
On  le  baptise  aussitôt  qu'il  est  suffisamment  instruit;  et  on 
procède  ensuite  à  l'administration  des  sacrements  d'Eucha- 
ristie., confirmation  et  autres,  s'il  y  est  disposé  ;  2o.  S'il  a 
reçu  un  baptême  quelconque,  voici  comment  on  procède. 
On  commence  par  l'instruire  et  le  confesser  pour  le  préparer 
à  bien  recevoir  les  sacrements.  Puis  on  le  baptise,  après 
quoi,  on  lui  donne  l'absolution  des  censures  encore  sous 
condition.  Cela  fait,  on  le  confesse  et  on  le  fait  s'accuser 
en  général  de  toutes  les  fautes  confessées  dans  la  confession 
générale  et  on  l'absout  sous  condition.  On  l'admet  ensuite 
à  la  sainte  communion.  Quant  aux  mariages  des  protestants 
convertis,  on  les  bénit  comme  au  No.  X  et  XI. 

Que  si  un  mariage  a  été  nul,  à  cause  de  la  disparité  du 
culte  ou  de  tout  autre  empêchement,  l'on  suit  ce  qui  est 
marqué  aux  Xos.  XII  et  XIII,  en  tout  ce  qui  est  applicable 
au  cas  présent. 


■294  MANDExMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

CHAPITEE  IV. 

Bu  Culte. 

I.  Chaque  Curé  se  fera  un  devoir  de  donner  au  culte 
extérieur  toute  la  solennité  possible.  Il  observera  avec 
respect  et  amour  les  Eubriques  du  Missel  et  du  Bréviaire 
et  les  rites  prescrits  dans  le  Cérémonial  approuvé  poux  le 
Diocèse. 

II.  Il  veillera  à  ce  que  l'Eglise,  les  autels,  les  vases  sacrés, 
les  linges  et  ornements,  le  baptistère,  le  sac  aux  saintes 
huiles,  en  un  mot  tout  ce  qui  est  consacra  au  culte  du  Sei- 
gneur, soit  tenu  en  un  tel  état  de  décence  et  de  propreté 
que  les  Fidèles,  en  voyant  ces  objets  sacrés,  soient  édifiés  et 
fortifiés  dans  la  Foi.  Les  clefs  du  tabernacle  et  celles  des 
fonds  baptismaux  demeureront  sous  la  garde  des  Prêtres 
seuls.  St.  Alphonse  de  Liguori  le  prescrit  à  ses  curés  ;  et 
le  Saint-Siège  en  fait  une  recommandation  spéciale  à  l'Evè- 
que  de  Montréal,  dans  un  Eescrit  du  16  Juillet  1843,  où  il 
lui  accorde  le  privilège  de  permettre  à  certaines  Eglises  de 
garder  le  Saint  Sacrement.  "  Pro  gratiâ  retinendi  SSmum. 
Eucharistie  sacramentum,  ità  tamen  ut  fiât  in  loco  prorsus 
decenti  et  quanto  melius  potuit  ornato,  ac  tuto,  ante  cibo- 
rium  lampas  semper  accensa  die  ac  nocte  retineatur,  et 
ciborii  clavis  ab  aliquo  sacerdote  custodiatur,  super  quo 
conscientia  Episcopi  oneratur." 

Chaque  Curé  prendra  pour  lui,  quant  au  soin  vigilant 
qu'il  doit  avoir  de  la  sainte  Eucharistie  dans  sa  paroisse,  la 
recommandation  si  sérieuse  que  fait  ici  le  Pape  à  TEvêque, 
pour  toutes  les  Eglises  de  son  diocèse. 

Le  sac  aux  saintes  hiiiles  pourra  être  gardé  au  presbytère,, 
quoique  ce  soit  contre  la  règle  générale  de  l'Eglise.  Mais 
on  le  déposera  dans  une  armoire  décente  et  fermant  à  clef, 
dans  laquelle  on  ne  mettra  rien  autre  chose,  par  respect 
pour  les  objets  si  saints  qu'il  renferme. 

III.  Il  fera  ses  efforts  pour  qiie  tous  les  offices  sur  semai- 
nes comme  ceux  des  dimanches  et  fêtes,  soient  bien  chantés 
et  servis. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  2'J5 

IV.  Il  y  aura  un  mnitre  chargé  d'enseigner  le  cLant  à 
ceux  qui  désireront  l'apprendre.  Il  en  donnera  des  leçons 
les  dimanches  et  fêtes,  avant  la  grand'raesse,  ou  après  les 
vêpres  ;  et  plus  souvent  si  la  chose  est  possible.  On  l'ensei- 
gnera principalement  aux  enfants  qui  fréquentent  les  écoles. 
La  fabrique  payera  au  besoin  le  maître  qui  sera  engage 
pour  cela.  Il  suivra  le  règlement  dressé  pour  le  maître  de 
chœur,  lequel  devra  être  exposé  à  la  sacristie. ,',,j,^^j,^ 

V.  Il  se  fera  aussi,  toiis  les  dimanches  et  fêtes,  un  exercice 
de  cérémonies  avant  la  grand'messe.  Un  des  Instituteurs 
de  la  paroisse  pourra  en  avoii'  la  charge  et  il  se  conformera 
au  règlement  qui  le  dirigera  dans  l'accomplissement  de  cet 
important  devoir.  Ce  règlement,  ainsi  que  ceux  qui  regar- 
deront les  devoirs  de  l'organiste,  du  sacristain,  du  bedeau, 
des  surveillants  chargés  de  maintenir  le  bon  ordre  dans 
l'Eglise,, seront  exposés  à  la  sacristie,  pour  que  chacun  puisse 
y  avoir  recoure,  et  les  consulter  au  besoin. 

VI.  Les  OâSces  publics  commenceront  toujours  aux  heu- 
res fixées.  En  hiver  lu  grand'messe  commencera  à  dix 
heures  ;  et  à  neuf  le  reste  de  l'année.  Les  Vêpres  seront 
régulièrement  à  deux  heiires  en  hiver  et  à  deux  heures  et 
demie  en  été. 

VII.  Quand  on  portera  le  Saint  Viatique  aux  malades, 
l'on  exigera  qu'il  y  ait  une  voiture,  ou  au  moins  un  homme 
à  cheval  pour  précéder  la  voiture  où  est  le  Prêtre  portant 
le  Saint  Sacrement  et  une  autre  voiture  pour  le  suivre.  Le 
cavalier  devrait  avoir  quelques  livrées  pour  annoncer  au 
loin  que  c'est  le  bon  Dieu  qui  passe  par  la  paroisse.  Il 
Ijoiu'rait  porter  le  fanal  allumé  et  suspendu  a  son  cou  par 
des  chaînettes  ;  et  sonner  la  cloche.  Il  est  d'usage  dans 
plusieurs  paroisses  que  tous  les  gens  de  la  concession  où 
l'on  va  porter  le  bon  Dieu,  se  mettent  à  sa  suite  pour  lui 
faire  cortège  jusqu'à  la  maison  du  malade.  Ce  pieux  usage 
devrait  être  encouragé  partout.  Il  serait  à  désirer  qu'il  y 
eut  d^ns  chaque  paroisse,  une  voiture  décente  qui  ne  servi- 
rait que  quand  on  porterait  le  Saint  Viatique.  Cette  voiture 
poui-rait  avoir  deux  fanaux  fixés  à  la  devanture.  L'Extrême- 


296  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Onction  peut  toujours  être  donnée  après  le  Saint  Viatique  ; 
car  Benoit  XIV  décide  que  ce  sacrement  peut  être  adminis- 
tré quand  le  malade  gravi  morho  laborat. 

Vm.  L'auguste  sacrement  des  autels  devant  être  l'objet 
continuel  de  nos  adorations,  tout  le  zèle  du  Prêtre  doit  ten- 
dre à  le  faire  vénérer  dans  sa  Paroisse,  en  travaillant  con- 
stamment à  entretenir  cette  salutaire  dévotion  par  la  fré- 
quente communion,  et  la  visite  journalière  des  églises  où  il 
réside. 

Il  faudrait  engager  les  fidèles  à  se  confesser  plusieurs 
jours  avant  les  solennités  où  ils  désirent  communier,  pour 
gagner  les  indulgences  qui  y  sont  attachées.  Par  ce  moyen, 
beaucoup  de  personnes  pieuses  peuvent  fréquenter  les  sacre- 
ments aux  grandes  fêtes  de  l'année.  En  insistant,  on  finira 
par  leur  faire  comprendre  qu'un  Prêtre  seul  ne  peut,  en 
quelques  heures  de  confession,  satisfaire  au  besoin  du  grand 
nombre  de  ses  paroissiens,  qui  voudraient  profiter  des  indul- 
gences accordées  dans  ces  solennités  ;  et  qu'il  leur  est  bien 
facile  de  se  conserver  plusieurs  jours  dans  cette  pureté  de 
oœur,  requise  pour  la  sainte  communion. 

IX.  La  lampe,  qui  doit  brûler' jour  et  nuit  près  de  l'autel 
où  réside  Notre  Seigneur  doit  être  soigneusement  entre- 
tenue, pour  qu'elle  soit  en  quelque  sorte  le  symbole  de  la 
tendre  piété  de  toute  la  Paroisse,  pour  cet  incomparable 
Maître.  Les  processions  du  Saint  Sacrement  se  feront  avec 
toute  la  pompe  possible. 

X.  Dans  les  paroisses  où  les  Curés  et  Fabriques  sont 
chargés  de  quelques  Messes  de  fondation,  il  y  aura  dans  la 
-sacristie  un  tableau  où  l'on  inscrira  le  nombre  des  Messes  à 
la  charge  de  l'EgUse  ou  à  celle  du  Prêtre,  les  jours  et  les 
autels  où  ces  messes  devront  être  célébrées,  et  en  faveur  de 
quelles  personnes  :  les  noms  des  fondateurs  et  bienfaiteurs. 

XI.  Il  sera  du  devoir  des  Curés  d'exiger  que  les  exécu- 
teurs testamentaires  fassent  acquitter  au  plus  tôt  les  Messes 
^t  les  l«gs  pieux  prescrits  par  les  défunts  dont  ils  exécutent 
les  dernières  volontés.  St.  Alphonse  de  Liguori  veut  que 
<«9  soit  dan*  le  cours  du  mois  qui  suit  le  décès. 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  297 

XII.  L'on  se  pourvoira  de  nouvelles  huiles  consacrées* 
pour  l'année,  le  plus  tôt  possible  après  le  Jeudi  Saint,  et 
î'oa  s'en  servira  pour  faire  sans  délai  l'eau  baptismale. 

L'on  n'enverra,  pour  chercher  les  saintes  huiles  à  l'Evê- 
ché,  que  des  hommes  respectables,  qui  devront  être  avertis 
de  ne  pas  laisser  traîner  dans  les  auberges  ou  ailleurs  les 
boites  qui  les  renferment.  Ces  boîtes  devront  avoir  été 
purifiées,  et  èti-e  prêtes  à  recevoir  les  nouvelles  huiles. 


CHAPITEE  V. 

Divers  secours  spirituels  et  temporels  pour  le  bien  des  Paroisses. 

Le  Pasteur  veillei-a  sans  cesse  sur  sa  paroisse  xîour  i-éfor- 
mer  les  abus  et  y  établir  le  bien.  Pour  cela  il  observera  ce 
qui  suit. 

I.  Les  enfants  ne  fréquenteront  point  les  écoles  protes- 
tantes, 

II.  Les  filles  ne  fréquenteront  point  les  écoles  tenues  par 
des  Instituteurs. 

III.  Les  fréquentations  seul  à  seul  ne  seront  en  aucune 
manière  tolérées  ;  et  l'on  suivra  strictement  la  circulaire 
du  16  février  1843. 

TV.  Les  bals  et  rassemblements,  où  l'on  ne  voudra  pas 
•observer  les  précautions  suggérées  dans  la  dite  circulaire, 
aeront  interdits. 

L'on  veillera  sur  les  diverses  espèces  de  jeux,  qui  s'intro- 
duisent malheureusement  dans  la  ville  et  les  paroisses  de 
la  campagne,  afin  de  s'élever  fortement  contre  ceux  qui  font 
perdre  beaucoup  de  temps,  ou  qui  occasionnent  chaque 
«oirée  de  risquer  aux  chances  du  hasard  une  somme  qui 
pourrait  suffire  pour  le  soutien  d'une  famille  pendant  une 
journée,  selon  la  condition  des  joueui-s  ;  ou  qui  causent  des 
vols,  des  querelles  et  autres  désordres.  Ceux  qui  contribuent 
.efficacement  à  ces  jeux  ;  v.  g.,  les  maîtres  des  maisons  où 


298  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ils  se  font,  doivent  être,  aussi  bien  que  les  joueurs,  priyés 
des  sacrements.  -l^'.vHr  J(  I  >!i;îa  of  ,o. 

V.  Les  filles  qui  cherchent  à  se  placer  dans  les  maisons 
de  la  ville,  pour  y  servir,  pourront  être  recommandées  à  la 
Maison  de  Providence,  où  l'on  prendra  des  moyens  de  ley 
placer,  autant  que  possible,  dans  de  bonnes  maisons,  et  dp 
les  conserver  dans  leur  innocence.  ..  t 

VI.  L'on  prendra,  dans  chaque  paroisse,  des  moyens  effi- 
caces pour  réduire  le  nombre  des  auberges,  afin  de  pouvoir 
ensuite  y  maintenir  l'ordre.  L'on  conseille  aux  Pasteurs 
de  visiter  de  temps  en  temps  leurs  aubergistes,  pour  les 
encourager  à  ne  point  vendre  les  dimanches  et  fêtes,  à  ne 
donner  à  chacun  que  selon  son  besoin  ;  «t  à  tenir  à  honneur 
que  les  personnes  qui  fréquentent  leurs  maisons,  surtout  les 
jeunes  gens,  n'y  fassent  jamais  dexcès,  n'y  chantent  jamais 
de  mauvaises  chansons,  n'y  tiennent  jamais  de  mauvais  dis- 
cours. L'on  se  fera  un  devoir  à  l'Evêché  de  représenter  aux 
autoj'ités  civiles  leur  obligation  de  ne  pas  contribuer  à  la 
démoralisation  du  Peuple,  en  accordant  des  licences  à  ceux 
qui  n'ont  pas  les  qualités  pour  cela. 

VII.  L'on  devra  veiller  soigneusement  à  ce  que  les  livi'es 
contre  la  foi  et  les  mœurs  ne  se  glissent  pas  dans  les  parois- 
ses et  à  ce  que  les  Ministres  qui  prêchent  l'erreur  ne  soient 
point  reçus  dans  les  maisons. 

VIU.  L'on  travaillera  à  fortifier  la  foi  des  fidèles,  par  des 
instructions  solides  mais  simples,  sur  les  vérités  controver- 
sées et  en  rép  'ndant  de  bons  livres,  pour  les  prémunir  con- 
tre le  danger  tles  erreurs  courantes. 

IX.  L'on  travaillera  avec  zèle  à  procurer  la  conversion 
de  nos  frères  séparés,  surtout  en  priant  et  faisant  prier  pour 
eux  et  en  leur  donnant  bon  exemple.  De  bons  livres  que 
l'on  ferait  circuler  parmi  eux  détruiraient  beaucoup  de  pré- 
jugés. 

X.  L'on  fera  tous  ses  efforts  pour  déraciner  les  blasphêr, 
mes,  les  fraudes  dans  les  marchés,  le  luxe  dans  les  ameuble-r 
ments  et  les  habits,  les  modes  indécentes,  tant  à  l'église  que 
dans  les  familles,  la  coutume  de  coucher  les  enfants  dan** 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  299 

les  lite  de  leiu-s  pères  et  mères,  à  Tâge  où  cela  pourrait  être 
dangereux  à  leur  vie  ou  à  leurs  mœurs,  l'usage  de  faire 
coucher  les  petites  filles  avec  les  petits  garçons,  les  abus 
qui  régnent  dans  les  maisons  des  pauvres,  dans  les  villes  et 
les  grands  villages. 

XI.  L'on  recommandera  la  pratique  de  l'Oraison  mentale, 
dont  on  enseignera  la  méthode,  aux  âmes  appelées  à  mener 
une  vie  plus  parfaite  que  le  commun,  la  prière  en  commun 
au  moins  le  soir,  la  lectui'e  spirituelle,  la  vie  de  règle  pour 
le  bon  gouvernement  des  familles  de  la  Paroisse.  Le  Règle- 
ment de  vie,  qui  se  trouve  dans  la  journée  du  chrétien,  ou 
autre  pourrait  être  proposé  aux  pères  et  mères,  maîtres  et 
maîtresses,  et  lu  au  prône  de  temps  en  temps,  avec  quelques 
réflexions  pour  le  bien  faire  comprendre  et  en  fau-e  goûter 
les  avantages. 

XII.  L'on  procurera  à  ses  Paroissiens  les  grâces  de  la 
mission  ou  retraite  de  temps  en  temp^^;  et  il  est  à  désirer 
que  chaque  Paroisse,  tant  soit  peu  opulente,  soit  dotée  de 
quelque  communauté,  pour  l'instruction  et  les  œuvres  de 
charité. 

XIII.  Chaque  paz'oisse  doit  avoir  un  soin  tendre  et  c^/m- 
patissant  de  ses  pauvres.  L'on  placera  dan.>?  de  bonnes 
maisons  ceux  qui,  par  infirmité,  ne  pourront  aller  demander 
l'aumône,  et  l'on  fera  au  besoin  des  quêtes  dans  la  paroisse 
pour  payer  leurs  dépenses.  Pour  que  les  aumônes  des 
pai'oissiens  soient  réparties  avec  plus  d'avantages  entre  les 
pauvres  du  lieu,  l'on  établira  la  Société  de  Charité,  en  vertu 
du  Mandement  du  25  Janvier  1842,  et  conformément  au 
règlement  donné  alors  pour  la  direction  de  cette  Association. 
Ce  règlement  est  au  fonds  celui  que  donna  St.  Vincent  de 
Paul  aux  Dames  de  charité  qu'il  établit  en  France;  ce  qui 
suffit  pour  inspirer  une  juste  confiance  dans  le  succès  des 
bonnes  œuvres  qui  s'entreprendront  sous  la  direction  et 
patronage  de  ce  grand  saint.  L'on  donnei-a  de  l'ouvrage 
aux  pauvres  capables  de  ti-availler  ;  et  on  les  tirera  par  là 
de  l'état  d'oisiveté  qui  leur  est  si  funeste.  Il  est  à  désirer 
que  les  aumônes  ne  se  fassent  qu'en  provisions  et  en  habits, 


300  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

et  jamais  en  argent.  L'on  placera  les  orphelin.s  et  les  orphe- 
lines dans  de  bonnes  maisons.  L'on  ne  donnera  rien  aux 
pauvres  des  autres  paroisses  sous  quelque  prétexte  que  ce 
soit,  si  ce  n'est  quelques  fois  à  manger,  en  leur  recomman- 
dant de  s'en  retourner  chez  eux  au  plus  vite. 

Il  y  aura  au  presbytère  une  liste  exacte  des  pauvres  de  la 
paroisse,  et  on  la  fera  connaître  aux  paroissiens,  pour  qu'ils 
sachent  à  qui  faire  leur  aumône.  On  ne  négligera  rien  pour 
que  les  pauvres  soient  bons,  et  puissent,  par  leurs  vertus, 
attirer  toutes  sortes  de  bénédictions  sur  les  paroisses.  Il 
est  à  désirer  que  l'on  fasse,  dans  quelques  paroisses  centra- 
les, des  établissements  de  charité,  pour  y  recevoir  toutes  les 
personnes  qui  n'ont  point  d'asile,  pour  servir  d'hospices  aux 
infirmes  de  toutes  les  paroisses  du  comté  ou  de  l'arrondisse- 
ment, qui  auraient  droit  d'y  envoyer  leurs  pauvres  valétu- 
dinaires, moyennant  certaines  contributions  qu'il  leur 
faudrait  payer.  Avec  du  temps  et  de  la  persévérance,  ce 
plan  peut  très-bien  se  réaliser.  Il  y  a  dans  le  diocèse  assez 
de  ressource  pour  cela.  D'ailleurs  il  y  a  déjà  plusieurs 
établissements  de  ce  genre  qui  font  beaucoup  de  bien  et  qui 
donnent  de  grandes  espérances  pour  l'avenir. 

XIY.  Les  enfants  illégitimes,  qui  seront  portés  aux  Sœurs 
Grnses,  devront  avoir  des  certificats  qui  attestent  qu'ils  ont 
été  baptisés,  et  confiés  à  des  personnes  respectables  sur  qui 
on  puisse  compter.  Sans  ces  précautions,  il  arrive  de  bien 
tristes  choses. 

XV.  Les  pauvres  et  infirmes  ne  doivent  être  envoyés 
dans  les  hôpitaux  et  hospices  de  la  ville,  que  lorsque  l'on 
s'est  assuré  des  places  pour  eux.  Car,  sans  cette  précaution, 
ils  seraient  exposés  à  périr  dans  les  rues  ou  à  être  transpor- 
tés aux  stations  de  la  police  ou  dans  les  prisons.  Ce  qui 
crijerait  vengeance  au  ciel  conti'e  les  auteurs  de  cette  barba- 
rie. Les  filles  qui  ont  eu  le  malheur  de  se  laisser  séduire, 
et  qui  ont  de  justes  raisons  de  se  cacher,  peuvent  être  diri- 
gées vers  l'établissement  de  Ste.  Pélagie  où,  avec  tous  les 
soins  corporels  qu'on  leur  donne,  on  tâche  de  les  prémunir, 
par  tous  les  secours   relisrieux,  contre  les  dangei-s  de  la 


CIRGULAIBES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  201 

rechute.  On  y  veille  particulièrement  à  ce  que  les  fiJJef:, 
qui  y  vont  faire  leurs  couches,  soient  cachées,  afin  que, 
conservant  leur  honnem*  aux  yeux  du  monde,  elles  soient 
encouragées  à  travailler  à  ne  plus  s'exposer  à  un  pareil 
malheur. 

XVI.  Le  Curé  fera  seul  la  visite  de  sa  paroisse  chaque 
année,  au  lieu  de  la  faire  avec  les  Marguilliers,  s'il  y  trouve 
plus  d'avantage  pour  le  bien  de  sa  paroisse.  C'est  le  moyen 
de  connaître  les  besoins  de  son  troupeau.  Le  recensement 
qu'on  doit  faire,  exprimera  les  noms  et  âges  de  ceux  qui. 
composent  chaque  famille,  le  nombre  des  âmes  et  des  com- 
muniants, ceux  qui  ont  été  eonfii-més  et  ceux  qui  ne  l'ont 

point  été ceux  qui  n'ont  pas  fait  leui's  Pâques,  et  ceux 

qui  n'ont  pas  été  à  confesse  dans  l'année,  les  ignorants  qui 
ne  peuvent  être  admis  aux  sacrements,  les  pécheiu's  publics. 
Ce  recensement  ainsi  fait  donne  au  Curé  une  grande  facilité 
pour  s'assurer  si  tous  les  adultes  se  sont  confessés  et  ont 
communié  dans  l'année  ;  et  si  tous  les  enfants  au-dessus  de 
sept  ans  ont  été  à  confesse.  Car  il  est  facile  d'en  faire  l'appel 
nommément,  lorsqu'on  les  fait  venir  pour  la  confession. 

XVII.  Tout  Curé  est  tenu,  d'avertir  ceux  de  ses  paroissiens 
qui  vivent  en  péché  mortel,  ou  qui  sont  en  danger  d'y  tom- 
ber; et  cela  toutes  les  fois  qu'il  peut  y  avoir  espérance 
d'amendement.  Le  Curé  qui  manquerait  à  cette  obligation 
serait  tenu  à  la  restitution  d'une  portion  des  fruits  de  son 
bénéfice. 

XVin.  Chaque  Curé  entretiendra  le  Presbytère  et  les 
dépendances  de  la  cure,  comme  un  bon  père  de  famille.  Il 
fera  à  ses  frais  les  menues  dépenses  nécessaires  à  l'entretien 
de  son  bénéfice  ;  et  avertira  la  Paroisse  quand  il  sera  temps 
de  faire  de  grandes  réparations.  Il  s'entendra  avec  l'Evèque, 
lorsqu'il  surviendra  quelques  difficultés,  pour  que  les  parois- 
siens soient  forcés  au  besoin  de  s'acquitter  de  l'obligation 
où  ils  sont  de  loger  convenablement  leur  Pasteur.  Aucun 
curé  ne  quittera  le  Presbytère,  pour  se  loger  dans  une  mai- 
son particulière,  sans  la  permission  par  écrit  de  l'Evèque  ; 
laquelle  ne  se  donnera  que  pour  le  temps  qui  sera  jugé 


302  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

nécessaire   pour   la   bâtisse  ou   réparation   du  Presbytère. 

XIX.  L'on  fera  faire  dans  chaque  Paroisse  un  Inventaire 
en  forme  des  biens  meubles  et  immeubles  de  la  cure,  dont 
l'original  sera  enregistré  dans  le  livre  des  Actes  de  délibé- 
ration de  la  fabrique  ;  et  une  copie  déposée  dans  les  archives 
de  l'Evêché. 

L'on  marquera  exactement  tout  changement  qui  serait 
fait  à  cet  inventaire,  soit  par  addition,  soit  par  soustraction  ; 
et  l'PJvêque  en  prendra  note  sur  sa  copie  pendant  la  visite 
Pastorale.     Tous  les  dix  ans  cet  Inventaire  sera  renoiivelé. 

Quand  un  prêtre  entre  en  cure,  il  fera  avec  les  Marguil- 
liers  de  l'Œuvre  et  un  Notoire,  la  visite  de  tous  les  objets 
portés  dans  l'Inventaire  et  en  constatera  l'état,  par  un  Acte 
qui  sera  porté  dans  le  Registre.  Il  en  fera  de  même  quand 
il  quittera  cette  cure  ;  et  s'il  y  meurt,  son  exécuteur  testa- 
mentaire le  fera  pour  lui.  '  '-''*'=  i:; .f;iO'.i>9o-L  a'j 

XX.  Chaque  fabrique  devra  avoir  ses  Archives  pour  y 
déposer  les  Décrets  d'érection.  Proclamation  pour  la  recon- 
naissance civile  de  la  Paroisse,  les  Registres,  les  livres  de 
comptes,  les  Mandements,  Statuts,  Dispenses,  lettres  d'af- 
faires et  autres  papiers  qui  intéressont  la  cure.  Il  faudra 
classer  et  mettre  par  ordre  tous  ces  papiers  pour  qu'on 
puisse  les  trouver  au  besoin. 

L'armoire  qui  les  renfermera,  devra  fermer  à  clef,  et  être 
portative,  pour  qu'en  cas  de  feu,  on  puisse  aisément  la  trans- 
porter ailleurs. 

XXI.  Il  y  aura  un  coffre  fort,  lequel  aura  deux  clefs  dif- 
férentes Tune  de  l'autre,  dont  une  sera  entre  les  mains  du 
Curé  et  l'autre  entre  celles  du  Marguillier  en  charge.  Il 
sera  déposé  dans  un  lieu  sûr,  au  jugement  des  Marguilliers 
l'égulièrement  assemblés  ;  et  tous  les  argents  de  la  fabrique 
y  seront  soigneusement  conservés.  Chaque  fois  que  l'on  en 
fera  l'ouverture,  le  Curé  et  le  Marguillier  en  charge  y  seront 
présents  et  l'on  portera  sur  le  livre  de  compte  l'acte  des 
argents  qui  y  auront  été  déposés,  ou  qui  en  auraient  été 
tirés. 

XXII.  Les  livres  de  comptes  et  xlctes  de  délibérations  de 


CIRCULAIRES  Eï  AUTRES  DOCUMENTS  303 

fabriques  seront  intitulés,  cotés  et  paraphés  par  le  Curé,  afin 
l'on  puisse  en  prouver  l'authenticité.  L'on  se  conformera 
au  Eituel  et  aux  Notes  diverses  pour  la  rédaction  des  actes 
qui  y  seront  insinués.  L'on  ne  laissera  jamais  de  blancs 
enti-e  les  Actes.  L'on  authentiquera  par  la  8iij::nature  de 
celui  qui  est  député  pour  dresser  les  actes,  les  renvois,  les 
mots  en  marij^e,  ceux  qui  sont  effacés,  les  actes  déclarés  nuls, 
etc.,  etc.  Tous  ces  livi'es  et  papiers  seront  tenus  dans  le 
meilleur  ordre  possible. 

XXIII.  Chaque  Marquillier  devra  rendre  ses  comptes 
dans  le  cours  de  l'année  qui  suivra  celle  de  sa  gestion.  S'il 
ne  le  fait  point,  le  Curé  en  avertira  l'Evêque,  qui  prendra 
les  moyens  qu'il  jugera  convenables  pour  lui  faire  remplir 
son  devoir,  A  chaque  reddition  de  compte,  il  faut  comj^ter 
en  présence  des  Marguilliers  de  l'Œuvre  l'argent  déposé  au 
coffre,  et  en  dresser  un  bordereau  dont  l'original  est  laissé 
au  dit  coffre  et  dont  une  copie  est  insinuée  au  livre.  Le 
montant  du  coffre  ainsi  constaté  est  porté,  comme  premier 
article  de  recette,  au  compte  du  Marguillier  en  charge. 

XXIY.  Pour  l'érection  des  Paroisses  et  les  bâtisses  ou 
réparations  d'Eglises,  Presbytères,  on  observera  ce  qui  est 
mai'qué  dans  les  notes  diverses,  en  observant  toutçfois  ce 
qui  suit,  parce  qu'il  y  a  eu  dans  les  lois  civiles  quelques 
amendements  depuis  la  publication  de  cet  excellent  ouvrage, 
qui  doit  trouver  place  dans  chaque  bibliothèque  de  Curé  et 
Vicaire. 

L  Ce  n'e.st  plus  l'Ordonnance  de  1791,  mais  le  Bill  de  la 
2e  Victoria,  c.  29,  et  celui  de  la  ie  c.  23  que  l'on  suit  pour 
parvenir  aux  fins  susdites. 

IL  En  dressant  les  Eequêtes  et  autres  actes,  il  faut  faire 
les  changements  qu'exige  la  diôerence  des  lieux,  des  temps 
et  autres  circonstances,  en  se  conformant  aux  dispositions 
spéciales  de  la  susdite  ordonnance. 

III.  Dans  les  Eequêtes  tant  à  l'Evêque  qu'aux  Commis- 
saires, il  faut  exprimer  qu'elle^!  eont  da  \2i  majorité  des  habi- 
tante francs-tenanciers,  etc. 


304  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTOBALES, 

IV.  La  Eequête,  poui*  obtenir  la  reconnaissance  civile  des^ 
Paroisses,  ne  s'adresse  pas  au  Gouverneur,  mais  aux  Com- 
missaires. 

On  la  dresse  comme  suit  :  A  Messieurs  les  Commissaires 
chargés  de  procéder  à  la  reconnaissance  civile  des  paroisses,  à 
la  bâtisse  d'églises,  presbytères,  etc. 

L'humble  requête,  etc. 

Y.  La  notice  du  commissaire  de  l'Evèque  doit  être  publiée 
et  affichée  pendant  deux  dimanches  consécutifs  à  la  porte 
de  l'église  ou  chapelle,  (ou  dans  l'endroit  le  plus  commode 
pour  les  intéressés)  à  l'issue  du  service  divin  du  matin  ;  et 
celui  qui  certifie  ces  publications  et  affiches  doit  être  un 
homme  public,  c'est-à-dire  un  Huissier  ou  Notaire  ou  Juge  de 
Faix,  et  il  doit  exprimer  cette  qualité  d'homme  public. 
L'opération  ne  doit  pas  avoir  lieu  avant  le  jeudi  qui  suit  la 
seconde  publication  de  la  notice.  Cette  notice  ne  se  publie 
qu'une  fois  dans  les  lieux  où  l'office  public  se  fait  de  deux 
dimanches  l'un. 


Modèle  de  certificat  pour  une  notice. 

"Je,  soussigné,  certifie  avoir  lu  publiquement  et  affiché  la 
notice  ci-dessus  à  la  porte  de  la  maison  du  sieur  XN".  regar- 
dée comme  le  lieu  le  plus  public  de  la  résidence  des  inté- 
ressés, à  la  porte  de  l'église  de  N.  où  s'est  célébré  l'office 
divin  du  matin,  étant  la  dite  paroisse,  une  des  deux  qui  sont 
desservies  par  le  même  curé,  à  l'issue  du  service  divin  du 
matin,  pendant  deux  dimanches  consécutifs,  savoir  les 
dimanches...  du  mois  de  jS^...  de  la  présente  année." 

VI.  Quand  il  sera  question  de  faire  l'élection  des  syndics, 
qui  devront  présider  à  la  bâtisse  d'une  église,  le  curé  devra 
annoncer,  pendant  deux  dimanches  consécutifs,  au  prône  d« 
la  messe  paroissiale,  une  assemblée  générale  des  habitants 
francs-tenanciers  de  la  paroisse  ou  mission.  Cette  assemblée 
sera  convoquée  au  son  de  la  cloche  et  présidée  par  le  Curé. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  305 

On  y  procédera  à  l'élection  de  trois  ou  d'un  plu?  grand 
nombre  de  syndics,  et  on  en  dressera  un  acte  en  bonne 
forme  en  se  conformant  à  rordonnancc  des  commissaires. 


CHAPITEE  VI. 

Associations, 

J..  L'on  iravaillera  à  former  l'esprit  d'association,  et  à 
donner  au  peuple  une  bonne  direction,  en  soufflant  partout 
l'esprit  de  charité  et  d'union. 

-  U.  L'Œuvre  si  belle  de  la  Propagation  suffirait  pour 
répandre  dans  tout  le  diocèse  les  plus  abondantes  bénédic- 
tions du  ciel.  Aussi  mérite-t-cllo  toute  l'attention  et  le  zèle 
des  Pasteurs.  Cette  Association  ainsi  que  les  sociétés  de 
tempérance  et  de  charité,  avec  l'Archiconfrério  du  Ti'ès 
Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie,  sont  comme  les  quatre 
fleuves  destinés  à  répandre,  dans  toutes  les  parties  de  ce 
diocèse  l'abondance  des  biens  spirituels.  Les  pieuses  Con- 
fréries du  Saint  Rosaire,  du  Saint  Scapulaii-e,  de  la  Bonne 
Mort  ou  du  Saint  Sacrement,  de  la  Sainte  Famille,  les  Con- 
grégations des  filles  consacrées  à  la  Bienheureuse  Vierge 
doivent  être  l'objet  du  zèle  de  chaque  curé,  qui  ne  travaillera 
pas  en  vain,  quand  il  se  consumera  do  soins  pour  l'honneur 
et  la  gloire  de  celle  qui  veut  bien  être  a])pelée,  et  qui  est 
en  effet  spécialement  la  Heine  du  Clergé.  Quelques-unes  des 
Neuvaines  approuvées  par  les  Souverains  Pontifes,  pour 
préparer  les  Fidèles  aux  fêtes  de  l'Immaculée  Conception, 
de  la  Purification,  de  l'Annonciation,  de  la  Nativité  et  do 
l-" Assomption  ont  toujours  porté  leurs  fruits  dans  les  lieux 
où  elles  se  font.  Le  mois  de  Marie  a  également  été  pratiqué 
dans  beaucoup  de  paroisses  avec  avantage  pour  les  bonnes 
âmes  qui  ont  consacr.é  ce  mois  à  la  Bienheureuse  Vierge. 

m.  Il  ne  faut  prendre  de  ces  diverses  dévotions  que  celles 
que  l'on  se  sent  canable  d'entretenir,  car  il  vaut  beaucoup 

20 


30C  MANDEMENTS,  LETTRES  f  ASTORALES, 

mieux   navoir  qu'une  seule  confrérie  et  la  soigner  avec 
persévérance  que  d'en  avoir  plusieurs  et  les  négliger.       .  '■'-' 

TV.  Pour  pouvoir  surveiller  avec  avaiitage  toutes  le»' 
parties  de  la  paroisse  il  serait  bon  de  la  diviser  on  plusieurs 
quartiers.  L'on  pourrait  se  conformer  aux  divisions  de  la 
municipalité.  Chaque  arrondissement  sera  dédié  à  quelqiie 
j^aint  patron.  L'on  y  fera  élire  des  conseillers  de  la  Tempé- 
rance et  de  la  Charité  ;  des  chefs  de  section  et  de  centurie 
pour  la  Propagation  de  la  Foi,  des  surveillantes,  infirmières 
etc.,  etc.,  pour  la  Congrégation. 

V.  Tous  les  ans,  après  la  Pentecôte,  chaque  cuié  donnera 
à  l'Evêque  des  renseignements  sur  sa  paroisse.  Dans  <>e 
rapport,  il  lui  fera  connaître  le  nombre  de  ceux  (jui  n'ont 
pas  été  à  confesse  et  qui  n'ont  pas  fait  leurs  pâques  ;  }i 
l'informera  lo.  Si  quelques  abus  se  soht  glissés  dans  sa 
paroisse,  dans  le  cours  de  l'année;  2o.  S'il  a  rencontré  qnel- 
ques  difficultés  dans  l'exercice  de  son  ministère,  et  quelles  : 
3o.  Si  les  comptes  de  la  fabrique  sont  en  règle  ;  4o.  Si  leM 
confréries  se  soutiennent  ;  5o.  Si  les  pauvres  ont  été  conve- 
nablement soulagés;  60.  Si  quelques  points  de  ce  Règlement 
n'ont  point  été  observés,  et  quels.  L'on  donnera  un  tableau 
de  tous  les  renseignements  exigés,  pour  que  le  curé  n'ait 
que  peu  à  faire  chaque  année  en  rendant  ses  compte»**; 
pourvu  qu'il  connaisse  bien  sa  paroisse. 

L'Evêque  fera  tous  les  ans,  par  lui-même  et  par  des  dépu- 
tés le  tour  du  diocèse,  ponr  en  faire  sa  visite  sans  solennité 
ni  concours,  se  contentant  de  convoquer  les  marguillier» 
qui  viendront  rendre  compte  des  affaires  de  la  fabrique,  ei 
de  voir  ensuite  avec  les  curés  si  tout  est  en  ordre. 


J 


CIRCULAIHES  KT  AUTRES  DOCUMENTS  30? 

KÈflLEMEXT     l'oi  K     J,ES     CONFÉRENCES     ECCl.ÉS  rAST[(Jt">;s      J;l 
DIOCÈSE   DE   MONTRÉAL, 

.Vdoplé  par  les  difterentes  assemblées  qui  ont  été  tenues  dans 
le  Diocèse,  et  principalement  par  celle  de  leurs  députée, 
tenue  à  l'Evèché  de  ifontréal,  le  2(î  Septembre  1845. 

I.  Il  y  aura  tous  les  ans  deux  conférences  ecclésiastiques  ' 
dans  chaque  arrondissement,  qui  se  tiendront  aux  mois  de 
Janvier  et  Juillet.  Chaque  assemblée  en  fixera  le  jour.   Ces 
conférences  rouleront  successivement  sur  l'Ecriture  Sainte, 
le  dogme,  la  morale,  le  chant,  les  cérémonies  de  l'Eglise. 
Le  point  à  discuter  dans  chaque  assemblée,  aura  été  assigne 
d'avance  par  l'autorité  cpiscopTile.     Le  SecrétAire  aura  un 
mois  pour  rédiger  le  procès-verbal,  et  au  bout  de  ce  tempe,  ' 
l'arrondissement  s'assemblera  de  nouveau  pour  l'adoptej-. 
Si  un  changement  ou  une  addition  y  est  demandé  par  la 
majorité,  on  en  fera  un  post scriptum  qui  sera  lu  et  signé,  * 
séance  tenante. 

II.  Nous  invitons  tous  les  curés,  vicaires,  confesseurs  et 
autres  ecclésiastiques  qui  sont  dans  les  ordres  Sacrés,  à  se 
trouver  dans  la  conférence  de  leur  an-ondisseraent,  à  moins 
(qu'ils  n'aient  des  raisons  imprévues  qui  les  en  empêchent. 

III.  MM.  les  Curés  et  Vicaires  qui  ne  pourront  pas  se 
trouver  à  la  conférence,  doivent  donner  la  raison  pour 
laquelle  ils  ne  s'y  sont  pas  rendus,  et  il  en  sera  fait  mention 
<lans  le  procès-verbal. 

IV.  Les  conférences  se  tiendront  dans  le  chef-lieu  de 
l'arrondissement,  ou  dans  la  paroisse  qui  sera  plus  centrale,  ' 
ou  successivement  dans  toutes  les  paroisses.  M.  le  Président 
indiquera,  à  la  fin  de  chaque  conférence,  le  lieu  et  le  jour 
où  elle  se  tiendra.  Il  désignera  également  ceux  des  Prêtres 
de  l'arrondissement  qui  seront  chargés  de  développer  lés. 
divers  objets  de  la  conférence. 

V.  L'Archiprètre,  et  à  son  défaut  le  plus  ancien  des  curés 
pi-ésents,  ouvrira  la  cenférence  par  le  Veîii  Sancte  et  la  pré- 
sidera :  il  recueillera  les  suffrages,  et  donnera  son  axia  ]e 


308  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES, 

dernier.  En  l'absence  de  ceux  qui  avaient  été  chargés  de 
développer  les  questions,  et  d'après  l'invitation  du  Président, 
le  Secrétaire  pourra  le  remplacer. 

VI.'  Le  Secrétaire  de  chaque  conférence  sera  élu  tous  les 
ans,  au  scrutin,  et  non  par  acclamation.  De  concei't  avec 
le  Président,  il  dressera  le  procès-verbal  de  la  Conférence  ; 
îl  le  lira  dans  la  conférence  suivante,  et  l'enverra  de  suite  à 
rÏEvèché,  signé  par  lui  et  par  le  Président. 

VII.  Quand  le  mauvais  temps,  ou  des  occupations  extra- 
ordinaires, ou  quelqu'autre  raison  grave  forceront  de  ren- 
voyer la  Conférence,  l'Archiprêtre  indiquera  le  jour  auquel 
elle  sera  transférée. 

VIII..  La  conférence  ee  tiendra  au  presbytère  ;  elle  com- 
mencera à  dix  heures  et  durera  au  moins  deux  heures.  Ou 
évitera  toute  discussion  inutile  ou  étrangère  à  l'objet  de  la 
conférence.  Le  Président  et  le  Secrétaire  auront  soin  do 
ramener  à  la  matière  des  conférences  ceux  qui  s'en  éloigne- 
raient ;  les  questions  incidentes  seront  renvoyées  à  l'après- 
dinée.  Chacun  donnera  son  avis  raisonné;  ce  sont  les  plus 
feunes  qui  donnent  leur  avis  les  premiers.  Le  Pi'ésident 
parle  le  dernier  et  fait  le  résumé  des  sentiments,  à  moins 
qu'il  n'en  charge  le  secrétaire  ;  dans  tous  les  cas,  celui-ci 
prend  des  notes  sur  le  champ  pour  le  procès-verbal. 

.IX.  Dès  que  la  conférence  sera  finie,  on  dira  le  Sub  tuum 
et  on  dinera  chez  M.  le  Curé.  Le  diner  sera  servi  frugale- 
ment, ainsi  qu'il  convient  à  la  pauvreté  cléricale  que  chacun 
6e  fait  gloire  de  pratiquer.  Au  commencement  du  dîner,  le 
Secrétaire  lira  un  chapitre  de  l'Ecriture  Sainte,  et  de  préfé- 
rence celui  qui  a  été  l'objet  de  la  conférence.  Après,  conver- 
sation. A  la  fin  du  repas,  on  lira  un  nombre  de  l'Imitation 
dQ  .Jésus-Christ. 

X.  Après  le  dîner,  x)n  .se  réunira  encore  pour  continuer 
l'examen  des  questions  qui  n'auraient  pas  été  proposées,  le 
matin,  pour  conférer  sur  les  cas  difficiles  qui  seraient  arrivés 
è  quelques-uns  des  confesseurs,  sur  le  chant,  les  cérémonies 
de  l'Eglise  et  sur  les  moyens  de  ranimer  la  piété.  C'est  le 
président,  ou,  par  son  ordre,  le  secrétaire,  qui  indiquera 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  3Ô9 

l'objet  de  la  conférence  de  l'après-dînée  ;  il  le  fixera  d'après 
les  questions  qui  lui  auront  été  faites,  et  les  cas  qui  lui 
auront  été  remis  par  écrit.  Nous  disons  par  écrit,  parce 
qu'alors  ils  sont  pi-oposés  plus  clairement,  et  qu'il  y  a  moins 
de  danger  de  faire  connaître  les  intéj'essés. 

XI.  Daigne  le  Dieu  de  miséricorde  répandre  ?es  bénédic- 
tions sur  une  institution  si  vénérable  par  son  antiquité  et 
qui  rappelle  d'une  manière  si  touchante  les  assemblées  des 
premiers  fidèles,  dont  il  est  dit  qu'ils  n'avaient  qu'un  cœur 
et  qu'une  âme!  C'est  la  disposition  que  chacun  doit  y 
apporter,  et  le  fruit  qui  en  résultera.  Il  est  rare  qu'on  se 
trouve  dans  une  assemblée  de  bons  ecclésiastiques,  sang 
avoir  le  désir  de  ti'availler  à  devenir  meilleur;  mais  ce  sont 
surtout  les  jeunes  prêtres  qui  ont  besoin  des  conférences 
ecclésiastiques  ;  c'est  là  qu'ils  puiseront  les  leçons  de  l'expé- 
rience, que  rien  ne  peut  remplacer;  c'est  là  qu'ils  recueille 
ront  ces  traditions  si  respectables,  si  nécessaires,  qu'on  ne 
trouve  pas  dans  les  livres,  et  sans  lesquelles  il  est  difficile 
de  faire  le  bien  ;  c'est  là  enfin  qu'ils  puiseront  ces  exeraplet» 
de  vertu,  de  foi,  et  de  piété,  que  les  cheveux  blancs  repdent 
si  respectables  et  si  fructueux. 

Conformément  à  ce  que  nous  voyous  pratiquer  dans  piu 
sieurs  diocèses,  et  pour  établir  l'uniformité,  nous  mettor  s 
ci-après  le  modèle  du  procès-verbal  qui  doit  être  fait  à  la 
suite  de  chaque  conférence.  Nous  nous  contenterons  de 
recommander  ici  d'éviter  les  longueurs,  ou  un  laconisme 
sec  et  non  raisonné;  il  faut  un  juste  milieu,  qui  demande  du 
travail  de  la  part  du  rédacteur.  Nous  recommandons  aussi 
d'employer  le  grand  papier  à  lettres,  partout,  afin  qu'on 
puisse  plus  aisément  réunir  les  cahiers. 

PROCÈS    VERBAIi 

De  la  Conférejice  du  mois  d 
tenue  dans  la  paroisse  de 

arrondissement  de  le  a 

laquelle  ont  assisté  MM. 


3!0  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

M.  le  Curé  de 

a  écrit 
qu'il  ne  pouvait  pas  venir  parce  qu'il  était  malade,  ou  parce 
qu'il  était  auprès  d'un  malade,  etc. 

Dans  la  première  conférence,  le  Règlement  sur  les  Confé- 
rences a  été  lu,  ainsi  que  la  Circulaire  placée  à  la  tête  des 
questions  pour  cette  année... 
M. 
a  été  élu  Secrétaire  au  scrutin. 

Dans  les  conférences  suivantes  on  dira  :  On  a  fait  lecture 
du  procès  verbal  de  la  dernière  Conférence,  qui  a  été  admis 
sans  i-éelamation,  et  signé  par  M.  le  Président  et  le  Secré- 
taire ;  ou  sur  lequel  on  a  fait  telle  observation. 

Dans  la  Conférence  de  ce  jour  les  questions  sur  l'Ecriture 
Sainte  ont  été  développées  par  M. 
Il  a  répondu  sur  la  question  : 
On  a  été  généralement  de  son  avis. 
On  lui  a  opposé  telle  difficulté. 
A  laquelle  il  a  répondu  : 
Il  a  répondu  sur  la  question...  etc. 
Les  dogmes  ont  été  développés  par  M. 
Il  a  répondu  sur  la  première  question. 
On  lui      fait  observer  : 
Et  il  ti  iej>ondu 
Sur  la  seconde  question 

Les  questions  de  morale  ont  été  dévelop}^e.s  par  M. 
Après  la  séance  on  a  dîné  chez  M. 

On  s'est  réuni  de  nouveau  après  dîner;  outre  les  questions 
sus-raentionnées,  il  a  été  proposé  un  cas  de  conscience  ain.si 
conçu  : 
Lequel  a  été  décidé  comme  suit  : 

On  a  proposé  telle  question  sur  le  cbant,  les  cérémonies 
et  les  rubriques  du  Mi.S'-el,  du  Bréviaire,  du  Eituel  ou  du 
Cérémonial . 

Si  quelqu'un  croit  avoir  des  raisons  pour  demander  la 
permission  de  suspendre  le  catéchisme  ou  de  ne  pas  tenir  la 


J 


CIKCULAIRES  ET  .V.UTKES  DOCUMENTS  311 

JAuipo  du  Saint  Sacrement  allumée,  il  eu  sera  fait  mention, 
ainsi  que  de  l'avis  des  membres  de  la  Conférence. 

Le  présent  procès  verbal  a  été  lu  et  approuvé  auj<jurd'luu 
(le  lieu  et  le  quantième) 
(Signature  du  Président)  (Signature  du  Secrétaire) 

C'est  ordinairement  dans  la  Conférence  du  mois  suivant 
qu'on  fait  lecture  du  procès  verbal  d'une  Conférence,  et 
qu-'il  est  signé  par  le  Président  et  le  Secrétaire. 


IIEGLEMENT  i>LT  CHŒUli 

Four  les  enfants  du  Diocèse  de  Montréal. 

l'our  être  admi.-tau  chœur  et  conserver  sa  place  il  faut: 
J.  Etre  de  bonne  conduite  et  fréquenter  les  sacrements. 

II.  Savoir  les  réponses  de  la  niesse  et  être  capable  de 
Horvir  aux  offices. 

III.  Assister  régulièrement  à  la  messe  et  aux  vêpres,  les 
jours  d'obligation,  et  aux  exercices  do  cérémonies  qui  se 
feront  un  quart  d'heure  avant  l'office  du  matin. 

IV.  Se  bien  tenir  au  chœur,  n'y  point  parler,  n'y  jamais 
rire,  n'y  pas  tourner  la  tête  de  côté  et  d'autre,  s'occuper  à 
lire,  à  prier,  à  chanter  ou  à  voir  les  cérémonies. 

Y.  Ne  point  sortir  du  chœur  pendant  les  offices  sans  la 
permission  de  celui  qui  sera  nommé  pour  surveiller. 

VI.  Ne  parler  dans  la  sacristie  que  ])ar  nécessité,  et  à 
voix  basse. 

VII.  Avoir  bien  soin  de  ses  habits  de  chœur  et  ne  jamais 
les  laisser  traîner  à  terre.  N'en  point  porter  de  sales  ou  de 
déchirés. 

Vill.  Etre  très-soumis  au  maître  des  cérémonies  ou  à 
celui  qui  sera  chargé  de  les  enseigner  ;  montrer  un  grand 
zèle  pour  en  profiter, 

IX.  Etre  disposé  à  servir  aux  différents  offices  et  s'effor- 
otir  de  s'en  bien  acquitter. 


312  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

X.  Se  rendre  à  la  sacristie  un  quart  d'heure  avant  le  der- 
nier coup  des  vêpres.  « 

XI.  Eviter  de  se  revêtir  du  surplis  pardessus  son  surtout 
dont  le  collet  serait  trop  haut,  de  manière  à  paraître  hos«a 
on  ridicule. 


Du  Madré  des  Cérémonies. 

I.  L'on  choisira  pour  maître  des  cérémonies  celui  qui 
sera  jugé  le  plus  exemplaire  et  en  même  temps  le  plus 
capable  de  remplir  cet  oâ3ce.  Un  des  instituteurs  de  la 
paroisse  pourrait  en  être  chargé. 

II.  Il  étudiera  avec  soin  le  Cérémonial  et  exercera  les 
enfants  du  chœur  un  quart  d'heure  avant  la  messe,  sur  lei? 
cérémonies  du  jour. 

III.  Il  dira  à  la  sacrifetie^  avant  de  partir  pour  le  chœur, 
le  Veni  Sancte  Spiritus  et  l'oraison  Deus  qui  corda,  etc.,  et 
après  les  offices,  le  Sub  tuum  prœsidimn.  Il  fera  marcher  les 
enfants  deux  à  deux,  leur  fera  faire  la  génuflexion  à  quelque 
distance  des  degrés  de  l'autel,  et  un  salut  i-éciproque  en  se 
séparant  pour  aller  à  leurs  places. 

IV.  Lorsque  le  chœur  devra  se  lever,  et  s'asseoir  ou  se 
mettre  à  genoux,  il  en  donnei-a  le  signal,  en  frappant  légè- 
rement sur  son  livre. 

V.  Il  surveillera  le  chœur  afin  que  tous  les  enfants  s'ac- 
quittent bien  de  leurs  offices,  et  se  conduisent  avec  édificn- 
lion,  et  il  signalera  au  curé  ceux  qui  seront  dissipés,  ou  se 
comporteraient  mal  au  chœur  de  quelque  manière  que  ce 
soit. 

VI.  Si  quelqu'un  se  conduit  mal,  il  tâchera  de  l'arrêter, 
sans  bruit,  par  quelque  signe;  sinon,  il  ira  l'avertir  chari- 
tablement de  ne  point  sc.indali':er  par  ce  mauvais  compor- 
tement. 

VII.  11  tiendra  ku  catalogue  des  enlanLè  de  cliœur  et 
marquera  les  aliscnts  dont  il  donnera  Ic^  noms  au  curé. 


I 


CmCULAIHES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  313 

VIII.  Il  aura  soin  que  tous  se  tiennent  droits,,  sans  b'ap- 
puyer  de  côté  et  d'autre  lorsqu'ils  seront  debout  ;  qu'ilô  ne 
s'essuient  point  le  visage  avec  les  manches  de  leurs  surplis  ; 
qu'ils  ne-  s'en  servent  point  comme  d'éventails  pour  se 
rafraîchir  dans  les  chaleurs  ;  qu'ils  ne  tournent  point  la 
tête  dans  la  nef;  qu'ils  tiennent  en  mains  leurs  barrettes  ; 
qu'ils  ne  mâjhent  point  de  tabac  ;  enfin  qu'ils  remplissent 
fidèlement  leur  règlement  ;  et  ne  fassent  rien  qui  ne  con- 
viennent à  la  sainteté  du  lieu,  et  qui  ne  soit  édifiant  poiu- 
les  fidèles  qui  assistent  au  service  divin. 

IX.  Il  y  aura  auprès  de  la  sacristie  quelque  lieu  secret, 
pour  les  enfants  de  chœui-.  et  il  ne  leur  sera  permis  dy  aller 
qu'un  à  la  fois. 


Les  Chanirt's. 

Les  chantres  ub-serveront  tout  ce  qui  les  r-egardc  dans  le 
règlement  du  chœur. 

I.  Ils  doivent  de  plus  s'exercer  d'avance  sur  ce  qu  ils  ont 
À  chanter  pendant  les  offices.  Poui*  cela,  ils  s'informeront 
de  M.  le  Curé  quel  sera  l'office  du  dimanche  suivant. 

II.  Ils  se  feront  \\n  devoir  de  donner  aux  enfants  de  chœur 
l'exemple  de  la  modestie  et  de  la  retenue,  ne  parlant  que 
par  nécessité,  en  peu  de  mots  et  à  voix  bas.se;  et  édifiant 
iunsi  tous  ceux  qui  assisteront  aux  saints  offices. 

III.  lU  doivent  chanter  gravement  ;  plus  lentement,  aux 
fêtes  les  plus  solennelles  qu'aux  autres  jours,  se  souvenant 
qu'ils  font  l'office  des  anges  qui  chantohî.  dans  le  ciel,  les 
louanges  du  Seigneur. 

IV.  C'est  au  maître  chantre  à  C(inimencer  les  différentes 
pièces  qui  se  chantent  à  la  messe  ;  mais  à  vêpres,  chaque 
chantre  entonnera  son  antienne  et  son  psaume,  en  commen- 
çant par  les  anciens,  s'ils  en  sont  capable^. 

y.  Tl<  ne  doivent  pas  chercher  à. dominer  les  nus  -iir  k-s 


Jl-i  MANDEMENTS,  LETIHES  PAbTUUALES, 

au^rcd  ;  chacun  doit  bo  régler  sur  le  premier  qui  se  trouve 
du  même  côté  du  chœur. 

yi.  Avant  de  commencer  r/n?roiY,  ils  doivent  faire  sur 
eux  le  signe  de  la  croix,  se  souvenant  que  c'est  par  les  seuls 
mérites  de  Jésus-Christ  mort  on  croix  que  nous  pouvons 
nous  présenter  avec  confiance  devant  le  Seigneur. 


I>e  rOnjanKife. 

I.  On  peut  juut-r  de  Torgue  Uni:*  les  dimanches  et  fêtes  de 
l'année,  excei^ié  ceux  pendant  l'avent  et  le  carême. 

II.  On  en  peut  jouer  néanmoins  le  troisième  dimanche  de 
lavent  et  le  quatrième  du  carême,  à  la  messe  seulement,  et 
aussi  à  la  messe  du  Jeudi-Saint,  jusqu'au  Gloria  in  excelsis 
inclusivement,  pareillement  à  la  messe  et  aux  vêpres  du 
Samedi-Saint,  ainsi  qu'aux  fêtes  et  aux  fériés  qu'on  célèbre 
avec  solennité  durant  le  carême  ;  et  chaque  fois  qu'on  célè- 
bre solennellement  et  cuvi  lœtitia  pro  aliquâ  re  gravi. 

III.  Il  convient  de  le  faire,  toutes  les  fois  que  l'Evêque 
doit  célébrer  solennellement,  ou  assister  à  la  messe  aux 
fêtes  les  plus  solennelles,  lorsqu'il  entre  dans  l'église,  ou 
qu'il  en  sort  après  l'office. 

IV.  De  même  à  l'entrée  de  l'archevêque  ou  d'un  autre 
évèque  que  l'évèque  diocésain  voudra  honorer,  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  prié  et  que  l'on  commence  l'office. 

V-  Aux  matines  et  aux  vêpres  solennelles  des  fêtes  ma- 
jeures, on  peut  jouer  dès  le  commencement. 

VI.  A  vêpres,  à  matines  et  à  la  messe,  le  choeur  doit 
chanter  (et  non  pas  l'orgue  jouer)  le  premier  verset  des 
cantiques  et  des  hymnes,  et  aussi  le  verset  des  hymnes  où 
l'on  doit  fléchir  les  genoux,  v.  g.  :  Te  ergo  guœsumus,  etc., 
Tantum  ergo' sacramentum,  etc.,  quand  le  St.  Sacrement  est 
sur  l'autel.  Do  même  pour  le  verset  Gloria  Patri  et  les 
derniers  versets  des  hymnes,  quand  même  le  verset  pi-écé- 
dent  aurait  été  chanté  par  le  chœur.     Quelqu'un  du  choeur 


C I  KG  U  L A I H  E  s  ET  A  U  TK  ES  DOG  U  M  E  NTS  31  :> 

devrait  réciter  à  voi^s  liante,  les  parties  des  hymnes  et 
oHntiques  jouées  par  l'orgue. 

Vfl.  Aux  autres  heui-os  do  l'office  canonnial.  on  suivra  la 
coutume  des  lieux. 

VIII.  Aux  vèni'es  solennelles,  l'orgue  a  coutume  déjouer 
à  la  fin  de  chaque  psaume  ;  et  alternativement  nux  versets 
de  l'hymne  et  du  cantique  Magnificat,  en  ob^^ervant  ce  qui 
est  ci-<-lessus  prescrit. 

ÏX.  A  la  messe  solennelle,  on  joue  et  chante  alternative^ 
ment  :  Kyrie,  Gloria  in  excelsis,  Sanctus,  Agnus  Dei  ;  et 
Torgue  joue  après  l'cpitrc,  à  l'offertoire,  avant  l'oraison 
post-communion  et  à  la  fin  de  la  messe  ;  et  dui-ant  l'élévation 
il  faut  que  le  jeu  soit  doux  et  grave. 

X.  Lorsqu'on  dit  le  vSymbolc,  à  la  messe,  il  doit  êti-e 
chanté  par  le  chœur,  et  l'orgue  ne  peut  jouer  que  ])0ur 
accompagner  les  voix. 

XI.  On  doit  avoir  soin  que  le  son  de  Torgue  ne  soit  pas 
lascif  et  impur  et  qu'on  ny  chante  rien  que  ce  qui  à  rapport 
a  l'office  ;  et  par  conséquent  rien  de  profane  ou  de  lubrique  ; 
on  Tîe  doit  pas  ajouter  d'autres  instruments  de  musique. 

Xri.  Les  chantres  et  les  musiciens  doivent  observer  que 
l'harmonie  des  voix  doit  avoir  pour  effet  d'exciter  la  piété, 
et  pour  cela  ne  doit  ressentir  eu  rien  la  légèreté  et  la  mol- 
lesse, afin  de  ne  pas  détournei-  l'esprit  de9  assistants  de  la 
contemplation  des  choses  saintes.  Dans  cette  intention,  ils 
doivent  chanter  d'un  ton  de  voix  qui  soit  intelligible  à  tous, 
et  qui  soit  en  m.ême  temps  animé  de  l'onction  du  St.  Esprit. 
t^c  capable  de  toucher  les  cœurs  des  fidèles. 

n  serait  plus  conforme  au  cérémonial  des  évoques  de  ne 
pas  jouer  l'orgue  et  de  ne  chanter  que  du  plain-chant  aux- 
iriosses  des  mortn. 


Du  Bedeau. 

1.  Sonner  V Angélus  dej>u!8  le  soir  de  la  Qijiasimodo  inclusi- 


316  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALEt^, 

vement,  jusqiï'au  soir  tie  la  solennité  de  St.  Michel  exclysi- 
vement,  le  matin  à  cinq  heures,  le  soir  à  sept  heures. 

Le  reste  de  l'année,  le  matin  et  le  soir  à  six  heures. 

Tous  les  jours  de  l'année;  excepté  le  Jeudi  et  Vendredi- 
Saint  douze  heuref^. 

II.  Ij' Aiigelus,  î^ouner  au  tintons  et  en  Utanle  durant  troit^ 
minutes  :  on  double  ce  son  le  midi  et  le  soir  de  la  veillo. 
ainsi  que  le  matin  et  midi  des  jours  des  fêtes  les  plus  solen- 
nelles, Pâques,  Ascension,  Pentecôte,  Fête-Dieu,  Dimanche 
de.  la  procession  du  St.  Sacrement,  St.  Pierre,  St.  Jacquen, 
Dédicace,  Assomption,  St.  Nom  de  Marie,  Toussaint,  No^l, 
Epiphanie,  patron  ou  titulaire  de  la  paroisse. 

Fêtes  et  Dimanches. 

III.  Pour  la  messe,  eonner  trois  coups  en  branle  à  utt- 
heure  de  distance  ;  pour  vêpres,  sonner  trois  coups  en  branle 
à  une  demi- heure  de  distance,  ajoutez  quelques  tintons  au 
dernier  coup,  cinq  minutes  en  tout. 

Services  et  Sépultures. 

IV.  Au  décès,  sonner  trois  volées  en  soupirs  do  neuf,  pour 
un  homme,  de  sept  pour  une  femme  et  en  branle,  durant  un 
quart  d'heure.  Pour  un  Prêtre,  durant  une  demi-heure,  pour 
le  Pape  ou  l'Evêque  une  heure. 

V.  Sonner  de  même  avant  VAngelus  du  soir  de  la  veille 
et  après  VAngelus  du  matin  du  jour  de  la  sépulture  et  service. 

VI.  Sonner  cinq  minutes  y  compris  les  soupirs,  le  branle 
et  le  tinton,  avant  de  commencer  l'office. 

VII.  Sonner  en  branle  pendant  tout  le  Zîft^ra,  après  avoir 
commencé  par  des  soupirs. 

VIII.  Après  les  vêpres  des  morts,  sonner  de  tempe  en 
temps,  jusqu'à  VAngelus,  des  glas,  et  aussi  depuis  VAngelus 
du  matin  jusqu'à  la  messe  solennelle  des  morts  pour  laquelle 
on  ne  sonne  que  cinq  minutes  à  l'ordinaire. 


CIUCULAIfiES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  •  317 

IX.  Service  anniversaire,  sonner  le  soir  et  lo  jnatin, 
eomme  ci-dessu-s, 

X.  Grand'messe  sur  semaine  ;  sonner,  comme  au  diman- 
che, ou  bien  de  demi-heure  en  demi-heure. 

XI.  Sonner  durant  les  processions  du  St.  Sacrement,  et 
celles  de  St.  Marc  et  des  Rogations. 

Xn.  Sonner  en  tintons  pendant  les  deux  élévations,  aux 
i^rand'messes  sur  semaine,  comme  à  celles  des  dimanches 
et  fêtes. 

Xin.  Sonner  en  tintons  quand  il  faut  porter  de  jour  le  St. 
Viatique  aux  malades.  Où  sonne  pendant  dix  minutes, 
cinq  minutes  avant  et  cinq  minutes  après  le  départ  du  prêtre 
qui  porte  le  bon  Dieu. 


Du  Sacristain. 

i.  Avoir  soin  que  les  parements,  vases  sacré.H,  livres, 
cierges,  ornements,  etc.,  soient  conservés  dans  la  décence  et 
la  propreté  convenable.  Avertir  le  Cm-é  lorsque  les  orne- 
ments auront  besoin  de  réparation,  ou  que  les  linges  sei'ont 
«aies  ou  déchirés. 

II.  Veiller  surtout  à  ce  que  la  plus  grande  propreté  règne 
à  l'autel,  et  à  ce  que  tout  ce  qui  sert  dans  l'administration 
do  la  sainte  Eucharistie  soit  bien  entretenu.  !N^e  jamais 
laisser  éteindre  la  lampe  de  l'autel  où  on  la  conserve  et  la 
faire  nettoyer  une  fois  chaque  semaine. 

III.  Avoir  soin  des  reliques  saintes  et  les  conserver  hono- 
rablement. 

IV.  Faire  renouveler  l'eau  bénite  chaque  semaine.  Faire 
tenir  dans  une  grande  propreté,  toute  l'Eglise,  les  chapelles 
et  les  autels. 

V.  Faire  les  parures  suivant  la  direction  du  Curé  et  le 
règlement  qu'il  jugera  à  propos  de  faire. 

VT,  Préparer  d'avance  le«;  autels,  crédences,  chœur,  orne- 


31S  MAM)fc:MElsTS,   LEIÏhES  Py\ST()FJALKS, 

iiientK  et  autres  ç•hof^es  nécerisaii'e»<,  de  manière  que  Toffîfe 
ne  soit  pas  retiirdé.  '  "    \ 

VIL  Faire  sonner  irt  clorho  aux  heures  fixées  pour  leB 
officet;;  aux  élévations  dcf^  messes  solennellcH;  le  matin,  le 
midi  et  le  soir  pour  VAnarIns  :  lorsque  l'on  porto  le  Sain: 
Sacrement  aux  malades. 

YIII.  Ne  pas  souffrir  que  Toi»  tienne  dans  la  sacristie, 
des  discours  indécents  ou  inutiles,  et  qu'on  y  fasse  qneV 
qu'action  profane. 

TX.  Présenter,  surtout  aux  étrangers,  ce  qui  est  )ie^e^- 
saire  pour  la  célébration  des  mystères. 

X.  Avoir  un  tableau  des  messes  et  anniversaires' qui  doi- 
vent être  célébrés  en  des  jours  fixes. 

XI.  Renouveler  les  essuie-mains  pour  les  prêtres  qui  se 
préparent  à  célébrer. 

XII.  Remettre  les  ornements  à  leur  place  après  les  oflfic»-» 
et  plisseV  les  stirplis  et  les  aubes. 

XIII.  Faire  observer  les  règlements  du  chœur,  de  lu 
sonnerie,  des  cérémonies,  s'il  est  en  même  temps  bedeati, 
maître  de  chœnr  et  de  cérémonies. 

XIV.  Ne  jamais  toucher  de  ses  pieds  les  pierres  saci-é»*, 
(|uaud  il  fait  la  parure  des  autels. 

XV.  Ne  jamais  parler  dans  l'église,  si  ce  n'est  par  nécet- 
*ité,  et  alors  toujours  à  voix  basse  ;  n'y  jamais  coxirir.  queî- 
(jue  pressé  qu'il  puisse  être. 


CIRCULAIRES  ET  AUTREt^  DOCUMENTS;  3Î0 

[.ETTRE  PASTOEALE  DEMONSEIGNEUJIL'ÉVÊQUE 
DE  MONTRÉAL  AU  CLERGÉ  DE  SON  DIOGÈSE, 
PROMULGUANT  LES  DÉCRETS  DU  PREMIER 
CONCILE  PROVINCIAL  DE  QI^ÉBEC. 

KiNACE  BOUROET,  PAR  LA  MISÉRICORDE  DE  D[EU  ET  LA  OHAOK 
DU    SAINT    SIÈGE    AP08T0LIQT'E.    ÉVÊQTE    DE    MONTRÉAL, 

ETC.,    ETC.,    ETC.  ~ 

Au  Clergé  Séculier  et  Régulier  de  n<>ire  Dioctse,  Salaî  et  Béné- 
diction en  N.  S.  J.  C. 

NOUS  publions,  pai*  Ick  Présentes,  les  Actes  <Ju  Premier 
Concile  Provincial  de  Qnébec.  et  Nous  ordonnons  qu'à  l'ave- 
nir tous  ses  Décrets  soient  religieusement  observés  dans 
Notre  Diocèse. 

C'est  à  vous,  Nos  bienaimés  Collaborateurs,  et  à  vous 
seuls  que  Nous  les  adressons,  parce  que  vous  en  «levez  être 
les  gardiens  fidèles  et  les  zélés  propagateurs. 

Sans  vous,  en  effet,  ils  ne  seraient  pour  notre  peuple 
qu'une  lettre  morte.  Aussi  regardons-Nous  votre  concours 
a  cette  grande  œuvre  comme  souverainement  nécessaire. 

A  cette  fin.  Nous  les  déposons,  ces  Décrets  salutaires 
dans  vos  cœurs,  pour  que  vous  les  aimiez;  dans  vos  bouches, 
pour  que  vous  les  publiiez  ;  dans  vos  mains,  pour  que  vous 
les  exécutiez. 

St.  Charles,  qui  a  été  l'âme  de  ce  Concile,  par  sen  règles 
que  l'on  y  a  suivies,  et  par  ses  prières  que  l'on  y  a  implorées. 
nous  sera  .à  tous,  sur  ce  point,  un  parfait  modèle.     Car  il 
reçut  les  Décrets  Sacrés  du  Concile  de  Trente  avec  respect 
les  étudia  avec  ardeur,  les  exécuta  avec  fidélité. 

Pesons  de  même,  et  Dieu  bénira  nos  ti'avaux,  cOmme  il 
bénit  les  siens.  Que  l'esprit  de  ce  Grand  Saint,  qui  est 
encore  vivant  dans  son  Eglise  de  Milan,  se  répa,nde  dans 
celle  de  Montréal.  C'est  dans  notre  estime  la  plus  précieuse 
de  ses  reliques  ;  aussi  est-elle  l'objet  de  nos  ardente  et  con- 
tinuels désirs. 


.'520  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Et  afin  qu'il  n'y  ait  chez  noutt  tous  qu'un  cœur  et  qu'une 
âine,  pour  l'intelligence  et  la  pratique  des  Actes  de  notre 
Concile,  Nous  allons  les  esquisser  rapidement. 

Notre  intention  est,  en  cela,  de  vous  faire  remarquer  l'oa- 
orit  divin  qui,  comme  une  raoële  sacrée,  se  trouve  enveloppé 
rious  la  forme  des  procédés  humains.  Cet  épanchement  de 
Kotre  cœur  est  pour  Nous,  dans  cette  occasion,  un  devoir 
impérieux.  Car  si  Dieu  nous  a  éclairé,  pendant  que  Nous 
rej)résentions  au  Concile  l'Eglise  de  Marie,  Nous  le  devons 
à  vos  prières  et  à  celles  de  vos  pieux  fidèles.  Nos  émotions 
sont  les  vôtres.  Nous  vous  les  transmettons  donc  ici,  dans 
toute  la  simplicité  de  Notre  âme. 

A  la  seule  lecture  des  procédés  du  Concile,  on  demeure 
sous  l'impression  que  l'Esprit-Saint  y  a  présidé.  Le  travail 
se  distribuait  entre  Cinq  Congrégations,  dont  le  nom  indi- 
quait la  spécialité.  Chacune  avait,  à  sa  tète,  un  Evêque  qui 
lui  communiquait,  de  la  part  des  Pères,  les  questions  qui 
étaient  de  son  ressort.  Ces  questions  étaient  ensuite  discu- 
tées dans  des  Congrégations  Générales,  formées  de  tous  les 
Théologiens  du  Concile,  et  en  présence  des  Evêques  réunis 
sous  la  Présidence  de  l'Archevêque.  Le  livre  des  Saints 
Evangiles  placé  sur  un  trône,  et  la  Croix  Archiépiscopale, 
élevée  au  milieu  de  la  salle  des  séances,  disaient  bien  haut 
à  tous  l'importance  de  ces  discussions.  Venaient  ensuite 
les  jugements  des  Evèques  dont  les  Décrets  se  formulaient 
dans  une  Congrégation  particulière,  et  se  publiaient  ensuite 
dans  des  Sessions  solennelles  qui  se  lélébraient  dans  la  Mé- 
tropole. Là,  et  sur  l'autel  même,  do  cette  antique  Eglise, 
se  signaient  les  Actes  du  Concile,  qui  étaient  enfin  soumis  à 
l'approbation  du  Souveraiii  Pontife. 

A  cette  marche,  tracée  aux  Evèques  par  l'Eglise  elle- 
même,  vous  reconnaissez  la  sagesse  de  Dieu,  qui  se  trouve 
là  où  il  y  a  beaucoup  de  conseils.  Vingt-deux  Décrets  ont 
été  ainsi  l'ouvi-age  de  dix-neuf  Congrégations  privées,  de 
douze  Congrégations  générales,  et  de  trois  Sessions  solen- 
nelles. Ils  arrivent  de  Rome,  munis  du  Sceau  Sacré  de  la 
Sanction  Pontificale,  après  avoir  été,  plusieurs  mois,  l'objet 


CIRCULAIRES  KT  AUTRES  DOCUMENTS  .îM 

«ie«i  liuirec»  délibérationH  des  C(>n<f reniai  ions  qui  cnloiirent  le 
•Saint  Siège. 

A  ces  traits,  l'on  recounaît  Mans  peine  les  marques  de  la 
sagesse  d'en  haut,  qui  n'agit  ni  au  hasard,  ni  avec  précipi- 
tation, mais  donne  à  chaque  chose  son  nombre,  son  poids  et 
sa  mesure. 

Ces  préliminaires,  tout  stériles  qu'ils  paraissent,  ont  donc 
l'effet  de  nous  disposer  à  accepter  ces  Décrets  comme  l'ou- 
vrage du  St.  Esprit. 

Mais  cette  première  partie  de  No.-i  Actes  Provinciaux,  ne 
nous  doit  paraître  que  comme  un  Vestibule,  sur  lequel  on 
Jette,  en  pas.sant.  un  coup-d'œil,  avant  d'entrer  dans  l'édifice. 

Nous  arrivons  par  la  lecture  des  trois  Déci'ots  prépaïa- 
toires,  à  Tintérieur  même  du  Concile. 

Il  s'ouvre  avec  la  clef  de  l'autorité  divine  ;  — 

"  Nos  Petrus  Flavianus  Turgeon,  Ecclesiio  Meti-opolit<inH' 
"  Quebecensis  Archicpiscopus...ad  gloriam  Dei...sub  tutelâ 
■•  B,  Mari8e...(et)  Sanctornm  pr»sidio...Statuimus  inchoari... 
•'  Concilium  Provinciale." 

Il  brille  de  tout  l'éclat  des  règles -sacrées,  qui  y  tbnt  régner 
l'ordre  le  plus  parfait: — 

•'  Hœc  8yuodus...statuit...exhortandos  e.sse  Episcopos  et 
••  sacerdotes  ut  assidue  incumbant  in  laudibus  Dei...ut  jeju- 
'•'  nent...ut  otiosas  sermocinationes.-.sedulo  devitent...  ui 
•  omnium  virtutum  ornamento  prœfulgeant.-.ut  cum  mo- 
'•  destiâ  proférant  opiniones...ut  vivendi  oi'dinem  fideliter 
■  exequantur.' 

Il  se  place  lui-même  .sur  le  fondement  inébranlable  de  la 
Foi  : — "  Fides.-.fondamentum  salutis."  Il  en  fait  une  pro- 
fession solennelle,  et  jure  de  la  garder.  ''  Sic  me  Deus 
adjuvet  et  ha?c  sancta  Dei  Evangelia,"  Qu'il  est  significatif 
le  spectacle  de  ces  hommes  de  Dieu,  qui  se  rencontrent 
dans  le  sanctuaire  d'un  Concile,  avec  la  même  foi  dans  le 
ciBur,  et  la  môme  formule  dans  la  bouche  ! 

Maintenant,  que  la  protestation  du  Concile  soit  la  nôtre  à 
tous  : — •'•'  rt  Fides  Catholica,  quam  Sancta  T?omana  Ecclesia 

21 


32'Z  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

•  tenet  ..inooiTuptain  hâcProvinciâ. ..permaneat...eamdem 
•'  corde  credimus...eamquo  fidèles  edoceri  statuimuf." — 

Parcourons  maintenant  les  propres  Décrets  du  Concile, 
pour  extraire  de  chacun  le  principe  vital  qui  s'y  trouve 
caché.  Levons  seulement  le  bord  du  voile  qui  les  enveloppe, 
pour  faire  jaillir  le  rayon  lumineux  qui  nous  en  découvre  la 
pratique. 

I.— I)ECRETU>i    DE    OBEDIENTIA    SUMMO    PUNTIKICI. 

Le  Concile  voulant  faire  couler  dans  ses  veines  l'unité  de 
Foi  et  de  Discipline,  qui  fait  toute  la  force  d'une  Eglise, 
n'attache  au  B.  Pierre,  qui  vit  dans  le  Pontife  Romain,  et 
donne,  par  son  257ème  successeur,  la  vérité  à  ceux  qui  la 
cherchent  au  pied  de  la  chaire  qu'il  a  érigée  à  Rome.  "  In 
"  propriâ  Sede  vivit  et  pra>sidet,  et  prœstat  querentibus 
"  yeritatem...undè  unitatis  vigor  po-  totumEcclesiae  corpus 
'■  diffunditur." 

Que  notre  résolution  soit  la  sienne.  '•  Quando  Eccleeia 
gravioribus  gi'assatur  tempestatibus  oculos  eonvertant  ad 
hanc  Cathedram  Pétri."  ^ 

On  ne  périt  pas  dans  la  barque  de  Pierre.  Toujours  agitée 
par  les  flots  de  toutes  sortes  d'erreurs,  elle  traverse  les 
siècles  sans  craindre  le  naufrage.  Le  divin  Pilote  qui  la 
gouverne  entend  toujours  avec  bonté  le  cri  de  confiance  que 
poussent  ceux  qui  y  naviguent  :  "  Salva  nos,  periraus." — 
En  reconnaissance,  attachons-nous  de  cœur  et  d'âme  à  la 
Papauté.  Pesons-la  aimer  et  respecter  des  fidèles  confiés  à 
nos  soins.  Xous  l'avons  iait  dans  ces  joui'S  orageux  que 
nous  venons  de  traverser.  Soutenons  ainsi,  en  toutes  occa- 
sions, l'autorité  Pontificale,  et  nous  participerons  à  son 
inébranlable  solidité.  Glorifions  la  Chaire  Apostolique,  et 
sa  gloire  se  reflétera  sur  notre  jeune  Eglise. 

II. — DECRETUM   DE    BREVIARIO    AC    .MISSALI. 

Le  Concile  a  senti,  au  commencement  de  ses  opérations, 
son   cœur  s'embraser  de, zèle  pour  le  culte  de  la  divine 


CIRCULAIHES  KT  AUTRES  DOCUMENTS  3ÎS 

Majesté.  Dan«  cette  vue,  il  a  voulu  que  dans  toute  Ja 
Province,  les  livres  Liturgiques  fussent  ceux  do  la  Ste. 
Eglise  Romaine.  "  Statuimus  Breviariura  et  Missale  Roma- 
num...ab  omnibus  servanda." — Plus  que  jamais  nous  allons 
donc  nous  attacher  au  Eit  Romain.  11  est  si  consolant  de 
prier  comme  le  Père  de  la  famille  chrétienne  !  Il  est  si  beau 
de  n'avoir,  d'un  bout  du  monde  à  l'autre,  qu'une  même  foi 
au  cœur,  et  une  même  prière  à  la  bouche  !  Etudions  soi- 
gneusement les  Rubriques  ;  ne  passons  pas  une  année  sans 
les  relire. 

Aimons  les  Saints  de  notre  Calendrier,  et  fesons-les  c©u- 
naître  aux  âmes  que  nous  sanctifion.s.  Pour  cela,  parlone- 
en  souvent  au  Prône.  Recommandons  la  lecture  de  leurs 
vies  édifiantes.  A  ce  propos,  Nous  vous  indiquons  l'ouvrage 
intitulé  :  Vies  des  Suints. ..traduites  des  Légendes  du  Bréviaire 
Romain,  fait  exprès  pour  répandre  dans  le  monde  la  con- 
naissance du  Rit  Romain. 

11  i. — DYl.    RITUAJ./. 

Les  Rites  sacrés  sont  comme  les  vases  précieux  qui  ren- 
ferment le  baume  odoriférant  do  la  grâce  sacramentelle. 
Le  t/'oncile  a  compris  qu'il  fallait  faire  observer,  dans  toute 
la  Province,  ceux  que  le  St.  Esprit  a  inspirés  à  son  Eglise. 
Il  lui  a  pour  cela  donné  le  Rituel  Romain  qui,  on  ne  peut 
en  douter,  est  muni  du  Sceau  de  la  plus  haute  authenticité. 

"  Concilium  decernit  Rituale  Romanum  servandum  esse 
in  totâ  hâc  Provinciâ." 

Ce  livre  Liturgique  va  nous  mettre  en  parfaite  harmonie 
avec  toute  l'Eglise.     "  Idipsum  dicamus  omnes." 

Pénétrés  de  cette  pensée,  nous  n'aurons  pas  de  peine  à 
nous  conformer  à  ce  Décret  qui  défend  l'usage  de  tout  autre 
Rituel,  aussitôt  que  celui-ci  aui-a  été  publié.  Guidés  par  ce 
livre  vénérable,  nous  serons  parfaits  dans  l'exercice  de  nos 
saintes  fonctions.     "  Simus  omnes  perfecti...quoad  ritue.  ' 


5*^  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

IV. — DE    CEREMONIALI. 

Tiow  Haiiitért  Cérémonies  sont  les  images  de  la  vraie  piété. 
TiC  Concile  a  compris  qu'il  fallait  à  la  Province  un  Cérémo- 
»ial  conforme  au  Romain.  "  Edatur  liber  Csèremoniarum,  &c. 

AprôH  raùi'  examen,  Baldeschi  traduit  et  commenté  par 
Kavrcl,  a  été  choisi  de  préférence  à  tout  autre,  pi"écisémont 
])our  cette  raison.  On  le  suivra  donc  ponctuellement  dans 
toutes  les  ]%li8es  de  ce  Diocèse,  aussitôt  qu'il  aura  été 
imprimé. 

CKaque  ]<^abrique  s'en  procurera  un  ou  plusieurs  exeni- 
pluires,  potir  que  l'on  puisse  l'enseigner  aux  enfants  de 
chœur. 

Tout  ce  qui  y  paraîtra  impraticable  sera  soumis  à  une 
Commission  qui  en  décidera  finalement. 

En  fait  de  cérémonies,  évitons  scmipuleusement  l'arbitrai- 
re, qui  ne  saurait  remplacer  les  Eites  que  le  Saint  Esprit 
a  inspirés  à  son  Eglise.  Dans  cette  vue,  que  tous  étudient 
avec  soin,  et  prati(iuent  religieiisement  les  cérémonies  de 
l'Eglise  Universelle. 

•"  Ritus  Rcclesifoumversalis  accuratù  callennt  religiosèque 
servent." 

V.  —  T)E    CASIUrS    RESERVATIS. 

La  réserve  ost  le  nerf  de  la  discipline.  Les  Saints  Pères 
en  ont  toujours  ainsi  jugé.  '•'  Graviora  crimina.,..à  summis 
duntaxat  Sacerdotibus  absolvantur." — Le  Concile  s'en  sert 
ici  pour  déraciner  l'immoralité,  qui  nous  déborde  par  ses 
affreux  scandales. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  faut  que  le  peuple  connaisse  bien 
los  cas  réservés,  et  qu'on  lui  en  inspire  une  vive  horreur. 
Dans  cette  vue,  vous  lirez  tous  les  ans  au  Prône  ce  qui  suit. 
«t  vous  (e  commenterez  au  besoin  : — 


J 


<:1HCIJLAIRES  ET  AUTHES  DUCLMBNTS  925 

ItÉCRET    DU    PREMIER     CONCILE     PROVINCIAf-    I>E    QPÉBRC    fHR 
LES    CAS   RÉSERVÉS. 

'•  Il  îi  toujours  paru  à  nos  Saints  Pèi'es  qu  il  importart 
"  souverainement  à  la  discipline  du  peuple  chrétien,  qne 
''  certains  crimes  plus  atroces  et  plus  graves  ne  pussent 
•'  être  absous  par  tous  les  confesseurs,  mais  qu'ils  fussent 
•'  réservés   aux   souverains   Prêtres.     îs'ous    attachant,   en 

•  conséquence,  à  cette  autorité  du  Concile  de  Ti'enle,  outre 
•'  les  cas  réservés  au  Souverain  Poniife,  nous  nous-réservonfi 
•'  les  suivants,  qui  sont  les  péchés  de  ceux  qui, — lo  vivent 
''  en  concubinage  d'une  manière  publique  et  notoire. 

"  2o  Louent  sciemment  leurs  maisons  à  des  courtisanf»* 
'•  puWiquement  connues  pour  filles  de  mauvaise  vie."' 

LKTTRE    PASTORALE   DE   MONSEIOiNEUR  l'ÉVÊQUB    DB    MONT- 
RÉAL,   CONCERNANT    LES    CAS   RÉSERVÉS. 

"  Pour  que  ce  Décret  salutaire  soit  mieux  compris,  et  plu» 
"  ponctuellement  exécuté,  Xous  déclarons  et  réglons  ce  qui 
•'  suit: — lo  Sous  le  nom  de  concubinaires  publics  et  notoircB 
•'  sont  compris,  non  seulement  ceux  qui,  n'étant  pas  mariés, 
'*'  vivent  ensemble  comme  s'ils  l'étaient,  nrais  encore  ceux 
"  qui,  étant  domiciliés  dans  ce  Diocèse,  vont,  en  fraude 
•'  de  la  Loi,  et  au  mépris  de  leur  Pasteur  légitime,  se  marier 
•' devant  un  Ministre,  Magistrat  ou  auti-e  individu,  et  qui, 

•  après  ce  prétendu  mariage  ne  craignent  pas  de  vivre 
"  ensemble  comme  s'ils  étaient  véritablement  mariés.  Ce 
■'  sont  de  vrais  concubinaires,  qui  ajoutent  au  crime  énorme 
"  de  concubinage,  Thorreur  d'une  indigne  profanation,  celle 
•'  d'un  mariage  nul  et  sacrilège. 

"  2o  Vivre  en  concubinage,  et  louer  des  maàsons  à  de» 
•'  filles  publiques,  sont  deux  cas  réservés  exclusivement  à 
■  l'Evèque  et  à  ses  Grands  Vicaires  ;  si  bien  qu'aucun  î»utr« 
"  Prêtre  ne  peut  en  absoudre  que  quand  les  coupables  sont 
"  en  danger  de  mort.  Il  faudra  une  permission  spéciale  pour 
••  en  absoudre  ceux  qui  seraient  dans  une  impossibilité  ab- 
"  fiolue  de  recourir  au  Supérieur  Majenr, 


iU  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES,    * 

'•  3o  Le  dit  Décret  sera  publié  et  expliqué  en  langue  vul- 
^'  gaire,  chaque  année,  au  Prône  de  toutes  les  Eglises  oCi  se 
"  fait  l'ofifice  paroissial,  le  Dimanche  dans  l'Octave  de  l'Epi- 
''  phanie,  et  autant  de  fois  qu'il  sera  jugé  nécessaire,  pour 
'•'  qu'aucun  ne  puisse  s'excuser  sous  prétexte  d'ignorance. 

'=  4o  Chaque  fois  que  l'on  publiera  ce  Décret,  qui  intéresse 
"  si  vivement  les  mœurs  publiques,  l'on  terminera  le  Prône 
'•  par  la  récitation  de  Cinq  Pater  et  Ave,  pour  demander  la 
'•  conversion  de  ceux  qui  déshonorent  les  villes  et  les  cam- 
'■  pagnes,  et  attirent  sur  elles  les  plus  terribles  malédictions, 
'■  par  de  si  honteux  excès. 

•L'on  comprendra  combien  sont  coupables  ceux  qui 
'  louent  leurs  maisons  à  des  prostituées,  si  l'on  fait  atten- 
'■  tion  qu'ils  font  l'indigne  commerce  de  vendre  au  démon 
'■  de  l'impureté  toutes  les  âmes  qui  se  perdent  dans  leurs 
'•  maisons,  et  cela  pour  un  gain  sordide." 

VI.—  DE  «OLEMtJITATIBUS. 

Il  a  plu  au  Concile  de  réduire  à  sept  le  nombre  des  solen- 
nités qui  devront  à  l'avenir  ce  célébrer,  dans  cette  Province. 
Mais  il  a  réglé  qu'on  le  ferait  d'une  manière  plus  glorieuse 
aux  Sain<8.  et  plus  avantageuse  aux  fidèles. 

Nous  e:  'rerons  donc  dans  ses  vues,  en  donnant  à  ces  so- 
lennités plus  de  pompe,  pour  que  le  peuple  s'y  porte  avec 
plus  de  piété. 

Les  Fêtes  Patronales  se  trouvent  rangées  parmi  les  solen- 
îùtés  remises  au  Dimanche,  afin  que  chaque  Paroisse  puisse 
mieux  honorer  son  Saint  Patron.  (1) 


(1)  lo  Faites  aimer  à  vos  Paroissiens  leur  Saint  Patron,  en  leur 
faisant  connaître  sa  rie.  et  en  les  portant  à  l'invoquer,  chaque  jour, 
par  quelque  fervente  prière. — 2o  Ayez  soin  que  dans  chaque  famijle.il  y 
ait  quelqu'un  qui  porte  son  nom,  et  qui  lui  soit  spécialement  dévot. — 
.%  Dans  les  temps  de  calamités  publiques,  exhortez-les  h  recourir  à  ce 
puissant  protecteur,  et  que  sa  bannière  soit  portée  en  tête  de  tonte« 
les  proce.s8ions. — 4o  Préparez-les  à  la  fête  Patronale  par  quelque  Neu- 
vaine,  à  l'Eglise  et  dans  les  maisons  ;  et  pour  que  tous  puissent  appro- 
^dier  des  sacrements  ce  jour-là,  appelez  à  votre  secours  autant  de  con- 
fesseurs que  vous  le  jugerez  nécessaire. — 5o  Empêcliez  le«  étrangers 
de  venir  à  ces  fêtes,  et  qu'on  donne  à  cette  lin  des  avis  au  Prône  dans 
toutes  les  églises  dn  voisinage,  atin  que  les  Paroissiens  soient  tran- 


(:iRCULA.IRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  SÎT 

VII. — DE    CANTU    ET    MUSICA    IN    ECCLESII». 

Le  Concile  a  du  se  cientir  dévoré  de  zèle  pour  le  chant 
sacré,  qui  est  une  partie  si  importante  du  Culte  divin — 
"Quœ  in  Ecclesiis  cantauda  sunt,  ad  divinum  cultum  pro- 

••  movendum inservire  debent." — Afin  que  ce  Décret 

atteigne  son  but,  nous  réglons  ce  qui  suit: — 

lo  Chaque  Fabrique,  si  cela  est  possible,  fera  les  frais 
d'une  école  de  chant,  pour  remplir  le  chœur  de  voix  bien 
exercées.     "  Ne  cantus  exponatur  contemptui." 

2o  On  ne  souffrira  dans  les  Eglises  aucune  musique  vo- 
cale ou  instrumentale,  qui  soit  légère,  ni  aucun  air  de  chan- 
son ou  de  danse. — '•  Caveant  parochi  ne  niusica  levis 

•  à  divinâ  conteraplatione  fidèles  avortât." 

3o  Les  Séminaires  et  collèges  seront  les  premiers  à  l'œu- 
vre pour  l'exécution  de  ce  Décret,  et  il  y  aura  entre  leurs 
élèves  une  louable  émulation  pour  le  chant  Grégorien  et  la 
musique  grave,  qui  seule  est  admise  à  relever  la  majesté 
du  culte. — "Studiosa  juventus  priP  mundanâ.  Ecclosise  mu- 
"  sicam  ediscat."  (1) 

VU!. — îtE    (ATKrHlSMo. 

Le  Ouiicile  n"a  pu  manquer  de  ^'oecupci'  du  livre  (jui  oM 
le  fondement  de  l'Instruction  Eeligieuse. 

Les  graves  inconvénients  qui  résultent  toujours  d'un 
changement  de  catéchisme,  l'ont  dé'erminé  à  approuver 
ceux  de  Québec  et  d'Irlande,  après  qu'ils  auraient  été  re- 
visés. Ils  seront  donc  les  seuls  en  usage  dans  ce  Diocèse. 
dès  qu'ils  auront  été  publiés. 


Huilles  dans  leurs  exercices  pour  honorer  leurs  Saints  Patrons.— 60 
liiXigez  que  ce  jour-là  les  Aubergistes  ne  vendent  aucune  liqueur 
■enivrante. 

(1)  lo  Chaque  fabrique  devra  se  procurer  un  bon  nombre  d'exem- 
l>iaires  des  livres  de  chant  qui  seront  imprimés  sous  peu.  On  pourrait 
même  les  donner  à  ceux  qui  auraient  chanté  gratuitement  au  moins 
pendant  un  an. — lo  Pour  répandre  le  goût  de  la  bonne  musique,  nous 
voulons  que  partout  où  il  y  a  des  orgues,  harmonium,  etc.,  etc.,  l'on 
«e  procure  le  Répertoire  de  VOrgatdsk  qui  a  été  jugé  excellent  par  des 
hommes  de  l'art,  et  recommandé  à  toute  la  Province  par  Mgr.  l'Arche- 
vftque,  à  la  suite  du  Concile. 


328  MANDEMENTS,  LETTKES  PASTOHALES, 

On  eu  exigera  toutefois  la  lettre  que  de  ceux  qui  n'en 
auront  point  encore  appris  d'autre. 


IX.  — HE    CATEC'HESIBUS,    SIVE    ANTE,     .SIVE    POST    PKIMAM 
COMMUNIONEM   FA0TENDT8. 

Ce  Décret  est  un  des  plus  urgents.  "  Fiant  catéchèses.  ' 
il  pèse  (strictement  sur  la  conscience  des  Pasteurs.  "  Curent 
animarum  pastores.' 

11  est  un  de  ceux  que  la  8.  C.  de  la  Propagande  a  modi- 
fiés; pour  le  rendre  plus  sévère. — "  Hinc  prœscribendum 
"  esset  ut,  quoàd  possibile  sit,  quemadmodùm  in  civitatibus. 
"  ita  etiam  rnre.  integro  anni  cursu.  catechetica  in'struotio 
"fiât." 

Une  Paroisse  qui  fréquente  le  Catéchisme  est  une  Paroiss» 
instruite  ;  et  une  Paroisse  instruite  est  la  gloire  et  la  con- 
i^olation  du  Pasteur. 

Le  Catéchisme,  qui  se  fera  régulièrement  les  Dimanche» 
et  fêtes,  devra  intéresser  les  grandes  j)ei"6onnes,  surtout  le:* 
parents,  qui  doivent  être  souvent  exhortés  à  assistera  cette 
instruction,  afin  de  pouvoir  la  répéter  aux  enfants,  comme 
cela  se  pratique  dans  les  familles  chrétiennes  (1). 


[l)  lo  Un  moyen  d'attirer  les  parente  serait  l'office  de  l'Archiconfré- 
lie  du  T.  S.  et  I.  Cœur  de  Marie,  placé  immédiatement  à  la  suite  de» 
Vêpres.  Alors  se  ferait  la  seconde  demi-heure  de  catéchisme,  par  une 
instruction  simple  et  familière,  suivie  des  recommandations  et' de  la 
Bénédiction  du  St.  Sacrement,  avec  le  Ciboire,  quand  il  n'y  a  pas  de 
salut  ce  jour-là. — 2o  Exhorter  les  parents  et  les  Instituteurs  à  appren- 
dre de  bonne  heure  aux  enfants  ce  qu'ils  doivent  connaître  pour 
recevoir  avec  fruit  le  Sacrement  de  Pénitence,  afin  de  ne  pas  attendre 
h  l'époqiie  de  leur  première  communion  pour  leur  donner  l'absolution. 
3o  Pour  admettre  les  enfants  au  Catéchisme  de  la  première  commu- 
nion, exiger  ordinairement  qu'ils  sachent  la  lettre  du  catéchisme,  afin 
d'avoir  plus  de  temps  pour  lo  leur  bien  expliquer.  4o  Inviter  le^ 
enfants  qui  ont  fait  leur  première  commumion  h  continuer,  pendant 
un  an,  à  venir  au  catéchisme.  Pour  cela,  établir  les  confessions  et 
communions  du  mois,  ."jo  Ne  pas  oublier  les  Sourds-Muets;  envoyei 
les  garçons  à  l'Industrie,  et  les  filles  à  la  Longue-Pointe,  aux  écoles 
spéciales  qui  y  sont  établies  ;  faire  en  sorte  qno  la  Paroisse  contribti* 
:\  payer  la  pension  de«  plus  pauvres. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  ;3ift 

X. — 1>E  SACERD0TIBU8  RECENS  ORDINATIS,    COLLA TlONIBUHQm 
EOCLESIASTICIS. 

La  science  sacrée  est  déposée  sur  les  lèvres  du  Prêtre,  et 
le  peuple  doit  la  rece^ioir  dé  sa  bouche  sacerdotale.  Le 
Concile,  pour  encoui-ager  les  études  Ecclésiastiques,  a  soumis 
les  jeunes  Prêtres  à  l'obligation  do  subir  chaque  année, 
pendant  quatre  ans,  un  examen  sur  quelque  traité  de  Théo- 
logie, et  d'envoyer  à  l'Evèque,  pendant  ces  quatre  années, 
deux  discours  par  an,  sur  des  sujets  par  lui  indiqués.  Les 
jeunes  citoyens  des  villes,  pour  se  former  à  l'art  de  remuer 
les  masses,  par  la  parole,  font  des  lectures  publiques.  Les 
Lévites  du  sanctuaire  ne  demeureront  pas  en  arrière  sur  ce 
point  ;  et  le  Concile,  dans  ce  Décret,  les  a  eus  en  vue.  En 
conséquence,  tous  ceux  qui  n'ont  pas  quatre  ans  de  prêtrise, 
.se  prépareront  à  répondre,  cette  année,  sur  le  Traité  deFide, 
et  composeront  deux  discours,  l'un  sur  l'Eucharistie,  et 
l'autre  sur  l'Immaculée  Conception  de  la  Bienheureuse 
Vierge  Marie.  L'on  ne  saurait  mieux  débuter  dans  cette 
carrière  ;  car  ces  deux  sujets  sont  deux  mines  inépuisablcK. 

Pour  la  même  raison,  le  Concile  a  cru  devoir  recomman- 
der le»  Conférences  Ecclésiastiques, 'pour  que  le  Clergé  ail 
occasion  de  se  voir  et  de  s'entendre  pour  les  grands  intérêts 
de  la  religion  qu'il  a  à  promoiivoir. 

Des  Instituts  littéraires  s'érigent  dans  nos  villes,  pour 
former  à  la  science  et  à  l'art  des  affaires  du  monde;  pour 
nous,  travaillons  à  être,  par  notre  science  et  notre  vertu, 
l'ornement  de  la  Cité  de  Dieu. — "  8acerdotep....vLi-tute  et 
doctrinâ  poUere  debent." 

Le  sujet  de  la  j^rochaine  Conférence  sera  la  discussion  des 
présents  Décrets"  en  autant  qu'elle  en  fera  ressortir  les 
avantages  et  en  facilitera  la  pratique.  Chacun  est  invité  à 
dire  un  mot  là-dessus,  dans  sa  Conférence  respective. 

Vous  recevrez  prochainement  la  liste  des  Archiprètres  et 
Archiprêtrés,  que  le  démembrement  du  Diocèse,  et  l'aug- 
mentation des  Paroisses,  Nous  ont  (5bligé  de  refaire.  Bllt 
aplanira  une  partie  des  grandes  difficultés  que  nous  avons 
ù  vaincre  pour  arriver  au  plein  succès  des  Conféi-ence*-. 


31Ô  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Nous  nous  proposons  do  présider  toutes  celles  qui  se 
tiendi-ont  cette  année,  en  fesant  le  tour  du  Diocèse,  pour  la 
Visite  Pastorale  proprement  dite,  dont  l'itinéraire  vous  sera 
envoyé  plus  tard. 

Nou^  sentons  que  tout  le  bien  à  faire  pour  un  Evêque, 
dans  son  Diocèse,  ne  saurait  se  faire  que  par  ses  Prêtres 
bien  dirigés.  Aussi,  comprenons-nous  plus  vivement  quo 
jamais  le  besoin  de  vous  voir  et  de  vous  parler  à  cœur 
ouvert. 

XI. DK    FAMULABUS    SACEKDOTUM. 

Ce  Décret  n'est  que  la  sanction  nouvelle  des  Ordonnances 
sacrées  de  l'Eglise,  et  de  l'antique  usage  dés  bons  Ecclési- 
îistiques  qui  se  sont  toujours  fait  un  devoir  de  s'y  conformer, 
quelles  que  soient  les  difficultés  qu'ils  y  rencontrent. 

XII. — DE  REliATIONIBUS   PACIENDIS    EPISOOPO    A    l'AROCHIS 
ET   MISSrONARlIS. 

Les  Pères  du  Concile  ont  compris  que  leur  action  sur  le 
])0upl6  fidèle  devait  avoir  pour  but  de  favoriser  le  bien  et  de 
corriger  le  mal  :-  Quid  fovendum  sit,   quid  corrigendum." 

Mais  ils  ne  sauraient  s'acquitter  de  cet  important  minis- 
tère, sans  une  connaissance  détaillée  des  besoins  du  trou- 
peau. L'exécution  du  présent  Décret  les  mettra  en  état  de 
mieux  exercer  leur  vigilence  pavStorale.  Il  s'en  suivra  de 
])lu8  une  intime  union  entre  les  pasteurs  et  les  brebis. 

Au  reste,  vous  recevrez  un  tableau  qui  vous  indiquera  les 
blancs  que  vous  aurez  à  remplir,  pour  .IS^ous  donner  santi 
peine  les  renseignement>i  dont  Nous  avons  besoin. 

XIII. — DE  INCORPORATIONE  PRIISBVTERORUM  EXTRANEORUAf. 

Ce  Décret  vous  fi^t  assez  juger  combien  le  Concile  a  eu 
k  cœur  l'honneur  du  Clergé  dans  chaque  Diocèse,  en  y  em- 
[>6chant  l'introduetion  de  Prêtres  qui  ne  seraient  que  do> 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  331 

luups  ou  des  mercenaire»!.  Plus  que  jamais  il  ent  nécessaire 
fiu'il  soit  sans  tache,  pour  que  le  nom  de  Dieu  ne  soit  pas 
blasphémé,  à  c/iuse  de  lui.  Xoifs  comprenons  tous  que  nous 
sommes,  dans  notre  sainte  milice,  solidaires  les  uns  des 
autres.  Aussi  sentons-nous  tous  l'obligation  d'être,  sous 
tous  les  rapports,  irrépréhensibles,  de  crainte  que  notre  saint 
t'tat  ne  soit  méprisé  des  peuples. 

XIV. — DE    SOCIET.VTIBI'S    SECKETIS.' 

C'est  dans  les  sociétés  secrètes,  comme  dans  de  ténébreux 
.souterrains,»  que  se  machinent  les  maux  qui  désolent  notre 
-siècle. 

Ce  Décret  a  pour  but  de  les  détourner,  en  empêchant  les 
lions  chrétiens  de  les  encourager,  en  s'y  agrégeant  de  bonne 
foi,  sous  prétexte  de  s'assurer  du  secours  au  temps  du 
l>esoin. 

Il  importe  donc  grandement  qu'ils  connais.Mcnt  bien  ces 
>ociétés  hypocrites,  qui  couvrent  leurs  aflPreux  desseins  du 
voile  de  la  bienfaisance  fraternelle. 

Dans  cette  vue,  on  publiera  ce  Décret  tous  les  ans,  au 
Prône,  le  Dimanche  où  l'on  fera  la  solennité  de  St.  Jean- 
Baptiste.  En  le  commentant,  comme  il  convient  de  le  faire, 
vous  ne  manquerez  pas  d'insister  sur  l'horreur  qu'a  de  toutes 
-ociétés  secrètes  l'Eglise  notre  bonne  Mère,  elle  qui  bémt 
uvec  tant  de  complaisance  les  Sociétés  de  St.  Jean-Baptiste 
de  la  Tempérance  et  autres,  parce  qu'elles  marchent  au 
ixrand  jour,  et  qu'elle  ne  craignent  pas  la  lumière. 

J'fiOBET    Dr    PREMIER   CONCILE    PROVINCIAL   DE  QUÉBEC  SUR 
LES    SOCIÉTÉS    SECRÈTES. 

•  Les  Souverains  Pontifes  ont,  pour  des  raisons  bien 
•  graves,  défendu  aux  fidèles  de  s'agréger  à  toutes  espèces 
'de  sociétés  secrètes,  dans  lesquelles  on  s'engage  par  serment 
•  à  garder  les  secrets.  Car  de  semblables  pactes,  faits  dans 
■  les  ténèbres,  font  assez  connaître  que  l'on  doit  soupçonner 


332  MANDBMENTIsi,  LETTRES  PASTOHALES, 

'•  et  craindre  qu'il  n'y  ait  du  mal  ;  et  que  le  serment  qui  r 

■  est  exigé  ne  soit  téméraire.  C'est  pourquoi  nous  avertis- 
•'  Hons  tous  les  prêtres,  «juils  ne  peuvent  absoudre  eacra- 
'•  mentellement  aucun  de  ceux  qui  appartiennent  à  quelques 

•  unesdeces  sociétés,  à  moins  qu'ilsn'y  renoncent  tout-à-fait. 

•  Nous  exhortons  en  même  temps,  et  Nous  conjurons  dans 
"  le  Seigneur  tous  les  fidèles  de  s'éloigner  absolument  de 

•  ces   sociétés   secrètes,   se  ressouvenant  sans   cesse  qu'ils 

■  sont  membres  de  Jésus-Christ,  et  obligés  d'obéir  aux  com- 

■  mendements  de  l'Eglise,  qui  est  notre  Mère,  et  qu'eux 

■  doivent  marcher,  comme  des  enfants  de  lumière,  confor- 

•  mément  aux  très  saints  et  divins  enseignements  que  non» 
■'  a  donnés  Nntre-Seigneur  Jésus-Christ." 

XV. —  DE    SCHOLIS    MIXTIS. 

Le  grand  combat  de  Tenfer  contre  l'Eglise,  dans  ce  siècl* 
d'erreurs  et  d'impiété,  c'est  pour  gagner  des  écoles  mixtes. 
Aussi  est-ce  à  soutenir  son  droit  sur  l'enseignement  que 
l'Eglise  déploie  toutes  ses  forces,  fait  entendre  la  voix  de  son 
Poutife,  excite  le  zèle  de  ses  Pîisteurs,  fait  même  appel  à 
ses  enfants  pour  que  tous  n'aient  qu'un  cœur  et  qu'une  âme 
on  défendant  cette  question  de  vie  ou  de  mort  pour  le 
Catholicisme. 

Dans  im  si  grand  danger,  ne  nous  ci'oisous  pas  les  brap. 
mais  armons-nous  de  toute  la  puissance  de  notre  Saint  Mi- 
liistère.  pour  conserver  intact  le  dépôt  sacré  de  la  foi  de  no» 
enfants.  Le  présent  Décret  nous  dirigera  dans  l'accomplis- 
sement de  cet  important  devoir.  On  en  fera  la  lecture,  tooi* 
les  ans,  au  prône  ■  >3  toutes  les  Eglises  où  se  fait  l'Office 
paroissiale,  le  Di»!i  mche  où  l'on  fera  la  solennité  de  la  Pu- 
rification de  la  Si>'.  Vierge. 

DÉCRET    ni'    PREMIER    CONCILE    PROVINCIAL  r>E  QnÉBEr    HVH 
I>ES    ÉCOLES    MIXTES. 

'■  Nous  jugeons  que  les  écoles  mixtes,  savoir,  celles  dan» 
•'  lesquelles  les  enfant';  catholiques,  indistinctement  m^)é» 


CIKCULAIHKS  KT  AUTIŒ.S  DOGUMKNTS  333 

••  auK  eut'antd  protealantH,  n'apprennent  aucune  religion,  ou 
••  n'en  apprennent  qu'une  fausse,  sont  tout-à-fait  dangereuses, 
••  parce  qu'elles  sont  institués  pour  produire  ce  poison  de 
'•l'impiété,  qui  s'appelle  communément  V indifférent isme. 
'•  Ces  pourquoi  nous  recommandons  foi'tement  aux  Pas- 

•  teurs  des  âmes  de  faire  tous  leurs  efforts  pour  détourner  do 
''  semblables  écoles,  les  fidèles  dont  le  soin  leur  est  confié. 
■'  Mettant  de  côté  tout  prétexte  de  mauvaise  complaisance, 
'■  nous  ne  devons  rien  omettre,  pour  que  les  catholiques,  de- 

•  meurant  en  possession  do  leurs  droits,  aient  à  eux,  dans 
••'  toute  la  Province,  leurs  écoles,  aus.si  bien  que  leurs  Collé- 
"  ges  et  Universités. 

••  Mais  efforçons-nous  surtout  d'obtenir  wna  Ecole  Normale, 
■•  pour  former  des  Maîtres  d'une  doctrine  saine,  et  de  mœurs 
■  irréprochables."  (1) 

Cette  publication  solennelle  fera  comprendre  à  notre  gou- 
vernement que  nous  sommes  décidés  à  bien  défendre  nos 
droits  sur  l'enseignement  de  nos  enfants,  dont  nous  ne  pou- 
vons, sous  aucun  prétexte,  exposer  la  foi.  A  ce  propos,  re- 
marquons qu'aux  Etats-Unis  le  Catholicisme  a  perdu  deux 
millions  d'enfants,  qu'ont  engouffrés  les  écoles  mixtes.  Les 
Kvêques  s'y  désolent  à  la  vue  d'une  plaie  si  saignante,  et 
ti'availlent  de  toutes  leurs  forces  à  la  guérir.  Quant  à  nous, 
nous  sommes  encore  maîtres  du  terrain,  (lardons-le  coura- 
geusement.    Pour  cela,  soyons  respectueux,  mais  fermes. 

.\VI.  —  DE    C'EI-KIÎR.VTIONE    SViVODI    DIŒfES ANyK. 

Le  déplorable  événement  du  huit  Juillet,  qui  Nous  a  lais- 
î»é  sans  abri,  et  Nous  a  obligé  d'aller  demander  l'ho.spitalité 
à  nos  vénérables  frères,  les  vétérans  du  Sanctuaire,  rond 


(1)  Qufid  si  lu  quihusdam  loci.s,  scholis  catholicis  deficientibu.s, 
>iiixta«  scholoB  pueri  adiré  cogantur,  iuvigileut  Pastores  eornm  atque 
parentes,  ne  erroris  venenum  sensini  eWbentes,  fidei  innocentiseque 
jïvctnram  patiantur." 

Cette  note  est  pour  la  direction  des  Pasteura,  et  no  doit  pas  être 
•ommnniqufis  aux  fidèles.  Cinq  Pater  et  Ave,  en  terminant  le  Prône, 
pour  demander  le  succès  do  l'éducation,  dans  ce  Diocèse,  afin  qu'elle 
donne  k  lî^  Religion  de  l^ons  ohr<îtienH,  et  à  la  patrie  de  bous  citoyens. 


:iU  MANDKMËNTbj,  LETTRES  PASTORALES, 

pour  le  moment  ce  Décret  impraticable.  Pour  y  suppléer 
nous  demandions  ensemble,  pendant  la  retraite  pastorale, 
l'Esprit  Synodal.  "  Veni  ad  nos  (Domine  Sancte  Spirituel, 
"  ad  este  nobis,  dignare  illabi  cordibus  nostris:  doce  nos 
•  quid  agimus,  quo  gradimur  ostende,  quid  efficiamus 
•'  operare."'  Xous  ferons  usage  de  cet  esprit  de  conseil^ 
dans  nos  prochaines  Confei-encee. 

Pour  y  participer  avec  plus  d'abondance,  ne  cessons  d'en- 
voyer au  ciel  ces  traits  de  feu.  Servons-nous  en,  chaque 
Jour,  comme  de  douces  asj)irations,  qui  très  certainement 
nous  feront  porter  à  nos  conférences  des  cœurs  brûlant?. 

XVII. — DE  PROMULOATIOxNE  DECRETORUM    HUJUS    CONCILIl 
PROVINCIALIg, 

La  présente  Lettre  vous  est  adressée  en  accomplissement 
de  ce  Décret.     "  Si  celebrari  nequeat  (Synodus  diœcesana) 
■  extra  synodum  quàm  primùm  promulgentur." 

XVI  li. — I>E    INVOCATIONE    ET    VENERATIONE  BEATISSIM.E 
MARI.i;    VIRGINIf?, 

Le  Concile,  en  terminant  ses  travaux,  était  aux  pieds  de 
l'Auguste  Mère  de  Dieu,  dont  la  vie  éclatante  éclaire  toutes 
les  Eglises.  Et  comment  ne  serait-elle  pas  la  lampe  des 
Conciles,  elle  qui  a  donné  au  monde  entier  la  lumière  éter- 
nelle? Il  conjurait  les  Evoques  et  les  autres  pasteurs  des 
âmes,  de  travailler  avec  un  nouveau  zèle,  à  faire  aimer 
cette  tendre  Mère  dont  les  mamelles  sacrées  allaitent  les 
brebis  aussi  bien  que  les  agneaux.  Il  l'établissait  Gardienne 
de  toutes  les  vignes  qu'il  est  chargé  de  cultiver.  Il  su))pliait 
le  St.  Siège  Apostolique  d'ajouter  au  glorieux  Diadème, 
<lont  est  ceint  son  front  majestueux,  la  brillante  auréole  du 
dogme  de  son  Immaculée  Conception,  qui,  en  devenant 
dogme  de  foi,  doit  du  haut  du  ciel,  refléter  sur  toute  la  terre 
les  rayons  lumineux  de  sa  divine  piireté. 

11  conjurait  le  Souverain  Pontife  de  lui  accordei'en  alten- 


OIBCULAIRES  KT  AUTRES  DOCUMENTS  335 

«laiit,  la  consolation  de  la  pouvoir  proclamer  en  tous  lieux 
Immaculée  dans  sa  conception. 

II  se  consacrait  à  son  Très-Saint  Cœur,  et  déposait  bcb 
actes  sur  son  autel,  pour  qu'elle  daignât  les  prendre  sous  sa 
spéciale  protection,  afin  qu'ils  fussent  religieusement 
observés. 

Ces  protestations  solennelles  et  ces  actions  sacrées  rem- 
plissaient le  Vénérable  Sanctuaire  de  la  Métropole  d'émr)- 
tions  indicibles. 

Tout  semblait  se  rajeunir.  L'illumination  de  l'Autel  était 
plus  brillante  ; — le  son  de  l'orgue  plus  harmonieux  ; — le 
chant  plus  onctueux  ;  l'accent  des  voix  plus  enthousiaste. 

On  sentait  on  ne  sait  quoi  de  saisissant,  d'entraînant.  Les 
esprits  étaient  divinement  éclairés  ;  les  cœurs  puissamment 
échauffés,  les  langues  visiblement  déliées.  Ah  !  c'était 
pour  chanter  avec  un  transport  inaccoutumé,  avec  la  jeune 
Vierge  d'Israël  : — "  Beatcm  me  dicent  omnes  generationes.' 

Nous  nous  laissons  aller  ici  à  une  digression  un  peu 
longue,  peut-être.  C'est  que  Nous  ne  pouvons  Nous  dispen- 
ser de  vous  raconter  les  joies  de  ce  précieux  moment,  aux- 
([uelles  vous  avez  un  droit  bien  acquis.  C'est  aussi  pour 
détremper  en  quelque  sorte,  dans  cette  huile  sacrée,  les  Dé- 
crets naturellement  secs  et  arides,  que  nous  venons  do  par- 
courir. 

C'est  entin,  pour  que  vous  ayez  à  rapporter  à  vos  pieux 
Paroissiens,  un  grand  exemj:k]c,  pour  les  ranimer  d'un  nou- 
veau zèle  pour  la  dévotion  à  Marie.  Rien  n'est,  en  effet, 
plus  encourageant.  Plus  ciue  jamais  nous  allons  donc  tous 
travailler  à  foire  connaître,  louer  et  bénir  le  nom  de  Marie, 
qui  foit  toute  notre  confiance. 

En  conséquence,  plus  que  jamais,  par  nos  soins,  ses  con- 
fréries seront  florissantes  ;  ses  autels  bien  ornés  ;  ses  fêtes 
saintement  solennisées  ;  son  rosaire  dévotement  récitéj  et 
surtout  ses  pieux  enfants  pénétrés  d'horreur*pour  le  péché, 
et  d'amour  pour  la  vertu.  Telle  est  notre  résolution  à  toun, 
pour  l'accomplissement  amoureux  de  ce  Décret  aussi  léjonis- 
sant  qu'encourageant. 


336  MANDEMENTS,  LETTRES  l'ASTOHALES, 

^IX. — UEORETUM    PROMULGATIONIS    TESTIIM    SYNODALIUM. 

Les  témoins  syDodaux  sont  ici  choisis  pour  vous  îittester 
1  authenticité  des  actes  du  présent  Concile  Provincial,  et 
témoigner  dans  la  prochaine  réunion  des  Pères,  de  l'exécu- 
tion de  ses  Décrets.  Quelle  est  sage  et  prévoyante  la 
Sainte  Eglise,  quand  il  est  question  de  faire  entendre  sa 
voix  matei'nelle  à  ses  enfants  ! — On  peut  sans  crainte  se 
lier  à  olle,  quand  elle  nous  impose  des  devoirs. 

XX. — DECUETl>r    DK    INDICTIONE     KL'TUKl    CoNCIIJI    J'K«» VIN- 
CI AT,  TS. 

Ce  l>ecret  convoque  le  futur  Concile,  pour  le  mois  de 
Marie,  1854.  Chaque  Evêque  y  devra  comparaître  avec  les 
présents  Décrets  à  la  main,  pour  y  répondre  de  leur  accom- 
plissement. 

Tâchons  qu'ils  soient  tous  en  pleine  vigueur.  Ce  sera 
pour  nous  tous  une  gloire  et  un  bonheur. 

XXI. — J)E    b'INE    GI)N(;IL11. 

L'autorité  qui  avait  ouvert  le  Concile  devait  le  fermer. 
C'est  ce  qu'elle  a  fait.  Car  le  Décret  de  clôture  était  aussi 
nécessaire  que  celui  d'ouverture.  Pour  mieux  comprendre 
ceci,  observons,  en  passant,  quelles  Evêques  sont  obligés 
de  comparaître  au  Concile,  et  d'y  demeurer  tout  le  temps 
qu'il  dure. 

Cette  obéissance  aveugle  passei-a  du  Concile  au  Synode, 
et  aux  Conférences. 

XXII. — DECRETl'.M    SUBSCRII'TIONIS. 

La  solennité  avec  laquelle  se  signent  les  Actes  du  Concile 
Provincial  a  quelque  chose  qui  frappe. — "Ad  Altare  accé- 
dant."    '•  Décréta  subscribant." 

Ils  vont  sans  doute  se  graver  dans  nos  cœurs.  ce<  TV'oret'- 
jiinsi  signés  sous  les  yeux  de  X.  8.  J.  C. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  337 

La  Lettre  des  Pères  du  Concile  à  X.  S.  P.  le  Pape  est 
un  monument  de  leur  respect,  obéissance  et  dévouement  à 
Sa  Personne  Sacrée,  et  au  St.  Siège  Apostolique. —  •  Solemne 
"  te8tinionium,..venerationis,  obedientiiP  et  devotionis...." 

Leur  vœu,  en  déposant  à  ses  pieds  leurs  Décrets,  est  qu'ils, 
soient  religieusement  observés,  pour  la  gloire  de  Dieu,  et  le 
salut  des  âmes.     C'est  aussi  le  nôtre  à  tous. — "Pauca  (h*c 

•  Décréta)  gloriam  Dei,  animarum  salutcm.  incrementum- 
■  que  religion i8...prGmovere  valeant." 

La  réponse  du  St.  Père  nous  révèle  la  bonté  de  son  cœur, 
et  nous  remplit  de  bonheur.  Car  il  accueille  avec  la  plus 
grande  bienveillance  le  Député  du  Concile,  que  nos  vœux 
accompagnaient  dans  la  Ville  Sainte. — '' Martjropolitanum 

•  Episcopum benignissime   excepimus."     Il   félicite   vos 

Pasteurs  de  la  joie  avec  laquelle  ils  portent  le  lourd  fardeau 
de  la  sollicitude  pastorale. — "  Eximiam  vestrûm  omnium... 

•  sollicitudinem  et  alacritatem  congratulati  sumus.' 

Il  les  embrase  d'un  nouveau  zèle  dans  l'accomplissement 
des  devoirs  de  leur  charge. — "  Stimulos  bene  licet.  currèn- 
'•'  tibus  addimus." 

Il  implore  sur  eux  tous  l'abondance  des  biens  céleste;^. — 
■•  Vestram  in  Xos  pietatem....remuneret  copia  donoruni 
•'  cœlestium." 

Enfin,  il  fait  descendre  sur  nos  tètes  la  Bénédiction  Apos- 
tolique, qu'il  tire  du  fond  de  soii  cœur  paternel,  et  qu'il 
nous  envoie  à  tous,  comme  un  gage  de  sa  tendresse. — 
"  Apostolicam  Benedictionem  (nostrse  caritatis  pignus).... 
•'  Vestrîim  singiili8...cum  omni  etiam  Hero  vestro  fidelique 
•'  populo  communicandam  intimo  cordis  affcctu  peramanter 
'•  impertimur.' 

Quel  affectueux  langage! 

Apprenons  à  l'école  de  ce  Pèi'o  commun,  comment  on 
parle  aux  âmes,  ces  brebis  chéries  du  Bon  Pasteur. 

La  Lettre  de  TEminentissime  Cardinal  Préfet  de  la  Pro- 
pagande, vous  est  une  preuve  du  besoin  Qu"ont  de  lEgliiîe- 
Mère,  toutes  les  Eglises  du  monde  chrétien.  Elle  est  ici 
reproduite  en  entier,  en  témoignatre  de  la  simplicité  avec 

90 


338  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Iswjuelle  vos  Evèquea  se  laissent  diriger  par  le  Chef  de* 
Paeteurs.  qui  a  grâce  et  mission  pour  confirmer  ses  frèree. 
'■  Confirma  fratres  tuos.'' 

Ici  s'appliquent  tout  natui'ellement  ces  belles  paroleB  de 
l'Imitation:— nemo  secure  pra^est,  nisi  qui  libenter  subest," 

li  en  sera  de  même  de  vous  tous  qui  portez  chacun  une 
partie  du  fardeau  de  la  charge  pastorale.  Vous  ne  voue 
croirez  en  bonne  route  qu'en  autant  que  vous  obéirez,  en 
commandant. 

L'expérience  de  tous  les  jours  nous  met  à  même  de  nous 
convaincre  de  cette  belle  maxime  de  St.  Ignace,  Martyr: 
savoir,  que  le  bon  prêtre  écoute,  aime  et  respecte  son 
Evêque,  comme  les  Apôtres  écoutaient,  aimaient  et  respec- 
taient Jésus-Christ. — Là  est  tout  le  succès  du  ministère. 
'•  Yir  obediens  loquetur  victorias." 

Aussi  est-ce  la  conclusion  que  nous  devons  tirer,  avec  le 
Tràs-Eminent  Cardinal  Fransoni,  qui  nous  parle  de  la  part 
du  Vicaire  de  Jésus-Christ. — "  Sperare  licet  ex  diligent! 
''  horum  Decretorura  observantiâ,  plurimum  utilitatie  rei 
'•  Catholicse  obventurum." 

Bn  effet,  il  doit  sortir  de  ces  Décrets  une  vertu  salutaire 
qui  yiyifiera  tout.  Notre  Père  commun  sera  plus  honoré  : 
nos  Saints  plus  aimés  ;  nos  fonctions  mieux  exercées  ;  nos 
cérémonies  plus  majestueuses  ;  les  cas  réservés  plus  red»u- 
tés  :  nos  solennités  plus  pompeuses  ;  notre  antique  chant 
plus  harmonieux  et  plus  grave  ;  nos  catéchismes  mieux 
faits  et  plus  fréquentés  :  nos  instructions  mieux  préparées  : 
nos  cours  d'étude  plus  suivis;  nos  conférences  plus  intéreê- 
•santes  :  nos  maisons  plus  canoniques;  nos  rapports  plus 
intimes  ;  notre  état  plus  respecté  ;  les  sociétés  secrètes  moin» 
fréquentées  ;  nos  écoles  mieux  tenues  ;  notre  Auguste  Mère 
plus  louée  et  mieux  servie. 

Tels  sont  les  fruits  délicieux  que  nous  allons  cueillir  à 
cet  arbre  sacré:  Telles  sont  les  eaux  vives  qui,  coulant  de 
c^tt«  fontaine  intarissable,  vont  jaillir  jusqu'à  la  vieét«i"-N 


I 


CIUGULAIRES  ET  AUTUtS  DOCUMENTS  33» 

:»©Ue.     ■■  Excitant!   à   temporali    Synodo   proticiaimis    ad 
••  aeternse  felicitatis  aagmentum.  "  (1) 

Nous  terminons  par  quelques  dispositions  qui  vous  inté- 
lO'îSfnt  plus  particulièromont. 

10  Ceux  qui  étaient  curés  avant  1834,.  et  qui  n'auraient 
pas  dit  la  messe  pour  le  peuple,  les  joui's  de  fèt«s  suppri- 
mées, devront  s'acquitter  de  cette  obligation,  en  disant,  à 
cette  intention,  trois  messes  basses.  (2) 

2o  Loraison  de  Spiritu  Sancto  sera  remplacée,  ju.squ'à  nou 
vel  ordre,  par  celle /)ro  Ecclesia.  L'intention  est  d'obtenir  que 
la  Sainte  Eglise  triomphe  de  toutes  les  erreurs  ;  qu'elle 
ramène  dans  son  sein  tous  ses  enfants  égarés  ;  qu'elle  étende 
le  règne  de  Jésus-Christ  du  levant  au  couchant. 

Invitez  souvent  les  fidèles  à  prier  à  cette  intention.  Dites 
leur  que  s'ils  sont  bons  catholiqu'cs,  ils  convertiront  nos 
frères  séparés.  (3) 

11  est  temps  de  s'occuper  sérieusement  de  tant  de  pauvres 
Auies  qui  périssent,  chaque  joui-,  autour  de  nous. 

3o  Voulant,  comme  il  est  juste,  Nous  mettre  a  contribu- 
tion, pour  une  bonne  part  du  travail  qu'il  va  devenir  néces- 
saire de  nous  imposer  pour  ramener  à  la  Vraie  foi  nos  frères 
séparés,  nous  allons,  pour  quelque  temps,  faire  diversion 
avec  les  affaires  courantes,  afin  d'aller  étudier  l'anglais  dans 
nne  des  missions  de  ce  Diocèse. 

Dans  cette  vue,  Nous  avons  laissé  à  Mgr.  Joseph  LaEoc- 
i^ue,  Evêque  de  Cydonia  et  Coadjuteur  de  Montréal,  tous 
les  pouvoirs  nécessaires,  afin  que  vous  puissiez  vous  adresser 
à  un  autre  Nous-même. 

4o  Nous  croyons  devoir  Nous  décharger  ainsi  de  F  Admi- 
nistration Diocésaine,  parce  que  Nous  nous  regardons  comme 
obligé  de  Nous  absenter  longtemps  de  notre  ville  épiscopale. 

(1)  Prière  du  Pontifical. 

•    [2)  Voir  le  Décret  du  29  Février  1852,  p.  81,  82. 

(3)  La  t«mpérauce  et  la  fré^uentatiou  des  Sacrements  out  ameué  le 
r^ultat  suivant.  Sur  172  prisonniers  qui  se  trouvent  eu  ce  moment 
dans  la  prison  de  Montréal,  30  senl^^nK^nt  sont  Canadiens,  savoir,  21 
komraes  et  9  femmes. 


."îiO  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES", 

Car,  advenant  la  belle  saison.  Nous  visiterons  toutes  les 
Paroisses  du  Diocèse,  pour  y  consolider  de  plus  en  plus  la 
Discipline,  en  y  mettant  en  vigueur  les  Présents  Décrets. 
Il  y  sera  aussi  question  des  moyens  à  prendre  pour  relever 
de  leurs  ruines  la  Cathédrale  et  TEvêché.  qui  ne  sauraient 
rester  longtemps  ensevelis  sous  leurs  décombres,  »ans  nn 
grave  préjudice  pour  la  Religion.  Nous  sommes  bien  faible 
pour  accomplir  de  si  grandes  choses  ;  mais  vous  prierez  et 
ferez  prier  pour  que  la  force  d'en  haut  ne  Nous  manque  pas. 

Nous  ne  prescrivons  ici  aucune  prière  particulière,  parce 
(|ue  Nous  comptons  sur  vos  pieuses  inventions,  pour  que  Nos 
besoins  soient  jour  et  nuit  devant  les  yeux  du  Diocèse  en- 
tier, et  pèsent  continuellement  sur  son  cœur  comme  sur  le 
nôtre.  Mais  nous  ne  nous  séparerons  pas,  sans  nous  faire 
les  souhaits  d'une  bonne  année.  Ce  sont  ceux  du  Concile 
lui-même,  dans  sa  dernière  Session  solennelle.  Ils  nou.>* 
conviennent  si  bien  ! 

'  A  Pie  IX,  donc,  notre  grand  et  bien-aimé  Pontife,  Béné- 
diction du  Dieu  Tout-Puissant  !  Que  toutes  les  natiofis  de 
la  terre  no  fassent,  sous  son  glorieux  Pontificat,  qu'un  seul 
troupeau! — "In  unum  ovile  adunatio.  ' 

A  notre  Eévérendissime  Archevêque,  rosée  de  la  grâce  et 
gloire  éternelle. 

A  tous  les  Pères  et  Théologiens  du  Concile,  paix  vérita- 
ble et  bénédiction  abondante. 

Au  peuple  fidèle,  zèle  de  la  Eeligion  Catholique,  œuvres 
•le  justice,  abondance  de  la  paix,  et  victoire  sur  tous  les  en- 
nemis de  sa  Foi  ! 

A  nous  tous,  tranquillité  dans  l'exercice  de  notre  Saint 
Ministère,  santé  dans  raecomplissement  de  nos  pénibles 
travaux,  abondance  des  grâces  divines,  dans  nos  besoins  et 
ceux  du  troupeau  ! 

Aux  Décrets  de  notre  Concile,  exacte  observance  sou3  la 
protection  de  la  B.  V.  Marie,  des  Apôtres  8t.  PieiTe  et,St. 
Paul,  des  Patrons  de  cette  Province,  et  de  tous  les  Saints  ! 
FIAT.        FIAT.         AMEN.        AMEN. 

Donné  à  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal,  lejn'emier  jour  de  Jan-^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  341 

▼ier,inil-huit-cent-cinquante-trois,  sousXolre  Seing  et  Sceau, 
et  le  Contre-Seing  de  Notre  .Secrétaire.  (1). 

t  IG.  EVEQUE  DE  MOXTEEAL. 
Par  Monseigneur. 

J.  0.  Paré,  Chan.  Sec. 
(Vraie  copie) 


C'IEOULAmE  AU  CLEEGÉ  DU  DIOCESK  DE 
MONTPvf'JAL. 


•  Saint  ColtnnbaiJ,  19  Mars.  1853. 

Vous  recevrez  avec  la  Pi'é.-^ente.  le  Mandement  qui 
annonce  officiellement  au  Diocèse  la  promotion  de  Mgr. 
lEvêque  de  Cvdonia  à  la  Coadjutorerie  de  Montréal,  et  ea 
nomination  à  l'Administration  Diocésaine  pendant  mon 
absence. 

Vous  recevrez  aussi  une  copie  de  ma  Lettre  Pastorale  à 
la  partie  du  Diocèse  qui  vient  d'être  démembrée,  pour  for- 
mer le  nouveau  Diocèse  de   St.  Hyacinthe.     Cette   pièce 


fl)  Les  Décrets  qui  doiveuts  être  publiés  au  Prône,  le  seront  tous 
«'usemble  une  première  fois,  aussitôt  la  présente  reçue,  après  quoi  ils 
le  seront  comme  il  est  marqué  dans  la  Lettre  Pastorale.  On  se  ser^^ira 
avec  prudence,  en  chaire  et  ailleurs,  de  cette  Lettre  Pastorale,  poui- 
donner  à  son  ministère  tout  l'appui  dont  il  auiait  besoin,  surtout  pour 
faire  aux  Paroissiens  les  souhaits  et  recommandations  de  l'année. 

Tâchez  d'obtenir  que  le  Carnaval  se  passe  sans  bals,  sans  boissons  et 
autres  excès. 

En  récitant  chaque  jour,  aux  Petites  heures,  le  Ps.  118,  demandons 
.1  "amour  et  la  pratique  de  toutes  les  saintes  règles  de  l'Eglise. 

On  suivra  désormais  i>oiir  l'Office  divin  VOrdo  publié  à  Qnébec. 


34'i  MANDEMENTS,  LBTTRE8  PAbTOftALES, 

jointe  à  la  Lettre  du  8  Octobre  dernier,  en  faveur  des  ineea- 
diés  de  Montréal,  pourra  vous  être  de  quelque  secours  pour 
engager  vos  Paroissiens  cà  répondre  à  l'appel  qui  leur  ept 
fait. 

Je  ne  saurais  partir  pour  un  voyage  qui  peut  être  long, 
sans  vous  voir  tous,  s'il  est  possible,  d'autant  plus  que  mon 
séjour  ici  m'a  privé  depuis  longtemps  de  cette  consolation. 
Mais  ne  pouvant  vous  recevoir  à  Montréal,  comme  ci-devant. 
je  me  partagerai,  pour  poinoir  vous  rencontrer  chez  vous 
ou  dans  votre  voisinage. 

Je  serai  à  St.  Jean  le  cinq  Avril,  à  .St.  Rémi  le  six,  à  St. 
Constant  le  sept,  à  Vaudreuil  le  huit,  à  Ste.  Thérèse  le  onze, 
à  l'Assomption  le  douze,  à  Eerthier  le  treize,  à  Varennea  le 
quatorze,  et  au  Sault  au  Récollet  le  dix-huit.  En  choisissant 
ces  lieux  de  stations  je  n'ai  eu  en  vu  que  la  facilité  des 
communications.  Nos  conférences  auront  lieu  vers  les  dix 
heures  ;  il  y  sera  surtout  question  des  Décrets  du  Concile 
Provincial.  Veuillez  bien  remplir  au  plus  tôt  les  blancs  de 
la  feuille  ci-jointe,  qui  doivent  me  servir  à  donner  au  St. 
Siège  Apostolique,  des  renseignements  exacts  sur  le  Diocèse, 
comme  j'y  suis  tenu  sous  serment. 

.Te  ne  puis  terminer  cette  lettre  sans  vous  dire  encore  un 
mot.  Je  ne  voudrais  pas  emporter  dans  mon  caur  la  peine 
très  sensible  que  m'a  causé  Taccueil  qui  a  été  faite  dans 
quelques  parties  du  Diocèse,  à  la  démarche  que  le  Chapitre 
a  jugé  à  propos  de  faire  à-  mon  insu^  C'était  de  sa  part, 
soyez-en  bien  persuadé,  un  acte  d'intime  confiance  en  vous, 
et  une  nouvelle  preuve  de  son  dévouement  pour  moi.  Il 
voulait  par  là  ménager  au  Clergé  l'honneur  de  venir  spon- 
tanément de  l'avant,  pour  offrir  à  l'Evèque  un  secoure  plus 
assuré  que  ne  peut  l'être  celui  d'une  souscription  volontaire. 
et  épargner  à  l'Evèque  l'humiliation  de  mendier,  surtout  à- 
l'Etranger.  Il  était  persuadé  que  le  Clergé  connaissait  par- 
faitement la  disposition  de  l'Evèque  de  lui  être  à  charge  le 
moins  possible.  On  se  rappelle,  sans  doute,  qu'en  1840. 
lorsque  je  pris  possession  du  Diocèse,  je  remerciai  le  Clergf- 
qui   se  mettait  en   devoir  de  me  fournir  un  supplémert. 


% 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  3i3 

pav«equMl  savait  qu'une  rente  considérable,  qui  soutenait 
rBvèché,  s  éteignait  à  la  mort  de  mon  RrédécesBenr.  Je  fi» 
«Hre  à  tous  ces  Messieurs  de  bonne  volonté  que  quand  j'aurais 
besoin,  je  ne  craindrais  pas  de  m'adresser  à  eux.  Le  Cha- 
pitre ne  voyait  pas  de  circonstance  plus  urgente  que  celle 
de  Ja  ruine  totale  de  l'Etablissement,  pour  en  venir  à  un 
appel  général.  Si  le  mode  qu'il  a  suggéré  au  Clergé  ne 
rencontrait  pas  son  assentiment,  il  pouvait  du  moins  lui 
donner  la  pensée  d'en  proposer  un  autre  aussi  sûr  et  aus^i 
efficace. 

Maintenant  que  mon  cœur  s'est  déchargé  par  un  épan- 
chement  tout  fraternel,  je  pars  avec  l'intime  confiance  de 
n'avoir  blessé  personne,  par  cette  franche  et  cordiale  expli- 
cation. J'ai  pu  contrister,  dans  le  cours  de  mon  Adm^nis- 
tmtion  quelques  uns  de  mes  bien-aimés  collaborateurs.  Je 
lie  pax'tirai  pas  sans  les  prier  de  me  le  pardonner.  En 
quelque  lieu  que  je  me  trouve,  vous  serez  toujours  les  pre- 
miers dans  mes  souvenirs  de  la  patrie.  Mon  dernier  mot, 
c'est  celui  de  l'Apôtre  :  Attendite  vobis  et  universo  gregi  ;  et 
mon  dernier  vœu,  celui  de  vous  revoir  tous  en  parfaite 
santé,  et  chargé  de  nouveaux  mérites. 

.Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 
T  lo.  Ev.  DE  Montréal. 

P.  8. — Désormais  chaque  Curé  recevra  deux  copies  de» 
Mandements  et  Circulaires,  afin  qu'une  de  ces  copies  soit 
déposée  dans  les  Archives  de  la  Paroisse. 

t  T-  K.  de  M. 


344  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

ilVE  A.3SriD  E  Zvr  EHSTT 

DE-  MtiK.  LÉVÉQUE  DE  MONTRÉAL,  ANNON(^ANT  OFFICIELLE- 
MENT LA  PROMOTION  DE  MGR.  JOSEPH  LAROCQUE,  ÉVÊQUE 
DE  CYDONIA,  A  LA  COADJUTORERIE  DE  MONTRÉAL,  ET 
l'instituant  ADMINISTRATEUR  DE  SON  DIOCÈSE  PENDANT 
.SON    VOYA(iE    EN    EUROPE. 


IfiNACE  BOURGET,  PAR  LA  MI.SÉRICORDE  DE  DIEU  ET  LA  GRACE 
Dtr  .SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE,  É%^QUE  DE  MONTRÉAL, 
ETC..    ETC..    ETC. 


Au  Clergé  Séculier  et  Bégulier,  aux  Communautés  Religieuses 
et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur  Jésus  Christ. 

11  est  terapS;  N.  T.  C.  F.,  qiie  noii.^  vous  informions  oj^- 
ciellement  des  changements  qui  se  sont  opérés  dans  l'admi- 
nistration de  ce  Diocèse.  £n  vertu  de  Lettres  Apostoliques, 
en  date  du  YIII  Juin  dernier,  Mgr.  l'Evêque  de  Martyro- 
polis,  que  la  divine  bonté  Nous  avait  donné  poiu-  Nous  aider 
à  porter  le  poids  de  la  charge  pastorale,  a  été  nommé  pre- 
mier Evêqiie  de  St.  Hyacinthe.  Prions,  N.  T.  C.  F ,  pour 
ce  nouveau  Pasteur  et  sa  jeune  Eglise.  La  reconnaissance 
nous  en  fait  un  devoir.  Espérons  en  même  temps  que  nous 
aurons  noî le  part  aux  mérites  de  ses  travaux  ;  car  c'est  un 
grand  sa*  .  itice  qu'a  fait  le  Diocèse  en  cédant  ce  sujet,  déjà 
tout  préparé  aux  sublimes  fonctions  du  Ministère  Pastoral, 
en  faveur  de  TEpiscopat  étranger.  C'est  pour  la  neuvième 
fois  que  la  Divine  Providence  exige  de  Nous  pareil  sacrifice. 
Nous  l'en  devons  bénir,  quelque  importants  que  fussent  les 
services  que  dussent  rendre  au  Diocèse  des  hommes  aussi 
distingués.  Il  daignera  sans  doute,  ce  Dieu  si  bon,  rempli)- 
ces   places   vacantes,    en   multipliant    les   A-ocations    pouj' 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  3i5 

rOrdi'e   Ecclésiastique,    afin   qu'il   puisse   accomplir    avec 
bonheur  la  haute  mission  dont  il  est  chargé. 

Ce  premier  changement  en  a  nécessité  un  autre,  que  Nous 
devons  également,  N.  T.  C.  F.,  vous  annoncer  officiellement. 
Il  a  plu  à  N.  S.  P.  le  Pape,  dans  sa  tendre  sollicitude  pour 
'■ce  Diocèse,  de  remplir  la  Coadjutorerie  vacante  de  Montréal, 
par  la  personne  de  Mgr.  Joseph  LaPvOcque,  Evèque  de 
Cydonia.  Les  Bulles  de  ce  nouveau  Coadjuteur  sont  du 
VI  Juillet  dernier,  et  Nous  lui  donnâmes  la  Consécration 
Eplscopale.  le  vingt-huit  Octobre  suivant.  C'est  donc  avec 
ce  dernier  Prélat,  jeune  et  plein  d'espérance,  que  Nous 
allons  travailler,  dans  une  intime  union  de  cœur,  au  bien 
généraLde  ce  Diocèse,  et  achever  ainsi  d'user  ce  qui  nous 
reste  de  forces,  à  la  gloire  de  Dieu  et  au  salut  de  vos  âmes. 

Nous  ne  vous  dirons  point  ici,  N.  T.  C.  F.,  ce  qu'est  pour 
vous  et  pour  Nous,  le  nouveau  Collaborateur  qu'il  a  plu  à 
Dieu  de  Nous  accorder.  Nous  le  blesserions  au  vif,  si  Nous 
levions  tant  soit  peu  le  voile  de  modestie  qui  couvre  les 
heureuses  qualités  de  l'esprit  et  du  cœur  que  la  nature  et  la 
grâce  se  sont  étudiées  à  répandre  dans  son  âme.  Mais  vous 
allez  avoir  occasion  de  vous  convaincre  par  vous-mêmes  de 
sa  haute  sagesse  et  de  sa  rare  prudence.  Car,  en  Nous 
remplaçant  dans  l'administration  de  ce  Diocèse,  pendant 
une  absence  qu'il  Nous  faut  faire,  il  va  en  porter  seul  tout 
le  poids,  assisté  toutefois,  comme  Nous  le  sommes  Nous- 
luème,  de  ceux  dont  la  Divine  Providence  veut  bien  Nous 
entourer. 

Maintenant,  il  faut  que  Nous  vous  disions.  N.  T.  C.  F.,  ce 
qui  Nous  détermine  à  Nous  absenter  quelque  temps  du 
Diocèse,  et  à  faire  un  troisième  voyage  en  Europe.  Depuis 
le  huit  juillet  que  Nous  sommes  en  face  des  tristes  ruines 
de  Notre  Cathédrale  et  de  Notre  Evêché,  Nous  nous  occu- 
pons en  Nous-même  des  moyens  ù  prendre  pour  les  relever. 
Mais  tous  nos  calculs  n'ont  servi  jusqu'ici  qu'à  Nous  con- 
vaincre de  notre  impuissance  à  réparer  les  désastres  du 
terrible  incendie  qui,  en  quelques  heures,  a  réduit  en  cen- 
^Ires  duH  propriétés  valant  quarante   mille    louis    courant. 


34fi  MANDEMENTS,  LETÏHES  PASTORALES, 

Depuis  ce  déplorable  événement,  Nous  sommes  sans  Eglit* 
pour  remplir  nos  fonctions  Episcopales,  et  Nous  n'aro*» 
pour  Nous  abriter  qu'un  Hospice  de  Charité.    Oh  !  Elles  »« 

sont  plus  joyeuses  pour  Nous",  nos  grandes  solennités! 

Notre  premier  devoir  a  été  de  bénir  Celui  qui  Nous  a  ôté 
tout  ce  qu'il  Nous  avait  donné  ;  et  notre  unique  consolatioji 
H  été  de  baiser  avec  amour  la  main  paternelle  qui  No»?^ 
frappait.  Il  Nous  reste  maintenant  à  travailler  de  toute»? 
nos  forces  à  réparer  les  désastres  d'un  si  grand  incendie. 
Tontes  ressources  humaines  nous  manque7it  pour  cela. 
Nous  ne  saurions  Nous  endetter  pour  cela  ;  car  Nous  savons 
que  Nous  ne  pourrions  point  rencontrer  nos  engagementt--. 
Les  propriétés  que  le  feu  a  épargnées  ne  suffisent  pas  pour 
notre  subsistance  et  l'honnête  entretien  des  Prêtres,  qui 
quittent  tout  pour  partager  nos  travaux  et  nos  malheurs. 
D'ailleurs,  que  sont-elles  toutes  ces  propriétés,  pour  faire 
face  aux  énormes  dépenses  que  vont  entraîner  les  nouvelles 
bâtisses.  La  ville,  après  tant  de  désastreux  incendies,  et 
les  campagnes,  après  tant  de  mauvaises  années  qui  se  font 
sentir,  ne  Nous  paraissent  pas  i\réparées  à  une  aussi  grande 
dépense.  Toutefois,  Nous  ne  saurions  rester  longtemps 
dans  ce  fâcheux  etnt.  Car  Nous  y  voyons  pour  la  E^ligion 
des  maux  incaicuiables.  Nous  comprenons,  et  voue  com- 
prenez comme  Nous,  N.  T.  C.  F.,  qu'un  EVêque  sans  Cathé- 
drale et  sans  mai-^on,  est  pour  le  Diocèse,  ce  que  serait 
pour  une  paroisse  un  Curé  sans  Eglise  et  sans  Presbytère. 
Toutefois  notre  confiance  n'en  est  point  abattue.  Nous 
avons  vu  s'élever,  comme  par  enchantement,  la  première 
Eglise  de  St.  Jacques,  ce  temple  si  justement  cher  à  notre 
cœur  ;  Nous  avons  pu  suivre  tous  les  événements  que  mé- 
nageait la  divine  Providence,  pour  assurer  le  succès  d'un 
établissement  auquel  le  calcul  humain  apposait  alors  le  sceau 
(le  V Impossibilité  ;  Nous  étions  à  même  de  recevoir  d'utiles 
leçons  de  dévouement  et  d'abandon  à  la  divine  Providence, 
à  l'école  d'un  grand  Maître.  Aujourd'hui  que  nous  sommes 
précisément  ce  qu'était  en  mil-huit-cent-vingt-un.  le  Fonda- 
teur de  VEpiscopat  de  Montréal,  les  souvenirs  de  ce  tewjr^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  3  57 

•e  regravent  en  Xous  plus  avant  que  jamaiei,  et  retrempent 
Botre  courage  ;  ce  qu'il  a  fait  et  souffert  pour  ériger  cette 
modeste,  mais  si  dévote  Eglise  qu'il  nous  a  laissée  en  héri- 
tage, se  rajeunit  dans  nos  pensées.  Il  Xous  ouvre  aujourd'hui 
90a  bon  cœur,  comme  si  souvent  il  le  faisait  de  sa  vie  mur- 
telle;  et  il  nous  semble  que  sa  grande  âme  nous  appparaît. 
pour  Nous  redire  ce  que  si  souvent  il  Nous  répétait,  et  sur- 
tout ce  que  si  constamment  Nous  lui  vîmes  faire  pour 
l'amour  de  la  Sainte  Eglise.  Il  est  donc  là,  ce  Père  chéri, 
pour  Nous  inviter  à  avoir  foi  à  un  meilleur  avenir:  en  mar- 
chant sur  ses  traces,  Nous  avons  l'espoir  qu'un  jour  nos 
yeux,  aujourd'hui  si  abattus  à  la  vue  de  tant  de  ruines, 
«eront  rejouis  en  les  voyant  remplacées  par  des  édifices,  qui 
répondent  d'avantage  aux  besoins  de  notre  époque. 

Toutes  choses  mûrement  considérées,  Nous  pensons,  N.T. 
CF.,  que  c'est  la  volonté  de  Dieu  que  nous  allions  solliciter 
des  secours,  partout  où  il  Nous  semblera  pouvoir  les  trouver. 
Tel  est  le  but  de  ce  troisième  voyage  que  Nous  allons  entre- 
prendre sous  peu.  Déjà  deux  fois  JSous  avons  traversé  la 
Mer  pour  aller  chercher  un  secours  dhommesdont  le  besoin 
se  faisait  vivement  sentir.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  vous 
dire  les  bénédictions  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  répandre  sur  ces 
deux  premiers  voyages.  Car  vous  jouissez  avec  délices  des 
précieux  avantages  qui  en  .sont  revenus  au  Diocèse,  pour  la 
sanctification  des  âmes,  et  le  progrès  des  sciences.  .*^i, 
comme  nous  lespérons  de  ce  Dieu  tout  bon  et  tout  miséri- 
cordieux, ces  œuvres  naissantes  continuent  à  se  développe)-, 
avec  le  même  succès,  vous  aurez  à,  bénir  à  jamais  la  divine 
Providence  d'être  l'objet  si  spécial  de  ses  soins  maternels. 

Maintenant  quel  sera  le  succès  _  de  ce  nouveau  voyage; 
c'est  ce  que  Nous  ne  pouvons  prévoii'.  et  ce  que  Nous  ne 
cherchons  pas  non  plus  à  scruter,  accoutumé  que  Nous 
ëommes  à  Nous  abandonner  aveuglement  au  bon  plaisir 
d'un  Dieu  qui,  malgré  notre  souveraine  indignité,  s'est  tou- 
jours plu  à  Nous  combler  de  ses  insignes  faveurs.  Caché 
«iaiis  ce  petit  coin  du  Diocèse,  nous  épi-ouvons  d'ineffablee^ 


348  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

délices  à  les  repasser  dans  l'intérieur  de  notre  àme,  et  Nous 
i\ous  préparons  de  notre  mieux  à  y  répondre  plus  fidèlement. 

Nous  ne  nous  dissimulons  pas  toutefois  les  difficultés  par- 
ticulières que  Nous  présente  ce  nouveau  voyage,  à  raison  du 
jicrsounage  que  Nous  allons  y  faire.  Car,  il  est  question  de 
solliciter,  à  l'étranger,  des  secours  pécuniaires  ;  et  vous  savez 
ce  qui  attend  à  chaque  porte  ceux  qui  tendent  la  main  pour 
recevoir.  Mais  Nous  nous  considérons  comme  étant  dans 
un  cas  si  exceptionnel,  que  Nous  n'hésitons  pas  de  passer 
par  dessus  cette  difficulté.  A  notre  dernier  voyage  en  Eu- 
rope, l'on  Nous  offrit  quelques  secours  temporels;  mais 
Nous  les  refusârnes,  parce  qu'il  Nous  semblait  alors  que 
l'Evêque  d'un  Diocèse  comtne  celui  de  Montréal,  devait 
trouver  chez  lui  toutes  les  ressources  qui  lui  étaient  nécessai- 
l'es  pour  lui  et  ses  œuvres.  Mais  aujourd'hui  que  Montréal  est 
à  la  quête  et  que  ses  malheurs  excitent  une  compassion 
générale,  Nous  ne  croyons  pas  Nous  déplacer  en  Nous 
mettant  au  nombre  des  victimes  du  terrible  incendie  qui 
Nous  a  mis  dans  la  rue,  et  en  demandant  un  secours  dont. 
]ilus  que  i^as  un.  Nous  avons  un  si  pressant  besoin. 

Ainsi,  N.  T.  C.  F.,  quoiqu'il  en  coûte  beaucoup  à  notre 
pauvre  natiu-e,  Nous  paj'tons,  avec  l'intime  confiance  que  le 
tSeigneur  Nous  donnera  son  Ange,  pour  Nous  garder  dans 
toutes  nos  voies,  et  Noua  tracer  l'itinéraire  de  notre  voyage. 
Nous  irons  partout  oh  il  Nous  inspirera  d'aller  et  Nous 
frapperons  à  toutes  les  portes  qu'il  Nous  indiquera.  Avant 
tout,  Nous  allons  dans  la  Ville  Sainte,  faire  part  de  notre 
malheur  au  Père  commun,  lui  rendre  compte  de  vos  âmes 
et  recevoir  sa  bénédiction. 

Mais  nous  ne  partirons  pas  sans  vous  dire  que  Nous  avons 
droit  de  compter  sur  vos  sympathies  et  sans  faire  appel  à 
vos  bons  cœurs.  Tous  comprenez  que  c'est  pour-  vous  aider 
à  vous  acquitter  du  devoir  si  juste  qui  vous  est  imposé  de 
contribuer,  selon  vos  moyens,  aux  Edifices  Eeligieux  qui 
sont  aux  charges  du  Diocèse,  pour  la  raison  toute  simple 
qu'ils  doivent  être  à  l'avantage  de  tous  les  fidèles.  Ce  qui 
vous  sera  demandé  sera  peu  de  chose  pour  chacun  ;  mais  si 


n 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  U9 

tout  le  monde  y  met  la  main,  Xous  serons  puissamment  se- 
condé pom*  faire  un  établissement  qui  réponde  à  la  grandeur 
du  Catholicisme,  dont  il  ne  faut  pas  oublier  l'honneur,  dans 
une  ville  comme  la  nôtre,  où  nos  frères  séparés  font,  pour 
leurs  temples,  tant  de  sacrifices.  I^es  lugubres  décombres  que 
Xous  laissons  sous  vos  yeux  vous  diront  plus  haut  et  plus 
eloquemment  que  Nous  ne  pourrions  le  faire,  comment  vous 
devez  vous  acquitter  d'un  devoir  si  légitime.  Vous  enten- 
drez leur  touchant  langage,  et  vous  répondrez  à  leur  apje!. 
C'est  le  doux  espoir  que  Nous  emportons  dans  notre  cœur, 
et  ce  qui  Xous  donnera  des  forces  pour  solliciter  la  charit" 
de  l'ancien  Monde  en  notre  faveur.  Et  sil  vous  t'aillait  des 
exemples  pour  vous  encourager  à  être  généreux  pour  la 
reconstruction  de  votre  Cathédrale,  Xous  vous  citerions 
celui  des  catholiques  d'Albany,  qui  pour  la  leur  viennent 
de  fournir  cinquante  mille  piastres.  Aussi,  ont-ils  aujour- 
d'hui la  consolation  de  remplir  leurs  devoirs  religieux  dans 
une  Eglise  qui  est  une  merveille  de  notre  Amérique. 

Tel  est,  N.  T.  C.  P.,  le  but  principal  de  notre  voyage. 
Mais  chemin  fesant,  Xous  nous  proposons  de  traiter  beau- 
coup d'autres  affaires  d'un  haut  intérêt  pour  notre  Diocèse  ; 
car  ses  besoins  nous  suivent  partout.  Oh  !  oui,  croyez-le, 
X.  T.  C.  F.,  il  n'est  pas  de  Mère  qui  porte  dans  ses  bras  avec 
plus  de  tendresse,  un  enfant  unique,  que  Xous  no  portons  le 
Diocèse  entier  dans  notre  cœur,  en  quelque  lieu  que  Nous 
soyons.  Xous  emportons  avec  Xous  un  désir  insatiable  de 
votre  bonheur,  et  Xous  le  déposerons  sur  le  tombeau  des 
SS.  Apôtres,  aux  pieds  du  Souverain  Pontife  et  dans  tous 
les  lieux  sanctifiés  que  Xous  allons  visiter  sur  not)-e  route. 

De  votre  côté,  N.  T.  C.  F.,  vous  ne  Nous  oublierez  pas, 
X''ou8  en  avons  la  confiance,  et  Nous  en  sentons  le  besoin. 
Le  voyage  offre  toujours  de  nombreux  dangers  pour  le  corps 
et  poui'  l'âme.  Notre  faiblesse  les  redoute  ;  mais  vos  prières 
les  écarteront.  Ne  manquez  donc  pas  de  penser  à  Nous 
chaque  fois  que  vous  prierez  soit,  en  famille  soit^à  l'Eglise. 
Que  le  souvenir  de  nos  innombrables  besoins  vous  suive  à  la 
sainte  table,  à  la  mes-^e  et  dans  toutes  vos  pieuf^es  réunions 


Toi  MAxXDEMENTS,   LKTTIŒS  PASTORALES,' 

de  Coiifrérios.  Offrez  pour  le  succès  de  notre  voyage,  le* 
aumônes  de  la  Propagation  de  la  Foi,  les  mortifications  d« 
^Société  de  Tempérance,  les  charités  de  la  Saint-Yincent  de 
Paul;  les  soupii-s  de  TArchiconfrérie,  les  hommages  de  l'A- 
doration Perpétuelle.  Ces  cinq  Associations  Diocésaines 
sont  comme  cinq  fleuves  qui  arrosent  le  diocèse  entier. 
Par  votre  ferveur  à  en  bien  remplir  tous  les  devoirs,  ajez 
soin,  N.  T.  C.  F.,  qu'ils  coulent  toujours  à  pleins  bords. 

Dans  cette  intention,  lemplissez  tous  vos  devoirs  de 
chrétien.s.  Obéissez  à  vos  Pasteurs,  et  réjouissez,  par  votre 
soumission  filiale,  le  cœur  de  celui  qui  ISous  remplace. 
Que  la  paix  règne  dans  toutes  les  Paroisses.  Que  la  justice 
fasse  le  bonheur  de  toutes  les  familles.  Que  le  zèle  de  la 
la  gloire  de  Dieu  embrase  tous  les  cœurs.  Que  ce  zèle  voue 
j^orte  surtout  à  édifier  nos  frères  séparés,  par  la  pratique  de 
toutes  les  solides  vertus  qne  commande  à  tous  notre  sainte 
'JReligion.  Oh  !  N.  T.  C.  F.,  le  bon  exemple  !  Yoilà  l'argu- 
ment sans  ré^ïlique,  qui  peut  faire  rentrer  dans  le  sein  de 
l'Eglise,  tant  de  pauvres  âmes  égarées,  qui  se  perdent  sou.^ 
nos  yeux.  Nous  les  recommandons  à  votre  charité.  Poui- 
leur  édification,  comme  pour  l'accomplissement  de  tos 
devoirs  les  plus  indispensables,  qu'il  n'y  ait  parmi  vous  ni 
ivrognerie,  ni  fraude,  ni  jurements,  ni  paroles  obcènes. 
Sauvons  ces  pauvres  âmes  ;  elles  sont  si  précieuses  !  et  elle 
ont  coûté  si  cher  à  noti-e  Dieu  ! 

A  vous  surtout,  ferventes  Communautés,  de  donner  l'ex- 
emple du  plus  généreux  dévouement,  pour  la  sanctification 
du  peuple  de  Dieu  et  le  retour  de  ces  âmes  égarées.  Non* 
les  recommandons  de  nouveau  à  votre  tendre  charité.  Yivre 
pour  souffrir,  afin  de  sauver  des  âmes,  voilà  votre  mission. 
]S"otre  cœur  surabonde  de  joie,  en  voyant  que  vous  la  rem- 
plissez si  généreusement.     Que  Dieu  en  soit  loué  ! 

A  ces  causes,  le  St.  Ifom  de  Dieu  invoqué,  et  de  l'avis  de 
N]S'.  Y  Y.  FF.,  les  Chanoines  de  notre  Cathédrale,  Nous  avon^ 
réglé,  statué,  ordonné,  réglons,  statuons,  ordonnons  ce  qui 
•euit  : 

lo  Nous  nommons,  par  les  Présentes,  Administrateur  de 


i 


CIHCULAIKES  ET  AUTRE»  DOCUMENTS  351 

moire  Diocèse,  à  commencer  du  jour  de  la  publication  du 
J*résent  Mandement.  Mgr.  Joseph  LaEocque,  Evêque  de 
Oydonia,  et  Coadjuteur  de  Montréal,  et  Kous  lui  donnons 
tous  les  pouvoirs  qui  lui  sont  nécessaires  pour  le  gouver 
lier,  tant  au  spirituel  qu'au  temporel,  lui  conférant  à  cet 
effet  non-seulement  les  facultés  que  nous  exerçons  coname 
Evêque  Titulaire,  mais  encore  celles  que  Nous  tenons  du 
St.  Siège,,  et  qu'il  nous  est  permis  de  déléguer. 

2o  L'on  terminera  le  Prône,  tous  les  Dinianclies  et  Fêtes, 
dans  toutes  les  Eglises  où  se  fait  l'Office  Divin,  en  disant 
cinq  Pater  et  cinq  Ave,  pour  obtenir  la  bénédiction  du  Ciel 
sur  notre  voyage.  Dans  les  Eglises  de  Communauté,  een 
prières  se  feront,  aux  dits  jours,  après  la  Messe  conventuelle. 
(»n  commencera  à  les  dire  le  jour  que  se  publiera  le  présent 
Mandement. 

Adieu,  maintenant,  pieux  fidèles,  ferventes  communautés, 
Clergé  si  cher  à  notre  cœur.  Notre  dernier  désir,  en  laissant 
les  rives  de  la  Patrie,  est  celui  de  votre  bonheur.  Si  Dieu 
Nous  fait  la  grâce  de  vous  revoir,  ce  cera  pour  mieux  tra- 
vailler tous  ensemble  à  là  gloire  de  son  Saint  Nom. 

Anges  Gai'diens  des  Pays  que  Nous  allons  parcourir,  joi- 
gnez vous  à  ceux  des  lieux  que  Nous  quittons,  pour  que 
l^artout  Nous  soyons  en  sûreté,  à  l'ombre  de  vos  ailes. 

Saints  Patrons  de  toutes  les  Paroisses  de  ce  Diocèse,  pre- 
nez soin  de  ces  âmes  que  Dieu  vous  a  chargés  de  protéger. 
Si  Nous  revenons  heureusement  au  milieu  d'elles,  nous  vous 
serons  tous  ensemble  plus  dévoués  que  jamais.  Voue  con- 
naissez les  dangers  de  cette  vie.  Oh  !  aidez-nous  à  les  éviter. 

Saints  Patrons  de  notre  Cathédrale  et  de  notre  Evêché, 
bienheureux  Jacques  et  Jean,  soyez  voyageurs  avec  Nous, 
quoique  vous  n'ayez  plus  ni  temple,  ni  autel  pour  vous  re- 
poser ici  et  recevoir  nos  hommages.  C'est  pour  votre  gloire 
que  Nous  allons  voyager.  En  tous  lieux,  vous  parlerez 
donc  pour  Nous,  vous  qui  êtes,  par  votre  puissante  parole, 
le«?  Enfants  du  tonnerre. 

Bon  Saint  Joseph,  protecteur  de  Jésus  et  de  Marie  dans 
leur  pénible  voyage  en  Egypte,  daignez  Nous  prendre  sous 


Toï  MANDEMENTS.  LETTRES  PASTORALES, 

votre  protection,  et  nous  diriger  dans  toutes  nos  voich- 
Si  ce  voyage  est  heureux,  Comme  Xous  l'espérons,  car  on 
ne  vous  invoque  jamais  en  vain,  vous  aurez  votre  autel  dans 
le  nouveau  temple,  et  Nous  ferons  tout  en  notre  pouvoir 
pour  que  votre  pèlerinage  y  soit  religieusement  fréquenté, 
et  votre  nom  dévotement  invoqué.  Glorieuse  Mère  de  Dieu, 
Puissante  et  Aimable  Protectrice  de  ce  Diocèse,  vous  con- 
naissez nos  maux  et  vous  en  aurez  pitié  ;  car  vous  êtes  notre 
bonne  et  tendre  mère  à  tous.  Nous  n'aurons  pas  cette  fois 
la  consolation  de  déposer,  en  partant,  à  l'autel  de  votre 
Très-Saint  et  Immaculé  Cœur,  les  vœux  de  notre  cœxir  affligé. 
Hélas  !  il  est  détruit  cet  autel  qui  était  pour  nous  tous  le 
trône  de  vos  miséricordes,  mais  Nous  marchons  pour  le 
relever  de  ses  ruines.  O  vous,  qui  êtes  l'Etoile  de  la  mer, 
tracez-Nous  la  route,  et  conduisez  nos  pas.  Daignez  prendre 
sous  votre  protection  ce  troisième  voyage  que  Nous  n'entre- 
prenons, ce  Nous  semble,  que  pour  la  plus  grande  gloire  de 
votre  Divin  Fils.    Vous  le  bénirez  donc,  et  il  sera  heureux  ! 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  Prône,  dans  toutes  les- 
Eglises  où  se  fait  l'office  public,  et  en  chapitre  dan.s 
toutes  les  communautés,  le  premier  Dimanche  après  Pâques, 
et  s'il  n'était  pas  reçu  à  temps,  le  premier  Dimanche  après 
sa  réception. 

Donné  à  St.  Colomban,  le  Jour  de  la  fête  du  glorieux  St. 
Joseph,  dix-neuvième  jour  de  Mars,  de  lan  mil  huit  cent 
(Hnquante-trois,  sous  notre  seing  et  sceau,  et  le  contre-seing 
de  notre  Secrétaire. 

f  IG.  ÉYÊQUE  DE  MONTRÉAL. 

Par  Monseigneur, 

J.  O.  Paré, 

Chanoine  Secrétaire^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  IKJCU.MENTS 


3.i:î 


liAPPoRï  sur  la  Paroisse  de  en 

Cdmfor mité  au  Décret  Xrr,  du  Premier  Concile   l^rovincijil 
de  Québec.  1858. 


IDMHIKX   V   .V-T-IL  DK  :- 


Ames. 

Adultes  (jui  ue  vout  i>a.s  à  <(>iilfs.-.i-. 
'îoncubinairea  publics. 
Familles  Prot«8taiitf«. 
'  Ecoles  Protestantes. 

"Picoles  «le  Garçon*. 

Kcoles  de  Garçon.s  et  Fille.*. 

Maitres  non-mariés  enseignant  les  tille» 

Garçons  fréquentant  les  écoles  des  Frè- 
res de. 

Volumes  dans  la  lîibliotliiqno  ilo  l'n- 
roisse . 

Aubergistes  licenciés. 

Apostats. 

Familles  qui  vont  aux  Etats- Cuis. 

Associés  au  St.  Rosaire. 

Associés  à  la  Ste.  Famille. 

Associés  a  la  Propagation  de  la  Foi. 

Associés  à  la  Société  de  Tempérance. 

Associés  à  l'Adoration  Peri)étuellc. 
Associé.*  à  la  Congrégation  des  Femmes 


Cominnniaut.s. 

Parois.siens  qui  Jic  Imit  |i;i.s  de  l';iqiics. 

Enfants  illéjiitiuics. 

Eglises  Protestantes. 

Enfants  Catholiques    ficquautant  les 

écoles  Protestantes. 
Ecoles  de  Fille.s. 

Jlaîtres  mariés  enseignant  les  filles. 
Enfants  des  deux  sexes   fréquentant 

les  écoles  de  la  paroisse. 
Filles  fréquentant  les  écoles  des  Sœurs 

de 
Marg-uilliersqui  n'ont  pas  renducompte 

Aubergistes  non-licenciés, 
.leunes  gens  qui  voyagent. 
P'amillos  qui  gagnent  les  T<)\NTisliiiis. 
Associés  au  St.  Scapulairo. 
As.sociés  il  la  Bonne  Mort. 
Associés  à  la  St.  Vincent  de  Paul. 
A.sHociés  à  l'Archiconfrérie  du  T.  S.  et 

I.  C.  de  Marie. 
Associés  à  la  Congrégation  dos  Filles. 
Associés  à  la  Congrégation  des  .Jeunes 

Gens. 


QUEL    E^T    LE    MONTANT 


De  la  valeur  de  l'Eglise. 

De  la  valeur  des  l'ropriétés  Foncières 

Des  Recettes  annuelles  de  la  P'abrique 
De  ses  Dettes  actives. 
T'es  Dîmes  estimées. 


De  la  valeur  du  Pre.-^bytère. 

De  la  valeur  des  Mai.sons  d'Ecole  de 

Fabrique. 
De  ses  Dépen.ses. 
De  ses  Dettes  passives. 
Du  Casuel. 


REMARQUE.S  DL  CURÉ  SUR  L'ÉTAT  DE  SA  PARoi.ssK. 

1<).  Le.s  Désordres  de  cette  Paroisse. 


NOTES . 


1o.  Un  double  de  cette  formule  est  envoyé,  pour  qu'une 
des  feuilles  demeure  aux  archives  ;  et  que  l'autre  soit  re- 
mise à  i'Evéque  à  .son  prochain  passage,  dans  la  j^aroisse. 

2o.  On  demande  ce  qui  s'est  fait  annuellement  jusqu'ici, 
^ar  exemple;  combien  il  v  a  ordinairement  de  retardataire  « 


354  MANDEMEÎvTS,  LETTRES  PASTORALES, 

à  Pâques  :  quelle  est,  année  commune,  la  recette  et  la  dé- 
pense de  la  Fabrique.  A  l'avenir,  le  Rapport  ne  renfermera 
t(ae  ce  qui  regarde  chaque  année,  de  Janvier  à  Décembre. 
Une  feuille  subséquente  sera  fournie  pour  cela,  en  1854. 

?>o  Quelques  blancs  sont  laissés  pour  faciliter  ceux  qui 
auraient  à  donner  des  renseignements  imprévus,  dans  cette 
feuille. 

4o  Un  inventaire  notarié  de  tous  les  biens  meuble»  et 
immeubles,  appartenant  à  l'Eglise  et  estimés  à  leur  juste 
valeur  sera  fait  d'ici  au  mois  de  Septembre  et  envoyé  au 
Secrétariat.  Copie  d'icelui  demeurera  aux  archives.  On  y 
distinguera  ce  qui  est  à  l'usage  du  Curé. 

5o  Une  copie  légale  de  tous  les  Titres  de  propi'iété  de 
l'Eglise  sera  faite  et  envoyée  au  Secrétariat,  pour  la  même 
époque. 

60  Un  des  articles  du  présent  rapport  devra  faire  ctumai- 
ire  les  fruits  du  dernier  Jubilé,  dans  chaque  Paroisse,  pour 
que  FEvêque  en  puisse  rendre  coitipte  au  St.  Père. 


(^IIÎCLÎLA^ÎE  A  MM.  LES  CURÉS  DU  DKX'ESE  DE 
MONTRÉAL. 


Monti-éal,  8  Avril  1H53. 

MONSIFAK; 

On  ferait  jouer  au  Cierge  un  rôle  odieux,  si  on  avait  l'air 
de  l'établir  comme  censeur  des  Officiers  nommes  par  le 
Gouvernement  pour  faire  fonctionner  la  loi  des  Ecole.*. 
Yous  trouverez,  de  plus,  que  des  consultations  faites  isolé- 
ment aux  Membres  d'un  Corps  tel  que  le  nôtre,  sont  de 
Jiature  à  produire  de  regrettables  résultats.*  Je  vous  suggère 
donc.  Monsieur,  de  prier  M.  le   Président  du  Comité  dv 


CIRCULAIKES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  355 

l'Education  de  iio  pas  trouver  mauvais  que  vous  ne  répon- 
diez pas  aux  questions  qui  voqs  ont  été  adressées,  et  de  vou- 
loir ftiirc  agréer  le  regret  que  vous  ressentez  de  ne  ponroii- 
vous  conformer  à  ses  désirs. 
Je  suis  bien  sincèrement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur. 

t  Jos.  Év.  DE  Oydo.m.a., 

Ailministrateur  du  Diocèse  de  Montréal^ 
(Vraie  Copie.) 

.1.  O.  Paré.  Chan.  Se.\ 


CIRCULAIRE  AF  CLERGÉ. 


MoNsiEcB.  Montréal,  le  »î  Mai  185.3. 

Vous  recevrez,  avec  la  Présente,  le  Mandement  de  Visit*». 
sur  lequel  il  me  faut  faire  ici  quelques  observations,  pour 
plus  grande  uniformité. 

La  Visite,  sans  aucun  exercice  de  mission,  vous  donnera 
tout  votre  temps,  pour  bien  préparer,  par  l'instruction  et  la 
confession,  vos  jeunes  gens  à  la  confirmation.  En  en  faisant 
de  bons  soldats  de  J.  C,  on  travaille  évidemment  au  bien 
général  des  paroisses.  Quant  à  vos  autres  paroissiens,  ils  se 
disposeront  aux  grâces  de  la  Visite  en  se  pénétrant  du 
Manuel  fait  pour  eux.  L'exemplaire  ci-joint  pourrait  ètj-o  la 
matière  d'un  prône,  afin  de  le  mettre  en  circulation. 

Afin  de  vous  aider  à  attirer  tout  votre  monde  au  caté- 
chisme, j'ai  cru  devoir  insister  là-dessus  comme  préparation 
à  la  Visite.  Mais  le  zèle  avec  lequel  vous  vous  porterez  à 
ce  ministère  servira,  plus  que  tout  le  reste,  à  la  rendre  inté- 
ressante. Un  catéchisme  bien  fréquenté  est  une  bénédiction 
pour  une  paroisse.  Puisse  la  Visite  produire  ce  fruii 
de  vie  ! 

Ce  serait  aussi  un  avantage  immense  si  les  grâces  de  la 
Visite  répandaient  le  goût  du  chant  et  des  cérémonies,  ré- 


MA.MJKMKNTS,  LETTRES  PASTORALES, 

chauitaleiit  toiiles  les  confréries,  donnaient  enfin  un  nouvel 
élan  au  bien.  Je  crois  que  vos  prônes  et  les  prières  de  vos 
paroissiens  produiront  ces  beaux  résultats.  J'ai  l'intime 
conviction,  qu'avec  de  la  persévérance,  on  fera  tout  cela. 

Il  faut  que  le  blasphème  tombe  sous  les  coups  redoublé.s 
•de  la  Visite.  Je  vous  conseille  de  faire  d'abord  un  cours 
d'instructions  contre  ce  capital  ennemi  du  Saint  Nom  de 
7)ieu.  Puis,  en  toute  occasion,  au  prône,  à  l'archiconfrérie, 
au  confessional  et  partout,  il  faudra  tenir  le  peuple  en 
baleine,  pour  qu'il  soit  toujours  en  garde  contre  ce  monstre 
affreux.  Quelle  gloire  pour  notre  ministère  si  notre  peuple 
cesse  de  jurer  ! 

J'ai  dit  au  peuple  un  mot  de  nos  réunions,  afin  qu'il  sache 
bien  que  l'on  s'y  occupe  de  ses  intérêts.  Nous  avons  beau- 
coup à  faire  dans  nos  assemblées,  qui  tiendront  lieu  de  con- 
férences et  rempliront,  pour  cette  fois,  les  vues  du  Concile. 
J'en  attends  d'autant  plus  de  bien  que  nous  serons  plus 
|)énétrés  de  cette  belle  sentence  de  l'Imitation.  Juvat  non 
parum  ad  profectum  spiritualem  devota  spiritualium  rerum  col- 
latio,  maxime  ubi  pares  animo  et  spiritu  in  Deo  sibi  sodantur. 
(L.  I.  C.  X.  2.) 

Quant  aux  collectes  à  faire  pour  la  Cathédrale,  je  vous 
dois  quelques  observations.  Il  me  paraît  d'abord  que  la 
Paroisse  aimera  à  faire  .son  offrande  à  l'Evêque,  sur  son  pas- 
sage, soit  en  espèces,  soit  en  billets,  ou  listes  de  souscrip- 
tions. J'accepterai  tout  avec  reconnaissance.  Tous  pour- 
i-iez  la  disposer  à  cette  démarche,  et  par  vous-même,  et  par 
•ceux  de  vos  Paroissiens  qui  ont  le  plus  de  zèle  et  d'influence. 
Peut-être  jugerez-vous  bon  d'appeler  à  votre  secours  quel- 
ques confrères,  pour  mieux  ménager  l'esprit  de  vos  gens. 
Tout  est  laissé  à  votre  prudence.  Mais  dans  tous  les  cas, 
vous  sentez  qu'il  est  bien  nécessaire  que  le  montant  de  la 
souscription  soit  assuré. 

Toi  là  qui  est  pour  le  peuple.  Quant  au  Clergé,  j'ai  été 
heureux  d'avoir  eu  occasion  de  dire  un  mot  de  sa  bonne 
volonté,  dans  ma  réponse  à  la  ville,  le  17  Avril  derniei'. 
J'eu  avais  la  preuve  ostensible  dans  vos  offres  généreuses, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  3d~ 

OU  dans  vos  protestations  qui  en  tenaient  lieu.  P«jur  l'uni- 
formité  d'action,  je  dois  vous  dire  maintenant  c-o  que  j« 
pense  là-dessus. 

Tous  calculs  faits,  je  trouve  que  si  chaque  diocésain  don- 
nait vingt  sous  par  an,  pendant  quatre  ans,  l'on  aurait  de 
quoi  relever  toutes  nos  ruines,  et  faire,  sans  obérer  pers<onne. 
quelque  chose  d'honorable,  pour  le  Diocèse.  Je  suppose  que 
chaque  famille  se  compose  de  six  individus  ;  ce  qui  fait  uh 
louis  pour  chacune. 

Maintenant,  je  crois  que  si  chaque  Curé,  au  moyeu  de  sa 
souscription  et  de  celle  de  ses  Paroissiens,  jointes  ensemble, . 
pouvait  donner  autant  de  louis  qu'il  }'  a  de  familles  dans  sa 
Paroisse,  le  but  serait  atteint,  et  ce  serait  une  chose  finie. 
Je  vous  sais  pour  la  plupart  engagés  dans  diverses  entre- 
])rises  pour  le  bien  de  vos  Paroisses.  Le  mode  propose  vous 
donne  moj^en  de  ménager  vos  ressources,  pour  vos  œuvres 
paroissiales,  en  faisant  contribuer  autant  que  possible  vo!« 
Paroi.ssiens  à  la  reconstruction  de  la  Cathédrale,  qui  est  ui>e 
simple  suggestion;  et  je  serai  toujours  prêt  à  me  i-endre  a 
toute  autre,  qui  atteindrait  le  même  but,  et  vous  accommo- 
derait davantage. 

Je  remets  à  la  Visite  tout  ce  qui  regarde  les  I^crets  du 
Concile,  dont  nous  nous  occupions  dans  nos  réunions  d'Avril. 
En  attendant,  priez  sans  cesse  pour  moi.  Car  plus  je  vai^, 
plus  je  crains  de  donner  quelque  mauvais  coup  de  gouvei"- 
nail,  et  de  mettre  ainsi  en  danger  le  vai.sseau  que  non» 
sommes  chargés  de  mener  à  bon  port.  Tout  en  demanda  it 
pour  moi  une  petite  place  au  ciel,  je  voudrais  bien  n'y  êtrr 
pas  sans  vous,  et  sans  les  chères  âmes  confiées  à  nos  soin»- 
Espérons  que  nous  y  arriverons  tous. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  ti'ès  humble  et  obéissant  serviteur. 

;-  T(l.  KYÊqVK  DE  MOXTf:ÉAL 


558  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

MANDEMENT  DE  VISITE. 

KiNACK  BOUROET,  PAR  LA  MISÉRICORDE  DE  DIEU.  ET  LA  UllACE 

m:  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE,  ÉVEQUE  DE 

MONTREAL,  ETC.,  ETC..  ETC. 

Au.  Clergé  et  aux  Fidèlesde  Notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  N.  S,  Jésus-Christ. 

]S'ou,s  nous  proposons,  N.  T.  C.  F.,  de  faire  cette  année  la 
visite  de  tout  le  diocèse.  Nous  en  reprenons  pour  cela 
l'administration  que  Nous  avions  confiée  à  Notre  digne 
•C'oadjuteur.  pour  le  temps  du  voyage  que  Nous  nous  propo- 
sions de  faire  en  Europe,  et  l'on  cessera,  en  conséquence, 
jusqu'à  nouvel  ordre,  de  réciter  les  cinq  Pater  et  les  cintj 
Ave  que  Nous  avions  prescrits,  pour  attirer  les  bénédictions 
<lu  ciel  sur  notre  entreprise.  Le  démembrement  de  Notiv 
Diocèse  que  vient  d'opérer  N.  S.  P.  le  Pape,  Nous  inspire  le 
dessein  de  cette  visite  générale,  et  Nous  fait  croire  à  la 
])0ssibilité  de  vson  exécution.  Car  le  champ  qu'il  Nous  a 
laissé  à  cultiver  étant  moins  grand,  il  Nous  est  plus  facile 
de  le  parcourir. 

C'est  ce  que  Nous  allons  entreprendre,  avec  la  grâce  de 
Dieu.  Car  Nous  comprenons  que  si  le  Ohef  de  l'Eglise 
Nous  a  déchargé  d'une  partie  de  Notre  fardeau,  ce  n'est  pas 
pour  Nous  ftiire  jouir  de  plus  de  repos,  mais  uniquement 
pour  Non-  donner  moyen  de  visiter  plus  souvent,  et  de 
mieux  8oi;-;Her  les  âmes  qu'il  Nous  a  laissées  en  charge. 

A  cette  tin.  Nous  irons  à  vous,  N.  T.  C.  F.,  non  comme 
Missionnaire,  mais  uniquement  comme  Yisiteur.  Car  quelque 
con-'olants  qu'aient  été  les  fruits  de  nos  visites  précédente.-:', 
pendant  lesquelles  Nous  joignions  les  exercices  de  la  Mis- 
sion à  ceux  de  la  Visite  Pastorale,  Nous  comprenons  que  le 
travail  de  lune  a  niii  au  travail  de  l'autre.  Et  en  effet,  Nous 
ne  pouvions  donner  à  chaque  paroisse  le  temps  d'une  Mis- 
sion ;  et  pendant  le  peu  de  jours  que  Nous  consacrions  à  ce 
u-enre  de  ministère,  Nous  étions  trop  occupé  pour  donner  à 
\a  Visite  toute  l'attention  nécessaire. 


(JIKGULA.IKES  ET  AUTRES  DOCUMENTAS  358 

C  o«i  donc  pour  le  plue  grand  bien  des  paroisses  que 
Xous  uous  décidons  à  ne  plus  faire,  au  milieu  de  vous,  que 
l'office  do  Visiteur. 

Pour  cela,  Nous  nous  déchargeons  de  celui  de  inissi(^n- 
n;tire.  sur  ceux  que  la  Providence  a  spécialement  chargés 
de  ce  genre  de  ministère,,  et  dont,  par  la  divine  miséricorde, 
le  Diocèse  se  trouve  heureusement  doté. 

Le«  grands  succès  qu'ont  obtenus  ces  dignes  ouvriers, 
depuis  douze  ans  qu'ils  aident  vos  zélés  Pasteurs  à  recueillir 
là  moisson  abondante  que  leur  offrent  vos  bonnes  disposi- 
tions,. Nous  justifient  pleinement  de  prendre  ce  parti.  D'ail- 
leurs, Nous  ne  faisons  en  cela  que  suivre  l'exemple  du  Sou- 
verain Pasteur.  Car  pendant  sa  vie  mortelle,  il  envoyait 
devant  lui  ses  disciples  deux  à  deux,  et  quand  le  peuple 
avait  été  préparé  à  sa  visite,  il  venait  lui-même  les  confir 
mer  dans  le  bien  par  les  grâces  de  sa  divine  présence. 

Nous  ne  .vous  dirons  pas  ici.  N.  T.  C.  F.,  les  grâces  abon- 
Wante^  qui  vous  sont  promises,  si  vous  vous  préparez  sainte- 
ment à  la  visite  du  Seigneur  ;  Nous  laissons  ce  soin  à  vos 
Pasteurs,  Avec  le  zèle  que  Nous  leur  connaissons,  ils  vont 
faire  tout  en  leur  pouvoir  pour  disposer  les  Paroisses  à  se 
lu-ésenter  à  l'Epoux  des  âmes,  avec  la  robe  nuptiale  et  la 
lampe  ardente,  qui  sont  les  emblèmes  de  l'innocence  et  de 
ht  justice,  sans  lesquelles  on  ne  saurait  être  admis  au  festin 
^ies  noces.  Ce  sera  surtout  par  des  instructions  appropriées 
à  vos  besoins  qu'ils  vous  disposeront  à  cette  grande  solen- 
nité. 

Nous  voa.s  recommandons  donc,  N.  T.  C.  F,,  d'assister  à 
toutes  celles  qui  vont  se  faire,  soit  avant,  soit  après  la  visite. 
Cai"  s'il  est  nécessaire  de  se  bien  préparer  à  la  grâce  de 
notre  Dieu,  il  ne  Test  pas  moins  de  prendre  de  sérieuses 
]«récautions  pour  en  conserver  les  fruits. 

Il  y  a  dans  le  Diocèse  un  certain  nombre  de  Paroisses  où 
lô«  grandes  personnes,  aussi  bien  que  les  enfants,  assistent 
en  tout  temps  au  catéchisme.  Nous  ne  pouvons  qu'applau- 
dir à  une  pratique  si  louable,  et  désirer  qu'elle  devienne 
générale.     Car  Nous   savons   qu'une  Paroisse  qui  aime  le 


360  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTOIJALES, 

Catéchisme  est  une  Paroisse  instruite  et  bien  réglée.  L'amour 
de  la  parole  de  Dieu  est  une  preuve  certaine  de  la  foi  vive 
qui  produit  les  œuvres. 

O  !  Pères  et  Mères,  si  vous  uiniezVos  enfants  en  Dieu  et 
poui"  Dieu,  demeurez  avec  eux  au  catéchisme.  Vous  vous 
assurez  j>ar  là  de  leur  fidélité  à  une  instruction  qui  leur  est 
si  nécessaire.  De  retour  à  la  maison,  il  vous  sera  fticile  de 
leur  fîiire  répéter  le  Prône  et  le  Catéchisme  du  jour,  et  de 
vous  assurer  ainsi  de  leur  attention. 

Vous  leur  exjîliquerez  vous-mêmes  ce  qu'ils  n'auraient 
])as  bien  compris  ;  car  plus  que  tout  autre  vous  pourrez, 
vous  mettre  à  la  portée  de  leur  intelligence.  Vous  leur  rap- 
pellerez de  temps  en  temps  ce  que  le  Bon  Pasteur  a  recom- 
mandé à  l'Eglise.  Oh  !  qu'il  est  beau  d'entendre  les  parents 
dire  à  leurs  enfans  ;  M.  le  Curé  nous  a  bien  défendu  de  faire 
cela  ; — M.  le  Curé  nous  a  bien  recommandé  de  faire  telle  chose. 

D'ailleurs,  quel  profit  n'y  aura-t-il  pas  pouf  vous-mêmes 
d'entendre  l'explication  fles  saintes  vérités  de  la  Eeligion  ? 
Car  n'est-il  pas  évident  que  plus  on  connaît  sa  Religion, 
plus  on  la  pratique  avec  amour  ? 

Faites-en  l'essai,  N.  T.  C.  F.,  pendant  la  belle  saison  qui 
arrive,  et  vous  verrez  quelles  bénédictions  le  Catéchisme 
j-épandra  dans  vos  familles.  Vos  enfants  y  apprendront 
très-certainement  à  vous  rendre  l'honneur,  le  respect  et 
l'obéissance  qui  vous  sont  dus. 

Pourriez-vous  négliger  de  recourir  à  un  moyen  si  facile  et 
si  efiicace  de  faire  le  bonheur  de  vos  familles  ?  Si  voe  en- 
fants aiment  l'Eglise,  avec  ses  délicieuses  cérémonies,  ils 
n'aiment  ni  le  monde  ni  ses  folles  vanités.  Encore  une  fois. 
donnez-leur  l'exemple,  et  ils  feront  ce  qu'ils  vous  verront 
faire,  et  ils  seront  ce  que  vous  serez  vous-mêmes. 

Cette  assiduité  au  Catéchisme,  que  Nous  voue  recomman- 
dons à  tous,  N.  T.  C.  F.,  doit  produire  le  fruit  spécial  <i« 
cette  visite,  dont  il  Nous  reste  à  vous  dii'e  un  mot. 

Un  des  auteurs  qui  ont  le  mieux  parlé  de  la  vie  spiri- 
tuelle, nous  enseigne  que  si  chaque  année  on  corrigeait 
seulement  un  défaut,  on  serait  bientôt  parfait. 


<:IKCULAIIŒS  ET  AUTHES  ncXJUMENTS  Mn 

Si  cela  est  vrai  de  chacun  de  nous  en  particulier,  on  en 
doit  dire  autant  d'une  Paroisse  et  d'un  Diocèse. 

Pénétré  de  cette  vérité,  Nous  nous  proposons  de  travail- 
ler, pendant  cette  Yisite,  à  détruire  tout-à-l'ait,  et  dans  tous 
les  lieux,  le  blasphème,  qui  est,  hélas!  si  commun. 

Déjà  la  religion  a  remporté  une  grande  victoire  sur  lïvro- 
gnerie.  C'est  au  point  que,  à  quelques  excei:»tions  près,  on 
peut  dire  aujourd'hui,  avec  comijlaisance.  que  le  peuple 
canadien  est  un  peuple  sobre. 

C'est  une  louange  que  Xous  aimons  à  donner  dans  ce  mo- 
ment solennel  au  diocèse  entier.  Nous  serions  trop  heu- 
reux si  certaines  défections  ne  nous  empêchaient  pas  de 
l)Ouvoir  ajouter  que  tous,  sans  exception,  gardent  lidèle- 
ment  leur  engagement  ! 

Nous  prions,  du  moins,  pour  ceux  qui,  par  la  boisson, 
abreuvent  encore  aujourd'hui  Jésus  de  fiel  et  de  vinaigre. 

Maintenant  que  l'ivrognerie  cache  sa  honte  dans  de  misé- 
rables auberges,  sans  règle  et  sans  pudeur.  Xous  pouvons 
en  toute  confiance  attaquer  un  autre  vice. 

C'est  celui  du  blasphème,  si  injurieux  an  ciel  et  si  exécra- 
ble à  la  terre,  que  Xous  entreprenons  de  détruire.  Quel- 
qu'enraciné  qu'il  puisse  être,  Nous  avons  l'intime  conviction, 
N.  T.  C.  F.,  que  la  Yisite  aura  l'heureux  résultat  de  le  ban- 
nir à  jamais  de  notre  société. 

Or,  remarquez  bien,  que  par  blasphème,  Xous  entendons 
ici  tout  ce  qui  est  injurieux  au  Saint  Xom  de  Dieu.  Par 
conséquent.  Nous  comprenons  sous  ce  titre  les  jurements, 
les  imprécations,  les  propos  impies,  les  serments  indiscrets, 
injustes  ou  faux.  Hélas  !  il  y  en  a  tant  et  de  si  horribles 
que  les  gens  de  bien  ne  les  peuvent  entendre  sans  que  leurs 
cheveux  ne  se  dressent  sur  leurs  têtes! 

Toutefois,  prenons  courage,  N.  T.  C.  F.,  et  vous  verrez 
bientôt  ce  que  peut  un  peuple  de  foi  avec  le  secours  dv 
Dieu.  Car  avant  longtemps,  l'on  pourra  dire  de  ce  peuple, 
— c'est  un  peuple  qui  a  horreur  du  blasphème,  comme  il  a  hor- 
reur de  r  ivrognerie. 

Oh  !  oui.  Nous  eu  avons  la  douce  espérance,  les  jurements 


36i  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

sei'out  bannis  des  champs?  pendant  le  temps  de  Ja  semence 
»t  de  la  moisson  ;  les  chemins  n'entendront  plus  d'impréca- 
tions ;  les  places  publiques  n  entendront  plus  de  blasphèmes  ; 
les  cours  de  justice  ne  seront  plus  profanées  par  d'aflfi-eux 
serments  qui  font  horreur  aux  pei-sonnes  les  moins  reli- 
gieuses. 

Quelles  nouvelles  bénédictions  pour  les  villes  et  les  cam- 
pagnes, lorsque  le  Saint  Nom  de  Dieu  n'y  sera  prononcé 
qu'avec  un  religieux  respect  ! 

Nous  laissons  tout  ceci  à  vos  sérieuses  réflexions,  et  vou!^ 
comprendrez  sans  peine  que  les  fruits  de  salut  vous  atten- 
dent, si  vuus  vous  préparez  comme  il  faut  à  la  Yisitc  Pas- 
torale. 

A  ces  causes,  le  Saint  Nom  de  Dieu  invoqué,  Nous  avons 
statué,  réglé  et  oi'donné  ;  réglons,  statuons  et  ordonnons  ce 
qui  suit  : 

Nous  nous  rendrons  la  paroisse  de 
le  Vers  les  huit  heures  du  matin,  Nous 

ferons  Notre  entrée,  qui  sera  suirie  de  la  Messe  et  de  la 
Confirmation.  Nous  ferons  ensuite  la  visite  du  Cimetière 
et  celle  des  Fonds  Baptismaux.  Nous  terminerons  les  exer- 
cices de  la  matinée  par  la  Bénédiction  du  St.  Sacrement. 

Nous  examinerons  les  Comptes  des  Marguilliers,  et  ferons 
la  visite  de  tout  ce  qui  appartient  à  la  cure. 

Le  chant,  les  cérémonies,  les  associatiouf;.  le  soin  des 
pauvi-es.  les  écoles,  les  désordres  publics,  les  scandales,  en 
un  mot,  tout  ce  qui  intéresse  le  bien  de  la  pai'oissc  Nous 
occupera. 

Et  c'est  à  cette  tin  que  vous  Nous  verrez  tenir  de  fré- 
<iueûtes  assemblées  du  clergé.  Car  ce  n'est  que  par  le 
ministère  curial  que  le  ministère  épiscopal  peut  se  faire 
sentir  à  vos  âmes. 

Tous  toucherez  du  doigt  cette  vérité,  lorsque  vous  ferez 
attention  que  ce  fut  par  les  Apôtres  que  Notre  Seigneur 
convertit  le  monde  ;  et  l'on  peut  dire  que  son  divin  Minis- 
tère sest  bonié  à  les   préparer  à  la   sublime   mission  de 


CIUCULAIHKS  KT  ALTHES  DOCUMENTS  36.Î 

l'Apostolat.    'Eieu  donc  de  surprenant  si  c'eut  par  k'  Prêtre 
r]^ue  TEvèque  tait  du  bien  dans  l'Eglise. 

IS^ous  auron-s  quelque  chose  de  particuliei-  à  faire,  pendant 
la  visite  de  cette  année.  Ce  sera  de  l'ecevoir  les  souscrip- 
lion.s  poui'  l'Eglise  Cathédrale. 

XouH  devions,  comme  Nous  vous  rannouçâmes  dans  Notre 
Mandement  du  dix-neuf  Mars  dernier,  partir  prochainement 
])uur  solliciter  des  secours  à  l'étranger.  Mais  Nous  avons 
dû  céder  aux  représentations  qui  Nous  ont  été  faites  à  ce 
-ujet  par  le  clergé  et  les  laies. 

Comme  ils  Nous  ont  témoigné  que  le  diocèse  pouvait,  à  lui 
seul,  faire  les  frais  de  relever  les  ruines  de  l'incendie  du 
liuit  Juillet,  Nous  nous  sommes  décidé  à  différer  notre 
•départ,  pour  attendre  le  l'ésultat  des  collectes  qui  vont  se 
liiiie  à  ce  sujet. 

En  attendant,  Nous  ne  saurions  demeurer  inactif  par 
rapport  à  l'objet  que  Nous  avons  en  vue.  Aussi  tout  eu 
visitant  le  Diocèse,  pour  la  sanctification  de  vos  âmes.  Nous 
nous  occuperons  de  l'œuvre  qui  vous  est  proposée  comme 
(euvre  Diocésaine. 

Nous  le  faisons  d'autant  plus  volontiers  que  ce  )i'est  pas 
notre  intérêt  privé,  mais  uniquement  le  bien  du  Diocèse 
dont  il  est  ici  question. 

Il  Nous  est  dailleurs  bien  moins  pénible  d'aller  ici,  pour 
cet  objet,  de  Paroisse  en  Paroisse,  qu'il  ne  l'aurait  été  d'aller 
de  Ville  en  Ville,  en  pays  étrangers.  Il  Nous  sera  beau- 
I  i»up  moins  humiliant  de  tendi-e  la  main  à  de  simples  parti- 
culiers, dans  notre  Diocèse,  que  de  la  présenter  aux  Princes 
de  l'Europe. 

De  pliLs,.  le  Monument  qu'il  s'agit  d'élever  sera  plus  nati- 
onal, s'il  e.st  exclusivement  l'œuvre  de  la  ville  et  des  cam- 
])agnes  de  ce  Diocèse,  que  si  quelque  main  étrangère  y  con- 
tribuait en  quelque  chose. 

Ce  Monument  religieux  sera  d'autant  plus  facile  à  ériger 
que' les  contributions  demandées  sont  plus  modiques. 

Tout  dépend  de  la  bonne  entente,  et  du  bon  cœur  avec  le- 
quel on  se  portera  à  1  accomplissement  du  vœu  que  Noti« 


364  MANDEMENTS.  LETTHES  PAS  FOI!  A  [.ES, 

avons  émis,  au  nom  de  la  Ileligion,  de  taire  quelque  choé;*: 
qui  pût  prouver  que  le  Catholicisme  sait  faire  de  grandes  tt 
belles  choses,  non  par  orgueil,  mais  par  zèle  pour  la  gloire 
de  Dieu  et  l'honneur  de  la  patrie.  Il  s'agit  de  prouver  à  la 
postérité  la  plus  reculée  que  l'on  peut  être  à  la  fois  up  bon 
Catholique,  en  aimant  sa  Keligion.  et  un  bon  Citoyen  en 
aimant  les^beaux-arts. 

A  toutes  ces  raisons,  ajoutons  que  l'appel  que  Nous  avons 
fait  est  nécessairement  devenu  public.  Nos  frères  séparés 
en  ont  eu  connaissance.  Ils  savent  que  tout  le  Diocèse 
s'est  prononcé  contre  le  projet  de  l'Evèque  d'aller  à  l'étran- 
ger pour  demander  des  secours  pécuniaires.  Ils  s'attendent 
que  les  Catholiques  vont  faire  quelque  chose  de  glorieux,  et 
ils  s'en  réjouissent  par  principe  de  patriotisme  et  d'honneur. 
Que  si  après  toutes  ces  démonstrations,  ils  ne  voient  sur- 
gir qu'un  établissement  ordinaire,  ne  sera-ce  pas  humiliant 
pour  nous  tous  ?  Car  ils  en  conclueront  évidemment  que 
le  Chef  de  la  Religion  Catholique  dans  ce  Diocèse  n'est  pas 
un  personnage  bien  grand  dans  l'esprit  de  son  peuple,  puis- 
ceque  tous  ces  Diocésains,  appelés  à  lui  venir  en  aide,  ne 
lui  auraient  fait  qu'une  Eglise  si  commune  que  plusieurs 
campagnes  pourraient  se  glorifier  d'en  avoir  de  plus  ma- 
gnifiques ! 

Terminons  ces  réflexions  par  une  considération  qui  vous 
touchera  d'autant  }i  us  fortement  quelle  se  rattache  davan- 
tage à  cette  unité  île  cœur  qui  nous  est  propre,  comme, 
l'unité  de  foi.  L'Eglise  Cathédrale  est  l'Eglise  du  Diocèse, 
et  c'est  pour  cette  raison  qu'il  est  invité  à  la  biitir.  La 
Ville  et  les  Campagnes,  les  Communautés  et  les  Paroisses. 
le  Public  et  les  particuliers  vont  entrer  dans  la  composi- 
tion de  cet  édifice,  et  en  faire  en  quelque  sorte  partie,  Les 
contributions  générales  feront  un  tout  magnifique,  mais 
elles  se  repartiront  dune  manière  si  distincte,  que  l'on 
saui'a  par  qui  aura  été  érigée  chaque' partie.  Oui,  ïa  poste- 
rite  saura  qui  aura  fait  faire  les  murailles,  la  charpente,  les 
colonnes,  les  viti-anx.  les  portes  et  a»itres  parties  de  cet  édi- 
fice reliirieux. 


CIR<:L'LAIHh;^  ET  Al'lHES  DOCLMI-J.VI  S  36") 

Quaud  on  visite  la  magnitique  Eglise  d'Albany,  un  est 
frappé  de  cette  idée  catholique.  Car  on  y  voit  représentées 
toutes  les  Missions  du  Diocèse,  faisant  lem*  offrande  à  l'E- 
i,nise-Mùre  dont  la  beauté  est  l'objet  de  leur  amour. 

Ce  qui  nous  a  encore  frappé,  en  contemplant  ce  Kelig-ieux' 
Monument,  ça  été  de  voir  les  principales  actions  de  l'Au- 
i^uste  Vieriçe  Marie.  Patronne  de  cet  Eglise,  représentées 
dans  de  magnifiques  vitraux  qui  fixent  tous  les  regards.  Ou 
est  vraiment  attiré  à  l'amour  de  Celle  qui  est  plus  belle  q\ie 
la  lune  et  plus  éclatante  que  le  eoleil.  en  considérant  ce  que 
l'industrie  humaine  a  pu  oj>érer  pour  la  faire  connalti-e  au 
monde. 

(!)h  !  comme  notre  cceui-  s'est  réjoui  de  voir,  dajis  une  ville 
]<rotestante.  peints  sur  verre,  les  traits  de  la  Ste.  Vierge 
Marie,  qui  éclaire  toutes  les  Eglises.  Ces  superbes  vitraux 
sont  là  pour  dire  tout  haut,  et  à  toutes  les  dénominations 
leligieuses  :  Conceptio  recolitur  Sanct.r  Mari<('  Vin/inis  cujus 
cita  incbjta  cunctas  illustrât  Ecclesias. 

Xous  ferons  bien  aussi,  Xous,  X.  T.  C  F.,  quelque  chose 
pour  la  gloire  de  Celle  qui  fut  toujours  si  bonne  pour  sa 
ville  et  son  Diocèse.  "Puissante  Dame  de  Bon-secours, 
'•  aidez-nous  à  relever  lautel  de  votre  Très-Saint  et  Immaculé 
''  Cœur.  Daignez  vous  souvenir  que  c'était  au  pied  de  cet 
'•  Autel,  au  temps  où  il  était  pour  nous  tous  le  trôno  de 

•  votre  miséricorde,  que  nous  vous  demandions  de  rajeunir 
■  votre  sanctuaire  de  Bon-secours.     Vous  serez  donc  aussi 

•  bonne   aujourd'hui   que   vous   le  fûtes  alors.     Ces  deux 

•  lieux  de  refuge  ne  sont  pas  de  trop  pour  nous,  O  Mère  de 
''grâce!  K'oubliez  pas  noti-e  misère,  et  nous  n'oublierons 
■■•  pas  vos  bienf\tit«."' 

.Sei'u  le  pi'esent  Mandement  lu  au  Pi'one  de  la  Me.sse  Pa- 
roissiale de 

lô  premier  Dimanche  après  sa  réception,  et  ensuite  conservé 
dans  les  archives  de  la  dite  Paroisse. 


3&fi  MANDEMEiNTS,  L1-:TTRES  PASTOJiALES, 

Donné  à  Montréal,  eu  l'Hôtel-Dieu  de  cette  ville,  le  wx 
Mai  mil-huit-eent-cinquante-trois,  sous  -notre  seing  et  sceau . 
et  le  contre-seing  de  notre  Secrétaire. 

t  IG.  ÉA^ÊQUE  DE  MONTKÉAL. 

Par  Monseigneur, 

J.  O.  Pabé, 

Chanoine  Secrètnire. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DK 
MONTREAL. 


Montré-al.  :{1  .\tai  1853. 
Monsieur, 

La  feuille  ci-jointe  contient  le  tableau  des  nouveaux  Ar- 
chiprêtrés,  avec  la  liste  des  Archiprètre*  y  préposé.s.  Le 
démembrement  de  ce  diocèse  a  nécessité  cette  nouvelle 
création  ;  et  le  besoin,  que  vous  avez  de  vous  voir  souvent, 
m'a  paru  une  raison  suffisante  pour  multiplier  autant  ceîî 
Arrondissements  EcclésiastiqucvS. 

J'ai  cru  devoir  désigner  chaque  Archiprètré,  par  le  nom 
de  la  paroisse,  qui  en  est  le  chef-lieu.  J'ai  choisi  pour  cela 
cela  celle  qui  m'a  paru  la  plus  centrale,  pour  que  l'on  pût 
s'v  l'éunir  plus  aisément.  Son  nom  est  imprimé  en  majusc^i- 
les.  L' Archiprètré  ayant,  ou  devant  avoir  avec  le  temps,  un 
vicaire,  sera  plus  à  même  de  porter  secours  aux  prêtres  de 
son  Archiprètré. 

Par  cet  arrangement,  les  prêtres  d'un  même  Archiprètré 
pourront,  sans  trop  s'éloigner  de  leui's  paroisses,  s'entr'aidei- 
pour  leurs  Neuvaines,  Octaves  et  autres  exercices  de  piété, 
qui  exigent  des  secours,  à  cause  des  concours,  doivent  ôtro 
comptés  les  Fêtes  Patronales,  les  Premières  Communions, 
les  Visites  Episcopales  et  autres  circonstances  de  ce  genn-. 


CIRCULAIRES  ET  ALTRES  DOCUMBNTS  3«7 

En  travaillant  dans  les  paroisses  bien  eonnue*<,  chacun 
.^era  plus  en  état  d'éviter  les  surprises  que  l'on  a  si  souvent 
A  déplorer,  après  les  grandes  rénnions,  dont  certains  habitn- 
(linairos  profitent,  pour  échapper  à  la  sollicitude  de  leur* 
pasteui^s,  et  à  l'attention  des  voisins  les  pins  immédiats  de 
leurs  paroisses. 

La  nécessité  de  s'entraider  produira  infailliblement  cette 
bonne  entente,  qui  rend  le  travail  des  ouvriers,  employés 
«lans  la  même  vigne,  toujours  si  heureux  et  si  consolant. 

La  facilité  de  se  rencontrer,  sans  nuii'é  à  1»  résidence, 
établira  nécessairement  ces  rapports  intimes,  qui  prévien- 
nent les  mauvais  effets,  qui  résultent  inévitablement  de  lu 
vie  seule,  et  que  l'Ecriture  nous  fait  assez  connaître  par  ces 
paroles  proverbiales:  F*  soli.  Jhrec  cette  intimité.  *)ii 
s'avertit  cordialement  de  ses  défauts,  sans  craindre  do 
blesser.  On  éprouve  alors  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  cette 
l»elle  parole  de  St.  Augustin  :  Ama  et  die  quod  vis.  Ileureu.x 
les  amis  qui  savent  s'aimer  ainsi  ! 

Ce  sera  dans  ces  réunions,  toujours  aussi  agréables  qu'in- 
tei-essantes,  que  vous  vous  concerterez  pour  empêcher  le 
mal  et  faire  le  bien,  dans  tout  un  quartier.  Et  pour  avoir 
occasion  de  vous  rencontrer  plus  souvent  avec  votre  Archi- 
j)rêtre,  adressez-vous  à  lui,  pour  tr)ut  ce  qui  est  de  sa  com- 
pétence. L'importance  que  vous  saurez  lui  donner,  aux 
yeux  de  vos  paroissiens,  vous  reviendra  très-certainement. 

Pour  les  grandes  mesures  qui  intéressent  de  plus  près  le 
bien  des  paroisses,  ou  l'honneur  du  clergé,  v.  g.,  quand  il 
s'agit  de  répondre  aux  circulaires  du  gouvernement,  les 
Archiprètres  pourront  s'adresser  à  TEvèque,  pour  s'enten- 
dre ensuite  plus  uniformément  avec  les  prêtres  de  leurs 
arrondissements. 

.le  suis  bien  cordialement. 
Monsieur, 
Votre  trôs-bumble  et  très-ol)éissa)it  servitewr. 
T  Ig.  Ev.  tœ  Montréal. 


3C8  CIRCULAIRES  KT  AUTRES  DOCUiMENTS 

P.  8. — La  Ketraite  Pa-^torale  se  fera,  cfmime.de  coutume, 
au  Collège  de  Montréal,  et  commencera  le  2  Septembre 
prochain,  à  5  heures  du  soir,  et  finii-a  le  10  au  matin.  Le 
jour  de  l'ouverture  de  la  Eetraite,  vers  les  deux  heures  de 
l'après-midi,  se  tiendra  le  Bureau  de  la  Caisse  Ecclésiasti- 
que. Je  donne  tous  les  pouvoirs,  y  compris  celui  de  binei-, 
aux  prêtres  gardiens  des  cures,  quand  même  ils  ne  seraient 
pas  du  diocèce. 

Les  vicaires  subiront  leur  examen  pi-escrit  par  le  Concile 
les  13  et  14  Septembre,  et  leur  retraite  se  fera  à  la  suite  au 
Sault-au-Eécollet,  pour  se  terminer  le  21  suivant,  au  matin. 
Ils  apporteront,  en  venant,  les  deux  sermons  dont  le  sujet 
leur  a  été  indiqué  par  la  Lettre  Pastorale  du  1er  Janvier 
dernier,  pour  s'exercer  dans  l'art  de  prêcher. 

Les  fidèles  sont  invités,  à  l'ordinaire,  à  bien  prier  pour 
leurs  pasteurs  en  retraite. 

t  T.  E.  de  M. 

J.  O.  PAEB,  Chan., 

Secrétaire. 


(\' l'aie  copie.  ) 


1»KS  AR^miPKKTRÉs  ET  ARCUIPRKTRES  Df  DKtCÈSE  I)E  MONTRÉAL 

31  Mai  1853. 


M.  J.  F.  Gagnon,  Cure  de  Eerthiei-. 

Berthie)',  St.  Cuthbert.  St.  Barthélémy,  Isle  du  Pads,  St. 
Norbert. 

M.  L.  Gl:vox,  Curé  de  Ste.  Elizabeth. 

Ste.  Elizabeth,  Ste.  Mélanie,  St.  Félix  de  Valois,  St.  Jean 
de  Matha,  St.  Gabriel  de  Brandon. 

M.  JVLa-Nseau,  V.  G.,  Curé  de  TLidustrie. 

St.  Charles  de  l'Indujitrie,  St.  Joseph  de  Lanoraye,  St. 
^homn^;  St.  Paul.  St.  Ambvoisc  de  Kildare. 


CIHCULAlKEï^  ET  AUTRES  DOCL  MEXIS  369 

M.  li.  Paré.  Curé  de  St.  Jacques. 

St.  Jacques  de  l'Achigan.  Ivawdon,  B.  Alplionse,  St.  Alexi^;, 
St.  Liguoii. 

M.  HuRTEAL,  Cure  de  St.  Lin. 

St.  Lin,  St.  Esprit,  Ste.  .lulieniie,  St.  Calli.xte.  Ste.  Anne 
des  Plaine.s. 

M.  Frs.  Label  le.  Curé  de  Eépentigny. 

L'Assomption,  St.  Rocli  de  l'Achigan.  Repentigny.  St. 
Sulpice,  St.  Antoine  de  Lavaltrie. 

M.  A,  TiiEBERGE,  Curé  de  Terrebonne. 

ïSt.  Louis  de  Terrebonne.  St.  François  de  vSales,  St.  Henry 
de  Mascouche,  St.  Charles  (le  Lacbenaye,  St.  Joscpli  de  la 
Rivière  des  Prairies. 

M.  J.  J.  ViNET,  Curé  du  Sault  au  Réeollet.     . 

Sault  au  Récollet.  St.  Martin,  St.  Vincent  de  Paul,  Pointe 
•iiux  Trembles,  Longue-Pointe. 

M.  G.  Thibault,  Curé  de  St.  .léi-ôme. 

St.  Jérôme,  Ste.  Adèle,  Circoncision.  Ste.  Sophie,  St.  Co- 
b'mbaiL 

M.  .los.  DiQUEï.  Sup.  du  P.  Séminaire  de  Ste.  Thérèse. 

>f.  N.  DuFRESNE,  Mission  du  Lac  des  Deux-Montagnes. 

Lac  des  Deux-Montagnes,  St.  Benoit,  Ste.  Scholastique, 
St.  Placide.  St.  Ilermas. 

M.  Akchambault,  A'.  G.,  Curé  de  Vaudreuil. 

Yaudreuil,  St.  André,  vSt.  Anne  du  Bout  de  l'Isle,  Rigaud, 
Ste.  Marthe. 

M.  T.  Brassard.  Curé  du  Côteau-du-Lac. 

St.  Ignace  du  Côteau-du-Lac,  St.  Joseph  de  Soulanges,  St. 
Polycarpe,  St.  Zotique,  St.  Clet,  St.  Anicet,  St.  Régis. 

M.  J.  M.  Lefebvre,  Curé  de  Ste.  Geneviève. 

Ste.  Geneviève,  Pointe  Claire,  Lachine,  St.  Laurent,  Tslo 
Bizard. 

M.  D.  Charland,  Curé  de  St,  Clément  de  Beauharnais. 

St.  Clément,  Isle  Perrot,  St.  Timothoe.  St.  Louis  de 
Gonzague.  rhateano:uay. 

.24 


;î70  mandements,  letthes  pastokales, 

M.  K.  Blyth,  Curé  de  Ste.  Martine. 

Ste.  Martine,  St.  Urbain,  St.  Jean  Chryeo8tôme,OrmHt<;wn. 
ITinchinbrooke. 

M.  Jos.  Marcoux,  Missionnaire  du  Sault  St.  Loui«. 

Sault  St.  Louis,  St.  Rémi,  St.  Ii^idore,  St.  Constant,  Ste. 
riîilomène. 

Jl.  P.  ViGNON,  S.  J.,  Curé  de  Laprairie. 
Laprairie,  St.  Philippe,  St.  Jacques  le  Mineur.  St.  Edouard. 
Sherrington,  Hemmingford. 

M.  C.  Larocque,  Curé  de  St.  Jean. 

St.  Jean  Dorchester,  St.  Luc,  Blairfindie,  St.  Cyprien,  St. 
Valentin,  St.  Bernard  de  Lacolle. 

M.  P.  Mignault,  Curé  de  Chambly. 
Chambly,  Longueuil,  St.  Bruno,  Belœil,  St.  Marc. 

M.  R.  O.  Bruneau,  Curé  de  VerchèreB. 

Verchères,  Boucherville.  Varennes,   Ste.   .lulie,  Contre- 
cœur, St.  Antoine. 


CIRCULA  IKK  AU  CLERGE  DU  DIOCESK  1>K 
MONTRÉAL. 


St.  Placide,  le  13  Juillet.  lfJ.53. 

Monsieur, 

Un  Bill  vient  d'être  passé,  dans  la  dernière  Session  dti 
Parlement,  qui  permet  l'incorporation  des  Fabrique»,  pour 
Assurance  Mutuelle,  dans  les  Diocèses  de  Montréal  et  de  St. 
Hyacinthe.  Comme  elles  auront  le  droit  de  faire  loue  les 
réglemens  qu'elles  voudront,  et  que  pour  en  venir  là,  il  faut 
absolument  une  Commission  spéciale,  voici  comment,  à  mou 
avis,  il  faudra  procéder. 


CIHCULAIUES  ET  AUTMh'S  DOCLMEM^  M\ 

Chaque  Paroisse,  dans  une  assemblée  régiilièrej  devrait 
nommer  un  Pvocurem-,  pour  assister  à  une  assemblée,  que 
je  convoque  pour  cela  au  Collège  de  ^lontréal  ;  et  qui  s"\' 
tiendra  le  2  de  Septembre  prochain,  à  'J  heures  du  matin. 
Ce  Procureur  devrait  être  le  Curé  ;  et  comme  il  y  aura  des 
dépenses  à  faire  pour  impressions  et  aiitx'es  chose?»,  chaque 
Fabrique  devra  fournir  un  louis,  pour  les  couvi-ir  ;  et  le 
Procureiu'  en  sera  porteui*. 

Vous  comprenez  si  bien  les  avantages  de  cette  Institution 
([ue  je  m'abstiens  de  vous  rien  dire  là-dessus.  Je  crois 
devoir  toutefois  conseiller  à  chaque  Archiprètré  de  s'enten- 
dre, pour  agir  uniformément.  Le  Journal  de  Québec  et  autres 
vous  donneront  copie  de  ce  Bill.  Je  pense  qu'il  serait  bon 
que  l'on  dressât  d'avance  quelque  projet  de  lîéglements  dont 
la  Commission,  qui  sera  nommée  en  ville,  ne  manq\iei-a  pas 
de  profiter. 

Je  suis  bien  cordialement, 

Monsieur, 
Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteui-, 

1  ICr.  E\T:QUE  de  MONTREAL. 

Par  Monseigneur, 

(Vraie  copie) 

J.  O.  Pabé, 

Chan.  Secrétaitr. 


372  MANDEMENTS,   LHTTIJES  l'AST(.»i{.\LES. 


iszc^nsriDEiyLEnsrT 


UE      L"AKCilEVi;uL'K      ET     DES      ÉVÉQUES      DE      LA      l'ROVINCE 

ECCLÉSIASTIQUE  DE   QUÉBEC  PROMULGUANT  ].E    NOUVEAU 

CATÉCHISME    RÉDIGÉ    PAR    L'oRDRE    Dl  PREMIER 

CONCILE    PROVINCIAL.   ('^) 


yOUS,  AECHEYÊQUE  Eï  ÉVÊQUES 

de  la  Province  Ecclésiastique  de  Québec. 


Au  Clergé  Séculier  et  Régulier,  et  aux  Fidèles  de  la  dite  pro- 
vince. Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur  Jésus  Christ. 

Leiitieignenieut  veligieux,  comme  vou>?  le  h;avez,  Xos 
Très  Cliers  Frères,  est  notre  principal  devoir,  puisque  c'est 
à  nous  comme  aux  Apôtres,  que  Notre  .Seigneur  a  com- 
mandé d'enseigner  tous  les  peuples.  Docete  omnes  génies 
(Mat.  XXVIII.  19). 

Cest  donc  à  remplir  le  sublime  ministère  de  la  j>arolc. 
aussi  bien  qu'à  vaquer  au  saint  exercice  de  la  prière,  que 
notre  vie  toute  entière  doit  être  consacrée.  Nous  devons 
prier  pour  appi-endre  à  prêcher,  et  nous  devons  prêcher 
pour  vous  enseigner  à  bien  prier,  vous-mêmes,  et  à  bien 


(*)  Ce  mandement  doit  être  lu  au  ini'me,  cha<ine  auuce,  le  deuxième 
dimanche  après  Paque. 


CIRCULAIRES  HT  AUTR.ES  DOCL.MEMS  a7:j 

vivre  :  eest  en  cela  que  consiste  la  vraie  religion  qui  sauve 
les  âmes.  Nos  vero  orationi  et  ministerio  verhi  instantes  nl- 
inus(Art.  VI.  4). 

Puisqu'il  en  est  ainsi,  vous  ne  devez  pas  être  surpris,  X. 
T.  C  F.,  si,  pendant  que  réunis  en  concile,  nous  étions  d'une 
manière  toute  spéciale  sous  l'inspiration  du  St.  Esprit,  nous 
nous  sommes  occupés  surtout  de  régler  l'enseignement  de  la 
religion  dans  cette  province. 

Pour  arriver  plus  sûrement  à  ce  but  si  important,  nous 
avons  jugé  qu'il  devait  y  avoir  uniformité  dans  l'enseigne- 
ment de  la  doctrine  chrétienne  ;  et,  dans  cette  vue,  nous 
avons  décrété  qu'il  n'}^  aurait  qu'un  seul  et  même  catéchisme 
pour  les  différents  diocèses  de  l'église  du  Canada.  Cion  uni- 
T'ormitas,  etiam  in  modo  doctrinœ  tradendœ,  maxime  optanda  sit, 

decernimus  ut  catechismus  pro  omnibus  Christi  fidelibus mu 

servetur  (  VIII  Décret  du  1  er  Concile  de  Québec) . 

A  la  vérité,  nous  avons  dû  avoir  égai'd  aux  habitudes  et 
au  langage  des  deux  peuples  qui  composent  notre  troupeau. 
C'est  ce  qui  vous  rendra  raison  de  la  différence  qui  existe 
entre  le  catéchisme  français  et  le  catéchisme  anglais.  Mais 
cette  différence  n'est  que  dans  la  lettre  ;  la  doctrine  de  l'un 
et  de  l'autre  est  la  même  ;  c'est  la  doctrine  catholique  en- 
seignée par  les  apôtres,  toujours  la  même,  immuable  comme 
Dieu  qui  en  est  l'auteur. 

Cependant,  N.  T.  C.  F.,  en  ordonnant  la  publication  de 
ce  catéchisme,  nous  ne  nous  aquitterions  que  d'une  partie 
de  notre  devoir  ;  car  ce  livre  ne  serait  qu'une  lettre  morte, 
si  le  prêtre,  dépositaire  de  la  science  sacrée,  ne  l'expliquait 
aux  enfants  de  l'église,  ^S'ous  avons  donc  décrété  de  plus 
que  le  catéchisme  serait  enseigne,  tous  les  dimanches  de 
l'année,  autant  que  possible,  dans  toutes  les  églises  parois- 
siales. Singulis  diebus  dominicis,  integro  omni  cursu,  in  quâvis 
parochiali  ecclesiâ,  fiant  cateclwses  {IX  Décret  du  ^er  Concile 
provincial  de  Québec) , 

Le  catéchisme  qui  vous  est  enseigné  est  donc  l'ouvrage  des 
]>remiers  pasteurs.  Ils  veulent  qu'il  soit  appris,  et  uni- 
formément expliqué  partout.     Au   moj'en  de  ce  livre,  ils 


374  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

.s'adressent  eux-mêmes,  dan;  le  langage  le  plus  simple,  aux 
petits  enfantS;  et  ils  les  appellent  à  la  connaissance  de  la 
vérité,  comme  Jésus-Christ  lui-même  les  appelait  à  lui,  poul- 
ies bénir  et  les  sanctifiei-. 

Ainsi  vous  recevrez,  avec  un  profond  respect,  ce  livre  qui 
renferme  les  principes  de  la  doctrine  et  de  la  morale  chré- 
tienne. A'ons  le  ferez  apprendre  de  bonne  heure  à  vos  en- 
fants, et  vous  aui-ez  soin  de  les  faire  assister  aux  instructions 
qui  se  font  à  Teglise  pour  leur  en  donner  l'intelligence. 
A'ous  comprenez  en  effet,  N.  T.  C.  F.,  que  si  vos  pasteurs 
sont  stinctement  obligés  de  faire  le  catéchisme,  vous  tie 
l'êtes  pas  moins  d'y  envoyer  vos  enfants.  A'ous  comprenez, 
encore  que  c'est  chez  vous,  ou  à  l'école,  quils  doivent  ap- 
prendre la  lettre  du  catéchisme,  afin  dètre  en  état  de  profi- 
ter des  explications  qu'ils  vont  écouter  à  l'église.  Pour  les 
y  encourager,  donnez-leur  vous-même  l'exemple,  en  repas- 
sant de  temps  en  temps  avec  eux  les  différents  chapitres  du 
catéchisme.  Oh  !  qu'il  est  édifiant  de  voir  des  parents 
chrétiens  instruire  ainsi  leurs  petits  enfants  des  vérités 
saintes  de  la  religion,  et  leur  apprendre  à  devenir  vérita- 
lilement  heureux,  en  leur  apprenant  à  aimer  Dieu  !  C'est  ce 
qui  faisait  dire  autrefois  à  St.  Augustin,  avec  l'accent  de  la 
plus  vive  reconnaissance  pour  Ste.  Monique,  sa  mère:  '' O 
mon  Dieu,  l'amour  de  votre  Saint  Nom,  je  l'ai  sucé  avec  le 
lait  de  ma  mère  !  "  A  l'obligation,  pour  vos  pasteurs,  de  faire 
régulièrenvut  le  catéchisme,  se  joint  celle  de  l'expliquei- 
dans  un  h.iuage  simple  et  familier.  Fiant  catéchèses  in  gui - 
hus  genuinutn  catechismi  prooincialis  sensuni,  siniplici  sermone 
animarum  pastores  enodabunt  (Conc.  prov.  ihid).  Et  voilà 
encore,  N.  T.  C.  F.,  ce  qui  doit  vous  faire  sentir  les  avanta- 
ges et  l'excellence  des  instructions  du  catéchisme.  Là,  le 
pasteur  parle  le  langage  de  l'enfant,  pour  lui  donner  la  con- 
naissance des  plus  hautes  vérités  de  la  religion,  pour  lui 
faire  entendre  les  mystères  de  la  bonté,  de  la  justice  et  de 
la  sagesse  de  Dieu,  pour  lui  apprendre  la  crainte  du  Sei- 
gneur et  l'horreur  du  péché.  Là,  il  les  prépare  avec  un  soin 
particulier   à   leur  première  confession.     Curent  animarum 


I 


CIHCULAIRKS  ET  AUTRES  UOCUMENTS  T,b 

pastort's  ut  pueri  apport  unis  instructionibus  di&ponantur  ad  pri- 
mam  confessionem  (jOonc.  prov.  ibid.)  Pur  ce  moyen,  vos 
jtasteurs  vous  aident  efficacement  à  garder,  dans  leurs  jeunes 
cctuis,  lé  précieux  trésor  de  l'innocence;  car  l'effet  du 
sacrement  de  pénitence  n'est  pas  seulement  d'effacer  le 
péché,  mais  encore  de  préserver  les  âmes  pures  de  sa  fujiesto 
<ontagion.  Pensez-y  bien,  parents  chrétiens,  vos  enfants, 
avec  leur  innocence  baptismale,  sont  des  anges  sur  la  teri'c  ; 
•et  c'est  pour  les  consei-vcr  dans  cet  heureux  état,  qu'on  les 
parifie  de  temps  en  temps  dans  la  piscine  sacrée,  ouverte 
jiar  sa  divine  miséricorde  à  tous  les  enfants  de  l'église,  pour 
lu  guérison  de  leurs  unies. 

Mais  il  faut  pour  cela  quïls  soient  suffisamment  instruits 
<les  mystères  de  la  religien  et  des  dispo.sitions  requises  jDOur 
faire  une  bonne  confession.  C'est  pourquoi  nous  vous  re- 
commandons instamment,  pères  et  mères,  de  faire  appren- 
dre à  vos  petits  enfants  l'abrégé  du  catéchisme,  aussitôt 
<|u'il8  eh  seront  capables.  Dans  ce  court  abrégé,  ils  ti-ou- 
veront  tout  ce  qu'ils  doivent  savoir  des  mystères  de  la  reli- 
gion, des  devoirs'de  la  vie  chrétienne,  et  des  dispositions 
<iu'"il  faut  apporter  pour  recevoir  avec  fruit  l'absolution.  Si 
donc  ils  avaient  le  malheur  de  perdre  la  grâce  de  leur  bap- 
tême, ils  seraient  ainsi  préparés  d'avance  à  la  recouvi-er 
dans  le  sacrement  de  pénitence.  Au  contraire,  faute  d'in- 
stniction,  ils  seraient  exposés  à  croupir,  des  années  entières 
<lans  l'état  du  péché  et  dans  lesclavage  du  démon.  En  effet, 
vous  ne  devez  pas  l'ignorer,  N.  T.  C.  F.,  les  enfants  peuvent 
^ivoir  assez  de  raison  et  de  malice  pour  offenser  Dieu  mor- 
tellement, sans  avoir  assez  d'instruction  pour  profiter  du 
jeraède  qui  peut  les  sauver. 

Eh  !  quelle  responsibilité  devant  Dieu,  jiour  vous,  parents 
chrétiens  !  quel  triste  sort  pour  vos  enfants,  si,  parce  que 
vous  auriez  négligé  de  les  instruire,  comme  vous  le  devez. 
ils  contractaient  les  habitudes  du  vice,  et  demeuraient  ainsi 
exposés  au  danger  de  mourir  dans  cet  affeuxétat  !  . .  Pensez- 
y  sérieusement,  et  prévenez  ce  malheur,  en  vous  appliquant 
-à  leur  donner,  dès  l'âge  le  plus  tendre,  l'instruction  reli- 


376  MANDEMENTS,  LKTTPiKS  i-ASTf )HALES, 

gieusc  qui  leur  couvient,  et  en  les  envoyant  légulièreinent 
à  confesse,  tontes  les  fois  que  vos  pasteurs  les  y  invitent,  ou 
du  moins  une  fois  par  année. 

Mais  si  le  devoir  de  a'OS  pasteurs  est  h;i]^important,  quand 
il  s'agit  de  préparer  les  enfants  à  leur  première  confession, 
vous  comprenez,  N.  T.  C.  F.,  qu'il  devient  encore  plus 
grave  quand  le  temps  est  venu  de  les  disposer  à  leur  pre- 
mière communion.  Eien  en  effet  n'est  plus  urgent  que  le 
précepte  qui  leur  est  imposé  à  ce  sujet.  Il  faut  que  pur 
leurs  soins  les  enfants  soient,  sous  tous  les  rapports,  bien 
\)répsiréfi,  rite  parati,  et  qu'ils  soient  capables  de  faire  un 
Juste  discernement  du  corps  du  Seigneur  qu'ils  doivent  re- 
cevoir. Ad  dijudicandum  corpus  Bomini  facti  fuerint  idonei. 
Aussi  est-ce  par  de  fréquents  catéchismes,  faits  avec  beau- 
coup de  préparation,  et  souvent  répétés,  qu'ils  doivent  être 
disposés  à  cette  grande  action.  Idcircô  per  catéchèses  non 
paucas,  aut  ohiter  factas,  sed  fréquenter  repetitas,  serin  matu- 
rèque pjrœparatas  instituantiir  {Conc.  prov.ibid.) 

Or,  remarquez-le  bien,  N.  T.  C.  F.,  vous  n'êtes  pas  moins 
rigoureusement  obligés  que  nous  de  travailler  à  faire  faire 
une  bonne  première  communion  à  vos  enfants.  Ce  Décret 
vous  regarde  donc  autant  que  vos  pasteurs.  Comment,  en 
effet,  pourrions-nous  réussir  à  apprendre  à  vos  enfants  tant 
de  vérités  qu'ils  doivent  connaître,  et  à  imprimer  dans  leur 
cœur  tant  de  vertus  qui  leur  sont  nécessaires,  pour  commu- 
nier dignement,  si  vous  ne  veniez  à  notre  secours,  et  si  vous 
négligiez  de  travailler  avec  nous  à  les  instruire  et  à  les 
former  au  bien. 

Ecoutez  donc,  parents  chrétiens,  ce  que  vous  avez  à  faire 
pour  vous  acquitter  de  l'obligation  où  vous  êtes,  d'aider  vos 
pasteurs  à  donner  à  vos  enfants  les  dispositions  angéliques 
([u'ils  doivent  avoir  pour  recevoir  le  pain  des  ange«.  Lo 
voici  en  peu  de  mots. 

Accoutumez-les,  dès  l'âge  le  plus  tendre,  à  prier  Dieu,  svii- 
et  matin,  sans  jamais  y  manquer.  Aussitôt  qu'ils  ont  l'u- 
sage de  la  raison,  donnez-leui-  la  connaissance  des  princi- 
i)aux  mystères  de  la  religion,   et  nj-ez  soin  de  leur  faire 


\ 


CIRCULAIHES  ET  ALTHKS  DfXX'MHNTS  ;77 

])rodiiire  souvent  des  actes  de  foi,  despérance  et  de  charité. 
Lorsqu'ils  sont  parvenus  à  l'âge  de  sept  aiip,  envoyez-les  à 
coiifesse,  et  faites-leur  foire  ensuite  régulièrement  leur  con- 
fession annuellement; — veillez  bien  à  ce  qiie  rien  dans  vos 
maisons  ne  puisse  leur  apprendre  le  mal  ; — donnez-leur  le 
bon  exemple  en  toutes  choses  ; — éloignez-les  des  mauvaises 
compagnies  ; — ne  les  contiez,  pour  leur  éducation,  qu'à  des 
maîtres  ou  des  maîtresses  d'une  vertue  reconnue  ; — ne  souf- 
frcE  jamais  que  des  hommes  soient  les  instituteurs  de  vos 
tilles  :  une  mauvaise  école  serait  la  perte  de  vos  enfants. 

Faites  vos  efforts,  pour  que,  dès  lâge  de  dix  à  onze  ans, 
ils  aient  assez  de  piété  et  d'instruction,  pour  faire  dignement 
leur  première  communion  ; — pendant  qu'ils  fréquentent  les- 
catéchismes  qui  doivent  les  y  jrréparei".  recommandez-leur 
souvent  de  prier  leur  bon  Ange-Gardien,  d'être  bien  dévots 
a  la  Sainte-Vierge,  de  réciter  le  chapelet  en  son  honnetir.  de 
répéter  leur  catéchisme,  en  allant  et  revenant,  d'éviter  les 
compagnons  de  mauvais  exemple.  Apprenez-leur  ciueu 
entrant  dans  l'église,  ils  doivent  adorer  le  8.  Sacrement,  et 
se  recommander  au  St.  Patron  de  la  paroisse.  Au  retour, 
faites  leur  rendre  compte  de  ce  qu'ils  ont  appris  au  caté- 
chisme. Accoutumez-les  à  faire  tous  les  soirs,  leur  examei'i 
de  conscience.  Appliquez-vous  à  leui-  donner  une  grande 
idée  de  leur  première  communion; — faites-leur  remarquer 
tous  les  défauts  dont  ils  doivent  se  corriger,  pour  se  rendre 
dignes  de  la  bien  faire;  .  .  enfin  priez  beaucoup  pour  ces 
tendres  enfants  dont  le  salut  doit  vous  être  si  cher. 

Ce  sont  là,  X.  T.  C.  F.,  autant  d'excellentes  pratiques 
dont  vous  devez  us6r,  afin  de  préparer  de  loin  vos  enfants  à 
leur  première  communion.  Mais  n'allez  pas  croire  qu'après 
cette  grande  action,  tout  soi-t  fini  pour  vous.  Au  contraire, 
c'est  alors  que  vous  devez  redoubler  de  vigilance  et  de  soins, 
pour  qu'ils  en  conservent  les  fruits  précieux.  ïiappelez- 
vous  donc  souvent  le  souvenir  de  ce  grand  jour,  le  plus  beau 
de  leur  vie,  afin  de  les  prévenir  contre  la  dissipation  de  leur 
esprit,  et  l'inconstance  de  leur  cœur. 


^78  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

C'est  pour  vous  aider,  N.  T.  C.  F.,  à  conserver  vos  enfants 
Â'dna  les  saintes  dispositions  de  leur  première  communion, 
(jue  vos  pasteurs  se  font  un  devoir  de  foire  le  catéchisme, 
les  dimanches  et  les  fêtes.  Pastores  aniniarum  operam  datu- 
ros  esse  confidinms,  ut  catechesibus  dominicalibus,  saltem  per 
mium  antium  post  susceptam  prima  vice  communionem,  pueri 
adsint  (Conc.  Prov.  ihid.)  Ce  catéchisme  a  pour  objet  de 
graver  plus  profondément  dans  leurs  jeunes  cœurs  les  dogmes 
de  la  foi  et  les  devoirs  de  la  vie  chrétienne.  Une  triste  ex- 
périence de  tous  les  jours  nous  fait  voir  que  beaucoup  d'en- 
fants oublient  bientôt  les  vérités  les  plus  importantes  de  la 
religion  :  il  devient  donc  nécessaire  de  les  leur  rappeler 
souvent,  et  pendant  longtemps,  afin  qu'ils  en  conservent 
toujours  le  souvenir.  Car.  aujourd'hui  plus  que  jamais,  on 
fait  des  efforts  inouïs  pour  vous  arracher  le  précieu.v 
trésor  de  la  foi.  Le  monde  est  plein  de  mauvais  livi'es  qui 
aveuglent  les  esprits,  et  séduisent  les  cœurs  des  imprudents 
qui  ne  sont  pas  sur  leur  garde.  Vous  avez  donc,  pères  et 
mèreS;  les  plus  puissantes  raisons  de  tenir  vos  ejifants  au 
catéchisme,  aussi  longtemps  que  possible,  afin  de  les  affer- 
mir dans  la  connaissance  de  leur  religion,  et  de  les  fortifiei- 
ainsi  conti'e  les  dangers  qui  les  menacent. 

Plusieurs  de  ces  chex's  enfants  seront  peut-être  plus  tard 
<lans  la  triste  nécessité  de  s'éloigner  de  la  maison  paternelle, 
pour  aller  chercher  leur  vie  sur  une  terre  étrangère.  A 
quel  danger  leur  piété  et  leur  foi  ne  seraient-elles  pas  ex- 
posées dans  ces  lieux  où  régnent  l'erreur,  l'impiété  et  tous 
les  genres  de  scandales.  Oh  !  pères  et  mères,  si  vous  ne 
pouvez  les  retenir  auprès  de  vous,  ces  enfants  bien-aimés. 
•si  vous  n'avez  pas  la  consolation  de  les  établir  dans  votre 
heureux  pays,  tiavaillez  du  moins  à  affermir  leur  foi  et  leur 
piété,  afin  qu'ils  ne  soient  pas  e.^posés  à  faire  un  triste  nau- 
<^frage,  lorsqu'ils  ne  seront  plus  sous  votre  vigilance  pater- 
nelle. 

En  engageant  vos  entants  à  continuer,  après  leur  pre- 
mière communion,  d'assister  aux  instructions  du  catéchisme 
yjui  se  font  pour  eux,  tous  les  dimanches  et  les   fêtes,   vous 


(:Ui<;i;i,AlHES  F.T  autres  DOCUMEiNTS  M9 

Tie  leuc  procurerez  pas  seulement  lavantage  de  s'instruire 
j>lu8  à  fond  de  leur  religion,  vous  les  préserverez  encore 
•dune  infinité  de  désordres  auxquelles  les  expose  la  dissipa- 
tion qui  règne  souvent,  l'après-midi  de  ces  saints  jours. 
Vous  les  connaissez,  ces  désordres,  K.  T.  C.  F.,  et  vous  les 
déplorez  sans  doute  avec  nous.  Au  lieu  d'aller  au  catéchis- 
me et  à  vêpres,  un  grand  nombre  fiéquentent  de  mauvaises 
compagnies,  où  se  trouvent  à  des  rendez-vous  suspects  où 
l'on  tient  des  propos  déshonnétes,  et  où  l'on  commence  des 
fréquentations  dangereuses,  etc.  Or,  quand  on  emploie 
ainsi  une  partie  des  saints  jours  de  dimanche  à  offenser 
I>ieu.  peut-on  encore  espérer  ses  bénédictions  ?  JS'e  doit-on 
:j)as  au  contraire  redouter  les  eflfets  de  sa  colère  ? 

Ainsi.  iST.  T.  C.  F.,  en  vous  invitant  à  envoyer  vos  enfants 
^:^ux<:•atéchismes  des  dimanches  et  des  fêtes,  nous  vous  sug- 
icérons  un  moyen  excellent  de  leur  ])rocurer.  non-seulement 
une  solide  connaissance  des  vérités  de  la  religion,  mais 
•<.>ncore  le  moyen  de  leur  faire  passer  saintement  ces  jours 
consacrés  au  Seigneurs,  '^t  de  les  préserver  des  péchés  et  des 
scandales  qui  eu  profanent  si  souvent  la  sainteté.  Ces  caté- 
chismes fréquemment  répétés  finiront  par  graver  si  avant 
dans  leurs  jeunes  cœurs  les  commandements  de  Dieu  et  de 
l 'Eglise,  qu'ils  ne  seront  plus  exposés  à  en  j^erd^^  le  souve- 
nir, f  7  melilis  prœcepta  De/'  et  ecclesife  edisconf  (Conc.  Frov. 
l.hid.). 

Voulez-vous  connaître  maiiitenant.  X.  T.  C.  F.,  le  moyen 
d'engager  vos  enfants  à  être  assidus  à  ces  catéchismes  ?  En 
voici  un  aussi  infallible  qu'il  est  aisé  :  c'est  de  montrer  du 
zèle  pour  ces  instructions;  c'est  d'y  assister  vou.s-mèmes 
avec  eux.  Vos  enfants  aimeront  le  catéchisme,  s'ils  s'aper- 
çoivent que  vous  l'aimez  vous-mêmes;  s'ils  vous  y  voient 
u-ssidus,  ils  s'y  rendront  régulièrement,  et  y  prendront 
i;0Ùt. 

Il  est  des  paroisses  où  ce  goût  du  catéchisme  est  si  uni- 
versel que  presque  tous  ceux  qui  ont  été  présents  à  la  messe 
se  font  un  devoir  d'assister  aux  vêpres,  afin  de  ne  pas  pei- 
.«ire  cette  instruction.     Heureuses  paroisses  qui  font  notre 


380  MAXDK.MKNTS,   LKïrRKS  PASTi  )I{ALKS, 

consolation,  que  nous  aimons  à  citer  poui-  modèle,  et  que 
nous  bénissons  au  nom  du  Seigneur  qui  est  descendu  du  ciel 
pour  évangeliser  les  pauvres!  Puisse  leur  exemple  être 
suivi  dans  toute  l'étendue  de  notre  province. 

Le  fniit  spécial  de  cette  sainte  ardeur  pour  l'instraction 
religieuse  du  catéchisme,  c'est  la  science  des  saint",  qui 
conduit  à  la  vie  éternelle.  Hœc  est  autem  vita  œterna,  ut 
cognoscant  te  solum  Deum  vermn,  et  quem  misisti  Jesum  Christ- 
um  (Joan.  J^VII.  .3.).  Oui,  X.  T.  C.  P..  une  pai-oisse  qui 
aime  le  catéchisme,  est  une  paroisse  qui  aime  Dieu.  Qui  ex 
Deo  est,  verba  Dei  audit  (Joan.  VIII.  47.).  Dieu  est  servi, 
parceque  sa  parole  y  est  bien  écoutée,  et  qu'elle  y  est  prati- 
quée avec  fidélité.  Si  quis  diligit  me,  sermonem  meuin  serva- 
bit  {Joan.  XIV.  23.).  Cette  sainte  parole  porte  des  fruits 
de  charité,  de  pureté,  de  justice,  d'obéissance,  de  patience  et 
de  toutes  les  vertus  chrétiennes.  Fructum  dabit  in  tempôre 
suo  (Ps.  I.  3.). 

Nous  vous  l'ecommandons  de  plus,  N.  T.  C.  F-,  do  garder 
toujours  chez  vous  le  petit  et  le  grand  catéchismes.  L'abrégé 
du  premier,  dont  nous  vous  avons  déjà  parlé,  préparera  vo< 
petits  enfants  à  leur  première  confession  ;  le  petit  catéchis- 
TBe  disposera  à  leur  première  communion,  ceux  qui  auront 
l'âge  de  lu  fdJre  ;  le  grand  catéchisme  sera  pour  ceux  qui, 
l'ayant  fiiite  et  se  préparant  à  la  confirmation,  voudront 
s'instruire  à  fond  (le.'+  vérités  de  la  religion.  Cette  étude 
constante  du  grand  catéchisme,  jointe  aux  explications 
suivies  que  les  ]»;isteurs  en  donnent  tous  les  dimanche^, 
et  les  fêtes  de  l'année,  est  ce  qu'on  appelle  le  catécidsme  de 
persévérance,  qui  a  produit  de  si  heureux  fruits  de  salut,  par- 
tout où  il  a  été  introduit,  et  que  pour  cela  nous  aimons  à 
voir  s'établir  dans  notre  province. 

Après  le  catéchisme,  et  de  retour  à  la  maison,  consaci'ez 
une  partie  de  la  veillée  à  vous  entretenir  familièrement  du 
prône  et  du  catéchisme  du  jour.  Vous  verrez  par  là,  pères 
et  mères,  si  ceux  de  vos  enfants  qui  ont  assisté  aux  instruc- 
tions, les  ont  bien  écoutées  et  bien  comprises.  Vous  en 
prendrez  occasion  de  les  répéter  pour  les  mettre  à  la  portée 


\ 


CIUCLLAIRKS  ET  ALTHKS  I)()(;L.MEM>  3,S  I 

lie  luutc  la  famille.  Jl  cii  résultera  un  auti-e  avantage: 
c'est  que  ceux  qui  auront  gardé  la  maison,  ce  jour-là,  sau- 
lont  tout  ce  qui  s'est  dit  à  l'églLse,  et  pouvi-ont  ainsi  en  pro- 
fiter, comme  les  autres. 

Nous  vous  recommandons  instamment  ces  repétitions. 
comme  un  moyen  souverainement  utile  de  répandre  l'in- 
struction religieuse.  Pai-  cette  pratique  si  facile,  les  in- 
structions du  pasteur  se  répètent  dans  toutes  les  maisons  de 
la  paroisse.  Quel  encouragement  pour  le  prêtre  que  cette 
])en8ée,  qu'il  est  entendu  de  tous  ses  paroissiens,  quand  il 
parie  au  prône,  et  que  ses  paroles  sont  ainsi  i-épétées  dans 
toutes  les  familles,  comme  lu  pai'ole  de  Dieu,  pour  l'édifica- 
tion et  le  salut  de  tous  ! 

Un  autre  avantage  que  vous  trouverez,  X.  T.  C.  Y.,  à 
a.ssister  vous-mêmes  aux  instructions  du  catéchisme,  sera  de 
faire  valoir,  auprès  de  vos  enfants,  les  recommendations  que 
votre  pasteur  leur  aura  faites  en  votre  présence.  Vous  les 
leur  rappellerez  à  pro])Os,  quand  vous  verrez  qu'ils  les  ou- 
blieront :  vous  leur  en  ferez  rapplication,  à  chaque  fois 
qu'ils  s'écarteront  de  leur  devoir.  Oh  !  croyez-le,  pères  et 
mères,  votre  autorité  sur  vos  enfants  sera  beaucoup  plus 
grande,  si  vous  leur  parlez  au  nom  du  pasteur,  qui  lui- 
même  parle  au  nom  de  Jéses-Christ,  dont  il  est  le  repré- 
sentant. Ainsi  le  catéchisme  du  dimanche  vous  donnera 
des  lumières  et  des  forces,  pour  bien  passer  la  semaine, 
et  pour  gouverner  votre  famille  avec  la  sagesse  de  Dieu. 
Qu'ils  sont  pi'écieux  les  avantages  du  catéchisme,  et  que  les 
fruits  qu'on  en  tire  sont  délicieux  !  Dulciora  ■•super  mel  et  fa- 
vum(Ps.  A'VIILU). 

Après  ce  que  vous  venez  d'entendre,  nous  ne  doutons  pas, 
X.  T.  C.  F.,  que  vous  ne  preniez  la  résolution  d'assister  ré- 
gulièrement au  catéchisme,  et  d'y  conduire  vos  enfants. 
Uh  !  chrétiens  de  tout  âge,  de  tout  rang  et  de  toute  condi- 
tion, écoutez-la  avec  docilité  cette  voix  pastorale,  que  nous 
élevons  tous  ensemble,  pour  être  entendus  de  plus  loin,  et 
compris  de  tout  notre  troupeau.  Notre  cœur  s'est  dilaté, 
notre  bouche  s'est  ouverte,  poui-  vous  dire  tout  ce  que  nous 


38-2  CIRCULAIRES  HT  AUTRES  DOCUMENTS 

forniou.s  de  vœux  ardents  pour  le  bonheur  et  le  salut  de  vo^ 
enfants.  Os  nosirum  patet  ad  vos.  Os  nostrum  dilatatem  eut 
(2.  Cor.  VI.  11).  Ces  cners  enfants  sont  à  nous,  comme  à 
vous.  Vous  leur  avez  donné  la  vie  du  corps  ;  nous,  nous 
leur  avons  donné  la  vie  de  l'âme.  A'ous  travaillez  à  les 
établir  avantageusement  sur  la  terre  :  nous,  nous  travaillons 
à  les  établir  bien  haut  dans  le  ciel. 

Xotre  plus  grand  bonheur  ici  bas,  X.  T.  C.  F.,  et  la  plus 
agréable  de  toutes  les  nouvelles  qui  puissent  nous  être 
données,  c'est  d'apprendre  que  vos  enfants  marchent  dans 
les  voies  de  la  justice  et  de  la  vérité.  Majorem  horurn  non 
habeo  gratiam,  quàm  ut  audiam  filios  mecs  in  veritate  ambulart 
{Joan.  IV.  4),  A  la  vue  des'dangersNjiii  vous  menacent  de 
toutes  parts,  nous  tremblons  et  nous  prions.  Et  notre  pri- 
ère est  pour  obtenir  du  Père  des  miséricordes,  qu'il  accorde 
à  tous  un  cœur  généreux,  afin  que  vous  le  sei*viez  fidèlement, 
au  milieu  de  toutes  les  tentations  de  la  vie,  et  que  voue  ac- 
complissiez avec  amour  sa  sainte  volonté.  Det  vobis  cor 
omnibus,  ut  colatis  eum,  etfaciatis  ejus  voluntatem,  corde  may- 
no  et  anivio  vole?iti  (2  Mach.  I.  3). 

A  ces  causes,  le  saint  nom  de  Dieu  invoqué,  nous  avons 
statué,  réglé,  ordonné,  statuons,  réglons  et  oi-donnons  ct- 
qui  suit: 

lo — Le  petit  catéchisme,  publié  en  français  et  en  anglais, 
par  l'ordre  du  premier  Concile  Pi  ovincial  de  Québec,  et 
revêtu  de  notre  approbation,  sera  enseigné  dans  toute  notre 
province  ecclésiastique,  ainsijque  le  gi-and  catéchisme  à  l'u- 
sage du  diocèse  de  Québec,  qui  en  est  le  complément  ; 

2o — Avenant  le  premier  octobre  prochain,  il  ne  sera  plus 
permis  de  faire  usage  d'autre  catéchisme  dans  les  instruc- 
tions publiques  : 

3o — Dans  toutes  les  paroisses  et  dans  toutes  les  missions, 
le  catéchisme  se  fera  régulièrement,  tous  les  dimanches^^et 
toutes  les  fêtes  de  l'année,  autant  que  possible  ; 

4:0 — Le  catéchisme  se  fera  en  outre,  au  moins  trois  fois 
par  semaine,  lorsqu'il  sera  question  de  préparer  prochaine- 
ment les  enfants  à  leur  première  communion. 


CinCLLAIRES  ET  AUTRES  ÔOCUMENTS  3^.1 

ôo — Les  maîtres  et  les  maîtresses  d'écoles  le  teronr,  en 
tout  temps,  deux  fois  par  semaine  ;  et,  aussitôt  que  les  en- 
fants seront  capables  de  lire,  nous  désirons  que  le  petit  et 
le  grand  catéchisme  soient  leurs  premiers  livres  d'école  ; 

l']nfin  nous  avons  à  cœur  que  toutes  les  familles  prennent 
la  sainte  habitude  de  fiiii-e,  tous  les  jours,  en  commun,  les 
excellentes  prières  du  soir  qui  se  trouvent  à  la  fin  du  grand 
catéchisme,  comme  c'est  aussi  notre  intention  que  MM.  les 
Curés  maintiennent  l'usage,  depuis  longtemps  établi,  de  les 
faire  dans  leurs  églises,  aux  instructions  qu'ils  do)ineiit.  sur 
semaine,  dans  le  cours  du  carême. 

Telles  sont,  O  Divine  Marie,  les  ordonnances  que  nous 
déposons  à  vos  pieds  sacrés,  et  que  nous  vous  pi-ions  <ie  bé- 
nir, pour  qu'elles  soient  religieusement  observées.  Klles 
ont  été  faites  sous  votre  inspiration,  et  pour  l'instruction  des 
enfants  do  l'église,  dont  vous  êtes  la  bonne  et  tendre  mère. 
Daignez  les  avoir  pour  agréables  et  répandre  sur  les  lèvres 
de  vos  prêtres  uiie  douce  onction  qui  fasse  aimer  le  caté- 
chisme. Pénétrez  en  même  temps  d'une  sainte  ardeur  le 
cœur  des  fidèles,  pourqu'ils  courent  à  cette  instruction, 
comme  à  l'odeur  d'un  parfum  délicieux.  Faites  que  tous 
les  enfants  de  notre  province  qui  sont  les  vôtres,  O  Glori- 
euse Mère  de  Dieu,  soient  au  catéchisme,  comme  votre  divin 
Jésus  était  au-milieu  des  docteurs,  qu'il  étonnait  par  la  sa- 
gesse de  ses  réponses; — que  les  parents  chrétiens  partici- 
pent à  votre  bonheur,  en  voyant  leurs  enfants  se  faire  atl- 
mirer  à  l'église,  comme  Jésus  l'était  dans  le  temple,  et 
qu'enfin  tous,  pasteurs  et  brebis,  s'efforcent  de  vous  imiter, 
en  gardant  religieusement  dans  leur  cœur  les  paroles  de 
salut  que  vous  con.scrviez  avec  tant  de  soin  dans  le  vôtre. 

Sera  le  présent  mandement  lu  an  prône  dans  toutes  les 
églises  où  se  fera  l'office  public,  et  en  chapitre,  dans  toutes 
les  communautés,  le  premier  dimanche  après  sa  réception, 
ef,  tous  les  ans,  aux  messes  paroissiale»,  le  second  dimanche 
après  Pâques. 

Donné   sous  notre  seino-.   le  sceau   de    rarchevô^-hé   de 


384  MAiNDEMENTS,  LETTJiES  I'AST(  )HALES. 

<iiiébee  et  le  cojitre-seing  du  secrétaire  du  dit  archevêché,  le 
huit  Septembre,  fête  la  Nativité  de  la  Bienheui'euse  Vierge 
Marie,  l'an  mil  huit  cent  cinquante-ti-oi.s. 

ï  P.  Y.  Arch.  de  Québec. 

y  Ignace,  Ev.,  de  Montréal. 

t  Joseph  Era.,  Ev.,  de  Bytown. 

t  Armand  F.  M..  Ev.,  de  Toronto. 

t  J.  C,  Ev.,  de  St.  Hyacinthe. 

t  Thomas,  Ev..  des  Trois-Eiviores. 

T  Patrice,  Ev.,  de  Carrha,  Adm.  de  Ivingstuii. 

Par  Mandement'de  Mes.soigneurs. 

Edmond  La-noevin.  Ptre. 

Sec.  de  V Archevêché, 
C'ertirie. 


.€IKÙULAIEË  AU  CLEKGE  DU  DIOCESE  DE  MONT- 
EE AL,  SUE  LA  LETTEE  PASTOEALE  CON- 
CEENANT  LES  TABLES  TOUENAXTES. 


Monti'éal,  27  T)écemln-c  1^.53. 

MONSrEUK. 

J'accompagne  la  Lettre  Pastorale  ci-jointe  do  quelques 
observationiii,  qui  me  paraissent  nécessaires,  pour  que,  dans 
sa  mise  à  exécution,  il  y  ait  entente  et  par  conséquent 
succès. 

En  commentant  cette  Lettre,  veuillez  bien  laisser  pour 
ce  qu'ils  sont  les  mouvements  que  Ion  prête  aux  Tables 
Tmrnantes.  pour  n'insister  que  sur  l'abus  que  l'on  en  fait. 


CIHCULAiriES  KT  AUTRES  DOCU-MEM>i  î*-a 

Tùoliez.  néanmoins,  (robtenir  que  Ton  s'absiieiino  toul'-à-thii, 
de  les  faire  marcher,  tourner  et  frapper,  X  cause  du  danger 
qu'il  y  a  aujourd'hui  de  vouloir  se  mettre  pajt  là-inèiae  en 
rapport  avec  les  Esprits.  lîefusez  les  Saereraeuts  à  ceux 
qui  ont  cette  intention,  et  qui  ne  veulent  pas  j'enoJK'er  à 
cette  pratique  superstitieuse. 

Comme  vous  le  verrez,  je  passe  Icgùroment  sur  les  anii'o* 
espèces  de  superstitions  en  usage  parmi  nos  bonnes  gens. 
J'ai  cru  toutefois  devoir  les  signaler,  pour  que  vous  ayez 
l'occasion  de  les  attaquer  en  même  temps,  daas  -chaque  Pa- 
roisse. Vous  pouvez  en  faire  ensuite  la  matière  de  quelques 
instructions  particulières.  A  ce  propos,  je  vous  dirai  <*)ii'i\ 
y  avait,  ces  années  dernières,  dans  notre  faubourg  H^inehee, 
une  vieille  femme,  qui  prétendait  au  privilège  de  faire  i;jir>n- 
ver  les  choses  perdues.  Ce  qui  prouve  qu'on  y  croyait, 
c'est  que  sa  maison  ne  vidait  pas  des  gens  de  la  campague- 

Je  fais  allusion  à  nos  cinq  grandes  Associations,  savoir, 
hi  Propagation  de  la  Foi,  la  St.  Vincent  de  Paul,  la  ïeniiy?- 
rance,  l'Archiconfrérie  et  l'Adoration  Perpétuelle,  paœe 
que  je  les  regarde  jcomme  de  puissants  mo\-eus,  pour  €f>t>- 
server  lesprit  religieux  de  notre  bon  peuple.  Yous  ne 
manquerez  pas,  j'en  suis  sûr,  dinsister  là-dessus  en  toutes 
occasions,  parce  que  vous  comprenez,  comme  moi.  que  îe« 
confréries  bien  entretenues  conservent  la  foi  et  nouriis-^ent 
la  piété. 

J'ai  cru  que  cétait  la  place  de  dire  quelque  chose  de  la 
visite  si  honorable  qu'a  daigné  faire  au  Diocèse,  ]VJgr,  Bedini, 
Archevêque  de  Thèbes  et  Nonce  Apostolique iui  BresiL  il 
m"a  semblé  que  cet  événement,  si  joyeux  pour  .nous  tôa^^, 
qui  avons  joui  si  intimement  de  ce  grand  personnage,  et  >> 
glorieux  à  la  foi  de  notre  peuple,  devait  être  consigne  dan* 
nos  chroniques. 

Votre  zèle  pour  la  Tempérance  vous  fait  embrasser  >a*p5 
peine  tous  les  moyens,  jugés  nécessaires,  pour  la  soutetiir, 
aux  jours  de  ses  combats  et  de  ses  dangers.  Il  me  parai fc 
aujourd'hui  plus  que  jamais  nécessaire  de  y)rendre  îaxjrs 
moyens,   pour  l'empêcher  de  tomber  tout-à-fait,  et  même 

25 


.iS6      MANDEME.NTS,  LETTRES  TASKJRALES, 

pour  In. relever  nvec  gloii-e.  Ces  moyens  sont  l'organisation 
des  Conseils  ]>articuliers,  la  publication  des  Annales  et  les 
prédications  de  quelque^pjétre  qui  en  fasse  son  œuvre. 

Bientôt  vous  recevrez  le  premier  numéro  des  Annales, 
qui  traite  ail  loni;;  des  deux  premiers  moj'ens.  Il  me  reste 
à  vous  prier  de  vouloir  bien  le  faire  circuler,  autant  que 
possible,  dans  votre  Paroisse,  et  de  lui  procurer  autant  d'a- 
bonnés qu'il  y  a  de  chefs  de  famille.  ]1  sera  facile  de  leur 
prouver  que  les  quelques  shelins,  que  coûtent  chaque  année 
k^s  annales,  leur  sauvei'ont  bien  des  louis. 

Il  serait  bon  que  vous  assistassiez  quelquefois  aux  réu- 
nions du  Conseil  Central,  qui  se  tiennent,  le  premier  Jeudi 
de  chaque  mois,  au  Séminaire,  à  Y^  heures  du  soir,  quand 
vous  vous  trouverez  en  ville  ce  jour-là.  Je  crois  même  qu'il 
serait  avantageux  que  vous  fissiez  coïncider  vos  voyages  de 
ville  avec  ces  jours  de  conseil  ;  car  j'ai  l'intime  conviction, 
(piavec  de  l'entente,  la  Temj)éi-anGe  sera  victorieuse,  dans 
le  terrible  combat,  dans  lequel  elle  se  trouve  maintenant 
engagée.  Les  membres  du  Conseil  Particulier,  qui  ont 
droit  d'assister  aux  assemblées  du  Conseil  Central,  pourraient 
on  faire  autant. 

Quant  au  troisième  moyen  de  porter  secours  à  la  tempé- 
rance, qui  consiste  dans  la  prédication  d'un  homme  dévoué 
à  cette  œuvre,  je  le  recommande  à  vos  prières,  et  j'y  revien- 
drai une  autre  fois.  Il  en  sera  de  même  de  la  Propagation 
de  la  Foi  et  des  autres  associations  qui  ont  nécessairement 
besoin  d'être  réchaufîëes.  Mais  il  sera  facile  de  le  faire,  si 
la  tempérance  se  maintient 

Comme  il  nous  faut  rendre  compte  prochainement  des 
deniers  de  la  Propagation  de  la  Foi,  veuillez  bien  nous  fîiire 
tenir  au  plus  tôt  ce  qui  vous  resterait  de  fonds,  appartenant 
à  la  comptabilité  de  l'année. 

A'euillez  bien  rappeler  aux  fidèles  la  pratique  de  la  récita- 
tion des  3  Gloria  Patri,  etc.,  pour  l'abolition  du  blasphème 
et  les  faire  dire  à  l'Eglise,  chaque  fois  que  l'occasion  s'en 
présentera.     On  en  verra  plus  tard  l'Jieureux  résultat. 

Je  connais  le  trouble» que  vous  causç  l'administration  des 


CIPiCULAlUES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  387 

oeole^  ;  et  les  dangers  que  court  si  souvent  rinnocence  des 
enfants,  qui  fréquentent  celles  qui  sont  pour  les  deux  sexes. 
Je  crois  devoir,  à  ce  sujet,  vous  conseiller  de  faire  dire, 
chaque  Jour,  dans  chaque  école  de  la  Paroisse,  un  Pater  et 
un  Ace,  pour  le  succès  de  Véducation.  Cette  intention  géné- 
rale renferme  tous  les  besoins  de  nos  enfants  ;  et  leur  piété 
a  prier  contiauellemeut.  pour  obtenir  une  chose  si  néces- 
saire, ne  peut  manquer  d'être  exaucée. 

Il  me  reste  à  vous  faire  les  souhaits  de  la  nouvelle  année, 
et  à  vous  bénir,  puisque,  malgré  toute  mon  indignité,  je  suis 
père  du  Clergé  comme  du  peuple.  C'est  avec  une  surabon- 
dante effusion  de  cœur  que  je  le  fîiis,  croyez-le.  Car  si  je 
dois  aimer  le  peuple,  et  lui  être  tout  dévoué;  ce  sentiment 
d'amour  et  de  dévouement  gi-andit  encore,  en  se  portant  sur 
mes  frères,  mes  collaborateurs,  mes  amis.  Oui,  vraiment, 
nous  ne  ferons  qu'un  caur  et  qu'une  âme,  pour  sauver  ce 
bon  peuple,  que  l'on  veut  perdre  à  tout  prix,  et  par  tous  les 
moyens.  Le  désir  toujours  croissant  de  mon  pauvre  cœur 
est  que  travaillant  ici  bas  au  même  autel,  nous  nous  rej)0- 
sions  là-haut  sur  le  même  trône,  et  aux  pieds  de  Marie, 
notre  bonne  et  tendre  Mère  à*tous. 

Je  suis  bien  cordialement, 

^Monsieur. 
Voti-e  trùs-hunible  et  très-obéissant  servi^eui-, 

t  \(\.  EVÊQUE  DE  MONTE EAL. 


388  MAXDEMKM^;,  LKTTUKS  PASTORALES, 


LKTTEE    PASTOEALE     DE    Mdlî.     LÉVÊQUE    DE 

MONTEE  AL,  A  L'OCCASION  DE  LA 

XOl^A'ELLE  ANNÉE. 


IfiNACE  BOUR(îET,  PAR  LA  MISÉRICORDE  DE  DlEl'  ET  LA  URACE 
DU  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE.  ÉVÊQÏE  DE  MONTRÉAL. 
ETC.,    ETC.,    ETC. 


Au  Clergé  Séci^Uer  et  Régulier,  aux  Communautés  Hdigieuses 
et  à  tous  les  Fidèles  de  notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  Notre  Seigneur  Jésus  Christ. 

Au  renouvellement  de  l'Année,  Nous  croyons,  N.  T.  C.  F., 
devoir  élever  la  voix  au  sujet  des  Tables  Tournantes,  dont 
tant  d'esprits  sont  aujourd'huT  si  fort  occupés.  Depuis 
longtemps  Nous  en  entendions  parler,  non  sans  quelque 
surprise.  Mais  comme  tout  ce  que  l'on  Nous  en  rapportait 
pouvait  être  regardé  comnie  l'effet  naturel  d'une  cause  qui 
n'était  pas  encore  bien  connue,  Nous  gardions  le  silence. 
Car  Nous  savons  que  Dieu  a  caché,  dans  les  secrets  de  la 
nature,  des  trésors  que  l'homme  exploitera,  jusqu'à  la  tin 
des  siècles,  à  l'avantage  de  ce  monde  matériel.  Mundum 
traâidit  disputationi  eorum  (Ecoles.  3.  11). 

Quand  donc  de  nouvelle?  inventions  humaines  se  présen- 
tent dans  le  monde,  toutes  plus  merveilleuses  les  unes  que 
les  autres.  Nous  nous  coiitentons  de  les  admirer  et  d'eu 
bénir  la  Divine  Providence,  en  disant  avec  le  saint  Eoi  : 
Que  vos  ouvrages,  Seigneur,  sont  magnifiques  (Ps.  91)  !  Ainsi. 
sommes-Nous  sans  cesse  dans  l'admiration,  en  contemplant 
la  puissance  de  la  vapeur  qui,  sur  terre  et  sur  mei",  traîne  à 
sa  suite,  avec  la  rapidité  du  vent,  des  masses  énormes  qui 


cmCULAlUK.S  Kl'  ALTIŒS  DOCUMENTS  3«9 

appuiHis'sent  aux  yenx  étonné^^,  comme  des  montagnes 
ambulantes  ou  flottantes.  Plus  encore,  sommes-Xous  ravi 
de  la  vitesse  de  lelectricité  qui-,  comme  léclair,  va  portei- 
notre  pensée  à  des  milliers  de  lieues. 

Ces  étonnantes  découvertes  sont  pour  nous,  entre  une 
infinité  dauti'es,  un  sujet  de  continuelles  actions  de  grâces. 
Car.  si  jjour  tout  homme  qui  a  le  .sentiment  de  sa  noble 
existence,  c'est  un  bienfait  de  la  Divine  Providence  que 
<rétrc  né  et  de  vivre  dans  un  pa^'s  fertile,  dans  une  famille 
lieureuse.  dans  ].ine  condition  honorable,  c'en  est  aussi  un 
très-considérable  que  d'appartenir  à  un  siècle  dont  IcS  pro- 
digieuses inventions  révèlent  la  puissance  du  Créateur,  qui 
s'est  exerce  à  faire  tant  et  de  si  grandes  choses,  pour  le 
bonheur  de  l'homme,  sur  la  terre  de  son  exil,  et  qui,  par 
une  sagesse  admirable,  a  su  tenir  cachés  ces  biens  de  la 
nature,  pour  les  lui  découvrir  précisément  dans  le  temps 
où  il  ilevait  en  avoir  besoin,  pour  mieux  accomplir  les  des- 
s'eins  de  JDieti.  Cai-  c'est  sa  lumière,  il  n'en  faut  pas  douter, 
qui  éclaire  le  génie  de  Ihorame,  dans  toutes  les  découvertes 
humaines,  comme  c'est  sa  puissance  qui  a  créé  et  fait  de 
rien  toutes  choses.  Les  deux  publient  sa  gloire,  et  le  firma- 
ment annonce  les  ouvrages  de  ses  mains  (Ps.  19). 

C'est  ainsi,  X.  ï.  C.  F.,  que  nous  devons  tous  considérer 
les  œuvres  de  notre  Dieu,  dans  l'ordre  naturel,  pour  tout 
l'apporter  à  sa  gloire.  C'est  là  la  grande  leçon  de  la  Reli- 
gion, qui  apprend  à  l'homme  à  s'élever,  jour  et  nuit,  vers 
son  Creuteur,  pour  le  louer  et  le  bénir  de  tant  de  biens  qu'il 
en  reçoit  chaque  jour.  Elle  lui  apprend  en  même  temps  à 
user  de  ces  biens  avec  humilité,  et  à  iie  pas  franchir  les 
bornes  que  le  Souverain  Maître  a  tracées  aux  opérations  de 
l'esprit  humain,  aussi  bien  qu'aux  flots  de  la  mer.  JIuc 
vsqiie  i-enie.<.  Autrement,  l'on  tombe  dans  de  pitoyables 
erreurs,  d'autant  plus  dangereuses  qu'elles  sont  moins 
tangibles. 

D'après  ces  principes,  les  Tables  Tournantes,  considérées 
comme  choses  purement  naturelles,  et  vues  de  l'œil  humain, 
n'offraient  aucun  dangei'à  FtlJusion.  Mais  malheureusement 


390  MANDEMENTS,  LETTIŒS  PASTORALES,  . 

on  s'en  est  éeart(''.  et  déjà  on  fi  à  déplorer  de  funestes  coneé- 
quèncee.  Car,  on  a  imprudemment  dépassé  les  barrières 
que  Dieu  a  lui-même  fixées,  pour  mettre  un  frein  à  l'orgueil 
et  à  la  vanité  de  Tliomme.  On  a  voulu  faire  parler  des 
tables  sans. intelligence,  pour  savoir  ce  qui  se  passe  dans  le 
royaume  des  esprits.  Voilà  l'abus  que  Nous  voulons  signa- 
ler à  votre  attention,  dans  la  ferme  confiance  que,  le  con- 
naissant, vous  réviterez. 

Ainsi,  comprenez-le  bien,  X.  ï.  C.  F.,  Xous  laissons  pour 
ce  qu'ils  sont  naturellement,  les  faits  attrfljués  aux  Tables 
Tournantes.  Xous  n'avons  point  vu  leur  rotation  ;  mais 
Nous  n'avons  nulle  difficulté  de  les  admettre,  sur  le  témoi- 
gnage d'hommes  graves,  qui  en  ©nt  été  témoins,  et  qui  sont 
trop  honorables  pour  mentir  à  qui  que  ce  soit.  JNous 
croyons  vraiment  que  cela  peut  se  faire  naturellement. 

Il  ne  s'agit  donc  ici  que  d'en  faire  voir  l'aljus.  Or  le 
voici,  N.  T.  C.  F.,  cet  abus.  On  prétend  pouvoir  évoquer 
des  esprits,  au  moyen  des  Tables  Tournantes,  pour  converser 
avec  eux,  et  savoir  par  là  ce  qui  se  passe  dans  l'autre 
monde,  comme  dans  celui-ci.  Voilà  ce  que  la  Eeligiou 
condamne,  et  ce  que,  par  conséquent,  vous  ne  pouvez  ni 
faire  ni  laisser  faire.  licmarquez  bien  que  cette  évocation 
des  esprits  est  quelque  chose  de  très-réel,  comme  vous  pouvez 
vous  en  convaincre  par  ce  que  Nous  allons  en  dire  dans 
cette  Lettre.  Toutefois,  n'allez  pas  croire  que  Nous  ajoutions 
foi  à  la  présence  de  ces  esprits,  chaque  fois  qu  il  plaît  de  les 
appeler,  au  moyen  des  Tables  Tournantes.  Car  Nous  sommes 
intimement  convaincu  qii'il  y  a  là  beaucoup  de  déceptions. 
Nous  voulons  tout  simplement  montrer  qu'il  y  a  péché  pour 
ceux  qui  ont  intention  de  se  mettre,  par  là,  en  rapport  avec 
des  esprits  quelconques,  pour  rappeler  le  passé,  connaître 
le  présent,  prévoir  l'avenir,  et  surtout  pour  plonger  l'œil 
humain  dans  l'abîme  des  secrets  que  Dieu  seul  peut  connaî- 
tre, parce  qu'il  s'en  est  réservé  à  lui  seul  la  connaissance. 
Quand  même  il  ne  s'en  suivrait  aucune  ai>parition.,  comme 
Nous  croyons  que  c'est  oi-dinairement  le  cas.  l'intention  de 


CIRCULAIRES  ET  AUTHES  DOCUMENTS  :;0t 

foire  venir  les  esprits  est  de  soi  une  faute  plus  <>u   ni'>iii< 
grave,  selon  les  circonstances. 

Elevons,  N".  T.  C.  F.,  en  commençant,  nos  esprits  et  nos 
cœurs  vers  l' Esprit-Saint,  pour  qu'il  nous  accorde  à  tous  le 
don  d'intelligence,  dont  nous  avons  un  si  pressant  besoin. 
Pour  le  mériter,  établissons-nous  dans  une  ]>arfaite  simplicité 
et  humilité. 

Maintenant  que  Xous  avons  dit  toute  noti'c  pensée,  Xour=i 
allons,  N.  T.  C.  F.,  prouver,  avec  la  grâce  de  Dieu  :  lo  qu'il 
y  a  abus  dans  l'usage  des  Tables  Tournantes;  2o  que  cet 
abus  est  superstitieux  ;  3o  qu'il  s'en  suit  des  etfets  déplo- 
i-ables. 

Pi'emiôreraent,  il  y  a  abus,  dans  Viuaije  iJcs.  TiihU.s  Tour- 
nantes. 

Cet  abus  consiste  en  ce  que.  par  une  cause  toute  luUurolle,, 
on  veut  produire  un  effet  surnaturel  ;  et  en  effet,  quelleque- 
soit  la  puissance  qui  fiiit  tourner  les  tables,  c'est  toujours  la 
puissance  de  l'homme,  qui  fait  usage  de  ses  sens,  pour  les 
faire  ainsi  mouvoir. 

Que  ce  mouvement  .soit  donné  par  \\n  fluide  <|ui  s'échappe 
du  corps,  ou  par  toute  auti-e  chose  invisible,  que  l'on  nom- 
mera comme  on  le  voudra,  il  n'est  pas  moins  vrai  que  c'est 
quelque  chose  de  naturel. 

Ce  fluide  pourra  bien,  de  loin  ou  de  proche,  en  dehors 
comme  en  dedans  du  corps  qui  le  produit,  exercer  une 
action  pln'sique.  selon  les  lois  de  la  natui-e.  tracées  par  lo 
Créateur  lui-même  ;  mais  si  l'on  prétend  faire  usage  de  ce 
fluide,  pour  obtenir  des  résultats  qui  ne  sont  pas  dans  l'ordre 
de  la  création  :  et  qui  même  sont  condamnés  par  le  Créa- 
teur, il  y  a  alors  abus,  désordre,  péché  i^ar  conséquent.  Or 
tel  est  aujourd'hui  l'usage  que  l'on  voudrait  faire  des  Tables 
Tournantes. 

Et  en  effet,  on  en  est  venu  jusqu'à  vouloir  évoquei'  des 
esprits  de  l'autre  monde,  pour  connaître  par  eux  des  secrets 
qui  ne  se  petivent  découvrir,  par  un  moyen  humain.  (  "est  ce 
que  l'Ecriture-Sainte  appelle  l'Art  de  Pt/thon.  et  qu'elle  re^ 


3Vi  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTOI'.ALES, 

IKMtvSse  avec  une  sonverîiine  liorreur,  coiiune  on  va  le  voir 
tiont  à  riieure. 

Tc»ut  homme  i-éfléchi  comprend  donc  que  naturellement 
ce  qui  émane  du  corps  humain, visiblement  ou  invisiblement. 
ne  saurait  atteindre  des  esprits,  qui  habitent  l'autre  monde. 
Il  fhm.  pour  cojnmuniquer  avec  eux,  s'élever  à  l'ordre  sur- 
nntin-el,  étîibli  de  Dieu  et  enseigné  par  la  Eeligion.  Il  y  a 
CM»  eftet  Tine  communication  très-réelle  et  tout-à-fait  admi- 
rable entre  tous  les  esprits.  D'abord  nous  communiquons 
iivec  le  St.  Esprit,  l'inspirateur  de  tous  les  esprits  créés  ; 
c'est  ce  qui  faisait  dire  à  St.  Paul,  écrivant  aux  Corinthiens  : 
Que  In  communication  du  St.  Espî'it  soit  avec  vous  tous  (II. 
Cor,  13,  13.)  Que  nous  soyons  en  communication  avec  les 
esprits  et  les  bienheureux  qiù  sont  au  Ciel,  c'est  ce  que 
témoigne  l'Ecriture,  presqu'à  chaque  page.  Que  nous  soyons 
«ci  bas  en  communication  réelle,  par  l'union  de  nos  esprits, 
}>end:int  que  nos  corps  sont  à  de  grandes  distances,  c'est  ce 
que  nous  sentons  intimement,  et  ce  qu'exprimait  si  bien 
l'Apôtre,  par  ces  paroles  qu'il  adressait  aux  Corinthiens, 
"  Etant  absent  do  corps,  mais  présent  d'esprit,  j'ai  déjà 
"  jugé,  comme  étant  présent,  celui  qui  a  commis  un  tel  acte. 
"  Att  ïiom'  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  vous  et  mon 
esprit  étant  rassemblés...  congregatis  vobis  et  meo  spiritu 
(1.  Cor.  5-  3  et  4.)  Peut-on  désirer  qitelque  chose  de  plus 
eoTîSolant  pour  Nous,-  au  milieu  des  peines  de  l'exil  ? 

Toulons-nous  ntuis  mettre  en  rapport  avec  ces  bienheu- 
renx  esprits,,  prii'h-  avec  ferveur.  Car  la  prière  a  l'heureux 
effet  de  noxm  rendre  j^résents  les  Saints  Anges,  soit  en  éle- 
Vânit  nos  cœurs  jusqu'au  séjour  de  la  gloire  qu'ils  habitent. 
soit  en  les  faisant  descendre  dans  cette  vallée  de  larmes, 
pour  chanter  avec  nous  les  bienfaits  de  notre  Dieu.  In  cons- 
yectu  Angeloram  psallam  tihi.  La  foi  est  l'œil  qui  nous  fait 
voir  les  esprits  bienheureux  ;  la  confiance  nous  fait  jouir  de 
louï  délieieuse  présence,  et  la  charité  nous  unit  tendrement 
à  eei»-aimis  de  Dieu.  Tenons-nous  en  là,  N.  T.  C.  F.,  et  n'al- 
lons-pas*  troubler  ce  bel  ordre,  par  la  mauvaise  curiosité  de 
ehercher  à  tout  savoir  ;  car  nous  nous  exposerions  au  dan- 


CHiCULAlUES  ET  AL'TKES  UOCL'MK-XTS  39.! 

■ger  dolre  eu. rapport  avec  les  esprit?-  de  malice,  qui  rodent 
])artoiit,  coinuie  des  lions  rugissants,  ohercliant  a  nous 
devorei'. 

On  tomberait  infailliblement  dans  de  funestes  illusions  : 
et  Dieu  le  permettrait  justement,  pour  punir  notre  orgueil. 
Car  il  tant  bien  l'emarquer  que  la  superstitution  e.st  l'opposé 
de  la  Eeligion  ;  et  qne  l'homme,  qui  nest  pas  religieux, 
>era  nécessairement  superstitieux.  Pharaon  ne  voulut  paK 
croire  les  vrais  miracles  de  Moyse,  parce  qu'ils  le  contra- 
riaient ;  et  il  ajouta  foi  aux  prestiges  des  Magiciens,  parce 
qu'ils  favorisaient  i»es  ])enchants.  Notre  illustre  Pi-édéces- 
seur  nous  racontart  un  jour,  qu'en  un  certain  dimanche,  tout 
un  Village,  aux  Etats-T'nis.  était  sur  pied  :  c'était  pourvoir 
un  prétendu  diable  que  quelqu'un  tenait  renfermé  dans  une 
boite,  et  que  tout  le  monde  voulait  voir.  On  gémit  en  ap- 
j»renant  qiie  des  hommes  éclairés  puissent  être  liviés  à  de 
semblables  illusions  ! 

Secondement,  l'abus  de6  Tables  Tournantes  est  superstitieux, 
et  con.^équemment  criminel.  Il  est  évident  aujourd'hui  cj^ue 
l'on  jtrétend,  au  mo3'en  des  Tables  Tournantes,  faire  venii' 
des  es])rits;  savoir  Cjuels  ils  .sont,  et  apprendre  d'eux  ce 
que  l'on  ne  peut  connaître  naturellement.  Oi-,  par  cette 
mauvaise  intention,  on  en  vient  à  une  pratique  vraiment 
.^superstitieuse,  et  condamnée  comme  telle,  par  la  Ste.  Ecri- 
ture.    Quelques  passages  vont  le  démontrer  évidemment. 

Moyse  parlant  au  Peu)>le  Juif,  de  la  part  de  Dieu,  le  met 
en  garde,  contre  les  superstitions,  qui  l'égnaient  dans  le 
pays  dont  il  allait  faire  la  conquête.  Voici  ce  c^u'il  lui 
disait  à  ce  sujet,  au  18e  chapitre  du  Deutéronome. 

••  Quand  tu  seras  entre  dans  la  terre  que  le  Seigneur  ton 
'•  Dieu  te  donnej'a,  prends  garde  de  vouloir  imiter  les  abo- 
••  minutions  de  ces  nations.  Qu'il  ne  se  trouve  chez  toi  j^er- 
'■  sonne  qui....  observe  les  songes....  qui  jette  des  maléfices, 
•  qui  exerce  l'art  de  ciianiier,  qui  consulte  les  pythons  ou 
^-  les  devins,  ou  cherche  à  savoir  des  morts  la  vérité  ;  car 
^-  le  Seiicucur  a  toutes  ces  cho.ses  en  abomination  :  et  a 


394  MAXDKMEMS.   l.Iiï  ITiKS  l'AS  TOliALKS, 

"cau.se  do  ces  crimes,  il  déti-uira  ceux   ij^ui- en   sont   cou- 
"  pables,  à  ton  enti-ée  dans  leur  pays." 

L'on  voit  dans  ces  textes,  rh(i)'i'eui"  de  Dieu,  pour  toutes 
espèces  de  superstition.o,  et  en  particulier,  pour  l:i  pratique 
de  consulter  les  morts.  Malgré  ces  sévères  ordonnances, 
plusieurs  Eois  de  Juda  se  laissèrent  aller  à  la  criminelle 
curiosité  de  consulter  les  esprits,  pour  connaître  d'eux 
l'avenir.  Leur  mauvais  exemple  entraîna  le  peu))le  dans 
les  mêmes  abominations.  De  là  les  malheurs  <pii  vinrent 
si  souvent  fondre  sur  le  lîoj'aume  de  Juda. 

On  connait  l'impiété  et  les  malheurs  de  Manassès.  l'un 
des  plus  méchants  Eois  qui  aient  régné  sur  le  peuple  de 
Dieu.  L'Ecriture  lui  i-eproche,  entr'autres  crimes,  d'avoir 
lui-même  formé  des  pythons,  et  d'avoir  augmenté  de  beau- 
coup le  nombre  de  ceux  qui  tiraient  des  présages.  Feeit 
pythones  et  anispices  multipUcavit  (4,  Lib.  lîeg.,  21,  (i. 

Jérusalem,  pour  avoir  suivi  ses  mauvais  exemples  et  ceux 
lies  grands  du  royaume,  fut  détruite  de  fond  en  comble,  en 
accomplissement  des  terribles  prédictions,  qui  lui  avaient 
été  faites.  JDekbo  Jérusalem,  sicut  deleri  soient  tabulœ  (IbiiL,, 
V.  13.) 

Xous  vous  laissons  maintenant,  X.  T.  C.  F.,  tirer  les  con- 
séquences de  ces  principes  de  foi.  C'est  à  vous  à  en  faire 
l'application  aux  faits  qui  se  passent  autour  des  Tables  Tour- 
nantes. C'est  à  ces  tables  sans  intelligence  que  l'on  a  pré- 
tendu se  fo.mer  à  l'art  magique  de  faire  venir  les  esprits, 
pour  les  consulter  sur  toutes  sortes  de  choses.  Ce  ne  sont 
plus  partout  que  des  rassemblements  de  morts  et  de  vivants. 
Les  enfants  veulent  entendre  leurs  pères  et  mores,  et  les 
pères  et  mères  veulent  entendre  leurs  entants.  Les  salons 
sont  aujoui'd'hui  ouverts  aux  Eevenants,  comme  aux  Vivants. 
Les  Eevenants  parlent  aux  Vivants,  dès  qu'on  leur  a  appris 
à  répondre  selon  un  alphabet,  dont  les  lettres  sont  des 
<*oups  plus  ou  moins  redoublés.  Ils  sont  assez  complaisants 
pour  s'assujetir  à  toutes  les  lois  qu'on  leur  impose,  et  pour 
faire  tous  les  signes  qu'on  leur  demande.  Ils  sont  assez  in- 
telligents pour  lire  les  penswes.  et  assez  forts  pour  remuer 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  395 

]es  ciii'ps.  .Seulement,  ils  font  quelquefois  perdre  l'esprit  à 
ceux  qui  en  ont  et  n'en  donnent  jamais  à  ceux  qui  n'en 
ont  point. 

N'êtes-vous  pas,  N.  T.  C.  F.,  nécessairement  portés  à  i-c- 
garder  ces  con.sultations  des  esprits  Revenants,  comme  de 
pures  imaginations  ?  X'est-il  pas  à  craindre  qu'il  n'y  art 
illusion  quelque  part  ?  X'est-il  pas  regrettable  que  Von  se 
mette  sérieusement  en  scène,  pour  être  visiblement  le  jouet 
de  prétendus  esprits  ?  ]^'e.st-il  pas  évident  que  les  Anges 
et  les  Saints  ne  viendront  pas  se  mêler  à  de  puérils  amuse- 
ments ?  X'est-il  pas  également  certain  que  les  Saintes 
âmes  du  Purgatoire  ont  autre  chose  à  faire  que  de  venir  se 
récréer  avec  leurs  parents  et  amis  de  la  terre  ?  II  ne  reste- 
rait donc  plus  que  les  esprits  de  malice  sur  lesquels  il  fau- 
drait compter,  pour  s'expliquer  certaines  opérations  surna- 
turelles qui,  dit-on,  se  font  au  moj'en  des  Tables  Tournantes. 
A  la  vérité,  ils  ne  manquent  pas  de  bonne  volonté,  ni  de 
capacité,  quand  il  s'agit  de  tromper  l'homme  et  de  lui  faire 
du  mal.  Mais  Dieu  enchaîne  leur  malice,  pour  qu'ils  no 
pui.ssent  nuire  à  personne  ;  à  moins  que  l'on  ne  veuille  se 
donner  à  eux,  en  consentant  à  faire  ce  qui  est  défendu. 
Mais  Nous  croyons  vraiment  qu'il  y  a  ici  plus  de  simplicité 
humaine  que  de  malice  diabolique.  Cessons  donc,  X.  T.  C, 
F.,  de  che)'cher  à  connaître  l'avenir. 

Troisièmement,  de  Vusage  des  Tables  Tournantes  résultent 
des  effets  déplorables.  Ces  mauvais  effets  se  font  déjà  visible- 
ment sentir,  X.  T.  C.  F.,  et  Dieu  sait  ce  qui  va  en  arriver. 
si  l'on  continue  à  aller  chercher  de?  oracle.<.  à  ces  nouveaux 
trépieds  de  superstition. 

Pour  les  mieux  comprendre  encore,  Xous  allons,  N.  T. 
C.  F.,  examiner  ensemble  ce  que  lit,  chez  .Saiîl,  Poi  d'Israël, 
l'esprit  superstitieux,  qiii  le  porta  à  consulter,  par  le  moyen 
d'une  femme,  qui  s'était  rendu  familiers  les  esprits  de  l'autre 
monde,  l'âme  du  Prophète  Samuel,  c^ui  venait  de  mourli-. 
Cette  fameuse  apparition  se  trouve  rapportée  tout  au  long, 
dans  le  vingt-huitième  chapitre  du  premier  Livre  des  Eois. 
Xous  y  voyons,  d'une  manière  frappante,  tous  les  i-ésultats 


3%  (;1HCULAIHE!>  ET  AL'TliES  DOCLMEN  TS 

de  ces  Tables  Tournantes  ;  et  c'est  uniquement  suus  ce  point 
de  vue  que  nous  allons  les  considérer.  Saiil  sera  donc 
comme  le  vrai  type  de  ce  qui  se  passe  parmi  nous,  par  le 
mauvais  usage  que  l'on  fait  de  ces  Tables  Tournantes. 

L'on  voit  d'abord,  chez  ce  malheureux  Priuce.  ime  grande 
faiblesse  d'esprit.  11  est  en  guerre  avec  les  Philistins  ;  et 
A  la  vue  des  camps  ennemis,  il  est  saisi  de  frayeur.  Yidlt 
Saiil  castra  Philisthdm,  et  titnuit,  et  expavit  cor  ejus  nimis  (1 
Lib.  Eeg.  xxviii.  5).  Cette  crainte  excessive  lui  était  ins- 
pirée par  une  conscience  justement  alarmée,  au  souvenir  de 
ses  désobéissances  aux  ordres  de  Dieu,  du  mépi'is  qu'il  avait 
fiiit  des  sages  avis  de  son  Prophète,  et  de  sa  cruauté  envers 
les  Prêtres  du  Seigneur  qu'il  avait  impitoyablement  fait 
massacrer. 

Ou  remarque  ensuite  chez  ce  Eui  réprouve,  un  mélange 
de  religion  et  de  superstition.  Il  consulte  le  Seigneur,  poui- 
savoir  quelle  sera  l'issue  du  combat  qu'il  doit  livrer  aux 
Philistins.  Consuluit  Domùium,  et  non  respondit  ei  (ibid  6). 
N'en  ayant  pas  reçu  de  réponse,  il  recourt  à  une  femme  qui 
fai.sait  profession  d'évoquer  les  esi^rits.  Il  la  fait  chercher 
et  il  la  trouve  à  Endor.  Quœritc  mihi  muliercm  habentem 
]iyt}ionem,  et  vadem  ad  eain,  et  sciscitabor  per  illam  (ibid.  *7). 

Ce  manque  de  foi  et  de  confiance  en  Dieu  seul,  lui  inspire 
une  funeste  curiosité,  celle  de  savoir,  par  des  moyens  défen- 
dus, ce  qu'il  ne  peut  connaître  par  les  voies  ordinaires  de  la 
religion  et  de  la  raison.  Cette  coupable  curiosité  lui  fait 
d'abord  violer  les  lois  qu'il  avait  faites  lui-même,  en  défen- 
dant, sous  peine  de  mort,  l'art  superstitieux  qui  enseigne  à 
faire  venir  les  esprits.  Saiil  abstulit  magos  et  ariolos  de  terra 
(ibid.  3)  ;  elle  le  rend  ensuite  hypocrite,  en  le  portant  à  se 
déguiser,  pour  aller  consulter,  de  nuit,  la  femme  qui  devait 
Je  mettre  en  communication  avec  l'esprit  qu'il  voulait  con- 
sulter. Mutavit  ergo  habitum  sxmni  (ibid.  8)  ;  elle  le  fait 
bientôt  tomber  dans  le  parjure.  Car  cette  femme  lui  ayant 
représenté  que  Saiil,  qii'elle  ne  reconnaissait  point  encore, 
avait  porté  la  peine  de  moi-t  contre  quiconque  évoquerait 
Jes  esprits,  il  lui  jui-e  qu'il  ne  lui  serait  point  fait  de  mal  : 


CIHCULAIMKS  liT  AL  l'HKS  DOCUMENTS  ,]07 

Jaracit  ei  Said  in  Domino  (ibi<l.  1(1);  elle  ravcngle  et  Teii- 
dui'cit  dans  son  mauvais  dessein.  Car  cotte  femme  s'étant 
mise  en  devoir  d'évoquer  ]  "unie  de  Samuel,  et  devenant  toute 
tremblante  à  la  vue  du  lîoi,  qu'elle  reconnut  alors,  il  la  ras- 
sura en  lui  disant:  ne  craignez  rien;  dites-moi  seulement  ce 
que  vous  avez-  vu:  Noliti-mere  :  quidvidistif  (ibid.  13);  elle 
lui  fait  prendre  les  dehors  de  la  i*eligion  et  affecter  intori- 
euremoit  du  respect  pour  les  esprits  qui  se  rendent  présents. 
Car  la  femme,  animée  de  l'esprit  de  python,  lui  ayant  dit 
qu'elle  voyait  monter  de  l'intérieur  de  la  terre  des  person- 
nages, qui  ressemblaient  à  des  dieux,  et  que  pai'mi  eu.x  il  y 
y  en  avait  un  qui  lui  paraissait  être  un  vieillard  vénérable, 
lequel  était  couvert  d'un  manteau,  il  se  prostei-na  lu  face 
conti'o  terre,  pour  lui  rendre  ses  hommages  :  InrUnavit  se 
super  faciem  suam  in  terra,  et  (idoravit  (ibid.  14).  Or.  il  est 
à  remarquer  ici  que  ce  respect  n'était  qu'extéi-ieur,  et  nulle- 
ment dans  son  cœin-.  Le  mépris  qu'il  avait  fait  des  chari- 
tables avertissements  du  Prophète,  pendant  qu'il  était  sur 
la  terre;prouve  seul  que  ces  démonstrations  de  piété  n'étaient 
pas  sincères.  Que  de  tristes  conséquences  !  Qui  ne  crain- 
dra la  curiosité  qui  en  est  la  cause  !  * 

Satil.  comme  vous  venez  de  l'entendre,  X.  T.  C  F.,  voit 
ses  désirs  accomplis  ;  mais  c'est  pour  son  malheur.  Voyons 
pour  cela  la  suite  dé  son  histoire,  toujours  avec  l'intention 
de  bien  conntiitre  les  maux  que  causent  les  Tables  Tournan- 
tes. Car  il  peut  bien  arriver  que  Dieu  punisse  les  curieux 
qui  vont  les  consulter,  comme  il  châtia  Saiil,  en  lui  faisant 
connaître  c^-  qui  en  effet  allait  lui  an-iver. 

L'effet  terrible  que  produisit  chez  .Saiïl  l'apparition  de 
Samuel  fut  un  découragement  complet  et  un  désespoir  af- 
freux. Poui-quoi  venez- vous  troubler  mon  repos,  en  me  fai- 
sant venir  ici,  lui  dit  le  Prophète  ";*  C'est  que  je  veux  savoir 
ce  que  j'ai  à  faire,  lui  répondit  le  Roi;  Quare  inqiiietasti  me 

ut  siiscitarerl Vocavi  te,  ut  ostenderes  mihi  quid  faciam 

(ibid.  15).  Pourquoi  m'interroger,  réplique  .Samuel,  d'un 
ton  effraj^ant,  puisque  le  Seigneur  vous  a  abandonné,  et 
qu'il  va  vous  oter  voti'c  royaume,  à  cause  do  vos  désobéis- 


398  MAxNDEMEMS.  LETTRES  PASTUHALES, 

sance>  ■.•'  Israël  ^>cra  value u  avec  vous  ;  et  demain,  vous  et 
vos  cuiauts  vous  serez  avec  moi  :  Cras...tu  et  filii  tni  inecuni 
eritis  (ibid.  18).  A  ces  épouvantables  paroles,  Saûl  tombe 
à  la  renverse  ;  et  demeure  sans  force  ;  Statimque  Saiiù  ceci- 
dit porrectus  in  terrain;  extimuerat  enim  verba  Samueîis,  et 
robur  non  erat  in  eo  (ibid.  20)  Dans  son  abattement,  il  re- 
fuse de  prendre  aucune  nourriture:  Non  comedam  (ibid.  23). 
,Si  à  la  fin,  sur  de  pressantes  instances  qui  lui  sont  faites  par 
ses  deux  Officiers  et  surtout  -par  la  femme  qu'il  était  venu 
consulter,  il  consent  à  prendre  quelque  chose,  il  ne  le  fait 
qu'appuyé  sur  un  lit  qu'on  lui  avait  dressé,  et  pour  prendre 
un  peu  plus  de  forces,  afin  de  j^ouvoir  s'en  retourner  de  nuit 
à  son  camp.     Anibulacerunt  per  totam  noctem  (ibid.  25). 

Maintenant,  il  nous  est  facile,  X.  T.  C.  F.,  de  faire  de 
cette  histoire,,,  crite  sous  l'insjjiration  du  8t.  Esprit  lui- 
même,  pour  l'instruction  de  tous  les  pcAples,  en  quelque 
siècle  qii'ils  vécussent,  les  applications  les  plus  justes  aux 
faits  qui  se  reproduisent,  dans  ce  paj's  et  ailleurs,  en  pré- 
sence ou  par  le  contact  dos  Tables  Tournantes.  Qu'on 
examine  bien  les  dispositions  des  esprits  trop  curieux  qui 
veulent,  à  tout^prix,  se  satisfaire  par  des  découvertes,  dans 
un  monde  qui  ne  nous  est  connu  que  par  la  foi,  et  dans 
lequel,  par  conséquent,  il  est  si  dangereux  de  vouloir  j)éhé- 
trer,  à  la  faible  lueur  de  quelques  expériences  naturelles, 
qui  si  souvent  font  défaut  à  la  raison  humaine,  et  qui  ne 
peuvent  ainsi  manquer  de  se  trouver  en  contradiction  avec 
la  foi  divine  ;  que  l'on  fasse,  avec  le  calme  de  la  raison  et 
la  lumière  de  la  foi,  l'examen  des  faits  qu'on  nous  dit  se 
passer  aux  Tables  Tournantes,  et  l'on  s'assurera,  à  la  fin, 
qu'il  T  a  là,  comme  à  Endor,  faiblesse  Qjesprit,  manque  de 
foi;  vaine  curiosité,  et  enfin  désolation  intérieure,  qui  finit 
par  sè^prôdui're  au  dehors,  par  des  résultats  tragiques. 

Et  en  effet,  en  suivant  de  près  cette  trop  malheureuse 
question,  on  découvre  aisément  des  défauts  sans  nombre, 
qui  n'indiquent  que  trop  qu'il  y  a  vice  dans  la  cause  ou  le 
principe.  On  consulte  les  tables  dans  le  désir,  le  besoin  de 
tout  apprendre,  de  tout  savoir,  de  tout  connaître.     Avec  un 


(JIHCLLAllŒS  1:T  ALTP.KS  UOCLMEMS  399 

|iai'oil  esprit  de  curiosité  on  va  loin  ;  et  il  est  évident  qiie 
voulant  sonder  les  profondeurs;  de  la  Divine  Majesté,  on 
sera  écrasé  sous  son  poids. — L'on  insulte  TEglise,  comme  si 
elle  s'opposait,  contre  la  raison,  au  progrès  des  sciences  et 
des  arts.- — On  assure  qu'il  y  a  des  A^jents  surnaturels  ;  mais 
que  seulement  l'on  ne  sait  pas  encore  s'ils  spnt  de  bons  on 
de  mauvais  esprits,  si  c'est  V Archange  St.  Michel  ou  rame 
d'un  ami.  Et  l'on  ne  craint  pas  de  les  faire  piuler  et  de  les 
consulter.  Il  y  a  là  plus  que  de  la  témérité. — L'on  fait 
l)i'oiession  de  franchise  et  de  eonscie7icieu.se  honnêteté,  et  puis 
Ion  assure  que  les  Tables  Tournantes  répondent  acec  une 
Justesse  et  avec  une  précision  à  confondre  tout  incrédule.  L'on 
est  surj)ris  soi-même  de  ces  réponses  ;  et  cependant  on  a  la 
conviction  de  leur  justesse.  Mais  a-t-on  la  certitude  que 
l'esprit  qui  parle  n'est  pas  un  esprit  menteur  y  Ignore-t-on 
que  le  démon  se  transforme  souvent  en  ange  de  lumière, 
])Our  mieux  se  jouer  de  riiomijie  ?  Xe  doit-(;n  pas  même 
s'attendre  à  être  duj^e  de  ce  père  de  tous  mensonges,  quand 
•m  a  l'air  de  dédaigner  la  Eoligion,  comme  si  elle  était  l'en- 
iiemie  du  développement  de  l'esprit  luimain,  sous  prétexte 
qu'elle  lui  fixe  les  bornes  qu'il  ne  doit  pas  franchir?  X'est- 
ce  pas  dans  cette  vue,  et  pour  jnévenir  le  coup,  que  l'on 
Mippose  que  l'on  va  crier  à  Vhérétique,  en  apprenant  cette 
merveilleuse  découverte  de  l'esprit  humain,  et  que  l'on  va 
traiter  de  maniaques  ceux  qui  ont  acquis  la  belle  science  de 
converser  avec  les  espritsde  l'autre  monde  '?  Les  faits  des 
Tables  2'oumantes,  qu'ils  soient  spirituels,  viagnétiques  ou 
schismatiques.  sont  si  certains,  selon  ceux  qui  les  révèlent 
îiu  monde,  qu'en  douter,  c'est  une  vaniteuse  ignorance  dont 
on  d«ôt  rire.  X'y  a-t-il  pas,  dans  tout  cela,  plus  que  de  la 
présomption  ?  Car  entin,  il  y  u  encore  dans  le  monde  beau- 
coup d'hommes  pieux,  sages  et  savants,  qui  n'y  veulent  pas 
croire,  et  qui  ont  plus  d'une  raison  de  n'y  pas  ajouter  foi , 
ou  qui,  s'ils  y  croient,  sont  entièrement  convaincus  qu'il  y  a 
opération  diabolique  dans  l'action  de  faire  répondre  les 
esprits  sur  des  faits  que  Dieu  seul  peut  connaître  :  et  dont 
assurément  il  ne  donnera  pas  connaissance  à  ceux  qui  per- 
dent leur  tc-mps.  en  se  jierdant  dan~>  l'aveni)-. 


-idO  MANDEMENTS,  LETTRES  i-ASTGHALES, 

On  itit-teud  qu'il  faut,  pour  converser  avec  les  esprits  de 
l'autre  monde,  nn  Médium,  qui  jieut  être  ou  une  table,  ou 
une  personne,  qui  s'est  familiarisée  avec  les  esprits.  On  a 
pu  remarquer  que  Saiil  recourut  à  ce  dernier  moyen  ;  et  on 
sait  comme  la  religion  et  les  lois  humaines  le  réprouvoit, 
comme  un  art  superstitieux  et  une  pratique  abominable, — 
On  en  est  venu  à  demander  s'il  y  a  un  enfer,  un  purgatoire, 
un  paradis,  si  toutes  les  religions  sont  bonnes,  quelle  est  la 
valeur  des  messes  ;  si  telles  âmes  étaient  sauvées  ou  damnées. 
Or,  n'y  a-t-il  pas,  dans  ces  questions,  nn  manque  visible  de 
foi,  une  témérité  audacieuse,  une  curiosité  détestable.  On 
sait  quels  en  ont  été  les  résultats.  Des  apostats  se  sont 
réjouis  d'être  dans  le  bon  chemin.  De  pauvres  pères  et 
mèi'es  se  sont  désolés,  en  apprenant  que  leurs  enfants,  au 
bonheur  desquels  ils  croyaient,  avec  cette  douce  coniianee 
qu'inspire  la  piété,  étaient  encore  dans  les  flammes  du  Pur- 
gatoire. Et  plus  encore,  des  familles  entières,  des  amis,  des 
proches  ont  été  dans  la  consternation,  en  recevant  la  nouvelle 
que  des  personnes  qui  leur  étaient  chères,  étaient  l'éprou- 
vées. Des  hommes  éminents  par  leur  situation  ont  été» 
tellement  troublés,  qu'il  a  fallu  les  loger  dans  des  Asiles 
d'insensés. 

Nous  avons  sous  les  yeux  nn  excellent  article  publié  dans 
une  Eevue  périodique  de  Paris  (1)  qui,  par  des  faits  sans 
nombre,  prouve  à  l'évidence,  les  effets  déplorables  des 
Tables  Tournantes  et  autres  moyens  inventés  par  la  supersti- 
tion du  jour.  Ces  faits  sont  publics  en  Europe  et  aux  Etats- 
Unis;  et  ils  sont  d'ailleurs  rapportés  par  un  autear  (2)  dont 
la  célébrité  parmi  les  Ecrivains  du  jour,  suffit  pour  exclure 
tout  doute.  Xous  n'hésitons  donc  pas  de  les  citer  »«•{,  à 
l'appui  de  tout  ce  que  Xous  venons  de  vous  dii-e,  atin  que- 
vous  compreniez  mieux  dans  quelles  incroj'ables  absurdités 
l'on  tombe,  quand  on  abandonne  la  vérité,  et  quelles  en  sont 
les  terribles  conséquences. 


(1)  Revue  contemporaine,  Xo.  '28,  31  Mai  1853. 

(2)  C.  de  Laroclie-Hf^ion. 


CIKGULAIUES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  iOi 

Le  premier  fait,  et  le  plus  désastreux  sans  doute,  est  que 
l'on  fait  aujourd'hui  une  Religion  du  Spiritualisme,  ou  de  la 
science  de  converser  avec  les  esprits.  Va  nommé  Sweden 
borg,  Suédois,  qui  en  a  été  le  premier  auteur,  est  deventt 
tellement  maniaque,  qu'un  jour  il  s'imagina  être  enlevé  au 
ciel,  et  se  crut  appelé  à  être  le  restaurateur  du  Christianis- 
me. Il  ne  reconnaissait  qu'une  seule  personne  en  Dieu,  et 
n'admettait,  pour  livres  de  la  Sainte  Ecriture,  que  les  quatre 
Evangiles  et  l'Apocalypse  de  St.  Jean. 

On  en  est  venu  à  faire  dire  aux  esprits  que  toutes  Ie.s 
religions  existantes  sont  fausses;  et  qu'il  ne  faut  plus  croire 
qu'à  celle  qu'ils  viennent  enseigner  aux  hommes.  La  morale 
de  ces  esprits  ressemble  à  leur  foi,  car  ils  enseignent  que 
tous  les  biens  sont  communs.  Selon  eux,  le  plus  grand 
scélérat  commence  à  <;tre  heureux  aussitôt  (|u'il  est  mort. 
Jl  faut  que  tous,  justes  et  pécheurs,  passent  par  .^opt  sphères 
avant  d'arriver  à  la  plénitude  du  bonheur. 

Il  est  des  Ministres  qui  prétendent  ne  prêcher  que  ce  qui 
leur  est  inspiré  par  les  esprits.  L'un  d'eux  a  voulu  prouvei' 
qu'il  avait  eu  l'honneur  de  converser  avec  St.  Paul,  en  exhi- 
bant un  certificat  signé  de  Washington  et  de  Franklin  et 
de  beaucoup  d'autres  bien  connus. 

Un  autre  que  l'on  avait  accusé  d'avoir  troublé  une  lusseni- 
blée  religieuse,  par  un  grand  vacarme,  a  prouvé  que  c'était 
les  esprits  qui  avaient  sonné  les  cloches,  joué  l'orgue,  ren- 
versé les  chaires  ;  et  il  a  été  en  conséquence  absous.  II  est 
des  lieux  où  l'on  est  tellement  excité  sur  ce  point,  que  si 
l'on  n'en  parle  pas  dans  les  Eglises,  on  les  déserte,  pour 
aller  ailleurs  à  la  chasse  des  esprits.  C'est  au  point  qu'un 
Ministre  ayant  voulu  parler  contre  toutes  ces  folies,  sa  Con- 
grégation vint  lui  signifie!-  qu'il  n'avait  pas  le  droit  de  parler 
contre  leur  opinion,  qui  était  en  faveur  des  esprits  reve- 
nants. 

Jugez  par  ces  faits,  N.  T.  C.  F.,  quel  renversement  s'opère 
dans  les  idées  religieuses,  parmi  nos  frères  séparés,  qui 
donnent  en  plein  dans  ces  nouveautés  irréligieuses  et  impies. 

Citons  maintenant  quel<|ues  autres  faits  qui  prouvent  égar 

26 


tm  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

lement  les  désordres  que  causent  les  nouvelles  doctrines 
dans  l'ordre  naturel  et  civil. 

On  fait  du  Spiritualisme  une  affaire  de  spéculation.  A 
l'heure  qu'il  est,  il  n'y  a  pas  moins  de  dix  mille  personnes 
aux  Etats-Unis,  qui  se  prétendent  en  rapport  avec  les  esprits, 
et  qui  font  bien  payer  aux  vivants  l'avantage  de  converser 
avec  les  morts.  Chose  étrange,  on  a  trouvé  le  moyen  de 
faire  incorporer  une  Banque,  qui  est  sous  la  direction  des 
esprits,  pour  l'avantage  des  Spirifualistes  ;  et  pour  inspirer 
2)lus  de  confiance,  on  a  fait  entrer  Washington  et  Franklin 
dans  le  Comité  d'administration.  Inutile  de  dire  que  la 
Eanque  a  fait  faillite  et  que  le  Banquier  a  été  logé  en 
prison. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  Banques  qui  s'administrent 
par  les  esprits,  ce  sont  de  plus  des  Journaux  qui  s'écrivent 
sous  leur  dictée.  On  en  cite  un  qui  a  trente  mille  abonnés, 
et  qui  caresse  singulièrement  le  Spiritualisme,  qu'il  exploite 
pour  favoriser  les  passions  de  toutes  sortes  de  gens  qui  ont 
tout  à  gagner  dans  les  émeutes. 

Après  tous  ces  faits,  il  ne  faut  pas  être  étonné  de  lire  tous 
les  jours  sur  les  journaux  des  cas  de  suicide  et  de  folie. 
L'un  se  jette  sous  les  roues  d'un  moulin  et  est  mis  en  pièces. 
L'autre  se  coupe  la  gorge,  parce  qu'il  n'a  pu  voir  l'âme  de 
sa  fille,  qu'il  aimait  beaucoup,  et  que  les  esprits  lui  vantaient 
le  bonheiu"  dont  on  jouit  dans  l'autre  monde.  Nous  ne  fini- 
rions pas  si  nous  voulions  rapporter  tous  les  faits  tragiques 
qui  viennent,  chaque  jour,  à  la  connaissance  du  public. 
Nous  ne  pouvons  toutefois  omettre  celui-ci,  qui  est  d'une 
conséquence  majeure  pour  l'honneur  et  la  paix  des  familles. 
Un  certain  individu  est  devenu  veuf,  après  avoir  fait  un 
excellent  ménage  avec  une  femme  qui  lui  laisse  une  nom- 
breuse famille.  Par  respect  pour  cette  femme  vertueuse, 
il  ne  voulait  plus  convoler  à  d'auti-es  noces.  Mais  voilà  que 
la  jonglerie  d'un  Médium  lui  révèle  que  sa  femme  lui  a  tou- 
jours été  infidèle  :  et  que  les  enfants  qu'elle  lui  a  laissés  sont 
illégitimes.  Cet  homme  crédule  est  au  désespoir  ;  et  de  rage 
il  déshérite  tous  ses  enfants,  et  couvre  de  honte  toute  sa 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  403 

famille.  Peut-on  imaginer  quelque  chose  de  plus  funeste  ? 
Un  autre  fait  va  vous  surprendre.  Il  est  à  New- York  un 
Hospice  d'aliénés,  soutenu  par  l'Etat.  En  1840,  on  vérifia 
que  sur  deux  mille  trois  cent  .soixante-seize  personnes,  dé- 
rangées dans  leur  esprit,  que  l'on  y  avait  amenées  depuis 
1843,  par  conséquent  pendant  l'espace  de  six  ans  seulement, 
deux  cent  cinquante-une  étaient  devenues  folles,  par  surex- 
'Citatîon  religieuse. 

Tels  sont,  N.  T.  C.  F.,  du  moins  en  partie,  les  maux  affreux 
qui  résultent  de  l'abus  que  Ion  fait  des  Tables  Tournantes. 
Nous  avons  cru  devoir  entrer  dans  tous  ces  détails  et  citer 
des  écrits  périodiques  qui  se  publient  par  des  Laïques,  et 
que  tout  le  monde  peut  lire,  afin  de  vous  mettre  en  garde 
contre  toutes  ces  pratiques  dangereuses  et  criminelles,  qui 
commencent  à  s'introduire  parmi  vous. 

En  conséquence,  Nous  vous  déclarons,  X.  T.  C.  F.,  au  nom 
de  la  Eeligion.  que  c'est  un  péché  grave  de  sa  nature  que  de 
consulter  les  esprits,  par  le  moyen  de  Tables  Tournantes,  ou 
par  cette  autre  pratique  superstitieuse  qui  vous  est  connue, 
sous  le  nom  de  Spiritual  Rappings.  Ce  que  Nous  avons  dit 
plus  haut  suffit  sans  doute,  pour  vous  bien  convaincre  que 
tout  cela  est  contraire  à  l'esprit  de  foi  et  de  religion,  qui 
fait  le  caractère  di.stinctif  des  vrais  enfants  de  l'Eglise. 

Et  comme  aujourd'hui  il  y  a  une  grande  exaltation  des 
esprit'»,  à  l'occasion  des  Tables  Tournantes,  Nous  vous  re- 
commandons, N.  T.  C.  F.,  de  vous  abstenir  tout-à-fait  des 
jeux  et  opérations  dont  elles  sont  l'occasion,  dans  la  crainte 
de  tomber  dans  l'excès  que  la  Eeligion  condamne.  Plus 
tard,  et  lorsque  l'expérience  nous  aura  dit  quelles  sont  les 
vraies  causes  des  rotations  et  mouvements  que  reçoivent 
ces  tables,  par  le  contact  et  l'action  de  plusieurs  agents  phy- 
siques, nous  pourrons,  sans  danger,  faire  un  bon  usage  dos 
biens  qu'il  plaira  à  Dieu  de  nous  accorder,  par  une  connais- 
sance plus  grande  des  lois  de  la  nature. 

Mais  vous  comprenez,  N.  T.  C.  F.,  que  ce  n'est  pas  seule 
ment  contre  l'abus  superstitieux  des  Tables  Tournantes,  que 
Nous  vous  écrivons  aujourd'hui,   mais  encore  contre  toutes 


404  MANDEMENTS,  LETTRES  PA8T0HALE!^. 

espèces  de  superstitions,  que  le  démon  ne  cesse  d'inspirer, 
pour  se  mettre  à  la  place  de  Dieu.  Car  il  ne  faut  poixit 
oublier  que  si  la  vraie  Religion  honore  N.  S.  J.  C,  la  vaine- 
observance,  ou  la  superstition  est  un  culte  à  rboiineur  du 
démon.     Quel  horrible  culte  !  Quel  culte  sacrilège  ! 

C'est  pourtant  ce  culte  abominable  que  se  fait  rendre 
encore  aujourd'hui  l'esprit  de  ténèbres,  à  la  honte  des  lu- 
mières de  notre  siècle.  Cai-,  ne  vous  y  trompes^  pas,  N.  T. 
G.  F.,  il  y  a  superstition,  et  par  conséquent  culte  diabolique, 
dans  beaucoup  de  pratiques  auxquelles  on  a  recours,  pour 
se  faire  guérir  subitement  et  sans  remèdes  humains,  pour 
trouver  des  choses  perdues,  par  l'art  de  la  devination,  pour 
prédire  l'avenir,  etc.,  etc.  C'est  une  superstition  de  croire 
aux  rêves,  et  de  se  régler  sur  ses  songes.  C'en  est  une  de 
consulter  des  personnes  qui  prétendent  avoir  tous  les  secrets 
du  passé,  du  présent  et  de  l'avenir,  pour  se  donner  un  noni 
et  gagner  leur  vie,  en  faisant  des  dupes. 

Tenez- vous  donc  en  garde,  N.  T.  C.  F.,  contre  toutes  les 
supercheries  de  l'erreur  et  de  la  superstition.  Pour  cela, 
attachez-vous  bonnement  à  cette  pratique,  que  la  raison 
approuve  hautement  et  que  la  Religion  consacre  invariable- 
ment :  c'est  de  joindre,  en  toute  chose,  la  prière  au  travail. 
et  de  prendre  avec  cela  tous  les  moyens  naturels  et  humains 
que  Dieu  a  donnés  à  l'homme,  pour  qu'il  réussisse  dans 
toutes  ses  entreprises.  Ainsi,  l'on  prie  en  ensemençant  sa 
terre,  en  étudiant  ses  livres,  en  prenant  des  remèdes,  eu 
cherchant  des  choses  perdues,  en  faisant  le  choix  d'un 
époux,  enfin  en  se  donnant  toute  la  peine  possible,  pour  mé- 
riter que  Dieu  bénisse,  par  un  plein  succès,  le  travail  dont 
il  a  fait  un  devoir  à  chacun.  Avec  cette  pratique,  aussi  ra- 
tionnelle que  religieuse,  on  ne  se  laisse  jamais  surprendre, 
par  ceux  qui  spéculent  sur  la  crédulité  publique,  pour  vivre 
aux  dépens  des  autres. 

L'objet  de  cette  Lettre  est,  comme  vous  le  voyez,  N.  1\ 
C.  F.,  de  vous  prémunir  contre  les  séductions  si  dangereuses 
de  la  suj^erstition,  afin  de  fortifier  en  vous  de  plus  en  plus 
l'esprit  religieux,  qui  est  comme  votre  caractère  propre  et 


CliîCULAlliKS  KT  AUTItKS  UOCLMHNTS  ',05 

«Jidtiuctit.  Car  Nous  savons  trùs-bien  que  moins  vous  sei-e/ 
«upej^stitieux,  plas  vous  serez  religieux.  A  ce  sujet,  Nous 
vous  répéterons  ce  que  déjà  vous  savez  tous  savoii-,  que, 
lorsque  nos  pères  vinrent  défricher  ce  beau  pays,  ils  vou- 
lurent en  faire  avant  tout  un  pays  éminemment  religieux. 
Notre  histoire  nous  redit  sans  cesse  ce  qu'ils  ont  fait  et 
souffert,  pour  nous  laisser  le  riche  héritage  de  cet  esprit 
religieux,  dont  le  dépôt  sacré  s'est  si  bien  conservé  jusqu'ici 
l^armi  nous,  que  tous  les  étrangers  qui  nous  arrivent  sont 
unanimes  à  dire  que  le  Canada  est  encore  un  des  pays  du 
monde  les  plus  religieux.  C'est  ce  qui  a  singulièrement 
iVuppé  Son  Excellence,  Mgr.  le  Nonce  Apostolique,  qui  der- 
nièrement nous  visitait,  avec  cette  douce  effusion  du  cœur, 
qui  le  rendait  pour  Nous  une  vive  image  du  Vicaire  de 
ilésus-Christ.  A  la  vue  de  toutes  les  démonstrations  reli- 
gieuses dont  il  était  l'objet,  en  sa  qualité  de  représentant 
(lu  Souverain  Pontife,  il  n'a  cessé  dadmirer.  louer  et  bénir 
l'esprit  religieux  qui  i-ègne  en  ce  pays.  Il  a  emporté,  pro- 
fondément gravé  dans  son  cœur,  le  souvenir  de  ces  ravis- 
sants spectacles  de  foi,  qui  se  renouvelaient  à  chacun  de  ses 
pas,  dans  notre  ville,  comme  dans  nos  campagnes.  Il  ne 
manquera  pas  de  répétei-,  au  premier  joui-,  à  N.  S.  P.  le 
Pape  lui-même,  ce  que  fait  faire  ici  l'espi-it  religieux,  et  le 
respect  qu'il  inspire  aux  grands,  comme  aux  petits,  pour 
l'auguste  Chef  de  la  Religion. 

Puisque  notre  posicion  religieuse  est  si  honorable,  tâchons, 
N.  T.  C.  F.,  de  Nous  y  maintenii-.  Notre  position  sociale 
en  dépend  ;  c'est  ce  que  ne  cessent  de  re]:>éter  les  vrais  amis 
du  pays.  N'ayons  donc  tous  qu'un  cœur  et  qu'une  âme, 
pour  conserver,  à  notre  chère  patrie,  ce  qui  fait  son  plus 
bel  ornement,  comme  son  plus  ferme  appui.  Dans  cette 
vue,  repoussons,  avec  horreur,  tout  ce  qui  pourrait  porter 
■atteinte  à  neFre  esprit  religieux,  qui  est  inséparable  de  notre 
esprit  national.  Vous  recevrez  donc  avec  respect,  N.T.C.F.. 
c^îtte  Lettre,  que  Nous  ne  vous  adressons  que  pour  enraciner 
de  plus  en  plus,  dans  vos  cœurs,  ce  bon  esprit,  que  le  Père 
célei^te  ne  refuse  jamais  à  la  bonne  prière.     Vous  n'oublie- 


i06  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

rez  pas  qu'il  se  nourrit  par  la  pratique  de  la  foi  et  les  œuvres 
de  la  charité.  Or,  vous  avez,  pour  arroser  et  faire  croître 
cet  arbre  de  vie,  des  fontaines  intarissables,  dont  les  eaux 
pures  et  vivifiantes  peuvent  seules  étancher  la  soif  du  bon- 
heur, qui  est  iunée  en  nous.  Ces  sources  sacrées  sont  les 
cinq  Associations  Diocésaines  qui,  sortant  des  cinq  plaies 
du  Sauveur,  coulent  en  tous  lieux,  pour  faire  porter  des 
fruits  abondants  et  délicieux. 

Nous  vous  souhaitons  tous  ces  biens,  N.  T.  Cr-F.,  et  Nous 
vous  les  souhaitons,  de  toute  l'ardeur  de  notre  âme,  et  dans 
tous  les  moments  de  notre  vie.  Car  les  vœux  que  Nous 
tormons  pour  votre  bonheur,  dans  ce  monde  et  dans  l'autre, 
ne  sont  pas  seulement  les  vœux  de  la  nouvelle  année  ;  ce 
sont  les  vœux  de  toute  l'année  et  de  toutes  les  années  de 
Notre  vie  pastorale.  Plus  elle  s'avance  vers  le  terme,  cette 
vie  si  courte,  plus  il  Nous  semble  que  Nous  n'avons  encore 
rien  fait  pour  vous.  Aussi,  Nous  nous  sentons  pressé  de 
hâter  le  pas,  afin  de  réparer  le  temps  perdu.  BedimenUs 
tempus,  quoniam  dies  mali  sunt. 

En  voyant  aj^procher  les  années  éternelles,  Nous  sentons 
se  multiplier  nos  désirs  d'offrir  au  souverain  Juge,  quand  il 
Nous  faudra  lui  rendre  compte  de  notre  administi*ation,  un 
peuple  de  foi  et  de  charité,  un  peuple  vraiment  religieux. 

Nous  terminons  enfin  cette  longue  Lettre,  N.  T.  C.  P.,  en 
priant  Dieu  de  vous  bénir  et  de  vous  accorder  la  grâce  de  le 
servir  fidèlement  ici  bas.  pour  le  voir  et  l'aimer  éternelle- 
ment dans  le  ciel. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  publiée  au  prône  de 
toutes  les  églises,  dans  le.squelles  se  fait  l'otfice  public,  et  en 
Chapitre  dans  toutes  les  communautés  religieuses,  le  pre- 
mier dimanche  ou  jour  de  fête  après  sa  réception. 

Donné  à  Montréal,  dans  l'Hospice  de  St.  Joseph,  le  vingt- 
septième  jour  de  Décembre,  mil  huit  cent  cinquante  trois,, 
sous  Notre   seing   et  sceau   et   le   contre-seing  de  Notre 

t  IG.  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 
Par  Monseigneur, 

J.  O.  Paré.  Chanoine  Secrétaire. 


CIRGULAIHES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  407 

letteë  pastoeale  de  monseigîs^eue  l'evêque 
de  montréal,  publiant  une  lettee  pas- 
torale de  mge.  l'aechevêque  de  québec, 
annonçant  l'éeection  de  l'univeesité- 
layal/ 


IGNACE  BOURGET,  PAR  LA  MISÉRICORDE  DE  DIEU,  ET  LA  ORAGE 

DU  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE,  ÉVEQUE  DE 

MONTREAL,  ETC.,  ETC.,  ETC. 

Au  Clergé  et  aux  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction' 
en  iV".  S.  Jésus-Christ. 

Nous  avons  donc  enfin,  N.  T.  C.  F.,  une  Unicersité  Catho- 
lique. C'est  la  joyeuse  nouvelle  que  nous  annonce  notre 
Vénérable  Méti-opolitain,  dans  ^a  belle  Lsttre  du  huit 
décembre  courant,  et  dont  vous  entendrez  la  lecture,  Di- 
manche prochain  ;  car  il  Nous  a  été  permis  de  la  publier 
dans  notre  Diocèse,  comme  déjà  elle  l'a  été  dans  toutes  les 
Eglises  de  la  Métropole. 

Il  Nous  dira  lui-même  ce  que  c'est  qu'une  Cnicersité,  et 
quels  en  sont  les  précieux  avantages.  Pour  Nous,  nous 
n'avons  rien  autre  chose  à  faire  que  de  la  saluer  avec 
amour,  et  de  lui  donner  une  pleine  et  entière  confiance  ; 
c'est  l'unique  but  que  Nous  nous  proposons,  en  vous  adres- 
sant cette  Lettre. 

D'abord  remarquons,  N.  T.  C.  F.,  que  cest  quelque  chose 
de  bien  consolant,  pour  nous  tous,  que  d'apprendre  que 
notre  jeune  Canada  se  trouve  maintenant  doté  d'une  de  ces 
grandes  Institutions  qui  font  la  gloire  littéraire  des  vieux 
pays  de  l'Europe  ;  et  c'est  pour  la  Eeligion  de  notre  Payn, 
toujours  si  Catholique,  un  inestimable  bonheur  que  de  fonder 
encore  pour  la  Patrie  ce  précieux  établissement,  qui  cou- 
ronne si  heureusement  tous  ses  sacrifices  pour  l'Education^ 
Cette   institution    naissante   po.'te    le   nom   d^Universiié 


408  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Laval,  nom  célèbi-e,  inscrit  sur  son  Frontispice,  et  qui  ne 
peut  manquer  de  fixer  les  regards  des  élèves,  chaque  fois 
quïls  en  franchiront  le  seuil,  et  de  les  remplir  d'une  noble 
îirdeur  ;  et  déjà  il  inspire  à  ceux  qui  le  lisent  de  loin,  Tine 
juste  confiance.  Car  qui  doute  que  les  enfans  du  Pays,  qui 
vont  fréquenter  les  Cours  de  cette  Université,  ne  ^ient 
continuellement  et  puissamment  excités  à  travailler  de 
toutes  leurs  forces  à  s'illustrer,  sous  les  doiices  et  vives  in- 
fluences de  ce  Nom  chéri,  qui  donna  à  l'ancienne  France 
tant  de  grands  hommes,  et  qui  rappelle  à  la  Nouvelle  tant 
de  ravissants  souvenirs.  Cette  Université  va  être  dirigée 
]>ar  Tesprit  du  Fondateur  de  l'Eglise  du  Canada,  dont  elle 
porte  le  nom  ;  et  c'est  là  surtout  ce  qui  fait  sa  gloire  et 
ïissure  son  succès.  Car  Elle  est  confiée  à  des  hommes  pieux 
et  savants,  qui  ont  reçu  de  leur  Père  le  feu  sacré  de  l'ensei- 
îjnement  religieux,  lequel  entre  leurs  mains  ne  s'est  jamais 
éteint.  Toujours  ils  ont  été  les  dépositaires  fidèles  de  la 
science  sacrée,  et  du  zèle  ardent  que  les  élèves  du  Sanc- 
tuaire n'ont  cessé  de  puiser  à  cette  source  abondante. 

Ils  ont  en  outre  succédé  aux  enfants  de  St.  Ignace,  dans 
l'importante  fonction  de  former,  par  de  fortes  études,  de 
bons  citoyens,  pour  les  besoins  de  toutes  les  cla.sses  de  la 
société.  Car  l'on  sait,  qu'à  l'époque  de  l'horrible  tourmente 
î-évolutionnaire,  qui  en  France  comme  ailleurs  rasa  impi- 
toyablement tant  d'établissements  religieux,  le  Pays  perdit 
d'un  cou]^  ses  Apôtres  et  ses  Maîtres.  Ces  hommes  de  Dieu 
s'étaient  j:-riu'alors  partagé  les  ])énibles  travaux  de  l' Apos- 
tolat, et  les  nobles  fonctions  de  l'Enseignement.  Pendant 
que  les  uns  faisaient  de  nos  cruels  Sauvages  des  hommes 
humains,  les  autres  formaient  aux  Sciences  et  aux  Arts  les 
jeunes  Coh>ns  qui,  sous  d'aussi  habiles  Maîtres,  n'avaient 
rien  à  envier  aux  nobles  et  aux  grands  de  la  Mère-Patrie, 
sous  te  rapport  d'une  haute  et  riche  éducation. 

Ce  fut  donc  un  grand  deuil,  quand  s'éteignit,  pour  le 
Pays^  ce  brillant  flambeau  de  vertus  Apostoliques  et  de 
sciences  littéraires  î  Au.ssi  pleura-t-il  amèrement,  quand  il 
perdit  ainsi  ceux  qui  l'avaient  arrosé  de  leur  sang,  et  éclairé 


CIRCLLAIKES  ET  ALTHES  DOCUMENTS  4(9 

'le  leurs  lumière'^.  II  gémit  encore  ft  il  gémira  toujours  de 
voir  fermé  à  la  science  et  à  la  vertu  le  Magnifique  ColWje 
des  Jésuites,  qui  lui  rappelle  nans  cessé  les  doux  et  tendres 
:*ouvenirs  de  son  Enfance  !  Oh  !  oui  :  les  plaic^  faites  à  son 
coeur,  par  le  plus  déchirant  des  Adieux,  sont  encore  eai- 
icnantes.  et  elles  saigneront  tant  que  l'on  n'aura  pas  rendu 
u  laEeligion  cet  éditice  sanctitîé  par  tant  de  vertus,  et  tons 
les  biens  qui  en  dé|)endent. 

Ce  fut  à  ces  hommes,  si  bien  méritant  de  la  lîeligion  et 
de  la  Patrie,  que  les  Prêtres  du  Séminaire  de  Québec  suc- 
cédèrent. Se  voyant  alors  chargés  seuls  du  double  ensei- 
gnement religieux  et  littéraire,  ils  redoublèrent  d'eiforts  et 
de  sacrifices.  La  Religion  et  la  Patrie  se  repo.^èrent  avec 
confiance  sur  eu.v:  du  soin  de  former  des  hommes,  qui  pus- 
sent être  placés  avec  honneur,  dans  tou>  Ips  rangs  de  la 
eléricatui-e  et  de  la  société. 

Tls  répondirent  à  la  confiance  publique,  et  iem)»lirent  leur 
haute  mission  avec  un  .<*ucccs  que  tout  le  monde  connaît. 
Aussi,  la  postérité  la  plus  reculée  les  bénira-t-elle.  en  re- 
cueillant les  heureux  fruits  de  cette  riche  éducation  qui,  il 
faut  l'espérer,  se  feront  sentir  d'âge  en  âge. 

Or,  N.  T.  C.  P.,  c'est  à  ces  hommes,  aussi  habiles  que  dé- 
voués, qu'est  dévolue  aujourd'hui  la  noble  tâche  de  diriger 
l'éducation  Universitaire.  Kotre  jeune  Université,  ainsi 
conduite  par  ce  Père  expérimenté  de  nos  Séminaires, 
*  élancera  donc  avec  toute  l'ardeur  de  la  jeunesse,  dans  la 
brillante  carrière  des  hautes  études  qui  lui  est  ouverte. 
Peut-on  douter,  qu'avec  du  temps  et  des  sacrifices,  elle 
n'atteigne  son  noble  but  ? 

Tous  ceux  qui  ont  à  cœui-  l'honneur  de  notre  Pays  ap- 
])laudisscnt,  N.  T.  C.  P.,  au  choix  que  l'on  a  fait  du  Doj-eu 
de  nos  Séminaires  pour  diriger  la  nouvelle  Université, 
parce  qu'ils  estiment,  avec  raison,  que  c'est  une  récompense 
grandement  méritée,  pour  les  services  immenses  qu'il  a 
rendus  aux  Lettres.  Mais  ce  sont  surtout  les  Maisons 
d'Education  qui  en  bénissent  la  T)ivine  Providence  ;  car 
■oiles  n'oublient   pas  l'accueil   encourageant  que  leur  fit  ce 


410  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Séminaire,  clans  le  temps  qu"il  se  trouvait  seul  dépositaire 
des  sciences  sacrées  et  profanes.  En  effet,  il  comprit  à 
temps  le  besoin  de  multiplier  graduellement  les  Maisons 
d"  Education. 

Il  encouragea  en  conséquence  les  hommes  de  dévouement, 
qui  s'offraient  à  partager  les  peines  et  les  mérites  de  l'en- 
seignement. Il  se  prêta  à  tout  de  bonne  grâce,  fournissant 
des  Professeurs,  et  donnant  les  autres  secours  en  son  pou- 
voir, afin  d'aider  ces  nouvelles  Institutions,  qui  elles  aussi 
sont  parvenues  à  obtenir  leur  juste  part  de  la  confiance  pu- 
blique, en  rendant  d'importants  services  à  la  Religion  et  à 
la  Patrie. 

Mais  si  ce  bon  esprit  porta,  à  différentes  époques,  le  Sémi- 
naire de  Québec  à  applaudir  aux  travaux  et  aux  succès  des 
nouvelles  Maisons  d'Education,  l'on  peut  dire  qu'il  en  est 
aujourd'hui  bien  recompensé,  par  les  vives  sympathies 
qu'elles  lui  portent,  en  voyant  avec  bonheur  son  front 
auguste  ceint  de  la  couronne  Universitaire.  Et  que  d'heu- 
reux résultats  n'avons-nous  pas  à  attendre  de  cette  harmo- 
nie qui  va  régner  entre  V  Université  et  tous  les  Collèges  de 
la  Px'ovince. 

Or,  c'est  pour  l'honneur  de  la  Jîeligion.  la  gloire  de  la 
Patrie,  et  le  bien  de  vos  enfants,  jS"^.  ï.  C.  F.,  que  tous  ces- 
Etablissements  ne  feront  qu'un  cœur  et  qu'une  âme,  pour 
vous  aimer  tous  plus  tendrement  ;  et  qu'ils  vont  se  donner 
la  main  pour  travai  lier  tous  plus  utilement  à  votre  avantage. 
Vous  en  devez  lionc  bénir  la  Divine  Miséi'icorde,  en  de- 
mandant que  l'ennemi  de  tout  bien  ne  puisse  jamais  tJ'ou- 
bler  ces  harmonieuses  dispositions. 

D'ailleurs,  tous  trouveront  de  plus  grands  avantages  dan^ 
cette  intime  union.  Car  les  rayons  lumineux  qui  jaillissent 
de  ce  brillant  diadème  dont  la  Eeligion  et  l'Etat  viennent 
de  couronner  cette  Antique  Institution,  doivent  se  refléter 
sur  les  nouvelles,  pour  les  faire  toutes  briller  d'un  éclat 
nouveau.  C'est  un  héritage  de  famille  religieuse  et  civile 
qui  n'est  entre  les  mains  du  Père  que  pour  le  partager  aux 
enfants.  On  doit  ajouter  que  la  peine  et  les  sacrifices  seront 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMEiN'fs  ill 

pour  le  Père,  et  les  avantages  pour  les  enfants.  De  celte 
intime  union  résultent,  il  n'en  faut  pas  douter,  une  force  et 
une  puissance  irrésistibles  pour  le  bien. 

Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner,  N.  T.  C.  F.,  si  tous  saluent 
avec  un  Joyeux  enthousiasme  Y  Université-Lac  al,  et  lui  sou- 
haitent bonheur  et  prospérité.  L'Episcopat  y  trouve  une 
grande  école  pour  l'enseignement  religieux  ;  le  Clergé,  des 
Chaires  de  Théologie,  pour  le  développement  des  Sciences 
.Sacrées  ;  le  Barreau,  des  Cataires  d^  Droit,  jjour  1  encourage- 
ment des  connaissances  légales  ;  la  Médecine,  une  Faculté. 
pour  l'avancement  des  études  médicales. 

La  Eeligion  et  la  Patrie  se  réunissent  donc  pour  in.sjtal  1er, 
avec  solennité,  cette  grande  Institution,  sur  laquelle  ivpo- 
sent  leurs  espérances  pour  l'avenir. 

De  tout  ce  que  Xous  venons  de  dii-e,  il  suit,  que  le  jour 
qu'est  née  l'Université- Laval,  doit  faire  Epoque  dans  notre 
histoire.  Or,  remarquez-le  bien,  X.  T.  C.  F.,  c'est  pour  le 
monde  entier  un  des  jour»  les  plus  heureux  ;  car  c'est  celui 
où  la  Glorieuse  Marie  fut  conçue  sans  la  tache  du  péché 
originel.  En  effet,  chose  admirable  !  les  Lettres  Patentes, 
qui  donnent  une  existence  et  des  droits  civils  à  cette  Uni- 
versité, furent  signées,  l'an  dernier,  par  Xotre  (rracieuse 
.Souveraine,  le  huit  Décembre.  Cette  année,  à  pareille  date., 
le  Eescrit  Pontiûcal,  qui  lïénit  la  Nouvelle  Institution,  et  la 
dote  de  gloricuf^es  prérogatives,  est  .solennellement  pro- 
clamé par  le  Métroijolitain  de  la  Province  Ecclésiastique  de 
Québec.  Cette  Université  doit  être  la  Sorbonne  de  la  Nou- 
velle-France ;  or  l'on  sait  que  cette  colùbre  Faculté  Théolo- 
gique de  Paris  professa  constamment  des  doctrines  en  tout 
favorables  au  glorieux  privilège  accordé  à  Marie,  dans  son 
Immaculée  Conception  ;  et  qu'elle  imposait  à  ses  Docteurs, 
sous  serment,  l'obligation  de  le  défendre. 

Frappé  de  cqs  coïncidences  providentielles,  le  .Séminaire 
a  cru  que  c'était  la  volonté  de  Dieu  que  l' Université-Laval 
fht  placée  sous  le  patronage  de  Marie  conçue  sans  pécfié.. 
Après  mûre  délibération,  il  s'est  agenouillé  aux  pieds  de  la 
Vierge  iinmaculée.  et  lui  a  consacré  cette  grande  Œuvre,  en 


41?  MANDEMENTS,  LETTKES  PASTORALES, 

la  priant  de  vouloir  bien  en  être  la  Souveraine  Dame  et 
Maîtresse.  La  Pureté  Virginale  de  notre  Mère  va  donc- 
être,  poui'  la  nouvelle  Institution,  une  lampe  toujours  ardente, 
n  la  lueur  de  laquelle  devront  écrire  tous  ses  Docteurs  : 
Lampas  inextinguibilis.  Elle  sera  aussi  pour  ses  élèves,  il 
faut  l'espérer,  un  baume  sacré  qui  les  préservera  de  la  con- 
tagion du  siècle.  Car  sa  vie,  plus  pure  que  celle  des  anges. 
vt  qui  illustre  toutes  les  églises,  conservera,  dans  leur 
innocence,  les  jeunes  cœurs  qui,  dans  cette  Institution,  lui 
seront  dévoués.  Cujus  vita  inclyta  cunctas  iUustrat  Ecclesias. 

Eéjouissons-nous  donc,  X.  T.  C.  F.,  de  ce  qu'il  y  a.  dans 
notre  pays,  une  nouvelle  Institution,  composée  d'hommes 
])ieux  et  savants  qui  vont  consacrer  leurs  talents  à  la  gloire 
de  Marie,  en  s'engageant  à  soutenir,  de  toutes  leurs  forces, 
le  privilège  de  son  inviolable  pureté,  dont  Elle  est  plus 
Jalouse  que  de  tous  les  autres. 

Nous  vous  avons  donné,  K.  T.  C.  F.,  les  motifs  de  ^N'otre 
confiance  dans  V  Université-Lac al^  que  depuis  longtemps 
Nous  appelions  de  tous  nos  vœux,  et  qui  enfin  jS^ous  appa- 
raît aujourd'hui  sous  les  plus  heui-eux  auspices.  Jusqu'ici. 
Xous  vous  avons  parlé,  comme  évêque,  de  cette  Vénérable 
Maison,  qui  vient  d'être  érigée  en  Université:  souffrez 
maintenant  que  Nous  vous  en  parlions  en  fils  dévoué. 

En  effet,  c'est  au  Séminaire  de  Québec  que  Nous  devons 
le  bienfait  de  notre  éducation  :  et  toujours  Nous  nous  som- 
mes senti  incapable  d'acquitter  cette  dette  sacrée,  conti'actée 
par  Nous  pour  cet  insigne  bienfait.  Nous  nous  contentions 
donc  de  Nous  rappeler  avec  attendrissement  les  joitrs  heu- 
reux que  Nous  passâmes  sous  ces  voûtes  antiques  qui  abri- 
tèrent nos  jeunes  années,  et  d'en  bénir  la  divine  Providence. 
■  Ces  doux  souvenirs  ne  suffisaient  point  à  notre  reconnais- 
sauce,  mais  retraçaient  vivement  à  Notre  imagination,  et 
surtout  gi-avaient  plus  avant  dans  Notre  cœur  les  leçons  de 
haute  sages.se  que  l'on  uous  donnait  à  tous,  pour  notis 
apprendre  à  bien  sei*vir  notre  Eeligion  et  notre  Pays.  Ils 
dissipaient,  pour  un  moment,  les  sombres  nuages  des  inquié- 
tants soucis  qui  enveloppent  la  vie  humaine,  en  tous  lieux. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  il3 

à  tout  âge  et  dans  ioute?  les  coiiditions.  Ils  retrempaioil 
Notre  courage,  et  Nous  ranimaient  dans  racconipliBsement 
(le  Nos  devoirs. 

Le  dévouement  le  plus  filial,  pour  une  Maison  si  juste- 
ment chérie,  se  nourrissait  ainsi  de  ces  doux  souvenirs 
d'enfance  ;  et  l'éclat  de  la  mître,  qui  Nous  a  été  imposé, 
malgré  Notre  indignité,  loin  de  l'effacej',  n'a  fait  que  l'ac- 
croître. Car  plus  l'on  monte  les  degrés  de  la  hiérarchie, 
qui  distingue  les  conditions  de  la  vie  humaine,  plus  Ion 
comprend  le  prix  d'une  bonne  éducation,  parce  que  Ion  eu 
>ent  mieux  le  besoin. 

Comme  vous  le  voyez,  N.  T.  C.  F.,  Nous  voulions,  en  vous 
arrêtant  un  instant,  sur  cette  circonstance  de  notre  enfance, 
acquitter  une  vieille  dette,  et  vous  inviter  à  Nous  venir  oi 
aide  pour  cela. 

Dans  cette  vue.  Nous  allons  prier  tous  ensemble  pour  la 
nouvelle  Université,  afin  d'obtenir  de  Celui  de  qui  vient 
tout  don  parfait,  qu'elle  accomplisse  dignement  sa  haute 
mission  ;  et  aussi  pour  tous  les  enfants  du  pays  qui  vont 
fréquenter  cette  grande  Ecole,  afin  qu'ils  y  apprennent  à 
être,  toute  leur  vie,  la  consolation  de  la  Eeligion,  la  gloir** 
de  la  Patrie,  et  l'ornement  de  leur  famille. 

Espérons,  N.  T.  C.  F.,  qu'il  ne  sortira  de  cette  Institutioi» 
aucun  de  ces  monstres  d'impiété,  qui  sont  les  fléaux,  du 
monde,  et  qui  font  quelquefois  regretter  qu'il  y  ait,  de  nos 
jours,  tant  de  moyens  d'éducation.  Car  les  horribles  tem- 
pêtes qui  bouleversent  si  souvent  les  sociétés  humaines,  et 
(jui  renverseraient  les  colonnes  de  la  Religion,  si  le  bras 
divin,  qui  les  a  élevées,  ne  les  soutenait,  sont  toujours  soule- 
vées par  le  souflie  des  mauvaises  passions  qu'inventent, 
chaque  jour,  des  hommes  que  Dieu  destinait  à  faire  le  bon- 
heur du  monde,  par  les  riches  dons  de  la  grâce  et  de  la 
nature  dont  il  les  a  comblés,  et  qui  en  font  le  malheur,  par 
l'abus  sacrilège  qu'ils  font  de  tous  ces  biens.  Hélas!  ils 
ressemblent  aux  mauvais  anges  qui,  par  leur  orgueil,  vou- 
lurent troubler  la  paix  du  ciel,  et  qui  pour  cela  furent  pré- 
cipités au  fond  des  enfers  ! 


5! 4  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

pj'ioBs  donc,  N.  T.  C.  F.,  jDOur  que  Dieu  préserve  notre 
patrie  d'un  pareil  malheur  ;  et  à  cette  fin,  et  conformément 
H  toutes  ces  intentions,  l'on  chantera  à  l'issue  de  la  grand'- 
raesse,  à  laquelle  on  aura  publié  la  Lettre  Pastorale  de  Mgr. 
l'Archevêque  de  Québec,  à  l'autel  delà  Bienheureuse  Vierge 
Marie,  le  Veni  Creator  et  la  Prose  Inriofata,  avec  les  versets 
et  oraisons  du  Saint  Esprit  et  de  l'Immaculée  Conception, 
comme  au  Bréviaire.  Cet  autel  sera  aussi  orné  que  possi- 
ble, et  l'on  encensera  l'image  de  l'Auguste  Vierge,  en  se 
conformant  au  Cérémonial  pendant  le  chant  de  VInviolata. 

Vous  entendrez  dimanche  prochain  la  lecture  de  la  Lettre 
Pastorale  de  Kotre  Vénérable  Métropolitain,  à  laquelle 
îfoTis  n'ajoutons  rien,  parce  qu'elle  se  recommande  assez 
d'elle-même.  Pour  Nous,  en  vous  écrivant  aujourd'hui, 
Noois  n'avions  qu'un  but;  c'était  de  témoigner  publique- 
ment de  toute  la  confiance  que  Nous  portons  à  l' Université- 
Laval,  et  Nous  avons  tâché  de  le  remplir,  en  vous  faisant 
observer  que  tout  dans  cette  grande  œuvre  est  de  nature  à 
rassurer.  Car  son  organisation  est  régulière  ;  son  Nom  est 
influent  ;  sa  vocation  est  sublime  ;  ses  professeurs  sont 
habiles  ;  ses  protecteurs  sont  puissants  ;  son  but  est  divin  ; 
et  elle  a  pour  la  diriger  du  haut  du  ciel  la  Bienheureuse 
Vierge  Marie,  qui  y  brille  de  tout  l'éclat  de  son  inviolable 
pureté,  et  qui  s'ïra  pour  elle  la  véritable  Etoile  de  la  Mer, 
conduisant  sûrement  au  port  tous  ceux  qui  tiennent  leurs 
regards  tendrement  fixés  sur  cet  astre  lumineux. 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  toutes 
les  églises  dans  lesquelles  se  fait  l'Ofiice  public,  le  premier 
dimanche  après  sa  réception  ;  et  celle  de  Sa  Grâce  Mgr. 
l'Archevêque  de  Québec,  le  dimanche  suivant,  où  l'on  fera 
les  prières  indiquées  ci-dessus. 

Donné  à  Montréal,  le  jour  de  la  fête  de  St.  Jean  l'Evan- 
géliste,  le  vingt-sept  Décembre  mil  huit  cente  cinquante- 
trois,  sous  Notre  seing  et  sceau  et  le  conti-e-seing  de  Notre 

Secrétaire. 

t  Kt.  EVÊQUE  de  MONTEE  AL. 

J.  O.  PARE.  Chan.  Secrétaire. 


ClfîCL  LAir^ES  ET  AUTF{ES  DOCUMENTS  il 5 


T.KTTFîR  PASTOEALE  ANNONÇANT  L'ERECTION 
DE  L'UNIVEESITÉ-LAYAL. 


PIKRRE-FLAVIEX  TURUEO.V.  PAR  LA  MISÉRICORDE  DE  DIEU  ET 
I.A  GRACE  DU  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE.  ARCHEVÊQUE 
DE    QUÉBEC,    ETC..    ETC..    ETC. 

Au  Clergé  séculier  et  régulier  et  à  tous  les  Fidèles  de  notre 
diocèse,  Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

L'Eglivse  Catholique  a  toujoui-s  compris,  N.  T.  C.  F.,  que 
rien  n'est  pins  propre  à  manifester  sa  gloire,  à  procurer  le 
bien  des  peuples,  à  fortifier  le  règne  de  J.  C.  dans  le  cœur 
des  fidèles,  que  les  bonnes  et  saines  études  appuyées  sur  les 
vérités  de  la  foi  et  dirigées  par  la  main  protectrice  de  la 
religion.  Considérant  "  combien  par  l'étude  des  lettres  la 
foi  catholique  est  afi'ermie,  le  culte  de  Dieu  propagé,  la  jus- 
tice honorée,  et  les  autres  vertus  illustx'ées,"  les  Souverains 
Pontifes  ont  toujours  travaillé  à  propager  les  lettres  et  les 
sciences,  en  les  plaçant  sous  l'égide  de  l'Eglise. 

Ils  faisaient  un  devoir  impérieux  aux  clercs  de  se  mettre 
:\  la  hauteur  de  leur  sublime  vocation^  par  de  longues  et 
sérieuses  études.  '•  L'avantage  de  la  religion,  disait  Gré- 
goire XVI,  d'heureuse  mémoire,  le  bonheur  et  l'utilité  des 
peuples  exigent  que  ceux  qui  sont  appelés  au  service  du 
►Seigneur  et  qui  désirent  se  consacrer  à  la  milice  ecclésiasti- 
que, brillent  non-seulement  par  rëclut  de  toutes  les  vertus, 
mais  encore  qu'ils  s'occupent  as.sidûment  à  l'élude  des  lettres 
et  des  sciences,  afin  de  pouvoir  exhorter  les  autres,  en  s'ap- 
piiyant  eux-mêmes  sur  une  saine  doctrine,  et  réfuter  ceux 
qui  attaquent  la  vérité.  La  science  devant  reposer  sur  les 
lèvres  du  prêtre,  et  la  loi  découler  de  sa  bouche,  il  fout  que 


416  MANDEMENTS,  LETTHE8  PASTORALES, 

l'ignorance,  mère  de  toutes  les  eiTeurs,  soit  soigneusement 
évitée  par  les  prêtres,  chargés  d'instruire  les  peuples."  Ces 
paroles  témoignent  de  l'importance  attachée  par  ce  vénéra- 
ble Pontife  à  la  connaissance  des  lettres  et  des  sciences 
sérieuses,  qu'il  regardait  comme  de  puissants  auxiliaires  à 
1  œuvre  de  Dieu  parmi  les  hommes. 

L'histoire  nous  apprend  que  ses  prédécesseurs  sur  la 
chaire  pontificale  ont  voulu  accorder  une  égale  protection 
aux  saines  et  fortes  études,  et  que  la  pratique  constante  de 
l'Eglise  catholique  a  été  de  favoriser  le  développement  de 
l'espi'it  humain,  en  ayant  l'intention,  toutefois,  de  la  sauve- 
iiarder  contre  les  aberrations  d'une  philosophie  orgueilleu!>e 
et  contre  la  mollesse  éners'ante  d'une  littérature  payenne. 

Lorsque,  à  la  chute  de  l'empire  romain,  les  lettres  et  les 
sciences  furent  menacées  d'une  ruine  entière  par  les  bar_ 
bares  du  Nord,  elles  trouvèrent  un  asile  sacré  dans  les 
monastères,  où  dhumbles  cénobites  conservèrent  avec 
amour  les  chefs-d'œuvres  de  l'antiquité.  C'est  ainsi  que 
sous  laile  de  la  religion  se  formèrent  ces  écoles  qui  ont 
gardé  précieusement  le  feu  sacré  de  l'intelligence,  au  milieu 
des  bouleversements  civils  et  politiques.  Quand  les  temps 
devinrent  plus  favorables,  les  élèves  accoururent  de  toutes 
parts  vers  ces  centres  de  lumières,  où  des  clercs  et  des  reli- 
gieux étaient  chargés  de  donner  des  leçons  dans  toutes  les 
sciences. 

Désireux  de  répandre  un  nouvel  éclat  sui-  les  plus  célèbres 
de  ces  écoles,  et  de  les  rendre  encore  plus  utiles,  les  Souve- 
rains Pontifes  les  prirent  sous  leur  protection  spéciale,  leur 
accordèrent  de  nombreux  privilèges  et  leur  dojinèrent  de 
sages  règlements,  pour  les  rendre  plus  utiles  aux  peuples, 
et  pour  en  éloigner  les  dangers  qui  auraient  pu  menacer  la 
jeunesse  studieuse.  Vers  le  commencement  du  treizième 
siècle,  le  nom  d'Université  fut  attribué  à  ces  précieux  ber- 
ceaux des  lettres  et  des  sciences,  où  Ion  enseignait  toutes 
les  branches  des  connaissances  humaines,  particulièrement 
celle  qui  e->t  la  base  de  toutes  les  autres,  la  science  de  la 
religion. 


OIKCUL AIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  417 

Les  plus  heureux  effets  découlèrent  de  la  création  de  ce> 
içrands  centres  d'enseignement,  réunissant  tout  ce  que  le 
■retient  et  la  science  avaient  de  plus  illustre,  et  répandant 
ensuite  la  lumière  dans  toutes  les  direction!^.  "  Vn  des 
nioyenu,  remarque  l'historien  Fleury,  dont  Dieu  sest  servi 
dans  les  derniers  temps  pour  conserver  la  saine  doctrine,  a 
été  l'institution  des  universités." 

Ainsi,  sous  la  haute  protection  de  l'Eglise  catholi(|ue,  les 
lettres  et  les  sciences  étaient  conservées  et  restaurées  ;  de 
T>ombreuses  écoles  étaient  ouvertes  :  les  universités  étaient 
établies.  Rome  marchait  à  la  tête  de  tous  les  progi-ès  : 
elle  leur  donnait  l'impul.'^ion.  et  leur  communiquait  une 
direction  salutaire. 

Et  dans  notre  Canada.  X.  T.  C.  F.,  le  clergé  catholique 
n'a  point  méconnu  sa  mission.  A  peine  quelques  maisons 
-étaient-elles  groupées,  sur  les  bords  du  St.  Laurent,  autour 
<iù  l'habition  de  Champlain,  fondateur  de  la  colonie,  que 
aéjà  la  religion  s'occupait  d'élever  un  temple  aux  lettres  et 
aux  sciences.  Les  enfants  de  St.  Ignace,  dès  l'année  1635, 
/étaient  les  fondations  du  collège  de  Québec,  qui  entre  leurs 
mains  pieuses  et  habiles  Jouit  bientôt  d'une  réputation  bien 
méritée.  En  1668.  Mgr.  de  Laval  fondait  son  séminaire 
destiné  surtout  à  promouvoir  les  études  ecclésiastiques. 
Pendant  un  siècle,  ces  deux  institutions  marchèrent  ensem- 
ble, se  soutenant  l'une  l'autre,  donnant  au  pays  de  zélé.s 
missionnaires  et  des  citoyens  utiles  et  éclairés.  Au  grand 
regi'et  de  la  colonie,  le  bel  établissement  des  Jésuites  tomba, 
après  la  prise  de  Québec  par  les  troupes  anglaises.  Heureu- 
sement pour  les  Canadiens,  le  séminaii-e  de  Québec  voulut 
continuer  l'œuvre  commencée  :  à  force  de  patience,  de 
dévouement  et  de  sacrifice,  il  réussit  à  conserver  au  milieu 
de  nous  les  traditions  des  bonnes  lettres  et  des  sciences. 

(rrâce  aux  efforts  du  catholicisme,  depuis  la  fin  du  siècle 
doi-nier.  de  nombreux  collèges  ont  surgi  et  ont  contribué  à 
étendre  l'œuvre  de  l'instruction,  à  mesure  que  lapopulatioji 
du  pays  s'accroissait  et  s'étendait.  Les  collèges  de  Montréal, 
de  Nicolet.  de  Sf.  Hyacinthe,  de  Ste.  Anne,  de  Ste.  Thérèse, 


•il 8  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

etc.,  fondés  par  des  membres  du  clergé,  ont  aidé  à  la  dittusiotr 
des  lumières  et  au  développement  des  bonne»  études.  Noui^ 
formons  des  vaux  bien  sincères  pour  que  la  Divine  Provi- 
dence veuille  bien  continuer  à  protéger  ces  belles  institu- 
tions, pour  qu'elles  puissent,  de  plus  en  plus,  étendre  la  sphère 
de  leurs  travaux  et  de  leurs  services  en  faveur  de  la  religion 
et  de  la  patrie. 

Nous  n'ignoi'ons  pas,  N.  T.  C.  F.,  qu'on  a  fait  au  clergé  et 
aux  collèges  bien  des  reproches^  au  sujet  des  efforts  qu'ils 
ont  faits  pour  promouvoir  l'instruction  classique.  Suivant 
certains  censeurs,  le  temps  consacré  à  l'étude  des  langues 
anciennes  serait  un  temps  perdu,  qu'il  vaudrait  mieux  em- 
ployer à  se  former  au  commerce,  à  l'agriculture,  aux  mé- 
tiers ;  les  lettres  exerceraient  une  influence  pernicieuse  sur 
la  société,  et  ne  devraient  point  trouver  place  dans  un  siècle 
de  mouvement  et  d'énergie,  tel  que  le  nôtre.  De  là  ils 
concluaient  que  les  maisons  de  haute  éducation  devraient 
modifier  leur  système  d'enseignement,  de  manière  à  laisser 
de  côté  les  langues  anciennes,  à  donner  une  instruction 
moins  relevée,  mais  aussi  plus  facile  à  acquérir  et  à  utiliser. 

Cette  théorie,  prônée  par  quelques  utilitaires,  qui  ne  ju- 
gent des  choses  qu'au  point  de  vue  matériel,  et  qui  n'esti- 
ment l'intelligence  que  comme  une  marchandise,  est  déjà 
bien  ancienne  dans  le  monde,  et  a  été  mille  fois  réfutée  pai- 
l'expérience.  C'est  la  même  qui  portait  un  lieutenant  des 
califes  à  détruire  par  le  feu  les  précieuses  bibliothèques 
d'Alexandrie  ;  c'est  la  même  encore  qui  poussait  les  Goths 
et  les  Vandales  à  effacer  sur  leur  route  les  traces  qu'avaient 
laissées  la  littérature,  la  langue  et  le  génie  des  Eomains. 
Au  gré  de  ces  tribus  guerrières  livrées  au  mouvement  et  an 
pillage,  les  poètes,  les  philosophes,  les  orateurs  ne  pouvaient 
servir  qu'à  énerver  la  vigueui"  et  embari'asser  les  mouve- 
ments d'un  peuple  marchant  vers  la  grandeur  et  la  fortune. 
Le  temps  a  eu  raison  de  ces  idées  empreintes  de  barbarie. 
L'Egypte,  l'Afrique  proprement  dite,  l'Asie  Mineure,  payti 
autrefois  si  savants  et  si  avancés  dans  la  civilisation,  sont 
tombés  par  l'oubli  des  lettres  dans  la  dégradation  la  plu* 


CIHCULAIHES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  419 

profonde  ;  tandis  que  lee  nations  à  demi-sauvages  de  l'Occi- 
dent et  du  Nord,  cédant,  après  leurs  premières  fureurs,  à 
l'influence  bienfaisante  de  la  science  et  de  la  littérature,  pc 
sont  placés  au  niveau  des  peuples  les  plus  policés  de  l'anti- 
quité, et  les  ont  surpassés  de  beaucoup  dans  les  progrès 
matériels. 

Nous  concevons  que  les  collèges  ne  doivent  pas  être  trop*, 
multipliés,  si  l'on  veut  que  ces  institution»  soient  mainte- 
nues sur  un  pied  respectable  pour  produire  tout  le  bien  - 
qu'on  en  attend.  Or,  bien  certainement,  deux  établiStc 
ments  de  ce  genre  ne  sont  pas  trop  pour  les  besoins  de  notSTe 
immense  diocèse.  Nous  sommes  d'ailleurs  bien  pereuadéi^ 
que  tous  les  jeunes  gens  ne  sont  pas  indistinctement  appelés. 
à  se  livrer  aux  études  classiques,  et  que,  pour  le  grand 
nombre,  elles  seraient  inutiles  ou  dangereuses.  Aussi;  loin 
d'encourager  les  parents  à,  envoyer  au  collège  des  enfants  . 
qui  n'ont  point  de  dispositions  convenables,  nous  leur  con- 
seillons de  suivre  une  voie  toute  différente.  Il  y  a  déjà  dans 
nos  maisons  d'éducation  beaucoup  trop  de  ces  jeune>»  gens 
qui  auraient  dû  se  contenter  de  l'instruction  donnée  dang 
une  bonne  école  élémentaire,  potfr  retourner  ensuite  aux 
occupations  de  leurs  parents.  Ces  élèves  incapables  ocea- 
bïionnent  à  leurs  familles  des  dépenses  inutil&s,  perdent  au 
collège  un  temps  précieux,  et  de  plus  retardent  notablement 
les  protrrès  de  leurs  condisciples.  Et  ce  n'est  là  qu'une 
partie  du  mal;  car,  après  avoir  passe  sans  profit  quelques 
années  au  collège,  ils  se  dégoûtent  d'un  travail  infructueux, 
et  abandonnent  leurs  études,  entraînant  souvent  à  leur  suite 
d'autres  élèves  doués  de  talents  supérieurs.  Les  uns  et  les 
autres,  se  croyant  eu  droit  de  mépriser  l'agriculture  et  les 
autres  travaux  manuels,  se  lancent  dans  une  profession 
libérale,  se  placent  derrière  un  comptoir,  ou  assiègent  les^ 
bureaux  publics  y)Our  y  obtenir  quelque  mince  emploi. 
A  cette  cause  devons-nous  attribuer  l'encombrement  déplo- 
j-able  de  toutes  les  professions,  et  le  déplacement  effrayant 
d'une  foule  déjeunes  gei^s,  qui  abandonnent  l'humble  maie, 
utile  condition  de  leurs  parents,  pour  devenir  une  charge  à. 


420-  MANDJÎMENTS,  LKTTIîES  PASTORALE!>i, 

la  société,  danc*  un  etut  que  wouveut  ils  déshonoveul.  Pour 
éviter  ces  graves  inconvénients;  il  i^uffirait  de  consultei- 
et  de  Huivre  len  règles  de  la  pi-udence.  Avant  d'envoyer 
leurs  enfants  mu  collège,  les  parents*  devraient  s'assurer, 
]>ar  quelque  temps  d'épreuves  dans  une  bonne  école  élémen- 
taire, par  les  con?^eils  de  personnes  éclairées,  que  ces  jeunes  : 
gens  sont  aptes  à  réussir  dans  un  cours  d'études,  et  qu'ils 
auront  assez  de  persévérance  pour  le  terminer.  Dans  le  cas 
contraire,  il  vaudrait  mieux  les  placer  dans  une  institution 
où  ils  recevraient  une  instruction  moins  relevée,  mais  qui 
-leraitplus  appropriée  à  leur  capacité  et  à  leurs  dispositions. 
Pour  l'enfant  qui  n  a  point  de  talents  remarquables,  ou  qui 
ne  peut  consacrer  que  trois  ou  quatre  ans  à  s'instruire. 
liieux  vaudrait  une  bonne  école,  comme  celles  des  Frères 
des  Ecoles  Chrétiennes,  que  le  collège  jouissant  de  la  plus 
haute  réputation.  Pliit  à  Dieu  que  nous  pussions  offrir  à 
i  s,  jeunesse  des  campagnes  quelques  écoles  d'agriculture,  où. 
eu  recevant  les  bienfaits  de  l'instruction,  elle  acquerrait  dea 
loanaissances  utiles  dans  le  premier  des  arts,  et  conserve-  ■ 
rait  l'habitude  du  ti*avail  I  L'établissement  de  semblables  ■> 
histitutions,  que  nous  appelons  de  tous  nos  vœux,  serait  un 
des  moyens  les  plus  efficaces  de  guérir  le  mal  qui  menace 
de  nous  envahir. 

Mais,  N.  T.  C.  F.,  parce  que  des  abus,  qu'il  est  facile  de 
corriger  et  de  prévenir,  se  sont  glissés  à  sa  suite,  faudrait-il 
condamner  im  système  d'enseignement  dont  une  longue 
expéiùence  a  prouvé  les  avantages  ?  Parce  que  les  intérêts 
matériels  doivent  avoir  leur  part  dans  une  société  bien  orga- 
nisée, est-il  juste  de  vouloir  forcer  l'éducation  à  ne  s'occuper 
que  des  biens  physiques  ?  Ij'homme  ne  vit  pas  seulement 
tlepain  ;  celte  intelligence  que  Dieu  lui  a  départie  demande 
des  aliments,  aussi  bien  que  le  corps,  l'ar  l'étude  des  bons 
auteurs  de  l'antiquité,  elle  se  fortifiera,  en  se  nourrissant  des 
;i)^?'aves  enseignements  ré])andus  dans  leurs  ouvrages  ;  elle 
«étendra  et  s'ennoblira  par  ses  rapports  journaliers  avec  ces 
tîtjprits  élevés  ;  elle  s'enrichira  des  connaissances  et  des 
lamiôres  des  siècles  passés;  en  !^e  ies' appropriant,  elle  de- 


CIRCULAlHEfcr  KT  AUTRES  DOCUMENTS  421 

viendra  capable  de  les  reproduire  au  besoin,  marquées  de 
son  cachet  individuel.  Or,  Tintelligence  de  l'enfant,  comme 
son  corps,  ne  peut  se  développer  que  graduellement:  or 
['étoufferait  en  lui  donnant  la  nourriture  qui  ne  convient 
qu'à  des  esprits  déjà  formés  par  la  culture.  Avant  de  la  Janoer 
dans  l'étude  des  matières  plus  relevées,  une  sage  disciplina 
devra  peu  à  peu  la  préparer,  pour  qu'elle  puisse  plus  tard 
les  embra.s8er  avec  facilité  et  avec  profit.  Eh  bien  !  la 
raison  et  l'expérience  nous  apprennent  que  c'est  par  l'étude 
du  langage  que  la  jeune  intelligence  s'accoutumera  à  coor- 
donner ses  idées,  à  les  lier,  à  les  comparer  les  unes  avec  les 
autres,  et  par  suite  se  disposera  à  recevoir  if^s  enseigne- 
ments de  la  science. 

Les  règles  générales  du  langage,  du  moins  chez  les  peu- 
ples civili.sés,  étant  à  peu  près  les  mêmes,  l'on  devra  choisir, 
pour  les  enseigner  au  jeune  élève,  les  langues  où  les  princi- 
pes de  la  grammaire  sont  mieux  développés,  et  qui  peuvent 
servir  à  faciliter  la  connaissance  de  la  plupart  des  autres. 
L'expérience  a  encore  démontré  que  le  grec  et  le  latin,  ces 
deux  langues  classiques,  possèdent,  sous  ce  rapport,  det^ 
avantages  incontestables.  En  effet,  les  langues  grecque  et 
latine  sont  mères  ou  bienfaitrices  de  tontes  les  langues  mo- 
dernes de  l'Europe  :  de  sorte  que.  pour  qui  sait  les  premièreK, 
il  est  bien  plus  aisé  d'apprendre  les  autres.  Par  leur  clarté, 
leur  force,  leur  précision,  elles  fournissent,  à  celui  qui  les 
analyse  et  les  étudie,  de  puissants  moyens  de  développer  son 
intelligence  et  d'en  faij-e  valoir  toutes  les  ressources:  enfin, 
elles  nous  mettent  en  rapport  avec  les  plus  beaux  esprits  de 
l'antiquité,  avec  les  Homère,  les  Démosthène.  les  Giceron, 
chez  les  païens;  les  Jérôme,  les  Augustin,  les  Basile,  les 
Chrysostôme,  parmi  les  chrétiens.  Et  certes,  on  en  con- 
viendra., il  y  a  beaucoup  à  gaerner  dans  la  société  d'homme"-' 
de  cette  force. 

Voilà  ce  que  nos  illustres  prédécesseurs  avaient,  compris, 
lorsqu'ils  prenaient  sous  leur  protection  spéciale  et  faveur 
saient  de  tout  leur  pouvoir  ces  institutions  où  l'on  se  fam'- 
liarise  avec  les  aiifeur-s  classiques  de  Rome  et  d'Athènes. 


m  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Bieû  loin  de  chercher  à  abaisser  le  uiveau  des  études  collé- 
içiales,  quelques-uns  d'entre  eux,  et  particulièrement  Mgr. 
Hubert,  dont  la  sollicitude  s'occupait  de  tous  les  besoins  de 
son  vaste  diocèse,  auraient  désiré  leur  donner  plus  d'éclat 
et  plus  d'extension,  par  l'établissement  d'une  Université 
Catholique  à  Québec.  Ce  projet  fut  abandonné  dans  le 
temps,  par  suite  des  nombreuses  difficultés  qui  s'élevèrent  ; 
mais  les  circonstances  étant  devenues  plus  favorables,  le 
même  projet  a  été  de  nouveau  agité  depuis  quelques  an- 
nées. C'est  eu  effet  avec  regret  que  l'on  voit  la  jeunesse 
catholique  forcée  de  passer  dans  des  pays  étrangers,  soit 
pour  y  obtenir  des  grades  académiques,  soit  pour  se  livrer  à 
létude  de  la  médecine  et  de  la  jurisprudence.  On  conçoit 
({uelles  doivent  être  les  inquiétudes  de  parents  religieux,  en 
songeant  à  leurs  enfants  livrés  à  eux-mêmes,  sans  aucune 
surveillance,  et  environnés  de  mille  dangers  pour  leur  foi  et 
pour  leurs  mœurs.  Hélas  !  dans  les  circonstances  actuellen, 
la  situation  de  ceux  qui  viennent  se  préparer  dans  nos  villes 
catholiques,  pour  entrer  dans  les  professions  libérales,  est 
souvent  aussi  déplorable. 

A  la  vue  de  ces  nombreux  et  graves  périls  que  court  une 
])artie  si  précieuse  de  leurs  troupeaux,  les  Pôi'es  du  Premier 
Concile  Provincial  de  Québec  émirent  le  vœu  que  les  catho- 
liques pussent,  dans  toute  l'étendue  du  pays,  jouir  d'écoles, 
de  collèges  et  d'Universités  adaptés  à  leurs  besoins  et  à 
leurs  croyances  :  Nobis  vero  nihil  non  emolhendum  erit  ut 
cathoUci  jwra  suo  n'fhientes,  schoVs  sibi  propriis,  sicut  et  colle- 
'fuë  Universitati''  ■  /ne,  intotâ  nostrâprovinciafruanfur.  (Con. 
Frov.  Queb.  Dec.  XV). 

Le  respectable  Séminaire  de  Québec,  entrant  dans  la  pen- 
sée des  Pères  du  Concile,  a  entrepris  de  la  mettre  à  exécu- 
tion, en  établissant  une  Université,  où  la  jeunesse  catholique 
pourra  fortifier  ses  études,  et  se  pj'éparer  à  recevoir  les  de 
içrés  académiques,  sans  s'exposer  à  perdre  sa  foi  et  ses 
mœurs.  Déjà,  l'année  dernière,  une  charte  royale  fut  octroyée 
pour  l'établissement  de  cette  institution,  par  notre  Très- 
«rracieufie  Souveraine,  la  Eeine  Victoria  ;  et  nous  avons  an- 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  423 

lourd'hui  le  bonheur  d'annoncer  que,  sur  la  demande  de 
tous  lesévêques  de  la  province  ecclésiastique,  le  Saint-Siège 
a  daigné  lui  contérer  des  privilèges  précieux,  comnae  gages 
de  sa  bienveillance. 

L'Université-Laval,  ainsi  nommée  en  mémoire  du  véné- 
rable fondateur  du  Séminaire  de  Québec,  ayant  reçu  la  sanc- 
tion et  du  pouvoir  ecclésiastique  et  de  l'autorité  civile,  nous 
invitons  la  jeunesse  studieuse  de  notre  diocèse  à  profiter  des 
avantages  qu'elle  lui  offre,  non  pas  pour  acquérir  une  gloire 
mondaine,  mais  pour  se  rendre  utile  à  la  religion  et  à  la 
patrie,  et  pour  procurer  la  plus  grande  gloire  de  Dieu  parmi 
les  hommes. 

Nous  espérons  que  cette  création  devra  produire  un  re- 
doublement d'efforts  dans  nos  maisons  de  haute  éducation. 
Rn  effet,  le  Conseil  LTniversitaire  a  déjà  offert  à  toutes,  en 
faveur  de  leurs  élèves,  les  avantages  que  sa  charte  lui  per- 
met d'accorder  à  la  jeunesse  du  pays.  Toutefois,  pour  les 
obtenir,  il  faudra  s'en  rendre  digne  par  de  bonnes  études,  cl 
le  prouver  par  des  examens  convenables.  Il  n'est  pas  dou- 
teux que  les  séminaires  et  les  collèges  de  notre  diocèse  et 
des  diocèses  voisins  ne  s'empressent  de  profiter  de  ces  offres. 
l*]t  bientôt,  nous  aui-ons  la  satisfaction  de  voir  régner  entre 
les  difféi-entes  maisons  d'éducation  une  émulation  louable- 
qui  tournera  au  profit  des  études  ;  chaque  année,  entre  les 
élèves,  se  renouvelleront  des  luttes  pacifiques,  toujours  d'une 
-grande  utilité,  même  pour  ceux  qui  n'y  trouveront  pas  la 
victoire. 

Au  sein  de  1  Université.' nos  jeunes  compatriotes,  guidés 
par  des  maîtres  chrétiens,  pourront  boire  les  eaux  de  la 
science,  sans  craindre  d'y  trouver  mêlés  les  poisons  de  l'er- 
reur. Là,  le  jeune  lévite  pénétrera  dans  les  profondeurs  de 
la  théologie,  éclairé  dans  sa  marche  par  le  flambeau  de  la 
toi  ;  là,  le  jurisconsulte  ne  s'occupera  pas  à  créer  de  vaines 
théories,  mais  il  étudiera  les  grands  principes  du  droit  qui 
<iécoulent  de  la  justice  éternelle  ;  le  médecin  y  apprendra  à 
reconnaître  dans  l'homme,  non  la  matière  organisée  par  le 
hasard,  mais  le  roi  de  la  terre,  le  chef-d'œuvre  du  créateur, 


4-24  MANDEMENTS,  LETTKES  PASTORALES, 

limage  créée  à  sa  ressemblance  et  l'objet  de  ses  plus  chèror 
prédilections  ;  le  philosophe  s'accoutumera  à  adorer  lamair- 
du  Dieu  Tout-puissant,  dans  les  merveilleux  secrets  de  I» 
nature.  Tous  y  pourront  puiser,  avef-  les  nobles  inspiration!^ 
de  la  science,  cet  amour  de  la  patrie  qui  rend  le  savant  utile 
à  ses  compatriotes,  ces  vertus  chrétiennes  qui  ornent  le^ 
])h\B  belles  intelligences,  cette  foi  pure  et  ferme  qui  empêche 
l'esprit  humain  de  s'égarer  dauB  les  voies  du  doute  et  de 
rirréligion. 

En  nous  réjouissant,  N.  T.  C.  F.,  des  heureux  résultait- 
(jue  promet  l'établissement  de  la  nouvelle  Université  catho- 
lique, nous  aimons  à  proclamer  hautement  l'importance  de^ 
services  que  le  séminaire  de  Québec  a  rendus,  et  qu'il  rend 
encore  à  la  cause  de  la  religion  et  de  la  patrie  ;  sa  démarche 
actuelle  est  une  suite  bien  natui-elle  des  efforts  constant»^ 
<|u'il  a  faits,  pour  répandre  pai*mi  les  .Canadiens  les  bienfaits 
d'une  instruction  supérieure,  basée  sur  les  principes  de  lu 
saine  morale.  Les  difficultés  dun  pareil  établissement  seront 
sans  doute  nombreuses  ;  mais  le  dévouement,  le  patriotisme 
et  la  foi  chrétienne  de  Messieurs  les  Dii'ecteurs  du  sémi- 
uaire,  sauront  les  vaincre,  comme  déjà  ils  en  ont  vaincu 
bien  d'autres. 

!Nous  avons  la  ferme  confiance  que  tous  nos  diocésaine 
comprendront  l'importance  de  cette  œuvre  nationale  et  reli- 
gieuse, et  qu'ils  seconderont  de  tout  leur  pouvoir  les  géné- 
j-eux  fondateurs  de  l'Université-Laval,  pour  la  faire  prospé- 
j-er,  et  la  rendre  de  plus  en  plus  utile  aux  grands  intérêtis 
de  l'ordre,  de  la  morale  et  des  saines  études. 

Puisse  la  Divine  Providence  répandre  ses  bénédictions 
sur  cette  glorieuse  institution,  et  lui  faire  produire  des  fm'nt^ 
abondants  de  salut,  non-seulement  pour  la  jeunesse  stu- 
dieuse, mais  encore  pour  tout  le  peuple  de  la  Province 
Ecclésiastique  de  Québec  ! 

Sera  la  présente  lettre  pastorale  lue  et  publiée  au  pi;ôije 
de  toutes  les  églises  de  ce  diocèse,  le  premier  dimanche,  ou 
jour  de  fête,  après  sa  réception. 

Donné  à  Québec,  sous  notre  f^eing.  le  .sceau  de  nos  armt^t 


^ 


CIHGULAIHES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  4'2& 

et  le  contreseing  de  notre  secrétaire,  le  jour  de  la  fête  de  la 
Conception  Immaculée  de  la  Bienhem*en!Ne  Vierge  Marie, 
mil  huit  cent  cinqTiante-troi!^. 

;   V.  V.  ARCHEV.  DE  QT^BBEC. 

Far  Monseif/neur. 

Edmomi  LAN«;EvrN'.  Ptre. 

Secrétaire. 
Certifié, 

St'.''rétaire; 


'EBGLEiMENT  PHOVISOIKE  POUll  LES  EPREUVES 
DU  BACCALAURÉAT  ÈS-ARTS  ET  DEL'TNSCRTI'- 
TION  DATsTS  L'UNIVERSTTK-LAYAL. 


1.  Nul  ne  sera  admis  au  grade  de  BacheVer-ès-arts,  ri 
inscrit  comme  élève  d'une  de?  Facultés,  à  moins  qu'il  n'ait 
])rouvé  qu'il  possède  les  matières  qui  font  ordinairement 
l'objet  de  l'enseignement  dans  les  collèges. 

IL  A  cet  effet,  tout  candidat  au  Baccalauréat  ou  à  l'In- 
scription devra  subir  deux  examens  :  l'un  après  avoir  fait 
sa  rhétorique,  l'autre  après  avoir  terminé  son  cours  de  philo- 
sophie. 

(Les  deux  règles  précédentes;  en  tant  quelles  ont  l'apport 
à  l'Inscription,  ne  sont  point  applicables  aux  jeunes  gens 
qui  auront  commence  des  études  professionnelles  avant  îe 
1er  de  septembre  1853.) 

III.  Pour  être  admis  à  1  un  ou  à  l'autre  de  ces  examen?-', 
le  candidat  devra  en  avoii-  obtenu  la  permission  du  Recteur 
de  l'Université,  auquel  il  en  aura  fait  parvenir  la  demanda' 
par  écrit  au  moins  quinze  jours  avant  la  première  séance  ée 
l'examen.     Cette  demande  contiendi-a  en  tontes  lettres  le 


4'?t>  MANDEMENTS,  LEITRES  PASTORALES, 

iiom^  le  prénom,  l'âge  et  le  lieu  de  la  résidence  du  candidat 
ainsi  que  le  nom  de  l'Institution  où  il  aura  fait  ses  huma- 
nités ou  son  cours  de  philosophie.  Le  candidat  devra  de 
plus  joindre  à  cette  demande  un  certificat  de  bonnes  mœurs, 
signé  par  le  chef  du  collège  où  il  aura  étudié  en  dernier 
lieu,  et  un  autre  signé  par  son  curé  ou  ministre,  s'il  ne  fré- 
quente aucun  collège  depuis  plus  de  deux  mois. 

IV.  Les  examens  se  font  par  écrit,  soit  en  français,  soit  en 
anglais,  au  choix  de  chacun  des  candidats,  et  leur  travail 
sera  distribué  en  six  séances  à  l'un  et  l'autre  examen. 

V.  Les  séances  du  premier  examen  dureront  :  les  trois 
premières,  trois  heures  ;  la  quatrième  et  la  cinquième,  quatre 
heures  ;  la  dernière,  cinq  heures.  Elles  sont  employées 
comme  suit  ; 

La  première,  à  faire  un  thème  latin  ou  des  vers  latins  : 

La  seconde,  à  faire  une  version  latine; 

La  troisième,  à  faire  une  version  gi'ecque  ; 

La  quatrième,  à  répondi-e  à  des  questions  sur  l'histoire 
universelle,  sur  l'histoire  du  Canada  et  sur  la  géographie  ; 

La  cinquième,  à  répondre  à  des  questions  sur  les  princi- 
pes et  l'histoire  de  la  littérature  et  de  la  rhétorique  ; 

La  sixième,  à  faire  une  composition  française  ou  anglaise, 
au  choix  du  candidat. 

(Plus  tard,  il  y  aura  une  séance  pour  un  thème  grec,  et 
nprès  1856,  une  des  i-éponses  sur  l'histoire  devra  être  faite 
dans  celle  des  deux  langues  française  et  anglaise  qui  sera  la 
moins  familière  au  candidat.  ) 

VI.  Les  séances  du  second  examen  seront  de  quatre  heu' 
res  chacune,  excepté  la  dernière  qui  ne  durera  que  deux 
heures,  et  elles  seront  employées  de  la  manière  suivante  : 

La  première,  à  faire  une  dissertation  ayant  rapport  à  la 
logique  ; 

La  seconde,  à  en  faire  une  sni-  un  point  de  métaphysique 
générale  ou  particulière  : 

La  troisième,  à  en  fiiire  une  sur  un  point  de  morale; 
La  quatrième,  à  répondre  à  des  questions  sur  la  physique 
et  sur  la  chimie  ; 


GIHCULAIRKS  ET  AUTHES  DOCUiMENTS  4'Î7 

La  cinquième,  à  résoudre  des  problèmes  et  à  i-épondre  a 
des  questions  sur  les  mathématiques  et  sur  l'astronomie  ; 

Enfin  la  dernière. *à  répondre  à  des  questions  sui-  l'his- 
toire naturelle. 

(Les  questions  sur  les  sciences  ne  devront  supposer  que 
des  connaissances  élémentaires.  Il  suffira,  pour  les  mathé- 
matiques, que  le  candidat  sache  l'arithmétique,  l'algèbre,  la 
géométrie  et  la  trigonométrie  rectiligne  telles  qu'on  les 
enseigne  maintenant  dans  les  collèges  : 

VU.  Des  jurys,  nommés  comme  il  est  dit  ci-aprùs,  examine- 
ront le  travail  des  candidats,  et  détermineront,  à  la  pluralité 
des  voix,  le  nombre  de  points  auquel  chacun  d'eux  aura 
droit.  Ce  nombre  ne  devra  dans  aucun  cas  excéder  le 
maximum  fixé  comme  suit  : 

Dix  huit  points  pour  le  travail  de  chacune  des  trois  pic- 
mières  séances  du  premier  examen  ; 

Vingt-quatre  points  pour  celui  de  la  quatrième,  et  autant 
pour  celui  de  la  cinquième  : 

Trente-six  points  pour  la  composition  française  ou  an- 
alaise  ; 

Dix-huit  points  pour  le  travail  de  chacune  des  cinq  pro- 
laières  séances  du  second  examen  ; 

Neuf  points  pour  le  travail  de  la  dernière. 

Vril.  A  la  fin  de  lun  et  l'autre  examens,  les  jurys  addi- 
tionneront les  points  gagnés  par  les  candidats  et  distribue- 
ront oeux-ci  en  trois  catégories,  ayant  soin  d'inscrire  les 
noms  des  deux  premières  par  ordre  de  mérite. 

La  première  catégorie  sera  composée  de  ceux  qui  auront 
gagné  au  moins  les  deux  tiers  des  points  que  chacun  pouvait 
gagner  ; 

La  seconde  de  ceux  qui,  n'ayant  pas  gagne  les  deux  tiers, 
en  auront  gagné  au  moins  un  tiers  : 

La  troisième  enfin,  de  ceux  qui  en  auront  gagné  moins 
d  un  tiers. 

IX.  Les  candidats  qui  auront  été  placés  dans  la  première 
catégorie  à  l'un  et  l'autre  examens,  obtiendront  seuls  le  di- 
plôme de  Bacbeh'er-harfs:.    Ceux  de  la  seconde  catégorie 


4'>8  VJANDE.MKNrS.   LKTTHES  PASTOKALES. 

pourront  suivre  les  cours  de  l'Université,  mais  ils  ii'obtieiv 
(Iront  dans  aucune  Faculté  un  degré  supérieur  à  celui  di= 
Bachelier,  tant  qu'ils  n  auront  pas  été  admis  à  ce  degré  dans 
celle  des  Arts.  Enfin  ceux  de  la  dernière  catégorie  n'ob- 
tiendront aucun  privilège  ;  ils  pourront  cependant  se  pré- 
senter de  nouveau  aux  examens. 

X.  Il  n'y  aura  qu'un  jury  pour  le  premier  examen.  Deux- 
autres  se  partageront  le  second,  de  manière  que  l'un  ait  à 
examiner  les  candidats  sur  la  logique,  la  métaphj'-sique  et 
Ja  morale,  et  l'autre  Bur  les  soiences  mathématiques  et  phy- 
siques. Cependant  la  même  per.sonne  pourra  faire  partie 
des  deux  jurys  ou  même  des  trois. 

XI.  Les  jurys  seront  nommés  par  le  Recteur  de  l'Univer- 
sité et  les  membres  en  seront  choisis  parmi  les  officiers  et 
les  professeurs  des  collèges  de  la  Province.  I.e  quorum  de 
rhacun  de  ces  trois  jurys  sera  fixé  à  cinq. 

XII.  Les  jurys  devront  se  conformer  pour  les  détails  des 
examens  aux  règles  qui  seront  adoptées  par  le  Conseil  d*' 
l'Université;  et.  quant  aux  matières  des  examens,  ils  ne 
pourront  en  substituer  aucune  à  celles  qui  auront  été  déter- 
minées par  le  Recteur  ou  par  le  Doyen  de  la  Faculté  des 
Arts. 

N.  B. — Des  programmes  pj-ecisant  les  matières  sui-  les- 
quelles les  candidats  poiirront  avoir  à  faire  des  réponse»^ 
seront  rédi,i:''-<  et  approuvés  le  plus  tôt  possible. 

Québec.  2ti  iuin  185.3. 


OIHOULAIK'K  AU  OLERaÉ  DV   DrOCESK  I>K 
MONTRÉAL. 


Moiitreiil.  le  22  Mars  1854. 
M<jnsie(;k. 

La  présente  est  pour  vôueanuojicer  que  le  ivituel  itoniain. 
lAppendice  au  Rituel,  qui  renferme  les  Prônes,  annonces, 
etc.,  l'extrait  du  Rituel,  pour  l'administi-ation  des  nialaden, 
et  le  Cérémonial,  ordonnés  pur  le  Concile  Provincial  de 
(Québec.  sf>nt  enfin  sortis  de  sous  presse.  Chaque  Prêtre 
devra  se  procurer  au  plus  tôt  un  exemplaire  du  Rituel,  de 
l'Appendice  et  du  Cérémonial,  pour  son  propre  usage,  et 
désormais  il  ne  sera  plus  permis  d'user  d  autres  livres  pour 
l'administration  des  Sacrements,  et  la  célébration  des  Saints 
Offices,  que  de  ceux  qui  sont  ici  à  votre  disposition.  Chaque 
Fabrique  devra  aussi  se  procurer  un  exemplaire  du  Rituel, 
lie  l'Appendice  au  Rituel,  et  du  Cérémonial  ;  de  plus,  autant 
d'exemplaires  de  l'extrait  qu'il  y  a  de  Prêtres  dans  chaque 
I-'aroisse,  et  au  moins  douze  exemplaires  du  Petit  Cérén^o- 
iiial.  Chaque  Fabrique  devra  encore  faire  les  frais,  si 
besoin  en  est,  d'une  Ecole  de  chant  et  de  Cérémonial. 
Comme  encouragement,  on  pourrait  distribuer  en  récom- 
pense le  Petit  Cérémonial,  ainsi  que  des  livres  de  chant  el 
des  cantiques  qui  vont  être  publiés.  Le  Petit  Cérémonial 
sera  d'une  commodité  pour  les  enfants  de  Chœur  ;  car  outre 
Tes  Cérémonies,  il  renferme  encore  les  prières  de  la  Messe. 
les  Psaumes  et  hymnes  de  tous  les  Dimanches  et  principales 
fêtes  de  l'année,  des  prières  pour  le  Salut,  etc. 

L'Office  des  morts  qui  se  trouve  noté  dans  notre  Edition 
du  Rituel  Romain  ne  sera  pas  de  trop;  car  j'espère  qu'aux 
enterrements  de  Prêtres,  ou  pourra  le  chanter  ;  comme 
aussi  j'ai  l'espoir  que  Ton  fera  communier  beaucoup  d'âmes 
iérvëntes  dans  ces  jours  si  terribles  pour  nous  et  où  l'on  a 
un  si  grand  besoin  de  suffrages. 

lie  supplément  du  Diocèse.  a.jouté  à  l'Appendice  au  Rituel 


430  MANDBiMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

fait  pour  toute  la  Province,  nous  aidera  à  honoi'er  et  à  faire 
honorer  tous  les  Saints  de  notre  Calendrier,  et  à  gagner 
beaucoup  d'indulgences.  Elles  nous  sont  si  nécessaires,  à 
nous  ainsi  qu'aux  fidèles  confiés  à  nos  soins  ! 

Vous  recevrez,  après  le  prochain  Concile,  un  Précis  de 
Cérémonies  controversées,  pour  en  fixer  la  pratique.  Ce 
Précis  indiquera  en  même  temps  les  réformes  générales  qui 
sont  à  faire,  en  corrigeant  les  fautes  qui  se  commettent 
i(énéralement  dans  les  Chœurs. 

Vous  trouverez,  à  la  suite  de  la  présente  Circulaire^  une 
formule  d'annonce,  que  vous  lirez  au  Prône,  et  que  vous 
commenterez  au  besoin,  afin  que  les  fidèles  soint  informes 
partout,  et  uniformément,  des  modifications  que  vont  subir 
les  cérémonies,  pour  être  mises  en  parfaite  harmonie  avec 
le  Cérémonial  de  la  Sainte  Eglise  Eomaine.  J'espère  que. 
loin  d'être  scandalisés  des  changements  qui  vont  frapper 
leurs  yeux,  ils  en  seront  édifiés.  Au  moj^en  de  cette  for- 
mule, on  tiendra  le  même  langage,  en  annonçant  le  Céré- 
monial du  diocèse,  et  on  arrivera  au  même  but. 

Nos  Eglises  vont  donc  devenir,  par  notre  ponctualité  à 
tout  faire  selon  les  règles,  comme  des  miroirs  fidèles  des 
saints  Canons,  et  des  images  vivantes  de  la  vraie  piété. 
iN^os  divins  Ofiices,  bien  chantés  et  bien  servis,  seront  une 
source  intarissable  de  bénédictions,  pour  le  Clergé  et  pour 
le  Peuple.  La  discipline  sacrée,  qui  s'observera  dans  nos 
temples,  passera  dans  nos  maisons,  et  dans  celles  des  fidèles. 
La  vie  privée  et  la  vie  domestique,  la  vie  sacerdotale  et  la  vie 
pastorale  seront  comme  les  rayons  de  sainteté,  que  reflétera, 
tous  les  Dimanches  et  Fêtes,  la  splendeur  de  notre  culte, 
il  s'en  suivra,  pour  Dieu,  une  grande  gloire,  pour  l'Eglise, 
une  grande  édification,  et  pour  nous,  un  grand  mérite. 
Avec  le  culte  divin,  bien  soigné,  nous  conservons  la  foi  ;  et 
avec  la  foi,  nous  régnons  sur  les  cœurs  ;  et  notre  règne  se 
maintiendra  aussi  longtemps  que  se  conservera  la  foi  du 
peuple.  Ces  vérités  sont  palpables,  et  n'ont  en  conséquence 
nul  besoin  de  preuve. 

En  terminant,  je  dois  ob.^erver  que  si,  faute  de  zèle  pour 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOGUiMENTS  4,31 

le  culte  de  Dieu,  il  arrive  plus  tard  que  les  offices  publics 
soient  quelque  part  notablement  négligés,  je  les  y  réduirai 
tous  à  une  simple  basse  Messe.  Vous  pourrez  faire  valoir 
cette  menace  qui  s'exécutera  partout  où  cela  sera  nécessaire, 
t*\  vous  ne  pouviez  vaincre  autrement  l'apathie  que,  dans 
certains  endroits,  l'on  montre  pour  le  chant  et  les  Cérémo- 
nies. Au  besoin,  réduisez  vos  enfants  de  Chœur  au  nombre 
strictement  nécessaire,  pour  n'en  avoir  que  de  bons  et  qui 
honorent  leur  place,  par  leur  décence  dans  l'Eglise,  et  leuj- 
régularité  dans  la  Paroisse. 

Enfin,  pour  que  Dieu  nous  fasse  part  du  zèle  qui  dévorait 
son  Divin  Fils,  pour  l'honneur  de  son  culte,  (Zelus  Domm 
tux  Gomedit  me)  nous  le  lui  demanderons,  chaque  jour,  arfx 
Petites  Heures,  en  récitant  le  Psaume  118,  qui  s'applique  si 
naturellement  à  tout  ce  qui  se  rattache  aux  lois  sacrées  de 
discipline,  Rubriques,  Cérémonies,  Rites,  etc.,  qui  nous 
occupent  tous  si  spécialement  dans  ce  moment  ;  chaque 
expression  de  ce  beau  Psaume  semble  être  une  coi*de  har- 
monieuse de  la  harpe  du  Prophète,  pour  faire  vibrer  jus- 
qu'au fond  de  l'âme  le  son  mélodieux  de  la  Loi  Divine,  qui 
apprend  à  bien  faire  toute  chose.  Bonitatem  et  disciplinam 
et  scientiam  doce  me,  quia  mandatis  tuis  credidl. 

Nous  sommes  habituellement  deux  cent  trente,  dans  <e 
Diocèse,  qui  répétons  chaque  jour  cet  admirable  cantique. 
Notre  intention  commune,  en  le  disant,  étant  d'obtenir  que 
nos  offices  soient  en  tous  lieux  bien  servis  et  bien  bien  chantés, 
Dieu  l'aura  sans  doute  pour  agréable,  lui  qui  nous  adresse 
continuellement  cette  pressante  exhortation  :  Apprehenditc 
disciplinam  nequando  irascatur  Dominus,  et  pereatis  de  via 
justa.  Oh  !  j'en  ai  l'intime  confiance,  il  n'aura  pas  à  se 
fâcher  de  notre  négligence  à  remplir  nos  saintes  fonction.-;, 
(lans  son  sanctuaire.  Il  n'y  a  déjà  dans  le  monde  que  trop 
de  crimes,  pour  provoquer  sa  colère  !  Notre  commune  fidé- 
lité à  bien  faire  les  plus  petites  cérémonies  devra  l'appaiseï-. 

Je  suis  bien  cordialement,  Monsieui-, 

Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur, 

t  IG.  EVÊQUE  DE  MONTREAL. 


432  MANDEMENTS,  LK'ITKEH  PASTORALES, 

P.  S. — V'ous  trouverez,  a  la  tin  de  V Appendice  au  Rituel. 
dans  un  supplément,  plusieurs  annenees  propres  à  ce  dio- 
cèse. En  recevant  ce  volujne.  vous  voudrez  indiquer  de 
.suite,  dans  l'appendice  même,  le  lieu  où  ces  annonces  doi- 
vent trouver  place,  atîn  quelles  ne  soient  pas  oubliées  aux 
jours  où  elles  doivent  être  faite».  Chaque  curé  devra  faire 
acheter  par  la  Fabrique  deux  tableaux,  tels  que  ceux  qui 
.sont  dans  le  Grand  Cérémonial,  les  faire  encadrer  et  placer 
dans  la  sacristie.  Ces  deux  tableaux  coûtent  trente  sols. 
Le  Rituel  coûte  dix  chelins  ;  1  Appendice,  six  chelins  et 
trois  deniers;  le  Grand  Cérémonial  six  chelins  et  huit 
deniers  ;  le  Petit  Cérémonial,  cinquante  sols,  et  l'Extrait  du 
Ivituel  trente  sols.  Le  Grand  et  le  Petit  Cérémonial,  quoi- 
que déjà  imprimés,  ne  seront  reliés  que  dans  quinze  jours  on 
troie  semaines.  Pour  répandre  davantage  le  Répertoire  de 
V Organiste  de  M.  J.  B.  Labelle,  le  prix  en  a  été  réduit  de 
douze  piastres  à  six  ;  et  si  on  en  prend  deux  exemplaires, 
on  les  aura  pour  dix  piastres  les  deux.  Ce  sera  à  l'Evêché 
que  vous  voudrez  bien  vous  adresser  pour  ces  différents 
l'uvragc*. 

y  J.  K.  DE  M. 


ANNONCE  DU  CEREMONIAL  DE  LA  PROVINCE 
DE  QUEP>EC. 


Le  dimanche  après  la  réception  du  Cérémonial  Provin- 
cial, le  curé  dira  au  prône  : 

"Nous  avons  reçu  le  Cérémonial  que  les  Pères  du  Pre- 
mier Concile  Provincial  de  Québec  ont  donné  à  toute  leui- 
j)rovince,  pour  que  les  saintes  cérémonies  s'y  fissent  unifor. 
'uément,  comme  il  convient  que  cela  se  pratique  dans  une 
fieligion  qui  continuellement  ramène  l'homme  à  l'unité  de 
foi  et  de  morale." 

En  mettant  ce  Cérémonial  à  exécution,  nous  devons  vous 
faire  quelques  observations  sur  certains  changements,  que 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  i3:3 

V0U8  allez  voir  s'opérer  dans  les  cérémonies,  pour  que. 
comprenant  bien  pourquoi  cela  se  foit  ainsi,  vous  en  soyez 
lidifiés  :  et  que  votre  respect  pour  le  culte  divin  n'en  soit  que 
plus  religieux. 

D'abord,  vous  comprenez  parfaitement,  instruits  comme 
vous  l'êtes,  que  ce  n'est  pas  la  religion  qui  est  changée, 
niais  uniquement  certaines  pratiques  de  cérémonies;  et  cela 
pour  que  la  religion  elle-même  soit  plus  fidèlement  observée. 

Ce  ne  sont  pas,  remarquez-le  bien,  des  cérémonies  nou- 
velles que  l'on  fait,  mais  ce  sont  les  cérémonies  de  la  sainte 
Kglise  Rome  que  l'on  introduit  ici  dans  toute  leur  pureté,  à 
la  place  do  certains  usages  qui  s'étaient  insensiblement 
glissés  parmi  nous.  L'éloignement  de  l'Eglise-Mère,  la 
difficulté  de  se  procurer  des  livres  liturgiques,  la  longueur 
des  communications  avec  Rome,  expliquent  et  justifient  ce> 
différences. 

Mais  maintenant  que  nos  relations  avec  le  Pore  commun 
sont  devenues  faciles  et  fréquentes  ;  que  nos  évéques  ont  pu 
aller  voir  de  leurs  yeux  comment  se  fait  le  service  divin, 
dans  l'Eglise  qui  doit  être  le  modèle  de  toutes  les  autres  ; 
que  de  savants  ouvrages  ont  été  publiés  sur  ce  sujet,  il  est 
tout  naturel  que  l'on  renonce  à  des  usages  particuliers,  pour 
-e  mettre  en  parfaite  harmonie  avec  l'Eglise-mère.  C'est 
ce  qu'a  parfaitement  compris  le  Concile  de  Québec. 

Au  reste,  ces  changements  ne  sont  importants  que 
parce  que  rien  n'est  petit  dans  le  culte  de  Dieu  ;  et  que 
<;haque  Rite  étant  sacré,  on  ne  saurait  le  négliger  en  quoi- 
que ce^soit  ;  c'est  ainsi  qu'en  ont  jugé  nos  Evéques,  et  c'est 
aussi  la  pensée  religieuse  que  nous  en  devons  concevoir 
nous-mêmes.     Vous  allez  en  juger  par  quelques  exemples. 

Aux  saints,  ainsi  qu'aux  autres  Offices,  pendant  lesquels  le 
SS.  Sacrement  est  exposé,  Ton  ne  doit  pas  sonner  la  clo- 
chette. C'est  qu'alors,  et  pendant  tout  ce  temps,  ceux  qui 
sont  dans  l'Eglise  sont  dans  de  continuelles  adorations.  Ils 
n'ont  donc  pas  besoin  detre  avertis  de  faire  ce  que  déjà  ils 
font,  avec  toute  la  piété  dont  ils  sont  caj: a'jle-?.  Que  si,  à 
certaines  parties  de  l'Office,  la  cloche  extérieure  sonne,  ce 

28 


434  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

iiest  que  pour  inviter  les  pieux  fidèles  du  dehors  à  unir  leur?- 
hommages  à  ceux  qui  sont  présents  aux  Sts.  Mystères. 

Aux  basses  Messes,  qui  se  célèbrent  pendant  un  Office 
Public,  l'on  ne  sonne  pas  non  plus  la  clochette.  C'est 
poui'  empêcher  que  les  assistants  ne  soient  distraits  de 
l'attention  qu'ils  doivent  tous  donner  à  l'Office  solennel, 
comme  cela  doit  être.  L'on  comprend  en  effet,  que  les  dé- 
votions particulières  peuvent  très-bien  se  satisfaire,  autour 
d'un  Autel  où  se  dit  une  Messe  privée,  sans  troubler  l'atte?!- 
tion  publique,  par  une  sonnerie  intempestive. 

A  la  basse  Messe,  on  allume  un  troisième  cierge,  avant 
l'élévation.  C'est  pour  avertir  les  Assistants  que  le  Dieu 
des  lumières  va  descendre  sur  l'Autel  ;  et  qu'ils  doivent 
se  préparer  à  le  recevoir,  avec  le  flambeau  d'une  foi  vive, 
et  le  feu  d'une  charité  ardente.  S'il  y  a  communion, 
ce  Cierge  est  porté  tout  le  temps  qu'on  la  distribue  ;  et  il 
s'éteint  dès  que  le  tabernacle  est  refermé.  Ne  voit-on  pas 
là  du  mystérieux  ?  N'est-il  pas  évident  que  ce  cierge  est  là 
pour  répéter,  dans  son  langage  muet,  ce  que  disait  J.  0.  aux 
.Tuifs  :  Ambulate  dum  lucem  habetis.  Dum  lucem.  habetis,  cré- 
dite in  lucem  utfilii  lucis  sitis.     (Jean.  12,  35  et  36). 

On  ne  sonne  qu'au  Sanctus  et  à  l'élévation  des  Messes 
solennelles,  comme  des  Messes  basses.  L'on  comprend  que 
le  moment  où  l'on  commence  à  saluer  le  Dieu  trois  fois 
saint,  qui  va  bientôt  descendre  du  Ciel,  et  celui  où  il  arrive 
sur  l'Autel,  est  pour  tous  les  Fidèles  un  moment  religieuse- 
ment solennel.  Les  trois  coups  bien  comptés  par  l'Eglise, 
pour  chaque  Elévation,  répètent  qu'en  effet,  il  est  trois  fois 
saint  ce  Dieu  béni,  qui  vient  au  Nom  du  Seigneur.  Multi- 
plier la  sonnerie  sei'ait,  comme  on  le  voit,  anéantir  ces 
mystérieuses  significations.  Voilà  pom'quoi,  l'on  ne  sonne 
pas  à  la  communion,  qui  étant  le  moment  où  J.  C.  cesse 
d'exister  sacramentellement  sur  l'Autel,  ne  peut  êti-e  pour 
les  enfants  de  l'Eglise  qu'un  moment  de  séparation  doulou- 
reuse. A  la  vérité,  le  son  de  la  cloche,  à  la  communion, 
avertissait  les  fidèles  de  s'approcher  de  la  Ste.  Table  :  mais 
ce  n'est  pas  là  une  raison  de  chnnger  une  Cérémonie  si  tou- 


CIRCULAIRES  ET  y\UTRES  DOCUMENTS  435 

ûhaute  et  si  instructive.  En  portant  une  grande  atteniion 
aux  difféi'entes  parties  de  la  Messe,  vous  connaîtrez  facile- 
ment le  moment  où  vous  devez  vous  approcher  de  la  balus- 
trade, quand  vous  voudrez  communier.  Ainsi,  par  exemple, 
quand  vous  entendrez  chanter  ou  réciter  VAgnus  Dei.  ce 
sera  le  temps  de  vous  disposer  à  aller  à  la  Ste.  Table. 

A  la  Messe  Solennelle,  le  Célébrant,  après  FasperBion. 
prend  à  la  Banquette,  et  non  à  la  Sacristie,  le  reste  des 
Vêtements  sacrés,  dont  il  a  à  se  revêtir  pour  le  St.  Sacri- 
fice. C'est  que  pré.sidant  l'assemblée  religieuse  des  Fidèles, 
il  ne  la  doit  pas  quitter  qu'elle  ne  soit  terminée.  C'est  d'ail- 
leurs quelque  chose  de  solennel  pour  un  peuple,  qui  vji 
assister  à  un  sacrifice,  que  de  voir -son  Piotre  prendre,  en 
priant,  les  habits  de  son  sacerdoce,  sans  lesquels  il  ne  saii- 
)-ait  offrir  l'hostie  adorable  qui  doit  être  immolée  pour  ^ch 
péchés. 

.  Ces  exemples  suffisent  pour  vous  prouver.  N.  T.  C  F., 
que  les  changements  que  vous  allez  remarquer  dans  quel- 
ques-unes de  nos  saintes  Cérémonies,  n'offrent  rien  d'essen- 
tiel, et  ne  touchent  nullement  au  fond  de  la  Religion. 
Cependant,  nos  Evoques  veulent  qu'on  les  fasse,  pour  la 
plus  grande  perfection  du  culte  de  Dieu,  et  pour  attirer  par 
là  phis  de  grâces  sur  nous  tous.  Car  plus  les  Saints  Offices 
seront  bien  célébrés  dans  cette  Eglise,  et  plus  il  y  aura  de 
grâces,  dans* cette  Paroisse.  Par  une  conséquence  nécessaire, 
plus  nous  nous  donnerons  de  peine,  pour  que  ces  divin ■^ 
offices  soient  bien  servis  et  bien  chantés,  et  plus  ausni  noïi.s 
nous  attirerons  des  bénédictions. 

Vous  en  devez  conclure,  pères  et  mères,  qu'en  encoura- 
geant vos  enfants  à  bien  apprendre  le  chant  et  les  cérémo- 
nies, vous  contribuerez  grandement  à  la  gloire  de  Dieu, 
tout  en  faisant  l'honneur  de  vos  familles.  Car  c'est  évidem- 
ment une  distinction  honorable,  pour  une  fiimille  chrétienne, 
qu'une  place  au  chœur,  quand  on  s'en  rend  digne  sous  tous 
rapports.  Vous  pouvez  vous  attendre  que  vos  enfants  vous 
béniront  et  vous  aimei'ont,  si  Dieu  les  bénit  au  chœur,  à 
cause  de  leur  zèle  à  chanter  ses  louanges  et  à  servir  Ke>- 


43«i  MANDEMENT.^,   LETTRES  PASTOHALES, 

• 

autcla.  Ne  souffrez  pas  qu'ils  se  rendent  jamais  indignes  de 
paraître  dans  le  sanctuaire,  par  une  vie  scandaleuse. 

Kt  vous,  vertueux  enfants  de  cette  Paroisse,  nous  vous 
exhortons  tous  à  vous  remplir  d'un  saint  courage,  pour  tra- 
vailler à  être  de  bons  chantres  et  d'habiles  enfants  de  chœur. 
Votre  enfance  et  votre  jeunesse  ainsi  consacrées  au  service 
lie  Dieu  et  de  l'Eglise-  vous  vaudront  une  vieillesse  sainte 
et  heureuse.  Aimant  à  chanter  ici  bas  les  cantiques  du 
Seigneur,  vous  mériterez  de  les  chanter  dans  l'éternité. 

N.  B. — Cette  annonce  peut  se  terminer  par  d'autres  avis 
particuliers,  plus  appropriés  aux  besoins  de  la  Paroisse,  et 
Hurtout  en  déterminant  les  moyens  qui  vont  être  pris,  pour 
que  le  chant  et  les  cérémonies  s'enseignent  avec  profit,  de 
crainte  que  la  Paroisse  ne  reste  en  arrière  des  autres,  où  l'on 
va  prendre  des  mesures  afin  d'étendre  le  culte  de  Dieu.  etc. 


LOTTKK  (Jl KCULAIEE  AU  CLEEGE  DU  Dl OCESB 
DE  MONTRÉAL. 


Montréal,  le  5  Avril  1854. 
monsikuk, 

Vous  trouverez,  de  l'autre  part,  copie  de  la  Lettre  Circu- 
lAire  de  Mgr.  l'Archevêque  de  QuébeC;  annonçant  la  célébra- 
tion du  second  Concile  Provincial. 

Nous  nous  ferons  tous  un  devoir  de  nous  }'  conformer  en 
tous  points.  Vous  publierez  en  conséquence  cette  Lettre 
Circulaire,  en  observant  que  les  40  Heures,  annoncées  pour 
Québec,  se  feront  aussi  dans  une  des  Eglises  de  Montréal, 

n  d'obtenir,  pour  cette  partie  de  la  Province  Ecclésias- 
tique, des  grâces  spSciales  dont  nous  avons  tant  de  besoin. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  437 

La  Lettre  Pastorale  du  13  juin  1851,  qui  annonçait  Je 
premier  concile  de  Québec,  les  Actes  de  ce  Concile  et  H 
Lettre  Pastorale  du  1er  janvier  1853,.  pourront  vous  fournil- 
(les  matériaux,  pour  vous  aider  à  donner  à  vos  Paroissiens 
une  haute  idée  des  Conciles,  et  à  leur  faire  comprendre  la 
grande  responsabilité  qui  en  revient  aux  Evéques,  chargés 
d'y  régler  tout  ce  qui  intéresse  la  foi  et  les  mœurs  des  enfants 
de  l'Eglise. 

J'ai  la  douce  confiance  que  vous  nous  viendrez  en  aide, 
par  vos  ferventes  prières  et  celles  de  votre  bon  peuple,  qui 
nous  ouvriront  les  trésors  célestes.  Le  mois  de  Marie,  qui 
se  fait  si  heureusement  partout,  nous  vaudra,  je  l'espère,  la 
protection  de  Celle  qui  est  l'étoile  des  Pasteurs  aussi  bien 
que  des  fidèles. 

L'Oraison  du  St.  Esprit,  prescrite  par  Mgr.  rArchcvêque, 
et  pour  tout  le  temps  qu'elle  est  prescrite,  tiendra  lieu  de 
celle  contra  persecutores  Ecclesi<v. 

Je  suis  bien  cordialement. 
Monsieur, 
Votre  trè.s-humble  et  obéissant  .serviteur, 

;   Kî.  BVEQUR  DE  MONTRÉAL. 


LBTTKE  CfRCULAIKE  ANNONÇANT  LA  CÉLEBBA- 
TION  DU  SECOND  CONCILE  PPOVINCTAL. 


AjtCHEVÉCHÉ    DE   QrÉBEC.    2?    Mars    1^54. 

Monsieur  le  Curé, 

Il  a  été  décide  que  le  Second  Concile  Provincial  de  Qu(- 
bec  s'ouvrira  dans  TÉglise  Métropolitaine,  dimanche  le  28 
Mai  prochain,  pour  se  terminer  vraisemblablement  le  di- 
manche suivant,  jour  de  la  Pentecôte.    Cette  assemblée  des 


iW  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

PttsteuiH  do  l'Eglise  du  Canada  intéresse  au  plus  haut  point 
les  fidèles  confiés  à  leurs  soins  :  tous,  pasteurs  et  brebis, 
doivent  avoir  à  cœur  qu'elle  contribue  à  augmenter  et  à 
ratFormir  de  plus  en  plus  dans  les  âmes  l'influence  de  la 
religion  et  le  règne  de  la  charité.  Tous  aussi  doivent  donc 
.s'empresser  d'offrir  au  Ciel  leurs  plus  ferventes  prières  pour 
obtenir  cet  heureux  résultat.  Or  voici  ce  que  je  ei'ois  devoir 
rygler  à  ce  sujet  : 

lo.  Les  trois  dimanches  qui  précéderont  l'ouverture  du 
{.oncile,  ou  l'annoncera  au  prône,  tant  de  l'église  métropo- 
litaine, que  des  églises  paroissiales  et  succursales  et  des 
chapelles  des  communautés  religieuses  du  diocèse.  Les 
pasteurs,  en  faisant  cette  annonce,  auront  soin  d'exciter  les 
îîdèles  à  la  dévotion,  à  la  prière,  à  la  pratique  des  œuvres 
de  charité  et  de  mortification,  à  la  fi'équentation  des  sacre- 
ments de  Pénitence  et  d'Eucharistie  :  ils  les  exhorteront  aussi 
ît  invoquer  les  saints  patrons  de  la  province  ecclésiastique 
et  en  particulier  ceux  de  ce  diocèse. 

2o.  A  l'issue  de  l'ofiice  du  matin  de  ces  trois  dimanches, 
lo  célébrant  récitera  à  genoux,  au  pied  de  l'autel,  d'une  voix 
intelligible,  afin  que  le  peuple  puisse  y  répondre,  le  premier 
Dimanche,  les  Litanies  des  Saints,  sans  les  versets  ni  les 
oraisons, — le  second  dimanche,  celles  de  la  Ste.  Vierge,  avec 
le  vci-set  et  l'oraison  ; — et  le  troisième  dimanche,  celles  du 
St.  Nom  de  Jésus,  aussi  avec  le  verset  et  l'oraison. 

3o.  Depuis  le  premier  jour  de  Mai  prochain,  jusqu'au 
dimanche  de  la  Sic.  Trinité  inclusivement,  les  prêtres  ajou- 
teront aux  oraisons  de  la  Messe  la  collecte  du  St.  Esprit,  en 
se  conformant  à  la  rubrique  concernant  l'oraison  prescrite 
par  l'évêque. 

4o.  Les  trois  jours  qui  précéderont  immédiatement  l'ou- 
vorture  du  Concile,  il  y  aura,  dans  l'église  métropolitaine, 
exposition  solennelle  du  St.  Sacrement,  avec  prières  des  4t) 
heures,  accompagnées  d'exercices  que  l'on  fera  connaître 
liskus  le  temps. 

5o.  P^nfin,  le  samedi,  27  Mai,  veille  de  louverturodu  Con- 


CIRCUL^AIRES  ET  AUTRES  DOCUMENT^  i3'J 

ciie,  oera  un  jour  de  jeûne  que  les  fidèles  du  diocèse  sont 
exhortés  à  observer  religieusement. 

Je  vous  recommande  de  faire  la  lecture  de  ma  présente 
lettre  au  prône  de  votre  messe  paroissiale,  le  premier  di- 
luancbe  après  sa  réception,  et  de  l'accompagner  des  expli- 
cations que  vous  jugerez  les  plus  propres  à  bien  fairp  com- 
prendre à  vos  paroissiens  l'utilité  et  l'importance  des  Con- 
ciles. 

Agréez,  Monsieur  le  Ciu'é.  l'assurance  de  mon  bien  sincère 
attachement. 

f  P.  F.  Archev.  dk  Québec. 


LETTRE  PA8T0EALE  SUE  LA  TEMPï: RANGE. 


HmACE  BOURGET,  PAR  LA  MISÉRICORliE  DE  I>IEi;.  ET  LA  GRACE 

TiV  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE,  ÉVEQUE  DE 

MONTREAL,  ETC.,  ETC.,  ETC. 

Au  Clergé  et  aux  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  N.  S.  Jé'ius-Ghrist. 

Lie  titre  de  cette  Lettre  vous  fuit  fissez  connaître,  N.  T. 
G.  F.,  que  Notre  intention  est  de  vous  entretenir  de  tempé- 
rance, sujet  toujours  aussi  nouveau  qu'intéressant,  car  il  est 
évident  que,  depuis  une  dizaine  d'années,  c'est  l'objet  conti- 
nuel des  plus  sérieuses  préoccupations  de  ceux  qui,  dans  ce 
Pays,  ont  à  cœur  le  bien  de  la  Religion  et  de  la  Patrie. 
Aussi,  les  bons  Citoyens,  comme  les  bons  Prêtres,  se 
donnent-ils  la  main,  pour  propager  cette  œuvre  éminem- 
ment réparatrice. 

Par  cet  accord  mutuel,  la  Société  de  Tempérance  a  fait 
de  tels  progrès  que  l'ivrognerie  s'est  vue  forcée  de  se  cacher 
pour  un  temps,  dans  les  plus  vils  repaires  des  mauvaises 


440  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cantines.    Tant  que  ce  monstre  affreux  n'a  plus  osé  montrer 

sa  tête  infernale,  les  grands  crimes,  contre  lesquels  la  justice 
est  forcée  de  sévir,  avaient  presque  disparu.  C'était  au 
point  qu'au  commencement  de  1853,  il  n'y  avait,  dans  la 
prison  publique  de  cette  ville,  qu'une  ti-entainede  Canadiens, 

Majs,  à  la  place  de  ces  crimes  scandaleux,  régnaient  par- 
tout l'innocence  et  la  paix.  Les  ménages  étaient  tran- 
quilles, et  les  familles  heureuses.  En  récompense,  nos 
campagnes  étaient  riches  et  notre  commerce  florissant,  mais 
surtout  nos  fêtes  étaient  joyeuses,  parce  qu'elles  étaient 
sanctifiées  par  la  foule  des  communiants. 

L'âge  d'or  nous  était  arrivé  ;  et  tout,  N.  T.  C.  F.,  nouf^ 
annonçait  une  ère  nouvelle,  des  jours  sereins,  une  époque 
glorieuse.  Hélas  !  comment  se  fait-il  que  la  source  de  tant 
de  prospérité  se  soit  si  vite  tarie  !  C'est  que  l'ivrognerie, 
que  l'on  croyait  pour  toujours  exterminée,  a  reparu.  Hélas  ! 
elle  n'était  que  cachée  dans  les  sombres  souterrains  des 
ignobles  tavernes.  Là  elle  reprenait  ses  forces,  perdues 
dans  le  grand  combat  que  lui  avait  livré  la  Tempérance. 
Elle  se  regorgeait,  dans  les  ténèbres  de  plus  de  cinq  centp 
auberges  sans  licence,  du  sang  de  la  veuve  et  de  l'orphelin. 

Elle  avait,  pour  la  protéger,  tout  ce  que  le  pays  a 
d'hommes  plus  démoralisés  et  dont  la  cupidité  engendre  tous 
les  maux  qui  nous  débordent.  Elle  spéculait  sur  le  malheur 
des  familles  qu'elle  ruinait,  et  sur  la  perte  des  âmes  qu'elle 
sacrifiait.  Elle  se  jouait  de  l'autorité  publique,  qui  aurait 
dû  la  comprimer,  et  s'assurait  l'impunité,  en  semant  des 
menaces  d'incendie  qui  glaçaient  d'effroi  ceux  qui  étaient 
le  plus  intéressés  à  réprimer  ces  désordi*es.  Aussi,  voyait- 
on  des  pères  désolés,  qui  n'osaient  élever  la  voix,  pour 
faire  mettre  à  la  raison  de  malheureux  aubergistes,  qui  per- 
daient leurs  enfants  par  le  jeu  et  la  débauche.  Ah  !  c'est 
qu'ils  craignaient  de  passer  par  le  feu,  tant  ils  étaient  per- 
suadés que  les  ennemis  de  la  Tempérance  sont  capables  de 
tout.  C'est  de  cette  sorte  que  l'ivrognerie  s'est  conservée  ;  et 
qu'elle  a  rallié  sous  sa  lugubre  bannière  les  déserteurs  de  la 
Tempérance.    Fortifiée  par  la  troupe  de  ceux  qui,  par  lâche- 


CIRCULAIRES  KT  AUTRES  D0GUMEN1>  i-il 

te,  faiblesse  ou  autrement,  ont  quitté  nos  bataillons,  elle  ne 
dispose  au  combat. 

Voilà  donc,  N.  T.  C.  F.,  l'ivrognerie  reparue  plus  hideuse 
et  plus  hardie  que  jamais.  Elle  n'est  pas  revenue  seule  : 
car,  comme  de  coutume,  elle  traîne  à  sa  suite,  le  crime  et  le 
malheur.  Si  vous  voulez  vous  en  convaincre  pleinement, 
écoutez  bien  la  triste  histoire  des  crimes  publics  que  la 
Police  de  Montréal  fut  obligée  de  punir  en  1853.  Vous  allez 
voir  que  l'hydre  à  sept  tètes  renaissantes,  qui  n'était  pour 
les  anciens  quune  fable,  nest  pour  nous  qu'une  trop  réelle 
vérité.  Car  l'ivrognerie,  dont  toutes  les  causes  semblaient 
être  complètement  retranchées,  nous  apparaît  plus  désas- 
treuse que  jamais. 

En  1853,  trois  mille  cent  une  personnes  ont  été  saisies  par 
la  police,  pour  avoir  troublé  l'ordre  public.  Sur  ce  nombr*:; 
prodigieux,  on  en  remarque  deux  mille  deux  cent  huit  qui 
n'étaient  tombées  dans  les  mains  de  la  Justice  qu'à  cause  d(- 
la  boisson  ;  et  même,  ce  que  l'on  ne  peut  dire  qu'en  pleu- 
rant, c'est  que  deux  mille  quatre-vingt  trois  ont  été  ramas- 
sés dans  les  rues,  dans  un  état  d'ivresse.  On  voit  figurer 
dans  ce  lugubre  tableau  dix-sept  cent  soixante-dix-nenf 
hommes,  quatre  cent  dix-huit  femmes  et  onze  enfant**. 
Cette  démoralisation  effrayante  se  fait  sentir  dans  tous  le^ 
âges.  Ainsi,  voyons-nous  paraître,  dans  ce  Rapport  du  pre- 
mier Officier  de  police,  six  cent  quarante-cinq  mauvaises 
Mlles,  sept  cent  quarant<î-deux  jeunes  gens  au-dessous  de 
vingt  ans,  treize  cent  quarante-cinq  hommes  de  vingt  a 
trente  ans,  et  cent  sept  vieillards  !  Notre  cœur  se  fend  de 
douleur,  en  disant  ici  que  vos  cheveux  blancs  ont  été  traînés 
devant  les  tribunaux  de  la  justice  correctionnelle  ! 

Nous  pourrions,  N.  T.  C.  P.,  entrer  dans  beaucoup  plu^ 
de  détails  ;  mais  ce  que  Nous  venons  de  vous  dire  est  plus 
([ue  suffisant  pour  affliger  vos  bons  cœurs.  Nous  ne  pouvon?. 
toutefois  nous  dispenser  de  vous  faire  remarquer  un  de« 
chiffres  de  cet  effrayant  tableau  de  crimes,  en  grande  partie 
occasionnés  par  la  boisson  ;  c'est  celui  des  petits  enfants  au- 
dessous   de  dix    an'^.  que  la  Police  a  surpris  en   flagrant 


'i'ii  MANDEMENTS,  LETTREÎS  PASTORALES, 

4élit.  Hélas  !  il  s'en  est  trouvé  vingt-deux.  Pauvres  petitw 
eofants!  Ils  sont  déjà  ivrognes,  ou  appartiennent  à  des  pa. 
lenta  ivrognes.  Mais  tirons,  N.  T.  C.  F.,  un  voile  épais 
sur  ce  hideux  table  lu,  pour  jeter  un  coup  d'oeil  sur  les  maux 
<(ue,  l'an  dernier,  l'ivrognerie  semait  sur  son  passage,  en 
levenant  prendre  pos.session  de  son  terrain.  Nous  allons 
dire  ici  en  substance  les  faits  lamentables  que  les  Journaux 
Public.s  ont  eu  à  enrégistrei"  pour  mettre  en  évidence  les 
maux  incalculables  de  la  buisson. 

Ce  sont  des  amis  qui  se  querellent,  des  pères  et  mères  qui 
attentent  aux  jours  de  leurs  propres  enfants,  des  familles 
honorables  qui  se  dégradent.  Ce  sont  des  scènes  tragiques 
qui  se  passent  ;  des  meurtres  horribles  qui  se  commettent  ; 
des  accidents  lamentables  qui  arrivent.  Hélas!  souvent  des 
paroisses  entières  se  sont  vues  plongées  dans  le  deuil,  par 
.suite  des  catastrophes  effrayantes  produites  par  des  excè>< 
d'intempérance.  Tout  prouve  doue  que  I>ieu  poursuit  do 
sa  vengeance  ceux  qui  manquent  à  leur  engagement  si  saint 
dans  la  Société  de  Tempérance.  Et  ne  faut-il  pas  attribuer 
à  cela,  N.  T.  C.  F.,  la  mauvaise  année  qui  nous  afflige  ? 
Pourrait-elle  en  effet  être  abondante  en  biens  temporels 
cette  année  qui  a  vu  se  multiplier  tant  de  crimes  mon.s- 
trueux  ? 

Ces  crimes  nombreux,  cau.se  de  tant  de  malheurs,  n'ont 
pas  manqué  d'exciter  le  zèle  des  vrais  amis  de  la  tempé- 
rance. Ainsi  vit-on,  en  décembre  dernier,  deux  mille  de 
nos  plus  notables  citoyens  de  Montréal  adresser  à  la  Corpo- 
ration de  cette  ville  une  requête  énergique,  pour  signaler 
les  désordres  produits  par  l'ivrognerie.  Tout  dernièrement 
encore,  l'hon.  Maire  de  la  cité  appelait  l'attention  des  Con- 
seillers municipaux  sur  ces  excès  dintempérance,  par  un 
discours  remarquable,  qui  met  à  découvert  le  grand  malheur 
qu'il  y  a  poor  le  pays  de  changer  en  boisson  les  grains  que 
lui  donne  la  divine  Providence  pour  le  nourrir.  Aussi 
voit-on  aujourd'hui  noti*e  Conseil-de-Ville  adopter,  par  son 
comité  de  licences,  des  mesures  fermes  pour  s'opposer  aux 
progrès  alarmants  de  l'ivrognerie,  en  n'admettant  que  des 


CIHCULAIRKS  ET  ALTHE.S  DOCUMENTA  44.S 

iiommes  qualifiés  pour  tenir  de  bonnecj  hôtelleries,  s.elun  les 
vues  de  la  loi.  Le  Conseil  Central  de  la  Tempérance  n'apa^ 
été  le  dernier  à  l'œuvre  pour  arrêter  l'ivrognerie  dans  sa 
marche  triomphale,  et  empêcher  la  société  de  succombei' 
.>(0U8  ses  coups  redoublés.  Enfin,  nos  citoyens  en  masse,  à 
la  vue  de  ce  monstre  aflreux  qui  menace  de  ruiner  la  plus 
belle  espérance  de  la  société,  accoui-ent  avec  uu  empresse- 
ment indicible  au  pied  de  la  Croix  pour  y  chercher  leur 
salut  au  milieu  d'une  si  grande  désolation. 

C'est  un  spectacle  à  ravir  que  celui  que  présente  aujour- 
d  bui  la  ville,  pour  prouver  une  fois  de  plus  que  l'amour  de 
la  tempérance  est  fortement  gravé  dans  son  cœur.  EUc 
^'agenouille  respectueusement  aux  pieds  de  Jésus  abreuvé  de 
n  l  et  de  vinaigre,  pour  réparer  tous  les  excès  de  boisson 
commis  dans  son  sein.  Elle  embrasse  avec  foi  la  croix  du' 
.Sauveur  pour  lui  protester  de  nouveau  qu'elle  veut  fidèlement 
tenir  son  engagement  de  ne  pas  boire  de  li(]ueurs  enivran- 
tes. Oh  !  oui,  c'est  une  grande  réparation  de  scandale  qui- 
cette  démonstration  solennelle  do  plus  de  cinq  milles  famil- 
les qui  préfèrent  l'amertume  du  fiel  de  la  tempérance  à  lu 
tau.sse  douceur  des  liqueurs  enivrantes  !  Et  eu  effet,  cette 
conduite  honorable  de  la  partie  saine  de  notre  société  prouve 
évidemment  que  Montréal  aime  et  pratique  la  tempérance. 
Ce  bel  exemple  de  la  ville  aura  infailliblement  du  retentis- 
sement dans  les  campagnes.  Soyez  donc  bénis  de  Dieu  et 
des  hommes,  généreux  citoyens,  qui  n'avez  pas  hésité  de 
vous  enrôler  sous  l'étendard  de  la  Croix,  pour  conserver  les 
débris  de  notre  société.  Soyez  fidèles,  et  vous  serez  récom- 
pensés au  centuple. 

Or,  pendant  que  les  enfants  de  la  Religion  font  tant  et  de 
•"(i  généreux  efforts  pour  soutenir  la  cau.se  sacrée  de  la  tem- 
pérance, vous  comprenez,  N.  ï.  C.  P.,  que  nous,  vos  pères 
tt  vos  pasteurs,  nous  ne  saurions  demeurer  indifférents. 
(Jh  !  non  :  nous  ne  saurions  demeurer  neutres  dans  une 
guerre  qui  menace  les  intérêts  religieux  aussi  bien  que  les 
intérêts  matériels.  Que  Notre  langue  demeure  collée  à  notre 
palais  si,  en  toute  occasion.  Nous  n'élevons  pas  hardiment 


r,U  MANDEMENTS,  EETTHES  PASTORALES. 

la  voix  pour  faire  écho  à  toutes  les  classes  de  la  société, 
dans  un  danger  qui  est  commun  à  loue.  D'ailleurs,  nou^ 
avons  pour  nous  diriger  le  bel  exemple  de  notre  Métropo- 
litain, qui  vient  d'adresser  à  son  peuple  une  Lettre  qui  ne 
respire  qu'onction  et  charité  pastorale,  pour  l'avertir  que 
l'ivrognerie  a  reparu  et  qu'elle  menace  encore  des  pluK 
grands  maux. 

Voici  donc.  N.  T.  G.  F.,  ce  que  i^ous  avons  intention  de 
faire,  avec  la  grâce  de  Dieu,  à  lappui  des  mesures  déjà 
prises,  pour  maintenir  et  propager  l'admirable  société  de 
tempérance.  Nous  voulons  tout  simplement  l'enrôler  sous 
la  glorieuse  bannière  de  la  Croix.  Un  furieux  orage  nout> 
a  dispersés:  nous  allons  nous  reconnaître  à  la  vue  de  ce 
signe  de  vie.  Le  combat  que  nous  a  livre  l'ennemi  a  et*- 
mortel  pour  un  grand  nombre  d'entre  nous.  Nous  allonF- 
nous  rallier  sous  cet  étendard  de  salut.  Plusieurs  de  noj> 
frères  ont  fait  un  triste  naufrage  dans  la  furieuse  tempête 
qui  vient  de  nous  assaillir.  La  Croix,  comme  une  Arche 
assurée,  va  les  recueillir  et  les  sauver.  L'arbre  de  la  tem- 
pérance commence  à  sécher  et  à  dépéri)'  :  nous  allons  le 
greffer  à  l'abre  de  la  Croix,  qui  hn'  communiquera  désor- 
mais sa  sève  et  sa  vie. 

Dans  cette  vue,  nous  invitons  chaque  famille  de  ce  diocèse 
à  prendre  la  Oroix  de  Tempérance,  à  l'exemple  de  l'archidio- 
cèse  de  Quci>oc,  dans  lequel  la  plupart  des  paroieses  se  son» 
déjà  rangée-  sous  ce  glorieux  étendard.  Voici  les  règle- 
à  suivre  pour  cet  enrôlement.  Cette  Croix  est  bénite  par 
lEglise  et  donnée  au  chef  de  la  famille  ou  à  celui  qui  le 
représente.  Elle  est  portée  avec  respect  à  la  miison  et 
baisée  avec  amour  par  ceux  de  la  famille  qui  veulent  garder 
la  tempérance.  EU  est  ensuite  placée  dans  l'appartement 
le  plus  honorable,  là  où  la  famille  a  coutume  de  faire  la 
prière  en  commun  ou  en  particulier;  désormais  ce  sera 
devant  celte  Croix  de  famille  que  l'on  priera  chaque  jour 
pour  le  succès  de  la  tempérance,  disant  à  cette  inteution. 
sans  jamais  y  manquer,  cinq  Pater  et  cinq  Ave,  à  l'honneur 
des  cinq  Plaies  de  Notre  Seigneur.     Tous  ceux  qui  appar- 


CIHCULAIUES  El    AUTRES  DUCUMENTb.  440 

tteuneot  à  la  Société  ont  part  aux  bénédictions  qu'attirent 
lant  de  prières  et  de  sacrifices.  Ils  gagnent,  outre  cela,  300 
jours  d'indulgence  chaque  fois  qu'ils  prient  ainsi  pour  l'œu- 
vre de  la  tempérance.  Ils  seraient  privé.s  de  ces  précieux 
avantages,  chacun  des  jours  où  ils  manqueraient  à  leur 
promesse.  Que  s'ils  venaient  à  tomber  dans  des  excès 
scadaleux,  la  Croix  leur  serait  ôtée,  à  moins  que  leur  repen- 
tir ne  fit  juger  qu'il  n'y  aurait  plus  de  rechute  à  craindre. 
A  la  mort  de  chaque  chef  de  famille,  sa  croix  est  déposée 
•*ar  son  cercueil,  et  elle  le  suit  au  cimetière.  Là,  et  lorsqu'il 
est  sur  le  point  de  descendre  dans  la  tombe,  elle  est  remise 
;t  celui  qui  doit  lui  succéder  comme  chef  de  la  famille  ;  et 
olle  est  par  lui  reportée  à  la  même  place  dans  la  maison  du 
défunt.  On  fera  pour  celui-ci  les  mêmes  cérémonies  qui  se 
lenouvelleront  ainsi  d'âge  en  âge  pour  assurer  à  la  famille 
cet  héritage.  Tous  les  mois,  il  se  dit,  dans  chaque  paroisse. 
une  messe  pour  les  confrères  vivants  et  trépassés.  On 
recommande  ceux-ci  nommément  quand  on  est  informé  de 
leur  décès.  Chaque  année,  il  se-  célèbre  une  messe  solen- 
nelle pour  toute  la  société,  le  jour  de  la  St.  Jean-Bap'^iste, 
dans  toutes  les  paroisses,  où  l'on  s'engage  à  fêter  cette 
joyeuse  fête  de  notre  glorieux  patron  sans  boisson  ni  liqueurs 
onivi"antes.  Quatre  fois  par  année,  on  gagne  une  indul- 
gence plénière,  en  se  confessant  et  communiant,  et  en  fai- 
sant les  autres  œuvres  prescrites.  Ce  dernier  point  est  de 
la  plus  haute  importance,  car  nul  doute  que  si  les  associés 
so  confessent  et  communient  dignement,  au  moins  quatre 
fois  par  an,  ils  ne  manqueront  pas  à  leur  engagement  de 
tempérance. 

Maintenant,  remarquons  en  passant,  JS.  T.  C.  F.,  ce  qu'est 
la  croix  de  J.-C.  pour  la  Société  de  Tempérance.  Elle  est 
son  étendard,  arboré  dans  chaque  maison,  pour  animer  tous 
ses  courageux  soldats  à  bien  combattre  contre  l'ennemi 
commun,  VexiUa  Begis  prodeunt.  Elle  est  le  glaive  qui 
immole,  à  la  divine  Majesté,  des  milliers  de  victimes,  en 
faisant  faire  le  sacrifice  si  pénible  des  boissons  enivrantes 
par  des  milliers  d'Associés.     Çuo  vuheratus  insvper  mucrone 


446  MANDP^MENTS.   LEITIiES  PA8T0RALKR, 

diro  lanceœ.  Elle  est  le  sceptre  roj'ai  qui  établit,  avec  le 
règne  de  la  tempérance,  la  pratique  de  toutes  les  vertus 
chrétiennes.  Begnavit  à  Ugno  Dens.  Elle  est  l'Arbre  de  vie 
planté  au  milieu  du  Paradis,  dont  les  fruits  délicieux  nour- 
rissent ceux  qui  aiment  la  sobriété.  Arbor  décora  etfulgida. 
Elle  est  la  balance  qui  pèsera  les  destinées  de  la  Société;  et 
son  poids  divin  fera  pencher  le  bassin  qui  contient  les  dé- 
pouilles déjà  remportées  sur  l'enfer.  Sto  fera  fa  et  a  corporif^, 
prœdamque  tulit  tartari.  Elle  est  la  grande,  l'unique  espé- 
rance de  la  société  qui,  avec  cette  arrae  invincible,  détruira 
l'empire  tyrannique  de  l'ivrognerie  et  établira  le  règne  si 
doux  de  la  tempérance.  0  crux  ave,  spes  vnica,  auge  piis  jus- 
tiliam,  reisque  dona  veniam.  Elle  va  faire  honorer,  en  tous 
lieux,  la  Très-Sainte-Trinité,  en  réparant  son  image  défigurée 
dans  l'homme  que  la  boisson  a  mis  au  rang  des  bètes,  afin 
que  tout  esprit  la  loue  dans  les  siècles  des  siècles.  CoUaudet 
omnis  spiritus,  quos  percrucis  mysteriwn,  snlvas  rege per sœcula. 

Le  voilà  donc,  IST.  T.  C.  F.,  le  voilà  le  signe  du  salut  pour 
notre  chère  Société.  Ecce  Ugnum  crucis.  Par  ce  signe,  clic 
a  d'éclatantes  victoires  à  remporter.  In  hoc  signo  vince<^ 
Son  aspect  majestueux  doit  mettre  en  fuite  ses  plus  redou- 
tables ennemis.  Fugite  partes  ad,versœ.  Car  le  liou  do 
.Tudah  est  mort  sur  cette  Croix,  pour  donner  à  ceux  qtii 
laiment  la  victoire  sur  tous  les  vices  :  Vicit  leo  de  tribu  Judd. 

Ce  n'est  pas  tout,  N.  T.  C.  P.,  la  Croix  de  Tempérance, 
déjà  si  puissante  par  elle-même  pour  protéger  la  Société,  va 
se  trouver  entourée  de  prières  multipliées,  qui  vont  en 
quelque  sorte  l'embaumer,  pour  en  faire  comme  un  bouquet 
de  myrrhe,  dont  l'agréable  odeur  charme  et  gagne  tous  les 
cœurs.  Oh  !  vraiment  la  Société  va  ressembler  à  cette  col- 
line d'encen.s,  vers  laquelle  se  dirigent  les  pas  des  voya- 
geurs. Vadam  ad  montem  myrrhœ  et  ad  collem  thuris.  Car 
elle  est  introduite  dans  toutes  les  Communautés,  dont  les 
saintes  prières  attirent  tant  de  bénédictions  sur  nous  tous. 
Elle  est  arborée  dans  nos  Séminaires  et  Collèges,  dont  les 
pieuses  oblations  sont  comme  les  sacrifices  du  matin,  qui 
font  tomber  du  Ciel  la  pluie  des  grâces  le?  plus  précieusc«. 


GIRCIJLAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  ml 

Elle  est  placée  dans  les  auspices  de  charité,  où  des  centaines- 
de  vieillards  vénérables,  de  femmes  vertueuses,  d'orphelins 
innocents  prient  pour  le  maintien  d'une  Société,  qui  porte- 
secours  à  tous  les  âges  de  la  vie.  Elle  est  dans  nos  Ecoles 
((ue  fréquentent  des  milliers  de  petits  enfants,  que  la  Sto. 
i-Cglise  nourrit  comme  de  tendres  agneaux  dans  les  gras 
pâturages  de  Tinstruction  religieuse  :  déjà  elle  brille  dans 
])re8que  toutes  les  Paroisses  do  l'Archidiocèse  de  Québec, 
dont  nous  devons  nous  faire  gloire  do  suivre  le  bel  exemple. 
Aussi  faut-il  espérer  que  bientôt  cet  étendard  ornera  toutes 
les  maisons  respectables  des  cent  Paroisses  qui  constituent 
ce  diocèse  ;  et  alors  que  de  prières,  que  de  communions,  que 
d'indulgences  sortiront  de  cette  source  sacrée  ! 

Et  qu'en  résu Itéra- t-il,  N.  T.  C.  F.  ?  Il  en  lesultera  une 
bonne  foi  pour  les  licences  ;  de  bonnes  maisons  de  pension 
pour  les  étrangers  ;  une  bonne  police  pour  la  Société.  Vous. 
verrez,  bien-aimés  frères,  que  les  Juges  la  protégeront,  que 
les  Avocats  la  défendront,  que  les  Membres  du  Parlement 
voteront  pour  elle  :  que  les  Magistrats  la  sauvegarderont  : 
({ue  les  Médecins  la  proclameront,  comme  nécessaire  à  la 
santé  publique  ;  que  les  Marchands  renonceront,  pour  la- 
mour  qu'ils  lui  portent,  au  commerce  des  liqueurs  enivrantes  ; 
que  les  Prêtres  la  prêcheront;  que  le  Peuple  en  masse  la 
bénira  et  l'aimera.  Et  tout  cela,  parce  que  parfont  on  priera 
pour  la  conservation  d'une  Société  si  bienfaisante. 

Mais,  pour  participer  à  tous  ces  précieux  avantages,  il 
faut  bien  connaître,  'N.  T.  C.  F.,  quoi  usage  on  en  doit  faire. 
A  cette  fin,  Nous  vous  adressons  les  recommandations  sui- 
vantes que  vous  écouterez  sans  doute  avec  encore  plus  de 
respect  que  vous  n'avez  écouté  celles  que  nous  vous  avons 
faites  dans  notre  Lettre  sur  les  Tabler  Tournantes.  Car  i  l 
y  a  dans  la  boisson  de  véritables  esprits  de  malice  qui  font 
tourner  bien  des  tètes  et  corrompent  bien  des  cœurs. 

lo.  Que  tous  les  bons  pères  ou  chefs  de  famille  reçoivent 
avec  foi,  confiance  et  amour  la  croix  du  Seigneur  Jésus  d*^ 
la  main  de  leurs  Pasteurs,  ou  des  Missionnaires  de  la  Tem- 
pérance, qu'ils  voudront  bion  inviter,  pour  les  aidrr  à  vous 


h\H  MANDEMENTS,   LETTRES  PASTORALES, 

enrôler,  pour  cette  sainte  croisade,  contre  l'ennemi  commun. 
Car  Nous  leur  avons  donné  cette  année,  au  nom  de  J.-C. 
«lort  en  croix  pour  le  salut  de  tous,  une  mission  spéciale, 
])0ur  parcourir  le  Diocèse,  la  ci'oix  à  la  main,  afin  d'affermir 
<ie  plus  en  plus  les  bases  ébranlées  de  notre  belle  et  admi- 
rable société. 

2o.  Que  ces  pères  ou  chefs  de  famille,  ainsi  enrôlés  sous 
le  glorieux  étendard  de  la  Croix,  se  considèrent  comme  les 
;tpètres  de  la  Tempérance,  dans  leur  propre  maison.  Pour 
cela,  qu'ils  ne  manquent  pas,  au  retour  de  l'Eglise,  après 
cette  touchante  cérémonie,  de  faire,  pour  leurs  femmes,  leurs 
enfants,  leurs  domestiques  et  autres  personnes  sous  leur 
domination,  ce  qu'a  fait  pour  eux  le  père  de  la  Paroisse. 
Qu'il  sera  ravissant  le  spectacle  de  tout  un  diocèse  au  pied 
de  la  Croix,  renouvelant  avec  courage  son  engagement  à  la 
Tempérance  ! 

3o.  Que  tous  à  l'avenir  se  réunissent,  chaque  jour,  en  fa- 
nulle,  pour  réciter  devant  cette  Croix  cinq  Pater  et  cinq 
Ave.  L'intention  est  d'honorer  les  cinq  plaies  du  Sauveur, 
et  de  demander  cinq  grâces,  qui  en  découlent  continuelle- 
jnent,  savoir,  la  tempérance,  la  pureté,  le  respect  pour  le 
St.  Nom  de  Dieu,  une  bonne  mort  et  le  salut  éternel  ;  c'est 
pour  prévenir  les  désordres  de  la  boisson,  qui  enfante  l'in- 
rempérance,  l'impureté,  le  blasphème,  la  mort  dans  le  péché, 
la  damnation  éternelle.  Car  il  ne  faut  pas  oublier,  N.  T. 
C.  F.,  qu'il  sort  de  la  Croix,  comme  du  corps  de  J.-C,  une 
vertu  qui  guérit  toutes  sortes  d'infirmités.  Virtus  de  illo 
exhibât  et  sanabat  omnes. 

4o.  Que  la  chambre,  dans  laquelle  sera  déposée  la  Croix 
de  Tempérance,  soit  pour  chaque  famille  un  lieu  do  réunion 
et  de  piété.  Ce  sera  là  que  de  temps  en  temps  on  renou- 
vellera la  promesse  faite  en  entrant  dans  la  Société,  de  ne 
jamais  prendre  de  boisson  enivrante,  excepté  comme  remède  ; 
et  que  l'on  embrassera  avec  un  nouveau  cœur  cette  sainte 
Ooix.  Ce  sera  à  ses  pieds  que  les  dimanches  et  fêtes,  et 
AUSsi  dans  les  longue.^  veillée.s  d'hiver,  oii  fera  de  pieuses 
lectures,   pour   se  fortifier  dans   le    bien,  et   surtout  dan^ 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  449 

raniour  de  la  tempérance.  On  se  procm*era  pour  cela  les 
livres  écrits  pour  encourager  la  Société,  et  entr'autres,  le 
•'  Manuel  et  les  Annales  de  la  Tempérance."  Nous  recom- 
mandons spécialement  ces  ouvrages  à  toutes  les  familles  du 
diocèse,  parce  que  nous  avons  l'intime  conviction  que  la 
lecture  leur  en  sera  souverainement  salutaire.  On  ne  re 
grettera  pas  le  sacrifice  de  quelques  sous  qu'il  faudra  faire, 
pour  se  les  procurer,  quand  on  se  sera  aperçu  que  ces  livres 
épargnent  à  la  famille  des  piastres  et  des  louis. 

5o  Que  l'on  forme,  dans  chaque  pai'oisse,  un  Conseil  Par- 
ticulier de  Tempérance,  conformément  aux  règles  établies 
par  le  Conseil  Central  de  Montréal,  et  que  l'on  peut  lire 
dans  le  premier  numéro  des  Annales.  Au  moyen  de  ces 
Conseils,  la  Société  s'organise  et  s'entend,  pour  repousser  les 
ennemis  qui  l'attaquent  au  dehors,  et  pour  obtenir  des 
autorités  l'appui  dont  elle  a  besoin,  pour  se  maintenir  contre 
tous  les  efforts  faits  pour  la  renverser. 

60.  Ce  sera  au  moyen  de  la  bonne  entente  entre  le  Con- 
seil Central  Central  de  la  ville  et  les  Conseils  Particuliers 
des  campagnes  que  l'on  parviendra  à  encourager  l'établisse- 
ment de  bonnes  hôtelleries,  et  à  Montréal,  et  sur  toutes  les 
grandes  routes  qui  y  aboutissent.  Ce  sera  pareillement,  par 
cette  entente  cordiale,  que  l'on  réussira  à  empêcher  que  des 
licences  ne  soient  données  à  des  hommes  indignes  de  la 
confiance  publique.  Ce  point  est  capital  ;  et  Nous  le  re- 
commandons spécialement  au  zèle  et  à  la  vigilance  de  tous 
ceux  qui  ont  à  cœur  l'honneur  de  la  société.  Cette  entre- 
prise peut  offrir  certaines  diflacultés  dans  lés  commence- 
ments. Mais  avec  de  la  persévérance,  on  ne  peut  manquer 
d'avoir  un  plein  succès.  Bientôt  donc  nous  verrons  dans 
notre  grande  cité  et  dans  nos  florissantes  campagnes  des 
maisons  de  pension  respectables,  en  nombre  suffisant  pour 
satisfaire  à  l'aflluence  des  voyageurs,  qui  aimeront  à  retrou- 
ver dans  ces  hôtelleries  les  pieuses  habitudes  des  maisons 
j^articulières  où  règne  la  religion.  On  choisira  de  préfé- 
rence ces  maisons,  parce  que  l'on  y  verra  Dieu  bien  servi  et 
la  religion  bien  pratiquée. 

29 


450  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Telles  sont,  N.  T.  C.  F.,  les  suggestions  que  Nous  nous- 
sommes  permises,  pour  vous  affermir  dans  l'amour  de  la 
tempérance  et  vous  en  faciliter  la  pratique.  Les  ferventes 
prières  que  vous  allez  faire,  chaque  jour,  au  pied,  de  la  Croix, 
vont  aplanir  toutes  les  difficultés  qui  ne  manqueront  pas  de 
se  présenter  en  foule.  Car,  vous  le  savez,  le  bien  se  fait 
lentement  et  difficilement,  tandis  que  le  mal  se  fait  tout  de 
suite  et  sans  peine.  Encore  une  fois,  vous  allez  avoir,  pour 
vous  aider,  toutes  les  prières  des  saintes  âmes  si  vivement 
intéressées  au  règne  de  la  tempérance. 

A  vous,  maintenant,  ferventes  communautés,  de  faire 
entendre  jour  et  nuit  au  ciel  le  gémissement  de  votre  bonne 
prière.  Vous  êtes  consacrées  à  Dieu  pour  pouvoir  lever  en 
tout  temps  des  mains  pures  vers  le  Père  des  miséricordes, 
et  obtenir  la  victoire  au  peuple  de  Dieu,  dans  les  combats 
incessants  que  lui  livrent  tous  les  vices,  et  surtout  celui  de 
l'ivrognerie.  Faites  prier  vos  pauvres;  car  Dieu  exauce 
leurs  humbles  supplications.  Faites  prier  vos  orphelins  ; 
car  Dieu  aime  ces  enfants  délaissés.  Faites  prier  vos  élèves  ; 
car  Dieu  se  plaît  à  faire  de  grandes  merveilles  par  ces  jeunes 
cœurs  que  le  vice  n'a  pas  encore  atteints.  La  Croix  de 
Tempérance  est  pour  cela  arborée  dans  vos  saintes  maisons, 
dans  vos  charitables  hospices,  dans  vos  pieuses  écoles.  Le 
monde  n'est  plus  rien  pour  vous,  excepté  quand  il  s'agit  de 
prier  pour  lui.  Priez  donc;  et  que  le  fruit  de  vos  prières 
soit  la  défaite  de  l'ivrognerie,  qui  est  le  vice  qui  donne  plus 
de  scandales  et  perd  plus  d'âmes. 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  lettre,  ô  Vierge  sainte, 
sans  la  déposer  à  vos  pieds  sacrés,  pour  vous  en  faire  un 
humble  hommage.  Nous  avons  tâché  de  l'écrire  sous  l'in- 
fluence de  vos  douces  inspirations,  et  dans  l'unique  but  de 
contribuer  en  quelque  chose  à  la  gloire  de  votre  divin  Fils 
et  au  salut  des  âmes  qui  lui  ont  coûté  tout  son  sang  précieux. 
Ce  sang  adorable  doit  arroser  la  Croix  de  Tempérance  que 
Nous  donnons  en  mains  à  vos  chers  enfants,  pour  qu'ils 
puissent  combattre  et  vaincre  le  vice  le  plus  damnable.  La 
Société  de  Tempérance  emprunte  aujoui-d'hui  notre  faible  voix 


I 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  451 

l)Our  vous  adresser  cette  humble  supplication.  O  Mère  de  dou- 
leur, faites  que  la  Croix  soit  pour  moi  une  garde  assurée  : 
Fac  me  cruce  custodiri  ;  qu'elle  soit,  cette  Croix  sainte,  pour 
moi  et  mes  nombreux  associés,  un  rempart  impénétrable  : 
Morte  Christi  prœmuniri  ;  qu'elle  soit,  cette  Croix  bénie,  une 
soiu'ce  intarissable  de  grâces  qui  nous  ranime  tous  dans  la 
pratique  de  nos  importants  devoirs  :  Confoveri  gratia. 

Sera  la  présente  Lettre  Pastorale  lue  au  prône  de  toutes- 
les  Eglises  où  se  fait  l'office  public,  et  au  chapitre  de  toutes 
les  Communautés,  le  premier  dimanche  après  sa  récejjtion. 

Donné  à  Montréal,  dans  l'hôpital  St.  Patrice,  le  vingt-cinq 
avril  mil  huit  cent  cinquante-quatre,  sous  notre  seing  et 
sceau  et  le  contre-seing  de  notre  Secrétaire. 

t  IG.,  EVEQUE  DE  MONTEEAL. 

Par  Monseigneur, 

JOS.  OCT.  PAPE,  Chan., 

Secrétaire.. 


LETTRE  CIPCULAIRE  AU  CLEEGÉ  DU  DIOCESE  DE 
MOXTPÉAL. 


Hôpital  St.  Patrice,  le  26  Avril  1.S54. 


Monsieur, 


Les  progrès  alarmants  de  l'ivrognerie  font  craindre  jiour- 
le  sort  de  la  Société  de  Tempérance.  Toutefois,  il  est  visible 
que  le  peuple  en  masse  y  tient  fortement.  On  peut  do]0 
tout  espérer  des  exercices  qui  vont  se  faire,  dans  tout  le 
Diocèse,  et  qui  sont  annoncés  dans  la  Lettre  Pastorale  ci- 
jointe. 

Afin  de  vous  aider  à  conserver  intacte  une  Association  si 


452  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

précieuse,  je  donne  mission  spéciale,  an  nom  de  Dieu,  à 
quelques  Prêtres,  et  en  particulier  aux  Eévérends  Pères 
Oblats.  dont  vous  connaissez  le  zèle  pour  cette  belle  œuvre, 
pour  que  d'ici  à  la  fin  de  l'année,  la  Croix  soit  prêchée  et 
reçue  dans  toutes  les  familles  qiii  voudront  garder  la  Tem- 
pérance. Ces  retraites  pourront  durer  deux  ou  trois  jours, 
et  tiendront  lieu,  cette  année,  de  la  Visite  Pastorale,  que  je 
ne  puis  faire. 

Le  but  de  ces  retraites  est  de  mettre,  dans^le  cœur  du 
peuple,  par  un  cours  d'instructions  [suivies  sur  la  Tempé- 
rance, une  plus  forte  conviction  que  jamais  du  bonheur  qu'il 
y  a  d'en  garder  fidèlement  l'engagement.  La  Croix  est 
ensuite  donnée  j^our  fixer  l'inconstance  et  la  faiblesse  hu- 
maine. 

Dans  cette  vue,  l'on  profitera  du  temps  de  la  Eetraite, 
dans  chaque  Paroisse,  pour  y  organiser  un  bon  Conseil,  qui 
se  mettra  tout  de  suite  en  rapport  avec  le  Conseil  Central 
de  Montréal,  qui  a  vraiment  l'intelligence  et  le  zèle  de 
^œu^Te  dont  il  veut  bien  promouvoir  les  grands  intérêts. 

Les  voyages  étant  une  occasion  prochaine  de  rechute,  à 
cause  des  mauvaises  auberges  qu'on  trouve,  soit  en  ville,  soit 
sur  la  route,  on  devra,  pendant  ces  retraites,  convenir  que 
Ton  se  retirera  toujours  dans  de  bonnes  maisons  de  pension  ; 
et  chaque  Paroisse  adoptera  les  siennes. 

La  cause  ordinaire  des  rechutes  a  principalement  sa  source 
dans  la  légèreté  du  cœur  humain,  qui  oublie  aisément  ce  qui 
fait  son  malheur.  Pour  remédier  à  ce  mal,  le  Conseil  Cen- 
tral se  propose  de  continuer  la  publication  de  ses  Annales, 
dont  la  lecture  si  intéressante  ne  manquera  pas  d'affermir 
le  peuple  dans  sa  résolution  de  ne  plus  boire  de  liqueurs 
enivrantes.  On  fera  donc  bien  de  les  encourager,  par  tous 
les  m.oyens  possibles  ;  et  on  s'en  occupera  aussi  pendant  les 
r^'aîtes  de  tempérance. 

On  fera,  de  tous  les  moyens  à  prendre,  pour  consolider  la 
Société  de  Tempérance,  par  la  Croix  de  J.-C,  le  sujet  de  la 
prochaine  Conférence  Ecclésiastique.  On  en  enverra  le  plus 
tôt  possible  les  rapports  à  M.  Moreau,  Prêtre  de  l'Evêché, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.    .  453 

spécialement  chargé  de  correspondre  avec  vous  sur  tout  ce 
qui  regarde  cette  Association.  Ces  rapports  vous  aideront 
à  agir  uniformément  partout,  et  auront,  je  l'espère,  l'heureux 
résultat  de  conserver  notre  cher  peuple  dans  lamour  et  la 
pratique  de  la  Tempérance  la  plus  absolue. 

Yeuillez  bien  prier  et  faire  prier  pour  le  succès  du  pro- 
chain Concile  Provincial,  Après  que  cette  Sainte  Assem- 
blée sera  terminée,  je  visiterai  chaque  Archiprétré,  afin  d'en 
finir  avec  les  bibliothèques  paroissiales,  dont  l'établissement 
nous  occupait  dans  notre  dernière  conférence.  J'espère 
toujours  que  cette  œuvre  réussira  ;  et  qu'au  moyen  de  bons 
livi'es,  nous  empêcherons  l'impiété  et  l'immoralité  de  se 
répandre,  par  la  lecture  des  mauvais  livres,  qui  plus  que 
jamais  menacent  d'empester  la  ville  et  les  campagnes.  Je 
donnerai  à  tous  avis  du  jour  où  je  serai  dans  chaque  Archi- 
prétré. En  attendant,  je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

t  ÏG.  EVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 


LETTEE  PASTOEALE  DES  PEEES  DU  SECOND  CON- 
^  CILE  PEO  VINCI  AL  DE  QUÉBEC. 


NOUS,  PAR  LA  miséricorde:  DE  DIEU  ET  LA  GRACE  DU  SAINT 
SIÈGE  APOSTOLIQUE,  ARCHEVEQUE  ET  ÉVÊQUES  DE  LA 
PROVINCE    ECCLÉSIASTIQUE    DE    QUÉBEC. 

A  tous  les  Ecclésiastiques,  aux  Communautés  Religieuses  de  Vun 
et  Vautre  sexe  et  à  tous  les  Fidèles  de  la  dite  Province 
Salut  et  Bénédiction  en  Notre  Seigneur. 

Pour  la  seconde  fois,  Nos  Très  Chers  Frères,  les  Evêques 
de  la  Province  Ecclésiastique  de  Québec  se  sont  réunis  en 
Concile  Provincial  pour  s'occuper  des  intérêts  spirituels  des 


1 


'^34  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

églises  auxquelles  la  Divine  Providence  a  daigné  les  prépo- 
ser. Chargés,  chacun  en  particulier,  de  gouverner  une 
portion  précieuse  de  l'héritage. du  Seigneur,  nous  devons 
unir  nos  forces  et  co-ordonner  nos  moyens  de  défense  pour 
repousser  avec  plus  d'efficacité  l'ennemi  commun,  toujours 
vigilant,  toujours  actif  et  par  conséquent  toujours  à  redouter 
<iaus  ses  attaques  contre  le  royaume  de  Dieu  sur  la  terre. 
Serviteurs  du  Père  de  famille,  c'est  pour  nous  une  obligation 
sacrée  d'arracher  de  son  champ  les  plantes  nuisibles,  d'y 
répandre  le  bon  grain,  de  le  cultiver  avec  soin,  de  l'arroser 
de  nos  sueurs,  pour  qu'il  puisse  produire  des  fruits  abon- 
dants de  salut  et  de  vie. 

Pénétrés  de  la  vérité  des  paroles  du  Eoi-prophète  :  Nisi 
Dominus  custodierit  civifatem,  frustra  vigilat,  qui  custodit  eam 
{Psalm  CXXVI.),  "  Si  le  Seigneur  ne  garde  une  ville,  c'est 
'•  en  vain  que  veille  celui  que  la  garde  ;  "  convaincus  que, 
sans  le  secours  du  Très-Haut,  nos  veilles  et  nos  travaux 
demeureraient  sans  résultats  utiles,  nous  avons  dû,  avant 
tout,  nous  adi*esser__humblement  à  l'auteur  de  toute  grâce 
pour  attirer  ses  bénédictions  sur  nos  délibérations.  Nous 
nous  sommes  aussi  souvenus  de  vous  dans  nos  prières,  N.  T. 
C.  F.,  afin  que  "  le  Dieu  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  le 
''  père  de  gloire,  vous  donne  l'esprit  de  sagesse  et  de  révéla- 
'^'  tion  pour  le  connaîcre  ;  qu'il  éclaire  les  yeux  de  votre 
"  cœur,  pour  vous  fiiire  savoir  quelle  est  l'espérance  à  la- 
^'  quelle  il  vous  a  appelé,  quelles  sont  les  richesses  et  la 
''  ffloire  de  rhérita2:e  destiné  aux  Saints  :  "  Ut  Deus  JDomini 
nostri  Jesu  Christ i,  pater  gloriœ,  det  vobis  spiritum  sapientiœ  et 
revelationis,  in  agnitione  ejus,  illuminatos  oculos  cordi  vestri  ut 
sclatis  quœ  sit  spes  vocationis  ejus  et  quœ  divitiœ  gloriœ  hœre- 
ditatis  ejus  in  sanctis.     (^Ad  Epihes.  L  18.) 

Eéunis  dans  le  sanctuaire  dédié  à  la  Bienheureuse  Yicrge 
Marie,  nous  avons  élevé  vers  elle  nos  voix  et  nos  cœurs  ;  et 
nous  l'avons  priée  de  vouloir  bien  présenter  elle-même  nos 
demandes  à  son  divin  fils,  et  se  constituer  la  gardienne  de 
cette  portion  de  la  vigne  du  Seigneur.  (Cant.  desCant.  I.  5.) 
Ainsi  ^Jacés  sous  l'auguste  protection  de  la  Mère  de  Jésus, 


GIRCCLAIRES  ET  AUTRES  bOCUMENTS  455 

et  en  présence  du  Juge  suprême  qui  nous  demandera  compte, 
un  jour,  de  notre  administration,  nous  avons  cherché  à  con- 
naître les  maux  qui  affligent  notre  troupeau  et  les  dangers 
qui  le  menacent  :  nous  nous  sommes  appliqués  à  découvrir 
les  moyens  de  relever  celles  de  nos  brebis  qui  sont  tombées, 
de  fortifier  celles  qui  sont  faibles  et  de  consei'ver  celles  qui 
sont  pleines  de  force  et  de  vigueur.  (Ezech.  XXXIV.  16.) 

Et  d'abord  nous  avons  reconnu  avec  effroi,  N.  T.  C.  F., 
combien  sont  constants  et  puissants  les  efforts  que  fait  l'es- 
prit de  ténèbres,  pour  séduire  la  jeunesse  et  l'entraîner  dans 
les  voies  de  la  perdition,  en  lui  inspirant  le  mépris  de  l'au- 
torité paternelle,  et  le  désir  de  n'avoir  d'autre  guide  que  sa 
propre  volonté.     îsous  vous  exhortons,  parents  chrétiens,  à 
^réserver  vos  enfants  de  cet  esprit  d'indépendance  si  funeste 
dans  ses  suites,  et  à  les  accoutumer  de  bonne  heure  au  joug 
.'•alutaire  de  l'oljéissance.  Rendez-leur  votre  autorité  respec- 
table, en  l'appuj'ant  non  pas  sur  le  caprice  ou  sur  l'humeur 
eu  moment,  mais  sur  la  loi  de  Dieu,  qui  enjoint  aux  enfants 
dhonorer  leurs  parents  et  de  leur  obéir  :  montrez-leur  Jésus 
se  soumettant  humblement  à  Joseph.    Devenez  vous-mêmes 
leirs  modèles,  en  rendant  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu,  et  à 
C'éar  ce  qui  est  à  César.  Que  la  maison  paternelle  devienne 
pou'  eux  une  école  d'ordre,  de  morale  et  de  foi,  où  en  obé- 
issait à  leurs  pères  et  mères,  et  en  imitant  leurs  exemples, 
ils  îpprennent  à  aimer  Dieu,  à  remplir  leurs  devoirs  envers 
leun  supérieurs,  à  devenir  des  enfants  soumis  de  l'Eglise,  et 
des  nembres  utiles  de  la  société. 

El  vous  appliquant  ainsi  à  leur  donner,  au  sein  de  la  fa- 
mi  11-,  une  éducation  toute  chrétienne,  vous  les  prémunirez 
crmte  les  dangers  du  dehors,  et  vous  les  préparerez  à  prc- 
fiterdes  leçons  qu'ils  recevront  dans  les  écoles.  Pour  le 
bienie  la  patrie  et  pour  l'avantage  de  notre  sainte  religion, 
il  es  important  que  la  jeunesse  catholique  reçoive  une 
instnction  solide  et  appuyée  sur  les  saines  doctrines.  Elle 
doit  stre  mise  en  état  de  marcher  sur  un  pied  d'égalité, 
pour  ces  connaissances  et  ses  lumières,  avec  ceux  de  nos 
frère'qui  n'ont  pas  le  bonheur  de  professer  notre  sainte 


456  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

religion.  Nous  vous  engageons  donc  bien  fortement,  N.  T. 
C.  F.,  à  procui-er  à  vos  enfants,  les  avantages  d'une  instruc- 
tion ajjpropriée  à  leur  intelligence  et  à  leur  condition,  atin 
qu'au  moyen  de  bonnes  lectures,  ils  puissent  s'éclairer,  se 
fortifier  dans  le  bien,  et  apprendre  à  remplir  fidèlement 
leurs  devoirs  de  citoyens  et  de  chrétiens. 

Vous  avez  néanmoins  des  précautions  à  prendre  dans  le 
choix  des  écoles,  pour  ne  donner  à  vos  enfants  que  des  maî- 
tres ou  maîtresses,  unissant  une  instruction  suâ[isante  à  une 
conduite  régulièi'e  et  chrétienne.  Bien  des  parents  ont  à 
déplorer  amèrement  les  suites  de  leurs  négligence  sur  ce 
point  si  important.  Les  exemples  et  les  paroles  d'un  insti- 
tuteur laissent  le  plus  souvent  de  profondes  impressions 
pour  le  bien  et  pour  le  mal,  sur  l'esprit  et  sur  le  coeur  d* 
ses  élèves.  Si  le  maître  possède  un  esprit  religieux  et  tient 
une  conduite  morale,  ses  écoliers  seront  entraînés  vers  h 
bien  par  ses  leçons  et  par  ses  exemples.  Mais  s'il  est  pei 
édifiant,  si  ses  paroles  ne  sont  pas  dignes  de  sa  haute  mii- 
sion,  qu'on  en  soit  bien  assuré,  plusieurs  de  ses  élèves  r(S- 
sentiront  un  jour  les  funestes  effets  de  l'éducation  quils 
auront  reçue  d'un  tel  précepteur.  Ce  germe  du  mal,  tonbé 
sur  une  terre  encore  vierge,  ne  produira  pas  toujours  ses 
fruits  dans  le  moment  même  ;  il  pourra,  eu  présence  de 
parents  chrétiens,  demeurer  longtemps  dans  un  étal  de 
torpeur  qui  ressemble  à  la  mort  ;  mais  lorsque  l'occiBion 
favorable  se  présentera,  les  mauvaises  impressions  laiisées 
au  fond  d'un  jeune  cœur  se  dévoileront  au  plus  grand  îton- 
nement  de  toute  une  famille. 

Cependant,  si  les  pères  et  mères  sont  tenus  d'élogner 
soigneusement  leurs  enfants  des  écoles  catholiques  qii  ne 
présentent  pas  toutes  les  garanties  pour  les  princijes  et 
pour  les  mœurs,  ils  ont  sujet  de  se  défier  davanta^  des 
écoles  où  l'on  afiiche  l'indiôérence  en  matière  de  relçion  ; 
à  plus  forte  raison  encore  doivent-ils  craindre  les  coles 
protestantes,  où  l'on  met  eatre  les  mains  des  enfans  des 
falsifications  de  la  parole  de  Dieu  où  la  jeune  intelli;ence 
est  invitée  à  se  former  un  code  de  doctrines  par  l'inspction 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  457 

des  textes  qu'on  fait  passer  sous  ses  yeux,  où  l'écolier  catho- 
lique entend  chaque  jour,  et  sous  toutes  les  formes  de  rai- 
sonnements, attaquer  les  principes  et  les  dogmes  de  sa  foi, 
avant  qu'il  ait  pu  apprendre  à  les  bien  connaître  et  à  les 
bien  comprendre.  Que  résulterait-il  pour  sa  foi  de  la  fré- 
quentation de  telles  écoles  ? — Une  confusion  étrange  dans 
ses  idées  religieuses,  suivie  le  plus  souvent  d'un  désolant 
indiiférentisme  dans  les  matières  de  foi.  Oh  !  nous  vous  en 
supplions,  N.  T.  C.  F.,  si  vous  avez  quelque  souci  du  salut 
de  vos  enfants,  ne  les  exposez  pas  aux  effets  désastreux  du 
doute  et  de  l'infidélité,  en  permettant  qu'ils  entrent  dans  ces 
institutions,  où  ils  apprendraient  à  mettre  en  question  les 
dogmes  les  plus  positifs  de  la  révélation. 

Aucune  liaison  ne  pourrait  vous  excuser,  quand  même  ces 
institutions  seraient  supérieures  aux  institutions  catholi- 
ques ;  car  la  foi  est  un  bien  qui  doit  être  plus  estimé  que 
tous  les  avantages  temporels.  D'ailleurs  nos'écoles  pinmaires 
ne  sont  pas  au-dessous  du  niveau  qu'atteignent  les  écoles 
protestantes  ;  et  quant  aux  institutions  d'un  ordre  plus 
relevé,  nous  ne  voyons  pas  que  nous  ayons  rien  à  envier  à 
nos  frères  séparés.  Xous  pouvons,  à  côté  de  leurs  meilleurs 
collèges  dans  la  province  et  même  dans  les  Etats  voisins, 
placer  avec  honneur  nos  Séminaires  catholiques  ;  et  grâce 
à  Dieu,  nous  pouvons  aujourd'hui  offrir  à  la  jeunesse  stu- 
dieuse une  institution  qui  commence  sous  les  plus  heureux 
auspices,  nous  voulons  parler  de  l' Université-Laval,  sur 
laquelle  nous  appelons  les  bénédictions  les  plus  abondantes 
de  l'Esprit  des  lumières. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  procurer  l'instruction  chrétienne 
de  vos  enfants  dès  leur  premier  âge;  vous  aurez  encore  à 
leur  fournir  les  moyens  d'étendre  les  connaissances  acquises 
à  l'école  et  de  les  employer  convenablement  pour  leurs 
intérêts  temporels  sagement  compris,  mais  plus  particuliè- 
rement pour  leur  avancement  spirituel.  Il  serait  inutile, 
disons  même  dangereux,  de  répandre  l'instruction  primaire, 
si  on  négligeait  les  moyens  de  la  rendre  fructueuse.  Or, 
rien  n'est  plus  propre  à  conduire  à  ce  but  que  la  création  de 


458  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

bonnes  bibliothèques  paroissiales.     Déjà   beaucoup  de  pa- 
roisses jouissent  de  l'avantage  de  posséder  quelques  établis- 
sement de  ce  genre  ;   partout  où  des  bibliothèques  parois- 
siales ont  été  organisées  sur  des  bases  catholiques,  elles  ont 
produit  les  fruits  les  plus  heureux,   non-seulement  pour  les 
connaissances  utiles  quelles  répandent,  mais  encore  parce 
qu'elles  offrent  une  source  toujoui-s  nouvelle  d'amusements 
innocents  et  variés  pour  les  personnes  de  tous  les  âges.    Le 
temps  emploj'é  à  des  lectures  utiles  et  agréables  serait  pro- 
bablement perdu  en  divertissements  grossiers  et  dangereux, 
propres  à  dépraver  le  cœur  et  affaiblir  l'esprit.    Vous  pour- 
rez recourir  en  sûreté  à  ces  bibliothèques  ;  car  vous  ne  serez 
pas  exposés  à  y  trouver  des  ouvrages  contre  la  foi  et  les 
mœurs,  que  la  licence  et  l'irréligion  répandent  avec  tant 
d'abondance.     Dans  la  vue  de  porter  plus  sûrement  la  déso- 
lation au  sein  de  l'Eglise  de  Dieu,  l'esprit  de  ténèbres  s'est 
efforcé  d'empoisonner  les  sources  de  la  science  ;  et  ses  tenta- 
tives ont  malheureusement  eu  tant  de  succès,  qu'un  grand 
nombre  de  chrétiens  trouvent  la  mort  spirituelle  dans  un 
des  plus  beaux  dons  que  Dieu,  ait  accordé  à  l'homme  après 
celui  de  la  parole.     Livres  immoraux  et  obscènes,  feuille- 
tons  chargés  d'immondices   et  de   blasphèmes,    journaux 
insultant  à  la  religion  et  aux  principes  les  plus  sacrés  :  voilà 
ce  que  le  démon  arrache  à  l'art  si  noble  de  l'imprimerie, 
pour  le  verser  au  milieu  des  villes  et  au  sein  des  popula- 
tions de  la  campagne.     Xous  avons  certainement  à  louer  et 
A  remercier  le  Seigneur  de  ce  que,  dans  notre  pays,  dont 
une  grande  partie  est  si  éminemment  catholique,  les  tenta- 
tives de   l'esprit  de   mensonge  ont  généralement  échoué. 
Cependant,  avertis  de  la  présence  de  l'homme  ennemi  au 
milieu  de  vous  par  ses  agressions  répétées,  vous  devez  vous 
tenir  sur  vos  gardes,  et  exercer  la  plus  grande  prudence 
dans   le   choix  des   livres   et  des  journaux  que  vous  lisez 
vous-mêmes   et  que   vous   introduisez   dans   vos   familles. 
Gardez-vous  de  vous  laisser  surprendre  aux  dehors  trom- 
peurs dont  ils  sont  quelquefois  enveloppés  ;   et  avant  de 
vous  exposer  à  admettre  chez  vous  un  livre  sur  lequel  vous 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  409 

avez  des  doutes,  consultez  des  personnes  prudentes,  éclairées 
et  capables  de  découvrir  les  ruses  de  l'esyjrit  de  mensonge. 
Au  milieu  de  nombreuses  inquiétudes  que  nous  causent  les 
dangers  dont  nos  églises  sont  menacées,  nous  éprouvons  une 
grande  satisfaction  en  remarquant  que,  depuis  plusieurs 
années,  une  des  causes  les  plus  puissantes  de  désordres  et 
de  malbcurs  a  considérablement  diminué  ;  nous  voulons 
faire  allusion  au  vice  dégradant  de  l'intempérance,  dont  les 
suites  funestes  ont  affligé  un  si  grand  nombre  de  familles  et 
perdu  tant  d'âmes  précieuses,  rachetées  au  prix  du  sang  de 
Jésus-Christ.  Grâces  en  soient  rendues  au  Dieu  des  miséri- 
coi'des,  la  parole  des  ministres  du  Seigneur  a  réussi  à  arrê- 
ter le  torrent  dévastateur  de  l'ivrognerie,  et,  dans  plusieurs 
parties  de  notre  pays,  à  le  faire  disparaître  presque  entière- 
ment. Pes  sociétés  organisées  pour  combattre  ce  monstre, 
et  s'appuyant  sur  la  religion  comme  sur  une  base  as.surée, 
ont  réussi  à  ramener  dans  le  droit  cheniin  bien  des  raalheu- 
j-eux  égarés  par  cette  fatale  passion.  Par  les  exhortations, 
par  les  exemples,  par  la  priài'e,  elles  ont  guéri  des  plaies 
i-egardées  comme  incurables  ;  elles  ont  séché  bien  des  lar- 
mes et  ont  rétabli  la  paix  au  sein  de  familles  longtemps 
désolées  par  le  fléau  de  l'ivrognerie.  Mais  no  nous  faisons 
pas  illusion  en  nous  promettant  une  victoire  complète  sur 
lennemi  insidieux  que  nous  avons  à  combattre:  la  lutte  du 
mal  contre  le  bien  continuera  jusqu'à  la  consommation  des 
siècles  ;  les  enfants  du  Christ  ne  feront  triompher  la  bonne 
cause  qu'à  force  de  persévérance  et  de  fidélité.  A  peine 
abattu,  le  démon  de  l'intempérance  travaille  à  relever  son 
étendard  et  à  s'emparer,  de  nouveau,  des  victimes  qui  lui 
ont  été  arrachées.  Les  auberges  devenues  plus  nombreuses 
ne  lui  suffisent  pas  ;  échappant  à  la  vigilance  de  la  loi,  des 
bouges,  où  se  distribuent  sans  licence  des  boissons  eni- 
vrantes, se  sont  élevés  dans  quelques  localités  et  y  produi- 
sent des  maux  bien  déplorables.  Cette  violation  flagrante 
d"iine  loi  portée  dans  l'intéi-êt  de  la  morale  et  de  l'ordre 
public,  demande  la  répression  la  plus  énergique  ;  et  nous 
devons  déclarer  que  ceux  qui  se  livrent  à  ce  commerce  illi- 


460  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

cite,  sont  indignes  d'être  admis  à  participer  aux  sacrements 
de  l'Eglise,  tant  qu'ils  continueront  à  être  une  cause  de 
scandale  et  de  chute  pour  leurs  frères. 

A  la  vue  dos  efforts  que  fait  l'enfer  pour  démolir  l'œuvre 
de  régénération  morale  si  heureusement  commencée,  vous 
comprendrez  que  le  concours  des  amis  de  la  tempérance  et 
de  l'ordre  est  nécessaire  pour  maintenir  le  triomphe  de  la 
bonne  cause,  et  nous  avons  la  ferme  confiance  qu'il  ne  nous 
fera  pas  défaut. 

Déjà  la  société  de  la  croix,  élevant  l'instrument  vénérable 
de  la  victoire  de  Jésus  sur  la  mort  et  sur  le  démon,  a  appris 
à  se  servir  de  cette  arme  puissante  pour  combattre  les  enne- 
mis du  salut  et  plus  particulièrement  le  vice  hidenx  de  l'in- 
tempérance. Ses  succès  ont  été  si  nombreux  et  si  marqués 
dans  les  lieux  où  elle  s'est  établie,  que  nous  aimerions  à  la 
voir  étendre  sa  salutaire  influence  dans  toutes  les  parties 
de  cette  province.  Aussi,  invitons-nous  tous  les  fidèles  con- 
fiés à  nos  soins  à  s'enrôler  dans  les  rangs  des  soldats  de  la 
croix,  pour  combattre  tous  ensemble  un  des  jîlus  dangereux 
adversaires  de  la  société  et  de  la  religion. 

Dans  le  but  de  soutenir  les  associés  de  la  croix  et  de  les 
diriger  dans  leur  louable  entreprise,  nous  souhaiterions  voir 
se  répandre  une  utile  publication  commencée  à  Montréal 
depuis  près  d'un  an,  sous  le  titre  d'Annales  de  la  tempé- 
rance. Encouragée  et  inspirée  par  les  autorités  ecclésias- 
tiques, elle  ;•,  pour  objet  d'appuyer  la  grande  œuvre  de  la 
tempérance  j)ar  les  armes  que  fournissent  la  raison,  l'expé- 
rience et  la  religion.  Répandues  dans  tout  le  pays,  les 
Annales  de  la  tempérance  serviront  à  lier  ensemble  les  par- 
ties les  plus  éloignées  de  l'association,  à  enti*etenir  la  fidélité 
et  la  charité  des  membres,  et  à  maintenir  l'uniformité  dans 
leurs  vues  et  dans  leurs  démarches. 

Tels  sont  les  avis  que  nous  avons  cru  important  de  vous 
donner  pour  l'avantage  commun  de  tous  les  diocèses  de  la 
province,  et  pour  nous  acquitter  d'un  devoir  important  de 
la  charge  pastorale.  Car  il  nous  a  été  enjoint  d'annoncei- 
la  parole,  de  presser  à  temps  et  à  contretemps,  de  reprendre,. 


CIRCULAIRES  Eï  AUTRES  DOCUMENTS  4C1 

de  supplier,  de  ménager  ;  et  malheur  à  nous  si  nous  ne  pu- 
blions pas  hautement  la  vérité. 

"  Et  maintenant,  N.  T.  C.  F.,  employant  les  paroles  de 
"  l'Apôtre  St.  Jean,  nous  vous  prions,  non  comme  vous 
"  écrivant  un  commandement  nouveau,  mais  celui-là  même 
"  que  nous  avons  reçu  dès  le  commencement,  que  nous  nous 
"  aimions  les  uns  les  autres.  Et  la  charité  consiste  à  mar- 
"  cher  selon  les  commandements  de  Dieu  ;  car  c'est  là  le 
''  commandement  que  vous  marchiez  comme  vous  l'avez 
"appris  dès  le  commencement.  Prenez  garde  à  vous  que 
"  vous  ne  perdiez  pas  les  œuvres  que  vous  avez  faites,  mais 
"  que  vous  en  receviez  une  pleine  récompense."  Et  nu7ic 
rogo  te  non  tanquam  mandatum  novum  scribens  tibi,  sed  quod 
habuimus  ab  initia  ut  diligamus  alterutrum.  Et  hœc  est  chari- 
tas  ut  ambulemus  secundwn  mandatum  ejus.  Hoc  est  enim 
mandatum  ut.quemadmodum  audistis  ab  initia,  in  ea  ambulemus. 
Videte  vas  metipsos  ne  perdatis  quœ  aperati  estis  ;  sed  ut  mer  ce- 
demplenam  accipiatis  (Epist.  2.  cap.  1,  vers.  5  &  seq.). 

Sera  notre  présente  lettre  pastorale  lue  et  publiée  au 
prône  de  toutes  les  églises  de  la  province,  la  première  fois 
que  l'office  divin  y  sera  célébré  après  sa  réception,  et  en 
chapitre  dans  les  communautés  religieuses. 

Donné  à  Québec  sous  nos  signatures,  le  sceau  de  l'archi- 
diocèse  et  le  contreseing  du  secrétaire  de  l'archevêché,  le 
jour  de  la  Pentecôte,  4  juin,  mil  huit  cent  cinquante  quatre. 

t  P.  F.  Archev.  de  Québec. 

t  Ig.  Ev.  de  Montréal. 

t  Patrick,  Ev.  de  Carrha,  Admin.  de  Kingston. 

t  J.  C.  Ev.  de  St.  Hyacinthe. 

t  Jos.  EuG.  Ev.  de  Bytown. 

t  Arm.  Fr.  Ea.  Ev.  de  Toronto. 

t  Thomas,  Ev.  des  Trois-Eivières. 


Par  Messeigneurs, 


Edmond  Langevin,  Ptre., 
Secrétaire. 


462  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

LETTEE  CIECULAIEE  DES  PEEES  DU  SECOND 
CONCILE  PEOVINCIAL  DE  QUEBEC,  AU  CLEE- 
GE  DE  LA  PEOVINCE  ECCLÉSIASTIQUE. 


Archevêché  de  Québec,  4  Juin  1854. 
Monsieur, 

Avant  de  porter  à  votre  connaissance  les  décrets  que  nous 
avons  adoptés,  avec  l'assistance  du  St.  Esprit,  dans  notre 
dernier  concile,  nous  allons,  conformément  au  droit  commun 
de  l'Eglise,  les  soumettre  au  jugement  du  St.  Siège  Aposto- 
lique. Mais  nous  croyons  devoir  publier,  sans  délai,  le 
règlement  disciplinaire  qui  accompagne  la  présente,  pour 
donner  au  clergé  de  toute  la  province  une  direction  unifor- 
me, et  propre  à  le  guider  dans  les  embarras  multipliés  qu'il 
rencontre,  chaque  jour,  dans  l'administration  du  ministère 
ecclésiastique. 

Nous  nous  abstenons  de  déduire  les  motifs  qui  nous  ont 
engagés  à  formuler  chacun  des  articles  de  ce  règlement  ; 
mais  vous  saurez  sans  doute  les  comprendre  et  les  apprécier. 
Vous  serez  donc  bien  aise  d'avoir,  sous  la  main,  un  document 
qui  vous  permettra  de  vous  appuyer  de  l'autorité  des  Evo- 
ques en  concile,  pour  vous  diriger,  d'après  les  vrais  princi- 
pes, dans  les  questions  qui  sont  à  l'ordre  du  jour. 

Nous  croyons  toutefois  devoir  vous  donner  quelques 
explications  sur  l'invitation  faite  au  clergé  dans  notre 
l'èglement,  de  procurer  une  plus  grande  circulation  au  True 
Witne&s. — Jusqu'à  cette  année,  cet  excellent  journal  pouvait 
se  soutenir  assez  facilement  avec  le  nombre  actuel  de  ses 
abonnés.  Mais  aujourd'hui  que  les  gages  des  imprimeurs 
et  que  le  prix  du  matériel  se  sont  considérablement  aug- 
mentés, il  faut,  pour  qu'il  puisse  se  maintenir,  ou  que  le  prix 
de  l'abonnement  soit  porté  à  un  chiffre  plus  élevé,  ou  que 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  'iG^ 

de  nouveaux  abonnements  lui  viennent  en  assez  grand 
nombre  pour  combler  le  déficit.  Comme  le  premier  moyen 
semble  offrir  trop  de  difficultés,  nous  comptons  sur  le 
second  qui  en  offre  beaucoup  moins,  et  qui  réussira,  nous  en 
avons  l'assurance,  avec  la  coopération  du  clergé.  En  effet 
que  chaque  prêtre  qui  ne  reçoit  pas  le  journal  se  fasse  un 
devoir  de  s'y  abonner,  quand  ce  ne  serait  que  pour  le  seul 
motif  d'encourager  l'œuvre,  s'il  ne  comprend  pas  l'anglais  ; 
qu'il  presse  de  suivre  son  exemple  les  hommes  instruit!^  et 
zélés  pour  la  religion,  qui  se  trouvent  dans  sa  paroisse,  ou 
dans  sa  mission,  et  bientôt  nous  n'aurons  pas  à  craindre 
pour  l'existence  d'une  publication  qui  rend  les  services  les 
plus  importants  à  la  religion,  et  qu'il  est  de  l'honneur  du 
catholicisme  en  Canada  de  conserver  sur  un  pied  respec- 
table. 

Messieurs  les  Curés  et  Missionnaires  sont  pries  d'envoyer 
au  Grand-Vicaire  résidant  au  chef-lieu  du  diocèse  auquel  ils 
appartiennent,  la  liste  des  nouveaux  abonnés  au  journal, 
avec  le  prix  du  premier  semestre,  qui  est  de  sept  chelins  et 
demi  par  chaque  abonné  dans  les  villes,  et  de  six  chelins 
trois  deniers  pour  les  campagnes. 

Eecevez,  Monsieur,  l'assurance  de  noti-e  bien  sincère  atta- 
chement. 

t  P.  F.  Archev.  de  Québec. 

t  Ig.  Ev.  de  Montbéal. 

f  PaTRicK,  Ev.  DE  Carrha,  admin.  de  Kingston", 

y  J.  C.  Ev.  DE  St.  Hyacinthe, 

ï  Jos.  EuG.  Ev.  DE  Bytown. 

y  Arm.  Fr.  Ma.  Ev.  de  Toronto. 

y  Thomas,  Ev.  des  Trois-Pivières, 


464  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

EÉGLEMEXT   DISCIPLIXAIRE    ADOPTÉ    DANS  LE 
SECOND  CONCILE  PROVINCIAL  DE  QUÉBEC. 


.  I.     DES    ÉCOLES    PRIMAIRES. 

lo.  Il  est  du  strict  devoir  de  tous  ceux  qui  ont,  devant 
Dieu  et  devant  les  hommes,  la  charge  des  écoles  primaires, 
de  ne  les  confier  qu'à  des  instituteurs  d'une  capacité  recon- 
nue. 

2o.  Les  hommes  ne  doivent  pas  être  chargés  d'écoles  de 
filles,  ni  les  filles  d'écoles  d'enfants  des  deux  sexes,  sans  la 
plus  grande  nécessité,  et  à  moins  qu'on  ne  prenne  les  pré- 
cautions les  plus  sérieuses  pour  s'assurer  de  leur  moralité. 

3o.  En  conséquence  de  ces  principes,  il  faut  ordinaire- 
ment regarder  comme  peu  disposés  à  l'absolution  :  Premiè- 
rement, les  maîtres  qui  s'obstinent  à  faire  l'école  aux  filles  ; 
Secondement,  Iss  commissaires  et  inspecteurs  qiii  les  enga- 
gent à  cette  fin  et  qui  les  maintiennent  ;  Troisièmement,  les 
parents  et  tuteurs  qui  envoient  à  ces  maîtres  les  enfants 
dont  la  garde  leur  a  été  confiée.  La  grande  nécessité  seule 
peut  faire  tolérer  un  tel  ordre  de  chose  ;  mais  encore  faut-il 
que  les  maîtres  soient  sans  reproche. 

4o.  Il  faut  exiger  l'accomplissement  du  XV^  décret  du 
premier  concile  provincial,  concernant  les  écoles  mixtes,  et 
refuser  l'absolution  aux  parents  qui  y  envoient  leurs  enfants, 
quand  ils  peuvent  absolument  s'en  dispenser.  La  même 
conduite  doit  être  tenue  à  l'égard  des  enfants  qui  fréquen- 
tent ces  écoles,  si  on  les  juge  exposés  au  dépérissement  de 
la  foi  et  de  la  piété.  Or,  ce  danger  est  presque  toujours 
imminent. 

5o.  Les  maîtres  et  les  maîtresses  qui  n'ont  pas  la  capacité 
requise  pour  l'enseignement,  les  commissaires  qui  les  enga- 
gent, malgré  leur  incapacité  notoire,  pèchent  contre  la  jus- 
tice, et  ne  peuvent  être  admis  à  l'absolution. 


1 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  465 

Go.  Les  prêtres  qui  exercent  le  saint  ministère  sont 
invités  à  cultiver,  de  bonne  heure,  les  sujets  de  l'un  et  de 
l'autre  sexe,  qui  paraissent  appelés  à  s'aggréger  à  quelque 
ordre  religieux  voué  à  l'enseignement. 

7o.  Les  maisons  d'éducation  de  l'un  et  de  l'autre  sexe 
rendraient  un  nouveau  service  à  la  religion,  en  ajoutant  à 
leurs  classes  ordinaires  une  école  normale,  où  l'on  formerait 
des  maîtres  et  des  maîtresses  pour  les  écoles  primaires. 

II.    DES    SOCIÉTÉS    SECRÈTES. 

lo.  Tous  ceux  qui  appartiennent  à  des  sociétés  dans  les- 
quelles on  s'engage  au  secret,  sous  serment,  ne  peuvent  être 
absout,  conformément  au  XIV^  décret  du  Premier  concile 
l)rovincial. 

2o.  Quand,  dans  certaines  sociétés,  la  parole  d'honneur 
de  garder  le  secret  est  substituée  au  serment,  ces  sociétés 
doivent  être  communément  considérées  comme  secrètes,  et 
ceux  qui  en  font  partie  doivent  être  refusés  aux  sacrements, 
à  moins  qu'ils  ne  promettent  d'en  sortir  au  plus  tôt. 

3o.  Le  décret  ci-dessus  mentionné  sera  publié  et  expliqué 
tous  les  ans  au  peuple,  afin  de  lui  faire  connaître  le  danger 
des  sociétés  secrètes.  On  lui  fera  connaître  que  les  Souve- 
rains-Pontifes ont  fulminé  contre  elles  une  excommunication 
majeure  dont  l'obsolution  est  réservée  au  Saint-Siège. 

m.    DE    LA    TEMPÉRANCE. 

lo.  On  encouragera  partout  la  Société  de  la  Croix,  comme 
ui^  moyen  efficace  de  détruire  l'ivrognerie. 

2o.  On  doit  considérer  les  auberges  mal  réglées  comme 
le  plus  grand  obstacle  au  maintien  de  la  tempérance. 

3o.  Il  faut  regarder  comme  indignes  de  l'absolution  : 
Premièrement,  les  personnes  qui  s'enivrent  presque  chaque 
fois  qu'elles  vont  à  l'auberge  ;  Secondement,  les  cabaretiers 
marchands  et  autres  qui.  contre  les  lois  civiles  et  la  défense 
de  l'Eglise,  débitent  des  liqueurs  enivrantes  au  grand  pré- 
judice des  mœurs  publiques,  et  au  grand  scandale  du  peuple  ; 

30 


466  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Troisièmement,  les  citoyens  qui,  par  leurs  suffrages,  contri- 
buent efficacement  à  faire  accorder  des  licences  d'auberges 
à  des  personnes  qu'ils  savent  entretenir  de  grands  désordres 
dans  leurs  maisons,  comme,  les  dimanches  et  les  fêtes,  de 
souffrir  des  excès  de  boisson,  des  jeux  défendus,  des  jure- 
ments et  autres  choses  scandaleuses  ;  Quatrièmement,  les 
officiers  publics  qui  accordent  des  licences  d'auberge  à  dog 
hommes  qu'ils  savent  ou  qu'ils  devraient  savoir  n'être  pas 
qualifiés  pour  cela  par  la  loi  ;  Cinquièmement,  les  personnes 
qui  passent  une  partie  des  joui-s  consacrés  à  Dieu  à  boire  et 
à  jouer  dans  les  auberges;  Sixièmement,  ceux  qui,  y  étant 
tenus  ex  officio,  négligent,  par  crainte  ou  par  quelqu'autre 
motif,  de  faire  jaunir,  par  l'amende  ou  la  destitution,  les 
aubergistes  qui  violent,  d'une  manière  notoire,  la  loi  réglant 
leur  trafic  ;  Septièmement,  les  commis  et  autres  employés 
qui  contribuent  directement  aux  désordres  énumérés  ci- 
dessus  ;  Huitièmement,  la  famille  et  les  enfants  qui,  aidant 
dans  son  commerce  le  chef  de  la  famille,  sont  aussi  cause 
des  mêmes  excès,  à  moins  qu'ils  n'y  soient  forcés  par  une 
crainte  grave. 

4o.  Pour  que  les  voyageurs  ne  soient  point  obligés  de  se 
loger  dans  les  auberges  toujours  dangereuses  pour  les  fai- 
bles, l'on  favorisera  les  maisons  destinées  à  les  recevoir  où 
il  ne  se  vendra  aucune  boisson  enivrante. 

5o.  Les  associés  seront  invités  à  souscrire  aux  Annales  de 
la  Tempérance,  pour  entretenir  leur  zèle  dans  la  sainte  cause 
qu'ils  ont  embrassée. 

IV.     DBS    INSTITUTS    LITTÉRAIRES. 

lo.  Lorsqu'il  est  constant  qu'il  y  a  dans  un  institut  litté- 
raire des  livres  contre  la  foi  ou  les  mœurs  ;  qu'il  s'y  donne 
des  lectures  contraires  à  la  religion  ;  qu'il  s'y  lit  des  jour- 
naux immoraux  ou  irreligieux,  on  ne  peut  admettre  aux 
sacrements  ceux  qui  en  font  partie,  à  moins  qu'il  n'y  ait 
sujet  d'espérer  que,  vu  leur  fermeté  dans  les  bons  principes, 
ils  pourront  contribuer  à  les  réformer. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUiMENTS  467 

2o.  Les  membres  honoraires  de  tels  instituts  qui  les  en- 
coui-agent  et  les  soutiennent  par  le  crédit  de  leur  nom  et 
par  leurs  contributions,  doivent  être  traités  de  la  même 
manière. 

3o.  Il  en  serait  de  même  de  ceux  qui  iraient  y  lire  de 
mauvais  livres  ou  de  mauvais  journaux,  ou  y  entendre  des 
lectures  que  l'on  saurait  devoir  attaquer  la  religion  ou  la 
morale. 

4o.  Pour  être  tenu  à  suivre  cette  direction  dans  la  pra- 
tique, l'on  attendra  que  le  supérieur  ecclésiastique  ait 
signalé  l'institut  qu'il  aura  jugé  dangereux,  dans  le  seris 
dont  il  .vient  d'être  parlé. 

V.    DE    LA   POLITIQUE. 

lo.  Le  clergé  doit,  dans  sa  vie  i)ublique  et  privée,  demeu- 
rer neutre  dans  les  questions  qui  no  'touchent  en  rien  aux 
principes  religieux. 

2o.  II  doit  néanmoins  instruire  le  peuple  de  ses  obliga- 
tions dans  l'exercice  de  ses  droits  civils,  politiques  et  reli- 
gieux ;  car  tous  doivent  savoir  que,  quand  il  s'agit  du  choix 
de  Représentants  en  Parlement,  de  Maires,  d'Officiers  Muni- 
cipaux, de  Commissaires  d'écoles,  etc.,  ils  doivent  se  jii'o- 
noncer  en  foveur  de  ceux  qui,  de  bonne  foi,  sont  jugés 
capables  de  défendre  et  de  soutenir  ces  mêmes  droits. 

VI.     DES    JOURNAUX. 

lo.  Quant  il  circule  de  mauvais  journaux  dans  une 
paroisse,  les  confesseurs  doivent  obliger  leurs  pénitents  à  les 
renvoyer;  car  un  mauvais  journal  a  bientôt  gâté  l'esprit 
d'un  peuple,  comme  une  malheureuse  expérience  ne  l'a  que 
trop  prouvé. 

2o.  C'est  à  l'Evêque  qu'il  appartient  de  juger  de  la  nature 
de  ces  mauvais  journaux,  et  de  dénoncer  au  clergé,  ou  au 
peuple,  ceux  qu'on  ne  peut  lire  en  conscience. 

3o.  Les  curés  ne  doivent  ni  nommer  ni  désigner  en  chaire 


468  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

aucun  de  ces  journaux  qui  pourraient  se  publier  dans  la 
province,  sans  y  être  autorisés  par  une  direction  écrite  de 
l'Evêque. 

4o.  Il  va  sans  dire  que  les  propriétaires,  éditeurs,  impri- 
meurs et  autres  personnes  qui  contribuent  directement  et 
efficacement  à  répandre  ces  productions,  jugées  par  l'Evêque 
immorales  ou  irréligieuses,  sont  indignes  de  l'absolution. 

5o.  Le  besoin  d'un  journal  français,  pour  propager  les 
bons  principes,  se  fait  de  plus  en  plus  sentir.  Ce  joui'nal, 
rédigé  par  des  laïques  instruits  et  chrétiens,  produirait  plus 
de  fruits,  parcequ'il  rencontrerait  moins  de  préjugés  que  s'il 
était  sous  l'entière  direction  du  clergé.  On  aura  donc  à 
aviser  aux  meilleurs  moyens  de  rendre  ce  nouveau  service 
à  la  religion.  On  lui  en  rendrait  aussi  un  très  important, 
en  procurant  au  T)'ue  Witness  une  plus  grande  circulation. 
Ce  journal  est  considéré,  par  des  juges  compétents,  comme 
l'un  des  meilleurs  qui  se  publient,  en  anglais,  dans  notre 
Amérique.  Chaque  prêtre  ferait  donc  bien  de  s'y  abonner, 
soit  pour  s'enti'etenir  dans  la  connaissance  si  utile  ou  plutôt 
si  nécessaire  de  la  langue  anglaise,  soit  pour  le  faire  lire  par 
ceux  de  ses  paroissiens  qui  parlent  ou  qui  entendent  cette 
langue. 

VII.    DES    BIBLES    FALSIFIÉES,    DES    FEUILLETONS    ET   DES 
LIVRES    IMMORAUX. 

lo.  Il  faut  recommander  souvent  au  peuple  de  ne  pas  re- 
cevoir ces  bibles  falsifiées  et  ces  petits  traités  que  des  socié- 
tés protestantes  font  colporter  partout,  et  s'il  en  avait  reçu, 
de  s'en  défaire  aussitôt. 

2o.  Chacun  doit  fermer  l'entrée  de  sa  maison  aux  romans 
immoraux  que  l'on  importe  ou  que  l'on  publie  dans  le  pays  : 
il  n'en  faudrait  qu'un  seul  poiu*  faire  un  mal  incalculable. 
Il  est  à  propos  d'inviter  les  fidèles  en  chaire  à  suivre  sur  ce 
point  la  conduite  des  gens  de  bien,  qui  est  de  ne  lire  aucun 
livre  qui  ne  soit  approuvé. 

3o.  En  usant  de  prudence,  le  curé  qui  visite  sa  paroisse 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  469 

peut  presque  toujours  s'assurer  de  quelle  espèce  sont  les 
livres  qui  se  gardent  dans  chaque  famille,  et  en  faire  élimi- 
ner les  livres  suspects. 

4o.  Les  mauvais  livres  et  les  mauvais  journaux  étant  au- 
jourd'hui le  grand  moyen  employé  par  l'enfer  pour  perdre 
les  âmes,  le  curé  doit  élever  souvent  la  voix  pour  en  inspirer 
une  vive  horreur  à  son  peuple. 

5o.  Si  on  a  lieu  de  soupçonner  que  le  pénitent  garde  chez 
lui,  lise  ou  fasse  lire  de  tels  livres  ou  journaux,  il  faut  le 
questionner  à  ce  sujet  au  confessionnal,  et  l'ohliger  à  s'en 
défaire,  sous  peine  de  refus  de  l'absolution. 

Vlir.    DES    BIBLIOTHÈQUES    PAROISSIALES. 

lo.  Pour  empêcher  le  peuple  de  lire  de  mauvais  livres, 
il  faut  lui  en  procurer  de  bons.  De  là  la  nécessité  des 
bibliothèques  paroissiales. 

2o.  Les  fabriques  pourraient  faire  les  premiers  frais  d'ac- 
quisition de  ces  bibliothèques  qui  s'alimenteraient  ensuite 
au  moyen  des  quêtes  que  l'on  ferait  de  temps  en  temps  pour 
cet  objet  dans  l'église,  et  par  les  modiques  souscriptions  des 
abonnés.  Les  menus  détails  dont  le  cm-é  n'a  pas  le  temps 
de  s'occuper,  pourraient  être  confiés  à  une  ou  plusieurs 
autres  personnes  zélées  pour  l'œuvre  des  bons  livres. 

3o.  Chaque  paroisse  se  ménagerait  un  moyen  sûr  et  facile 
de  faire  la  dépense  d'une  bibliothèque  de  ce  genre,  en  assu- 
rant son  église  à  VAssurance  Mutuelle  des  Fabriques.  Les 
sommes  qu'elle  paie,  chaque  année,  aux  autres  sociétés 
d'assurance,  suffiraient  pour  lui  procurer  en  peu  d'années 
une  bibliothèque  bien  assortie. 

4o.  Le  moyen  qui  vient  d'être  suggéré  mettrait  chaque 
paroisse  en  état  de  former  une  bibliothèque  indépendante 
de  celles  des  commissaires  d'écoles,  sur  lesquelles  les  curés 
ne  sont  pas  sûrs  d'avoir  toujours  le  contrôle,  et  où,  par  con- 
séquent, il  pourrait  se  glisser  des  ouvrages  dont  la  religion 
aurait  à  gémir. 

5o.  Un  des  principaux  moyens  à  prendre  pour  faire  lire, 


470  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

les  uns  après  les  autres,  les  livres  les  plus  intéressants  et  les 
plus  instructifs  d'une  bi-bliothèque  paroissiale,  serait  de  les 
citer  en  particulier  et  d'en  faire  connaître  le  mérite,  soit 
en  chaire,  soit  dans  les  instructions  du  catéchisme. 

60.  Il  serait  à  propos  d'introduire  la  louable  coutume  de 
faire  faire  de  pieuses  lectures  dans  les  familles,  en  se  ser- 
vant pour  cela  des  enfants  des  écoles. 

7o,  Si  toutes  les  fabriques  s'unissaient  pour  faire  une 
aéniande  simultanée  de  livres,  on  les  obtiendrait  à  un  prix 
considérablement  réduit.  Quelque  ami  en  France,  en  An- 
gleterre, ou  aux  Etats-Unis,  pourrait  en  faire  le  choix  avec 
intelligence. 

IX.    DU   CÉRÉMONIAL. 

Le  Cérémonial  provincial  est  imprimé,  et  c'est  la  volonté 
du  Concile  qu'il  soit  ifiis  en  force  dans  chaque  diocèse, 
aussitôt  que  l'Evêque  jugera  que  l'occurrence  des  temj)s  et 
les  circonstances  des  lieux  permettent  de  le  faire. 


CIECULAIEE  AU  CLEEGÉ  DU  DIOCESE  DE 
MOXTEÉAL. 


Montréal,  11  Juin,  1854. 
Monsieur, 

J'ajoute  au  Mandement  et  au  Précis  ci-joints,  concernant 
la  Pieuse  Association  de  Vlmmacidée  Conception,  les  observa- 
tions suivantes. 

A  Eorae,  l'on  compte  sur  notre  zèle,  pour  le  succès  de 
cette  œuvre.  Antistites  vehementer  ohsecrat  (Cardinalis  Vica- 
rius)  ut  gregem  sibi  commissum  Parochorum  prœserfim  opéra 
ad  Txanc  rem  Jiortari  studeant  ac  simul  Virgines  Deo  Sao-as. . . 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  471 

per  proprios  conscientiœ  moderatores  ac  pietatis  magistros  exci- 
tant ad  Sacram  Synaximperagendam  ob  commemoratas  causas. 
Nous  allons  tous  répondre  à  cet  appel  si  glorieux,  d'autant 
plus  qu'il  ne  s'agit  pour  nous  que  d'une  Messe  à  dire,  par 
mois,  absque  emolumento  ;  et  qu'il  n'est  question  pour  les 
Fidèles  que  de  la  Sainte  Communion,  oflfërte  à  l'intention 
du  Souverain  Pontife, 

Le  tableau,  annexé  au  Précis,  est  spécialement  fait  pour 
les  Prêtres.  L'on  fera  des  tableaux  particuliers,  ou  une 
table  générale  qui  sera  envoyée  à  Eome.  Car  N.  S.  P.  le 
Pape  prend  un  plaisir  singulier  à  lire  les  noms  de  tous  les 
Prêtres  agrégés  à  l'Œuvre  qu'il  a  tant  à  cœur. 

Mais  ce  tableau  pourrait  aussi  servir  à  l'enregistrement 
de  tous  ceux  qui  voudront  appartenir  à  V Association,  de 
ceux  du  moins  qui  v'oudront  former  des  Couronnes  d'or,  pour 
la  Communion,  comme  le  font  les  Prêtres  pour  la  Messe. 
Les  pieux  Fidèles  en  prendront  sans  doute  occasion  de  s'as- 
sujettir à  la  sainte  pratique  de  communier  tous  les  mois  ;  et 
ils  aimeront  à  avoir,  avec  le  Précis  des  règle^de  l'Associa- 
tion, le  catalogue  des  Associés  appartenant  à  leur  Couronne. 
Ce  sera  autant  de  gagné  pour  la  piété;  et  il  en  résultera 
pour  le  Curé  l'avantage  de  pouvoir  confesser  plus  la 
semaine,  pour  n"ètre  pas  écrasé  le  dimanche. 

Il  serait  bon  d'ajouter  au  Supplément  à  V Appendice  du 
Rituel,  les  indulgences  attachées  à  la  nouvelle  Association, 
pour  les  avoir  sous  les  yeux  quand  arrivera  le  temps  de  les 
annoncer. 

Vous  voudrez  bien  faire  encadrer  proprement  l'Image  de 
la  Madone  miraculeuse  de  Eimini,  qui  vous  sera  remise  de 
la  part  de  Mgr.  Bedini,  quia  bien  voulu  se  souvenir  de  nous. 
Vous  la  bénirez  le  jour  que  vous  établirez  la  Pieuse  Associa- 
tion ;  et  vous  l'exposerez  à  la  vénération  des  Fidèles,  dans 
quelque  lieu  apparent  de  l'Eglise.  J'espère  que  plus  tard 
je  poui-rai  vous  envoyer  la  relation  des  faits  merveilleux  quS 
se  rattachent  à  l'histoire  de  cette  Madone,  qui  vient  de  prou- 
ver à  notre  siècle  que  Marie  est  Mère  de  Miséricorde. 

Je. termine  par  l'extrait  suivant  du  Eescrit  de  Eorae,  déjà 


472  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

cité.  Plus  que  tout  le  reste  il  nous  encouragera  à  travailler 
à  répandre  la  Pieuse  Association  de  V ImynacuUe  Conception. 

"  Sanctissima  Dei  Genetrix  Immaculata  Virgo  Maria  po- 
"  tentissimo  suo  apud  Dewn  patrocinio  tegere  ac  tueri  non  desi- 
"  net  suos  cultores,  qui  inter  cœtera  atque  admiranda  Ejus 
"  privilégia  Immaculatam  ipsius  Virginis  Conceptionem,  tanto- 
"  pore  Ei  gratam  venerari  et  celebiari  gloriantur." 

La  Eetraite  Pastorale  se  fera,  cette  année,  au  lieu  ordi- 
naire. Elle  commencera  le  lundi,  21  Aoiît  prochain,  à  5 
heures  du  soir,  et  se  terminera  le  29  au  matin.  Les  Gar- 
diens des  Cures  auront,  comme  de  coutume,  les  pouvoirs  de 
desservants  avec  celui  de  biner. 

Ce  joui'-là  il  y  aura,  au  Collège,  une  assemblée  du  Conseil 
de  l'Assurance  Mutuelle  des  Fabriques,  à  10  heures  et  une  du 
Bureau  de  la  Caisse  Ecclésia.stique,  à  2  h.  de  Taprès-midi. 

L'Itinéraire  de  la  Visite  des  Archiprètrés  est  comme  suit  : 

Berthier,          25  et  26  Juillet.  Coteau  du  Lac,    9  et  10  Août. 

Ste.  Elizabeth,  26  et  27  "    '  St.  Clément,      10  et  11  '■ 

L'Industrie,     27  et  28  "  Ste.  ilartine,     11  et  12  ■' 

St.  Jacques,      28  et  29  "  Sault  St.  Louis,  14  et  15  " 

St.  Lin,             31  et    1  Août,  Laprairie,          15  et  16  " 

Eepentigny,       1  et    2  "  St.  Jean,            16  et  17  " 

Terrebonne,       2  et   3  •■  Chambly,           17  et  18  •' 

Ste.  Thérèse,      3  et    4  "  Yerchères,         18  et  19  " 

St.  Jérôme,         4  et    5  ''  Sault  au  Kécol- 

Lac  des  Deux-  "  let,                  29  et  30  " 

Montagnes,    7  et    8  •'  Ste.  Geneviève,  30  et  31  " 
Vaudreuil,          8  et    9 

Outre  les  mesures  à  prendre  pour  le  maintien  d^  la  ïeni- 
péi-ance,  il  sera  question,  dans  ces  réunions,  de  cérémonies 
et  autres  sujets  qui  sont  d'un  intérêt  actuel.  Vous  êtes  prié 
(ie  neter  d'avance  les  difficultés  que  vous  présente  le  Céré- 
monial Provincial,  afin  qu'on  puisse  les  discuter  en  Confé- 
rence. 

Je  dois  coucher  chez  chaque  Archiprètre,  afin  d'ouvrir  la 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  473 

Conférence,  la  veille  au  soir  et  la  continuer  le  lendemain, 
dans  la  matinée.  En  conséquence,  les  Prêtres  de  chaque 
Archiprètré,  sont  priés  de  se  rendre  chez  l'Archiprètre,  le 
premier  jour  de  la  visite,  tel  que  marque  sur  l'Itinéraire 
ci-dessus. 

Je  suis  bien  cordialement, 
Monsieur, 
Votre  très-humble  et  obéissant  serviteur, 

t  Ki.  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 

P.  S. — Je  ferai  sur  la  route,  subir  aux  Vicaires  l'examen 
sur  le  Traité  de  la  Sainte-Trinité. 

t  I.  E.  de  M. 


MANDEMENT  D'ÉPtEpTION  DE  LA  PIEUSE  ASSO- 
CIATION DE  L'IMMACULÉE  CONCEPTION  DE 
LA  VIEPvGE  MAPIE,  DITE  AUSSI  LA  COURONNE 
D'OE. 


IGNACE  BOURGET,  PAR  LA  3IISÉRIC0RDE  DE  DIEL',  ET  LA  GRACE 

DU  SAINT  SIÈGE  APOSTOLIQUE,  ÉVÉQUE  DE 

MONTRÉAL,  ETC.,  ETC.,  ETC. 

Au  Clergé  et  aux  Fidèles  de  Notre  Diocèse,  Salut  et  Bénédiction 
en  jy.  S.  Jésus-Christ. 

Nous  recevons  aujourd'hui,  N.  T.  C.  F.,  un  Rescrit  de 
Rome,  qui  Nous  autorise  à  établir  dans  notre  Diocèse  une 
nouvelle  Association  de  prières.  Nous  vous  adressons,  avec  le 
présent  Mandement,  un  Précis  de  cet  important  Rescrit  qui 
vous  dira,  dans  son  langage  simple  et  paternel,  les  gx-âces 
qui  vous  sont  offertes  par  N.  S.  P.  le  Pape,  et  les  devoirs 
de  piété  que  vous  avez  à  remplir  pour  }•  participer. 


474  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

Les  motifs  qui  nous  doivent  engager  à  répondre  à  l'appel 
du  Père  Commun,  en  nous  aggrégeant  tous  à  la  Pieuse  Asso- 
ciation de  VImmacuUe  Conception,  sont  nombreux  et  des  plus 
pressants.  Car,  voiis  l'allez  voir,  il  s'agit  de  glorifier  l'Ado- 
rable Trinité,  d'honorer  la  Vierge  Immaculée,  de  porter 
secours  à  la  Sainte  Eglise,  et  de  procurer  la  conversion 
des  pauvres  pécheiirs. 

Cette  Confrérie  est  une  des  sublimes  pensées,  inspirées  au 
Vicaire  de  J.  C.  par  le  sentiment  de  sa  tendre  piété  pour 
l'Auguste  Vierge  Marie,  et  de  sa  compatissante  charité  pour 
les  besoins  de  l'Eglise.  Son  grand  cœur,  sur  lequel  pèsent 
Jour  et  nuit  des  maux  accablants,  en  a  formé  le  plan  ; 
et  sa  main  paternelle  en  a  écrit  les  règles.  Il  s'en  est  décla- 
ré le  Patron  ;  et  il  veut  que  son  Vicaire,  l'Eminent  Cardinal 
Patrizi,  en  soit  le  Président. 

Les  obligations  à  remplir,  pour  participer  aux  avantages 
de  cette  union  de  prières,  sont  faciles.  Car  il  s'agit,  pour 
les  Prêtres,  de  dire  une  Messe  par  mois  ;  et  pour  les  per- 
sonnes consacrées  à  Dieu  et  les  pieux  fidèles,  de  faire  la 
Sainte  Communion. 

Les  grâces  à  recueillir,  dans  l'Association,  sont  précieuses. 
On  j  gagne  de  grandes  indulgences  ;  et  on  y  participe  à  des 
suffrages  innombrables.  On  n'y  trouve  en  société  avec  les 
Bienheureux  du  Ciel  et  les  bonnes  âmes  de  la  terre.  On  y 
prie  avec  le  Pape  et  avec  toute  l'Eglise,  pour  les  vivants  et 
lés  Fidèles  trépassés.  On  j  est  dans  un  saint  rapport  avec 
des  millions  de  Px'ètres  et  de  Fidèles. 

Qu'il  nous  suffise,  N.  T.  C.  F.,  pour  nous  en  convaincre, 
d'observer  ici,  en  passant,  qu'à  la  fin  de  l'année  dernière,  il 
se  disait,  dans  cette  nouvelle  Association,  déjà  répandue 
dans  tout  l'Univers  Catholique,  plus  de  mille  messes  par 
Jour,  ce  qui  donne  plus  de  sept  mille  messes  par  semaine, 
plus  de  trente  mille  messes  par  mois  ;  et  plus  de  trois  cent 
soixante-cinq  mille,  par  année.  Or  ce  nombre  ne  peut 
qu'augmenter  avec  le  teinj^s. 

Voyez-vous,  IS".  T.  C.  F.,  l'immense  avantage  qu'il  y  a 
pour  vous  de  ne  faire  tous  qu'un  cœur  et  qu'une  âme  avec 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  475 

îe  Pape,  qui  est  notre  Père  ;  avec  l'Eglise,  qui  est  notre 
Mère,  avec  les  Evêques  et  les  Prêtres,  qui  sont  vos  Pasteurs, 
avec  les  Fidèles  du  monde  entier,  qui  sont  vos  frères. 
Quelle  noble  Société,  et  que  de  biens  en  doivent  résulter 
pour  nous  tous,  et  pendant  la  vie,  et  après  la  mort  !  Car 
que  de  pieux  sufifi-ages  nous  sont  préparés,  si,  comme  il  est 
fort  à  craindre,  nous  sommes  condamnés  aux  flammes  du 
Purgatoire  !  Hélas  !  nous  commettons,  chaque  jour,  tant  de 
l)échés,  et  nous  faisons  si  peu  de  pénitence  ! 

En  priant  pour  tous  les  besoins  de  l'Eglise  universelle, 
dans  cette  Pieuse  Association,  nous  prierons  nécessairement 
pour  les  nôtres.  Or,  n'en  doutez  pas,  X.  T.  C.  F.,  ils  sont 
très-grands  sous  tous  les  rapports.  Le  luxe  étale  son  or- 
gueil avec  ostentation.  La  bonne  foi  disparait  d'une  ma- 
nière alarmante.  Les  faux  serments  paraissent  être  à 
l'ordre  du  jour.  Les  blasphèmes  se  profèrent  sans  frein  et 
sans  pudeur.  L'impureté  ne  se  cache  plus  et  s'affiche  au 
milieu  de  nos  villes  et  de  nos  campagnes. 

Car,  hélas  !  que  dé  concubinages  partout  !  Que  de  pré- 
tendus mariages,  contractés  honteusement  par  des  catholi- 
ques devant  des  hommes  ennemis  de  leur  Religion  !  Que  de 
mauvais  livres  circulent  dans  le  monde  !  Que  d'images  et  do 
portraits  indécents  font  baisser  les  yeux  de  la  pudeur,  quand 
on  traverse  nos  rues  et  que  Ion  pénètre  dans  beaucoup  de 
maisons  !  L'ivrognerie  nous  menace  encore  de  toutes  ses 
horreurs  ;  et  elle  traîne  à  sa  suite  des  maux  sans  nombre. 

Xos  péchés  provoqueront  incessamment  la  colère  de  Dieu  ; 
et  s'il  se  fâche  contre  nous,  ne  trouvera-t-il  pas,  dans  les 
trésors  de  sa  vengeance,  des  châtiments  tout  prêts  à  fondre 
sur  nous  ?  X'est-il  pas  à  croire  que  les  sauterelles,  qui 
nous  apparaissent,  ne  soient  les  avant-coureurs  de  quelque 
nouveau  fléau  dévastateur  ?  Toutes  petites  qu'elles  soient, 
elles  menacent  déjà  la  moisson  qui,  d'un  autre  côté,  donne 
les  jdIus  belles  espérances.  En  contemplant  nos  champs, 
l'on  voit  bien  que  Dieu  tient. d'une  main  ses  bénédictions  et 
de  l'autre  ses  malédictions.  A'  nous  de  choisir  maintenant^ 
X.  T.  C.  F.,   et  par  conséquent,  à  nous  de  renoncer  à  tant 


476  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

de  mauvaises  habitudes,  qui  obligeraient  Dieu  de  nous 
châtier  dans  sa  justice.  Oh  !  Nous  vous  en  conjurons,  par 
les  entrailles  de  la  miséricorde  de  Dieu,  faites  de  dignes 
fruits  de  pénitence,  en  vous  corrigeant  tout  de  bon,  et  pour 
toujours,  de  ces  vices  détestables,  qui  toujours  attireront  sur 
nous  les  plus  grands  malheurs. 

Mais  j)our  appaiser  ce  Dieu  si  justement  irrité,  il  nous 
faut  lui  offrir  l'auguste  Yierge  Marie,  sa  Mère  et  la  nôtre. 
L'éclat  do  sa  j^ureté  virginale  réjouit  tellement  son  cœur 
que  par  Elle  il  daigne  nous  regarder  des  yeux  de  sa  divine 
compassion. 

Maintenant,  voulons-nous,  X.  T.  C.  F.,  avoir  un  nouveau 
titre  à  la  protection  de  cette  Vierge  toute-puissante,  entrons 
dans  la  Pieuse  Association  de  son  Immaculée  Conception.  Ce 
sera  en  marchant  sous  le  glorieux  étendard  de  sa  Virginité 
que  nous  écraserons  la  tète  du  serpent,  qui  fait  pulluler 
parmi  nous  tous  les  vices.  Oh  !  oui  :  Nous  l'espérons, 
N.  T.  C.  F.,  la  nouvelle  Association  va  régénérer  notre  beau 
l^ays,  en  y  faisant  régner  la  pureté  des  mœurs,  et  avec  elle, 
le  bonheur  des  ménages  et  la  tranqiiillité  des  familles. 

Si  nous  sommes  purs,  sobres  et  modestes.  Diexi  sera  pour 
nous  un  bon  Père,  comme  nous  serons  pour  lui  de  bons 
enfonts.  Il  nous  accordera  la  rosée  du  ciel  et  la  graisse  de 
la  terre,  pour  que  nous  soyons  saints  et  heureux  autant 
quon  le  peut  être  dans  cette  vallée  de  lai-mes. 

O  Marie,  Mère  de  Miséricorde,  c'est  de  grand  cœur  que 
nous  allons  tous  nous  consacrer  à  la  Pieuse  Association  de 
votre  Immaculée  Cojiception,  qui,  nous  le  voyons  bien,  fixe 
aujourd'hui  les  yeux  de  votre  complaisance.  Nous  y  trou- 
verons un  asile  assuré  dans  tous  les  dangers  de  la  vie  ;  et 
délivrés  par  vous  de  la  fureur  de  nos  ennemis  visibles  et 
invisibles,  nous  vivrons  et  mourrons  en  saints.  Mater 
Misericordiœ,  tu  nos  ab  hoste  protège  et  hora  mortis  siiscij)e. 

A  ces  causes,  le  saint  Nom  de  Dieu  invoqué.  Nous  avons 
réglé,  ordonné  et  statué,  réglons,  ordonnons  et  statuons  ce 
qiii  suit  : 

Nous  érigeons,  dans  toutes  les  paroisses  de  notre  diocèse 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  bOCUMENTS  477 

la  Pieuse  Association  de  VImmnculée  Conception^  avec  tous  les 
jn-iviléges  et  indulgences  y  attachés  par  X.  S.  P.  le  Pape 
Pie  IX,  aujourd'hui  si  heureusement  régnant  sur  toute 
l'Eglise. 

Sera  le  présent  Mandement  lu  au  prône  de  toutes  les 
églsses,  dans  lesquelles  se  fait  l'office  public,  et  au  Chapitre 
de  toutes  les  Communautés  religieuses,  avec  le  Précis  ci- 
dessus  mentionné,  le  premier  dimanche  après  sa  réception. 

Donné  à  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal,  le  Jour  de  la  Sainte- 
Trinité,  tombant  le  11  de  juin,  en  l'année  mil  huit  cent 
cinquante-quatre,  sous  notre  seing  et  sceau  et  le  contre- 
seing de  notre  Secrétaire. 

t  IG.,  EYEQUE  DE  MOXTEEAL. 

Par  Monseigneur, 

JOS.  OCT.  PARE,  Chan-, 

Secrétaire. 


PIEUSE  ASSOCIATIOX  DE  L'IMMACULÉE  CONCEP- 
TION DE  LA  VIEEGE  MAEIE. 


Benedicta  sit  Saucta  et  Immaculata  Conceptio  Sanctiseimae  Virginia 

Gentricis  Dei  Mariae. 
Bénie  soit  la  Sainte  et  Immaculée  Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge 

Marie,  Mère  de  Dieu. 

lo.  L'Association  de  l'Immaculée  Conception,  appelée  aussi 
Couronne  d'Or,  fut  érigée  à  Eome,  dans  l'Eglise  de  Sainte 
Marie  de  la  Paix,  par  N.  S.  P.  le  Pape  Pie  IX,  le  11  sep- 
tembre, 1853. 

2o.  Cette  Association  consiste  dans  l'union  de  trente-un 
Prêtres  qui  s'engagent  à  célébrer  chacun  une  Messe  par 
mois,  à  jour  fixe,  en  l'honneur  de  la  Mère  de  Dieu. 


478  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

3o.  Les  Prêtres,  ainsi  Associés,  offrent  la  divine  hostie  à 
l'Auguste  Trinité,  au  nom  de  la  glorieuse  Vierge  Marie, 
dont  ils  veulent  être  les  pieux  chapelains,  et  en  union  avec 
les  Bienheureux  du  Ciel  et  les  élus  de  la  terre,  pour  lui 
rendre  grâce  de  tous  les  j)riviléges  qu'elle  eu  a  reçus,  et 
surtout  pour  celui  de  son  Immaculée  Conception. 

•lo.  Ils  prient  en  même  temps  cette  Mère  de  Miséricorde, 
pour  tous  les  besoins  de  la  Ste.  Eglise  Catholique,  et  la  con- 
version des  pauvres  pécheurs. 

5o.  Lorsqu'ils  sont  empêchés  de  dire  cette  Messe,  au  jour 
marqué,  ils  peuvent  ou  la  faire  dire  par  un  autre  Prêtre,  ou 
la  célébrer  un  autre  jour. 

60.  Les  Eeligieux  et  Eeligieuses  s'agrègent  à  cette  pieuse 
Association,  en  s'engageaat  à  faire  la  sainte  communion  à 
cette  même  intention.  Ils  peuvent  à  cette  fin  se  choisir  un 
jour,  dans  le  mois,  pour  y  communier  ;  et  cette  commu- 
nion sera  une  communion  de  grâce,  pour  chaque  membre 
de  la  Communauté. 

7o.  Les  Fidèles  peuvent  aussi  apj)artenir  à  l'Association, 
en  s'y  agrégeant  pour  faire  la  sainte  communion,  selon  les 
intentions  désignées  plus  haut.  Chacun  ferait  bien  de  fixer 
dans  le  mois  un  jour  de  communion,  d'aj)rès  la  direction  de 
son  Pasteur,  quoique  cela  ne  soit  pas  absolument  nécessaire. 

80.  Il  y  a  obligation  pour  l'Evêque  d'envoyer  à  Eome  le 
tableau  des  Couronnes  et  Associés  du  Diocèse,  pour  être  enre- 
gistré dans  les  tables  générales  de  la  Confrérie,  et  montré 
au  Souverain  Pontife,  Patron  de  la  Pieuse  Association.  Tous 
les  ans,  il  doit  faire  raj)port,  au  lieu  central,  de  l'état  de 
l'Association,  en  faisant  connaître  si  elle  augmente  ou  si 
elle  diminue.  Il  sei'a  facile  de  se  conformer  à  cette  règle 
au  moyen  de  la  table  suivante  dont  on  remplira  les  blancs. 

9.  Dans  ce  rapport,  l'évêque  fera  mention  des  membres 
défunts  de  la  Société,  parce  qu'à  Eome  l'on  fait  des  prières 
et  l'on  dit  des  messes  pour  le  repos  des  associés  décédés. 

10.  En  vertu  d'un  Eescrit  particulier  de  Sa  Sainteté  Pie 
IX,  du  23  octobi'e  1853,  chaque  prêtre,  appartenant  à  cette 
Pieuse  Association,  j^eut  gagner  une  indulgence  plénière  par 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  479 

mois,  et  privilégier  personnellement  un  autel,  un  jour  par 
semaine,  à  son  choix.  Les  personnes  religieuses,  ainsi  que 
les  fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  qui  sont  de  cette  Asso- 
ciation, peuvent  gagner  300  jours  d'indulgence,  à  chaque 
communion  qu'ils  font  dans  cette  intention,  pourvu  qu'ils 
observent  de  se  confesser  au  moins  tous  les  huit  jours.  De 
jîlus,  tous  les  fidèles  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  ainsi  que  les 
associés,  qui,  s'étant  confessés  et  ayant  communié,  visite- 
ront une  église  désignée  pour  cela  par  l'évêque,  et  y  prie- 
ront à  l'intention  du  Souverain  Pontife,  aux  fêtes  de  l'Im- 
maculée Conception,  de  la  Nativité,  de  l'Annonciation  et  de 
l'Assomption  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  ou  en  l'un 
des  jours  des  Octaves  des  susdites  fêtes,  peuvent  gagner 
une  indulgence  plénière.  Toutes  ces  indulgences  sont  appli- 
cables aux  défunts,  et  on  peut  les  gagner  dans  toutes  les 
églises  et  chapelles  du  diocèse  de  Montréal,  parce  que  l'As- 
sociation se  trouve  érigée  dans  toutes  les  paroisses. 

Une  image  de  Notre-Dame  de  Miséricorde  restera  à  jamais 
exposée,  dans  chaque  église  et  chapelle  de  ce  diocèse,  en 
mémoire  de  cette  érection,  et  comme  un  pieux  souvenir  du 
passage,  j^armi  nous,  d'un  des  dignes  représentants  de  N.  S. 
P.  le  Pape,  Son  Excellence  Monseigneur  Bedini,  Archevê- 
que de  Thèbes  et  Nonce  apostolique  au  Brésil.  Cette  sainte 
image  est  une  copie  de  la  fameuse  Madone  do  Eimini,  dont 
on  connaît  l'histoire  miraculeuse,  et  çlle  a  été  envoyée  au 
diocèse  par  ce  haut  dignitaire  de  la  sainte  Eglise  Eomaine. 
qui  a  daigné  ainsi  se  souvenir  du  Canada  et  de  ses  joyeuses 
ovations. 

Ce  monument  toujours  subsistant  attachera  de  plus  en 
la  Pieuse  Association  de  V Immaculée  Coyiception  à  Notre-Dame 
de  Miséricorde  ;  et  rappelera  continuellement  à  ses  membres 
le  devoir  si  doux  qui  lui  est  imposé  de  la  j)rier  sans  cesse, 
pour  les  besoins  de  l'Eglise,  en  union  avec  son  Chef  et  ses 
membres. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  480 

CHAPELET  DE  L'IMMACULÉE  COÎs^CEPTIOX. 


Il  se  compose  d'une  croix,  d'un  gros  grain,  de  neuf  "petits 
grains  et  d'un  gros  grain. 

SUR  LA  CROIX  : 

y.  Louée,  bénie,  aimée  soit  l'Immaculée  Conception  de  la 
Bienheureuse  Yierge  Marie. 

R.  A  jamais,  dans  tous  les  endroits  de  la  terre.  Ainsi 
soit-il. 

SUR  LES  GROS  GRAINS  : 

V.  0  Marie  conçue  sans  péché, 

R.  Priez  pour  nous,  qui  avons  recours  à  vous. 

SUR  LES  PETITS  GRAINS  : 

T.  Marie  a  été  conçue  sans  péché. 

R.  Marie  a  été  conçue  sans  péché. 

En  terminant  :  \.  Par  votre  très-sainte  Virginité  et  votre 
Immaculée  Conception,  ô  Yierge  très-pure  et  Eeine  des 
Anges  ; 

R.  Obtenez  que  nos  cor])S  et  nos  âmes  soient  purifiées  ; 
Ainsi  soit-il. 

ORAISON  JACULATOIRE. 

Bénie  soit  la  Sainte  et  Immaculée  Conception  de  la  Bien- 
heureuse Vierge  Marie  ! 

ou   BIEN  : 

O  Vierge  sainte,  ô  Marie,  vous  avez  été  immaculée  dans 
votre  Conception,  priez  pour  nous  le  Père  céleste,  dont 
vous  avez  enfanté  le  Fils,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ, 
conçu  du  Saint-Esprit.  (100  jours  d'indulgence,  Pie  VII, 
21  Nov.  1793.) 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  481 

C0UE0NNE8  D'OR 

Ff)RMÉES    PAR    LE    CLEROÉ  DU  DIOCÈSE  DE  MONTRÉAL 

Première  Couronne 

1,  S.  G.  Mgr.  Bourget,  Ev.  de  Montréal;  2,  MM.  Billau- 
dèle,  V.  G  ,  Sup.  du  Séminaire  ;  3,  Mansean,  V.  G.  ;  4,  P.  L. 
Archambault,  V.  G.  ;  5,  Comte,  Proc.  du  Séminî^ire  ;  6,  St. 
Pierre;  7,  Larré  ;  8,  Arraud  ;  9,  Regourd  ;  10,  Villeneuve; 
11,  Gravel;  12,  J.  O.  Paré;  13,  J.  Toupin  ;  14,  Narcam  ; 
15,  Picard;  16,  Moreau  ;  17,  Truteau,  V.  G.  ;  18,  Pinson- 
nault  ;  19,  S.  G.  Mgr.  LaRocque,  Coadjuteur  ;  20,  MM.  Bo- 
liissant  ;  21,  Barbarin  ;  22,  Mercier  ;  23,  Plamondon  ;  24,  L. 
Pélissier  ;  25,  ConnoUy  ;  26,  Pilon  ;  27,  Prévost  ;  28,  Rous- 
^elot;  29,  Leblanc  :  30,  Daniel;  31,  Perrault. 

Deuxième  Couronne 

1,  RR.  PP.  Martin;  2,  Vignon  ;  3,  Dégardin  ;  4,  Have- 
quez;  5,  Braun;  6,  Cicateri  ;  7,  Vetter  ;  8,  O'Reilly;  9.  Mi- 
chel ;  10,  Hei*8en  ;  11,  Larcher  ;  12,  Ouellet  ;  13,  Sache  ; 
14,  Santoni;  15,  Honorât;  16,  Léonard;  17,  Lagier;  18, 
Rouisse  ;  19,  Rouge  ;  20,  Antoine  ;  21,  Royer  ;  22,  MM.  Mi- 
gnault  ;  23,  Lahaye  ;  24,  Jacques  ;  25,  A.  Dupuis  ;  26,  Barret; 
27,  Bourgeault:  28,  Laporte  ;  29,  Yézina  ;  30,  Tassé;  31, 
Duquet. 

Troisième  Couronne 

1,  MM.  Dagenais  ;  2,  Verreau  ;  3,  Poulin  ;  4,  Champa- 
gneur  ;  5,  Lajoie  ;  6,  S.  Tbéberge  ;  7,  Lagorce  ;  8,  St.  Ger- 
main; 9,  Véniard  ;  10,  Rezé  ;  11.  Lasnier;  12,  Lefebvre  ; 
13,  Fabre;  14,  A.  Duranseau  ;  1.5,  Drapeau  ;  16,  Porlier  ; 
17,  Leblond;  18,  Morin  :  19.  J.  J.  Yinet  ;  20,  Quevillon  ; 

31 


482  MANIEMENTS,  LETTBES  PAST0flAL,E6, 

21,  Aubry  ;  22,  Dubé  ;  23,  Brunet  ;  24,  Lavallée  ;  25,  Piette  ; 
26,  Lavoie  ;  2*7,  0.  Giroax  ;  28,  Papineau  ;  29,  Fournier  ; 
30,  Gagnon  ;  31,  Eélair. 

Quatrième  Couronne. 

1,  MM.  Filiatrault  ;  2,  Fisette  ;  3.,  Dequoy  ;  4,  St.  Aubin  ; 
5,  Lebel  ;  6,  Guyon  ;  7,  Dagen{\i8  ;  8,  Marcotte  ;  9,  O.  Gi- 
roux  ;  10,  Moll  ;  11,  Brissette  :  12,  L.  Brassard  ;  13,  Laporte  ; 
14,  Jeannotte  ;  15,  F.  Labelle  ;  16,  Ed.  Labelle  ;  17,  Dorval  ; 
18,  E.  Paré  ;  19,  Perrault  ;  20,  Maréchal  ;  21,  Barrette  : 

22,  Clément;  23,  Loranger;  24,  Pominville;  25,  P.  Brunet. 

26,  J.  B.  Labelle;  27,  Hurteau;  28,  Martel;  29,  Charron  ; 

30,  Chevigny;  31,  Gagné. 

Cinquième  Couronne. 

1,   MM.   Norraandin  ;  2,   M.   Morin  ;    3,    A.    Théberge  : 

4,  Champoux;  5,  A.  Thibault;  6,  Brosnan  ;  7,  Therrien  ; 
8,  "Watier;  9,  Falvey  ;  10,  Champeau  ;  11,  P.  Pelletier; 
12,  Desprez  ;  13,  A.  F.  Groulx  ;  14,  A.  Toupin  ;  15,  Plin- 
guet;  11,  Bonin;  16,  Thibaudier;  18,  Poulin;  19,  J.  Ar- 
chambault;   20,  N.  Perrault;  21,   Desautels;  22,  Bérard  ; 

23,  Martineau  ;  24,  Eoux  ;  25,  Th.  Brassard  ;  20,  Marsolais  ; 

27,  Cholette;  28,  Dufour;  29,  F.  X.  Marcoux  ;  30,  Poirier; 

31,  Gariépy. 

Sixième  Couronne. 

1,  MM.   Chai-land;    2,   Perrault;   3,   Séguin;    4,   Blyth  ; 

5,  U.  Archambault  ;  6,  Beaudry  ;  7,  Doyle  ;  8,  Caron  ;  9, 
ïurcot;  10,  Trudel;  11,  Marcoux;  12,  Piché;  13,  Proul^t  ; 
14,  Huot  ;  15,  Foisy  ;  16,  Lemonde  ;  17,  O'Mally  ;  18,  Gra- 
ton;  19,  C.  L.  Vinet;  20,  Bédard  ;  21,  Dolan  ;  22,  Larocque  ; 
23,  Ménard  ;  24,  Quintal  ;  25,  Robert  ;  26,  J.  Morin  ;  27, 
Morrison  ;  28,  Chagnon  ;  29,  Lussier  ;  30,  Boehette  ;  31, 
Granjon, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  483 

Septième  Couronne. 

1,  MM,  Bourbonnais;  2,  L.  M.  Brassard;  3,  Hicke:  4, 
Prévost;  5,  Pépin;  6,  Bérard  ;  7,  Piette;  8,  Primeau  ;  9, 
Bellanger;  10,  Théorot;  11,  Bruneau  ;  12,  Desmarais;  13, 
L'Heureux;  14,  Cusson;  15,  Lévêque  ;  16,  Dnrocher;  17, 
Chicoine  ;  18,  Lacan;  19,  Desmasures;  20,  Bardy  ;  21, 
Tambareau  ;  22,  Lenoir  ;  23,  Dowd  ;  24,  MeCulla  ;  25, 
O'Brien  ;  26,  Murphy  ;  27,  Halley,  28,  Paquet  ;  29,  Garti- 
neau  ;  30,  Bellanger;  31,  Cuoq. 

Huitième  Couronne. 

1,  MM.  Dufresne  ;  2,  Bayle  ;  3  ,  Granct  ;  Denis;  5,  Bil- 
lion ;  6,  Palatin  ;  7,  Delavigne  ;  8,  Rousseau  ;  9,  Larue  ; 
10,  Rioux;  11,  Thibault;  12,  J.  Quinn  ;  13,  Brunet;  14, 
Garin. 


CIRCULAIRE  AU  CLERGE  DE  MONTREAL  SUR 
LE  CHOLÉRA. 

St.  Joseph  de  Montréal,  le  12  Juillet,  1854. 

Monsieur, 

Le  Choléra  me  force  de  remettre  à  un  autre  temps  la 
visite  des  Archiprêtrés,  ainsi  que  la  Retraite  Pastorale. 

J'espère  que  cette  maladie  ne  se  répandra  pas  dans  les 
campagnes.  La  fidélité  à  la  tempérance,  la  tranquillité  de 
l'âme,  de  sages  précautions  sont  d'excellents  préservatifs 
contre  son  invasion. 

Je  vous  permets  de  faire  une  Procession  solennelle, 
comme  au  Rituel  Romain,  en  l'honneur  de  la  B.  Vierge 
Marie,  pour  implorer  son  puissant  secours  contre  ce  fléau 
qui  nous  visite  pour  la  quatrième  fois.     Vous  pourriez  pro- 


484  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

fiter  de  Toccasion,  pour  établir  la  Pieuse  Association  de 
r Immaculée  Conception,  dont  vous  recevrez  ci-joint  les  diplô- 
me et  règlement.  Eecommandez  en  outre  de  dire  chaque 
Jour  le  chapelet  en  famille.  C'est  toujours,  enti-e  les  mains 
de  notre  bon  peuple,  l'ai'me  la  plus  puissante,  contre  les 
ennemis  visibles  et  invisibles. 

Ces  diverses  pratiques  religieuses  auront,  je  l'espère, 
l'heureux  effet  de  prévenir  la  dépression  morale,  toujours  à 
craindre  en  pareil  cas.  Pour  empêcher  ce  mal,  il  serait 
bon  aussi,  je  pense,  de  recommander  de  ne  pas  s'occuper  de 
tant  de  faux  bruits  et  mauvaises  nouvelles,  qui  ne  sont  le 
TOlus  souvent  que  des  exagérations,  mais  qui  presque  toujoui's 
ont  pour  effet  de  répandre  la  consternation. 

Je  profite  de  l'occasion,  pour  vous  informer  qu'il  est  ici 
un  préjugé  qui  ne  peut  manquer  d'être  funeste  à  la  tempé- 
rance ;  c'est  que  le  brandy  et  autres  liqueurs  de  cette  espèce 
passent  pour  être  anticholériques  ;  et  là-dessus  on  en  fait 
un  usage  immodéré.  îfous  avons  sous  les  yeux  des  exem- 
ples affligeants  du  mal  qui  en  résulte.  Ces  jours  derniers, 
un  père  de  famille  était  ivre  auprès  de  sa  fille  mourante  ;  et 
quelques  jours  après  le  choléra  l'enlevait  lui-même.  L'on 
administre  quelquefois  le  brandy  aux  cholériques  avec  si  peu 
de  discrétion  que  plusieurs  quittent  ce  monde  sous  l'influ- 
ence de  ce  spiritueux. 

II  faut  toutefois  avouer,  à  la  gloire  de  la  Tempérance, 
qu'il  y  a  chez  beaucoup  d'associés  une  fidélité  à  leur  enga- 
geçaent  vraiment  édifiante. 

Luu  d'eux  moiu-ait,  la  semaine  dernière,  du  choléra,  en 
disant  à  un  ami  qui  lui  offrait  du  brandy,  comme  remède, 
qu'il  n'en  avait  pas  besoin  ;  et  qu'il  voulait  garder  sa  tem- 
pérance jusqu'à  la  mort.  Puisse  ce  bel  exemple  être  imité 
de  tous  ! 

Il  paraît  que  ce  qui  favorise  le  plus  l'épidémie,  ce  sont  les 
imprudences,  qui  se  commettent,  en  buvant  de  l'eau  trop 
froide  et  en  trop  grande  quantité,  surtout  quand  on  a  chaud, 
ou  en  s'exposant  aux  fraîcheurs  sans  être  suffisamment 
habillé.    Tous  feriez  bien  de  donner  quelques  avis  là-dessus, 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  485 

ainsi  que  sur  la  nécessité  de  prendre  certaines  précautions, 
pour  se  préserver  de  la  maladie.  Les  Notions  Pratiques  sur 
le  Choléra  par  le  Dr.  Wolfred  Nelson,  pourraient  vous  être 
d'un  bon  secours. 

Une  autre  chose  à  recommander  plus  s|)écialement 
encore,  c'est  le  soin  des  malades  qui,  dans  ces  temps  de 
frayeur,  sont  exposés  à  être  négligés.  Pour  exciter  la  cha- 
rité et  ranimer  le  courage,  on  pourrait  s'appi-oprier  cette 
belle  parole  de  St.  Vincent  de  Paul  aux  Sœurs  de  Charité  : 
Dieu  prendra  soin  de  vous,  mes  filles,  parce  que  vous  servez  les 
pauvres.  Espérons  que  partout  les  malades  seront  bien 
soignés  ;  et  que  les  gens  charitables  qui  les  assisteront 
seront  pour  cela  bien  gardés. 

Tâchez  d'engager  avec  prudence  ceux  qui  sont  arriérés 
pour  leurs  devoirs  religieux  à  mettre  de  bonne  heure  ordre 
aux  affaires  de  leur  conscience,  car  ils  n'en  aiiraient  guère 
de  temps,  si  la  maladie  se  déclarait  tout-à-coup  dans  les 
Paroisses. 

Je  permets  de  porter  secrètement,  quand  vous  allez  aux 
malades,  plusieurs  hosties  dans  le  porte-dieu,  afin  de  pouvoir 
donner  le  St.  Viatique  aux  cholériques,  quand  ils  sont  jugéîî 
capables  de  le  recevoir. 

L'on  peut  chanter,  dans  l'Eglise,  le  Libéra,  sur  les  corps 
des  cholériques  ;  mais  il  faut  remetti-e  leurs  services  après 
l'enterrement  ;  dans  ce  cas  on  le  chante,  comme  in  die  obi- 
tus,  corpore  prœsente. 

Les  médecins  devront  dire  aux  gens  le  temps  qui  devra 
s'écouler  entre  le  décès  et  l'enterrement,  pour  éviter  tout 
danger  d'enterrer  des  vivants,  ou  de  communiquer  la  ma- 
ladie. 

J'espère  que  Dieu  vous  conservei'a  tous,  pour  le  bien  du 
diocèse.  C'est  le  vœu  que  mon  cœur  ne  cesse  de  former, 
en  la  présence  de  Dieu;  et  c'est  dans  ce  ferme  espoir  que 
je  demeure  bien  cordialement  de  vous  tous  et  des  fidèles 
confiés  à  vos  soins,  le  très-dévoué  serviteur  en  N.  S.  J.-C. 

t  IG.  ÉVÊQUE  DE  MONTRÉAL. 


486  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

LETTEB  PASTOEALE  DE  MGE.  L'ÉVÊQUE  DE 
MONTEE  AL,  CONCEENANT  LA  EÉÉDIFICA- 
TION  DE  SON  EGLISE  CATHÉDEALE. 

IGNACE  BOURGET,   PAR   LA    GRACE   DE   DIEU  ET   DU   ST.    SIÈGE 
APOSTOLIQUE,    ÉVÊQUE    DE   MONTRÉAL,    ETC.,    ETC.,    ETC. 

AU  Clergé  Séculier  et  Régulier,  aux  Communautés  Beligieuses 
et  aux  Fidèles  de  notre  Ville  Episcopale,  Salut  et  Béné- 
diction en  N.  S.  J.  C. 

La  Présente  Lettre  est  pour  vous  annoncer,  N.  T.  C.  F., 
notre  résolution  de  recevoir  Nous-même  vos  contributions  à 
l'Œuvre  de  la  nouvelle  Cathédrale  et  du  nouvel  Evêché, 
qu'il  est  maintenant  question  d'ériger  dans  notre  Cité. 

Cotte  résolution,  Nous  la  primes,  N.  T.  C.  F.,  l'an  dernier, 
quand,  pour  Nous  détourner  d'aller  solliciter  des  secours 
à  l'Etranger,  vous  Nous  protestâtes,  en  des  termes  si  dignes 
de  vos  bons  cœurs,  qu'il  y  avait  ici  des  ressources  suffisantes, 
pour  relever  toutes  nos  ruines. 

Cette  résolution,  Nous  allons,  N.  T.  C.  F.,  l'exécuter,  cette 
année,  avec  d'autant  plus  de  confiance  que  vos  démonstra- 
tions d'alors  Nous  sont  une  preuve  certaine  de  votre  bonne 
volonté.  Car,  après  des  offres  si  solennelles  et  si  spontanées, 
Nous  n'avons  nulle  crainte  de  vous  être  à  charge.  Aussi, 
aurons-nous  plus  de  joie  de  tendre  une  main  suppliante  aux 
plus  pauvres  do  cette  Cité,  que  Nous  en  aurions  eu  de  frap- 
per à  la  porte  de.';  j)lus  riches  de  l'ancien  monde. 

Mais  comme  K-  léplacement  de  la  future  Cathédrale  occa- 
sionne quelque  dérangement  local.  Nous  allons,  N.  T.  C.  F., 
profiter  de  l'occasion,  pour  vous  en  expliquer  les  motifs. 

En  face  des  ruines  du  8  Juillet,  1852,  Nous  baisions  hum- 
blement la  main  qui  Nous  avait  frappé,  en  ne  faisant  de  la 
Cathédrale  et  de  l'Evêché  qu'un  monceau  de  cendres  et  de 
décombres.  Mais  comme  toujours  ici  bas  Dieu  ne  punit 
qu'en  Père,  Nous  avions  cette  douce  confiance  qu'il  résulte- 
rait de  ce  grand  désastre  un  plus  grand  bien  pour  la  Eeli- 
g;ion.  dont  les  intérêts  .doivent  être  exclusivement  les  nôtres. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  487 

Réduit  à  la  nécessité  do  refaire  à  neuf  tout  l'Etablissement 
Mpiscopal,  Nous  nous  sommes  cru  au  premier  jour  de  la 
fondation  de  l'Evèché  de  Montréal.  Nous  nous  sommes  vu 
en  conséquence  chargé  de  la  responsabilité  d'en  faire  un 
Etablissement  qui  répondit  aux  besoins  présents  et  futuri^ 
de  ce  Diocèse  ;  et  qui  fut  en  même  temps  digne  de  l'impor- 
tance que  la  Divine  Providence  a  daigné  donner  à  cette 
ville,  80U8  les  rapports  religieux  et  civil. 

Il  nous  a  semblé  que  la  concidération  de  quelques  ruines, 
qui  restaient  des  ancien?)  édifices,  ne  devait  pas  Nous  empê- 
cher d'atteindre  ce  but,  en  plaçant  la  nouvelle  Cathédrale 
dans  le  lieu  le  plus  central,  pour  que  l'Evèque  y  fût  aussi 
accessible  que  possible  à  la  population  de  la  ville  et  des 
campagnes,  et  se  trouvât  ainsi  plus  à  portée  de  pourvoir 
jjlus  facilement  à  tous  les  besoins  religieux.  Car  Notre  Sei- 
gneur ayant  voulu  que  l'Episcopat  fût  le  principal  ressort 
de  tous  les  mouvements  religieux,  il  faut  le  mettre  à  même 
d'exercer  journellement  son  action  souverainement  eflScace, 
parce  quelle  est  celle  de  Dieu  même,  quclquinhabile  que 
puisse  être  celui  qui  en  remplit  les  fonctions  sacrées. 

Si  d'abord,  Nous  avons  eu  le  projet  de  transporter  notre 
Etablissement  à  quelques  arpents  du  site  de  la  Cathédrale 
incendiée,  c'est  qu'alors  tout  semblait  promettre  que  les 
grandes  améliorations  en  contemplation  se  feraient  dans  ce 
Quai'tier.  Mais  Nous  y  avons  renoncé  dès  que  les  travaux 
ont  été  ouverts  dans  la  partie  supérieure  de  la  Ville. 

Nous  n'avons  donc  choisi  le  site  actuel  que  parce  que 
Nous  avons  cru  qu'il  réunissait  plus  d'avantages  religieux. 
En  effet,  ce  Quartier  devient  le  centre  de  toutes  les  commu- 
nications de  la  Province  :  l'Evêque  y  sera  donc  plus  acces- 
sible au  Clergé  et  aux  Fidèles  du  Diocèse.  Tous  les  mouve- 
ments matériels  se  dirigent  de  ce  côté-là  ;  l'action  de 
TEvêque  y  sera  donc  plus  nécessaire,  pour  la  conversation 
du  dépôt  des  saines  doctrines  et  le  maintien  des  pratiques 
religieuses.  Toutes  les  grandeurs  du  monde  vont  s'y  déve- 
lopper ;  la  Religion  y  doit  donc  déployer,  avec  les  splen- 
deiu'.s  de  son  culte,  toutes  ses  forces  morales,  afin  de  para- 


4«è  MANDEMENTS,  LETPRES  PASTORALES, 

lyser,  autant  que  possible,  cet  esprit  de  matérialisme  qui^ 
en  «ourbant  insensiblement  l'homme  vers  la  t^rrc,  lui  fait 
oublier  le  Ciel. 

Ce  Quartier  semble  donc  requérir  impérieusement  la  pré- 
sence de  l'Evêque,  pour  se  développer  au  spirituel,  comme 
au  temporel  ;  ce  qui  souffre  d'autant  moins  de  difficultés 
que  le  Quartier  que  Nous  laissons  paraît  suffisamment  doté 
d'Eglise  et  Chapelles,  pour  le  service  divin,  et  d'Institutions 
Eeligieuses,  jjour  les  œuvres  de  charité  et  d'éducation. 

Nous  devons  ajouter  que  le  Quartier  que  Nous  quittons  à 
toutes  nos  sympathies,  pour  avoir  été  le  berceau  de  l'Epis- 
copat  dans  cette  ville,  et  lui  avoir  été  de  tout  temps  très- 
dévoué.  Certains  intérêts  temporels  sembleraient  d'ailleurs 
devoir  se  mettre  de  la  partie,  pour  Nous  y  retenir.  Car, 
comme  vous  le  savez,  ce  que  l'Evèché  possède  de  propriétés, 
par  la  bienfaisance  de  quelques  citoyens  généreux,  c'est 
dans  ce  quartier  qu'elles  sont  situées.  Mais  ces  considéra- 
tions ne  sauraient  tenir  contre  le  devoir  imposé  à  tout 
Evêque  de  ne  travailler  que  pour  le  plus  grand  bien. 

A  toutes  ces  raisons,  s'en  est  jointe  une  autre  qui,  sans 
être  péremptoire,  a  été  pourtant  d'un  grand  poids  pour 
Nous,  dans  le  choix  de  ce  local;  c'est  le  voisinage  du  Cime- 
tière actuel.  Ce  lieu  saint,  près  duquel  Nous  allons  Nous 
fixer,  a  pour  Nous  un  attrait  singulier. 

Il  Nous  semble  que  devant  avoir,  jour  et  nuit,  sous  les 
yeux,  d'un  côté  la  Ville  des  Morts,  et  d'un  autre  côté  la 
Cité  des  Vivants,  Nous  serons  par  là  constamment  excité  à 
Nous  mieux  acquitter  de  nos  importants  devoirs. 

La  vue  continuelle  de  tant  de  tombes,  si  chères  au  cœur 
de  la  ville  entière,  fera  passer  et  nourrira  sans  cesse  au  fond 
de  notre  âme,  des  sympathies  d'autant  plus  vives  qu'elles 
seront  universelles,  pour  embrasser  toutes  les  familles. 

La  Cathédrale,  érigée  si  près  d'un  lieu  qui  renferme  les 
restes  de  tant  de  citoyens  connus,  deviendra  nécessairement 
un  sanctuaire  de  sacrifices,  pour  le  repos  de  leurs  âmes, 
tout  en  couvrant  de  son  ombre  le  lieu  sacré,  où  gisent  leurs 
dépouilles  mortelles,  pour  qu'il  soit  à  jamais  respecté. 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  48!) 

Les  cloches  de  cette  Eglise-Mère  devront  être  les  échos 
lugubres  des  voix  gémissantes  de  ces  milliers  d'enfants 
qu'une  prison  expiatoire  retient  captifs.  Ah  !  oui  :  elles 
ne  cesseront  de  répéter  à  la  terre  les  cris  douloureux  du 
Purgatoire  :  Ayez  pitié  de  nous,  vsus  au  moins  qui  êtes  nos 
amis  ;  ayez  pitié  de  nous  :  car  la  main  du  Seigneur  nous  n 
frappés. 

Dans  ce  lieu,  orné  avec  soin,  les  deux  Cités  mentionnées 
plus  haut,  auront  tous  les  jours  occasion  de  resserrer  des 
liens  doux  et  tendres,  que  rien  ne  devrait  pouvoir  briser. 
On  y  viendra  donc  s'inspirer  du  passé,  pour  mieux  régler 
son  avenir,  sous  les  Cyprès  funèbres,  qui  ombrageront  des 
Jiestes  précieux  pour  qu'on  ne  les  oublie  jamais.  On  y  verra 
1«8  enfans  bien  nés  s'agenouiller  sur  les  tombeaux  de  leurs 
pères  et  mères,  pour  les  arroser  de  leurs  larmes  de  tendresse- 
et  de  reconnaissance.  On  ira  y  lire  les  épitaphes  que  la 
Religion  protégera,  de  sa  main  conservatrice,  contre  l'injure 
des  saisons  et  la  caducité  des  choses  humaines. 

Après  avoir  visité  le  Cimetière  grandiose  que  la  ville  .se 
prépare  maintenant,  pour  être  comme  son  lit  de  repos, 
après  le  dur  travail  de  cette  vie,  jusqu'au  réveil  général  des 
vivants  et  des  morts,  on  aimera  à  s'arrêtera  l'antique  Cime- 
tière, dont  les  vieux  souvenirs  ne  manqueront  pas  d'exciter 
des  émotions  toujours  nouvelles. 

Mais  Nous  nous  apercevons  que  Nous  nous  arrêtons  trop 
longtemps  dans  ce  champ  de  la  mort,  par  le  plaisir  que 
Nous  avons  de  vous  faire  connaître  combien  doux  sera  pour 
Nous  le  voisinage  du  vieux  Cimetière.  Nous  allons  Nous 
hâter  de  finir,  en  abrégeant  ce  qu'il  Nous  importe  encore  de 
vous  dire. 

En  érigeant  la  Cathédrale  dans  ce  grand  centre,  Nous 
n'avons  pu  nous  dissimuler  qu'elle  aurait  plus  de  ressources 
temporelles,  pour  faii'e  les  frais  du  service  divin,  et  donner 
à  l'Evêque  les  moyens  de  paraître  à  la  tête  de  toutes  les 
bonnes  œuvres  de  la  ville.  Car,  Nous  devons  vous  dire  ici 
que  ce  n'est  pas  pour  Nous  personnellement  que  Nous  fai- 
sons aujourd'hui  appel  à  votre  générosité.  Grâce  à  la  Divine 


40Û  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALEt>, 

Providence,  qui  ne  Nous  a  jamais  manqué,  Nous  pouvons 
faire  face  à  nos  dépenses.  Mais  ce  que  Nous  déclarons  être 
audessus  de  nos  moyens,  ce  sont  les  frais  des  construotions 
dont  il  s'agit  maintenant,  afin  de  mettre  l'Evèque  en  état 
de  faire  ses  saintes  fonctions.  Que  si,  moyennant  vos  géné- 
reuses souscriptions.  Nous  réussissons  à  faire  les  bâtisse» 
nécessaires,  sans  contracter  de  dettes,  Nous  mettons  par-là 
même  l'Evêque  sur  un  pied  d'indépendance  et  de  respecta- 
bilité, tel  qu'il  convient  à  un  Evéque  d'une  si  grande  ville. 
Nous  entrons  en  cela  dans  vos  vues  ;  car  il  n'y  a  pas  de 
doute  que  vous  ne  désiriez  tous  de  voir  votre  premier  Pas- 
teur avec  les  moyens  de  faire  le  plus  de  bonnes  œuvres 
possibles. 

Telles  sont,  N.  T.  C.  F.,  les  explications  que  Nous  avons 
cru  devoir  vous  donner,  pour  que  rien  ne  puisse  paralyser 
ime  entreprise,  dont  le  succès  nous  intéresse  tous  également. 
dar  en  bâtissant,  d'un  commun  accord,  une  Cathédrale  avec 
ses  dépendances,  Nous  élevons  un  monument  de  plus  à  la 
gloire  de  Dieu  et  à  l'honneur  du  Bienheureux  St.  Jacques  ; 
Nous  érigeons  un  sanctuaire  tout  neuf  au  Très-Saint  et 
Immaculé  Cœur  de  Marie,  pour  la  conversion  des  pêcheurs  ; 
Nous  préparons  un  Autel  particulier  au  culte  du  glorieux 
St.  Joseph,  qui  y  doit  être  honoré  d'une  manière  spéciale  ; 
enfin,  Nous  contribuons,  autant  qu'il  est  en  nous,  aux  hon- 
neurs qui  doivent  être  rendus  à  Dieu  et  à  ses  Saints,  dans 
ce  Temple,  par  les  augustes  cérémonies  qui  s'y  feront,  et 
par  les  chants  sacrés  qui  y  retentiront  chaque  jour.  Or,  qui 
ne  voit  là  la  source  des  plus  abondantes  bénédictions  ? 

Vous  allez  donc  vous  y  associer  de  bon  cœur,  N.  T.  C.  F., 
en  sacrifiant,  pour  cette  Œuva-o  capitale,  une  petite  partie 
des  biens  que  la  Divine  Providence  semble  départir  sans 
mesure  à  notre  ville,  en  lui  ménageant  tant  de  moyens  de 
prospérité  ;  et  cela,  d'une  manière  tout-à-fait  inespérée,  et 
dans  des  temps  où  tout  paraissait  perdu. 

Vous  allez  aussi  y  associer  vos  petits  enfants,  en  leur 
procurant  l'occasion  de  retrancher  quelque  chose  de  leur 
toilette  et  de  leurs  plaisirs,  pourqu'ils  aient  tout  le  mérite 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS.  401 

d'une  bonne  œuvre,  qui  est  d'autant  plus  agréable  à  Dieu  et 
utile  à  l'homme,  qu'elle  exige  plus  de  sacrifices.  Les  béné- 
dictions, qui  en  reviendront  à  vous  et  à  ces  chers  enfants, 
seront  un  héritage  bien  précieux,  parce  qu'avant  tout  elles 
enracineront,  dans  vos  familles,  la  justice,  qui  est  la  source 
intarrissable  du  vrai  bonheur.  Generatio  rectorum  benedicetw. 
Pais,  elles  vous  assureront  la  possession  du  Centuple  de 
l'Kvangile,  qui  ne  saurait  manquer  à  ceux  qui  ont  la  science 
et  la  pratique  des  bonnes  œuvres.  Ccntuplum  accipietis- 
Enfin,  de  bien  douces  consolations  se  répandront  daiis  vos 
cœurs  si,  par  vos  largesses,  une  Eglise,  répondant  à  la  gran- 
deur de  notre  sainte  Religion,  s'élève  majestueusement  sur 
un  des  plus  beaux  sites  de  notre  Ville.  Vous  répéterez 
«cuvent,  avec  bonheur,  à  vos  enfants  qu'ils  ont  aidé,  de  leui^s 
petites  mains,  à  bâtir  cette  grande  Eglise.  Ils  répéteront 
vos  paroles,  avec  complaisance,  à  leurs  enfants  et  petits 
enfants.  Il  s'en  formera  des  traditions  religieuses  qui  tou- 
jours assurent  aux  familles  chrétiennes  l'esprit  de  foi.  Dieu 
les  bénit,  parce  que  la  charité  y  est  héréditaire.  Potens  in 
terra  erit  semen  ejus.  Generatio  rectorum  benedicetw.  (Ps.  m). 

Sera  la  Présente  Lettre  Pastorale  lue  au  Prône  de  toutes 
les  Eglises  de  cette  Ville,  où  se  fait  l'Office  Public,  le 
Dimanche  même  de  sa  réception,  et  au  Chapitre  de  toutes 
les  Communautés,  le  premier  jour  après  sa  réception. 

Donné  à  l'Hospice  St.  Joseph,  en  la  Cité  de  Montréal,  le 
vingt-sept  Août  mil  huit  cent  cinquante-quatre,  tombant  le 
jour  de  la  Fête  du  Trè.s-Saint  et  Immaculé  Cœur  de  Marie, 
sous  notre  seing  et  sceau,  et  le  contreseing  de  notre  Secré- 
taire. 

t  IG.  ÉVEQUE  DE  MONTRÉAL. 
Par  Monseigneur, 

jos.  ocT.  pari; 

Clwnoine  Secrétaire. 


492  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES. 

DIHECTION. 

lo.  Chaque  citoyen  est  prié  de  vouloir  bien  pi-éparer  le 
montant  de  sa  souscription,  on  de  l'assurer  par  un  billet, 
avant  la  visite  de  lEvêque. 

2o.  L'ordre  de  la  visite  sera  comme  suit  : — lo.  Quartier 
St.  Antoine;  2o.  Ste.  Anne;  3o.  Ouest;  4o.  Centre;  5o. 
Est  ;  60.  St.  Laurent  ;  7o.  St.  Louis  ;  80.  St.  Jacques  ;  9o. 
Ste.  Marie. 

3o.  Pour  qu'il  n'y  ait  pas  d'oubli  on  suivra,  dans  chaque 
rue,  l'ordre  des  numéros. 

4o.  Chaque  souscription  demandée  peut  être  le  frnit  de 
quelques  épargnes  sur  les  dépenses  qui  ne  sont  pas  d'absolue 
nécessité,  afin  que  l'on  puisse  dire  que  la  Cathédrale  a  été 
bâtie  sans  fatiguer  personne. 

5o.  Les  souscriptions  sont  payables  en  quatre  ans  et  plus  ; 
et  les  termes  du  paiement  sont  à  la  commodité  de  chacun. 

60.  Tous  sont  invités  à  y  contribuer,  les  pauvres  comme 
les  plus  riches,  chacun  selon  son  moyen.  L'essentiel  est 
que  tous  donnent  et  de  bon  cceur. 


CIRCULAIPwE  DIT  BUREAU  DE  L'ASSOCIATION 
D'ASSURANCE  MUTUELLE  DES  FABRIQUES, 
POUR  LES  DIOCÈSES  DE  MONTRÉAL  ET  DE 
ST.  HYACINTHE. 

Monti-éal,  le  29  Août  1854. 
Monsieur, 

Vous  verrez,  par  la  copie  ci-jointe  de  nos  procédés  de  ce 
jour,  que  je  suis  continué  dans  la  charge  de  Secrétaire-Tré- 
sorier de  cette  Association,  et  c'est  en  cette  qualité  que  j'ai 
l'honneur  de  vous  adresser  la  présente  Circulaire. 

Je  l'adresse  également  à  toutes  les  Fabriques  des  deux 
Diocèses,  parce  que,  pouvant  toiites  appartenir  légalement 
à  cette  Institution,  elles  ont  intérêt  à  connaître,  dès  le  prin- 


GFRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  493 

cipe,  la  marche  qu'elle  suit,  pour  arriver  à  son  but,  qui  est 
d'ouvrir  à  nos  bons  habitants  une  garantie  sûre  contre  les 
dommages  du  feu,  sans  obérer  les  Fabriques  par  des  rentes 
c^on8idé^able8,  telles  que  sont  celles  qu'il  faut  annuellement 
payer  aux  autres  Assurances. 

Je  commence  par  vous  faire  observer  que  notre  Associa- 
tion a  déjà,  dans  le  cours  d'une  année,  fait  la  moitié  de  son 
chemin.  Car,  à  l'heure  qu'il  est,  elle  compte  quarante 
Fabriques  assurées  sans  condition,  dont  les  Polices  consti- 
tuent un  fonds  de  £104,693  ;  et  ainsi,  elle  pourrait  aujour- 
d'hui payer  plus  de  la  moitié  de  la  plus  haute  Assurance. 
Moyennant  quarante  autres  Fabriques  qui  s'agrégeraient  à 
cette  bonne  œuvre,  pour  un  montant  égal,  et  qui  le  feraient, 
même  avec  la  condition  dont  il  est  parlé  dans  les  Kègle- 
meuts,  l'Association  se  trouverait  au  complet.  Or,  dans 
deux  Diocè.ses  aussi  avancés  que  le  sont  ceux  dg  Montréal 
et  de  St.  Hyacinthe,  il  ne  sera  pas  difficile  d'atteindre  ce 
nombre. 

On  y  arrivera  d'autant  plus  aisément,  que  cette  Institu- 
tion a,  pour  s'accréditer,  tout  ce  qui  attire  la  confiance,  et 
excite  l'intérêt. 

Et  en  efifet,  c'est  une  Association  sûre,  puisqu'elle  est  fondée 
sur  les  Fabriques,  qui  ne  sauraient  faire  banqueroute  ;  une 
Association  religieuse,  puisqu'elle  sauvegarde  les  maisons  de 
Dieu  ;  une  Association  charitable,  puisqu'elle  aide  les  fidèles, 
la  plupart  pauvres,  à  reconstruire  leurs  temples  ;  enfin,  une 
Association  patriotique,  puisqu'elle  conserve  au  pays,  et  pour 
l'avantage  du  peuple,  des  sommes  considérables  qui,  autre- 
ment, iraient  en  pays  étrangers. 

Elle  ne  peut  donc  manquer  de  devenir  populaire  ;  et  elle 
le  sera  bientôt,  sans  doute,  par  les  efforts  que  vous  ferez 
pour  en  bien  faire  comprendre  les  précieux  avantages,  dans 
vos  rapports  particuliers  ou  publics  avec  vos  Paroissiens. 

Bientôt  donc,  et  on  peut  l'attendre  de  votre  zèle,  toutes 
nos  Fabriques  ne  feront  plus  qu'une  même  famille  par  cette 
espèce  de  Communauté  de  biens.  Par  là  elles  donneront  à 
tous  le  beau  spectacle  de  l'union  et  de  la  charité,  qu'opère 


494  MANDEMENTS,  LETTUES  PASTORALES, 

le  Catholicisme,  chez  ceux  qm  vivent  dans  son  sein.  i)fe 
plus,  elles  pourront,  en  mettant  de  côté,  chaque  année,  ce 
qu'elles  devraient  payer  annuellement  aux  Assurances  des 
villes,  aider  le  peuple  des  campagnes  à  faire  de  ces  belles 
œuvres  paroissiales  qui  font  tant  d'honneur  à  sa  foi,  et  lui 
méritent  de  &i  abondantes  bénédictions. 

En  lisant  le  Eapport  ci  joint,  il  vous  sera  facile  de  saisir 
les  raisons  qui  ont  engagé  le  Bureau  à  faire  les  amende- 
ment qui  y  sont  rapportés. 

J'ai  l'honneur  d'être, 

Monsieui-, 
Yotre  très-humble  serviteur, 

.T.  B.  Labelle,  Ptre, 

Sec.-Trée. 


PROCÈS-VERBAL  DE   l'aSSEMBLÉE   GÉNÉRALE  DES  MEMBRES  DE 
l'assurance  mutuelle  DES  FABRIQUES,  DU  29  AOUT  1854. 

Ce-jourd'hui,  vingt  neuf  Août,  mil  huit  cent  cinquante 
quatre,  à  deux  heures  après-midi,  conformément  à  un  Avis 
donné  dans  les  papiers  publics,  la  Minerve  et  le  Courrier  de 
St.  Hyacinthe,  se  sont  assemblés,  à  l'Hospice  de  St.  Joseph, 
à  Montréal,  Sa  Grandeur  Monseigneur  l'Evêque  de  Montréal, 
et  Messieurs  Brunet,  curé  de  St.  Damase,  Bedard,  curé  de 
St.  Eémi,  Eoux,  curé  des  Cèdres,  Morrison,  curé  de  St.  Cy- 
prien,  Champeau,  curé  de  St.  Augustin,  Brosnan,  curé  de 
Ste.  Sophie,  Piette,  curé  de  St.  Bruno,  Dubé,  curé  de  St.  Mar- 
tin, Thibault,  curé  de  St.  Jérôme,  Groulx,  curé  de  St.  Benoit, 
Lecours,  curé  de  St.  Aimé,  Caron,  curé  de  Chateauguay, 
Charland,  curé  de  St.  Clément,  Robert,  curé  de  Blairfindie, 
Plinguet,  cui'é  de  Ste.  Scholastique,  Maréchal,  Chapelain 
des  Sœurs  de  St.  Anne,  à  St.  Jacques  de  l'Achigan,  Labelle, 
curé  de  St.  Roch,  Narcisse  Valois,  Ecuyer,  de  Vaudreuil,  et 


CIRCULAIRES  ET  AUTRES  DOCUMENTS  49& 

Paul  Bertrand,  Ecuyer.  de  St.  Mathias,  tous  Procureurs  dt 
leurs  Fabriques  respectives,  et  députés  par  i-celle  à  cette 
Assemblée. 

Sa  Grandeur  Monseigneur  l'Evèque  de  Montréal  agissant 
comme  Président,  et  M.  Labelle  ayant  été  nommé  Secrétaire, 
le  dit  Labelle,  en  sa  qualité  de  Secrétaire-Trésorier  du  Bu- 
reau, rendit  compte  des  affaires  de  la  Société,  conformément 
à  la  clause  20ème  des  Eèglements,  lesquels  comptes  ont  été 
admis  à  l'unanimité.  (Voir,  pour  ces  comptes,  le  cahier  de 
comptes  de  la  Société.) 

On  procéda  ensuite  à  la  nomination  d'un  nouveau  Bureau 
de  Directeurs.  L'assemblée  décida,  à  l'unanimité,  que 
l'Evèque  de  Montréal  et  TEvêque  de  St.  Hyacinthe  seraient, 
de  droit  et  pour  toujours,  membres  du  Bureau  des  Direc- 
teurs. Ensuite,  Messieurs  Brunet,  curé  de  St.  Damase. 
Plinguet,  curé  de  Ste.  Scholastique,  Eobert,  curé  de  Blair- 
findie,  Charland,  curé  de  St.  Clément,  Labelle,  cure  de 
St.  Roch,  Paul  Bertrand,  Ecuyer,  de  St.  Mathias,  furent 
élus  à  l'unanimité,  et  M.  Bedurd,  curé  de  St.  Rémi,  à  la  ma- 
jorité des  voix,  pour,  avec  les  deux  Evèques  sus-nommés, 
former  le  Bureau  des  Directeurs  pour  les  cinq  années  pro- 
chaines, à  commencer  de  ce  jour,  jusqu'à  la  nominatioji 
d'un  nouveau  Bureau  dans  cinq  ans. 

L'Assemblée  décida  ensuite  à  l'unanimité,  que  le  Bureau 
devait  s'adresser  à  la  Législature,  pour  en  obtenir  un  amen- 
dement à  l'Acte  d'incorporation  de  l'Association,  par  lequel 
il  serait  permis  au  dit  Bureau,  d'exiger  le  serment,  dans 
certains  cas,  et  aux  Juges  de  Paix,  de  recevoir  le  serment. 
Sur  motion  de  M.  Labelle,  secondé  par  M.  Plinguet, 
l'amendement  suivant,  à  ajouter  à  la  2de  partie  de  la  14ème 
clause  des  Règlements,  fut  adopté  à  l'unanimité  :  '  Pourvu 
'*  toujours  que  ces  taux  de  deux  par  cent,  comme  il  vient 
"  d'être  dit,  ne  donneront,  par  cent,  soit  sur  leurs  propres 
•' assurances,  soit  kur  les  assurances  qui  seront  moindres 
"  que  les  leurs,  que  le  taux  nécessaire  pour  former  la  somme 
"  assurée  et  rien  de  plus.  Pareillement,  les  Fabriques  dont 
"  les  assurances  se  trouveraient  ainsi  payées,  à  moins  de 


496  MANDEMENTS,  LETTRES  PASTORALES, 

'•  deux  par  cent,  ne  donneront  aux  autres  Fabriques  que  le 
'•  même  taux,  par  cent,  qu'elles  en  recevraient  elles-mêmes." 
Enfin  la  dite  Assemblées  régla  que  désormais  les  Actes 
des  Assemblées  générales,  y  compris  celle-ci  seraient  signés 
seulement  par  le  Président  et  le  Secrétaire  ;  et  pour  certifier 
la  dite  décision,  elle  pria  M.  Moreau  et  M.  Pilon,  Chanoines, 
Prêtres  de  l'Evêché,  présents  à  cette  Assemblée,  de  la 
signer,  comme  témoins  : 

.o-      '\    MoREAu,  Chan.,  Ptre  1     rn-^  • 
(Sitîne)    Ti  rii,        -n4.         :      Témoin», 

V  ^  fo     j    Pilon,  Chan..  Ptre.    )  ' 

Ig.  Ev.  de  Montréal,  Président. 
J.  B.  Labell.e,  Ptre.  Secrétaire. 

ASSEMBLÉE    DU    BUREAU. 

Cejoiyd'hui,  vingt-neuf  Août,  mil  huit  cent  cinquante 
quatre,  immédiatement  après  l'Assemblée  générale  de.< 
membres  de  l'Association  d'Assurance  Mutuelle  des  Fabri- 
ques, tenue  ce  jour,  les  membres  nommés  par  la  dite  Assem- 
blée générale,  pour  former  le  Bureau  des  Directeurs,  à  l'ex- 
ception de  Mgr.  l'Evêquc  de  St.  Hyacinthe,*  absent,  se 
constituèrent  en  assemblée,  au  même  lieu.  Hospice  de 
St.  Joseph,  à  Montréal.,  et,  sous  la  présidence  de  Monseigneur 
l'Evêque  de  Montréal,  élurent  pour  Secrétaii'e-Trésorier  ^ii 
dit  Bureau,  M.  Labelle,  curé  de  St.  Eoch,  et  l'autorisèrent  à 
faire  les  démarches  et  dépenses  nécessaires  pour  obtenir,  de 
la  Législature,  l'amendement  à  leur  acte  d'Incorporation, 
qui  leur  permette  de  faire  prêter  serment,  dans  certain  cas, 
tel  que  demandé  par  la  susdite  Assemblée  générale.  Ils 
nommèrent  aussi  M,  Moreau,  Chanoine  Prêtre  de  l'Evêché, 
Assistant-Secrétaire  du  dit  Bureau. 


(Signé) 


y  Ig.  Ev.  de  Montréal,  Président, 
j.  B.  Labelle,  Ptre.  Sec-Trésorier. 


(  Vraie  Copie)        J.  B.  Labelle,  Ptre.  Sec.-Trés 


Tjû^BLiEl 


DES 


MATIERES    CONTENUES   DANS   CE    VOLUME. 


PAOS 

Circulaire  au  Clergé  prescrivant  des  prières  contre  le  fléau  des 
sauterelles 5 

Circulaire  au  Clergé  l'invitant  à  la  Retraire  Pastorale 7 

Rapport  d'une  Assemblée  au  sujet  de  la  Colonisation  et  de  la 
Société  de  Tempérance 9 

Lettre  Pastorale  de  Mgi\  l'Evêque  de  Montréal,  pour  annoncer  et 
régler  la  cérémonie  de  la  translation  de  la  nouvelle  statue  de 
N.-D.  de  Bonsecours,  spécialement  dédiée  pour-  les  navigateurs    11 

Circulaire  au  Clergé  pour  lui  annoncer  la  publication  d'un  Ordo 
diocésain  et  recommander  à  son  zèle  l'Œuvre  de  la  Propaga- 
fion  de  la  Foi ]7 

Circulaire  au  Clergé  déterminant  le  sujet  d'une  prochaine  Confé- 
rence Ecclésiastique 19 

Circulaire  au  Clergé  annonçant  la  Lettre  Pastorale  suivante 20 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evoque  de  Montréal,  ordonnant  des 
prières  pour  Notre  Saint  Père  le  Pape  Pie  IX,  obligé  de  quitter 
Rome  et  de  se  réfugier  dans  un  roj'aume  étranger,  par  suite 
des  troubles  arrivés  dans  sa  capitale 21 

Mandement  de  Visite  pour  l'année  1849 84 

Circulaire  au  Clergé  renvoyant  à  un  autre  temps  la  discussion 
d'un  iirojet  de  loi  sur  l'administration  des  Fabriques .39 

Procès  verbal  de  la  Conférence  des  députés  des  diverses  conféren- 
ces du  Diocèse  de  Montréal,  tenue  à  l'Evêclié  le  1er  Février  1849    40 


458  TABLE  DES  MATIÈRES 

Extrait  du  procès  verbal  de  la  Conférence  tenue  dans  une  des 
salle  du  Séminaire  de  St.  Sulpice,  le  15  Février  18i9 46 

Appel  à  MM.  les  Curés  et  Marguilliers  de  toutes  les  paroisses  du 
Diocèse,  demandant  l'aide  des  Fabriques  pour  l'agrandisse- 
ment projeté  de  la  demeure  Episcopale .50 

Circulaire  au  Clergé,  en  lui  adressant  l'Encyclique  de  N.  S.  P.  le 
Poîje  Pie  JX,  en  date  du  3  Février  1849 .53 

Circulaire  au  Clergé  pour  l'engager  à  maintenir  le  peuple  dans 
l'ordre  et  le  devoir  de  la  loyauté 66 

Circulaire  au  Clergé  pour  lui  annoncer  la  mort  du  Révérend  M. 
F,  X.  Mercier 

Circulaire  au  Clergé  au  sujet  de  VOrdo  diocésain 70 

Cùculaire  au  Clergé  en  lui  adressant  la  Lettre  Pastorale  suivante    71 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  à  l'occasion  du 
renouvellement  de  l'année 79 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  pour  approuver  et 
recommander  une  Association  de  prières  dite  "la  dévotion  au 
Très-Saint  Sacrement  ou  l'adoration  perpétuelle." 98 

Circulaire  au  Clergé,  en  lui  adressant  le  Règlement  de  V Adoration 
Perpétuelle  et  le  Mandement  qui  introduit  cette  dévotion  dans 
le  Diocèse 108 

Pétition  aux  deux  Chambres  en  faveur  de  la  Société  de  Tempérance  114 

Circulaire  des  Evêques  de  Sydime,  de  Montréal,  de  Carrha,  de 
Martyropolis  et  de  Bytown  réunis  à  Montréal,  au  Clergé  des 
diocèses  de  Québec,  de  Kingston,  de  Montréal,  de  Bytown  et 
de  Toronto,  -  -.- 115 

Circulaire  au  Clergé  lui  annonçant  la  Visite  Pastorale 136 

Mandement  de  Visite 138 

Circulaire  au  Clergé  lui  annonçant  la  Retraite  Pastorale  et  recom- 
mandant à  son  zèle  l'œuvre  de  la  colonisation 141 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  pour  la  visite  générale 
des  communautés 146 

Circulaire  au  Clergé  recommandant  la  diffusion  de  l'ouvrage  sur 
l'Agriculturo  intitulé  :  "  Traité  de  la  tenue  générale  d'une 
terre  dans  le  Bas-Canada'" - •»--  160 

Circulaire  au  Clergé,  l'invitant  à  prendre  part  à  un  procbain  pèle- 
rinage à  Notre-Dame  de  Bonsecours 163 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  annonçant  le 
premier  Concile  Provincial  de  Québec 163 

Circulaire  au  Clergé  en  lui  adressant  la  Lettre  Pastorale  suivante  170 

Lettre  Pastorale  des  Pères  du  premier  Concile  Provincial  de 
Québec,  à  tous  les  Fidèles  de  la  Province  Ecclésiastique 173 

Circulaire  au  Clergé,  lui  annonçant  le  prochain. départ  pour  Rome 
de  Mgr.  le  Coadjuteur  de  l'Evêque  de  Montréal 180. 

Circulaire  au  (Jlergé  en  faveur  d'une  collecte  pour  venu-  en  aide  à 
S.  G.  Mgr.  l'E vëquo  de  Chicago 181 

Circulaire  au  Clergé,  pour  l'inviter  à  la  cérémonie  de  la  bénédic- 
tion du  nouvel  Evêché 183 


TABLE  DES  MATIERES  499 

Circulaire  au  Clergé,  recommandant  à  ses  soins  les  diverses  Asso- 
ciations pieuses  du  diocèse 135 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  pour  la  iin  de 

l'année  1851 187 

Circulaire  au  Clergé,  au  sujet  d'un  livre  obscène 196 

Mandement  de  Visite 300 

Circulaire  au  Clergé,  accompagnant  le  Mandement  de  la  Visite 

Pastorale 212 

Circulaire  au  Clergé,  lui  annonçant  la  mort  de  Meseire  Théophile 

Durocher 314 

Mandement  du  Jubilé 215 

Circulaire  au  Clergé,  au  sujet  du  Jubilé 226 

Lettre  Encyclique  de  Notre  Saint  Père  le  Pape  Pie  LX 233 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  au  sujet  du  grand 

incendie  du  8  Juillet  1852 236 

Circulaire  au  Clergé,  lui  prescrivant  un  appel  à  la  charité  des 

fidèles  en  faveur  des  établissements  de  pauvres  de  la  ville 211 

Circulaire  au  Clergé,  lui  annonçant  l'ouverture  de  la  Eetraite 
Pastorale  et  une  assemblée  générale  de  la  Société  de  Tempé- 
rance   242 

Circulaire  au  Clergé,  lui  transmettant  certaines  décisions  ou  avis 

pour  la  direction  des  âmes 246 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  sur  l'érection  du 
diocèse  de  St.  Hyacinthe  et  la  translation  de  Mgr.  J.  C.  Prince 
à  ce  nouveau  Siège  Episcopal 249 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  sur  le  grand 
incendie  du  8  Juillet 258 

Circulaire  au  Clergé  de  la  ville,  réglant  l'ordre  des  exercices  du 
Jubilé 271 

Circulaire  au  Clergé,  au  sujet  du  projet  de  règlement  suivant 275 

Projet  de  règlement  pour  qu'il  y  ait  uniformité  dans  le  gouverne- 
ment des  cures  du  diocèse  de  Montréal. 278 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal  au  Clergé  de  son 
diocèse,  promnlgant  les  Décrets  du  Premier  Concile  Provincial 
de  Québec 319 

Circulaire  au  Clergé,  lui  annonçant  le  prochain  départ  de  l'Evêque 
de  Montréal  poiu-  l'Europe » 341 

Mandement  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  annonçant  officielle- 
ment la  promotion  de  Mgr.  Joseph  Larocque,  évêque  de 
Cydonia,  à  la  Coadjutorerie  de  Montréal,  et  l'instituant  admi- 
nistrateur de  son  diocèse  pendant  son  voyage  en  Europe 344 

Formule  du  rapport  à  faire  à  l'Evêque  sur  l'état  de  chaque  paroisse  353 

Circulaire  à  MM.  les  Curés  du  diocèse  de  Montréal,  au  sujet  des 
Ecoles 3.54 

Circulaire  au  Clergé,  en  lui  adressant  le  Mandement  d'une  pro- 
chaine Visite  Pastorale 3,5,5 

Mandement  de  Visite 35g 


500  TABLE  DES  MATIÈRES 

Circulaire  au  Clergé,  au  sujet  de  la  création  de  différents  archi- 
prêtres  - 366 

Tableau  des  Archiprêtrés  et  Archiprêtres  du  diocèse  de  Montréal.  368 
Cii'culaire  au  Clergé,  ou  sujet  de  l'incorporation  d'une  Assurance 

mutuelle  des  Fabriques 370 

Mandement  de  l'Archevêque  et  des  Evêques  de  la  Province  Ecclé- 
siastique de  Québec,  promulgant  de  nouveau  le  Catéchisme 

rédigé  par  l'ordre  du  Premier  Concile  Provincial 372 

Cii'culaire  au  Clergé  du  Diocèse  de  Montréal,  sur  la  Lettre  Pasto- 
rale concernant  les  Tables  Tournantes 38i 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  à  l'occasion  de  la 

nouvelle  année 388 

Lettre  Pastorale  de  Mgi-.  l'Evêque  de  Montréal,  publiant  une 
Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Archevêque  de  Québec,  annonçant 

l'érection  de  l'Université  Laval 407 

Lettre  Pastorale  annonçant  l'érection  de  l'Université  Laval 41.5 

Règlement  provisoire  pour  les  épreuves  du  Baccalauréat  ès-arts 

et  de  l'inscription  dans  l'Université  Laval 42.5 

Circulaire  au  Clergé  lui  annonçant  la  publication  des  Livres 

Liturgiques  adoptés  par  le  Concile  Provincial 429' 

Annonce  du  Cérémonial  de  la  Province  de  Québec 432 

Lettre  Circulaire  au  Clergé  pour  lui  annoncer  la  célébration  du 

second  Concile  Provincial 436 

Lettre  Circulaire  de  Mgi'.  l'Archevêque 437 

Lettre  Pastorale  sur  la  Tempérance 430 

Lettre  Pastorale  de  Mgr.  l'Evêque  de  Montréal,  concernant  la  réé- 
dification de  son  Eglise  Cathédrale 486 

Circulaire  du  Bureau  de  l'Association  d'Assurance  Mutuelle  des 
Fabriques,  pour  les  diocèses  de  Montréal  et  de  St.  Hyacinthe.  492 


FIN  DU  SECOND   VOLUME. 


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Montréal  (Archdiocese) 

Mandements,  lettres 
pastorales,  circulaires  et  autres 
documents  publies  dans  le  diocèse 
de  Montréal  depuis  son  érection 
jusqu  a 


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