^?^«#^
" - ^ -^ "S ç /
.*'•-' f.
r 't V i[ ï ' r' ^ A
-??^?«îC::^*-^
;|^)^^Wfif^^?n^^A
^^f^^^,
^o^^'fi^^:^^'
;^§:(î«p«rrh?!;;;;;;«2„«,.
> o. C ' «. I
>/.>/*
^AiiÂ^^'
>N^AC^ÇJA
■.A/A/sO^'^'"
>/ÎA^/i;îK^
I
III b 3
H'ff'S'f
MANDEMENTS,
LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRES
ET
AUTRES DOCUMENTS.
MANDEMENTS
LETTRES PASTORALES
CIRCULAIRES
ET
A.UTIIES DOCUMENTS
PUBLIÉS DANS I,E
DIOCÈSE I>E MO\TKEAL.
DEPUIS
SON ERECTION JUSQU'A L'ANNEE J869.
TOME SECOND
MONTREAL
TYPOGRAPHIE LE NOUVEAU MONDE
23, Rue St. Vincent.
1869
MANDEMENTS.
LETTEES PASTORALES, CIRCULAIRES
ET
AUTRES DOCUMENTS.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 24 Juin 1848.
Monsieur^
J'apprends, avec une profonde douleur, que les sauterel-
les font de terribles ravages dans plusieurs paroisses de ce
diocèse ; et il est bien à craindre qu'elles ne se répandent
par torrents dans les autres, pour dévorer la belle moisson
qui, aujourd'hui, est le seul espoir du pays dans l'affreuse
misère qui l'accable. Elles sont en si grand nombre et
tellement voraces que leur passage dans les champs est
comme celui d'un incendie qui met tout à net.
Descendant des coteaux sablonneux où elles ont com-
mencé par manger les seigles d'automne, elles se jettent
avec une espèce de fureur, non seulement sur les grains
naissants, mais encore sur l'herbe, les patates, les oignons,
et sur toutes espèces de végétaux. On les voit par huit et
dix s'attaquer à un même épi qui bientôt succombe sous
leur poids, et disparaît sous leurs dents. Les prairies
qu'elles traversent comme des armées rangées en bataille
sont tellement brûlées ou infectées que les animaux n'y
peuvent plus paître; et lorsqu'après avoir ruiné un
champ, elles gagnent la terre voisine, qui va leur servir
fi MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de pâture, les clôtures en sont tellement couvertes que
l'on ne distingue ni pieux ni perches, et l'œil n'aperçoit
au loin que des monceaux de ces insectes que le souffle de
la colère de Dieu a poussés évidemment de proche en
proclie pour avertir son peuple du malheur qui le menace.
Je m'empresse de vous donner ces renseignements, et
de vous indiquer quelques moyens à prendre pour arrêter
"ttn si épouvantable fléau.
1" Veuillez bien donner avis à vos paroissiens du mal-
heur déjà arrivé à leurs frères et qui les menace eux-mê-
mes, si Dieu n'a point pitié de uvas. Vous pouvez pour cela
leur lire la présente.
2o Annoncez-leur que le clergé va faire, pour sa part,
tout ce qu'il pourra pour arrêter ce fléau destructeur,
pendant qu'il ne fait que commencer à faire sentir ses
affreux ravages.
3'J En conséquence, recourons à la pénitence, aux
larmeslet aux gémissements dans l'intérieur de nos âmes,
dans la crainte que ce ne soit en grande partie, à cause de
nos négligences dans l'accomplissement de nos devoirs de
Pasteurs que Dieu est obligé de visiter ainsi son peuple
dans sa colère.
4° Il y aura tous les samedis à l'autel de l'Archiconfré-
rie, dans l'église Cathédrale, et à la chapelle de Bon-
Secours, une messe célébrée pour toucher le très saint et
Immaculé Cœur de Marie, et implorer son puissant se
cours en faveur de ses enfants que la sévère justice de
Dieu poursuit.
5o Je vous autorise à faire quand vous le jugerez à
propos, les prières du Rituel, pour détourner ce fléau
menaçant. 11 faudra que la Paroisse fasse chanter au
moins une grand'messe ; et que tous promettent de ne plus
souffrir dans leurs maisons des fréquentations de jeunes
gens seul à seul et inutiles.
6o Je vous conseille d'exiger aussi de vos paroissiens
qu'ils se mettent de la Tempérance totale, et afin qu'ils
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 7
fassent ce sacrifice avec plus de joie et de mérite, vous
voudrez bien leur donner un petit cours d'instruction sur
les maux de livrognerie, et les avantages de la tempérance.
Une fois pénétrés de la vérité que la boisson est le grand
ennemi des corps et des âmes, des familles et des paroisses,
des provinces et des royaumes, il ne sera pas difficile de
les gagner à une société destinée à régénérer ce pays et à
en faire le bonheur. Le Manuel de la Tempérance fournit
d'excellents matériaux ; et si on le fait circuler dans un
temps si malheureux, il remplira sa haute mission.
Les Mélanges vous diront désormais le mouvement de
cette bienveillante société. Je me borne pour aujourd'hui
à vous annoncer avec plaisir que plusieurs propriétaires e t
capitaines de sleamhoa'.s ont promis de ne point souffrir de
barres à leur bord. ^.
Je suis bien cordialement.
Monsieur,
Voire très humble et obéissant serviteur,
-j- Lr. EvÊQUE DE Montréal.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 27 Juillet 1848.
Monsieur,
En vous envoyant le rapport ci-contre de l'assemblée du
clergé, tenue le jour de la St. Jacques, j'en prends occasion
de vous prier de faire de nouveaux efforts pour encourager
la si belle œuvre de la Propagation de la Foi. Le nou-
veau motif pour cela est l'avantage qui en doit revenir à
8 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
des milliers de nos jeunes gens qui vont aller s'établir
dans les townships. Afin d'épargner à vos gens des frais
de voyage et une perte de temps pour venir chercher ici
des recommandations, il vaudrait mieux envoyer au secré-
taire du comité centrale une liste des personnes de votre
paroisse, qui veulent prendre des terres dans les townships,
avec un mot de recommandation et celui-ci vous trans-
mettra le billet d'introduction aux agents des terres, afin
que chacun puisse se présentera eux et être entendu.
Je vous annonce que la Retraite Pastorale se fera à
l'ordinaire au Petit-Séminaire de cette ville, et commen-
cera le 24 août prochain, entre les quatre à cinq heures
de l'après-midi, pour se terminer le premier septembre.
Je donne à tous ceux qui garderont les paroisses, les
pouvoirs de desservants, avec la faculté de biner et je dis-
pense au besoin d'un ban de mariage ceux qui seraient
dans le cas de se marier dans la semaine de la retraite.
Je prie chaque curé de s'arranger avec ceux qui ont des
vicaires ou avec les prêtres des Séminaires ou de l'Evêché,
et au besoin avec ses voisins, pour que le même prêtre
n'ait pas plus que deux ou trois paroisses à desservir.
Il y aura à l'Evêché une autre Retraite pour ceux qui
auront gardé les cures. Elle commencera le 7 septembre
entre les quatre et cinq heures de l'après-midi et se termine-
ra le 15 du même mois. Les mêmes pouvoirs que ci-dessus
sont donnés à ceux qui seront à leur tour gardiens, pen-
dant cette seconde Retraite. Par cet arrangement, chacun
pourra se procurer le précieux avantage de se ranimer
et fortifier dans la pratique de ses devoirs. Nous faisons
route vers l'éternité par des chemins bien tortueux et
nous conduisons au port du salut des vaisseaux chargés
de grandes richesses, qui sont ces milliers d'âmes con-
fiées à nos soins.
Nous avons besoin et grand besoin de nous arrêter un
peu pour considérer si nous n'aurions pas par mégarde
pris quelque fausse route. Aussi vous recevrez cette invi-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 9^
talion comme sortie de la bouche de J.-G. Venite seorsum ;
et requiescite pusillum. Erant enim gui veniebant etredibant
multi ; et nec spatium manducandi habebant. Et ascen-
dentes in navim abierunt in desertum locum seorsum. (Marc.
6. 31 et 32.) Ces paroles nous conviennent à tous parfai
tement et je les laisse à votre méditation. Seulement
n'oubliez pas de recommander le succès de celle Retraite
aux prières de vos bons paroissiens ; car nous en avons
bien besoin.
En attendant le bonheur de respirer avec vous l'air
embauMé de la solitude,
Je suis bien affectueusement,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
7 IG. Ev. DE Montréal.
(Vraie copie) A. L.\combe, A. Secrétaire.
RAPPORT
DE l'Assemblée du 25 juillet 1848, au sujet de la Colo-
• NISATION ET de La SOCIÉTÉ DE TEMPÉRANCE.
A une assemblée du clergé tenue à l'Evêché, le vingt-
cinq juillet mil-huit-cent-quarante-huit, présidée par Mgr.
TéTêque de Montréal, et à laquelle assistaient Mgr. le
Coadjuteur et une cinquantaine de prêtres de diverses
paroisses d : diocèse, l'on a considéré mûrement certaines
difficultés que rencontre l'association des Etablissements
Canadiens des Townships ; et pour les lever autant que
possible, il a été décidé :
1'^ Que le clergé continuerait à promouvoir, autant que
possible, les ir.térêts de cette association bienveillante.
2o Que l'on aurait pour unique but de travailler à pro-
10 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
curer au peuple de bons établissements; et que l'on demeu-
rerait étranger à toute question politique, si jamais il s'en
élevait dans le sein de l'association.
30 Que l'association de la Propogation de la foi, ayant
la même fin et adoptant les mêmes moyens que celle des
Etablissements Canadiens des Townships, comme il appert
par le mémoire du comité central de la dite association,
présenté à S. K. Lord Elgin, Gouverneur de celte pro-
vince, savoir : de faire bâtir des Eglises, presbytères et
maisons d'Ecole, et de soutenir des missionnaires etc. etc.,
il faudrait prendre des moyens pour que ces deux associa-
tions s'entendissent, afin de parvenir au but si noble qu'elles
-se proposent toutes deux.
io Que pour cela, l'association de la Propogation de la
foi devrait acquitter une partie des fonds qu'elle prélève,
aux objets mentionnés, et que celle des Etablissements
Canadiens des Townships dérigerait toutes les opérations
nécessaires pour la colonisation.
5" Qu'à cette fin l'on ferait de nouveaux efforts pour
propager et répandre la dite association de la Propogation
de la foi, à la ville comme à la compagne.
0° Que l'on établirait dans chaque paroisse aussi bien
qu'à la ville, un conseil formé de laïcs zélés qui rempli
raient les divers offices de l'association, comme il est
prescrit dans les règles.
7c Que les conseils des deux associations, établis dans
cette ville, s'entendraient pour former les Etablissements
religieux qui sont l'objet de l'une et de l'autre.
Le président félicita ensuite l'assemblée sur les admi-
rables succès qu'obtenait partout la société de tempérance
par les efforts que fesait le clergé, pour établir dans cha-
que paroisse, cette société régénératrice. Il pria tous les
membres de l'assemblée de vouloir bien transmettre, cha-
que mois, à M. Duford, marchand, et secrétaire de l'asso-
ciation, un rapport de ce qui ce passerait d'important,
pour en for.i.er un rapport général qui serait envoyé au
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 1 1
conseil de chaque paroisse, afin d'entretenir le mouve-
ment si heuieux qui se remarque chez les populations
pour cette association. Les renseignements à obtenir
seraient: 1" les traits héroïques de généreux sacrifices
propres à donner du courage à ceux qui craignent de
prendre un engagement pénible à la nature. 2o Les acci-
dents fâcheux occasionnés par la boisson et capables d'en
inspirer l'horreur. 3'^ Les progrès que ferait la société, en
donnant : v. g. le chiflVe des associés, quand il y aurait
des agrégations nouvelles ; les changements qui s'opé-
reraient dans le commerce des liqueurs enivrantes par
ia diminution des auberges, et les dispositions des mar-
chands à renoncer à cette branche de gain reconnue
aujourd'hui pour être très-nuisible au bien du peuple et
ruineux pour le pays...
Fait et passé à l'évèché de Montréal, les jour et an
que dessus.
t IG. Ev, DE MONTRKAL.
LETTRE PASTORALE
DE MGR. l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL POIR ANNONCER ET RÉGLER
LA CÉRÉMONIE DE LA TRANSLATION DE LA NOUVELLE
STATUE DE BONSECOURS SPÉCIALEMENT DÉDIÉE POUR
LES NAVIGATEURS.
Ignace Bourget^ par la Miséricorde de Dieu et du Si. Siège
Apostolique., Evéque de Montréal., etc. etc. Au Clergé
Séculier et Régulier., aux Communautés et à tous les
Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Nous vous écrivons cette lettre, N. T. G. F., pour vous
annoncer que le six octobre prochain, vers les neuf heu-
res du matin. Nous feions, à Bonsecours, la Translation
d'une nouvelle Statue de la B. Vierge Marie, et pour
régler l'ordre de cette Gérémonie.
12 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Vous VOUS rappelez bien, et vous n'oubliez jamais sans
doute, N. T. G. F., l'auguste Solennité du vingt-un mai
dernier, dans laquelle nous couronnâmes avec tant de
pompe et transportâmes ensuite en si grand triomphe, la
Statue, qui devait remplacer la sainte Image de N. D. de
Bonsecours, qu'une main sacrilège avait ravie à notre piété.
Et pourriez-vous l'oublier cette joyeuse et pieuse Céré-
monie, lorsque nos rues sont encore pour ainsi dire em-
baumées de l'encens de nos louanges, et toutes imprégnées
de célestes bénédictions D'ailleurs vous savez tous com-
ment cette statue est l'instrument des divines Miséri-
cordes depuis ce jour fortuné.
Gomme nous avons souverainement à cœur de rendre
à la sainte Ghapelle de Bonsecours tous les monuments
qui la rendaient si chères à nos pères, Nous allons procé-
der à la Gérémonie de la translation, de la nouvelle
Statue qui remplacera le tableau de la Ste. Vierge, autre-
fois exposé sur la façade de la Sacristie, donnant sur le
Port, cornue pour inviter tous ceux qui y entraient ou en
sortaient à mettre en elle toute leur confiance.
Nous aimons à vous faire part ici, N. ï. G. F., de quel-
ques-unes des raisons qui nous portent à faire main-
tenant l'inauguration de cette Statue, et nous croyons
intéresser votre piété en vous indiquant l'ordre que nous
allons suivre dans cette Gérémonie.
D'abord nous choisissons le six octobre pour élever ce
nouveau monument à la gloire de l'auguste Patronne de
Montréal, parce que c'est le jour anniversaire de la solen-
nelle plantation, de la célèbre plantation de la croix du
mont St. Hilaire par le Vénérable Evêque de Nancy, dont
le nom seul rappelle à nos cœurs tant de grands et de
doux souvenirs. Ge jour est d'ailleurs celui qui favorise
le mieux le zèU des propriétaires et capitaines des vais-
seaux Gatholiques, qui saisissent avec empressement
cette occasion de prouver publiquement leur vénération
pour Marie, et de procurer à leurs concitoyens la conso-
CIRCULAIRE ET AUTRES DOCUMENTS. 13
lation d'un nouveau spectacle religieux. Il se fera à la
Cathédrale et à Bonsecours, les jouis qui précéderont
cette Cérémonie, des prières particulières, afin que Dieu
ait pour agréables les nouveaux honneurs que nous allons
rendre à sa Mère.
Ce sera sur notre majestueux Fleuve que ce déploiera
cette fois la pompe d'une de nos plus belles Cérémonies.
Vous p.n saississez parfaitement la raison, et vous com-
prenez que les Fleuves et les mers doivent s'unir à la
terre, pour publier la gloire de celle qui a mis au monde
le créateur ds toutes choses. Quem terra^ Pontus, sidéra
colunt claustrum Marix bajulat. Cette nouvelle Statue
sera placée avec respect au lieu le plus éminent et le
plus visible de la Chapelle de Bonsecours, pour que tous se
rappellent en la voyant, que l'humble Vierge de Nazareth,
qui a nourri de son lait sacré celui qui fait vivre toutes
les créatures, est élevée au-dessus de tous les autres; et
que de là elle règne en souveraine sur cette ville et ce
Diocèse : 0 gloriosa Domina^ excelsa super sidéra.
Cette reine pleine de bonté nous apparaîtra debout:
Autistes et Regina. C'est pour nous montrer qu'elle sera tou-
jours prête à venir à notre secours. Ses yeux, dans les-
quels se peignent toutes les grâces de la miséricorde, seront
continuellement ouverts sur nos besoins et fixés sur cette
terre qui lui appartient à tant de litres. Ah ! ce sera pour
voir tous nos maux, et être vraiment pour nous, malheu-
reux enfants d'Adam, la Dame de Bonsecours : Auxilium
i'hristianorum illos tuos miséricordes oculos ad nos co7i-
verte. Ses mains pleines de bénédictions seront nuit et
jour tendues vers ses enfants qui habitent cette vallée de
larmes. Oh! Ce sera pour les recevoir avec la tendresse
d'une mère, chaque fois qu'ils iront se jeter dans ces bras
pour lui faire entendrent ce cri de confiance : sancta Maria
succurre miseris. Sa tête sera couronnée d'étoiles, comme
là glorieuse Dame que vit St. Jean dans l'Apocalypse;
c'est qu'en effet elle est l'étoile de la mer et l'espoir du
14 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Navigateur. Aussi la saluera-t-il arec de doux transports
et lui fera-t-il son adieu et son bonjour chaque fois qu'il
abordera ou quittera le port : Ave^ Maris Stella. Ce sera le
premier objet que découvrira de loin l'œil de l'étranger,
et s'il cherche à connaître ce que signifie cet objet, sa
louable curiosité sera satisfaite en lisant ces mots : Marie
protège ce lieu, Marianopolis Tutela ; et s'il veut savoir à
quel titre, Marie elle-même le lui dira en lui expliquant
l'inscription : Posuerunt me Custodem : ceux qui, il y a
deux siècles, touchèrent ce rivage, et y fondèrent cette
ville, m'en confièrent la garde.
Enfin, il y a quelque chose qui Nous presse intérieure-
ment de faire cette Cérémonie avant la clôture de la
navigation, et nous allons encore vous faire part de notre
pensée. Vous savez, N. T. G F., que la terrible maladie du
choléra, qui nous visita en 1832 et 34, fait encore dans
l'ancien monde d'affreux ravages. Nous serions fâché de
jeter dans vos cœurs de fausses alarmes, en vous annon-
çant une troisième visite de cet épouvantable fléau. Toute
fois, nous ne pouvons dissimuler que la marche de cette
désolante épidémie est aujourd'hui ce qu'elle fut autre-
fois. Nous avons donc, non pas à nous laisser aller à des
craintes puériles, mais à prendre de sages précautions pour
tenir éloigné de nous ce fléau dévastateur.
A la vue du péril, qui menace la ville et les campagnes
aux approches dequelque maladie contagieuse,de viligants
magistrats ne manquent pas de faire dessécher les marais
infects, d'assainir tous les lieux qui pourraient être le théâ-
tre de la désolation et de la mort et de prendre enfin de
sages mesures, pour mettre, autant qu'ils le peuvent, une
barrière impénétrable à l'épidémie.
Il est pour tout pasteur un devoir bien autrement rigou-
reux à remplir dans les temps de désolation, c'est celui
de s'immoler pour son troupeau, et en même temps à tra-
vailler de toutes ses forces à lui faire produire de dignes
fruits de pénitence. Car, c'est en vain que l'homme veille
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. l'
à la garde de la ville, si Dieu lui-même n'en prend soin :
Nisi dominus custodierit civitatem, frustra vigilat qui eus-
todit earn. Ceci s'applique surtout à la maladie dont nous
avons à nous préserver, puisque les plus habiles médecins
n'ont pu jusqu'ici l'assujettir aux règles de Fart ; et,
que pour cette raison elle est justement regardée comma
un de ces fléaux que Dieu tire de temps en temps du
trésor deses vengeances, pour punir son peuple coupable,
et l'obliger d'entrer dans les voies de la justice. Or, uu
des moyens que nous avons à prendre pour nous rendre
le ciel favorable dans le danger que nous courons, c'est
de recourir à Marie." In periculis Mariam invoca, nous
dit St. Bernard. Ce fut par ce moyen que plusieurs villes,
entre autres celle de Lyon, si célèbre par son pèlerinage de
N. D. de Fourvières, furent, il y a peu d'années, préservées
du choléra, qui faisait dans les pays environnants d'affreux
ravages. Ne pourrons-nous pas espérer que N. D. de
Bonsecours éloignera de nous une si funeste contagion.
si nous recourons à elle avec la même confiance, et si
nous l'honorons avec la même piété. Nous avons pour
cela, N. T. G. F., toute la saison d'hiver, pour aller lui
rendre nos devoirs dans le sanctuaire qu'elle a choisi pour
exercer ses grandes miséricordes.
Mais souvenons-nous qu'il ne suffit pas d'honorer Marie
du bout des lèvres, pour apaiser le ciel irrité par tant de
scandales qui régnent parmi nous, et qu'il faut nécessaire-
ment y joindre des œuvres de justice. Travaillons tous
ensemble, Nos Très-Ghers Frères, à faire tomber cesauber
ges scandaleuses et ces maisons de libertinage, beaucoup
plus capables d'introduire parmi nous la peste et la mort
que l'air empesté qui s'exhale des lieux marécageux..
Bannissons de nos sociétés ces partis de plaisir, ces bals,
ces veillées seul à seul, ou régnent la licence des paroles
et l'indécence des parures. Ayons horreur de ces blas-
phèmes exécrables qui crient vengeance au ciel, etaltirenir
sur la terre les malédictions du Seigneur qui nous assurer
36 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
.que celui qui jurera ne demeurera impuni. Fréquentons
les sacrements avec foi ; assistons aux saints offices avec
piété; soulageons les pauvres avec amour, et favorisons
toutes ces belles sociétés que la Religion a formées pour
nous donner le moyen de racheter nos péchés par d'abon-
dantes aumônes. Que de bien vous pourrez faire, Nos
Très-Ghers Frères, en vous aggrégeant aux Associations
de la Propagation de la Foi, de la Tempérance et de la St.
Vincent de Paul, destinées, dans l'ordre de la Providence,
à faire régner dans noire pays la justice et la prospérité.
Pourvous,'pieux et bons voyageurs, souvenez vous que
•c'est principalement pour vous que nous allons ériger
ce monument en dehors de la sainte chapelle de Bonse-
cours. iS'oubliez pas que l'image de Marie est là pour
vous inviter à penser à elle et à l'invoquer avec dévotion
dans tous vos besoins. Ne manquez pas d'aller lui rendre
vos devoirs en personne dans ce sanctuaire chéri. Là
vous trouverez des prêtres zélés qui vous annonceront la
parole de Dieu, qui entendront vos confessions et vous
admettront à la sainte table. Prenez garde de passer les
jours de dimanches et de fêtes dans l'oisiveté et l'ivrogne-
rie sous les yeux mêmes de Marie notre Mère. Oh ! que
vous seriez coupables de vous laisser aller à une pareille
négligence ; et à quels terribles châtiments ne devriez-
vous pas vous attendre en punition d'une pareil indiffé-
rence ! Faites-vous plutôt un devoir d'assister fréquem-
ment à la messe ainsi qu'aux autres exercices que l'on y
fait tous les jours de l'année.
Maintenant, ô Ste. Mère de Dieu, nous volons vers vous,
pour nous mettre sous votre protection, pasieurs et bre-
bis. Ah ! ne méprisez pas nos prières et délivrez-nous
de tous les dangers que nous courons sur la mer orageuse
de ce monde. Vierge glorieuse et bénie. Amen.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au Prône des
Eglises Cathédrale et Paroissiales de notre Diocèse, le pre-
mier Dimanche, et en chapitre, dans toutes les commu-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 17
nautés religieuses, le premier jour libre après sa récep-
tion.
Donnée à Montréal, le 20 Septembre, mil huit cent
quarante huit, sous notre seing et sceau et le contre-seing
de notre Secrétaire.
f IG. EvEQLE DE Montréal.
Par Monseigneur,
Uroel Archambault,
Secrétaire ad hoc.
[Pour copie]
UrTiEl Archambault,
Secrétaire ad hoc.
CIRCULAIRE
AU CLERGE DU DIOCESE DE MONTREAL.
Evêche de Montréal, le 14 Novembre 1848.
Monsieur^
La Présente est pour vous informer que j'ai fait dresser,
pour 1849, un 0/y/o, sur le modèle de ceux qui s'impri-
ment à Rome et en France, pour la commodité de chaque
Ecclésiastique tenu à la récitation de l'Offî ce-Divin, et à
la célébration de la Sainte Messe.
J'ai réglé que chaque Eglise s'en procurerait un exem-
plaire qui devra être déposé à la Sacristie et mis en
vue du Prêtre se revêlant des ornements sacrés. Cet
Ordo est sorti de presse, et se vend aux bureaux des
Mélançies Religieux., à quinze sous l'exemplaire.
Je profite de l'occasion pour vous prier d'exhorter tous
ceux de vos Paroissiens qui appartiennent à l'Association
de la Propagation de la Foi, de vouloir bien payer d'avance
une partie de leur contribution ; parceque je vais pro-
chainement visiter les Townships, et que j'aurai besoin de
18 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
quelques fonds pour encourager les nouveaux colons dans-
leurs bâtisses d'Eglise. Ayez la bonté de faire tenir au
plus tôt à l'Evêché ce que vous aurez pu retirer.
J'apprends avec douleur que plusieurs d'entr'eux vont
avoir beaucoup de misère ; je le crois sans peine. Mais
comme, grâce à la bonne récolte, les campagnes sont main
tenant assez à l'aise, n'y aurait il pas quelque moyen de
porter secours à des frères qui pourraient bien être réduite
à une extrême misère ? C'est ce que je vous prie de con-
sidérer dans votre tendre charité. Je ne manquerai
pas de prendre sur les lieux tous les renseignements pos-
sibles, et de vous en faire part ensuite, afin que la Coloni-
sation ne soit pas arrêtée maintenant qu'elle paraît être
en bon train.
Veuillez bien, pour encourager l'Association de la Pro-
pagation de la Foi, représenter à vos bons et zélés Parois-
siens qu'il est question d'une Œuvre qui les touche de
près, puisqu'il s'agit de procurer de bons établissements
aux enfants de la Patrie, et surtout d'assurer à des mil-
liers d'âmes exposées à se perdre, des moyens de salut.
La Lettre Pastorale du 17 Juin et la Circulaire du 27
Juillet derniers peuvent vous fournir quelques motifs de
répandre de plus en plus cette belle Association.
Pour encourager la Société de Tempérance, dans un
temps aussi critique que celui qui nous arrive, je désire
faire publier la liste de toutes les Paroisses où elle est
établie, en mentionnant le nombre des âmes, des commu-
niants et des Associés. Veuillez bien me donner au plus
tôt ces chiffres. Vous savez mieux que moi la force de^
l'exemple dans l'établissement de cette Société.
Je suis bien cordialement, Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
(Signé) t IG. Ev. de Montréal.
(Pour vraie copie)
Al. (iACOMBE,
AcoL. s. Secrétaire.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 19
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evèjhé de Montré. il, le 13 Janvier 1849.
Monsieur,
La Présente est pour donner le sujet à traiter dans la
Conférence Ecclésiastique de ce mois. On y discutera un
projet de Loi concernant les assemblées pour l'élection
des Marguilliers et les redditions de comptes. Votre expé-
rience là dessus vous met à même de fournir à nos Légis-
lateurs de très-utiles renseignements.
Ce projet a été concerté et convenu avec NN. SS. les
Evêques de Québec, et sera présenté à la prochaine Ses-
sion du Parlement Provincial, avec tous les amendements
qui seront jugés nécessaires.
Je regrette que le temps ne nous permette pas de suivre,
dans la prochaine conférence, toutes les règles dont nous
sommes convenus dans les précédentes. Mais nous ferons
pour le mieux. En conséquence, je vous prie de vous
réunir au plutôt chez les Présidents de vos Conférences
respectives, et de préparer vos Procès- Verbaux pour la
Conférence des Députés, qui se tiendra à l'Evêché, le pre-
mier février prochain. Veuillez bien vous rappeler qu'à
la page 32 e'» suiv. du projet de Règlement se trouvent les
formalités à suivre pour nos Conférences Ecclésiastiques.
Je profite de l'occasion pour transmettre à MM. les
Présidents un projet de Requête aux trois branches de la
Législature, pour demander l'incorporation de la Société
Ecclésiastique de St. Jacques, afin qu'elle puisse acquérir
légalement des fonds pour subvenir aux besoins de ses
Membres, et faire ses autres bonnes œuvres.
Je suis bien sincèrement.
Monsieur,
Votre très hnmble et obéissant serviteur,
t IG. ÉVÉQUE DE MONTRJÉAL.
J. 0. Paré, Cha7i. Secrétaire.
20 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE AU CLERGÉ
Evêché de Montréal, le 18 janvier 1849.
}Aonsieui\
Les souffrances de Notre Saint Père sont, à nos yeux,
une mine précieuse qu'il faut exploiter au profit de la
Foi de notre bon peuple, en lui inspirant une profonde
vénération pour le Chef de l'Eglise, et une souveraine
horreur pour les révolutions dont il est victime, et qui
pourraient bien quelque jour nous atteindre. Quocl absit.
C'est notre devoir d'être prudent comme le serpent qui,
chaque fois qu'il est attaqué, met sa tête en sûreté, et
laisse morceler son corps ; parce que c'est là qu'est sa vie,
et qu'il peut toujours rejoindre les parties séparées de son
corps quand sa tête est saine et sauve. Que la première
autorité soit respectée comme elle le doit être, et nous
n'avons rien à craindre.
En conséquence, veuillez bien, en lisant la Lettre Pas-
torale ci-jointe, insister sur ces deux choses : l'honneur
qu'il y a pour le Pape d'être une si fidèle image de Jésus-
Christ, et les horreurs qui se commettent dans toutes les
révolutions.
Cela est d'autant plus important que certains journaux
Anglais annoncent avec complaisance la chute du Papis-
me, et le règne du Protestantisme ; et qu'un certain
journal Français cherche à répandre des principes révo-
lutionnaires.
Vous pourrez partager, comme il vous plaira, la lecture
de cette lettre, pour ne pas trop allonger votre prône, et
pouvoir en donner les explications que vous jugerez né-
cessaires.
L'occasion m'a paru favorable pour faire en passant une
mention particulière des Communautés, Associations et
Confréries, afin de les mettre de plus en plus en honneur,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 21
et pour dire un mot des bals et autres divertissements
dangereux, afin de vous fournir l'occasion d'en parler et
de les défendre plus strictement dans un temps de deuil
comme celui-ci.
Je vous prie de prier et faire prier pour le succès des
Retraites qui vont se faire à la ville, depuis la Septuagé-
sime jusqu'à la Quasimodo. Vous y avez tous intérêt;
car de la ville dépend le sort des campagnes. Il faut donc
que vous nous aidiez à vous donner le bon exemple.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très affectionné serviteur,
7 IG. EvÊQUE DE Montréal.
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÉQUE DE MONTRÉAL, ORDONNANT DES
PRIÈRES POUR NOTRE SAINT PÈRE LE PAPE, PIE IX,
OBLIGÉ DE QUITTER ROME ET DE SE RÉFUGIER DANS UN
ROYAUME ÉTRANGER, PAR SUITE DES TROUBLES ARRIVÉS
DANS SA CAPITALE, EN NOVEMBRE DERNIER.
Ignace Bourget^ par la miséricorde de Dieu et la grâce de
Su. Siège Apostolique., Evêque de Moîitréal, etc., etc., etc.
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses, et à
tous les Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Christ.
La présente Lettre Pastorale, Nos-Très-ChersFrères,est
pour VOUS annoncer de bien tristes nouvelles. La capitale
du monde chrétien est en proie à de sanglantes divisions
La populace mutinée a envahi la paisible demeure de
Notre Saint Père le Pape. Le sang innocent d'un pieux
et savant prélat, attaché à sa personne sacrée, a arrosé le
n MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Quirinal. Des balles meurtrières ont pénétré jusque dans
l'appartement occupé par le St. Père. De lâches assassins
ont massacré impunément le premier Ministre des Etats-
Pontificaux. Les rues de la ville sainte ont retenti de
chants profanes à la gloire du poignard démocratique qui
avait été l'instrument d'un si grand crime. Ces mêmes
rues ont entendu le cri séditieux et sanguinaire, ynort au
Pape ! mort aux Cardinaux! Enfin le bien-aimé et immortel
PIE IX, traité comme un prisonnier dans son propre palais,
a été forcé de quitter Rome, pour chercher un asile dans
un Royaume étranger, afin d'y exercer librement les
devoirs sacrés du Souverain Pontifical.
Tel est, Nos-Très Ghers-Frères, autant que nous avons
pu l'apprendre par les Journaux Publics, le résumé de ces
déplorables événements qui couvrent de deuil le monde
entier. Pour vous les annoncer, nous manquons d'ex-
pressions capables de peindre notre juste douleur; mais
vos âmes sont naturellement si sensibles et si généreuses
que ce simple exposé suffira pour vous attendrir sur les
maux qui accablent aujourd'hui le Père de toute l'Eglise.
Il est donc arrivé pour lui ce temps mauvais qu'il nous
prédisait, lorsque, recommandant à notre charité la mal-
iieureuse Irlande, il nous disait, avec tout l'accent de sa
profonde affliction : Elle est toujours là devant nos yeux
cette horrible et cruelle tempête^ depuis longtemps soulevée
contre VEglise Universelle. (Encyclique du 25 Mars, 1847.)
Alors pourtant il était entouré des hommages et de la
vénération de son peuple. Alors se succédaient à Rome,
presque sans interruption, de pompeuses ovations et de
magnifiques illuminations, pour célébrer son glorieux
avènement au Trône Pontifical. Alors les collines de la
Cité Eternelle retentissaient jour et nuit des bruyants
applaudissements d'un peuple ivre de bonheur sous son
gouvernement libéral et paternel. Le monde entier fesait
écho aux réjouissances de la capitale ; et toutes les na-
tions catholiques bénissaient le Divine Providence de
CIRCULAIRE ET AUTRES DOCUMENTS. 23
leur avoir donné un si bon Pasteur, Le nom de ce grand
Pontife était, dans toutes les bouches ; et Rome voyait
aiîluer dans son sein une foule empressée à venir de tous
les points du globe pour contempler la sagesse de ce nou-
"veau Salomon.
Nous avons vu de nos yeux, Nos-Très-Ghers-Frères, ce
que Nous vous rapportons ici ; mais notre plume ne sau-
rait vous exprimer nos vives et délicieuses émoliohs à la
vue du Vicaire de Jésus-Christ, fesant rayonner de tant de
gloire la Chaire Apostolique. Hélas ! ces jours de triom-
phe ne devaient pas être longs 1 Déjà ils sont passés !
Mais au milieu de toutes ces démonstrations publiques
de joie et de toutes ces protestations solennelles d'attache-
ment, le St. Père se préparait à rhorrible lempéLe qui au-
jourd'hui agite la barque de Pierre. Descendit procella
venti. iLuc, 8. '23.] Il pressentait et disait que c'était là
son Dimanche des Rameaux ; et que bientôt arriverait son
Vendredi Sauit. Notre âme, écrivait-il alors à tous les
évêques du monde, se trouble., en songeant quelle est la haine
de lennemi contre le Sanctuaire ; et quelle conjuration impie
s'est formée contre le Seigneur et contre son Christ. (Ency.
clique du 25 Mars, 1847.)
Voyons un peu. Nos Très-Chers Frères, comment s'ac-
complissent :es paroles prophétiques de Notre Père; et
de quelle manière l'étonnante révolution dont il est vic-
time, l'a rendu une image frappante de Celui dont il est le
Vicaire. 11 est entré triomphant à Rome comme Jésus-
Ohrist à Jérusalem, et bientôt il est, comme lui, rassasié
d'opprobres et rejeté de son peuple. Le Palais du Quiri-
nal comme celui de Pilate retentit du cri de révolte:
Nolumus hune regnore super nos. Nous ne voulons pas que
celui-ci soit notre Roi. (Luc, 19,, 14.)
Le Mont Cavallo, comme le Calvaire, est couvert d'un
peuple inconstant qui, après avoir chanté avec transport
le Benedictus qui venit in nomiae Domini. (Math. 2,^ 9.)
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, demande
24 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
aussitôt après qu'il soil crucifié. Il a comme Jésu. -Christ,
la douleur de voira la tête de ceux qui cherchent à se
rendre maîtres de sa personne, des traîtres qu'il a com-
blés de bienfaits, et qui lui doivent la vie. Amice ad quid
venisti. (Matth. 26, 50.) Gomme Jésus-Chrit, il ordonne
à ceux qui s'arment pour le défendre de remettre leurs
épées dans leurs fourreaux. Couverte gladimn tuum in
locum suum. (Idem ibid., 52.) Gomme Jésus-Christ, il prend
soin des siens, et commande à ses ennemis de ne leur
faire aucun mal. Sinite hos abire. (Joan. 18,8.) Comme
Jésus-Christ, il se retire à l'écart, afîu de prier pour le
monde entier, et en particulier pour ses ennemis, dans le
temps même qu'ils assiègent son palais, et qu'une grêle
de balles tombe dans ses appartements. Pater dimille illis,
(Luc, 23, 34.) Aujourd'hui donc qu'il a tant de traits de
ressemblance avec son Maître, il peut bien nous faire
comme lui ces plaintes amoureuses et touchantes; Tous
mes anus m'ont abandonné, et il ne s'est trouvé à l'assem-
blée de mon peuple presque personne qui ait osé ou voulu
me donner des marques de fidélité ; omnes amici méi
dereliquerunt me. Les sociétés secrètes ont cherché à me
surprendre pour m'arracher des concessions contraires au
bien de la Religion et des Royaumes Chrétiens. On a
voulu m'obliger, moi qui suis le Père de tous, à faire la
guerre à quelques uns de mes enfants. Et oarceque tou-
jours j'ai montré une souveraine horreur de quitter ma
Houlette pastorale pour m'armer d'une épée sanguinaire,
on a réussi, par de noirs complots, à soulever contre moi
mon peuple chéri : Prœvaluerunt insidianles mihi.
Craignant qu'à mon sujet il ne se verse une seule goutte
de sang, je me décide à quitter Rome pour un temps, imi-
tant l'exemple de mon Maître qui, plusieurs fois pendant sa
vie mortelle, se cacha pour se soustraire à la fureur de
ses ennemis. Jésus autem abscondit se. (Joan. 8, 59.)
Gardé à vue, et n'ayant plus la liberté de sortir seul, il a
fallu me travestir pour accomplir ce dessein. Nations
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. Tu-
Catholiques, vous serez stupéfaites en apprenant que votre
Chef a été réduit à sortir de Rome sous la livrée d'un la-
quais ! Mais souvenez-vous que je n'étais pas encore
humilié comme mon maître, quand il sortait de Jérusalem,
chargé des malédictions de son peuple, et traînant le bois
ignominieux de sa croix. Et vous qui parcourez ces routes
que j'ai suivies, assis tristement à côté d'un cocher, soyez
dans l'étonnement, et voyez s'il est une douleur semblable
à la mienne. 0 vos omnes qui Iransitis per viam, atlendite
et videte si est dolor sicut dolor meus. (Thren. l, 12.)
Adieu, Rome, ville toujours chère à mon cœur. Vinea
cleeta. Je t'ai comblée de bienfaits : je t'ai accordé d'im-
menses privilèges ; je t'ai prodigué les concessions les plus
libérales. Gomment donc as-tu pu devenir pour moi un
sujet de si grande amertume ? Quomodo conversa es in
amariludinem ? (Amos, 6, 13.) Cheminant tristement vers
une terre étrangère, mes yeux baignés de larmes se fixent
sur toi ! ô ville ingrate! Videns civitatem flevit super illam.
(Luc, 19, 41.) Hélas ! que de malheurs vont venir fondre
sur loi ! Sans Pasteur et sans Roi, tu vas être livrée à
toutes les horreurs de la plus affreuse anarchie. VenieiU
dies in le. Tes habitants, en disputant le pouvoir vont
devenir tes plus cruels ennemis. Circumdabunt le inimici
lui. (Luc, 19, 43.) Des milliers d'étrangers, qui venaient
assister à tes joyeuses solennités, vont fuir bien loin,
comme à la vue de Babylone. Pauvre peuple! Hélas» .
que vas-tu donc devenir ! Ne seras-tu pas le jouet et la vic-
time de toutes les passions déchaînées, et ton sang ne va-
t-il pas bientôt couler comme l'eau autour de cette nou-
velle Jérusalem ! Effuderun, sanguinem eorum lamquaru
aquam in circuitu Jérusalem. (Ps. 78. 3.)
Telles sont, Nos Très-Chers Frères, les humiliations et
les souffrances de Notre Saint Père le Pape , et c'est ainsi
qu'en devenant une si touchante image du Souverain Pas-
teur, il devient de plus en plus vénérable aux yeux de
notre Foi. Ainsi la Croix à laquelle il est attaché n(i-
20 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
saurait être pour nous ni une folie^ ni un scandale, comme
l'était pour le Juif et le païen la croix de Jésus-Christ.
Bien au contraire, elle est pour les enfants de l'Eglise un
vrai sujet de gloire. Car c'est une gloire pour tous les
Catholiques d'avoir un Chef doué de cette suprême sagesse,
^ui sait allier les vraies libertés des peuples avec l'ordre
et la tranquillité publique ; la bonté avec la fermeté, la
justice avec la paix.
Oh! vous l'avez sans doute remarqué, Nos Très Ghers
■ Frères, dans la lecture de la présente Lettre, comme dans
les rapports des Journaux Publics, c'est à cause de 6on
amour pour la justice et la paix que Notre Saint Père le
Pape est aujourd'hui en butte à une violence inouie et
sacrilège. C'est principalemeut parce qu'il a refusé cons-
tamment de faire la guerre à l'Autriche, puissance amie
et protectrice du Saint Siège, que les perturbateurs du
repos public ont souleté contre lui une certaine classe
d'hommes pervers, qui ne cherchent qu'à bouleverser
toutes les sociétés pour arriver au pouvoir, ou s'enrichir
du bien dautrui.
Attachons nous donc de cœur et d'âme à ce bon Pasteur
qui sacrifie tout pour la tranquillité et le bonheur de son
troupeau. Dans cette furieuse tempête soulevée contre
Ifr Sainte Eglise, soyons plein d'espérance en voyant sur la
chaire de St. Pierre un Pontife si ferme et si généreux.
Croyons que Dieu ne l'engage dans ce grand combat que
pour lui faire remporter une victoire éclatante sur toutes
les doctrines pernicieuses, aussi contraires au bien des
peuples qu'à la sainteté de la morale évangélique. Certa-
men forte dédit illiut vinceret. (Sap. 10, 12.)
Mais nous avons, Nos Très-Chers Frères, un devoir
sacré à remplir tout le temps que durera ce grand combat.
C'est de prier avec plus de ferveur que jamais pour ce
digne Pontife. Prenons pour nous ces paroles si pres-
santes que lui-môme adresse aux Fidèles de Rome. Nous
oulons et ordonnons que de ferventes prières y élèvent chaque
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 27
jour fers Dieu pour noire humble personne^ et pour le réta-
blissement de la paix dans le monde ; et spécialement dans
notre Etat, et à Rome où sera toujours notre cœur^ quelque
soie la partie du Bercail de Jésus-Christ qui nous abrite.
Cette touchante invitation sera entendue de tons les peu-
ples catholiques ; et bientôt tous les temples de l'univers
retentiront d'humbles supplications, pour que les vœux
ardents duPasteur universel soient promptement exaucés.
Oh! oui, ils le seront, Nos-Très GhersFrères, carde
tout temps, les prières de l'Eglise pour son Chef ont été
toutes puissantes sur le cœur de Dieu. L'impie Hérode^
pour se rendre populaire, fait mettre en prison St. Pierre,
le premier des Papes. Les prières de l'Eglise vont aussitôt
au ciel chercher l'ange du Seigneur et le conduisent dans
la prison du Prince des Apôtres. Oralio fiebal ab
Ecclesia ad Deum pro eo. 'Act- 12.) Il voit ses chaînes se
briser et les portes de sa prison s'ouvrir; et il s'écrie
dans son étonnement : Vraiment le Seigneur a envoyé son
ange, et il m'a délivré de la puissance d'Hérode, et de toutes
Us embûches des Juifs. (Idem.)
De nos jours. Pie VII, d'heureuse mémoire, est, par la
malice des méchants et la violence de gens armés, arraché
de son Siépre, et jeté dans une étroite prison àSavone. Au
bruit de cet enlèvement sacrilège, tous les Fidèles se
mettent en prière, et ils sont exaucés. Car, au moment où
l'on s'y attendait le moins, et par un de ces événements ex-
traordinaires qui font loucher du doigt l'admirable Provi
dence de Dieu, ce pieux Pontife rentrait glorieux ettriom^
phant à Rome, pendant que son injuste persécuteur allait
expier sur un rocher les maux que son ambition déme-
surée avait causés à l'Eglise et à l'Empire.
Prions donc. Nos Très-Ghers Frères, avec confiance,
puisque nous serons en union de prières avec toutes les
Eglise du Monde Catholique. Demandons avec foi que le
fîiiccesseur de Pierre marche sans crainte sur cette mer
agitée par les passions. Réveillons, par notre ferveur?
28 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Jésus-Christ qui dort dans la barque de Pierre, pendant
une aussi furieuse tempête; et cor.juronsle de comman-
der aux vents et à la mer, pour qu'il se fasse un grand
calme.
Priez, zélés Pasteurs, et poussez de profonds soupirs ;
couvrez-vous de cendres et de ciliées, et offrez au Seigneur
des oeuvres de pénitence pour appaiser sa colère. Ululate
Pastorcs... . m cilicio et incinère. (Jérem. 25, 34.) Caries
terribles commotions qui agitent le monde, et cet ébran-
lement de toutes sociétés, annoncent que le grand jour du
Seigneur, le jour de deuil et de désolation arrive. Quia
venil (lies Domini magna et amara valde !
Priez, vierges pieuses et innocentes, levez vos mains
suppliantes vers le ciel, et par vos gémissements, obtenez
du Père de Miséricordes, pour le Père de l'Eglise, tous
les dons parfaits dont il a besoin dans ses temps orageux.
Priezaussipourcesnombreusescommunaulésqui peuplent
la Ville-Sainte, et y font jour et nuit entendre les cantiques
du Seigneur. Ah! il est bien à craindre que les impies,
après avoir frappé le Pasteur, n'exercent leur fureur sur
la portion choisie de son troupeau Plange. quasi virgo.
(Joël, 1, 8.)
Joignez à vos ferventes prières les mérites du sacrifice
que vous avez fait de vos boissons enivrantes, vous tous
qui vous êtes enrôlés sous le glorieux étendard de la
Tempérance. N'oubliez pas que les grandes bénédic-
tions que répand partout cette noble Société, découlent
du C''ucifix qu'à bénit pour vous le St. Père, dans le zèle
ardent qui l'anime pour le succès de toutes réformes
salutaires.
Enfants de St. Vincent de Paul, que les œuvres de votre
charité s'élèvent sans cesse jusqu'au trône du Père des
Pauvres. Qu'elles descendent du ciel toutes imprégnées
de célestes faveurs, et qu'elles aillent répandre la joie et
la consolation dans le sein d'un Père si justement affligé-
Pieuses Confréries, ferventes Congrégations, Familles
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 29
Chrétiennes, n'oubliez pas, dans vos saintes réunions, de
recommander à Dieu et à la Bienheureuse Vierge Marie,
le Pasteur qui vous nourrit dans de gras pêturages, et
vous comble des bénédictions du Ciel.
Faisons voir, Nos Très-Chers Frères, que nous sommes
tous des fils bien affectionnés; et que nous compatissons
de tout notre cœur aux douleurs de notre Père, en nous
abstenant de tous les plaisirs auxquels se livrent les mon-
dains dans ces jours de dissipation. Userait en effet bien
humiliant pour lui de voir ses enfants se laisser aller aux
bals, aux divertissements et aux jeux, pendant qu'il s'im-
mole pour eux. Ego vailam immolari pro vobis.
Il n'en sera pas ainsi Nos-Très-Chers-Frères, car vous
connaissez trop bien ce qu'exigent de vous les convenan-
ces religieuses. Pour vous interdire toute joie profane,
il vous suffit de penser que le Père de l'Eglise est fugitif
sur une terre étrangère. Là, comme les Juifs à Babylone,
il fait entendre à tous ces enfants ces touchantes paroles :
X Pèlerin sur cette terre de mon exil, et assis tristement sur
les rivages de la mer qui se déroulent à nos yeux et vient
se briser à nos pieds. Nous pleurons amèrement en'pen-
sant aux joies de Sion et aux solennités de la Ville Sainte.
Super flumina Babylonis^ illic sedimus et flevimus^ cum
recordaremur Sion. (Ps. 613, l.i
Les pieux Fidèles qui nous entourent de leurs respec-
tueux hommages, voudraient bien jouir du majestueux
spectacle de nos augustes cérémonies, et entendre les mélo-
dieux cantiques qui fesaient de Rome un Paradis anti-
cipé, et remplissaient tous les cœurs religieux des plus
pures et des plus délicieuses jouissances. Mais comment
pourrions-nous chanter les cantiques du Seigneur sur
une terre étrangère et loin du tombeau des Saints Apô-
tres! Quomodo cantabimus canticum Dominl in terra aliéna !
{U. ibid. 4.)
• V^ous allez donc, Nos-Très-Chers Frères, en témoignage
de votre profonde affliction, suspendre tous vos instru-
30 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ments de musique aux saules pleureurs qui ombragent
la solitude de cet auguste exilé ! Insalicibus suspendi-
mus organa nostra. (là. ibid. 2.) Oui, vous allez de grand
cœur et en signe de votre deuil, pour l'exil de notre Père
commun, vous abstenir des jeux et des spectacles ; et l'an
prochain, en rendant compte à ce premier Pasteur de
notre administration, Nous pourrons consoler son cœur
affligé, en lui apprenant que ses enfants du Diocèse de
Montréal ont compati à sa juste douleur ; et que pour le
témoigner solennellement, ils ont déserté toutes les mai-
sons de plaisir et rempli tous les temples, pour y implorer
avec larmes sur sa personne sacrée les plus abondantes-
bénédictions du Ciel.
Enfin, prions tous ensemble, Nos-Très-Chers-Frères,
pour que notre chère et heureuse Patrie ne se ressente
point des violentes secousses qui agitent l'Europe ; eî
qu'elle ne subisse jamais le malheur de quelques-unes de
ces sanglantes révolutions qui enfantent tant de crimes
hideut, démoralisent tant de peuples, font couler tant
de larmes et de sang, ravissent à la société tant de pères
de famille, et plongent dans la désolation et la misère tant
de veuves et d'orphelins. Hélas ! dans ces mouvements^
populaires, c'est toujours le pauvre peuple qui paie de son
sang, et que l'on mène à la boucherie, sous prétexte de
la liberté. Oh ! qu'elle lui coûte cher cette liberté, et
combien peu il en jouit. Fasse le ciel, Nos-Très-Ghers-
Frères, que de pareils malheurs ne tombent jamais sar
vous, qui êtes l'objet de notre plus vive sollicitude, et que
Nous aimons tous si tendrement en Jésus-Christ. Ah ! s'il
en devait être ainsi, que le Seigneur daigne au plus tôt
Nous retirer du monde, pour Nous épargner la cruelle
douleur de voir des citoyens armés contre des citoyens,
des frères contre des frères, des pères contre des enfants :
que disons Nous, nos propres enfants s'arracher la vie
sous nos yeux ; remplir nos rues et nos places publiques-
de sang, de carnage et de cadavres. Et vos âmes, cona
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. ar-
ment pourraient-elles paraître devant Dieu, couvertes de
sang et la rage révolutionnaire dans le cœur? Mais il
n'en sera pas ainsi, Nos-Très Ghers-Frères ; la docilité
avec laquelle vous avez toujours si bien écouté les avis
que Nous vous avons jusqu'ici adressés, au nom du Sei-
gneur, Nous fait croire que vous recevrez ceux-ci avec
respect et soumission. Qu'avons Nous à vous recomman-
der pour échapper aux malheurs qui désolent tant de
grandes et puissantes nations ? Le voici en deux mots:
Soyez fidèles à Dieu, et respectez toutes les autorités légi-
timement constituées. Telle est la volonté du Seigneur.
N'écoutez pas ceux qui vous adresse des discours sédi-
tieux; car ils ne sauraient être vos vrais amis. Ne lise?;
pas ces livres et ces papiers qui souillent l'esprit de ré-
volte, car ils sont les véhicules des doctrines empestées
qui, semblables au chancre, ont rongé et ruiné les Etats
les plus heureux et les plus florissants. Croyez que vous
pouvez très certainement conquérir les vraies libertés,
celles qui rendent les peuples vraiment heureux, beaucoup
mieux par une conduite morale, et par une sage soumis-
sion aux lois, que par des violences qui vous exposeraient
à ces mêmes malheurs que vous avez eu à déplorer et
dont vous ne perdrez jamais le triste souvenir.
En vous racontant si au long les déplorables événe-
ments qui viennent d'arriver à Rome, Nous avons eu
principalement en vue de vous faire voir à quels excès se
porte un peuple quand il abuse des grâces que lui prodi-
gue la Religion, et dans quels malheurs il se précipite,
quand, en punition de ces crimes, il est livré à un espriî
de vertige.
Voici maintenant, Nos-Très Ghers-Frères, comment
nous procéderons pour mieux remplir les volontés de
Notre Saint Père le Pape, qui veut que de continuelles
prières se fassent pour toute l'Eglise, et en particulier
pour la tranquillité de Rome.
1. Le Clergé offrira à cette intention l'oraison Deus Re-^
32 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
fugium^ etc.^ qui est déjà de précepte, et qui se dit chaque
jour à la Messe.
2. Tous les fidèles joindront leurs prières à celles de
leurs Pasteurs, en récitant cinq Pnter et cinq Ave^ après
la Messe Paroissiale ou conventuelle, tous les dimanches
•et fêtes d'obligation.
3. Chaque Connmunauté terminera l'exercice de l'Orai-
son Mentale par le Sub tuum, etc., et dirigé à la même
intention.
4. Les Confréries et Associations Religieuses diront une
dizaine du chapelet, à chacune de leurs pieuses réunions.
5. Le Service des Pauvres sa terminera dans les Hôpi-
taux et charitables réunions où on les assiste, par un
Pater et un Ave^ parce que les prières des Membres souf
franfs de Jésus-Christ peuvent beaucoup auprès de Dieu.
6. Pour que les enfants joignent leurs voix innocentes
à celles de toute l'Eglise, et qu'ils conservent à jamais le
souvenir d'un événement si intéressant pour leurs cœurs,
les Instituteurs et Institutrices leur feront dire chaque
jour un Pater et un Ave, à la fin de l'une de leurs classes.
7. A chaque office de l'Archiconfrérie et de Notre-
Dame de Bonsecours, à la campagne comme à la ville,
l'on chantera ou récitera les Litanies de la Ste. Vierge. Il
sera bon de profiter de ces pieuses réunions pour donner
aux fidèles les nouvelles que l'on recevra du Pape, parce
qu'elles les intéressent vivement.
8. Chaque famille chrétienne est invitée à dire tous
les soirs en commun quelque prière, le chapelet parexem-
ple, pour le Père de la grande famille, qui souffre tant de
maux pour l'amour de ses enfants.
En terminant cette Lettre, Nous nous adressons à vous,
glorieuse Vierge Marie, le refuge assuré des Pasteurs et
des Brebis, et le puissant secours des chrétiens dans leurs
pressants besoins. Jamais vous n'avez abandonné l'Eglise ;
et toujours on l'a vue triompher dans ses combats, parce
que vous êtes, pour sa défense, comme vne armée rangée
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 33
en bataille. Daignez vous souvenir que la fête de Notre-
Dame de Bonsecours est une de celles qui éterniseront
votre éternelle sollicitude pour l'Eglise, notre bonne
Mère, votre fille bien-aimée.
Nous aimons à mentionner ici cette fête entre toutes
les autres, pour que vos enfants du Canada accourent en
foule à la Chapelle où vous êtes si souvent invoquée sous
le beau titre de secours des Chrétiens ; et jamais en vain.
Les pieux pèlerins que les malheurs du Père commun,
aussi lui Pèlerin, attirera de toutes parts aux pieds de
votre Vénérable Image, sauront que ce fut sous votre
puissante protection que Pie VII rentra autrefois en
triomphe dans la Ville Sainte, après une dure captivité.
Ils sauront aussi qu'ils doivent à la reconnaissance de ce
Pieux Pontife, le bonheur qu'ils ont de célébrer dans ce
sanctuaire, une fête si joyeuse et si chère à leurs cœurs.
Pénétrés de confiance en votre puissance et bonté, ils
vous supplieront de faire pour Pie IX ce que vous avez
fait pour Pie SiL Que bientôt il aille, sous votre protec-
liDn, reprendre possession de la Ville Eternelle, et qu'en
s'assayant sur la chaire de St. Pierre, il entonne le canti-
que de la reconnaissance. Qu'à sa voix triomphante et
joyeuse, toutes les Eglises déposent leurs ornements
lugubres, et se revotera, comme aux jours de leurs grandes
solennités. Que toute la terre répète l'hymne sacré qui
vous proclamera de nouveau le secours des Chrétiens.
Omnis terra psallat tibi Auxilium Christianorum.
SERA la présente Lettre Pastorale lue au Prône de
notre Cathédrale, à celui de toutes les Eglises Parois-
siales, le premier Dimanche après sa réception, et en
chapitre dans toutes les Communautés séculières et régu-
lières de ce Diocèse, le premier jour après qu'elle aura
été reçue.
Donné à Monréal, en notre Palais Episcopal, le jour de
la Fête de la Chaire de St. Pierre, le dix-huitième jour de
3
34 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Janvier, de l'année mil huit cent quarante-neuf, sous
notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secré-
taire.
-; IG. Ev. DE Montréal.
Par Monseigneur,
Jos. OcT. Pabé, Chan. Secrétaire.
(Vraie copie) J. O. Paré, Chan.-Secrclaire.
MANDEMENT DE VISITE.
Ignace Bourget, parla miséricorde de Dieu et la grâce diiSi..
Siège Apostolique^ Evêque de Montréal^ etc.
Au Clergé et à tous les Fidèles de noire Diocèse, Salul et Bénédiclioa
en Noire Seigneur.
Ayant plu à Jésus-Christ le souverain Pasteur el r Evoque
de nos âmes^ (1. Pet. 2, 5.) de Nous charger, maigre notre
indignité, du Gouvernement de cette Eglise, en Nous fai-
sant connaître sa volonté parla bouche de son Vicaire sur
la terre. Nous comptons tellement sur la promesse qu'il a
faite à ses Apôtres et à tous leurs successeurs dans le St.
Ministère, d'être tous les jours avec eux^ jusqu'à la fm du
mo)ide, (Math. 28, 20.) que Nous espérons fermement pou-
voir à son exemple, donner la vie à toutes nos brebis et à la
leur donner avec la plus grande abondance. (Joan. 10, 10.)
Ce divin modèle qui se fait connaître à Nous sous la
qualité si aimable de Bon Pasteur^ (Math. '^, 17.) ayant
passé les trois années de sa vie publique a parcourir les
villes et les bourgades, prêchant partout que le Royaume
des Cieux approchait^ courant après les Brebis égarées de la
Maison d'Israël, (Joan. 10, 6.) signalant son passage par des
bienfaits sans nombre, Nous en concluons que pour lui
ressembler, Nous devons visiter assidûment les brebis dont
CIMCULAIRE ET AUTRES DOCUMENTS. 35
il Nous a confié la garde. D'ailleurs il nous avertit lui-
même qu'étant le bon pasteur^ il commit ses brebis et que ses
brebis le connaissent, qu'elles entendent sa voix^ et qu'elles le
suivent ; que pour lui il leur donne la vie éternelle. (Joan. 10,
Or, Nous ne pourrions Nous acquitter de ce devoir si im-
portant, si Nous ne Nous rendions auprès de vous, pour
connaître tous vos besoins et y remédier par l'exercice de
nos saintes fonctions.
Aussi, Dieu nous est témoin. Nos Très-Chers Frères, que
Nous Nous souvenons sans cesxe de vous, lui demandant tou-
jours dans nos prières qu'il Nous faailite les moyens d'aller
vers vous : car nous désirons vous voir, pour vous faire part
des grâces spirituelles . (Rom. 1. 0, 10, II, 12) attachées à
notre St. Ministère, afni de vous affermir dans la pratique
de vos devoirs religieux et de nous consoler mutuellement
les uns les autres par la foi qui nous est commune. iPont.
Romain.)
C'est avec ces santiments, Nos Très-Chers Frères, que
Nous entreprenons de faire la Visite Pastorale dans votre
Paroisse ; et Nous avertissons, au nom de l'Eglise, que
l'objet de cette Visite est : 1'^ d'accorder aux âmes de ceux
qui sont décédés dans la paix du Seigneur la rémission des
peines qu'elles endurent pour achever de se purifier;
'1" de voir si vous entretenez avec zèle la Maison du Sei-
gneur et tout ce qui sert à son culte ; 3" de rechercher
s'il y a parmi vous des désordres publics, tels que des adul-
tères, fornications et sacrilèges, afin d'user de toute l'auto-
rité dont le Seigneur Nous a revêtu, pour corriger ces
scandales qui, sans cela, produiraient la ruine de vos âmes ;
4» de facilité aux grands pécheurs le moyens de se récon-
cilier avec Dieu par l'absolution des censures et cas réser-
vés, que Nous aurons la consolation de leur donner, s'ils s'y
préparent par de dignesfruitsde pénitence : de Nous mon-
trer à notre peuple avec les entrailles de la charité de Jésus-
Christ, (Philip. 1,8.) toujours prêta entendre ceux qui
auront besoin de nos avis dans leurs nécessités spirituel-
36 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les ; 5° d'administrer la confirmation à ceux qui ne l'au-
ront point encore reçue, et qui s'y seront préparés en
acquérant la sciei:ce et les vertus qu'exige ce grand sacre-
ment. Vous voyez, Nos Très Ghers que l'Eglise est toute
occupée de vos plus chers intérêts, quand elle envoie les
premiers Pasteurs vous porter les secours de la Religion ;
et que cette bonne mère étend sa compassion et sa ten-
dresse jusqu'aux âmes de vos parents et amis, qui parta-
gent avec vous tous les biens célestes que nous allons vous
distribuer.
Mais pour participera tant d'avantages, vous devez, Nos
Très-Ghers Frères, préparer Les voies du Seigneur et rendre
droits ses sentiers. (Isaï, 40, 3.) Voici un temps bien favo-
rable ; voici des jours de salut., (2 Gor. 6, 2.) qui vous
arrivent : car voici Jésus Gtirist lui-même qui, sous l'hu-
manité de notre personne, va visiter votre Paroisse, fai-
sant du bien à tous, et guérissant tous ceux qui, par leurs
criminelles habitudes, se seront mis sous l'esclavage du
démon.
Redoublez de ferveur, vous bons et fidèles serviteurs de
Jésus-Ghrist. Voici Tépoux àe. vos âmes qui arrive : allez
au devant de lui., (Math. 25, 6.) en augmentant ces trésors
de bonnes œuvres dont vous vous enréchissez tous les
jours pour le Giel. Sondez bien vos cœurs; et vous y
trouverez une multitude de fautes qui vous feront gémir,
parce qu'elles conlristent l'Esprit-saint. Humiliez vous donc
sous la main puissante de Dieu, afin qu'il vous exalte au
temps de sa visite. (\ Pet 5, G.)
Et vous, pauvres pécheurs, qui traînez des jours si
malheureux sous le joug de vos passions, ô pécheurs le
plus tendre objet de notre sollicitude, parce que vous
êtes dans un danger éminent de vous perdre éternellement,
le Seigneur Nous charge de vous faire entendre cette pres-
sante exhortation : Convertissez-vous à moi de tout votre
cœur., recourez au jeûne, aux pleurs et aux gémissements, et
déchirez vos cœurs (Joël. 2, 12, 13.) par le repentir amer de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 37
VOS longs égarements. S'il en est parmi vous qui aient eu
le malheur de profaner les sacrements, le temps précieux
d& la Visite vous est offert pour sortir de ce funeste état.
Comme la charité de Jésus-Christ Nous presse, '^oiis vous
exhortons tous, Nos Très-Ghers Frères, à mettre ordre
aux affaires de vos consciences, en travaillant à résister à
tous vos mauvais penchants, en réparants les torts que
vous avez faits au prochain, en pardonnant de bon cœur
à tous vos ennemis, en renonçant aux dissentions qui
ont réf. né parmi vous, en redonnant à vos Pasteurs la
confiance que méritent les soins qu'ils se donnent pour
votre salut étemel, en vous éloignant des maisons où
jusqu'ici vous avez fait des excès d'intempérance et d'ivro-
gnerie, en abandonnant ces fréquentations où votre inno-
cence a si souvent fait naufrage, en fuyant ces modes in-
décentes, ces compagnies, ces jeux, ces divertissements qui,
hélas! vous furent toujours si funestes. EuVin^ Nous vous
conjurons, avec l'Apôtre St. Pierre, de vous abstenir des
désirs charnels qui combattent contre l'dme (1 Pet. 2, H.)
Mais ce n'est p s tout de ne pas faire le mal, vous devez de
plus faire le bien, pour vousdisposerauxgrâcesabondantes,
que Nous allons vous porter au nom du Seigneur. Pour
cela, reprenez. Nous vous en conjurons, la pratique de
vos devoirs religieux. Soyez assidus aux Sts, Offices ; re-
courez au Sacrement de Pénitence ; mortifiez-vous, en
pratiquant plus scrupuleusement les jeûnes et l'absti-
nence de l'Eglise ; rachetez vos péchés par les aumônes,
suivant vos moyens : implorez la miséricorde divine par
des prières ferventes, et intéressez en votre faveur la Mère
de Dieu, en lui offrant chaque jour, en famille, l'excel-
lente prière du Chapelet. Nous finissons par vous conjurer^
Nos Très-Chers Frères, de nous aider par les prières que
vous ferez à Dieu pour Nous afm qu'étant plein dejoie^
nous puissions vous aller voir, pour accomplir la volonté de
Dieu, et jouir avec vous d'une consolation mutuelle. En at-
tendant, que le Dieu depaix swt avec voiis tous. Amen.
38 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, Nous
avons statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et ordon-
nons ce qui suit, pour l'ordre de la Visite.
Jo. — Nous Nous rendrons à
Environ une demi-heure après notre
arrivée, on fera une instruction familière ou conférence,
à l'issue de laquelle Nous ferons notre entrée à l'Eglise
en la manière prescrite dans le Rituel : puis, après une
courte exhortation, Nous donnerons la Bénédiction du St.
Sacrement.
2o. — Le lendemain, il y aura des messes distribuées
dans la matinée pour la commodité des communiants.
A dix heures, la messe de la Visite et le sermon : après
quoi, Nous donnerons la Confirmation aux personnes à
jeun, préparées par les Confesseurs et jugées suffisammeut
instruites par leur Curé, dont elles présenteront un billet.
3o. — Nous ferons, dans le temps qui nous sera le plus
commode, la visite du Tabernacle, des ornements, des
Fonds Baptismaux, et du Cimetière, ainsi que l'examen
des Comptes de la Fabrique, que les Marguilliers tien-
dront prêts à Nous être présentés. Mr. le Curé pourvoira
aussi à ce qu'un inventaire du linge et des ornements de
l'Eglise soit dressé, aussi bien qu'un tableau des indul-
gences et Messes de fondation, s'il y en a. Nous recher-
cherons particulièrement si les Ordonnances données par
Nos Seigneurs les Evêques dans les Visites précédentes
ont été exécutées.
4o. — Mrs. les Curés auront soin de préparer par de fré-
quents catéchismes ceux qui se disposent à la Confirma-
tion, et de conserver les billets qui renferment les noms
des confirmés, pour les inscrire ensuite dans les Registres
de la Paroisse.
00. — Les Confesseurs nommés pour la Visite auront,
tant qu'elle durera, le pouvoir d'absoudre des censures
et cas réservés, et les facultés les plus amples pour la
réconciliation des pénitents.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 39
Oo.— Par un Induit du Souverain Pontife, tous les
Fidèles qui, s'étant confessés avec une véritable contri-
tion, communieront pendant la Msite, et prieront pour
les nécessités de l'Eglise suivant son intention, gagneront
•une Indulgence plénière.
7o. — Voulant favoriser, autant qa'il est en Nous, la
dévotion des Fdèles envers la Ste. Vierge, Nous Nous
ferons un devoir d'appliquer, chaque jour de la Visite, les
Indulgences aux croix, chapelets et médailles qui nous
seront présentés, pourvu que l'on se conforme à ce qui
est prescrit dans la feuille ci-jointe.
8'\— Chaque paroisse ou Mission, après que Nous l'au-
rons visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre
suite les voitures nécessaires pour nous transporter à la
Paroisse suivante.
9".— Nous terminons la Visite le 2 Mars avant midi,
par le Salut ou la Bénédiction du St. Sacrement.
Sera le présent Mandement lu et publié au prône de la
Messe Paroissiale, le premier Dimanche après sa récep-
tion.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, avec le
contreseing de notre 8. Secrétaire, le 1er Février 1849.
t IG. Ev. DE Montréal.
Par Monseigneur,
Al. Lagombe, a. S. Sec.
CIRCULAIRE AU CLERGÉ.
Evêché de Montréal, le H Février 1849.
Monsieur,
Je vous adresse ci-dessous le Procès-Veibalde la Confé-
rence des Députés, tenue le premier du courant, avec le
Rapport du Comité nommé pour discuter plus en détail
40 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les difficultés que présentait le Projet de Loi^ pour régler
les Assemblées pour l'élection des Marguilliers et la reddi-
tion des comptes de Fabrique.
Monseigneur l'Archevêque de Québec a bien voulu con-
descendre aux vœux du Clergé de l'Archidiocèse et de
celui du Diocèse de Montréal, en remettant à une autre
année le Projet de Loi en question ; et je me trouve heu-
reux d'en faire autant.
Je vous adresserai bientôt le sujet de la Conférence de
Juillet prochain. S'il est jugé nécessaire d'obvier aux
difficultés journalières que vous rencontrez dans l'admi-
nistration de vos Fabriques, par un bon Bill qui tranche-
rait toutes ces difficultés, le sujet à traiter dans cette Con-
férence sera probablement un nouveau Projet de Loi^ qui
fixerait la Jurisprudence Ecclésiastique et Civile dans une
matière qui importe si fort à la tranquillité de vos
Paroisses.
En attendant je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
t IG. Ev. DE Montréal.
(Vraie copie]
J. 0. Paré,
Chan. Secrétaire.
PROCÈS VERBAL
DE LA CONFÉRENCE DES DÉPUTÉS DES DIVERSES CONFÉRENCES
DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL, TENUE A l'ÉVÉCHÉ, LE
1er FÉVRIER 1849.
Furent présents : Mgr. Bourget. Evêque de Montréal,
Président; Mgr, Gaulin, Evêque de Kingston ; Mgr, Gui-
gues. Evoque de Bytown ; MM, P. Billaudèle, P. Archam-
bault, Vicaires-Généraux ; MM. Jos. Oct. Paré, F. R. Mer-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS.
cier, Jos. LaRocque, Chanoines Titulaires ; MM. R. O.
Bruneau, curé de Verchères ; L. M. Lefebvre, curé de
Ste. Geneviève ; E. Grevier, curé de St. Hyacinthe ; L.
Girouard, curé de Ste. Marie ; G.Primeau, curé de Varen-
nes; Ths. Pépin, curé de Boucherville ; G. Larocque, curé
de St. Jean ; R. Neyron, curé de St. Henry ; P. Brunet,
curé de Ste. Rose ; L. H. Marcotte, curé de Lavaltrie; P.
Bédard curé de St. Rémi ; J. B. Labelle, curé de St.Roch ;
L. Gharland, curé deSt. Glément ; Joseph Désautels, curé
de Rigaud ; M. Archambault, curé de St. Hugues; A.
Lemay, curé de Ste. Victoire ; A. Groux, curé de St. Be-
noit ; G. Ghampoux, curé de Ste. Anne-des-Plaines ; P.
Poulin, curé de St. Hermas ; I. Lagorce, directeur de
l'Asile des Sourds-Muets ; N. Hardy, vicaire à St. Clé-
ment; H. Beaudry, vicaire à Sorel.
M. Rey, Secrétaire des Conférences de la ville, étani;
décédé, M. Pinsonnault, prêtre du Séminaire de Montréal,
a été élu Secrétaire ad hoc Dans cette Conférence a été
discuté un certain Projet de Loi, pour régler les Assem-
blées de Fabrique pour l'élection des Marguilliers, et red-
dition de comptes.
Les rapports des susdites Conférences ayant été lus, et
divers membres de cette Assemblée ayant été entendus
pour et contre le dit Projet de Loi, il a été résolu :
L Que cette Assemblée regrette que l'on se soit cru forcé
par les circonstances de soulever cette question pour la
porter ensuite devant la Législature.
IL Que malgré le regret ci-dessus exprimé, l'Assemblée
a cependant jugé convenable de discuter le Projet de Loi
en question, et de lui faire subir toutes les modifications
propres à en faire une mesure plus complète.
HL Qu'il est surtout essentiel à l'Assemblée de profiter
de la loi en contemplation, pour faire reconnaître et
admettre ce principe :
lo. Que toute Corporation de Fabrique est composée et-
se composera du Curé, desservant ou missionnaire, defr
-62 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
anciens et nouveaux Marguilliers de chaque Paroisse ou
.Mission, qui gèrent et administrent, sous la présidence du
Curé, desservant ou missionnaire, les biens meubles et
immeubles de la Fabrique ;
2o. Que le Curé, desservant ou missionnaire, de concert
avec les Marguilliers de l'OEuvre, est et sera autorisé et
chargé de pourvoir aux affaires ordinaires et aux besoins
journaliers de la Fabrique ;
3o. Que l'Assemblée des anciens et nouveaux Marguil-
liers, duement convoquée, est et sera chargée de pourvoir
aux affaires majeures et aux besoins extraordinaires;
4o. Que tous et les seuls Francs-Tenanciers, résidents et
catholiques d'une Paroisse ou Mission, seront admis aux
Assemblées pour l'élection des Marguilliers, avec le droit
d'y donner leurs suffrages ; et qu'ils ne pourront être
admis aux Assemblées pour la reddition des comptes de
Fabrique, que comme témoins et auditeurs.
]V. Que les autres modifications à faire subir à ce Pro-
jet de Loi, étant nombreuses, ei nécessitant des discus-
sions un peu longues, l'Assemblée convaincue que ce serait
un travail impossible dans le cours de la séance, a jugé à
propos de référer ce travail à un comité composé de cinq
membres, choisis parmi les prêtres présents, soumis comme
de droit, au contrôle de Sa Grandeur Monseigneur l'Evê-
que de Montréal.
V. Que les membres de ce comité seraient : MM. Joseph
LaRocque, Chanoine titulaire. Ed. Grevier, curé de St.
Hyacinthe, Ths. Pépin, curé de Boucherville, Gharles
LaRocque, curé de St. Jean, Amable Morin, curé de St.
Cyprien.
Fait et passé à l'Evêché de Montréal, les jour et an que
dessus.
1 IG. EVEQUE DE MONTHÉAL.
A. PlNSONNAULT, PtrC.,
Secrétaire ad hoc.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 43
Nous soussignés, Membres du Comité constitué par les
Députés des Conférences Ecclésiastiques et autres mem-
bres du Clergé, assemblées hier à rEvôché, à l'effet de
faire toutes les observations qui tendraient à rendre plus
complet un cevlam Projet de Loi^ concernant les Assem-
blées de Fabrique pour l'élection des Marguilliers et la
reddition des comptes, après trois séances, pendant les-
quelles nous avons consciencieusement examiné le dit
Prçjet,, en sommes venus aux conclusions suivantes:
I. Qu'il est regretter, comme l'a fait la dite Assemblée,
que l'on se soit cru forcé, par de malheureuses circons-
tances, de soulever cette question, pour la porter devant la
Légifture, parce que tout Bill de Fabrique, demandé par
le Clergé, pour sanctionner l'admission des notables dans
les Assemblées de Fabrique, est de nature à le compro-
mettre étrangement, après les réclamations si justes et
si solennelles qu'il fit en 1831 contre un pareil 5^7^, et à
exposer l'Autorité Ecclésiastique à des empiétements aux-
quels il ne lui serait plus permis de s'opposer avec énergie,
une fois qu'elle se serait livrée elle-même à la discrétion
de la puissance Civile.
II. Que si toutefois il fallait en venir à demander un
pareil bUl, il serait absolument nécessaire de faire subir
au Projet de Loi en question des modifications essentielles
et propres à en faire une mesure complète, comme l'a
observé la dite assemblée, pour qu'il ne fût pas nécessaire
d'appeler l'attention de la Législature sur nos affaires de
fabrique, parce que ces matières sont si délicates qu'il est
toujours souverainement dangereux de fournir aux légis-
lateurs l'occasion de les discuter.
III. Que pour remplir les vues de la dite assemblée, il
paraîtrait surtout essentiel de profiter de la loi projetée
pour faire reconnaître et admettre ce principe :
1'^ Que toute Corporation de Fabrique existe de fait et
de droit; et qu'elle se compose des curé, desservant ou
missionnaire, et des anciens et nouveaux marguilliers de
44 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
chaque paroisse ou mission ; lesquels ont seuls la ges-
tion et administration des tiens meubles et immeubles
de la fabrique, parce qu« les légistes ne s'entendent pas
sur la composition et les attributions des conseils de
fabrique.
2" Que les curé, desservant ou missionnaire et les mar-
guilliers de l'Œuvre sont autorisés à faire toutes les
affaires courantes et à pourvoir à tous les besoins journa-
liers de l'Eglise.
30 Que pour les affaires majeures et les besoins extraor-
dinaires, les anciens et nouveaux marguilliers doivent
être convoqués selon les formes prescrites par la loi. On
obvierait par ces deux clauses aux prétentions de certai-
nes paroisses qui gênent les administrations de fabrique,
sous prétexte qu'aucune dépense ne peut être faite que du
consentement de toute la paroisse.
IV. Que tons et les seuls Irancs-tenanciers d'une paroisse
ou mission, pourvu qu'ils soient résidents et catholiques,
seront admis aux assemblées pour l'élection des marguil-
liers, avec le droit d'y donner leurs suffrages, mais qu'ils
ne pourront assister aux assemblées pour reddition de
compte que comme témoins et auditeurs. Aujourd'hui
l'admission de tous les propriétaires aux assemblées pour
les deux fins susdites est à peu près un usage général ; il
serait par conséquent odieux de les en exclure. D'un autre
côté, chaque corporation civile rendant ses comptes, en
présence da ses commettants, sans que ceux-ci aient le
droit de les contester, les Corporations de Fabrique une
fois bien reconnues, comme corps politiques et civiles^
devront user du même droit.
Que les curé, desservant ou missionnaire de chaque
paroisse ou mission devront être seuls les présidents nés
de toutes les assemblées de fabrique et de paroisse.
V, Qu'outre les modifications susdites suggérées par la
dite assemblée dans son procès-verbal, le bill projeté
devrait : \" Reconnaître le droit de l'Evêque de législater
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 45
sur les affaires de fabrique ; d'allouer ou rejeter les comp-
tes des marguilliers, etc., etc.; 2° Admettre pour toute
Corporation de Fabrique le pouvoir de faire des règle-
ments jugés nécessaires pour sa bonne administration:
3" Lui reconnaître surtout le droit de faire un tarif sou-
mis à l'approbation de TEvêque et à la reconnaissance et
homologation des cours de justice ; 4<j Fixer toutes les
formalités à suivre pour la convocation des assemblées de
fabrique et de paroisse.
Législater enfin sur une multitude de points litigieux
qui arrêtent à chaque instant la marche des affaires de
fabrique.
VI. Enfin, qu'il serait nécessaire, pour ne pas exposer
les droits de l'Eglise et l'honneur du clergé, de prendre
tout le temps requis pour bien mûrir ce bill de fabrique.
Que s'il nous était permis de faire à NN. SS. les Evêques
quelques représentations, nous prendrions respectueuse-
ment la liberté de les prier de nommer, dans leurs diocè-
ses respectifs, des prêtres versés dans ces matières, qu'ils
chargeraient de s'entendre avec des hommes de loi et
leurs confrères, pour se procurer tous les matériaux et
renseignements possibles, sur les difficultés journalières
qui se rencontrent dans l'administration des fabriques,
afin de pouvoir soumettre ensuite à leur examen et appro-
bation, un travail plus parfait et plus complet.
Fait et passé à l'Evôché de Montréal, le 2 Février 1849.
C. Larocque, Ptre.
Ths. Pepix, Ptre.
Jos. Larocque, Ptre.
A. MûRiN, Ptre.
Y.D. Grevier, Ptre.
A. PiNSONNAULT, Ptre.
Sec. ad hoc.
46 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
EXTRAIT
DU PROCÈS VERBAL DE LA CONFÉRENCE, TENUE DANS UNE DE^i
SALLES DU SEMINAIRE DE ST. SULPICE, LE 15 FEVRIER 1841).
Les matières proposées par Monseigneur de Montréal,
et qui ont été discutées, sont :
OCCASIONS.
lo Les bals publics pourront être tolérés, conformément
à la Circulaire du 16 Février 1843, quand ils ne seront
pas une occasion prochaine de péché ; mais il faudra pru-
demment en éloigner les fidèles, parce qu'il est rare qu'il>
soient innocents.
2" Même conduite par rapport aux bals particuliers, eii
observant que souvent dans ceux-ci il ne règne pas la
même décence que dans ceux là.
:i" Même déc'sion par rapport aux spectacles, au sujet
desquels l'on pourra être plus coulant, si les pièces, les
ajustements sont chastes.
\° L'on ne peut absoudre ceux qui ne veulent pjas
renoncer à la lecture des romans immoraux ; mais il est
de la prudence de ne pas nommément désigner les jour-
naux qui les reproduisent.
5" L'on suivra, par rapport aux fréquentations pour le
mariage, les règles tracées dans la Circulaire susdite. Mais
l'on pourra laisser les époux se fréquenter après les fian-
çailles comme auparavant.
Cl" L'on peut tolérer la nécessité où se trouvent certains
parents très-pauvres de faire coucher ensemble leur.*^
enfants des deux sexes, pourvu que toutes les précautions
possibles soient prises par la garde de leur innocence.
7" Les mères qui couchent leurs petits avec elles, ne
pouvant faire autrement, pourraient être absoutes, si elles
prenaient de? moyens efficaces pour prévenir tout malheur
^i
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 47
de sulTocation, v. g., en leur faisant une couche dans la
ruelle du lit.
S'< Les enfants qui demeurent chez leurs parents, àans-
de mauvaises maisons, pourront être admis aux Sacre-
ments, si ce n'est pas pour eux une occasion prochaine de
péché.
*.)" Même conduite par rapport aux couturières, qui vonî
travailler chez les tailleurs, en compagnie de jeunes gens.
ï\ faut toutefois observer que celles qui s'engagent dans
des boutiques retirées, et dont les maîtres sont ou absent?-
ou négligents, sont plus en danger.
COOPERATION.
1" Les oropriétaires ne peuvent louer leurs maisons à.
des personnes qu'ils savent tenir mauvais commerce, et
ne sauraient être absous que sous la promesse de ren-
voyer au plus tôt ces sortes de locataires.
-2" Les charretiers doivent se refuser de conduire aux
mauvaises maisons, s'ils sont certains que c'est pour r
faire du mal que l'on y va. Mais ils ne sont pas tenus à
prendre là-dessus aucune information de ceux qui deman-
dent à se faire mener dans telle ou telle maison.
3^' Les bouchers, boulangers et autres, qui vont y veu
dre des provisions, seclufio scawlalo^ ne doivent pas êtrt
inquiétés.
4'J De même ceux qui y vont travailler à des ouvrages-
d'ailleurs permis.
5" Les enfants qui fréquentent les écoles, tenues par des
protestants, ne doivent pas être inquiétés, tant qu'il n'y
aura pas pour eux de bonnes écoles anglaisas catholiques,
pourvu qu'il n'y ait pas de danger pour leur foi, dans le^^
livres et l'enseignement religieux des instituteurs.
6" Même conduite à l'égard des parents de ces enfants,,
pourvu qu'ils veillent soigneusement à ce que l'on ne fasse
rien qui expose leur foi.
48 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
JÏSTIGE.
Il ne faut point inquiéter :
io Ceux qui prêtent à intérêt, oi, ayant à cœur leur
salut, ils protestent néanmoins qu'ils sont moralement
certains de retirer, par le commerce, l'achat de terres, etc.,
etc., de leur argent, un intérêt pour le moins aussi haut
que celui qu'ils exigent en le prêtant ; 2o. Ceux qui achè-
tent de bonne foi des billets et les escomptent avec un
profit au-dessus du taux légal; 3o. Les couturières qui
gardent les retailles, pourvu qu'elles remplissent exacte-
ment les conditions de la commande.
Quant à ceux qui n'ont pas payé leurs dîmes, ils sont
tombés dans la réserve, si leur négligence est jugée mor-
telle. Ils pourront néanmoins être absous par ceux qui ont
le pouvoir des cas réservés, s'ils sont jugés incapables de
tromper, et si le recours à leur curé, pour s'arranger, ne
leur est pas facile.
ADMISSION AUX SACREMENTS.
l'j Dans Textrême nécessité, l'on administrera aux mala-
des que l'on ne pourra faire sortir des mauvaises maisons,
que la Pénitence, l'Extrême-Onction. avec l'Indulgence
in arliculo mortis ; mais l'on exigera auparavant la répara-
tion des scandales. L'on fera les choses aussi simplement
et secrètement que possible ; de manière à satisfaire aux
règles de l'Eglise, et à inspirer en même temps de l'hor-
reur pour de pareilles maisons. On excitera toutefois les
malades au désir de la communion.
•2o Les filles qui sont tombées en faute ne devront être
ordinairement admises à la communion que trois mois
après leurs couches.
30 On ne leur permet pas la communion dans le temps
de leur grossesse.
4'3 Habitualus est ille qui habitum contraxil inaliquo pec-
calo de quo non adhuc est coufessus. {S. Lig.)
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 49
5o Becidivus est ille qui post cotifessionem eodem vel quasi
eodem modo est relapsus absque emendatione. (Idem).
La meilleure marque pour s'assurer que l'habitude est
rompue, est la généras té avec laquelle le pécheur s'assu-
jétit à des choses pénibles à la nature, v. g. à confesser
des péchés cachés, à renoncer à l'amitié de certaines per-
sonnes pour lesquelles ils ressentent un violent penchant, à
restituer le bien mal acquis.
6° Les bouchers qui tuent, les boulangers qui cuisent,
les jardiniers qui cueillent, les gens qui voyagent avec
des charges, les dimanches et fêtes, pour le marché du
lendemain, ne doivent pas être inquiétés, pourvu qu'ils
ne fassent que le strict nécessaire. Même conduite à
l'égard des navigateurs qui, par nécessité de gagner leur
vie, travaillent et perdent la messe, les dimanches et fêtes,
qu'ils passent à bord de leurs vaisseaux.
Même conduite envers ceux qui vendent des provisions,
pourvu que ce ne soit que pour les besoins du jour. Il
faudrait être plus sévère à l'égard des aubergistes qui
vendent des liqueurs enivrantes ces jours-là, excepté
quand ils reçoivent de vrais voyageurs.
70 Ceux qui se présentent au mariage avec des habitu-
des tout à-fait indignes de l'absolution, doivent être exci-
tés à la contrition parfaite, instruits des devoirs du mariage
et laissés à leur bonne foi pour la réception de ce sacre-
ment. 11 ne faudrait les engager à différer que lorsqu'il
y a espérance de succès et qu'il n'y a point de scandale à
craindre. Il est à souhaiter que la pratique de ne publier
les bans de mariage qu'après que les parties se sont con-
fessées, s'introduise partout.
8° Tactus inter conjuges sunt mortales quando intervenit
pollutio, vel periculum proximum poilutionis extra vas natu-
rale. Chaque confesseur fera bien de conseiller aux gens
mariés de faire quelque prière avant et après l'action du
mariage.
9° Les enfants qui n'ont pas sept ans pourront recevoir
50 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
l'Absolulion, l'Extrême Onction et l'Indulgence et si, vers
l'âge de huit à neuf ans, ils sont suffisamment instruits,
on pourra leur donner la commurîion et leur faire rece-
voir la confirmation.
10° Faire tout au monde pour engager les Odd-Felloivs
à quitter cette société; toutefois ne les y obliger sous
peine de refus de l'absolution que lorsque le confesseur
s'aperçoit qu'il y a dans cette association, machinations
contre la religion ou l'état.
11« Le jeu intéressé peut être toléré s'il n'est pas une
occasion prochaine de ruine temporelle ou spirituelle, en
exposant les joueurs à des pertes considérables, ou à des
emportements furieux, à des blasphèmes, etc.
(Signé) t IG. Ev. de Montréal.
(Contresigné)
A. PiNSONEAULT, Ptrc. Secrétaire.
[Vraie copie] A. Pinsoneault, Pire. Sec.
Monsieur,
Montréal, 5 Février 1849.
Une assemblée nombreuse du clergé, tenue à l'Evêché
le premier du courant, ayant jugé convenable que l'on fit
appel aux Fabriques du diocèse, pour demander de l'aide
pour l'agrandissement projeté de la demeure épiscopale,
je prends en conséquence la liberté de vous adresser la
lettre ci-jointe. Vous voudrez bien, si vous le jugez à
propos, en donner communication à vos Fabriciens, et
les engager à répondre, selon leurs moyens, non pas à la
demande, mais bien à l'attente de l'Evêque. Pour leur
donner la facilité de contribuer à cette bonne œuvre, je
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 51
TOUS prie de leur faire comprendre qu'ils pourraient avoir
trois ou quatre ans pour payer le montant de leur sous-
cription. De cette manière, il leur serait facile de sous-
crire une somme plus considérable, sans nuire en rien aux
autres dépenses nécessaires pour l'entretien de leur
Eglise. Mais l'essentiel pour moi serait de connaître au
plus tôt combien je puis attendre de votre Fabrique, et si
TOUS aviez au coffre quelqu'argenL disponible, je recevrais
avec reconnaissance une partie de la souscription d'ici au
mois de mai ou juin prochain.
Je suis bien respectueusement.
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
A. F. Truteau, Vie. Gén.
P. S. S'il vous plaît de joindre votre offrande à celle de
votre Fabrique, elle sera reçue avec reconnaissance.
A. F. T.
Montréal, 5 Février 1849.
Monsieur le Curé el Messieurs les Marguilliers,
Vous avez peut être été informés, d'après ce qui a été
dit dernièrement sur les papiers publics, que la nécessité
force l'Evêque de Montréal à agrandir sa demeure épisco-
pale. Les raisons de celte nécossité sont faciles à conce-
voir. D'abord l'Evêque ne peut seul gérer toutes les
a&ires de son Diocèse. Il est obligé d'avoir avec lui
plusieurs prêtres dont les services sont indispensables soit
au Diocèse, soit à la Cathédrale, soit à lui même. Ensuite,
52 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
comme un bon père de famille, il doit donner l'hospitalité-
à tous les membres de son clergé qui va toujours en
augmentant, ainsi qu'aux évoques et autres ecclésiastiques
étrangers qui visitent sa ville épiscopale. Or, il est reconnu
qu'aujourd'hui l'Evêché de Montréal n'est pas assez spa-
cieux pour que l'Evêque puisse exercer cette hospitalité
d'une manière décente et convenable. Il faut donc abso-
lument qu'il soit agrandi. Mais tout le monde connaît
que l'Evêque de Montréal ne possède, ni comme Evoque,
ni comme particulier, les moyens de faire cet agrandisse-
ment reconnu nécessaire.
Depuis quelque temps, une liste de souscription a été
ouverte dans le clergé, et déjà plusieurs de ses membres
s'y sont inscrits, avec le chiffre d'une contribution géné-
reuse à côté de leurs noms. Ils ont compris que l'Evêque,
qui n'existe que pour son Diocèse, aurait bien le droit de
réclamer de ce même diocèse en général, des moyens
d'existence et de subsistance, vu qu'aucune fondation n'a
été faite pour l'Evêché de Montréal. Mais l'Evêque n'a
jamais usé de ses droits sur ce point. Il s'est toujours con-
tenté des modiques ressources que la Providence lui a
fournies jusqu'ici.
Vous ne trouverez donc pas mauvais, messieurs, que je
m'adresse aujourd'hui à vous, pour vous demander de
venir en aide à l'Evêque dans le cas présent, à même les
revenus de votre Fabrique. Ces revenus sont quelquefois
appliqués à l'amélioration du logement de messieurs les
curés. Pourquoi n'en appliquerait-on pas une certaine
partie, une fois pour toutes, à l'améUoration du logement
de l'Evêque, qui est bien le premier curé de toutes les cures
du Diocèse ? Si l'état de votre Fabrique vous permet de
contribuer à cette œuvre, certainement tout ecclésias-
tique, veuillez bien me faire connaître, le plutôt possible,
ce que vous pourrez souscrire à cette fin, et quand je
pourrai toucher le montant de votre souscription. S'il
vous était impossible de donner aucun argent pour le
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 53
moment, votre offrande sera toujours acceptée avec recon-
naissance plus tard ; seulement, je désire connaître dès à
présent sur quelle somme je pourrai compter, afm de
régler les travaux en conséquence.
Plein d'espérance que vous accueillerez favorablement
cette demande, la seule qui ait jamais été faite en faveur
de l'Evêque de ce Diocèse,
J'ai l'honneur de me souscrire,
Messieurs,
Votre très humble et très-obéissant serviteur,
A. F. Truteau, Vie. Gén.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 25 avril 1849.
]llojisieu7\ •
Je vous prie de lire à votre prône, le jour que vous le
jugerez bon, la Lettre Encycliqne de N. S. P. le Pape, Pie
IX, ci-dessous, et d'accompagner cette lecture des réfle-
xions que ne manqueront pas de vous suggérer la tendre
piété du Chef de l'Eglise, pour l'Auguste Vierge Marie,
ef votre propre zèle à propager la dévotion à cette Vierge
Immaculée :
54 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Encyclique de Notre Si. Père le Pape Pie IX, à nos vénérables frères
les patriarches, les primats, les archevêques et les évéques
de loul Vunivers catholique.
LE PAPE PIE IX.
Vénérables Frères, salut et Bénédiction Apostolique.
« Dès les premiers jours où, élevé sans aucun mérite de
Notre part, mais par un secret dessein de la divine Provi- ,
dence, sur Ja Chaire suprême du Prince des Apôtres, Nous
avons pris en main le gouvernail de l'Eglise, Nous avons
été touché d'une souveraine consolation, Vénérables
Frères, lorsque Nous avons su de quelle manière mer-
veilleuse, sous le Pontificat de Notre Prédécesseur, Gré-
goire XVI, de vénérable mémoire, s'est réveillé dans tout
l'univers catholique, l'ardent désir de voir enfin décréter,
par un jugement solennel du Saint Siège, que la très-
sainte Mère de Dieu, qui est aussi Notre tendre Mère à
tous, l'Immaculée Vierge Marie, a été conçue sans la
tache originelle. Ce très-pieux désir est clairement et
manifestement attesté et démontré, parles demandes inces-
santes présentées tant à Notre Prédécesseur qu'à Nous-
même, et dans lesquelles les plus illustres Prélats, les-
plus vénérables Chapitres canonicaux et les Congrégations
religieuses, notamment l'Ordre insigne des Frères Prê-
cheurs ont sollicité à l'envie qu'il fût permis d'ajouter et
prononcer hautement et publiquement, dans la Liturgie
sacrée, et surtout dans la Préface de la Messe de la Con-
ception de la Bienheureuse Vierge ce mot; Immaculée.
A ces instances. Notre Prédécesseur et Nous-môme
avons accédé avec le plus grand empressement. Il est
arrivé en outre, Vénérables Frères, qu'un grand nombre
d'entre Vous n'ont cessé d'adresser à notre Prédécesseur
et à Nous des lettres par lesquelles, exprimant leurs vœux
et leurs vives sollicitations, ils Nous pressaient de vouloir
définir, comme doctrine de l'Eglise Catûolique, que la
1
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 55
Conception de la Bienheureuse Vierge Marie avait été
entièrement immaculée et absolument exemple de toute
souillure de la faute originelle. Et il n'a pas manqué
aussi, dans Notre temps, d'hommes éminents par le génie,
la vertu, la piété et la doctrine, qui, dans leurs savants et
laborieux écrits ont jeté une lumière si éclatante sur ce
sujet et sur cette très-pieuse opinion, que beaucoup de
personnes s'étonnent que l'Eglise et le Siège. Apostolique
n'aient pas encore décerné à la très-sainte Vierge cet hon-
neur que la commune piété des fidèles désire si ardem-
rnent lui voir attribué par un solennel jugement et par
l'autorité de cette même Eglise, de ce même Siège. Certes,
ces vœux on*; été singulièrement agréables et pleins de
consolation pour Nous qui, dès Nos plus tendres années,
n'avons rien eu de plus cher, rien de plus précieux que
d'honorer la Bienheureuse Vierge Marie, d'une piété par-
ticulière, d'une vénération spéciale, et du dévouement le
plus intime de Notre cœur, et de faire tout ce qui Nous
paraissait pouvoir contribuer à sa plus grande gloire et
louange, et l'extension de son culte. Aussi dès le com
mencementde Notre Pontificat, avons- Nous tourné, avec
un extrême empressement, Nos soins et Nos pensées les
plus sérieusei vers un objet d'une si haute importance, et
n'avons-Nous cessé d'élever vers le Dieu très-bon et très-
grand d'humbles et ferventes prières, afin qu'il daigne
éclairer Notre esprit de la lumière de sa grâce céleste, et
Nous faire connaître la détermination que Nous avions à
prendre à ce sujet. Nous Nous confions surtout dans
cette espérance.que la bienheureuse Vierge,quia été élevée
par la grandeur de ses mérites au-dessus de tous les chœurs
des Anges jusqu'au trône de Dieu, qui a brisé sous le pied de
sa vertu, la tête de l'antique serpent, et qui placée entre le
Christ et l'Eglise, toute pleine de grâces et de suavité, a
toujours arraché le peuple chrétien aux plus grandes
calamités, aux embûches et aux attaques de tous ses en-
nemis et l'a sauvé de la ruine, daignera également, Nous
56 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
prenant en pitié avec cette immense tendresse qui est l'ef-
fusion habituelle de son cœur maternel, écarter de Nous,
par son instante et tout-puissante protection auprès de
Dieu, les tristes et lamentables infortunes, les cruelles
angoisses. les peines et les nécessités, dont Nous souffrons,
détourner les fléaux du courroux divin qui Nous affligent
à cause de nos péchés, apaiser et dissiper les effroyables
tempêtes de maux dont l'Eglise est assaillie de toutes
parts, à l'immense douleur de Notre âme, et changer enfin
Notre deuil en joie. Car vous savez parfaitement, Véné-
rables Frères, que le fondement de Notre confiance est
en la très-sainte Vierge ; puisque c'est en elle que Dieu a
placée la plénitude de tout bien, de telle sorte que sHl y a en
Nous quelque espérance^ s'il a quelque faveur, s'il y a quelque
salut, Nous sachions que c'est d'Elle que nous le recevions
parce que telle est la volonté de Celui qui a voulu que nous
eussions tout par Marie. En conséquence. Nous avons
choisi quelques ecclésiastiques distingués par leur piété,
et trèb-verses dans les études théologiques, et en même
temps un certain nombre de Nos Vénérables Frères, les
Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, illustrés parleur
vertu, leur religion, leur sagesse, leur prudence, et par la
science des choses divines, et Nous leur avons donné
mission d'examiner avec le plus grand soin, sous tous les
rapports, ce grave sujet, selon leur prudence et leur doc-
trine, fct de Nous soumettre ensuite leur avis avec toute
la maturité possible. En cet état de choses, Nous avons
cru devoir suivre les traces illustres de Nos Prédécesseurs,
et imiter leurs exemples. C'est pourquoi, Vénérables
Frères, Nous vous adressons ces lettres par lesquelles
Nous excitons vivement votre insigne piété et votre solli-
citude épiscopale, et Nous exhortons chacun de vous, selon
sa prudence et son jugement, à ordonner et faire réciter
dans son propre Diocèse, pour obtenir que le Père miséri-
cordieux des lumières daigne Nous éclairer de la lumière
supérieure de son divin esprit, et Nous inspirer du soufQ.e
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 57
d'en haut, et que dans une affaire d'une si grande impor-
tance, Nous puissions prendre la résolution qui doit le
plus contribuer tant à la gloire de son saint nom qu'à la
louange de la Bienheureuse Vierge et au profit de l'Eglise
militante. Nous souhaitons vivement que Vous Nous fas-
siez connaître le plus promptement possible, de quelle
dévotion votre Clergé et le Peuple fidèle sont animés
envers la Conception de la Vierge Immaculée, et quel est
leur désir de voir le Siège Apostolique porter un décret
sur cette matière. Nous désirons surtout savoir. Vénéra-
bles Frères, quels sont à cet égard les voeux et l«s senti-
ments de votre éminente sagesse. Et comme nous avons
déjà accordé au Clergé Romain l'autorisation de réciter
un office canonique particulier à la Conception de la très-
sainte Vierge, composé et imprimé tout récemment, à la
place de l'office qui se trouve dans le Bréviaire ordinaire,
Nous Vous accordons aussi, par les présentes Lettres,
Vénérables Frères, la faculté de permettre, si vous le jugez
convenable, à tout le Clergé de votre Diocèse, de réciter
librement et licitement le même office de la Conception
de la très-sainte Vierge, dont le clergé romain fait actuel-
lement usage, sans que vous ayez à demander cette per-
mission à Nous ou à Notre Sacrée Congrégation des Rites.
Nous ne doutons nullement, Vénérables Frères, que votre
singulière piété envers la très-sainte Vierge Marie ne
vous fasse obtempérer avec le plus grand soin et le plus
vif empressement aux désirs que Nous Vous exprimons
et que vous ne vous hâtiez de Nous transmettre en temps
opportun les réponse? que Nous vous demandons.En atten-
dant recevez comme gage de toutes les faveurs célestes, et
surtout comme un témoignage de notre bienveillance en-
vers vous, la Bénédiction Apostolique que Nous vous don-
nons du fond de Notre cœur, à vous Vénérables Frères,
ainsi qu'à tout le Clergé et tous les Fidèles laïques confiés
à votre vigilance. — Donné à Gaëte, le deuxième jour de
février de l'année 1840 l'an Ille de Notre Pontificat.»
58 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Gomme nous y exhorte si vivement le Souverain-Pon-
tife dans la susdite Encyclique, nous devons faire des
prières publiques, pour obtenir que le Père des lumières
l'inspire du souffle de son divin Esprit, dans le jugement
solonnel qu'il se propose de porter sur la croyance à
VImmaculée Conception de Marie. A ce'te fin, veuillez bien
avertir vos paroissiens, et leur rappeler ensuite de temps
en temps, que toutes les prières ordonnées dans la Lettre
Pastorale du 18 janvier dernier, auront à l'avenir deur
objets : savoir, d'obtenir de Dieu que Notre Saint Père le
Pape remonte bientôt sur le Trône Pontifical; et que dès
maintenant il soit éclairé d'en haut, pour pouvoir parler
du haut de la chaire apostolique à toute l'Eglise dispersée,
et lui apprendre ce qu'elle doit croire infailliblement sur
la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Vous
pourriez aussi à cette intention faire chanter au salut le
Tota Pulchra es Maria ; et engager les fidèles à réciter avec
une nouvelle ferveur la prière, Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à vous, qui a opéré dans
notre siècle tant de merveilles.
Ce sage Pontife voulant, avant de porter ce jngenxent
solennel, s'entourer de lumières ; et désirant savoir pour
cela quelle est l'opinion de toutes les Eglises particulières
par rapport à la Conception de la Glorieuse Vierge, j'ai
cru que le meilleur moyen d'entrer dans ses vues serait
que tout le clergé du Diocèse lui écrivit une lettre com-
mune, pour lui témoigner quelle est là-dessus sa croyance
et celle des fidèles confiés à ses soins.
A cette fin, j'ai dressé la lettre suivante dont je vous
envoie copie, pour que vous m'informiez aussitôt que
vous en aurez pris communication, si vous consentez à ce
que votre nom y soit apposé. Car vous remarquerez, en
lisant la susdite Encyclique, que le Pape ne doute nullement
que notre singulière piété envers la Très-Sainte Vierge Marie
ne nous fasse obtempérer à ses désirs, (qui sont pour nous
des ordres) ; et que nous ne 7wus hdlions de lui transmettre
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 59
cette réponse. Or la voici celte réponse telle que je la
conçois.
Très Saint Père,
Nous Soussignés, formant le Clergé du Diocèse de
Montréal, en Canada, avons reçu avec une profonde véné-
ration la touchante Lettre Encyclique que Votre Sainteté
adressait, le deux février dernier, à tous les Evoques de
la Catholicité, pour les informer qu dessein qu'EUe avait
conçu de porter un Jugement dogmatique sur la pieuse
croyance de V Immaculée Cottception de Marie, et demander
en même temps le secours des prières de toute l'Eglise
dans une affaire si importante.
Comme dans Votre suprême sagesse» Vous souhaitez,
Très-Saint Père, connaître de quelle dévotion le Clergé
et le peuple fidèle de toutes les Eglises du monde sont
animés envers la Conception de la Vierge Immaculée.^ nous
serons ici l'heureux organe de celle de Montréal, pour
Vous dire que nos pères nous ont transmis la pieuse
croyance que la Très-Sai?ite Mère de Dieu a été conçue sans
la tache originelle: et que nous conservons, comme un
dépôt sacré, cette vénérable tradition.
11 nous est en même temps souverainement agréable de
pouvoir Vous témoigner, Très-Saint Père, que nous appe-
lons de tous nos vœux un décret dogmatique du Saint.
Siège Apostolique, qui définisse, comme doctrine de r Eglise
Catholique, que la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
a été entièrement immaculée, et absolument exempte de toute
souillure de la faute originelle. Car nous savons bien, Très-
Saint Père, que le Divin Fondateur de l'Eglise a prié
pour vous, comme pour le Bienheureux Pierre, afin que
Votre Foi ne défaille jamais. Appuyés sur cette promesse,
nous ne craignons nullement de tomber dans l'erreur, en
nous attachant à Votre doctrine. Aussi recevons-nous en
toute occasion, avec une docilité parfaite, toutes les déci-
'ôO MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sions, qui émanent de la Chaire Apostolique ; et est-ce
pour nous un puissant motif de nous rassurer, dans les
dangers continuels que nous courons, en conduisant le
peuple de Dieu vers la terre de proraission, que de savoir
qu'il Vous été donné, comme au Prince des Apôtres, de
confirmer Vos frères dans la pureté de la Foi et la sain-
teté de la morale.
Votre bouche sacrée à laissé tomber, Très Saint Père,
une parole bien capable de nos cœurs d'une nouvelle con-
fiance en la Très-Sainte Vierge, lorsqu'Elle l'a proclamée
si solennellement, et à la face de toute l'Eglise, \q fonde-
ment de notre espérance ; et qu'elle a donné sa Sanction Apos-
tolique à l'enseignement des Docteurs et des Théologiens
qui veulent que c'est la volonté de Dieu que toutes les grâces
nous viennent par Marie qui est aussi, selon la belle et filiale
expression de Votre Sainteté, notre tendre Mère à tous.
L'univers catholique va sans doute tressaillir de joie,
en entendant une parole si consolante, au milieu de la
furieuse tempête qui agite maintenante barque de Pierre.
Nous aimons à le croire, Très-Saint Père, les prières de
Marie, solennellement déclarée, par le Saint-Siège, /;«/««-
culée dans sa Conception, vont tirer son divin Fils du som-
meil qu'il semble encore prendre aujourd'hui dans cette
Barque'. On le verra bientôt se lever et commander à la
mer ; et il se fera un grand calme.
Animés par le motif si puissant de Votre exemple, nous
n'aurions à l'avenir, Très-Saint Père, « rien de plus ctier,
« rien de plus précieux que d'honorer la Bienheureuse
•« Vierge Marie d'une piété particulière, d'une vénération
« spéciale et du dévouement le plus intime de notre cœur ;
« et de faire tout ce qui nous paraîtra pouvoir contribuer
« à sa plus grande gloire et louange, et à l'extension de son
« culte. » Puissent nos sentiments affectueux envers celle
que Vous honorâtes si bien dès Vos plus tendres années,
consoler un peu Votre cœur paternel dans ces jours d'af-
iliction.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 6i
Qu'il nous soit du moins permis, Très Sain t Père, de
profiter de là Présente pour Vous témoigner la profonde
douleur dont nous avons été pénétrés, en apprenant que
Votre Capitale était en proie à de sanglantes divisions : que
la populace mutinée avait osé envahir Votre paisible
demeure ; que le sang innocent d'un savant et pieux
Prélat, attaché à Votre personne sacrée, avait arrosé Vo-
tre palais ; que des balles meurtrières avaient même péné-
tré jusque dans vos appartements; que de lâches assas-
sins avaient impunément massacré le premier ministre de
Vos Etats ; que les rues de la ville sainte avaient retenti
de chants profanes à la gloire àM poignard démocratique^ qui
avait été l'instrument d'un si grand crime 5 que la Cité
du PasteUr universel avait entendu le cri séditieux et san-
guinaire : Mort au Pape, mort aux Cardinaux ; que Vous
avez été gardé à vue comme un prisonnier dans Votre
propre Palais, et enfin forcé de quitter Rome sous un
habit emprunté, pour aller chercher un asile dans un
Royaume étranger.
A la première nouvelle de ces déplorables événements,
nous nous sommes prosternés aux pieds du Père des
miséricordes, avec les fidèles confiés à nos soins, pour im-
plorer son divin secours sur Vous, qui êtes notre Père
à tous et sur les Eminents Cardinaux qui partagent ces
souffrances aussi bien que Votre sollicitude apostolique.
Nous gémissons de vous voir, Très-Saint Père, sur une
terre étrangère, parce que quoique toute la terre vous
appartienne, il n'en est pas moins vrai qup Rome doit-
être le siège de votre Empire, pour delà gouverner les
nations, dans les voies de la justice, et conduire les Elus
à l'heureux port du Salut. Nous savons bien que l'Eglise
de Dieu se trouve partout ou réside le successeur de
Pierre. Nous ne pouvons toutefois oublier que la Chaire
de ce Bienheureux Apôtre est à Rome et tout près de son
tombeau ; et que c'est delà qu'il doit continuer à enseigner
les peuples par la bouche de ses successeurs. Il est bien
I
62 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
connu que Votre Royaume, comme celui de Jésus-Christ
n'est pas de ce monde. Aussi n'est-ce pas seulement sur
trois millions mais bien sur huit cent millions d'hommes
que s'exercent Votre divine autorité. Mais pour la grandeur
de l'Eglise, la tranquilité des peuples catholiques et l'hon-
neur du Souverain-Pontificat, nous pensons que le Vi-
caire de J.-G. ne doitpas reconnaître de souverain temporel.
Les sentiments de notre piété filiale animent nos cœurs,
pendant que nos mains suppliantes se tiennent levées
vers le Ciel, pour qu'il plaise au Seigneur d'abréger le
temps de votre exil ; et de vous ouvrir au plus tôt les
portes de la Ville éternelle. Hélas ! depuis qu'elle a secoué
le joug paternel de ses Pontifes pour s'asservir à une
troupe de brigands, on n'entend par toute la tarre que
ces lamentables paroles de Jérémie : Est-ce donc là la Ville
sainte qui reflétait toutes les splendeurs et les beautés de
la religion, et faisait la joie de runivers !
Mais si quelque chose peut Vous consoler, Très-Saint
Père, de la monstrueuse ingratitude de quelques uns de
vos enfants de Rome, c'est sans doute la pensée que Vous
avez, dans le reste de l'univers, des millions d'enfants
affectionnés, qui détestent la malice de ceux qui vous
abreuvent de tant d'amertumes. Oui, Très-Saint Père,
il n'y a qu'une voix, du levant au couchant, pour déplo-
rer les tristes événements dont vous êtes la victime ; et
pour demander au Père des miséricordes de mettre fin
aux maux qui vous accablent.
Quant à Vos enfants du Diocèse de Montréal, ils ont
redoublé de respect et d'amour pour Vous, depuis qu'ils
Vous savent persécuté comme J.-G Tous s'unissent pour
faire au ciel une sainte violence en faveur de leur Père
commun. Oui, Très-Saint Père, les prêtres à l'autel, les
religieux à l'oratoire, les communautés au chœur, les
fidèles à l'Eglise, les familles au sein de leurs maisons,
les confréries dans leurs pieuses réunions, les associations
charitables dans l'e.xercice de leurs bonnes œuvres, les
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 63
petits enfants dans leurs écoles, tous lèvent des mains
suppliantes vers le souverain pasteur en faveur de son
"Vicaire ; et forment un concert qui attendrirait Votre
cœur paternel, si Vous en étiez témoin.
Dans ce Diocèse, sont érigés beaucoup d'autels à l'hon-
neur du Tres-Saint et Immaculé Cœur de Marie, pour la
conversion des pécheurs. C'est là que nous allons de-
mander à celle qui est le refuge des plus grands pécheurs,
la conversion de ceux qui Vous persécutent si injuste-
ment; car nous savons que Vous êtes en tout l'image de
Celui qui pria pour ses bourreaux. Nous n'oublions pas
que nous tenons de votre largesse \postolique le bonheur
d'avoir dans chacune de nos Eglises un autel privilégié ;
faveur insigne que nous voudrions reconnaître par un
dévouement tout spécial ; et dont nous remercions au-
jourd'hui humblement Votre Sainteté. Nous possédons
encore un autre gage bien précieux de Votre affection
paternelle : c'est un Crucifix que Vous avez spécialement
béni pour servir d'étendard à une pieuse société qui a
pour objet de combattre et de détruire le vice affreux de
l'ivrognerie, qui faisait dans nos contrées de grands
ravages. Cette vénérable image du crucifix est devenue,
par les bénédictions abondantes que Vous y avez atta-
chées, l'instrument d'une merveille peut être inouïe sur
la terre ; savoir, celle d'un peuple entier qui prend l'en-
gagement de ne jamais user de boissons enivrantes, et
cela pour honorer Jésus abreuvé de fiel et de vinaigre et
obtenir la conversion des pauvres ivrognes. Daignez,
Très-Saint Père, bénir de nouveau cette noble et géné-
reuse Société, pour que les fruits de salut qu'elle opère,
se multiplient et persévèrent.
Au sein de notre ville de Montréal, est une antique et
vénérable Chapelle dédiée à N. D. de Bonsecours. Là se
réunissent tous les jours de nombreux et pieux pèlerins
qui vont prier pour leur Père, aussi lui pèlerin sur une
terre étrangère. Ils y récitent, avec des coeurs pleins de
64 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
respect et d'amour, la sublime prière qu'a adressée au
ciel Votre Sainteté dans le Sanctuaire de la Trinité. Celte
touchante prière se répète aussi aux pieds de tous les
autels du Très-Saini et Immaculé Cœur de Marie: N. D.,
de Bonrecours, dont le Cœur est si bon, entendra sans
doute Vos vœux et ceux de vos enfants, comme elle en-
tendit ceux de Pie VII, et de tous les Fidèles qui prièrent
pour ce glorieux Pontife, de sainte et heureuse mémoire.
Bientôt, nous l'espérons, la Vierge Immaculée, qui est
terrible comme une armée rangée en bataille, soufflera
sur ces doctrines empoissonnées qui bouleverse le monde,
en aveuglant les esprits et corrompant les cœurs. Le vif
éclat de sa pureté virginale dissipera ces nuages épais de
sauterelles, sorties des puits de l'abîme. Elle vous prendra
par la main et Vous conduira sur le Trône de Vos Augus-
tes Prédécesseurs.
Nous soupirons, Très-Saint Père, après l'heureux jour
où vous reverrez le tombeau des SS. Apôtres, et où Vous
essayant de nouveau dans la Chaire du Bienheureux
Pierre, Votre voix joyeuse et triomphante entonnera le
sublime cantique de la reconnaissance. Nous l'entendrons
cette voix majestueuse et puissante, du bout du monder
dans cette contrée glacée où nous a placés la Divine Pro-
vidence, et nous poursuivrons cette hymne sacrée avec
des cœurs pleins de bonheur. Par reconnaissance pour la
Vierge Immaculée, qui aura si puissamment combattu
pour la Sainte Eglise, nous chanterons à sa gloire de
nouveaux cantiques, en célébrant le nouvel office que
Votre Sainteté nous a permis de réciter, en union avec
le Clergé Romain.
En attendant cet heureux jour, daignez, T.-S. Père,
répandre sur nous et les fidèles confiés à notre sollicitude,
Votre Bénédiction Apostolique que nous recevrons comme
un vrai gage des faveurs célestes et un témoignage bien
éclatant de Votre Bienveillance Paternelle pour nous.
Montréal, Caiiada, Avril 1849.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMËxNTS. 65
Comme c'est en témoignage de la dévotion da Diocèse
pour l'immaculée Conception de Marie, et de son respec-
tueux dévouement pour le Saint Père, que cette Lettre
est écrite, il convient qu'elle soit communiquée aux
Fidèles ; et ft'est afin que vous puissiez plus aisément
leur en faire la lecture qu'elle est écrite en français.
Veuillez bien profiter de l'occasion pour exciter tous
ceux qui dépendent de vous à redoubler dé ferveur en
priant pour Notre Saint Père le Pape. Engagez les à imiter
l'exemple de plusieurs Paroisses et Missions, qui ont fait
chanter des Grand'Messes et ont fait des communions gé-
nérales à celte pieuse intention. Le beau Mois de Mai qui
nous arrive, et heureusement se fait presque partout,
nous favorisera à tous l'occasion de satisfaire à ce devoir
de notre piété filiale. Que nos ferventes prières hâtent les
beaux jours où Marie sera, par une définition de Foi,
solennellement proclamée par toute la terre Immaculée
dans sa Conception ; et OÙ l'immortel exilé de Gaëte rea-
trera triomphant dans la Ville Sainte. Saluons d'avance,
avec des cœurs pleins de confiance, ces deux grands évé-
nements, et estimons nous heureux de pouvoir y contri-
buer en quelque chose.
Vous recevrez aussi, avec la Présente, une copie du Pro-
cès-Verbal de la dernière Conférence Ecclésiastique de
la ville, pour votre usage particulier, et un exemplaire
de la prière du Pape que vous voudrez bien faire enca-
drer, et exposer devant l'autel de l'Archiconfrérie ou
autre, de manière que les pieux fidèles l'aient sous la
main et puissent la réciter à leur dévotion. Veuillez bien
la leur expliquer à l'un de vos prônes.
Je ne terminerai pas la Présente sans vous remercier,
vous et votre pieux troupeau, de vos ferventes prières
pour le succès de la Retraite de la ville. Vous avez été
exaucés, comme le prouve la bonne disposition de nos
citoyens, qui ont embrassé la Tempérance avec un en-
thousiasme indicible ; et plus de dix-huit mille se sont
66 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
enrôlés dans cette sociétés régénératrice. Bénissons le
Seigneur de ce glorieux triomphe, que remporte la foi
catholique ; et à ce propos, travaillons avec une nouvelle
ardeur à la sanctification du peuple si docile que nous a
confié la Divine Providence. «A cette occasion je vous
informe que tous les vendredis, à cinq heures du matin,
il se dit une Messe à la Cathédrale pour le succès de la
Tempérance, avec un mot d'édification. Veuillez bien
engager vos paroissiens à y assister quand ils se trouvent
à la ville pour leurs affaires.
Je suis bien cordialement, monsieur,
Votre très-affectionné serviteur,
-]- IG., EvÊQUE DE Montréal.
(vraie copie) J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
CIRCULAIRE
A MESSIEURS LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 27 Avril 1849.
Monsieur^
Vous connaissez les tristes événements qui viennent de
se passer dans notre ville : et quoique nous soyons étran-
gers à tout ce qui est purement politique, nous ne saurions
l'être à tout ce qui trouble l'ordre public. Je m'empresse
donc de vous écrire, pour vous recommander de faire tous
vos efforts pour maintenir votre peuple dans la paix, lui
fesant voir que la charité catholique embrasse tous les
hommes, quelque soit leur origine.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 67
Comme on a osé dire et publier que Lord Elgin était le
dernier gouverneur de ce pays, que la fin commençait et que
le Canada était perdu, il est bien à craindre que les trou-
bles ne soient pas finis, si l'on prétend mettre à exécution
de pareilles menaces. Espérons qu'il n'en sera rien, et
Dieu préservera ce pays des horreurs de la guerre civile.
Si toutefois un semblable malheur arrivait, vous ne
manquerez pas de maintenir le peuple dans la fidélité
qu'il doit à son gouvernement. Il aura cette fois pour lui
la bonne cause, et sous la protection du Dieu des armées,
il se montrera ce qu'il fut dans les guerres de 1775 et
1812. D'ailleurs ce bon peuple, depuis qu'il a embrassé
la Tempérance, est comme un nouveau Samson qui seul
mettait en déroute des armées entières. Ses cheveux sont
repoussés depuis qu'il ne boit plus aucune boisson fer-
raentée. Il pourra donc, à l'exemple de cet homme fameux,
ébranler, d'ua seul coup, les colonnes de toute machina-
tion ourdie contre le gouvernement établi.
J'apprends qu'il vase faire des assemblées pour approu-
ver l'administration de notre excellent gouverneur. Déjà,
dans plusieurs occasions semblables, le clergé s'est mis à
la tête de son peuple, pour porter au pied du Trône, le
tribut d'amour et de confiance qu'avaient su se concilier
ici les représentants de Sa Majesté, ^'ous connaissez que,
dans celte occasion, la religion a à s'acquitter d'un juste
tribut de reconnaissance envers ce lord dont le cœur libé-
ral est encore plus noble que le sang qui coule dans ses
veines. Nous devons donc, sans prendre aucune part aux
questions politiques, témoigner publiquement nos sympa-
thies à ce généreux et sincère ami de notre pays. Enfin
n'oublions point qu'en cette circonstance surtout, nous
devons prier et faire prier tant de bonnes âmes confiées à
nos soins, pour la tranquillité publique. Croyons que
l'Auguste Mère de Dieu, la glorieuse Vierge Marie, dissi-
pera, pendant le beau Mois de Mai, où elle va recevoir
tant d'hommages, l'orage qui gronde sur nos têtes. De-
68 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
mandons que Dieu remplisse de son esprit de sagesse ceux,
qui gouvernent en son nom. Per me Reges régnant. Espé-
rons que ceux qui sont au limon des affaires, dans ce
temps orageux, sauront, par leur prudence et leur énergie,
rétablir le calme et la paix.
Je suis bien cordialement.
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
j Ict. Evêque de Montréal.
(Vraie copie) J. 0. Paré, Chan.-Secrélaire.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 1 1 Juillet 1849.
Monsieur,
J'ai la douleur de vous annoncer la mort de M. F. X.
Mercier, arrivée ce malin à neuf heures cinquante minu-
tes. Il serait superflu de vous faire ici l'éloge de ce digne
prêtre, puisque l'estime générale que lui ont toujours
portée le clergé et le peuple de ce diocèse, est pour sa
mémoire un témoignage plus honorable que tous les
discours. Mais je dois remplir, en vous annonçant une
mort si inattendue pour vous, comme pour nous, un
devoir sacré, en vous transmettant les dernières paroles
que j'ai entendu sortir de sa bouche. C'était lorsqu'il
était sur le point de recevoir le St. Viatique, et quatre
heures avant de passer à une meilleure vie, qu'il les
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. G9
proférait ces paroles, avec toute la foi et l'onction d'un
t)on prêtre :
il 0 mon Dieu, je suis sur le point de vous recevoir, et
c'est bien probablement pour la dernière fois. Je vous
demande pardon de n'avoir pas toujours vécu avec toute
la ferveur d'un bon prêtre, et de n'avoir pas toujours
célébré le St. Sacrifice de la Messe avec la piété et la pré-
paration que j'aurais dû apporter à une action si sainte-
Mais vous êtes si bon que vous me pardonnerez mes
innombrables négligences et toutes les fautes que j'ai
commises, surtout depuis que je suis prêtre. Maintenant
venez à moi, quoique je ne sois qu'un pécheur, et rem-
plissez moi des grâces dont j'ai un si pressant besoin pour
paraître devant vous avec confiance.
•( Je demande pardon à tous mes confrères de l'Evêché
pour toutes les peines que j'aurais pu leur causer. Je
demande pardon à tous les prêtres du diocèse pour ne les
avoir pas édifiés par une conduite plus sacerdotale. Je
demande pardon à toutes les paroisses où j'ai exercé le
St. Ministère, pour n'avoir pas été assez zélé pour le salut
des âmes confiées à mes èoins. Hélas ! ma vie a êlé si
lâche et si tiède dans votre service! Daignez, Monseigneur,
faire connaître à f.ous mon sincère repentir et le désir que
j'ai de réparer toutes mes fautes.» Après avoir reçu la
Ste. Communion, ce juste mourant était tellement inondé
de consolations qu'en recevant la bénédiction du St.
Viatique, il joignit les mains en s'écriant : Seigneur^ que je
suis heureux de vous avoir reçu ! Ah ! je vous en prie, venez
encore me voir, avant que je meurre.
Vous voyez maintenant pourquoi je vous transmets les
dernières paroles de ce frère si cher à votre cœur. Si
Tjuelque chose peut me consoler d'une perte si grande
pour le diocèse comme pour l'Evêché, c'est que lui aussi
meurt victime de la nouvelle épidémie dont la Divine
Providence visite cette ville. Puisse le ciel" appaisé, nous
;(onner le moyen de la réparer. L'enterrement de ce cher
70 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
défunt se fera aujourd'hui dans la cathédrale, à sept
heures du soir. Il y aura pour lui, dans cette église»
service, demain et samedi à cinq heures du matin, pour la
commodité des personnes ouvrières qui en grand nombre
ont sa mémoire en bénédiction. Mardi prochain, à huit
heures, aura lieu à la Cathédrale, le service solennel
auquel vous êtes spécialement invité. M. Mercier appar-
tenait à la caisse ecclésiastique et à la société d'une messe.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
t IG. Ev. DE Montréal.
[Vraie copie) Jos. Oct. Pabé, Chan. Sec.
CIRCULAIRE AU CLERGE
Evêché de Montréal, 18 Nov. 1849.
Monsieur.^
En vous fesant adresser VOrdo pour 1850, je dois vous-
faire observer que chaque paroisse devra s'en procurer,
tous les aqs, un exemplaire qui sera exposé à la sacristie,
afin que chaque prêtre y puisse recourir au- besoin.
Comme en fait de rubriques, on ne saurait jamais être
trop exact, l'on se propose d'adresser au clergé une feuille
^errata^ si l'on a la charité de nous avertir des fautes qui
auraient pu se glisser dans cet Ordo. Veuillez bien con-
tribuer à cette exactitude par les notes que vous aurez la
bonté de transmettre au piustôt, soit à M. St. Pierre, au
Séminaire, soit à M. Moreau, à l'Evêché.
Je profite de cette occasion pour vous prévenir que
votre paroisse doit envoyer les argents pour la Propaga-
tion de la Foi d'ici au premier décembre prochain, temps^
de 1& reddition de comptes.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 71
Votre pratique, cette année, pour réciter le St. Office
avec une nouvelle ferveur, sera d'entendre continuelle-
ment la voix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, priant et
chantant avec toute son Eglise. Vbx tua diUcis, dit sans
cesse l'Epouse chérie, cherchant partout à rencontrer
l'objet de son amour, et fades tua décora. Dieu sait ce qui
nous est réservé en 1850. Prions bien pour qu'il n'arrive
rien de fâcheux ni à notre peuple ni à nous. .
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
•\ IG. EvÊQUE DE Montréal.
[Pour vraie copiée,
L. Z. MoREAU, Ptre., Assf. -Secrétaire.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE xMONTRÉAL.
Montréal, le 31 Décembre 1840.
Mon Cher Monsieur,
A la veille de finir une année comme celle qui nous
échappe, et d'en commencer une dont nous ne saurions
encore prévoir les événements, mais qui pourrait bien
nous amener des catastrophes plus déplorables encore
que celles sur lesquelles nous avons eu à gémir, je sens
le besoin de vous épancher mon cœur, afin de nous con-
soler et encourager mutuellement. D'ailleurs, la furieuse
tempête qui agite la barque de Pierre, ec les flots cour-
72 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
roucés qui soulèvent si violemment notre propre nacelle,
I' nous mettent dans la nécessité de nous entendre, pour
pouvoir suivre la même route sur cette mer orageuse.
Avant tout, donnons-nous le baiser de paix, qui n'est
jamais si doux que dans les temps les plus agités, et lors-
qu'il s'agit, pour des frères, d'un danger commun. Les
rivages de Milet offraient un spectacle bien attendrissant,
quand les disciples, sautant au cou de Paul, lui faisaient
leurs derniers adieux, comme ne devant plus le revoir ici-
bas. C'est bien assurément le cas pour nous au renouvel-
lement de l'année. Réunis à cette époque si touchante
sur le rivage de cette pauvre vie, nous nous embrassons,
avec la cruelle prévision que pour plusieurs d'entre nous
ce sera pour la dernière fois. A la vérité, bienheureux
ceux qui, dans ces temps mauvais, partent les premiers,
en mourant dans le Seigneur. Toute fois, souliaitons-nous,
pour le bien de l'Eglise, de longues années. Hélas ! il
n'est plus de saison de se les souhaiter bonnes et heureuses
dans ce monde ! Mais espérons qu'elles n'en seront que
meilleures dans l'autre.
Vous recevrez, avec la présente, une Lettre Pastorale
que vous voudrez bien commenter, selon les besoins de
voi paroissiens. Car toutes les paroisses ne se trouvant pas
dans les mêmes circonstances, il n'est pas à propos de
donner les mêmes avis partout.
Maintenant, avant de nous mettre à l'ouvrage, voyons
ce que nous aurions de mieux à faire pour le plus grand
bien du Corps auquel nous avons le bonheur d'appartenir,
et pour la sanctification du troupeau confié à nos soins.
11 est tout naturel que dans un moment aussi critique,
nous cherchions plus que jamais à ne faire pour ainsi
i dire qu'un seul homme, par une parfaite conformité de
'' vues et d'actions. D'ailleurs nous éprouvons toutes les
vives sympathies de l'admirable communauté que Jésus-
Christ a établie, pour le bon gouvernement de son Eglise,
et à laquelle nous sommes si heureux d'appartenir. Quoi-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 73
que séparés de corps, pour mieux veiller sur nos chères
brebis, nos cœurs demeurent ensemble sous le même toit
paternel de la maison du Seigneur, qui nous abrite en
tous lieux. Les saints canons sont les règles communes
que nous a données l'Eglise notre mère ; et Jésus-Christ,
tout près de nos demeures, dans la Sainte Eucharistie,
veut bien être notre Maître et Supérieur à tous. Oh ! nous
n'avons qu'un pas à faire et une porte à ouvrir, pour être
à ses genoux et recevoir ses ordres. Je vous avouerai ici
ingénuement que tous les matins je suis aux pieds de ce
bon Maitre pour le conjurer de remplir cette fonction
envers nous tous. Il n'est point de communauté qui ne
reconnaisse, avec une tendre effusion de cœur, la Sainte
Vierge pour première supérieure. Il est donc juste que le
clergé, qui est d'institution divine, se fasse un devoir bien
doux de toujours honorer son divin Fondateur, comme
son premier Père et Supérieur. A nous s'appliquent ///
sensu obvioy ces belles paroles du Ps. G7. Deus in loco
sancto siio : Deus qui inhabiiare facit nnii/s moris in domo.
Que de motifs nous avons de nous presser les uns contre
les autres, pour former un bataillon impénétrable à l'en-
nemi ! C'est alors que nous pourrons dire avec une sainte
hardiesse ces paroles du même psaume, si propres à nous
animer : Exurgat Deus, et dissipentur inimici ejus. . . .
Je vais maintenant vous faire part de ce que le Seigneur
m'inspire de vous dire, comptant, avec raison, sur votre
bonne volonté à vous sacrifier, pour l'honneur de la Reli-
gion qui nous tend les bras, pour nous demander de la
défendre et secourir. D'abord voyons ce qui nous regarde
personnellement.
1° Réjouissons-nous d'avoir été jugés dignes de souffrir
quelques opprobres pour le Nom de Jésus-Christ, en sou-
tenant la cause si sainte de son Vicaire sur la terre; et
croyons fermement qu'en combattant sous le glorieux
étendard du divin Chef qui a vaincu l'enfer, nous demeu-
rerons victorieux avec lui.
74 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
2o Soyons en toutes occasions prudents comme des
serpents ; et surtout laissons-nous mettre en pièces plutôt
que de permettre que notre auguste chef, qui nous repré-
sente Jésus-Christ, soit méprisé : car c'est dans cette tête
vénérable que réside la vie de l'Eglise et la force du
clergé. Mais si nous devons nous montrer fermes et
généreux chaque fois qu'il est question de Dieu et son
Eglise, il nous faut nous tenir dans une grande réserve^
lorsqu'il s'agit des affaires du monde. Plus que jamais»
abstenons-nous, même dans nos rapports particuliers avec
les laïques, de nous prononcer pour un parti politique
quelconque. Ménageons notre influence pour prêcher au
besoin l'ordre et la paix.
30. Soyons simples comme des colombes. Allons droit à
Dieu et ne songeons qu'à faire du bien. VengeoHS-nousde
ceux qui voudraient nous dépouiller de tout, par de nou-
veaux bienfaits. Ne montrons aucune attache à la dîme
et aux revenus temporels, quoique ce soit Dieu lui-même
qui nous les ait assignés pour la part de notre héritage,
afin que le peuple finisse par bien comprendre que cette
grande question, que l'on agite dans les journaux, est un
piège que lui tendent ceux qui voudraient avoir ses bras
pour s'élever au-dessus des autres, et même pour tout
renverser. Que vos vertus sacerdotales brillent d'un nou-
vel éclat. Que vos travaux pour la sanctification des âmes,
soient animés d'un zèle encore plus ardent. Que vos biens
et vos revenus ecclésiastiques soient plus que jamais con-
sacrés aux bonnes œuvres. Préparons notre bon peuple
à tout événement. 11 me semble que les secours extraor-
dinaires, qui lui ont été depuis quelques années comme
prodigués, lui ont été ménagés par la divine providence,
pour le fortifier et le rendre victorieux dans le grand com-
bat qui vient de s'engager : Cerfamenforte dédit illi tit vin-
' ceret. Toute fois, il faut s'attendre à des défections déplo-
rables : l'ivraie ne se sépare pas autrement du bon grain.
40 Soyons forts dans le combat contre l'ancien serpent^
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, • 75-
en n'ayant tous qu'un même cœur pour aimer, et une
même intention pour prier. Pour cela, élevons-nous
chaque jour vers le Dieu qui fortifie les faibles, sur les
deux ailes du S. Sacrifice et de l'office divin, qui nous
sont données pour pouvoir nous présenter plusieurs fois le
jour au pied du trône du Souverain roi, en qualité d'am-
bassadeurs de l'Eglise. Prenons pour nous ces paroles de
St. Joseph Cupertino à un Evêque, qui lui demandait le
plus sûr moyen de sanctification pour le Clergé : Que
chaque prêtre dise bien la Messe et V Office. Veuillez-bien
accepter pour étrennes deux petites pratiques bien capa-
bles, ce me semble, de nous aider à nous acquitter avec
fruit des deux grands devoirs que nous avons à remplir.
Ire. Pratique : Elle est de M. Olier, (voir sa vie 2 tom.
p. 206 et suivantes.) Dire chaque messe à l'intention de la
Bienheureuse Vierge Marie. A cette fin, proposons nous d'imi-
ter St. Jean l'Evangéliste qui, au rapport de graves et pieux
auteurs, demeurait continuellement avec cette mère com-
mune de toute l'Eglise, non-seulement pour lui servir de
fils, mais encore de chapelain, et en cette qualité lui dire
la messe et la communier. Dans cette vue, considérons
tout le diocèse comme la maison de Marie; et croyons
que nous y habitons en qualité de ses chapelains, comme
font les aumôniers des grandes princesses, afin de conti
nuer l'Office du disciple bien-aimé. Tous les matins en
nous rendant à l'autel, arrêtons nous un instant aux pieds
de notre Auguste Souveraine et Maîtresse, pour nous offrir
à elle, afin de célébrer selon toutes ses intentions. Les
mérites infinis du St. Sacrifice étant ainsi laissés à la dis-
position de notre mère, qui connaît si bien nos besoins et
en est vivement touchée, que n'avons nous pas à attendre
de sa bonté ?
2de. Pratique: Elle est de St. Augustin, qui nous
avertit de chercher dans les Psaumes Jésus-Christ et son
Eglise (St. Augustin sur les Psaumes) « C'est le Fils de
Dieu qui prie pour nous, qui. prie en nous et qui est prié
"76 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
par nous. Il prie pour nous, comme notre Prêtre ; il prie
en nous, comme notre chef, et il est prié en nous comme
notre Dieu. Reconnaissons donc en lui notre voix, et sa
voix dans la nôtre. » Cette simple pensée, développée par
la méditation, a bien de quoi nous embraser de ferveur et
d'amour, pendant une action si sainte et si pleine de
mérites. N'oublions pas que nous demandons pour l'Eglise
et pour tous ce que le psalmiste demandait pour lui et
pour la Synagogue.
Voici maintenant la conduite à tenir par rapport aux
Fidèles.
1". Veuillez bien insister sur les recommandations que
je leur ai faites dans la Lettre Pastorale ci-jointe. Elles
ne sont à la vérité que la répétition de ce que vous leur
dites vous-mêmes si souvent. Mais je crois qu'en ajoutant
le sceau de l'autorité, et en faisant parler quelquefois les
premiers Pasteurs, l'on fait de plus fortes impressions.
C'est pour opérer ce bien qu'en toute occasion je fais par-
ler et agir Notre Saint Père le Pape.
2° Quelques misères que nous suscitent les écoles des
commissaires, croyez que vous ne pouvez vous dispenser
de vous en mêler. Tout en usant de prudence pour ne
pas révolter ceux de vos paroissiens qui ont été hostiles
au Bill d'Education, il est pourtant très-urgent que vous
agissiez d'une manière ou d'une autre, pour que de bonnes
écoles s'établissent dans les principaux quartiers de vos
paroisses, et que les enfants y trouvent tout ce qu'il faut
pour éclairer leur esprit et former leur cœur. Pour le
moment, tâchez d'obtenir qu'il n'y ait pas plus d'écoles
qu'il n'y a de bons instituteurs ou institutrices pour les
diriger. J'ai grande confiance dans les prières des enfants.
Pour cela, j'ai fait imprimer la Neuvaine de Muzzarelli
au St. Enfant-Jésus, avec l'intention de faire prier, parce
moyen, dans toutes les écoles de ce diocèse, pour le succès
de l'éducation dans ce pays. J'ai la confiance que tout
instituteur ou institutrice qui, sons votre direction, éta-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 7*
blira dans son école la confrérie du St. Enfant-Jésus, dont
les règles se lisent à la fin de celte neuvaine,en recueillera
de précieux avantages. Je pense que vous encourageriez
puissamment cette petite confrérie, si vous fesiez vous-
même la réception des enfants, quand il vous est possible
de visiter vos écoles. Je crois aussi que ce serait un très-
grand encouragement pour les maîtres, comme pour les
enfants, si, dans quelque beau jour d'été, vous réunissiez
à l'Eglise toutes les sections de cette confrérie pour leur
faire un exercice commun.) Enfin, je suis persuadé qu'en
rendant les enfants, qui fréquentent les écoles, pieux»
sages et respectueux, l'on aura bientôt fait tomber les
plus fortes oppositions à un ^///qui,avec tous ses défauts,
peut cependant contribuer puissamment à répandre dans
notre jeune pays, les bienfaits de l'éducation.
30 Je pense qu'un des moyens d'encourager les sociétés
de Tempérance, Propagation de la P'oi, St. Vincent de
Paul, Adoration perpétuelle et autres œuvres, recomman-
dées dans la Lettre Pastorale, serait de se réunir le jeudi,
rt'^////;-///^w,dans une des paroisses d3 chaque arrondissement
pour y prêcher et confesser les associés, et y célébrer une
grand'messe. Je sais que déjà cela se pratique en divers
cantons du diocèse avec succès ; et pour que chaque prêtre
y puisse s'utiliser davantage, je donne, jusqu'à révocation,
à tous ceux qui sont approuvés et qui se trouveront à ces-
réunions, les pouvoirs ordinaires et extraordinaires des
cas réservés.
4'5 "Veuillez bien faire, de tout le contenu de la dite
Lettre Pastorale, le sujet de la Conférence Ecclésiastique
que vous devez tenir en Janvier ou Février, afin d'aviser
ensemble aux meilleurs moyens de la mettre à exécution.
Vous y ajouterez la discussion du projet de Bill de
Fabrique, soumis l'année dernière à vos observations, et
qui a été ensuite imprimé par ordre de la Chambre, pour
connaître d'avance l'opinion publique. Je le ferai repro-
duire sur les Mélanges, afin que vous puissiez vous eii
78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
procurer une copie. Vous vous rappelez, sans doute, que
la Conférence des Députés, tenue à la ville, avait décidé
que si absolument il fallait en venir à la passation d'un
tel Bi7/, l'on devrait travailler à le rendre aussi complet
que possible. Pour cela, on était convenu que certains
prêtres seraient nommés pour s'entendre avec des hommes
de loi, afin de faire législater sur toutes les matières qui
nous offrent journellement des difficultés. Chacun de
vous voudra bien faire part, dans sa conférence, de celles
qu'il a eu occasion de rencontrer jusqu'ici. Au reste, on
est bien décidé à laisser tomber la chose si aucun membre
de la chambre n'amène cette importante affaire sur le
tapis. La conférence de la ville se tiendra le 12 Février,
à neuf heures du matin.
0° La maladie qui menaçait, cet été, de se répandre
dans les campagnes, ayant empêché la Retraite Pastorale, .
je vous engage à faire, avant le carême, ces pieux exer-
«cices dans quelque communauté ou chez quelque confrère.
L'on doit se préparer à tout événement.
6o Plusieurs prêtres ayant témoigné leur désir que l'on
fit un nouvel appel au clergé et aux laïques pour l'achè-
vement de l'Evêché en construction, je me suis chargé de
le faire personnellement, d'autant plus volontiers que je
regarde cette bâtisse comme rigoureusement nécessaire
pour l'avantage du diocèse. Car il devient indispensable
que l'Evêché soit le centre des nombreuses réunions du
Clergé pour Synodes, Retraites, Conférences, etc. Il est
aussi dans nos usages d'exercer l'hospitalité avec la plus
intime cordialité. Il est juste que les évêques étrangers
trouvent chez l'Evêque d'une grande ville comme Mont-
tréal, un confrère toujours prêt à les accueillir avec la
décence qui convient à leur état. Tous, Prêtres et laïques,
doivent désirer que le premier Dignitaire Ecclésiastique
d'un district aussi populeux et aussi riche que celui-ci,
soit capable de représenter honorablement son clergé et
son peuple.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 79
Plusieurs prêtres vont être chargés de faire le tour du
Diocèse, afin de recueillir de nouveaux secours pour
cet objet d'utilité publique ;* je leur donnerai l'autorisation
nécessaire pour se présenter en mon nom partout où ils
jugeront à propos. Veuillez donc les recevoir comme les
délégués de votre Evêque qui, dans cette entreprise, ne
se propose rien autre chose que de se rendre plus
utile à la Religion.
Vous recevrez, avec la présente, une feuilie ^' Errata^
pour corriger les fautes qui se sont glissées dans VOrdoàiQ
1850, avec une exemplaire des Règles de V Adoration perpé-
tuelle, de la Neuvai/ie an St. Enfant Jésus, et du Manuel à.Q
la Société de St. Vincent de Paul.* Vous pourrez vous en
procurer d'autres à Montréal, si ces Associations s'établis-
sent dans votre Paroisse.
Je suis cordialement, cher Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
t IG. Ev. DE Montréal.
{Vraie copie) J. O.Pat\é^ Chan. Secrétaire.
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, A L'oCCASION DU
RENOUVELLEMENT DE l'aNNÉE.
Ignace Bourget par la Miséricorde de Dieu el la Grâce du Saint-Siège
Aposiolique, Evêque de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés Religieuses et tous
les Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Glirist.
Déjà, Nos Très-Chers Frères, les mains vénérables de
vos pères, comme celle des anciens Patriarches, se sont
80 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
levées sur vous, au premier jour de cette nouvelle année,
pour répandre dans le sein de vos familles toutes les béné-
dictions du ciel. Elles sont longues et heureuses les
années des bons enfants qui ont mérité les bénédictions
paternelles !
Déjà aussi vos pasteurs, ces pères de la grande famille
qui forme chaque Paroisse, ont levé sur vous, à pareil
jour, leurs mains consacrés par l'huile sainte tout exprès
pour bénir le peuple de Dieu : Uf quœcmnque benedixeritit
benedicantur. (Pontifical). Elles sont éternelles les années
des bons chrétiens qui sontici les enfants bénis de l'Eglise!
C'est à Nous maintenant, Notre Très-Chers Frères, de
confirmer, au nom du Père de Notre Seigneur Jésus-
Christ, qui est le Père des lumières, de qui vient tout don
parfait, et de ratifier en quelque sorte ces bénédictions
paternelles et pastorales, pour que les familles de ce vaste
Diocèse ne fassent toutes qu'une seule et même famille,
unie parle lien sacré de l'obéissance au même pasteur,
et nourrie par l'espérance des biens à venir. Soyez donc
tous bénis, 0 ! Nos bien aimés, parle Seigneur qui a créé
je ciel et la terre, et qui pour cela est le père commun de
la famille du monde entier. Benedicti vos à Domino, qui
fecit cœlum et terrufn. (Ps.)
C'est à la crèche du Divin Enfant, et en la Fête si solen-
nelle des Rois, que nous puisons ces Bénédictions Episco-
pales, que Nous vous envoyons, en ce jour, avec toute
l'effusion d'un cœur qui vous aime. C'est à la lueur de
rétoile lumineuse, qui conduit les Mages à Bethléem, et
et sous la douce inspiration des dons mystérieux, qui em-
baume l'étable qu'a choisie pour Palais le Roi des Rois,
que Nous vous écrivons cette Lettre. Elle a pour objet
de vous faire part des sentiments qui Nous animent, pen-
dant que Nous faisons nos présents à un Enfant si pau-
vre et si délaissé. Car, le voyant enveloppé de pauvres
langes. Nous en avons été touché jusqu'aux larmes; et
afin de le secourir, en couvrant et réchauffant ses petits
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 81
membres iransis de froid, Nous lui offrons tous les Fidèles
de notre Diocèse, que l'Eglise nous a appris, à l'une de
nos ordinations, à regarder comme des vêtements précieux
dont le Seigner aime à se parer : Fidèles Dei quitus Do7fii-
nus, quasi vestimentis pretiosis, circumdatiir. (Pontifical, ord.
du sous-diacre).
En ouvrant ainsi les trésors du Diocèse de Marie, pour
offrir à son Divin Enfant tous les pieux Fidèles qui le
composent, Nous offrons quelque chose de plus agréable
aux yeux de son infinie Majesté que l'or, l'encens et la
myrrhe que lui apportèrent les yts. Mages du fond de
l'Arabie. Car ces présents de nos Pères dans la Foi
n'étaient, après tout, que des objets matériels dont assu-
rément Dieu n'a pas besoin, comme il nous le déclare
dans l'Ecriture. Ils n'avaient d'autre valeur que celle de
signifier la charité, la dévotion et la mortification, qui
changent en de riches trésors les cœurs des chrétiens
fervents. C'est encore ce que nous a appris la Ste. Eglise,
en ce jour qu'il nous fut permis, malgré notre indignité,
de nous consacrer irrévocablement au service des saints
Autels. Car en nous exhortant à accomplir fidèlement les
devoirs des Sts. Ordres, elle nous déclara que les linges
sacrésqui, à l'autel, enveloppent le corps et le sang de Jésus-
Christ, sont la vraie figure de cette troupe de saints que le
Filsde l'homme porte comme une ceinture d'or sur sa poitri-
ne. Beatus Joannes, in Apocalipsi, vidit Filiiim hominis prœ-
dnctuiti {ad tnamilias') zona aiireâ, id est, sanctoriim catervâ.
(Pontifical). Vous êtes donc, en ce jour, Nos Très-Chers
Frères, par cette esprit de charité, ^^ prières et de mortifica-
tion qui vous anime, ce vête^aient d'honneur dont se revêt,
avec tant de complaisance, le Dieu qui descend sur la terre,
pour régner sur les cœurs. Dominus regnavit, decorem indu-
tus est (Ps.)
Oui, vraiment, Nos Très-Chers Frères, votre charité
est un présent plus précieux à ses yeux que ne le fut l'or
des Mages. Elle a éclaté de tout temps, cette charité, par
6
(82 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
votre lendre amour pour les pauvres, et parce cœur hos-
pitalier qui toujours fait l'étonnement des étrangers. Elle
brille surtout d'un nouvel éclat, depuis qu'il a plu à la
Divine Providence de nous visiter par toutes sortes de
calamités. Car, pendant ces années de grandes misères,
des milliers de pauvres ont vécu ; d'admirables sociétés
d'hommes et de femmes dévoués se sont formées pourles
secourir ; de nombreux bazars se sont rapidement succé-
dés, comme des fêtes joyeuses, pour procurer à tous les
cœurs bien nés le doux plaisir qu'il y a à faire des heu-
reux ; des centaines de familles ont ouvert leur sein à ces
petits infortunés que le flots de l'émigration avait laissés
orphelins sur nos rivages; des institutions de divers gen-
res se sont établies pour tendre une main secourable à
l'enfance, qui n'avait plus de mère pour la nourrir ; à la
vieillesse, qui n'avait plus d'enfants pour la secourir; au
repentir, qui voulait expier ses faiblesses par les larmes
de la pénitence.
Tels sont, en peu de mots, les heureux fruits qu'à pro-
duits votre charité, et que nous avons offerts, avec toute
l'humilité de notre cœur, à celui qui est descendu du ciel
pour allumer ce beau feu. Il les aura pour agréables,
lui qui récompense toujours, même un verre d'eau froide
donné pour son amour.
L'abondante moisson que la Divine Providence vous a
donnée, cette année, en est une preuve convaincante, entre
mille autres. A la fin de juillet dernier, vos campagnes,
desséchées par l'ardeur d'un soleil brûlant, paraissaient
frappées de stérilité. Le ciel était comme d'airain, et pas
une goutte de pluie n'en tombait pour abreuver les cam-
pagnes languissantes et mourant de soif. Ce fut alors
que votre abondante charité, portée sur les ailes de la
prière, alla plaider votre cause auprès du Père des pau-
Tres. Bientôt exaucée, elle revint vers la terre, chargée
de nuagesbienfaisants,qui annoncèrent la bonne nouvelle
que Dieu avait entendu la voix de son peuple, et rendi-
GIRCULA[RES ET AUTRES DOCUMENTS. 83
rentla confiance à bien des cœurs consternés. Un mois
après, toutes vos campagnes étaient riantss ; et vos champs
avaient l'aspect de ces champs fertiles que le Seigneur a
bénis. Agri pleni cul bcnedixit Dominus. Gen. (27. 27.)
Il est maintenant question pour vous, N. T. G. F., de
faire un saint usage des biens qu'il a plu au Seigneur de
vous donner. Car vous comprenez tous que si vous aviez
le malheur de les dépenser follement à la danse, aux bals,
aux parties de plaisirs, à des repas ruineux, à la boisson ou
à d'autres usages défendus, vous feriez venir les millions
d'insectes qui pendant tant d'années, ont dévoré vos mois-
sons. Fasse le ciel que les vaches maigres que vit en
songe un Roi d'Egypte, triste figure des mauvaises années
qui vous ont affligées, ne prennent jamais la place de cette
vache grasse, qui aujourd'hui nourrit et réjouit tout notre
Pays !
Veuillez donc comme des gens sages et prévoyants,
employer vos richesses à vous acquittez de vos dettes, si
vous en avez, et à établir vos enfants, comme le font tou-
jours de bons pères de famille, qui ne vivent que pour
ceux qu'il a plu à Dieu de leur donner. Vous ferez don-
nei- à ces enfants une bonne éducation, une éducation
qui les mette en état de faire de bons chrétiens et de bons
citoyens ; car c'est là après la vie le premier de tous les
biens. Pour cela vous contribuerez de bon cœur au soutien
des bonnes écoles que chaque Paroisse doit se faire un
devoir comme un honneur d'établir. Vous n'écouterez pas
ceux qui seraient assez malheureux pour vous donner là-
dessus de mauvais conseils, et vous empêcher de profiter
des [encouragements que vous donne le Gouvernement
par le soutient des écoles.
Vous les emploierez aussi ces richesses, au soulagement
de vos pauvres. Oh ! oui, N. T. G. F., vous aimerez, vous
respecterez, vous soulagerez vos pauvres, avec cette affec-
tion tendre qu'assurément vous auriez si Jésus-Ghrist lui-
même allait vous demander l'aumône. Ghaque Paroisse
84 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
assistera les siens, et ne souffrira nullement qu'ils ail-
lent ailleurs pour être, par leur vagabondage et par les
menaces qu'ils font pour se faire assister par les femmes
qu'ils peuvent trouver seules dans les maisons, le fléau
des Paroisses étrangères. Car il y a malheureusement
des mauvais pauvres ; mais la charité qui ne se rebute
en rien, travaille à les rendre bons. Que faire pour cela
Nos Très-Chers Frères? Etablir en tous lieux la belle
société de charité, sous le Patronage de St. Vincent de
Paul, qui partout fait de œuvres admirables. Erigée de-
puis peu dans cette ville et dans quelques paroisses de la
campagne, elle prouve qu'elle est un bon arbre, parce
qu'elle produit de bons fruits. Au moyen de cette société
bienfaisante, les pauvres sont visités et par là bien connus.
Chacun est mieux assisté selon ses besoins ; et ceux qui
peuven'i travailler sont mis à l'ouvrage, pour aider à sou-
tenir leur famille et éviter l'oisiveté, la mère de tous les
vices. Les enfants sont habillés et envoyés à de bonnes
écoles, pour apprendre à connaître, aimer et servir Dieu,
.et aussi à gagner leur vie honorablement. Chaque mem-
bre de la société se fait tout à tous, parceque ça devient
■un beéoin de faire du bien, une fois que le feu de la divine
'Charité est entré dans un cœur. Il faut qu'il embrase et
consume tout. Aussi le voit-on avec étonnement se faire,
comme le St. homme Job, l'œil de l'aveugle, le bâton du
boiteux, le père de l'orphelin. Ils sont, ces admirables
enfants de St.Vincent de Paul, hommes et femmes, partout
où il y a des misères à soulager, des veuves à consoler, des
malades à soigner, des prisonniers à visiter. Tous les âges,
tous les sexes, tous les besoins trouvent en eux leur se-
.cours et portent sur eux leurs regards attendris. Ils ramè-
nent notre siècle, qui est pourtant un siècle d'orgueil, à
la simplicité de nos pères. Car on les voit ces hommes
et ces femmes de foi que la charité anime, se presser dans
les hôpitaux et dans les maisons où se prépare chaque
jour la nourriture de l'indigent, pour avoir le bonheur de
I
II
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 35-
servir de leurs mains les membres de Jésus-Christ souf-
frant. Aussi reçoivent-ils en récompense les bénédictions
des pauvres devenus, par la foi, les maîtres et les seigneurs
des riches, et ravis hors d'eux mêmes, à la vue de ce grand
et touchant speclacie. Et que dirons-nous de ces veillées
délicieuses que passent ensemble, une fois chaque semai-
ne, les membres de cette société, pour délibérer danS'
l'union la plus aimable et la plus cordiale, sur les moyens
de soulager les malheureux que la Providence à confiés à
leur sollicitude ? C'est bien assurément dans ces ravissan-
tes réunions qu'il est permis de s'écrier avec le prophète :
0 qu'il est bon, qu'il est agréable pour des frères d'être
ensemble, afin de travailler d'un commun accord à faire
des heureux ! Ecce quam boniim, et quam jucundum habitare
fratres inuninn ! [Ps. 131. 1.)
Nous ne finirions pas, Nos Très Chers Frères, si Nous
voulions vous rapporter tout ce que notre cœur sent, et
sent bien vivement, à la vue de tant de dévouement de la
part de nos chers enfants : dévouement qui plus d'un^
fois, Nous vous l'avouons ingénument, nous à couvert de
honte et de confusion. Car que de manquements Nous
avons à nous reprocher, à l'égard de tant de pauvres qui
partout méritent notre attention, et ont besoin de notre
concours partout ! Or, c'est pour les réparer, ces manque-
ments, qu'aujourd'hui Nous faisons appel à toutes les Pa-
roisses de ce vaste Diocèse, conjurant, au nom du père
des pauvres, chacune d'elle de planter dans son sein cet
arbre de vie, en étabhssant une ou plusieurs conférences
de la société de St. Vincent de Paul, l'homme aux bonnes
œuvres, non seulement pour un temps, mais encore pour
tous les siècles présents et à venir. Le seul, mais puis-
sant motif que Nous croyons» devoir alléguer ici pour
Cfila, c'est qu'au moyen de cette charitable institution,
dans chaque paroisse, nous arriverons à cet heureux
résultat que partout les vrais pauvres seront abondam-
ment soulagés ; que les mauvais seront forcés de devenir
86 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
bons ; que les paresseux seront dans la nécessité de tra-
vailler ; que les vagabonds seront obligés de renoncer à
une vie misérable ; que les infirmes, tels qu'il y en a
partout, ne seront plus jetés et abandonnés dans les grands
chemins, pour être là exposés à périr de misère ; ce quij
hélas ! est arrivé quelquefois, et pour demander en mou-
rant vengeance au ciel contre nous.
Au moyen d'une pareille institution, tous nos pauvres
recevront l'assistance qu'ils ont droit d'attendre de nous,
avec cette sage économie qui caractérise la vraie charité,
et deviendront nos intercesseurs auprès du Père commun.
Ce seront de bons pauvres qui, en mourant, iront se re-
poser dans le sein d'Abraham. Là ils prieront pour que
nous recevions la rosée du ciel et la graisse de la terre ;
c'est-à-dire, pour que toutes nos affaires spirituelles et
temporelles prospèrent pour la gloire de notre Dieu et le
bonheur de son peuple. Vous recevrez. Nos TrèsChers
Frères, de la bouche de vos Pasteurs particuliers, la lectu-
re du règlement de cette société ; et Nous espérons avoir
bientôt la consolation de vous voir tous enrôlés sous
l'Etendard de la charité.
Avec ces biens que le Seigneur se plaît maintenant à
répandre parmi vous, vous encouragerez encore l'Associa-
tion de la propagation de la Foi, établie dans ce Diocèse
par notre Illustre et Vénéré Prédécesseur, d'heureuse
mémoire. Vos prières et vos petites contributions forme-
ront toutes ensemble un grand fleuve qui arrosera les
pays barbares où il y a encore des milliers d'infidèles ;
les Townships^ où des centaines de familles pauvres se
rendent journellement pour s'établir ; les chantiers, où
maintenant se trouvent réunis plus de quinze mille de
nos jeunes gens. Depuis que des Missionnaires zélés vont
les visiter, ces chers et intéressants enfants du Pays, on
ne les reconnaît plus, tant est grand et prodigieux le
changement qui s'est opéré en eux. Il n'y a toute fois
nullement à s'en étonner, quand on sait quelle est la foi
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 87
qu'ils ont sucée avec le lait de leurs mères. Soyons donc.
Nos Très-Chers Frères, zélés pour une œuvre qui nous
met en société, pour porter la foi aux pauvres sauvages,
et la conserver dans les cœurs de nos compatriotes qui
l'ont reçue comme un héritage précieux. Qu'il Nous soit
permis de vous donner ici un conseil ; c'est d'assigner un
tout petit coin de votre champ, que vous ensemencerez
pour chaque bonne œuvre que Dieu vous inspire de faire ;
un pour les pauvres, un autre pour les écoles, un autre
pour la Propagation de la Foi ; comme le font déjà quel-
ques bons cultivateurs. Qu'il en soit de même des gens de
profession, des commerçants et autres. Croyez, Nos Très-
Ghers Frères, que cette pratique de foi mettra Dieu dans
vos intérêts. Et pourrait-il, ce Dieu de bonté ne pas bénir
votre part, quand il la verra mêlée avec la sienne ?
Vous venez de voir, Nos Très Ghers Frères, comment,
en vous offrant au berceau du Divin Enfant Jésus, Nous
lui avons vraiment présenté un or très pur et très-agréa-
ble. Un mot maintenant sur l'encens qui a accompagné
cette oblation, c'est-à dire, sur l'esprit de prière que Nous
avons trouvé en vous, et qui nous a engagé à vous offrir
comme un encens l'agréable odeur
Pour remplir la charge. Nous sommes placé. Nos Très-
Ghers Frères, à la droite de l'Autel, tenant en main un
encensoir d'or, comme faisait l'Ange du Seigneur dont il
est parlé dans la Sainte Ecriture. Et pourquoi cela ? Afin
d'offrir à la divine majesté le peuple confié à nos soins,
en qui le Seigneur à répandu son esprit de prière, qui
fait les Saints : Data sunt ci incens a ?ni/ita, qiiœ sunt ora-
tiones sanctorum. (Apoc. 8, 3.)
Oui : Nos Très-Ghers Frères, vous avez rempli notre
encensoir de beaucoup d'encens, par tant de prières que
TOUS faites à l'Eglise, comme dans vos maisons, les jours
ouvriers, comme les saints jours de Dimanches et Fêtes.
Tant de letraites qui se succèdent presque sans interrup-
tion, d'un bout de l'année à l'autre, dans les Paroisses
88 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
comme dans les communautés; tant de pieuses confréries,
congrégations, associations, qui se réunissent pour faire
de dévotes prières et chanter de joyeux cantiques à Jésus
et à Marie, tant de chemins de croix établis en tous lieux,
et ouverts à tous les cœurs sensibles, qui veulent faire
entendre, dans Sion, de lugubres chants, pour pleurer la
mort d'un Dieu compatir aux douleurs de sa Mère ; tant
de crucifix, chapelets, médailles indulgenciées, qui rap-
pellent, jour et nuit, le devoir si doux de la prière ; tant
de chambres ornées comme des chapelles où chaque soir
de pieuses familles vont épancher leurs cœurs dans celui de
Dieu,etsedélasser ainsi des fatigues du jour: tous ces exer-
cices religieux n'embaument ils pas toute l'atmosphère de
ce Diocèse de l'encens suave qui s'élève vers la céleste
Patrie, pour exprimer l'ardeur de vos désirs de voir Dieu
face à face î
Entre tant de prières, pouvons nous ne pas faire une
mention particulière de celles qui partent de tous les points
du diocèse, et montent au trône du Souverain Pasteur, en
faveur de son Vicaire, que la haine des méchants à arra-
cher du tombeau des Saints Apôtres, et lient relégué sur
une terre, à la vérité, hospitalière, mais toutefois étran-
gère à ce premier des -Pasteurs ; parceque ce n'est pas là
qu'est érigée la Chaire de Pierre, dans la quelle il doit
s'asseoir ? Mais, Nos Très-Ghers Frères, Nous vous de-
vons ici la douce consolation de vous dire combien Nous
sommes rassuré sur l'avenir de cette Immortel Pontife,
lorsque Nous pensons que. de tant d'églises, de tant de
maisons particulières, s'élèvent les vœux les plus ardents
pour notre Père commun, beaucoup plus vénérable à nos
yeux, depuis qu'il est dans les souffrances que lorsque de
brillantes ovations illuminaient le Quirinal. Lorsque
Nous vous adressâmes notre Lettre Pastorale, le 18 Jan-
vier de l'année dernière, Nous étions loin de penser que
certaines voix se feraient entendre, dans ce Pays, pour
outrager celui que vénère toute la catholicité, et à qui
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 8*
même beaucoup d'ennemis de la Religion rendent hom-
mage. Nous en avons été sensiblement affligé, vous n'en
pouvez douter, Nos Très-Chers Frères, d'abord parceque
l'on chargeait d'injures un père qui ne le méritait pas, et
ensuite parceque l'on chtrchait à vous inspirer des prin-
cipes faux par rapport à l'autorité de ce Chef Suprèraa
de l'Eglise. Toute fois, Nous n'avons pas jugé nécessaire
d'élever la voix, parceque Nous comptions sur la fermeté
de votre foi et sur votre profond respect pour le Successeur
de St. Pierre. Mais ce qui Nous a accablé de douleur, ça
été la pensée que nos propres enfants, des enfants pour
qui nous donnerions tout notre sang, s'exposaient à de
terribles châtiments, en méprisant notre Père à tous. Les-
Saintes Ecritures et les histoires sacrées ou Ecclésiasti-
ques sont pleines des ces épouvantables malédictions qui
tombent toujours sur la tête des téméraires, qui osent
attaquer l'Oint du Seigneur. Aussi, en priant pour Notre
Saint Père le Pape, prions-nous pour tous ceux qui l'ou-
tragent, et avec lui, leur Evêque et leurs Pasteurs. Il ne
peut en être autrement; car Jésus Christ lance, dans
l'Evangile, cetanathème, celui qui vous ttiéprise, dit-il, en
s'adressant à ses Apôtres, me méprise vioi-mé?ne, et celui qui fne
méprise, méprise Celui qui m' a envoyé. Or, l'Ecriture retentit
sans cesse de menaces effrayantes contre ceux qui mépri-
sent le Seigneur notre Dieu. 0 Père des miséricordes, /ar-
donnez-leur, car il ne savent ce qu' ils font. (Luc. C. 23, V, 34.)
Veuillez bien, Nos Très-Chers Frères, accepter, comme
témoignage de notre reconnaissance, pour les grâces que
nous obtiennent chaque jour vos ferventes prières, des
étrennes spirituelles ; ce sont \ adoration perpétuelle, et la
dévotion au saint Enfant Jésus, que Nous voulons répan-
dre dans tout L^ Diocèse. Notre Seigneur est seul et
abandonné dans ses églises ; Nous voulons lui procurer
des adorateurs qui, tout le jour, se succéderont les uns
aux autres devant lui ; et seront par leur ferveur comme
des lampes ardentes, qui éclaireront et embraseront cha-
^0 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
<iue paroisse. Nous sommes profondément affligé, en
entrant dans les églises, lorsque Nous n'y voyons per-
sonne aux pieds du Bon Maître, parceque Nous savons
qu'il ne se fait notre voisin, pour ainsi dire, que pour
recevoir souvent notre visite. Un désir remplit notre
cœur, c'est celui de faire adorer continuellement Notre
Seigneur dans le Sacrement son amour. Pour cela, Nous
travaillons à seconder le zèle d'un pieux Prêtre de cette
ville, en procurant qu'aucun lieu, où réside le St. Sacre-
ment, ne reste seul pendant le jour. 0 quel bonheur !
quelles bénédictions en même temps, si les cent quatre
vingt deux Eglises et Chapelles du Diocèse, où Notre-
Seigneur veut bien demeurer, comme un père avec ses
enfants, voyaient chaque jour des âmes dévotes se relever
aux pieds des Saints Autels, pour rendre toutes sortes
d'honneurs à un Dieu si bon, et prier pour leur Paroisse
ou. leur communauté ! Oh ! NosTrès-Chers Frères, Nous
vous en supplions, ne nous refusez pas ce nouveau se-
cours. Aidez nous à aimer, adorer et remercier un Dieu
qui ne réside sur la terre que pour nous aider à arriver
aux Cieux.
L' Adfration PerpéUielle est pour la Paroisse et le Diocèse.
Nos Très-Ghers Frères, et la dévotion au Saint Enfant
Jésus est pour la famille. Car notre sollicitude ne s'exerce
pas seulement pour le bien public ; elle s'étend encore au
bien de chaque particulier. Oh ! notre unique bonheur
en ce monde est que Dieu soit bien servi dans chaque
maison, aussi bien que dans chaque Paroisse. \! Adoration
Perpétuelle vous conduira dans la maison du Seigneur ; et
ia dévotion au Saint Enfant Jésus amènera ce Divin
Enfant dans vos maisons. Quel commerce ! Il y demeu-
rera comme il demeurait à Nazareth. Il se fera le modèle
de tous vos enfants. Il leur apprendra, à chaque moment,
à croître en grâce et en sagesse. Il leur montrera à vous
obéir, à vous aimer et à vous respecter. Et, comme il est
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 91
plein de grâce et de vérité, il les rendra chastes et purs,
comme des Anges.
H répandra dans vos maisons l'odeur suave d'une piété
tendre et solide, d'une paix délicieuse et inaltérable. Et
comme la fréquentation des écoles est pour les enfants un
temps dangereux pour leur innocence, le Divin Enfant les
y accompagnera. 11 sera au milieu d'eux et sous les yeux
de leurs maîtres, comme il était avec les enfants Juifs, et
au milieu des Docteurs, quand à l'âge de douze ans, il
voulut assister, dans le temple, aux instructions qui se
donnaient aux petits enfants. C'est à cette fin que Nous
avons érigé la petite Congrégation du St. Enfant Jésus.
Tenez à honneur que vos enfants méritent, par leur bonne
conduite, d'y être agrégés.
Pour vous attacher de plus en plus au service de cet
adorable Enfant, servez-vous d'un petit livre que Nous
avons fait imprimer exprès, afin de vous aider à garder
Jésus avec vous pour qu'il sanctifie vos enfants.
« 0 Jésus, daignez donc bénir une dévotion qui est si
« chère à votre tendre cœur. Vous êtes le plus aimable
« de tous les enfants, faites vous donc aimer par tous les
«enfants de ce Diocèse. Formez de cette génération
« naissante une race de saints. Bénissez aussi leurs parents,
•< afin qu'ils soient des modèles de toutes les vertus, et qu'ils
'( ne souffrent pas que l'on vous chasse de leurs maisons par
» le péché mortel. Bénissez encore tous les Pasteurs, afin
<i qu'embrasés de zèle pour votre gloire, ils travaillent à
■1 vous faire aimar ardemment dans vos Eglises, et servir
« fidèlement dans toutes les maisons de vos pieux Fidèles. »
La crèche de Bethléem a été pour Nous, non-seulement
une colline d'encens, mais encore une montagne de myrrhe;
vadam admontem myrrhœ et ad collent tkuris. (Cant 4 6.) Il
ne Nous suffirait pas d'offrir de l'or et de l'encens, en
offrant à Jésus un peuple de charité et de prière. Nous
devions, pour compléter nos dons, apporter à ses pieds de
la myrrhe, c'est à dire, un peuple de mortification ; et c'est
92 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ce que Nous avons été heureux de trouver en vous, Nos
Très-Chers Frères, pour pouvoir vous présenter un Divin.
Enfant, comme un bouquet de myrrhe dont notre cœur
sentait vivement le prix. Fascicuîus myrrhœ Dilectus meus
mihi. (Gant. 1-12.)
Oh ! oui, Nos TrèsGhers Frères, nos mains sont pleines
de vos mortifications ; et elles ont pu, par ce moyen, dis-
tiller la myrrhe la plus précieuse à la crèche du Sauveur :
Manus meœ stillaverunt ynyj-rham (Gant. 5-5) Ge bouquet de
myrrhe est, avant tout, formé ies mortifications attachées
à l'abstinence et aux jeûnes dont l'Eglise vous fait un pré-
cepte si rigoureux, et que vous observez selon vos forces.
11 est aussi composé des pénitences que vous avez prati-
quées, pendant les années de misères, où il vous a fallu
manger un pain noir et dégoûtant, fait de grain qu'aupa-
ravant vous jetiez à la crèche de vos animaux. Il vous
était bien dar d'être réduits à une nourriture aussi insi-
pide. Mais la foi qui vous anime, a sanctifié une morti-
fication si pénible et si humiliante en même temps, en la
rendant volontaire par votre entière soumission à la très-
sainte volonté de Dieu, et méritoire par l'humble aveu
que vous avez fait, en confessant hautement que vous le
méritiez bien, pour avoir fait un si mauvais usage des
biens que le Seigneur vous avait accordés, pendant uns
longue suite d'années abondantes.
Il est grossi, ce bouquet, de l'engagement si général
et généreux, que vous avez pris de n'user d'aucune bois-
son enivrante, et cela pour toute la vie. Elle coulait de
vos mains, à grand flots, cette myrrhe précieuse de la
Tempérance, et remplissait la crèche et l'étable de suavité.
Marie et Joseph présentaient celte myrrhe au Divin En-
fant, comme une nourriture délicieuse, pendant que, cou-
ché sur la paille et tout transi de froid, il ressentait la
faim et la soif la plus ardente. Gar sa nourriture consiste
dans les bonnes actions, qui se font conformément à l'ado-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCU-MENTS. 93
rable volonté de son Père. De us cibus estutfaciam voliin-
tatem Fa fris. (St. Jean. 4. 34.)
Nous ne pouvons vous exprimer, ici. Nos Très-Ghers
Frères, tout ce que notre cœur a ressenti de joie, en
offrant au Dieu qui ne se nourrit que de myrrhe, et ne
boit que du fiel et du vinaigre, plus de cent mille âmes
généreuses, qui se sont enrôlées, pour la vie, sous le glo-
rieux Etendard de la Tempérance. Oh. ! il flotte encore
sur la cime de presque toutes nos Paroisses, C3 noble dra-
peau de la Tempérance. Elle marche maintenant avec
complaisance, à la tête de presque toutes nos religieuses
Processions, cette pacifique Bannière de la Tempérance
Il brille maintenant presque partout, ce signe vivifiant de
la Tempérance, pour annoncer au Pays une ère nouvelle.
Presque toutes les cloches font entendre au loin leur son
bénit, pour appeler chaque mois, à une fête de Tempé-
rance, fête toujours nouvelle, et toujours plus joyeuses.
Aussi presque toutes les bouches ont-elles baisé avec
amour cette croix de la Tempérance, qu'ont bénie les
mains sacrée du grand Pontife qui gouverne aujourd'hui
FEglise.
Elle ne fait, cette croix bénite de toutes les bénédictions,
que refléter ici la gloire dont elle brillait sur le Gapitole
chrétien, lorsqu'une pensée du ciel nous vient avertir
de la transporter dans ce Diocèse, pour y être l'arche de
salut d'un peuple naufragé dans les eaux profondes des
liqueurs enivrantes. Arca mundo naufrago. Presque toutes
les bouches que cette croix bienfaisante a empourprées du
sang de Jésus-Christ publient maintenant les merveilleux
effets de la Tempérance. Et que disent ces bouches que
la Tempérance rend si éloquentes ? Ah ! Elles disent que
presque toutes les larmes sontdesséchées ; que presque
tous les maux ont disparu ; que toutes les familles oîi elle
règne sont heureuses ; que les femmes sont dans la joie ;
que les enfants ont du pain et des habits; que les dettes
se payent; que les maisons se réparent; que les terres
«4 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
s'améliorent. Enfin elles n'ont point d'expressions pour
dire le bien qui s'opère partout où l'on tient fidèlement à
l'engagement de la Tempérance. Elles disent avec effroi
les épouvantables malheurs qui viennent fondre sur les
ennemis de la Tempérance, et sur ceux qui après en avoir
été les amis, en deviennent les ennemis, par la lâcheté
avec laquelle ils se laissent entraîner dans le torrent de
la boisson, qui finit bientôt par être pour eux, un abîme
dans lequel ils s'engouffrent, pour disparaître, en glaçant
de terreur ceux qui voient ou apprennent ces déplora-
bles accidents.
Sans nous arrêter à des faits particuliers qui prouveni
clairement comme le jour, que la Tempérance est, pour
ce Pays en général, et pour chacun de nous en particu-
lier, un fruit de vie, jetons un regard sur un événement
de fraîche et triste mémoire, sur le Choléra qui, l'an
dernier, nous visita pour la troisième fois. Il fut mena-
çant comme en 1832 et 1834 qu'il décima notre population.
Tout tremblait aux approches de cet épouvantable tléau.
Il montait par les escaliers somptueux du riche, aussi bien
que dans les greniers du pauvre. Ah! Nous n'oublirons
jamais qu'il est entré dans notre demeure Episcopale et
que le 11 Juillet, il enleva à nos côtés un de nos frères
les plus chers, qui avait tout sacrifié pour venir nous
aider à porter le pesant fardeau de la charge pastorale,
par le zèle ardent qui l'animaient, et le tendre amour
qu'il vous portait à tous. Pendant qu'il planait sur notre
horison, avertissant tout le de se préparer à sa visite par
la pénitence, qui l'a retenu, Nos Très-Ghers Frères, dans
les bornes si étroites où il lui a fallu se renfermer ? Pour
quoi a-t-il fait si peu de ravages dans cette ville, en com-
paraison de ce qu'il a fait ailleurs, et de ce qu'il fit ici
dans ces deux apparitions ? Quelle main l'a arrêté, quand
il s'est jeté sur quelques Paroisses où, après avoir éclaté
sur quelques cas soudains et sévères, il a disparu ? Gom-
ment se fait-il qu'il n'a été désastreux que dans un très
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 95^
petit nombre de Paroisses ? Toutes les bouches le répètent
à l'envi ; c'est à la bienfaisante Tempérance que le Pays
doit, cette fois son salut.
A la vérité, nos temples, nos rues, nos chemins, nos
croix, nos maisons, ont entendu, pendant cette calamité,
nos soupirs et nos vœux. Mais Dieu qui conduit tout les
événements avec force et suavité, /^r///^/- et suaviter^ ûit
l'Ecriture, n'agit jamais en aveugle. Quand il veut une
fm, il en prend les moyens. Il a voulu cette année nous
épargner dans sa miséricorde ; il a préparé les voies à
notre salut, en faisant prêcher la Tempérance et en inspi-
rant à tant de nobles cœurs la généreuse résolution de
l'embrasser, et leur donnant le courage d'être fidèles à
leur engagement. Sans cela, nous aurions eu le sort de
1832 et 1834, où l'on faisait aussi assurément bien des
prières. Mais nos cœurs n'étaient pas contrits, et le Pays
étaient encore attaché à la boisson. La preuve, c'est que
ces deux: premières visites du choléra ont fait beaucoup
d'ivrognes ; ce qu'il ne faut dire qu'en pleurant, parceque
la boisson forte était jugée un remède, elle qui a fait tanï
de victimes.
Nous ne sommes plus surpris, à la vue de prodigieu.x
effets produits par la Tempérance, des nobles et beaux
sacrifices qui, dans tous lès rangs, ont été faits, pour l'éta-
blir en tous lieux. Honneur et bénédictions soient rendus
à tous ceux qui ont travaillé à cette belle œuvre ! Qu'ils
soient bénis et récompensés, ceux qui, pour le plus grand
bien de leur concitoyens et l'avantage de la Religion, ont
renoncé aux commerce des liqueurs enivrantes ! Ah !
que Dieu le leur rende au centuple dans ce monde, en
attendant le jour de l'éternité. Car que dames iront au
ciel, pour n'avoir pas été exposées à l'occasion prochaine,
lesquelles se seraient perdues, si cette funeste occasion
s'était de nouveau présentée.
Prions, Nos Très-Chers Frères, pour ceux qui n'ont pas
encore eu la force ou les moyens de quitter un commerce-
I
96 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
si dangereux et si ruineux. Car quoiqu'il y en a peu, si
toute fois il y en a, qui se soient enrichis à débiter des
liqueurs qui ont couvert oe Pays de tant de ruines, et
surtout ont perdu tant d'âmes ! Quels reproches n'auront
pas à se faire éternellement ceux qui ont enivré de pau-
vres ivrognes, lesquels, au sortir de l'auberge, ont fait des
fins si malheureuses et si terribles ! Que de veuves infor-
tunées peuvent crier sans cesse aux oreilles de ces gens
que l'amour de l'argent aveugle et fait sacrifier les âmes
à leur cupidité : Rendez-nous nos époux ! Que d'enfants
abandonnés sur la paille ont droit aussi de leur crier :
Re7idez-7wus nos pères .' Que de pasteurs peuvent également
leur dire, avec tout l'accent de la douleur : Rendez-nous
ces chef-es âmes que vous avez précipitées dans l'abîme !
Pour Nous, qui recevons presque chaque semaine la
triste nouvelle de quelques accidents déplorables causés
par l'intempérance, nous n'avons points d'expressions
pour vous dire la douleur poignante qui saisit notre âme :
Ah! pauvres infortunés, qui spéculez sur des âmes im-
mortelles et rachetées au prix du sang de Jésus-Christ,
arrêtez-vous donc sur le bord de l'abîme où vous avez
déjà précipité tant de vos frères. Ne craignez-vous pas
d'y tomber vous mêmes?
Mais terminons cette Lettre déjà trop longue. Vous
nous le pardonnerez, si vous faites attention que notre
cœur est plein, et qu'il a besoin de se décharger de temps
en temps dans les vôtres. Veuillez bien croire que
c'est dans les SS. ('œurs de Jésus et de Marie que Nous
allons puiser tout ce que nous avons à vous dire. Vous rece-
vrez donc tout ces avis paternels, comme de bons enfantsdu
Père céleste qui daigne, malgré notre incapacité et indigni-
té, Nous choisir pour vous exhorter à la pratique des soli-
des vertus que vous avez à pratiquer, pour assurer, comme
dit St. Pierre, votre vocation et votre élection, par toutes
sortes de bonnes œuvres.
O Marie, Mère de ce Diocèse que vous aimez tant, ne
II
CIKCULAIHES ET AUTRES DOCUMENTS 97
l'abandonnez pas à noire faiblesse et inexpérience; car
il est peidu ; dans ces temps orageux et sur cette mer
que tant de ilôts courroucés agitent horriblement, soyez
notre Etoile, et guidez nous vers le Port. Pendant le
iléau qui, l'été dernier, jetait la consternation parmi vos
enfants, vous avez voulu nous donner une nouvelle mar-
que de l'amour que vous portez à votre Ville chérie et à
tout son territoire, vous avez daigné sortir de votre aima-
ble sanctuaire de Bon Secours. Vous avez montré votre
face majestueuse à vos enfants éplorés. Vous avez tra-
versé toutes nos rues. Vous vous êtes arrêtée avec
bonté sur la place de votre Eglise. Là, vous vous êtes vue
entourée de plus de vingt mille cœurs qui vous aimaient
et qui ont fait entendre plus de vingt mille voix pour vous
proclamer bienheureuse, et implorer votre secours. Vous
ivez rtru dans cette religieuse et solennelle circonstance,
un triomphe qui ne ne fut ici accordé à personne, depuis
l'établissement du Pays. Votre Divin Fils, qui est béni
dans le ciel et sur la terre, l'a ainsi voulu. Soyez donc
louée, bénie et glorifiée. Oh ! c'est bien peu encore pour
vous, qui êtes si puissante et qui faites tant pour nous.
Maintenant Vous Nous voyez à vos genoux ; c'est pour
vous supplier de bénir de nouveau nos enfants. Obtenez
leur des années riches en vertus, et pour récompense, les
années éternelles. Bénissez ce Diocèse qui est à vous, et
préservez le de toutes mauvaises doctrines. Bénissez les
œuvres que Nous lui proposons dans cette Lettre, et tou-
tes les autres déjà entreprises. Bénissez ses communautés,
pour qu'elles se perfectionnent et se multiplient, afin de
mieux répandre la bonne odeur de vos vertus virginales.
Bénissez sou Clergé ; qu'il brille de tout l'éclat des vertus
sacerdotales de votre Divin Fils. Bénissez Nous, Nous-
même, afin que Nous puissions nous sauver et sauver les
autres, pour que nous puissions tous vous contempler sur
lé trône de votre gloire, pendant le long jour de l'éternité.
Ainsi soit-il.
7
98 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Sera la Présente Lettre Pastorale lue au Prône de
notre Cathédrale, à celui des Eglises Paroissiales, et en
Chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, le
premier jour après sa réception.
Donné à Montréal, en Notre Palais Episcopal, le 6 Jan-
vier, mil huit-cent-cinquaote,sous notre seing et sceau, et
le contre-seing de notre Secrétaire.
j- IG., EvÉgUE DE MONTFxÉAL.
Par Monseigneur.
J. 0. Paré, Chan.-Secrélaire.
[Vraie copie) J. O. Paré, Chan. Secrétaire.
MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR l'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, POUR APPROUVER ET
RECOMMANDER UNE ASSOCIATION DE PRIÈRES DITE
« LA DÉVOTION AU TRÈS-SAINT SACREMENT,
OU l'adoration PERPÉTUELLE.»
LA DEVOTION AU TRES-SAINT-SACREMENT
Ignace Bourgel par la Miséricorde de Dieu el la Grâce du Sainl-Siége
Apostolique, Evéque de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés Religieuses el à tous
les Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Une Pieî(se Associatio7i, Nos Très-Ghers Frères, se for-
me en ce moment dans divers pays du monde catholique,
dont la fin est de travailler à faire louer, honorer et servir
Notre Seigneur Jésus-Christ, résidant nuit et jour dans la
Ste. Eucharistie, et à sauver des âmes.
Pour remplir cette fin sublime, elle se propose de pro-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 99
curer des Adorateurs au Très Saint-Sacrement, pour que
dans aucune Eglise ou Cliapelle, il ne demeure jamais
seul. Car elle est vivement touchée de l'abandon où il se
trouve, dans tant de lieux où, hélas ! on ne voit presque
jamais personne du matin au soir. Les chemins qui
conduisent à ces églises désertes pleurent amèrement.
Vice Sion lugent. Des oreilles pieuses ont entendu leurs
lugubres gémissements; des cœurs religieux en ont été
touchés ; et voilà que des troupes d'adorateurs en esprit
et en vérité s'unissent et se succèdent aux pieds des Saints
Autels. Puissent leurs joyeux cantiques, dans les Por-
tiques du Seigneur, faire cesser à jamais cet accent dou-
loureux.
Notre Saint Père le Pape, à la veille d'entrer dans sa
laborieuse carrière de tribulations, a béni, avec effusion
de cœur, et approuvé hautement cette œuvre de zèle, en
l'enrichissant de précieuses indulgences. Cette Bénédic-
tion est une lettre de créance qui la fera recevoir avec
empressement dans toutes les parties du monde catholi-
que, et le prélude certain d'un heureux succès. 11 sera
donc comblé de bénédiction le dévot peuple d'Adora-
teurs qui va former cette noble Association. Plenus erit
Btnedictionis. (Deut. 23, 23.)
Nous préconisons aujourd'hui, Nos Très Ghers Frères,
solennellement cette admirable Association ainsi impré-
gnée des Bénédictions Aposliques, et Nous l'incorporons
©fficiellement aux Associations Diocésaines. Car dans
Notre Lettre Pastorale du six Janvier dernier, Nous ne
faisions que vous l'annoncer et recommander. Elle va
être dès lors comme la Fontaine qui arrosait le Paradis
Terrestre, en se partageant en quatre grands fleuves, pour
rafraîchir et fertiliser ce jardin délicieux. Car le Sairt
Cœur de Jésus-Christ, dans le Tabernacle de chaque Pa-
roisse, est la source intarissable des eaux vives qui se dé-
chargent par les canaux sacrés des quatre Associations de
la Propagation de la Foi, des Archiconfréries, de la St. Vin-
100 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cent de Paul et de la Tempérance, établies pour répandre
partout l'abondance et la paix.
Les règles que Nous vous envoyons, à la suite du pré-
sent Mandement, vous traceront les devoirs de l'Associa-
tion. Vous y verrez que pour y appartenir, tout se
réduit à passer une heure par semaine au pied de l'autel,
et que quatre-vingt-quatre personnes, en s'unissant, peu-
vent adorer Jésus-Christ présent au Si. Sacrement, depuis
six heures du matin jusqu'à six heures du soir; deux
demi-heures suffisent si l'on aime mieux prendre pour
cela arrangement avec qaelqu'autre. Rien n'empêche de
se faire remplacer. Les riches de la campagne, qui sont
éloignés de l'église, peuvent charger de bons pauvres de
leur village de faire leurs heures d'adoration, et leur
donner l'aumône dans cette intention.
Si la piété qui porte à entretenir des lampes ardentes
devant le St. Sacrement est sainte et louable, comme on
n'en saurait douter, croyez. Nos Très-Ghers Frères, que la
fondation de lampes vivantes, dans la personne des
pauvres, sera même beaucoup plus agréable à Notre Sei-
gneur. Oh! oui, l'aumône faite avec une intention si
pure est une huile qui guérit les plaies du péché, dissipe
les ténèbres de l'ignorance et adoucit l'amertume des
maux qui ailligent notre pauvre humanité.
L'on voit que par cette organisation vraiment frater-
nelle, nous aurons le précieux avantage de pouvoir ado-
rer tout le jour Jésus Christ dans son divin Sacrement.
Caria communion des Saints nous fait participer à toutes
les œuvres de nos Associés, selon le symbole des Apôtres,
et cette parole du Prophète : Je suis en partage de biens avec
tous ceux qui craignent le Seigneur, (Ps. M 8). Chacun des
associés peut donc se dire en toute vérité, en se réveillant
le matin : Je vais adorer toute la journée Jésus- Christ au
Très-Saint-Sacrement de V Autel, car c'est là l'œuvre de son
Association. Qu'il est vivement senti ce bonheur par les
cœurs qui ont goûlé les douceurs des Saints Tabernacles !
CIKGULAIRES El' AUTl'.KS DOCUMENTS. 101
Mais ce n'est là qu'un demi bonheur; et il faut que
l'Association le complète en procurant à ses membres le
moyen d'être jour et nuit avec un si bon Maître.
En effet, cette Association embrasse le monde entier, et
est semblable au soleil gui marclie à pas de géant,' pour
fournir en vingt-quatre heures sa longue carrière. Ce
bel astre, en nous disant adieu chaque soir, s'en va réveil-
ler les peuples d'un autre hémisphère et les avertir de
louer Dieu. 11 reviendra le lendemain nous faire sortir
de no're lit de repos, et nous inviter à le louer à notre
tour. Admirable succession de jours et de nuits qui,
comme autant de voi.x chantent les œuvres merveilleuses
de Dieu et publient sa gloire. Dies diei éructât verbiim ; et
nox notti indicat scitnfiam. (Ps. 18).
Ne voyez- vous pas là, Nos Très-Ghers Frères, une
image frappante de notre Association qui, comme une
lampe ardente, brille devant tous les Saints Tabernacles,
sans jamais s'éteindre ! parce que ses Membres, qui sont
de tous les pays que le soleil éclaire, se succèdent devant le
Très Saint-Sacrement aussi fidèlement que le jour succè-
de à la nuit. Chaque Associé peut donc dire en se cou-
chant le soir: Je vais passer ma nuit en adoration, en union
avec tant de bonnes âmes qui vont prier pendant que je dormi-
rai. Quel doux repos ! Quel délicieux sommeil I In pace in
idipsum, dormiam et requiescam.
N'est-ce pas là la vie des Anges? Oui, vraiment, l'Autel de
Jésus est pour nous infortunés enfants d'Adam, qui gémis-
sons sur cette terre d'exil, ce qu'est pour ces Bienheureux
Esprits le Trône de Dieu. L'Eglise est notre Paradis,
comme le ciel est celui des âmes béatifiées. Nous faisons
ici pour le Saint-Sacrement ce qu'il font là-haut pour la
divine Essence qu'il leur est permis de voir face à face ;
c'est-à-dire, que nous vaquons à nos devoirs sans cesser
d'adorer Dieu. Et en effet, les Anges ne sont-ils pas em-
ployés à divers ministères de charité et de zèle en faveur
de ceux qui doivent recueillir l'héritage du salut ? Cepen-
102 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
dant ne soDt-ils pas toujours en adoration ? Un Prophète
vit une sublime Intelligence, jouissant du profond repos
de l'éternelle comtemplation de la divine Majesté ; et
cependant ses ailes étaient toujours en mouvement. Ce
qui, selon St. Bernard, marquait que les Saints qui sont
au ciel sont toujours en action, sans jamais s'éloigner de
la présence de Dieu. Et tel est autant qu'il est possible
de le faire sur la terre, la vie toute céleste que fait mener
V Adoratioii Perpétuelle. Toujours prier, Toujours travailler.
Quel vie! Oh! qu'elle a d'attrait ; et qu'elle est un puis-
sant motif de nous enrôler sous cet étendard !
Maintenant, âmes ferventes, en quelque lieu que vous
soyez, Nous faisons appel à votre piété ; et nous vous
proposons de faire sentinelle devant les cent quatre-vingt
deux Tabernacles de ce Diocèse dans lesquels réside le Dieu
vivant. Gardons-le bien tout le jour ; et la nuit, laissons
ce soin à nos frères d'un autre hémisphère. Que chaque
maison se fasse un bonheur de députer chaque semaine
quelqu'un de la famille auprès de l'Adorable Sacrement,
pour lui rendre ses devoirs et en obtenir des grâces. Oh !
qu^ alors ils seront aimables et aimés ces Tabernacles du Dieu
des Vertus !
Jésus-Christ y réside. C est notre Dieu : en se logeant
dans de si pauvres cabanes, il montre bien clairement
qu'il met ses délices à être avec les enfants des hommes. Ne
mériterait-il en retour que dégoût et ennui de notre part l
Serait-ce trop de faire quelques arpents pour le visiter,
lui qui fait chaque jour le grand voyage du ciel en terre
pour le plaisir de nous voir ! Une heure par semaine con-
sacrée à la visite de son Temple, serait-elle trop longue
pour nous, quand lui le Dieu de Majesté n'a pas cessé et
ne cessera jamais, jusqu'à la fin des siècles, de demeurer
avec nous?
C est Notre Roi. Les Portes de son humble Palais sont
ouvertes à tous, du matin au soir. Assis sur l'Autel, il
attend patiemnient et avec un air plein de bonté, les
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 103
▼isites de ses sujets. Il a les mains pleines de grâces,
cherchant à les distribuer à quiconque vient les lui de-
mander. Sa cour est-elle fréquentée, du moins autant
que celle des grands du monde? Hélas ! ces maisons sont
toujours remplies ; et dans celle du Roi des Rois, on ne
voit presque jamais personne. Le cœur saigne chaque
fois que l'on entre dans les églises devenues désertes par
la tiédeur des temps mauvais.
C est Notre Père. Le bonheur de ce bon Père est d'avoir
auprès de lui tous ses enfants. Ses yeux sont toujours ou-
verts et ses oreilles toujours attentives au cri de leur
misère. Refuserions nous de faire un pas pour aller lui
témoigner notre amour, et lui exposer nos besoins?
C est Notre Voisin. Sa maisor. est bâtie au milieu des
nôtre?. Nous n'avons souvent qu'un chemin à traverser
pour nous rendre chez lui. Ne serait ce pas une honte
pour lui, si ces voisins ne daignaient pas 'l'aller voir?
Ne passerait-il pas pour un voisin ennuyeux, si du matin
au soir, il demeurait seul et sans compagnie !
C est Notre Hôte. Il veut bien habiter sous le même
toit que les personnes qui vivent en communauté, et y
avoir sa chambre comme un autre de la maison. Il ne
faut, pour se trouver chez lui, que monter un escalier
ou ouvrir une porte. Oh ! le précieux avantage que l'on
sait assurément sentir et goûter dans ces saintes maisons !
c'est là sans doute où Jésus-Christ doit trouver plus d'ado-
rateurs.
C est Notre Ami. L'on sait que c'est le propre de l'amitié
de ne vouloir point se séparer de l'objet aimé. Jésus
ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les
aima jusqu'à la fin, dit St. Jean. Il l'a bien prouvé en
instituant, la veille de sa mort, le St. Sacrement dans le-
quel il est réellement présent, pour pouvoir demeunr
avec se? amis jusqu'à la fin des siècles. Ce bon Ami nous
voit passer et repasser sans cesse devant sa porte. Oh!
quel serait son chagrin, si nous ne nous donnions pas la
104 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
peine d'y entrer, du moins pour le saluer, et lui dire UQ
mot.
11 n'en sera pas ainsi, Nos Très-Chers Frères, car chaque
Paroisse et chaque Communauté se fera un devoir hono-
rable de bien garder son tabernacle. L'Association, en s'y
établissant, y entretiendra de pieux Adorateurs qui seront
les représentants du Peuple Saint, comme les pains de
proposition étaient devant l'arche d'alliance le Mémo-
rial des vœux des douze tribus d'Israël. Priant au nom
de tous, ils fourniront à l'Ange, qui se tient à la droite de
chaque autel beaucoup de parfums, pour que son encen-
soir d'or soit toujours fumant de l'encens des ferventes
prières des bonnes âmes que l'amour amène au pied des
Saints Autels.
En voilà assez et plus qu'il ne faut, Nos Très-Chers
Frères, pour vous animer d'un zèle ardent envers une
Association qui impose si peu de devoirs et procure tant de
précieux avantages. Que de raisons en effet nous pressent
de nous y agréger et d'en bien remplir les devoirs !
Messes manquées, ou mal entendues ; Communions tièdes
et lâches, et peut-être sacrilèges ; irrévérences scandaleu-
ses commises dans le lieu saint à la honte de la Religion ;
tout nous avertit que nous avons à faire de grandes et
solennelios réparations pour nous et pour nos frères.
L'Esprit d'irréligion qui se glisse dans cet heureux pays,
de tout temps si distingué par sa foi ; les doctrines impies
qui commencent à s'y propager ; les scandales de toutes
espèces qui s'y commettent, sont pour nous de puissants
motifs de travailler ardemment à conserver notre foi, et
à garder nos Tabernacles. Fasse le ciel qu'il ne nous
arrive jamais d'obliger Notre Seigneur à nous quitter,
comme tant d'autres peuples qui n'ont plus ni temples ni
autels, ou qui, par une profanation qu'il faudrait pleurer
avec des larmes de sang, ont changé les Temples du Vrai
Dieu en des temples de l'erreur et de l'infidélité ; en des
temples, par conséquent, où se fait adorer le Prince des
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 105
Ténèbres. Qu'il ne nous arrive jamais, ce châtiment
arrivé à un peuple coupable qui, rassemblé un jour dans
son église, entendit, par trois fois, sortir de la sainte
Hostie celte terrible parole: Peuple, je f abandonne. Car,
à ce troisième anathème, l'Hostie disparut et le temple
s'écroula. Nos Très-Chers Frères, ne méritons jamais de
perdre l'Auguste Sacrement qui fait notre unique bonheur
ici, ni les temples où il veut demeurer avec nous. Pour
éviter ce malheur, demeurons humblement et toujours
prosternés devant ce grand Sacrement. Tantum ergo Sa-
cramentum veneremur cernui.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis de
Nos Vénérables Frères, les Chanoines de notre Cathédrale,
Nous avons réglé, statué et ordonné, réglons, statuons, et
ordonnons ce qui suit : —
i» En vertu d'un Induit du Souverain Pontife, nous
établissons pour tout le Diocèse, la pieuse Association
de la Dévotion au Trés-Saint-Sacrement de P Autel, ou Ado-
ration Perpétuelle^ afin que dans les Paroisses où elle sera
pratiquable, elle se trouve érigée de fait et de droit, sans
qu'il soit besoin d'aucun autre diplôme. A mesure que
les Sections se formeront, on en donnera avis au Directeur
de l'Association de Montréal, pour qu'il l'inscrive sur la
liste générale, et lui donne un nom. Qu'il est à désirer
qu'il s'en forme assez pour faire connaître les ineffables
Noms que porte Jésus-Christ dans la Ste. Eucharistie?
2" Pour encourager et récompenser en même temps la
piété des Fidèles envers l'Adorable Sacrement de l'Eucha-
ristie, Nous permettons que les Prières des quarante
heures et l'exposition du Saint-Sacrement se fasse une
fois par année dans chaque Eglise ou Chapelle où il est
permis de le conserver habituellement, avec tous les pri-
vilèges et indulgences qui y ont été attachés par les Souve-
rains Pontifes ; et cela en vertu d'un Induit du St. Siège,
en date du 31 Mai 1840. Nous confions à l'Association le
soin de faire honorer le Très Saint-Sacrement, dans ces
I
106 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES.
beaux jours, comme aussi dans toutes les Processions, par
de nombreux et pieux concours. Ces quarante heures et
autres prières, ne l'oubliez pas, Nos Très Ghers Frères,
sont pour obtenir qu'il ne se commette jamais et nulle
part des sacrilèges par les profanations des Sacrements.
30 Afin que l'Adoration se fasse hiver comme été, nous
laissons à MM. les Curés la liberté de conserver le Saint
Sacrement dans le Tabernacle des petites Chapelles qui,
dans beaucoup d'Eglises, sont adossées aux Maîtres Autels,
ou de faire pratiquer un regard ou vitrail dans la porte
de communication entre l'Eglise et la Sacristie, afin que
les personnes en adoration puissent se tenir dans la Sa-
cristie. Ce vitrail sera couvert d'un volet, quand il ne
sera pas d'usage.
40 Nous invitons chaque Paroisse à montrer beaucoup
de zèle à accompagner Notre-Seigneur, quand on le porte
aux infirmes pour la communion pascale, ou aux malades,
pour celle en Viatique. Il n'y a point de doute que ce Bon
Maître ne répande sur son passage des grâces à propor-
tion de la foi et de la piété qui animent ceux qui l'accom-
pagnent ou l'honorent sur sa route.
Ce sera aux Associés de chaque Quartier à faire les
invitations nécessaires et à déployer leur zèle pour que
partout et chaque fois qu'il sortira de son Temple, la
marche de ce Dieu pour nous soit triomphante. Il serait
à désirer qu'il y eût, dans chaque Paroisse, une voiture
décente exclusivement employée à porter la Ste. Commu-
nion aux malades et infirmes, et qu'on appellerait la Voi-
ture du St.-Sacrement. Notre intention, Nos Très-Chers
Frères, en vous invitant à rendre tous ces honneurs à
Notre-Seigneur. est d'obtenir pour nous tous la grâce de
recevoir dignement tous les Sacrements à l'heure de notre
mort. Qu'il y a à espérer un jugement favorable, quand
en sortant de ce monde, on emporte avec soi son juge !
5o. Nous vous exhortons, âmes ferventes, à procurer à
Notre-Seigneur un plaisir qui lui est très sensible, c'est de
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 107
travailler, selon votre pouvoir, à procurer le bonheur de
la Sainte Communion à ceux qui, étant d'un certain âge et
n'ayant pas fait leur première communion, n'osent se pré-
senter pour cela aux Instructions publiques. Tâchez de
les découvrir ; et par tous les moyens possibles de les con-
duire à la table du Seigneur. Que le Pain de vie que l'on
fait manger à ces pauvres êtres abandonnés, est unj riche
aumône !
60. Nous désirons que ce Mandement soit lu le Jeudi-
Saintau Reposoir, à l'heure jugée pourcela convenable, afin
que ce jour qui a vu naître l'Auguste Sacrement de l'Au-
lel,soit le jour où l'Association reçoive son existence cano-
nique et solennelle. Que le Sacré Oœur de Jésus fasse re-
poser dans ce grand jour cette jeune société, comme uu
autre disciple bien aimé, sur sa poitrine amoureuse, afin
qu'embrasée de ses divines ardeurs elle répande partout
le feu de la divine Charité !
7o. Nous établissons pour Patron spécial de l'Asso-
ciation, le Père Nourricier de Notre-Seigneur, le glorieux
St. Joseph, ou pour mieux dire, c'est Dieu lui-même qui
lui en confie le soin. ConslituU eum Dominum domûs sux.
Ses sueurs et ses travaux pour nourrir ce Dieu homme
devenu le Pain substantiel descendu du ciel pour donner
la vie aux hommes, lui donnant un titre assuré à la gloire
de diriger une famille qui va continuer à remplir ses au-
gustes fonctions.
Nous terminons, ô Vierge Sainte, par déposer, à notre
ordinaire, à vos pieds sacrés, ce mandement, en vous sup-
pliant humblement de le bénir, etle prendre sous votre spé-
ciale protection. Vous êtes la Mère de ce grand sacrement,
puisque le Corps Sacré et le Sang précieux, que le Fils
de Dieu a unis à sa divinité, ont été formés, par l'opé-
ration du St. Esprit, de votre Sang très pur et virginal.
Cela suffit pour que vous vous intéressiez à répandre dans
nôtre Diocèse une œuvre si glorieuse à votre Fils, et si
avantageuse à vos enfants; sous votre conduite, elle pros-
108 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pérera donc; et par les grâces que vous lui obtiendrez, l'on
aura bientôt la consolation de voir à toute heure, aux pieds
des Saints Tabernacles, des Adorateurs dont les conti-
nuelles prières formeront des nuages d'encens qui rem-
pliront nos églises de la majesté de Dieu, beaucoup mieux
que la Nuée mystérieuse ne remplissait le Temple de Salo-
mon. O ^Vierge des Vierges, faites-nous courir à l'odeur
de ces encens parfumés ! Vous êtps la lampequi ne s'éteint
jamais, Lampas inextinguibilis. Brillez donc sans cesse
devant les Autels de votre Cher et Divin Fils. Ah ! de grâce,
ne souffrez pas que jamais la dévotion au Très-Saint-Sacre-
.rnent s'éteigne ici, et pour cela multipliez les enfants de
f Adoration Perpétuelle. Ainsi soit-il.
Sera, le présent Mandement lu dans notre Cathédrale,
«dans les Eglises Paroissiales, et dans toutes les Commu-
nautés Religieuses, le Jeudi-Saint, ou le premier Diman-
che après sa réception.
Donné à Montréal, en Notre Palais Episcopal, le dix-
neuf Mars, mil huit cent cinquante, sous notre Seing et
Sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire.
-]- IG. EvÊQUE DE Montréal.
Par Monseigneur,
L. '\ S. Jos. OcT. Paré, Chin. Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 25 mars 1850.
Monsieur,
Je vous adresse enfin le règlement de V Adoration Per-
pétuelle avec le Mandement qui l'introduit dans tout le
diocèse. Je comprends les difficultés qu'il y aura de
l'établir dans un certain nombre de Paroisses ; mais frap-
pé des paroles que l'Archange St. Gabriel adressait, il y a
CIRCULAIRES ET AU TRES DOCUMENTS. lOrr
aujourd'hui mille huit cent cinquante ans: non erit impos-
sibile apud Deum omne verbuni, je suis plein de confiance
dans le succès. Le Tahernacle est pour chaque Paroisse
un autre sein de la Bienheureuse Vierge ; et il y a tout
à espérer qu'ils se trouvera partout de bons Sts. Joseph
qui le garderont avec bonheur. Je crois que vous feriez
bien de mettre en avant une personne laïque qui fasse
son affaire de trouver des Adorateurs à Notre Seigneur, et
qui ait assez d'intluence et d'intelligence pour être mise
à la tête de la Section qui pourrait être formée.
Je vous adresse un Projet de Requête pour que vous
puissiez vous entendre avec vos voisins et voir avec eux
s'il ne serait pas convenable et possible de pétitionner le
gouvernement dans ce sens. Aussitôt après les Pâques,
veuillez bien vous occuper de cette affaire ; car il n'y a
pas de temps à perdre.
J'ai le plaisir de vous annoncer que M. Gagné a donné
à l'Evéque, incorporé légalement l'année dernière pour
toutes bonnes œuvres du Diocèse, afin de commencer à
doter la Caisse Ecclésiastique en faveur de nos Vénéra-
bles Vétérans du Sanctuaiie, deux terres, 8000 francs, sa
Bibliothèque et tous ses meubles avec le produit de son
tiers ; ce qui peut former de mille à douze cents louis...
Sa maison est ouverte aux Messieurs de St. Joseph, comme-
une maison de campagne dans la saison des chaleurs. Je
ne doute pas que vous n'accueilliez cette nouvelle, comme
elle doit l'être avec joie et reconnaissance. Une pareille
œuvre ne peut manquer d'attirer des bénédictions sur le
Donateur, et faire honneur au Clergé qui entoure ses
anciens et ses infirmes du double honneur dont, selon
l'Apôtre, ils sont si dignes, surtout après avoir blanchi, ou
s'être usés au service des Autels.
Je suis bien cordialement. Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
'\ Ig. Evèque de Montréal.
( yraie copie) J. 0. Paré, Chan., Secrétaire.
110 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ADORATION PERPETUELLE.
Nous sommes heureux d'apprendre les étonnanfcs pro-
grès que fait partout V Adoration Perpétuelle^ qui est,
comme tout le monde le sait, une pieuse association insti-
tuée, ou plutôt ravivée ici par un zélé prêtre de St.
Sulpice, pour procurer à Notre-Seigneur, réellement
présent dans le Tabernacle de chaque paroisse et commu-
nauté, de fervents adorateurs depuis six heures du matin
jusqu'à six heures du soir. Nous aimerions à donner
aujourd'hui la belle et longue liste de toutes les sections,
déjà faites en ville et à la campagne, avec leurs noms
emblématiques. Mais nous attendons qu'elle soit plus
complète. Nous espérons qu'elle le sera, un des jours de
l'Octave de la Fête-Dieu ; et on nous prie d'inviter pour
cela MM. les curés de transmettre au plus tôt à M. Roupe,
directeur de la ville, le nombre de leurs sections, pour
qu'elles soient incorporées à l'Association Mère qui, en
les admettant dans son sein, leur donnera le nom propre
sous lequel chacune sera connue dans tout le diocèse.
En attendant, nos lecteurs liront avec plaisir ci-après
deux pièces, vraiment monumentales, sur V Adoration Per-
pétuelle. Ils y verront ce que pensaient nos pèrds du
devoir imposé à chaque âme reconnaissante d'adorer et de
faire adorer sans cesse J. G. présent au Très-Saint-Sacre-
ment. Ils y admireront la simple mais touchante indus-
trie de la foi, pour se faire représenter à la cour du roi
des rois. Ils aimeront qu'on leur dise que la lampe,
alluméî le onze novembre en mil sept cent quatrevingt-
un, devant le Maître-Autel de l'église de Ste. Anne de
Varennes, ne s'est jamais éteinte depuis, parce que la
piété des fidèles a été comme une fontaine d'huile, qui a
toujours coulée, pour l'entretenir belle et brillante,
devant l'aimable Tabernacle du Dieu Vivant. Deux ans
après, jour pour jour, elle éclairait le dernier souffie du
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 111
Yénérable pasteur qui avait été à la tête de ce mouve-
ment religieux. Elle a aussi sans doute éclairé ses pre-
miers pas dans la route inconnue de l'autre monde. Car
les œuvres de lumière précèdent, accompagnent et suivent
le juste , quand il quitte l'exil pour la patrie.
îspus ne surprendrons personne en disant qu'à la
lecture du Mandement de Monseigneur l'Evêque de
Montréal, qui recommande au diocèse celte dévotion, si
naturelle au cœur catholique, les enfants de tels pères se
sont trouvés tout préparés à faire partie d'une si belle
Association. En s'y aggrégeant avec ardeur et en grand
nombre, ils ont voulu être eux-mêmes des lampes vivantes
dont la dévotion intérieure fait seule tous les frais.
Les actes que nous reproduisons se trouvent d'après les
dispositions des fondateurs, déposés aux archives de Va-
rennes. Ils nous paraissent intéresser si vivement toutes
les paroisses, dans ce moment heureux, où pour la plupart
elles s'ébranlent pour s'enrôler dans V Adoration FerpétjielU^
qu'il nous a sembé qu'ils devaient leur appartenir, et qu'il
convenait pour cela de leur en délivrer copie authentique.
Notre feuille les transmet donc fidèlement. C'est pour nous
un devoir bien doux, que celui de travailler à répandre une
dévotion si touchante pour la foi, dans un temps comme
celui-ci. Nous savons que nos lecteurs sont amis sincères
de la religion et de ses saintes pratiques. Cette pensée,
ntms aimons à le dire en passant, est pour nous bien
encourageante ; et elle ne contribue pas peu à nous sou-
tenir dans les fatigues du jour et les veilles de la nuit.
Acte if Association du Très-Saint-Sacrement de V Autel, de
r Eglise de Ste. Anne de Varennes.
L'an mil sept cent quatre-vingt-un le onz? novembre,
nous soussignés ou dénommés, par le très profond respect
que nous avons pour notre Seigneur Jésus-Christ, et la
112 iMAÎSDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
tendre dévotion que nous portons au Très-Saint-Sacre-
ment de l'Autel, que nous souhaiterions ardemment
pouvoir, en personne, adorer à chaque heure du jour et
de la nuit ; et ne le pouvant faire à cause de nos occupa-
tions, prions au moins la divine majesté d'accepter l'of-
frande que nous lui faisons, en échange des moments que
nous devrions passer devant les autels pour lui rendre nos
hommages et nos adorations, d'entretenir pendant le cours
de notre vie, nuit et jour la lampe qui brûlera sans cesse
devant le grand autel de l'Eglise paroissiale de Ste. Anne
de Varennes. Nous nous engageons, nos vies durant, à
l'entretien de la dite lampe librement, volontairement et
de notre plein gré, sans y être portés par aucun autre
motif que celui d'honorer d'une manière particulière,
le jour et la nuit, le corps adorable de Jésus-Christ, espé-
rant par là des grâces particulières de salut en ce monde
et la miséricorde éternelle en l'autre, et afin que le pré-
sent acte subsiste, et serve d'exemple à la postérité, nous
désirons qu'une copie en soit mise dans le coJffre de la
Fabrique et l'autre entre les mains du Directeur de l'As-
sociation, qui sera nommé par les confrères. Lequel
retirera les deniers, les emploiera à l'entretien de la
lampe, et s'il y a du reste, nous désirons qu'il soit em-
ployé à faire dire des messes pour les associés décédés.
Fait et passé à Varennes ce jour et an ci-dessus. Lu et
publié au prône de la grand'messe du dit jour.
F. Dl'buron, Ptre.
Suivent les signatures de 110 personnes qui se mirent
de l'association.
Consécration à N. S. J. C. au Sacrement de P Autel.
Prosternés à vos pieds, adorable Jésus, nous nous con-
sacrons entièrement à vous, et nous vous faisons une
protestation solennelle de vous rendre, tous les jours de
. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS tl5
notre vie, les hommages et les respects qui vous sont dûs,
et de réparer, autant qu'il dépendra de nous, les outrages
et les insultes, qui vous sont faits, dans le sacrement
adorable de votre amour. Ne pouvant comme nous le
désirerions adorer, en personne, à chaque heure du jour
votre adorable Majesté, dans l'auguste Sacrement de
l'autel, nous vous prions d'accepter l'offrande que nous
vous faisons, en échange des moments que nous devrions
passer en votre divine présence, d'entretenir nos vies
durantes, une lumière qui brûlera sans cesse devant
votre autel, en témoignage de notre foi et de nos profonds
respects pour votre corps adorable. Faites, ô divin Jésus,
que nos cœurs brûlent sans cesse de votre divin amour,
puisque vous êtes dans le Sacrement de l'autel, le viati-
que et la consolation des mourants ; c'est la grâce que
nous vous demandons de vous recevoir au dernier temps
de noire vie, et de mourir entre vos bras. Appliquez-nous
en ce moment le fruit et les mérites de votre sang pré-
cieux ; c'est ce que nous espérons de votre infinie bonté.
Faites, Seigneur, qu'après vous avoir adoré présent, sur
nos autexS, nous puissions vous posséder et vous aimer
éternellement. Ainsi soit-il
A SON EXCELLENCE, Etc.
Aux Honorables Membres du Conseil Législatif, etc.
Aux Honorables Membres de la Chambre d'Assemblée, etc.
Les habitants de la paroisse de ont l'hon-
neur d'exposer à quel'usage immo-
déré des liqueurs enivrantes ayant été de tout temps la
cause certaine de beaucoup de malheurs pour le peuple
du pays, et un obstacle insurmontable à la prospérité de
cette Province, il prennent la liberté de lui (ou de leur)
représenter que, dans leur humble opinion, les moyens à
prendre pour faire cesser tout-àfait ce fléau de notre
société seraient :
8
114 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
1° Que les aubergistes fussent bien qualifiés, ei pour
cela fussent nommés, dans chaque paroisse, par des per-
sonnes désintéressées et capables de faire un choix conve-
nable parmi ceux qui se présentent pour avoir des licen-
ces ;
2» Qu'il n'y eût que le nombre d'auberges nécessaires
pour procurer aux voyageurs des maisons confortables
sous tous les rapports; parcequ'autrement les aubergistes
sont dans une espèce de nécessité de frauder la loi, afin
de gagner à tout prix de quoi payer leur licence e'. sou-
tenir leur famille ;
3° Qu'il devrait y avoir une pénalité contre quiconque
serait trouvé dans un état d'ivresse, et aussi contre tout
aubergiste qui serait convaincu d'avoir contribué à cette
ivresse ;
4» Que le gouvernement devrait favoriser les mœurs
publiques plutôt que l'avantage particulier des aubergis-
tes, en donnant à quiconque aurait du zèle pour son pays,
le pouvoir de poursuivre et les intempérants et les auber-
gistes complices de leur intempérance, et des moyens
faciles pour compléter la preuve de cette sorte de délit,
car il n'est que trop connu que jusqu'ici les aubergistes
ont presque toujours pu éluder impunément la loi, vendre
les dimanches, enivrer les jeunes gens qui, à l'insu de leurs
parents passent une partie des jours consacrés à Dieu,
à boire dans les auberges, et y dépenser au jeu et à la
débauche un bien précieux qui devrait être économisé
pour servir à se procurer de bons établissements ;
5o Que vos humbles Pétitionnaires, ayant depuis quel-
que temps le bonheur d'appartenir à la société de Tempé-
rance, peuvent témoigner, par leur propre expérience, des
avantages incalculables qui résulteraient, pour leur
paroisse et pour tout le pays, si le gouvernement prenait
des mesures énergiques pour empêcher à l'avenir tout
«xcès de boisson.
Et ils ne cesseront de prier etc.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 115
CIRCULAIRE
DES ÉVÊQUES DE SYDIME, DE MONTRÉAL, DE CARRHA, DE MAR-
TYROPOLIS ET DE BYTOWN, RÉUNIS A MONTRÉAL, AU
CLERGÉ DES DIOCÈSES DE QUÉBEC, DE KINGSTON, DE
MONTRÉAL, DE BYTOWN ET DE TORONTO.
Evêché de Montréal, il Mai 1850.
Monsieur^
Vous serez convaincu, par la lecture de la lettre pasto
raie ci-jointe, de notre ardent désir de seconder et d'ap-
puyer de toute notre autorité les généreux efforts que
VOUS faites pour conserver dans ce pays, de tout temps si
religieux, le présent des pressantes paroles de l'apôtre :
depositum ctcstodi (I. Tim. VI. 20). A cette divine et énergi-
que recommandation se joint aujourd'hui celle que le
Bienheureux Pierre adresse, par la bouche de son succes-
seur, au gouvernement Sarde, pour l'engager à soutenir
V épiscopat et le clergé, et à promouvoir la cause de la religion,
cause inséparable de la félicité des peuples et de la sécurité de
la société, qui est aujourd hui secouée et menacée de toute ma-
nière. (Protestation de N. S. P. le Pape Pie IX, 9 mars
1850.) Persuadés c(|mme vous l'êtes, que la cause de la
religion, du clergé et du peuple est une seule et même
cause, vous comprendrez sans peine les motifs qui nous
font agir, et vous travaillerez avec zèle à faire passer
dans le cœur des fidèles confiés à vos soins ces vives ft
profondes c'onvictions qui nous sont communes.
Nous commençons par vous faire part du résultat de
nos délibérations, qui est comme le thème et l'analyse de
notre lettre pastorale : vous y trouverez des décisions
claires et nettes, dont les unes sont des règles pratiques
qui obligent en conscience, et les autres des moyens exté-
rieurs et qui ne sont point étrangères au zèle que doit ins-
pirer l'amour du troupeau de J. G., dont le bien temporel
est souvent intimement lié avec le bien spirituel.
116 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
DÉCISIONS.
lo. Nous délendons strictement la lecture des bibles
falsifiées.
2o Nous ne permettons point la lecture des bibles pu-
bliées sans l'approbation des supérieurs ecclésiastiques, et
sans notes explicatives d'auteurs catholiques bien connus.
3o. Nous réprouvons la lecture de tout traité, pamphlet,
livre, journal, etc., contraires à la foi, ou aux moeurs.
Dans le doute, s'ils sont dans celte catégorie, l'on recourra
à l'autorité diocésaine.
4o. Ceux qui, après avoir été avertis de ces décisions
salutaires, refuseraient de s'y soumettre, ne devront point
être admis aux sacrements.
5o. Les fidèles qui aimeraient à lire l'écriture sainte
dans des traductions approuvées par raulorité ecclésiasti-
que, seront autorisés aie faire, à moins que, dans certains
cas particuliers, il n'y ait de justes raisons de craindre
que cette lecture ne leur soit préjudiciable.
60. Nous regardons comme suffisamment approuvé à cet
effet le Nouveau Testament traduit en français, et impri-
mé à Québec avec l'approbation de Monseigneur l'Arche-
vêque, la bible de Douay et le testament de Rheims
traduits en Anglais, et publiés avec l'autorisation de
plusieurs évêques.
BIBLIOTHÈQUES.
11 est évident que, pour éloigner le peuple des mauvaises
lectures, il importe de lui procurer les moyens d'en faire
de bonnes, car il faut un remède spécifique pour chaque
maladie. Voici ce que nous avons résolu à ce sujet:
lo. Nous recommandons instamment l'établissement
de bibliothèques paroissiales, chaque paroisse ou mission
pouvant, ce nous semble, avoir la sienne.
2o. Pour favoriser autant qu'il est en nous une œuvre
si louable, nous instituons par la présente dans chaque
paroisse, ou mission, en vertu des pouvoirs que nous
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. U7
tenons du St. Siège Apostolique, V Œuvre des bons livres^
telle que fondée à Bordeaux, et érigée ensuite en con-
frérie par les Souverains Pontifes, avec tous les privilèges
et indulgences qui y sont attachés. Le règlement ci-joint
qui en fait connaître et apprécier les avantages, pourra
être modifié, si on le juge à propos.
3o. Pour faciliter l'acquisition des livres les plus utiles
au peuple de ce pays, nous établissons une commission
formée de prêtres des divers diocèses de cette province,
laquelle devra s'enquérir des meilleurs ouvrages qui
puissent être mis entre les mains des fidèles, et des moyens
les moins dispendieux de se les procurer. On en impri-
mera un catalogue auquel chaque paroisse pourra recou-
rir pour faire choix de ceux qui lui conviendront, et les
faire ensuite venir par quelques libraires, sans s'exposer
à des frais inutiles. Chaque année, la commission donnera
un supplément au catalogue général, s'il y a lieu.
4o. Les messieurs nommés pour former cette commis-
sion sont : à Québec, M. le curé de Notre Dame et M. le
chapelain de St. Patrice ; à Kingston, les deux chapelains
des Congrégations Irlandaise et Canadienne ; à Montréal,
les deux prêtres bibliothécaires de l'œuvre des bons livres
érigée, l'une pour les Canadiens et l'autre pour les Irlan-
dais ; à Bytown, deux des RR. F^P. Oblats chargés de la
desserte des Irlandais et des Canadiens. Ces messieurs se
concerteront ensemble pour publier une seule et même
liste qpi convienne aux besoins du te.ups et des lieux.
5o. L'on se mettra en rapport avec fceuvre des bons
livres de Bordeaux et autres villes, afin de participer aux
avantages temporels et spirituels dont jouit cette pieuse
association.
JOURNAL ANGLAIS.
A l'heure qu'il est le journalisme est une puissance
formidable dont l'enfer se sert malheureusement avec
trop de succès, pourempoisonner le monde de ses doctrines
impies et corrompues. La religion se voit donc dans la né-
'l8 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cessité de se servir de cette arme, pour combattre l'erreur
et le mensonge. Pressés par les besoins de l'époque, et à
la demande de plusieurs laïques profondément affligés
de voir que le catholicisme en Canada n'a pas un seul
organe, dans la langue anglaise, pour repousser les atta-
ques incessantes des journaux protestants, nous nous
sommes arrêtés à ce qui suit :
lo. Nous approuvons de tout notre cœur, comme une
œuvre avantageuse à la religion, la publication d'un jour-
nal religieux en anglais, pourvu qu'il ne s'attache à au-
cun parti politique.
2o. Ce journal devra être, pour le moment, imprimé à
Montréal, rédigé par des laïques sous la surveillance de
quelques prêtres, et publié une fois par semaine.
3o. 11 aura pour titre The true Witness^ parce que sa
mission sera de rendre témoignage aux saintes vérités de
la religion catholique, dont Notre-Seigneur se déclare le
témoin fidèle \Jesu Christo qui est testis fidelis, et dont tout
ie clergé doit se montrer le zélé défenseur par tous les
moyens en son pouvoir.
4o. 11 y aura dans chaque diocèse, au moins un prêtre
chargé spécialement de s'enquérir des réclamations parti-
culières de sa localité, et de transmettre aux éditeurs du
journal les renseignements dont il pourraient avoir besoin-
Ils correspondront entre eux pour mieux aviser aux meil-
leurs moyens de le rendre de plus en plus intéressant
sous tous les rapports.
5o. MM. les curés et missionnaires sont priés de recom-
mander ce journal à ceux de leurs paroissiens qu'ils
croiront être en état de le lire avec profit. Ils voudront
bien en être les agents, ou désigner des personnes respec-
tables pour remplir avec zèle et bonne volonté les devoirs
de cette charge, qui se réduisent à trouver autant d'abou.
nés possible et à retirer leur,abonnement.
60. Chacun sera prier de payer d'avance son abonne-
ment, pour la première année, et d'y ajouter une fois pour
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 119
pour toutes, telle contribution qu'il jugera suffisante pour
aider à faire les frais d'établissement qui se monte-
ront probablement à deux ou trois cents livres courant.
Le prix d'abonnement sera de deux piastres et demie,
«xcepté pour les abonnés de Montréal, qui paieront trois
piastres, parcequ'ils n'ont aucuns frais de poste à suppor-
ter.
7o. Les examinateurs ou surveillants du nouveaux jour-
nal sont, pour le moment, M. Patrick McMahon, de Que
bec, M. le grand vicaire McDonnell de Kingston, M. John
Connolly, du Séminaire de Montréal et le Révd. Père
Boyle, de Bytown. C'est à l'un d'eux que l'on devra
adresser les observations que l'on aurait à faire dans
l'intérêt du journal.
COLONISATION DES TOWNSHIPS.
Une triste expérience n'a que trop prouvé que le séjour
de nos catholiques aux Etats-Unis n'a été que trop funeste
à leur foi. Arrêter ce flot d'émigration a été jusqu'à ce
jour chose impossible. Cependant la première cause qui
forçait à aller à l'étranger un peuple si attaché au sol
natal, disparaît aujourd'hui devant la bonne volonté de
notre gouvernement, qui travaille si sincèrement à lui
faciliter l'accès aux terres des townships; et la seconde, la
ruine des fortunes, semble aussi disparaître sensiblement,
depuis que le peuple embrasse avec une si louable ardeur
la cause de la tempérance, source visible de prospérité
pour ce pays. Ayant à cœur de favoriser une œuvre si
digne de notre sollicitude, nous avons adopté les disposi-
tions suivantes :
lo. Nous exhortons MM. les curés à former dans chaque
paroisse une société pour la colonisation sur le modèle de
celles qui existent déjà dans diverses paroisses du diocèse
<le Québec, et notamment de celle qui a été formée dans
le comté de Kamouraska. Nous joignons à la présent©
un abrégé des règles qui régissent celle-ci, sans cependant
120 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
prétendent ôter à chaque société la liberté de s'en donner
d'autres, si elle le juge à propos.
2o. Nous invitons nos dignes coopérateurs à recomman-
der fortement cette œuvre patriotique que nous regardons
aussi comme religieuse, aux peuples confiés à leur solli-
citude, surtout dans les réunions du mois qui ont lieu
dans plusieurs endroits de la province ecclésiastique.
MM. le grand vicaire Mailloux, dans le diocèse de Québec,
Désauteis, dans le diocèse de Montréal, Farrell, dans le
diocèse de Kingston, et le Révd. P. Dandurand, dans celui
de Bytown, sont chargés plus particuUèrement de propa-
ger le zèle de la colonisation.
3o. Dans chaque ville épiscopale, il sera nommé des
ecclésiastiques, ou laïques, dont la mission sera de favori-
ser la bonne œuvre, en obtenant du gouvernement, ou de
la compagnie des terres, des concessions avantageuses.
4o. Un agent ayant été nommé pour représenter à
Toronto, pendant le prochaine session du parlement, les
évêques de la province ecclésiastique, et y veiller aux
intérêts de la religion, il sera chargé de solliciter de la
législature les actes et octrois nécessaires pour faciliter la
colonisation, surtout.'pour pratiquer des chemins de com-
munication entre les habitations et les terres incultes qui
en sont ordinairement fort éloignées. M. le grand vicaire
McDonnell, de Kingston, a bien voulu accepter cette
fonction importante. Ses talents bien connus et sa lon-
gue-expérience acquise par de continuels rapports avec le
gouvernement et la législature, sont de justes litres à la
confiance qui lui est accordée.
MISSION DES CHANTIERS.
Depuis quelques années, l'on a à bénir la divine misé
ricorde du prodigieux changement opéré chez les jeunes
gens qui travaillent dans les chantiers. Il faut l'attrinuer
au zèle des RR. PP. Oblats qui se sont imposé le pénible
ministère de les visiter dans les forêts, et de les des-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 12F
servir à Rytown et dans les environs, où le scandale
les attendait à toutes les portes. Pour généraliser ce bie»
si heureusement- commencé, voici ce que nous avons
décidé :
lo. L'on donnera à Québec et à Montréal des exercices
particuliers pour les hommes des chantiers et des cages
qui, pendant la saison de l'été, on coutume de séjourner
quelque temps dans ces deux villes.
2o. Les exercices se feront à Québec dans l'église de
Notre-Dame de la Victoire, à la Basse-Ville, et à Montréal,
dans celle de Notre-Dame-de-Bonsecours. On choisira,
pour réunir ceux à qui ils sont destinés, les heures qui
les accommoderont davantage et ont les en informera à.
temps.
3o. Quant à Bytown, il s'y donnera quatre retraites par
an, lesquelles se feront les trois jours qui précèdent la
Nativité de la Bienheureuse Vierge, la solennité du St
Rosaire, le 15 octobre et le 20 janvier.
4o. A la rivière Trent^ dans le diocèse de Kingston, il
sera donné des exercices particuliers, par les mission
naires du lieu, aux gens employés dans les chantiers,
quand ils s'y trouveront réunis en nombre suffisant.
5o. MM. les curés des paroisses qui se trouvent sur la
roule que suivent les hommes de cages de Bytown à
Québec, sont priés de veiller sur eux quand ils les verront-
s'arrêter dans leurs paroisses, et de s'entendre avec quel-
ques-uns de leurs bons et charitables paroissiens, pour les
déto'irner des auberges et leur porter secours au besoin
60. MM. les curés, ayant dans les paroisses des jeunes
gens qui vont dans les chantiers, sont invités à les réunir
à l'église, à l'époque de leur départ, pour leur donner des
avis, les confesser et leur recommander de prendre part
aux exercices religieux indiqués ci-dessus, de ne se loger
que dans des auberges bien tenues, lorsqu'ils s'arrêtent
quelque part, de se pourvoir des vêtements nécessaires
pour n'être pas obligésdelesacheter àdes prix très élevés-
122 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES.
dans les chantiers, de ne pas craindre de faire leurs prières
soir et matin, malgré les railleries dont ils pourraient
être l'objet, de rester le moins longtemps possible dans
les villes, etc.
7o. Un avis qu'il importe surtout de leur donner à leur
arrivée à Québec et à Montréal, où ils sont exposer à aller
gaspiller leur argent dans des maisons suspectes, tout en
perdant leur âme, est de les engager à déposer leur argent
dans une banque d'épargnes, ou de le prêter à des gens
honnêtes et soivables, afin qu'en gardant ainsi avec soin
leurs gages, ils puissent, après quelques années de travail,
acheter des terres productives, ce qui leur sera d'autant
plus facile que le gouvernement cède maintenant celles
de la couronne à meilleure composition que jamais. Cette
recommandation devra aussi leur être faite partout où
i.Von aura occasion de les rencontrer et de leur parler.
SECOURS AUX CANADIENS DES FRONTIÈRES.
Si l'on a beaucoup à louer Dieu de l'heureux change-
ment qui s'est opéré chez les gens employés dans les
chantiers, l'on n'a pas moins à gémir de l'esprit d'apathie
et assez souvent d'apostasie de ceux de nos catholiques
qui vont travailler aux Etats Unis, Il faut avouer toute
fois que le grand nombre demeurent attachés à la foi du
sol natal ; seulement il est à regretter que les évêques des
diocèses voisins n'aient pas de prêtres à donner à des gens
si avides d'en avoir, qui en demandent avec tant d'ins-
tances, et qui profitent si bien des secours de la religion
•quand on va les leur porter : l'expérience qui en a été faite
l'année dernière, et celte année encore, dans les diocèses
de Boston et d'AIbany, est vraiment encourageante. Nous
sentons vivement l'importance qu'il y a de ne pas aban-
donner à leur sort ces pauvres gens qui nous tendent sans
•cesse des mains suppliantes, pour nous dire comme le
3kIacédonien à St. Paul : Secourez-nous. Il y va du bien
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 123
même de nos paroisses, dans lesquelles beaucoup de ces
infortunés ne reviennent que pour y apporter des princi-
pes corrupteurs. Mais tout ce que nous pouvons faire en
leur faveur est de déclarer que nous seconderons de tout
notre cœur le zèle de nos chers collaborateurs, qui au-
raient le temps et les forces nécessaires pour aller porter
les paroles de la vie à nos frères qui périssent ainsi à
l'étranger.
MISSIONS CHE2 LES SAUVAGES.
Pour conserver la foi antique de nos pères, et pour la
propager et l'enraciner de plus en plus dans notre pays,
qui semble être spécialement privilégié de la Divine pro-
vidence, nous avons pensé qu'il importait de favoriser
l'établissement de missions fixes chez les sauvages. Nous
avons donc résolu de ne rien négliger, pour faire résider
des missionnaires à différents postes du vaste territoire de
la baie d'Hudson, afin que les sauvages qui l'habitent
puissent être évangélisés. Nous exhortons MM. les curés
et autres prêtres employés dans le saint ministère, à nous
en fournir les moyens, en travaillant à répandre de plus
en plus dans nos paroisses et missions le zèle pour l'œuvre
de la Propagation de la Foi.
AGENCE A ROME.
Ce qui affermit la foi dans un pays, c'est rattachement
au St. Siège Apostolique. Plus on a de rapports intimes
avec la chaire de St. Pierre, plus la foi est ferme et éclai-
rée, car c'est de ce tribunal infaillible qu'émanent tant de
décisions qui sont pour toute l'église des règles de foi et
de morale. Ces raisons et beaucoup d'autres nous ont
déterminés à avoir constamment à l'avenir, dans la Ville-
Sainte, un Agent chargé de représenter, auprès du Vicaire
de Jésus-Ghrisf, le clergé de la province ecclésiastique de
124 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Québec,chaque diocèse devant avoir droit d'y envoyer à son
tour un de ses prêtres. Il convenait que la Métropole eût
l'initiative, et son choix est tombé sur M. Charles-François
Baillargeon. curé de Québec, qui n'a accepté que par obéis-
sance, mais qui, nous le croyons,^n'eu rencontrera que
mieux la sympathie de ses confrères. Son mérite bien
connu le rendait digne d'une si haute mission, et la capa-
cité dont il a fait preuve est pour tous une garantie qu'il
en remplira les devoirs avec succès. En établissant cette
agence, nous avons sans doute eu vue par dessus toutes
choses Je bien de l'église du Canada; mais nous nous
trouvons heureux de pouvoir procurer en môme temps au
clergé qui nous seconde avec tant de zèle, un moyen ho-
norable d'aller puiser à leurs sources des connaissances
canoniques qui ne manqueront pas de faire briller un jour
à l'étranger le clergé de cette province d'un éclat, dont la
religion devra s'honorer et la patrie se glorifier. Nous
pensons que tous les prêtres aimeront à contribuer de
quelque chose à cette œuvre qui intéresse la foi du peuple
et l'honneur du clergé. Nous les y invitons avec con-
fiance, en les prévenant toutefois que leur souscription
annuelle pour cela ne devra pass'éleveraudessusdequatre
piastres. Ils ont en effet tant d'œuvres à soutenir et si peu
de ressourcesà leur disposition dans ces années de détresse^
qu'il y aurait indiscrétion à leur demander davantage.
D'ailleurs le grand nombre supplée à la modicité de
l'offrande. Une partie de la souscription servira à
défrayer les dépenses de l'agent député à Toronto,
auprès du gouvernement. Les contributions ainsi données
pourront être mises entre les mains du grand-vicaire, ou
de l'archiprêtre le plus voisin, qui voudra bien avoir la
complaisance de les transmettre, aussitôt que possible, au
secrétariat du diocèse auquel il appartient.
En imposant, par notre présente lettre, à MM. les Curés
de si nombreux devoirs, nous ne sommes pas sans inquié-
tude pour un grand nombre d'entre eux qui sont déjà
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 125
chargés de tant de soins multipliés. Mais la foi en danger
nous oblige à fermer les yeux sur cette considération.
Nous connaissons au reste leur zèle pour la religion et
leur géhéreuse disposition à tout sacrifier pour le bien da
troupeau de Jésus-Gnrist. Dans un temps comme celui-ci,
où l'on fait tant d'efforts pour avilir le clergé, et le repré-
senter comme un corps à charge au peuple, prouvons par
nos bienfaits qu'il n'en est rien. Que nos œuvres mises en
contraste avec celles des hommes qui se déclarent si gra-
tuitement nos ennemis, suffisent pour faire connaître à ce
bon peuple quels sont ses vrais amis. Que l'emploi hono-
rable que nous ferons des biens de l'église ferme la bou-
che à ceux qui travaillent avec tant d'acharnement à nous
réduire à la chétive pitance du pauvre. Sous l'étendard
de notre auguste Dame et Souveraine qui a dit avec autant
d'humilité que de véri'.é : fecit mihi magna qui potens est,
continuons noire œuvre avec courage, et nous verrons
par une douce expériencfi que l'on peut tout quand, pour
Dieu, l'on ne fait qu'un cœur et qu'une âme.
CAS RÉSERVÉS.
Nous terminons celte longue lettre, en vous informant
que nous n'avons pu régler définitivement ce qui regarde
l'importante discipline des cas réservés, dont noua nous
sommes sérieusement occupés, et sur laquelle nous avons
consulté le travail résultant des conférences ecclésiasti-
ques déjà tenues sur cette matière à Montréal. Nous avons
cru devoir en remettre la décision au premier Concile
provincial dont nous sommes bien aises de vous annoncer
que l'ouverture aura lieu le 15 août 1851. En attendant,
nous vous donnons le pouvoir d'absoudre des censures et
des cas réservés à l'évêque, jusqu'à la publication des
actes du Concile. Quant aux cas réservés au Pape, l'on
se bornera à user des permissions accoriées à ce sujet par
le rituel en usage dans chaque diocèse.
126 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Vous pourrez communiquer aux fidèles les différent»
articles de la présente circulaire qui vous paraîtront pro-
pres à les intéresser.
Nous sommes bien cordialement,
Monsieur,
Vos très- humbles et obéissants serviteurs,
f P. F. Ev. DE SiDYME, Coad. de Québec et Adm. de
rArchidiocèse.
■f Ig. Ev. de Montréal.
f Patrick Ev. de Carrha, Coad. et Adm. de Kingston.
■f J. C. Ev. DE Martyropolis, Coadjuteur de Montréal.
f Jos. Eugène, Ev. de Bytown.
N. B. — La lettre pastorale qui accompagne la présente pourra
être lue par parties, si MM. les curés le jugent plus convenable pour
l'établissement des œuvres qui y sont re>?ommandées : par exemple, la
lecture de ce qui regarde les bibliothèques paroissiales pourrait être
différée jusqu'à ce que tout soit disposé pour le succès d'une pareille
œuvre. On laissée leur discrétion d'omeJtre ce qui leur paraîtrait ne
point convenir à leurs paroisses. On a cru devoir entrer dans certains
détails pour qu'il y ait uniformité dans des mesures qui intéressent si
vivement le bien commun de la province ecclésiastique. On observera
de ne Taire aucune allusion directe et personnelle, alin de ne se mettre
aux frises avec qui que ce soit. 11 est à propos de ne pas employer plu*
d'une demi-heure à chacun des prônes auxquels l'on publiera quelque
partie de la lettre pastorale.
CIRCULAIRE AU CLERGE
Montréal, le 6 Juin 1850.
Monsieur le Ctiré,
Dans ce temps mauvais où l'esprit d'incrédulité est si
hostile au Clergé, j'ai cru que la voix la plus capable de
soutenir l'honneur qui lui est dû, est celle de l'Eglise,
Car, la voix d'une bonne mère n'est jamais suspecte, et
elle va toujours au cœur des enfants, quelque dénaturés
qu'ils puissent être. C'est pour cette raison que je me
suis attaché, dans le Mandement de Visite ci-joint, à la
faire parler, dans ses augustes cérémonies, en faveur de
«es Pasteurs. Veuillez entrer dans cette pensée et donner^
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 127
dans vos instructions, tout le développement que mérite
un sujet si important et que je n'ai pu qu'esquisser rapi-
dement. Afin que ce Mandement puisse produire à la lon-
gue un effet si désirable, je l'ai fait imprimer en petit for-
mat, pour que chacun pût se le procurer, et l'avoir sous les
yeux, en suivant les exercices de la Visite Pastorale. Vous
pourrez plus tard juger des bons effets de cette tentative r.
ce qui vous donnera occasion d'expliquer, en temps et
lieu, les autres cérémonies employées tant ûans les offi-
ces que dans l'administration des sacrements.
Gomme la bonne communion est le fruit ordinaire de
tout exercice religieux, je vous prie de vous arranger avec
vos voisins, pour procurer à vos Paroissiens autant de
confesseurs qu'il en faudra pour pouvoir satisfaire à leur
piété dans la Visite. C'est encore dans cette vue que je
suis décidé à me faire accompagner par au moins trois
prêtres. Peut-être trouverez-vous bon de commencer les
confessions avant la Visite, laissant aux personnes qui se
confessent à l'avanne la liberté de ne communier que le
lendemain de l'arrivée de l'Evêque.
Afin de donner plus de temps aux confessions, nous
réglerons toutes choses pour que lesexeicices de la Visite-
soient courts. Pour la même raison, vous ferez bien de
donner les billets de confirmation et d'arranger toutes-
choses, pour n'être point obligé de quitter le confessionaL
Je vous recommande d'avoir des grilles, pour que lefr
prêtres y puissent tenir à la journée ; et que les pénitents
n'y soient point entendus ; ce qui dans ce temps de con-
cours, pourrait aisément arriver à cause de la foule. Il en
faut faire faire plus que moins, pour que personne n'en
manque. Le ministère ne peut manquer d'être béni,
quand il s'exerce suivant les saintes règles de l'Eglise.
Je suis bien cordialement,
Monsieur le curé.
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
-]- Ig. Ev. de Montréal..
3Î28 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT DE VISITE.
Ignace Bourget, par la viisericorde de Dieu et la grâce du
St. -Siège Apostolique, Eve que de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé el aux Fidèles de Notre Diocèse, Salul et Bénédiction en
Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous vous annonçons. Nos Très-Chères Frères, q ue bien-
tôtNous nous rendrons dans voire Paroisse, pour y faire
la Visite Pastorale. La foi vive, qui vous anime, remplit
sans doute vos cœurs d'une joie toute sainte, à cette heu-
reuse nouvelle. Car elle vous fait apercevoir, dans cette
Visite de votre premier Pasteur, celle de Notre-Seigneur,
qui vient à vous., plein de grâce et de vérité ; (Jean.) et qui
aujourd'hui, comme au temps de sa vie mortelle, doit mar-
quer son passage par d'innombrables bienfaits. Pertransiit
ienefaciendo. (Act. 10. 38.)
Et en effet, quiconque voudra fermer les yeux de la
chair, qui lui feraient ne voir en Nous que l'homme, avec
toutes les faiblesses de la pauvre humanité, y découvrira
sans peine, avec les lumières de la foi, \homme de Dieu
dispensant ses redoutables mystères, et \ Ambassadeur dejésus-
Chrit, exerçant sa puissance et sa charité, pour le salut des
tiommes. Sicut misit me Pater, et egomittovos. (Jean. 20.21.)
C'est à rendre cette vérité sensible que l'Eglise s'attache,
quand elle déploie tant de pompe dans les cérémonies de
la Visite Episcopale. Ces augustes cérémonies sont des
langues si éloquentes, que nous allons, Nos Très-Chers
Frères, les laisser vous dire, dans leur louchant langage,
que ce n'est pas l'homme que vous aller recevoir, mais
Jésus-Christ lui-même. Qui recipit vos vierecipit. (Math.
10. 40.) Elles vous diront aussi ces majestueuses cérémo-
nies, la nécessité pour vous de vous préparer soigneuse-
ment aux grâces que vient vous apporter ce bon Maître,
.en visitant votre V?iVQ)\%^Q,.Parateviam Domini. (Math. 3.3.1
Elles ont été, vous n'en doutez pas, inspirées à l'Eglise,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 129
par l'Esprit-Saint pour pénétrer vos âmes d'un respect
religieux pour vos Pasteurs. Puisse le court tableau que
Nous allons vous en tracer, y enraciner de plus en plus
la foi, l'amour et la confiance que vous leur devez.
D'abord, l'Evoque vous apparaît, revêtu d'ornements
sacrés auxquels sont attachés des significations mysté-
rieuses, et les grâces spéciales du ministère. Ses mains
consacrées pour poj-ter les vases du Seigneur, (Tsaïe 12), c'estr-à-
dire, les âmes pures et innocentes confiées à sa vigilance,
sont couvertes de gants précieux. C'est par respect pour
l'onction sainte dont elles sont imprégnées, pour mieux
vous signifier les Mains Vénérables de Jésus-Christ, le
véritable Jacob, qui a mérité toutes les bénédictions du
Fils Aîné, pour s'être humilié jusqu'à prendre les appa-
rences du péché, figuré par les peaux de chameau, qui
couvraient les mains de ce Saint Patriarche. C'est ainsi
que, sous le voile de l'humilité, Dieu a caché dans les
mains de votre Evêque, les abondantes bénédictions qu'il
vous réserve dans la Visite qu'il va vous faire de sa part.
L'anneau qu'il porte au doigt est spécialement bénit,
pour le signe de l'alliance sacrée qui l'unit à chaque Pa-
roisse, et le symbole de la fidélité avec laquelle il doit
travailler à les orner toutes des dons du St. Esprit, que
l'Eglise appelle le doigt de la Main droite de Dieu. La
Crosse qu'il tient à la main est le bâton sacré que lui a
donné le Dieu Tout puissant, pour lui aider à soutenir le
poids écrasant de la charge Episcopale, et la Houlette Pas-
torale, qui lui inspire une pieuse sévérité, pour corriger
les abus et une sage discrétion pour s'insinuer dans les
cœurs et les gagner à Dieu. La Mitre précieuse qui orne
sa tête le fait aisément reconnaître pour le conducteur
du Peuple de Dieu, dans les déserts de cette vie, au vif
éclat des lumières qui brillent sur sa face, comme sur
celle de Moïse, qui lui-même n'était que la figure de
Jésus-Christ, tout resplendissant de gloire sur le Thabor.
Cette Mître est pour lui le casque du salut, chaque fois
9
130 MANDEMENTS, LET'ÎRES PASTORALES.
qu'il lui faut entrer en lutte contre lee ennemis de la
vérité. Par les prières de l'Eglise, elle le rend terrible
dans les combals du Seigneur : Qiiatenus terribilis appa-
rafis adversariis veritatis. A un appareil si pompeux, vous
reconnaissez Jésus-Christ que St. Paul appelle la splendeur
de la gloire de Dieu, et la parfaite Image de sa substance.
(Heb. 1 3.)
Ainsi revêtu et orné, TEvêque se met humblement à
genoux sur le seuil de la porte du Presbytère, et baise
amoureusement la Croix que lui présente le Curé, et sur
laquelle a expiré le Bon Pasteur, pour l'amour de ses
brebis. C'est ainsi qu'à la face de toute la Paroisse
assemblée, et pour premier acte de visite, il proteste hau-
tement qu'il veut être le serviteur de tous. Pour remplir
les graves devoirs de cette glorieuse servitude, il em-
brasse de bon cœur les croix innombrables attachées à
son ministère. Et c'est pour cela qu'il porte jour et nuit
sur son cœur cette croix sainte qui est pour lui, comme
pour son peuple, l'étendard du salut.
Pendant qu"'il s'humilie de la sorte, l'Eglise le relève en
chantant avec transport : Nous vous saluons, ô grand
Prêtre ; Soyez béni, ô Pontife., qui venez renouveler parmi
nous les œuvres merveilleuses de notre Dieu ; Soyez le
bien-venu, ô bon Pasteur., puisqu'en vous sacrifiant pour
votre peuple vous avez su gagner les bonnes grâces du
Seigneur : Sacerdos et Pontifex et virtutum opifex, Pastor
bone in populo, sic placuisti Domino.
L'on se rend à l'Eglise, au milieu de ces c cclamations
joyeuses, et la voix si connue de la cloche paroissiale,
venant mêler son doux et harmonieux accent à ce chant
sacré, d'ineûables émotions se font sentir aux âmes reli-
gieuses ; et alors les yeux pénétrants de la foi découvrent
sans peine à travers de viles dehors, Jésus-Christ le bon
Pasteur, le véritable Evêque de nos âmes. Pastor on et Epis-
copum animarum vestrarum. (1. J-*et. 2, 25.)
Le premier pas que l'on fait dans l'enceinte sacrée, est
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 131
un acte religieux, qui rappelle la première et mémorable
parole qu'a fait entendre à la terre coupable, le Dieu du
ciel, quand il s'y est rendu visible, poir converser avec
les hommes. Purifiez-vous dans les larmes de la pénitence ;
et croyez à l'Evangile. Pœnitemini et crédite Evangelio
(Marc. 1. 15). L'Evêque s'asperge le premier, pour recon
naître a^^ec l'Apôtre qu'il est le plus grand des pécheurs ;
Quorum primus ego suffi (l Tim. 1. 16). Il répand ensuite
l'eau sainte sur la paroisse, pour lui communiquer l'esprit
de componction. L'aspersoir est dans sa main ce qu'était
dans celle de Moïse la Verge d'Aaron. Il frappe les cœurs
des pécheurs plus durs que les rochers : et il en sort des
torrents de larmes ; Percussit Petram et fluxerimt aquœ. (Ps.
77. 20). A cet acte expiatoire succède l'encensement de
l'Evêque, par le Curé, au nom de la paroisse. Qui ne voit
que l'Evêque est là, comme l'ange du Seigneur, recevant
les parfums, c'est-à-dire, les ferventes prières de la paroisse,
pour les porter avec les siennas, au saint Autel ? Sicut
Afigelufti Dei excepistis me. (Gai. 4. 14).
La rentrée au sanctuaire est un moment solennel dont
l'impression est poignante pour les cœurs de foi. Tous
tombent à genoux aux pieds du Souverain Pasteur, réel-
lement présent dans son Tabernacle, ce Trône de toutes
grâces. Ah 1 c'est que tous doivent l'adorer, les Anges
du ciel, aussi bien que ceux de la terre. Adoretit euffi onmes
Afigeli ejus. (Heb. 1. 6). Le chant sacré cesse : et après un
instant d'un silence pénétrant, une voix se fait entendre ;
c'est celle lu Pasteur de la Paroisse, qui seul debout au
coin de l'Autel, envoie, tant en son nom qu'en celui de
son troupeau, un soupir ardent vers le ciel. Il réclame
instamment le secours de Dieu qui est notre Protecteur à
tous. Protector noster aspice Deus. Le cœur et l'oreille de
Dieu sont réjouis de ce cri de confiance, échappé de la
bouche du Pasteur. A l'instant il en sort une autre de la
poitrine du troupeau, qui fixe le regard d'un Dieu si bon
sur l'Evêque qui est pour remplir l'ofiBce de son Christ :
132 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Et respice in facie7n Christi tut. Ce dialogue sacré ainsi
entamé se prolonge : le divin feu de la prière s'allume
et s'embrase ; les promesses faites aux humbles s'accom-
plissent ; des consolations ineffables soulagent tous les
cœurs ; des grâces abondantes arrosent le sein de la Pa-
roisse agenouillée dans son temple : enfin, tout annonce
que Dieu est là présent. Timm innobis sentia?nus adveiitum.
(Or. de l'Eg.)
C'est au milieu de toutes ces ardeurs qui saisissent et
enlèvent, que l'Evèque dirige ses pas vers l'Autel dont
il franchit les redoutables degrés, avec un saint tremble-
ment. Il le baise avec respect et amour, parce qu'il est
Y escabeau sur lequel repose le pied de celui qui règne au plus
haut des cieux. (Ps. 93, 5.) Alors recommencent les chants
et les prières. C'est pour implorer le secours du Bienheu-
reux, qui est au ciel le patron invisible de la Paroisse,
sur le l'asteur qui en est le Patron visible sur la terre.
Pour sauver les hommes confiés à leurs soins, ils se don-
nent la main en faisant ensemble un traité d'alliance. Le
Patron du ciel s'engage à prier, et celui de la terre s'o-
blige à travailler, pour le salut du peuple de Dieu. Demus
dexteras hominibus. (I Mac, 6, 59). Leurs efforts réunis ont
pour objet de conduire sans danger ce peuple chéri au
rivage de la bienheureuse éternité.. Da^nus dexteras securi-
tatis. (II Mac. 1 1 , 30). C'est à ces patrons que l'Eglise adresse
cette touchante prière : Sanctifiez les Paroisses dont la
garde vous a été confiée.. Loca sanctificate : Bénissez le
peuDle que le Seigneur a mis sous votre protection : Ple-
bem benedicite. Veillez sur les hommes pécheurs, qui vous
sont recommandés, pour que toujours ils vivent en paix
comme des frères : Homines peccatores in pace custodite.
Oh ! qu'il est touchant et consolant pour chaque Paroisse
le culte de son saint Patron ! Oui : vraiment c'est pour toute
la famille paroissiale un père ou une mère que le saint
ou la sainte à qui Dieu en a confié le soin. Aussi mérite-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 133
t il, Nos Très Chers Frères, votre amour et votre recon-
naissance tous les jours de votre vie.
Après que tous les cœurs ont été ainsi préparés par les
vives émotions de ces chants divins et de ces pompeuses
cérémonies, l'Evêque fait entendre sa voix, pour la béné-
diction solennelle de son troupeau. Il ouvre d'abord son
cœur avec la croix, qui en est comme la clef : c'est pour
en faire sortir cette brûlante prière : Que le Saint Nom de
Dieu soit bénit. Sans cette réparation publique, sa voix
serait étouffée par les millions de blasphèmes qui, à cha-
que instant du jour, s'élèvent vers son trône et provo-
quent sa juste colère ; Sit Nomen Domini bencdictum. 11
proteste ensuite que le ministère de la Visite Pastorale est
si plein de dangers, qu'il ne saurait l'exercer sans le
secours promis à ceux qui mettent toute leur confiance
dans le Nom de Dieu. Adjutorium nostrion in noviine Do-
mini. Alors ses yeux, ses mains, son cœur s'élèvent vers
le ciel, pendant que sa voix commande au Dieu Tout
puissant de vous bénir tous : Benedicat vos Omnipotens
Deus. A ce bienheureux moment l'Autel vous représente,
Nos Très-Chers Frères, le nuage brillant sur lequel était
assis le Fils de l'homme, lorsque sur le point de se dérober
à la terre, il levait ses divines mains pour bénir ses chers
disciples : Elevatis rnanibus suis benedixit eis. (Luc. 34, 50).
L'Evêque monte en chaire après cette bénédiction. Tous
sont alors préparés à l'écouter comme si Dieu allait parler
par sa bouche : Tanquam Deo exhortaiiie pernos. (Il Cor. 5,
20). La chaire est pour eux comme la Sainte Montagne où
Jésus-Christ attirait la foule empressée de l'entendre, afin
de parler à son cœur dans le calme de la solitude. Ascen-
dit in montetn... aperiens os suutn docebat eos. (Math. 5, 12).
Et que vous dira-t-il. Nos Très-Chers Frères ? 11 vous dira
qu'il est envoyé avec des pouvoirs sans bornes, pour
briser les chaînes de fer qui retiennent, dans les cachots
brûlants du Purgatoire, les âmes de vos chers défunts :
Frimo ad absolvendas anitnas defunctoriun. 11 s'annoncera
134 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
comme le gardien des saint» canons, chargé de voir de ses
propres yeux si toutes et chacunes des règles de la Sainte
Eglise sont exactement observées : Secundo utvideat qualiter
Ecclesia ipsa spiritualiter et tonporaliter gubernetur. Il se
présentera à vous comme le réformateur des abus et
scandales qui pourraient mettre votre salut en danger ; et
son stricte devoir sera de vous en inspirer une vive
horreur: tertio ad adulteria... et sifiniia publica m populo
punienda. . . ostendens diligiter quant daninabilia et detesdenda
sunt criniina ipsa. Il vous protestera qu'il est venu vous
écouter avec bonté, vous donner de sages conseils et vous
accorder le pardon de vos péchés : quarto protestans plebi
quod paratus sit bénigne audire, et consilium et absolutionetn
impendere. Enfin, il s'offrira à vous comme le Ministre
ordinaire de la confirmation, pour que tous ceux qui com-
posent la Paroisse soient remplis des dons du St. Esprit :
Quinto ad exhibendum sacranientum Confirmationis. Que de
biens spirituels vous sont assurés, Nos Très Chers Frères,
si vous recevez cette visite du Seigneur avec de bonnes
dispositions! Oh! que de pressants motifs vous avez de
vous y préparer soigneusement !
L'Evêque se rend de la Chaire de vérité au Trône, pour
commencer sans délai à remplir sa Mission. Il n'y est pas
plus tôt monté que tous tombent à genoux, et se frappent
la poitrine, avec l'humble Publicain. Ils récitent tout
haut le confiteor (\x\Q l'Eglise met à la bouche de tous les
vrais pénitents. La paroisse ainsi préparée par cet acte
d'humiliation et de douleur, l'Evêque implore la protec-
tion de la Glorieuse Vierge Marie, de tous les Saints, et
en même temps il lève sur elle ses mains, pour accorder,
au nom de Jésus-Christ, l'esprit de componction, qui doit
mériter aux plus grands pécheurs l'indulgence, absolution
et rémission de leurs péchés. Préparez-vous d'avance,
Isfos Très-Chers Frères, à cet important exerciee d'où
dépend tout le succès de la Visite. Pour cela, faites péni-
tence ; car le Royaume des Cieux s'approche pour vous-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 135
Pœnitentiam agite ; appropinquavit enim rcgmim cœlorum.
(Math. 4. 17).
C'est à la suite de cette touchante cérémonie que Notre
Seigneur sort de son Tabernacle, pour confirmer par sa
présence sacramentelle, tout ce que fait en son nom
l'Evêque qui le représente. Après les chants et prières
d'usage, il se fait dans toute l'Eglise un silence profondé-
ment saisissant, et qui dit bien haut à toute la paroisse,
courbée en ce moment devant la Divine Majesté, que le
temps de la Visite est un temps de retraite et de recueil-
lement. Car le Seigneur n'agit point dans le bruit et le
tumulte. Non in comniotione Dominus. tReg- 19. Il)-
Silence donc ; silence de paroles, silence d'actions, silence
de passions. C'est pendant ce silence significatif, que
Jésus-ChDist donne par lui-même sa divine bénédiction.
Mais sft voix plus douce que le concert le plus harmonieux
va droit aux cœurs, et fait dire à chacun avec le jeune
Samuel : Parlez, Seigneur, car votre serviteur vous écoute.
(1 Reg. 3. 9.) Puisse ce religieux silence régner parmi vous
tous. Nos Très-Chers Frères, pendant tout le temps de la
Visite. Que de secrets il vous révélera : que de sentiments
il réveillera dans vos âmes attendries !
La porte du Tabernacle n'est pas plutôt fermée que le
confessionnal s'ouvre; et que cette voix de Jésus-Ghii6t
se fait entendre par la bouche de tous les confesseurs, qui
vont s'y asseoir : Venez à moi vous tous qui êtes écrasés sous
le lourd fardeau de vos pé3hés, et je vous soulagerai. (Matth.
1 1. 28). Le temps de la réconciliation est, on ne peut plus
favorable, car le jour du salut est vraiment arrivé pour
vous. Ecce nunc tempes acceptabile. (2 Cor. 6. 2.) Vous l'en-
tendrez cette voix du Bon Pasteur, vous pauvres pécheurs
qui depuis si longtemps vivez bourrelés de remords ; et
vous en profiterez enfin pour secouer le joug de vos pas-
sions, et réparer des confessions douteuses et peut-être
sacrilèges. Que nous sommes heureux de pouvoir rem-
placer, pour ce consolant ministère, Jésus le véritable
136 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ami des pécheurs ! Que nous sommes bien payés de nos
peines, quand il nous est permis de mêler nos larmes à
celles de nos pénitents que la grâce a touchés ! Donnez
cette consolation à tous les ministres de la réconciliation ;
c'est la seule' qu'ils ambitionnent.
Après avoir déposé aux pieds des ministres de Jésus-
Christ le fardeau de vos iniquités, vous vous présenterez,
Nos Très-Ghers Frères, dans la salle du festin avec des
robes nuptiales, c'est-à dire, avec des âmes plus blanches
que la neige. C'est bien assurément à la Sainte Table
que ce bon Maître répète ces douces paroles ; j'ai compas-
sion de ce peuple ; parce qu'il y a déjà trois jours que ces,
pauvres gens me suivent, sans penser à boire ni à manger '
Misereor super turbam. (Marc. 8, 2). C'est là aussi qu'il mul"
tiplie sans cesse un pain tout terrestre et qu'il le change
en un pain vivant et descendu du ciel. C'est là que pen-
dant notre Visite il nourrira vo| cœurs de ce pain divin
qui fait les délices des rois. Quel bonheur pour nous de
vous distribuer cette céleste nourriture ! Notre unique
douleur serait, n'en doutez point, Nos Très-Chers Frères,
d'en laisser quelques-uns qui ne voudraient pas se rendre
à l'invitation que nous leur faisons de se préparer aux
noces du père de famille. Venite ad nuptias. (Matth. 22. 4).
Votre Eglise doit se changer. Nos Très-Chers Frères,
pendant la Visite, en vrai Cénacle, cette grande et magni-
fique salle, qui a vu s'opérer la mystérieuse cène Eucha-
ristique et la merveilleuse descente du St. Esprit. Car les
mêmes sacrements devant s'y administrer, les mêmes
prodiges devront s'y renouveler. Ce ne sera pas seulement
en faveur des jeunes chrétiens, qui recevront le sacrement
de confirmation, que l'esprit sanctificateur reviendra sur
la terre ; il veut répandre ses dons, avec une amoureuse
profusion, sur tous ceux qui appartiennent à la paroisse.
Il faut donc que l'on puisse dire de vous, pendant la
Visite, ce que St. Jean a écrit de ceux qui étaient dans le
Cénacle : Ils furent tous remplis du St. Esprit. Car vraiment,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 137
un jour de Visite, pour une paroisse, est un beau jour
de Pentecôte. Que chacun se prépare donc à recevoir
la langue de feu que lui apportera du Ciel, dans ce grand
jour, l'Esprit sanctificateur. Oh ! qu'il y a pour cela de
pressants motifs, si surtout nos consciences nous repro
chent d'avoir reçu le Sacrement de Confirmation en mau-
vais état ; ou si depuis cet heureux jour, nous avions eu
le malheur de chasser le St. Esprit de nos cœurs par
quelque péché mortel. Hélas ! qui de nous pourrait se
rendre le consolant témoignage de n'avoir jamais foulé
aux pieds l'Auteur de toute grâce. Faisons donc péni-
tence, si nous voulons recevoir les dons du St. Esprit-
Pœnitentiam agite... et accipietis donum Spiritiis Sancti.
Vous verrez l'Evêque visiter avec pompe le Tabernacle,
les Fonts baptismaux, l'Eglise, les vases sacrés, les orne-
ments et tout ce qui sert au culte divin. 11 vous sera
facile de voir en lui Notre Seigneur dévoré du zèle de la
Maison de son Père, pour qu'elle fut toujours une maison
de prières et de bénédictions. Vous le verrez aux Fonts
sacrés du baptême, comme le vit St. Jean-Baptiste dans
les eaux du Jourdain. Là vous le bénirez de la grâce de
votre baptême ; et vous prierez pour qu'aucun enfant de
la paroisse ne meure sans avoir reçu ce sacrement, si
absolument nécessaire au salut. Vous l'apercevrez dans
le Temple de Jérusalem, chassant ceux qui en profanaient
la sainteté par leurs irrévérences. Vous demanderez que
votre Eglise ne devienne jamais une caverne de voleurs,
par la coupable négligence de la paroisse à contribuer à
son ornement, et surtout par les immodesties, les propos
indécents, les paroles inutiles qui outragent le Dieu saint
qui y habite jour et nuit. Vous désirerez que des adora-
teurs en esprit et en vérité s'y tiennent du matin au soir,
pour qu"un Dieu, si jaloux de converser avec les hommes
n'y demeure jamais seul. Car des cœurs qui prient sont
de riches ornements aux yeux de sa divine majesté.
L'Eghse est une trop bonne mère pour oublier en
138 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
aucun temps les cher? enfants que la mort lui a enlevés.
Pourrait-elle les oublier dans un temps aussi riche en
grâces que celui de la Visite Episcopale ? Oh ! non ; elle
les pleure, même dans ces jouts de si joyeuse solennité-
Elle conduit l'Evêque dans le Cimetière ; et en lui mon-
trant les tombes de ses enfants chéris, elle lui dit, avec
tout l'accent de la douleur : Seigneur venez voir cfù. on
les a enterrés ; Domine, veni et vide. Vraie veuve de Naim,
elle se trouve sur le passage de Jésus, pour le toucher de
compassion par les cris de sa juste douleur. Hélas ! elle
a perdu des enfants qu'elle aime tous comme des fils
uniques. Pour mieux attendrir son cœur, elle reprend
ses habits de deuil, répète ses lugubres cantiques, renou-
velle la triste pompe de leur enterrement. Elle fait couler
dans les brûlant? cachots du Purgatoire l'eau sainte qui,
comme une douce rosée, adoucit et éteint les flammes «{ui
dévorent ses pauvres enfants. Elle fait monter au ciel
un encens d'agréable odeur, figure si admirable de la
prière, qui va porter sur ses ailes rapides, dans le séjour
de rafraîchissement, de lumière et de paix, des âmes déso-
lées de se voir enchaînées dans des prisons brûlantes et
tjénébreuses.
Oh ! qu'il est grand et attendrissant le spectacle de
toute une paroisse agenouillée autour de la Croix de son
cimetière ! Comme on prie et médite bien dans cet Oratoire
de la mort ! Qu'ils sont à plaindre ceux qui, par leUr mau-
vaise mort ne méritent pas d'être enterrés en terre sainte î
Telles sont, Nos Très-Chers Frèrea, les admirables
leçons que nous fournit le ravissant spectacle des cérémo-
nies de la Visite Pastorale. En les suivant avec cet œil
éclairé, ellfs vous paraîtront intéressantes pour votre foi
et touchantes pour votre piété. Avec de si sainte-s dispo-
sitions, vous connaîtrez dans notre voix celle du Bon
Pasteur. Vous nous obéirez comme à Dieu même. Péné-
trés de ces sentiments, vous accomplirez avec joie toutes
nos ordoWDances, parce que veujS les regarderez comme
I
I
CIRCULAIRES BT AUTRES DOCUMENTS. 139
écrites du doigt de Dieu. Car celui qui nous écoute,
écoute Jésus Christ qui nous envoie ; qui vos mcdit me
audit.
A CES CAUSES, le saint nom de Dieu invoqué, Nous
avons statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et ordon-
nons ce qui suit, pour l'ordre de la Visite.
1° — Nous nous rendrons à le
prochain, après-midi. Environ une demi-heure après
notre arrivée, on fera une instruation familière ou confé-
rence, à l'issue de laqu-elle Nous ferons notre entrée à
l'Eglise, en la manière prescrite dans le Rituel: puis,
après une courte exhortation, Nous donnerons la Béné
diction du St. Sacrement.
2'^ — Le lendemain, il y aura des messes distribuées dans
la matinée pour la commodité des communiants. A dix
heures, la messe de la Visite et le sermon : après quoi,
nous donnerons la Confirmation aux personnes à jeun,
préparées par les confesseurs, et jugées suffisamment ins
truites par leur Curé, dont elles présenteront un billet.
3'5 — Nous ferons, dans le temps qui nous sera le pIuS'
commode, la visite du Tabernacle, des ornements, des'
Fonts baptismaux et du Cimetière, ainsi que l'examen des"
comptes de la Fabrique, que les marguilliers tiendront
prêts à Nous être présentés. M. le Curé pourvoira aussi
à ce qu'un inventaire du linge et des ornements de l'Eglise
soit dressé, aussi bien qu'un tableau des Indulgences et
Messes de fondation, s'il y en a. Nous rechercherons par-
ticulièrement si les ordonnances données par Nos Sei
gneurs les Evêques, dans les visites précédentes, ont été
exécutées.
4» — Messieurs les Curés auront soin de préparer, par de
fréquents catéchismes, ceux qui se disposentà la Confir-
mation, et de conserver les billets qui ranferment les noms
des confirmés, pour les inscrire ensuite dans les registre
de la paroisse.
5f— Les confesseurs nommés pour la Visite auiront, tant
.140 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
qu'elle durera, le pouvoir d'absoudre des censures et cas
réservés, et les facultés les plus amples pour la réconci-
liation des péniteuts.
6°— Par un Induit du Souverain Pontife, tous les fidèles
qui, s'étant confessés avec une véritable contrition, com-
munieront pendant la Visite, et prieront pour les nécessi-
tés de l'Eglise, suivant son intention, gagneront une
indulgence pléuière.
70 — Voulant favoriser, autant qu'il est en Nous, la dévo-
tion des fidèles envers la Sainte Vierge, Nous Nous ferons
un devoir d'appliquer, chaque jour de la Visite, les indul-
gences aux croix, chapelets et médailles qui nous seront
présentés.
80 — Chaque paroisse ou mission, après que Nous l'aurons
visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre suite,
les voitures nécessaires pour nous transporter à la paroisse
suivante.
90— Nous' lei-minerons la Visite le avant midi, par
le Salut ou la Bénédiction du St. Sacrement.
Enfin, c'est encore à vos pieds sacrés, ô divine Marie,
que Nous déposons humblement ce Mandement de Visite,
que Nous n'avons écrit qu'en invoquant votre Nom si
doux, qui éclaire l'esprit et embrase le cœur. Priez pour
que notre voix se ressente de la douceur de la voix pasto-
rale de votre divin Fils, et que notre cœur soit animé de
la charité de son cœur paternel. Les brebis que nous
allons visiter sont à vous, ô Mère du Bon Pasteur. A vous
donc de faire comprendre à ce troupeau chéri un Mande-
ment que nous avons écrit en toute simplicité, afin de lui
inspirer un profond respect pour le Pasteur qui le visite
au Nom de votre cher Fils. Car c'est à lui gagner des
cœurs et non à flatter les oreilles que nous consacrons nos
veilles. Faites que ce troupeau s'attache à ce Mandement,
comme Jésus à votre sein Virginal. Oh ! Bienheureuses
les mamelles qui l'ont allaité ! Qu'il soit pour tous vos
tendres agneaux un gras et riche pâturage. Ainsi soit-il-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 141
Sera le présent Mandement lu et publié au prône de la
Messe Paroissiale, le premier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le con-
treseing de notre secrétaire.
f Ig. Ev. de Montréal.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCESE U2. MONTRÉAL.
Evêché de Montréal, le 25 Juillet 1850.
Monsieur,
Je vous annonce que la Retraite Pastorale commencera
le 26 Août prochain, à trois heures après-midi ; et se ter-
minera le 3 Septembre au matin. Les exercices se feront
comme à l'ordinaire au Petit Séminaire de celte ville.
J'emprunte, pour vous y inviter, les paroles qu'adressait,
le 20 Mai dernier, N. S. P. le Pape à tous les Evêques de
la Chrétienté.
fi Nous demandons à Nos Vénérables Frères qu'ils ne
cessent jamais d'avertir, d'exhorter, d'exciter surtout les
ecclésiastiques, afin que, s'appliquant à l'oraison, remplis
de ferveur spirituelle et vivant dans la piété et la sainteté,
ils apparaissent en tout comme des modèles de bonnes
œuvres, et qu'enflammés du zèle de la gloire de Dieu et
du salut des âmes, unis entre eux par le lien étroit de la
charité, il revêtent l'armure divine et marchent au combat
d'un seul cœur et d'une seule âme, mettant en commun
toutes leurs forces, et sous la conduite de leur propre
Evêque, élevant nuit et jour la voix sacerdotale, prêchant
avec ardeur au peuple chrétien la loi de Dieu et les près-
Ui MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES.
crip lions de l'Eglise son Epouse. Que Nos Vénérables
Frères ne cessent pas non plus d'inculquer aux ecclésias-
tiques le devoir de découvrir au peuple chrétien les
embûches et les pièges que lui tendent des homnies falla-
cieux et de rappeler aux fidèles que du péché *ont toujours
venus et viennent toujours tous les malheurs et toutes les
calamités qui accablent les peuples, et que la véritable et
solide féliciié consiste dans l'observance de la loi chré-
tienne. Qu'ils n'épargnent donc rien afin que tous, détes
tant le mal et s'adonnant au bien, marchent dans la voie
des commandements de Dieu, et que les égarés, arrachés
aux ténèbres de l'erreur et à la fange du vice, se conver-
tissent au Seigneur. »
Ces touchantes paroles, tombées de la Chaire Apostoli-
que, doivent être recueillies avec respect par tous les
Evoques du monde, et transmises par eux à tous les prê-
tres de l'univers catholique. Elles vont briller à tous les
yeux, retentir à toutes les oreilles et pénétrer dans tous
les cœurs, par le sacerdoce de Jésus-Christ qui s'exerce du
levant au couchant. Car elles ont je ne sais quoi de
lumineux, de doux et de pénétrant. Elles expriment si
bien les maux et les remèdes de ces temps mauvais ! Orî
voit bien qu'elles ont été mûries dans un cœur paternel,
navré de douleur, à la vue des désastres qui désolent la
grande famille, et tout occupé des moyens à prendre pour
y remédier. Nous en ferons le sujet de nos sérieuses
réflexions avant comme pendant notre retraite ; et nous
y trouveront des armes invincibles dans les combats du
Seigneur, que nous avons à soutenir, nous, aussi bien
que nos Frères de l'ancien monde.
Je profiterai de l'occasion, pour "vous informer que je
n'ai pu vous prévenir d'avance du sujet si grave, qui nous
a occupé aujourd'hui à l'Evêché ; parce que ce n'est
qu'au moment de l'office que me sont arrivés les rensei-
gnements qui ont déterminé la nombreuse assemblée du
Clergé, qui s'y trouvait réuni, à formuler les Résolutions
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 143
qui paraîtront sur les Mélanges de demain. Mais je ne
doute pas que les absents n'adhèrent de bon cœur à ce que
les présents ont cru devoir faire dans une circonstance si
urgente.
En travaillant au bien du peuple, nous n'avons rien à
craindre, quand même il ne nous en saurait aucun gré
pour le moment. Car il comprendra plus tard combien
nous l'aimions, en nous exposant généreusement à la
malveillance des ennemis de l'éducation, pour lui procurer
le moyen de se rendre capable de lutter avec avantage
avec toutes les races qui l'environnent, et qui finiraient
sans cela par l'envahir. Il est si bon ce peuple, qu'il
mérite bien sans doute tout notre dévouement, en quelque
lieu que la Divine Providence le fasse vivre.
C'est pour cela que depuis le printemps je laisse un
Prêtre à Burlington, pour desservir les Canadiens de ce
quartier. Mais il s'en faut que, malgré son zèle, il puisse
suffire aux besoins d'une population abandonnée et dis-
persée sur un immense territoire. Je voudrais donc,
conformément à la circulaire du il mai dernier, organiser
une mission pour ceux qui couvrent toute la frontière qui
avoisine le diocèse. Aussi est-ce le temps pour ceux qui
se sentiraient de l'attrait pour cette mission de se faire
connaître. Car après m'être avisé avec eux, je m'enten-
drai avec les Evoques ; et l'on se mettra en campagne, à
la recherche de tant de brebis égarées de la maison
d'Israël.
Pendant ce temps là, des mesures se prendront pour la
Colonisation Canadienne ; lesquelles, si, comme je l'espère,
elles réussissent, feront rentrer dans le sein de la patrie
des milliers de nos pauvres gens. Hélas ! le cœur saigne,
quand on les voit hvrés au profond mépris de ceux qui
les font travailler comme des esclaves, et s'engraissent
ainsi de leurs sueurs. Voici les plans que l'on se propose
de suivre pour que l'œuvre se fasse avec courage et succès.
lo L'on va commencer par s'assurer où sont les bonnes
144 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
terres; et l'on en donnera avis, pour que chacun puisse
les visiter avant de les prendre.
2" L'on fait actuellement des démarches auprès du gou-
vernement, pour obtenir des chemins de communication
entre les établissements et les terres de colonisation. Dis-
posé comme il l'est, il est à espérer qu'il entrera dans les
plans qui lui sont suggérés.
30 L'on placera ensemble, autant que possible, les
familles d'une même Paroisse, et déjà accoutumées à s'en-
tr'aider. Chaque ancienne Paroisse en aura bientôt créée
une nouvelle avec ses propres enfants, si de bonnes terres
lui sont offertes.
40 L'on mettra à la tête de la colonisation des Prêtres
qui marcheront à travers les forêts, à la tête des colons,
abattront le premier arbre pour planter la croix au lieu où
se devra bâtir l'Eglise, et desserviront les nouveaux habi-
tants, jusqu'à ce qu'il soit poss'ble de leur donner des
Curés résidents.
. 5^' Pour faire les frais du culte, l'on fait appel à l'Asso-
ciation de la Propagation de la Foi ; et l'on s'attend que
le diocèse s'enrôlera en masse sous son étendard, qui
ilottera sur toutes les chapelles des townships.
6° La colonisation sera une raison de rétablir à Mont-
réal le Conseil Central qui ne fonctionne plus, depuis que
nous sommes unis à Lyon. Il sera formé de membres
capables d'assister les colons, soit pour lever les difficultés
légales, soit pour leur obtenir des conditions plus avanta-
geuses. Chaque paroisse s'y fera représenter par un Chef
de centuries ou son trésorier. Il pourra faire connaître
et soutenir les intérêts des jeunes gens de sa localité, qui
seraient établis dans les townships.
70 Chaque Curé peut donner un nouvel élan à la so-
ciété en faisant valoir, entr'autres motifs, celui de prêter
secours aux domestiques de la foi, dont il faut avant tout
prendre soin.
80 Après avoir lu et commenté la partie de la Lettre
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 145
Pastorale des Evêques, qui regarde cette belle Association,
il indiquera une assemblée de tous ceux qui désiront être
chefs de sections, leur distribuera des listes, pour les aider
à enrôler leurs associés, et à leur faire payer leurs contri-
butions. Par ce procédé tout simple, deux cents soixante-
quatre sections ont pu se former ou se renouveler dans les
douze paroisses que je viens de visiter.
D" Lorsque les chefs auront formé leurs sections, ils
devront élire le chef de centurie, lequel pourrait être en
même temps trésorier et député du Conseil. Central.
10" Chaque député devra apporter au conseil les listes
de sa centurie, pour que Ton vérifie les comptes des chefs
de section. Ce mode paraît devoir stimuler chacun à bien
s'acquitter de ses obligations. Car personne n'aimerait à
se trouver en défaut à l'examen des comptes.
1 [" Les riches sont priés de s'associer les pauvres et de
payer pour eux, afin que l'association ait l'avantage de
leurs prières qui sont toujours si puissantes auprès de Dieu.
12" Les enfants des écoles sont invités à en faire partie ;
parce que leur zèle recevra du Ciel, en récompense, une
foi vive et des mœurs pures.
13o Comme il est question de faire mission à l'étranger,
et d'entreprendre l'afi'aire de la colonisation, qui nécessai-
rement va occasionner des dépenses, je vous prie d'enga-
ger les associés anciens et nouveaux à payer d'avance une
partie de leurs contributions, afin de pouvoir y faire face.
Car, dès cet automne, on espère pouvoir se mettre en
mesure.
Il me reste à vous informer que je donne les pouvoirs
de desservant à M. qui aura soin des
Paroisses de pendant la retraite
Il est entendu qu'il pourra biner.
La seconde retraite, pour ceux qui n'auront point assisté
à la première, commencera le 9 décembre et se terminera
le 17 de ce mois. Ce sera alors que les Prêtres de l'Evê-
ché feront la leur.
10
146 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Tel est le résultat des questions qui ont été traitées au-
jourd'hui, et que vous aimerez sans doute à connaître,
pour l'uniformité de conduite. Vos ferventes prières et
celles de vos bons Paroissiens obtiendront le succès de ces
œuvres qui, en ravivant la foi du peuple, affermiront
l'autorité des Pasteurs. C'est dans ce doux espoir que je
suis bien cordialement.
Monsieur le curé,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
t IG. Ev. DE Montréal.
{Pour vraie copie),
J. 0. Paré,
Chan. Secrétaire.
MANDEMENT
DE MGR. L EVEQUE DE MONTREAL, POUR LA VISITE GENERALE DES
COMMUNAUTÉS.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
St. -Siège Apostolique, Evêque de Montréal, etc. , etc. , etc^
A Nos Très-Chères Filles, les Religieuses des diverses Communautés
(Je Notre Diocèse, Salut et Bénédicliou en Notre Seigneur Jésus-
Christ.
Notre sollicitude doit. Nos Très-Chères Filles, s'étendre
à chacune des brebis, que le Seigneur nous a données en
garde. Voilà pourquoi chaque année, Nous parcourons
les villages et les compagnes, lépandant'en tous lieux les
grâces de notre saint ministère. Les justes et les pécheurs,
qu'une foi vive anime, accourent à nous, comme à Jésus-
Christ, pour déposer, dans notre cœur, le secret de leurs
misères, et y chercher le remède aux maux qui les allli-
gent. Que de bonnes âmes, Nous découvrons partout : et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 147
que l'Esprit saint qui les forme, est un grand Maître ! Ah !
combien de fois Nous Nous sommes humilié, à la vue de
ces chef-d'œuvres du Dieu sanctificateur
Mais si Nous sommes, Nos Très-Chères Filles, débiteur
de tous, sans jamais faire acception de personne, il est pour-
tant une portion du troupeau, qui demande de Nous des
soins plus assidus. Ce sont toutes vos communautés, que
le Bon Pasieur Nous ordonne de soigner, autant qu'il est
possible à la fragilité humaine, commelui-mème soignait
les Saintes Femmes, en les formant à toutes les vertus
religieuses.
Là-dessus, Nous vous dirons, ce que toutefois vous con-
naissez déjà, que ce fut au milieu d'une de ces saintes
maisons que nous recueillîmes, il y a di.\ ans, le dernier
soupir de notre Illustre et Vénéré Prédécesse'.ir. Dans ce
moment, à jamais lugubre, la charge pastorale commença à
peser, de tout son poids, sur notre conscience. Saisissant
d'une main faible et tremblante, le timon de l'administra-
tion, que lâchait cet habile Pilote, après di.^ neuf ans d'un
orageux Episcopat, Nous regardâmes autour de Nous,
comme fait toujours l'homme, saisi de crainte, qui appelle
au secours. Et le spectacle, qui s'offrit aussitôt à nos yeux
fut celui d'humbles Hospitalières à genoux, et modeste-
ment rangées autour des Restes mortels du Pasteur
défunt, qui si souvent les avait nourries de sa parole,
comme elles l'avaient plusieurs années nourri ae leur
pain. Leurs ferventes prières accompagnaient son âme
et l'assistaient encore à ce moment suprême où elle com-
paraissait au tribunal du Souverain Juge.
Alors, il faut vous le dire, Nos Très-Chères Filles, dang
toute la sincérité de notre cœur, toutes vos Communau-
tés Nous apparurent, comme autant de troupes de Saintes
Femmes, assistant de leurs biens le Bon Maître, pendant
ses travaux évangéliques, et entourant sa croix de pleurs et
de gémissements, à son dernier soupir. Ce spectacle était
poignant: aussi ne s'effacera-t-il jamais de notre souvenir
t48 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
La leçon qu'il laissa profondément gravée au fond de
notre âme était sensible et frappante. Nous y vîmes le
ministère de la femme élevé et sanctifié par le Souve-
rain Pasteur, pour être dans tous les siècles, la gloire de
son Eglise, et la consolation de ses Pauvres. Nous com-
primes que le ministère de l'Evêque devait aussi avoir ce
trait de ressemblance avec celui du Maître. Les Saintes
Femmes de l'Evangile nous parurent donc avoir été
lormées à l'école de .TésusGhrist pour être le Modèle de
toutes les Communautés Religieuses. Devant exercer un
Apostolat de dévouement et de charité, elles avaient
besoin, comme les Apôtres, de l'Esprit Saint. Elles le
reçurent avec eux, au jour solennel de la Pentecôte ; car
elles avaient leur place, dans le Cénacle, à la suite des
Disciples, quand les langues de feu se reposèrent sur
toutes les tètes de celte Vénérable Assemblée.
Nous en avons la preuve, Nos Très Chères Filles, et
Nous en ressentons les effets, nous qui descendons de ce
peuple, qui vit un jour aborder à ses rivages, un vaisseau
sans gouvernail et sans mâts. Par un miracle, nouveau
pour ce peuple, jusqu'alors assis dans les ombres de la
mort, il avait, ainsi désemparé, traversé la plus orageuse
des mers. C'est que celui qui conduit tout s'était fait son
pilote. Il portait deux admirables ^œurs, Marthe et Marie,
qui après avoir suivi et assisté Jésus, pendant sa prédica-
tion, suivaient ses disciples, pour Ipur prêter le même
secours. En mettant le pied sur cette terre infidèle, les
deux Amantes de Jésus arborent l'Etendard de la vie reli-
gieuse. Marthe est à la têtes des bonnes œuvres, et par
son ardente charité, elle devient le Modèle de toutes les
Commiinautcs Actives. Madeleine, sur les Montagnes de la
St. Baume, lave dans ses larmes ses premiers égarements ;
et devient, par ses continuelles oraisons, le modèle de
toutes les Communautés Contemplatives. Tel fut le grain de
sénevé que Jésus, de sa divine main, jeta en terre, pour
que l'Etat Religieux, devenant bientôt un grand arbre,
pût ombrager tous les siècles et tous les peuples.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 149
Car, Nos Très-Chères Filles, aux Saintes Femmes de
l'Evangile succédèrenl sans interruption des femmes
généreuses qui, animées du même esprit, se dévouèrent
aux mêmes fonctions. Partout où les Apôtres et leurs
successeurs portèrent le flambeau de la foi, on vit le sexe
^/<'^v/ quitter tout, et se consacrer ù la vie parfaite, pour
vaquer plus librement au soin des Autels, et au soulage-
ment des veuves et des orphelins. L'Eglise les entourait
de tous les secours, que l'on peut attendre d'une bonne
mère; et leur assignait, dans ses temples, une place d'hon-
neur, qui annonçait au peuple la sainteté de leur profes-
sion. C'est ce qui nous frappa, quand visitant l'antique
Eglise de St. Clément à Rome, on Nous montra le chœur
des Religieuses du temps, qu'une grille sépare du Sanc-
tuaire et de la Nef. Monument précieux, qui attesta que,
dans tous les âges, l'Eglise a eu un soin maternel de ses
Vierges, et que toujours elle en a reçu un secours puis-
sant, pour le salut des âmes.
Et en eSet, Nos Très Chères Filles, ce (itii rend raison
de ce genre de ministère que -lésus-Christ a confié à la
femme, ce sont les services qu'en relire sa Sainte Eglise.
De fait, elle a toujours exploité, à la gloire de Dieu, et au
soulagement des misères, qui accablent les malheureux
enfants d'Adam et d'Eve, le cœur tendre et sensible, que
lui a donné en partage la Divine Providence. Ce n'est
pas ici le lieu de rapporter au long tout ce qu'a pu faire
de prodigieux, dans l'Eglise de Dieu, la femme bénie, et
consacrée, pour faire les saintes œuvres de la Religion.
Nous ne finirions pas, si Nous entreprenions d'en faire
rénumération. Tout ce que Nous pouvons dire c'est que,
à côté de chaque misère, se trouve une Communauté
pour la soulager. Un coup d'œil siir ce tableau va nous
en convaincre.
Rivalisant toutes de zèle et de dévouement, les Com-
munautés se partagent le triste héritage des infirmités,
que nous ont, hélas ! léguées nos premiers parents. Cha-
lôO MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cane adople la sienne ; et sa charité est récompensée, par
une grâce d'état, pour la soulager ; c'est avec un tel succès,
que l'on peut s'écrier avec surprise : heureuse faute de nos
pères coupables, d' avoir enfanté une telle misère ; puisque le
dévouement religieux est là, pour la réparer ! Cette union
tendre, ne fait de toutes qu'un cœur et qu'une âme, leur
inspire la sainte hardiesse de se charger de tou« les maux
de l'humanité souffrante.
Oh ! oui, Nos Très-Chères Filles, à la vue des Commu-
nautés, chacun peut dire en toute vérité : Là on donne à
manger z ceux qui ont faim ; oa donne à boire à ceux qui
ont soif; on vêtit les nus; on loge les pèlerins et les étran-
gers ; on visite les malades ; on délivre, on console les pri-
sonniers ; on ensevelit les morts. Et comme les œuvres de
miséricorde corporelles, ne sont qu'un appas aux œuvres
de miséricorde spirituelle, l'on peut assurer, avec encore
plus de vérité, en montrant du doigt ces saintes Maisons,
surtout celles consacrées à l'éducation; Là on enseigne
les ignorants ; on corrige ceux qui ont des défauts ; on
dirige et conseille ceux qui sont en peine ; on console les
afQigés; on supporte les défauts et l'humeur du prochain ;
on pardonne les injares ; on prie pour les vivants et pour
les morts, et surtout pour la conversion des ennemis de l'E-
glise.Car pour des ennemis particuliers on n'en connaît pas.
Et de fait, Nos Très-Chères Filles, chacune de nos mai-
sons Religieuses n'est-elle pas comme la personnification
des œuvres de la charité auxquelles Jésus-Christ promet
la vie éternelle ? Ne sont-elles pas toutes, comme les pro-
vidences invisibles de notre Dieu, qui a pitié de tous? Ne
se tiennent-elles pas toutes par la main, pour fournir à
l'homme, dans son passage sur cette terre d'exil, une
station de repos, pour se soulager de la fatigue d'un si
pénible voyage ? D'un coup-d'œil, parcourez la vie hu-
maine, depuis le sein de la mère, jusqu'au trépas ; et vous
verrez partout, semées sur la route, des Institutions chari-
tables, au service de toutes les infirmités.
CIRCCLAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 151
\i^^ Maternités veillent sur l'enfant dans le sein de sa
mère, pour lui conserver la vie et sauver son âme. Les
Crèches l'emmaillotlent et réchauffent cet enfant pauvre,
pendant que sa tendre mère va gagner, à la journée, sa
nourriture, et du pain pour le reste de la famille. Les
Hospices abritent cet enfant abandonné par une mère
barbare, qui le tuerait de ses propres mains, pour cacher
son crime, si elle ne savait qu'il y a là des mains virginales^
pour recueillir, et des cœurs de mères, pour aimer le fruit
de son impudicité. Les Maisons de Providence sont ouvertes
à cet enfant, quand il n'a plus de père pour le couvrir de
ses sueurs, ni de mère pour le presser sur son sein. Les
Hôtel-Dieu prodiguent leurs soins compatissants à l'homme
de tout âge et de tout état. Gomme il meure tranquille,
quand au milieu des frayeurs de l'agonie, il voit au chevet
de son lit., l'ange de la terre, la prière sur les lèvres et la
charité dans le cœur ! quand il entend sortir de sa bouche
une de ces paroles pénétrantes, qui va porter au fond de
son cœur défaillant l'espérance et la joie. Les Hôpitatix-
Généraux recueillent la décrépitude de l'âge et toutes les
souffrances de la nature humaine défaillante. Quel specta-
cle que ces boiteux, ces aveugles, ces sourds, ces muets de
tout sexe, de toute condition, sous les toitures religieuses,
traités, disons plus, servis et aimés comme d'autres Jésus-
Christ. Les Asiles sont pour les misères qui ne trouve
point place ailleurs ; et de là sortent, chaque matin, les
servantes des pauvres, qui vont de porte en porte, à la
recherche de toutes les souffrances. Les Refuges sont
offerts au repentir ; vraies Madeleines^ élevées à la gloire
du Bon Pasteur ! Que de pécheresses infortunées s'y
purifient, dans les larmes de la Pénitence ! Quels bains
sacrés que ces lieux d'expiation ! Que de pauvres âmes
défigurées y retrouvent leur première beauté avec la
perle précieuse de l'innocence réparée ! Enfin les Maisons
d'éducation religieuse, guérissent l'ignorance, cette plaie
hideuse, que le péché a faite à l'espèce humaine. Ce
152 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES,
sont les Ecoles oh le Bon Maître enseigne lui-même la
science de la vie, et les chaires où il prêche les vertus du
Ciel. A ces écoles sacrées, se forment les filles de Sion, qui
bientôt rempliront le monde de la bonne odeur des vertus
chrétiennes. Car la femme du monde a aussi elle sou
apostolat à exercer, au milieu des sociétés les plus dissi-
pées et les plus mondaines. Elle a grâce d'état pour bien
former îe cœur de l'enfance, et conserver ainsi, dans la
famille, le dépôt sacré de la crainte de Dieu, le commen-
cement de la vraie sagesse.
Voilà, Nos Très-Chères Filles, comme les Communautés,
appliquées à diverses œuvres de charité, forment cette
admirable variété d'Instituts Religieux, qui brillent dans
le firmament de l'Eglise. Autant d'Institutions que de
besoins : autant d'habits que de genres de vie ; autant de
règles que de sociétés. Toutes cependant sont si tendre-
ment unies qu'elles servent de tissure à la Robe sacrée
dont est revêtue la Ste. Eglise, qui nous est montrée, dans
la divine Ecriture, comme une Reine majestueuse que le
Roi fait asseoir à sa droite. Cette Robe tissue d'or et
brodée en couleurs les plus variées et les plus éclatantes
est une belle figure de nos Saintes (Communautés, qui,
avec la même charité au cœur, offrent à l'univers étonné
le spectacle le plus varié en œuvres de bienfaisance. C'est
ce qui inspirait au dévot St. Bernard tant d'amour pour les
Ordres Religieux. Par état, s'écriait-il, je ne puis appar-
tenir qu'à un seul; mais je les embrasse tous, par l'affec-
tion que je leur porte. C'est bien là aussi. Nos Très-Chers
Frères, votre disposition à toutes.
Nous avons donc raison. Nos Très-Chères Filles, de
compter sur vous toutes, pour de grandes œuvres, à la
gloire de notre Dieu, et au salut des âmes. Oui, vrai-
ment. Nous pouvons porter bien haut nos espérances,
entouré comme Nous le sommes de Communautés à qui
il Nous semble que Dieu a donné en partage son Esprit,
ce don par excellence, que le Père des lumières ne refuse
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 15:?
point à la bonne prière. La faiblesse de votre sexe ne
diminue en rien cette juste confiance. II n'est qu'une
chose qui Nous fasse trembler : c'est notre négligence à
vous donner les soins que vous avez droit d'attendre de
notre sollicitude pastorale. Car, si vous êtes pour Nou&
d' autres Saintes Femmes de f Evangile, Nous devrions être
pour vous un autre Jésus-C/irist. Et voilà ce qui Nous fait
trembler.
Oh ! oui, Nos Très-Chères Filles, depuis longtemps
Nous gémissons, dans l'intérieur de notre âme, de ne
vous avoir pas toujours porté ces soins attentifs qui entre-
tiennent le courage et la bonne volonté, dans les rudes
épreuves, que le Divin Epoux ménage toujours aux âmes
reUgieuses. Car évidemment il est pour elles un Epoux
de sang. Nous comprenons, que vos sublimes devoirs vous
imposent de graves obligations. La Virginité est une
fleur bien éclatante ; mais qu'elle est délicate ! Elle se
fane bientôt, se dessèche et tombe, si la céleste rosée n'en-
tretient sans cesse sa fraîcheur et son brillant. Jésus est
bon pour ses Communautés. Mdis oh ! Dieu, qu'il est
jaloux de ces âmes qu'il y amène, pour en être aimé,
sans partage et sans bornes ! Il est prodigue de grâces en
faveur de ces âmes privilégiées ; mais qu'il est sévère à
exiger le bon emploi de tant de talents 1 II leur prépare
des Noces somptueuses ; déjà il arrive dans la salle du
festin. Mais, qu'il sera prompt à faire fermer la porte,
aussitôt entré ! Qu'heureuses seront alors les Vierges
sages, qui auront fait une abondante provision de pureté,
d'obéissance, de pauvreté et de charité. Car seules, elles
seront admises à la suite de l'Epoux. Quelles seront mal-
heureuses les Vierges folles, qui se seront endormies dans
les bras de la tiédeur ! Quelle voix terrible que celle qui
fera entendre, au dehors de la salle sacrée, cette parole
accablante : Je ne vous connais pas !
Au milieu des noirs soucils d'une charge bien au dessus
de nos mérites et de nos forces, Nous levons souvent. Nos
154 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Très-Chères Filles, nos yeux baignés de larmes, vers les
Communautés d'où Nous attendons notre secours, parce
que 8te. Thérèse, cette gloire de l'Etat Religieux, nous
apprend que c'est là, comme dans des forteresses élevées
que se réfugient les âmes chastes qui craignent leb séduc-
tions du monde. On y doit donc trouver la prière pure
dont l'odeur virginale réjouit l'Epoux Céleste, et dont la
puissance désarme le Ciel, quand nos péchés l'ont irrité.
Mais en même temps, ces Communautés Nous apparais-
sent au milieu de sombre nuages de poussière mondaine,
que soulève et agite le vent impétueux des passions, qui
souffle sans cesse sur la mer orageuse du monde. Oh !
comme nous craignons que cette poussière, balayée en
tous sens, n'aille s'attacher à quelques-uns de vos cœurs
religieux, et ne blesse les yeux de l'Epoux si tendrement
fixés sur vos saintes maisons ! Vos Communautés sont à
proprement parler les Noviciats de cette Communauté de
Vierges dont Jésus-Christ aime à s'entourer au Ciel. C'est
dans ces divers Noviciats de la terre, que s'apprend le
cantique virginal, qui doit se chanter éternellement dans
les Cieux ; et c'est quand leur cœur et leur bouche sont
jugés assez purs pour le chanter, que les Vierges de l'exil
sont appelées à la patrie, la Communauté des Commu-
nautés. Et voilà encore ce qui nous fait trembler. Nos
Très-Chères Filles. Hélas ! y en aurait-il parmi vous
quelques-unes qui, après avoir fait le long et dur Noviciat
de la terre, ne seraient pas jugées dignes de faire profes-
sion, dans la sainte et heureuse Communauté du Ciel !
Vous voyez donc. Nos Très-Chères Filles, que nos
craintes sont raisonnables, et que les reproches de négli-
gences, que Nous Nous faisons à Nous-même, sont bien
fondés. Oh ! comme nous désirons réparer ces jours
mauvais, qui se sont écoulés comme l'ombre, mais qui
ont laissé dans notre cœur de profondes traces de douleur !
Vous joindrez, Nous n'en doutons pas, vos prières aux
nôtres. Vous obtiendrez que le Père des miséricordes
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 155
Nous pardonne ce mauvais passé, et Nous accorde un
meilleur avenir. Touché de vos larmes, il Nous donnera
quelque chose de son infinie sagesse, avec laquelle, sans
sortir de son repos éternel, il voit tout et pourvoit à tout,
jusqu'au besoin du plus petit insecte qui ne saurait être
en oubli aux yeux de son admirable Providence.
Eh bien ! Nos Très-Chères Filles, Nous allons à vous ;
mais avec lardent désir de vous procurer tous les trésors
de grâces, dont le Seigneur Nous a fait le dépositaire.
Préparez-vous à cet avènement, comme à celui de Jésus-
Christ, car la foi vous dit que celui qui Nous reçoit le reçoit
lui-mhne. Allumez vos lampes sacrées, et que la Divine
charité les entretienne lumineuses et ardentes. Soyez
généreuses; car c'est à cette disposition que voire Divin
Epoux peut juger de votre amour. Sainte Générosité,
qui ambitionne les plus bas emplois ; qui embrasse les
plus durs travaux ; se plait avec les caractères les plus
acariâtres ; sympathise avec les humeurs les plus fâcheu-
ses ; vit en paix dans toutes sortes d'offices, et avec toutes
sortes de personnes. Sainte Générosité, qui accepte hum-
blement les corrections les plus répugnan'.es à la nature ;
reçoit courageusement les humiliations les plus terribles
à l'amour propre ; baise amoureusement la main qui la
châtie ; bénit molestemenl la bouche qui l'outrage. Sainte
Générosité, qui coulez de la Croix, comme une sève
féconde, répandez-vous dans tous les communautés, et
vivifiez ces plantrs du Calvaire.
Ce délicieux fruit de Générosité, Nous voulons. Nos
Très-Chères Filles, le cultiver avec soin, dans la Visite
que Nous allons vous faire. Car Nous comprenons que
toute la perfection et tout le bonheur de la vie religieuse
y sont attachés. Et en effet, quelle est forte et puissante
la Communauté, qui est abondamment fournie de sujets
prêts à tout faire ! Qu'elle fait de grandes œuvres, quand
tous ses membres se sacrifient et s'exécutent, pour le bien
commun ! Quels immenses services elle rend à la religion
156 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES.
quand tous ces emplois, même les plus bas, sont adminis-
trés par des officières dévouées, sages et discrètes ! Que
l'on va vite en perfection, quand tout de bon, et toujours,
on fait ce qui répugne ; et que V on ne fait pas ce qui plaît ! Car,
n'est-ce pas là ce que le bon Maître dit à tous ceux qui
s'offrent à lui pour la vie parfaite : Renoncez-vous ; prenez
votre croix, suivez-moi.
Mais aussi qu'il est grand le bonheur d'une communauté
où règne \di générosité ! C'est la vraie manne descendue du
ciel, dont la saveur peut flatter tous les goûts. C'est
l'arbre de vie, planté au milieu du paradis terrestre. Ses
fruits exquis donnent à l'âme religieuse, qui s'en nourrit,
une force divine, qui la fait marcher, jusqu'à ce qu'elle ar-
rive à la Montagne de Dieu. C'est vraiment cette bonne
vo/ontédonl les Anges révélaient la paix, dans leurs joyeux
cantiques au-dessus de l'Etable de Jésus naissant. Oui
vraiment, les Bienheureux Esprits le proclament dans les
airs : la Paix du Ciel est pour les âmes de bonne volonté
qui, sur la terre, se donnent à Notre Seigneur, pour naître
vivre et mourir comme lui. Mais cette Paix religieuse ne
se trouve qu'à Bethléem, à Nazareth et au Calvaire ;
c'est-àdire qu'elle ne se donne qu'au cœur généreux,
qui met ses aifections dans les choses les plus pénibles à
la nature. Elle coûte cher : mais qu'elle est délicieuse !
A ces causes, et le St. Nom de Dieu invoqué. Nous
avons ordonné, réglé et statué ; ordonnons, réglons et
statuons ce qui suit, pour l'Ordre de la Visite, dans cha-
cune des Communautés.
l» Nous Nous rendrouî dans votre communauté, aux
jour et heure qui seront jugés s'accommoder le mieux
avec vos observances religieuses : ce dont Nous vous don.
nerons avis, après que Nous Nous serons entendu ayec
la Révérende Mère Supérieure.
2o Nous ferons notre entrée solennelle; et Nous pro
céderons ensuite à tous les exercices de la Visite, en nous
conformant à votre Cérémonial, ou Coutumier.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 157
30 Nous entendrons toutes celles qui désireront s'adres-
ser à Nous en particulier, et celles qui se trouveront en
Mission pourront Nous écrire, si elles le jugent nécessaire.
4" Nous examinerons soigneusement si tous les points
de la Règle sont religieusement observés. Les Sœurs
de chaque Institut qui ne sont point dans la Maison-
Mère devront examiner, en conseil, les besoins de leur
petite communauté ; et en feront en commun leur rapport
à la Supérieure Générale.
5« Les prières et les bonnes œuvres des Communautés
seront dès maintenant toutes offertes à Dieu, pour obtenir
à cette Visite un plein succès. En outre, chacune fera
prier ses pauvres, ou ses élèves, à la même intention. Les
Chapelains sont priés d'y joindre leurs fervents Mémento,
à la Messe, et à l'OfTice divin.
6^^ Nous avons réglé qu'à l'avenir chaque Communauté
aurait son Supérieur Ecclésiastique et son Chapelain par-
ticulier. Nous ne doutons pas qu'elle ne les honore et
respecte comme deux Anges Tulélaires, chargés du minis-
tère visible, qu'ils doivent exercer pour le salut de toutes.
Nous serons assisté par eux dans le cours de la Visite.
Puis, Nous Nous concerterons avec ces hommes de Dieu,
pour le bon gouvernement des âmes confiées à notre sol-
licitude.
70 Nous voulons que ce Mandement soit distribué à
toutes les Sœurs, pour que chacune ayant sa copie,
puisse le relire en son particulier, et se préparer ainsi aux
grâces de la Visite, et ensuite, s'encourager, par sa lecture,
à en conserver précieusement les fruits. La foi lui fera
regarder cet Ecrit, comme une Lettre qui lui est adressée
du Ciel, par la Reine des Vierges. C'est du moins sous
son inspiration que Nous avons tâché d'écrire. Que Marie
donc, qui a conduit notre plume, pour tracer sur du vU
papier, la lettre de cette écriture, obtienne que l'Esprit
Saint en grave, de son doigt divin, l'esprit et le sentiment
dans tous les cœurs religieux.
158 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
80 Nous joignons dans un même livret, le Mandement
de la Visite des Communautés et celui de la Visite des
Paroisses, pour que chaque Sœur puisse nourrir sa piété
de tout ce que fait la Religion, pour la sanctification du
monde, où elle a laissé des personnes bien chères, comme
pour celle des Cloîtres où elle se trouve rendue, par une
grâce pour laquelle elle ne saurait assez bénir le Seigneur.
Par reconnaissance elle travaillera à se rendre assez sainte
pour mériter d'obtenir que le dépôt sacré de la Foi ne
périsse jamais dans ce pays, dont nos pères ont toujours
voulu faire un pays de Foi. Hélas ! aujourd'hui, l'ennemi
y sème à pleine main Fivraie de la mauvaise doctrine.
Puissant motif pour le cœur zélé de redoubler d'efTorts !
Oh! oui: plus l'enfer travaille à détruire la Religion,
plus les Saintes Communautés doivent s'efforcer de la
défendre, par la science et la piété. Filles de Jérusalem,
poussez de longs gémissements sur les maux de votre
patrie ; et que l'écho répète au loin vos lugubres accents î
Puissent ils toucher tant de cœurs séduits et abusés!
Hélas ! que l'aimable Jésus est peu aimé ! Que sa sainte
Religion est violemment attaquée ! Que les portes de
l'enfer sont horriblement agitées, dans ce temps mauvais l
9» Nous terminerons la visite, quand nous aurons réglé
toutes choses ; et ce sera encore en suivant le Cérémonial,
ou le Coutumier.
0 Vierge Marie, nous ne la commencerons pas cette
Visite, avant d'avoir imploré votre puissant secours, sur
nos filles bien-aimées,et sur Nous, leur indigne Pasteur.
Notre voix pastorale se mêle en ce moment à leurs voix
virginales, pour vous dire que Nous sommes sous le poids
de maux bien accablants. Mais nous sommes pleins d'espé-
rances, parceque nous savons que vous êtes notre Afère et
notre Maîtresse à tous. Votre Saint Nom est plein de lu-
mières, et votre tendre Cœur est plein d'amour. Eclairez
donc notre entendement, embrasez nos cœurs, et déliez
nos langues, pour que nous puissions vous honorer di-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS. 159
gnemeat dans ces jours de salut. Pour cela, faites revivre
votre Maison dans toutes nos Communautés. Régnez-y,
comme à Nazareth, avec Jésus et Joseph. Vierge Sainte,
sanctifiez-nous. Vierge Puissante, fortifiez-nous. Vierge
Clémente, changez-nous. Vierge Fidèle, dirigez-nous dans
les voies delà perfection. O Vierge des Vierges, vous voyez
à vos pieds les Epouses de votre Cher et Divin Fils. Pré-
servez-les de tous maux ; accordez-leur tous les biens que
vous connaissez leur tHre nécessaires. Envoyez un des
Anges qui vous serve, avec le charbon ardent, qui purifie
nos lèvres comme autrefois celles des Prophètes. Que ce
Céleste Guide nous conduise dans le désert de celte pauvre
vie, comme il conduisit autrefois le peuple saint dans les
afTreuses solitudes de l'Arabie. Qu'il soit pour nous une
colonne de feu, pour nous tracer la route de nos saints
devoirs. Qu'il soit aussi pour nous un Nuage bienfaisant,
qui Nous couvre de son ombre rafraîchissante au milieu
des ardeurs de cette terre arride, que nous habitons. O
Mère de miséricorde, faites-nous arriver un jour à cette
bienheureuse terre qui coule des fieuves de lait et de miel
Là, en baisant vos pieds sacrés, nous entrerons dans le
Chœur des Vierges, que vous conduisez vous-même, à la
suite du divin Epoux, qui est votre Fils. 'Ainsi soit-il.
Sera le présent Mandement lu en Chapitre, dans toutes
les Maisons Religieuses, le jour de sa réceptien ; et ensuite
conservé dans les Archives de chaque Communauté.
Donné à Montréal, sous notre seing et sceau et le con-
tre-seing de notre Secrétaire, le huit Décembre, mil-huit
cent-cinquante.
L. t S. T ^^- E^'- °^ Montréal.
Par Monseigneur,
JOS. OCT. PARÉ, CHAN.
Secrétaire.
(Vraie copie.)
J. 0. Paré, Chan. Sec.
160 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CrRGULAIRE
AU CLERGE DU DIOCESE D£ MONTREAL.
Evêché de Montréal, le 26 Novembre 1850.
Monsieur,
Vous recevrez, avec la présente, un excellent ouvrage
sur l'Agriculture, intitulé : Traité de la Tenue Géné-
rale iV une Terre dans le Bas- Canada. Il a été composé
par ordre de Sou Excellence le Gouverneur Général, et
imprimé à ses frais, pour être distribué gratis dans toutes
les familles. Son objet est de répandre partout la science
agricole, qui seule peut exploiter les richesses de notre sol.
Donné par une main si noble et si amie, il sera reçu
avec reconnaissance, étudié avec ardeur et conservé avec
amour. Il passera de père en fils comme un précieux
héritage, et une source de prospérité pour chaque famille.
Usera en même temps un monument durable de l'atf'^c-
tion toute paternelle que ce Bon Gouverneur porte à nos
paisibles cultivateurs. Ce cadeau sera, je n'en doute point,
vivement senti et justement apprécié par tous nos parois-
siens, chez qui régnent encore heureusement les mœurs
patriarcales du bon vieux temps, où nos pères se croyaient
les enfants de leurs Rois et de leur Gouvernement, et
les aimaient comme les Pères de la grande famille du
Gouvernement. Je pense que le moyen le plus expéditif
de donner à cette écrit toute la circulation qu'il doit avoir
serait de convoquer une assemblée de tous les pères de
famille pour leur distribuer les exemplaires destinés à
votre paroisse. Quelques mots que vous et vos Notables
Paroissiens leur adresseriez, dans une réunion si intéres-
sante, feraient de vives et profondes impressions dans ces
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. Ifil
cœurs bien nés, et susceptibles de tous les sentiments hon-
nêtes. Le point essentiel est que ce livre soit bien compris
et que chacun sache mettre en pratique les théories qui y
sont enseignées. Pour cela je crois devoir vous suggérer de
profiter de cette occasion solennelle pour former une
Association d'Agriculture dans votre Paroisse, si déjà elle
n'y existe, et pour recommander à vos paroissiens de pro-
fiter des longues soirées d'hiver, pour acquérir toutes les
connaissanc&s agricoles qui leur sont nécessaires. La
Bibliothèque Paroissiale pourra fournir des livres ou des
journaux qui les aideront à passer agréablement et utile-
ment un temps qui est souvent perdu à des entreliens fri-
voles. Les gens instruits de votre Paroisse se feront, j'en
suis sûr, un plaisir de se trouver aux réunions qui ont
lieu dans leur voisinage.
Je vais écrire à Son Excellence, pour la remercier de sa
bienviellance envers nos bons habitants des campagnes,
me fesant l'interprète de leurs sentiments de reconnais-
sance et de respect. Toutefois, je suis bien persuadé que
le compliment le plus llatteur pour Elle, sera l'accueil
que l'on donnera au pamphlet qu'il offre au pays entier,
comme un gage de son ardent désir de le voir heureux et
florissant. Espérons que dans quelques années, nos cam-
pagnes couvertes de riches moissons, nos prairies ondoyan-
tes de mil et de trèile, nos parcs remplis de bestiaux de la
plus belle qualité, seront pour son cœur la plus agréable
récompense.
Je suis bien cordialement.
Mon cher Curé,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
-|- Ig Ev. de Montréal.
U
162 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES.
CIRCULAIRE AU CLERGE
Montréal, le 8 Avril 1851.
Monsieur,
Le beau mois de Mai, qui nous arrive, nous invite au
pèlerinage de Notre-Dame de Bonsecours, pour exposer
à cette bonne et puissante Reine du Clergé, nos besoins,
et ensuite donner, par notre exemple, l'élan aux Fidèles.
Ce sera le G Mai matin que se fera ce Pèlerinage ; et je
vous y invite, si vos occupations vous permettent d'y ve-
nir. Après avoir imploré de notre mieux la protection de
la Mère de Dieu, nous traiterons, à l'Evèché, quelques
affaires qui nous intéressent tous ; et comme il faudra
qu'elles soient discutées ensuite dans les Conférences Ec-
clésiastiques, je crois que l'Archiprètre ou le Secrétaire
de votre arrondissement devra être un des assistants.
Je profite de l'occasion, pour vous informer que Mgr.
Baillargeon a dû quitter Rome au mois dernier, et qu'il
est attendu ici dans le mois prochain. Comme il est temps
de nous mettre à contribution, pour les frais de l'Agence
Provinciale qu'il a si dignement remplie, je vous prie, si
vous avez quelque chose à y mettre, de le faire tenir au
plustôt au Secrétaire du Diocèse.
Veuillez bien vous rappelez que votre contribution sera
reçue, avec reconnaissance, quelqu'elle soit ; mais qu'elle
ne doit pas dépasser un iouis. S'il y a du surplus, il sera
remis dans la caisse de son successeur.
Je suis bien cordialement.
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
f Ig. Ev. db Montréa l
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTA 16J
LETTRE PASTORALE
DE MONSEIGNEUR l'EVEQUE DE MONTREAL, ANNONÇANT LE
PREMIER CONCILE PROVINCIAL DE QUEBEC.
Ignace Bourgel par la Miséricorde de Dieu et la Grâce du Sainl-Siêge
Apostolique, Evéque de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés Religieuses et à tous
les Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre
•Seigneur Jésus-Christ.
Le Concile Provincial de Québec, convoqué par Sa Grâce
l'Illustrissime et Révérendissime Seigneur Pierre Flaviea
Turgeon, Archevêque de Québec, s'ouvrira le quinze du
mois d'Août prochain, avec l'aide de Dieu, dans l'Eglise
Métropolitaine.
Telle est, Nos Très-Ghers Frères, la grande nouvelle
que Nous sommes tout joyeux de vous annoncer aujour-
d'hui ; et qui va. Nous n'en doutons pas, ranimer votre
foi, et réjouir voire piété. Car, nous savons comme vous
aimez la beauté de la Maison du Seigneur, et la grandeur
de sa Religion, qui fait ici-bas votre unique bonheur.
L'Auguste Assemblée dont il est ici question, est à la
vérité nouvelle pour notre jeune pays. Vous en connais-
sez toutefois la nature et l'objet. D'ailleurs, nos pères
dans la foi nous ont raconté que de tout temps ces réunions
d'Evêques furent pleines de grâces pour les peuples chré-
tiens. Car, ce sont de ces rares, mais sublimes solennités
que la Religion célèbre, pour montrer à ses enfants
Tunité de sa foi et l'union de ses pasteurs : la pureté de sa
morale et la vertu de ses sacrements ; la majesté de soa
eulte et les splendeurs de ses cérémonies ; l'ardeur de soa
xèle et la tendresse de son amour.
164 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Et pour qui tout cela ? Pour vous, (Vos Très-Gher&
Frères, et pour le salut de vos âmes ; parce qu'à de grands
maux il faut de grands remèdes. Vous êtes donc tous
vivement intéressés au bon succès de l'Œuvre qu'entre-
prenent vos Pasteurs, pour vous affermir de plus en plus
dans l'attachement à votre Sainte Religion. Aussi l'Eglise
vous invite-t-elle instamment à y concourir de tout votre
cœur. Ecoutez bien ce qu'elle vous dit là-dessus.
« Les trois Dimanches qui précéderont le jour indiqué
« pour l'ouverture du Concile, il convient que le Prédica-
« teur, dans l'Eglise Métropolitaine, et les Curés, dans
(I leurs paroisses, fassent de grandes instances, pour exiler
'( les Fidèles à la dévotion, aux oraisons, aux jeûnes, à la
« réception des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie,
« et à toutes sortes de bonnes OEuvres, afin que, avec
« l'aide de Dieu, le Concile puisse commencer avec dignité,
«travailler avec succès, et se terminer avec bonheur.»
A ce ton de piété, et à cet accent de tendresse, vous recon-
naissez, sans doute, la voix de votre bonne Mère, la Ste.
Eglise, vous tous qui êtes ses enfants affectionnés.
Pénétré d'un religieux respect pour cette Sainte Ordon-
nance, Nous avons du nous faire un devoir de l'exécuter,
avec une amoureuse fidélité. Ne pouvant avoir pour
nous guidez l'expérience de nos Illustres Prédécesseurs
dans ce Pays, puisqu'aucun Concile ne s'y est jusqu'ici
célébré, Nos avons consulté les usages de nos pères de
l'ancien monde, et les antiques traditions de l'Eglise, qui
embrasse tous les peuples des bras de sa catholicité. Nous
avons surtout étudié la conduite que tenait, dans ses Con-
ciles Provinciaux, St. Charles Borromée, ce parfait
modèle de tous les Evêques. De plus, Nous nous sommes
entendu avec notre Vénérable Archevêque et nos Evê-
ques Co-Provinciaux, pour ne rien faire que selon l'esprit
de l'Eglise.
A ces causes, le St. Nom de Dieu invoqué, et de l'avis
de Nos Vénérables Frères, les Chanoines de notre Calhé-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 165
clrale, Nous avons réglé, statué, ordonné, réglons,statuons,
ordonnons ce qui suit :
lo L'Edit de convocation du Concile Provincial seia
affiché aux portes de notre Eglise Cathédrale, deux mois
avant l'ouverture, c'est-à dire le quinze juin courant. Les
pieux fidèles, en y entrant, seront par là invités à prier
pour le succès de celte grande Œuvre.
2» Il y aura Processions avec Litanies des Saints et
autres prières approuvées, dans toutes les Eglises et Cha-
pelles du Diocèse, les trois Dimanches, qui précéderont
l'ouverture du dit Concile, c'est-à-dire le vingt-sept Juillet,
et les trois et dix d'Août prochain. Ce sera pour les Pré-
dicateurs, le temps d'exhorter les Fidèles à vaquer aux
exercices que leur recommande l'Eglise, pour le bon suc-
cès du Concile. Ces Processions seront aussi solennelles
que le peut permettre un Ufiice de Pénitence. Elles
pourront se faire en dehors aussi bien qu'en dedans des
Eglises. On y invoquera avec foi et confiance tous les
Anges et les Saints, et spécialement les Anges Tutélaires
et les Saints Patrons de la Province, ainsi que ceux du
Diocèse, des Paroisses et Communautés. Ce sera pour
les Sociétés et Confréries une occasion solennelle de
déployer, avec leurs étendards, leur zèle pour l'honneur
de la sainte Eglise.
4'^ A commencer du jour où ia présente Lettre Pastorale
sera publiée, jusqu'à la clôture du Concile, les Prêtres
diront à la Messe, au lieu de l'Oraison Deus refugiutn, etc.,
l'Oraison De Spiritu Sancto. Les jeudis, ils diront la
Messe du St. Esprit, si les Rubriques le permettent. Cette
Messe se chantera, ces jours-là, à notre Eglise Cathédrale,
à une heure qui accommodera les pieux fidèles; car nous
comptons beaucoup sur leurs bonnes prières. Tous ces
saints exercices sont, comme on le voit, une préparation
au Concile. Mais en voici d'autres pour le temps où il se
célébrera.
3" Chacun de ses trois Dimanches devra être, autant
166 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
que possible, jour de communion générale. Il faudrait
pour cela que l'on se confessât pendant la semaine, pour
être prêt à faire cette sainte action en l'un de ces trois
Dimanches.
5° Pendant la tenue du Concile, il y aura successive-
ment, dans diverses Eglises de la ville, Prières des Quti-
rante heures et exposition solennelle du St. Sacrement. Ici,
Nous comptons surtout sur l'Association de VAdoration
Perpétuelle, pour que ces jours de grâce soient solennisés,
comme ils le doivent être dans un temps si précieux.
60 Le quatorze d'août sera jour de jeûne pour le Con-
cile. Il convient que ce soit un jeûne général. Nous y
invitons donc tous ceux qui pourront le pratiquer. La
Prière jointe au jeûne est toute puissante auprès de Dieu.
Maintenant, laissez Nous vous dire, Nos Très-Chers
Frères, dans toute la simplicité de notre âme, la pensée
qui nous préoccupe, en vous écrivant cette Lettre. Bientôt,
il nous faudra représenter, dans le Concile, l'Eglise de
Vïne- Marie, c'est-à-dire, aux termes de l'Apocalypse, il Nous
faudra être un des sept Anges, préposé à la garde de l'un
des sept Diocèses, qui forment aujourd'hui notre Province
Ecclésiastique; et obligé d'y briller, comme les étoiles au
firmament, de tout l'éclat des vertus Episcopales. Septem
stellœ Angeli sunt Ecclesiarum. Que cette pensée, Bien-
aimés Frères, est accablante pour vous et pour Nous !
Car remarquez le bien, c'est le Diocèse tout entier qui
y doit paraître, avec ses (JEuvres bonnes et mauvaises. Il
y faudra en effet s'occuper sérieusement des moyens à
prendre pour considérer le peu de bien qui s'y fait, et
corriger les abus qui s'y introduisent d'une manière si
alarmante. Comme Nous, vous êtes sans doute effrayés,
Nos Très-Chers Frères, du mauvais esprit qui se répand
partout, et des efforts inouis que fait l'enfer, pour détruire
la foi et les mœurs, par lant de mauvais livres, qui circu-
lent plus que jamais dans le monde, par tant de discours
imoies, qui outragent la Religion et ses Ministres, par
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 167
lantde scandales enfin qui séduisent tant d'âmes impré-
voyantes.
Or, la plus grande responsabilité de ces maux pèse sur
notre conscience. On n'en saurait douter quand on
entenu l'Apôtre de la Charité adresser de sévères repro-
ches aux Evêques des Eglises dont il avait la surinten-
dance, à cause des abus qu'ils n'avaient pas le courage de
combattre. Toute fois, il les appelle des Anges ; et il loue
beaucoup leurs vertus ; et c'est ce qui fait trembler. Aussi
rentrant en nous-raême, nous faisons Nous l'application
de ces justes reproches. Car notre Charité s'est bien plus
refroidie que celle de l'Ange d'Ephèse. Nous combattons
bien moins vigoureusement les erreurs du temps, que ne
combattait la doctrine empoisonnée des Nicolaïtes l'Ange
de Pergame. Nous résistons moins généreusement à la
corruption du siècle que ne le faisait lAnge de Thyatire,
à la séduction de Jézabel. Nos OEuvres sont moins pleines
que celles de l'Ange de Sardes. Noire vertu est moins
pure que celle de l'Ange de Philadelphie. Nous sommes
plus tiède que l'Ange de Laodicée. Ob ! puissions Nous,
comme l'Ange de Smyrne, ne mériter aucun reproche de
Dieu et de l'Eglise, dans l'administration de ce Diocèse !
/Apoc. cap. 2 et 3.) Croyez-le, Nos Très-Chers Frères, la
Charge Pastorale est bien pesante ; et vous avez la stricte
obhgation de nous aider à la porter, par une bonne vie,
entretenue par une bonne prière.
De plus. Nous devons paraître au Concile, debout, près
de V Autel, tenant en main un encensoir d'or ; c'est-à-dire,
avec une âme ardente, toujours prête à partir pour la
gloire de Dieu, avec une volonté généreuse, que rien ne
saurait ébranler, quand il s'agit des intérêts de la Reli-
gion ; avec un cœur brûlant da Charité, quand il faut se
sacrifier pour les besoins du peuple. Stetit Angélus pixta
Aram templi, habens thuribulum aureuni in manu sua. Un
Dieu à glorifier, une Religion à défendre, un Peuple à sauver :
telle est la pensée qui saisit notre coeur, aux approches de
celte grande solennité qui nous arrive.
168 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Aidez-Nous donc, encore une fois. Nos Très Chers
Frères, à paraître au Concile en digne Représentant de
V Eglise de Montréal. Il nous faut pour cela beaucoup de
parfums, pour que notre encensoir soit toujours fumaat:
c'est-à-dire, qu'il Nous faut le zèle ardent du Clergé, la
bonne conduite des Paroisses, l'Esprit Ecclésiastique des
Séminaires, la science sacrée des Maisons d'Education, la
parfaite régularité des Communautés, les Œuvres chari-
tables des Sociétés, les pieux exersic«s des Confréries, les
Prières ferventes des Justes, les larmes abondantes des
Pénitents, les Vertus Patriarcales des familles, enfin,
l'encens pur de tout le Diocèse, réglé suivant les Saints
Canons, pour embaumer d 3 son agréable odeur, l'Eglise
Provinciale, réunie en la présence de Dieu. Data sunt
ci incensa milita ; et ascendit fumus aromatum de viaiiu Angeli,
In cotispectu Domini. Que de motifs donc Nous avons de
faire instance, pour que vous prépariez les voies au Sei-
gneur! Ah! de grâce, Nos Très-Ghers Frères, venez à
notre secours, dans ce temps de pressants besoins. Pour
cela vivez saintement et priez ardemment. Nous avons la
confiance que, dans toutes les maisons de ce Diocèse, on
évitera le péché et on pratiquera la vertu, pour qu'au
Concile, V Eglise consacrée à Marie soit pure et digne de la
Vierge Immaculée.
A ce propos. Nous vous dirons qu'une de nos Proces-
sions de ville se dirigera de la Chapelle du Saint- Cœur de
Marie à celle de Notre-Dame de Bonsecours, et que là aussi
se feront les Prières des Quarante Heures^ pendant que le
Concile se célébrera à Québec. Marie étant l'Etoile de la
Mer, il est évident que ceux qui conduisent le vaisseau
de l'Eglise, sur cette mer orageuse, doivent, pour ne pas
faire naufrage, sorienter sur cet astre lumineux. Marie
étant la Maîtresse de la Foi, il s'en suit nécessairement
que ceux qui en sont les Juges, doivent la consulter;
Marie étant la Gardienne des mœurs, il faut bien que les
Pasteurs recourent à elle, pour préserver leur troupeau
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 109
de la corruption du siècle. Or, pour nous tous, Nos Très-
Chers Frères, vous le savez, l'Autel de \Archiconfrérie et
la Ste. Chapelle de Bonsecours sont nos tabernacles chéris,
vers lesquels se dirige toujours nos pas, au temps du
besoin. Qu'il est glorieux pour Marie d'être le secours
des Pasteurs, aussi bien que celui des brebis ! Gomme
son cœur maternel surabonde de grâces, pour préparer
tous les cœurs à un Concile dont la bouche ne manquera
pas de la proclamer Bienheureuse !
Nous avons un second molif, Nos Très-Chers Frères,
d'aller en Procession dans ces deux Sanctuaires ; c'est que
Nous en avons pris devant Dieu l'engagement, à la vue
des pluies abondantes de la saison, qui mettent en danger
la moisson de l'année. Vos intérêts sont les nôtres ; vous
n'en doutez pas. D'ailleurs vous répondez si bien à
chaque appel que Nous lésons à votre charité, que la
reconnaissance Nous impose le devoir de toujours prier
pour que le pain quotidien ne vous manque jamais. Oh !
loin de nous le péché de cesser un instant de prier pour
vos intérêts spirituels et temporels.
Que la Grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous
tous. Amen.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au Prône de notre
Cathédrale, Dimanche, le quinze Juin courant ; à celui
de toutes les Eglises où se fait l'Office Paroissial, et en
Chapitre dans toutes les Communautés Religieuses, le
premier Dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, en notre Palais Episcopal, le trei-
zième jour de Juin de l'année mil huit cent cinquante-un,
sous notre seing et sceau et contre-seing de notre Secré-
taire.
L. -\ S. f IG. Ev. DE Montréal.
Par Monseigneur,
Jos. OcT. Paré, Chan. Secrétaire.
( Vraie Copie )
J. 0. Paré, Chan. Secrétaire.
!70 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIRCULAIRE AU CLERGE.
Montréal, juillet 1851.
Monsieur,
Je n'ai pas besoin de vous recommander d'insister
auprès de vos paroissiens, pour les faire entrer dans les
vues de l'Eglise, par rapport au Concile. Vous sentez
vivement que plus ce bon peuple priera pour nous, plus
cette grande œuvre réussira. Je crois qu'il serait bon de
partager en trois la Lettre Pastorale ci-jointe, et de la
commenter les trois dimanches où il vous faudra parler
là dessus. La nature d'un Concile, la solennité qui l'ac-
compagne, le bien qu'il opère, sont des motifs puissants
pour les bons catholiques d'y concourir de toutes leurs
forces. lisseront par là tout préparés à en recevoir les
actes avec respect et soumission. Ce sera beaucoup de ga-
gné dans un temps où l'on fait tant d'efforts pour inspirer
au peuple le mépris de la Religion et de ses Ministres.
Le Cérémonial du Concile doit être imprimé sous peu.
11 serait bon, je pense, d'en favoriser la circulation dans
le Diocèse, afin que, sur les recommandations que vous
en feriez, l'on pût s'unir de loin à tout ce qui se fera à
Québec,
Le Rituel Provinciale devra renfermer, autant que pos-
sible, les instructions et décisions, propres à vous diriger
dans les cas ordinaires et courants. Pour atteindre ce but,
il nous fait connaître les difficultés que vous rencontrez
le plus ordinairement, et dont vous ne sauriez trouver la
solution, qu'en feuilletant beaucoup de livres. Je vous
prie d'en faire le sujet d'une Conférence Ecclésiastique,
dans laquelle vous pourriez simplement mettre les ques-
tions qui vous présentent des difficultés, dans le gouverne-
ment des Paroisses, l'administration des Fabriques, le
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 171
soin des Ecoles, le bon ordre des Eglises, et aulres ma-
tières de cas pratiques. Le plutôt sera le meilleur, à
cause de l'exemple long et sérieux que pourront exiger
plusie'jrs de ces questions.
Nous pourrons, le jour de la saint Jacques, traiter plu-
sieurs des questions importantes qui vous auront occupés,
dans les Conférences. Afin d'avoir plus de temps, nous
chanterons la Grande Messe à cinq heures du matin et
les Vêpres à six heures du soir.
La Retraite Pastorale se fera, celte année, comme à
l'ordinaire, au Petit-Séminaire de Montréal, et commen-
cera le 18 août prochain, vers les deux heures de l'aprèe-
midi. Elle se terminera à Québec le 24, avec la clôture du
Concile, pour ceux qui désireront y assister. Dans ce cas
l'on fera la communion générale à Notre-Dame de Bonse-
Gours en s'embarquant ; et l'on fera la communion géné-
rale à Notre-Dame de la Victoire, à la Basse- Ville de
Québec, où je me ferai un bonheur d'aller dire la Messe
aux Retraitants. Je vous dirai ie jour de St. Jacques,
comment les cures seront gardées, et quelles seraient les
propositions des capitaines de Steamboat, pour faire ce
voyage. Chacun devra, je crois, se pourvoir d'un surplis;
et l'on prendra arrangement pour que tous aient des
places convenables à l'Eglise Métropolitaine. En attendant,
préparons-nous à cette Retraite, qui pour être plus courte,
n'en sera pas moins importante. Car votre ferveur, pen
dant ce temps de grâce, obtiendra aux Evêques les lumiè-
res, et aux fidèles les forces, pour accomplir en toutes
choses la sainte volonté de Dieu, qui est que tout le monde
soit sauvé.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et très-obéissant serviteur,
f TG. EVÉQUE DE MONTRÉAX.
[Vraie Copie.)
J. 0. Paré. Chan. Sec.
)
172 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
P. S. Je VOUS prie d'informer vos bons Paroissiens que
la Procession de la ville, qui devra se faire de l'Autel de
l'A-rcliiconfrérie à Notre Dame de Bonsecours, a pour
objet d'obtenir du beau temps, pour détourner le fléau de
la disette qui nous menace. Engagez les à faire de bonnes
œuvres pour toucher le cœur du Père des miséricordes.
Tâchez que vos pauvres n'aillent pas vagabonder ailleurs,
surtout dans notre ville où ils sont en si grand danger.
Que Ton fasse travailler ceux qui en sont capables, et que
l'on place les infirmes dans de bonnes maisons, pour leur
porter tous les soins qu'ils peuvent attendre d'une charité
vraiment chrétienne. Les quêtes Dominicales peuvent
être de temps en temps, appliquées aux bonnes œuvres
de la Paroisse. Je recommande dans ce moment à la
compasion de votre Paroisse l'œuvre des Sourds et Muets.
Quelques quêtes faites à l'Eglise pourraient facilement
couvrir les dépenses à faire, pour les envoyer à l'asile
établi sur le Coteau St. Louis, près de la ville, ou bien
dans une Communauté, si ce sont des filles.
Enfin, je vous conjure de recommander souvent à vos
bonnes âmes de prier pour l'Angleterre afin qu'elle se
convertisse, après avoir si longtemps persécuté la foi.
La clôture du Concile ayant été fixée définitivement au
28 Août, la Retraite Pastorale commencera le I9 au soir
et se terminera à Québec le 28 au matin.
-J- L E. DE M.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 173
LETTRE PASTORALE
DES PÈRES DU PREMIER CONCILE PROVINCIAL DE QUÉBEC, A TOI 3
LES FIDÈLES DE LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE.
JVous, par la- miséricorde de Dieu et la grâce du St. -Siège
Apostolique, Archevêque et Evéques de la Province Ec-
clésiastique de Québec.
A tous les Prêtres et à tous les Fidèles de la dite Province. Salut et
Bénédiction en Notre Seigneur.
Rendez grâces à Dieu avec nous, Nos Très-Chers Frè-
res : nous avons enfin conduit à heureuse issue cette
sainte et importante entreprise, à laquelle nous vous
avions invités à concourir par vos prières, en vous annon-
çant l'ouverture du premier concile de la province ecclé-
siastique de Québec. Nos vœux et les vôtres sont accom-
plis. Vos pasteurs, qui désirent ardemment votre bonheur,
ont pu traiter librement les hautes questions qui embras-
sent les graves intérêts de la gloire de Dieu et de la
sanctification de vos âmes. Ils ont comme inauguré, pour
l'église du Canada, une période nouvelle ; car c'était pour
la première fois, que, conformément aux prescriptions
des saints canons, ils se réunissaient officiellement, dans
une de ces grandes et religieuses assemblées, images de
celle des apôtres dans le Cénacle. Chaque jour, rangés
autour de l'autel du Dieu trois fois saint, qui nous a chargés
de conduire son Eglise (Act. ch. XX, v. 28), nous appelions
et sur nous et sur nos travaux l'assistance de l'Esprit-
Saint promise à notre faiblesse ; et, nous vous l'avouons
avec joie et avec reconnaissance, notre consolation était
de penser que vous priiez pour nous et avec nous. Aussi,
dans le cours de nos longues délibérations, ayons-nous
senti les salutaires effets de votre pieux concours.
174 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Nous ne pouvons vous laisser ignorer, Nos Très-Chers
Frères, ce ^ue nos cœurs ont éprouvé au milieu de ces
fonctions sacrées de notre épiscopat, alors que, pénétrés
de l'importance de nos devoirs de pasteurs, nous étudiions
les besoins spirituels des troupeaux qui nous sont confiés,
et que nous écoutions la voix de l'Esprit-Saint que nous
ne cessions d'invoquer. Nous savions avec quelle ferveur
vous imploriez l'assistance du même Père des lumières de
qui vient tout don parfait (Ep. S. Jacques, ch. I. v. 17.) ;
nous connaissions avec quel vif intérêt votre piété et
votre amour pour la religion vous faisaient suivre de loia
les opérations de ce premier concile, et comment vous nous
accompagniez de vos vœux, de votre respect et de affec-
tion. Voilà pourquoi nous sentions véritablement que
nous étions dans la présence et sous les regards de Dieu,
que son esprit était là au milieu de nous : Ibi sum in média
eorum. (Matt. ch. 18 v. 20). Chacun l'éprouvait, chacun le
croyait, et cette conviction profonde nous suivant jusque
dans les actes les plus ordinaires de la vie, nous aidait à
sanctifier toute chose, à mieux travailler au salut de vos
âmes, et nous faisait espérer plus fermement que jamais
que, par la grâce de Dieu, et avec la protection de Marie,
notre travail serait suivi de bénédictions plus abondantes
et pour vous et pour nous.
Pardonnez-nous, Nos Très-Chers Frères, si nous parlons
ainsi du caractère éminemment religeux de notre assem-
blée; c'est une satisfaction intime et undouxépanchement,
pour des pères, de verser dans l'âme de leurs enfants les
mêmes jouissances dont leurs cœurs sont inondés. Nous
voulons par là vous inviter à bénir avec nous le Père des
Miséricordes et le Dieu de toute consolation, et à le remer-
cier de nous avoir dirigés par sa grâce et éclairés par sa
lumière ; Benedictus Deus et Pater Domini nostri Jesu
Christi, pater misericordiarum, et Deus iotius çonsolationis
(II. Cor. ch. 1. V. 7)
Voilà, Nos Très Chers Frères, quelques-uns des traits
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 175
de cette première réunion épiscopale qui attestera à tous
les chrétiens du pays, que, dans l'église catholique, tous
n'ont qu'un cœur et qu'une âme, depuis le Pon tife Suprême
et les évêques j usqu'aux prêtres et aux fidèles ; comme tous
aussi n'ont qu'une même foi et une même espérance, celle
du ciel : Solliciti servare unitatem spiritûs in vinculo pacis.
(Eph. ch. 5. V. 3).
Ils ne nous est point encore permis, Nos 'irès-Ghers Frè-
res, de rendre public le résultat de notre réunion, puisque
les décrets du concile ne peuvent être officiellement pro-
mulgués qu'après qu'ils auront été revêtus de l'approbation
du Saint Siège Apostolique. Néanmoins pour aller, autant
qu'il nous est possible, au devant de vos louables désirs,
nous aimons à vous faire connaître les principaux objets
dont nous nous sommes occupés.
Nous observerons d'abord, et nous le faisons avec boa-
heur, que nous n'avions pas ici, comme dans les pays
battus par l'orage et tourmentés par les révolutions, des
ruines à relever, et de grands désastres à réparer. Malgré
les sourdes tentatives de l'enfer, malgré les assauts qu'il a
livrés plus d'une fois à la maison de Dieu, votre foi n'a
pas été ébranlée, nos pieux monuments ont été mainte-
nus, les lois saintes de la discipline ont été respectées.
Mais, comme celui qui est juste doit chercher à se justifier
encore, et celui qui est saint doit s^ efforcer à le devenir davan-
tage {K^od^'^Al^ 11.), nous devons, selon la leçon de
l'Apôtre St. Jean, ne poiot nous borner à ce que nous
avons fait, mais nous porter toujours en avant, vers quel-
que chose de plus parfait et de plus élevé*
Chargés du dépôt sacré de la foi (I Ep.à Tim. ch. 6. v. 21.)
dont nous aurons à répondre un jour, nous nous sommes
occupés des moyens de la conserver toujours pure et intacte
parmi vous ; et, comme sa première garantie dépend de
notre attachement à cq\X& pierre contre laquelle les puissan-
ces de V enfer ne prévaudront jamais (S. Matt. ch. 16, v. 18),
nons avons voulu rendre un hommage public et solennel
176 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
à l'immuable autorité du Pontife Romain, vrai pasteur des
agneaux et des brebis, en déclarant publiquement notre
vénération et notre obéissance envers l'auguste successeur
du prince des apôtres. Par cet acte de soumission, nous
avons voulu honorer cette admirable unité de l'Eglise qui
fait sa gloire et sa force; nous avons voulu protester con-
tre l'esprit de révolte et d'insubordination, plaie si fatale
des temps modernes. Pour vous, vrais enfants de la foi,
vous recevrez <xvec respect l'enseignement que l'Eglise
vous donnera par vos pasteurs légitimes, et leur parole
vous sera la parole de Dieu, car celui qui les écoute,
écoute Dieu lui-même. (St. Luc, ch. 10, v. 16).
Nous nous sommes aussi occupés de vos erfants, q"U
sont l'espérance de la société et de la religion. Avec la
tendresse d'une mère, l'Eglise voudrait les tenir toujours
par la main et les presser sur son cœur ; elle désire éloi
gner d'eux le venin des mauvaises doctrines. Cette invi- .
tation du divin maître : Laissez les petits enfants venir à
moi. (St. Matt. ch. 19, v. 14), retentit sans cesse à nos
oreilles. Nous savons bien que le premier enseignement
pour eux se trouve sous le toit paternel ; nous comptons
assez sur votre foi et sur voire piété pour être sûrs que ces
premières notions de la religion, qui ne se reçoivent
jamais mieux que sur les genoux d'une mère, ne leur
feront pas défaut ; mais nous tremblons sur le second
enseignement donné à leur jeunesse dans les écoles, ce
second théâtre de la vie de vos enfants! Oh ! comprenez-
le bien : il faudra qu'ils reçoivent avec les leçons de la
science profane, les leçons plus importantes de la crainte
de Dieu et de la connaissance de leurs devoirs envers lui.
Mais en attendant que nous puissions vous parler plus
amplement sur ce sujet, ne manquez pas de les éloigner
de toute école, où leurs principes religieux pourraient
recevoir quelque atteinte, où leur tendre innocence serait
imprudemment exposée, et où leurs esprits ingénuement
ouverts à toutes espèces de doctrine seraient inévitable-
ment faussées par les sophismes de l'erreur.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 176
Notre sollicitude à dft se reporter également surles dan-
gers de toute sorte qui se rencontrent au milieu du monde,
et qui compromettent la vertu et la foi de ceux qui sont
glus avancés en âge. Par nos prochaines instructions
nous tâcherons de les prémunir contre certaines fréquen-
tations qui exposent l'avenir comme l'honneur |de vos
familles, contre ces sociétés funestes qui tendent leur éten-
dard en opposition aux associations que la religion vous
offre pour votre préservation, votre soutien et votre bon-
heur.
Nous avons travaillé surtout pour vous, pasteurs des
âmes, ouvriers infatigables de la vigne du Seigneur ; nous
ne formons avec vous qu'un cœur et qu'une âme ; vos
peines sont nos peines, et vos joies sont nos joies. G'eet
pour entrer dans vos vues que nous nous sommes appH-
qués à prévenir les difficultés sans nombre qui environnent
un ministère tout plein de périls, comme d?. dévouement.
En un mot, nous nous sommes efforcés de porter un regard
paternel sur tous les besoms et sur toutes les peines, afin
de les prévenir, s'il est possible, ou du moins de les dimi
nuer et de les sanctifier.
Telles sont, Nos Très-Ghers Frères, les principales ma-
tières qui ont fait l'objet de nos délibérations; daigne le
Seigneur en bénir les résultats. /J>sc perficiet, confirmabit
solidabitque (I. Ep. S. Pierre, c. 5, v. 10). Il est cependant
un dernier acte sur lequel nous désirons, en terminant,
appeler votre pieuse considération ; c'est celui par lequel
le concile tout entier s'est placé sous la protection spé-
ciale de la Ste. Vierge.
Car, vous le comprenez, en une pareille circonstance,
nous ne pouvions manquer d'offrir un hommage solennel à
l'augiiste Marie, à la Reine du clergé, à la Mère bien-
aimée des enfants de l'Eglise. Aussi est-ce avec transport
que, dans cette vénérable église de Québec, dans le pre-
mier sanctuaire que nos pères élevèrent il y a deux sièclei.
à la "Vierge toute oure et immaculée, nous avons prononcé
12
178 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ce titre glorieux que nous désirons entendre proclamé
sollennellement par le Vicaire de Jésus-Christ. C'est là,
disons-nous, qu'environnés de deux cents ministres du
Très-Haut, et en présence d'un peuple plein de foi, nous
venons de répéter avec confiance : Reine conçue sans
péché, priez pour nous. Regina sine labe concepta, ora pro
nobis; c'est là que, le cœur rempli d'une sainte ardeur, nous
venons de chanter le cantique par lequel Marie elle-même
glorifia son Sauveur et son Dieu, et révéla, dans l'ineffa-
ble exultation de son âme, que toutes les nations la redi-
raient bienheureuse. Magnificat anima inea Dominum
Beatain vie dicent omnes generationes (S. Luc, ch.
1. V. 47).
Après l'accomplissement de ce devoir à l'égard de Marie,
il ne nous restait plus, Nos Très-Ghers Frères, qu'à repor-
ter nos yeux sur ce vaste troupeau qui forme la portion
chérie de notre héritage ; c'est ce que nous avons fait
avec amour, au pied du même autel de Marie, en la sainte
présence de Jésus-Christ, son fils, notre Dieu et notre
Sauveur. C'est là que nous avons déposé nos vœux et
nos désirs pour la sanctification de vos âmes, pour la con-
servation de votre foi, pour la prospérité et le bonheur de
notre pays, et que nous avons répété en chœur:
« A tous ceux qui ont pris part à ce concile, par leurs
prières et leurs travaux, paix véritable et bénédiction
abondante 1
« A notre patrie et à tous les peuples chrétiens, zélé
pour la religion catholique, justice, abondance de la paix
et victoire sur tous les ennemis de la foi chrétienne 1
« A la cité et à la province de Québec, tranquillité, salut
et abondance des grâces divines ! Que tous ces biens se
multiplient pour nous tous ! Amen ! Amen !
C'est au moment de nous séparer, après avoir travaillé
de concert à régler ce que demande la pureté de la foi,
l'intégrité des mœurs et le maintien de la discipline, dans
la province ecclésiastique de Québec, que nous signons la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUxMENTS 179
présente lettre comme marque de notre union fraternelle
et gage de notre sollicitude pastorale.
Donné à l'Archevêché de Québer, sous notre seing et le
sceau de l'Archi diocèse, le vingt-huit août mil huit cent
cinquante-et-un.
7 P. F., Archev. de Québec,
-f R., Ev. DE Kingston,
Y IG., Ev. DE Montréal.
Y JOS. EUGENE, Ev. de Bytown',
-;- ARMD. FR. M , Ev. de Toronto,
-|- PATRICE, Ev. de Carrha et Aum-
nistrateur de Kingston,
7 J. C, Ev. DE Martyropolis, Coad. be
Montréal.
Y G. F., Ev. DE Tloa, Coadj. de Québec.
N. B. L'Oraison de Spiritu Sancio doit être continuée à
la messe jusqu'à la promulgation des décrets du concile.
Les prêtres sont invités à offrir leurs prières au ciel pour
l'heureux succès du voyage de Monseigneur i'Evêque de
Martyropolis, chargé d'aller soumettre ces mêmes décrets
à l'approbation du Souverain Pontife.
CERCULAIRE
au clergé du DIOCESE Di: MONTRÉAL,
Evêché de Montréal, le 4 Septembre 185t.
Je ne vous dirai rien de l'honneur que le premier Con-
cile Provincial vient de décerner au Diocèse de Montréal,
en lui confiant la trop honorable commission de députer
«n des membres de son clergé auprès de Souverain Pon-
tife, pour déposer à ses pieds les profonds hommages de
tous Ids catholiques de notre Province Ecclésiastique, et
pour le prier d'apposer le sceau de son Autorité Po/itifi-
180 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cale aux Actes qu'il vient d'émaner pour la plus grande
gloire de Dieu, et le plus grand bien de son Eglise.
J'ai pensé que pour répondre à la confiance, et mieux
remplir les vues de cette Auguste Assemblée, le Diocèse
devait s'imposer un grand sacrifice. J'ai donc dû jeter les
yeux sur celui qui me paraissait le plus préparé à remplir
cette haute mission, quoiqu'il m'en dût coûter ; voilà pour
quoi j'ai proposé mon digne Coadjuteur aux Pérès du
Concile, qui tous ont bien voulu applaudir à ce choix.
Le nombreux clergé, que la clôture du Concile avait
réuni dans la Ville Métropolitaine, a paru approuver cette
nomination, par l'expression d'nne cordiale sympathie.
Dieu veuille que tout tourne à sa plus grande gloire.
Maintenant je vous répéterai ce que tous les Evoques
vous disaient dans leur lettre commune, le 11 mai 1850,
pour les moyens à prendre, afin que notre Agent puisse
paraître sur le grand théâtre de l'ancien monde, et sur-
tout dans la ville sainte, d'une manière qui réponde à
l'importance de notre nouvelle Province. Comme il est
question d'un prochain départ, je prie chaque archiprêtre
de vouloir bien recueillir les souscriptions de son arron-
dissement, et de les faire tenir au plus vite à l'Evêché.
Je rougis encore cette fois de vous mettre à contribution.
J'aimerais pourtant beaucoup mieux vous donner que
vous demander ; mais que Dieu soit loué de m'avoir fait
pauvre !
Je suis bien cordialement, monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
t IG. Ev. DE Montréal.
{Pour vraie copié],
J. 0. Paré,
Chan. Secrétaire,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 181
CIRCULAIRE
A MM. LES CURÉS DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 4 Octobre 1851.
Monsieur,
Mgr. l'Evêque de Chicago nous est arrivé depuis quel-
ques jours ; c'est un digne enfant de St. Ignace, auxquels
ce pays doit la foi qui s'y est conservée si vive. Ce res-
pectable Prélat porte aux nombreux Canadiens, qui sont
dans son Diocèse, les soins les plus tendres et les plus
paternels. Il vient de leur faire bâtir une Eglise ; mais
ses moyens ne répondant pas à son bon vouloir pour nos
compatriotes, il a le chagrin de la voir exposée à être
vendue bientôt. Cette circonstance toute seule indique
assez que ce pays n'est pas aussi riche qu'on le dit ; et que
nos braves gens feraient beaucoup mieux de demeurer
avec nous dans notre cher Canada, capable de nourrir
encore un million d'habitants, que d'aller chercher for-
tune ailleurs. Ne manquez pas de le leur dire, dans le
tendre intérêt que vous leur portez à tous.
Quoiqu'il en soit, ce seraH une grande disgrâce pour le
Diocèse, si cet Evoque, si dévoué à notre peuple, s'en
retournait les mains vides. J'ai donc pensé qu'une petite
quête, faite dans toutes les Eglises du Diocèse, nous don-
nerait le moyen d'exercer une généreuse hospitalité. La
ville vient d'en donner l'exemple, en faveur de Mgr.
l'Evêque de Toronto. Les petites contributions de chaque
citoyen ont formé la belle somme de £815, qui a diminué
d'autant la dette énorme dont son église est chargée. Que
les Eglises de la campagne fassent de même, et Mgr. de
Chicago aura, comme Mgr. de Toronto, à bénir, en s'en
retournant, le Diocèse, son clergé et son peuple. Soyez
jaloux de ces bénédictions ; car elles portent infaillible-
182 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES,
ment bonheur. Donnons, et Dieu nous le rendra au cen-
tuple. Une partie de cette quête sera appliquée aux
autres besoins des Canadiens dispersés par milliers sur
les lignes américaines où plusieurs Prêtres du Diocèse
vont leur porter tous les secours spirituels en leur pouvoir.
Veuillez bien faire tenir à l'Evêché, le plus tôt possible,
le montant de la collecte de votre paroisse.
Je profite de l'occasion pour vous recommander de prier
et de faire prier vos paroissiens pour l'heureix succès du
voyage de Mgr. de Martyropolis et de ses compagnons,
qui se mettront en route le 14 de courant. Indiquez leur
une pratique journalière, qui leur rappelle cette intention :
une dizaine de chapelet, un Pater et un Ave^ quelque
chose enfin qui les porte à ne pas oublier d'aussi intéres-
sants voyageurs. Vous pourrez lire au prône la présente,
et la commenter, si vous le trouvez à propos. Peut-être
serait-il bon que le Margu illier en charge fit cette quête,
qui serait annoncée un dimanche d'avance.
Je suis cordialement, Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur.
f Icr. Ev. DE Montréal.
{\raie copie.)
J. 0. Paré, Chan. Sec.
CIRCULAIRE
AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL.
Montréal, le 22 octobre 1851.
J/ûfisi'eur,
Je vous informe que la bénédiction du nouvel Evéché
se fera le 20 novembre prochain, vers les trois heures de
laprès-midi. Cette cérémonie sera suivie de l'ouverture
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 183
de la seconde Retraite Pastorale, pour ceux qui n'ont pu
assister à la première, et à laquelle je me joindrai,
avec tous les Prêtres de l'Evêché. Le lendemain matin
(21) se fera la bénédiction de la Chapelle du Chapitre,
après laquelle se célébrera la première Messe Capitulaire.
Cette Chapelle doit être dédiée à St. Jean l'Evangéliste ;
et sera comme la maison dans laquelle le Disciple bien
aimé continuera ses soins de fils à la Bienheureuse Vierge.
Ecce mater tua. Et ex illd horâ accepit eam Discipulus
in sud. La Retraite continuera jusqu'au 28 au matin
que se fera, à la Cathédrale, la cérémonie de la prise de
possession de plusieurs Chanoines, de la réception d'un
Chapelain, et de la bénédiction des enfants qui ront com-
mencer à former la chapellenie de St. Jacques. Tous
ceux qui n'ont pas fait la Retraite de l'année sont atten-
dus à celle ci ; et je donne aux gardiens les pouvoirs des
Desservants, avec la faculté de biner au besoin.
Tout le Clergé est invité à ces cérémonies, comme
à toutes autres de la Cathédrale et de l'Evêché. Il me
suffit donc de vous les annoncer, comme je fais par la
présente, avec l'atîection paternelle. J'ai pensé que le
concours de ces diverses circonstances religieuses était de
nature à attirer plus de grâces sur la maison du Clergé,
qui esl essentiellement une maison de prière. C'est ainsi
qu'il faut maintenant plus que jamais, ce me semble,
nommer la maison de l'Evêque. Je dirai davantage : elle
est plus au Clergé qu'à l'Evêque, puisque c'est lui qui en
fait les frais de construction. Pour ma part, je ne puis y
contribuer que du désir de mener, dans cette maison, une
vie vraiment épiscopale, avec les prêtres, qui, pour
l'amour du Diocèse, veulent bien s'assujettir aux sacrifices
de la vie commune: mieux vaut dire d'une vie plus que
commune. Car, l'on comprend que son personnel doit
être d'autant plus parfait que son matériel est plus splen-
dide. Pour cela, il lui faut être d'autant plus simple au
dedans qu'elle est plus magnifique au dehors. Son frontis-
184 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
pice regarde la ville , parce qu'il appartient à la
patrie.
Mais son intérieur donne sur l'église, parce qu'il doit
être tout entier à la Religion.
J'ai donc pensé qu'on ne pouvait mieux étrenner cette
maison, qu'en l'ouvrant par la Retraite ; et en lui donnant
pour nouveaux commensaux, des hommes de prière.
J'ai la confiance que ceux qui prendront soin des
Paroisses diront de cœur avec nous : Benedic, Domine,
domum istam, ut sic in eâ castitas, mansuetudo. Angeli
pacis habitent in éd. Puisse cette prière souvent répétée
être pleinement exaucée !.
Je ne saurais vous écrire de fois, que je ne vous dise
quelque chose de notre cher peuple, dont le bien tempo-
rel et spirituel est ici bas notre grande affaire. La
Présente a donc un autre objet, celui de donner un nou-
vel élan à la colonisation. Je vais d'abord vous référer
à une lettre de M. Desautels, que je vais tout exprès faire
publier sur les Mélanges. Vous y verrez la marche à sui-
vre pour diriger sûrement nos jeunes gens, et les fixej
sur leur sol natal. L'Ottawa me paraît le pays le plus
propre à conserver ces bons enfants que la misère oblige
à s'expatrier. Je vais travailler à me procurer de nou-
veaux renseignements sur les autres townships dont il
faudra aussi tâcher d'exploiter les richesses territoriales,
et vous les transmettrai fidèlement, pour vous tenir au
courant des opérations qui vont se faire, pour atteindre
le but si désirable qu'ont également en vue la Religion
et la patrie. M. Gravel, de l'Evêché, est chargé de suivre
cette affaire dans les bureaux et ailleurs ; et vous pourrez
vous adresser à lui dans vos embarras sur ce sujet. Je
crois devoir vous conseiller de lire et commenter la partie
des Lettres Pastorales qui regardent la Colonisation, afin
d'arrêter un peu les flots de notre émigration.
Comme le temps approche où il faut rendre compte au
Bureau de I^yon, des aumônes perçues dans ce Diocèse
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 185
pour l'Œuvre de la Propagation de la Foi, je vous prie de
faire connaître au plustôt le montant de la recelte dans
votre paroisse, pour l'année qui finit au premier décembre
prochain.
Je me recommande à vos ferventes prières et S5. Sacri-
fices, avec toutes les institutions et œuvres du Diocèse.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
t Ig. Eveql'E de Montréal.
( Vraie Copie.) Jos. OcT. Paré, Chan. Sec.
CIRCULAIRE AU CLERGE
Montréal, le 18 Décembre 1S51
Monsieur^
Permettez que le jour de l'An je monte en chaire avec
vous pour faire en partie l'instruction. La lettre pastorale
ci-jointe vous fournira un texte, que vous voudrez bien
commenter en le lisant.
Cette lettre vous arrivera à temps, je l'espère, pour que
vous puissiez vous entendre avec quelques uns de vos
Notables, pour la formation d'un conseil de tempérance,
à peu près sur le plan du Projet de Règlement^ que vous
recevrez avec la présente. Car, il serait bon, je pense, de
l'organiser au plus vite. La chose est pourtant laissée à
votre prudence.
En exhortant vos paroissiens aux œuvres de charité,
veuillez bien les préparer à cette idée de foi, que l' on fait
beaucoup avec peu, quand il y a union. Le SOU de la Propa-
gation de la Foi, par exemple, fait des merveilles, parce
qu'il tombe dans la caisse du monde catholique, uni
pour cette belle œuvre.
Ace propos je vous dirai que j'ai intention de faire appel
1S6 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
au Diocèse, pour obtenir un secours qui serait nécessaire,
pour mettre les Cathédrales de Montréal et de St. Hya-
cinthe dans un état qui réponde un peu mieux à
leur qualité ^Eglises-Mères. Ce projet d'appel sera dressé
pour la St. Ignace, que nous chômerons ici, jeudi le 5
frévrier prochain, afin que nous puissions en conférer en
famille, avant d'aller plus loin.
Le mauvais esprit qui souffle de l'Europe doit nous faire
craindre des jours mauvais. Je crois que nous pourrions
les prévenir, au moins en partie, en soufflant sans cesse
dans le cœur du peuple l'esprit de foi et de piété. C'est
dans cette vue que j'ai dit un mot en passant des cinq
Associations diocésaines, pour que vous ayez occasion
d'en parler de temps en temps. Tâchons que Notre Sei-
gneur ne demeure pas seul dans l'Eglise ; que le Très-Saint
et Immaculé Cœur de Marie soit aimé de tous les cœurs;
que le zèle pour la propogation de la foi soit ardent; que
la charité soit pratiquée, et la tempérance gardée ; et nous
pourrons soutenir un rude assaut.
Je vous prie d'annoncer à vos paroissiens de se présen-
ter à l'Evèché, pour leur affaires, de 9 heures du
matin à 3 heures du soir. La raison de fixer ce temps
d'audience est pour leur procurer l'avantage de rie point
attendre. Car, il y aura toujours quelqu'un pour leur
répondre. Veuillez bien leur faire comprendre que les
affaires sans nombre qui nous assiègent nous empêche-
ront de les voir à d'autres heures.
Je suis bien cordialement, Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur.
f IG. EvÊQUE DE Montréal.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 187
LETTRE PASTORALE
DE MGR. l'eVÊQUE DE MONTRÉAL, POUR LA FIN DE
l'année 1851.
Ignace Bourgel par la Miséricorde de Dieu et la Grâce du Saini-Sié§e
Apostolique, Evéque de Montréal, etc., etc., etc.
Au Clergé séculier et régulier, au.x Communautés Religieuses et à tous
les Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Cette Lettre, Nos Très Ghers Frères, est pour épancher
notre coeur paternel dans le sein de notre grande famille, e t
vous faire, fils bien aimés, les souhaits de la nouvelle
année. Elle vous porte la parole et la bénédiction de
votre premier Pasteur, dans ce jour qui réveille nécessai-
rement les plus douces sympathies. Que de choses coule-
raient de notre plume, si nous laissions notre cœur à
à toutes ses émotions! Mais Nous comprenons que ce
moment d'épanchement affectueux doit être court.
L'année 1851, s'est, comme toutes les autres, évanouie
comme une ombre fugitive et dissipée comme une fumée
légère. Pleurons, si nous avons eu le malheur de la
passer dans le péché ; car, ce serait encore une année de
perdue. Aujourd'hui nous sommes plus près d'une année,
de notre éternité. Réjouissons-nous, car notre rédemption
approche, si nous nous sommes sérieusement préparés à
entrer dans les années éternelles. Pendant l'année qui
vient de s'écouler, nous avons reçu une infinité de grâces ;
remercions-en le Père des lumières, de qui vient tout don
parfait. La mort nous a enlevé beaucoup de nos frères.
Prions pour eux ; et entendons-les nous dire : L'an der-
nier, ce fut notre tour, cette année ce sera le vôtre. Puisse ce
cri lugubre, qui s'échappe de toutes les tombes, nous faire
sentir jusqu'au fond de l'âme qu'il est temps de nous
réveiller de notre léthargique indifférence pour notre
salut.
188 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Cette terre est un lieu d'exil ennuyant : ne nous y atta-
chons donc pas. C*^ monde est une figure qui passe ;
laissons le donc passer avec tous ses faux biens. Cette vie
est une vallée de larmes : ne nous livrons donc pas à ses
vaines joies. Déjà nous avons un pied dans la fosse :
n'allons donc pas de l'autre danser et sauter, comme des
insensés. Le temps passé a été bien mauvais : rachetons
le donc par des bonnes œuvres, qui peuvent seules assurer
notre vocation et notre élection à la vie éternelle.
Et puisque nous sommes ici en famille, Nous vous
dirons, Nos Très Chers Frères, tout ce que nous inspire
l'affection paternelle que Nous vous portons à tous. Oui ;
Nous vous dirons nos joies et nos douleurs ; nos espéran-
ces et nos craintes. Depuis quelques années, la Société
de Tempérance nous comble de joie, parce qu'elle fait
votre bonhewr, en vous procurant l'abondance de tous les
biens spirituels et temporels. Les fruits de vie, qu'elle
produit, sont si délicieux, que vous avez presque tous
voulu vous en nourrir, en vous engageant à ne jamais
prendre aucune boisson enivrante. Ils sont heureux ceux
qui parmi vous sont demeurés fidèles à une promesse si
solennelle. Et grâce à la bonté de Dieu, c'est le très-grand
nombre. Ils sont heureux aussi ceux qui, après avoir
commis d'horribles crimes d'intempérance, se sont enrôlés
dans cette société bienfaisante, et y sont morts pénétrés de
repentir et pleins d'espérance. Oh ! oui : Nos Très-Chers
Frères, heureuses, mille fois heureuses les lèvres qui,
ayant baisé unç fois l'Image sacrée du Dieu abreuvé de
fiel et de vinaigre, n'ont plus jamais voulu se tremper
dans ces liqueurs empoisonnées qui si souvent répandirent
la désolation et la mort dans notre chère patrie !
A une joie si pure succède aujourd'hui uHe douleur
bien amère. Car, il nous revient de toutes parts que
l'homme ennemi de tout bien, sème l'ivraie dans le
champ du père de famille, et tend ses pièges sous les pas
des hommes faibles ou imprudents. Nous n'en sommes
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENT» 189
pas surpris, car Nous savons que l'enfer s'arme de toute
sa rage, afin de détruire les œuvres dgpcendues du Ciel,
pour le salut des âmes. Un grand combat, Nos Très-Ghers
Frères, s'engage entre l'ivrognerie et la Tempérance.
C'est un moment de crise : c'est une question de vie ou
de mort. Tl s'agit de décider si la Tempérance continuera
à régner sur cette terre, pour le bonheur de ses habitants,
jusqu'au dernier jour où elle remontera au Ciel, avec les
âmes qu'elle aura sauvées ; ou si l'ivrognerie reprendra
son empire, pour remplir de deuil ce pays aujourd'hui si
heureux, et redescendre au fond des Enfers, avec des
milliers d'âmes qu'elle aura dégradées et comme abruties.
A la vue d'un danger que tous les gens sages regardent
comme imminent, il est clair que le Pasteur doit jeter le
cri d'alarme. C'est ce que Nous faisons en ce jour qui
commence la nouvelle année. Car vous le savez. Nos
Très-Chers Frères, c'est ordinairement à pareille époque,
que la tentation de manquer à son engagement à la Tem-
pérance est plus violente, et voilà pourquoi Nous mou-
tons aujourd'hui dans toutes les chaires de ce Diocèse, au
moyen de cette lettre, pour vous dire avec tout l'accent
de la plus intime conviction : « N'avez-vous pas reçu,
t comme un don du Ciel, l'ineffable Tempérance à laquelle
« vous appartenez ! Cette admirable société n'a-t-elle pas
« fait votre bonheur depuis que vous en êtes membres ?
« Eh ! bien. Nos Très-Chers Frères, l'Enfer rassemble
(( aujourd'hui ses bataillons, pour la détruire, s'il le peut,
I de fond en comble. Si elle tombe, hélas ! que de maux
» vont venir fondre sur notre pays ! des maux, hélas ! cent
c fois plus grands que ceux dont nous a délivrés la Sainte
« 1 empérance. Souffrirez vous que le drapeau victorieux
« de notre Société, qui flotte majestueusement sur tous
<i nos dômes soit ignominieusement abattu? Permettrez-
« TOUS qu'à sa place on hisse, tout autour de vos paisibles
« et dévotes Eglises, des enseignes, qui sont des pavillons
« de bien triste mémoire. Que diraient les ennemis de la
190 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
« Tempérance ? Ils diraient : Nous le disions bien que ça
ti ne tiendrait pas. »
Mais il ne tient qu'à vous, Nos Très-Ghers Frères, de
les faire mentir ceUe fois, comme par le passé, ces enne-
mis de la Tempérance. La conservation de cette bienveil-
lante société sera le fruit de votre bonne volonté, comme
le fut son établissement. Oui : le bras tout-puissani qui
réleva, la soutiendra, en dépit des vains efforts ie l'Enfer
et de ses suppôts, dès que vous vous montrerez fermes et
généreux. Et en effet, lorsque vous prîtes en masse
l'engagement de la Tempérance, il y avait des auberges
dans toutes les rues de nos cités, et sur toutes les routes
de nos compagnes. Cependant elles ne purent vous empê-
"cher d'embrasser une société qui voms offrait tant de biens ;
et elles tombèrent d'inanition. Si donc elles cherchent à
se relever, ce ne sera que pour retomber plus lourdement,
si vous tenez votre engagement.
Et que s'en suivra-t-il. Nos TrèsChers Frères? Il s'en
suivra que ceux qui spéculent sur votre faiblesse et infi-
délité seront trompés dans leurs calculs. Ils seront ruinés,
ces hommes qui entreprennent de ruiner nos bonnes et
heureuses familles canadiennes ; qui voudraient encore
se rassassier du sang de la veuve et de l'orphelin ; qui
auraient encore le triste courage de s'engraisser de la
substance de femmes vertueuses et d'enfants innocents.
Loin de vous ces pestes de la Société ! Trop longtemps,
elles firent votre malheur ! Voyons ensemble les moyens
que nous pourrions prendre pour que de mauvaises
auberges ne puissent ruiner la Tempérance. Nous les
rWuisons à trois : l'union, la prière et l'aumône.
Le premier moyeu, pour soutenir la Tetnpérance, est
l'union de tous ses membres. Or, celte union. Nos Très-
Ghers Frères, qui fait la force de toute société, nous est
nécessaire plus que ]amais, parce que le danger est plus
grand. Et si elle existe, cette sainte union, la cause de la
Tempérance est gagnée. Ainsi, par exemple, qu'i'l y ait
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 191
bonne entente entre vous tous, pour ne pas mettre le pied
dans les auberges, pour n'avoir point de boissons fortes à
vos noces et repas de famille, pour ne vous retirer, quand
vous êtes en voyage, que dans de vraies maisons de tem-
pérance, et la victoire est certaine.
Pareillement, que l'on s'entende bien partout, pour
qu'aucune Licence ne soit donnée sans nécessité, ou à des
hommes incapables de tenir le bon ordre ; et toutes les
paroisses sont sauvées. Car, vous connaissez les maux hor-
ribles que cause une seule auberge mal réglée. Vous
avez souvent à en gémir, vous surtout, bons pères et
bonnes mères, qui voyez des aubergistes vous arracher
vos enfants les dimanches et fêtes, pour les cacher et les
faire jouer, s'enivrer, se battre à la honte de vos respec-
tables familles, et au grand scandale de la paroisse.
N'est ce pas ce qui se voyait et se voit encore journelle-
ment dans tous les lieux où ces mauvaises maisons sont
encouragées? Et n'est-ce pas ce qui se verra partout, si
ces maisons de démoralisation ressuscitent ?
Et en effet, que ne peut-on pas attendre de gens qui
courent après les voyageurs, pour les arrêter et les faire
boire, qui estiment si peu les âmes, que pour quelques
viles pièces d'argent, ils ne craignent pas de les vendre
au démon ? Sous prétexte de ne pas perdre leurs pratiques,
Tie les voit on pas en toute occasion enivrer le monde,
vendre les saints jours de dimanche et de fête, attirer les
jeunes gens, sachant bien que l'argent qu'il reçoivent
d'eux est un argent volé à leurs parents, souffrir chez eux
les paroles les plus obscènes, les blasphèmes les plus exé-
crables, les chansons les plus impudiques ? Grand Dieu î
quelle conscience que celle de ces aubergistes qui a tout
instant du jour et de la nuit souffrent tant de scandales,
pour avoir des pratiques ! Quelle profession dangereuse
que celle où l'on n'est moralement pas capable de gagner
sa vie sans être l'occasion prochaine de la perte des ârais!
m MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
0 âmes précieuses, vous valez pourtant tout le sang de
Jésus-Christ !
Le second moyen que Dieu nous donne pour garder la
Tempérance^ c'est la prière fervente. Or, par prière il faut
entendre tout exercice de piété et de religion. Voici à ce
sujet quelques pratiques faciles, mais souverainement
efficaces, que Nous vous recommandons de garder.
l** Dites chaque jour, votre Pater et Ave de la Tempé-
rance, avec cette touchante invocation : Jésus abreuvé de
fiel et de vinaigre, ayez pitié de fious. Vous gagnerez par là
300 jours d'indulgences, qui vous aideront à vous acquit-
ter envers la divine justice, pour tous les excès passés, et
vous donneront le moyen de soulager les âmes du Purga-
toire, qui peut-être brûlent dans ces feux dévorants, à
cause de vous, et pour expier les faux plaisirs de la bois-
son prise avec vous.
2o Assistez à la Messe de Tempérance, chaque fois
qu'elle vous sera annoncée. Notre Seigneur descend du
Ciel, pour convertir les ivrognes, ne feriez-vous point
quelques pas pour l'aider dans cette œuvre toute divine.
Il a besoin en quelque sorte du secours de vos prières, ne
l'oubliez pas, Nos Très-Chers Frères, comme il a besoin de
votre travail,pour faire pousser vos terres.
3* Confessez-vous au moins une fois par an ; et vivez
bien, pour communier et gagner les quatre indulgences,
qui ont été accordées à la société par Notre St. Père le Pape
Refuseriez-vous de prendre un moyen si facile de persé-
vérance et de payer vos anciennes dettes ? La visite de
Notre Seigneur et la bénédiction de son Vicaire sur la terre
ne vous paraissent-elles pas un grand bonheur? Yseriez-
vous indifférents? Oh ! loin de vous une si noire ingra
titude !
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 9:^
Le troisième moyen que nous avons à vous suggérer, pour
maintenir notre belle et grande société de Tempérance, c'est
la charité, qui couvre la multitude de nos iniquités,^ et
féconde toutes nos entreprises. Car vous le savez, N. T. C.
F., le plus sûr moyen de faire réussir une affaire, c'est de
mettre les pauvres dans ses intérêts. Avec eux, il n'est pas
d'affaire qui n'ait un plein succès, quelque difficile qu'elle
puisse être. Or, s'il est une entreprise difficile pour nous,
dans ce moment critique, c'est assurément le maintien do
notre Société de Tempérance. Comme elle est engagée
dans un grand combat, nous sollicitons pour elle le puissant
secours de l'aumône. Elle 3' a un droit bien acquis. Car,
que détonnantes économies n'a-t-elle pas fait faire dans
chaque paroisse ! Des calculs incontestables ont porté le
chifïre des épargnes, dans chaque paroisse tant soit peu
populeuse, jusqu'à des vingt, trente, et qiiarajite mille louis.
Si donc chaque paroisse appliquait aux bonnes œuvres la
centième partie de ce que fait épargner fous les ans la
Tempérance, oh ! que de grandes et belles œuvres se feraient
partout, pour le soulagement des })auvrcs, le bien de lu
Paroisse et l'avantage du Diocèse. Xon, vous ne devez pati
oublier, X. T. C. V., que vous vous devez à la famille, à la
paroisse, et au diocèse, au sein desquels la Divine Provi-
dence vous fait vivre. Car, pour vous tous, ce sont trois
familles qui n'en doivent faire qu'une, et qui méi-itent par
conséquent votre sympathie.
Soyez donc d'abord chai'itables pour vos pai-ents. L'ordre
de la charité le veut ainsi, A^-ez soin surtout de vos pères
et mères : la justice et la piété vous y obligent autant que
la charité. Redoublez de charité, quand la caducité fait
tomber les auteurs de vos jours dans des infirmités qui vous
les rendent fort à charge. Car c'est aloi's qu'ils .sont dignes
de vos soins les plus affectueux. Loin de vous ces monstr«^,
dénaturés qui vont jusqu'à refuser de payer ou qui paient
mal leurs pensions viagères. C'est une de ces injustices qui
crient vengeance au Ciel et font toujours tomber la malé-
diction sur les familles. Tous sécheriez de fi-aj'cur si Noua
^4 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
vous l'apportions ici les châtiments que Nous avons vu
tomber sur des enfants ingrats, qui s'étaient rendus coupa-
bles de ce crime.
Soyez zélés pour les bonnes œuvres de votre paroisse. Le
Pasteur est votre père et l'Eglise votre mère. Ayez soin
que vos pau\'i'es trouvent chez vous ce qui leur est néces-
saire ; mais voyez en même temps à ce qu'ils ne vivent pas
dans l'oisivité, la mère de tous les vices pour eux comme
pour le reste des hommes. Gardez-les au milieu de vous.
Car le vagabondage est toujom-s une plaie pour la Société et
une honte pour une paroisse. Ne reculez pas devant les
dépenses qu'il vous faut faire pour l'éducation des enfants
-de la paroisse. Il y va de l'intérêt de vos familles, et de
l'honneur de votre pays.
Regardez-vous comme appartenant à la grande famille du
diocèse, et faites-vous un mérite de participer à toutes ses
oeuvres. Il s'y trouve des hôpitaux poui' les malades, des
Asiles pour les vieillards caduques, des hospices pour les
veuves et orphelins, des refuges pour des âmes innocentes
et pour celles que le repentir ramène à Dieu. Ces diverses
institutions sont ouvertes aux campagnes comme à la ville ;
et on y voit journellement arriver des misères de toutes les
espèces. Hélas ! elles sont trop pauvres, pour les accueil-
lir toutes. L'assistance publique leur est nécessaire, parce-
que ce sont les besoins publics auxquels elles remédient.
Nous les recommandons donc votive tendre charité. Il y va
d'ailleurs du soulagement de vos pauvres et infirmes qui y
sont reçus. Il est donc juste que la paroisse y contribue.
Et pour cela vous avez un moyen bien simple.
Appliquez, par exemple, les quêtes dominicales aux
bonnes œuvres paroissiales et diocésaines, et vous aurez un
fond toujours prêt pour secourir toutes sortes de misères.
Lorsque vous ne pourrez donner chez vous à vos pauvres
les secours que vous leur devez, vous les ferez entrer dans
les maisons de charité, et vous aurez de quoi leur payer de
petites pensions. Au moyen d'un sou que vous mettrez, le
-dimanche, dans la bourse de l'Eglise, vous aurez le précieux
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 95
avantage de participer à tous les mérites de ces saintes
maisons, qui soulagent, chaque année, des milliers de pau-
vres. Or, vous non doutez pas, X. T. C. F., ce seront des
milliers d'avocats qui vous feront gagner le grand procès
de votre éternité bienheureuse. Que Dieu soutHe dans vos
cœm's son esprit de charité. Que ce souffle divin ne fasse
de vous tous qu'un cœur et qu'une âme. Alors, vous com-
prendrez l'excellence de l'union, qui fait de grandes œuvres
avec de bien petits moyens.
En faisant aujourd'hui de si vives instances, pour vous
porter à la pratique des bonnes œuvres, Xous nous acquit-
tons du vœu exprès que Xous en fîmes, le printemps
dernier. Car, à la vue des pluies continuelles qui faisaient
craindre pour la moisson, nous promimes deux choses, pour
vous obtenir d'être préservés du fléau d'une nouvelle
famine, savoir : d'aller en pèlerinage à Xotre-Dame de
Bonsecours, et d'user de toute la grâce de notre saint minis-
tère, pour vous embraser du feu sacré de la charité. En
accomplissement de cette promesse, Xous avons fait, dans
son temps, avec toute la solennité possible, une procession
à ce religieux sanctuaire, qui renferme tant de grâces et de
consolations. Marie a daigné nous regarder d'un œil de
miséricorde ; et Xous ne cesserons de l'en bénir. Cette
bonté de notre Mère nous donne l'espoir que l'appel que
nous faisons à votre charité sei-a compris.
Nous pouvons donc compter sur votre union, votre prière,
et votre charité, pour le soutien de la Tempérance. Elle
vivra donc cette belle société, parce que votre cœur, votre
bouche, votre main vont lui venir en aide. Pouvait-il
d'ailleurs sécher et périr cet arbre de vie qu'arrosent sans
cesse cinq Associations diocésaines, qui sont comme cinq
grands fleuves qui portent en tous lieux des eaux vives qui
jaillissent jusqu'à la vie étarnelle. Telle est, N. T. C. F., la
noble tâche que nous nous imposons, en commençant
l'année, celle de tout faire pour garder la Tempérance.
Ainsi, point de boisson sur nos tables, dans ces jours de
fêtes. Que la joie délicieuse de l'Esprit saint prenne la
96 MANDEMENTvS, LETTRES PASTORALES,
place de la fausse joie des liqueurs enivrantes. Que cette-
joie pure soit un avant-goût des joies du Ciel, qui enivrent
les bienheureux. Qu'il est beau ce ciel qui nous attend
après les mortifications de cette vie ! Qu'il nous doit
tarder d'y arriver ! Quand y serons-nous réunie, pasteurs
et brebis, pour ne plus jamais nous séparer. Oh ! ciel, si
nous pouvons te posséder un jour, ce sera pour attirer dans
ton sein les chères âmes qu'à confiées à nos soins le Souve-
rain Pasteur. Puissent ainsi tous nos vœux être accomplis l
Ainsi soit-il.
Sera la Présente Lettre Pastorale lue au Prône de notre
Cathédrale, à celui des Eglises Paroissiales, et en Chapitre
dans toutes les Communautés religieuses, le jour de la
Circoncision, ou le premier jour de dimanche ou fête après-
sa réception.
Donné à Montréal, le dix-huit décembre, mil huit cent
cinquante-un, sous notre seing et sceau et le contre-seing d&
notre Secrétaire.
L. f S. t ICI. Ev DE Montréal.
Par Monseigneur,
Jos. OcT. Paré, Ghan. Sec.
CIECULAIEE AU CLERGÉ.
Montréal, le 19 Mars 1852.
Monsieur,
J'apprends que l'on fait circuler, dans la ville et les
campagnes, une brochure en anglais intitulée : Le Compa-
gnon Médical de la Femme mariée. C'est l'ouvrage d'une
société, à New- York, qui emprunte le nom du Dr. A. M.
Mauriceau.
Dans cette infâme brochure, on s'étudie à montrer que,
dans un grand nombre de cas, on peut, on doit même
fœtum . destruere, pour prévenir la gi'ossesse. On y encou_
rage le libertinage, en enseignant au libertin à se préserver
il
CIRCULA.IRES ET AUTRES DOCUMENTS 97
de toute maladie vénérienne, et à la prostituée à empêcher
ia conception. On y favorise l'onanisme, en apprenant
aux gens mariés à empêcher la famille. Enfin, il n'est rien
de plus infernal que ce livre immoral. Il fait horreur à
nos honnêtes protestants, qui le mettent au feu.
Ce qui m'engage à vous donner aujourd'hui l'éveil sur
cetie pi'oduction horrible, c'est la crainte bien fondée qu'on
ne parvienne à lui donner ici une gran-ie circulation.
Car, c'est un fait que le bui'cau de poste de Montréal en est
«ncombi'é, et qu'on l'expédie dans les campagnes, à beaucoup
de personnes dont on s'est procuré l'adresse ; ce qui prou-
verait assez qu'il y aurait entente quelque part ])0ur le
répandre. Vn autre fait encore plus alarmant, c'est que
chaque malle porte au prétendu Dr. Mauriceau grand nom-
bre de lettres, pour lui demander sans doute le grand
ouvrage et les remèdes indiqués dans sa brochure, et lui
^n envoyer le prix. Tel est le monstre que j'ai dû d'abord
vous dépeindi'e, pour que vous puissiez le bien connaître, et
dont nous devons maintenant tâcher d'écraser la tête, avant
qu'il s'insinue plus avant dans le sein de nos familles.
Mais ici fourmillent les difficultés. Comment en efiet
parler de matières aussi délicates ? Comment s'exposer à
donner l'idée de tant dhorreurs à des âmes innocentes, qui
n'en ont pas même le soujjyon ? Comment aussi s'expo-
,ser à initier à d'aussi affreux secrets de jeunes gens, qui
pourraient bien être tentés d'en abuser ? C'est ce qui me
j^lace d'effroi. D'un antre côté, comment laisser périr des
milliers d'âmes à qui ce livre va enseigner à commettre un
péché que nulle bonne foi ne saurait excuser? Car l'enfer
«st pire que tout cela ; et il n'est que trop certain que les
4îmes impures y tombent en aussi grand nombre que les
flocons de neige dans nos mauvais jours d'hiver. 11 nous
faut donc à tout prix préserver notre troupeau de cette
peste.
Tout se réduit à retirer cet ouvrage des mains du peuple,
dans les lieux où déjà il est en circulation ; ou à empêcher
qu'il ne pénètre dans ceux où heureusement il est inconnu,
98 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
en usant d'une telle prudence que l'on ne fournisse pas
occasion à la curiosité de faire des recherches sur la nature
de ce livre. Il suffit pour cela de travailler à donner une
grande horreur de tous les mauvais livres qui, aujourd'hui
plus que jamais, circulent dans le monde, et à veiller à ce
qu'aucun ne soit gardé dans les maisons particulières. A
cette fin, voici l'annonce que vous ferez au prône, et que
vous renou vêlerez autant de fois que vous le jugerez
nécessaire.
" Monseigneur l'Evêque de Montréal m'ordonne de vous
'* défendre de recevoir, lire, garder, prêter, pour quelque
" raison que ce soit, ces livres que colportent en tous
" lieux, ou qu'envoient par la Poste, des gens sans aveu,
"' pour empoisonner le pays de leurs doctrines contraires à
'• la foi ou aux mœurs. Plusieurs de ces livres sont st
'' dangereux, que l'on tombe on les lisant dans un cas
" réservé, dont l'évéque seul peut absoudre. Vous pouvez
" juger par là de la grandeur du mal que l'on commet en
" lisant ces livres corrompus. Mgr. l'évéque prend de là
" occasion de vous recommander de nouveau de former une
" bibliothèque paroissiale, qui renferme tous les bons livres
" dont vous pouvez avoir besoin, pour apprendre à être
" toujours de bons chrétiens et de bons citoyens."
Je me réserve, pour un temps indéterminé, l'absolution
du péché que commettraient ceux qui garderaient, liraient,
prêteraient, ou feraient circuler d'une manière quelconque
le Compagnon Médical de la Femme mariée, ci-dessus men-
tionné.
Usez de tous les moyens en votre pouvoir pour que toute
espèce de brochures, ainsi interdites, vous soient apportées^
pour être mises tout de suite au feu. Il vous sera possible,,
je crois, de retirer de votre bureau de poste le dit ouvrage,
chaque fois qu'il }• sera adressé pour quelques uns de vos
paroissiens, en vous faisant, pour cela, donner par eux une
autorisation pai'ticulière ou générale. Il serait bon de vous
entendre avec vos médecine, pour qu'ils vous viennent en
aide, dans raccomplissement de ce devoir qui intéresse la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 99
société, comme la religion. Il leur est facile de mettre la
main sur ces sortes de livres, quand ils font la visite de
leurs malades. Vous ne manquerez pas de faire vous-même
la visite de ces livres, chaque fois que vous en aurez
occasion.
Vous recevrez, avec la Présente, la collection des règles
de la Société' de Tempérance, pour vous aider à la faire
fonctionner utilement. Votre zèle vous inspirera tous les
moyens à prendre pour organiser celle qui est établie dans-
votre paroisse, et pour la mettre en rapport avec le Conseil
Central de Montréal. Le temps pascal, qui est si riche en
grâces, est pour cela des plus favorables.
Je profite de l'occasion, pour vous prier de vouloir bien
faire tenir à Mr. Plamondon, si déjà vous ne l'avez fait, le
quartier de votre souscription pour l'Evêché, échu au prin-
temps. Le Synode diocésain, qui doit se tenir prochaine-
ment, nous oblige à faire d'avance des préparatifs qui exi-
gent certaines dépenses auxquelles le clergé a bien voulu
s'associer. Il faut aussi rencontrer certains paiements pour
lesquels on a dû compter sur ces souscriptions dont le chifire
n'est pas moins de £5000, sur lesquelles £1500 sont entrés.
La générosité avec laquelle il s'est taxé dans cette occa-
sion, m'impose un devoir de le tenir au coui-ant de cette
œHvre.
Vous voudrez bien aussi envoyer au plus tôt, à la même
adresse, les aumônes que vous auriez recueillies pour l'Œuvre
de la Propagation de la Foi.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
t IGr., Ev. DE Montréal,
( Vraie copie) J. O. Paré, Chan. Sec.
1,00 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT DE VISITE.
Ignace Bourget, par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint-Siège JpostoUgne, Ecêque de Montréal, etc. etc. etc.
Au Clergé et aux Fidèles de Noire Diocèse, Salut el Bénédiction en
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Nous vous annonçons, X. T. C. F., que bientôt Nous nous
rendrons dans votre Paroisse, poui- v faire la Visite Pasto-
rale. La foi vive, qui vous anime, remplit sans doute vos
cœurs d'une joie toute sainte, à cette heureuse nouvelle.
Car elle vous fuit apercevoir, dans cette Visite de votre
premier Pasteur, celle de Notre-Seigneur, qui vient à vous,
plein de grâce et de vérité ; (Jean.) et qui aujourd'hui, comme
au temps de sa vie mortelle, doit marquer son passage par
d'innombrables bienfViits. Pertransiit benefaciendo. (Act.
10. 38.)
Et, en effet, quiconque voudra fermer les yeux de la chair,
«|ui lui feraient ne voir en Nous que l'homme, avec toutes
les faiblesses de la pauvre humanité, y découvrira sans
peine, avec les lumières de la foi, V homme de Dieu dispensant
i<es redoutables mystères et l'Ambassadeur de J. C, exerçant
sa puissance et sa charité, pom- le salut des hommes. Sicut
ynisit me Pater, et ego mitto vos. (Jean. 20. 21.)
C'est à rendre cette vérité sensible que l'Eglise s'attache,
quand elle déploie tant de pompe dans les cérémonies de la
Visite Episcopale. Ces augustes cérémonies sont des
langues si éloquentes, que nous allons, N. T. C F., les
laisser vous dire, dans leur touchant langage, que ce n'est
pas Ihomme que vous allez recevoir, mais J. C. lui-même.
Qui recipit vos me recipit, (Matth. 10. 40.) Elles vous dirons
aussi, ces majestueuses cérémonies, la nécessité pour vous
de vous préparer soigneusement aux grâces que vient vous
apporter ce bon Maître, en visitant votre Paroisse. Parate
viam Domini. (Matth. 3. 3.) Elles ont été, vous n'en doutez
pas, inspirées à l'Eglise, par l'Esprit-Saint, pour pénétrer
vos âmes d'un respect religieux pour vos Pasteurs. Puisse
3e court tableau que Nous allons vous en tracer, J enraciner
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 101
"Je plus eu j)lus la foi, l'amour et la confiance que vous leur
<levez.
D'abord l'Evèque vous apparaît, revêtu d'ornements sacrés
auxquels sont attachés des significations mystérieuses, et
■des grâces spéciales de ministère. .Ses mains consacrées
pour porter les vases du Seigneur, (Isai 12.) c'est-à-dire, les
âmes pmes et innocentes confiées à sa vigilance, sont cou-
vertes de gants précieux. C'est par respect pour l'onction
sainte dont elles sont imprégnées, pour mieux signifier les
Mains Vénérables de J. C, le véritable Jacob, qui a mérité
toutes les béné<iiction8 du F'ils Aine, pour s'être humilié
jusqu'à prendre les apparences du péché, figuré par les
paaux de chevreau, qui couvraient les mains de ce Saint
Patriarche. C'est ainsi que, sous le voile de l'humilité,
Dieu a caché dans les mains de votre Evêque, les abondantes
bénédictions qu'il vous réserve dans la Visite qu'il va vous
faire de sa part.
L'anneau qu'il porte au doigt, est spécialement Ijénit,
pour être le signe de l'alliance sacrée qui l'unit à chaque
Paroisse, et le symbole de la fidélité avec laquelle il doit
travailler à les oi-ner toutes des dons du St. Esprit, que
l'Egli.se appelle le doigt de la main droite de Dieu. La Ci-osse
qu'il tient à la main est le bâton sacré que lui a donné le
Dieu tout puissant, pour lui aider à soutenir le poids écra-
*>ant de la charge Episcopale, et la Houlette Pastorale, qui
lui inspire une pieuse sévérité, pour coi'riger les abus, et une
sage discrétion pour s'insinuer dans les cœurs et les gagner
H Dieu. La Mître précieuse qui orne sa tète, le foit aisé-
ment reconnaître pour le conducteur du Peuple de Dieu,
dans les déserts de cette vie, au vif éclat des lumières qui
brillent sur sa face, comme sur celle de Moise, qui lui-même
n'était que la figure de J. C, tout resplendissant de gloire
sur le Thabor. Cette Mître est pour lui le casque du salut,
chaque fois qu'il lui faut entrer en lutte contre les ennemis
de la vérité. Par les prières de l'Eglise, elle le rend terrible
dans les combats du Seigneur : Quatenus terribilis appareat
Adversariis veritatis. A un appareil si pompeux, vous
102 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
reconnaissez J. C, que St. Paul appelle la Splendeur de la
gloire de Dieu, et la parfaite Image de sa substance. (Heb,
1. 3.)
Ainsi revêtu et orné, l'Evêque se met humblement à
genoux sur le seuil de la porte du Presbytère, et baise
amoureusement la Croix que lui présente le Curé, et sur
laquelle a expiré le Bon Pasteur, pour l'amour de ses brebis.
C'est ainsi, qu'à la face de toute la Paroisse assemblée, et
pour premier acte de visite, il pi^oteste hautement qu'il veut
être le serviteur de tous. Pour remplir les graves devoir»
de cette glorieuse servitude, il embrasse de bon cœur les
croix innombrables attachées à son ministère. Et c'est
pour cela qu'il porte jour et nuit sur son cœur cette croix
sainte, qui est pour lui, comme pour son peuple, l'étendard
du salut.
Pendant qu'il s'humilie de la sorte, l'Eglise le relève en
chantant avec, transport : Nous vous saluons, ô grand
Prêtre ; Soyez béni, ô Pontife, qui venez renouveler parmi
nous les œuvres merveilleuses de notre Dieu ; Soyez le bien-
venu, O bon Pasteur, puisqu'on vous sacrifiant pour votre
peuple, vous avez su gagner les bonnes grâces du Seigneur :
Sacerdos et Pontifex et virtutum opifex, Pastor bone in populo,
sic placuisti Domino.
L'on se rend à l'Eglise, au milieu de ces acclamations
joj^euses, et la voix si connue de la cloche paroissiale^
venant mêler son doux et harmonieux accent à ce chant
sacré, ce n'est plus bientôt qu'une délicieuse mélodie, qui
réjouit l'oreille et ravit le cœur : d'ineffables émotions se
font sentir aux âmes religieuses ; et alors les yeux péné-
trants de la foi découvrent sans peine, à travers de viles
dehors, J. C. le bon Pasteur, le véritable Evêque de nos âmes^
Pastorem et Episcopum animarum vestrarum. (1. Pet. 2. 25,)
Le premier pas que l'on .fait dans l'enceinte sacrée est un
acte religieux, qui rappelle la première et mémorable parole
qu'a fait entendre à la terre coupable, le Dieu du ciel,
quand il s'y est rendu visible, pour converser avec les hom-
mes. Purifiez-vous dans les larmes de la pénitence ; et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS tOS"
croyez à l'Evangile. Pœnitemini et crédite Evangelio (Marc.
1. 15.) L'Evêque s'asperge le premier, pour reconnaître
avec l'Apôtre qu'il est le plus grand des pécheurs ; Quorum
primus ego sum (1 Tim. 1. 15.) Il répand ensuite l'eau
sainte sur la paroisse, pour lui communiquer l'esprit de
componction. L'Aspersoir est dans sa main ce qu'était
dans celle de Moyse la verge d'Aaron. Il frappe les cœurs
des pécheurs plus durs que les rochers : et il en sort des
torrents de larmes ; Percvssit petram, et fiuxerunt aquœ
(Ps. Y7. 20.) A cet acte expiatoire succède l'encensement
de l'Evèque, par le Cui'é, au nom de la paroisse. Qui ne
voit que l'Evêque est là comme l'ange du Seigneur, rece-
vant les parfums, c'est-à-dire, les ferventes prières de la
paroisse, pour les porter avec les siennes au saint Autel ?
Sicut Ângelum Dei excepistis me. (Gai. 4. 14.)
La rentrée au sanctuaire est un moment solennel dont
l'impression est poignante pour les cœurs de foi. Tous
tombent à genoux aux pieds du Souverain Pasteur, réelle-
ment présent dans son Tabernacle, ce Trône de toutes
gi'âces. Ah ! c'est que tous doivent l'adorer, les Anges du
ciel, aussi bien que ceux de la terre. Adorent eum omnes
Angeli ejus. (Heb. I. 6.) Le chant sacré cesse : et après
un instant d'un silence pénétrant, une voix se fait entendre ;
c'est celle du Pasteur de la Paroisse, qui seul, debout au coin
de l'Autel, envoie, tant en son nom qu'en celui de son trou-
peau, un soupir ardent vers le ciel. Il réclame instamment
le secours de Dieu qui est notre Protecteur à tous. Protector
noster, aspice Deus. Le cœur et l'oreille de Dieu sont réjouis
de ce cri de confiance, échappé de la bouche du Pasteur. A
l'instant il en sort une de la poitrine du troujjeau, qui fixe
le regard d'un Dieu si bon sur l'Evêque, qui est là poui-
remplir l'office de son Christ : Et respice in faciem Christi
tui. Ce dialogue sacré ainsi entamé se prolonge : le divin
feu de prière s'allume et s'embiâse; les promesses faites
aux humbles s'accomplissent ; des consolations ineffables
soulagent tous les cœurs ; des grâces abondantes arrosent le
sein de la Paroisse agenouillée dans son temple ; enfin, tout
104 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
^annonce que Dieu e-;t là pi-éicnt. Taum in nobis sentiamus
adventum. (Or. de l'Eg.)
C'est au milieu de toutes ces ardeurs, qui saisissent et
enlèvent, que l'Bvèque dirige ses pas vers l'Autel, dont il
franchit le.-i redoutables degrés, avec un saint tremblement.
Il le baise avec respect et amour, parce qu'il est ï'escabeau
sur lequel repose le pied de Celui qui règne au plus haut des
cieux. (Ps. 98, 5.) Alors recommencent les chants et les
prières. C'est pour imploi'er le secours du Bienheureux,
qui est au ciel le patron invisible de la Paroisse, sur le
Pasteur qui en est le Patron visible sur la terre. Pour
sauver les hommes confiés à leurs soins, ils se donnent la
main en faisant ensemble un traité d'alliance. Le Patron
du ciel s'engage à prier, et celui de la teri'e s'oblige à tra-
vailler, pour le salut du peuple de Dieu. Demus dexteras
Jiominibus. (II Mac. 6, 59.) Leurs efforts l'éunis ont poor
objet de conduire sans danger ce peuple chéri au rivage de
la bienheureuse éternité. Demus dextercu securitatis. (II
Mac. 11, 30.) C'est à ses patrons que l'Eglise adresse cette
touchante prière : Sanctifiez les Paroisses dont la garde
vous a été confiée : Ijoca sanct'ficate. Bénissez le peuple
que le Seigneur a mis sous votre protection : Plebem béné-
dicité. A^eillez sur les hommes pécheurs, qui vous sont
recommandés, pour que toujours ils vivent en paix comme
■ des frères: Jlomines peccatores in pac2 custodite. Oh! qu'il
<3st touchant et consolant pour chaque Paroisse le culte de
.son saint Patron ! Oui : vraiment c'est pour toute famille
Paroissiale un père ou une mère que le saint ou la sainte à
qui Dieu en a confié le .soin. Aussi mérite-t-il, X. T. C. F.,
votre amour et votre reconnaissance tous les jours de votre
me.
Après que tous les cœurs ont été ain.'^i préparés par les
•vives émotions de ces chants divins et de ces pompeuses
cérémonies, l'Evêque fait entendre sa voix, pour la bénédic-
tion solennelle de ^on troupeau. Il ouvre d'abord son cœur
avec la croix, qui en est comme la clef ; c'est pour en faire
sortir cette brillante prière : Que le Saint Nom de Dieu soit
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS *I05^
béni. Sans cette reparution publique, sa voix serait étouffée
pas les millions de blasphèmes qui, à chaque instant du
jour, s'élèvent vers son trône et provoquent sa juste colère ;
Sit jVomen Domini benedlctum. Il proteste ensuite que lo
ministère de la Visite Pastorale est si plein de dangers,.qu'il
ne saurait l'exercer sans lo secours promis à ceux qui met-
tent toute leur confiance dans le Xom de Dieu. Adjutorium
Twst)"um in nomine Domini. Alors ses yeux, ses mains, son
cœur s'élèvent vers le ciel, pendant que sa voix commande
au Dieu Tout puissant de vous bénir tous : Benedicat oos
Omnipotent Deus. A ce bienheureux moment, l'Autel vous
représente, N. T. C. F., le nuage brillant sur lequel était
assis le Fils de l'homme, lorsque, sur le point de se dérobera
la terre, il levait ses divines mains pour bénir ses chers dis-
ciples : Elevatis manibus suis benedixit eis. (Luc. 24, 50.)
L'Evêque monte en chaire après cette bénédiction. Tous
sont aloi's préparés à l'écouter comme si Dieu allait parler
par sa bouche : tanquam Deo exhortante per nos. (II Cor. 5,
20.) La chaire est pour eux comme la Sainte Montagne
où J. 0. attirait la foule empressée de l'entendre, atin do
parler à son cœur dans le calme de la solitude. Ancendït in
montem... aperiens os suum docebat eos. (Matth. 5, 12.) Et
que vous dira-t-il, X, T. C. F. ? Il vous dira qu'il est
envoyé, avec des pouvoirs sans bornes, pour briser les chaî-
nes de fer qui retiennent, dans les cachots brûlants du
Purgatoire, les âmes de vos chers défunts : primo ad absol-
vendas aîiimas defunctorum. Il s'annoncera comme le
gardien des saints canons, chargé de voir de ses propres^
yeux si toutes et chacunes des règles de la Sainte Eglise
sont exactement observées : secmulo ut videat qualiter Eccle-
sia ipsa spiritualiter et temporaUter gubernetur. Il se présen-
tera à vous comme le Réformateur des abus et scandales qui
pourraient mettre votre salut en danger; et son strict
devoir sera de vous en Inspirer une vive horreur : tertio ad
«.dulteria.. et similia jpublica in populo punienda.... ostendens
diligenter quàm âamnabilia et detestanda svnt crimina ipsa. 11
vous protestera qu'il est venu vous écouter avec bonté, vous
106 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
donner de sages conseils et vous accorder le pai'don de vos
péchés : quarto protestans plebi quod paratus sit bénigne
audire. et consilium et absolut ionem impendere. Enfin, il
s'offrira à vous comme le Ministre ordinaire de la Confir-
mation, pour que tous ceux qui composent la Paroisse
soient remplis des don.s du St. Esprit : Quinto ad exhibendum
sacramentum Confirmationis. Que de biens spirituels vous
sont assurés, N. T. C. F., si vous recevez cette visite du
Seigneui* avec de bonnes dispositions ! Oh ! que de pres-
sants motifs vous avez de vous y préparer soigneusement !
L'Evêque se rend de la Chaire de vérité au Trône, pour
commencer sans délai à remplir sa Mission. Il n'y est pas
plutôt monté que tous tombent à genoux, et se frappent la
poitrine, avec l'humble Publicain. Ils récitent tout haut le
Confiteor, que l'Eglise met à la bouche de tous les vrais
pénitents. La paroisse ainsi préparée par cet acte d'humi-
liation et de douleur, l'Evèque implore la protection de la
Glorieuse Vierge Marie, celle de tous les Anges et de tous
les Saints ; et en même temps il lève sur elle ses mains,
pour accorder, au nom de J. C, l'esprit de componction,
qui doit mériter aux plus grands pécheurs l'indulgence,
absolution et rémission de leur péchés. Préparez-vous
d'avance, N. T. C. F., à cet important exercice d'où dépend
tout le succès de la visite. Pour cela, faites pénitence ; car
le Eoyaume des Cieux s'approche pour vous. Pœnitentiatn
agite; appropinquavit enim regnum cœlorum. (Matth. 4. 17.)
C'est à la suite de cette touchante cérémonie que Notre
Seigneur sort de son Tabernacle, pour confirmer, par sa
présence sacramentelle, tout ce que fait en son nom l'Evèque
qui le représente. Après les chants et prières d'usage, il
se fait dans toute l'Eglise un silence profondément saisis-
sant, et qui dit bien haut à toute la Paroisse, coui-bée en ce
moment devant la Divine Majesté, que le temps de la Visite
est pour elle un temps de retraite et de recueillement. Car
le Seigneur n'agit point dans le bruit et le tumulte. JSfon in
commotione Dominus. (3 Eeg. 19. 11.) Silence donc ;
silence de paroles, silence d'actions, Éiilence surtout de pas-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 107
«ions. C'est pendant ce silence vraiment significatif, que
J. C. donne par lui-même sa divine bénédiction. Mais sa
voix plus douce que le concert le plus harmonieux va droit
aux cœurs, et fait dire à chacun avec le jeune Samuel :
Parlez, Seigneur, car votre serviteur écoute. (1 Eeg. 3. 9.)
Puisse ce religieux silence régner parmi vous tous, N. T.
€. F., pendant tout le temps de la Visite. Que de secrets il
vous révélera ; que de sentiments il réveillera dans vos
-âmes attendries !
La porte du Tabernacle n'est pas plustôt fermée que celle
du confessionnal s'ouvre ; et que cette voix de J. C. se fait
-entendre par la bouche de tous les confessem-s, qui vont s'y
asseoir : Venez à moi vous tous qui êtes écrasés sous le lourd
fardeau de vos péchés, et je vous soulagerai. (Matth. 11, 28.)
Le temps de la reconciliation est, on ne peut plus, favorable,
car le jour du salut est vraiment arrivé pour vous. Ecce
nunc tempus acceptabile. (2 Cor. 6, 2.) Vous l'entendrez
cette voix du Bon Pasteur, vous pauvres pécheurs, qui
depuis si longtemps vivez bourrelés de remords ; et vous en
profiterez, pour secouer enfin le joug de vos passions, et
réparer des confessions douteuses et peut-être sacrilèges.
Que nous sommes heureux de yjouvoir remplacer, pour ce
consolant ministère, Jésus le véritable ami des pécheurs !
^ue nous sommes bien payés de nos peines, quand il nous
est permis de mêler nos larmes à celles de nos pénitents que
la grâce a touchés ! Donnez cette consolation à tous les
Ministres de la réconciliation ; c'est la seule qu'ils ambition-
nent.
Après avoir déposé aux pieds des Ministres de J. C. le
fardeau de vos iniquités, vous vous présenterez, N. T. C. F.,
dans la salle du festin avec des robes nuptiales, c'est-à-dire,
avec des âmes plus blanches que la neige. C'est bien assu-
rément à la Ste. Table que ce bon Maître répète ces douces
paroles : j'ai compassion de ce peuple ; parce qu'il y a déjà
trois jours que ces pauvres gens me suivent, sans penser à
boire ni manger : misereor super turbam. (Marc. 8, 2.) C'est
Jà aussi qu'il multiplie sans cesse un pain tout terrestre et
108 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
qu'il change en un pain vivant et descendu du ciel. C'est là
que pendant notre Visite il nourrira vos cœurs de ce pain
divin, qui fait les délices des rois. Quel bonheur pour nous
de vous distribuer cette céleste nourriture ! Noti-e unique-
douleur serait, n'en doutez point, N. T. C. F., d'en laisser
quelques uns qui ne voudraient pas se rendre à l'invitation
que noiis leur faisons de se préparer aux noces du père de
famille. Veaite cul nuplla^. (Matth. 22, 4.)
Votre Eglise doit se changer, N. T. C. F., pendant la
Visite, en vrai Cénacle, cette grande et magnifique salle, qui
a vu s'opérer la mystérieuse scène Eucharistique et la mer-
veilleuse descente du St. Esprit. Car les mêmes sacrements
devant s'y administi*er, les mêmes prodiges devront s'y
renouveler. Ce ne sera pas seulement en faveur des jeunes
chrétiens qui recevront le sacrement de confirmation, que
l'esprit sanctificateur reviendi-a sur la terre ; il veut répan-
dre ses dons, avec une amoureuse j)rofusion, sur tous ceux
qui appartiennent à la j)arois8e. Il faut donc que l'on
puisse dire de vous, pendant la visite, ce que St. Luc a écrit
de ceux qui étaient dans le Cénacle : Il furent tous remplis^
du Sf. Esprit. Car vraiment un jour de Visite, pour une
Paroisse, est un beau jour de Pentecôte. Que chacun se
prépare donc à recevoir la langue de feu que lui apportera
du Ciel, dans ce grand jour, l'Esprit sanctificateur. Oh !
qu'il y a pour cela de pressants motifs, si surtout nos cons-
ciences nous reprochent d'avoir reçu le Sacrement de Con-
firmation en mauvais état ; ou si depuis cet heureux jour,
nous avions eu le malheur de chasser le St. Esprit de nos
cœurs, par quelque péché mortel. Hélas ! qui de nous
pourrait se rendre le consolant témoignage de n'avoir
jamais foulé aux pieds, l'Auteur de toute grâce. Faisons
<ionc pénitence, si nous voulons recevoir les dons du Saint
Esprit. Pœnitentiam agite... et accipictis donum Spiritus
Sancti. (Act. 2, 38.)
Vous verrez l'Evêque visiter avec pompe le Tabernacle
les Fonts baptismaux, l'Eglise, les vases sacrés, les orne-
ments et tout ce qui sert au culte divin. Il vous sera facile-
»
CIRCULAIRES ET AUTRES I) )CU!ilENTS • 209
de voir ew lui ^oti-e Seigneur dévoré du zole de la Maison
de son Père, pour qu'elle fut toujours une maison de prière
«t de bénédictions. Vous le verrez aux Fonts sacrés du
baptême, comme le vit St. Jean-Baptiste dans les eaux du
Joui'dain. Là A'ous le bénirez de la g-râce de votre bap-
tême, et vous prierez pour (juaueun enfant de la paroisse
no m^eure sans avoir reçu ce sacrement, ^si absolument
nécessaire au salut. A'ous l'apercevrez daiifl le Temple de
Jérusalem, chassant ceux qui en profanaient la sainteté paj.
leurs iriévérences. Vous demanderez que votre église
ne devieinie jamais une caverne de voleurs, par la coujyable
négligence de la Paroisse à contj-ibucr à son ornement, et
surtout par les immodesties, les propos indécents, les paro-
les inutiles qui outragent le Dieu saint qui y habite jour et
nuit. Vous désirerez que des adorateurs en esprit et en
vérité s'y tiennent du matin au soir, pour qu'un Dieu, si ja-
loux de converser avec les hommes, n'y demeure jamais
seul. Car des cœurs qui prient sont de riches ornements
aux yeux de sa divine majesté.
L'église est une troji bonne mère pour oublier en aucun
temps les chers enfants que la mort lui a enlevés. Pourrait-
«lle les oublier dans un temps aussi riche en grâces que
celui de la Visite Episcopale? Oh! non; elle les aime
même dans ces jours de si joyeuse solennité. Kile conduit
l'Evêque dans le Cimetière ; et en lui montrant les tombes
de ses enfants chéris, elle lui dit avec tout l'accent de la dou-
leui* : Seigneui-, venez voir où on les a enterrés ; Domine,
veni et vide. Vraie veuve de Naïm, elle se trouve sur le
passage de Jésus, pour le toucher de com^iassion par les
cris de sa juste douleur. Hélas! elle a perdu des enfants
qu'elle aime tous comme des tils uniques. Pour mieux at-
tendrir son cœur, elle réprend ses habits de deuil, répète
ses lugubres cantiques, renouvelé la triste pompe de leur
enterrement. Elle fait couler dans les brûlants cachots du
Purgatoiie l'eau sainte qui, comme une douce rosée, adou-
cit et éteint les flammes qui dévorent ses pauvres enfants.
Elle fait monter au ciel un encens d'agréable odeui-. figure
14
210 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
si admirable de la prière, qui va porter sur ses ailes rapides,,
dans le séjour de rafraichissement, de lumière et de paix,,
des âmes désolées de se voir enchaînées dans des prisons
lirûlantes et ténébreuses.
Oh ! qu'û est grand et attendrissant le spectacle de toute
une paroisse agenouillée autour de la Croix de son cimetière !
Comme on prie bien et médite bien dans cet Oratoire de la
mort! Qu'ils sont à plaindre ceux qui, par leur mauvaise
mort, ne méritent pas d'être enterrés en terre sainte !
Telles sont, N. T. C. F., les admirables leçons que nou.s
fournit le ravissant spectacle des cérémonies de la Visite
Pastorale. En les suivant avec cet œil éclairé, elles vous
paraîtront intéressantes pour votre foi et touchantes pour
votre piété. Avec de si saintes dispositions, vous recon-
naîtrez dans notre voix celle du Bon Pasteur. Vous noue
obéirez comme à Dieu même. Pénétrés de ces sentiments,
vous accomplirez avec soin toutes nos oi-donnances, parce
que vous les regarderez comme écrites du doigt de Dieu.
Car celui qui nous écoute, écoute J. C. : qui vos audit nie
audit.
A CBS CAUSES, le saint nom de Dieu invoqué, îfous avons
statué, réglé et ordonné, statuons, légions et ordonnons ce-
qui suit, pour l'ordre de la Visite.
lo. — Nous Nous rendons à le
. Environ une demi-heure
après notre arrivée, on fera une instmctioi\ familière ou
conférence, à l'issue de laquelle Nous ferons notre entrée à
l'Eglise en la manière prescrite dans le Rituel : puis, après
une courte exhortatation, Nous donnerons la Bénédiction
du St. Sacrement.
2o. Le lendemain, il y aura des messes distribuées dans
la matinée pom* la commodité des communiants. A dix
heures, la messe de la Visite et le sermon, après quoi, Nous
donnerons la Contirmation aux personnes à jeun, préparées
par les Confesseurs, et jugées suffisamment instruites par
leur Cm'é, dont elles présenteront un billet.
3o. Nous ferons, dans le temps le plus commode, la visite
CIHCLLAIflES ET AITHES DOCUMENTS 21 1=
(lu Tabernacle, des ornements deB Fonts l>:tpiisni;mx, et du
Cimetière, ainsi que lexuinen des Onnptes do lu Fabrique,
que les Mariçuillers tiendront j)rêts à Nous être juésenté.s.
M. le Cure poui-voii":i aussi à ce qu'un inveninue dw linge
et des ornements de l'Egliso soit dressé, au>sî l)ien qu'un
tableau des Indulgences et Messes de fondation, 8'il y en a.
Nous ref-hercherons partiç-uliôroment si les oi-donnance«
données paj- Nos Seigneurs les Evèques, dan.^ les Visites-
précédentes, ont été eKéeuteés.
4o. — MM. les Curés auront soin de préjuirer, par de fi-é-
quents catéchismes, ceux qui se disposent à la Confirmation ^
et de conserver les billets qui renferment les noms des confir-
més, pour les inscrire ensuite dans les Rcgisti'es de la Pa-
i-oisse.
5o. — Les Confesseurs nommés pour la A'isite auront, tant
qu'elle durera, le pouvoir d'absoudre des censures et cas ré-
servés, et les facult<;s les plus amples pour la réconciliation
des pénitents.
60. — Par un Induit du Souverain Pcmtife, tous les Fidè-
les qui, s'étant confessés avec une véritable contrition, com-
munieront pendant lu Visite, et prieront pour les nécessité»
de l'Eglise suivant tjon intentiou, gagnei'ont ujie indulgence
plénière.
7o. — Voulant favoriser, autant qu'il en est Nous, la dévo-
tion des Fidèles envers la Ste. Vierge, Nous Nous ferons
un devoir d'appliquer, chaque Jour de la Visite, les Indul-
gences aux CVoix, chapelets, et médailles (jui nous seront
présentés.
80. — Chaque Paroisse ou Mission, après que Nous l'au-
rons visitée, fournira à Nous et aux personnes de notre
suite, les voitures nécessaires pour nous transporter à la
Paroisse suivante.
9o. — Nous terminons la Visite le
avant midi, par le salut ou la Bénédiction du St. Sacre-
ment.
Enfin, c'est encore à vos pieds sacrés, ô divine Marie, que
Nous déposons humblement ce Mandement de Visite, que
212 MANDEMENTS, LETTRES PASTOH.VLE!^.
Nous n'avons écrit f(ii"eii invoquant votre Xoni si doux, qui
éclaire l'esprit et embrase le cœur. Pi-iez pour que notre
voix se ressente de la douceur de la voix pastorale de votre
divin Fils, et que notre cœur soit animé de la charité de son
cœur paternel. Les brebis que nous allons visiter sont à
vous, ô Mère du Bon Pasteur. A vous donc defaii'c compren-
dre à ce troupeau cliéri un Mandement que nous avone écrit
en toute.simplicité, afin de lui inspirer un profond respect
pour le Pabteur qui le visite au Nom de votre Fils. Car
c'est à lui gagner des cœurs et non à flatter les oreilles que
nous consacrons nos veielles. Faites que ce troupeau s'atta-
che à ce Mandement, comme Jésus à votre Sein Virginal.
Oh ! Bienheureuses les mamelles qui l'ont allaité ! Qu'il
soit pour tous vos tendi-es agneaux un gras et riche pâtura-
ge. Ainsi soit-il
SEEA le présent Mandement lu et publié au Prône delà
Messe Paroissiale, le pi-emiei* Dimanche après sa réception.
DONNE à Montréal, sous notre seing et sceau, et le con-
treseing <le notre Seci-étaire le vingt deux Ma>'s, mil-huit-
cent cinquante-deux.
t IG. EVEQUE DE MONTREAL.
Par Monseigneur.
J. O. Pare Chan. Secrétaire.
CIRCULAIPtE AU CLERGE.
MoNSIELK le CtRE,
Dans ce temps mauvais, où l'esprit dincjédulité est si ho.s-
tile au Clergé, j'ai cru que la voix la plus capable de soute-
nir l'honneur qui lui est dû, est celle de l'Eglise. Car la
voix d'une mère n'est jamais suspecte, et elle va toujours
au cœur des enfants, quelque dénaturés qu'ils puissent être.
C'est pour cette raison que je me suis attaché, dans le Man-
dement de Visite ci-joint, à la faire parler, dans ces augus-
te cérémonis, en fiaveur de ses Pasteurs. Veuillez bien en-
trer dans cette pensée et donner, dans vos instructions,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 213
tout le développement que mérite un sujet si important et
que je n'ai pu qu'esquisser rapidement. Afin que ce Man-
dement puisse produire à la longue un etfet si désirable, je
l'ai fait imprimer en petit format pour que chacun pût se
le procurer, et l'avoir sous les yeux, en suivant les exerci-
ces de la Visite Pastorale. Vous pourrez plus tard juger
des bons effets de cette tentative : ce qui vous donnera oc-
casion d'expliquer, en temps et lieu, les anti-es cérémonies
employées tant dans les offices que dans l'administration
des sacrements.
Comme la bonne commitnicn est le fruit ordinaire de
tout exercice religieux, je vous pi-ie de vous arranger avec
vos voisins, pour procurer à vos Paroissiens autant de con-
fesseurs qu'il en faudra pour pouvoir satisfaire à leur piété
dans la Visite. C'est encore dans cette vue que je suis dé-
cidé à me faire accompagner par au moins trois prêtres.
Peut-être trouverez-vous bon de commencer les confessions
avant la Visite, laissant aux per.sonnes qui se confessent
ainsi à l'avance la liberté de ne communier que le lende-
main de l'arrivée de l'Evèque.
Afin de donner plus de temps aux confessions, nous ré-
glerons toutes choses pour que les exercices de la Visite
soient c-ourts. Pour la même raison, vous ferez bien de
donner les billets de confirmation et d'arranger toutes cho-
ses, pour n'être point obligé de quitter le confessionnal.
Je vous recommande d'avoir des grilles, pour que les
prêtres y puissent tenir à la journée ; et que les pénitents
n'y soient point entendus : ce qui, dans ce temps de con-
cours, pourrait aisément aiTiver à cause de la foule. Il eu
faut faire faire plus que moins, pour que personne n'en
manque. Le ministère ne peut manquer d'être béni, quand il
s'exerce suivant les saintes régies do l'Eglise.
Je suis bien cordialement.
Monsieur le cuié,
Voti-e très humble et très obéissant serviteur.
fin. Ev. DE Montréal.
^14 MANbEMEMS, LETTttKS PASTOKALES,
dl^CULAIRE AU CLERGE DE MONTREAL.
/
Evéché 20 Mai 1852.
MoNSFErn,
J'ai la douleur de vous aniioruer la mort de M. ïhbophi-
SuE DuROCHER, cuie de Belœil, qui passa à une meilleure
A^ie, il faut l'espérer, hier, à onze heures de nuit. Il naquit
à St. Antoine, >sur la Rivière Chambly, le 5 Septembre
1805 ; fit ses étiides au collège de Montréal, et fut ordonr.é
prêtre dans cette ville, le 9 Mars 1828.
Après avoirviearié tvois ans et sept mois dans les diffé-
rentes paroisses de 8te. Rose. Ste Geneviève, St. Laurent
et St. Benoit, il fut promu à la cure qu'il a gouvernée jus-
qu'à sa mort.
Sa sollicitude pour son troupeau, son zèle pour son égli-
se, sa générosité pour son couvent, font l'éloge de ce bon
prêtre mieux que toutes nos paroles. Ses dispositions tes-
tamentaires sont presque toutes à l'avantage de la commu-
nauté dont il fut le second fondateur.
Il était de la Caisse Ecclésiastique et de la Société d'une
liesse.
Nous nous empresserons d'accorder nos suffrages à un frè-
re si digne de nos regrets et dont la vie a été, hélas ! trop
courte pour le bien qu'il pouvait opérer. Brevl virens, ex-
plevit temp&m muif<i.
Qu'il 7'epo.<e en paix ; et prie pour nous.
Je suis cordialement.
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant sei'vitour,
Y lu. Ev. DE Montréal.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS î|;
MANDEMENT DE JUBILE.
IGNACE BOUEGET, par la misécriconie do J>ien, et lu
grâce du St. Siège Apostolique, Evoque de Montréal,
etc., etc., ntc. ^
Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Reli-
gieuses et à tous les fidèles de notre Diocèse. Salut et
BENEDICTrOX EN N. S. J. C.
Nous avons reçu, N. T. C. F., deux Lettres de N. S. P. le
Pape : l'une qui nous annonce un nouvaeu Jubilé, et l'autre
<^ui nous presci'it ce qu'il nous faut faire j)0ur participera
ses grâces. La première est comme une trompette sacne
qui publie à l'univers catholique une des plus gj-ande solen-
nités de la terre ; et la seconde est comme une clef précieu-
se qui lui ouvre les inépuisables trésors du ciel.
Ces Lettres évidemment écrites sur la Chaire Apostoli-
que, portent le sceau de leur inviolable authenticité. Nous
y avons sans peine reconnu la voix pastoi-ale'du Chef Sn-
l)rème de l'Episcopat ; et notj-e cœur, en les lisant, sest cru
isur le sein paternel qui porte et réchauffe le monde entier.
(,'a été pour nous un de ces moments dclicienx. qui font ou-
blier les peines de la vie, et relèvent le courage abattu sous
le poids de la charge pa.storale.
Ausï-i les avons nous bai.'^ées avec l'espect. lues et relues.
<-es Lettres Vénérables, et toujours avec des émotions plus
tendres, des impressions plus vives, des jouissances plus
<louces. Qu'il y a en effet de bonheur pour un Pasteur, dé-
solé de voir périr tout autour de lui ses chères brebis, d'en-
tendre la voix du Vicaire de J.-C.proclamer la joyeuse nou-
velle d'un Jubilé, temps toujours si riche en grâces ! Que
de pauvres pécheurs, sourds à uotie parole, vont entendre
■celle du premier des Pasteurs, et se réveilleront de leur fu-
neste léthargie ! Que d'âmes égarées vont découvrir les ai-
mables sentiers de la vérité ! Que de justes vont se ranimer
dans les saintes piatiques de la piété ! Que de ferventes com-
juunautés vont multiplier leui-s bonnes œuvi-es ! Et nou-.
216 MANDEMENTS, LETTRES PASTUli.VLES,
Pasteurs, quel nouveau fou va s'allumei" dans nos eœur*?^
à la vue de la riche niois.son que nous allons j-écolter !
Vous partagerez, X. T. C. F., nos sentiments quand vous
aurez entendu la lecture d'une de ces Lettres, que Nous
vous envoyons en langue vulgaire. Car votre foi bien con-
nue Nous fait ci'oire que vous la recevrez avec le même
j'espect qne les premiers chrétiens recevaient les Epitres de
8t. Pierre. Et en effet PIE IX, notre g'orieux Pontife,
est à nos yeux tout autant que le Prince des Apôtres. Il
est son légitime sueees.seur, et a par conséquent toue les
])Ouvoirs que X. S. J.-C, avait laissés à St. Pierre. Aujour-
d'hui il fait usage de son immense puissance; et c'est à l'or-
dinaire pour le salut des nations qui lui ont été données en
héritage. T'ar, pendant que sa voix majestueuse raisonne
d'un bout du monde à l'autre, pour annoncer à la terre la
miséricorde du ciel, sa main sacrée, tenant une des deux di-
vine clefs qui lui S(^nt contiées, ouvre, avec confiance, les
célestes trésors de l'Eglise, figurés par ce fleuve rapide que
St. Jean vit couler devant le trône de V Ancien des Journ.-
Elevez dévotonient vos cœurs vers Dieu, pour demander
rintelligence, et écoutez respectueucusement cette Lettre,
comme assurément vous écouteriez X. S. P. le Pape, si au-
jourd'hui il montait lui même en cette chaire.
LETTRE KNCYCLU^UE DE X. S. P. LE PAPE
ORDONNANT DES PRIKKKS ET ANNONÇANT î N NOUNEAU JUBILE..
A tons h's Patrianhea, Primats, Arrhcvi'qixs et En'qves du
monde oathoUqiie.
Vénérables Ereres,
Salut et bénédiction apostolique.
Xotre cœur s'est réjoui dans le Seigueui*. Vénérables Frè-
res, et Xous avons rendu de très-humbles et très. grandes
actions de grâces au Père très-clcment et très-miséricor-
dieux, au Dieu de toute consolation, dès que vos nombreux
tVmioignages sont venus Xous apprendre, au milieu des inces-
sant-es et douloureuses sollicitudes dont nous accable le mal-
CIRCULAIRES ET AUTHES DOCUMENTS 217
Lear des temps, les fruits trùs-précieux et très-abondants de
salut, que, par l'inspiration de la grâce divine, les peuples
commis à vos soins avaient recueillis de lu faveur du Jubilé
qne Nous leur avons accordé. Vous Nous avez fait eonnaî
lre,en effet, qu'à cette occasion les fidèles de vos Diocèse»
s'étaient empressés à l'envie d'accourir en grand nombre
dans les églises avec un esprit humilié et un cœur contrit,
pour y entendre la parole de Dieu, se purifier des souillures
de leurs âmes dans le sacrement de la réconciliation, appro-
cher de la sainte Table, et adresser, seïon Nos intentions,
au Dieu très-bon et ti-ès-gi-and de ferventes prières. 11 en est
résulté qu'un grand nombre, par le secours de la gi;u-e divi-
ne, sortant de la fange du vice et des ténèbres Ue l'erreur
où. ils languissaient misérai)lement, sont entrés dans les
voies de la vertu et de la véi-ité, et ont commencé à travail-
ler à leur salut. Nous avons été consolé et réjoui, Nous
qui sommes toujours si gravement inquiet et préoccupé du
.salut de tous les hommes confiés à nos soins par la divine-
Providence et ne désirons rien avec tant d'ardeur, ne de-
mandons rien autre chose dans les v<ilmix et les prières qui
jour et nuit montent de Noti-e cœur humilié vers Diuu, si-
non que tous les peuples, toutes les nations et tantes les fa-
milles marchent dans les sentiers de la foi, connaissent le
Seigneur et l'aiment chaque jour davantage, observent fidè-
lement sa sainte loi, et suivent avec con!*tance le chemin
qui conduit à la vie.
Mais si, d'une part, VénéraVjles Fi'ères, nous devons éprou-
ver une grande joie en a])prenant que les Fidèles de vos
Diocèses ont i-ecueilli abondamment les fruits spirituels de
de la grâce du Jubilé ; de l'autre, ce n'est |)as poui- Nous
un médiocre sujet de douleur de voir quel triste et lamen-
table aspect présentent notre sainte Religion, et la société
civile, dans ces temps malheureux. Nul d'enti'e vous n'i-
gnore. Vénérables Frères, les ytei'fides artifices, les mons-
ti'ueuses doctrines, les conspirations de toute espèce que les
ennemis de Dieu et du genre humain mettent en œuvre
pour pervertir tous les ef^prits, coi-i-ompre les mœurs, faii'e
218 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
disparaître, s'il était possible, la Eeligion de la face de la
teri-e, briser tous les liens de la société civile et la détruire jus-
qu'en ses fondements. De là les ténèbres déplorables qui
aveuglent tant d'esprits, et la guerre acharnée faite à la
Ileligion catholique et à cette Chaire apostolique, la haine
la plus implacable poursuivant la vertu et l'honnêteté ; de
là les vices les plus honteux usurpant le nom de la vertu ;
la licence eifrénée de tout y>enser, de tout fiiire et de tout
-oser ; l'impatience absolue de tout commandement, de tou-
te puissance, de toute autorité; la dérision et le mépris dé-
versés sur les choses les plus sacrées, sur les plus saintes
lois, sur les plus excellentes institutions; de là surtout la
déplorable corruption d'une jeunesse imprévoyante, le dé-
bordement impoisonné des mauvais livres, des libelles, des
bi'ochures, des journaux répandus avec profusion et propa-
geant partout la science du mal ; de là le venin de Vindiffé-
rentisme et de l'inci'édulité ; les mouvements séditieux, les
conspirations sacrilèges, la moquerie et l'outrage de toutes
les lois humaines et divines. Vous n'ignorez jxis non plus,
Vénérables Frères, quelle anxiété, quelle incertitude, quelle
.j)énible liésitation, quelle terreur préoccupent et agitent
tous les esprits, jiarticulièrement les esprits des gens de
bien, qui croient avec raison que les intérêts privés et pu-
blics ont à craindre tous les maux lor.sque les hommes, s'é
cartant mi.sérablement des règles de la vérité, de la justice
et de la religion, pour se livrer aux entraînements détesta-
bles de passions effrénées, méditent tous les forfaits.
Au milieu de tant de dangers, qui ne voit que toutes nos
espérances doivent se l'eporter uniquement en Dieu, notre
salut; que vers lui doivent s'élever continncllement nos fer-
ventes ]jrières, pour que sa bonté projiiiee répande sur tous
les peujîles les richesses de sa miséricorde, qu'il éclaire tous
les esprits des lumières célestes de sa grâce, qu'il ramène
dans la voie de Injustice ceux qui s'égarent, qu'il daigne
.tourner vers lui les volontés rebelles de ses ennemis, insi-
nuer dans tous les cœurs l'amour et la crainte de son saint
nom, et leur inspii-er de penser toujours et de faire tout ce
CIRCULAlRLiS KT AUTRES DOCUMENTS 219
qui est droit, tout ce (jui esit vrai, tout ce qui est pur, tout
ce qui est juste, tout ce qui est saint. Kt puisque Dieu est
plein de suavité, de douceur et de mitréricorde, puis<|u'il est
riche envers tons ceux qui l'invoquent, puisqu'il regarde la
prière des humbles et aime surtout à manifester sa puis-
sance par la démence et le pardon, approchons, Vénéra-
bles Frùre^, avec coniiance du trône de grâce, pour obtenir
miséricorde et trouver secours dans le temps opportun.
Car celui qui demande reçoit, celui qui cherche trouve,
et on ouvj-e à celui qui frappe (Matth., 7-8.) Tîendons d'abord
d'immortelles actions do grâces au Dieu de bonté. Que,
dans la joie, nos lùvre^* louent son saint nom, puisque en de
nombreuses contrées de l'univers catholique il daigne opc-
i-er les merveilles de sa miséricorde.
Venons donc tous unanimement. ani»nés par la sincérité
de la même foi. par la fermeté de la même espérance,
par l'ardeur de la même charité; ne cessons un seul mo-
ment de prier et de supplier Dieu humblement et avec ins-
tance, pour qu'il ari-ache sa sainte Eglise à toutes les cala-
mités, que chaque jour il l'agrandisse, la dilate et l'exalte
parmi tous les peuples, dans toutes les contrées de la terre ;
qu'ainsi elle purifie le monde de toutes les erreurs, conduise
avec une tendre bonté tous les hommes à la connaissance
de la vérité et dans la voie du salut : afin que Dieu, devenu
propice, détourne les fléaux de sa colère que nos pochés ont
méritée, qu'il commande à la mer et aux vent", crée latran-
quilité, donne à tous cette paix tant désirée, sauve son
peuple, et, bénissant son héritage, le dirige et le conduise
vers la céleste patrie.
Et afin que Dieu, plus accessible, prête l'oieille à nos
prières et exauce nos vœux, élevons nos regards et nos
mains vers sa très-sainte mère, Marie, Vierge immaculée ;
nous ne pourrions trouver de protection plus puissante
ni plus assurée auprès de Dieu: elle est pour nous la plus
tendre des mères, notre plus ferme confiance, et même tout
le motif de nos espérances, puisqu'elle ne demande rien
qu'elle ne l'obtienne et que sa prière ne saurait être repous-
220 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sée. — Implorons aussi les suffrages d'abord du Prince des
apôtres, à qui Jésus-Christ lui-même a donné les clefs du
royaume des cieux, qu'il a tt ibli- comme la pien-e fonda-
mentale de son Eglise, sr.ns que le^ portes de l'enfer puis-
sent jam:às prévaloir contre elle. Pi-ions ensuite Paul,
le compagnon de son apostolat ; prions le patron de chaque
cité, de chaque pays et tous les bienheureux, pour que le
Seigneur trùs-mi.'^t-ricordieux lépande sur nous, avec abon-
dance et largesse, les dons de sa bonté.
Aussi, A'"énérables Frères, tandis que Nous ordonnons ici
des prières publiques dans Notre ville sainte, Nous vous
invitons, par ces Lettres, à vous unir à Nous dans une com-
munauté de vœux, vous et les peuples commis à vos soins ;
Nous excitons do tout notre zèle votre fervente religion et
votre piété, pour qu'en vos diocèses vous ayez soin de pres-
crii-e aussi des prières publiques, destinées à implorer la
divine clémence.
Et pour que les fidèles apportent plus d'ardeur et d'ins-
tance dans ces prières que vous ordonnerez, Nous avons
résolu d'ouvrir de nouveau les trésors célestes do l' Etatise,
sous la forme d'un Jubilé, comme il vous sera clairement
indiqué par d'autres lettres qui sont jointes à celle-ci.
Nous concevons dans Notre cœur cette ferme espéraace,
Vénérables Frères, que ce sont les anges de paix qui, tenant
en main les coupes et l'encensoir d'or, otïriront sur l'autel
d'or Nos humbles prières et celles de toute l'Eglise, pour
que le Seigneur lui-même, les recevant avec un regard de
bonté et exauçant Nos vœux, les vôtres et ceux de tous les
fidèles, veuille dissiper les ténèbres de toutes les erreurs,
chasser la tempête menaçante de tant de maux, tendre une
main secourable à la société chrétienne et à la société civile,
et faire que tous hommes aient la même foi dans leurs
esprits, la même piété dans leurs œuvres, le même amour
pour la religion, pour la vertu, pour la vérité et pour la
justice, le même zèle pour la paix, le même attachement
aux liens de la chai-ité ; et qu'ainsi dans toute l'étendue de
l'univers, le règne de son Fils unique. Notre Seigneur
'CmCUL.VlRBS ET AUTRES DOCUMENTS :>I
JébUb-Christ, 8oit chaque jour de plu.s en plus augmenté,
iiffermi, exalté.
Enfin, comme un gage anticipé de tous les dons célestes,
et comme témoignage de ^otre ardente chai-ité pour voiis,
recevez la bénédiction apostolique, que, du fond de Notre
«œur, Xous vous donnons avec amour à vous. Vénérables
Frères, à tout le clergé, et à tous les fidèles confiés à votre
vigilance.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le "ile Jour de novem-
bre, l'an 1851, de notre pontificat le sixième.
rirs V\\ IX.
Vous venez, X. ï. C. F., d'entendre une Lettre bien tou-
chante. Brebis fidèles, vous reconnaissez sans doute votre
Pasteur, au seul son de sa voix pastorale. Cot/tioscant me
meoe. Enfants affectionnés, vous reconnaissez votre Père à
son accent jjaternel. II Tous a raconté ses joies, quand il
apprend que ses enfants marchent dans les voies de Injus-
tice ; ses douleurs, quand il sait que quelques uns s'égarent
dans ie.s chemins de l'erreur; ses craintes, quand il sent
que la Barque de Pierj-e, dont il tient le gouvernail, est vio-
lemment agitée des furieuses tempêtes que soulèvent les
Vents dos mauvaises doctrines. Vous l'avez entendu
faire appel aux pi-ières de toute l'Eglise, pour pouvoir,
moyennant ce secours, dissiper les noirs complots qne tra-
ment, dans leurs affreux souterrains, les sociétés secrètes,
qui ont juré sa perte. Ah ! c'est qu'il compi'cnd intime-
ment que la prière empêchera toujours Ick pf>rtes de l'enfer
de prévaloir contre elle.
Sentant vivemenl le besoin que nous avons tous du Jubi-
lé qui nous est annoncé jjar le Souverain Pontife, et dési-
rant ardemment qu'il produise partout dos fruits abondants
de salut, Nous allons, N. T. C. F., récueillir ici les sainte»
inspirations dont sont imprégnées ses deux Letti-es Aposto-
liques. De la fidélité à suivre ces paternelles directions
■dépend tout le succès du Jubilé. C'est une. des grandes grâ-
•ces qne Dieu accorde de temps en temps à son ïlgli^e. Ans-
222 MANDEMEN'iS, LKTÏREfe l'ASTOHALES,
Bi, y a-t-il nécessité de s'y préparer soigneusement. Car, si'
un exercise Journalier est manqué quand il n'a pas été bien
préparé, croyez, N, T. C. F., que vous n'aurez rien à atten-
dre du Jubilé, si l'on ne s'y préjsare avec soin et longtemps
d'avance. Parafe viain Domivi.
C'est dans cette intime conviction que ^ous avons cru
devoir en différer le temps jusqu'à la fin de cette année,
après avoir obtenu du 8t. Siège qu'il durât trois mois au
lieu d'un seul. C'est aussi dans cotte vue que depuis long-
temps Nous prions et faisons prier pour que ce Mandement
renferme strictement toutes les dispositions des Lettres
Apostoliques qui nous doivent dirigei' dans raccoraplisse-
ment des saints devoir du Jubilé. Oh! N. ï. C. F., que
notre cœur est pressé du violent désir que vous ayez la vie, et
que vous l'aijez avec plus <V abondance que jamais dans ces jours
de salut. Vous allez aussi prier pour que Bien nous accor-
de à tous la grâce de bien faire tout ce qu'attend de notre
piété filiale notre Père commun.
A CES CAUSES, le saint nom de Dieu invoqué, et de
Tavis de îsN. W. Frères les Chanoines de notre Cathédra-
le, Nous avons réglé, ordonné, statué ; réglons, ordonnons,
statuons ce qui suit :
1. Le Jubilé, pour tout notre Dioeàsc, commencera le
trois Octobre prochain, dimanche de la solennité du Sitint
Rosaire, par le chant du Veni Creator, avant la grandmesse ;
et se terminera le premier Janvier suivant, pai- le TeDeum,
que l'on chantera après la messe solennelle du jour. On en
annoncera l'ouverture, la veille, par le son de toutes les clo-
ches, pendant un quart d'heure avant YAn'/elos du soir.
On en fera autant le jour de la Circoncision au soir, pour la
clôture.
2. On prendra, sur ces trois mois, une ou jilusieurs ee-
maines pour les exercices jubilaires de chaque Paroisse.
On observera ce qui vient d'être dit, pour en faire l'ouver-
ture et la clôture, par rapport au son des cloches, qui s'unit
si bien à la piété des cœurs ; et au chant des deux hymnes
sacrées, dont l'une appelle si amoureusement l'Esprit-Saint
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS '223
sur le^? enfants de l'Eglise et l'autre porte si joyeusement
au ciel l'expression naïv^e de leur reconnaissance.
3. Pour que tout le Diocèse soit eu de continuelles prépa-
rations à cette grande fête Jubilaire, on donnera tous les di-
manches et fêtes d'obligation, aussitôt après la grand 'messe,
la bénédiction du St. Sacrement, en se conformant à la
feuille cijointe. Ceci s'observera depuis le dimanche ou fête
que se lira le présent Mandement. Ju.><qu'au jour de l'An in-
clusivement. Le Tt Deum, en ce dernier jour, terminera
ces longues j^rières. Xous les ferons ainsi, pour mieux en-
trer dans les pieuses intentions de X. S. P. le Pape, qui
nous recommande si instamment d'implorer sur toute VK-
glise le secours de la B. Vierge, des saints Anges, des apô-
tres St. Pierre et St. Paul, de tous les saints et surtout des
saints patrons de nos églises. A ce sujet, Nous vous de-
vons, N. T. C. F., une observation.
Notre intention principale en faisant le Jubile, >orH d ob-
tenir de Dieu que le pi'ivilége de Y ImnxacvUt- Conce2)tion de
Marie soit bientôt solennellement proclamé, par toute la ter-
re, comme dogme de foi catholique, pour la gloire de cette
divLiie Vierge et le salut des nations. Car. dans notre hum-
ble opinion la définition de cette consolante vérité, comme
article de foi, sera pour notre siècle, enveloppé de tant de
noirs brouillard."», comme l'arc-en-ciel du soir qui annonce
un beau joui-. L'auguste Marie est notre Judith. Disons-
lui donc avec transport, dans ce temps où chacun va rem-
porter une éclatante victoire sur sa passion dominante, sous
l'étendard de celle qui est terrible comme une armée ran-
gée en bataille : Vous éti'S la gloire de Jérusalem, vouff
êtes la joie d'Israël, vous êtes l'honneur de. voire jieuple : parce
que vous avez combattu vaillamment, et que votre cœur s est
montré fort et généreux: cest que vous avez aimé la chasteté
Pour cela, vous serez bénie éternellement. (Judith. 15. 11.)
Quel bonheur pour notre Diocèse, s'il contribuait de quel-
que chose à l'honneur que la sainte Eglise doit tôt ou tard
décerner à la glorieuse ilère de Dieu, en ceignant son front
majestueux d'une nouvelle aui-éole, le dogin<^ de son Jmma-
lU MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES,
culée Conception ! Les justes soupirent et les nations catho-
liques sont dans l'attente de ce grand et heureux événement
qui doit renouveler la face du monde.
Car, qui doute qu'au ciel les bontés de la puissante ]\[ùre
de Dieu ne soient en proportion des honneurs qu'on lui
rend sur la terre ? Et quel honneur ne sera-ce pas pour elle,
si la vérité de son Immaculée Conception, apiùs avoir tra-
versé dix-huit siècles sans avoir pour ainsi dire d'autre
appui que le sens intime du monde catholique, sans être en
quelque sorte déposée ailleurs que dans les cœurs des pieux
enfants de l'Eglise, se fait jour à ti-avers les doctrines im-
pures de notre siècle, et se fViit proclamer aux bruyants
applaudissements de tous les peuples de la catholicité. 11 y
a ici, pour la sainte Eglise, un besoin à satisfaire. Ce n'est
assurément pas de condamner des erreurs damnables qui
n'existent pas ; mais bien de se rendi'e aux vœux de ses
enfants qui veulent ci'oire de foi que Marie, leur Mère, a été
conçue sans la tache du péché originel. Et voilà, N. T. C. F.,
le triomphe qu'il faut faire remporter, à tout prix, à la
bonne et tendre Mère de ce Diocèse qui, en effet, est cou-
vert de monuments qui attestent hautement qu'il lui appar-
tient, et qu'il est l'objet de son très-saint et immaculé Cœur.
Croyez qu'il y a encore poui- nous, dans ce cœur plein de
grâces, de nouvelles bénédictions, si nous nous montrons de
zélés propagateuis du gloi'ieux privilège dont elle est si
jalouse. Quel en sera finit? Oh! ce ser;i la pui'eté des mœurs
qui dissipera toute immoi-alité. Et, ne l'oubliez pas, X. T.
C. F., la pi-incipale grâce, le plus précieux fruit de ce Jubilé,
c'est de liannir le détestable vice de l'impureté, pour faire
régner, sur ses dél)i'is, l'angélique vertu de pureté.
Mais c'est à vous surtout, vierges chrétiennes, à redoubler
de ferveur aux approches du saint temps du Jubilé, pour
hâter cette décision tant désirée, que votre Eeine a été
conçue sans aucune tache de péché. PjUe a, cette Vierge des
vierges, relevé la gloire de votre sexe, en arborant au sein
de l'Eglise le céleste étendai-d de la virginité. Elle le fait
flotter au ciel, en conduisant au Roi des Eois le brillant
CliJCULAIÎŒS ET ALTRES DOfX'MKNTS îiS
ehœur des vierijes : Â'hhurntur Reijl Virgine» post eam. T.e
zôlo pour la gloii'C de votre Mère vous fait doue un devoir
mener une vie encore plus pure et de faire des sacririces
encore plus grands. C'est pour v(jiis en faciliter les moyens
tjueXous vous permettons de faii-e, dans vos oratoires sr
dévots, les exei'ciees (pie Nous pi-esci'ivons ici pour les églises
publiques. Nous vous chargeons en même tém))s de vous
faire victimes pour le salut des |)écheurs. Colombes sacrées,,
faites entendre au cœur de -\Earie vos soupirs et gémisse-
ments. Des milliers d'âmes périssent chaque jour sur la mer
orageuse du monde; vous ne sauriez èti-e insensil)les à un
si grand malheur.
Pardonneii-nous. X. T. C. F., cette longue digression ; car
elle nons est inspirée par une des suggestions du 8t. Père :
et d'ailleurs elle ne saurait être étrangère « noti-e sujet. A
toutes ces prières prépai-atoires, cliacun ajoutera le cîiaîi- '
gement de vie. qui est le but essentiel du Jubilé. On s'abs-
tiendra des jeux du cirque et autres, qui sont ^x «langereux
et si conti-aires à la piété.
4. On fei-a, pendant le Jubile, dos instructions salutaires
)»our porter le peuple à tairo de dignes fruits de j>énitence
et à réparer tous les torts et dommages faits au ])rocli:iin.
Car, ]>oint de pardon, quand il n'y a pas dw jeparation.
yon r'emittitur peccatum, lu'si restituatur abUitum. (St. \ u-
gustin.) Nous permettons de donner chatjuejoui" le salut
et la bénédiction du St. Sacrement, et de faire, si le temps
le permet, quelques processions, en faisant les stations on
commun.
5. Pour l'Indulgence un .;>i'.;!e on (b^it : ]>;eniiùi-ement,
se confesser avec douleur, recevoir l'absolution sacramen-
telle, et commmiier avec piété ; secondement, visiter trois
églises désignées comme lieux des .stations, ou une des trois,
ti'ois fois, et y prier à rintention du Souverain Pontife ;
troisièmement, jeûner une fois ; quutrièmementt, donner
uiie aumône aux pauvi-es ; cinquièmement, faire une otfra n-
de à la Pi-op.'igation de la Foi. Tontes ces (vnvres doivent
se faire d:; is !o coui-s d'0'.-tobre, Xovembre et Décembiv.
1 ."j
22C "MANDEMENTS, LETTIlES PASTORALES,
désignés plus haut ooiiime mois de Jubilé. Il convient tou-
tefois qu'elles 86 fassent dans les temps choisi pour la célé-
bration du Jubilé dans sa Paroisse. L'indulgence est appli-
cable aux défunts.
t>. Nous désignons, comme lieu.x de stations dans Xoti'c
Tille Episcopale, notje Cathédrale, l'Eglise de Xotie-Danic
et celle de St. Patrice. Ailleurs, on visitera trois fois lo-
glise <le sa Paroisse ou de sa Mission.
T. Nous communiquons aux confesseurs tous les pouvoij-s
et pi'iviléges exprimés dans la seconde Lettre Encycliquo
de N. S. P. le Pape, poui- le temps du Jubilé. Ils en rece-
vront une copie ci-jointe.
Skra le présent Mandement lu au prône de Notre Eglise
Cathédrale, à celui de toutes les Eglises paroissiales, et
dans toutes les com;i;unautés, le jour de la fête des SS. A]»ô-
tre;^ Pierre et Paul, ou le premier dimanche après sa récep-
tion, dans le cas oii il ne serait pas reçu assez à temps poui-
être lu en ce jour de fête.
l)oxNE à Montréal, le vingt-huit Mai, mil huit cent cin-
quante-deux sous notre seing et sceau et le contre-seing de
notre Secrétaire.
L. + S. t Kt. Ev. de Montréal.
Par Monseigncni',
Jos. OcT. Paré. Chan. Se<\
CIRCULAI lîE AIT CLEEGE.
St. BEXftiT, LE 10 Jl'ix 1852.
Mons.ieur,
Vous recevrez, avec la présente, les deux Encycliques du
Jubilé, avec !e Mandement qui les publie. Encore pour vous
une riche moisson d'âmes à récolter dans le champ que vous
cultivez, et que le Seigneur bénit avec tant de bonté : Agri
pleni cu( henedixit Dominus.
Pour qu'il y ait uniformité da)is vos travaux avant et peu-
1
ClHCLi.AinES ET AUTRES DOCUMENTS tU
dant ce saint temps, je vais tracer ici qtielcj^uert dii-eclions
auxquelles vous ne manquerez pas de vous conformer avec
votre lionue volonté ordinaii-e. On peut tont. ([uand on
(s'entend.
Je me suis attaché à l'clevc;- l'cminente dignité du Sauve-
rain l'ontife. pour dist^iper ce qui poun-ait i ester daiis re-
prit du peuple des fâcheuses impressions qu'avaient produi-
tep les mauvais joui-naiix contre celui qui, si providentielle-
ment, nous gouveiMie aujourd'hui, et préparei- les âmes à re-
cevoii- ses paroles avec un profond rc.-^pect. Mahitenaiit,
appuyez-vous de son autorité, pour corriger les désordres
de la paroisse. Citez, en toute occasion, quelque passage
de SCS Kncj'cliques ; et vous verrez que le Ministère l'oiiti-
iical renferme une grâce principale, celle de fortifier: Con-
firma frtitres fuos. L'étude et la mé.litation de ces touchan-
tes 'Kpitres vous les rendront familières, et elles sci'or.t
alors dans votre houche pleines d'imction.
Ti-ttis mois de prières publiques m'ont paru nécessaires
pour ]>répai'ei' le diocèse aux grâces des trois mois de Jubi-
lé. Ce <iui est longtemps attendu et ardemment désiré est
chèrement apprécié et soigneusement gai'dé. La luiturc de
ces prièi-es vous donnera occasion de ranimé la dévotion au
Très Saint. Sacremenl, à l'Immaculée Conception de la Bien-
heureiLse Viei'ge, aux Anges Gardiens des lieux et des per-
t>onnes, aux Apôti-es F'ondateui-s et Princes de l'Rglise, aux
Saints Patrons (les Paroisses et à tous les Saints du Ciel.
Ije culte religieux du Bienheureux qui protège votre Parois-
se mérite surtout votre attention, et devra exciter votre
iièle. Faire connaître sa vie. inspii-er sa confiance, imposer-
son nom H un de chaque famille, faire faire des Neuvaines
à son hcuineur, sont des pratiques bien p!'0])res à répandi'o
«ette salutaire dévotion que recommande le Souverain Pon-
tife. Kn donnant la Confirmation, j'éprouve toujours le re-
gret de ne pas pi-onononcer plus souvent le nom du Saint
Patron de la Paroisse. Nul doute qu'une Pai-oisse qui aime,
hon l'atron en sera sj-écialement protégée : Tnfert^e.'ssio glori-
om non l'roferjaf.
258 MANDEMEN'TS, LtTFHES PASTORALES,
L'intention principale du Jubilé,' comme voiis le vevyez:.
par le mandement, est d'obtenir que le dogme de fjmmacu-
lée Conception de Marie i^oit défini comme de foi. '.;'e.st le
grand événement que prépare et appelle de ses vœux notJ-&
immortel Pontife, et qui sei-a, il faut l'espéi-ei-, l'époque la
])lus mémorable do notre siècle. Je doin ajouter ici que lo
dimancbc de la Sainte Trinité, Je m'engageai par vœu, pon-
dant la messe, a y travailler de toutes mes forces, dans l'es-
poir que la Bienlieureuse Vierge écouterait en cette consi-
dération, les prières qui se faisaient partout pour demnndor
de la pluie. Les cicux sont devenus comme du miel, depuis
ce pui', meUiflui facti sij)it cwli. Je suis donc strictement
obligé à accomplii- cette promesse. Je m'en acquitte en
partie, en vous invitant à m'aider à répandre le zùle pour
un privilège dont notre mère est si jalouse ; obsecro vos. fra—
très,.... nt aJJuvetis me. Commençons par travailler à inspi-
i-er au peuple une nouvelle dévotion et, confiance eu la mé-
daille miraculeuse, et en sa céleste prière : 0 Marie conrae
sans péché, priez jour nous qui acons recoure à cous. Eecoin-
mandons à nos 1 onnes âmes de la diie plus souvent et avec
plus de ferveur, avec l'intention d'obtenir que la Sainte
Eglise décerne ce nouvel bonncuj- à la Vierge Immaculée,
qui est une de ses principales gloires. Préchons-leur la né-
cessité de travailler à se rendre plus pures, pour faîi'e tri-
omjjher la pureté de leur boi.ine et incomparable mère. Ex-
citons-nous, cbaque joui- à ce zèle si juste, par la pensée que
le dogme de l'Immaculée Conception fera briller, d'un nou-
vel éclat, le Sanctuaire et ceux qui l'habitent. Notre-Dame,
dont nous somme-; tous les chapelains, à l'exemple de St.
Jean, notre frère aine et de tant d'autres cpii ont eu cette
pratique, nous donne à tous cette intention; et nous la re-
nouvôlerons tous le matin à ses pieds sacrés, avant de mon-
ter à l'autel. Faisons reposer sur les in.structions et exer-
cices à l'honneur de ]\Iarie toute l'espérance des succès de
notre Jubilé; Saint Lignori vous diiaque c'est ce qui faisait
réussir toutes ses missions.
.T*our donner ])îus d'impoi'tance au Jubilé, on suspen<ii"i!>
CIUCLLAIIIES tT AUTUES DOCUMEXIS 119
toutes les solennités de dévotion. Ainsi, on fera sans appa-
reil les Octaves des fêtes patronales; et on renverra au temps
du Jubilé les 40 heures, missions et letraitcs. Les Neuvai-
nes pré]iaratoii-es aux fêtes de la Bienheureuse Vierge et
des autres Saints pourront se faire, mais sans éclat.
Je donne to'ut pouvoir d'appeler à voti"e secours, poui- la
prédication et la confession, autant de Missionnaires et de
Prêtres approuvés que vous cfoiivz vous être nécessaires.
Tous auront, outre les facultés mentionnées dans l'Kncjeli-
que ci-jointe, le })ouvoir de rendre le droit aJjietfmJnm debi-
tum Conjugale.
Fixez vous-même la durée de votre Jubilé, et a-^surez-vous
An nombre de Prédicateurs et Confesseurs, qui vous seront
•en conséquence nécessaires. Il doit se prolonger assez,
pour pouvoir j donner un cours d'instructions suivies.
Entendez-vous d'avance avec ces Pi-édicateurs et Confes-
seurs, sur la natui'e des instructions à ftiire, et sur la con-
duite à tenir au tribunal, pour pouvoir attaquer eu Chaire
«t au Confessional, les vices régnants. On se plaint géné-
ralement que le sordide intérêt invente tous les Jours des
marchés frauduleux ; qu'il 3* a beaucouj) trop de procès ;
que les serments se font avec une légèreté déplorable ; que
les blasphèmes ne sont que trop ordinaiies; qu'il cii-cule
grand nombre de mauvais traité^; que certains journaux con-
tinuent à répandre leui' mauvaises docti'ines ; qu'en voyage,
nos gens ne se font pas scrupule de manquer gravement à
la tenij^'rance ; que les voyageurs en s'éjoiirnant quekpie
temps dans paroisses, les démoralisent ; que les veillées et
fréquentations sont malhonnêtes ; que les bals sont dange-
reux ; que les mauvais discours sont communs : que l'on ne
paye ses dettes que sur des ordi-es. Ces défauts et autret
poui-raient être le sujet de vos conférences préliminaires et
la matière de vos résolutions pratiques. î^'oubliez pas vo«
voyageurs, et ménagez leui- le moyen de faire leur Jubilé.
"Tachez de gagner qu'à lavenii- ils se confessent en arrivant
«et on partant.
Pour éviter toute surprise, par rappo' t à ceux qui ne «>•
231 MANDEMENTS, LETTIlES i-ASTOHALES,
montjeDt que dans de grandes circonstances, comme celle dit
Jubilé, de la Yisite Pastorale, des Missions, etc., tnitos d'a-
vance vos notes, jjoiii' vous entendre avec vos collabora-
teurs, sur la conduite à tenir à leur égard, et gagner sur
eux de sortir tout de bon de l'ornière.
Tja Praxis Çonfcssarii de Saint Liguori, qui est une si ex-
cellente moelle de toute la Théologie moj-ale, renferme des
règles sûres pour tous les cas, et peut être d'un grand hc-
scours, dans un temps de Jubilé ou s'opèrent tant de son-
rersious extraordinaires, et où tant d'âmes se donnentgéné-
reusement à Dieu, par le renoncement à tout. Je vous con-
seille de relire d'avance cet admirable traité sur la dii-ection
intérieure, qui est si propi-e d'ailleurs à établir l'uniformité
de conduite.
Le chant et les cérémonies donnent toujours beaucoup
d'entrain à ces grands exercices. J)'avance, préparer, des
chœurs de chantres; et prévoyez les céiémonies qui pour-
ront attirer les concours ; telles que processions, consécra-
tions à la Bienheureuse V^ierge, rénovation des promesses
du baptême. Une Eglise est saisis.sante quand beavicoup-
de voix bien exercées y raisonnent, et que de majestueu-
ses cérémonies s'y déploient. Alors la foi entre par tous
les sens, et fait au c<cur des impressioiis aussi douces que^
profondes.
Parlez souvent contre les confessions et communions sa-
crilèges. 11 s'en fait plus qu'on ne pen.se, dit Sainte Thé-
rèse. Je n'ai jamais parlé là-dessus, me disait un Prê-
tre de ce diocèse, sans en faire réparer quelques unes.
Une Amende honorable à Xotre Seigneur pour tant d'ou-
trages qu'il l'eçoit dans le sacrement de son amour, devra
nécessaiiement trouver place parmi les exercices du Jubi-
lé, r^a crainte <[ue nous ne soyons, jitsqu'à un certain
point, la cause de ces indignes profanations, sera pour
nous nn nouveau motif do faii-e cette i"é])aration avec tout
le soin possible.
Les œuvres prescrites ])ar le Souverain Pontife, pour
gagnei" l'Indulgence du Jubilé, vous donneront occa^ioa
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 231
de rauiincr toutes vos confréries et vo.s bonnes (l'uvres.
Je vous recommando sui-tout V Adoration perpétud'.^', l'Ar-
eJucoiifrérie, l'Association de Charité, la Société-de Tempérance,
et la Propagation de, la Foi. Le titre de Eeligiosissmum
Opxis, que donne le l*aj>e à cette dernière.' vaut le plus
long et le plus éloquent discours.
Vous sentez vivement le besoin d'Instituteurs et d'Ins-
titutrices Keligieux. Vous voyez aussi la nécessite de con-
fier à des mains consacrées à la charité vos pauvres, ces
précieux tiésors de l'Eglise. Le Jubile a coutume do fai-
re éck»re beaucoup de vocations, pour les divoi'ses ins-
titutions, qui se vouent à Dieu et au prochain, pour ac-
complir ce.s saintes (XMivres. C'est pour les favoriser (juo,
dans le Mandement, j'ai dit quelque cho.se sur l'excellen-
ce et les avantages do la vie de communauté. Avec l'es-
prit de Dieu, qui ne vous manquera pas, vous exploiterez,
en chaire et au confe.ssional, cette suggestion, à la gloire
de la Religion qui, par ses Communautés, est circmndata
varietate. Xe désespérons pas de voit-, dans chaque [*a-
roisse, une bonne maison do Frèi'os et une de Sœurs.
Pendant le Jubilé, faites taire dans l'Kglise et dans la
Paroisse, des quêtes pour l'aumône des ])auvres et l'otfran-
de de la Propagation de la Foi, prescrites })Our l'Indul-
gence. Des Syndics pourraient êti-e nommes pour faire
ces collectes d'argent et de provisions. Des dames so cliar-
geraient sans doute de faire des i-éunions de couture, atiu
d'habiller les pauvres, et surtout les enfants, ])our les met-
tre en état de fréquenter l'école, hiver comme ett'.
Vous ferez bien de faire ])réc.éder le Jubilé général de
la Paroisse de celui des petits enfants qui n'ont pas fait
leur première communion, afin de leui- donner les exer-
cices qui convieuiient à leur âge, et n'être pas ensuite dé-
rangé dans ceu.x que vous ferez pour les gi'andes person-
nes. D'ailleurs, c'est un excellent moyen d'attirei* toutes
fcortes de bénédictions sur la paroisse entière, d'abord par-
ce que Dieu voit toujours avec complaisance ces petits
innocent ; et oisuite, parce que leurs parents sont touchés
!>3-i MANDEMENTS, LETTiiES PASTORALES,
de leur piété, et préparés ainsi à profiter de leur exemple.
Le Pape pense à ce>f tendres enfants, dans sea Lettres à
r Univers entier. On en doit conclure qu'il partage les scm-
timents de Celui dont il est le A'icaii-e ; et que, comme lui,
il dit à ses disci]iles : Sinite parvuloa venire ad me. Ainsi,
loin de les écarter, faisons-les appi'oclier du B(m-Maitre.
<Jar il veut aujourd'hui, comme au temjîs de sa vie mor-
telle, les caresser et les bcuir tous, ces chers enfants de la
wSte. Eglise.
f Quoique j'aie à me louer de la simplicité et frugalité qui
TGgJient sur les tables des presliytères, je crois devoir vous
recommander ces vertus, spécialement dans le temps du
Jubilé, atin d'avoir ])lus à donner anx pauvres, qui vien-
drr)ut aux Eglises avec quelques morceaux de pain noir;
k'ui-s prières et bénédictions ont tant d'empire sur le cœur
de celui qui se plait à se faire prier, sous ce beau litre :
Je8u, Pater Paupennn !
Enrin, veuillez bien a'clire. de temps on temps, les deux
Encycliques du Pape, et les Mandement et Ciivulaire qui
les accompagnent, pour vous y conformer avec une amou-
reuse ponctualité.
.Te suis bien cordialement, et en union de vus féi-vents
Mémento,
Monsicui-.
Yotre très humbk- et ti-ès obrissant ^erviteui-.
! Ttr.. Ev. DK MoNTRÉ.\L.
V. r>. Comme on luojète de faire, à Montréal, jn-ochaine-
nu'ut une grande réunion de Tempérance, pour y aviser
aux moyens d'obteni)- un bon Bill d'Auberges, h la prochai-
ne session, je crois devoir vous conseiller de faire élire uu
Cîonseil de Paroisse, conformément au j-églement qui vouh sk
déK» été adressé. Faites votre possible pour que ceux de
vos Paroissiens, les plus capables de rendre compte de la
démonstration solennelle qui doit s'y faire en faveur d'une
Société qui a d'autant plus de besoin d'être fortifiée qu'elle
.A d'ennemis à vaincj'e, y assistent.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 233
N. B. 0)1 inarquoi'îi ici le temps et les ci rconstancew de cette
assemblée, si on les a fixés.
Je remets lu vén)uon de la Prop:ii!;alioii <le la Foi, annon-
cée pour le joiw de ïSt. Jacques, à uti temps indéfini. ])0\ir ne
pas faire coup su)- coup deux assemblées de ce genre.
t T(t. Ev. de m.
Plus PP. LX.
YENEI'.AIÎTI.ES FRATliES SALUTEM KT ApoSÏ* H>[rAM
UENEDlCTiONEM.
Ex aliis Nostris Encyclicis I^itteris ad 2sos liuc ipso di*
-datis novistis, A'enerabiles Fratres, qno studio eximiam
A-estram pietatem excitavimus, ut in tantis christianfe, et
<'ivilis reipublicae calamitatibus publieas in vestris dioece-
sibus preees peragendas cui'etis ad divinam implorandam
misericordiam. Cum autem in iisdem Eitteri* significave-
rimus, eadestes Ecelcsia' the.saui'os a Nobis hac occasione
iterum pi'olatum iri, iccirco lias yobis mittimus Ijitteras,
quibus thesauros ipsos aperiinns.
Itaque omnipotentis Dei misericordia, ac bcatoi'um Pétri,
et Pauli Apostolorum ejus auctoritate confisi, ex ilJa ligandi
ac solvendi polestate. quam Xobis Dominas, licet indignis.
-commisit, per lias Litteran omnibus, et singulis vestrarum
dioecesium uti-iusque sexiis fidelibus. qui intra nnius mensi»
spatium ab unoqnoque Yestrum j)i-;efigendum, atque a die,
<iuem quisque Vestrum constitnerit. compntandum peccata
sua humiliter. et cnm sincera illoi-iim detestatione eonfessi,
et sacramentali absolutione expiati sanetissimurii EuchariiK-
tirt» sacraraentnm reverenter suscc]wrint, ae très Ecclesias a
Vobis designandas. aut tT-ibus vicibus illarum unam visita-
rerint, ibiqne aiiqno temporis spàtio pias ad Deum pro ex-
altatione, et prosperitate saneta^ Matris Ecclesia», ac Sedie
ApostoliciV. atque ])ro ha^resum extirpatione, ac pro pace,
et concordia christianoruin Principura, ac totius populi
christiani pace et unitat* preees effnderint. atque insuper
2:ii MANDKMKMS, LKTTRES PASTORALES,
iiiti-a (licttim leinporiH iiilervalhun seiuel jejiuiuvei-inr. ae
aliquam ia paupei-es eleemosynam, j)iamqiie larg'iLionem in
religiosissimum Fropayationis Fidel opus (quod epi.seo]>ali
yestro zelo suminopeic i-oiumeiKlamus) pro sua f[iu.s((iie de-
YOtione er()2ja\x'riiit. jdciiissimain omnium peccatoi'Uiii in-
dulgeutiani in toi ma .luhilaei conccdimus, et lai-giiuur,
qua' per modum suttragii animaltus in purgatorio exi.sten-
tibuft ap))licHri etiam ))()ti'rit. Atque ut liane Indulgentiam
lucrari possint etiam Moinale<, ,seu alia' ]»ersona' in elaus-
tri.s ])erpetuo degentes, hee non quicumque in carcere exis-
tant, vel cor^joris infîrmitate, seu alio (luocunique irnpedi-
inento prohiheantur. quominuts aliqua ex commemoi'atiji
oj>eribus peragere valeant Confessariis i)ei- eos, ut intVa,
eligeiidi^ potestatem tacimu.s, ut eadem in alia jjietati.s opé-
ra coniniutaro, vel in aliud jjrcjximum tempus* pi'orogare
ijossint, ciim tacultate etiam di.speusandi isuper Commuido-
ne cum pueris, qui nondirm ad primam Comraunionem fue-
rint admis.si. Item i\)Ati vestrarum dioccesiuni tîdclibus
tum laicin, tum ecclesiasticis sa^culaj-ibus et regularibus. çt
cujusvis Institut! etiam specialiter nominandi licentiain. et
taeultalem conceiiimus, ut sibi ob hanc causam eligere pos-
wint GU^'Uicumque Presbyterum C'onte.ssarium saicuiarein.
«eu i-egularem ex illis, quos veluti niagis idoneos ad bunc
efteetum designare existimaveritis (qua tacultate uti ])otc-
runt etiam Moniales licet ab Ordinaiii juristdictione exemp-
t«f, aliieque mulieres iiitra elau^ti-a commorante-A, dumniodo
Confessarius approbatus ait pro Monialibus) qui eos ab ex-
communicationis. sus];en.sionis, et inteidieti, aliiwque eccle-
?<iasticis sententiis, et censurits a jure vel ab bominequavis de
causa latis. piaeteriiitVa exceptas, nec non ab oninibu» gravi-
bus peccatis, excessibus, ci-iminibus, etdelictis quamtumvis,
et enormibus etiam loconim Ordinai-iis, autSedi Apostolicse
cpeciali licct tbi-ma reservatis, et quorum absolutio alias )>er
générale hujusmodi Tndultum non intelligei'etur concessa,
in foi'O con.scientia', et hac vice tantum absolvere valeant.
Insupei", ut omnibus facilioiem stei-namus viam, quo ad sa-
Imtis iter possint redire, iisdem Contessai-iis commemorato
i
CIRCULAIRES KT ATTHES DOCUMExNTS :3i
«tiiits meiisis spatio facultateiu quoque impertiiuiir. ui co»
omnes qui .sectis se misère adscripserunt, ac vere jxjeniten-
tes ad reconciliationis Sacramentum accédant, absolvere il-
losque ab obligatione dcnuuciaiidi coni[)lices dispensare
queant ad atteclum consequeiidi eaindein plenariam Indul-
geutiaui. consuetis adhibilis conditiunibus, et exceplis casi-
bus iu quibiis ad evitauda majora, cl giavioia damna deiiiin-
ciatio omnino necessaria videatui-. PrioteVea conoedimus
ut iidem Confessarii possint vota qua-cumque etiam Jurata,
et Apostoliciv Sedi reservata (castitatis, religionis. et obli-
gationis, qua> a tertio acce])ta fuerit, seu in quibus agalur de
pra.'judicio tertii semper exceptis. nec non poenalibus, qme
pra'servativa a peccatis nuiK'U[)antur i)i>i commntatio futu-
ra judicctur eju.-modi. ut non minu,s a peccato commitondo
refhvnet quam pjior voti niateria) in alia pia opéra dis-
])ensando comniutare, injuncta in omnibus casibus poeJiiten-
tia salulaii, et aliis, qna* de Jure sunt injuii jenda. Facultatem
quoque concedimus dispeusandi super iriegularitate. ex vio-
latione censuraium contracta, quatenus ad foiMim extei'num
non sit deducta, nec facile deduceiida ; pr;vler banc vero
Confessarii praxlicti nuliam per pi'a'sentes Litteras faculta-
tem babebuut dispensandi super alia (piavis ii-regularitate
sive ex delicto. sive ex defectu. vel })ublica, vel occulta, aut
i»uper alia incapacitate, vel inhabilitate quomodocumque
contracta. Non intendimus autem pei- i)i'a'sente8 Littei"a«
ullo modo derogare Constitutioni cuni a])positis declaratio-
nibus édita' a tel ; rec : Benedicto XIV Pi-a-decessoi-e Nos-
tro, qua' incipit " Sacramentum Poenitentia' " quoad inba-
bilitatem absolvendi complicem, et quoad obligationem de-
nunciationis, neque intendimus facultatem concedere ad
eos absolvendos, qui a Xobis, et A[)<»stolica 8ede, vel ab ali-
cp^io Prelaîo. seu judice ecclesiastico nominative excommu-
nicati, suspensi et interdicti seu alia.s in sententias. et cen
»uras incidisse delai-ati fuerint. jn-a^terquam si intra })raMiic-
t.um mensem obligationi sua' sutisfeeefint. Quod si intj-a,
pra'fijaitum spatium judicio Confessaiii satisfacere noi*
potuoi'int. i_ SOS absolvi posse concedimus ad eflcotum dum-
•23C MANDEMENTS, LE'ITRES PASTORALES,
taxât nssequcndi Indulgentias hujns Jiibilaei, injuncta
obli^atione satisfaciendi statim ac potueriiit.
Hue concediniuf;, et ijtdiilgenms, non obstantibns Consti-
tiitionibiis. et Ordination bus Apostolicis quibuscumque
în eontrarinni faeientil)us. qiiibus omnibus, et singnlis,
otiamsi de illis, eorum totis tenoribns s])eeialis, specitica, ex-
pressa, et individna, ac de verbo ad verbum, non autem
per clansTiIas générales idem impoi-tantes mentio, seu qua'-
vis alia exqni.sita fonnam ad hoc servenda foret, illorum te-
nores ju'o s^nfiicienter cxpressis, ac fbrmam in cis traditam
pi'o servata habonten, bac vice specialiler, nominatim et ex-
presse ad effectum iira^missoi-um derogamus, coeterisque
contraiiis qiiibnscumque.
i)enique pi'aecipuae [Xostrao in Vos bcnevolentiae testem
Apostolicam Benedictionem Yobis ipsis, Venerabiles Fra-
tres. omnibusqno Clei"icis. Laicisque tidelilms curae vestrae
commissis pcramanter impertimur.
Datum Eomae apud S. Petrum die XXI Novembris Anno
MIXX"Ci;i Pontificatus Xottri Anno Sexto.
Plus PP. IX.
LETTPE PASTOEALE DE MGR. L'EVEQUE DE
MONTREAL. AU SUJET DU GRAND INCEN-
DIE DU 8 JUILLET 1852. .
IGNACE BOURGET, par la miséricorde de J)ieu et la
grâce du St. Siège Apostolique, Evèqiie de Montréal, etc.,
-etc., etc.
Au Clergé Séculier et BéguUer, avx Connu tinautés Relujieuses
•et à tovs les Fi de les de Monfréal, >Snhit et fiénédiclion en N.
S. J.r.
A la triste nouvelle du terrible incendie, qui est encore
fumant, nous avons tout quitté, N. T. C. F., pour venir raè-
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS M?
1er nos larmes aux vôtres, et nous consoler mutuellement
de nos pertes communes. Hélas! est-il une douleur sem-
blable à la nôtre ! Si donc le ministère pastoral eût jamais
un devoir impérieux à remplir, n'est-ce pas celui de la con-
solation, dans une aussi épouvantable calamité?
En arrivant ici, on Nous a appris qu'il y a eu, au milieu
de cet inexplicable embrasement, beaucoup d'actes héroï-
ques de dévouement et de résignation. Xous non avons
pas été surpris, car Xous connaissions la vivacité de votre
foi. Il convient tontefoi.s que nous les renouvellions en-
ensemble CCS actes que la vraie religion commande, et du
meilleur cieur possible, aujourd'hui que, revenus du ])remier
saisissement, nous nous trouvons réunis aux pieds des .>aints
autels. Notre ])lume ne fait, pour ainsi diie, que transcrire
ici ce que le senti nient a déjà gravé dans vos Cd-urs. ])our
en faire une pi-ofession publique et solennelle.
La main de Dieu s'est donc appesantie sur nous tous, qui
avons été dcvoiés par les flammes, et sur toute la ville,
qu'un sinitre si déj)lorable a jetée dans une consternation
impossible à décrire. Eh bien ! commençons par dire avec
les frères de Jose])h : yoiisle luéritona bien, meri.to Iki'c pati-
mur. ^Vvouons même que nous en aui-ions mérité bien da-
vantage. Mais la main qui nous a frappés a été dirigée
par un cœur paternel, le ca'ur de notre Dieu, qui est le plus
tendic, le mcilleui- de tous les pères. Misericordid' Domini.
quia non 6umm consuinpfi.
Assis tristement sur nos décombres, disons de plus, avec
le St. homme Joh : '• Le Seigneur nous avait tout donné. ■ le
Seigneur 7iovs a tout oté. Que son saint Nom soit béni.*' Qu'al-
lons-nous devenir ? Nous n'en savons rien. Comment sub-
venir à tant et à de si gi-anJes misère> ? C'est ce qui sur-
passe tout calcul humain. Tout ce que nous savons, c'est
que c'est Dieu qui a souillé, du soufHe de sa solôre,^ce feu
que la main de l'homme n'a pu maîtriser. Cela nous i?ufiit.
Il a choisi pour l'allumer, ce feu dévorant, le moment oii
nos réservoirs d'eau étaient il sec. Il a lui-même tracé à
ce fcn. devenu en quelque .soi'te intelligent, sa route, pour
23S MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
■qu'il épargnât ceux qu'il voulait épargner, et qu'ii ruinât
ceux qu'il voulait ruiner. En tout cela, il est alorable.
Puisque c'e.st J)ieu qui Ta ainsi voulu, pourquoi ne 1«
Toudrions-nous pas ? Oh ! oui. Seigneur, nous le voulons,
et de tout notre cœur. X'ètes vous pas le maître absolu
de toutes choses ? Vous avez coin mandé au feu de nous
consumer, et il a obéi : maintenant, vous nous commandez
la soumission à ce décret rigoureux; nous sommes à vos
pieds, et nous baisons avec amour votre divine main, qui
a déchargé sur nous un coup si terrible. Loin de nous \»
plus léger murmure. Nos lèvres ne s'ouvriront que pour
A'ous bénir. Nos cti'urs sont affligés ; mais ils sont calmes
«t résignés. O sainte résignation, vous faites aujourd'hui
notre unique bien !
-Maintenant que. pour la plupart, nous sommes sans res-
sources humaines, nous n'avons j^lus à compter que sur le
secours du ciel, lîelevons donc notre courage, en nou.s
remplissant d'une juste confiance. Celui qui nous a frap-
pés, peut nous guérir ; celui qui nous a tout été, peut nous
le rendre au centuple. Celui qui a fait do rien le ciel et la
terre, peut bien nous biîtir quelques petites maisons, pourj
Achever les tristes jours de notre exil. Oh ! oui, N. T. C.
F., celui qui a soufflé le feu de sa colère, pour renver.ser de
fond en comble nos édifices, peut bien souffler maintenant
le feu de sa charité, pour les relever. ^Toms espéroyis donc
y/i rouH, Seigneur, et nous ne serons pas confondus.
Nous avons grand besoin que la compassion publique
s'attendrisse sur nos maux; ils sont si grands! Tâchons
de la mériter. D'abord, soyons nous-mêmes compatissants,
lîendons-nous de mutuels services, chacun fîiisant selon ses
moyens et sa capacité. Que le malheur nous rende plus
charitables, et ne fasse de nous tous qu'un c^eur et qu'une
âme. Aimons-nous tous dans les sacrés cicurs de Jésus et
de -Mai'i-e. Là il ne saurait y avoir de ca'urs insensibles,
encore moins de ces cœurs inhumains. Loin de nous ces
hommes barbares qui profitent des grandes calamités pour
s'engraisser de la substance des pauvres. Un seul de ce»
I
CIRCULAIHKS ET AUTRES DOCUMENTS •2.!»
Sommes sans cœur serait une ]Wur grande calamité qu»
l'incendie qui, dans lespace d'un mois, a consumé trois
grands quartiet's de notre cité.
<.j|ue les charetiers donc ne profitent pas de la détresse d«
tant de familles qui sont sans abri, pour exiger un prix
immodéi-é. Autrement, ils attireraient sur eux et leurs fa-
milles de terribles anathènies. (,|ue ceux qui ont des mai-
sons à louer s'en tiennent à des conditions justes et raison-
nables, s'ils veulent ne pas mériter d -■ subir quelque jour le
même sort. - Que ceux qui ont des effets appartenant à
autrui fassent toute diligence pour en retrouver les maîtres.
Car le bien du prochain, celui des pauvres surtout, crie
vengeance vers le ciel, quand oti le retient, t^iie les forts
aident les faibles ; que ceux qui sont en santé soignent les
malades; que eeux qui en ont le temps aillent consoler
tant de ]jauvi'cs familles, qui vivent sous la tente, expo.'-ées à
à ces épouvantables orages qui aclièvent de répandre par-
mi nous la terreur et la consternation.
Surtout évitons. X. T. C. F., les excès qui déjà nous ont
coûté si cher. On a bien des fois remarqué que les grands
incendies sont la cause d'une grande démoralisation. Or,
c'est là tout ce qui aujourd'hui fait toute notre peine. Noun
avons tout perdu, comme vous le savez: mais tout cela ne
«era vien pour nous, si n®tre ville épiscopale. loin de se dé-
moraliser, n'en devient que meilleure; si on n'y entend
plus de blasphèmes, si on n'y voit plus d'excès de boisson,
h\ la vanité n'y étend plus son luxe ; si le serment y est rcs
pecté ; s'il ne s'y commet plus de fraudes ni d'injustice» ;
s'il n'}'' a plus de ces maisons scandaleuses, qui à elles seu-
les pourraien; faire tomber tout le feu du ciel. Entassés
comme vous lètes pour la plupai-tdans de petites maisons,
vous êtes, X. T. C: F., exposés à un pêle-mêle bien dange-
reux pour les mœurs. Veillez donc soigneusement pour
que le scandale n'arrive point jusqu'à vous. Pères* et mè-
re» chrétiens, qui mettez toute votre gloire à avoir des en-
fants purs et chastes, fjiites bonne garde auprès de ces cher«
<;t tendres enfants.
249 MANDKMliNTS, LETTRES PAsT(jRALES,
Anges gardiens de la ville, tenez-vous en sentinelle sur-
les places publiques, dans les rues, dans les maisons, par-
tout où il y a des cœurs innocents à pi'éserver de la conta-
gion du vice : dejmdite aosui prœUo. Saints et Saintes du
Paradis, entendez nos soupirs. Ah ! sanctitiez ces lieux
dont la garde vous a été confiée : loca mnctificate. Bénis-
sez ce peuple qui vous invoque avec confiance, dans les
maux qui l'accablent : ]t/.ebein benedlcite. Veillez sur nous
tous, pauvres pécheurs, et faites nous vivre en paix, au mi-
lieu des tentatives de nouveaux ince; dies et des menacer
les plus alarmantes ; homùies peccafores inpaee eustodite.
Bon St. .Jacques, vous n'avez plus de temple pour enten-
dre nos soupirs ; mais vous avez un peujjle qui vous aime,
et qui vous prouve son attachement, en allant prier sur vos
ruines.
Et vous. Divine Marie, vous n'avez plus d'autel au pied
duquel puissent s'agenouiller vos dévots serviteurs, hono-
rer votre trèii-saint et. immacidé cœur. On n'entend plus le
cri de confiance qui si souvent s'échappa de vos enfants re-
pentants : Marie rcfuije des jjécheurs, priez pour nous.. La
Ste. Image, qui fut l'instrument de vos bontés maternelles
et qui reçut tant d'hommages, ne brille plus à la place
d'honneur que vous vous étiez choisie. Ilélas ! elle est tou-
te mutilée et couverte de bouc. Elle est encore toutefois
l'objet de notre plus tendre vénéi-ation. Il nous semble n'a-
voir rien perdu, puisque nous possédons, dans nos apparte-
ments, cette vénérable Image, qui est pour nous le mémo-
rial des insignes fawcurs que vous ne cessez de réj^andre
sur le troupeau comme sur le Pasteur. O ^iarie, bonne et
tendre Mùro de ce Diocèse, préservez-nous des désordres
qu'ont coutume d'entraîner les grands incendies: mala ito$.-
tra pelle. Demandez \)o\xv nous la grâce de jirotifer de cette
terrible calamité, alin de ne point aller brûler dans les feux
de l'enfer, aprùs avoir passé par ces feux «le ia terre. Oh-
tene/i à votre ville la giâce d'être meiileuir : Av/u? cvra'ta
posée.
Sera la présente Letttre Pastorale lue .-luiourd'hui au
CmCULA.IRES ET AUTRES DOCUMENTS 241
Prône de toutes les Eglises de la ville, dans lesquelles se
fait l'office publie, et en chapitre dans toutes les Commu-
nautés, le premier jour après sa réception.
Donné à l'IIospice de St. Joseph, sous notreseing et sceau
et le contreseing de notre secrétaire, le onze juillet, mil
Luit cent cinquante-deux.
Place t du sceau.
t Ig. Ev. de MONTEEAL,
Par Monseigneur,
J. O. Pare, Chan.,
Secrétaire.
\
CIP.CULAIJÎIO AU CLEJî(rÉ.
Montréal, juillet 1852.
Momieur,
Veuillez bien relire au Prône, et commenter, au besoin,
la partie de la Lettre Pastorale du 18 décembre dernier, qui
regarde la charité. Ajoutez y ce qtii suit :
" Pour en venir à la pratique, Mgr. Evêque de Montréal
vous invite aujourd'hui à contribuer à quelqu'une de ces
œuvres qui intéressent vivement toute la paroisse, et qui
doivent néanmoins demeurer secrètes ; car, il s'agit de
personnes appartenant à cette Paroisse, à qui les asiles de
la ville ont porté secours. Le.s besoins de tout le diocèse
sont à sa connaissance, et se font sentir à sou cœur. Mal-
heureusement il ne peut y remédier tout seul. Il s'en console
dans la pensée qu'il y a partout des cœurs généi-eu.x: et
compatissants, qui sont toujours prêts à lui venir en aide,
pour le soulagement de toutes sortes de misères. Le moyen
pour cela est tout simple. La quête se fera, dans ci tte
église, les dimanches et fêtes, jusqu'à ce que l'on ait collecté
francs, qui est la somme déterminée, jDour les (cuvres
de cette jjaroisse, qui se trouvent à la charge de 8a Gran-
deur dans les divers établissements pauvres de la ville.
16
242 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Tous les lundis, la messe se dit à l'Eglise Cathédrale pour
tous ceux qui contribuent aux œuvres de charité. Tous les
jours, on prie dans ces saintes communautés, pour les bien-
faiteurs. Ce sont là de ces secours spirituels que les bons
chrétiens aiment à se procurer. Car ils savent que les
prières des pauvres sont toutes puissantes, et ils sentent
qu'ils en ont un grand besoin, pour couvrir la multitude de
leurs péchés. En toute ■< choses le bon exemple est un puis-
sant encouragement. Ici nous pourrions citer l'exemple de
plusieurs paroisses qui font, par leur union, des choses
admirables, pour le soulagement de toutes sortes de misères.
A Montréal, les Irlandais ont senti le besoin d'avoir à eux
un hôpital pour leurs malades. Depuis novembre dernier,
voilà plus de £400 qu'ils fournissent pour cette œuvre de
charité ; et depuis trois ans, il y a bien £4000 qu'ils sous-
crivent par leui's différentes œuvres de charité. Il y aura
])ien le même empressement chez les canadiens en faveur de
tant de misères qui se font sentir dans les camjîagnes
comme à la ville."
Veuillez bien faire tenir au Secrétariat le montant ci-
dessus mentionné, et me croire bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
j Ig. Ev. de Montréal.
( Vraie copie)
CIECULAIEE AU CLERGE DU DIOCESE
DE MONTREAL.
Hospice de St. Joseph, le 6 août 1852.
Monsieur,
La Retraite Pastorale commencera, cette année, le 26 do
ce mois, après la prière du soir, et se terminera le 3 Septem-
bre matin. Le 2(3 Août, vers trois heures de l'après-midi,
I
CIRCULArRES ET AUTRES DOCUMENTS 243
OU tiendra, au Petit Séminaire de cette ville, le Bureau de
la Caisse Ecclésiastique. Je donne aux gardiens, outre les
pouvoirs de desservants, eelui de biner le Dimanche.
Les Curés s'entendront ensemble, pour faire garder deux
ou trois Cures par im même Vicaire, Eeligieux ou Prêtre de
Séminaire ou Collège, afin de pouvoir assister en aussi grand
nombre que j)ossible à cette Retraite. Car elle remplacera
le Sj'node, qui ne peut avoir lieu à cause de Tincendie.
Le motif d'appaiser le ciel dans ce temps de calamité, et
de préparer les voies au Jubilé qui nous arrive, est plus
que suffisant j^our nous animer tous d'un ardent désir de
faire une bonne et sainte retraite.
Je fais c©ncourir l'ouverture de la Retraite avec la tenue
d'une assemblée générale de la Société de Tempérance, qui
sera annoncée sur l-dMineroe du 0 Août, pour le 26 courant,
pour que vous ])uissiez l'encourager de votre présence.
Cette bienfaisante Société a besoin, dans un temps où ses
ennemis l'attaquent de tous côtés, et avec fureur, de prou-
ver au monde qu'elle est plus vivante. qiie jamais. Tel est
le principal objet que l'on a en vue en lui fesant faire une
démonstration solennelle qui puisse remonter le courage de
ses membres, en leur donnant l'occasion de se voir et de
s'entendre.
Pour cela, il faudrait que, 'dans chaque paroisse, on tînt
une assemblée générale, dans laquelle on pourrait lo adop-
ter les résolutions insérées dans la Minerve du 3 courant
(No. 119) ; 2o former un conseil de tempérance, d'après les
règles dont on vous a envoyé copie l'hiver dernier ; 3o
nommer des députés pour représenter la paroisse dans
l'assemblée générale du 2(J, etc., etc., etc.
Dans cette assemblée, il sera question d'aviser aux meil-
leurs moyens de maintenir une société qui seule peut assu-
rer la prospérité de notre pays. On j discutera les amende-
ments à faire au Bill des licences, et Ton proposera surtout
d'encourager les magasins et les maisons (Je pension, dans
lesquelles on ne débite point de boissons enivrantes. Vous
connaissez comme moi que si nos bonnes gens pouvaient
244 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
s'exempter, surtout quand ils viennent à la ville, de se
retirer dans des auberges, il n'y aurait pas tant à craindre
pour leur persévérance.
Aussi faut-il, dans l'assemblée de paroisse ([lû se tiendra
avant l'assemblrT*- de la ville, insister sur la 4e résolution,
proposée par Mr, Benoit, et faire comprendre aux gens que
tous ceux qui aiment la tempérance •' doivent s'engager à
"ne foire leurs aft'aires que chez les marchands qui ne ven-
*' dront aucunes liqueurs enivrantes ; et à ne s'héberger que
" dans des maisons qui leur seront recommandées comme
" des maisons de pension respectables, et dans lesquelles ils
" ne seront jamais exposés à manquer à leur tempérance,
" parce que Ion n'y A'endra jamais aucunes boissons
" enivrantes.'
Les Pé^îutés de chaque Pai'oisse devraient être munis du
pouvoir de souscrire, au nom de leur Paroisse, à toutes les
résolutions de l'assemblée générale. Ils devraient apporter
la liste de tous les noms des membres de la Tempérance de
leur Paroisse, pour' qu'ils soient apposés au bas de la
Pequête à la Législature, pour demander des amendements
au Bill des auberges. Il faudrait qu'ils pussent présenter
une liste des marchands et des maîtres d'Hôtel qui s'enga-
gent à ne jamais vendi-e ni débuter auciuie boisson enivrante.
Je crois pouvoir assurer d'avance que la ville ne tirera pas,
sous ce rapport, en arrière ; et que l'on exhibera à l'assem-
blée une liste respectable de marchands et maîtres de
Maisons àe Pension, qui prendront courageusement l'enga-
gement en question. Si les campagnes en font autant, on
peut espérer que le point le plus dilticile sera gagné. Alors,
l'on viendra à la ville sans danger, parce qu'ici comme siir
la route, on poui'ra se loger dans de bonnes maisons. Il
serait à propos que les députés fussent munis de documents
certains, pour pouvoir prouver au besoin qu'il y a eu mal-
versation chez certains officiers du gouvernement, qui ont
refusé de faire leur devoir, par rapport au fonctionnement
du Bill des auberges. Le projet d'amendements, qui se
trouve sur le Xo. 122 de La Minerve, devrait être examiné
âm
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 243
d'avance par vous et ceux qui pourraient offi-ir de bonnes
sucfgestions, afin que les Députés fussent en état d'exposer
les besoins de leur localité.
Je termine en vous demandant deux grâces. La ])remière
pei'ait de dire à mon intention vingt messes, pour acquitter
celles dont les rétributions étaient dans le dépôt de l'Evè-
ché. qui a été consuiiié i>av les flammes. La seconde serait
de ne pas vous loger à l'Hôtel quand vous venez à la ville.
Le Séminaire se fait un bonheur, comme vous savez, d'exer-
cer l'hospitalité du pays : et un petit bâtiment ajouté a
l'hospice de St. Joseph me permettra d'offrir un certain
nombre de places à ceux que leurs affaires retiendront
auprès de moi. Croyez que je serais aussi sensible de vous
voir aller à l'Hôtel, que vous le seriez vous-même, si un de
vos confrères n'allait pas descendre au Presbytère, comme
cela s'est toujours heureusement fait dans notre j^aj's.
L'incendie m'a empêché de vous adresser une petite
notice sur M. Moi-in. que nous avons perdu, pour ainsi dire,
au milieu d'un toui'billon de flamme. Mais je la donnerai
jjlus tard, parce que j'ai intention de vous faire connaître,
autant que je le pourrai, le Clergé du Diocèse. En enten-
dant nous prierons pour ce cher confrère, connue aussi il
priera jjour nous.
Je suis bien cordialement.
Monsieur,
Yotre très humble et très obéissant serviteur.
t IG. EYEQUE DE MOXTKEAL.
■( Vraie Copie.) J. 0. Pare. Chan. Secrétaire.
^46 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
CIECULAIKE AU CLEEGE DU DIOCESE
DE MONTEEAL.
Hospice de 8t. Joseph, le 3 Septembre 1852..
Monsieur,
Au sortir de noti'c retraite, imitons par nos (lis])08itions,.
comme par notre nombre, nos pères au sortir du Cénacle,
c'est-à-dire, soyons cent-vingt à montrer les merveilles de la
grâce de Dieu, par tous les moj'ens en notre poiivoir.
L'esprit intérieur que nous }' avons renouvelé, nous a
préparés et fait participer à Tesprit d'administration, qui
est l'esprit de Xotre Seigneur, répandu dans les Synodes,
pom* le bon gouvernement du peuple. Ce Bon Esprit, que
notre Père Céleste ne refuse jamais à ceux qui le lui
demandent humblement, va faire plus que jamais de nous
tous, cor uaum et anima una. Nos sessions, quasi Synodales,
nous ont fait toucher du doigt le bonheur, comme la
nécessité, de l'uniformité dans la direction des âmes.
Pour en venir tout de suite à la pratique, je vous trans-
mets, dans la présente, les décisions et les avis, qui ont été la
matière de nos entretiens, pendant ces jours de gi'ande
bénédiction ; et le Jubile qui nous arrive, va nous donner
occasion d'en faire uage sans délai.
D'abord les décisions. Nous nous attacherons plus que
jamais aux jjrincipes de la Praxis Confessarii de St. Alphonse
de Liguori, notre guide ordinaire dans les routes de la
Théologie. Xous y trouvons toute la substance de la morale
la plus sanctifiante. C'est un saint qui la professe, après
l'avoir pratiquée pendant soixante ans de ministère. Nous
ne nous écarterons pas des règles données dans la circulaire
du 16 février 1843, par rapports aux bals, fréquentations de
jeunes gens, veillée*, promenades seul à seul.
Nous ne souffrirons jDas que des garçons tiennent des
écoles de filles. Elles sont de soi dangereuses et immorales^
i
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 24^
Les commissaires, maîtres, pères et iiiùres, qui refuseraient
de se conformer à cette règle, ne doivent pas être absouH.
Cela est difficile ; mais Dieu nous aidera.
Voici quelle sera notre conduite par rapport aux auberges.
lo. Par tous moyens possibles, encourageons l'établisse-
ment de vraies maisons ^f'' tempérance, afin d'ôter au peuple
toute occasion de rechute, et tout prétexte d'aller à l'au-
berge, soit en ville, soit ailleurs. A cette fin, faisons,
pendant le Jubilé, de grandes assemblées de tempérance,
et que chacun s'3' engage à ne faire d'atï'aires que chez les
marchands, et à ne se loger en voyage que chez les hôteliers,
qui ne débiteront aucunes boissons enivrantes. Veuillez
bien passer le plustôt possible à ilr. EomuaUl Trudeau,
Président du Comité Central de Tempérance, les noms de
ceux qui dans votre paroisse, se seront engagés à tenir des
maisons de pension ^ur un bon pied, et que l'on peut
recommander comme très-dignes de la confiance publique.
Tout est gagné, si nous gagnons ce point.
2o. Les auberges non licenciées étant contre la loi, et
oommunément des maisons de desordre, ceu.x qui les
tiennent ne doivent pas ètx'e absous.
3o. Ceux qui les fréquentent habituellement, contribuant
efficacement à soutenir des maisons si dangereuses pour les
mœurs publiques, ne pourront non plus être absous, que
lorsqu'ils y auront renoncé.
4o. Les aubergistes licenciés ne peuvent èti-c absous, s'ils
vendent le dimanche, enivrent le inonde, souffrent des
blasphèmes, mauvaises paroles, jeux défendus, etc., etc. En
les interrogeant strictement, ou en s'informant soigneuse-
ment do ce qui se passe chez eux, on les ti-ouvera presque
toujours en défaut.
5o. Pareillement, si Ion examine bien ceux qui vont par
plaisirs aux auberges, on trouvera presque toujoui-s qu'ils se
rendexit coupables de quelques-uns de ces défauts, et qu'ils
sont par conséquent indignes de l'absolution.
(>o. On peut, et il est bon quelquefois de retarder l'abso-
lution, surtout aux membres do la tempérance, quand
248 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pouvant se loger dans (les maisons de tempérance, ils
jiréférent se retirer dans des auberges. Car, il est toujours
à craindre qu'il n'}' ait danger pour eux, et scandale pour
les autres.
Maintenant quelques directions, propres à faire régner
partout la sainte uniformité.
lo. S'entendre, dans les conférences de cantons, pour
déraciner les abus signalés dans la circulaire du Jubilé.
2o. Suivre la direction de St. Alphonse, pour l'absolution
des enfants qui n'ont pas communié, après comme pendant
le Jubilé.
3o. Veiller sur les familles pauvres, pour qu'elles ne
viennent pas î\ la ville, au risque de s'y démoraliser.
4o. lîecommander aux filles qui cliei'client du service de
ne pas venir à la ville sans lettre de votre part, afin que
vous puissiez les adresser aux Sœurs de la Providence, qui
s'emploient pour les placer convenablement.
5o. Encouragez les cinq Associations Diocésaines, pour
qu'elles soient comme cinq fleuves de grâces, pour tout le
Diocèse.
60. Expliquer et- faire circuler le traité de controverse de
Mr. le Curé de St. Jean, pour fortifier la foi aftaiblie de nos
catholiques. Il serait à désirer qu'il y eût un exemplaire
de cet ouvrage dans chaque famille.
7o. Suivre le Ré(jlement Ju Jubilé.
lo. Le Directeiu' sera Supérieur des Prêtres Collabora-
teurs, qui lui obéiront en toute simplicité.
2o. Il y aura en commun, chaque jour, à heures fixes, une
demi-heure d'oraison, la prière du soir et une conférence.
3o. Pour les fidèles, il y aura, aux heures les plus commo-
des, la prière du matin, suivie d'une méditation, deux
instructions, un examen de conscience, le chapelet et le
salut«du S. Sacrement. On leur recommandera beaucoup le
silence, et pour le leur faire observer, on les engagera à
faire le Chemin de la Croix, adorer le S. Sacrement, visiter
les chapelles et images de la B. Vierge, honorer le St.
Patron de la Paroisse, etc., etc. On leur enseignera quel-
i
CIRCULAIUES ET AUTRES DOCUMENTS 249
ques moyens de soocuper saintement chez eux. Le chant
des cantiques, de pieuses lectures, la répétition des instruc-
tions faites à l'Eijjlise peuvent leur ('tre suy:<4érés avec
avantage.
L. y S. t TG. Iilv. DE Montréal.
Par Monseigneur,
Jos. OcT. Paré. Chan. Sec.
LKTÏIîE PASTOEALE DE MONSEIGNEUR
TyEVE(K'J^^ 1>K MONTPtEAL
Sur l'érection du Diocèse de Saint Hyacinthe et la translation
de M<jr. J. C. Prince à ce nouveau siège Epi-scopal.
IGNACE B(>l'R(iET. PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU ET LA GRACE
DU SAINT SIÉ(iE APOSTOLIQrE, EVEQIE DE
M».»NTREAL, ETC. ETC. ET(\
Au Clergé, aux Communautés Religieuses, et à tous les Fidèles du
Nouveau Diocèse de Saint Hyacinthe. Salut et Béné-
diction en y. S. J. C.
Il a plu, X. T, C. F., à X. S. P. le Pape, à qui appartient
le soin de paître les brebis comme les agneaux du troupeau
de J. C, d'ériger un Siège E])iscopal à Saint Hyacinthe. La
Bulle d'érection, qui est du huit Juin dernier, détache du
Diocèse de Montréal toute la partie sud du Eichelieu, pour
en former le Nouveau Diocèse. Nous nous emprcsons de
vous faire part de cet arrangement, qui va, N. T. C. F., vous
faire passer sous une houlette plus vigilante, tout en allé-
geant notre fardeau, de beaucoup trop pesant jwur nos
faibles épaules ; aussi, la peine que Nous cause unejjai-eille
séparation est-elle adoucie par ia j en ée que des milliers
250 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
d'âmes auront plus de secours pour leur salut éternel. Car^
c'est uniquement pour l'amour de ces âmes, qui valent toiit
le sang d'un Dieu, que Nous sommes Pasteur.
Pour donner à ce nouveau Diocèse un Pasteur selon le
cœur de Dieu, le Souverain Pontife a, dans sa sollicitude
paternelle, fixé les yeux sur l'Illustrissime et Pévéren-
dissime Seigneur J. C. PRINCE, Evêque de Martyropolis,
dont la science, le zèle et la pmdence lui ont été connus,
par les éminentes qualités qui ont brillé chez ce digne
Evêque, pendant qu'il était Coadjuteur de Montréal. Il lui
a donc confié l'administration de cette Eglise naissante,
avec la pleine confiance que, mo3'ennant la grâce du Dieu
Tout-puissant, il la gouvernera avec bonheur, et que, sous
sa conduite, la Peligion fera de grands progrès.
Cette volonté suprême du Chef des Pasteurs Nous prive
de l'assistance de ce Frère dans l'Ej^seopat, avec lequel
Nous avions porté, pendant sept ans. le poids de la charge
patorale. L'union intime que le Dieu de paix avait répan-
due sur notre administration, et qui en avait de beaucoup
diminué la pesanteur, rend anj')urd'hui notre séparation
plus douloureuse. Nous nous en consolons toutefois par Ja
pensée que vous allez avoir pour premier Evêque un homme
de Dieu, déjà rompu aux affaires et tout iiréparé à rencon-
trer les nombreuses difficultés que présentent nécessaire-
ment les nouveaxix établissements.
En imposant le Joug du Seigneur sur les épaules de votre
nouvel Evêque, le Vicaire de J. C. lui recommanda de le
recevoir avec une humble soumission, et de prendre un tel
soin de vos âmes que le Diocèse de Saint-Hyacinthe ait à
se réjouir de voir à sa tête un Prélat si habile et un Admi-
nistrateur si heureux dans son gouvernement ; en lui pro-
mettant la vie éternelle pour récompense de sa fidélité, il
lui donna avec effusion de cœur la Bénédiction Apostolique
qui, comme vous n'en doutez pas, est toujours pleine de
grâces.
Ainsi, N. T. C. P., l'Evêque qui vous arrive, vous est
envoyé par le Yicaii-e de J. C, avec tous les pouvoirs qui
, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 251
lui sont nécessaires pour le salut de vos âmes. C'est à ses
pieds qu'il s'est courbé pour recevoir le Joug du Seigneur ;
c'est de sa main qu'il tient les Lettres sacrées, qui voui>
assurent que sa mission est divine. Cette main vénérable
s'est souvent levée sur la tète de ce digne Pasteur ; aussi
son cœur est-il plein de grâces et de Ijénédictions. Il va
bientôt aller les répandre parmi vous, et sans doute. X. T.
C. F., que vous allez le recevoir comme un Ange du ciel,
comme un autre J. C. Qui vos recipit, me recipit. C'est
l'ordre que vous en donne celui qui exerce ici-bas tous ses
pouvoirs. Mandamus in uirtute sancfœ obedientùv.... ut te in.
Episeopiim.... reciplant. Il veut, ce religieux Pontife, que
tous les Fidèles du nouveau Diocèse soient tonjoi;rs prêts à
lui obéir, prœsto sint atqiie obetliant ; qu'ils suivent respec-
tueusement ses salutaires avis et se soumettent de bon cœur à
ses commandements : salufaria raonita et mandata reverenttr
suscipiant, sans quoi, ils s'exposeraient aux terribles châti-
ments que s'attirent inévitablement les rebelles Cj^ui mépri-
sent J. C. en méprisant ses miriistres : Qui vos spernit, me
spernit. Ainsi, loin de Xous toute pensée «j^ui ferait croire à
quelqu'insurbordination dans cette famille, qui va passer
sous les soins d'un si bon père.
Xous ne vous dirons pas adieu, X. T. C. F., sans vou.s
adresser quelques mots sur une autre obligation que vou.s
avez à remplir envers votre digne Evèque, savoir, celle de
l'aider dan? les établissements qu'il lui faudra faire, pour le
bien de la Religion, et, avant tout, dans la reconstruction de
l'Eglise qui doit lui servir de Cathédrale.
Ici Xous vous dirons, dans la simplicité de notre âme,
que Xous nous étions comme .senti lambitiou de tout prépa-
rer d'avance pour que ce Vénérable Confrère trouvât, en
mettant pied à terre dans .sa ville nai-ssante. un Siège Epis-
eopal tout dressé, pour s'}'- asseoir, après le long voyage
qu'il lui a fallu faire pour les intérêts généraux de cette Pro-
vince Ef.clésiastique ; une beile Eglise toute bâtie, pour y
officier ; un Palais convenable tout fini, pour .•î'y loger, et y
exercer une hospitalité toute Episcopale. Oportet Episco'
Toi MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
jrmn esse hospitalem. Mais, des circonstance.s imprévues ne
Xous ont pas permis d'accomplir tous nos vœux.
Toutefois Nous vous dirons encore ici, avec la même sim-
2)licité. ce que Xous avons pu exécuter de ce projet, aidé,
comme nous l'avons été. par le Clergé et les Fidèles de la
Ville Episcopale de St. Hyacinthe. Les Evèques de la Pro-
vince ayant jugé à propos de demander l'érection du Siège
en question, dans leur premier Concile, et ayant l'intime
conviction que X. 8. P. le Pape l'aurait pour agréable, Xous
avons de suite fait appel au. Clergé et aux Fidèles de la Ville
et Paroisse de St. Hyacinthe, pour l'établissement d'un
Evéché parmi eux. Ils ont répondu à cet appel, avec un
zèle digne de tout éloge, et qui, Nous vous l'avouons, a sur-
passé notre attente. Pour entrer dans nos vues, ils ont
consenti à céder l'Eglise et le Presbj^tère, avec toutes les
dépendances et propriétés de la Cure, pour être la dotation
du nouvel Evèclié. Ce n'est j^as tout. Ils se sont engagés
à paj-er, pour Fagi-andissement de ce Bénétice. six mille louis
de notre monnaie. Les procédures, pour rendre cet arran-
gement légal, ont été commencées, et sei'ont, Xous l'espé-
rons, bientôt terminées.
Voilà sans doute. X. T. C. F., un acte de sublime généro-
sité, qui fait assurément grand honneur aux Catholiques
qui vont entoui-er le nouveau Siège Episcopal ; et qui aura,
Xous le croyons, autant d'imitateurs que de Diocésains. Car
vous comprenez tous que cette somme, quelqu'élevée qu'elle
vous pai-aisse, est bien loin de sixffire à un pareil établisse-
ment. Il devient donc nécessaire d'inviter à y contribuer
tous ceux qui devront participer à ses avantages spirituels
et temporels. C'est ce que Xous faisons aujourd'hui, avec
d'autant plus de confiance que Xous connaissons la grandeur
de votre foi. Or, en répondant à cet appel, vous allez en
donner une nouvelle preuve. Car. vous le savez, on connaît
un peuple par son Temple, une Paroisse par son Eglise, un
Diocèse par sa Cathédrale. Qu'est-ce donc que la fondation
d'une Cathédrale ? Vous allez le comprendre par les obser-
vations qui suivent ; —
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 253
C'est une Œuvre fondamentale, parce qnil est que^tion de
l'établissement d'un Evêque. Car la Eeligion sans PJvêques, .
ou avec des Evèques sans ressoiu-ees pour faire le bien,
qu'est-elle, et que peut-elle être? C'est sur l'Episcopat en
etïet que viennent s'asseoir toutes les Institutions nécessai-
i-es à l'humanité. C'est autour de cette colonne que se
groupent toutes les œuvres de bientaisance publique et par-
ticulière. C'est le tronc qui pousse des In-anches vigoureuses,
sur lesquelles toutes les grandeurs du Catholicisme viennent
se reposer. C'est l'arbre de vie, planté au milieu du paradis
terrestre, et dont les fruits délicieux nourrissent les âmes
attamées. Il faut donc qu'il ait de puissants mo^'ens, pour
tout alimenter : une sève vigoureuse, pour tout vivifier ;
une force irrésistible, pour tout soutenir. Mais oùtrouvera-
t-il toutes ces ressources? Dans son peuple, qui lui rend le
double honneur de l'Evangile, pour les services qu'il en
reçoit.
C^est une Œuvre Catholique ; et en effet une Eglise Cathé.
dvale, bâtie pour tout un Diocèse, est une image vivante de
l'unité de notre foi. Les pierres de cet édifice matériel ne
sont que l'emblème des pierres précieuses de la Céleste
Jérusalem, cette cité éternelle que le Seigneur prépare à ses
bons serviteurs. Le ciment qui unit toutes ces pien-es, est
une belle figure de la charité, qui rend communs tous les
biens des enfants de l'Eglise. Quand on contemple à lîome
la magnifique Basilique de St. Pierre, on comprend ce que
c'est que l'unité Catholique. Car, ce fut avec les contribu-
tions de l'Univers Chrétien que les Souverains Pontifes
purent élever ce monument, qui est une preuve incontesta-
ble que la Eeligion*fut toujours l'amie des beaux arts, puis-
que cette Eglise qu'elle a bâtie aidée des mains de tous ses
enfants, est la plus belle merveille du monde.
D'un autre côté, toute Eglise Cathédrale est un trône de
grâce pour tout un Diocèse, parce que c'est un lieu de priè-
res pour les 1)esoins de tous. C'est là que tous les jours se
concentrent, dans le cœur du Pasteur, les nécessités du
troupeau. C'est en cet asile que se dirigent les vœux de
254 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
tout un peuple, qui soupire sous le fléau de la colère divine.
"C'est là que l'on entend chaque jour d'humbles supplica-
tions, pour le succès des entreprises qui tendent à la plus
grande gloii-e de Dieu et au salut des âmes. C'est là que la
Glorieuse Mère de Dieu est religieusement honorée, comme
la bonne et tendre Mère de tout le Diocèse. Ses yeux et son
cœur y sont continuellement ouverts sur tous les besoins de
ses chers enfants. C'est là que résident les Anges Tutélaires
et les Saints Protecteurs do tout le Diocèse. C'est là que
tous les amis du peujile chrétien implorent la divine miséri-
corde sur les Pasteurs chargés de sanctifier les lieux consa-
crés à leur honneur. L'Eglise Cathédrale est donc l'Eglise
du Diocèse, comme l'Eglise Paroissiale est l'Eglise de la
Paroisse. Il s'en suit donc qu'il n'est pas un bon Diocésain
qui puisse rester étranger à la beauté de son Eglise Diocé-
saine, comme il n'est pas un bon Paroissien qui ne veuille
contribuer à la décoration de son Eglise Paroissiale. D'ail-
leurs, quelle consolation pour vous, lorsque vos afï'aii'es vous
conduiront dans la Yille Episcopale, de pouvoir aller en
recommander le succès dans son Eglise que vous aurez aidé
à construire ! Quelles bénédictions jjour vos enfonts, quand
ils iront recueillir les grâces que vous leur aurez préparées
dans cette Maison de Dieu, ])ar vos généreux sacrifices!
C^est une Œuvre honorable. Nous sommes entourés de
frères séparés. Ils ont. comme il vous est facile de vous en
convaincre, un grand zèle pour bâtir de beaux temples, sur-
tout dans les villes. Yerriez-vous sans peine, X. T. C. F.,
Tos Eglises dans un état à humilier le Catholicisme ? Or,
parmi vos Eglises, que vous aimez à orner et décorer, la
Cathédrale ne doit-elle pas être la plu^ majestueu.se ? Car
enfin, c'est l'Eglise-Mère de toutes les EglLses du Diocèse.
Tout doit indiquer à l'œil, comme au cœui', son excellence
et sa suprématie. Mais jjour cela votre Evêque a besoin de
vous ; sans doute que vous ne lui ferez pas défaut.
C'est une Œucre nécessaire. Le Catholicisme a et doit
avoir ses démonstrations religieuses, pour imprimer le res-
pect qui lui est dû. Il lui faut déployer ses jîompeuses
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 255
oérémonies, i)Oiii- ranimer la piété. Il doit célébrer ses fêtes
augustes, pour retremper les âmes dans la foi de ses mystè-
res, et dans lamoiir de ses pratiques. Il est clair que c'est
l'Eglise Cathédrale qui doit être le théâtre de ses magnifi-
ques scènes religieuses. Par conséquent, elle doit être assez
vaste pour contenir les foules saintement avides de ces
touchants spectacles. Elle doit aussi être assez ornée, pour
frapper les sens et les oiivrir aux délicieuses jouissances de
la Eeligion. Qui ne voit ici la nécessité d'un grand et
magnifique local, pour la Eeligion d'un peuple qui, dans
ces grandes solennités, se presse aux pieds de son Evêque,
2)0ur lui demander la bénédiction du ciel ! C'est donc pour
vous, et pour satisfaire à vos besoins religieux, qu'aujour-
d'hui Nous vous tendons la main.
C'est une Œuvre facik. Pour opérer cette (cuvre fonda-
mentale. Catholique^ honorable, nécessaire, telle qu'est celle
que Nous recomnuindons à votre piété, serait-ce trop que de
demander de chaque famille du nouveau Diocèse, l'une por-
tant l'autre, une piastre par année, pendant quatre ans. Ou
bien, supposant que chaque famille com2)te six membres,
serait-ce trop que de demander vingt sous par tète, afin que
tous aient la douce consolation de contribuer à cotte gi*ande
œuvre ! Quel est celui qui ne puisse fournir chaque année,
une économie de vingt sous, pour avoir le bonheur de s'as-
.socier à des milliers de cœurs nobles et généreux. Conve-
nez donc qu'une piastre par année, pendant quatre ans,
pour faire une offrande d'un louis par famille, est nne œuvre
facile. Oh ! N. T. C. F., vous avez donc toutes sortes de
raisons de contribuer à cette belle et grande œuvre, qui vous
est proposée, celle d'aider votre Evèque à s'établir parmi
vous, pour être capable ensuite de vous comliler des grâces
à son saint ministère.
Et que dira dans tous les siècles cette Eglise que vous allez
élever à la gloire de Dieu et à l'honneur de sa sainte Eeli-
gion ? Elle dira que, dans votre nouveau Diocèse, on sut
faire de grandes choses avec de petits moyens, parce que
l'on ne faisait qu'un cœur et qu'une âme. Elle redira à la
256 MAXDK.MENTS, LETTRES PxVStORALES,
postérité la plus i-eculéc (|ue, par amour pour la iîeliiîion, et
zôle pour la Patrie, on a élevé ce beau monument. Elle
prouvera aux nombreux voyageurs, cpii visitent chaque
jour la jeune et florissante Cité de Saint-Hyacinthe, que le
peuple Canadien n'est pas en arrière des siècles de foi où les
masses élevaient, avec enthousiasme, ces magnitiques Egli-
ses gothiques que l'impiété du dernier siècle a respectées.
Et aujourd'hui, il faut les richesses des gouvernements, pour
restaurer ce que la foi du peuple avait autrefois bâti. Déjà
la Eeligion vous a doté d'un magnitique Séminaire, d'un
beau Couvent, d'un intéressant Hôpital ; dotez-là, à votre
tour, d'une magnifique Cathédrale, d'un beau Palais, de
quelque int^'res^•ante Institution d'éducation primaire pour
vos garçons.
11 vous doit paraître surprenant que dans un temps
comme celui-ci, où l'on ne cesse de crier contre le Cleri::é,
Nous vous faisions un semblable appel. Ah ! c'est que
Nous sommes intimement convaincu qiie vous fermez les
oreilles à de si injustes criailleries. Car, nous savons qu'un
peiTple de foi n'oubliera jamais ce qu'il doit à l'Eglise, sa
mère, et au Clergé, son père. Et n'est-il pas visible qu'il
n'y a que ceux qui n'aiment pas Dieu qui ti-ouvent ses tem-
ples trop beaux !
Enfin, pour terminer, Xous devons vous taire remarquer
qu'il y a plus de douze ans que Nous sommes votre Pas-
teur. Si, pour les services que Nous avons pu vous rendre
pendant ce temps. Nous avons, à votre estime, gagné quel-
que chose, Nous vous prions de le payer au digne Evèque
qui Nous remplace, et qui très-certainement vous en i-endra
de bien plus grands, promettant de i'egai'<ler comme tait à
Nous-même ce que vous voiulrez bien faii-e pour lui.
Nous nous l'eposons sur vous tous, N. T. C. F., du soin do
reconnaître les importants services que Nous a rendu votre
Evèque, pendant qu'il étai^ avec Nous. Oh ! tout ce temps
il s'est contenté de la vie et de l'habit. Habenîes alimentum
et quibus feganiur h'S contetiti sianus, a-t-il pu dire, avec St.
Paul. Nous lui devions beaucoup plus ; et c'était notre des-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS ibj
sein de le prier d'accepter, en reconnaissance, la plus large
offrande que Nous aurions pu lui faire, quoique toujoui-s
bien au-dessous de ses mérites. Mais vous savez quels désas-
tres sont venus tondre sur nous ; et par quel malheur nous
avons été réduit, n'ayant plus où reposer la tète, à nous re-
tirer dans ime maison de charité. Si donc aujoui-d'hui. Nous
regrettons en quelque sorte d'être si pauvre, c'est parce que
Xons ne pouvons accomplir des vœux si justes. Mais vous
ferez au centuple pour ce bon Evèque, ce que Nous ne pou-
vons faix'e Nous-mème. De plus, en priant chaque jour poui'
votre Pasteur, priez aussi pour Nous qui l'avons été, afin
que le Souverain Pasteur nous pardonne nos nombreuses
négligences, dans le soin que Nous avons pris de vos âmes.
Nous allons maintenant Nous séparer ; mais non, N. T.
C. F., nous allons rester plus unis qne jamais. A la vérité,
des bornes ont été mises entre les champs du Père de famille
que nous allons cultiver, mais il n'y en a pas entre nos
cœurs. Oh ! oui : peuples, prêtres, évêques, nous allons tous
demeurer frères ; et cette véritable fraternité va nous rendre
tous invincibles dans le combat contre les vices. Mxc est
vera fraternitas, quœ vicit mundi crimina. Adieu donc, peuple
religieux, communautés ferventes, prêtres zélés, soyez tou-
jours, par la vivacité de votre foi, et la sainteté de vos
œuvres, la consolation de votre nouveau Pasteur, comme
toujours vous fûtes notre joie, et comme, il faut l'espérer de
la divine bonté, vous serez notre couronne, au grand jour
des récompenses. Hâtons-nous d'y arriver ; car alors nous
serons inséparablement unis. Beau Ciel ! Puissions-nous
voir bientôt tes splendeurs ! Terre de larmes ! Qu'ils sont
longs les jours d'exil qu'il nous faut parcourir en faisant le
triste voyage de la vie. Le CIEL! Bien-ai mes frères ; tei
est, en nous séparant, notre dernier rendez-vous. Ainsi,
mit-il.
Sera la Présente Lettre Pastorale lue au Prône de l'Eglise
Cathédrale, et de toutes les Eglises Pai-oissiales du nouveau.
Diocèse de Saint-Hyacinthe, ainsi qu'au Chapitre des Com-
munautés Eeligieuses, le premier Dimanche après sa récep-
17
258 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
tion ; et tel est le dernier acte de jurisdiction que ]!5^ous
exerçons dans cette partie de notre Diocèse, qni va former
celui de Saint-Hjacintlie.
Donné à Montréal, en l'Hospice de Saint-Joseph, le jour
du Glorieux Saint Michel, vingt-neuf Septembi*e. mil-huit-
cent-cinquante-deux, sous notre Seing et Sceau, et le Contre-
seing de notre Secrétaire.
f Kt. eveque de monteeal.
Par Monseigneur.
J. O. Paré,
Chanoine Secrétaire.
LETTPtE PASTOEALE DE MONSEIGNEUR
L'EVEQUE DE MONTRÉAL
Sur le grand incendie du 8 Juillet.
IGNACE BOURGET. PAR LA MISÉRICORDE I^ DIEU ET LA GRACE
DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE. ÉVÊQUE DE MONTRÉAL,
ETC., ETC., ETC.
Ah Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses
et à tous les Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur Jésus Christ.
Nous venons aujourd'hui, N. T. C. F., faire appel à votre
charité, en faveur des malheureux Incendiés de Montréal.
Nous réussi ons fait plustôt, comme tout Nous en devait
faire un devoir ; niais Nous avons été retenu par la pensée
qu'avant la moisson vous étiez pour la jDlupart tellement à
la gêne que vos bourses n'auraient pas pu se prêter à l'élan
de vos cœurs. D'ailleurs, Nous avons dû prévoir que la
plus grande misère se ferait sentir pendant l'hiver qui nous
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 259
arrive. Car, grâce à la charité publique, et aux contribu-
tions de plusieurs Paroisses de notre Diocèse et des Diocèses
voisins, l'été s'est pas^'é sans trop de souffrances. Il faut
aussi vous avouer que, depuis ce déj^lorable événement,
Xous avons été tellement surchargé d'affaires incessantes,
que Xous n'aurions pu, quand même Xous l'auiions voulu,
trouver un instant pour vous faire part de notre juste dou-
leur, et vous entretenir des maux que soufflent vos frères
de notreVille éijiscopale.
Enfin, après trois mois d'une agitation indicible. Nous
commençons à respirer ; mais hélas ! ce n'est que pour sentir
plus vivement notre cruelle position Toutefois, oubliant
encore nos pi-opi-es malheui's, Nous allons vous dire ceux
de nos chers enfants. En face de tant de décombres, Xous
nous rei^ortons, malgré iSous, au jour du huit et à la nuit
du neuf Juillet. Jour lugubre, qu'un épais nuage de fumée
a changé en la plus sombre des nuits! Triste nuit, que la
vive lueur d'un feu immense a rendue lumineuse comme le
plus clair des jours 1 Vous ne serez donc pas surpris, si Nous
parlons de ce grand incendie, comme s'il était encore fumant.
Ah ! c'est qu'il l'est encore véritablement, comme il appert
à ceux qui font les fouilles. Mais c'est surtout dans notre
cœur qu'il est et sera toujours fumant! Vous Nous pardon-
nerez, si Nous vous répétons ici ce que déjà vous avez vu et
entendu. C'est que pour Nous le triste événement qui s'est
déi'oulé sur notre ville, si justement chère à notre cœur,
pour y laisser tomber la plus terrible des calamités, est
toujours nouveau. Les lamentations de l'inconsolable Jéré-
mie vont se mêler tout natui-ellement à notre récit. Il y a
tant de ressemblance entre Jérusalem dévastée et Montréal
incendié ! Oh ! puisse l'onction de sa douleur couler dans
tous les cœurs !
Racontons d'abord le fait, tel qu'il s'est passé, mais en
suivant avec attention, de l'œil de la foi, la main providen-
tielle qui l'a conduit. Le huit Juillet, vers neuf heures du
matin, s'allumait au Faubourg 8t. Laurent, un feu qui, en
commençant, n'était rien, et que quelques sceaux d'eau
260 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
eussent aisément éteint. Mais, ô Justine Divine ! il n'y eu
avait pas ! Le réservoii' qui était au foyer de l'incendie, se
trouvait à sec. Autre circonstance malheureuse, mais éga-
lement ménagée par la Providence ! Le premier Magistrat,
dont l'autorité Municipale et l'activité bien connue eussent
été d'un secours si puissant, dans ce gi'and embrasement,
était alors absent. Ajoutez à cela qu'un soleil ardent avait,
depuis un mois, desséché toutes les matières inflammables
qui s'offraient à l'action irrésistible du feu, qu'un vent violent
rendait encore plus redoutable.
Tout était donc préparé pour qu'aucune force humaine
]ie pîit maîtriser l'élément destructeur qu'une main invisible-
conduisait évidemment. Confugit in irâfuroris sui omne cornu
Israël Aussi se déborda-t-il par torrents ; et allant avec
impétuosité de rue en rue, dévora-t-il, avec fureur, les édifices
([ui lui étaient désignés par une Puissance Supérieure.
Suceendit in Jacob quasi ignem flammœ devorantis in gyro. Les
quelques bâtisses qui apjDaraissaient, le lendemain de l'in-
cendie, çà et là, à travers nos tristes dénombres, montraient
clairement que Dieu était là, pour prescrire à cette mer de
feu, les bornes qu'il lui plaisait. IHœ usquè venies. Quoiqu'il
en soit, en peu d'heures, la moitié du grand et populeux
Faubourg St. Laurent succombait sous les flammes, et n'était
plus qu'un monceau de cendres brûlantes, et un amas de
ruines embrasées.
Le soleil, en se couchant, se plongeait ce jour-là dans un
océan de tristesse. Hélas! il laissait sous notre horizon,
des milliers de familles sans habits, sans pain, sans abri.
Aussi, n'entendait-on, sur tous les points de la cité, que des
soupirs et des sanglots, pendant qu'un nuage de fumée, en
se joignant aux ombres de la nuit, enveloppait la ville
entière d'un voile sombre et lugiibre. Plorans ploravit in
nocte.
Tous les citoyens étaient épuisés de ftxtigue, après le
travail d'une si pénible journée, et soupiraient après le repos
de la nuit qui devait, dans un même sommeil, ensevelir les
lassitudes de l'esprit comme celles du coi'ps. Mais, ô DieuT
i
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS iGl
votre justice n'était pas encore .satisfaite ; et cette nnit
devait être encore plus affreuse que le jour auquel elle
succédait. Car voilà que vers les neuf heures du soir, le
son alarmant des cloches, et des cris confus annoncent un
nouveau feu. Peut-être était-ce celui du jour, qui caché ou
mal éteint quelque part, se rallumait avec plus de fureur.
Quoiqu'il en soit, il était là aussi le souffle de la colère de
Dieu. Effudii quasi ignem indignationem. Il fut si grand
que la lueur en fut aperçue aux extrémités les plus éloignées
de notre diocèse. Il fit tant de ravages qu'il faut les voir,
pour s'en former une idée. Le faubourg Québec en fut cette
fois le théâtre.
Vous pourrez juger, N. T. C. F., des désastres de notre
ville, par le court aperçu qui suit. Plus de 1100 maisons
furent consumées ; plus de 9,000 personnes se trouvèrent
sans abri. Le montant des pertes s'évalue à £500,000.
Ajoutez à cette perte celles de l'incendie du six Juin précé-
dent, estimées à £200,000, et vous aurez quelque idée des
malheurs de Montréal. O ville infortunée ! tu peux bien
dire, avec Jérusalem, que tu ressembles à un champ mois-
sonné ! Quoniam vindemiavit me.
Ajouterons-Nous à ce récit le tableau de quelques-tines
des scènes déchirantes qui s'offrirent pendant ce grand
embrasement ? Des mourants étaient arrachés, avec préci-
pitation, aux flammes qui allaient les dévorer, et portés à
quelques arpents pour y mourir, sous de pauvres abris de
planches ! Des femmes tremblantes étaient tout-à-coup
saisies des douleurs de l'enfantement, et mettaient au monde
leurs enfants, en plein air, et dans des champs entourés de
feu! L"n grand nombre de citoyens accouraient pour défen-
dre leurs maisons, et ils ne trouvaient à la place que des
ruines ; d'honnêtes propriétaires voyaient de leurs yeux
brûler plusieurs jolies maisons, fruit de leur indu.strie et de
leur travail! Hélas! les flammes, en quelques heures^
dévoraient les épargnes de toute leur vie ! Vieux et infirmes
pour la plupart, ils ne peuvent plus se remettre à l'ouvrage.
Que vont-ils donc devenir? Mais pourquoi pousser si loin
262 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
des détails si affligeants ? Notre plume ne saurait les décrire,
et notre cœur serré de douleur ne se décharge que par de
continuels gémissements. Miilti enim gemitus mei; et cor
meum niœ?'ens.
Au milieu de tant de désastres, il était pourtant, N. T. C.
F., une chose qui soutenait puissamment le courage. C'était
la Foi ; mais une Foi vive, plus grande encore que le mal-
heur qu'elle soulageait. Car ])endant que de toutes parts,
dans les quartiers incendiés, les édifices s'écro liaient avec
fracas, ces paroles pleines d'une soumission aussi humble
que sublime s'élevaient vers le ciel : Nous l'avons bien
mérité.. . Dieu nous l'avait donné, Dieu nous Va été, que son
saint nom soit béni! Oh! il faut l'espérer, ils auront été
entendus du Père des Miséricoi'des ces sanglots de la péni-
tence, ces actes d'une si parfiiite résignation. Ils auront,
sans doute, réparé certains désordres, hélas ! trop grands,
occasionnés par l'ivrognerie, cette passion si justement
maudite de Dieu et des hommes. Car, il faut bien l'avouer
à notre honte, il y a eu, pendant l'incendie, d'affreux excès.
Mais ils ont été le fait d'un petit nombre, et commis par des
hommes sans cœur, et abrutis par la boisson. Oh! ivro-
gnerie, quand donc disparaîtras-tu des villes et des campa-
gnes, avec tous les crimes hideux que tu trames à ta suite !
Tes honteux excès, pendant le pins déplorable des incen-
dies, suffiraient pour te rendre à jamais exécrable. Tu ne
fis jamais que des monstres ; on ne l'a que trop vu dans
cette triste occasion. Montréal ! ô cité malheureuse, tu
renfermais donc tout à la fois dans ton sein, au jour de ta
désolation, des hommes de foi, qui offi"aient au ciel irrité
l'encens du plus pur sacrifice, pour l'appaiser, et des mons-
tres d'iniquité, qui s'immolaient eux-mêmes à la plus brutale
des passions, pour multiplier les fléaux de la justice divine
sur toi ! Après un tel exemple, N. T. C. F., craignez un vice
qui rend semblables à des bétes féroces, des hommes créés
à l'image et ressemblance de Dieu.
La Foi de Montréal était trop vive pour ne pas mériter
d'être éprouvée. Elle le fat, et d'une manière bien sensible.
\
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS iGS'
Multa est fides tua. L'Eglise Cathédrale, eu face tle tant
d'édifices embrasés, se trouva bientôt dans le plus imminent
danger. Alors tous oublièrent leur propre malheur, pour
ne songer qu'à la conservation d'un temple si cher à leur
cœur. Elle était si dévote, cette modeste Eglise! et tant
de cœurs j ti'ouvaient tous les jours leur bonheur, en s'y
épanchant dans la prière ! Tous les yeux étaient fixés sur
elle, et il n'y avait qu'an vœu, c'était qu'elle échappât aux
flammes ! Mais le ciel en avait décidé autrement, et elle
devait subir le sort du quartier dont elle était la mère : car
c'était elle qui lui avait donné naissance. En peu d'heures,
il n'en reste plus que les tristes décombres, dont la vue
seule fait saigner le cœur. On n'entend que soupirs, pen-
dant que le feu la dévore, et le courage manque à tous,
lorsque la cloche fait entendre, en tombant, son dernier
son, qui est pour tous le cri d'une profonde ti'istesse. Car
depuis qu'elle ne sonne plus, les rues de Sion pleurent; et
pourquoi ? parce que l'on ne vient plus aux pieuses solen-
nités du Temple dont elle était la voix, faible à la vérité,
mais singulièrement touchante ; parceque l'on n'y entend
plus le chant de miséricorde : Epargnez, Seigneur, votre
peuple ; parceque le Très-Saint et Immaculé Cœur de Marie
Wj a plus de Trône; parcfque le Bienheureux Jacques,
l'Ami intime du Sauveur n'y est plus invoqué; parce qu'en-
fin le Corps du zélé Pontife qui l'avait fondée, n'y repose
plus. Qu'il fut lugubrement solennel le spectacle de la
translation des restes de cet Immortel Fondateur ! Quelle
foule prodigieuse que celle qui se pressait, le 25 Juillet
dernier, autour du coi'ps de 1 illustre Jean-Jacques Lartigue,
pendant qu'allant chercher un nouveau repos au sein du
Eeligieux Monastère de l'Kôtel-Dieu, qui avait été sou
asile, il cheminait gravement à travers les deux quartiers
incendiés, qu'il avait si souvent bénis et si heureusement
renouvelés. Viœ Sion lugent eo quod non sint qui veniunt ad
solemnitatem.
Ari'êtons-nous ici un peu, X. T. C. F., pour faire ensemble
quelques réflexions sur ce triste événement, et fortifier notre
"264 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
foi qu'une si rude épreuve aurait peut-être ébranlée. Mont-
réal semblait briller de féclat des œuvres de justice, et on
l'appelait pour cela la Ville des Aumônes. Comment se fait-il
donc que Dieu, dans sa colère, l'ait enveloppée d'un nuage
de fumée ? Quomodo contexit caligine in furore suo Dominus
filias Sion ? De tout temps cette ville fut comblée de béné-
dictions spirituelles et temporelles, recevant en même temps
la rosée du Ciel et la graisse de la terre. Elle est, par sa
position magnifique, son riche territoire, son commerce flo-
rissant, ses immenses ressources sous tous rapports, une des
Villes de notre Amérique, que la Providence semble avoir
spécialement privilégiées. Voyez cependant comme cette
Providence, toujours juste, toujours adorable, vient de hi
traiter ! Projedt de cœlo in terram inclytam Israël. Elle pos-
sède beaiicoup de lieux saints, et entre autres le Sanctuaire
Yénérable do N. D. de Bonsecours, qui est comme l'esca-
beau des pieds du Très-Haut, et le Trône de la Miséricorde
de la Glorieuse Mère de Dieu. Et néanmoins, avec quelle
sévérité il l'a traitée, au jour de sa vengeance ! Et non est
recordatus scabelU pedum suorum in die furoris sui.
Et pourquoi, N. T. C. F., cette conduite si rigoureuse
d'un Dieu si bon, envers une ville si chère à son cœur ? Elle
va vous répondre elle-même, comme répondait autrefois
Jérusalem à ceux qui s'étonnaient de sa désolation. Le
Seigneur est juste ; et il ne m'a frappée que parce que je
l'ai provoqué à la colère. Justus est Dominus, quia os ejus
ad iracundiam provocnvi. Or, la désolation de cette nouvelle
Jérusalem est au-dessus de toute expression. Les vieillards
n'ayant jamais vu pareil malheur demem-ent comme stupé-
faits. Coniicuerunt senes. Les Prêtres, à la vue d'une si
grande désolation, ne cessent de gémir. Pour eux, le typhus
qui les immola eux-mêmes en si grand nombre, n'est rien.
Sacerdotes gementes. Les Vierges sont dans le deuil, elles
qui allaient si joyeusement s'offrir à la mort dans ces temps
d'épidémie dont le souvenir restera sans doute à jamais
gravé dans notre mémoire. Virgines squalidw. Les étrangers,
saisis d'étonnement, en présence de tant de ruines, s'écrient
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 26)
hors d'eux-mêmes : Est-ce donc là cette ville tant vantée
jjour ^a beauté et ses plaisirs ? Hœccinè est urbs, dicentes,
■perfectl decoris, gaudium universœ terrœ.
Et Xous l'Evèque de cette ville infortunée, qui avons sans
cesse sous les yeux ces tristes ruines, pouiTions-î^ous les
voir, sans les arroser de nos larmes, à l'exemple du Bon-
Pasteur. Vukns Civitatem, jîecit super illam. N'est-ce pas
notre devoir de faire entendre. Jour et nuit, aux oreilles du
Père des Miséricordes, la voix de nos gémissements, en
faveur dune ville si désolée? Ah ! Seigneur, souvenez-vous
des maux si grands que vous avez laissé tomber sur nous,
dans votre juste colère ! Recordare, Domine, quid accident
nobts. L'épais nuage de lincendie a empêché notre prière
d'arriver jusqu'à vous. Hélas, c'est qu'elle était appesantie
])ar le poids de nos iniquités. Opposuisti nubem sibi, ne tran-
seat oratio. Changez donc nos cœurs, 6 Dieu de bonté ; et
attirez-les à vous, pour que nous nous convertissions tout
de bon. Converte nos, Domine, ad te, et convertemur. Après
cela, Seigneui-, faites luire sur noua des jours de bonheur et
de prospérité, comme par le passé. Ah ! de grâce, relevez
de ses ruines la ville de votre Mère. Innova dies nostras, sicut
à principio.
Mais Nous avons, X. T. C. F., un autre devoir à remplir,
cest celui d"implorer votre charité en faveur de nos pauvi-es
incendiés. D'abord, Xous fesons appel aux .sentiments de
vos cœurs. Pendant que le Faubourg Québec était en feu,
les jeunes Elèves d'un Couvent étaient en pleurs, en face de
ce terrible iiicendie. Ces innocentes enfants passèrent toute
la nuit à prier et à sangloter. 0 vous tous qui passez à
travers ces tristes décombres, ne nous refusez pas le senti-
ment de la vive compassion que nous témoignèrent vos
enfants ! Le malheur, croyez-le, a besoin d'être plaint.
Arrêtez-vous un peu au milieu de ces milliers de cheminées,
qui ressemblent assez aux arbres secs de vos forêts, quand
le feu les a dévastées, et vous sentirez s'enfoncer dans votre
âme le poignard d'une grande douleur. 0 vos omnes qui
transit l.i per viam, aitendite et videte si est dolor sicut dolor
266- MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
meus. Et vous, à qui il n'e.st point possible de venir con-
templer de vos yeux ce désolant spectacle, prêtez une
oreille attentive à ce que Nous vous disons ici de cette
épouvantable catastrophe. Ah ! essayez, si vous le pouvez,
à vous en faire, par l'imagination, une légère idée. Audite,
ohsecro, universi populi, et videte dolorem meum.
Mais, N. T. C. F., ce sentiment de comj)as8ion ne saurait
demeurer stérile chez vous. Oh ! sans doute qu'il va rendre,
s'il est possible, votre charité aussi grande que nos maux.
Vous les avez vus de vos yeux peut-être; vous venez du
moins d'en entendre de vos oreilles le fidèle récit. Mainte-
nant, nous vous" en conjurons, ayez pitié de nous, vous qui
certainement êtes nos amis ; car vous le voyez clairement,
la main de Dieu nous a frappés. Miseremini niei, miseremini
mei, siltem vos amici mei, quia marius Domini tetigit me.
Au motif de tant de malheurs qui nous écrasent, devons-
nous en ajouter d'autres ? Eh bien, N. T. C. F., Nous allons
le faire dans toute la sincérité de notre âme. Dans toutes
les calamités publiques, Montréal a fait couler, dans les
villes et les campagnes, des fleuves de charité ! Aujoui-d'hui
que cette ville est sous le poids d'une calamité telle que
l'histoire de notre pays ne nous en fournit pas d'exemple,
elle mérite bien quelque sympathie. Aussi la lui a-t-on
témoignée de toutes parts, autant que le malheur des temps
a pu le permettre.
Vous la lui devez, cette vive sympathie, vous surtout,
N. T. C. F., qui habitez son territoire, qui fréquentez ses
marchés, qui vous enrichissez de son commerce, qui comp-
tez, parmi ses habitants, vos parents et vos amis. En un
mot c'est votre ville ; votre intérêt est donc qu'elle se rebâ-
tisse. C'est une ville catholique, par la grande majorité de
ses habitants; votre religion vous doit donc inspirer de
l'aider à se maintenir dans sa position, qui d'ailleurs protège
vos campagnes. C'est une ville ruinée ; votre charité doit
donc lui venir en aide. C'est une ville-mère ; le chef-lieu
de voti-e district ; votre patriotisme vous doit donc engager
à vous mettre à coiiti'ibution pour soulager cette mère toni-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUiMENTS '26?
bée dans une si grande misère, poui- réjiarer ce chef-lieu, si
déchu de sa splendeur.
Que de motifs se pressent ici, sous notre plume, tous plus
puissants les uns que les autres, pour vous animer à faire,
dans ce grand malheur, une grande œuvre de charité ! Il
y a beaucoup de pauvres à soulager. La plupart de ces
pauvres étaient à leur aise. C'est un accident, ménagé par
la Providence, qui les a réduits à cet état. Un bon nombre
ne peuvent plus travailler, pour se rebâtir. Ils s'étaient
épuisés à se gagner de petites fortunes. Hélas ! le feu les
a consumées comme de la paille. Plusieurs n'avaient point
fait assurer leurs propriétés. D'autres ne recevront qu'une
partie de leur assurance. Que vont-ils doue devenir ? Le
cœur est navré de douleur à la seule pensée de leur malheur.
Vous viendrez à leur secours, vous qui êtes naturellement
si compatissants, et qui pouvez si facilement les aider à se
relever de leurs ruines.
Vous comprenez, N. T. G. F., que Xous plaidons ici prin-
cipalement la cause des petits projjriétaires ; car ce sont eux
qui ont le plus souffert de l'incendie, et qui sont par consé-
quent les plus à plaindre. Ils sont dans la misère, et hors
d'état de gagner leur pain, et ils auraient honte de le
demander. Eh ! bien, Xous le demandons pour eux ! Cette
Lettre est comme leur billet de recommandation. Vous ne
î^ous avez pas fait défaut, quand Nous avons sollicité votre
charité pour les infortunés enfants de l'Irlande, qui venaient
mourir sm- notre rivage ; ou se trouvaient ici sans pères,
sans mères, sans aucims parents ; pour les incejidiés de
Québec, qui étaient à peu de chose jîrès, réduits à la même
misère que ceux de Montréal. Vous fûtes vivement touchés
du malheur des Villages de Boucherville et Laprairie, quand
ils furent en grande jDartie détruits par le feu. Vous ne
serez pas moins charitables aujourd'hui que Xous réclamons
votre assistance pour notre Ville désolée. Vous lui viendrez
en aide d'autant plus volontiers, N. T. C. F., que la chose
vous sera plus facile , car Nous ne vous demandons, pour
tout secours, que ce que vous dépensez pour vos plaisirs-
\
-268 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Serait-ce trop exiger? Comprenez bien notre pensée. Autre-
fois, il n'était guères de paroisses qui ne sacrifiât, chaque
année, plusieurs centaines de louis pour la boisson ; on vous
l'a i^rouvé bien des fois, le calcul à la main ; et vous avez
vu de vos yeux, la ruine de tant de familles qu'ont occa-
sionnée ces maudites liqiieurs. Ne pourriez-vous pas, aujour-
d'hui que vous jouissez des fruits de la Tempérance, offrir,
pour soulager tant de malheureux, ce qui autrefois se dé-
pensait en jeux et en divertissements.
Nous n'en doutons pas, ]S^. T. C. F., votre charité sera plus
grande, pour soulager le malheur, que ne le fut, dans ces
tristes années dont Xous déplorons tous la perte, la sensua-
lité j)Our satisfaire une vile passion. Pour faire d'utiles et
sages économies, vous éviterez toutes ces maisons d'intem-
pérance. Car vous le savez, si vous ne les ruinez pas, en
les fuyant, elles vous ruineront, comme elles en ont ruiné
tant d'autres; et pourriez-vous, dans un temps de si grande
calamité, vous abandonner à des plaisirs si déplacés ! Oh !
Nous vous en conjurons, n'insultez pas au malheur de votre
ville, en buvant et en dansant pour ainsi dire sur ses ruines.
D'ailleurs, ne craignez pas que l'on fasse un mauvais
usage de vos contributions. Car tout est ici organisé pour
qu'elles allent à leur destination. Nos conférences de St.
Vincent de Paul vont, avec leur dévouement ordinaire,
s'appliquer à bien connaître ce qui manque à chacun, pour
que tous travaillent selon leurs forces, et soient secourus
selon leurs besoins. Plusieurs de ses membres sont en rap-
port avec le Comité de Secours qui est on ne peut mieux
disposé, afin de pouvoir, par leurs efforts réunis, répondre à
la confiance publique.
Un autre motif vous presse. N. T. C. F., d'être généreux
envers les incendiés de la ville; c'est celui de la riche mois-,
son que le Ciel vous a donnée, contre toute attente. Il a
exaucé vos prières, lorsque la sécheresse vous menaçait de
la famine, et il vous a accordé cette céleste rosée qui a en-
graissé vos champs. Aujourd'hui par un juste retour, écoutez
la voix d'un Dieu si libéral, qui vous demande une petite
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMExNTS 'WJ
part des biens dont il vous a comblés. Et ne voyez-vous pas
ici le doigt de la toute aimable Providence ? N'a-t-elle pas
évidemment répandu l'abondance dans les campagnes, pour
([u'elles vinssent au secours de la ville ? Ceci ne vous paraît-
il pas frappant? Yous avez trop de Foi pour ne le pas voir;
et vous allez en conclure que plus Dieu vous a donné, plus
vous allez donner aux victimes du malheur qui vient de
tondre sur vos frères de la ville.
Xous terminons par nn exemple de cliarité, qui sera peut-
être plus entraînant que tout le reste ; c'est celui de la flo-
rissante jeunesse que la Hcligion cultive à l'ombre de ses
autels. Pendant que nos décombres étaient fumants, les
Elèves de nos Collèges et de nos Couvents devaient recevoir
leurs prix, juste récompense de leur aj^plication. Sponta-
nément ils se décident à en faire un généreux sacrifice, pour
aider à soulager tant de misères. Leurs bons cœurs étaient
navrés d'une trop grande tristesse pour pouvoir goûter le
bonheur de ce jour qui a coutume d'être si joyeux. Leurs
fronts étaient trop abattus pour consentir à se laisser ceindre
de couronnes de lauriers. Ces couronnes furent donc dépo-
sées aux pieds des pauvres, et leurs prix furent «hangés en
des ruisseaux de charité, qui coulèrent dans le sein d'une
multitude de malheui*eux. Ces chers enfants, ce sont les
vôtres, N. T. C. F., et ce bean trait de charité, il est le fruit
de vos exemples plus que celui de nos leçons. Oh ! comme
il Nous donne confiance que notre appel sera entendu de
tous ! Oui, Nous le croyons ; la charité des campagnes sera
aussi grande que la misère de la ville. Et pour que cette
Lettre produise son fruit, Nous voulons qu'après chaque
Prône où on l'aui-a lue, ou commentée, on dise un Pater et
un Ave, pour supplier le St. Esprit de répandre dans les
cœm-s, le souflie de sa Divine Charité. Nous demandons
que, dans chaque famille, l'on dise à cette même intention
le Pater et Ave de la prière du soir ou du matin ; car Nous
cohiptons plus, povir le succès de cet appel, sur ces courtes
prières que sur toutes nos paroles.
0 Marie, vous prierez aussi à la même intention, vous qui
270 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
êtes la bonne et tendre Mère de touteis les familles que Nous
mettons en prières ; vous prierez pour vos enfants, les pau-
vres incendiés de Montréal. Xous déposons à vos pieds
sacrés cette Lettre que Nous avons tâché d'écrire sotis vos
yeux, et suivant les impressions de votre cœur. Elle aura
un plein succès, si vous la bénissez. Toujours votre Très-
Saint et Immaculé Cœur fut à la tète de toutes les œuvres de
ce Diocèse. Aujourd'hui- plus que jamais, le glorieux privi-
lège de votre Conception sans tache est l'objet de notre
culte. Bénissez donc cette entreprise qui doit prouver au
monde, une lois de plus, qu'on ne frappe jamais en vain à la
porte de votre cœur maternel.
Anges tutélaires. sanctifiez ces lieux qui vous sont dévoués
surtout ceux qui ont été ruinés par l'incendie. Loca sancti-
ficate. Patrons du Diocèse, bénissez le peuple de foi qui
vous invoque dans son malheur. Plehem henedicite. Saints
et Saintes du paradis, préservez de toute calamité de pau-
vres pécheurs qui vous demandent le plus grand de tous les
biens, la paix qui console dans le malheur. Homines pecca-
tores in pace custodite.
Sera la présenta Lettre Pastorale lue au prône de l'Eglise
de la Pi'ovidence, servant d'Eglise Cathédrale, à celui de
toutes les Eglises Paroissiales, et en Chapitre, dans toutes
les Communautés, le premier dimanche après sa réception.
Donné à Montréal, en l'Hospice de St. Joseph, le huit
octobre mil huit cent cinquante-deux, sous notre seing et
sceau et le contre-seing de notre secrétaire.
t IG., Ev. DE Montréal.
Par Monseigneur,
J. O. Pake. Chan. Sec.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 271
CIRCULAIRE AU CLERGÉ DE LA VILLE.
Hospice de St. Josei>ii, 17 Xov. 1852.
La présente est le résumé de notre conférence d'hier, et
va être comme notre feuille de route pour la carrière du
Jubilé qu'il nous faut pai"courir.
lo. Les exercices publics du Jubilé commenceront le 8
Décembre, et le discours d'ouverture sera dans toutes les
Eglises sur l'Immaculée Conception de la Ste. Vierge. La
pureté de mœurs à laquelle nous allons travailler en sera le
fruit. Les fidèles seront invité^ à faire tous ensemble la
veille le jeûne du Jubilé. j
2o. On préludera au Jubilé général de la ville par le
Jubilé des enfants, des infirmes et des prisonniers. On y
trouvera la source de toutes les gi'âces. Aussi faut-il y mettre
beaucoup d'importance.
3o. Les enfants qui communieront feront leurs stations,
le premier jeudi de l'Avent, et les garçons le jour de la
Conception. On les y préparera par quelques jours de
retraite.
40. Les enfants qui n'ont pas fait leur première commu-
nion devront être préparés à faire leurs stations le second
dinxanche de l'Avent ; ils devront être absous s'il y a mati-
ère et dispositions suffisantes ; dans le doute l'absolution se
donnera sous condition.
5o. Ceiux des enfants qui seront capables visiteront une
fois les trois Eglises de station, en commençant j^ar celle de
leur quartier, et en se réunissant tous à l'Eglise Paroissiale
pour un exercice commun. Ceux qui ne pourront pas,
visiteront trois fois la même Eglise. On mettra à ces sta-
tions toute la solennité poir impressionner vivement les
enfants, et toucher leurs parents. On les fera prier pour
la conservation de leur innocence.
6o. Ijcs infirmes feront leur Jubilé le premier Mardi de
272 xMANDEMENTS, LETTKES PASTORALES,
l'Avent (80 Nov.), et dès Dimanche prochain on aA'crtira
ceux qui en ont soin d'appeler leurs confesseurs pour qu'ils
aient le temps de les préparer. La sainte communion leur
sera portée avec toute la solennité possible. Ce sera, il faut
l'espérer, nn commencement à l'administration de ce divin
sacrement plus démonstrative de la foi de notre ville.
7o. Le Jubilé se fera à la prison après la fête de Noël,
afin d'avoir plus de temps pour préparer les prisonniers à
cette grande grâce, et pouvoir ainsi l'é former tout de bon
la prison. Une retraite de ti-ois jours en sera la préparation,
après laquelle les prisonniers visiteront trois fois leur cha-
jjelle. La fin de leurs exercices sera d'obtenir que la prison
ne soit plus un lieu de démoralisation, mais de conversion
et' de sanctification.
80. On commencera le
poiir les personnes âgées qui n'ont pas fait leur première
communion, un catéchisme qui se fera tous les jours à
heures dans on \'
instruira aussi ceux qui se disposeront à la confirmation.
9o. Les exercices du Jubilé se feront comme suit dans les
diverses églises de la ville ; tous les jours, excepté les Mer-
credi, Samedi et Dimanche; ces exercices seront remplacés
le Mercredi par le Chemin de la Croix, le Samedi par les
confessions, et le Dimanche par les offices publics. A l'église
Paroissiale, l'exercice du matin se fait à 8^ h., et celui de
l'après-midi, à 6 h., à St. Patrice à St.
Pierre au collège Ste. Marie
à la Providence au Coteau St. Louis
Ces exercices pourront varier selon les besoins, mais il y a
toujours chantde cantiques, instruction, et bénédiction du St.
Sacrement, le matin avec le ciboirje, et le soir avec l'ostensoir.
lOo. Il y aura communion générale pour les femmes, le
4ème Dimanche de l'Avent, et pour les hommes, le jour de
Noël.
Après chaque communion générale des enfants, comme de*
grandes personnes, l'on fera amende honorable à N. S. pour
tous les outrages qu'il reçoit au St. Sacrement.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 273
llo. On disposera toutes choses pour que les hommes
paissent se confesser aux heures qui les accommoderont le
plus, et aussi longuement qu'il sera nécessaire ; c'est pour
cette raison que le Jubilé des enfants, des infirmes, des pri-
sonniers a été mis à Tavance.
12o. On profitera des moments libres pour aller visiter à
domicile ceux que l'on saura être éloignés dea Sac-rcments
On en fera la liste, et l'on se partagera le foin do courir
après les brebis égarées. Les fidèles seront exhortés à pren-
dre part à cette sollicitude des pasteurs, en emmenant à
confesse ceux de leurs connaissances qui se négligent. L'ex-
ercice du soir se terminera par 5 P. et 5 Av. que l'on dira
en présence du St. Sacrement et au son des cloches pour la
conversion des pécheurs. On la récitera en même temps
dans toutes les maisons et à genoux.
13o. Les communautés d'hommes et de femmes, les con-
fréries et sociétés seront invitées à faire leurs stations en
corps. Elles prieront pour le succès de l'œuvre dont les a
chargées la divine Providence, pour les gloire de Dieu et le
salut des Ames.
1-k). Le« aumônes pour la Propagation de la Foi seront
appliquées à la fondation d'une mai -on d'éducation dans lea
pays sauvages sous la direction du Conseil Central, et celle»
pour les pauvres à faire un établissement qui ait pour objet
de réformer les mœurs, sons celle du Cons« il particulier de
St. Vincent. Chaque conseil sera in vite à nommer quelqu'un»
de ses membres pour faire les collectes, et tous s'emploie-
ront à embraser le zèle public pour ces deux œuvres qui, si
elles réussissent, seront deux monuments toujours subsistant
du Jubilé de 1852.
15o. Chaque confesseur se prêtera selon ses forces à rendre
service aux pauvres âmes qui pourront s'adresser à lui pour
revues ou autres besoins spirituels.
Mais on ne perdra pas de vue qu'il est souverainement
important que chacun fasse, pendant le Jubilé, connaissance
avec celui qui le devra diriger après. N'oublions pas que
la fréquente confession est le grand, pour ne pas dire
18
Î74 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
l'unique moyen se de persévérer. Or, sans confesseurs attitrés^
pendant les bonnes dispositions du Jubilé, il y aura pour
beaucoup, grand danger de ne pas retourner à confesse.
16o. II y aura pendant le Jubilé réunion spéciale et exei'-
cice particulier pour chaque confratei'nité. afin de réchauffer
dans cette fournaise, toutes les œuvres de la cité.
l*7o. On avertira souvent la ville qu'il lui faut se monti"©r
une ville en Jubilé, la cessation de tous plaisirs mondains, la
privation de toutes promenades inutiles, la fuite de toute
société dissipante, le silence ou du moins les bonnes conver-
sations, l'assiduité à l'église, l'application aux devoirs de
son état, la frugalité à table, la simplicité dans les ajuste-
ments, enfin le véritable changement de vie, sont des dehors
sacrés dont la ville doit s'entourer, et dont l'effet est de
produire des impressions vives et durables. Ces impressions
de grâces devront se faire sentir par une véritable réforme
de tous les abus qui semblent se ranger tous sous les chefs
principaux : lo. les aubergistes qui enivrent. 2o. les jeunes
chai'tiers qui se démoralisent. 3o. les jeunes filles qui se
perdent. 4o. la haute classe qui ne pratique pas. 5o. les
enfants qui vagabondent sur les marchés. 60. les servantes
ou couturières qui se débauchent. To. puis le luxe, les injus-
tices, les blasphèmes, les faux serments, les paroles obscènes,,
la lecture des romans, la mauvaise éducation domestique,,
l'oisiveté, les mauvaises fréquentations avant le mariage, et
autres semblables monstres.
I80. Les églises de stations seront ornées tout le temps
du Jubilé comme aux grandes fêtes de l'année, et on y expo-
sera les saintes reliques dont elles sont en possession, à la
vénération des fidèles qui y seront invités fréquemment à
les honorer, parce qu'elles sont des instruments de grâce, et
des vases de bénédictions.
19o. On sera simple dans les instructions. Chacun tra-
vaillera avec zèle au succès de son œuvre.
On prendra tous les moyens extérieurs qui pourront con-
tribuer à la réforme des abus. On donnera beaucoup d'avis,
en chaire, au catéchisme, au confessionnal, on ne doit plus
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 275
parler que de Jubilé. La présente circulaire en fournira le
sujet. On relira le Mandement du Jubilé, le 2nd Dimanche
de l'Avent. On ne fera qu'un cœur dans l'accomplisHement
des œuvres et exercices du Jubilé.
.f 20o. L'Immaculée Vierge est à la tête du Jubilé, espérons.
Nous sommes chargés de l'exécution, craignons. C'est dans
ses sentiments de défiance de moi-même, et de confiance en
Dieu par Marie que je suis très cordialement.
CIECULAIEE AU CLEEGE DU DIOCESE
DE MONTEÉAL.
Montréal, le 8 Septembre 1846..
Monsieur,
Je vous envoie les divers règlements dont nous nous-,
sommes occupés pendant la Eeti'aite Pastorale. En lisant
avec toute l'attention qu'elles méritent les observations
faites sur le projet du Eèglement soumis à la sérieuse consi-
dération du clergé, je me suis de plus en plus convaincu
qu'il y a pour ce diocèse un bien incalculable à attendre de
ces rapports intimes que Dieu m'inspire de former entre
l'Evêché et tous les membres du clergé. Je dois vous dire
en toute franchise que je n'aurais jamais pensé à établir les
Conférences Ecclésiastiques, si j'avais eu à craindre qu'il y
eût dans le Clergé un mauvais esprit ; parce que ces assem-
blées dirigées par ce mauvais esprit ne manqueraient pas
de dégénérer en licence. J'ai au contraire toute confiance
que vous êtes tous pénétrés de ces vérités ; lo. que plus
l'Evêque aura d'autorité, plus le clergé sera considéré ;
2o. que plus cette autorité sera dirigée selon les Sts. Canons,
plus elle donnera d'éclat et d'importance à tout le Corps.
276 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Ecclésiastique ; 3o. que plus le Clergé sera uni de cœur et
d'âme à son Chef, plus l'Episcopat, qui est comme lo tronc
sacré, qui reçoit du champ fertile de l'Egliise unesôvo toute
céle><te, fera produire de fruits à chacun de ses membres, qui
sont autant de branches de l'arbre do vie, planté au milieu
de ce Paradis terrestre.
Voici maintenant ce que j'ai cru devoir faire par rapport
à notre Règlement et à nos Conférences :
lo. Après avoir intercalé dans le Projet de Eèglcment
les diverses corrections qui m'ont été suggérées, je voua
l'adresse, en vous avertissant que ce n'est encore que par
■ forme d'essai, que je vous le propose : ain>-i vous avez jusqu'à
la prochaine Eetraite Pastorale pour l'introduire petit à
petit dans votre Paroisse, selon que vous jugerez la chose
possible et avantageuse. Vous en «-onférerez ensemble dans
vos réunions ; et vous ferez vos observations pour y ajouter
ou en retrancher ce qui vous paraîtra devoir contrib'ier
davantage au bien do la Religion. Tâchez qu'il y ait uni-
formité parfaite entre votre paroisse et les paroisses voi-
sines; car ceci me paraît essentiel pour l'honneur du clergé
et le bien des fidèles. Qu'on ne puisse pas dire : On fait bien
cela dans telie paroisse, pourquoi ne le ferait on pas ici f
2o. Vous ferez aussi l'esHai des divers règlements ci-jointa
pour la direction des sacristains, bedeaux, etc.
3o. Dans la Conférence du mois de Janvier prochain, on
s'occupera des cas réservés. La question se réduit à cefci :
Qufls sont les péchés auxquels il serait avantageux d'attacher
une réserve ; en a<loptant pour les interprêter les règlea
communes de la Théologie ; v, g. cellcM de St. Liguori, et en
laissant en vigueur les cas réservés au Pape, pane que
d'abord il est très rare que l'on tombe dans cette ré>erve;
et ensuite parce que ces cas étant reçus dans le diocèse,
l'Evêque n'a pas le droit de les supprimer. — Il serait proba-
blement à propos que deux ou trois Prêtres fussent «-hargés
de rédiger ce Projet de cas réservés ; et qu'on le discutât
ensuite dans la Conférence de Janvier. Les permissions
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 277
générales d'en absoudre en certaines circonstances pourront
subsister.
L'on s'occupera dans la Conférence de Juillet des moyens
à prendre pour adopter un Tarif uniforme, aussi rapproché
que possible de l'usage commun dans la perception des
droits casuels.
Je suis bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble serviteur,
t Ici- Ev. DE Montréal.
(Vraie copie)
J. O. Paré, Chan. Secrétaire.
P. S.— L'on voudra bien adresser au R. P. Tellier, à
Laprairie, les secours que chaque paroisse pourra donner
aux incendiés de ce village. Je vous conseille d'attendre,
pour faire la souscription, que les récoltes soient finies ; et
que les gens aient commencé à vendre leurs produits.
Veuillez bien, dans vos instructions, recommander à vos
gens de faire un bon usage des biens que leur donne la
divine Providence ; en leur laissant apercevoir que l'abus
qu'ils en feraient pourrait bien faire revenir les mauvaises
années dont ils se ressentent encore. Insistez pour qu'ils
ne fassent point de dettes si facilement qu'ils en ont fait par
le passé ; et qu'ils acquittent au plus tôt celles dont ils se
trouvent chargés.
t L E. M.
Î78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
PROJET DE RÈGLEMENT
POUR qu'il y ait uniformité dans le gouvernement des
CURES du diocèse DE MONTRÉAL.
X
Le Pi'ètre doit être saint pour sanctifier les autres. Or
pour la sanctification des âmes, six choses sont nécessaires
lo. La vie du Pasteur réglée selon les saints Canons
2o. L'instruction ; 3o. L'administration des Sacrements
4o. Le culte ; 5o. Les secours spirituels et temporels
€o. Les Associations.
CHAPITRE I.
Vie du Pasteur réglée suivant les Saints Canons.
I, Se lever et se coucher, autant que possible, à une heure
îfixe ; faire exactement et de suite au moins une demi-heure
de méditation : régler sa journée et déterminer l'emploi de
-son temps.
IL Célébrer chaque jour la sainte Messe à une heure
marquée et commode pour les fidèles : s'y préparer avec un
profond recueillement et consacrer un quart d'heure à
l'action de grâces.
III. Réciter le saint office à des heures réglées et à
l'église, si faire se peut ; se i-ecueillir avant de le commen-
•cer ; dire matines et laudes la veille.
lY. Lire chaque jour, avec attention et d'une manière
suivie, un ou deux chapitres de l'Ecriture Sainte ; donner
un temps déterminé à l'étude de la théologie.
Y. Trouver, s'il est possible, quelque moment pour une
lecture spirituelle d'un quart d'heure, une visite au Saint
^■Sacrement, et la récitation d'une dizaine au moins de cha-
\
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 279
pelet, en s'agrégeant à une quinzaine du Eosaire vivant,
qu'il est si avantageux d'établir dans sa Paroisse peur faire
dire le chapelet dans chaque famille. S'efforcer d'être cons-
tant dans la pratique de l'examen particulier ; et le soir
ne jamais négliger celui de toute la journée.
VI. Choisir pour confesseur ou directeur le Prêtre du
voisinage le plus éclairé et le plus rempli du véritable esprit
du sacerdoce : se confesser au moins tous les quinze jours :
dans cette importante action ranimer sa foi et ne rien don-
•ner à la routine.
VII. Avoir un grand zèle pour la propreté, l'ornement et
la pompe religieuse de tout ce qui tient au service divin :
église, sacristie, enfants de chœur, etc.
VIII. Cultiver l'enfance et la jeunesse avec un soin par-
ticulier : veiller sur les écoles, rendre les catéchismes inté-
ressants, etc.
IX. Zèle ardent, mais calme, prudent, éclairé, constant,
zèle dont la charité seule soit le principe et comme elle,
plein de douceur, de patience, de compassion pour les
pécheurs.
X. Regarder l'instruction préparée par l'étude, plus
■encore par la prière, et soutenue par le bon exemple,
•comme le premier et l'essentiel moyen de devenir le sau-
veur de ses frères.
XI. Se rendre avec ponctualité et sans murmure au con-
fessionnal : accueillir avec douceur, encourager avec bonté,
écouter avec patience, exhorter avec ardeur, diriger avec
«agesse, en prenant pour guide St. Ignace de Loyola et
St. Alphonse de Liguori.
XII. Visiter les malades avec le plus grand empresse-
ment, surtout s'ils sont pauvres et ignoi'ants, et ne pas
attendre les derniers moments pour les préparer au saint
Viatique. Après qu'ils sont administrés, les voir aussi sou-
vent que possible.
XIII. Pour établir et conserver l'esprit de piété parmi les
fidèles, favoriser de tous ses efforts^ la fréquentation des
Sacrements, les dévotions solides, celles surtout qui ont
Î8p MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pour objet l'adorable Eucharistie, le Sacré-Cœur, la très-
eainte Vierge.
XIY. Porter le plus grand intérêt aux Séminaires ; culti-
ver avec soin les vocations naissantes ; étendx-e l'œuvre si
admirable de la Propagation de la Foi ; exciter les fidèles
à la dévotion à la Passion de Notre-Seigneur, au chemin de
la Croix et à îsTotre-Dame des Sei>t Douleurs.
XY. Observer fidèlement le précepte rigoureux de la
résidence ; ne point sortir du Diocèse, sans une permission
par écrit de l'Evêque, ne jîoint aller à la chasse sans une
semblable permission ; accepter rarement à manger hors
de chez soi, éviter de donner soi-même de grands repas, et
no s'écarter jamais des saintes règles de la sobriété.
XVI. Aimer charitablement tous ses confrères, ne se lier
particulièrement qu'avec ceux qui ont bien l'esprit de leur
saint état ; ne se permettre jamais de délassements contrai-
res au caractère f-acré dont on est revêtu ; se garder de tout
ce qui porte à la dissipation ; conversations gaies, mais
graves et importantes, sur les devoirs de son état et les
moyens à prendre pour procurer la gloire de Dieu. Avertir
l'Evêque aussitôt que quelque confrère voisin tombe sérieu-
sement malade, pour qu'il puisse le faire assister par le
Prêtre qui conviendrait au malade, et qu'il ne soit pas
abandonné seul dans sa cure, pendant un temps si critique.
XVII. Professer une soumission pleine de foi à l'autorité
épiscopale, respecter les décisions qui en émanent, observer
en tout point les rubriques du Bréviaire et du Missel, se
conformer exactement au Eituel et à toutes les règles de
discipline en vigueur dans le Diocèse.
XVIII. Eloigner de sa maison toute personne qui pour-
rait fournir prétexte aux plus légers soupçons, et s'en tenir
scrupuleusement à ce qui est ordonné touchant l'âge et les
qualités des personnes que l'on emploie à son service.
XIX. Porter toujours avec la tonsui-e, qui doit être de la
grandeur requise par son ordre, la soutane et tout le cos-
tume ecclésiastique ; propreté, mais rien qui ressente le luxe
dans les vêtements et dans l'ameublement.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS ?8t
XX. -Faire tous les ans une retraite en particulier, quand
on ne peut se procurer les avantages de la retraite générale.
XXI. Avoir avec ses coUaboi-ateurs un entretien ou con-
férence par semaine pour s'entendre, afin d'avoir uniformité
de conduite au confessional, en chaire, pour les visites
à faire ou à recevoir, etc.
XXI. Dans les concours, inviter de bons confrères à venir
entendre les confessions, à donner des instructions etc. Ce
secours procuré chaque année à sa Paroisse, empêche bien
des confessions et communions nulles et sacrilèges. Mais
avant de se mettre à l'ouvrage, avoir une conférence avec
tous les ouvriers invités pour convenir de ce qu'il faudra
faire, afin qu'il y ait uniformité de direction, et que tel qui
sera rebuté à un confessional ne puisse pas être admis au
confessional voisin où il ferait le même aveu.
XXIII. Avoir chaque mois un jour de retraite pour s'y
prépdrer à la mort. Iteliro ce jour-là le présent règlement
et s'imposer quelques pénitences, si on en a violé quelques
points.
Omnis disciplina? in prœsenti quidem videtur non esse
gaudii, sed mœroris ; postea autem fructum pacatissimum.
exercitatis per eam reddet justitiae. — Ileb. 12.
CHAPITEB II.
De l'instruction.
I. Il y aura instruction tous les dimanches et fêtes d'obli-
gation.
II. Ces instructions seront simples et à la portée du peu-
ple, et ne dureront pas plus d'une demi-heure.
m. Une lecture glosée pourra quelquefois en tenir lieu.
IV. Le grand prône, ou les principales vérités de la Foi,.
qni se trouvent au Rituel, avec quelques réflexions pour les
faire goûter aux fidèles, se liront quatre fois par an, savoir
2É2 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
le premier dimanche qui suit chaque semaine des Quatre-
Temps.
Y. Les Epi très et Evangiles du Dimanche, qu'on lira en
langue vulgaire, pour servir de texte, devront être commu-
nément la matière de l'instruction.
VI. On s'attachera à expliquer l'Oraison Dominicale, la
■Salutation Angélique, le Symbole des Apôtres, les Comman-
dements de Dieu et de l'Eglise, les Actes des vertus théolo-
gales, VAngelus, les Sacrements, etc., parceque toute la
Religion est là.
VII. L'on entrera dans tous les détails nécessaires pour
que le peuple puisse bien saisir toutes les instructions.
VIII. L'on évitera avec grand soin les personnalités qui
blesseraient certains particuliers et les aigriraient sans les
corriger.
IX. Pendant le carême, l'on fera le lundi et le mercredi
-de chaque semaine la prière du soir, à l'heure la plus" com-
mode. Elle sera suivie d'une lecture glosée ou d'une
instruction et de la bénédiction du Saint Sacrement. L'on
y chante une seule antienne avec le verset et oraison du
Saint-Sacrement; et l'on n'encense le Saint Sacrement que
deux fois, lorsqu'il a été exposé sur l'autel et après la béné-
diction. Il est à désirer que les vendredis du Carême l'on
fasse le Chîmin de la Qlroix, qui sera aussi terminé par 1«
Bénédiction du Saint Sacrement.
X. L'on ne parlera jamais en chaire que de choses qui
intéressent la foi et les bonnes mœurs ; et jamais d'affaires
étrangères à la religion.
1. Le catéchisme se fera régulièrement tous les diman-
ches et fêtes, à l'Eglise, depuis le commencement de Mai
jusqu'à la St. Michel. On ne peut que louer ceux qui pour-
ront réunir assez de monde poiir le faire même en hiver (1).
En ville le catéchisme se fera hiver comme été.
XI. Afin de pi-éparer les enfants à la première commu-
(1) On entend ici par VEUle, temps qu'il y a depuis Pâques jusqu'à
la solennité de la St. Michel inclusivement. La saison d'hiver com-
prend le reste de l'année.
J
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 283
nion, le catéchisme se fera trois jours par semaine pendant
trois mois.
L'on ne se contentera pas, jîendant ces catéchismes,
d'éclairer les esprits des enfants, en développant leurs peti- ,
tes intelligences par des explications simples et courtes, ^
mais on s'attachera à bien former leurs cœurs en leur
apprenant et en leur faisant pratiquer tous les devoirs de
la vie chrétienne ; en sorte qu'au sortir de leur première
communion, ces enfants sachent sanctitier toutes leurs
actions.
(Il est plus qu'inutile de remarquer que le Pasteur seul
peut faire le catéchisme avec avantage, parceque lui seul
peut souffler dans ces petits cœurs l'esprit de vie surnatu-
relle, qui procède de l'Esprit Saint, qui lui a été donné à son
ordination, pour enseigner les vérités de la Religion, et les
"faire goûter et pratiquer. Impossible que ceux qui n'ont
pas reçu cette haute mission puissent réussir. Il faut donc
trembler pour l'instruction des enfants qui n'ont entendu
que des bouches laïques leur parler de leurs devoirs reli-
gieux.)
Pour cela observer les pratiques suivantes: lo. Faire
donner aux enfants leur cœur à Dieu, au commencement de
chaque catéchisme, ce qui peut se faire tantôt tous ensemble
pour abréger, et tantôt seul à seul pour s'assurer qu'ils réci-
tent bien cette prière ; 2o. Leur inspirer des motifs surna-
turels dans tout ce qu'ils font; 3o. Les faire prier, entendre
la messe, se confesser, communier avec des vues et des
sentiments de foi ; 4o. Eevenir sans cesse à la charge pour
qu'ils comprennent bien qu'on ne peut être à Dieu qu'autant
que l'on obéit à ses parents, que l'on évite les mauvaises
compagnies, que l'on est scrupuleux sur le bien d'autrui ;
5o. Entrer avec prudence dans tous les détails des cas parti-
culiers qui doivent se présenter aux enfants, afin de les
prémunir d'avance contre tous les dangers qui les attendent ;
60. Les fortifier contre les passions qui vont bientôt éclore ;
7o. Avoir un bon nombre de traits d'histoire frappants pour
mieux graver dans ces jeunes cœurs les saintes vérités qu'on
•284 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
leur explique ; 80. Faire répéter, à la fin du catéchisme, le*
explications données et les exemples cités par quelques-un»
d'entr'eux ; 9o. Donner à chaque catéchisme une ou deux
petites images, croix ou médailles, à ceux qui ont été plus
sages et qui ont montré plus d'intelligence, d'attention, etc.;
lOo, Varier de demi-hem-e en demi-heure les exercices du
catéchisme, pour reposer l'esprit des enfants, en faisant en
sorte que la récitation de la lettre, l'explication, quelques
dizaines de chapelet méditées selon l'ordre des mystères
jojeux, douloureux et glorieux, le chant des cantiques, se
succèdent alternativement.
XII. L'on obligera les enfants qui ont fait leur première
communion à venir au catéchisme les dimanches et fêtes,
le reste de la saison, et pendant ce temps, on leur fera faire
leur seconde et troisième communion. L'année suivante,
ils devront encore fréquenter les catéchismes les dimanches
et fêtes ; et on les fera communier ensemble avec quelque
solennité, au moins une fois, pour les encourager à être
assidus aux instructions.
XIII. Pour que les enfants, et aussi toute la jjaroisse,
soient frappés du spectacle de la première communion, on
y invitera autant de prêtres étrangers qu'il sera possible.
L'on chantera le Veni Creator, au commencement de la
messe, et le Te Deum, à la fin. L'on fera la rénovation des
vœux du baptême, en présence du baptistère, et la consé-
cration de> enfants à la Ste. Vierge devant son autel ou
quelque statue qui puisse frapper les sens et l'imagination.
XIV. L'un exigera que les instituteurs et institutrices
fassent le catéchisme au moins deux fois par semaine; et on
les formera avec soin à le bien faire. En donnant de bonnes
méthodes pour y réussir, on s'épargne beaucoup de besogne^
jDuisque leurs élèves se trouvent par là tout préparés à bien
comprendre les leçons des pasteurs'.
XV. Afin qu'ils ne négligent point un devoir si important^
l'on exigera que tous les enfants des écoles assissent avec
leurs maîtres et maîtresses au catéchisme les dimanches et
fêtes, en donnant à chaque école une place distincte. L'on
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS Î85
établira une espèce de concours en donnant un prix à l'écolo
qui aura fourni, proportion gardée, plus d'élèves capables
de réciter les chapitres qui auront été donnés le dimanche
précédant pour leçon du catéchisme du jour.
XVI. L'on exhortera souvent les paroissiens à assister à
ces instructions religieuses et à ces concours ; et l'on s'ap-
pliquera avec tout le soin possible à former la génération
actuelle, par l'éducation chrétienne et religieuse.
XVII. Les enfants devraient être généralement prêts à
faire leur première «-ommunion à dix ou onze ans.
L'on confessera au moins une fois par année les enfanta
de sept ans et au-dessus, qui n'ont pas encore fait leur pre-
mière communion. Avant de les entemlre en confession,
on leur fe' a le catéchisme, pour leur cxpliiiuer les princi-
paux mystères de la foi, les dispositions qu'ils doivent ap-
porter à la confession qu'ils vont faire; et on leur fei'a
produire tous ensembles les actes de foi, d'espérance, do
charité, de contrition et autres ])riàres. Car ceux des enfants,
qui se disposent ])rochainement à faire leur première com-
munion, devront se confesser quatre ou cinq fois dans l'an
née; et ils le feront encore plus souvent Ioi\squ'ils fréquen-
teront les catéchismes de la première communion.
XVIII. Quand il sera question de la confirmation, l'on
fera aux confirmants un cours d'instructions pour leur rap-
peler tout ce qu'il leur a fallu appremJre pour leur première
communion ; et on les interrogera avec soin, non seulement
sur le chapitie de la Confirmation, mais encore sur leur»
prières et le reste de leur catéchisme.
XIX. Dans les lieux où il n'y a pas d'écoles, l'on établira
des catéchistes, afin qu'il y ait partout pour les enfants des
moj'cns d'apprendre au moins la lettre du catéchisme, avant
qu'ils soient admis aux instructions pour la première com-
munion.
XX. Chaque Paroisse devra avoir sa bibliothèque com-
posée de livres choisis, selon un catalogue qui pourr i êtro
donné au besoin. Cet établissement devient urgent, et pour-
rait se faire sans beaucoup de frais, si l'on s'entendait pour
286 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
s'abonner à quelques associations de Bons Livres, et pour
faire faire l'achat des livres par quelques personnes zélées.
XXI. L'on exigera que les sages-femmes soient suffisam-
ment instruites pour pouvoir, sans danger, assister les
femmes à leurs couches, dans les cas ordinaires, et faire
appeler les médecins, lorsqu'il y a nécessité : ce que devraient
attester quelques médecins habiles auxquels on les renver-
rait pour en obtenir des certificats de capacité. Chaque
année, on les réunira pour leur rafraîchir la mémoire de ce
qu'elles doivent savoir et pratiquer quand il leur faut on-
doyer les enfants. On leur suggérera les actes et pieux
sentiments qu'elles devront faire produire aux femmes ma-
lades, pour qu'elles sanctifient leurs souffrances par la péni-
tence, la douceur, la résignation à la sainte volonté de Dieu;
II faudra avoir soin que les femmes, avant leurs termes,
approchent des sacrements, pour prévenir tout malheur, et
attirer sur leurs enfants les bénédictions du ciel.
XXII. Il faudra aussi s'assurer prudemment si les méde-
cins sont capables de baptiser les enfants quand il y a dan-
ger ; et s'ils ne seraient pas dans l'usage de tuer les enfants
pour sauver les mères, quand ils croient les uns et les auti*es
en danger.
XXIII. Il est a propos de donner chaque année, une ins-
truction sur les cas réservés, et d'avertir que dans plusieurs
circonstances les confesseurs ont le pouvoir d'en absoudre,
afin d'attirer au confessionnal ceux qui, étant tombés dans
de grands péchés et ne pouvant ou ne voulant point recou-
rir à l'Evêque, s'éloignent de la confession sous prétexte que
les Prêtres n'ont pas assez de pouvoir pour les absoudre.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 287
CHAPITRE III.
Administration des sacrements.
I. L'on se fera un devoir d'appi-endre et d'observer ponc-
tuellement les règles prescrites dans le Rituel pour l'admi-
nistration des sacrements.
II. Les baptêmes se feront en été à l'église, et à la sacris-
tie en hiver.
m. Le baptistère sera tenu sous clef; et ou n'y déposera
que les choses nécessaires à l'administration du baptême.
Il sera entretenu avec décence et propreté, de manière à
inspii'er un profond respect pour ce premier Sacrement >
L'on veillera à ce que l'on ne mette dessus ni chapeaux, ni
parapluies, ni autres choses quelconques.
IV. Le temps sera partagé entre les diverses fonction»
du Saint Ministère.
V. Dans les temps de concours, v. g. le Carême, l'on assi-
gnera à chaque Arrondissement le jour de la semaine oti les
gens de ce quartier devront venir se confesser. Dans ce
temps, l'on donne toutes les heures du jour au confessionnal,
et aux divers exercices en usage, excepté celles oii il faut
prendre les besoins et le repos nécessaires. Chaque chose
doit avoir son heure fixe, afin que chaque Paroissien soit
siar, en venant, de trouver son Pasteur pour la fonction
qu'il désire requérir de son ministère. En général, en
Carême et dans les temps de concours, être au confessionnal
depuis six hem-es jusqu'à 11 heures, en prenant le temps de
célébrer et de faire son action de grâces. Eepos jusqu'à
deux heures: confessions, baptêmes, malades, jusqu'à quatre:
prières et instructions jusqu'à quatre et demie ou quatre et
trois quarts. Confessions jusqu'à sept heures. Même règle-
ment pour les samedis et veilles des grandes fêtes qui sont
d'obligation.
VI. Pour l'uniformité, on recommande aux confesseui's
de suivre au confessionnal la doctrine de St. Alphonse de
288 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
Xiiguori. Il est d'usage de n'admettre à la sainte commo-
nion ceux qui se marient sans dispense à des protestante,
ainsi que < eux qui, étant catholiques, vont, infraudem legis,
se marier devant des ministres ou des magistrats, qu'après
un an d'épreuve à compter du moment de leur faute afin
de réparer le scandale donné par un semblable attentat. On
suit la même conduite à l'égard des filles qui tombent en
faute. Mais on peut absoudre toutes ces personnes, du
moment qu'on !e=i juge préparées.
VII. L'on entendra les confessions tous les jours, excepté
les leudis, depuis six heures du matin jusqu'à huit heures.
Depuis dix heures jusqu'à midi, se feront les baptêmes et
lea petits enterrements. Dans l'après-diner l'on visitera les
m^alades pour lesquels on viendra les chercher, à moins
qu'il n'y ait nécessité de les aller administrer dans un autre
temps. On ira ensuite les consoler aussi souvent que l'on
pourra. Chaque mois, l'on consacrera une ou deux journées
à la visite des-' écoles.
VIII. Les mariage^, grand'messes, et services avec sépul-
ture, se feront à huit heures en été, et à huit heures et
demie en hiver. Permis.^^ion est donnée de faire les mariages
sans messe, quand les gens viennent après cette heure.
IX. On suivra, pour la perception des droits casuels, le
Tarif approuvé par l'Evèque.
X. L'on devra bénir les mariages, faits clandestinement,
mais on avertira les parties qu'on ne leur demandera pas
leur consentement, quand il a été donné valideraent.
(Les qvcestionfs circa matrimonia aideront à décider les
eas qui se présentent là-dessus.)
XL. Pour f.es l>éné lictions, l'on fait les prières marquées
au Rituel, en omettanii le consentement et la prière, et
changeant les allocutions et oraisons pour qu'elles convien-
nent à un mariage déjv validement contracté.
XII. Quand un mariage a été nul à cause de quelque
empêchement secret, ou qui ne peut devenir public, le con-
fesseur qui l'a appris au confessionnal, recommande à Bon
pénitent de le lui faire connaître hors du tribunal : Il obtient
r
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 289
ensuite lai-méme la dispense, si le pénitent ne peut lecourir
au Supérieur ; et ayant préparé, autant que possible, par l'ab-
solution, les parties aux grâces du sacrement, il les retient
seules à la sacristie ; et là, leur ayant signifié qu'elles ne
sont pas validement mariées, à cause d'un certain empêche-
ment dont il leui' a obtenu dispense, il les avertit qu'il leur
faut réhabiliter leur mariage, pour participer à ses bénédic-
tions. Il leur fait ensuite donner leur mutuel consentement,
comme au Rituel, et les bénit par les paroles, et ego auctori-
tate Dei etc. Cette réhabilitation se fait sans témoins ; et
on n'en dresse point d'acte dans le Registre.
XIII. Que si l'empêchement, qui a annulé le mariage^
peut devenir public, ce qui arrive lorsqu'il est question
d'une parenté, ou affinité licite etc., après avoir obtenu les
dispenses requises de bans et empêchement, on doit appeler
deux témoins pour assister au renouvellement du consente-
ment ; et on en dresse acte dans le Registre, en faisant
référence au premier mariage et en mentionnant pourquoi
il s'est trouvé nul.
XrV. — Quand, à raison de certains scandales, donnés pai-
ceux qui ont contracté un mariage nul devant un Ministre
ou un Magistrat, au mépris de leurs pasteurs, l'Evêque juge
à propos de faire faire amende honorable par les parties
coupables, on doit observer ce qui suit. Avant de prononcer
cette amende honorable, il faut avoir la précaution de la
lire en particulier aux deux parties, et si elles sont mi-
neures, devant leurs pères ou leurs tuteui-s qui, ainsi que
les parties contractantes, consentiront devant deux témoins
qu'on la lise à l'église.
"NN. et ÎŒ. dont je vais immédiatement publier le pre
mier ban, ayant grandement scandalisé cette Paroisse (par
le rapt qui a eu lieu sur la fille,) (ainsi que par le fiaux ma-
riage que tous deux ont prétendu contracter réellement
devant un homme qui n'était pas leur pasteur légitime.)
(et par la cohabitation publique qu'ils ont eue depuis ce
prétendu mariage) ; Mgr. l'évêque de Montréal a ordonné
qu'ils repareraient aus.si publiquement ce scandale : en con-
19
290 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
séquence tous deux m'ont prié de déclarei", dans la présente
Assemblée, qu'ils demandent pardon à Dieu et à l'Eglise du
scandale aflreux qu'ils ont donné par la conduite susdite
et qu'ils sont très fâchés de l'avoir tenue. Prions Dieu, mes
frères, qu'il fasée miséricorde à ces pécheurs repentants ; et
comme nous nous sommés affligés de leur égarement,
réjouissons-nous également de leur retour." '
XV. Lorsque de justes raisons empêchent de fairecon-
naître aux parties que leur mariage a été nul; et que l'on a
lieu de craindre de graves inconvénients, si on les séparait,
l'on doit envoyer à l'Evèque la partie coupable, sans lui
déclarer la nullité de son mariage. Mais s'il est moralement
impossible qu'elle aille trouver le Supérieur Ecclésiastique,
le confesseur ayant obtenu une dispensé m radice, et ayant
donné l'absolution au coupable, s'il y est préparé, lui signifie
que son mariage avait été nul à cause d'un certain empêchement,
ynai 3 qu'il le déclare bon et valide, en ayant obtenu le pouvoir
de VEvéque. En demandant cette dispense, il faut envoyer
les noms des .parties, avec la date et le lieu du mariage
qu'il faut réhabiliter par la dispense in radice à l'Evèque qui
doit tenir un Registre secret de ces mariages ainsi réhabi-
lités.
XYI. Lorsqu'il est question d'obtenir une dispense de
mariage, il faut exposer au Supérieur les raisons qui peuvent
l'induire à l'accorder, telles qu'on peut les voir dans la Thé-
ologie morale de St. Liguori (Lib. vi. Tract, vi. Cap. m.
Dub. IV. De matrimonio, surtout aux n. 1129: 1130.) Il
faut, sous peine de nullité, que l'inceste soit déclaré à celui
qui dispense ; et aussi s'il a été commis dans l'intention de
forcer l'Erèque à l'accorder. A l'avenir, nulle dispense ne
devra être accordée que sur une lettre du Curé, qui exposera
les raisons que les parties ont de la solliciter. Gn s'assurera,
en recourant à leur acte de baptême, que les parties ont
l'âge requis par les Canons. On profitera de la circonstance
de leur mariage, pour s'assurer si elles sont suffisaniment
instruites de leurs prières et de la doctrine chrêtiëfirie. De
plus, on les instruira de tout ce qui est nécessaire pour rece-
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 291
voir dignement le sacrement de mariage, en recourant à
l'extrait du Eituel. On y ajoutera, immédiatement avant le
mariage, l'instruction suivante :
XVII. In usu matrimonii, effusio seminis extra vas natu-
rale est semper mortale peccatum, et ad debitum conjugale
sub gi-avi tenentur conjugati, nisi légitime impediantur.
H»c duo débita inter alia prudenter monendi sunt sponsi
iinmediate ante matrimonii celebrationem. Praxis Domi-
nicam orationem et AngelieamSalutationemrecitandi,ante
actum conjugalem, valdè salutaris est, quia sponsorum
mentes purificat oratio et illos à gravissimis peccatis quœ
sa?pi88ime committuntur removet. ITnde ad hanc praxim
amplectendam contrahentes adhortetur confessarius, illos
simul prfemonendo ne unquàm contra conscientiam agant ;
sed in omnibus dubiis directorem suum consulant. Paulo
jjost matrimonium contractum, particulariùs de illius usu
prajcipiendi sunt. De quo vide Theologiam Moralem, D.
Alp. de Liguorio, Lib. vi. Tract, vi. Cap. ii. Dub. ii. Art. i
et II.
XVni. Chaque année, l'on publiera au Prône, le premier
dimanche après l'Epiphanie, le Décret du saint Concile de
Trente qui regarde l'empêchement de clandestinité, comme
il est prescrit par le Eituel.
XIX. Lorsque l'on est autorisé à faire des mariages entre
catholiques et protestants, par une dispense spéciale du Su-
2)érieur ecclésiastique, l'on se conforme ponctuellement à la
direction suivante.
lo. Le Prêtre engagera la partie catholique à se préparer
par la réception des Sacrements de Pénitence et d'Eucha-
ristie, aux grâces du Mariage. Il l'avertira qu'elle contracte
une très-grave obligation de faire tout en son pouvoir jîour
convertir la partie protestante, et pour élever les enfaiits de
l'un et l'autre sexe dans la religion catholique.
2o- Il fera le mariage soit à la sacristie, soit au presby-
tère, soit dans la maison d'un particulier, comme il le jugera
bon, mais jamais à l'Eglise.
3o. Il ne pourra assister au dit mariage que comme té-
292 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
moin. En conséquence, il n'y paraîtra qu'en soutane et ne
fera aucune prière ni cérémonie religieuse.
4o. Les parties se donneront mutuellement, en sa présence
et en celle d'au moins deux autres témoins, le consentement
de mariage, sans qu'il soit permis au Prêtre de le leur
demander.
L'époux dira à l'épouse : Je prends (une telle) qui est ici
présente pour ma femme et légitime épouse ; et l'épouse em-
ploiera la même formule.
5o. Dans l'acte de mariage, il fera mention de la dispense
qui l'autorise à marier un protestant avec une catholique,
sans aucune publication de bans ; mais il ne parlera point
de la dispense de disj)arité de culte que l'évêque accorde ad
cautelam, de crainte que la partie protestante n'ait pas été
validement baptisée, et que pour cela il n'y ait du doute sur
la validité du mariage. Il faudrait cependant mentienner
cette dispense de disparité de culte, si la partie protestante
n'avait pas été baptisée.
60. Avant le mariage, il exigera de la partie protestante
les promesses contenues dans la formule de serment ci-des-
sous ; et au nom de l'Evêque il lui fera prêter ce serment,
en présence de deux témoins qui sachent signer, et l'acte
demeurera aux archives de la paroisse ou mission.
SEftMENT prêté par M.
Protestant, avant son mariage avec M.
Catholique
" Je, soussigné , voulant contracter mariage avec
devant un Prêtre catholique,
et ayant eu pour cela recours à une dispense particulière de
la Cour de Eome, qui a été donnée a dit par Mgr. l'Evê-
que Catholique de Montréal, promets à Dieu, sur la foi des
Saints Evangiles et en présence de M.
Prêtre et délégué du dit Seigneur Evêque et de MM.
témoins pour c« appelés, que je laisserai à tous les enfants
qui naîtront de mon mariage avec 1 dit
toute liberté de suivre la Religion Catholique, Apostolique
et Eomaine, et aussi que je ne gênerai jamais en aucune
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 293
manière 1 dans l'exercico de la
ReUgion dont fait profession. Ainsi Diôu me soit en
aide et ses Saints Evangiles.
Fait et passé à en présence du dit M. soussigné, prêtre
et pour ce dûment autorisé, et de MM.
pour ce appelés et qui ont signé avec
moi le jour du mois de de l'année
mil-huit-cent- "
XX. Le Prêtre chargé par le Supérieur Ecclésiastique de
recevoir l'abjuration des hérétiques observe ce qui est pres-
crit dans le Rituel. Il faut remarquer là-dessus ce qui suit :
lo. Si le néophyte n'a jamais été baptisé, il n'y a aucune
absolution des censures à lui donner ; et on ne le confesse
que pour s'assurer de ses bonnes dispositions intérieurefit.
On le baptise aussitôt qu'il est suffisamment instruit; et on
procède ensuite à l'administration des sacrements d'Eucha-
ristie., confirmation et autres, s'il y est disposé ; 2o. S'il a
reçu un baptême quelconque, voici comment on procède.
On commence par l'instruire et le confesser pour le préparer
à bien recevoir les sacrements. Puis on le baptise, après
quoi, on lui donne l'absolution des censures encore sous
condition. Cela fait, on le confesse et on le fait s'accuser
en général de toutes les fautes confessées dans la confession
générale et on l'absout sous condition. On l'admet ensuite
à la sainte communion. Quant aux mariages des protestants
convertis, on les bénit comme au No. X et XI.
Que si un mariage a été nul, à cause de la disparité du
culte ou de tout autre empêchement, l'on suit ce qui est
marqué aux Xos. XII et XIII, en tout ce qui est applicable
au cas présent.
■294 MANDExMENTS, LETTRES PASTORALES,
CHAPITEE IV.
Bu Culte.
I. Chaque Curé se fera un devoir de donner au culte
extérieur toute la solennité possible. Il observera avec
respect et amour les Eubriques du Missel et du Bréviaire
et les rites prescrits dans le Cérémonial approuvé poux le
Diocèse.
II. Il veillera à ce que l'Eglise, les autels, les vases sacrés,
les linges et ornements, le baptistère, le sac aux saintes
huiles, en un mot tout ce qui est consacra au culte du Sei-
gneur, soit tenu en un tel état de décence et de propreté
que les Fidèles, en voyant ces objets sacrés, soient édifiés et
fortifiés dans la Foi. Les clefs du tabernacle et celles des
fonds baptismaux demeureront sous la garde des Prêtres
seuls. St. Alphonse de Liguori le prescrit à ses curés ; et
le Saint-Siège en fait une recommandation spéciale à l'Evè-
que de Montréal, dans un Eescrit du 16 Juillet 1843, où il
lui accorde le privilège de permettre à certaines Eglises de
garder le Saint Sacrement. " Pro gratiâ retinendi SSmum.
Eucharistie sacramentum, ità tamen ut fiât in loco prorsus
decenti et quanto melius potuit ornato, ac tuto, ante cibo-
rium lampas semper accensa die ac nocte retineatur, et
ciborii clavis ab aliquo sacerdote custodiatur, super quo
conscientia Episcopi oneratur."
Chaque Curé prendra pour lui, quant au soin vigilant
qu'il doit avoir de la sainte Eucharistie dans sa paroisse, la
recommandation si sérieuse que fait ici le Pape à TEvêque,
pour toutes les Eglises de son diocèse.
Le sac aux saintes hiiiles pourra être gardé au presbytère,,
quoique ce soit contre la règle générale de l'Eglise. Mais
on le déposera dans une armoire décente et fermant à clef,
dans laquelle on ne mettra rien autre chose, par respect
pour les objets si saints qu'il renferme.
III. Il fera ses efforts pour qiie tous les offices sur semai-
nes comme ceux des dimanches et fêtes, soient bien chantés
et servis.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 2'J5
IV. Il y aura un mnitre chargé d'enseigner le cLant à
ceux qui désireront l'apprendre. Il en donnera des leçons
les dimanches et fêtes, avant la grand'raesse, ou après les
vêpres ; et plus souvent si la chose est possible. On l'ensei-
gnera principalement aux enfants qui fréquentent les écoles.
La fabrique payera au besoin le maître qui sera engage
pour cela. Il suivra le règlement dressé pour le maître de
chœur, lequel devra être exposé à la sacristie. ,',,j,^^j,^
V. Il se fera aussi, toiis les dimanches et fêtes, un exercice
de cérémonies avant la grand'messe. Un des Instituteurs
de la paroisse pourra en avoii' la charge et il se conformera
au règlement qui le dirigera dans l'accomplissement de cet
important devoir. Ce règlement, ainsi que ceux qui regar-
deront les devoirs de l'organiste, du sacristain, du bedeau,
des surveillants chargés de maintenir le bon ordre dans
l'Eglise,, seront exposés à la sacristie, pour que chacun puisse
y avoir recoure, et les consulter au besoin.
VI. Les OâSces publics commenceront toujours aux heu-
res fixées. En hiver lu grand'messe commencera à dix
heures ; et à neuf le reste de l'année. Les Vêpres seront
régulièrement à deux heiires en hiver et à deux heures et
demie en été.
VII. Quand on portera le Saint Viatique aux malades,
l'on exigera qu'il y ait une voiture, ou au moins un homme
à cheval pour précéder la voiture où est le Prêtre portant
le Saint Sacrement et une autre voiture pour le suivre. Le
cavalier devrait avoir quelques livrées pour annoncer au
loin que c'est le bon Dieu qui passe par la paroisse. Il
Ijoiu'rait porter le fanal allumé et suspendu a son cou par
des chaînettes ; et sonner la cloche. Il est d'usage dans
plusieurs paroisses que tous les gens de la concession où
l'on va porter le bon Dieu, se mettent à sa suite pour lui
faire cortège jusqu'à la maison du malade. Ce pieux usage
devrait être encouragé partout. Il serait à désirer qu'il y
eut d^ns chaque paroisse, une voiture décente qui ne servi-
rait que quand on porterait le Saint Viatique. Cette voiture
poui-rait avoir deux fanaux fixés à la devanture. L'Extrême-
296 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Onction peut toujours être donnée après le Saint Viatique ;
car Benoit XIV décide que ce sacrement peut être adminis-
tré quand le malade gravi morho laborat.
Vm. L'auguste sacrement des autels devant être l'objet
continuel de nos adorations, tout le zèle du Prêtre doit ten-
dre à le faire vénérer dans sa Paroisse, en travaillant con-
stamment à entretenir cette salutaire dévotion par la fré-
quente communion, et la visite journalière des églises où il
réside.
Il faudrait engager les fidèles à se confesser plusieurs
jours avant les solennités où ils désirent communier, pour
gagner les indulgences qui y sont attachées. Par ce moyen,
beaucoup de personnes pieuses peuvent fréquenter les sacre-
ments aux grandes fêtes de l'année. En insistant, on finira
par leur faire comprendre qu'un Prêtre seul ne peut, en
quelques heures de confession, satisfaire au besoin du grand
nombre de ses paroissiens, qui voudraient profiter des indul-
gences accordées dans ces solennités ; et qu'il leur est bien
facile de se conserver plusieurs jours dans cette pureté de
oœur, requise pour la sainte communion.
IX. La lampe, qui doit brûler' jour et nuit près de l'autel
où réside Notre Seigneur doit être soigneusement entre-
tenue, pour qu'elle soit en quelque sorte le symbole de la
tendre piété de toute la Paroisse, pour cet incomparable
Maître. Les processions du Saint Sacrement se feront avec
toute la pompe possible.
X. Dans les paroisses où les Curés et Fabriques sont
chargés de quelques Messes de fondation, il y aura dans la
-sacristie un tableau où l'on inscrira le nombre des Messes à
la charge de l'EgUse ou à celle du Prêtre, les jours et les
autels où ces messes devront être célébrées, et en faveur de
quelles personnes : les noms des fondateurs et bienfaiteurs.
XI. Il sera du devoir des Curés d'exiger que les exécu-
teurs testamentaires fassent acquitter au plus tôt les Messes
^t les l«gs pieux prescrits par les défunts dont ils exécutent
les dernières volontés. St. Alphonse de Liguori veut que
<«9 soit dan* le cours du mois qui suit le décès.
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 297
XII. L'on se pourvoira de nouvelles huiles consacrées*
pour l'année, le plus tôt possible après le Jeudi Saint, et
î'oa s'en servira pour faire sans délai l'eau baptismale.
L'on n'enverra, pour chercher les saintes huiles à l'Evê-
ché, que des hommes respectables, qui devront être avertis
de ne pas laisser traîner dans les auberges ou ailleurs les
boites qui les renferment. Ces boîtes devront avoir été
purifiées, et èti-e prêtes à recevoir les nouvelles huiles.
CHAPITEE V.
Divers secours spirituels et temporels pour le bien des Paroisses.
Le Pasteur veillei-a sans cesse sur sa paroisse xîour i-éfor-
mer les abus et y établir le bien. Pour cela il observera ce
qui suit.
I. Les enfants ne fréquenteront point les écoles protes-
tantes,
II. Les filles ne fréquenteront point les écoles tenues par
des Instituteurs.
III. Les fréquentations seul à seul ne seront en aucune
manière tolérées ; et l'on suivra strictement la circulaire
du 16 février 1843.
TV. Les bals et rassemblements, où l'on ne voudra pas
•observer les précautions suggérées dans la dite circulaire,
aeront interdits.
L'on veillera sur les diverses espèces de jeux, qui s'intro-
duisent malheureusement dans la ville et les paroisses de
la campagne, afin de s'élever fortement contre ceux qui font
perdre beaucoup de temps, ou qui occasionnent chaque
«oirée de risquer aux chances du hasard une somme qui
pourrait suffire pour le soutien d'une famille pendant une
journée, selon la condition des joueui-s ; ou qui causent des
vols, des querelles et autres désordres. Ceux qui contribuent
.efficacement à ces jeux ; v. g., les maîtres des maisons où
298 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ils se font, doivent être, aussi bien que les joueurs, priyés
des sacrements. -l^'.vHr J( I >!i;îa of ,o.
V. Les filles qui cherchent à se placer dans les maisons
de la ville, pour y servir, pourront être recommandées à la
Maison de Providence, où l'on prendra des moyens de ley
placer, autant que possible, dans de bonnes maisons, et dp
les conserver dans leur innocence. .. t
VI. L'on prendra, dans chaque paroisse, des moyens effi-
caces pour réduire le nombre des auberges, afin de pouvoir
ensuite y maintenir l'ordre. L'on conseille aux Pasteurs
de visiter de temps en temps leurs aubergistes, pour les
encourager à ne point vendre les dimanches et fêtes, à ne
donner à chacun que selon son besoin ; «t à tenir à honneur
que les personnes qui fréquentent leurs maisons, surtout les
jeunes gens, n'y fassent jamais dexcès, n'y chantent jamais
de mauvaises chansons, n'y tiennent jamais de mauvais dis-
cours. L'on se fera un devoir à l'Evêché de représenter aux
autoj'ités civiles leur obligation de ne pas contribuer à la
démoralisation du Peuple, en accordant des licences à ceux
qui n'ont pas les qualités pour cela.
VII. L'on devra veiller soigneusement à ce que les livi'es
contre la foi et les mœurs ne se glissent pas dans les parois-
ses et à ce que les Ministres qui prêchent l'erreur ne soient
point reçus dans les maisons.
VIU. L'on travaillera à fortifier la foi des fidèles, par des
instructions solides mais simples, sur les vérités controver-
sées et en rép 'ndant de bons livres, pour les prémunir con-
tre le danger tles erreurs courantes.
IX. L'on travaillera avec zèle à procurer la conversion
de nos frères séparés, surtout en priant et faisant prier pour
eux et en leur donnant bon exemple. De bons livres que
l'on ferait circuler parmi eux détruiraient beaucoup de pré-
jugés.
X. L'on fera tous ses efforts pour déraciner les blasphêr,
mes, les fraudes dans les marchés, le luxe dans les ameuble-r
ments et les habits, les modes indécentes, tant à l'église que
dans les familles, la coutume de coucher les enfants dan**
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 299
les lite de leiu-s pères et mères, à Tâge où cela pourrait être
dangereux à leur vie ou à leurs mœurs, l'usage de faire
coucher les petites filles avec les petits garçons, les abus
qui régnent dans les maisons des pauvres, dans les villes et
les grands villages.
XI. L'on recommandera la pratique de l'Oraison mentale,
dont on enseignera la méthode, aux âmes appelées à mener
une vie plus parfaite que le commun, la prière en commun
au moins le soir, la lectui'e spirituelle, la vie de règle pour
le bon gouvernement des familles de la Paroisse. Le Règle-
ment de vie, qui se trouve dans la journée du chrétien, ou
autre pourrait être proposé aux pères et mères, maîtres et
maîtresses, et lu au prône de temps en temps, avec quelques
réflexions pour le bien faire comprendre et en fau-e goûter
les avantages.
XII. L'on procurera à ses Paroissiens les grâces de la
mission ou retraite de temps en temp^^; et il est à désirer
que chaque Paroisse, tant soit peu opulente, soit dotée de
quelque communauté, pour l'instruction et les œuvres de
charité.
XIII. Chaque paz'oisse doit avoir un soin tendre et c^/m-
patissant de ses pauvres. L'on placera dan.>? de bonnes
maisons ceux qui, par infirmité, ne pourront aller demander
l'aumône, et l'on fera au besoin des quêtes dans la paroisse
pour payer leurs dépenses. Pour que les aumônes des
pai'oissiens soient réparties avec plus d'avantages entre les
pauvres du lieu, l'on établira la Société de Charité, en vertu
du Mandement du 25 Janvier 1842, et conformément au
règlement donné alors pour la direction de cette Association.
Ce règlement est au fonds celui que donna St. Vincent de
Paul aux Dames de charité qu'il établit en France; ce qui
suffit pour inspirer une juste confiance dans le succès des
bonnes œuvres qui s'entreprendront sous la direction et
patronage de ce grand saint. L'on donnei-a de l'ouvrage
aux pauvres capables de ti-availler ; et on les tirera par là
de l'état d'oisiveté qui leur est si funeste. Il est à désirer
que les aumônes ne se fassent qu'en provisions et en habits,
300 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
et jamais en argent. L'on placera les orphelin.s et les orphe-
lines dans de bonnes maisons. L'on ne donnera rien aux
pauvres des autres paroisses sous quelque prétexte que ce
soit, si ce n'est quelques fois à manger, en leur recomman-
dant de s'en retourner chez eux au plus vite.
Il y aura au presbytère une liste exacte des pauvres de la
paroisse, et on la fera connaître aux paroissiens, pour qu'ils
sachent à qui faire leur aumône. On ne négligera rien pour
que les pauvres soient bons, et puissent, par leurs vertus,
attirer toutes sortes de bénédictions sur les paroisses. Il
est à désirer que l'on fasse, dans quelques paroisses centra-
les, des établissements de charité, pour y recevoir toutes les
personnes qui n'ont point d'asile, pour servir d'hospices aux
infirmes de toutes les paroisses du comté ou de l'arrondisse-
ment, qui auraient droit d'y envoyer leurs pauvres valétu-
dinaires, moyennant certaines contributions qu'il leur
faudrait payer. Avec du temps et de la persévérance, ce
plan peut très-bien se réaliser. Il y a dans le diocèse assez
de ressource pour cela. D'ailleurs il y a déjà plusieurs
établissements de ce genre qui font beaucoup de bien et qui
donnent de grandes espérances pour l'avenir.
XIY. Les enfants illégitimes, qui seront portés aux Sœurs
Grnses, devront avoir des certificats qui attestent qu'ils ont
été baptisés, et confiés à des personnes respectables sur qui
on puisse compter. Sans ces précautions, il arrive de bien
tristes choses.
XV. Les pauvres et infirmes ne doivent être envoyés
dans les hôpitaux et hospices de la ville, que lorsque l'on
s'est assuré des places pour eux. Car, sans cette précaution,
ils seraient exposés à périr dans les rues ou à être transpor-
tés aux stations de la police ou dans les prisons. Ce qui
crijerait vengeance au ciel conti'e les auteurs de cette barba-
rie. Les filles qui ont eu le malheur de se laisser séduire,
et qui ont de justes raisons de se cacher, peuvent être diri-
gées vers l'établissement de Ste. Pélagie où, avec tous les
soins corporels qu'on leur donne, on tâche de les prémunir,
par tous les secours relisrieux, contre les dangei-s de la
CIRGULAIBES ET AUTRES DOCUMENTS 201
rechute. On y veille particulièrement à ce que les fiJJef:,
qui y vont faire leurs couches, soient cachées, afin que,
conservant leur honnem* aux yeux du monde, elles soient
encouragées à travailler à ne plus s'exposer à un pareil
malheur.
XVI. Le Curé fera seul la visite de sa paroisse chaque
année, au lieu de la faire avec les Marguilliers, s'il y trouve
plus d'avantage pour le bien de sa paroisse. C'est le moyen
de connaître les besoins de son troupeau. Le recensement
qu'on doit faire, exprimera les noms et âges de ceux qui.
composent chaque famille, le nombre des âmes et des com-
muniants, ceux qui ont été eonfii-més et ceux qui ne l'ont
point été ceux qui n'ont pas fait leui's Pâques, et ceux
qui n'ont pas été à confesse dans l'année, les ignorants qui
ne peuvent être admis aux sacrements, les pécheiu's publics.
Ce recensement ainsi fait donne au Curé une grande facilité
pour s'assurer si tous les adultes se sont confessés et ont
communié dans l'année ; et si tous les enfants au-dessus de
sept ans ont été à confesse. Car il est facile d'en faire l'appel
nommément, lorsqu'on les fait venir pour la confession.
XVII. Tout Curé est tenu, d'avertir ceux de ses paroissiens
qui vivent en péché mortel, ou qui sont en danger d'y tom-
ber; et cela toutes les fois qu'il peut y avoir espérance
d'amendement. Le Curé qui manquerait à cette obligation
serait tenu à la restitution d'une portion des fruits de son
bénéfice.
XVin. Chaque Curé entretiendra le Presbytère et les
dépendances de la cure, comme un bon père de famille. Il
fera à ses frais les menues dépenses nécessaires à l'entretien
de son bénéfice ; et avertira la Paroisse quand il sera temps
de faire de grandes réparations. Il s'entendra avec l'Evèque,
lorsqu'il surviendra quelques difficultés, pour que les parois-
siens soient forcés au besoin de s'acquitter de l'obligation
où ils sont de loger convenablement leur Pasteur. Aucun
curé ne quittera le Presbytère, pour se loger dans une mai-
son particulière, sans la permission par écrit de l'Evèque ;
laquelle ne se donnera que pour le temps qui sera jugé
302 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
nécessaire pour la bâtisse ou réparation du Presbytère.
XIX. L'on fera faire dans chaque Paroisse un Inventaire
en forme des biens meubles et immeubles de la cure, dont
l'original sera enregistré dans le livre des Actes de délibé-
ration de la fabrique ; et une copie déposée dans les archives
de l'Evêché.
L'on marquera exactement tout changement qui serait
fait à cet inventaire, soit par addition, soit par soustraction ;
et l'PJvêque en prendra note sur sa copie pendant la visite
Pastorale. Tous les dix ans cet Inventaire sera renoiivelé.
Quand un prêtre entre en cure, il fera avec les Marguil-
liers de l'Œuvre et un Notoire, la visite de tous les objets
portés dans l'Inventaire et en constatera l'état, par un Acte
qui sera porté dans le Registre. Il en fera de même quand
il quittera cette cure ; et s'il y meurt, son exécuteur testa-
mentaire le fera pour lui. ' '-''*'= i:; .f;iO'.i>9o-L a'j
XX. Chaque fabrique devra avoir ses Archives pour y
déposer les Décrets d'érection. Proclamation pour la recon-
naissance civile de la Paroisse, les Registres, les livres de
comptes, les Mandements, Statuts, Dispenses, lettres d'af-
faires et autres papiers qui intéressont la cure. Il faudra
classer et mettre par ordre tous ces papiers pour qu'on
puisse les trouver au besoin.
L'armoire qui les renfermera, devra fermer à clef, et être
portative, pour qu'en cas de feu, on puisse aisément la trans-
porter ailleurs.
XXI. Il y aura un coffre fort, lequel aura deux clefs dif-
férentes Tune de l'autre, dont une sera entre les mains du
Curé et l'autre entre celles du Marguillier en charge. Il
sera déposé dans un lieu sûr, au jugement des Marguilliers
l'égulièrement assemblés ; et tous les argents de la fabrique
y seront soigneusement conservés. Chaque fois que l'on en
fera l'ouverture, le Curé et le Marguillier en charge y seront
présents et l'on portera sur le livre de compte l'acte des
argents qui y auront été déposés, ou qui en auraient été
tirés.
XXII. Les livres de comptes et xlctes de délibérations de
CIRCULAIRES Eï AUTRES DOCUMENTS 303
fabriques seront intitulés, cotés et paraphés par le Curé, afin
l'on puisse en prouver l'authenticité. L'on se conformera
au Eituel et aux Notes diverses pour la rédaction des actes
qui y seront insinués. L'on ne laissera jamais de blancs
enti-e les Actes. L'on authentiquera par la 8iij::nature de
celui qui est député pour dresser les actes, les renvois, les
mots en marij^e, ceux qui sont effacés, les actes déclarés nuls,
etc., etc. Tous ces livi'es et papiers seront tenus dans le
meilleur ordre possible.
XXIII. Chaque Marquillier devra rendre ses comptes
dans le cours de l'année qui suivra celle de sa gestion. S'il
ne le fait point, le Curé en avertira l'Evêque, qui prendra
les moyens qu'il jugera convenables pour lui faire remplir
son devoir, A chaque reddition de compte, il faut comj^ter
en présence des Marguilliers de l'Œuvre l'argent déposé au
coffre, et en dresser un bordereau dont l'original est laissé
au dit coffre et dont une copie est insinuée au livre. Le
montant du coffre ainsi constaté est porté, comme premier
article de recette, au compte du Marguillier en charge.
XXIY. Pour l'érection des Paroisses et les bâtisses ou
réparations d'Eglises, Presbytères, on observera ce qui est
mai'qué dans les notes diverses, en observant toutçfois ce
qui suit, parce qu'il y a eu dans les lois civiles quelques
amendements depuis la publication de cet excellent ouvrage,
qui doit trouver place dans chaque bibliothèque de Curé et
Vicaire.
L Ce n'e.st plus l'Ordonnance de 1791, mais le Bill de la
2e Victoria, c. 29, et celui de la ie c. 23 que l'on suit pour
parvenir aux fins susdites.
IL En dressant les Eequêtes et autres actes, il faut faire
les changements qu'exige la diôerence des lieux, des temps
et autres circonstances, en se conformant aux dispositions
spéciales de la susdite ordonnance.
III. Dans les Eequêtes tant à l'Evêque qu'aux Commis-
saires, il faut exprimer qu'elle^! eont da \2i majorité des habi-
tante francs-tenanciers, etc.
304 MANDEMENTS, LETTRES PASTOBALES,
IV. La Eequête, poui* obtenir la reconnaissance civile des^
Paroisses, ne s'adresse pas au Gouverneur, mais aux Com-
missaires.
On la dresse comme suit : A Messieurs les Commissaires
chargés de procéder à la reconnaissance civile des paroisses, à
la bâtisse d'églises, presbytères, etc.
L'humble requête, etc.
Y. La notice du commissaire de l'Evèque doit être publiée
et affichée pendant deux dimanches consécutifs à la porte
de l'église ou chapelle, (ou dans l'endroit le plus commode
pour les intéressés) à l'issue du service divin du matin ; et
celui qui certifie ces publications et affiches doit être un
homme public, c'est-à-dire un Huissier ou Notaire ou Juge de
Faix, et il doit exprimer cette qualité d'homme public.
L'opération ne doit pas avoir lieu avant le jeudi qui suit la
seconde publication de la notice. Cette notice ne se publie
qu'une fois dans les lieux où l'office public se fait de deux
dimanches l'un.
Modèle de certificat pour une notice.
"Je, soussigné, certifie avoir lu publiquement et affiché la
notice ci-dessus à la porte de la maison du sieur XN". regar-
dée comme le lieu le plus public de la résidence des inté-
ressés, à la porte de l'église de N. où s'est célébré l'office
divin du matin, étant la dite paroisse, une des deux qui sont
desservies par le même curé, à l'issue du service divin du
matin, pendant deux dimanches consécutifs, savoir les
dimanches... du mois de jS^... de la présente année."
VI. Quand il sera question de faire l'élection des syndics,
qui devront présider à la bâtisse d'une église, le curé devra
annoncer, pendant deux dimanches consécutifs, au prône d«
la messe paroissiale, une assemblée générale des habitants
francs-tenanciers de la paroisse ou mission. Cette assemblée
sera convoquée au son de la cloche et présidée par le Curé.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 305
On y procédera à l'élection de trois ou d'un plu? grand
nombre de syndics, et on en dressera un acte en bonne
forme en se conformant à rordonnancc des commissaires.
CHAPITEE VI.
Associations,
J.. L'on iravaillera à former l'esprit d'association, et à
donner au peuple une bonne direction, en soufflant partout
l'esprit de charité et d'union.
- U. L'Œuvre si belle de la Propagation suffirait pour
répandre dans tout le diocèse les plus abondantes bénédic-
tions du ciel. Aussi mérite-t-cllo toute l'attention et le zèle
des Pasteurs. Cette Association ainsi que les sociétés de
tempérance et de charité, avec l'Archiconfrério du Ti'ès
Saint et Immaculé Cœur de Marie, sont comme les quatre
fleuves destinés à répandre, dans toutes les parties de ce
diocèse l'abondance des biens spirituels. Les pieuses Con-
fréries du Saint Rosaire, du Saint Scapulaii-e, de la Bonne
Mort ou du Saint Sacrement, de la Sainte Famille, les Con-
grégations des filles consacrées à la Bienheureuse Vierge
doivent être l'objet du zèle de chaque curé, qui ne travaillera
pas en vain, quand il se consumera do soins pour l'honneur
et la gloire de celle qui veut bien être a])pelée, et qui est
en effet spécialement la Heine du Clergé. Quelques-unes des
Neuvaines approuvées par les Souverains Pontifes, pour
préparer les Fidèles aux fêtes de l'Immaculée Conception,
de la Purification, de l'Annonciation, de la Nativité et do
l-" Assomption ont toujours porté leurs fruits dans les lieux
où elles se font. Le mois de Marie a également été pratiqué
dans beaucoup de paroisses avec avantage pour les bonnes
âmes qui ont consacr.é ce mois à la Bienheureuse Vierge.
m. Il ne faut prendre de ces diverses dévotions que celles
que l'on se sent canable d'entretenir, car il vaut beaucoup
20
30C MANDEMENTS, LETTRES f ASTORALES,
mieux navoir qu'une seule confrérie et la soigner avec
persévérance que d'en avoir plusieurs et les négliger. . '■'-'
TV. Pour pouvoir surveiller avec avaiitage toutes le»'
parties de la paroisse il serait bon de la diviser on plusieurs
quartiers. L'on pourrait se conformer aux divisions de la
municipalité. Chaque arrondissement sera dédié à quelqiie
j^aint patron. L'on y fera élire des conseillers de la Tempé-
rance et de la Charité ; des chefs de section et de centurie
pour la Propagation de la Foi, des surveillantes, infirmières
etc., etc., pour la Congrégation.
V. Tous les ans, après la Pentecôte, chaque cuié donnera
à l'Evêque des renseignements sur sa paroisse. Dans <>e
rapport, il lui fera connaître le nombre de ceux (jui n'ont
pas été à confesse et qui n'ont pas fait leurs pâques ; }i
l'informera lo. Si quelques abus se soht glissés dans sa
paroisse, dans le cours de l'année; 2o. S'il a rencontré qnel-
ques difficultés dans l'exercice de son ministère, et quelles :
3o. Si les comptes de la fabrique sont en règle ; 4o. Si leM
confréries se soutiennent ; 5o. Si les pauvres ont été conve-
nablement soulagés; 60. Si quelques points de ce Règlement
n'ont point été observés, et quels. L'on donnera un tableau
de tous les renseignements exigés, pour que le curé n'ait
que peu à faire chaque année en rendant ses compte»**;
pourvu qu'il connaisse bien sa paroisse.
L'Evêque fera tous les ans, par lui-même et par des dépu-
tés le tour du diocèse, ponr en faire sa visite sans solennité
ni concours, se contentant de convoquer les marguillier»
qui viendront rendre compte des affaires de la fabrique, ei
de voir ensuite avec les curés si tout est en ordre.
J
CIRCULAIHES KT AUTRES DOCUMENTS 30?
KÈflLEMEXT l'oi K J,ES CONFÉRENCES ECCl.ÉS rAST[(Jt">;s J;l
DIOCÈSE DE MONTRÉAL,
.Vdoplé par les difterentes assemblées qui ont été tenues dans
le Diocèse, et principalement par celle de leurs députée,
tenue à l'Evèché de ifontréal, le 2(î Septembre 1845.
I. Il y aura tous les ans deux conférences ecclésiastiques '
dans chaque arrondissement, qui se tiendront aux mois de
Janvier et Juillet. Chaque assemblée en fixera le jour. Ces
conférences rouleront successivement sur l'Ecriture Sainte,
le dogme, la morale, le chant, les cérémonies de l'Eglise.
Le point à discuter dans chaque assemblée, aura été assigne
d'avance par l'autorité cpiscopTile. Le SecrétAire aura un
mois pour rédiger le procès-verbal, et au bout de ce tempe, '
l'arrondissement s'assemblera de nouveau pour l'adoptej-.
Si un changement ou une addition y est demandé par la
majorité, on en fera un post scriptum qui sera lu et signé, *
séance tenante.
II. Nous invitons tous les curés, vicaires, confesseurs et
autres ecclésiastiques qui sont dans les ordres Sacrés, à se
trouver dans la conférence de leur an-ondisseraent, à moins
(qu'ils n'aient des raisons imprévues qui les en empêchent.
III. MM. les Curés et Vicaires qui ne pourront pas se
trouver à la conférence, doivent donner la raison pour
laquelle ils ne s'y sont pas rendus, et il en sera fait mention
<lans le procès-verbal.
IV. Les conférences se tiendront dans le chef-lieu de
l'arrondissement, ou dans la paroisse qui sera plus centrale, '
ou successivement dans toutes les paroisses. M. le Président
indiquera, à la fin de chaque conférence, le lieu et le jour
où elle se tiendra. Il désignera également ceux des Prêtres
de l'arrondissement qui seront chargés de développer lés.
divers objets de la conférence.
V. L'Archiprètre, et à son défaut le plus ancien des curés
pi-ésents, ouvrira la cenférence par le Veîii Sancte et la pré-
sidera : il recueillera les suffrages, et donnera son axia ]e
308 MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES,
dernier. En l'absence de ceux qui avaient été chargés de
développer les questions, et d'après l'invitation du Président,
le Secrétaire pourra le remplacer.
VI.' Le Secrétaire de chaque conférence sera élu tous les
ans, au scrutin, et non par acclamation. De concei't avec
le Président, il dressera le procès-verbal de la Conférence ;
îl le lira dans la conférence suivante, et l'enverra de suite à
rÏEvèché, signé par lui et par le Président.
VII. Quand le mauvais temps, ou des occupations extra-
ordinaires, ou quelqu'autre raison grave forceront de ren-
voyer la Conférence, l'Archiprêtre indiquera le jour auquel
elle sera transférée.
VIII.. La conférence ee tiendra au presbytère ; elle com-
mencera à dix heures et durera au moins deux heures. Ou
évitera toute discussion inutile ou étrangère à l'objet de la
conférence. Le Président et le Secrétaire auront soin do
ramener à la matière des conférences ceux qui s'en éloigne-
raient ; les questions incidentes seront renvoyées à l'après-
dinée. Chacun donnera son avis raisonné; ce sont les plus
feunes qui donnent leur avis les premiers. Le Pi'ésident
parle le dernier et fait le résumé des sentiments, à moins
qu'il n'en charge le secrétaire ; dans tous les cas, celui-ci
prend des notes sur le champ pour le procès-verbal.
.IX. Dès que la conférence sera finie, on dira le Sub tuum
et on dinera chez M. le Curé. Le diner sera servi frugale-
ment, ainsi qu'il convient à la pauvreté cléricale que chacun
6e fait gloire de pratiquer. Au commencement du dîner, le
Secrétaire lira un chapitre de l'Ecriture Sainte, et de préfé-
rence celui qui a été l'objet de la conférence. Après, conver-
sation. A la fin du repas, on lira un nombre de l'Imitation
dQ .Jésus-Christ.
X. Après le dîner, x)n .se réunira encore pour continuer
l'examen des questions qui n'auraient pas été proposées, le
matin, pour conférer sur les cas difficiles qui seraient arrivés
è quelques-uns des confesseurs, sur le chant, les cérémonies
de l'Eglise et sur les moyens de ranimer la piété. C'est le
président, ou, par son ordre, le secrétaire, qui indiquera
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 3Ô9
l'objet de la conférence de l'après-dînée ; il le fixera d'après
les questions qui lui auront été faites, et les cas qui lui
auront été remis par écrit. Nous disons par écrit, parce
qu'alors ils sont pi-oposés plus clairement, et qu'il y a moins
de danger de faire connaître les intéj'essés.
XI. Daigne le Dieu de miséricorde répandre ?es bénédic-
tions sur une institution si vénérable par son antiquité et
qui rappelle d'une manière si touchante les assemblées des
premiers fidèles, dont il est dit qu'ils n'avaient qu'un cœur
et qu'une âme! C'est la disposition que chacun doit y
apporter, et le fruit qui en résultera. Il est rare qu'on se
trouve dans une assemblée de bons ecclésiastiques, sang
avoir le désir de ti'availler à devenir meilleur; mais ce sont
surtout les jeunes prêtres qui ont besoin des conférences
ecclésiastiques ; c'est là qu'ils puiseront les leçons de l'expé-
rience, que rien ne peut remplacer; c'est là qu'ils recueille
ront ces traditions si respectables, si nécessaires, qu'on ne
trouve pas dans les livres, et sans lesquelles il est difficile
de faire le bien ; c'est là enfin qu'ils puiseront ces exeraplet»
de vertu, de foi, et de piété, que les cheveux blancs repdent
si respectables et si fructueux.
Conformément à ce que nous voyous pratiquer dans piu
sieurs diocèses, et pour établir l'uniformité, nous mettor s
ci-après le modèle du procès-verbal qui doit être fait à la
suite de chaque conférence. Nous nous contenterons de
recommander ici d'éviter les longueurs, ou un laconisme
sec et non raisonné; il faut un juste milieu, qui demande du
travail de la part du rédacteur. Nous recommandons aussi
d'employer le grand papier à lettres, partout, afin qu'on
puisse plus aisément réunir les cahiers.
PROCÈS VERBAIi
De la Conférejice du mois d
tenue dans la paroisse de
arrondissement de le a
laquelle ont assisté MM.
3!0 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
M. le Curé de
a écrit
qu'il ne pouvait pas venir parce qu'il était malade, ou parce
qu'il était auprès d'un malade, etc.
Dans la première conférence, le Règlement sur les Confé-
rences a été lu, ainsi que la Circulaire placée à la tête des
questions pour cette année...
M.
a été élu Secrétaire au scrutin.
Dans les conférences suivantes on dira : On a fait lecture
du procès verbal de la dernière Conférence, qui a été admis
sans i-éelamation, et signé par M. le Président et le Secré-
taire ; ou sur lequel on a fait telle observation.
Dans la Conférence de ce jour les questions sur l'Ecriture
Sainte ont été développées par M.
Il a répondu sur la question :
On a été généralement de son avis.
On lui a opposé telle difficulté.
A laquelle il a répondu :
Il a répondu sur la question... etc.
Les dogmes ont été développés par M.
Il a répondu sur la première question.
On lui fait observer :
Et il ti iej>ondu
Sur la seconde question
Les questions de morale ont été dévelop}^e.s par M.
Après la séance on a dîné chez M.
On s'est réuni de nouveau après dîner; outre les questions
sus-raentionnées, il a été proposé un cas de conscience ain.si
conçu :
Lequel a été décidé comme suit :
On a proposé telle question sur le cbant, les cérémonies
et les rubriques du Mi.S'-el, du Bréviaire, du Eituel ou du
Cérémonial .
Si quelqu'un croit avoir des raisons pour demander la
permission de suspendre le catéchisme ou de ne pas tenir la
J
CIKCULAIRES ET .V.UTKES DOCUMENTS 311
JAuipo du Saint Sacrement allumée, il eu sera fait mention,
ainsi que de l'avis des membres de la Conférence.
Le présent procès verbal a été lu et approuvé auj<jurd'luu
(le lieu et le quantième)
(Signature du Président) (Signature du Secrétaire)
C'est ordinairement dans la Conférence du mois suivant
qu'on fait lecture du procès verbal d'une Conférence, et
qu-'il est signé par le Président et le Secrétaire.
IIEGLEMENT i>LT CHŒUli
Four les enfants du Diocèse de Montréal.
l'our être admi.-tau chœur et conserver sa place il faut:
J. Etre de bonne conduite et fréquenter les sacrements.
II. Savoir les réponses de la niesse et être capable de
Horvir aux offices.
III. Assister régulièrement à la messe et aux vêpres, les
jours d'obligation, et aux exercices do cérémonies qui se
feront un quart d'heure avant l'office du matin.
IV. Se bien tenir au chœur, n'y point parler, n'y jamais
rire, n'y pas tourner la tête de côté et d'autre, s'occuper à
lire, à prier, à chanter ou à voir les cérémonies.
Y. Ne point sortir du chœur pendant les offices sans la
permission de celui qui sera nommé pour surveiller.
VI. Ne parler dans la sacristie que ])ar nécessité, et à
voix basse.
VII. Avoir bien soin de ses habits de chœur et ne jamais
les laisser traîner à terre. N'en point porter de sales ou de
déchirés.
Vill. Etre très-soumis au maître des cérémonies ou à
celui qui sera chargé de les enseigner ; montrer un grand
zèle pour en profiter,
IX. Etre disposé à servir aux différents offices et s'effor-
otir de s'en bien acquitter.
312 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
X. Se rendre à la sacristie un quart d'heure avant le der-
nier coup des vêpres. «
XI. Eviter de se revêtir du surplis pardessus son surtout
dont le collet serait trop haut, de manière à paraître hos«a
on ridicule.
Du Madré des Cérémonies.
I. L'on choisira pour maître des cérémonies celui qui
sera jugé le plus exemplaire et en même temps le plus
capable de remplir cet oâ3ce. Un des instituteurs de la
paroisse pourrait en être chargé.
II. Il étudiera avec soin le Cérémonial et exercera les
enfants du chœur un quart d'heure avant la messe, sur lei?
cérémonies du jour.
III. Il dira à la sacrifetie^ avant de partir pour le chœur,
le Veni Sancte Spiritus et l'oraison Deus qui corda, etc., et
après les offices, le Sub tuum prœsidimn. Il fera marcher les
enfants deux à deux, leur fera faire la génuflexion à quelque
distance des degrés de l'autel, et un salut i-éciproque en se
séparant pour aller à leurs places.
IV. Lorsque le chœur devra se lever, et s'asseoir ou se
mettre à genoux, il en donnei-a le signal, en frappant légè-
rement sur son livre.
V. Il surveillera le chœur afin que tous les enfants s'ac-
quittent bien de leurs offices, et se conduisent avec édificn-
lion, et il signalera au curé ceux qui seront dissipés, ou se
comporteraient mal au chœur de quelque manière que ce
soit.
VI. Si quelqu'un se conduit mal, il tâchera de l'arrêter,
sans bruit, par quelque signe; sinon, il ira l'avertir chari-
tablement de ne point sc.indali':er par ce mauvais compor-
tement.
VII. 11 tiendra ku catalogue des enlanLè de cliœur et
marquera les aliscnts dont il donnera Ic^ noms au curé.
I
CmCULAIHES ET AUTRES DOCUMENTS 313
VIII. Il aura soin que tous se tiennent droits,, sans b'ap-
puyer de côté et d'autre lorsqu'ils seront debout ; qu'ilô ne
s'essuient point le visage avec les manches de leurs surplis ;
qu'ils ne- s'en servent point comme d'éventails pour se
rafraîchir dans les chaleurs ; qu'ils ne tournent point la
tête dans la nef; qu'ils tiennent en mains leurs barrettes ;
qu'ils ne mâjhent point de tabac ; enfin qu'ils remplissent
fidèlement leur règlement ; et ne fassent rien qui ne con-
viennent à la sainteté du lieu, et qui ne soit édifiant poiu-
les fidèles qui assistent au service divin.
IX. Il y aura auprès de la sacristie quelque lieu secret,
pour les enfants de chœui-. et il ne leur sera permis dy aller
qu'un à la fois.
Les Chanirt's.
Les chantres ub-serveront tout ce qui les r-egardc dans le
règlement du chœur.
I. Ils doivent de plus s'exercer d'avance sur ce qu ils ont
À chanter pendant les offices. Poui* cela, ils s'informeront
de M. le Curé quel sera l'office du dimanche suivant.
II. Ils se feront \\n devoir de donner aux enfants de chœur
l'exemple de la modestie et de la retenue, ne parlant que
par nécessité, en peu de mots et à voix bas.se; et édifiant
iunsi tous ceux qui assisteront aux saints offices.
III. lU doivent chanter gravement ; plus lentement, aux
fêtes les plus solennelles qu'aux autres jours, se souvenant
qu'ils font l'office des anges qui chantohî. dans le ciel, les
louanges du Seigneur.
IV. C'est au maître chantre à C(inimencer les différentes
pièces qui se chantent à la messe ; mais à vêpres, chaque
chantre entonnera son antienne et son psaume, en commen-
çant par les anciens, s'ils en sont capable^.
y. Tl< ne doivent pas chercher à. dominer les nus -iir k-s
Jl-i MANDEMENTS, LETIHES PAbTUUALES,
au^rcd ; chacun doit bo régler sur le premier qui se trouve
du même côté du chœur.
yi. Avant de commencer r/n?roiY, ils doivent faire sur
eux le signe de la croix, se souvenant que c'est par les seuls
mérites de Jésus-Christ mort on croix que nous pouvons
nous présenter avec confiance devant le Seigneur.
I>e rOnjanKife.
I. On peut juut-r de Torgue Uni:* les dimanches et fêtes de
l'année, excei^ié ceux pendant l'avent et le carême.
II. On en peut jouer néanmoins le troisième dimanche de
lavent et le quatrième du carême, à la messe seulement, et
aussi à la messe du Jeudi-Saint, jusqu'au Gloria in excelsis
inclusivement, pareillement à la messe et aux vêpres du
Samedi-Saint, ainsi qu'aux fêtes et aux fériés qu'on célèbre
avec solennité durant le carême ; et chaque fois qu'on célè-
bre solennellement et cuvi lœtitia pro aliquâ re gravi.
III. Il convient de le faire, toutes les fois que l'Evêque
doit célébrer solennellement, ou assister à la messe aux
fêtes les plus solennelles, lorsqu'il entre dans l'église, ou
qu'il en sort après l'office.
IV. De même à l'entrée de l'archevêque ou d'un autre
évèque que l'évèque diocésain voudra honorer, jusqu'à ce
qu'ils aient prié et que l'on commence l'office.
V- Aux matines et aux vêpres solennelles des fêtes ma-
jeures, on peut jouer dès le commencement.
VI. A vêpres, à matines et à la messe, le choeur doit
chanter (et non pas l'orgue jouer) le premier verset des
cantiques et des hymnes, et aussi le verset des hymnes où
l'on doit fléchir les genoux, v. g. : Te ergo guœsumus, etc.,
Tantum ergo' sacramentum, etc., quand le St. Sacrement est
sur l'autel. Do même pour le verset Gloria Patri et les
derniers versets des hymnes, quand même le verset pi-écé-
dent aurait été chanté par le chœur. Quelqu'un du choeur
C I KG U L A I H E s ET A U TK ES DOG U M E NTS 31 :>
devrait réciter à voi^s liante, les parties des hymnes et
oHntiques jouées par l'orgue.
Vfl. Aux autres heui-os do l'office canonnial. on suivra la
coutume des lieux.
VIII. Aux vèni'es solennelles, l'orgue a coutume déjouer
à la fin de chaque psaume ; et alternativement nux versets
de l'hymne et du cantique Magnificat, en ob^^ervant ce qui
est ci-<-lessus prescrit.
ÏX. A la messe solennelle, on joue et chante alternative^
ment : Kyrie, Gloria in excelsis, Sanctus, Agnus Dei ; et
Torgue joue après l'cpitrc, à l'offertoire, avant l'oraison
post-communion et à la fin de la messe ; et dui-ant l'élévation
il faut que le jeu soit doux et grave.
X. Lorsqu'on dit le vSymbolc, à la messe, il doit êti-e
chanté par le chœur, et l'orgue ne peut jouer que ])0ur
accompagner les voix.
XI. On doit avoir soin que le son de Torgue ne soit pas
lascif et impur et qu'on ny chante rien que ce qui à rapport
a l'office ; et par conséquent rien de profane ou de lubrique ;
on Tîe doit pas ajouter d'autres instruments de musique.
Xri. Les chantres et les musiciens doivent observer que
l'harmonie des voix doit avoir pour effet d'exciter la piété,
et pour cela ne doit ressentir eu rien la légèreté et la mol-
lesse, afin de ne pas détournei- l'esprit de9 assistants de la
contemplation des choses saintes. Dans cette intention, ils
doivent chanter d'un ton de voix qui soit intelligible à tous,
et qui soit en m.ême temps animé de l'onction du St. Esprit.
t^c capable de toucher les cœurs des fidèles.
n serait plus conforme au cérémonial des évoques de ne
pas jouer l'orgue et de ne chanter que du plain-chant aux-
iriosses des mortn.
Du Bedeau.
1. Sonner V Angélus dej>u!8 le soir de la Qijiasimodo inclusi-
316 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALEt^,
vement, jusqiï'au soir tie la solennité de St. Michel exclysi-
vement, le matin à cinq heures, le soir à sept heures.
Le reste de l'année, le matin et le soir à six heures.
Tous les jours de l'année; excepté le Jeudi et Vendredi-
Saint douze heuref^.
II. Ij' Aiigelus, î^ouner au tintons et en Utanle durant troit^
minutes : on double ce son le midi et le soir de la veillo.
ainsi que le matin et midi des jours des fêtes les plus solen-
nelles, Pâques, Ascension, Pentecôte, Fête-Dieu, Dimanche
de. la procession du St. Sacrement, St. Pierre, St. Jacquen,
Dédicace, Assomption, St. Nom de Marie, Toussaint, No^l,
Epiphanie, patron ou titulaire de la paroisse.
Fêtes et Dimanches.
III. Pour la messe, eonner trois coups en branle à utt-
heure de distance ; pour vêpres, sonner trois coups en branle
à une demi- heure de distance, ajoutez quelques tintons au
dernier coup, cinq minutes en tout.
Services et Sépultures.
IV. Au décès, sonner trois volées en soupirs do neuf, pour
un homme, de sept pour une femme et en branle, durant un
quart d'heure. Pour un Prêtre, durant une demi-heure, pour
le Pape ou l'Evêque une heure.
V. Sonner de même avant VAngelus du soir de la veille
et après VAngelus du matin du jour de la sépulture et service.
VI. Sonner cinq minutes y compris les soupirs, le branle
et le tinton, avant de commencer l'office.
VII. Sonner en branle pendant tout le Zîft^ra, après avoir
commencé par des soupirs.
VIII. Après les vêpres des morts, sonner de tempe en
temps, jusqu'à VAngelus, des glas, et aussi depuis VAngelus
du matin jusqu'à la messe solennelle des morts pour laquelle
on ne sonne que cinq minutes à l'ordinaire.
CIUCULAIfiES ET AUTRES DOCUMENTS • 317
IX. Service anniversaire, sonner le soir et lo jnatin,
eomme ci-dessu-s,
X. Grand'messe sur semaine ; sonner, comme au diman-
che, ou bien de demi-heure en demi-heure.
XI. Sonner durant les processions du St. Sacrement, et
celles de St. Marc et des Rogations.
Xn. Sonner en tintons pendant les deux élévations, aux
i^rand'messes sur semaine, comme à celles des dimanches
et fêtes.
Xin. Sonner en tintons quand il faut porter de jour le St.
Viatique aux malades. Où sonne pendant dix minutes,
cinq minutes avant et cinq minutes après le départ du prêtre
qui porte le bon Dieu.
Du Sacristain.
i. Avoir soin que les parements, vases sacré.H, livres,
cierges, ornements, etc., soient conservés dans la décence et
la propreté convenable. Avertir le Cm-é lorsque les orne-
ments auront besoin de réparation, ou que les linges sei'ont
«aies ou déchirés.
II. Veiller surtout à ce que la plus grande propreté règne
à l'autel, et à ce que tout ce qui sert dans l'administration
do la sainte Eucharistie soit bien entretenu. !N^e jamais
laisser éteindre la lampe de l'autel où on la conserve et la
faire nettoyer une fois chaque semaine.
III. Avoir soin des reliques saintes et les conserver hono-
rablement.
IV. Faire renouveler l'eau bénite chaque semaine. Faire
tenir dans une grande propreté, toute l'Eglise, les chapelles
et les autels.
V. Faire les parures suivant la direction du Curé et le
règlement qu'il jugera à propos de faire.
VT, Préparer d'avance le«; autels, crédences, chœur, orne-
31S MAM)fc:MElsTS, LEIÏhES Py\ST()FJALKS,
iiientK et autres ç•hof^es nécerisaii'e»<, de manière que Toffîfe
ne soit pas retiirdé. ' " \
VIL Faire sonner irt clorho aux heures fixées pour leB
officet;; aux élévations dcf^ messes solennellcH; le matin, le
midi et le soir pour VAnarIns : lorsque l'on porto le Sain:
Sacrement aux malades.
YIII. Ne pas souffrir que Toi» tienne dans la sacristie,
des discours indécents ou inutiles, et qu'on y fasse qneV
qu'action profane.
TX. Présenter, surtout aux étrangers, ce qui est )ie^e^-
saire pour la célébration des mystères.
X. Avoir un tableau des messes et anniversaires' qui doi-
vent être célébrés en des jours fixes.
XI. Renouveler les essuie-mains pour les prêtres qui se
préparent à célébrer.
XII. Remettre les ornements à leur place après les oflfic»-»
et plisseV les stirplis et les aubes.
XIII. Faire observer les règlements du chœur, de lu
sonnerie, des cérémonies, s'il est en même temps bedeati,
maître de chœnr et de cérémonies.
XIV. Ne jamais toucher de ses pieds les pierres saci-é»*,
(|uaud il fait la parure des autels.
XV. Ne jamais parler dans l'église, si ce n'est par nécet-
*ité, et alors toujours à voix basse ; n'y jamais coxirir. queî-
(jue pressé qu'il puisse être.
CIRCULAIRES ET AUTREt^ DOCUMENTS; 3Î0
[.ETTRE PASTOEALE DEMONSEIGNEUJIL'ÉVÊQUE
DE MONTRÉAL AU CLERGÉ DE SON DIOGÈSE,
PROMULGUANT LES DÉCRETS DU PREMIER
CONCILE PROVINCIAL DE QI^ÉBEC.
KiNACE BOUROET, PAR LA MISÉRICORDE DE D[EU ET LA OHAOK
DU SAINT SIÈGE AP08T0LIQT'E. ÉVÊQTE DE MONTRÉAL,
ETC., ETC., ETC. ~
Au Clergé Séculier et Régulier de n<>ire Dioctse, Salaî et Béné-
diction en N. S. J. C.
NOUS publions, pai* Ick Présentes, les Actes <Ju Premier
Concile Provincial de Qnébec. et Nous ordonnons qu'à l'ave-
nir tous ses Décrets soient religieusement observés dans
Notre Diocèse.
C'est à vous, Nos bienaimés Collaborateurs, et à vous
seuls que Nous les adressons, parce que vous en «levez être
les gardiens fidèles et les zélés propagateurs.
Sans vous, en effet, ils ne seraient pour notre peuple
qu'une lettre morte. Aussi regardons-Nous votre concours
a cette grande œuvre comme souverainement nécessaire.
A cette fin. Nous les déposons, ces Décrets salutaires
dans vos cœurs, pour que vous les aimiez; dans vos bouches,
pour que vous les publiiez ; dans vos mains, pour que vous
les exécutiez.
St. Charles, qui a été l'âme de ce Concile, par sen règles
que l'on y a suivies, et par ses prières que l'on y a implorées.
nous sera .à tous, sur ce point, un parfait modèle. Car il
reçut les Décrets Sacrés du Concile de Trente avec respect
les étudia avec ardeur, les exécuta avec fidélité.
Pesons de même, et Dieu bénira nos ti'avaux, cOmme il
bénit les siens. Que l'esprit de ce Grand Saint, qui est
encore vivant dans son Eglise de Milan, se répa,nde dans
celle de Montréal. C'est dans notre estime la plus précieuse
de ses reliques ; aussi est-elle l'objet de nos ardente et con-
tinuels désirs.
.'520 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Et afin qu'il n'y ait chez noutt tous qu'un cœur et qu'une
âine, pour l'intelligence et la pratique des Actes de notre
Concile, Nous allons les esquisser rapidement.
Notre intention est, en cela, de vous faire remarquer l'oa-
orit divin qui, comme une raoële sacrée, se trouve enveloppé
rious la forme des procédés humains. Cet épanchement de
Kotre cœur est pour Nous, dans cette occasion, un devoir
impérieux. Car si Dieu nous a éclairé, pendant que Nous
rej)résentions au Concile l'Eglise de Marie, Nous le devons
à vos prières et à celles de vos pieux fidèles. Nos émotions
sont les vôtres. Nous vous les transmettons donc ici, dans
toute la simplicité de Notre âme.
A la seule lecture des procédés du Concile, on demeure
sous l'impression que l'Esprit-Saint y a présidé. Le travail
se distribuait entre Cinq Congrégations, dont le nom indi-
quait la spécialité. Chacune avait, à sa tète, un Evêque qui
lui communiquait, de la part des Pères, les questions qui
étaient de son ressort. Ces questions étaient ensuite discu-
tées dans des Congrégations Générales, formées de tous les
Théologiens du Concile, et en présence des Evêques réunis
sous la Présidence de l'Archevêque. Le livre des Saints
Evangiles placé sur un trône, et la Croix Archiépiscopale,
élevée au milieu de la salle des séances, disaient bien haut
à tous l'importance de ces discussions. Venaient ensuite
les jugements des Evèques dont les Décrets se formulaient
dans une Congrégation particulière, et se publiaient ensuite
dans des Sessions solennelles qui se lélébraient dans la Mé-
tropole. Là, et sur l'autel même, do cette antique Eglise,
se signaient les Actes du Concile, qui étaient enfin soumis à
l'approbation du Souveraiii Pontife.
A cette marche, tracée aux Evèques par l'Eglise elle-
même, vous reconnaissez la sagesse de Dieu, qui se trouve
là où il y a beaucoup de conseils. Vingt-deux Décrets ont
été ainsi l'ouvi-age de dix-neuf Congrégations privées, de
douze Congrégations générales, et de trois Sessions solen-
nelles. Ils arrivent de Rome, munis du Sceau Sacré de la
Sanction Pontificale, après avoir été, plusieurs mois, l'objet
CIRCULAIRES KT AUTRES DOCUMENTS .îM
«ie«i liuirec» délibérationH des C(>n<f reniai ions qui cnloiirent le
•Saint Siège.
A ces traits, l'on recounaît Mans peine les marques de la
sagesse d'en haut, qui n'agit ni au hasard, ni avec précipi-
tation, mais donne à chaque chose son nombre, son poids et
sa mesure.
Ces préliminaires, tout stériles qu'ils paraissent, ont donc
l'effet de nous disposer à accepter ces Décrets comme l'ou-
vrage du St. Esprit.
Mais cette première partie de No.-i Actes Provinciaux, ne
nous doit paraître que comme un Vestibule, sur lequel on
Jette, en pas.sant. un coup-d'œil, avant d'entrer dans l'édifice.
Nous arrivons par la lecture des trois Déci'ots prépaïa-
toires, à Tintérieur même du Concile.
Il s'ouvre avec la clef de l'autorité divine ; —
" Nos Petrus Flavianus Turgeon, Ecclesiio Meti-opolit<inH'
" Quebecensis Archicpiscopus...ad gloriam Dei...sub tutelâ
■• B, Mari8e...(et) Sanctornm pr»sidio...Statuimus inchoari...
•' Concilium Provinciale."
Il brille de tout l'éclat des règles -sacrées, qui y tbnt régner
l'ordre le plus parfait: —
•' Hœc 8yuodus...statuit...exhortandos e.sse Episcopos et
•• sacerdotes ut assidue incumbant in laudibus Dei...ut jeju-
'•' nent...ut otiosas sermocinationes.-.sedulo devitent... ui
• omnium virtutum ornamento prœfulgeant.-.ut cum mo-
'• destiâ proférant opiniones...ut vivendi oi'dinem fideliter
■ exequantur.'
Il se place lui-même .sur le fondement inébranlable de la
Foi : — " Fides.-.fondamentum salutis." Il en fait une pro-
fession solennelle, et jure de la garder. '' Sic me Deus
adjuvet et ha?c sancta Dei Evangelia," Qu'il est significatif
le spectacle de ces hommes de Dieu, qui se rencontrent
dans le sanctuaire d'un Concile, avec la même foi dans le
ciBur, et la môme formule dans la bouche !
Maintenant, que la protestation du Concile soit la nôtre à
tous : — •'•' rt Fides Catholica, quam Sancta T?omana Ecclesia
21
32'Z MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
• tenet ..inooiTuptain hâcProvinciâ. ..permaneat...eamdem
•' corde credimus...eamquo fidèles edoceri statuimuf." —
Parcourons maintenant les propres Décrets du Concile,
pour extraire de chacun le principe vital qui s'y trouve
caché. Levons seulement le bord du voile qui les enveloppe,
pour faire jaillir le rayon lumineux qui nous en découvre la
pratique.
I.— I)ECRETU>i DE OBEDIENTIA SUMMO PUNTIKICI.
Le Concile voulant faire couler dans ses veines l'unité de
Foi et de Discipline, qui fait toute la force d'une Eglise,
n'attache au B. Pierre, qui vit dans le Pontife Romain, et
donne, par son 257ème successeur, la vérité à ceux qui la
cherchent au pied de la chaire qu'il a érigée à Rome. " In
" propriâ Sede vivit et pra>sidet, et prœstat querentibus
" yeritatem...undè unitatis vigor po- totumEcclesiae corpus
'■ diffunditur."
Que notre résolution soit la sienne. '• Quando Eccleeia
gravioribus gi'assatur tempestatibus oculos eonvertant ad
hanc Cathedram Pétri." ^
On ne périt pas dans la barque de Pierre. Toujours agitée
par les flots de toutes sortes d'erreurs, elle traverse les
siècles sans craindre le naufrage. Le divin Pilote qui la
gouverne entend toujours avec bonté le cri de confiance que
poussent ceux qui y naviguent : " Salva nos, periraus." —
En reconnaissance, attachons-nous de cœur et d'âme à la
Papauté. Pesons-la aimer et respecter des fidèles confiés à
nos soins. Xous l'avons iait dans ces joui'S orageux que
nous venons de traverser. Soutenons ainsi, en toutes occa-
sions, l'autorité Pontificale, et nous participerons à son
inébranlable solidité. Glorifions la Chaire Apostolique, et
sa gloire se reflétera sur notre jeune Eglise.
II. — DECRETUM DE BREVIARIO AC .MISSALI.
Le Concile a senti, au commencement de ses opérations,
son cœur s'embraser de, zèle pour le culte de la divine
CIRCULAIHES KT AUTRES DOCUMENTS 3ÎS
Majesté. Dan« cette vue, il a voulu que dans toute Ja
Province, les livres Liturgiques fussent ceux do la Ste.
Eglise Romaine. " Statuimus Breviariura et Missale Roma-
num...ab omnibus servanda." — Plus que jamais nous allons
donc nous attacher au Eit Romain. 11 est si consolant de
prier comme le Père de la famille chrétienne ! Il est si beau
de n'avoir, d'un bout du monde à l'autre, qu'une même foi
au cœur, et une même prière à la bouche ! Etudions soi-
gneusement les Rubriques ; ne passons pas une année sans
les relire.
Aimons les Saints de notre Calendrier, et fesons-les c©u-
naître aux âmes que nous sanctifion.s. Pour cela, parlone-
en souvent au Prône. Recommandons la lecture de leurs
vies édifiantes. A ce propos, Nous vous indiquons l'ouvrage
intitulé : Vies des Suints. ..traduites des Légendes du Bréviaire
Romain, fait exprès pour répandre dans le monde la con-
naissance du Rit Romain.
11 i. — DYl. RITUAJ./.
Les Rites sacrés sont comme les vases précieux qui ren-
ferment le baume odoriférant do la grâce sacramentelle.
Le t/'oncile a compris qu'il fallait faire observer, dans toute
la Province, ceux que le St. Esprit a inspirés à son Eglise.
Il lui a pour cela donné le Rituel Romain qui, on ne peut
en douter, est muni du Sceau de la plus haute authenticité.
" Concilium decernit Rituale Romanum servandum esse
in totâ hâc Provinciâ."
Ce livre Liturgique va nous mettre en parfaite harmonie
avec toute l'Eglise. " Idipsum dicamus omnes."
Pénétrés de cette pensée, nous n'aurons pas de peine à
nous conformer à ce Décret qui défend l'usage de tout autre
Rituel, aussitôt que celui-ci aui-a été publié. Guidés par ce
livre vénérable, nous serons parfaits dans l'exercice de nos
saintes fonctions. " Simus omnes perfecti...quoad ritue. '
5*^ MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
IV. — DE CEREMONIALI.
Tiow Haiiitért Cérémonies sont les images de la vraie piété.
TiC Concile a compris qu'il fallait à la Province un Cérémo-
»ial conforme au Romain. " Edatur liber Csèremoniarum, &c.
AprôH raùi' examen, Baldeschi traduit et commenté par
Kavrcl, a été choisi de préférence à tout autre, pi"écisémont
])our cette raison. On le suivra donc ponctuellement dans
toutes les ]%li8es de ce Diocèse, aussitôt qu'il aura été
imprimé.
CKaque ]<^abrique s'en procurera un ou plusieurs exeni-
pluires, potir que l'on puisse l'enseigner aux enfants de
chœur.
Tout ce qui y paraîtra impraticable sera soumis à une
Commission qui en décidera finalement.
En fait de cérémonies, évitons scmipuleusement l'arbitrai-
re, qui ne saurait remplacer les Eites que le Saint Esprit
a inspirés à son Eglise. Dans cette vue, que tous étudient
avec soin, et prati(iuent religieiisement les cérémonies de
l'Eglise Universelle.
•" Ritus Rcclesifoumversalis accuratù callennt religiosèque
servent."
V. — T)E CASIUrS RESERVATIS.
La réserve ost le nerf de la discipline. Les Saints Pères
en ont toujours ainsi jugé. '•' Graviora crimina.,..à summis
duntaxat Sacerdotibus absolvantur." — Le Concile s'en sert
ici pour déraciner l'immoralité, qui nous déborde par ses
affreux scandales.
Pour atteindre ce but, il faut que le peuple connaisse bien
los cas réservés, et qu'on lui en inspire une vive horreur.
Dans cette vue, vous lirez tous les ans au Prône ce qui suit.
«t vous (e commenterez au besoin : —
J
<:1HCIJLAIRES ET AUTHES DUCLMBNTS 925
ItÉCRET DU PREMIER CONCILE PROVINCIAf- I>E QPÉBRC fHR
LES CAS RÉSERVÉS.
'• Il îi toujours paru à nos Saints Pèi'es qu il importart
" souverainement à la discipline du peuple chrétien, qne
'' certains crimes plus atroces et plus graves ne pussent
•' être absous par tous les confesseurs, mais qu'ils fussent
•' réservés aux souverains Prêtres. îs'ous attachant, en
• conséquence, à cette autorité du Concile de Ti'enle, outre
•' les cas réservés au Souverain Poniife, nous nous-réservonfi
•' les suivants, qui sont les péchés de ceux qui, — lo vivent
'' en concubinage d'une manière publique et notoire.
" 2o Louent sciemment leurs maisons à des courtisanf»*
'• puWiquement connues pour filles de mauvaise vie."'
LKTTRE PASTORALE DE MONSEIOiNEUR l'ÉVÊQUB DB MONT-
RÉAL, CONCERNANT LES CAS RÉSERVÉS.
" Pour que ce Décret salutaire soit mieux compris, et plu»
" ponctuellement exécuté, Xous déclarons et réglons ce qui
•' suit: — lo Sous le nom de concubinaires publics et notoircB
•' sont compris, non seulement ceux qui, n'étant pas mariés,
'*' vivent ensemble comme s'ils l'étaient, nrais encore ceux
" qui, étant domiciliés dans ce Diocèse, vont, en fraude
•' de la Loi, et au mépris de leur Pasteur légitime, se marier
•' devant un Ministre, Magistrat ou auti-e individu, et qui,
• après ce prétendu mariage ne craignent pas de vivre
" ensemble comme s'ils étaient véritablement mariés. Ce
■' sont de vrais concubinaires, qui ajoutent au crime énorme
" de concubinage, Thorreur d'une indigne profanation, celle
•' d'un mariage nul et sacrilège.
" 2o Vivre en concubinage, et louer des maàsons à de»
•' filles publiques, sont deux cas réservés exclusivement à
■ l'Evèque et à ses Grands Vicaires ; si bien qu'aucun î»utr«
" Prêtre ne peut en absoudre que quand les coupables sont
" en danger de mort. Il faudra une permission spéciale pour
•• en absoudre ceux qui seraient dans une impossibilité ab-
" fiolue de recourir au Supérieur Majenr,
iU MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, *
'• 3o Le dit Décret sera publié et expliqué en langue vul-
^' gaire, chaque année, au Prône de toutes les Eglises oCi se
" fait l'ofifice paroissial, le Dimanche dans l'Octave de l'Epi-
'' phanie, et autant de fois qu'il sera jugé nécessaire, pour
'•' qu'aucun ne puisse s'excuser sous prétexte d'ignorance.
'= 4o Chaque fois que l'on publiera ce Décret, qui intéresse
" si vivement les mœurs publiques, l'on terminera le Prône
'• par la récitation de Cinq Pater et Ave, pour demander la
'• conversion de ceux qui déshonorent les villes et les cam-
'■ pagnes, et attirent sur elles les plus terribles malédictions,
'■ par de si honteux excès.
•L'on comprendra combien sont coupables ceux qui
' louent leurs maisons à des prostituées, si l'on fait atten-
'■ tion qu'ils font l'indigne commerce de vendre au démon
'■ de l'impureté toutes les âmes qui se perdent dans leurs
'• maisons, et cela pour un gain sordide."
VI.— DE «OLEMtJITATIBUS.
Il a plu au Concile de réduire à sept le nombre des solen-
nités qui devront à l'avenir ce célébrer, dans cette Province.
Mais il a réglé qu'on le ferait d'une manière plus glorieuse
aux Sain<8. et plus avantageuse aux fidèles.
Nous e: 'rerons donc dans ses vues, en donnant à ces so-
lennités plus de pompe, pour que le peuple s'y porte avec
plus de piété.
Les Fêtes Patronales se trouvent rangées parmi les solen-
îùtés remises au Dimanche, afin que chaque Paroisse puisse
mieux honorer son Saint Patron. (1)
(1) lo Faites aimer à vos Paroissiens leur Saint Patron, en leur
faisant connaître sa rie. et en les portant à l'invoquer, chaque jour,
par quelque fervente prière. — 2o Ayez soin que dans chaque famijle.il y
ait quelqu'un qui porte son nom, et qui lui soit spécialement dévot. —
.% Dans les temps de calamités publiques, exhortez-les h recourir à ce
puissant protecteur, et que sa bannière soit portée en tête de tonte«
les proce.s8ions. — 4o Préparez-les à la fête Patronale par quelque Neu-
vaine, à l'Eglise et dans les maisons ; et pour que tous puissent appro-
^dier des sacrements ce jour-là, appelez à votre secours autant de con-
fesseurs que vous le jugerez nécessaire. — 5o Empêcliez le« étrangers
de venir à ces fêtes, et qu'on donne à cette lin des avis au Prône dans
toutes les églises dn voisinage, atin que les Paroissiens soient tran-
(:iRCULA.IRES ET AUTRES DOCUMENTS SÎT
VII. — DE CANTU ET MUSICA IN ECCLESII».
Le Concile a du se cientir dévoré de zèle pour le chant
sacré, qui est une partie si importante du Culte divin —
"Quœ in Ecclesiis cantauda sunt, ad divinum cultum pro-
•• movendum inservire debent." — Afin que ce Décret
atteigne son but, nous réglons ce qui suit: —
lo Chaque Fabrique, si cela est possible, fera les frais
d'une école de chant, pour remplir le chœur de voix bien
exercées. " Ne cantus exponatur contemptui."
2o On ne souffrira dans les Eglises aucune musique vo-
cale ou instrumentale, qui soit légère, ni aucun air de chan-
son ou de danse. — '• Caveant parochi ne niusica levis
• à divinâ conteraplatione fidèles avortât."
3o Les Séminaires et collèges seront les premiers à l'œu-
vre pour l'exécution de ce Décret, et il y aura entre leurs
élèves une louable émulation pour le chant Grégorien et la
musique grave, qui seule est admise à relever la majesté
du culte. — "Studiosa juventus priP mundanâ. Ecclosise mu-
" sicam ediscat." (1)
VU!. — îtE (ATKrHlSMo.
Le Ouiicile n"a pu manquer de ^'oecupci' du livre (jui oM
le fondement de l'Instruction Eeligieuse.
Les graves inconvénients qui résultent toujours d'un
changement de catéchisme, l'ont dé'erminé à approuver
ceux de Québec et d'Irlande, après qu'ils auraient été re-
visés. Ils seront donc les seuls en usage dans ce Diocèse.
dès qu'ils auront été publiés.
Huilles dans leurs exercices pour honorer leurs Saints Patrons.— 60
liiXigez que ce jour-là les Aubergistes ne vendent aucune liqueur
■enivrante.
(1) lo Chaque fabrique devra se procurer un bon nombre d'exem-
l>iaires des livres de chant qui seront imprimés sous peu. On pourrait
même les donner à ceux qui auraient chanté gratuitement au moins
pendant un an. — lo Pour répandre le goût de la bonne musique, nous
voulons que partout où il y a des orgues, harmonium, etc., etc., l'on
«e procure le Répertoire de VOrgatdsk qui a été jugé excellent par des
hommes de l'art, et recommandé à toute la Province par Mgr. l'Arche-
vftque, à la suite du Concile.
328 MANDEMENTS, LETTKES PASTOHALES,
On eu exigera toutefois la lettre que de ceux qui n'en
auront point encore appris d'autre.
IX. — HE CATEC'HESIBUS, SIVE ANTE, .SIVE POST PKIMAM
COMMUNIONEM FA0TENDT8.
Ce Décret est un des plus urgents. " Fiant catéchèses. '
il pèse (strictement sur la conscience des Pasteurs. " Curent
animarum pastores.'
11 est un de ceux que la 8. C. de la Propagande a modi-
fiés; pour le rendre plus sévère. — " Hinc prœscribendum
" esset ut, quoàd possibile sit, quemadmodùm in civitatibus.
" ita etiam rnre. integro anni cursu. catechetica in'struotio
"fiât."
Une Paroisse qui fréquente le Catéchisme est une Paroiss»
instruite ; et une Paroisse instruite est la gloire et la con-
i^olation du Pasteur.
Le Catéchisme, qui se fera régulièrement les Dimanche»
et fêtes, devra intéresser les grandes j)ei"6onnes, surtout le:*
parents, qui doivent être souvent exhortés à assistera cette
instruction, afin de pouvoir la répéter aux enfants, comme
cela se pratique dans les familles chrétiennes (1).
[l) lo Un moyen d'attirer les parente serait l'office de l'Archiconfré-
lie du T. S. et I. Cœur de Marie, placé immédiatement à la suite de»
Vêpres. Alors se ferait la seconde demi-heure de catéchisme, par une
instruction simple et familière, suivie des recommandations et' de la
Bénédiction du St. Sacrement, avec le Ciboire, quand il n'y a pas de
salut ce jour-là. — 2o Exhorter les parents et les Instituteurs à appren-
dre de bonne heure aux enfants ce qu'ils doivent connaître pour
recevoir avec fruit le Sacrement de Pénitence, afin de ne pas attendre
h l'époqiie de leur première communion pour leur donner l'absolution.
3o Pour admettre les enfants au Catéchisme de la première commu-
nion, exiger ordinairement qu'ils sachent la lettre du catéchisme, afin
d'avoir plus de temps pour lo leur bien expliquer. 4o Inviter le^
enfants qui ont fait leur première commumion h continuer, pendant
un an, à venir au catéchisme. Pour cela, établir les confessions et
communions du mois, ."jo Ne pas oublier les Sourds-Muets; envoyei
les garçons à l'Industrie, et les filles à la Longue-Pointe, aux écoles
spéciales qui y sont établies ; faire en sorte qno la Paroisse contribti*
:\ payer la pension de« plus pauvres.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS ;3ift
X. — 1>E SACERD0TIBU8 RECENS ORDINATIS, COLLA TlONIBUHQm
EOCLESIASTICIS.
La science sacrée est déposée sur les lèvres du Prêtre, et
le peuple doit la rece^ioir dé sa bouche sacerdotale. Le
Concile, pour encoui-ager les études Ecclésiastiques, a soumis
les jeunes Prêtres à l'obligation do subir chaque année,
pendant quatre ans, un examen sur quelque traité de Théo-
logie, et d'envoyer à l'Evèque, pendant ces quatre années,
deux discours par an, sur des sujets par lui indiqués. Les
jeunes citoyens des villes, pour se former à l'art de remuer
les masses, par la parole, font des lectures publiques. Les
Lévites du sanctuaire ne demeureront pas en arrière sur ce
point ; et le Concile, dans ce Décret, les a eus en vue. En
conséquence, tous ceux qui n'ont pas quatre ans de prêtrise,
.se prépareront à répondre, cette année, sur le Traité deFide,
et composeront deux discours, l'un sur l'Eucharistie, et
l'autre sur l'Immaculée Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie. L'on ne saurait mieux débuter dans cette
carrière ; car ces deux sujets sont deux mines inépuisablcK.
Pour la même raison, le Concile a cru devoir recomman-
der le» Conférences Ecclésiastiques, 'pour que le Clergé ail
occasion de se voir et de s'entendre pour les grands intérêts
de la religion qu'il a à promoiivoir.
Des Instituts littéraires s'érigent dans nos villes, pour
former à la science et à l'art des affaires du monde; pour
nous, travaillons à être, par notre science et notre vertu,
l'ornement de la Cité de Dieu. — " 8acerdotep....vLi-tute et
doctrinâ poUere debent."
Le sujet de la j^rochaine Conférence sera la discussion des
présents Décrets" en autant qu'elle en fera ressortir les
avantages et en facilitera la pratique. Chacun est invité à
dire un mot là-dessus, dans sa Conférence respective.
Vous recevrez prochainement la liste des Archiprètres et
Archiprêtrés, que le démembrement du Diocèse, et l'aug-
mentation des Paroisses, Nous ont (5bligé de refaire. Bllt
aplanira une partie des grandes difficultés que nous avons
ù vaincre pour arriver au plein succès des Conféi-ence*-.
31Ô MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Nous nous proposons do présider toutes celles qui se
tiendi-ont cette année, en fesant le tour du Diocèse, pour la
Visite Pastorale proprement dite, dont l'itinéraire vous sera
envoyé plus tard.
Nou^ sentons que tout le bien à faire pour un Evêque,
dans son Diocèse, ne saurait se faire que par ses Prêtres
bien dirigés. Aussi, comprenons-nous plus vivement quo
jamais le besoin de vous voir et de vous parler à cœur
ouvert.
XI. DK FAMULABUS SACEKDOTUM.
Ce Décret n'est que la sanction nouvelle des Ordonnances
sacrées de l'Eglise, et de l'antique usage dés bons Ecclési-
îistiques qui se sont toujours fait un devoir de s'y conformer,
quelles que soient les difficultés qu'ils y rencontrent.
XII. — DE REliATIONIBUS PACIENDIS EPISOOPO A l'AROCHIS
ET MISSrONARlIS.
Les Pères du Concile ont compris que leur action sur le
])0upl6 fidèle devait avoir pour but de favoriser le bien et de
corriger le mal :- Quid fovendum sit, quid corrigendum."
Mais ils ne sauraient s'acquitter de cet important minis-
tère, sans une connaissance détaillée des besoins du trou-
peau. L'exécution du présent Décret les mettra en état de
mieux exercer leur vigilence pavStorale. Il s'en suivra de
])lu8 une intime union entre les pasteurs et les brebis.
Au reste, vous recevrez un tableau qui vous indiquera les
blancs que vous aurez à remplir, pour .IS^ous donner santi
peine les renseignement>i dont Nous avons besoin.
XIII. — DE INCORPORATIONE PRIISBVTERORUM EXTRANEORUAf.
Ce Décret vous fi^t assez juger combien le Concile a eu
k cœur l'honneur du Clergé dans chaque Diocèse, en y em-
[>6chant l'introduetion de Prêtres qui ne seraient que do>
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 331
luups ou des mercenaire»!. Plus que jamais il ent nécessaire
fiu'il soit sans tache, pour que le nom de Dieu ne soit pas
blasphémé, à c/iuse de lui. Xoifs comprenons tous que nous
sommes, dans notre sainte milice, solidaires les uns des
autres. Aussi sentons-nous tous l'obligation d'être, sous
tous les rapports, irrépréhensibles, de crainte que notre saint
t'tat ne soit méprisé des peuples.
XIV. — DE SOCIET.VTIBI'S SECKETIS.'
C'est dans les sociétés secrètes, comme dans de ténébreux
.souterrains,» que se machinent les maux qui désolent notre
-siècle.
Ce Décret a pour but de les détourner, en empêchant les
lions chrétiens de les encourager, en s'y agrégeant de bonne
foi, sous prétexte de s'assurer du secours au temps du
l>esoin.
Il importe donc grandement qu'ils connais.Mcnt bien ces
>ociétés hypocrites, qui couvrent leurs aflPreux desseins du
voile de la bienfaisance fraternelle.
Dans cette vue, on publiera ce Décret tous les ans, au
Prône, le Dimanche où l'on fera la solennité de St. Jean-
Baptiste. En le commentant, comme il convient de le faire,
vous ne manquerez pas d'insister sur l'horreur qu'a de toutes
-ociétés secrètes l'Eglise notre bonne Mère, elle qui bémt
uvec tant de complaisance les Sociétés de St. Jean-Baptiste
de la Tempérance et autres, parce qu'elles marchent au
ixrand jour, et qu'elle ne craignent pas la lumière.
J'fiOBET Dr PREMIER CONCILE PROVINCIAL DE QUÉBEC SUR
LES SOCIÉTÉS SECRÈTES.
• Les Souverains Pontifes ont, pour des raisons bien
• graves, défendu aux fidèles de s'agréger à toutes espèces
'de sociétés secrètes, dans lesquelles on s'engage par serment
• à garder les secrets. Car de semblables pactes, faits dans
■ les ténèbres, font assez connaître que l'on doit soupçonner
332 MANDBMENTIsi, LETTRES PASTOHALES,
'• et craindre qu'il n'y ait du mal ; et que le serment qui r
■ est exigé ne soit téméraire. C'est pourquoi nous avertis-
•' Hons tous les prêtres, «juils ne peuvent absoudre eacra-
'• mentellement aucun de ceux qui appartiennent à quelques
• unesdeces sociétés, à moins qu'ilsn'y renoncent tout-à-fait.
• Nous exhortons en même temps, et Nous conjurons dans
" le Seigneur tous les fidèles de s'éloigner absolument de
• ces sociétés secrètes, se ressouvenant sans cesse qu'ils
■ sont membres de Jésus-Christ, et obligés d'obéir aux com-
■ mendements de l'Eglise, qui est notre Mère, et qu'eux
■ doivent marcher, comme des enfants de lumière, confor-
• mément aux très saints et divins enseignements que non»
■' a donnés Nntre-Seigneur Jésus-Christ."
XV. — DE SCHOLIS MIXTIS.
Le grand combat de Tenfer contre l'Eglise, dans ce siècl*
d'erreurs et d'impiété, c'est pour gagner des écoles mixtes.
Aussi est-ce à soutenir son droit sur l'enseignement que
l'Eglise déploie toutes ses forces, fait entendre la voix de son
Poutife, excite le zèle de ses Pîisteurs, fait même appel à
ses enfants pour que tous n'aient qu'un cœur et qu'une âme
on défendant cette question de vie ou de mort pour le
Catholicisme.
Dans im si grand danger, ne nous ci'oisous pas les brap.
mais armons-nous de toute la puissance de notre Saint Mi-
liistère. pour conserver intact le dépôt sacré de la foi de no»
enfants. Le présent Décret nous dirigera dans l'accomplis-
sement de cet important devoir. On en fera la lecture, tooi*
les ans, au prône ■ >3 toutes les Eglises où se fait l'Office
paroissiale, le Di»!i mche où l'on fera la solennité de la Pu-
rification de la Si>'. Vierge.
DÉCRET ni' PREMIER CONCILE PROVINCIAL r>E QnÉBEr HVH
I>ES ÉCOLES MIXTES.
'■ Nous jugeons que les écoles mixtes, savoir, celles dan»
•' lesquelles les enfant'; catholiques, indistinctement m^)é»
CIKCULAIHKS KT AUTIŒ.S DOGUMKNTS 333
•• auK eut'antd protealantH, n'apprennent aucune religion, ou
•• n'en apprennent qu'une fausse, sont tout-à-fait dangereuses,
•• parce qu'elles sont institués pour produire ce poison de
'•l'impiété, qui s'appelle communément V indifférent isme.
'• Ces pourquoi nous recommandons foi'tement aux Pas-
• teurs des âmes de faire tous leurs efforts pour détourner do
'' semblables écoles, les fidèles dont le soin leur est confié.
■' Mettant de côté tout prétexte de mauvaise complaisance,
'■ nous ne devons rien omettre, pour que les catholiques, de-
• meurant en possession do leurs droits, aient à eux, dans
••' toute la Province, leurs écoles, aus.si bien que leurs Collé-
" ges et Universités.
•• Mais efforçons-nous surtout d'obtenir wna Ecole Normale,
■• pour former des Maîtres d'une doctrine saine, et de mœurs
■ irréprochables." (1)
Cette publication solennelle fera comprendre à notre gou-
vernement que nous sommes décidés à bien défendre nos
droits sur l'enseignement de nos enfants, dont nous ne pou-
vons, sous aucun prétexte, exposer la foi. A ce propos, re-
marquons qu'aux Etats-Unis le Catholicisme a perdu deux
millions d'enfants, qu'ont engouffrés les écoles mixtes. Les
Kvêques s'y désolent à la vue d'une plaie si saignante, et
ti'availlent de toutes leurs forces à la guérir. Quant à nous,
nous sommes encore maîtres du terrain, (lardons-le coura-
geusement. Pour cela, soyons respectueux, mais fermes.
.\VI. — DE C'EI-KIÎR.VTIONE SViVODI DIŒfES ANyK.
Le déplorable événement du huit Juillet, qui Nous a lais-
î»é sans abri, et Nous a obligé d'aller demander l'ho.spitalité
à nos vénérables frères, les vétérans du Sanctuaire, rond
(1) Qufid si lu quihusdam loci.s, scholis catholicis deficientibu.s,
>iiixta« scholoB pueri adiré cogantur, iuvigileut Pastores eornm atque
parentes, ne erroris venenum sensini eWbentes, fidei innocentiseque
jïvctnram patiantur."
Cette note est pour la direction des Pasteura, et no doit pas être
•ommnniqufis aux fidèles. Cinq Pater et Ave, en terminant le Prône,
pour demander le succès do l'éducation, dans ce Diocèse, afin qu'elle
donne k lî^ Religion de l^ons ohr<îtienH, et à la patrie de bous citoyens.
:iU MANDKMËNTbj, LETTRES PASTORALES,
pour le moment ce Décret impraticable. Pour y suppléer
nous demandions ensemble, pendant la retraite pastorale,
l'Esprit Synodal. " Veni ad nos (Domine Sancte Spirituel,
" ad este nobis, dignare illabi cordibus nostris: doce nos
• quid agimus, quo gradimur ostende, quid efficiamus
•' operare."' Xous ferons usage de cet esprit de conseil^
dans nos prochaines Confei-encee.
Pour y participer avec plus d'abondance, ne cessons d'en-
voyer au ciel ces traits de feu. Servons-nous en, chaque
Jour, comme de douces asj)irations, qui très certainement
nous feront porter à nos conférences des cœurs brûlant?.
XVII. — DE PROMULOATIOxNE DECRETORUM HUJUS CONCILIl
PROVINCIALIg,
La présente Lettre vous est adressée en accomplissement
de ce Décret. " Si celebrari nequeat (Synodus diœcesana)
■ extra synodum quàm primùm promulgentur."
XVI li. — I>E INVOCATIONE ET VENERATIONE BEATISSIM.E
MARI.i; VIRGINIf?,
Le Concile, en terminant ses travaux, était aux pieds de
l'Auguste Mère de Dieu, dont la vie éclatante éclaire toutes
les Eglises. Et comment ne serait-elle pas la lampe des
Conciles, elle qui a donné au monde entier la lumière éter-
nelle? Il conjurait les Evoques et les autres pasteurs des
âmes, de travailler avec un nouveau zèle, à faire aimer
cette tendre Mère dont les mamelles sacrées allaitent les
brebis aussi bien que les agneaux. Il l'établissait Gardienne
de toutes les vignes qu'il est chargé de cultiver. Il su))pliait
le St. Siège Apostolique d'ajouter au glorieux Diadème,
<lont est ceint son front majestueux, la brillante auréole du
dogme de son Immaculée Conception, qui, en devenant
dogme de foi, doit du haut du ciel, refléter sur toute la terre
les rayons lumineux de sa divine piireté.
11 conjurait le Souverain Pontife de lui accordei'en alten-
OIBCULAIRES KT AUTRES DOCUMENTS 335
«laiit, la consolation de la pouvoir proclamer en tous lieux
Immaculée dans sa conception.
II se consacrait à son Très-Saint Cœur, et déposait bcb
actes sur son autel, pour qu'elle daignât les prendre sous sa
spéciale protection, afin qu'ils fussent religieusement
observés.
Ces protestations solennelles et ces actions sacrées rem-
plissaient le Vénérable Sanctuaire de la Métropole d'émr)-
tions indicibles.
Tout semblait se rajeunir. L'illumination de l'Autel était
plus brillante ; — le son de l'orgue plus harmonieux ; — le
chant plus onctueux ; l'accent des voix plus enthousiaste.
On sentait on ne sait quoi de saisissant, d'entraînant. Les
esprits étaient divinement éclairés ; les cœurs puissamment
échauffés, les langues visiblement déliées. Ah ! c'était
pour chanter avec un transport inaccoutumé, avec la jeune
Vierge d'Israël : — " Beatcm me dicent omnes generationes.'
Nous nous laissons aller ici à une digression un peu
longue, peut-être. C'est que Nous ne pouvons Nous dispen-
ser de vous raconter les joies de ce précieux moment, aux-
([uelles vous avez un droit bien acquis. C'est aussi pour
détremper en quelque sorte, dans cette huile sacrée, les Dé-
crets naturellement secs et arides, que nous venons do par-
courir.
C'est entin, pour que vous ayez à rapporter à vos pieux
Paroissiens, un grand exemj:k]c, pour les ranimer d'un nou-
veau zèle pour la dévotion à Marie. Rien n'est, en effet,
plus encourageant. Plus ciue jamais nous allons donc tous
travailler à foire connaître, louer et bénir le nom de Marie,
qui foit toute notre confiance.
En conséquence, plus que jamais, par nos soins, ses con-
fréries seront florissantes ; ses autels bien ornés ; ses fêtes
saintement solennisées ; son rosaire dévotement récitéj et
surtout ses pieux enfants pénétrés d'horreur*pour le péché,
et d'amour pour la vertu. Telle est notre résolution à toun,
pour l'accomplissement amoureux de ce Décret aussi léjonis-
sant qu'encourageant.
336 MANDEMENTS, LETTRES l'ASTOHALES,
^IX. — UEORETUM PROMULGATIONIS TESTIIM SYNODALIUM.
Les témoins syDodaux sont ici choisis pour vous îittester
1 authenticité des actes du présent Concile Provincial, et
témoigner dans la prochaine réunion des Pères, de l'exécu-
tion de ses Décrets. Quelle est sage et prévoyante la
Sainte Eglise, quand il est question de faire entendre sa
voix matei'nelle à ses enfants ! — On peut sans crainte se
lier à olle, quand elle nous impose des devoirs.
XX. — DECUETl>r DK INDICTIONE KL'TUKl CoNCIIJI J'K«» VIN-
CI AT, TS.
Ce l>ecret convoque le futur Concile, pour le mois de
Marie, 1854. Chaque Evêque y devra comparaître avec les
présents Décrets à la main, pour y répondre de leur accom-
plissement.
Tâchons qu'ils soient tous en pleine vigueur. Ce sera
pour nous tous une gloire et un bonheur.
XXI. — J)E b'INE GI)N(;IL11.
L'autorité qui avait ouvert le Concile devait le fermer.
C'est ce qu'elle a fait. Car le Décret de clôture était aussi
nécessaire que celui d'ouverture. Pour mieux comprendre
ceci, observons, en passant, quelles Evêques sont obligés
de comparaître au Concile, et d'y demeurer tout le temps
qu'il dure.
Cette obéissance aveugle passei-a du Concile au Synode,
et aux Conférences.
XXII. — DECRETl'.M SUBSCRII'TIONIS.
La solennité avec laquelle se signent les Actes du Concile
Provincial a quelque chose qui frappe. — "Ad Altare accé-
dant." '• Décréta subscribant."
Ils vont sans doute se graver dans nos cœurs. ce< TV'oret'-
jiinsi signés sous les yeux de X. 8. J. C.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 337
La Lettre des Pères du Concile à X. S. P. le Pape est
un monument de leur respect, obéissance et dévouement à
Sa Personne Sacrée, et au St. Siège Apostolique. — • Solemne
" te8tinionium,..venerationis, obedientiiP et devotionis...."
Leur vœu, en déposant à ses pieds leurs Décrets, est qu'ils,
soient religieusement observés, pour la gloire de Dieu, et le
salut des âmes. C'est aussi le nôtre à tous. — "Pauca (h*c
• Décréta) gloriam Dei, animarum salutcm. incrementum-
■ que religion i8...prGmovere valeant."
La réponse du St. Père nous révèle la bonté de son cœur,
et nous remplit de bonheur. Car il accueille avec la plus
grande bienveillance le Député du Concile, que nos vœux
accompagnaient dans la Ville Sainte. — '' Martjropolitanum
• Episcopum benignissime excepimus." Il félicite vos
Pasteurs de la joie avec laquelle ils portent le lourd fardeau
de la sollicitude pastorale. — " Eximiam vestrûm omnium...
• sollicitudinem et alacritatem congratulati sumus.'
Il les embrase d'un nouveau zèle dans l'accomplissement
des devoirs de leur charge. — " Stimulos bene licet. currèn-
'•' tibus addimus."
Il implore sur eux tous l'abondance des biens céleste;^. —
■• Vestram in Xos pietatem....remuneret copia donoruni
•' cœlestium."
Enfin, il fait descendre sur nos tètes la Bénédiction Apos-
tolique, qu'il tire du fond de soii cœur paternel, et qu'il
nous envoie à tous, comme un gage de sa tendresse. —
" Apostolicam Benedictionem (nostrse caritatis pignus)....
•' Vestrîim singiili8...cum omni etiam Hero vestro fidelique
•' populo communicandam intimo cordis affcctu peramanter
'• impertimur.'
Quel affectueux langage!
Apprenons à l'école de ce Pèi'o commun, comment on
parle aux âmes, ces brebis chéries du Bon Pasteur.
La Lettre de TEminentissime Cardinal Préfet de la Pro-
pagande, vous est une preuve du besoin Qu"ont de lEgliiîe-
Mère, toutes les Eglises du monde chrétien. Elle est ici
reproduite en entier, en témoignatre de la simplicité avec
90
338 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Iswjuelle vos Evèquea se laissent diriger par le Chef de*
Paeteurs. qui a grâce et mission pour confirmer ses frèree.
'■ Confirma fratres tuos.''
Ici s'appliquent tout natui'ellement ces belles paroleB de
l'Imitation:— nemo secure pra^est, nisi qui libenter subest,"
li en sera de même de vous tous qui portez chacun une
partie du fardeau de la charge pastorale. Vous ne voue
croirez en bonne route qu'en autant que vous obéirez, en
commandant.
L'expérience de tous les jours nous met à même de nous
convaincre de cette belle maxime de St. Ignace, Martyr:
savoir, que le bon prêtre écoute, aime et respecte son
Evêque, comme les Apôtres écoutaient, aimaient et respec-
taient Jésus-Christ. — Là est tout le succès du ministère.
'• Yir obediens loquetur victorias."
Aussi est-ce la conclusion que nous devons tirer, avec le
Tràs-Eminent Cardinal Fransoni, qui nous parle de la part
du Vicaire de Jésus-Christ. — " Sperare licet ex diligent!
'' horum Decretorura observantiâ, plurimum utilitatie rei
'• Catholicse obventurum."
Bn effet, il doit sortir de ces Décrets une vertu salutaire
qui yiyifiera tout. Notre Père commun sera plus honoré :
nos Saints plus aimés ; nos fonctions mieux exercées ; nos
cérémonies plus majestueuses ; les cas réservés plus red»u-
tés : nos solennités plus pompeuses ; notre antique chant
plus harmonieux et plus grave ; nos catéchismes mieux
faits et plus fréquentés : nos instructions mieux préparées :
nos cours d'étude plus suivis; nos conférences plus intéreê-
•santes : nos maisons plus canoniques; nos rapports plus
intimes ; notre état plus respecté ; les sociétés secrètes moin»
fréquentées ; nos écoles mieux tenues ; notre Auguste Mère
plus louée et mieux servie.
Tels sont les fruits délicieux que nous allons cueillir à
cet arbre sacré: Telles sont les eaux vives qui, coulant de
c^tt« fontaine intarissable, vont jaillir jusqu'à la vieét«i"-N
I
CIUGULAIRES ET AUTUtS DOCUMENTS 33»
:»©Ue. ■■ Excitant! à temporali Synodo proticiaimis ad
•• aeternse felicitatis aagmentum. " (1)
Nous terminons par quelques dispositions qui vous inté-
lO'îSfnt plus particulièromont.
10 Ceux qui étaient curés avant 1834,. et qui n'auraient
pas dit la messe pour le peuple, les joui's de fèt«s suppri-
mées, devront s'acquitter de cette obligation, en disant, à
cette intention, trois messes basses. (2)
2o Loraison de Spiritu Sancto sera remplacée, ju.squ'à nou
vel ordre, par celle /)ro Ecclesia. L'intention est d'obtenir que
la Sainte Eglise triomphe de toutes les erreurs ; qu'elle
ramène dans son sein tous ses enfants égarés ; qu'elle étende
le règne de Jésus-Christ du levant au couchant.
Invitez souvent les fidèles à prier à cette intention. Dites
leur que s'ils sont bons catholiqu'cs, ils convertiront nos
frères séparés. (3)
11 est temps de s'occuper sérieusement de tant de pauvres
Auies qui périssent, chaque joui-, autour de nous.
3o Voulant, comme il est juste, Nous mettre a contribu-
tion, pour une bonne part du travail qu'il va devenir néces-
saire de nous imposer pour ramener à la Vraie foi nos frères
séparés, nous allons, pour quelque temps, faire diversion
avec les affaires courantes, afin d'aller étudier l'anglais dans
nne des missions de ce Diocèse.
Dans cette vue, Nous avons laissé à Mgr. Joseph LaEoc-
i^ue, Evêque de Cydonia et Coadjuteur de Montréal, tous
les pouvoirs nécessaires, afin que vous puissiez vous adresser
à un autre Nous-même.
4o Nous croyons devoir Nous décharger ainsi de F Admi-
nistration Diocésaine, parce que Nous nous regardons comme
obligé de Nous absenter longtemps de notre ville épiscopale.
(1) Prière du Pontifical.
• [2) Voir le Décret du 29 Février 1852, p. 81, 82.
(3) La t«mpérauce et la fré^uentatiou des Sacrements out ameué le
r^ultat suivant. Sur 172 prisonniers qui se trouvent eu ce moment
dans la prison de Montréal, 30 senl^^nK^nt sont Canadiens, savoir, 21
komraes et 9 femmes.
."îiO MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES",
Car, advenant la belle saison. Nous visiterons toutes les
Paroisses du Diocèse, pour y consolider de plus en plus la
Discipline, en y mettant en vigueur les Présents Décrets.
Il y sera aussi question des moyens à prendre pour relever
de leurs ruines la Cathédrale et TEvêché. qui ne sauraient
rester longtemps ensevelis sous leurs décombres, »ans nn
grave préjudice pour la Religion. Nous sommes bien faible
pour accomplir de si grandes choses ; mais vous prierez et
ferez prier pour que la force d'en haut ne Nous manque pas.
Nous ne prescrivons ici aucune prière particulière, parce
(|ue Nous comptons sur vos pieuses inventions, pour que Nos
besoins soient jour et nuit devant les yeux du Diocèse en-
tier, et pèsent continuellement sur son cœur comme sur le
nôtre. Mais nous ne nous séparerons pas, sans nous faire
les souhaits d'une bonne année. Ce sont ceux du Concile
lui-même, dans sa dernière Session solennelle. Ils nou.>*
conviennent si bien !
' A Pie IX, donc, notre grand et bien-aimé Pontife, Béné-
diction du Dieu Tout-Puissant ! Que toutes les natiofis de
la terre no fassent, sous son glorieux Pontificat, qu'un seul
troupeau! — "In unum ovile adunatio. '
A notre Eévérendissime Archevêque, rosée de la grâce et
gloire éternelle.
A tous les Pères et Théologiens du Concile, paix vérita-
ble et bénédiction abondante.
Au peuple fidèle, zèle de la Eeligion Catholique, œuvres
•le justice, abondance de la paix, et victoire sur tous les en-
nemis de sa Foi !
A nous tous, tranquillité dans l'exercice de notre Saint
Ministère, santé dans raecomplissement de nos pénibles
travaux, abondance des grâces divines, dans nos besoins et
ceux du troupeau !
Aux Décrets de notre Concile, exacte observance sou3 la
protection de la B. V. Marie, des Apôtres 8t. PieiTe et,St.
Paul, des Patrons de cette Province, et de tous les Saints !
FIAT. FIAT. AMEN. AMEN.
Donné à l'Hôtel-Dieu de Montréal, lejn'emier jour de Jan-^
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 341
▼ier,inil-huit-cent-cinquante-trois, sousXolre Seing et Sceau,
et le Contre-Seing de Notre .Secrétaire. (1).
t IG. EVEQUE DE MOXTEEAL.
Par Monseigneur.
J. 0. Paré, Chan. Sec.
(Vraie copie)
C'IEOULAmE AU CLEEGÉ DU DIOCESK DE
MONTPvf'JAL.
• Saint ColtnnbaiJ, 19 Mars. 1853.
Vous recevrez avec la Pi'é.-^ente. le Mandement qui
annonce officiellement au Diocèse la promotion de Mgr.
lEvêque de Cvdonia à la Coadjutorerie de Montréal, et ea
nomination à l'Administration Diocésaine pendant mon
absence.
Vous recevrez aussi une copie de ma Lettre Pastorale à
la partie du Diocèse qui vient d'être démembrée, pour for-
mer le nouveau Diocèse de St. Hyacinthe. Cette pièce
fl) Les Décrets qui doiveuts être publiés au Prône, le seront tous
«'usemble une première fois, aussitôt la présente reçue, après quoi ils
le seront comme il est marqué dans la Lettre Pastorale. On se ser^^ira
avec prudence, en chaire et ailleurs, de cette Lettre Pastorale, poui-
donner à son ministère tout l'appui dont il auiait besoin, surtout pour
faire aux Paroissiens les souhaits et recommandations de l'année.
Tâchez d'obtenir que le Carnaval se passe sans bals, sans boissons et
autres excès.
En récitant chaque jour, aux Petites heures, le Ps. 118, demandons
.1 "amour et la pratique de toutes les saintes règles de l'Eglise.
On suivra désormais i>oiir l'Office divin VOrdo publié à Qnébec.
34'i MANDEMENTS, LBTTRE8 PAbTOftALES,
jointe à la Lettre du 8 Octobre dernier, en faveur des ineea-
diés de Montréal, pourra vous être de quelque secours pour
engager vos Paroissiens cà répondre à l'appel qui leur ept
fait.
Je ne saurais partir pour un voyage qui peut être long,
sans vous voir tous, s'il est possible, d'autant plus que mon
séjour ici m'a privé depuis longtemps de cette consolation.
Mais ne pouvant vous recevoir à Montréal, comme ci-devant.
je me partagerai, pour poinoir vous rencontrer chez vous
ou dans votre voisinage.
Je serai à St. Jean le cinq Avril, à .St. Rémi le six, à St.
Constant le sept, à Vaudreuil le huit, à Ste. Thérèse le onze,
à l'Assomption le douze, à Eerthier le treize, à Varennea le
quatorze, et au Sault au Récollet le dix-huit. En choisissant
ces lieux de stations je n'ai eu en vu que la facilité des
communications. Nos conférences auront lieu vers les dix
heures ; il y sera surtout question des Décrets du Concile
Provincial. Veuillez bien remplir au plus tôt les blancs de
la feuille ci-jointe, qui doivent me servir à donner au St.
Siège Apostolique, des renseignements exacts sur le Diocèse,
comme j'y suis tenu sous serment.
.Te ne puis terminer cette lettre sans vous dire encore un
mot. Je ne voudrais pas emporter dans mon caur la peine
très sensible que m'a causé Taccueil qui a été faite dans
quelques parties du Diocèse, à la démarche que le Chapitre
a jugé à propos de faire à- mon insu^ C'était de sa part,
soyez-en bien persuadé, un acte d'intime confiance en vous,
et une nouvelle preuve de son dévouement pour moi. Il
voulait par là ménager au Clergé l'honneur de venir spon-
tanément de l'avant, pour offrir à l'Evèque un secoure plus
assuré que ne peut l'être celui d'une souscription volontaire.
et épargner à l'Evèque l'humiliation de mendier, surtout à-
l'Etranger. Il était persuadé que le Clergé connaissait par-
faitement la disposition de l'Evèque de lui être à charge le
moins possible. On se rappelle, sans doute, qu'en 1840.
lorsque je pris possession du Diocèse, je remerciai le Clergf-
qui se mettait en devoir de me fournir un supplémert.
%
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 3i3
pav«equMl savait qu'une rente considérable, qui soutenait
rBvèché, s éteignait à la mort de mon RrédécesBenr. Je fi»
«Hre à tous ces Messieurs de bonne volonté que quand j'aurais
besoin, je ne craindrais pas de m'adresser à eux. Le Cha-
pitre ne voyait pas de circonstance plus urgente que celle
de Ja ruine totale de l'Etablissement, pour en venir à un
appel général. Si le mode qu'il a suggéré au Clergé ne
rencontrait pas son assentiment, il pouvait du moins lui
donner la pensée d'en proposer un autre aussi sûr et aus^i
efficace.
Maintenant que mon cœur s'est déchargé par un épan-
chement tout fraternel, je pars avec l'intime confiance de
n'avoir blessé personne, par cette franche et cordiale expli-
cation. J'ai pu contrister, dans le cours de mon Adm^nis-
tmtion quelques uns de mes bien-aimés collaborateurs. Je
lie pax'tirai pas sans les prier de me le pardonner. En
quelque lieu que je me trouve, vous serez toujours les pre-
miers dans mes souvenirs de la patrie. Mon dernier mot,
c'est celui de l'Apôtre : Attendite vobis et universo gregi ; et
mon dernier vœu, celui de vous revoir tous en parfaite
santé, et chargé de nouveaux mérites.
.Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
T lo. Ev. DE Montréal.
P. 8. — Désormais chaque Curé recevra deux copies de»
Mandements et Circulaires, afin qu'une de ces copies soit
déposée dans les Archives de la Paroisse.
t T- K. de M.
344 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
ilVE A.3SriD E Zvr EHSTT
DE- MtiK. LÉVÉQUE DE MONTRÉAL, ANNON(^ANT OFFICIELLE-
MENT LA PROMOTION DE MGR. JOSEPH LAROCQUE, ÉVÊQUE
DE CYDONIA, A LA COADJUTORERIE DE MONTRÉAL, ET
l'instituant ADMINISTRATEUR DE SON DIOCÈSE PENDANT
.SON VOYA(iE EN EUROPE.
IfiNACE BOURGET, PAR LA MI.SÉRICORDE DE DIEU ET LA GRACE
Dtr .SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE, É%^QUE DE MONTRÉAL,
ETC.. ETC.. ETC.
Au Clergé Séculier et Bégulier, aux Communautés Religieuses
et à tous les Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur Jésus Christ.
11 est terapS; N. T. C. F., qiie noii.^ vous informions oj^-
ciellement des changements qui se sont opérés dans l'admi-
nistration de ce Diocèse. £n vertu de Lettres Apostoliques,
en date du YIII Juin dernier, Mgr. l'Evêque de Martyro-
polis, que la divine bonté Nous avait donné poiu- Nous aider
à porter le poids de la charge pastorale, a été nommé pre-
mier Evêqiie de St. Hyacinthe. Prions, N. T. C. F , pour
ce nouveau Pasteur et sa jeune Eglise. La reconnaissance
nous en fait un devoir. Espérons en même temps que nous
aurons noî le part aux mérites de ses travaux ; car c'est un
grand sa* . itice qu'a fait le Diocèse en cédant ce sujet, déjà
tout préparé aux sublimes fonctions du Ministère Pastoral,
en faveur de TEpiscopat étranger. C'est pour la neuvième
fois que la Divine Providence exige de Nous pareil sacrifice.
Nous l'en devons bénir, quelque importants que fussent les
services que dussent rendre au Diocèse des hommes aussi
distingués. Il daignera sans doute, ce Dieu si bon, rempli)-
ces places vacantes, en multipliant les A-ocations pouj'
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 3i5
rOrdi'e Ecclésiastique, afin qu'il puisse accomplir avec
bonheur la haute mission dont il est chargé.
Ce premier changement en a nécessité un autre, que Nous
devons également, N. T. C. F., vous annoncer officiellement.
Il a plu à N. S. P. le Pape, dans sa tendre sollicitude pour
'■ce Diocèse, de remplir la Coadjutorerie vacante de Montréal,
par la personne de Mgr. Joseph LaPvOcque, Evèque de
Cydonia. Les Bulles de ce nouveau Coadjuteur sont du
VI Juillet dernier, et Nous lui donnâmes la Consécration
Eplscopale. le vingt-huit Octobre suivant. C'est donc avec
ce dernier Prélat, jeune et plein d'espérance, que Nous
allons travailler, dans une intime union de cœur, au bien
généraLde ce Diocèse, et achever ainsi d'user ce qui nous
reste de forces, à la gloire de Dieu et au salut de vos âmes.
Nous ne vous dirons point ici, N. T. C. F., ce qu'est pour
vous et pour Nous, le nouveau Collaborateur qu'il a plu à
Dieu de Nous accorder. Nous le blesserions au vif, si Nous
levions tant soit peu le voile de modestie qui couvre les
heureuses qualités de l'esprit et du cœur que la nature et la
grâce se sont étudiées à répandre dans son âme. Mais vous
allez avoir occasion de vous convaincre par vous-mêmes de
sa haute sagesse et de sa rare prudence. Car, en Nous
remplaçant dans l'administration de ce Diocèse, pendant
une absence qu'il Nous faut faire, il va en porter seul tout
le poids, assisté toutefois, comme Nous le sommes Nous-
luème, de ceux dont la Divine Providence veut bien Nous
entourer.
Maintenant, il faut que Nous vous disions. N. T. C. F., ce
qui Nous détermine à Nous absenter quelque temps du
Diocèse, et à faire un troisième voyage en Europe. Depuis
le huit juillet que Nous sommes en face des tristes ruines
de Notre Cathédrale et de Notre Evêché, Nous nous occu-
pons en Nous-même des moyens ù prendre pour les relever.
Mais tous nos calculs n'ont servi jusqu'ici qu'à Nous con-
vaincre de notre impuissance à réparer les désastres du
terrible incendie qui, en quelques heures, a réduit en cen-
^Ires duH propriétés valant quarante mille louis courant.
34fi MANDEMENTS, LETÏHES PASTORALES,
Depuis ce déplorable événement, Nous sommes sans Eglit*
pour remplir nos fonctions Episcopales, et Nous n'aro*»
pour Nous abriter qu'un Hospice de Charité. Oh ! Elles »«
sont plus joyeuses pour Nous", nos grandes solennités!
Notre premier devoir a été de bénir Celui qui Nous a ôté
tout ce qu'il Nous avait donné ; et notre unique consolatioji
H été de baiser avec amour la main paternelle qui No»?^
frappait. Il Nous reste maintenant à travailler de toute»?
nos forces à réparer les désastres d'un si grand incendie.
Tontes ressources humaines nous manque7it pour cela.
Nous ne saurions Nous endetter pour cela ; car Nous savons
que Nous ne pourrions point rencontrer nos engagementt--.
Les propriétés que le feu a épargnées ne suffisent pas pour
notre subsistance et l'honnête entretien des Prêtres, qui
quittent tout pour partager nos travaux et nos malheurs.
D'ailleurs, que sont-elles toutes ces propriétés, pour faire
face aux énormes dépenses que vont entraîner les nouvelles
bâtisses. La ville, après tant de désastreux incendies, et
les campagnes, après tant de mauvaises années qui se font
sentir, ne Nous paraissent pas i\réparées à une aussi grande
dépense. Toutefois, Nous ne saurions rester longtemps
dans ce fâcheux etnt. Car Nous y voyons pour la E^ligion
des maux incaicuiables. Nous comprenons, et voue com-
prenez comme Nous, N. T. C. F., qu'un EVêque sans Cathé-
drale et sans mai-^on, est pour le Diocèse, ce que serait
pour une paroisse un Curé sans Eglise et sans Presbytère.
Toutefois notre confiance n'en est point abattue. Nous
avons vu s'élever, comme par enchantement, la première
Eglise de St. Jacques, ce temple si justement cher à notre
cœur ; Nous avons pu suivre tous les événements que mé-
nageait la divine Providence, pour assurer le succès d'un
établissement auquel le calcul humain apposait alors le sceau
(le V Impossibilité ; Nous étions à même de recevoir d'utiles
leçons de dévouement et d'abandon à la divine Providence,
à l'école d'un grand Maître. Aujourd'hui que nous sommes
précisément ce qu'était en mil-huit-cent-vingt-un. le Fonda-
teur de VEpiscopat de Montréal, les souvenirs de ce tewjr^
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 3 57
•e regravent en Xous plus avant que jamaiei, et retrempent
Botre courage ; ce qu'il a fait et souffert pour ériger cette
modeste, mais si dévote Eglise qu'il nous a laissée en héri-
tage, se rajeunit dans nos pensées. Il Xous ouvre aujourd'hui
90a bon cœur, comme si souvent il le faisait de sa vie mur-
telle; et il nous semble que sa grande âme nous appparaît.
pour Nous redire ce que si souvent il Nous répétait, et sur-
tout ce que si constamment Nous lui vîmes faire pour
l'amour de la Sainte Eglise. Il est donc là, ce Père chéri,
pour Nous inviter à avoir foi à un meilleur avenir: en mar-
chant sur ses traces, Nous avons l'espoir qu'un jour nos
yeux, aujourd'hui si abattus à la vue de tant de ruines,
«eront rejouis en les voyant remplacées par des édifices, qui
répondent d'avantage aux besoins de notre époque.
Toutes choses mûrement considérées, Nous pensons, N.T.
CF., que c'est la volonté de Dieu que nous allions solliciter
des secours, partout où il Nous semblera pouvoir les trouver.
Tel est le but de ce troisième voyage que Nous allons entre-
prendre sous peu. Déjà deux fois JSous avons traversé la
Mer pour aller chercher un secours dhommesdont le besoin
se faisait vivement sentir. Il n'est pas nécessaire de vous
dire les bénédictions qu'il a plu à Dieu de répandre sur ces
deux premiers voyages. Car vous jouissez avec délices des
précieux avantages qui en .sont revenus au Diocèse, pour la
sanctification des âmes, et le progrès des sciences. .*^i,
comme nous lespérons de ce Dieu tout bon et tout miséri-
cordieux, ces œuvres naissantes continuent à se développe)-,
avec le même succès, vous aurez à, bénir à jamais la divine
Providence d'être l'objet si spécial de ses soins maternels.
Maintenant quel sera le succès _ de ce nouveau voyage;
c'est ce que Nous ne pouvons prévoii'. et ce que Nous ne
cherchons pas non plus à scruter, accoutumé que Nous
ëommes à Nous abandonner aveuglement au bon plaisir
d'un Dieu qui, malgré notre souveraine indignité, s'est tou-
jours plu à Nous combler de ses insignes faveurs. Caché
«iaiis ce petit coin du Diocèse, nous épi-ouvons d'ineffablee^
348 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
délices à les repasser dans l'intérieur de notre àme, et Nous
i\ous préparons de notre mieux à y répondre plus fidèlement.
Nous ne nous dissimulons pas toutefois les difficultés par-
ticulières que Nous présente ce nouveau voyage, à raison du
jicrsounage que Nous allons y faire. Car, il est question de
solliciter, à l'étranger, des secours pécuniaires ; et vous savez
ce qui attend à chaque porte ceux qui tendent la main pour
recevoir. Mais Nous nous considérons comme étant dans
un cas si exceptionnel, que Nous n'hésitons pas de passer
par dessus cette difficulté. A notre dernier voyage en Eu-
rope, l'on Nous offrit quelques secours temporels; mais
Nous les refusârnes, parce qu'il Nous semblait alors que
l'Evêque d'un Diocèse comtne celui de Montréal, devait
trouver chez lui toutes les ressources qui lui étaient nécessai-
l'es pour lui et ses œuvres. Mais aujourd'hui que Montréal est
à la quête et que ses malheurs excitent une compassion
générale, Nous ne croyons pas Nous déplacer en Nous
mettant au nombre des victimes du terrible incendie qui
Nous a mis dans la rue, et en demandant un secours dont.
]ilus que i^as un. Nous avons un si pressant besoin.
Ainsi, N. T. C. F., quoiqu'il en coûte beaucoup à notre
pauvre natiu-e, Nous paj'tons, avec l'intime confiance que le
tSeigneur Nous donnera son Ange, pour Nous garder dans
toutes nos voies, et Noua tracer l'itinéraire de notre voyage.
Nous irons partout oh il Nous inspirera d'aller et Nous
frapperons à toutes les portes qu'il Nous indiquera. Avant
tout, Nous allons dans la Ville Sainte, faire part de notre
malheur au Père commun, lui rendre compte de vos âmes
et recevoir sa bénédiction.
Mais nous ne partirons pas sans vous dire que Nous avons
droit de compter sur vos sympathies et sans faire appel à
vos bons cœurs. Tous comprenez que c'est pour- vous aider
à vous acquitter du devoir si juste qui vous est imposé de
contribuer, selon vos moyens, aux Edifices Eeligieux qui
sont aux charges du Diocèse, pour la raison toute simple
qu'ils doivent être à l'avantage de tous les fidèles. Ce qui
vous sera demandé sera peu de chose pour chacun ; mais si
n
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS U9
tout le monde y met la main, Xous serons puissamment se-
condé pom* faire un établissement qui réponde à la grandeur
du Catholicisme, dont il ne faut pas oublier l'honneur, dans
une ville comme la nôtre, où nos frères séparés font, pour
leurs temples, tant de sacrifices. I^es lugubres décombres que
Xous laissons sous vos yeux vous diront plus haut et plus
eloquemment que Nous ne pourrions le faire, comment vous
devez vous acquitter d'un devoir si légitime. Vous enten-
drez leur touchant langage, et vous répondrez à leur apje!.
C'est le doux espoir que Nous emportons dans notre cœur,
et ce qui Xous donnera des forces pour solliciter la charit"
de l'ancien Monde en notre faveur. Et sil vous t'aillait des
exemples pour vous encourager à être généreux pour la
reconstruction de votre Cathédrale, Xous vous citerions
celui des catholiques d'Albany, qui pour la leur viennent
de fournir cinquante mille piastres. Aussi, ont-ils aujour-
d'hui la consolation de remplir leurs devoirs religieux dans
une Eglise qui est une merveille de notre Amérique.
Tel est, N. T. C. P., le but principal de notre voyage.
Mais chemin fesant, Xous nous proposons de traiter beau-
coup d'autres affaires d'un haut intérêt pour notre Diocèse ;
car ses besoins nous suivent partout. Oh ! oui, croyez-le,
X. T. C. F., il n'est pas de Mère qui porte dans ses bras avec
plus de tendresse, un enfant unique, que Xous no portons le
Diocèse entier dans notre cœur, en quelque lieu que Nous
soyons. Xous emportons avec Xous un désir insatiable de
votre bonheur, et Xous le déposerons sur le tombeau des
SS. Apôtres, aux pieds du Souverain Pontife et dans tous
les lieux sanctifiés que Xous allons visiter sur not)-e route.
De votre côté, N. T. C. F., vous ne Nous oublierez pas,
X''ou8 en avons la confiance, et Nous en sentons le besoin.
Le voyage offre toujours de nombreux dangers pour le corps
et poui' l'âme. Notre faiblesse les redoute ; mais vos prières
les écarteront. Ne manquez donc pas de penser à Nous
chaque fois que vous prierez soit, en famille soit^à l'Eglise.
Que le souvenir de nos innombrables besoins vous suive à la
sainte table, à la mes-^e et dans toutes vos pieuf^es réunions
Toi MAxXDEMENTS, LKTTIŒS PASTORALES,'
de Coiifrérios. Offrez pour le succès de notre voyage, le*
aumônes de la Propagation de la Foi, les mortifications d«
^Société de Tempérance, les charités de la Saint-Yincent de
Paul; les soupii-s de TArchiconfrérie, les hommages de l'A-
doration Perpétuelle. Ces cinq Associations Diocésaines
sont comme cinq fleuves qui arrosent le diocèse entier.
Par votre ferveur à en bien remplir tous les devoirs, ajez
soin, N. T. C. F., qu'ils coulent toujours à pleins bords.
Dans cette intention, lemplissez tous vos devoirs de
chrétien.s. Obéissez à vos Pasteurs, et réjouissez, par votre
soumission filiale, le cœur de celui qui ISous remplace.
Que la paix règne dans toutes les Paroisses. Que la justice
fasse le bonheur de toutes les familles. Que le zèle de la
la gloire de Dieu embrase tous les cœurs. Que ce zèle voue
j^orte surtout à édifier nos frères séparés, par la pratique de
toutes les solides vertus qne commande à tous notre sainte
'JReligion. Oh ! N. T. C. F., le bon exemple ! Yoilà l'argu-
ment sans ré^ïlique, qui peut faire rentrer dans le sein de
l'Eglise, tant de pauvres âmes égarées, qui se perdent sou.^
nos yeux. Nous les recommandons à votre charité. Poui-
leur édification, comme pour l'accomplissement de tos
devoirs les plus indispensables, qu'il n'y ait parmi vous ni
ivrognerie, ni fraude, ni jurements, ni paroles obcènes.
Sauvons ces pauvres âmes ; elles sont si précieuses ! et elle
ont coûté si cher à noti-e Dieu !
A vous surtout, ferventes Communautés, de donner l'ex-
emple du plus généreux dévouement, pour la sanctification
du peuple de Dieu et le retour de ces âmes égarées. Non*
les recommandons de nouveau à votre tendre charité. Yivre
pour souffrir, afin de sauver des âmes, voilà votre mission.
]S"otre cœur surabonde de joie, en voyant que vous la rem-
plissez si généreusement. Que Dieu en soit loué !
A ces causes, le St. Ifom de Dieu invoqué, et de l'avis de
N]S'. Y Y. FF., les Chanoines de notre Cathédrale, Nous avon^
réglé, statué, ordonné, réglons, statuons, ordonnons ce qui
•euit :
lo Nous nommons, par les Présentes, Administrateur de
i
CIHCULAIKES ET AUTRE» DOCUMENTS 351
moire Diocèse, à commencer du jour de la publication du
J*résent Mandement. Mgr. Joseph LaEocque, Evêque de
Oydonia, et Coadjuteur de Montréal, et Kous lui donnons
tous les pouvoirs qui lui sont nécessaires pour le gouver
lier, tant au spirituel qu'au temporel, lui conférant à cet
effet non-seulement les facultés que nous exerçons coname
Evêque Titulaire, mais encore celles que Nous tenons du
St. Siège,, et qu'il nous est permis de déléguer.
2o L'on terminera le Prône, tous les Dinianclies et Fêtes,
dans toutes les Eglises où se fait l'Office Divin, en disant
cinq Pater et cinq Ave, pour obtenir la bénédiction du Ciel
sur notre voyage. Dans les Eglises de Communauté, een
prières se feront, aux dits jours, après la Messe conventuelle.
(»n commencera à les dire le jour que se publiera le présent
Mandement.
Adieu, maintenant, pieux fidèles, ferventes communautés,
Clergé si cher à notre cœur. Notre dernier désir, en laissant
les rives de la Patrie, est celui de votre bonheur. Si Dieu
Nous fait la grâce de vous revoir, ce cera pour mieux tra-
vailler tous ensemble à là gloire de son Saint Nom.
Anges Gai'diens des Pays que Nous allons parcourir, joi-
gnez vous à ceux des lieux que Nous quittons, pour que
l^artout Nous soyons en sûreté, à l'ombre de vos ailes.
Saints Patrons de toutes les Paroisses de ce Diocèse, pre-
nez soin de ces âmes que Dieu vous a chargés de protéger.
Si Nous revenons heureusement au milieu d'elles, nous vous
serons tous ensemble plus dévoués que jamais. Voue con-
naissez les dangers de cette vie. Oh ! aidez-nous à les éviter.
Saints Patrons de notre Cathédrale et de notre Evêché,
bienheureux Jacques et Jean, soyez voyageurs avec Nous,
quoique vous n'ayez plus ni temple, ni autel pour vous re-
poser ici et recevoir nos hommages. C'est pour votre gloire
que Nous allons voyager. En tous lieux, vous parlerez
donc pour Nous, vous qui êtes, par votre puissante parole,
le«? Enfants du tonnerre.
Bon Saint Joseph, protecteur de Jésus et de Marie dans
leur pénible voyage en Egypte, daignez Nous prendre sous
Toï MANDEMENTS. LETTRES PASTORALES,
votre protection, et nous diriger dans toutes nos voich-
Si ce voyage est heureux, Comme Xous l'espérons, car on
ne vous invoque jamais en vain, vous aurez votre autel dans
le nouveau temple, et Nous ferons tout en notre pouvoir
pour que votre pèlerinage y soit religieusement fréquenté,
et votre nom dévotement invoqué. Glorieuse Mère de Dieu,
Puissante et Aimable Protectrice de ce Diocèse, vous con-
naissez nos maux et vous en aurez pitié ; car vous êtes notre
bonne et tendre mère à tous. Nous n'aurons pas cette fois
la consolation de déposer, en partant, à l'autel de votre
Très-Saint et Immaculé Cœur, les vœux de notre cœxir affligé.
Hélas ! il est détruit cet autel qui était pour nous tous le
trône de vos miséricordes, mais Nous marchons pour le
relever de ses ruines. O vous, qui êtes l'Etoile de la mer,
tracez-Nous la route, et conduisez nos pas. Daignez prendre
sous votre protection ce troisième voyage que Nous n'entre-
prenons, ce Nous semble, que pour la plus grande gloire de
votre Divin Fils. Vous le bénirez donc, et il sera heureux !
Sera le présent Mandement lu au Prône, dans toutes les-
Eglises où se fait l'office public, et en chapitre dan.s
toutes les communautés, le premier Dimanche après Pâques,
et s'il n'était pas reçu à temps, le premier Dimanche après
sa réception.
Donné à St. Colomban, le Jour de la fête du glorieux St.
Joseph, dix-neuvième jour de Mars, de lan mil huit cent
(Hnquante-trois, sous notre seing et sceau, et le contre-seing
de notre Secrétaire.
f IG. ÉYÊQUE DE MONTRÉAL.
Par Monseigneur,
J. O. Paré,
Chanoine Secrétaire^
CIRCULAIRES ET AUTRES IKJCU.MENTS
3.i:î
liAPPoRï sur la Paroisse de en
Cdmfor mité au Décret Xrr, du Premier Concile l^rovincijil
de Québec. 1858.
IDMHIKX V .V-T-IL DK :-
Ames.
Adultes (jui ue vout i>a.s à <(>iilfs.-.i-.
'îoncubinairea publics.
Familles Prot«8taiitf«.
' Ecoles Protestantes.
"Picoles «le Garçon*.
Kcoles de Garçon.s et Fille.*.
Maitres non-mariés enseignant les tille»
Garçons fréquentant les écoles des Frè-
res de.
Volumes dans la lîibliotliiqno ilo l'n-
roisse .
Aubergistes licenciés.
Apostats.
Familles qui vont aux Etats- Cuis.
Associés au St. Rosaire.
Associés à la Ste. Famille.
Associés a la Propagation de la Foi.
Associés à la Société de Tempérance.
Associés à l'Adoration Peri)étuellc.
Associé.* à la Congrégation des Femmes
Cominnniaut.s.
Parois.siens qui Jic Imit |i;i.s de l';iqiics.
Enfants illéjiitiuics.
Eglises Protestantes.
Enfants Catholiques ficquautant les
écoles Protestantes.
Ecoles de Fille.s.
Jlaîtres mariés enseignant les filles.
Enfants des deux sexes fréquentant
les écoles de la paroisse.
Filles fréquentant les écoles des Sœurs
de
Marg-uilliersqui n'ont pas renducompte
Aubergistes non-licenciés,
.leunes gens qui voyagent.
P'amillos qui gagnent les T<)\NTisliiiis.
Associés au St. Scapulairo.
As.sociés il la Bonne Mort.
Associés à la St. Vincent de Paul.
A.sHociés à l'Archiconfrérie du T. S. et
I. C. de Marie.
Associés à la Congrégation dos Filles.
Associés à la Congrégation des .Jeunes
Gens.
QUEL E^T LE MONTANT
De la valeur de l'Eglise.
De la valeur des l'ropriétés Foncières
Des Recettes annuelles de la P'abrique
De ses Dettes actives.
T'es Dîmes estimées.
De la valeur du Pre.-^bytère.
De la valeur des Mai.sons d'Ecole de
Fabrique.
De ses Dépen.ses.
De ses Dettes passives.
Du Casuel.
REMARQUE.S DL CURÉ SUR L'ÉTAT DE SA PARoi.ssK.
1<). Le.s Désordres de cette Paroisse.
NOTES .
1o. Un double de cette formule est envoyé, pour qu'une
des feuilles demeure aux archives ; et que l'autre soit re-
mise à i'Evéque à .son prochain passage, dans la j^aroisse.
2o. On demande ce qui s'est fait annuellement jusqu'ici,
^ar exemple; combien il v a ordinairement de retardataire «
354 MANDEMEÎvTS, LETTRES PASTORALES,
à Pâques : quelle est, année commune, la recette et la dé-
pense de la Fabrique. A l'avenir, le Rapport ne renfermera
t(ae ce qui regarde chaque année, de Janvier à Décembre.
Une feuille subséquente sera fournie pour cela, en 1854.
?>o Quelques blancs sont laissés pour faciliter ceux qui
auraient à donner des renseignements imprévus, dans cette
feuille.
4o Un inventaire notarié de tous les biens meuble» et
immeubles, appartenant à l'Eglise et estimés à leur juste
valeur sera fait d'ici au mois de Septembre et envoyé au
Secrétariat. Copie d'icelui demeurera aux archives. On y
distinguera ce qui est à l'usage du Curé.
5o Une copie légale de tous les Titres de propi'iété de
l'Eglise sera faite et envoyée au Secrétariat, pour la même
époque.
60 Un des articles du présent rapport devra faire ctumai-
ire les fruits du dernier Jubilé, dans chaque Paroisse, pour
que FEvêque en puisse rendre coitipte au St. Père.
(^IIÎCLÎLA^ÎE A MM. LES CURÉS DU DKX'ESE DE
MONTRÉAL.
Monti-éal, 8 Avril 1H53.
MONSIFAK;
On ferait jouer au Cierge un rôle odieux, si on avait l'air
de l'établir comme censeur des Officiers nommes par le
Gouvernement pour faire fonctionner la loi des Ecole.*.
Yous trouverez, de plus, que des consultations faites isolé-
ment aux Membres d'un Corps tel que le nôtre, sont de
Jiature à produire de regrettables résultats.* Je vous suggère
donc. Monsieur, de prier M. le Président du Comité dv
CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS 355
l'Education de iio pas trouver mauvais que vous ne répon-
diez pas aux questions qui voqs ont été adressées, et de vou-
loir ftiirc agréer le regret que vous ressentez de ne ponroii-
vous conformer à ses désirs.
Je suis bien sincèrement,
Monsieur,
Votre très-humble et très obéissant serviteur.
t Jos. Év. DE Oydo.m.a.,
Ailministrateur du Diocèse de Montréal^
(Vraie Copie.)
.1. O. Paré. Chan. Se.\
CIRCULAIRE AF CLERGÉ.
MoNsiEcB. Montréal, le »î Mai 185.3.
Vous recevrez, avec la Présente, le Mandement de Visit*».
sur lequel il me faut faire ici quelques observations, pour
plus grande uniformité.
La Visite, sans aucun exercice de mission, vous donnera
tout votre temps, pour bien préparer, par l'instruction et la
confession, vos jeunes gens à la confirmation. En en faisant
de bons soldats de J. C, on travaille évidemment au bien
général des paroisses. Quant à vos autres paroissiens, ils se
disposeront aux grâces de la Visite en se pénétrant du
Manuel fait pour eux. L'exemplaire ci-joint pourrait ètj-o la
matière d'un prône, afin de le mettre en circulation.
Afin de vous aider à attirer tout votre monde au caté-
chisme, j'ai cru devoir insister là-dessus comme préparation
à la Visite. Mais le zèle avec lequel vous vous porterez à
ce ministère servira, plus que tout le reste, à la rendre inté-
ressante. Un catéchisme bien fréquenté est une bénédiction
pour une paroisse. Puisse la Visite produire ce fruii
de vie !
Ce serait aussi un avantage immense si les grâces de la
Visite répandaient le goût du chant et des cérémonies, ré-
MA.MJKMKNTS, LETTRES PASTORALES,
chauitaleiit toiiles les confréries, donnaient enfin un nouvel
élan au bien. Je crois que vos prônes et les prières de vos
paroissiens produiront ces beaux résultats. J'ai l'intime
conviction, qu'avec de la persévérance, on fera tout cela.
Il faut que le blasphème tombe sous les coups redoublé.s
•de la Visite. Je vous conseille de faire d'abord un cours
d'instructions contre ce capital ennemi du Saint Nom de
7)ieu. Puis, en toute occasion, au prône, à l'archiconfrérie,
au confessional et partout, il faudra tenir le peuple en
baleine, pour qu'il soit toujours en garde contre ce monstre
affreux. Quelle gloire pour notre ministère si notre peuple
cesse de jurer !
J'ai dit au peuple un mot de nos réunions, afin qu'il sache
bien que l'on s'y occupe de ses intérêts. Nous avons beau-
coup à faire dans nos assemblées, qui tiendront lieu de con-
férences et rempliront, pour cette fois, les vues du Concile.
J'en attends d'autant plus de bien que nous serons plus
|)énétrés de cette belle sentence de l'Imitation. Juvat non
parum ad profectum spiritualem devota spiritualium rerum col-
latio, maxime ubi pares animo et spiritu in Deo sibi sodantur.
(L. I. C. X. 2.)
Quant aux collectes à faire pour la Cathédrale, je vous
dois quelques observations. Il me paraît d'abord que la
Paroisse aimera à faire .son offrande à l'Evêque, sur son pas-
sage, soit en espèces, soit en billets, ou listes de souscrip-
tions. J'accepterai tout avec reconnaissance. Tous pour-
i-iez la disposer à cette démarche, et par vous-même, et par
•ceux de vos Paroissiens qui ont le plus de zèle et d'influence.
Peut-être jugerez-vous bon d'appeler à votre secours quel-
ques confrères, pour mieux ménager l'esprit de vos gens.
Tout est laissé à votre prudence. Mais dans tous les cas,
vous sentez qu'il est bien nécessaire que le montant de la
souscription soit assuré.
Toi là qui est pour le peuple. Quant au Clergé, j'ai été
heureux d'avoir eu occasion de dire un mot de sa bonne
volonté, dans ma réponse à la ville, le 17 Avril derniei'.
J'eu avais la preuve ostensible dans vos offres généreuses,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 3d~
OU dans vos protestations qui en tenaient lieu. P«jur l'uni-
formité d'action, je dois vous dire maintenant c-o que j«
pense là-dessus.
Tous calculs faits, je trouve que si chaque diocésain don-
nait vingt sous par an, pendant quatre ans, l'on aurait de
quoi relever toutes nos ruines, et faire, sans obérer pers<onne.
quelque chose d'honorable, pour le Diocèse. Je suppose que
chaque famille se compose de six individus ; ce qui fait uh
louis pour chacune.
Maintenant, je crois que si chaque Curé, au moyeu de sa
souscription et de celle de ses Paroissiens, jointes ensemble, .
pouvait donner autant de louis qu'il }' a de familles dans sa
Paroisse, le but serait atteint, et ce serait une chose finie.
Je vous sais pour la plupart engagés dans diverses entre-
])rises pour le bien de vos Paroisses. Le mode propose vous
donne moj^en de ménager vos ressources, pour vos œuvres
paroissiales, en faisant contribuer autant que possible vo!«
Paroi.ssiens à la reconstruction de la Cathédrale, qui est ui>e
simple suggestion; et je serai toujours prêt à me i-endre a
toute autre, qui atteindrait le même but, et vous accommo-
derait davantage.
Je remets à la Visite tout ce qui regarde les I^crets du
Concile, dont nous nous occupions dans nos réunions d'Avril.
En attendant, priez sans cesse pour moi. Car plus je vai^,
plus je crains de donner quelque mauvais coup de gouvei"-
nail, et de mettre ainsi en danger le vai.sseau que non»
sommes chargés de mener à bon port. Tout en demanda it
pour moi une petite place au ciel, je voudrais bien n'y êtrr
pas sans vous, et sans les chères âmes confiées à nos soin»-
Espérons que nous y arriverons tous.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre ti'ès humble et obéissant serviteur.
;- T(l. KYÊqVK DE MOXTf:ÉAL
558 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
MANDEMENT DE VISITE.
KiNACK BOUROET, PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU. ET LA UllACE
m: SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVEQUE DE
MONTREAL, ETC., ETC.. ETC.
Au. Clergé et aux Fidèlesde Notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en N. S, Jésus-Christ.
]S'ou,s nous proposons, N. T. C. F., de faire cette année la
visite de tout le diocèse. Nous en reprenons pour cela
l'administration que Nous avions confiée à Notre digne
•C'oadjuteur. pour le temps du voyage que Nous nous propo-
sions de faire en Europe, et l'on cessera, en conséquence,
jusqu'à nouvel ordre, de réciter les cinq Pater et les cintj
Ave que Nous avions prescrits, pour attirer les bénédictions
<lu ciel sur notre entreprise. Le démembrement de Notiv
Diocèse que vient d'opérer N. S. P. le Pape, Nous inspire le
dessein de cette visite générale, et Nous fait croire à la
])0ssibilité de vson exécution. Car le champ qu'il Nous a
laissé à cultiver étant moins grand, il Nous est plus facile
de le parcourir.
C'est ce que Nous allons entreprendre, avec la grâce de
Dieu. Car Nous comprenons que si le Ohef de l'Eglise
Nous a déchargé d'une partie de Notre fardeau, ce n'est pas
pour Nous ftiire jouir de plus de repos, mais uniquement
pour Non- donner moyen de visiter plus souvent, et de
mieux 8oi;-;Her les âmes qu'il Nous a laissées en charge.
A cette tin. Nous irons à vous, N. T. C. F., non comme
Missionnaire, mais uniquement comme Yisiteur. Car quelque
con-'olants qu'aient été les fruits de nos visites précédente.-:',
pendant lesquelles Nous joignions les exercices de la Mis-
sion à ceux de la Visite Pastorale, Nous comprenons que le
travail de lune a niii au travail de l'autre. Et en effet, Nous
ne pouvions donner à chaque paroisse le temps d'une Mis-
sion ; et pendant le peu de jours que Nous consacrions à ce
u-enre de ministère, Nous étions trop occupé pour donner à
\a Visite toute l'attention nécessaire.
(JIKGULA.IKES ET AUTRES DOCUMENTAS 358
C o«i donc pour le plue grand bien des paroisses que
Xous uous décidons à ne plus faire, au milieu de vous, que
l'office do Visiteur.
Pour cela, Nous nous déchargeons de celui de inissi(^n-
n;tire. sur ceux que la Providence a spécialement chargés
de ce genre de ministère,, et dont, par la divine miséricorde,
le Diocèse se trouve heureusement doté.
Le« grands succès qu'ont obtenus ces dignes ouvriers,
depuis douze ans qu'ils aident vos zélés Pasteurs à recueillir
là moisson abondante que leur offrent vos bonnes disposi-
tions,. Nous justifient pleinement de prendre ce parti. D'ail-
leurs, Nous ne faisons en cela que suivre l'exemple du Sou-
verain Pasteur. Car pendant sa vie mortelle, il envoyait
devant lui ses disciples deux à deux, et quand le peuple
avait été préparé à sa visite, il venait lui-même les confir
mer dans le bien par les grâces de sa divine présence.
Nous ne .vous dirons pas ici. N. T. C. F., les grâces abon-
Wante^ qui vous sont promises, si vous vous préparez sainte-
ment à la visite du Seigneur ; Nous laissons ce soin à vos
Pasteurs, Avec le zèle que Nous leur connaissons, ils vont
faire tout en leur pouvoir pour disposer les Paroisses à se
lu-ésenter à l'Epoux des âmes, avec la robe nuptiale et la
lampe ardente, qui sont les emblèmes de l'innocence et de
ht justice, sans lesquelles on ne saurait être admis au festin
^ies noces. Ce sera surtout par des instructions appropriées
à vos besoins qu'ils vous disposeront à cette grande solen-
nité.
Nous voa.s recommandons donc, N. T. C. F,, d'assister à
toutes celles qui vont se faire, soit avant, soit après la visite.
Cai" s'il est nécessaire de se bien préparer à la grâce de
notre Dieu, il ne Test pas moins de prendre de sérieuses
]«récautions pour en conserver les fruits.
Il y a dans le Diocèse un certain nombre de Paroisses où
lô« grandes personnes, aussi bien que les enfants, assistent
en tout temps au catéchisme. Nous ne pouvons qu'applau-
dir à une pratique si louable, et désirer qu'elle devienne
générale. Car Nous savons qu'une Paroisse qui aime le
360 MANDEMENTS, LETTRES PASTOIJALES,
Catéchisme est une Paroisse instruite et bien réglée. L'amour
de la parole de Dieu est une preuve certaine de la foi vive
qui produit les œuvres.
O ! Pères et Mères, si vous uiniezVos enfants en Dieu et
poui" Dieu, demeurez avec eux au catéchisme. Vous vous
assurez j>ar là de leur fidélité à une instruction qui leur est
si nécessaire. De retour à la maison, il vous sera fticile de
leur fîiire répéter le Prône et le Catéchisme du jour, et de
vous assurer ainsi de leur attention.
Vous leur exjîliquerez vous-mêmes ce qu'ils n'auraient
])as bien compris ; car plus que tout autre vous pourrez,
vous mettre à la portée de leur intelligence. Vous leur rap-
pellerez de temps en temps ce que le Bon Pasteur a recom-
mandé à l'Eglise. Oh ! qu'il est beau d'entendre les parents
dire à leurs enfans ; M. le Curé nous a bien défendu de faire
cela ; — M. le Curé nous a bien recommandé de faire telle chose.
D'ailleurs, quel profit n'y aura-t-il pas pouf vous-mêmes
d'entendre l'explication fles saintes vérités de la Eeligion ?
Car n'est-il pas évident que plus on connaît sa Religion,
plus on la pratique avec amour ?
Faites-en l'essai, N. T. C. F., pendant la belle saison qui
arrive, et vous verrez quelles bénédictions le Catéchisme
j-épandra dans vos familles. Vos enfants y apprendront
très-certainement à vous rendre l'honneur, le respect et
l'obéissance qui vous sont dus.
Pourriez-vous négliger de recourir à un moyen si facile et
si efiicace de faire le bonheur de vos familles ? Si voe en-
fants aiment l'Eglise, avec ses délicieuses cérémonies, ils
n'aiment ni le monde ni ses folles vanités. Encore une fois.
donnez-leur l'exemple, et ils feront ce qu'ils vous verront
faire, et ils seront ce que vous serez vous-mêmes.
Cette assiduité au Catéchisme, que Nous voue recomman-
dons à tous, N. T. C. F., doit produire le fruit spécial <i«
cette visite, dont il Nous reste à vous dii'e un mot.
Un des auteurs qui ont le mieux parlé de la vie spiri-
tuelle, nous enseigne que si chaque année on corrigeait
seulement un défaut, on serait bientôt parfait.
<:IKCULAIIŒS ET AUTHES ncXJUMENTS Mn
Si cela est vrai de chacun de nous en particulier, on en
doit dire autant d'une Paroisse et d'un Diocèse.
Pénétré de cette vérité, Nous nous proposons de travail-
ler, pendant cette Yisite, à détruire tout-à-l'ait, et dans tous
les lieux, le blasphème, qui est, hélas! si commun.
Déjà la religion a remporté une grande victoire sur lïvro-
gnerie. C'est au point que, à quelques excei:»tions près, on
peut dire aujourd'hui, avec comijlaisance. que le peuple
canadien est un peuple sobre.
C'est une louange que Xous aimons à donner dans ce mo-
ment solennel au diocèse entier. Nous serions trop heu-
reux si certaines défections ne nous empêchaient pas de
l)Ouvoir ajouter que tous, sans exception, gardent lidèle-
ment leur engagement !
Nous prions, du moins, pour ceux qui, par la boisson,
abreuvent encore aujourd'hui Jésus de fiel et de vinaigre.
Maintenant que l'ivrognerie cache sa honte dans de misé-
rables auberges, sans règle et sans pudeur. Xous pouvons
en toute confiance attaquer un autre vice.
C'est celui du blasphème, si injurieux an ciel et si exécra-
ble à la terre, que Xous entreprenons de détruire. Quel-
qu'enraciné qu'il puisse être, Nous avons l'intime conviction,
N. T. C. F., que la Yisite aura l'heureux résultat de le ban-
nir à jamais de notre société.
Or, remarquez bien, que par blasphème, Xous entendons
ici tout ce qui est injurieux au Saint Xom de Dieu. Par
conséquent. Nous comprenons sous ce titre les jurements,
les imprécations, les propos impies, les serments indiscrets,
injustes ou faux. Hélas ! il y en a tant et de si horribles
que les gens de bien ne les peuvent entendre sans que leurs
cheveux ne se dressent sur leurs têtes!
Toutefois, prenons courage, N. T. C. F., et vous verrez
bientôt ce que peut un peuple de foi avec le secours dv
Dieu. Car avant longtemps, l'on pourra dire de ce peuple,
— c'est un peuple qui a horreur du blasphème, comme il a hor-
reur de r ivrognerie.
Oh ! oui. Nous eu avons la douce espérance, les jurements
36i MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
sei'out bannis des champs? pendant le temps de Ja semence
»t de la moisson ; les chemins n'entendront plus d'impréca-
tions ; les places publiques n entendront plus de blasphèmes ;
les cours de justice ne seront plus profanées par d'aflfi-eux
serments qui font horreur aux pei-sonnes les moins reli-
gieuses.
Quelles nouvelles bénédictions pour les villes et les cam-
pagnes, lorsque le Saint Nom de Dieu n'y sera prononcé
qu'avec un religieux respect !
Nous laissons tout ceci à vos sérieuses réflexions, et vou!^
comprendrez sans peine que les fruits de salut vous atten-
dent, si vuus vous préparez comme il faut à la Yisitc Pas-
torale.
A ces causes, le Saint Nom de Dieu invoqué, Nous avons
statué, réglé et oi'donné ; réglons, statuons et ordonnons ce
qui suit :
Nous nous rendrons la paroisse de
le Vers les huit heures du matin, Nous
ferons Notre entrée, qui sera suirie de la Messe et de la
Confirmation. Nous ferons ensuite la visite du Cimetière
et celle des Fonds Baptismaux. Nous terminerons les exer-
cices de la matinée par la Bénédiction du St. Sacrement.
Nous examinerons les Comptes des Marguilliers, et ferons
la visite de tout ce qui appartient à la cure.
Le chant, les cérémonies, les associatiouf;. le soin des
pauvi-es. les écoles, les désordres publics, les scandales, en
un mot, tout ce qui intéresse le bien de la pai'oissc Nous
occupera.
Et c'est à cette tin que vous Nous verrez tenir de fré-
<iueûtes assemblées du clergé. Car ce n'est que par le
ministère curial que le ministère épiscopal peut se faire
sentir à vos âmes.
Tous toucherez du doigt cette vérité, lorsque vous ferez
attention que ce fut par les Apôtres que Notre Seigneur
convertit le monde ; et l'on peut dire que son divin Minis-
tère sest bonié à les préparer à la sublime mission de
CIUCULAIHKS KT ALTHES DOCUMENTS 36.Î
l'Apostolat. 'Eieu donc de surprenant si c'eut par k' Prêtre
r]^ue TEvèque tait du bien dans l'Eglise.
IS^ous auron-s quelque chose de particuliei- à faire, pendant
la visite de cette année. Ce sera de l'ecevoir les souscrip-
lion.s poui' l'Eglise Cathédrale.
XouH devions, comme Nous vous rannouçâmes dans Notre
Mandement du dix-neuf Mars dernier, partir prochainement
])uur solliciter des secours à l'étranger. Mais Nous avons
dû céder aux représentations qui Nous ont été faites à ce
-ujet par le clergé et les laies.
Comme ils Nous ont témoigné que le diocèse pouvait, à lui
seul, faire les frais de relever les ruines de l'incendie du
liuit Juillet, Nous nous sommes décidé à différer notre
•départ, pour attendre le l'ésultat des collectes qui vont se
liiiie à ce sujet.
En attendant, Nous ne saurions demeurer inactif par
rapport à l'objet que Nous avons en vue. Aussi tout eu
visitant le Diocèse, pour la sanctification de vos âmes. Nous
nous occuperons de l'œuvre qui vous est proposée comme
(euvre Diocésaine.
Nous le faisons d'autant plus volontiers que ce )i'est pas
notre intérêt privé, mais uniquement le bien du Diocèse
dont il est ici question.
Il Nous est dailleurs bien moins pénible d'aller ici, pour
cet objet, de Paroisse en Paroisse, qu'il ne l'aurait été d'aller
de Ville en Ville, en pays étrangers. Il Nous sera beau-
I i»up moins humiliant de tendi-e la main à de simples parti-
culiers, dans notre Diocèse, que de la présenter aux Princes
de l'Europe.
De pliLs,. le Monument qu'il s'agit d'élever sera plus nati-
onal, s'il e.st exclusivement l'œuvre de la ville et des cam-
])agnes de ce Diocèse, que si quelque main étrangère y con-
tribuait en quelque chose.
Ce Monument religieux sera d'autant plus facile à ériger
que' les contributions demandées sont plus modiques.
Tout dépend de la bonne entente, et du bon cœur avec le-
quel on se portera à 1 accomplissement du vœu que Noti«
364 MANDEMENTS. LETTHES PAS FOI! A [.ES,
avons émis, au nom de la Ileligion, de taire quelque choé;*:
qui pût prouver que le Catholicisme sait faire de grandes tt
belles choses, non par orgueil, mais par zèle pour la gloire
de Dieu et l'honneur de la patrie. Il s'agit de prouver à la
postérité la plus reculée que l'on peut être à la fois up bon
Catholique, en aimant sa Keligion. et un bon Citoyen en
aimant les^beaux-arts.
A toutes ces raisons, ajoutons que l'appel que Nous avons
fait est nécessairement devenu public. Nos frères séparés
en ont eu connaissance. Ils savent que tout le Diocèse
s'est prononcé contre le projet de l'Evèque d'aller à l'étran-
ger pour demander des secours pécuniaires. Ils s'attendent
que les Catholiques vont faire quelque chose de glorieux, et
ils s'en réjouissent par principe de patriotisme et d'honneur.
Que si après toutes ces démonstrations, ils ne voient sur-
gir qu'un établissement ordinaire, ne sera-ce pas humiliant
pour nous tous ? Car ils en conclueront évidemment que
le Chef de la Religion Catholique dans ce Diocèse n'est pas
un personnage bien grand dans l'esprit de son peuple, puis-
ceque tous ces Diocésains, appelés à lui venir en aide, ne
lui auraient fait qu'une Eglise si commune que plusieurs
campagnes pourraient se glorifier d'en avoir de plus ma-
gnifiques !
Terminons ces réflexions par une considération qui vous
touchera d'autant }i us fortement quelle se rattache davan-
tage à cette unité île cœur qui nous est propre, comme,
l'unité de foi. L'Eglise Cathédrale est l'Eglise du Diocèse,
et c'est pour cette raison qu'il est invité à la biitir. La
Ville et les Campagnes, les Communautés et les Paroisses.
le Public et les particuliers vont entrer dans la composi-
tion de cet édifice, et en faire en quelque sorte partie, Les
contributions générales feront un tout magnifique, mais
elles se repartiront dune manière si distincte, que l'on
saui'a par qui aura été érigée chaque' partie. Oui, ïa poste-
rite saura qui aura fait faire les murailles, la charpente, les
colonnes, les viti-anx. les portes et a»itres parties de cet édi-
fice reliirieux.
CIR<:L'LAIHh;^ ET Al'lHES DOCLMI-J.VI S 36")
Quaud on visite la magnitique Eglise d'Albany, un est
frappé de cette idée catholique. Car on y voit représentées
toutes les Missions du Diocèse, faisant lem* offrande à l'E-
i,nise-Mùre dont la beauté est l'objet de leur amour.
Ce qui nous a encore frappé, en contemplant ce Kelig-ieux'
Monument, ça été de voir les principales actions de l'Au-
i^uste Vieriçe Marie. Patronne de cet Eglise, représentées
dans de magnifiques vitraux qui fixent tous les regards. Ou
est vraiment attiré à l'amour de Celle qui est plus belle q\ie
la lune et plus éclatante que le eoleil. en considérant ce que
l'industrie humaine a pu oj>érer pour la faire connalti-e au
monde.
(!)h ! comme notre cceui- s'est réjoui de voir, dajis une ville
]<rotestante. peints sur verre, les traits de la Ste. Vierge
Marie, qui éclaire toutes les Eglises. Ces superbes vitraux
sont là pour dire tout haut, et à toutes les dénominations
leligieuses : Conceptio recolitur Sanct.r Mari<(' Vin/inis cujus
cita incbjta cunctas illustrât Ecclesias.
Xous ferons bien aussi, Xous, X. T. C F., quelque chose
pour la gloire de Celle qui fut toujours si bonne pour sa
ville et son Diocèse. "Puissante Dame de Bon-secours,
'• aidez-nous à relever lautel de votre Très-Saint et Immaculé
'' Cœur. Daignez vous souvenir que c'était au pied de cet
'• Autel, au temps où il était pour nous tous le trôno de
• votre miséricorde, que nous vous demandions de rajeunir
■ votre sanctuaire de Bon-secours. Vous serez donc aussi
• bonne aujourd'hui que vous le fûtes alors. Ces deux
• lieux de refuge ne sont pas de trop pour nous, O Mère de
''grâce! K'oubliez pas noti-e misère, et nous n'oublierons
■■• pas vos bienf\tit«."'
.Sei'u le pi'esent Mandement lu au Pi'one de la Me.sse Pa-
roissiale de
lô premier Dimanche après sa réception, et ensuite conservé
dans les archives de la dite Paroisse.
3&fi MANDEMEiNTS, L1-:TTRES PASTOJiALES,
Donné à Montréal, eu l'Hôtel-Dieu de cette ville, le wx
Mai mil-huit-eent-cinquante-trois, sous -notre seing et sceau .
et le contre-seing de notre Secrétaire.
t IG. ÉA^ÊQUE DE MONTKÉAL.
Par Monseigneur,
J. O. Pabé,
Chanoine Secrètnire.
CIRCULAIRE AU CLERGÉ DU DIOCÈSE DK
MONTREAL.
Montré-al. :{1 .\tai 1853.
Monsieur,
La feuille ci-jointe contient le tableau des nouveaux Ar-
chiprêtrés, avec la liste des Archiprètre* y préposé.s. Le
démembrement de ce diocèse a nécessité cette nouvelle
création ; et le besoin, que vous avez de vous voir souvent,
m'a paru une raison suffisante pour multiplier autant ceîî
Arrondissements EcclésiastiqucvS.
J'ai cru devoir désigner chaque Archiprètré, par le nom
de la paroisse, qui en est le chef-lieu. J'ai choisi pour cela
cela celle qui m'a paru la plus centrale, pour que l'on pût
s'v l'éunir plus aisément. Son nom est imprimé en majusc^i-
les. L' Archiprètré ayant, ou devant avoir avec le temps, un
vicaire, sera plus à même de porter secours aux prêtres de
son Archiprètré.
Par cet arrangement, les prêtres d'un même Archiprètré
pourront, sans trop s'éloigner de leui's paroisses, s'entr'aidei-
pour leurs Neuvaines, Octaves et autres exercices de piété,
qui exigent des secours, à cause des concours, doivent ôtro
comptés les Fêtes Patronales, les Premières Communions,
les Visites Episcopales et autres circonstances de ce genn-.
CIRCULAIRES ET ALTRES DOCUMBNTS 3«7
En travaillant dans les paroisses bien eonnue*<, chacun
.^era plus en état d'éviter les surprises que l'on a si souvent
A déplorer, après les grandes rénnions, dont certains habitn-
(linairos profitent, pour échapper à la sollicitude de leur*
pasteui^s, et à l'attention des voisins les pins immédiats de
leurs paroisses.
La nécessité de s'entraider produira infailliblement cette
bonne entente, qui rend le travail des ouvriers, employés
«lans la même vigne, toujours si heureux et si consolant.
La facilité de se rencontrer, sans nuii'é à 1» résidence,
établira nécessairement ces rapports intimes, qui prévien-
nent les mauvais effets, qui résultent inévitablement de lu
vie seule, et que l'Ecriture nous fait assez connaître par ces
paroles proverbiales: F* soli. Jhrec cette intimité. *)ii
s'avertit cordialement de ses défauts, sans craindre do
blesser. On éprouve alors ce qu'il y a de vrai dans cette
l»elle parole de St. Augustin : Ama et die quod vis. Ileureu.x
les amis qui savent s'aimer ainsi !
Ce sera dans ces réunions, toujours aussi agréables qu'in-
tei-essantes, que vous vous concerterez pour empêcher le
mal et faire le bien, dans tout un quartier. Et pour avoir
occasion de vous rencontrer plus souvent avec votre Archi-
j)rêtre, adressez-vous à lui, pour tr)ut ce qui est de sa com-
pétence. L'importance que vous saurez lui donner, aux
yeux de vos paroissiens, vous reviendra très-certainement.
Pour les grandes mesures qui intéressent de plus près le
bien des paroisses, ou l'honneur du clergé, v. g., quand il
s'agit de répondre aux circulaires du gouvernement, les
Archiprètres pourront s'adresser à TEvèque, pour s'enten-
dre ensuite plus uniformément avec les prêtres de leurs
arrondissements.
.le suis bien cordialement.
Monsieur,
Votre trôs-bumble et très-ol)éissa)it servitewr.
T Ig. Ev. tœ Montréal.
3C8 CIRCULAIRES KT AUTRES DOCUiMENTS
P. 8. — La Ketraite Pa-^torale se fera, cfmime.de coutume,
au Collège de Montréal, et commencera le 2 Septembre
prochain, à 5 heures du soir, et finii-a le 10 au matin. Le
jour de l'ouverture de la Eetraite, vers les deux heures de
l'après-midi, se tiendra le Bureau de la Caisse Ecclésiasti-
que. Je donne tous les pouvoirs, y compris celui de binei-,
aux prêtres gardiens des cures, quand même ils ne seraient
pas du diocèce.
Les vicaires subiront leur examen pi-escrit par le Concile
les 13 et 14 Septembre, et leur retraite se fera à la suite au
Sault-au-Eécollet, pour se terminer le 21 suivant, au matin.
Ils apporteront, en venant, les deux sermons dont le sujet
leur a été indiqué par la Lettre Pastorale du 1er Janvier
dernier, pour s'exercer dans l'art de prêcher.
Les fidèles sont invités, à l'ordinaire, à bien prier pour
leurs pasteurs en retraite.
t T. E. de M.
J. O. PAEB, Chan.,
Secrétaire.
(\' l'aie copie. )
1»KS AR^miPKKTRÉs ET ARCUIPRKTRES Df DKtCÈSE I)E MONTRÉAL
31 Mai 1853.
M. J. F. Gagnon, Cure de Eerthiei-.
Berthie)', St. Cuthbert. St. Barthélémy, Isle du Pads, St.
Norbert.
M. L. Gl:vox, Curé de Ste. Elizabeth.
Ste. Elizabeth, Ste. Mélanie, St. Félix de Valois, St. Jean
de Matha, St. Gabriel de Brandon.
M. JVLa-Nseau, V. G., Curé de TLidustrie.
St. Charles de l'Indujitrie, St. Joseph de Lanoraye, St.
^homn^; St. Paul. St. Ambvoisc de Kildare.
CIHCULAlKEï^ ET AUTRES DOCL MEXIS 369
M. li. Paré. Curé de St. Jacques.
St. Jacques de l'Achigan. Ivawdon, B. Alplionse, St. Alexi^;,
St. Liguoii.
M. HuRTEAL, Cure de St. Lin.
St. Lin, St. Esprit, Ste. .lulieniie, St. Calli.xte. Ste. Anne
des Plaine.s.
M. Frs. Label le. Curé de Eépentigny.
L'Assomption, St. Rocli de l'Achigan. Repentigny. St.
Sulpice, St. Antoine de Lavaltrie.
M. A, TiiEBERGE, Curé de Terrebonne.
ïSt. Louis de Terrebonne. St. François de vSales, St. Henry
de Mascouche, St. Charles (le Lacbenaye, St. Joscpli de la
Rivière des Prairies.
M. J. J. ViNET, Curé du Sault au Réeollet. .
Sault au Récollet. St. Martin, St. Vincent de Paul, Pointe
•iiux Trembles, Longue-Pointe.
M. G. Thibault, Curé de St. .léi-ôme.
St. Jérôme, Ste. Adèle, Circoncision. Ste. Sophie, St. Co-
b'mbaiL
M. .los. DiQUEï. Sup. du P. Séminaire de Ste. Thérèse.
>f. N. DuFRESNE, Mission du Lac des Deux-Montagnes.
Lac des Deux-Montagnes, St. Benoit, Ste. Scholastique,
St. Placide. St. Ilermas.
M. Akchambault, A'. G., Curé de Vaudreuil.
Yaudreuil, St. André, vSt. Anne du Bout de l'Isle, Rigaud,
Ste. Marthe.
M. T. Brassard. Curé du Côteau-du-Lac.
St. Ignace du Côteau-du-Lac, St. Joseph de Soulanges, St.
Polycarpe, St. Zotique, St. Clet, St. Anicet, St. Régis.
M. J. M. Lefebvre, Curé de Ste. Geneviève.
Ste. Geneviève, Pointe Claire, Lachine, St. Laurent, Tslo
Bizard.
M. D. Charland, Curé de St, Clément de Beauharnais.
St. Clément, Isle Perrot, St. Timothoe. St. Louis de
Gonzague. rhateano:uay.
.24
;î70 mandements, letthes pastokales,
M. K. Blyth, Curé de Ste. Martine.
Ste. Martine, St. Urbain, St. Jean Chryeo8tôme,OrmHt<;wn.
ITinchinbrooke.
M. Jos. Marcoux, Missionnaire du Sault St. Loui«.
Sault St. Louis, St. Rémi, St. Ii^idore, St. Constant, Ste.
riîilomène.
Jl. P. ViGNON, S. J., Curé de Laprairie.
Laprairie, St. Philippe, St. Jacques le Mineur. St. Edouard.
Sherrington, Hemmingford.
M. C. Larocque, Curé de St. Jean.
St. Jean Dorchester, St. Luc, Blairfindie, St. Cyprien, St.
Valentin, St. Bernard de Lacolle.
M. P. Mignault, Curé de Chambly.
Chambly, Longueuil, St. Bruno, Belœil, St. Marc.
M. R. O. Bruneau, Curé de VerchèreB.
Verchères, Boucherville. Varennes, Ste. .lulie, Contre-
cœur, St. Antoine.
CIRCULA IKK AU CLERGE DU DIOCESK 1>K
MONTRÉAL.
St. Placide, le 13 Juillet. lfJ.53.
Monsieur,
Un Bill vient d'être passé, dans la dernière Session dti
Parlement, qui permet l'incorporation des Fabrique», pour
Assurance Mutuelle, dans les Diocèses de Montréal et de St.
Hyacinthe. Comme elles auront le droit de faire loue les
réglemens qu'elles voudront, et que pour en venir là, il faut
absolument une Commission spéciale, voici comment, à mou
avis, il faudra procéder.
CIHCULAIUES ET AUTMh'S DOCLMEM^ M\
Chaque Paroisse, dans une assemblée régiilièrej devrait
nommer un Pvocurem-, pour assister à une assemblée, que
je convoque pour cela au Collège de ^lontréal ; et qui s"\'
tiendra le 2 de Septembre prochain, à 'J heures du matin.
Ce Procureur devrait être le Curé ; et comme il y aura des
dépenses à faire pour impressions et aiitx'es chose?», chaque
Fabrique devra fournir un louis, pour les couvi-ir ; et le
Procureiu' en sera porteui*.
Vous comprenez si bien les avantages de cette Institution
([ue je m'abstiens de vous rien dire là-dessus. Je crois
devoir toutefois conseiller à chaque Archiprètré de s'enten-
dre, pour agir uniformément. Le Journal de Québec et autres
vous donneront copie de ce Bill. Je pense qu'il serait bon
que l'on dressât d'avance quelque projet de lîéglements dont
la Commission, qui sera nommée en ville, ne manq\iei-a pas
de profiter.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteui-,
1 ICr. E\T:QUE de MONTREAL.
Par Monseigneur,
(Vraie copie)
J. O. Pabé,
Chan. Secrétaitr.
372 MANDEMENTS, LHTTIJES l'AST(.»i{.\LES.
iszc^nsriDEiyLEnsrT
UE L"AKCilEVi;uL'K ET DES ÉVÉQUES DE LA l'ROVINCE
ECCLÉSIASTIQUE DE QUÉBEC PROMULGUANT ].E NOUVEAU
CATÉCHISME RÉDIGÉ PAR L'oRDRE Dl PREMIER
CONCILE PROVINCIAL. ('^)
yOUS, AECHEYÊQUE Eï ÉVÊQUES
de la Province Ecclésiastique de Québec.
Au Clergé Séculier et Régulier, et aux Fidèles de la dite pro-
vince. Salut et Bénédiction en Notre Seigneur Jésus Christ.
Leiitieignenieut veligieux, comme vou>? le h;avez, Xos
Très Cliers Frères, est notre principal devoir, puisque c'est
à nous comme aux Apôtres, que Notre .Seigneur a com-
mandé d'enseigner tous les peuples. Docete omnes génies
(Mat. XXVIII. 19).
Cest donc à remplir le sublime ministère de la j>arolc.
aussi bien qu'à vaquer au saint exercice de la prière, que
notre vie toute entière doit être consacrée. Nous devons
prier pour appi-endre à prêcher, et nous devons prêcher
pour vous enseigner à bien prier, vous-mêmes, et à bien
(*) Ce mandement doit être lu au ini'me, cha<ine auuce, le deuxième
dimanche après Paque.
CIRCULAIRES HT AUTR.ES DOCL.MEMS a7:j
vivre : eest en cela que consiste la vraie religion qui sauve
les âmes. Nos vero orationi et ministerio verhi instantes nl-
inus(Art. VI. 4).
Puisqu'il en est ainsi, vous ne devez pas être surpris, X.
T. C F., si, pendant que réunis en concile, nous étions d'une
manière toute spéciale sous l'inspiration du St. Esprit, nous
nous sommes occupés surtout de régler l'enseignement de la
religion dans cette province.
Pour arriver plus sûrement à ce but si important, nous
avons jugé qu'il devait y avoir uniformité dans l'enseigne-
ment de la doctrine chrétienne ; et, dans cette vue, nous
avons décrété qu'il n'}^ aurait qu'un seul et même catéchisme
pour les différents diocèses de l'église du Canada. Cion uni-
T'ormitas, etiam in modo doctrinœ tradendœ, maxime optanda sit,
decernimus ut catechismus pro omnibus Christi fidelibus mu
servetur ( VIII Décret du 1 er Concile de Québec) .
A la vérité, nous avons dû avoir égai'd aux habitudes et
au langage des deux peuples qui composent notre troupeau.
C'est ce qui vous rendra raison de la différence qui existe
entre le catéchisme français et le catéchisme anglais. Mais
cette différence n'est que dans la lettre ; la doctrine de l'un
et de l'autre est la même ; c'est la doctrine catholique en-
seignée par les apôtres, toujours la même, immuable comme
Dieu qui en est l'auteur.
Cependant, N. T. C. F., en ordonnant la publication de
ce catéchisme, nous ne nous aquitterions que d'une partie
de notre devoir ; car ce livre ne serait qu'une lettre morte,
si le prêtre, dépositaire de la science sacrée, ne l'expliquait
aux enfants de l'église, ^S'ous avons donc décrété de plus
que le catéchisme serait enseigne, tous les dimanches de
l'année, autant que possible, dans toutes les églises parois-
siales. Singulis diebus dominicis, integro omni cursu, in quâvis
parochiali ecclesiâ, fiant cateclwses {IX Décret du ^er Concile
provincial de Québec) ,
Le catéchisme qui vous est enseigné est donc l'ouvrage des
]>remiers pasteurs. Ils veulent qu'il soit appris, et uni-
formément expliqué partout. Au moj'en de ce livre, ils
374 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
.s'adressent eux-mêmes, dan; le langage le plus simple, aux
petits enfantS; et ils les appellent à la connaissance de la
vérité, comme Jésus-Christ lui-même les appelait à lui, poul-
ies bénir et les sanctifiei-.
Ainsi vous recevrez, avec un profond respect, ce livre qui
renferme les principes de la doctrine et de la morale chré-
tienne. A'ons le ferez apprendre de bonne heure à vos en-
fants, et vous aui-ez soin de les faire assister aux instructions
qui se font à Teglise pour leur en donner l'intelligence.
A'ous comprenez en effet, N. T. C. F., que si vos pasteurs
sont stinctement obligés de faire le catéchisme, vous tie
l'êtes pas moins d'y envoyer vos enfants. A'ous comprenez,
encore que c'est chez vous, ou à l'école, quils doivent ap-
prendre la lettre du catéchisme, afin dètre en état de profi-
ter des explications qu'ils vont écouter à l'église. Pour les
y encourager, donnez-leur vous-même l'exemple, en repas-
sant de temps en temps avec eux les différents chapitres du
catéchisme. Oh ! qu'il est édifiant de voir des parents
chrétiens instruire ainsi leurs petits enfants des vérités
saintes de la religion, et leur apprendre à devenir vérita-
lilement heureux, en leur apprenant à aimer Dieu ! C'est ce
qui faisait dire autrefois à St. Augustin, avec l'accent de la
plus vive reconnaissance pour Ste. Monique, sa mère: '' O
mon Dieu, l'amour de votre Saint Nom, je l'ai sucé avec le
lait de ma mère ! " A l'obligation, pour vos pasteurs, de faire
régulièrenvut le catéchisme, se joint celle de l'expliquei-
dans un h.iuage simple et familier. Fiant catéchèses in gui -
hus genuinutn catechismi prooincialis sensuni, siniplici sermone
animarum pastores enodabunt (Conc. prov. ihid). Et voilà
encore, N. T. C. F., ce qui doit vous faire sentir les avanta-
ges et l'excellence des instructions du catéchisme. Là, le
pasteur parle le langage de l'enfant, pour lui donner la con-
naissance des plus hautes vérités de la religion, pour lui
faire entendre les mystères de la bonté, de la justice et de
la sagesse de Dieu, pour lui apprendre la crainte du Sei-
gneur et l'horreur du péché. Là, il les prépare avec un soin
particulier à leur première confession. Curent animarum
I
CIHCULAIRKS ET AUTRES UOCUMENTS T,b
pastort's ut pueri apport unis instructionibus di&ponantur ad pri-
mam confessionem (jOonc. prov. ibid.) Pur ce moyen, vos
jtasteurs vous aident efficacement à garder, dans leurs jeunes
cctuis, lé précieux trésor de l'innocence; car l'effet du
sacrement de pénitence n'est pas seulement d'effacer le
péché, mais encore de préserver les âmes pures de sa fujiesto
<ontagion. Pensez-y bien, parents chrétiens, vos enfants,
avec leur innocence baptismale, sont des anges sur la teri'c ;
•et c'est pour les consei-vcr dans cet heureux état, qu'on les
parifie de temps en temps dans la piscine sacrée, ouverte
jiar sa divine miséricorde à tous les enfants de l'église, pour
lu guérison de leurs unies.
Mais il faut pour cela quïls soient suffisamment instruits
<les mystères de la religien et des dispo.sitions requises jDOur
faire une bonne confession. C'est pourquoi nous vous re-
commandons instamment, pères et mères, de faire appren-
dre à vos petits enfants l'abrégé du catéchisme, aussitôt
<|u'il8 eh seront capables. Dans ce court abrégé, ils ti-ou-
veront tout ce qu'ils doivent savoir des mystères de la reli-
gion, des devoirs'de la vie chrétienne, et des dispositions
<iu'"il faut apporter pour recevoir avec fruit l'absolution. Si
donc ils avaient le malheur de perdre la grâce de leur bap-
tême, ils seraient ainsi préparés d'avance à la recouvi-er
dans le sacrement de pénitence. Au contraire, faute d'in-
stniction, ils seraient exposés à croupir, des années entières
<lans l'état du péché et dans lesclavage du démon. En effet,
vous ne devez pas l'ignorer, N. T. C. F., les enfants peuvent
^ivoir assez de raison et de malice pour offenser Dieu mor-
tellement, sans avoir assez d'instruction pour profiter du
jeraède qui peut les sauver.
Eh ! quelle responsibilité devant Dieu, jiour vous, parents
chrétiens ! quel triste sort pour vos enfants, si, parce que
vous auriez négligé de les instruire, comme vous le devez.
ils contractaient les habitudes du vice, et demeuraient ainsi
exposés au danger de mourir dans cet affeuxétat ! . . Pensez-
y sérieusement, et prévenez ce malheur, en vous appliquant
-à leur donner, dès l'âge le plus tendre, l'instruction reli-
376 MANDEMENTS, LKTTPiKS i-ASTf )HALES,
gieusc qui leur couvient, et en les envoyant légulièreinent
à confesse, tontes les fois que vos pasteurs les y invitent, ou
du moins une fois par année.
Mais si le devoir de a'OS pasteurs est h;i]^important, quand
il s'agit de préparer les enfants à leur première confession,
vous comprenez, N. T. C. F., qu'il devient encore plus
grave quand le temps est venu de les disposer à leur pre-
mière communion. Eien en effet n'est plus urgent que le
précepte qui leur est imposé à ce sujet. Il faut que pur
leurs soins les enfants soient, sous tous les rapports, bien
\)répsiréfi, rite parati, et qu'ils soient capables de faire un
Juste discernement du corps du Seigneur qu'ils doivent re-
cevoir. Ad dijudicandum corpus Bomini facti fuerint idonei.
Aussi est-ce par de fréquents catéchismes, faits avec beau-
coup de préparation, et souvent répétés, qu'ils doivent être
disposés à cette grande action. Idcircô per catéchèses non
paucas, aut ohiter factas, sed fréquenter repetitas, serin matu-
rèque pjrœparatas instituantiir {Conc. prov.ibid.)
Or, remarquez-le bien, N. T. C. F., vous n'êtes pas moins
rigoureusement obligés que nous de travailler à faire faire
une bonne première communion à vos enfants. Ce Décret
vous regarde donc autant que vos pasteurs. Comment, en
effet, pourrions-nous réussir à apprendre à vos enfants tant
de vérités qu'ils doivent connaître, et à imprimer dans leur
cœur tant de vertus qui leur sont nécessaires, pour commu-
nier dignement, si vous ne veniez à notre secours, et si vous
négligiez de travailler avec nous à les instruire et à les
former au bien.
Ecoutez donc, parents chrétiens, ce que vous avez à faire
pour vous acquitter de l'obligation où vous êtes, d'aider vos
pasteurs à donner à vos enfants les dispositions angéliques
([u'ils doivent avoir pour recevoir le pain des ange«. Lo
voici en peu de mots.
Accoutumez-les, dès l'âge le plus tendre, à prier Dieu, svii-
et matin, sans jamais y manquer. Aussitôt qu'ils ont l'u-
sage de la raison, donnez-leui- la connaissance des princi-
i)aux mystères de la religion, et nj-ez soin de leur faire
\
CIRCULAIHES ET ALTHKS DfXX'MHNTS ;77
])rodiiire souvent des actes de foi, despérance et de charité.
Lorsqu'ils sont parvenus à l'âge de sept aiip, envoyez-les à
coiifesse, et faites-leur foire ensuite régulièrement leur con-
fession annuellement; — veillez bien à ce qiie rien dans vos
maisons ne puisse leur apprendre le mal ; — donnez-leur le
bon exemple en toutes choses ; — éloignez-les des mauvaises
compagnies ; — ne les contiez, pour leur éducation, qu'à des
maîtres ou des maîtresses d'une vertue reconnue ; — ne souf-
frcE jamais que des hommes soient les instituteurs de vos
tilles : une mauvaise école serait la perte de vos enfants.
Faites vos efforts, pour que, dès lâge de dix à onze ans,
ils aient assez de piété et d'instruction, pour faire dignement
leur première communion ; — pendant qu'ils fréquentent les-
catéchismes qui doivent les y jrréparei". recommandez-leur
souvent de prier leur bon Ange-Gardien, d'être bien dévots
a la Sainte-Vierge, de réciter le chapelet en son honnetir. de
répéter leur catéchisme, en allant et revenant, d'éviter les
compagnons de mauvais exemple. Apprenez-leur ciueu
entrant dans l'église, ils doivent adorer le 8. Sacrement, et
se recommander au St. Patron de la paroisse. Au retour,
faites leur rendre compte de ce qu'ils ont appris au caté-
chisme. Accoutumez-les à faire tous les soirs, leur examei'i
de conscience. Appliquez-vous à leui- donner une grande
idée de leur première communion; — faites-leur remarquer
tous les défauts dont ils doivent se corriger, pour se rendre
dignes de la bien faire; . . enfin priez beaucoup pour ces
tendres enfants dont le salut doit vous être si cher.
Ce sont là, X. T. C. F., autant d'excellentes pratiques
dont vous devez us6r, afin de préparer de loin vos enfants à
leur première communion. Mais n'allez pas croire qu'après
cette grande action, tout soi-t fini pour vous. Au contraire,
c'est alors que vous devez redoubler de vigilance et de soins,
pour qu'ils en conservent les fruits précieux. ïiappelez-
vous donc souvent le souvenir de ce grand jour, le plus beau
de leur vie, afin de les prévenir contre la dissipation de leur
esprit, et l'inconstance de leur cœur.
^78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
C'est pour vous aider, N. T. C. F., à conserver vos enfants
Â'dna les saintes dispositions de leur première communion,
(jue vos pasteurs se font un devoir de foire le catéchisme,
les dimanches et les fêtes. Pastores aniniarum operam datu-
ros esse confidinms, ut catechesibus dominicalibus, saltem per
mium antium post susceptam prima vice communionem, pueri
adsint (Conc. Prov. ihid.) Ce catéchisme a pour objet de
graver plus profondément dans leurs jeunes cœurs les dogmes
de la foi et les devoirs de la vie chrétienne. Une triste ex-
périence de tous les jours nous fait voir que beaucoup d'en-
fants oublient bientôt les vérités les plus importantes de la
religion : il devient donc nécessaire de les leur rappeler
souvent, et pendant longtemps, afin qu'ils en conservent
toujours le souvenir. Car. aujourd'hui plus que jamais, on
fait des efforts inouïs pour vous arracher le précieu.v
trésor de la foi. Le monde est plein de mauvais livi'es qui
aveuglent les esprits, et séduisent les cœurs des imprudents
qui ne sont pas sur leur garde. Vous avez donc, pères et
mèreS; les plus puissantes raisons de tenir vos ejifants au
catéchisme, aussi longtemps que possible, afin de les affer-
mir dans la connaissance de leur religion, et de les fortifiei-
ainsi conti'e les dangers qui les menacent.
Plusieurs de ces chex's enfants seront peut-être plus tard
<lans la triste nécessité de s'éloigner de la maison paternelle,
pour aller chercher leur vie sur une terre étrangère. A
quel danger leur piété et leur foi ne seraient-elles pas ex-
posées dans ces lieux où régnent l'erreur, l'impiété et tous
les genres de scandales. Oh ! pères et mères, si vous ne
pouvez les retenir auprès de vous, ces enfants bien-aimés.
•si vous n'avez pas la consolation de les établir dans votre
heureux pays, tiavaillez du moins à affermir leur foi et leur
piété, afin qu'ils ne soient pas e.^posés à faire un triste nau-
<^frage, lorsqu'ils ne seront plus sous votre vigilance pater-
nelle.
En engageant vos entants à continuer, après leur pre-
mière communion, d'assister aux instructions du catéchisme
yjui se font pour eux, tous les dimanches et les fêtes, vous
(:Ui<;i;i,AlHES F.T autres DOCUMEiNTS M9
Tie leuc procurerez pas seulement lavantage de s'instruire
j>lu8 à fond de leur religion, vous les préserverez encore
•dune infinité de désordres auxquelles les expose la dissipa-
tion qui règne souvent, l'après-midi de ces saints jours.
Vous les connaissez, ces désordres, K. T. C. F., et vous les
déplorez sans doute avec nous. Au lieu d'aller au catéchis-
me et à vêpres, un grand nombre fiéquentent de mauvaises
compagnies, où se trouvent à des rendez-vous suspects où
l'on tient des propos déshonnétes, et où l'on commence des
fréquentations dangereuses, etc. Or, quand on emploie
ainsi une partie des saints jours de dimanche à offenser
I>ieu. peut-on encore espérer ses bénédictions ? JS'e doit-on
:j)as au contraire redouter les eflfets de sa colère ?
Ainsi. iST. T. C. F., en vous invitant à envoyer vos enfants
^:^ux<:•atéchismes des dimanches et des fêtes, nous vous sug-
icérons un moyen excellent de leur ])rocurer. non-seulement
une solide connaissance des vérités de la religion, mais
•<.>ncore le moyen de leur faire passer saintement ces jours
consacrés au Seigneurs, '^t de les préserver des péchés et des
scandales qui eu profanent si souvent la sainteté. Ces caté-
chismes fréquemment répétés finiront par graver si avant
dans leurs jeunes cœurs les commandements de Dieu et de
l 'Eglise, qu'ils ne seront plus exposés à en j^erd^^ le souve-
nir, f 7 melilis prœcepta De/' et ecclesife edisconf (Conc. Frov.
l.hid.).
Voulez-vous connaître maiiitenant. X. T. C. F., le moyen
d'engager vos enfants à être assidus à ces catéchismes ? En
voici un aussi infallible qu'il est aisé : c'est de montrer du
zèle pour ces instructions; c'est d'y assister vou.s-mèmes
avec eux. Vos enfants aimeront le catéchisme, s'ils s'aper-
çoivent que vous l'aimez vous-mêmes; s'ils vous y voient
u-ssidus, ils s'y rendront régulièrement, et y prendront
i;0Ùt.
Il est des paroisses où ce goût du catéchisme est si uni-
versel que presque tous ceux qui ont été présents à la messe
se font un devoir d'assister aux vêpres, afin de ne pas pei-
.«ire cette instruction. Heureuses paroisses qui font notre
380 MAXDK.MKNTS, LKïrRKS PASTi )I{ALKS,
consolation, que nous aimons à citer poui- modèle, et que
nous bénissons au nom du Seigneur qui est descendu du ciel
pour évangeliser les pauvres! Puisse leur exemple être
suivi dans toute l'étendue de notre province.
Le fniit spécial de cette sainte ardeur pour l'instraction
religieuse du catéchisme, c'est la science des saint", qui
conduit à la vie éternelle. Hœc est autem vita œterna, ut
cognoscant te solum Deum vermn, et quem misisti Jesum Christ-
um (Joan. J^VII. .3.). Oui, X. T. C. P.. une pai-oisse qui
aime le catéchisme, est une paroisse qui aime Dieu. Qui ex
Deo est, verba Dei audit (Joan. VIII. 47.). Dieu est servi,
parceque sa parole y est bien écoutée, et qu'elle y est prati-
quée avec fidélité. Si quis diligit me, sermonem meuin serva-
bit {Joan. XIV. 23.). Cette sainte parole porte des fruits
de charité, de pureté, de justice, d'obéissance, de patience et
de toutes les vertus chrétiennes. Fructum dabit in tempôre
suo (Ps. I. 3.).
Nous vous l'ecommandons de plus, N. T. C. F-, do garder
toujours chez vous le petit et le grand catéchismes. L'abrégé
du premier, dont nous vous avons déjà parlé, préparera vo<
petits enfants à leur première confession ; le petit catéchis-
TBe disposera à leur première communion, ceux qui auront
l'âge de lu fdJre ; le grand catéchisme sera pour ceux qui,
l'ayant fiiite et se préparant à la confirmation, voudront
s'instruire à fond (le.'+ vérités de la religion. Cette étude
constante du grand catéchisme, jointe aux explications
suivies que les ]»;isteurs en donnent tous les dimanche^,
et les fêtes de l'année, est ce qu'on appelle le catécidsme de
persévérance, qui a produit de si heureux fruits de salut, par-
tout où il a été introduit, et que pour cela nous aimons à
voir s'établir dans notre province.
Après le catéchisme, et de retour à la maison, consaci'ez
une partie de la veillée à vous entretenir familièrement du
prône et du catéchisme du jour. Vous verrez par là, pères
et mères, si ceux de vos enfants qui ont assisté aux instruc-
tions, les ont bien écoutées et bien comprises. Vous en
prendrez occasion de les répéter pour les mettre à la portée
\
CIUCLLAIRKS ET ALTHKS I)()(;L.MEM> 3,S I
lie luutc la famille. Jl cii résultera un auti-e avantage:
c'est que ceux qui auront gardé la maison, ce jour-là, sau-
lont tout ce qui s'est dit à l'églLse, et pouvi-ont ainsi en pro-
fiter, comme les autres.
Nous vous recommandons instamment ces repétitions.
comme un moyen souverainement utile de répandre l'in-
struction religieuse. Pai- cette pratique si facile, les in-
structions du pasteur se répètent dans toutes les maisons de
la paroisse. Quel encouragement pour le prêtre que cette
])en8ée, qu'il est entendu de tous ses paroissiens, quand il
parie au prône, et que ses paroles sont ainsi i-épétées dans
toutes les familles, comme lu pai'ole de Dieu, pour l'édifica-
tion et le salut de tous !
Un autre avantage que vous trouverez, X. T. C. Y., à
a.ssister vous-mêmes aux instructions du catéchisme, sera de
faire valoir, auprès de vos enfants, les recommendations que
votre pasteur leur aura faites en votre présence. Vous les
leur rappellerez à pro])Os, quand vous verrez qu'ils les ou-
blieront : vous leur en ferez rapplication, à chaque fois
qu'ils s'écarteront de leur devoir. Oh ! croyez-le, pères et
mères, votre autorité sur vos enfants sera beaucoup plus
grande, si vous leur parlez au nom du pasteur, qui lui-
même parle au nom de Jéses-Christ, dont il est le repré-
sentant. Ainsi le catéchisme du dimanche vous donnera
des lumières et des forces, pour bien passer la semaine,
et pour gouverner votre famille avec la sagesse de Dieu.
Qu'ils sont pi'écieux les avantages du catéchisme, et que les
fruits qu'on en tire sont délicieux ! Dulciora ■•super mel et fa-
vum(Ps. A'VIILU).
Après ce que vous venez d'entendre, nous ne doutons pas,
X. T. C. F., que vous ne preniez la résolution d'assister ré-
gulièrement au catéchisme, et d'y conduire vos enfants.
Uh ! chrétiens de tout âge, de tout rang et de toute condi-
tion, écoutez-la avec docilité cette voix pastorale, que nous
élevons tous ensemble, pour être entendus de plus loin, et
compris de tout notre troupeau. Notre cœur s'est dilaté,
notre bouche s'est ouverte, poui- vous dire tout ce que nous
38-2 CIRCULAIRES HT AUTRES DOCUMENTS
forniou.s de vœux ardents pour le bonheur et le salut de vo^
enfants. Os nosirum patet ad vos. Os nostrum dilatatem eut
(2. Cor. VI. 11). Ces cners enfants sont à nous, comme à
vous. Vous leur avez donné la vie du corps ; nous, nous
leur avons donné la vie de l'âme. A'ous travaillez à les
établir avantageusement sur la terre : nous, nous travaillons
à les établir bien haut dans le ciel.
Xotre plus grand bonheur ici bas, X. T. C. F., et la plus
agréable de toutes les nouvelles qui puissent nous être
données, c'est d'apprendre que vos enfants marchent dans
les voies de la justice et de la vérité. Majorem horurn non
habeo gratiam, quàm ut audiam filios mecs in veritate ambulart
{Joan. IV. 4), A la vue des'dangersNjiii vous menacent de
toutes parts, nous tremblons et nous prions. Et notre pri-
ère est pour obtenir du Père des miséricordes, qu'il accorde
à tous un cœur généreux, afin que vous le sei*viez fidèlement,
au milieu de toutes les tentations de la vie, et que voue ac-
complissiez avec amour sa sainte volonté. Det vobis cor
omnibus, ut colatis eum, etfaciatis ejus voluntatem, corde may-
no et anivio vole?iti (2 Mach. I. 3).
A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, nous avons
statué, réglé, ordonné, statuons, réglons et oi-donnons ct-
qui suit:
lo — Le petit catéchisme, publié en français et en anglais,
par l'ordre du premier Concile Pi ovincial de Québec, et
revêtu de notre approbation, sera enseigné dans toute notre
province ecclésiastique, ainsijque le gi-and catéchisme à l'u-
sage du diocèse de Québec, qui en est le complément ;
2o — Avenant le premier octobre prochain, il ne sera plus
permis de faire usage d'autre catéchisme dans les instruc-
tions publiques :
3o — Dans toutes les paroisses et dans toutes les missions,
le catéchisme se fera régulièrement, tous les dimanches^^et
toutes les fêtes de l'année, autant que possible ;
4:0 — Le catéchisme se fera en outre, au moins trois fois
par semaine, lorsqu'il sera question de préparer prochaine-
ment les enfants à leur première communion.
CinCLLAIRES ET AUTRES ÔOCUMENTS 3^.1
ôo — Les maîtres et les maîtresses d'écoles le teronr, en
tout temps, deux fois par semaine ; et, aussitôt que les en-
fants seront capables de lire, nous désirons que le petit et
le grand catéchisme soient leurs premiers livres d'école ;
l']nfin nous avons à cœur que toutes les familles prennent
la sainte habitude de fiiii-e, tous les jours, en commun, les
excellentes prières du soir qui se trouvent à la fin du grand
catéchisme, comme c'est aussi notre intention que MM. les
Curés maintiennent l'usage, depuis longtemps établi, de les
faire dans leurs églises, aux instructions qu'ils do)ineiit. sur
semaine, dans le cours du carême.
Telles sont, O Divine Marie, les ordonnances que nous
déposons à vos pieds sacrés, et que nous vous pi-ions <ie bé-
nir, pour qu'elles soient religieusement observées. Klles
ont été faites sous votre inspiration, et pour l'instruction des
enfants do l'église, dont vous êtes la bonne et tendre mère.
Daignez les avoir pour agréables et répandre sur les lèvres
de vos prêtres uiie douce onction qui fasse aimer le caté-
chisme. Pénétrez en même temps d'une sainte ardeur le
cœur des fidèles, pourqu'ils courent à cette instruction,
comme à l'odeur d'un parfum délicieux. Faites que tous
les enfants de notre province qui sont les vôtres, O Glori-
euse Mère de Dieu, soient au catéchisme, comme votre divin
Jésus était au-milieu des docteurs, qu'il étonnait par la sa-
gesse de ses réponses; — que les parents chrétiens partici-
pent à votre bonheur, en voyant leurs enfants se faire atl-
mirer à l'église, comme Jésus l'était dans le temple, et
qu'enfin tous, pasteurs et brebis, s'efforcent de vous imiter,
en gardant religieusement dans leur cœur les paroles de
salut que vous con.scrviez avec tant de soin dans le vôtre.
Sera le présent mandement lu an prône dans toutes les
églises où se fera l'office public, et en chapitre, dans toutes
les communautés, le premier dimanche après sa réception,
ef, tous les ans, aux messes paroissiale», le second dimanche
après Pâques.
Donné sous notre seino-. le sceau de rarchevô^-hé de
384 MAiNDEMENTS, LETTJiES I'AST( )HALES.
<iiiébee et le cojitre-seing du secrétaire du dit archevêché, le
huit Septembre, fête la Nativité de la Bienheui'euse Vierge
Marie, l'an mil huit cent cinquante-ti-oi.s.
ï P. Y. Arch. de Québec.
y Ignace, Ev., de Montréal.
t Joseph Era., Ev., de Bytown.
t Armand F. M.. Ev., de Toronto.
t J. C, Ev., de St. Hyacinthe.
t Thomas, Ev.. des Trois-Eiviores.
T Patrice, Ev., de Carrha, Adm. de Ivingstuii.
Par Mandement'de Mes.soigneurs.
Edmond La-noevin. Ptre.
Sec. de V Archevêché,
C'ertirie.
.€IKÙULAIEË AU CLEKGE DU DIOCESE DE MONT-
EE AL, SUE LA LETTEE PASTOEALE CON-
CEENANT LES TABLES TOUENAXTES.
Monti'éal, 27 T)écemln-c 1^.53.
MONSrEUK.
J'accompagne la Lettre Pastorale ci-jointe do quelques
observationiii, qui me paraissent nécessaires, pour que, dans
sa mise à exécution, il y ait entente et par conséquent
succès.
En commentant cette Lettre, veuillez bien laisser pour
ce qu'ils sont les mouvements que Ion prête aux Tables
Tmrnantes. pour n'insister que sur l'abus que l'on en fait.
CIHCULAiriES KT AUTRES DOCU-MEM>i î*-a
Tùoliez. néanmoins, (robtenir que Ton s'absiieiino toul'-à-thii,
de les faire marcher, tourner et frapper, X cause du danger
qu'il y a aujourd'hui de vouloir se mettre pajt là-inèiae en
rapport avec les Esprits. lîefusez les Saereraeuts à ceux
qui ont cette intention, et qui ne veulent pas j'enoJK'er à
cette pratique superstitieuse.
Comme vous le verrez, je passe Icgùroment sur les anii'o*
espèces de superstitions en usage parmi nos bonnes gens.
J'ai cru toutefois devoir les signaler, pour que vous ayez
l'occasion de les attaquer en même temps, daas -chaque Pa-
roisse. Vous pouvez en faire ensuite la matière de quelques
instructions particulières. A ce propos, je vous dirai <*)ii'i\
y avait, ces années dernières, dans notre faubourg H^inehee,
une vieille femme, qui prétendait au privilège de faire i;jir>n-
ver les choses perdues. Ce qui prouve qu'on y croyait,
c'est que sa maison ne vidait pas des gens de la campague-
Je fais allusion à nos cinq grandes Associations, savoir,
hi Propagation de la Foi, la St. Vincent de Paul, la ïeniiy?-
rance, l'Archiconfrérie et l'Adoration Perpétuelle, paœe
que je les regarde jcomme de puissants mo\-eus, pour €f>t>-
server lesprit religieux de notre bon peuple. Yous ne
manquerez pas, j'en suis sûr, dinsister là-dessus en toutes
occasions, parce que vous comprenez, comme moi. que îe«
confréries bien entretenues conservent la foi et nouriis-^ent
la piété.
J'ai cru que cétait la place de dire quelque chose de la
visite si honorable qu'a daigné faire au Diocèse, ]VJgr, Bedini,
Archevêque de Thèbes et Nonce Apostolique iui BresiL il
m"a semblé que cet événement, si joyeux pour .nous tôa^^,
qui avons joui si intimement de ce grand personnage, et >>
glorieux à la foi de notre peuple, devait être consigne dan*
nos chroniques.
Votre zèle pour la Tempérance vous fait embrasser >a*p5
peine tous les moyens, jugés nécessaires, pour la soutetiir,
aux jours de ses combats et de ses dangers. Il me parai fc
aujourd'hui plus que jamais nécessaire de y)rendre îaxjrs
moyens, pour l'empêcher de tomber tout-à-fait, et même
25
.iS6 MANDEME.NTS, LETTRES TASKJRALES,
pour In. relever nvec gloii-e. Ces moyens sont l'organisation
des Conseils ]>articuliers, la publication des Annales et les
prédications de quelque^pjétre qui en fasse son œuvre.
Bientôt vous recevrez le premier numéro des Annales,
qui traite ail loni;; des deux premiers moj'ens. Il me reste
à vous prier de vouloir bien le faire circuler, autant que
possible, dans votre Paroisse, et de lui procurer autant d'a-
bonnés qu'il y a de chefs de famille. ]1 sera facile de leur
prouver que les quelques shelins, que coûtent chaque année
k^s annales, leur sauvei'ont bien des louis.
Il serait bon que vous assistassiez quelquefois aux réu-
nions du Conseil Central, qui se tiennent, le premier Jeudi
de chaque mois, au Séminaire, à Y^ heures du soir, quand
vous vous trouverez en ville ce jour-là. Je crois même qu'il
serait avantageux que vous fissiez coïncider vos voyages de
ville avec ces jours de conseil ; car j'ai l'intime conviction,
(piavec de l'entente, la Temj)éi-anGe sera victorieuse, dans
le terrible combat, dans lequel elle se trouve maintenant
engagée. Les membres du Conseil Particulier, qui ont
droit d'assister aux assemblées du Conseil Central, pourraient
on faire autant.
Quant au troisième moyen de porter secours à la tempé-
rance, qui consiste dans la prédication d'un homme dévoué
à cette œuvre, je le recommande à vos prières, et j'y revien-
drai une autre fois. Il en sera de même de la Propagation
de la Foi et des autres associations qui ont nécessairement
besoin d'être réchaufîëes. Mais il sera facile de le faire, si
la tempérance se maintient
Comme il nous faut rendre compte prochainement des
deniers de la Propagation de la Foi, veuillez bien nous fîiire
tenir au plus tôt ce qui vous resterait de fonds, appartenant
à la comptabilité de l'année.
A'euillez bien rappeler aux fidèles la pratique de la récita-
tion des 3 Gloria Patri, etc., pour l'abolition du blasphème
et les faire dire à l'Eglise, chaque fois que l'occasion s'en
présentera. On en verra plus tard l'Jieureux résultat.
Je connais le trouble» que vous causç l'administration des
CIPiCULAlUES ET AUTRES DOCUMENTS 387
oeole^ ; et les dangers que court si souvent rinnocence des
enfants, qui fréquentent celles qui sont pour les deux sexes.
Je crois devoir, à ce sujet, vous conseiller de faire dire,
chaque Jour, dans chaque école de la Paroisse, un Pater et
un Ace, pour le succès de Véducation. Cette intention géné-
rale renferme tous les besoins de nos enfants ; et leur piété
a prier contiauellemeut. pour obtenir une chose si néces-
saire, ne peut manquer d'être exaucée.
Il me reste à vous faire les souhaits de la nouvelle année,
et à vous bénir, puisque, malgré toute mon indignité, je suis
père du Clergé comme du peuple. C'est avec une surabon-
dante effusion de cœur que je le fîiis, croyez-le. Car si je
dois aimer le peuple, et lui être tout dévoué; ce sentiment
d'amour et de dévouement gi-andit encore, en se portant sur
mes frères, mes collaborateurs, mes amis. Oui, vraiment,
nous ne ferons qu'un caur et qu'une âme, pour sauver ce
bon peuple, que l'on veut perdre à tout prix, et par tous les
moyens. Le désir toujours croissant de mon pauvre cœur
est que travaillant ici bas au même autel, nous nous rej)0-
sions là-haut sur le même trône, et aux pieds de Marie,
notre bonne et tendre Mère à*tous.
Je suis bien cordialement,
^Monsieur.
Voti-e trùs-hunible et très-obéissant servi^eui-,
t \(\. EVÊQUE DE MONTE EAL.
388 MAXDEMKM^;, LKTTUKS PASTORALES,
LKTTEE PASTOEALE DE Mdlî. LÉVÊQUE DE
MONTEE AL, A L'OCCASION DE LA
XOl^A'ELLE ANNÉE.
IfiNACE BOUR(îET, PAR LA MISÉRICORDE DE DlEl' ET LA URACE
DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE. ÉVÊQÏE DE MONTRÉAL.
ETC., ETC., ETC.
Au Clergé Séci^Uer et Régulier, aux Communautés Hdigieuses
et à tous les Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en Notre Seigneur Jésus Christ.
Au renouvellement de l'Année, Nous croyons, N. T. C. F.,
devoir élever la voix au sujet des Tables Tournantes, dont
tant d'esprits sont aujourd'huT si fort occupés. Depuis
longtemps Nous en entendions parler, non sans quelque
surprise. Mais comme tout ce que l'on Nous en rapportait
pouvait être regardé comnie l'effet naturel d'une cause qui
n'était pas encore bien connue, Nous gardions le silence.
Car Nous savons que Dieu a caché, dans les secrets de la
nature, des trésors que l'homme exploitera, jusqu'à la tin
des siècles, à l'avantage de ce monde matériel. Mundum
traâidit disputationi eorum (Ecoles. 3. 11).
Quand donc de nouvelle? inventions humaines se présen-
tent dans le monde, toutes plus merveilleuses les unes que
les autres. Nous nous coiitentons de les admirer et d'eu
bénir la Divine Providence, en disant avec le saint Eoi :
Que vos ouvrages, Seigneur, sont magnifiques (Ps. 91) ! Ainsi.
sommes-Nous sans cesse dans l'admiration, en contemplant
la puissance de la vapeur qui, sur terre et sur mei", traîne à
sa suite, avec la rapidité du vent, des masses énormes qui
cmCULAlUK.S Kl' ALTIŒS DOCUMENTS 3«9
appuiHis'sent aux yenx étonné^^, comme des montagnes
ambulantes ou flottantes. Plus encore, sommes-Xous ravi
de la vitesse de lelectricité qui-, comme léclair, va portei-
notre pensée à des milliers de lieues.
Ces étonnantes découvertes sont pour nous, entre une
infinité dauti'es, un sujet de continuelles actions de grâces.
Car. si jjour tout homme qui a le .sentiment de sa noble
existence, c'est un bienfait de la Divine Providence que
<rétrc né et de vivre dans un pa^'s fertile, dans une famille
lieureuse. dans ].ine condition honorable, c'en est aussi un
très-considérable que d'appartenir à un siècle dont IcS pro-
digieuses inventions révèlent la puissance du Créateur, qui
s'est exerce à faire tant et de si grandes choses, pour le
bonheur de l'homme, sur la terre de son exil, et qui, par
une sagesse admirable, a su tenir cachés ces biens de la
nature, pour les lui découvrir précisément dans le temps
où il ilevait en avoir besoin, pour mieux accomplir les des-
s'eins de JDieti. Cai- c'est sa lumière, il n'en faut pas douter,
qui éclaire le génie de Ihorame, dans toutes les découvertes
humaines, comme c'est sa puissance qui a créé et fait de
rien toutes choses. Les deux publient sa gloire, et le firma-
ment annonce les ouvrages de ses mains (Ps. 19).
C'est ainsi, X. ï. C. F., que nous devons tous considérer
les œuvres de notre Dieu, dans l'ordre naturel, pour tout
l'apporter à sa gloire. C'est là la grande leçon de la Reli-
gion, qui apprend à l'homme à s'élever, jour et nuit, vers
son Creuteur, pour le louer et le bénir de tant de biens qu'il
en reçoit chaque jour. Elle lui apprend en même temps à
user de ces biens avec humilité, et à iie pas franchir les
bornes que le Souverain Maître a tracées aux opérations de
l'esprit humain, aussi bien qu'aux flots de la mer. JIuc
vsqiie i-enie.<. Autrement, l'on tombe dans de pitoyables
erreurs, d'autant plus dangereuses qu'elles sont moins
tangibles.
D'après ces principes, les Tables Tournantes, considérées
comme choses purement naturelles, et vues de l'œil humain,
n'offraient aucun dangei'à FtlJusion. Mais malheureusement
390 MANDEMENTS, LETTIŒS PASTORALES, .
on s'en est éeart(''. et déjà on fi à déplorer de funestes coneé-
quèncee. Car, on a imprudemment dépassé les barrières
que Dieu a lui-même fixées, pour mettre un frein à l'orgueil
et à la vanité de Tliomme. On a voulu faire parler des
tables sans. intelligence, pour savoir ce qui se passe dans le
royaume des esprits. Voilà l'abus que Nous voulons signa-
ler à votre attention, dans la ferme confiance que, le con-
naissant, vous réviterez.
Ainsi, comprenez-le bien, X. ï. C. F., Xous laissons pour
ce qu'ils sont naturellement, les faits attrfljués aux Tables
Tournantes. Xous n'avons point vu leur rotation ; mais
Nous n'avons nulle difficulté de les admettre, sur le témoi-
gnage d'hommes graves, qui en ©nt été témoins, et qui sont
trop honorables pour mentir à qui que ce soit. JNous
croyons vraiment que cela peut se faire naturellement.
Il ne s'agit donc ici que d'en faire voir l'aljus. Or le
voici, N. T. C. F., cet abus. On prétend pouvoir évoquer
des esprits, au moyen des Tables Tournantes, pour converser
avec eux, et savoir par là ce qui se passe dans l'autre
monde, comme dans celui-ci. Voilà ce que la Eeligiou
condamne, et ce que, par conséquent, vous ne pouvez ni
faire ni laisser faire. licmarquez bien que cette évocation
des esprits est quelque chose de très-réel, comme vous pouvez
vous en convaincre par ce que Nous allons en dire dans
cette Lettre. Toutefois, n'allez pas croire que Nous ajoutions
foi à la présence de ces esprits, chaque fois qu il plaît de les
appeler, au moyen des Tables Tournantes. Car Nous sommes
intimement convaincu qii'il y a là beaucoup de déceptions.
Nous voulons tout simplement montrer qu'il y a péché pour
ceux qui ont intention de se mettre, par là, en rapport avec
des esprits quelconques, pour rappeler le passé, connaître
le présent, prévoir l'avenir, et surtout pour plonger l'œil
humain dans l'abîme des secrets que Dieu seul peut connaî-
tre, parce qu'il s'en est réservé à lui seul la connaissance.
Quand même il ne s'en suivrait aucune ai>parition., comme
Nous croyons que c'est oi-dinairement le cas. l'intention de
CIRCULAIRES ET AUTHES DOCUMENTS :;0t
foire venir les esprits est de soi une faute plus <>u ni'>iii<
grave, selon les circonstances.
Elevons, N". T. C. F., en commençant, nos esprits et nos
cœurs vers l' Esprit-Saint, pour qu'il nous accorde à tous le
don d'intelligence, dont nous avons un si pressant besoin.
Pour le mériter, établissons-nous dans une ]>arfaite simplicité
et humilité.
Maintenant que Xous avons dit toute noti'c pensée, Xour=i
allons, N. T. C. F., prouver, avec la grâce de Dieu : lo qu'il
y a abus dans l'usage des Tables Tournantes; 2o que cet
abus est superstitieux ; 3o qu'il s'en suit des etfets déplo-
i-ables.
Pi'emiôreraent, il y a abus, dans Viuaije iJcs. TiihU.s Tour-
nantes.
Cet abus consiste en ce que. par une cause toute luUurolle,,
on veut produire un effet surnaturel ; et en effet, quelleque-
soit la puissance qui fiiit tourner les tables, c'est toujours la
puissance de l'homme, qui fait usage de ses sens, pour les
faire ainsi mouvoir.
Que ce mouvement .soit donné par \\n fluide <|ui s'échappe
du corps, ou par toute auti-e chose invisible, que l'on nom-
mera comme on le voudra, il n'est pas moins vrai que c'est
quelque chose de naturel.
Ce fluide pourra bien, de loin ou de proche, en dehors
comme en dedans du corps qui le produit, exercer une
action pln'sique. selon les lois de la natui-e. tracées par lo
Créateur lui-même ; mais si l'on prétend faire usage de ce
fluide, pour obtenir des résultats qui ne sont pas dans l'ordre
de la création : et qui même sont condamnés par le Créa-
teur, il y a alors abus, désordre, péché i^ar conséquent. Or
tel est aujourd'hui l'usage que l'on voudrait faire des Tables
Tournantes.
Et en effet, on en est venu jusqu'à vouloir évoquei' des
esprits de l'autre monde, pour connaître par eux des secrets
qui ne se petivent découvrir, par un moyen humain. ( "est ce
que l'Ecriture-Sainte appelle l'Art de Pt/thon. et qu'elle re^
3Vi MANDEMENTS, LETTRES PASTOI'.ALES,
IKMtvSse avec une sonverîiine liorreur, coiiune on va le voir
tiont à riieure.
Tc»ut homme i-éfléchi comprend donc que naturellement
ce qui émane du corps humain, visiblement ou invisiblement.
ne saurait atteindre des esprits, qui habitent l'autre monde.
Il fhm. pour cojnmuniquer avec eux, s'élever à l'ordre sur-
nntin-el, étîibli de Dieu et enseigné par la Eeligion. Il y a
CM» eftet Tine communication très-réelle et tout-à-fait admi-
rable entre tous les esprits. D'abord nous communiquons
iivec le St. Esprit, l'inspirateur de tous les esprits créés ;
c'est ce qui faisait dire à St. Paul, écrivant aux Corinthiens :
Que In communication du St. Espî'it soit avec vous tous (II.
Cor, 13, 13.) Que nous soyons en communication avec les
esprits et les bienheureux qiù sont au Ciel, c'est ce que
témoigne l'Ecriture, presqu'à chaque page. Que nous soyons
«ci bas en communication réelle, par l'union de nos esprits,
}>end:int que nos corps sont à de grandes distances, c'est ce
que nous sentons intimement, et ce qu'exprimait si bien
l'Apôtre, par ces paroles qu'il adressait aux Corinthiens,
" Etant absent do corps, mais présent d'esprit, j'ai déjà
" jugé, comme étant présent, celui qui a commis un tel acte.
" Att ïiom' de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous et mon
esprit étant rassemblés... congregatis vobis et meo spiritu
(1. Cor. 5- 3 et 4.) Peut-on désirer qitelque chose de plus
eoTîSolant pour Nous,- au milieu des peines de l'exil ?
Toulons-nous ntuis mettre en rapport avec ces bienheu-
renx esprits,, prii'h- avec ferveur. Car la prière a l'heureux
effet de noxm rendre j^résents les Saints Anges, soit en éle-
Vânit nos cœurs jusqu'au séjour de la gloire qu'ils habitent.
soit en les faisant descendre dans cette vallée de larmes,
pour chanter avec nous les bienfaits de notre Dieu. In cons-
yectu Angeloram psallam tihi. La foi est l'œil qui nous fait
voir les esprits bienheureux ; la confiance nous fait jouir de
louï délieieuse présence, et la charité nous unit tendrement
à eei»-aimis de Dieu. Tenons-nous en là, N. T. C. F., et n'al-
lons-pas* troubler ce bel ordre, par la mauvaise curiosité de
ehercher à tout savoir ; car nous nous exposerions au dan-
CHiCULAlUES ET AL'TKES UOCL'MK-XTS 39.!
■ger dolre eu. rapport avec les esprit?- de malice, qui rodent
])artoiit, coinuie des lions rugissants, ohercliant a nous
devorei'.
On tomberait infailliblement dans de funestes illusions :
et Dieu le permettrait justement, pour punir notre orgueil.
Car il tant bien l'emarquer que la superstitution e.st l'opposé
de la Eeligion ; et qne l'homme, qui nest pas religieux,
>era nécessairement superstitieux. Pharaon ne voulut paK
croire les vrais miracles de Moyse, parce qu'ils le contra-
riaient ; et il ajouta foi aux prestiges des Magiciens, parce
qu'ils favorisaient i»es ])enchants. Notre illustre Pi-édéces-
seur nous racontart un jour, qu'en un certain dimanche, tout
un Village, aux Etats-T'nis. était sur pied : c'était pourvoir
un prétendu diable que quelqu'un tenait renfermé dans une
boite, et que tout le monde voulait voir. On gémit en ap-
j»renant qiie des hommes éclairés puissent être liviés à de
semblables illusions !
Secondement, l'abus de6 Tables Tournantes est superstitieux,
et con.^équemment criminel. Il est évident aujourd'hui cj^ue
l'on jtrétend, au mo3'en des Tables Tournantes, faire venii'
des es])rits; savoir Cjuels ils .sont, et apprendre d'eux ce
que l'on ne peut connaître naturellement. Oi-, par cette
mauvaise intention, on en vient à une pratique vraiment
.^superstitieuse, et condamnée comme telle, par la Ste. Ecri-
ture. Quelques passages vont le démontrer évidemment.
Moyse parlant au Peu)>le Juif, de la part de Dieu, le met
en garde, contre les superstitions, qui l'égnaient dans le
pays dont il allait faire la conquête. Voici ce c^u'il lui
disait à ce sujet, au 18e chapitre du Deutéronome.
•• Quand tu seras entre dans la terre que le Seigneur ton
'• Dieu te donnej'a, prends garde de vouloir imiter les abo-
•• minutions de ces nations. Qu'il ne se trouve chez toi j^er-
'■ sonne qui.... observe les songes.... qui jette des maléfices,
• qui exerce l'art de ciianiier, qui consulte les pythons ou
^- les devins, ou cherche à savoir des morts la vérité ; car
^- le Seiicucur a toutes ces cho.ses en abomination : et a
394 MAXDKMEMS. l.Iiï ITiKS l'AS TOliALKS,
"cau.se do ces crimes, il déti-uira ceux ij^ui- en sont cou-
" pables, à ton enti-ée dans leur pays."
L'on voit dans ces textes, rh(i)'i'eui" de Dieu, pour toutes
espèces de superstition.o, et en particulier, pour l:i pratique
de consulter les morts. Malgré ces sévères ordonnances,
plusieurs Eois de Juda se laissèrent aller à la criminelle
curiosité de consulter les esprits, pour connaître d'eux
l'avenir. Leur mauvais exemple entraîna le peu))le dans
les mêmes abominations. De là les malheurs <pii vinrent
si souvent fondre sur le lîoj'aume de Juda.
On connait l'impiété et les malheurs de Manassès. l'un
des plus méchants Eois qui aient régné sur le peuple de
Dieu. L'Ecriture lui i-eproche, entr'autres crimes, d'avoir
lui-même formé des pythons, et d'avoir augmenté de beau-
coup le nombre de ceux qui tiraient des présages. Feeit
pythones et anispices multipUcavit (4, Lib. lîeg., 21, (i.
Jérusalem, pour avoir suivi ses mauvais exemples et ceux
lies grands du royaume, fut détruite de fond en comble, en
accomplissement des terribles prédictions, qui lui avaient
été faites. JDekbo Jérusalem, sicut deleri soient tabulœ (IbiiL,,
V. 13.)
Xous vous laissons maintenant, X. T. C. F., tirer les con-
séquences de ces principes de foi. C'est à vous à en faire
l'application aux faits qui se passent autour des Tables Tour-
nantes. C'est à ces tables sans intelligence que l'on a pré-
tendu se fo.mer à l'art magique de faire venir les esprits,
pour les consulter sur toutes sortes de choses. Ce ne sont
plus partout que des rassemblements de morts et de vivants.
Les enfants veulent entendre leurs pères et mores, et les
pères et mères veulent entendre leurs entants. Les salons
sont aujoui'd'hui ouverts aux Eevenants, comme aux Vivants.
Les Eevenants parlent aux Vivants, dès qu'on leur a appris
à répondre selon un alphabet, dont les lettres sont des
<*oups plus ou moins redoublés. Ils sont assez complaisants
pour s'assujetir à toutes les lois qu'on leur impose, et pour
faire tous les signes qu'on leur demande. Ils sont assez in-
telligents pour lire les penswes. et assez forts pour remuer
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 395
]es ciii'ps. .Seulement, ils font quelquefois perdre l'esprit à
ceux qui en ont et n'en donnent jamais à ceux qui n'en
ont point.
N'êtes-vous pas, N. T. C. F., nécessairement portés à i-c-
garder ces con.sultations des esprits Revenants, comme de
pures imaginations ? X'est-il pas à craindre qu'il n'y art
illusion quelque part ? X'est-il pas regrettable que Von se
mette sérieusement en scène, pour être visiblement le jouet
de prétendus esprits ? ]^'e.st-il pas évident que les Anges
et les Saints ne viendront pas se mêler à de puérils amuse-
ments ? X'est-il pas également certain que les Saintes
âmes du Purgatoire ont autre chose à faire que de venir se
récréer avec leurs parents et amis de la terre ? II ne reste-
rait donc plus que les esprits de malice sur lesquels il fau-
drait compter, pour s'expliquer certaines opérations surna-
turelles qui, dit-on, se font au moj'en des Tables Tournantes.
A la vérité, ils ne manquent pas de bonne volonté, ni de
capacité, quand il s'agit de tromper l'homme et de lui faire
du mal. Mais Dieu enchaîne leur malice, pour qu'ils no
pui.ssent nuire à personne ; à moins que l'on ne veuille se
donner à eux, en consentant à faire ce qui est défendu.
Mais Nous croyons vraiment qu'il y a ici plus de simplicité
humaine que de malice diabolique. Cessons donc, X. T. C,
F., de che)'cher à connaître l'avenir.
Troisièmement, de Vusage des Tables Tournantes résultent
des effets déplorables. Ces mauvais effets se font déjà visible-
ment sentir, X. T. C. F., et Dieu sait ce qui va en arriver.
si l'on continue à aller chercher de? oracle.<. à ces nouveaux
trépieds de superstition.
Pour les mieux comprendre encore, Xous allons, N. T.
C. F., examiner ensemble ce que lit, chez .Saiîl, Poi d'Israël,
l'esprit superstitieux, qiii le porta à consulter, par le moyen
d'une femme, qui s'était rendu familiers les esprits de l'autre
monde, l'âme du Prophète Samuel, c^ui venait de mourli-.
Cette fameuse apparition se trouve rapportée tout au long,
dans le vingt-huitième chapitre du premier Livre des Eois.
Xous y voyons, d'une manière frappante, tous les i-ésultats
3% (;1HCULAIHE!> ET AL'TliES DOCLMEN TS
de ces Tables Tournantes ; et c'est uniquement suus ce point
de vue que nous allons les considérer. Saiil sera donc
comme le vrai type de ce qui se passe parmi nous, par le
mauvais usage que l'on fait de ces Tables Tournantes.
L'on voit d'abord, chez ce malheureux Priuce. ime grande
faiblesse d'esprit. 11 est en guerre avec les Philistins ; et
A la vue des camps ennemis, il est saisi de frayeur. Yidlt
Saiil castra Philisthdm, et titnuit, et expavit cor ejus nimis (1
Lib. Eeg. xxviii. 5). Cette crainte excessive lui était ins-
pirée par une conscience justement alarmée, au souvenir de
ses désobéissances aux ordres de Dieu, du mépi'is qu'il avait
fiiit des sages avis de son Prophète, et de sa cruauté envers
les Prêtres du Seigneur qu'il avait impitoyablement fait
massacrer.
Ou remarque ensuite chez ce Eui réprouve, un mélange
de religion et de superstition. Il consulte le Seigneur, poui-
savoir quelle sera l'issue du combat qu'il doit livrer aux
Philistins. Consuluit Domùium, et non respondit ei (ibid 6).
N'en ayant pas reçu de réponse, il recourt à une femme qui
fai.sait profession d'évoquer les esi^rits. Il la fait chercher
et il la trouve à Endor. Quœritc mihi muliercm habentem
]iyt}ionem, et vadem ad eain, et sciscitabor per illam (ibid. *7).
Ce manque de foi et de confiance en Dieu seul, lui inspire
une funeste curiosité, celle de savoir, par des moyens défen-
dus, ce qu'il ne peut connaître par les voies ordinaires de la
religion et de la raison. Cette coupable curiosité lui fait
d'abord violer les lois qu'il avait faites lui-même, en défen-
dant, sous peine de mort, l'art superstitieux qui enseigne à
faire venir les esprits. Saiil abstulit magos et ariolos de terra
(ibid. 3) ; elle le rend ensuite hypocrite, en le portant à se
déguiser, pour aller consulter, de nuit, la femme qui devait
Je mettre en communication avec l'esprit qu'il voulait con-
sulter. Mutavit ergo habitum sxmni (ibid. 8) ; elle le fait
bientôt tomber dans le parjure. Car cette femme lui ayant
représenté que Saiil, qii'elle ne reconnaissait point encore,
avait porté la peine de moi-t contre quiconque évoquerait
Jes esprits, il lui jui-e qu'il ne lui serait point fait de mal :
CIHCULAIMKS liT AL l'HKS DOCUMENTS ,]07
Jaracit ei Said in Domino (ibi<l. 1(1); elle ravcngle et Teii-
dui'cit dans son mauvais dessein. Car cotte femme s'étant
mise en devoir d'évoquer ] "unie de Samuel, et devenant toute
tremblante à la vue du lîoi, qu'elle reconnut alors, il la ras-
sura en lui disant: ne craignez rien; dites-moi seulement ce
que vous avez- vu: Noliti-mere : quidvidistif (ibid. 13); elle
lui fait prendre les dehors de la i*eligion et affecter intori-
euremoit du respect pour les esprits qui se rendent présents.
Car la femme, animée de l'esprit de python, lui ayant dit
qu'elle voyait monter de l'intérieur de la terre des person-
nages, qui ressemblaient à des dieux, et que pai'mi eu.x il y
y en avait un qui lui paraissait être un vieillard vénérable,
lequel était couvert d'un manteau, il se prostei-na lu face
conti'o terre, pour lui rendre ses hommages : InrUnavit se
super faciem suam in terra, et (idoravit (ibid. 14). Or. il est
à remarquer ici que ce respect n'était qu'extéi-ieur, et nulle-
ment dans son cœin-. Le mépris qu'il avait fait des chari-
tables avertissements du Prophète, pendant qu'il était sur
la terre;prouve seul que ces démonstrations de piété n'étaient
pas sincères. Que de tristes conséquences ! Qui ne crain-
dra la curiosité qui en est la cause ! *
Satil. comme vous venez de l'entendre, X. T. C F., voit
ses désirs accomplis ; mais c'est pour son malheur. Voyons
pour cela la suite dé son histoire, toujours avec l'intention
de bien conntiitre les maux que causent les Tables Tournan-
tes. Car il peut bien arriver que Dieu punisse les curieux
qui vont les consulter, comme il châtia Saiil, en lui faisant
connaître c^- qui en effet allait lui an-iver.
L'effet terrible que produisit chez .Saiïl l'apparition de
Samuel fut un découragement complet et un désespoir af-
freux. Poui-quoi venez- vous troubler mon repos, en me fai-
sant venir ici, lui dit le Prophète ";* C'est que je veux savoir
ce que j'ai à faire, lui répondit le Roi; Quare inqiiietasti me
ut siiscitarerl Vocavi te, ut ostenderes mihi quid faciam
(ibid. 15). Pourquoi m'interroger, réplique .Samuel, d'un
ton effraj^ant, puisque le Seigneur vous a abandonné, et
qu'il va vous oter voti'c royaume, à cause do vos désobéis-
398 MAxNDEMEMS. LETTRES PASTUHALES,
sance> ■.•' Israël ^>cra value u avec vous ; et demain, vous et
vos cuiauts vous serez avec moi : Cras...tu et filii tni inecuni
eritis (ibid. 18). A ces épouvantables paroles, Saûl tombe
à la renverse ; et demeure sans force ; Statimque Saiiù ceci-
dit porrectus in terrain; extimuerat enim verba Samueîis, et
robur non erat in eo (ibid. 20) Dans son abattement, il re-
fuse de prendre aucune nourriture: Non comedam (ibid. 23).
,Si à la fin, sur de pressantes instances qui lui sont faites par
ses deux Officiers et surtout -par la femme qu'il était venu
consulter, il consent à prendre quelque chose, il ne le fait
qu'appuyé sur un lit qu'on lui avait dressé, et pour prendre
un peu plus de forces, afin de j^ouvoir s'en retourner de nuit
à son camp. Anibulacerunt per totam noctem (ibid. 25).
Maintenant, il nous est facile, X. T. C. F., de faire de
cette histoire,,, crite sous l'insjjiration du 8t. Esprit lui-
même, pour l'instruction de tous les pcAples, en quelque
siècle qii'ils vécussent, les applications les plus justes aux
faits qui se reproduisent, dans ce paj's et ailleurs, en pré-
sence ou par le contact dos Tables Tournantes. Qu'on
examine bien les dispositions des esprits trop curieux qui
veulent, à tout^prix, se satisfaire par des découvertes, dans
un monde qui ne nous est connu que par la foi, et dans
lequel, par conséquent, il est si dangereux de vouloir j)éhé-
trer, à la faible lueur de quelques expériences naturelles,
qui si souvent font défaut à la raison humaine, et qui ne
peuvent ainsi manquer de se trouver en contradiction avec
la foi divine ; que l'on fasse, avec le calme de la raison et
la lumière de la foi, l'examen des faits qu'on nous dit se
passer aux Tables Tournantes, et l'on s'assurera, à la fin,
qu'il T a là, comme à Endor, faiblesse Qjesprit, manque de
foi; vaine curiosité, et enfin désolation intérieure, qui finit
par sè^prôdui're au dehors, par des résultats tragiques.
Et en effet, en suivant de près cette trop malheureuse
question, on découvre aisément des défauts sans nombre,
qui n'indiquent que trop qu'il y a vice dans la cause ou le
principe. On consulte les tables dans le désir, le besoin de
tout apprendre, de tout savoir, de tout connaître. Avec un
(JIHCLLAllŒS 1:T ALTP.KS UOCLMEMS 399
|iai'oil esprit de curiosité on va loin ; et il est évident qiie
voulant sonder les profondeurs; de la Divine Majesté, on
sera écrasé sous son poids. — L'on insulte TEglise, comme si
elle s'opposait, contre la raison, au progrès des sciences et
des arts.- — On assure qu'il y a des A^jents surnaturels ; mais
que seulement l'on ne sait pas encore s'ils spnt de bons on
de mauvais esprits, si c'est V Archange St. Michel ou rame
d'un ami. Et l'on ne craint pas de les faire piuler et de les
consulter. Il y a là plus que de la témérité. — L'on fait
l)i'oiession de franchise et de eonscie7icieu.se honnêteté, et puis
Ion assure que les Tables Tournantes répondent acec une
Justesse et avec une précision à confondre tout incrédule. L'on
est surj)ris soi-même de ces réponses ; et cependant on a la
conviction de leur justesse. Mais a-t-on la certitude que
l'esprit qui parle n'est pas un esprit menteur y Ignore-t-on
que le démon se transforme souvent en ange de lumière,
])Our mieux se jouer de riiomijie ? Xe doit-(;n pas même
s'attendre à être duj^e de ce père de tous mensonges, quand
•m a l'air de dédaigner la Eoligion, comme si elle était l'en-
iiemie du développement de l'esprit luimain, sous prétexte
qu'elle lui fixe les bornes qu'il ne doit pas franchir? X'est-
ce pas dans cette vue, et pour jnévenir le coup, que l'on
Mippose que l'on va crier à Vhérétique, en apprenant cette
merveilleuse découverte de l'esprit humain, et que l'on va
traiter de maniaques ceux qui ont acquis la belle science de
converser avec les espritsde l'autre monde '? Les faits des
Tables 2'oumantes, qu'ils soient spirituels, viagnétiques ou
schismatiques. sont si certains, selon ceux qui les révèlent
îiu monde, qu'en douter, c'est une vaniteuse ignorance dont
on d«ôt rire. X'y a-t-il pas, dans tout cela, plus que de la
présomption ? Car entin, il y u encore dans le monde beau-
coup d'hommes pieux, sages et savants, qui n'y veulent pas
croire, et qui ont plus d'une raison de n'y pas ajouter foi ,
ou qui, s'ils y croient, sont entièrement convaincus qu'il y a
opération diabolique dans l'action de faire répondre les
esprits sur des faits que Dieu seul peut connaître : et dont
assurément il ne donnera pas connaissance à ceux qui per-
dent leur tc-mps. en se jierdant dan~> l'aveni)-.
-idO MANDEMENTS, LETTRES i-ASTGHALES,
On itit-teud qu'il faut, pour converser avec les esprits de
l'autre monde, nn Médium, qui jieut être ou une table, ou
une personne, qui s'est familiarisée avec les esprits. On a
pu remarquer que Saiil recourut à ce dernier moyen ; et on
sait comme la religion et les lois humaines le réprouvoit,
comme un art superstitieux et une pratique abominable, —
On en est venu à demander s'il y a un enfer, un purgatoire,
un paradis, si toutes les religions sont bonnes, quelle est la
valeur des messes ; si telles âmes étaient sauvées ou damnées.
Or, n'y a-t-il pas, dans ces questions, nn manque visible de
foi, une témérité audacieuse, une curiosité détestable. On
sait quels en ont été les résultats. Des apostats se sont
réjouis d'être dans le bon chemin. De pauvres pères et
mèi'es se sont désolés, en apprenant que leurs enfants, au
bonheur desquels ils croyaient, avec cette douce coniianee
qu'inspire la piété, étaient encore dans les flammes du Pur-
gatoire. Et plus encore, des familles entières, des amis, des
proches ont été dans la consternation, en recevant la nouvelle
que des personnes qui leur étaient chères, étaient l'éprou-
vées. Des hommes éminents par leur situation ont été»
tellement troublés, qu'il a fallu les loger dans des Asiles
d'insensés.
Nous avons sous les yeux nn excellent article publié dans
une Eevue périodique de Paris (1) qui, par des faits sans
nombre, prouve à l'évidence, les effets déplorables des
Tables Tournantes et autres moyens inventés par la supersti-
tion du jour. Ces faits sont publics en Europe et aux Etats-
Unis; et ils sont d'ailleurs rapportés par un autear (2) dont
la célébrité parmi les Ecrivains du jour, suffit pour exclure
tout doute. Xous n'hésitons donc pas de les citer »«•{, à
l'appui de tout ce que Xous venons de vous dii-e, atin que-
vous compreniez mieux dans quelles incroj'ables absurdités
l'on tombe, quand on abandonne la vérité, et quelles en sont
les terribles conséquences.
(1) Revue contemporaine, Xo. '28, 31 Mai 1853.
(2) C. de Laroclie-Hf^ion.
CIKGULAIUES ET AUTRES DOCUMENTS. iOi
Le premier fait, et le plus désastreux sans doute, est que
l'on fait aujourd'hui une Religion du Spiritualisme, ou de la
science de converser avec les esprits. Va nommé Sweden
borg, Suédois, qui en a été le premier auteur, est deventt
tellement maniaque, qu'un jour il s'imagina être enlevé au
ciel, et se crut appelé à être le restaurateur du Christianis-
me. Il ne reconnaissait qu'une seule personne en Dieu, et
n'admettait, pour livres de la Sainte Ecriture, que les quatre
Evangiles et l'Apocalypse de St. Jean.
On en est venu à faire dire aux esprits que toutes Ie.s
religions existantes sont fausses; et qu'il ne faut plus croire
qu'à celle qu'ils viennent enseigner aux hommes. La morale
de ces esprits ressemble à leur foi, car ils enseignent que
tous les biens sont communs. Selon eux, le plus grand
scélérat commence à <;tre heureux aussitôt (|u'il est mort.
Jl faut que tous, justes et pécheurs, passent par .^opt sphères
avant d'arriver à la plénitude du bonheur.
Il est des Ministres qui prétendent ne prêcher que ce qui
leur est inspiré par les esprits. L'un d'eux a voulu prouvei'
qu'il avait eu l'honneur de converser avec St. Paul, en exhi-
bant un certificat signé de Washington et de Franklin et
de beaucoup d'autres bien connus.
Un autre que l'on avait accusé d'avoir troublé une lusseni-
blée religieuse, par un grand vacarme, a prouvé que c'était
les esprits qui avaient sonné les cloches, joué l'orgue, ren-
versé les chaires ; et il a été en conséquence absous. II est
des lieux où l'on est tellement excité sur ce point, que si
l'on n'en parle pas dans les Eglises, on les déserte, pour
aller ailleurs à la chasse des esprits. C'est au point qu'un
Ministre ayant voulu parler contre toutes ces folies, sa Con-
grégation vint lui signifie!- qu'il n'avait pas le droit de parler
contre leur opinion, qui était en faveur des esprits reve-
nants.
Jugez par ces faits, N. T. C. F., quel renversement s'opère
dans les idées religieuses, parmi nos frères séparés, qui
donnent en plein dans ces nouveautés irréligieuses et impies.
Citons maintenant quel<|ues autres faits qui prouvent égar
26
tm MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
lement les désordres que causent les nouvelles doctrines
dans l'ordre naturel et civil.
On fait du Spiritualisme une affaire de spéculation. A
l'heure qu'il est, il n'y a pas moins de dix mille personnes
aux Etats-Unis, qui se prétendent en rapport avec les esprits,
et qui font bien payer aux vivants l'avantage de converser
avec les morts. Chose étrange, on a trouvé le moyen de
faire incorporer une Banque, qui est sous la direction des
esprits, pour l'avantage des Spirifualistes ; et pour inspirer
2)lus de confiance, on a fait entrer Washington et Franklin
dans le Comité d'administration. Inutile de dire que la
Eanque a fait faillite et que le Banquier a été logé en
prison.
Ce ne sont pas seulement les Banques qui s'administrent
par les esprits, ce sont de plus des Journaux qui s'écrivent
sous leur dictée. On en cite un qui a trente mille abonnés,
et qui caresse singulièrement le Spiritualisme, qu'il exploite
pour favoriser les passions de toutes sortes de gens qui ont
tout à gagner dans les émeutes.
Après tous ces faits, il ne faut pas être étonné de lire tous
les jours sur les journaux des cas de suicide et de folie.
L'un se jette sous les roues d'un moulin et est mis en pièces.
L'autre se coupe la gorge, parce qu'il n'a pu voir l'âme de
sa fille, qu'il aimait beaucoup, et que les esprits lui vantaient
le bonheiu" dont on jouit dans l'autre monde. Nous ne fini-
rions pas si nous voulions rapporter tous les faits tragiques
qui viennent, chaque jour, à la connaissance du public.
Nous ne pouvons toutefois omettre celui-ci, qui est d'une
conséquence majeure pour l'honneur et la paix des familles.
Un certain individu est devenu veuf, après avoir fait un
excellent ménage avec une femme qui lui laisse une nom-
breuse famille. Par respect pour cette femme vertueuse,
il ne voulait plus convoler à d'auti-es noces. Mais voilà que
la jonglerie d'un Médium lui révèle que sa femme lui a tou-
jours été infidèle : et que les enfants qu'elle lui a laissés sont
illégitimes. Cet homme crédule est au désespoir ; et de rage
il déshérite tous ses enfants, et couvre de honte toute sa
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 403
famille. Peut-on imaginer quelque chose de plus funeste ?
Un autre fait va vous surprendre. Il est à New- York un
Hospice d'aliénés, soutenu par l'Etat. En 1840, on vérifia
que sur deux mille trois cent .soixante-seize personnes, dé-
rangées dans leur esprit, que l'on y avait amenées depuis
1843, par conséquent pendant l'espace de six ans seulement,
deux cent cinquante-une étaient devenues folles, par surex-
'Citatîon religieuse.
Tels sont, N. T. C. F., du moins en partie, les maux affreux
qui résultent de l'abus que Ion fait des Tables Tournantes.
Nous avons cru devoir entrer dans tous ces détails et citer
des écrits périodiques qui se publient par des Laïques, et
que tout le monde peut lire, afin de vous mettre en garde
contre toutes ces pratiques dangereuses et criminelles, qui
commencent à s'introduire parmi vous.
En conséquence, Nous vous déclarons, X. T. C. F., au nom
de la Eeligion. que c'est un péché grave de sa nature que de
consulter les esprits, par le moyen de Tables Tournantes, ou
par cette autre pratique superstitieuse qui vous est connue,
sous le nom de Spiritual Rappings. Ce que Nous avons dit
plus haut suffit sans doute, pour vous bien convaincre que
tout cela est contraire à l'esprit de foi et de religion, qui
fait le caractère di.stinctif des vrais enfants de l'Eglise.
Et comme aujourd'hui il y a une grande exaltation des
esprit'», à l'occasion des Tables Tournantes, Nous vous re-
commandons, N. T. C. F., de vous abstenir tout-à-fait des
jeux et opérations dont elles sont l'occasion, dans la crainte
de tomber dans l'excès que la Eeligion condamne. Plus
tard, et lorsque l'expérience nous aura dit quelles sont les
vraies causes des rotations et mouvements que reçoivent
ces tables, par le contact et l'action de plusieurs agents phy-
siques, nous pourrons, sans danger, faire un bon usage dos
biens qu'il plaira à Dieu de nous accorder, par une connais-
sance plus grande des lois de la nature.
Mais vous comprenez, N. T. C. F., que ce n'est pas seule
ment contre l'abus superstitieux des Tables Tournantes, que
Nous vous écrivons aujourd'hui, mais encore contre toutes
404 MANDEMENTS, LETTRES PA8T0HALE!^.
espèces de superstitions, que le démon ne cesse d'inspirer,
pour se mettre à la place de Dieu. Car il ne faut poixit
oublier que si la vraie Religion honore N. S. J. C, la vaine-
observance, ou la superstition est un culte à rboiineur du
démon. Quel horrible culte ! Quel culte sacrilège !
C'est pourtant ce culte abominable que se fait rendre
encore aujourd'hui l'esprit de ténèbres, à la honte des lu-
mières de notre siècle. Cai-, ne vous y trompes^ pas, N. T.
G. F., il y a superstition, et par conséquent culte diabolique,
dans beaucoup de pratiques auxquelles on a recours, pour
se faire guérir subitement et sans remèdes humains, pour
trouver des choses perdues, par l'art de la devination, pour
prédire l'avenir, etc., etc. C'est une superstition de croire
aux rêves, et de se régler sur ses songes. C'en est une de
consulter des personnes qui prétendent avoir tous les secrets
du passé, du présent et de l'avenir, pour se donner un noni
et gagner leur vie, en faisant des dupes.
Tenez- vous donc en garde, N. T. C. F., contre toutes les
supercheries de l'erreur et de la superstition. Pour cela,
attachez-vous bonnement à cette pratique, que la raison
approuve hautement et que la Religion consacre invariable-
ment : c'est de joindre, en toute chose, la prière au travail.
et de prendre avec cela tous les moyens naturels et humains
que Dieu a donnés à l'homme, pour qu'il réussisse dans
toutes ses entreprises. Ainsi, l'on prie en ensemençant sa
terre, en étudiant ses livres, en prenant des remèdes, eu
cherchant des choses perdues, en faisant le choix d'un
époux, enfin en se donnant toute la peine possible, pour mé-
riter que Dieu bénisse, par un plein succès, le travail dont
il a fait un devoir à chacun. Avec cette pratique, aussi ra-
tionnelle que religieuse, on ne se laisse jamais surprendre,
par ceux qui spéculent sur la crédulité publique, pour vivre
aux dépens des autres.
L'objet de cette Lettre est, comme vous le voyez, N. 1\
C. F., de vous prémunir contre les séductions si dangereuses
de la suj^erstition, afin de fortifier en vous de plus en plus
l'esprit religieux, qui est comme votre caractère propre et
CliîCULAlliKS KT AUTItKS UOCLMHNTS ',05
«Jidtiuctit. Car Nous savons trùs-bien que moins vous sei-e/
«upej^stitieux, plas vous serez religieux. A ce sujet, Nous
vous répéterons ce que déjà vous savez tous savoii-, que,
lorsque nos pères vinrent défricher ce beau pays, ils vou-
lurent en faire avant tout un pays éminemment religieux.
Notre histoire nous redit sans cesse ce qu'ils ont fait et
souffert, pour nous laisser le riche héritage de cet esprit
religieux, dont le dépôt sacré s'est si bien conservé jusqu'ici
l^armi nous, que tous les étrangers qui nous arrivent sont
unanimes à dire que le Canada est encore un des pays du
monde les plus religieux. C'est ce qui a singulièrement
iVuppé Son Excellence, Mgr. le Nonce Apostolique, qui der-
nièrement nous visitait, avec cette douce effusion du cœur,
qui le rendait pour Nous une vive image du Vicaire de
ilésus-Christ. A la vue de toutes les démonstrations reli-
gieuses dont il était l'objet, en sa qualité de représentant
(lu Souverain Pontife, il n'a cessé dadmirer. louer et bénir
l'esprit religieux qui i-ègne en ce pays. Il a emporté, pro-
fondément gravé dans son cœur, le souvenir de ces ravis-
sants spectacles de foi, qui se renouvelaient à chacun de ses
pas, dans notre ville, comme dans nos campagnes. Il ne
manquera pas de répétei-, au premier joui-, à N. S. P. le
Pape lui-même, ce que fait faire ici l'espi-it religieux, et le
respect qu'il inspire aux grands, comme aux petits, pour
l'auguste Chef de la Religion.
Puisque notre posicion religieuse est si honorable, tâchons,
N. T. C. F., de Nous y maintenii-. Notre position sociale
en dépend ; c'est ce que ne cessent de re]:>éter les vrais amis
du pays. N'ayons donc tous qu'un cœur et qu'une âme,
pour conserver, à notre chère patrie, ce qui fait son plus
bel ornement, comme son plus ferme appui. Dans cette
vue, repoussons, avec horreur, tout ce qui pourrait porter
■atteinte à neFre esprit religieux, qui est inséparable de notre
esprit national. Vous recevrez donc avec respect, N.T.C.F..
c^îtte Lettre, que Nous ne vous adressons que pour enraciner
de plus en plus, dans vos cœurs, ce bon esprit, que le Père
célei^te ne refuse jamais à la bonne prière. Vous n'oublie-
i06 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
rez pas qu'il se nourrit par la pratique de la foi et les œuvres
de la charité. Or, vous avez, pour arroser et faire croître
cet arbre de vie, des fontaines intarissables, dont les eaux
pures et vivifiantes peuvent seules étancher la soif du bon-
heur, qui est iunée en nous. Ces sources sacrées sont les
cinq Associations Diocésaines qui, sortant des cinq plaies
du Sauveur, coulent en tous lieux, pour faire porter des
fruits abondants et délicieux.
Nous vous souhaitons tous ces biens, N. T. Cr-F., et Nous
vous les souhaitons, de toute l'ardeur de notre âme, et dans
tous les moments de notre vie. Car les vœux que Nous
tormons pour votre bonheur, dans ce monde et dans l'autre,
ne sont pas seulement les vœux de la nouvelle année ; ce
sont les vœux de toute l'année et de toutes les années de
Notre vie pastorale. Plus elle s'avance vers le terme, cette
vie si courte, plus il Nous semble que Nous n'avons encore
rien fait pour vous. Aussi, Nous nous sentons pressé de
hâter le pas, afin de réparer le temps perdu. BedimenUs
tempus, quoniam dies mali sunt.
En voyant aj^procher les années éternelles, Nous sentons
se multiplier nos désirs d'offrir au souverain Juge, quand il
Nous faudra lui rendre compte de notre administi*ation, un
peuple de foi et de charité, un peuple vraiment religieux.
Nous terminons enfin cette longue Lettre, N. T. C. P., en
priant Dieu de vous bénir et de vous accorder la grâce de le
servir fidèlement ici bas. pour le voir et l'aimer éternelle-
ment dans le ciel.
Sera la présente Lettre Pastorale publiée au prône de
toutes les églises, dans le.squelles se fait l'otfice public, et en
Chapitre dans toutes les communautés religieuses, le pre-
mier dimanche ou jour de fête après sa réception.
Donné à Montréal, dans l'Hospice de St. Joseph, le vingt-
septième jour de Décembre, mil huit cent cinquante trois,,
sous Notre seing et sceau et le contre-seing de Notre
t IG. ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
Par Monseigneur,
J. O. Paré. Chanoine Secrétaire.
CIRGULAIHES ET AUTRES DOCUMENTS 407
letteë pastoeale de monseigîs^eue l'evêque
de montréal, publiant une lettee pas-
torale de mge. l'aechevêque de québec,
annonçant l'éeection de l'univeesité-
layal/
IGNACE BOURGET, PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU, ET LA ORAGE
DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVEQUE DE
MONTREAL, ETC., ETC., ETC.
Au Clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction'
en iV". S. Jésus-Christ.
Nous avons donc enfin, N. T. C. F., une Unicersité Catho-
lique. C'est la joyeuse nouvelle que nous annonce notre
Vénérable Méti-opolitain, dans ^a belle Lsttre du huit
décembre courant, et dont vous entendrez la lecture, Di-
manche prochain ; car il Nous a été permis de la publier
dans notre Diocèse, comme déjà elle l'a été dans toutes les
Eglises de la Métropole.
Il Nous dira lui-même ce que c'est qu'une Cnicersité, et
quels en sont les précieux avantages. Pour Nous, nous
n'avons rien autre chose à faire que de la saluer avec
amour, et de lui donner une pleine et entière confiance ;
c'est l'unique but que Nous nous proposons, en vous adres-
sant cette Lettre.
D'abord remarquons, N. T. C. F., que cest quelque chose
de bien consolant, pour nous tous, que d'apprendre que
notre jeune Canada se trouve maintenant doté d'une de ces
grandes Institutions qui font la gloire littéraire des vieux
pays de l'Europe ; et c'est pour la Eeligion de notre Payn,
toujours si Catholique, un inestimable bonheur que de fonder
encore pour la Patrie ce précieux établissement, qui cou-
ronne si heureusement tous ses sacrifices pour l'Education^
Cette institution naissante po.'te le nom d^Universiié
408 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Laval, nom célèbi-e, inscrit sur son Frontispice, et qui ne
peut manquer de fixer les regards des élèves, chaque fois
quïls en franchiront le seuil, et de les remplir d'une noble
îirdeur ; et déjà il inspire à ceux qui le lisent de loin, Tine
juste confiance. Car qui doute que les enfans du Pays, qui
vont fréquenter les Cours de cette Université, ne ^ient
continuellement et puissamment excités à travailler de
toutes leurs forces à s'illustrer, sous les doiices et vives in-
fluences de ce Nom chéri, qui donna à l'ancienne France
tant de grands hommes, et qui rappelle à la Nouvelle tant
de ravissants souvenirs. Cette Université va être dirigée
]>ar Tesprit du Fondateur de l'Eglise du Canada, dont elle
porte le nom ; et c'est là surtout ce qui fait sa gloire et
ïissure son succès. Car Elle est confiée à des hommes pieux
et savants, qui ont reçu de leur Père le feu sacré de l'ensei-
îjnement religieux, lequel entre leurs mains ne s'est jamais
éteint. Toujours ils ont été les dépositaires fidèles de la
science sacrée, et du zèle ardent que les élèves du Sanc-
tuaire n'ont cessé de puiser à cette source abondante.
Ils ont en outre succédé aux enfants de St. Ignace, dans
l'importante fonction de former, par de fortes études, de
bons citoyens, pour les besoins de toutes les cla.sses de la
société. Car l'on sait, qu'à l'époque de l'horrible tourmente
î-évolutionnaire, qui en France comme ailleurs rasa impi-
toyablement tant d'établissements religieux, le Pays perdit
d'un cou]^ ses Apôtres et ses Maîtres. Ces hommes de Dieu
s'étaient j:-riu'alors partagé les ])énibles travaux de l' Apos-
tolat, et les nobles fonctions de l'Enseignement. Pendant
que les uns faisaient de nos cruels Sauvages des hommes
humains, les autres formaient aux Sciences et aux Arts les
jeunes Coh>ns qui, sous d'aussi habiles Maîtres, n'avaient
rien à envier aux nobles et aux grands de la Mère-Patrie,
sous te rapport d'une haute et riche éducation.
Ce fut donc un grand deuil, quand s'éteignit, pour le
Pays^ ce brillant flambeau de vertus Apostoliques et de
sciences littéraires î Au.ssi pleura-t-il amèrement, quand il
perdit ainsi ceux qui l'avaient arrosé de leur sang, et éclairé
CIRCLLAIKES ET ALTHES DOCUMENTS 4(9
'le leurs lumière'^. II gémit encore ft il gémira toujours de
voir fermé à la science et à la vertu le Magnifique ColWje
des Jésuites, qui lui rappelle nans cessé les doux et tendres
:*ouvenirs de son Enfance ! Oh ! oui : les plaic^ faites à son
coeur, par le plus déchirant des Adieux, sont encore eai-
icnantes. et elles saigneront tant que l'on n'aura pas rendu
u laEeligion cet éditice sanctitîé par tant de vertus, et tons
les biens qui en dé|)endent.
Ce fut à ces hommes, si bien méritant de la lîeligion et
de la Patrie, que les Prêtres du Séminaire de Québec suc-
cédèrent. Se voyant alors chargés seuls du double ensei-
gnement religieux et littéraire, ils redoublèrent d'eiforts et
de sacrifices. La Religion et la Patrie se repo.^èrent avec
confiance sur eu.v: du soin de former des hommes, qui pus-
sent être placés avec honneur, dans tou> Ips rangs de la
eléricatui-e et de la société.
Tls répondirent à la confiance publique, et iem)»lirent leur
haute mission avec un .<*ucccs que tout le monde connaît.
Aussi, la postérité la plus reculée les bénira-t-elle. en re-
cueillant les heureux fruits de cette riche éducation qui, il
faut l'espérer, se feront sentir d'âge en âge.
Or, N. T. C. P., c'est à ces hommes, aussi habiles que dé-
voués, qu'est dévolue aujourd'hui la noble tâche de diriger
l'éducation Universitaire. Kotre jeune Université, ainsi
conduite par ce Père expérimenté de nos Séminaires,
* élancera donc avec toute l'ardeur de la jeunesse, dans la
brillante carrière des hautes études qui lui est ouverte.
Peut-on douter, qu'avec du temps et des sacrifices, elle
n'atteigne son noble but ?
Tous ceux qui ont à cœui- l'honneur de notre Pays ap-
])laudisscnt, N. T. C. P., au choix que l'on a fait du Doj-eu
de nos Séminaires pour diriger la nouvelle Université,
parce qu'ils estiment, avec raison, que c'est une récompense
grandement méritée, pour les services immenses qu'il a
rendus aux Lettres. Mais ce sont surtout les Maisons
d'Education qui en bénissent la T)ivine Providence ; car
■oiles n'oublient pas l'accueil encourageant que leur fit ce
410 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Séminaire, clans le temps qu"il se trouvait seul dépositaire
des sciences sacrées et profanes. En effet, il comprit à
temps le besoin de multiplier graduellement les Maisons
d" Education.
Il encouragea en conséquence les hommes de dévouement,
qui s'offraient à partager les peines et les mérites de l'en-
seignement. Il se prêta à tout de bonne grâce, fournissant
des Professeurs, et donnant les autres secours en son pou-
voir, afin d'aider ces nouvelles Institutions, qui elles aussi
sont parvenues à obtenir leur juste part de la confiance pu-
blique, en rendant d'importants services à la Religion et à
la Patrie.
Mais si ce bon esprit porta, à différentes époques, le Sémi-
naire de Québec à applaudir aux travaux et aux succès des
nouvelles Maisons d'Education, l'on peut dire qu'il en est
aujourd'hui bien recompensé, par les vives sympathies
qu'elles lui portent, en voyant avec bonheur son front
auguste ceint de la couronne Universitaire. Et que d'heu-
reux résultats n'avons-nous pas à attendre de cette harmo-
nie qui va régner entre V Université et tous les Collèges de
la Px'ovince.
Or, c'est pour l'honneur de la Jîeligion. la gloire de la
Patrie, et le bien de vos enfants, jS"^. ï. C. F., que tous ces-
Etablissements ne feront qu'un cœur et qu'une âme, pour
vous aimer tous plus tendrement ; et qu'ils vont se donner
la main pour travai lier tous plus utilement à votre avantage.
Vous en devez lionc bénir la Divine Miséi'icorde, en de-
mandant que l'ennemi de tout bien ne puisse jamais tJ'ou-
bler ces harmonieuses dispositions.
D'ailleurs, tous trouveront de plus grands avantages dan^
cette intime union. Car les rayons lumineux qui jaillissent
de ce brillant diadème dont la Eeligion et l'Etat viennent
de couronner cette Antique Institution, doivent se refléter
sur les nouvelles, pour les faire toutes briller d'un éclat
nouveau. C'est un héritage de famille religieuse et civile
qui n'est entre les mains du Père que pour le partager aux
enfants. On doit ajouter que la peine et les sacrifices seront
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMEiN'fs ill
pour le Père, et les avantages pour les enfants. De celte
intime union résultent, il n'en faut pas douter, une force et
une puissance irrésistibles pour le bien.
Il ne faut donc pas s'étonner, N. T. C. F., si tous saluent
avec un Joyeux enthousiasme Y Université-Lac al, et lui sou-
haitent bonheur et prospérité. L'Episcopat y trouve une
grande école pour l'enseignement religieux ; le Clergé, des
Chaires de Théologie, pour le développement des Sciences
.Sacrées ; le Barreau, des Cataires d^ Droit, jjour 1 encourage-
ment des connaissances légales ; la Médecine, une Faculté.
pour l'avancement des études médicales.
La Eeligion et la Patrie se réunissent donc pour in.sjtal 1er,
avec solennité, cette grande Institution, sur laquelle ivpo-
sent leurs espérances pour l'avenir.
De tout ce que Xous venons de dii-e, il suit, que le jour
qu'est née l'Université- Laval, doit faire Epoque dans notre
histoire. Or, remarquez-le bien, X. T. C. F., c'est pour le
monde entier un des jour» les plus heureux ; car c'est celui
où la Glorieuse Marie fut conçue sans la tache du péché
originel. En effet, chose admirable ! les Lettres Patentes,
qui donnent une existence et des droits civils à cette Uni-
versité, furent signées, l'an dernier, par Xotre (rracieuse
.Souveraine, le huit Décembre. Cette année, à pareille date.,
le Eescrit Pontiûcal, qui lïénit la Nouvelle Institution, et la
dote de gloricuf^es prérogatives, est .solennellement pro-
clamé par le Métroijolitain de la Province Ecclésiastique de
Québec. Cette Université doit être la Sorbonne de la Nou-
velle-France ; or l'on sait que cette colùbre Faculté Théolo-
gique de Paris professa constamment des doctrines en tout
favorables au glorieux privilège accordé à Marie, dans son
Immaculée Conception ; et qu'elle imposait à ses Docteurs,
sous serment, l'obligation de le défendre.
Frappé de cqs coïncidences providentielles, le .Séminaire
a cru que c'était la volonté de Dieu que l' Université-Laval
fht placée sous le patronage de Marie conçue sans pécfié..
Après mûre délibération, il s'est agenouillé aux pieds de la
Vierge iinmaculée. et lui a consacré cette grande Œuvre, en
41? MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES,
la priant de vouloir bien en être la Souveraine Dame et
Maîtresse. La Pureté Virginale de notre Mère va donc-
être, poui' la nouvelle Institution, une lampe toujours ardente,
n la lueur de laquelle devront écrire tous ses Docteurs :
Lampas inextinguibilis. Elle sera aussi pour ses élèves, il
faut l'espérer, un baume sacré qui les préservera de la con-
tagion du siècle. Car sa vie, plus pure que celle des anges.
vt qui illustre toutes les églises, conservera, dans leur
innocence, les jeunes cœurs qui, dans cette Institution, lui
seront dévoués. Cujus vita inclyta cunctas iUustrat Ecclesias.
Eéjouissons-nous donc, X. T. C. F., de ce qu'il y a. dans
notre pays, une nouvelle Institution, composée d'hommes
])ieux et savants qui vont consacrer leurs talents à la gloire
de Marie, en s'engageant à soutenir, de toutes leurs forces,
le privilège de son inviolable pureté, dont Elle est plus
Jalouse que de tous les autres.
Nous vous avons donné, K. T. C. F., les motifs de ^N'otre
confiance dans V Université-Lac al^ que depuis longtemps
Nous appelions de tous nos vœux, et qui enfin jS^ous appa-
raît aujourd'hui sous les plus heui-eux auspices. Jusqu'ici.
Xous vous avons parlé, comme évêque, de cette Vénérable
Maison, qui vient d'être érigée en Université: souffrez
maintenant que Nous vous en parlions en fils dévoué.
En effet, c'est au Séminaire de Québec que Nous devons
le bienfait de notre éducation : et toujours Nous nous som-
mes senti incapable d'acquitter cette dette sacrée, conti'actée
par Nous pour cet insigne bienfait. Nous nous contentions
donc de Nous rappeler avec attendrissement les joitrs heu-
reux que Nous passâmes sous ces voûtes antiques qui abri-
tèrent nos jeunes années, et d'en bénir la divine Providence.
■ Ces doux souvenirs ne suffisaient point à notre reconnais-
sauce, mais retraçaient vivement à Notre imagination, et
surtout gi-avaient plus avant dans Notre cœur les leçons de
haute sages.se que l'on uous donnait à tous, pour notis
apprendre à bien sei*vir notre Eeligion et notre Pays. Ils
dissipaient, pour un moment, les sombres nuages des inquié-
tants soucis qui enveloppent la vie humaine, en tous lieux.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS il3
à tout âge et dans ioute? les coiiditions. Ils retrempaioil
Notre courage, et Nous ranimaient dans racconipliBsement
(le Nos devoirs.
Le dévouement le plus filial, pour une Maison si juste-
ment chérie, se nourrissait ainsi de ces doux souvenirs
d'enfance ; et l'éclat de la mître, qui Nous a été imposé,
malgré Notre indignité, loin de l'effacej', n'a fait que l'ac-
croître. Car plus l'on monte les degrés de la hiérarchie,
qui distingue les conditions de la vie humaine, plus Ion
comprend le prix d'une bonne éducation, parce que Ion eu
>ent mieux le besoin.
Comme vous le voyez, N. T. C. F., Nous voulions, en vous
arrêtant un instant, sur cette circonstance de notre enfance,
acquitter une vieille dette, et vous inviter à Nous venir oi
aide pour cela.
Dans cette vue. Nous allons prier tous ensemble pour la
nouvelle Université, afin d'obtenir de Celui de qui vient
tout don parfait, qu'elle accomplisse dignement sa haute
mission ; et aussi pour tous les enfants du pays qui vont
fréquenter cette grande Ecole, afin qu'ils y apprennent à
être, toute leur vie, la consolation de la Eeligion, la gloir**
de la Patrie, et l'ornement de leur famille.
Espérons, N. T. C. F., qu'il ne sortira de cette Institutioi»
aucun de ces monstres d'impiété, qui sont les fléaux, du
monde, et qui font quelquefois regretter qu'il y ait, de nos
jours, tant de moyens d'éducation. Car les horribles tem-
pêtes qui bouleversent si souvent les sociétés humaines, et
(jui renverseraient les colonnes de la Religion, si le bras
divin, qui les a élevées, ne les soutenait, sont toujours soule-
vées par le souflie des mauvaises passions qu'inventent,
chaque jour, des hommes que Dieu destinait à faire le bon-
heur du monde, par les riches dons de la grâce et de la
nature dont il les a comblés, et qui en font le malheur, par
l'abus sacrilège qu'ils font de tous ces biens. Hélas! ils
ressemblent aux mauvais anges qui, par leur orgueil, vou-
lurent troubler la paix du ciel, et qui pour cela furent pré-
cipités au fond des enfers !
5! 4 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
pj'ioBs donc, N. T. C. F., jDOur que Dieu préserve notre
patrie d'un pareil malheur ; et à cette fin, et conformément
H toutes ces intentions, l'on chantera à l'issue de la grand'-
raesse, à laquelle on aura publié la Lettre Pastorale de Mgr.
l'Archevêque de Québec, à l'autel delà Bienheureuse Vierge
Marie, le Veni Creator et la Prose Inriofata, avec les versets
et oraisons du Saint Esprit et de l'Immaculée Conception,
comme au Bréviaire. Cet autel sera aussi orné que possi-
ble, et l'on encensera l'image de l'Auguste Vierge, en se
conformant au Cérémonial pendant le chant de VInviolata.
Vous entendrez dimanche prochain la lecture de la Lettre
Pastorale de Kotre Vénérable Métropolitain, à laquelle
îfoTis n'ajoutons rien, parce qu'elle se recommande assez
d'elle-même. Pour Nous, en vous écrivant aujourd'hui,
Noois n'avions qu'un but; c'était de témoigner publique-
ment de toute la confiance que Nous portons à l' Université-
Laval, et Nous avons tâché de le remplir, en vous faisant
observer que tout dans cette grande œuvre est de nature à
rassurer. Car son organisation est régulière ; son Nom est
influent ; sa vocation est sublime ; ses professeurs sont
habiles ; ses protecteurs sont puissants ; son but est divin ;
et elle a pour la diriger du haut du ciel la Bienheureuse
Vierge Marie, qui y brille de tout l'éclat de son inviolable
pureté, et qui s'ïra pour elle la véritable Etoile de la Mer,
conduisant sûrement au port tous ceux qui tiennent leurs
regards tendrement fixés sur cet astre lumineux.
Sera la Présente Lettre Pastorale lue au prône de toutes
les églises dans lesquelles se fait l'Ofiice public, le premier
dimanche après sa réception ; et celle de Sa Grâce Mgr.
l'Archevêque de Québec, le dimanche suivant, où l'on fera
les prières indiquées ci-dessus.
Donné à Montréal, le jour de la fête de St. Jean l'Evan-
géliste, le vingt-sept Décembre mil huit cente cinquante-
trois, sous Notre seing et sceau et le conti-e-seing de Notre
Secrétaire.
t Kt. EVÊQUE de MONTEE AL.
J. O. PARE. Chan. Secrétaire.
ClfîCL LAir^ES ET AUTF{ES DOCUMENTS il 5
T.KTTFîR PASTOEALE ANNONÇANT L'ERECTION
DE L'UNIVEESITÉ-LAYAL.
PIKRRE-FLAVIEX TURUEO.V. PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU ET
I.A GRACE DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE. ARCHEVÊQUE
DE QUÉBEC, ETC.. ETC.. ETC.
Au Clergé séculier et régulier et à tous les Fidèles de notre
diocèse, Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
L'Eglivse Catholique a toujoui-s compris, N. T. C. F., que
rien n'est pins propre à manifester sa gloire, à procurer le
bien des peuples, à fortifier le règne de J. C. dans le cœur
des fidèles, que les bonnes et saines études appuyées sur les
vérités de la foi et dirigées par la main protectrice de la
religion. Considérant " combien par l'étude des lettres la
foi catholique est afi'ermie, le culte de Dieu propagé, la jus-
tice honorée, et les autres vertus illustx'ées," les Souverains
Pontifes ont toujours travaillé à propager les lettres et les
sciences, en les plaçant sous l'égide de l'Eglise.
Ils faisaient un devoir impérieux aux clercs de se mettre
:\ la hauteur de leur sublime vocation^ par de longues et
sérieuses études. '• L'avantage de la religion, disait Gré-
goire XVI, d'heureuse mémoire, le bonheur et l'utilité des
peuples exigent que ceux qui sont appelés au service du
►Seigneur et qui désirent se consacrer à la milice ecclésiasti-
que, brillent non-seulement par rëclut de toutes les vertus,
mais encore qu'ils s'occupent as.sidûment à l'élude des lettres
et des sciences, afin de pouvoir exhorter les autres, en s'ap-
piiyant eux-mêmes sur une saine doctrine, et réfuter ceux
qui attaquent la vérité. La science devant reposer sur les
lèvres du prêtre, et la loi découler de sa bouche, il fout que
416 MANDEMENTS, LETTHE8 PASTORALES,
l'ignorance, mère de toutes les eiTeurs, soit soigneusement
évitée par les prêtres, chargés d'instruire les peuples." Ces
paroles témoignent de l'importance attachée par ce vénéra-
ble Pontife à la connaissance des lettres et des sciences
sérieuses, qu'il regardait comme de puissants auxiliaires à
1 œuvre de Dieu parmi les hommes.
L'histoire nous apprend que ses prédécesseurs sur la
chaire pontificale ont voulu accorder une égale protection
aux saines et fortes études, et que la pratique constante de
l'Eglise catholique a été de favoriser le développement de
l'espi'it humain, en ayant l'intention, toutefois, de la sauve-
iiarder contre les aberrations d'une philosophie orgueilleu!>e
et contre la mollesse éners'ante d'une littérature payenne.
Lorsque, à la chute de l'empire romain, les lettres et les
sciences furent menacées d'une ruine entière par les bar_
bares du Nord, elles trouvèrent un asile sacré dans les
monastères, où dhumbles cénobites conservèrent avec
amour les chefs-d'œuvres de l'antiquité. C'est ainsi que
sous laile de la religion se formèrent ces écoles qui ont
gardé précieusement le feu sacré de l'intelligence, au milieu
des bouleversements civils et politiques. Quand les temps
devinrent plus favorables, les élèves accoururent de toutes
parts vers ces centres de lumières, où des clercs et des reli-
gieux étaient chargés de donner des leçons dans toutes les
sciences.
Désireux de répandre un nouvel éclat sui- les plus célèbres
de ces écoles, et de les rendre encore plus utiles, les Souve-
rains Pontifes les prirent sous leur protection spéciale, leur
accordèrent de nombreux privilèges et leur dojinèrent de
sages règlements, pour les rendre plus utiles aux peuples,
et pour en éloigner les dangers qui auraient pu menacer la
jeunesse studieuse. Vers le commencement du treizième
siècle, le nom d'Université fut attribué à ces précieux ber-
ceaux des lettres et des sciences, où Ion enseignait toutes
les branches des connaissances humaines, particulièrement
celle qui e->t la base de toutes les autres, la science de la
religion.
OIKCUL AIRES ET AUTRES DOCUMENTS 417
Les plus heureux effets découlèrent de la création de ce>
içrands centres d'enseignement, réunissant tout ce que le
■retient et la science avaient de plus illustre, et répandant
ensuite la lumière dans toutes les direction!^. " Vn des
nioyenu, remarque l'historien Fleury, dont Dieu sest servi
dans les derniers temps pour conserver la saine doctrine, a
été l'institution des universités."
Ainsi, sous la haute protection de l'Eglise catholi(|ue, les
lettres et les sciences étaient conservées et restaurées ; de
T>ombreuses écoles étaient ouvertes : les universités étaient
établies. Rome marchait à la tête de tous les progi-ès :
elle leur donnait l'impul.'^ion. et leur communiquait une
direction salutaire.
Et dans notre Canada. X. T. C. F., le clergé catholique
n'a point méconnu sa mission. A peine quelques maisons
-étaient-elles groupées, sur les bords du St. Laurent, autour
<iù l'habition de Champlain, fondateur de la colonie, que
aéjà la religion s'occupait d'élever un temple aux lettres et
aux sciences. Les enfants de St. Ignace, dès l'année 1635,
/étaient les fondations du collège de Québec, qui entre leurs
mains pieuses et habiles Jouit bientôt d'une réputation bien
méritée. En 1668. Mgr. de Laval fondait son séminaire
destiné surtout à promouvoir les études ecclésiastiques.
Pendant un siècle, ces deux institutions marchèrent ensem-
ble, se soutenant l'une l'autre, donnant au pays de zélé.s
missionnaires et des citoyens utiles et éclairés. Au grand
regi'et de la colonie, le bel établissement des Jésuites tomba,
après la prise de Québec par les troupes anglaises. Heureu-
sement pour les Canadiens, le séminaii-e de Québec voulut
continuer l'œuvre commencée : à force de patience, de
dévouement et de sacrifice, il réussit à conserver au milieu
de nous les traditions des bonnes lettres et des sciences.
(rrâce aux efforts du catholicisme, depuis la fin du siècle
doi-nier. de nombreux collèges ont surgi et ont contribué à
étendre l'œuvre de l'instruction, à mesure que lapopulatioji
du pays s'accroissait et s'étendait. Les collèges de Montréal,
de Nicolet. de Sf. Hyacinthe, de Ste. Anne, de Ste. Thérèse,
•il 8 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
etc., fondés par des membres du clergé, ont aidé à la dittusiotr
des lumières et au développement des bonne» études. Noui^
formons des vaux bien sincères pour que la Divine Provi-
dence veuille bien continuer à protéger ces belles institu-
tions, pour qu'elles puissent, de plus en plus, étendre la sphère
de leurs travaux et de leurs services en faveur de la religion
et de la patrie.
Nous n'ignoi'ons pas, N. T. C. F., qu'on a fait au clergé et
aux collèges bien des reproches^ au sujet des efforts qu'ils
ont faits pour promouvoir l'instruction classique. Suivant
certains censeurs, le temps consacré à l'étude des langues
anciennes serait un temps perdu, qu'il vaudrait mieux em-
ployer à se former au commerce, à l'agriculture, aux mé-
tiers ; les lettres exerceraient une influence pernicieuse sur
la société, et ne devraient point trouver place dans un siècle
de mouvement et d'énergie, tel que le nôtre. De là ils
concluaient que les maisons de haute éducation devraient
modifier leur système d'enseignement, de manière à laisser
de côté les langues anciennes, à donner une instruction
moins relevée, mais aussi plus facile à acquérir et à utiliser.
Cette théorie, prônée par quelques utilitaires, qui ne ju-
gent des choses qu'au point de vue matériel, et qui n'esti-
ment l'intelligence que comme une marchandise, est déjà
bien ancienne dans le monde, et a été mille fois réfutée pai-
l'expérience. C'est la même qui portait un lieutenant des
califes à détruire par le feu les précieuses bibliothèques
d'Alexandrie ; c'est la même encore qui poussait les Goths
et les Vandales à effacer sur leur route les traces qu'avaient
laissées la littérature, la langue et le génie des Eomains.
Au gré de ces tribus guerrières livrées au mouvement et an
pillage, les poètes, les philosophes, les orateurs ne pouvaient
servir qu'à énerver la vigueui" et embari'asser les mouve-
ments d'un peuple marchant vers la grandeur et la fortune.
Le temps a eu raison de ces idées empreintes de barbarie.
L'Egypte, l'Afrique proprement dite, l'Asie Mineure, payti
autrefois si savants et si avancés dans la civilisation, sont
tombés par l'oubli des lettres dans la dégradation la plu*
CIHCULAIHES ET AUTRES DOCUMENTS 419
profonde ; tandis que lee nations à demi-sauvages de l'Occi-
dent et du Nord, cédant, après leurs premières fureurs, à
l'influence bienfaisante de la science et de la littérature, pc
sont placés au niveau des peuples les plus policés de l'anti-
quité, et les ont surpassés de beaucoup dans les progrès
matériels.
Nous concevons que les collèges ne doivent pas être trop*,
multipliés, si l'on veut que ces institution» soient mainte-
nues sur un pied respectable pour produire tout le bien -
qu'on en attend. Or, bien certainement, deux établiStc
ments de ce genre ne sont pas trop pour les besoins de notSTe
immense diocèse. Nous sommes d'ailleurs bien pereuadéi^
que tous les jeunes gens ne sont pas indistinctement appelés.
à se livrer aux études classiques, et que, pour le grand
nombre, elles seraient inutiles ou dangereuses. Aussi; loin
d'encourager les parents à, envoyer au collège des enfants .
qui n'ont point de dispositions convenables, nous leur con-
seillons de suivre une voie toute différente. Il y a déjà dans
nos maisons d'éducation beaucoup trop de ces jeune>» gens
qui auraient dû se contenter de l'instruction donnée dang
une bonne école élémentaire, potfr retourner ensuite aux
occupations de leurs parents. Ces élèves incapables ocea-
bïionnent à leurs familles des dépenses inutil&s, perdent au
collège un temps précieux, et de plus retardent notablement
les protrrès de leurs condisciples. Et ce n'est là qu'une
partie du mal; car, après avoir passe sans profit quelques
années au collège, ils se dégoûtent d'un travail infructueux,
et abandonnent leurs études, entraînant souvent à leur suite
d'autres élèves doués de talents supérieurs. Les uns et les
autres, se croyant eu droit de mépriser l'agriculture et les
autres travaux manuels, se lancent dans une profession
libérale, se placent derrière un comptoir, ou assiègent les^
bureaux publics y)Our y obtenir quelque mince emploi.
A cette cause devons-nous attribuer l'encombrement déplo-
j-able de toutes les professions, et le déplacement effrayant
d'une foule déjeunes gei^s, qui abandonnent l'humble maie,
utile condition de leurs parents, pour devenir une charge à.
420- MANDJÎMENTS, LKTTIîES PASTORALE!>i,
la société, danc* un etut que wouveut ils déshonoveul. Pour
éviter ces graves inconvénients; il i^uffirait de consultei-
et de Huivre len règles de la pi-udence. Avant d'envoyer
leurs enfants mu collège, les parents* devraient s'assurer,
]>ar quelque temps d'épreuves dans une bonne école élémen-
taire, par les con?^eils de personnes éclairées, que ces jeunes :
gens sont aptes à réussir dans un cours d'études, et qu'ils
auront assez de persévérance pour le terminer. Dans le cas
contraire, il vaudrait mieux les placer dans une institution
où ils recevraient une instruction moins relevée, mais qui
-leraitplus appropriée à leur capacité et à leurs dispositions.
Pour l'enfant qui n a point de talents remarquables, ou qui
ne peut consacrer que trois ou quatre ans à s'instruire.
liieux vaudrait une bonne école, comme celles des Frères
des Ecoles Chrétiennes, que le collège jouissant de la plus
haute réputation. Pliit à Dieu que nous pussions offrir à
i s, jeunesse des campagnes quelques écoles d'agriculture, où.
eu recevant les bienfaits de l'instruction, elle acquerrait dea
loanaissances utiles dans le premier des arts, et conserve- ■
rait l'habitude du ti*avail I L'établissement de semblables ■>
histitutions, que nous appelons de tous nos vœux, serait un
des moyens les plus efficaces de guérir le mal qui menace
de nous envahir.
Mais, N. T. C. F., parce que des abus, qu'il est facile de
corriger et de prévenir, se sont glissés à sa suite, faudrait-il
condamner im système d'enseignement dont une longue
expéiùence a prouvé les avantages ? Parce que les intérêts
matériels doivent avoir leur part dans une société bien orga-
nisée, est-il juste de vouloir forcer l'éducation à ne s'occuper
que des biens physiques ? Ij'homme ne vit pas seulement
tlepain ; celte intelligence que Dieu lui a départie demande
des aliments, aussi bien que le corps, l'ar l'étude des bons
auteurs de l'antiquité, elle se fortifiera, en se nourrissant des
;i)^?'aves enseignements ré])andus dans leurs ouvrages ; elle
«étendra et s'ennoblira par ses rapports journaliers avec ces
tîtjprits élevés ; elle s'enrichira des connaissances et des
lamiôres des siècles passés; en !^e ies' appropriant, elle de-
CIRCULAlHEfcr KT AUTRES DOCUMENTS 421
viendra capable de les reproduire au besoin, marquées de
son cachet individuel. Or, Tintelligence de l'enfant, comme
son corps, ne peut se développer que graduellement: or
['étoufferait en lui donnant la nourriture qui ne convient
qu'à des esprits déjà formés par la culture. Avant de la Janoer
dans l'étude des matières plus relevées, une sage disciplina
devra peu à peu la préparer, pour qu'elle puisse plus tard
les embra.s8er avec facilité et avec profit. Eh bien ! la
raison et l'expérience nous apprennent que c'est par l'étude
du langage que la jeune intelligence s'accoutumera à coor-
donner ses idées, à les lier, à les comparer les unes avec les
autres, et par suite se disposera à recevoir if^s enseigne-
ments de la science.
Les règles générales du langage, du moins chez les peu-
ples civili.sés, étant à peu près les mêmes, l'on devra choisir,
pour les enseigner au jeune élève, les langues où les princi-
pes de la grammaire sont mieux développés, et qui peuvent
servir à faciliter la connaissance de la plupart des autres.
L'expérience a encore démontré que le grec et le latin, ces
deux langues classiques, possèdent, sous ce rapport, det^
avantages incontestables. En effet, les langues grecque et
latine sont mères ou bienfaitrices de tontes les langues mo-
dernes de l'Europe : de sorte que. pour qui sait les premièreK,
il est bien plus aisé d'apprendre les autres. Par leur clarté,
leur force, leur précision, elles fournissent, à celui qui les
analyse et les étudie, de puissants moyens de développer son
intelligence et d'en faij-e valoir toutes les ressources: enfin,
elles nous mettent en rapport avec les plus beaux esprits de
l'antiquité, avec les Homère, les Démosthène. les Giceron,
chez les païens; les Jérôme, les Augustin, les Basile, les
Chrysostôme, parmi les chrétiens. Et certes, on en con-
viendra., il y a beaucoup à gaerner dans la société d'homme"-'
de cette force.
Voilà ce que nos illustres prédécesseurs avaient, compris,
lorsqu'ils prenaient sous leur protection spéciale et faveur
saient de tout leur pouvoir ces institutions où l'on se fam'-
liarise avec les aiifeur-s classiques de Rome et d'Athènes.
m MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Bieû loin de chercher à abaisser le uiveau des études collé-
içiales, quelques-uns d'entre eux, et particulièrement Mgr.
Hubert, dont la sollicitude s'occupait de tous les besoins de
son vaste diocèse, auraient désiré leur donner plus d'éclat
et plus d'extension, par l'établissement d'une Université
Catholique à Québec. Ce projet fut abandonné dans le
temps, par suite des nombreuses difficultés qui s'élevèrent ;
mais les circonstances étant devenues plus favorables, le
même projet a été de nouveau agité depuis quelques an-
nées. C'est eu effet avec regret que l'on voit la jeunesse
catholique forcée de passer dans des pays étrangers, soit
pour y obtenir des grades académiques, soit pour se livrer à
létude de la médecine et de la jurisprudence. On conçoit
({uelles doivent être les inquiétudes de parents religieux, en
songeant à leurs enfants livrés à eux-mêmes, sans aucune
surveillance, et environnés de mille dangers pour leur foi et
pour leurs mœurs. Hélas ! dans les circonstances actuellen,
la situation de ceux qui viennent se préparer dans nos villes
catholiques, pour entrer dans les professions libérales, est
souvent aussi déplorable.
A la vue de ces nombreux et graves périls que court une
])artie si précieuse de leurs troupeaux, les Pôi'es du Premier
Concile Provincial de Québec émirent le vœu que les catho-
liques pussent, dans toute l'étendue du pays, jouir d'écoles,
de collèges et d'Universités adaptés à leurs besoins et à
leurs croyances : Nobis vero nihil non emolhendum erit ut
cathoUci jwra suo n'fhientes, schoVs sibi propriis, sicut et colle-
'fuë Universitati'' ■ /ne, intotâ nostrâprovinciafruanfur. (Con.
Frov. Queb. Dec. XV).
Le respectable Séminaire de Québec, entrant dans la pen-
sée des Pères du Concile, a entrepris de la mettre à exécu-
tion, en établissant une Université, où la jeunesse catholique
pourra fortifier ses études, et se pj'éparer à recevoir les de
içrés académiques, sans s'exposer à perdre sa foi et ses
mœurs. Déjà, l'année dernière, une charte royale fut octroyée
pour l'établissement de cette institution, par notre Très-
«rracieufie Souveraine, la Eeine Victoria ; et nous avons an-
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 423
lourd'hui le bonheur d'annoncer que, sur la demande de
tous lesévêques de la province ecclésiastique, le Saint-Siège
a daigné lui contérer des privilèges précieux, comnae gages
de sa bienveillance.
L'Université-Laval, ainsi nommée en mémoire du véné-
rable fondateur du Séminaire de Québec, ayant reçu la sanc-
tion et du pouvoir ecclésiastique et de l'autorité civile, nous
invitons la jeunesse studieuse de notre diocèse à profiter des
avantages qu'elle lui offre, non pas pour acquérir une gloire
mondaine, mais pour se rendre utile à la religion et à la
patrie, et pour procurer la plus grande gloire de Dieu parmi
les hommes.
Nous espérons que cette création devra produire un re-
doublement d'efforts dans nos maisons de haute éducation.
Rn effet, le Conseil LTniversitaire a déjà offert à toutes, en
faveur de leurs élèves, les avantages que sa charte lui per-
met d'accorder à la jeunesse du pays. Toutefois, pour les
obtenir, il faudra s'en rendre digne par de bonnes études, cl
le prouver par des examens convenables. Il n'est pas dou-
teux que les séminaires et les collèges de notre diocèse et
des diocèses voisins ne s'empressent de profiter de ces offres.
l*]t bientôt, nous aui-ons la satisfaction de voir régner entre
les difféi-entes maisons d'éducation une émulation louable-
qui tournera au profit des études ; chaque année, entre les
élèves, se renouvelleront des luttes pacifiques, toujours d'une
-grande utilité, même pour ceux qui n'y trouveront pas la
victoire.
Au sein de 1 Université.' nos jeunes compatriotes, guidés
par des maîtres chrétiens, pourront boire les eaux de la
science, sans craindre d'y trouver mêlés les poisons de l'er-
reur. Là, le jeune lévite pénétrera dans les profondeurs de
la théologie, éclairé dans sa marche par le flambeau de la
toi ; là, le jurisconsulte ne s'occupera pas à créer de vaines
théories, mais il étudiera les grands principes du droit qui
<iécoulent de la justice éternelle ; le médecin y apprendra à
reconnaître dans l'homme, non la matière organisée par le
hasard, mais le roi de la terre, le chef-d'œuvre du créateur,
4-24 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES,
limage créée à sa ressemblance et l'objet de ses plus chèror
prédilections ; le philosophe s'accoutumera à adorer lamair-
du Dieu Tout-puissant, dans les merveilleux secrets de I»
nature. Tous y pourront puiser, avef- les nobles inspiration!^
de la science, cet amour de la patrie qui rend le savant utile
à ses compatriotes, ces vertus chrétiennes qui ornent le^
])h\B belles intelligences, cette foi pure et ferme qui empêche
l'esprit humain de s'égarer dauB les voies du doute et de
rirréligion.
En nous réjouissant, N. T. C. F., des heureux résultait-
(jue promet l'établissement de la nouvelle Université catho-
lique, nous aimons à proclamer hautement l'importance de^
services que le séminaire de Québec a rendus, et qu'il rend
encore à la cause de la religion et de la patrie ; sa démarche
actuelle est une suite bien natui-elle des efforts constant»^
<|u'il a faits, pour répandre pai*mi les .Canadiens les bienfaits
d'une instruction supérieure, basée sur les principes de lu
saine morale. Les difficultés dun pareil établissement seront
sans doute nombreuses ; mais le dévouement, le patriotisme
et la foi chrétienne de Messieurs les Dii'ecteurs du sémi-
uaire, sauront les vaincre, comme déjà ils en ont vaincu
bien d'autres.
!Nous avons la ferme confiance que tous nos diocésaine
comprendront l'importance de cette œuvre nationale et reli-
gieuse, et qu'ils seconderont de tout leur pouvoir les géné-
j-eux fondateurs de l'Université-Laval, pour la faire prospé-
j-er, et la rendre de plus en plus utile aux grands intérêtis
de l'ordre, de la morale et des saines études.
Puisse la Divine Providence répandre ses bénédictions
sur cette glorieuse institution, et lui faire produire des fm'nt^
abondants de salut, non-seulement pour la jeunesse stu-
dieuse, mais encore pour tout le peuple de la Province
Ecclésiastique de Québec !
Sera la présente lettre pastorale lue et publiée au pi;ôije
de toutes les églises de ce diocèse, le premier dimanche, ou
jour de fête, après sa réception.
Donné à Québec, sous notre f^eing. le .sceau de nos armt^t
^
CIHGULAIHES ET AUTRES DOCUMENTS. 4'2&
et le contreseing de notre secrétaire, le jour de la fête de la
Conception Immaculée de la Bienhem*en!Ne Vierge Marie,
mil huit cent cinqTiante-troi!^.
; V. V. ARCHEV. DE QT^BBEC.
Far Monseif/neur.
Edmomi LAN«;EvrN'. Ptre.
Secrétaire.
Certifié,
St'.''rétaire;
'EBGLEiMENT PHOVISOIKE POUll LES EPREUVES
DU BACCALAURÉAT ÈS-ARTS ET DEL'TNSCRTI'-
TION DATsTS L'UNIVERSTTK-LAYAL.
1. Nul ne sera admis au grade de BacheVer-ès-arts, ri
inscrit comme élève d'une de? Facultés, à moins qu'il n'ait
])rouvé qu'il possède les matières qui font ordinairement
l'objet de l'enseignement dans les collèges.
IL A cet effet, tout candidat au Baccalauréat ou à l'In-
scription devra subir deux examens : l'un après avoir fait
sa rhétorique, l'autre après avoir terminé son cours de philo-
sophie.
(Les deux règles précédentes; en tant quelles ont l'apport
à l'Inscription, ne sont point applicables aux jeunes gens
qui auront commence des études professionnelles avant îe
1er de septembre 1853.)
III. Pour être admis à 1 un ou à l'autre de ces examen?-',
le candidat devra en avoii- obtenu la permission du Recteur
de l'Université, auquel il en aura fait parvenir la demanda'
par écrit au moins quinze jours avant la première séance ée
l'examen. Cette demande contiendi-a en tontes lettres le
4'?t> MANDEMENTS, LEITRES PASTORALES,
iiom^ le prénom, l'âge et le lieu de la résidence du candidat
ainsi que le nom de l'Institution où il aura fait ses huma-
nités ou son cours de philosophie. Le candidat devra de
plus joindre à cette demande un certificat de bonnes mœurs,
signé par le chef du collège où il aura étudié en dernier
lieu, et un autre signé par son curé ou ministre, s'il ne fré-
quente aucun collège depuis plus de deux mois.
IV. Les examens se font par écrit, soit en français, soit en
anglais, au choix de chacun des candidats, et leur travail
sera distribué en six séances à l'un et l'autre examen.
V. Les séances du premier examen dureront : les trois
premières, trois heures ; la quatrième et la cinquième, quatre
heures ; la dernière, cinq heures. Elles sont employées
comme suit ;
La première, à faire un thème latin ou des vers latins :
La seconde, à faire une version latine;
La troisième, à faire une version gi'ecque ;
La quatrième, à répondi-e à des questions sur l'histoire
universelle, sur l'histoire du Canada et sur la géographie ;
La cinquième, à répondre à des questions sur les princi-
pes et l'histoire de la littérature et de la rhétorique ;
La sixième, à faire une composition française ou anglaise,
au choix du candidat.
(Plus tard, il y aura une séance pour un thème grec, et
nprès 1856, une des i-éponses sur l'histoire devra être faite
dans celle des deux langues française et anglaise qui sera la
moins familière au candidat. )
VI. Les séances du second examen seront de quatre heu'
res chacune, excepté la dernière qui ne durera que deux
heures, et elles seront employées de la manière suivante :
La première, à faire une dissertation ayant rapport à la
logique ;
La seconde, à en faire une sni- un point de métaphysique
générale ou particulière :
La troisième, à en fiiire une sur un point de morale;
La quatrième, à répondre à des questions sur la physique
et sur la chimie ;
GIHCULAIRKS ET AUTHES DOCUiMENTS 4'Î7
La cinquième, à résoudre des problèmes et à i-épondre a
des questions sur les mathématiques et sur l'astronomie ;
Enfin la dernière. *à répondre à des questions sui- l'his-
toire naturelle.
(Les questions sur les sciences ne devront supposer que
des connaissances élémentaires. Il suffira, pour les mathé-
matiques, que le candidat sache l'arithmétique, l'algèbre, la
géométrie et la trigonométrie rectiligne telles qu'on les
enseigne maintenant dans les collèges :
VU. Des jurys, nommés comme il est dit ci-aprùs, examine-
ront le travail des candidats, et détermineront, à la pluralité
des voix, le nombre de points auquel chacun d'eux aura
droit. Ce nombre ne devra dans aucun cas excéder le
maximum fixé comme suit :
Dix huit points pour le travail de chacune des trois pic-
mières séances du premier examen ;
Vingt-quatre points pour celui de la quatrième, et autant
pour celui de la cinquième :
Trente-six points pour la composition française ou an-
alaise ;
Dix-huit points pour le travail de chacune des cinq pro-
laières séances du second examen ;
Neuf points pour le travail de la dernière.
Vril. A la fin de lun et l'autre examens, les jurys addi-
tionneront les points gagnés par les candidats et distribue-
ront oeux-ci en trois catégories, ayant soin d'inscrire les
noms des deux premières par ordre de mérite.
La première catégorie sera composée de ceux qui auront
gagné au moins les deux tiers des points que chacun pouvait
gagner ;
La seconde de ceux qui, n'ayant pas gagne les deux tiers,
en auront gagné au moins un tiers :
La troisième enfin, de ceux qui en auront gagné moins
d un tiers.
IX. Les candidats qui auront été placés dans la première
catégorie à l'un et l'autre examens, obtiendront seuls le di-
plôme de Bacbeh'er-harfs:. Ceux de la seconde catégorie
4'>8 VJANDE.MKNrS. LKTTHES PASTOKALES.
pourront suivre les cours de l'Université, mais ils ii'obtieiv
(Iront dans aucune Faculté un degré supérieur à celui di=
Bachelier, tant qu'ils n auront pas été admis à ce degré dans
celle des Arts. Enfin ceux de la dernière catégorie n'ob-
tiendront aucun privilège ; ils pourront cependant se pré-
senter de nouveau aux examens.
X. Il n'y aura qu'un jury pour le premier examen. Deux-
autres se partageront le second, de manière que l'un ait à
examiner les candidats sur la logique, la métaphj'-sique et
Ja morale, et l'autre Bur les soiences mathématiques et phy-
siques. Cependant la même per.sonne pourra faire partie
des deux jurys ou même des trois.
XI. Les jurys seront nommés par le Recteur de l'Univer-
sité et les membres en seront choisis parmi les officiers et
les professeurs des collèges de la Province. I.e quorum de
rhacun de ces trois jurys sera fixé à cinq.
XII. Les jurys devront se conformer pour les détails des
examens aux règles qui seront adoptées par le Conseil d*'
l'Université; et. quant aux matières des examens, ils ne
pourront en substituer aucune à celles qui auront été déter-
minées par le Recteur ou par le Doyen de la Faculté des
Arts.
N. B. — Des programmes pj-ecisant les matières sui- les-
quelles les candidats poiirront avoir à faire des réponse»^
seront rédi,i:''-< et approuvés le plus tôt possible.
Québec. 2ti iuin 185.3.
OIHOULAIK'K AU OLERaÉ DV DrOCESK I>K
MONTRÉAL.
Moiitreiil. le 22 Mars 1854.
M<jnsie(;k.
La présente est pour vôueanuojicer que le ivituel itoniain.
lAppendice au Rituel, qui renferme les Prônes, annonces,
etc., l'extrait du Rituel, pour l'administi-ation des nialaden,
et le Cérémonial, ordonnés pur le Concile Provincial de
(Québec. sf>nt enfin sortis de sous presse. Chaque Prêtre
devra se procurer au plus tôt un exemplaire du Rituel, de
l'Appendice et du Cérémonial, pour son propre usage, et
désormais il ne sera plus permis d'user d autres livres pour
l'administration des Sacrements, et la célébration des Saints
Offices, que de ceux qui sont ici à votre disposition. Chaque
Fabrique devra aussi se procurer un exemplaire du Rituel,
lie l'Appendice au Rituel, et du Cérémonial ; de plus, autant
d'exemplaires de l'extrait qu'il y a de Prêtres dans chaque
I-'aroisse, et au moins douze exemplaires du Petit Cérén^o-
iiial. Chaque Fabrique devra encore faire les frais, si
besoin en est, d'une Ecole de chant et de Cérémonial.
Comme encouragement, on pourrait distribuer en récom-
pense le Petit Cérémonial, ainsi que des livres de chant el
des cantiques qui vont être publiés. Le Petit Cérémonial
sera d'une commodité pour les enfants de Chœur ; car outre
Tes Cérémonies, il renferme encore les prières de la Messe.
les Psaumes et hymnes de tous les Dimanches et principales
fêtes de l'année, des prières pour le Salut, etc.
L'Office des morts qui se trouve noté dans notre Edition
du Rituel Romain ne sera pas de trop; car j'espère qu'aux
enterrements de Prêtres, ou pourra le chanter ; comme
aussi j'ai l'espoir que Ton fera communier beaucoup d'âmes
iérvëntes dans ces jours si terribles pour nous et où l'on a
un si grand besoin de suffrages.
lie supplément du Diocèse. a.jouté à l'Appendice au Rituel
430 MANDBiMENTS, LETTRES PASTORALES,
fait pour toute la Province, nous aidera à honoi'er et à faire
honorer tous les Saints de notre Calendrier, et à gagner
beaucoup d'indulgences. Elles nous sont si nécessaires, à
nous ainsi qu'aux fidèles confiés à nos soins !
Vous recevrez, après le prochain Concile, un Précis de
Cérémonies controversées, pour en fixer la pratique. Ce
Précis indiquera en même temps les réformes générales qui
sont à faire, en corrigeant les fautes qui se commettent
i(énéralement dans les Chœurs.
Vous trouverez, à la suite de la présente Circulaire^ une
formule d'annonce, que vous lirez au Prône, et que vous
commenterez au besoin, afin que les fidèles soint informes
partout, et uniformément, des modifications que vont subir
les cérémonies, pour être mises en parfaite harmonie avec
le Cérémonial de la Sainte Eglise Eomaine. J'espère que.
loin d'être scandalisés des changements qui vont frapper
leurs yeux, ils en seront édifiés. Au moj^en de cette for-
mule, on tiendra le même langage, en annonçant le Céré-
monial du diocèse, et on arrivera au même but.
Nos Eglises vont donc devenir, par notre ponctualité à
tout faire selon les règles, comme des miroirs fidèles des
saints Canons, et des images vivantes de la vraie piété.
iN^os divins Ofiices, bien chantés et bien servis, seront une
source intarissable de bénédictions, pour le Clergé et pour
le Peuple. La discipline sacrée, qui s'observera dans nos
temples, passera dans nos maisons, et dans celles des fidèles.
La vie privée et la vie domestique, la vie sacerdotale et la vie
pastorale seront comme les rayons de sainteté, que reflétera,
tous les Dimanches et Fêtes, la splendeur de notre culte,
il s'en suivra, pour Dieu, une grande gloire, pour l'Eglise,
une grande édification, et pour nous, un grand mérite.
Avec le culte divin, bien soigné, nous conservons la foi ; et
avec la foi, nous régnons sur les cœurs ; et notre règne se
maintiendra aussi longtemps que se conservera la foi du
peuple. Ces vérités sont palpables, et n'ont en conséquence
nul besoin de preuve.
En terminant, je dois ob.^erver que si, faute de zèle pour
CIRCULAIRES ET AUTRES DOGUiMENTS 4,31
le culte de Dieu, il arrive plus tard que les offices publics
soient quelque part notablement négligés, je les y réduirai
tous à une simple basse Messe. Vous pourrez faire valoir
cette menace qui s'exécutera partout où cela sera nécessaire,
t*\ vous ne pouviez vaincre autrement l'apathie que, dans
certains endroits, l'on montre pour le chant et les Cérémo-
nies. Au besoin, réduisez vos enfants de Chœur au nombre
strictement nécessaire, pour n'en avoir que de bons et qui
honorent leur place, par leur décence dans l'Eglise, et leuj-
régularité dans la Paroisse.
Enfin, pour que Dieu nous fasse part du zèle qui dévorait
son Divin Fils, pour l'honneur de son culte, (Zelus Domm
tux Gomedit me) nous le lui demanderons, chaque jour, arfx
Petites Heures, en récitant le Psaume 118, qui s'applique si
naturellement à tout ce qui se rattache aux lois sacrées de
discipline, Rubriques, Cérémonies, Rites, etc., qui nous
occupent tous si spécialement dans ce moment ; chaque
expression de ce beau Psaume semble être une coi*de har-
monieuse de la harpe du Prophète, pour faire vibrer jus-
qu'au fond de l'âme le son mélodieux de la Loi Divine, qui
apprend à bien faire toute chose. Bonitatem et disciplinam
et scientiam doce me, quia mandatis tuis credidl.
Nous sommes habituellement deux cent trente, dans <e
Diocèse, qui répétons chaque jour cet admirable cantique.
Notre intention commune, en le disant, étant d'obtenir que
nos offices soient en tous lieux bien servis et bien bien chantés,
Dieu l'aura sans doute pour agréable, lui qui nous adresse
continuellement cette pressante exhortation : Apprehenditc
disciplinam nequando irascatur Dominus, et pereatis de via
justa. Oh ! j'en ai l'intime confiance, il n'aura pas à se
fâcher de notre négligence à remplir nos saintes fonction.-;,
(lans son sanctuaire. Il n'y a déjà dans le monde que trop
de crimes, pour provoquer sa colère ! Notre commune fidé-
lité à bien faire les plus petites cérémonies devra l'appaiseï-.
Je suis bien cordialement, Monsieui-,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
t IG. EVÊQUE DE MONTREAL.
432 MANDEMENTS, LK'ITKEH PASTORALES,
P. S. — V'ous trouverez, a la tin de V Appendice au Rituel.
dans un supplément, plusieurs annenees propres à ce dio-
cèse. En recevant ce volujne. vous voudrez indiquer de
.suite, dans l'appendice même, le lieu où ces annonces doi-
vent trouver place, atîn quelles ne soient pas oubliées aux
jours où elles doivent être faite». Chaque curé devra faire
acheter par la Fabrique deux tableaux, tels que ceux qui
.sont dans le Grand Cérémonial, les faire encadrer et placer
dans la sacristie. Ces deux tableaux coûtent trente sols.
Le Rituel coûte dix chelins ; 1 Appendice, six chelins et
trois deniers; le Grand Cérémonial six chelins et huit
deniers ; le Petit Cérémonial, cinquante sols, et l'Extrait du
Ivituel trente sols. Le Grand et le Petit Cérémonial, quoi-
que déjà imprimés, ne seront reliés que dans quinze jours on
troie semaines. Pour répandre davantage le Répertoire de
V Organiste de M. J. B. Labelle, le prix en a été réduit de
douze piastres à six ; et si on en prend deux exemplaires,
on les aura pour dix piastres les deux. Ce sera à l'Evêché
que vous voudrez bien vous adresser pour ces différents
l'uvragc*.
y J. K. DE M.
ANNONCE DU CEREMONIAL DE LA PROVINCE
DE QUEP>EC.
Le dimanche après la réception du Cérémonial Provin-
cial, le curé dira au prône :
"Nous avons reçu le Cérémonial que les Pères du Pre-
mier Concile Provincial de Québec ont donné à toute leui-
j)rovince, pour que les saintes cérémonies s'y fissent unifor.
'uément, comme il convient que cela se pratique dans une
fieligion qui continuellement ramène l'homme à l'unité de
foi et de morale."
En mettant ce Cérémonial à exécution, nous devons vous
faire quelques observations sur certains changements, que
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS i3:3
V0U8 allez voir s'opérer dans les cérémonies, pour que.
comprenant bien pourquoi cela se foit ainsi, vous en soyez
lidifiés : et que votre respect pour le culte divin n'en soit que
plus religieux.
D'abord, vous comprenez parfaitement, instruits comme
vous l'êtes, que ce n'est pas la religion qui est changée,
niais uniquement certaines pratiques de cérémonies; et cela
pour que la religion elle-même soit plus fidèlement observée.
Ce ne sont pas, remarquez-le bien, des cérémonies nou-
velles que l'on fait, mais ce sont les cérémonies de la sainte
Kglise Rome que l'on introduit ici dans toute leur pureté, à
la place do certains usages qui s'étaient insensiblement
glissés parmi nous. L'éloignement de l'Eglise-Mère, la
difficulté de se procurer des livres liturgiques, la longueur
des communications avec Rome, expliquent et justifient ce>
différences.
Mais maintenant que nos relations avec le Pore commun
sont devenues faciles et fréquentes ; que nos évéques ont pu
aller voir de leurs yeux comment se fait le service divin,
dans l'Eglise qui doit être le modèle de toutes les autres ;
que de savants ouvrages ont été publiés sur ce sujet, il est
tout naturel que l'on renonce à des usages particuliers, pour
-e mettre en parfaite harmonie avec l'Eglise-mère. C'est
ce qu'a parfaitement compris le Concile de Québec.
Au reste, ces changements ne sont importants que
parce que rien n'est petit dans le culte de Dieu ; et que
<;haque Rite étant sacré, on ne saurait le négliger en quoi-
que ce^soit ; c'est ainsi qu'en ont jugé nos Evéques, et c'est
aussi la pensée religieuse que nous en devons concevoir
nous-mêmes. Vous allez en juger par quelques exemples.
Aux saints, ainsi qu'aux autres Offices, pendant lesquels le
SS. Sacrement est exposé, Ton ne doit pas sonner la clo-
chette. C'est qu'alors, et pendant tout ce temps, ceux qui
sont dans l'Eglise sont dans de continuelles adorations. Ils
n'ont donc pas besoin detre avertis de faire ce que déjà ils
font, avec toute la piété dont ils sont caj: a'jle-?. Que si, à
certaines parties de l'Office, la cloche extérieure sonne, ce
28
434 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
iiest que pour inviter les pieux fidèles du dehors à unir leur?-
hommages à ceux qui sont présents aux Sts. Mystères.
Aux basses Messes, qui se célèbrent pendant un Office
Public, l'on ne sonne pas non plus la clochette. C'est
poui' empêcher que les assistants ne soient distraits de
l'attention qu'ils doivent tous donner à l'Office solennel,
comme cela doit être. L'on comprend en effet, que les dé-
votions particulières peuvent très-bien se satisfaire, autour
d'un Autel où se dit une Messe privée, sans troubler l'atte?!-
tion publique, par une sonnerie intempestive.
A la basse Messe, on allume un troisième cierge, avant
l'élévation. C'est pour avertir les Assistants que le Dieu
des lumières va descendre sur l'Autel ; et qu'ils doivent
se préparer à le recevoir, avec le flambeau d'une foi vive,
et le feu d'une charité ardente. S'il y a communion,
ce Cierge est porté tout le temps qu'on la distribue ; et il
s'éteint dès que le tabernacle est refermé. Ne voit-on pas
là du mystérieux ? N'est-il pas évident que ce cierge est là
pour répéter, dans son langage muet, ce que disait J. 0. aux
.Tuifs : Ambulate dum lucem habetis. Dum lucem. habetis, cré-
dite in lucem utfilii lucis sitis. (Jean. 12, 35 et 36).
On ne sonne qu'au Sanctus et à l'élévation des Messes
solennelles, comme des Messes basses. L'on comprend que
le moment où l'on commence à saluer le Dieu trois fois
saint, qui va bientôt descendre du Ciel, et celui où il arrive
sur l'Autel, est pour tous les Fidèles un moment religieuse-
ment solennel. Les trois coups bien comptés par l'Eglise,
pour chaque Elévation, répètent qu'en effet, il est trois fois
saint ce Dieu béni, qui vient au Nom du Seigneur. Multi-
plier la sonnerie sei'ait, comme on le voit, anéantir ces
mystérieuses significations. Voilà pom'quoi, l'on ne sonne
pas à la communion, qui étant le moment où J. C. cesse
d'exister sacramentellement sur l'Autel, ne peut êti-e pour
les enfants de l'Eglise qu'un moment de séparation doulou-
reuse. A la vérité, le son de la cloche, à la communion,
avertissait les fidèles de s'approcher de la Ste. Table : mais
ce n'est pas là une raison de chnnger une Cérémonie si tou-
CIRCULAIRES ET y\UTRES DOCUMENTS 435
ûhaute et si instructive. En portant une grande atteniion
aux difféi'entes parties de la Messe, vous connaîtrez facile-
ment le moment où vous devez vous approcher de la balus-
trade, quand vous voudrez communier. Ainsi, par exemple,
quand vous entendrez chanter ou réciter VAgnus Dei. ce
sera le temps de vous disposer à aller à la Ste. Table.
A la Messe Solennelle, le Célébrant, après FasperBion.
prend à la Banquette, et non à la Sacristie, le reste des
Vêtements sacrés, dont il a à se revêtir pour le St. Sacri-
fice. C'est que pré.sidant l'assemblée religieuse des Fidèles,
il ne la doit pas quitter qu'elle ne soit terminée. C'est d'ail-
leurs quelque chose de solennel pour un peuple, qui vji
assister à un sacrifice, que de voir -son Piotre prendre, en
priant, les habits de son sacerdoce, sans lesquels il ne saii-
)-ait offrir l'hostie adorable qui doit être immolée pour ^ch
péchés.
. Ces exemples suffisent pour vous prouver. N. T. C F.,
que les changements que vous allez remarquer dans quel-
ques-unes de nos saintes Cérémonies, n'offrent rien d'essen-
tiel, et ne touchent nullement au fond de la Religion.
Cependant, nos Evoques veulent qu'on les fasse, pour la
plus grande perfection du culte de Dieu, et pour attirer par
là phis de grâces sur nous tous. Car plus les Saints Offices
seront bien célébrés dans cette Eglise, et plus il y aura de
grâces, dans* cette Paroisse. Par une conséquence nécessaire,
plus nous nous donnerons de peine, pour que ces divin ■^
offices soient bien servis et bien chantés, et plus ausni noïi.s
nous attirerons des bénédictions.
Vous en devez conclure, pères et mères, qu'en encoura-
geant vos enfants à bien apprendre le chant et les cérémo-
nies, vous contribuerez grandement à la gloire de Dieu,
tout en faisant l'honneur de vos familles. Car c'est évidem-
ment une distinction honorable, pour une fiimille chrétienne,
qu'une place au chœur, quand on s'en rend digne sous tous
rapports. Vous pouvez vous attendre que vos enfants vous
béniront et vous aimei'ont, si Dieu les bénit au chœur, à
cause de leur zèle à chanter ses louanges et à servir Ke>-
43«i MANDEMENT.^, LETTRES PASTOHALES,
•
autcla. Ne souffrez pas qu'ils se rendent jamais indignes de
paraître dans le sanctuaire, par une vie scandaleuse.
Kt vous, vertueux enfants de cette Paroisse, nous vous
exhortons tous à vous remplir d'un saint courage, pour tra-
vailler à être de bons chantres et d'habiles enfants de chœur.
Votre enfance et votre jeunesse ainsi consacrées au service
lie Dieu et de l'Eglise- vous vaudront une vieillesse sainte
et heureuse. Aimant à chanter ici bas les cantiques du
Seigneur, vous mériterez de les chanter dans l'éternité.
N. B. — Cette annonce peut se terminer par d'autres avis
particuliers, plus appropriés aux besoins de la Paroisse, et
Hurtout en déterminant les moyens qui vont être pris, pour
que le chant et les cérémonies s'enseignent avec profit, de
crainte que la Paroisse ne reste en arrière des autres, où l'on
va prendre des mesures afin d'étendre le culte de Dieu. etc.
LOTTKK (Jl KCULAIEE AU CLEEGE DU Dl OCESB
DE MONTRÉAL.
Montréal, le 5 Avril 1854.
monsikuk,
Vous trouverez, de l'autre part, copie de la Lettre Circu-
lAire de Mgr. l'Archevêque de QuébeC; annonçant la célébra-
tion du second Concile Provincial.
Nous nous ferons tous un devoir de nous }' conformer en
tous points. Vous publierez en conséquence cette Lettre
Circulaire, en observant que les 40 Heures, annoncées pour
Québec, se feront aussi dans une des Eglises de Montréal,
n d'obtenir, pour cette partie de la Province Ecclésias-
tique, des grâces spSciales dont nous avons tant de besoin.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 437
La Lettre Pastorale du 13 juin 1851, qui annonçait Je
premier concile de Québec, les Actes de ce Concile et H
Lettre Pastorale du 1er janvier 1853,. pourront vous fournil-
(les matériaux, pour vous aider à donner à vos Paroissiens
une haute idée des Conciles, et à leur faire comprendre la
grande responsabilité qui en revient aux Evéques, chargés
d'y régler tout ce qui intéresse la foi et les mœurs des enfants
de l'Eglise.
J'ai la douce confiance que vous nous viendrez en aide,
par vos ferventes prières et celles de votre bon peuple, qui
nous ouvriront les trésors célestes. Le mois de Marie, qui
se fait si heureusement partout, nous vaudra, je l'espère, la
protection de Celle qui est l'étoile des Pasteurs aussi bien
que des fidèles.
L'Oraison du St. Esprit, prescrite par Mgr. rArchcvêque,
et pour tout le temps qu'elle est prescrite, tiendra lieu de
celle contra persecutores Ecclesi<v.
Je suis bien cordialement.
Monsieur,
Votre trè.s-humble et obéissant .serviteur,
; Kî. BVEQUR DE MONTRÉAL.
LBTTKE CfRCULAIKE ANNONÇANT LA CÉLEBBA-
TION DU SECOND CONCILE PPOVINCTAL.
AjtCHEVÉCHÉ DE QrÉBEC. 2? Mars 1^54.
Monsieur le Curé,
Il a été décide que le Second Concile Provincial de Qu(-
bec s'ouvrira dans TÉglise Métropolitaine, dimanche le 28
Mai prochain, pour se terminer vraisemblablement le di-
manche suivant, jour de la Pentecôte. Cette assemblée des
iW MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
PttsteuiH do l'Eglise du Canada intéresse au plus haut point
les fidèles confiés à leurs soins : tous, pasteurs et brebis,
doivent avoir à cœur qu'elle contribue à augmenter et à
ratFormir de plus en plus dans les âmes l'influence de la
religion et le règne de la charité. Tous aussi doivent donc
.s'empresser d'offrir au Ciel leurs plus ferventes prières pour
obtenir cet heureux résultat. Or voici ce que je ei'ois devoir
rygler à ce sujet :
lo. Les trois dimanches qui précéderont l'ouverture du
{.oncile, ou l'annoncera au prône, tant de l'église métropo-
litaine, que des églises paroissiales et succursales et des
chapelles des communautés religieuses du diocèse. Les
pasteurs, en faisant cette annonce, auront soin d'exciter les
îîdèles à la dévotion, à la prière, à la pratique des œuvres
de charité et de mortification, à la fi'équentation des sacre-
ments de Pénitence et d'Eucharistie : ils les exhorteront aussi
ît invoquer les saints patrons de la province ecclésiastique
et en particulier ceux de ce diocèse.
2o. A l'issue de l'ofiice du matin de ces trois dimanches,
lo célébrant récitera à genoux, au pied de l'autel, d'une voix
intelligible, afin que le peuple puisse y répondre, le premier
Dimanche, les Litanies des Saints, sans les versets ni les
oraisons, — le second dimanche, celles de la Ste. Vierge, avec
le vci-set et l'oraison ; — et le troisième dimanche, celles du
St. Nom de Jésus, aussi avec le verset et l'oraison.
3o. Depuis le premier jour de Mai prochain, jusqu'au
dimanche de la Sic. Trinité inclusivement, les prêtres ajou-
teront aux oraisons de la Messe la collecte du St. Esprit, en
se conformant à la rubrique concernant l'oraison prescrite
par l'évêque.
4o. Les trois jours qui précéderont immédiatement l'ou-
vorture du Concile, il y aura, dans l'église métropolitaine,
exposition solennelle du St. Sacrement, avec prières des 4t)
heures, accompagnées d'exercices que l'on fera connaître
liskus le temps.
5o. P^nfin, le samedi, 27 Mai, veille de louverturodu Con-
CIRCUL^AIRES ET AUTRES DOCUMENT^ i3'J
ciie, oera un jour de jeûne que les fidèles du diocèse sont
exhortés à observer religieusement.
Je vous recommande de faire la lecture de ma présente
lettre au prône de votre messe paroissiale, le premier di-
luancbe après sa réception, et de l'accompagner des expli-
cations que vous jugerez les plus propres à bien fairp com-
prendre à vos paroissiens l'utilité et l'importance des Con-
ciles.
Agréez, Monsieur le Ciu'é. l'assurance de mon bien sincère
attachement.
f P. F. Archev. dk Québec.
LETTRE PA8T0EALE SUE LA TEMPï: RANGE.
HmACE BOURGET, PAR LA MISÉRICORliE DE I>IEi;. ET LA GRACE
TiV SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVEQUE DE
MONTREAL, ETC., ETC., ETC.
Au Clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en N. S. Jé'ius-Ghrist.
Lie titre de cette Lettre vous fuit fissez connaître, N. T.
G. F., que Notre intention est de vous entretenir de tempé-
rance, sujet toujours aussi nouveau qu'intéressant, car il est
évident que, depuis une dizaine d'années, c'est l'objet conti-
nuel des plus sérieuses préoccupations de ceux qui, dans ce
Pays, ont à cœur le bien de la Religion et de la Patrie.
Aussi, les bons Citoyens, comme les bons Prêtres, se
donnent-ils la main, pour propager cette œuvre éminem-
ment réparatrice.
Par cet accord mutuel, la Société de Tempérance a fait
de tels progrès que l'ivrognerie s'est vue forcée de se cacher
pour un temps, dans les plus vils repaires des mauvaises
440 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cantines. Tant que ce monstre affreux n'a plus osé montrer
sa tête infernale, les grands crimes, contre lesquels la justice
est forcée de sévir, avaient presque disparu. C'était au
point qu'au commencement de 1853, il n'y avait, dans la
prison publique de cette ville, qu'une ti-entainede Canadiens,
Majs, à la place de ces crimes scandaleux, régnaient par-
tout l'innocence et la paix. Les ménages étaient tran-
quilles, et les familles heureuses. En récompense, nos
campagnes étaient riches et notre commerce florissant, mais
surtout nos fêtes étaient joyeuses, parce qu'elles étaient
sanctifiées par la foule des communiants.
L'âge d'or nous était arrivé ; et tout, N. T. C. F., nouf^
annonçait une ère nouvelle, des jours sereins, une époque
glorieuse. Hélas ! comment se fait-il que la source de tant
de prospérité se soit si vite tarie ! C'est que l'ivrognerie,
que l'on croyait pour toujours exterminée, a reparu. Hélas !
elle n'était que cachée dans les sombres souterrains des
ignobles tavernes. Là elle reprenait ses forces, perdues
dans le grand combat que lui avait livré la Tempérance.
Elle se regorgeait, dans les ténèbres de plus de cinq centp
auberges sans licence, du sang de la veuve et de l'orphelin.
Elle avait, pour la protéger, tout ce que le pays a
d'hommes plus démoralisés et dont la cupidité engendre tous
les maux qui nous débordent. Elle spéculait sur le malheur
des familles qu'elle ruinait, et sur la perte des âmes qu'elle
sacrifiait. Elle se jouait de l'autorité publique, qui aurait
dû la comprimer, et s'assurait l'impunité, en semant des
menaces d'incendie qui glaçaient d'effroi ceux qui étaient
le plus intéressés à réprimer ces désordi*es. Aussi, voyait-
on des pères désolés, qui n'osaient élever la voix, pour
faire mettre à la raison de malheureux aubergistes, qui per-
daient leurs enfants par le jeu et la débauche. Ah ! c'est
qu'ils craignaient de passer par le feu, tant ils étaient per-
suadés que les ennemis de la Tempérance sont capables de
tout. C'est de cette sorte que l'ivrognerie s'est conservée ; et
qu'elle a rallié sous sa lugubre bannière les déserteurs de la
Tempérance. Fortifiée par la troupe de ceux qui, par lâche-
CIRCULAIRES KT AUTRES D0GUMEN1> i-il
te, faiblesse ou autrement, ont quitté nos bataillons, elle ne
dispose au combat.
Voilà donc, N. T. C. F., l'ivrognerie reparue plus hideuse
et plus hardie que jamais. Elle n'est pas revenue seule :
car, comme de coutume, elle traîne à sa suite, le crime et le
malheur. Si vous voulez vous en convaincre pleinement,
écoutez bien la triste histoire des crimes publics que la
Police de Montréal fut obligée de punir en 1853. Vous allez
voir que l'hydre à sept tètes renaissantes, qui n'était pour
les anciens quune fable, nest pour nous qu'une trop réelle
vérité. Car l'ivrognerie, dont toutes les causes semblaient
être complètement retranchées, nous apparaît plus désas-
treuse que jamais.
En 1853, trois mille cent une personnes ont été saisies par
la police, pour avoir troublé l'ordre public. Sur ce nombr*:;
prodigieux, on en remarque deux mille deux cent huit qui
n'étaient tombées dans les mains de la Justice qu'à cause d(-
la boisson ; et même, ce que l'on ne peut dire qu'en pleu-
rant, c'est que deux mille quatre-vingt trois ont été ramas-
sés dans les rues, dans un état d'ivresse. On voit figurer
dans ce lugubre tableau dix-sept cent soixante-dix-nenf
hommes, quatre cent dix-huit femmes et onze enfant**.
Cette démoralisation effrayante se fait sentir dans tous le^
âges. Ainsi, voyons-nous paraître, dans ce Rapport du pre-
mier Officier de police, six cent quarante-cinq mauvaises
Mlles, sept cent quarant<î-deux jeunes gens au-dessous de
vingt ans, treize cent quarante-cinq hommes de vingt a
trente ans, et cent sept vieillards ! Notre cœur se fend de
douleur, en disant ici que vos cheveux blancs ont été traînés
devant les tribunaux de la justice correctionnelle !
Nous pourrions, N. T. C. P., entrer dans beaucoup plu^
de détails ; mais ce que Nous venons de vous dire est plus
([ue suffisant pour affliger vos bons cœurs. Nous ne pouvon?.
toutefois nous dispenser de vous faire remarquer un de«
chiffres de cet effrayant tableau de crimes, en grande partie
occasionnés par la boisson ; c'est celui des petits enfants au-
dessous de dix an'^. que la Police a surpris en flagrant
'i'ii MANDEMENTS, LETTREÎS PASTORALES,
4élit. Hélas ! il s'en est trouvé vingt-deux. Pauvres petitw
eofants! Ils sont déjà ivrognes, ou appartiennent à des pa.
lenta ivrognes. Mais tirons, N. T. C. F., un voile épais
sur ce hideux table lu, pour jeter un coup d'oeil sur les maux
<(ue, l'an dernier, l'ivrognerie semait sur son passage, en
levenant prendre pos.session de son terrain. Nous allons
dire ici en substance les faits lamentables que les Journaux
Public.s ont eu à enrégistrei" pour mettre en évidence les
maux incalculables de la buisson.
Ce sont des amis qui se querellent, des pères et mères qui
attentent aux jours de leurs propres enfants, des familles
honorables qui se dégradent. Ce sont des scènes tragiques
qui se passent ; des meurtres horribles qui se commettent ;
des accidents lamentables qui arrivent. Hélas! souvent des
paroisses entières se sont vues plongées dans le deuil, par
.suite des catastrophes effrayantes produites par des excè><
d'intempérance. Tout prouve doue que I>ieu poursuit do
sa vengeance ceux qui manquent à leur engagement si saint
dans la Société de Tempérance. Et ne faut-il pas attribuer
à cela, N. T. C. F., la mauvaise année qui nous afflige ?
Pourrait-elle en effet être abondante en biens temporels
cette année qui a vu se multiplier tant de crimes mon.s-
trueux ?
Ces crimes nombreux, cau.se de tant de malheurs, n'ont
pas manqué d'exciter le zèle des vrais amis de la tempé-
rance. Ainsi vit-on, en décembre dernier, deux mille de
nos plus notables citoyens de Montréal adresser à la Corpo-
ration de cette ville une requête énergique, pour signaler
les désordres produits par l'ivrognerie. Tout dernièrement
encore, l'hon. Maire de la cité appelait l'attention des Con-
seillers municipaux sur ces excès dintempérance, par un
discours remarquable, qui met à découvert le grand malheur
qu'il y a poor le pays de changer en boisson les grains que
lui donne la divine Providence pour le nourrir. Aussi
voit-on aujourd'hui noti*e Conseil-de-Ville adopter, par son
comité de licences, des mesures fermes pour s'opposer aux
progrès alarmants de l'ivrognerie, en n'admettant que des
CIHCULAIRKS ET ALTHE.S DOCUMENTA 44.S
iiommes qualifiés pour tenir de bonnecj hôtelleries, s.elun les
vues de la loi. Le Conseil Central de la Tempérance n'apa^
été le dernier à l'œuvre pour arrêter l'ivrognerie dans sa
marche triomphale, et empêcher la société de succombei'
.>(0U8 ses coups redoublés. Enfin, nos citoyens en masse, à
la vue de ce monstre aflreux qui menace de ruiner la plus
belle espérance de la société, accoui-ent avec uu empresse-
ment indicible au pied de la Croix pour y chercher leur
salut au milieu d'une si grande désolation.
C'est un spectacle à ravir que celui que présente aujour-
d bui la ville, pour prouver une fois de plus que l'amour de
la tempérance est fortement gravé dans son cœur. EUc
^'agenouille respectueusement aux pieds de Jésus abreuvé de
n l et de vinaigre, pour réparer tous les excès de boisson
commis dans son sein. Elle embrasse avec foi la croix du'
.Sauveur pour lui protester de nouveau qu'elle veut fidèlement
tenir son engagement de ne pas boire de li(]ueurs enivran-
tes. Oh ! oui, c'est une grande réparation de scandale qui-
cette démonstration solennelle do plus de cinq milles famil-
les qui préfèrent l'amertume du fiel de la tempérance à lu
tau.sse douceur des liqueurs enivrantes ! Et eu effet, cette
conduite honorable de la partie saine de notre société prouve
évidemment que Montréal aime et pratique la tempérance.
Ce bel exemple de la ville aura infailliblement du retentis-
sement dans les campagnes. Soyez donc bénis de Dieu et
des hommes, généreux citoyens, qui n'avez pas hésité de
vous enrôler sous l'étendard de la Croix, pour conserver les
débris de notre société. Soyez fidèles, et vous serez récom-
pensés au centuple.
Or, pendant que les enfants de la Religion font tant et de
•"(i généreux efforts pour soutenir la cau.se sacrée de la tem-
pérance, vous comprenez, N. ï. C. P., que nous, vos pères
tt vos pasteurs, nous ne saurions demeurer indifférents.
(Jh ! non : nous ne saurions demeurer neutres dans une
guerre qui menace les intérêts religieux aussi bien que les
intérêts matériels. Que Notre langue demeure collée à notre
palais si, en toute occasion. Nous n'élevons pas hardiment
r,U MANDEMENTS, EETTHES PASTORALES.
la voix pour faire écho à toutes les classes de la société,
dans un danger qui est commun à loue. D'ailleurs, nou^
avons pour nous diriger le bel exemple de notre Métropo-
litain, qui vient d'adresser à son peuple une Lettre qui ne
respire qu'onction et charité pastorale, pour l'avertir que
l'ivrognerie a reparu et qu'elle menace encore des pluK
grands maux.
Voici donc. N. T. G. F., ce que i^ous avons intention de
faire, avec la grâce de Dieu, à lappui des mesures déjà
prises, pour maintenir et propager l'admirable société de
tempérance. Nous voulons tout simplement l'enrôler sous
la glorieuse bannière de la Croix. Un furieux orage nout>
a dispersés: nous allons nous reconnaître à la vue de ce
signe de vie. Le combat que nous a livre l'ennemi a et*-
mortel pour un grand nombre d'entre nous. Nous allonF-
nous rallier sous cet étendard de salut. Plusieurs de noj>
frères ont fait un triste naufrage dans la furieuse tempête
qui vient de nous assaillir. La Croix, comme une Arche
assurée, va les recueillir et les sauver. L'arbre de la tem-
pérance commence à sécher et à dépéri)' : nous allons le
greffer à l'abre de la Croix, qui hn' communiquera désor-
mais sa sève et sa vie.
Dans cette vue, nous invitons chaque famille de ce diocèse
à prendre la Oroix de Tempérance, à l'exemple de l'archidio-
cèse de Quci>oc, dans lequel la plupart des paroieses se son»
déjà rangée- sous ce glorieux étendard. Voici les règle-
à suivre pour cet enrôlement. Cette Croix est bénite par
lEglise et donnée au chef de la famille ou à celui qui le
représente. Elle est portée avec respect à la miison et
baisée avec amour par ceux de la famille qui veulent garder
la tempérance. EU est ensuite placée dans l'appartement
le plus honorable, là où la famille a coutume de faire la
prière en commun ou en particulier; désormais ce sera
devant celte Croix de famille que l'on priera chaque jour
pour le succès de la tempérance, disant à cette inteution.
sans jamais y manquer, cinq Pater et cinq Ave, à l'honneur
des cinq Plaies de Notre Seigneur. Tous ceux qui appar-
CIHCULAIUES El AUTRES DUCUMENTb. 440
tteuneot à la Société ont part aux bénédictions qu'attirent
lant de prières et de sacrifices. Ils gagnent, outre cela, 300
jours d'indulgence chaque fois qu'ils prient ainsi pour l'œu-
vre de la tempérance. Ils seraient privé.s de ces précieux
avantages, chacun des jours où ils manqueraient à leur
promesse. Que s'ils venaient à tomber dans des excès
scadaleux, la Croix leur serait ôtée, à moins que leur repen-
tir ne fit juger qu'il n'y aurait plus de rechute à craindre.
A la mort de chaque chef de famille, sa croix est déposée
•*ar son cercueil, et elle le suit au cimetière. Là, et lorsqu'il
est sur le point de descendre dans la tombe, elle est remise
;t celui qui doit lui succéder comme chef de la famille ; et
olle est par lui reportée à la même place dans la maison du
défunt. On fera pour celui-ci les mêmes cérémonies qui se
lenouvelleront ainsi d'âge en âge pour assurer à la famille
cet héritage. Tous les mois, il se dit, dans chaque paroisse.
une messe pour les confrères vivants et trépassés. On
recommande ceux-ci nommément quand on est informé de
leur décès. Chaque année, il se- célèbre une messe solen-
nelle pour toute la société, le jour de la St. Jean-Bap'^iste,
dans toutes les paroisses, où l'on s'engage à fêter cette
joyeuse fête de notre glorieux patron sans boisson ni liqueurs
onivi"antes. Quatre fois par année, on gagne une indul-
gence plénière, en se confessant et communiant, et en fai-
sant les autres œuvres prescrites. Ce dernier point est de
la plus haute importance, car nul doute que si les associés
so confessent et communient dignement, au moins quatre
fois par an, ils ne manqueront pas à leur engagement de
tempérance.
Maintenant, remarquons en passant, JS. T. C. F., ce qu'est
la croix de J.-C. pour la Société de Tempérance. Elle est
son étendard, arboré dans chaque maison, pour animer tous
ses courageux soldats à bien combattre contre l'ennemi
commun, VexiUa Begis prodeunt. Elle est le glaive qui
immole, à la divine Majesté, des milliers de victimes, en
faisant faire le sacrifice si pénible des boissons enivrantes
par des milliers d'Associés. Çuo vuheratus insvper mucrone
446 MANDP^MENTS. LEITIiES PA8T0RALKR,
diro lanceœ. Elle est le sceptre roj'ai qui établit, avec le
règne de la tempérance, la pratique de toutes les vertus
chrétiennes. Begnavit à Ugno Dens. Elle est l'Arbre de vie
planté au milieu du Paradis, dont les fruits délicieux nour-
rissent ceux qui aiment la sobriété. Arbor décora etfulgida.
Elle est la balance qui pèsera les destinées de la Société; et
son poids divin fera pencher le bassin qui contient les dé-
pouilles déjà remportées sur l'enfer. Sto fera fa et a corporif^,
prœdamque tulit tartari. Elle est la grande, l'unique espé-
rance de la société qui, avec cette arrae invincible, détruira
l'empire tyrannique de l'ivrognerie et établira le règne si
doux de la tempérance. 0 crux ave, spes vnica, auge piis jus-
tiliam, reisque dona veniam. Elle va faire honorer, en tous
lieux, la Très-Sainte-Trinité, en réparant son image défigurée
dans l'homme que la boisson a mis au rang des bètes, afin
que tout esprit la loue dans les siècles des siècles. CoUaudet
omnis spiritus, quos percrucis mysteriwn, snlvas rege per sœcula.
Le voilà donc, IST. T. C. F., le voilà le signe du salut pour
notre chère Société. Ecce Ugnum crucis. Par ce signe, clic
a d'éclatantes victoires à remporter. In hoc signo vince<^
Son aspect majestueux doit mettre en fuite ses plus redou-
tables ennemis. Fugite partes ad,versœ. Car le liou do
.Tudah est mort sur cette Croix, pour donner à ceux qtii
laiment la victoire sur tous les vices : Vicit leo de tribu Judd.
Ce n'est pas tout, N. T. C. P., la Croix de Tempérance,
déjà si puissante par elle-même pour protéger la Société, va
se trouver entourée de prières multipliées, qui vont en
quelque sorte l'embaumer, pour en faire comme un bouquet
de myrrhe, dont l'agréable odeur charme et gagne tous les
cœurs. Oh ! vraiment la Société va ressembler à cette col-
line d'encen.s, vers laquelle se dirigent les pas des voya-
geurs. Vadam ad montem myrrhœ et ad collem thuris. Car
elle est introduite dans toutes les Communautés, dont les
saintes prières attirent tant de bénédictions sur nous tous.
Elle est arborée dans nos Séminaires et Collèges, dont les
pieuses oblations sont comme les sacrifices du matin, qui
font tomber du Ciel la pluie des grâces le? plus précieusc«.
GIRCIJLAIRES ET AUTRES DOCUMENTS ml
Elle est placée dans les auspices de charité, où des centaines-
de vieillards vénérables, de femmes vertueuses, d'orphelins
innocents prient pour le maintien d'une Société, qui porte-
secours à tous les âges de la vie. Elle est dans nos Ecoles
((ue fréquentent des milliers de petits enfants, que la Sto.
i-Cglise nourrit comme de tendres agneaux dans les gras
pâturages de Tinstruction religieuse : déjà elle brille dans
])re8que toutes les Paroisses do l'Archidiocèse de Québec,
dont nous devons nous faire gloire do suivre le bel exemple.
Aussi faut-il espérer que bientôt cet étendard ornera toutes
les maisons respectables des cent Paroisses qui constituent
ce diocèse ; et alors que de prières, que de communions, que
d'indulgences sortiront de cette source sacrée !
Et qu'en résu Itéra- t-il, N. T. C. F. ? Il en lesultera une
bonne foi pour les licences ; de bonnes maisons de pension
pour les étrangers ; une bonne police pour la Société. Vous.
verrez, bien-aimés frères, que les Juges la protégeront, que
les Avocats la défendront, que les Membres du Parlement
voteront pour elle : que les Magistrats la sauvegarderont :
({ue les Médecins la proclameront, comme nécessaire à la
santé publique ; que les Marchands renonceront, pour la-
mour qu'ils lui portent, au commerce des liqueurs enivrantes ;
que les Prêtres la prêcheront; que le Peuple en masse la
bénira et l'aimera. Et tout cela, parce que parfont on priera
pour la conservation d'une Société si bienfaisante.
Mais, pour participer à tous ces précieux avantages, il
faut bien connaître, 'N. T. C. F., quoi usage on en doit faire.
A cette fin, Nous vous adressons les recommandations sui-
vantes que vous écouterez sans doute avec encore plus de
respect que vous n'avez écouté celles que nous vous avons
faites dans notre Lettre sur les Tabler Tournantes. Car i l
y a dans la boisson de véritables esprits de malice qui font
tourner bien des tètes et corrompent bien des cœurs.
lo. Que tous les bons pères ou chefs de famille reçoivent
avec foi, confiance et amour la croix du Seigneur Jésus d*^
la main de leurs Pasteurs, ou des Missionnaires de la Tem-
pérance, qu'ils voudront bion inviter, pour les aidrr à vous
h\H MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
enrôler, pour cette sainte croisade, contre l'ennemi commun.
Car Nous leur avons donné cette année, au nom de J.-C.
«lort en croix pour le salut de tous, une mission spéciale,
])0ur parcourir le Diocèse, la ci'oix à la main, afin d'affermir
<ie plus en plus les bases ébranlées de notre belle et admi-
rable société.
2o. Que ces pères ou chefs de famille, ainsi enrôlés sous
le glorieux étendard de la Croix, se considèrent comme les
;tpètres de la Tempérance, dans leur propre maison. Pour
cela, qu'ils ne manquent pas, au retour de l'Eglise, après
cette touchante cérémonie, de faire, pour leurs femmes, leurs
enfants, leurs domestiques et autres personnes sous leur
domination, ce qu'a fait pour eux le père de la Paroisse.
Qu'il sera ravissant le spectacle de tout un diocèse au pied
de la Croix, renouvelant avec courage son engagement à la
Tempérance !
3o. Que tous à l'avenir se réunissent, chaque jour, en fa-
nulle, pour réciter devant cette Croix cinq Pater et cinq
Ave. L'intention est d'honorer les cinq plaies du Sauveur,
et de demander cinq grâces, qui en découlent continuelle-
jnent, savoir, la tempérance, la pureté, le respect pour le
St. Nom de Dieu, une bonne mort et le salut éternel ; c'est
pour prévenir les désordres de la boisson, qui enfante l'in-
rempérance, l'impureté, le blasphème, la mort dans le péché,
la damnation éternelle. Car il ne faut pas oublier, N. T.
C. F., qu'il sort de la Croix, comme du corps de J.-C, une
vertu qui guérit toutes sortes d'infirmités. Virtus de illo
exhibât et sanabat omnes.
4o. Que la chambre, dans laquelle sera déposée la Croix
de Tempérance, soit pour chaque famille un lieu do réunion
et de piété. Ce sera là que de temps en temps on renou-
vellera la promesse faite en entrant dans la Société, de ne
jamais prendre de boisson enivrante, excepté comme remède ;
et que l'on embrassera avec un nouveau cœur cette sainte
Ooix. Ce sera à ses pieds que les dimanches et fêtes, et
AUSsi dans les longue.^ veillée.s d'hiver, oii fera de pieuses
lectures, pour se fortifier dans le bien, et surtout dan^
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 449
raniour de la tempérance. On se procm*era pour cela les
livres écrits pour encourager la Société, et entr'autres, le
•' Manuel et les Annales de la Tempérance." Nous recom-
mandons spécialement ces ouvrages à toutes les familles du
diocèse, parce que nous avons l'intime conviction que la
lecture leur en sera souverainement salutaire. On ne re
grettera pas le sacrifice de quelques sous qu'il faudra faire,
pour se les procurer, quand on se sera aperçu que ces livres
épargnent à la famille des piastres et des louis.
5o Que l'on forme, dans chaque pai'oisse, un Conseil Par-
ticulier de Tempérance, conformément aux règles établies
par le Conseil Central de Montréal, et que l'on peut lire
dans le premier numéro des Annales. Au moyen de ces
Conseils, la Société s'organise et s'entend, pour repousser les
ennemis qui l'attaquent au dehors, et pour obtenir des
autorités l'appui dont elle a besoin, pour se maintenir contre
tous les efforts faits pour la renverser.
60. Ce sera au moyen de la bonne entente entre le Con-
seil Central Central de la ville et les Conseils Particuliers
des campagnes que l'on parviendra à encourager l'établisse-
ment de bonnes hôtelleries, et à Montréal, et sur toutes les
grandes routes qui y aboutissent. Ce sera pareillement, par
cette entente cordiale, que l'on réussira à empêcher que des
licences ne soient données à des hommes indignes de la
confiance publique. Ce point est capital ; et Nous le re-
commandons spécialement au zèle et à la vigilance de tous
ceux qui ont à cœur l'honneur de la société. Cette entre-
prise peut offrir certaines diflacultés dans lés commence-
ments. Mais avec de la persévérance, on ne peut manquer
d'avoir un plein succès. Bientôt donc nous verrons dans
notre grande cité et dans nos florissantes campagnes des
maisons de pension respectables, en nombre suffisant pour
satisfaire à l'aflluence des voyageurs, qui aimeront à retrou-
ver dans ces hôtelleries les pieuses habitudes des maisons
j^articulières où règne la religion. On choisira de préfé-
rence ces maisons, parce que l'on y verra Dieu bien servi et
la religion bien pratiquée.
29
450 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Telles sont, N. T. C. F., les suggestions que Nous nous-
sommes permises, pour vous affermir dans l'amour de la
tempérance et vous en faciliter la pratique. Les ferventes
prières que vous allez faire, chaque jour, au pied, de la Croix,
vont aplanir toutes les difficultés qui ne manqueront pas de
se présenter en foule. Car, vous le savez, le bien se fait
lentement et difficilement, tandis que le mal se fait tout de
suite et sans peine. Encore une fois, vous allez avoir, pour
vous aider, toutes les prières des saintes âmes si vivement
intéressées au règne de la tempérance.
A vous, maintenant, ferventes communautés, de faire
entendre jour et nuit au ciel le gémissement de votre bonne
prière. Vous êtes consacrées à Dieu pour pouvoir lever en
tout temps des mains pures vers le Père des miséricordes,
et obtenir la victoire au peuple de Dieu, dans les combats
incessants que lui livrent tous les vices, et surtout celui de
l'ivrognerie. Faites prier vos pauvres; car Dieu exauce
leurs humbles supplications. Faites prier vos orphelins ;
car Dieu aime ces enfants délaissés. Faites prier vos élèves ;
car Dieu se plaît à faire de grandes merveilles par ces jeunes
cœurs que le vice n'a pas encore atteints. La Croix de
Tempérance est pour cela arborée dans vos saintes maisons,
dans vos charitables hospices, dans vos pieuses écoles. Le
monde n'est plus rien pour vous, excepté quand il s'agit de
prier pour lui. Priez donc; et que le fruit de vos prières
soit la défaite de l'ivrognerie, qui est le vice qui donne plus
de scandales et perd plus d'âmes.
Nous ne terminerons pas cette lettre, ô Vierge sainte,
sans la déposer à vos pieds sacrés, pour vous en faire un
humble hommage. Nous avons tâché de l'écrire sous l'in-
fluence de vos douces inspirations, et dans l'unique but de
contribuer en quelque chose à la gloire de votre divin Fils
et au salut des âmes qui lui ont coûté tout son sang précieux.
Ce sang adorable doit arroser la Croix de Tempérance que
Nous donnons en mains à vos chers enfants, pour qu'ils
puissent combattre et vaincre le vice le plus damnable. La
Société de Tempérance emprunte aujoui-d'hui notre faible voix
I
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 451
l)Our vous adresser cette humble supplication. O Mère de dou-
leur, faites que la Croix soit pour moi une garde assurée :
Fac me cruce custodiri ; qu'elle soit, cette Croix sainte, pour
moi et mes nombreux associés, un rempart impénétrable :
Morte Christi prœmuniri ; qu'elle soit, cette Croix bénie, une
soiu'ce intarissable de grâces qui nous ranime tous dans la
pratique de nos importants devoirs : Confoveri gratia.
Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de toutes-
les Eglises où se fait l'office public, et au chapitre de toutes
les Communautés, le premier dimanche après sa récejjtion.
Donné à Montréal, dans l'hôpital St. Patrice, le vingt-cinq
avril mil huit cent cinquante-quatre, sous notre seing et
sceau et le contre-seing de notre Secrétaire.
t IG., EVEQUE DE MONTEEAL.
Par Monseigneur,
JOS. OCT. PAPE, Chan.,
Secrétaire..
LETTRE CIPCULAIRE AU CLEEGÉ DU DIOCESE DE
MOXTPÉAL.
Hôpital St. Patrice, le 26 Avril 1.S54.
Monsieur,
Les progrès alarmants de l'ivrognerie font craindre jiour-
le sort de la Société de Tempérance. Toutefois, il est visible
que le peuple en masse y tient fortement. On peut do]0
tout espérer des exercices qui vont se faire, dans tout le
Diocèse, et qui sont annoncés dans la Lettre Pastorale ci-
jointe.
Afin de vous aider à conserver intacte une Association si
452 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
précieuse, je donne mission spéciale, an nom de Dieu, à
quelques Prêtres, et en particulier aux Eévérends Pères
Oblats. dont vous connaissez le zèle pour cette belle œuvre,
pour que d'ici à la fin de l'année, la Croix soit prêchée et
reçue dans toutes les familles qiii voudront garder la Tem-
pérance. Ces retraites pourront durer deux ou trois jours,
et tiendront lieu, cette année, de la Visite Pastorale, que je
ne puis faire.
Le but de ces retraites est de mettre, dans^le cœur du
peuple, par un cours d'instructions [suivies sur la Tempé-
rance, une plus forte conviction que jamais du bonheur qu'il
y a d'en garder fidèlement l'engagement. La Croix est
ensuite donnée j^our fixer l'inconstance et la faiblesse hu-
maine.
Dans cette vue, l'on profitera du temps de la Eetraite,
dans chaque Paroisse, pour y organiser un bon Conseil, qui
se mettra tout de suite en rapport avec le Conseil Central
de Montréal, qui a vraiment l'intelligence et le zèle de
^œu^Te dont il veut bien promouvoir les grands intérêts.
Les voyages étant une occasion prochaine de rechute, à
cause des mauvaises auberges qu'on trouve, soit en ville, soit
sur la route, on devra, pendant ces retraites, convenir que
Ton se retirera toujours dans de bonnes maisons de pension ;
et chaque Paroisse adoptera les siennes.
La cause ordinaire des rechutes a principalement sa source
dans la légèreté du cœur humain, qui oublie aisément ce qui
fait son malheur. Pour remédier à ce mal, le Conseil Cen-
tral se propose de continuer la publication de ses Annales,
dont la lecture si intéressante ne manquera pas d'affermir
le peuple dans sa résolution de ne plus boire de liqueurs
enivrantes. On fera donc bien de les encourager, par tous
les m.oyens possibles ; et on s'en occupera aussi pendant les
r^'aîtes de tempérance.
On fera, de tous les moyens à prendre, pour consolider la
Société de Tempérance, par la Croix de J.-C, le sujet de la
prochaine Conférence Ecclésiastique. On en enverra le plus
tôt possible les rapports à M. Moreau, Prêtre de l'Evêché,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. . 453
spécialement chargé de correspondre avec vous sur tout ce
qui regarde cette Association. Ces rapports vous aideront
à agir uniformément partout, et auront, je l'espère, l'heureux
résultat de conserver notre cher peuple dans lamour et la
pratique de la Tempérance la plus absolue.
Yeuillez bien prier et faire prier pour le succès du pro-
chain Concile Provincial, Après que cette Sainte Assem-
blée sera terminée, je visiterai chaque Archiprétré, afin d'en
finir avec les bibliothèques paroissiales, dont l'établissement
nous occupait dans notre dernière conférence. J'espère
toujours que cette œuvre réussira ; et qu'au moyen de bons
livi'es, nous empêcherons l'impiété et l'immoralité de se
répandre, par la lecture des mauvais livres, qui plus que
jamais menacent d'empester la ville et les campagnes. Je
donnerai à tous avis du jour où je serai dans chaque Archi-
prétré. En attendant, je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
t ÏG. EVÊQUE DE MONTRÉAL.
LETTEE PASTOEALE DES PEEES DU SECOND CON-
^ CILE PEO VINCI AL DE QUÉBEC.
NOUS, PAR LA miséricorde: DE DIEU ET LA GRACE DU SAINT
SIÈGE APOSTOLIQUE, ARCHEVEQUE ET ÉVÊQUES DE LA
PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DE QUÉBEC.
A tous les Ecclésiastiques, aux Communautés Religieuses de Vun
et Vautre sexe et à tous les Fidèles de la dite Province
Salut et Bénédiction en Notre Seigneur.
Pour la seconde fois, Nos Très Chers Frères, les Evêques
de la Province Ecclésiastique de Québec se sont réunis en
Concile Provincial pour s'occuper des intérêts spirituels des
1
'^34 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
églises auxquelles la Divine Providence a daigné les prépo-
ser. Chargés, chacun en particulier, de gouverner une
portion précieuse de l'héritage. du Seigneur, nous devons
unir nos forces et co-ordonner nos moyens de défense pour
repousser avec plus d'efficacité l'ennemi commun, toujours
vigilant, toujours actif et par conséquent toujours à redouter
<iaus ses attaques contre le royaume de Dieu sur la terre.
Serviteurs du Père de famille, c'est pour nous une obligation
sacrée d'arracher de son champ les plantes nuisibles, d'y
répandre le bon grain, de le cultiver avec soin, de l'arroser
de nos sueurs, pour qu'il puisse produire des fruits abon-
dants de salut et de vie.
Pénétrés de la vérité des paroles du Eoi-prophète : Nisi
Dominus custodierit civifatem, frustra vigilat, qui custodit eam
{Psalm CXXVI.), " Si le Seigneur ne garde une ville, c'est
'• en vain que veille celui que la garde ; " convaincus que,
sans le secours du Très-Haut, nos veilles et nos travaux
demeureraient sans résultats utiles, nous avons dû, avant
tout, nous adi*esser__humblement à l'auteur de toute grâce
pour attirer ses bénédictions sur nos délibérations. Nous
nous sommes aussi souvenus de vous dans nos prières, N. T.
C. F., afin que " le Dieu de Notre Seigneur Jésus-Christ, le
'' père de gloire, vous donne l'esprit de sagesse et de révéla-
'^' tion pour le connaîcre ; qu'il éclaire les yeux de votre
" cœur, pour vous fiiire savoir quelle est l'espérance à la-
^' quelle il vous a appelé, quelles sont les richesses et la
'' ffloire de rhérita2:e destiné aux Saints : " Ut Deus JDomini
nostri Jesu Christ i, pater gloriœ, det vobis spiritum sapientiœ et
revelationis, in agnitione ejus, illuminatos oculos cordi vestri ut
sclatis quœ sit spes vocationis ejus et quœ divitiœ gloriœ hœre-
ditatis ejus in sanctis. (^Ad Epihes. L 18.)
Eéunis dans le sanctuaire dédié à la Bienheureuse Yicrge
Marie, nous avons élevé vers elle nos voix et nos cœurs ; et
nous l'avons priée de vouloir bien présenter elle-même nos
demandes à son divin fils, et se constituer la gardienne de
cette portion de la vigne du Seigneur. (Cant. desCant. I. 5.)
Ainsi ^Jacés sous l'auguste protection de la Mère de Jésus,
GIRCCLAIRES ET AUTRES bOCUMENTS 455
et en présence du Juge suprême qui nous demandera compte,
un jour, de notre administration, nous avons cherché à con-
naître les maux qui affligent notre troupeau et les dangers
qui le menacent : nous nous sommes appliqués à découvrir
les moyens de relever celles de nos brebis qui sont tombées,
de fortifier celles qui sont faibles et de consei'ver celles qui
sont pleines de force et de vigueur. (Ezech. XXXIV. 16.)
Et d'abord nous avons reconnu avec effroi, N. T. C. F.,
combien sont constants et puissants les efforts que fait l'es-
prit de ténèbres, pour séduire la jeunesse et l'entraîner dans
les voies de la perdition, en lui inspirant le mépris de l'au-
torité paternelle, et le désir de n'avoir d'autre guide que sa
propre volonté. îsous vous exhortons, parents chrétiens, à
^réserver vos enfants de cet esprit d'indépendance si funeste
dans ses suites, et à les accoutumer de bonne heure au joug
.'•alutaire de l'oljéissance. Rendez-leur votre autorité respec-
table, en l'appuj'ant non pas sur le caprice ou sur l'humeur
eu moment, mais sur la loi de Dieu, qui enjoint aux enfants
dhonorer leurs parents et de leur obéir : montrez-leur Jésus
se soumettant humblement à Joseph. Devenez vous-mêmes
leirs modèles, en rendant à Dieu ce qui est à Dieu, et à
C'éar ce qui est à César. Que la maison paternelle devienne
pou' eux une école d'ordre, de morale et de foi, où en obé-
issait à leurs pères et mères, et en imitant leurs exemples,
ils îpprennent à aimer Dieu, à remplir leurs devoirs envers
leun supérieurs, à devenir des enfants soumis de l'Eglise, et
des nembres utiles de la société.
El vous appliquant ainsi à leur donner, au sein de la fa-
mi 11-, une éducation toute chrétienne, vous les prémunirez
crmte les dangers du dehors, et vous les préparerez à prc-
fiterdes leçons qu'ils recevront dans les écoles. Pour le
bienie la patrie et pour l'avantage de notre sainte religion,
il es important que la jeunesse catholique reçoive une
instnction solide et appuyée sur les saines doctrines. Elle
doit stre mise en état de marcher sur un pied d'égalité,
pour ces connaissances et ses lumières, avec ceux de nos
frère'qui n'ont pas le bonheur de professer notre sainte
456 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
religion. Nous vous engageons donc bien fortement, N. T.
C. F., à procui-er à vos enfants, les avantages d'une instruc-
tion ajjpropriée à leur intelligence et à leur condition, atin
qu'au moyen de bonnes lectures, ils puissent s'éclairer, se
fortifier dans le bien, et apprendre à remplir fidèlement
leurs devoirs de citoyens et de chrétiens.
Vous avez néanmoins des précautions à prendre dans le
choix des écoles, pour ne donner à vos enfants que des maî-
tres ou maîtresses, unissant une instruction suâ[isante à une
conduite régulièi'e et chrétienne. Bien des parents ont à
déplorer amèrement les suites de leurs négligence sur ce
point si important. Les exemples et les paroles d'un insti-
tuteur laissent le plus souvent de profondes impressions
pour le bien et pour le mal, sur l'esprit et sur le coeur d*
ses élèves. Si le maître possède un esprit religieux et tient
une conduite morale, ses écoliers seront entraînés vers h
bien par ses leçons et par ses exemples. Mais s'il est pei
édifiant, si ses paroles ne sont pas dignes de sa haute mii-
sion, qu'on en soit bien assuré, plusieurs de ses élèves r(S-
sentiront un jour les funestes effets de l'éducation quils
auront reçue d'un tel précepteur. Ce germe du mal, tonbé
sur une terre encore vierge, ne produira pas toujours ses
fruits dans le moment même ; il pourra, eu présence de
parents chrétiens, demeurer longtemps dans un étal de
torpeur qui ressemble à la mort ; mais lorsque l'occiBion
favorable se présentera, les mauvaises impressions laiisées
au fond d'un jeune cœur se dévoileront au plus grand îton-
nement de toute une famille.
Cependant, si les pères et mères sont tenus d'élogner
soigneusement leurs enfants des écoles catholiques qii ne
présentent pas toutes les garanties pour les princijes et
pour les mœurs, ils ont sujet de se défier davanta^ des
écoles où l'on afiiche l'indiôérence en matière de relçion ;
à plus forte raison encore doivent-ils craindre les coles
protestantes, où l'on met eatre les mains des enfans des
falsifications de la parole de Dieu où la jeune intelli;ence
est invitée à se former un code de doctrines par l'inspction
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 457
des textes qu'on fait passer sous ses yeux, où l'écolier catho-
lique entend chaque jour, et sous toutes les formes de rai-
sonnements, attaquer les principes et les dogmes de sa foi,
avant qu'il ait pu apprendre à les bien connaître et à les
bien comprendre. Que résulterait-il pour sa foi de la fré-
quentation de telles écoles ? — Une confusion étrange dans
ses idées religieuses, suivie le plus souvent d'un désolant
indiiférentisme dans les matières de foi. Oh ! nous vous en
supplions, N. T. C. F., si vous avez quelque souci du salut
de vos enfants, ne les exposez pas aux effets désastreux du
doute et de l'infidélité, en permettant qu'ils entrent dans ces
institutions, où ils apprendraient à mettre en question les
dogmes les plus positifs de la révélation.
Aucune liaison ne pourrait vous excuser, quand même ces
institutions seraient supérieures aux institutions catholi-
ques ; car la foi est un bien qui doit être plus estimé que
tous les avantages temporels. D'ailleurs nos'écoles pinmaires
ne sont pas au-dessous du niveau qu'atteignent les écoles
protestantes ; et quant aux institutions d'un ordre plus
relevé, nous ne voyons pas que nous ayons rien à envier à
nos frères séparés. Xous pouvons, à côté de leurs meilleurs
collèges dans la province et même dans les Etats voisins,
placer avec honneur nos Séminaires catholiques ; et grâce
à Dieu, nous pouvons aujourd'hui offrir à la jeunesse stu-
dieuse une institution qui commence sous les plus heureux
auspices, nous voulons parler de l' Université-Laval, sur
laquelle nous appelons les bénédictions les plus abondantes
de l'Esprit des lumières.
Mais il ne suffit pas de procurer l'instruction chrétienne
de vos enfants dès leur premier âge; vous aurez encore à
leur fournir les moyens d'étendre les connaissances acquises
à l'école et de les employer convenablement pour leurs
intérêts temporels sagement compris, mais plus particuliè-
rement pour leur avancement spirituel. Il serait inutile,
disons même dangereux, de répandre l'instruction primaire,
si on négligeait les moyens de la rendre fructueuse. Or,
rien n'est plus propre à conduire à ce but que la création de
458 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
bonnes bibliothèques paroissiales. Déjà beaucoup de pa-
roisses jouissent de l'avantage de posséder quelques établis-
sement de ce genre ; partout où des bibliothèques parois-
siales ont été organisées sur des bases catholiques, elles ont
produit les fruits les plus heureux, non-seulement pour les
connaissances utiles quelles répandent, mais encore parce
qu'elles offrent une source toujoui-s nouvelle d'amusements
innocents et variés pour les personnes de tous les âges. Le
temps emploj'é à des lectures utiles et agréables serait pro-
bablement perdu en divertissements grossiers et dangereux,
propres à dépraver le cœur et affaiblir l'esprit. Vous pour-
rez recourir en sûreté à ces bibliothèques ; car vous ne serez
pas exposés à y trouver des ouvrages contre la foi et les
mœurs, que la licence et l'irréligion répandent avec tant
d'abondance. Dans la vue de porter plus sûrement la déso-
lation au sein de l'Eglise de Dieu, l'esprit de ténèbres s'est
efforcé d'empoisonner les sources de la science ; et ses tenta-
tives ont malheureusement eu tant de succès, qu'un grand
nombre de chrétiens trouvent la mort spirituelle dans un
des plus beaux dons que Dieu, ait accordé à l'homme après
celui de la parole. Livres immoraux et obscènes, feuille-
tons chargés d'immondices et de blasphèmes, journaux
insultant à la religion et aux principes les plus sacrés : voilà
ce que le démon arrache à l'art si noble de l'imprimerie,
pour le verser au milieu des villes et au sein des popula-
tions de la campagne. Xous avons certainement à louer et
A remercier le Seigneur de ce que, dans notre pays, dont
une grande partie est si éminemment catholique, les tenta-
tives de l'esprit de mensonge ont généralement échoué.
Cependant, avertis de la présence de l'homme ennemi au
milieu de vous par ses agressions répétées, vous devez vous
tenir sur vos gardes, et exercer la plus grande prudence
dans le choix des livres et des journaux que vous lisez
vous-mêmes et que vous introduisez dans vos familles.
Gardez-vous de vous laisser surprendre aux dehors trom-
peurs dont ils sont quelquefois enveloppés ; et avant de
vous exposer à admettre chez vous un livre sur lequel vous
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 409
avez des doutes, consultez des personnes prudentes, éclairées
et capables de découvrir les ruses de l'esyjrit de mensonge.
Au milieu de nombreuses inquiétudes que nous causent les
dangers dont nos églises sont menacées, nous éprouvons une
grande satisfaction en remarquant que, depuis plusieurs
années, une des causes les plus puissantes de désordres et
de malbcurs a considérablement diminué ; nous voulons
faire allusion au vice dégradant de l'intempérance, dont les
suites funestes ont affligé un si grand nombre de familles et
perdu tant d'âmes précieuses, rachetées au prix du sang de
Jésus-Christ. Grâces en soient rendues au Dieu des miséri-
coi'des, la parole des ministres du Seigneur a réussi à arrê-
ter le torrent dévastateur de l'ivrognerie, et, dans plusieurs
parties de notre pays, à le faire disparaître presque entière-
ment. Pes sociétés organisées pour combattre ce monstre,
et s'appuyant sur la religion comme sur une base as.surée,
ont réussi à ramener dans le droit cheniin bien des raalheu-
j-eux égarés par cette fatale passion. Par les exhortations,
par les exemples, par la priài'e, elles ont guéri des plaies
i-egardées comme incurables ; elles ont séché bien des lar-
mes et ont rétabli la paix au sein de familles longtemps
désolées par le fléau de l'ivrognerie. Mais no nous faisons
pas illusion en nous promettant une victoire complète sur
lennemi insidieux que nous avons à combattre: la lutte du
mal contre le bien continuera jusqu'à la consommation des
siècles ; les enfants du Christ ne feront triompher la bonne
cause qu'à force de persévérance et de fidélité. A peine
abattu, le démon de l'intempérance travaille à relever son
étendard et à s'emparer, de nouveau, des victimes qui lui
ont été arrachées. Les auberges devenues plus nombreuses
ne lui suffisent pas ; échappant à la vigilance de la loi, des
bouges, où se distribuent sans licence des boissons eni-
vrantes, se sont élevés dans quelques localités et y produi-
sent des maux bien déplorables. Cette violation flagrante
d"iine loi portée dans l'intéi-êt de la morale et de l'ordre
public, demande la répression la plus énergique ; et nous
devons déclarer que ceux qui se livrent à ce commerce illi-
460 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
cite, sont indignes d'être admis à participer aux sacrements
de l'Eglise, tant qu'ils continueront à être une cause de
scandale et de chute pour leurs frères.
A la vue dos efforts que fait l'enfer pour démolir l'œuvre
de régénération morale si heureusement commencée, vous
comprendrez que le concours des amis de la tempérance et
de l'ordre est nécessaire pour maintenir le triomphe de la
bonne cause, et nous avons la ferme confiance qu'il ne nous
fera pas défaut.
Déjà la société de la croix, élevant l'instrument vénérable
de la victoire de Jésus sur la mort et sur le démon, a appris
à se servir de cette arme puissante pour combattre les enne-
mis du salut et plus particulièrement le vice hidenx de l'in-
tempérance. Ses succès ont été si nombreux et si marqués
dans les lieux où elle s'est établie, que nous aimerions à la
voir étendre sa salutaire influence dans toutes les parties
de cette province. Aussi, invitons-nous tous les fidèles con-
fiés à nos soins à s'enrôler dans les rangs des soldats de la
croix, pour combattre tous ensemble un des jîlus dangereux
adversaires de la société et de la religion.
Dans le but de soutenir les associés de la croix et de les
diriger dans leur louable entreprise, nous souhaiterions voir
se répandre une utile publication commencée à Montréal
depuis près d'un an, sous le titre d'Annales de la tempé-
rance. Encouragée et inspirée par les autorités ecclésias-
tiques, elle ;•, pour objet d'appuyer la grande œuvre de la
tempérance j)ar les armes que fournissent la raison, l'expé-
rience et la religion. Répandues dans tout le pays, les
Annales de la tempérance serviront à lier ensemble les par-
ties les plus éloignées de l'association, à enti*etenir la fidélité
et la charité des membres, et à maintenir l'uniformité dans
leurs vues et dans leurs démarches.
Tels sont les avis que nous avons cru important de vous
donner pour l'avantage commun de tous les diocèses de la
province, et pour nous acquitter d'un devoir important de
la charge pastorale. Car il nous a été enjoint d'annoncei-
la parole, de presser à temps et à contretemps, de reprendre,.
CIRCULAIRES Eï AUTRES DOCUMENTS 4C1
de supplier, de ménager ; et malheur à nous si nous ne pu-
blions pas hautement la vérité.
" Et maintenant, N. T. C. F., employant les paroles de
" l'Apôtre St. Jean, nous vous prions, non comme vous
" écrivant un commandement nouveau, mais celui-là même
" que nous avons reçu dès le commencement, que nous nous
" aimions les uns les autres. Et la charité consiste à mar-
" cher selon les commandements de Dieu ; car c'est là le
'' commandement que vous marchiez comme vous l'avez
"appris dès le commencement. Prenez garde à vous que
" vous ne perdiez pas les œuvres que vous avez faites, mais
" que vous en receviez une pleine récompense." Et nu7ic
rogo te non tanquam mandatum novum scribens tibi, sed quod
habuimus ab initia ut diligamus alterutrum. Et hœc est chari-
tas ut ambulemus secundwn mandatum ejus. Hoc est enim
mandatum ut.quemadmodum audistis ab initia, in ea ambulemus.
Videte vas metipsos ne perdatis quœ aperati estis ; sed ut mer ce-
demplenam accipiatis (Epist. 2. cap. 1, vers. 5 & seq.).
Sera notre présente lettre pastorale lue et publiée au
prône de toutes les églises de la province, la première fois
que l'office divin y sera célébré après sa réception, et en
chapitre dans les communautés religieuses.
Donné à Québec sous nos signatures, le sceau de l'archi-
diocèse et le contreseing du secrétaire de l'archevêché, le
jour de la Pentecôte, 4 juin, mil huit cent cinquante quatre.
t P. F. Archev. de Québec.
t Ig. Ev. de Montréal.
t Patrick, Ev. de Carrha, Admin. de Kingston.
t J. C. Ev. de St. Hyacinthe.
t Jos. EuG. Ev. de Bytown.
t Arm. Fr. Ea. Ev. de Toronto.
t Thomas, Ev. des Trois-Eivières.
Par Messeigneurs,
Edmond Langevin, Ptre.,
Secrétaire.
462 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
LETTEE CIECULAIEE DES PEEES DU SECOND
CONCILE PEOVINCIAL DE QUEBEC, AU CLEE-
GE DE LA PEOVINCE ECCLÉSIASTIQUE.
Archevêché de Québec, 4 Juin 1854.
Monsieur,
Avant de porter à votre connaissance les décrets que nous
avons adoptés, avec l'assistance du St. Esprit, dans notre
dernier concile, nous allons, conformément au droit commun
de l'Eglise, les soumettre au jugement du St. Siège Aposto-
lique. Mais nous croyons devoir publier, sans délai, le
règlement disciplinaire qui accompagne la présente, pour
donner au clergé de toute la province une direction unifor-
me, et propre à le guider dans les embarras multipliés qu'il
rencontre, chaque jour, dans l'administration du ministère
ecclésiastique.
Nous nous abstenons de déduire les motifs qui nous ont
engagés à formuler chacun des articles de ce règlement ;
mais vous saurez sans doute les comprendre et les apprécier.
Vous serez donc bien aise d'avoir, sous la main, un document
qui vous permettra de vous appuyer de l'autorité des Evo-
ques en concile, pour vous diriger, d'après les vrais princi-
pes, dans les questions qui sont à l'ordre du jour.
Nous croyons toutefois devoir vous donner quelques
explications sur l'invitation faite au clergé dans notre
l'èglement, de procurer une plus grande circulation au True
Witne&s. — Jusqu'à cette année, cet excellent journal pouvait
se soutenir assez facilement avec le nombre actuel de ses
abonnés. Mais aujourd'hui que les gages des imprimeurs
et que le prix du matériel se sont considérablement aug-
mentés, il faut, pour qu'il puisse se maintenir, ou que le prix
de l'abonnement soit porté à un chiffre plus élevé, ou que
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 'iG^
de nouveaux abonnements lui viennent en assez grand
nombre pour combler le déficit. Comme le premier moyen
semble offrir trop de difficultés, nous comptons sur le
second qui en offre beaucoup moins, et qui réussira, nous en
avons l'assurance, avec la coopération du clergé. En effet
que chaque prêtre qui ne reçoit pas le journal se fasse un
devoir de s'y abonner, quand ce ne serait que pour le seul
motif d'encourager l'œuvre, s'il ne comprend pas l'anglais ;
qu'il presse de suivre son exemple les hommes instruit!^ et
zélés pour la religion, qui se trouvent dans sa paroisse, ou
dans sa mission, et bientôt nous n'aurons pas à craindre
pour l'existence d'une publication qui rend les services les
plus importants à la religion, et qu'il est de l'honneur du
catholicisme en Canada de conserver sur un pied respec-
table.
Messieurs les Curés et Missionnaires sont pries d'envoyer
au Grand-Vicaire résidant au chef-lieu du diocèse auquel ils
appartiennent, la liste des nouveaux abonnés au journal,
avec le prix du premier semestre, qui est de sept chelins et
demi par chaque abonné dans les villes, et de six chelins
trois deniers pour les campagnes.
Eecevez, Monsieur, l'assurance de noti-e bien sincère atta-
chement.
t P. F. Archev. de Québec.
t Ig. Ev. de Montbéal.
f PaTRicK, Ev. DE Carrha, admin. de Kingston",
y J. C. Ev. DE St. Hyacinthe,
ï Jos. EuG. Ev. DE Bytown.
y Arm. Fr. Ma. Ev. de Toronto.
y Thomas, Ev. des Trois-Pivières,
464 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
EÉGLEMEXT DISCIPLIXAIRE ADOPTÉ DANS LE
SECOND CONCILE PROVINCIAL DE QUÉBEC.
. I. DES ÉCOLES PRIMAIRES.
lo. Il est du strict devoir de tous ceux qui ont, devant
Dieu et devant les hommes, la charge des écoles primaires,
de ne les confier qu'à des instituteurs d'une capacité recon-
nue.
2o. Les hommes ne doivent pas être chargés d'écoles de
filles, ni les filles d'écoles d'enfants des deux sexes, sans la
plus grande nécessité, et à moins qu'on ne prenne les pré-
cautions les plus sérieuses pour s'assurer de leur moralité.
3o. En conséquence de ces principes, il faut ordinaire-
ment regarder comme peu disposés à l'absolution : Premiè-
rement, les maîtres qui s'obstinent à faire l'école aux filles ;
Secondement, Iss commissaires et inspecteurs qiii les enga-
gent à cette fin et qui les maintiennent ; Troisièmement, les
parents et tuteurs qui envoient à ces maîtres les enfants
dont la garde leur a été confiée. La grande nécessité seule
peut faire tolérer un tel ordre de chose ; mais encore faut-il
que les maîtres soient sans reproche.
4o. Il faut exiger l'accomplissement du XV^ décret du
premier concile provincial, concernant les écoles mixtes, et
refuser l'absolution aux parents qui y envoient leurs enfants,
quand ils peuvent absolument s'en dispenser. La même
conduite doit être tenue à l'égard des enfants qui fréquen-
tent ces écoles, si on les juge exposés au dépérissement de
la foi et de la piété. Or, ce danger est presque toujours
imminent.
5o. Les maîtres et les maîtresses qui n'ont pas la capacité
requise pour l'enseignement, les commissaires qui les enga-
gent, malgré leur incapacité notoire, pèchent contre la jus-
tice, et ne peuvent être admis à l'absolution.
1
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 465
Go. Les prêtres qui exercent le saint ministère sont
invités à cultiver, de bonne heure, les sujets de l'un et de
l'autre sexe, qui paraissent appelés à s'aggréger à quelque
ordre religieux voué à l'enseignement.
7o. Les maisons d'éducation de l'un et de l'autre sexe
rendraient un nouveau service à la religion, en ajoutant à
leurs classes ordinaires une école normale, où l'on formerait
des maîtres et des maîtresses pour les écoles primaires.
II. DES SOCIÉTÉS SECRÈTES.
lo. Tous ceux qui appartiennent à des sociétés dans les-
quelles on s'engage au secret, sous serment, ne peuvent être
absout, conformément au XIV^ décret du Premier concile
l)rovincial.
2o. Quand, dans certaines sociétés, la parole d'honneur
de garder le secret est substituée au serment, ces sociétés
doivent être communément considérées comme secrètes, et
ceux qui en font partie doivent être refusés aux sacrements,
à moins qu'ils ne promettent d'en sortir au plus tôt.
3o. Le décret ci-dessus mentionné sera publié et expliqué
tous les ans au peuple, afin de lui faire connaître le danger
des sociétés secrètes. On lui fera connaître que les Souve-
rains-Pontifes ont fulminé contre elles une excommunication
majeure dont l'obsolution est réservée au Saint-Siège.
m. DE LA TEMPÉRANCE.
lo. On encouragera partout la Société de la Croix, comme
ui^ moyen efficace de détruire l'ivrognerie.
2o. On doit considérer les auberges mal réglées comme
le plus grand obstacle au maintien de la tempérance.
3o. Il faut regarder comme indignes de l'absolution :
Premièrement, les personnes qui s'enivrent presque chaque
fois qu'elles vont à l'auberge ; Secondement, les cabaretiers
marchands et autres qui. contre les lois civiles et la défense
de l'Eglise, débitent des liqueurs enivrantes au grand pré-
judice des mœurs publiques, et au grand scandale du peuple ;
30
466 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Troisièmement, les citoyens qui, par leurs suffrages, contri-
buent efficacement à faire accorder des licences d'auberges
à des personnes qu'ils savent entretenir de grands désordres
dans leurs maisons, comme, les dimanches et les fêtes, de
souffrir des excès de boisson, des jeux défendus, des jure-
ments et autres choses scandaleuses ; Quatrièmement, les
officiers publics qui accordent des licences d'auberge à dog
hommes qu'ils savent ou qu'ils devraient savoir n'être pas
qualifiés pour cela par la loi ; Cinquièmement, les personnes
qui passent une partie des joui-s consacrés à Dieu à boire et
à jouer dans les auberges; Sixièmement, ceux qui, y étant
tenus ex officio, négligent, par crainte ou par quelqu'autre
motif, de faire jaunir, par l'amende ou la destitution, les
aubergistes qui violent, d'une manière notoire, la loi réglant
leur trafic ; Septièmement, les commis et autres employés
qui contribuent directement aux désordres énumérés ci-
dessus ; Huitièmement, la famille et les enfants qui, aidant
dans son commerce le chef de la famille, sont aussi cause
des mêmes excès, à moins qu'ils n'y soient forcés par une
crainte grave.
4o. Pour que les voyageurs ne soient point obligés de se
loger dans les auberges toujours dangereuses pour les fai-
bles, l'on favorisera les maisons destinées à les recevoir où
il ne se vendra aucune boisson enivrante.
5o. Les associés seront invités à souscrire aux Annales de
la Tempérance, pour entretenir leur zèle dans la sainte cause
qu'ils ont embrassée.
IV. DBS INSTITUTS LITTÉRAIRES.
lo. Lorsqu'il est constant qu'il y a dans un institut litté-
raire des livres contre la foi ou les mœurs ; qu'il s'y donne
des lectures contraires à la religion ; qu'il s'y lit des jour-
naux immoraux ou irreligieux, on ne peut admettre aux
sacrements ceux qui en font partie, à moins qu'il n'y ait
sujet d'espérer que, vu leur fermeté dans les bons principes,
ils pourront contribuer à les réformer.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUiMENTS 467
2o. Les membres honoraires de tels instituts qui les en-
coui-agent et les soutiennent par le crédit de leur nom et
par leurs contributions, doivent être traités de la même
manière.
3o. Il en serait de même de ceux qui iraient y lire de
mauvais livres ou de mauvais journaux, ou y entendre des
lectures que l'on saurait devoir attaquer la religion ou la
morale.
4o. Pour être tenu à suivre cette direction dans la pra-
tique, l'on attendra que le supérieur ecclésiastique ait
signalé l'institut qu'il aura jugé dangereux, dans le seris
dont il .vient d'être parlé.
V. DE LA POLITIQUE.
lo. Le clergé doit, dans sa vie i)ublique et privée, demeu-
rer neutre dans les questions qui no 'touchent en rien aux
principes religieux.
2o. II doit néanmoins instruire le peuple de ses obliga-
tions dans l'exercice de ses droits civils, politiques et reli-
gieux ; car tous doivent savoir que, quand il s'agit du choix
de Représentants en Parlement, de Maires, d'Officiers Muni-
cipaux, de Commissaires d'écoles, etc., ils doivent se jii'o-
noncer en foveur de ceux qui, de bonne foi, sont jugés
capables de défendre et de soutenir ces mêmes droits.
VI. DES JOURNAUX.
lo. Quant il circule de mauvais journaux dans une
paroisse, les confesseurs doivent obliger leurs pénitents à les
renvoyer; car un mauvais journal a bientôt gâté l'esprit
d'un peuple, comme une malheureuse expérience ne l'a que
trop prouvé.
2o. C'est à l'Evêque qu'il appartient de juger de la nature
de ces mauvais journaux, et de dénoncer au clergé, ou au
peuple, ceux qu'on ne peut lire en conscience.
3o. Les curés ne doivent ni nommer ni désigner en chaire
468 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
aucun de ces journaux qui pourraient se publier dans la
province, sans y être autorisés par une direction écrite de
l'Evêque.
4o. Il va sans dire que les propriétaires, éditeurs, impri-
meurs et autres personnes qui contribuent directement et
efficacement à répandre ces productions, jugées par l'Evêque
immorales ou irréligieuses, sont indignes de l'absolution.
5o. Le besoin d'un journal français, pour propager les
bons principes, se fait de plus en plus sentir. Ce joui'nal,
rédigé par des laïques instruits et chrétiens, produirait plus
de fruits, parcequ'il rencontrerait moins de préjugés que s'il
était sous l'entière direction du clergé. On aura donc à
aviser aux meilleurs moyens de rendre ce nouveau service
à la religion. On lui en rendrait aussi un très important,
en procurant au T)'ue Witness une plus grande circulation.
Ce journal est considéré, par des juges compétents, comme
l'un des meilleurs qui se publient, en anglais, dans notre
Amérique. Chaque prêtre ferait donc bien de s'y abonner,
soit pour s'enti'etenir dans la connaissance si utile ou plutôt
si nécessaire de la langue anglaise, soit pour le faire lire par
ceux de ses paroissiens qui parlent ou qui entendent cette
langue.
VII. DES BIBLES FALSIFIÉES, DES FEUILLETONS ET DES
LIVRES IMMORAUX.
lo. Il faut recommander souvent au peuple de ne pas re-
cevoir ces bibles falsifiées et ces petits traités que des socié-
tés protestantes font colporter partout, et s'il en avait reçu,
de s'en défaire aussitôt.
2o. Chacun doit fermer l'entrée de sa maison aux romans
immoraux que l'on importe ou que l'on publie dans le pays :
il n'en faudrait qu'un seul poiu* faire un mal incalculable.
Il est à propos d'inviter les fidèles en chaire à suivre sur ce
point la conduite des gens de bien, qui est de ne lire aucun
livre qui ne soit approuvé.
3o. En usant de prudence, le curé qui visite sa paroisse
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 469
peut presque toujours s'assurer de quelle espèce sont les
livres qui se gardent dans chaque famille, et en faire élimi-
ner les livres suspects.
4o. Les mauvais livres et les mauvais journaux étant au-
jourd'hui le grand moyen employé par l'enfer pour perdre
les âmes, le curé doit élever souvent la voix pour en inspirer
une vive horreur à son peuple.
5o. Si on a lieu de soupçonner que le pénitent garde chez
lui, lise ou fasse lire de tels livres ou journaux, il faut le
questionner à ce sujet au confessionnal, et l'ohliger à s'en
défaire, sous peine de refus de l'absolution.
Vlir. DES BIBLIOTHÈQUES PAROISSIALES.
lo. Pour empêcher le peuple de lire de mauvais livres,
il faut lui en procurer de bons. De là la nécessité des
bibliothèques paroissiales.
2o. Les fabriques pourraient faire les premiers frais d'ac-
quisition de ces bibliothèques qui s'alimenteraient ensuite
au moyen des quêtes que l'on ferait de temps en temps pour
cet objet dans l'église, et par les modiques souscriptions des
abonnés. Les menus détails dont le cm-é n'a pas le temps
de s'occuper, pourraient être confiés à une ou plusieurs
autres personnes zélées pour l'œuvre des bons livres.
3o. Chaque paroisse se ménagerait un moyen sûr et facile
de faire la dépense d'une bibliothèque de ce genre, en assu-
rant son église à VAssurance Mutuelle des Fabriques. Les
sommes qu'elle paie, chaque année, aux autres sociétés
d'assurance, suffiraient pour lui procurer en peu d'années
une bibliothèque bien assortie.
4o. Le moyen qui vient d'être suggéré mettrait chaque
paroisse en état de former une bibliothèque indépendante
de celles des commissaires d'écoles, sur lesquelles les curés
ne sont pas sûrs d'avoir toujours le contrôle, et où, par con-
séquent, il pourrait se glisser des ouvrages dont la religion
aurait à gémir.
5o. Un des principaux moyens à prendre pour faire lire,
470 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
les uns après les autres, les livres les plus intéressants et les
plus instructifs d'une bi-bliothèque paroissiale, serait de les
citer en particulier et d'en faire connaître le mérite, soit
en chaire, soit dans les instructions du catéchisme.
60. Il serait à propos d'introduire la louable coutume de
faire faire de pieuses lectures dans les familles, en se ser-
vant pour cela des enfants des écoles.
7o, Si toutes les fabriques s'unissaient pour faire une
aéniande simultanée de livres, on les obtiendrait à un prix
considérablement réduit. Quelque ami en France, en An-
gleterre, ou aux Etats-Unis, pourrait en faire le choix avec
intelligence.
IX. DU CÉRÉMONIAL.
Le Cérémonial provincial est imprimé, et c'est la volonté
du Concile qu'il soit ifiis en force dans chaque diocèse,
aussitôt que l'Evêque jugera que l'occurrence des temj)s et
les circonstances des lieux permettent de le faire.
CIECULAIEE AU CLEEGÉ DU DIOCESE DE
MOXTEÉAL.
Montréal, 11 Juin, 1854.
Monsieur,
J'ajoute au Mandement et au Précis ci-joints, concernant
la Pieuse Association de Vlmmacidée Conception, les observa-
tions suivantes.
A Eorae, l'on compte sur notre zèle, pour le succès de
cette œuvre. Antistites vehementer ohsecrat (Cardinalis Vica-
rius) ut gregem sibi commissum Parochorum prœserfim opéra
ad Txanc rem Jiortari studeant ac simul Virgines Deo Sao-as. . .
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 471
per proprios conscientiœ moderatores ac pietatis magistros exci-
tant ad Sacram Synaximperagendam ob commemoratas causas.
Nous allons tous répondre à cet appel si glorieux, d'autant
plus qu'il ne s'agit pour nous que d'une Messe à dire, par
mois, absque emolumento ; et qu'il n'est question pour les
Fidèles que de la Sainte Communion, oflfërte à l'intention
du Souverain Pontife,
Le tableau, annexé au Précis, est spécialement fait pour
les Prêtres. L'on fera des tableaux particuliers, ou une
table générale qui sera envoyée à Eome. Car N. S. P. le
Pape prend un plaisir singulier à lire les noms de tous les
Prêtres agrégés à l'Œuvre qu'il a tant à cœur.
Mais ce tableau pourrait aussi servir à l'enregistrement
de tous ceux qui voudront appartenir à V Association, de
ceux du moins qui v'oudront former des Couronnes d'or, pour
la Communion, comme le font les Prêtres pour la Messe.
Les pieux Fidèles en prendront sans doute occasion de s'as-
sujettir à la sainte pratique de communier tous les mois ; et
ils aimeront à avoir, avec le Précis des règle^de l'Associa-
tion, le catalogue des Associés appartenant à leur Couronne.
Ce sera autant de gagné pour la piété; et il en résultera
pour le Curé l'avantage de pouvoir confesser plus la
semaine, pour n"ètre pas écrasé le dimanche.
Il serait bon d'ajouter au Supplément à V Appendice du
Rituel, les indulgences attachées à la nouvelle Association,
pour les avoir sous les yeux quand arrivera le temps de les
annoncer.
Vous voudrez bien faire encadrer proprement l'Image de
la Madone miraculeuse de Eimini, qui vous sera remise de
la part de Mgr. Bedini, quia bien voulu se souvenir de nous.
Vous la bénirez le jour que vous établirez la Pieuse Associa-
tion ; et vous l'exposerez à la vénération des Fidèles, dans
quelque lieu apparent de l'Eglise. J'espère que plus tard
je poui-rai vous envoyer la relation des faits merveilleux quS
se rattachent à l'histoire de cette Madone, qui vient de prou-
ver à notre siècle que Marie est Mère de Miséricorde.
Je. termine par l'extrait suivant du Eescrit de Eorae, déjà
472 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
cité. Plus que tout le reste il nous encouragera à travailler
à répandre la Pieuse Association de V ImynacuUe Conception.
" Sanctissima Dei Genetrix Immaculata Virgo Maria po-
" tentissimo suo apud Dewn patrocinio tegere ac tueri non desi-
" net suos cultores, qui inter cœtera atque admiranda Ejus
" privilégia Immaculatam ipsius Virginis Conceptionem, tanto-
" pore Ei gratam venerari et celebiari gloriantur."
La Eetraite Pastorale se fera, cette année, au lieu ordi-
naire. Elle commencera le lundi, 21 Aoiît prochain, à 5
heures du soir, et se terminera le 29 au matin. Les Gar-
diens des Cures auront, comme de coutume, les pouvoirs de
desservants avec celui de biner.
Ce joui'-là il y aura, au Collège, une assemblée du Conseil
de l'Assurance Mutuelle des Fabriques, à 10 heures et une du
Bureau de la Caisse Ecclésia.stique, à 2 h. de Taprès-midi.
L'Itinéraire de la Visite des Archiprètrés est comme suit :
Berthier, 25 et 26 Juillet. Coteau du Lac, 9 et 10 Août.
Ste. Elizabeth, 26 et 27 " ' St. Clément, 10 et 11 '■
L'Industrie, 27 et 28 " Ste. ilartine, 11 et 12 ■'
St. Jacques, 28 et 29 " Sault St. Louis, 14 et 15 "
St. Lin, 31 et 1 Août, Laprairie, 15 et 16 "
Eepentigny, 1 et 2 " St. Jean, 16 et 17 "
Terrebonne, 2 et 3 •■ Chambly, 17 et 18 •'
Ste. Thérèse, 3 et 4 " Yerchères, 18 et 19 "
St. Jérôme, 4 et 5 '' Sault au Kécol-
Lac des Deux- " let, 29 et 30 "
Montagnes, 7 et 8 •' Ste. Geneviève, 30 et 31 "
Vaudreuil, 8 et 9
Outre les mesures à prendre pour le maintien d^ la ïeni-
péi-ance, il sera question, dans ces réunions, de cérémonies
et autres sujets qui sont d'un intérêt actuel. Vous êtes prié
(ie neter d'avance les difficultés que vous présente le Céré-
monial Provincial, afin qu'on puisse les discuter en Confé-
rence.
Je dois coucher chez chaque Archiprètre, afin d'ouvrir la
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 473
Conférence, la veille au soir et la continuer le lendemain,
dans la matinée. En conséquence, les Prêtres de chaque
Archiprètré, sont priés de se rendre chez l'Archiprètre, le
premier jour de la visite, tel que marque sur l'Itinéraire
ci-dessus.
Je suis bien cordialement,
Monsieur,
Votre très-humble et obéissant serviteur,
t Ki. ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
P. S. — Je ferai sur la route, subir aux Vicaires l'examen
sur le Traité de la Sainte-Trinité.
t I. E. de M.
MANDEMENT D'ÉPtEpTION DE LA PIEUSE ASSO-
CIATION DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE
LA VIEPvGE MAPIE, DITE AUSSI LA COURONNE
D'OE.
IGNACE BOURGET, PAR LA 3IISÉRIC0RDE DE DIEL', ET LA GRACE
DU SAINT SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVÉQUE DE
MONTRÉAL, ETC., ETC., ETC.
Au Clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction
en jy. S. Jésus-Christ.
Nous recevons aujourd'hui, N. T. C. F., un Rescrit de
Rome, qui Nous autorise à établir dans notre Diocèse une
nouvelle Association de prières. Nous vous adressons, avec le
présent Mandement, un Précis de cet important Rescrit qui
vous dira, dans son langage simple et paternel, les gx-âces
qui vous sont offertes par N. S. P. le Pape, et les devoirs
de piété que vous avez à remplir pour }• participer.
474 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
Les motifs qui nous doivent engager à répondre à l'appel
du Père Commun, en nous aggrégeant tous à la Pieuse Asso-
ciation de VImmacuUe Conception, sont nombreux et des plus
pressants. Car, voiis l'allez voir, il s'agit de glorifier l'Ado-
rable Trinité, d'honorer la Vierge Immaculée, de porter
secours à la Sainte Eglise, et de procurer la conversion
des pauvres pécheiirs.
Cette Confrérie est une des sublimes pensées, inspirées au
Vicaire de J. C. par le sentiment de sa tendre piété pour
l'Auguste Vierge Marie, et de sa compatissante charité pour
les besoins de l'Eglise. Son grand cœur, sur lequel pèsent
Jour et nuit des maux accablants, en a formé le plan ;
et sa main paternelle en a écrit les règles. Il s'en est décla-
ré le Patron ; et il veut que son Vicaire, l'Eminent Cardinal
Patrizi, en soit le Président.
Les obligations à remplir, pour participer aux avantages
de cette union de prières, sont faciles. Car il s'agit, pour
les Prêtres, de dire une Messe par mois ; et pour les per-
sonnes consacrées à Dieu et les pieux fidèles, de faire la
Sainte Communion.
Les grâces à recueillir, dans l'Association, sont précieuses.
On j gagne de grandes indulgences ; et on y participe à des
suffrages innombrables. On n'y trouve en société avec les
Bienheureux du Ciel et les bonnes âmes de la terre. On y
prie avec le Pape et avec toute l'Eglise, pour les vivants et
lés Fidèles trépassés. On j est dans un saint rapport avec
des millions de Px'ètres et de Fidèles.
Qu'il nous suffise, N. T. C. F., pour nous en convaincre,
d'observer ici, en passant, qu'à la fin de l'année dernière, il
se disait, dans cette nouvelle Association, déjà répandue
dans tout l'Univers Catholique, plus de mille messes par
Jour, ce qui donne plus de sept mille messes par semaine,
plus de trente mille messes par mois ; et plus de trois cent
soixante-cinq mille, par année. Or ce nombre ne peut
qu'augmenter avec le teinj^s.
Voyez-vous, IS". T. C. F., l'immense avantage qu'il y a
pour vous de ne faire tous qu'un cœur et qu'une âme avec
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 475
îe Pape, qui est notre Père ; avec l'Eglise, qui est notre
Mère, avec les Evêques et les Prêtres, qui sont vos Pasteurs,
avec les Fidèles du monde entier, qui sont vos frères.
Quelle noble Société, et que de biens en doivent résulter
pour nous tous, et pendant la vie, et après la mort ! Car
que de pieux sufifi-ages nous sont préparés, si, comme il est
fort à craindre, nous sommes condamnés aux flammes du
Purgatoire ! Hélas ! nous commettons, chaque jour, tant de
l)échés, et nous faisons si peu de pénitence !
En priant pour tous les besoins de l'Eglise universelle,
dans cette Pieuse Association, nous prierons nécessairement
pour les nôtres. Or, n'en doutez pas, X. T. C. F., ils sont
très-grands sous tous les rapports. Le luxe étale son or-
gueil avec ostentation. La bonne foi disparait d'une ma-
nière alarmante. Les faux serments paraissent être à
l'ordre du jour. Les blasphèmes se profèrent sans frein et
sans pudeur. L'impureté ne se cache plus et s'affiche au
milieu de nos villes et de nos campagnes.
Car, hélas ! que dé concubinages partout ! Que de pré-
tendus mariages, contractés honteusement par des catholi-
ques devant des hommes ennemis de leur Religion ! Que de
mauvais livres circulent dans le monde ! Que d'images et do
portraits indécents font baisser les yeux de la pudeur, quand
on traverse nos rues et que Ion pénètre dans beaucoup de
maisons ! L'ivrognerie nous menace encore de toutes ses
horreurs ; et elle traîne à sa suite des maux sans nombre.
Xos péchés provoqueront incessamment la colère de Dieu ;
et s'il se fâche contre nous, ne trouvera-t-il pas, dans les
trésors de sa vengeance, des châtiments tout prêts à fondre
sur nous ? X'est-il pas à croire que les sauterelles, qui
nous apparaissent, ne soient les avant-coureurs de quelque
nouveau fléau dévastateur ? Toutes petites qu'elles soient,
elles menacent déjà la moisson qui, d'un autre côté, donne
les jdIus belles espérances. En contemplant nos champs,
l'on voit bien que Dieu tient. d'une main ses bénédictions et
de l'autre ses malédictions. A' nous de choisir maintenant^
X. T. C. F., et par conséquent, à nous de renoncer à tant
476 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
de mauvaises habitudes, qui obligeraient Dieu de nous
châtier dans sa justice. Oh ! Nous vous en conjurons, par
les entrailles de la miséricorde de Dieu, faites de dignes
fruits de pénitence, en vous corrigeant tout de bon, et pour
toujours, de ces vices détestables, qui toujours attireront sur
nous les plus grands malheurs.
Mais j)our appaiser ce Dieu si justement irrité, il nous
faut lui offrir l'auguste Yierge Marie, sa Mère et la nôtre.
L'éclat do sa j^ureté virginale réjouit tellement son cœur
que par Elle il daigne nous regarder des yeux de sa divine
compassion.
Maintenant, voulons-nous, X. T. C. F., avoir un nouveau
titre à la protection de cette Vierge toute-puissante, entrons
dans la Pieuse Association de son Immaculée Conception. Ce
sera en marchant sous le glorieux étendard de sa Virginité
que nous écraserons la tète du serpent, qui fait pulluler
parmi nous tous les vices. Oh ! oui : Nous l'espérons,
N. T. C. F., la nouvelle Association va régénérer notre beau
l^ays, en y faisant régner la pureté des mœurs, et avec elle,
le bonheur des ménages et la tranqiiillité des familles.
Si nous sommes purs, sobres et modestes. Diexi sera pour
nous un bon Père, comme nous serons pour lui de bons
enfonts. Il nous accordera la rosée du ciel et la graisse de
la terre, pour que nous soyons saints et heureux autant
quon le peut être dans cette vallée de lai-mes.
O Marie, Mère de Miséricorde, c'est de grand cœur que
nous allons tous nous consacrer à la Pieuse Association de
votre Immaculée Cojiception, qui, nous le voyons bien, fixe
aujourd'hui les yeux de votre complaisance. Nous y trou-
verons un asile assuré dans tous les dangers de la vie ; et
délivrés par vous de la fureur de nos ennemis visibles et
invisibles, nous vivrons et mourrons en saints. Mater
Misericordiœ, tu nos ab hoste protège et hora mortis siiscij)e.
A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué. Nous avons
réglé, ordonné et statué, réglons, ordonnons et statuons ce
qiii suit :
Nous érigeons, dans toutes les paroisses de notre diocèse
CIRCULAIRES ET AUTRES bOCUMENTS 477
la Pieuse Association de VImmnculée Conception^ avec tous les
jn-iviléges et indulgences y attachés par X. S. P. le Pape
Pie IX, aujourd'hui si heureusement régnant sur toute
l'Eglise.
Sera le présent Mandement lu au prône de toutes les
églsses, dans lesquelles se fait l'office public, et au Chapitre
de toutes les Communautés religieuses, avec le Précis ci-
dessus mentionné, le premier dimanche après sa réception.
Donné à l'Hôtel-Dieu de Montréal, le Jour de la Sainte-
Trinité, tombant le 11 de juin, en l'année mil huit cent
cinquante-quatre, sous notre seing et sceau et le contre-
seing de notre Secrétaire.
t IG., EYEQUE DE MOXTEEAL.
Par Monseigneur,
JOS. OCT. PARE, Chan-,
Secrétaire.
PIEUSE ASSOCIATIOX DE L'IMMACULÉE CONCEP-
TION DE LA VIEEGE MAEIE.
Benedicta sit Saucta et Immaculata Conceptio Sanctiseimae Virginia
Gentricis Dei Mariae.
Bénie soit la Sainte et Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge
Marie, Mère de Dieu.
lo. L'Association de l'Immaculée Conception, appelée aussi
Couronne d'Or, fut érigée à Eome, dans l'Eglise de Sainte
Marie de la Paix, par N. S. P. le Pape Pie IX, le 11 sep-
tembre, 1853.
2o. Cette Association consiste dans l'union de trente-un
Prêtres qui s'engagent à célébrer chacun une Messe par
mois, à jour fixe, en l'honneur de la Mère de Dieu.
478 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
3o. Les Prêtres, ainsi Associés, offrent la divine hostie à
l'Auguste Trinité, au nom de la glorieuse Vierge Marie,
dont ils veulent être les pieux chapelains, et en union avec
les Bienheureux du Ciel et les élus de la terre, pour lui
rendre grâce de tous les j)riviléges qu'elle eu a reçus, et
surtout pour celui de son Immaculée Conception.
•lo. Ils prient en même temps cette Mère de Miséricorde,
pour tous les besoins de la Ste. Eglise Catholique, et la con-
version des pauvres pécheurs.
5o. Lorsqu'ils sont empêchés de dire cette Messe, au jour
marqué, ils peuvent ou la faire dire par un autre Prêtre, ou
la célébrer un autre jour.
60. Les Eeligieux et Eeligieuses s'agrègent à cette pieuse
Association, en s'engageaat à faire la sainte communion à
cette même intention. Ils peuvent à cette fin se choisir un
jour, dans le mois, pour y communier ; et cette commu-
nion sera une communion de grâce, pour chaque membre
de la Communauté.
7o. Les Fidèles peuvent aussi apj)artenir à l'Association,
en s'y agrégeant pour faire la sainte communion, selon les
intentions désignées plus haut. Chacun ferait bien de fixer
dans le mois un jour de communion, d'aj)rès la direction de
son Pasteur, quoique cela ne soit pas absolument nécessaire.
80. Il y a obligation pour l'Evêque d'envoyer à Eome le
tableau des Couronnes et Associés du Diocèse, pour être enre-
gistré dans les tables générales de la Confrérie, et montré
au Souverain Pontife, Patron de la Pieuse Association. Tous
les ans, il doit faire raj)port, au lieu central, de l'état de
l'Association, en faisant connaître si elle augmente ou si
elle diminue. Il sei'a facile de se conformer à cette règle
au moyen de la table suivante dont on remplira les blancs.
9. Dans ce rapport, l'évêque fera mention des membres
défunts de la Société, parce qu'à Eome l'on fait des prières
et l'on dit des messes pour le repos des associés décédés.
10. En vertu d'un Eescrit particulier de Sa Sainteté Pie
IX, du 23 octobi'e 1853, chaque prêtre, appartenant à cette
Pieuse Association, j^eut gagner une indulgence plénière par
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 479
mois, et privilégier personnellement un autel, un jour par
semaine, à son choix. Les personnes religieuses, ainsi que
les fidèles de l'un et de l'autre sexe, qui sont de cette Asso-
ciation, peuvent gagner 300 jours d'indulgence, à chaque
communion qu'ils font dans cette intention, pourvu qu'ils
observent de se confesser au moins tous les huit jours. De
jîlus, tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe, ainsi que les
associés, qui, s'étant confessés et ayant communié, visite-
ront une église désignée pour cela par l'évêque, et y prie-
ront à l'intention du Souverain Pontife, aux fêtes de l'Im-
maculée Conception, de la Nativité, de l'Annonciation et de
l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, ou en l'un
des jours des Octaves des susdites fêtes, peuvent gagner
une indulgence plénière. Toutes ces indulgences sont appli-
cables aux défunts, et on peut les gagner dans toutes les
églises et chapelles du diocèse de Montréal, parce que l'As-
sociation se trouve érigée dans toutes les paroisses.
Une image de Notre-Dame de Miséricorde restera à jamais
exposée, dans chaque église et chapelle de ce diocèse, en
mémoire de cette érection, et comme un pieux souvenir du
passage, j^armi nous, d'un des dignes représentants de N. S.
P. le Pape, Son Excellence Monseigneur Bedini, Archevê-
que de Thèbes et Nonce apostolique au Brésil. Cette sainte
image est une copie de la fameuse Madone do Eimini, dont
on connaît l'histoire miraculeuse, et çlle a été envoyée au
diocèse par ce haut dignitaire de la sainte Eglise Eomaine.
qui a daigné ainsi se souvenir du Canada et de ses joyeuses
ovations.
Ce monument toujours subsistant attachera de plus en
la Pieuse Association de V Immaculée Coyiception à Notre-Dame
de Miséricorde ; et rappelera continuellement à ses membres
le devoir si doux qui lui est imposé de la j)rier sans cesse,
pour les besoins de l'Eglise, en union avec son Chef et ses
membres.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 480
CHAPELET DE L'IMMACULÉE COÎs^CEPTIOX.
Il se compose d'une croix, d'un gros grain, de neuf "petits
grains et d'un gros grain.
SUR LA CROIX :
y. Louée, bénie, aimée soit l'Immaculée Conception de la
Bienheureuse Yierge Marie.
R. A jamais, dans tous les endroits de la terre. Ainsi
soit-il.
SUR LES GROS GRAINS :
V. 0 Marie conçue sans péché,
R. Priez pour nous, qui avons recours à vous.
SUR LES PETITS GRAINS :
T. Marie a été conçue sans péché.
R. Marie a été conçue sans péché.
En terminant : \. Par votre très-sainte Virginité et votre
Immaculée Conception, ô Yierge très-pure et Eeine des
Anges ;
R. Obtenez que nos cor])S et nos âmes soient purifiées ;
Ainsi soit-il.
ORAISON JACULATOIRE.
Bénie soit la Sainte et Immaculée Conception de la Bien-
heureuse Vierge Marie !
ou BIEN :
O Vierge sainte, ô Marie, vous avez été immaculée dans
votre Conception, priez pour nous le Père céleste, dont
vous avez enfanté le Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ,
conçu du Saint-Esprit. (100 jours d'indulgence, Pie VII,
21 Nov. 1793.)
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 481
C0UE0NNE8 D'OR
Ff)RMÉES PAR LE CLEROÉ DU DIOCÈSE DE MONTRÉAL
Première Couronne
1, S. G. Mgr. Bourget, Ev. de Montréal; 2, MM. Billau-
dèle, V. G , Sup. du Séminaire ; 3, Mansean, V. G. ; 4, P. L.
Archambault, V. G. ; 5, Comte, Proc. du Séminî^ire ; 6, St.
Pierre; 7, Larré ; 8, Arraud ; 9, Regourd ; 10, Villeneuve;
11, Gravel; 12, J. O. Paré; 13, J. Toupin ; 14, Narcam ;
15, Picard; 16, Moreau ; 17, Truteau, V. G. ; 18, Pinson-
nault ; 19, S. G. Mgr. LaRocque, Coadjuteur ; 20, MM. Bo-
liissant ; 21, Barbarin ; 22, Mercier ; 23, Plamondon ; 24, L.
Pélissier ; 25, ConnoUy ; 26, Pilon ; 27, Prévost ; 28, Rous-
^elot; 29, Leblanc : 30, Daniel; 31, Perrault.
Deuxième Couronne
1, RR. PP. Martin; 2, Vignon ; 3, Dégardin ; 4, Have-
quez; 5, Braun; 6, Cicateri ; 7, Vetter ; 8, O'Reilly; 9. Mi-
chel ; 10, Hei*8en ; 11, Larcher ; 12, Ouellet ; 13, Sache ;
14, Santoni; 15, Honorât; 16, Léonard; 17, Lagier; 18,
Rouisse ; 19, Rouge ; 20, Antoine ; 21, Royer ; 22, MM. Mi-
gnault ; 23, Lahaye ; 24, Jacques ; 25, A. Dupuis ; 26, Barret;
27, Bourgeault: 28, Laporte ; 29, Yézina ; 30, Tassé; 31,
Duquet.
Troisième Couronne
1, MM. Dagenais ; 2, Verreau ; 3, Poulin ; 4, Champa-
gneur ; 5, Lajoie ; 6, S. Tbéberge ; 7, Lagorce ; 8, St. Ger-
main; 9, Véniard ; 10, Rezé ; 11. Lasnier; 12, Lefebvre ;
13, Fabre; 14, A. Duranseau ; 1.5, Drapeau ; 16, Porlier ;
17, Leblond; 18, Morin : 19. J. J. Yinet ; 20, Quevillon ;
31
482 MANIEMENTS, LETTBES PAST0flAL,E6,
21, Aubry ; 22, Dubé ; 23, Brunet ; 24, Lavallée ; 25, Piette ;
26, Lavoie ; 2*7, 0. Giroax ; 28, Papineau ; 29, Fournier ;
30, Gagnon ; 31, Eélair.
Quatrième Couronne.
1, MM. Filiatrault ; 2, Fisette ; 3., Dequoy ; 4, St. Aubin ;
5, Lebel ; 6, Guyon ; 7, Dagen{\i8 ; 8, Marcotte ; 9, O. Gi-
roux ; 10, Moll ; 11, Brissette : 12, L. Brassard ; 13, Laporte ;
14, Jeannotte ; 15, F. Labelle ; 16, Ed. Labelle ; 17, Dorval ;
18, E. Paré ; 19, Perrault ; 20, Maréchal ; 21, Barrette :
22, Clément; 23, Loranger; 24, Pominville; 25, P. Brunet.
26, J. B. Labelle; 27, Hurteau; 28, Martel; 29, Charron ;
30, Chevigny; 31, Gagné.
Cinquième Couronne.
1, MM. Norraandin ; 2, M. Morin ; 3, A. Théberge :
4, Champoux; 5, A. Thibault; 6, Brosnan ; 7, Therrien ;
8, "Watier; 9, Falvey ; 10, Champeau ; 11, P. Pelletier;
12, Desprez ; 13, A. F. Groulx ; 14, A. Toupin ; 15, Plin-
guet; 11, Bonin; 16, Thibaudier; 18, Poulin; 19, J. Ar-
chambault; 20, N. Perrault; 21, Desautels; 22, Bérard ;
23, Martineau ; 24, Eoux ; 25, Th. Brassard ; 20, Marsolais ;
27, Cholette; 28, Dufour; 29, F. X. Marcoux ; 30, Poirier;
31, Gariépy.
Sixième Couronne.
1, MM. Chai-land; 2, Perrault; 3, Séguin; 4, Blyth ;
5, U. Archambault ; 6, Beaudry ; 7, Doyle ; 8, Caron ; 9,
ïurcot; 10, Trudel; 11, Marcoux; 12, Piché; 13, Proul^t ;
14, Huot ; 15, Foisy ; 16, Lemonde ; 17, O'Mally ; 18, Gra-
ton; 19, C. L. Vinet; 20, Bédard ; 21, Dolan ; 22, Larocque ;
23, Ménard ; 24, Quintal ; 25, Robert ; 26, J. Morin ; 27,
Morrison ; 28, Chagnon ; 29, Lussier ; 30, Boehette ; 31,
Granjon,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 483
Septième Couronne.
1, MM, Bourbonnais; 2, L. M. Brassard; 3, Hicke: 4,
Prévost; 5, Pépin; 6, Bérard ; 7, Piette; 8, Primeau ; 9,
Bellanger; 10, Théorot; 11, Bruneau ; 12, Desmarais; 13,
L'Heureux; 14, Cusson; 15, Lévêque ; 16, Dnrocher; 17,
Chicoine ; 18, Lacan; 19, Desmasures; 20, Bardy ; 21,
Tambareau ; 22, Lenoir ; 23, Dowd ; 24, MeCulla ; 25,
O'Brien ; 26, Murphy ; 27, Halley, 28, Paquet ; 29, Garti-
neau ; 30, Bellanger; 31, Cuoq.
Huitième Couronne.
1, MM. Dufresne ; 2, Bayle ; 3 , Granct ; Denis; 5, Bil-
lion ; 6, Palatin ; 7, Delavigne ; 8, Rousseau ; 9, Larue ;
10, Rioux; 11, Thibault; 12, J. Quinn ; 13, Brunet; 14,
Garin.
CIRCULAIRE AU CLERGE DE MONTREAL SUR
LE CHOLÉRA.
St. Joseph de Montréal, le 12 Juillet, 1854.
Monsieur,
Le Choléra me force de remettre à un autre temps la
visite des Archiprêtrés, ainsi que la Retraite Pastorale.
J'espère que cette maladie ne se répandra pas dans les
campagnes. La fidélité à la tempérance, la tranquillité de
l'âme, de sages précautions sont d'excellents préservatifs
contre son invasion.
Je vous permets de faire une Procession solennelle,
comme au Rituel Romain, en l'honneur de la B. Vierge
Marie, pour implorer son puissant secours contre ce fléau
qui nous visite pour la quatrième fois. Vous pourriez pro-
484 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
fiter de Toccasion, pour établir la Pieuse Association de
r Immaculée Conception, dont vous recevrez ci-joint les diplô-
me et règlement. Eecommandez en outre de dire chaque
Jour le chapelet en famille. C'est toujours, enti-e les mains
de notre bon peuple, l'ai'me la plus puissante, contre les
ennemis visibles et invisibles.
Ces diverses pratiques religieuses auront, je l'espère,
l'heureux effet de prévenir la dépression morale, toujours à
craindre en pareil cas. Pour empêcher ce mal, il serait
bon aussi, je pense, de recommander de ne pas s'occuper de
tant de faux bruits et mauvaises nouvelles, qui ne sont le
TOlus souvent que des exagérations, mais qui presque toujoui's
ont pour effet de répandre la consternation.
Je profite de l'occasion, pour vous informer qu'il est ici
un préjugé qui ne peut manquer d'être funeste à la tempé-
rance ; c'est que le brandy et autres liqueurs de cette espèce
passent pour être anticholériques ; et là-dessus on en fait
un usage immodéré. îfous avons sous les yeux des exem-
ples affligeants du mal qui en résulte. Ces jours derniers,
un père de famille était ivre auprès de sa fille mourante ; et
quelques jours après le choléra l'enlevait lui-même. L'on
administre quelquefois le brandy aux cholériques avec si peu
de discrétion que plusieurs quittent ce monde sous l'influ-
ence de ce spiritueux.
II faut toutefois avouer, à la gloire de la Tempérance,
qu'il y a chez beaucoup d'associés une fidélité à leur enga-
geçaent vraiment édifiante.
Luu d'eux moiu-ait, la semaine dernière, du choléra, en
disant à un ami qui lui offrait du brandy, comme remède,
qu'il n'en avait pas besoin ; et qu'il voulait garder sa tem-
pérance jusqu'à la mort. Puisse ce bel exemple être imité
de tous !
Il paraît que ce qui favorise le plus l'épidémie, ce sont les
imprudences, qui se commettent, en buvant de l'eau trop
froide et en trop grande quantité, surtout quand on a chaud,
ou en s'exposant aux fraîcheurs sans être suffisamment
habillé. Tous feriez bien de donner quelques avis là-dessus,
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 485
ainsi que sur la nécessité de prendre certaines précautions,
pour se préserver de la maladie. Les Notions Pratiques sur
le Choléra par le Dr. Wolfred Nelson, pourraient vous être
d'un bon secours.
Une autre chose à recommander plus s|)écialement
encore, c'est le soin des malades qui, dans ces temps de
frayeur, sont exposés à être négligés. Pour exciter la cha-
rité et ranimer le courage, on pourrait s'appi-oprier cette
belle parole de St. Vincent de Paul aux Sœurs de Charité :
Dieu prendra soin de vous, mes filles, parce que vous servez les
pauvres. Espérons que partout les malades seront bien
soignés ; et que les gens charitables qui les assisteront
seront pour cela bien gardés.
Tâchez d'engager avec prudence ceux qui sont arriérés
pour leurs devoirs religieux à mettre de bonne heure ordre
aux affaires de leur conscience, car ils n'en aiiraient guère
de temps, si la maladie se déclarait tout-à-coup dans les
Paroisses.
Je permets de porter secrètement, quand vous allez aux
malades, plusieurs hosties dans le porte-dieu, afin de pouvoir
donner le St. Viatique aux cholériques, quand ils sont jugéîî
capables de le recevoir.
L'on peut chanter, dans l'Eglise, le Libéra, sur les corps
des cholériques ; mais il faut remetti-e leurs services après
l'enterrement ; dans ce cas on le chante, comme in die obi-
tus, corpore prœsente.
Les médecins devront dire aux gens le temps qui devra
s'écouler entre le décès et l'enterrement, pour éviter tout
danger d'enterrer des vivants, ou de communiquer la ma-
ladie.
J'espère que Dieu vous conservei'a tous, pour le bien du
diocèse. C'est le vœu que mon cœur ne cesse de former,
en la présence de Dieu; et c'est dans ce ferme espoir que
je demeure bien cordialement de vous tous et des fidèles
confiés à vos soins, le très-dévoué serviteur en N. S. J.-C.
t IG. ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.
486 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
LETTEB PASTOEALE DE MGE. L'ÉVÊQUE DE
MONTEE AL, CONCEENANT LA EÉÉDIFICA-
TION DE SON EGLISE CATHÉDEALE.
IGNACE BOURGET, PAR LA GRACE DE DIEU ET DU ST. SIÈGE
APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC., ETC., ETC.
AU Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Beligieuses
et aux Fidèles de notre Ville Episcopale, Salut et Béné-
diction en N. S. J. C.
La Présente Lettre est pour vous annoncer, N. T. C. F.,
notre résolution de recevoir Nous-même vos contributions à
l'Œuvre de la nouvelle Cathédrale et du nouvel Evêché,
qu'il est maintenant question d'ériger dans notre Cité.
Cotte résolution, Nous la primes, N. T. C. F., l'an dernier,
quand, pour Nous détourner d'aller solliciter des secours
à l'Etranger, vous Nous protestâtes, en des termes si dignes
de vos bons cœurs, qu'il y avait ici des ressources suffisantes,
pour relever toutes nos ruines.
Cette résolution, Nous allons, N. T. C. F., l'exécuter, cette
année, avec d'autant plus de confiance que vos démonstra-
tions d'alors Nous sont une preuve certaine de votre bonne
volonté. Car, après des offres si solennelles et si spontanées,
Nous n'avons nulle crainte de vous être à charge. Aussi,
aurons-nous plus de joie de tendre une main suppliante aux
plus pauvres do cette Cité, que Nous en aurions eu de frap-
per à la porte de.'; j)lus riches de l'ancien monde.
Mais comme K- léplacement de la future Cathédrale occa-
sionne quelque dérangement local. Nous allons, N. T. C. F.,
profiter de l'occasion, pour vous en expliquer les motifs.
En face des ruines du 8 Juillet, 1852, Nous baisions hum-
blement la main qui Nous avait frappé, en ne faisant de la
Cathédrale et de l'Evêché qu'un monceau de cendres et de
décombres. Mais comme toujours ici bas Dieu ne punit
qu'en Père, Nous avions cette douce confiance qu'il résulte-
rait de ce grand désastre un plus grand bien pour la Eeli-
g;ion. dont les intérêts .doivent être exclusivement les nôtres.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 487
Réduit à la nécessité do refaire à neuf tout l'Etablissement
Mpiscopal, Nous nous sommes cru au premier jour de la
fondation de l'Evèché de Montréal. Nous nous sommes vu
en conséquence chargé de la responsabilité d'en faire un
Etablissement qui répondit aux besoins présents et futuri^
de ce Diocèse ; et qui fut en même temps digne de l'impor-
tance que la Divine Providence a daigné donner à cette
ville, 80U8 les rapports religieux et civil.
Il nous a semblé que la concidération de quelques ruines,
qui restaient des ancien?) édifices, ne devait pas Nous empê-
cher d'atteindre ce but, en plaçant la nouvelle Cathédrale
dans le lieu le plus central, pour que l'Evèque y fût aussi
accessible que possible à la population de la ville et des
campagnes, et se trouvât ainsi plus à portée de pourvoir
jjlus facilement à tous les besoins religieux. Car Notre Sei-
gneur ayant voulu que l'Episcopat fût le principal ressort
de tous les mouvements religieux, il faut le mettre à même
d'exercer journellement son action souverainement eflScace,
parce quelle est celle de Dieu même, quclquinhabile que
puisse être celui qui en remplit les fonctions sacrées.
Si d'abord, Nous avons eu le projet de transporter notre
Etablissement à quelques arpents du site de la Cathédrale
incendiée, c'est qu'alors tout semblait promettre que les
grandes améliorations en contemplation se feraient dans ce
Quai'tier. Mais Nous y avons renoncé dès que les travaux
ont été ouverts dans la partie supérieure de la Ville.
Nous n'avons donc choisi le site actuel que parce que
Nous avons cru qu'il réunissait plus d'avantages religieux.
En effet, ce Quartier devient le centre de toutes les commu-
nications de la Province : l'Evêque y sera donc plus acces-
sible au Clergé et aux Fidèles du Diocèse. Tous les mouve-
ments matériels se dirigent de ce côté-là ; l'action de
TEvêque y sera donc plus nécessaire, pour la conversation
du dépôt des saines doctrines et le maintien des pratiques
religieuses. Toutes les grandeurs du monde vont s'y déve-
lopper ; la Religion y doit donc déployer, avec les splen-
deiu'.s de son culte, toutes ses forces morales, afin de para-
4«è MANDEMENTS, LETPRES PASTORALES,
lyser, autant que possible, cet esprit de matérialisme qui^
en «ourbant insensiblement l'homme vers la t^rrc, lui fait
oublier le Ciel.
Ce Quartier semble donc requérir impérieusement la pré-
sence de l'Evêque, pour se développer au spirituel, comme
au temporel ; ce qui souffre d'autant moins de difficultés
que le Quartier que Nous laissons paraît suffisamment doté
d'Eglise et Chapelles, pour le service divin, et d'Institutions
Eeligieuses, jjour les œuvres de charité et d'éducation.
Nous devons ajouter que le Quartier que Nous quittons à
toutes nos sympathies, pour avoir été le berceau de l'Epis-
copat dans cette ville, et lui avoir été de tout temps très-
dévoué. Certains intérêts temporels sembleraient d'ailleurs
devoir se mettre de la partie, pour Nous y retenir. Car,
comme vous le savez, ce que l'Evèché possède de propriétés,
par la bienfaisance de quelques citoyens généreux, c'est
dans ce quartier qu'elles sont situées. Mais ces considéra-
tions ne sauraient tenir contre le devoir imposé à tout
Evêque de ne travailler que pour le plus grand bien.
A toutes ces raisons, s'en est jointe une autre qui, sans
être péremptoire, a été pourtant d'un grand poids pour
Nous, dans le choix de ce local; c'est le voisinage du Cime-
tière actuel. Ce lieu saint, près duquel Nous allons Nous
fixer, a pour Nous un attrait singulier.
Il Nous semble que devant avoir, jour et nuit, sous les
yeux, d'un côté la Ville des Morts, et d'un autre côté la
Cité des Vivants, Nous serons par là constamment excité à
Nous mieux acquitter de nos importants devoirs.
La vue continuelle de tant de tombes, si chères au cœur
de la ville entière, fera passer et nourrira sans cesse au fond
de notre âme, des sympathies d'autant plus vives qu'elles
seront universelles, pour embrasser toutes les familles.
La Cathédrale, érigée si près d'un lieu qui renferme les
restes de tant de citoyens connus, deviendra nécessairement
un sanctuaire de sacrifices, pour le repos de leurs âmes,
tout en couvrant de son ombre le lieu sacré, où gisent leurs
dépouilles mortelles, pour qu'il soit à jamais respecté.
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 48!)
Les cloches de cette Eglise-Mère devront être les échos
lugubres des voix gémissantes de ces milliers d'enfants
qu'une prison expiatoire retient captifs. Ah ! oui : elles
ne cesseront de répéter à la terre les cris douloureux du
Purgatoire : Ayez pitié de nous, vsus au moins qui êtes nos
amis ; ayez pitié de nous : car la main du Seigneur nous n
frappés.
Dans ce lieu, orné avec soin, les deux Cités mentionnées
plus haut, auront tous les jours occasion de resserrer des
liens doux et tendres, que rien ne devrait pouvoir briser.
On y viendra donc s'inspirer du passé, pour mieux régler
son avenir, sous les Cyprès funèbres, qui ombrageront des
Jiestes précieux pour qu'on ne les oublie jamais. On y verra
1«8 enfans bien nés s'agenouiller sur les tombeaux de leurs
pères et mères, pour les arroser de leurs larmes de tendresse-
et de reconnaissance. On ira y lire les épitaphes que la
Religion protégera, de sa main conservatrice, contre l'injure
des saisons et la caducité des choses humaines.
Après avoir visité le Cimetière grandiose que la ville .se
prépare maintenant, pour être comme son lit de repos,
après le dur travail de cette vie, jusqu'au réveil général des
vivants et des morts, on aimera à s'arrêtera l'antique Cime-
tière, dont les vieux souvenirs ne manqueront pas d'exciter
des émotions toujours nouvelles.
Mais Nous nous apercevons que Nous nous arrêtons trop
longtemps dans ce champ de la mort, par le plaisir que
Nous avons de vous faire connaître combien doux sera pour
Nous le voisinage du vieux Cimetière. Nous allons Nous
hâter de finir, en abrégeant ce qu'il Nous importe encore de
vous dire.
En érigeant la Cathédrale dans ce grand centre, Nous
n'avons pu nous dissimuler qu'elle aurait plus de ressources
temporelles, pour faii'e les frais du service divin, et donner
à l'Evêque les moyens de paraître à la tête de toutes les
bonnes œuvres de la ville. Car, Nous devons vous dire ici
que ce n'est pas pour Nous personnellement que Nous fai-
sons aujourd'hui appel à votre générosité. Grâce à la Divine
40Û MANDEMENTS, LETTRES PASTORALEt>,
Providence, qui ne Nous a jamais manqué, Nous pouvons
faire face à nos dépenses. Mais ce que Nous déclarons être
audessus de nos moyens, ce sont les frais des construotions
dont il s'agit maintenant, afin de mettre l'Evèque en état
de faire ses saintes fonctions. Que si, moyennant vos géné-
reuses souscriptions. Nous réussissons à faire les bâtisse»
nécessaires, sans contracter de dettes, Nous mettons par-là
même l'Evêque sur un pied d'indépendance et de respecta-
bilité, tel qu'il convient à un Evéque d'une si grande ville.
Nous entrons en cela dans vos vues ; car il n'y a pas de
doute que vous ne désiriez tous de voir votre premier Pas-
teur avec les moyens de faire le plus de bonnes œuvres
possibles.
Telles sont, N. T. C. F., les explications que Nous avons
cru devoir vous donner, pour que rien ne puisse paralyser
ime entreprise, dont le succès nous intéresse tous également.
dar en bâtissant, d'un commun accord, une Cathédrale avec
ses dépendances, Nous élevons un monument de plus à la
gloire de Dieu et à l'honneur du Bienheureux St. Jacques ;
Nous érigeons un sanctuaire tout neuf au Très-Saint et
Immaculé Cœur de Marie, pour la conversion des pêcheurs ;
Nous préparons un Autel particulier au culte du glorieux
St. Joseph, qui y doit être honoré d'une manière spéciale ;
enfin, Nous contribuons, autant qu'il est en nous, aux hon-
neurs qui doivent être rendus à Dieu et à ses Saints, dans
ce Temple, par les augustes cérémonies qui s'y feront, et
par les chants sacrés qui y retentiront chaque jour. Or, qui
ne voit là la source des plus abondantes bénédictions ?
Vous allez donc vous y associer de bon cœur, N. T. C. F.,
en sacrifiant, pour cette Œuva-o capitale, une petite partie
des biens que la Divine Providence semble départir sans
mesure à notre ville, en lui ménageant tant de moyens de
prospérité ; et cela, d'une manière tout-à-fait inespérée, et
dans des temps où tout paraissait perdu.
Vous allez aussi y associer vos petits enfants, en leur
procurant l'occasion de retrancher quelque chose de leur
toilette et de leurs plaisirs, pourqu'ils aient tout le mérite
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 401
d'une bonne œuvre, qui est d'autant plus agréable à Dieu et
utile à l'homme, qu'elle exige plus de sacrifices. Les béné-
dictions, qui en reviendront à vous et à ces chers enfants,
seront un héritage bien précieux, parce qu'avant tout elles
enracineront, dans vos familles, la justice, qui est la source
intarrissable du vrai bonheur. Generatio rectorum benedicetw.
Pais, elles vous assureront la possession du Centuple de
l'Kvangile, qui ne saurait manquer à ceux qui ont la science
et la pratique des bonnes œuvres. Ccntuplum accipietis-
Enfin, de bien douces consolations se répandront daiis vos
cœurs si, par vos largesses, une Eglise, répondant à la gran-
deur de notre sainte Religion, s'élève majestueusement sur
un des plus beaux sites de notre Ville. Vous répéterez
«cuvent, avec bonheur, à vos enfants qu'ils ont aidé, de leui^s
petites mains, à bâtir cette grande Eglise. Ils répéteront
vos paroles, avec complaisance, à leurs enfants et petits
enfants. Il s'en formera des traditions religieuses qui tou-
jours assurent aux familles chrétiennes l'esprit de foi. Dieu
les bénit, parce que la charité y est héréditaire. Potens in
terra erit semen ejus. Generatio rectorum benedicetw. (Ps. m).
Sera la Présente Lettre Pastorale lue au Prône de toutes
les Eglises de cette Ville, où se fait l'Office Public, le
Dimanche même de sa réception, et au Chapitre de toutes
les Communautés, le premier jour après sa réception.
Donné à l'Hospice St. Joseph, en la Cité de Montréal, le
vingt-sept Août mil huit cent cinquante-quatre, tombant le
jour de la Fête du Trè.s-Saint et Immaculé Cœur de Marie,
sous notre seing et sceau, et le contreseing de notre Secré-
taire.
t IG. ÉVEQUE DE MONTRÉAL.
Par Monseigneur,
jos. ocT. pari;
Clwnoine Secrétaire.
492 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES.
DIHECTION.
lo. Chaque citoyen est prié de vouloir bien pi-éparer le
montant de sa souscription, on de l'assurer par un billet,
avant la visite de lEvêque.
2o. L'ordre de la visite sera comme suit : — lo. Quartier
St. Antoine; 2o. Ste. Anne; 3o. Ouest; 4o. Centre; 5o.
Est ; 60. St. Laurent ; 7o. St. Louis ; 80. St. Jacques ; 9o.
Ste. Marie.
3o. Pour qu'il n'y ait pas d'oubli on suivra, dans chaque
rue, l'ordre des numéros.
4o. Chaque souscription demandée peut être le frnit de
quelques épargnes sur les dépenses qui ne sont pas d'absolue
nécessité, afin que l'on puisse dire que la Cathédrale a été
bâtie sans fatiguer personne.
5o. Les souscriptions sont payables en quatre ans et plus ;
et les termes du paiement sont à la commodité de chacun.
60. Tous sont invités à y contribuer, les pauvres comme
les plus riches, chacun selon son moyen. L'essentiel est
que tous donnent et de bon cceur.
CIRCULAIPwE DIT BUREAU DE L'ASSOCIATION
D'ASSURANCE MUTUELLE DES FABRIQUES,
POUR LES DIOCÈSES DE MONTRÉAL ET DE
ST. HYACINTHE.
Monti-éal, le 29 Août 1854.
Monsieur,
Vous verrez, par la copie ci-jointe de nos procédés de ce
jour, que je suis continué dans la charge de Secrétaire-Tré-
sorier de cette Association, et c'est en cette qualité que j'ai
l'honneur de vous adresser la présente Circulaire.
Je l'adresse également à toutes les Fabriques des deux
Diocèses, parce que, pouvant toiites appartenir légalement
à cette Institution, elles ont intérêt à connaître, dès le prin-
GFRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 493
cipe, la marche qu'elle suit, pour arriver à son but, qui est
d'ouvrir à nos bons habitants une garantie sûre contre les
dommages du feu, sans obérer les Fabriques par des rentes
c^on8idé^able8, telles que sont celles qu'il faut annuellement
payer aux autres Assurances.
Je commence par vous faire observer que notre Associa-
tion a déjà, dans le cours d'une année, fait la moitié de son
chemin. Car, à l'heure qu'il est, elle compte quarante
Fabriques assurées sans condition, dont les Polices consti-
tuent un fonds de £104,693 ; et ainsi, elle pourrait aujour-
d'hui payer plus de la moitié de la plus haute Assurance.
Moyennant quarante autres Fabriques qui s'agrégeraient à
cette bonne œuvre, pour un montant égal, et qui le feraient,
même avec la condition dont il est parlé dans les Kègle-
meuts, l'Association se trouverait au complet. Or, dans
deux Diocè.ses aussi avancés que le sont ceux dg Montréal
et de St. Hyacinthe, il ne sera pas difficile d'atteindre ce
nombre.
On y arrivera d'autant plus aisément, que cette Institu-
tion a, pour s'accréditer, tout ce qui attire la confiance, et
excite l'intérêt.
Et en efifet, c'est une Association sûre, puisqu'elle est fondée
sur les Fabriques, qui ne sauraient faire banqueroute ; une
Association religieuse, puisqu'elle sauvegarde les maisons de
Dieu ; une Association charitable, puisqu'elle aide les fidèles,
la plupart pauvres, à reconstruire leurs temples ; enfin, une
Association patriotique, puisqu'elle conserve au pays, et pour
l'avantage du peuple, des sommes considérables qui, autre-
ment, iraient en pays étrangers.
Elle ne peut donc manquer de devenir populaire ; et elle
le sera bientôt, sans doute, par les efforts que vous ferez
pour en bien faire comprendre les précieux avantages, dans
vos rapports particuliers ou publics avec vos Paroissiens.
Bientôt donc, et on peut l'attendre de votre zèle, toutes
nos Fabriques ne feront plus qu'une même famille par cette
espèce de Communauté de biens. Par là elles donneront à
tous le beau spectacle de l'union et de la charité, qu'opère
494 MANDEMENTS, LETTUES PASTORALES,
le Catholicisme, chez ceux qm vivent dans son sein. i)fe
plus, elles pourront, en mettant de côté, chaque année, ce
qu'elles devraient payer annuellement aux Assurances des
villes, aider le peuple des campagnes à faire de ces belles
œuvres paroissiales qui font tant d'honneur à sa foi, et lui
méritent de &i abondantes bénédictions.
En lisant le Eapport ci joint, il vous sera facile de saisir
les raisons qui ont engagé le Bureau à faire les amende-
ment qui y sont rapportés.
J'ai l'honneur d'être,
Monsieui-,
Yotre très-humble serviteur,
.T. B. Labelle, Ptre,
Sec.-Trée.
PROCÈS-VERBAL DE l'aSSEMBLÉE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE
l'assurance mutuelle DES FABRIQUES, DU 29 AOUT 1854.
Ce-jourd'hui, vingt neuf Août, mil huit cent cinquante
quatre, à deux heures après-midi, conformément à un Avis
donné dans les papiers publics, la Minerve et le Courrier de
St. Hyacinthe, se sont assemblés, à l'Hospice de St. Joseph,
à Montréal, Sa Grandeur Monseigneur l'Evêque de Montréal,
et Messieurs Brunet, curé de St. Damase, Bedard, curé de
St. Eémi, Eoux, curé des Cèdres, Morrison, curé de St. Cy-
prien, Champeau, curé de St. Augustin, Brosnan, curé de
Ste. Sophie, Piette, curé de St. Bruno, Dubé, curé de St. Mar-
tin, Thibault, curé de St. Jérôme, Groulx, curé de St. Benoit,
Lecours, curé de St. Aimé, Caron, curé de Chateauguay,
Charland, curé de St. Clément, Robert, curé de Blairfindie,
Plinguet, cui'é de Ste. Scholastique, Maréchal, Chapelain
des Sœurs de St. Anne, à St. Jacques de l'Achigan, Labelle,
curé de St. Roch, Narcisse Valois, Ecuyer, de Vaudreuil, et
CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS 49&
Paul Bertrand, Ecuyer. de St. Mathias, tous Procureurs dt
leurs Fabriques respectives, et députés par i-celle à cette
Assemblée.
Sa Grandeur Monseigneur l'Evèque de Montréal agissant
comme Président, et M. Labelle ayant été nommé Secrétaire,
le dit Labelle, en sa qualité de Secrétaire-Trésorier du Bu-
reau, rendit compte des affaires de la Société, conformément
à la clause 20ème des Eèglements, lesquels comptes ont été
admis à l'unanimité. (Voir, pour ces comptes, le cahier de
comptes de la Société.)
On procéda ensuite à la nomination d'un nouveau Bureau
de Directeurs. L'assemblée décida, à l'unanimité, que
l'Evèque de Montréal et TEvêque de St. Hyacinthe seraient,
de droit et pour toujours, membres du Bureau des Direc-
teurs. Ensuite, Messieurs Brunet, curé de St. Damase.
Plinguet, curé de Ste. Scholastique, Eobert, curé de Blair-
findie, Charland, curé de St. Clément, Labelle, cure de
St. Roch, Paul Bertrand, Ecuyer, de St. Mathias, furent
élus à l'unanimité, et M. Bedurd, curé de St. Rémi, à la ma-
jorité des voix, pour, avec les deux Evèques sus-nommés,
former le Bureau des Directeurs pour les cinq années pro-
chaines, à commencer de ce jour, jusqu'à la nominatioji
d'un nouveau Bureau dans cinq ans.
L'Assemblée décida ensuite à l'unanimité, que le Bureau
devait s'adresser à la Législature, pour en obtenir un amen-
dement à l'Acte d'incorporation de l'Association, par lequel
il serait permis au dit Bureau, d'exiger le serment, dans
certains cas, et aux Juges de Paix, de recevoir le serment.
Sur motion de M. Labelle, secondé par M. Plinguet,
l'amendement suivant, à ajouter à la 2de partie de la 14ème
clause des Règlements, fut adopté à l'unanimité : ' Pourvu
'* toujours que ces taux de deux par cent, comme il vient
" d'être dit, ne donneront, par cent, soit sur leurs propres
•' assurances, soit kur les assurances qui seront moindres
" que les leurs, que le taux nécessaire pour former la somme
" assurée et rien de plus. Pareillement, les Fabriques dont
" les assurances se trouveraient ainsi payées, à moins de
496 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES,
'• deux par cent, ne donneront aux autres Fabriques que le
'• même taux, par cent, qu'elles en recevraient elles-mêmes."
Enfin la dite Assemblées régla que désormais les Actes
des Assemblées générales, y compris celle-ci seraient signés
seulement par le Président et le Secrétaire ; et pour certifier
la dite décision, elle pria M. Moreau et M. Pilon, Chanoines,
Prêtres de l'Evêché, présents à cette Assemblée, de la
signer, comme témoins :
.o- '\ MoREAu, Chan., Ptre 1 rn-^ •
(Sitîne) Ti rii, -n4. : Témoin»,
V ^ fo j Pilon, Chan.. Ptre. ) '
Ig. Ev. de Montréal, Président.
J. B. Labell.e, Ptre. Secrétaire.
ASSEMBLÉE DU BUREAU.
Cejoiyd'hui, vingt-neuf Août, mil huit cent cinquante
quatre, immédiatement après l'Assemblée générale de.<
membres de l'Association d'Assurance Mutuelle des Fabri-
ques, tenue ce jour, les membres nommés par la dite Assem-
blée générale, pour former le Bureau des Directeurs, à l'ex-
ception de Mgr. l'Evêquc de St. Hyacinthe,* absent, se
constituèrent en assemblée, au même lieu. Hospice de
St. Joseph, à Montréal., et, sous la présidence de Monseigneur
l'Evêque de Montréal, élurent pour Secrétaii'e-Trésorier ^ii
dit Bureau, M. Labelle, curé de St. Eoch, et l'autorisèrent à
faire les démarches et dépenses nécessaires pour obtenir, de
la Législature, l'amendement à leur acte d'Incorporation,
qui leur permette de faire prêter serment, dans certain cas,
tel que demandé par la susdite Assemblée générale. Ils
nommèrent aussi M, Moreau, Chanoine Prêtre de l'Evêché,
Assistant-Secrétaire du dit Bureau.
(Signé)
y Ig. Ev. de Montréal, Président,
j. B. Labelle, Ptre. Sec-Trésorier.
( Vraie Copie) J. B. Labelle, Ptre. Sec.-Trés
Tjû^BLiEl
DES
MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME.
PAOS
Circulaire au Clergé prescrivant des prières contre le fléau des
sauterelles 5
Circulaire au Clergé l'invitant à la Retraire Pastorale 7
Rapport d'une Assemblée au sujet de la Colonisation et de la
Société de Tempérance 9
Lettre Pastorale de Mgi\ l'Evêque de Montréal, pour annoncer et
régler la cérémonie de la translation de la nouvelle statue de
N.-D. de Bonsecours, spécialement dédiée pour- les navigateurs 11
Circulaire au Clergé pour lui annoncer la publication d'un Ordo
diocésain et recommander à son zèle l'Œuvre de la Propaga-
fion de la Foi ]7
Circulaire au Clergé déterminant le sujet d'une prochaine Confé-
rence Ecclésiastique 19
Circulaire au Clergé annonçant la Lettre Pastorale suivante 20
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evoque de Montréal, ordonnant des
prières pour Notre Saint Père le Pape Pie IX, obligé de quitter
Rome et de se réfugier dans un roj'aume étranger, par suite
des troubles arrivés dans sa capitale 21
Mandement de Visite pour l'année 1849 84
Circulaire au Clergé renvoyant à un autre temps la discussion
d'un iirojet de loi sur l'administration des Fabriques .39
Procès verbal de la Conférence des députés des diverses conféren-
ces du Diocèse de Montréal, tenue à l'Evêclié le 1er Février 1849 40
458 TABLE DES MATIÈRES
Extrait du procès verbal de la Conférence tenue dans une des
salle du Séminaire de St. Sulpice, le 15 Février 18i9 46
Appel à MM. les Curés et Marguilliers de toutes les paroisses du
Diocèse, demandant l'aide des Fabriques pour l'agrandisse-
ment projeté de la demeure Episcopale .50
Circulaire au Clergé, en lui adressant l'Encyclique de N. S. P. le
Poîje Pie JX, en date du 3 Février 1849 .53
Circulaire au Clergé pour l'engager à maintenir le peuple dans
l'ordre et le devoir de la loyauté 66
Circulaire au Clergé pour lui annoncer la mort du Révérend M.
F, X. Mercier
Circulaire au Clergé au sujet de VOrdo diocésain 70
Cùculaire au Clergé en lui adressant la Lettre Pastorale suivante 71
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, à l'occasion du
renouvellement de l'année 79
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal, pour approuver et
recommander une Association de prières dite "la dévotion au
Très-Saint Sacrement ou l'adoration perpétuelle." 98
Circulaire au Clergé, en lui adressant le Règlement de V Adoration
Perpétuelle et le Mandement qui introduit cette dévotion dans
le Diocèse 108
Pétition aux deux Chambres en faveur de la Société de Tempérance 114
Circulaire des Evêques de Sydime, de Montréal, de Carrha, de
Martyropolis et de Bytown réunis à Montréal, au Clergé des
diocèses de Québec, de Kingston, de Montréal, de Bytown et
de Toronto, - -.- 115
Circulaire au Clergé lui annonçant la Visite Pastorale 136
Mandement de Visite 138
Circulaire au Clergé lui annonçant la Retraite Pastorale et recom-
mandant à son zèle l'œuvre de la colonisation 141
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal, pour la visite générale
des communautés 146
Circulaire au Clergé recommandant la diffusion de l'ouvrage sur
l'Agriculturo intitulé : " Traité de la tenue générale d'une
terre dans le Bas-Canada'" - •»-- 160
Circulaire au Clergé, l'invitant à prendre part à un procbain pèle-
rinage à Notre-Dame de Bonsecours 163
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, annonçant le
premier Concile Provincial de Québec 163
Circulaire au Clergé en lui adressant la Lettre Pastorale suivante 170
Lettre Pastorale des Pères du premier Concile Provincial de
Québec, à tous les Fidèles de la Province Ecclésiastique 173
Circulaire au Clergé, lui annonçant le prochain. départ pour Rome
de Mgr. le Coadjuteur de l'Evêque de Montréal 180.
Circulaire au (Jlergé en faveur d'une collecte pour venu- en aide à
S. G. Mgr. l'E vëquo de Chicago 181
Circulaire au Clergé, pour l'inviter à la cérémonie de la bénédic-
tion du nouvel Evêché 183
TABLE DES MATIERES 499
Circulaire au Clergé, recommandant à ses soins les diverses Asso-
ciations pieuses du diocèse 135
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal pour la iin de
l'année 1851 187
Circulaire au Clergé, au sujet d'un livre obscène 196
Mandement de Visite 300
Circulaire au Clergé, accompagnant le Mandement de la Visite
Pastorale 212
Circulaire au Clergé, lui annonçant la mort de Meseire Théophile
Durocher 314
Mandement du Jubilé 215
Circulaire au Clergé, au sujet du Jubilé 226
Lettre Encyclique de Notre Saint Père le Pape Pie LX 233
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, au sujet du grand
incendie du 8 Juillet 1852 236
Circulaire au Clergé, lui prescrivant un appel à la charité des
fidèles en faveur des établissements de pauvres de la ville 211
Circulaire au Clergé, lui annonçant l'ouverture de la Eetraite
Pastorale et une assemblée générale de la Société de Tempé-
rance 242
Circulaire au Clergé, lui transmettant certaines décisions ou avis
pour la direction des âmes 246
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal sur l'érection du
diocèse de St. Hyacinthe et la translation de Mgr. J. C. Prince
à ce nouveau Siège Episcopal 249
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal sur le grand
incendie du 8 Juillet 258
Circulaire au Clergé de la ville, réglant l'ordre des exercices du
Jubilé 271
Circulaire au Clergé, au sujet du projet de règlement suivant 275
Projet de règlement pour qu'il y ait uniformité dans le gouverne-
ment des cures du diocèse de Montréal. 278
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal au Clergé de son
diocèse, promnlgant les Décrets du Premier Concile Provincial
de Québec 319
Circulaire au Clergé, lui annonçant le prochain départ de l'Evêque
de Montréal poiu- l'Europe » 341
Mandement de Mgr. l'Evêque de Montréal, annonçant officielle-
ment la promotion de Mgr. Joseph Larocque, évêque de
Cydonia, à la Coadjutorerie de Montréal, et l'instituant admi-
nistrateur de son diocèse pendant son voyage en Europe 344
Formule du rapport à faire à l'Evêque sur l'état de chaque paroisse 353
Circulaire à MM. les Curés du diocèse de Montréal, au sujet des
Ecoles 3.54
Circulaire au Clergé, en lui adressant le Mandement d'une pro-
chaine Visite Pastorale 3,5,5
Mandement de Visite 35g
500 TABLE DES MATIÈRES
Circulaire au Clergé, au sujet de la création de différents archi-
prêtres - 366
Tableau des Archiprêtrés et Archiprêtres du diocèse de Montréal. 368
Cii'culaire au Clergé, ou sujet de l'incorporation d'une Assurance
mutuelle des Fabriques 370
Mandement de l'Archevêque et des Evêques de la Province Ecclé-
siastique de Québec, promulgant de nouveau le Catéchisme
rédigé par l'ordre du Premier Concile Provincial 372
Cii'culaire au Clergé du Diocèse de Montréal, sur la Lettre Pasto-
rale concernant les Tables Tournantes 38i
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, à l'occasion de la
nouvelle année 388
Lettre Pastorale de Mgi-. l'Evêque de Montréal, publiant une
Lettre Pastorale de Mgr. l'Archevêque de Québec, annonçant
l'érection de l'Université Laval 407
Lettre Pastorale annonçant l'érection de l'Université Laval 41.5
Règlement provisoire pour les épreuves du Baccalauréat ès-arts
et de l'inscription dans l'Université Laval 42.5
Circulaire au Clergé lui annonçant la publication des Livres
Liturgiques adoptés par le Concile Provincial 429'
Annonce du Cérémonial de la Province de Québec 432
Lettre Circulaire au Clergé pour lui annoncer la célébration du
second Concile Provincial 436
Lettre Circulaire de Mgi'. l'Archevêque 437
Lettre Pastorale sur la Tempérance 430
Lettre Pastorale de Mgr. l'Evêque de Montréal, concernant la réé-
dification de son Eglise Cathédrale 486
Circulaire du Bureau de l'Association d'Assurance Mutuelle des
Fabriques, pour les diocèses de Montréal et de St. Hyacinthe. 492
FIN DU SECOND VOLUME.
n
r
BQX
4127
,A4
M3
V.2
Montréal (Archdiocese)
Mandements, lettres
pastorales, circulaires et autres
documents publies dans le diocèse
de Montréal depuis son érection
jusqu a
i
WZ'-'r
/A^/^/^^
,/^^/»,^''
'«9»»'
>N rV -A ^ - „
-N '^^
>^^A^^^A^^'